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Full text of "L'abhidharmakosa. Traduit et annoté par Louis de la Vallée Poussin"

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SOCIÉTÉ   BELGE   D'ÉTUDES  ORIENTALES 

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l'ABHIDHARMAKOSA 

DE    VASUBANDHU 

TRADUIT    ET    ANNOTÉ 
PAR 

Louis  de  la  VALLÉE  POUSSIN 
TROISIÈME  CHAPITRE 


PARIS.  PAUL  GEUTHNER 
LOUVAIN,  J.-B.   ISTAS.   Imprimeur 

1926 


^■r. 


Le  troisième  chapitre  du  Koila  a  été  traduit  daiu  « 
bouddhique  »  (Mémoires  de  TAcadémie  de  Bruxelles  et  Kegan- 
Trubner  191S).  Cette  traduction,  imprimée  dt»  juillet  1914,  élail 
établie  sur  le  tibétain  ;  elle  devait  l)eaucoup  aux  con»eilii  de  Palrojrr 
Cordier  qui  en  avait  accepté  la  dédicace.  Le  volume  contient  le  texte 
de  la  Vyakhya»  et  une  analyse  détaillée  de  la  première  et  de  la 
troisième  partie  de  la  Prajnapti  tibétaine,  Loka  et  KaraçaprajAipU. 

La  présente  traduction  marque  quelque  progrès  sur  la  première, 
car  on  a  tenu  compte  des  versions  chinoises  et  on  a  pu  précÎAer  les 
références  aux  autres  chapitres  du  Ko.4a.  La  Vyflkhyâ  n*a  été  dtée 
qu'avec  discrétion,  puisque  le  Mémoire  de  19i4-1918  la  d«»nne  au 
complet. 

Enfin,  Sylvain  Lévi  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  la  eopit, 
corrigée  de  sa  main,  d'un  manuscrit  népalais  qui  contient  une  partit 
des  Karikas,  et  notamment  le  chapitre  iii  tout  entier.  —  La  coiil|Ml* 
raison  des  Karikas  de  Vasubandhu  avec  les  Karikas  que  nous  avions, 
Cordier  et  moi,  restituées  d'après  le  tibétain,  met  en  lumière  la 
supériorité  de  Vasubandhu,  mais  n'est  pas,  cependant,  trop  hun»-' 
liante  pour  nous. 

L'index  de  l'ouvrage  complet  est  sur  fiches  et  l'impression  n'en 
sera  pas  longtemps  différée. 


CHAPITRE  III 

Le  Monde 

L'auteur  vient  d'expliquer  les  diverses  sortes  de  pensées  qui  se 
produisent  dans  le  Kaniadhatu.  le  Ropadliatu.  rArnpyadhfllu,  sphères 
de  la  concupiscence,  de  la  matière  et  de  la  non-UKilifre  (il.  66-73). 
Quelles  sont  ces  trois  sphères  ? 

1  a-c.  Enfer,  Prêtas,  animaux,  hommes,  six  dieux  :  c'est  le  Kania- 
dhatu. * 

Le  Kamadhatu,  c'est  quatre  «  destinées  »  (gati,  iii.  4)  au  complet 
et  une  partie  de  la  destinée  divine,  à  savoir  six  groupes  de  dieux,  les 
GaturmaharajikïLs,  les  T  rayas  tri  m. sas,  les  Yamas,  les  Tu^ilas,  les 
Nirmanaratis  et  les  Paranirmitavasavartins  ;  plus  le  monde  récep- 
tacle (hhâjanaloka,  iii.  45)  qui  contient  ces  êtres. 

Combien  de  places  (sthâna)  dans  le  Kamadhatu  ? 

1.  narakapretaHryaiico  mânusa  sad  divauJuMak  /  kâmadhâtHk. 

D'après  Buddhaghosu  (AtthasalinT,  G2)  le  KaniatUifilii  e.sl  quatre  maiivaUen 
destinées  (êtres  infernaux,  animaux.  Frétas  et  Asuras,  voir  iii.  4  a),  les  lionunrH 
et  six  classes  de  dieux  :  en  tout  onze  divisions  (padesa). 

