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Full text of "La Belgique horticole : Annales de botanique et d'horticulture"

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JOURNAL DES JARDINS. 


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JOURNAL DES JARDINS, 


DES SERRES ET DES VERGERS, 


CnarLes MORREN, 


_ Docteur en sciences, en philosophie naturelle et en médecine, Professeur ordinaire de botanique et d'agri- | 
L culture à l’université de Liége, Directeur du jardin botanique, Chevalier de l'Ordre de Léopold, de + 


l'Ordre royal et militaire du Christ, de l'Étoile Polaire de Suède et de Norwége, de l'Ordre royal de Dane- Ci 
RE brog , de la Couronne de Wurtemberg, de la Couronne de Chêne, etc. Membre titulaire de l'académie 3 
à royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Membre du Conseil supérieur d’agricul- 4 


ture du royaume , Membre honoraire de l’académie royale de Dublin, correspondant des académies des 

sciences de Breslau, Florence, Madrid , Naples, Padoue, Rome, Turin, de l'académie royale d'agriculture 
_ du royaume de Sardaigne et de Piémont, Membre honoraire de la Société générale d’Agriculture des 

Pays-Bas, de l’Académie impériale des sciences de Rouen, de la Société royale d'encouragement de 
#5 lhorticulture des Pays-Bas, du Cercle agricole et horticole du Grand-Duché du Luxembourg, Associé 
ou Correspondant des Sociétés impériales ou royales d’agriculture et de botanique, de Barcelonne, 
Berlin, Bruxelles , Caen, Chartres, Clermont-Ferrand , Cherbourg, Dijon , la Drenthe, Edimbourg, Gand, 
Groningue, Halle, Heidelberg, Leipzig, Mâcon, Malines, Marbourg, la Moselle, Paris, Ratisbonne, 
Rostok, Rotterdam, Rouen, la Sarthe, Silésie, Strasbourg , Stockholm, Utrecht, Valence , etc. 


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Enouaro MORREN, 


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Docteur en sciences naturelles, Membre de la Société impériale et centrale d’horticulture de Paris, 
Membre honoraire de la Société d'horticulture de Gand. 


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LIÉGE, 
A LA DIRECTION GENÉRALE, RUE LOUVREX, 71. 


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PROLOGUE 


CONSACRÉ 


A LA MÉMOIRE DE RICHARD COURTOIS, 


Par CH. MORREN. 


La biographie des hommes qui ont rendu des services à l'humanité et 
illustré leur patrie par des travaux scientifiques est pleine d'enseignements 
utiles. C’est un livre où les événements contemporains ont bien souvent 
leur reflet, comme si la société, si progressive de sa nature, avait néan- 
moins et des vertus immuables et des vices incorrigibles. Tel savant, et la 
chose n’est pas rare, qui lutte aujourd’hui contre l’infortune et des mala- 
dies opiniâtres, trouvera dans l’histoire de la science des circonstances 
analogues à sa position ; tel autre qui nage dans l’opulence et jouit de tous 
les plaisirs de la vie, y apprendra bien qu’à plus d’une époque la fortune 
sourit au talent et que plus d’une fois, hélas! elleen a compromis les suc- 
cès. Et quand on se demande de quel côté est le plus de mérite, ou chez 
celui-ei aux vœux duquel rien ne s'oppose, ou chez celui-là dont la pa- 
tience invincible lutte toujours pied à pied avec les obstacles, la réponse 
est facile... Aussi la relation des malheurs qu’un ami de la science a dû 
subir durant sa vie a-t-elle souvent ranimé l’ardeur des savants qui n’ont 
pas à se louer du sort; ils y ont trouvé un motif suffisant pour ne pas dé- 
laisser l'étude, qui nous met si souvent au-dessus des travers de l’huma- 
nité. L'histoire des sciences a son martyrologue et cela n'empêche pas une 


foule de victimes de se dévouer pour la même cause. C’est que cette cause 


est en effet sainte par elle-même et divine dans son but; les hommes ne 
sont guère que des instruments qui obéissent à des vues providentielles. 

C’est sous ce point de vue philosophique quela vie de Courtois se pré- 
sentera à nous, comme une lutte incessante entre l’amour de la science 
et les poursuites de l’infortune. 

Richard-Joseph Courtois naquit à Verviers le 17 janvier 1806 (1) d’une 
famille d’industriels peu aisée. Son père était un petit fabricant de draps, 
chargé d’une famille nombreuse et ne pouvant donner à ses treize enfants 
une éducation soignée. Mais le doigt de Dieu était là, et comme la chose 


(1) Le Messager des sciences et des arts a publié (nouv. série, 2e liv., p. 345) une notice fort 
courte sur Courtois : on l’y dit né en février 1806, c’est une erreur; j'ai reçu de Me Courtois 
et de la famille du défunt tous les renseignements désirables qui me mettent à même de recti- 
fier quelques dates mal désignées dans la notice du Messager. 


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arrive souvent, la plus vulgaire circonstance détermina la carrière du 
jeune Richard. L'étoile de Courtois devait luire vite et s’éteindre bientôt; 
une vie si pleine devait être courte. Placé dans une petite école d'enfants, 
à 4 ans il savait lire correctement; hors des heures des classes, il allait 
jouer avec ses camarades aux abords si pittoresques de sa jolie ville na- 
tale. On sait que Verviers estl’habitation du Nestor de la botanique belge, 
de M. le docteur Lejeune, qui préparait vers ces années sa flore de Spa, 
publiée en 1811. Dans ses visites médicales , il descendait souvent de che- 
val pour herboriser et recueillir les nombreuses espèces de plantes que 
produit un aussi beau pays, tout entrecoupé de montagnes, de vallons, de 
ruisseaux et de rivières. Le Jeune Richard, tout enfant qu'il était, avait re- 
marqué ce manége; sa curiosité fut vivement piquée; son intelligence nais- 
sante, mais si précoce, se demandait ce qu’on pouvait voir de si attrayant 
dans les fleurs. Rencontrant souvent M. Lejeune, il quitte ses compa- 
gnons de jeu, longe les berges des chemins etse hasarde enfin à demander 
un jour à notre botanographe la permission de tenir la bride de son 
cheval. Son but n’était que de voir de plus près pourquoi et comment 
les fleurs occupaient tant M. Lejeune. Il comprit alors que leur diversité , 
leurs formes si gracieuses se multipliaient en quelques sorte par leur dis- 
section ; la curiosité, si naturelle aux enfants, si utile à l’homme fait, four- 
nit dès-lors à Courtois d’intarissables jouissances dans la contemplation 
de tant de beautés. Il n’osait pourtant souffler mot ; mais M. Sister, l’in- 
stituteur, avait remarqué le goût qu'il portait désormais aux fleurs et la 
constance qu'il mettait à suivre, de loin , le botaniste qui bientôt devait 
devenir son protecteur; il en parla à M. Lejeune; celui-ci interrogea le 
petit Richard et le prit en affection. Richard avait alors six ans ; M. Lejeune 
le fit entrer au collége, et un an après, son protégé remportait le prix, 
dit du drapeau. M. l'abbé Roland, qui dirigeait ses études, le destinait à 
l’état ecclésiastique. 

Les honneurs font beaucoup sur le jeune âge. Les deux Flandres doivent 
sans doute le grand nombre d'hommes remarquables qu'elles ont produits 
dans les sciences, dans les arts et dans les lettres, aux démonstrations 
publiques de l'approbation que les succès ont obtenus de temps immémorial 
dans ces provinces. Les arbres plantés dans les rues, les arcs de triomphe, 
les guirlandes de fleurs, les inscriptions qui rappellent les noms des vain- 
queurs , les illuminations, les sénérades, les banquets du doyen de la rue 
où habite le lauréat, ces fêtes du voisinage enfin, ces honneurs spon- 
tanés , que des concitoyens rendent sans le devoir , laissent dans la mé- 
moire de ceux qui en sont l’objet, des souvenirs qui font diversion aux 
mauvais jours de la vie et entretiennent dans l’âme une ardeur toujours 
nouvelle. Le prix du drapeau ressemble, à Verviers, à une tradition fla- 
mande, c’est un prix d'excellence accordé à celui qui l'emporte sur ses 
condisciples dans tous les concours ; on conduit le lauréat chez lui, en 
cortége ; un grand drapeau porté en tête ouvre la marche. 


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Ce premier suecès enflamma de zèle notre jeune Richard. À 14 ans, il 
avait fini ses humanités et remporté les premiers prix des classes supé- 
rieures au eollége municipal de Liége, où il était venu achever ses études. 
Ses parents étaient loin de pouvoir suflire à l'instruction universitaire de 
leur fils ainé. M. Lejeune, qui avait en quelque sorte adopté Courtois, unit 
ses efforts à ceux de M. Gémie, marchand de laines, à qui Vieuxtemps, 
cette autre précocité musicale, doit aussi en partie son avancement ; quel- 
ques amis généreux secondèrent les intentions de ces philanthropes et 
Richard Courtois résolut, en 1820, de faire ses études à l’université de 
Liége. Le peu d’inclination qu'il avait pour les études théologiques, lui 
ayant fait porter ses vues vers la carrière médicale, c'est à la louable 
bienfaisance de ces hommes éclairés que la botanique moderne de la Bel- 
gique doit un de ses plus beaux noms et la province de Liége en particu- 
lier une de ses plus honorables 1llustrations. 
À peine arrivé à Liége, Courtois fut remarqué par le professeur de lo- 
gique, M. Ignace Denzinger; on se rappelle toujours avee plaisir la tendre 
vénération , et je pourrais dire Famour paternel que cet homme instruit 
portait à ses études. Richard, qui se distinguait autant par son jeune àge, 
puisqu'il n'avait alors que quatorze ans, que par ses connaissances , eut 
une large part à cette paternité professorale. M. Denzinger l’accueillit chez 
lui comme son enfant, et c'est là qu’il apprit à manier avec facilité et élé- 
gance la langue latine alors en usage dans l’enseignement supérieur. La 
connaissance de cette langue, outre qu’elle devait être d’une nécessité ab- 
solue pour le jeune botaniste, devenait entre ses mains un moyen de faire 
quelques économies, car il fut mis, par la libéralité active et soigneuse de 
ses bienfaiteurs, à l'abri du besoin; il composait, lui si jeune, des thèses 
latines pour ses condisciples. Plus tard, lorsque le malheur vint assiéger 
son foyer domestique , le papier de ses thèses lui servait de feuilles d’her- 
-bier et j'ai trouvé, sur les marges de ces publications, des notes fort inté- 
ressantes sur la flore du pays. Pouvait-il imaginer, le jeune Courtois, qu’a- 
lors qu’il serait devenu professeur, il serait à court d'argent pour acheter 
du papier et que les mêmes pages qu’il vendait à des élèves incapables de- 
viendraient le dernier véhicule de sa pensée ? 
A A peine fut-il recu candidat en médecine qu ‘il fut nommé chef de la cli- 
Fi nique interne à l'hôpital de Bavière à Liége, où il resta pendant deux ans. 
Mais quoiqu'il se destinât à la profession héieales l’art de guérir n'avait 
_ pas toutes ses sympathies. C’est du reste un fait que la biographie des na- 

pur turalistes nous révèle presque partout. Une fois que l'homme, porté vers 
Le les sciences naturelles, a goûté de leur étude, toutes les autres branches 
EE _ des connaissances humaines , quelque lucratives qu’elles puissent être pour 

+ ceux qui s'y adonnent, perdent de leur intérêt, et le naturaliste, s’il se 
Ci médecin, ne l'est jamais qu'à demi. 

_ Aussi Courtois eut-il peu de succès comme médecin. Pendant qu'il 
_ était à Fhôpital, il eut l’occasion de signaler les connaissances qu'il avait 


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acquises en botanique, grâce à l'amitié de M. Lejeune et aux lecons de 
Gaëde, professeur de sciences naturelles à l’université de Liége. L’univer- 
sité de Gand avait mis au concours de 1821 Ia question suivante : On de- 
mande une exposition succincte denos connaissances actuelles de l’origine, 
la situation, la structure, et la fonction des organes servant à la propa- 
gation chez les plantes phanérogames? Il ÿ eut trois concurrents, et Ri- 
chard Courtois remporta la médaille d’or, le 7 octobre 1822. II avait alors 
46 ans, et ce mémoire lui avait coûté un an de travail. Cette dissertation 
décèle déjà le genre d’écrit propre à son auteur. Une logique serrée, un 
classement d'idées très clair, un langage froid, un style concis, bref, une 
érudition profonde, peu de paroles et beaucoup de faits. Ce n’était là qu’un 
travail d’élève pourtant, sans découvertes nouvelles, mais renfermant une 
exposition complète, comme l’exigeait la question, de tout ce que l’on savait 
alors sur la propagation des plantes et les amours des fleurs. Il est facile 
de s’apercevoir que ses relations avec MM. Denzinger et Gaëde, tous deux 
Allemands, avaient donné à l’esprit de Courtois une teinte germanique ; 
ce qui, certes, en histoire naturelle, n’est pas à dédaigner, car on sait 
combien l’étude de la nature a fait de rapides progrès en Allemagne et 
quelle profondeur , mêlée d’une vaste érudition, distingue les écrits de 
cette partie de l’Europe. 

A 19 ans, le 20 juin 1825, il fut recu docteur en médecine avec la plus 
grande distinction. Il avait toujours conservé avec M. Lejeune des rela- 
tions suivies où la botanique tenait, après la reconnaissance et l’amitié, 
le premier rang ; son protecteur , à l'exemple de plusieurs savants de l’Al- 
lemagne, avait concu l’idée de publier une flore du pays en plantes sèches, 
un herbier mis en fascicules ; et en 1825, l’année même où Courtois devint 
docteur, il commença avec son jeune ami la publication de cet ouvrage, 
sous le nom de Choix des plantes de la Belgique. Chaque livraison fut 
composée de 50 plantes et l’ouvrage, qui a cessé de paraître en 1830, miît 
ainsi en circulation 1,000 plantes (20 livraisons) parfaitement classées et 
étiquetées, quelquefois décrites par les deux auteurs. Ce mode de publi- 
cation nécessitait de fréquentes et de copieuses herborisations ; il forçait 
le jeune docteur à visiter toutes les localités au moins de sa province. 
Ces visites pouvaient devenir utiles sous un autre point de vue: elles lui 
offraient l’occasion de rassembler tous les faits statistiques intéressants. 
M. Lejeune donna à Courtois l’idée de rendre plusutiles encore ses courses 
si variées, et il l’engagea à s'occuper de la statistique de la province de 
Liége. Ce fut cette circonstance qui lui fit prendre pour sujet de sa thèse, 
la topographie physico-médicale de la province de Liége. Il y examine 
successivement la position géographique, la constitution géologique et mi- 
néralogique, les marais et les fleuves, les eaux minérales, dont la liste est 
trés-complète, les produits végétaux et animaux, la météorologie, la con- 
stitution physique et morale des habitants, l'hygiène, les maladies et les 
épidémies, la population et les hospices alors établis. Cette dissertation 


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devenue rare mériterait d’être traduite en français et reproduite , car elle 
renferme une foule de faits curieux et peu connus. 

Les renseignements que Courtois avait rassemblés sur la statistique de 
la province de Liége, lui permirent de publier, en 1828, son ouvrage en 
deux volumes sur cette matière. Les études de l’auteur devaient le por- 
ter de préférence vers la topographie, la géographie physique et en géné- 
ral vers l’histoire naturelle. Aussi prit-il la statistique dans le sens res- 
treint du mot et nullement comme Say l'avait entendue; une foule d’élé- 
ments variables, ayant leur influence sur la situation sociale de homme, 
n’ont pas été examinés par lui, comme le nombre des crimes et délits, le 
mouvement de l'instruction publique, celui des consommations, ete. (1). 
Mais tout ce qui tient aux productions du sol, toutes les parties où la con- 
naissance des sciences naturelles est une nécessité, ont été traitées avec 
habileté et, on doit le dire, aucune province en Belgique ne possède un 
recueil plus complet et plus exact. Si l’auteur avait vécu plus longtemps, 
la seconde édition de cet ouvrage, à laquelle il travaillait sans reläche, 
comme l'ont prouvé les notes manuscrites que nous avons examinées, au- 
rait rempli les lacunes qu’on avait signalées dans la première. 

Après avoir obtenu le grade de docteur en médecine , Richard Courtois 
fut nommé, le 1°" décembre 1825, sous-directeur du jardin botanique de 
Liége, sous le professorat et la direction de Gaëde. Cette fonction, créée 
pour lui, le mettait à même de se vouer exclusivement à son étude favo- 
rite, à ses chères plantes, les objets de ses plus anciennes affections. Son 
herbier s’augmentait considérablement, ses relations avec les botanistes 
régnicoles et étrangers devenaient de plus en plus fréquentes. Aussi, dès 
1827, c’est-à-dire lorsqu'il n'avait encore que 21 ans, commenca-t-il , de 
concert avec M. Lejeune, le Compendium floræ Belgicæ, dont le second 
volume parut en 1851 et le troisième en 1836, après la mort du jeune et 
infatigable naturaliste. 

La botanique indigène a toujours compté dans notre pays de nombreux 
serutateurs ; le royaume, étendu alors aux provinces de la Hollande, était 
exploré dans la partie septentrionale, par MM. Van Hall, Kops, Bergsma, 
ete., et dans la partie méridionale par MM. Roucel, Lejeune, Dumortier, 
Kickx, Tinant, Marchand, Krombach, Mi: Libert, ete. Cependant les fruits 
de leurs investigations étaient épars dans plusieurs ouvrages, mémoires 
ou notes. MM. Lejeune et Courtois résolurent de tout réunir et de joindre 
à ces données les résultats de leurs propres recherches. Le royaume eut 
ainsi sa première flore un peu complète. La description des espèces y est 
souvent originale ; les localités y sont indiquées avec soin, les synonymes 
revues aux sources mêmes; et, après tout, cet ouvrage mérite encore la 


(1) Voyez pour l’analyse de cet ouvrage et les observations auxquelles il donna lieu, un 
article de M. A. Quetelet (Revue encyclopédique, janvier 1829, p. 201). 


préférence sur tous ceux que nous possédions déjà. Le nombre des espèces 
qui y sont décrites est de 1791, les cryptogames cellulaires comprises. 

Les fonctions de sous-directeur du jardin botanique que Courtois rem- 
plissait à cette époque, n'étaient que faiblement rétribuées. Il crut que son 
sort pouvait s'améliorer par l’exercice de la médecine, et ne prévoyant 
pas qu'il lui serait impossible de s’adonner à la fois aux études prolongées 
qu'exige la botanique et à celles non moins ardues de l’art médical, il 
chercha à se eréer une position indépendante, mais qui devait avoir de 
tristes suites pour sa santé, minée par un développement prématuré et 
par des travaux au-dessus de son âge. Le 25 septembre 1898, il épousa 
une jeune personne de Verviers, M'e Louise Caro. Ce fut alors que, pour 
se faire connaitre comme médecin, 1l publia la traduction de deux mé- 
moires allemands, l’un sur la dyssenterie du docteur Friedereich, et 
l’autre sur l’auscultation appliquée à la grossesse du savant médecin 
M. Haus, de Wurzbourg (1). Ces traductions attestent que la langue alle- 
mande lui était très-familière ; dans les sciences naturelles, il est impos- 
sible d'atteindre à quelque profondeur sans son secours. 

Richard Courtois était loin d’avoir goûté jusque-là les douceurs de la 
vie de famille. Éloigné dès l’âge de 14 ans de ses parens, il avait malgré 
les secours qu’il recevait de M. Lejeune, éprouvé plus d’une fois les an- 
soisses de la pauvreté. Modèle de piété filiale et victime de l’amour qu’il 
portait aux auteurs de ses jours, il ne se serait jamais permis de leur 
adresser le moindre reproche. « Je ne recois de la maison que les habil- 
lements, disait-il, dans une de ses lettres à M. Lejeune, mais laissons 
cela : ils ont encore assez de peine sans moi; je m'estime heureux comme 
Je suis et je peux dire que tous mes herbiers et mes autres collections 
sont le fruit absolu de mes épargnes . . . . J'aurai ma chambre et le dé- 
Jeuner pour 20 francs par mois et j’ai 55 francs de ma bourse universi- 
taire. Quant au souper, du pain et de la bière, je passe ainsi; je n’y 
attache pas grande importance; mais je suis libre! » Voilà ce qu'il pen- 
sait et faisait étant étudiant. Mais plus tard, toujours pauvre malgré sa 
science, avec cette grande liberté, ce rêve creux d’un jeune homme de 
1% ans, il ne pouvait aller bien en compagnie d’une jeune femme et des 
enfants qu’elle lui donnerait. Son logement au jardin botanique était des 
plus modestes pour ne pas dire moins, et son train de vie n’était guëre 
propre à ne pas lui faire désirer un meilleur sort. C'était l’époque où la 
Belgique commencait à murmurer hautement contre l’injuste répartition 
des emplois publics, accordés presque exclusivement aux Hollandais. La 
Belgique, qui avait fourni naguère des professeurs de botanique juste- 
ment célèbres aux universités de l'Italie et même à l’école la plus renom- 
mée de la Hollande, à Leyde, l’Athènes de la Batavie, comme l’appelait 


4) Voyez la liste biographique des ouvrages de Courtois annexée à celle notice. 


4 
: 


Meursius, la Belgique voyait à cette époque les six chaires de sciences 
naturelles alors existantes dans les universités du royaume, occupées par 
trois Allemands et trois Hollandais. Cet état de choses devait naturelle- 
ment apporter dans l’esprit de Courtois un mécontentement que malheu- 
reusement il ne sut nidéguiser, ni tourner de manière à ne pas lui donner 
l’apparence de l’ingratitude. A l’approche d’une révolution, les hommes 
se méfient les uns des autres et la froideur fait quelquefois place, dans ces 
temps d’exaltation, à des sentiments plus énergiques, mais aussi plus 
condamnables. C’est ce qui arriva entre Courtois et Gaëde à l’époque de 
la révolution. Après que Liége se fut ralliée au mouvement général de la 
Belgique, l’université de cette ville fut, comme toutes les autres, morcelée 
par la suppression de la faculté de philosophie et des lettres. MM. Den- 
zinger et Bronn, professeur d'économie forestière, retournérent en Alle- 
magne, l’un immédiatement après les événements, l’autre l’année sui- 
vante, et quoique la faculté des sciences füt conservée, l'arrêté du 
16 décembre 1850, qui opérait de si grands changements, oublia, par 
une circonstance inexplicable, dans les nouvelles nominations, celle d’un 
professeur de sciences naturelles ; Courtois en conclut que Gaëde avait 
recu par cela même sa démission, et plein de confiance dans ses sympa- 
thies pour la régénération politique de son pays, il courut demander à 
Bruxelles la place de son ancien professeur. Cette démarche malencon- 
treuse indisposa vivement contre lui ce dernier, que le gouvernement 
provisoire avait réintégré dans ses droits peu de jours après l'arrêté dont 
nous avons parlé. Depuis ce moment il n’y eut plus que des rapports légaux 
entre le directeur-professeur du jardin botanique et le sous-directeur. Ces 
malheureuses dissensions continuërent jusqu’au 2 janvier 1854, jour où 
mourut le professeur Gaëde. 

Alors les demandes pour le remplacer devenaient légitimes ; mais le 


gouvernement, qui se proposait d'organiser par une loi longtemps atten- 


due les universités de l'Etat, s'était interdit en quelque sorte des nomi- 
nations nouvelles. Le collége des curateurs de l’université, d’accord avec 
le gouvernement, partagea l'héritage de Gaëde en plusieurs chaires, aux- 
quelles on nomma provisoirement Courtois pour la botanique ; M. Carlier, 
remplacé plus tard par Schmerling, pour la géologie ; Fohmann, pour 
l'anatomie comparée , et M. Davreux pour la minéralogie. Par une circon- 
stance fatale, il est à remarquer qu’en moins de trois années deux de ces 
savants, tous jeunes et pleins d'espérance, ont été moissonnés par la mort. 

Courtois ne put longtemps contribuer à répandre le goût de la bota- 
nique par l’enseignement. Lorsqu'il alla à Gand, le jour de l'exposition 
jubilaire de la société royale d'agriculture et de botanique, pour assister 
au jugement des concours ouverts à cette fête mémorable, il portait déjà 
dans sa trop frêle organisation le germe de la maladie qui devait nous 
l’enlever. La phthisie pulmonaire le consumait , et les leçons qu'il don- 
nait avec beaucoup de soin n'étaient pas propre à calmer ses maux. Il ne 


—— XI — 


discontinuait pas d'ailleurs de travailler sans relâche à l'avancement des 
sciences ; il commençait à recueillir même les fruits de ses travaux. L’Aca- 
démie impériale des curieux de la nature, siégeant à Breslau, cette 
ancienne et célèbre institution de l'Allemagne, l'avait, en 1855, admis 
au nombre de ses membres. On connait le singulier mode de nominations 
de cette illustre institution. Chaque membre porte le nom d’une célé- 
brité ancienne, dont les études et les sciences ont quelque analogie. 
Courtois y fut reeu eomme un Dodonée IT, remplaçant à notre époque 
ee célèbre Malinois que Cuvier fait naître à tort en Frise, et qui, méde- 
ein de Maximilien II et de son frère Rodolphe IT, alla mourir à Leyde, 
n'ayant pu , comme Courtois enseigner la science des plantes que pen- 
dant très-peu de temps. Le botaniste verviétois publia, à ce sujet, une élé- 
sante dissertation, intitulée : Commentarius in Remberti Dodonœi pemp- 
tades, dans laquelle il établit une synonymie complète entre les noms 
que portaient les plantes au seizième siècle, tels qu’on les trouve dans les 
ouvrages de Dodonée et ceux que la nomenclature actuelle leur attribue. 
Il a joint à ce mémoire l’énumération des espèces indigènes et exotiques 
cultivées au jardin de l’infirmerie de la célèbre abbaye de Dilleghem , en 
1653, d’après l’herbier du frère Bernard Wynhouts, herbier aujourd’hui 
en possession de M. Kickx. Ce travail est fort curieux pour l’histoire du 
commerce et de l’horticulture ancienne de notre pays ; car il démontre, 
comme son auteur l’a fait remarquer, que la Belgique voyait eultiver à 
cette époque une foule de plantes très-rares, surtout de Curacçao , des 
Molluques , du Brésil, etc. Les pères de cette abbaye possédaient déjà 
Fananas dans ce temps, quoique Dodonée ne parle pas de cette plante. 
Comme je trouve que ce fruit, le meilleur de tous, n’a été introduit en 
Angleterre qu’en 1690, on voit, ainsi que je l’ai établi ailleurs pour les 
légumes et une foule de plantes, que très-probablement c’est encore une 
fois la Belgique qui a doté la Grande-Bretagne de cette production exquise. 


Le 6 décembre 1854, Courtois présenta à l’académie royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles un mémoire sur les Tilleuls de l’Europe, qui 


lui valut le titre de membre correspondant de cette compagnie. 

A la même époque, je dirai au même jour, M. Édouard Spach remit à 
Paris, aux directeurs des Annales des sciences naturelles, un travail sur 
la même matière, et l’histoire de ce bel arbre, si abondamment cultivé 
dans les sites pittoresques de la province de Liége, n’en deviendra que 
plus difficile. L’un et l’autre de ces botanistes ont, comme on le pense 
bien, créé des espèces nouvelles. M. Host, premier médecin de l’empe- 
reur d'Autriche, décédé en avril 1854, avait déjà précédé ces auteurs dans 
la détermination des espèces, confondues par Linné sous le nom de Til- 
leul d'Europe. Cet arbre méritait sous tous les rapports une attention 
particulière. Courtois le regardait, d’après M. De Candolle, comme celui 
qui, en Europe, pouvait acquérir les plus grandes dimensions. 

On cite cependant des Pins sylvestres et des Frênes (Fraxinus excelsior) 


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de 150 pieds de hauteur, tandis que la plus longue branche du Tilleul de 
Neustadt dans le Wurtemberg, dont on estime l’âge de 700 à 800 ans, ne 
mesure que 106 pieds de longueur. Il est très-remarquable que les espèces 
nouvelles citées par Courtois ont toutes été trouvées dans la même ave- 
nue d’une petite ferme des environs de Verviers. 

Ce mémoire sur les Tilleuls fut le dernier de ses ouvrages, il le fit pa- 
raitre en 1855. Le 14 avril de cette année il expira à l’âge de 29 ans, 
après quatorze mois d’une maladie qui n'avait que trop décimé sa famille. 
J'ai fait placer son portrait parmi ceux des grands botanistes qui ont 
illustré notre pays, sur le diplôme de la Société royale d’horticulture de 
Liége, entouré de ces tilleuls qu'il a si savamment décrits, et qui orne- 
raient sa tombe, si, dans cette province comme à Gand, comme dans tous 
les jardins botaniques quelque peu remarquables de l'Europe, on se 
plaisait à rappeler à la reconnaissance publique le souvenir de ceux qui 
se sont voués avec succès aux progrès des sciences et au bonheur de 
l'humanité. 

Courtois mourut donc avant l’époque où les universités furent orga- 
nisées par une loi nouvelle; il ne put voir son sort s'améliorer, et même 
il éprouva quelques difficultés pour conserver sa place qui fut sur le 
point d’être supprimée, à cause d’une circonstance qui se rattache à des 
dissensions d’une politique anti-nationale à laquelle on soupconnait, mais 
à tort, qu'il avait prêté la main. 

Parmi les écrits importants qu'a laissés Courtois, nous ne devons pas 
passer sous silence sa Bibliographie générale de botanique, à laquelle il 
travailla plus de dix ans, et qui se compose aujourd’hui de près de 
60 cahiers cartonnés, conservés par M. Fiess, bibliothécaire en chef de 
l’université de Liége. Dierbach (1), Von Miltitz (2), Bancks (5), Schweig- 
ger Seidel (4), ete, ont, il est vrai, en Allemagne et en Angleterre publié 


des bibliothèques de botanique excellentes, mais, d’après ce que nous 


avons vu, Courtois ayant profité de toutes ces sources, son ouvrage est 
infiniment plus complet. Les littératures belge et hollandaise, trop négli- 
gées par les étrangers, y sont admirablement traitées. C’est un vrai mal- 
heur pour la science que les personnes qui ont pris intérêt à la mémoire 
de Courtois et au progrès des sciences dans notre pays, n’aient pas fait 
publier jusqu'a présent un livre comme celui-ci qui intéresse l’Europe 
entière, et qui serait pour notre nation un titre des plus honorables. De- 
puis la mort de l’auteur, sans doute, une foule d'ouvrages ont paru, mais 
ce travail, complété par un homme habile, ne perdrait rien de son prix 
intrinsèque. 


(1) Repertorium botanicum. Lemgo , 1851. 

(2) Bibliotheca botanica. Berlin, 1829. 

(3) Catalogue bibliotheca historiæ naturalis. London , 1800. 

{4} Literatur der Mathematik, Natur- und Gewerbskunde, von Ersch. 


— XI — 


A dessein je n’ai point parlé dans cette notice de l’influence exercée 
par Courtois sur l'horticulture et l’industrie des Jardins, industrie si par- 
ticulière au peuple belge. C’est que je voulais présenter tout d’un trait 
l'utile impulsion que notre jeune naturaliste sut donner dans la province 
de Liége à cette branche si lucrative de commeree. Un homme d’un carac- 
tère de fer, d’un esprit entreprenant et décidé, fatigué d’arracher des 
profondeurs de la terre la houille qu’elle cache dans ses entrailles, trouva 
un jour l’occasion d'échanger son pileus de mineur contre la serpette. 
Sous les auspices du conseiller M. Fresart, il apprend les premières règles 
de l’état du jardinage. En peu d'années il réalise quelques bénéfices et 
monte les premières serres modèles que Liége ait connues. Cet homme, 
sans savoir un mot de latin, retenait avec une précision remarquable cette 
nomenclature botanique si ardue qui fait le désespoir de plus d’un érudit; 
il n'avait pas lu comme Mussche, le type des jardiniers d’après le pom- 
peux éloge de Van Hulthem, encore moins savait-il par cœur la Philoso- 
phia botanica de Linné. N'importe, M. Jacob Makoy, car c’est de lui que 
je veux parler, créa l'établissement le plus vaste qui soit dans le pays et 
dans les États qui nous environnent, à l'exception de l'Angleterre, il de- 
vint le premier jardinier du continent. En peu d'années son commerce 
immense s’est étendu à la France et aux provinces rhénanes, à la Prusse, 
à l'Autriche, à toute l'Italie, à la Suisse, à la Russie, aux Amériques, etc. 
Sa carrière s’est liée à celle de Courtois, et l'existence de ce dernier s’était 
comme identifiée avec celle de M. Jacob Mackoy, le Cockerill de l’indu- 
strie horticole de la Belgique; tous deux ils résolurent, à l'instar de ce 
qui s'était passé en 1809 à Gand, lors de la création de la société dite de 
Botanique de cette ville, de populariser à Liége le goût des fleurs. Ils 
créèrent la société, modestement mais justement appelée d’horticulture, 
en 1850 ; Courtois avait trop de jugement pour joindre, au titre de l’in- 
stitution qu'il cherchait à fonder, une domination fausse qui ne fût en har- 
monie ni avec l’occupation de ses membres, ni avec le respect qu'on doit 
à la science des Jussieu et des Linné; il savait bien qu’en réalité c’est 
uniquement de la culture d'agrément et non de la science des plantes 
qu'on s'occupe dans ces sociétés, et le réglement constitutif qu'il rédigea, 
qu’il fit adopter par la commission d'installation et approuver par l’au- 
torité, est une preuve de sa manière de voir à ce sujet. Il fut nommé 
secrétaire de cette société, et ce fut lui qui rédigea les procès-verbaux 
des expositions et les notes qui parfois terminent les catalogues de ces 
exhibitions. La présidence était occupée par M. Gaëde. Cette institution 
répandit bientôt le goût paisible de la culture, et une foule d’établisse- 
ments horticoles surgirent de toutes parts à Liége et dans ses environs. 
Au milieu d'eux primait toujours celui de M. Jacob Makoy, que le roi, 
S. M. Léopold, visita à son premier voyage à Liége, et qu'il revit depuis 
à chacun de ses passages par cette ville, avec un nouveau plaisir. Cette 
visite avait donné à Courtois un vif désir de voir Claremont, les jardins 


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… 
“ 


— XV — 


et les serres de l'Angleterre, et grâce à la libéralité de celui-ci, il se ren- 
dit dans ce pays avec M. Jacob Makoy, au commencement de juin de 
l’année 1855 et il consigna dans le Hagasin d'horticulture, les observa- 
tions qu'il fit dans ce voyage extrêmement fructueux pour son herbier, 
puisqu'il y recueillit un nombre considérable de plantes rares. De plus, 
il remarqua les différents modes de culture et il se rendit, par les judi- 
cieux aperçus qu'ils firent naître en lui, aussi utile aux Anglais eux-mêmes 
qu'aux Belges. Ses remarques sur la mauvaise manière de tailler les pom- 

_ miers et les poiriers en Angleterre furent promptement traduites en 
anglais, dans la Grande-Bretagne et aux États-Unis. J'ai publié ailleurs 
que Courtois était plus connu en Amérique que dans son pays, et qu'un 
bon nombre de ses précieux articles ou mémoires avaient mérité l'hon- 
neur de la traduction dans le Nouveau-Monde (1), c’est iei l'occasion de 
dire que son Mémoire sur la géographie botanique est connu dans tous 
les pays où le gout des cultures savantes a pénétré. 

En rendant compte de son voyage, il eut l’occasion de parler des éta- 
blissements d'industrie horticole qu'il avait visités en Angleterre. Le jardi- 

nier de l’un d’entre eux, dont il n’avait pas cru devoir louer les méthodes, 

| se vengea de cet oubli par un article fort injuste publié à Londres et à 

Paris et dirigé surtout contre les cultures du jardin botanique de l'uni- 

À versité de Liége. Courtois y répondit par deux pages, qui contiennent 

% l’état du jardin à cette époque. et qui seront utilement consultées pour 
| l’histoire de nos jardins publics. 

Richard Courtois était correspondant de l'académie royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles, membre de l'académie impériale Leopol- 
dino-Carolino des curieux de la nature, de la Société royale de botanique 
et d'agriculture de Gand, de la Socièté d’horticulture d'Anvers, de Flore 
de Bruxelles et secrétaire de la Société d’horticulture de Liége. 

. Mourir à 29 ans, à un âge où tant d'hommes n'ont rien légué encore à 

ladmiration de la postérité, et avoir publié à cet âge 17 ouvrages beaux 
et utiles ; vivre pendant vingt-neuf ans dans l'infortune et lutter sans cesse 
contre des obstacles qui détruisent l'avenir, et ne jamais se laisser abattre 
et redoubler toujours de courage et de patience ; voir autour de soi les 
places et les honneurs donnés aux hommes inactifs qui nommant leur si- 
lence de la modestie, paraïitront aux autres d'autant plus savants qu'ils 

auront moins dit ; et pour des travaux sans relâche, ne trouver de récom- 
pense nulle part. aimer les autres pourtant et ne pas en être aimé..….! 
Telle fut la carrière de Courtois. Puisse le récit de sa vie rendre plus cir- 
conspects et plus justes ceux qui, par leur position ou leur influence, dé- 
cident du sort des hommes capables d’honorer leur époque et leur pays! 
Ces leçons ne devraient jamais être stériles. 


ND, - : 


(1) De l'influence de la Belgique sur l’industrie horticole des États-Unis. Liége, 1857. 


— XVI — 


BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES DE RICHARD-JOSEPH COURTOIS. 


1822, Richardi Courtois, Ververiensis, Responsio ad quæstionem botanicam ab ordine mathe- 
seos et philosophiæ naturalis in academia Gandavensi, anno 1821 proposilam : Queritur 
concinna expositio eorum, quæ de organorum propagationi inserventium phanerogami- 
carum ortu, silu , fabrieà et functione innotuerunt. Pag. 113, in-40. Annales academie 
Gandavensis anni 1821-22. 

1825, Conspectus topographiæ physico-medicæ provinciæ Leodiensis quem publico examini sub- 
mittit die 20 men. junii 1825, auctor Rich. Courtois. In-40, pag. 55. Typis D. Stas et 
Kersten. 

1827. Compendium floræ Belgicæ conjunctis studiis ediderunt À. L, S. Lejeune et R. Courtois. 
Tom. 1, 1827, p. 264, in parv. oct. — Tomus II, 1851, 320 p. — Tomus III, 1856 post 
obitum Courtoisii, p. 423. — Tom. I et IT Leodii, apud Collardin. — Tom. II, Verviæ, 
apud Remacle. 

1827. Verslag van een plant- en landbouwkundig reisje, gedaan in julij 1826, langs de oevers 
der Maas van Luik naar Dinant, in de Ardennes en het groot hertogdom Luxembourg. 
In-80, 27 pages. Bydragen. T. II, p. 450-479. | 

Nora. C’est une relation fort instructive d’un voyage agricole et botanique entrepris dans le duché 
de Luxembourg, par Courtois et le professeur Bronn. Elle sera utilement consultée par 
les floristes. 


1827. Aanteekeningen over eenige planten der Zuidnederlandsche Flora, en voornamelijk der 
Flora van de omstreken van Spa. In-80, 7 pages. Biydragen. T. II, p. 292-299. 
Nora. Cette notice a été faite en commun par Courtois et M. Lejeune, 
1827. Verhandeling over de Ranunculaceæ der Nederlandsche Flora. 59 pages, in-8°. Bi- 
dragen. T. II, p. 69-110. 
Nora. M. Lejeune a également travaillé à ce mémoire. 
1827. Beschrijving van twee plantaardige miswassen. 5 pages in-80. Bijdragen. Tom. II, 
p. 226-227. 


Nora. Ç'est l'histoire d’une prolification de l'Erysimum cheiranthoïdes et celle d’une semblable 
anomalie du Veronica monstruosa (media). 


1828. Recherches sur la statistique physique, agricole et médicale de la province de Liége, 
par R. Courtois ; 2 vol. in-80. Verviers, Ch. Begufays. 


Nora. Au 2e volume, après la page 281, s’ajoutent 14 tableaux non numérotés et un supplément de 
23 pages avec une pagination particulière. 
L'université de Liége possède l’exemplaïre de l’auteur avec une foule d’annotations et de 
corrections, surtout au premier volume, destinées à une seconde édition. 


1828. Mémoire sur la dyssenterie, par le professeur Friedereich de Wurzbourg, traduit de 
l’allemand d’après la 2e édition, par Courtois, Liége, in-80. 

1828. Mémoire sur l’auseultation appliquée à la grossesse, par G.-S. Haus, D. M. à Wurzbourg, 
traduit de l’allemand par R. Courtois. Liége, in-80, 

1829. Overzigt van de minerale wateren en warme bronnen van het Nederland en een gedeelte 
van Pruissen. 16 pages, in-8°. Bydragen. T. IV, p.19-35. 

Nora. C’est une statistique très-complète des eaux minérales et thermales de la Belgique. 
1850. Catalogues et procès-verbaux de la Société d’horticuliure de Liège, continués jusqu’en 


1832. Magasin d’horticulture, par R. Courtois. Un volume ou douze livraisons in-80. Liége, 
Collardin, 1852-33. 


Nora. La première livraison du second volume (1-2) a paru en 1834. 
1833. Commentarius in Remberti Dodonæi pemptades ; in-40, 80 p. 
Acta Acad. Cæs. Leop. Car. nat. curios., vol. XVII, p. 4. 
Nora. Des pages 65 à 80 est le second commentaire. 
1833. MERDE EUX la population des villes de la province de Liége, 25 pag. dont 7 tableaux, 
in-00, . 


Publié dans le Recueil de documents statistiques de Belgique, à l'établissement géographique de 
Bruxelles, par M. Ph. Van der Maelen , in-80 


1834. Lettre au Directeur du Journal d’horticulture de Paris. 


Journal de l’académie d’horticulture de Paris. tom. II, nov. 1834, pag. 97-98. 
Nora. C’est une réponse intéressante pour l’histoire de l’horticulture en Belgique, à une attaque 
fort injuste d’un jardinier de Londres. 


1835. Mémoire sur les tilleuls d'Europe. In-8°, 18 pag. et 4 planch. Bruxelles chez M. Hayez. 
Tom. IX des Mémoires de l’ Académie royale des sciences de Bruzelles. 


MANUSCRITS. 


I. Bibliotheca botanica, auctore Rich. Courtois. Circiter fasciculi LX. 
II. Tableaux d’organographie végétale. In-fol. plano. 


(Extrait de l’Annuaire de l’Académie pour 1838.) 


1_8. Adama versicolor. Fort. Q Browallia Jamesonu .Benth. 


LA 


BELGIQUE HORTICOLE, 


JOURNAL DES JARDINS, DES SERRES ET DES VERGERS. 


F 
HORTICULTURE. 


HISTOIRE NATURELLE ET CULTURE DE L’ADAMIA VERSICOLOR 
DE HONG-KONG, 


Par M. Cu. MoRREN. 


En 4829, Wallich, dans son Tentamen Floræ nepalensis, fonda le 
genre Adamia sur une espèce du Népaul que les indigènes y appellent 
Bansook, et qui est devenue l’Adamia cyanea. La dédicace de ce genre 
eut lieu en l’honneur du docteur John Adam de Caleutta. Les caractères 
du genre reproduits, en 1850, dans le 4° volume du Prodrome de De Can- 
dolle et,en 1840, dans le Genera d'Endlicher, comportent plusieurs erreurs 
depuis que M. Fortune a démontré l'existence en Chine d’une autre 
espèce d'A damia, celle dontnousdonnonsl'histoire dans ces quelques lignes. 

Après l'analyse sur le vivant, nous proposerions de modifier comme 
suit les caractères génériques : 


ADAMIA. Wallich. Calyæ tubo hemisphæ- ADAMIE. Wallich. Calice à tube hémis- 
rico, eum ovarii basi connato, limbo semi- | phérique conné avec la base de l’ovaire, 
supero quinque aut septem dentato, dentibus | limbe semi supère à cinq ôu sept dents, 
acutis, sinubus latis, obtusis. Corollæ rotatæ dents aiguës, sinus larges, obtus. Corolle 


petala quinque , sex, aut septem, summo ca— | rotée, à cinq, six ou sept pétales, insérés sur 
lyci inserta, sessilia, æstivatione valvata, in | le sommet du calice, sessiles, valvés dans 
anthesi sæpe summo adhærentia, imo dis- l’æstivation, dans l’anthèse souvent adhérents 
juacta et caduca. Stamina 10 ad 20, biserialia par le sommet, disjoints au bas et caduques. 
tot exteriora , quot interiora ; exteriora ma- | Dix à vingt éfamines bisériées, autant au 
jora , libera, antheræ biloculares, basifixæ, | rang externe qu’à l’interne, les extérieures 
erectæ, longitudinaliter dehiscentes, purpu- | plus grandes, libres, anthères biloculaires, 
reo-eyaneæ ; interiora minora, antheræ intro- | basifixes, dressées, s’ouvrant longitudinale- 
flexæ, demum erectæ in anthesi,roseæ. Ova- | ment, d’un pourpre azuré, les intérieures 
rium seminiferum, incompletetri-quinquelo- | plus courtes, anthères introflexes et à la fin 


culare, placentis semi septorum marginibus | droites dans l’anthèse, roses. Ovaire semi- 
adnatis, multiovulatis. Styli quinque, dis- | nifère, incomplètement tri-quinqueloculaire, 


tincti, breves; stigmatibus clavatis, sub- | placentas adnés aux bords de semi-cloi- 
bilobis. Bacea semisupera, calycis limbo | sons, multiovulés. Cing styles, distincts, 
cincta, stylis persistentibus coronata, in- courts; sligmates clavés, subbilobés. Baie 


complete tri - quinquelocularis, semiseptis | semi-supère, entourée du limbe du calice, 
margine placentiferis. Semina plurima, an— | couronnée par les siyles persistants, incom- 
gulata, testa coriacea, adnata. Embryo in plètement tri-quinqueloculaire, les semi- 


axi albuminis dense carnosi subcylindricus; | cloisons placentifères au bord. Graines nom- 
cotyledonibus brevissimis, radicula umbilico | breuses, anguleuses, testa coriace adnée. 
proxima, centrifuga. Embryon subcylindrique dans l’axe d’un albu- 


men dense et charnu; cotylédons très-courts , 
radicule proche de l’ombilic, centrifuge. 


BELG. HORT. T, V. 1 


ue ne 


Les Adamia passaient pour des arbustes de Java et du Népaul, mais il 
faut y ajouter actuellement la Chine. Ils sont glabres et rameux; les 
feuilles opposées, pétiolées, exstipulées , oblongues-lancéolées , dentées ; 
les panicules terminales , corymbeuses, multiflores, bleuâtres, roses ou 
blanches ; les fruits sont bleuâtres ou cendrés. En parlant de la couleur 
bleue dans les caractères de ce genre, il faut remarquer que cette teinte 
est loin d'être d’une grande pureté : c’est un bleu terne, cendré, ardoisé, 
passant au rose faux, au violet ou au pourpre, mais sans avoir ce ton 
brillant dont parlent quelques horticulteurs, sir Joseph Paxton entre 
autres (voy. p. 522 du Magazine of Gardering and Botany 1855). Les 
botanistes hollandais Reinwardt et Blume séparèrent l’Adamia du Népaul 
de ceux de Java auxquels ils donnèrent le nom générique de Cyanitis 
(Bydr. 9921). De Candolle, dans le 4° volume du Prodrome (p. 16), et 
Meisner dans ses Genera (p. 137), ont adopté cette manière de voir dont 
Endlicher a fait justice en ramenant les Cyanitis aux Adamia. La conclu- 
sion de ees réunions est donc que cette forme de saxifragacées appartient 
aujourd’hui au Népaul, à la Chine et à Java. 

La nouvelle espèce d’Adamia est le 


A. VERSICOLOR. Fortune mss. — Lindl. 


Hort. Soe. Journ., vol. 1, p. 298. — Pax- | 


tons Mag. of Gard. and Botany 1849, 
p. 322. Frutex nanus, ramosus, caule et ramis 
teretibus, internodiis caulis sex-striatis, 
glabris ; Foliis oppositis exstipulatis, petiola- 
tis, oblongo-lanceolatis, serratis, glabris et 
subtüs in costa et nervis pilosiusculis; Pa- 
nicula corymbosa, terminali, multiflora, 
pyramidali aut subglobosa, dodrantali aut 
pedali; Floribus in alabastris albis, mox 
roseis, in anthesi purpureis, violaceis, uncia- 
libus. Calyce semi-urceolato, quinque aut 
septem dentato; Petalis quinque ad decem, 
ellipticis. striatis, sulcatis, apice sæpe unci- 
nato, carnosis ; Sfaminibus decem aut viginti, 
biserialibus, alternis ; exterioribus majoribus 
sæpe anthera cœrulescente erecta munilis ; 
interioribus minoribus anthera rosea, pen- 
dula præditis, omnibus introflexis, ovatis, 
conformibus ; Stylis quinque, staminum ma- 
jorum longitudine ; Stigmatibus bilobis-cla- 
vatis, carnosis, purpureis. Fructu ignoto 
Gr TE 

V. tab. L fig. I. 

Fig. 1, Alabastrum. — Fig. 2, Petalum in 
latere depictum. — Fig. 5, Petali facies su- 
perior. — Fig. 4, Stamina. — Fig. 5, Sta- 
inen erectum majus, pollen cœrulescens aut 
cinereum. — Fig. 6, Stamen minus, roseum. 
— Fig. 7, Pistillum. 


A. VERSICOLORE. Fortune mss.— Lindl. 
Hort, Soc. Journ., vol. 1, p. 298. — Pax- 
ton's Mag. of Gard. and Botan. 1849, p. 322. 
Arbrisseau nain, rameux, tiges et rameaux 
arrondis, entrenœuds de la tige à six stries, 
glabres ; Feuilles opposées, sans stipules, 
pétiolées, oblongues -lancéolées, dentées, 
glabres, côtes et nervures couvertes au-des- 
sous de très-pelits poils; Panicule corym- 
beuse, terminale, multiflore, pyramidale ou 
presque globuleuse, de neuf pouces ou d’un 
pied de diamètre; Fleurs blanches dans le 
bouton, puis roses, à l’anthèse pourpres, 
violettes, d’un pouce de diamètre; Calice 
semi-urcéolé, de cinq à sept dents; Pétales 
de cinq à dix, elliptiques, striés, sillonnés, 


crochus au sommet, charnus; Etamines de : 


10 ou 29, en deux séries, alternes en gran- 
deur, les extérieures (5 ou 10) plus grandes, 
l’anthère bleuâtre, droite; lesintérieures (5 ou 
10) plus petites, l’anthère rose penchée, toutes 
tournées en dedans, ovales, semblables; S/yles 
au nombre de cinq, de la longueurdes grandes 
étamines ; Stigmates bilobés-claviformes, 
charnus pourpres. Fruit inconnu (v. v.e.). 


V. pl. E, fig. I. 
Fig. 4, Fleur en bouton. — Fig. 2, Pétale 
dessiné de côté. — Fig. 3, Pétale dessiné 


d’en haut. — Fig. 4, Étamines, — Fig. 5, 
Étamine du rang externe grande, anthère 
dressée, à pollen, bleuâtre ou cendré. — 
Fig. 6, Étamine plus petite du rang interne, 
rose, anthère refléchie. -— Fig. 7, Pistil. 


PL UE 


Cette espèce d’Adamie a été découverte par M. Fortune dans l'ile de 
Hong-Kong, croissant dans les ravins et jusque vers la moitié du penchant 
des Montagnes. M. Fortune introduisit cette plante en 1844 à la Société 
d'horticulture de Londres, et M. Lindley en donna une description dans 
le volume premier du journal de cette Société (p. 298). Sir Joseph Pax- 
ton, dans son Magazine of Gardening and Botany de 1849, revint sur 
l'histoire naturelle de ce végétal ; il en publia une gravure qui laisse beau- 
coup à désirer sous le rapport des caractères floraux : la description est 
aussi inexacte. Il distingue l’Adamia versicolor de l'Adamia cyanea parce 
que le premier a vingt étamines et jamais dix, et dans la gravure aucune 
fleur du versicolor ne montre ces vingt organes, mais bien six, sept ou 
huit. En outre, le caractère normal de l’Adamia versicolor est d’avoir ou 
dix ou vingt étamines, disposées sur deux rangs d’égal nombre; les éta- 
mines du premier rang externe sont les plus grandes, et celles du rang 
interne les plus petites. Nous avons vérifié cette disposition sur un grand 
nombre de pieds de cette plante. 

L’Adamia de Hong-Kong est une de ces plantes dont on a trop vanté les 
merveilles avant qu'on eüt fait connaissance avec elle : on la comparait à 
l'Aydrangea japonica, on la disait la rivale de l'Hortensia ordinaire; on 
voyait ses fleurs en étoile et ses panicules grandes d’un pied, en rose, en 
violet brillant et en bleu « most brilliant violet blue». Mais, hélas! quand 
la plante à cireulé dans le commerce, bien des mécomptes ont succédé 
à ces promesses, et nous avons vu beaucoup d'amateurs renoncer à sa 
culture. Les publications anglaises, les seules, cette fois, où le diapason 
de l'éloge était monté aux plus hautes octaves, ont dù confesser que le 
secret de donner à l'Adamie de Hong-Kong sa forme, sa grandeur et ses 
couleurs divines était le privilége de quelques heureux adeptes, et la Chro- 
nique des Jardiniers a publié ce secret sous la signature irresponsable 
d’un Alpha grec, écrit tout au long. 

Puisque cet auteur est grec en quelque chose, il faut y ajouter foi. Il 
affirme d’ailleurs qu'il y a des pieds d’Adamia qui ont de gros bouquets 
de fleurs sur chaque branche, tous terminaux, et que leur floraison dure 
des mois entiers. Comment faut-il faire pour obtenir un pareil succès? 
Voiei donc la culture qu'il propose : 

« La propagation de cette plante ne se fait que par bouture pour 
laquelle on emploie du jeune bois dans son premier état d’affermissement. 
Ces boutures se choisissent au commencement du printemps et aussitôt 
qu'elles promettent de pousser. On les place dans un soi sablonneux, cou- 
vertes d’une cloche et plongées dans le sol d’une bâche chaude ou chauf- 
fées par le bottom-heat des Anglais. En un mois ordinairement, les racines 
sont formées, et aussitôt que ces fibres radiculaires sont affermies, on 
rempote chaque bouture dans un pot à part, mais petit. Si ces véhicules 
sont trop grands, infailliblement les plantes seront faibles et la faiblesse 
est pour les Adamies un arrêt de mort. 


REY pu 


Les jeunes plantes qui promettent de vivre, exigent qu'on leur donne 
un lieu fermé, chaud et humide, et pendant quinze jours au moins, après 
leur rempotement, elles ne peuvent souffrir les rayons du soleil : il leur 
faut l'ombre constamment. Quand elles se sont affermies dans leur nou- 
veau sol, on les cultive dans une bâche fermée ou dans une serre chaude 
chauffée modérément, en les plaçant contre les vitres et en les serin- 
guant sur les têtes, les matins et les après-midi pendant les jours de soleil. 
Leur nature est de croitre librement et quand toutes les circonstances leur 
sont favorables, elles deviennent de fortes plantes, mais aussi elles souffrent 
considérablement par la moindre privation. A cet âge, il faut encore un 
rempotement, mais alorsles pots doivent être choisis d’un volume double 
de celui que les plantes vont quitter. Un sol frais et neuf, tenu modéré- 
ment humide, développe facilement de nouvelles racines, et pour augmen- 
ter la compacité du feuillage et des rameaux, on commence à leur per- 
mettre de respirer à l’air libre; mais alors aussi, on pince les jets faibles 
ou trop portés à filer. On remarque, du reste, qu'avec une vigoureuse 
végétation des racines, le pied reste court et les branches ne s’allongent 
guère, mais quand les racines souffrent ou sont gênées, les rameaux 
offrent un allongement maladif. | 

Puisque le but est de produire des pieds très-forts avant qu’ils ne fleu- 
rissent, il faut aviser à favoriser la végétation pendant l’été et l'automne : 
d’après la température et les circonstances du temps, on abrite les plantes 
dans un lieu fermé, ou bien on les met à l'air, et quand on voit la croissance 
s'arrêter, on a recours de suite à l’échauffement du sol dans une couche. 

En hiver, le meilleur séjour est la serre tempérée dont la température 
moyenne est de + 10 degrés centigrades, mais elle ne peut descendre 
au-dessous, ni on ne peut priver les plantes d’eau, sinon elles périssent. 
Quand de tels arrêts troublent la végétation, il se déclare une tendance à 
la floraison, et quand le printemps arrive, les fleurs sont maigres et ché- 
tives. C’est en mars seulement que tombe l’époque de la vraie croissance, 
et pour la favoriser, il est nécessaire de surveiller la végétation de l’au- 
tomne précédent.On place les plantes, au troisième mois de l’année, dans 
une couche modérément chaude par le sol, tout près des vitres, et quand 
le mouvement de la végétation commence, on examine les racines et on 
leur donne un ample renouvellement de terre, si la chose est nécessaire. 
On inspecte aussi les branches et on les émonde, afin que les unes ne 
génent pas les autres; on soigne que toute la tête de l’arbrisseau soit 
garnie surtout vers le centre. Un second remplacement de vieille terre 
par de la nouvelle est exigé en mai, et la floraison dépendra d’elle selon 
la force des plantes. Les exemplaires convenables par leur grandeur 
demandent des pots de 15 pouces ; ils peuvent servir d’ailleurs, pour 
deux saisons de croissance. On ne peut plus pratiquer le pincement après 
le milieu d'août, et on tient dés-lors les plantes sèches; on leur donne 
plus d'air depuis la fin de septembre jusqu’au milieu de novembre où le 


LE 
Te -— 


- bois devient mur, pour nous servir d’une expression de jardinier, et se 


prépare déjà à fleurir pour le printemps suivant. 

Si dans une circonstance semblable, on place une Adamie dans une 
atmosphère échauffée et qu’on l’arrose, tous les bouts des rameaux se 
mettent à fleurir, et dans le moment où les boutons floraux prennent 
leur teinte bleuâtre ou rose, si on relègue les plantes dans une serre tem- 
pérée ou un conservatoire, ces boutons resteront dans cet état pendant 
trois ou quatre mois. Si alors les circonstances prêtent à l’anthèse, les 
fleurs s'ouvrent toutes à la fois, et des Adamias cultivés selon cette méthode 
deviennent des plantes d’un grand prix, mais aussi on a dû leur donner 
une attention toute spéciale et leur sacrifier beaucoup de temps. 

Les Adamies ouvrent aussi leurs fleurs sous l'influence d'une tempéra- 
ture de serre tempérée, quand les racines ont recu de l’eau de fumier et 
que l'atmosphère est maintenue suffisamment sèche; même lorsque les 
plantes ont muri sous de telles circonstances, elles produisent une succes- 
sion de boutons latéraux pour des mois. Les exemplaires qu'on cultive 
pour une floraison plus retardée, doivent être coupés à temps, afin 
qu'ils ne forment leurs bourgeons avant l'hiver, et on les rempote l’année 
suivante. Mais en leur donnant de l’eau purinée ou de l’eau d'engrais en 
abondance, on les fait passer plusieurs années dans le même pot, quand 
il est assez grand, sans avoir besoin d'en changer. Le meilleur sol pour 
ces plantes se compose de trois parties de terre franche , argileuse et 
grasse, une partie de terre de bruyère ou de terreau de feuilles mélangée 
d’une égale quantité de sable siliceux grossier et de morceaux de charbon 
de bois, afin de donner à la masse des pores et de l’air. Enfin, quand 
lAdamia versicolor est cultivé dans une terre riche et légère (sablon- 
neuse), le bois a de trop longs mérithalles ou entrenœuds, et enfin les 
exemplaires s'étranglent à diverses hauteurs. » 

- Nous avons cultivé l’Adamia versicolor et nous avons eu plus de mé- 
comptes que de succès. Presque toujours, des entrenœuds se dessèchent, 
brunissent, se couvrent de moississures au bout de deux jours et la plante 
est frappée d'une maladie analogue à la champlure de la vigne. Un pied 
d’Adamia en fleur porté dans un appartement de température moyenne 
au mois de juin, perdit ses meilleurs branches à bouture au bout de trois 
heures dans un séjour qu’on devait regarder comme favorable. Sur d’au- 
tres plantes, les deux ou trois premiers entrenœuds de la tige principale 
brunissent, moississent et meurent, et le pied est entiérement frappé de 
mort à la suite d’un pareil accident. Aussi voyons-nous par l’article du 
Gardener's chronicle que les Anglais ne se dissimulent pas la difficulté de 
cette culture et qu'il la proclament ouvertement. Il faudrait faire attention 
au séjour , à la température, à l’éclairement, au vent, à l'air, à la terre, 
au pincement, à la succession des phénomènes de la végétation, non- 
seulement dans les années de la vie de lAdamie, mais même aux différentes 
heures de la journée. Nous doutons que jamais l'homme devienne esclave 


Clg, Al 


à ce point d’un hortensia chinois, quelque beau qu'il put ètre. On dit 
cependant qu'il y a des jardiniers qui excellent dans cette spécialité, et 
nous engageons les amateurs, chacun dans sa localité, à préférer ceux-ci 
pour l’acquisition des exemplaires à ceux qui n'ont donné aucune preuve 
de leur aptitude. 

Le genre Adamia tire son nom du docteur Jean Adam, de Calcutta, 
qu'il ne faut pas confondre avec Adam, botaniste silésien, du siècle 
dernier. 


HISTOIRE LITTÉRAIRE DES BROWALLIAS ; 
DES AMOURS ET DES VENGEANCES DE LINNÉ, 


ET PLUS SPÉCIALEMENT DU BROWALLIA JAMESONII, 


Par M. Cn. More. 


Le nom générique de Browallia rappelle le souvenir de Jean Browall ; 
né la même année que Linné, l’un des défenseurs des doctrines du bota- 
niste suédois, dit la Biographie universelle et l’un des détracteurs de Lin- 
næus, dit la Flore des serres. En effet, l’une et l’autre de ces assertions 
sont vraies. En 1757, dans l'Aortus Cliffortianus parut la première spé- 
cification du Browallia demissa de Panama, et la même année 1757, 
Linné publia son volume intitulé Critica botanica, auquel il ajouta le dis- 
cours de Jean Browall : de necessitate historiæ naturalis discursus, addi- 
tion qui est loin de prouver de l’animosité entre les deux savants. Si 
donc on assure que le nom de demissa (plante basse, humble, rampante) 
a été choisi par Linné pour indiquer la médiocrité scientifique de Bro- 
wall, il n'y a pas de preuve, ni d'indice de preuve de cette supposition 
dans ces premiers écrits. Il serait difficile de concevoir comment le grand 
botaniste de Rashult dont l'amour-propre était excessif, aurait pu con- 
sentir à associer sur le titre d’un de ses ouvrages son nom à celui d'un 
écrivain médiocre. La vie de Linné, écrite en suédois par lui-même, 
traduite en francais par M. Fée, le savant professeur de botanique de la 
faculté de Strasbourg et augmentée de notes puisées à des sources pures, 
est plus exacte à l'égard de l'origine de l’épithète demissa donnée au 
Browallia de 1757. Linné voulait exprimer par là l'humilité religieuse 
de son ami , demissus, abaïissé vers la terre, homme d'attitude modeste. 
Malgré l'honneur d’une dédicace de genre due à Linné, Browall conserva 
son humilité et sa modestie apparentes, mais en 1759, il jeta le masque 
et publia son Examen epicriseos in systema plantarum sexuale clariss. 
Linnæi (Abo in-4°), critique amère des principes du maitre. Browall était 
devenu curé-doyen, et enfin évèque d’Abo en Finlande. On a représenté 
le Browallia elata, espèce du Pérou, prise aujourd’hui pour une variété 
du Browallia demussa, comme l'expression de la vengeance de Linné 


LR 22 


pour blamer la hauteur et l’arrogance de son ancien disciple, puis son 
ami et enfin son prétendu rival. Mais nous devons faire remarquer qu'il 
s’écoula vingt-trois ans entre la publication de la diatribe de Browall et 
la riposte de Linné par un simple nom de plante, car la première citation 
du Browallia elata se trouve dans la seconde édition du species plantarum 
de 4762. On a imprimé aussi que ce nom d’elata avait rapport à une 
plante supposée, inventée par Linné afin de tourner en ridicule son 
antagoniste devenu prélat; mais Linné fait imprimer lui-même dans le 
Species qu’il tenait le Browallia elata de Miller et que cette plante était 
tout à fait différente de la première espèce. 

Enfin, un Browallia alienata dont Linné avait reçu une figure par 
Miller parut dans la dixième édition du Species plantarum de 1759. On a 
vu dans l’alienata une nouvelle ironie de Linné plaçant cette prétendue 
espèce sous l'inspiration de Browall, aliéné par envie contre son ancien 
maître. Du moins, c’est ainsi qu’on représente cette origine dans la plu- 
part des ouvrages d’horticulture et de botanique historique. Mais ce que 
nous croyons moins connu, c’est le passage d’Hermann Richter dans l’édi- 
tion complète des œuvres de Linné, au sujet de toutes ces dissentions 
entre l’évêque d’Abo et Linné. Le respect pour les amours de ce dernier 
avec la fille de Jean Moræus de Fahlun qui devint plus tard sa femme, nous 
défend de traduire ce passage, mais le voici en latin. Après avoir cité les 
Browallia demissa et elata, l'auteur ajoute : « Nomina trivialia hujus et 
præcedentis litem Linnœæi Browallique indicare, fama vulgaris refert. 
Contradicit tamen, quod uno eodemque tempore tria ista nomina data 
sint, atque quod diu ante nomina trivialia data dissensio inter amicos 
istos (ob sponsam Linnær tunc absentis) et orta et composita. 

Il faut se rappeler que Linné fit la connaissance de Browall à Fahlun 
où ce dernier était aumônier et précepteur des enfants de Reutherholm. 
C’est à Fahlun que Linné donna un cours de minéralogie sur la demande 
de Browall et de beaucoup d'amateurs ; enfin, c’est à Fahlun encore que 
demeurait Jean Moræus, docteur en médecine, dont la fille Élisabeth 
inspirait à Linné l'amour le plus vif. Browall était envieux de Linné 
jusque dans ses amours. On sait que le grand botaniste se maria le 
26 juin 4759 et vingt ans après il poursuivit encore son rival par cette 
dédicace de la Browallia aliénée. 

Voilà pensons-nous la vérité à l'égard de l’histoire littéraire du genre 
Browallia, présentée sous un faux jour dans presque tous les ouvrages ; il 
nous a fallu consulter une quarantaine de volumes relatifs à Linné pour 
tirer ces faits au clair. Richter le dit très-bien : ce qui frappe dans ce 
récit, ce sont les contradictions des faits et des dates et il fallait décou- 
vrir leur cause : cette cause se trouve dans les amours de Linné et le 
genre Browallia n’en devient que plus intéressant. 

Nous rappelerons à cet égard que Linné assure lui-même la vérité de 
ce que nous disons ici, dans sa lettre à Haller « Mon voyage en Dalécarnie 


LE REG 


terminé, je me fixai, disait-1l,à Fahlun, capitale de la province; j'y donnai 
des leçons de minéralogie etme fis une petite clientelle médicale; je séjour- 
nai dans cette ville pendant un mois estimé de tout le monde. Là vivait 
un médecin nommé Moræus, que le vulgaire disait riche et, qui était en 
effet le moins pauvre de tous les habitants de cette misérable contrée, 
comme il était aussi sous le rapport de la science le premier de tous les 
médecins de Suède ; cent fois je l’entendis m’assurer que la pire condi- 
tion humaine était celle d’un homme livré à l'exercice de la médecine. 
J'allais le voir souvent et j'en étais toujours un hôte bien recu; le docteur 
Moræus avait deux filles, l’ainée courtisée par un gentilhomme se mon- 
trait peu sensible à ses soins, je la vis et demeurai interdit à sa vue, 
mon cœur s’ouvrit à des sensations nouvelles, j’aimai. Touchée de mes 
tendres discours, elle me paya de retour et m’engagea sa foi; mais j'étais 
si pauvre que je rougissais de la demander à son père; cependant je parlai. 
Moræus ne dit d’abord ni oui ni non; il m’aimait, mais non pas ma des- 
tinée ; il promit que sa fille me garderait sa foi pendant trois années et 
qu'après ce temps il se prononcerait définitivement. Ayant mis ordre à 
mes affaires et tout disposé pour mon départ, je quittai Fahlun et la 
Suède, riche seulement de trente-six écus d’or; j'obtins mon titre de 
docteur, mais faute de ressources pécuniaires je ne pus revenir dans ma 
patrie et restai comme vous le savez en Hollande. Pendant mon absence, 
Browall, mon meilleur ami, me faissait passer par la poste les lettres de 
ma maitresse qui persistait saintement dans sa promesse. La dernière 
année que je passai chez Van Royen (et ce fut avec l’autorisation de ma 
prétendue, car il y avait déjà quatre ans que j'étais absent, et mon futur 
beau-père ne m'en avait accordé que trois pour tout délai), Browall jugea 
qu'il lui serait peut-être possible de me supplanter ; c'était pourtant sur 
ma recommandation qu'il avait été nommé professeur; comme il faisait 
entendre que je ne reviendrais jamais dans ma patrie, il fut peut-être 
parvenu à ses fins et m'eüt cnlevé ma fiancée, si un autre ami ne m’eüût 
dévoilé cette perfidie. Browall a expié cette trahison par une foule innom- 
brable de malheurs. Je revins dans ma patrie. La jeune fille me préféra 
à Browall ; on le congédia..….. » 

Cette lettre est de 1758 et l’année suivante Élisabeth Moræa était 
l'épouse de Linné. Les épithètes de demissa, d’elata et d’alienata don- 
nées aux {rois premiers Browallias connus datent de 1757 pour le demissa, 
de 4759 pour l’alienata, et de 1762 pour l’elata. L'interprétation du 
mot demissus telle que l'entend M. Fée est donc la seule admissible ; 
celle de l’alienata donnée comme le troisième Browallia décrit par Linné, 
n’a pas de sens, du moment qu’il est constaté que l’espèce nommée elata 
a été publiée trois ans après. Il n’est donc pas même probable qu'aucun 
de ces noms ait eu rapport aux relations d’Élisabeth Moræa avec Browall, 
et Richter a eu raison d'affirmer que dans toutes ces anecdotes qui ont 
cours à propos des Browallias, il n’y a que contradiction et défaut de 


Ne, 


critique. On sait aussi qu'à l'égard du genre Bufonia on a accusé Linné 
à tort d’avoir voulu injurier Buffon. Ceux qui soutiennent qu'il y avait 
intention malveillante de la part du professeur d’'Upsal, ont soin de 
fausser l'orthographe de ce genre et écrivent Bu/ffonia ; mais Linné a écrit 
Bufonia, et ne parle pas à propos de ce genre des crapauds qui aime- 
raient se cacher dans l'herbe prétendument dédiée à Buffon. Au con- 
traire, De Rosen affirme que Linné s’indignait de cet outrage supposé 
qu'il aurait fait au naturaliste français. La pensée de Buffon n’entra pour 
rien dans la dénomination du genre Bufonia, et Linné déclara à De Rosen 
qu'il n'avait jamais cru devoir dédier une plante à Buffon qui avait pris 
rang parmi ses antagonistes. Il n’y a pas de dédicace non plus dans la 
description du Juncus bufonius et Linné n’est nullement coupable de ce 
qui lui imputent un grand nombre d'ouvrages rédigés avec une déplo- 
rable légèreté. 

Le genre Browallia s'augmenta plus tard de plusieurs espèces très- 
remarquables. On distingue parmi elles le Browallia Jamesonii, décrite 
par M. Bentham, dans ses Plantæ Hartwegianæ (146), et plus tard dans 
le dixième volume du Prodrome de De Candolle. 

Cette scrophulariacée constitue un arbrisseau couvert de poils mous ; 
les feuilles ont un pétiole court, sont ovales, rugueuses ou scabres et 
atteignent aux environs d’un pouce de longueur ; les fleurs sont disposées 
en cymes subcorymbeuses et réunies au nombre de dix environ; pédi- 
celles à peine plus long que le calice lequel est oval tubuleux, oblique 
et à divisions courtes; corolle à tube renflé, recourbé, à cinq divisions 
obtuses dont l'inférieure est la plus grande , — jaune d’or à l’extérieur, 
rouge écarlate à l’intérieur. Quatre étamines fertiles, les postérieures plus 
courtes, filets laineux; anthères reniformes, l’une des loges, la supé- 
rieure , petite et le plus souvent avortée. Style bifide au sommet, lobes 
très-larges, divariqués-subbilobés et stigmateux en dedans. Capsule plus 
ferme que dans les autres espèces, à deux valvules et à cloison très-mince ; 
graines petites et très-nombreuses. 

On a remarqué que le calice bleuit en se desséchant. L’arbrisseau 
s'élève de 1 à 2 pieds. 

Cette plante est originaire du nord du Pérou et de la Colombie. Son 
nom provient de celui de M. Jameson, qui l’aurait découverte. M. Hart- 
weg la trouva dans les mêmes localités; elle a été revue au Pérou 
par M. Guillaume Lobb, croissant à une altitude de 600 pieds au-des- 
sus de l'Océan, dans les bois aux environs de Molitre, province de 
Cuenca. 

Culture. — C’est une espèce qui en vertu de sa naissance spontanée sur 
les montagnes des andes du Pérou, passe en pleine terre les étés et les 
hivers en serre froide. Quand elle a lignifié ses troncs et ses rameaux, sa 
résistance est plus assurée. Le sol qui lui convient, est un mélange de 
sable, de terreau et d'engrais de feuilles décomposées. On la reproduit 

BELG. HORT. T. V. 2 


LIN TES 


par graines, et on la multiplie par boutures qui reprennent très-facilement 
par les moyens ordinaires. Enfin, le prix de ec charmant arbrisseau le 
met à la disposition même des amateurs les plus modestes. 


NOTE SUR LA CULTURE DES ÉRICAS (BRUYÈRES) DE SERRE 
TEMPÉRÉE. 


Par M. CHarces Micuner. 


Les Érica sont au nombre des végétaux d'ornement, dont la culture 
mériterait d’être très-répandue. Malheureusement on croit généralement 
que cette culture est entourée de difficultés telles, qu’un très-petit nombre 
de personnes s'en occupe. Cependant leur feuillage toujours vert, si dé- 
licat, si varié et si élégant, leur floraison si belle, si curieuse par ses 
couleurs et par ses formes souvent si bizarres, toujours gracieuses, ar- 
rivant à toutes les époques de l’année et même lorsque les serres sont 
complétement dépourvues de plantes fleuries, sa longue durée, même 
dans les conditions les plus défavorables, le peu de soins qu’exige leur 
culture comparés aux résultats qu'on peut en obtenir, le petit nombre 
des espèces et variétés cultivées qui s’élèvent à cent environ, dont dix à 
douze fleurissent chaque mois de l’année, la vigueur de la plupart d’entre 
elles, tout devrait au contraire en faire répandre le goût et la culture qui 
deviendra facile, si on veut se borner à stivre les quelques préceptes que 
je vais enseigner. 

Originaires presque toutes du Cap de Bonne-Espérance, les Erica qui 
nous occupent, quoique fleurissant abondamment sous notre latitude, 
fournissent ordinairement très-peu de graines. Quelques espèces en don- 
nent cependant. Elles sont d’une ténuité extrême. Malheureusement jus- 
qu’à présent les semis qui ont été faits, ayant invariablement reproduit les 
plantes-mères , il n’a pas été possible d’obtenir de nouvelles variétés. 

Aussitôt récoltées, il faut semer les graines dans des terrines remplies 
de fine terre de bruyère, et convenablement drainées, en ayant soin de 
recouvrir ces graines de deux millimètres de terre. Les terrines sont en- 
suite placées sous un châssis à froid ou dans une serre, en ayant soin de 
les arroser convenablement de temps en temps afin de favoriser la ger- 
mination. Les graines d’Érica sont en général assez longues à germer, 
six semaines leur sont nécessaires, quelques-unes même nese développent 
qu’au bout de deux mois. 

Le meilleur moyen de multiplier les Erica est sans contredit le bou- 
turage. Cette opération peut se faire pendant toute l’année , mais les mois 
de juin et de juillet sont les plus favorables, paree qu’alors les boutures 
peuvent être faites à froid , tandis que pendant les autres mois et surtout 
pendant Fhiver, il est indispensable d'employer la chaleur artificielle, la 


es. . Jen 


serre chaude par conséquent. Pour procéder à ce travail assez délicat, je 
remplis une grande terrine, drainée à moitié avec des tessons, de la terre 
de bruvère passée au tamis et assez pressée pour que les boutures puissent 
s’y tenir convenablement. J'y plante ensuite lesdites boutures faites avec 
de jeunes pousses en les enfonçant très-peu dans la terre et en laissant 
entr’elles un intervalle de deux à trois centimètres. Ces jeunes pousses 
ne doivent pas avoir en général plus de deux à trois centimètres de hau- 
teur. Après les avoir arrosé légèrement et avec la plus grande précaution 
pour ne pas déranger le jeune plan, les terrines recouvertes d’une cloche 
sont rangées sur la tablette de la serre, recouverte de terre ou sous un 
chässis qu'il faut ombrer afin de préserver les boutures de l’action trop 
vive du soleil. Quand elles se sont enracinées, ce qu’on apereoit à un petit 
chevelu blanc qui apparait à la surface de la terrine, on donne de Fair 
peu à peu et avec ménagement. 

Lorsque les jeunes plantes se sont développées, je les empote dans les 
godets de quatre à cinq centimètres de diamètre, en les humectant légère- 
ment et en les rangeant sous une serre ou sous un chässis toujours con- 
venablement ombrés; il faut avoir soin de leur donner de l'air de temps 
en temps, et les placer enfin définitivement en plein air sans oublier de 
les arroser chaque fois qu’elles en ont besoin. Quand les jeunes plantes 
ont acquis cinq à six centimètres de hauteur, je pince leur extrémité afin 
de les forcer à se ramifier. Cette opération peut se répéter plusieurs fois, 
surtout dans les variétés qui s’emportent ou qui sont très-vigoureuses , 
jusqu'à ce qu'on ait obtenu une bonne forme. 

Quand la terre des petits pots est usée, il faut procéder au rempotage 
et replacer les plants dans des pots d’un diamètre supérieur , laissant en- 
viron deux centimètres autour de la motte et leur paroi. Les rempotages, 
en général , doivent se faire toujours pendant les mois de mars et d’avril, 
que les plantes soient fleuries ou non, et de la manière suivante : après 
avoir eu soin de bien drainer les pots au moyen de tessons ou fragments 
de pots qui en oceupent tout le fonds , afin de faciliter Fécoulement de 
Veau surabondante, j'emploie de la terre de bruyère sablonneuse eon- 
venablement humectée. Je ménage autant que possible les racines en n’en- 
levant que la terre de la surface de la motte décomposée par l'eau et par 
la mousse ; je recouvre les tessons de terre de bruyère, je place ma plante 
au milieu du nouveau pot, en ayant soin de remplir le tour peu à peu de 
manière à ce que la terre s’infiltre bien autour de la motte; je serre assez 
ma terre pour qu'elle puisse résister à Ja pression de la main. Aussitôt 
les plantes rempotées, je les arrose et les laisse jusqu’au lendemain, je 
vérifie alors si la plante est suffisamment arrosée ; je retourne même quel- 
quefois le pot et la motte pour m'assurer si l’eau a bien pénétré toute Ja 
motte; et, dans le cas contraire, j'arrose une seconde fois. Lorsque ce 
travail est terminé, je rentre et range les plantes dans la serre jusqu'à 
leur sortie qui a lieu ordinairement vers le 15 maï. 


ER. pe 


Quand je fais venir de nouveaux £rica ; j'ai soin de ne jamais les de- 
mander pendant les grandes chaleurs, parce que ces plantes , qui ont des 
racines très-fines et très-délicates, souffriraient ou même périraient si 
on les rempotait alors. Aussi, dans toutes les autres saisons , quand je 
les recois, je me hâte de les rempoter, en prenant les A 
sus-indiquées. 

Dans les moments desgrandes chaleurs, époque assez générale du repos 
des Erica du 45 juin au 15 août , elles végétent ordinairement fort peu; 
il faut alors être très-sobre des arrosements qui doivent être , par consé- 
quent , très-peu abondants et surtout n’avoir Jamais lieu lorsque la terre 
des pots est encore humide. Mais à partir du 15 août, les nuits devenant 
plus fraiches, les plantes commencent à reprendre leur vitalité, et la vé- 
gétation se développant, les arrosements doivent et peuvent être plus 
abondants et plus fréquents. Il faut surtout apporter la plus grande sur- 
veillance lorsque les plantes forment leurs boutons, et avoir soin, par- 
conséquent , de ne jamais laisser les pots se déssecher si on veut obtenir 
une fleuraison luxueuse. 

Aussitôt après la fleuraison, il est indispensable , pour avoir des plantes 
bien formées et qui ne s’élancent pas trop, de les rabattre. Cette opération 
devient surtout nécessaire pour les plantes vigoureuses. On aura soin ce- 
pendant de leur laisser assez de branches et de feuilles pour qu'elles puis- 
sent se ramifier convenablement et pour appeler et faciliter la végétation. 

Quelques bruyères, en petit nombre, ne doivent être ni taillées ni 
pincées, parce qu’en général végétant peu, elles se forment elles-mêmes ; 
il faut se borner, lorsque toutefois cela arrive, à enlever ou pincer les 
branches qui tendraient à s’emporter sous forme de gourmands. Ces 
bruyères sont peu nombreuses du reste; ce sont les ampulacea, Har- 
tenelli, tricolor, jasminiflora, mutabilis, elegans, retorta major , mi- 
rabilis, ventricosa, Banksia et vernix. 

Pour obtenir de forts sujets, il faut se borner, dans les espèces qui 
poussent peu, à pincer les branches qui pourraient s’emporter, à enlever 
les fleurs au fur et à mesure qu’elles arrivent et à leur donner deux rem- 
potages par année, printemps et automne; pour les plantes vigoureuses, 
à forte et puissante végétation, il faut couper les branches deux fois dans 
l’année en leur laissant, comme nous l’avons déjà dit , assez d’yeux et de 
feuilles pour rappeler la sève, trois semaines avant ou après chacun des 
deux rempotages qui doivent pareillement avoir lieu au printemps et à 
l'automne. Il faut également s'opposer à l'épanouissement des fleurs en 
les enlevant aussitôt que les boutons sont formés. 

Dès que les plantes sont arrivées à la taille que l’on désire leur faire 
obtenir, il ne faut plus ôter , que les quelques branches qui tendent à 
s'emporter, et ne les rempoter qu’une fois l’an; elles reprennent alors 
leur végétation et leur fleuraison habituelles. 

Pendant toute la belle saison, du 15 mai au 15 octobre, il faut donner 


AUS. : HOME 


aux Erica autant d'air et de lumière que possible. On doit donc, au 
sortir de la serre, les exposer en plein à la lumière du soleil. On peut 
également les placer au nord d’un mur ou d’un massif d'arbres , mais 
assez éloignées cependant pour qu'elles puissent encore recevoir une assez 
grande quantité d’air et de lumière. 

On aura soin de tenir le sol sur lequel reposent les pots dans un état 
d'humidité convenable, et tous les soirs, pendant les beaux jours, et sur- 
tout lorsque les plantes végètent , il sera essentiellement utile de faire sur 
leur feuillage d’abondants arrosements. Il est convenable d’enterrer les 
pots des fortes plantes qui peuvent résister à un degré d'humidité assez 
considérable ; tandis qu’au contraire, les jeuncs plantes en godets doivent 
être tenues sur le sol. II faut bien se garder, comme on le pratique pour 
quelques plantes, de renverser les pots des £rica, pour éviter la trop 
grande humidité occasionnée par des pluies continuelles , parceque dans 
la position horizontale, les plantes poussant tendent à se redresser, et 
que, lorsque l’on relève les pots, il est fort difficile et même impossible de 
leur faire reprendre la position droite ; elles restent alors mal faites et 
difformes. 

Au commencement de la mauvaise saison, ordinairement vers le 15 oc- 
tobre, il convient de rentrer les Erica en serre. On aura soin de les y 
espacer convenablement et de les placer le plus près possible du verre. 
C’est la position qui leur est le plus favorable et qui fait obtenir la plus 
magnifique fleuraison. La serre qui leur convient le mieux, est une serre 
presque froide, dans laquelle cependant il faut empêcher la gelée de 
pénétrer. Les plantes devront y être tenues dans une humidité con- 
venable, sans qu'il soit jamais besoin d’en arroser le feuillage. Le sol de 
la serre devra également être plutôt humide que sec. 

{Société d’horticulture de la Seine, 1854.) 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTS : 


Buddleia crispa. Benth. Scroph. Ind., p. 45. — Wall. cat. 6404. 
— De C., Prodr., v. 10, p. 444. — Hook., Bot. Mag., 1854, tab 4795. 
Buddléia crépu. Famille des Scrophulariacées. Plante couverte d’un 
duvet tomenteux, blanchâtre et ferrugineux; feuilles la plupart à pétioles 
crénelées surle bord, les inférieures cordées à la base, souvent épaisses, 
rugueuses et tomenteuses des deux côtés; capitules de fleurs denses, 
pluriflores, pédonculées ; panicules oblongues ou presque rameuses ; tube 
de la corolle du double plus grand que le calice presque campanulé. Cette 
espèce de Buddleia dont la panicule rappelle par sa couleur et la forme 
de ses fleurs le thyrse des lilas, a été obtenue en fleur par M. Moore, 
directeur du jardin botanique de Glasnevin, qui en avait reçu des graines 
du major Madden. Sa patrie se trouve dans l'Himalaya occidental, près 
d’Almorah, à une élévation de 5500 à 7500 pieds au-dessus du niveau de 


LES 


la mer. 1] serait à désirer que ce fut un arbrisseau aussi résistant que le 
Buddleia globosa, c'est-à-dire, demandant d’être protégé par un mur et 
bravant les hivers de l'Angleterre, du centre et du midi de la France sans 
précaution, mais en exigeant dans des contrées plus froides. On sait que 
sa floraison commence de février à mai et qu’elle embaume l'atmosphère 
de la plus douce odeur. Sir William Hooker pense que le Buddleia crispa 
s'étend davantage dans l'Inde boréale; il possède des exemplaires de 
Wallich , eueillis dans le Kamaon où MM. Strachey et Winterbottom 
l'avaient trouvé à Saharungur et Sermoie; il en avait encore de Simla, par 
Mme Dalhousie; de l'Affghanistan, par M. Griffith et du Scinde par le 
docteur Stocks. 


Catasetum (S Zyanthus) Nase. Lindl., Bot. reg. 1845. — Misce., 
p. 71, n° 11 et 1844. — Misc., p. 56, n° 18. Catasète à trompe. Famille 
des Orchidées. Épi court, droit; sépales oblongs-lancéolés, tous pliés et 
abaissés ensemble; pétales lancéolés, ascendants, égaux, labellum hémis- 
phérique prolongé subitement au bout en un appendice charnu, oval et 
obtus ; les bords du labellum embrassant la colonne à la base par des 
laciniures minces, la ligne intramarginale charnue, inflexe, connivente 
et formant une bouche en forme de cœur. La découverte de cette plante 
des plus singulières est due à M. Linden, directeur du jardin zoologique 
et d'horticulture de Bruxelles, qui la trouva à Caraccas. Dans son cata- 
logue pour 1855, il fait connaitre que c’est surtout dans le Venezuela 
que ce catasetum se rencontre. Au commencement de la floraison, dit 
M. Lindley, on prendrait l’épi pour celui d’un Catasetum tridentatum , 
mais à peine les fleurs sont elles ouvertes qu’on se détrompe facilement. 
C’est un catasetum à trompe (proboscis catasetum) qui vous détrompe en 
s'ouvrant. Les sépales et les pétales sont d’un vert pâle et un peu terne, 
surtout à l'extérieur, mais à l’intérieur on y distingue des taches pour- 
pres et les cils du labellum deviennent de la mème couleur; le labellum 
devient parfois d’un rouge noirâtre et les deux autres parties de la corolle 
manifestent cette teinte mais moins foncée. Ce labellum est très-difficile 
à décrire comme M. Lindley le fait remarquer. Vu sur le côté, dit-il, il a 
en général une forme hémisphérique et sa couleur est verte, excepté à 
son extrémité où il s'étend en une longue corne plate ou mieux en une 
vraie trompe ou nez (horn or nose). Si on regarde le labellum en face, 
tout change; le pourpre domine sur cette face, on dirait d’une hémis- 
phère solide , percée au milieu d’un grand trou ou large cavité terminée 
en cœur; cependant, ce n'est pas une cavité réelle, mais seulement un 
rebord épais et charnu qui part du vrai sommet du labellum, se dirige 
en dedans et horizontalement, avec un contour inégal et va enfin aboutir 
à la colonne auquel ce rebord en relief se joint. 

Quand sir William Hooker a possédé ses exemplaires fleuris, il ne 
pouvait pas assurer d'une maniêre certaine que ce fut le Catasetum naso 


EME"; QUES 


de Lindley, et il envoya les plantes au célèbre professeur de Londres, 
qui les déclara des variétés de cette espèce : l’une est verte, le labellum 
possède trois ou quatre lobes lancéolés, les sépales et les pétales sont 
entiers; l’autre a les sépales verts cet entiers, les pétales grands , dentés 
et laciniés sur le bord, le disque du labellum offre trois ou quatre dents 
pourpres-sanguines, le sommet du labellum porte un lobe solitaire ou 
une trompe. Il est probable que c’est la seconde forme qui se rapproche 
le plus du type du véritable Catasetum naso. 

Ce n’est plus en Belgique une orchidée très-chère. Nos horticulteurs la 
cotent 20 francs le pied. Au reste eeux qui ont suivi le polymorphisme 
des Myanthus, Catasetum, Mormodes, Cycnoches, Anguloa, Lycaste, ete., 
s'expliquent par comparaison cette diversité de formes , sans se rendre 
compte de la cause réelle de ce phénomène. Seulement, ces plantes qui 
réellement se masquent sous des aspects de genres différents, ne font pas 
toujours le compte de ceux qui les achètent, puisqu’un Catasetum peut 
produire des fleurs de Myanthus ou réciproquement et un Cyenoches 
Egertonianum se couvrir de fleurs du Cycnoches ventricosum. C’est en ce 
sens que ce mot de Vaso consacré pour cette espèce de Catasetum est 
une véritable épigramme. 


Gardenia globosa. Hochstett., Flora., v. 25, p. 257 (note). — 
Walpers, Rep. bot., v. 2, p. 944. — Krauss, F{, natal., p. 66.— Hook., 
Bot. mag., 1854, tab. 4791. Gardenia à fruits en globe. Famille des Ru- 
biacées. Feuilles largement lancéolées à pétioles courts, très-glabres ; 
fleurs terminales solitaires, limbe du calice court à cinq dents, velu en 
dedans ; tube de la corolle entièrement campanulé, hmbe profondément 
quinquelobé , lobes planes, aigus, gorge velue, ovaire oblong, fruit glo- 
buleux, grand. Arbrisseau de Natal dans l'Afrique méridionale, découvert 
par le D: Krauss et importé dans les collections anglaises par MM. Back- 
house, jardiniers de York, par le moyen de M. André Stecdmann, le 
naturaliste collectionneur. Jusqu'à présent, on n’a pas encore vu ni en 
Angleterre, ni sur le continent, le gros fruit de ce Gardenia, mais il ne 
saurait y avoir de doute, dit sir William Hooker, sur l’idendité de lespèce 
avec le Gardenia globosa de Hochstetter et Krauss. M. Backhouse tient de 
M. Jean Brownlée, missionnaire à la ville de Guillaume-le-Conquérant, dans 
la Caffrérie, que les fruits de quelques espèces de Gardenia se mangent dans 
ce pays, mais seulement quand ils sont blets comme les nèfles en Europe. 

Le Gardenia globosa est une plante d’orangerie où son port est celui 
d’un arbrisseau droit, donnant ses nombreuses fleurs blanches et odo- 
rantes, dès le commencement de juin, quand les pieds sont cultivés dans 
de petits pots. 


Scutellaria villosa. Hook., Bot. Mag., ann. 1854, tab. 4889. 
Scutellaire velue. Famille des Labiées. Tige à quatre angles aigus, ra- 


EE 


meuse ; feuilles pétiolées, cordées-ovales, molles, acuminées, grossière- 
ment sinueuses, dentées, rugueuses, à poils très-tenus et fins, blanes, 
très-visibles, violettes au-dessous, racèmes terminaux, multiflores, courts, 
corymbeux, bractées petites, herbacées ; fleurs glanduleuses-velues , co- 
rolles écarlates , éclatantes , tube allongé , grêle, infondibuliforme, lobes 
du limbe raccourcis. Cette espèce est originaire des andes du Pérou d’où 
M. Nation en a envoyé des plantes enracinées en Angleterre. M. William 
Hooker y à vu une espèce nouvelle, alliée au Scutellaria cordifolia de 
Bentham, mais elle en diffère par un port plus compact, des racèmes plus 
courts, corymbiformes, par les feuilles discolores, plus douces, très-visi- 
blement sinuées et dentées, et par dessus tout par la pilosité très-grande 


de toute la plante, les glandes poilues des fleurs et la longueur des poils 


du calice. 

Culture. Plante de serre chaude sur laquelle sir William ne donne au- 
cun détail de culture. Il assure que c’est une grande acquisition pour les 
collections , mais ce silence signifie sans doute qu’avee les soins ordinaires 
cette acquisition sera assurée, en effet, contre les chances de perte. 


Sophora secundiflora. Lag. in De C. cat. h. Monsp. 148. Prodr. 
11, p. 96. — Decaisn., Revue Hort., 1854, 20 t. cum ic. Sophora à 
fleurs unilatérales. Famille des Légumineuses. Arbuste de 4 à 2 mètres, 
rameaux étalés, dressés, couverts de poils blancs apprimés; feuilles 
simples d'abord, à 5, 7 ou 9 folioles plus tard, sans stipules, rachis ca- 
naliculé supérieurement; folioles obovales, échancrées, presque sessiles, 
la dernière pétiolée, alternes ou opposées, molles d’abord, puis coriaces, 
parsemés de poils blancs argentés. Fleurs racemeuses terminant les ra- 
meaux, se dirigeant, après leur épanouissement du même côté du rachis; 
bractée lancéolée au bas du pédicelle, caduque; calice campanulé, bords 
renversés, cinq dents obscures; corolle papilionacée; étendard obovale 
arrondi, entier, d’un beau bleu et marqué au centre d’une demi-lune plus 
foncé, ailes et carènes de même couleur. Dix étamines libres, filets 
glabres. Ovaire linéaire, style glabre ; fruit en gousse moniliforme, gri- 
sâtre ; graines de la grosseur d’une noisette, d’une fort belle couleur rouge 
de corail. 

Culture. Cette plante, connue encore sous les noms surannés et rem- 
placés de Broussonetia secundiflora, Virgilia secundiflora, de Canavilles, 
est originaire de la Nouvelle-Espagne. M. Decaisne attire de nouveau 
l'attention des horticulteurs sur son compte, parcequ'il croit que le climat 
du midi de la France permettra de l'y cultiver en pleine terre. Sous celui 
de Paris et forcément en Belgique, il faut l’orangerie. M. Trécul en a 
envoyé des graines provenant de la vallée du Missouri, au jardin des 
plantes de Paris. L'épi fait l'effet d’un lupin en arbre. 


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LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. 


UN JOUR D'ETE. 
EXTRAIT DES SCÈNES DU MONDE ANIMÉ, 


Par M. H. Lecoo, 
Professeur d'histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. 


Quels prodigieux changements s’accomplissent sous l'influence de cet 
astre brillant qui éclaire le monde! Il ramène les saisons couronnées des 
dons de la terre, les heures rapides qui font éclore les fleurs et les zé- 
phirs qui les balancent. Les pluies légères transportées par les nues, les 
douces rosées qui descendent pendant la nuit, les orages mêmes qui ani- 
ment et électrisent la végétation , tout vient de cette grande source de 
lumière et de vie qui répand sur nous ses plus riches trésors. 

Ne sont-ce pas, en effet, ses ondes étincelantes qui pénètrent tous les 
corps, qui se réfléchissent ou se décomposent à leur surface et produisent 
leur éclat et leur coloration? Nous leur devons et le vert du feuillage et 
la nuance si pure de léméraude, le bleu du eiel comme celui du saphir, 
le jaune de la topaze dorée comme la lumière du matin, le pourpre du 
rubis, semblable aux dernières lueurs jetées à l’horizon, tout parait 
réuni dans la chatoyante opale qui nous montre, comme l’arc-en-ciel, 
les nuances variées de l'iris. Toujours cette grande loi de la nature, 
unité de principes, variété de détails; un seul point éclairant pour la 
terre , et mille couleurs pour orner tous les objets de la création. 

Le système consolant des compensations est donc écrit dans les cieux. 
La terre s’élévant dans sa course, ne recevait plus du soleil que des rayons 
obliques et décolorés pendant qu'il visitait les terres australes et y répan- 
daïît sa chaleur vivifiante ; mais bientôt l’astre revient, et, dispensateur 
des biens qu'il à fait naître, il abandonne à l'hiver les régions qu'il vient 
de parcourir, et ramène à son tour sur notre hémisphère, la puissance de 
l'été. Il revient avec son cortège de vie et ses moissons dorées ; le prin- 
temps et sa tendre verdure, le printemps, cet espoir des saisons, s’enfuit 
et fait place à la réalité toujours au-dessous de lespérance. 

Cependant, la terre est parée et montre partout sa magnificence; les 
arbres nous présentent leurs épais ombrages ; les eaux limpides coulent 
encore dans les ruisseaux ou s’élancent en cascades inondées de lumière; 
le flot vient mollement caresser le rivage, et se retire avec lenteur. La 
vie, exitée par la chaleur a pris un nouvel essor ; elle se montre partout, 
dans la forêt et sur les montagnes au bord des eaux et sur le flanc des 
précipices dans le bouton qui s'ouvre, dans le fruit qui se forme, dans 
l'air qui entraine la semence plumeuse et jusque dans le nuage qui pro- 
tège la terre de son ombre vacillante. 

BELG. HORT. T. V. F o 


CE jet 


Les longues journées d'été sont à peine séparées par des nuits sans 
ténèbres; le erépuseule du soir atteint l'aurore du matin. Dès l’aube du 
jour, les plantes sont chargées d’une rosée bienfaisante qui leur donne 
toutes les grâces d’un coloris nouveau, les corolles humectées laissent 
varier les nuances de leurs tissus. Tantôt ces gouttelettes perlées sont 
suspendues en guirlandes ou en faisceaux sous les thyrses des fleurs, 
dont les pédoncules inflexibles résistent au poids qu'ils ont à supporter ; 
tantôt, fléchies sous la vapeur condensée les feuilles s’inclinent presqu'à 
terre ou reposent sur d’autres plantes chargées comme elles des présents 
de l'aurore. 

Bientôt, au lever du soleil, chaque goutte d’eau recoit une parcelle de 
ses rayons; elle brille et se rechauffe, les couleurs s’avisent encore. Les 
fleurs, dégagées de leur fardeau, se redressent sur leurs supports, les 
feuilles des graminées détendent l’are forcé qui leur imprimait la pesan- 
teur. Toutes ces tribus de végétaux reprennent leur port habituel, et 
rendent à l’atmosphère ses vapeurs attiédies que le rayonnement ter- 
restre condensera de nouveau. 

Les prairies, plus mouillées, semblent couvertes de ces pierres étince- 
lantes que la terre recèle et garde dans son sein. C’est la parure d’un 
moment; elle s’évapore et retourne dans les airs. Quelques gouttes, 
cachées à l'ombre épaisse des forêts, essaient de résister ; d’autres se re- 
fugent dans le calice des fleurs, pénètrent jusqu’au cœur de la rose, y 
séjournent à peine, et s’'évanouissent avec le parfum et les parois de leur 
prison. 

Les fils délicats que l’araignée a suspendus aux rameaux et dont elle a 
tissé d’élégantes rosases, retiennent ainsi quelques gouttes de rosée qui 
suivent leurs mailles symétriques et allongées, elles brillent comme des 
perles éphémères, bientôt consumées par les feux mêmes qu’elles réflé- 
chissent à nos yeux. 

Le signal du réveil est donné par les plantes ; l’ombre effacée fait place 
à la lumière, l’aurore rend la vie à ces milliers d'êtres assoupis qui som- 
meillaient encore, et qui au retour d’une mort passagère, s’agitent et s’em- 
pressent de vivre en suivant leurs destinées. C’est l’heure ou commen- 
cent les chants, les combats et les amours. Pour quelques-uns, l’existence 
est presqu'illusoire; le matin du jour est le printemps de leur vie, le soir 
est le signal de leur mort. A d’autres il est donné de jouir plus longtemps 
des beautés de la terre; ils étalent au rayons du soleil leurs brillantes 
livrées; les oiseaux célèbrent les premières lueurs qui les rappellent à 
leurs fêtes et à leur existence éthérée ; ils appellent leurs compagnes sous 
la grappe neigeuse du troëne et sous les feuilles plissées du charme ou de 
l'ormeau. L’insecte au vol rapide court enlever, dans la fleur odorante, 
le nectar humecté par la rosée du ciel. Mais combien de merveilles nous 
sont encore inconnues sur la terre! Des fleuves majestueux coulent 
silencieusement leurs eaux dans les contrées où l’homme n’a pas pénétré; 


ANA 


0 


des végétaux splendides se développent sur de lointains rivages, et n'ont 
pour admirateurs et pour rivaux que des papillons et des colibris. 

La chaleur augmente; une foule d'insectes au corsage éclatant, aux 
ailes de nacre et de gaze, sortent d’asiles mystérieux où rien ne trahis- 
sait leurs retraites, ils s’élancent en bourdonnant, et, balancés dans les 
vagues de l'air, le courant les entraine et le plaisir les suit. 

Ils s’abattent sur la fraiche prairie et sur la pelouse émaillée, ils se 
suspendent à la fleur des champs et se nourrissent de l’ambroisie qui se 
distille pour eux dans ces demeures enchantées. Ces sources de nectar 
durent encore plus que leur vie, et les palais que Flore leur prodigue par 
milliers sont visités par les moucherons du ciel comme ceux des rois par 
les puissants de la terre. Mais quel est le mortel qui put jamais posséder 
d'aussi splendides habitations? L’insecte inconnu qui échappe à notre vue 
n’a-t-il pas à son choix, pour demeure, les fleurs brillantes de tous les 
végétaux ? Il peut ouvrir le calice encore fermé du lys odorant et s’ébattre 
sur des tissus d’albâtre ; il peut pénétrer dans la corolle inclinée de la 
belle digitale, et s'endormir sous un dais de pourpre transparent. Devant 
lui s'ouvre la fleur de la renoncule, et la brise peut le bercer dans une 
nacelle dorée. Il retrouve lazur du ciel dans le myosotis, le bleu des 
eaux dans les pures véroniques, et l'éclat du soleil dans le radieux ar- 
nica. L'insecte peut choisir, chaque fleur est son domaine, ses palais sont 
innombrables; et leurs décors, renouvelés sans cesse, ne lui coûtent 
que le plaisir de voltiger. 

Il en est qui courent sur le sable, où la chaleur est encore concentrée ; 
d’autres parcourent les clairières , bourdonnent à l'ombre des forêts ou, 
dédaignant les biens de la terre, et plus légers que l'air, ils en parcou- 
rent les régions inconnues. Des légions tout entières se plongent sous les 
eaux, nagent sur la plaine horizontale de leurs bassins, ou suivent, endor- 
mies, les douces ondulations de la fleur de nénuphar, dans laquelle ils 
trouvent le repos et la fraicheur. Ainsi des êtres débiles dont un rayon 
de soleil détruirait les organes, bravent dans leurs jeux et dans leurs 
amours, l’image impuissante de l’astre réfléchi dans le cristal des eaux. 

La chenille industrieuse dont le germe avait été déposé au printemps, 
prépare la couche soyeuse du gracieux papillon qui doit en sortir à l’au- 
tomne; elle a rapproché deux feuilles par des liens sur lesquels l’eau des 
pluies et la chaleur du jour sont sans action. Sous ce premier abri, elle 
a filé sa tente, et, sûre du repos, elle abandonne momentanément la vie 
pour ressuseiter sous une forme nouvelle, pour parcourir, soutenue sur 
des ailes de gaze, des zones qu'elle ne pouvait atteindre. 

D’autres lépidoptères sortent des prisons naturelles où la saison les 
retenait immobiles; tous les liens sont brisés, la chenille rampante à 
quitté ses terrestres dépouilles pour assister aux fêtes brülantes de l'été. 
Les couleurs de Viris ont décoré les ailes qu’elle vient de déployer. 
Fleurs mouvantes et aériennes, les papillons viennent animer ces scènes 


ER 


bruyantes, et réfléchir, dans leurs ailes diaprées les ondes colorées qui 
ne brilleront qu’un jour. 

Des cigales joyeuses célèbrent par leurs cris répétés l’arrivée de ces jour- 
nées chaudes qui suivent le solstice. Chargées d’égayer la nature, quand 
la température élevée fatigue les autres animaux et flétrit la végétation, 
elles ne cessent de répéter la note monotone qu’elles ont à leur disposi- 
tion. Le grillon des champs ose lutter avec elles, et sa musique discor- 
dante s'ajoute aux chants cadencés de la cigale. 

Dans ces jours d’accablante chaleur où l’homme perd sa force et son 
énergie, des êtres vivants, sans nombre comme les grains de sable de 
l'Océan, usent leur vie de quelques heures, naissent et disparaissent de 
la seène du monde. Ils ont obscurei l'air de leurs innombrables tribus, 
ils ont rempli l’eau stagnante de leurs millions d'individus; ils se logent 
dans l'épaisseur de la feuille la plus délicate; ils creusent des galeries 
dans le pétale d’une fleur, et abritent dans un fruit qui pour eux est un 
monde, le berceau de leurs futures générations. 

Grand Dieu! que de naissances et de morts, que de poussières animées 
et de faits accomplis dans une de ces journées d'été à laquelle vous avez 
permis à l’homme d'assister, sans qu’il ait peut-être songé un instant à 
votre puissance et à votre bonté! Vos plus grandes merveilles échappent 
à nos yeux par leur petitesse ou par leur immensité. En dehors du monde 
accessible à nos sens et à nos facultés, règne encore votre omnipotence et 
votre majesté, bien au-delà des bornes que notre faiblesse permet de leur 
assigner. 

Ébloui par la lumière éclatante du jour, je cherche dans la forêt l'om- 
brage et le repos. Des campanules aux corolles bleues, légèrement sus- 
pendues à leurs débiles supports, recoivent le dernier souffle, du zéphir 
qui vient mourir sur la lisière des bois. L’œillet sauvage, aux pétales 
frangés, à la couronne empourprée, s’y abrite sous les feuilles inci- 
sées du vigoureux thalictrum. Mais la lumière s’affaiblit à mesure que 
j'avance, je n’appercois plus, à travers les colonnes de la forêt, la cam- 
pagne et les prairies que le soleil dévore. L’obseurité, le silence imposant 
augmentent sous l'épaisseur de la feuillée, et les fougères aux frondes 
aériennes ct découpées, restent immobiles dans le calme qui les entoure. 
C’est pour l’homme le séjour de la solitude , de cet isolément qui permet 
à l'âme de recevoir des impressions si profondes, qui lui accorde quelques 
instants de liberté et le dégage, pour ainsi dire, de la prison qui le re- 
tient pendant la vie. Errant sous ces voutes séculaires, elle croit entendre 
des voix confuses et distinguer, des sons dans le bruissement des feuilles 
doucement agitées au sommet des grands arbres. Il semble qu'une harpe 
éolienne laisse tomber du ciel des accords harmonieux, serait-ce la voix 
des anges ou les accents des séraphins ? Notre âme ne pourrait-elle, dans 
cette majestueuse solitude, se méler un instant à celles qui nous étaient 
chères et qui déjà ont quitté la terre pour le séjour des cieux? Dans quels 


Le RE LL. 


lieux plus solennels pourraient-elles descendre, si Dieu leur permet d'ap- 
porter aux mortels ou des pressentiments ou des consolations ? Si des 
êtres immatériels quittent les parvis célestes pour protéger notre impuis- 
sance, s'ils parviennent sur un point privilégié de notre séjour, c’est ici 
sans doute que nous devons les attendre dans une profonde et religieuse 
contemplation. | 

A l’homme seul appartiennent ces visions célestes appelées par la soli- 
tude, à lui seul ces rapports directs de l’âme avec la divinité, cette puis- 
sance de s’élancer dans les mondes de l’espace , et d’arriver, par la pen- 
sée , jusqu’au pied du trône où la Providence règle les destinées de 
l'univers. 

Si les forêts de nos contrées tempérées ont pour nous tant de charmes, 
quelles sensations attendent le voyageur qui parcourt les grandes asso- 
ciations des végétaux de la zone équatoriale. 

Que sont nos bois auprès de ces forêts éternelles de l'Amérique du 
Sud. Impénétrables à la lumière du soleil, des milliers d'êtres vivants 
naissent et périssent sous leur ombre séculaire. Les générations se suc- 
cèdent loin des regards des hommes. Combien d'animaux, vivent en paix 
dans ces vastes solitudes, retraite assurée, ou des troupeaux de tapirs, 
de cabiais et de pécaris se vautrent dans la fange échauffée de fleuves 
inconnus. 

De nombreuses espèces de singes s’agitent au milieu du feuillage, 
poussant la turbulence à l’excès , et arrêtant le voyageur étonné de leurs 
manœuvres et de leur agilité. D’immenses volées de perruches, diverse- 
ment colorées, traversent également les forêts qu’elles remplissent de 
leurs eris discordants, comme si la nature, ayant épuisé ses dons dans le 
coloris de leur plumage, leur avait refusé les accords qui distinguent les 
chantres de nos bois. Elles voltigent et s’abattent tout-à-coup, et les 
arbres paraissent couverts des fleurs les plus brillantes. 

Les clairières ont leurs datura, leurs mélastomes et leurs brillants coli- 
bris, les fourrés ont leurs orchidées parasites , leurs fleurs aériennes, la 
mélodie de lorganiste et du merle moqueur. 

Rien n’est plus majestueux que ces sombres forêts des tropiques, où 
des plantes si variées se pressent sous l’ombrage. Des lianes formées par 
les tiges flexibles des Bauhinia, des Bignonia et des Banisteria, enlacent 
tous les arbres, et laissant à peine quelques clairières où les touffes des 
mimosées balancent leur délicieux feuillage. Les passiflores grimpantes se 
mêlent à cet ensemble et suspendent leurs fleurs à des guirlandes ondu- 
leuses. Le tronc des arbres se couvre de brillantes orchidées, de fleurs 
bizarres et parfumées, au-dessus desquelles les palmiers étendent leurs 
couronnes et suspendent leurs fruits. L'eau ruisselle sous ces berceaux 
fleuris , et la vapeur condensée retombe en gouttelettes brillantes sur 
d’autres végétaux qui cachent le sol, et se disputent d'immenses terrains 
«qu'ils sont forcés de partager. 


EX dr 


Le nombre et la variété des espèces est considérable, et ces bois 
vierges n’ont pas cette apparence monotone de nos forêts du nord. 

Dans ces profondes solitudes, la vie se montre sous toutes les formes , 
et un bourdonnement continuel en annonce partout l'existence. 

Il est rare de trouver ce calme et ce silence que nous offrent presque 
toujours nos forêts. C’est seulement pendant les heures les plus chaudes 
du jour et sous l'influence accablante d’un soleil perpendiculaire, que la 
nature assoupie paraît avoir un instant de repos. 

Les voûtes formées par les élégants panaches des palmiers ne résonnent 
plus les cris rauques ou percants des oiseaux colorés; le jaguar, fuyant 
la lumière, s'agite jusqu’au crépuscule et descend à la rivière , où le cro- 
codile immobile est couché sur la fange dans une complète immobilité. 
Les singes hurlent, attendent la nuit pour faire retentir leurs éclats, pour 
se répondre et donner le signal de ces bruits divers dont les animaux 
remplissent les forêts. L'homme étonné du calme et du silence, se repose 
abattu sous l'ombre des arbres touffus. 11 semble que le repos lui est 
acquis pour quelques instants. Mais ce silence n’est qu'apparent; pendant 
qu'il règne sous ces voûtes de verdure, où les grands animaux se sont 
retirés, il n’en est pas de méme près de la terre, où un sourd bourdon- 
nement vient frapper ses oreilles. Ce sont les grandes tribus des insectes 
constamment agitées, la chaleur détermine leur action; la lumière se 
réfléchit et se décompose sur toutes les parties de leur corps. 

C'est le bruit de la vie qu’on entend dans le frémissement de leurs 
ailes, dans leurs combats, dans leurs amours. 

Ce sont, de tous les êtres, ceux dont lexistence est la plus tumul- 
tueuse ; leurs mouvements sont incessants ; ils usent les heures et les 
journées que leur compte la nature, et nous montrent cette variété infinie 
et ces nombres indéfinis pour nous, que Dieu s’est plu à semer sur la 
terre pour vivifier son œuvre et confondre notre orgueil. 

Si l’homme habite un coin de ce grand jardin de la nature, sa vie s’y 
écoule monotone et sans regrets; il passe comme nous sur la terre, et 
nous n'emportons dans la tombe rien de plus que lui. Notre mémoire 
s’efface comme la sienne des annales du monde ; les songes et les illusions 
de la vie nous appartiennent en commun. 

Combien nous sentons mieux, pendant les chaleurs de l'été, le charme 
du ruisseau qui baigne les racines des vieux chènes, et qui se déroule en 
gracieux méandres au milieu des prairies ! Il va porter la vie dans 
ces campagnes altérées et languissantes. Sur ses bords se pressent de 
blanches renoncules et d’élégantes salicaires qui réfléchissent dans le 
miroir des eaux leurs épis purpurins. La lysimaque déploie ses thyrses 
d'un jaune pur près des angéliques sauvages, dont les feuilles découpées 
se balancent au-dessus des graminées ; plus loin des nénuphars, blanes 
comme des lys, laissent flotter leurs fleurs magnifiques qui bravent les 
feux du jour, et dont les larges feuilles ombragent les habitants des eaux. 


Fig. D 


L'utriculaire , suspendue par de nombreux flotteurs, monte jusqu’à la 
surface d’où s'élèvent encore ses fleurs orangées. 

Les Myriophyllum, aux fines découpures, se ramifiant en tous sens, 
forment de véritables forêts aquatiques habitées par des milliers d'êtres 
vivants. Des lymnées et des planorbes viennent exposer leurs coquilles 
aux rayons du soleil, et nagent avec nonchalance dans les eaux attiédies. 
Les libellules aux ailes transparentes, les agrions aux corps annelés des 
plus vives couleurs, les éphémères qu’un jour va détruire, tous ces êtres 
ailés et délicats dont les larves habitent les buissons submergés, viennent 
subir leurs métamorphoses sur la feuille d’un carex ou sur l’ombelle rosée 
et régulière du jonc fleuri. L'éphémère attend le soir et vole à ses amours, 
la libellule prend son essor et court au carnage, saisissant les insectes 
qui voltigent en cherchant la fraicheur. 

Des massifs de typha et de roseaux cachent les rives où l’eau s’unit à 
la terre, paisibles retraites où les oiseaux aquatiques passent une douce 
existence, et construisent pour leurs familles des berceaux flottants et 
ombragés. La rousserole y fixe par des liens solides, le nid profond que 
le vent doit balancer comme la légère panicule des roseaux. 

Des donaciers, des altises, et une foule d’insectes semblables à des 
points brillants de vives couleurs s’agitent au soleil, glissent sous les 
herbes, se jouent sur le sable, et s’arrachent l’aile d’un moucheron comme 
les rois du monde se disputent les empires. 

L'araignée aquatique habite dans les eaux la cellule submergée où 
elle a su emprisonner le gaz de l'atmosphère; elle nage enveloppée de 
son manteau d'argent, voluptueuse demeure où l’insecte reçoit sa com- 
pagne, qui ne met qu’une bulle d’air au prix de ses amours. 

Le lointain nous montre la cascade immobile au milieu du feuillage, 
c’est un filet blanchi qui se détache à peine du rocher et de la végétation 
qui l'entoure. Nous approchons, et de larges ondes mobiles se succèdent 
et s’entrainent au milieu du bruit. L’eau se transforme en poussière 
colorée, en écume blanchie, que traverse à chaque instant le merle plon- 
geur, qui a construit son nid sous le dôme transparent du ruisseau. Plus 
loin le bruit s’apaise, les rochers s’avancent et couvrent le courant. Le 
soleil ne pénètre plus, l’air a perdu les feux de la saison. Grottes ignorées 
où les naïades versent l’eau pure des montagnes, c’est près de vous que je 
viens demander un asile, l'ombre protectrice de vos arceaux et la frai- 
cheur de vos fontaines murmurantes. Le chèvre-feuille étendra sur ma 
tête ses bouquets parfumés et son vaporeux encens, le sphinx viendra le 
soir y puiser le nectar de ses fleurs. Les fougères suspendues à vos voûtes, 
autrefois brülantes, me rappelleront par leur verdure les jours tempérés 
du printemps. La mousse humectée tapissera vos rochers, et ses gazons 
veloutés et toujours verts y seront comme moi à l’abri du souffle enflammé 
de l'atmosphère. 

(Scènes du monde animé, par M. Henri Lecoq, 1854. 
La fin au numéro prochain). 


it. To 
HORTICULTURE DE LA DEMEURE. 


LES PALMIERS DES JARDINS D'HIVER, 
Par M. CH. MoRREN. 


Naguère, les palais des rois et des princes, et les grands établissements 
subsidiés par des budjets nationaux ou par de vastes sociétés ct associa- 
tions, pouvaient seuls montrer à la foule avide d’émotions et aux adeptes 
de la science, désireux d'étendre le champ des recherches, ces palmiers 
nommés par Linné les princes de la végétation. 

Aujourd'hui, grâce à la diffusion de lhorticulture, les palmiers sont 
déjà classés comme les autres plantes, sous le rapport purement cultural, 
en palmiers de serre chaude, palmiers de serre tempérée et voir même 
en Angleterre et dans une partie de la France, en palmiers de pleine 
terre. A côté de ces formes princières viennent se joindre souvent des 
cyclantées, des pandanées, des broméliacées comme les dracænas, les 
cordyline, les pincenectitia, quelques cycadées et bien d’autres merveilles 
trop nombreuses pour être énumérées dans cette page. 

Les hôtels bâtis d’après le goût du jour ajoutent très-souvent aux ap- 


partements non seulement du rez-de-chaussée, mais même du premier . 


étage des serres où ces plantes si poétiques peuvent se cultiver. Cette 
annexion devient de plus en plus commune et tourne autant à augmen- 
ter la beauté de l'habitation qu’à la rendre saine et à en purifier l’air. 

Autrefois aussi, les palmiers et d’autres belles et grandes plantes se 
cultivaient uniquement dans des caisses d’une certaine dimension, voir 
même des moitiés de tonneaux ou des pots monstrueux, toutes formes 
qui devaient se placer à terre, diminuer par conséquent la hauteur de 
ces frondes aux palmes digitées ou pinnées, si harmoniques, et empêcher 
le spectateur d'admirer ces beautés de la création sous leur véritable 
point de vue. Aujourd’hui, ce système a subi de notables modifications, 
et dans plusieurs serres célèbres du continent, on voit se réaliser une 
disposition infiniment plus élégante et plus artistique. Le dessin ci-joint 
est destiné à en donner une idée. Au lieu de ces caisses, tonneaux et pots, 
meubles d’un entrepôt de commerce, un artiste-horticulteur intelligent, 
a disposé dans la pelouse de la serre, pelouse formée de lycopodiacées, 
des troncs d’arbres non écorcés mais renversés; les souches ou le bas des 
troncs se trouvent ainsi en l’air à des hauteurs différentes, et disposés en 
pyramide, de manière que l'arbre du centre est le plus élevé. Ces souches 
sont creusées et remplies de terre pour recevoir les palmiers et autres 
plantes à grand effet, tantôt avec des racines nues, tantôt dans des pots 
qu'on ne peut voir, puisque la souche les couvre; d’élégants lycopodes, 
des sélaginelles bronzées, des chlorophytes, des cissus, des passiflores , 
des aristoloches, enfin , cette innombrable quantité de lianes délicates 
embellissent ce séjour enchanteur où les éventails immenses des coryphas, 
des latanias, des sabals,etc., plient et se balancent sous le poids de quel- 
ques oiseaux versicolores et dorés des tropiques. 


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CONSTRUCTIONS HORTICOLES. 


L'ÉTANG ROCAILLEUX ET FLORÉAL, 
Par M. H. Noez HUMPHREYS. 


Dans un premier article sur la décoration des jardins par des eaux où 
l'on cultive des plantes, ( Belgique horticole tome 1v, p. 345) nous nous 
sommes étendus sur la construction en général des étangs et sur les 
moyens pratiques d'y élever des plantes très-diverses. Les exemples des 
constructions décrites dans ce premier travail étaient réguliers; mais on 
sait qu'il y a beaucoup d’adversaires de l'architecture symétrique laquelle 
cède souvent la place aux constructions imitant des sites naturels, même 
très-sauvages et extraordinaires. Dans les jardins paysagers, si impropre- 
ment appelés anglais, il ne peut y avoir que des étangs rocailleux, imita- 
tions des scènes d’un pays montagneux. Le désordre des pierres, la va- 
riété des rochers , l’escarpement des bords, l'entrée des grottes, les blocs 
qui simulent les mynheers ou les blocs erratiques des steppes et des 
bruyères, se combinent avec d'immenses genêts, des cytises florifères, des 
ajoncs épineux à fleurs doubles, un choix bien fait, mais très-varié de fou- 
gères, des bruyères, des ronces à grandes fleurs, des clématites et atragènes 
variant leurs fleurs du blanc au bleu, du rose au violet et du jaune au 
brun. Il faut pour imiter ces combinaisons avec succès étudier la nature 
sur place et noter les harmonies et les contrastes entre les eaux et leurs 
habitants, la terre, les pierres et les rochers couverts de leurs fourrures 
fleuries. La planche ci-contre représente d’heureuses idées sous ce rapport. 

Le choix des pierres exige des connaissancesspéciales, à cause des actions 
de ces corps sur les plantes cultivées dans des eaux d’une nature connue. 
Ainsi, les matières siliceuses donnent au liquide une pureté qui convient 
à des espèces particulières; un fond argileux peut nourrir des grands 
végétaux aquatiques. En général, les roches rouges de couleur, mélan- 
gées de marbres blancs, offrent les contrastes les plus agréables comme 
fond et deviennent harmoniques avec les tapis verts des mousses. Quand 
les matériaux de ces constructions sont de natures diverses , elles favo- 
risent aussi la diversité des espèces végétales qui sans cela ne sauraient 
vivre ensemble. 

Dans l’eau de ces sortes d’étangs rocailleux, il est préférable de placer 
les plantes aquatiques dans des pots tels que ceux dont la description se 
trouve page 547 du quatrième volume de cet ouvrage. Enfin, si l’on peut 
disposer d'une source qui tombe en cascade, il faut utiliser cet accident 
de manière à réaliser un lac tranquille, très-favorable aux espèces à 
grandes fleurs surnageantes, et puis à obtenir des courants d’eau plus ou 
moins rapides qui nourissent aussi des espèces spéciales et de formes aussi 
élégantes que variées. 


ET 


PI, 5. 


de. MS 
ARBORICULTURE D'ORNEMENT. 


MODÈLE D’AMPHITHÉATRE D’ARBRES PYRAMIDAUX, 
Par M. Noez HUMPHREYS. 


En jetant un coup d'œil sur la planche #4, on ne saurait disconvenir 
que ce modèle d’amphithéâtre d'arbres pyramidaux ne soit parfaitement 
conçu. Son origine est italienne; ces cymes coniques sont réalisées par 
des cyprès et les haies ou murs de verdure sont taillées dans le laurier- 
tin, l’alaterne ou quelques autres arbustes toujours verts. Dans les pays 
septentrionaux, on remplace ces arbustes du midi par des espèces plus 
résistantes comme le troëne, le houx, ou quelques espèces de berberis 
qui se plient tout aussi bien à la taille et à la tonte. Quant aux arbres 
pyramidaux, il y à aussi des transmutations d’espèces selon les climats et 
les lieux. En Italie, les plus recherchés pour cet usage sont les cyprès. 
Dans le nord, le peuplier de Lombardie, nommé vulgairement « peuplier 
d'Italie » remplace cette espèce, mais il est fortement à présumer que 
grace aux progrès de l’art horticole, des conifères pyramidales offriront 
bientôt des ressources nouvelles à l’arboriculture d'ornement. 

Quoiqu'il en soit, un jardin géométrique où les plantes à fleurs 
voyantes se cultivent dans des compartiments harmonieux, où viennent 
se joindre des statues et des fontaines, aux eaux jaillissantes dans le cir- 
cuit entouré de ces arbres qui simulent autant de pyramides s’élançant 
vers le ciel, est un modèle de ce genre de construction. Les trones de 
ces arbres traversent dans leur épaisseur des haies toujours vertes, et 
ces murs de feuilles sont fendus à hauteur des yeux par un vide horizon- 
tal qui occasionne un utile courant d’air, en même temps qu'il permet 
d'observer ce qui se passe au dehors et au dedans de ces lieux de repos. 

Un grand espace de terrain consacré à la culture des plantes d’orne- 
ment comme un parc annexé à quelque château, ne peut se priver de 
groupes d’arbres pyramidaux, mais au lieu de les disposer par amas sans 
destination, les architectes italiens les réunissent en cercle sur un circuit 
assez grand pour que les conditions de lumière et d'ombre, puissent agir 
différemment sur les diverses parties de ce circuit. On a coutume aujour- 
d’hui de faire construire dans les jardins étendus ou les enelos de verdure 
situés dans les pares, ce qu’on appelle des jardins botaniques, c’est-à-dire 
des réunions de plantes curieuses à connaître. On peut convertir une 
telle construction que réclament les appétits de la science et de l’instruc- 
tion en un objet très-agréable à la vue et au sentiment de l’art. Les condi- 
tions d’un suecéssi avantageux sous tant de rapports se trouvent indiquées 
dans le plan représenté en perspective PI. 4, extrait d’une charmante 
publication due à M. Thomas Moore. 


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JARDIN FRUITIER. 


L'ABRICOTIER MUME DU JAPON, VARIÉTÉ TRÉS-PRÉCOCE A 
FLEURS DE RONCE, DE VON SIEBOLD ET DE VRIESE, 


Par M. CH. MORREN. 


L'abricotier mume du Japon est un arbre fruitier que Von Siebold et 
Zuccarini rangeaient encore, à l'instar des anciens botanistes, dans le 
genre prunier sous le nom de Prunus mume (voy. Flor. Jap., p. 29, t. n). 
Thunberg cependant dans sa Flore du Japon assimilait ce fruit au pêcher 
sous le nom d’Amygdalus nana (Flor. Jap., p. 199); vulgairement, il 
porte la dénomination d’abricot du Japon. I est très-commun dans cet 
empire, surtout dans la partie la plus septentrionale où l'arbre atteint de 
15 à 20 pieds de hauteur et présente le port d’un véritable abricoticr. 
A l’état sauvage ou bien lorsqu'on le cultive dans les haies, selon la cou- 
tume du pays, il reste à l’état d’arbuste très-branchu et s’élève seulement 
de 8 à 12 pieds de hauteur. On le mène ainsi dans les clôtures non-seule 
ment pour ses fruits, mais aussi pour ses fleurs. Les Chinoïs et les Ja- 
ponais parlent du reste de leur Mume dans les légendes de leurs saints, 
des poëtes célèbres et de leurs grands hommes, car cet arbre est à leurs 
yeux un être sacré. Quand il existe quelque part un vieux tronc de mume, 
il devient bientôt l’objet de la vénération publique et le but de pélé- 
rinages ; on place devant lui quelque image de saint ou de prince, et des 
poëtes ou des prêtres composent en son honneur des psaumes et des can- 
tiques. On ne s’étonnera donc pas de trouver les jeunes plantes de Hume 
jouissant dans ces deux empires d’une grande réputation, et entourées 
d’un respect religieux. On les paye à de hautes valeurs. 

Le fruit mürit au Japon en juin. Pendant sa maturation, il est insipide 
ct on le sale à l’état vert comme on a coutume de le faire avec les corni- 
chons.On s’en sert sous cette forme comme d’un légumeet on lemange avec 
du riz et du poisson. Il est prudent d'ajouter que les Européens tentés de 
faire connaissance avec ce mets nouveau pour eux, font bientôt la grimace 
à la sensation d’un goût amer, piquant et nauséabond. Dans la prépara- 
tion de ces fruits salés, on les mélange aussi de feuilles d’Ocymum cris- 
puin qui leur donnent une teinte rouge. Dans les fièvres, on boit comme 
potion rafraichissante, le jus du fruit en y mélant, pour le colorer, du car- 
thame ou du safran. Dans les années favorables, le Muine est en pleine 
floraison en février, époque où les Japonais ornent les autels de leurs 
idoles et décorent leurs demeures de leurs branches fleuries qu’ils re- 
gardent comme le symbole du printemps. La fleur des pieds sauvages est 
bjanche, mais celles des pieds cultivés varient entre le rouge et le blanc; 


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elles deviennent parfois vertes ou d’un jaune clair. Les variétés à fleurs 
doubles sont excessivement recherchées et les pieds des variétés naines se 
plantent partout autour des habitations des riches et des temples. On 
compte par centaines les variétés de Mume et la plus belle collection est 
celle du prince de Tsikusen. 

Le savant professeur de l’université de Leyde, M. W.-H. De Vriese est 
revenu cette année (1854) dans son journal d'horticulture, Tuinbouw- 
Flora van Nederland en zijne overzeesche bezittingen (Flore horticole 
des Pays-Bas et de leurs colonies transmarines) sur l'histoire du Mume 
dans un mémoire très-détaillé sur une variété très-précoce appelée par 
MM. Von Siebold et De Vriese lui-même ARMENIACA MUME PRÆCOCISSIMA 
RUBIFLORA. Nous avons reproduit une partie de la planche publiée par ces 
honorables botanistes neérlandais, mais nous regrettons que le défaut 
d'espace dans notre publication nous empèche de rendre compte de tout 
leur travail écrit en langue hollandaise. 


Voici d’abord l'exposé des caractères génériques du groupe : 


ARMENIACA ou ABRICOTIERS : Tube du calice urcéolé-hémisphérique, Sligmate subpelté. 
Drupe charnue, extérieurement veloutée, presque globuleuse ; noyau obtus à un bout, à l’autre 
aigu , presque comprimé , ni sillonné, ni poreux. 

Feuilles amples, brillantes au-dessus ; fleurs solitaires ou géminées, subsessiles, naissant 
le long des rameaux de l’année, à la place des feuilles tombées, hors de bourgeons écailleux 
avant que les nouvelles feuilles ne naissent. 

Les caractères spécifiques sont les suivants : 


ARMENIACA MUME. Fleurs précoces , la plupart géminées, presque sessiles ; feuilles à base 
arrondie, obovées ou largement elliptiques, longuement cuspidées, finement et doublement 
dentées, glabres et au-dessous pubescentes et scabres; fruits globuleux, finement veloutés, 
noyau convexe fovéolé. 

Enfin les caractères de la variété : 

TRÈS-PRÉCOCE A FLEURS DE RONCE (PRÆCOCISSIMA RUBIFLORA) sont d’avoir des fleurs de la cou- 
leur des fleurs de pêcher , fruits globuleux , très-grands. (Voyez la planche 5, ci-jointe.) 

Cette variété a été introduite en 1845, directement du Japon dans le 
jardin particulier du docteur Von Siebold, à Leyde, où la greffe à été 
placée contre un mur, mais on ne dit pas si elle y a été conduite et 
taillée en espalier. Ce sujet était un abricotier ordinaire. Pendant quel- 
ques années, l’arbre souffrit; mais sa floraison fut toujours précoce. En 
1851, les fleurs s’ouvraient le 8 février, bien qu’en 1850, le pied en avait 
portées qui n’avaient pas noué. Au mois d'août 1851, M. De Vriese 
cueillit un fruit mûr : il était mur, d’ailleurs, avant cette époque et l’an- 
née était mauvaise pour ce genre de fruits à noyaux. Deux petits arbres 
de Mume portèrent ensemble une quarantaine de fruits. 

La drupe est sphéroïdale , un peu comprimée, à peu près aussi grande 
qu’un abricot ordinaire , de quatre centimètres en diamètre longitudinal, 
de trois centimètres et demi en diamètre transversal. Un sillon très-pro- 
noncé le parcourt du sommet à la base et le sommet est un cône très-pointu. 
Le coloris de l’épicarpe est un jaune rougeûtre avec du rouge vineux mêlé 


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de jaune rougeâtre, du côté où le soleil à frappé la drupe qui porte des 
taches rouges dispersées sur une partie de son étendue. La chair a un fond 
jaune et du noyau irradient vers la circonférence des rayons, d’un rouge- 
orange, dans la chair même. Le goût est acide. Le noyau est chagriné à 
sa surface et si fortement soudé à la chair qu'il est impossible de l’en sé- 
parer. La surface externe de la drupe est finement veloutée, et la peau où 
l'épicarpe ne contribue en rien au goût acide de la chair. 

La planche 5 ci-jointe, représente fig. 1° les fleurs, — 2 une étamine, 
—5 le pistil, —#4 un fruit avec les feuilles, —5 le fruit ouvert, —6 le noyau 
entier, —7 le noyau ouvert, —8 l’amande. 

Les Japonais ont une affection toute spéciale pour les Mumes nains ; 
ils s’adonnent à leur culture qui devient une des plus lucratives. On les 
reproduit par la greffe par approche. On peut aussi multiplier par le 
même procédé les Mumes pleureurs qui offrent la disposition des saules 
de ce nom. Un horticulteur qui s’adonnait à cette industrie, vendit, 
en 1826, au colonel, le gentilhomme Von Siebold, un Mume de ce genre, 
en fleur, qui n’avait pas atteint trois pouces de hauteur. Cette merveille 
lilliputienne était plantée dans une petite caisse de bois vernis à trois 
compartiments semblables aux boîtes que les Japonais portent à la cein- 
ture et qui renferment leur pharmacie. Le compartiment supérieur était 
occupé par le Mume, celui du milieu l'était par une conifère en miniature, 
et l’étage du bas servait de serre à un bambou d’à peine un pouce et demi 
de longueur. MM. Overmeer-Fischer et Meylan ont décrit ce meuble 
remarquable dans leur ouvrage sur le Japon. 

On dira que l’acquisition d’un abricot acide qu’on sale comme un con- 
diment pour pouvoir le manger, est peu désirable dans le jardin fruitier, 
alors qu’on produit de jour en jour de si bons fruits. M. De Vriese recon- 
naït la valeur de cette objection, si toutefois, dit-il, il n’y a pas d’autre 
usage auquel on peut faire servir cette drupe. Il remarque qu’autrefois 
l’abricot d'Arménie était employé au même but dans les Pays-Bas : on y 
confisait les abricots au vinaigre ou on les préparait comme les morilles 
et les champignons. Nous ajouterons que les abricots ordinaires servent 
aujourd’hui à confectionner des marmelades, des confitures dont on peut 
se servir même en hiver pour la pâtisserie, et peut-être le Hume que 
nous n’avons jamais vu en Belgique, présenterait-il, préparé au sucre, 
une substance agréable, Les cerises du nord, les portugaises acides qui 
ont une âcreté détestable quand elles sont fraiches, peuvent être confites, 
après que le noyau est enlevé, au sucre à la plume et devenir une des 
friandises de dessert des plus saines et des plus agréables au goût. 

On peut se procurer des exemplaires de l’Abricotier mume du Japon en 
s'adressant au président de la Société royale pour l’encouragement de 
l’horticulture dans les Pays-Bas, M. P.-F. Von Siebold, à Leyde. 


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1. Henfre ya scandens . Lind. 2-9: Metrosideros florida . Sm. 


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HORTICULTURE. 


—— ——— 


NOTICE SUR L’HENFREYA SCANDENS DE LINDLEY, OÙ LE 
DIPTERACANTHUS SCANDENS DES HORTICULTEURS, 


Par M. Cu. MORREN. 


11 y a sept ans (1847) fleurissait pour la première fois en Europe, une 
acanthacée grimpante , laquelle fit beaucoup de bruit dans le monde hor- 
ticole, et imita tant d’autres belles espèces qui se sont introduites sous des 
noms inhabiles à se sanctionner par le temps, faute d’une détermination 
botanique faite par des juges compétents. Le possesseur de cette acan- 
thacée était M. Glendinning, horticulteur à Chiwsick, dans les serres 
chaudes duquel les premières fleurs s’ouvrirent au mois de mars. On 
exposa la plante fleurie dans les salons de la société d’horticulture de 
Londres, où elle remporta par acclamation la grande médaille de Knight 
et les horticulteurs lui donnèrent le nom de Dipteracanthus scandens 
sous lequel elle circule actuellement encore dans le commerce. 

Mais M. le professeur Lindley la soumit à un examen botanique ap- 
profondi et lui reconnut des signes génériques particuliers, qui ne per- 
mettaient pas de la laisser dans le genre Diptéracanthe. Il l’éleva au rang 
de genre qu’il dédia à Arthur Henfrey, botaniste qui s’est fait un nom 
dans l’histiologie et l’anatomie des plantes et jusqu’au moment actuel, le 
genre Henfreya ne contient encore qu’une seule espèce. M. Lindley publia 
ces vues dans le Botanical register de 1847, mais seulement dans une 
note sans figure. Au mois de mai 1847, la Flore des serres donna une gra- 
vure du végétal nouveau sans en indiquer l’origine. Au mois d'avril de la 
même année, M. Glendinning l'avait fait dessiner et une lithographie 
coloriée cireulait parmi les horticulteurs. 

A cette même époque, et dans la Flore des serres (tome m1, p. 251) 
on disait inconnue la patrie de cette espèce. On savait cependant qu’elle 
était originaire de Sierra-Leone où elle avait été découverte une première 
fois par George Don et une seconde par M. Whitfield qui en avait doté 
l’Europe en l’apportant en Angleterre. 


M. Lindley earactérisa le genre HENFREYA comme suit : 


Calice à cinq divisions; corolle infundibuliforme, bilabiée ; segments inégaux ; quatre éta- 
mines; anthères portant des soies à la base; ovaire à deux graines, stigmate petit, bilobé, 
obtus, régulier ; capsule claviforme, stipitée, séminifère seulement au bout; graines (non 
müres) arrondies, marginées, glabres. 


La seule espèce connue est décrite en ces termes : 


HENFREYA SCANDENS. Lindl., Bot. Reg., vol. xxxu1, tab. 51; Arbrisseau à tiges grim- 
pantes, sarmenteuses , arrondies, glabres, d’un vert foncé, teintées de pourpre à l’insertion 
des feuilles , pétioles courts, glabres. Feuilles opposées, ovales-lancéolées, d’un vert foncé. 


BELG. HORT. T. V. ) 


Lit. TR 


Corymbes axillaires et terminaux, nus, muliiflores. Calice à segments étroits, acuminés, 
couverts de poils soyeux. Corolle infundibuliforme; partie inférieure du tube étroite, puis 
dilatée au-dessus du milieu ; limbe à deux lèvres, la supérieure divisée, bilobée, l’inférieure à 
trois lobes, celui du milieu le plus grand, blancs et teintés de rose clair au-dessous. Quatre 
étamines incluses. Anthères violettes, foncées, loges courtes , obtuses à la pointe, et velues 
à la base. Style à peu près de la longueur des étamines ; stigmate blanc, lobes égaux. 


La culture de l'Henfreya scandens n’est pas sans difficulté : on la perd 
souvent par le défaut de soins et ces exigences en feront longtemps encore 
une plante peu commune, bien que son prix soit des plus bas. Les hor- 
ticulteurs ont plusieurs méthodes pour amener cette acanthacée à une 
ample floraison et les succès de M. Glendinning doivent lui donner gain 
de cause en cette matière. Voici son procédé : 

L'Henfreya est de serre chaude. Au printemps ou au commencement de 
l'été, quand la plante cesse de fleurir, on lôte du pot où elle était eul- 
tivée et on la sépare du vieux sol épuisé. Puis on lui fournit de la nou- 
velle terre composée d’un sol de bruyère tourbeuse et fraiche d’une part, 
et de l’autre de terre franche argileuse, en parties égales, le tout mé- 
langé de sable siliceux et grossier. Le pot doit se proportionner à la plante, 
mais le trop d’espace nuit aux racines plus qu'il leur est utile. On choisit 
alors dans la serre chaude humide, un endroit où la température ne des- 
cend pas, pendant la nuit, au-dessous de 25 à 28 degrés centigrades et 
on soigne que pendant le jour les rayons solaires ne frappent que par 
intervalles, et pendant peu de temps cette plante dont l’allure forte , ca- 
che sous de fausses apparences des faiblesses réelles. Quand les racines 
remplissent le pot, il faut rempoter dans un plus grand et dans un com- 
post de la même composition que le précédent. Lorsque les pousses com- 
mencent à monter, il est nécessaire de disposer quelques tuteurs pour les 
conduire et chacun les arrange selon sa fantaisie. On donne de l’eau aux 
racines assez abondamment et selon leurs besoins. En automne, quand 
le bois est durci et qu'il est selon l’expression technique mür, on place 
l’Henfreya dans une température plus basse, jusqu’à ce que la plante 
demande à fleurir, ce qui a lieu de février au mois de mai et alors, 
quand la sève ascensionnelle se montre, on augmente la température. 
Les corymbes axillaires à chaque feuille se succèdent pendant plusieurs 
mois. La multiplication s'obtient par les boutures des branches dont le 
bois est à moitié mür, plantées dans du sable et placées sur couche chaude 
et sous cloche. 

Par contre des horticulteurs belges ont recommandé de modérer sin- 
gulièérement les arrosements sur le sol, mais de se servir des aspersions 
sur les feuilles pour détruire les insectes. Cette destruction dépend des 
espèces, mais l’Æenfreya est surtout sujet à l’envahissement du gallin- 
secte Chermes adonidum, très-peu sensible à l’eau. Le meilleur moyen 
d’anéantir cette lèpre des serres, c’est une grande propreté et une infa- 
tigable attention d'enlever chaque parasite au pinceau. 