Les  six  dieux  du  Kîlma  (Burnouf,  Introduction.  003,  608,  Haâlingï^  Art.  G»Hai<» 
gony  and  Cosmology  ;  noms  expliqués  dans  la  Vyakliy&)  sont  une  vieille  liste, 
parfois  réduite  à  cinq  termes  (TrAyastriinsas  ....  ParanirmilavaHavartinN  smmiiiiIi 
à  Mfira,  Saqiyutta,  i.  133).  [Cliaque  catégorie  a  des  chefs  ou  un  roi,  AAguttara,  iv. 
242].  An  dessus  on  a,  dans  Dlglia,  i.  215,  les  Brahmakftyikas  et  Mahtl»nihiufl  ; 
dans  Aùguttara,  i.  210,  les  Bralimakfiyikas  et  les  dieux  au  deasim;  «Un»  Mahi* 
niddesa,  44,  les  Brahintikayikas.  (Voir  ci>deftsou8  p.  2  n.  5). 

La  Vyfikhyfi  explique  les  mots  nara/M>,  etc.  —  Première  opinion  :  de  la  rartit« 
nf  (naye,  Dli&tupfillia,  i.  847):  €  Les  êtres  y  sont  conduite  par  le  |»éché  »  ;  deiixiènie 
opinion  :  de  la  racine  f  (gatiprapanayoh  ou  galwiéê^anaifOë  (lertur»  de  la 
Vyfikhya),  i.  983,  vi.  111)  précédée  de  la  négation;  tmistème  opiiikMi:  <k  mu». 
ranj  :  *  les  êtres  ne  s'y  réjouissent  pas  »  ;  quatrième  opinion,  «le  Sa^lghahtMidf»  : 
€  Les  êtres  n'y  obtiennent  pas  (f  =^  pràpj  de  protection  ». 


k 


4  CHAPITRE  III,  3. 

haut  séjour  qui  est  nommé  le  ciel  de  Brahma  \  habité  par  un  seul 
souverain  ^  —  tel  un  belvédère  ou  un  lieu  fort  ^  —  et  qui  n'est  pas 
un  étage  (bhûmi). 

3  a.  L'Àrûpyadhatu  n'a  pas  de  places.  * 

En  effet  les  dharmas  immatériels  n'occupent  pas  un  lieu  :  les 

Asamjnisattvas  dans  le  ciel  des  Vrhatphalas,  et  obtiennent  le  chiffre  de  dix-huit 
en  reconnaissant  des  Mahesvaradevas  (comparer  Mahavyutpatti,  162,  7,  Maha- 
mahes  varSy  atana  ) . 

Yuên-houëi  et  d'autres  commentateurs  disent  que  l'école  (nikâya)  des  Sthaviras 
admet  dix-huit  places,  interprétant  d'une  manière  erronée  l'expression  «  le  Stha- 
vira  »  de  Samghabhadra,  (a)  parce  que,  parmi  les  vingt  écoles,  il  y  a  l'école  des 
Sthaviras.  [Mais  Tsê-ngên,  P'ou-kouang  et  Fa-pao  disent  que  «  le  Sthavira  »  de 
Samghabhadra  est  Srïlabdha],  (b)  parce  qu'ils  ne  savent  pas  que  dix-huit  est  le 
chiffre  du  Sautrantika  Srïlabdha,  tandis  que  dix-sept  est  le  chiffre  établi  dans  le 
système  Sautrantika.  —  La  VibhasS  attribue  l'opinion  de  dix-sept  places  aux 
maîtres  occidentaux.  Il  s'agit  des  Gandhfiriens.  Parmi  ces  maîtres,  il  y  a  des 
Sautrantikas  ;  mais  beaucoup  sont  Sarvastivadins.  La  Vibhasa,  par  l'expression 
«  maîtres  occidentaux  »,  désigne  une  opinion  divergente  de  l'école  Sarvastivadin, 
non  pas  les  Sautrantikas  ;  c'est  pourquoi  Samghabhadra  dit  seulement  :  «  Il  y  a 
d'autres  qui  disent  [que  les  places  sont  au  nombre  de  dix-sept] ...  »  et  ne  dit  pas 
«  une  autre  école  » 

Saeki  résume  :  «  Seize  places  :  opinion  correcte  des  Sarvastivadins.  Dix-sept 
places  :  a.  Occidentaux  (les  Mahabrahmas  à  part),  b.  d'autres  maîtres  (les  Asam- 
jnins  à  part).  Dix-huit  places  (en  distinguant  la  place  de  Mahabrahma  et  celle  des 
Asamjnins)  :  Sthavira  =  (a)  Srïlabdha,  Sthavira  non  compris  dans  les  vingt  écoles, 
qu'on  nomme  aussi  Mûlasautrantika,  (b)  Sthavira,  compris  dans  les  vingt  écoles, 
qu'on  nomme  Mûlasthavira. —  En  outre  Sthiramati  (Saramati)  [et  les  Yogacaras]  ». 

1.  Ce  «  séjour  »  est  la  dhyânântarikà,  Koéa,  ii.  41  d,  p.  99. 

2.  Je  crois  que  je  comprends  bien  Hiuan-tsang  et  Paramartha  (i  chéng  souo 
kiû  qu'il  faut  corriger  i  tchàu  ....)  ;  mais  le  Kosa,  dans  de  nombreux  endroits, 
parle  des  «  Grands  Brahmas  »,  Mahâbralimânas  :  ce  sont  les  Mahabrahmadevas 
des  textes  palis,  les  acolytes  ou  la  cour  du  souverain  unique  (voir  Kosa,  vi.  38  b, 
p.  214)  ;  la  Vyakhya  explique  leur  nom  :  «  Ils  sont  mahâbrahmânas  parce  que 
Brahma  est  plus  grand  qu'eux  par  la  durée  de  vie,  la  couleur,  etc.  ». 

3.  parigana  iva,  c'est-à-dire  parisanda  iva  ;  d'autres  expliquent  âtavika- 
kotta. 

Beat,  Catena,  94  :  «  Follow^ing  the  Kosha  Shaster,  it  is  said  that  Brahma  bas  no 
distinct  abode,  only  in  the  mist  of  the  Brahmapurohita  Heaven  there  is  a  high- 
storied  tower,  and  Ibis  is  (the  abode  of  Brahma)  ». 

4.  ârûpyadhâtur  asthâna  upapattyâ  caturvidhah  j 

Le  problème,  s'il  y  a  rûpa  dans  ce  Dhatu,  est  discuté  viii.  3  c,  p.  136-143. 


Hiuan48ang,  viii,  fol.  2  a-b.  5 

dharmas  matériels  (|imn(l  iU  «ont  pMnén  ri  futur».  VavijMplé,  \m 
dhanna^  imninlêriols  sont  adeéaslha.  (2  b|  Mnw 

3  b.  Il  est  quadruple  par  le  mode  d'existence. 

Vâkâéânantyâyatana,  le  vijiïânânmUyâyalaftajVâkiifteamifùifa» 
tana»  le  naivasamjitânâ^af^jhdyalatui  (ou  hhavAgra)  constituent 
rArOpyadhatu  qui  est  donc  de  ((uatre  sortes.  Par  «  existence  ».  enten- 
dons l'apparition  des  akandhas  dans  une  nouvelle  existence  en  miAon 
de  l'acte  :  ce  n'est  pas  par  le  même  acte  qu'on  obtient  ces  divem 
âyatanas  qui  sont  supérieurs  les  uns  aux  autres.  Mais  cette  supério- 
rité ne. comporte  pas  différence  d'étage.  En  l'endroit  où  meurt  une 
personne  possédant  le  recueillement  [qui  produit  une  existence 
d'ÀrQpyaJ,  dans  cet  endroit  connnence  l'exislence  en  question  ;  dans 
cet  endroit;  à  la  fîn  de  cette  existence,  se  formera  l'être  intermédiaire 
appelé  à  prendre  une  nouvelle  existence  [de  KAmadhatu  ou  de  Rflpa- 
dhatu]  (Voir  iii.  4  b-d,  p.  15  n.  1). 

La  série  mentale,  pensée  et  mentaux  (citta  et  caiiias,  ii.  23),  des 
êtres  matériels  s'appuie  sur  la  matière,  rûpat  et  de  la  sorte  peut 
exister.  Quel  sera  le  point  d'appui  de  la  série  mentale  des  être»  de 
l'ÀrQpyadhatu  ? 

3  c-d.  Ici  la  série  mentale  existe  en  s'appuyant  sur  le  nikâya  et 

sur  l'organe  vital.  ' 

D'après  les  Àbhidharmikas,  la  série  mentale  des  êtres  d'ArOpya  a 
pour  point  d'appui  les  deux  dharmas  «  dissociés  de  la  |)en.sêe  >  qu'on 
nomme  nikâyasahhâgatâ,  «  genre  >,  et  jivitendriya,  *  organe 
vital  »  (ii.  45). 