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NOTICE SUR LE MÉTROSIDÉROS A BOUQUETS, METROSIDEROS 
FLORIDA DE FORSTER 


PAR LE MÈME. 


Les auteurs d'ouvrages de botanique et d’horticultures’étonnent de voir, 
à propos de plusieurs espèces de métrosidéros appartenant à la famille des 
myrtacées, que des formes d’arbustes, raides et droites, puissent former 
des lianes, s’élancer comme le lierre de nos forêts, sur la cime des arbres 
très-élevés et de là balancer leurs branches fleuries au gré des vents. Quand 
on remonte à la constitution de la plupart des plantes grimpantes , on 
s’apercoit que leurs tissus sont flexibles et souples, mais non raides et cas- 
sants. Le nom de métrosidéros, prenant son origine de deux mots grecs 
dont le premier w#rpx (métra), signifie le cœur du bois et le second o1dp05 
(sidéros) fer, indiquerait que cette dénomination de bois de fer a été choisie 
par allusion à la force des branches. Malgré ces contradictions apparentes 
entre les mots et les choses, il est dans la nature que les lianes peuvent 
être si fortes que de gros fils de fer sans perdre de leur flexibilité et il est 
assez dans le but de leur création qu’il en soit ainsi. Ce sont autant de 
cables naturels pour aider l'ascension sur des cimes ou des frondes 
inaccessibles sans ces moyens et l’on se rappelle combien sont amères les 
plaintes d'Alexandre de Humboldt quand il déplore la résistance des 
nègres pour aller chercher les fleurs ou les fruits des palmiers et autres 
arbres rares et curieux restés si longtemps inconnus. 

Lianes à la Nouvelle-Zélande, plusieurs métrosidéros deviennent des 
arbustes semblables à des myrtes quand ils passent dans les serres froides 
ou tempérées d'Europe. Ils s’y métamorphosent en buissons, mais leurs 
fleurs n’en restent pas moins fort belles et élégantes quand la nature leur 
permet de les développer. Cette raison a fait croire que les succès, en fait 
de fleuraison , deviendraient moins rares si l’on donnait à ces myrtacées 
dans les orangeries la pleine terre au lieu de les cultiver dans les pots. 
Cependant, on lit le plus souvent des propositions à l’endroit de cette cul- 
ture, mais les revues ne disent pas si l’on a réussi dans la production des 
corymbes de fleurs admirables au bout de ces lianes pendantes. 

Parmi les métrosidéros dont on ne eite actuellement dans les serres 
froides de la partie moyenne de l'Europe que quatre espèces, le buxifolia, 
le semperflorens, le tomentosa et le florida; ee dernier mérite une atten- 
tion particulière à cause de la richesse de ses bouquets. Découvert dans le 
second voyage de Cook (1772-75) par Forster dans la Nouvelle-Zélande, 
et nommé par lui HMelaleuca florida et Leptospermum scandens , le Me- 
trosideros florida a été introduit par Allen Cunningham dans les oran- 
series de Kew, en 1820, mais il a fallu attendre vingt-neuf ans pour le 
voir fleurir. Quand certains horticulteurs affirment que l’art fait céder la 
nature, on voit que la réponse épigrammatique à cet excès de prétention 


se trouve déjà dans le nom même de métrosidéros , liane au cœur de fer : 
il faut trente ans à ce cœur pour céder et payer enfin par quelques fleurs, 
les soins dont on l’a incessamment entouré. Ces bienheureuses fleurs se 
sont montrées à Kew en mai 1849. La planche 6, fig. 2 et 5 montre les 
branches, un corymbe où les fleurs sont en boutons et un autre où elles 
se sont complétement épanouies de la plante; la fig. 3 donne au trait la 
structure de la fleur. 

Cet arbuste d’une trentaine d'années d'age, offre à peu près cinq pieds 
de hauteur; il est glabre et forme une masse compacte, mais par ci et par 
là et où elle le peut, la plante projette de longues branches, comme pour 
prouver, dit Sir William Hooker que sous des circonstances favorables, 
elle redeviendrait liane en Europe comme en Australie. Les branches sont 
arrondies ou angulaires, d’un brun-rougeâtre. Les feuilles mesurent un 
pouce ou un pouce et demi de longueur, sont opposées subcoriaces, 
portées par des pétioles courts, elliptiques-ovales, glabres , légèrement 
brillantes , distinctement et finement nervées sur les deux faces, les ner- 
vures s’unissant les unes avec les autres par une courbure marginale; 
d’un vert foncé au-dessus, d’un vert clair au-dessous où les points, propres 
à la famille des myrtacées, sont plus visibles qu’au-dessus, mais on les 
aperçoit à peine à l’œil nu. Les corymbes terminaux, presque sessiles; 
pédoncules rouges, composés. Le calice turbiné, aminci au-dessous, le 
limbe à cinq lobes arrondis, verts. Les pétales orbiculaires, concaves, 
rouges, caducs, plus longs que les lobes calicinaux. Les étamines nom- 
breuses, d’abord involutées, puis rejetées au dehors, quatre fois plus 
longues que les pétales; filets et anthères rouges. Le style à peu prés de 
la longueur des filaments. Le stigmate un peu dilaté. 

Quant à la culture , nous ne pouvons mieux faire que de donner les ré- 
sultats obtenus par M. John Smith, le jardinier en chef de Kew. Quoique 
le climat de la Nouvelle-Zélande soit semblable à celui de l'Angleterre, 
cependant les froids de l'hiver y tuent ce métrosidéros. Dans les comtés 
de la partie orientale et du centre, comme ceux du Devon et de Cornwall, 
et dans le midi et l’occident de l'Irlande, on réussirait à conserver cette 
espèce en pleine terre et à l’air libre. Ailleurs il faut renoncer à ce mode 
de culture et la conserver en orangerie, plantée dans un pot allongé ou 
même dans un tuyau en terre cuite. Elle aime beaucoup l'humidité. A l'air 
libre et sous un ciel convenable, elle devient épiphyte, grimpante, se 
fixant par des racines aériennes et des branches qui s’enlacent autour des 
troncs, à la façon de notre lierre qu’elle dépasse de beaucoup en beauté 
par ses fleurs. La multiplication s'obtient facilement par des boutures, 
qu’on fait enraciner par la méthode ordinaire. 

Actuellement le prix de ce métrosidéros est de 4 ou 5 fr. chez nos hor- 


ticulteurs pour un petit pied, mais les grands exemplaires ont une valeur 
beaucoup plus considérable. 


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DES EXPÉRIENCES RÉCENTES FAITES SUR LE LIS GÉANT (ZLILIUM 
__ GIGANTEUM) ET PARTICULIÈREMENT DE SA CULTURE, 


Par M. CH. MoRrREnN. 


Parmi les espèces de Lis, le Lilium giganteum atteignant jusqu’à dix 
pieds de hauteur, est celle sur laquelle l'attention se porte le plus aujour- 
d’hui. Nous avons donné dans le troisième volume de la Belgique horti- 
ticole, p. 133 (1852), la description, l’histoire naturelle, ce que l’on savait 
de sa culture, et enfin la gravure coloriée de cette merveille du Shéopore 
(Népaul). 

En se répandant dans différents pays, les expériences sur la meilleure 
manière de le cultiver, ont été faites, pour ainsi dire, à l’insu des horti- 
culteurs. M. Pépin, dans une note sur le Lilium giganteum, publiée le 
4er août 1854 dans la Revue horticole de Monsieur le professeur Decaisne, 
affirme que jusqu’à cette date, on ne cultivait le lis géant qu’en pot, dans 
de la terre de bruyère drainée et placée dans le fond; etl’on rentrait pen- 
dant l'hiver en serre tempérée ou sous châssis les plantes qu’on voulait 
conserver. Mais, il eite à côté de cette méthode, l'expérience de M. Cachet 
qui, à Angers, avait placé le lis du Népaul en pleine terre où il brave les 
effets d’un froid de 14 degrés sous zéro (nous supposons que ce sont des 
degrés centigrades). On a remarqué que malgré la rigueur de l'hiver 
de1855-1854, la végétation des lis déposés en pleine terre était bien plus 
luxueuse que celle des exemplaires rentrés en serre et cultivés en pot. 

Nous dirons à cet égard que ce n’est pas seulement en France que ces 
sortes d'expériences ont eu lieu. A Liége, plusieurs amateurs avaient 
risqué leurs bulbes en pleine terre, quoique leur valeur fut grande et 
toutes poussèrent au printemps des feuilles et des hampes beaucoup plus 
fortes que celles des individus amollis par un excès de soins et une tem- 
pérature trop douce. Les mêmes faits ont eu lieu à Anvers, à Malines, à 
Bruxelles et sans doute aussi à Gand, car dans les expositions de nos 
sociétés belges d’horticulture , cette culture en pleine terre devenait le 
sujet de conversations multipliées. Le motif principal qui avait guidé les 
amateurs et horticulteurs belges, remontait aux premiers temps de l’in- 
troduction et de la propagation des Lilium speciosum, si faussement appe- 
lés lancifolium. Ceux-là aussi passaient pour délicats, se rentraient à 
la moindre gelée et on les dorlotait comme des enfants gâtés. Il se fit 
qu’ils en souffrirent, et peu à peu les bulbes se desséchèrent. Arriva enfin 
l'idée de les mettre en pleine terre, et depuis, des exemplaires du Lilium 
speciosum forts et couverts d’un grand nombre de fleurs ont été obtenus 
à la grande satisfaction de ceux qui les avaient cultivés à la manière des 
lis blancs. 

D’une autre part, M. Pépin, dans sa note citée ci-dessus, déclare avoir 
vu à Paris un magnifique specimen du Lilium giganteum, cultivé en pot 


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et placé ainsi dans une cuvette pleine d’eau. Il recevait une culture 
amphibie, l’eau et la terre, et s’en trouvait tout aussi bien que le Richar- 
dia æthiopica (l'ancien Calla æthiopica) et le Sagittaria lancifolia de la 
Jamaïque et de la Caroline. A l'égard de cette culture aquatique ou 
amphibie, appliquée au Lis du Népaul, nous devons rappeller aux expéri- 
mentateurs que la prudence doit ici présider aux procédés. Le Thalia 
dealbata qui simule un strelitzia, est, comme on sait, originaire aussi de 
la Caroline. Ce magnifique végétal passe en pleine eau, planté en terre 
dans un bassin du jardin botanique de Louvain, les hivers les plus rigou- 
reux et fleurit ensuite tous les étés d’une manière prodigieuse. Cette cul- 
ture tente donc les propriétaires de jardins ou de pares : elle a été imitée 
ailleurs et les thalias sont morts. Pour le Lilium giganteum aussi, il serait 
bon d'examiner l'exposition, de tenir compte des coups de vent, d’abriter 
s’il le faut et de voir enfin à quelle épaisseur la glace se forme dans le 
liquide. 

Une autre question intéressante de la culture du lis géant est relative 
à la terre qu’il faut lui donner. M. Pépin recommande de se servir pour 
la pleine terre d’un fond de tourbe humide. C’est peut-être le sol qui 
se rapproche le plus de la nature de celui qui dans l'Himalaya nourrit 
les plus beaux exemplaires de cette majestueuse plante. M. le major Mad- 
den l’a trouvée dans du terreau noir, doux et s’'émiettant facilement, donc 
aéré; les bulbes se tenaient à fleur de terre et s’enfonçaient très-peu, 
mais elles se cramponnaient dans le sol par de fortes et longues racines. 
Enfin rappellons que dans ces localités natives, le lis géant, avec ses bulbes 
presque dénudées se couvre de neige depuis novembre jusqu’au mois 
d'avril. Cette dernière circonstance milite bien certainement en faveur 
de la culture en pleine terre. Mais il reste à déterminer la nature du sol. 

À Gand, les horticulteurs mélangent plusieurs terres ensemble : ils 
emploient de la terre de bruyère douce, à base de sable siliceux, mélangé 
d’un quart de terre à œillets qui n’est autre que le loam des Anglais, 
c’est-à-dire l'argile diluvienne douce qui abonde en Belgique et forme la 
base de nos cultures de froment. M. Durand de Lancon de Béthune a 
publié dans la Revue horticole de France un article plein d'intérêt sur 
cette matière. M. Durand ajoute qu’il rempota fin d'automne un lis cul- 
tivé dans ce mélange employé à Gand, mais dans un pot de dimension 
supérieure et en ajoutant à la terre du terreau consommé. Les feuilles 
s’élevaient au lieu de se tenir horizontales et la tige florale poussa ensuite 
vigoureusement à deux mètres de hauteur. Les fleurs s’ouvrirent nom- 
breuses, la première le 24 juin et la dernière le 26. Enfin la fructification 
se faisait facilement et les graines arrivèrent à bien, mais deux caïeux se 
formérent seulement et l'oignon principal périt. C’est la loi de l’antago- 
nisme entre la reproduction par graine et la multiplication par bourgeons. 
L'un des modes détruit l’autre et cette action est réciproque. 

Enfin, arrive la question de l'influence du soleil. Dans le lieu natal de 


22 For 


ces plantes, elles croissent à l'ombre des bois et ces forêts sont en général 
fort humides. Depuis l'introduction en Europe du lis géant on a remar- 
qué, et M. Durand de Lancon rapporte aussi plusieurs exemples de ce 
fait, que le soleil dardant directement ses rayons sur les feuilles, les jau- 
nit et la plante souffre. Il a proposé d’abriter à l’air les tiges et la rosace 
des feuilles par des châssis carrés, formés par quatre poteaux hauts de 
deux mètres et demi et garnis sur les deux côtés par de la grosse toile. 
Si l’on réalise le conseil donné par des horticulteurs habiles, de planter 
dans les pelouses des jardins le lis géant, qu’on ne perde pas de vue, 
outre les conditions du sol dont nous avons parlé, qu’il leur faut de 
lombre, pas d’éclairement direct, et qu'il est nécessaire d'éviter le 
vent, la grèle et autres météores destructeurs. Le froid est décidément 
l'ennemi qu’il craint le moins. 


LES CYPRIPEDIUM OU PANTOUFLES DE NOTRE-DAME, DE FACILE 
CULTURE, 


Par M. Josern HARRISON, 


On s’est aperçu depuis quelques années seulement que le Cypripedium 
venustum et le C. insigne fleurissaient très-facilement comme fleurs d’hi- 
ver, convenables pour l’ornementation des appartements chauffés et habi- 
tés. Quant à la beauté de ces pantoufles de Notre-Dame, elle est très- 
réelle et plait à tout le monde. On croit généralement que le genre des 
eypripèdes est très-restreint et qu’il offre peu de ressources à la variété 
des formes; mais qu’on se détrompe à cet égard. Nous cultivons avec la 
plus grande réussite, outre les deux espèces nommées ci-dessus, les Cypri- 
pedium calceolus, parviflorum, pubescens, spectabile, Javanicum, Nepa- 
lense et le barbatum. Nous les recommandons comme plantes des plus 
intéressantes, surtout quand elles sont réunies en collection. 

Si l’on désire une abondante fleuraison, il faut employer le compost 
suivant : on prend une partie de bonne terre franche argileuse et pour 
autant que possible tourbeuse ; cette terre doit avoir été pendant plusieurs 
mois amassée en tas et puis tournée, retournée et hachée deux ou trois 
fois. Quand on la trouvera assez meuble et aérée, on y ajoutera trois par- 
ties de terre de bruyère bien conditionnée, et sur le tout on fera une 
ample dispersion de sable blanc formé de grains siliceux mais non cal- 
caires. On se sert de ce compost en y mettant selon les besoins une cer- 
taine quantité de tessons pour l’aérage et le drainage, et on emploie aussi 
du charbon de bois pour augmenter l’action des gaz nutritifs sur les 
racines. 

Tous ces matériaux ayant été mêlés, et le drainage des pots ayant été 
établi selon les règles de la culture si perfectionnée de ces derniers temps, 
les plantes étant mises en place, il ne reste plus qu’à régler l’arrosement 


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et l'exposition. L'eau doit s'augmenter avec les progrés de la végétation 
et diminuer comme elle. Quand les plantes sont en fleurs, elles aiment 
une aspersion ou seringuage sur les parties vertes comme si elles se trou- 
vaient dans leur station naturelle et recevaient de la pluie. L'exposition 
doit être à mi-ombre ou derrière un tissu qui amortit la trop grande 
vigueur des rayons solaires. 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OÙ INTÉRESSANTS : 


Anguloa uniflora. Ruiz et Pav. FI. Peruv. Syst., p. 228; FI. Per. 
Prod., p. 418, t. 26. — Lindl., Gen. et Sp. Orchid. p. 160; Bot. reg., 
1844, t. 60. — Hook., Bot. mag., 1854, tab. 4807. Anguloa uniflore. 
Famille des Orchidées. Pédoncule bi- (pluri-) flore, radical, base entourée 
d’écailles imbriquées renflées-tubuleuses; sépales ovales, pointus, cucul- 
lés-concaves; pétales presque semblables, plus petits et modérément 
concaves ; labellum trilobé, lobes latéraux arrondis, très-obtus, l’inter- 
médiaire linéaire-étroit, révoluté, colonne munie au sommet de deux 
prolongements subulés. Sir William Hooker se trompe en disant qu'il 
n’y a que quatre espèces d’Anguloa de figurées, savoir : 1° À. Clowesi, 
Bot. reg., 1844, t. 65; 2 À. Ruckeri, Bot. reg., 1846, t. 41; 3° 4. 
uniflora, Bot. reg., 1844, t. 60, le tout par M. Lindley; puis 4° À. squa- 
lida, Popp, Nov., Gen. et Sp., pl. 4, p. 43. Nous nous permettrons de 
lui signaler que l’Anguloa Hohenlohii, la plus noble espèce du genre, se 
trouve décrite et figurée dans notre Belgique horticole, tome IIT, (1853) 
p. 201. Jusqu'à présent, cette magnifique plante, dont la fleur mesure 
un décimètre de longueur, d’un pourpre lie de vin en dedans, verte, 
pointillée du même rouge au-dehors avec la colonne blanche parsemée 
de macules de carmin, avec l’opereule et le sommet jaune d’or, a toujours 
conservé son prix élévé et même plus, comme cent ou cent vingt-cinq 
francs. L’Anguloa uniflora le cède en tout point à l’'Anguloa Hohenlohu. 
Le premier a les fleurs blanches avec des points d’un rose terne. Il pro- 
vient de la Colombie (Quindios), a été publiquement vendu, en 1852, 
dans la vente des collection de M. Warcewitz, et acheté par MM. Jackson, 
jardiniers à Kingston, chez lesquels il a fleuri en juin 1854. 

La culture est la même que chez les orchidées de la serre basse, hu- 
mide , la plus chaude. 


Pittosporum flavum. Hook., Bot. mag., 1854, tab. 4799. Pit- 
tospore à fleurs jaunes; famille des Pittosporées. Feuilles largement 
obovées-lancéolées, pourvues d’une pointe courte, très-entières, coriaces, 
glabres, amincies à la base en un pétiole court; pédoncule terminal; 
corymbe composé, portant des bractées pubescentes; sépales ovés-lan- 
céolés aigus; pétales Jaunes, extérieurement soyeux, à duvet dense, lon- 
suement unguiculés ; filets pubescents; ovaire cylindrique allongé, soyeux, 


ON =: 


stigmate bilobé, Cette espèce de Pittospornm est une des plus jolies du 
genre. Des exemplaires en sont arrivés à Kew en assez grand nombre 
du port de Stephen dans l'Australie Orientale, par les soins d’Allan Cun- 
ningham. Plus récemment d’autres pieds ont été introduits par feu M. Bid- 
will, et provenaient du distriet de la Grande-Baie. Le capitaine Philippe 
King qui l'avait dessinée, considère cette espèce comme formant le type 
d’un genre nouveau, mais Sir William Hooker ne voit pas en quoi il 
pourrait différer des vrais Pittospores. 

Les graines ont été décrites comme ailées et le nom nouveau proposé 
est celui de Æymenosporum. Le pittospore à fleurs jaunes a porté ses 
fleurs à Kew en février 4854. C'était un arbrisseau de grandeur moyenne 
et très-branchu. — Pas de détails de culture. 


Rhododendron citrinum. Hassk. Cat. pl. hort. bot., Buitenz., 
p. 161.— Hook., Bot. mag., 1854, tab. 4797. Rosage à fleurs citronées. 
Famille des Éricacées. Fleurs à cinq étamines ; feuilles oblongues-ellip- 
tiques obtuses , plus pâles au-dessous, ponctuées-écailleuses obscurément 
veineuses, écailles concolores; fleurs subombellées, penchées; calice petit, 
lobes arrondis, ciliés-glanduleux; corolle (citrine) petite, campanulée, 
lobes du limbe égaux presque droits, rétus ; étamines à peine plus longues 
que le tube de la corolle; ovaire oblong nu, stigmate convexe. Hasskarl 
décrivit le premier cette nouvelle espèce de rosage dans son catalogue du 
jardin botanique de Buitenzorg, à Java, et la plante a été introduite en 
Angleterre chez MM. Rollison, à Tooting, par M. Henshall, où elle fleurit 
pour première fois en mai 1854. Elle croit à Java sur les troncs des 
vieux arbres dans les montagnes marécageuses de Tijburrum à une alti- 
tude de 5000 pieds au-dessus du niveau de l'Océan. M. Henshall la pour- 
suivit jusqu'à 9700 pieds, mais pas plus haut. Sir William Hooker lui 
trouve de l’affinité avec le Rhododendrum album de Java; mais, outre 
la différence dans les couleurs des fleurs , les feuilles sont beaucoup plus 
larges, toujours acuminées et portant au-dessous des lépides en écailles 
ferrugineuses. Le nombre des étamines est constamment de cinq, elles 
sont déclinées, un peu plus longues que la moitié de la corolle; elles 
portent des anthères d’un orange vif qui produit une heureuse harmonie 
avec le jaune citron de la corolle. 

Culture. C’est un arbrisseau court, très-joli, toujours vert et d’oran- 
serie auquel il faut donner les soins que réclament des rosages. Sir Wil- 
liam Hooker ne dit pas s’il exige de la terre de bois, mais sa station 
naturelle semblerait l'indiquer. En pot, on peut essayer la terre de 
bruyère en mottes non-entièrement consommées, avec un bon drainage. 
La reproduction par graines pourra, peut-être, réussir dans nos serres 
d'Europe; sinon on aura recours à la greffe ou au couchage. 


Rhododendron lepidotum. Wall. cat. n° 758. — Hook., Bot. 
mag., tab. 4657. — Var. caLorANTHUM, Hook., Bot. mag., 1854, tab. 
BELG. HORT. T. V. (ÿ 


—109 — 


4802.—Syn. RnononENDroN saLiGNum, Hook. fils, Sikkim Rhod., t. 95, 
figure à gauche. Rosage à fleurs jaunes-verdâtres. Famille des Éricacées. 
sous arbrisseau rameux, entièrement lépideux ou couvert de lépides 
(écailles) blanchâtres ou ferrugineuses; feuilles obovées lancéolées ou 
oblongues-apiculées, à pétiole court, d’un vert pâle; pédoncules termi- 
naux , solitaires ou au nombre de deux ou de trois, droits; cinq sépales 
foliacés, obtus; corolle jaune verdâtre ou pourpre, tube court renflé, 
lobes planes, largement ovales ; huit étamines à filets eiliés; ovaire quin- 
queloculaire ; stigmate court, recourbé (Hook. fil., Journ. de la Soc. d’hort. 
de Lond.),v.7,p.80.104).La variété du rosage lépidoté à fleurs d’un jaune- 
verdâtre, a été découverte par le docteur Hooker au Sikkim de Himalaya 
et considérée d’abord comme une espèce nouvelle à laquelle il avait donné 
le nom de Rhododendron salignum. 11 reconnut plus tard qu'il fallait la 
réunir au Rhododendron elæagnoïdes, lequel ne fait qu’une espèce avec le 
lepidotum dont assurément la plante ici décrite n’est qu’une variété. M. Hoo- 
ker lui donne comme un de ses caractères d’avoir le stigmate court et 
recourbé, mais sur la figure qu’en publie son père, Sir William, c’est le 
style qui est recourbé et le stigmate multilobé est parfaitement plane. 

Culture. Plante de serre froide, fleurissant en mai. Culture comme celle 
des rosages d’orangerie. 


Rhododendron Maddeni. Hook. fil. Rhod. Sikk. Himal., p. 19, 
t. 18, Journ. of hort. Soc. Lond., v. 7. p. 79 et 95. — Hook., Bot. mag., 
4854, tab. 4805. Rosage du major M. Madden. Famille des Éricacées. 
Arbuste droit, effilé; rameaux, pédoncules, pétioles et surface inférieure 
couverts de lépides ferrugineuses ; feuilles pétiolées, elliptico-lancéolées, 
aiguës aux deux bouts ou acuminées, à bords planes, au-dessus brillantes, 
vertes; trois pédoncules courts, épais; calice court, quinquefide, lobes 
inégaux, le supérieur parfois plus allongé; corolle extérieurement couverte 
de lépides, ample, tube allongé, infondibuliforme, limbe très-ouvert, lobes 
grands, arrondis, entiers ; étamines de dix-huit à vingt, filets glabres ; style 
très-long, portant des lépides ainsi que l'ovaire ; capsule à dix loges, li- 
gneuse. Cette espèce est peut-être, après le Rhododendron de M"* Dalhousie 
(Rhododendron Dalhousiæ), le plus noble de tous les rosages du Sikkim, 
découverts par M. Hooker fils dans le Nord de l'Inde. Ses fleurs sont tout 
aussi grandes que dans cette espèce, odorantes, et généralement de la 
forme de celles du lis blanc (ZLilium candidum), sauf que la corolle est 
délicatement teintée de rose. Le pied qui a fleuri, dit Sir William Hooker, 
à Kew, aux mois de mai et de juin 1854, portait des fleurs qui rivalisaient 
avec celles dessinées sur le lieu d’origine par l’auteur cité. Ces fleurs con- 
trastent agréablement avec le feuillage qui est ample et d’un vert foncé, 
sauf que le dessous des feuilles est couleur de rouille, tandis que les pé- 
tioles offrent une belle teinte de rouge violet. Cette espèce est rare dans 
ses montagnes natives et n’a été retrouvée que dans la rangée inférieure 


de 8e 


des montagnes du Sikkim (Himalaya) dans les bosquets avoisinant les lacs 
et la rivière de Lachoong dans le Choongtam et sur une altitude de 6000 
pieds au-dessus du niveau de la mer. Cette espèce a été nommée Maddeni 
pour faire compliment au major M° Madden du service civil du Bengale, 
excellent et parfait botaniste. Nos lecteurs qui veulent bien connaître les 
plantes des zônes tempérées et tropicales du nord-ouest de l'Himalaya , 
peuvent consulter avec le plus grand fruit ses savants mémoires qui ren- 
ferment un aperçu complet sur la végétation de cette région. Le travail 
de M. Madden sur les conifères du nord de l'Inde peut être encore cité 
comme un vrai modèle. 

Culture. Cet arbuste haut de six à huit pieds de hauteur se divise en 
branches dès la souche. On le tient dans une orangerie froide et om- 
bragée. Sir William Hooker n'ose assurer qu’il pourrait passer l'hiver en 
pleine terre, même à Kew. Nous ne possédons pas d’autres renseignements 
sur les détails de sa culture. 


Senecio præcox. De Cand. Prodr. v. 6, p. 451. — Hook., Bot. 
mag., 1854, tab. 48053. Sénecon précoce. — Synonymes : Cineraria 
præcox. Cav. Ie. v. 5, p. 25, t. 244. — Willds sp. pl. v. 5, p. 2078.— 
Spreng., Syst. veget., v. 5, p. 546. — De Cand., Aort. genev., t. 7. 
Famille des composées, section des sénecionides. Arbrisseau glabre, tige 
charnue, rameuse, ronde; feuilles pétiolées, se développant presque tou- 
jours après l’anthèse, cordées-acuminées, subhastées, à cinq ou sept lobes, 
charnues-membraneuses, lobes très-aigus, corymbes rameux, pédicelles 
allongés, maigrement pourvus de bractéoles, involuere cylindrique de 8 
à 10 feuilles presque sans bractéoles, ligules au nombre cinq ou de six, 
planes , disque portant aux environs de quinze fleurs, l’achène glabre. On 
sait qu'en 1857, M. De Candolle publia dans le volume 6 de son Pro- 
drome la description d’environ 600 espèces de sénecons. Beaucoup d’au- 
tres ont été découvertes depuis. Si toutes les espèces avaient présenté 
des caractères si faciles à constater que le sénecon précoce, l'étude de ce 
genre n'aurait pas eu l’aridité qui la frappe et que chacun lui reconnait. 
Cetteespèce n’est pas dépourvue de beauté. L’arbuste atteint ses cinq à six 
pieds, mais dans sa patrie, il eroit plus haut. Les fleurs se disposent en 
corymbes , très-grands, sont jaunes et s’ouvrent chaque année aux som- 
mets des branches au premier printemps quand les feuilles sont encore 
très-jeunes : d’où vient l’origine de son nom. Ce sénecon est originaire 
du Mexique et surtout des environs de Tolucca entre Mexico et cette ville 
située au pied d’une montagne de porphyre. 

Culture. Serre tempérée : tandis que les plantes cultivées n’ont que 
7 ou 8 corymbes, les plantes sauvages en offrent de 25 à 50. Le Botanical 
magazine qui indique le volume 5 du Prodrome, c’est le 6° qu'il faut 
hre, ne dit rien d’une culture qui reste si fortement en arrière de l’état 
le plus naturel. 


OR LE 


HORTICULTURE DE SALON. 


LASERRE PORTATIVE FAITE DE LA CAISSE DEVOYAGE DEM.WARD, 
Par M. Cu. MoORREN. 


Les personnes qui ont suivi depuis vingt-cinq ou trente ans les progrès 
de l’horticulture, se souviennent avec quel enthousiasme furent constatés 
les succès obtenus dans le transport des plantes vivantes par la caisse 
fermée et vitrée qu’on appelle du nom de son inventeur, la caisse de Ward. 
« II faut de l’air aux végétaux, disait-on naguère, et en les enfermant on 
les étouffe. » Telle était la première objection contre l’idée si simple du 
savant horticulteur anglais. La seconde objection c’est qu’il fallait de l’eau 
fraiche pour l’arrosement ; mais chacun ne revint pas de son étonnement 
quand pendant des mois, la même eau a pu nourrir les plantes, s’évaporer 
hors de leur tissu, se condenser de nouveau et retomber sur la terre de la 
caisse de transport pour recommencer ce cycle d’entrées et de sorties 
longtemps prolongées. Dans une caisse semblable il y a vraiment toutes 
les conditions des serres chaudes : Pair y est si léger, si rarefié par la 
chaleur qu’il s'échappe au dehors et se renouvelle en y entrant dans des 
quantités nécessaires pour la respiration. La ventilation n’est utile que 
pour certains végétaux, mais ils ne possèdent que de très-petites fleurs, 
comme les bruyères ou éricacées, les mimosa et acacia et en général une 
bonne partie de la flore de l'Australie. Ce ne sont pas ces espèces qu’on 
cultivera dans une serre portative fermée. 

M. Ward a prouvé que des genres très-luxueux de plantes à corolles 
splendides et brillantes, préservées de toute agitation dans l'air, arrosées 
avec profusion et recevant la lumière du soleil en plein, se portent à mer- 
veille dans une caisse en verre et construite comme le représente la pl. 7. 
Il y a des végétaux qui réussissent leur floraison beaucoup mieux sous ce ré- 
gime de captivité que sous l’indépendance de leur liberté même native. À 
Édimbourg, nous avons vu cultiver de la sorte des ananas qui parvenaient 
à une parfaite maturité sur le palier d’un escalier chauffé à l’eau chaude. 

Un des plus beaux modèles de cette sorte de meuble est celui que pu- 
blia naguère un des annuaires de Illustration; nous en donnons un autre 
dont l’idée a été puisée dans le premier. La table forme une caisse de 55 
centimètres de profondeur sur 40 à 45 de large et longue d’un mètre à un 
mètre 50 centimètres. Le bois à préférer est le chêne, sculpté et orné 
comme on le désire, mais doublé de zinc en dedans dont le fond doit être 
un peu incliné, aboutir au point le plus bas et derrière le rebord inférieur 
de la table, à un robinet pour l’écoulement des eaux. On dépose sur ce 
fond une couche de tessons, mêlée avec des morceaux de charbon de bois, 
puis du gravier grossier à fragments anguleux qui supporte à son tour du 
terreau ou de la terre de bruyère en mottes, et enfin sur le tout, on ré- 
pand unc terre franche très-fine. 


PI. 7. 


= = 
HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES, 


LE PANGANG DE JAVA OU LE LIERRE EN PALMIER PORTANT DES 
GRAPPES DE FLEURS DE QUATRE A CINQ PIEDS DE LONGUEUR, 


PAR LE MÈME. 


Le Botanical magazine de cette année, (tab. 4804) vient de publier la 
gravure coloriée d’un végétal des plus extraordinaires dans sa forme. Il 
appartient aux araliacées où les genres Lierre (Æedera), Aralie (Aralie), 
Ginseng (Panax), les Sciodaphyllum et autres ne sont pas rigoureusement 
définis, se limitent différemment selon les botanistes et demandent une 
révision complète. Ainsi,lePangang dont la planche 8, représente le port 
etune fleur est regardé comme un vrai lierre par De Candolle, par Sir Wil- 
liam Hooker et d’autres savants, tandis que le prodrome finit sa deserip- 
tion par un point d'interrogation pour demander si ce n’est pas un Panax. 

C’est en tout cas une forme végétale extraordinaire. On dirait d’un pal- 
mier; il se couronne d’une fronde de feuilles grandes; la tige s'élève à 
sept ou huit pieds, elle est droite ou flexueuse, rarement branchue et 
dans ce cas elle présente très-peu de branches ; les feuilles se développent 
au sommet de ces divisions, lequel porte aussi des épines et l’on voit d’au- 
tres pointes plus petites et moins nombreuses vers le bas du tronc. Les 
épines sont subulées , légèrement recourbées , elles naissent horizontale- 
ment. Les feuilles sont grandes, supportées par de longs pétioles gonflés 
à la base, digitées, formées d’environ sept folioles, lesquelles offrent 
une lame oblongue-lancéolée, acuminée, dentée sur la moitié supérieure, 
penninerve et glabre. Les grappes mesurent 4 ou 5 pieds de longueur, 
elles pendent du sommet de la cime et portent jusqu’au bout de leur axe 
trés-souvent , divisé , des ombelles capitées, grandes, entierement globu- 
leuses et denses, formées par des fleurs vertes ou d’un jaune verdâtre. 
Le rachis central de la grappe et les pédoncules sont couverts d’épines, 
les pédicelles portent un duvet. Les fleurs mâles, ont le calice obscuré- 
ment divisé en cinq dents, la corolle formée de cinq pétales planes, 
ovales, épais et de la consistance du cuir, les pointes infléchies et dé- 
chiquetées ; chez elles (les fleurs mâles) l’ovaire avorte, il reste plongé dans 
un disque jaune à peine lobé, charnu et grand et porte un style court, 
conique et très-simple. Il y a cinq étamines soudées au bas des pétales, 
alternes avec eux, les filets dépassant les pétales, les anthères incom- 
bantes, biloculaires. Les fleurs femelles n’ont pas été étudiées avec le soin 
convenable, elles ont les ovaires dispermes. 

Le lierre à glomérules (Æedera glomerulata) de De Candolle est origi- 
naire de Java où il croît vers les sources du Tyburrum dans les montagnes 
de Gede. Les Javanais l’appellent Pangang. I fleurit en juin. Introduit 
en Europe par les hollandais, il a passé de là dans les serres de M. Jacob- 
Makoy à Liége, qui en ont cédé un exemplaire en 1847 à Kew, où il fleurit 
annuellement en avril et mai. Ce lierre est de serre chaude. 


As ER 


HYDROPLASIE HORTICOLE. 


FONTAINE-MODÈLE EN FER DE FONTE, DESSIN DE M. LAMB. 


Les fontaines sont construites le plus souvent en pierres de diverses 
qualités et selon les ressources du pays, mais elles ont toutes le même 
défaut, à savoir que les substances pierreuses se laissent entamer à la 
longue par l’eau. M. De Humboldt considère le calcaire, nommé vulgai- 
rement pierre-bleue dans notre pays (calcaire de transition, calcaire de 
montagne, calcaire carbonifère, etc.), qui appartient au terrain houiller, 
comme la matière la plus résistante et la plus convenable pour la con- 
struction des monuments publics. Cependant l’expérience nous apprend 
que ce calcaire bleuâtre se fend encore par les gelées. 

On a done pensé qu'il fallait abandonner l’élément pierreux et on la 
remplacé par du fer de fonte ou par du cuivre. Nous donnons ci-contre 
(planche 9) le modèle d’une fontaine, de la conception de M. Lamb, et 
qui est répandue en Angleterre dans beaucoup de pares, tandis qu’on ne 
la voit guère sur le continent. La vasque dont le limbe figure des feuilles 
d’acanthe retournées en dehors est formée de feuilles d’iris dans l’évase- 
ment où le pied commence. Ce soutien se compose de six dauphins d’ar- 
tiste. Du centre de cette vasque s’élance un sceptre entouré à sa base de 
deux couronnes foliaires, dont le sommet laisse tomber l’eau dans la 
vasque. La gerbe se compose d’une suite de jets d’eau jaillissant du som- 
met de manière que le jet qui monte le plus haut se trouve au centre et les 
autres diminuent successivement de hauteur. Enfin tout autour du bassin 
on a bâti un bord circulaire et élevé de quelques pieds, mais très-simple. 

Les lois qui président à la détermination des hauteurs que l’eau peut 
atteindre à l’état de jet sont intéressantes à connaître : ces hauteurs dé- 
pendent du diamètre du jet, du poids spécifique de l’eau et de la résistance 
qu'offre l’air pour se laisser pénétrer. Un jet d’eau salée monte plus haut 
qu’un jet d’eau douce, toutes les autres circonstances étant les mêmes. 
Une colonne d’eau salée de six pouces de diamètre va plus haut qu’une 
colonne d’eau douce de trois pouces. Tel jet d’eau d’une certaine dimen- 
sion monte plus haut à Madrid qu'à Munich, et à Paris qu’à Londres, 
parce que ces villes se trouvent placées à des altitudes très-différentes 
au-dessus du niveau de l'Océan, et la densité de l’atmosphère n’est pas la 
même pour chacune d’entre elles. Le plus grand jet d’eau de l’Europe est 
celui du jardin des Nymphes (Nymphenburg), près de Munich. L'eau est 
projetée par une machine à vapeur sans le secours d’un niveau différent 
au lieu de pression et au lieu de sortie, et malgré ces conditions, on y a 
prouvé qu'une colonne d’eau de six pouces en diamètre ne peut pas être 
projetée plus haut que 90 pieds. 


PI. 9. 


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HORT. T. 


BELG. 


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JARDIN FRUITIER. 


LE BEURRÉ D'EQUELMES, GAIN DE M. DUMONT DE TOURNAI, 


Par M. Cr. MoRREN. 


Le beurré gris dont le semis a déjà donné naissance au Délices de 
Troyennes, poire décrite et figurée dans la Belgique horticole, tome IV, 
p. 257, a produit encore une variélé nouvelle qui a eu l'honneur et par 
conséquent le mérite de fixer l'attention de la section pomologique de la 
Société royale d’horticulture et de botanique de Tournai. Cette poire nou- 
velle que nous avons désignée sous le nom de Beurré d'Equelmes a été 
couronnée de la médaille d'argent au concours de 1855 (novembre). Son 
producteur est M. Dumont, jardinier de M"° la baronne De Joignies, 
propriétaire du château d'Equelmes, près Tournai, et c’est dans le sol de 
cette localité qu’elle a pris naissance. 

La poire est pyriforme, amincie aux deux extrémités, mais davantage 
vers le pédoncule que du côté de l'œil, parfaitement lisse, pleine et très- 
régulière. Le pédoncule est long d’un centimètre et demi, épais, fort, 
brun et longitudinalement ridé. Le fruit est en moyenne long de 8 à 
9 centimètres et dans sa plus grande largeur, c’est-à-dire vers son milieu 
transversal, il a de 6 à 7 centimètres. Son épicarpe, lisse et luisant, est 
d’un fond jaune citroné clair avec une multitude de marbrures fauves se 
fondant les unes dans les autres el un nombre plus grand encore de touts 
petits points bruns plus foncés. Partout où l'épicarpe a été meurtri, ces 
points bruns, imitant Ie chagrin, se montrent davantage. Le côté éclairé 
en offre beaucoup. L'œil est rétréci, irrégulier, les lobes étroits, très- 
simples et retournés en dedans. 

La chair est blanche, extrêmement fondante, juteuse, presque vineuse, 
d’un goût exquis et pouvant rivaliser avec les meilleurs beurrés connus. 
Vers la capsule à pepin se montre une zone de calculs assez gros et dans 
la chair elle-même on en rencontre beaucoup d’autres ; enfin tout au-des- 
sous du péricarpe, on aperçoit à quoi sont dus ces points si nombreux 
qui déterminent le pointillé brun dont nous avons parlé. C’est une énorme 
quantité de petits calculs de xylogène ou d’une matière incrustante que 
l'anatomie a démontré exister dans les cellules de quelques poires et que 
les anciens pomologues attribuaient, mais faussement, à la chaux du sol. 
Ce n’est pas du sable calcaire remonté dans le fruit, mais tout simplement 
du bois qui ineruste les cellules où le jus sucré ne se forme pas. Les loges 
sont grandes et les pepins le sont aussi, bien formés, un peu plats et 
bruns. Au demeurant c’est une excellente acquisition pour les jardins. 


Beurre d ‘Equelmes, Sain de M Dumont de Tournai. 


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LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE, 


UN JOUR D'ÉTÉ. 
EXTRAIT DES SCÈNES DU MONDE ANIMÉ, 
Par M. H. Lecoo, 
Professeur d'histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. 
(Suite et fin, voy. p. 17-25.) 


Mais rien ne résiste au dieu du jour, qui détruit lui-même les mer- 
veilles dont il a protégé la naissance ; un instant de fraicheur, une appa- 
rition passagère sur la terre embellie de ses dons, puis le ravage de ses 
rayons brülants, le néant et la poussière des chefs-d’œuvre qu'il vient de 
dessécher. 

Qui done ne serait ému en voyant ces fleurs, brillantes le matin, résis- 
ter à peine contre un souffle dévorant qui bientôt les dessèche et les ter- 
nit, en effaçant de la terre leurs parfums et leur beauté ? 

Mais de gracieuses déesses viennent à leur secours; elles versent pour 
elles leurs eaux limpides et pures, qui courent sur les prairies , arrosent 
les rochers, et se dessinent en contours onduleux sous les saules et les 
peupliers. Les dryades élèvent au-dessous d'elles les plus charmants om- 
brages, et enlacent les voutes feuillées de lianes épaisses que le soleil ne 
peut percer. 

Qu'elle est fraiche et pure cette végétation des forêts, tandis qu’au 
dehors les plantes, à demi flétries, ne peuvent plus lutter contre l'air 
embrasé et un sol desséché. Vie et bonheur sous la protection des divi- 
nités, misère et souffrance loin de leur séjour, telle est du moins l’image 
que ces contrastes peignent à notre raison. 

Mais Dieu n’a pas créé les êtres nombreux qui embeïlissent la terre 
pour les sacrifier au malheur et à l'abandon. Au moment où les plantes 
altérées vont succomber, quand la sève répandue dans l’air ne peut plus 
se renouveler dans le sable brülant où les racines sont implantées, quand 
la rosée insuffisante ne vient plus dérider la nuit des organes crispés par 
la chaleur du jour, à ce moment solennel où la mort s'étend sur de vastes 
contrées , un calme profond, précurseur des décrets de la Providence, 
s'établit dans les hautes régions de l'atmosphère et s'étend sur nous 
comme un signal de destruction. Le soleil se voile et bientôt l’air agité 
laisse descendre jusque la terre ces vagues majestueuses qui roulent dans 
les nues, ou se rassemblent en montagnes obscures, dont l'éclair va faire 
sentir la profondeur et l'étendue. 

Déjà les oiseaux ont prévu la lutte qui se prépare; ils ont cessé leurs 
chants et se sont enfuis sous l’épaisse feuillée des bois; les insectes 
bruyants, abandonnant leurs jeux et leurs combats, ont replié leurs ailes 
sous leurs élytres éclatantes et cherchent partout un abri. Des tourbil- 


LEE | Ll 
lons de poussière et de feuilles desséchées s'élèvent en colonnes sinueuses 
dans l'atmosphère tourmentée. L'éclair brille, et les nues entr'ouvertes 
laissent voir un ciel de feu. La pluie tombe par torrents ; l’étincelle élec- 
trique court d’un nuage à l’autre, et les éclats du tonnerre , répétés par 
tous les échos, font entendre la voix puissante des éléments déchaïnés. 

La foudre a frappé; qui pourrait résister aux armes de la Divinité ? 
Le rocher qui, depuis le commencement du monde, s’élançait dans les 
nues, est touché par le feu qui s’en échappe; sa base est ébranlée et sa 
cime s'écroule en faisant retentir au loin les échos des forêts. La tour 
séculaire dissémine en un instant ces lourds matériaux élevés avec tant 
de peine dans les premiers âges de la féodalité. La neige est fondue au 
sommet des montagnes, et le torrent qui descend ajoute aux éclats du 
tonnerre le bruit tumultueux des flots et des rochers qui s’entre-choquent 
en se précipitant. 

Dans ces moments solennels où la vouüte céleste n’est plus illuminée 
que par les éclairs et la foudre, quand le tonnerre roule en éclatantes 
détonations dans toutes les régions célestes, l’homme, convaincu de son 
peu d'importance sur la terre, s’humilie et attend en silence la lueur de 
l'espérance et le premier rayon du soleil. 

L'innocence même cherche un abri contre les feux du ciel et craint la 
punition des fautes qu’elle n’a jamais commises. 

Mais pourrait-on peindre avec assez de fraicheur cet instant de réveil et 
d’espoir quisuccède à l’orage ? Qui pourrait nousmontrer ces arbres élancés, 
redressant leurs rameaux appesantis par la pluie vivifiante, les fleurs rele- 
vant leurs tiges courbées par la tempête, et abandonnant, avec les vapeurs 
qui sortent de leur sein, ces effluves parfumées qui s’élèvent dans les airs. 

Les nuages dispersés se disséminent en légers flocons et semblent fuir 
le théâtre de leur désordre. Des zones de pluie tombent encore dans le 
lointain du paysage, et l’iris, aux brillantes couleurs, étend son écharpe 
légère comme un signe de vie et un gage de réconciliation des éléments. 
Le soleil livre à la pluie son spectre coloré, et le zéphyr ni la tempête 
ne peuvent effacer le brillant météore qui s’anéantit de lui-même quand 
la lutte est finie. 

Le silence qui avait précédé l’orage, le recueillement qu'il avait com- 
mandé, tout disparaît au premier rayon du soleil, qui sort des nues 
comme un conquérant victorieux qui promène ses regards sur les cam- 
pagnes que la guerre a désolées. La mélodie des oiseaux recommence par- 
tout, et chacun dit la prière ou Le chant du soir ; le papillon voltige encore, 
et profite des dernières lueurs de l’astre du jour; les insectes courent enle- 
ver le nectar des fleurs; l’hirondelle glisse au-dessus de la prairie et 
saisit les moucherons, qui recommencaient aussi leurs danses symétriques 
et mystérieuses ; puis la lumière s’éteint et la lune s’élève. Aux bruits du 
soir succède le silence de la nuit et le repos de ce monde agité, dont les 
acteurs fatigués s’endorment pleins de sécurité. 


SOUDE © 


Mais, avant la nuit, n’abandonnons pas notre soirée d'été, cette soirée 
qui succède à l'orage. 

Le soleil a perdu ses flammes dévorantes; elles s’éteignent dans l’atmos- 
phère transparente que ses rayons obliques sont obligés de traverser. 
Son disque rouge s’abaisse avec majesté, et va bientôt disparaitre der- 
rière les montagnes de l'horizon. Un point brillant existe encore, puis il 
s’éteint. Alors commencent les pompes du ciel; les nuages, semblables à 
des robes légères, se teignent des plus vives couleurs, et, pareils aux rives 
fantastiques d’une imagination doucement excitée, ils revêtent ces formes 
aériennes que nous ne voyons qu'en songe, se teignent de ces nuances 
fugitives que le pinceau ne peut atteindre, et s’effacent comme les ombres 
appelées par la nuit. Celles-ci s’allongent sur la terre , et leurs contours 
indéeis s’abandonnent à nos capricieuses rêveries. D’autres sont onduleuses 
comme le feuillage agité. Le ciel lui-même n'en est pas exempt; les nuages 
se superposent et sombragent; enfin, l'ombre se confond avec la réalité. 

Aux signes précurseurs de la nuit, l'oiseau rappelle sa compagne et 
cherche un asile au milieu des moissons ou sous le feuillage tremblant des 
arbres de la forét. Les troupeaux bélants se rapprochent du pare ou de 
la bergerie. Déjà la rosée descend humecter la terre, la fraicheur se fait 
sentir, la brise du soir emporte à la fois et l’odeur suave des parterres de 
la nature et les semences cotonneuses que l’été a müries. 

La clarté s’efface, les illusions commencent, le vieux chêne se confond 
avec le donjon du château, la chaine des montagnes touche le ciel et fait 
partie des nues; le lac est sans couleur, la prairie sans troupeaux, les 
êtres vivants ont cessé leurs jeux et leurs chants ; le bruit du ruisseau, la 
chute de la cascade, le bruissement des feuilles agitées sont les seules voix 
inanimées de la nature, qui paraît en repos. 

Illusion nouvelle : il n’y a pas de repos en été; les étoiles s’illuminent 
quand le soleil n’est plus, leur image tremblante se réfléchit dans les 
eaux , qui semblent noires et profondes comme le ciel. Au milieu de ce 
spectacle des cieux, Vénus et Jupiter parcourent leurs brillants orbites; 
Mars, d’une teinte rougeätre, se montre sur un point de l’écliptique, les 
Astéroïdes courent inapercues, et Saturne, dans son lointain voyage, 
eache à nos yeux ses satellites et ses anneaux. 

Des météores brillants, lumières passagères, traversent avec rapidité les 
régions du firmament ; elles s’effacent et s’anéantissent en un instant : ce 
sont, disent de naïfs croyants, des âmes qui s’envolent et retournent au sein 
de la Divinité; heureux pressentiment de l'éternité qui remplace la vie. 

La terre elle-même s’illumine à son tour; les lampyres ou vers luisants 
allument leurs flambeaux, et marquent, par un fanal à la douce lumière, 
les bosquets qui seront bientôt le théâtre de leurs amours. 

La nuit qui dans l'hiver règne en souveraine et empiète sur le jour, 
n'est plus en été qu’une ombre et un repos de quelques instants. Un long 
crépuscule lutte avec elle, et confond peu à peu tout ce qui existe, dans 


SR 


une clarté douteuse dont le charme est indéfinissable. A peine l’obseurité 
a-t-elle pénétré jusqu'au fond des vallées que déjà le matin s'annonce, sur 
les eimes colorées des montagnes et sur les nuages légers qui flottent au 
firmament ; déjà le coq de la chaumière a chanté le réveil et le laboureur 
songe à ses travaux. Les oiseaux s’agitent et répètent le premier salut 
qu'ils doivent à la nature. Un point lumineux, semblable à une longue 
élincelle de feu, s'est montré à l'Orient pour illuminer la terre. Les 
vapeurs de la nuit paraissent de tous côtés. Le brouillard cache la base 
des montagnes; un voile vacillant s'élève autour de la cascade, une fumée 
vaporeuse au-dessus des ruisseaux, et tout retentit des clameurs du matin. 

Les bœufs sortent en mugissant pour gagner la montagne. On entend 
de toutes parts le bêlement des troupeaux que les bergers retiennent 
encore dans la crainte de la rosée des nuits. 

Peu à peu les vapeurs qui voilaient lhorizon se dissolvent dans un 
océan de lumière, de vastes paysages se déroulent de tous côtés; des 
lignes sinueuses et miroitantes indiquent le cours des rivières et des 
ruisseaux; le son lointain des eloches appelle à la prière, et l’homme 
méle sa voix reconnaissante au concert de tous les êtres qui, chacun dans 
leur langage, rendent hommage au Créateur. 

Il n’est pas jusqu'aux fleurs, qui ne redressent vers le ciel leurs coupes 
parfumées , jusqu'aux arbres qui ne relèvent leurs branches assoupies. 
Les feuilles éveillées respirent et accomplissent leurs mystérieuses desti- 
nées; la vie suspendue par une nuit de courte durée reprend son essor 
sous la puissante impulsion des rayons solaires, qui bientôt aussi la sus- 
pendront à leur tour. 

Qui donc dans sa vie n’a pas goûté les délices d’une matinée d’été; qui 
n’a pas vu ces rosiers sauvages imbibés de rosée et couverts de fleurs qui 
sont écloses pendant la nuit; qui n’a pas vu, dans les prairies, les sca- 
bieuses, aux fleurons violets sur lesquelles les zygènes aux ailes éelatantes 
sont immobiles ou engourdies ? 

Aiïlleurs ce sont les moissons avec leurs bleuets, leurs coquelicots, dont 
le soleil ne tardera pas à étendre les pétales éblouissants; ce sont les lise- 
rons dont les fleurs sont closes, ou la campanule ou miroir de Vénus, 
avec ses corolles symétriquement fermées; la brise du matin agite douce- 
ment le lac de la montagne; le poisson, descendu dans ses retraites pro- 
fondes, ne prend point part au réveil; il attend la chaleur et guette l’in- 
secte inconstant qui dans sa course indécise doit devenir sa proie. 

Mais l’astre monte à l’horizon, son disque s’épure pendant que les 
ondes atmosphériques dissolvent les vapeurs de la terre; et seul dans le 
firmament il efface par son éclat les masses planétaires et les soleils loin- 
tains des étoiles. 

Il s'élève avec majesté comme le roi des campagnes. Qui peut, en effet, 
sur la terre, comparer sa puissance à la sienne. Ne commande-t-il pas à 
ces globes éloignés auxquels Dieu a donné des bornes dans une étendue 


qui n’en a pas? N'est-ce pas son attraction puissante qui retient Neptune 
et Uranus aux limites de notre système planétaire , et qui fixe Mercure 
plongé dans ses rayons; ne domine-t-il pas la masse imposante de Jupiter 
et ses lunes mouvantes. Saturne et ses anneaux, aussi bien que la terre 
habitée d’où nous contemplons ces merveilles ! Que serions-nous sans lui ? 

Ainsi passe le jour, cercle enchanté et trompeur, ce jour d'illusions et 
de vagues désirs, ce jour qui ne revient plus et qui s'ajoute sans cesse aux 
siècles accumulés. Nous ne le comptons pas, un autre lui succède, et cet 
avenir que nous appelons de nos vœux, cet avenir qui souvent est notre 
consolation et notre espoir, arrive, nous trompe, et va joindre les jours 
écoulés et perdus pour jamais. Ah ! du moins, si nous ne pouvons enchai- 
ner ce temps qui nous entraine, marquons le présent par un souvenir de 
l'âme, et empruntons à l'avenir par des bienfaits. N'oublions pas que le 
jour ressemble à la vie ; il a comme elle son aurore et son déclin ; nous 
passons comme lui entre les regrets et l'espérance. Quelques jours encore 
au milieu du spectacle de la nature et des merveilles des cieux, et nous 
arrivons au sommeil éternel, abandonnant nos dépouilles à l’incessante 
activité des éléments. 

Et cependant la mort n’est qu'une vie cachée, la fleur des champs va 
couvrir notre tombe, si le marbre ambitieux ne vient point l’étouffer; la 
mauve, aux fleurs striées et purpurines, s'étendra sur la terre ; le liscron, 
aux corolles carnées, s’enroulera sur les tiges de l’armoise, et la douce 
amère suspendra ses fruits de corail près du lierre qui couvre la vieille 
église comme un symbole d'éternité. Telest le cimetière du village, champ 
de repos, décoré de fleurs sauvages, et dont les âmes se sont envolées 
vers les cieux. 

Mais les astres du firmament, la terre elle-même n’aura-t-elle pas dans 
la suite des siècles ses jours de déclin et de vieillesse. Que de révolutions 
le giobe n'a-t-il pas déja subies; des mers déplacées et des continents 
émergés, des montagnes soulevées et des forêts ensevelies, des races 
éteintes, des terres inondées ct des coquillages semés sur les plus hautes 
montagnes, tout atteste des catastrophes violentes et de longues révolu- 
tions. La terre n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd'hui, et c’est en 
vain qu’elle cherche à cacher, sous la couronne du printemps et sous les 
fleurs de l'été, les désordres et les ruines de sa jeunesse. 

Un temps viendra peut-être où le flambeau du jour s'éteindra dans sa 
course rapide et la terre désolée roulera tristement dans son orbite téné- 
breuse. Les bourgeons des arbres ne pourront plus s'ouvrir, la fleur périra 
dans le bouton sans éclore, les forêts deviendront silencieuses et inani- 
mées. Un hiver éternel remplacera le cercle admirable des saisons, le 
printemps n'aura plus ses fleurs et l'été restera sans moissons et sans 
ombrages. L'homme cffrayé cherchera inutilement un abri et un foyer; 
résigné devant ces signes de la décadence et de la destruction des mondes, 
il abandonnera son corps au néant et son âme à Dieu dont il l'avait recue. 


M RU EME 


PATHOLOGIE VÉGÉTALE. 


RÉSUMÉ HISTORIQUE DE LA MALADIE DE LA VIGNE 
ET DES MOYENS D’Y REMÉDIER, 


Par M. Toucarp, 


Président de la Société impériale et centrale d’horticulture du département de la Seine- 
Inférieure, Chevalier de la Légion d'Honneur, etc. 


Quoique les départements du nord de la France ne soïent point mis au 
nombre des départements vinifères , cependant il ne faut pas croire qu'ils 
soient étrangers à la culture de la vigne, et que son produit leur soit 
indifférent. Le raisin y est considéré, au contraire, comme une récolte 
fort importante, soit sous le rapport de la vente sur les marchés, comme 
fruit alimentaire et pour le service de la table, soit encore pour être con- 
verti en boisson connue sous le nom de piquette. Sous ces points de vue, 
la culture de la vigne et sa récolte sont donc très-intéressantes et méritent 
toute notre attention, nos soins et notre prévoyance. 

Dans la contrée du nord de la France, la vigne est cultivée communc- 
ment en cordon, au-dessus de murs de séparation des propriétés, ou 
étendue contre les murailles des maisons d'habitation, ou bien encore 
dirigée à la Thomery, dans les jardins d'amateurs, c’est-à-dire palissée 
en cordons superposés les uns au-dessous des autres, ou bien en souches, 
autrement dit, en échalas, dans quelques départements fort peu nom- 
breux, tels que l'Oise et l'Eure, par exemple. Elle est aussi cultivée en 
cordons dans les serres et les bâches à forcer. 

Pour les vignes cultivées en plein air, il arrive très-souvent, dans nos 
climats, que le raisin ne mürisse pas, vu les froids et la mauvaise saison 
de automne. Sila maladie dont je vais parler, vient encore en plus détruire 
la récolte, il faudra bien nécessairement abandonner cette culture, déjà 
fort ingrate dans nos pays. Tâchons done de vaincre l’ennemi que nous 
avons à combattre, car une fois bien connu, sa défaite en sera plus facile. 

Cette maladie est tellement grave que le gouvernement, dans sa pré- 
voyante sollicitude, a nommé une commission spéciale, composée d’hor- 
ticulteurs, de chimistes, de naturalistes, d’un inspecteur général de 
l’agriculture, pour approfondir la question et indiquer les moyens cura- 
tifs afin d’en arrêter ou détruire les effets. 

On a déjà beaucoup écrit, beaucoup discuté sur cette maladie; je n’ai 
pas, certes, la prétention de rien dire de nouveau à ce sujet; mais comme 
je pense que l’on s’occupera peu des départements du Nord, à raison 
méme de leur position climatérique, j'ai cru utile de présenter un résumé 
de toutes les discussions, de tous les essais qui ont été tentés afin d’arri- 


CAE" ue 


ver au moyen de guérison ou du meilleur palliatif qui a le mieux réussi 
jusqu’à présent. 

La maladie de la vigne a fait son invasion en Europe en 1845. C'est en 
Angleterre qu’elle fut aperçue pour la première fois par un sieur Tucker, 
jardinier à Margate, village situé près de Cantorbéry. 

Elle passa bientôt en France; en 1850, mes treilles et les vignes de mes 
serres en ont été perdues. En 1851, les serres de M. Rotschild, à Su- 
rennes, de M. Gontier, à Montrouge, toutes celles de Paris, de Versailles, 
furent bientôt attaquées. La maladie gagna les vignobles des environs de 
la capitale, et bientôt le fléau devint général et se répandit en Italie, en 
Allemagne, en Afrique, en Asie : la contagion couvrit le globe. 

On fit de nombreuses expériences microscopiques ; des analyses chi- 
miques de toutes sortes, et l’on se convainquit que cette maladie n’était 
autre chose qu’un champignon microscopique, de la famille des érysiphes 
nommé oëdium. Pour le désigner spécialement, on le nomme oëdium 
Tuckeri, du nom du jardinier qui l'avait découvert le premier. 

On avait pensé d’abord que c'était un insecte de la famille des acarus, 
mais les expériences réitérées de MM. Tulasne et Montagne, de Paris, 
Amici à Modène, Berthola à Turin, Berkeley en Angleterre, Erenberg en 
Allemagne, Boucharlat, Cuppart, Goddi, Keller, Payen, Louis Leclerc, 
Hugs Mohl à Tubingen, Morren à Liége, Ridolfi, Savi, Visiani, Zanardini, 
en Italie, et autres docteurs et naturalistes, n’ont laissé aucun doute sur 
la véritable nature du champignon qu’on distingue fort bien à l’aide d’une 
forte loupe. L’insecte acarus se rencontre quelquefois sur l'oidium, mais 
c’est par suite de la maladie, et il n’en est pas la cause. 

Ce cryptogame microscopique se propage d'une manière effrayante et 
de trois facons différentes : 4° par la semence que contiennentses sporules 
ou urnes ; 2° par les fragments de ses tiges, qui s’implantent instantané- 
ment sur le sol quand elles y touchent ou qu’elles y sont jetées ; 3° par le 
blanc, espèces de filaments qui entourent les racines. Il suffit d’une seule 
de ces parties pour en opérer la reproduction. Elles peuvent se trans- 
mettre par les vents, les oiseaux, les objets qui ont touché à la vigne 
malade ou qui ont été dans son voisinage. On peut, par là, juger de la 
facilité prodigieuse, effrayante même, de la transmission du fléau et de 
sa multiplication. 

Plusieurs variétés d’érysiphes ou oïdium causent d’assez grands ravages 
dans les jardins et dans les champs. La famille des cucurbitacées en est 
souvent attaquée; elles en couvrent les courges, les melons et les corni- 
chons; le houblon y est très-sujet; les pêchers et leurs fruits, les hari- 
cots, les pois, ete. On voit par là que les plantes ne manquent pas d’en- 
nemis. 

Les effets de la maladie de la vigne se reconnaissent aux signes sui- 
vants : les feuilles et les fruits paraissent saupoudrés d’une poussière 


blanche produite par les filaments aréneux de l’oïdium; ils exhalent une 
BELG. HORT. T. V. 8 


Ru oÿ AU 


odeur vireuse ou de moisi, les feuilles se crispent , les grains de raisins se 
tachent, leur épiderme se trouvant resserré dans les filets cryptogamiques, 
se fend et laisse à nu les pépins, qui sont quelquefois rejetés en dehors. 
Le raisin devient l’une couleur grise, reste petit, se contourne, se durcit; 
la végétation est alors arrêtée, les rameaux de la vigne se dessèchent et 
offrent de petites taches brunes ; la récelte est perdue et la vigne est en 
danger de mort : parfois elle succombe. 

Il ne faut pas croire que cette maladie soit nouvelle, car nous trouvons 
dans quelques vieux ouvrages la description du blanc de la vigne, du 
blanc ou meunier du pêcher qui n’était autre chose que l’oidium ; mais 
nos anciens cultivateurs, nos pères en horticulture, n'avaient ni les 
études, ni surtout les instruments propres à découvrir la véritable cause 
du mal et la nature de la maladie. 

L'oidium Tuckeri n’est qu'une variété des érysiphes, et cette famille de 
cryptogames est nombreuse et répandue dans beaucoup de pays. Dans 
l'Amérique septentrionale, c’est l’érysiphe necatrix (meurtrier) qui y fait 
ses ravages; en Italie, c’est l’érysiphe adunca (receurbé en crochets); à 
Florence, c’est l’érysiphe florentinus; en France, c’est le quttatus (mou- 
cheté). L’érysiphe meurtrier de l'Amérique causait de grands dégats aux 
vignes avant de paraître en Angleterre; aussi croit-on que les variétés 
adunca, florentinus et guttatus ne sont que des évolutions plus ou moins 
complètes d’une seule et unique plante, dont l’état parfait serait l’éry- 
siphe.necatrix americanus. Comment cette plante a-t-elle été apportée en 
Angleterre? C’est ce qu’il est impossible de dire. Elle existe, il s’agit 
actuellement d’en combattre les effets. 

Tel est, en abrégé, l'historique de ce cryptogame; c’est déjà un grand 
pas de fait que de connaître sa nature. 

L'oidium Tuckeri, ou, pour parler le langage de la science, l’érysiphe, 
fait son apparition du 45 mai au 15 juin à peu près, c’est-à-dire quand la 
température ambiante s’est élevée de 12 à 15 degrés centigrades, mais 
beaucoup plus tôt dans les bâches et les serres à forcer, suivant le plus 
ou le moins de chaleur qu’on y fait naïître et qu’on y entretient. 

L’oïdium se déclare sur la partie verte du bourgeon la plus rapprochée 
du vieux bois. On pense généralement qu’il se conserve en hiver dans les 
bourres ou gemmes de la vigne qui présentent un abri. On en a aussi 
découvert dans les liens qui attachent la vigne, dans les treillages, dans 
leurs crevasses et dans les autres objets placés contre les rameaux, ou 
près des vignes ou même dans les environs. 

Passons maintenant en revue tous les moyens employés jusqu’à présent 
pour en opérer la destruction : la seringuage d’eau pure lancée avec force 
contre la vigne malade? Ce moyen n’a rien produit. Le couchage par terre 
des vignes? Il a produit d’assez bons effets, mais il est impraticable dans 
beaucoup d’endroits. La taille très-rapprochée? Résultat nul. Incisions 
longitudinales, transversales? Nul effet. Nudité des racines ? Rien obtenu. 


Incision des pieds ? Non-réussite. Injections d’eau de goudron, de lait de 
chaux, de lessive, d’eau de savon noir, de savon ordinaire, de solutions 
de sulfate de fer, de sous-carbonate, de sulfure de potasse, de sulfure de 
chaux, d'urine, de vinaigre et même de matières grasse? Toutes ces 
injections n’ont rien produit, si ce n’est quelquefois des dommages très- 
graves aux vignes ; et si elles ont donné quelques résultats, ce n'a été 
qu'accidentellement. 

On a projecté sur les parties malades de la chaux en poudre, des cendres 
de bois, de la boue, des cendres de chaux, rien de tout cela n’a réussi 
complètement. | 

On a fait passer des feux de paille ou de la fumée sous les sarments 
attaqués : peine perdue, le mal a toujours été en augmentant. 

Pendant qu’on se livrait à toutes ces expériences en France et même en 
Europe, un jardinier anglais, nommé KYLE, faisait usage, dès 1846, de 
la fleur de soufre projetée sur les vignes , et son raisin s’en trouvait fort 
bien. Soit que M. Gontier, habile horticulteur primeuriste de Paris, ait 
eu connaissance du moyen employé par Kyle, soit qu’il y ait songé lui- 
même, toujours est-il que M. Gontier a le premier, en France, fait usage 
de la fleur de soufre; ce moyen curatif n’a pas tardé à se répandre. 

Cet excellent horticulteur ne s’est pas borné à employgr le soufre, il a 
de plus inventé un soufllet propre à le lancer sur la vigne. M. Gontier, 
pour fixer plus facilement cette poussière , a humecté la vigne en l’arro- 
sant à l’aide d’une pompe à main; mais on s’est bientôt apercu que le 
soufre, trop fortement fixé sur le raisin, lui faisait perdre cette fleur qui 
qui le couvre et qui lui donne une si belle apparence; on a craint aussi 
que le soufre ne donnât un mauvais goût au raisin, et par suite au vin. 
On a supprimé les arrosements préalables, et on a projecté le soufre le 
matin, avant que la rosée ne fut évaporée, ou bien l’on a choisi un temps 
brumeux pour opérer. 

La personne qui opère le soufrage doit le faire le vent au dos, afin que 
cette poussière ne lui arrive pas dans la figure. 

Les choses étaient dans cet état lorsque la Société d'horticulture de 
Melun et de Fontainebleau a chargé M. Alfroy-Duguet de lui faire un rap- 
port sur la maladie et sur les moyens de guérison. Comme on le sait, 
Fontainebleau est le pays de production par excellence du beau et du 
bon raisin. Ce savant rapporteur est entré dans beaucoup de détails, et a 
transcrit, dans son lumineux rapport, celui de M. Charmeux, habile 
vigneron , qui avait également mission de rendre compte de la maladie 
de la vigne. 

« Aussitôt l'apparition de la maladie à Thomery, dit M. Charmeux, je 
» me mis en mesure de la combattre; et à cet effet, j'employai l’eau dont 
» M. Grisou me donna lui-même la recette (sulfate de chaux); j'eus la dou- 
» leur de voir mes efforts infructueux et le mal persister après trois, quatre 
» et cinq, et même six aspersions pratiquées suivant le mode indiqué. 


REY on 


» J'essayai ensuite du procédé Gontier, qui consiste, comme on le sait, 
» à projecter Ja fleur de soufre sur les vignes préalablement mouillées. La 
» maladie disparut entièrement, mes raisins furent préservés, mais je 
» remarquai que les grappes étaient salies par un dépôt sulfureux qui, 
» par son adhérence aux grains et à la râfle, leur enlevait toute leur 
» beauté, la fleur, et en diminuait considérablement le prix de vente. Je 
» pensai que le dépôt dont je viens de parler pouvait encore nuire à la 
» qualité du vin, la fermentation dans la cuve devant faire dissoudre le 
» soufre et donner un mauvais goût. 

» Je cherchai à faire disparaitre ces graves inconvénients en projectant 
» le soufre à sec sur les vignes, c’est-à-dire sans les mouiller préalable- 
» ment. La réussite fut complète, et trois années de succès obtenus sur 
» les vignes en treilies, comme sur les contre-espaliers et les souches, 
» dans les jardins de Thomery et dans la Champagne, sont des preuves 
» irrécusables de l'efficacité de mon procédé. El est maintenant mis en 
» pratique par tous les cultivateurs de Thomery, ct la récolte de cette 
» année a été des plus belles. L'inertie de quelques paresseux, qui se sont 
» dispensés de soufrer en temps convenable, et dont les raisins ont été 
» totalement perdus, nous a fourni un terme de comparaison des plus 
» significatifs. » (Soc. d'hort. de Melun et de Fontainebleau, 4° bull., p.55.) 

Ces expériences ont été réitérées par un grand nombre de cultivateurs- 
vignerons, lesquels ont également obtenu les meilleurs résultats. 

La Société impériale et centrale d'horticulture de France a aussi entendu 
le rapport qui lui a été fait par MM. A. Dubreuil, professeur d’arborieul- 
ture, nommé commissaire par Son Excellence le Ministre, et Rose Char- 
meux, cultivateur, ct il résuite de ce rapport que des essais nombreux 
ont été faits sur une très-grande échelle, au moins 120 hectares de treilles 
à Thomery, dans les champs de vignes et sur les espaliers, et que le sou- 
frage a partout réussi. Il a été répété trois fois : 1° immédiatement après 
la floraison ; 2° lorsque les grains ont acquis la grosseur d’un petit plomb 
de chasse ; 5° et enfin quand ces grains sont devenus gros comme des 
petits pois. El a été également constaté que l’action du soufrage est d’au- 
tant plus intense qu’on le pratique sous l'influence d’une haute tempéra- 
ture et que les vignes sont frappées par le soleil, ce qui produit alors lé 
gaz sulfureux provoqué par la chaleur. Tous ces soufrages ont élé pra- 
tiqués à sec au moyen du soufflet. 

A l’appui de tant d’expériences, je puis encore ajouter celles faites par 
M. Rousselet, habile jardinier du potager de M. le marquis de Pomereu, à 
Héron, dont les vignes chauffées étaient couvertes d’oëdium ; m’ayant com- 
muniqué son désastre, je lui conseillai l’usage du soufre et du soufflet, ce 
qu'il employa de suite, et qu’il réitéra trois fois. Après ces opérations ses 
vignes ont été parfaitement guéries, et sa récolte de raisins magnifiques. 
Cette année M. Rousselet n’a point aperçu l’oidium, et cependant son raisin 
est parfaitement mür (31 mars 1854). M. Rousselet pense que la rigueur 


De A 


del’hiver a pu apporter quelque perturbation dans la propagation du fléau. 


Comme je l'ai dit ci-dessus, M. le Ministre de l’agriculture et du com- 
merce, dans sa sagesse, a nommé une commission spéciale pour lui rendre 
compte de la maladie et des moyens employés pour la combattre. Voici 
le rapport qui lui a été fait par M. Renou, inspecteur général de l’agricul- 
ture. Cette pièce officielle est trop importante pour n’en donner qu’une 
simple analyse et voiei le contenu : 


RAPPORT 


DE LA COMMISSION NOMMÉE PAR M. LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE (1). 


« Monsieur le Ministre, 


» D'après votre invitation, la Commission que vous avez chargée d’étu- 
dier les procédés curatifs proposés contre la maladie de la vigne, s’est 
rendue dernièrement à Thomery. Elle avait à examiner les résultats obte- 
nus dans cette commune de l’emploi du soufre à sec, préconisé comme 
moyen préservatif, d'une application facile et peu coûteuse, et, dès lors, 
susceptible d’être adoptée dans les grands vignobles. 

» La Commission a visité d’abord les jardins ou enclos de Thomery ; 
elle s’est ensuite transportée dans les vignobles en plein champ. Les uns 
et les autres ne laissent rien à désirer : jets vigoureux, bois parfaitement 
aouûté, sarments d’une belle couleur , exempts de toute trace de maladie, 
yeux bien formés, prouvaient clairement que Thomery n’avait pas souffert 
du fléau en 1855. Cet état satisfaisant se trouvait partout, à l'exception, 
cependant, de quatre propriétés où la vigne présentait le plus triste 
aspect : ses pousses étaient grêles, son bois noirci de taches livides : la 
plupart des souches portaient encore leurs raisins desséchés, abandonnés 
sur place. Nous eùmes bientôt l'explication de cet étrange contraste. Les 
possesseurs de ces vignobles si maltraités s'étaient abstenus de tout 
moyen curatif; tous les autres cultivateurs, au contraire, avaient employé 
le soufre avec le plus grand succès; ceux-ci avaient complètement sauvé 
leur récolte, ceux-là l'avaient entièrement perdue. Ces faits concluants 
s’appuyaient sur une épreuve contradictoiré, et ne permettait plus de 
doute sur l’heureuse application du soufre à la guérison de la vigne ; mais 
dans quelles conditions, à quelles époques, dans quelles proportions le sou- 
frage avait-il été employé et quelle dépense occasionnait-il? C’est ce qu'il 
importait de rechercher; ces renseignements, M. le Ministre, la Commis- 
sion les a recueillis avec soin. 

» Le soufrage à Thomery est appliqué indistinctement à toutes les 
les vignes, quel que soit leur mode de culture, en treilles ou par souches 


(4) Extrait du Moniteur. 


MAS A 


disposées en palmettes sur des lignes rapprochées. Le soufre réduit en 
poussière bien sèche, est projecté à l’aide du soufflet Gontier, perfec- 
tionné par M. Gaffée, de Fontainebleau. Chaque soufrée se fait par allée et 
venue, afin que toutes les surfaces de la plante soient mises en contact 
avec le soufre; on y revient à trois reprises chaque année. Le premier 
soufrage a lieu dès que les bourgeons ont atteint quelques centimètres de 
développement. Le second se donne aussitôt après la floraison de la vigne; 
on soufre, enfin, une troisième fois avant la maturité, quand le raisin 
commence à tourner. La plupart des propriétaires de Thomery choisissent 
de préférence le matin et le soir pour procéder à ces opérations. 

» Au premier abord, ces deux termes extrêmes de la journée semblent 
les plus favorables : d’une part la rosée et le serein contribuent à fixer 
le soufre sur les diverses parties de la vigne; de l’autre, l’ouvrier est 
moins exposé à être contrarié dans son action par le vent, et il poursuit 
son opération avec moins de difficulté. Malgré ces avantages, il est bien 
reconnu aujourd'hui que le soufrage a une vertu curative d'autant plus 
prompte et plus efficace qu’il s'effectue par un soleil plus ardent; aussi 
l’applique-t-on de midi à deux heures ; il est alors dans toute son énergie; 
ceux-là même qui soufrent le matin et le soir ne contestent nullement 
la supériorité du soufrage à sec vers le milieu du jour ; ils trouvent seu- 
lement que le mode d'emploi expose davantage les yeux de l’ouvrier à des 
ophthalmies légères résultant souvent, en effet, de l'emploi du soufre pour 
la guérison de la vigne. 

» On n’est pas tout à fait d'accord à Thomery sur la dose de soufre 
qu'il convient de répandre par hectare. Les uns n’emploient que 60 kilo- 
grammes, les autres en mettent 70 kilogrammes pour la même étendue 
dans les trois soufrages que la vigne recoit par année. En calculant d’après 
la forte dose, ce serait une première dépense de 28 fr. Un ouvrier actif 
peut soufrer par jour de 1,000 à 1,200 mètres superficiels ; l’hectare de 
vignes pleines contenant 1,200 souches dressées chacune sur quatre cour- 
sons, exige, pour être soufré, trois journées d'hommes de dix heures cha- 
cune, à raison de 2 fr. par jour. En additionnant ces 6 fr. de main-d’œu- 
vre au prix du soufre, on voit que le soufrage d’un hectare de vigne 
revient, à Thomery, à 54 fr., et non pas à 18 fr., comme on l'avait 
avancé par erreur. 

» Depuis un an, le soufrage de la vigne est vulgairement pratiqué à 
Thomery ; les circonstances qui l’ont fait adopter méritent d’être citées. 
Ce vignoble, d’une contenance de 120 hectares , presque exclusivement 
planté en chasselas, avait été gravement atteint de la maladie en 1851. 
Pour la combattre on eut d’abord recours à l’hydrosulfate de chaux; puis 
bientôt après, au procédé Gontier qui consiste à combiner du soufre avec 
de l’eau. C'est alors qu’un des plus habiles cultivateurs de Thomery, M. Rose 
Charmeux, eut l’idée de se servir du soufre à sec pour simplifier l’opération. 

» Cette expérience lui réussit à souhait; il n’en fallut pas davantage 


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pour propager l'emploi du soufre à see, il gagna de proche en proche et 
ne tarda pas à devenir général : c’est le seul dont on fait usage à Thomery 
en 4855, c’est le seul qu’on se propose de suivre en 1854. Le soufre à sec 
a réussi; dans la Gironde, sur les vignes de M. le comte Duchatel, de 
MM. de Sèze et Piscatore : grâce à lui, les cultivateurs de Thomery ont 
complètement sauvé leurs récoltes dans la dernière campagne. Cette com- 
mune si laborieuse et si intelligente a exporté sur Paris, en 1853, près 
d’un million de kilogrammes de chasselas : toutes les grappes étaient aussi 
saines et aussi bien développées que dans les meilleures années. U 

» En résumé, M. le Ministre, la commission est unanime à reconnaitre 
les bons effets de l'emploi de la fleur de soufre à sec dans la maladie de 
la vigne; «lle croit d’après la pratique habile des cultivateurs de Tho- 
mery, qu'il y a avantage à soufrer vers le milieu du jour, elle ne rejette 
pas toutefois le soufrage du matin et du soir, qui peut en rendre l’em- 
ploi plus facile et plus général. L’insuffisance des faits ne lui permet pas 
de dire si le soufre est un moyen à la fois curatif et préservatif; de nou- 
velles expériences sont nécessaires pour résoudre ce problème. Mais elle 
n'hésite pas à recommander avec confiance , pour les jardins et la petite 
culture , l'emploi du soufre à sec. Elle espère qu'on pourra appliquer 
également ce moyen curatif aux grands vignobles; mais alors il faudra 
tenir compte des difficultés plus grandes que l’état de l'atmosphère pour- 
rait opposer à l’égale répartition du soufre; la proportion du soufre devra 
peut-être être augmentée : les considérations économiques dominent ici 
la question; les grands propriétaires seuls pourront décider s’il y a inté- 
rêt pour eux à adopter le soufrage tel qu'il se pratique à Thomery; il a 
été couronné d’un plein succès dans cette commune. 


Agréez M. le Ministre l'hommage de mes respects, 
L’Inspecteur général de l'agriculture, Président-rapporteur, 


Vicror RENDU, 


D’après ce qui précède, la maladie de la vigne est donc parfaitement 
connue, et les moyens de guérison sont indiqués dans l’état actuel des 
choses, d’une manière claire et précise. Il serait donc très-important que 
le soufrage eut lieu généralement, afin de détruire partout le contagieux 
cryptogame qui, comme on l’a vu, se propage si facilement et si promp- 
tement. Les propriétaires ou locataires de vignes doivent donc ne négli- 
ger aucun moyen pour en purger la contrée, et se débarrasser d’un fléau 
aussi contraire à l'intérêt publie qu'à leurs intérêts propres. 

M. l'Inspecteur général, comme on vient de le voir, dit dans son rap- 
port que l'insuffisance des faïts ne lui permet pas de dire si le soufre est 
un moyen à la fois curatif et préservatif; je ferai remarquer que sur mon 
indication, M. Rousselet jardinier du potager au château de Héron, avait 
soufré ses vignes en 1855, que cette année 1854, il n’a point soufré et 
que son raisin a été magnifique; il a terminé sa récolte en mai, on a pu 


— 64 — 


en juger par sa belle exposition faite à notre Société d’horticulture, les 5, 
6 et 7 mai. M. Rousselet attribue la non-apparition de l’oïdium à la ri- 
gueur de l'hiver, mais dans une bâche chauffée; cette cause me parût 
très-douteuse, car le froid n’y pénètre pas : ne serait-il pas au contraire 
plus rationel de l’attribuer au soufrage de l’année précédente? Je n’ex- 
prime là qu’un doute et qu’un désir de voir cet espoir se réaliser. 

L'excellent rapport de M. l'Inspecteur ne laisse rien à désirer, et l’on 
voit que la commission n’a rien négligé pour arriver à la découverte de 
la vérité; mais comme la présente notice a pour but spécial d’être utile aux 
départements du nord de la France, où l’on rencontre fort peu de vignes 
plantées en souches, et que les évaluations de la dépense faites par le savant 
rapporteur s'appliquent spécialement à 1 hectare de vignes en souches, 
je dois indiquer approximativement la dépense du soufrage de la vigne 
en cordons, soit en palmettes, soit palissée à la Thomery réduisant toutes 
ces diverses formes en mesures de longueur. 

La fleur de soufre, qui se trouve chez les marchands droguistes, se 
vend 50 cent. le kilogramme, en petite quantité et 40 en grande. Il en 
faut, pour un cordon de 100 mètres, 1 kilogr.; cette opération devrait 
être faite trois fois pendant la croissance du raisin, on aura donc un total 
de 5 kilogr. pour les trois soufrages ou 14 fr. 50 c. 

Un ouvrier diligent et adroit peut soufrer 100 mètres en trois heures, 
ce qui donne pour les trois soufrages neuf à dix heures, ou 2 fr. 50 c., la 
journée étant composée de dix heures effectives de travail, au prix de 
2 fr. 50 c. au plus, qui, joints au prix du soufre, forment une somme de 
4 fr. pour les 100 mètres de cordons de vignes soufrées. Cette dépense 
est donc minime pour se garantir du fléau destructeur du raisin. 

Il faut avoir le soin d’agiter le soufflet lorsqu'on s’en sert, afin de faire 
tomber le soufre dans le réservoir d’où il est lancé par le vent du soufflet. 

On doit aussi bien prendre garde que le soufre n’arrive dans les yeux 


de l’opérateur, car cela fait beaucoup souffrir. 


(Bulletin de la Société impériale et centrale d’horticulture 
du département de la Seine-Inférieure, 1854.) 


PUCERON DE LA POMME DE TERRE. 


Dès les premiers jours de la pousse des pommes de terre et pendant 
tout le printemps, les fanes de cette solanée ont été envahies en Belgique 
par un puceron que Îles agriculteurs anglais considèrent comme une cause 
de destruction de la plante. M. Smée, en 1846, l’étudia avec soin. Ce 
savant l’a nommé Apuis vasraror, Puceron destructeur. Il se jette aussi 
sur les épinards, les navets, les carottes et beaucoup d’autres plantes. 
M. Smée observa que cet insecte craint l’eau, et en effet, les pluies l’ont 
dissipé avec une très-grande rapidité. Ce fléau sera l’objet d’un examen 
plus approfondi qui paraîtra dans notre Journal d'agriculture pratique 
de Belgique. (Ch. Morren.) 


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| — 65 — 


HORTICULTURE. 


—————— 


LA SPIRÉE À GRANDES FLEURS, SPIRÆA GRANDIFLORA 
DU NORD DE LA CHINE, 


Par M. Ca. MOoRREN. 


On sait de quelle haute estime jouissent les spirées dans nos jardins 
où ces charmants arbustes payent largement de leurs fleurs élégantes et 
délicates les soins dont elles ont été l’objet. Mais la réputation d’un grand 
nombre d'espèces de ce genre, s’éclipse en ce moment devant une belle 
enfant du nord de la Chine envoyée par l’infatigable Fortune aux horti- 
culteurs de Bagshot, MM. Standish et Noble, sous le nom fautif à la vérité 
d’Amelanchier racemosa. L'erreur n’a pu se continuer parce que dés le 
mois de mai 1854, les fleurs se sont montrées et à l’instant sir William 
Hooker a reconnu que ce prétendu Amelanchier appartient au genre des 
Spirées. 

C’est un arbuste de moyenne grandeur, qui porte des branches sur 
lesquelles les rejetons pullulent et couvertes d’une écorce brune. Les 
feuilles alternes, presque membraneuses, sont lancéolées, de deux à trois 
pouces de longueur, entières, aiguës et un peu apiculées, penninervées, 
glabres. Le pétiole mesure un pouce de longueur. Les stipules, s’il y en a, 
doivent être caduques. Les grappes (épis) sont terminales, solitaires, 
droites, portant de six à neuf fleurs, grandes de 4 centimètres de diamètre 
(mesure moyenne), très-remarquables par leur beauté, blanches et légè- 
rement teintées de jaune citrin. Les pédicelles mesurent un demi-pouce 
à un pouce de longueur et portent une paire de bractéoles petites, oppo- 
sées, caduques et situées près de la base du calice. Celui-ci est turbiné, 
la partie la plus basse , ou le tube, contractée et renfermant les ovaires, 
puis s’ouvrant subitement au limbe, s’épanchant et légèrement recourbé, 
pourvu d’un disque charnu. Cinq sépales au limbe, ovales, larges, sub- 
membraneux et très-élégamment ciliés sur le bord. Étamines au nombre 
de quinze environ, insérées par groupement de trois au bord du disque, 
calicinal. Pétales larges, au nombre de cinq, presqu'arrondis, ou un peu 
obcordés et légèrement unguiculés. Cinq ovaires rapprochés, mais cepen- 
dant libres jusqu'à la base, nullement adhérents avec le tube calicinal, 
uniloculaire et renfermant deux ovales. Cinq styles, entièrement libres. 
Stigmates dilatés, réfléchis, et sillonnés en dedans, les sillons s'étendant 
assez bas le long du côté interne du style. 

Culture. À ces caractères il est facile de reconnaitre que cette espèce 
est entièrement distincte de toutes les autres spirées sauf ses cinq pétales, 
la fleur a un faux-air du Séringa des français /Philadelphus coronarius/. 
Cette spirée chinoise est franchement de pleine terre. A Kew, elle com- 

BELG. HORT. T. V. 


LS MR 


mençait de fleurir en avril; en mai elle était toute couverte d’épis qui se 
succédaient les uns aux autres jusqu’à la fin de l'été : ces fleurs ne sont 
pas en bouquet comme celles des poiriers, assertion inexacte de la Revue 
horticole de Paris. On avait espéré d'obtenir des fruits murs pour en 
recueillir les graines après cette brillante fleuraison, mais la température 
trop basse n’a pas permis aux ovaires de passer à l’état de fruit. On s’oc- 
cupe maintenant en Angleterre de déterminer par l'expérience le meil- 
leur moyen de multiplication. Les boutures reprennent difficilement de 
certains spiræas, comme le Lindleyuna avec lequel le grandiflora offre 
des rapports. Les marcottes et drageons sont alors indiqués. 


LA PRIMEVÈRE A FEUILLES DOUCES, PRIMULA MOLLIS DES 
MONTAGNES DU BOOTAN DANS LE THIBET. 


PAR LE MÈME. 


On se souvient encore de l’enthousiasme avec lequel fut recu et cou- 
ronné à la Société royale de Flore, à Bruxelles, en 1824, le Primula 
sinensis appelé aussi dans les premiers temps de sa propagation en Bel- 
gique Primula sertulosa (Kickx) nom qui n’a point survéeu et en Angle- 
terre Primula prænitens, par Ker, nom qui a succombé aussi. Du Corron 
de Moignies, Meertens de Louvain et Lankman de Gand, luttaient avee la 
même espèce de plante dans le concours des nouveautés. Du Corron 
obtint le prix. Depuis ces trente ans de propagation, la primevère de la 
Chine n’a rien perdu de sa popularité et on la cultive, on la perfectionne 
partout où l’horticulture compte des adeptes. 

Voici venir une nouvelle espèce, voisine du Primula sinensis et for- 
mant le chainon intermédiaire entre lui et le Primula cortusoides, 
quoique différent des deux par le feuillage, la corolle et surtout par le 
calice. Voici ses caractères et la planche 11 représente la plante fleurie, 
et la dissection des organes floraux, la corolle coupée et le pistil. 

PRIMULA MOLLIS. Nuttall. Mss. Hook. Bot. Mag. (1854,) tab. 4798. 
Primevère à feuilles douces. Famille des Primulacées, section des Primu- 
lastrum du genre Primula. — Plante acaule, poilue et à poils moux et 
doux; feuilles longuement pétiolées cordées, sinuées-lobées, crénulées, 
veinées par reticulation, velues, pétioles très-poilus et à poils longs très- 
visibles; hampe poilue de même, plus longue que les feuilles avec leur 
pétiole; fleurs verticillées, verticilles de 3 à 5 fleurs; pédicelles légère- 
ment plus long que les bractées ; calice lâche, assez ample, tube turbiné, 
d’un rouge intense, dents planes et vertes, corolle d’un rose vif, limbe 
oblique et divisions obovées et bifides. 

M. Booth découvrit cette charmante Primevère dans les gorges des 
montagnes du Bootan qui font suite à celles du Népaul. Il en envoya des 
graines à M. Nuttall de Rainhill près de Prescott, chez lequel les plantes 


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provenant de ce semis, montrérent leurs premières fleurs au mois 
d'avril 1854. 

La culture de la Primevère rose du Thibet, car c’est ainsi que dans le 
monde non scientifique, on appellera peut être cette nouveauté, n’a pas 
encore dit son dernier mot. M. Nuttall l’a soignée dans une serre tem- 
pérée en lui donnant toutes les conditions de prospérité exigées par les 
espèces vivaces; mais sir William Hooker pense que sa nature est propre 
à lui laisser passer les hivers de l’Angleterre en pleine terre. Il propose 
done d’adopter en sa faveur la culture du Primula cortusoïdes originaire 
de la Sibérie. La terre doit être légère, l'exposition protégée par la demi- 
ombre, et le soleil ne peut darder ses rayons directement sur les touffes. 
La multiplication se fait par éclats de pieds, mais si les graines viennent 
à maturité, elles deviendront le principal moyen de la propagation de 
cette primulacée. 

Rien n'’excite plus l’attention des horticulteurs belges en ce moment 
que la production des hybrides, bien que ce phénomène n'ait jamais été 
ni clairement prouvé, ni démontré dans toutes ses phases : on s’est con- 
tenté de conclure à l'existence des hybrides par des similitudes existant 
après la fécondation sur des êtres tout faits, mais on n’a jamais vu se 
former l’hybride vraie dans l’ovule et là réside le nœud gordien de la 
question. Les Primevères de la Chine, celle à feuilles de cortuse et enfin 
l'espèce de Bootan, offrent tant d’analogies entre elles, qu’il serait intéres- 
sant pour les partisans de la théorie du révérend William Herbert de 
mettre en rapport ces trois espèces en vue d’en obtenir des hybrides. 


NOTICE SUR LA CULTURE DE L’OEILLET REMONTANT, 


Par M. EUGÈNE VERDIER, FILS AÎNÉ, 
Horticulteur à Paris. 


L'œillet remontant a été l’objet de bien des dissertations : plusieurs 
notes ont déjà été publiées à son intention, mais aucune jusqu'alors, n’a 
parlé sérieusement de sa culture. Et cependant quelle plante aujourd’hui 
mérite plus que lui d’être cultivé; quelle est celle qui, comme l’œillet 
remontant, procure l'immense avantage de donner l'hiver, sans le secours 
de la culture forcée, des fleurs qui composent les plus gracieux bouquets, 
non-seulement par leurs riches coloris actuellement si variés, mais 
encore par les suaves parfums qu’elles répandent ? Nous chercherons 
donc, dans cette notice, à initier l'amateur autant qu’il nous sera possible 
dans la culture de cette plante charmante, et, sans vouloir entrer dans 
de longs détails sur l’histoire déjà tant de fois reproduite de l’œillet en 
général, nous dirons seulement quelques mots de l’introduction de celui 
qui nous occupe. 


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L'œillet remontant parait provenir du midi, d’où il aurait été introduit 
à Lyon vers 1820, sous le nom de Hahon blanc ou de Rose de Gènes. Ces 
deux variétés eultivées avec soin donnèrent des graines; mais ce n’est 
guère que de 1840 à 1842 que plusieurs jardiniers de Lyon s’occupèrent 
particulièrement de sa culture. L’un d'eux, celui de M. Lacène, s’y livra 
avec ardeur. Il obtint en quelques années un beau succès, car c’est à lui 
qu’on doit les variétés Atim, Belle Zora, M®° Lacène etc. Ces variétés 
encore cultivées aujourd'hui, produisirent ensuite le plus grand nombre 
de celles que nous cultivons. C'est en 1846 seulement que ces premiers 
œillets remontant furent annoncés au commerce, par M. Etienne Armand, 
d’'Ecully; mais cette annonce fut.assez mal accueillie : on croyait à une 
supercherie, personne n'en fit l'acquisition. 

Cependant un horticulteur de Paris les recut avec quelques autres 
plantes qu'il faisait venir de cet établissement; mais n’y ayant aucune 
confiance, il les abandonna dans un coin de son jardin, où ils restèrent 
pendant deux ans sans être l’objet d'aucune attention. Néanmoins ils 
finirent par être quelque peu remarqués et furent multipliés mais sans 
qu'on y attacha la moindre importance. Je crois pouvoir dire que ce n’est 
guère qu'en 1848 ou 1849, lorsque ces plantes fleurirent chez M. Armand 
alors jardinier de M. de Bugny, et grand amateur lui-même du beau et 
du nouveau, que les œillets remontants furent admirés et de là répandus 
et cultivés, ce jardinier se faisant un véritable plaisir de mettre à la 
disposition des jeunes horticulteurs ce qui pouvait leur être utile ou 
agréable. 

Il paraît pourtant probable qu'avant cette époque, deux autres horti- 
culteurs s’occupaient aussi de la propagation de l’œillet remontant : l’un 
M. Bourgard, de Paris, et l’autre M. Clary, de Marseille. Ce dernier s’est 
même acquis, en ce genre, une réputation justement méritée ; car il est 
parvenu à force de soins et de persévérance à nous donner une race 
d'œillets remontants vigoureux, qui s'élèvent, malgré cela beaucoup 
moins que les variétés lyonnaises, Pour obtenir cette nouvelle race, 
M. Clary nous a dit avoir fait choix des plus beaux œillets flamands à 
pétales bien ronds, de toute perfection et de nuances bien distinctes; il 
fit un massif d’une quantité assez considérable d’œillets remontants et 
d’autres dits de fantaisie à grandes fleurs, et mit ses flamands au centre. 

L'œillet remontant n’est pas une hyperbole, comme beaucoup de per- 
sonnes se le figurent encore; il n’y a rien là d’exagération, c’est la réalité. 
On commence à le cultiver, à l’estimer, et nous avons la certitude que, 
sous peu, il sera très-recherché. 


Multiplication. 


L’œillet remontant se multiplie par boutures et par marcottes, mais 
ici le bouturage est préférable; il est beaucoup plus simple, plus facile 
et par conséquent moins dispendieux. 


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… Il faut prendre à cet effet, des pousses encore herbacées de la longueur 
. de cinq à dix centimètres environ. Elles seront coupées au-dessous et 
près d’un nœud, fendues longitudinalement; les feuilles doivent être 
conservées entières et non coupées plus ou moins comme on le fait pour 
d’autres plantes. Les boutures étant ainsi préparées, on les plante dans 
de la terre de bruyère à une profondeur d’environ un centimètre, et 
séparément, dans des petits godets de trois centimètres, ce qui est à pré- 
férer. On les place ensuite sous cloche et sur couche, dans une serre ou 
dans une bâche à chaleur tempérée et de manière à ce qu’elles ne se 
trouvent pas trop près les unes des autres. La terre doit être tenue dans un 
état constant de fraicheur, mais sans humidité, et il faut avoir bien soin 
d’essuyer les cloches tous les jours, si c’est possible, afin d'éviter la fonte 
ou la pourriture des boutures. 

Le bouturage peut se faire de septembre en octobre jusqu’en mars ou 
avril, mais nous ferons observer, toutefois que l’époque la plus favorable 
et que nous conseillons est l’automne. En faisant des boutures à cette 
saison, on obtient des plantes beaucoup plus fortes que celles qui pro- 
viennent des boutures faites au printemps. 

Lors de la reprise de ces boutures, c’est-à-dire aussitôt qu’elles sont 
enracinées, on remporte dans des godets d'environ six à sept centimètres 
et dont le fond est garni de quelques petits tessons de pots, pour faciliter 
l’écoulement de l’eau. 

La terre de bruyère n’est pas assez riche en humus pour être employée 
seule dans la culture de l’œillet remontant, il convient de faire un com- 
post ou mélange dans lequel il entre : 

Gadoue bien consommée, ayant été entassée pendant dix-huit mois à 
deux ans, deux parties. 

Terre de bruyère bien sableuse, une partie. 

Terre franche une partie. 

À mesure que ces jeunes œillets sont remportés on les place sous 
châssis froids pour y passer l'hiver, en les enterrant à demi-pots et le 
plus près possible du verre. Pour faciliter la reprise, on les laisse une 
quinzaine de jours sans leur donner d’air, en ayant soin de les ombrager 
s'il y avait du soleil ; puis on soulève peu à peu les panneaux vitrés pour 
aérer petit-à-petit et lorsque les plants paraissent bien habitués à l'air, 
on leur en donne autant qu'on peut, en élevant les panneaux par les 
quatre coins; on ne les abaisse ensuite que pendantes plus grands froids. 


Culture en pots. 


En février ou mars, si le temps est doux, on retire les panneaux com- 
plètement, on ne doit les remettre que dans le cas de gelée, de pluie ou 
de neige. Dans ces deux derniers cas surtout, il ne faut pas oublier de les 
replacer, car rien n’est plus préjudiciable à la santé de ces plantes que 
Phumidité. 


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Lorsque la végétation commence au printemps, il faut alors faire subir 
à ces œillets un pincement. Pour les fortifier ou les faire ramifier, on 
aura soin à ce moment de ne pas les laisser s’allonger; le pincement 
devient ici l'opération la plus importante et la plus nécessaire pour la 
formation de ces plantes; sans ce pincement elles deviennent très- 
élevées sur deux ou trois branches seulement et prennent aussitôt 
quelques boutons seulement qui fleurissent en juin ou juillet. Ces bou- 
tons sont ensuite remplacés par d’autres, il est vrai, mais les plantes 
sont toujours étiolées et mal faites. Par le pincement, qui doit se faire 
avec soin jusqu’au 15 juillet environ, on ne voit les fleurs, il faut le dire 
aussi, qu’en septembre, mais alors on a de bons et forts sujets, qui fleu- 
rissent pendant tout l’hiver et le printemps suivant. 

Vers la fin de mars, commencement d'avril, les œillets sont en pleine 
végétation, on leur donne un deuxième rempotage, c’est-à-dire qu’on les 
met dans des pots de neuf à onze centimètres, sauf toutefois les plus 
faibles, pour lesquels on attendrait encore quelques jours pour les sou- 
mettre à ce même régime. À ce second rempotage, on supprime la terre 
de bruyère ou compost. Le mélange ne contient plus que : 

Gadoue deux tiers. 

Terre franche un tiers. 

On doit toujours garnir le fond des vases avec des tessons de pots cassés 
ou autres après ce rempotage, on replace les plantes dans des coffres, 
mais cette fois sans les enterrer, et pendant quelque temps on remet au- 
dessus et toujours avec grand air, les chässis que précédemment on avait 
retirés. Dans le courant de mai, on pose les petits tuteurs et on attache 
avec soin toutes les tiges et ramifications, puis on dispose ces œillets en 
planches en enterrant le pot à-demi, ils restent ainsi jusque vers la fin de 
juin ou commencement de juillet. A cette époque on les rempote de nou- 
veau, en les transvasant dans des pots de quinze à dix-huit centimètres 
et le mélange de terre, employé pour remplir les pots se compose de 
terreau de gadoue et de terre franche en parties égales c’est-à-dire moitié 
de l’un, moitié de l’autre. On replace les œillets ainsi rempotés en plan- 
ches, les enterrant jusqu’au-dessous des bords des pots, et, pour conserver 
un peu d'humidité au sol, on répand sur la planche un paillis soit de 
feuilles soit de fumier court, 

Les œillets remontants demandent, comme les autres, à être tenus 
constamment dans un bon état de propreté. Il faut donc les débarrasser 
des feuilles jaunes ou malades, que l’on doit couper avec des ciseaux pour 
éviter les chancres, qui pourraient survenir si on les déchirait. On laisse 
ces œillets ainsi placés, à l’air libre, jusqu’en octobre. Comme alors le 
temps commence à devenir froid et humide, on les rentre dans une serre 
froide, une orangerie, une bâche ou tout autre endroit bien éclairé et ou 
l’on puisse leur donner grand air, mais, avant de les rentrer il faut les 
nettoyer et les attacher avec soin. On gratte aussi la surface de la terre 


D, “Te 


- 


avec une spatule en bois faite à cet effet, et, après avoir enlevé la terre 
du grattage, on la remplace par de la neuve. Si, parmi les variétés les 
plus vigoureuses, quelques-unes demandaient à être changées de pots, 
pour être mises dans de plus grands, il faudrait y pourvoir en ce moment. 
Après cette opération, on place ces plantes le plus près possible de la 
lumière et à une distance d'environ 25 cent. sur tous sens, les unes des 
autres; cependant il n’y a rien de déterminé pour l'espacement, la dis- 
tance à observer dépend plutôt de la force des plantes; plus elles sont 
fortes, plus elles ont besoin d’être espacées. On ne doit jamais oublier que 
ces plantes, étant garnies de branches herbacées et de feuilles, ont 
essentiellement besoin d’air et de lumière, et qu’en les serrant trop près 
les unes des autres, la plus grande partie des feuilles jaunirait, pren- 
drait la moisissure qui ne tarderait pas à gagner les boutons et à causer 
leur chute. 

Quant aux sujets non garnis de boutons, il faut se garder, de les ren- 
trer à celte époque; placés ainsi dans une serre, ils s'étiolent considéra- 
blement et ne donnent souvent que des boutons vides. On se trouve 
générablement bien de les laisser encore à l'air libre, en les plaçant le 
long d’un mur exposé au levant ou au midi, sans enterrer les pots et en 
évitant l'humidité. Une bâche est préférable dans cette circonstance, en 
ce qu'on peut, en cas de pluie, mettre des chässis dessus et les retirer 
aussitôt la pluie passée. Placés dans cette condition ces œillets forment 
parfaitement leurs boutons, et, en les rentrant en novembre, on obtient 
une floraison qui vient succéder à la première des œillets rentrés au mois 
d'octobre. Au printemps suivant, si au moment de la sortie on a des 
plantes qui soient encore en fleurs et pas trop épuisées, on les place de 
suite en pleine terre dans le jardin où elles continuent de fleurir jusque 
la fin de l'été. Quant à celles qui sont épuisées par la fleur, on peut les 
rabattre et les mettre en pleine terre, elles fleuriront en abondance pour 
le mois de juillet et août prochain. 


Culture en pleine terre. 


Les plantes destinées à la culture en pleine terre sont traitées comme 
nous venons de le dire, jusqu'en mai. À celte époque on prépare le ter- 
rain ou elles doivent être placées, on les repote et on les plante à environ 
2 cent : au-dessus de la surface de la motte. Aussitôt la plantation ter- 
minée, on place les tuteurs avec précaution, si on ne l’a déjà fait, car une 
seule journée de pluie ou de vent suffirait pour détruire, en les brisant, 
une partie des plantes. Il ne faut pas oublier non plus que, comme pour 
les individus cultivés en pots, le pincement est essentiel pour avoir de 
belles et fortes plantes. L'arrosement se fait de temps en temps lorsque 
la terre commence à se sécher, il faut le faire avec modération. 

De septembre en octobre, on fait la levée de terre pour mettre les 
œillets dans des pots de 15 à 18 cent. : suivant leurs forces. On les place 


’ — 72 — 
dans une serre ou dans une bâche, où on les laisse quelques jours sans air, 
en les ombrant dans le cas où il y aurait du soleil. Au bout de ces quel- 
ques jours, lorsqu'ils sont suffisamment repris, on leur donne de l'air et 
on les traite de la manière indiquée pour les sujets cultivés en pots. 

On peut aussi cultiver les œillets remontants tout à fait en pleine terre. 
En les y plaçant en mai. ils fleurissent à cause du pincement, en août et 
septembre, jusqu'à ce que d’assez fortes gelées viennent arrêter toute 
végétation. On en coupe alors les tiges florales et on laisse les pieds 
passer ainsi l'hiver à l'air libre. Au printemps suivant on a des plantes 
qui donnent une quantité innombrable de branches et de boutons, qui 
s'épanouissent successivement, de manière que de juin au mois d'octobre 
ou novembre, on a des fleurs en profusion, du plus charmant effet, et 
qui, en même temps, embaument Fair de leurs délicieux parfums. Les 
plantes cultivées ainsi ne demandent d’autre soin que celui d’être sérieu- 
sement attachées. (Horticulteur francais, 1854.) 


SUR LA CULTURE DES BÉGONIAS, PAR LA MÉTHODE ANGLAISE. 
ExPoSÉE PAR M. CH. MORREN. 


Le nombre des amateurs de Bégonias croit de plus en plus sur le conti- 
nent et en Angleterre. En Belgique, il ne se fait plus une exposition sans 
qu'on n'y admire des collections de ces plantes dédiées à Michel Begon, 
intendant, sous Louis XIV, des îles françaises en Amérique et grand 
promoteur de la botanique. Nous croyons donc faire plaisir à nos lecteurs 
en leur donnant la traduction en abrégé d'un article publié dans le 
Nobleman *s Flower-Gardener, concernant la culture des Bégonias. 

L'auteur anonyme déclare d’abord qu'il obtient les plus grands succès 
par sa méthode. Son but est la production des fleurs à profusion sans 
exubérance de feuilles lesquelles sont trop grandes et trop nombreuses 
dans les cultures ordinaires. Le point principal consiste à employer un 
compost, formé de terre franche tourbeuse, de terre de bruyère à sable 
siliceux et grossier et de fumier d’étable, en parties égales. Le fumier 
d’étable doit être dans un état bien sec et bien décomposé, à base de terre 
de prairies pulvérisée comme de la poussière. Ce sol repose sur un fond 
bien drainé au moyen de tessons et se mélange d’une large quantilé de 
morceaux de charbon de bois. 

Les Bégonias bouturés et plantés dans ce compost dont l’expérience a 
prouvé la haute utilité, exigent aussi d’être séringués et arrosés « par 
dessus la tête » selon l’expression anglaise : « attention to watering and 
syringing over head » et cette opération se répète le matin et le soir, 
dans la période de croissance. Les fleurs se développent alors à la satis- 
faction générale des amateurs. Après la floraison, la quantité d’eau 
diminue peu à peu, jusqu'à ce que le sol ne soit plus que moite. 


L’amateur anglais préférait en juillet 4854 avoir en « fines fleurs » le 
Begonia prestoniensis dans l'orangerie couvert d’une profusion de fleurs 
brillantes d’un rouge écarlate. On le place aussi à côté de soi sur la 
tablette des fenêtres de salon ou le guéridon d’un boudoir. Le Begonia 
martiana est aussi un des préférés à cette époque par ses grandes fleurs 
d’un rose violet; il se contente aussi de l’orangerie. Le Begonia miniata 
dent le port rappelle celui du B. fuchsioides fleurit beaucoup plus abon- 
damment. Les fleurs se disposent en larges corymbes pleureurs d’un 
orange brillant et écarlate : cette espèce est à la fois d’orangerie et de 
serre. Le Begonia Thwaïitesii n’ouvre jamais ses fleurs tout à fait; ses 
feuilles sont très-grandes, cordiformes et leur surface supérieure est 
très-belle, marquée d’un reflet argenté métallique, dans le genre de 
celui du Cissus discolor, tandis que la surface inférieure est d’un pourpre 
ou d’un carmin foncé. Le Begonia xanthina est une plante vigoureuse, 
d’un noble feuillage, vert foncé, et au-dessous d’un rouge de rubis. Les 
fleurs sont grandes, fines, distinguées et d’un jaune brillant. Le Begonia 
cinnabarina forme aussi des pieds forts, les feuilles sont d’un vert gai, 
les panicules largement fleuries d’un orange très-vif et d’une forme élé- 
gante. Ces trois dernières espèces habitent de préférence la serre chaude 
et méritent de se propager beaucoup, ainsi que les autres dont nous ve- 
nons de donner une courte indication. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES : 


Calycanthus occidentalis. Hook et Arn. Bot. of Beech. Voy. 
p: 540, t. 84. — Torrey et Gray. N. Am. Fi. v. 41. p. 476. — Walp. 
Repert. Bot. v. 2. p. 60. — Bot. Magaz. 1854, tab. 4808. Calyeanthe 
ou Pompadoura de loccident. Famille des Calycanthées. Feuilles cordées- 
ovales, courtes, acuminées, glabres, brillantes, au-dessus scabriuscules, 
de la même couleur verte au-dessous qu’au-dessus, pédoncules allongés, 
terminaux, solitaires ou ternés, rarement latéraux, et portant des brac- 
tées au-dessous des fleurs, sépales linéaires-spathulées, obtus. Cette ma- 
gnifique espèce d'arbre aux anémones (nom vulgaire des calycanthes en 
français) n’a pas encore obtenu la justice qu’elle mérite dans les jardins 
par la beauté de son feuillage, la grandeur et la couleur de ses fleurs. 
Elle est cependant introduite depuis 1851 dans les jardins de la Société 
d’horticulture de Londres, qui l’a reçue de David Douglas. Sa patrie est la 
Californie. La fleur est d’un rouge lie de vin mais moins foncé et plus 
pourpre que celle du Calycanthus floridus. Le diamètre de la fieur est 
dans l’ouvrage de Sir William Hooker, de huit centimètres et demi. 
Comme elle n’a pas de pétales, les sépales les remplacent; les internes 
ont leur pointe et la partie supérieure de leurs bords jaunes; les étamines 
placées sur quatre rangs se réunissent et se pressent au centre de la fleur 
et font un heureux constraste avec le pourpre du calice. Tout le végétal 


NE 7 


a l'aspect d’une espèce orientale (et on l'appelle occidentale!), s'élève à 
sept ou huit pieds de hauteur et fleurit en septembre; les fleurs sont 
abondantes et belles de forme. Le bois est aussi odorant que celui du 
Calycanthus floridus de la Caroline appelé toute épice dans son pays. 
Cependant ces deux espèces possèdent des ports trés-différents. 

Culture. En Angleterre, on considère le Calycanthe occidental eomme 
parfaitement vivace, mais quand il se trouve cultivé près d’un mur pro- 
tecteur contre le froid et les vents, il y mürit bien mieux son bois et pro- 
duit beaucoup plus de fleurs. 

Ceanothus Lobbianus. Hook. Bot. Magaz. ann. 1854, tab. 4810. 
Céanothe de Lobb. Famille des Rhamnées. Rameaux ouverts isolés, 
arrondis, feuilles elliptiques-oblongues, à trois côtes, roïdes, poilues, 
poils très-courts et roides, bords recourbés, glanduleux-dentés, dents 
fortes; stipules larges-subulées, de la longueur du pétiole, pédoncules 
subterminaux nus ou unifoliés, grappes (racèmes) capitées presque arron- 
dies ou ovées ; fleurs denses. M. Guillaume Lobb, a découvert cette espèce 
de céanothe en Californie, et l’a communiqué à MM. Veitch, d’Exeter et 
Chelsea. Elle appartient au groupe des trinerves et s'éloigne beaucoup 
du Ceanothus floribundus. Elle ressemble davantage au Ceanothus thyr- 
siflorus. Eschs. mais les branches sont roides, droites et angulaires, les 
feuilles beaucoup plus larges et les fleurs sont d’un blanc plus pâle sur 
les échantillons séchés pour herbier, comme sur le Ceanothus divaricatus 
de Nuttall, ainsi que d’autres espèces séchées par Zeffray, par les officiers 
de l'expédition du capitaine Fremont en Californie et par M. Lobb lui- 
même. Toutes se ressemblent par les bords des feuilles qui sont planes 
et frangés de petites dents glandulaires, tandis que sur le céanothe de 
Lobb par les bords réfléchis (aussi bien sur les pieds sauvages que sur 
les pieds cultivés) et par les dents glandulaires très-remarquables. Sous 
d’autres points de vue, elles ont beaucoup d’analogies entre elles. 

Culture. Elle ne diffère pas de celle des ceanothus de terre tempérée. 
On les cultive dans la terre de bruyère bien drainée et on leur accorde 
seulement la lumière d’un mi-soleil. Multiplication par graines ou par 
marcottes, mais les pieds levés de graines dans l’année doivent passer le 
premier hiver dans l’orangerie. On ne sait pas si le Ceanothus Lobbianus 
sera assez robuste en pleine terre pour braver les hivers de nos climats. 
Il fleurit en juin et en juillet et ses fleurs d’un beaubleu de ciel sont 
extrêmement jolies et forment des pompons de poupées. 


Eschscholtzia tenuifolia. Benth. — Trans. Hort. Soc. 2° sér. 
v. À. p. 408. — Walp. repert. Bot. v. 1. p. 116. — Hook., Bot. mag., 
1854, tab. 4812. Eschscholtzie à feuilles tenues. Synonyme : Chryseis 
tenuifolia. Lindl. M. S. Torr et Gr. N. Am. FI. v. 1. p. 65. Famille des 
Papavéracées. Feuilles en buisson, segments linéaires subulés, pédon- 
cules allongés, droits, torus tubuleux-campanulé, limbe nul, calice court 


REA er à: SO 


et mucroné d’une pointe subobtuse. Les botanistes sont divisés sur la 
question de savoir s’il faut oui ou non conserver des noms comme celui 
de cette espèce. Le docteur Lindley propose de le changer en Chrysers, 
d'autant que le professeur de Londres cite des preuves que le nom pri- 
mitif £schscholtzia choisi par Chamisso est le même que celui d’Elsholt- 
zia de Willdenow et donné à une labiée. De plus, l'Elsholtz, le père du 
nom et aussi le nom du père, mis en scène par Willdenow a enfanté 
lEschscholtz de Chamisso, le nom du fils. Sir William Hooker, ne sait 
pas pourtant sur quelle base se fonde cette assertion. On souhaiterait 
qu’elle eut gain de cause pour légitimer ce changement. Mais, le docteur 
Asa Gray qui a adopté cette manière de voir comme son ami, le docteur 
Torrey, dans leur Flore de l'Amérique du nord (vol. 1. p. 65) ajoute dans 
le supplément de ce même volume (p. 664). « Nous sommes avertis par 
plusieurs botanistes allemands, très-distingués que le nom d’ÆElsholtz à 
qui Willdenow dédia son genre d’Elsholtzia et celui d’Eschscholtz, nom 
du compagnon de Chamisso n'étaient pas ceux d’un père et d’un fils et 
encore moins de la même famille. Si le cas est ainsi, ajoute Asa Gray, il 
nait cette question si la similitude entre ces deux dénominations géné- 
riques, est tellement grande qu’elle doit amener de la confusion, le chan- 
gement proposé par M. Lindley devrait être adopté. » Enfin Sir William 
Hooker, intendant général de Kew, jardin royal d'Angleterre, ne concoit 
pas qu'avec une histoire pareille, un botaniste puisse confondre l’Els- 
holtzia , labiée baptisée ainsi par Willdenow, avec la papavéracée 
Eschscholtzia de Chamisso. 

Si ce doute existe réellement, dit Sir William, dans la détermination 
du nom générique, il y a encore des difficultés bien plus grandes dans la 
distinction des espèces. Ainsi, l’Eschscholtzia en question, tenuifolia de 
Bentham, recue sous ce nom de MM. Veitch, horticulteurs à Excter et 
à Chelsea, serait bien le nom légitime de cette espèce, parce que les indi- 
vidus vivants s'accordent bien avec des exemplaires authentiques con- 
servés dans l’herbier de Kew. Mais, à côté de ce fait, il y a cette autre 
circonstance, que l'identité entre l'Eschscholtzia tenuifolia et les Esch- 
scholtzia cæspitosa et hypecoïdes pourrait être moins légitime. A la 
vérité, le savant auteur de toutes ces spécifications, M. Bentham, dit à 
propos de LE. tenuifolia. « Port et fleurs de l'E. cæspitosa, mais facile- 
ment reconnaissable par ses feuilles finement découpées et par la forme 
de son calice. » Il dit ensuite du Æ. hypecoïdes. « Port de l'E. Califor- 
nica, mais les feuilles sont beaucoup plus petites et les fleurs n’ont qu’un 
tiers de la grandeur de l’espèce californienne. » Une suite très-considé- 
rable d'exemplaires, dans l’herbier de Kew, prouve que ces espèces sont 
susceptibles de revêtir tant de variations dans la grandeur des fleurs, dans 
la plus ou moins gracilité des segments des feuilles et spécialement dans 
la forme de la coupe calycinale, qu’il devient très-diflicile de baser des 
caractères différenticls sur ces passages. De sorte que je puis dire des 


LONG LE 


E. cœspitosa et hypecoïdes les mêmes faits que relatait M. Lindley du 
Chryseis compacta (Bot. register. Tab. 1948) mis en rapport avec le 
Chryseis californica Lindi. (non Chamisso. Ch. Douglasü. Hook) et du 
Ch. crocea Lindl. (californica vera Cham) c’est-à-dire, que s’ils sont 
différents — et ils le sont, en effet; — ou si ce sont seulement de simples 
variétés d’une seule espèce, elle doit être réduite en cette seule espèce 
C. Californica. » (1) 

Même, quand on veut distinguer les espèces d’£Eschscholtzia à grandes 
fleurs, les différences entre elles ne sont pas grandes et quelques mots 
valent mieux que les longues phrases trop travaillées. — L’E. tenuifolia 
possède un port dense, compacte, et dressé; il y a un grand nombre de 
branches à la base. Les feuilles sont ramassées, touffues, la plupart 
subradicales longues de deux tiers de la tige et les segments linéaires. — 
subulées. Les fleurs petites, uniformes et jaunes; la coupe calycinale 
toujours cylindrique, à peine dilatée sur les bords. 

Myréus bullata. Banks et Solander. Ic. et MS. — AL Cunn. 
Prodr. Fl. Nov. Zel. inann. of Nat. Hist. v. 5. p. 115. — Hook. Ic. 
Plant. p. 557. — Hook fil. Bot of antarct. Voy. Pars. 11. FI. Nov. Zel. 
p- 70. — Gray. Bot. U. S. Expl. Exped. v. 1. p. 545. — Hook. Bot. 
mag., 1854, tab. 4809. —— Myrte à feuilles bullées. Famille des myrta- 
cées. Arbuscule à rameaux, pédoncules pétioles et côte des feuilles 
pubescents, feuilles à pétioles courts, largement elliptiques ou orbicu- 
laires-ovales, bullées, discolores au-dessous, pédoncules plus courts que 
les feuilles, ou presqu’aussi longs, à une ou deux fleurs, celles-ci tétra- 
méres (à quatre lobes au calice et quatre pétales à la corolle) ; baie (mure) 
verruqueuse, biloculaire, oligosperme. Comme la plupart des espèces 
d'arbres et d’arbustes de la Nouvelle-Zélande à feuilles persistantes, ce 
myrte à feuilles bullées se caractérise par une très-singulière couleur 
brune et très-vive dans son feuillage et puis par les feuilles relevées et 
bombées comme des moitié d’ampoule, signe d’où Banks et Solander ont 
tiré son nom spécifique. On dirait d’une plante rôtie par le feu. Les fleurs 
sont nombreuses, plus grandes que celles de notre myrte ordinaire, 
auxquelles elles ressemblent, sauf que les pétales ont un reflet de rose. 
Quand on froisse la feuille, elle répand une odeur forte et aromatique. 
Ce myrte est très-commun dans les iles du nord de la Nouvelle-Zélande 
où son nom vulgaire est Rama-Rama d’après Allan-Cunningham. 


(1) La variabilité de ces espèces est si grande qu’elles deviennent des monstruosités très- 
originales. Je publierai bientôt dans le Bulletin de l’Académie royale des sciences de Belgique, 
un travail sur la réduction en quatre feuilles laciniées non-seulement de la coupe calycinale, 
mais aussi du cône distractile calycinale de ces plantes. Ces feuilles calycinales offrent des 
soudures et des séparations d’un haut intérét pour l'étude des variations. J'ai expérimenté 
sur le semis des graines de ces monstruosilés et souvent elles sont transmissibles dans plu- 
sieurs générations successives. CH. Morren. 


; — 717 — 


LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. 


LES DONS DE L'AUTOMNE. 


EXTRAIT DES SCÈNES DU MONDE ANIMÉ, 


Par M. H. Lecoo, 
Professeur d'histoire naturelle de la ville de Clermont-Ferrand. 


La plus heureuse des saisons s’avance; la terre, éveillée par le prin- 
temps, animée par l’été, nous montre maintenant les dons de l’automne 
et répand l’abondance devant les glaces de l'hiver. 

Quelquefois le soleil conserve encore les feux brülants de l'été, ou 
bien sa lumière tempérée par les voiles nuageux de l'atmosphère, appa- 
raît sur la terre avec ce calme enchanteur qui annonce les douceurs du 
repos après l’agitation et les travaux de la nature. 

L'atmosphère se repose ; une soie blanche, plus légère que l'air, se 
balance avec lenteur, s’approche, s'éloigne et se perd dans les hautes 
régions, sans que nous soyons sensibles au souffle qui l’entraine et la 
dirige. C’étaient autrefois des parcelles de fil neigeux qui se détachaient du 
fuseau de la Vierge et qu'elle daignait laisser descendre sur nous. Au- 
jourd’hui c’est le travail caché d’une araignée imperceptible qui, molle- 
ment fixée à sa blanche nacelle, parcourt le monde au gré du vent qui 
règne et la conduit au port. 

A cette époque de l’année, la terre abandonne ses biens à l’homme et 
aux animaux. Elle se dépouille pour fournir à leurs besoins et laisse le 
sol dénudé exposé aux rigueurs des frimas. L'automne avance ou recule 
selon les climats; elle commence réellement le jour où les moissons 
müries tombent sous la faucille du laboureur, le jour où la verdure des 
champs a perdu son éclat et touche à son déclin. 

Mais si déjà la campagne a perdu une partie de ses trésors, elle con- 
serve encore au commencement de l’automne de splendides parterres et 
des fleurs nouvelles que la nature tenait en réserve pour orner ses der- 
niers tableaux. 

Les prairies, d’un vert pur, ressemblent à d’immenses tapis de velours 
sur lesquels on voit successivement apparaître de nouveau décors. Les 
centaurées y étalent leurs couronnes purpurines, la scabieuse succise 
offres ses capitules azurées au papillon vulcain que distinguent les taches 
de feu placées sur le fond noir de ses ailes. Les trèfles, aux corolles roses 
et blanches, fleurissent de nouveau et attirent les argynes nacrées dont la 
violette a nourri les chenilles; elles étalent leurs miroirs d’argent et vol- 
tigent de fleur en fleur pour en savourer l’ambroisie. 


LR - es 


L'eupatoire borde les ruisseaux de ses tiges élancées et de ses corymbes 
légers et lilacés, l'aulnée montre ses grandes fleurs jaunes, et enfonce ses 
racines odorantes dans le sol profond où la bardane et la patience puisent 
la nourriture de leur ample feuillage. 

Les chemins sont bordés des fleurs bleues symétriques de la chicorée 
sauvage qui ne s'ouvrent qu'au soleil du matin, des armoises cotonneuses, 
des bouquets dorés de la brillante tanaisie et des gazons découpés de la 
mille feuilles. La verveine, dont le prestige a depuis longtemps disparu, 
y passe inapercue, éclipsée par les fleurs apparentes de la linaire com- 
mune, par les épis des Verbascum et par cette longue série de carduacées 
qui attendent les premiers jours de l'automne pour atteindre leur plus 
beau développement. 

Les plantes se hâtent de traverser les dernières phases de leur exis- 
tence. Les forêts sont remplies de nombreuses épervières dont les fleurs 
en épis ou en ombelles offrent les nuances les plus pures du jaune et de 
l'orangé. Des œillets sauvages y mélangent leurs fleurs, d’un coloris si 
pur, aux parasols rosés des ombellifères. Des verges d’or croissent près 
des grands senecons, et les jeunes taillis sont remplis de Galeopsis aux 
graines oléagineuses et de touffes ondoyantes d’Aira fleruosa aux trem- 
blantes panicules. 

Les pelouses des montagnes ont aussi leurs jardins. Au milieu des tapis 
de graminées on voit paraitre les élégantes corolles blanches de la par- 
nassie des marais; les Sphagnum, déjà rougis par les premiers froids se 
distinguent à peine des rosettes ponctuées du Drosera rotundifolia dont 
les fleurs blanches et régulières sont encore épanouies. L’euphraise off- 
cinale, abondante partout, déploie tout le luxe de ses charmantes corolles 
multipliant à l'infini les stries noires et les macules jaunes et violettes 
dont ses fleurs sont ornées. Une petite gentiane, Gentiana campestris, se 
transforme en buissons de fleurs violettes ; une autre, Gentiana Pneumo- 
nanthe, entr'ouvre à peine une profonde corolle d'un bleu pur, annonce 
élégante des mauvais jours qui s’approchent. 

De vastes terrains se teignent d’un lilas violet par les mille corolles de 
la bruyère. Ces plantes se réunissent pour couvrir d'immenses étendues; 
elles nous offrent dans leurs innombrables individus toutes les nuances du 
rose, du blanc, du lilas et du violet. Les campagnes, pendant leur flo- 
raison, ont un aspect tout différent, et plus tard, si la lune vient éclairer 
ces pelouses fleuries, nous les voyons habitées par cette belle tribu des 
noctuelles, papillons des nuits, dont les ailes sont ornées des dessins les 
plus riches et les plus variés. Leurs yeux étincelants ressemblent à des 
topazes, leurs trompes allongées puisent le nectar jusqu’au fond du calice, 
et parfois le matin les surprend encore endormies sur les tissus satinés 
qui ont servi de couche à leurs amours. 

Combien de plantes, souvent insignifiantes par elles-mêmes, mais 
compagnes de notre enfance, ont le pouvoir de réveiller en nous de 


PRET! : VON 


douces sensations ou d'amers souvenirs? La bruyère fleurie nous repor- 
tera toujours à ces belles journées d’automne où la liberté nous était ren- 
due pour quelques instants; les prairies semées de pâquerettes et de 
primevères, les bosquets tapissés de pervenches aux corolles azurées 
nous rappelleront encore l’arrivée du printemps, les joies de la jeunesse 
et ces temps d’innocence où l'avenir est si loin. 

Comme l’âme est différemment impressionnée par les objets extérieurs 
et comme ils réagissent à notre insu sur nos sentiments! Le murmure 
d’un ruisseau qui court dans une prairie, l’ombre touffue des hêtres, le 
silence d’une forêt de sapins, la vue de riches moissons, ou l’aspect pas- 
toral des troupeaux font naïtre en nous des sensations entièrement diffé- 
rentes. Il s'établit entre le monde physique et notre âme une série de 
rapports réciproques et cachés que nous ne pouvons analyser, et qui 
souvent nous plongent dans des rêveries dont nous ne sortons qu'à regret. 

Ces impressions dépendent aussi du jour sous lequel nous avons aperçu 
le paysage : le même site, vu sous un ciel pur, avec la température 
attiédie du printemps, brülé par un soleil d'été ou placé sous des nuages 
gris ou pluvieux, nous laisse une image toute différente et excite en 
nous des sentiments qui ne sont plus les mêmes. C’est dans le fond de 
notre âme que se peint l’image des scènes auxquelles nous assistons, 
et notre sensibilité, plus ou moins grande, y laisse graver ces empreintes 
comme la plaque daguerrienne sensible ou impressionnable, recoit la 
copie du modéle. 

Nous comparons involontairement ces sensations extérieures aux sen- 
timents qui nous agitent, et nous établissons des rapports intimes avec 
tous les objets qui nous entourent. Tantôt nous préférons le calme d’une 
scène pastorale, la pureté du ciel et la brise embaumée du printemps, 
tantôt c’est la mer en furie qui nous plait, quand ses flots s’éteignent 
en écume sur les brisants, ou le vent de la tempête qui siffle et déracine 
les vieux arbres des forêts. Ailleurs notre esprit mélancolique trouve un 
charme particulier à voir, sous un ciel de plomb, ces paillettes de neige 
qui forment un réseau mobile dans l’atmosphère, et viennent mollement 
couvrir la terre. 

Les mêmes lieux peuvent nous paraitre entièrement opposés sous des 
influences variées, dont les unes sont intérieures et tiennent à la lumière 
et au climat, tandis que les autres proviennent de notre situation d'esprit. 

Il ne reste plus à l’automne qu’un petit nombre de fleurs, dontl’hiver 
va bientôt dépouiller la terre. 

L’œillet superbe étale dans les bois les franges roses de ses pétales 
l’Aster amellus élève sur les côteaux ses boutons d’or, entourés de rayons 
bleus, près des corymbes orangés du Lynosiris. 

Une fleur pâle, et qui paraît souffrante, se montre partout dans les 
prairies; c’est le colchique d’automne, dont les corolles lilas, évasées 
comme celles des tulipes, naissent sans feuilles et sans abris. L’herbe 


URSS 


seule les protége contre les vents d'automne, car la fleur appartient à un 
oignon profondément enfoncé dans la terre et chaudement enveloppé de 
tuniques superposées. Cette fleur a besoin d'air : portée sur un long 
tube, elle perce le sol de la prairie, et arrive enfin pour nous montrer la 
dernière heure des saisons, et nous rendre témoins de ses tardives 
amours : elle ne brille qu’un instant. La plante n'a livré à l’inconstance 
de l'atmosphère que sa délicate corolle et les trois étamines dont la pous- 
sière doit féconder ses germes. Trois fils blancs satinés doivent guider 
leurs amoureux messages, et les conduire, par des routes souterraines, 
aux pieds de la favorite qui recoit leurs hommages. 

Pour elle assurée désormais d’une postérité impérissable, elle attend 
dans sa retraite le réveil du printemps, et montre, dans les lieux mêmes 
où les frimas ont terni sa corolle, ses feuilles luisantes et vigoureuses et 
ses graines fécondes. 

Malgré ces derniers efforts de la végétation, l'automne n’est plus la 
saison des fleurs et de leurs brillants organes; c’est celle où la nature, 
prodigue de ses dons, livre à l’homme et aux animaux les fruits et les 
semences innombrables muüris par le soleil d’été. Dans cette abondance, 
dans cette variété se trouvent les véritables beautés de l'automne. 

Les mécanismes les plus ingénieux, les ressorts les plus cachés sont 
mis en œuvre pour assurer la conservation et la dispersion des graines. 
Les coffrets les plus élégamment disposés, les séparations les plus artiste- 
ment conçues, les plus admirables dispositions, tout existe dans ces 
organes qui naissent après les fleurs, et qui sont le berceau de toutes les 
générations qui doivent encore se succéder sur la terre. 

Tantôt, en forme de nacelles, l’eau les entraine au loin et va porter 
des espèces dans des lieux où le Créateur ne les avait pas primitivement 
destinées. 

Tantôt munies d’aigrettes, d’ailes ou de membranes, vous les voyez 
traverser les airs et voler, au gré du vent, vers des parages qui nous sont 
inconnus. 

Munies de griffes ou de crochets, des semences s’attachent aux vête- 
ments des hommes, aux fourrures des animaux, et voyagent au hasard, 
soumises aux capricieux détours de leurs moyens de transport. 

Des fruits s'ouvrent doucement et disséminent leurs graines, comme 
les ancolies, les hellébores ; le pavot répand ses semences par des ouver- 
tures régulières que montre le sommet de son fruit globuleux ; les cam- 
panules se sèment au moyen de fentes placées à la base de leurs capsules; 
les linaires portent ces ouvertures sur le dos de leurs fruits. 

Le Chrysosplenium a ses graines rangées dans d’élégantes corbeilles la 
primevère conserve les siennes dans une coupe dentelée, la jusquiame 
dans de charmants paniers dont le couvercle s’enlève. | 

Le balsamine irritable contracte les fibres de sa capsule, et lance au loin 
ses graines arrondies; le Latræa clandestina projette les siennes à de 


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grandes hauteurs, et l'on entend, dans les champs élevés, les explosions 
continuelles du genêt à balais, dont les gousses noires et desséchées 
s’éclatent avec fracas. 

Pendant ce mouvement des organes, qui détendent leurs fibres et 
sèment partout les germes d’une végétation nouvelle, d’autres fruits 
colorés restent attachés à leurs rameaux. Les houx qui dès le mois de 
juin s'étaient couverts de fleurs blanches, ont à l'extrémité de leurs bran- 
ches d’admirables bouquets de graines écarlates. Ce n’est pas le même 
éclat qu'en hiver, quand la neige fait ressortir la vivacité de leur couleur, 
mais c’est encore le plus brillant des fruits sauvages qui viennent embellir 
les derniers jours d'automne. 

Les vieux houx ont perdu leur feuillage épineux ; ils ressemblent à des 
lauriers aux feuilles ovales et eonsistantes, tandis que près d'eux on en 
voit de jeunes et d'adolescents qui conservent dans toute leur äpreté les 
nervures endurcies de leurs organes foliacés. 

Le lierre vient parfois chercher un appui sur cet arbre, qui rivalise 
avec lui par la durée de son feuillage. Il monte sur son soutien, applique 
sur son écorce ses griffes puissantes, s’y cramponne et s'efforce d'étendre 
ses rameaux au-delà de ceux de son rival. Comme lui, il adoucit, en 
vieillissent, les angles de ses feuilles, et seul, à cette époque de l’année, 
on le voit préluder, par ses bouquets de fleurs jaunätres, aux fruits 
noirs qui mürissent en été, quand tous les autres végétaux sont couverts 
de leurs fleurs. Quelques insectes, ranimés par les derniers beaux jours, 
viennent encore bourdonner sur cette parure tardive, et en recueillir le 
miel avant de se plonger dans leur sommeil hivernal. 

Le genévrier ajoute aussi son vert feuillage : c’est le cyprès du nord; 
ses fruits bleuâtres et parfumés restent souvent cachés sous la neige, 
comme réserve pour l'oiseau des montages pendant la triste saison. 

Ax milieu de cette verdure persistante, on voit les rameaux allongés 
du fusain garnis de leurs fruits quadrangulaires ; leurs enveloppes de car- 
min sont ouvertes, et leurs arilles orangées tombent avec les semences 
qu’elles abritent jusqu'à leur prochaine germination. Le houx et le fusain 
croissent souvent ensemble, marient leur feuillage et leurs fruits, et 
luttent inutilement d'élégance et d'éclat. Tous deux ont leur beauté ; 
chacun d'eux à sa nuance de rouge; l’un, rehaussé par du jaune, devient 
écarlate, et l’autre, adouci par du bleu, rappelle la teinte de la fleur du 
pécher ou celle des pétales roulés des fuchsias. Le viorne joint à cet 
ensemble ses bouquets suspendus, l’épine blanche s’est transformée en 
un arbre de corail et les nombreux églantiers viennent aussi égayer les 
buissons par leurs calices charnus et couleur de feu. 

Des müres bleuâtres se montrent encore près des grappes violacées du 
sureau ordinaire : elles s’enlacent dans les arbres, et forment d'épais 
fourrés, où leurs nombreuses espèces acquièrent de grandes dimensions. 


Le chèvrefeuille, qui entoure les arbres de ses longues spirales, 
BELG. HORT. T, V, 10 


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apporte son contingent de baies orangées ou vermillon. On le voit 
envahir l’érable champêtre dont l'écorce rugueuse offre aux oiseaux un 
support semblable au liége, et qui dégourdit leurs membres roidis par 
les premiers froids. 

Le vent a depuis longtemps emporté les graines ailées de cet érable, 
mais l’alisier conserve encore des alises éclatantes, tandis que le sorbier 
des oiseaux perd chaque jour, au profit des voyageurs aériens, les baies 
rouges et succulentes qui font pencher ses rameaux vers la terre. 

Le pommier sauvage ajoute à ces scènes d’automne ses fruits jaunes et 
arrondis. Le nerprun et le cornouiller sanguin y mêlent leurs baies 
noires et violacées. 

Dieu fait ainsi une large part aux êtres qu’il a créés, car dans les fruits 
se trouvent les saveurs, les parfums, les aliments ; là se révèle eette 
bonté prévoyante qui fait règner partout l'abondance et la splendeur, et 
qui prévoit les besoins de l’insecte imperceptible comme elle satisfait aux 
désirs des animaux qui nous étonnent par leur volume et leur organi- 
sation variée. 

L'homme n'est pas oublié dans cette magnifique distribution; n’a-t-il 
pas recueilli, dès la fin de l’été, ces moissons dans lesquelles le sol a dé- 
posé son plus précieux aliment? Les vergers ne lui ont-ils pas offert leurs 
fruits rouges acidulés pour le désaltérer, et maintenant les pommiers 
inclinent leurs branches sous le poids de leurs fruits colorés. Leurs 
variétés nombreuses rappellent toutes les saveurs, exhalent tous les par- 
fums et assurent, pour le cœur de l'hiver, les dons de la saison prodigue 
qui vient de le précéder. 

Les coteaux sont couverts de vignes en guirlandes dont les grappes 
serrées n'attendent plus que la main qui doit les vendanger. Les pampres 
ont rougi sous l'impression des froids du matin, tandis que le raisin n’a 
reçu que du soleil d'automne la nuance foncée de ses graines empourprées. 

(La fin à la livraison prochaine.) 


PHYSIOLOGIE DE PLANTES HORTICOLES, 


DE LA GERMINATION DE PLUSIEURS ORCHIDÉES, 
PAR M. D. M., ATTACHÉ AU JARDIN DE GLASNEVIN, A DUBLIN, 


AVEC DES ADDITIONS DE M. CH. MORREN. 


Dans ces temps actuels, rien ne peut exciter d’avantage l’attention des 
horticulteurs que la germination des graines d’orchidées. J’ignore si l’on 
a tenté d’hybrider des espèces tropicales, mais ce qu’on sait d’une ma- 
nière positive, c’est que de vraies hybrides existent parmi les orchidées 
d'Europe. M. Edouard Timbal-Lagrave, de Toulouse, a mis cette existence 
hors de doute, en 4854, pour l’Orchis Morio-Papillonacea qui tient de 
ces deux espèces. 


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Les Orchis fusea (Jacq) et Rivini (Gouan) ont produit l'Orchis-Rivino- 
fusea et réciproquement l’Orchis super-fusco-Rivini et lOrchis fusco- 
Rivini. L’'Orchis Rivini a hybridé l’Orchis simia (Lam) pour produire 
l’'Orchis Rivino-simia. Non-seulement, les orchis d'espèces différentes 
produisent entre eux, mais on voit encore des hybrides, d’un genre 
plus élevé, naître des Orchis et de Serapias, comme les Serapias laxi- 
flora-longipetala provenant de l’Orchis laxiflora et du Serapias longi- 
petala, Serapias laxifloro-cordigera, originaires des Orchis laxiflora 
et du Serapias cordigera. Ces observations de M. Timbal-Lagrave sont 
des encouragements pour engager les expérimentateurs à essayer de 
croiser les genres et les espèces similaires des orchidées tropicales. Il 
faut se souvenir de deux grands faits qui distinguent les copulations 
en plein air à l’état sauvage, et celles des serres où il faut employer 
les fécondations artificielles. Il est bien rare de trouver des germinations 
spontanées d'orchidées de serre, tandis que les orchidées spontanées 
pullulent de graine. A Glasnevin, pendant ces cinq dernières années, on 
a obtenu de germination spontanée des Epidendrum elongatum et cras- 
sifolium, des Cattleya Forbesii, des Phaius albus, toutes graines formées 
librement sans le secours de l’homme. Quand les fruits mürissent, ils 
s'ouvrent et répandent une poussière sèche et fine, tout formée de graines. 
Elle est reçue par la terre des pots contenant d’autres orchidées. Cette terre 
est préparée et entretenue à cet effet, soumise à l’ombre constamment, 
dans une humidité perpétuelle et à l’action d’une haute température. 
Huit ou neuf jours après leur chute des graines sur cette terre, l'aspect 
de poussière jaunâtre a fait place à une sombre couleur très-appréciable 
à l'œil nu. On y voit à la loupe des signes évidents d’une végétation com- 
mencante : le radicule se montre, ainsi que le cotylédon, qui en quinze 
Jours ou trois semaines montrent de grandes variations. Pendant cette 
période la végétation est fort active, et les plantes qui manquent de 
racines font tout ce qu'elles peuvent pour y suppléer en atteignant et en 
restant sur les terres les plus molles, les plus humides et les plus chaudes. 
Le bois décomposé sert beaucoup dans ces circonstances, les jeunes 
racines s’attachent à l’écorce et y restent. Leurs tiges grandissent consi- 
dérablement et démontrent comment les espèces épiphytes assurent leur 
sort sur les branches les plus élevées des forêts vierges. 

La première année et principalement pendant le mois d'hiver, elles 
subissent une crise qui peut les faire périr. Elles craignent la moisissure, 
la sécheresse et le froid. La chaleur devient alors indispensable et une 
humidité modérée pour les tenir dans les circonstances moyennes d’une 
atmosphère favorable à la végétation. La seconde année, le sevrage se 
fait, les plantes passent insensiblement à l’état adulte, et enfin la troi- 
sième, elles fleurissent parfois. Celles qui ont montré ces phénomènes à 
Dublin sont les Epidendrum crassifolium et le Phaius albus. 


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ARCHITECTURE HORTICOLE. 


APERÇU SUR LES SERRES DE SON ALTESSE MONSEIGNEUR LE 
DUC RÉGNANT ADOLPHE DE NASSAU, 


Par M. Cu. MoRREN. 


S'il existe un spectacle consolant pour le développement des connais- 
sances humaines, c’est celui que nous offrent l’histoire ancienne, sacrée et 
profane, le moyen âge, l’époque de la renaissance des lettres et nos temps 
modernes, au sujet des sacrifices qu'ont faits un nombre considérable de 
souverains et de princes pour l’étude des sciences de la nature. La bota- 
nique, l’horticulture et l’art de cultiver les terres au profit de l'humanité 
occupent, dans cette honorable et féconde protection, une des places les 
plus élevées. L’espace nous manque, dans cette occasion, pour exposer 
la marche détaillée de ces progrès et envisager le caractère spécial de ces 
grands hommes qui ont légitimement acquis la reconnaissance de la pos- 
térité. Les préfaces des ouvrages dus à nos illustrations scientifiques du 
savant seizième siècle ont fourni sur ce sujet d’amples documents. 
Aujourd'hui, il est juste que les efforts de plusieurs princes de nos temps 
contemporains soient appréciés comme ils le méritent par la classe 
savante de la société. 

Parmi les protecteurs les plus dignes d’être cités, on doit remarquer 
actuellement Son Altesse, Monseigneur le duc régnant Adolphe de Nas- 
sau, dont le séjour enchanteur à Biberich est un palais élevé à l’étude 
des merveilles végétales de la création. La planche 12 du présent volume 
de la Belgique horticole donne une idée de la grâce, de l'élégance et de 
la parfaite entente qui ont présidé à la construction des serres. C’est une 
suite de quinze serres amples, bien éclairées où l’on peut d’ailleurs mé- 
nager à volonté l'intensité de la lumière, les unes larges, les autres plus 
étroites pour obtenir une heureuse disposition dans les toits curvilignes 
lesquels ne sauraient se gèner mutuellement par un tel système. La série 
des serres est la suivante : 4° Une première consacrée à la culture des 
plantes moyennes en grandeur de l’Australie. 2° Une seconde où l’on 
soigne les éricacées ou bruyères conduisant de là à une troisième serre 
(5°) renfermant les épacridées. 4° Puis, on passe dans une serre distribuée 
en dedans par quatre groupes, plus un reposoir central, de camellias de 
moyenne et petite grandeur lesquels garnissent aussi les côtés et pré- 
sentent à l’époque de la floraison, hivernale pour nous, dela rose du Japon, 
le plus heureux effet. 5° Sur le côté gauche de la construction et s’éten- 
dant sur toute la profondeur des serres parallèles à la façade, se trouve 
un conservatoire semi-curviligne consacré aux grands pieds de camellias 
dans le genre de ces vrais arbres que nous montrent avec un légitime 
orgueil nos principaux amateurs d'Anvers. Les azalées en beaux exem- 


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plaires sont réunis avec ces camellias. 6° De là, de cette température mo- 
dérée, on se transporte tout à coup dans la serre aux orchidées tropicales 
qui devient de nouveau parallèle des quatre premières serres dont nous 
avons parlé. C’est le chemin naturel pour vous conduire dans la rotonde 
(7°) élevée dominant tout l'édifice et réservée comme place d’honneur, 
comme salle du trône, aux princes et au corps de noblesse des végétaux : 
j'ai désigné les palmiers. Là sont réunies de précieuses merveilles. 8° Ces 
palmiers reportent la pensée aux conifères nouvelles dont on possède 
aujourd'hui en Europe des collections de la plus noble beauté, aussi une 
serre particulière en parallèlogramme leur est consacrée. 9° Du conser- 
vatoire des conifères, on entre dans une serre donnant d’une part dans 
la rotonde aux palmiers et de l’autre se prolongeant en faisant un angle 
de 90 degrés sur le côté droit de cette suite de jardins d'hiver pour aboutir 
au pavillon d’entrée. On peut dire que ce sont deux serres destinées aux 
exemplaires de choix et de taille d’ancien arbres de la Nouvelle-Hollande. 
10° A la droite de la rotonde et au fond de tout cet ensemble est bâtie la 
grande salle des expositions. On la voit surplomber les serres dans la vue 
perspective (pl. 12) de la facade. 11° à 15° Enfin, entre les serres basses 
sont alignées cinq serres plus élevées, beaucoup plus larges servant à la 
culture des espèces variées. La troisième qui occupe le milieu du système, 
possède un cabinet de travail (le n° 42 de la pl. 15) et toutes ont de plus 
des bassins circulaires placés au milieu et servant aux arrosements. 
Chacun de ces bassins est orné de jets d’eau, de fontaines et jeux d’hy- 
droplasie. 


Voici la légende de la planche 145 : 


1. Entrée. 9. Rotonde à palmiers. 18. Cabinet. 
2. Bureau des Directeurs. 10. Serres pour les grandes | 19, Salle d’attente. 
5. Serre pour les semis. plantes de l'Australie. |20. Carré pour les travaux de 
4. Serre pour les multipli- | 11. Serre à orchidées. la culture. 
cations. 12 Cabinet de travail. 21. Magasin de chauffage. 
5. Serre pour les plantes de | 13. Serre pour les grands ca- | 22. Remise pour le bois. 
la Nouvelle - Hollande, mellias et les azalées, |23. Sellerie. 
(grandeur moyenne). | 14. Serre à conifères. 24. Aisances. 
6. Serre des éricacées. 15. Grandeserre d’exposilion. | 25. Bassins avec jets d’eau, 
7. Serre des épacridées. 16. Salon. fontaines et ornements 
8. Serre des pelits et moyens | 17. Cabinet. d’hydroplasie. 
camellias. 


L'intérieur des serres parallèles varie selon les besoins des plantes. A côté des phormium 
croissant près des bassins où jaillissent des jets d’eau pullulent d'immenses fougères aux 
plumes d’émeraude ; des masses de plantes grimpantes s’élancent sur des arbres au feuillage 
léger, aérien, comme les casuarina d’Australie ou si on veut de la chiaia de Naples. Sur une 
galerie qui sépare la hauteur de la serre par une promenade suspendue, l’odorat et la vue 
reconnaissent une collection de jacinthes de Harlem. À chaque serre, ces arrangements sont 
différents et apportent une telle diversité dans les impressions des spectateurs qu’ils ne se 
lassent jamais de parcourir un lieu si plein de charmes. 

Nous publierons successivement plusieurs vues de ce domaine princier,un des beaux exem- 
ples que l’Allemagne peut s’énorgueillir de posséder, et qui fait le plus grand honneur à son 
très augusle propriétaire, l’un des princes souverains dont la haute instruction est au-dessus 
de tous les éloges qu’on voudrait lui donner. 


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MEUBLES ET ORNEMENTS DE JARDIN. 


LE REPOSOIR DE JARDIN, A L’ABRI DES VENTS ET DU SOLEIL, 
Par M. SOMERSET. 


Durant mon séjour à Guernsey, j'avais l’occasion de remarquer des 
siéges autour du phare, lesquels par un plan bien simple pouvaient 
mettre les personnes qui les occupent, à l’abri du vent soufflant aux 
heures de repos, ou à l’abri du soleil. Ces reposoirs ont encore l’avantage 
de permettre à ces personnes de se placer vis à vis de l’air frais ou chaud 
selon leur désir. 

Le mécanisme en est fort simple : c’est un siége hexagonal, divisé en 
des compartiments par des cloisons verticales ; ces cloisons soutiennent 
un toit qui se termine selon la fantaisie du maïître. La gravure ci-contre 
(pl. 14) montre comment le toit s’avance suffisamment au-delà du banc 
circulaire pour couvrir la personne qui s’y assied. 

On doit veiller à ce que deux de ces compartiments soient exposés au 
Sud-Est et deux autres au Sud-Ouest. On évite par cette disposition le Sud 
franc et le Nord plein. 

Quelques maisons d'asile, consacrées à la vieillesse, en Angleterre, 
sont déjà pourvues de ces sortes de reposoirs aussi commodes qu’utiles 
pour les convalescents. 


Réflexions de la rédaction sur le reposoir de M. Somerset. 


La gravure du Gardener's chronicle qui représente ce siége (sep- 
tembre 1854) le donne comme orné par des plantes grimpantes. On voit 
celles-ci sortant de terre et s’élançant sur les cloisons entre les compar- 
timents. Dans ce cas, ce reposoir est fixe. 

Mais nous en avons vu de mobiles. Tout le système tournait sur un 
axe en fer lequel par un mécanisme fort simple, permettait, quand il 
s'agissait d'orienter le banc choisi de le placer devant la perspective 
préférée ou dans la position la plus favorable à la santé. Cette direction 
trouvée, une crémaillière à crochet fixait le meuble. Au-dessous des banes 
curvilignes susceptibles de se lever, ilse trouvait des bacs tournant autour 
de l’axe en fer comme tout l'appareil et ces bacs renfermaient assez de 
terre pour permettre la végétation de ces plantes grimpantes annuelles 
avec lesquelles on peut, dans nos étés, orner une infinité de meubles de 
jardin. Alors le reposoir a sa véritable utilité, il tourne selon la volonté 
de l'homme qui s’en sert. 

On peut d’ailleurs rendre ce meuble beaucoup plus élégant que le plan 
figuré ci-contre, car on sait que les anglais préfèrent le confortable à la 
somptuosité. Les peuples artistiques joignent ces deux qualités dans leurs 
constructions. Aussi, l’attention des fabricants doit être attirée sur cette 
considération. 


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JARDIN FRUITIER. 


NOTICE SUR LE BRUGNON-ORANGE OU LA NECTARINE D'OR 
DE HOLLANDE, 


Par M. CH. MoRREnN. 


Il serait, pensons-nous, difficile de réunir un plus grand nombre de 
fruits oranges que les horticulteurs ne l’ont fait en Hollande ou dans le 
royaume des Pays-Bas depuis plusieurs siècles. Cette particularité s’expli- 
que très-naturellement par l'influence de la famille d'Orange qui depuis 
le milieu du seizième siècle présida aux destinées des Provinces-Unies. 
Nous avons eu la curiosité d'examiner dans la Pomologia et la Fructologia 
de Knoop. (1758) le jardin des fruits oranges des collections néerlan- 
daises. Nous y avons trouvé : 

1° Pomme orange; -— 2° Poire orange musquée; — 3° Poire orange 
verte; — 4° Poire orange rouge ou poire corail; — 5° Cérise orange ou 
cérise de la duchesse /Hertoginne-Kers), originaire de Bruxelles et appelée 
encore cérise de Bruxelles ; — 6° Prune orange ; — 7° Abricot orange; 

— 8° Pèche-orange ou abricotée; — 9° Brugnon orange. 

Nos pomologies modernes sont loin de traiter de toutes ces variétés, 
quoique la plupart soient excellentes au goût et toutes très-belles à la 
vue : on peut même assurer que des fruits véritablemeut exquis se trou- 
vent dans cette collection. 

Nous avons publié déjà l’histoire de plusieurs sortes de fruit obtenus 
dans les propriétés de M. Brahy-Ekenholm à Herstal lez-Liége. Amateur 
distingué et instruit, appréciant dans quelles voies il faut pousser l’horti- 
culture en Belgique, M. Brahy-Ekenholm dont nous dirons les succès 
dans une autre occasion quand il s’agira de la culture des vignes, a doté 
la Belgique d’un Brugnon-orange puisé à l’ancienne école hollandaise. 
Nous lavons dégusté chez son honorable producteur et nous lavons 
dessiné d’après nature: voyez ci-contre la planche 15. Nous le recomman- 
dons vivement à tous les vrais amateurs de fruits. 

La variété est de la première vigueur; l’arbre est fort et résistant; il se 
place au premier rang pour sa productivité. Ses pousses fructifères con- 
servent l'écorce verte sur de grandes longueurs et les feuilles s’espacent 
de 2 à 6 centimètres les unes des autres, de sorte que les fruits peuvent 
recevoir l'influence de l'air et des rayons solaires. Les feuilles sont portées 
sur un pétiole de 10 à 12 millimètres de longueur, mince, canaliculé 
finement, au-dessus vert. La lame mesure de 6 à 10 centimètres de lon- 
gueur sur 3 à 4 centimètres de largeur dans la partie la plus large, de 
sorte qu’elle offre une forme légèrement rhomboïdale; elliptiques, amin- 
cies aux deux extrémités, dentées en scie finement sur le bord, les dents 
peu profondes, entièrement de la consistance de la lame et vertes et minces 


Bruënon orange ou Nectarine d’or de Hollande. 
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comme la lame elle-même ; le sommet de la lame est aigu et au-dessus du 
pétiole où l'élargissement de la feuille commence, se trouvent deux 
petites glandes, une de chaque côté, vertes dans la jeunesse et brunes plus 
tard. La reticulation de la feuille est très-régulière, les nervures secon- 
daires alternent de force et de grandeur, les unes se divisent près du 
bord par des veinules disposées en filets et les autres, les petites nervures, 
se séparent bientôt à la moitié de la longueur des grandes nervures en 
un réseau de veinules se soudant avec les fibres de la reticulation géné- 
rale. Le dessous des feuilles est d’un vert pâle et mat. 

La fleur est grande, régulière, d’un rose clair, et Knoop avait pensé, à 
cause précisément de ces qualités, qu'il y avait de l’analogie entre le 
Brugnon-orange et la pêche nommée de son temps la double-montagne 
qui est devenue de nos jours la pêche chancellière. On écrivait au dix- 
huitième siècle, la pêche chancelier ou pêche du chancelier. Enfin, on sait 
positivement que la pêche chancellière n’est qu'une sous variété de la 
chevreuse hâtive : un noyau de cette dernière avait été soigné par le 
chancelier Seguier et de là la filiation de ces noms. 

Le fruit du Brugnon-orange est attaché à un pédoncule trés-court de 
manière à faire croire à un fruit sessile; mais ce pédoneule se rend dans 
un enfoncement conique qu'on voit représenté sur le fruit coupé de la 
planche. Ce Brugnon mesure cinq centimètres de diamètre dans tous les 
sens; il est donc sphérique, mais cette forme est dérangée dans sa régu- 
larité par le sillon de la drupe qui vient se terminer à une pointe prenant 
la forme d'un bec d'oiseau, au-dessous de laquelle se trouve un creux 
large et bilobé, comme on le voit clairement sur la planche dans le fruit 
entier. Ce dernier est lisse. 

L'épicarpe ou la peau est d’un jaune orangé très-vif et brillant : toute 
la partie qui reçoit l'influence du soleil se colore d’un rouge carminé pas- 
sant au vermillon et à l'orange doré. Le système de coloration consiste en 
une très-grande quantité de points blanchäâtres ou jaunes entourés chacun 
d'un cercle rouge, de sorte qu'il y a une certaine analogie entre la peau 
de ce brugnon et certaines affections dartreuses de la peau humaine. 

La chair du fruit, le sareocarpe des botanistes, est ferme et solide, sans 
fibres résistantes hormis quelques-unes qui entrent dans le noyau pour 
s’y attacher et y entrer. Le goùt en est exquis, d’une délicatesse de parfum 
et de saveur extrême : la liqueur du tissu est juteuse, vineuse et sucrée : 
enfin voilà un siècle entier qu'on place ce brugnon à la tête des variétés 
de choix. On doit donc regretter qu'il soit encore si peu répandu et 
surtout qu'il manque dans la plupart des pépinières marchandes. Ce 
serait une bonne spéculation de s’adonner à cette culture. 

Le noyau adhère à la chair par quelques faisceaux de fibres; il est de 
moyenne grandeur et pourvu d’une pointe comme le fruit entier. Il n'est 
nullement rouge comme on le trouve dans un autre brugnon-jaune mais 
non orange, dont nous traiterons dans une autre occasion. 


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En terminant ces lignes, nous apprenons avec plaisir que M. Brahy- 
Ekenholm mettra à la disposition des amateurs, par l'entremise de la 
direction de la Belgique horticole, un certain nombre de pieds de cette 
variété de pêche ou de pavie greffés sur mirabelle dans l'établissement de 
M. Gathoye pépiniériste aux Bayards lez-Liége. 


DE L’AFFRANCHISSEMENT DES ARBRES FRUITIERS 
GREFFÉS EN PIED, 


ET MOYEN DE LE PROVOQUER LORSQU'IL N’A PAS LIEU SPONTANÉMENT, 
Par M. B. Iprac, 
Docteur en médecine, membre titulaire de la Société d’horticulture de Toulouse. 


Quel est le propriétaire, quel est l’horticulteur qui n’a pas eu maintes 
fois l’occasion de se convaincre qu’une plantation récente d’arbres fruitiers 
ne présente souvent que des individus chétifs, languissants, qui sont tous 
les ans décimés par la mort et qu’on est obligé de remplacer ; en un mot, 


que la vie de tels arbres est de courte durée. 
» Il n’entre pas dans mon plan d'aller à la recherche des causes 


diverses peut-être innombrables, qui donnent lieu à un si pénible ré- 
sultat; je me contenterai d’en signaler une seule. Si elle est fondée, elle 
est appelée à faire une révolution dans l’arboriculture, relativement à la 
manière dont on a procédé jusqu’à ce jour, pour les plantations d’arbres 
fruitiers greffés sur pied. 

» Loin de moi la pensée de m’ériger en novateur; mon but est de 
retirer de l’oubli ou de rendre plus générale l'application d’une méthode 
qui n’a presque pas impressionné l'esprit des horticulteurs, lors de son 
apparition à l'horizon scientifique, qui, bientôt après, fut obscurcie par 
les circonstances politiques. 

M. le docteur Idrac aborde le sujet de son mémoire, en faisant remar- 
quer qu'il a mis de côté toute théorie, et qu'il ne tentera point d’expli- 
quer les faits. 

Je viens, dit M. Idrac, appeler votre attention sur l’affranchissement des 
arbres fruitiers greffés en pied. Comme ce mot pourrait paraître nouveau 
à certains d’entre vous, je vais le définir. 

» On doit entendre par arbre affranchi celui dont la greffe, enterrée 
de plusieurs centimètres, produit des racines qui, s’enfonçant en terre, 
prennent ordinairement un grand développement et donnent de la 
vigueur à l’arbre. 

» Il existe deux espèces d’a/ffranchissement : lune spontanée et l’autre 
artificielle. La première est l'ouvrage de la nature est l’autre est la consé- 
quence de l’usage d’un moyen rationel dont nous nous occuperons tout à 
l'heure. 

» I] y a à peine quelques années, il parut un journal intitulé /a 


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Semaine : c’est dans cette feuille périodique que j'ai puisé l’idée, j'ose dire 
presque neuve, dont je viens développer devant vous et à l'appui de 
laquelle j’apporte mon contingent de faits qu’il sera possible à chacun de 
nous de multiplier pour corroborer d’abord la méthode nouvelle de plan- 
tation et l’ériger par voie de suite en principe sûr, ou, pour mieux dire, 
en précepte invariable. 

» Depuis un temps immémorial, on est dans l’usage, lorsqu'on fait une 
plantation d’arbres fruitiers greffés en pied, de laisser constamment le 
bourrelet de la greffe à huit centimètres environ au-dessus de la surface du 
sol. Cette pratique qu'on n’explique pas, n’est que la suite d’une aveugle 
routine et, si l’on hasarde une explication, on dit que l’on n'’agit ainsi que 
pour éviter que la greffe s’enracine, afin de ne pas transformer un arbre 
greffé en un arbre franc de pied. Cette explication doit être considérée 
comme illusoire au point de vue de la nouvelle méthodede plantation qui a 
pour but l’enracinement, et l’on peut parler ainsi du bourrelet de la 
greffe. 

» S'il est vrai que les arbres venus de semis sont plus vigoureux et 
ont une vie quelquefois séculaire ; pourquoi avec l'assurance de conserver 
le bénéfice et les avantages de la greffe, s’opposerait-on à cette transfor- 
mation dont nous venons de parler et en faveur de laquelle l'expérience 
s’est déjà prononcée d’une manière indubitable; et alors surtout que l’au- 
torité d’un nom recommandable dans la science de l’horticulture a frappé 
d’anathème le vieux précepte de ne pas enterrer les greffes. Pourquoi 
encore voudrait-on s'opposer à cette même transformation qui per- 
mettrait d’assimiler les arbres affranchis à ceux venus de semis en leur 
procurant, comme à ce dernier une grande longévité et une puissante 
végétation. 

» Il est reconnu aujourd'hui que, pour prévenir une végétation faible, 
chétive et, le plus souvent, la mort des arbres, il importe d’enterrer le 
bourrelet de la greffe de 8 à 12 centimètres et de prendre des précautions 
pour que la terre qui sert à combler le trou ne laisse pas, par son affai- 
blissement, la greffe en dehors du sol. 

» Les avantages qui résultent de cette méthode de plantation sont inap- 
préciables ; la plupart des arbres plantés ainsi et surtout dans un sol 
naturellement humide, prennent de suite une vigueur extraordinaire et 
offrent un port majestueux. En dégageant la greffe de la terre qui l’envi- 
ronne, on reconnait bien vite que la cause d’une si belle prospérité 
dépend de diverses racines qui se sont échappées avec un développement 
considérable au pourtour du bourrelet. 

» Dans une même opération de plantation faite à l’aide de cette mé- 
thode et dans un sol quoique très-favorable, tous les arbres ne réussissent 
pas également et il n’est pas rare d’en voir, à côté de tres-prospères, un 
nombre plus ou moins grand qui sont chétifs, maigres, rachitiques et 
menacés d’une mort prochaine. Si la cause de l’énergique vitalité des 


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premiers dépend des racines qui se sont montrées autour de la greffe, il 
faut donc se hâter, en faveur de ceux qui sont languissants, de favoriser 
le développement de racines sur le même point, par une opération simpk 
que nous décrirons bientôt et qui est due à M. Dalbret, jardinier en chef 
de l’école d'agriculture et des arbres fruitiers, aux jardins du roi Louis- 
Philippe. 

» Si l’on plante dans un sol aride, sec, c’est alors qu’il est nécessaire 
plus que jamais d’enterrer la greffe et de faciliter, par tous les moyens 
possibles, la sortie des racines du bourrelet, parce qu'il serait presque 
impossible, dans un sol de cette nature, de faire prospérer, et surtout 
en plein vent, des arbres fruitiers qui ne manqueraient pas de végéter 
d’abord et de mourir bientôt après, quelques soins que l’on apportât à 
leur culture. 

» Si, au contraire, on fait une plantation dans un terrain de bonne 
qualité, à fortiori dans ce cas, faut-il procéder de la même manière pour 
obtenir une végétation remarquable et une longévité assurée, mais avec 
beaucoup moins de précaution, les circonstances relatives à la nature du 
sol étant d’ailleurs favorables. 

» Toutes les fois qu’on a, dans une plantation quelconque, suivi le 
mauvais précepte de mettre la greffe au-dessus du sol, voici les phéno- 
ménes qui se sont observés : d’abord les arbres languissaient plus ou 
moins, suivant la bonne ou mauvaise qualité du terrain; le plus souvent 
encore, après 5 où 4 ans, ils périssaient les uns après les autres, au point 
qu'après dix ou douze ans, il ne restait presque plus aucun arbre de la 
première plantation et c’est toujours à nouveaux frais qu'on s’est vu 
obligé de recommencer. La cause de tels phénomènes et de si fâcheux 
résultats se trouve suffisamment expliquée, suivant le langage de M. Dal- 
bret, par l’affaiblissement progressif des racines du sujet qui, périssent, 
se décomposent et finissent par servir de nourriture à leurs suppléantes. 
D'où il faut conclure que le sujet est insuffisant pour nourrir et entretenir 
la greffe surtout dans les terrains peu substantiels. Si l’on remarque quel- 
ques rares exceptions il faut les attribuer à ce que le bourrelet de la 
greffe assez rapproché du sol, surtout si celui-ci est humide, a fourni quel- 
ques racines qui ont pénétré dans la terre et ont suffi pour nourrir la 
greffe et donner lieu à une belle végétation. Toutes les fois qu’on a voulu 
se donner la peine de fouiller au pied des arbres, on a eu lieu de se con- 
vaincre qu'il en était ainsi. 

» Il est arrivé bien souvent que les horticulteurs ou les niet 
guidés par de mauvais conseils, ainsi que je l’ai été moi-même, ont hâté 
le dépérissement et la mort même de leurs arbres, en coupant les racines 
qui s’échappaient, assez près du sol, du bourrelet de la greffe, au lieu de 
les couvrir de terre, ce qui aurait prévenu la mort et donné lieu à une 
vitalité remarquable. Si, au contraire, on les a respectées, elles ont pu, 
n'étant qu'à la surface du sol, se dessécher et par là devenir incapables 


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d’être favorables à la prospérité des arbres et occasionner indirectement 
leur dégénérescence et leur mort. » 

M. le docteur Idrac conclut de tout ce qui précède, qu'il y a un grand 
avantage à enterrer le bourrelet de la greffe à quelques centimètres, 
avantage qui se traduit par une végétation prospère et une grande lon- 
gévité. Il énumère ensuite les procédés dont on doit user dans cette opé- 
ration. 

» La première condition, lorsqu'on plante des arbres fruitiers greffés 
en pied, et auxquels on veut procurer une végétation prospère et que 
lon destine à être affranchis, consiste à enterrer la greffe à 8 ou 12 cen- 
timètres. 

» Deux ou trois ans après la plantation, et même dans l’année, si les 
arbres sont vigoureux, ce que l’on reconnait à la pousse lorsqu'elle est 
très-belle, il faut, dans le mois de juillet, alors que la cambium ou sève 
descendante et le plus abondant, déchausser l'arbre pour isoler le renfle- 
ment opéré par la greffe, tout en ménageant les racines, si toutefois il s’en 
était échappé quelqu'’une du bourrelet. Ce dernier, une fois complétement 
isolé on pratiquera des entailles avec déperdition de substance, propor- 
tionnées en nombre à la circonférence du bourrelet, de manière à ne 
jamais dénuder que le quart de la eirconférence. On se servira, pour 
opérer ces entailles, d’un outil de sculpteur appelé gouge, assez plat et 
de 20 millimètres de large, et il importe qu’elle soit bien tranchante. Les 
plaies faites à l’aide de cet instrument, devront être verticales et de 
10 millimètres de largeur. L'action de l'instrument doit avoir lieu dans 
une direction doublement oblique, d’abord de gauche à droite et ensuite 
de droite à gauche, c’est-à-dire, en deux temps et de manière à circons- 
crire une portion de l’écorce dans toute son épaisseur et une très-faible 
partie de l’aubier, de telle sorte que la déperdition de substance ressemble 
à une côte d'orange. Les plaies faites, on comblera le dégagement préala- 
blement fait avec de la bonne terre, et mieux encore, avec un mélange 
composé de terre substantielle, d’un quart de terreau de fumier de vache 
et d’un quart de terre franche. Enfin on terminera l'opération par un 
arrosage convenable. 

» Telle est l'opération fort simple que j'ai mise en pratique sur un 
grand nombre d'arbres fruitiers qui depuis jouissent d’une grande vigueur 
alors qu'avant ils étaient très-languissants et menacés d’une mort préma- 
turée. C’esl un phénomène aujourd’hui, quand, sur 500 ou 600 arbres 
fruitiers dont se compose mon verger, il en péritun. Je dois faire observer 
que je n'ai fait cette opération d’affranchissement que six mois après la 
plantation qui avait été faite d’après l’ancienne méthode. L’affranchis- 
sement artificiel est non-seulement applicable à tous les arbres greffés en 
pied, mais plus particulièrement aux poiriers greffés sur coignassiers. 

M. Idrac signale des arbres fruitiers dépendant du jardin de M. Timbal- 
Lagrena pharmacien à Toulouse. De ces arbres, les uns que M. Timbal 


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n'a pas plantés, se sont affranchis spontanément, les autres, qu'il a fait 
planter avec précaution d’enterrer la greffe, se sont également affranchis. 

» M. Bessières, négociant à Toulouse, propriétaire à Colomiers, a 
depuis 50 ans environ, fait planter des fruitiers en enterrant la greffe, 
sans se douter pourquoi il agissait ainsi. Ce qu'il ÿ a de certain, c’est qu'il 
affirme n'avoir eu qu’à se louer de sa précaution, et que ses plantations 
ont toujours eu des résultats très-satisfaisants sous tous les rapports. Il 
y a quelques années il faisait planter des arbres fruitiers que le pépinié- 
riste qui les lui avait vendus, s’apercevant que ce dernier n’enterrait pas 
les greffes, il voulut l'y contraindre. Force fut au pépiniériste d’obéir, 
mais il lui échappa d’avouer que si tout le monde plantait ainsi, e’en était 
fait de l'avenir des pépiniéristes. Cet aveu, de la part d’un horticulteur 
désintéressé dont je tairai le nom, prouve qu'il avait conscience des résul- 
tats précieux attachés à la méthode de plantation dont je viens d’avoir. 
l'honneur de vous entretenir. 

» Comment expliquer autrement que par latte cenit spontané 
l'existence de certains arbres fruitiers remarquables par leur vétusté, 
leur développement presque fabuleux, et la quantité considérable de fruits 
dont leurs branches sont annuellement chargées! » A cet égard M. Idrac 
cite l'histoire d’un vieux et magnifique poirier doyenné, qui est encore 
debout dans les jardins secs et brülants de la Fola-Béaujon alors que 
d’autres arbres n’avaient pu exister sur cette terre aride et peu féconde. 
Cette persistance du vieux poirier fut expliquée de diverses facons. On 
s’est convaincu de nos jours, en creusant au pied de l’arbre, qu'il s'était 
affranchi de lui-même, et que là était le secret de sa robuste vétusté. 

» 11 en est peut-être ainsi, ajoute M. Idrac, du poirier de Cueillette 
dans la propriété de M. Mengniot, au Pollet près Dieppe, dont M. Du- 
breuil dans son cours élémentaire théorique et pratique d’arboriculture, 
donne la figure, et dont les branches principales s’échappent du trone à 
très-peu de distance du sol, c’est à peine si un enfant de deux ans pour- 
rait passer debout sous elles. Le tronc de cet arbre en espalier présente à 
50 centimètres du sol, une circonférence de 2 mètres 60 centimètres. La 
totalité de l’arbre couvre une surface de 150 mètres carrés et l’on pense, 
d’après les recherches auquelles on s’est livré, qu’il ne doit pas avoir 
moins de 150 ans. 

» Par la lecture ce ce faible travail, je crois Messieurs avoir payé mon 
tribut, comme membre de cette Société. Puisse-t-il être jugé digne de 
l'attention dont vous avez bien voulu m'honorer pendant quelques 
instants. Je serai heureux si mon exemple est suivi par vous car il im- 
porte que chacun de nous apporte sa part de matériaux pour l’élévation 


de l'édifice scientifique que nous avons entrepris en nous associant. » 
(Annales de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne 1854.) 


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HORTICULTURE. 


LE DISA GRANDIFLORA DE LINNÉ, SON HISTOIRE 
ET SA CULTURE, 


Par M. CH. MoRREN. 


La trace la plus reculée de la première connaissance qu’on possède du 
Disa grandiflora de Linné, remonte à 1688, année où Jean Ray en parla 
dans son Æistoria plantarum (vol. IL, p. 586) sous le nom d’Orchis 
africana, flore singulari, herbaceo, ou orchis africain à fleur singulière 
et herbacée. 

Soixante et dix-neuf ans plus tard, Pierre-Jonas Bergius, médecin et 
botaniste suédois, élève et ami de Linné, le même qui partit pour le 
Gothland, en 1752, afin d’en étudier la flore, publie (1767) à Stockholm 
ses Descriptiones plantarum ex Capite Bonæ spei. I] fonde le genre Disa 
et décrit l'espèce dont nous retracons ici l’histoire sous le nom de Disa 
uniflora (page 548, pl. 4, fig. 7). 

Ce nom de Disa à une fleur a cédé bientôt le pas à une autre dénomi- 
nation plus exacte sortie du génie de Linné qui marchait à grands pas 
vers le déclin de sa vie. On se rappelle ces vers latins que le grand 
maitre adressa vers cette époque à Pennant qui lui demandait de publier 
sa Lachesis laponica : 

Me quoque debilitat series immensa laborum 
Ante meum tempus cogor el esse senex : 
Firma sit illa licet, solvatur in æquore navis 

Queæ nunquam liquidis sicea carebit aquis. 

M. Baron , notre excellent professeur de littérature française à l’uni- 
versité de Liége , a bien voulu se charger de traduire, en vers français, 
ces dernières pensées de l’immortel botaniste d’Upsal. 11 nous a permis 
de plus, avec son affabilité ordinaire, de publier ces lignes élégantes qui 
se ressentent de l'étude des bons auteurs, au profit de nos lecteurs ou 
lectrices qui pourraient être brouillés avec le latin : 

Accablé sous le poids de travaux infinis, 

Et vieux avant le temps, je sens que je faiblis. 
Le navire est pourtant solide, et sur la plage 
Peut-être pourrait-il jouir d’un long repos. 
Mais lui! rester oisif, à sec sur le rivage! 
Jamais! et que plutôt il meure dans les flots! 

Le dernier ouvrage, en effet, auquel Linné travailla fut son supplé- 
ment aux plantes connues de 1771. On y trouve pour la première fois 
le nom de Disa grandiflora imposé à la belle orchidée du Cap de Bonne- 
Espérance. 

BELG. HORT. T. V. 11 


QUE 


En 14772, le docteur Murray, professeur de botanique à Gottingue, 
suédois d’origine et disciple de Linné selon l'expression du temps, alla 
saluer son illustre maitre et recut de lui toutes les observations manus- 
crites préparées pour une troisième édition du systema vegetabilium. La 
seconde était de 1767 et la troisième parut en 1774. Le nom de Disa 
grandiflora y est définitivement consacré et adopté (Syst. veget., t. xiv, 
p. 817). En 1778, Linné mourut à 70 ans, 8 mois. 

Son successeur, Charles-Pierre Thunberg qui dans son voyage au 
Japon, avait assez longtemps résidé au Cap pour en faire la Flore, publia, 
en 179%, son Prodromus plantarum capensium où il donne encore le 
nom, désormais inacceptable, de satyrium grandiflorum au Disa gran- 
diflora de Linné; mais hâtons-nous d’ajouter que plus tard, dans la 
Flora capensis, édition de Schultes (1823) ce nom fautif fut redressé. 

Au reste, le genre Disa vient se placer encore aujourd'hui dans la 
série naturelle des groupes génériques entre les satyrium et les serapias. 

Bergius est donc le fondateur du genre Disa et Charles Linné, le père, 
celui de l'espèce sous le nom qu'elle porte de nos jours. 

Endlicher a le mieux exposé les caractères du genre Disa. Les voici : 

DISA. Berg. FoLioLes EXTÉRIEURES du Périgone libres, planes, la supérieure en casque, 
prolongée à la base en éperon; les INTÉRIEURES petites, soudées à la base de la colonne. La- 
BELLUM inséré à la base de la colonne, prolongé, sessile ou unguiculé, sa lame indivise ou 
trilobée. CoLowne bi-ailée, ailes pétaloïdes, le clinandre dilaté, proéminent antérieurement 
au-dessus du stigmate, trilobé, le lobe du milieu réfléchi en dedans. ANTHÈRE verticale, loges 


divariquées en-dessous, montantes, naissant du dedans du clinandre. PozimiEs sillonnées, 
caudicules distinctes, glandes nues (Endl. Gen, Plant. 1557). 


Les Disa sont des plantes herbacées, pourvues d’un tubercule radical 
tuniqué, d’une tige feuillue, de feuilles largement lancéolées ou étroite- 
ment linéaires, l’épi des fleurs dense ou plus souvent lâche, pauciflore, 
bractées assez larges, colorées, presque toujours cucullées. 

M. Lindley divise les Disa en deux groupes, partagés, le premier en 
deux et le second en neuf sections. Le Disa grandiflora appartient au 
premier groupe où l’anthère est dressée , l’anthère dans le second groupe 
étant renversée sur le dos. Le premier groupe renferme deux divisions 
4° les macranthes, 2 les micranthes. 

Le Disa à grandes fleurs appartient aux macranthes ou Disa à grandes 
fleurs. Ses caractères sont : 

Disa GRANDIFLORA Linn. suppl. 406.—Swartz Act. Holm. 1800 p. 210. 
Thunb. Fl. cap., éd. Schultes, pag. 7.—Lindl. Bot. reg., t. 926.—Sertum 
orchidear. t. 49.—Gener. et spec. orchid. 547, etc. 

Tige feuillue sub-biflore, feuilles lancéolées aiguës, folioles extérieures du périgone (sépales 
de Lindley) oblongues acuminées, casque cucullé, obtus ou aigu, éperon placé au-dessus 
de la base, court, conique, pendant; folioles intérieures (pétales de Lindley) semi-lancéolées, 
denticulées, dressées ; labellum linéaire , lancéolé. 

Les gravures publiées de ce Disa diffèrent presque toutes par les détails 
des couleurs, des proportions et des tailles. Le pied qui a fleuri, cette 


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année (1854), pendant plus de deux mois chez Madame Legrelle-d'Hanis 
d'Anvers , nous a fourni le moyen, en combinant la description de Thun- 
berg et nos observations , de donner les vrais caractères de l’espéce. 


Tige cylindrique, haute de cinquante centimètres sans les fleurs, glabre et noueuse aux 
feuilles supérieures, terminée par une, deux ou rarement par trois fleurs, (le pied de Madame 
Legrelle-d’Hanis avait deux fleurs) , redressée-recourbée dans son état libre (1). Feuilles 
subradicales , engainant alternativement le bas de la tige , ensiformes, canaliculées au-dessus, 
carinées au-dessous, élargies à la base, rétrécies et longuement acuminées au sommet, vei- 
neuses, glabres, d’un vert foncé et longues de 17 centimètres (empan). Autant de bractées que 
de fleurs , ovales-oblongues, acuminées, foliacées, vertes, de la longueur de lovaire (ou cap- 
sule). Une, deux ou trois fleurs (ce dernier nombre rare) sanguines, grandes, élégantes el pen- 
chées (2). Périgone subrésupiné, pentaphylle. Trois folioles extérieures, dont une postérieure 
(devenant antérieure dans l’anthèse) (3), en casque ovale, très-concave, blanc ou rose(4), ornée 
de veines sanguines ou purpurines et de points des mêmes teintes, pourvue d’un éperon pos- 
térieur, conique, droit ou légèrement courbé en dedans et plus court que l’ovaire ; deux folioles 
latérales oblongues-ovales acuminées, dressées-planes (5) ; deux folioles intérieures du péri- 
gone soudées longitudinalement à la base latérale de la colonne, incluses dans le creux du 
casque, rhomboïdales, concaves, jaunes et maculées de pourpre en dedans, d’un pourpre 
uniforme en dehors. Labellum situé entre les deux folioles extérieures et inséré au devant du 
stigmaté, érectiuseule (6). Anthère biloculaire, oblongue, acuminée, soudée à la colonne, 
ayant deux glandes distantes et nues, presque dressée dans le creux du casque avec les folioles 
intérieures du périgone. Masses polliniques oblongues, acuminées, fixées par des pédicelles 
sur un lobe blanc sortant de la colonne sur les deux côtés et en avant. Stigmate tronqué ou 
convexe, trilobé obscurément en disque, souvent tubereuliforme et situé au bas de la colonne. 
Graines inconnues, mais on sait que dans la plupart des Disa, si pas dans toutes les espèces, 
les graines sont noires, crustacées, brillantes, la testa adhérente au sommet et libre à la base. 


(1) Par suite de la culture par tuteur, le Disa de Madame Legrelle-d’Hanis lié à son soutien, la tige 
devait se tenir perpendiculaire , mais Thunberg dans sa Flora capensis dit positivement page 7 « Caulis vel 
sczpus curvato-erectus » et je crois que c’est là son port naturel. Dans les orchis qui appartiennent à la 
même tribu des orchidacées, savoir les ophrydées , l’éperon est placé sous l’ovaire et l'ouverture de son 
canal est creusée au sommet du labellum. Cette disposition n'est pas la même quand les fleurs se déve- 
loppent, elles ne la possèdent qu’à l’époque de l'épanouissement par une vue très-sage du Créateur de tou- 
tes choses : il faut bien, si l'ouverture de l'éperon creux et sécrétant le sucre, s'ouvre en haut du lahellum, 
que les insectes, chargés de mettre en contact les masses polliniques (après avoir fait tomber l'opercule) 
et la surface stigmatique ou le gynize de la colonne, entrent d'abord où la faim et la soif les appellent. En 
sortant de ce canal sucré, la tête la première, ils se dirigent vers la colonne protégée par le casque et là, 
par les mouvements de leurs ailes et de leurs pattes, la fécondation s’accomplit. 11 y a plus, les fleurs 
d’orchidées naissent avec leur éperon placé contre l'axe de l'épi et tous les éperons de cette inflorescence 
sont au commencement internes ; puis les fleurs droites restent parallèles à l'axe de l’épi ; mais dans l’an- 
thèse, le mouvement de la résupination a lieu par la torsion de l’ovaire et l'éperon occupe le dessous exté- 
rieur de la fleur. Eh bien! si vous admettez que la fleur du Disa au lieu de porter son éperon sur le dos, 
est inclinée par la courbure de la tige et la fleur n’offrant presque point de résupination, ni l'ovaire de 
torsion, il est clair que par l’effet de cette courbure dans la position naturelle de la fleur du Disa au Cap, 
V'éperon est au-dessous de l’ovaire comme dans toutes les ophrydées. 

(2) Nutans , penché, incliné ; ce terme employé par Thunberg avec connaissance de cause, décide que la 
fleur est naturellement penchée sur une tige recourbée. 

(3) Alors c'est bien le casque rose avec l'éperon qui prend la position du labellum des ophrydées et des 
vandées. 

(4) Aucun des auteurs qui ont vu des Disa dans leur endroit natal, ne parle de la couleur jaune gomme- 
gutte qu'on a placée sur quelques figures publiées. On connaît toute la conscience de Thunberg. 

(5) Thunberg déclare donc que les folioles rouges-pourpres ou sanguines sont dressées. À Malines où la 
fleur était attachée à son tuteur, ces organes se dirigeaient naturellement vers le bas et non vers le haut. 
Décidément la fleur y était vue à l'envers, comme sur le dessin pl. 16. 

(6) Labellum erectiusculum, dit Thunberg. Done, le labellum est droit ; donc, la fleur doit être vue en re- 
tournant le dessin. Le mot erectiusculum ne peut laisser de doute.— Quant au stigmale dont il est ici ques- 
tion, c'est un fait important à bien savoir où se trouve le vrai stigmate lorsqu'on voudrait obtenir des fruits 


SONT [ts 


C'est avec toute l'anxiété d’une science qui veut augmenter incessam- 
ment son domaine, s'écrie Lindley à propos de cette plante d'Afrique, 
que nous recommandons vivement le genre des Disa aux investigations 
des botanistes qui peuvent les étudier dans l'endroit de leur naissance. 

« Ce genre, dit encore Je célèbre professeur de Londres, est superbe 
par la munificence de ses espèces, variées de forme et possédant des gé- 
nitalies excessivement différentes de toutes les autres plantes. Il est du 
reste difbeile à coordonner. J'en ai éloigné les genres Penthea, Hers- 
chellia, Monadenia, Schizodium et je propose de le diviser en onze sec- 
tions. » | 

Sans doute aucun , le Disa grandiflora peut se classer parmi les fleurs 
de première beauté; elles n'ont pas seulement le charme de l'élégance, le 
prestige de la grandeur , l’heureuse harmonie des couleurs qui s’entre- 
aident dans leur éclat respectif, mais elles possèdent aux yeux du vrai 
connaisseur de plantes, du botaniste , un attrait d'autant plus énergique 
qu'il est très-rare à notre époque où les études physiologiques sont si mul- 
tipliées et si approfondies : nous voulons parler de la structure toute par- 
ticulière de cette fleur. — A Malines où l'exposition de fleurs, ouverte à 
l'occasion des fêtes données en l'honneur de S. M. le roi Léopold et de la 
famille royale , avait attiré un nombre considérable de visiteurs, toutes 
les voix de l’assentiment publie proclamaient , comme le jury lui-même, 
que le Disa du Cap de Bonne-Espérance, introduit, cultivé et fleuri par 
les soins aussi éclairés qu’assidus de notre savante botaniste belge, Ma- 
dame Legrelle-d'Hanis, était la perle, le diamant, le joyau de toute l’ex- 
position. La grande médaille du concours entre les plus belles orchidées 
devait de tout droit distinguer cette perfection africaine. La Commission 
directrice de l'exposition avait recu la mission de décerner le prix d’hon- 
neur offert par M. le bourgmestre de la ville de Malines, à la personne 
qui aurait le plus contribué à la splendeur de cette floralie extraordinaire. 
Le prix ne pouvait être douteux : Madame Legrelle-d’Hanis l’a remporté. 
Enfin le roi lui-même, botaniste profond, connaissant les difficultés ex- 
trêmes de la culture d’une orchidée qu'on ne trouve même pas,en Europe, 
dans les serres les plus riches, daigna féliciter par des paroles pleines de 
science et de haute bienveillance l'heureuse protectrice de tant de mer- 
veilles fleuries. Ces faits méritent d’être consignés dans les écrits sur 
l'horticulture de la Belgique et dans des siècles, on signalera encore ces 
succès à l'admiration de la postérité. 


du Disa. Or, dans ce genre, la colonne est bipartite, c'est-à-dire, que l’anthère est séparée du stigmate. 
Ce dernier est tronqué ou convexe. situé à la base de la colonne, souvent tuberculiforme et présentant la 
forme d'un disque obscurément-trilobé. Ce stigmate est pour M. Lindley , le stigmate antérieur, en forme 
de tubercule placé à la pointe de la colonne opposé à l’anthère: il est ordinairement rudimentaire ou non 
développé ou nul entièrement par avortement. S'il est apte à la fécondation, la partie du milieu est seule 
utile et les deux lobes postérieurs sont dans ce cas avortés. — Il est donc urgent d'étudier d'avance les Disa 
que l'on voudrait ntiliser pour les graînes. (Voyez Lindley, Gen. et spec. orchid., p. 346.) 


Are 4e ere, 


ne ON — 


Mais pourquoi le Disa grandiflora du Cap de Bonne-Espérance est-il 
done si rare, pourquoi disparaît-il de toutes les collections où on l’a pos- 
sédé pendant très-peu de temps, pourquoi meurt-il partout? Voilà des 
demandes qu’il faut poser et discuter pour résoudre des problèmes devant 
lesquels les premiers horticulteurs ont succombé. Au fond, le mieux se- 
rait de l’étudier sur place et d’en suivre toutes les phases de développe- 
ment, de reproduction ou de multiplication. 

Thunberg l’a trouvé au sommet de la montagne de la table, au Cap de 
Bonne-Espérance, dont la hauteur au-dessus du niveau‘de l'Océan est de 
1,165 mètres. Sa station naturelle sont les bords des marais tourbeux, 
desséchés pendant l’été, inondés pendant l'hiver ; la température la plus 
basse y est de — 0,84 centigrades, près de un degré sous zéro; la tem- 
pérature la plus haute y monte à 55°,55 centigrades au-dessus de zéro. 
Ces variations sont extrêmes, elles ont été observées par sir John Her- 
schel pendant son séjour au Cap. La floraison du Disa grandiflora se fait 
au Cap en février et en mars, et l’été avec sa période la plus chaude 
tombe en décembre, tandis qu’en Belgique et en cultivant la plante 
comme étant de serre chaude, la floraison a eu lieu en juin et Juillet; la 
floraison est postposée de cinq mois, mais elle correspond toujours aux 
mois les plus chauds de l’année, au Cap comme ici. 

M. John Lindley a recu de sir John Herschel des renseignements très- 
intéressants sur la haute température que les espèces du Cap supportent 
par l’échauffement de la terre. M. Lindley a consigné ces faits dans sa 
Théorie de l’horticulture. « Le 5 décembre 1837, entre une et deux 
heures de relevée, sir John Herschel observa que la chaleur sous le sol 
de son jardin, planté de végétaux bulbeux, faisait monter le thermomètre 
à + 67°,50 centigrades (1); à + 65,25 dans l’après-midi et à + 48°,20 
même dans les endroits ombragés. À l’ombre, la température de l'air 


_ variait à la même époque de + 56°,65 à + 55°,53. A cinq heures de 


l'après-midi, une portion du même sol qui avait été longtemps ombragée, 
marquait encore+ 38,85 à 10 centimètres de profondeur. Le 3 décembre, 
un thermomètre, enfoncé à 8 millimètres de profondeur et en contact 
avec un jeune sapin d’un an, bien portant et pourvu de ses feuilles sémi- 
nales, marquait comme il suit : à 11 heures 25” avant-midi + 64°,26 C.; 
— à 0 h. 48’ après-midi 64,96 C.;— à 4 h. 54’ après-midi+ 65,54 C; 
— à À h. 54 après-midi + 65°,69 C. ; et à 2 h. 46’ après-midi + 64°,70. 
Sir John Herschel reconnait que de telles observations « tendent à 
démontrer qu’au Cap de Bonne-Espérance, dans les mois chauds, les 
racines des plantes bulbeuses et autres qui ne plongent pas très-profon- 
dément en terre pour v chercher leur nourriture, doivent souvent et 
même ordinairement supporter une température que nous ne pouvons 


(4) Ces évaluations ont été publiées en degrés du thermomètre de Fahrenheit. Nous avons 
préféré de les exprimer en degrés du thermomètre centigrade plus en usage sur le continent. 


SR CS TS SE CS 
‘ "L ï { ; A r 


— OUR = 


reproduire dans nos serres chaudes qu'en suspendant au-dessus du sol 
des plaques de fer chauffées au rouge. On doit remarquer, en effet, qu'en 
chauffant le sol par dessous, ce ne serait pas distribuer la température de 
manière à arriver au même résultat. » 

On a argué de cet argument qu'il faudrait donner aux Disa une très- 
haute température de 50° à 60° C. pendant leur végétation, mais avec 
beaucoup d'eau, et lors du repos hivernal, ils recevraient l'influence 
d’une température à 0° C. Cependant ces essais n’ont pas réussi. M. Van 
Houtte voulait, dès 1846, résoudre le problème de la floraison en don- 
nant une forte chaleur, non pendant les végétations foliaire et floréale, 
mais après que les feuilles se seraient fanées. « Je tiens, disait M. Van 
Houtte, le Disa grandiflora en serre chaude pendant son état de végé- 
tation, et je le mouille abondamment; quand il a perdu ses tiges, je 
plonge le vase dans une vieille tannée sous châssis et sous une légère 
couverture de mousse sèche; alors, j'établis un courant d'air à chaque 
extrémité du coffre, pendant les grandes chaleurs. >» Nous ne savons 
si ce traitement a obtenu des succès, mais il est probable que si des Disa 
grandiflora eussent fleuri depuis ces huit ans d'attente, dans Fétablis- 
sement du célèbre horticulieur, nous, Belges, et toute l'Europe, nous 
l'aurions su. 

Sweet et George Don, dans leur Hortus britannicus, reportent à 4825 
l'année de l'introduction du Disa grandiflora en Angleterre , mais on ne 
dit pas si les pieds apportés du Cap fleurirent. En 1845, des Disa de la 
mème espèce arrivérent de nouveau du Cap à Kew et plusieurs pieds 
montrerent leurs fleurs ouvertes, mais peu après leur introduction. Sir 
William Hooker prononca à cette occasion des mots fatidiques dont la 
vérité n'échappe plus à personne, à savoir que ces plantes ne fleuriraient 
plus. En effet, les germes des fleurs s'étaient formés au Cap et non en 
Europe, où tous les soins avaient été prodigués à ces orchidées ; mais 
après cette floraison, les pieds se sont desséchés et retournés en poussière. 

C'est aussi cette fin de tous les êtres qui ont recu une seule fois le bon- 
heur d'être appelés à la vie, qui 2 frappé le Disa grandiflora de M=° Le- 
grelle D'Hanis : toutes les gloires de l'exposition royale de Malines ne 
sont plus qu'un souvenir. Sic transit gloria mundi! 

Pendant que ces événements horticoles se passaient en Belgique à la 
fin de juin, l'exposition de Chiswiek se préparait à fêter des Disa grandi- 
flora en splendide floraison < gorgeous plants >, car on comptait sur 
chaque tige trois ou quatre fleurs ! chacune aussi grande que la main 
d’une dame /large as a Lady s hand), mais on ne dit pas quelles sont la 
longueur et la largeur de la main des filles d'Ëve. La Vénus de Médicis 
qui était cependant un chef-d'œuvre de dame, puisqu'elle était déesse, 
n'a qu'une main d'enfant. 

M. Leach, possesseur et cultivateur de ces merveilles, s'est étayé sur 
les observations de sir John Hersehel et ses propres remarques person- 


— 105 — 


nelles. Voici la lettre qu’il envoya au Gardener's chronicle du 29 juil- 
let 1854 : | 

« Je erois que les succès que j'ai obtenus dans cette culture, proviennent 
de ce que j'ai employé le traitement ordinaire des plantes de serre froide 
pour bien élever les Disa et les amener à fleur, sans leur avoir fait subir 
la sécheresse comme on le fait avec les bulbes du Cap pendant le repos 
de la végétation. D'ailleurs, je n’ai pas été capable de découvrir quand les 
Disa sont en repos, et je doute qu'ils y soient jamais : ou les feuilles 
s’allongent toujours ou bien les rejets poussent sans cesse. C’est cette 
particularité qui m'a déterminé à continuer les arrosements pendant 
toute l’année, modérément pendant l'hiver lorsque le thermomètre variait 
entre + 1°,67 C. et + 7°,22 C. (1). J'arrosais assez librement le reste 
de l’année. 

« Je soupconne que dans sa patrie et sa station native, les chaleurs 
continues et la longue sécheresse lui font perdre ses feuilles, tandis que 
les racines s’allongeant dans les cavités ou fissures d’un sol marécageux 
toujours humide, continuent de s’abreuver et de vivre. Chez moi, cepen- 
dant, un changement d'habitude a eu lieu : les rejetons de l’automne pré- 
cédent et de l'hiver deviennent des plantes florifères, non pour l’année 
qui suit, mais pour la deuxième année. Les pieds qui fleurissent actuelle- 
ment, mourront tous, laissant après eux une abondance de jeunes plantes 
à peine à l’état de demi-pousses et seront suivies, aussitôt après, de reje- 
tons frais. 

« Je me sers d’un sol de bruyère à fibres grossières, mélangé d’une 
bonne portion de sable siliceux argenté et rude, le tout bien et dûment 
drainé. D'après les résultats que J'ai obtenus, je ne vois pas de raison 
pourquoi cette très-belle espèce d’orchidées, ne trouverait pas dans nos 
orangeries et nos serres froides les mêmes soins qu'on donne aux Pelar- 
gonium et à tant d’autres plantes inférieures en beauté aux Disa. 

« Enfin , je dois ajouter à ces conseils, qu’il est strictement nécessaire 
que l’œil du maitre soit quotidiennement en surveillance, afin de préser- 
ver les plantes contre des négligences ou des oublis qui tuent plus de 
pieds chers et précieux en un an, que les mauvaises cultures n’en anéan- 
tissent en un siècle. » 

En résumé, nous terminerons nos réflexions sur la culture de cette 
célèbre orchidée par une pensée morale. D'où proviennent toutes ces dis- 
cussions sur la possibilité ou l'impossibilité de cultiver, de faire fleurir 
itérativement et de propager ce Disa grandiflora en Europe? Un des 
grands génies de notre époque, un savant qui prend les astres pour des 


(1) Les degrés de Fahrenheïit donnés dans le texte anglais sont réduits en degrés centi- 
grades d’une manière faulive dans la traduction publiée de ce travail de M. Leach dans le Bul- 
letin des séances de la Société d’horticulture de la Seine. Cette publication réduit 55 Fabren- 
heit à + fo 7/10es C. et 45° Fahrenheiït à -+ 6° 7/10es. D’après les tables de réduction de 
Vannuaire de l'Observatoire, nos chiffres sont exacts. 


— 104 — 


lettres avec lesquelles le Créateur a écrit l'histoire des mondes dans les 
Cieux, John Herschel qui sait lire ce langage de l’univers, conseille de 
suspendre au-dessus de la terre où l’on cultive les plantes bulbeuses du 
Cap, des plaques de fer chauffées au rouge. Cette méthode n’est pas réa- 
lisable en pratique, mais elle se réduit, en fin de compte, à chauffer cette 
plante dans les serres d’une température excessivement élevée. Voilà un 
avis. Puis, vient un horticulteur-amateur qui élève ses Disa comme des 
espèces d’orangerie et de serre froide et réussit mieux que tous ses prédé- 
cesseurs, puisqu'il couronne ses tiges de quatre fleurs à la fois. Au lieu de 
les tenir à une chaleur de 55° centigrades, il leur fait subir un froid de un 
degré et demi au-dessus de zéro. Son succès est complet. Nous n’avons 
vu nulle part que l’expérience, conseillée par sir John Herschel, ait été 
essayée et encore moins qu’elle ait réussi. Dans tous les cas, partout où 
l’on a obtenu des fleurs de Disa en Europe, les plantes arrivaient récem- 
ment du Cap de Bonne-Espérance. En effet, chez ces plantes de naissance 
africaine, l'espérance d'obtenir des fleurs est légitime, puisque les sur- 
geons en renferment les rudiments qui exigent deux ans pour se dévelop- 
per et s'épanouir en fleurs magnifiques. Le grand problème consisterait 
à savoir conserver, faire fleurir et propager pendant de longues séries 
d'années des espèces qui semblent porter un défi à la sagacité, à la patience 
des naturalistes. 


NOTE SUR L’ACROCLINIUM ROSEUM, CHARMANTE IMMOR- 
TELLE ROSE DE L’AUSTRALIE, 


PAR LE MÈME. 


Le professeur Asa-Gray est le fondateur du genre Acroclinium faisant 
partie des composées et de la section des sénécionidées ; il consigna er 
1852, ses caractères dans le Journal de botanique de Sir William Hooker 
(v. 4, p. 271); les voici traduits : 

« Capitule multiflore, toutes les fleurs tubuleuses, hermaphrodites ou 
bien les extérieures imparfaites. {nvolucre largement campanulé, pluri- 
sérié, écailles extérieuresscarieuses, les intérieures plus longues parséries, 
rayonnantes , pétaloïdes. Réceptacle presque plane (planiuscule) ou coni- 
que , subalvéole sur le pourtour. Corolles tubuleuses-infundibuliformes , 
à cinq dents. Anthères à deux soies courtes à la base. Rameaux du style 
tronqués, en brosses à poils courts. Akènes turbinés, soyeux et poilus 
par des poils blancs de neige, les intérieurs glabres, la base épaisse, 
oblique. Pappe persistant, unisérial, presque soudé par la base à des 
paillettes raides au nombre de dix à vingt. Fleurs fertiles densément 
plumeuses ; fleurs stériles plus minces, souvent en plus petit nombre (de 
6 à 12), moins plumeuses , nues au bout ou en pinceau. 

Les Acroclinium sont des végétaux non laineux, les tiges montent 


— 105 — 


nombreuses et simples d'une racine annuelle, feuillues et monocépales 
chacune ; les feuilles sont alternes ou les inférieures opposées, linéaires ; 
les capitules assez grands. 

L’étymologie du genre réside dans les mots 4505, haut, élevé, sail- 
lant et Ka» lit, lit élevé à cause du réceptacle qui est élevé et saillant 
dans les trois espèces décrites par Asa-Gray. Malheureusement la nouvelle 
espèce décrite ici et aux sources citées, présente un réceptacle presque 
plane , planiuseule, comme dit la terminologie. 11 eut été bien facile de 
trouver cette fois un nom plus euphonique et gracieux que ce mot 
d’Acroclinium , puisqu'il s'agissait d’une immortelle. On en pourrait 
compter de ces immortelles de l’olympe ancien, noms aimables, rap- 
pelant des souvenirs de bonnes études ou d’anecdotes instructives, qui 
n’ont pas pénétré dans la nomenclature de la botanique. Je ne sache guère 
parmi nos contemporains qu'un homme, immortel lui-même, M. Robert 
Brown, qui sous ce rapport et tant d’autres, ait hérité de l'esprit si riche 
en ressources de Linné. 

L’Acroclinium roseum est originaire de l’intérieur du sud-ouest de 
l'Australie, entre les rivières de Moore et de Murchison. James Drum- 
mond l’a découvert chez elle en 4855 et en envoyant à Kew, son herbier 
_ ou cet Acroclinium existe encore, il y a joint des graines. Cette plante 
fleurit abondamment à Kew et y forme des groupes charmants dans 
l’orangerie : la teinte d’un pâle vert, des tiges et des fleurs, s’harmonise 
favorablement avec le rose doux et pur et le jaune éclatant des involucres. 
Sir William Hooker a fait remarquer que les cultures d'Europe, celles 
qui sont bien faites s’entend, font grandir considérablement plus que 
dans leur pays natal ces plantes et ces fleurs. Enfin M. Planchon a fait 
ressortir dans sa Flore des serres un caractère spécial de la Flore de la 
Nouvelle-Hollande , pays aride, sans verdure, ni fraicheur, ni ombre. 
Ce caractère consiste dans la possession d’une compensation accordée par 
la nature: c’est une flore formée d’un nombre considérable de plantes 
annuelles à fleurs brillantes jouissant pour ainsi dire de la gamme de ecou- 
leurs dans les tons et les teintes de toutes les intensités. 


NOTICE SUR LE WANWG-SHAN-KWEI DES CHINOIS 
OU LE SXIMMIA JAPONICA, 


PARAPHRASE D'UN ARTICLE DE M. HARRISON, 
Par M. CH. MoRREN. 


Ce bel arbrisseau toujours vert est originaire du Japon où il oceupe 
les montagnes aux environs de Nangasaki. Son estime est aussi populaire 
et aussi grande en Chine qu’au Japon, et quoique ce soit dans ces deux 


— 106 — 


empires, une espèce spontanée et sauvage, le Skimmia se cultive dans 
tous les jardins. Non-seulement la plante se distingue par sa beauté, mais 
ses fleurs exhalent un délicieux parfum dans le genre des aromes péné- 
trants du Daphne odora et de l'Olea fragrans. Le docteur Von Siebold, 
pendant son séjour au Japon, l’a trouvé sur la montagne de Kawara, à 
555 mètres d'altitude au-dessus du niveau de l'Océan. « C’est, dit-il, un 
arbrisseau toujours vert orné de feuilles brillantes ou vernies ; des grappes 
de fleurs aussi nombreuses que charmantes terminent les branches à leur 
extrémité et produisent, depuis le commencement du printemps, le par- 
fum excellent dont nous venons de parler, pour clore l’automne par des 
grappes de fruits écarlates comme le corail, de sorte que le Skimmia 
Japonica est une espèce très-haut placée dans l’horticulture de la Chine 
et du Japon comme plante de décoration. Il forme un arbrisseau touffu 
de trois à quatre pieds de hauteur et très-rarement de plus grande taille, 
toujours resplendissant et toujours aromatique lorsqu'on le froisse. » 

M. Fortune a introduit le Skimmia du Japon en Angleterre chez 
MM. Standish et Noble, jardiniers à Bagshot. Le célèbre voyageur a écrit 
lui-même ces paroles sur la trouvaille d’une plante découverte par Thun- 
berg, l’illustre successeur de Linné : « Cet arbrisseau remarquable et 
nouveau a été découvert par moi (M. Fortune veut dire trouvé par moi) 
dans l'hiver de 1848 et introduit en Angleterre en 1849. Je le rencontrai 
chez un horticulteur de Shanghae, en Chine, et c’était l’objet Le plus rare 
et le plus précieux de toute sa collection. Ce jardinier me raconta que 
cet arbrisseau lui avait été apporté d’une haute montagne de l’intérieur, 


nommé Wang-Shan, et conséquemment, ce végétal était appellé par les 


Chinois Wang-Shan-Kwer. Ce dernier mot est relatif à l'odeur des fleurs 
que les Chinois considèrent comme aussi douce que celle du Xwei-Wha 
ou l’Olea fragrans. Ces fleurs sont produites en grande profusion au pre- 
mier printemps et sont suivies par des grappes de fruits écarlate vif 
comme en porte le houx. Mon opinion est que cet arbuste passera l'hiver 
en pleine terre dans les îles britanniques et y deviendra vivace. Il ne 
craint aux environs de Shanghae ni les vents froids, ni les gelées piquantes. 
D'ailleurs sous ces points de vue, le Skiminia doit souffrir beaucoup plus 
dans sa patrie initiale, les montagnes de l’intérieur, que sur les côtes où 
il a été introduit et soigné dans sa culture. Il deviendra, disait M. For- 
tune , dans quelques années, une des espèces de plantes d’hiver les plus 
attrayantes de nos jardins. Imaginez-vous nos parterres garnis en plein 
hiver de jolis arbrisseaux hauts seulement de deux ou trois pieds et tout 
couverts de feuilles luisantes, odorantes et de fruits imitant des perles de 
corail! Dans l’orangerie, le Skimmia est au-dessus de toute valeur comme 
ornement, car ses fleurs, quoique peu brillantes, remplissent l’atmosphère 
d’émanations parfumées de la plus exquise pureté et tout à côté brillent 
les grappes vermillonnées. » 

MM. Standish et Noble ont affirmé que cet arbrisseau est parfaitement 


— 107 — 


vivace en Angleterre, et si on le considère comme plante toujours verte, 
comme soutien de fleurs odorantes ou de fruits élégants, c’est toujours 
sous quelque aspect qu’on l’envisage, une précieuse acquisition. Lors de 
sa première introduction, il régnait des doutes sur sa résistance aux 
rigueurs de nos climats, mais depuis qu'il est connu dans ses allures, on 
trouve que ces craintes n’ont pas de fondements. Au premier printemps 
de 4852, nous avons planté, disent MM. Standish et Noble, en pleine 
terre un jeune pied pour le soumettre à des expériences de naturalisation. 
Au printemps de 1855, il fleurissait, et pendant tout l'été il montra des 
grappes de fleurs et de fruits. En janvier 1854 il était, le 26, tout cou- 
vert de ses perles de corail. Et comme les fleurs montrent leurs boutons 
longtemps d'avance, on voit déjà que sa prospérité sera digne d'envie au 
printemps de cette même année. Enfin, le Skimmia japonica a supporté 
sans avarie, en Angleterre, l'hiver si rude de 1855 à 1854. Les fruits 
de 1853 n'ont souffert en rien, leur écarlate n'avait pas perdu de son 
éclat et les boutons se sont développés comme à l'ordinaire. Ce végétal, 
si résistant, a été placé sous les circonstances les plus défavorables, eut-on 
dit, à sa santé, mais pas un bout de feuille ni le sommet d’un bourgeon 
floral n’ont été atteints. C’est en fin de compte un arbrisseau aussi résis- 
tant qu’un houx ordinaire, et il n’est pas plus difficile que ce dernier sur 
la qualité de la terre. Son caractère facile à se contenter en fait un excel- 
lent habitant de jardin. 

Le docteur Wallich a décrit une autre plante, originaire de l'Himalaya, 
introduite il y a des années en Angleterre sous le même nom de Skimmia 
japonica, mais elle y porte actuellement les dénominations de Skimmia 
Laureola Zuec. ou de Limonia Laureola De. L'opinion qui consiste à 
regarder le Skimmia du Japon et de la Chine (Skimmia japonica) comme 
identique avec la plante de l'Himalaya, a été jetée en avant en Angleterre 
(M. Harrison aurait pu dire ce que chacun sait, à savoir que cette opinion 
a été soutenue par M. Lindley). Mais, il n’y a pas au monde deux plantes 
plus dissemblables, dit M. Harrison, que celles confondues ainsi par une 
identité hypothétique. MM. Planchon et Decaisne, en 1851, doutaient 
déjà de la validité des caractères d'identité et établissaient sur des obser- 
vations directes que la graine du Skimmia japonica ne possède pas d’al- 
bumen, tandis que celle du Skimmia Laureola de l'Himalaya est pourvue 
d'un albumen blane équivalent en volume à celui de l'embryon, lequel est 
vert. Comme plantes horticoles, la différence saute aux yeux, bien que 
les tiges et les feuilles se ressemblent. La plante de l'Himalaya a été placée 
en pleine terre, en Angleterre, il y a des années, et c'est à peine si elle 
a montré des fleurs ; nulle part elle n’a donné des fruits. La beauté de la 
plante chinoise (disent MM. Standish et Noble) ne consiste pas seulement 
dans sa nature d’arbrisseau toujours vert, mais encore dans abondance 
de ses fleurs et la profusion de ses fruits. Elle imite sous ces rapports le 
houx. Nos plantes, ajoutent-ils, fleurissent à deux pouces de hauteur ct 


— 108 — 


portent des fruits lorsqu'elles atteignent à la taille de six pouces, tandis 
que la plante de l'Himalaya, quoiqu’elle forme de grands exemplaires, n’a 
jamais fleuri. M. Van Geert, horticulteur de Gand (Belgique), la possède 
depuis quelques années, et quoique la plante ait atteint trois pieds de 
hauteur et présente toutes les années, l’apparence d’un pied qui va fleurir, 
elle ne le fait jamais. En conséquence de ces confusions quelques per- 
sonnes ont introduit comme étant identiquement les mêmes espèces, le 
Limonia Laureola pour le Skimmia japonica, et des désappointements 
sont résultés de cette fausse spécification. Les deux arbrisseaux possèdent 
des feuilles répandant une bonne odeur étant froissées, mais le Limonia 
Laureola n’a pas, sous aucun rapport, la douceur de larome du Skimmia 
Japonica. L’odeur de ce dernier ressemble à celle des pommes mûres, 
tandis que celle du Limonia tient de l’odeur de la rue et de la fraxinelle. 
Les feuilles du Skimmia japonica sont largement lancéolées, pointues, la 
surface un peu ondulée. Celles du Limonia sont oblongues , acuminées 
par une pointe étroite, et la surface en est unie. Nous prenons le soin de 
décrire dans leurs plus légers détails des êtres similaires mais non iden- 
tiques, afin que chacun puisse s’assurer de la nature du vrai Skimmia 
Japonica. C’est un franc arbrisseau de pleine terre (selon le climat) fieu- 
rissant très-bien dans une terre sablo-argileuse établie sur un sous-sol 
sec ; il mérite d’entrer dans les parterres pendant l’été et de le rentrer 
dans l’orangerie pendant l'hiver, quand le pays où l’on cultive est situé 
trop au nord. On peut, sous ces circonstances rigoureuses, le cultiver en 
couches, en serre tempérée ou en bache. » 

MM. Von Siebold et Zuccarini affirment que les feuilles du Skimmia 
japonica vivent sur la plante trois à quatre ans, et l’on peut évaluer leur 
âge par la longueur des mérithalles qui séparent les groupes des âges suc- 
cessifs. A l’état spontané les feuilles sont plus pointues et l’on y recon- 
nait une structure de cryptes oléifères comme dans l’oranger, le myrte, 
l’androsème, etc. Cette huile est le principe de l'odeur, mais quoiqu’elle 
soit agréable, les Chinois et les Japonais n’en tiennent pas moins leur 
Skimmi pour une plante vénéneuse, surtout par son fruit. 

Dans le royaume des Pays-Bas, on cultive les Skimmia japonica dans 
les serres aux camellias lesquels empruntent, dit-on, l’arome de leurs voi- 
sins vu qu'ils n’en ont pas. Mais, toute autre plante rendrait le même 
service à ces roses inodores du Japon : les odeurs des huiles essen- 
tielles pénètrent les corps poreux autour desquels les vésicules odorantes 
nagent, et il n’y a rien de surprenant que ces corps, imbibés de ces huiles, 
répandent l’odeur de celles-er. 

Le genre Skimmia a été fondé par Thunberg en 1784. Je ne sache pas 
qu'aucun auteur traite de la source de ce nom. Thunberg ne dit rien de 
ses étymologies. Des auteurs, de nos contemporains, affirment bien que 
Skimmi est le nom japonais de notre plante, mais je trouve dans Kaemp- 
fer, Amænitatum exoticarum, ete., 880, tab. 881, que le nom de Skimmi 


: 
: 


— 409 — 


était au Japon celui de l'anis étoilé ou Badiane, J{licium anisatum de 
Linné. Peut-être Thunberg a-t-il été conduit ou séduit par l'odeur aro- 
matique de la plante qu'il a nommée Skimmia du nom de Skimmi qu'il 
avait vu dans les ouvrages de Kaempfer, son précurseur au Japon d'un 
siècle. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES : 


Ceanothus papillosus. Torr. et Gray. F1. of NX. Am. v. 1, p. 208. 
Hook. Bot. mag. ann. 1854, tab. 4815.— Céanothe papilleuse. Famille 
des Rhamnées. Arbrisseau de taille moyenne, pubescent-poilu; feuilles 
alternes , pétiolées , étroites, oblongues, penninerves, dentées, convexes 
au-dessus, portant des papilles sur la face supérieure , au-dessous tomen- 
teuses , les dents des bords terminées par des papilles glanduleuses; sti- 
pules ovales, terminées par une longue pointe étroite, pinnatifides au 
bas; corymbes subpaniculés, nombreux, pédonculés, terminaux et axil- 
laires ; ovaire trigone, angles subprolongés au sommet. Cette espèce est 
encore une découverte de l'infortuné Douglas qui la trouva en Californie. 
Sir William Hooker ne sait pas qui introduisit ce Ceanothus en Angleterre 
ni dans quel jardin il fut cultivé en premier lieu. M. William Lobb en 
remit des graines à MM. Veitch, horticulteurs à Exeter et au King's road. 
En 1854, au mois de Juin, les plantes provenant de ces semis fleurirent. 
L'inflorescence n’est pas aussi compacte que sur d’autres espèces, mais elle 
est plus délicate et plus aérienne; la fleur est d’un bleu d'azur clair et 
les anthères sont jaunes. 

Culture. A Exeter, le Ceanothus à papilles passe en pleine terre comme 
plante vivace : il est aussi résistant au froid que d’autres espèces de son 
genre aussi originaires de la Californie. 


Hypoxis latifolia. Hook. Bot. mag. ann. 1854, tab. 4817.— Hy- 
poxis à larges feuilles. Famille des hypoxidées. Tubercule globuleux , 
solitaire, feuilles larges-lancéolées , acuminées, glabres; engaïnantes à la 
base, les internes à la fin devenant les plus longues, grappes pauciflores, 
bractées ciliées, ovaire turbiné. Au printemps de 1854, dit Sir Wil- 
liam Hooker quelques tubercules ressemblant à des bulbes par leur aspect 
externe et d'autres plantes rares ont été offerts à Kew, par M. le capi- 
taine Garden, du 46° régiment et provenaient de Natal. Ces tubercules 
portaient leurs feuilles à la manière de quelques orchis et notamment 
de l'orchis hircina, mais elles étaient plus nombreuses et plus fortement 
engainantes à la base. De l’aiselle de ces feuilles sortent des épis de fleurs 
jaunes, assez grandes, mesurant trente-trois millimètres de diamètre. 
Elles présentaient tous les caractères des Æypoxis auquel genre Sir Wil- 
liam ramena cette plante. Mais l'espèce parut nouvelle, quoiqu'elle se 
rapprochät de lÆ. obtusa de Burchell décrite dans le Botanical register 


— 110 — 


f. 159. Les feuilles du centre atteignent après la fleuraison une longueur 
de deux pieds, ce qui donne aux pieds une apparence et un port très- 
spéciaux. Le tubercule ressemble à un navet. 

Linné fonda le genre Æypoxis, base d’une famille qui vient se classer 
entre les Jæmodoracées et les Amaryllidées. La famille des Hypoxidées 
a été fondée par Robert Brown dans sa botanique du voyage de Flinders. 
Ces plantes sont rares partout et jamais nombreuses dans leurs stations. 
On les trouve dans l’Afrique-Australe, la Nouvelle-Hollande extratropi- 
cale , les Indes orientales et l'Amérique boréale et tropicale. Les Hypoxis 
proprement dits sont vivaces, du port des Curculigo de Gaertner. On en 
compte une cinquantaine d’espèces. Les pieds qui ont fleuri à Kew n’ont 
pas eu de fruits. Sir William Hooker ne dit pas un mot sur la culture de 
cette plante nouvelle. 


Kniphofia uvaria. Hook. Bof. mag., ann. 1854, tab. 4816. — 
Kniphofia uvaire ou Kniphofie à feuilles serrulées. Famille des aspho- 
delées. Cette plante, très-belle et très-voyante, était déjà connue de Théo- 
phraste qui l’a ramenait aux ris en la nommant /ris uvaria du Cap de 
Bonne-Espérance. Commelyn dans son Jardin des plantes médicinales 
d'Amsterdam en fit un Aloës et la nomma Aloë africana. Linné dans son 
Species plantarum en fit aussi un Aloës sous la dénomination d’Aloë uva- 
ria, mais dans les Mantissa du même auteur, elle devint l’Aletris uvaria. 
Willdenow et Roth la comprirent dans le genre Veltheimia, le premier 
en conservant la désignation spécifique de Théophraste uvaria, le second 
changea ce nom que les siècles avaient respecté jusqu'alors, en speciosa. 
Link , Roemer et Schultes l’ont rangée dans le genre Tritomanthe sous le 
nom d’uvaria. Gawler, Aiton et Redouté dans ses élégantes Liliacées ont 
adopté le genre Tritoma et l’ont nommée Tritoma uvaria, nom le plus 
euphonique et sous lequel cette asphodélée est la plus connue. En 1794, 
Conrad Moench eut la malencontreuse idée de changer encore cette no- 
menclature en Xniphofia qui tire son origine d’un botaniste allemand 
s’appelant lui-même Xniphoff, de sorte que ce nom incompatible avec 
le règne des fleurs devrait s'écrire Xniphoffia. Tout ceci ne prouve qu’une 
chose : c’est que Moench n'avait pas obtenu en partage de la Providence, 
le bon goût et l'élégance du langage qui ne devraient Jamais se séparer 
de l’étude des êtres les plus élégants de la création. Aussi Moench restera 
encore longtemps inconnu malgré son Xniphoffia, tandis que le nom 
d'uvaria de Théophraste brillera toujours dans l’épi rutilant de l’'Aspho- 
délée du Cap. — Le Tritoma uvaria est trop connu pour devoir nous 
étendre beaucoup sur son mérite, chacun connaît la massette de nos eaux, 
le Typha latifolia ou l'angustifolia. Le Tritoma uvaria a le même port, 
mais les tiges ne se terminent pas par un pompon noir, mais par un épi 
beaucoup plus gros formé par plusieurs centaines de fleurs d’un rouge 
de feu. On n’emploie dans sa description que des termes de l'admiration 


À SIN — 


pour en donner une idée, quand on est condamné à n'en pas voir, ni une 
plante en fleur, ni une bonne gravure coloriée. « Les visiteurs au jardin 
royal de Kew, dit Sir William Hooker à propos de cette remarquable 
asphodélée, étaient frappés de la beauté des épis du Tritoma eultivé dans 
plusieurs de nos parterres. » M. Ch. Winchester d'Osborne dans l'ile de 
Wight ne peut exprimer son enthousiasme à la vue de tant de splendeur, 
qu’en appellant à son secours le cantique des cantiques de Salomon. « Je 
suis la rose de Saron et le lis des vallées » (*). Le Tritoma uvaria a été 
introduit en Europe l’année de la naissance de Linné, en 1707 et malgré 
son incontestable magnificence, il s’est très-peu répandu; ses feuilles for- 
mant des faisceaux très-épais, s'élèvent de tubercules très-grands et très- 
applatis en dessous , de sorte que les racines ancrent le végétal dans Ja 
terre ; elles sont longues de trois à quatre pieds, étroites , subulées, et se 
terminent par une longue pointe dont la coupe représente un Y, tandis 
que la coupe de la feuille dans sa plus grande largeur porte la figure de 
la lettre V. Les bords et l’arête de la carène sont cartilagineux et très- 
finement denticulés. Les hampes ont de deux à quatre pieds de hauteur, 
elles se terminent par des épis bractéolés de fleurs pressées et nom- 
breuses, pendantes, d’abord d’un rouge brillant et puis se teignant de 
jaune et enfin jaunissant entièrement à la fin de leur vie. L’épi est ovoïde- 
cylindrique , très-contracté à la base par les fleurs flétries qui compri- 
ment l’axe de l’inflorescence. Le périanthe est un peu courbé, infon- 
dibuliforme, à six dents et à six fentes au sommet : les dents ou lobes 
planes modérément, le tube obscurément à six angles. Six étamines ex- 
sertes, inégales. Filets insérés à la base du périanthe, anthères oblon- 
gues. Ovaire oval, à trois sillons, à trois loges. Style à peine plus long 
que les étamines, stigmate obtus. 

Culture. Le Tritoma uvaria se trouve non pas chez tous nos horticul- 
teurs-négociants, mais seulement chez quelques-uns. Ils en tiennent le 
prix trop bas eu égard à la beauté du végétal. Non-seulement, ce dernier 
est magnifique, mais il offre une très-grande facilité à se laisser cultiver. 
Une terre sablo-argileuse bien meuble est tout ce qu'il lui faut. D'après 
M. Winchester, il est indifférent à l'exposition pourvu qu'elle ne soit pas 
trop froide. La multiplication se fait de graines et d’œilletons, en mai. On 
laisse dessécher les plaies. On recommande aussi la terre de bruyère mai- 
gre et très-peu d’arrosement , à Paris on le conserve en orangerie, on 
évite les nuits fraiches et les pluies continues. 


(1) Gévénius dans son Lexicon manuale hebraïcum et chaldaïcum a diseuté au moyen des 
versions syriaques , la question de savoir si le mot Khavaltséleth est bien une rose. Ce savant 
se prononce contre celte opinion, ce nom est celui du Colchique d'automne (Colchicum au- 
tumnale. ) 


— 112 — 


PI. 48. 


As 


NRRSNL. 


LS LR 


HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES. 


NOUVEAU GENRE DE SARRACÉNIACÉES DE LA CALIFORNIE, 
DARLINGTONIA CALIFORNICA, 


Par M. Joux TORREY, DE WASHINGTON. 


Voici comment M. John Torrey raconte dans le vi volume des Smith- 
sonian contributions to Knowledge, paru à Washington en 1854, la décou- 
verte d’une nouvelle plante ascidifère : « Cette nouvelle plante à urnes a 
été découverte par M. J.-D. Brackenridge, aide-botaniste de l'expédition 
d'exploration des États-Unis, commandée par le capitaine Wilkes, lors 
du voyage par terre de l’Orégon à San-Francisco, en 1842. I] la trouva 
dans un marais appartenant à une petite colonie du haut Sacramento, à 
quelques milles au midi de Shasta-Peak. Comme on se trouvait dans l’ar- 
rière-saison (octobre), les fleurs avaient disparu ; on ne vit nulle part 
une capsule à graines, mais seulement des feuilles et de hautes hampes 
avec les restes d’une seule capsule. Les feuilles étaient si extraordinaires 
qu’il n’y avait plus lé moindre doute que cette plante n’appartint aux sar- 
racéniacées, qu’elle ne fut ou un sarracenia ou d’un genre voisin. Sans 
les fleurs, on ne pouvait rien décider en ces matières, mais en Jugeant 
par les hampes pourvues de bractées et par la lame ou appendice profon- 
dément partagé des feuilles, il était probable que c'était un genre distinct 
des sarracenia. Je conservai l'espoir pendant longtemps de recevoir une 
plante plus complète, et enfin il m’arriva de voir cet heureux jour, gräce 
à l'un de mes amis, M. le docteur G.-W. Hulse, de la Nouvelle-Orléans, 
qui trouva ce végétal en fleur au mois de mai 1851 dans la même région 
et peut-être dans le même endroit où il avait été découvert quelques 
années avant par M. Brackenridge. Cet échantillon prouva de suite que 
cette espèce était génériquement distincte des sarracenia, tout autant 
que des Heliamphora de Bentham. J'éprouvai un grand plaisir de dédier ce 
genre à mon très-estimable ami, le docteur William Darlington, du West- 
Chester, dans la Pensylvanie, dont les écrits importants de botanique 
ont jeté du lustre et une réputation scientifique sur le pays entier. Il 
existait un genre dédié à ce vétéran de la botanique par De Candolle, 
mais il a été réduit à l’état de section des Desmanthus par Bentham ; ün 
exemplaire de la Californie et d’autres tout aussi imparfaits m'ont prouvé 
que cette prétendue nouveauté était simplement une espèce de Styrax » 
(c’est le Styrax californicum de Torrey). 

Le nouveau genre de Darlingtonia se trouve donc fondé comme suit : 

DARLINGTONIA, Torrey. Smiths. contrib. DARLINGTONIE. Torrey. Smiths contrib. 


Washingt. 1854, vol. vi. Calyx ebracteolatus, |! Washingt. 1854, vol. vi. Calice sans brac- 
quinquesepalus ; sepalis distinetis subpeta- | téoles, à 5 sépales distincts subpétaloïdes. 


ra 


loideis. Corolla quinquepetala, petalis latis- | Corolle à 5 pétales largement onguiculés, 
BELG. HORT. T. V. 12 


— 114 — 


sime unguilatis, lamina ovata ungue mullo 
minore. Stamina 12-15 uniseriala, flamentis 
brevibus subulatis, antheris oblongo-lineari- 
bus, loculis inæqualibus. Ovarium turbina- 
tum, 5-loculare, 5-lobatum, apice dilatatum 
concavum ; stylus brevis, columnaris, 5-fidus, 
laciniis linearibus, divergentibus, apice intus 
stigmatosis. Ovula plurima anatropa, pla- 
centas dilatatas obtegens. Capsula… 


lame ovale beaucoup plus petite que l'onglet. 
Étamines de 12 à 15 unisériées, filets courts, 
subulés, anthères oblongues-linéaires, loges 
inégales. Ovaire turbiné, à 5 loges et 5 lobes, 
dilaté au sommet, concave ; style court, co- 
lumnaire, à à divisions, linéaires, diver- 
gentes, stigmatique en dedans et au bout. 
Ovules nombreux, anatropes, recouvrant les 
placentas dilatés. Capsule. 


Plante herbacée, de Californie, habitant les marais, pourvue des feuilles 
des sarracéniacées, avec la lame de l’ascidie ou de l’urne profondément 
divisée en deux lobes, les divisions divergentes ; hampes uniflores, brac- 
téifères; bractées inférieures distantes, les supérieures rapprochées, 
imbriquées, fleur penchée pourpre. 

Description de l'espèce, la seule connue du genre : 

DARLINGTONIA CALIFORNICA. Torrey, loco laudato. Occupe les 
eaux thermales de la Californie dans la partie boréale de ce pays près de 
Shasta-Peak ; croissant dans les marais et fleurissant en mai : observa- 
teurs l’ayant étudié dans sa patrie, MM. J.-D. Brackenridge et le docteur 
G.-W. Hulse. 


Plante herbacée vivace. Rhizome court et épais. produisant des racines fibreuses d’un brun 
noirâtre, vigoureuses. Toutes les feuilles radicales, les adultes seules longues de dix-huit 
pouces à deux pieds ou plus; pétioles de l’ascidie tubuleux, insensiblement rétrécis vers la 
base, et curieusement tordus sur leur axe environ d’un demi-tour, marqués de veines fortes, 
parallèles longitudinales et liées entre elles par des veinules délicates. Le sommet de l’urne 
est voülé, et forme un sac de la grandeur d’un œuf de poule sur le côté inférieur duquel sac se 
trouve un orifice oval d’un demi pouce de diamètre donnant dans la cavité de l’ascidie. Les 
aréoles du sac comme le dos du tube, sur la partie supérieure de l’organe, sont discoleres (ou 
d’un orange pâle dans les exemplaires secs) comme dans les Sarracenia variolaris et Drum- 
mondü. Tout le long de l’intérieur du pétiole se trouve une aile étroite, simple excepté à la 
base où elle se sépare en deux plaques qui ceignent la hampe et la base des feuilles supé- 
rieures. La lame (opercule) est étroite à sa base et profondément divisée en deux lobes diver- 
genis, un peu inégaux et divariqués au loin; ces lobes sont oblongs-lancéolés, légèrement 
aigus, rejetés par en bas et quelque fois déjetés en arrière ; la surface interne (ou à prompte- 
ment parler la surface supérieure de la feuille ascidimorphe) est finement pubescente. La sur- 
face interne du capuchon de l’urne est garnie de poils à rebours, courts et coniques, et à par- 
tir de là vers le bas toute la surface devient glabre, mais autour de la base elle est linéolée de 
poils longs et minces aussi placés à rebours ou dirigés vers la base : ce mécanisme sert à 
relenir les insectes qui sont devenus les victimes du Darlingtonia en entrant dans l’urne 
funéraire, pour eux leur tombeau {1). La hamipe est longue d’un à quatre pieds, flexueuse, 
angulaire, glabre et fournie d’écailles sessiles. amplexicaules. d’un jaune de paille. Ces écailles 
sont foliacées et alternes, les inférieures distantes et lancéolées, les supérieures de plus 
en plus rapprochées et plus larges, tandis que celles placées près des fleurs deviennent 
oblongues-ovales et imbriquées. Elles sont marquées de veines longitudinales qui sont four- 
chues au sommet. La surface supérieure est plus pâle que l’inférieure , et sous une loupe elle 
montre des papilles coniques et petiles. La fleur, quand elle est épanouie, a un diamèlre d’en- 


(1) L'orifice de l'urne étant placée directement au-dessous du sommet voûte de l'organe, empéche l‘urne 
de recevoir ou la pluie ou la rosée, et M. Brackenridge pense qu'il a trouvé des urnes contenant un liquide. 
Cependant je ne puis croire que ce liquide ou cette eau (water) soit sécrété par les poils du tube. Dans le 
Sarracenia psittacina l'orifice est aussi cachée et protégée par une voute , de maniére qu'on peut dire har- 
diment que cette feuille n'a point de lame et que la partie arquée du dessus est une portion du pétiole. 


comme dans le Darlingtonia. (Note de M. John Torrey.) 


oil À - 


— 115 — 


iron deux pouces. Le calice consiste en cinq sépales oblongs, un peu aigus, d’une couleur de 
jaune de paille claïf, et imbriqués en quinconce. Les pétales sont oblongs, d’un pourpre gai, 
marqués de veines réticulées plus foncées dans la mème couleur, et apparemment ces pétales 
ne sont pas connivents au-dessus du pistil. La lame est petite, ovale, concave ; l'onglet est 
très-large, obové , deux ou trois fois plus large que la lame. Les éfamines varient de douze à 
quinze, sont hypogynes, insérées sur un rang et en partie cachées par le sommet dilaté de 
l'ovaire ; filets courts et forts ; anthères oblongues, avee les loges très-inégales et s’ouvrant 
longitudinalement, tordues par la torsion du filet, de manière à devenir semi-intorses et 
semi-extorses , la plus petite loge longeant l’ovairc. Pollen simple et sphérique. L’ovaire est 
turbiné à cing loges et autant de lobes, concave et dilaté au sommet, de manière qu’il montre 
un bord qu’il projetle au-dessus des étamines. Le style en forme de colonne est court et divisé 
en cinq prolongements au sommet ; segments étroits, divergents, portant le stigmate à l'extré- 
mité du côté interne. Ovules très-uombreux, anatropes, couvrant de larges placentas qui se 
projettent dans les loges de l'ovaire. On n’a pas trouvé de fruit, mais à un exemplaire de 
M. Brackenridge, il y avait une faible portion de capsule évidemment à cinq loges. 


Ce genre diffère de celui des Sarracenia par le calice qui n’est pas cali- 
culé; par la forme des pétales, par le nombre défini et la disposition 
unisériée des étamines, par la dilatation de l'ovaire turbiné, et spéciale- 
ment par l'absence du large parapluie ou ombrelle qui termine le style, 
caractère si remarquable dans ce genre. La lame fourchue de la feuille et 
les hampes à bractées sont encore des caractères que l’on n’a pas rencon- 
trés dans les Sarracenia. 

Ce genre diffère aussi de l'Æeliamphora dont il est très-distinet. Dans 

l'Heliamphora, les hampes sont multiflores et les fleurs sont dépourvues 
de bractées caliculées et de pétales, le style est en entier et non dilaté au 
sommet, l'ovaire n'a que trois loges. Les feuilles aussi, par leur orifice 
béant largement ouvert et dilaté, la lame très-petite et les urnes bi-ailées 
sont encore des organes qui lui sont spéciaux. 
_ L'espace nous manque ici pour exposer les vues de M. John Torrey sur 
la distribution géographique des sarracéniacées, sujet dont nous gratifie- 
rons nos honorables lecteurs dans la livraison prochaine. Nous joindrons 
aussi à la traduction de ce morceau de philosophie botanique le jugement 
de M. Alphonse De Candolle sur le travail du botaniste américain. 


Explication de la planche 158. 


A. Ascidie du Darlingtomia californica, Torr. vue en trois quarts de face , réduite au cin- 
quième de sa grandeur naturelle. 

B. Ascidie de Ia même plante, vue sur la face dorsale et réduite dans les mèmes proportions. 

€. Ascidie de la même plante, vue sur le côté et réduite dans les mémes proportions. 

D. Hampe dont la fleur va s'épanouir, réduite à un sixième de sa grandeur naturelle. 

E. Hampe dont la fleur est épanouie, réduite dans les mêmes proportions. 

1. Plan de la fleur. 

_ 2. Un pétale, grandeur naturelle. 

5. Étamine, agrandie à la loupe. 

4. Grains de pollen, vus au microscope. 

5. Section longitudinale de lovaire, ayant des portions des enveloppes florales et deux 
étamines, considérablement agrandie à la loupe. 

6. Style et stigmate, agrandis à la loupe. 

7. Un ovule, agrandi à la loupe. 


— 116 — 
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


THÉORIE DES HARMONIES ENTRE LES FEUILLES ET LA FORME 
GÉNÉRALE DES ARBRES ET RÉVÉLATION PAR LES FEUILLES 
DE LA CULTURE RATIONELLE DES VÉGÉFAUX ARBORESCENTS, 


Par M. Cu. More. 


Il n'est personne qui n'ait lu les Jarmonies de la nature de Bernardin 
de St.-Pierre. L'illustre écrivain s'y est longuement étendu sur les rap- 
ports existants entre les cimes des arbres et les gercures de leur écorce. 
Il y a démontré comment ces petites ou grandes crevasses, ces surfaces 
unies ou raboteuses, ces anneaux horizontaux ou ces plaques irrégulières 
se combinaient avec la plus ou moins grande quantité d’eau que l'arbre 
devait recevoir à ses racines, selon qu'il était ce qu’on appellerait aujour- 
d'’hui ou plus hydrophile (amateur d’eau) ou xérophile (amateur de sé- 
cheresse). Ce chapitre des Harmonies a souvent été cité comme un 
modéle de l'esprit ingénieux de l’auteur de Paul et Virginie. Nous ver- 
rons dans un instant qu'une harmonie non moins curieuse vient de se 
révéler à un écrivain Écossais, mais avant d’en entretenir nos lecteurs, 
il m'est avis de rappeler ici un autre trait de l’histoire des sciences. Quand 
Cuvier énonça ce principe : donnez-moi la dent d’un animal quelconque 
fossile ou non, connu ou inconnu, je vous dirai la forme de son pied, son 
allure et ses mœurs , le public trouva cctte proposition d’un profondeur 
étonnante, et dans l’histoire des progrès de l'intelligence humaine, le prin- 
cipe de la subordination des caractères acquit les proportions d’une décou- 
verte importante. Eh bien! c’est quelque chose d’analogue que vient de 
découvrir un savant de Brechin, le docteur Mac’ Cosh. Voici de quoi il s’agit. 

Un grand nombre de plantes , d'arbres, d'arbustes, d’arbrisseaux sont 
importés tous les jours en Europe et envoyés de leur patrie par des voya- 
geurs collectionneurs plus ou moins botanistes et même parfois pas du 
tout. Les renseignements sur la culture, les serres, les températures, les 
arrosements, les situations, manquent presque toujours aux industriels 
qui consacrent des capitaux et leur temps , à risquer les naturalisations, 
suivies, on ne saurait le nier,de plus de mécomptes que de succès dans le 
plus grand nombre de cas. La chose est toute naturelle car lorsqu'on est 
devant l'inconnu, la chance de réussir, qui est l'application d'une méthode 
unique, a comme revers, un nombre immense de chances contraires. 
On concoit devant cet état des faits, combien il serait important que l’on 
possédât les moyens de deviner l'inconnu et de déterminer par l'étude 
même de l’état physique des plantes, quelle est la culture exigée par elles. 

Ce serait trop vouloir du génie de M. Mac’ Cosh qu'il eüt résolu le 
problème dans toute son étendue, mais c’est très-beau à lui d’avoir levé 
un coin du rideau, et pour peu qu'il persiste dans sa volonté, le voile 


— 117 — 


sera levé tout entier. Pour le moment, son attention s’est portée sur les 
harmonies réciproques existant entre la feuille et le trone, avec sa cime 
et ses branches. En d’autres termes, il a résolu ee théorème-ci : étant 
donnée une feuille, je dirai comment est fait l'arbre entier, et comme 
corollaire très-naturellement amené: étant donnés la forme, le port d’un 
arbre, je dirai comment il faut procéder à sa culture. Énoncer ces pro- 
positions, c’est démontrer leur haute importance. 

D'où vient, s’est dit M. Mae’ Cosh, le port d’un arbre ou d’une plante? 
Évidemment de la disposition et de la grandeur de ses branches et de sa 
chevelure foliaire. Or, qu'est ce au fond que cette cime formée de bran- 
ches , de rameaux et de ramilles? Rien, sinon une distribution de fibres 
ou de vaisseaux nourriciers agencés de certaines manières. En effet, autant 
il y a de variétés innombrables dans le port des arbres, autant il y a une 
simplicité et une uniformité remarquables dans les éléments organiques 
dont la nature les a composés. C’est au point qu'entre le bois de buis, le 
seul propre à la xylographie, et le bois blane , si mou qu'on finit par en 
faire des bourrées dans le nord de l'Europe, les éléments organiques ou 
les tissus ne différent pas. 

Ceci posé, M. Mac’ Cosh passe à une seconde proposition. Qu'est-ce que 
c'est qu'une feuille? s'est-il demandé.— Rien, sinon une distribution de 
fibres agencées de manières différentes et liées par un tissu vert. Ces 
fibres procèdent du trone et de ses divisions. Au fond donc, feuille et 
tronc, c’est tout un ; ce sont toujours les mêmes éléments, et il y a du 
bois dans la feuille, comme il y a de la feuille dans le bois. 

Ce rapprochement découvert, il n’y a plus qu'a faire intervenir la puis- 
sance de l'harmonie dans toutes les œuvres créées. Puisque la feuille pro- 
cède de la tige, et qu'entre toutes choses qui procèdent les unes des au- 
tres , il y a harmonie et ressemblance , comme le fils tient de ses parents, 
de même, le cachet de la tige s’est empreint sur la feuille, et quand je 
lirai sur celle-ci la distribution de ses veines et de ses nervures, je saurai 
comment est faite la cime de l'arbre qui l’a portée. 

Ainsi , il y a des arbres pyramidaux, parce que l’angle qui fait la bran- 
che avec le tronc est un angle aigu. Cet angle aigu doit se retrouver dans 
les nervures de la feuille, surtout de la nervure du milieu. M. Mac’ Cosh 
établit qu'il n'y a aucun arbre pyramidal qui offre dans les nervures de 
ses feuilles un angle droit ou un angle obtus. Il va plus loin, et démontre 
que la forme de la feuille est elle-même pyramidale quand l'arbre l’est 
lui-même. Les feuilles étroites se lient ici de préférence à la cime élancée. 
Or, les arbres pyramidaux peuvent se cultiver, près les uns des autres 
sur un espace plus limitée ; ils enfoncent leurs racines pivotantes profon- 
dément, exigent done du sol perméable, leurs racines s'étendant peu, 
ils n'épuisent pas le terrain sur une vaste étendue, et en général ils 
aiment le buttage du pied. La feuille a donc conduit par sa simple 
inspection à subordonner toutes ces conditions à sa seule structure. 


— 118 — 


Des faits analogues se présentent pour les cimes arrondies ou en que- 
nouilles naturelles. Les branches naissent là sous des angles très-ouverts 
ou droits. De même les feuilles offrent des nervures faisant avec la mé- 
diane des angles équivalents. Les peupliers noirs et blancs , le canada, en 
sont des exemples frappants. 

Les arbres pleureurs peuvent l'être de deux manières, ou bien leurs 
branches plient, tel est le saule des tombeaux, ou bien leurs branches 
raides naissent en faisant des angles obtus avec le tronc, tel est le frêne 
pleureur. Ce dernier cas est une maladie, un défaut dans l'organisme, 
une déviation analogue à celle de la colonne vertébrale dans les bossus. 
De ce cas anormal, d’une mauvaise structure, les feuilles ne sont pas 
solidaires, et leurs nervures n’en disent rien. Aussi les arboriculteurs ne 
peuvent pas reproduire les arbres pleureurs de cette seconde elasse par 
graine, mais par greffe. Quand aux pleureurs naturels par flexibilité des 
branches, la nature l'indique, dans la gracilité du pétiole, de sorte que là 
encore la feuille devient l’organe révélateur. 

Il y a des arbres qui, si on ne les taillait pas, donneraient des branches 
depuis le collet et n’offriraient pas ces cimes arrondies de l'arbre con- 
ventionnel. M. Mac’ Cosh le sait d’avance. Tout arbre qui s’ébranche du 
bas, a les feuilles ou sans queue ou avec une petite queue, témoin le houx, 
ie laurier de Portugal, le chène rouvre. L’inverse se vérifie aussi. Tout 
arbre qui offre natuellement un tronc ou une cime en tête, a les feuilles 
longuement pétiolées tels sont les cerisiers, les pommiers, les poiriers, le 
pêcher, le sycomore etc. ; cette harmonie entre la queue de la feuille et 
le tronc indivis et nu du bas est sans contredit une des plus curieuses 
appréciations du docteur de Brechin. 

Quand les feuilles naissent plusieurs sur un pétiole commun, comme 
chez l’acacia, le frêne, le noyer, etc., il y a une tendance naturelle de l’ar- 
bre à produire de la souche, une quantité de troncs séparés, proportion- 
nels en nombre à celui des folioles de la feuille composée. Ainsi laissez 
aller de lui-même un marronnier, il se divisera de préférence en sept 
troncs du bas, parce que sa feuille est de sept folioles. Done, si vous voyez 


germer une plante inconnue avec des feuilles composées, et que la nature 


vous traduit la structure d’un arbre, il s’agit d'arriver au secours d’un tronc 
unique par l’usage de la serpcette, et l’arboriculteur devient chirurgien. 

Il y a des arbustes à feuilles verticillées ou naissant par anneaux, tels 
que les rosages, les azalées. Les branches prennent naissance de la même 
manière et dans un bout de ramean on a toute la miniature de l’arbuste 
entier. Nulle part l'harmonie entre le port du tout et la forme de la partie 
ne saute aux yeux aussi vivement. Le sylviculteur qui voudrait faire de 
ces réflexions une application utile, ne pourra donc pas étudier assez 
l'organe de la feuille sous le point de vue de sa forme, de ses nervures et 
de son origine. 

Les arbres résineux ou les conifères se font remarquer par la raideur 


Éd té DS 


— 119 — 


de leurs feuilles auxquelles le forestier comme le peuple donnent même 
le nom d’aiguille. Cette raideur se réfléchit dans la perpendicularité du 
tronc : droit comme un sapin, droit comme un mât. La feuille est donc 
iei encore l'indice de la structure générale. 

M. Mac’ Cosh, donne comme on le pense bien , une théorie complète 
de son système : les feuilles deviennent pour lui l’homotype de toute la 
création végétale, ou l'élément principal et fondamental de cette orga- 
nisation. La feuille renferme l’essence de l'être et les tiges ne sont que 
des reflets de cet appareil qui, joint à lui-même, constitue tout le végétal. 
À toutes les philosophies aujourd’hui si approfondies qui régissent le 
domaine des sciences naturelles, les idées morphologiques du docteur de 
Brechin viennent apporter des documents précieux et cette fois d'autant 
plus importants que, nous venons de le voir, l’art pratique de cultiver 
les plantes utiles peut en tirer immédiatement des applications multipliées. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE, 


LA VÉGÉTATION DE LA CRIMÉE, 
Par M. THomas MoorRe. 


En parlant des principaux végétaux spontanés des rochers et montagnes 
de la côte sud de la Crimée, le D" Clarke mentionne les sauges officinales 
qui y deviennent de vrais arbrisseaux , le dattier noir (qu'est-ce cela?), 
les grenadiers, les oliviers, les figuiers qui y fleurissent le long de la côte 
comme dans le midi de Ftalie. La vigne monte sur tous les portiques 
des portes de Balaklava et les garnit de ses pampres. Une jeune plante 
produit la deuxième année deux boisseaux de grappes. Les montagnes et 
les plaines se couvrent de chênes spéciaux, de poiriers, de Malus bac- 
cata, espèce de pommiers dont le fruit ressemble à une baie, de cornouil- 
lers mâles, appelés cérisiers de cornélie, tandis que dans les villages ils 
recoivent l'ombrage des noyers, des müriers blancs, des figuiers, oliviers, 
grenadiers, pêchers, abricotiers, pruniers, cérisiers et du peuplier noir. 
Le melon d’eau (pastèque) de la Crimée n’atteint pas la moitié de la 
grosseur qu'il possède à Naples, mais le goût en est beaucoup plus fin. 
A Cherson, qui est plus au Nord, ce fruit devient aussi gros qu’en Italie. 
La flore du sud de la Crimée, en en jugeant par ces espèces, énumérées 
ici et aussi par les exemplaires de l’Herbier de Fielding, a beaucoup de 
ressemblance avec celle de l’Archipel, surtout par la prééminence des 
cistes et des sauges et autres genres du midi. Mais c’est dans les vallées 
que le contingent du D: Clarke augmente singulièrement; ailleurs et spé- 
cialement dans le nord , la végétation est si différente que le petit nom- 
bre des champs cultivés sur la côte du midi peut être comparé à une haie 


ou à un cordonnet qui borde par-dessous un large tablier. 
(Gardeners’ Chronicle, décembre 1854.) 


— 120 — 


JARDIN FRUITIER. 


LA PÈCHE-SOUVENIR DE JAVA, DE LA COLLECTION DE M. BRAHY- 
EKENHOLM, 


DESCRIPTION ET HISTOIRE NATURELLE DE CET ARBRE FRUITIER, 
Par M. CH. MoRREN. 


Voici une variété de pêcher qui depuis six ans a donné des garanties 
de sa fixité et de sa constance dans les vrais caractères d’un bon fruit. 
Non-seulement ses qualités sous le rapport de la chair, de son eau, de 
son arome et de son goût sont de première classe, mais encore les pêches 
que ces arbres produisent présentent un ample développement et jusqu’à 
six à sept centimètres de hauteur et plus encore en diamètre transversal. 
L’épicarpe ou la peau se détache facilement de la chair et le fruit est bril- 
lant, chaud de couleur; c’est une pêche rubiconde, d’un pourpre lie de 
vin brillant, pointillée de cette même couleur sur un fond jaune clair. 
Cette teinte rubiconde et empourprée est tellement inhérente à sa nature 
qu'autour du noyau, et du côté le plus fortement éclairé, des vergetures 
ou rayons de ce même rouge irradient à travers une chair carminée qui 
excite des appétits dignes de ceux qu’éprouva Eve devant le pommier, la 
figue, la banane, le tabermontane, etc., de si fatale mémoire. Les Fran- 
cais, les peuples du centre de l’Europe, comme les Allemands et les Belges, 
adoptent, comme on sait, le premier de ces arbres pour le placer au cen- 
tre du paradis terrestre; les Italiens, les Espagnols, choisissent le figuier ; 
les Indiens prennent le fruit dit Tabermontana alternifolia, et enfin les 
Américains ont jeté leur dévolu sur la banane ou fruit des Musa. Comme 
la Bible ne nomme rien, mais se sert d’un mot général qui signifie arbre 
ou bois, nous passerons à la description du pêcher-souvenir de Java. 

C’est un arbre vigoureux qui se plait d’être planté en plein vent où sa 
productivité est énorme. La force de sa fibre est telle qu’elle défie de 
fortes gelées, et à Liége les pieds en plein vent ont supporté les 27°,5 cen- 
tigrades sous zéro (22° Réaumur sous zéro) de l'hiver 1855-1854, sans 
être atteints en rien de ce froid extraordinaire. C’est une expérience qui 
donne de Ja garantie, car les fruits de 1854 étaient délicieux. 

Le jeune bois porte sur son écorce verte des lenticelles fauves nom- 
breuses, ce qui indique que la variété se greffe très-facilement, propriété 
avantageuse et constatée par lexpérience. Les bourgeons sont d’un 
fauve clair. 

La feuille adulte est soutenue par un pétiole long de deux centimètres 
et plus petit sur les feuilles jeunes; ce pétiole est fortement canaliculé 


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1-2.Péche souvenir de Java Collection de M° Brahy Ekenholm. 


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— 121 — 


au-dessus. À l'endroit où il passe dans la lame de la feuille, 1l produit une 
glande de chaque côté de son bord : cette glande est ovoïde, brune et 
secrète une substance mucilagineuse, le matin et le soir des jours chauds 
du printemps et du commencement de l'été. La lame porte dix centi- 
mètres de longueur sur trois centimètres et demi de largeur au plus large 
diamètre ; elle est lancéolée, aiguë aux deux bouts et acuminée au sommet; 
le système de nervation est prononcé, la nervure médiane forte, les pri- 
maires latérales, ou les secondaires des français sont aussi résistantes et 
font soulever le parenchyme vert de l'organe qui parait bulleux. Les 
dents du bord de la lame sont fortes, équidistantes, et chacune porte une 
glande terminale d’un fauve vif. 

La fleur est de moyenne grandeur. 

Le fruit peut être classé parmi les plus belles pêches ; de 6 centimètres 
et demi de hauteur de la base du fruit, mais non de son insertion ou 
pédoncule , lequel est court et large, la drupe est encore plus large que 
haute, et son plus grand diamètre atteignait, en 1854, 7 centimètres. 
Elle porte au sommet une pointe saillante, mais elle n’a qu'une moitié de 
sa surface séparée par une ligne de dépression, depuis le sommet en pointe 
jusqu’à la base, tandis que des pêches d’un groupe auquel cette variété 
appartient, ont la ligne de dépression passant par un méridien complet de 
toute la sphère du fruit. L’épicarpe (peau) est très-légèrement duveteux, 
pénétré de la liqueur rouge ou pourpre de part en part, il se détache de 
la chair fort aisément parce que cette enveloppe est très-fine. Le sarco- 
carpe (chair du fruit) est d’un jaune clair flagellé de vergetures pourpres 
plus fortes du eôté éclairé et coloré et tout autour du noyau. Cette chair 
est fondante, vineuse, sucrée et d’un fumet de pêche des plus savoureux, 
fin et délicat. Ce fruit peut à l'époque figurer sur les tables somptueuses 
et même royales ou impériales. Le noyau est élégant, haut, mais peu 
gros; les alvéoles entre les fibres lignifiées de l’endocarpe (enveloppe du 
noyau) sont placées régulièrement comme le montre la planche 18, fig. 2. 

Un amateur étranger qui avait vu le fruit chez moi pendant que je le 
dessinai, crut y reconnaitre la pêche royale de George des Anglais, mais 
je lui démontrai à l'instant par le volume IIT, p. 119 de la Pomologia 
britannica de John Lindley que ces deux pêchers sont complètement dif- 
férents et bien plus que la madelaine rouge ne diffère de la pêche royale 
de George. 

D'abord, le Souvenir de Java possède sur le bois jeune des lenticelles 
fauves, et il n'y a pas de ces organes sur le royal de George. L'écorce de 
ce dernier est d’un vert bistré, et sur le Souvenir de Java elle est d’un 
vert franc. Ce dernier a des pétioles glandulifères, et les dents de la lame 
portent chacune une glande d’un fauve vif : rien de semblable n'existe sur 
le pêcher d'Angleterre sur la nature duquel les Anglais eux -mêmes 
expriment plus de doutes que de certitudes. Le fruit du Souvenir de Java 
n'a, nous l'avons dit plus haut, qu'une demi-ligne de dépression passant 


— 122 — 


de la pointe à la base de la drupe, tandis que sur la royale de George la 
ligne est complète et part de la base pour y revenir en passant par le 
sommet. La belle pêche liégeoise est d’ailleurs d’une coloration beaucoup 
plus foncée; elle est plus attractive et le goût est bien meilleur que celui 
de sa congénère d’outre-Manche. 

Les pomologues estiment que lorsqu'on peut donner l'histoire de la 
naissance d’un fruit et l’origine de son nom, il est du devoir de l’auteur 
qui fait cette relation, de la rendre aussi complète que possible. Voici 
comment le Souvenir de Java est venu au monde. En 1840, M Brahy, 
née Anna-Marie Ekenholm, fit un semis de noyaux d’un pêcher qu'elle 
avait touvé à Herstal, près de Liége. En 1849, les arbres, venus de ce 
semis, commencèrent à donner fruit et parmi eux on reconnut une nou- 
velle variété. Des pêches furent dégustées au dessert, et M. Papeleu, hor- 
ticulteur-pépiniériste très-distingué de Gand, eut l’ingénieuse idée d’en 
baptiser une des meilleures, du nom de Souvenir de Java, en reconnais- 
sance de la bienveillante hospitalité qu'il avait reçue aux Indes et à Java 
notamment, du père de M"° Brahy, M. Ekenholm, ancien vice-président 
de la chambre des orphelins à Batavia, et propriétaire très-fortuné. 

Ce nom, promulgué avec une grande délicatesse, fut adopté et le par- 
rain recut en présent la souche de cette nouvelle race qu’on a vu figurer 
plus tard au Catalogue général des cultures de M. Ad. Papeleu, pépinié- 
riste à Wetteren, près de Gand (20 minutes de la station), pour lau- 
tomne 1855 et le printemps de 1854. 

Mais une description aussi bien rédigée qu'elle puisse l'être, ne vaut 
pas une gravure coloriée, et ce n’est jamais dans un catalogue qu'on peut 
déposer la biographie d’un être vivant. Les journaux d’horticulture ont 
recu cette mission, et quand le fécond propagateur et semeur de Herstal, 
M. Brahy-Ekenholm, nous a fait l'honneur de nous demander l'illustra- 
tion du pêcher de madame, nous nous sommes empressé de le dessiner 
d’après nature et d’en faire l’histoire détaillée. Nous souhaitons que les 
amateurs de nos bonnes pêches cultivent le Souvenir de Java. Ils nous 
devront à nous quatre, qui avons fait naître, élevé, propagé, décrit et des- 
siné ce Souvenir de Java, un souvenir de reconnaissance. 


LÉGENDE CHINOISE SUR L'ORIGINE DU PÉCHER. 


Selon le Foug-son-Tong, il est parlé dans le livre de Hoang-Ti, empe- 
reur, de deux frères de la première et de la plus haute antiquité, qui 
trouvèrent sur la montagne un pêcher, sous lequel étaient cent démons 
pour causer la mort de l’homme et le perdre pour jamais. Ce texte est 
d'autant plus singulier qu’il est dit dans le Lic-Tchouen au sujet des maux 
qui affligent la terre, que l’arbre d'intelligence a été la cause et l’occasion 
du péché. 


— 123 — 


CULTURE MARAICHÈRE. 


CULTURE ET PROPAGATION DE L’'IGNAME DU JAPON 
(DIOSCOREA JAPONICA, THUNB.), 


Par M. PEpix, 
Membre de la Société impériale et centrale d'agriculture de Paris. 


Depuis dix ans on s’est beaucoup occupé à chercher parmi les plantes 
à racines alimentaires celles qui pourraient, par leurs rhizomes ou leurs 
tubercules, être assimilées, dans leur ensemble, à la pomme de terre. 
Plusieurs personnes ont fait dans ce but divers essais; e’est ainsi que, 
dans ces derniers temps, on a cultivé l’Apios tuberosa, les Oxalis crenata, 
tuberosa et Deppii; le Tropæolum tuberosum, l'Arum esculentum, l'Ara- 
cacha, etc. De zélés voyageurs ont apporté du Brésil et introduit en 
France l’Ulluco , le Boussingaultia, et des États-Unis, le Psoralea escu- 
lenta et le Nelumbium luteum ; mais jusqu’à ce jour aucune de ces plantes 
n’a répondu aux efforts des cultivateurs et n’a donné aucun des résultats 
favorables qu’on en attendait. 

Il y a quatre ans, une racine alimentaire fut envoyée de la Chine par 
M. de Montigny à M. le Ministre de l’agriculture, et si cette plante ne 
peut être appelée à remplacer la pomme de terre, elle peut, par son 
volume, le poids de ses tubercules et sa rusticité sous notre climat, 
devenir très-précieuse, en ce que les tubercules, comme ceux du Topi- 
nambour, résistent en pleine terre à nos hivers sans qu'il faille, comme 
pour les pommes de terre, les arracher à l’automne de chaque année. 
Les racines de cette plante ont supporté les 14 degrés de froid du mois 
de décembre dernier 1855, sans souffrir la moindre altération (1). 

Dans la séance du 28 avril 1852, j'ai eu l'honneur de vous en présen- 
ter des tubercules et de vous dire que je me proposais de suivre la culture 
de cette nouvelle plante alimentaire, nommée Dioscorea japonica (2). Je 


(1) Le mémoire de M. Pepin a été publié en 1854; ces paroles rapporteraient donc l’intro- 
duction en France des Ignames du Japon à 1850. La Belgique les possédait avant et j’ai pu con- 
stater que le long tubercule de cette plante, lorsqu'il est forcé de croître dans une terre trop 
compacte, se contourne et produit des spires irrégulières, mais sans montrer une altération 
quelconque ni dans le corps radical, ni dans la tige et l’axe ascendant. Lorsqu'une pierre 
se trouve dans le sol au-dessous d’un tubercule de Dioscoræa en végétation, le tubercule 
s’aplatit un peu d’abord, mais il s’allonge toujours sur la surface du corps résistant jusqu’à 
ce qu'il trouve une terre perméable à sa croissance. Ces faits prouvent qu’une condition 
essentielle de sa culture est que le sol soit très-meuble; ce serait une plante des sables et des 
terres très-légères plutôt que des terrains argileux. (Note de M. Ch. Morren.) 

(2) M. Decaisne, dans la première série du t. HI de la Revue horticole, p.245, année 1854, l’a 
nommée Dioscorea Batatus. 


— 125 — 


riens aujourd'hui, Messieurs, vous rendre compte des observations que 

j'ai faites depuis cette époque sur sa eulture et ses produits. 

Cette plante arriva en fort mauvais état, la presque totalité des racines 
ayant été détruite par la fermentation qui s'établit dans la caisse de voyage. 

Après avoir nettoyé et fait sécher pendant trois jours les morceaux de 
racines qui avaient encore quelques parties saines, on les planta en pots 
bien draïnés, remplis de terre de bruyère sableuse mélée à un cinquième 
de terreau de fumier. Les pots furent enterrés sur une couche tiède à 
Vair libre, afin d'obtenir une chaleur douce et égale par le fond, et 
d'avoir une végétation plus prompte et plus active, en ayant bien soin de 
modérer les arrosements. 

Au bout de quinze jours, après avoir provoqué le développement des 
radicelles et des jeunes tiges par cette chaleur artificielle, on les retira 
des pots pour les mettre en pleine terre fin de mai, quelques-uns furent 
plantés sur couche sourde afin de mieux assurer la reprise des plants 
et pour obtenir un plus grand nombre de racines et une plus belle végé- 
tation de ses tiges. Ces moyens ont parfaitement réussi et ont rempli le 
désir que l’on avait de conserver et de multiplier cette plante. Les racines 
arrachées à l'automne de 1850 furent rentrées dans un cellier où la gelée 
ne pénètre pas, et s'étant bien conservées pendant l'hiver, la plantation 
eut lieu au printemps de 1851 : elle fut faite en pleine terre de jardin, 
meuble et profonde. La végétation des tiges a été très-vigoureuse, et les 
racines ont atteint un assez grand développement : une d’entre elles à 

» acquis, à l'automne de 1851, près de 1 mètre de longueur ; elle était 

_ cylindrique et fusiforme. 

Les tiges de cette plante se flétrissant chaque année à la fin d'octobre, 

la première année elles furent coupées peu de temps après, et les racines 

…— retirées de terre dans la crainte qu'elles ne fussent atteintes par la gelée. 
Elles étaient encore en pleine végétation au moment de l’arrachage, ce 
qui m'a fait supposer qu’on aurait pu les laisser en terre jusqu’à la fin 
de novembre, et qu'elles auraient probablement acquis encore plus de 
volume. 

J'ai observé, jusqu'à ce jour, que les tubercules étaient simples et 
n'avaient aucune tendance à se ramifier, mais j'en ai vus qui étaient par 
deux ensemble et d’égale grosseur, ils s'étaient développés à la partie 

… inférieure du bourgeon terminal , en partant du même point. 
En août 1851 , avant que les tiges annuelles fussent aoûtées, on prit 
— quelques jeunes branches pour en faire des boutures : elles furent cou- 
- pées par longueur de 10 à 12 centimètres et taillées horizontalement à la 
— base près d'un œil. On les planta dans des pots remplis de terre de 
bruyère pure , qui furent placés en serre, sur couche chaude, et privés 
d'air , pendant quelques jours, par une cloche en verre qui les recouvrait 
…— hermétiquement. Ces boutures réussirent parfaitement; au bout d'un 
mois elles avaient émis assez de racines pour être séparées et plantées 


— 4126 — 


immédiatement, une à une, dans des pots de 8 centimètres et placées dan 
une serre chaude où elles continuèrent à pousser jusqu’au mois de décem- 
bre. Les rameaux avaient alors atteint 30 à 35 centimètres de hauteur. 

Les boutures faites jusqu’à ce jour, pendant l’été avec des branches 
herbacées , n’ont donné des produits qu’au bout de quatorze à seize mois, 
tandis que celles faites par troncons de racines donnent des produits que 


l'on peut utiliser la même année. - 
Jusqu'à ce jour , je ne savais si les racines de cette plante résisteraient 


à nos hivers, quoique de 1852 à 1853 il s’est trouvé que quelques petits 
morceaux restés dans le sol au moment de l’arrachage des racines ont 
poussé dans le courant de l’été et développé des tiges de 55 à 50 cen- 
timètres de hauteur ; un de ces pieds avait sa racine à plus de 56 centi- 
mètres en terre. Les racines restées en pleine terre pendant l'hiver ne ‘4 
développent leur tige que du 15 au 20 avril, celles au contraire que l’on | 
plante en avril, montrent les leurs à la fin de mai ou, le plus souvent, 
au commencement de juin. Aujourd’hui, il ne reste aucun doute sur leur 
rusticité; elles ont résisté, comme je viens de dire, aux 14 degrés de 
froid que nous avons eu cet hiver, et notre confrère M. Brongniart, qui a 
été présent au moment de l’arrachage, a pu juger par lui-même, de leur 
état normal. L’épiderme était lisse et ne laissait voir aucune altération. 

J'ai conservé, dans un cellier, une racine de cette plante depuis le 
mois d'octobre 1852 jusqu’au 30 mai 18553, sans apparence de développe- 
ment des bourgeons; elle n’y a subi aucune altération et n'avait pas perdu 
de son poids. Je pense qu’on aurait pu les conserver pendant une partie de 
l’année, ce qui n’a pas lieu pour les pommes de terre, ni pour les batates. 

J'ai fait soumettre en juin 1855, au bout de sept mois d’arrachage une 
racine de cette plante à l’analyse, afin de connaître sommairement la 
quantité de matières nutrives qu’elle contient. 


En voici le résultat pour 100 parties : 


Eau iii he 8 nt ae NO A0 
Anfidon: 3: 100) MEN RES En 
Phosphates alcalins (cendres) . . 
Matière albumineuse (grande quantité) . . 
Matière sucrée (trace) cellulose. : . . : } 10: 52 
Substances minérales letc., un eux, 


(o= 
1 
co 


100 00 


Le dosage de l'amidon a été fait avec tout le soin possible, mais sur 
une faible quantité (530 grammes) il serait important de faire ce dosage 
eur une plus grande quantité de légumes. 


— 1927 — 


AA TTSTAANNE 


D) 


OMAN 


PI. 90. 


— 128 — 


D'ici à quelques années, nous serons à même de savoir jusqu'à quel 
point les racines qui sont laissées en terre acquerront de poids et dedéve- 
loppement et le temps qu'on pourra les y laisser sans nuire à leur qualité. 
Mais ce que l’on sait déjà, c’est qu’un tubercule retiré de terre au bout de 
trois ans, a son tissu cellulaire très-sain à l'intérieur, et qu’on n’y remarque 
rien de dur et de ligneux. 

D'après tous ces faits d'observation pratique, je crois que cette plante 
entrera comme auxiliaire parmi nos espèces tuberculeuses, et je suis 
porté à croire qu'elle sera appelée un jour à rendre des services à l’agri- 
culture, en ce qu'elle peut rester plusieurs années en terre comme le 
topinambour , qu'elle n’exige après sa plantation que peu ou point de 
culture, et qu'enfin elle fournira, n'importe dans quelle saison de l’an- 
née , un aliment à la portée de tous. 

Le muséum d'histoire naturelle aura l'honneur d’avoir propagé cette 
plante et d'en avoir introduit la culture, ainsi qu'il l'a fait depuis plus d’un 
siècle, pour un grand nombre de végétaux qui se sont répandus non-seu- 
lement dans nos départements en Algérie, mais encore dans diverses 
parties de l'Europe. 


Explication des planches du Dioscorea japonica Thumb. 


PI. 1, fig. {. Tige (grandeur naturelle). PI. II, A. Sommet de la tige grandeur natu- 
» _» 2, Tubercule (grandeur naturelle). relle. 
» » 3. Tubercule (1:|; de la grandeur (Londet et Bouchard. Annales de l'agri- 
naturelle). culture française, janvier 1854.) 
» _» 4, Tubercule (:|s de la grandeur 
naturelle). 


Gravures faites d’après des observations microscopiques , 
PAR M. CH. MORREN. 


PI. IL, fig. 1. Cellules du tissu cellulaire d'un tubercule de 40 centimètres. Il y en a des sphé- 
riques et d’autres hexagonales dans leur coupe. 
» _» 2, Portion d'une fibre composée de vaisseaux rayés, non déroulables. 
5. Féeule grossie à 250 diamètres. 
a. Grain triangulaire la forme la plus ordinaire, à angles obius. 
b. Association de trois grains de fécule dont deux triangulaires et un mamelonné. 
ce. Association de trois grains de fécule arrondis. 
d. Deux grains triangulaires tenant ensemble par la substance glutineuse qui rem- 
plit la cellule. 


Analyses comparatives des Ignames de Paris et de l'Algérie. 


Nous ferons remarquer que M. Payen a présenté à l’Académie des sciences de Paris la com- 
position des racines alimentaires du Dioscorea japonica provenant des cultures : 
DU MUSÉUM. DE L'ALGÉRIE. 


Amidon, matière sucrée et substances mucilagineuses . 15,1 16,76 
Albumine et autres matières azolées. . . . . - . 2,4 2,55 
Matières grasses -. - + © - - + = ee = 0,2 0,30 
Celialose. ue MEME STE RS SRE RE 0,4 1,45 
Sels minéraux: 27 20 22 US SO PORN" D 1,5 1,99 
Ban : Le SCORE MR Re A EL 82,6 76,95 

100,0 100,00 


(Comptes-rendus des séances de l'Acad, des Sciences, séance du 21 juin 1854.) 


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HORTICULTURE. 


NOTICE SUR LE CEANOTHUS FLORIBUNDUS DE LA CALIFORNIE, 
Par M. Cr. MoRREN. 


Nousavons exposé dans le volume INT de cet ouvrage, p. 101-105 (1852), 
les caractères principaux de trois Ceanothus, à savoir : les papillosus, 
dentatus et rigidus, tous les trois décrits par Nuttall et trouvés en Cali- 
fornie. Nous devons maintenant ajouter encore au contingent de ce genre 
de rhamnacées, une trés-belle espèce toute nouvelle que sir William 
Hooker a fait connaître au mois de septembre 1854. Nous voulons par- 
ler du : 

CEanoraus FLoRIBuNDUS. Hook. Botanical Maqgazine, année 1854, 
tab. 4806, et ci-contre fig. 1. Céanothe florifère : famille des rhamna- 
cées. Arbrisseau de moyenne grandeur, scabre-poilu; feuilles à pétiole 
court, oblongues, coriaces, ondulées, aiguës, dentées, glanduleuses sur 
le bord (et légèrement un peu au-dessus du bord) ; sommet acutruseule 
réfléchi par dessous, veineuses en dessous, pubescentes et tomenteuses ; 
corymbes à fleurs très-denses, globuleux, aggrégés, sessiles. 

C’est une acquisition précieuse pour les jardins que cette nouvelle 
espèce de ceanothus, qui porte avec droit son nom de florifére. La 
planche ci-jointe en dit plus que nos paroles sur le bel aspect de cette 
floraison et le nombre considérable de corymbes pressés les uns contre 
les autres. | 

M. William Lobb en envoya des graines de la Californie à MM. Veitch, 
jardiniers à Exeter et à Chelsea. Sir William Hooker déclare que c'est 
bien certainement la plus belle espèce de tous les ceanothus à fleurs 
bleues connus jusqu'à ce jour. Les feuilles sont très-nombreuses, placées 
d’une manière compacte et luisantes; les fleurs quoiqu’étant en réalité 
disposées en corymbe, forment des têtes ou capitules globuleux et sessiles 
à fleurs comprimées (c’est en quoi celte nouvelle espèce diffère singuliè- 
rement du Ceanothus dentatus de Nuttall. Voy. Torr. et Gray Flora of 
north America, v. 1). Ces têtes fleuries couronnent l'extrémité de branches 
courtes et nombreuses. Le bleu d'azur, ou ce que les Anglais appellent le 
bleu de Mazarin (mazarine blue), est de la plus riche et de la plus pure 
teinte qui puisse jamais se trouver. 

Culture. MM. Veitch ont étudié la meilleure culture de cette espèce si 
remarquable; ils la regardent comme élant parfaitement vivace et de 
pleine terre, mais nous devons sur le continent user de plus de prudence 
que dans les trois royaumes, et si l’on risque des pieds en pleine terre il 
faudrait chercher un lieu protégé contre les grands froids par des murs 

BELG. HORT. T. V. 15 


ou des abris. Pendant le temps où le Ceanothus floribundus est encore 
une plante recherchée et partant d’un prix assez élevé, il serait conve- 
nable de la tenir en appartement, en orangerie ou en serre tempérée. 
Une terre argilo-sableuse par moitié, franche; la troisième partie formée 
de terreau de feuilles consommées, la quatrième de terre de bruyère et 
quelques manipules de sable blanc siliceux, à gros grains : telle est la 
composition de sa terre favorite. L’arrosement doit être modéré et les 
courants d’air arrêtés. On choisit l'ombre en hiver dans l’orangerie, et 
dans les beaux jours de cette saison on asperge une fois le jour, quand il 
y a besoin, la couronne de Fl'arbuste. En juillet, on donne du soleil et on 
pince fermement les branches : ces ablations engendrent force corymbes 
de fleurs. | 


NOTICE SUR L'OBELISCARIA PULCHERRIMA DE DE CANDOLLE, OÙ 
LEPACHYS COLYMNARIS VAR. : PULCHERRIMA DE M. DE- 
CAISNE, | 


Par M. Cu. More. 


M. J. Decaisne vient de publier dans la Revue horticole du 16 novem- 
bre 4854, p. 491, quelques lignes sur le Lepachys columnaris séparé par 
lui comme genre de celui des Obeliscaria de Cassini. Qu'il nous soit per- 
mis de le dire, le savant professeur du Jardin des Plantes n’a pas écrit 
son travail avec cette clarté élégante et cette précision si louable aux- 
quelles il a toujours habitué ses lecteurs. 

M. Decaisne déclare lui-même que son Lepachys columnaris a comme 
espèce, les synonymies suivantes : 

4° Rudbeckia columnaris. Pursch. sims, etc. C’est d’après le Pro- 
drome V, p. 557, la même plante que l'Obeliscaria columnaris, DC., 
placé dans la section deuxième ou les ratibida de Rafinesque , tandis que 
le Lepachys columnaris, variété pulcherrima n’a pas les ligules allongées, 
étroites, jaunes, pendantes et bidentées au bout, vu qu'il les possède 
obovées, élargies, jaunes sur les bords et sur le tiers terminal de leur 
longueur, réfléchies à la fin de l’anthèse et tridentées au bout, la dent du 
milieu plus petite que les deux autres. Ces ligules sont colorées d’une 
tache d’un brun pourpre. De plus, la section des Ratibida ont, d’après le 
Prodrome, l’involuere unisérial, et sur la figure de la Revue horticole, 
nous voyons cette enveloppe double, la série interne se composant de 
bractéoles petites et courtes, tandis que l’externe est formée de bractées 
beaucoup plus longues et acuminées. Ces caractères ramènent la plante 
figurée, à la section I, les Honodonta, à laquelle appartient l'Obeliscaria 
pulcherrima de De Candolle. 

2° Rudbeckia columnifera. Nutt. Fras : serait un simple synonyme de 


“te: "De 
Le 
l'Obeliscaria columnaris. De Candolle le pense aussi, et le place après la 


description de cette espèce. 

5° Obeliscaria columnaris, DC. Cette déduction devait suivre natu- 
rellement du moment que l'identité avee la section des Ratibida était 
admise; mais alors pourquoi en faire un Lepachys de Rafinesque aux 
ligules étroites, tandis que ces Higules sont fort larges sur la plante en 
question. Le Lepachys pinnala, la seule espèce connue de cette premiére 
section du genre Obeliscaria, a des ligules entièrement jaunes, pendantes 
et longues d’un pouce et plus. C’est une espèce de la flore de la Caroline, 
de la Géorgie et de l'Illinois. Si l'espèce est au contraire l'Obeliscaria 
{monodonta) pulcherrima, elle appartient au Mexique, au Texas, près de 
San-Fernando de Bejar, aux bords du golfe du Saint-Esprit, au lac de 
Saint-Nicolas où Berlandier la trouva. Ces flores sont bien diverses. 

4 Le Lepachys columnaris figuré par M. Decaisne, est nommé comme 
variété : pulcherrima, et comme telle variété « on rapporte partieulière- 
ment, dit l’auteur, à notre variété le Lepachys pulcherrima, les Rudbec- 
kia et Obeliscaria Tagètes, de James (expédition dans les montagnes 
rocheuses), et de De Candolle, qui a placé cette espèce dans les mal-con- 
nues. D'ailleurs, si l'Obelhiscaria Tagètes existe, c’est une toute autre 
plante : elle serait de la hauteur d’un pied, multicaule, ayant le port de 
la maroute ou camomnille puante. Anthemis cotula, poilue, très-rameuse, 
feuilles radicales presque entières, spathulées, linéaires ou pinnatifides, 
les caulinaires pinnatifides par interruption, lobes le plus souvent 
linéaires, pédoncules très-courts oligocéphales , ligules recourbées. Évi- 
demment cela ne peut pas être un synonyme mais une confusion d'espèces. 

Nous ignorons où se trouve décrit le Lepachys pulcherrima, et M. De- 
caisne ne nous le dit pas. Nous le prendrons volontiers pour identique 
avec l’Obeliscaria pulcherrima, DC., pourvu que ce soit un AÆonodonta, 
nom malheureux parce que si l’akène est unidentée au sommet, la cause 
en réside peut-être dans ce que De Candolle n’a eu à sa disposition, 
comme il le dit, que des individus séchés dans l’herbier. M. Decaisne 
qui décrit sa plante comme pourvue d’un sommet à deux petites soies 
et qui a pu observer le vivant, n’avait-il pas des individus plus complets 
que ceux de l’herbier de Genève? De part et d'autre, on cite le Texas 
comme patrie, et si l’on y ajoute le haut Missouri pour le Lepachys pul- 
cherrima, cela se conçoit du moment que l'Obeliscaria Tagètes qui existe, 
dit-on, dans les montagnes rocheuses dont la chaîne borde à l’ouest le 
Missouri lui-même, a été donné comme identique avec ce même Lepachys. 

Quoiqu'il en soit, voiei comment M. Decaisne décrit la structure et ja 
culture de sa variété : « C’est dans la grande vallée du haut Missouri, 
ainsi qu'au centre des vastes plaines du Texas, que cette plante a été 
découverte. Elle forme dans nos cultures une touffe assez épaisse, com- 
parable à celles que produisent certains Corespsis ou Rudbeckia, avec les- 
quels les Lepachys présentent la plus grande analogie. Ses tiges atteignent 


environ 0®,50 à 0,60; elles sont cylindriques et couvertes de petites 
aspérités qui les rendent un peu rudes au toucher. Les feuilles sont pen- 
nées, à lobes linéaires, assez raides, scabres sur les deux faces; les capi- 
tules, portés sur de longs pédonecules de même nature que les tiges, se 
terminent par un involuere composé de petites écailles disposées en colle- 
rette et soudées entre elles à la base. Les rayons, au nombre de 6 à 8, 
sont rabattus, larges, tridentés à l'extrémité, d’un jaune très-vif, marqués 
d’une large tache mordorée ; les fleurs du disque d’un brun foncé, accom- 
pagnées d’écailles velues au sommet, sont portées sur un réceptacle cylin- 
drique qui a fait donner à quelques plantes voisines des Lepachys le nom 
d’Obeliscaria. Les graines (akènes ou fruits) sont comprimées, à bords 
très-légèrement ciliés et à sommet terminé par deux petites soies. » 

Culture. Les Lepachys se cultivent à la manière des plantes vivaces en 
général, soit d’éelats, soit de graines que l’on sème au premier printemps 
et dont on repique le plant en pépinière. Ils craignent l'humidité et 
demandent un terrain plutôt siliceux que calcaire. Leur floraison, comme 
celle des composées analogues, se perpétue durant à peu près tout ai 
et l’automne (Revue horticole, 16 novembre 1854). 

Si notre opinion actuelle sur la spécification de cette plante n’était pas 
fondée, nous ne regretterions pas d’avoir émis ce doute. Les Tagètes, les 
Thunis-bloemen de Charles-Quint, les Africaene-bloemen sont bien trop 
chers aux Belges, glorieux de leur histoire, pour ne pas s'intéresser à 
toutes les fleurs qui leur ressemblent. Les Tagètes ne sont pas des pro- 
ductions de l’Afrique, mais de l'Amérique, et surtout du Mexique. L’ana- 
logie des Obeliscaria avec les Soucis français (non anglais des Tagètes) 
saute aux yeux, et nous sommes persuadés que nos amateurs de jardin 
s’'empresseront à l'inspection de la gravure de semer cette nouveauté. 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


Crescentia macrophylla. Seemann in Hook. Journ. of Bot. and 
kew misc., v. 6, p. 274. — Hook., Bot. Mag. , ann. 1854, tab. 4822. 
Arbre à calebasse à grandes feuilles. Synonymie : Ferdinandea superba , 
Hort. Germ. Familie des crescentiacées. Arbre glabre , feuilles alternes, 
solilaires, toutes simples, obovées-lancéolées, terminées par une pointe 
courte longuement cunéiformes à la base, très-entières, nervure unique, 
aiguë sur chaque face, pétiole très-renflé, corolle virescente campanulée, 
tube courbé, ventru, limbe subrégulier, frangé-lacinié , lamelles du stig- 
mate frangées, fruit... A Kew, on cultive maintenant les cinq espèces 
de Crescentia connues jusqu'à ce jour d’après la recension de sir William 
Hooker. De ces cinq espèces deux, les Crescentia alata de Humboldt, 
Bonpland et Kunth, et Cucurbitina Linn., sont provenues de semis de 
graines reçues à des époques différentes de l’Amérique méridionale ; une 
troisième, le Crescentia eujete Linn. est cultivée dans différents jardins 


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— 155 — 


depuis un grand nombre d'années ; la quatrième , le Crescentia macro- 
phylla Seem., est la plus récemment introduite du continent, où elle est 
généralement connue sous le nom de Ferdinandea superba. Un coup d'œil 
donné à la figure du Botanical Magazine, planche 4822, et à la descrip- 
tion, prouve que cette détermination n'a rien à faire ni avec les Ferdi- 
nandea ou Ferdinandusa de Pohl, genre de rubiacées, ni avec le Ferdi- 
nanda de Lagasea, appartenant aux composées, ni avec les Ferdinandezia 
de Ruiz et Pavon, genre bien connu d’orchidées. Mais aussi, on est certain 
que cet arbre est bien un Crescentia quoiqu'on n'ait pas vu jusqu à pré- 
sent les fruits. Sa patrie est aussi inconnue, mais en jugeant par le port, 
sir William pense que c’est un arbre de l'Amérique tropicale. Ce Cres- 
centia doit être une de ces plantes que les Allemands nomment Blatt- 
pflanze, plante à feuilles, qu'on recherche pour lornementation des serres 
chaudes, et on assure en Angleterre qu'il fera son chemin dans le monde 
horticole, lorsqu'on l'aura connu. Des exemplaires de Kew, le plus grand 
mesure unc hauteur de sept pieds, mais au jardin botanique de Schônc- 
berg, près de Berlin, on en voit qui ont douze pieds, de sorte que c’est 
bien un arbre. Le pétiole et les jeunes branches sont pourpres, et les 
feuilles alternes, simples, obovées lancéolées avec la pointe courte, cunéi- 
formes à la base, mesurant quinze pouces de longueur, et la partie la plus 
large trois pouces. Les pédoncules sortent tous du vieux bois, sont longs 
d'un pouce et demi environ; le calice et la corolle (celle-ci est d’un blanc 
verdâtre), sont pourvus de points glandulaires. Le style et les étamines 
atteignent en longueur le tube de la corolle. L'ovaire est uniloculaire. 
Seemann n'a pas vu le fruit. 


Nymphæa amazonum. Mart. et Zuccar. Abhandl. der Math. — 
Phys. Class. der Bayersch. Akad., v. 1, p. 565. — Walp. Repert. Bot. 
syst:, M. [, p. 107. — Lehm. Uber die Gatt. Nymphaer, n° 48. — 
Planch. in ann. sc. nat., 5° série, tome 19, p. 48. — Hook. Bot. Mag., 
anno 1854, tab. 4825. Nenuphar du fleuve des Amazones. Synonymies : 
Nymphæa Lotus Lunan. Jam., v. 2, p. 271. — Nymphæa blanda? Mac- 
fad. PI. Jam., p. 19. — Nymphæa fetida, Garda. MSS. in Herb. Braz., 
n° 2477. Famille des nymphæacées. Plante très-glabre; feuilles suborbi- 
eulaires-cordées entières ou sinuées-dentées plus ou moins; lobes obtus, 
subincombants; pétioles pourvus d’un anneau velu au-dessous de la lame ; 
filets des étamines extérieures subpétaloïdes, toutes fertiles; anthères 
exappendiculées ; sépales et pétales d'égale longueur obtus; prolonge- 
ments du sligmate (autant qu'il y a de rayons) très-allongés, cylindriques, 
en massue, dressés et courbés en dedans au bout. C’est une très-jolie 
espèce de nénuphar, fleurissant la nuit, qui a été envoyée par M. W. T. 
Mareh., esquire de la cité des Espagnols (spanish town) de la Jamaïque à 
M. Moore, directeur du jardin botanique de Glasnevin à Dublin, sous le 
nom de Nymphæa nocturna. Il n'est pas étonnant de voir ce botaniste 


= SE — 


prendre celte plante pour une espèce nouvelle, parce qu'elle possède une 
structure extraordinaire, surtout dans les grands prolongements en mas- 
sue du stigmate, parce qu'elle n’a été décrite que dans ces derniers temps, 
ou qu'elle ne l'est qu'imparfaitement. Lunan, par exemple, dans son 
Hortus Jamaïcensis, ouvrage très-imparfait, décrit son Nymphæa Lotus 
{assurément une autre espèce que celle décrite sous ce nom par les autres 
auteurs), « comme ayant à chaque crête du stigmate un filet court, com- 
primé et recourbé en dedans avec un sommet en massue ». Sir William 
Hooker n’est pas éloigné de croire que Lunan prenait le nénuphar dont 
nous parlons ici comme étant le Vymphæa ampla, confusion que lon a 
faite généralement. Sir William Hooker pense que les exemplaires envoyés 
à Kew, par M. Moore, avec tant d’obligeance, correspondent avec ceux de 
la Guinée conservés dans son herbier et qui doivent être ramenés avec 
quelque doute, il est vrai, au Wymphæc blanda de Meyer, décrit dans la 
Flore d'Essequibo, près de la province de Demerary, dans la Guiane hol- 
landaise, comme une espèce de la même localité, mais misérablement 
décrite, ne faisant pas mention des prolongements en massue et compa- 
rant la plante avec le Nymphæa nitida &e Sims, figurée dans le Botanical 
Magazine, tab. 1559 (cui inter omnes maxime affinis), espèce de Sibérie, 
et probablement une variété du nénuphar blanc, Wymphæa alba. Cepen- 
dant, et c'est singulier, il donne comme synonyme le Nymphæa glandu- 
lifera de Rodsche (on ignore où elle a été décrite), appellé ainsi selon 
toute probabilité par allusion à la présence de ces grandes glandes ou 
prolongements de stigmate et dont Mever disait « Nomen Rodscheio, 
stigmatis radiis pro glandulis habente, huic surpi impositum, quia ex 
errore prodiit, rejecimus. » Ainsi en confessant involontairement sa pro- 
pre bevue, il nous conduit à croire à l'existence de ces corps. Meyer pro- 
bablement les prit pour la série interne des étamines. La troisième sec- 
tion des Vymphæa, les Hyprocazzis de M. Planchon, est caractérisée par 
leur présence et renferme sept espèces, toutes de l'Amérique tropicale ; 
parmi eiles figure le Nymphæa Amazonum de Martius et Zuccarini, qui 
diffère du blanda seulement par la présence de l'anneau submenbraneux 
et poilu du sommet du pétiole, précisément à l'insertion de la lame de la 
feuille. Sir William Hooker est conduit ainsi à ranger le nénuphar du 
fieuve des Amazones près du Wymphæa blanda, lequel est dépourvu de 
cet anneau, et on doit le livrer à des investigations ultérieures pour savoir 
jusqu'où ce caractère est constant. 

Cette plante peut être déerite en peu de mots : feuilles suborbiculaires, 
cordées, obtuses, coriaces-membraneuses, entiéres on sinuées-dentées, 
glabres, d'un vert brillant au-dessus, ordinairement d'un rouge violet 
au-dessous, le sinns à la base trés-profond , les lobes grands, obtus et 
généralement se couvrant Fun Fautre; la longueur de ces lames dans les 
exemplaires de Kew est un peu moindre que quatre pouces, mais elles 
atteignent souvent trois ou quatre fois celte longueur. Pétiole cylindrique, 


— 155 — 


pourpre-violet, ayant au sommet, au-dessous de la lame, un anneau évi- 
dent, poilu. Fleur très-odorante, assez petite, entre trois et quatre pouces 
en diamètre, s’ouvrant vers huit ou neuf heures le soir. Quatre sépales, 
d’un vert jaunâtre, pourpres à la base et souvent striés de lignes inter- 
rompues, pourpres, obtus et oblongs. Pétales rarement plus courts que 
le calice, d’un blanc jaunâtre, aux environs de vingt-cinq; les extérieurs 
verts sur le dos, les internes les plus petits. Étamines aussi nombreuses 
que les pétales, les extérieures ayant les filets un peu pétaloïdes, les inté- 
rieures linéaires. Anthères linéaires, rarement appendiculées. Le stigmate 
jaune, duveteux, pourvu de rayons au nombre d'environ vingt-deux, et 
du dessous de chaque raie s’élève un corps charnu claviforme, d’un pouce 
de longueur, ordinairement recourbé sur le sommet du stigmate et for- 
mant collectivement une couronne surmontant ce même stigmate. 

Voilà la traduction de la notice sur le nénuphar du fleuve des Ama- 
zones : cette notice serait complète si elle contenait la culture de la 
plante, mais on sait que cette lacune manque au Botanical Magazine, au 
grand détriment de l'intérêt qu'il inspire. Nous nous bornons donc à enga- 
ger les horticulteurs de la Belgique et de tout le continent de se procurer 
cette élégante et très-curieuse espèce. En la cultivant comme les autres 
Nymphæa des Tropiques, la chaleur aidant, on obtiendra les succès 
désirés. 


Erichodesma Zeylanieum. Br. Prodr. Vov. Holl., p. 496. — 
Lehm. Aspeuf., n° 149. — A. De Cand. Prodr., v. 10, p. 172. — Hook. 
Bot. Mag., ann. 1854, tab. 4820, Trichodesme de Ceylan. Synonymies : 
Trichodesma kotschyanum. Feuzl. in PI. kotsch., p. 549 et PI. Schimp., 
vw. 2, p. 625. — Borago Zeylanica. Linn. Mant. 202. — Jacq. Ic. rar., 
v. 2, t. 514. — Burm. F1. Ind., v. 41, tab. 14, f. 2. Famille des borragi- 
nées, section des cynoglossoïdes. Tige droite, couverte de soies distantes, 
feuilles opposées, subsessiles, oblongues-lancéolées, non atténuées (on 
doit dire, devant la nature, que les feuilles sont étroites et sont atténuées 
aux deux extrémités) portant des soies éparses sur la surface supérieure, 
à l'état jeune, pubescentes et sétuleuses à distance; pédicelles hispides 
latéraux longs, uniflores, disposés en grappes; lobes du ealice ovales-lan- 
céolés, poilus. Cette plante est venue récemment en Angleterre par des 
graines de M. Drummond, recueillies dans l'Australie occidentale, à la 
latitude sud de 27 degrés. Ce botaniste si zélé la prenait comme nouvelle 
et écrivait dans son journal : « C’est une jolie plante, appartenant aux 
aspérifeuilles, existant en grande abondance et en perfection sur les banes 
sablonneux du lit ombragé de la rivière d'Irwin. Elle croit à la hauteur 
de six à huit pieds, devient très-branchue avec des panicules terminales 
de fleurs grandes, d’un bleu clair et semblables à celles de la bourrache. 
L'anthère, le style et le stigmate sont dans l’anthèse couverts par un sin- 
gulier capuchon formé par cinq écailles qui naissent du dos des anthères 


— 156 — 


à l'ouverture du tube de la corolle, libres jusqu’à la moitié de leur hauteur 
et puis spirales, finissant en pointe et solidement unies par des eils entre- 
lacés. Le style entre en contact avec le pollen des anthères en passant en 
avant au travers de cette couverture et finit par être libre au-dessus de 
ce capuchon, ayant ouvert la portion spirale, laquelle, aussitôt que le style 
a passé, s’unit au style et au stigmate. Cette plante est vivace, pourvue 
d’une tige ligneuse de cinq ou six pouces en diamètre (circonférence? sans 
doute) près du sol. Elle naît rapidement de la graine et deviendrait d’une 
grande ornementation pour les jardins et les bosquets du comté de Perth. 
Ces observations tendent à prouver, comme on l’a supposé, que ce Tri- 
chodesma Zeylanicum atteint sur ce point de l’Australie sa limite méri- 
dionale, M. Robert Brown l'avait trouvé en Australie tropicale et fonda le 
genre sur celte espèce. Depuis, elle a été retrouvée sur la côte nord-occi- 
dentale de l'Australie par M. Bynoe (voyez le voyage du Beagle), au port 
Curtis par M. J. Margillioray, esquire, et par M. Fraser à la baie de 
Moreton, dans la même latitude de l'Australie orientale que la rivière 
d'Irwin se trouve dans l'occident. Dans toutes les parties chaudes de 
l'Inde, cette espèce est abondante comme à Madagascar, en Abyssinie et 
dans la Guiane francaise. 

Culture. Enfin, sir William Hooker nous apprend qu'il a été en posses- 
sion de quelques plantes en pots cultivées en serre chaude et comparati- 
vement d’une petite taille. Si la graine cependant mürissait, il l’essayerait 
en pleine terre où elle fleurirait probablement en été et offrirait sans 
doute un grand perfectionnement dans la grandeur des fleurs, des tiges et 
du feuillage. 

Note. Il y a une autre espèce, le Trichodesma sericeum de Lindley, 
récoltée par le major Mitchell dans l’intérieur subtropical de l'Australie, 
et par M. Collie à la baie de Flinders, dans le sud-ouest de l'Australie. 
C’est une plante toute différente, ayant des poils apprimés et argentés, 
pius rudes encore que des soies et pourvue de tubercules. 


L'ÉPIPOGON DE GMELIN, 


Par M. Cu. MoRREN. 


La gravure 17 de la livraison précédente donne une idée de cette sin- 
sulière orchidée. Le D' Frédérie Nees appelle cette plante, très-rare, 
planta raressima. On vient de la découvrir en Angleterre, le 9 septem- 
bre 1854 et M° Anderton Smith et sa femme l’ont trouvée à Redstome Dela- 
mere, dans le Herefordshire. Ils ont publié cette heureuse trouvaille dans 
le Journal de botanique d'octobre. « Tous les exemplaires, disent-ils, ont 
été trouvés au pied d’une rive escarpée couverte de bois et fermée par un 
ruisseau. Le sol était très-humide et fort. » Elle est restée inconnue dans 


rs 


celte contrée pendant des temps considérables et elle est aussi regardée 
comme rare sur le continent. Cette circonstance est due à ce qu’elle n’a 
pas de feuilles, ni des couleurs voyantes pour attirer l'attention ou bien 
parce qu'elle aura été prise pour l’une ou pour l’autre plante aphylle. On 
a vu l'Épipogon dans diverses contrées du milieu ou du nord de l’Europe, 
comme la Suisse, l’Autriche, les provinces du Caucase, la Suède, au lac 
Backal, sur les bords de l'Irkut de la province de Tunka. Elle à été dé- 
couverte d’abord en Sibérie, décrite admirablement et figurée par 
Gmelin sous le nom d’Epipogum ou Epigogum, parce que dit Gmelin : 
« la barbe de la fleur (c’est le labellum) est à l'envers, tournée en haut. 
Linné la ramena aux Limodorum et appela l'espèce Epipogium. Cette 
épellation a été adoptée par les auteurs, jusqu’à Richard dans ses « Anno- 
tationes » ; puis Lindley nomma la plante Epipoqum Gmelini. Enfin, 
Ledebour donna au genre le nom aujourd’hui adopté Épipogon. Patze, 
Meyer et Elkan dans leur Flore des provinces prussiennes , (p. 95) jus- 
tifient ce changement. Sir William Hooker a adopté cette dénomination 
la plus correcte selon lui et parfaitement conforme à la volonté de celui 
qui la vit pour la première fois. M. Brown toutefois dans son Prodrome 
de la Nouvelle Hollande, p. 350, sous le nom de Gastrodium est le pre- 
mier des nouveaux botanistes (1810) qui firent allusion à la qualité de 
constituer un genre Epipogium. « Cette orchidée, dit-il, a une forte affi- 
nité avec l’Epipogium (qui est le Limodoruim Epipogium sw), principa- 
lement par l’anthère caduque avec le pollen formé de particules élasti- 
quement cohérentes, et par le stigmate situé à la base de la colonne. 
Lindley la place dans sa division Gastrodiées et sa cinquième tribu 
Arethusées.—Est-elle parasitique ? (Elle en a fait l'effet). La racine est 
une masse de fibres épaisses, branchues, charnues qui ressemblent à celle 
du Corallorhiza innata, les pointes des branches gonflent souvent (on 
pense que ce sont les rudiments des tiges à fleurs). Les tiges hautes d’un 
empan ou plus, s’élevant d’une branche renflée ou portion de la racine, 
enflée un peu au-dessus de la base et articulée dans cet endroit. Le reste 
de la tige est droit, cylindrique, d’un rose pâle ou couleur du tan, picoté 
de rouge charnu et comme d’une nature de cire, pourvu de trois ou 
quatre écailles membraneuses peu distinctes. La tige est terminée en 
grappe ou racème de quatre, cinq ou six fleurs de moyenne grandeur. 
Les pédicelles sont courts, pas plus long que les petites bractées charnues. 
Sépales et pétales tous dirigés vers le bas mais recourbés en arrière, 
étroits lancéolés, presque égaux, d’un jaune souffré pâle. Labellum 
tourné vers le haut, oval dans sa forme générale, d’une texture épaisse et 
charnue, blanc, trilobé. Les lobes latéraux étroits, ovales, obtus, modé- 
rément ouverts, le lobe du milieu grand, subitement réfléchi, aigu, 
ayant une cavité (et extérieurement un tubercule correspondant avec un 
autre placé en-dessous de la pointe). Toute la surface supérieure est cou- 
verte de sorédies ou proéminences petites, chagrinées, arrangées en 


lignes et roses de couleur; la base du dessous cest prolongée en une 
grande poche ou épcron obtus aussi long que l'ovaire, celui-ei est blanc 
teinté de pourpre. Colonne assez courte, cylindrique et un peu bossue 
en bas, aptère en haut et plate au front portant le stigmate. Opercule 
des anthères terminale, subhémisphérique, droite, à deux cellules. 
Masses polliniques au nombre de deux, s'amineissant en pédicelles étroits, 
qui sont attachés à une glande blanche triangulaire. Ovaire raide, non 
contourné, court, à trois lobes, presque turbiné, jaunâtre linéolé de 
rouge pale. » 

Voici les synonymes de cette très-singulière plante, probablement 
trés-difficile à cultiver si elle est parasitique comme cela paraît probable : 


Épirocox Geuixi. Ledeb. F1. ross. vol. 4, p. 77. 

EripoGuxu GMELINI. L. C. Richard, de Orchid. Europ. Annot, p. 56. 

Epirogium GMEuini. Lindl. Gen. et Sp. Orchid. p. 585. Fred Nees Gen. 
plant. Germ. cum. Ice. 

EpipoGiux ApyLLUM. Reichesb. FI. Excurs. p. 155. 

Limoporux Epirogium. Sw. Nov. Act. Ups. v. 6, p. 80. 

SarTyrium EpiroGiux. Linn. Syst. Veget. p. 676. Tr FI. Austr. t. 84. 

Epipogum Gmel. F1. Sib. v. 1, p. 2, tab. 2, f. 2: 

Epipogon Gmelini. Hook. Bot. Mag. 1891. (Tr ad. du Bot. Magaz.). 


TERRE PROPRE A LA CULTURE DES OEILLETS EN POTS 
ET DES AURICULES, 


Par M. Jacor- WEynE. 


Pour cultiver les œillets en pots, il faut prendre au printemps, de 
bonne-heure, la superficie d’un bon sol qui a été gelé, y ajouter un 
huitième de fumier bien consommé (terreau), celui de vache de préfé- 
rence ou des débris de vieux chaume qui a été construit en paille et ar- 
gile. Les gazons d'une bonne et vieille prairie, pris à l’épaisseur de deux 
pouces au mois de juin ou juillet, et entassés l’un sur l’autre, l'herbe en 
bas, forment aussi au bout de six mois, une très-bonne terre pour les œil- 
lets. I ne faut pas se servir de la terre compacte, qui retient trop l'hu- 
midité etse dureit dans les chaleurs. Il faut mettre dans le fond dechaque 
pot une bonne portion de tessons de poteries et de morceaux de briques. 

Les œillets-nains si renommés et originaires de la province de Liége, 
n'exigent pas d’autres soins; nous pouvons en fournir des variétés nou- 
velles et méritantes, gagnées de semis qui n’ont pas plus de 10 centimè- 
tres de hauteur y compris la fleur, et les plus hauts 15 à 20 centimètres. 
Leur floraison est très-riche et persistante. Les auricules demandent aussi 
une terre riche et douce, le vieux fumier de vaches leur convient aussi 
très-bien. Elles aiment à être cultivées à l’ombre, c’est-à-dire, abritées 
du soleil du midi au soir, mais pas sous les arbres, ni trop près des murs, 
où elles sèchent et s'altèrent trop pendant l'été, car Pauricule est native 
de vallons humides. 


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— 159 — 
CONSTRUCTIONS HORTICOLES. 


HERMITAGES RUSTIQUES ET REPOSOIRS, 


Par M. Caarres M. Ixrosa. 


PL 22. 


Ces constructions ou reposoirs horticoles conviennent principalement 
dans de vastes propriétés, afin qu'elles y servent de lieu de repos et 
qu'elles puissent, au besoin, procurer un abri en eas d’averse et dans les 
grandes chaleurs de l'été; en outre, elles doivent être construites dans 
les endroiis d'où la vue peut s'étendre au loin et d’où l'on peut décou- 
xrir toute la beauté des sites environnants. 


Ces reposoirs doivent ètre construits dans le style et la décoration géné- 
rale des jardins; si ceux-ci sont romantiques, les constructions doivent 
ètre rustiques ; mais là où l’art vient embellir la nature, ces construc- 
tions doivent être plus élégantes. 

Morris dit dans ses Essais sur les jardins paysagers, que l'attention 
des architectes des jardins doit entièrement se reporter sur le choix de 
lemplacement , où ils doivent placer ces reposoirs, afin d'y faire bien 
valoir les avantages du terrain et d'en faire ressortir tous les agréments; 


— 140 — 


c’est ce choix judicieux qui double souvent la valeur d'une maison de 
campagne ; il est également indispensable que ces hermitages soient pla- 
cés dans des lieux paisibles et écartés, afin que le promeneur puisse y 
goûter tous les charmes d’une tranquillité parfaite. Anciennement on se 
plaisait davantage à multiplier ces espèces de constructions, auxquelles 
on donnait les formes les plus diverses, et presque toujours leur effet 
était des plus pittoresque. Nos pères aimaient surtout à les tailler dans 
la verdure de l'if et du buis, mais souvent aussi leur imagination pro- 
duisait des dessins capricieux et fantastiques peu en harmonie avec le 
bon goùt. En Angleterre, le soin le plus minutieux préside encore à la 
décoration de ces ornements des jardins qui sont entièrement ombragés 
par une épaisse verdure produite par toutes espèces de plantes grim- 
pantes, florifères et odorantes. 

Nous donnons ici la gravure de deux de ces charmants réduits. Cet 
hermitage et ce lieu de repos existent dans les beaux jardins du palais 
de Dalkeitb, domaine du due de Buccleugh, en Écosse. 


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— 141 — 


LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. 


LES DONS DE L'AUTOMNE, 
Par M. H. Lecoo, 


Professeur d'histoire naturelle de la ville de Clermond-Ferrand. 


(Suite et fin, Voy p- S$2 de ce volume.) 


Une famille nombreuse de végétaux vient apporter à l'automne le large 
tribut de ses curieuses productions. Ce sont les champignons si variés , 
qui envahissent le sol des forèts et les transforment en tapis coloriés. Dans 
les lieux où fleurissent les espèces brillantes du printemps, vous voyez 
naître , sur le terreau noir formé par la décomposition des feuilles, ces 
agaricsaux formes analogues, dont tous les détails sont différents. Ce sont 
eux qui dominent sous ces sombres arceaux, et qui déroulent à nos yeux 
leurs étonnantes variélés. Au premier rang se trouve la délicieuse oronge, 
dont le large chapeau ombrage , se distingue de si loin. Tantôt comple- 
tement épanouie , elle montre le jaune doré de ses feuilles; tantôt enfer- 
mée dans une membrane d’une blancheur éclatante , elle découvre seu- 
lement le sommet du dôme coloré qui bientôt doit s'agrandir et faire 
lornement des forêts. 

* Près d'elle se dresse en rivale la fausse oronge , au port élégant, aux 
lames d'ivoire, et dont le chapeau écarlate est relevé de nombreuses 
mouchetures blanches. 

"Ailleurs, on trouve en abondance l'agaric poiré, aux vastes parasols 
d'un blanc pur, et qui laisse couler de ses blessures un lait corrosif et 

« brülant. Près d'eux croissent les agaries sanguin et émétique, qui offrent 
toutes les nuances du violet et du carmin. L'agaric rosé est dispersé par- 
tout, et de grandes espèces , dont plusieurs sont sans doute inconnues, 
— dessinent sur le sol des cercles étendus ou des lignes sinueuses, au milieu 
des peuplades de ce beau groupe de végétaux. 

= L'agaric à long-pied se mêle aux précédents, et partout le vénéneux 
28 bulbeux, véritable protée, se présente sous les aspects divers, 
… jaune ou verdâtre, fauve ou rembruni, offrant en général des couleurs 
livides et parsemé PS pustules plus ou moins rapprochées. 

Les bolets sont encore plus répandus que les agarics. Les espèces co- 
mestibles sont en majorité, elles atteignent d'énormes dimensions , puis 
elles s’affaissent putréfiées et remplies des larves des staphylins. 

Les bolets orangés montrent au-dessous des mousses verdoyantes, leurs 
dômes vivement colorés. La série des bolets indigofères est une pe plus 
communes; ses espèces bleuissent dès que leur chair est froissée. Le jaune 


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s 


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blessé devient couleur d'indigo. Avec eux naissent le bolet pernicieux et 
le bolet marbré, à tubes couleur de sang, 

Ces espèces, si belles et si curieuses , qui passent pour vénéneuses, 
sont loin sans doute d’avoir les propriétés délétères qu’on leur attribue. 
Elles nourrissent de nombreux mollusques, des limaces et des arions 
noirs, bruns ou couleur de feu, que l’on rencontre sous l'influence de 
l'ombre des bois et de l'humidité de l’atmosphère. | 

Chaque pas que l’on fait dans ces lieux nous montre les nouvelles ri- 
chesses de cette flore éphémère, dont un seul jour voit parfois naître et 
mourrir les fugaces ornements. D’autres vivent plus longtemps; le bolet 
oblique, d’un rouge vineux et verni, habite plusieurs années la même 
souche, et les bolets frangé et bisannuel ornent aussi le sol de leurs 
disques durables et veloutés. 

De grands espaces sont couverts de pezize, corne d’abondance; ses 
tubes rembrunis, évasés par en haut, lui ont donné son nom; ils s’ali- 
gnent en élégantes séries, au milieu des hypnes toujours verts, et con- 
trastent avec la chanterelle orangée si commune dans les mêmes localités. 
Les bois sont alors de vrais jardins fleuris. 

La clavaire corolloïde y prend les nuances les plus variées, depuis le 
gris et le fauve jusqu'au chamois et à l’orangé, depuis le blanc rosé jus- 
qu'à la teinte presque pure du vermillon. 

Les lycoperdons, semblables à des bourses ovoïdes remplies de pous- 
sière, forment de longues trainées sur la terre ou sur la souche des vieux 


arbres. 

Sur les bords des sentiers, on voit de loin la magnifique pezize écar- 
Jate, dont les coupes enflammées répandent aux alentours des nuages de 
seminules. 

Des champignons charnus, fauves ou chamois, paraissent çà et là en 
groupes presque enterrés. Ce sont des Æydnum comestibles, avec leurs 
chapeaux garnis en dessous de pointes fragiles, et dont la jolie nuance 
contraste avec le vert velouté des mousses. 

Qu'on se figure une belle soirée d’automne quand le soleil, sur son 
déclin lance obliquement de longs rayons de lumière qui éclairent le sol 
des bois et illuminent les voutes de feuillage; qu’on jette les yeux sur ce 
riant tableau et sur ce nouveau monde que les pluies ct les dernières 
chaleurs viennent de développer, on aura une idée de ces scènes riantes 
que la nature veut encore nous offrir, avant de cacher la terre sous le 
triste voile des frimas. | 

Le mystère, qui pour nous a tant de charmes, est peut-être la cause 
secrète qui nous attire ainsi dans les forêts sauvages, dans ces labyrinthes 
éclairés seulement d’une lumière mourante, qui nous laisse deviner, au 
lieu de nous montrer les objets. 

Heureuses et paisibles retraites, inaccessibles à l'ambition, ce fléau du 
monde. Les orages n'existent plus à l’automne de l'année, de même que 


| — 145 — 


ceux des passions ont cessé à l’automne de la vie. Les trônes qui s’écrou- 
lent, les révolutions qui grondent, les nations qui s’égorgent, rien de ces 
tristes réalités n’atteint ce tranquille séjour. Un bruit confus de ces grandes 
misères passe dans l’air comme un profond soupir, et se perd dans l'ho- 


rizon lointain. 
L’équinoxe, qui marque astronomiquement ce commencement de l’au- 


tomne arrive quand cette saison est en réalité commencée. Déjà le Pôle- 
nord s’est refroidi, les masses d’air qui reposent sur les coupoles de neige, 
se sont contractées, et de vastes courants aériens se dirigent vers les 
plaines du nord de notre hémisphère. 

De proche en proche, le courant nous atteint, et les vents du sud com- 
mencent à souffler. Ils sont faibles d’abord, à peine si l’on voit remuer 
les derniers rameaux des arbres; puis le sifflement annonce la rapidité 
des ondes atmosphériques qui, semblables à celles de l'Océan se succèdent 
par bourrasques, et finissent par tout entrainer dans leur désolante vélo- 
cité. 

Les nuits s’allongent, la fraicheur descend du ciel, les vapeurs se con- 
densent, et la lune nous réfléchit une vive lumière qui éclaire le demi- 
deuil, que prend la nature, quand elle achève Le cerele laborieux des 
saisons. Les étoiles plus brillantes sont semées sur un ciel noir et pur, et 
le silence des nuits contraste avec les bruyantes agitations de l'été. 

C’est en vain que la rosée essaie encore, comme aux beaux jours de 
l'année, de déposer sur les plantes ses gouttes arrondies, que la lumière 
doit iriser; à peine descendue sur la terre, elle est saisie par le froid, et 
mille facettes de glace, colorées par l'aurore, s’effacent aux premiers 
rayons du soleil. 

Le brouillard s'étend le matin sur la campagne; les plaines ressemblent 
à de vastes mers, au milieu desquelles les forêts s'élèvent comme des iles 
couvertes. Des flocons de vapeur roulent sur le flanc des montagnes ou 
cachent leurs cimes élancées. Plus tard, on les voit flotter le long des col- 
lines, puis se dissoudre dans les airs. Quelquefois leurs globules grossis 
descendent et se transforment en pluie fine et persistante. 

Admirable circulation de l’eau, qui est la vie de la terre : elle s'élève en 
vapeur invisible à nos yeux, monte dans les hauteurs de l'atmosphère où, 
demi-condensée , elle forme ces nuages si mobiles et si variés qui nous 
renvoient les vives couleurs du soir et la magnificence du soleil levant. 


Elle redescend sur la terre en pluie, en brouillard, en rosée, puis elle 


court vivifier les campagnes, et remonte encore former les nues. 

La fraiche verdure des arbres n'existe plus; la couleur du feuillage est 
changée, et des nuances diverses s'étendent sur la lisière des forêts. 
Chaque arbre nous offre alors un coloris nouveau, qui le distingue et le 
sépare des autres. La verdure, sur son déclin, ne tarde pas à rougir et à 
prendre la couleur fauve des feuilles mourantes. 

Le jaune le plus pur colore les feuilles du bouleau ; elles se détachent 


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et couvrent l'herbe encore verte des prairies ct des allées des bois. Les 
hètres sont chargés de feuilles mortes d’un brun rouge, les cérisiers sau- 
vages offrent toutes les teintes de l’orangé et du rouge vif, qui paraît sur- 
tout à l'extrémité de leurs rameaux; ils luttent de couleurs avec les 
néfliers et les sorbiers, et les dominent par la vivacité des nuances car- 
minées répandues sur leur brillant feuillage. Le peuplier, comme le bou- 
leau, passe du jaune pâle à cette même nuance plus intense. Le noyer 
noircit près du poirier sauvage, aux feuilles ternies et décolorées. Le 
chène perd sa parure, tandis que le frêne, au sommet des coteaux, et 
l'aulne, sur le bord des ruisseaux, se dépouillent les derniers de leur 
vêtement d'été. 

Les prairies sont vertes tant que la gelée n’est pas venue les atteindre, 
elles nous offrent encore les dernières fleurs mourantes du colchique 
d'automne et les tardives corolles de la parnassie des marais. 

Les haies s'étendent en guirlandes panachées autour des prairies. La 
viorne a rougi, et l’érable champêtre, nuancé de jaune et de vert, annonce 
le passage de l’automne à l'hiver. La bourdaine n’a plus que des nuances 
de bistre et de pourpre, et la clématite domine tous les buissons et les 
couvre de ses bouquets plumeux et argentés. 

Bien souvent, pensif et rêveur au milieu des forêts, j'étais subitement 
réveillé par le bruit d’une feuille qui se détachait de la branche et tom- 
bait à mes côtés. Je cherchais inutilement les chanteurs ailés que j'avais 
entendus jeter, du haut des arbres, leurs notes suaves et mélodieuses. Je 
me rappelais l’anémone du printemps, les splendeurs de l'été, et le gland 
muüri qui tombant du vieux chêne m'annoncçait l'approche de l'hiver. Ce 
n'était plus le léger zéphir qui courait au milieu du feuillage, e’était le 
sifflement de l'air qui emportait les feuilles mortes et qui roulait sur la 
terre les herbes desséchées. 

Que de rêves et de sérieuses réflexions inspirent ces promenades soli- 
taires, quand on songe au néant de nos puériles vanités, que le souffle 
de Ja fortune abat un instant, comme la feuille desséchée qui vient de 
tomber à nos pieds, quant on pense à ces fleurs si belles qui parfumaient 
le printemps, à ces arbres si frais qui nous protégeaient contre les feux de 
l'été, et qui maintenant ne sont que des débris ou des cadavres debout, 
attendant la résurrection. 

Combien d’âmes pures passent ainsi sur la terre, inconnues comme Ja 
fleur des bois, et s'évanouissent comme la feuille emportée dans l'immen- 
sité de l'atmosphère ! | 

Vous avez vu les derniers beaux jours de l'automne et les rayons 
presque décolorés du soleil qui descend sous l'horizon. Il éclaire et fait 
briller les soies brillantes que l’active araignée attache en abondance à 
la motte des guerêts que la charrue vient de soulever. De nombreuses 
espèces d'insectes sont rassemblées dans la couche d'air qui touche le 
sol échauffé. Ils sont réunis par phalanges, et s’'agitent en tous sens. 


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— 145 — 


Ils montent, ils descendent, se suivent ou semblent s’égarer. Ils reviennent 
et voltigent encore sans que nous puissions deviner ni l'effet ni la cause de 
cette agitation. Veulent-ils jouir encore de quelques jours de vie ! Pourquoi 
ces réunions d'êtres qui vivaient isolés et qui se réunissent au moment 
de perdre leur existence? Que signifient tous ces mouvements contraires 
et ce besoin d’agitation! Nous l’ignorons; mais sommes-nous plus sages. 
Notre existence n'est-elle pas souvent consacrée à de plus tristes préoc- 
cupations ; indécis entre l’ambition et la vanité, emportés par l'excès des 
passions , suspendus entre le vice et la paresse, cherchant l'avenir et le 
souvenir du passé, nous atteignons comme l’insecte l'hiver de la vie, et 
comme lui l'oubli nous suit et nous efface en nivelant le sable qui faisait 
encore saillie sur notre dernier asile. 

Les oiseaux, avertis par leur instinct ou leurs pressentiments, se dis- 
posent à de lointains voyages. Les hirondelles, qui d’un vol rapide 
rasaient la surface des eaux qu se jouaient dans les airs avec une rapidité 
supérieure à celle du vent, se rassemblent en groupes nombreux. Elles 
font entendre alors un chant particulier entrecoupé de notes diverses qui 
ont sans doute des significations différentes? Parlent-elles des dangers du 
voyage, de la peine du départ, de l’espoir du retour ? Que signifient leurs 
accents si différemment modulés ? Elles s'élèvent, redescendent, et se 
réunissent de nouveau, elles essaient leurs ailes, puis gazouillant leur 
dernier ramage, elles s’envolent avec les derniers beaux jours. Adieu 
charmantes créatures, qui nous aviez confié votre existenee et vos plus 
doux sentiments; adieu, l’hiver arrive, de plus heureux climats vous 
attendent, et l'exil pour vous seules a des douceurs. Partez, n’assistez pas 
à ces tristes journées où la nature va cacher sa beauté sous un linceuil 
de neige; adieu, mais revenez encore, n’êtes-vous pas les rapides messa- 
gères du printemps, des fleurs et des amours ! 


BELG. HOT. T. V. 14 


— 146 — 


HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES. 


SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES SARRACÉNIACÉES, 
Par M. Joux TORREY, DE WASHINGTON. 


La distribution géographique des Sarracéniacées, dans l’état actuel de 
nos connaissances, mérite de devenir l’objet d’une notice spéciale. C’est 
une petite famille, composée seulement de trois genres, et tous exclusi- 
vement originaires de l'Amérique. Ces trois genres et toutes les espèces 
qu'ils renferment, offrent un puissant intérêt pour la botanique descrip- 
tive, physiologique et philosophique. 

Le genre le plus anciennement connu ou le genre typique de la famille, 
Sarracénia, appartient à l’Amérique du Nord et des six espèces qui le 
composent, une seule (Sarracenia purpurea) occupe une étendue consi- 
dérable dans le Nouveau Monde, limitée depuis le 48° degré nord jus- 
qu'à la Floride méridionale et du côté de l’ouest jusqu'à l'Ohio. Les autres 
espèces sont reléguées dans les États américains du Midi. 

Le genre Heliamphora qui ne contient qu’une seule espèce est natif 
de la Guiane anglaise et n’a jamais été rencontré ailleurs. 

Le genre Darlingtonia auquel n'appartient non plus qu’une seule 
espèce a pris naissance sur le penchant ouest des montagnes rocheuses 
et y est resté d’une rareté excessive. 

Les affinités des Sarracéniacées, malgré la découverte de l’Heliamphora 
et actuellement d’un nouveau genre de la même famille, sont'à peu près 
aussi obscures que jamais. Elles ressemblent, ces plantes, aux Nym- 
phæacées et aux Papavéracées et ces analogies ont été étudiées par plu- 
sieurs botanistes. Le docteur Lindley les place sans hésitation entre les 
Papaveracées et les renonculacées. Il y a bien une affinité éloignée entre 
elles et les Droseracées, qui a été indiquée, mais elle se restreint à la 
structure seulement des feuilles. 

L'opinion la plus récente, qui fut connue de M. John Torrey sur les 
analogies des Sarracéniacées, était celle de M. Planchon qui pense que ces 
plantes doivent se elasser tout près des Pyrolacées. L'opinion de ce bota- 
niste habile (This acute botanist points, etc.) repose sur les caractères 
qui font ressembler les Sarracéniacées au genre Moneses (Pyrola uniflora 
Linn.), et l’on y ajoute ce que l’on voit aux graines de l’Heliamphora, à 
savoir la testa lâche et ailée et l'embryon très-petit, comme dans les Pyro- 
lacées. Entre le Moneses et le Darlingtonia la comparaison est encore 
plus intime : quant aux enveloppes florales et aux étamines en nombre 
déterminé le plus souvent, quant à la structure de l'ovaire, aux stigmates 
radiés, et même quant au port, la ressemblance du nouveau genre avee 
le Aoneses est singulièrement remarquable. 


— 47 — 


L 
: 


Sous plusieurs points de vue, nous trouvons aussi des analogies qui 


- rapprochent le Darlingtonia californica du genre Monotropa et par 


> 


conséquent de la famille des Monotropacées à laquelle on avait pensé 
déjà antérieurement. L’Æeliamphora ressemble, quant aux hampes mul- 
liflores , aux Pyrola. Les singulières urnes des Sarracéniacées montrent 
cependant une énorme différence entre les familles ainsi comparées les 
unes aux autres, mais il faut se rappeler que les caractères tirés des 
conditions anormales d'un seul organe n'ont pas une grande importance 
dans la détermination des affinités. Pour conclure, je voudrais faire 
remarquer que si j'offre ici quelques considérations additionnelles qui 
renforcent les vues de M. Planchon, je ne voudrais non plus être consi- 
déré comme ayant adopté ces vues. Quand nous obtiendrons le fruit du 
Darlingtonia, peut-être nous donnera-t-il de meilleures connaissances 
sur la place que cette famille doit occuper dans la méthode naturelle. 


NOTE SUR LA FAMILLE DES SARRACÉNIACÉES, 
Par M. ALPHONSE DE CANDOLLE. 


Un genre nouveau de Sarracéniacées « a été découvert en Cahfornie 
et M. Torrey, ne considérant pas les genres nommés en l'honneur de 
M. Darlington comme admis dans la science, propose de l'appeler Dar- 
lingtonia. Les feuilles sont transformées en urne, comme dans les Sarra- 
cenia, mais l'opercule est profondément divisé en deux lobes. Les carac- 
tères principaux, d'après M. Torrey sont d’avoir des étamines moins 
nombreuses que les Sarracenia, et surtout de présenter cinq stigmates de 
forme ordinaire, oblongue ou linéaire, à la place du disque recourbé sur 
les bords, qui est si remarquable dans le genre primitif de la famille. 
Sous ce dernier point de vue, les trois genres sont bien distincts; le 
Sarracenia ayant un disque foliacé extraordinaire en forme de parapluie, 


le Darlingtonia cinq stigmates et l'Heliamphora un style tronqué, sans 


lobes stigmatiques. 

La figure publiée par M. Torrey indique un autre caractère dont il ne 
parle pas et qui serait bien remarquable, s'il est réel, c’est-à-dire si le 
peintre n'a pas fait erreur. Les cinq loges de l'ovaire sont représentées 
comme alternes avec les sépales; or, dans le Sarracenia purpurea que j'ai 
eu l’occasion d'observer vivant, les cinq loges sont opposées aux sépales. 
Le dessinateur employé par M. Torrey est le même que celui auquel nous 
devons les excellentes planches du Genera of United states de M. Asa 
Gray, et dans ce dernier ouvrage M. Sprague a bien représenté les loges 
du Sarracenia opposées aux sépales (voir vol. 1, p. 45) comme elles le sont 
effectivement. Se serait-il trompé dans la planche du mémoire de 
M. Torrey? J'en doute, vu son exactitude ordinaire. D'un autre côté, il est 
difficile de croire à des symétries contraires dans des genres aussi voisins. 


ARS 2 
JARDIN FRUITIER. 


LA PRUNE REINE-CLAUDE DE BRAHY. 


NOUVEAU GAIN SUPERBE ET EXCELLENT DE CET HEUREUX PRODUCTEUR LIÉGEOIS , 
Par M. CH. MoRrREenN. 


L'histoire cite parmi les plus grands amateurs de prunes, l’immortel 
Charlemagne. Ses jardins en étaient plantés; le grand empereur avait 
ordonné à Eginard, son secrétaire, de recommander cet arbre utile dont 
plusieurs variétés étaient déjà connues à cette époque reculée, et l’on sait 
que dans le capitulaire où ce conquérant daigna s'occuper des arbres et 
des plantes à cultiver dans ses vastes possessions, les pruniers sont cités. 
Par une particularité, une coïncidence remarquables, il se fait que la 
meilleure des prunes, la Reine-Claude, acquiert la plus belle grandeur, 
le goût le plus délicat, l’arôme le plus distingué sur ces plaines et ces 
collines, où la tradition rapporte que Charlemagne tenait ses écuries 
impériales et cultivait des jardins étendus. C’est dans ce lieu, à Herstal, 
près de Liége (stal der Heer, écurie du seigneur. On sait que Charle- 
magne parlait le flamand), qu'a pris naissance, en 1850, la perle des 
Reine-Claude, par les soins les plus assidus, les observations les plus 
savantes et un taet spécial des plus heureux, entre les mains et dans le 
jardin carlovingien de M. Brahy-Ekenholm, dont nous ne cessons d’en- 
registrer et d'illustrer par des gravures coloriées les nombreux succès. 

Ce berceau de la Reine-Claude, souche douée des plus délicieuses qua- 
lités descendant du prunier impérial du héros dont les ossements et les 
reliques reposent à Aix-la-Chapelle, remonte lui-même à une tête couron- 
née également. Le nom de Reine-Claude provient de la fille de Louis XIT, 
première femme de François I, roi de France. Rappelons iei que 
Louis XII avait été surnommé le Juste et le Père du peuple. Tous ces 
souvenirs ennoblissent la Reine-Claude d'idées nobles et consolantes dont 
on ne croirait pas qu'une prune puisse s’entourer, et cependant l’histoire 
est, en toutes ces assertions, irréfutable. 

Persoon dans son Enchiridion (vol. 2, p. 35), nomme la Reine-Claude 
simplement Prunus domestica varietas CLAUDIANA, tandis que les auteurs 
consciencieux ne séparent plus, depuis quatre siècles, le titre de reine 
du nom de Claude, afin d’éloigner l’idée de l’empereur Claude qui n’a 
rien à faire dans cette histoire de prunes. 

On compte dans la variété, dite Reine-Claude, du prunier domestique 
les sous-variétés suivantes bien établies : | 

4° La prune petite Reine-Claude de Duhamel (Arbres fruitiers, t. 2, 
p. 91). La drupe est petite mais bonne au goût. 

2 La prune grosse Reine-Claude ou la Dauphine de Duhamel (ouvrage 
cité, t. 2, p. 89). C’est la prune Reine-Claude placée très-haut dans 


Prune Reine - Claude de Brahw. 


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l'estime des amateurs et la souche de perfectionnements assez nom- 
breux. Nous y reviendrons plus loin. 

3° La prune à fleurs demi-doubles du même auteur (t. 12, p. 92) n’est 
qu’une sous-variété peu fertile de la Dauphine. 

4° L'abricotée de Tours de Duhamel, et 5° la Reine-Claude violette pré- 
sentent déjà, la première le rouge de l’abricot, du côté du soleil, et la 
seconde est tout à fait violette, mais déjà, quoiqu’en aient dit différents 
pomologues, ces fruits sont à une grande distance de la vraie grosse 
Reine-Claude ou Dauphine. 

Celle-ci a produit aux environs de Liége une sous-variété, dite Reine- 
Claude dorée, laquelle n’est pas l’incomparuable prune de Lucombe, née 
en Angleterre, chez MM. Lucombe, Pince et C°, d’'Exeter. La prune de 
Liége n’est pas celle d’'Exeter. 

La magnifique prune Reine-Claude de Brahy est sortie d’un semis de la 
Reine-Claude dorée, en 1850. Ce n’est qu’en 1854, après tout le dévelop- 
pement dont cette variété extraordinaire, laissant derrière elle toutes les 
Reines-Claudes connues, est susceptible, que son honorable, bienfaisant 
et courageux propriétaire (1) s’est décidé à en céder la propriété au zélé 
et habile horticulteur et pépiniériste de Wetteren, lez-Gand, M. Papeleu. 
Elle entrera dans le commerce en novembre 1856. 

Le bois de ce prunier est d’une force remarquable; l'écorce est barrio- 
lée et variée de teintes brunes, violettes et vertes, les feuilles mesurent 
10 centimètres de longueur d’un vert très-sain et foncé, les nervures 
fortes et d’un vert clair; ovales-lancéolées, amincies à la base, elles sont 
dentées par de fortes serratures ou dents. Le fruit est suspendu à un 
pédoncule long de deux centimètres, épais et sortant d’un bourrelet 
fauve. La drupe ou fruit mesure six centimètres de largeur et six centi- 
mètres de hauteur. Mais ce qui plait dans ce fruit, le prince des Reines- 

Claudes, c’est la pruïne ou fleur d’une blancheur mate. La chair est douce, 
aromatique, délieatissime, et l’on ne peut mieux se délecter qu’en goûtant 
cette production de la Providence qui a réellement béni toutes les opéra- 
tions horticoles de son consciencieux semeur. 

Je rappellera iei ce trait important de l’histoire naturelle des meilleures 
variétés du prunier, c’est qu’elles ne réussissent que peu ou ne prospèrent 
pas du tout lorsqu'elles sont greffées les unes sur les autres et que toute 
bonne prune et surtout les Reines-Claudes doivent être greffées sur des 
pruniers sauvages et naturels. Les unes se greffent sur les petits et gros 
Saint-Julien, mais l’incomparable prune Reine-Claude de Brahy préfère 


(1) M. Brahy-Ekenholm est non-seulement un grand promoteur de l’horticulture, mais il est 
aussi un bienfaiteur généreux des pauvres de sa commune (Herstal, lez-Liége). Les journaux 
ont signalé sa conduite courageuse lors de l’incendic du théâtre royal de Bruxelles, le 21 jan- 
vier 1855. La maison de la rue de la Reine dont il occupait les appartements a été entièrement 
préservée par sa présence d’esprit, et il a rendu dans cette circonstance déplorable des ser- 
vices signalés à la reconnaissance publique. 


ET 


le mirabellier. C'est pourquoi nous faisons suivre l’histoire de cette pro- 
duction de deux travaux sur le prunier que produit les mirabelles. On 
cultive de préférence la Reine-Claude Brahy en espalier et la chaleur du 
mur augmente le volume du fruit. L'arbre est très-productif et ses reje- 
tons seront en houneur partout où l’on cultive le fruit chéri de Claude, 
première femme de François I=. 


NOTE SUR LE MIRABELLIER , 
Pan M. LE PRÉSIDENT DU CERCLE AGRICOLE D'UNTERMINDEL, EN BAviÈRE. 


La Mirabelle est, de toutes les prunes, celle qui convient le mieux pour 
ia dessiecation et la confiture, surtout pour la dessiceation au soleil après 
extraction du noyau. Elle fournit une eau-de-vie fort délicate. Son gout 
aromatique et sucré, sa chair ferme et facile à digérer, la facilité avec 
laquelle cette chair se détache du novau, en font un fruit de dessert des 
plus agréables. A toutes ces qualités, il faut ajouter la fertilité de l'arbre 
qui la porte, et qui pourtant se contente d'un sol médiocre.pourvu qu'il ne 
soit pas humide. Si la culture de ce prunier est parfois négligée, c’est seule- 
ment parce que les cultivateurs ne connaissent pas tout le parti qu'on peut 
tirer de ses fruits. Il sera donc utile d'entrer à cesujet dans quelquesdétails. 

Aujourd hui, rien de plus facile que de créer un verger de Mirabelliers ; 
il suffit pour cela de se procurer des plants de prunellier (Prunus spinosa), 
arbuste qui presque partout croit dans les forêts et dans les haies; de les 
planter dans une terre préparée à cette effet, et de les greffcr au prin- 
temps suivant. On choisit des sujets de 2 mètres à 2 mètres, 50 de hau- 
teur, et de 2 à 5 centimètres de diamètre, dont on taille convenablement 
la couronne et les racines et que l’on plante à 35 ou 4 mètres de distance 
l’un de l'autre, en tous sens. L'opération n’exige aucune précaution par- 
ticulière. Au bout de quatre à cinq ans, la couronne de ces arbres est 
formée et dès la seconde année, ils commencent à porter des fruits. 

L'expérience a prouvé que l'on peut encore greffer sur le prunellier 
sauvage les meilleures espèces de pruniers. Les greffes pratiquées sur ce 
sauvageon donnent des fruits plus tôt et en plus grande abondance que 
celles faites sur d’autres sujets. Ces fruits ont d’ailleurs un goût excellent 
et ne rappellent en rien l’âcreté de ceux du prunellier. La propriété que 
ce dernier possède de produire, par ses racines, un grand nombre de 
rejetons, se perd chez les sujets greffés, où toute la sève est employée à 
la production des nouvelles branches et des fruits. Pour prévenir encore 
mieux cet inconvénient, le prunellier doit être planté un peu plus profon- 
dément qu'il ne l'était dans l'endroit d’où on l'a tiré. Les haïes des sau- 
vageons, qui, le plus souvent, ne sont bonnes qu'à attirer les chenilles, 
pourraient ainsi facilement se couvrir de Mirabelles et devenir d'un bon 
rapport, car ce n’est pas seulement pour consommer ce fruit à l’état frais 
que l’on doit cultiver l'arbre qui le porte, mais c'est principalement pour 


+ DR 


cit Bts Dé és 


TV PTS 


| 
| 


— 151 — 


| Je sécher ou le confre, et le livrer, sous ces formes, au commerce. On 
- peut, de cette manière, se créer aisément et à peu de frais un revenu con- 
sidérable. Quant au débit de ces produits, il est assuré dans tous les cen- 
tres de population tant soit peu importants. (Moniteur francais.) 


RENSEIGNEMENTS ADDITIONNELS A L'HISTOIRE DU MIRABELLIER, 
; Par M. Cu. MoRREN. 

| Le Mirabellier dont les fruits s'appellent des mirabelles, fait partie du 
- genre prunier et de l'espèce nommée dans le cadre botanique des êtres 
—.  Prunus domestica, Linn. spec. 680. Le Mirabellier est la première variété 
du prunier domestique désignée par Seringe et publiée par De Candolle, 
… sous le nom de Prunvs domestica, var., et Armenioïdes ou en français 
abricotée. La Prune abricotée de Duhamel (arb. fruit. 2, p. 95, n'est 
qu'une mirabelle. On y rapporte encore la Mirabelle double du mème 
auteur (mème ouvr., même vol., p. 96) ; l'Abricotée hätive de Loiseleur et 
le Drap d'or qui appartient à la vraie variété de la mirabelle de Duhamel. 

C’est le bon roi René qui apporta de Sicile les mirabelles en Provence, 
puis en Lorraine. Ce souvenir nous reporte au XV: siècle. 

En 1758, dans la seconde partie de la Pomologie de Knoop, je trouve 
mentionnées et décrites (p. 18), 1° la Wirabelle verte double ou le Damas 
vert appelée encore la Dauphine, qui d’après Duhamel est un synonyme de 
… laReine-Claude; 2° la Mirabelle verte simple, le Petit Damas vert, le Damas 
—. vert hätif,le Bedelaars-Pruim des Hollandais ou la Prune des Mendiants ; 
; 3° la Mirabelle blanche ou jaune, dite encore Mirabelle perlée, Witte Mira- 
—  belledes flamands; 4 la Mirabelle noire,la Mirobolane ou la Xirabelle bleue. 

D’après la description de Knoop (p. 20), la Mirabelle verte double a des 
qualités qui la rapproche des. Reine-Claude. C'est une grande prune, 
comme celle appellée la double blanche des paysans , un peu plus longue 
que large, la couleur est verte et presque transparente. La chair est douce, 

+ juteuse, adhérente au noyau et d’un goût aromatique excellent, lorsque 
la saison est favorable, et surtout lorsqu'on la cultive en espalier où elle 

muürit parfaitement; les amateurs en sont très-friands. 

—._ La Mirabelle verte simple est ronde et pas plus grande que les billes 
avec lesquelles jouent les enfants, plus verte que la précédente, plus 

. médiocre et plus tardive. Sa fertilité est quelquefois prodigieuse; on en 

. fait de bonnes confitures et de la couleur verte. 

- La Mirabelle blanche est une très-grande prune, plus longue que large, 

— d’un vert blanchâtre et parfois ponctuée de rouge. Sachair est assez su- 

… crée, libre du noyau, qui est petit, et d’un goût sucré agréable. La fertilité 

… de cette variété est grande, en plein vent ou en espalier. L' pee est 

_ préférable pour les fruits destinés aux confitures. 

En 1821, Noisette ne mentionne plus qu'une Wirabelle sans désigna- 
tion, dans son jardin fruitier, p. 142. 


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| — 155 — 
ARBORICULTURE. 


LE PIN PESSE BLANC, LINK. /PINUS PICEA ALBA), 


Par M. DE VRIESE. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Pinus L. (conifères) Fleurs monoïques. Amentes 
solitaires ou en épi. Etamines nombreuses insérées sur l'axe. 

Fleurs mâles : filets très-courts, anthères biloculaires, connectif- 
squammulæforme , loges apposées, s'ouvrant longitudinalement ou se 
rompant irrégulièrement et transversalement. 

Fleurs femelles ou gemmulifères : châtons solitaires ou réunis, écailles 
imbriquées, soutenues par des bractées le plus souvent adnées. Gemmules 
géminées à la base des écailles, collatérales inverses, adnées aux écailles, 
microphyle en arrière déchirées bifidées. Strobile formé d'écailles 
coriaces ou ligneuses égales au sommet ou enflées à l'apophyse, persis- 
tantes ou tombant rarement du rachis, la base excavée pour loger la 
graine. Les graines géminées à la base des écailles, collatérales, inverses, 
nuculiformes, ici prolongées en une aile membraneuse, persistante ou 
rarement se détachant à la maturité des graines. Embryon antitrope dans 
l'axe d’un albumen charnu-oléagineux, de la même longueur que lui, 

- cotylédons de 2 à 12 linéaires, épigès dans la germination, radicule 

cylindrique-conique infère. 

Pinus, Linn. Gen. ed. 2, n° 879. 

Pinus et Abies, Linn. Gen. ed. {. — Jussieu Gen. 414. — Richard, Conif., 145-147. — Zuc- 
carini in Endl. Gen. pl. suppl. 11-26. 

Pinus, Abies et Larir Tournef. Inst, 585-586. 

Pinus, Abies, Cedrus et Larix, Spack. Hist. nat., veg. ghaner., XI, 558. 

CaRACTÈRES SPÉCIFIQUES. Pinus alba, Aït. (Picea). Feuilles tétragones recourbées, strobiles 
subeylindriques lâches, penchées. Ecailles largement obovées, indivises, très-entières. 

Abies canadensis. Miller, Dict. n° 1. 

Pinus canadensis. Duroï, Observat. bot., 58. — Harb., ed. 124. Wangenh. , Beitr. V,1. 1, 


fig. 2. 
Pinus laza. Ebhrhart. Beitr. III, 24. 
À, Pinus alba. Aïton., Hort. kerw.. ed. 1, IL, 571. — Willedenow., Bauenz., 221. — Lambert, 
= Pin., ed. 1, t. 59 et 26. — Edit. 2, 1, 61, 1. 56. — Antoine, Coniféres, 86, t. 54, fig. 1. 
Abies curvifolia, Hort. 


Picea alba, Link. in Linnæa, XV, 519. £ nana. 
Abies alba nana. London, Arboretum Brit, IV, 2511. — Endl., Syn. conif., 80-112. 
Habite dans l'Amérique boréale du 70° au 48° L.B., dispersé par ci 
à par là, plus rare vers les contrées polaires, occupant les plaines ouvertes 
ct montant sur le sommet de hautes montagnes. 
Nous donnons ici deux gravures faites d'après un dessin original, 
représentant ce magnifique arbre qui existe en pleine végétation dans les 


— 154 — 


propriétés de M. J.-P. Van Rossum à Zandbergen, près Noorden. La 
graine dont provient ce superbe pied a été obtenue par M. Van Rossum, 
de Long-Island, près de New-York; lui-même l’a gagné de semis en 1829, 
et aujourd’hui il a déjà atteint la hauteur de 9 à 10 mètres, le tronc 
mesure un mètre de circonférence. IL croit dans un terrain sablonneux, 
et il est à espérer qu'il ne tardera pas à donner des graines qui permettent 
de le propager dans nos contrées. Il suffira, du reste, d’attirer l'attention 
de nos horticulteurs sur la possibilité d'obtenir ce bel arbre dans nos 
cultures, pour qu'ils s'empressent d'en faire revenir les graines de sa 
patrie. 


PI. 96. 


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— 155 — 


AGROLOGIE OÙ SCIENCE DES ENGRALS, 


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EMPLOI DE LA GÉLATINE OU COLLE-FORTE COMME ENGRAIS 
POUR L’ARROSAGE DES PLANTES, 


Par M. E. LiIErvaz, 


Horticulteur à Passy (Seine.) 


ARTICLE SUIVI DES RÉFLEXIONS DU COMITÉ DE RÉDACTION DU BULLETIN 
DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE LA SEINE. 


Après avoir étudié pratiquement les substances dont on a préconisé les 
avantages pour l’arrosement des plantes, nous avons reconnu par nos 
expériences, que la colle-forte (ou gélatine) pouvait remplacer avantageu- 
sement toutes les autres matières employées jusqu'alors, et que, par les 
principes éminemment utiles à la nutrition des végétaux qu’elle contient, 
elle est appelée à jouer un grand rôle dans la culture de toutes les plantes 
en général. 

Nous soumettons à nos collègues nos observations et nos études pour 
qu'ils veuillent bien nous prêter leur concours dans ces utiles et intéres- 
santes expériences, afin que ce travail puisse se compléter et tourner plus 
grandement au profit de tous. Nous accepterons avec empressement toutes 
les observations qui pourront nous être faites, et nous espérons, avec 
leur aide, démontrer que l’action de la colle-forte est supérieure à celle des 
autres substances dont on s’est servi jusqu’à présent. 

Nous croyons que les colles-fortes inférieures qui sont à peu près aussi 
efficaces que celles de première qualité, doivent être préférées, dans les 
grands établissements horticoles, parce qu’elles sont d’un prix infiniment 
moindre. 

La solution de colle-forte se décompose promptement, surtout par la 
chaleur ; elle se putrifie et répand une odeur très-fétide. On obvie facile- 
ment à cet inconvénient, en ajoutant à la solution de colle-forte employée 
un dizième de noir animal ou de charbon finement pulvérisé. 

Il n’est pas nécessaire pour s’en servir, que la dissolution de colle entre 
en putréfaction, la décomposition s’effectue dans la terre et agit même 
plus efficacement. 

Pour sa décomposition et la transformation qu'elle subit, la gélatine 
agit puissamment sur la végétation, 1° en entretenant une humidité ré- 
gulière; 2 en cédant aux racines des plantes des quantités considérables 
de matières assimilables. 

La gélatine jouit à un haut dégré de la propriété de rendre fécondes 
plusieurs natures de terre contenant une grande quantité de débris ou 


— 156 — 


détritus des végétaux ligneux. Aussi certains terreaux de feuille ou de 
bruyères, qui quoiqu’étant en apparence de bonne qualité, sont tellement 
défavorables à la culture des plantes, qu’aucunes ne pourraient y vivre 
avee une santé parfaite, les terres de bruyères tourbeuses, dont on n’a pu 
tirer jusqu'à ce jour aucun parti avantageux, la tourbe même, qui est 
d’une infertilité absolue, arrosées avec une solution de colle-forte, devien- 
nent d’une fertilité qu'on ne peut comparer qu'à celle des terres que 
recouvrent les forêts des Antilles. 

Nous allons mettre en comparaison avee la gélatine les autres substances 
dont on a préconisé les avantages pour l’arrosement des plantes. 


Le guano. 


C'est une substance très-active qui opère d’une manière instantanée, 
on peut la comparer à du fumier neuf, qui chauffe comme une espèce de 
combustion, force les plantes à végéter sans leur donner par lui-même 
une nourriture durable. Ces plantes ont une vieillesse prématurée. Aussi 
arrive-t-il souvent que les personnes qui achètent des végétaux qui ont 
été traités par le guano, éprouvent de grandes déceptions. Quelques jours 
seulement aprés avoir acquis ces plantes, en est tout étonné de voir les 
feuilles jaunir et mourir. En un mot les plantes tombent dans un état 
languissant, à moins que l’on ne continue le même traitement, chose qui 
n'est pas possible, surtout pour les personnes qui n’y sont pas initiées ; 
ajoutez à ces inconvénients que ceux même qui ont l'habitude de se servir 
de cet agent, éprouvent fréquemment les plus fortes déceptions, la com- 
position du guano variant à l'infini, suivant le lieu d’où on le recoit et 
suivant son état de pureté ou de falsification plus ou moins complet. 

On peut au contraire assimiler la colle à du fumier consommé qui pos- 
sède une action un peu moins prompte mais plus durable. Il est arrivé 
à un point où les organes des végétaux peuvent absorber sans inconvé- 
nients les principes nutritifs qu'il contient et en profiter; il en est de 
même de la gélatine qui cède ses éléments aux plantes par une action 
lente, mais continue. 


Le sang. 


Le sang coagulé ou desséché par la chaleur ou simplement à l'état 
liquide, employé comme engrais, jouit à peu près des mêmes propriétés 
que la colle, mais il a l'inconvénient d'attirer les vers et les insectes, de 
produire une odeur désagréable et même des miasmes dangereux, qu'il 
n’est pas toujours facile de combattre par des quantités même considé- 
rables de noir animal ou de charbon. Une des propriétés de la colle est 
de faire périr infailliblement tous les vers. 


- 
- 
. 


— 157 — 
La corne. 


La corne râäpée agit exactement comme la colle, mais avec la différence 
qu'il faut un temps très-long pour que la décomposition s'effectue, ct 
que son action puisse se manifester. Il en est de même d'une foule 
d’autres substances, telles que les laines, les ossements et autres matières 
provenant des animaux. 


L'urine. 


L’urine produit un bon engrais, mais il a besoin d’être administré avec 
précaution, son action énergique d’ailleurs est prompte et éphémère. 

Il nous serait facile de nous étendre davantage sur les propriétés des 
matières qui proviennent des animaux, mais en résumé, nous croyons 
que la colle-forte est l’extrait le plus chargé de matières animales, celui 
dont l'emploi est le plus facile, puisqu'il n'offre aucun danger, et nous 
ajoutons qu’il est toujours et partout aisé de s’en procurer. 

Quoique nos recherches et nos travaux aient eu pour but spécial d’être 
utile à l’horticulture, nous ne pensons pas que l’on puisse considérer 
comme hors de place que nous établissions ici que l’usage de la gélatine 
comme engrais peut être aussi d’une immense ressource pour cerlaines 
grandes cultures et pour celle maraichère, surtout dans notre colonie 
d'Afrique, où les fumiers sont généralement rares. Nous croyons ferme- 
ment que l'emploi de la colle-forte procurerait de notables avantages 
pour les répiquages des colzas , des allettes, des carottes, des betteraves, 
des choux, etc., etc., car en arrosant ces plantes au moment du répi- 
quage, non-seulement on leur donnera une forte nourriture, mais on 
leur procurera en même temps une humidité durable qui facilitera leur 
reprise, quelle que soit l’aridité de la saison. Les pépiniéristes aussi et 
toutes les personnes qui jugeront à propos d’arroser leurs arbres qui sou- 
vent sont souffreteux et malingres par suite de l’état d’épuisement du 
sol où ils végètent, devront obtenir les meilleurs résultats de l’action de 
cet agent puissant. 


Moyen d'employer la colle. 


1° Pour l’arrosage des poteries, un demi kilogramme ou 500 grammes 
pour 100 litres d’eau ; 
2° Pour arroser la pleine terre, un kilogramme pour 100 litres d’eau. 


Moyen de la faire dissoudre. 


Mettre tremper la veille la quantité de colle dont on a besoin, c’est-à- 
dire un kilogramme pour 40 ou 45 litres d’eau; le lendemain faire chauf- 
fer la même eau avec la colle, en ayant soin de remuer jusqu’à sa parfaite 
dissolution, ou durant environ quatre à cinq minutes ; transvaser la dis- 


— 158 — 


solution dans la quantité d’eau voulue; bien remuer, s’en servir ensuite. 

Les plantes sur lesquelles nous avons employé la dissolution de colle 
forte, sont spécialement les Pelargonium à grandes fleurs et de fantaisie. 
Quelques arrosements ont suffi pour faire développer chez ces plantes 
une végétation des plus luxuriantes. 

Un arrosement par semaine, avec la solution à la dose sus-indiquée, 
suffit ordinairement, les autres arrosements pendant le reste de la 
semaine doivent être faits à l’eau ordinaire. La quantité de colle forte 
peut, du reste, être augmentée considérablement et sans aucun incon- 
vénient, surtout si l’on opère sur des plantes en bonne santé. 

Un seul arrosement fait avec une solution très-concentrée de colle 
forte, m'a procuré sur quelques plantes de merveilleux résultats. 

Non-seulement par ce moyen, la plante voit ses tiges et son feuillage 
prendre un accroissement avec des proportions inaccoutumées, mais 
_encore la floraison est des plus splendides. 

Un immense avantage de ce procdé de culture , c’est qu’il n’est nulle- 
ment besoin de tenir les végétaux dans des vases d’une grandeur consi- 
dérable, des pots ordinaires remplis de terre légère, faite avec mi-partie 
de terre de bruyère et de terreau de gadoue bien consommé, peuvent 
contenir des plantes d’une très-forte dimension. 

Chez notre neveu et collègue Picquenot (Étienne) auquelle nous avons 
conseillé l'emploi de la gélatine, et qui depuis cinq semaines en a arrosé 
seulement trois fois sa collection de jeunes pelargonium, ces derniers 
ont pris un tel développement, que non-seulement il a été obligé d’opé- 
rer des pincements journaliers et de dédoubler les rangs, mais encore 
que ces arbustes qui ne devaient être vendues qu’au printemps prochain, 
pourront être portés au marché, très-beaux, très-forts et très-trapus, 
pour les deux fêtes du 15 et 25 août 1854. 

Il devient donc pour nous incontestable, d’après ce que nous avons pu 
observer, que des boutures traitées par la gélatine, pourront très-facile- 
ment être livrées au commerce dans le courant de l’année où elles seront 
faites en magnifiques exemplaires et aussi fortes que des plantes de deux 
années de la culture ordinaire. | 

Dès aujourd’hui, nous pouvons considérer comme certain que toutes 
les plantes dites plantes molles arrosées avec la solution de la gélatine, 
devront fournir les mêmes résultats que ceux que nous avons constatés 
sur les pélargonium. 

D’après nos conseils, quelques essais ont même déjà été tentés avec 
succès sur quelques autres plantes. Une assez nombreuse collection de 
Lilium lancifolium , lilacée qui comme toutes les bulbeuses en général 
n’admet aucune espèce d'engrais animal, a été soumise à ce traitement ; 
et ces lys ont acquis un développement et une végétation extraordinaires. 
Résultats favorables, mais cependant encore incomplets sur quelques 
Erica, Rhododendrum, Fuchsia, etc. 


— 159 — 


ES Beaucoup de plantes voraces, ineultivables en pots jusqu'à ce jour, 
(les Dahlia entre autres) qui pour végéter et croître ont besoin d'une 
très-grande quantité de matières nutritives qu'elles ne pouvaient trouver 
> dans des vases et que leur procurera facilement l'arrosement gélatineux, 
y deviendront, par suite, d’une culture praticable. 

| La culture des plantes sur les fenètres et dans les appartements, culture 
| qui tend tous les jours à prendre une extension plus considérable et que 
| l'on ne saurait trop encourager, devra être singulièrement modifiée et 
. améliorée par les arrosements dont il s'agit. 

| Un des avantages importants de la gélatine dans la culture des plantes 
en pots est l'économie du temps, en rendant moins fréquents les arrose- 
| ments ordinaires, par suite de la propriété, que possède la colle, de 
maintenir l'humidité de la terre pendant un assez long espace de temps. 
On sait, du reste, que les plantes dont les racines se trouvent en con- 
tact ou dans le voisinage des corps animaux en putréfaction acquiérent 
__ toujours une végétation dans des proportions anormales, qu'elles doivent 
à l'assimilation qu'elles opèrent à leur profit, des matériaux nutritifs que 
/ ces corps en se décomposant leur fournissent en abondance. 

Le moyen proposé par moi, facile, commode et peu dispendieux, doit 
être infailliblement suivi de résultats avantageux. 

Si j'ai conseillé une chose utile, je serai heureux de la voir, en se pro- 
pageant, tourner au profit de la science que nous aimons tous. 

Je recevrai, je le répète, avec le plus vif empressement tous les ren- 
seignemenis que mes collègues de la société voudront bien me faire par- 
venir sur les résullats qu'ils pourront obtenir de leurs expérimentations. 

. Qu'il me soit permis, en terminant de prier notre honorable président 
de vouloir bien nommer une commission pour venir constater les résul- 
tats obtenus par ce procédé de cultiver. 


Réflexions du Comité de rédaction du Bulletin de la Société d'hor- 
ticulture de La Seine. 


… … I1y a déjà un certain nombre d'années que l’on a songé à utiliser les 
—… extraits gélatineux faits avec les débris des animaux, et qu'ils ont été sig- 
…—.  nalés comme fournissant un engrais d'une grande puissance ; mais il faut 
connaître que l’on s’en est assez peu occupé jusqu’à ce jour, et que, soit 
… faute d'avoir été suffisamment étudiés, soit tout autre motif, ils ne sont 
» pas encore entrés dans la pratique générale du jardinage. Le travail de 
… M: Lierval aura, entr'autres bons résultats, celui d'appeler l'attention sur 
1 - ces produits, de les faire expérimenter de tous côtés, et s’il a vu juste, si 
…— ses prévisions sont fondées, il aura contribué pour beaucoup à signaler à 
la culture un agent énérgique et peu coûteux de production. 
« Dès à présent on croit pouvoir penser que les extraits gélatineux dissous 


— 160 — 


dans l’eau et distribués aux plantes au moyen des arrosements, assurent 
à certaines d’entre elles, et cela est surtout dans leur jeunesse, une force 
de végétation extraordinaire; on a pu apprécier cet effet principalement 
sur les pelargonium, les minulus, les pensées, les verveines, ainsi que 
sur un grand nombre de cactées diverses. 

Arrosées avec de l’eau gélatinée, les premières de ces plantes se sont 
développées en pousses très-fortes, nourries, assez courtes; leurs feuilles 
d’une ampleur tout à fait extraordinaire et d’une intensité de ton très- 
remarquable, vert noir, ont offert un contraste parfait avec la couleur 
blonde ou vert jaunâtre que prennent tous les végétaux qui recoivent des 
arrosements de guano, quelles que soient les précautions que l’on em- 
ploie pour les donner. Les fleurs ont été très-nombreuses, d’une très- 
forte dimension, leur coloris d’une grande vivacité. 

M. Lierval affirme qu’un effet remarquable des arrosements avec l’eau 
contenant de la colle-forte en dissolution, est de conserver la terre plus 
longtemps humide que si elle avait recu de l’eau pure, de maintenir une 
humidité en quelque sorte plus égale. On ne peut, du moins en ce que 
concerne la culture des plantes en vases placés hors de terre, partager 
cette opinion. Bien loin de là, on a remarqué que lorsque les arrosements 
à la colle ont lieu, l’évaporation de l'humidité ou son absorption par les 
végétaux est beaucoup plus prompte, et qu’il est nécessaire de donner 
de l’eau fréquemment. 

Dans son énumération des engrais qu’il met en comparaison avec la 
colle-forte, cet horticulteur en a omis des plus puissants ; les déjections 
humaines solidées, délayées dans l’eau, et le purin ou liquide qui s’écoule 
des fumiers amoncelés, et qui est encore si déplorablement perdu presque 
partout en France. On conçoit que l’origine du premier, son odeur aussi 
forte que répugnante, empêche, quelque soit d’ailleurs son efficacité, son 
usage de se généraliser; mais il ne saurait en être de même du purin; 
aucun agent n’exerce une action plus active, plus soutenue, plus bienfai- 
sante sur la végétation; aucun ne peut être substitué avec avantage 
partout où il est possible de se le procurer. 

Quoiqu'il en soit, l’horticulture n’en est encore qu’au début de ses 
études sur les engrais distribués à l’état liquide, et pourtant il est déjà 
bien évident qu'ils seront pour elle et pour la grande culture des auxi- 
liaires d’une puissance pour ainsi dire infinie. Présentés aux plantes 
sous une forme qui leur permet de les absorber immédiatement et pou- 
vant être renouvelés instantanément dès que le besoin s’en fait sentir, ils 
impriment à la végétation une force et une activité qui, ainsi que le dit 
M. Lierval, rappellent de loin, sous nos froides latitudes, celle des forêts 
tropicales. 


(Bulletin de la Société d'horticulture de la Seine, 1854, t, XIL.) 


à 


8.W 


hitlavia Srandiflora . 


_ 
_ 


_Befaria aestuans.9 


4 


1 — 


— 161 — 


HORTICULTURE. 


NOTICE SUR LE BEFARIA ÆSTUANS DE MUTIS, 
{Ericacée. — Pentandrie, Monogynie), 
Par M. Cu. MoRRenx. 


Le Befaria æstuans est une éricacée des Andes des plus belles et des 
plus élégantes ; on doit l’étudier avec beaucoup de précautions pour bien 
déterminer l'espèce, car dans le Floral Garden de Paxton et de Lindley, il 
y a une grande erreur en établissant que le Befaria coarctata n’est pas 
l'espèce de ce nom de Humboldt et de Bonpland. L'espèce que nous figu- 
rons ici provient de chez M. Veitch. C’est William Lobb qui l’a découverte 
dans la province de Chacopoyas sur une altitude de 8000 pieds. L'espèce 
de M. Lindley, figurée dans le Flower Garden, a été obtenue du même 
lien ; le style de celle-ci est beaucoup plus long, et présente des poils 
courts sur son étendue; les branches du calice ont des écailles noires. 
Ces poils sont peut-être aussi fugaces que le duvet ferrugineux. On la 
trouve aussi à la Nouvelle-Grenade et au Pérou. 

Ses caractères sont les suivants : rameaux pédonculés et calices sept 
fois divisés, ferrugineux-tomenteux ; feuilles oblongues-ovales, aiguës, 
planes, glauques au-dessous, ferrugineuses-tomenteuses, duvet à la fin 
émoussé, grappes terminales, fleurs amples ; sept pétales obovés-spathulés 
droits ouverts, 7 à 14 étamines plus courtes que les pétales. 


WHITLAVIA GRANDIFLORA 
{Hydrophyllacées. — Pentandrie, Monogynie), 


Whitlavia Grandiflora, caule diffuso flexuoso, foliis subdeltoideis , 
corollæ tubo calyce duplo longiore, squameilis oblongis retusis. 

Whitlavia grandiflora, Harv. in Lond., journ. of Botany, v. 5, p. 512, 
t. I. Walp. Repert. Bot., v. 6, p. 525. 

Cette très-belle plante annuelle a attiré tous les regards à la dernière 
exposition d'été de Cheswick, où elle avait été mise par M. Veitch d’Exeter. 
Les semences leur avaient été envoyées de la Californie, l’année d’avant 
par M. Lobb. Ce fut le D' Coulter qui la découvrit le premier et le D' Har- 
vey en fit la description dans le Journal de Botanique de Londres, il en 
fait un nouveau genre auquel il ajoute le W. Junior également trouvé par 
M. W. Lobb. Elle fut dédiée à M. Whitla en reconnaissance des services 
signalés qu'il rendit à l’horticulture. Il est certain que cette charmante 

BELG. HORT. T. V. 15 


— 162 — 


fleur ne tardera pas à se propager dans tous nos jardins où elle rivalisera 
en beauté avec les Vemophilæ et Giliæ, c'est une gracieuse acquisition 
pour la culture des plates-bandes. 

Description. C’est une plante annuelle, diffuse, flexible, glanduleuse 
pubescente, tiges rondes et vertes, feuilles alternes, pubescentes, penni- 
nervées, supportées par de longs pétioles glanduleux-pubescents, ordi- 
nairement plus longs que la lame. Fleurs grandes, en grappes terminales 
multiflores. Calice profondément divisé en cinq segments linéaires, glan- 
duleux, très-écartés. Corolle d’un bleu riche, pourvue d’un tube ample, 
campanulé, légèrement renflé à la base ; le limbe à cinq lobes égaux ou 
presque égaux arrondis et étalés. Cinq étamines à filaments exserts, s’éle- 
vant chacun de derrière une écaille à la base de la corolle, légèrement 
velus ; anthères oblongues. Ovaire inséré sur un disque glanduleux. Style 
aussi long que les étamines et pubescent comme eux, bifide. 


PROPAGATION DES ROSIERS PAR BOUTURES DE LEURS RACINES. 


M. Harrison publie dans son Floricultural Cabinet de novembre 1854, 
un article provenant d’un cultivateur ardent de rosiers, de Cheshunt 
dans le comté de Herts. Voici comment il s’exprime « J’ai été averti qu’on 
avait fait l'expérience de multiplier les rosiers par le moyen des boutures 
des racines et l’ayant tenté moi-même, le succès que j'ai obtenu a été 
admirable. J'employe le procédé suivant : 

« La première semaine de mars, je pris quelques-unes des longues ra- 
cines épaisses et charnues de mes rosiers anglais et français, et je les 
découpai en tronçons d’environ trois pouces de longueur. J’aplanis la 
surface du sol dans un parterre longeant le devant d’un mur exposé au 
midi et sur lequel on cultivait des pêchers. Sur cette surface, je couchai 
ces racines horizontalement, et je les séparai à six pouces les unes des 
autres. Quand elles furent ainsi placées, je les couvris avec de la terre 
très-finement tamisée, formant une couche épaisse d’un demi-pouce et 
délicatement comprimée contre les boutures. Sur cette couche, j’en étendis 
une seconde profonde de quatre pouces d’un sol loameux (terre sablo- 
argileuse fine ou sol argileux léger des Belges), engraissé avec du fumier 
d’étable décomposé, préparé un an d'avance. J’arrosai abondamment et 
quand le tout était bien sec, j’égalisai toute la surface du parterre en me 
servant du dos d’une bêche. Au milieu de mai, chaque tronçon de racine 
avait poussé, les uns, un et les autres deux jets très-forts; le sol avec lequel 
j'avais plombé en quelque sorte les boutures était comme feutré d’une 
masse de racines très-fines. Le 5 septembre suivant, les jets s'étaient 
allongés de dix-huit pouces. J’avais donné toujours beaucoup d’eau dans 
les arrosements, parce que la situation du lieu de culture se trouvait en 
plein soleil et qu'il était ordinairement sec, ce qui devait avoir lieu puisque 


— 165 — 


le liquide descendait en avant du parterre. De plus, cette couche faite en 
vue du bouturage des rosiers par racines reposait sur un sol affermi. Je 
voulais avoir mieux, je défonçai mon sol de dessous et il devint perméable 
comme celui de dessus. 

J'ai appliqué ce procédé aux rosiers moussus et aux autres variétés 
analogues, les plus difficiles à reproduire par les boutures des jeunes 
branches, lesquelles ne réussissent presque jamais. En novembre, dans 
le bon temps pour lever les jeunes plantes et pour les planter dans les 
parterres à fleurs, j'enlevais les plants avec autant de racines fibreuses 
intactes que possible; je taillai le côté le plus fort du jet jusqu'à huit 
pouces et replante; le pied bouturé poussa des bourgeons nouveaux très- 
vigoureux qui donnèrent des fleurs. J’obtins ainsi des rosiers en touffes 
pour les années suivantes. Du fumier d’étable bien consommé est le meil- 
leur engrais pour les rosiers, parce qu'il est plus froid que du fumier de 
cheval , etc. Ce dernier, mêlé en assez grande quantité au sol de la plan- 
tation et déposé sur les racines des jeunes plantes au mois de mars, cou- 
vert d’une terre argileuse fraiche, communique une prompte vigueur aux 
plants et les fait pousser à fleur. 


DESCRIPTION D'UN DAHLIARIUM ET REVUE DES DAHLIAS 
NOUVEAUX, 


ADRESSÉES AUX AMATEURS DE CES FLEURS, 
Par M. Bauvpuiw, 
Propriétaire et Cultivateur de Dahlias, à Loos, lez- Lille, 


Le terrain sur lequel sont plantés les Dahlias comporte 50 ares environ 
dont 16 servent de piédestal au Dahliarium ; il est entouré d’une plate- 
bande de plantes vivaces, séparée par une allée, puis par un gazon de 
trois mètres de largeur dont partie est baignée par les eaux; le fond, sur 
lequel se détachent des milliers de fleurs, est composé d’arbustes, d’arbres 
verts, de marronniers, de peupliers, ete., ete. — Ce terrain est dessiné à 
Vanglaise et forme une presqu'ile ; il reçoit les rayons du soleil depuis son 
lever jusque vers quatre heures; les moments les plus favorables pour les 
visiteurs sont : le matin avant dix heures, le soir vers cinq heures. 

Quatre cents variétés, dont les deux tiers au moins en fleurs nouvelles, 
se trouvent plantées sur dix-sept plates-bandes de 2 mètres environ de 
largeur sur une longueur qui varie de 20 à 30 mètres; chaque plate-bande, 
séparée par une allée de près de 2 mètres, est coupée en une ou deux fois 
selon sa longueur ; les plates-bandes sont plus élevées de 20 centimètres 
que les allées et reçoivent chacune deux lignes de Dahlias plantés à 40 cen- 
timetres de la bordure; la distance laissée entre chaque individu est de 


— 164 — 


1 mètre 20 centimètres. Le terrain qui va légèrement en pente reçoit, 
dans sa partie la plus élevée, les variétés à hautes tiges; les variétés naines 
se trouvent être les dernières; ainsi plantées, elles forment un très-bel 
amphithéaâtre. 

Les tuteurs ou piquets sont placés avant la plantation; les plus élevés 
ont 1 mètre 75 centimètres; les derniers À mètre environ; un cordeau 
est lié au sommet du plus élevé et au sommet du plus bas afin de tasser 
ces tuteurs par gradation. Un deuxième piquet que j'appellerai piquet 
d'attache, de moitié plus petit, est planté à 40 centimètres du tuteur prin- 
cipal et lié ensuite à celui-ci au moyen d’un osier afin de protéger les tiges 
contre les orages et les coups de vent qui nous arrivent souvent en sep- 
tembre et octobre, temps des équinoxes. Les grands piquets sont en chêne 
ou en sapin, peints en blanc, les autres, qui ne sont guère visibles lors 
de la floraison, sont en bois de noisetiers ou de frêne. 

Le goût doit présider à la plantation : les couleurs doivent être bien 
variées et la hauteur des tiges bien observée ; les coloris les plus apparents 
sont ceux à fond jaune et à fond blanc; chaque plate-bande doit avoir une 
ou deux de ces variétés, elles doivent être plantées à une certaine distance 
les unes des autres ; les couleurs foncées accompagneront les coloris clairs; 
par ci par là une plante à bouts blancs, une autre à fleurs bizarres ou 
curieuses, celles-ci mariées à des coloris unicolores, celles-là à des variétés 
œillets, et, cet ensemble présente un parterre dont le coup-d’æil est 
ravissant. 

Dans une autre partie de mon jardin, se trouvent 1,500 à 1,800 pieds 
de Dablias, plantés sur des plates-bandes de 3 mètres de largeur dont les 
deux principales ont une longueur de 100 mètres au moins; l’aspect de 
cette plantation, lors de la floraison, est également grandiose, et je con- 
cois qu'elle peut plaire autant que celle de mon Dahliarium. —Les varié- 
tés plantées sur ce terrain, que j'appelle ma pépinière, ont de 1 à 5 ans 
d'existence, mais sont de premier ordre et indispensables aux riches col- 
lections; on y trouve aussi la répétition des fleurs nouvelles et les semis 
qui me sont envoyés par mes correspondants pour être livrés à l'étude. 

Les fleurs sont généralement plus grandes dans ma pépinière; le ter- 
rain est plus fertile, mais il est plus éloigné de mon habitation et ne pré- 
sente pas un entourage aussi agréable, sans cela il eut été le théâtre de 
mon Dahliarium. 

L’an dernier, beaucoup de plantes ont été malades, surtout dans les 
terrains légers, la floraison a donc été très-variable. Dans le Nord, elle a 
été tardive mais belle; dans d’autres parties de la France, magnifique ou 
médiocre : magnifique là où des pluies bienfaisantes se sont produites en 
temps utile; médiocre là où un soleil trop brülant, l'absence de pluie et 
la présence du tigre (1) sont venus arrêter la sève et empêcher le déve- 


(1) Tigre, puce, insecte pernicieux. 


— 165 — 


loppement des boutons. En Angleterre, la floraison a été presque nulle, 
la maladie sur les plantes a été funeste, elles ont eu ce que nous appellons 
la grise (1), mais elle a été généralement très-belle en Suisse, en Italie, 
ainsi qu’en Hollande et en Belgique; elle eût été superbe en Allemagne, 
si dès le 12 septembre, des gelées précoces n’eussent venu interrompre la 
jouissance des amateurs. 

Aujourd’hui, tous les cultivateurs savent par expérience que souvent le 
Dahlia varie, et, chose bizarre, cette inconstance s’est portée, l’an der- 
nier, sur des plantes supérieures telles que Robert Bruce, Comte et Com- 
tesse de Chambord, etc., ete., qui, chez moi comme ailleurs, ont donné 
sur certains pieds des fleurs simples ou semi-doubles. — J'engage les 
horticulteurs à replanter encore toutes les variétés qui n’ont point réussi 
l'automne dernier, leur inconstance n’a pu être que passagère. 

Je remercie bien sincèrement mes correspondants de tous les rensei- 
gnements qu'ils me donnent sur leur floraison de Dahlias, non-seulement 
cette correspondance est pour moi pleine d'intérêt et de charme, mais 
encore elle m'indique les localités où les Dahlias se sont montrés très- 
beaux, où ils ont été plus ou moins constants; c’est un enseignement que 
je mets à profit. 

Cette année encore les collections que j'ai envoyées et qui étaient desti- 
nées aux concours, ont obtenu les médailles, ces succès me causent tou- 
jours une grande satisfaction; bien certainement les lauréats ont contri- 
bué à leurs succès par les soins incessants qu’ils ont dû donner à la culture 
des plantes, à la conservation des fleurs, soit aussi en retardant ou hâtant 
certaines variétés dans leur floraison. Que ces lauréats reçoivent donc 
aussi mes félicitations. — Je dirai un mot au petit nombre d'amateurs qui 
ne sont point aussi heureux, que cela tient à des causes qui me sont tout 
à fait étrangères, car j’expédie partout de bonnes et belles plantes, et cha- 
eun sait que les soins sont pour beaucoup dans les résultats. 

Je crois toujours être agréable aux amateurs de Dahlias, en leur signa- 
lant chaque année les variétés nouvelles qui m'ont paru les plus méri- 
tantes, variétés qui ont également fait l'admiration et de mes visiteurs et 
de mes correspondants; espérons donc que l’automne prochain ces Dah- 
lias se montreront encore dignes de la haute réputation qu’ils ont acquise 
en 1854. — Voici par ordre alphabétique les noms des semeurs, accom- 
pagnés de leurs plus beaux produits : 

Barnes : Indispensable et John Hodge. — Basseville : Alvéus. —- Bat- 
teur : Znvincible. -— Bélet : Mademoiselle Brimeur.— Bragg : Beauty of 
Slough. — Brown : Lady Bathurst. — Burbury : Kate. — Caïllaux : Duc 
de Brabant et Duc de Rohan. — Deegen : Luden et Lewald. — Dodd : 
Colonel Baker et John Keynes. — Drummund : Dhawala Girl et Miss 


(1) La grise nait d’une multitude de petits insectes appelés Acarus. J'indique les moyens de 
desiruetion dans mes Quelques mots sur La culture du Dahlia. 


— 166 — 


Suzon Sainsbury. — Duval : le Phare. — Keynes : Fanny Keynes et 
Rachel Rawlings. — Kimberley : Magnet. — Holmes : Golden Eagle. — 
Laloi : Prince Napoléon et Victoire du 10 décembre. —Lesage : Triomphe 
d'Essonne. — Luizet : Hoste. — Lutun : Montalembert. — Mardner : 
Cicambria et Goldborde. — Mézard : Monsieur Pélé. — Miellez : Port- 
Royal. — Miquet : L’immortel et Maréchal Oudinot. — Mittchel : Sul- 
phurea elegans. — Pavart : Triomphe de Salomon Rotschild. — Poulet : 
Côte-d'Or. — Rawlings : Mistriss Rawlings et Rosea eleyans.—Roiïnet : 
l'Empereur des Francais. — Salter : Reine du Matin et Nell Gwyne. — 
Sieckmann : Pfarrer Winghofer et Gärtnerbraut. — Spary : Glory. — 
Tassart (l'abbé) : Abbé Van Renynghe. — Turner : Rembrandt. — Van 
Renynghe (l'abbé) : Stella matutina. — Vernimmen : Mont Cassel. 

Je pourrais citer encore certaines fleurs d'élite, qui peuvent avoir un 
mérite égal à celles que je désigne , mais je préfère me renfermer dans 
un cercle plus restreint et ne parler ici que de celles que j'ai vues et que 
j'ai pu juger. 

Si je m’abstiens cette année de signaler particulièrement les variétés à 
bouts blancs, celles striées comme les œillets, de mème que les fleurs 
bizarres ou curieuses telles que : Zmpératrice Eugénie et Amabilis de 
Miquet, Triomphe de Roubaix de Buisine, Arc-en-Ciel de Tassart, Leader 
de Keynes, Colibri de Chéreau, Butterfly de Salter, etc., etc., etc., qui 
m'ont cependant donné des fleurs admirables, c’est que ces variétés sont 
plus capricieuses et que leur inconstance fait parfois gronder, bien injus- 
tement, l’orage sur notre tête! Toutes les variétés que j'ai jugé dignes 
d’être propagées tant en fleurs panachées qu’en fleurs unicolores se 
trouvent désignées dans le catalogue. 

Je n'ai point accepté toutes les fleurs de semis qui m'ont été offertes; 
j'ai fait un choix et je le présente aux amateurs; plus le goût s’épure plus 
mes correspondants deviennent difficiles et plus je dois être sévère. Il m'a 
été impossible de voir toutes les nouveautés et la description qui nous en 
est faite est si souvent fascinatrice que si l’on ne se tenait sur ses gardes, 
malgré soi on s’y laisserait prendre. Néanmoins, comme je tiens à ce que 
ma collection soit aussi complète que possible et ne soit veuve d'aucune 
nouveauté, celles absentes sur mon catalogue je me les procure au mo- 
ment de ma plantation; ainsi mes visiteurs et moi voyons, jugeons lors 
de la floraison et séparons le bon grain de l'ivraie. 

Parmi les fleurs nouvelles que j'offre cette année, il en est sur lesquelles 
votre attention aura à se fixer. — Le dahlia Séduction, dont j'ai acquis la 
propriété, sera considéré comme le plus beau pointé que l’on ait encore 
obtenu, sa forme et sa tenue sont irréprochables. — Mutabilis, qui a 
fleuri chez moi a captivé tous les amateurs. — Elise Guichard brille par 
ses fleurs tendres et séduisantes. — H7. Foucques plaira aux amateurs de 
fleurs curieuses. — Ajoutons les semis de M. Le Huidoux, qui doivent 
consolider sa réputation. — Disons que M. l’abbé Pichelle espère se mettre 


— 167 — 


en ligne avec l'abbé Van Renynghe et l'abbé Tassart. — Disons que 
MM. Mardner frères, horticulteurs allemands, m'ont envoyé cette année 
quelques fleurs qui doivent rivaliser avec celles des Deegen, des Sieck- 
mann ; disons, etc., ete. — J’allais oublier de révéler l'existence de deux 
précieuses conquêtes de 1854, fleurs lilliputiennes, qui ont fleuri chez 
moi et que je recommande particulièrement aux dames : ce sont Deutsche 
Zauberrôschen qui, sur une même tige, a donné quatre fleurs différentes 
et toutes très-jolies, et Wunderliebchen, qui est aussi une fleurette char- 
mante. 

Je ne puis terminer sans nous souhaiter à tous, cette année, une très- 
belle floraison. Nous avons à justifier aux horticulteurs et aux amateurs 
étrangers qui viendront en France pour notre exposition universelle et 
qui nous feront le plaisir de venir visiter nos dahliariums, que nos collec- 
tions sont d’une richesse et d’une beauté sans égales, comme tous les pro- 
duits de notre sol, comme tous les produits de notre mère-patrie ; ils y 
verront avec joie leurs fleurs mariées aux nôtres, soignées comme nos 
enfants et devenues nos alliées. — Nous convions donc de cœur les ama- 
teurs et horticulteurs étrangers à venir nous voir ; l’accueil le plus bien- 
veillant et le plus hospitalier leur est offert. 

Les amateurs et horticulteurs français savent tous qu'ils seront recus 
avec la plus franche cordialité et qu’une main amie leur est toujours tendue. 


Les amateurs de dahlias déploreront avec moi la mort de M. Lecocq, 
lun de nos bons semeurs et qui a enrichi nos collections de plusieurs 
belles variétés, notamment Comte et Comtesse de Chambord, etc., ete., 
qui toutes ont obtenues, à Paris et ailleurs, les premiers prix ; et la perte, 
non moins sensible, de M. Graublié, botanophile distingué et excellent 
amateur de dablias , décédé il y a quelques jours seulement! !! 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES : 


Aechmea mucroniflora. Hook. 48532 (Aechmée mucroniflore). 
Famille des Bromeliacées, feuilles larges-ligulées, obtuses avec une pointe 
canaliculées, cartilagineuses, épineuses, marginées, à base large, ventrue, 
grappe ou racème dense spiciforme courte, elliptique, bractées univer- 
selles amples, feuillues, colorées rouge-coccinées, denticulées, aiguës, 
fleurs glomérulées-fasciculées, bractées partielles, calices et pétales mu- 
crone-spiniformes colorés en noir brun, terminales, filaments alternes, 
pétales confluents, fruits bleus. 

Cette espèce est du Demerara. Elle se distingue facilement de l’Aech- 
mea Mertensii. Sa fleuraison a eu lieu en septembre 1854, où elle a fleuri 
pour la première fois en Europe. 

C’est une très-belle plante; sa culture n’a rien de difficile dans une 
serre chaude. 


2 Ag 2 


Burlingtonia decora. Lemaire, J. fl. Planch. dans la flore des 
Serres. Hook. 4854. Cette orchidée, quoique petite, est remarquable. 
Introduite par M. Jackson. Tiges allongées, grêles, prolifères, pseudobulbes 
ovales comprimées, monophylles, sépales et pétales blancs, maculés de 
rose, aiguës, onglet du labellum plus grand que les sépales et pétales, 
éperon entier, colonne appendiculée au sommet, deux fois en faux droits 
poilus et oreillés. 

Cette plante a été introduite par M. Libon, voyageur belge, chez 
M. Makoy. 


Billbergia Wetherelli. Billbergia de Wetherell. Famille des 
Broméliacées. Feuilles cartilagineuses larges ligulées, obtuses avec une 
pointe, larges, concaves, circomvolutées, bords obscurément épineux den- 
tés, hampe renfermée dans les bords des feuilles, rachis tomenteux et épi 
dense exserte, et penchés, bractées universelles grandes, colorées, rouges, 
pétales (pourpres au sommet) spathulés en dedans, membraneux et mar- 
qués de deux lignes, bords frangés et écailleux à la base où elles sont 
deux fois frangées. 

Elle provient de Bahia, et c’est une belle plante de serre chaude. 


Gentiana fortunei. Très-jolie gentiane voisine du G. septem/ida, 
et qui a le port de la G. pneumonanthe; les fleurs sont très-grandes, 
vertes en-dehors et bleues sur la face supérieure des lobes du limbe. 
Elle a été envoyée du Nord de la Chine par M. Fortune à MM. Standish 
et Noble, de Bagshot, chez qui elle a fleuri pour la première fois en dé- 
cembre 1855; il sera donc prudent de cultiver cette nouvelle Gentiana 
en serre froide, à l'ombre et en terre de bois ou de bruyère humide. 


Geonoma corallifera (Géonome à corail) Hook. 4831. Bot. Mag. 
Palmiers. Caudex 5 à 4 pieds de hauteur, arundinacé, annelé, droit, 
s’enracinant au pied, racines nues comme dans les Pandanées, au sommet 
feuillu, feuilles pétiolées, courtes, cunéiformes, profondément bifides, le 
bord souvent grossièrement denté amplexicaule, pédoncule surpassant 
le pétiole, crassuiscule inférieurement et sensiblement plus étroit, spathe 
double, vaginant, persistant, spadice pédal et un peu plus cylindrique, 
coriace, charnue à la fin rouge, fleurs (femelles) éloignées, immergées. 
Malgré les grands travaux de M. Martius, l’étude des palmiers est loin 
d’être épuisée, et cela n’a rien d'étonnant dans une si grande famille. Cette 
espèce est du Brésil et du centre de l’Amérique. 


Nicotiana undulata flore a1bo (Ruiz et Pavon. Per. 2, p. 16, 
t. 150, fig. 6). Tabac ondulé à fleurs blanches. Tige droite, herbacée 
anguleuse, rameaux droits paniculés, feuilles pétiolées, lancéolées ondu- 
lées, acutruscules, sur chaque face finement poilues, grappes ou racèmes, 
bractées terminales, droites, calice subbilobié, lobe inférieur petit, bifide, 


— 169 — 


le supérieur trifide, laciniures très-aiguës, la supérieure très-grande, 
recourbée; corolles subgrimaçantes, le double plus grandes que le calice 
et beaucoup plus, étamines inégales, tomenteuses à la base. Annuelle, du 
Pérou (B. Jussieu e. Linn. 1. e.). — Lehm. Nicot., p. 528, 12. — Andr. 
Reposit., t. 184. N. militaris, Linn. act. Holm. 1725,t. 41, t. 2,e. Linn. 
sp. Tabacus viridis. Moench. Meth. 448° Sairanthus glutinosus. G. Don. 
syst. 4, p. 467. Toute la plante glutineuse. Corolle dans le type rouge ou 
jaune. Dans la nouvelle variété elle est blanche teintée de pourpre à l’en- 
trée de la gorge, à l’extérieur poilue-visqueuse, le tube courbé, au-des- 
sus campanulée, très-grande. Capsule ovale, obtuse, incluse dans le calice. 

Cette nouvelle variété, due à un semis de M. Donckier, horticulteur 
très-savant de Liége, a fleuri en janvier, février et mars. La fleur répand 
une odeur délicieuse, aromatique et des plus agréables. Elle est de pleine 
terre en été. C’est une heureuse acquisition pour les jardins. 


Talinum polyandrum. Hook. (4855). Famille des Portulacées. 
Annuelle, glabre, tiges ascendantes, feuilles larges linéaires, spathulées, 
charnues, obtuses et marquées au-dessus d’un canal, pédoncules termi- 
naux allongés, rameux au sommet et terminés par de jolies fleurs roses, 
pédicelles longs, succulents, grèles et à la fin réfléchis; pétales charnus, 
éloignés, étamines nombreuses, stigmates 3 fidiformes, sessiles, pubes- 
cents-glanduleux. 

Cette jolie plante, dont nous publierons incessamment la gravure, est 
magnifique. Elle est voisine des Calandrinia et très - gracieuse et des 
Claytonia. Elle à fleuri pour la première fois en août 1854. Elle se cultive 
en pleine terre et se sème annuellement : elle est destinée à une grande 
popularité. 


Warrea discolor. Lindl. Journ. soc. Lond., 4, p. 265. Warrée 
discolure. Famille des Orchidées. Hook. Bot. register, 4830. 

Sous le nom de warREA QUADRATA (Bot. Mag., tab. 4766) on a cité 
l’'affinité avec une autre espèce du D' Lindley W. discolor, mais les 
fleurs de celle-ci, toutefois, n’avaient pas été observées; elles sont plus 
grandes et plus charnues, avec du pourpre violet et dans le centre et sur 
la partie supérieure du labellum. Elle est essentiellement différente par 
l’appendice à la base du labellum qui est presque comprimé, tridenté au 
front, en avant et profondément franché. Tous ces caractères sont con- 
stants. La culture est semblable à celle des Warrea. 

Ce n’est qu’en mai 1854 que cette belle orchidée a été reçue en Europe 
de M. Jacqson, jardinier à Kingston, achetée à M. Warzewitz's dans le 
centre de l'Amérique. Les feuilles sont quatre fois plus grandes que celles 
du Warrea quadrata. 


— 170 — 


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— 171 — 


ARCHITECTURE DE JARDIN. 


PLAN D'UN PETIT JARDIN DE VILLE, 
DESssixé par M. RurGEe. 


Un grand nombre de nos abonnés, nous ont déjà à plusieurs reprises 
manifesté le désir de voir figurer dans la Belgique horticole, des plans 
et dessins de jardins, d’une exécution facile, pour utiliser le plus favora- 
blement, les portions de terrains, dépendantes de leur habitation de ville. 
Er pd rite mieux faire que de leur offrir ceux dus à 

M. Rutger, un des plus habiles et des plus renommés architectes de jar- 
dins de FAngleterre. Tout le monde sait que c'est en Angleterre que se 
trouvent les jardinets les plus gracieux et les plus élégants, et nous devons 

… avouer que l'art et le bon goût qui président à leur entretien, n'ont pas 
encore été égalés sur le Continent. Pour arriver à ce degré de perfection, 
il faut une véritable étude et une connaissance réelle des plantes, afin de 

_ bien apprécier l'effet qu'elles produisent, calculer leur hauteur, et surtout 
connaître l'époque de leur floraison, pour qu'une fleur succède à l'autre 
etqu'en toute saison le gazon soit émaillé par les fleurs des parterres qui 
s'ytrouvent dessinés. C’est principalement par un heureux choix de plantes 

vivaces et annuelles, que l'on parvient à obtenir ce résultat. 

— Le petit bassin d'eau peut être utilisé pour y cultiver de quelques-unes 

—…. de ces charmantes plantes aquatiques si recherchées actuellement; près de 
ce bassin, à l'extrémité du jardin et en face de l'habitation, on doit ménager 
un emplacement convenable pour un bosquet ou reposoir, d’où la vue peut 
dominer et s'étendre sur tout le jardin. 


v ÉTIQUETTES INDÉLÉBILES. 


…— Un de nos correspondants et abonnés de Nantes, M. Forest ainé, a eu 
… l'obligeance de nous communiquer un nouveau système d'étiquettes de 
… jardins complètement inaltérables. Jusqu'à présent tous les moyens em- 
pyés n'étaient guère satisfaisants; le procédé suivant sera donc favora- 
ment recu. Il s’agit de se munir de petites languettes en os, sem- 
… blables à celles employées aux jeux de cartes; il faut les perforer d'un 
_ trou pour les suspendre à l'arbre ou à la plante, on racle légèrement la 
surface luisante, et pour écrire le nom des végétaux on emploie l'encre 
_ indélébile avec sde on marque le linge. Ni le temps, ni l'intempérie 
— des saisons n'altérent ces étiquettes ; nous en avons vues qui avaient servi 
, D sieurs années et dont l'écriture était restée parfaitement intacte. 


di Lis NT. * 


nat 9? 
DL) 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


LE SOMMEIL DES PLANTES, 


Par M. Cu. MoRREN. 


On cultive des plantes uniquement pour suivre les différents et sin- 
guliers phénomènes qu'elles peuvent nous présenter; on suit les progrès 
de la vie successifs et variés, on scrute le mécanisme des fonctions et 
l'on remonte aussi à la connaissance des lois que la nature tenait cachées à 
l’avidité curieuse de notre intelligence. Jadis et pendant les siècles, même 
encore aujourd'hui, on s’instruit, on s’amuse dans des jardins, des serres, 
des conservatoires ou même des salons et des boudoirs où se trouve 
toute l’aisance de notre ameublement actuel, à saisir les secrets de la vie 
et des relations calines, placides et silencieuses entre le monde, l'univers 
et ces jolies et élégantes constructions qu'on appelle les fleurs. Il est 
évident pour celui qui sait comparer les temps antérieurs aux nôtres, 
que, sous le rapport de rechercher la vérité, jamais le dévouement et le 
courage n'ont été plus grands qu'aujourd'hui, et nous allons citer un 
exemple qui offre un intérêt puissant dans l’état actuel de nos connais- 
sances physiologiques. 

Tout le monde sait que beaucoup de végétaux prennent, soit dans leurs 
feuilles, soit dans leurs pédoncules, ou les fleurs et les inflorescences, des 
positions différentes le jour et la nuit. Ce phénomène a été généralement 
désigné sous le nom de sommeil et de réveil des plantes, depuis que 
Linné à popularisé la science des plantes. Dans des ouvrages bien savants 
on trouve que Garcias Du Jardin , qu’on appelle vulgairement Garcias ab. 
Horto, né en 1500, et professeur à Lisbonne, découvrit le premier dans 
l'Inde, le sommeil des folioles du tamarin, lesquelles se ferment tous les 
soirs sur leur pétiole commun et se rouvrent tous les matins. Garcias 
Du Jardin publia ce fait, en 1565, dans son ouvrage : Dialogues sur les 
simples et les drogues de l'Inde. Un Hessois célèbre, né à Simshausen, 
en 1315, et mort à Rome, à 29 ans, en 1544, Valerius Cordus avait 
observé aussi sur la plante à réglisse le sommeil des feuilles. Ce fait ne 
fut publié qu'en 1562, dans les Æistoriæ stirpium libri quatuor, publiés 
par Gesner, à Strasbourg. 

Les botanistes signalèrent, encore quelques faits analogues pendant 
près de deux siècles, mais ils écrivaient sans beaucoup de retentisse- 
ment ; lorsque le 10 décembre 1755, à Upsal, Pierre Bremer soutint sa 
thèse inaugurale de docteur , sur le sommeil des plantes : somnus plan- 
tarum que le grand maitre Linné, avait inspiré et sans doute écrite de sa 
propre main selon l'usage de cette époque. Tous les auteurs, même les 
plus grands comme De Candolle à Genève, Trévinarus en Allemagne et 


| V7. : EP 


jusqu'aux plus modernes louent Linné de son génie poétique, pour avoir 
appelé sommeil des plantes, ee phénomène de la variation, de la position 
de nuit d’avec celle du jour dans les végétaux mobiles. 

Et cependant la vérité est qu'un naturaliste bien plus ancien que Linné 
a eu la même idée, parce qu’elle était vulgaire chez un peuple entier. 
Pline rapporte au chapitre xx, livre xn, qu'on trouve dans les îles de 
Zylos, un arbre semblable au violier, mais plus chargé de feuilles. Sa 
fleur à l'apparence d’une rose : elle se ferme la nuit, commence à s’ou- 
vrir au lever du soleil et s’'épanouit à midi; ce qui fait dire aux insulaires 
que cette fleur a la faculté de dormir. Incolæ dormireum dicunt. On voit 
par ce passage, que Linné connaissait sans doute, que Pline a été le pre- 
mier auteur des observations sur le sommeil des plantes. 

Lorsque le botaniste d’Upsal se détermine à s'occuper de ce phénomène, 
la tendance de son esprit devait le conduire dans la voie des classifications 
et dans un grand nombre d'ouvrages, sur l'étude des plantes et des fleurs, 
on trouve les végétaux classés en dix divisions, correspondant chacune 
à une position des feuilles et des folioles; quatre de ces positions appar- 
tenant aux feuilles simples et six aux feuilles composées. Tout le travail 
de Linné roule à peu près sur l'exposé des faits de cette nature. Il ne s’ex- 
prime pas sur les causes du sommeil, réservant cette difficulté à ses suc- 
cesseurs qui seront dit-il, plus habile que lui. 

Toutefois, les causes finales le préoccupent : il énumère sept de ces 
causes et l’ensemble en est très-ingénieux : l’ordre est partout dans la 
nature, il faut qu’il y en ait aussi dans le sommeil des folioles et des 
feuilles : voyez les plantes croissant à l’état sauvage : on les trouve pêle- 
méle, et cependant chaque espèce veut, exige, sous peine de maladies ou 
de mort , une nature de terre particulière; secondement, quel ordre re- 
marquable n'observe-t-on pas dans la disposition des feuilles et des 
folioles, dans le bourgeonnement ou le développement de ces organes 
(Linné ne soupçconnait pas même que l’ordre de l'évolution est susceptible 
de se soumettre au calcul et que des formules l’expriment aujourd'hui 
mieux que les plus longues périphrases! ce progrès est acquis); troisième- 
ment, chacun a observé que les fleurs s'ouvrent en leurs temps et qu'il 
y a une année de flore, comme il y a une année civile; quatrièmement, 
avee un peu d'attention, on découvrira que beaucoup de fleurs s'ouvrent 


. à certaines heures et se ferment à d’autres heures non moins fixes; cin- 


4 


quièmement, chaque herbivore se nourrit de préférence d'espèces de 
plantes déterminées, et il faut qu’il les laisse se reposer, afin de croître 
et de lui fournir de la nourriture fraiche; sixièmement, les insectes vont 
se loger sur les plantes, les uns ont besoin des autres, et les services sont 
réciproques, pour une infinité de besoins ; les nids des insectes, con- 
servent leur progéniture, sont placés de telle manière que ni le froid, 
ni l'humidité de la nuit, ne puissent atteindre les œufs ou les larves; les 
fleurs assurent la propagation des espèces sur des relations entre leurs 


— 174 — 


sexes et combien de fois ne sont-ce pas les insectes qui deviennent les 
messagers de ces amours de distance. La nature est pleine de ces har- 
monies nécessaires, de ces sympathies, qui s’établiraient même entre des 
êtres privés de sens, car les végétaux n’éprouvent pas de sensations, 
ils ne voient, ni n’entendent, ni ne goütent et quoiqu'ils soient souvent 
le siége des plus agréables parfums que l’homme puisse adorer, ils ne 
peuvent aux sources de ces arômes, les sentir eux-mêmes. Ces odeurs 
servent done à d’autres êtres, comme le sommeil des plantes sert à d’au- 
tres espèces vivantes. Il était donc nécessaire ce sommeil pour maintenir 
les créatures dans les conditions de leur existence; septièmement (et l’ar- 
gument quoique très-exact, paraîtra exagéré à l'esprit des penseurs sé- 
vères), les fleurs doivent surveiller leurs noces, surtout les nocturnes, 
et, pour les protéger, la nature arrange le soir les feuilles autour des lits 
nuptiaux, comme des rideaux, afin que rien ne vienne troubler ces 
chastes amours. Autrement si les feuilles endormies, abaissées, enroulées, 
n’existaient pas, la conservation des plantes à fleurs deviendrait impos- 
sible. Le végétal serait un cahos, l’espèce ne serait pas fixe et la pro- 
miseuité, avec le tohu-bohu qui en serait aussi la suite, les hybrides 
bouleverseraient l’œuvre de la création. Voilà les sept raisons pour les- 
quelles, selon Linné, les plantes dorment. 

C’en est bien assez de ces raisons de causes finales, mais quant aux 
causes physiologiques, Linné n’en souffle mot. Cependant il a été con- 
sacré par Pyrame De Candolle, pour son titre : le sommeil des plantes, 
parce que ce mot de sommeil repose la pensée humaine vers les animaux, 
qui seuls peuvent dormir, parce que seuls, ils se fatiguent par leurs mou- 
vements; seuls, ils sont sensibles et ils restaurent la perte du fluide ner- 
veux, si un tel fluide existe, par un sommeil réparateur. Linné est du 
même avis, mais pour d'autres raisons. Les plantes dit-il ne sentent pas 
et manquent de mouvement volontaire : les animaux sont décidément 
pourvus de ces propriétés, mais d’où vient que si l’on touche à une sen- 
sitive, à une oxalide sensible, etc., les feuilles se mettent en mouvement, 
absolument comme si les plantes souffraient de ce contact. Peut-on tirer 
d’une manière certaine qu’il y ait là absence complète d’une sensation ou 
tout au moins privation absolue de tout sentiment d’existence? Nul ne 
saurait résoudre cette difficulté et l’homme devrait pouvoir se métamor- 
phoser en sensitive pour savoir nous dire, après un retour à sa forme 
initiale, ce qui en est. Cette question est donc insoluble. 

Après tout, disait Linné ; si nous sommes condamnés à ne pas savoir 
si positivement les végétaux obéissent et cèdent au sommeil comme les 
animaux, nous savons du moins qu’un grand nombre d'espèces, des fa- 
milles entières, prennent la nuit des positions tout autres que celle du jour 
conforme à leur organisation. Nous observerons le même fait chez les 
animaux. Voyez les singes, ils couchent sur le côté comme la plupart des 
hommes et s'ils peuvent trouver une couverture pour leur tête, ils s’en 


| — 175 — 


emparent et s’en coiffent : un bonnet de nuit devient pour eux le plus 
agréable de leur vêtement. Le chameau dort en baissant sa tête entre ses 
pattes antérieures. Les oiseaux ramènent la tête sous les ailes et la proté- 
gent par cette chaude couverture. Quelques perroquets balancent leur 
tête en s’endormant. Le perroquet galgule, embrasse une branche d’arbre 
par les doigts d’une de ses pattes, et se laisse pendre comme un mort 
tandis qu'il jouit des douceurs du sommeil. Des araignées et des mouches 
s’attachent par les pattes postérieures et se laissent suspendre ensuite 
librement pour dormir. Toutes ces positions sont fixes, appropriées aux 
espèces et deviennent pour les animaux des conditions d'existence. 

Les plantes offrent des phénomènes identiques. Beaucoup d’espèces 
contractent leurs feuilles pendant la nuit et les réunissent en les ap- 
pliquant les unes sur les autres, non pas tant pour résister mieux contre 
les vents et les ouragans, mais pour jouir de plus de tranquillité et ré- 
parer leurs forces. Linné ignorait alors, parce qu'aucun homme de son 
temps ne le savait, que la respiration des feuilles est toute différente la 
nuit que le jour. Le jour, il y a des décompositions de l'acide carbonique 
et expiration d’oxigène, surtout sous l’action du soleil. Or, la décomposi- 
tion de l'acide carboniqne suppose une force chimique de réduction 
immense dont nos expériences dans les laboratoires n’approchent point. 
La nuit au contraire, la respiration suppose un état passif : les plantes 
expirent de l’acide carbonique, elles laissent passer comme des éponges 
ou des morceaux de charbon de bois, l'acide carbonique, que les racines 
absorbent incessamment. Ainsi le jour, il y a dans le tissu vert des feuilles, 
activité, puissance, énergie d'action , décomposition, il y a veille et tra- 
vail; la nuit, il y a impossibilité, faiblesse, inertie, passage de ce qui 
doit passer, il y a repos et ce qu'on peut appeller sommeil. La nuit, les 
plantes deviennent de vraies éponges. Linné ne pouvait à son époque 
connaître les découvertes remarquables de Liebig, sur la respiration du 
règne végétal. Le sommeil des plantes disait le premier de ces grands 
hommes, est une chose toute neuve et à laquelle les populations ne sont 
pas accoutumées? J’entre ici dans une voie nouvelle que jamais on n’a par- 
courue, mais plus tard par les progrès des temps, on saura sur cette ma- 
tière, ce que le créateur a voulu produire : la raison a été donnée à l’homme 
pour expliquer tous les phénomènes de la nature : une pensée paraît 
d’abord vaine et sans consistance, qui plus tard est féconde en résultats 
utiles au genre humain et telle peut être la pensée du sommeil des plantes. 

On ne devrait pas confondre, selon Linné, le sommeil des plantes, avec 
cet autre phénomène dont jouissent les fleurs possédant la faculté de 
… s'épanouir ou de se fermer à des heures déterminées , phénomène appelé 

par le grand maître d’'Upsal, la vetllée des fleurs dans le sens de cette fête 
de la capitale de la Belgique, connue sous le nom de vetllée des Dames. 
Le soir de cette fête les Dames attendent, comme on le sait, leurs maris 
et les portent elles-mêmes au lit. Les fleurs, en veille pendant la nuit ou 


— 176 — 


le jour, ne vont pas si loin, du moins la plupart, mais il sé passe néanmoins 
dans ces veillées, des mystères que nous préférons signaler à nos lecteurs 
et à nos aimables lectrices, afin de leur laisser toute la joie de les dé- 
couvrir. On sait avec quelle agréable avidité lesprit cherche à connaître 
des choses cachées et ici s'ouvre, devant cette curiosité toute naturelle, 
un vaste champ d’investigations. 

Linné, toujours inspiré par le doute philosophique, examine quelles sont 
les opinions régnant à son époque sur le sommeil. On pense généralement 
que la chaleur du soleil épuise vers la fin du jour les plantes de l’eau 
qu'elles contenaient ; les feuilles et les pétioles, sont alors mous et faibles ; 
puis les feuilles se contractent par le froid de la nuit et le végétal prend le 
même aspect qu’à l’automne lorsqu'il gèle. Ainsi, dans l’£uphorbe épurge 
toutes les feuilles s’abaissent sur la tige, de manière à la couvrir absolu- 
ment, comme cela se passe les premiers jours des gelées automnales. 
L'Ocimum fruticosum placé dans un endroit froid , contracte le bord de 
ses feuilles et réfléchit ses feuilles sur les branches comme s’ils dormait. 
Dans le Solanum bachamensi, quand le froid agit, les feuilles fléchissent, 
mais leur face supérieure ne devient pas l’extérieure dans cette nouvelle 
position, mais bien l’interne, ce qui est dù à une torsion des pélioles qui 
les place en dedans. Dans cette espèce la face inférieure des feuilles est la 
plus forte et la plus résistante des deux, et ce qui exeite plus encore d’ad- 
miration , c’est que ce solanum, vers l'heure du midi tourne ses feuilles 
vers le soleil, elles pendent alors aussi, mais avec leur face supérieure 
tournée vers cette source de chaleur et de lumière et elles respirent dans 
cette position à pleines gorgées. Telle était la physiologie du milieu du 
dix-huitième siècle. 

Linné battait ce système en brêche, il n’attribuait pas à un abaissement 
de température seul le sommeil des plantes, car les mêmes plantes placées 
en serre chaude et ayant autour d’elle une atmosphère de haute impor- 
tance et chauffée au même degré la nuit comme le jour, se mettent à 
dormir quand l’heure et venue. C’est toujours le soir. Le lendemain, au 
lever de l’aurore, les plantes s’éveillaient. Ces mouvements s’exécutaient 
avec la même régularité, que les fenêtres fussent fermées ou ouvertes. Il 
est certes très-curieux de trouver dans des êtres qu’on dit privés de sens 
et de volonté, des changements plus délicats que dans les animaux pourvus 
de ces dons de la nature. 

Les jeunes animaux dorment plus que les adultes et les adultes plus que 
les vieux. Sur un Trifolium ornithopodioïdes, ou pied d’oiseau, que Linné 
avait recu du professeur de Sauvages, de Monpellier, deux fleurs s'étaient 
développées et le maître Linné voulut les recommander au jardinier, mais 
les affaires l'ayant appelé d’un autre côté, vers la soirée le jardinier chercha 
les fleurs du Trifolium; il n’en découvrit point. D’autres fleurs se déve- 
loppèrent successivement, le jardinier allait pour les étudier dans le jardin 
pendant la soirée, mais il ne les trouva pas. Le troisième jour, on lui dit 


: 
#1)” 


— 177 — 


qu'il y avait encore des fleurs nouvelles, Linné et le jardinier allérent 
voir le Trifolium le soir pour découvrir enfin les fleurs qui naissaient et 
disparaissaient si vite. Alors ils les virent cachées et couvertes par les 
trois folioles de la feuille qui les protégeaient comme des rideaux et pour 
mieux assurer cette protection, ces folioles dormaient, les lobes affaissés. 
Les feuilles dormeuses naissent d’ailleurs dans la position du sommeil ; 
quand une sensitive devient adulte, le sommeil s’abrège; ou bien si elle 
souffre ou devient malade, les feuilles se mettent dans la position du 
sommeil. 

On ne voit pas jusques là, d'explication physiologique du phénomène, 
ce sont des comparaisons ingénieuses, ce n’est pas le froid, ni l’air, mais 
aucune parole n'indique en quoi le sommeil consiste essentiellement. 
Linné n’alla pas plus loin, et il se borna à classer les plantes dormeuses 
dans les divisions dont nous avons parlé. 

Pendant que la physiologie du sommeil des plantes prenait cette allure 
poétique en Suède, elle se dirigeait dans une voie expérimentale au sein 
de l’école de Genève. Le philosophe Charles Bonnet publia ses recherches 
sur l’usage des feuilles, 1754. Les arguments invoqués pour soutenir une 
opinion de mécanique se résument en ces considérations : que les feuilles 
ont deux surfaces dont l’une se raccourcit par la sécheresse et l’autre par 
l'humidité. L'objection contre la validité de cette assertion a été faite par 
De Candolle, au sujet des légumineuses, plantes dormeuses par excellence. 
Elles dorment de plusieurs facons et l'observation n’est pas de constitu- 
tion si différente entre les surfaces qu'elle doit entrainer de tels effets. 
D'ailleurs l'humidité de l'air ne modifie pas le sommeil ni le réveil des 
plantes : ces phénomènes ont lieu de même dans les serres humides, dans 
les serres sèches et dans les serres à humidité presque constante; enfin 
le sommeil et le réveil se manifestent sur des espèces vivant la tige et les 
feuilles plongées dans l’air quand on les submerge entièrement sous l’eau. 
L'expiication tombe par ce fait prouvé cent fois. Puis l'opinion de Bonnet 
n'a en vue que les surfaces des organes foliacés, parties souvent pas- 
sives , tandis que le mouvement exécuté pour faire prendre les positions 
nocturnes et diurnes, se manifeste souvent dans le bourrelet du pétiole 
et le coussinet des pétiolules, comme dans les mimeuses appelées dor- 
meuses en Espagne, et les acacias que les habitants du Sénégal ont nommés 

… des bonjour : ces feuilles semblent vous saluer quand vous y touchez. On 
peut d’ailleurs couper les lames des feuilles par moitié, par tiers ou au 
quart, sans voir cesser l'aptitude au sommeil et au réveil, et cela est tout 
naturel parce que le mouvement a son siége dans les articulations des 
soutiens des organes mobiles. 

Dans ces derniers temps les physiologistes des nations les plus in- 
struites, se sont occupés de cette question posée par Pline, et n'ayant pu 
trouver sa solution jusque dans des expériences qui devaient avoir et 
qui ont eu en effet, les régions arctiques pour théâtre. Cette solution est 

BELG. HORT, Te. V. 16 


Fra 


encore à venir. Mustel, cité par De Candolle, avait voulu rattacher ces 
positions diurnes et nocturnes, des feuilles et des fleurs dormantes, à des 
effets de la chaleur. Le botaniste de Genève ne veut pas que la tempéra- 
ture y soit pour une influence quelconque, il se base sur ce que les feuilles 
dorment selon l’espèce des plantes qu’on examine, aux mêmes heures, à 
l'air libre et dans les serres, et sur cet autre fait que si toutes les autres 
circonstances extérieures sont les mêmes, moins la température, les 
heures du sommeil n'étaient pas dérangées. Seulement si la température 
n’était plus celle que peut soutenir une plante vivante et en pleine santé, 
cette plante devient malade, et les instants de son réveil et de son som- 
meil sont changés. Meyen qui a jeté de l'éclat en physiologie et en histo- 
logie, pendant plusieurs années, est cependant revenu sur l'influence de la 
chaleur. Ses expériences ont prouvé que les basses températures font 
prendre aux espèces susceptibles de se mouvoir les attitudes du sommeil, 
mais que les températures élevées donnaient aux sensitives le pouvoir 
d’agiter leurs folioles et leurs feuilles spontanément, comme si elles rece- 
vaient l'impression du contact d’un corps. M. le conseiller de Martius et 
Meyer ont constaté que, dans les environs de Rio Janéiro, les pas d’un 
homme marchant près des mimeuses produisaient, par les oscillations de 
la terre, un abaissement rapide de leurs folioles. Le trot des chevaux ferrés, 
le long des forêts des mimeuses fait le même effet : pendant qu'ils y 
passent toutes les folioles sont dormantes. Meyen a reconnu que les Hi- 
mosa pudica exigent 25° c. et beaucoup d'humidité pour bien croître et 
présenter une excitabilité réelle. Si on consulte les conditions du mou- 
vement des sensitives dans les expériences faites par les meilleurs obser- 
vateurs, on trouve que les individus doivent être sains et forts, et la 
température dans laquelle ils vivent doit être élevée. La température de 
253 à 25° c. est strictement nécessaire pour que le mouvement ait lieu, et 
encore faut-il que les plantes en jouissent longtemps d’avance quand on 
veut se rendre compte de ce qu’on a faussement appelé la sensibilité des 
plantes dormeuses. Il s'écoule des heures entières dans les appartements 
chauffés à 19 et 20° c. avant que les folioles deviennent mobiles. La tem- 
pérature élevée est done une condition essentielle du phénomène, mais 
rien ne prouve que la chaleur devienne la cause intime des mouvements. 
Lamarck avait cru que des gaz s’échappaient des plantes au moment où la 
position des folioles change, mais cette opinion est contredite par les 
expériences faites sous l’eau. On ne voit pas un atome de bulle microseo- 
pique s’échapper du tissu. Dutrochet, admettait le gonflement des cellules 
des coussinets et bourrelets par l’endosmose, mais l’endosmose existe-t- 
elle. Une cellule dans l’état de turgescence se raccourcit et elle s’allonge 
par exosmose, c'est-à-dire parce qu’elle se vide, mais encore une fois où 
a-t-on vu ces réplétions et ces déplétions successives. Dutrochet professait 
d’ailleurs une physiologie d'imagination. 

En 1837, M. Dassen, botaniste hollandais, s’occupa beaucoup du som- 


2e TD = 


meiïl des plantes et le regarda comme une démonstration de la vie des 
plantes, une manifestation des forces vitales de ces êtres, comme une 
période de l'existence, période commune aux animaux et aux plantes. 
Pour M. Dassen, le sommeil des végétaux est très-comparable à celui des 
animaux. Link partagea cetie manière de voir, mais cette excellent pa- 
triarehe de la botanique prussienne alla un peu loin en voulant que les 
céréales dorment la nuit. « Quelle différence s’écrie-t-il dans sa Philoso- 
phia botanica, entre un guerêt vu du jour ou de la nuit! la nuit les feuilles 
sont courbées et bien moins droites que le jour et les épis penchent bien 
davantage pendant l'obscurité. » Ces phénomènes tiennent à l'hygrosco- 
picité des barbes des céréales et de leurs écailles protectrices : l’absorption 
de l’eau ou des vapeurs du soir augmente le poids de l’épi et le fait pencher, 
comme la feuille se courbe par son sommet parce qu'il est plus faible et 
terminé par des gouttelettes d’eau plus pesantes que le tissu de ces organes. 

Une fois placée sur le chemin des forces vitales, la science devait s’en- 
thousiasmer dans l'esprit des écoles spiritualistes. Édouard Meyer consi- 
déra le sommeil et le réveil des plantes comme une simple manifestation 
des phénomènes de périodicité communs à tout ce qui vit au monde. 
Seulement la périodicité ne comporte ici que des changements de plusieurs 
heures et les positions différentes la nuit de ce qu'elles sont le jour entre- 
tiennent la vie des organes. Enfin le sommeil des plantes et des animaux 
est identique et le même dans les démonstrations comme dans ses causes. 

Nous n'avons pas parlé, et à dessein, de l'influence dela lumière. Pyrame 
De Candolle dirige la marche de nos connaissances en cette manière, le 
flambeau à la main, et il n’a jamais prévu qu’en si peu d’années après sa 
mort, son flambeau se serait éteint si vite. En 1850, cette célébrité euro- 
péenne présenta à la Société philomalique les premiers mémoires relatifs 
à l'influence de la lumière sur les végétaux, et plus tard mais la même 
année, l'institut fit imprimer la totalité de ses travaux traitant du mouve- 
ment des plantes. Depuis, ces expériences ont été répétées par d’autres 
observateurs, et elles sont citées dans un nombre considérable d'ouvrages 
élémentaires en toutes langues. En éclairant la nuit les sensitives par six 
lampes dont la lumière pouvait équivaloir en intensité aux */ç" d’un jour 
pur sans soleil, et en habituant ces plantes à se trouver dans cette condi- 
tion plusieurs nuits de suite, tandis que pendant les jours qui séparaient 
ces nuits éclairées, on plaçait les plantes sous l'influence d’une obscurité 
parfaite. De Candolle a vu les sensitives ouvrir leurs feuilles le soir quand 
la clarté commençait pour elles et fermer leurs feuilles le jour lorsque 
l'obscurité remplaçait la clarté. De plus, De Candolle observa les effets 
d'une lumière continue agissant jour et nuit ou bien d’une obscurité con- 
tinue : dans les deux cas, le sommeil et le réveil devinrent irréguliers. 
Voilà qui prouverait bien que le sommeil est provoqué par l'absence de 
la lumière et le réveil par sa présence. Cependant les positions de repos 
ou d'activité (sommeil et réveil) des Oxalis stricta et incarnata, qui 


— 180 — 


dorment toutes les nuits et s’éveillent tous les jours pendant leur crois- 
sance dans nos jardins et nos champs, n’ont éprouvé aucune modification 
dans des expériences semblables. Le botaniste de Genève concluait de là 
que le sommeil et le réveil tiennent à la vie des plantes, qu'ils proviennent 
d’une disposition de mouvement périodique inhérente au végétal, seule- 
ment il ajoutait que cette disposition est mise en activité par l’impres- 
sionnabilité du végétal. Cette théorie a paru très-plausible, on l’enseigne, 
on la propage dans des milliers de livres et cependant elle vient d’être 
invalidée par trois mois d'expériences, où chaque jour et chaque nuit for- 
maient eux-mêmes une expérience complète. Voici le fait : 

M. Seemann, naturaliste attaché à l'expédition du capitaine Kellet, dans 
les régions arctiques, a saisi l’occasion de son voyage pour savoir ce que 
feraient les plantes dormeuses sous un jour éclairé par le soleil pendant 
trois mois de l’année. Il n’y a pas d'apparence d’obscurité pendant cette 
époque. Eh bien! les plantes n’ont pas changé les heures de leur sommeil 
et de leur réveil, heures qui pour plusieurs avaient été déterminées par 
le climat des tropiques. Aucune espèce dit M. Seemann, ne s’y était 
trompée : quand l'heure du repos était sonnée, les feuilles prenaient leur 
attitude du sommeil et quand l’heure de l’activité sonnait à son tour, elles 
s’éveillaient. Elles dormaient sous ce soleil polaire, dans les mêmes atti- 
tudes que dans nos serres ou dans leurs patries respectives. Le phénomène 
est général sans exception. M. Seemann fait remarquer que si l’homme 
arrivait au pôle et s’il était indéeis sur la direction de la route qu'il de- 
vrait suivre faute d'instruments capables de la lui indiquer, les plantes 
dormeuses qu'il aurait avec lui et qu'il placerait dans une petite serre 
chauffée à l’eau chaude pourraient lui servir de boussole, puisque les 
feuilles très-endormies lui diraient que minuit est proche et qu’en ce 
moment le soleil pour un tel observateur se montre au nord. 

On ne niera pas l’importance des faits, assurés par M. Seeman, mais 
on reconnaitra aussi que la théorie du sommeil et du réveil des plantes 
doit entièrement changer et se rapprocher de l’école de vitalisme. L’hor- 
ticulture dans les petites serres portatives, n'aurait pu faire ces expé- 
riences et vient donc de rendre un grand service à la physiologie du 
sommeil des plantes. 


NOTE SUR LA MULTIPLICATION ET LA CULTURE DES PRIMEVÈRES 
DOUBLES. 


Les primevères sont du nombre des plantes les plus avantageuses pour 
les décorations et peuvent être cultivées au moment où les fleurs d’hiver 
sont les plus recherchées. Si elles sont conduites d’une manière conve- 
nable, elles poussent assez franchement et donnent à profusion leurs 
jolies fleurs depuis novembre jusqu’à mars et même plus longtemps. Mal- 
heureusement elles sont assez délicates, et quoique dans plusieurs endroits 
on les voit pousser assez vigoureusement et fleurir, elles sont compara- 


— 181 — 


tivement encore rares, et plusieurs amateurs se plaignent de ne pouvoir 
en tirer aucun parti. 

Commençons par leur multiplication qui ne laisse pas que d'offrir 
quelques difficultés. Il faut avouer d’abord que les boutures sont sujettes 
à pourrir; j'ai connu plusieurs personnes qui les ont perdues en totalité 
faute d'expérience. 

Il faut choisir de bons sujets forts et robustes pour fournir les boutures, 
ne pas leur permettre de fleurir trop longtemps, supprimer toutes les 
tiges à fleurs avant qu'ils n’aient donné des signes d’épuisement et les pla- 
cer dans une situation chaude pour faciliter une bonne végétation. En 
règle générale les plantes doivent être privées de fleurs du milieu de 
février jusqu’au milieu de mars, car, si on les met à la chaleur plus tôt, à 
moins de leur assurer une atmosphère sèche, elles pourrissent facilement, 
et si on n’a pas une scrupuleuse attention de les ombrer, elles ne pousse- 
ront plus aussi franchement quand le soleil aura pris de la force. Les 
plantes doivent être soigneusement surveillées ; aussitôt qu’elles sont 
mises à la chaleur, il faut les tenir convenablement mouillées et se garder 
de trop les séringuer en tête, car une fois que la pourriture vient à parai- 
tre, il est bien difficile de la détruire sans faire subir aux plantes un 
changement en les mettant à une température sèche et froide qui arrête 
leur végétation et occasionne une perte de temps considérable. 

Quand les pots sont bien remplis de racines on peut, avec avantage, 
les regarnir légèrement de terre nouvelle, mais si, comme c’est plus l’ha- 
bitude, on veut les rempoter, il faut les renverser avec précaution, enle- 
ver la terre usée et les replacer dans des pots justes assez grands pour 
recevoir les racines en y ajoutant un peu de terre nouvelle. En toutes 
circonstances l’eau doit être donnée avec discrétion, et pourtant suffisam- 
ment pour tenir le sol dans un état sain, et si on apercoit quelques indices 
de pourriture, soit après les feuilles, soit aux tiges, il ne faudra mouiller 
qu’en faisant source d’eau et de manière que la surface du pot soit dans 
un état complètement sec. Avec de pareils soins on verra bientôt les 
plantes pousser vigoureusement et fournir des boutons en abondance. 
Lorsque les jeunes pousses commencent à prendre un peu de fermeté, ce 
qu'on reconnait au changement de couleur des tiges, on les coupe à la 
base au moyen d’une lame bien aflilée, n’en laissant que quelques-unes 
pour assurer la conservation de la vieille plante. On coupera une ou deux 
paires de feuilles, et après avoir laissé reposer les boutures une nuit dans 
un endroit sec, on les plantera dans un sable fin et propre, et suivant la 
convenance, dans des petits pots ou des terrines bien drainés qu’on enfon- 
cera ensuite dans une bâche chaude ; on les couvrira de cloches qu'il fau- 
dra changer ou essuyer souvent pour éviter l'humidité et aussi en don- 
nant un peu d’air de temps en temps. Ne donnez de l’eau que lorsque c’est 
indispensable, mais alors enlevez les cloches pour permettre au sureroit 
d'humidité de s’'évaporer. 


— 182 — 


Lorsque les boutures sont bien enracinées, il faut les habituer à l'expo- 
sition à l’air libre de la serre et ensuite les placer près du verre pour 
éviter une végétation maladive. La meilleure situation à leur donner, 
lorsque le temps devient chaud, est dans une bâche ou un coffre que 
l’on puisse tenir clos et diriger chaudement, suivant le besoin des plantes. 
Elles pousseront également bien dans une partie fermée de la serre froide 
ou dans l’endroit le plus froid de la serre chaude. 

Attendez pour les rempoter que les racines réclament plus d'espace,  :. 
mais gardez vous de leur donner de trop grands pots ou même de les rem- 
poter avant que ce ne soit nécessaire, car on reconnaîtra que ces plantes 
marcheront toujours mieux tenues serrées que trop largement. 

Ombrez légèrement et maintenez une atmosphère humide en mouillant 
les sentiers, planchers, etc., matin et soir, et si le feuillage ne donne 
aucune trace de pourriture, seringuez les plantes en tête et légèrement 
lorsque vous avez une belle soirée. Tout ceci, bien entendu, doit être réglé 
sur l’état des plantes, en ne leur donnant que la chaleur et l'humidité 
nécessaires et sans les exposer à se pourrir ou à s’étioler. 

Les fleurs doivent être retirées aussitôt qu’elles paraissent, et cela aussi 
longtemps qu'on a en vue l’augmentation de la force des sujets, mais 
quand on est décidé à les laisser fleurir, il faut les habituer graduellement 
à la température de la serre ordinaire des fleurs, en ayant soin, quand on 
les y placera, de leur éviter les courants d’air sec et froid. 

Ceux qui ont l'intention d'obtenir de forts spécimens doivent choisir 
quelques-unes des plantes faites en dernier ; on les empéchera de fleurir 
pendant le premier hiver, en supprimant les fleurs aussitôt qu’elles feront 
leur apparition et en les tenant l'hiver dans une partie close de la serre 
froide ou dans l'endroit le moins chaud de la terre tempérée. Il ne faudra 
pas les mettre à la chaleur au printemps comme les plantes destinées à 
donner des boutures, mais les tenir à une température douce et égale. Les 
branches latérales doivent être maintenues par des tuteurs avant que, 
devenues plus fortes, elles ne soient exposées à se casser. Il faut aussi 
avoir grand soin de les tenir convenablement mouillées. 

Les plantes qui ne sont pas réservées pour les boutures doivent, après 
leur floraison, être tenues plus froidement et plus sèchement, et les fleurs 
en être enlevées aussitôt qu'elles commencent à poindre, car sans cette 
précaution elles fleuriraient jusqu’à extinction. Au bout d’un mois envi- 
ron, temps nécessaire pour leur rendre leur énergie, examinez l'état des 
racines , et rempotez dans des pots convenables. 

Un mélange en égale partie de terre de bruyère tourbeuse, de terre 
grasse, terreau de feuilles, fumier de vache tout à fait consommé et sable 
fin, formera un excellent compost. En rempotant serrez la terre nouvelle 
contre la motte, et assurez vous d’un bon drainage, par un large emploi 


de tessons et en mélant bien le sable du compost. 
(Trad. du Gard. Chronicle.) 


— 185 — 
OPÉRATIONS HORTICOLES. 


CULTURES AÉRIENNES DES GROSEILLIERS, 


Par M. CH. MoRREN. 


Il faut l'avouer sans détours : les succès des Belges dans la pratique de 
l’agriculture et de l’horticulture, font méconnaitre souvent les services 
que rend, effectivement et matériellement, la théorie, la pensée humaine 
réglée par la raison et la science. Nos voisins d’outre Manche sont essen- 
tiellement raisonneurs, et le plus souvent leur caractère froid et réfléchi 
donne à leurs conceptions un haut dégré de valeur et d'utilité. La culture 
aérienne des groseilliers est une preuve de ces faits. Quand parut dans le 
monde savant la théorie de Liebig sur la végétation, les Anglais se sont 
ditsque l’air, que la pluie, étaient des vraies nourritures pour la plante, et 
que la sève n’était après tout que le véhicule de matières nutritives. S'il 
est vrai que les fruits ont besoin d'azote pour leurs graines et de carbone 
pour leur péricarpe, de l'air et de l’eau peuvent leur apporter ces éléments 
là. Un des plus savants horticulteurs des Trois-Royaumes, M. Mac Nab, 
d'Edimbourg, a directement appliqué la théorie. Il a placé dans des bou- 
teilles remplies d’eau des pieds de groseilliers à maquereau ct d’autres gro- 
seilliers, et il a librement, pendant la bonne saison suspendu dans l'air ces 
appareils. Pendant l'hiver seulement les bouteilles avec leurs plantes sont 
placées à terre dans une bäche froide {tempérée). La végétation a marché 
comme d'ordinaire , les fleurs se sont développées , les ovaires se sont 
noués et pendant plusieurs années (3 ans) de suite, ces plantes ont porté 
des fruits aussi bons, aussi parfumés, aussi juteux que dans la terre. 1] 
n'a rien mis dans l’eau et celle-ci est de l’eau de pluie pure. Le groseil- 
lier dont les fruits étaient excellents , est l’ambre jaune des Anglais. Les 
groseilles rouges et blanches étaient délicieuses. Le savant horticulteur 
a communiqué ses résultats à la Société royale de botanique d’Édim- 
bourg, qui a publié les procédés et leurs succès. M. Henrard, horticulteur 
belge (S'--Walburge lez-Liége) a vu les expériences; elles sont d’un effet 
surprenant. M. Mac’ Nab fit toutefois remarquer à M. Henrard, que jamais 
les fruits ne sont bons et bien formés à moins que toutes les racines ne 
plongent pas dans l’eau ; une partie du chevelu doit être suspendue libre- 
ment dans l'air, imprégné de vapeurs, qui circule dans la bouteille. Les 
physiologistes savent que les spongioles des racines absorbent aussi ces 
vapeurs, et ce fait, est sans contredit, un appui pour la théorie qui 
attribue au labour son effet, connu plutôt par l’aérification de Ja terre, 
que par toute autre cause. Il est bien peu de personnes qui ne pourront 
— maintenant obtenir des fruits précoces par des moyens si simples et si 
peu couteux. 


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— 


Pl. 29. 


— 185 — 


ARCHITECTURE HORTICOLE. 


NOTE SUR LA DÉCORATION DU JARDINAGE ET DES TERRASSES. 
HORTICULTURALES ET ARCHITECTONIQUES. 


Par M. NoEz HumPHREYSs. 


J'ai démontré par mon précédent mémoire comment les terrasses com- 
portent peu de dépenses lorsqu'elles sont destinées à faire ressortir la 
beauté des perspectives et la variation du paysage. On crée ainsi les vues 
les plus nobles. 

I n’est pas nécessaire que les effets d’une terrasse, même sur une large 
étendue, soient arrangés comme les terrasses d’un cottage, et l’on voit sur la 
planche ei-jointe, comment sous tout ce luxe, on peut jouir d’une grande 
satisfaction de l'esprit, quand le paysage est noble par lui-même. Cette 
gravure représente le jardin de S. S. le Pape, au Belvédère donnant sur 
la place du Vatican de Rome. Cela suffit pour démontrer combien de res- 
sources on tire de ces vues et de ces positions élevées. Ce jardin de la 
terrasse est cependant géométrique, varié dans ses niveaux, les bosquets 
y sont bien plantés et variés. 

On trouve chez le marquis de Schrewsburg, dans ses jardins d’Alton, 
lesquels étaient il y a peu d'années encore de vastes solitudes, le parti 
qu'on a tiré précisément de cet avantage. Une belle colonnade en marbre 
blanc soutient en avant la terrasse. On a négligé avec raison la coupe de 
quelques arbres en monstres ou figures bizarres qui sont très-communs, 
dans les constructions italiennes. Tout ici respire un air de noblesse. Des 
fontaines, des vases, des colonnes, des statues, des objets d’art diver- 
sifient lornementation. 


— 186 — 


JARDIN FRUITIER. 


BEURRE ÉDOUARD MORREN, GAIN DE M. GATHOY, 
PÉPINIÉRISTE À LIÉGE, 


S Par M. Ch. MoRRen. 


Ce nouveau gain dû encore à un des plus patients et des plus laborieux 
pépiniéristes de la Belgique, est certainement destiné à prendre rang 
parmi nos poires les plus fines et les plus délicates, elle provient de la 
fondante de Brest ou le gros roi d’Été, fécondée en 1848, par le beurré 
blanc de St-Michel, ce fruit a la singulière propriété de communiquer 
son arôme aux objets qui l’entourent, sa peau est tellement fine que le 
papier, le bois ou la toile-cirée sur lesquelles on la pose en absorbent 
l’arôme, il convient done de conserver cette poire sur une tablette de 
marbre poli. L'arbre est vigoureux et productif, il a l’écorce brune, le 
bourgeon fin, le pétiole grèle, 8 cent. de long, la feuille est lancéolée, 
atténuée aux deux bouts, finement dentée. Le fruit est pyriforme pur, 
le pédoncule mesure 4 millimètres d’épaisseur, long de trois centimètres, 
couleur cendrée et vert bronzé, l’épicarpe vert gai, jaune d’or clair, sur 
la partie éclairée teinte large de rouge ou rose, l’effet en est des plus 
agréables, l’œil en étoile très-régulier, les bouts des sépales rejetés en 
dehors, chair jaunâtre, juteuse, d’un goût délicat, c’est une poire très- 
fine, très-odorante, la maturité à lieu fin octobre. 

Les amateurs peuvent dès à présent obtenir ce nouveau beurré que 
M. Gathoy tient à leur disposition. Les demandes affranchies peuvent être 
adressées au bureau de la Belgique horticole. 


OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LA TAILLE DES ARBRES 
FRUITIERS. 


1° Répartir convenablement les sucs nourriciers dans chacune des 
parties de l'arbre ; 

2 Lui donner, à mesure qu'il se développe, une forme en harmonie 
avec nos goûts et les exigences de la végétation ; 

3° Le forcer, sans secousses, sans opérations violentes, à produire, 
presque régulièrement, de beaux et bons fruits : tel est le but de la taille. 

Que voulons-nous quand nous plantons des arbres fruitiers? Nous 
voulons, non pas qu’ils aient l’air chétifs, souffreteux, languissants, mais 
une belle, une vigoureuse végétation; qu'ils fassent honneur au sol du 
jardin, aux soins et à l’intelligence du propriétaire; nous voulons qu'ils 
aient une forme agréable, en rapport tout au moins avec la place qu'ils 


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— 187 — 


occupent; nous voulous, surtout, qu'ils nous donnent de beaux et bons 
fruits, et cela longtemps, abondamment, régulièrement même, s’il est 
possible. En fait de serviteurs inutiles, ce sont les arbres qu’on veut et 
qu’on doit, en effet, le moins tolérer. 

Mais quel mode de taille faut-il donc adopter? Est-ce la vieille taille 
ou la nouvelle qu’il faut préférer ? Je ne sais s’il y a réellement plusieurs 
genres de taille ; ou plutôt chacun est tenté de le croire. Voyez ces arbres: 
quelle en est la forme? Où voyez-vous de l'équilibre dans la végétation 
des parties qui les composent? 

Ici, c’est un pêle-mêle de rameaux débiles chevauchant les uns sur les 
autres et formant un épais buisson, au milieu duquel l'air et la lumière 
ont peine à pénétrer ; là, dans la partie inférieure principalement, ce sont 
des vides énormes qui tendent à s’agrandir encore: toute la végétation 
se porte vers le sommet. Ailleurs, toutes les branches contournées ont 
pris la courbe d’une demi-circonférence, et leur ensemble forme un cer- 
tain nombre de sphères portées sur un même axe, ce qui donne à ces 
arbres-martyrs un certain air de chinoiserie des plus pittoresques. 

Voyez plus loin, un de ces arbres : ce ne sont que des nœuds, que 
bifurcations, que coudes difformes; il semble qu’on ait voulu torturer 
chaque rameau, le condamner à des tours de force, en faire des zigzags, 
et détruire peu à peu tous ses éléments de vie : le sol est trop généreux 
et l'espèce trop vigoureuse. 

A ce dernier enfin, on a coupé les principales racines, percé le tronc 
jusqu’à la moëlle, et l’on y a enfoncé une cheville, ou mieux encore, un 
clou, un énorme clou; il fallait le dompter à tout prix. Que conelure lo- 
giquement de cette étrange manière de faire, si ce n’est qu’il faut détruire 
l'arbre pour qu’il produise des fruits ? 

De semblables procédés sont répudiés par les principes de la physio- 
logie végétale , principes qui doivent former la base de toutes les opéra- 
tions d’une taille raisonnée. Jetons donc un coup d’œil rapide sur les 
données que cette science nous fournit, pour en tirer quelques consé- 
quences indispensables à notre sujet. 

Les végétaux ont deux espèces d'organes absorbants : les racines et les 
feuilles, parce qu'ils sont destinés à vivre dans deux milieux différents, la 
terre et l’air. Les racines, divergeant d’un point commun, le collet, se 
répandent dans le sol comme un réseau , se dirigent vers le centre de la 
terre par un mouvement spontané, espèce d'’instincet vital et d’obéissance 
aux lois générales de la gravitation universelle. C’est qu’elles doivent : 
1° y fixer la plante comme autant de liens solides, la protéger contre 
l'effort des vents et l'entrainement de son propre poids; 2° y puiser les 
sues nourriciers nécessaires à sa conservation et à son développement. 
Le tronc, les rameaux etles feuilles, par un mouvement inverse, s'élèvent 
dans l'atmosphère : l'air, le calorique, la lumière et l'électricité sont leur 
domaine nécessaire, leur sphère d'activité. 


— 188 — 


Racines. 


Les radicules puisent dans la terre par les spongioles, espèces de 
bouches aspirantes qui les terminent, les sucs nourriciers nécessaires à la 
vie des végétaux. Un jeune arbre, dont on a plongé les racines dans l’eau, 
a servi à démontrer : 

Que la succion a lieu par les extrémités des racines capillaires aux- 
quelles cette fonction est dévolue d’une manière exclusive ; 

Que cette succion se fait principalement pendant le jour, sous lin- 
fluence de la lumière, du calorique, de l'électricité et de l’évaporation 
produite par les feuilies. 


Matières absorbées. 


Il y a certaines substances inorganiques qui font essentiellement partie 
du tissu des végétaux : ce sont le carbone, l'oxygène, l'hydrogène et 
l'azote. On y trouve encore , mais non comme parties intégrantes et né- 
cessaires , des substances minérales ou salines, des oxydes métalliques, 
des bases alcalines (soude, potasse, chaux, magnésie) tenues en dissolu- 
tion dans les liquides introduits dans les végétaux et qui forment la sève 
ascendante. 


Sève ascendante. 


Les physiologistes ne se sont pas contentés d’analyser les éléments de 
la sève ascendante, d’en écrire la marche; ils ont encore voulu en assi- 
gner les causes ; la physique leur a offert le phénomène de la capillarité; 
la chimie, la décomposition de l’eau ; l'anatomie végétale, la structure des 
feuilles, au moyen desquelles se fait cette décomposition par la transpi- 
ration ou évaporation des liquides contenus dans la sève; de là des vides 
dans les canaux du tissu végétal, vides que l’activité fonctionnelle tend 
sans cesse à combler; de là enfin, ascension de la sève dans les plantes. 

Par quelle partie du végétal a lieu cette ascension? 

Plusieurs systèmes ont été longtemps en présence : les uns ont as- 
signé la moelle pour itinéraire de la sève, d’autres l'écorce. Des expé- 
riences scrupuleuses ont été faites, et, d'accord avec les faits soigneu- 
sement observés, elles ont démontré que cette ascension a lieu par les 
vaisseaux lymphatiques du tissu ligneux. La sève ne s’est point arrêtée 
dans des arbres privés de moelle et d’écorce. On sait, en outre, qu'elle 
communique avec les parties latérales de la tige, soit directement par 
l’anastomose des vaisseaux, soit indirectement par les pores nombreux 
dont ils sont pourvus. 


Feuilles. 


Si les racines sont de puissants organes d’absorption, si elles puisent 
dans le sol les matières premières des sucs nourriciers, ceux-ci ont besoin 
de subir d'importantes modifications avant de s'identifier avec la plante 


— 189 — 


dans laquelle ils circulent. Il faut que les substances impropres à la nu- 
trition en soient extraites; que l’eau qui s’y trouve en surabondance soit 
décomposée et s’en dégage en grande partie ; il faut que cette sève encore 
brute, grossière, soit épurée, chylifiée, pour ainsi dire, et vivifiée au 
contact de l'air, comme le sang dans les poumons des animaux, avant 
qu’elle acquière les qualités nécessaires pour se fixer dans les tissus du 
végétal. Or, telles sont les fonctions des feuilles ; absorption , élaboration 
et transpiration. 


Structure des feuilles. 


+ On v trouve : 4° un pétiole et ses ramifications ou nervures qui s'élèvent 
y 
des deux côtés parallèlement les unes aux autres; 2° un réseau de cellules 
2 
hexagonales et régulières: 5° un tissu mou qui n’est autre chose que le 
8 = : 
prolongement de la partie herbacée de l'écorce ; 4° un épiderme léger, 
diaphane qui recouvre le tout; 5° ajoutons ce qui est le plus important 
dans la structure des feuilles, un nombre prodigieux de pores ou sto- 


mates. Ces stomates sont des organes d’absorption et de transpiration. 


Sève descendante. 


On a nié (et qu'est-ce que l’on ne nie pas, c’est si facile!), on a nié 
l'existence de ce mouvement rétrograde de la sève ; mais, comme personne 
encore, que je sache. n’a donné d’explication satisfaisante du bourrelet 
qui se forme au-dessus de l’incision annulaire ou de la ligature pratiquée 
sur les rameaux qui ont été soumis à cette expérience, on peut regarder 
la sève descendante comme un fait acquis à la science, une vérité d'examen. 

Concluons donc qu'il y a dans les végétaux deux sortes d’organes ab- 
sorbants : les racines et les feuilles; que les plantes ont besoin pour vivre 
de deux milieux différents, la terre et l’air; qu’il y a deux sèves : l’une 
grossière, impropre par elle-même à la nutrition, mais qui forme la se- 
conde après avoir subi certaines préparations chimiques et vitales, devient 
alors susceptible d’assimilation, et prend le nom de Cambium; que ces 
deux sèves ont un double mouvement: l’un ascensionnel, sève ascendante; 
l’autre retrograde , sève descendante; que la première, accumulée dans 
les vaisseaux capillaires, provoque le développement et l'expansion des 
yeux , tandis que la sève descendante forme les tissus dans lesquels elle 
se concrète et se solidifie. 


Choix des sujets. 


De ces principes admis par tous les physiologistes, tirons quelques 
conséquences relatives au choix, à l’éducation et à la taille des arbres 
fruitiers : 

4° Le sujet qu'on doit choisir est donc celui dont les racines ne sont 
pas endommagées, et surtout qui a beaucoup de chevelu ; 


— 190 — 


2° Il ne faut pas le laisser séjourner hors de terre, de peur que l’air ne 
dessèche les racines capillaires, et ne les rend impropres à la succion; 

5° Le jeune arbre, nouvellement planté, a besoin d'être arrosé pendant 
les grandes chaleurs, afin que l'humidité du sol fournisse à la succion 
assez de liquide pour faire équilibre avec la transpiration. C’est de cet 
équilibre que dépend la bonne végétation dans les plantes; 

4° Il doit avoir de la vigueur, une peau lisse , sans cancers ni lésions, 
et enfin des yeux bien constitués et convenablement placés pour la forme 
qu'on veut lui donner; 

b° La terre doit être bien défoncée, et même améliorée, si cela est né- 
cessaire, afin que le sujet puisse y développer ses jeunes racines et y 
puiser une sève riche en principes nourriciers. 


Taille. 


La question de la taille des arbres fruitiers se réduit à savoir diriger la 
sève d’une manière convenable dans chacun des rameaux, à la faire 
affluer dans celui-ci, parce qu'il est faible, languissant ; à diminuer la 
force de la végétation de celui-là, parce qu'il y a chez lui exubérance, 
propension à un développement qui menace d’être funeste à ses voisins. 
Il est donc indispensable, avant de commencer la taille, de jeter un coup 
d'œil attentif sur chacune des ramifications de l'arbre, pour s'assurer s’il 
y a équilibre de végétation entre elles; dans le cas contraire, afin de don- 
ner aux unes et aux autres les soins spéciaux qu'elles réclament. Une fois 
cet examen fait, il est bon de ne pas perdre de vue : 

4° Que les feuilles concourent puissamment à l'ascension de la sève 
dans les vaisseaux capillaires; 

2° Qu’elles lui fournissent d'importants tributs qu'elles puisent dans 
l'air ambiant; 

5° Qu'elles sont véritablement les poumons de la plante, et qu'elles 
sont en conséquence chargées d'élaborer les sucs nécessaires à sa nutri- 
tion. D'où il suit que la sève ascendante qui doit opérer le déplissement 
des yeux et le développement des bourgeons, doit se porter et se vivifier 
dans un rameau d’après un rapport direct au nombre d’yeux et de feuilles 
qu’il contient. D'ailleurs l'accroissement des tissus est aussi proportionnel 
à la quantité et à la bonne qualité du cambium, ou sève élaborée accu- 
mulée sur ce point. On peut donc conclure que le rameau faible, mais 
sain, dont les yeux sont bien constitués, doit être relativement taillé 
long, sur un œil vigoureux, ou même laissé entier, afin d’en favoriser le 
développement, tandis que les rameaux puissants, vigoureux, seront tail- 
lés relativement courts. 

On sait encore que la sève a toujours de la tendance à s'élever vers le 
sommet de l’arbre, dans les branches verticales surtout; que la partie 
inférieure se vide et se dégarnit, et cela doit être si l’on ne prend les pré- 
cautions voulues : 1° la sève descendante est assez peu riche en principes 


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| 


— 191 — 


nutritifs, quand elle arrive à la parüe inférieure ; 2° les rameaux qui s'y 
trouvent sont moins avantageusement placés pour recevoir l’action de 
l'air et de la lumière, agents sans lesquels il n’y a pas de végétation pos- 
sible. Il s’ensuit qu'on doit tailler ces rameaux relativement plus longs, 
et les autres, à mesure qu'on s'élève vers le sommet, proportionnellement 
plus courts, et toujours d’après leur degré de force et de vigueur et la 
place qu'ils occupent. Il suit encore de là que la forme à donner aux 
arbres n’est pas absolument arbitraire, puisqu'ils ont, eux aussi, leurs 
accidents, leur équilibre vital à garder, leur hygiène; que les formes les 
plus convenables sont la pyramide, et non la forme en quenouille, qui est 
un contre-sens; pour les espaliers, la palmette, la forme en U et la forme 
carrée. 

Une fois qu’on a adopté la forme qu'il convient de donner à l'arbre 
qu'on dirige, que les dimensions et l’ordre qui doivent exister entre les 
parties de sa charpente, sont clairement formulés dans l'esprit, il ne 
s’agit plus que de choisir les yeux sur lesquels il faut baser la taille. Pour 
les pyramides, ces yeux se trouvent sur la circonférence décrite par l’en- 
semble des rameaux, c’est-à-dire en face de l'opérateur. On coupe au-des- 
sus du 4° ou du ÿ° œil, selon les circonstances, les besoins de la forme 
et de la vigueur du rameau, et aussi de manière que la plaie produite 
par l’amputation forme un plan incliné vers le centre de l'arbre. Cette 
précaution a pour but de faire écouler l'humidité en sens inverse de la 
position de l'œil, et de plus, d’en favoriser le recouvrement. Deux raisons 
ont présidé au choix de cet œil : 4° Il est avantageusement placé pour 
continuer la ligne droite du rameau; 2° il tend à lui donner une légère 
inclinaison vers la ligne horizontale, d’où il résulte : facilité à l'air et à la 
lumière de pénétrer dans les ramifications, et de disposer la branche à 
porter des fruits. 


Taille des espaliers. 


Dans les sujets soumis à cette forme, l'œil sur lequel on doit tailler est 
toujours celui de devant; parceque, à constitution égale, il est destiné à 
une végétation plus puissante que celui qui est placé derrière le rameau, 
attendu que ce dernier reçoit moins directement l’air et la lumière. On 
peut tailler aussi sur cet œil situé vers le mur, car il peut, lui aussi, con- 
tinuer le prolongement de la ligne droite; c'est même quelquefois une 
nécessité de le choisir, quand ie rameau auquel il appartient est plus 
vigoureux que celui avec lequel il est en parallèle. Notons cependant qu’il 
offre l'inconvénient de laisser voir la plaie de la taille, de l’exposer à la 
pluie et au soleil, ce qu'il est bon d'éviter. Il ne faut jamais tailler sur un 
œil de côté, soit en dessus, soit en dessous, à moins toutefois de raisons 
puissantes, parceque le prolongement du rameau par le bourgeon qui 
en résulte forme un coude désagréable et nuit à son développement. 


— 192 — 


Un mot seulement sur les yeux du pêcher : ils sont simples, yeux à 
bois ou à fleur, et dans ce cas presque toujours stériles; doubles, un œil 
à bois, accompagné d’un œil à fleur, fructifères ; triples et même qua- 
druples, un œil à bois entre les yeux à fleurs; ce dernier œil à bois est 
ordinairement très-vigoureux. 


Taille des rameaux à fruits. 


Les quelques lignes qui précèdent tendent à donner un apercu des 
soins qu'on doit donner aux rameaux destinés à former la charpente de 
l'arbre, à régulariser l'équilibre de leur végétation, de manière que les 
éléments de vie se trouvent répandus partout; mais cette vie même ne 
doit pas être stérile ; il faut au contraire, quoique péniblement acquise, 
qu’elle soit la juste rémunération du travail de l’arboriculteur. Il est done 
à propos de présenter ici quelques observations relatives à la direction 
qu'il convient de donner aux rameaux destinés à porter les fruits. Sous 
ce rapport, on divise les arbres en deux catégories : les arbres à fruits à 
pépins, et les arbres à fruits à noyaux. 


Arbres à fruits à pépins. 


Les parties fructifères de ces arbres sont : les dards, les bourses et les 
brindilles ; les deux premières espèces ne se taillent pas, quant aux brin- 
dilles, on les réduit à 5 ou 4 centimètres, soit à l’époque de la taille, soit 
au pincement. Ce dernier mode d'opération est préférable, parce qu'il 
refoule, dans les rameaux de la charpente, la sève qu’elles eussent inuti- 
lement absorbée, et que, d’un autre côté, elles se couronnent de boutons 
à fruits peu de temps après. 


Arbres à fruits à noyaux. 


Dans le pêcher, l’abricotier, l’'amandier et le prunier, les rameaux fruc- 
tifères sont des espèces de brindilles alternes placées des deux côtés des 
branches de la charpente. Elles réclament quelques précautions : d’abord, 
il faut se souvenir que c’est sur la pousse de l’année précédente, sur le 
jeune bois, par conséquent, que naissent les fruits; que les yeux, moins 
l'œil terminal toutefois, s’éteignent l’année suivante, qu'ils aient ou non 
porté des fruits ; qu’ainsi il faut, chaque année, veiller avec le plus grand 
soin à leur renouvellement ou remplacement. Il faut encore savoir que, 
dans le pêcher, tout œil à fleur qui n’est pas accompagné d’un œil à bois, 
est ordinairement stérile. On taille ces rameaux sur le 4° ou 5° œil, lequel 
doit toujours être accompagné d’un œil à bois; il faut, en outre, incliner 
ces rameaux au palissage de la taille, afin de provoquer vers la base la 
naissance d’un bourgeon qui sera, pour l’année suivante, un rameau de 
remplacement. 


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— 195 — 


HORTICULTURE. 


NEPENTHES RAFFLESIANA. JACK. — NEPENTHES DE RAFFLES, 
Par M. CH. MORREN. 


CLASSE DIOECIE. — ORDRE MONADELPHIE. 


Famille naturelle : Nepenthacées. 


Car. GÉN. Vepenthes, Linn., fleurs dioïques. Fleurs mâles : périgone 
calyeinal profondément quadrifide. Etamines connées en une colonne, 
anthères au nombre de seize, rassemblées en un capitule subsphérique, 
biloculaires, longitudinalement déhiscentes. Fleurs femelles : périgone 
comme chez la fleur mâle, ovaire mâle subtétragone, quadriloculaire, 
ovules nombreux, fixés en s’élevant aux parois des cloisons, anatropes, 
stigmate sessile, discoïde, obscurément quadrilobé. Capsule quadrilocu- 
laire, lolulicido-quadrivalve, valves septifères au milieu. Graines nom- 
breuses, sétacées, fusiformes, montantes, imbriquées; testa membra- 
neuse, de chaque côté relächée, nucleus central, inverse, subglobuleux. 
Embryon cylindrique dans l'axe d’un albumen charnu, orthotrope ; 
radicule courte , infère. (Endl.) 

Car. spéc. N. de Raffles Jack. Phyllodes longuement pétiolés, ascidies 
inférieures, globuleuses, ventrues, les caulinaires infundibuliformes, 
l’inflorescence grise, brune, tomenteuse, pédoncules à une ou deux 


_ fleurs. (KoRTHALS). 


Auteurs. — Vepenthes Rafflesiana. Wiiiam Jack, in Hooker’s com- 
panion in the Bot. Mag., it. 271. P. W. KorrtaLs in Monogr. pag. 5, 
dans les Verhandelingen over de natuurlykegeschiedentis der Nederlandsche 
over zeesche Bezittingen. 

Au nombre des merveilles que nous offre la nature, certes les Vepen- 
thes nous présentent une des formes végétales les plus extraordinaires de 


la création. Partout où elles sont cultivées, elles attirent l’admiration et 


excitent un vif sentiment de curiosité ; aussi avons nous pensé que 
l'histoire de ces plantes singulières serait lue avec intérêt. 

Ce fut vers l’année 1669 que les premiers Vepenthes furent introduits 
en Europe par les soins du D' P. Hermann, qui les envoya de l'Ile de 
Ceylan à son ami Commelyn à Amsterdam; ces plantes furent d’abord 
décrites par J. Bryne et ensuite par Grimm sous le nom de planta mira- 
bihs, distillatoria. En 1702 le botaniste Rumph en fit une nouvelle 
description, et Linnée crut pouvoir généraliser toutes les plantes connues 
jusqu'alors dans ce genre sous un seul et même nom, celui de Vepenthes 
distillatoria. Mais ceci ne fut pas généralement admis, puisque Poiret fit 
une espèce différente du N. Madagascariensis et le N. phyllamphora 

BELG. HORT. T. V. 17 


— 194 — 


fut également spécifié. Depuis lors le D" Reinwardi et Jack en décou- 
vrirent chacun deux variétés nouvelles aux Indes Orientales, à Singapour 
et Binlang: enfin le D" Korthals s’occupa spécialement de l'étude de 
ces plantes trop peu connues encore, et c'est à ces recherches, que 
nous devons une bonne monographie du genre Wepenthes, publiée dans 
les Verh. over de nat. gesch. der Oost-Indische bezittingen. — Parmi 
les différentes variétés des Ascidies, c'est sans contredit le W. Rajflesiana 
qui occupe le premier rang pour la beauté et la singularité des formes ; 
notre planche coloriée ei la gravure en bois, en donnent une excellente 
représentation. 

L'urne végétale de ce Nepenthes mesure parfois plus d’un pied de lon- 
gueur, elle est ornée de deux crêtes ailées et ciliées, d'un bourrelet 
pourpre, d'une dent rouge, d’un couvercle vert veiné, son ventre est 
maculé de taches bariolées de vert, de gris, de rouge, de rose et de 
brun. Dans ces urnes se sécrète un liquide ordinairement pourvu de 
quelque goût particulier : par exemple, l’eau des urnes du W. distilla- 
toria a le goût de pommescuites. Celle du N. Rafflesiana, étant une sé- 
crétion de la plante même, est bientôt corrompue lorsqu'elle reste expo- 
sée à l'air libre. 

Les feuilles de cette plante sont d'une structure très-remarquable 
puisque c'est de leurs nervures que provient ce long filament, qui après 
s'être contourné plusieurs fois sur lui-même donne naissance, à leurs 
extrémités, aux urnes qui sont toutes surmontées d'un opercule. Lorsque 
ces urnes s'ouvrent elles sont déjà à moitié remplies d’eau, ce qui prouve 
qu'elle est distillée par le végétal même, il suffit de refermer herméti- 
quement l’urne pour observer une nouvelle sécrétion de liquide; il est 
donc certain qu'il n’est pas produit par l'humidité de l'atmosphère. 

M. P. W. Korthals a trouvé le N. Ra/flesiana sur la côte occidentale 
de Sumatra. Il se rapproche des N. gymnamphora et N. Boschiana, 
espèces nouvelles, déterminées par ce savant Hollandais, dans ses Hé- 
moires sur l'histoire naturelle des possessions Néerlandaises d’outre mer. 
Il a aussi des affinités avec le N. maxima du professeur Reinwardt, afhi- 
nités telles, que ces deux plantes pourraient bien être deux variétés 
d'une même espèce. 

Ce fut vers l’année 1845 que le premier exemplaire de ce Wepenthes 
fut introduit à Kew, et peu de temps après, dans le jardin botanique de 
l'Université de Gand on put en admirer un pied, dont la végétation était 
splendide, grâce à la bonne culture due aux soins éclairés du jardinier 
en chef Donkelaar. En 1850, M. de Vriese rapporta de l'Angleterre deux 
plantes de ce Nepenthes l'une provenait de M. Loddiges de Hackney et 
l’autre de M. H. Low qui l’avait reçue de Bornéo. Depuis lors ces p'antes 
sont toujours à Leyden dans un état de santé parfait. Depuis ces der- 
nières années le nombre des espèces de Wepenthes s'est encore enrichi 
de différentes variétés, entre autre le W. Sanguinea dont les urnes sont 


— 195 — 


rouges sang. Cependant cette culture ne s'est guère propagée et même 
Ne on remarque que le W. distillatoria est devenu très-rare dans nos serres. 
- Peut-être doit-on attribuer cette perte presque générale, au manque de 
_ bonnes notions de culture; c’est en Écosse que nous avons vu les plus 
beaux pieds de ces plantes si remarquables sous tous les rapports. Nous 
croyons done nécessaire de publier les pratiques suivies en Angleterre. 

La meilleure situation où l’on peut cultiver ces plantes remarquables et 

qu’on ne perd que trop souvent est une serre à orchidées où l'air et l'hu- 
midité sont bien régularisés, où la température oscille la nuit de 12 à 

| 15 degrés centigrades, car ces plantes souffrent toujours à l'humidité 
| quand elle est stagnante et spécialement de la température quand elle 
est trop basse. Au contraire elles fleurissent dans un air chaud et hu- 
mide, lorsque eet air est soumis à de légers mouvements et entièrement 
à l'abri de courants subits et forts d'air froid. Aussi, si on place ces sin- 
guliers arbustes dans une bonne serre, près de la porte où de légers cou- 
rants se manifestent chaque fois qu'on l'ouvre et qu'on la ferme, les 
Nepenthes fleurissent et se portent bien, tandis que si on les place dans 
une partie reculée ou l'atmosphère et l'humidité sont peu en mouvement, 
ils languissent. De même ils préfèrent que leurs racines aient chaud et 
qu'elles plongent dans une terre humide. Si on les cultive en pot, il faut 
que le sol soit composé d'un égal mélange de sphagnum ou coupé ou 
haché menu, et de fibres d’une terre de bruyère grossière, dépouillée 
de toutes ses fines particules, ce qui resterait sur le tamis après l'avoir 
tamisée à sec. Drainez le pot aussi bien que possible et pressez ces maté- 
riaux fortement ; plongez ensuite le pot dans de la mousse et donnez 
une chaleur du fond de 21 à 26° centigr. Entourez le d’une atmosphère 
humide et tenez la mousse dans laquelle la plante plonge, constamment 
— mouillée. Propagez les Nepenthes par boutures, marcottes en terre et 
graines. Les boutures se prennent à la base des vieilles tiges, ce sont les 
jeunes rameaux lorsqu'ils ont atteint cinq pouces de longueur. Mettez-les 
chacun à part dans un pot de moyenne grandeur, dont le drainage aura 
…— … été bien soigné, placez le tout dans une atmosphère dont la température 
+ - soit de 26° centigr. et couvrez chaque bouture d’une cloche. Les mar- 
… … cottes se font par de longues branches fichées en terre et à la manière 
… habituelle. De toutes les multiplications la meilleure est celle des graines 
b. quand on peut en obtenir. Il faut les semer aussitôt qu'elles sont müres, 
—_dans des terrines remplies de poteries cassées et recouvertes de mousse, 
au-dessus de ces mousses trois pouces en épaisseur de ces mêmes spag- 
_ num coupés ou hachés menus. Au-dessus de cette couche on répand un 
_peu de terre de bruyère fort fine, et on sème dessus les graines de 
_Nepenthes. On plonge les terrines dans de la mousse et on leur donne 
- une chaleur en dessous de 26° c. Les terrines sont au préalable recou- 
xertes d'une cloche en verre. Quand les piantes sont assez fortes on les 
ôte et on les met, une à une, dans des pots remplis de la même manière 


— 196 — 


| 


que nous avons décrite plus haut. Quand les racines ont repris, exposez 
peu à peu les plantes à l’atmosphère libre de la serre et donnez surtout 
une chaleur du fond convenable. Enfin quand les plantes sont fortes, 
mettez les en place et vous en jouirez plusieurs années de suite. 

Il faut aussi remarquer que l'obscurité est nuisible aux sarracéniacées, 
elles demandent beaucoup de jour tout en étant garanties des rayons 
solaires. 

La nouvelle Hollande nous offre également une plante ayant des 
urnes aux extrémités des feuilles; mais c’est là le seul rapport qui 
existe entre le Cephalotus follicularis Labill, et les Nepenthes. Sa struc- 
ture et sa croissance diffèrent complètement. Le C. follicularis est une très- 
petite plante fort basse, ses urnes ont la forme d’une pantoufle marbrée 
de vert et de violet, l'ouverture en est fort étroite et fermée par un cou- 
vercle qui se lève et s’abaisse, les fourmis vont se noyer dans l’eau secré- 
tée dans l’urne. Les fleurs sont petites mais elles sont nombreuses sur 
une tige d’un pied de haut. La plante croit dans des endroits maréca- 
geux aux environs des côtes de la nouvelle Hollande, et c’est depuis 1825 
que le jardin de Kew la possède. 

L'agrément qu'offre cette plante est qu’elle n’exige pas la serre chaude, 
on peut la cultiver dans une orangerie, et même en faire d’heureux essais 
à l’air libre, étant toutefois garantie par une cloche. L'expérience en a 
été faite en Angleterre, et durant plusieurs années cette plante a été eul- 
tivée dans les jardins de Sir W. Molesworth dans le pays de Cornwall. 
Le C. follicularis doit être tenu humide, dans des pots forts larges mais 
peu profonds, a moitié remplis de morceaux de pots cassés, de char- 
bons et de tourbes, recouverts de mousses et de sphagnum; lorsque 
cette mousse se détériore, il faut en remettre de la fraiche. Dans une 
serre tempérée la plante ne doit pas être couverte d’une cloche, celle-ci 
n'est nécessaire que dans l’orangerie ou en pleine terre. Ce serait là une 
charmante nouveauté à introduire dans nos jardins : nous la recomman- 
dons à l’attention de nos horticulteurs marchands qui en trouveront faci- 
lement le placement puisque tous les amateurs voudront posséder cette 
plante si distinguée. 


NOTICE SUR LE WNEPENTHES DISTILLATORIA, 
Par M. BRÉON, 
Chef des cultures du Gouvernement, à l'Ile de la Réunion. 
Le Nepenthes distillatoria croit à Madagascar, dans l’intérieur desterres, 
à trois heures environ de Tamatave et à une lieue et demie d’Isathan. 
Entre un petit bras de la rivière d’Ivouline et divers étangs, dont les 
eaux se déchargent dans la petite rivière de Tamatave, se trouve une 
vallée d’une demi-lieue de longueur sur un quart de lieue de large ; elle 
est entourée de monticules de 40 à 60 mètres d’élévation, tous couverts 


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de belles forêts vierges. Son sol est un sable noirâtre, ressemblant assez 
à nos plus mauvaises terres de bruyère. Cet espace, est, pour ainsi dire, 
couvert de Nepenthes d’une grande beauté et d’une végétation vigou- 
reuse. Les plus beaux pieds ont dix-huit pouces de hauteur et forment 
touffe, ils sont couverts de fleurs et d’une quantité immense d’urnes, 
puisque chaque feuille en porte une à son extrémité. 

Je découvris cette vallée vers dix heures du matin, et je remarquai 
que toutes les urnes étaient ouvertes pour laisser évaporer l’eau qu’elles 
contenaient. Ma surprise fut grande de voir, vers trois heures après 
midi, tous les opercules s’abaisser peu à peu sur l’ouverture des urnes 
qu'ils avaient hermétiquement fermées à cinq heures. J’essayai vainement 
d'en ouvrir quelques-unes, et je n’y pus parvenir qu’en les rompant. 
Désirant observer davantage cette plante miraculeuse, je me décidai à 
revenir le lendemain de très bonne heure, afin de consacrer toute la 
journée à cette observation, et je retournai à Isathan, où je passai la nuit 
dans la case qui vit mourir, en 1804 et 1805, les infortunés Chapellier 
et Michaux, botanistes du gouvernement francais. Le lendemain dès cinq 
heures et demie du matin, j'étais rendu à la plainedes Vepenthes. Les urnes 
étaient fermées, et tellement pleines d’eau que le poids les avaient fait 
s'appuyer sur le sol. J’essayai encore d’ouvrir quelques opercules, et je n’y 
parvins qu’en déchirant l’urne, et toutes celles que j’ouvris ainsi étaient 
tout à fait pleines. Vers huit heures les opercules commencèrent à s’élever 
sensiblement ; et à neuf heures toutes les urnes étaient ouvertes. J’en ai 
mesuré plusieurs pour connaïtre la quantité d’eau qu’elles renfermaient, 
et jai trouvé que les plus grandes contenaient environ deux tiers d’un 
verre ordinaire. Cette eau, aussi limpide que celle qui est distillée, était 
très fraiche et d’un saveur agréable; elle a formé ma seule boisson pen- 
dant cette journée d'observation. Vers trois heures l’évaporation avait 
épuisé plus des deux tiers de l’eau contenue dans chaque urne, qui se 
relevait elle-même, peu à peu, à mesure qu’elle était allégée ; les oper- 
cules commencaient à se refermer, et l’étaient entièrement tous à cinq 
heures du soir, ainsi que je l’avais observé la veille. Je quittai alors avec 
regret cette vallée de Wepenthes, pour me rendre à Isathan, où j’emportai 
avec moi de très-beaux échantillons et vingt plants en mottes, pour les 
introduire à Bourbon. Les naturels d’Isathan d’Hivaidro et de Tamatave 
ont le Vepenthes en grande vénération; ils le nomment Capocque. Ils 
m'ont assuré qu'il ne s’en trouvait dans aucun autre endroit de l'ile; ce 
que je crois volontiers, car J'ai parcouru Madagascar en tous sens, et je 
n’ai pas rencontré un seul pied ailleurs. 

Willdenow, à je crois, donné à ce Wepenthes le nom de Madagas- 
cariensis et je le regarde comme absolument semblable à celui qu'il 
nomme distillatoria, qu’il dit être originaire de Ceylan; j'ai lieu de penser 
qu'il n’y existe pas, et que tous ceux que nous possédons en Europe nous 
viennent de Madagascar. 


À Pa ji Et: CESR ENT EN 


4488: — 
NOTICE SUR L'4RISTOLOCHIA LINEATA, 


5 Le. Par M. DucHaTee. 
* Le dessin que nous donnons de cette fleur d'une forme si originale 
| provient d'un fac-simile d’un dessin japonais de la collection de M. Deles- 
sert, extrait d'un recueil Japonais publié dans le siècle dernier, 1l 
denote de la part des artistes de ee pays un grand talent d'observation et 
d'exactitude. Du reste au moment où le Japon semble sur le point de 
aux nations commercantes des deux mondes, il ne saurait être 
$ intérêt de rappeler que, bien avant que l'horticulture ne füt devenue 
Cunart en Europe elle avait été portée, dans quelques parties de FAsie, 3 
un degré de perfection dont, mème avec nos progrès modernes, nous 
_ avons encore lieu d'être étonnés. 
; . Cette espèce se rapproche de l'A. Kamp/feri Willd. plus que toute autre. 
| Cependant elle en diffère beaucoup : 1° par ses feuilles hastées, à grandes 
oreillettes basilaires, en ovale irrégulier et plus ou moins inéquilatérales, 
fortement dilatées, inférieurement , et circonscrivant äinsi un sinus 
basilaire étroit et profond, à lobe médian oblong, allongé, rétréei vers le 
bas, très-obtus ou submergé, à sinus latéraux très-profonds. Elles pré- 
…. sentent 5 nervures, les ? intermédiaires se dirigeant directement vers les 
sinus latéraux sous lesquels elles se bifurquent en ? branches, l'une 
suivant presque le bord de l'oreillette, l'autre montant près du bord du 
lobe médian. Les fleurs sont solitaires, à pédoncules presque égal au 
pétiole etàa peine épaissi au sommet, (en ceci la figure est très-proba- 
blement inexacte, car où serait l'ovaire ?) à périanthe très-päle, marqué 
de lignes longitudinales sur le tube, de bariolures bruneset ramifiées sur le 
be, (d’où lui est venu le nom d'A. Lineata) ponctué de brun dans l'inté- 
—…rieur et bordé de jaune extérieurement ; à tube large, très peu contracté 
_ au-dessus de sa portion basilaire, sigmoïde ; à limbe plan, périphérique. 
sx rebord saïllant à l'orifice du tube, ovale, un peu sinueux, formant 
—obscurément 2? lèvres inégales, très-obtuses et presque échancrées, l'infé- 
a eure deux fois plus longue que la supérieure. — Toute la plante est 
représentée glabre et lisse. Le principal avantage qu'offre la culture de 
elle Aristoloche et de ses congénères est leur végétation grimpante ; 
ueune autre plante n'offre autani de ressources pour orner les murs et 
s tonnelles, leur feuillage étant très-ramifié et touffu; la surface que 
te plante peut recouvrir est immense. 


—._ SUR LA CULTURE DU RÉSÉDA EN HIVER. 


titi Par MM. Warrixce ET Hope. 


. * ère 
«! parfum suave exalé par eette plante si peu apparente, la fait 


scne sent rechercher. Tout le monde sait que sa floraison naturelle 
< 


f 
2 


— 200 — 


a lieu en été, alors que cachée à l’ombre des parterres, elle embaume nos 
jardins, cependant sa fleur se range également parmi celles qui démon- 
trent le triomphe du savoir et de l'intelligence, car ce n’est pas sans 
difficulté que l’on est parvenu à la cultiver en grand pour obtenir sa flo- 
raison hivernale. Le réséda étant demandé à toutes les époques de 
l’année, nous croyons utile de reproduire un excellent article à ce sujet 
de M. H. T. Hope, de Deepdene, publié par le journal de la Société 
horticulturale de Londres. 

« Peu de fleurs, dit-il, ont une vogue plus juste et plus méritée pour 
former les bouquets de l'hiver et du premier printemps que le réséda 
odorant /reseda odorata), et sa verdure si fraiche offre à cette même 
époque une grande ressource pour l’ornementation de nos salons et de 
nos conservatoires. Le réséda n’est pas une plante délicate; et cependant 
on ne le voit pas toujours aussi fort et aussi vigoureux qu’il est permis 
de l’exiger, lorsqu'il est soumis à un mode de culture qui lui est conve- 
nable. Nous allons tâcher d’expliquer ici cette méthode qui est aussi 
simple que facile. Afin d’avoir des fleurs vers la Noël, il faut semer au 
mois d'août, dans des pots d’une dimension convenable. La terre doit 
être grasse et mélangée d’engrais bien décomposé ainsi que d’une assez 
bonne partie de vieux mortier ou des décombres de chaux. Il est essentiel 
que les pots soient convenablement égoutés et que sur les fonds des 
pots, servant à l’égouttement (drainage des anglais), on mette une 
poignée de colombine (fiente de pigeons), vieille d’un an. Après que le 
semis est terminé, placez les pots dans un endroit où ils n’exigent pas 
des arrosements trop fréquents, l'humidité étant nuisible au réséda; il 
serait préférable de placer les pots sous un chassis ou dans une couche 
où ils peuvent trouver un abri dans les temps pluvieux. À mesure que 
les jeunes plantes se développent, il faut graduellement diminuer leur 
nombre et n’en laisser que trois ou quatre ou tout au plus cinq dans 
chaque pot. L'objet principal auquel il faut veiller à cette époque, est 


l’arrosement qui doit être fait judicieusement, c’est-à-dire, qu'il ne faut 


donner de l’eau à la plante que lorsqu'elle en a réellement besoin et 
alors il faut en donner en quantité suffisante pour que le sol soit bien 
pénétré. Il est nécessaire d’enlever toutes les fleurs prématurées et de 
détruire les mauvaises herbes qui apparaitraient dans les pots, lesquelles 
ne tarderaient pas à étouffer les résédas, les pots doivent être placés 
ensuite dans un endroit aéré et près du verre. Si on désire en faire 
fleurir quelques-uns plus tôt, on les met dans une serre intermédiaire 
ou dans une exposition plus chaude que celle de l’orangerie. 

« J'ai recommandé de faire les semis dans des pots, parce que je 
préfère moi-même cette méthode, mais on peut également et à sa con- 
venance faire des semis partiels et repiquer ensuite; mais il faut bien 
soigner cette opération, car le réséda ne souffre que très-difficilement 
Ja transplantation. Les plus beaux résédas que j'ai jamais vu, ont été 


* 
… 
L 


= — 


| cultivés comme je viens de l'indiquer, mais comme tous les jardiniers ne 

. peuvent se procurer de la colombine, je puis leur garantir que le guano 
| leur offrira un excellent substituant. Ce fertilisateur admirable doit être 
employé à l’état liquide, et seulement lorsque les racines de la plante 
ont acquis un entier développement, les arrosements de guano, appliqués 
à une semaine d'intervalle, accroitront considérablement la vigueur et la 
croissance des plantes. Si l’on désirait obtenir une floraison successive il 
faut faire un nouveau semis au commencement du mois de septembre et 
traiter la plante absolument de la même manière. Les plantes cultivées 
isolément dans des pots de 6 ou de 8 pouces, atteindront une dimension 
tout-à-fait remarquable si l'on enlève, durant la première croissance, les 
branches latérales et les fleurs précoces. » 

J'en reviens au semis fait dans les pots qui est, sans aucun doute, le 
meilleur ; le réséda peut au besoin supporter la transplantation, mais il 
en souffre toujours plus ou moins, et jamais la plante n'obtient la même 
vigueur, surtout si l'opération est faite par des mains peu expérimentées. 

Peu de personnes se doutent de la dimension que cette plante annuelle 
peut acquérir sous l'influence d'un traitement approprié, et ce résultat 
devant intéresser les nombreux amateurs de cette fleur si parfumée, 
nous leur indiquerons brièvement les points essentiels qu'il faut tenir 
en vue pour atteindre ce but. Le semis doit se faire dans de petits pots, 
et une seule plante peut être admise à y croître, on choisit la plus belle 
et on enlève les autres. Celle-ci doit être repoté à mesure que racines se 
développent, et entre temps il faut faire disparaitre toutes les apparences 
de floraison. Les indications que M. Whiting donne pour la culture 
_ générale doivent être suivies pour tout le reste, et l’on continue ce traite- 

ment jusqu'à ce que la plante ait atteint les limites et la forme raisonna- 
blement voulues, alors on peut laisser les fleurs se développer, mais sous 
aueun rapport on ne peut permettre le développement des fleurs pendant 
que la plante croit encore. 


REMARQUES SUR LE RÉSÉDA ODORANT ET SA CULTURE 
EN BELGIQUE. 


Par M. CH. MoRREN. 


Le réséda odorant est originaire de l'Égypte et de la Barbarie. N'ou- 
. blions pas ce fait qui indique qu'il veut naturellement une chaleur forte 
en été et qu'il craint la trop grande humidité. 

Les Francais en attribuent l'importation au savant professeur Réné 
Louiche Desfontaines, qui, en effet, fit un voyage botanique en Barbarie 
de 1785 à 1785, mais Desfontaines est né la même année où le réséda 
fut introduit en Europe, c'est-à-dire en 1752. Il n'y a done pas un sièele 
que nos jardins possèdent cette plante modeste, mais remarquable par 
ses vertus. 


— 202 — 


Les botanistes ont un vif intérêt à étudier les fleurs de réséda, car ils 
ne savent pas au fond ce que sont ces fleurs. M. Reichenbach démontre 
dans sa Deutchlands Flora, que lorsqu'un réséda se métamorphose, ee 
qu'il fait assez souvent, il devient tantôt une euphorbiacée, tantôt une 
capparidée, c’est-à dire que la plante réalise alors la structure du caprier, 
dont les boutons se confisent et se mangent, ou celle d’une épurge, dont 
toutes les parties constituent un poison. Par contre, ou mieux, par suite 
d’une même étude, nous avons constaté que lorsque les parties florales 
blanches d’un réséda, qui ne sont après tout que des étamines modifiées, + 
disparaissent ou changent de forme, le réséda perd son parfum, et que 
cet admirable arome réside dans les organes blanes. 

Nous concluons de là que de toutes les variétés de réséda, celle qu’il 
faut préférer est la variété où les organes blancs sont les plus grands et 
les plus développés. 

Burnet voyait dans un réséda un pavot sans lait, une renoncule mo- 
difiée, un polygala métamorphosé, une fleur analogue à la capucine, à 
la balsamine et même un organisme analogue à une ortie ou à un datisea. 
La fleur d’un réséda est done un abîme deseience et celui qui veut appro- 
fondir les mystères de la nature, peut y seruter plus d’une merveille. 

Le monde ne pense aux résédas que pour donner aux bouquets, aux 
salons, aux jardins un arome que le goût unanime déelare délicieux. 
L’horticulteur veut contenter ce goût, et abandonnant l’étude des fleurs 
de cette plante aux contemplations des savants, il cherche à les produire 
en tout temps. 

Les jardiniers de Gand et de Liége ont une réputation Justement 
méritée pour savoir produire des résédas florissant abondamment en 
hiver. À voir les établissements nombreux qui n’exercent que cette seule 
industrie horticole, il est facile de s’apercevoir que c’est une marchandise 
qui s’exporte tout autant et même plus qu’elle ne se consomme sur place. 

L'étranger s’imagine que ces villes possèdent un réséda particulier, 
tellement ses feuilles sont larges, nombreuses touflues, tellement les épis 
sont longs et florifères, tellement ses fleurs sont grandes, odorantes et 
durent longtemps. 

Cependant le réséda de Gand ou de Liége est du réséda de Barbarie, 
du réséda d'Égypte, semblable au réséda cultivé partout. 

Seulement sa culture est différente. 

Pour obtenir en hiver des résédas fleuris, ou choisit une bonne graine, 
lourde et grosse. 

On sème en août, déjà même fin juillet. On repique en septembre 
une plante par pot et on rentre en serre aux premiers mauvais jours et 
même avant. On place sur la tablette de devant les pots qui ne recoivent 
jamais trop de lumière directe, Il s’agit d’une plante d'Égypte. 

Le succès de la culture dépend de la terre et de la préparation du pot. 

Celui-ci est choisi assez grand. Avant d'y mettre la terre on l'imbibe 


— 205 — 


| d'eau et on frotte la surface interne d’une couche de fumier de vache; 
4 on garnit de bouse cette même surface de l'épaisseur d’un doigt, d'un 
| pouce ou même de quelque plus. Pareille matière est déposée au fond 
du pot au-dessus de la pierre qui surmonte sans le fermer le trou du pot. 
Alors on dépose dans le vase la terre nécessaire : c'est une terre de 
jardin, bien grasse, mais meuble, mais bien fournie de terreau et quel- 
ques-uns y mélangent du vieux platras réduit en parcelles. 

Le réséda est planté dans cette terre. Ces substances animales agissent 
puissamment sur la végétation des jeunes bourgeons qui se développent 
avec facilité; les feuilles grandissent et acquièrent une ampleur considé- 
rable et l'azote de ces engrais contribue sans doute singulièrement à 
former les rudiments des jeunes fleurs et à les multiplier au-delà de ce 
qui arrive dans l'état habituel du végétal. 

Vers la nouvelle année. les résédas commencent à fleurir et vers la 
St.-Joseph, jour où le placement local en est considérable, ils sont dans 
toute leur beauté! C’est alors que la majorité des acheteurs s’imagine 
que vraiment les collines de Liége ou les plaines de Gand ont produit un 
réséda monstre particulier. Les collines ni les plaines n’y font rien, mais 
lhabileté mais l’industrie des producteurs ont embelli une plante au-delà 
de ce que le ciel de Barbarie ou de l'Égypte aurait pu lui donner. 

Quand un réséda est cultivé dans une terre maigre, ordinaire, sans 
soin, sa feuille est trilobée et étroite; quand il l'est comme nous venons de 
l'indiquer, sa feuille est entière, sans lobe, large et simple. A cette seule 
diagnose vous connaissez le mode de culture, et le choix n’est pas difficile. 
à. Un réséda est annuel, mais on peut le faire vivre dix ans et plus. Pour 
le rendre arborescent, il s’agit de retrancher ses fleurs à mesure qu'elles 
se forment, jusqu'à ce qu'enfin vienne le temps où l’on a la fantaisie de les 
voir se développer, et d’appauvrir la plante, parfois au point de la tuer. 

Or, ici il y a deux faits importants à noter. 

S'il s’agit de donner au réséda arborescent une forme circulaire, plate, 
Vaspect d’une large couronne dont le diamètre, d'après ce que nous 
— avons vu nous-même sur plusieurs pieds, pouvait aller à un mètre et plus, 
… il vaut mieux agir avec un réséda cultivé dans de la terre ordinaire, sans 
… chaux ni engrais de vache. La feuiile trilobée convient mieux à cette 


. l'élargissement. Cette forme en couronne est toujours soutenue par un 
- treillis en fil de fer. 
Au contraire, s'il s’agit de produire des pyramides de réséda, comme 
. nous en voyons dans le pays, de deux mètres et cinquante centimètres 
…— de hauteur, il est plus rationnel d'employer la méthode belge, de faire 
usage de bouse et de chaux, parce que la force ascensionnelle de la tige 
. devient plus grande, et que la végétation, on le voit facilement à la 
forme de la feuille, a une tendance plus prononcée à l'allongement, La 
- feuille, dans le premier cas comme dans le second, indique bien la direc- 


— 204 — 


tion naturelle de la force végétative. Les lobes sont un rejet latéral,, la 
forme de la feuille simple est une ascension, 

Nous avons vu des résédas cultivés simultanément de ces deux façons : 
on eut dit de deux plantes différentes. Un jour nous admirâmes ainsi un 
réséda haut en tige de 60 centimètres et cultivé en girandole : il avait 
ses branches occupant un diamètre d’un mètre, quarante centimètres, 
retombant avec grâce sur une armature en fil de fer, en demi-globe et de 
ces branches s’élevaient des milliers de fleurs odorantes. Ces sortes de 
merveilles s’observent fréquemment chez nos horticulteurs intelligents. 


SUR LA CULTURE EN POT DES PENSÉES. 


Les personnes qui n’ont jamais essayé la culture en pot des pensées 
ne sauraient se faire une idée de la profusion de fleurs éclatantes qu’on 
peut leur faire porter dès les premiers mois de l’année. Avec un peu de 
ménagement les pensées donnent des fleurs parfaites, à partir de Îa 
dernière quinzaine de mai. La Pensée n’est pas en réalité une plante 
d’une culture pénible, elle réclame peu de soins difficiles, mais ils sont 
quelquefois minutieux. Ainsi, si l’on veut en faire fleurir au printemps, 
on les transplante en octobre de la pleine terre en pots. On les rempote, 
si le temps est serein, à la fin de janvier ou pendant les premiers jours 
de février, dans une terre formée de marne tourbeuse, d'engrais con- 
sommé, d’un peu de terreau de feuilles, et de plus ou moins de sable 
grossier, de manière à rendre le sol léger. Cette terre ne doit même pas 
être raffermie par la main, et il ne faut pas arroser pendant le premier 
ou le second jour de rempotage. Avant comme après cette opération, 
les plantes doivent être placées près des vitres de la couche. Elles ont 
alors de deux à six rejetons, et pour conserver à ces rameaux prin- 
cipaux toute leur vigueur, il est bon de supprimer les plus faibles. Ces 
jeunes scions peuvent d’ailleurs servir à multiplier la plante. La couche 
ou la bâche, dans laquelle on les abrite, doit être maintenue ouverte 
chaque fois que le temps est favorable, et l’on conserve les plantes en 
état de croissance en les arrosant chaque fois que la nécessité s’en fait 
sentir. Les plantes qui ont plusieurs rameaux doivent être traitées 
d’une certaine facon; la branche centrale maintenue verticalement, et 
toutes les autres disposées tout autour à égale distance. La même plante 
peut ainsi, successivement fournir des fleurs que l’on expose coupées, ou 
bien elles peuvent concourir en entier. 

Si l’on suit ces recommandations, on peut être assuré d'obtenir, comme 
résultat, une ample moisson de fleurs et une floraison hâtive. T. 


QUELQUES MOTS SUR LES AURICULES. 
Vers la mi-mars les plants sont assez avancés pour que l'on puisse 
choisir ceux qui doivent être cultivés spécialement ou que l’on destine 


— 205 — 


à figurer à une exposition. Les jurys sévères exigent non moins de sept 
hampes florifères ; il faut par conséquent rechercher spécialement les 
plantes qui promettent ce nombre ou davantage, et porter ensuite son 
attention sur les boutons qui doivent être ronds et aussi forts que 
possible, et sur la forme générale de la plante qui doit être presque 
circulaire et bien compacte. Si une hampe monstrueuse ou difforme 
s’annonçait, il convient de la supprimer dés son apparition. Pendant la 
période de croissance, il faut prendre les plus grandes précautions en 
arrosant de manière à ne pas laisser tomber de l’ean dans le cœur de la 
plante, et cela parce que, dès le jeune âge du bouton, cette fine efflores- 
cence blanche ou poussière de l’œil peut être endommagée. Le contact 
de l’eau suffit pour l’enlever, et dès-lors la plante ne sera plus digne de 
figurer honorablement dans une exposition. Les variétés dont les feuilles 
présentent la même glaucescence, demandent des soins encore plus : 
minutieux pour conserver ce duvet si léger et si fugace ; il est utile alors 
de les protéger par une latte assez large contre les dégâts de la pluie, 
mais sans empêcher toutefois la circulation de l'air ni l'accès de la 
lumière. 

Les Auricules demandent une terre riche et douce; le vieux fumier 
de vaches leur convient aussi très-bien; elles aiment à étre cultivées à 
l'ombre, c’est-à-dire abritées du soleil du midi au soir, mais pas sous 
les arbres, ni trop près des murs, où elles séchent et s’altèrent trop 
pendant l’été, car l’Auricule est native de vallons humides. L. 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


Dipladenia Harrisii. Purdie. — Hook., Bot. Mag. Année 1855. 
Tab. 4825. Dipladenia de lord Harris. armé des Apocynées. — Pen- 
tandrie Digynie. — Arbuste grimpant glabre, à feuilles amples, ovales- 
oblongues, acuminées, grappes axillaires plus courtes que les feuilles, 
fleurs penchées avant l’anthèse ; lobes du calice ovales très-obtus, por- 
tant intérieurement sur le côté une petite écaille ; corolle à tube étroit à 
la partie inférieure et à base renflée; cinq écailles hypogynes sub-digitées, 
unies à la base en une cupule couronnant l'ovaire; étamines insérées sur 
la partie étroite du tube de la corolle, anthères velues. 

Ce nouveau Dipladenia est originaire des bords de la rivière Caroni et 
de l’est du mont Tamana dans l'ile de la Trinidad, où elle fut récemment 
découverte par M. Purdie, l’intelligent directeur du Jardin botanique de 
cette île. Elle a fleuri la première fois en Europe, en septembre 1854, 
chez MM. Veitch et fils, les célèbres horticulteurs d’Exeter. M. Purdie 
fait remarquer que cette belle plante n’est surpassée par aucune de ses 
congénères ; elle est belle par la taille, la beauté ou le parfum suave de ses 
fleurs qui ont un reflet métallique et elle est remarquable par son port 
tout entier. Elle diffère de la plupart des Dipladenia connus, par ses folioles 


— 206 — 


calycinales très-obtus et la nature particulière des glandes hypogynes. 

Voici, d’ailleurs, la description complète du Dipladenia Harrisii, d'après 
sir William Hooker : Arbuste ramifié, grimpant; rameaux arrondis, 
glabres; feuilles opposées, les plus grandes atteignent de douze à quinze 
pouces de longueur, sur quatre à cinq de largeur, oblongues presque 
ovales, s’amineissant en pointe; submembraneuses, souvent rouges à la 
face inférieure. Pétioles à peine d’un pouce de long, robustes. Grappes 
axillaires et terminales, multiflores. Pédicelles ordinairement longs d’un 
pouce, rouges, pourvus de bractées, courbés avant la floraison, de ma- 
nière à paraitre pendants. Calice à cinq lobes ou segments profonds, ovés, 
obtus, presque imbriqués, légèrement concaves, verts et engainant la 
base renflée de la corolle; chaque foliole présente à la face intérieure, 
vers la base et près du bord, une petite écaille orbiculaire, dentée; 
deux des folioles sont plus petits que les trois autres. Corolle grande et 
élégante, odorante, d’un jaune luisant satiné, le tube teinté à l'extérieur 
et veiné à l’intérieur de rouge; cette teinte s’étend jusque sur le limbe en 
formant des stries bifides. Le limbe atteint en diamètre trois pouces et 
demi; tube en entonnoir, comprimé vers le bas, renflé à la base et 
marqué de cinq côtes; les lobes du limbe sont grands, étalés, presque 
arrondis. Chaque inflorescence se compose de dix à douze fleurs. Eta- 
mines incluses insérées sur le tube à la partie étranglée vers la base; filets 
courts duveteux; anthères sagittées, velues à la partie postérieure, de 
chaque côté terminées inférieurement par une épine. Ovaires au nombre 
de deux, glabres, entourés par cinq glandes fimbriées ou presque digitées, 
unis à leur base par un disque en forme de coupe. Styles unis, stigmate 
bifide à la pointe, renfermé dans un étui formé par les anthères. 

Nous avons signalé au T. IT, p. 515 de la Belgique horticole le Dipla- 
denia flava, que l’horticulture doit également au zèle de M. Purdie; la 
nouvelle espèce, le Dipladenia harrisii, est beaucoup plus remarquable, 
ais s’en rapproche par la coloration générale. 

Culture. Le Dipladenia Harrisii est comme ses congénères une plante 
de serre chaude, aimant la chaleur, surtout en été à l'époque de la flo- 
raison; il ne craint pas les rayons direets du soleil, si l’on fournit aux 
racines une quantité d’eau suffisante à l’évaporation. Il est préférable de 
le planter en pleine terre près des vitres de la serre ou dans une partie 
bien éclairée. La terre doit être un mélange de terre de bruyère et de 
terre argileuse ou de sable siliceux à gros grains, les arrosements fré- 
quents pendant la période de végétation, mais le drainage bien soigné et 
entretenu. Après la floraison la plante exige moins d'eau. 

La multiplication se fait par boutures sous cloches en bâche chaude, en 
choisissant de préférence des jets d’une certaine force. 


Dipladenia acæminata W. Hooker. — Hooker, Bot. Mag. 
4855. Tab. 4898. — Famille des Apoevnées, Tribu des Echitées. — 


__ 997 — 


Pentandrie Monogynie. — Ce nouveau Dipladenia provient des serres 
de MM. Veitch et fils, à Exeter, où il a fleuri pour la première fois en 
juillet 1854; il est très-voisin du Dipladenia crassinoda, envoyé du 
Brésil par M. Clausen, et qui est désigné dans les catalogues sous le nom 
d'Echites crassinoda. La nouvelle espèce a, comme sa sœur, le Brésil pour 
| patrie, mais comme elle aussi, elle semble avare de ses belles fleurs roses. 
| Le Dipladenia nobilis décrit dans les Annales de la Société royale de 
botanique et d'horticulture de Gand, t. III, p.551, 1847, parait également 
bien voisin du nouveau Dipladenia acuminata de sir William Hooker. 

_ Le Dipladenia acuminata est un arbrisseau à tige grimpante, absolu- 
ment glabre; feuilles opposées, portées sur de courts pétioles, de forme 
presque elliptique ou ovale, submembraneuses, brièvement aeuminées, 
penninervées et réticulées à base cordée. Au point d'insertion des pétioles 
sur la tige on trouve deux éeailles en forme de stipules ou plus exacte- 
ment deux stipules écailleuses, charnues, laciniées, presque étoilées. 
Inflorescence en grappe subpaniculée, multiflore; fleurs très-grandes, 
d’un rose foncé, plus ombré dans la gorge; calice à cinq folioles, découpé 
jusqu'à la base. La corolle est forte avant son épanouissement, le tube 
infondibuliforme et campanulé dans la moitié supérieure, cylindrique, 
étranglée et blanche dans sa moitié inférieure. Le limbe mesure quatre 
pouces de diamètre, les lobes sont étalés horizontalement, obliques, 
presque arrondis, mais s'étendant en une longue pointe et de là le nom 
de Dipladenia acuminata. 

Le Dipladenia acuminata diffère du Dipladenia Harrisii par le port, 
par un feuillage plus maigre, par l'état glabre de toutes ses parties, par 
la couleur de ses fleurs, etc. 

. La culture est celle de toutes les espèces du genre. 


& 


Hoya lacunosa. Biume, Bvdr., p. 1065. — Dene. in De Cand. 
…— Prüdr., voi. 8, p. 658. — Blume, Rumphia, vol. 4, p. 184, fig. 2. 

. Synonymie : Olostemma lacunosum, Blume, Rumphia 1. e., p. 30. — 
…— Walp, Annal. Bot. Syst., vol. 5, p. 65. — Famille des Asclepiadées ; 
. Pentandrie Digvnie. — Cette nouvelle asclépiadée eroit, d'après Blume, 
_ sur les trones des arbres, non-seulement à Java, mais aussi dans les 
“autres îles de l'archipel Indien; elle ressemble beaucoup, tant par son 
facies que par son mode de croissance, à l'Aoya Bella, quoique moins 
4 se et moins jolie que cette derniere; elle manque de cette macule 
rouge qui se détache si bien sur le fond blanc d'argent des fleurs de 
bHoya Bella. L'archipel Indien abonde en espèces rangées dans les Æoya; 
ce genre est aujourd'hui subdivisé par les auteurs. Le Æoya lacunosa 


— 208 — 


d'étendue ; les feuilles sont opposées, elliptiques, lancéolées, de nature 
intermédiaire entre le coriace et le charnu, acuminées et présentant à la 
face supérieure, ce qui justifie l’épithète de lacunosa, une nervure mé- 
diane et quelques veines latérales déprimées ou enfoncées. Pétioles courts 
et épais; pédoncules naissant à l’aisselle des feuilles, généralement plus 
courts que celles-ci, solitaires, portant de nombreuses fleurs disposées en 
ombelles ; ces fleurs sont assez petites, à calice formé de cinq lobes ovés 
elliptiques, arrondis, dentés sur les bords et le long de la côte médiane. 
Corolle rotacée (en roue), d’un jaune verdâtre à cinq lobes ordinairement 
réfléchis; leur surface intérieure revêtue d’un cercle de poils veloutés 
qui rehausse la couleur terne de la fleur. La couronne staminale formée 
de cinq folioles étalés, lancéolés, concaves au sommet. 

C’est une plante de serre chaude, à laquelle la culture aérienne con- 
vient admirablement; cultivée dans une corbeille suspendue, elle laisse 
pendre ses tiges flexibles qui atteignent trois pieds environ; elles émet- 
tent des racines aériennes et se couvrent de fleurs. Elle peut aussi 
s'élever verticalement, et alors se fixe autour d’un tronc d'arbre ou sur 
la muraille par ses racines adventives faisant l’office de crochets. 

La reproduction en est très-facile, elle se fait par boutures, sous 
cloches dans une bâche. 


Escailonia pterocladon. W. Hooker.— Hook., Bot. Mag., 1855. 
Tab. 4827. Famille des Saxifragées. — Pentandrie Monogynie. C’est un 
arbrisseau auquel un heureux avenir paraît réservé; il est décidément 
rustique, au moins dans la grande Bretagne, mais il est probable qu'il 
résistera aux froids des hivers de Belgique; il atteint quatre à cinq pieds 
d’élévation et se surcharge de fleurs ; ces fleurs ressemblent à celles des 
Epacris, elles sont de fond blanc teinté de rose, et de plus ces fleurs sont 
odorantes. Peu d’arbustes réunissent autant de qualités et, cependant, il 
nous arrive de la Patagonie, mais l’âpreté de son inhospitalière patrie 
est peut-être un mérite de plus. L’Escallonia pterocladon fut envoyé par 
M. W. Lobb à MM. Veitch et fils, qui la virent fleurir en juillet 1854. 

L'Escallonia pterocladon forme un petit arbrisseau touffu à branches 
ailées ; le vieux bois est couvert d’une écorce lâche, fendillée, papyracée, 
et se détachant facilement; les rameaux sont rouges, droits, roides, 
paraissant singulièrement anguleux par la présence d'ailes courant le 
long des branches en cinq lignes parallèles sinueuses, pubescentes ou 
frangées sur le bord. Feuilles éparses, nombreuses, petites, les plus 
grandes ont environ un centimètre de longueur, étalées ou souvent 
réfléchies, persistantes, lancéolées, aigues, coriaces, d’un vert foncé, 
luisantes, penninerviées, dentelées en scie et à dents presque glandu- 
Jeuses, s’amincissant vers leur partie inférieure en un mince pétiole. 
Fleurs abondantes sur toutes les jeunes branches; elles naissent solitaires 
à J’aisselle des feuilles et pendantes; elles ressemblent par le facies aux 


PR IN CR 
‘ 


bd 209 — 

Epacris. Les feuilles deviennent de plus en plus petites à mesure que l’on 
se rapproche de l'extrémité du rameau où elles sont devenues des petites 
bractées à peine visibles. Les pédicelles floraux sont courts, rouges, 
munis de deux petites bractées opposées, lancéolées et à dentelures 
glanduleuses. Le tube du calice est complètement glabre, turbiné et non 
anguleux; la moitié inférieure, soudée à l'ovaire; la partie supérieure, 
libre, divisée jusqu’au milieu en eing dents acuminées et munies sur les 
bords de deux ou trois dents glanduleuses. Pétales spatulés, à onglets 
larges, dressés, et tellement rapprochés, qu'ils forment un tube cylin- 
drique et semblent constituer une corolle gammopétale, à lames obovées, 
étendues. La corolle est blanche teintée de rouge. Étamines ineluses. Le 
style épais, élargi en haut, de la longueur de l’onglet des pétales ; 1l est 
entouré à la base par une grande glande épigyne ou torus. Stigmate 
large, pelté. ; 

La culture doit être analogue à celle de l’Escallonia macrantha (Belg. 
Hort., t. 5), avec cette réserve que l’Escallonia pterocladon paraît beau- 
coup plus rustique. On lui donnera donc de la bonne terre de bruyère 
fibreuse et une station bien aérée. 


PROCÉDÉ POUR TRANSMETTRE AU LOIN LES BULBES 
A L'ÉTAT DE VIE, 


Le commerce immense de plantes que fait l'horticulture anglaise avec 
les différentes contrées du globe, introduit chaque année dans les Trois- 
Royaumes un grand nombre de plantes bulbeuses. La Société d’horticul- 
ture de Londres recoit notamment beaucoup de bulbes de l'Inde. Des 
expériences intéressantes ont été faites sur le meilleur moyen de con- 
server, à l’état sain, ces bulbes pendant de longs voyages, car on sait 
qu’elles pourrissent facilement. Une partie d’oignons avait été expédiée 
de l'Inde, simplement enveloppés de coton ou de ouate et empaquetés 
dans du papier brun ; une autre partie, composée des mêmes espèces 
avait été préparée au moyen de la cire; une couche de cire blanche avait 
été coulée autour de chaque bulbe, laquelle ensuite était enveloppée de 
coton. Les bulbes enveloppées simplement de coton avaient poussé en 
route des racines et les bouts supérieurs avaient aussi végété considéra- 
blement. Celles recouvertes de cire étaient restées à l’état stationnaire et 
se trouvaient fraiches et fermes. Les premières se mirent à pousser vite, 
confiées à la terre, mais bientôt la faiblesse les attaqua. Les autres n’eurent 
aucune débilité et végétèrent avec une grande force et une vigueur nor- 
male. Dans plusieurs caisses, les bulbes dans le coton avaient péri, tandis 
que celles préparées dans de la cire offraient toutes une santé parfaite. 

Nous engageons nos horticulteurs belges qui reçoivent des contrées 
lointaines des plantes nouvelles, à recommander ce procédé à leurs 
voyageurs. Mx. 


BELG. HOT. T. V. 18 


— 210 — 


LITTÉRATURE HORTICOLE. 


LE PRINTEMPS ET LES PLANTES, 
Par M. Jures DeErize. 


A peine les tempêtes ont-elles emporté sur leur souffle impétueux les 
neiges qui couvraient l’atmosphère, que le soleil s'arrête plus longtemps 
sur l’horizon, et ses rayons descendent sur la terre, plus vifs et plus 
fécondants. Ils gagnent tous les jours en force, et sous cette chaleur bien- 
faisante la nature a bientôt laissé le triste aspect des frimas ; déjà les 
préparatifs d’une saison nouvelle sont achevés, la sève a cireulé dans la 
branche qui semblait privée de vie pour toujours, le bourgeon naissant ou 
le châton délicat étalent toute la vigueur de la jeunesse et le printemps 
fidèle à la voix puissante qui l’appelle, ramène avec la joie, l'espérance 
des beaux jours, et le désir de contempler enfin les divertissants tableaux 
de la belle nature. 

Le pauvre sur le seuil de sa cabane le salue avec le même bonheur que 
le riche industriel des villes, que le seigneur des manoirs ou des palais; 
car il est des consolations et des joies que le créateur n’a refusées à per- 
sonne, et celles d'admirer l’œuvre d’une nouvelle création, de bénir ses 
bienfaits, sont certainement les plus douces comme elles sont les plus 
innocentes et les plus légitimes. 

Suivez le vaillant chevrier au sommet des roches, sur le bord des pré- 
cipices, c’est là qu’il mêne son troupeau capricieux brouter la mousse ou 
le lichen; naguëre encore ces montagnes dont la cime grisâtre se dessine 
à l’horizon, étaient couvertes de neiges et de glaces; les vallons que vous 
voyez à vos pieds étaient comblés par les avalanches et ce magnifique 
paysage qui se déroule sous vos yeux n’était qu'un immense désert sans 
attrait et sans vie. 

O printemps! tu parcours en vainqueur les campagnes, tu traverses 
les ravins semant les fleurs sous tes pas et tu portes la fécondité jusqu’au 
sommet des monts! 

Là, je trouverai sur ton passage le lierre dont le feuillage éternel s’est 
ranimé sous ton souffle, la graminée balancée mollement au gré des 
zéphirs, l’églantier qui sort des fentes du rocher et porte déjà sur sa tige 
hérissée la promesse d’une floraison prochaine; là, je reconnaïtrai encore 
tes largesses à l’odeur suave qui s’exhale du thym et du serpolet. Pressé 
sous le poids du jeune chevrier qui l’a choisi pour sa couche rustique, 
leur sombre gazon ne peut plus contenir le parfum qu'il récèle, et l’air 
embaumé qui l’entoure s'envole sur les vents avec le refrain monotone 
que répète le gardien du troupeau pour égayer ses loisirs. 


Pr res 


Mais ce n’est là que l’avant-plan du tableau; portez jusqu’à l'horizon 
vos regards; quel spectacle, quelle diversité, quelle vie se manifeste 
partout! 

Non, cette vaste étendue de verdure ne lassera pas votre vue, Dieu a 
su y ménager les couleurs, y diversifier les dessins; c’est du vert et du 
blanc, c’est du jaune et du vert que vous apercevez maintenant, que vous 
perdez un instant après, sous les ondes que le vent soulève comme les 
flots de la mer, sur cette natte verdâtre sans écueil et sans eau. 

Voyez sur le penchant de la colline, le berger, couché mollement dans 
un lit de gazon, suivre d’un œil attentif l’agneau prenant ses joyeux ébats 
à côté de sa mère, et dans.le lointain ces immenses bouquets où les arbres 
fruitiers mélangent les couleurs les plus tendres. 

Où trouverez-vous dans vos jardins des sites si pittoresques et si variés? 
Leurs longues allées vertes tirées au cordeau, les arbres que l’art a taillés, 
ces treillis et ces parcs n’ont rien de comparable à la majestueuse sim- 
plicité des prairies; l’âme s’y trouve à l’étroit, mais ici tout s'agrandit 
devant elle et semble ne mettre nulle borne à sa liberté. 

Riantes campagnes, dont la verdure onduleuse cache dans ses tubes 
l’épi solidaire du laboureur, et vous fleuves majestueux qui portez sur vos 
rives l'abondance et la fertilité, malgré les charmes que vous offriez à 
mon imagination ravie, ce n’est point vous que je veux parcourir au- 
jourd’hui, c’est le tapis vert des prairies, émaillé de mille couleurs, qui 
réclame avant vous mon attention et mes recherches. 

Descendons jusqu'à lui, car jusque dans ses moindres détails il cache 
d’étonnants secrets, de ravissantes beautés. 

Qu'il est doux en effet de rêver en foulant à ses pieds le gazon tout 
humide encore de la rosée du matin! L'air qu’on y respire est pur et 
tranquille, le plaisir y est sans mélange, les scènes qu’on y admire 
changent de face à chaque instant. L’herbe, qui ploie sous le poids des 
cristaux que chaque brin supporte, se relève insensiblement quand le 
soleil montant à l'horizon vient changer en vapeur ces perles brillantes 
répandues par millions sur le pré. Voyez ici cette orgueilleuse corolle 
étaler une à une ses pétales fermées à l’approche de la nuit, sans doute 
parcequ’elle réserve ses charmes pour la lumière du jour et les nombreux 
admirateurs qu’il lui attire ; et plus loin, cette fleur plus naïve qui relève 
vers le ciel sa tête qu’elle avait inclinée au crépuscule, comme si elle 
craignait une nuit trop fraiche ou des froids trop tardifs. Les unes s’en- 
trelacent avec l'herbe et rompent la monotonie de sa verdure par leurs 
nombreuses couleurs ; là-bas, sous l’ombrage des haies, il faudra même 
écarter le gazon pour découvrir la timide violette dont le parfum a trahi 
la retraite; d’autres, plus hardies et plus fières, se balancent sur leurs 
tiges élevées et semblent être nées pour régner sur leurs sœurs. 

La marguerite avec sa nombreuse famille, au disque jaune que cou- 
ronne une frange blanche et rose, ne paie point un léger tribut à la 


Ne 
EE 1e … : < 


— 212 — 


variété des dessins; souvent elle se rencontre avec le primevère doré pour 
se fuir ensuite et se retrouver encore. Cent variétés de renoncules et 
d'anémones marient leur feuillage et leurs fleurs qui réclament de l'ama- 
teur un regard attentif. 

Quel est ce léger tourbillon qui vient de s’abattre sur le trèfle pourpre? 
Je m'approche et bientôt au bourdonnement qui s’en échappe je recon- 
nais une troupe laborieuse d’abeilles qui s’est enfuie de sa lointaine 
demeure pour recueillir dans le calice des fleurs la cire où le miel qui - 
doit former ses gâteaux. Soit pour imiter leur zèle et leur activité soit 
pour étaler ses rubis, un papillon court de fleur en fleur caresser un 
instant leur calice du bout de sa trompe; il tournait sans cesse au milieu 
des abeilles, le voilà qu’il s'éloigne et revient aussitôt. Vole, vole, beau 
papillon au gré de tes eaprices, fais plier la fleur qui te sert de trône, vas 
contempler ta riche parure dans le cristal des eaux et tu seras l’image de 
cette jeune beauté s’admirant dans la glace qui réfléchit ses attraits! Ses 
vêtements sont moins beaux que tes ailes, mais ses pensées sont aussi 
légères que toi. 

Je l’ai trouvé enfin, le petit ruisseau de ce pré! J'avais entendu depuis 
longtemps le doux murmure de ses eascatelles, mais jusqu'ici les mer- 
veilles succédant aux merveilles n'avaient point laissé de trève à mon 
admiration, ni à mes surprises ; depuis longtemps encore, je m'étais 
demandé : d’où vient ce ruban de gazon plus touffu qui serpente le long 
de la colline, mais alors j’errais toujours dans les routes multipliées de ce 
labyrinthe que tracent les fleurs sur la verdure uniforme. Et c’étaient là 
tes joyeuses rives, source limpide, où tes flots s’écoulent lentement entre 
le myosotis, la véronique et le cresson, où leurs fleurs, se penchant sur tes 
ondes, entremêlent leurs fraiches nuances avec l'or et l’azur des cieux, où 
la fauvette, après avoir répété sa chanson, désaltère son gozier sonore, où 
l’hirondelle dans ses ébats vient puiser l’eau qui liera le ciment de ses 
solides constructions. 

Ah! je le vois bien, tu n’as point passé par les étangs ni les canaux, 
tes flots ne seraient plus si purs, tes bords si pittoresques et si fertiles! 
C’est là, dans ce bosquet voisin, dans les fissures du rocher que se dis- 
tillent tes eaux, une verte bordure parsemée de bleu et de blanc m'y 
conduit par des détours sans nombre. J'arrive enfin à la lisière du bois. 

Végétation nouvelle, beautés nouvelles aussi! L’Orobus et la Consoude 
en ceignent le coniour d’une large couronne, un air embaumé circule 
autour des buissons de l’aubépine en fleurs, le sentier est jonché des 
débris de ses bouquets et la poussière fécondante des châtons du saule 
et du noisetier recouvre d’un jaune verdâtre la blancheur des pétales 
cffeuillées. 

Que renferment donc ces retraites où règnent le mystère et la fraicheur 
si les bords en sont déjà si riants? 

L'âme en y pénétrant ne peut se défendre d’une douce mélancolie à la 


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. 


— 215 — 


à la vue de cette profonde solitude, de ce demi-jour qui y pénètre à 
travers les fourrés et les cimes des arbres ; mais ce sentiment sombre qui 
vous saisit d’abord fait bientôt place à la joie et à l'admiration. 

Quel ravissant concert! quelle douce mélodie ! 

Écoutez la fauvette répéter sur la branche du noisetier son salut à 
l'aurore, tandis que sa compagne tresse dans l’épaisseur du génévrier ou 
des broussailles l’artificieux rempart qui doit sauver le fruit délicat de ses 
amours, ou plus tard sa timide famille, de la main cruelle de l’écolier; la 
mésange lui répond dans le creux d’un vieux hêtre. Tantôt le rossignol 
gémit, tantôt après avoir étudié mes mouvements, il reprend d’un ton 
plus ferme l’harmonie de son ramage. — O printemps ! je t'ai suivi dans 
la prairie, au fond des bois et jusqu’à la cime du rocher, mais ce n’est 
point là que s’arrêtent tes pas! J’impose un instant silence à mon admi- 
ration, j'écoute plus attentif, je lève les yeux et je cherche dans les airs, 
d’où me peut venir ce concert magnifique qui vient de frapper mon 
oreille. J’apercois enfin dans la région des nues un petit point noir qui 
plane parfois immobile, parfois s’agite légèrément...… C’est l’allouette 
qui chante son hymne du matin. 

Que l’on a de peine à vous quitter, petits oiseaux ! mais ce n’était point 
vous que je venais chercher en ces lieux... Une plante, une petite fleur 
manque encore à mon bouquet ! 

La voilà qui s'étale sur une immense plaque à côté des narcisses.…. 
Voyez cette tige surmontée de deux feuilles seulement, du milieu des- 
quelles s'élèvent en grappe quelques fleurs blanches inclinant vers la 
terre leur forme urcéolée. Ne passez pas sans la cueillir, soumettez-là au 
jugement de votre odorat. Quel parfum s’en exhale! Vous l’avez reconnu, 
c’est l’arome du muguet, c’est lui avee sa simplicité qui sied si bien 
quand elle est jointe à la grâce, c’est lui avec sa modestie qui veut naître 
à l'ombre des bois et qui vous refusera même le tribut de ses fleurs si 
dans vos parterres vous lui assignez une place; c’est lui enfin avec son 
joyeux symbole qui m’inspira ces vers lorsque pour la première fois je 
cherchais au milieu des fleurs un délassement dont la douce nécessité n’a 
fait que s’accroitre avec la jouissance. Permettez-moi de les redire ici; 
pour moi, ils appartiennent à cette charmante fleur, puisque c’est elle qui 
les a inspirés; laissez-moi les déposer au bas de son portrait : 


LE MUGUET. 
{Symbole du retour du bonheur.) 


Doux parfum du bois solitaire 
Tu te caches sous le gazon, 
Tandis que la rose éphémère 
Se pavane sur le buisson. 


Crains-tu que ton soutien fragile 
Cède trop tôt aux coups des vents ? 


— 214 — 


Crains-tu qu'une main {rop habile 
Vienne trancher tes jours naissants ? 


Ah! l'aquilon de ta corolle 

Ne flétrira pas la fraicheur ; 
Mais, hélas ! ton joyeux symbole 
Sera l’objet de ton malheur ! 


J'aime cette riche verdure 

De tes fleurs rehaussant l'aspect, - 
Ton parfum, ta noble parure 

Et ton nom même, humble muguet. 


J'aime ton argent qui scintille 
Pendant qu'aux premiers feux du jour, 
Les larmes que la nuit distille 
Ruissèlent tombant tour à tour. 


Mais j'aime surtout ton langage 
Qui dévoile un heureux printemps, 
Quand vers une lointaine plage 
L'hiver s'enfuit sur les autans. 


Hélas! si ma main trop cruelle 
Na pas respecté ta fraicheur, 

C’est que ton parfum me rappelle 
Que le plaisir suit le malheur! 


Ah! ne te lasses pas d’éclore; 
Comme le ruisseau du désert. 
Qui de son onde arrose encore 
La mousse dont il est couvert. 


Si bientôt tu vas disparaitre 
Du riche tapis de nos bois, 

Le printemps te fera renaître 
Frais et brillant comme autrefois. 


Oh! qu'ils s’écoulent rapidement ces jours qui rendent la vie à la nature 
engourdie ? | 

Que leur vol est précipité! Il vous semble qu'il y a peu de temps 
vous voyiez encore avec ardeur dans le lointain de l’avenir leur riante 
perspective, et maintenant on dirait qu’ils vont déjà nous quitter. 

O jours délicieux! ne vous éloignez pas encore, vous n’avez point passé 
sur notre indifférence !... Mais que dis-je? Ah! suivez plutôt l’invariable 
loi que vous a tracée le créateur, allez où la voix qui vous appela naguère 
vous rappelle aujourd'hui; allez porter à d’autres contrées ce cri que 
vous avez entendu ici : Oh! que la nature est belle! allez après avoir 
ouvert à nos yeux une saison plus brillante encore qui nous fait répéter 
en bénissant son auteur : Oui, la nature est belle! 


LS 


ARCHITECTURE HORTICOLE. 


PLAN D’UNE GRANDE HABITATION DE CAMPAGNE, 
D'APRÈS LES DESSINS DE M. RUDOLPHE SIEBECK. 


Nous donnons ici le plan détaillé d’une charmante résidence d'été, 
qui sera certainement utile à plus d’un grand propriétaire pour modeler 
la sienne sur les dispositions qu’il présente, il sera même très-avantageux 
à celui qui ne jouit pas d’un aussi vaste domaine, car il pourra y lire ou 
le système d’une modification réduite, ou le secret de tirer parti des 
moindres positions naturelles et de renchérir même sur le pittoresque 
des lieux. 

Le château est situé sur la rive d’un grand fleuve, qui peut bien y 
apporter le bruit lointain de la ville, mais qui n’entraine pas avec lui les 
soucis ct les travaux dont chaque jour y est rempli; faible image de 
l’activité tumultueuse qui y règne, le passage continuel des navires ne 
sert au milieu des champs, qu’à faire trouver plus profonde la paix qu'on 
y goûte, qu'à amener de temps en temps une main à serrer, un vieil ami 
à accueillir. 


A. Désigne le château, bâti dans un style simple et noble. Un magnifique 
horizon, que l’œil peut embrasser d’un regard demi-cireulaire, se 
déroule sur le devant et n’est limité çà et là que par quelques gracieux 
massifs d'arbres, où la vue frappée d’abord par la tendre verdure des 
pelouses se repose agréablement sur un feuillage plus sévère et plus 
sombre. Au loin, le tableau se termine par une colline que surmonte 
une antique ruine portant encore dans ses débris une apparence de 
végétation, symbole de la vie luttant contre la mort, et par une chaine 
de montagnes couvertes de forêts où l'imagination à bientôt pénétré 
pour chercher mille sites pittoresques et les scènes les plus animées. 
Du côté du jardin le spectacle à changé, mais l’espace que l’on peut 
parcourir d’un coup d'œil n’est ni moins vaste, ni moins agréable que 
celui que nous venons de décrire. Ce sont d'immenses plaines qui 
s'étendent jusqu’au pied d’un vignoble ; ces vastes prés sont bordés de 
quelques jolis massifs qui laissent place, de distance en distance, à l’un 
ou l’autre arbre solitaire. Plus loin, si vous suivez la grande route 
bordée de peupliers, le regard vous conduit à un riant village du 
milieu duquel s'élève somptueusement la tour de son église gothique. 
Peut-on trouver une position plus heureuse ? Le coucher du soleil 
qui dore de ses derniers rayons la croix du temple, le moment où le 
couvre-feu vient interrompre le silence profond de la nature, n'ont 
pas moins que l'aurore leur caractère propre et leurs charmes; et 
lorsque plus tard, la lune vient éclairer de sa pàle lumière cet agréable 


Le D - ldiétin tte di ne Ph he ÊT : Gé 


— 216 — 


tableau, ou réfléchir ses rayons d'argent dans le miroir du fleuve, la 
scène n’a encore rien perdu par cette teinte mystérieuse qu’elle a 
revêtu tout-à-coup. 

PB, Un pavillon octogone situé au bord du fleuve, et d’où la vue s’étend 
sur le rivage opposé. 

C. Écuries et habitations des sujets. Les portes doivent être accessibles 
du côté de la grand’route. La facade de cette construction doit servir 
d’embellissement au jardin. 

D. Groupe de nymphes effrayées. 

E. Mabitation du jardinier. 

F. Temple de Cérès situé au sommet d’une colline : de là le regard 
s'étend sur tout le pare, le village et son église. 

G. Pavillon au sommet d’un monticule. Il doit être assez spacieux pour 
contenir au moins un salon et une autre chambre. La conversation 
intime viendra souvent s’y délasser; l’esprit rêveur et poétique ira s’y 
abandonner au libre essor de son imagination, enchantée du riche 
théâtre qu’elle y trouvera. C’est de là qu’on domine à gauche la jolie 
maisonnette du jardinier, au devant se présente le village et son église 
ombragée de tilleuls, à droite les vignobles derrière lesquels la vue se 
perd dans les montagnes éloignées. C’est de là qu’au temps de la ven- 
dange on aperçoit les joyeux vignerons recueillant les grappes bien 
nourries, dont le jus délicieux passera souvent plus d’une génération 
dans le cellier, pour réjouir à la fin le cœur de celui qui le boira à la 
mémoire de ses ancêtres; le joyeux chœur des vignerons mêlé au son 
de la cloche argentine, ou bien au carillon des clochettes qu’agitent les 
troupeaux, y arrive porté par le souffle embaumé des zéphyrs. 

H. Le village consistant en/quelques simples et propres cabanes, qui 
longent des deux côtés l’allée des peupliers. 

I. L'église en style gothique, entourée de tilleuls, placée au faite d’une col- 
line, forme avec les autres points du domaine un contraste enchanteur. 

J. Parcours capricieux du ruisseau. 

K. Le dieu Pan se reposant sur un rocher ombragé de bocage. 

L. Un haha d’où la vue non interrompue s’étend sur les prés fleuris 
près du village. 

M. N. O. Grillage de fer assez large pour ne pas intercepter la vue. 

. Bancs de repos dans le voisinage de la porte d’entrée. 

. Banc donnant vue sur les étables. 

Banc d’où l’on découvre le château. 

Banc de mousse près du groupe des Trois-Grâces, de Canova. 

. Banc avec vue sur les prés élevés. 

. Banc d’où l’on peut observer l'habitation du jardinier. 

Banc au milieu de la colline invitant le promeneur au repos. 

W. Banc avec vue sur le village et les prés attenants. 

X. Banc au milieu d’une ombre épaisse près de la statue du dieu Pan. 


ISS2ESS 


— 217 — 


Ici le doux murmure du ruisseau se fait entendre ainsi que le chant 


du rossignol. 


Y. Banc derrière un massif d’où l’on observe l’habitation du jardinier. 
Z. Banc d’où la vue s'étend sur les prés. 
ZZ. Banc d’où la vue s'étend sur presque tout le domaine. 


BZ. Banc de repos près du château. 


AZ. Banc d’où la vue porte sur le temple de Cérès. 


Les numéros 1, 2, 5, 4, 5, 6, indiquent des 
massifs de mêmes fleurs : I. Première fleur. 
Jacinthes disposées d’après leurs couleurs. 
IL. Seconde fleur. Verbena atroviolacea. 

7. Parterre. — I. Tulipe mélangée de Cro- 
cus. — II. Pelargonium rouge vif. 
8. Parterre.—I.Tulipes hatives, hollandaises 
naines. — IL. Hortensia bleu. 
9, Parterre de roses du Bengale. 
10. Parterre d’anémone coronaria variées. — 
IL. Reine Marguerite. 
11, Parterre. — I. Jacinthe. — Heliotropium 


grandiflorum. 

12. Parterre. — I. Crocus, — Plumbago- 
cœrulea. 

13. Parterre. — I. Myosotis alpestris. — 


IL. Erythrina corallodron. 
14. Salix babylonica. 
15. Picea canadensis. 
16. Aïlanthus glaudulosa. 
17. Crataegus oxyacanta. fl. rubro. 


18. ue 
19 Quercus fastigiata. 


20, 21, 22. Syringa persica. 
25. Syringa emodi. 
24, 25. Picea pectinata. 
26. Crataegus laciniata, 
ni. Fe tenacetifolia. 
28. id. prunifolia. 
29. Picea balsamea. 
50. Fagus sanguinea. 
31. Robinia hispida. 
52. Abies alpa. 
35. Liriodendron tulipifera. 
54. Platanus occidentalis. 
35. Tilia europea. 
56. Robinia pseudacacia. 
37, 38. Picea canadensis. 
59, 40, 41. Broussonetia papyrifera. 
42,45, 44. Catalpa syringæfolia. 
45. Quercus coccinea. 
46. Larix americana. 
47, 48. Larix europæa. 
49. Cratægus Oxyacantha fl. albo. 
90. Picea balsamea. 
d1. Fagus sanguinea. 
52. Fraximus elxersor. 
95. Sophora japonica. 
54. Platanus orientalis. 
55. Robinia hispida. 
56. Amelanchier botryapium. 
57. Celtis pumilia. 
58. Magnolia glauca. 
59. Quercus cerris. 


60. Gleditschia triacanthos. 
61. Acer pseudoplatanus, 
62, 63. Picea pectinala. 
64. Craetagus oxyacantha fl. rubro. 
65. Cr. ox. fl. albo. 
66. Cr. ox. fl. rubro. 
67. Ulmus pendula. 
68. Liriodendron tulipifera. 
69. Acer platanoïdes. 
70. Fraximus juglandifolia. 
71. Quercus robur. 
72. Picea canadensis. 
75. Acer negundo. 
74, 75. Picea pectinata. 
76. Fagus asplenifolia. 
77. Aesculus rubicunda. 
78. Pyrus terminalis. 
79. Aesculus pallida. 
80. Salisburia adiantifolia. 
81. Cratagus coccinea. 
82. id. lucida. 
83. Catalpa syringæfolia. 
84. Acer mouspepulanum. 
85. Picea balsamea. 
86. id. excelsa. 
87. Ulmus alba. 
88, 89. Betula alba pendula. 
90. Pavia flava. 
91. Caragana arborescens. 
92. Cercis canadensis. 
93. Aescul. hippocastanum. 
94. Pyrus malus. 
95. Picea pectinata. 
96. Tilia europæa. 
97. Un poirier. 
98. Un prunier. 
99. Sorbus aucupariæ. 
100. Ulmus campestris. 
101. Un pommier. 
102. Popolus canescens. 
103. id. balsamifera. 
104. Tilia europæa. 
105. Cratægus oxyacantha fl. albo. 
106, 107, 108. Robinia hispida. 
109. Sophora japonica. 
110. Acer tartarium. 
411. id. laciniatum. 
112. Pyrus coronaria. 
115. Picea canadensis. 
114. Acer Negundo. 
115. Planera Richardii. 
116. Chionanthus virginica. 
117. Diospyros lotus. 
118. Magnolia grandiflora. 


— A8 — 
JARDIN FRUITIER. 


POMME DE PRAIRIE, LA RENESSEIANA EN GRAPPES, 
Par M. CH. MoRrREN. 


Notre planche coloriée et la vignette qui y est jointe donnera à nos 
lecteurs une excellente idée de la beauté de cette pomme et de la fécon- 
dité extraordinaire de l’arbre. Cette variété nouvelle a été obtenue de semis 
dans les pépinières de M. le sénateur comte de Renesse Breidbach. Elle 
provient du Court-pendu jaune. Le fruit a conservé les excellentes qua- 
lités de son origine, la chair de cette pomme à grappes est cependant 
plus blanche et son goût un peu plus acidulé, ce qui en assure une longue 
conservation. L’arbre entier se couvre d’une masse compacte de fruits, 
qui sont tous réunis et agglomérés en grappes, de même que les grains 
des raisins de la vigne. Le bois de l’arbre est résistant, il plie sous le 
poids du produit, mais les branches ne cassent pas ; des supports lui sont 
cependant nécessaires afin de le garantir contre les dégâts du vent. 

L'arbre est d’une croissance plus forte et plus vigoureuse que celle 
du court-pendu commun, ses feuilles sont plus elliptiques etson feuillage 
est généralement plus touffu, sa floraison et la maturité du fruit sont de 
quinze jours au moins plus hatives. 

Les pommes quoique disposées en grappes sont toutes d’une belle 
forme ronde, le pédoncule est court et très-peu enfoncé. 

L’épicarpe est lisse, d’un beau vert jaunâtre marqué d’une teinte 
rouge; l’apparence de la pomme est agréable, son principal mérite est 
de posséder toutes les qualités requises pour les fruits destinés au com- 
merce d'exportation et à l’alimentation de nos marchés, c’est sous ce 
rapport que nous la recommandons spécialement aux grands proprié- 
taires, qui trouveront un excellent revenu dans la culture de cette nou- 
velle pomme, la Renesseiana en grappes. 

Les amateurs pourront en obtenir de beaux et de nombreux pieds en 
adressant leurs demandes, au jardinier en chef de M. le sénateur comte 
de Renesse Breidbach, au château de S’Heren-Helderen , province de 
Limbourg, ou, au besoin, au bureau de la Belgique horticole. 

Nous aurons incessamment l’occasion de figurer aussi, une Rainette 
nouvelle de semis, obtenu dans les mêmes pépinières. 


LES ANANAS. MOYEN D’EN OBTENIR DE BEAUX FRUITS. 


Le Gardener’s Chronicle rapporte que les cultivateurs anglais, ont 
cherché depuis longtemps à faire porter aux Ananas des fruits énormes 
surmontés de petites couronnes, mais que leurs efforts ont été vains. Le 


» Pomme de prairies, la Renesseiana en grappe. 


— 219 — 


jardinier allemand, Stempel, nous fournit une méthode qui atteint à ce 
but. La multiplication des Ananas s’opère, comme on le sait, par bour- 
geons et par couronnes. Stempel a soigneusement éprouvé l'efficacité de 
l’un et de l’autre système, et il en est venu par expérience au résultat, 
que les Ananas provenant des couronnes méritent toujours la préférence 
à ceux que l’on obtient des jeunes plantes ou bourgeons. Après avoir 
premièrement choisi les couronnes des meilleures espèces pour obtenir 
des plantes vigoureuses, on tâche de diminuer le volume des couronnes 
en déprimant leur croissance pendant la formation du fruit, afin que 
celui-ci puisse se développer davantage. Quand la plante a presque cessé 
de fleurir et que le fruit commence à se former, Stempel introduit un 
bâton dont la pointe est aigue, dans le cœur de la couronne où il l’enfonce, 
ce qui permet d'en détacher les jeunes feuilles. Le succès fut complet, 
puisque dès lors la croissance de la couronne fut arrêtée sans que le fruit 
fut géné dans sa formation. M. Stempel assure, que quiconque voudra 
mettre à l'épreuve sa méthode, la trouvera confirmée par l'expérience. 
Mais il va sans dire que cette couronne dont le développement a été ainsi 
arrêté, ne pourra plus servir à la multiplication. 

Les horticulteurs hollandais suivent des procédés plus simples et 
assurément aussi efficaces. Quelques-uns passent un fil au travers de 
la tête de l'ananas et empêchent aussi par là son développement. 


NOTICE SUR LA CULTURE ÉCONOMIQUE ET HATIVE DES ANANAS. 


M. de Winterfeld, à Bahrnow (en Prusse), déclare que c’est un préjugé 

de penser que la culture des Ananas exige plus de soins que celle de toute 

‘autre plante; qu’elle réclame plus de temps, plus de peines, plus de frais 

que d’autres fruits. Il assure, sur la foi de sa propre expérience, que 

| plusieurs cultivateurs peu fortunés, peuvent s’adonner sans crainte à 
y 


l’entretien des melons, des cornichons et d’autres fruits qu’on cultive 

dans les bâches. Quant aux dépenses, 1l n’y a que la première disposition 

et les frais d'engrais qui entrent en considération; on a même encore 

l l'avantage de conserver le fumier, surtout celui du cheval, pour engraisser 
le jardin en automne. Les frais de culture et de premier établissement, 
peuvent amplement être comblés, plus tard, par la vente des fruits. 
Mais pour plusieurs, cette culture est trop longue, vu que l’Ananas ne 
porte de fruit que la seconde année; il y a encore moyen de remédier à 
cet inconvénient, si l’on a assez d’espace, en se procurant des rangées de 
z plantes pour chaque année consécutive. Pour ce qui regarde le travail 
de la culture, il augmente en proportion assez forte : en automne, par 
exemple, au lieu de 12 plantes on en a 24 à transporter de la bâche dans 

= la serre, au printemps, on a ce même nombre à transplanter de nouveau, 


cette culture, et que le travail n’est pas plus grand que celui qu’exige 


— 220 — 


puis, en été, on en a 24 au lieu de 12 à arroser ; quant au soin de les 
aérer et de les couvrir, la peine est la même pour 24 comme pour 12. 
Mais la récolte dédommage largement du travail : sous quatre chassis 
sous lesquels se trouvait une plantation d’Ananas, M. Winterfeld obtint 
52 fruits, et cela dans les années défavorables, tandis que sous six autres 
chassis, il n’eüt que neuf melons. On procéda de la manière suivante : 

On transplanta les bourgeons au milieu du mois de septembre seule- 
ment, et cela dans des pots de 4 à 6 pouces, mais on ne prit que les plants 
qui avaient quatre ou six feuilles, et qui dès lors pouvaient être placés 
dans de tels pots, car ce n’était pas à dessein qu’on ne prit pas de plus 
fortes plantes. Cette tardive plantation a pour but de laisser prendre 
racines à ces boutures, et non de les laisser croitre; l’été suivant elles 
grandissent suffisamment pour en obtenir de bons fruits. Vers le milieu 
du mois d'octobre, quand surviennent des nuits beaucoup plus froides, on 
porte ces plantes dans la serre, mais de préférence dans une petite serre 
chaude. La température de cette serre est pendant le jour, quand le eiel 
est couvert entre 12° et 14°, cependant elle descend régulièrement la nuit 
jusqu’à 6° et même jusqu'à 4°. On échauffe habituellement le matin vers 
4 heures, et le soir à 6 heures. Le lit de sable, au contraire, conserve une 
température si haute, qu’on peut se brüler les mains au pied des pots 
qui s’y trouvent placés; pour tempérer cette chaleur, on méle de la 
sciure de bois à la couche supérieure du sable. Tout le secret pour faire 
porter des fruits aux plantes, consiste à les maintenir dans un état de 
repos pendant les trois ou quatre mois d'hiver, résultat que l’on obtient 
en tenant les racines des plantes dans un état aussi chaud que possible. 
Il s’agit seulement de conserver l’air qui les entoure à une température 
élevée, car il est entièrement indifférent alors que l'air ambiant soit 
chaud ou froid. Qu'on ait soin seulement de les arroser modérément 
quand les feuilles commencent à se rouler ou qu’elles sèchent tout-à- 
fait. 

Les Ananas qui ont été traités de cette manière, portent toujours du 
fruit, dès qu'ils sont enfoncés dans la couche de fumier, même ceux qui 
n’ont que six feuilles et qui placés dans des pots profonds de quatre 
pouces, ne servent proprement qu'à remplir des places vides dans la 
bâche. Il reste toutefois à remarquer que les fruits de ces derniers ne 
sont pas encore mangeables. 

Les plantes plus jeunes sont traitées de la même manière que les 
autres. Quoiqu'un arrosement fréquent ne leur nuise pas, mieux vaut 
toutefois de l’éviter. 

Pour l'été, on prépare la couche de fumier vers la fin du mois de 
mars et le commencement d'avril, ce qui se fait de la manière suivante : 
On y porte d’abord de l’engrais à trois pieds de hauteur; puis une couche 
de 4 à 6 pouces de terre, disposée de manière que la partie antérieure 
s'élève à 4 4/2 ou 1 pied, et la partie postérieure de 2 1/2 à 5 pieds de 


ke 
‘ 


hauteur. Quelques jours après, c’est-à-dire quand le premier feu est 
jeté, on y place les plantes avec leurs pots, on les couvre de chassis, en 
laissant toutefois environ 2 1/2 pouces pour aérer. On enfonce ensuite 
tout autour de la couche de fumier, des pieux hauts de 5 pieds, à une 
distance égale de trois pieds, on joint ces pieux par des lattes transver- 
sales, afin d’en faire une sorte de haie que l’on remplit également d’un 
bon engrais chaud. Arroser modérément, renouveler Fair et prévenir 
des rayons brülants du soleil, voilà les principales règles auxquelles 
nous devons tenir. La température ne peut devenir trop élevée si l’on a 
soin d'aérer convenablement, il n’y a rien à craindre non plus d'un 
changement subit de température, si le refroidissement de l'air ne dure 
pas trop longtemps. Si par hazard le cas arrivait, ce que l’on peut 
facilement sentir par l'impression de la main, on doit réchauffer de suite, 
ce qui se fait aisément en entourant les plantes d’un nouveau fumier : il 
n'est pas nécessaire de renouveler pour cela entièrement la couche, il 
serait même nuisible de sortir les pots de leurs places. 

Les fruits commencent déjà à se montrer dès les premiers jours de 
février, quoiqu'ils naissent encore plus tard. Ce que nous avons dit plus 
haut, prouve évidemment que la culture des Ananas peut se faire en été 
sans peine particulière, ni frais extraordinaires. Il en est autrement 
quant à l’hivernage des plantes, parce qu'un chacun n’a pas une serre 
chaude. Il serait pourtant facile de se faire un appareil convenable, on 
peut faire servir à cette fin une caisse remplie de sable par laquelle on 
ferait passer un tuyau mis en communication avec le feu de la cuisine. 

Mais un arrangement particulier ne peut donner lieu à de bien grands 
frais, si l’on établit sa pépinière sur un pied capable de produire assez 
de fruits pour compenser les dépenses. 

Les fruits obtenus par ce moyen ne pèsent qu'environ deux livres, 
rarement le poids était moins d’une livre et demie, quoiqu'ils n'étaient 
que le produit de plantes qui n’avaient qu’une année. 

{Extrait et traduit du Flora Tuinbouw.) 


— 42 
HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES. 


NOTE SUR LA PAILLE DONT ON FAIT LES CHAPEAUX DITS DE 
GUAYAQUIL, 


Par M. H.-A. WEDDELL, 


Aïde-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 


Une industrie dont la république de l’Équateur s’enorgueillit est celle 
de ses chapeaux de paille. Le commerce dont cette industrie est la source, 
a pris dans ces derniers temps un accroissement considérable, et il mérite 
d'autant plus de fixer l'attention qu'il présente peut-être le seul cas 
d’une nation de l'Amérique du Sud où les chapeaux de l’Équateur ou de 
Guayaquil (‘) ne soient portés, et ils constituent la branche principale 
du commerce que ce pays entretient avec le Mexique et les Antilles espa- 
gnoles. L'Europe même commence à en connaitre la valeur, car l'Espagne 
en a déjà recu plusieurs envois considérables. 

La paille (paja), dont on fait les chapeaux de Guayaquil, est tirée d’une 
plante qui croit communément dans les forêts humides des ravins (que- 
bradas) de la république de l’Équateur, du Pérou et de la Nouvelle-Gre- 
nade, où elle forme des touffes d’une grande élégance. Elle se rencontre 
aussi très-abondamment dans quelques parties de la Bolivie où j'ai eu moi- 
même l’occasion de la recueillir, ainsi que dans l’isthme de Panama. 
Enfin, il n’est guère de serre chaude en Europe où elle ne prospère; 
cependant il ne parait pas qu'on ait jamais indiqué l’usage important 
auquel elle est employée. 

La plante dont je parle a le faciès du palmier ; mais elle appartient à la 
famille naturelle des Pandanées; elle a été décrite par Ruitz et Pavon 
sous le nom de Carludovica palmata. 

Elle n’a pas de tige aérienne. Ses fleurs sont disposées en épis très- 
denses qui naissent immédiatement de la souche, ainsi que les feuilles. 
Le pétiole de celles-ci est arrondi, il a une longueur de 1 mètre environ. 
Le limbe présente, lorsqu'il est adulte, la figure d’un disque à plis rayon- 
nants, déchiqueté sur ses bords et d’un diamètre de 4 à 8 décimètres ; 
partagé jusqu’à son centre, en trois ou quatre divisions égales, en forme 
d’éventails. Sa couleur est un vert brillant, et la nuance en est d'autant 
plus intense que la feuille est plus âgée. 

Pendant son estivation, au contraire, le limbe est à peine teinté de 
vert, il est ordinairement d’un blanc un peu jaunâtre, et sa figure est 
exactement celle d’un éventail fermé. À cette époque du développement 
on l'appelle Cagolla, et c’est à cet état seulement qu’on doit le recueillir 
pour en confectionner le tissu des chapeaux. 


(1) Le port de Guayaquil est l’entrepôt de ce commerce, c’est pour cela que les chapeaux 
portent son nom. 


— 2925 — 


Mais avant qu’elles puissent être employées, les jeunes feuilles (cagollas) 
doivent être soumises à plusieurs opérations qui les décolorent compléte- 
ment , et qui constituent ce qu’on appelle le beneficio. 

Avant tout on taille dans la feuille pendant qu’elle est encore fraiche, 
les lanières ou brins (coras) qui doivent être utilisés ; l'opération se pra- 
tique en fendant longitudinalement chacunes de ses sous-divisions avec 
l’ongle du pouce, de manière à n’en conserver que la partie moyenne qui 
reste attachée au pétiole et à laquelle on laisse une largeur qui varie selon 
la finesse du tissu auquel elle est destinée. La feuille ainsi préparée est 
trempée pendant un moment dans l’eau en ébullition , et immergée 
aussitôt après, dans une eau tiède rendue acide par l'addition du suc de 
plusieurs citrons. Au bout de quelques instants, on la retire de ce second 
bain pour la plonger dans de l’eau très-froide, puis on la laisse sécher. 

C’est dans la province de Manabi (département de Guayaquil), et, en 
particulier, dans les villes de Monte-Christe, de Sejipapa et dans les envi- 
rons, que se fait le plus grand nombre de chapeaux. Mais le district de la 
Punta de Santa-Elena en produit également aujourd’hui une quantité 
considérable, et ils ont même la réputation d’être plus fins que ceux de 
Monte-Christe. 

Le prix de ces articles varie étonnamment. Un des chapeaux les plus 
ordinaires de Sejipapa, où il s’en fait, à ce que l’on m'a assuré, plus d’un 
millier par jour, ne vaut que 2 à 5 réaux (1 fr. 20 cent. à 1 fr. 80 cent). 
Les chapeaux de qualité moyenne s’y vendent de 8 à 10 réaux. Leur prix 
augmente ensuite graduellement avec la finesse de leur tissu, jusqu’à 
devenir presque fabuleux. Ainsi, il m’a été affirmé qu'il en avait été 
fabriqué plusieurs, à la Punta de Santa-Elena, pour l’empereur du Brésil, 
au prix énorme de 6 quadruples chaque, c’est-à-dire environ 500 francs. 
Le prix ordinaire d’un beau chapeau de Guayaquil, hors des lieux où il 
est fabriqué, est de 15 à 25 piastres (75 à 195 fr.). Il n’est guère de petit 
commerçant de la côte qui n’en ait un de cette sorte. 

Les chapeaux d’une très-grande finesse ne se tissent qu'aux heures de 
la journée où la rosée peut donner à la paille une certaine moiteur qui 
est nécessaire à la perfection du travail. Il est de ces chapeaux qui ne 
pèsent que 5 à 4 onces, et même moins. 

Les jolis porte-cigares (cigarreras) que l’on fabrique à Lima et dans 
une ou deux autres villes du Pérou , se font également avec la paja de 
Guayaquil, mais on m'a assuré qu’à Eten, près de Lambayeque, on en 
faisait avec de la paille différente appelée paja de Mocarra, recueillie 
dans les provinces de Maynas. N'ayant pas vu la plante qui la fournit, je 
ne saurais dire si elle est spécifiquement distincte de celle de l’Équateur. 


— 224 — 


CULTURE MARAICHÈRE. 


MODE DE CULTURE DES GROSSES ASPERGES POUR LE NORD 
DE L'EUROPE. 


Par M. JEAN OHMAN DE STOCKHOLM. 


Quand on établit une couche pour y planter des asperges, elle doit 
être ouverte au midi, et à l’abri du vent du nord; les couches doivent 
être creusées à 1 pied de profondeur, sur 6 pieds de largeur, le terreau 
mis d’un côté et la terre d’une moins bonne qualité, de Fautre. La fosse 
est remplie d’un demi-pied de vieux fumier de vache que l’on foule; 
après quoi, on couvre la couche de 3 pouces de bon terreau. Ensuite, 
on place 2 lignes de bätons de 5 pieds de longueur, à ? pieds de distance entre 
chaque; on les plante en zig-zag; autour des bâtons, on élève un petit 
tertre, sur lequel on place 2 plantes aussi près des bâtons que possible ; 
les racines sont étendues tout autour, et on les couvre de nouveau de 
4 pouces de terreau fin. Autour de chaque bâton, on creuse un petit 
fossé pour larrosement, qui doit s'effectuer immédiatement après le 
plantage, moyennant 2 1/2 pintes d’eau pour chaque plante; on 
continue à arroser de la même manière, chaque semaine jusqu'à la 
Saint-Jean. 

Quand lasperge commence à pousser, on l'attache légèrement au 
‘bâton; on renouvelle plusieurs fois cette opération pour que la tige ne 
se rompe pas. Lorsqu’en automne lasperge cesse de pousser et commence 
à jaunir, on la coupe à 4 pouces au-dessus du sol. 

Quand il commence à geler, ordinairement à la mi-octobre, on couvre 
toute la couche d’un demi pied de vieux fumier de vache, que l’on 
remue avec prudence au printemps suivant, pour ne point endommager 
les racines, et au troisième printemps, après la plantation, on peut 
commencer à récolter les plus grandes. 

On doit toujours enlever les mauvaises herbes de dessus les couches, 
et ne point y semer d’autres plantes. J'ai, en 1814, trouvé cette espèce 
d’asperges croître sauvage; elle n'avait alors que l'aspect d'un brin 
d'herbe. J'en placai quelques plantes dans une bonne terre de jardin, et 
depuis ce temps, par de nouvelles semences et 40 années de culture, 
elles ont gagné surtout dans les dernières années, et atteint une grandeur 
extraordinaire, pesant 8 onces par tige. Elle est très-productive; car 
en l'hiver de 1854, j'ai récolté sur une seule tige 12 grandes asperges: 
en outre, elle est d’un très-bon goût et très-tendre, puisqu'on peut la 
manger toute entière. 


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Kmphofia uvaria. 


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— 225 — 


HORTICULTURE. 


KNIPHOFIA UVARIA. HAOOKER. 


Famille des Asphodélées. — nExXANDRIE MONOGYNIE. 


Kxwpmoria. Moench. Perigonium corolli- 
num, campanulato-cylindricum ; limbo brevi, 
sexdentato, stamine 6, hypogyna, filamenta 
exserta, alterna elongata. Ovarium trilocu- 
lare. Ovula plurima , biseriata, horizontalia, 
anatropa. Stylus terminalis, filiformis; stigma 
obsolete trilobum.Capsula cartilaginea,ovata, 
obsolete trigona, trilocularis septicido trival- 
vis. Semina plurima, biseriata, horizontalia, 
angulata... Herbæ capenses, scapigeræ ; 
foliis radicalibus linearibus, canaliculatis, 
distichis ; floribus spicato-racemosis, nutan- 
tibus. 


K. Uvari4. Foliis planis, margine carinaque 
denticulato-spinulosis; spica ovali cylindrica, 
densi-flora; bracteis acutis; staminibus ex- 
sertis ; ovari loculis 13-15 ovulatis. 


Kwipnoria, Moench. Périgone pélaloïde, 
campanulé-cylindrique; à limbe court, six- 
denté. Six élamines , hypogynes , à filaments 
exserts, les alternes allongées. Ovaire tri- 
loculaire. Ovules nombreux, placés sur deux 
séries, horizontaux, anatropes. Style termi- 
nal, filiforme ; sligmate obscurément trilobé. 
Capsule cartilagineuse, ovale, obscurément 
trigone, triloculaire à déhiscence septicide. 
Graines nombreuses, biseriées, horizontales, 
anguleuses..Ce sont des herbes du cap, sca- 
pigères; feuilles radicales linéaires, canalicu- 
lées, distiques ; fleurs pendantes, en épi ou 
grappe. 

K. Uvaria. Feuilles planes, à bord et ca- 
rène garni de petites dents épineuses ; fleurs 
nombreuses , en épi oval-cylindrique ; brac- 
tées pointues; étamines exserles ; chaque loge 


de l’ovaire renfermant 13-15 ovules. 


Triroma uvariA, Gawl. in Bot. Mag., t. 758 ; Red. Lil., t. 291; Ait. 
Kew., éd. 2. 2. 290.— VeLraeimiA spectosA, Roth. Nov. Spec. 490. — 
VELTHEIMIA UVARIA, Wülld. Spec., 2. 182; Jacq. Fragm., 7. t. 4. f. 9. 


ALETRIS UVARIA, Linn. Mant., 308; Ejusd. Syst. vég., 277. — ALOE 


uvARIA, Linn. Spec., A60. (Comm. 2. t. 15). TRITOMANTHE UVARIA, Link. 
Enum. 1. 535 ; Roem. et Schult., Syst., 7. 629.— ALor LoNGiroLiA, Lam., 
Encycl., 1. 90. — Knipuoria uvariA, Hook., Bot. Mag., ann. 1854, tab. 


4816.—K. ALoïnes, Moench. Meth. 651. et Kunth. Enum., pl. IV, 551. 


Théophraste qui naquit 571 ans avant J.-C. et mourut à l’âge de 85 
ans, à fait connaitre une des plus belles créations végétales qui puisse 
exister au monde, il la nomma ris uvaria, et il connaissait sa patrie : 
l'Afrique australe et tropicale. Linné la rangea dans les aletris, mais 
Aiton, Gawler, et notre grand iconographe belge Redouté de Saint- 
Hubert, adoptèrent le nom de Tritoma comme genre, et d’Uvaria comme 
espèce. Théophraste dit pourquoi il l'appelle ainsi du nom de uva qui 
signifie un raisin, parce que dit-il les fleurs mêmes desséchées pendent 
au bout des fruits semblables à des raisins rouges. Ce nom de Tritoma 
uvaria avait été adopté partout, lorsque Conrad Moench, professeur à 
Marburg, s’avisa, en 1794, de dédier ce Tritoma uvaria qu'il avait pris 
pour l’Aloïdes, à son ami le professeur Kniphoff, à peu près aussi peu 
connu que lui. Évidemment tous les amateurs de beaux jardins, quand 

BELG. HORT. T. V. 19 


CEE 


ils auront vu ce Kniphofia voudront le posséder, mais combien en au- 
ra-t-il qui sauront écrire correctement ce nom si barbare de Xniphofia. 

«Les visiteurs au jardin de Kew, furent stupéfaits (much struck) de 
l'incomparable beauté des épis fleuris du Tritoma uvaria.» On en avait 
garni plusieurs parterres où les hampes de quatre pieds de hauteur, 
ruisselantes de fleurs, écarlates en haut de l’épi, suspendues à des raisins 
de corail et devenant jaunes au bas de l’inflorescence , produisaient des 
effets avec lesquels aucun œil anglais n’avait encore fait connaissance. Le 
port de cette asphodélée du cap de Bonne-Espérance, est celui de la mas- 
sette de nos étangs. Au lieu d’un pompon noir, notre Xniphofia porte 
un bel épi de fleurs rouges de feu, les feuilles triangulaires s'élèvent en 
touffe et se courbent comme celles d’un palmier vers la moitié de leur 
longueur. Ces fleurs durent et se succèdent pendant tous les mois de 
l'été, et chose singulière! plus elles vieillissent, plus elles s’embellissent. 
Les ovaires rouges comme du corail, sphériques comme des raisins, le 
périanthe en long entonnoir, écarlate quand il est frais et devenant jaune 
d’or dans le bas de l’épi, tout cet ensemble est d’une richesse dont au- 
eune espèce n’approche dans nos jardins. 

Ajoutez à ces charmes natifs que le Kniphofia uvaria est la plante la 
plus facile du monde à cultiver, elle croît d’une souche ou rhizome plat, 
s’émacissant par dessous avec une force extraordinaire. La vigueur des 
racines détermine celle de la plante. Enfin, le prix est à la portée de toutes 
les bourses. 

Pour de plus amples détails, nous renvoyons le lecteur à la page 110 
du présent volume de la Belgique horticole. EMie 


LE SCHINUS MULLI OU POIVRIER D’AMÉRIQUE. 


Les anciens appelaient Schinos (oxios) ou Schnida une résine qu'ils 
supposaient posséder la plupart des vertus médicales désirables; c’est 
cette résine que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de gomme-mastic 
ou simplement de mastic. Elle est produite par le lentisque ou Paistacra 
Lentisens, arbre de la famille des Anacardiacées qui croît dans l’Europe 
méridionale et au Sud de l'Afrique. Si le mastic qui s'appelait done Schinos 
jadis, a jamais opéré des cures merveilleuses il a singulièrement perdu 
aujourd’hui de ses propriétés primitives; nos Esculapes modernes en font 
fi. Mais cette résine a conservé un parfum suave qui la fait rechercher 
des peuples des parfums ou des Orientaux. Les dames turques machent 
des larmes de mastic pour embaumer leur souffle et raffermir les gen- 
cives ; quant aux Européens ils trouvent préférable d’en faire du vernis. 
Les anciens connaissaient aussi un mastic ou mastichè qui est le sue 
propre d’un pistachier qui paraît avoir été nommé Lentisus par les Grecs 
et les Latins. 

Le nom de Schinos (5%%°5) employé par Dioscoride pour désigner le 


— 227 — 


mastie, a été appliqué par Linné à un genre de plantes exotiques, voisin 
des lentisques, les Schinus. D’autres veulent retrouver dans Schinus la 
racine grecque (c4ê«) fendre, parce que l’écorce de ces arbres est très- 
sujette à se fendiller ou bien parce que l'ovaire s'ouvre à la maturité; mais 
si ce sont ces particularités que Linné a voulu rappeler, il y a bien peu 
d'arbres qui ne seraient aussi Schinus que les vrais Schinus. 

Quoiqu'il en soit les Schinus sont des arbustes de la famille des Té- 
rébintacées de Jussieu (ou Anacardiacées et Spondiacées d’'Endlicher) et 
de la diæcie décandrie de Linné. C’est à la même famille qu'appartiennent 
les Pistachiers, les Davana, les Sumac, les Anacardes, les Mangniers et 
d’autres plantes intéressantes sous maint et maint rapport. Les Schinus 
ont les fleurs dioïques, ie calice a cinq divisions et cinq pétales; dans les 
fleurs mâles sont dix étamines et un ovaire rudimentaire ; dans les fleurs 
femelles des filets staminaux stériles et un ovaire sessile, libre, uni- 
loculaire et renfermant un seul ovule. Styles 5-4 terminaux et très-courts; 
ils le sont même au point que De Candolle dit styles nuls; stigmates 5-4 
réunis en un point. Le fruit est une drupe sphérique, succulente, à noyau 
osseux, creusé extérieurement de six sillons ou réservoirs de sues propres, 
longitudinaux et résinifères, l’épicarpe est mince, et le mésocarpe peu 
épais; la drupe est uniloculaire et monosperme. La graine comprimée, 
portée par un funicule pariétal, à testa membraneux et à tegmen ou 
membrane interne sub-charnue, exalbuminée, à cotylédons plans, à 
radieule infère ascendante. 

Ce sont des arbustes ou arbrisseaux originaires de l'Amérique mé- 
ridionale, à feuilles alternes, imparipennées, à folioles nombreuses, 
opposées ou alternes , sessiles, lancéolées. entières ou dentées; pas de 
stipules. Les fleurs qui sont petites et blanchâtres, sont disposées en 
panicules axillaires ou terminales; il leur succède des fruits rouges. 

Le genre Schinus est peu nombreux en espèces; la plus intéressante 
est celle vulgairement connue sous le nom de Schinus molle ; elle nous 
occupera plus loin. 

Le S. terebinthifolius de Raddi (Plant. Bras. p. 20) ou comme d’autres 
disent le S. terebinthifera, est le S. areira de Linné. Cavanilles l’ins- 
crivit parmi les balsamiers sous le nom de Amyris polygama. C’est une 
plante Brésilienne, commune surtout aux environs de Rio-Janeiro; elle 
se distingue du Schinus molle par ses feuilles imparipennées, mais com- 
posées seulement de sept folioles égales et par ses fleurs disposées en 
PFOPpes- 

De Candolle inserit aussi dans son Prodrome t. Il, p. 74, un S. Huy- 
gen du Chili dont les folioles sont pétiolées et la dernière très-courte. 


Le S. molle de la plupart des auteurs comporte la diagnose suivante : 


S. Mouze (Linn. spec. 1467) foliis impari- S. Muzr. Feuilles imparipennées à folioles 
pinnatis, folialis multijugis, serratis, ter- | nombreuses, opposées, dentelées, à foliole 
minali longissimo , floribus paniculatis. terminale très-longue; fleurs en panicule. 


— 228 — 


Il existe une variété S. molle B Areira des auteurs dont les folioles ont 
les bords entiers et non dentés. 

Linné en baptisant cette plante voulut consacrer le nom vulgaire 
qu'elle porte au Pérou sa patrie et qu'on lui donnait déjà en Europe; il 
écrivit S. molle et tous les auteurs de répéter après lui la même con- 
sonnance. Mais les Péruviens disent mulli et non pas mollè. Cependant 
Linné, De Candolle, Persoon, Endlicher, etc., ont consacré dans la 
science le nom de S. molle; cette dénomination quoique impropre sub- 
sistera donc. Mais il convient de redresser l'erreur, autant que faire se 
peu en traduisant le nom latin, en français, par Schinus mulli. D'ailleurs 
les auteurs Anglais désignent toujours la plante par ce dernier nom. 

Clusius est le premier qui l'ait décrite, assure Mathias de L’Obel. Lui- 
même en vit, peu d'années avant 1626 de jeunes plantes, venues de 
graines à Malines, dans le jardin de Dn. J. de Brancion et en donne une 
description très-exacte à la p. 542 du Stirpium historia. 

La même plante est connue (quoique peu connue) sous les noms vul- 
gaires de poivrier d'Amérique, poivrier du Pérou, arbre à poivre des 
Espagnols et des Américains, mollé ou mulli à feuilles dentées et même 
d’arbre à mastie (mastic-tree). 

Bref, quoiqu'il en soit du nom, la plante n’en est pas moins digne de 
toute la sollicitude des phytophyles, tant par la beauté de son port et de 
son feuillage que par ses particularités intéressantes, je puis même dire 
amusantes. 

C’est dans sa patrie un arbre qui atteint environ 20 pieds, mais qui 
dans les jardins d'Europe. est réduit à 3 ou 4 mètres; c’est donc un ar- 
buste; il a les rameaux pendants couverts de feuilles élégantes et légères, 
chacune composée de dix-neuf à trente-et-une folioles, disposées de 10 
à 45 paires, linéaires , lancéolées, dentelées , pointues, persistantes. Les 
branches sont nombreuses, flexibles et gracieusement inclinées vers la 
terre à la facon des arbres pleureurs et toujours verts. Les fleurs sont peu 
remarquables, elles sont petites, d’un vert jaunâtre et forment des pa- 
nicules lâches, mais il leur succède des baies globuleuses, de la grosseur 
d’un pois, d’une couleur rose admirable, brillantes et polies comme des 
perles. 

Le Schinus mulli fut introduit, en 1597, et est originaire du Pérou et 
du Brésil où il est commun dans les plaines et sur les collines. Il passe en 
pleine terre dans le Midi de la France, mais en deca de la Loire il demande 
l’orangerie ou la serre tempérée. Il croit alors très-rapidement de ma- 
nière à acquérir trois pieds en deux ans. Quoique sensible au froid il 
fleurit chez nous en juin et juillet et ses fruits muürissent en hiver, sil 
est bien abrité. En Angleterre on le laisse souvent sans protection en 
pleine terre et il résiste pourvu toutefois que l’hiver ne soit pas trop 
rigoureux. Le Schinus mulli mérite une place honorable dans nos oran- 
series non-seulement par l'élégance de son feuillage et la beauté de ses 


{ 
| 
: 


— 229 — 


fruits, mais encore par l'usage de ses produits et les plaisirs qu'il peut 


nous procurer. 

Les Chiliens préparent avec les fruits sucrés du mulli une boisson dé- 
licate et rafraichissante qui rappelle le vin par son odeur et sa couleur. 
Pour cela ils mettent infuser la pulpe dans l’eau, la font bouillir et ex- 
priment le jus. Par une préparation on obtient de ces fruits une sorte 
de vinaigre. L'écorce de cet arbre laisse écouler à travers ses crevasses un 
sue résineux très-odorant, vulgairement appelé résine de mollè ou résine 
de mulli et que les Péruviens emploient pour raffermir les gencives et les 
dents.Les petits rameaux leur servent à faire des cure-dents qui parfument 
en même temps la bouche, l'écorce et les feuilles étant aromatiques. Le 
mulli est tellement estimé des Péruviens et leur est si précieux que la plu- 
part des lieux qui leur consacrés , sont placés sous la protection d’un idole. 

Les feuilles sont peut être la partie la plus intéressante de la plante; 
elles fournissent une substance blanche, odorante, assez semblable à la 
gomme élémi et qui, mise à dissoudre dans du lait, est reputée un puis- 
sant ophtalmique. Les noms de poivrier d'Amérique, poivrier du Pérou, 
arbre à poivre etc., viennent de ce que les feuilles étant froissées ré- 
pandent une forte odeur de poivre. | 

Mais nous avons dit que le mulli était une plante amusante et en effet 
une plante qui danse, qui valse et qui bondit c’est chose assez singulière ; 
ce sont les feuilles qui jetées sur l’eau soit entières, soit brisées en divers 
fragments présentent ce curieux phénomène. Les feuilles ou fragments de 
feuilles après être restées immobiles pendant un instant, vont tout à coup 
se jeter de côté et d'autre, se reculer vivement en arrière et bondir 
comme des êtres doués de mouvements volontaires. En mème temps que 
chacun de ces mouvements s'exécute un jet de matière résineuse est pro- 
jeté dans l’eau. Tout cela parait être attribué à une certaine excitabilité 
du parenchyme des feuilles qui fait que au contact de l’eau les réservoirs 
de matières résineuses se vident avec violence; ces réservoirs abondent 
dans le tissu et c’est à la résistance qu'éprouve la matière projetée dans 
l'eau qu’il faut attribuer les mouvements des feuilles. 

On reconnait en effet avec un peu d'attention que chaque mouvement 
a lieu au moment où de la partie blessée il sort une certaine quantité d’un 
‘fluide blanc et, de plus, que le mouvement a lieu vers le point opposé à 
celui par où le jet est projeté. Chaque feuille peut être comparée à une 
batterie d'artillerie végétale qui soutiendra son feu tant que les munitions 
sufhiront; jetez sur un bassin un certain nombre de folioles et elles vont 
exécuter des mouvements mullipliés très-étendus, se rapprocher et s’éloi- 
gner alternativement; en même temps de chacune de ces folioles s’échap- 
peront des vapeurs blanches qui viendront s'étendre sur la surface de l’eau. 
Ce curieux spectacle vous rappellera les manœuvres d'une nombreuse 
flottille et même d'un combat naval, et tout cela exécuté par des feuilles 
d'ordinaire si calmes et si paisibles. 


me 


C'est surtout pendant l'été, alors que la plante est en végétation que 
cette scène est particulièrement animée, les munitions abondent alors. 
Les mèmes phénomènes se présentent avec les feuilles des Davana /D. de- 
pendens DC., D. ovata Lindl, D. latifolia Gell. et D. dentata DC.) genre 
voisin des Schinus et probablement avec d’autres térébinthacées. 

Nous l'avons déjà dit, la végétation des Schinus mulli est rapide, leur 
culture est facile; elle peut mème se faire en appartement s'ils sont à 
l'abri de la gelée. Il leur faut une bonne terre consistante , peu d’arrose- 
ments en hiver et doivent ètre rentrés de bonne heure pour préserver les 
jeunes pousses, très-tendres encore, des premiers froids qui les perdraient. 

Nous engageons donc vivement Messieurs les abonnés, à s'adresser à la 
direction de la Belgique horticole , qui se fait un plaisir de leur offrir des 
graines de ce gracieux arbuste. Ces graines doivent être semées en pot sur 
couche et sous chässis et conduites à la manière ordinaire. 

La plante peut se mulüplier par marcottes, mais il lui faut environ 
deux ans. pour s'enraciner. Les boutures réusissent rarement. 

E. M. 


TROPOEOLUM TRIOMPHE DE GAND, 
Par M. J. Bauwaxx ('). 


Dans les rapports faits à la Société royale d’horticulture de Londres, 
ainsi que dans les réunions de cette Société, M. le professeur Lindley, 
depuis 1851, fait tous les ans l'éloge de cette plante , cultivée au jardin 
de ladite Société. 

Je viens de voir encore un article à ce sujet dans un rapport fait sur le 
bel établissement de Chiswick et inséré dans le numéro du Gardener ‘s 
chronicle du 2 décembre. 

Il est dit dans ce rapport, que dans les différentes serres tempérées du 
jardin de cette Société, parmi les plantes les plus remarquables qui s'y 
trouvent en floraison, il existe entre autres, plusieurs pieds de Tro- 
pæolum triomphe de Gand, tant en pots qu'en pleine terre et cultivés, 
les uns sur treillages, et les autres grimpants, le long de la toiture de 


la serre, tous surchargés de grandes fleurs d'une couleur orange-écarlate. 


Ces plantes promettent de continuer 2 fleurir pendant bien lonstemps 
encore. Cette variété, dit toujours ce mème rapport, ne peut pas assez 
être recommandée , car ce Tropæolum est une de ces plantes qui ont le 
privilége d'être mises au rang de celles qui font le plus bel ornement et 
l'éclat du séjour de flore pendant l'hiver et le printemps. 

- Beaucoup estimée en Angleterre, tant par sa floraison perpétuelle que 
par sa forme, qui a atteint tous les degrés de perfection, conditions essen- 


1) Sociele d'horticaliure de Gand 


à A Pr 


— 251 — 


tielles auxquelles nos voisins d'Outre-Mer atlachent la plus grande im- 
portance , cette belle plante mérite toute l'attention des amateurs. 

Cette variété de Tropæolum, que j'ai obtenue de semis, surpasse en 
beauté les Tropæolum Lobbianum et majus, qui ont servi à son hybri- 
disation.—C’est la première plante que j'ai mise en vente par souscription 
et c'est en 1851 , à une visite faite à la grande exposition de Londres, que 
j'ai eu honneur de la remettre au savant professeur Lindley. 

Jusqu'à présent, je n’ai encore vu aucun mémoire sur cette plante cul- 
tivée en pleine terre; cependant cette culture peut se faire. Voici com- 
ment je m'y prends : 

Vers la fin d'avril, ou mieux au commencement de mai, je choisis des 
plantes âgées d’un à deux ans et cultivées en pots. Je les plante près d'un 
arbre ou mieux encore contre un mur et dame nature leur donne toute 
son assistance. Cette magnifique variété finira par couvrir une muraille 
* de 25 à 50 mètres de superficie. 

Les personnes qui ont visité mon établissement, ont été à même de 
juger de la beauté de ce végétal qui donnait une quantité innombrable de 
fleurs dont ces plantes étaient chargées; et pour peu que les rayons du 
soleil venaient caresser leurs corolles, il fallait en détourner les yeux après 
quelques instants, tellement leur floraison était éblouissante. 

Je prends de préférence des pieds un peu forts, afin d'obtenir une 
prompte série de fleurs; les jeunes plantes ne faisant que végéter ne 
donneraient des fleurs qu'à une époque trop avancée de l’année, époque 
à laquelle on ne peut plus espérer quelques avantages, car les gelées étant 
près d'arriver , détruisent indubitablement ce qui faisait l'espoir de l’ama- 
teur. Il faut remarquer que cette variété craint, comme sa congénère 
le T. majus, les gelées. 

La multiplication en est facile, je la fais par boutures qui prennent 
facilement. Les jeunes plantes me servent ordinairement de sujet pour 
greffer les espèces et variétés de Tropæolum azureum, tricolorum, spe- 
ciosum etc., etc. 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


 Chamædorea Ernesti-Augusti. Wendland in Allgemeine gar- 
tenzeit. 1852; Ejusdem , Index palmarum, p. 12; Hook., Bot. mag., t. 
4851 et 4857. Fam. des Palmiers. — Diæœcie Hexandrie. Nous avons 


… signalé dans notre dernier numéro le joli petit palmier décrit par W. Hoo- 


ker sous le nom de Geonoma corallifera. Le savant rédacteur du Bota- 
nical Magazine supprime aujourd'hui ce nom pour adopter celui imposé 
déjà en 1852, par M. Wendland, de Chamædorea Ernesti-Augusti.Cette 
même plante est cultivée depuis longtemps au jardin botanique de 
Bruxelles , sous le nom de Chamædorea simplicifrons ; elle y a été im- 
portée de Tabasco par M. Linden; elle porte encore les noms de Chameæ- 
dorea latifrons, Geonoma latifrons, Hyospathe elegans. 


— 252 — 


Nous avons donné à la page 168 les principaux caractères du Chamæ- 
dorea Ernesti-A ugusti femelle. Les pieds mâles n’en diffèrent nullement 
quant au port et au feuillage. C’est la même élégance; les feuilles dans 
les deux sexes au nombre de 10 à 12 sont longues de deux pieds environ, 
le pétiole compris; la lame est divisée en deux larges lobes écartés, acu- 
minés et étalés ; les bords sont dentés, à sinus plus ou moins profond; la 
surface de la lame est plissée obliquement et striée de nervures parallèles. 

La différence du male réside dans le spadice, au lieu d’être simple, 
épais et cylindrique, il est dès son origine ramifié et les ramifications sont 
nombreuses, longues, assez minces, flexueuses, étendues et penchées ; 
d'abord blanchätres, puis vertes, mais jamais aussi rouges que le spadice 
femelle. Les fleurs mâles sont très-nombreuses, mais disposées sans ordre, 
tandis que les fleurs femelles suivent une ligne spirale. Le calice est blanc, 
à trois segments ; trois pétales, unis à la base, ovés, obtus et d’un orange 
vif; six étamines à filets courts unis à Ja base; ovaire petit, abortif, sur- 
monté d’un style court couronné de trois stigmates. 


Chamædoreax elegans. (Mas.) Hartius. — Mart. in Linnæa, Y. 5, 
p. 204.— Ejusd., Palm., x. 5, p. 159, pl. R, fig. 5.— Wendland, Zndex 
Palm. suppl., p. 57. — Bot. Mag., tab. 4845. — Famille des Palmiers. 
Diæcie Hexandrie. — Wendland dans son Enumeratio systematica Cha- 
mædorearum signale 42 espèces appartenant à ce genre, mais peu sont 
suffisamment connues et le plus souvent on n’a décrit qu'un seul sexe. Le 
Chamædorea elegans a été introduit de Mexico en Europe par MM. Scheide 
et Deppe. Il a le facies du C. gracilis, mais en diffère par l'insertion et la 
position des spadices. Le caudex a trois ou quatre pieds d’élévation, un 
pouce et demi en diamètre et porte les traces annulaires des anciennes 
feuilles: il est couronné de six à huit feuilles de trois pieds environ 
de longueur, pinnées. Les spathes émergent de l’aisselle des trois ou 
quatre feuilles inférieures; de ces spathes il sort une longue panieule 
de fleurs, au moins aussi longue que les feuilles; les rameaux sont déliés, 
arrondis, flexueux, presque filiformes, verts, garnis de fleurs petites mais 
remarquables par la belle couleur orange des pétales ; ces fleurs sont 
situées dans de petites dépressions; le calice est trifide à sépales blancs, 
arrondis; trois pétales unis à la base, épais et orangés ; six étamines, un 
pistil rudimentaire. 

Le C. elegans fleurit pendant les mois d'hiver et au printemps. 


Paphinia cristata. Lindl., Bot. Mag., 1845.— Miscell., p. 14. 
— Bot. Mag., t. 4856.— Maxillaria cristata, Lindl. Famille des Orchi- 
dées. Gynandrie monandrie. C'est une superbe orchidée, originaire de 
l'ile de la Trinité et de la Nouvelle-Grenade; rangée d’abord par M. Lind- 
ley dans le genre Wazxillaria, elle en est séparée aujourd'hui avec toute 
raison, et sert de type à un genre nouveau. Les sépales et les pétales sont 
de même forme, les derniers plus petits, tous étalés, lancéolés, épais, à 


L 
É 
| 


— 255 — 


fond blanc, strié et tacheté de brun chocolat. Le labellum est d’une forme 
très-curieuse et tout entier d’un brun pourpre très-riche ; plus court que 
les autres divisions du périanthe. 

Elle fleurit pendant le mois d’août dans les serres chaudes à orchidées. 


Passiflora quadrangularis. Var. DEcaisneana. Floric. Cabin., 
janvier 1855. Famille des Passiflorées. — Monadelphie pentandrie. Cette 
superbe passiflore semble éclipser toutes ses sœurs, et elle sera sans doute 
la fleur de la passion deæplus d’un amateur. Son origine est assez incertaine, 
mais elle paraît être une hybride du P. alata ou P. quadrangularis. Ses 
fleurs ont la forme de celles du P. alata, et répandent le parfum le plus 
suave ; la plante les porte même dans les conditions les plus rustiques, 
car elle croît et fleurit également en serre chaude ou dans une bonne 
orangerie. Les fleurs mesurent plus de 12 centimètres de diamètre; le 
périanthe est coloré intérieurement en carmin; la couronne ou paraste- 
mone est bariolée de rouge, de bleu et de blanc. 


Sonerila Margaritacea. Lindl. ix Gard. Chron., p.727, 11 nov. 
1854. — Lem. in Illust. Hort. Cette belle plante a été découverte dans 
l’Inde par M. W. Lobb, et envoyée à M. Veitch. Elle fleurit pour la pre- 
mière fois en novembre 1854 et, présentée dans les salons de la Société 
d’Horticulture de Londres, elle fut le diamant de l'exposition, selon l’ex- 
pression de M. Lindley. C’est une petite plante suffrutigueuse atteignant 
9 à 12 pouces, à feuilles elliptiques d’un vert très-gai et parsemé de ma- 
cules blanc d’argent rappelant celles des feuilles du Begonia argyros- 
tigma et comme ces dernières présentant au centre de chacune de ces 


macules un poil ascendant. Il est vrai que dans le 2. argyrostigma, ces 


poils sont visibles non pas à la loupe, mais seulement à l’aide d’un bon 
microscope. Les pédoncules sont axillaires, dressés, plus courts que les 
feuilles et d’un rouge hyalin ; ils portent de trois à sept fleurs d’un beau rose. 

C’est une mélastomacée de serre chaude, mais ne demandant pas une 
chaleur bien intense. 11 convient de lui donner une terre sablonneuse, 
légère et assez humide. Elle se multiplie facilement par bouture, mais se 
reproduit aussi par graines. 


Viola capillaris. Pers. ir Synops, I. p., 256 (1805). — Flore des 
Serres, tab. 983. — Viola stipularis, Cavan. Jcon., VI, p. 21, tab. 551, 
f. 2, non Swartz, nec HBK. Famille des Violariées. Pentandrie mono- 
gynie. Le Viola capillaris de Persoon est une charmante plante très-flo- 
rifére du Chili; elle forme dans les serres froides des touffes vertes émail- 
lées d’azur, surtout pendant l'hiver. C’est une herbe entièrement glabre, 
à tiges nombreuses décumbentes, rameuses; les feuilles ont de 4 à 8 lignes 
de longueur, ovées-oblongues; les fleurs bleues pâle, munies d’un épéron 
court et verdâtre. E. M. 


— 254 — 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


DES EFFETS GÉNÉRAUX DE LA TEMPÉRATURE SUR LE VÉGÉTAL. 


Par M. CH. MoRREnx. 
LA 

Des plantes, obéissant aux lois générales de l’organisation, possèdent 
comme tous les êtres vivants un excès d'eau ou de substances liquides 
proportionnellement à la quantité de matière solide que forme la trame 
de leurs tissus. Or, l’eau passant à l’état solide, à zéro de température, il 
est naturel de penser qu’à ce degré des modifications importantes auront 
lieu dans le végétal, bien que la température de l’air ambiant étant à zéro, 
on ne doit pas conclure de là que déjà à ce degré la plante ne renfermera 
plus d'eau mais de la glace. Nous aurons, en effet l'occasion de démontrer 
ce point intéressant de la vie des plantes et les nombreuses raisons pour 
lesquelles il se fait qu'à une température même de plusieurs degrés au- 
dessous de zéro, quelques végétaux ne peuvent encore renfermer de la 
glace ni subir les conséquences d’un froid même intense. Au contraire 
nous verrons que des plantes que leur nature appelle à vivre dans des 
climats très-chauds subiraient même au-dessus de zéro, des effets d’une 
température basse, absolument comme si elles gelaient, alors cependant 
qu'effectivement dans le sens rigoureux du mot elles ne gèlent pas. 

Les plantes ne gèlent pas toutes au même degré de froid. Cette vérité 
ressort de l'observation la plus commune faite lors de nos hivers. Nous 
croyons inutile de nous y arrêter longtemps. Mais ce qui est moins connu 
c’est le résultat sur lequel les travaux des physiologistes qui se sont oc- 
cupés de ce sujet, se trouvent d'accord ; à savoir qu'il arrive un point 
extrême, dans une localité donnée, où la température ne peut plus des- 
cendre sans tuer la plante d’une espèce déterminée. M. Neuffer (‘) a re- 
marqué sous ce rapport les détails suivants : Les haricots, les concombres 
et les cornichons et en général toutes les plantes des pays chauds gelent 


quand la température descend à 0° R. 
Les vignes perdent leurs feuilles à 1 A2 12 
Myrtus angustifolius, citrus décumana, thea bohea gèlent à 1° à 2 » 
Laurus camphora, myrica quercifolia gèlent à 2 à. .5"2 
Myrtus communis, citrus medica et aurantium (oranger et 

citronier), thea viridis (thé) gèlent à > à 4° 
Les arbres fruitiers perdent leurs feuilles et leurs fruits à 3° à 4°» 


4) Voyez Wilhelm Neuffer : Untersuchungen über die temperatur-veranderungen der vege- 
tabilien. Dissert. academ. présid., G. Schubler, 1829. 


| 
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— 255 — 


Rhamnus spina-christi, juniperus thurifera et barbadensis, 
anona glabra, aralia arborea, teucrium fructicans, multi- 


florum et flavum, erica arborea gèlent à 5° à 4° 
Camellia japonica, cytisus grœcus, patens, cajan gèlent à 5° à 5° 
Ceratonia siliqua, nerium oleander, styrax officinalis, yucca 

gloriosa gèlent à 5° à 6° 
Clematis cirrhosa, prunus lusitanica, melia azedarach, cas- 

sine peragua, anona tribola, pistacia terebinthus, cissus 

creticus, laurus nobilis, artemisia arborescens gèlent à bia r7 
Punica granatum, quercus suber, jasminum officinale, jus- k 

ticia adhadota gèlent à Dh" 8° 
Arbutus unedo, hypericum balearium, rhamnus volubilis, 

quereus coccifera, laurus borbonia et oestivalis gèlent à 6° à 8° 
Cupressus sempervirens, clematis viorna gèlent à Ph GS 
Rhamnus infectorius, amygdalus pumila gèlent à CPE (Ds 
Prunus laura-cerasus, pinus pinea, baccharis halimifolia 

gèlent à M ue À da 
Jasminum fructicans gèle à 41° à 17° 
Rosa pimpinellifolia et autres rosiers gèlent à 1974147 
Periploca græca, cercis siliquastrum, magnolia glauca 

gèlent à 15° à 15° 
Buxus sempervirens (buis), fraxinus ornus (frène), brous- 

sonetia papyrifera gèlent à 16° à 20° 
Vigne. /Vitis vinifera) gèle à AO A2 
Rhododendron ponticum, cytisus laburnum gèlent à 142? 
Amygdalus communis (amandier), persica (pécher), arme- 
 riaca vulgaris (abricotier), ceanothus americanus, rosa 

centifolia (rosier à cent feuilles), mespilus germanica (né- 

flier) gèlent à 21° à 24° 
Juglans regia (noyer), fagus castanea (chataignier), clematis 

vitalba, kerria japonica gèlent à 24° à 26° 
Prunus domestica (prunier), cerasus (cerisier) gèlent à 25° à 26° 
Hedera helix (lierre), Ilex aquifolium gèlent à 24° à 26° 
Pyrus communis (poirier), malus (pommier) gèlent à 25° à 27° 
Gleditschia horrida, inermis et triacantha supportent de 24° à 27° 
Liriodendron tulipifera (tulipier), carpinus betulus (bouleau), 

fraxinus excelsior (frêne élevé) supportent de 27° à 50° 
Juniperus communis (genévrier), pinus bancksiana et cembra 

supportent sans geler de 39° à 40° » 


Quoique ces degrés variables de gelée pour ces plantes ne soient pas 
absolument les mêmes dans toutes les localités, cependant ils peuvent 
servir d'indication pour l’ornementation des jardins. Les observations de 
M. Quetelet ont prouvé que la température moyenne dans notre pays est 
de 40°,23 c., que la température moyenne du mois le plus chaud est de 


EX 


18°,01, celle du mois le plus froid de 1°,85, la différence de ces deux 
nombres où 16°,18 pouvant servir à caractériser notre climat (). Mais la 
température moyenne du mois le plus froid (janvier) n’est pas celle qui 
agira le plus sur nos plantes, mais bien la température extrême la plus 
basse dont il ne faut l’action que pendant quelques heures pour anéantir 
la vie dans les végétaux qui ne pourront pas la supporter. Nous ne parlons 
pas des températures limites exagérées qu’on cite parfois en Belgique, 
mais notre confiance dans la science profonde de M. Quetelet nous fait 
prendre de préférence les données certaines qu'il a enregistrées pour dix 
années, de 1855 à 1844, période de temps où s’est manifesté l'hiver le 
plus rigoureux, celui de 1837-58 où nous avons vu périr tant de plantes. 
Pendant ces dix années de 1855 à 1844, la température ne s’est pas élevée 
au-delà de 35°,1 c., cette dernière limite a été atteinte le 19 juillet 1834, 
et le thermomètre ajoute M. Quetelet (*) n’est pas descendu au-dessous 
de 18°,8 (nuit du 15 au 16 janvier 1858). La distance qui sépare ces deux 
points de l’échelle thermométrique est de 51°,9. Terme moyen, continue 
le même auteur, le jour le plus chaud s’est présenté le 9 juillet et le jour 
le plus froid le 14 janvier, mais si l’on tient compte de toutes les varia- 
tions, on peut regarder, en Belgique, le 25 juillet comme le jour le plus 
chaud et le 18 janvier comme le jour le plus froid. 

En comparant ces précieuses données, avec celles fournies par Neuffer, 
on voit que sous le climat de Belgique les plantes qui ne géleront jamais, 
sont les buis, les müriers à papier, les frênes, les vignes, les rosages, le 
cytise-laburne, les pêchers et les amandiers, les abricotiers, les rosiers à 
cent feuilles, les nefliers, les noyers et les chataigniers, les clématites, les 
kerries, les pruniers et les cerisiers, les lierres et les houx, les poiriers et 
les pommiers, les ghelditzia, les tulipiers, les bouleaux, les genévriers et 
les pins. Cette résistance aux gelées dépend du reste aussi de la variété 
typique de l'espèce, ainsi, dans l'hiver de 1857-58, les houx verts n’ont 
pas gelé, mais les houx panachés ont péri presque partout. Ainsi, encore 
les rhododendres pontiques ont résisté, mais leurs variétés hybrides ou 
bâtardes ont péri. 11 suffira donc d’une température basse extrême pour 
anéantir dans un pays tous les pieds de variétés, tandis que le type de 
l'espèce se conservera. On explique ce phénomène en regardant ce qui est 
conforme à la nature, les panachures comme des états maladifs et les 
hybrides comme des êtres mixtes destinés en vertu même de leur origine 
à une mort plus prompte, afin que la nature conserve dans la création 
l’ordre établi. 

Si les observations rigoureuses faites à l’observatoire de Bruxelles 
portent ainsi à 18°,8 c. la température limite la plus basse observée 
pendant dix ans, il se pourrait néanmoins que des températures plus 


(1) Quetelet, sur le climat de Belgique. Ann. de l’obs. royal, 1845, t. IV, p. 45 et aill. 
(2) Loc. cit., p. 55. 


de D di à 
de 
“ 
‘ 


basses encore eurent été observées antérieurement. En général, ces an- 
ciennes évaluations ne méritent pas grande confiance, mais dans la natu- 
ralisation des plantes les horticulteurs par excès de précaution ne feront 
pas mal de les avoir présentes à la mémoire. 

Une des températures les plus basses serait celle observée à Liége, par 
Comhaire, en 1785, du 29 au 50 décembre et donnant 24° 45 R. A 
Bruxelles on a constaté, dit-on les températures limites suivantes : 


nt, Tianvietr. - - 11,080 — 1786, 3 janvier. . . 416, Oc. 
4168, 5 ‘»5 . : | 19,08  — 41788, PAT L'w08 
4776,28 >» . . . 20,07 — 41823, 23 janvier. . . 47,03 
1783, 31 décembre. . 16,03 — 1838, 15 ou 16 janvier. 18,08 


Quant à la limite inférieure des températures, dit M. Quetelet (‘), on 
pourrait la faire à 24° centigrades : elle a été atteinte à Liége, en 1785 et 
à Malines, en 1825, bien qu'à Bruxelles, pendant la dernière année, 
M. Kickx, père, n'ait marqué pour minimum que 47°5, tandis que 
M. Crahay marquait à Maestricht 22° 9. Une observation non moins im- 
portante et que le directeur de l'observatoire tire également de ses re- 
cherches , est qu’en Belgique on ne cite pas un seul hiver pendant lequel 
il n'ait pas gelé. 

Une série très-nombreuse d'observations faites sur une quantité consi- 
dérable d’arbustes exotiques, par M. Lindley, pendant l’hiver de 1837-58 
a prouvé également la vérité de ce fait de la plus haute importance pour 
l'introduction des plantes, à savoir qu’il existe pour chacune d’entre elles 
une température limite au-dessous de zéro, qui la tue infailliblement. 
C’est en prenant la plante à cette température limite que le savant anglais 
a examiné l'effet de la gelée sur elle et dont nous parlerons plus avant (?). 


Les recherches de M. Goeppert (5) ont conduit à un résultat du même 


genre, de sorte qu'il reste bien acquis à la science que les plantes 
périssent de froid chacune à une température particulière, soit à zéro, soit 
au-dessous de zéro, sans que l’on puisse connaître d’autre cause à ce 
phénomène qu'un effet spécial de la vitalité même de ces espèces. 

D'après les observations de Neuffer, nous voyons que des espèces de 
pins et de genévrier commun supportent jusqu’à 40° R. Il est intéressant 
de comparer cette limite inférieure aux températures extrêmes qu’on 


observe sur le globe lui-même. 


Plus la latitude devient méridionale, plus la chaleur augmente, mais 
dans aucun lieu de la terre et dans aucune saison, le thermomètre élevé 
de 2 à 3 mètres sur le sol et à l'abri de tout rayonnement n’atteindra 


(1) Loc. cit., p. 60. 

(2) Lindley. Observations upon the effect produced on plants by the frost (Horlicultural 
transactions, 1839). 

(3) Ueber die wârme Entwickelung in den Planzen deren gefrieren und die schutsmittel 
gegen dasseble. Breslau, 1850. 


— 258 — 


46° e. (57° R.) Sous l'équateur la chaleur solaire s'elève à 40° et ne des- 
cend pas au-dessous de 12° à 15°. Par contre le plus grand degré de froid 
qu'on ait observé sur la terre par un thermomètre suspendu dans l'air 
est de 50° c. ou de 40° R. Entre ces deux extrêmes la température varie 
comme la végétation pourrait varier elle-même puisque nous voyons des 
plantes, des arbres, résister à la plus forte gelée que l'atmosphère pourrait 
produire sur notre globe. Il y a donc des plantes qui, insensibles à ces 
différences énormes peuvent vivre sous tous les climats, comme il yen a 
d'autres qui, très-sensibles à ces variations n’occuperont que des zones 
très-resserrées. La dissémination de l’espèce humaine sur la terre dépend 
de sa résistance aux températures si variables par la conservation inalté- 
rable de la température propre du corps humain, et l’on pourrait dire 
qu'il y a des plantes susceptibles de présenter une résistance analogue, 
mais il est remarquable toutefois que ces espèces qui résistent le mieux 
au froid, sont précisément celles qui auront beaucoup de peine à supporter 
les chaleurs considérables, de sorte que le principe serait plutôt infirmé 
par le transport de ces espèces capables de résister à de grands froids, 
dans un climat chaud que par leur émigration dans un pays à la tempéra- 
ture très-basse. 


De l'influence de la chaleur sur les végétaux. 


Des causes inconnues jusqu'à présent, agissent sur le point extrême de 
froid qu'une plante peut supporter sans mourir, de manière à faire varier 
ce point extrême d'après les localités. Ce principe, résultat d'observations 
incontestables jette beaucoup de vague et d'incertitude dans la théorie des 
naturalisations. Les terrains humides donnent certainement plus d'eau 
aux arbres les étés et les automnes secs. On concevrait comment l'in- 
fluence des terrains et des saisons antérieures peut faire varier dans des 
localités très-différentes, sous l’un ou l’autre de ces rapports ou sous tous 
les deux, la température limite où la vie peut se soutenir. Mais d’après les 
recherches de Schubler ('), l'extrême diversité du froid que des espèces 
peuvent supporter dans des localités différentes n’est pas explicable par 
ces seuls motifs. 

Ainsi d’après cet auteur, l’Alisma tribola a gelé à Carlsberg par 5 à 7° 
de froid et n’a pas gelé à Berlin par cette température, le Celtis orientalis 
a supporté de 8° à 10° de froid à Carlsberg et 24° à Berlin, l’Ailanthus 
glandulosa a laissé périr ses sommités par 20° à Berlin, et seulement par 
25° à Tubinge. Les chênes verts gèlent à Berlin de suite et supportent de 
8° à 10° à Carlsberg, le Cupressus disticha gèle à Carlsberg à 14° et seu- 
lement à 25° à Tubinge, tandis qu'à Munich il n’a pas pu supporter le 
moindre froid , et à Berlin il a résisté aux froids les plus vifs. Nous ajou- 


(1) Ann.de la Soc. d’hort. de Berlin, 1828. Voyez De Candolle, Phys. 5, p. 1122, t. IT, mars. 


RS — 


terons que la Belgique n'est pas étrangère aux mêmes variations. Ainsi, 
les Catalpa ont péri à Liége, l'hiver de 1857-58 et ont résisté dans les 
Flandres. Au jardin botanique de Liége, où la température la plus basse 
a été observée en janvier de cette même année à 18°,5 les lauriers de 
Portugal, les lauriers-cerises , ont péri, tandis qu'à cette température ils 
ont résisté à Gand. Le travail cité plus haut de M. Lindley sur les ravages 
de l'hiver 1857-58 et pour lequel 27 personnes expérimentées lui avaient 
fourni des matériaux, a prouvé un fait analogue. Ce savant a tenu compte 
pour chaque série d'observations de la constitution géologique du sous- 
sol, de l'exposition, du vent, de la neige, de sa quantité qui couvrait les 
| plants et des abris même éloignés. Ces données n'ont pas fourni même 
l'occasion de découvrir les causes, sans doute très-multipliées, de ces 
étranges différences. Nous pensons aussi que les eaux de la terre arrivant 
de profondeurs diverses et pouvant par cela seul apporter une tempéra- 
ture fort différente au végétal où elles sont entrées comme sève, doivent 
dans ces circonstances agir considérablement. Nous serons même d'autant 
plus de ces avis qu'en général c'est sur des arbres et des arbustes que ces 
observations ont été faites. 

Toujours est-il que par suite de ces observations, l'horticulture pra- 
tique ne peut pas, dans une localité donnée, prêter une attention assez 
sérieuse à ces faits, car la composition des jardins et la naturalisation 
des espèces étrangères en dépend. 

Il résulte même de cet état de choses qu'aucun botaniste ne peut 
d'une manière certaine établir à priori qu'une espèce donnée sera ou ne 
sera pas naturalisable. La structure d'une plante peut bien lui donner 
des indices, comme la constitution de l'écorce, des bourgeons, des tissus, 
sur la probabilité plus ou moins grande du succès de la naturalisation, 
mais des structures identiques offriront cependant en dernier résultat des 
différences énormes. Le professeur Lindley fait remarquer qu'il n'y à 
point de doute sur l'impossibilité des expatriations de certaines familles, 

comme celles des palmiers hors des plaines des tropiques, des cactées 
… hors des régions sèches de l'Amérique, ou des orchidées épiphytes, hors 
des localités ombragées humides de l'équateur, et cependant ajoute-il, 
nous voyons le Chameærops humilis croître en pleine terre près de Rome, 
. etle Ceroxylon andicola prospérer sur les montagnes Quindiu à la hau- 
_ teur de 9,000 pieds au-dessus du niveau de la mer et des endroits où la 
. température moyenne est à peine de + 6°,67 centigrades. Des opuntia 
n'ayant d'autre abri qu'un simple verre passèrent l'hiver de 1857-1858 
à Owston près de Doncaster, où ils supportaient la température de 
— 12°, 87 centigrades ; l'Opuntia ferox résista sans abri aucun à ce rude 
hiver à Glascow et à Drapmore. Nuttall assure que le Welocactus vivi- 
parus et d'autres espèces se trouvent sur les montagnes du Missouri où 
il y a des gelées intenses. L'Oncidium nubigenum croit sur les Andes du 
Pérou à 14,000 pieds d'altitude et sous un froid considérable. Le Dendro- 


} 
& 
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1 


ET je 


bium demidans croit au nord de l'Inde, sur des chènes et dans une 
région sujette aux gelées, et Hartreg a vu des lælia sur les montagnes de 
Léon, au Mexique, à 8,000 pieds au-dessus du niveau de la mer et où il 
gele. Ces faits sont nombreux et cependant qui ne regarde pas ces plantes 
comme des êtres les plus sensibles aux froids ? 

Nous avons signalé plus haut ce fait que des variétés panachées gèlent 
où le type de l'espèce ne gèle pas. Nous ne pouvons négliger de parler 
iei d'une autre série de faits où des variétés ont été reconnues plus aptes 
que l'espèce type à résister au froid. Ainsi le docteur Lindley cite une 
variété d'olivier qui, en Angleterre, supporte sans geler —16° centigr., 
tandis qu'en Italie les oliviers gèlent entre — 2° et 9°. Parmi les variétés 
nombreuses d'oranger, des différences analogues s'observent. Les variétés 
du camellia offrent non moins de diversité; d’après les remarques de 
M. Harrison les C. smyrtifolia, waratah, rubra plena, alba plena, rubra 
simplex, pompon, simplement protégés par des couvertures et placés 
le long d'un mur au midi, ont supporté l'hiver de 1857-1858, tandis que 
d'autres variétés ont entièrement péri. M. Herbert pense que si l'on son- 
geait à bien étudier ces résistances, en greffant des variétés sensibles sur 
des sujets résislants on parviendrait à introduire les camellia dans nos 
cultures de pleine terre. 

Il est au reste important, dans ces influences différentes que les plantes 
peuvent recevoir des basses températures, de tenir compte de Fäge de 
l'iidividu. De vieilles plantes ayant poussé leurs racines profondément 
en terre, de manière à recevoir des eaux moins soumises au froid de la 
surface, seront dans des conditions plus favorables que des jeunes pieds, 
moins ligneux et dont les racines sont plus superficielles. Les racines tra- 
çcantes étant superficielles, ou des pivots s'enfoncant profondément dans 
le sol, seront ici des circonstances dont l'importance ne doit pas être 
perdue de vue. En Belgique. nous avons vu périr par le gel beaucoup de 
cèdres du Liban, à cause de ce défaut d'observation ; jeune, il demande 
de la protection, vieux, il s'en passe. C'est même le défaut de Fabri qui 
fait que dans notre pays si peu de jardins possèdent de vieux pieds de cet 
arbre magnifique. 

La faculté de chaque plante et de chaque partie d'une plante pour ré- 
sister aux extrémes de la température est en raison inverse de la quantité 
d'eau qu'elle contient. L'énoncé de cette loi appartient à Pyrame De Can- 
dolle, mais sa démonstration est vieille comme la science elle-même. 
Théophraste remarquait déjà que la neige nuisait moins aux plantes que 
les gelées blanches, parce qu'à l'époque des neiges, disait-il, le végétal 
sommeillait, mais à l'époque des pruïnes (pruina gelée blanche) Farbre 
est déjà plus humide et plus tendre (1). Depuis Théophraste des preuves 
nombreuses et variées de cette loi sont observées tous les jours. 


1) Théophrasie, De Cand., planter. Liv. V, cap. V, 15. 


"de 


La 

Les graines sèches et mures résistent aux froids les plus intenses. Les 

_ graines non mûres et encore humides sont extrémement sensibles au 
froid. C'est pour ce moûf que des fleuraisons tardives n'aménent pas de 
fruits, car œux-<ci gèlent facilement en automne. 

Le professeur de Breslau, M. Goeppert , relate dans l'ouvrage que nous 
avons cité, une longue série d'expériences faites sur des graines aban- 
données, du 15 novembre 1828 au 1= mars 1829, 2 tous les changements 

_ de température de l'hiver. Nous ne pouvons reproduire ici la série de ces 
mais nous nous contenterons de citer les choux, le canna indice, 
le chanvre, le pois chiche, le cornichon, le melon, la courge, le cotonnier 
herbacé, le lavatère, le tabac, le haricot, le pois, le réséda, la sariette, 
le cerfeuil , l2 capucine et la fève. Toutes ces graines germérent parfaite- 
ment dans les beaux jours, bien qu'elles eusse nt supporté un froid de 
rm pure qe prrart-d'us er 
comment les graines de plantes délicates peuvent se conserver dans les 
jardins ou les plantes germées périront, sans que les graines non ger- 
mées aient perdu leur facilité à entrer en végétation. Les collomia grau- 
diflora, calandrinia spéciosa, gilia tricolor , impatiens glandulifera, se 
conservent ainsi dans quelques jardins de nos climats. 
à M. Goeppert prépara un mélange frigorifique qui fit descendre le ther- 
momètre à 40° et geler le mercure. Il soumit à ce froid des graines sèches 
d'avoine, de choux, de chanvre, de pois chiche, de belle de jour, de l'orge, 
de la laitue, du lupin, de la nigelle, de la marjolaine, du pavot. du haricot, 
de la moutarde, du froment, de la capucine et de la fève de marais. Au- 
_ cune graine ne fut tuée et toutes germérent. 2 6 Po EE 
… avaïent absorbé une faible quantité d'humidité, quelques grains d’ea 
faculté germinative fut anéantie par le froid qui avait 2 dat 
| racines, des tiges, des feuillages , etc., (*). 
. … Les graines en germination sont aqueuses, elles gèlent promptement et 
- meurent. La non réussite des haricots est presque toujours due à cette 
—. cusæ et les récoltes de ces légumineuses sont précaires si on les a semé 
- avant les nuits froides d'avril; ces plantes exigent des protections. Toutes 
_ les graines germées périssent entre deux limites données de variation de 
_ chaleur souvent peu éloignées. 
» Au printemps, quand la sève est montée dans les arbres, les gelées 
D — surtout après l'effet de Faoütage: 
ss gelées du printemps font plus de mal que celles d'automne parce que 
_ la sève printanière est plus abondante que celle d'août. 
pm qu un hiver pluvieux 
. etdoux qu'après un hiver sec et rigoureux, précisément parce que le pre- 
_ mier a donné plus d’eau aux plantes. 


4 


(1) Goeppert. Ueber die wirme Entuikelunz, p. 48 et suivantes. 
BELG. HORT. T. V. 20 


D 


+ de 


Les arbres gelent plus rapidement dans les terrains gras et humides 
que dans les sols secs, par la même cause. 

Lorsqu'on craint les gelées sur les arbres déjà pourvus de feuilles, on 
les prive de ces organes pour diminuer l'ascension de la sève et par con- 
séquent l’effet du froid sur ce liquide. Cette pratique existe en Suède, 
Bierkander a donné des détails (*) sur les effets d’un froid de 1 à 2 degrés 
sous zéro agissant sur les chênes, les hêtres, les pins, les sapins, ete. , 
lorsque la sève du printemps est montée dans leurs branches; il a toujours 
vu en Suède se produire des dommages par suite de cette action. La dé- 
foliation arrête la sève et le gel est moins à craindre. 

Des arbres gelent au midi qui ne gèleraient pas au nord, parce qu'à 
l'époque des gelées tardives , ils ne seraient pas encore en sève. La cerise 
de Bruges réussit très-souvent, parce que les arbres cultivés au nord, ont 
une végétation tardive. 

Des arbres dont les fleurs ont noué ou ceux dont les branches con- 
servent longtemps leurs fruits (orangers), gèlent plus facilement parce 
que les fruits qui se forment et ceux qui muürissent, attirent plus de sève. 
Dans les orangeries le froid est plus à craindre pour les orangers couverts 
de fruits que pour ceux qui n’en ont pas, toujours par cette raison que 
les arbres fructifères ont plus de sève que ceux sans fruits. 

Ainsi encore, toute proportion égale, une plante succulente et humide, 
un arbre juteux ou aqueux se naturalisent plus difficilement qu'une 
plante sèche, qu'un arbre à bois sec et dur. On avait préconisé l’intro- 
duction en Belgique du mürier des iles Philippines, le Morus Perorreti, 
comme le plus convenable et le plus lucratif, d'immenses plantations en 
avaient été faites; un seul hiver a suffi pour faire table rase des cultures. 
Ce mürier est trop aqueux. Le mürier blanc et le mürier noir moins 
aqueux résistent parfaitement à nos hivers. 

L’aubier est plus humide que le bois, par la raison fort simple que 
c’est par l’aubier que la sève monte dans les arbres. Les gelées attaqueront 
plutôt l’aubier que le bois, et les gélivures des arbres se font presque 
toujours dans l’aubier; plus tard, l’aubier devient bois et l'on s'imagine 
alors que le bois a gelé, tandis qu'à l'époque du gel, le bois était aubier. 

L'écorce recoit la sève descendante; le latex de la plante circule dans 
les vaisseaux de ses couches herbacées. L’écorce gèle donc d’autant plus 
vite qu’elle est humide et extérieure. Ainsi, tous les dégats des hivers 
rigoureux portent-ils souvent sur les écorces. C’est sur elle donc que 
toute l'attention du forestier, du pépiniériste, du jardinier, doit se fixer. 
Couvrir l'hiver les arbustes et les jeunes arbres de paille ou d’abris quel- 
conques , c’est protéger surtout l’écorce, mais lorsqu’au printemps on 
laisse subsister ces couvertures trop longtemps les jeunes pousses crois- 
sent dessous, s’étiolent, se remplissent d'eau et la moindre gelée tardive, 


(2) Abhandl, der konigl. Schwed Akademie, 1778 et Kastner, 1785, p. 58. 


pu inter 2/2 1. mé da créée 2 à 27 Sn SE St nr pen, La: mes 


— 245 — 


la plante étant découverte, tue impitoyablement ses jeunes rameaux. 
Nous voyons des jardiniers maladroits perdre souvent les pivoines en 
arbre par suite de ce défaut de surveillance. On nous dira qu'il est très- 
difficile, si pas impossible, de savoir justement le temps où il faut décou- 
vrir les plantes délicates, car si on le fait trop tôt les gelées peuvent tuer 
les végétaux et si on le fait trop tard les jeunes pousses se seront dévelop- 
pées , étiolées et ne résisteront pas aux nuits froides. Un élève de Linné, 
Berger, dans une élégante dissertation écrite sous l'inspiration du maître, 
a posé un principe, résultat d'observations sur les phénomènes périodiques 
de la nature et ce principe, quoiqu'il paraîtra singulier à certaines per- 
sonnes, n’est pas moins excellent à suivre, comme l'expérience nous l'a 
démontré depuis de longues années. Ce principe est celui-ci : 

« Quand la grenouille se montre au printemps, il faut dénuder les 
plantes couvertes, afin que leurs bourgeons puissent pousser avec succès. » 

L'instinct des animaux ne les trompe guère et la grenouille devient 
ainsi pour un jardinier intelligent l'indice que ce genre de travail est à 
l’ordre du jour. 

La faculté des végétaux pour résister aux extrêmes de la température 
est en raison directe de la viscosité de leurs sucs. Ce principe est encore 
un de ceux dont la physiologie de De Candolle à fait ressortir l'impor- 
tance , et la théorie de l’horticulture de M. Lindley a de nouveau attiré 
l'attention des botanistes sur ces faits. Rumford à prouvé que plus un 
liquide est visqueux, moins il est bon conducteur du calorique. La 
viscosité des sucs s'oppose donc à l’action pernicieuse du froid. L'eau gèle 
à0, quand elle est sans mélange, mais l’eau salée gèle de —2° à —15° selon 
les degrés de saturation, l'huile de térébenthine qui est un fluide visqueux 
de conifère ne gèle qu'à — 10°; l’huile de bergamote à—5°; le vinaigre à— 92° 
l'huile d'olive à +2, 22; l'huile d’anis à 10°. II suit de là que des sucs de 
plantes peuvent réellement geler, alors que la température est au-dessus 
de zéro. Nous avons vu arriver ce fait sur le basella rubra qui, cultivé 
dans une serre chaude, avait été placé dans une serre tempérée où la 
chaleur n’excédait pas 5° centigrades. La plante offrit tout l'aspect en 
peu d'heures d’une plante gelée. 

Il résulte également de la même loi naturelle que les arbres résineux 
où les sues sont très-visqueux, conviennent également les uns aux pays 
chauds, les autres aux pays froids, car leurs sucs gèlent moins vite et 
s'évaporent moins promptement. Aussi voyons-nous ces arbres s'étendre 
selon les espèces depuis la Sicile jusqu’en Suëde. 

Les arbres résisteront mieux au froid en automne qu'au printemps, 
puisque la sève est plus épaisse à la première saison qu’à la seconde. 

11 suit également de là qu'on peut bien présumer de la possibilité de 
la naturalisation d'un arbre à suc épais, comme les rhus, les vernix, ete., 
tandis qu'une sève plus liquide exclut cette même possibilité. 


L pu 


PI, 56. 


CRE 
RE 


2 dés: 


CONSTRUCTIONS HORTICOLES. 


LES SERRES ET LES SALONS. 


Rien n’entretient et n’avive plus les passions que la vue et le com- 
merce perpétuel avec l’objet qui les provoque; l'amour n’aime pas les 
distances et les difficultés, elles l’excitent d’avantage et lui donnent le 
pouvoir de les surmonter toutes. L'amour des fleurs a acquis ces propor- 
tions; on veut vivre au milieu d’elles, on veut continuellement reposer 
la vue sur ces merveilles de la création et charmer ses sens par le parfum 
qu’elles exhalent et les douces harmonies qu’elles suscitent. Nos pères 
plaçaient sur la tablette des fenêtres quelques pots fleuris et encore ne le 
faisaient-ils que dans les occasions plus ou moins solennelles; mais on 
n’en pouvait disposer de la sorte qu’en bien petit nombre, on ajouta des 
étagères dans lesquelles on accumula des plantes; puis on profita de l’es- 
pace laissé libre supérieurement , on suspendit des corbeïlles fleuries d’où 
s’élançaient mille festons verdoyants. La culture aérienne devint un art 
auquel on s’adonna avec ardeur. On avait fait un grand pas, on avait 
déjà surmonté bien des difficultés, mais on voulait faire plus encore. Les 
résultats obtenus excitaient d’ailleurs des progrès nouveaux. On cons- 
truisit alors des appareils ingénieux et des meubles élégants qui per- 
mirent de donner aux plantes du salon toutes les conditions de prospérité. 
nécessaires, on édifia de petites serres en miniature. Mais il fallait plus 
encore, on avait mis la serre dans le salon, on voulut mettre le salon 
dans la serre. Des fleurs , des fleurs, toujours des fleurs ! 

Il n’est guère d'habitations nouvelles qui ne renferment un oasis de ec 
genre. On ne veut plus aller à la serre, mais les filles du soleil viennent 
au devant de leur pasteur et chaque heure du jour on peut éprouver les 
naïves impressions qu’elles provoquent, on peut leur donner en retour 
les soins qu’elles réclament. C’est un contact continuel, qui ne fait qu'’aug- 
menter la jouissance, car des charmes nouveaux suceëdent aux beautés 
flétries. C’est là, que la mère et la fille se reposent des labeurs du ménage, 
semant de leurs doigts agiles mille contours gracieux, sur un leger tissu. 
C’est là, que le père peut rêver en chargeant l'air de quelques nuages 
odorants, car, n'oubliez pas Mesdames que les vapeurs de tabac sont 
très-utiles aux plantes. C’est là, en un mot que règne un printemps 
éternel, on y jouit d’une douce température, quand souffle la bise, et 
pendant les chaleurs de l’été on y cherche une agréable fraicheur. 

Notre dessin représente une des dispositions que l’on peut donner au 
salon de flore. Il est de style grec et communique librement avec une petite 
serre. Quelques draperies permettent d’intercepter les communications. 
Au fond de la serre sont quelques glaces qui reflétant les fleurs pendant 


— 246 — 


le jour augmentent considérablement l'effet de la perspective, le soir 
elles répètent les lumières du salon. On peut, comme le dessin l’indique, 
établir un jet d’eau vers le milieu de la serre, il répand la fraicheur dans 
l'atmosphère. Dans le salon lui-même sont peu de fleurs, si ce n’est 
quatre corbeilles suspendues dans ehacun des angles, mais quelques glaces 
convenablement disposées y produisent le plus bel effet. 

L’ameublement d’un salon ainsi disposé doit être très-simple. Les 
murs ne doivent pas être couverts de tentures , mais peints à l’huile ou 
iambrissés. On doit y être avare d’étoffes plus ou moins riches car l’hu- 
midité que les plantes exhalent leur serait bientôt nuisible. Tout doit y 
respirer la fraicheur et la campagne; la simplicité y est du meilleur ton 
et c’est à la nature seule qu'il faut emprunter les embellissements. 

Les salons de Flore peuvent être variés de bien des facons et il est 
ordinairement facile d’en établir un dans une habitation qui n’a cepen- 
dant pas été bâtie dans cette prévision. La disposition que notre dessin 
reproduit est de M. Lamb, architecte anglais. 

E. M. 


EFFETS DE LA FOUDRE SUR LES ARBRES. 


Dans le Journal de la Société d’'horticulture du Bas-Rhin, M. Kirsch- 
leger, en rendant compte du Garien flora de Regel (septembre 1854), 
résume en très-peu de mots les faits principaux consignés dans une no- 
tice sur l’action de la foudre sur les arbres par le D' Cohn, de Breslau. 
La foudre tombe sur une branche vers le sommet de l'arbre; la branche 
frappée est broyée ou brisée. Après avoir traversé l’écorce, la foudre se 
porte essentiellement sur la couche du cambium (mieux nommée couche 
génératrice) entre l'écorce et le bois; la chaleur produite fait évaporer 
rapidement l’eau du cambium; de là rupture de l'écorce, déchirure en 
lambeaux et un courant latéral brise le bois dans le sens longitudinal: 
ces brisures sont quelquefois spiralées. La foudre sort à la base du tronc 
avec des phénomènes lumineux, ou bien elle descend dans les racines, 
les brise et rompt, la terre est soulevée. Il n’y a pas d'espèces d’arbres 
qui ne puissent être frappées de la foudre. 


— 247 — 
OPÉRATIONS HORTICOLES. 


NOUVEAU POT A MARCOTTER, PAR M. P.-F. KEIR. 
PI. 57. 


Lors des visites que j'ai faites il y a quelques mois aux jardins des 
horticulteurs de Paris, j'ai remarqué un pot à marcotter qui me semble 
beaucoup plus commode que le pot ordinaire dont se servent en général 
les horticulteurs anglais. | 

Le principal trait de ce pot est simplement l'existence d’une étroite 
ouverture qui se trouve au côté, et par laquelle la branche peut être in- 
troduite. On évite, en se servant d’un pot de cette forme, la nécessité de 
courber la branche, et il est moins difficile de la fixer ou de la tenir dans 
le pot que de la manière ordinaire. Ce pot est inconnu en Angjleterre, 
mais il se pourrait qu’il soit déjà employé en Belgique. 

Pour les arbres cultivés contre les murs il n’est pas très-difficile de 
marcolter avec le pot ordinaire, car on peut le suspendre à l’aide d’un 
clou. J'emploierai cependant de préférence pour cette opération, des 
pots du nouveau modèle, parce qu'ils exigent moins de main-d'œuvre que 


— 248 — 


les anciens. C’est là leur principal et peut-être leur seul avantage, mais 
il me paraît suffisant. 

Mais si les arbres que lon veut multiplier sont en plein vent, que 
faut-il faire? Où accrocher les pots? Où enfoncer les clous? Les branches 
ne sont pas toujours assez basses pour que l’on puisse se passer des pots, 
et alors on est forcé d'élever des échaffaudages pour les soutenir. C’est 
une pratique pénible et cependant encore usitée en Angleterre. Je serais 
bien aise de savoir si les horticulteurs de Belgique ont une manière plus 
commode, mais en attendant permettez-moi de vous faire part de ma 
petite invention, qui, j'ose espérer, sera trouvée digne d’approbation. Je 
n'aime pas les descriptions minutieuses ou techniques, qui sont d’ailleurs 
trop souvent bien difficiles à comprendre, quelque claires qu’elles soient. 
Je trouve donc préférable de joindre à cette note un dessin exact, qui je 
crois, donnera une idée plus fidèle de mon nouveau modéle de pot à 
marcotter. Son emploi aura pour effet de remédier aux abus et aux diffi- 
cultés que je signalais plus haut. 


Comme on peut le voir, on n’a qu’à planter un fort bâton dans la terre : 


et fixer le pot là-dessus. Par ce moyen on peut facilement placer les pots 
à tout point autour de l'arbre, à différentes hauteurs ei sans la moindre 
gène pour les autres branches. Il est inutile d’ajouter que le cylindre 
dans lequel se fixe le bâton doit être fabriqué avec le pot même, et si l’on 
voulait il serait facile d’avoir deux ou trois ouvertures au côté. 


CULTURE DES VERVEINES EN POTS. 


Voici un moyen simple, certain et prompt pour multiplier cette jolie 
plante; je remplis de sable blanc, jusqu’à un pouce du bord, des terrines 
plates, telles que celles placées sous les pots de fleurs, et jy verse de 
l’eau de manière à en couvrir le sable ; je fais mes boutures comme on a 
l'habitude de les faire, et je les plante dans ce sable mouillé ; après les 
avoir étiquetées, je les mets dans une bâche d’une chaleur de 18 à 21 
degrés centigrades (65 à 70° Fahr.), en maintenant l’humidité du sable. 
L'avantage de cette méthode est d’être dispensé d’ombrer les boutures 
même pendant la plus grande chaleur du soleil, et d’éviter ainsi d’avoir 
des plantes grêles et allongées. Les boutures ne discontinuent pas de 
pousser depuis le moment où elles sont plantées jusqu’à celui où elles 
sont prêtes à être empotées, ce qui arrive au bout de six ou sept jours; 
alors on les retire du sable mouillé avec une touffe de racines sans en- 
dommager la moindre fibre. 

Le meilleur moment pour commencer la culture des verveines en pots 
est le mois de février. Il sera bien d’en empoter quelques-unes des meil- 
leures espèces rabattues en automne pour avoir plus tard des fleurs, mais 
elles ne feront jamais d’aussi beaux spécimens et d’une santé aussi ro- 
buste que les plantes provenant de boutures de printemps. 


+ 
f 
! 
C3 


— 249 — 


Aussitôt que les boutures sont bien enracinées, il faut les mettre dans 
des pots de trois pouces et les tenir à une bonne chaleur pendant quel- 
ques jours, jusqu’à ce qu’elles soient bien établies; alors il faut les arrêter 
et les renforcer par degrés, ne Jamais les laisser longtemps à la chaleur, 
du moment qu’elles commencent à pousser, autrement elles donneront 
de longues tiges dénudées. Quand les racines ont rempli les pots, on en 
donne d’autres de six pouces, puis on passe de ceux-ci à d’autres de onze 
pouces. Pendant la végétation il faut pincer tous les bourgeons, afin 
d’avoir des plantes touffues en ne leur permettant de fleurir que lors- 
qu’ils ont acquis une forme parfaite au moyen du nombre de branches qui 
leur sont nécessaires pour atteindre ce but. 

Le compost dont je me sers pour mes verveines est formé de terre à 
gazon, terreau de feuilles et terre de bruyère tourbeuse, mélangés en 
parties égales, en y ajoutant un peu de sable pour le rendre perméable. 
J’arrose deux fois par semaine avec de l’eau de fumier, et de temps en 
temps je seringue les plantes avec de l’eau pure pour nettoyer le feuil- 
lage. Aussitôt que les fleurs commencent à se passer , il faut les couper, à 
moins d’avoir l'intention de conserver des graines. Il est à peine utile 
d'ajouter que tout le secret de cette culture réside dans un drainage con- 
venable sans lequel, d’ailleurs, il n’y a pas de plante qu’on puisse con- 
server longtemps bien portante. 

Si les pucerons viennent attaquer vos plantes, faites des fumigations de 
tabac, car si vous leur permettez de les envahir, vous ne les rétablirez 
jamais de manière à en obtenir quelque chose de satisfaisant. La grise est 
encore une ennemie qu'il faut surveiller sitôt qu'on l’apercçoit ; on empé- 
chera qu’elle ne fasse grand tort en employant la fleur de soufre. 

Parmi les jolies variétés de verveines mises dans le commerce en 1853 
et 1854, nous citerons particulièrement l’Incomparable bleue V. Lemoine, 
Madame Richalet, nous recommandons aux amateurs les nouvelles va- 
riétés suivantes : 

Perle des blanches, à énormes bouquets de fleurs d’un blane d’argent 
variété vigoureuse de premier choix. 

Mademoiselle Grosjean (Richalet), grandes fleurs carminées, veloutées, 
teintées de rose sur les bords, centre blanc et carmin. 

Monsieur Richalet, fleurs très-grandes formant un gros bouquet, de 
couleur rose-lilacé à centre jaune. Cette variété par la taille de ses fleurs 
ressemble à un Primevère. 

Combat de l’Alma (Richalet), fleurs couleur corail à centre cramoisi 
velouté, de taille moyenne. 

Coquette de Nancy (Richalet), grande fleur cerise-carminé à reflets 
violacés et à œil blanc. 

Général Bosquet (Richalet), belle variété à fleurs d’un joli bleu, tirant 
sur le violet, centre large et de couleur blanche. {Gard. Chron.) 


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— 


PL 


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Épipogon de Gmelin (1). 


(4) Voyez p. 156. 


inck. 


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e fondante De Kon 


17 


Po 


— 251 — 


JARDIN FRUITIER. 


LA FONDANTE EDMOND DE KONINCK (nouveau semis), 
Par M. Cu. MoRREnN. 


M. Laurent De Koninck, de Louvain, professeur de chimie et de pa- 
læontologie à l’université de Liége, est un ancien élève de l’illustre Van 
Mons et devint plus tard son ami et son collègue. Il n’est donc guère 
étonnant que la pomologie aussi inserive son nom parmi les producteurs 
de bons fruits, et associe le souvenir du maître au succès du disciple. 
Déjà , il existe une poire que Van Mons a dédiée à M. le professeur De 
Koninck, et ce baptème est la cause du choix d’un autre nom que nous 
avons adopté pour la poire nouvelle, ici décrite et figurée. Nous l'avons 
dédiée à M. Edmond de Koninck, le fils du producteur. 

Du Hamel parle d’une poire, la fondante de Brest (p. 159 de son Traité 
des arbres fruitiers, tome IT) qui a de l’analogie avec le nouveau semis 
de M. De Koninek, pour la forme, la couleur, le tiqueté, quelques qua- 
lités de la chair ; mais pour d’autres rapports, comme l’époque de la ma- 
turité, la grosseur, le parfum, le juteux, ce sont des fruits complètement 
différents. Seulement, comme on ignore de quel pepin cette variété est 
sortie, il se pourrait que ce fut à une fondante de Brest que cette origine 
serait due. Ceci n’est du reste qu’une conjecture. 

Semée en 1846, cette variété a produit ses premiers fruits en 1855 au 
nombre d’une quarantaine, ce qui indique de la tendance à la producti- 
vité. L’arbreest de plein vent, vigoureux et productif. 

Le fruit est comme le disait Du Hamel « fructa medio, pyriformi, cu- 
curbitato, glabro, lucido, partim læte virente, partim delute rubescente, 
æstivo. » Cette phrase diagnostique de la fondante de Brest lui convient 
en tout point et prouve précisément l’inanité de ce mode de description. 
Nous préférons donc la description. 

La poire est grosse, courte, très-ventrue, avec une tendance à se bour- 
souffler en côtes, jusqu'à l’œil où ces protubérances sont très-visibles : 
elle est en effet plus eucurbitée que pyriforme. La queue est placée au 
bout d’un col très-court et dans un enfoncement irrégulier. Ce pédoncule 
n’a qu'un centimètre de longueur et devient assez gros et fort, ce qui 
établit une différence très-grande d’avec la fondante. L’œil est régulier. La 
hauteur moyenne est7 1/2 centimètres, et le plus grand diamètre moyen, 
au ventre, de 8 centimètres. Lépicarpe est vert-jaunâtre, jaunissant en- 
core plus à la maturité, tout tiqueté de points d’un fauve bistré et dans 
quelques endroits maculé de taches ou strié d’un lavis de la même couleur. 

-La chair est d’un blane un peu ocré avec un sablé un peu abondant : elle 
est fine, juteuse, trés-agréable, sucrée, mais elle n’est pas plus fondante 


— 252 — 


que celle de la fondante de Brest malgré son nom. L’eau n’a pas le petit 
aigre-fin dont parle Du Hamel, mais au total, c’est une excellente poire 
qui mérite d'entrer dans toutes les collections même les plus fines. 

Les pepins sont fort longs, de douze millimètres en moyenne, brun 
mahoni existant deux à deux dans une loge ou avortant. 

La maturation a lieu vers la mi et fin novembre. 

On pourra se procurer les greffes. 


MOYEN DE DONNER DE LA VIGUEUR AUX ARBRES FRUITIERS , 
Par M. PuiziBERT BARON, 
Arboriculteur à Menilmontant (1). 


On voit dans beaucoup de jardins des arbres malades par le manque 
de sève, et qui, le plus souvent, arrivent à une fin prématurée. Jai 
pensé que des incisions sur les racines devaient produire le même effet 
que sur le corps d’un arbre, c’est-à-dire, provoquer le développement de 
nouvelles ramifications ; ce qui est arrivé. 

Depuis longtemps je me sers de ce procédé et les résultats que j’en ai 
obtenus ont toujours été satisfaisants. 

La manière d’opérer est très-simple. Il suffit de découvrir les racines 
d’un arbre quelconque, qui manque de vigueur, d’en rechercher les plus 
grosses et d’y faire avec la scie des incisions assez profondes en différents 
endroits. Cette opération faite, on recouvre les racines avec la meilleure 
terre du jardin. L’année suivante, l’arbre a développé au-dessus des in- 
eisions, une grande quantité de petites racines, qui sont autant de sucoirs 
qui fournissent à l’arbre la quantité de sève dont il a besoin. 

Il arrive ainsi que des arbres greffés sur coignassier étant plantés dans 
un terrain qui ne convient qu’à des arbres sur franc, ne prennent pas un 
beau développement et ne poussent que médiocrement. On remédie à 
cet état de choses en affranchissant ces arbres, c’est-à-dire en pratiquant 
des incisions dans le bourrelet de la greffe pour en obtenir des racines. 
Si ce bourrelet est au-dessus du sol, on l’enterre en rapprochant la terre 
autour. J’ai employé longtemps la gouge pour faire ces incisions; mais 
elle offre quelques difficultés et on ne réussit pas toujours. La scie est 
de beaucoup préférable. On fait avec cet instrument deux ou trois in- 
cisions dans le bourrelet de la greffe, et, en les recouvrant de terre 
comme il a été dit plus haut, on obtient des racines qui donnent à l’arbre 
la même vigueur que s’il était greffé sur franc. 

Je n’entends parler iei que des arbres qui manquent seulement de vé- 
gétation; car pour des arbres vieux et usés, l'opération de l’incision est 
tout-à-fait inutile; elle ne saurait leur rendre la vie. 


(1) L’horticulteur français de 1851, Année 1855. 


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— 2535 — 


RÉGLEMENT 


DE 


L'EXPOSITION UNIVERSELLE D'HORTICULTURE DE PARIS. 


ARTICLE PREMIER. 


La Société Impériale et Centrale d’horticulture ouvrira le 4°" mai 1855, 
une exposition permanente et universelle des produits de lhorticulture ; 
elle sera elose le 31 octobre suivant. 


ART. 2. 


Cette exposition sera établie aux Champs-Élysées, sur le carré de 
l'Elysée. 


ART. 3. 


Pourront être admis à cette exposition les plantes, arbres, arbrisseaux 
et arbustes de tout genre et de toute espèce, fleuris ou non, les légumes 
et fruits forcés ou cultivés naturellement, et les objets d’art et d'industrie 
ayant un rapport direct à l’horticulture. 


ART. 4. 


Les horticulteurs et amateurs français et étrangers qui voudront con- 
courir à cette exhibition, sont invités à faire parvenir, dans le plus bref 
délai, à M. le S®., de la Commission d’organisation, rue du Cherche- 
Midi, 17, une demande d’exposition qui devra contenir : 
1° La nature et la quantité des produits qu'ils se proposent d'envoyer; 
2 L'emplacement qui leur sera nécessaire ; 
3° L'époque à laquelle ces produits pourront exposés ; 

4 Le temps qu'ils pourront séjourner à l'exposition ; 
5° Toutes autres indications qui pourraient être nécessaires. 


ART. 5. 


Aucune demande ne pourra être admise, si elle n'est parvenue au 
secrétariat de la Commission quinze jours au moins avant l'ouverture. 
Dans le cours de l'exposition, les demandes devront être adressées huit 
jours à l’avance. 


— 9254 — 
ART. 6. 


En réponse à ces demandes, la Commission d'organisation fera con- 
naitre : 

1° Le nombre des produits qui pourront être admis; 

2% L'emplacement accordé ; 

2% L'époque précise à laquelle les produits peuvent être admis. 

Elle adressera, en outre, en triple expédition, un bulletin d'admission, 
sur lequel seront indiqués le nom et la demeure de l’exposant, la nature 
et le nombre des produits admis. 


ART. 7. 


Tous les produits admis à l'exposition de la Société Impériale et Centrale 
d’horticulture devront être adressés , francs de port à MM. les Commis- 
saires de l’exposition universelle d’horticulture. 


ART. 8. 


Chaque colis portera une adresse qui mentionnera l'indication : 

1° Du lieu d'expédition; 

2° Du nom de l’exposant; 

3° L'espèce des produits inclus. 

Il sera, de plus, accompagné du bulletin d'admission, indiqué art. 6. 


{ ART. 9. 


Les colis contenant les produits de plusieurs exposants porteront de 
plus, sur leur adresse, les noms de ces exposants, et seront accompagnés 
d’un bulletin d'admission pour chacun d’eux. 


ART. 40. 


Par une concession faite à la Société Impériale et Centrale d’horti- 
culture par les Compagnies des chemins de fer du Nord, de l'Est, de Lyon, 
d'Orléans, de l'Ouest, de Rouen, Havre et Dieppe, de St.-Germain, de 
la Méditerranée, du Midi et du Grand central, les produits destinés à 
l'exposition de l’horticulture, jouiront sur les tarifs, de la réduction ac- 
cordée aux produits destinés à l'exposition universelle de l’industrie. 

Cette réduction ne sera accordée que sur la présentation de leur bul- 
letin d'admission. 

Ce bulletin d'admission devra être remis en double, avec les colis, entre 
les mains de MM. les Agents des Compagnies des chemins de fer; tous les 
frais de transport devront en outre, être acquittés au départ. 


ART. 11. 


Les produits venant de l'étranger et destinés à l'exposition de l’hor- 
ticulture seront admis en pleine et entière franchise de tous droits. 


— 255 — 


Ces produits accompagnés d’un bulletin d'admission, entreront par les 
villes et ports ci-après : s 

Lille, Valenciennes, Forbach, Wissembourg , Strasbourg, St.-Louis, 
Les Verrières-de-Joux, Pont-de-Beauvoisin, Chapareillan, St.-Laurent- 
du-Var, Marseille, Cette, Port-Vendres, Perpignan, Bayonne, Bor- 
deaux, Nantes, Boulogne, Calais et Dunkerque. 


ART. 12. 


Ils jouiront, à partir de la frontière, de la réduction indiquée art, 40. 


ART. 15. 


L'’admission des produits à l'exposition est gratuite, et les exposants 
ne sont assujettis à aucune rétribution, de quelque nature qu’elle puisse 
être. 


ART. 14. 


La Commission d'organisation de l'exposition est chargée de recevoir, 
déballer et disposer les objets à l’exposition. 

L'ouverture des colis se fera en sa présence; elle en constatera l’état, 
et dressera un procès-verbal des avaries qui pourraient y être survenues. 

En cas d’avaries graves, copie du procès-verbal, sera immédiatement 
expédiée à l’exposant par les soins de la Commission. 


ART. 45. 


Toutes les plantes ou objets exposés devront être munis d’une étiquette 
lisible et correcte, indiquant leur nom. 

MM. les Commissaires placeront sur chaque lot une étiquette indica- 
tive du nom, de la profession et de l'adresse de l’exposant. 


ART. 16. 


Les produits exposés seront placés soit dans des serres de différentes 
températures et pourvues d'appareils de chauffage , soit sous des tentes 
ou autres abris les plus convenables à assurer leur conservation. 

Leur entretien sera confié à des jardiniers spéciaux attachés à l’exposi- 
tion et placés sous la surveillance de la Commission. 


ART. A7. 


Chaque exposant aura la faculté de faire garder ses produits à l’exposi- 
tion, par un représentant de son choix. Déclaration devra être faite dès 
le début, du nom et de la qualité de ce représentant, il lui sera délivré 
une carte d'entrée personnelle, pour le temps que durera l’exposition de 
ces produits; cette carte ne pourra être, ni cédée, ni prêtée à aucune 
période de l’exposition, sous peine de retrait. 


— 956 — 
ART. 18. 


Les représentants des exposants devront se borner à répondre aux ques- 
tions qui leur seront faites, et à délivrer des adresses, prospectus ou prix 
courants qui leur seront demandés. 

Il leur sera interdit, sous peine d’exclusion, de solliciter l'attention 
des visiteurs, ou de les engager à acheter des objets exposés. 


ArT. 419. 


La Commission veillera, avec la plus grande sollicitude , à la garde des 
objets expédiés; mais elle ne sera responsable ni des avaries, ni des vols 
ou détournements qui pourraient être commis. 


ART. 20. 


Dans le cas de vente des produits exposés, ils ne seront livrés qu’à l’ex- 
piration du temps fixé pour leur exposition. 


ART. 21. 


L’appréciation et le jugement des produits exposés seront confiés à un 
Jury composé de 36 membres titulaires et de 12 suppléants. 

Ce Jury, choisi par la Société, sera divisé en 6 sections, chacune de 
6 membres titulaires et de 2 suppléants et présidé par un des Vice-Pré- 
sidents de la Société. 

Chaque section fonctionne alternativement et sous la présidence du 
Vice-Président ou celle d’un membre délégué pour le remplacer. 


ART. 22. 


Chaque produit exposé sera, pendant la durée de son exposition l’objet 
d’un examen par la section de service qui en dressera un procès-verbal. 


ART. 25. 


Ces procès-verbaux seront revus, et les récompenses déterminées par 
le Jury, toutes sections réunies, sous la présidence du Président de la 
Société. 

AnT. 24. 


Des médailles seront données en récompense, et les exposants récom- 
pensés recevront , à titre de prime , le remboursement des frais qu’ils au- 
ront faits pour le transport, aller et retour, de leurs produits sur le 
territoire français. 


3. Abutilon insiône .4.5.6.Crawfurdia faseiculata. 
ss 


Sr. 


HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE CRAWFURDIA FASCICULATA. WALLICH. 


CRAWFURDIA A FLEURS FASCICULÉES. 


Famille des Gentianées. — PENTANDRIE DIGYME. 
. 

Crawrunoia. Wall. Calice tubuleux, à cinq 
dents. Corolle hypogyne, marcescente, tubu- 
leuse ou campanulée, à limbe 5 ou 10-fide, 5 
lobes alternes plus petits. Cinq étamines in- 
sérées an bas de la corolle; filets dilatés, an- 
thères dressées. Ovaire uniloculaire. Ovules 
nombreux insérés sur les sutures. Style ter- 
minal, droit; stigmate bifide, à lobes allongés 
et recourbés. Un disque hypogyne, quinqui- 
lobé. Capsules stipitées, elavées,comprimées, 
uniloculaires, bivalves. Graines nombreuses, 
verticales, imbriquées, membraneuses sur les 
bords, à testa ailé. 

Herbes du Népaul, volubiles, glabres; à 
rameaux allongés, très-grèles, feuilles oppo- 
sées, à trois nervures ; fleurs axillaires, soli- 
taires ou fasciculées, grandes, belles et d’un 
bleu clair. 

Crawfurdia. Wall. Tent. Flor. Népal, 1, 
65, pl. 47-48. — Gricseb. in DC.. Prod. IX, 
120. — Endlicher, Gen., n°3556. 

C. FascicuLaTa. Wall. Feuilles oblongues 
lancéolées, acuminées, quatre fois environ 


Crawrurpi4. Wall. Calyx tubulosus, quin- 
que-dentatus. Corolla hypogyna, mareescens, 
tubulosa veleampanulata, limbo quinquefdo, 
v. decemfido laciniis alternis nanis. Slamina 
5, imo corollæ tubo inserta ; filamen ta dila- 
tata, antheræ erectæ. Ovarium uniloculare. 
Ovula in placenlis suluralibus plurima. Sty- 
lus terminalis, rectus; stigma bifidum, lobis 
oblongis , recurvis, Discus hypogynus, quin- 
quelobus. Capsula slipitata, clavata, com- 
pressa,uniloeularis, bivalvis.Semina plurima, 
verlicalia, imbricata, membranaceo-margi- 
nata, testa alata. 

Herbæ nepalenses, volubiles, glaberrimæ ; 
ramis elongatis, gracillimis , foliis oppositis, 
trinerviis , floribus axillaribus, solitariis, v. 
fasciculatis, magnis, speciosis, dilutecæruleis. 


Crawfurdia. Wall. Tent., Flor. Nepal, I, 
65, pl. 47-48. — Grieseb. in DC., Prodr. IX, 
120. — Endlicher, Gen., n° 5556. 

C. rascicuraTa. Wall. Foliis oblongo-lan- 
ceolatis, attenuato-acuminalis, peliolum qua- 
ter feresuperantibus, floribus brevissimepe- | plus longuesque le pétiole, fleurs brièvement 
dicellatis, in axillis subaggregatis, calyeis 5- | pédonculées, aggrégées à l’aisselle des feuilles, 
fidi lobis setaceis tubum æquantibus, corollæ | calice à cinq divisions de la longueur du tube 
cæruleæ, elavatæ lobis ovali saeulis, plicis | de la corolle; corolle bleue, à lobes ovés- 
brevibus latis rotundatis apice erosis, capsula | pointus, les pelites divisions arrondies: cap- 
obovata stipile ter longiori. 2!. In prov. Silhet | sule obovée, trois fois plus longue que le gy- 
el Nepalia. nophore. Vivace. De la province de Silhet et 

du Népaul. 


oh 


Le Crawfurdia fasciculata est une charmante plante, découverte parle 
D: Wallich, dans le Silhet et le Népaul. Elle diffère tant de toutes les autres 
gentianées par son habitus grimpant que le D' Wallich n’hésita pas à en 
constituer un genre nouveau qu'il nomma Crawfurdia, en l'honneur de 
Jean Crawfurd, à cette époque gouverneur de Singapore. Si les botanistes 
doivent la connaissance de cette plante au savant D° Wallich, les horti- 
culteurs doivent plutôt reporter leur reconnaissance sur l'infatigable et 
zélé M. Lobb. 1l en envoya, de Khasya, des graines à M. Veitch, chez qui 
le Crawfurdia fasciculata fleurit pour la première fois en janvier 1855, 

Le genre Crawfurdia compte aujourd’hui deux espèces authentiques, 
le C. fasciculata et le C. specivsa, Wall. Cette dernière provient des monts 

BELG. HORT. T. V. 21 


— 258 — 


Himalaya, du Népaul et et de la provinee de Surkunda, elle a les fleurs 
plus grandes que le C. fusciculata, mais ni aussi nombreuses, ni aussi 
colorées. L'espèce que nous figurons peut présenter jusque six fleurs à 
l’aisselle de chaque feuille. Un brillant succès lui est assuré, par sa volu- 
bilité, le grand nombre et la belle couleur de ses fleurs. 

Le C. fasciculata est absolument glabre dans toutes ses parties, à tiges 
sveltes, arrondies, très allongées , rameuses et grimpantes à la facon de 
notre Convolvulus arvensis indigène; elles sont rougeâtres ou purpures- 
centes. Les feuilles sont opposées, lancéolées, acuminées, les plus grandes 
et les plus âgées larges et obtuses à la base; toutes sont entières, mar- 
quées de trois ou cinq nervures comme toutes les gentianées, à face supé- 
rieure vert foncé, l'inférieure plus pâle. Les fleurs sont axillaires, portées 
par de très-courts pédoneules, solitaires ou plus ordinairement fascicu- 
lées au nombre de 2 à 6. C'est ce qui a valu à la plante le nom spécifique 
de C. fasciculata. Ordinairement deux petites bractées foliacées. Les 
fleurs rappellent celles du Gentiana pneumonanthe, mais sont plus 
grandes et plus larges. Le tube du calice est oval ou plutôt cylindrique, 
surmonté de cinq divisions et marqué de cinq côtes saillantes. La corolle 
a environ un pouce trois quarts (anglais) ou quatre centimètres, infondi- 
buliforme, à l'extérieur d'un violet pâle marqué de cinq larges raies 
blanches, à l’intérieur d’un bleu-pourpre très-riche. Le limbe est formé 
de cinq segments principaux acuminés et étalés, alternant avec cinq divi- 
sions plus petites, larges, obtuses et légèrement crénelées. Cinq étamines 
toutes incluses, à filets insérés vers le milieu du tube de la corolle. Ovaire 
oblong, stipité, le gynophore naissant du milieu d’un disque quinquilobé. 
Deux styles, mais soudés ou réunis sur toute leur longueur, de la lon- 
gueur de l'ovaire. Deux stigmates allongés, papilleux, enroulés en spirale. 
Le fruit est une capsule stipitée, elliptique, eomprimée et mucronée. 

E. M. 


NOTE SUR L’ABUTILON INSIGNE. 
ABUTILON A BELLES FLEURS. 


_ 


Le genre Abutilon a déjà fourni à l’horticulture un certain nombre 
d'espèces remarquables, telles sont les À. pulchellum, Don., striatum, 
Dicks., venosum, Lem., vitifolium, D. C., etc.; mais presque toutes 
s'élèvent assez haut, perdent leurs feuilles inférieures et tout en portant 
de jolies fleurs, produisent peu d'effet. L’Abutilon insigne n’a pas ce 
défaut, il produit ses charmantes fleurs alors qu'il n’a pas plus d’un pied 
ou deux d’élévation et cela dès le mois de janvier. C’est un superbe ar- 
brisseau, originaire de la Nouvelle-Grenade et introduit en Europe, grâce 
à M. Linden. La corolle est remarquable par sa riche coloration, sur un 
fond blanc se détachent de nombreuses stries et veines rose-carmin,. 
pressées et dirigées dans tous les sens ; les deux faces de la corolle sont 
également remarquables, la supérieure est toutefois plus foncée. 


LRÉRer /i,, ONAULULSSS .; éte dé 


+" 


ET 


L'Abutilon insigne forme un petit arbrisseau à feuilles grandes, alternes, 
longuement pétiolées, cordées, aeuminées, parfois anguleuses ou légère- 
ment lobées ; ces feuilles sont glabres, à nervures réticulées et à bords 


 dentés. Le côté inférieur des principales nervures, les jeunes branches, 


les pétioles, les pédoneules et les ealices sont recouverts d'un duvet ferru- 
gineux formé par des petites écailles ou lépides, étoilées. Les pédoncules 
floraux sont axillaires, grèles et pendants, à peu près de la longueur des 
feuilles, solitaires et portant un certain nombre de fleurs disposées en 
fausse ombelle. Ces fleurs sont formées d’un calice grand, eampanulé, à 
cinq lobes ovés et acuminés. Les pétales sont grands , à limbe étalé, à fond 
blane, veiné de pourpre et de earmin.. Le tube formé par les étamines égale 
les pétales en longueur, les anthères sont nombreuses. L'ovaire globuleux, 
cotonneux. Le style se termine en un stigmate bifide. 

L’Abutilon insigne se plait parfaitement dans une bonne serre tem- 
pérée; il va sans doute détrôner ses prédécesseurs puisque les surpassant 
en grâceet en élégance il ne mérite aucun des reproches qu'ils encouraient. 
Il se cultive facilement dans un sol assez riche et assez fréquemment ar- 
rosé; planté en pleine terre il poussera avec vigueur. La multiplication 
se fait par boutures qui s’enracinent sans difficulté. E. M. 


LEUCHTEMBERGIA PRINCIPIS. 
Leuchtembergia principis, Hook. — caACTACÉE, $ CÉRÉIDÉE. 


Peu de personnes reconnaitront une cactée dans le dessin qui accom- 
pagne cet article. Les mamilles ont l'aspect des feuilles de quelques plantes 
du genre Aloës, tandis que le tronc rappelle celui des Cycadées. La fleur 
seule en trahit la vraie nature, puisqu'elle ne diffère guère de celle des 
Cereus. 

La structure de cette singulière plante est cependant si différente de 
toutes les autres cactées, qu'elle peut, à bon droit, constituer un genre à 
part. Elle est comme la gravure le montre, assez voisine des cactus, mais 
c'est par les fleurs surtout qu'elle s’en rapproche. La famille des eactées 
comprend plusieurs genres, fondés plutôt sur l'aspect des plantes que sur 
des caractères d’une importance vraiment générique ; il en est un peu de 
même pour le Leuchtembergia. Il existe dans la magnifique collection de 
cactus du jardin royal de Kew, grâce à M. J. Taylor, qui se le procura 
du voisinage du Rio del Monte, au Mexique. 

Les plantes de Kew ont environ un pied de hauteur; les tiges ascen- 
dantes, mais courbées, ont la grosseur d’un bras d'homme; elles sont 
couvertes, à la partie inférieure des bases persistantes, des anciennes ma- 
milles, ou des mamilles elles-mêmes flétries et resserrées comme des séries 
d'écailles fortement pressées. Ces écailles couvrent la base du pied. Vers 
l'extrémité supérieure, les mamilles sont intactes et foliacées, de trois ou 


— 260 — 


quatre pouces de long, tri-cornes, à pointes tronquées et portant un bou- 
quet de six ou sept épines linéaires-subulées, glumacées. Ces épines 
sont triangulaires inférieurement et flexibles à la pointe. On les trouve 
seulement à la partie supérieure dela plante , sur les jeunes mamilles, plus 
bas elles deviennent caduques. Les mamilles sont charnues et d’un vert 
glauque; plus tard elles se flétrissent et se dessèchent progressivement, 
lorsque les épines sont tombées, elles se rétrécissent et prennent enfin 
l'aspect écailleux. 

Les fleurs sont solitaires, naissant de l’aisselle des mamilles supérieures 
de la plante, peu nombreuses, mais grandes et remarquables, de quatre 
pouces de diamètre au moins, et d’une belle couleur jaune de soufre. Elles 
sont formées extérieurement d’un grand nombre de folioles oblongues, 
imbriquées et verdâtres, passant insensiblement à des sépales plus longs 
et plus colorés, et enfin par un rang de pétales linéaires d’un beau jaune 
lustré. Dans les fleurs des cactées et dans celles de quelques autres végé- 
taux, la transition des folioles calicinales aux pétales est si insensible qu’il 
est impossible d’assigner des limites à ces deux organes qui dans les autres 
plantes sont ordinairement bien distinets. Dans les nymphéacées on re- 
trouve encore ce passage progressif des différentes divisions du périanthe. 

Le Leuchtembergia réclame les mêmes soins que ceux que l’on donne 
ordinairement aux cactus de petite taille; la même situation, le même sol 
et les mêmes arrosements. Ainsi, quant au premier point, la plante pros- 
père le mieux dans une bonne serre tempérée, assez chaude et sèche. On 
évite les arrosements en hiver, la plante ne peut recevoir que fort peu 
d’eau et à de longs intervalles. Pendant le printemps et les premiers mois 
d'été, il faut un peu plus de chaleur et un léger surcroît d’eau pour pro- 
voquer le développement de la plante. On profite du soleil de l’été pour 
lui procurer une forte chaleur destinée à consolider les tissus nouveaux, 
et à lui permettre d'élaborer des sues et de former un bouquet de fleurs. 
Le sol qui peut être regardé comme le meilleur est un compost de marne 
sableuse, mêlé de fragments de pots et de charbon de bois de la grosseur 
de noix ou de noisettes, suivant la force des plantes, et d’une certaine 
quantité de sable, de manière à rendre la terre bien perméable à l’eau. 
Les pots employés doivent être bien drainés, avec un pouce et demi à 
trois pouces de pots cassés et doivent être proportionnés à la force de la 
plante et au nombre des racines. 

Les engrais et les composts stimulants nesauraient être recommandés, 
on peut cependant pour hâter leur croissance au printemps, les arroser 
quelquefois avec une faible dissolution d’eau de fumier; mais elle doit être 
bien diluée, et alors peut être utilement employée pendant la période de 
végétation. Pendant Fhiver la plante ne réclame aucun soin, à moins 
qu’elle ne soit extraordinairement sèche, dans ce cas seulement on peut 
arroser légèrement. Au printemps avec un surcroît de chaleur on peut 
donner plus d’humidité, mais par gradation successive, tant aux racines 


— 261 — 


que dans l'atmosphère. Cependant même pendant cette période les Leuch- 
tembergia craignent plus Fhumidité que la plupart des autres plantes, 
non pas que les cactées ne souffrent point l’eau, puisqu'il y en a même d’a- 
quatiques, mais parceque des mains inexpérimentées pourraient en abuser. 
Lorsque de nouvelles plantes sont directement importées, elles doivent 
recevoir les plus grands soins par rapport aux arrosements et à la situa- 
tion dans laquelle on les place. Les plaies qu’elles peuvent recevoir pen- 
dant la traversée les exposent, surtout lorsqu'elles ont acquis certaines 
dimensions, à pourrir facilement. Elles doivent être placées dans des pots 
à peu près pleins de tessons, couverts seulement d’une mince couche de 
terre dans laquelle on enfouit soigneusement les racines s’il en existe. En 
cet état on les expose à une atmosphère sèche et chaude, ne leur donnant 
que peu ou point d'eau, tant que les racines ne se sont pas définitivement 
fixées. Dès ee moment les plantes sont en bon état. E. M. 
(Traduit librement de l'Horticullural Magazine.) 


PI. 40. 


— 969 — 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


Albuca? Gardeni. Hook., Bot. mag., pl. 4842. Famille des As- 
phodélées.— Hexandrie Monogynie. Elle a été importée du Natal (Afrique 
méridionale), par le capitaine Garden, au commencement de 1854. Cette 
plante est peu remarquable et semble voisine de l’Albuca physodes, mais 
sa place dans le genre Albuca n’est peut-être que provisoire. C’est une 
plante bulbeuse, à bulbes stolonifères. Les feuilles longues de 20 à 25 cen- 
timètres sont larges, lancéolées, glabres, dilatées au milieu et d’un assez 
bel effet. Le scape est plus court que les feuilles, les fleurs blanches, 
médiocres, assez nombreuses et inodores; elles paraissent en octobre. 


Begonia Natalensis. Hook., Begonia du Natal, Bot. mag., pl. 4841. 
Famille des Bégoniacées, Monœcie polyandrie.— Walpers énumère environ 
170 espèces dans le genre Begonia, presque toutes fournies par l’'Amé- 
rique et l'Inde, un petit nombre, seulement, proviennent du sud de l'A- 
frique. C’est à cette dernière section qu'appartient le B. Watalensis, 
récemment décrit par sir W. Hooker. Il a été rapporté du royaume de 
Natal par le capitaine Garden. Quoique dépourvue de couleurs éclatantes 
on désirera cette nouvelle espèce dans les serres à cause de l’abondance de 
sa floraison, qui se produit surtout pendant les mois de novembre et 
décembre. 

Le Begonia Natalensis est tubéreux, à tubercule globuleux mais dé- 
primé, sortant en partie de terre et émettant d’un côté des tiges, de l’autre 
des racines disposées, d’une façon remarquable, à égale distance sur toute 
la circonférence. Ces tubercules sont d’un brun grisâtre, à surface polie 
et s’amincissant graduellement vers la naissance des tiges. Ces tiges sont 
noueuses et ramifiées, épaisses inférieurement, plus grèles vers leur extré- 
mité; elles sont essentiellement succulentes, d’un vert jaunâtre et d’en- 
viron 50 à 40 centimètres d’élévation. Les feuilles sont semi-cordées et 
acuminées , divisées par la nervure médiane en deux portions très-iné- 
gales, lobées, à lobes profonds. Les bords sont largement dentelés, presque 
lobés. Elles sont de couleur vert tendre, plus pâle à la face inférieure, la 
supérieure marquée de macules blanches d'autant plus apparentes que les 
feuilles sont plus âgées. Les pétioles sont plus courts que la feuille et rou- 
geâtres. Les pédoncules axillaires solitaires, à peu près de la longueur des 
pétioles, se ramifiant dichotomiquement. Chaque inflorescence est formée 
de fleurs mâles et de fleurs femelles. Les premières sont formées de deux 
sépales blances-jaunâtres teintés ou légèrement veinés de rose, orbiculaires, 
étalés, de dix à douze étamines fasciculées, les secondes, de même cou- 
leur que les fleurs mâles ont cinq, rarement quatre, sépales rhomboïdes- 
ovés, étalés. L’ovaire et le fruit est à trois ailes verticales, dont deux plus 
grandes, à angles ordinairement aigus, forment ensemble un triangle à 


— 263 — 


peu près équilatéral; la troisième aile est plus petite, arrondie. Le style 
est court. 

Le B. Natalensis croît également bien en serre chaude et dans une 
serre tempérée ; sa culture ne présente d’ailleurs aucune difficulté. 


Berberis Bealei. (Fortune.) Var. planifolia. Berberis de M. Beale, 
var. à feuilles planes. Bat. mag., pl. 4846. Mahonia japonica, D. C., 
syst. veg., v. 2, p. 22? Ilex japonica, Thunb., f{. jap., p. 77? Ic. jap., 
pl. 22? Famille des Berbéridées. — Hexandrie Monogynie. Les Berberis 
(Mahonia) sont avec raison rangés au nombre des meilleurs arbustes de 
pleine terre, leurs feuilles persistantes et leurs nombreuses fleurs, d’un 
beau jaune, disposées en racèmes denses, les ont toujours fait rechercher 
des amateurs. Une variété nouvelle sera donc accueillie avec faveur dans 
les jardins. Le véritable Berberis de M. Beale (B. Bealei vera) ressemble 
et est souvent confondu avec le 2. paponica. La variété nouvelle est beau- 
coup plus petite et porte des fleurs au moins deux fois plus nombreuses; 
les bractées, les rachis et spécialement les pétioles sont teintés de rouge 
ou de pourpre foncé. Les feuilles sont plus courtes et plus compactes, 
plus épaisses, aussi imbriquées, mais plus deltoïdes de forme, et, ce qui 
est particulier, à surface singulièrement plane, les sinus formés par les 
épines n'étant pas réfléchis comme dans le B. Bealei vera. Elle est par- 
faitement rustique et a résisté aux derniers hivers rigoureux. Cultivée en 
serre froide elle fleurit en mars. Les fleurs, très-nombreuses, sont jaunes, 
à pétales bifides au sommet. 


Chamædorea elegans (Mas.) Mart. Chamædorea élégant, Martius. 
(mâle). Mart. in Linnœa, v. 5, p. 204. Palm., v. 5, p. 159, t. R., fig. 3. 
Wendl., Index Palm. suppl., p. 57. Bot. mag., pl. 4845. — Famille des 
Palmiers. Diœcie Hexandrie de Linné. Le palmier décrit sous ce nom dans 
le Botanical magazine de Hooker provient de l’établissement de M. Linden. 
Le Ch. elegans est natif du Mexique et paraît avoir été introduit en Europe 
par MM. Schiede et Deppe. Il ressemble au Ch. gracilis, mais chez celui-ci 
les spadices naissent du stipe très-bas sous la fronde et sont, tant chez le 
mâle que chez la femelle, dressés, tandis que les régimes du Ch. elegans 
sont pendants. Il a fleuri pendant l'hiver et le commencement du prin- 
temps. La fronde est formée de six à huit feuilles de trois pieds environ 
de longueur. 


Cymbidium giganteum. Wallich. Cymbidium gigantesque, Wall. 
Cot., n° 7555 (non Willd.) Lindley, Gen. et Sp. Orchid., p. 165. Sert. 
Orehad., t. 4. Paxt. mag. of Botany, p. 241. Bot. mag., pl. 4844. 
Synon.? Cymbidium Ridioides, Don. Prod., p. 56. — Fam. Nat. Or- 
chidées. Gynandrie Monogynie. Cette espèce a des racines épaisses et 
charnues, des pseudobulbes gros, oblongs et foliifères. Les feuilles de 


ss Sen 


deux à deux pieds et demi (75 à 90 centimètres), sont distiques, ensi- 
formes, striées, presque aiguës, s'élargissant inférieurement en une por- 
tion dilatée engainant le pseudobulbe. Le seape s'élève à deux ou trois 
pieds, il est radical, robuste, dressé ou légèrement incliné sous le poids 
des fleurs et couvert à la partie inférieure de quelques écailles membra- 
neuses. Les fleurs ont quatre pouces anglais de diamètre, grandes et 
odorantes. Les bractées qui les accompagnent sont très-petites, les sépales 
et les pétales de mème grandeur et à peu près de même forme, oblongue- 
lancéolée, les pétales et deux sépales latéraux étalés horizontalement; le 
sépale supérieur se courbe en avant comme pour protéger le gynostème. 
La couleur générale est le vert jaunâtre marqué de lignes ou stries 
pourpres plus apparentes à l’intérieur qu’à la face extérieure. Le labellum 
est de la longueur des pétales, recourbé, d'un jaune éclatant moucheté 
et strié de rouge; les lobes latéraux sont recourbés en dedans, le médian 
est oval, ondulé, cilié; sur le disque sont deux lamelles ciliées, réunies à 
leur pointe. La colonne est légèrement courbée, bigarrée. La loge polli- 
nique hémisphérique. Deux masses polliniques, sub-triangulaires. 

Le Cymbidium giganteum est originaire du Népaul où il fut découvert 
par M. le docteur Wallich. Il est apprécié pour son parfum, sa robusti- 


cité et l'ampleur de ses formes; ses fleurs paraissent en septembre et 
octobre. 


Lychnis Sieboldii. Van Houtte. Lychnide de Siebold, fl. des serres, 
980. Syn. Lychnis grandiflora, var. alba. — Famille des Caryophyllées. 
Decandrie Pentagynie. La Lychnide de Siebold fut rapportée du Japon, 
par le célèbre voyageur botaniste dont elle porte le nom. I] la considé- 
rait comme une simple variété blanche du brillant L. grandiflora, plus 
connu sous le nom de Croix de Malte. Elle s’en rapproche, en effet, par 
le port, la forme et la grandeur de la fleur, mais s’en distingue déjà par 
les tiges à nœuds renflés et par sa pubescence. Les fleurs ont confirmé 
ces différences en montrant, chez la nouvelle venue, des calices nus à la 
base, relevés de côtes saillantes, parsemés de poils un peu crépus, des 
pétales d'un blanc pur, à limbe plus large, non striées, très-planes, à 
bord entier, etc. 

Le L. Sieboldii doit se cultiver à côté de sa sœur, la Lychnide à grande 
fleur, elle rehaussera l'éclat de cette dernière, qui en revanche augmen- 
tera de fraicheur la corolle blanche. La culture est la même, c’est-à-dire 
une terre forte et argileuse. Elles peuvent supporter un certain abaisse- 
ment de température, mais pas un froid dépassant cinq degrés sous zéro; 
on conseille de les rentrer en motte dans l’orangerie ou la serre froide, 
dès le mois d'octobre, on les replante au printemps, en ayant soin de ne 
pas déchirer les moties. 


Sciodacalyx Warszewiczii. Regel. Sciodacalyx de M. Warsze- 


— 265 — 


wicz. Regel, Gartenflora, Jah., 1853, p. 258, t. 61. Bot. mag., tab. 4845. 
Gesneria Regelina, Warsz., MSS.— Famille des Gesnériacées. Didynamie 
Angiospermie. Le genre Sciodacalyx de Regel qui doit son nom à la forme 
de son calice, étalé en ombrelle (5x:: ombre, et calyx calice), est voisin 
des Æepiella, Reg. et des Brachyloma, Stanst. Le S. Warszewiczii a été 
découvert par le savant dont il porte le nom, dans les montagnes voisines 
de Santa-Marta , à la Nouvelle-Grenade, et envoyé au jardin botanique de 
Zurich. 

C’est une plante herbacée, vivace, de trois à quatre pieds, stolonifère; 
les tiges, les pétioles, les feuilles et les calices sont velus. Les feuilles 
sont opposées, longuement pétiolées, ovées ou cordées, à base ordinai- 
rement irrégulière, à bords crénelés ct acuminées à la pointe. Les fleurs 
sont disposées en ombelles axillaires, chacune formée par trois à six fleurs. 
Le calice adhérent à l'ovaire est quinquilobé, à lobes étalés horizontale- 
ment et figurant un petit parasol. La corolle à peu près droite, un peu 
oblique à la base, à tube médiocrement enflé et à limbe quinquilobe est 
poilue, rouge écarlate à l'exception de la base du tube qui est jaune et des 
lobes qui sont jaunes pointillés de rouge ou de brun. Il y a cinq étamines, 
dont quatre fertiles, à anthères biloculaires, connées. L’ovaire velu sur- 
monté d'un disque glandulaire à cinq lobes. Le fruit est une capsule, 
bivalve, uniloculaire renfermant des graines nombreuses. 

Le S. Warszewiczit a fleuri pour la première fois au jardin botanique 
de Zurich , et depuis il s’est rapidement répandu dans les jardins du 
Continent et de l'Angleterre. Son principal mérite, comme plante d’orne- 
ment des serres chaudes, consiste dans la longue durée de sa floraison. 
Les premières fleurs apparaissent dès le mois de juillet, les dernières 
fanent à peine à la fin de l'hiver et, de plus, elles ont des couleurs très- 
remarquables. E. M. 


TRAITEMENT DES GRAINES PAR L'EAU CHAUDE, 
Par M. Jarcer. 


On jette sur les graines à teguments très-durs et cornés, qui ne ger- 
ment souvent qu'après beaucoup de temps, de l’eau presque bouillante 
ou même bouillante, et on l'y laisse pendant quelques minutes. D’ordi- 
naire on voit le tegument s'ouvrir au moment même. Des graines d’a- 
cacia traitées de cette manière germent au bout de quelques jours. Celles 
des rosiers et de l’aubépine lèvent en quelques semaines. Cependant 
toutes les graines ne supportent pas ce genre de traitement et l’eau chaude 
en fait pourrir certaines ; telles sont par exemple celles du ricin qui sont 
oléagineuses. Ainsi est-il bon d'agir avec précaution sur les graines 


| grasses. (Garten flora, 1855.) 


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— 267 — 


ARCHITECTURE DE JARDIN. 


DE L’HARMONIE DES COULEURS DANS LES JARDINS, 
Par M. CH. MoRREnN. 


Ce qui frappe l'attention d’un amateur de jardins lorsqu'il visite l’An- 
gleterre, c’est le soin extrême que mettent les horticulteurs de ce pays, 
à orner leurs parterres d’une foule de plantes qui fleurissent à profusion 
et qui sont si bien combinées que les hauteurs des tiges, les couleurs des 
fleurs, leurs formes, présentent les plus parfaites harmonies. S'il peut 
continuer ses observations pendant un certain temps, dans différentes 
saisons, il se convaincra que non seulement l’horticulteur anglais a pensé 
aux grandeurs, aux teintes et aux formes, mais qu’il a semé ou planté ses 
espèces de manière à offrir, dans un parterre donné, des plantes en fleur 
pendant toute la saison, depuis le premier printemps jusqu’à la fin de 
l’automne. Les Anglais ont pris au moyen-âge et aux siècles antérieurs 
aux nôtres l’idée d’orner les jardins par des parterres géométriques et 
ces parterres de formes ordinairement très-gracieuses, se jettent aux 
bords des pelouses où les parties centrales et le lointain sont réservés aux 
grands et majestueux arbres dont les branches ne sont jamais écourtées 
ou meurtries par la serpette ou la hache. Ces parterres constituent ce 
qu’on appelle des jardins géométriques, et quand on a fait choix de ces 
plantes vivaces de prédilection, on garnit les parties nues par une pro- 
fusion de plantes anuelles. Ce qu’on cherche surtout dans le semis de 
celles-ci, c’est de faire concorder les couleurs des fleurs d’après les lois 
éternelles de l’harmonie qui existe dans les couleurs, harmonie sur 
laquelle le célèbre chimiste Chevreuil , directeur de la manufacture de 
tapisseries des Gobelins, a écrit naguère des pages pleines d'instruction. 

La théorie des sentiments que nous éprouvons à la vue de certaines 
combinaison de couleurs étant une fois connue il sera bien facile de 
régler son choix relativement aux semis des fleurs qu’on se propose de 
voir éclore dans ses parterres. Cette théorie nous allons tâcher de l’ex- 
poser très-brièvement. 

Tout le monde sait qu'il y a trois couleurs primitives : le rouge , le 
jaune et le bleu. 

On sait encore que les autres couleurs proviennent de la combinaison 
de ces couleurs entre elles prises deux à deux. Aïnsi le vert provient du 
mélange du jaune et du bleu ; le violet résulte du mélange du bleu et du 
rouge et l’orange est le résultat du mélange du jaune et du rouge. 

L'expérience apprendra bientôt que si l’on place une des couleurs pri- 
mitives à côté d’une autre couleur primitive, il en résultera un choc, 
une impression désagréable à la vue et qui excitera en nous un sentiment 


M a 


pénible. Mettez par exemple le jaune à côté du rouge, et tout aussitôt 
l'œil et l'âme éprouvent un sentiment désagréable que le bon goût ré- 
prouve. Ce même sentiment excilé par la vue du rouge placé à côté du 
vert deviendra au contraire agréable et donnera à nos esprits un con- 
tentement que tout homme ressentira, mais dont l’homme instruit seul 
se rendra compte. 

Par une suite d'expériences et de raisonnements analogues on verra 
que si le rouge et le vert s’harmonisent bien ensemble il en sera de même 
du jaune et du violet, de l’orange et du bleu. Ainsi des rideaux bleus d’un 
appartement gagneront en beauté et en éclat s'ils ont des franches 
oranges. Une tenture jaune sera rehaussée par du violet. Un meuble 
rouge aura plus de vigueur de teinte s’il est placé sur un fond vert. Il n’y 
a pas de dame qui ne sache parfaitement par le goût que perfectionne 
une coquetterie savante, quelles sont les teintes qui peuvent, dans sa 
toilette de bon aloi, se faire valoir les unes sur les autres, et ces combi- 
naisons ressortiront toutes des lois dont nous parlons. Le goût des toi- 
lettes doit se reporter sur les jardins, car les jardins sont les belles toi- 
lettes de nos demeures, et l’homme privé de jardin est un être bien 
malheureux. 

Sil y a trois couleurs primitives : le rouge, le jaune et le bleu; on 
peut dire qu’il y a trois couleurs complémentaires qui sont : le vert, le 
violet et l’orange. 

Remarquons que la couleur complémentaire , harmonique avec une 
couleur primitive, résulte du mélange des deux couleurs primitives autres 
que celle qu’on a en vue. Prenons le bleu. Qu’elle est la couleur harmo- 
nique du bleu ? elle doit être le produit du mélange des deux couleurs 
primitives autres que le bleu, done le rouge et le jaune. Ces couleurs com- 
binées entre elles forment l’orange. Il en résulte que l’orange est la cou- 
leur complémentaire du bleu et par conséquent la couleur qui avec le 
bleu présentera une harmonie parfaite. Le spectacle de l’univers nous le 
dit. Quoi de plus riche que la teinte orange de l’aurore ou du crépuscule 
sur l’azur du ciel ? 

De même le jaune a pour couleur complémentaire le mélange du rouge 
et du bleu, ou le violet. Voyez la pensée. N'est-ce pas une admirable har- 
monie que celle qui résulte de la position de ses deux grands pétales 
violets sur le fond jaune de la fleur! Voyez la richesse du costume épis- 
copal, où l’or avec sa teinte Jaune éclatante miroite sur le fond violet de 
la soie. | 

De même encore le rouge a pour couleur harmonique le vert, sa cou- 
leur complémentaire résultant du jaune et du bleu. La nature entière 
nous dit cette harmonie. Toutes les feuilles sont vertes, et combien 
n'avons nous pas de fleurs rouges? Précisement parce que sur ce fond 
vert ce qui se détachait le mieux , était cette couleur rouge. Voyez même 
l'instinct des paysannes qui portent de préférence du rouge, précisément, 


— 269 — 


sans qu'elles s’en doutent, pour contraster le plus agréablement et le plus 
vivement sur le fond vert des campagnes. Lorsque la terre est rouge na- 
turellement, comme dans les pays situés sur la formation géologique, 
connue sous le nom de grès bigarré, le vert des forêts fait un effet admi- 
rable. 

Ces lois étant une fois appréciées, on prévoit à l'instant même quelles 
peuvent et doivent être leurs applications à l’art des jardins. Les fleurs 
bleues harmoniseront avec les fleurs oranges, les fleurs jaunes se réhaus- 
seront par le voisinage des fleurs violettes; les fleurs rouges devront s’isoler 
sur leurs massifs verts. Ces lois sont infaillibles et leur exécution plaira 
a tous les hommes, quelques soient leurs préjugés, leur éducation et leur 
nation. 

L'Horticultural magazine du mois d'août 1845, renferme un article 
qui à l’égard des couleurs des fleurs que donnent les plantes annuelles 
est extrêmement utile à connaître. Sans entrer dans le fond de la 
question, l’auteur de l’article, qui a eu en vue également l’ornementation 
des jardins géométriques, fournit des renseignements sur les couleurs do- 
minantes des plantes annuelles et ces renseignements devraient être 
présents à la mémoire de toutes les personnes qui sèment leurs jardins 
non pas à la volée, à l'abandon, au hasard, mais avec une connaissance 
de cause, digne de tout être intelligent. 

Parmi les fleurs bleues, nous signalerons les plantes suivantes : 

Nemophila insignis, bleue et le centre blanc; 

Clintonia pulchella, bleue avec le centre noir et jaune; 

Lupinus nanus, toute bleue ; 

Lobelia gracilis, plante basse, les corolles bleues pâles. 

Lobelia ramosa, plante basse, les fleurs d’un bleu foncé. 

Nolana prostrata, plante basse, d’un bleu lilacé. 

Nolana atriplicifolia, fleur bleue avec le centre blanc. 

Convolvulus tricolor, notre ancienne belle de jour, offre également peu 
de hauteur , une corolle bleue ornée de blanc et d’un peu de jaune. 

Ces fleurs, disons-nous, comportent l’orange comme harmonie. Il s’en 
suit que les plantes suivantes semées derrière elles ou entre elles comme 
fonds seront à préférer à toutes les autres espèces. 

Erysimum Perofskianum, plante basse, la fleur est d’un bel orange 
brillant. 

Portulacca Thellusonii, plante en gazon avee la fleur d’un orange un 
peu pourpre. 

Eschscholtzia crocea, plante un peu plus haute, ayant de grandes 
fleurs oranges d’une très-belle forme et qui jettent un éclat de feu. 

Eschscholtzia californica, offre aussi des fleurs d’un jaune vif avee le 
fond orange, couleur de flamme. 

Calendula officinalis, var. plena ou le souci, offre également une fleur 
d’un orange vif et brillant avec un peu de hauteur dans la plante. 


— 270 — 


Quoique les plantes à fleurs jaunes pures soient très-nombreuses, nous 
en citerons néanmoins quelques-unes, remarquables surtout par leur 
fleuraison abondante telles sont les : 

Alyssum, dont plusieurs espèces offrent une si grande masse de fleurs 
jaunes qu'elles ont valu à ces espèces le nom de corbeilles d’or. 

Clypéola, Thlaspi et autres crucifères. 

Helianthemum vulgare et ses congénères, plantes basses rustiques et 
fleurissant tout l'été. 

Tropeolum majus et autres capucines non montantes et basettes. 

Mimulus de plusieurs espèces et variétés, quelques-unes d'un jaune 
pur, d’autres réhaussées de brun. 

Nonea lutea, plante basse, d’un bel effet en groupe. 

Calliopsis bicolor et autres, croissant un peu haut, mais d’un riche 
effet dans les massifs par le grand nombre de fleurs. 

Hypecoum procumbens dont le nom indique assez la propriété de 
porter ses fleurs contre terre. 

Avec ces plantes à fleurs jaunes, la couleur harmonique est le violet, 
quoique pour cette teinte le choix ne soit pas aussi nombreux, l’horticul- 
teur a cependant des ressources dans certaines variétés où cette teinte 
se maintient, comme particulièrement les 

Verbena. dont la croissance facile garnit bientôt le sol d'une grande 
quantité de fleurs. 

Petunia, où le violet offre des teintes souvent fort riches. 

Delphinium ou pieds d’alouettes, éperons de chevaliers qui, dans les 
variétés à fleurs doubles, offrent parfois un violet pur. 

Linaria, dont plusieurs espèces et notamment le versicolor sont aussi 
souvent violettes que lilacées. 

Collinsia bicolor, charmante plante à fleur violette et blanche. 

Prismatocarpus, dont plusieurs espèces, et ne fut-ce même que notre 
miroir de Vénus indigène , offrent une belle couleur violette nuancée de 
bleu et d'azur. 

Ipomæa purpurea, dont la végétation puissante couvre la terre d’une 
masse de fleurs violettes et variées, éphémères mais croissant en si grande 
abondance, que les plantes sont continuellement fleuries. 

Nous avons dit que les fleurs rouges sont harmoniques avec leur propre 
vert. Par conséquent, comme les fleurs vertes sont peu recherchées dans 
les jardins, les fleurs rouges se trouveront bien partout. Parmi les 
espèces dont une floraison constante est un mérite incontestable, on doit 
noter les pelargonium, le phlox drummundii qui a des variétés écarlates 
et pourpres , le portulacca splendens dont le pourpre est un peu rosätre, 
les zinnia coccinea, chez lesquels le rouge prend des teintes extrêmement 
variées , le silene pendula, d’un rose très-vif. 

Dans les fleurs rouges, il n’y a que l'embarras du choix. 


3 
à 


— 271 — 


FLORICULTURE DE L'EAU. 


NOTIONS SUR L'ÉTABLISSEMENT DES AQUAIRES ET REVUE 
DES PLANTES AQUATIQUES ET RUSTIQUES. 


Lorsque l’on établit un aquarium il est toujours préférable d’y joindre 
quelques rochers artificiels qui en augmentent la beauté. Cependant les 
plantes aquatiques peuvent toujours être avantageusement introduites 
dans un étang ordinaire, pourvu que les berges soient à pente douce. 
L’étang doit être profond au milieu, mais bas sur les bords, pour pouvoir 
y cultiver les végétaux de petite taille. Ces végétaux ont toutefois, dans 
certaines limites la faculté de se prêter en quelque sorte aux circonstances, 
elles grandissent plus ou moins d’après leur station. Il est à remarquer 
que beaucoup de ces petites plantes aquatiques sont d’une beauté trop 
méconnue. On doit donc en établissant un aquarium, spécialement destiné 
à la culture, le disposer de façon à recevoir ces petites nymphes sans nuire 
à l'effet des espèces plus robustes. 

La première chose à faire est d'établir le plan de l’aquaire; il doit né- 
cessairement varier d’après l'étendue qu’on peut lui donner, la quantité 
d’eau dont on dispose, la nature du sol, les objets environnants et d’autres 
circonstances locales. Si l’on a déjà un étang il faut chercher à l’appro- 
prier par une modification de ses contours parfois trop raides; il n’en 
coûte pas plus de lui donner une forme gracieuse et pittoresque, si toute- 
fois l’étang n’a pas de proportions trop considérables. Quant aux grandes 
pièces d’eau ou aux canaux les frais empêchent souvent toute modifi- 
cation. Cependant, on peut d'ordinaire séparer une portion de ces grandes 
nappes par un barrage de pierres ou d'argile sur lequel on établit une 
promenade. 

Le plus souvent on est obligé de creuser l'aquarium et d’y conduire 
de l’eau par des tuyaux ou de toute autre facon, mais la difficulté est de 
ly maintenir. Souvent on emploie le plomb, quoiqu'il soit d’une dépense 
assez forte. Mais la nature du sol vient souvent en aide. S’il est perméable 
et poreux, il faut l’enduire d’une bonne couche d'argile à laquelle on doit 
donner une épaisseur convenable pour qu'elle ne laisse pas filtrer l’eau. 
Supposons done que le sol soit perméable, il faut alors le creuser de trois 
pieds six pouces au centre et successivement moins jusqu'aux bords où 
l’eau ne peut avoir que 18 pouces ; jettez-y de l’argile compacte, humide 
sans être mouillée, en quantité suffisante pour constituer un lit sur tout 
le fond. Elle doit être tassée avec des demoiselles ou hies de bois faites de 
fortes pièces de charpente de quatre pouces de diamètre, arrondies à une 
extrémité, facilement maniable à l’autre. Cette opération exige ordinai- 


[ 


(rx. 


PI 4 


— 275 — 


rement plusieurs ouvriers, ils doivent de temps en temps arroser l'argile 
avec de l'eau de manière à la maintenir humide et conserver un seau 
d’eau pour y tremper leurs demoiselles, ce qui les empêchent d’adhérer. 
On recouvre de cette facon le fond d’argile bien pressée, on en ajoute en 
continuant à la tasser jusqu’à ce qu’on en ait formé un lit d’un pied d’é- 
paisseur. On aura ainsi deux pieds six pouces d’eau au centre et les rives 
entourées de bords d'argile. Cette argile doit dépasser le niveau de l’eau 
et l’on conserve celle-ci toujours à la même hauteur en ayant soin d’éta- 
blir un trop plein. On ne saurait trop recommander de bien battre l’ar- 
gile du fond, ear si l’on n’a pas exactement fermé tous les pores l’eau 
- filtrerait. Quand on croit l'avoir suffisamment tassée et bien unie, on Ja 
_ laisse sécher et si l'argile a été convenablement travaillée elle se durcira 
_ sans se fendre. Si, toutefois il y avait une tendance au fendillement, ce 
dont on pourrait s’apercevoir avant le desséchement complet, il faut 
tasser de nouveau; puis on l’essaie une seconde fois, mais seulement 
pendant un jour ou deux et il convient d'y laisser entrer l’eau avant que 
_  Fargile ne se soit retirée. 

Si vous disposez d’une certaine quantité d’eau et si elle descend d’une 
élévation , il faut profiter de cet avantage pour établir un jet d’eau ou 
_ d’autres embellissements, comme des fontaines ou des cascades. Mais si 
l'eau arrive de niveau ou de près il est préférable de cacher les moyens 
de conduite, puisque rien n'engage à montrer comment l’eau arrive. 
Ne Beaucoup de bassins de dimensions moyennes sont maconnés et l’eau y 
est conservée par du ciment hydraulique; on les fait à la facon des ci- 
. ternes. Il est nécessaire pour l'entretien et la bonne conservation de ces 
LPO de les couvrir pendant l'hiver. 

… Sur le lit d'argile ou de ciment, au fond de l’eau, on jette assez de terre 
… pour former une couche de trois pouces d'épaisseur au centre, successi- 
- xement plus mince vers les bords. Cette terre doit être formée par un 
G . quart de gravier, un quart de tourbe et une demi partie de bonne argile, 
_ cette couche permet aux racines des plantes cultivées en pots ou dans des 
_ paniers de s’enraciner lorsqu'elles viennent à s'en échapper. 
 :f Les pans exigent peu de soins du moment que l’on a fait un bon 
cl Dix d'espèces convenablement introduites. Quelques-unes doivent être 
- semées en pots et ces pots exposés au soleil; d’autres graines doivent 
simplement être jetées dans l'étang, elles tomberont au fond et végéteront. 
Mais chaque plante demande des soins spéciaux d’après sa nature particu- 


. Si l'aquaire est de très-petite dimension on ne conseille pas d'en éga- 
- liser le fond, mais de faconner au centre un bas fond et autour un anneau 
_ profond de deux pieds, puis une zone de six pouces moins profonde, 
a rant les bords un peu escarpés et disposés en gradins plutôt qu’en pente 
douce. Cette disposition a pour effet d'arrêter sur les bord les terres et 
les feuilles qui, tombant dans l eau, ne manqueraient pas de glisser jus- 


BELG. HORT. T. Y. 29 


qu'au fond et de combler bien vite l'étang. On peut faconner de très-petits 
étangs avec de l'argile plastique d'après le procédé que nous avons décrit 
plus haut, mais il est cependant préférable de les bâtir en briques unies 
par un bon ciment. Cette construction une fois bien établie est très-du- 
rable. On y ajoute la même terre que celle dont nous avons donné la com- 
position ci-dessus et on y cultive les plantes absolument comme dans les 
aquaires plus grands. On établit toujours un chemin tout autour de ces 
petits bassins, el sur le côté, près de la rocaille on laisse entre le bord du 
sentier et l’eau un espace large de douze pouces au moins. Cette bordure, 
qui est humide et que l’on forme de terre tourbeuse sert à cultiver quel- 
ques jolies plantes marécageuses; ces plantes sont intermédiaires entre 
les végétaux aquatiques proprement dits et les espèces terrestres, elles 
ne veulent pas être submergées mais exigent un sol constamment humide, 
en un mot un terrain marécageux. Il y a des plantes charmantes, mais 
trop peu connues, qui peuvent croître au bord du bassin. 

Si on forme son aquaire dans une partie détachée d’un grand étang, on 
le sépare du reste par une jetée de pierres rocailleuses imitant des récifs. 
On établit un sentier sur cette digue artificielle, mais il est du plus bel 
effet de la percer de quelques arches qui permettent la vue de l'étang tout 
entier, lorsqu'on se trouve au bord de l’aquaire. Dans ce cas, on établit 
ordinairement un petit pont ruslique assez élevé, sur une partie de la 
digue qui sépare l’aquaire de l'étang. 

Les croquis des cascades, fontaines et rochers artificiels de notre gra- 
vure, sont de M. Roe, qui s’est fait une spécialité de l’hydraulique des 
jardins. Ce dessin se trouve exécuté en Angleterre, dans le pare de 
M. Harford, et quoique établie sur une grande échelle, cette construction 
a coûté moins de cent livres. On pourrait croire que notre gravure a éxa- 
géré la réalité, mais elle est la représentation fidèle de ce qui existe chez 
M. Harford; elle peut nous donner une idée des difficultés que l’on a sur- 
monté et des beautés dont on peut orner les parcs. Il y a tant de ces chà- 
teaux où l’on pourrait facilement profiter des dispositions naturelles pour 
établir des cultures aquatiques admirables et à bien peu de frais, mais 
bien peu de propriétaires se sont jusqu'à présent livré à ce noble plaisir. 


Culture des plantes aquatiques rustiques. 


La culture des végétaux aquatiques rustiques est peut-être la plus facile 
de toute l’horticulture et si l’on veut seulement suivre un ou deux prin- 
cipes on peut être toujours assuré du succès. Les deux principes de Ja 
culture aquatique sont de fournir aux racines assez de terre pour quelles 
puissent bien croître et de donner à chaque plante un niveau d’eau ap- 
proprié à sa taille. Il faut en difinitive se conformer aux indications de 
la nature ; ainsi, les espèces qui grandissent par de longues tiges s’élevant 


du fond de l’eau doivent être placées dans la partie la plus profonde de 


| 
| 
: 
| 


a — 


laquaire, tandis que les petites espèces qui croissent naturellement au 
bord des eaux doivent être cultivées dans une situation identique. 

Pour les grandes pièces d’eau il faut faire un choix des espèces les plus 
vigoureuses, et parmi celles dont le port est le plus noble, Il vaut mieux 
s'attacher spécialement à peu d’espèces, mais remarquables, que d’en 
cultiver un plus grand nombre moins belles. Ces géants des eaux doivent 
être vus de loin et briller par leur ensemble autant que par leurs dé- 
tails. Dans cette première catégorie se rangent les VNymphea alba, Nuné- 
phar lutea, Villarsia nymphoïdes, Iris pseudo-acorus, Typha latifolia, 
Rumezx hydrolapathum, Alisma plantago et quelques autres, les pre- 
miéres croissent au milieu des eaux, les secondes sur les rives ou aux 
bords des ïlots qui peuvent surgir de l’étang. On forme des groupes de 
ces diverses plantes, associant avec goût leurs divers feuillages et mariant 
les couleurs de leurs fleurs. Elle aiment une station bien éclairée des 
rayons directs du soleil, il est donc nécessaire de les éloigner des grands 
arbres qui pourraient les couvrir de leur ombre avec une sollicitude trop 
prolongée. Ces plantes prospèrent admirablement et sont du plus bel 
effet sur les bas fonds des étangs, et là où manquent les végétaux terres- 
tres. On les dispose par groupes formés de trois ou quatre espèces que 
l'on dissémine dans l'étang. Le désordre doit sembler avoir précédé à la 
distribution de ces groupes, mais en réalité ils doivent être arrangés de 
la manière la plus pittoresque. 

Dans les étangs plus petits et les bassins où l’espace est par conséquent 
plus resserré, il ne faut non plus pas négliger d’avoir égard à la hauteur 
d’eau qu’exige chaque plante. Ces aquaires étant ordinairement circulaires 
ou à contours réguliers, on ne doit plus chercher à disposer les plantes 
d’une facon plus ou moins pittoresque, mais plutôt d’une manière ré- 
gulière; on les arrange cependant en groupes harmoniques. Si les berges 
de l’aquaire sont d'argile on les façconne en gradins s’enfonçant graduel- 
lement dans l’eau et sur lesquels on place les plantes en égard à leur am- 
plitude. 

Enfin , si l’aquaire est plus petit encore, si les parois sont maconnées 
ou en métal et qu’on n’ait pas songé à les disposer en gradins, on peut 
alors y placer des supports en bois, ou mieux en fer, ce qui permettra 
d'atteindre le même but. 

Quant à la plantation dans les étangs on se borne à envelopper les 
racines dans une balle d'argile très-forte et à laisser couler ainsi la plante 
au fond de l’eau; cette pratique a pour but de maintenir la racine à la 
partie inférieure jusqu’à ee qu’elle ait eu le temps de s’anerer dans le sol ; 
les feuilles se frayeront d’elles-même la route naturelle vers la surface et 
lesracines s’enfonceront bientôt dans la vase. Les végétaux placés plus près 
des bords peuvent être disposés de la même facon ou bien plantés à la 
manière des plantes terrestres, c’est-à-dire dans une petite fosse que l’on 
remplit ensuite. Dans les petits bassins on cultive les végétaux aquatiques 


— 276 — 


* 


en pots; cette culture à d’ailleurs l'avantage d'empêcher chaque espèce 
d’empiéter sur l’espace réservé à ses voisines. 

On a souvent à lutter contre ces empiétements des espèces robustes; leur 
végétation est si vigoureuse qu'elles tendent souvent à envahir tout l'étang 
et à étouffer leurs sœurs. Il ne faut jamais permettre à une plante de sortir 
de l'aire qui lui est réservée, et d’ailleurs chaque espèce doit être entourée 
d’un espace plus ou moins étendu, sans végétation. C’est un des plus 
beaux effets de la culture aquatique que le contraste des surfaces opaques 
des plantes avec la limpidité du cristal ou l'éclat miroitant des eaux. 
Lorsqu'il faut restreindre une espèce, rien n’est plus facile que de tailler et 
jeter hors de l’eau l'extrémité de ses tiges ou rhizomes et de ses racines : 
cette opération se fait à l’aide d’un long crochet. 

Dans la liste suivante des plantes aquatiques rustiques beaucoup ont 
nécessairement été omises, surtout de ces plantes marécageuses suscep- 
tibles d’être cultivéescomme borduredesaquaires. L’étendue de cet article 
ne nous permettait pas non plus de nous étendre suffisamment sur toutes 
les espèces méritantes. Cette liste est cependant assez fournie pour que 
chacun puisse y faire un choix convenable et il est peu probable qu’on 
veuille en cultiver un plus grand nombre. 


Liste de plantes aquatiques rustiques. 


Acorus caLAmus. (Jonc odorant). Le nom de Acorus vient du grec & 
priv. et x°oy prunelle, parceque, selon Dioscoriïde cette plante était em- 
ployée à la guérison des maux d’yeux. C’est une plante vivace, rougeûtre, 
pouvant atteindre deux pieds d'élévation. Les feuilles sont raides et ru- 
bannées, engainantes à leur base. L’A. calamus est originaire de l’Inde 
mais il croit également en Europe dans les lieux inondés. On peut le 
cultiver en pleine terre dans les jardins, mais il ne donnera jamais de 
fleurs s’il n’est cultivé dans un aquaire. La plante est plus remarquable 
par ses propriétés odorantes que par la beauté de ses fleurs. Celles-ci ap- 
paraissent en juin et la fleuraison dure jusqu’au mois d'août; quelques 
auteurs les nomment julr. Toute la plante répand une forte odeur aroma- 
tique, elle est d’une saveur chaude et excitante, et provoque la trans- 
piration ; la racine pulvérisée peut servir d'épices; L’A. calamus appartient 
à la famille des Orontiacées (Hexandrie-monogynie de Linné). 


ACTINOCARPUS DAMASONIUM. Le genre Actinocarpus a été établi par 
R. Brown, d’après des plantes de la Nouvelle-Hollande, appartenant à la 
famille des Alismacées, mais l’A. damasonium était connu depuis long- 
temps sous le nom de Alisma damasonium Juss. C’est une charmante 
plante vivace, croissant à six ou huit pouces de hauteur : les feuilles sont 
dressées, oblongues, cordées; les fleurs blanches s'ouvrent pendant tout 
l'été. 


a (ou 


| ALDrovaNDA vesicuLosA. (Aldrovande vésiculeuse). Cette curieuse petite 

plante ne s'élève qu’à quelques pouces. Elle est originaire de l'Italie et 

-  fleurit du mois de juin au mois d'août. C’est une charmante Droseracée à 
fleurs blanches. 


Azisua. Ce genre compte un assez grand nombre d'espèces. L’A. plan- 

tago est la plus grande, elle a les feuilles ovales aiguës, des fleurs blan- 

| ches teintées de rose, et paraissent en juin ou juillet. C’est une plante in- 
; digène atteignant environ un pied et demi d’élévation. L’A. lanceolata 
| arrive à peu près à la même taille, mais les feuilles sont lancéolées ; les 
fleurs sont comme les précédentes et paraissent à la même époque. L’4. 
| ranunculoïdes (Alisma renoncule) est également spontanée dans nos pays ; 
plus petite que les À. plantago et Lanceolata, elle a les feuilles étroites, 
les fleurs, qui paraissent au mois d'août, sont roses. Les À. natans (A. flot- 
tant) et À. repens (A. rampant) sont des plantes charnues à belles fleurs 
blanches, rosées qui viennent s’épanouir à la surface de l’eau; ces plantes 
s'élèvent peu et fleurissent pendant les mois de juillet et d’août. Les À. 


Fig. 45, (Alisma natans.) trivialis et parviflora s'élèvent à un 

pied ou un pied et demi et donnent 

To des fleurs blanches depuis juin jus- 

| (de qu’en août; elles sont originaires de 

| @ l'Amérique du Nord. L'Italie voit 

5 À naître l’A. parnassifolia qui chez 
SN, \ ÿ < 1 PE nous réclame quelques protections ; 
NI=— > \ ses fleurs sont blanches et s'ouvrent 

à | en même temps que celles des es- 


Î 
SN BSf pèces citées. Tous les Alisma sont 
VS 1 A des plantes vivaces. 

L’APONOGETON pisracmioN est cité dans les ouvrages parmi les plantes 
# de serre tempérée; il est au contraire parfaitement rustique et doit 
L done trouver place ici. On l’a vu fleurir pendant toute une année, été et 
hiver avec une seule interruption de quinze jours à la mi-été. Les feuilles 
sont flottantes , oblongues-linéaires, la plante croît à six pouces de hau- 
ÿ teur et porte un épi distique de fleurs blanches, ordinairement depuis 
— le printemps jusqu’au mois de juillet. L’A. distachion est une plante 
vivace de la famille des Juncaginées et originaire du Cap. 


BuTomus uMBELLATUS vulgairement connue sous le nom de jonc fleuri ; 
c’est une de nos plus jolies plantes indigènes et l’on s'étonne à bon droit 
de ne la point voir cultivée partout où il existe quelque pièce d’eau. Le 
le nom de Butomus imposé par les auteurs au jonc fleuri signifie en grec 
je coupe la langue des bœufs (Bed: bœuf et rep je coupe). Mais rien ne 
— justifie cette qualification qui appartient plutôt aux Sparganium , autres 


Fig. 44. (Butomus umbellatus.) plantes aquatiques bien inférieures au Zuto- 
mus umbellatus. C’est une intéressante alis- 
macée, qui rappelle par son port et qui égale 
en beauté l’Agapanthus umbellatus, cultivé 
dans tous les jardins; les fleurs sont roses, ou 
plutôt purpurines, larges d’un pouce et dis- 
posées en ombelles. Ces fleurs sont formées 
de six pétales étalés qui protègent neuf éta- 
mines à anthères rouges. Ces fleurs sont por- 
tées par une hampe élevée de deux pieds 
environ et se balancent mollement sur les 
bords de beaucoup de nos marais d'Europe. 
La plante est vivace et fleurit en juin et 
juillet. 


«Ilestétonnant, dit M. le D' Hæffer, qu’une aussi belle plante ne puisse 
être reconnue avec certitude parmi celles que les anciens ont mention- 
nées; il n’est pas moins étonnant que Lebouc, Lonicère, etc., nous en 
aient donné une très-mauvaise figure, copiée par Daléchamp; mais 
celui-ci ne pouvant rapporter cette plante à celle que Matthiole a pu- 
bliée, l’a représentée comme une autre espèce. Il y a plusieurs variétés 
de cette plante ; elles consistent dans les tiges quelquefois très-grosses , 
allant en diminuant de la base au sommet, assez semblables à celles du 
Scripus lacustris ; d’autres plus étroites d’égale grosseur dans toute leur 
longueur; dans les unes les feuilles sont larges ; dans d’autres, au moins 
une fois plus étroites, articulées irrégulièrement à leur moitié inférieure, 
comme dans le Juncus articulatus de Linné. Quand les fleurs sont peu 
nombreuses, de six à douze, il n’existe à la base des rayons de l’ombelle 
que trois grandes bractées en forme d’involucre, quand elles sont de trente 
à quarante, on distingue plusieurs autres petites bractées intérieures. La 
corolle varie dans la vivacité de ses couleurs, d’un pourpre plus ou moins 
clair, quelquefois mélangé de blane ou rarement d’un blanc à peine lavé 
de rouge. » 

Le Népaul a fourni une espèce qui paraît distincte du B. umbellatus, 
le Butomus latifolia; il s’élève à un pied et donne en juin et juillet de 
belles fleurs blanches. 


CaLLa paLusTRIS. L. Calla veut dire beau en grec (xx206 beau), et en 
effet on ne pouvait mieux nommer ces plantes. Le Calla palustris rap- 
pelle le C. æthiopica cultivé dans toutes les serres, mais il a des dimen- 
sions plus petites. Elle est vulgaire dans tous les marais du nord de l’Eu- 
rope; en Suëde elleest tellement abondante que ses rhizomes encombrent 
le fond de tous les marais; par leur décomposition ils forment aÿæc ra- 
pidité des couches puissantes de tourbe. Ces rhizomes, qui sont très-fécu- 


À 


AT 


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lifères, viennent souvent en aide aux habitants malheureux pendant les 
époques de disette; on les fait entrer dans la composition du pain; ils 
renferment cependant des principes nuisibles semblables à ceux des Arum. 
La fleur ou plutôt l’inflorescence est formée d’une large spathe enroulée 
en cornet au sommet d’une tige droite; cette spathe est d’un beau blanc, 
brillant à sa face supérieure, verdâtre extérieurement ; elle enveloppe un 
élégant châton ou spadice de fleurs et plus tard de fruits bacci-formes, 
brun foncé. Les feuilles sont en forme de cœur, acuminées à la pointe, 
portées par de longs pétioles. 

Les anciens botanistes désignaient cette plante par le nom de Dracun- 
culus palustris; dans les ouvrages de Fuchs élle porte le nom d’Æydro- 
piper rubeum , sans doute à cause de sa saveur âcre et brülante. Enfin, 
Lobel l'appelle Anguina aquatica. 


CALLITRICHE. La place que les Callitriche doivent occuper dans la série 
naturelle des végétaux est assez incertaine. Beaucoup de botanistes les 
maintiennent dans la famille des Naïadées à côté des Lemna avec les- 
quels ils ont la plus grande ressemblance, mais Endlicher dans son 
Enchiridion botanicum en fait une famille spéciale sous le nom de Calli- 
trichinées. Les fleurs sont sans apparence, petites, mais c’est par leur 
ensemble que ces petits végétaux sont recommandables; ils forment à la 
surface de l’eau un gazon touffu d’un beau vert tendre. Dans la nature 
on les rencontre tapissant la surface des eaux stagnantes, mais peu pro- 
fondes. Les feuilles sont différentes selon qu’elles sont submergées ou 
étalées à la surface de l’eau. Linné a distingué deux espèces de Callitri- 
ches, le C. verna et le C. autumnalis; depuis on a encore découvert deux 
autres espèces : les C. intermedia et le C. pedunculata de Deleuze. Ils 
peuvent être introduits avec avantage dans les eaux basses. 


Cara. Ce sont de superbes renunculacées vivaces. Le Caltha palus- 
tris, plus connu peut-être sous le nom de Populage, parce qu’il croît 
dans les lieux humides avec les peupliers (Botter blume des Allemands), 
est une plante au port noble et vigoureux, qui grandit à un pied ou plus. 
Dés le mois d'avril et de mai, alors que la verdure renaît à peine, elle épa- 
nouit ses brillantes corolles jaune d’or, disposées en corbeilles, comme le 
rappelle le nom de Caltha (xzax%s corbeille). Cette plante croît dans les 
lieux humides et autour des marais de la plus grande partie de l’Europe. 
Il existe une variété (Caltha palustris flore pleno) à fleurs doubles qui est 
du plus bel effet comme plante d'ornement. Les boutons cueillis avant la 
floraison peuvent, dit-on, remplacer avantageusement les capres. Les C. 
asarifolia (Caltha à feuilles de cabaret), de l'Unilasch, C. parnassifolia 
(Caltha à feuilles de foin du parnasse), C. flabellifolia, (Caltha à feuilles 
flabellées), originaires de Amérique du nord et le C. minor (petit Caltha) 
donnent des fleurs jaunes et sont, sauf le C. flabellifolia, de petite taille. 
Le C. natans (Caltha flottant) de la Sibérie a les fleurs blanches. 


— 280 — 


CarpamiNE. La plupart des Cardamine eroissent spontanément dans 
nos prairies humides ; ils sont du plus bel effet cultivés en bordure autour 
des pièces d’eau. Le Cardamine pratensis est la plus commune des es- 
pèces et en même temps l’une des plus gracieuses; ses fleurs se doublent 
souvent, elles sont de couleur lilas, paraissent en avril et mai sur des 
tiges hautes d’un pied environ. Les feuilles sont un excellent condiment, 
qui plaira aux personnes qui aiment le cresson. Le Cardamine amara est 
beaucoup plus petit et à fleurs blanches; le Cardamine uliginosa origi- 
naire de la Tauride ne le lui cède pas en beauté; le C. latifolia atteint 
un pied et demi environ d'élévation , et donne depuis juin jusqu’en août 
de belles fleurs pourpres; c’est une espèce de la flore d'Espagne. On cite 
encore comme plantes d'ornement le C. granulosa, C. propepens et den- 
tata. Toutes ces plantes sont vivaces et de la famille des crucifères. 


Carex. Ces plantes aiment les endroits marécageux ou humides, et 
plusieurs sont de fort belles plantes d'ornement, elles sont élégantes par 
leur port, la grâce de leurs feuilles et de leurs fleurs disposées en épi. 
C’est un genre nombreux qui compte environ cent cinquante espèces en 
Europe, presque toutes d’une détermination très-pénible. Le C. panicu- 
lata ou Carex en panicule donne ordinairement sur une tige remarquable; 
le Carex paludosa ou Carex des marais atteint environ trois pieds; Linné 
nomme C. vesicaria (laiche en vessie), une espèce qui sert aux Lapons à 
se façonner des chaussures qui les préservent du froid et des engelures 
pendant l'hiver et absorbent les sueurs dans les grandes chaleurs de l’été; 
on emploie encore les feuilles de la laiche en vessie pour empailler les 
chaises et pour garnir les bouteilles de verre. Beaucoup d’autres Carex 
croissent dans les marais et les terrains marécageux qu'ils exhaussent 
insensiblement par la formation des'tourbes, d’autres vivent au contraire 
dans les sables arides, dont elles fixent la mobilité et qu’elles fécondent 
en fournissant de l'humus par leur décomposition; on en rencontre en- 
core sur les berges des rivières et sur les pentes rapides des montagnes. 

« On voit d’après cela, dit M. Hoeffer, quelles fonctions importantes 
remplissent, dans l’économie de la nature, les Carex, ces plantes que dé- 
daigne le vulgaire et qu'on voudrait proscrire comme nuisibles ou au 
moins comme inutiles. Combien l'homme se ménagerait de ressources, 
se préparerait de jouissances, si au lieu de considérer froidement les 
grands travaux de la nature, il cherchait à découvrir comment elle les 
opère; si en parcourant de l'œil ces pelouses fleuries, qui revêtent la 
pente rapide des collines, il se demandait qui les retient sur ce plan in- 
cliné, qu'une pluie d'orage peut faire ébouler; si lorsqu'on ouvre une 
ancienne tourbière, il recherchait de quelle nature sont les végétaux qui 
la composent, comment il se sont conservés, entassés les uns sur les 
autres pendant une longue suite de siècles; comment ils sont devenus une 
ressource précieuse pour remplacer le combustible dont l’a privé la des- 


LS 


— 281 — 


truction des forêts ; si ce gazon touffu repose sur un banc de sable, com- 
ment a pu s'établir la végétation sur ces sables arides, en fixer la mobilité 
et parvenir à le dominer! Le résultat de ces recherches nous ferait recon- 
naître que dans les plantes diverses placées dans des localités différentes, 
ainsi que dans la variété de leurs formes, la nature s’est proposé autant 
de buts particuliers, qui tous concourent à l'exécution de ses grands tra- 
vaux. » 


Cenruncuzus. Le Centunculus minimus est une charmante primulacée 
des marais et des vallées humides de l’Europe, mais elle est bien petite 
L puisqu'elle s’élève à peine à un pouce, les tiges filiformes portent de pe- 
P tites feuilles ovales à l’aisselle desquelles apparaissent des petites fleurs 
remarquables par l’existence de quatre étamines seulement. 


GE = 


À CEraTopayLLum. Ce sont des plantes qui vivent dans les eaux basses 
1 mélangées aux Chara et connues sous le nom français de Cornifles. Les 
4 feuilles sont courbées en forme de corne et de là le nom de Ceratophyllum 
(xepus corne et ovax> feuille). On distingue deux espèces, les C. demersum 
(Cornifle nageante) et C. submersum (Cornifle submergée), mais cette 
dernière n’est probablement qu’une variété. Elles constituent une famille 
spéciale, les Ceratophyllées des botanistes. 


CarysospLENIUM. Les plantes d’or des botanistes ou Dorines, sont, sans 
contredit, au premier rang parmi les productions naturelles de nos pays; 
— ce sont d’admirables saxifragées qui croissent en touffes serrées sur les 
bords de nos ruisseaux ombragés, et si un rayon de soleil vient à péné- 
trer jusqu’à elles, on les prendrait pour de gigantesques pépites; ce sont 
des blocs d’or étincelant de mille feux. Les botanistes ont distingué deux 
espèces, les C. oppositifolium et C. alternifolium suivant que les feuilles 
sont opposées ou alternes ; mais, quant aux autres caractères, elles sont 
très-analogues ; chaque plante ne s'élève qu’à quelques pouces, mais elles 
croissent en touffés serrées à la facon des saxifragés; ce sont les feuilles 
qui, accumulées en rosettes au sommet des tiges, autour des fleurs, ont 
cet éclat brillant qui a fait nommer ces plantes des Dorines ou Chrysos- 
plenium. On doit les cultiver commes les saxifrages, dans des rocailles, 
au bord des eaux, près d’une cascade ou dans une situation assez om- 
_bragée et toujours humide. 


Comarum. Le Comarum palustre, chevelure des marais est une belle 
rosacée, voisine des potentilles ; les fleurs sont de couleur sombre, ter- 
minales, pédonculées; les tiges d’abord rampantes s'élèvent ensuite et 
atteignent environ un pied. Elle croit spontanément dans les marécages 
de l'Europe septentrionale. E. M. 

(Pour être continué.) 


nr 


JARDIN FRUITIER. 


LE GROSEILLER ÉPINEUX.— VARIÉTÉS NOUVELLES. 


Les groseillers épineux cultivés dans les jardins sont ordinairement 
rapportés, soit au Robes grossularia, soit au Ribes uva-crispa de Linné; 
la vérité est que ces deux prétendues espèces ne sont pas distinctes en 
réalité. Le groseiller épineux sauvage est le R. grossularia, dont le 
R. uva-crispa est une variété cultivée dans les jardins ; c’est vulgaire- 
ment le groseiller à maquereau à cause de l'emploi de ses fruits pour 
l’assaisonnement du maquereau. Ce groseiller sauvage qui croit mainte- 
nant spontanément dans presque toute l’Europe est originaire de la Suisse 
et du Piémont. C’est un petit arbrisseau, fort rameux, tout hérissé de 
piquants, s’élevant en buisson touffu jusqu’à la hauteur d’un mètre; les 
feuilles sont pubescentes et molles, les fruits plutôt fades qu’acides , ra- 
fraichissants mais laxatifs. 

La culture en s’emparant du Ribes grossularia l’a profondément mo- 
difié, les feuilles sont devenues plus larges, et à peu près glabres, les 
fruits ont plus que décuplé de volume, leur saveur et leur arôme se sont 
singulièrement perfectionnés. Ces fruits ont dans les meilleures variétés 
perdu les poils plus ou moins raides qui hérissent l’épicarpe à l’état sau- 
vage, la peau est devenue mince, succulente et souvent transparente. On 
distingue plusieurs races ou classes de variétés, suivant que les fruits 
sont verts, Jaunes, rouges ou bigarrés. 

Le groseiller épineux sera toujours estimé à cause de la précocité de 
sa fructification et de la saveur douce et rafraîchissante de ses fruits. Il 
le sera plus encore peut-être parce qu'il à su résister aux nombreux 
fléaux qui sévissent sur les produits des champs et des jardins ; c’est un 
des rares végétaux qui n’a pas encore été envahi par les Botritis, Oidium, 
Erysiphe et autre gente malfaisante. 

Les Anglais ont de tout temps fait du vin avec les fruits du groseiller 
épineux ; ils en ont même fabriqué du champagne mousseux. Cette fabri- 
cation s’est considérablement étendue dans ces derniers temps; elle a 
apparu sur le continent, mais nous nous étonnons cependant qu’elle n’ait 
pas fait des progrès plus rapides. Le vin de groseille possède une saveur 
très-agréable, il est fort sain, se prépare facilement et à fort bon marché; 
que faut-il donc de plus? Les groseilles renferment dans leur chair tous 
les principes qui entrent dans la composition des vins, il suffit de pro- 
voquer la fermentation afin de convertir les matières sucrées en alcool. 
Peu de plantes à fruit en produisent autant et, un plus petit nombre 
encore, réclame aussi peu de soins. 

Cependant lorsque l’on cultive des variétés choisies de groseillers épi- 


NT 4e 


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Groseillier. 
1. Leopold [%,2.0cean. 3.Britanmia. 


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À. Marquise : 


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neux, dans le but d’en obtenir des fruits remarquables par leur volume 
et estimables par leur saveur, il faut leur consacrer quelque attention. 
On ne peut pas laisser la plante végéter spontanément, elle formerait un 
buisson touffu surtout à la base contre terre, l'humidité s'y aceumule et 
quantité d'insectes nuisibles viennent y chercher un refuge. On doit donc 
élaguer la partie inférieure. On peut souvent reprocher aux groseillers 
l'abondance des fruits qu’ils produisent, la quantité nuit à la qualité et 
l’amateur, désireux d'obtenir des produits recommandables, ne doit pas 
craindre de supprimer grand nombrede fruits et même des branches en- 
tières. Une bonne exposition ne peut qu’exercer une influence favorable 
sur la qualité des fruits ; il est donc utile de cultiver les groseillers, non 
pas à l’ombre comme on le fait quelquefois, mais dans une situation telle 
qu'ils reçoivent les rayons du soleil le matin et le soir. L’addition au sol 
d'engrais ou de terreau est vivement recommandée par tous ceux qui 
s'occupent spécialement de cette culture. 

On taille les groseillers deux fois l’an ; en été après la croissance et en 
hiver pour leur donner la forme désirée. C’est la culture en pyramide qui 
est la plus convenable et la mieux suivie aujourd’hui ; on suprime toutes 
les branches inférieures, la pyramide ne doit pas être trop fournie, il 
faut permettre la circulation de l’air et le libre accès de la lumière. Cette 
culture a encore l’avantage de faciliter la récolte des fruits, qui n’est pas 
toujours aisée à cause des épines qui garnissent le buisson. Le lecteur 
trouvera d’ailleurs tous les renseignements relatifs à la culture du gro- 
seiller épineux à la page 25, I vol. de la Belgique horticole. 

C’est en Angleterre que les groseillers ont été d’abord cultivés avec le 
plus de soins; la première elle a su produire des variétés méritantes. 
Mais la Belgique compte aussi des amateurs intelligents et actifs, qui 
consacrent toute cette intelligence et cette activité aux progrès de la 
pomologie. Chaque année on obtient une moisson abondante de produits 
nouveaux, et l'observateur qui suit les progrès obtenus, constate chaque 
fois un pas fait en avant. La groseille sauvage est petite, fade, à péri- 
carpe coriace et dur, hérissé de poil, pleine de graines nombreuses et 
ligneuses ; c’est quelque chose de presque inmangeable. Cependant les 
disciples de pomone s'emparent de cette plante, ils lui prodiguent leurs 
soins et le plomb vil se change entre leurs mains en or pur (en or pur ou 
en argent comptant, il importe peu). Un des premiers résultats obtenus 
est l'augmentation en volume des fruits; bientôt c’est la saveur qui se 
modifie, les matières sucrées augmentent, les sucs sapides se mélangent de 
manière à constituer une pulpe agréable et rafraichissante. Les couleurs 
deviennent plus éclatantes, le rouge plus ou moins foncé, le rose ou le 
jaune remplacent le vert. Mais il y avait encore des imperfections à 
effacer, les graines étaient trop nombreuses, l’épicarpe était trop épais 
et velu : On fait tomber les poils, on amincit la peau et on diminue le 
nombre de graines; celles qui restent s’enveloppent d’un testa plus doux 


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et plus sapide. On obtient en un mot des fruits dignes de figurer sur les 
meilleures tables et de charmer les palais les plus rigoureux. 

Au nombre de ces zélés oxyphylles ($£><, groseille) figurent au premier 
rang MM. Galopin, pépiniéristes à Liége. Nous choisissons presqu’au 
hazard parmi les variétés nouvelles qu'ils ont créés et nous trouvons 
des produits sans émules. 


Nous en figurons quatre qui ne sauraient être trop recommandées : 


1° GROSEILLER ÉPINEUX , var. LÉOPOLD I. 

La superbe groseille reproduite par notre planche, fig. 1, réunit 
toutes les qualités requises. Elle mesure au moins de cinq à six centi- 
mètres de longueur, sur quatre centimètres et demi de diamètre; c’est 
la plus forte de toutes les variétés obtenues. Elle est légèrement ovale, 
un peu allongée et bien arrondie, la baie est verte, marquée de côtes 
plus claires. L’épicarpe d’un beau vert tendre est absolument transpa- 
rent, il laisse voir les graines qui sont petites, un peu rougeâtres et dis- 
posées en séries longitudinales. La chair qui est opaline et verdâtre à 
une saveur très-sucrée. En un mot c’est la perfection, la réunion de 
toutes les qualités désirables, comme chez le meilleur des rois dont elle 
porte le nom. 

La groseïlle Léopold I: a été obtenue de semis, de graines de prove- 
nance anglaise. Le buisson est garni d’épines très-longues; il est très- 
productif. 


2° GROSEILLER ÉPINEUX , Var. OCEAN (fig. 2). 

La variété Océan se recommande par l’excessive abondance de ses pro- 
duits; elle donne un nombre prodigueux de fruits, qui mesurent quatre 
centimètres de diamètre longitudinal, trois de diamètre transversal. Le 
pédoncule est long et grèle; la baie arrondie, ovalaire, se fait remarquer 
par la richesse de sa coloration; le vert s’y marie avec le rouge foncé, le 
vert forme une large zône autour du pôle supérieur, le rouge accumulé 
au pôle inférieur ; l’épicarpe est marqué de veines saillantes, réticulées. 
L’arbuste atteint une assez grande élévation et convient parfaitement 
pour la culture en pyramide . 


5° GROSEILLER ÉPINEUX, var. BRITANNIA (fig. 5). 

C’est une variété d’origine anglaise , perfectionnée grâce aux soins de 
MM. Galoppin. Elle est remarquable par sa belle coloration jaune et ses 
contours légèrement pyriformes. Le pédoncule est long ; l’épicarpe trans- 
parent, jaune, veiné de fines striés vertes, ne cache pas les graines. La 
baie est très-allongée, puisque sur quatre ou cinq centimètres de longueur 
elle mesure deux et demi centimètres de diamètre transversal. 

Les trois variétés précédentes se recommandent par l’absence de poils 
sur les baies; l’épicarpe est absolument lisse. 


LE RS 


4° GROSEILLER ÉPINEUX, var. MARQUISE (fig. 4). 

C’est la plus élégante, la plus belle et, sous un certain rapport, la plus 
méritante des variétés nouvelles. Il est à remarquer que les variétés 
connues de groseiller épineux sont toutes colorées uniformement, elles 
sont vertes, rouges ou jaunes, la teinte seule diffère. Si deux de ses cou- 
leurs sont associées, elles le sont par grandes zones qui se partagent la 
surface de la baie. Ainsi sont vertes les groseilles épineuses : poilu an- 
glais, Reine de Seba, Lombard, Yellow Smith, Ball, etc.; les variétés 
Prune de Gathoye, Robin, Lady Warrender, Kew seedling, Royal George, 
Regent sont uniformement jaunes. La panachure est done un progrès 
nouveau, réalisé par la groseille Marquise, le rose et le vert y sont élé- 
gamment associés. Ce charmant fruit est ovalaire, quatre centimètres de 
long, sur trois de large; il est supporté par un pédoncule assez long. 
L’épicarpe est d’un beauvert gai, pileux, veiné de stries roses, qui, partant 
du pôle supérieur vont convergeant vers l'extrémité de la baie, ilexiste là 
une couronne de même couleur, autour du calice desséché. E. M. 


LES CHANCRES DES ARBRES FRUITIERS, 
Par M. P. JoIGNEAUx. 


On a publié de beaux et bons livres sur la culture des arbres fruitiers ; 
mais les meilleurs dans le nombre laissent encore à désirer sur bien des 
points. Ainsi, les maladies ont été en général mal observées, mal étu- 
diées, et, si l’on excepte la chlorose, pour la guérison de laquelle M. Eu- 
sèbe Gris a eu l’heureuse idée d'employer les ferrugineux, nous en 
sommes à peu près sur ce chapitre au point où en étaient les arboricul- 
teurs de l’ancien temps. — Prenez les ouvrages publiés de nos jours, 
voyez ce qu'ils disent des affections de nos arbres, et vous reconnaitrez 
que les auteurs se sont copiés l’un l’autre et se comportent à la manière 
des empiriques. Consultez-les tous, par exemple, sur la question des 
chancres qui sont assez communs dans les pépinières de la Normandie, 
qui ne sont pas rares dans la Flandre française, et qui, en Belgique, font 
des ravages affreux sur les arbres soumis à la taille; demandez à ces traités 
spéciaux la raison d’une affection si redoutable, et vous verrez qu'aucun 
_ d'eux ne vous donnera de réponse. C’est précisément parce que nous les 
avons consultés en pure perte que nous avons eu, il y a trois ans, la 
pensée d'observer de près la maladie qui nous occupe, de la prendre à 
son point de départ, de la suivre dans ses progrès et d’en rechercher les 
causes. Or , depuis quelque temps déjà, et aujourd’hui mieux que jamais, 
nous nous croyons en mesure de donner à ce sujet des explications satis- 
faisantes. 

Le chancre des arbres fruitiers attaque surtout les pommiers et les poi- 
riers , mais plutôt les premiers que les seconds. Au point où il va se dé- 
clarer , sur la tige ou sur les branches, l’écorce se ternit, prend une cou- 


— 986 — 


leur marron clair et meurt. Une fois morte, elle se soulève, se gonfle 
sensiblement, et des feuillets très-minces se détachent; puis, cette écorce 
se fendille, se crevasse dans toute son épaisseur, se lève par plaques 
irrégulières, tombe peu à peu, et forme une plaie arrondie qui tend tou- 
jours à s'étendre, et finit le plus souvent par embrasser dans son entier 
la circonférence de la tige ou de la branche malade. L’aubier, mis à nu, 
est sec, dur comme de la corne et d’un brun rougeitre. 

Sur les arbres soumis à la taille , les chancres sont parfois très-nom- 
breux. Ils se produisent autour des branches amputées ou dans le proche 
voisinage des amputations. Sur les arbres vigoureux et de haut jet, cette 
maladie se déclare bien rarement, et seulement lorsqu'on scie de grosses 
branches pour les dégager et leur donner de l'air et de la Inmière. Dans 
ce cas, le chancre apparait toujours à proximité de la plaie. 

Dans les jardins ou localités où il est d'usage depratiquer des incisions 
longitudinales sur l'écorce des tiges d'arbres taillés en pyramides ou en 
quenouilles, afin de faire grossir ces tiges , les chancres sont rares, tandis 
qu'ils sont communs sur les pyramides et les quenouilles , dont l'écorce 
n'a pas été incisée. 

Enfin, dans les sols frais où la végétation est vigoureuse, la maladie se 
déclare toujours plutôt que dans les sols assainis où la végétation est 
modérée. 

Ces seules observations suffisent pour indiquer la cause des chancres. 
D'après ce qui précède, il est évident qu'on les doit à une surabondance 
de sève qui, n'ayant pas d'issues assez larges, fermente entre l'écorce et 
l’aubier. Il se produit dans cette circonstance ce qui se produit dans la 
greffe en couronne mal faite. Quand vous insérez autour de la grosse 
branche à greffer cinq ou six bouts de rameaux, la sève les nourrit tous 
et trouve son emploi; mais, si au lieu de cinq ou six, vous n'en insérez 
que deux ou trois, il y a engorgement, pour ainsi dire indigestion; la 
sève n’a pas d'issues suffisantes, les greffes meurent et après les greffes 
les branches. Eh bien, le même effet a lieu dans la taille des arbres. 
Quand vous amputez une branche très-forte ou très-vigoureuse, la sève 
arrive en abondance, comme si elle avait à nourrir le membre qui n'est 
plus. Une partie de cette sève est employée à cicatriser la plaie, l'autre 
partie a besoin d'issues. Si, sur son passage, il se trouve des bourgeons 
bien portants, elle les développe et s'utilise. Alors iln'y a pas de chancres 
à craindre, mais, si, dans le voisinage de la partie amputée, il n’y a ni 
bourgeons rudimentaires assez nombreux et en bon était, ni rameaux 
robustes, que voulez-vous que la sève devienne? Par où voulez-vous 
qu'elle passe et remplisse ses fonctions naturelles? Les routes lui sont 
barrées; elle s'arrête par conséquent, fermente, pourrit et désorganise 
les tissus végétaux avec lesquels elle est en contact. Aussi, nous le répé- 
tons, pour que vous le remarquiez bien, les chancres ne se déclarent qu'à 
proximité des parties amputées, et lorsqu'il y a disette de bourgeons. 


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La cause du mal étant connue, il devient facile de le prévenir, et 
même parfois de le guérir, lorsque le chancre est développé. Dans les 
contrées où la végétation est énergique, comme dans le nord et sous les 
climats humides, taillez long vos arbres d'espalier, toujours sur des yeux 
ou bourgeons parfaitement conformés, et n’éventez pas ces bourgeons, 
c'est-à-dire n'amputez pas trop près de l'œil, car vous l’affaibliriez, et, 
quand viendrait l’afflux de sève, il ne pourrait en absorber une quantité 
suffisante. Cette pratique a l'inconvénient de produire des chicots, que 
vous enlèverez à l’automne ou l’année d’ensuite, mais elle a l'avantage 
de prévenir les chancres. En même temps que vous taillerez long pour éviter 
les trop brusques mouvements de la sève, vous ferez bien de palisser vos 
rameaux en les arquant , afin de ralentir la marche de cette même sève et 
de hâter par ce moyen la fruetification de l'arbre. Vous obtiendrez ainsi 
des palmettes simples à branches recourbées, comme nous en voyons aux 
façades et aux pignons de ce pays. 

Lorsque vous aurez affaire à des pyramides , taillez plus long que dans 
les localités où les chancres sont rares, et; n’éventez pas non plus l'œil 
terminal. Dans le cas, cependant, où, pour obtenir une forme plus cor- 
recte et plus jolie, vous tiendriez à une taille courte, vous pouvez la tenter, 
mais en prenant la précaution de trouer le bas de la tige de l'arbre avec 
une petite vrille ou bien d’inciser l'écorce pour amener une déperdition 
de sève. Tant que les arbres sont Jeunes, vigoureux , ces précautions ne 
sont pas nécessaires, car alors les chancres se déclarent peu; elles ne sont 
nécessaires que lorsque l'écorce jaunit et que l’on découvre de petites pla- 
ques mourantes près des amputations. Cela indique que les rameaux ne 
suffisent plus à la consommation de la sève et qu'il est temps de trouver 
pour celle-ci de nouveaux débouchés. 

Avec les arbres de haut jet, autrement dits pleins vents, les chancres 
ne sont pas à redouter, pourvu que l'on ait soin de les dégager des ra- 
meaux inutiles pendant leur jeunesse; mais, s’il y a négligence et si l’on 
attend qu'ils soient gros pour y mettre la scie, on les expose à la maladie, 
à moins toutefois qu’il ne se développe près de la plaie un grand nombre 
de petits bourgeons. Dans cette circonstance, félicitez-vous ; ne touchez 
pas à ces jeunes bourgeons la première année, car ce sont autant de rou- 
tes indispensables à la circulation de la sève; mais, dès la seconde année, 
enlevez les plus faibles peu à peu, de huitaine en huïitaine, et incisez 
l'écorce du moignon , afin d'occuper la sève disponible à la guérison des 
plaies. 

Dans les sols frais, et surtout lorsque la taille est courte, il y a danger 
de chancres même avec les jeunes arbres! C’est un fait reconnu dans cer- 
taines pépinières de la Normandie, à la suite de la greffe, et autre part 
encore. Cet accident est le désespoir des greffeurs. Nous ne connaissons 
qu'un moyen de le prévenir , c’est d’assainir le sol des pépinières, de les 
drainer énergiquement. Moins il y aura d'humidité dans la terre, moins 


—— 288 — 


il y aura de sève dans les arbres, et moins par conséquent les chancres 
seront à craindre, puisqu'ils sont le résultat d’un engorgement séveux. 

A ce propos, nous vous ferons part d’une observation qui ne manque 
pas d'intérêt, et qui nous parait confirmer pleinement notre théorie sur 
la formation des chancres. Il y aura bientôt trois ans, un pommier déjà 
fort fut enlevé d’une prairie très-fraiche. On nous l’offrit et nous l’ac- 
ceptâmes, quoique rongé sur sa principale branche de deux affections 
chancreuses larges comme deux pièces de 5 francs. Nous plaçâmes ce 
pommier dans Ja partie la plus sèche du jardin , tout en ayant soin de le 
planter d’après les règles les plus sévères de l’arboriculture. La sève a été 
moins abondante qu’elle ne l'était dans la prairie fraiche; les branches et 
les jeunes rameaux ont pu l’absorber au fur et à mesure qu’elle leur ar- 
rivait, et tout aussitôt les plaies, au lieu de s’étendre, se sont couvertes 
de bourgeons charnus , passez-nous l’expression chirurgicale; l’une d’elles 
est complétement guérie, et l’autre est en voie de prompte guérison. 

Pour nous résumer en deux mots, nous dirons que la sève qui manque 
d’issues est la cause unique des chancres, et qu’il suffit, pour prévenir 
cette affection , de lui frayer des voies convenables au moyen de la taille 
longue, ou de perdre une partie de cette sève en assainissant les terrains 
trop frais, en saignant la tige des arbres au moyen d’une vrille ou en in- 
cisant l'écorce. En assainissant, vous enlevez l’eau surabondante. Or, en- 
lever une partie de l’eau, c’est enlever une partie de la sève. En saignant, 
vous ouvrez une issue à la sève qui s’échappe du corps de l'arbre; en in- 
cisant, vous forcez une grande partie de cette même sève à se porter sur 
les plaies, où elles forment des bourrelets. L'opération se réduit donc à 
ceci : utiliser l’excédant de nourriture d’une manière quelconque ou le 
perdre. 


PROCÉDÉ POUR CICATRISER LES PLAIES DES ARBRES. 


Nettoyez d’abord la plaie, en enlevant avec un couteau bien tran- 
chant, tout ce qui paraïîtrait meurtri ou cancéreux, on égalise ensuite 
l’endroit blessé et on y applique l’enduit composé comme suit : à deux 
livres de poix ajoutez une demi livre de suif; faites chauffer jusqu’à ce 
que le suif soit fondu , jetez dans ce mélange une once de salpêtre, re- 
muez et appliquez avec un gros pinceau. 


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Escallonia pterocladon . Hook. 


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— 289 — 


 HORTICULTURE. 


NOTE SUR LE TALINUM POLYANDRUM, ÆZOO0KX. 


Fam. des Portulacées. — Dodecandrie Monogynie. 


Nous nous sommes engagés, (p. 169) de publier le dessin de cette 
charmante nouveauté et nous venons aujourd'hui accomplir cette pro- 
messe. 

Le genre Talinum est déjà riche en espèces horticoles, la plupart 
venues de l'Amérique tropicale et subtropicale, quelques-unes du Cap de 
Bonne-Espérance, de l'Arabie heureuse et de l'Océanie. Ce sont des Por- 
tulacées très-voisines des Claytonia et des Calandrinia; on les distingue 
à peine de ce dernier genre, et bon nombre d'espèces voyagent d’un 
genre à l’autre : ainsi le Talinum ciliatum de Hooker est le Calandri- 
nia pilosiuscula de De Candolle; le T. Monandrum de Ruiz et Pavon 
est un C. Monandra pour l’auteur du Prodrome; le T. umbellatum n’est 
qu’une synonimie du C. wmbellata, etc. 

Les Talinum sont herbacés ou rarement suffrutescents, absolument 
glabres, souvent charnus, à feuilles épaisses. Le calice est caduc, à 
deux divisions à folioles ovales, opposées : la corolle est formée de cinq 
pétales, libres ou réunis à la base, très délicate et caduque; elle protège 
10, 50 ou plus d’étamines insérées sur l'onglet des pétales. L’ovaire est 
libre uniloculaire renfermant, à la maturité, des graines nombreuses et 
s'ouvrant par trois valves. 

Le Talinum polyandrum est une plante annuelle, à tiges rougetres 
faible, arrondie, ascendante, portant des feuilles alternes ou très-rarement 
opposées, linéaires, quoique larges, spatulées, sessiles, entières, obtuses, 
grasses, marquées d’un sillon longitudinal à la face supérieure, mais 
plane au côté opposé; ces feuilles ont environ trois pouces de longueur. 
Les pédoncules floraux sont terminaux ou subaxillaires, ils se réunissent 
en pédicelles allongés, filiformes et réfléchis. Le calice est constitué par 
deux sépales verts, opposés et ovés. La corolle est à cinq pétales rose- 
carminé. Les étamines comme le rappelle le nom spécifique de polyandrum 
sont très-nombreuses, à peu près de la moitié de la longueur des pétales 
et portant de petites anthères jaunes. L’ovaire est subglobuleux, couronné 
par trois stigmates sessiles, filiformes, glanduloso-pubescents; style nul. 

Cette plante est sans aucun doute appelée à un grand avenir ; elle se 
cultive en pleine terre et fleurit abondamment. E. M. 


NO 
Q1 


BELG. HORT. T. V. 


— 290 — 


NOTE SUR L'ESCALLONIA PTEROCLADON, ÆOOK. 
ESCALLONIA A BRANCHES AILÉES. 


Fam. des Saxifragées. — Pentandrie monogynie. 


Nous avons signalé l’Escallonia pterocladon, aussitôt son apparition 
dans les journaux anglais; nous l’avons décrit à la page 208; mais toute 
description quelque fidèle et complète qu’elle puisse être, ne vaut jamais 
une bonne iconographie. On pourra se convaincre, en présence de notre 
figure qui reproduit exactement un rameau de a plante, de la beauté 
de son port, de l’élégance de son feuillage et de l’abondance de sa 
fleuraison. Cette nouveauté, nous l’avons déjà dit, est rustique, elle sup- 
porte les rigueurs de l’hiver, mais réclame un sol léger formé de terre de 
bruyère. Elle forme un buisson touffu, à feuillage foncé, et se couvre de 
fleurs nombreuses d’un blanc pur ou légèremont rosé; par sa végétation 
et la forme de ses fleurs elle rappelle les Epacris. 

L’Escallonia pterocladon est aujourd’hui dans le commerce horticole 
et ne tardera sans doute pas à se répandre dans les jardins. MM. Veitch 
et fils, à Exeter, l’annoncent en vente, mais à un prix encore trop élevé : 
dix schellings, six sous, la pièce! | 

Il est disponible chez M. Jacob-Makoy, à Liége, à un prix beaucoup 
plus modéré. 

M. Linden, dans son catalogue pour 1855,annonce parmi ses nouveautés 
un ÆEscallonia densa, PI. et Lind, extraordinairement voisin de l’Esc. 
pterocladon, Hook. et répandu chez nos principaux horticulteurs belges. 
J1 forme un arbuste touffu à feuilles petites et luisantes et à fleurs d’un 
blanc rosé, il est originaire des parties les plus élevées de la cordillière 
de Merida. Il serait impossible de distinguer ces deux espèces si l’on ne 
les voyait réunies; nous ne pouvons différencier leurs fleurs, mais les 
feuilles nous ont paru plus grandes chez l’Esc. densa, PI. et Lind. et plus 
régulièrement dentées; celles de l’Esc. pterocladon sont d’un vert plus 
foncé et bordées de dents plus grandes et irrégulières ; dans toutes deux 
les rameaux sont anguleux et ailés. E. M. 


LE GARCINIA MANGOSTANA. LIND., 
OU MANGOUSTAN DES MOLLUQUES. 
Fam. des Guitifères. — Dodecandrie Monogynie. 


La livraison du mois de mai 1855, du Botanical magazine, signale un 
important succès de l’horticulture anglaise, la fructification dans les serres 
du due de Northumberland, du Gurcinia Mangostana ou Mangoustan. 


— 291 — 


Nous traduisons l’article du journal anglais. 

L'art horticole ou plutôt, car on doit lui donner ce nom aujourd’hui, 
la science horticole a atteint, en Angleterre, la plus grande perfection, et 
il faut le reconnaître, une supériorité incontestable sur toutes les autres 
nations. S’il fallait donner des preuves nouvelles à l’appui de cette assertion 
nous citerions le plus étonnant de tous les arbres, pour l’âge et la beauté, 
le Camelia reticulata de M. Byam Martin, Esq., au domaine de Bankgrove, 
près de Kingston, dans le comté de Surrey, et le Mangoustan de Sion- 
House, eultivé par M. Ivison, directeur des serres du duc de Northum- 
berland. 

Il y a peu de jours encore on pouvait visiter cet admirable Camelia, 
dont on avait enlevé plus de 4560 boutons, mais il restait un nombre 
beaucoup plus considérable de fleurs, chacune de six à huit pouces de 
diamètre, si nombreuses et si pressées qu’elles se touchaient souvent les 
unes les autres et cachaient entièrement le riche feuillage réticulé, carac- 
téristique de cette espèce; cette floraison se succède sans interruption, 
avec la même abondance et la même perfection de fleurs pendant plu- 
sieurs semaines. 

Peu de temps après, le monde horticole apprit que le noble Man- 
goustan était en‘fructification à Sion-House, chez le duc de Northum- 
berland. Feu le noble duc avait spécialement encouragé la culture des 
fruits des tropiques, il avait érigé pour eux des serres spéciales et il y 
avait vu fructifier l’arbre à chocolat (Theobroma cacao), le Muscadier 
(Myristica moschata), le Giroflier (Caryophyllus aromaticus), le Vanillier 
(Vanilla aromatica) et d’autres raretés. Aujourd’hui c’est le Mangoustan 
(Garcinia Mangostana), qu'il ne faut pas confondre avec le Manguier 
(Mangifera indica), qui vient de mürir ses fruits nommés Mangous. 

Cet arbre est originaire des iles Molluques, mais sa culture s’est étendue 
dans la Malaisie ; hors de là, toutes les tentatives faites pour le propager 
plus loin ont été infructueuses et les seules personnes qui ont pu savourer 
ses fruits sont les voyageurs qui ont visité l’archipel du sud. Même au 
Bengale, tous les essais d’acclimatation ont été vains; on l’a tenté au 
Jardin botanique, mais le D' Roxburgh dit dans sa Flora Indica : « Nous 
avons fait de nombreuses tentatives pour conserver ce bel arbre et en 
obtenir ses fruits délicieux, mais tous nos efforts ont abouti à un insuecès, 
Pendant cette dernière trentaine d’années, j'ai essayé en vain de le cul- 
tiver et de le faire fructifier sur le continent Indien ; les plantes attei- 
gnaient rarement deux ou trois pieds avant de périr. » 

Rumphius, parlant du Mangoustan dit : « Ejus fructus ex testimontis 
omntum Indorum, apud quos reperitur, optimus ac saluberrimus ha- 
betur omnium reliquorum fructium. » Son fruit est réputé, d’après le 
témoignage de tous les Indiens qui le connaissent, le meilleur et le plus 
sain de tous les fruits. Tous les voyageurs qui l’ont dégusté ont porté le 
même avis. Nous rapporterons seulement ce qu’en dit le D' Abel, lorsque 


— 292 — 


passant en revue les fruits de Batavia, il s’écrie : « Le premier, en saveur 
et en beauté, est le célèbre Mangous ; il mérite tous les éloges que lui 
ont prodigué les voyageurs. Il est de forme sphérique de la grandeur d’une 
petite orange et coloré en rouge verdâtre, mur il est rouge brun, et plus 
tard devient brun marron. Son écorce charnue est épaisse d'environ un 
quart de pouce, elle contient une petite quantité d’un suc astringent et il 
en exsude, lorsque le temps est humide, une résine jaune, analogue au 
Gamboge ou gomme-qutte. En enlevant l’écorce on découvre une chair 
succulente sous forme d’une pulpe juteuse, ayant la blancheur et le fon- 
dant de la neige, et une saveur délicieuse, délicate et rafraichissante : il 
serait impossible de définir la sensation qu’il vous fait éprouver. Nous 
voulions tous être à même de bien préciser plus tard son arome, mais 
après lui avoir reconnu quelque ressemblance avec l'ananas et la pêche, 
il nous fut impossible de trouver des termes de comparaison pour rendre 
les autres aromes également bons qu'il nous rappelait. On peut, sans 
crainte en manger de grandes quantités. » 

Son écorce est astringente et usitée dans les cas de dyssenterie. Dans 
sa patrie, le Mangoustan est un arbre d’une vingtaine de pieds, à tronc 
droit et garni de nombreuses branches opposées et étalées, formant une 
élégante cime conique. Les jeunes brindilles sont arrondies, vertes et 
remplies d’une cire jaune. Les feuilles sont opposées et longues de 15 à 
20 centimètres, épaisses, coriaces, luisantes, elliptiques oblongues, acu- 
minées, penninerviées, à nervures latérales et parallèles (comme toutes 
les guttifères), horizontales. Le pétiole est court, épais, parfois ridé trans- 
versalement. Les fleurs sont solitaires, terminales, portées sur un pédon- 
cule court, (Roxburgh dit que les fleurs parfaites sont solitaires, et que 
les étamines sont fasciculées). Les étamines (des fleurs de Sion-House), 
et les pistils paraissent faibles et imparfaits. Le calice est formé de quatre 
sépales, grands, imbriqués, épais et d’un vert pâle. La corolle est plus 
longue que le calice, d’un rouge foncé, plus pâle en dessous, constituée 
par quatre pétales suborbiculaires étalés. Les étamines de 12 à 40 sont 
petites ct paraissent imparfaites quoique pollinifères : Les filaments sont 
courts, beaucoup plus petits que les pistils, minces et s’élevant tous d’un 
anneau étroit; anthères subglobuleuses, biloculaires. L’ovaire est grand, 
globuleux, à six loges; le stigmate grand , presque aussi étendu que lo- 
vaire et présente 6 à 8 rayons obtus, cohérents avec le sommet de l'ovaire. 
Le fruit est une baie grande, succulente, sphérique, à base cachée par le 
calice, persistant et à sommet couronné par les rayons du stigmate, d’un 
brun pourpre foncé, plus ou moins teinté d'orange, à cinq ou huit loges, 
chaque loge renfermant une graine. 

Inutile d'ajouter que le Garcinia Mangostana ne peut croitre que dans 
les meilleures serres chaudes. E. M. 


— 9295 — 


RÉSUMÉ D'UNE NOTICE SUR LA FLORAISON DU VICTORIA REGIA, 
Par M. Jumiscu, 
Horticulteur à Magdebourg, et parue dans le Blumenzeilung de M. Weissensée. 


Les pétales sont blancs le premier jour, roses le second jour; vers le 
soir du second jour, entre quatre et six heures, les nombreuses étamines 
montrent un mouvement vibratoire, qui contribue à l'expulsion du pollen 
et favorise la fécondation ; en même temps la fleur exhale une odeur de 
vanille et d'ananas. Le lendemain, troisième jour, les pétales se ferment 
et la fleur se dirige sous l’eau, pour y murir l'ovaire et les ovules. Une 
capsule müre renferme 500 graines de la grosseur d'un pois; cette graine 
perd sa vertu germinative quand on Ja conserve hors de l'eau. La préfo- 
liation est curieuse à poursuivre; une espéce de stipule enveloppe la jeune 
feuille rudimentaire; quand cette stipule est tombée, la feuille est en- 
roulée de sorte que ses côtés sont involutés en dedans de manière que les 
nombreuses épines de la face inférieure présentent la forme d'un hérisson, 
que les animaux aquatiques n'’osent pas attaquer; peu à peu les bords se 
révolutent et la feuille finit par s’étaler à la surface de l’eau. Les bassins 
doivent avoir cinq mètres de long et trois ou quatre mètres de large pour 
que les feuilles puissent bien se développer. Le docteur Caspari, de Berlin, 
est chargé par l'académie des sciences de cette ville d'écrire un mémoire 
détaillé sur le Victoria regia. 

(Extrait du journal de la Société d’hortieulture du Bas-Rhin, 1854 ; analyse 

de M. Fr. Kirschleger.) 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


Cuphea eminens. Planch. et Lind. — Flore des serres, pl. 994. 
Fam. des Lythrariées. — Dodecandrie Monogynie. 

C'est une herbe semi-ligneuse, à tiges dressées et médiocrement ra- 
-  meuses, garnies de grandes feuilles opposées, lancéolées aigues (ressem- 
.  blant aux feuilles du pêcher). Les fleurs sont très-grandes en panicules 
_serrées et nuancées de jaune, d'orange et de vert. Le C. eminens est 
originaire des régions tempérées du Mexique, d’où M. Ghiesbreght en 
envoya des graines à M. Linden, chez qui il a fleuri en septembre 1854. 
C'est une plante qui comme ses congénères est demi-rustique, c'est-à- 
dire, pouvant végéter et fleurir à l'air libre pendant la belle saison. 


Eupomatia Laurina. Robert Brown. — À. Br. Bot. of Terra 
Austr. p. 65, Atlas, t. 2. — Fam. des Anonacées. Polyandrie Polygynie. 


— 294 — 


L’Eupomatie laurier est une plante australienne croissant dans les bois 
de la colonie de Port-Jackson. Elle vient de fleurir chez MM. Henderson 
(de Pine-apple-place, près Londres). 

L'individu qui vient de fleurir est jeune encore, haut à peine de 
50 centimètres, branchu. Les feuilles sont alternes, persistantes, large- 
ment lancéolées, acuminées coriaces, d’un vert brillant, très-entières, por- 
tées par un pétiole très-court. Les fleurs naissent solitaires à l’extrémité de 
petites branches. Elles n’ont ni sépales, ni pétales, mais les étamines dis- 
posées en plusieurs serrés, sont pétaloïdes, jaunes, teintées d’orange ou 
de rouge sang; elles naissent d’un réceptacle turbiné, vert, les extérieures 
seules sont fertiles, les intérieures sont stériles, larges, pétaloïdes et 
obovées ; la substance fécondante est donc éloignée et séparée de l'ovaire. 


Mandirola Naegelia /Æybrid) Minusc. — Fam. de Gesnériacées. 
C’est une hybride issue de la fécondation du Waegelia zebrina fécondée 
par le Mandicola mexicana et obtenue par M. Roezl dans l'établissement 
horticole de M. Van Houtte. Cette hydride est stérile, mais très-florifère. 
L'infloreseence est exactement celle du Vaegelia zebrina ; les fleurs, par 
le coloris, la forme et la structure se rapprochent du Mandirola mexicana; 
ces fleurs sont d’un lilas rose extrêmement délicat. M. Roezl a encore 
obtenu du croisement du Mandirola multiflora avec le Naegelia zebrina 
une nouvelle hybride que M. Planchon a nommé Mandirola naegelia 
(Hybr.) picturata. Ses fleurs sont un peu plus foncées en couleur que les 
premières. | 


Streptocarpus polyanthus. Hook. Streptocarpe florifére.— Bot. 
mag., pl. 850. — Fam. des Cyrtandracées. — Diandrie monogynie. — 
C’est une fort jolie espèce d’un genre bien curieux à cause de ses longs 
fruits capsulaires tordus en spirale ; elle a été introduite de la colonie de 
Natal dans l’Afrique Australe. Elle porte ordinairement deux feuilles, 
appliquées contre terre et de grandeur très-inégale, l’une ayant environ 
50 centimètres, l’autre seulement 5 ou 6 de longueur. Ces feuilles sont 
rugueuses, à bords ondulés et crénelés. Ses fleurs sont nombreuses 
grandes, d’un bleu-päâle lilacé, à corolle large de 4 centimètres, à tube 
jaune. 


Thyrsacanthus Schomburgkianus. D. C. — Vees in Benth. 
PI. Schomb. Lond. Journ. of Bot. 1845, p. 656 n. 71 et 147. De Cand. 
Prod. v. XI p. 525. — Syn. Thyrsacanthus rutilans, Planchon and 
Lind. — Fam. des Acanthacées. — Diandrie monogynie. C’est un arbris- 
seau de l'Amérique méridionale où il paraît très-répandu; sa découverte 
est due à C. S. Parker Esq. Ses feuilles sont presque sessiles, largement 
lancéolées, acuminées, penninerviées. Les racèmes qui sont axillaires ou 
terminaux, ont deux à trois pieds, ou plus, de longueur ; les corolles sont 
longues de plus de 4 centimètres, d’un beau pourpre. 


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Tradescantia Martensiana. Kth. Tradescantia de M. Martens. 
— Bot. mag., pl. 4849.— Kunth. Enumer. PI. v. 4., p. 697. — Synon. 
Commelina multiflora. Mart. et Galeotti. — En. Synops. PI. mex. p. 5. 
-— Fam. des Commelinées. — Hexandrie monogynie. 

Le Tradescantia Martensiana est une petite plante du Mexique, cul- 
tivée depuis longtemps au jardin botanique de Calcuta d’où elle a passé 
dans les serres de Kew. Ses fleurs sont petites, mais très-nombreuses et 
surtout aimables par le parfum de violette qu’elles exhalent. Cette plante 
aime la serre humide et ombrée et se prêtera fort bien à la culture 
aérienne dans des corbeiïlles suspendues. 

Toute la plante est glanduleuse pubescente; elle a le port du Trades- 
cantia zebrina [zebrina pendula). Ses feuilles sont sessiles, oblongues 
ovées, striées d’un vert lisse; à la base une gaine très-poilue, cylin- 
drique. Les fleurs sont disposées en panicule de 15 à 20 centimètres de 
longueur. Les fleurs sont petites, blanches, odorantes, à parfum de 
violette. 


Trillium erectum. L. — Zinn. Sp. 484. — Willd. Sp. II. 
271. etc., etc. Flore des serres, pl. 990. — Fam. des Liliacées. — Hexandrie 
Trigynie. Le genre Trillium reproduit dans les forêts de l'Amérique 
septentrionale la végétation de notre Paris quadrifolia indigène. La tige 
est simple, herbacée, peu élevée, ordinairement à trois feuilles verti- 
cillées, sessiles, et terminée par une seule fleur inclinée sur le pédoncule, 
à pétales ovés-oblongs, sub-acuminés, un peu plus longs que les trois 
divisions extérieures du calice, étalés. Les fleurs sont colorées en pourpre 
foncé, en rose ou en blanc. 


Erillium grandiflorum. Salisb. — Salisb. Parad. Lond. tab. 1, 
{non bona) exclus. synon. (Ann. 1805). — Bot. cab. tab. 1349. — Flore 
des serres, pl. 991. — Synon. Trillium erythrocarpum, Gawler, in bot. 
mag. 855 (1805). — Trillium rhomboideum grandiflorum. — Mich. 
Fl. Bor. Amer.p. 215. — Fam. des Liliacées. — Hexandrie trigynie, 

Le Trillium grandiflorum est spontané dans l’Amérique septentrionale 
depuis le canada jusqu’à la Caroline. Les feuilles sont rhombes-ovales, 
atténuées à la base, acuminées à la pointe; la fleur ordinairement dressée, 
les pétales à onglets convergents et à lames ovées-étalées. Les fleurs 
sont blanches et rougissent légèrement pendant la floraison. E. M. 


— 296 — 


FLORICÜLTURE DE L'EAU. 


NOTIONS SUR L'ÉTABLISSEMENT DES AQUAIRES ET REVUE 
DES PLANTES AQUATIQUES ET RUSTIQUES. 


(Suite, voir p. 281./ 


Cyrerus ou Souchets. Le genre Cyperus, type de la famille des Cype- 
racées est caractérisé par des tiges triangulaires, des feuilles groupées 
autour des épis floraux qui sont comprimés et formés d’écailles imbri- 
quées. Le C. longus ou Souchet long, atteint trois ou quatre pieds; les 
fleurs sont en ombelles terminales. Il croît naturellement sur les talus 
des rivières et des ruisseaux, et nulle plante n’est plus recommandable 
pour s'opposer à l’éboulement des talus en pente trop rapide. Les racines 
sont aromatiques et les parfumeurs les emploient, réduites en poudre, 
pour les faire entrer dans la composition de plusieurs aromates, de l’eau 
de miel de Londres. Le C. esculentus (Souchet comestible) doit son nom 
aux qualités nutritives de ses tubercules qui ont une saveur douce, sucrée 
et agréable, rappelant la noisette; on les mange crues ou cuites. Les fleurs 
sont disposées en ombelle ou panicule. Le C. rotundus (S. rond) se rap- 
proche beaucoup et est souvent confondu avec le précédent. On pourra 
se représenter le port des Souchets en se rappelant le Papyrus, C. pa- 
pyrus, cultivé dans beaucoup de serres. 


Les ÉLATINE sont de charmantes petites plantes qui croissent au Nord 
et au Midi de l’Europe dans les mares et les fossés aquatiques, et qui se 
rapprochent des hypericinées, mais dont on a fait une petite famille 
spéciale, celle des Élatinées. La nature de ces végétaux est restée long- 
temps douteuse et les anciens botanistes ne purent la fixer. L’£. hy- 
dropiper ou Élatine poivre d’eau, a des tiges menues, rampantes, 
rameuses et diffuses, longues de deux à quatre pouces. Elle donne, dans 
le courant de l'été, des fleurs de couleur blanche. L’Al. alsinastrum rap- 
pelle l'Hippuris vulgaris par ses feuilles verticillées; l'E. Hexandra à 
les fleurs roses. Ces plantes sont annuelles. 


Erizogium. C’est un fort beau genre, de la famille des onagrariées, 
riche de plantes aimant les bords des eaux et les marécages. Les £. an- 
gustifolium, E. hirsutum, E. molle, E. palustre croissent particulière- 
ment bien dans les stations humides ; les fleurs sont purpurines, en épi. 


Equiserum. Les Equiselum ou queues de cheval des botanistes sont les 
plantes vulgairement connues sous le nom de prèles. Ce sont des plantes 


— 297 — 


eryptogames remarquables sous bien des rapports et qui nous rappellent 
en petit la végétation des Casuarina. Dans les époques géologiques an- 
térieures à la notre, les Équisétacées étaient des végétaux gigantesques 
qui formaient des forêts touffues. Aujourd’hui on ne les retrouve que 
dans les marécages et constituées par des tiges fistuleuses, chargées de 
rameaux verticillés, souvent terminés par les organes de la réproduction. 
Les espèces de préles susceptibles d’être introduites dans les collections 
sont fort nombreuses, la plus élégante est l'£. sylvaticum remarquable 
par le grand nombre et la délicatesse de ses rameaux. 


ErioPnorux. Ce nom, comme la dénomination vulgaire de linaigrette, 
consacre le caractère le plus saillant de ces jolies plantes ; il signifie porte 
laine (épw laine et véoo je porte) ce sont les fruits qui sont munis à la 
base de longs poils, brillants comme de la soie et éclatants comme de 
l'argent. « La linaigrette commune /Eriophorum polystachion, L.; E. la- 
tifolium, Host.) se montre avec le retour de la verdure, au milieu des 
marais tourbeux; elle ressemble à un jonc par ses tiges, à une graminée 
par ses feuilles, à un carex par ses épis avant leur épanouissement; mais 
à mesure que ses fruits muürissent, les poils touffus et nombreux qui en- 
touraient l'ovaire s’allongent considérablement et forment une très-belle 
aigrette d’un blanc soyeux et argenté. Ces brillantes aigrettes , exposées 
aux rayons du soleil, mobiles au moindre souffle des vents, donnent aux 
prés marécageux un aspect des plus pittoresques. » Æoeffer, Dic. Bot. 


Enyrarea. C’est un genre de gentianées bien intéressant et qui peut 
se cultiver au bord des eaux. L’£E. pulchella Sm. donne des corymbes de 
fleurs roses en été; elle est de petite taille et a les feuilles inférieures 
ovales obtuses, les supérieures étroites et aiguës. L’£. Candollei /Exacum 
Candollei) est une espèce rare à fleurs roses. 


Eurarorium. L'Eupatoire dont le nom rappelle celui d’un roi du Pont, 
règne en maitre sur le contour des étangs et des laes. C’est une plante de 
haute taille, qui se couronne en été de corymbes agréablement nuancés 
de pourpre , de blanc et de rose. L’Eupatoire ordinaire est celle à feuilles 
de chanvre, Eup. cannabinum. Dans l'Amérique septentrionale croît 
VEupatoire à fleurs de pourpre, E. purpureum, haute de près d’un 
mètre. 


GramiNÉEs. Plusieurs espèces de ectte importante famille peuvent être 
introduites dans les collections de plantes aquatiques. Ainsi le Degraphis 
arandinacea croit sur le bord des rivières; le Phalaris aquatica est 
annuel et s'élève à environ un pied et demi; lAlopecurus geniculatus 
est vivace et flottante. Les Catabrosa aquatica et C. viridula sont des 
herbes flottantes qui s’allongent de un pied à un pied et demi; le Phraq- 


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milis communis s'élève à plus de six pieds. Le Festuca fluitans ou Gly- 
ceria fluitans est une plante trop négligée en égard à ses propriétés 
économiques. Ses fleurs, disposées en panicules racémiformes, se cou- 
vrent pendant les heures chaudes de la journée d’une substance sucrée 
de couleur brune; de là le nom vulgaire d'herbe à la manne ou manne 
de Prusse. C'est une graminée fort estimée des bestiaux; les bêtes à laine 
et les porcs la recherchent avec avidité , les canards et les poissons s’en 
nourrissent toujours avec préférence. 

On peut la cultiver dans toutes les mares et les transformer ainsi en 
excellents pâturages; les tiges d’abord rampantes s'étendent à deux ou 
quatre pieds, on peut les faucher sous l’eau, puis les faire sécher. 

Le Festuca fluitans était connu des anciens, sous le nom de fiphe; il 
peut servir à une infinité d’usages; à faire des litières, des nattes, des 
paniers, des cordes, des paillassons; il remplace avec avantage le crin 
pour en remplir les matelas et les meubles. Les habitants du Nord de 
l'Europe aiment beaucoup les graines. On les récolte dans un tamis et on 
les fait sécher pendant environ quinze jours au soleil, on les bat pour les 
séparer des balles, on les vanne. Le gruau ainsi préparé est servi sur 
toutes les tables de Pologne, de Lithuanie etc., sous le nom de manne. 
L’Hydrochloa aquaticæ et V'H. arundinacea sont vivaces et atteignent 
six pieds d’élévation. Beaucoup d’autres graminées pourraient encore 
trouver places dans les collections. 


HerpesrTis cuneifolia est une petite plante de six pouces environ 
d’élévation, à fleurs bleues, qui paraissent au mois d'août; elle est ori- 
ginaire de l'Amérique du Nord. Les A. portulacacea, H. amplexicaulis, 
H. rotundifolia, H. micrantha et H. Browniû sont des petites plantes 
herbacées, de la famille des Scrophulariées, qui réclament un peu de 
protection pendant l'hiver. 


HererantTuera. C’est un genre de Pontedéracées, formé de végétaux 
aquatiques vivaces, natifs de l'Amérique du Nord: on eite les espèces, 
H. acuta et H. limosa. 


Hippuris vulgaris. Les anciens confondaient les hippuris avec les 
équisetum et cela se comprend, car il y a la plus grande analogie entre 
ces plantes lorsqu'on ne les compare pas avec attention; le facies est le 
même. La pesse vulgaire croît au bord des eaux, à moitié submergée. Elle 
absorbe, dit-on, beaucoup de gaz délétères qui s’échappent des marais et 
assainit ainsi les contrées marécageuses. C’est une plante de la famille 
des Haloragées; elle est plus remarquable par son port que par les fleurs 
qui sont insignifiantes et formées par une seule étamine et un seul 
style. 


— 299 — 


Fig. 47. (Hollonia palustris.) Horronia palustris. C'est une superbe 

plante de la famille des Primulacées et dont 
le nom est destiné à conserver celui de 
Pierre Hotton, professeur de botanique, à 
Leyde. L’Hottonia palustris est souvent dé- 
signée par les noms de plumeau, plume 
d’eau, herbe militaire, giroflée d’eau, mille- 
feuille aquatique; il s'élève à environ un 
pied d’élévation; les feuilles sont nom- 
breuses, finement découpées et formant 
une jolie rosace sous l’eau; du centre de 
ce feuillage élégant s'élève un beau thyrse 
chargé de fleurs blanches, légèrement pur- 
purines, disposées en plusieurs verticilles 
superposés. 


Hyprocuaris. La grâce des eaux (54e eau et xxx) grâce est une des 
plus jolies plantes de nos eaux. LA. morsus-ranæ est vulgairement nom- 
mée mors de grenouille ou morrène, parceque les grenouilles s’y établissent 
volontiers; elle aime les eaux tranquilles et peu profondes , car elle ne 
s'élève que de quelques pouces. 

Les feuilles ont la même forme que celles du Nénuphar, mais sont 
beaucoup plus petites ; elles sont parsemées de petits points transparents. 
L’A morsus-ranaæ est dioique; les fleurs naissent d’une spathe formée 
de deux pièces; elles sont formées d’un périanthe à six divisions, les trois 
extérieures vertes, les trois intérieures grandes, arrondies, d’un beau 
blanc souvent tâchetées de jaune à leur base; dans les mâles il y a neuf 
étamines , dans les femelles un ovaire surmonté de trois styles bifides. 
Ces fleurs qui paraissent en juin et juillet sont non-seulement jolies et 
gracieuses mais aussi d’une observation bien intéressante. Épanouies à la 
surface de l’eau pendant le jour, elle se ferment quand commence le 
crépuscule, peu à peu elles disparaissent sous l’eau et n’en sortent que 
lorsque l’aurore leur annonce le retour de la lumière. C’est une des plus 


belles plantes dont on puisse orner les bords des étangs et des ruisseaux 
de nos jardins d'agrément. 


HyprocoryLe. L’A. vulquris est une ombellifère aquatique remar- 
quable; ses feuilles lobées qui flottent à la surface des eaux, de pro- 
fondeur médiocre, ont l’apparence d’une petite écuelle, de là le nom 
commun d’écuelle d’eau. Cette plante fleurit dans l'été et croit dans toute 
l’Europe, les fleurs sont insignifiantes. 


HypropeLTis purpurea. C’est une plante vivace, visqueuse et flottante, 
à feuilles peltées et à petites fleurs pourpres, en juillet et avant. C'est 
une Colombacée native de l'Amérique du Nord. 


— 900 — 


Hypericuw, vulgairement Millepertuis parceque les feuilles vues par 
transparence paraissent criblées d’un grand nombre de petits trous; ce 
sont autant de petites glandes transparentes, remplies d'huile essentielle. 
LA. quadrangulare où Millepertuis à tiges quadrangulaires, donne des 
panicules terminales formées de belles fleurs jaunes. Il croit spon- 
tanément sur le bord des ruisseaux ou dans les prés humides ; on peut 
done le cultiver sur les bords des bassins. L’Æypericum elodes ou Mille- 
pertuis des marais est rampant, ses tiges sont faibles et pubescentes, les 
feuilles arrondies; il doit être placé dans la même situation que l'espèce 
précédente, mais un peu plus bas. Le Millepertuis androsème (4. an- 
drosæmum L.) encore appelé toute-saine à cause des nombreuses pro- 
priétés médicales qu’on lui supposait, est une espèce remarquable, à fleurs 
jaunes terminales, disposées en ombelles et à fruits bacciformes, à sucrouge. 


Impariexs. Beaucoup d’Impatientes, notamment notre Zmpatiens noli 
tangere ou ne me touchez pas, prospèrent dans une station ombragée au 
bord des eaux. 


Iris. Le nom d’Jris a été donné à ce beau genre, parceque les fleurs de 
ses différentes espèces reproduisent toutes les couleurs de l'Iris. La plu- 
part des espèces aiment les stations sèches et arides, quelques-unes 
croissent au bord des eaux. L’Iris des marais (/ris pseudo-acorus de 
Linné) vulgairement nommée Iris jaune, flambe d’eau, glaïeul des ma- 
rais, faux-acorus, flambe bâtarde etc., est une des plus belles espèces à 
cultiver autour des aquaires. Les fleurs paraissent à la fin du printemps, 
elles sont d’un jaune éclatant; les feuiiles sont élevées et d’un beau vert. 


Leuxa. Nous ne citons ces plantes ou lenticules d’eau, que pour engager 
les amateurs de les enlever, dès qu’elles paraïtraient dans leurs eaux, ce 
sont de très-petites plantes flottant librement à la surface des eaux dor- 
mantes, qu'elles recouvrent d’un beau tapis d’un vert gai. Mais leur mul- 
tiplication est si rapide qu’elle ne tardent pas à infester tout le bassin. 


LimoseLLA aquatica. C'est une toute petite plante, très-délicate dans 
toute ses parties. Si on parvient à la cultiver-ce sera une conquête 
botanique, car c’est une des plantes les plus rares. Elle se rencontre quel- 
quefois dans les lieux humides, à vase sablonneuse où l’eau a séjourné 
pendant l'hiver; elle est toute entière d’une délicatesse extraordinaire; 
les feuilles sont en ellipse, supportées par de longs pétioles filiformes, et 
arrangées en rosace. Du centre de ce feuillage surgissent de petite hampes 
capillaires uniflores. La fleur est blanche. 


LirroreLLa. Ce genre ne renferme qu’une espèce, le L. lacustris, vul- 
gairement plantain de moine ; c'est une plantaginée, d’abord réunie aux 
plantago. C’est une jolie plante délicate, spontanée au bord des eaux, à 
feuilles étroites, linéaires ; les fleurs sont blanches , monoïques, une fleur 


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mâle à l'extrémité des hampes , une femelle vers la base. Elle est vivace, 
se multiplie par drageons et fleurit dans le courant de l'été. 


Fig. 4$. (Lobelia dortmanna.) LogeLiaA dortmanna ou Lobelie de Dort- 
mann est une superbe plante vivace, à 
Ÿ feuilles linéaires, radicales et submergées ; 
À. ces feuilles sont fistuleuses et creusées de 
=” | +2 « . 
NA deux longues cavités longitudinales rem- 
plies d'air. De la rosace formée par les 
feuilles surgit une hampe allongée, gla- 
bre et terminée par un épi de belles fleurs 
bleuitres. C'est une des plus jolies plantes 
d'ornement des étangs. 


Lysimacuia. Genre de Caryophillée, voisin 
des Anagallis. La Lysimachie en thyrse ou 
Lysimachia thirsiflora donne des fleurs 
jaunes, de mai à juillet, elle croit à environ 
un pied et demi, dans une station humide 
ou marécageuse. La Lysimachie vulgaire /L. vulgaris) est, dit M. Hæffer, 
une de ces belles espèces qui, par sa haute stature, par l'aspect agréable 
| de son port, par ses fleurs nombreuses, d'un jaune brillant, fait oublier, 
- surtout étant mélangée avec les autres fleurs du bord des étangs, ces 

bosquets de l'opulence fermés au vulgaire, tandis que ceux de la na- 
ture lui sont toujours ouverts. Sa tige s'élève à la hauteur de deux ou 
% .… trois pieds; elle se divise vers son sommet en rameaux simples, axillaires, 
paniculés, terminés par des fleurs en grappes courtes, presque en co- 
rymbes. Les feuilles sont grandes, opposées, quelquefois ternées ou 
quaternées, ovales, lancéolées, aiguës, à peine pétiolées. Elle fleurit au 
commencement de l'été. On la désigne souvent sous les noms de corneille, 
chasse-bosse, perce-bosse, souci d'eau. 

Cette plante croît dans les prés humides, au bord des ruisseaux, souvent 
_ mêlée avec la salicaire (Lytrum Linn.) Elle évite les contrées chaudes, 
… préfère les tempérées et s’avance dans le Nord, jusque vers la Laponie. 
… La Lysimachie éphémère (L. ephemerum Linn.) surpasse encore la pré- 
- cédente. Elle est spontanée dans les Pyrénées, l'Espagne et le Midi de la 
.- France. Les fleurs sont nombreuses, blanches, en épi. 

_ La Lysimachie nummulaire ou Monnayère, herbe aux écus, parceque 
les feuilles ont été comparées à autant de pièces de monnaies est la 
L. nummularia des botanistes. Aucune plante ne convient mieux pour 
garnir les berges des étangs, ou les bords des ruisseaux; les tiges sont 
rampantes, portent d'assez grande fleurs jaunes naissant à l’aisselle des 
feuilles et forment un gazon touffu très-gracieux. La L. nemorum esi 
plus grèle, et croit de préférence à l'ombre. 


— 9502 — 


Fig. 49. (Lythrum salicaria.)  Lyraruw salicaria ou salicaire commune; c’est 
une belle plante, d’un port remarquable, très- 
florifère et qui produit un effet très-pittoresque 
sur le bord des étangs et des ruisseaux. Elle 
s'élève, dressée, jusque quatre pieds, les tiges 
sont rigides, quadrangulaires; les feuilles op- 
posées, sessiles, glabres, un peu échancrées à 
la base, d’un vert sombre; les fleurs, rouge 


de sang, sont disposées en verticilles formant 
des épis allongés. 


Mazaxis paludosa est une Orchidée rare qui, 
comme son nom l'indique, aime les marécages; 
elle donne un épi de fleurs petites mais nom- 
breuses, portées sur une tige grêle. 


Menrua. Beaucoup de Menthes doivent être cultivées dans les eaux et 
être plus ou moins submergées ; à un beau feuillage et de jolies fleurs, elles 
joignent un parfum pénétrant. La Menthe à feuilles rondes /Mentha 
rotundifolia) est très-velue et croit spontanément au bord des ruisseaux. 

La Menthe aquatique /M. aquatica) et la Menthe pouliot /M. puleqium) 
veulent croître de manière que leurs racines et le bas de leurs tiges soient 
submergées. 


Menvawrmes. Le M. trifoliata ou trèfle d’eau est une des plus belles 
plantes dont on puisse embellir le contour 
des pièces d’eau. C’est une Gentianée, vi- 
vace , à tiges couchées à la base, dressées 
à l’extrémité. Ces tiges sont assez épaisses 
et portent des feuilles ternées, ressemblant 
à celles du trèfle, mais plus grandes. Les 
fleurs sont d’un blanc de neige qui se teinte 
plus tard de pourpre à l'extérieur. Les co- 
rolles portent des filaments légers qui recou- 
vrent la fleur d’un duvet extraordinairement 
délicat et d’une blancheur éblouissante. C’est 
un des chefs-d’œuvre de Flore. L'Amérique 
du Nord a fourni à la culture une espèce voi- 
sine le A. americana. Elles fleurissent en 
mai, juin et juillet. 


Fig. 50. (Menyanthes trifoliata.) 


Mvosonis. Ces jolies plantes, que tous les peuples où elles croissent ont 
encore embellis d’un emblême touchant, ont un nom latin qui est loin 
d'être poëtique; Myosotis veut dire oreille de souris parceque les feuilles 
rappellent dit-on la forme de ces organes. Nous aimons mieux dire ver- 


— 505 — 


giss-mein-nich avec les Allemandes, forget-me-not avec les Anglaises ou 
ne m'oubliez pas ou encore plus je vous vois, plus je vous aime. Le 
Myosotis de marais (M. palustris, Encyel. M. perennis Mœnch.) est vrai- 
ment une charmante plante, toute couverte de corymbes, du bleu le plus 
admirable , pendant toute la durée de l’été. C’est une plante vivace à 
feuilles sessiles, oblongues, lancéolées. Le M. arvensis Encycl. ou M. an- 
nua est souvent confondue avec la première, et cela est pardonnable car 
c’est la même grâce et la même beauté. Il y a encore une foule d’autres 
espèces, plus ou moins élégantes, parmi lesquelles nous mentionnons 
seulement le M. cespitosa, beaucoup plus petite que les précédentes, à 
fleurs d’un bleu beaucoup plus vif et que l’on rencontre spontanée, en 
touffes sur les rochers escarpés des Alpes. 


MyriapayLLum. Maudissez cette plante et gardez vous de l’introduire 
dans vos aquaires ; si elle avait l'audace de s’y montrer, hâtez-vous de 
l’arracher, car vous gémiriez longtemps de son envahissement. Les Myria- 
phylles sont sans contredit les plus affreuses mauvaises herbes des étangs; 
ce sont des plantes à feuilles verticillées, sessiles, profondément pinnati- 
séguées ; elles viennent fleurir à la surface de l’eau, ces fleurs sont en 
épis et par leur ensemble y forment un gazon rouge brun-clair; elles font 
partie de la famille des Haloragées. 


Nezuwsitu. Un grand nombre d'espèces de ce beau genre, sont aujour- 
d’hui acclimatées dans nos bassins d'Europe. Le N. speciosum , indigène 
de l'Inde, avait déjà fleuri en 1855, au jardin botanique de Montpellier. 
Beaucoup d’autres espèces sont aujourd’hui dans le commerce horticole, 
mais nous reviendrons ailleurs sur ces reines des eaux (*). 


Nupxar. Les Nenuphars, dont le nom vient de Nihofar, qui servait aux 
botanistes Arabes à désigner ces plantes, sont aussi rangés par quelques 
auteurs dans le genre Nymphea, dont ils sont d’ailleurs très-voisins. Ce 
sont des plantes, dont les grandes feuilles étalées flottent à la surface des 
eaux tranquilles ou peu agitées. Ces feuilles naissent d’une forte souche 
noueuse, plus grosse que le bras. Le Nenuphar jaune (Nuphar lutea), 
porte les noms vulgaires de lis jaune d’eau, jaunet d'eau, plateau jaune. 
Les fleurs sont d’un beau jaune d'or, et répandent une odeur agréable 
d'essence de citron. Le calice est formé de cinq folioles, amples, arrondies, 
verdâtres extérieurement, jaunes en dedans; la corolle est plus petite, 
mais constituée par un grand nombre de pétales; il y a beaucoup d’éta- 
mines, disposées sur plusieurs rangs, à filets élargis. L’ovaire et le fruit 
ressemblent aux têtes de pavot. Ribaucourt a observé le développement des 
feuilles et voici comment il rend compte de ses observations. « La feuille 


(4) Dans une livraison prochaine nous nous occuperons spécialement de la culture des nou- 
veaux Nelumbium, Nymphea, Victoria, etc. 


— 504 — 


du Nenuphar sort du collet de la racine dès les premiers jours de l’au- 
tomne; elle reste trés-petite et totalement roulée pendant toute eette 
saison et la suivante. Aux approches de la belle saison, elle commence à 
grandir et à se dérouler peu à peu. Son pétiole d’abord à peine sensible, 
s’allonge, monte insensiblement à mesure que le temps s’échauffe, restant 
à son point dès qu'il survient quelque refroidissement dans l'atmosphère, 
jusqu'à ce qu'enfin les beaux jours du mois de mai, ramenant d’une ma- 
nière durable la chaleur printannière, elle parvient à fleur d’eau et se 
déploie à la surface. Cette apparition des feuilles du Nenuphar n’a si bien 
lieu qu'après que les gelées sont totalement passées, que plusieurs jardi- 
niers l’attendent pour sortir les orangers hors de la serre; ils la regardent 
comme un indice certain qu'ils n’ont plus à craindre de froid assez fort 
pour nuire à ces arbustes. » 


Le Nuphar kalmiana, originaire du Canada, donne des fleurs jaunes 
depuis le mois de juillet jusqu’en août; ses feuilles sont cordées et lége- 
rement émargées. Le . sagititæfolia ou Nenuphar à feuilles sagittées 
fleurit de juin à septembre, ses fleurs sont jaunes; il est indigène dans 
l'Amérique du Nord. Le X. pumila est une petite espèce qui fleurit pen- 
dant l'été; enfin le W. advena, également de l'Amérique du Nord, a les 
feuilles cordées et dressées. 


Nympnea. Les Nymphes des eaux ou Lys aquatiques, ne peuvent man- 
quer dans aucun lac, étang, bassin ou aquaire; leurs feuilles, amples, 
lisses, d’un beau vert satiné, agitées par le moindre souffle des vents; 
leurs belles et grandes fleurs, toutes agréablement colorées et odorantes, 
leur valent la première place dans toutes les collections. Ces fleurs, comme 
celles de l'Hydrocharis, se ferment chaque soir, cherchent un abri sous la 
surface de l’eau et se relèvent, la nuit passée, pour s'épanouir le matin. 
Cette ouverture et cette fermeture alternative sont si constantes qu'on 
peut, en l’observant connaitre l'heure qu'il est; à quatre heures après- 
midi les fleurs se ferment, à huit heures du matin elles s'ouvrent. Le 
Nymphea ordinaire ou Lys d’étang, blanc d’eau, plateau blanc (N. albu L.) 
aborigène dans nos contrées, est peut-être encore la plus belle des espèces 
du genre. Ses fleurs d’un blanc de lait, sont formées d’un grand nombre 
de pétales, qui contrastent avec une couronne d’étamines dorées. Ces 
fleurs paraissent fin mai et la fleuraison n’est pas terminée en juillet. 

Le W. reniformis, natif de la Caroline, donne des fleurs blanches pen- 
dant tout le courant de l'été; le W. odorata ou Nymphea odorant a les 
feuilles cordées et fleurit en juillet, les fleurs sont blanches, il provient 
de l'Amérique du Nord. Le même continent nous fournit encore le 
N. minor, également à fleurs blanches; la Sibérie voit croître le W. nitida, 
la Chine le W. pygmea, toutes deux à fleurs blanches. 

Le Nymphea bleu (W. cœruleu) a les pétales blancs, teintés, surtout vers 
leur sommet, du plus beau bleu d'azur; les folioles du calice sont vert- 


— 3505 — 


foncé, maculés de pourpre ; les étamines sont surmontées d’un appendice 
pétaloïde et bleu; ces fleurs répandent une odeur délicieuse. Cette superbe 
espèce croît en Égypte, dans les rivières du Nil, avec le célèbre lotus de 


la mythologie des Égyptiens; c’est le Nymphea lotus de Linné. Cette 


Nymphe comme toutes ses sœurs, baigne ses fleurs pendant la nuit, et ne 
les rélève que quand l'astre du jour s’est lui-même élevé au-dessus de 
l'horizon. De cette observation, l'esprit poétique et inventif des anciens 
Égyptiens, conclut à un rapport secret et mystérieux qui devait exister 
entre le soleil et la Nymphe du Nil; ils consacrèrent cette plante au soleil, 
placaient ses fleurs sur la tête de leur dieu Osyris, et les rois la gravèrent 
sur leurs couronnes. 

Ces superbes Nymphes et beaucoup d’autres encore se jouent aujour- 
d'hui dans les eaux des principaux aquaires d'Europe. 


Oroxriux. Deux espèces d’Orontium sont recommandables; ce sont les 
O. aquaticum de l'Amérique du Nord et l'O. japoricum du Japon. Les 
Indiens en récoltent les graines, les font sécher et les mangent comme des 
pois. Le Rohdea japonica n’est qu'un synonime de l'O. japonicum. 


Oxicoccus PaLusTRIS. Pers. ou Vaccinium Oxycoccus, L., est un char- 
mant sous-arbrisseau , à tiges couchées, filiformes, se couvrant de fleurs 
roses en été et de baies rouges à l'automne. Il se plait aux bords des 
marais tourbeux. 


PaxcrarTium. Ce beau genre d’Amaryllidées qui rappelle les formes 
exotiques est représenté en Europe par les P. maritimum et P. illyricum. 
Le premier croit spontanément sur les côtes de l'Europe méridionale, on 
le cultive dans les jardins, à une bonne exposition, mais nulle part il ne 
prospérera mieux que sur les berges d’un étang, et nulle part parait-il, 
ne produira un effet plus remarquable ; ses feuilles sont linéaires, planes, 
d’un beau vert glauque ; les fleurs sont grandes, blanches et odorantes, 
réunies, au nombre de 8 à 10 au sommet d’une hampe vigoureuse. Les 
autres espèces de Pancratium sont de serre tempérée et de serre chaude, 
la plupart spontanées dans l'Amérique tropicale. 

PapyRUusS ANTIQUORUM où Papyrus des anciens, qui leur servait à fabri- 
quer le papier à l’aide de la moëlle qui est de la cellulose à peu près chi- 
miquement pure et parfaitement blanche. C’est une cyperacée de l'Égypte, 
Mais qui est aujourd'hui beaucoup plus rare qu’elle ne l'était jadis ; on la 
retrouve en Sicile, au bord de la rivière Pisma, qui se jette dans l’Anapo. 
Le Papyrus antiquorum n’est pas rustique dans nos climats, mais c’est 
une plante si intéressante et d’un port si gracieux qu'on ne saurait lui 
refuser les soins qu'elle réclame en hiver. D’un gros rhizome horizontal 
naissent des tiges trigones qui s'élèvent jusque trois mètres et plus, et 
terminées par une ombelle très-ample, mais d’une légèreté extraordi- 
naire. La plante se cultive en pot, dans une terre tourbeuse, on l’arrose 
fréquemment ou mieux, on place le pot dans un bassin d’eau de telle sorte 

BELG. HOT. T. V. 24 


— 506 — 


que toute la partie inférieure de la plante soit submergée. Au printemps 
on place le pot en plein air dans l’aquaire, en ayant soin de l’enfoncer 
dans l'argile du fond ; la plante végète avec une vigueur extraordinaire et 
en automne forme une touffe de la plus admirable élégance. Au mois de 
septembre on doit la rentrer. 


ParxassiA PALUSTRIS. C’est une belle droseracée, mais qui doit se cultiver 
en touffes, car chaque plante n’a qu’une tige, une feuille et une fleur, et 
ne s'élève guère qu'à un pied environ; elle se plait au bord des eaux, dans 
les stations ombragées. La feuille supérieure est cordiforme, sessile et 
embrasse la tige, mais à la base il y a d’autres feuilles pétiolées. Les fleurs 
sont admirables ; le calice a cinq divisions, la corolle grande a cinq pétales 
d’un blanc pur, portant chacun à la base un appendice ovale, bordé de 
poils rayonnants. Le foin du Parnasse fleurit à la fin de l'été. 


Pozycoxux. Les renouées méritent d’être cultivées, tant pour l’élégance 
de leur feuillage que pour la beauté de leurs fleurs : la plupart sont com- 
plètement aquatiques. Le P. amphibium ou renouée amphibie est une 
plante vivace, à feuilles oblongues lancéolées, flottantes sur l’eau, à sur- 
face luisante et à fleurs rouges en épi; il fleurit pendant l'automne. Le 
P. coccineum ou renouée écarlate est une jolie espèce vivace de l'Amérique 
du Nord, à fleurs rouges ; apparaissant en juin et prolongeant sa fleuraison 
jusqu’au mois d'août. La renouée poivre d’eau ou P. hydropiper, qui doit 
ce nom à la saveur âcre et brülante de ses feuilles, a les fleurs en épi, 
blanches teintées de rose; la renouée à feuilles de pêcher (P. persicaria L.) 
a les fleurs plus rouges et en épis plus denses; on peut encore cultiver 
avec avantage les P. salsugineum et le P. senegalensis. 


PoxrTenerA. On connait trois espèces de Pontedera rustiques. Le Pon- 
tedera à fleurs bleues (P. cœrulea) est une plante vivace, dressée, attei- 
gnant deux à trois pieds d’élévation et donnant au mois d’août des fleurs 
bleues; il est originaire de l'Amérique du Nord. Le Pontederia à feuilles 
cordées (P. cordata) s'élève à deux pieds, fleurit de juin à août, et a la 
même patrie que l'espèce précédente. Le Pontederia à feuilles étroites 
(P. angustifolia) a de longues feuilles triangulaires et des bouquets de 
fleurs bleues. Ces plantes doivent, pour être cultivées avec succès, être 
protégées pendant l'hiver. 


PoTamoGEToN. Plantes de la famille des Naïadées, toutes aquatiques, et 
spontanées dans les étangs et les marais. Leurs fleurs sont ordinairement 
disposées en épi et d’un blanc plus ou moins rosé, les feuilles, la plupart 
étalées à la surface de l’eau, sont lisses et luisantes. Le P. natans de Linné 
est remarquable par ses grandes feuilles longuement pétiolées et son inflo- 
rescence en épi; le P. lucens ou potamogeton luisant a les feuilles fort grandes 
et transparentes, il produit un épi de fleurs, long de plus de deux pouces ; 
ce genre compte environ une douzaine d’espèces intéressantes. E. M. 

{Pour être continué.) 


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— 307 — 


OPÉRATIONS HORTICOLES. 


DE L'INFLUENCE DU GAZ AMMONIAC SUR LA VÉGÉTATION DES 
PLANTES DE SERRE. 


On sait que les engrais ont d'autant plus de valeur, ou d’action réelle 
que la proportion de substance organique animale ou azotée y est plus 
forte et domine. Or les derniers produits de la putréfaction des matières 
azotées sont des combinaisons ammoniacales, et toutes les combinaisons, 
tous les sels à base d’ammoniaque agissent utilement sur la végétation. 
On se sert souvent des composés ammoniacaux à l’état liquide en les 
mêlant directement avec le sol dans lequel les plantes puisent les maté- 
riaux nutritifs qui contribuent à leur développement progressif, afin de 
réparer les pertes continuelles que ce sol éprouve en matières salines et 
en humus. Ces pertes sont surtout très-sensibles pour les plantes cul- 
tivées dans les serres froides et chaudes; ce n’est qu’au moyen de rempo- 
tages, d’additions de terres riches en humus ou d’arrosements d’engrais 
liquides que l’on parvient à combattre la langueur, la décrépitude, l’étio- 
lement, l'impuissance à fleurir et à porter graines : résultats inévitables 
d’un système de culture auquel est abandonnée la santé de tant de 
milliers de plantes qu'écarte de son sein notre sol inhospitalier ; manque 
d'air, chaleur rarement bienfaisante : tantôt trop forte, tantôt trop 
basse; nourrilure insuffisante pour lutter contre l’appauvrissement 
causé par les arrosements continuels à l’eau pure, tels sont les éléments 
du système pénitentiaire qui régit encore beaucoup de serres. Un certain 
nombre de plantes semblent douées d’une organisation particulière qui 
répugne à s’assimiler des engrais azotés, la plupart des arbrisseaux du 
Cap, de la Nouvelle-Hollande et des régions alpines sont dans ce cas; on 
avait eru que les Orchidées et les Palmiers éprouvaient la même répu- 
gnance mais des expériences assez récentes ont prouvé que le guano, par 
exemple, en solution assez étendue, favorisait l’accroissement de ces 
plantes et même augmentait le volume des fleurs des Orchidées; il est 
fort probable que lorsqu'on aura mieux étudié les effets des divers agents 
employés comme engrais et comme excitants dans la culture des diffé- 
rents genres de plantes, que l’on arrivera à pouvoir formuler la dose et 
la qualité des ingrédients artificiels nécessaires à l’alimentation de chacun 
de ces genres. Ce résultat ne peut s’obtenir que par des expériences 
longues et délicates, enregistrées avec soin, par l’examen de la nature et 
des habitudes de chaque plante, enfin par la connaissance du sol qui 
abrite et de l’air ambiant qui enveloppe tel ou tel végétal; cette dernière 
observation nous semble devoir être sérieuse, car la pesanteur de l'air 
moins grande dans les régions élevées que dans les parties basses doit 


— 3508 — 


jouer sans doute le principal rôle dans cette répugnance qu’éprouvent les 
plantes alpines pour les composés ammoniacaux. 

Nous ne pouvons nous étendre plus longuement sur une question 
aussi compliquée que celle que nous venons d’effleurer : ces quelques 
lignes suffiront pour faire comprendre qu’il y a encore bien des mystères 
à étudier dans la nature, bien des expériences à tenter, et combien 
d'efforts le génie de l’homme doit encore faire pour soulever un coin du 
voile qui couvre l'organisme général dans sa corrélation harmonique avec 
les agents atmosphériques. En attendant que des observations positives 
puissent guider les amateurs, nous les engagerons à essayer l’influence de 
l’'ammoniaque gazeuse sur les plantes de serres. Un chimiste, M. Ville, 
pense que puisque l’ammoniaque que les engrais mettent en contact avec 
les racines des végétaux exerce sur elles une influence salutaire, cette 
même ammoniaque pourrait avoir une action aussi bienfaisante sur les 
feuilles destinées, comme on le sait, à absorber les éléments nécessaires 
à l’accroissement de la plante. En laissant dégager du gaz ammoniac dans 
une serre, pendant quelque temps, M. Ville a vu les plantes y acquérir 
un développement et une vigueur vraiment extraordinaires. On obtient 
le gaz ammoniac en versant sur de la chaux vive en poudre placée sur 
une assiette quelques cuillerées d’une dissolution de sel ammoniac dans 
de l’eau, ou en triturant le sel ammoniac du commerce avec la chaux 
vive. — Cette expérience peu coûteuse et facile à faire n’est point dange- 
reuse pour les personnes; on doit, pour pouvoir en constater l'efficacité, 
la réitérer à différents intervalles vers le soir ou le matin de très-bonne 
heure. 


MOYENS POUR DÉTRUIRE LES FOURMIS (FORMICA RUBRA). 


Par M. Josepx BAUMANN. 


Nos horticulteurs, zélés à se mettre au niveau des progrès de la pra- 
üque horticole, portent depuis quelques années le semis des hybridations 
qu'ils opèrent sur les Rhododendrons, Azalées, Lys, Calcéolaires et bien 
d’autres genres de plantes sur une plus vaste échelle que jadis, et c’est 
ainsi qu'aux terrines, placées dans les serres, ont succédé des couches, où 
se font la plupart des semis. 

Mais c’est justement dans de tels endroits, abrités de la pluie et inac- 
cessibles aux gelées, que les laborieuses hyménoptères vont creuser leurs 
retraites hivernales, où ils ensevelissent sous la terre, tirée de leurs 
tortueuses galeries, des milliers de plantules, qui ont à peine fait poin- 
dre leurs embryons, et les suffoquent, en les privant des deux éléments 
indispensables à leur accroissement : l'air et la lumière. 

L’horticulteur, pour obvier à un telinconvénient, et prévenir des pertes, 
parfois irréparables, a cherché, pour se débarrasser de la gent myrmicée, 


Re. © 


— 3509 — 


des moyens qui, comme on va le voir, ne sont pas exempts de défauts 
capitaux. 

Par exemple, le sublimé corrosif, mêlé au miel, que quelques horti- 
culteurs préconisent pour l’extirpation des fourmis, est un moyen peu 
efficace aux yeux des chimistes, parce que le miel dont la composition est 
en majeure partie du sucre de raisin, a la même propriété que le sucre 
de cannes, c’est-à-dire de transformer le deutochlorure de mercure 
(sublimé corrosif) en protochlorure du même métal (calomel de Scheele), 
qui n’a qu'une vertu anthelmintique (de tuer les vers intestinaux) ou 
laxative, au lieu de la propriété corrosive et toxique du sublimé. 

L’essence de thérébentine et d’autres essences, telles que le naphte, le 
succin ou electrum, etc., peuvent être avantageusement employées pour 
chasser les fourmis des creux des arbres ou de tout autre lieu, où il ne se 
trouve pas de plantes ; mais en faisant usage de ee moyen dans des places 
ensemencées, l’on ferait périr plus vite ce qu’on désire de conserver que 
ce qu'on veut détruire. 

Un des meilleurs moyens pour se débarasser instantanément de toutes 
les fourmis qui peuvent avoir envahi une couche, c’est de placer un 
ablette /gasterosteus aeuleatus) sur une fourmillière; à peine commen- 
céra-t-il à se décomposer, et déjà la plus grande partie de ces hôtes incom- 
modes et préjudiciables auront effectué leur déménagement. 

L'on réussit encore bien en prenant de l'huile d'olive ou tout autre 
huile grasse, dans laquelle on fait dissoudre, à une température de 45 
à 90 degrés de chaleur, du phosphore, en remuant pendant un quart 
d'heure la mixture, pour déterminer la solution. On la laisse ensuite 
refroidir, et il suffit de laisser tomber quelques gouttes de cette huile 
phosphorée dans la fourmillière pour en opérer l'entière évacuation. 

Je me suis servi plusieurs fois, et toujours avec le meilleur succès, 


du procédé que voici, et dont je conseïlle l’usage à tous les horticulteurs 


qui sont dans le cas d’avoir des couches infestées de fourmis : 

Je laisse macérer une livre de tabac en feuilles pendant vingt-quatre 
heures dans de l’eau de pluie; je passe la macération par une chausse, 
en ayant soin de bien déprimer les feuilles ; je verse sur le résidu de 
l'eau de pluie et laisse derechef macérer vingt-quatre heures. Je mêle 
ensuite les produits des deux macérations, que je laisse évaporiser sur le 
feu jusqu’à la consistance d’empois. Quand je veux détruire une fourmil- 
lière, je méle deux ou trois grammes de cet extrait de nicotiane avec 
pareille quantité de chaux vive, et laisse tomber aux issues des galeries 
ce mélange, dans lequel la chaux a la propriété d'éliminer de sa combi- 
naison la nicotine, qui tue instantanément les fourmis à leur passage. Ce 
procédé a l’avantage de faire perdre à l’horticulteur toute crainte de voir 
les fourmis s'échapper pour chercher ailleurs une nouvelle retraite. 


— 510 — 


CULTURE MARAICHÉRE. 


DES CHAMPIGNONS EN GÉNÉRAL, 
Par M. J. LAvaALLE, 
Directeur du Jardin Botanique de Dijon. 


Les recherches des botanistes ont mis hors de toute contestation la 
nature végétale des champignons. On sait maintenant, à n’en pouvoir 
douter, que ces êtres, au premier coup-d'œil si bizarres, sont pourtant 
analogues aux plantes ordinaires, et que les différences qu’ils présentent 
sont plus apparentes que réelles. Aussi tous les traités de classification 
des végétaux comprennent-ils Îles champignons, dont ils font soit une 
classe, soit une famille à part, voisine des mousses et des algues. On 
donne à cette partie de la botanique le nom de MycérToLoGie. 

Nous ne signalerons donc que pour mémoire les opinions des anciens, 
qui ne considéraient les champignons que comme des excroissances résul- 
tant de la putréfaction des êtres vivants, comme des ejflorescences des 
principes salins et sulfureux contenus dans la terre, ou bien encore 
comme des masses nées du mélange des sucs pituiteux des plantes. Nous 
en dirons autant de ceux qui les croyaient dus à une fermentation spé- 
ciale. Quelques naturalistes ont voulu rapprocher les champignons des 
animaux, en les assimilant aux polypiers. Des chimistes plus modernes, 
frappés de la grande quantité d’azote contenue dans le tissu des champi- 
gnons, ont également soutenu cette opinion, qui ne saurait véritablement 
plus être discutée aujourd’hui. Nous rie nous y arrêterons done pas. Du 
reste, les détails dans lesquels nous allons entrer sur l’organisation des 
champignons seront plus que suffisants pour établir leur nature végétale. 


ORGANOGRAPHIE, 


On peut distinguer tout d’abord dans un champignon deux parties : 
l’une, cachée dans la terre ou dans les tissus des êtres organisés, ou 
rampant à leur surface, est le plus souvent inapercue, c’est le MYcÉLIUM ; 
la seconde, très-souvent aérienne, et qui n’est autre chose que ce qu’on 
appelle vulgairement le champignon, constitue, pour un observateur 
superficiel, toute la plante : nous la désignerons par le nom de sripe. 

Le mycéLium est composé de filaments presque toujours d’un blane pur, 
qui s’enchevétrent les uns dans les autres, s’anastomosent de mille ma- 
nières, ct constituent tantôt un réseau, tantôt un tissu, tantôt un feutre 
plus ou moins serré; c’est ce mycélium qu’on connaît sous le nom de 
blanc de champignon. L'observation microscopique montre que toute 


+ 


— 311 — 


cette partie du champignon est formée de tubes excessivement déliés, 
partagés en loges distinctes par des cloisons également tenues. Chacune 
des petites loges ainsi formées porte en botanique le nom de cellule, et la 
masse constituée par elles celui de tissu cellulaire. Le mycélium est donc 
entièrement formé de ces cellules de forme et de dimension variables, 
mais pourtant presque constamment allongées et disposées en séries tubi- 
formes. Leur blancheur ordinaire tient à ce qu’on ne trouve dans ces 
tubes incolores aucun liquide coloré. 

Le srrpe naît de différents points de ce mycélium, là où les tubes de- 
viennent plus nombreux, plus serrés, et constituent une agglomération 
dont le champignon ne semble qu’un prolongement. 

Les formes propres au stipe sort extrèémement nombreuses. Dans les 
elavaires, il ressemble à une branche de corail; dans les pezizes, il affecte 
la forme d’une coupe. C’est une sphère dans les vesse-loup, une massue 
dans les morilles, un parasol dans les agaries, une oreille d'animal dans 
quelques bolets ; ete., etc. 

Le vozva, — membrane ordinairement blanche, plus ou moins épaisse, 
qui recouvre entièrement ou en partie seulement, avant leur complet 
développement, toutes les autres parties du stipe. On dit alors que le 
volva est complet ou incomplet. Il tire son origine de la partie la plus 
voisine du mycélium, lieu où il se confond avec le reste du stipe. Cet 
organe tend à disparaitre à mesure que les autres parties qu'il enveloppe 
prennent de l'accroissement. Néanmoins, il est rare qu’il n’en reste pas 
des traces à son lieu d'insertion, ou qu’on n’en trouve pas des lambeaux 
épars sur les autres organes. 

Le répicue. On donne ce nom à tout prolongement plus ow moins 
rétréci qui supporte le chapeau. Ce pédicule est lisse, sillonné de stries, 
ou couvert de petites aspérités qui sont désignées le plus souvent sous le 
nom d’écailles. Il est plein ou fistuleux, cylindrique ou fusiforme, tantôt 
renflé à la base, tantôt élargi au sommet. On le dit droit ou ineliné, 
central s’il est placé au centre des parties qu’il supporte, excentrique ou 
latéral dans le cas contraire. Il est solitaire ou soudé à d’autres pédicules, 
régulier ou irrégulier, etc., etc. 

L’axxeaAu. — C’est une espèce de collier, tantôt libre tantôt adhérent, 
qu'on rencontre souvent sur le pédicule. Il est dressé ou rabattu en man- 
chette, épais ou à peine appréciable, ete., etc. Il résulte de la rupture 
circulaire d’une membrane qui, dans la jeunesse du champignon, s’éten- 
dait du pédicule à la partie inférieure du chapeau. 

La conTiNe. —Plusieurs champignons présentent comme une espèce de 
voile extrêmement mince et délicat, qui s'étend comme la membrane qui 
doit former l’anneau du pédicule aux bords du chapeau, et qui persiste 
un certain temps, pour se rompre ensuite et disparaitre presque complè- 


tement ; la cortine n’est certainement qu’une modification de la membrane 
annulaire. 


260 


L 


en f 


— 3512 — 


Le cHapEau. — On donne ce nom à toute la partie du champignon sup- 
portée par le pédicule quand il existe, et au champignon lui-même, quand 
il v a absence de pédicule. C'est dire assez que la forme du chapeau est 
aussi variable que celle du stipe, et que tantôt il ressemblera à une sphère, 
à une langue d'animal, à une oreile, à une mitre, à une massue, ete., ete. 
On le dit convexe, concave ou ombiliqué, régulier ou irrégulier, entier 
ou divisé, charnu, coriace, subéreux, mou, dur, mince, transparent, lisse 
ou parsemé de papilles, coloré, etc., etc. Il n’est, en un mot, presque 
pas d’épithètes qu'on ne puisse appliquer à cet organe, si variable dans 
toutes ses qualités. Il est indispensable d'attirer, dès à présent, l'attention 
du lecteur sur une propriété remarquable que possède le tissu de cham- 
pignon dans tous ses points, mais qu’en pratique on observe surtout dans 
le tissu du chapeau, dans ce qu'on nomme la chair. Exposé à l'air, ce tissu 
intérieur garde souvent ses qualités ordinaires, mais quelquefois il subit 
des modifications plus ou moins rapides et qui, en quelques minutes, lui 
donnent une coloration tout-à-fait différente de celle qu'il présentait 
d’abord, ou qui même, pendant ce court espace de temps, le font passer 
par plusieurs teintes très-prononcées et complètement différentes. C’est 
ainsi que, dans le bolet azuré, la chair, blanche quand on l’entame, se 
teint rapidement d’un bleu d’azur très-vif; que, dans le bolet pernicieux, 
la chair, naturellement jaune, passe rapidement, au contact de l'air, par 
les nuances du gris, du vert sale, du bleuâtre et du brun. Nous ne 
saurions trop insister sur ces caractères, qui, comme on le verra plus 
tard, sont d’une extrême importance. 

Dans quelques cas, le tissu intérieur du champignon est imprégné 
d'un liquide laiteux, qui suinte de toutes les parties entamées et qui peut 
être d’un blanc pur, d'un jaune vif ou fauve, d’un rouge éclatant, ete. 
Ce sue laiteux est, dans certains cas, doux au goût ; dans d’autres espèces, 
il est âcre, poivré, brülant corrosif. Il est indispensable de constater ces 
différents caractères toutes les fois qu’il importe de déterminer l'espèce 
à laquelle appartient un champignon. 

Enfin, le tissu intérieur du champignon subit des modifications impor- 
tantes avec l’âge de la plante : ou il se dessèche, se pourrit à la manière 
ordinaire, ou bien il se réduit rapidement en une eau noire. Dans les 
vesse-loups, il se transforme en une poudre de couleur foncée, extrême- 
ment ténue, et qui s'échappe sous forme de fumée. 

Le volva, le pédicule, l'anneau, la cortine, le chapeau, telles sont les 
différentes parties du stipe. Il nous reste encore, pour que cette étude 
soit complète, à parler d’un dernier organe, qui, en raison de ses fonc- 
tions, autant peut-être que par son organisation, présente un intérêt tout 
spécial. Cet organe, c'est l’'HYMÉNIUM. 

En un point du stipe, point situé tantôt à sa surface, tantôt dans lin- 
térieur même de son tissu, on remarque une organisation toute spéciale. 
Ainsi, dans les pezizes, la partie supérieure, plus lisse, plus brillante. 


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d’une couleur souvent différente, laisse échapper, quand la plante est 
arrivée à maturité, une poudre qui jaillit par jets instantanés. Dans les 
agarics, le dessous du chapeau est plissé en feuillets rayonnants. Dans 
les bolets, on trouve au même endroit des tubes soudés les uns aux 
autres. Dans les clavaires, toute la surface du rameau est recouverte d’un 
tissu particulier qui lui donne un aspect glauque. Dans les vesse-loups, 
Fintérieur se transforme en une masse poudreuse; etc. Dans tous ces 
cas, on remarque que ces parties, si différentes pour la forme, offrent 
un caractère qui en fait un organe unique; ce caractère réside dans la 
production de la poussière dont nous avons parlé déjà plus haut, et qui, 
au microscope, se montre formée de petits corps organisés d’une manière 
particulière. On désigne ces corpuseules sous le nom de spores. 

Or, cette portion de stipe, destinée à la production des spores, c’est là 
ce qu’on désigne sous le nom d’hyménium. Rien de plus variable, comme 
on le voit, pour le siége et la forme; rien de plus semblable pourtant 
quant au fond, puisque c’est partout l'organe producteur des spores. 

La forme de ces spores ou sporules est variable: elle est tantôt arrondie, 
tantôt en forme de rein ou de fuseau; leur surface, le plus souvent lisse 
et unie, est fréquemment aussi couverte d’aspérités; leur couleur varie 
du blanc au rouge, du jaune au noir; leur organisation, observée aux 
plus forts grossissements des meilleurs microscopes, est extrêmement 
simple : une mince pellicule, une cavité intérieure dans laquelle on voit 
quelquefois des granules excessivement ténus, c’est là tout ce qu’on peut 
découvrir. L’extrème petitesse des spores ne permet pas à l'observation 
d'aller au-delà. J'ai mesuré de ces corps de forme sphérique et qui 
n'avaient pas un deux-centième de millimètre. En général, ils n’ont pas 
un centième de millimètre de diamètre ; ce qui donne le chiffre énorme 
d’un milliard de ces petits corps pour un espace moins considérable que 
celui représenté par une fraise des bois. Il ne m'a pas paru que les 
spores fussent enduits, à moins de circonstances exceptionnelles, comme 
dans les phallus par exemple, d’une humeur visqueuse, ainsi que l'ont 
avancé quelques auteurs. 

L'organe producteur des spores, l'hyménium, est organisé, suivant les 
genres, de différentes manières. 

Dans les truffes, les vesse-loups, où la partie sporulifère est intérieure, 
on trouve d'abord les spores adhérents à de petites cavités creusées au 
sein du tissu du stipe; plus tard, le tissu s’étant détruit lui-même, on 
observe ces spores ou libres dans une vaste cavité parsemée de débris de 
cellules, ou nageant dans un liquide résultant de la décomposition des 
parties voisines. 

Dans les pezizes, où l’hyménium est extérieur, il est formé par de 
petites cellules allongées, placées côte à côte et serrées comme les fils 
d’un velours. Le plus grand nombre de ces cellules est vide et n'offre 
aucun intérêt; mais quelques-unes, plus vastes, contiennent quatre ou 


— 514 — 


huit spores qui, à la maturité des champignons, sont lancés au dehors. 
On a donné à ces cellules sporifères le nom de thèques. 

Dans un troisième type, l'hyménium, également extérieur, est formé 
de cellules juxtaposées; mais aucune de ces cellules ne renferme de 
spores. Ces corps sont situés tout-à-fait à l'extérieur, où on les observe 
soutenus par de minces pédicules et groupés le plus souvent quatre par 
quatre, quelquefois en plus grand nombre, sur certaines cellules un peu 
plus saillantes que les autres. Lorsque la plante a parcouru toutes les 
phases de sa végétation, les spores se détachent simplement de leurs 
supports et tombent à terre ou sont emportés par les vents. Dans les 
champignons qui offrent cette organisation, on trouve souvent cà et là, 
sur l’hyménium, des cellules transparentes beaucoup plus grandes et plus 
saillantes que toutes les autres, qui paraissent ne contenir aucun corps 
particulier. On a donné à ces grandes cellules le nom de eystides. On a 
appelé basides celles qui supportent les spores. 


COMPOSITION CHIMIQUE. 


La membrane qui forme les cellules paraït être, comme dans tous les 
autres végétaux, formée de cellulose. Mais on trouve en outre dans les 
champignons, soit en couches tapissant l’intérieur des cellules, soit en 
dissolution dans les liquides qu’ils contiennent, de l’albumine, du sucre, 
des matières grasses particulières, de l’osmazone, une matière animale, 
divers acides, des sels à base de potasse et de soude, et une substance 
spéciale azotée appelée fungine. On a rencontré dans quelques espèces de 
la gélatine. Enfin, dans les champignons vénéneux se trouve un prin- 
cipe très-fugace et une matière grasse, âcre, amère, qui probablement en 
sont les parties délétères. 

Il résulte de ces analyses que les champignons renferment une très- 
forte dose de substances azotées. 

Ils possèdent donc des qualités nutritives très-considérables, et doivent 
être regardés comme des aliments très-riches en matières assimilables. 

Quant au principe vénéneux, il paraît résider dans la matière grasse 
ou huileuse que nous avons déjà signalée. Il est soluble dans l'alcool, 
l'éther, les acides, l’eau alcaline et même l’eau bouillante, lorsqu'il y en 
a une très-grande quantité. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES DE CHAMPIGNONS COMESTIBLES. 


Par leurs formes extérieures, autant que par tous les détails de leur 
organisation, les champignons peuvent se grouper en un certain nombre 
de familles extrêmement naturelles. Chacune de ces familles peut être di- 
visée elle-même en d’autres sections secondaires qui renferment les 
champignons dont les rapports sont plus nombreux, la ressemblance 
plus complète, 


— 315 — 


Dans un travail de la nature de celui-ci, il est inutile de chercher à 
disposer ces divers groupes dans un ordre scientifique et d'entrer à ce 
sujet dans des discussions qui n’auraient aucune conséquence pratique. 
Je me contenterai donc de donner ici les noms des diverses familles de 
champignons qui renferment des espèces comestibles, sans ajouter beau- 
coup d'importance du reste, à l’ordre dans lequel je les ai disposées. Ce 
sont : 


Les Morilles, Les Mérules, 
Les Helvelles, Les Agarics, 
Les Truffes, Les Amanites, 
Les Vesseloups. Les Fistulines, 
Les Clavaires, Les Bolets, 
Les Hérissons, Les Polypores. 


CLavaires. (PI. 51, fig. { et 2.) 


Rien de plus facile à reconnaitre que ces champignons, désignés dans 
presque tous les pays, sous l’un des noms suivants : barbes-de-chèvre, 
barbes-de-bouc, patotes ou menottes, manines, jannotes, pieds-de-coq, 
buissonnettes, buissons, gantelines, tripettes, gallinettes, espignettes, etc. 

Simples, en forme de massue ou divisées en rameaux coralloïdes, les 
clavaires sont des champignons presque toujours charnus, homogènes. On 
les rencontre dans les près, les bruyères, au bord des haies, mais surtout 
dans les taillis et les grands bois, depuis le milieu de l’été jusqu’à la fin 
de novembre. On les trouve souvent en quantité considérable, et dans plu- 
sieurs contrées elles constituent la plus grande partie de la nourriture 
des habitants, pendant quelques mois de l’année. Leur chair, ferme et 
cassante, est un aliment agréable, très-nourrissant, d’une digestion assez 
facile, surtout pour les personnes qui se livrent aux travaux des champs, 
et se recommande de plus par un goût très-fin et par un parfum léger de 
bon champignon. 

Le groupe des clavaires, ne renferme aucun champignon vénéneux. 
Leur usage doit donc être général car il est impossible de les confondre 
avec les espèces de champignons qui offrent quelque danger dans leur 
emploi. 

Conservation. — Dans les pays où ces plantes croissent en abondance, 
on les conserve pour en faire usage pendant les mois de l’année où on 
n'en trouve plus de fraiches. On peut alors se contenter de les dessécher 
rapidement à l'ombre, en les suspendant à des fils ou en les étalant sur 
des claies, puis de les conserver dans des flaçons hermétiquement fermés. 
Les clavaires destinées à être ainsi desséchées auront dû être préalablement 
mondées avec soin et passées à l’eau bouillante. Des auteurs recommandent 
de les conserver dans le vinaigre, après les avoir plongées quelques mi- 
nutes dans de l’eau très-chaude. 


— 9516 — 


Préparation. — J'emprunte au docteur Roques, que je regarde comme 
souverain juge en celte matière, le paragraphe suivant : 

« Les clavaires étant mondées, lavées à l’eau tiède et parfaitement 
égouttées, on les fait cuire avec du beurre, du persil, un peu de ciboule, 
du gros poivre et du sel. Lorsqu’elles sont cuites on y ajoute des jaunes 
d'œufs. Pour les rendre plus moëlleuses, on peut les nourrir pendant la 
cuisson avec quelques cuillerées de consommé ou de bouillon. Voilà 
comme je les prépare ordinairement à mon petit foyer. 

« On mèle quelquefois les elavaires avec d’autres champignons tels que 
les ceps, les chanterelles, etc. On les blanchit, on les essuie, on les hache, 
on les réduit en purées et on les nourrit de jus de jambon. 

« Les clavaires s’allient fort bien avec le veau, le mouton, la volaille 
qui en deviennent plus sapides. Le fermier, le bucheron, le curé de 
campagne peuvent varier ainsi leurs petits ragoûts. Naturellement sobres, 
tempérants, actifs, ils les digéreront à merveille avec leur petit vin. » 

Culture. — Je ne sache pas qu'aucune tentative sérieuse ait jamais été 
faite pour arriver à ce but. C’est donc un sujet tout nouveau d’expériences 
utiles. Je ne saurais trop insister sur l'importance qu’il y aurait à faire 
pour les clavaires, ce qu’on fait pour le champignon de couches. Rien ne 
s'oppose à ce qu'on n'arrive à un résultat semblable. 


CLAVAIRE EN MASSUE. 


Cette espèce, dont la couleur varie du jaune au fauve, et qui quelque- 
fois est d’une teinte bistrée ou fuligineuse, se reconnait facilement à sa 
forme allongée, arrondie au sommet en forme de massue. 

Allongée et cylindrique dans sa jeunesse, ce n’est que lorsqu'elle a ac- 
quis tout son développement qu’elle présente décidément sa forme de 
massue; sa chair, blanche, légèrement amère et fibreuse ne se transforme 
jamais en poudre noire, comme dans les vesseloups. Elle croît solitaire 
sur la terre, dans les grands bois. 

C’est la plus grande des clavaires, elle atteint souvent 18 et 20 centi- 
mètres de hauteur, et si elle est loin, par son parfum et la délicatesse de 
sa chair, de pouvoir être comparée aux meilleures espèces de champi- 
gnons, néanmoins elle constitue un aliment très-substantiel et elle doit 
être utilisée à ce titre. Les habitants des campagnes la mangent, dans 
quelques parties de la France, mais on en fait un usage habituel dans le 
nord. 


CLAVAIRES CORALLOÏDES. (PI. 51, fig. À et 2.) 


Ainsi que l’observe Roques, on a très-certainement donné ce nom à 
une foule de champignons d’espèces différentes. Heureusement cette con- 
fusion n’est que d’un médiocre intérêt pour le sujet qui nous occupe, car 
toutes les espèces réunies sous cette dénomination ne sont nullement 
vénéneuses. Toutes se ressemblent à tel point, dans leurs qualités alimen- 


/ ff, L> 
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Dr2. Clavaires corolloides. 3.Chanterelle comestible. À. Helvelle comestible. 


o.Helvelle en mitre, 6. Helvelle elastique | 7-Morille. 


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taires, qu'elles peuvent indifféremment être prises les unes pour les autres, 
Ce n’est donc point ici le lieu de chercher à les distinguer et d’entrer dans 
de longs et minutieux détails sur les caractères au moyen desquels on 
peut les distinguer. Je me contenterai ici d’en distinguer trois groupes 
fondés sur la couleur : Les clavaires coralloïdes jaunes, les rouges et les 
cendrées. 

Toutes ces espèces de clavaires se rencontrent dans les bois, à la fin de 
l'été et pendant l’automne, quelquefois en quantité si considérable qu’on 
pourrait en nourrir des villages entiers; toutes ont la chair blanche, 
ferme, cassante ; leur emploi culinaire, présente d’autant moins d’ineon- 
vénients qu’elles ne ressemblent à aucun champignon nuisible. Leur chair, 
fine et délicate est d’une digestion facile, d’une saveur très-agréable, d’un 
parfum très-fin. 


MeruLes. (PI. 51, fig. 3.) 


Champignons dépourvus de volva, stype dilaté à sa partie supérieure, 
en un chapeau plus ou moins régulier, et présentant une face supérieure 
lisse, souvent ombiliquée ou creusée en entonnoir, et une face inférieure 
relevée de côtes saillantes, souvent bifurquées et anastomosées les unes 
aux autres. C’est à la surface de ces rides ou plis que naissent les spores. 

Ce groupe renferme un petit nombre d'espèces, parmi lesquelles on 
doit en considérer une seule comme digne d’être classée parmi les cham- 
pignons comestibles : c'est la Mérulle chanterelle, vulgairement appelée, 
chanterelle comestible. 


CHANTERELLE COMESTIBLE (PI. 51, fig. 5.) 


Rien de plus variable que ce champignon dans la forme de son chapeau. 
Parfois le pédicule est central et s’évase en un chapeau à bords continus 
et réguliers, le plus souvent le chapeau se fend plus ou moins profondé- 
ment sur ses bords, se contourne et se plisse de manière à prendre les 
formes les plus bizarres. 

Le champignon est tout entier d’une belle couleur jaune, tantôt vif, 
tantôt comme recouvert d’une poussière blanchâtre. 

Le pédicule est plein, court, charnu et continu avec le chapeau. 

La chair est ferme, blanche, un peu fibreuse ; elle ne change point de 
couleur à l'air. 

Les chanterelles exhalent une odeur agréable; mais, mangées crues, 
elles sont un peu acerbes et laissent dans la bouche une sensation d’â- 
preté bien marquée. 

Elles se plaisent dans les lieux frais, sous les taillis et les grands arbres, 
dans les feuilles et sous la mousse, où leur couleur éclatante les fait dé- 
couvrir de loin. Depuis le mois de juin jusqu’au mois d'octobre elles sont 
si abondantes dans certains bois, qu’on les rencontre à chaque pas, et 
que souvent l’amateur est forcé d’en laisser le plus grand nombre. 


— 518 — 


Qui a vu une fois des chanterelles ne pourra jamais les confondre avec 
aucune autre espèce de champignons. Leur forme irrégulière et si singu- 
lièrement contournée, leur couleur uniforme, leurs plis anastomosés sont 
des caractères qui ne permettent aucune méprise. 

On la connaît dans les campagnes sous les noms de jaunotte, jaunette, 
serille, gyrole, cheveline, chevrette, gérandet, jaunelet, escadrille, mous- 
seline, gallinace, erête-de-coq, oreille-de-lièvre, cabrillo, etc. 

C’est un champignon extrêmement salubre, et dont on peut faire usage 
sans le moindre danger. 

Les chanterelles sont d’une digestion assez facile pour qu’on puisse en 
manger une quantité presque aussi grande qu’on le désire. 

Préparation des chanterelles. — Néanmoins, la valeur culinaire de ce 
champignon dépend en grande partie de la manière dont il est accom- 
modé. | 

« De tous les champignons comestibles, dit Persoon, c’est celui qui 
croit avec le plus d’abondance et se montre le premier dans toutes sortes 
de forêts. C’est aussi un de ceux dont on fait le plus fréquent usage comme 
aliment. Il y a des campagnes où les habitants en font presque leur 
unique nourriture. On le mange soit avec du beurre, soit avec de la 
graisse ou de l'huile, du poivre, du sel et des oignons. » 

« Après avoir épluché et lavé les chanterelles, on les passe à l’eau 
bouillante; ensuite on les fait cuire avec du beurre frais, un peu d'huile 
d'olive, de l’estragon haché, du poivre, du sel et un peu de zeste de citron. 
Lorsqu'elles sont cuites, on les laisse mijoter sur un feu doux pendant 
quinze à vingt minutes, et on les arrose de temps en temps avec du 
bouillon ou de la crème, ou bien on les lie avec des jaunes d'œufs. » 
(Roques.) 

Un des bons plats qu’on peut préparer avec les chanterelles c’est une 
oemelette aux champignons. Pour cela, il suffit de passer à l’eau bouillante 
les chanterelles réduites en lames minces, et de les mêler aux œufs. 

Réduites en purée, elles constituent un des plats les plus recherchés. 
Cette purée est très-souvent, dans le Languedoc et la Provence, relevée 
avec des tomates ou du jus de citron. Ce sont deux excellentes manières 
de rendre meilleur un mets déjà excellent par lui-même. 

Conservation des chanterelles. — Le nombre vraiment prodigieux de 
ces champignons, dans presque tous les bois, fait qu’on ne saurait trop 
recommander de les recueillir en totalité au moment où ils apparaissent, 
afin de les conserver pour l'hiver. 

Les chanterelles se dessèchent très-facilement. Mises dans des tonneaux 
remplis d’eau salée, elles se conservent sans altération pendant plus d’une 
année. 

Confites au vinaigre et salées, elles peuvent remplacer les cornichons. 

Enfin, desséchés et réduites en poudre qu'on gardera dans des flaçons 
bien bouchés, elles seront d’une très-grande ressource pour la cuisine. II 


— 3519 — 


suflira d'ajouter aux ragoûts une ou deux cuillérées de cette poudre pour 
leur donner un excellent parfum de champignon. 


HELvELLES (PI. 51, fig. 4, 5 et 6.) 


Rien de plus facile à reconnaitre que les champignons désignés sous le 
1 nom d'helvelles. Leur chapeau, diversement ondulé et plissé, présentant 
| ses deux faces, supérieure et inférieure, sans pointes, ni plis, ni lames, 
ni pores, les distingue de tous les autres. Les espèces figurées sont les 
seules qui méritent le nom de champignon comestible. On n’en connait 
aucune espèee qui soit d’une nature suspecte ou vénéneuse. 


HELVELLE COMESTIBLE. (PI. 51, fig. 4.) 


Pédicule ereux, renflé ou non à sa base, de couleur blanchâtre ou rosée. 
Chapeau irrégulier, charnu, diversement contourné, offrant des espèces 
de circonvolutions ou de saillies arrondies, d’un rouge brun, plus ou 
moins foncé. Ce champignon croit au printemps, dans les taillis, les bois 
épais, les lieux élevés. 


HELVELLE ÉLASTIQUE. (PI. 51, fig. 6.) 


Pédicule cylindrique, fistuleux, grèle. Chapeau mince, lissé, membra- 
neux, diversement lobé et contourné. Cette espèce, fragile et transparente 
comme la cire, présente des teintes très-variables. Il y en a de blan- 
châtres, de jaunâtres, de grises, de brunes et même de noirâtres. On 
rencontre cette espèce au commencement de l’automme, dans les bois 
touffus, où elle croit sur la terre. Il n’est pas rare d’en trouver un très- 
grand nombre dans un espace de terrain assez circonscrit. 


HELVELLE EN MÎTRE. (PI. 51, fig. 5.) 


Pédieule cannelé ou creusé de cavités assez profondes à l'extérieur, 
formé à l’intérieur de lames irrégulières très-vastes. Chapeau formé de 
plusieurs lobes diversement contournés. 


MoniLLes. (PI. 51, fig. 7.) 


Ces champignons diffèrent de tous les autres par la forme de leur cha- 
peau à surface sèche, creusé de profondes alvéoles irrégulières tapissées 
— par l'hymenium. On ne saurait les confondre ni avec les helvelles qui ont 
un chapeau membraneux et lisse, ni avec les elavaires, qui n’ont point 
de chapeau, ni avec aucun autre groupe. On les distinguerait facilement 
de quelques champignons délétères voisins; des phallus, par exemple, par 
l'absence de volva, ete. Le dessin représenté dans la planche suffira, du 
reste, pour rendre toute méprise impossible. 

Cueiïllez done sans crainte toutes les espèces de morilles. Aucune 
d'elles ne possède de propriétés vénéneuses et il suffit d’en avoir vu une 
fois pour ne jamais les méconnaitre. 


— 520 — 


MORILLE COMESTIBLE. 


Pédicule sans collier, creux ou plein, irrégulier, uni, de couleur plus 
claire que le chapeau. Chapeau de forme variable, creusé de profondes 
alvéoles irrégulières, adhérent au pédicule dans toute sa hauteur. Odeur 
agréable de champignon. Point de volva. La forme du chapeau est souvent 
très différente d’un individu à un autre; on en trouve de globuleux, de 
cylindriques, d’ovoïdes. La couleur est non moins variable. On rencontre 
des morilles, d’un blanc de lait dans leur jeunesse, qui deviennent ensuite 
d'un blanc säle ou jaunâtre. D’autres sont d'abord d’un gris clair et 
passent au bistre. Il y en a de brunes et de noirâtres. Quelques-unes de 
ces variétés présentent-elles plus de délicatesse et de parfum ? Lesquelles 
faut-il préférer, des brunes ou des blondes, se demande le docteur Roques. 
La morille varie sa forme et sa couleur : la nature le veut ainsi. Eh bien! 
variez vos goûts également : la variété bien comprise est un attrait, un 
plaisir de plus. 

La morille est un champignon très-délicat; elle se sert sur les tables 
les plus recherchées. Elle est en même temps un aliment trés-substantiel. 
Les personnes à estomac robuste peuvent seules en faire usage ; l'homme 
prudent saura n’en user qu'avec modération. 


MOYEN DE DÉTRUIRE L'HERBE DANS LES COURS ET LES 
ALLÉES DE JARDIN. 


D'’ordinaire on arrache ou on ratisse cette herbe, mais à peine l’opé- 
ration faite, il faut la renouveler, ce qui coûte et prend du temps. Mieux 
vaut donc recourir à la recette que voici : 

Prenez une vieille chaudière de fonte, mettez-y de l’eau, un cinquième 
de chaux vive et un vingtième de fleur de soufre. Placez le mélange sur 
le feu, faites bouillir et remuez bien le tout pendant quelques minutes. 
Retirez ensuite du feu, enlevez la partie liquide, ajoutez-y environ deux 
fois son poids d’eau ordinaire, et avec cela arrosez les mauvaises herbes 
dont vous voulez vons défaire. 


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— 321 — 


HORTICULTURE. 


NOTICE SUR LES AURICULES LIÉGEOISES. 
PRIMULA AURICULA, L. 


Fam. des Primulacées, Juss. — Pentandrie Monogynie. 


L'Auricule est sœur de la primevère; ensemble elles saluent le retour 
du printemps, revêtues de leur éclatante parure de noce, et luttent de 
beauté, de grâce et de richesse. Mais la primevère a reçu un nom gra- 
cieux. en témoignage du bonheur que ses fleurs nous procurent dès les 
premiers beaux jours d'avril, tandis que le vulgaire a imposé à l’Auricule 
le vilain nom d’Oreille d'ours, parce qu'il a cru retrouver dans ses feuilles 
la forme de ces organes : ce nom se déguise mal sous celui d’auricule 
qui signifie petite oreille. Si les fleurs, dont on dit tant de choses aimables 
et auxquelles on adresse tant de compliments flatteurs, si les fleurs n’en- 
tendent pas, ce n’est pas faute d'oreilles : le Créateur leur a refusé le sens 
de l’audition, sans doute parce qu'il les auraient conduit à l’orgueil, mais 
l'homme a voulu retrouver des oreilles, là où le Créateur avait oublié 
d’en mettre. Le Cotylet /Cotyledon umbilicus], aux petites feuilles bien 
rondes et bien propres, on l’a nommé Oreille d’abbé; la grande Consoude 
a les feuilles allongées et rondes, on en a fait des oreilles d'âne; l’oreille 
de géant est la grande Bardane ; l'oreille d’'homme est le Cabaret ou Azaret 
d'Europe ; l'oreille de lièvre est le Buplèvre; l'oreille de muraille (de 
souris?) est le Myosotis lappula, L.; l'oreille de rat est l’Epervière pi- 
loselle; les charmants Myosotis ont été pris pour des oreilles de souris. 
Enfin on connaît encore des oreilles de charme, de chat, de chevrotain, 
de chien, de cochon, de diane, de Saint-Pierre, de Vénus, etc. 

Les anciens auteurs ont longtemps égaré l’Auricule loin de son gîte 
naturel. R. Fusch, de Limbourg, quoique chanoine de la cathédrale de 
Liége, n’en dit rien dans son Plant. coron., 1541. — Léon. Fuchs, dans 
ses divers ouvrages de 1542, 1545, 1545 et 1546, décrit et figure les 
Primula veris et P. elatior, sous le nom de Verbasculum (petit bouillon), 
mais ne dit mot de l’Auricule ; ilnomme Auricula muris, l’alsine ou mouron 
des français. Dodonée ne mentionne pas l’Auricule dans le Flor.et coronar. 
imprimé à Anvers en 1569 ; dans le Stirp. Hist. (1555, p. 59), il dit que 
les allemands nomment oreille de souris /Auricula muris) le Myosotis que 
les flamands appellent Huys ooren. Il nomme Verbasculum ou Herba S. 
Petri /Sinte Peeters Cruyt), le Primula Veris et Verbasculum album ou 
Primula Veris {Herba paralysis), le Primula elatior; mais de l’Auricule, 
rien. Mais elle apparait dans les Pemptates de 1616, p. 148, sous le nom 
BELG. HORT. T. V. 25 


— 922 — 


d'Auricula Ursi, et dans le Cruydeboeck de 1644, p. 216, sous celui de 
Beeren-00r. 

Clusius est le premier qui donna /Rar. pl. Hist. I, p. 502), la descrip- 
tion et la figure de l’Auricule et la rapprocha des primevères dont elle 
ne diffère ni par le facies ni par le mode de vie; il l’observa souvent 
dans les parties montueuses de l’Autriche et la découvrit dans les Monts 
Carpathes, en Hongrie. Dodonée et Chabroea /Omn. stirp. Hist., 1678, 
p. 492), et tous les modernes adoptérent ce rapprochement. Gaspar de 
Bauhin /Hist. des plantes, Lyon, 1621, t. I, p. 440), figure l’Oreille d'ours 
sous le nom de Sanicula Europæa lutea, et la vante comme vulnéraire. 
Matthiole, dans les commentaires sur Dioscoride (1680, p. 422), figure 
les primevères seules, mais ailleurs (p. 3568), on trouve l’Auricule sous le 
nom de Sanicula (sive Diapensia, Auricula ursi, Oreille d’ours, Saniclet 
des français, Sanickel des allemands). Les allemands dit-il (1. e.), montrent 
plusieurs espèces de Saniclet, entre lesquelles il y en a une que les her- : 
boristes appellent Oreille d'ours. Cette herbe a les feuilles grandes comme 
le plantain, mais elles sont plus grosses et semblables à celles du Crassula. 
Elles ont certains replis et bords fort artificiellement faits, et ont une 
couleur blanche tirant sur le roux. Cette espèce de Saniclet croît abon- 
damment à l’entour de Goritie et principalement au Mont Salvatin. Les 
allemands font grand cas de cette herbe, sur toutes les autres, pour les 
rompures, descentes de boyaux, etc., pour les plaies de la poitrine, la 
prenant tous les jours en breuvage. 

Math. de L'Obel (PI. S. stirp. Hist., 1576, p. 506, et sup. 244), figure 
l’Auricula ursi ou Sanicula alpina, à côté des primevères et raconte que 
toutes les variétés alors connues étaient cultivées dans le jardin du 
D' Jean Dilf. 

Tournefort, rangea les espèces appelées Oreilles d’ours , dans les genres 
Aretia, Androsace et Cortusa; il les sépara des Primula, parce que leur 
calice est infiniment plus court que la corolle. 

L’Auricule fut enfin enrolée par Linné dans le genre Primula, sous le 
nom de Primula Auricula, de la pentandrie monogynie, du système 
sexuel. Les Primula constituent le genre type de la famille des primu- 
lacées de Jussieu; ses caractères sont : d’avoir un calice gamophyle tubu- 
leux à cinq dents, une corolle monopétale, en entonnoir, à tube allongé, 
à gorge nue et à limbe découpé en cinq lobes égaux ; cinq étamines à fila- 
ments courts, attachés sur le tube et non saillants, terminés par des 
anthères droites, conniventes ; un ovaire supère, globuleux, surmonté 
d’un style filiforme à stigmate en tête. Le fruit est une capsule, entourée 
du calice persistant, à une seule loge renfermant un grand nombre de 
graines attachées à un placenta central. 

L’Auricule ou P. Auricula est caractérisée par une racine fusiforme, 
des feuilles larges, ovales-spatulées, lisses, dentées, épaisses, entières, 
disposées en une rosace radicale au centre de laquelle s'élève une hampe 


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nue, haute de 8 à 10 centimètres, cylindrique, portant à son sommet une 
ombelle de fleurs accompagnée d'un involuere à folioles courtes, un peu 


élargies, obtuses, farineuses, ainsi que les pédicelles. Le calice est court, 


à einq dents obtuses. Le tube de la corolle est beaucoup plus long que le 
calice ; les lobes du limbe assez larges, échancrés, obtus. 

L’Auricule croît spontanément à diverses hauteurs dans les Pyrénées, 
les Alpes de France, de Suisse et d’Autriche, dans les Apennins, les Monts 
Carpathes et jusque dans l’Altaï : Sa couleur primitive est le jaune, 
quelques variétés sauvages sont pourpres, panachées de pourpre, de 
rouge ou de blanc. 

Les anciens fleuristes distinguaient trois sortes d'Oreilles d'ours : la 
pure, la panachée et la bizarre : la pure était celle qui n'avait qu’une 
seule couleur uniforme, comme le rouge, le eramoisi, le violet, le pourpre, 
ete. : c'étaient les plus estimées, surtout les variétés à fleurs grandes et 
veloutées. Les panachées avaient deux sortes de couleurs sur la mème 
fleur ; on exigeait que leurs panaches soient nets, les panaches d’un blanc 
de lait et d’un jaune doré étaient les plus beaux. Les bizarres avaient 
diverses couleurs opposées, comme le blanc et le noir dans le même 
fleuron. 

Aujourd'hui les horticulteurs reconnaissent au moins deux races prin- 
cipales, parmi les Auricules cultivées : les Liégeoises et les Anglaises. 

1° Les Auricules liégeoises ou ombrées ont les fleurs glabres et réu- 
nissent deux couleurs ; 

2 Les Auricules anglaises on‘ les fleurs recouvertes d'une poussière 
fine, blanche et cireuse ; l'œil de la fleur est blane, il est souvent penta- 
gone, quoique dans les meilleurs variétés il soit circulaire. 

Mais à ces deux races principales il nous semble qu'on doit encore 
joindre les unicolores et les doubles; 

3° Les Auricules unicolores ou pures qui n'ont qu'une seule couleur 
uniforme, sauf celle de l'œil, sur le limbe de la corolle ; 

4 Les Auricules doubles, dont les variétés les plus recherchées sont 
les jaunes et les mordorées. 

L’Auricule anglaise, comme ce nom l'indique, a été obtenue et est 
spécialement cultivée en Angleterre : l'introduction du Primula Auri- 
cula dans ce royaume remonte à l’année 1597. 

L’Auricule, apportée, sans doute d'Allemagne, dans l’ancienne prinei- 
pauté de Liége, y fut adoptée, choyée et devint un enfant du pays. Née 
sur les hautes montagnes de l'Europe centrale, elle se plut dans notre 
province montueuse et grâce aux soins qu'on lui prodigua elle abandonna 
bientôt sa livrée allemande pour prendre les caractères du pays : beauté 
et richesse. L'amour des fleurs, la floriculture sont de vieux sentiments 
innés à tout Liégeois : il n’est pas d'ouvriers qui ne donne la meilleure 
place de sa mansarde à quelques pots fleuris, dont la culture ferait hon- 
neur à maint horticulteur de profession ; pas de malheureux houilleur 


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qui, après avoir passé la moitié du jour, à cinq ou six cents mètres sous 
terre, exposé à mille dangers de mort, ne vienne, encore tout noirei 
de poussière de houille, soigner les Auricules, les quarantains et les roses 
qui environnent sa cabane. Nos pères surtout aimaient l’humble mais 
brillante Auricule, qui, impatiente de secouer le joug de lhiver, renaît 
sous le premier souffle du printemps : on aime tant à trouver quelques 
fleurs sous la neige qui se fond : on recoit avec reconnaissance la messa- 
gère de Flore qui annonce le retour des beaux jours, et si cette messagère 
est belle, aimable et bien parée, le cœur ne battra-t-il pas d'amour? Les 
chanoines de notre ancienne cathédrale furent les premiers et les plus 
zélés promoteurs des Oreilles d’ours : ils aimaient à s’en recréer la vue au 
premier printemps, s’invitant mutuellement à visiter leurs collections et 
l’'émulation qui ne pouvait manquer de s'établir entre eux, eut des ré- 
sultats tels que nos Auricules liégeoises sont arrivées à une renommée 
universelle. 

L'inconstance est malheureusement le propre du genre humain : l’Au- 
ricule, jadis si fêtée et si aimée des Liégeois, elle qui avait fait connaître 
partout le nom de notre ville, allait être délaissée : elle se mourait la 
pauvrette, gémissant d’un cruel abandon; après avoir brillé dans les 
bosquets des nobles bourgeois de Liége et des chanoines, elle s’était vue 
contrainte de se réfugier près du chaume du pauvre, qui ne paye pas 
d’ingratitude les joies qu’on lui donne. Rien cependant ne justifiait cette 
conduite, les filles de Liége n’ont rien perdu de leurs charmes, de l'avis 
de tous les connaisseurs elles surpassent beaucoup les Anglaises, qui, 
frèles et délicates, réclament tant de soins minutieux, dont la peau fardée 
se flétrit au moindre souffle et ne résiste pas à un soleil sans brouillard ; 
elles sont fortes et vigoureuses, lèvent fièrement leur noble tête recouverte 
d’une abondante chevelure de fleurs, ont une chair ferme et bien colorée 
et montrent une gorge aux contours arrondis. 

Malgré cela les Liégeois délaissaient leurs propres filles; ils reportaient 
leur amour sur des beautés nouvelles, venues on ne sait d’où; ils fai- 
saient fête ct bon accueil à des Chinoises, à des Japonaises, à des Amé- 
ricaines ou à des Indiennes, qu’il fallait héberger dans des palais de cristal 
et lorsqu'un étranger venait pour admirer et enlever une Liégeoise si 
vantée, il n’en rencontrait point ou se trouvait en face d’une horrible 
créature, telle qu'il s’en trouve partout. Mais n’oubliez pas, aimable lec- 
trice, que nous parlons des Oreilles d’ours. 

11 s’est enfin trouvé un Liégeois de vieille roche qui a entrepris la ré- 
habilitalion de nos fleurs nationales, qui, après avoir rassemblé les restes 
épars de nos Auricules, veut faire revivre l'amour qu’elles ont su provo- 
quer jadis. Cet homme courageux, insatiable de fleurs, horticulteur aussi 
célèbre que savant connaisseur, est le chef de nos fleuristes et le plus 
connu à l'étranger, M. Jacob-Weyhe (ci-devant Jacob-Makoy), derrière 
la station des Guillemins, à Liége. M. Jacob-Weyhe, après avoir cédé à sa 


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famille le vaste établissement d’horticulture qu'il avait fondé à Liége, 
résolut de se reposer enfin de ses fatigues; il se bâuit un charmant châlet 
au-dessus de la station des Guillemins et croyait pouvoir laisser à d’autres 
le soin de la culture. Mais le repos était incompatible avec son organisa- 
tion et répugnait à son activité; il lui fallait des fleurs et les douces émo- 
tions du jardinage, et c'est alors qu'il entreprit, guidé par la science et le 
zèle, la culture de deux genres de fleurs essentiellement nationales : les 
Auricules liégeoises et les œillets flamands. C’est une noble pensée, 
digne de la carrière de M. Jacob. 

Les paroles ne peuvent dépeindre l'émotion que nous éprouvames à la 
vue des innombrables variétés d’Auricules que nous vimes au premier 
printemps, chez M. Jacob. L'hiver venait à peine de nous quitter, et il 
nous quittait à regret, puisque les franges de son long manteau trainaient 
encore sous les pas du printemps, nous étions en mai, mois que les poëtes 
nous disent être celui du retour des zéphirs, quoique en vérité il n'y 
paraisse plus, mais dans l’oasis de M. Jacob, quelques milliers de plantes 
d’Auricules fleuries, se riaient des frimats et des vents. Elles étaient ad- 
mirablement épanouies et peintes de toutes les couleurs que dame nature 
avait trouvé sur sa palette. L’Auricule sauvage est jaune marquée de 
brun, celles que nous vimes étaient pourpre, rose, rouge, violet, marron, 
cramoisi, blanc, etc. 

M. Jacob, ne cultive que des variétés de choix qui réalisent le type que 
lhorticulteur exige dans une fleur d’Auricule : nous pourrons donc faci- 
lement vous dire quelles sont les qualités requises pour qu'une Auricule 
liégeoise soit digne de ce nom. Ces beautés, qui doivent se trouver réu- 
nies dans une seule fleur, concernent la tenue, la grandeur des corolles, 
leur forme, leur coloris, leur disposition et la position des étamines. 

La tenue ou le maintien de la hampe est une condition essentielle : 
elle doit être dressée, forte, sans être disproportionnée et porter les fleurs 
à une hauteur en rapport avec le diamètre de la corolle et la grandeur des 
feuilles. Une hampe trop élancée est toujours faible et l'indice d'une cul- 
ture forcée, trop courte elle cache les fleurs. La hampe doit naître d’une 
rosace de feuilles bien saines et entières et porter fièrement une ombelle 
régulière de fleurs ; si elle fléchissait sous ce poids les fleurs se flétriraient 
contre le sol, et à quoi bon des belles fleurs si on ne peut les voir. 

La grandeur des corolles est toujours une condition de beauté, mais 
cette grandeur doit être en rapport avec la force de la plante et les cou- 
leurs ne rien perdre de leur intensité. Les très-grandes fleurs ont sou- 
vent un coloris trop lavé, trop indécis ou trop pâle; il est telle fleur petite 
qui est plus estimée qu’une variété plus grande parce que sa coloration 
est plus brillante. 

Forme des corolles. Ce caractère est peut-être le plus important de 
tous. Généralement parlant la forme arrondie est la plus gracieuse, et 
tout ce qui en altère la régularité du cercle choque l'œil et doit être con- 


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sidéré comme une imperfection. L’Auricule parfaite doit être absolument 
circulaire, tant dans sa généralité que dans ses diverses parties : le con- 
tour extérieur, l'œil et la gorge doivent former trois cercles concentriques 
bien proportionnés ; chaque pétale ou chaque division du limbe de la 
corolle doit être parfaitement arrondie et sc recouvrir régulièrement ; 
ce limbe doit être plane, aucune sinuosité, aucun angle ne peuvent en 
altérer la pureté; jamais il ne peut former le godet. Le tube de la corolle 
doit être court. 

Coloris. De qustibus et coloribus non est disputandum : On ne diseute 
ni des gouùts ni des couleurs. Aussi ne prétendons-nous pas poser une 
règle quelconque sur les couleurs que doivent présenter les bonnes Au- 
ricules, chacun est libre en sa préférence. Tous les gouts pourront d’ail- 
leurs être satisfaits, puisque toutes les couleurs de l'iris se trouvent fixées 
sur ces brillantes fleurs : les variétés les plus généralement estimées sont 
les bleues, les feux, les indigos, les olives, etc. Le seul principe qui puisse 
guider un amateur dans son choix est de rechercher les couleurs les plus 
éloignées du type primitif de l’Auricule sauvage ; elles témoigneront des 
conquêtes faites par l'horticulture. Mais s’il n’est aucune loi qui régisse la 
nature même des couleurs, il en est autrement de leur nuance et de leur 
disposition. Les couleurs doivent être vives, brillantes, à contours nette- 
ment dessinés ct tranchés. L’œil est ordinairement jaune ou jaunâtre, 
dans les meilleures variétés il est blanc; la couleur propre de la variété 
doit naître autour de l’œil par un cercle bien dessiné, régulier et tranché. 
Cette couleur doit être très-foncée au milieu de la base de chaque division 
du limbe, et de ce point central aller se fondre insensiblement à une 
certaine distance du bord où règne une bande blanche ou de couleur pale. 
Si chaque pétale présente cette coloration, il en résultera autour de l'œil 
une couronne de couleur riche et sombre, et à la périphérie de la fleur, 
un anneau plus clair, qui fera d’autant mieux ressortir la couronne s’il 
est lui-même plus large. Les Auricules de M. Jacob, que nous avons figu- 
rées étaient toutes colorées conformément à ces principes. 

Disposition des fleurs. Ici encore, il faut pour arriver à la beauté, se 
conformer à la régularité. Les fleurs des Auricules sont disposées en 
ombelle au sommet d’une hampe nue; cette ombelle doit être la mieux 
fournie possible, régulière, uniforme de tous les côtés et se composer de 
fleurs disposées de telle sorte qu'elles ne se recouvrent pas l’une l’autre : 
Le nombre des fleurs sera donc en rapport avec leur grandeur. Les pédi- 
celles doivent être courts et capables de soutenir la fleur bien droite. 

Position des étamines (les paillettes), et du style (le clou). L’Auricule a 
normalement cinq étamines et cinq divisions à la corolle; mais dans les 
variétés cultivées ce nombre s’accroit souvent. Les étamines, que les ama- 
teurs d’Auricules nomment les paillettes, doivent étre disposées en une 
petite couronne, qui ferme l'entrée du tube, sans jamais la dépasser. Au 
centre est le stylé, terminé par un stigmate en tête, on le nomme en style 


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d'Auriculiste, le elou; or, ce clou ne peut jamais montrer sa lête, mais 
doit rester modestement à l'ombre des paillettes. 

Telles sont les beautés qui doivent se trouver réalisées dans une Auri- 
eule parfaite. Mais nous ne prétendons nullement faire rejeter impitoya- 
blement celles qui laisseraient quelque chose à désirer sous l'un ou l’autre 
rapport. Tout fleuriste sait que si une variété présente quelque chose de 
nouveau dans la forme ou dans le coloris, elle peut devenir mère d'enfants 
qui participeront de ses qualités sans hériter de ses défauts. 

M. Jacob-Weyhe n’admet, parmi ses variétés choisies, que des fleurs 
parfaites. Nous n’avons pu en figurer qu'un bien petit nombre, plutôt 
pour donner une idée générale des progrès réalisés par cet habile horti- 
culteur que pour les faire remarquer spécialement; mais toutes ces va- 
riétés réalisent les conditions requises. L’iconographie, même exacte, de 
certaines fleurs, plait souvent plus que la fleur elle-même; mais il n’en 
est pas ainsi pour l’Auricule; le pinceau ne saurait reproduire le velouté 
et l'éclat particulier de ces brillantes fleurs. 

Dans la description des Auricules, il faut done tenir compte en procé- 
dant du centre à la périphérie, et en employant les termes usités des 
Auriculistes, successivement du clou, des paillettes, de la gorge, de l'œil, 
de la couronne et de l'anneau. 

L’Auricule liégeoise n’est pas très-délicate de sa nature : descendue de 
montagnes élevées dans nos Jardins, elle ne s’est pas montrée exigeante; 
elle a conservé sa rusticité naturelle tout en participant des progrès de la 
civilisation. L’Auricule craint l'humidité plus que le froid, l'humidité la 
corrompt ; n'allez cependant pas la laisser griller au soleil, mais donnez- 
lui un abri contre les ardeurs du midi. La meilleure exposition est au 
levant, dans une terre riche et douce, qui pourra être engraissée de vieux 
fumier de vache. Nous venons de dire que les Auricules ne craignent pas 
le froid, et en effet, si les gelées de l'hiver venaient à soulever les plantes, 
il suffit de les repousser dans le sol avec le doigt, au printemps, pour 
qu'elles n’en souffrent point. 

Les graines récoltées sur les meilleures variétés, ou, aussi souvent qu’il 
sera possible, obtenues de croisements artificiels, les graines se sèment 
à l'automne, dans des terrines remplies de terre légère et substantielle ou 
d’un mélange de terre franche, de terreau de couche et de fumier de vache 
bien consommé. Ces terrines doivent être abritées du soleil. La germi- 
nation a lieu au printemps suivant, mais on ne repique les plantes qu'un 
an après. 

Pour la culture en pot on emploie des vases de 4 à à pouces de dia- 
mètre, remplis de terre franche, d’un peu de sable et bien drainés pour 
empêcher la corruption des racines. Quelque soit le mode de culture, il 
convient d’abriter les plantes contre les grandes pluies, et, pendant la 
floraison , de garantir les fleurs de l’ardeur du soleil. 

Nous avons entendu élever une accusation grave contre les Auricules : 


LS 


on prétendait que leur coloris variait tellement que telle bonne variété 
pouvait, l’année suivante, se métamorphoser au point de devenir mépri- 
sable. Ce reproche n’est pas fondé. Sans doute qu’il faut entourer de 
quelques soins les Auricules les plus méritantes, pénibles conquêtes de 
l'art sur la nature; qui, si on les abandonne complètement à elles-mêmes, 
tendent nécessairement à redevenir ce que Dieu les avaient faites ; sans 
aucun doute aussi que la floraison est plus ou moins brillante, suivant 
les circonstances atmosphériques. Mais cela n'est-il pas vrai de toutes les 
plantes de collection, de toutes les conquêtes de l’horticulture ? et si cela 
n'était pas, que serait donc l’horticulture? serait-elle nécessaire ? Une 
variété nouvelle, obtenue de semis est définitivement fixée st on la cultive, 
et on peut être assuré que les œilletons qu’elle émettra seront identiques 
au parent. Quant aux graines, il va sans dire aussi, qu’elles pourront 
donner lieu à des variétés complètement différentes du parent, parmi 
lesquelles il pourra s’en trouver quelques bonnes, mais beaucoup de 
mauvaises , c’est-à-dire qui reproduisent le type de l’Auricule sauvage. 
C’est la lutte de l’homme contre la nature. 


AURICULES LIÉGEOISES , NOUVEAUX GAINS DE M. Jacon-WEYxE. 
Le catalogue de M. Jabob-Weyhe comprend plusieurs centaines de 


variétés de premier ordre : nous avons dû nous borner à en reproduire 
une douzaine. Ce sont ; 


1° AURICULE LIÉGEOISE : Philippe de Comines. (PI. 52, fig. 1.) 
Cette Auricule a de 5 !/, à 4 centimètres de diamètre ; l’œil très-pâle, 
presque tout-à-fait blanc; la couronne est bleu-indigo très-foncé, bordée 
d’un anneau large et pâle. 


£° AURICULE LIÉGEOISE : La Sultane. (PI. 52, fig. 2.) 


La Sultane est remarquable par sa taille et la richesse de sa parure; sa 
gorge est petite et admirablement bien faite : sous cette gorge on soup- 
conne un charmant petit stigmate, vers lequel une foule d’étamines se 
glissent furtivement, mais sans pouvoir l’atteindre. Elle a l’œil grand, 
rond, brillant comme l'or : elle est parée d’une robe de feu, rouge écar- 
late et bordée de jaune. 


3° AURICULE LIÉGEOISE : Charles-Quint. (PI. 52, fig. 3.) 
Diamètre de 5 à 5 ‘/, centimètres : gorge grande, œil parfaitement 
rond , jaune; limbe plane, à couronne orange-carminé, finement bordée 
de rose pâle. 
4° AURICULE LIÉGEOISE : Chevalier de Bethume. (PI. 52, fig. 4.) 
Trois centimètres et demi de diamètre. Cette fleur laisse quelque chose 


à désirer pour la forme des pétales, mais ce petit défaut est compensé par 
la richesse de sa coloration. 


ê 


© 2-02 5 Avricese Lréceoise : Votger. (PI. 52, fig. 5.) 


| € La variété dédiée au célèbre Prinee-Évêque de Liége est une des plus 
| grandes connues ; les pétales sont un peu échanerés, mais vêtus de violet 
4 comme la robe des princes de l'Église. 


6° AuricuLe L1éceoise : Vicolas de Sauvage. (P1. 52, fig. 6.) 


La forme et la disposition des couleurs sont parfaites; cette couleur est 
née run, largement bordé d’un anneau olive. Cette variété remarquable 
porte le nom d’un de nos adonistes les plus distingués. 


y 7° AuRICULE LIÉGEO!SE : Fraikin. (PI. 52, fig. 7.) 


ras È 


EP sg plane, à pétales réguliers, à œil presque blanc, à couronne 
re bordée de bleu, cette variété nouvelle rappellera partout un 


nom cher aux Liégeois, celui du célèbre seulpteur Fraikin. 


0 PR : 


_& AuricuLe LIÉGBOIsE : L'Arocat Zoude. (PI. 59, fig. 8.) 


| Cette variété est un des plus beaux ornements de la collection de 
M. Jacob-Wevhe ; les fleurs sont petites, mais nombreuses et irrépro- 
 chables de forme; leur coloris, vif et brillant reproduit nos couleurs 
… nationales : le noir, le rouge et le jaune. Elle sera plus recherchée encore, 
depuis la mort récente et si malheureuse de celui dont elle porte le nom : 
l'avocat Zoude, chevalier de l'Ordre de Léopold, membre du Conseil pro- 
_  vincial et un des membres les plus éminents du barreau de Liége. 


4 
… 


 S° Auricuze LiÉGEOIsE : Remacle Fusch. (PI. 52, fig. 9.) 


ïs Checle Fusch de Limbourg était chanoine honoraire de la cathédrale 
| | de Lg, et auteur de plusieurs ouvrages de botanique. La coloration et 
la forme de cette variété la fera rechercher de tous les connaisseurs. 


40° Avmicuze Lréceonse : Feu de Hambourg. (PI. 52, fig. 10.) 

BE 

_ Les Auricules désignées sous le nom de feu sont toutes d’une coloration 
_ vive et étincelante. 

… 4 _  A1° Aumicue uéceorse : Charles-Martel. (PI. 52, fig. 11.) 

b à La coloration de Charles-Martel est des plus gracieuse; la couronne est 
n beau violet päle, bordé d'un large anneau blanc. 


È 12 AuRICULE LIÉGEOISE : Dodonée. (PI. 52, fig. 12.) 
L: _ Enfn, Dodonée est d’un beau rose carmin foncé, à anneau large et 


rose pâle. E. M. 


hd: HOM 


QUELQUES MOTS SUR LA CULTURE AÉRIENNE DES AROIDÉES 
TROPICALES, 


Par M. E. RopEemBourG, 
jardinier en Chef du jardin botanique de l’université de Liége. 


Malgré tous les avantages qu’elles réunissent pour la décoration des 
serres, les Aroïdées sont encore très-peu répandues : les amateurs les 
rejettent souvent, parce qu'il est accrédité chez eux, qu’elles exigent une 
serre à orchidées ou que beaucoup d'espèces prennent un trop grand 
développement. D'autre part, ces plantes sont à un prix trop élevé, eu 
égard à leur facile multiplication, et cela parce qu’elles sont restées l’apa- 
nage de nos grands établissements. 

Sous le rapport de la culture, les Aroïdées doivent être divisées en 
deux groupes bien distincts : le premier comprendra les Philodendron, 
Dracuntium et autres plantes du même genre; le second se composera 
des Remusatia, Amorphophalus, de certains Caladium , en un mot, de 
toutes les espèces bulbeuses ou à tiges très-raccourcies qui perdent leurs 
feuilles en hiver. 

C’est principalement dans le premier groupe qu’existent les espèces les 
plus grandes dont on peut obtenir les effets les plus pittoresques : celles 
de la seconde catégorie trouvent leur place sur les tannées, les tablettes 
et dans les bassins des serres ; on les remise en hiver avec les plantes bul- 
beuses qui sont dans la période de repos ; en été elles ornent les serres 
appaurvries par la sortie de la plupart des arbustes. 

Les Philodendron réclament assez de chaleur, mais il est facile de la 
leur fournir, même dans une serre tempérée. Leur place n'est ni sur la 
tablette, ni sur les gradins, ni sur la tannée : c’est aux murailles, aux 
colonnes qu'ils doivent être attachés ou plutôt suspendus. Là haut, près 
du vitrage, ils auront en été une chaleur plus que suffisante pour accom- 
plir les phénomènes de leur végétation, et en hiver ils se contentent d'une 
température minima de + 6° R. On fixe le pot au haut de la serre; la 
tige ne tarde pas à émettre des racines adventives et aériennes que l'on 
conduit, par la partie la plus sombre, vers le milieu où elles pourront 
puiser leur nourriture. Lorsque ces racines seront fixées au sol et rami- 
fiées, on peut impunément couper la tige et enlever le pot; il suflit de 
seringucr la plante pendant les fortes chaleurs, pour la maintenir dans 
un état parfait de santé. Au jardin botanique de l’université de Liége, le 
Philodendron grandifolium prospère admirablement quoique les racmes 
ne se soient ancrées au sol qu'à 7 mètres sous la tige. Toutes les espèces 
à racines charnues qui souvent s’échappent au-dessus de leur pot, peuvent 
être traitées avantageusement de la même facon. 


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— 351 — 


La terre la plus convenable pour recevoir les racines est celle formée à 
_ d'un mélange de terre de bruyère, de sable, de sphagnum et d’un peu 4 
_ de terreau bien décomposé et le tout parfaitement drainé. > 
Ce mode de culture ne présente rien d'étrange puisqu'il a seulement - 


pour effet de réaliser les conditions naturelles de la végétation des Phi- 
lodendron. Tout le monde sait, ou si on l'ignorait, le nom seul de Philo- 
dendron pourrait le faire savoir, tout le monde sait disons-nous, que ces 

à végétaux sont épiphytes et croissent naturellement comme les orchidées 
des pays chauds. La plupart sont originaires de FAmérique tropicale, où 
on les rencontre implantés sur des troncs d'arbre, en partie décomposés, 
dans les stations humides et ombragées : si elles naissent sur le sol elles 
tendent toujours à s'élever vers les parties supérieures. 


REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES : 


Berberis Bealei. Fort. Berberis de M. Beale. — Fort. in Gard. 
Chron. 1850, p. 212. — Hook. Bot. mag., tab. 4852. — Svn. Berberis 
japonica. Lind. in F1. Gard., v. 1, p. 11. — Mahonia japonica? D. C. — 
Ilex japonica, Thumb. jap., p. 79, Ie. t. 52. — Fam. des Berberidées. — 

' Hexandrie monogynie. — 11 a été découvert par M. Fortune, dans le 
distriet de Kwuy-Chow, en Chine, où il formait un arbrisseau de huit à 
neuf pieds d’élévation, très-branchu et surpassant de beaucoup en beauté 
toutes les espèces connues de Mahonia. Description : Les feuilles sont 
épaisses, coriaces, très-rigides, à 4 ou 5 paires de folioles ovées, sinuées, 

« à dents ou épines peu nombreuses (5-6), mais très-acérées, à folioles 
—. stipuliformes à la base du pétiole, inflorescence fasciculée, à pétales 
bifides à la pointe. 


Begonia urophylla. Putzeys. Begonia à feuilles candées., — Bot. 
mag., pl. 4855. — Fam. des Begoniacées. — Monæcie polyandrie. — 
…. Cette belle espèce, d’un genre déjà si riche, est unc introduction colom- 
_  bienne de M. Linden, de Bruxelles, qui a déjà enrichi nos serres de tant 
d'autres espèces mtéressantes, notamment des Begonia ininiata, madidu, 
opaliflora et surtout du superbe B. magnifica. Le B. urophylla est 
acaule ; les pétioles charnus sont parsemés de poils recourbés, mous et 
- … subulés; la lame de la feuille atteint de 15 à 20 centimètres, il est cordé, 
…. à bord dentelé et à nervure médiane longuement prolongée, d'où le nom 
—. de Urophylla; la face inférieure est recouverte de poils blanes soyeux. 
… L'inflorescence est une cime dichôtome, les fleurs très-différentes selon 
f - qu'elles sont mäles ou femelles ; les premières sont très-grandes, à deux 
…_ pétales étalés, opposés, planes, blancs, faiblement nuancés de bleuâtre, à 
élamines nombreuses ; les secondes sont fort petites, à deux pétales érigés- 
étalés, très-concaves et presque orbiculaires, à style court et à stigmate 
tordu, ovaire triangulaire, muni d'une aile à chaque angle, dont deux 
courtes et la troisième grande et presque quadrangulaire. 


M 


— 932 — 


Dendrochilum glumaceum. Lindl. — Lindl. Bot. mag., 1841. 
Mise., p. 25, n° 58. — Bot. mag., tab. 4853. — Fam. des Orchidées. — 
Gynandrie monandrie. — Cette jolie et gracieuse orchidée, encore peu 
répandue cependant, fait partie du genre Dendrochilum, fondé par 
Blume; elle a été introduite en Angleterre, des îles Philippines, par 
M. Cuming. Les fleurs sont petites, mais disposées en grand nombre sur 
des longs épis qui se balancent mollement à l'extrémité d’un mince pé- 
doncule recourbé. Ces fleurs sont odorantes, blanches et forment un épi 
de 12 à 15 centimètres de longueur. Les pseudobulbes sont petits, agglo- 
mérés en grandes masses, chacun terminé par une seule feuille obtuse, 
striée, lancéolée. Elle aime à croître suspendue dans des corbeilles hu- 
mides et se multiplie aisément par division. 


Embothrium'coccineum. Forster. — Embothrium écarlate. — 
Forst. Gen., p.16, pl. 8, lilt. g. — m. — Bot. mag., pl. 4856. — Fam. 
des Protéacées. — Tetrandrie monogynie. — Il est permis de supposer 
que cette nouvelle acquisition de l’horticulture pourra résister à l’âpreté 
de notre climat et passer en pleine terre. Elle a été découverte par 
M. W. Lobb, dans la Terre de Feu, etenvoyée à MM. Veitch et fils, d’Exeter. 
Elle a excité l'admiration des visiteurs à l’exposition de la Société d’hor- 
ticulture du 16 mai dernier. 

L'Embothrium coccineum est un arbrisseau à feuilles persistantes briè- 
vement pétiolées, presque elliptiques, fermes, coriaces, longues de 5 à 8 
centimètres, entières, glâbres, d’un vert foncé, terminées par une petite 
pointe. Les fleurs, disposées en grappes nombreuses, terminales , sessiles 
et multiflores, sont rouge-écarlate, longues de deux pouces avant leur 
épanouissement ; le périanthe se fend , jusque un tiers de sa longueur, en 
quatre lobes spatulés, réfléchis et souvent tortillés; dans chacune de ces 
divisions on trouve comme enchâssée, une anthère oblongue, jaune ct 
sessile; au centre de la fleur est un long style rouge, persistant et ter- 
miné par un stigmate oblong, jaune, à sommet vert. 


Masdevallia elephanticeps. Reichenb. fil. — Masdevallia à tête 
d’éléphant. — Reichb. fil. Xenia orchid., p. 6, t. 3. — Flore des serres, 
pl. 997, 1855, p. 77.— Famille des Orchidées. — Gynandrie monandrie. 
— Le genre Masdevallia réalise un des types les plus extraordinaires de 
la famille des orchidées. Les divisions extérieures du périanthe , soudées 
à la base et cachant les divisions internes, se prolongent en une trompe 
allongée, surtout dans le AZ. elephanticeps. Cette espèce a été découverte 
par M. Warszewicz, entre 6,000 et 10,000 pieds d’altitude, dans la cor- 
dillère orientale de la Nouvelle-Grenade. E. M. 


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ARCHITECTURE HORTICOLE. 


DU STYLE RUSTIQUE ET DES MEUBLES ET ORNEMENTS 
QU'IL COMPORTE. 


Par meubles et ornements rustiques nous entendons toutes les œuvres 
artistiques, destinées à l’ameublement des campagnes et qui ont un ca- 
ractère champêtre, soit par le style, soit par les matériaux, employés à 
à l’état naturel et agencés d’une facon particulière. Ainsi, des sièges 
rustiques seront faits de troncs ou de branches d'arbres encore recouverts 
de leurs écorces ; un cottage rustique doit être édifié avec du bois auquel 
on aura laissé l’écorce , au moins extérieurement, et recouvert d’un toit 
fait de chaume, de roseau, de genêt ou de quelqu’autre matière végétale; 
la charpente sera également faite de bois naturel et les parois des murs 
recouvertes de paille, de limon d'argile ou de toute autre substance gros- 
sière. Uu pont rustique doit avoir les mêmes caractères : des büches de 
bois placées en travers du courant pour soutien et quelques perches ar- 
tistement disposées pour servir de rampe. En un mot, un meuble rus- 
tique s’efforcera de représenter les premiers efforts de l'homme pour 
arriver à faire ce qui lui est nécessaire avec les matériaux simples et 
rudes, tels que les fournit la nature, sans l'intervention des procédés 
aujourd'hui connus dans les arts. Sans doute que les premiers ponts, 
les premiers cottages des districts ruraux, les premiers meubles, étaient 
des constructions informes faites sans grand travail, d’une manière 
grossière, et telles que personne ne voudrait les voir revivre. Mais elles 
ont donné lieu, à la suite des temps, à un style rustique qui appelle à lui 
toutes les ressources et les raffinements de l'art moderne pour grouper 
d’une manière gracieuse des matériaux grossiers. Ce qui n'était d’abord 
que simplicité et naturel est devenu une science spéciale; les riches n’ont 
pas dédaigné d'élever des petits palais sous forme de cabanes cham- 
pêtres, et on a donné une forme pastorale à des luxes princiers. 

La nature primitive du style rustique se conserve difficilement à travers 
notre époque si éminemment industrielle ; on veut édifier un cottage et 
on ruine et détruit son caractère de rusticité, en lui appliquant des in- 
ventions les plus modernes et les embellissements les plus anti-rustiques : 
nous avons vu des édifices fabriqués de corridors, de galeries et de bal- 
balcons couverts rustiques, de salons dont les murs étaient recouverts de 
marbre, de fenêtres d’une glace et d’un toit d’ardoises, et l’on avait la 
bonhomie d'appeler cela un cottage rustique. Choississez un style quel- 
conque, mais adoptez-le donc pour l’ensemble et pour les détails : avec 
des montants de porte et des chàssis de fenêtre ne faites pas jurer des 
lambris d’acajou ni des glaces d’une seule pièce ; n’étalez pas un luxe ridi- 


BR 


cule qui prouve votre ignorance ou votre mauvais goût. Trop souvent on 
entasse tous les ordres d’achitecture dans un kaleïdoscope, que l'on fait 
tourner jusqu'à ce qu'il en résulte l’assemblage le plus singulier et le plus 
plaisant, auquel on s'arrête définitivement; mais c'est là un crime de 
lèz-art! Une œuvre rustique ne comporte que des accessoires ou des orne- 
ments rustiques, tout ce qui est artificiel ou façonné doit en être sévère- 
ment banni. Ne faites pas un jardin rustique autour d'une maison de 
campagne de briques et de pierres, que tout soit moderne ou que tout 
soit pastoral. Si cependant il y a une partie reculée du jardin, séparée du 
reste, vous pouvez lui donner un caractère spécial et y adopter le style 
rustique, l’enclore de bûches ou de poteaux, grossièrement taillés, en- 
foncés en terre. Si l’enclos est grand 
les büches doivent être serrées les unes 
contre les autres; s’il est petit, dispo- 
sez des perches en treillis, comme dans 
la figure ci-contre; dans tous les cas 
que le bois soit grossier et recouvert 
de son écorce. 

Les siéges disséminés dans le jardin 
doivent tous être construits conformément aux mêmes principes; que ce 
soient de simples blocs de bois ou des branches ajustées avec grâce et na- 
turel. Les tables doivent être en rapport avec le reste, faites de matériaux 
naturels et non pas des belles pièces de menuiserie. Ce n'est certes pas 
chose difficile de faire 
un ameublement pareil 
mais c'est faire preuve 
de bon goût. C’est le bu- 
cheron armé de sa hâche 
qu'il faut appeler et non 
la scie du menuisier. 


Dans les lieux de repos — == 
neréservezquedeuxpla- AU WE 

ces , les pensées qu'elles Ë 
susciteront dans l'âme 
du promeneur seront 
en harmonie avec le style pasto- 
ral. Si quelque part se trouve 
une fontaine ou un bassin gar- 
dez-vous d‘y introduire du mar- 
bre ou des statues de terre cuite, 
ne portez en un mot aucune at- 
teinte à lasimplicité de la nature; 
si vous voulez une certaine orne- 
mentation, jetez quelques bloes 


PU OS PT 


PORT RO =: 


CET 


: 
| 
: 
À 
| 


— 999 — 

de bois oude pierre sur le bord de l’eau ; si vous aimez un jet d’eau, qu'il 
surgisse de quelque-aceident naturel. Dans le cas où vous désireriez un 
hermitage, une tonnelle ou un bosquet qu’il soit rustique : la charpente 
en troncs d'arbre, le toit en paille, en osier ou en roseau, les parois de 
chaume ou d'argile , les fenêtres s’il s’en trouve, de la plus vieille mode, 
à châssis de fer et à barreaux de bois, mais il est plus naturel de n’en 
point mettre du tout. Les parterres de fleurs doivent être jetés épars et 
sans ordre : il ne faut pas épargner la nature jusqu'à y laisser croître les 
mauvaises herbes, mais s’efforcer d'y cultiver surtout quelques jolies 
fleurs indigènes. Gardez-vous de tailler les arbres de manière à leur ravir 
leur port naturel, mais donnez leur les soins qu’exige la culture; ne mé- 
nagez des éclaircies que autour d’une étable, d’un hangar, d’une laiterie 
ou de toute autre bâtisse et dans le but de leur bonne conservation. Nous 
avons vu des demeures rustiques bâties dans des parcs en face de chà- 
teaux gothiques : une laiterie, une étable ou un châlet rustique doivent 
être le plus possible à l'écart : Every thing in its place, and a place for 
every thing : toute chose à sa place et une place pour chaque chose, est 
un des proverbes les plus usités en Angleterre et qui trouve son appli- 
cation directe au jardinage. Un château ne peut pas se dresser en face 
d’une chaumière rustique, mais il est très-convenable d'adopter ce style 
pour une petite campagne et dès-lors de s’y conformer pour toutes les 
parties ; la porte d'entrée, l’enclos qui bordent la route doivent être en 
style champêtre; on ne peut pas faire les choses à moitié dans ce 
genre. 

Nous demandämes à un architecte de vouloir nous faire les plans d’un 
cottage rustique, et nous commencämes par lui expliquer ce que nous en- 
tendions par là , mais notre zèle offensa mon gentlemen, qui nous assura 
n'avoir pas besoin de nos lecons vu qu'il avait déjà bâti beaucoup de cot- 
tages, et même de ceux qui avaient coûté beaucoup d'argent : il nous ex- 
pliqua l’un de ceux qui avaient été le plus admiré : nous l’accusâmes 
d’avoir commis force bévues. Notre homme se récria et nous demanda les 
motifs de notre opposition. Nous refusämes de nous arrêter aux détails, 
mais nous posàmes en thèse générale que le style rustique est incompa- 
tible avec le gothique et vice-versà, et nous le laissâmes agir à sa guise. II 
nous produisit une fort belle peinture, mais si parfaitement du genre 
suisse que l’on aurait cru qu'il avait ordre de nous proposer un plan de 
châlet. 

Rigoureusement parlant tout ce qui est rural est rustique; tout ce qui 
est inculte, en friche ou en état de nature est rustique; un rustre est 
rustique. Nous ne connaissons rien de plus attrayant, rien qui éveille 
plus les sens, ni qui égaye davantage la vue qu’une scène vraiment rus- 
tique. Mais ce n’est pas cette grossière simplicité, ces champs incultes et 
ces mœurs sauvages que nous prétendons faire revivre. Qu'il v ait dans 
une campagne un coin où tout soit champêtre et personne ne le eriti- 


Le 


ROUES 


quera, pas même un homme de goût : tout ce que nous voulons c’est que 
l'on se conforme aux règles du beau, qu’on soit conséquent avec ses 
principes et que l’on ne vienne pas souiller la simplicité et la rudesse de 
la nature avec les raffinements de la civilisation moderne. Transportez- 
vous par la pensée ou en personne sur une belle pièce d’eau dans un noble 
château ; si vous portez vos regards de ce côté, ils se promèneront sur 
les grandes lignes du bâtiment, sur les statues ou les vases dont il est 
orné, sur les richesses de l’ameublement; si vous tournez la tête vous ad- 
mirerez l'éclat argentin de la surface de l’onde; un grossier pont rustique 
n'offusquera-t-il pas vos regards dans ces circonstances ? Ou encore si la 
pelouse est émaillée de lits de roses ou d’autres fleurs rares importées par 
l'horticulture moderne, ne sera-t-il pas absurde de placer sous notre nez 
{under one °s nose) des siéges, des banes ou des constructions rustiques, 
comme pour montrer combien on peut ridiculiser un paysage charmant 
en plaçant sur la scène de telles incongruités (incongruity). Les labeurs 
de certains jardiniers semblent souvent avoir pour but de rassembler, 
dans l’espace restreint dont ils disposent, toutes les beautés de la nature, 
comme s'ils voulaient par ces assemblages pénibles et disparates les ridi- 
euliser l’une par l’autre : des lacs dans lesquels une douzaine de canards 
barbotteraient à l’étroit; des canaux qui sembleraient bien mesquins à 
côté des ornières de Londres après une averse, mais qui sont surmontés 
de ponts qui semblent imiter ces chevaux de bois sur lesquels galopent 
les bambins ; une maison de campagne qu’on dirait laissée là par une 
petite fille qui y aurait oublié un joujou; des rochers tels, qu’on pourrait 
eroire que le jardinier a oublié là les pierres qu'il a ratissées dans les che- 
mins, et quant aux meubles rustiques, le meilleur usage qu'ils savent en 
faire, est d’en construire des corbeilles toutes garnies de plantes rares et 
exotiques et suspendues dans les serres à côté des geraniums, sans doute 
dans le but d'établir un contraste philosophique entre la simplicité de nos 
pères et l’industrie et le luxe de notre siècle. Il ne paraitrait pas plus 
ridicule à un homme pensant, de remplir, dans le salon, le bac à charbon 
avec de l’eau et des poissons rouges. Si quelqu'un faisait des objections 
contre le style rustique, la première question à lui adresser est de lui 
demander où il l’a vu exécuté : autant il sera en droit de critiquer un 
meuble rustique s'il se trouve hors de sa place, autant il en admirera la 
simplicité et le caractère naturel s’il le voit sous son véritable jour. Les 
objections ne nous étonnent pas, mais ce qui nous surprend davantage, 
c'est que le style rustique n'est pas plus généralement condamné vu 
l'usage déplorable qu’on en fait. Cependant le mauvais emploi d’une chose 
ne doit pas la faire dédaigner; il n’y a rien de plus gracieux qu’une dé- 
coration rustique; mais elle ne peut être réalisée qu’à l’aide de meubles 
rustiques seulement. 

On peut employer ce style dans une portion seulement d’un jardin, 
pourvu que cette partie soit séparée du reste, ne gâte pas le paysage gé- 


— 9351 — 


néral et ne soit pas elle-même défigurée par quelque chose d’antirustique; 
cette portion doit être isolée et séparée du château et de ses dépendances 
directes; elle doit être située dans un endroit sombre ou sur un point 
qui commande une vaste cam- 
pagne. Dans une telle situation 
on peut construire un cottage ou 
si l’on dispose d'assez de place 
pour établir toute une décora- 
tion du même genre : un cottage 
avee ses dépendances, différentes 
étables, un pavillon assez reculé 
pour être à l'abri des fâcheux 
et pour enclos une haie au lieu 
d’une grille. Mais il faut surtout 
s’efforeer de conserver le style 
rustique exempt de toutes souil- 
lures. La cabane, qui servira de demeure au jardinier ou au fermier, doit 
être bâtie de la façon la plus simple, aucune menuiserie travaillée ne 
peut paraître au dehors ; cependant il faut lui donner le plus de solidité 
et de comfortable qu’il est possible; si l'on ne recherchait que le pitto- 


BELG. HORT. T. Ve 26 


Car. 


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resque on pourrait prendre une mauvaise chaumière délabrée, d’un 
pauvre village, comme modèle; plus l'apparence sera rude et grossière et 
mieux ce sera, et tout le reste doit être à l'avenant. Le jardin ou plutôt 
la partie de terre qui dépend du cottage ne doit avoir aucune forme bien 
arrêtée, et paraître assez sauvage pour laisser supposer qu'il vient seule- 
ment d’être ravi à la nature. On peut y semer des pavillons, des sièges 
ct des tables, des corbeilles pour la culture des fleurs et quantité d’autres 
meubles selon la nécessité et la convenance, mais tous de style rustique; 
le seul point pour lequel on peut se départir de la rudesse et de la cru- 
dité générale est en ce qui concerne l'harmonie à donner aux différents 
objets, une même pensée doit présider à la distribution générale; il ne 


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faut pas de l’uniformité, encore moins de la monotonie, mais il est sou- 
vent nécessaire de présenter une paire de la plupart des objets. 

Le meilleur moyen de construire une cabane ou un pavillon rustique, 
est de choisir d’abord des büches de bois bifurquées pour servir de mon- 
tants aux portes et aux fenêtres; on scie ces bois en travers, longitudina- 
lement, et l’on obtient ainsi deux pièces de même forme qui peuvent 
servir de châssis à l'entrée ou à une croisée : il n’est non plus pas diffi- 
cile de trouver des matériaux assez semblables pour que les faces de 
l'édifice soient pareilles deux à deux. 

L'intérieur peut être recouvert de roseau ou de paille, qui présentent 
l'avantage de cacher les expédients employés pour la bâtisse et de con- 
server une chaleur convenable dans les appartements. La paille doit être 
en une couche épaisse et serrée. Quant à l’ameublement il sera facile de 
le varier de bien de façons; une chaise commune peut être faite d’une 

tranche de bois à laquelle on aura laissé 

l'écorce sur les bords, pour siége. On 

A1 peut fabriquer des sofas en ajustant des 

d pièces de bois non écorcées les unes à 

côté des autres, et en se servant de 

à quelques büches pour pattes, mais il est 

42 préférable de prendre une grosse souche 

dont les branches peuvent être dispo- 
sées de manière à servir de soutien. 


Tous les meubles, formés de bois qui a conservé son ecorce, peuvent 
4 servir à une habitation rustique; la rudesse et la grossièreté des maté- 
riaux sont compensés par l'élégance et le naturel des formes ; la facon 
de ces meubles coûte peu de peine : on fend les pièces de bois lon- 


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gitudinalement, comme le tonnelier fend les branches dont il fait les 
cerceaux, et on les dispose alors conformément à l’usage auquel elles sont 
destinées. Si c'est une table la pièce la plus importante est la tabettte; 


F elle peut être formée d’un grand nombre de 
de CRT TELLE CLP OT C4 bäch e CRETE d’ +. 
* 3 FRERES uchettes bien ajustées ou d'une ou quelques 
à il FE pièces rattachées ensemble; cette tablette doit 


+: | être entourée d'un rebord qui aura pour effet 
» S de lui donner l'apparence d’une épaisseur plus 
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3 grande : il y a cent manières de faconner des 
S el tables rustiques: les gravures qui accompagnent 
& Fi: cet article donneront, d'ailleurs, de meilleures 
L'un < Ë e Ld Le - 
&: 4: idées que ne sauraient le faire de longues des- 
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criptions : les pieds et supports peuvent aussi 
être variés d’après la nature des bois dont on 
dispose, tantôt en arrangeant des branches 
grossières d’une manière gracieuse, tantôt en 
employant des vieilles souches surmontées de 
quelques tiges. On peut encore employer les 
mêmes matériaux pour la formation de cor- 
beilles, de vases , d’étagères ou d’autres objets 


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dans lesquels on dispose des fleurs : des vieux troncs d’arbres, creusés par 
les ans, peuvent être ainsi couverts d’une riche végétation de jolies fleurs. 

Une remarque générale à faire est de n’employer pour les différents 
meubles et ornements d’un même point, que des bois d’un diamètre uni- 
forme ; il ne faut pas réunir des grosses bûches à des faibles branches, car 
on ferait des meubles difformes et de mauvais goût ; mais on emploie les 
plus grosses pièces, comme supports de tables ou de corbeilles ; avec les 


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petites on fait des tablettes, des corbeilles, des bordures, des tabourets 
ou quelque autre sorte de meuble. On peut varier beaucoup les dessins 
de ces divers ornements, en varier surtout les détails, mais l’ensemble 
du jardin ou du cottage doit cependant conserver un caractère général, 
il faut s’efforcer en un mot d'établir une harmonie entre les détails. 
E. M. 


Traduit librement de l’Hort. Magaz. 


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Note de la rédaction. 


Nous avons traduit exactement l’article de l’Horticultural magazine, 
en élagant seulement quelques détails surabondants, mais en nous efforçant 
de conserver l'énergie du style de l’auteur anglais. Cet article est plein de 
remarques intéressantes ; les opinions qui y sont professées reposent 
toujours sur un véritable sentiment artistique, qui sait distinguer le vrai 
du faux et qui sent vivement les beautés d’un paysage, mais elles sont 
parfois, nous semble-t-il, trop absolues. Personne ne contestera les 
avantages et les beautés du style rustique; on ne saurait trop recom- 


- mander son adoption dans une petite campagne, et dès-lors nous dirons 


avec l’auteur anglais qu’il faut l’adopter pour l’ensemble et pour les dé- 
tails. Mais nous ne saurions nous associer à lui pour expulser divers 
ornements rustiques de certaines campagnes ou de quelques jardins qui 
ne seraient pas entièrement établis conformément aux mêmes principes : 
quelques bancs, chaises, tables ou corbeilles faites de rudes branches 
d'arbres plairont partout, et il est si facile de les posséder que nous ne 
croyons pas qu'on le rejetcra pour le seul motif de se conformer à une 
esthétique sévère. 


had me meme ere 


— 9542 — 


FLORICULTURE DE L'EAU. 


NOTIONS SUR L'ÉTABLISSEMENT DES AQUAIRES ET REVUE 
DES PLANTES AQUATIQUES ET RUSTIQUES. 


(Suite, V. p. 506.) 


Le Proserpina palustris et le P. pectinata sont de curieuses petites 
plantes annuelles à fleurs blanches, faisant partie de la famille des Halo- 
ragées. 


RanuncuLus. Beaucoup de renoncules aquatiques indigènes produi- 
raient le plus bel effet si elles étaient introduites dans les aquaires ; elles 
abondent de fleurs et pendant toute la première partie de l’été émaillent 
la surface des eaux d’une multitude de corolles du blanc le plus pur. La 
renoncule aquatique (R. aquatilis) est spécialement intéressante par le 
grand nombre de variétés qu’elle peut produire; les feuilles de la même 
plante sont absolument différentes suivant qu'elles restent submergées 
ou qu’elles viennent s’étaler à la surface de l’eau; les premières sont 
très-allongées et multifides, les secondes sont arrondies et tripartites. 
Divers individus de cette espèce croissent dans une eau courante ou dans 
une eau tranquille, dans un marais peu profond ou sur une vase humide, 
et se ressemblent si peu qu’on serait tenté, à l'exemple de quelques bota- 
nistes, de les ériger en espèces spéciales. Les renoncules à feuille de lierre; 
(R. hederacens) tripartite; (R. tripartitus) à pétales obtus; (R. obtusi- 
florus) méritent d’être cultivées en même temps que la renoncule aqua- 
tique; leurs fleurs sont grandes, belles, d’un blanc pur plus ou moins 
maculé de jaune. D’autres espèces à fleurs jaunes, placées dans le sol 
constamment humide qui entoure un étang y produisent le plus bel 
effet : nous citerons notamment le R. lingua qui atteint au moins deux 
pieds et donne des fleurs grandes ressemblant à celles du Caltha, le 
R. graminens, à feuilles étroites, la flamme ou R. flammula, espèce 
néfaste pour les bestiaux, etc. 


RicHanDia œthiopica ou Richardie d’Æthiopie. C’est un superbe végétal, 
ordinairement conservé en serre, mais cependant assez rustique pour 
supporter les rigueurs de l'hiver, s’il est enfoui sous l’eau à une profon- 
deur suffisante. Ses feuilles dressées s’élèvent à un pied environ au-dessus 
de l’eau; ses inflorescences, protégées par des spathes comme chez toutes 
les Aroïdées, paraissent pendant les premiers mois de l’été. Le R. æthio- 
pica est originaire du cap. 


Rumex. Ces végétaux ne se font pas remarquer par des fleurs élégantes, 


— 945 — 


mais quelques espèces ont une végétation si vigoureuse et un port si: 
noble qu’elles doivent être placées çà et là sur les rivages des pièces 
d’eau d’une certaine étendue : nous nommerons seulement les R. hydro- 
lapathum et le R. aquaticus. 


Fig, 79. Sagillaria sagittifolia. Peu de plantes aquatiques peuvent riva- 

| liser avec les espèces du genre sagittaria, 
connues sous le nom français de fléchières 
ou flèches d’eau à cause de la forme de leurs 
feuilles en fer de lance. La fléchière d'Europe 
ou S. sagittifolia se range parmi les plus 
belles ; les fleurs sont les unes pourvues 
d’ovaires, les autres ornées d’étamines, toutes 
présentent trois pétales à limbe blanc et à 
base rouge. Ces fleurs sont disposées en ver- 
ticilles sur une hampe dressée qui s’élève à 
deux pieds environ, et s’éponouissent dans 
le courant de juin, juillet et août. On en a 
obtenu par la culture une variété remar- 
quable à fleurs doubles. Le S. rigida a les 
| feuilles lancéolées et des fleurs de couleur 
blanche; il est un peu plus petit que le précédent et provient de 'Amé- 
rique du Nord. Le même continent fournit encore le S. latifolia, d’un 
pied d’élévation environ et dont on a obtenu une variété à fleurs doubles, 
les S. obtusa, heterophylla, hastata et graminea, tous à pétales blancs et 
fleurissant au milieu de l'été. Les S. natans et S. falcata sont originaires 
de la Caroline. 


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- Saururus. Ce sont des plantes herbacées vivaces, à fleurs insignifiantes 
mais à feuillage remarquable. Le S. cernuus a les feuilles cordées et 
# s'élève à deux pieds au-dessus de la surface des eaux; il est spontané dans 
a VAmérique du Nord ainsi que le S. lucidus, 


‘# SPARGANIUM Ou rubanneau. Le S. erectum ou rubanneau dressé s’élève 
— à trois ou quatre pieds, sa tige est droite et ramifiée à la partie supé- 
| à rieure, ce qui a déterminé le botaniste anglais Hudson à lui donner le 
nom de S. ramosum, nommant S. simplex une variété à tige simple. 
—. Cette espèce peut être employée à plusieurs usages; elle convient parti- 

—  culièrement pour les emballages de plantes, pour la confection de paillas- 
| sons destinés à couvrir les espèces délicates pendant l'hiver ou à faire 
: g des liures. Le Rubanneau flottant ou S. natans et le Rubanneau des 


alpes ou S. alpinum, ont les tiges souples et flottantes à la surface de 
l'eau. 


Le Srrariores aloides est une plante intéressante qui rappelle au milieu 
des eaux le port des aloës, elle végète sous l’eau et arrive à la surface 


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seulement à l’époque de la fleuraison. Les feuilles sont disposées en 
rosace, allongées, dentées et longues de plus d’un pied. Chaque hampe 
porte une seule fleur blanche, à trois pétales. La plante est vivace et fait 
partie de la famille des Haloragées. 


SuBuLarIA aquatica. C’est une petite crucifère vivace, au demeurant 
peu remarquable. | 


Le SwerrtiA perennis est une jolie gentianée, haute d’un pied, à feuilles 
radicales ovales et à fleurs pourpres paraissant en juillet et août sur un 
épi terminal ; elle ne diffère des gentianes que par sa corolle en roue 
à cinq divisions, présentant, chacune deux glandes ciliées à leur base. 


SxwPLocarpus fœtidus. Plante de }a famille des Orontiacées et originaire 
de l'Amérique du Nord. 


Teucriuw. La germandrée aquatique ou Teucrium scordium eroît spon- 
tanément dans la plupart des stations aquatiques de l’Europe septer- 
trionale; ses tiges rameuses, sont faibles et procumbantes, volues ; les 
feuilles sessiles, ovales, pubescentes ; les fleurs, qui paraissent en juin et 
juillet sont purpurines; toute la plante répand une odeur aromatique 
pénétrante. 


Taazicrrum. Diverses espèces de ce beau genre de renonculacées, 
poussent spontanément au bord des rivières et des ruisseaux ou dans les 
marécages. Le Th. flavum ou fausse rhubarbe est une belle plante d’or- 
nement, à feuilles d’un beau vert foncé et à fleurs innombrables, jaunes, 
en panicule terminale. 


TuaLia dealbata. C’est une espèce intéressante, à feuilles ovées et à 
fleurs bleues, s’ouvrant en juillet et août. Elle a été fournie à lhorticul- 
ture, par la Caroline méridionale et réclame certains ménagements; 
plantée à deux pieds de profondeur sous la surface de Feau, elle peut 
braver les rigueurs de nos hivers et fleurit admirablement. Le Th. deal- 
bata fait partie de la famille des Marantacées. 


Trapa natans. Le trapa nalans est la châtaigne d’eau. C’est une belle 
plante, mais plus utile encore que belle. Elle vient étaler, à Ia surface 
de l’eau, ses grandes feuilles disposées en rosette et se soutenant par 
des renflements remplis d’air qu'on remarque au milieu du pétiole; 
ces feuilles sont à peu près triangulaires largement dentées; avec un 
peu d'attention on en découvre d’autres, d’une forme absolument dif- 
férente et constamment submergées. Les fleurs naissent à l’aisselle des 
feuilles sur des pédoncules courts; elles sont petites, blanches, le calice 
est à quatre divisions, la corolle, formée de quatre pétales, protège au- 
tant d’étamines. Le fruit qui leur succède, a la grosseur et rappelle la 
forme d'une châtaigne , il renferme une amande blanche et comestible. 


— 545 — 


Le TricLoemin palustre est une alismaeée à feuilles longues et étroites, 
à fleurs petites, rosées, que l’on peut introduire dans un étang pour 
varier les formes végétales qu’on y cultive, mais peu remarquable par 


_ elle-même. 


Le TussiLaco petasites ou petasites vulgaris, au contraire ne peut 
manquer à aucun étang; il n’est personne qui ne connaisse ses feuilles 
amples et vigoureuses, que les Grecs comparaient à un chapeau (7:72: 
chapeau) et qui peuvent acquérir des dimensions réellement extra- 
ordinaires; il n’est personne qui n’ait admiré au printemps ses thyrses 
élégants de fleurs purpurines teintées de rose et de blanc. C’est une des 
plus admirable végétation qui embellisse le bord des eaux. 


Typaa. Leur port n’est pas moins noble que celui du Tussilago à cha- 
peau, quoique complètement différent ; l’alliance de ces deux formes 
produit un effet très-agréable; les massettes (Typha) s’élancent du sein 
des eaux, raides et dressées ; leur feuilles sont allongées, striées, en forme 
de lame d'épée, leurs fleurs sont serrées en épi compacte d'un brun 
marron ; les tiges sont nombreuses et pressées les unes contre les autres. 
Les principales espèces sont : le T, latifolia ou massette à larges feuilles, 
qui croît à six pieds au moins d’élévation, à feuilles larges d’un pouce, 


… Jongues de près d’un mètre; le T. angustifolia ou massette à feuilles 


étroites, n’atteint pas ces dimensions ; le T. minor ou petite massette 
est plus petit encore puisqu'il ne s'élève qu’à deux pieds environ et enfin 
la massette naine ou T. minima n'a qu'un pied d’élévation. 

_ Le roseau du Christ était un Typha, et de même que la croix, signe 


. d'ignominie, est devenue le symbole des honneurs, la massette a donné 
lieu à l'institution de ces masses que l’on porte dans les cérémonies pu- 


bliques, devant les principaux magistrats ou dans les processions, devant 
les dignitaires de Féglise. E. M. (La fin à la livraison suivante.) 


HORTICULTURE DE SALON. 


pi EMPLOI DU GYPSOPHILA PERFOLIATA, 


Par M. Cu. MoRREN. 


*, 


- Le gypsophile perfolié (gypsophila per foliata DC.) est une vicille plante 


espagnole cultivée depuis plus d’un siècle dans nos jardins botaniques, 


Mais qui n'en était guère sortie. À s'arrêter à l’étymologie de son nom on 
croirait qu’elle n’est guère cultivable que dans les sols calcaires ou tout 
au Mons gypseux — pub, chaux, et wAcw, j'aime. —Cependant nous l’a- 
vons vu croitre à Gand dans du sable, à Liège dans l'argile et à Namur sur 
un roc calcaire , c'est assez dire qu'elle s’accomode tout aussi bien des trois 


— 946 — 


éléments de tout sol arable et qu’elle n’est guère difficile sur le choix du 
terrain. Cette caryophylée est, en effet, robuste et d’une constitution vi- 
vace ct résistante. Ses tiges fermes et noueuses supportent des feuilles 
charnues, longues et d’un vert qui indique une pleine et vigoureuse 
santé. Elle n’exige presque pas de soins pour sa culture, sinon le binage 
et l’arrosement. 

Dire que ces fleurs ont quatre millimètres de largeur, c’est ne point la 
recommander, s’écriera-t-on.— Nous le voulons bien et cependant nous 
avons vu les dames de Gand faire de ce gypsophile le plus charmantusage. 
Toute fleur doit elle être donc ou grande ou brillante pour plaire? Le 
myosotis ou le saxifrage ont-ils donc les corolles de nos pivoines ou de nos 
magnolias? Le gypsophile avec ses corolles étoilées, argentées et lavées 
d’un tantinet de rose, quoique microscopique, n’en est pas moins une 
délicieuse fleur de bouquet, de corbeille ou de vase. Nous avons vu à Gand 
pendant les mois de juillet et d'août son emploi généralisé à toutes les 
fenêtres, dans les boudoirs et salons, depuis l’échoppe du pauvre jusqu'à 
la jardinière en bronze doré du riche. Ses légères panieules, bi et tricho- 
temes, ses feuilles étroites, ses pédonculles sveltes, ses pédicelles maigre- 
lets, ses calices verts et gris d’acier à peine visibles, ses cinq pétales larges 
comme un fil, ses dix étamines qui échappent à la vue et ses deux styles 
semblables à deux poils hérissés n’en font pas moins un élégant effet, vu 
le nombre de ces floscules et l’indéfinie division de l’inflorescence. Cette 
fleur donne aux bouquets un aspect nuageux et vague, qui rehausse sin- 
gulièrement les fleurs plus massives et disposées avec goùt; ses panicules 
semblent envelopper ses sœurs plus fortes et plus apparentes d’un voile 
mystérieux. 

Dans les jardins, au bord des pelouses et des parterres, le gypsophile 
en fleur, haut de deux à trois pieds et cultivé en touffe, fait l’effet d’une 
fumée argentée, bien plus que les fumeterres qui ont pourtant recu leur 
baptême de cette vaporeuse ressemblance. 

On propage le gypsophile par graines, la plante est vivace et supporte 
nos plus fortes gelées; il y en a une variété velue originaire de la Tau- 
ride. Nous la croyons une espèce bien distincte. 

Plusieurs horticulteurs qui se livrent spécialement à la culture des 
plantes de pleine terre, n’ont point su reproduire le gypsophile par divi- 
sion. Cependant M. Spae qui se livre à Gand spécialement à la culture des 
plantes de pleine terre, n’a point su reproduire le gypsophile par division. 
Cependant nous avons employé plusieurs fois ce mode. Au premier prin- 
temps, nous divisions le pied souche en éclats ; nous replantions en bonne 
terre franche, pourvue d'engrais et assez meuble. La reprise avait lieu en 
quelques jours et les nouvelles racines assuraient aux rejetons une nou- 
velle vie. Au reste, les pieds venus de graines sont toujours plus forts et 
conviennent mieux sous tous les rapports. 


A — 


/ romeo? Sererer 
1.2.3. Aéarie mousseron d’antumne . 4 Oronge . 5.Hydne sinne, 


G. Herisson tête de Meduse. 7- Herisson commun. 


PT 
CULTURE MARAICHÉRE. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES DE CHAMPIGNONS COMESTIBLES, 
Par M. J. LAvaLLeE, 
Directeur du Jardin botanique de Dijon , 
(Suite, V. p. 520). 
Hérissons. (PI. 80, fig. 6 et 7). 


Ce groupe de champignons a les plus grandes analogies avec le genre 
précédent, avec lequel on pourrait le confondre par ses rameaux nom- 
breux naissant d’une base épaisse et charnue. Mais il s’en distingue 
facilement en ce que, si le champignon n’est pas divisé en rameaux co- 
ralloïdes, la masse qui représente le chapeau est recouverte de pointes 
nombreuses, et que , dans le cas où il existe des ramifications, ces rami- 
fications sont elles-mêmes recouvertes de ces mêmes pointes. On peut 
donc dire que les hérissons sont des clavaires recouvertes sur toute leur 
surface, le pédicule excepté, de pointes charnues et coniques à lextré- 
mité desquelles se trouve l’hyménium. 

Toutes les espéces de hérissons que je dois étudier ici sont de couleur 
blanche ou jaunâtre, et croissent sur les vieux troncs d’arbres et surtout 
sur les rameaux morts depuis quelque temps. 

On n’a jamais songé à cultiver les hérissons , qui pourtant offriraient 
une ressource alimentaire des plus importantes, s’il était possible de les 
obtenir en assez grande quantité. 

Toutes les espèces de ce genre sont comestibles; toutes ont une chair 
analogue à celle des clavaires, dont elles se rapprochent beaucoup pour le 
parfum et la saveur. On les accommode de la même manière. 


Hérisson comxux. (PI. 80, fig. 7). 


Cette espèce, ainsi que la suivante, n’est pas divisée en ramifications 
nombreuses. Dans toutes deux les pointes coniques naissent directement 
de la masse qui constitue le stipe; elles la recouvrent, et sont toutes pen- 
dantes et dirigées dans le même sens, comme dans l’espèce que je décris, 
ou groupées par touffes, comme dans le hérisson tête-de-Méduse. 

Le hérisson commun se rencontre aussi sur les vieux troncs, en automne. 
Sessile lorsqu'il naît à la surface de l'écorce, il s’allonge en un pédicule 
assez long lorsque, né dans l’intérieur d’une fente ou d’une cavité, il est 
obligé d’en sortir pour se développer au dehors. Blanc dans sa jeunesse, 
il prend bientôt une teinte jaunâtre, qui apparait d’abord à l'extrémité des 


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pointes. Cette plante est souvent d'une grande dimension, et ses aiguil- 
lons, tous disposés par étages et tombant perpendiculairement, lui don- 
nent une forme qui lui est propre et ne permet de le confondre avec aucune 
autre. Le pédicule est court, cylindrique, et n’est recouvert que par quel- 
ques rares aiguillons, à peine visibles et comme avortés. 

On le prépare comme le champignon de couche. 


HÉRISSON TÉTE-DE-MÉDUSE. (PI. 80, fig. 6). 


Ainsi que je l'ai dit en parlant de l'espèce précédente, les aiguillons 
sont ici réunis par touffes. D'abord droits et perpendiculaires à la surface 
du stipe, qui est court et épais, ces aiguillons deviennent tout-à-fait pen- 
dants etse groupent par paquets. Toute la plante est, dans sa jeunesse, 
d'un blane de lait qui passe avec l’âge au gris sale ou au gris jaunâtre. Sa 
chair, également blancheet d’un goût agréable, est très-saine et peut être 
considérée comme un bon aliment. 

On trouve ce champignon, à la fin de l'été et en automne, sur les vieux 
troncs, les vieilles souches, les bois morts tombés à terre. 

On le mange frais , en l’accommodant comme les espèces précédentes, 
ou on le conserve par les procédés employés pour tous les autres champi- 
gnons. 

HYDNES. 


Les champignons connus sous le nom d'hÿdnes se reconnaissent à leur 
forme , qui est celle qu'on a habitude de considérer comme plus parti- 
culière aux champignons: c'est-à-dire qu’on y trouve presque toujours un 
chapeau horizontal ou oblique supporté sur un pédicule plus ou moins 
dressé. Ce chapeau, rarement régulier, est presque toujours excentrique; 
c'est-à-dire qu'il nait sur l'un des côtés du pédicule. Sa surface supérieure 
est lisse, ne présente rien de remarquable; sa surface inférieure , au con- 
traire, est couverte de petites pointes fines, droites, disposées les unes à 
côté des autres comme les fils d’un velours grossier. Ce sont ces pointes 
qui portent les sporules reproducteurs. 

Ces champignons croissent ordinairement à terre, dans les bois ou les 
bruyères, où on les y rencontre souvent en quantité si considérable, que 
la terre en est couverte. Aucune tentative de culture n'a été faite à l'égard 
de ces champignons, dont presque toutes les espèces sont pourtant 
douées de qualités alimentaires et très-faciles à reconnaître. 

La chair de ces champignons, souvent äâpre et acerbe, perd, par la 
cuisson, ces propriétés, et devient un mets agréable et d’une digestion 
assez facile. 

Hypxe sixvé. (PI. 80 fig. 5.) 


Ce champignon est très-commun dans les bois pendant l'automne. Il est 
d'un jaune chamois, fauve ou roux, quelquefois blanchâtre, I est très- 


— 549 — 


variable dans sa forme, bien que, pour l'ordinaire, il soit arrondi et ondulé. 
Il n’est presque jamais parfaitement régulier, et souvent le pédicule est 
tout-à-fait latéral. 

Il se plait ordinairement sur les collines ombragées, et il s’y trouve 
quelquefois en si grand nombre, que la terre en est couverte. Les pointes 
qui couvrent le dessous du chapeau sont d’une teinte un peu plus foncée 
que le reste du champignon; elles sont fragiles, subulées et quelquefois 
comprimées. Le pédicule, court, irrégulier, est parfois blanchâtre, le 
plus souvent pourtant de la mème teinte que le chapeau. La chair est 
blanche, ferme , cassante; elle ne change pas de couleur au contact de 
l'air; mais elle est amère et même acerbe lorsque le champignon n’a pas 
été cuit. 

Je dois insister ici sur un caractère d’une extrême importance et qui, 
lorsqu'il est bien constaté, rend toute méprise impossible. Dans l'hydne 
sinué et dans les autres espèces du même genre qui possèdent des qualités 
comestibles, la chair est blanche et ne change pas de couleur au contact 
de l’air. C’est sans doute à l’oubli de cette précaution que sont dus les quel- 
ques accidents causés par l’usage des hydnes. Il en est, en effet, dont la 
chair, blanche d’abord, passe ensuite au jaune plus ou moins foncé. Je 
regarde l'usage de ces dernières espèces comme présentant des dangers. 

« Ainsi que quelques autres espèces d’une texture ferme, celle-ci a besoin 
» d’une cuisson prolongée. On la coupe par morceaux qu'on passe à l’eau 
» bouillante et qu'on fait ensuite cuire avec du saindoux, du poivre, du 
» sel du persil et du bouillon. C’est ain&i que je fais préparer ces champi- 
» gnons pour mon usage. On peut d'ailleurs les apprêter avec du beurre, 
» de l'huile d'olives, de la graisse de volaille , une pointe d'ail et un peu 
» de verjus ou de sue de citron. » (Roques.) 

« Après les avoir passés à l’eau bouillante, c’est de les faire cuire, 
» sans les essuyer , à la graisse et au bouillon. Ils sont meilleurs qu'avec 
» le beurre, avec lequel ils sont un peu coriaces; étant très peu aqueux 
» par eux-mêmes, ils ont besoin d’un véhicule liquide un peu abondant. 
» (Paulet.) 

Assaisonnés avec du beurre, du verjus, de la museade ràpée, du poivre, 
du sel, une pointe d'ail et quelques cuillerées de jus de volaille, ils cons- 
tituent un excellent ragont. 

Les gens de la campagne se contentent de les fricasser avee de la graisse, 
du poivre et du sel. 

On fait aussi sécher ces champignons, ou on les confit dans du vinaigre, 
avec du sel et quelques aromates. 


AGARICS. 


Champignons dépourvus de volva, formés d’un chapeau régulier ou 
irrégulier, porté ou non sur un pédieule, mais offrant toujours, à sa facc 
inférieure , un nombre plus ou moins considérable de lames ou feuillets 


5 00 — 


rayonnants, saillants, minces, isolés ou anastomosés entre eux, à la sur- 
face desquels naissent les spores. 

Ce groupe est de beaucoup le plus nombreux en espèces. De là, la 
nécessité d’en étudier plus en détail les différentes formes et de noter 
chacune des modifications que peuvent présenter les différents organes 
des champignons qui le constituent. Presque tous les malheurs qu’on a 
eu à déplorer à la suite de l’injestion de ces champignons, ont eu leur 
source dans l’oubli de ces caractères. 

On ne saurait trop mettre en garde les personnes qui commencent à 
recueillir et à connaitre les champignons contre les négligences de cette 
espèce. Qu'on n'oublie jamais, en recueillant des champignons en général 
et surtout des agarics, qu'il n’est permis à personne, même à celui qu’une 
longue habitude semblerait prémunir contre toute espèce d'erreur, qu'il 
n'est, dis-je, permis à personne de négliger de s'assurer de tous les carac- 
tères dont j'ai fait plus haut l’énumération. À cette condition seule on 
n'aura jamais rien à redouter. 

Nous nous entretiendrons plus tard des nombreuses espèces d’agaries 
comestibles et spécialement du champignon de couche. Nous citerons 
seulement ici le: 


AGARIC MOUSSERON D'AUTOMNE (PI. 80. fig. 4. 2. 5.) 


Ce champignon ressemble un peu au vrai mousseron, dont il a presque 
le parfum. Son chapeau est d’abord hémisphérique, puis conique et un 
peu mamelonné , quelquefois aplati, large d'environ cinq centimètres, et 
d’un jaune fauve ou d’un blanc roux. Les lames sont inégales, libres, plus 
coloriées sur les bords. Le pédicule, de couleur claire, est cylindrique, 
grèle, fibreux , long de quatre centimètres; il se tord comme une corde 
par la dessication. On le rencontre, en août el septembre, dans les pâturages 
etau bord des bois, dansles sables, dans les landes, où il croit par groupes. 

Suivant les localités, on le nomme : faux mousseron, mousseron pied 
dur, mousseron d'automne, mousseron de Dieppe ou d'Orléans. I est 
très-parfumé, et d’un goût très-agréable. (Roques.) 

Ce champignon, qui, par beaucoup de ses caractères, se rapproche de 
l'espèce précédente, et qui vient aux mêmes époques et dans les mêmes 
localités, s’en distingue néanmoins par un assez grand nombre de carac- 
tères pour que nous croyions devoir en faire une espèce particulière. 

Cet agaric varie dans la largeur de son chapeau depuis 4 jusqu'à 14 cen- 
timètres; toutes ses parties sont d’un fauve clair qui passe sur les bords 
du chapeau, et lorsque le champignon est développé il a des teintes un peu 
rougetres. Le pédicule est assez court, plein, sans renflement ni collier. 
Les feuillets sont inégaux et nombreux, et la surface du chapeau est sou- 
vent attaquée par les limaces. La chair est blanche , un peu dure et fibreu- 
se, mais exhalant un parfum presque aussi agréable et aussi développé 


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— 551 — 


que le mousseron du printemps. Mangé cru, il a une saveur douce; cuit 
aussitôt après la récolte , il est excellent , quelle que soit la manière dont 


on en fait usage: conservé quelque temps, surtout après avoir été dessé- 


ché, il est un peu coriace , mais conserve tout son parfum et est délicieux 
comme assaisonnement. 


AMANITES. 


Le caractere distinctif de ce groupe réside dans le volva plus ou moins 
développé que présentent toutes les espèces. Le plus souvent il est très- 
facile de s'assurer de la présence de cet organe qui offre un développe- 
ment considérable. Malheureusement il n’en est pas toujours ainsi. Le 
volva trés-visible dans la jeunesse de la plante, se détruit plus ou moins 
à mesure que le champignon se développe, et pour le retrouver il faut en 
rechercher les débris à la base du pédicule. On ne devra jamais négliger, 
pour toute espèce douteuse, de bien s'assurer de la présence ou de l'ab- 
sence du volva. Il est une remarque qui aidera beaucoup dans cette re- 
cherche : peu de champignons munis de volva grandissent sans emporter 
les lambeaux de cette membrane qui restent adhérents à la surface du 
chapeau. Il suffit alors de constater la présence de ces fragments plus ou 
moins volumineux et en général trés-visibles, parce qu'ils sont d’une cou- 
leur différente de celle du chapeau ; il suffira, dis-je , de constater la pré- 
sence de quelques-uns de ces lambeaux, pour êlre sûr qu'on a sous les 
yeux un champignon qui, s’il présente les autres caractères des agarics, 
appartient au groupe qui fait l'objet de ce chapitre. 

C’est à dessein que j'insiste sur ces détails. Presque tous les empoisonne- 
ments par les champignons sont produits par des amanites. Ce sont ces 
champignons surtout qui donnent lieu à ces accidents formidables qui se 
manifestant longtemps après leur introduction dans l'estomac (cinq, six 


- ou sept heures, un jour même), sont d'autant plus terribles qu'ils ont pu, 


pendant ce long espace de temps, désorganiser les organes sans qu'on 
songe à combattre leurs pernicieux effets. 

.… Bien des fois aussi une main criminelle a demandé à ces plantes un poi- 
son qui tuât sûrement sans laisser de traces. Si nous en jugeons par quel- 
ques fragments de l'écrivain Tacite, nous pourrons penser que ce fut 


de ces plantes dont se servit la fameuse Locuste pour préparer, sur la de- 


. mande d’Agrippine, le mets qui devait la débarrasser de l'empereur Claude. 
 « Agrippine n'hésitait que sur le choix du poison; elle craignait que, 
» violent et prompt, il ne décelät le forfait, et que, s’il était trop lent, s’il 


- » dégénérait en maladie de langeur, Claude , à sa dernière heure, ne re- 


» prit sa tendresse pour son fils. Elle aurait voulu quelque composition 


. » nouvelle qui troublät la raison sans trop précipiter la mort. On choisit 


» une femme habile dans cet art, nommée Locuste. 
« Le poison fut mis, dit-on, dans des champignons, mets favori de l'em- 


-  » pereur, et l'effet ne commenca à se manifester que quelque temps après. 


a 


— 3552 — 


» Une évacuation qui survint semblait l'avoir sauvé. Quelques heures plus 
» tard, Claude n'était plus. » 

Ce Eu bien là les accidents causés par les amanites. 

Cette famille , qui renferme tant d'espèces délétères, offre un champi- 
gnon d’un goût.exquis, d’une innocuité complète, et qu’il est heureuse- 
ment facile de reconnaitre. Nous le décrirons en détail. 


AMANITE ORONGE. (PI. 80 fig. 4.) 


Ce champignon est enveloppé, dans sa jeunesse, d’une membrane close 
de toutes parts; il ressemble alors à un œuf placé sur la pointe. Bientôt il 
grandit, déchire le volva sans en emporter de lambeaux, et acquiert de 
onze à be centimètres de diamètre. 

Chapeau aplati, d’un beau jaune orangé à la surface; feuillets larges : 
épais, inégaux, d’un beau jaune. Pédicule de la même dr mais d’une 
teinte moins vive, renflé à sa base et muni d’un collier de même couleur 
que lui. Chair blanche, offrant seulement une légère teinte jaune près de 
la surface. Odeur agréable, saveur douce. 

À ces caractères vous reconnaitrez l’oronge, et vous ne commettrez pas 
une méprise funeste en la confondant, comme il n’est arrivé que trop sou- 
vent, avec la fausse oronge. Cette dernière a les bébris de son volva dis- 
persés çà et là, et formant un grand nombre de taches verruqueuses blan- 
ches ou jaunes à la surface de son chapeau. Ses feuillets et son pédicule 
sont blancs, sa chair est d’une âcreté brülante. 

L'oronge est très-commune dans le midi et le centre de la France. Elle 
est rare dans le nord. On la trouve vers la fin de l’été, dans les bois de 
châtaigniers surtout. 

« On regarde l’oronge comme le plus fin, le plus délicat des ie 
» gnons. Il était connu des Romains sous le nom de boletus. Les Grecs 
» l’appelaient bolites, et lepréféraient aux autres champignons. Leur ama- 
» nite était le cèpe, que Galien place au second rang. Apicius, le plus fa- 
» meux gastronome de l'antiquité, a tracé en détail le mode de sa prépa- 
» ration. Horace, Sénèque, Juvénal , Pline, Martial , Suétone en font men- 
» tion sous le nom de boletus. Juvénal en parle comme d’un mets recher- 
» ché, que les riches faisaient placer devant eux tandis qu'on servait des 
» champignons médiocres aux parasites qu’ils voulaient bien admettre à 
» leur table. Mais c’est surtout Néron qui a rendu ce champignon célèbre. 
Il l’appelait cbus Deorum, le mets des Dieux. » 

Selon les pays, l'oronge porte les noms d’oronge vraie, dorade, jaze- 
ran, œuf, jaune d'œuf, campairol, ete. 


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1 Louise Miellez.(Miellez). 2. Napoleon [IL ,(Micliez). à. Madame Lemichez.(Odier} 


4. Roi des feux .(Widlez). 5. Ernest Duval. (Odier). 


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HORTICULTURE. 


LES PELARGONIUM ET LEURS PRINCIPALES RACES 
HORTICOLES. 


Le genre Pelargonium fondé par l'Heritier est composé de plus de 
200 espèces, presque toutes originaires de l'Afrique méridionale, du cap 
de Bonne-Espérance et des îles Canaries. La plupart de ces espèces se 
sont complètement métamorphosées par la culture ; elles ont donné nais- 
sance à plusieurs centaines de variétés et de races à fleurs plus grandes, 
plus gracieuses ou plus remarquables que les espèces introduites ; ces 
espèces et leurs variétés se sont hybridées entre elles, tant et si bien qu'il 
est presque impossible de ramener à des types botaniques les admirables 
fleurs cultivées par tout le monde sous le seul nom de Pelargonium. Les 
anciens types spécifiques ont plus ou moins complètement disparus des 
cultures d'amateurs et sont rélégués dans quelques jardins botaniques. 

Les Pelargonium sont voisins des Geranium et des Erodium ; ils s’en 
distinguent surtout par leur calice à cinq divisions dont la supérieure se 
prolonge à la base en un éperon creux, étroit et nectarifère. La corolle 
est formée de cinq pétales irréguliers ; dix étamines inégales, à filets 
soudés inférieurement en tube, dont 5, 5 ou 7 sont stériles. Le fruit, 
auquel le nom de Pelargonium fait allusion (reax>é cigogne), rappelle 
la forme d’un bec de cigogne. Les principales espèces qui ont donné lieu 
à cette innombrable quantité de variétés, de races et d'hybrides sont les 
Pelargonium grandiflorum, fulgidum, quinquevulnerum, tricolor, diu- 
dematum, etc. 

_ Les horticulteurs distinguent surtout les Pelargonium à grandes fleurs 
et les Pelargonium-fantaisies ; dans ces races principales ils établissent en 
outre diverses catégories pour les Pelargonium-fantaisies à grandes fleurs 
qui unissent la dimension et le coloris des Pelargonium à grandes fleurs, 
aux qualités des variétés nommées fantaisies ; les Pelargonium à fleurs 
bizarres /curious Flowering geraniums); les Pelargonium dits d’Odier 
ou Diademata, les Pelargonium de Miellez, etc. 

Les Pelargonium à grandes fleurs ou variétés dites Anglaises, ont été 
obtenus les premiers il y a 150 ans déjà, par Davy; depuis, les variétés 
se sont successivement augmentées et perfectionnées. Il est inutile de 
louer ces plantes que tout le monde aime et cultive, mais il est pent-être 
nécessaire de dire quelles sont les considérations qui doivent diriger un 
amateur qui veut se maintenir à la hauteur des progrès de l’horticulture, 
dans l’appréciation des Pelargonium à grandes fleurs. Toute fleur est 
aimable et belle, recrée la vue et charme les sens, mais en horticulture, 

BELG. HORT. T. V. 27 


— 324 — 


comme dans toule science artistique, il y a un beau idéal qu'il faut s'ef- 
forcer de réaliser ; la beauté des fleurs est subordonnée à certaines condi- 
tions générales d'esthétique, et on ne peut leur accorder son estime qu'à 
la condition qu'elles réalisent les qualités requises. 

A mesure que l'horticulture se perfectionne on se montre plus exigeant 
et l'on veut voir réaliser par la nature, l'idéal que l’on avait seulement osé 
rèver quelques temps auparavant. Si les variétés de Pelargonium qui ont 
excité l'admiralion de nos pères revoyaient le jour elles seraient sans nul 
doute repoussées dans la tombe par les impitoyables législateurs actuels 
de l'horticulture. Les meilleurs Pelargonium étaient jadis des faibles 
pelites fleurs très-éphémères ; aujourd'hui les pétales sont larges et épais, 
et les fleurs y ont gagné en beauté et en durée. 


Pelarsonium à grande fleur, anglais. 


L2 


Le pelargonium, comme la pensée, l’aurieule et une foule d'autres fleurs 
doit être circulaire pour être parfait; les pétales doivent être consistants, 
à contours planes et arrondis , les bouquets de fleurs ne doivent pas né- 
cessairement être très-fournis, mais bien faits. La plante formera un petit 


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arbris seau assez fort, à feuillage sain et, vigoureux sans être épais, et 
Pesavert d'une fleuraison abondante. Personne ne contestera ces qualités 
| générales. Quant aux couleurs, il est plus difficile de se mettre d'accord ; 
… la nouveauté l'emporte ordinairement sur ce chapitre, mais on convient 
généralement d'exiger dans les Pelargonium à grandes fleurs, anglais, 
- deux grandes macules noires ou foncées sur les pétales supérieurs. Il faut 
- une couleur foncée quelqu'en soit la teinte; une couleur pâle, lavée ou 
- incertaine sera toujours le partage d'une médiocrité. Si les pétales pré- 
sentent deux couleurs elles doivent être bien définies et bien tranchées. 
Mais ne sacrifñiez pas à ces règles sévères certaines variétés qui ne réuni- 
_  raïent pas les diverses conditions que nous venons d'énumérer; une eolo- 
- ration remarquable ou une nouvelle disposition des couleurs compensent 
- bien des défauts de forme; une fleur bien arrondie, à pétales convena- 
blement disposés peut perfectionner son coloris; la nouveauté ou la mode 
sont de puissants auxillaires dans ces circonstances. 
__ Mais si à la nouveauté, on joint des formes parfaites et un coloris re- 
marquable , que pourrait-on désirer de plus? Les Pelargonium du célebre 
_ horticulteur de Lille, M. Miellez, qui sont connus dans le monde horticole 
…_ sous le nom de leur promoteur, réunissent ces divers genres de beauté. 
- En 1852, M. James Odier, exposa à Paris, une collection de Pelargonium 
qui fut acclamée par le jury et admirée de tous les visiteurs. Cette collec- 
_ tion était le fruit des labeurs de Jacques Duval, jardinier de M. James 
Odier, qui, avec une persévérance remarquable avait perfectionné par les 
semis le Pelargonium diadematum, dans les serres du château de Belle- 
Vue, près de Paris. M. Miellez se rendit acquéreur de cette collection, qui 
D -—-— mains et grâce à ses soins, une source féconde de 
xariétés remarquables : les Pelargonium de M. Miellez sont les plus re- 
- cherchés des amateurs et ne peuvent manquer dans aucune collection. 
. M. Miellez publie annuellement un catalogue , dans lequel on trouve la 
Te coloriée des variétés annuelles qu'il peut livrer au commerce : dans 
De de 1855, nous trouvons les variétés suivantes : 


- Napoléon III (Miellez), Louise Miellez (Miellez), 
_ Madame Lemichez (Odier), Van Houttei (Miellez), 
Eugénie Duval (Odier), Verschaffelti (Miellez), 
_ Roi des feux (Miellez), Atro-Violaceum (Odier), 
_ Ernest Duval (Odier), Roi des pourpres (Miellez), 
KES | Godefroid (Odier), Scaramouche (Odier), 
"Nec plus ultra (Odier), Édouard Miellez (Odier). 


La 


s avons reproduit un petit nombre de ces admirables variétés qui 
alisent toutes par la pureté des formes et la richesse de la parure. 
adame Lemichez et Ernest Duval sont en vente depuis le 15 mai dernier ; 
ipoléon III, Roi des feux et Louise Miellez ne seront livrés que vers le 
TES prochain. Ces fleurs sont au-dessus de tout éloge; voyez 


ES js 


notre dessin qui n’est qu'une faible image de la nature, ou mieux, efforcez- 
vous de posséder la vérité. 

Les anciens Pelargonium anglais, à grandes fleurs, présentaient seule- 
ment une large macule foncée sur les deux pétales supérieurs ; les Pelar- 
gonium francais d'Odier et de Miellez offrent cette même macule sur les 
cinq pétales de la fleur. M. Odier est le premier qui obtint ces nouvelles 
variétés remarquables, qui aujourd'hui, grâce au zèle des semeurs, s’é- 
lèvent à plus de deux cents. Les variétés de M. Miellez se font surtout 
remarquer par l'anneau de couleur claire qui borde régulièrement la 
teinte plus prononcée des pétales. L'apparition de ces nouveautés a inau- 
guré une ère nouvelle pour les amateurs de Pelargonium. 

Peu de plantes sont aussi généralement cultivées et estimées des fleu- 
ristes que les Pelargonium ; c’est qu'aucune ne convient mieux à l'orne- 
mentation des serres et des appartements pendant l'été, elles commandent 
l'admiration et l'amour par l'abondance de la floraison, la beauté des 
fleurs, la richesse et l'élégance du coloris. Que seraient donc nos expesi- 
tions æstivales sans le contingent habituel des Pelargonium. 

Les Pelargonium dits de fantaisie jouissent aujourd’hui d'une vogue 
méritée, mais qui ne nuit en rien à la renommée de leurs frères, les 
Pelargonium à grandes fleurs. Quoique plus récents que ces derniers ils 
sont parvenus plutôt à la perfection, c'est-à-dire à des fleurs de forme 
régulière, à couleurs nettement tranchées 
et régulièrement disposées. La forme ar- 
rondie de la corolle est de rigueur, mais la 
disposition des couleurs peut varier : tantôt 
comme dans le type ci-contre, les pétales 
| supérieurs présentent deux macules foncées, 
, | à contours arrondis et bordées d’une large 
D bande claire, tandis que les trois pétales in- 
férieurs présentent sur un fond elair un large 
bord plus vivement coloré, tantôt les pétales 
inférieurs montrent chacun une macule trans- 
versale sur le milieu de leur longueur, tantôt 

Diagramme d'un Pelargonium enfin toute la corolle est uniformément colo- 

de fantaisie. rée, chaque pétale étant transversé par une 
large strie transversale qui, se confondant avec celles du pétale voisin, 
forme au milieu de la fleur une couronne régulière ou un anneau non 
interrompu. Ces trois types et d’autres encore peuvent également pré- 
tendre à la perfection; c’est au goût d'un chacun à se prononcer, mais ee 
qu'il faut toujours exiger, c'est la rondeur de la forme, la consistance des 
pétales et le brillant du coloris. E° M; 


Fig. $5. 


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; < és, le diamètre de la fleur est d’un pouce et demi. Le tube de la corolle 


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— 3551 — 


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CULTURE DU BIGNONIA LINDLEYI. 


JOLIE PLANTE GRIMPANTE. 
Par M. CH. MoRREN. 


Nous voyons dans les nouveaux catalogues des horticulteurs-marchands 
figurer sous une rubrique spéciale les plantes grimpantes, dont la culture 
est loin encore d’être répandue comme elle mérite de l'être. On y voit 
figurer les trois charmantes Bignones, Bignonia grandiflora, Bignonia 
radicans et Bignonia radicans , var. flava, avec lesquelles déjà on peut 
orner bien des treillis, des murs, des troncs d’arbres, des rochers, des 
fabriques quelconques de jardin. L’horticulture anglaise excelle dans l’em- 
ploi de ces plantes, parce que le but du jardinier ou du paysagiste anglais 
est d’imiter sur les petits espaces que nous nommons jardins, les effets 
grandioses d’une nature libre et des scènes qui se retrouvent dans l'œuvre 
de la création , partout où les efforts spontanés de la végétation ne se 
limitent pas par les entraves de l'homme ou de la civilisation. 

Parmi les plantes grimpantes d’un magnifique effet, figure le Bignonia 
Lindleyi, que certains horticulteurs connaissent sous le nom fautif de 
Bignonia picta, car le végétal qui porte véritablement ce nom donné par 
Humboldt et Bonpland , diffère notablement de l'espèce distinguée sous 
la dénomination de Bignonia Lindleyi par M. Alphonse De Candolle. 

Cette dernière espèce convient admirablement pour orner les colonnes, 
les soutiens, les murs, les treillis de toute orangerie ou de tout conserva- 
toire à température modérée, de tout lieu vulgairement connu sous le 
nom de serre froide, c’est-à-dire des enclos où tout simplement il ne gèle 
pas. Beaucoup de Bignonia ne fleurissent point s'ils ne jouissent d’une 
entière liberté. Le Bignonia de Lindley fait une heureuse exception, de 


- sorte que dans beaucoup de cultures , il sera préféré. 


La plante est glabre, les tiges sont garnies de feuilles opposées, dites 


. conjuguées , c’est-à-dire naissant deux à deux d’un même pétiole, de sorte 


là chaque joint, il y a deux paires ou quatre feuilles (à proprement parler 


des bractées) d'environ trois pouces de longueur. Du sommet de chaque 


— pétiole s'élève une vrille servant à accrocher la plante partout où la na- 


ture la conduit près d’un soutien quelconque. Les fleurs se développent 
au sommet de nombreuses branches latérales et se montrent aussi, tou- 
jours deux à deux. Le calice a la forme d’une eloche à cing dents pointues. 


—… La corolle est un tube cylindrique, ou mieux un cône renversé, d'environ 


deux pouces de longueur et divisé en cinq lobes ondulés , arrondis et obo- 


est à peine coloré, mais le limbe est d'un tendre lilas ou d’un violet clair, 


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ces couleurs deviennent plus vives. Sans mème avoir vu cette plante , on 
peut d’après cette description se figurer sa beauté et son élégance comme 
espèce grimpante et florifère. 

L'histoire de son introduction est assez obseure. Elle parait venir de 
Buénos-Avres ou de quelque ile avoisinante de l'Amérique continentale. 
Elle semble avoir fait son entrée dans nos jardins de l'Europe vers 1842 
ct avoir été répandue dans le commerce horticole par MM. Rollison, de 
Tooting. 

On la cultiva d'abord en serre chaude : e’est le sort de beaucoup de plantes 
nouvelles , d’où des esprits légers ont conclu tout de suite qu'il y avait 
une acclimatation des végétaux , c'est-à-dire d'une modification capable de 
les faire plier aux exigences d’un climat donné. Maïs il est bien démontré 
aujourd'hui que s’il y aune naturalisation possible, une acclimatation est 
un fait que la nature n'a pas réalisé pour le règne végétal. Bientôt on vit 
que la serre chaude nuisait au Bignonia de Lindley et qu'il vaut mieux le 
traiter comme une plante rustique. Sa culture en serre froide et dans les 
conservatoires le démontra peu après. 

La terre qui lui convient le mieux est un sol argileux , mélé à de la terre 
de bois, de la terre de bruyère ou du terreau de feuilles bien consommé 
et rendu plus léger par ce mélange. Toute plante srimpante demande une 
grande liberté pour les racines. Aussi lorsqu'on est forcé de la conserver 
en pot, il faut que celui-ci soit de première grandeur , maïs rien ne rem- 
place la pleine terre lorsqu'on peut la lui donner. 

Sa conduite est encore réglée par une autre circonstance. Toutes les 
plantes grimpantes fleurissent mieux, lorsque la sève descendante ou éla- 
borée ne peut pas marcher droit vers les racines. Une torsion en spirale sur 
un soutien quelconque accomplit cet arrêt dans la vitesse, nécessaire pour 
amener une bonne floraison, mais une fois passé le sommet de ce soutien, 
le Bignonia aime sa liberté et se dirige de manière à dessiner de lui-même 
les plus gracieux festons. Aussi, lorsqu'on déplace les branches de 1: po- 
sition naturelle qu'elles ont prise, on s'apercoit que la plante souffre et 
avant que la végétation a repris son énergie, il se passe un temps assez 
considérable. La floraison 2 lieu pendant tous les mois de l'été et celle-ci 
est tellement abondante que Fhorticulteur soigneux est amplemeut dé- 
dommagé de ses peines par la beauté et 1 profusion des fleurs. 

Pendant s2 végétation si luxueuse, il faut beaucoup d'eau au végétal, 
c'est le lot ordinaire de toute plante qui transpire beaucoup et celle-ci par 
le nombre et l'amplitude de ses feuilles, est dans ee cas. Pendant l'hiver, 
les arrosements doivent être modérés. 

Les branches, si développées sur un végétal de cette nature luxueuse, 
ont besoin annuellement d'être taillées et raccourcies. Cette opération 
amene la sève dans les bourgeons latéraux et plus de fleurs se forment par 
celte taille, que si la nature, contrariée par une culture factice, suivait 


ses écarts. Cette taille se fait le mieux en automne et consiste dans le re- 


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_ tranchement de toutes les branches qui n ont pu accomplir leur complete 
à ce nification, ainsi que dans la suppression de toutes les branches ligni- 
_ fiées, trop anciennes pour donner des fleurs. Les branches d'un âge moyen 
_ sont donc les meilleures à conserver, celles qui offrent à l'œil une végé- 
tation vigoureuse et d'avenir. 
_ Le meilleur moyen de multiplier cet élégant végétal consiste dans le 
_ semis des graines, qu'on obtient assez facilement de la fécondation natu- 
relle des fleurs. On les sème en pots dans une terre légère et placées dans 
une couche. On emploie aussi le bouturage dans le sable et dans la couche 
chaude. Aussitôt que les boutures ont pris racines, elles sont bonnes 
à mettre en place et à demeure fixe, et en général, il n'est pas mauvais 
- de faire acquérir aux boutures reprises une certaine force, en les culti- 
xant d’abord pendant quelques temps dans une serre tempérée un peu 
chauffée à excès. Placé, après cette première éducation dans le lieu fixe 
où l’on veut jouir de cette ample végétation et de cette profusion de 
… fleurs violettes, lilacées, veinées de pourpre, le Bignonia de Lindley 
tient pour longtemps ses consolantes promesses. 
Nous sommes réellement trop parcimorieux de plantes volubiles et 
grimpantes , et nous devons engager de tous nos moyens les horteul- 
- teurs-marchands à compléter leurs collections sous ce point de vue, 
; comme les horticulteurs-amateurs à défaire les premiers de leur contin- 
gent. Les uns y gagneront en argent et les autres en plaisir. 
Nous sommes heureux de pouvoir ajouter que nous possédons une 
- ample provision de semences du Bignonia de Lindley et des Bignonia 
 radicans; ces graines ont été récoltées avec le plus grand soin sur des 
| pds dot la beauté des fleurs était remarquable, elles donneront indu- 
… bitablement de nouvelles variétés. Nous tenons ces graines à la disposi- 
“tion de nos abonnés qui désirent cultiver ces belles plantes grimpantes 
; et qui veulent bien nous les réclamer. 


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Fe REVUE DE PLANTES NOUVELLES OU INTÉRESSANTES. 


> pitiomis spectabilis, var. Moreliana. Lind. — Arth. Henfr. 
in Gard. Mag. of Bot. WII. &1.— Flore des serres, 1008. 105. — Synon. : À 
] Mi onia Moreliana. Portefeuille des Hortic. — Famille des Orchidées. — , 
Gr nandrie monogynie. Cette superbe orchidée a été envoyée du Brésil, 
à M. Morel de St-Mandé, par M. Porte son collecteur. Elle doit être rap- 
rtée au Miltonia spectabilis, mais constitue une variété bien supé- 
rie au type. Le périanthe au lieu d'être jaune verdâtre est coloré du 
| Er le plus éclatant, à reflet de velours : la fleur est très-grande et 


| Saivia Beerii. Regel. — Sauge de Heer. — Regel, Gartenflora, 
mars 1855. — Famille des Labiées. — Diandrie monogvnie. — Cette 


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nouvelle sauge est originaire du Pérou et a été introduite par M. Wars- 
zewicz. Elle forme un arbuste de 4 mètre à 1=,60, pubescent sur toutes 
ses parties. Les feuilles sont ovales ou ovales lancéolées, longuement 
pétiolées, plus ou moins cordées à la base, acuminées, légèrement cré- 
nelées, blanchätres en-dessous; elles acquièrent 10 centimètres de lon- 
gueur sur 6 environ de largeur. Le calice est vert, pubescent, glandu- 
leux ; les corolles grandes, d’un beau rouge écarlate, formant de longues 
grappes terminales nues, par suite de la disparition des bractées qui 
tombent de bonne heure. 

Le Salria Heerii, la plus florifère de toutes les sauges, dit M. Regel, 
se cultive en pleine terre en été; on la rentre en serre tempérée pendant 
l'hiver, dès le mois de décembre elle se couvre de brillants épis écarlates. 


Tillandsia Jonmantha. Planch.— Flore des serres, 1006, p. 101. 
— Famille des Broméliacées; Hexandrie monogynie. — Ce Tillandsia est 
probablement originaire du Brésil et a fleuri dans les serres de M. Van 
Houtte; il est remarquable par le contraste du vert grisätre des feuilles, 
du carmin rosé des bractées et du violet éclatant des fleurs : il reste petit 
et est épiphyte. Les feuilles sont imbriquées dressées, largement linéaires, 
atténuées et pointues, épaisses, furfurescentes; les supérieures sont brac- 
tiformes, colorées et dépassent un peu les fleurs. Celle-ci sont peu nom- 
breuses à corolle violacée, en tube, plus courte que les étamines qui sont 
elles-mêmes dépassées par le style. 


Trichopilia coceinea. Lindl. — ZLindl. in Paxtons FL Gard., 
v. 2,t. 54. — Bot. mag., pl. 4857. — Synon. Trichopilia marginata : 
Henfr. Gard. Mag. of Bot., july 1851. — Famille des Orchidées. — Gy- 
nandrie monandrie. — Ce Trichopilia est l'une des plus jolies orchidées 
Américaines qui aient été importées depuis longtemps. Les fleurs sont 
grandes et belles, tantôt entièrement d'un riche carmin foncé, tantôt 
blanches extérieurement; le labellum qui est formé de quatre lobes larges 
et arrondis est souvent bordé de blanc autour d'une grande macule 
carmin, ou entièrement de cette dernière couleur. Les divisions du pé- 
rianthe sont du plus beau carmin. Ces fleurs sont analogues de forme 
avec celles du T. tortilis, mais plus grandes et beaucoup mieux colorées. 
Les pseudobulbes sont oblongs, comprimés, lisses; les feuilles larges, 
Jancéolées, brusquement acuminées, souvent auriculées à la base et 
naissant isolément sur chaque pseudobulbe. 

Cette superbe orchidée a été découverte dans l'Amérique centrale, par 
M. Warszewicz, qui l'envoya en Angleterre, vers 1849. 


Tropæolum chrysanthum. Planch. et Lind.—Capucine à fleurs 
d'or. — Flore des serres, pl. 1005, liv. 107, p. 97.— Famille des Tro- 
pæolées. — Octandrie monogynie. — Ce nouveau Tropæolum est annuel 
et originaire de la province de Bogota dans la Nouvelle-Grenade dont il 


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habite les régions tempérées : il a fleuri pour la première fois en sep- 
tembre 4854, dans l'établissement de M. Linden, à Bruxelles. Le {tropæo- 
lum chrysanthum est voisin du T. crenatiflorum, les rameaux volubiles 
et les pétioles sont recouverts d’un duvet glanduleux; le limbe des 
feuilles est pelté orbiculaire subtriangulaire à base tronquée à pointe 
légèrement anguleuse, à face inférieure un peu glauque. Les pédicelles 
floraux sont plus courts que les pétioles, solitaires à l’aisselle des feuilles, 
attennés à la base. Fleurs jaunes ; calice à cinq divisions dont les trois 
supérieures sont ovées, les inférieures ovales ellipsoïdes; à éperon deux 
fois plus long que les divisions supérieures du calice, conique, à pointe 
virescente et recourbée. Les deux pétales supérieurs sont en forme de 
coin , plus courts que le calice, étalés, à lame dentée et veinée de stries 
oranges, les trois pétales inférieurs sont longuement onguiculés, obovés, 
irrégulièrement dentés. Style plus court que les étamines. Carpelles 5 
presque libres au milieu. Cette jolie tropæolée est de pleine terre. 


LA FÉRULE FLAMBEAU DE PROMÉTHÉE, 
Par M. LE DOCTEUR CHEN. 


Le genre Ferula présente comme espèce principale la Férule Assa 
fœtida (Lam.) originaire de Perse et qui fournit à la matière médicale une 
substance précieuse. Des incisions faites au collet de cette plante, laissent 
écouler un liquide jaunâtre qui, se concrétant et rougissant au contact de 
V'air, forme l’Assa fœtida du commerce, dont l'odeur repoussante justifie 
le nom qu’on lui a donné. Néanmoins cette substance est, pour les habi- 
tants de la Perse, un condiment très-recherché. Les Romains l’aimaient 
aussi beaucoup; il parait que le Sylphium, le Laser des anciens, et l'Assa 
fœtida des modernes ne sont qu’une même substance. Les anciens en fai- 
saient si grand cas qu'ils déposaient dans le trésor public tout ce qu'ils en 
pouvaient acquérir. L’Assa fœtida est aussi employée en médecine : c'est 
un stimulant énergique. 

C’est de la tige de la Férule que les régents de colléges se servaient 
jadis pour châtier leurs élèves; aussi Martial appelle-t-il cette plante le 
sceptre des pédagogues. Cette tige est remplie d’une moëlle très-abon- 
dante qui, lorsqu'elle est sèche, prend feu comme de l’amadou ; le feu se 
conserve parfaitement dans cette tige et ne consume que peu à peu la 
moëlle sans endommager l'écorce ; ce qui fait qu’en certains pays on se sert 
de cette plante pour transporter du feu d’un endroit à l’autre; c’est là 
sans doute ce qui a donné lieu à la fable de Prométhée dérobant le feu du 
ciel dans une tige de Férule, et ce qui a fait dire à Martial : « Nous éclai- 
rons par les bienfaits de Prométhée.» Dans la fable, Bacchus ordonne aux 
buveurs de n’employer que des bâtons de férule, afin que les combats ne 
soient pas dangereux. (Encyclop. botan.) 


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VARIÉTÉS. 


FLORALIES DE NAMUR DES 8, 9 ET 10 JUILLET 1855. 


Ste-Dorothée , St-Fiacre et Flore. — Sociétés d’horticulture de Belgique. — Société royale de 
Namur.— L'industrie et les fleurs. — Roses.— Houx.— M. Louval et ses plantes, à l’hôpital. 
— Zincotéchie. — Victoria regia près des neiges éternelles. — Jacaranda mimosifolia de 
M. Bauchau. — Pelargoniums de MM. F. Kegeljan et Aelens. — Tombola. — Begonias.— 
Mauvaises et bonnes pensées. — Pensées rondes, aigues et mordantes.— Pensées blanches ; 
pensées jaunes. — Les bouquets-tout-faits. — Compagnie de Fuchsias. — Les diamants de 
la couronne.— Nos fougères indigènes sont encore arborescentes, etc., ete. — Mélans et 
Avresses. 


Les expositions florales sont nées en Belgique d’un sentiment pieux 
qui engagea les jardiniers, car on ne disait pas alors les horticulteurs, à 
orner les autels du culte des plus belles fleurs écloses par leurs soins. La 
fête de S'--Dorothée, la protectrice des fleuristes, était surtout l’occasion 
d'un concours général; la S'°-Dorothée des Belges est, en France, un cer- 
tain S'-Fiacre parfaitement inconnu chez nous. 

Dés le commencement du xvur: siéele, il s'établit à Bruxelles des con- 
fréries, dont notre Société Royale Linnéenne n'est, en réalité, que la 
continuation, confréries qui exposaient annuellement à l’église l’image 
de leur patronne entourée de fleurs remarquables. Une certaine émula- 
tion ne pouvait manquer de s'établir entre les exposants, et on jetait 
ainsi les bases des véritables sociétés d’horticulture. Telles qu’elles sont 
aujourd'hui établies, ces sociétés sont cependant nées en Angleterre. Les 
expositions florales ont acquis une importance telle, l'horticulture est 
devenue un art, une science ou une passion si populaire, qu’elle est par- 
tout appelée à prendre part aux tournois pacifiques qui s’établissent entre 
toutes les nations civilisées, témoin l'exposition universelle des produits 
de l’horticulture, annexée à l'exposition générale de Paris. 

Il n’est pas de ville importante de Belgique qui n'ait maintenant une 
société qui réunit les disciples de Flore, de Vertume et de Pomone, qui 
entretient et stimule l’émulation, condition essentielle du progrès. En 
1681, il existait à Bruges une confrérie de S'°-Dorothée, qui, en 1719, 
s'intitula confrérie de Flore, mais qui, à l’époque de la révolution fran- 
caise, crut devoir revenir à l’invocation chrétienne de sa fondation; en 
1811, alors que justice était faite des excès révolutionnaires, les fleuristes 
de Bruges adoptèrent définitivement le titre de Société de Flore. La 
Société d'Agriculture et d'Horticulture de Gand, qui a acquis une renom- 
mée universelle , date de 1808 ; la Société Linnéenne de Bruxelles, de 
1822; celle d'Anvers naquit en 1828; celle de Malines en 1858; la 
Société actuelle de Louvain s'établit en 1850. Liége, Tournai, Verviers, 
S'-Trond , Huy et bien d’autres villes de Belgique comptent une ou plu- 


— 9565 — 


sieurs sociétés d’horticulture, datant d’une époque plus ou moins éloignée. 

Mais Namur n'avait pas encore pris part au mouvement général; les 
amateurs nombreux et distingués qu'elle compte dans ses murs s'igno- 
raient eux-mêmes , ou faisaient preuve d’une modestie bien grande; ils 
n’osaient concourir entre-eux, ni appeler leurs confrères de Belgique à 
venir se mesurer à armes courtoises, ils ne se croyaient pas dignes du 
jugement des sommités horticoles de notre pays. Heureusement pour la 
Belgique, heureusement surtout pour la province de Namur, cet état de 
choses vient de cesser ; Namur possède des V. Bauchau, des comte Alfred 
de Liminghe, des Ferd. Kegeljan, des Delmarmol, des Anciaux, des 
Lambotte, des Aelens, et bien d’autres dont les noms victorieux seront 
acclamés plus loin, des amants de Flore, hommes de science, de zèle et 
d'activité qui ont découvert dans leur pays des richesses bien supérieures 
aux mines d’or que la eupidité du siècle recherche partout avec une avidité 
fiévreuse, qui ont doté leurs concitoyens d’un commerce, d’un art ou 
d’une science, comme vous voudrez l'appeler, riche de résultats féconds. 
Ces messieurs ont voulu mettre en honneur à Namur, le culte des fleurs 
qui a valu à leurs frères de Gand, d'Anvers, de Bruxelles et de Liége, 
tant de douces émotions , des transactions commerciales si importantes 
et une renommée universelle; ils ont fondé une société d’horticulture de 
la province de Namur, dont S. M. le Roi a daigné accepter la présidence 
d'honneur. Cette Société royale compte à peine quatre mois d’existence, 
et déjà elle a acquis une extension si rapide, que son avenir est désor- 
mais assuré. Elle vient d'ouvrir une exposition générale des produits de 
l'horticulture, à laquelle tous les fleuristes du pays étaient appelés à 
prendre part; elle a voulu, dès son début, compter ses forces, juger de 
l’état de choses actuel et des progrès à réaliser. Nous allons vous dire si 
son appel a été entendu et si les fleurs de Namur excusaient l’oubli dans 
lequel elles étaient restées plongées jusqu’à cette heure. 

Le dimanche, 8 juillet, les vastes salles de l'Hôtel-de-Ville, que l’admi- 
nistration communale avait eu la gracieuseté de mettre à la disposition 
de la Société, recelaient plus de 5,000 pots fleuris, disposés dans un 
ordre parfait et avec la meilleure entente de ces sortes d’exhibitions. La 
majeure partie de ces fleurs, et beaucoup des plus remarquables, étaient 
la propriété des fleuristes namurois, mais le reste du pays avait aussi 
fourni son contingent ; il en était venu de Bruxelles, de Gand, de Lou- 
vain , de Binche, etc. La Société avait 


Ordonné que , malgré les frimas et la pluie, 
Telle plante, à tel jour, se montre épanouie. 


Cet ordre a été exécuté à la lettre. Si, comme beaucoup de gens s’ob- 
stinent à le croire, les fabriques de produits chimiques et les usines indu- 
strielles exercent une influence néfaste sur la végétation des champs et 
des forêts de l'arrondissement de Namur, si les émanations empestées de 


— 96% — 


ces inventions diaboliques sont pour quelque chose dans le développe- 
ment des Botrytis , des Oïdium et autre gent malfaisante, au moins, l'air 
de Namur paraissait convenir admirablement aux délicates filles du soleil 
importées des contrées équatoriales ou tropicales, car toutes étaient d’une 
grace, d’une fraicheur comparables seulement aux fleurs indigènes, les 
Namuroises, qui visitaient l’exposition. 

Le jury qui avait été appelé à se prononcer sur la valeur du concours, 
se composait, en majeure partie, des sommités horticoles belges, venues 
de nos diverses provinces; c’étaient MM. de Biseau, de Binche; le che- 
valier J. de Knyff de Waelhem; Delmotte, de Nivelles; le marquis de 
Trazegnies de Corroy ; Forckel, jardinier de S. M. le Roi, à Laeken ; 
Linden, directeur du Jardin Zoologique de Bruxelles; Édouard Morren, 
de Liége; Rosseels ainé, de Louvain; Verheyen, de Bruxelles et Am- 
broise Verschaffelt, de Gand. Ce jury avait nommé M. le chevalier J. de 
Knyff de Waelhem, président et M. Édouard Morren, secrétaire; il a été 
installé par M. Victor Bauchau , président de la Société, qui a prononcé 
quelques paroles par lesquelles il a montré l'utilité des expositions en 
général et les heureux fruits que l’on est en droit d’attendre des concours 
institués par la Société naissante de la province de Namur. Lorsque le 
jury eut terminé ses opérations, il n’a pu s'empêcher de féliciter 
MM. V, Bauchau et les membres de la commission directrice, sur la 
beauté, la richesse et la variété de l’exposition; le jury a bien auguré d’un 
début aussi brillant, qui, d’un saut, place Namur sur le même rang que 
les premières villes horticoles de Belgique. Honneur donc à ces hommes 
qui mettent leur talent et leur activité au service de la chose publique, 
qui se consacrent au bonheur et à la prospérité de leurs concitoyens, qui 
dotent leur patrie d’une institution utile et agréable! 

M. le Gouverneur de la province de Namur, dont l'intervention et le 
patronage n’ont jamais fait défaut à la Société, a procédé à l’ouverture 
solennelle de l’exposition. Nous le suivrons dans sa promenade, à travers 
les salons de l'Hôtel-de-Ville , nous efforçant de ne pas laisser passer ina- 
pereus les produits les plus méritanis. 

Dès les premiers pas dans l'empire de Flore, on était recu par un gra- 
cieux cortège des plus aimables filles de la déesse, les roses, dont les rangs 
pressés s’étendaient de chaque côté de la galerie d’entrée; à droite, 
c’étaient les roses de M. Aelens, qui, par leur admirable fraicheur, la 
variété de leur coloris et la beauté de leur forme, avaient emporté le 
premier prix; puis la collection de M. Rosseels ainée, de Louvain, bien 
remarquable par les variétés à teintes ardoises, presque bleu de jardinier, 
et par les roses à pétales panachés; cette collection portait le second prix. 
À gauche, les quatre ou cinq cents roses de M. Royer qui n’avait point 
voulu entrer en lice; mais auquel le jury s’est cependant permis de 
décerner une médaille extraordinaire. 

Plus loin, on arrivait à des arbustes au feuillage sombre et épineux, 


— 505 — 


souvent panaché de blanc, arbustes qui ne parlaient pas à tous les yeux, 
comme les roses, mais d’un grand intérêt pour les amateurs ; nous vou- 
lons parler des Zlex ou Houx. Les Ilex formaient trois collections : les 
plus remarquables étaient celles de M. Rosseels aîné, de Louvain, et de 
M. Victor Bauchau, de Namur ; celle-là a été couronnée de la médaille 
d'argent, celle-ci du second prix. Au fond, un massif considérable, au 
feuillage sombre et ample, avait été envoyé par M. le baron Édouard 
Mertens d’Ostin pour l’ornementation des salons; c’étaient des Figuiers, des 
Pandanus, des Dracæna, quelques Palmiers et bien d’autres nobles plantes. 

Un escalier à deux rampes s’élève devant nous, et, si nous élevons les _ 
yeux, ils s'arrêtent sur une grande toile d’un jeune artiste namurois, 
dont le pinceau a voulu retracer un drame qui s’accomplissait souvent 
dans nos anciennes forêts gauloises, le sacrifice d’un jeune martyr chré- 
tien par le pontife du paganisme, le druide, dont il méconnaissait l’au- 
torité. Sur le premier palier , sous ce tableau, étaient les cultures de 
M. Louvat : ce ne sont certes pas des plantes rares que cultive M. Louvat; 
ce sont des Géraniums, des Fuchsias et des Héliotropes, mais qui les eul- 
tive comme lui? Qui pourrait couvrir d’un seul géranium une surface 
de plusieurs mètres carrés, ou en former des pyramides hautes comme 
des peupliers d'Italie, fournies d’un feuillage abondant ct émaillées de 
pourpre? M. Louvat a réalisé ces tours de force et cela sans serre, mais 
en confiant ses plantes à l’hôpital. Le jury avait fait justice en lui accor- 
dant une médaille extraordinaire. 

Le zine semble un métal d’une utilité générale; son application à 
l’horticulture a souvent d’heureux résultats. Les étiquettes de zinc com- 
mencent à se répandre beaucoup; elles joignent à l’inaltérabilité, une 
grande élégance de formes. La première qualité surtout, les fera recher- 
cher, car c’est une sécurité pour les fleuristes que la conservation des 
papiers de leurs plantes : une plante sans nom, c’est un vagabond, un 
individu sans passe-port, cela ne vaut rien enfin. Or, si ce nom est sim- 
plement éerit sur un feuillet de bois, l'humidité et la température élevée 
des serres, en ont bientôt fait justice; le zinc résiste à toutes ces causes 
de destruction, et il reçoit les souvenirs qu’on lui confie en caractères 
indélébiles. La Société de la Vieille-Montagne avait exposé à Namur d’heu- 
reuses applications de la Zencothechnie à l'horticulture ; c’étaient des jar- 
dinières, des corbeilles suspendues et surtout des arrosoirs d’une forme 
peu connue, mais la plus commode pour la distribution de l’eau ; quant 
aux pots à fleurs, nous sommes loin de les recommander, même à titre 
d'essai; un pot doit être léger, poreux, commode et à bon marché, le pot 
de zinc ne remplit aucune de ces conditions. Les corbeilles de zinc de 
M. Fournier-Hebran se faisaient, pour la plupart, remarquer par une 
grande élégance de formes et la modicité de leurs prix; elles ont été cou- 
ronnées d’une médaille de bronze. A vrai dire, nous préférerions à ces 
objets de luxe les seringues-aspersoirs beaucoup plus utiles de M. Del- 


— 9066 — 


dime-Haut; ces instruments, nécessaires dans toute serre, étaient exé- 
cutés d’après les plans aujourd'hui universellement suivis en Angleterre ; 
ils réalisent, dans les plus petites dimensions possibles les conditions de 
la pompe aspirante et foulante et lancent l’eau sur les plantes sous forme 
de pluie fine ; ils donnent une grande économie de temps, sont d’un em- 
ploi commode et à des prix réellement minimes, 15 francs. Nous nous 
permettrons cependant de conseiller à M. Deldime, d'élever quelque peu 
ses prix, à la condition d’augmenter l'épaisseur de l'enveloppe de cuivre 
du corps de pompe; ses seringues y gagneraient beaucoup en solidité et 
en durée. 

Des deux côtés de l'escalier étaient des plans de jardins et une grande 
aquarelle représentant en peinture, à défaut de la nature, la reine des 
fleurs, la Victoria regia; les visiteurs n’ont pas gagné au change et 
s'étonnaient fort de voir la nymphe des eaux de l'Amérique méridionale, 
pour laquelle on édifie à grands frais des serres à bassins chauffés, vé- 
géter près des neiges éternelles; le peintre pourrait sans danger couvrir 
ses montagnes des formes luxuriantes de la végétation des tropiques, etc. 

Mais nous ne sommes pas encore entré; gravissons donc, sans nous 
arrêter davantage, les degrés qui nous séparent du salon, si la chose est 
possible toutefois, si les yeux d’un amateur peuvent effleurer, sans s’y 
arrêter, une des formes végétales les plus admirables par la grâce, la 
légèreté et aussi, surtout peut-être, par la rareté qui est un grand mé- 
rite en horticulture, le Jacaranda mimosifoliu de M. V. Bauchau; 
représentez-vous une tige élancée de deux mètres au moins, grêle, 
épaisse de 2 à 5 centimètres et couronnée, j'allais dire d’une fronde, tant 
la cime est aérienne est profondément divisée, de feuilles amples de plu- 
sieurs pieds, étalées horizontalement et plus belles que les plus gracieuses 
mimeuses; vous pourrez peut-être vous faire alors une faible idée de 
la plus belle des Bignoniacées brésiliennes. Le jacaranda couronne la 
collection de conifères de M. Bauchau, collection nombreuse et variée 
dans laquelle nous citons quelques noms au hasard : le Podocarpus elon- 
gatus, le W'ellingtonia gigantea, le Thuya pendula, le Taxodium Hors- 
fieldi , le Filz-roya patagonica, le Dacrydium elatum, etc., etc. 

Cette collection avait été placée à l’entrée d’une longue galerie qui 
nous apparut étincelante de fleurs groupées artistement de chaque côté, 
sur deux séries parallèles. À côté des conifères, était la belle collection 
de Dracæna et de Pincenectitia de M. V. Bauchau, collection formée 
de 26 espèces différentes; puis la collection de conifères de M. Van Geert, 
de Gand, couronnée du second prix. Au devant de ces arbres à feuillage 
sombre, s’étalaient les riantes verveines de M. Ferd. Kegeljan, dont les 
corolles s'étaient revêtues de toutes les teintes brillantes de l'iris; nous 
nous sommes permis de remarquer spécialement une variété nommée 
Éclips, à gorge blanche et à chair de rose. 

Puis e’était un océan de fleurs, dont l'œil avait peine à supporter 


Ÿ 


l'éclat ; les pélargoniums de M. F. Kegeljan et de M. Aelens; il aurait été 
impossible au jury de déclarer lequel de ces deux rudes jouteurs devait 
emporter la palme et la couronne , mais le premier est amateur, le se- 
cond horticulteur et, par suite, tous deux ont pu obtenir l'honneur qui 
leur était dû. Les Pélargoniums dits de fantaisie, de M. F. Kegeljan, se 
faisaient surtout remarquer par leur belle culture, leur abondante fleu- 
raison , le nombre et la qualité des variétés exposées. 

Les mêmes éloges devraient être répétés aux pélargoniums à grandes 
fleurs du même ; presque tous ces pélargoniums étaient les variétés nou- 
velles dites d'Odier et de Miellez; la plus brillante était sans doute la 
médaille d’or, à corolle petite, mais rouge de sang. Plus loin, les pélar- 
goniums de fantaisie de M. Aelens, sa collection de géraniums scarlet où 
l'on retrouvait toutes les nuances depuis le blanc de lait jusqu’au rouge 
écarlate , et ses pélargoniums à grandes fleurs, les uns blanes, les autres 
noirs , ici des roses, là des pourpres. Toutes ces collections ont emporté 


* les premiers prix des concours pour lesquels elles étaient présentées. 


Absorbé par la contemplation de ces merveilles de la science horticole, 
nous allions oublier de lever les yeux sur les corbeilles fleuries de 
M. Feront, où l'art s'est allié à la science, et sur les cultures aériennes, 
plus gracieuses encore , de M"° la général Frison dont la supériorité est 
telle, en matière de bon gout, qu’elle avait crû devoir se placer hors 
concours. 

Nous avons épuisé la galerie de droite ; celle de gauche n’est cependant 
pas moins riche; au premier plan, était un honorable citoyen de Namur 
qui ne pouvait suffire à l'inscription des adhésions nouvelles que recevait 
la Société et aux ventes de billets de loterie, car on savait que la Société 


_await dépensé une somme considérable pour l'achat, au profit de la 


loterie, des plus belles productions exposées; partout où s’arrêtaient les 
regards du public, on voyait en suscription : acheté pour la loterie, ou 
bien, ce qui était plus admiré encore : offert pour la loterie par M. Lam- 
botte ou par M. Bauchau, ou etc., etc. Nous croyons que ces tombolas 
seront une puissante source de succès pour les expositions de Namur, 
qui recevront ainsi des envois de tous les horticulteurs du pays; elles 
favorisent le commerce des plantes , et le gain d'un lot inspirera le gout 
des fleurs à plus d’un heureux qui ignorait encore cette source de jouissance. 

Un concours était ouvert pour la plus belle collection de plantes fleuries 
de pleine terre, annuelles ou vivaces, d’un même genre, et autres que 
celles pour lesquelles des concours spéciaux avaient été établis; or, nous 
nous trouvons précisément face à face avec les mignardises de M. Cornélis, 
de Gand, qui a remporté le second prix de ce concours. On remarquait 
dans cette collection le prince de Garre, dont les pétales avaient l'onglet 
brun, pourpre foncé et la lame, à centre blanc, bordée de la même cou- 
leur que l'onglet. A côté étaient une collection de Phlox Drummondii, 
aux fleurs nuancées du rose au violet; environ 60 verveines appartenant 


— 568 — 


à M. Brichard et une superbe collection de Fuchsias, composées de va- 
riétés choisies, couronnée du premier prix du 54° concours , et immé- 
diatement vendue. 

Sur deux vastes gradins étaient exposées deux collections de Bégonias, 
genre si choyé aujourd'hui des fleuristes, et dont le feuillage dispute 
l'attention aux fleurs. Ces deux collections étaient au-dessus de tout éloge 
et se sont vivement disputé le prix; finalement M. V. Bauchau l’a em- 
porté; on ne pouvait résister à 70 espèces différentes, à un Begoniu 
macrophylla, aux feuilles gigantesques, aux Begoniu warszewiczii, fri- 
gida, umbellata, fraichement débarqués pour prendre part à la lutte; le 
second prix est échu à M. G. Aelens, horticulteur, à Namur. 

Les Rosiers thés et Bengales de M. Aelens ont été plus heureux; par 
acclamation, le jury leur avait décerné la médaille d'argent, et c'était 
justice , puisqu'ils étaient plus nombreux que 50, tous différents et parés 
de blane, de jaune, de rose , de rouge , de pourpre et d’indigo. Le même 
succès était réservé aux rosiers hybrides et remontants, et aux verveines 
du même horticulteur; ces plantes n'auraient pas été déplacées dans les 
expositions les plus renommées de Belgique. Les verveines surtout, ces 
plantes druidiques et, par conséquent, riches de souvenirs pour les habi- 
tants des Gaules, ont excité l'admiration générale; leur culture était soi- 
gnée et leurs fleurs parfaites. Leurs bouquets étaient arrondis, composés 
de fleurs régulièrement disposées, ne se recouvrant pas l’une l’autre, 
fermes, bien circulaires, en un mot réalisant les conditions de l’esthétique 
idéale et peintes de toutes les couleurs que dame nature avait trouvées 
sur sa palette. 

Nous arrivons aux concours institués entre les plus belles pensées en 
fleurs ; nous sommes forcé de le dire, il y a encore de mauvaises pensées 
à Namur, mais il y en a beaucoup de bonnes et M. Brichard, horticulteur, 
s’est chargé de les recueillir; il sait mieux que nous quelles sont les con- 
ditions requises pour qu’une pensée trouve grâce au jugement dernier, 
que toute pensée doit être ronde, que jamais elle ne peut être aiguë, ni 
mordante, pas d’aspérités; qu'aucun rayon de l’œil ne peut se glisser 
furtivement vers les contours du. . . .contour; que le fond de la pensée 
soit le blanc pur ou bien le jaune, car on peut avoir des pensées 
jaunes. 

Nous avons déjà passé en revue bien des merveilles, et, quelque dé- 
courageant que puisse être ce que nous allons vous dire, lecteur fatigué, 
nous n’avons cependant encore rien vu, nous n'avons pas encore pénétré 
dans le salon de Flore; entrons donc, et, si vous en avez le courage, 
suivez-nous dans nos pérégrinations, sinon, si vous vous arrêtez volon- 
tairement au seuil de la terre promise, si vous vous bannissez de l'Eden, 
jetez-y au moins un regard furtif et voyez : 


. . . Dans un seul bouquet rassemblé l'univers, 
Exhalant les parfums de cent climats divers. 


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IR 4, 


Nil dès RAT: EL 2 Là 2, 


— 369 — 


Il manque une syllabe au premier hémistiche, me direz-vous, mais elle 
est venue à votre bouche avec l’exclamation que vous avez poussée. Voyez 
les bustes de votre famille royale entourés des productions les plus rares 
de la nature, votre Roi tout environné de fleurs, des bouquets tout-faits 
de M. Bauchau; voyez et admirez! Mais vous, disciple infatigable du 
culte de la déesse, venez rendre hommage aux sacrifices faits sur l’autel 
de votre idole, voyez s'ils sont dignes d’elle, venez et jugez. Ne vous 
associerez-vous pas aux acclamations du jury en proclamant les gra- 
cieuses eorbeilles et les gigantesques suspensions de M. Aelens, premières 
du 56° concours? Ne féliciterez-vous pas la commission directrice du bon 
goût et de l'entente parfaite qui a présidé à la disposition des produits 
exposés ? 

Nous voici, dès les premiers pas, arrêté par 60 à 70 gaillards, hauts 
de taille, fiers de leurs brillants uniformes et de leurs panaches flam- 
boyants, vous criant : Fuchsia! Fuchsia! honneur à notre capitaine 
Me Bruno-Berger! A côté sont les calcéolaires ligneux de M. Gesnot fils, 
plus modestes que leurs frères de la famille des Onagrariées, mais qui 
pourront un jour, après de nouvelles recrues, lutter avec eux et contre 
tous les étrangers. 

Une des plus nobles luttes, dans les expositions florales, est celle du 
plus bel envoi de plantes d'ornement; c’est à cette occasion qu'on peut 
montrer le plus de richesses et les formes les plus luxuriantes de la végé- 
tation. Plusieurs amateurs avaient voulu entrer en lice : MM. le baron 
Édouard Mertens et M. Bauchau en sont sortis victorieux, car ils étaient 
armés de Fieus, d’Araucaria, de Pandanus, de Dracœna, d’Astrocarium, 
de Caladium, etc., irrésistibles. Nul n’avait cependant plus contribué à 
lornementation du salon que M. Louvat, qui avait envoyé plusieurs cou- 
ples d’héliotropes taillés en pyramides, hauts de 2 mètres et demi, larges 
d'un mètre et couverts de fleurs, mais les héliotropes ne constituent pas, 
aux termes de la loi, des plantes d'ornement; les héliotropes ne se sont 
donc pas battus, mais ils ont été couronnés d’une médaille extraordi- 
naire. 

M. Rosseels ainé, de Louvain, avait envoyé une collection de Yuccas, 
digne de la réputation de cet horticulteur; cet envoi a remporté le pre- 
mier prix : nous y avons remarqué les Yucca filamentosa, fol. variegatis, 
californica, draconis, gloriosa, purpurea, canaliculata, aloefolia, var. 
fol. variegatis, filifera, flaccidu et bien d’autres espèces beaucoup plus 
agréables que leurs noms. 

Nous arrivons enfin aux diamants de la couronne, aux beautés qui ne 
sourient qu'aux riches de ce monde ; admirez, vulgaire, ces formes inso- 
lites, ces fleurs que vous ne comprenez pas, mais qui vous rappellent les 
formes les plus bizarres, admirez encore, car cette fleur a coûté 500 fr. 
à son heureux propriétaire, celle-ci 500, et ainsi des autres ; ces fleurs, 


“— nous les nommons des orchidées et leur maitre, M. le comte Alfred de 


BELG. HORT, T. V. 28 


LS OC 


Liminghe, amateur aussi distingué que botaniste érudit. Ces richesses 
étaient disposées en une corbeille élégante toute garnie de mousse; nous 
ne nommerons que le Saccolabium guitatum, aux épis blanc et rose, cou- 
ronné du second prix de belle culture. Un second prix seulement, me 
direz-vous ? oui, mais le premier avait été emporté par son frère, le Sac- 
colabium Blumei majus de M. le comte Alfred de Liminghe; l’Acineta 
Humboldiiï, à odeur de vanille, lAnguloa Clowest, vêtu de nankin, 
lOncidiuwm papilio majus qui voltigeait sur la corbeille, le Dendrobium 
Pescatorii, mélancolique comme l’astre des nuits, lOdontoglossum ci- 
trosmum , des Trichopilia tortilis, Jonopsis pulchella, des Cattleya, ete., 
qui courent, rampent et se tortillent sur la mousse. 

A droite de M. le comte Alfred de Liminghe, se trouvait M. Linden, 
directeur du jardin zoologique de Bruxelles, représenté au moins par ses 
fougères qui ont remporté le premier prix du 6e concours. Parmi les 
25 espèces exposées, nous nommons au hasard, le Dydemochlona trun- 
cata, le Doryopteris collina, l'Hemionitis cordata, le Polypodium sculp- 
tum, le P. plumosum aux folioles légères et disposées comme les barbes 
d’une plume. Toutes ces fougères étaient rares et intéressantes, sans 
doute, mais une simple fougère aborigène de notre pays nous a paru plus 
remarquable encore et nous n’étions pas seul de notre avis. Cette fougère 
est simplement le Polystichum filix mas; hier elle appartenait à M. Lam- 
botte, aujourd’hui elle caresse M. Verschaffelt. On est convenu de dire 
que nos fougères indigènes sont herbacées, qu’elles ne peuvent plus s’é- 
lever, comme naguère, au rang des arbres; la fougère mâle de M. Lam- 
botte prouve qu’il y a des exceptions à cette règle et que ce n’est pas par 


impuissance que nos fougères restent herbes, car elle avait un stipe de 


plus d’un pied d’élévation, de 15 centimètres au moins de diamètre et 
couronné d’une ample fronde d’une douzaine de feuilles. Cette végétation 
remarquable était, sans contredit, ce qui intéressait le plus le botaniste 
et le physiologiste à l'exposition de Namur. 

Le temps nous presse, mais nous ne saurions passer outre sans citer 
l’'Agalmyla staminea, aux corolles écarlates, de M. Gruber, aumônier 
militaire, les Aralia et les VNepenthes de M. le comte de Liminghe; la 
collection de plantes de pleine terre et les Broméliacées de M. V. Bauchau ; 
les Cactus de M. Tonel, de Gand; ces diverses collections avaient rem- 
porté les premiers prix. Au nombre des Broméliacées étaient le Tillandsia 
splendens, le Bromelia bracteata, le Guzmannia tricolor, le Bilbergia 
rosea et le Pourretia floccosa. 

En avançant, nous remarquons encore les Gloxinia de M. Ambr. Ver- 
schaffelt, de Gand; les nombreuses collections des palmiers, bananiers, 
cycadées et pandanées de M. le baron Ed. Mertens et de M. V. Bauchau; 
les plantes panachées, au feuillage vert, blanc, jaune, rose ou pourpre, 
aussi varié que des corolles, et appartenant, les unes à M. Bauchau , les 
autres à M. Aelens; les fougères et les lycopodiacées, la nombreuse col- 


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— 571 — 


lection de plantes de serre chaude, portant la palme de la victoire et 


appartenant encore à M. V. Bauchau. 


Parmi les fuchsias de M. Aelens, les amateurs remarquaient tous une 


_ variété d’un coloris bien remarquable et issue sans doute du F. corym- 


biflora. Les gourmets jetaient un œil d’envie sur les fruits conservés de 
la récolte de 1854, par M. Douchamps-Zoude; on croyait ces fruits 
cueillis d’hier ; les dames s’arrêtèrent devant les bouquets de M. Aelens; 
tout le monde remarquait les pétunias de M. Lambotte, auxquels le 
jury a imposé une médaille extraordinaire, et la collection peu nom- 
breuse, mais bien choisie de fuchsias de M. X. Anciaux, qui, joint à la 
qualité de notaire, celle de fleuriste distingué. 

Puis, c'était encore M. V. Bauchau qui vous arrêtait au nom du Cattleya 
Napoléon, du Lomatia ferruginea, du Nidularium sp. nova (et non pas 
nidularia, genre de la famille des champignons), du Gloxinia erecta rosea, 
du Parettia borbonica, au feuillage marbré et de bien d’autres plantes 
remarquables par leur rareté ou leur nouveauté ; à la force il n’est point 
de résistance. 

La plus belle plante en fleurs obtenue de semis par l’exposant, était 
lAchimenes Ed. Boissier de M. Ambr. Verschaffelt, de Gand ; la plante 
en fleurs la plus méritante parmi celles d'introduction nouvelle, était le 
Tydœa amabilis de M. Linden, admirable création au feuillage marbré 
et velouté, aux fleurs roses, élégantes de forme, grandes et nombreuses. 
La plante la plus remarquable par la force de sa végétation et sa rareté, 
était le Saginia decurrens de M. le comte Alfred de Liminghe; ce pied 
est le plus fort d'Europe, sans en excepter celui de Kew. 

On saluait enfin la collection extraordinairement nombreuse, choisie et 
variée, de plantes et arbustes fleuris de serre froide, appartenant à M. Bau- 
chau. Nous avons entendu dire de cette collection qu’elle devait ressem- 
bler au jugement dernier, moins les maudits, car il ne s’en trouve pas 
dans le royaume de flore. 

Ce rapide compte-rendu sera, nous l’espérons, plus éloquent que notre 
plume pour vous convaincre du succès éclatant obtenu par la première 


exposition de la Société royale d’horticulture de la province de Namur. 


Les Namurois ne doivent plus, pour se grandir à la hauteur des autres 


_ Belges, monter sur des échasses ; ils ne doivent plus surtout se diviser en 


Mélans et Avresses pour se livrer des combats intra-muros : l'union fait 
la force. E. M. 


— 572 — 


FLORICULTURE DE L'EAU. 


NOTIONS SUR L'ÉTABLISSEMENT DES AQUAIRES ET REVUE 
DES PLANTES AQUATIQUES ET RUSTIQUES. 


(Suite et fin, V. p. 545.) 


Urricuzaria. Les Utriculaires doivent passionner tout amant de la na- 
ture; elles sont remarquables par l'élégance de leurs fleurs et intéressantes 
par leurs mœurs. Pendant la période de leur végétation, elles croissent 
cachées sous la surface de l’eau, sont de petite taille et ont les feuilles pro- 
fondément divisées. Les amours des plantes ne peuvent s’accomplir sous 
l’eau, puisque l'humidité si elle venait à agir sur la poussière poilinique 
la détruirait incontinent; dans chaque plante aquatique on admire la pré- 
voyance du Créateur qui par mille moyens divers a assuré la conservation 
des espèces; tantôt les fleurs portées par des hampes vigoureuses s'é- 
lèvent assez haut pour s’épanouir en plein air, tantôt les fleurs s’ouvrent 
immédiatement sur la surface de l’eau, mais le calice et la corolle font 
l'office d’une petite nacelle protégeant et soutenant les parties essentielles, 
les étamines et les styles, contre l’action nuisible de l'humidité; toujours 
le bouton qui se forme sous l’eau recèle une certaine quantité d’air. 
Dans les utriculaires la nature semble s'être surpassée; la jeune plante 
croît sur la vase, loin de l’élément aérien; mais elle est pourvue de nom- 
breuses vésicules transparentes et fermées par un couvercle mobile. Lors- 
que l’époque des amours approche, ces vésicules séparent l’air de l’eau, 
elle se gonflent, diminuent la pesanteur spécifique du végétal et la plante 
toute entière arrive à la surface, elle épanouïit ses brillantes corolles 
jaunes, et les graines se forment; il faut alors reconduire ces dernières 
vers le fond , aussi les vésicules se vident d’air, se remplissent d’eau et la 
plante retourne d’où elle était partie. Les principales espèces sont: l'Utri- 
cularia vulgaris dont les fleurs au nombre de six ou huit sont portées 
par une hampe dressée; le calice est cadue, la corolle bilobiée, à lèvres 
entières, la supérieure petite, l’inférieure beaucoup plus grande, et 
pourvue d’un épéron, jaunes et entières. L’Utricularia intermedia et 
VU. minor ressemblent à la précédente, mais sont de plus petite taille. 
Ces jolies plantes sont d’une culture difficile. 


VazuisnerIA spiralis. C’est encore une plante bien digne de la solliei- 
tude des botanistes et des horticulteurs, ses mœurs sont partout dé- 
crites et ses amours souvent chantées par les poëtes ; elle aime les eaux 
profondes mais tranquilles, et se développe avec une vigueur telle, dans 
le Rhône et les canaux dela France méridionale, qu'elle intercepte souvent 


3 — ‘ 


tion. En Belgique, sa culture est difficile. Les feuilles sont très- 
all longées, toutes radicales et rubaniformes ; les fleurs dioïques, les unes 
… mâles, les autres femelles; les premières naissent au fond de l'eau, en 
| assez grand nombre, sur un axe court et portées par un pédoncule fort 
minime; les secondes sont pourvues d’une hampe extraordipairement 
Fa longue et contournée en spirale, qui se déroule en même temps que le 
bouton se développe et jusqu’au moment où la fleur est arrivée à la sur- 
4 face; si le niveau des eaux vient à baisser, la spirale se raccourcit, s’il 
… s'élève, elle se déroule en conséquence. La fleur femelle s’épanouit É la 
… surface, mais les mâles sont loin d'elles ; retenus au fond, leur fleuraison 
- et partant la fécondation sont impossibles. Aussi, peu de temps avant leur 
puberté, ces fleurs se détachent; les boutons gonflés d'air, s'élèvent im- 
— médiatement, s'épanouissent et flottent sur la surface des eaux ; il se jouent 
sur les flots, attendant qu'un zéphyr favorable les Énesthent de leurs 
. futures épouses. La nature pouvait, sans danger, abandonner à lui-même 
. ce sexe dont l'intervention est si éphémère, mais elle devait veiller plus 
longtemps sur les produits de la fécondation, les graines formées dans les 
| ovaires devaient recevoir les sues nourriciers nécessaires à leur dévelop- 
pement, ètre protégées contre les agents extérieurs et être placées dans 
les circonstances convenables à leur évolution future. Voilà pourquoi la 
» longue hampe contournée en tire-bouchon se raccourcit après la féconda- 
tion, les jeunes plantes se rapprochent de leur mére. 


. 
À 
" 
À 
$ 


Veronica. Plusieurs espèces, de ce beau genre qui compte un grand 
| ie de représentants dans nos parterres d'ornement, se plaisent au 
- bord des eaux et y seront toujours cultivées avec plaisir. Ainét, la V. Bec- 
-cabunga ou cresson de cheval, haute de un à deux pieds, à feuilles op- 
osées, obtuses, elliptiques, un peu grasses, à fleurs bleues, en grappes 


x] + 


. axillaires ; la V. Anagallis ou Véronique mouron a les feuilles plus grandes, 

lan éolées , les inflorescences plus développées ; la Veronica scutellata ou 

EN ‘ronique à écusson a les tiges grèles et délicates, les feuilles linéaires 

étroites, les fleurs en grappes, lâches et pendantes. 

" Le Vusarsis nymphoides est une gentianée que Linné considérait 

€ mme une hybride entre le WMenyanthes trifoliata et le Nenuphar, et 

do ont il avait fait le Menyanthes nymphoides. Cette erreur était permise, 

r le Villarsia semble être une miniature du Nuphar; ses feuilles sont 

arr ndies et ses fleurs de couleur jaune. Le calice est à cinq lobes, la G 
rolle a cinq divisions ovales. Le V. chilensis a les couleurs plus pâles ; : 
à peut en été, être placé à côté de son frère d'Europe, mais en hiver, : 
pee protégé contre les gelées. 

e Zizania aquatica est une graminée annuelle, haute de plus de six 

pieds et à feuilles un peu charnues; elle peut, par son port spécial, se 

mari er agréablement à d'autres fra végétales. E. M. 


TO REP UE L'OTAN 
L CA D RAT ET Par 


— 971% — 


JARDIN FRUITIER. 


FRAISIERS PERPÉTUELS : DÉLICES D'AUTOMNE ET ENFANT 
PRODIGUE. 


Il est dans nos bois une humble petite plante, qui, de même que la 
violette jalouse cache ses fleurs sous son feuillage, veut soustraire, ses 
fruits savoureux et brillants, à tous les regards. Mais l’aimable violette 
et le délicieux fraisier ne sauraient demeurer inconnus sous les ronces et 
la mousse, l'atmosphère embaumée qui les entoure trahit toujours leur 
présence et quelquefois un fruit indiseret qui étincelle au soleil, fait dé- 
couvrir le refuge d’une colonie toute entière et alors, avec quelle avidité 
ne savoure-t-on pas ce précieux cadeau de la nature? Quelle joie, quand 
pendant une brülante journée d’été, heureux et rêveur, sur un coteau 
boisé, on se sent tout à coup transporté par un parfum suave (fragrans; 
fragaria fraise), qui s'échappe d’un buisson touffu : à ce signal inespéré 
l'eau vient à la bouche, le nez donne l'éveil aux yeux et il les excite à re- 
chercher, d’un regard percant, le plus rafraichissant et le plus salutaire 
de tous les fruits. Solatium botanici! s’écriait Linné, lorsque épuisé par 
les fatigues d’une herborisation et ruisselant de sueur, il découvrait 
quelques fraises qui allaient rendre la fraicheur à ses lèvres brülantes; 
ce n’était pas seulement un salut de gourmet délicat que Linné adressait 
à la fraise des bois, c'était aussi une parole de reconnaissance. Linné a, 
pendant longtemps, conservé la santé par l’usage des fraises dont la chair 
fondante, douce et rafraichissante purifie le sang et lutte victorieusement 
contre les douleurs de la goutte. Dire que la fraise l'emporte par la beauté 
de ses formes et de sa robe, par la délicatesse de son arôme, par la finesse 
de sa saveur, par les propriétés salutaires et rafraichissantes de sa sève 
sucrée et aromatique, et par la commodité de son usage, sur tous les 
autres fruits d'Europe et sur les meilleures productions des Tropiques, 
c’est avancer une vérité incontestable , mais quelquefois oubliée. La fraise 
plait aux yeux, flatte l’odorat, excite le palais, rafraichit et nourrit le 
corps, exerce une influence heureuse sur la santé, chasse les maladies, 
que pourrait-on donc désirer de plus? 

Si on ne connaissait que la fraise sauvage on pourrait désirer des fruits 
plus gros et plus juteux, on voudrait pouvoir varier les formes et les sa- 
veurs, mais ces désirs sont aujourd’hui des réalités. L'homme a pu, en 
transportant des bois dans son jardin, des Fragaria vesca, développer 
tous les germes de fécondité dont la nature avait muni cette espèce, et il 
a obtenu plusieurs centaines de variétés différentes qui, sans perdre les 
qualités primitives de la fraise Sylvestre, ont augmenté les jouissances 
qu’il trouve dans son usage. Toutes les fraises cultivées ne descendent 


1.Remontante Delices d'automne. 2  Perpetuelle l'Enfant prodisue. 


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pas du Fragaria vesca de Linné, mais elles proviennent soit directement, 
soit par des fécondations réciproques des Fragaria alpina, Duh., elatior, 
Chrh, grandiflora, chilensis, ete. 

La nouvelle fraise perpétuelle : Délices d'automne, que l'établissement 
de M. Jacob Makoy a mis cette année dans le commerce est une des plus 
remarquable qui ait été produite dans le pays de Liége, déjà si renommé 
pour la culture des fraises. Les grandes et belles variétés jusqu’iei connues 
dont les fruits doivent être divisés pour servir à l'alimentation, ne fructi- 
fient qu’une fois l’an pendant une période de temps plus ou moins consi- 
dérable : Les Délices d'automne sont une fraise de tous les mois ou des 
quatre saisons, elle fleurit et fructifie depuis le printemps jusqu’à ce que 
l'hiver vienne mettre obstacle à cette végétation ; de plus, elle est remon- 
tante, donne deux récoltes abondantes, la première au commencement 
de l'été, la seconde au milieu de l’automne. Les délices d’automne 
proviennent du croisement de la fraise perpétuelle des bois avec les 
monstrueuses variétés obtenues pendant ces dernières années, et elles 
participent des qualités de leurs parents; elles ont le goût exquis et la 
fécondité du premier, les formes et le volume du second. 

La fraise perpétuelle, l’Enfant prodigue, est une variété nouvelle dela 
race des perpétuelles blanches, bien recommandable par sa fécondité 
exceptionnelle et les qualités remarquables de sa chair. Les fraises per- 
pétuelles blanches, assez répandues dans les cultures de Liége, jouissent 
de quelques caractères particuliers qui doivent les faire estimer de l’é- 
tranger. Sans parler de leur fructification non interrompue pendant toute 
l’année, elles ont une saveur beaucoup plus sucrée, plus parfumée que 
les fraises rouges et un arôme plus pénétrant et plus subtil. Ces qualités 
sont tout à fait spéciales car elles proviennent de l’absence de la matière 
colorante rouge qui possède certaines propriétés acides. La nouvelle va- 
riété l'emporte sur celles déjà cultivées par le parfum de réséda et d’ananas 
qu’elle exhale et les dimensions exceptionnelles de son fruit. 


E. M. 


Let 
INSECTES NUISIBLES. 


SUR LES ENNEMIS DU PÊCHER, PAR M. Cn. MORREN. 


Parmi les insectes qui attaquent le pêcher, un des plus redoutables est 
sans contredit le puceron (aphis persicæ). Cet insecte qui se propage outre 
mesure, puisqu'il se multiplie d’un, et sans copulation, à un ou cent 
trillions (100,000,000,000,000) à la huitième génération , doit, en vertu 
de cette fatale fécondité, devenir un vrai fléau. Nous avons vu employer, 
pour le détruire, bien des moyens, comme la fumée de tabac, la chaux 
en poudre, le charbon; mais ces moyens sont, après tout, infructueux. 
M. Jamieson possède un procédé plus actif et plus sûr. Il commence par 
laver à l’arrosoir l'arbre et ses feuilles. Cela fait, il promène au-dessous 
des branches une vessie armée d’un robinet et d’un conducteur à tête 
trouée, dans laquelle vessie se trouve accumulée une certaine quantité 
de gaz inflammable recueilli à quelque réverbère de ville ou lampe de 
magasin. L’hydrogène earboné fait mourir incontinent les pucerons. Ce 
procédé est ingénieux et facile près des villes éclairées au gaz; il peut être 
facilement remplacé à la campagne. On prend un cruchon en terre cuite 


et vernie ; on le bouche d’un bouchon de liège à travers lequel on passe . 


une pipe. On introduit dans le cruchon de la limaille de fer et quelques 
verres d’eau ; quand on est près d'agir et vis-à-vis de l'arbre, on verse sur 


ces corps et dans le cruchon un peu d’acide sulfurique. Aussitôt on rebouche; 


l'eau est décomposée, l'hydrogène se dégage par la pipe, le cruchon 
s’'échauffe et on promène l'appareil sous les branches. Les pucerons meu- 
rent asphyxiés. Le gaz ne nuit pas à la plante si on fait l'opération le jour, 
parce qu’alors il n’y a pas d'absorption; la nuit, ce serait différent. 
M.'Thompson,lespirituel et savant auteur des mémoires sur les fruits, insé- 
rés dans les Transactions de la société d’horticulture de Londres , tue les 
pucerons d’une autre manière; il a étudié à fond les mœurs et les gouts de 
ces homoptères. Il sait que ce sont de grands amateurs de suere. Partant 
de là, il compose une poudre formée de farine de froment, une partie, de 
sucre en poudre, une seconde partie, et une troisième d’oxide blanc d’ar- 
senic. Il saupoudre de ce sucre empoisonné les feuilles attaquées. Les 
plantes n’absorbent pas un atome de cet oxide d’arsenic, mais les pucerons 
en suçant le sucre, sucent en même temps le poison et meurent. Ce moyen 
est bon sans doute, mais le jardin ne peut être fréquenté par les enfants, 
ni par les personnes qui ignorent que ce procédé a été mis en pratique. 
Vers l’époque de la maturité des fruits, il serait dangereux encore, puis- 
que cette substance nuisible peut tomber sur les pêches et y adhérer par 
leur duvet. Nous donnerions la préférence , pour s’opposer à tout malheur, 
au procédé de M. Jamieson ou à celui que nous avons indiqué. 


FIN DU CINQUIÈME VOLUME. 


rar db dd 


HO 


O1 


TABLE DES MATIÈRES 


DU 


CINQUIÈME VOLUME DE LA BELGIQUE HORTICOLE. 


4. Horticulture. 


. Histoire naturelle et culture de l’Adamia versicolor de Hong-Kong, par M. Ch. Morren. 
. Histoire litiéraire des Browallias, des amours et des vengeances de Linné et plus 


spécialement du Browallia Jamesonii, par le même . 


. Note sur la culture des Ericas (bruyères) de serre tempérée fe N. Chaties Michel. 
. Notice sur l’Henfreya scandens de Lindley, ou le Dipteracanthus scandens des hor- 


ticulteurs, par M. Ch. Morren. . . UPoRE ue 


. Notice sur le Métrosidéros à bouquets, ” elrosideros forida de Forster, par le même. 
. Des expériences récentes faites sur le lis géant Lilium giganteum et particulière- 


ment de sa culture, par le même. . . M 


. Les cypripedium ou pantoufles de Nolre:Dâme, Fe faeile culture, NE W. TR 


Barrison,. . . LNRORVEL RES 


. La spirée à rébdes Was Spiræa gr shdifioré di nid de la Chine, par M. Me en. 
. La primevère à feuilles douces, Primula mollis des montagnes du Bootan dans le 


net. par le même-145,1 452712 LRU ie 


. Notice sur la culture de l’œillet remontant par N. Eugène Verdier, fils ainé, “horticul- 


teur à Paris. . . < 


. De la culture des Deayies see la méctiddé: bnbtaisé : ernitée pis le même. 

. Le Disa grandiflora de Linné, son histoire et sa culture, par le même. . . . 
Note sur l’Acroclinium roseum, charmante immortelle rose de l'Australie, par le même. 
. Notice sur le Wang-Shan-Kwei des Chinois ou le Skimmia japonica, paraphrase d’un 


article de M. Harrison, par le même. . . . ue Eve ARR ORE TEE 


. Notice sur le Ceanothus floribundus de la Caitoroie par le même. ; 
. Notice sur l’Obeliscaria Pulcherrima de De Candolle ou Lepachys ANS is, var. 


Pulcherrima de M. Decaisne. 
L’Épipogon de Gmelin, par M. Ch. Hors en. 


. Terre propre à la culture des œillets en pots et des divise. # M. cos Neyhe: 


Notice sur le Befaria Æstuans de Mutis, par M. Ch. Morren. 
Whütlavia grandiflora du Dr Harvey. 


. Propagation des Rosiers, par boutures de leurs racines . . . . 
. Description d’un Dahliarium et Revue des Dahlias nouveaux, par N. hontnin « 
. Nepenthes Rafflesiana, Nepenthes de Raffles, par M. Ch Morren. 


Notice sur le Nepenthes Distillatoria, par M. Bréon. . . . . . . . . 
Notice sur l’Aristolochia lineata, par M. Duchartre. 


. Sur la culture du Réséda en hiver, par MM. Whiting et Hope. è 
. Remarques sur le Réséda odorant et sur sa culture en Belgique, par M. Ch. AA 


D Phare cnipal des Pensées: 25.5 404 UN JU, 4 de . e 

. Quelques mots sur les Auricules . . . PAC ELE RO on AN ref de 

. Kniphofia uvaria, Hook., par M. Edouard Mob LEE NP Ce CINE PSI ALES ERP RERERER CERN CES 
Le Schinus mulli ou Péivrier HAMÉrIQUE 22 Eos Lan sde 


. Tropæolum triomphe de Gand, par M. J. Baumann . . . . : ; 

. Note sur le Crawfurdia fasciculata, Wall., par M. Edouard Morren.. . . . . 

. Note sur l’Abutillon insigne ou Abutillon à belles fleurs, par le même . 

. Leuchtembergia principis, par le même . . . 

. Traitement des graines par l’eau chaude, par M. pue. PB. 0 LA : 
. Note sur le Talinum polyandrum , Mook., par M. Edouard Morren . . . . . , 
. Note sur l'Escallonia pterocladon, Hook., par le même 


. Le Garcinia mangostana, Lind., par le même . . . ; 

. Resumé d’une notice sur la floraison du Victoria regia , par M. Hand Ë 
. Notice sur les auricules liégeoises, par M. Edouard Morren. . . . 
. Quelques mots sur la culture aérienne des Aroïdées tropicales, par M. Rolembaten 330 
. Les pelargoniums et leurs principales races horticoles, par M. Edouard Morren. . 353 
. Culture du Bignonia Lindleyi, par Ch. Morren . . + . . . . . . . + 3557 


— 518 — 


2. — Revue des plantes nouvelles. 


1. Æchmea mucroniflora. Hook. . . 167 | 55. Mandirola Naegel. (Hyb.) Rœsel. 294 

2. Albuca? Gardeni. Hook. . . . . 262 | 56. Masdevallia elephanticeps, Reich. . 332 

3. Anguloa uniflora. Ruiz et Pavon. . 40 | 37. Miltonia spectabiks, var. Lind. 999 

4. Begonia Natalensis. Hook. . . . 262 | 58. Mirtus bullata. Benth. Banks et So- 

5. Begonia urophylla. Putz. . . . 351 Rnder” 0" A 

6. Berberis Bealei. Fort. . . . . 2635 | 59. Nicotiana nuta te ie m4 ne 3 
HS FIM id, IQ A Sn SN NES BE PAVO NAS RUE SEA E . 168 4 
8. Billbergia wetherelli. . . . . 168 | 40. Nymphæaamazonum. Mart, ee 153 

9. Buddleia crispa. Benth. . . . . 13 | 41. Paphinia cristata. Lindl. rit 20 

10. Burlingtonia decora, Lemaire. . . 168 | 42. Passiflora AE LA orie : 
11. Calycanthus occidentalis. H. et Arn. 73 Decaisneanas., ,4 02.16. 1000995 

12. Catasetum myanthus Naso. Lindl. . 14 | 45. Pittosporum flavum. Hook. . . 40 

15. Ceanothus Lobbianus. Hook. . . 74 | 44. Rhododendron citrinum. Hassk. . 41 

14. Ceanothus papillosus. Tor. et Gr. . 190 | 45. Id. lepidotum. Wall. . cb. 
15. Chamædorea elegans. Mart. . . 252 | 46. Id. Maddeni. Hook fil.. 42 
16. Id. id.  (Mas.)Mart,. 265 | 47. Salvia Heerii, Reg. . . . . . 559 

17 Id.  Ernesti-Augusti. Wind. 231 | 48. Sciodacalyx Warszewiczii. Regel. . 264 

18. Crescentia macrophylla . . . . 152 | 49. Scutellaria vellosa. Hook. . . . 45 


. Cuphea eminens, PI. et Lind. . . 295 | 50. Senecio præcox. De C. . . . . 43 
- Cymbidium giganteum. Wall. . . 265 | 51. Sonerila Margaritacea. Lindl. . . 253 
. Dendrochilum glumaceum. Lindl. . 332 | 59, Sophora secundiflora. Lag. . . 16 
. Dipladenia acuminata. Hook. . . 206 | 55. Streptocarpus polyanth., Hook. . 294 
. Dipladenia Harrisii. Purdie. . . 205 | 54. Talinum polyandrum, Hook. . . 169 


24. Embothrium coccineum. Forster. . 352 | 55. Thyrsacanthus Schomburg. D. C.. 294 

25. Escallonia pterocladon. Hook. . . 208 | 56. Tillandsia Jonantha, Planchon . . 560 

26. Eschscholtzia tenuifolia. Benth. . 74 | 57. Tradescantia Martensiana, Kth. . 295 
27. Eupomatia Laurina, R.Br. . . . tb. | 58. Trichopilia coccinea, Lindl. . . . 3560 
98. Gardenia globosa. Hochstett. . . 15 | 59. Trichodesma Zeylanicum.Br.Prod. 155 | 
99, Gentiana Fortunei. . . . . . 168 | 60. Trillium erectum, L... . . . 295 
50. Geonoma corallifera, Hook.. . . 2b. | 61. Id. grandiflorum, Salisb. . 1%. 
51. Hoya lacunosa. Blum. . . . . 207 | 62. Tropæolum chrysanthum. Planch. 
52. Hypoxis latifolia, Hook. . . . 190 et LINQl. 2 er CPU EU MEN | 
35. Kniphofia uvaria. Hook. . . . 110 | 63. Viola capillaris. Pers. . . . . 255 À 
54. Lichnis Sieboldii. . . . . . 964 | 64. Warrea discolor. Lindley. . . . 169 , 


OX & O1 RO 


3. — Littérature botanique et horticole. 


. Un jour d’été. Extrait des scènes du monde animé, par M. H. Lecoq, Lee 

d'histoire naturelle, à Clermont-Ferrand . . . . © ; #1, 408 | 
. Un jour d’été (suite et fin), extrait des scènes du Re animé, D le même. . . 91 4 
. Les dons de l’automne, extrait des scènes du monde animé, par le même.. . . . 77 
. Les dons de l’automne (suite et fin), par le même . . . . . . . . . . . 141 
. Le printemps et les plantes, par M. Jules Defize . . : . . . . . . . . 210 


A4, — Horticulture de la demeure. 


L 
. Les Palmiers des jardins d'hiver, par M. Ch. Morren, . . . . ,. . . . . 24 


É Rdele 154 nn à, 


— 319 — 


5. — Constructions horticoles, 


1. L’élang rocailleux et floréal , par M. H. Noël esse DRE EN nn Ru, 2/31 20 
2. Hermitages rustiques et reposoirs, par M. Ch. Intosch. . . . . . . . . . 139 
3. Les serres et les salons, par M. Édouard Morren . . . . . . « . . . . 245 


6. — Arboriculiure d'ornement. 


1. Modèle d’amphithéâtre d'arbres pyramidaux, par M. Noël Humphreys. . . . . 28 
7. — Pomologie et jardin fruitier. 

1. L’abricotier Mume du Japon, variété très-précoce à fleurs de ronce de Von Siebold 
et De Vriese, par M. Ch. Morren. . . . PT DEN TA TOR 
2. Le beurré d’Equelmes, gain de M. Dumont, de US ere le nee PIS ARS ST E0 
3. Notice sur le Brugnon-orange ou la Nectarine d’or de Hollande, par le même . . 90 
4. De l’affranchissement des arbres fruitiers greffés en pied, par M. B. Idrac, . . . 92 

5. La pêche-souvenir de Java, de la collection de M. Brahy-Ekenholm, description et 
histoire naturelle de cet arbre fruitier, par lemême. . . . . . . . . . 120 
6. La prune Reine-Claude de Brahy, par le même. . . à he 57 48 
7. Note sur le Mirabellier, par M. le Président du cercle Agricole dre 24 5 2100 
8. Renseignements additionnels à l’histoire du Mirabellier , par M. Ch. Morren. . . 151 
9. Le Pin pesse blanc, par M. De Vriese. . . . : ; 155 
10. Beurré Édouard Morren, gain de M. Gathoy, Dédénice iste à Lüdgh) 7e N. Ch. Mokres 186 
11. Observations générales sur la taille des arbres fruitiers. . . . . . . . . ‘1. 
12. Pomme de prairie, la Renesseiana en grappes, par M. Ch. Morren . . . . . . 218 
15. La fondante Edmond de Koninck (nouv. semis) par le même. . . ts 
11. Moyen de donner de la vigueur aux arbres fruitiers, par M. Philibert HAT SIMS PE 
15. Le groseiller épineux. Var. nouvelles, par M. Edouard Morren . . . . * . . 282 
16. Les chancres des arbres fruitiers, par M. P. Joigneaux . . . . . . . . . 285 
17. Procédé pour cicatriser les plaies des arbres . . . . . . . . . . . . 288 
1. La serre portative faite de la caisse de voyage de M. Ward, par M. Ch. Morren. . . 44 
2. Emploi du Gypsophyla perfoliata, par M. Ch. Morren . . . . . . . . . 54) 

9. — Histoire des plantes curieuses. 

1. Le Pangang de Java ou le lierre en palmier portant des grappes de fleurs de quatre 
à cinq pieds de longueur, par M. Ch. Morren. . . Rare ‘ 46 

2. Nouveau geure de sarracéniacées de la Californie, Datlingtohis cabtoenie., par 
TN int En TS SA Ne er MAS 
3. Sur la distribution géographique des sarracéniacées , par le même. . . . . . 146 
4. Note sur la famille des safracéniacées. . . 147 
5. Note sur la paille dont on fait les chapeaux, dits Fe RARE Dir M. H. pr Weddell. 222 
6. Le Schinus mulli ou poivrier d'Amérique, par M. Edouard Morren. . . . . . 226 
7. La férule flambeau de Promethée, par M. le docteur Chenu . - . . . . . . 561) 


10. — Hydroplasie horticole. 


. Fontaine-modèle en fer de fonte, dessin de M. Lamb. . . . . . . . . . 48 


11. — Pathologie végétale. 


. Résumé historique de la maladie dela vigne et des moyens d’y remédier, par 


M ouRandii ru ET AS ARR RS ADR TOR Cet > 0 102 


. Le puceron de la pomme de terre, Re Ch. Mic: res da 1) EN ÉASEESANNER ©? 


1. 


2. 


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D Or À 


O1 


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— 980 — 


v 


12. — Physiologie des plantes. 


De la germination de ter di orchidées, par M. D.-M., avec des additions de 
M.Ch.Morren. . . ET LAN SNA D M UE Ti nr 

Théorie des harmonies Aile me feuilles el la forme générale des arbres et révé- 
lation par les feuilles dela culture rationnelle des ee nn par le mème. 


. Le sommeil des plantes, par le même . . . NT 
. Des effets généraux de la température sur le végétal, Dre Se même. 


13. 


. Apercu sur les serres de Son Altesse Monseigneur le duc régnant Adolphe de Nassau, 


par M. Ch. Morren. . . . ER a De TS TUE 


. Plan d’un petit jardin de ville, Te par M. Rutger. MCE DE 
. Note sur la décoration du jardinage et des terrasses hosteuliénalee et ee 


niques, par M. Noël Humphreys. . . . . 4 at ” 


. Plan d’une grande habitation de campagne, Fe Le FRERE de M. Rud. Siebeck 
. De l'harmonie des couleurs dans les jardins, par M. Ch. Morren . . . . . 
. Du style rustique et des meubles et ornements qu'il comporte, par M. Ed. Morren. . 


14. — Meubles et ornements de jardin. 


. Le reposoir de jardin, à l’abri des vents et du soleil, par M. Somerset. 


145. — Géographie botanique. 


. La végétation de la Crimée, par M. Thomas Moore. 


16. — Culture maraichère. 


. Culture et propagation de l’igname du Re ne japonica, Thunb.), par 


Me Pepins NE CARE . FRE ME E 


. Analyses comparées des Lines du muséum ä Paris et de l'Algérie, de M. Payen. 
. Mode de culture des grosses asperges pour le nord de l’Europe, par M. Jean Ohman 


de Stockholm . . . PNA TER À UE: 
. Des champignons en DéREO ee M. fayañe, Directeur ardie Potiigue, à Dijon. 
Des champignons en général, par le même (Suite). . . . . . les ein 

. Fraisiers perpétuels : Délices d'automne et Enfant prodigue, par M. Ed. Morren. 


17. — Agrologie ou science des engrais. 


. Emploi de la gélatine ou colle-forte comme engrais pour l’arrosage des plantes, par 


par M. E. Lierval . 


18. — Opérations et procédés horticoles. 


. Cultures aériennes des groseilliers, par M. Ch. Morren . . ; 
. Procédé pour transmettre au loin les bulbes à l’état de vie, par les même. 
. Nouveau pot à marcotter, par M. Keir . . %-. 


De l'influence du gaz ammoniac sur la végétation des plantes de serre . 


. Moyen pour détruire les fourmis (formica rubra), par M, Baumann. 


85 


116 
172 
254 


88 


119 


de du die ss; ) + af, 


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— 9381 — 


19. — Floricalture de l’eau. 


. Notions sur l’établissement des ee et revue des plantes aquatiques et rustiques, 
par M. Edouard Morren. . . . EE MT 6-1) ROMANS. PAL ee 


2. Notions sur l’établissement des Se par le ed (Suite) . DRE re) lat à 
5. Notions sur l’établissement des aquaires, par le même. (Suite) . . . . . . 
4. Notions sur l’établissement des aquaires, par le même. (Fin). . . * . . . 


20. — Insectes nuisibles. 


1. Sur les ennemis du pêcher, par M. Ch. Morren. . . 


21. — Variétés. 


1 Légende chinoise sur l'origine du pêcher. .… . + . . . . . . . . . 
2. Étiquettes indélébiles . . . RTS ALT Bei Deie de UN MERS 
3. Note sur la multiplication et la FRE des primevères doublés. AT era at CRE EV ES 
4. Les Ananas; moyen d’en obtenir de beaux fruits . . . . . . . . . . , 
5. Notice sur la culture économique et hâtive des Ananas 
6 Efiets de la foudre sur Les arbres. … . . . . . . . 
TO DS VERT IMIReS En DOISS 1 fus) ue, er jo met Te 6 Le 
8. Réglement de l’exposition universelle d’horticulture de Paris . 
9. Moyen de détruire l’herbe dans les cours et les allées de jardin. . 

10. Floralies de Namur, du 8, 9 et 10 juillet, par M. Edouard Morren . 


22. — Histoire de la science. 
1. Prologue consacré à la mémoire de Richard Courtois, par M. Ch. Morren . 


23. — Planches coloriées de fleurs. 


ne 4. Abutilon insigne. . . . . . 257 | 12, Kniphofia uvaria. Hook. 


2.- Acroclinium roseum. Hook, . . 97 | 13. Metrosideros florida, Forst. . 
3. Adamia versicolor. Fort. . . 1 | 14. Obeliscaria pulcherrima, de De Ce 
# 4. Aristolochia lineata, Duch.. . . 195 FT CORRE ae ARTE ES 
… 5. Befaria æstuans de mutis. . . . 161 | 15. Nepenthes rafflesiana, Jacq. . 
6. Browallia Jamesonii. Benth. . . 1 | 16. Pelargonium diadematum (hybr. et 
_ 7. Ceanothus floribundus de la Cali- LD DO ES PCR PR ET CRE 
4 à fornie, Hook. . . . . . . 129 | 17. Primula auricula, Lin. (var) . . 
8. Crawfurdia fasciculata, Wall. . . 257 | 18. Primula mollis, Nuttall . 
9. Disa grandiflora. Linn. . . . . 97 | 19. Spiræa grandiflora, W. Hook. . 
… 40. Escailonia pterocladon, Hook.. . 289 | 20. Talinum polyandrum, Hook. . 
11. Henfreya scandens, Lind., ou Dip- 21. Whitlavia grandiflora, Harvey. 


teracanthus scandens des horticul. 33 


24. — Planches coloriées de fruits. 


ABRICOTIER. 


1. Abricotier Mume du Japon, très-précoce à fleurs de ronce. + . . . . . . 


271 
296 
542 


572 


320 
362 


30 


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ki à FRAISIERS. 4 
pe ï ; 1 
de 2. Fraisier perpétuel : Délices d’automne . . RE A REP RU a 
h PA : id. Enfantprodigué. 26 0247 2448 ion ee 0 RCD OR 
Li s + 
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* HN. Océan. 2: 0 28 del a A Ne DT CORNE ERP EAN ARR a 
à 6 Id... Britannias ® 05002 Se EE PE TA SN EE PRE 4 
7: Ad". Marquise: = 520) A  RNREN NE MARNE RENE EE 


PÉCHERS. 4 
8. Brugnon-orange ou Nectarine d’or de Hollande. . . . . . . . . . . . 90 4 
9. Pèche-souvenir de Java. . . . . . : . 2 120 * 
POIRIERS. 4 
10. Beurré d’Equelmes, gain de M. Dumont, de Tournai. .- . . Ses PAR ARR FOR SNS M À 
11. Beurré Édouard Morren, gain de M. Gathoy, PR à Liège. D MEAEORNE O a 
12. Poire fondante, Edmond de Kominek 9 ee LEA CS ME ET Se ANR 2 3 
POMMIER. ; ‘4 
13. Pomme de prairie, la Renesseiana en grappes. . . . ss ee) CR à, 
PRUNIER. 
14. Prune Reine-Claude de Braby. RE UT A NU ARR AE REP D EE D Fe) 
25. — Planches coloriées de champignons. (à 
£" Agarie Mousseron d'automne; 00 SO ET DATENT ES 1 
D AMBAMNIE OTONPE Une ue e Vas el Mecs le NITAE pe TRUE à. 
3. Chanterelle comestible. . . . . . . : HI 1 
4. Clavaires coralloïdes. . . . . .. .'. ; : 5 tb E 
5: -Hélyellé comestible." 5x "0 RAIN PER R senc n AUC NAN En k 
6. Hetvelle élastique. 2 7 ARE PEN TE re SPACE EEE 4 
7. Helvelle en mitre. . . . . . ne SOUL 
8. Hérisson tête de Méduse. . Pr D NE Ne HR PMU rte dr Lg NT SAM eng EE \ 
$.-Hérisson om. 5 2 0 RE ER ME PRET RE RER RCE MERnErE 
10. Hydne sinué . ste : ib 
26. — Planches et figures xylographiées. à 
ARCHITECTURE HORTICOLE. L 
4. Palmiers des jardins d’hiver . STATE ef ET et) TN NRA 
2. Fontaine-modéle, en fer de fonte, “AT de x. LU A rie nb ail es CUITS ARE f. 
3: Plan d’un petit: jardin de vriie Rgiger tt RTC UE CE NE EE NME “4 


Rat pu 


ts robots dm | 


7 


— 585 — 


. Plan et perspective da jardin de S.S. le Pape, au Belvédère. 
. Plan d’une grande habitation de campagne. 
. Plan de jardin. . 


CONSTRUCTIONS HORTICOLES. 


7. Étang rocailleux et floréal. . . . . . . . +. . 

8. Serre portative de Ward. : 

9. Serres de S. A. Mgr le duc car solphe de RAT à Biber ich. 
10. Plan de ces mêmes serres . . . ae sl 


. Hermitages et reposoirs dd 


Salon de flore. 


. Aquaire, chutes d’eau et vue de ets artif des. % 


PLANTES INTÉRESSANTES. 


. Le Pangang de Java ou le Lierre-Palmier . . . RAR NES AT mis ue RNA 
. Darlingtonia Californica, és (Nouvelle Dre . 


Dioscorea Japonica, Thunb. 


. Détails sur la même plante. 

. Nepenthes rafllesieiana. . +. . . . 
. Epipogon de Gmelin. - 

. Leuchtembergia principis . . . . 

. Alisma natans. . : 

. Butomus umbellatus. . . . . . 


Hottonia palustris . . . . . . 


. Lobelia dortmanna. . . . . . 

. Lythrum salicaria . . ra 

. Menyanthes trifoliata . . . . . . . 

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MEUBLES HORTICOLES. 


. Reposoir de jardin, à l’abri des vents et du soleil. , . . . . . . . . 
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OPÉRATIONS HORTICOLES. 


. Nouveau pot à marcotter. . . . . . . 


ESTHÉTIQUE HORTICOLE. 


. Esthétique d’un Pélargonium anglais à grandes fleurs. . 
. Diagramme d’un Pélargonium de fantaisie.. . . . 


ARBRES. 


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40. Amphithéâtre d'arbres pyramidaux .: . 


PORTRAIT GRAVÉ. 


41. Portrait de Richard-Joseph Courtois. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU CINQUIÈME VOLUME. 


AVIS. 


Messieurs les abonnés à la Belgique Horticole qui désirent recevoir des 
graines de fleurs ou de plantes d'ornement, sont priés d'adresser leurs ; 
demandes à la Direction du Journal, qui tient à leur disposition un choix 
très-varié de semences de pleine terre ou de serre : chacun Je recevra 
un envoi analogue aux désirs qu'il nous aura exprimé. DRE 


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