*  La  série  mentale  des  êtres  matériels  ne  s'appuie  pas  sur  ce»  deux 

1.  nikdyaffi  jivitatfi  câtra  niéritù  citloëatfitatih  (I 

Comme  on  verra  iii.  41,  la  pensée  et  le»  mentaux,  tiaiw  les  deux  pmiieni  Miitw. 
sont  un  aérita  qui  a  pour  âéraya  le  coq»  muni  d'organes.  1^ 
meurt,  lorsque  les  organes  sont  délniits. 

Sur  le  nikaya  =  nikayasabhàga,  il  41,  ci^essou»,  iii  7  c, 
=  upapattyayatana. 

%  Hiuan-Uang  corrige  :  U  série  meoUle  des  êtres  nslérids  oe  •'•ppofo  p^ 


6  CHAPITRE  III,  3. 

dharmas,  parce  qu'elle  manque  de  force  ;  la  série  mentale  des  êtres 
immatériels  possède  la  force  nécessaire,  parce  qu'elle  procède  d'un 
recueillement  d'où  la  notion  de  matière  a  été  éliminée. 

Mais,  dira-t-on,  le  «  genre  »  et  l'organe  vital  des  êtres  matériels 
s'appuient  sur  la  matière  :  quel  sera,  pour  les  êtres  immatériels,  le 
point  d'appui  du  «  genre  »  et  de  l'organe  vital  ?  —  Ces  deux  s'ap- 
puient l'un  sur  l'autre.  Chez  les  êtres  matériels,  le  «  genre  »  et 
l'organe  vital  n'ont  pas  la  force  nécessaire  pour  s'appuyer  l'un  sur 
l'autre  ;  ils  ont  cette  force  chez  les  êtres  immatériels,  parce  qu'ils 
procèdent  d'un  certain  recueillement. 

D'après  les  Sautrântikas,  la  série  mentale,  pensée  et  mentaux,  n'a 
pas,  chez  les  êtres  immatériels,  de  point  d'appui  qui  lui  soit  extérieur. 
Cette  série  est  forte  et  peut  se  passer  de  point  d'appui.  Ou  bien  disons 
que  la  pensée  s'appuie  sur  les  «  mentaux  »  et  les  «  mentaux  » 
sur  la  pensée,  comme  vous  dites  que  le  «  genre  »  et  l'organe  vital 
s'appuient  l'un  sur  l'autre. 

La  série  de  pensées  d'une  nouvelle  existence  est  «  projetée  »  par 
une  certaine  cause  (acte-passion,  karma-kleéa)  ;  si  cette  cause  n'est 
pas  exempte  d'attachement  à  la  matière  (rûparâga),  la  pensée  renaî- 
tra avec  la  matière,  et  sa  série  s'appuiera  sur  la  matière;  si  cette  cause 
est  exempte  d'attachement  à  la  matière  —  comme  c'est  le  cas  pour 
le  recueillement  qui  est  la  cause  qui  projette  une  existence  d'Àrûpya 
—  la  pensée  renaîtra  et  existera  sans  relations  avec  la  matière. 

Quelle  est  l'explication  de  ces  termes,  Kamadhâtu,  etc.  '  ? 

dhâtu,  ce  qui  porte  (dadhâti)  ^  un  svalaksana  (k  savoir  les 
kâmas,  etc.)  [3  b]  ;  ou  bien  dhâtu  signifie  gotra  comme  on  a  expli- 
qué ci-dessus,  i.  20  a,  p.  37. 

sur  ces  deux,  parce  qu'ils  manquent  de  force  :  ils  sont  forts  chez  les  êtres  imma- 
tériels parce  qu'ils  procèdent  d'un  recueillement  d'où  la  notion  de  matière  a  été 
éliminée  [3  a].  —  Mais  pourquoi  ne  pas  admettre  que  la  série  mentale  des  êtres 
immatériels  s'appuie  directement  sur  ce  recueillement  ?  Pourquoi  ce  point  d'appui 
intercalaire?  En  outre  le  «  genre  »  et  l'organe  vital  des  êtres  immatériels  s'appuient 
sur  la  matière 

1.  Voir  ii.  14,  viii.  3  c,  p.  137. 

2.  Vibhasfi,  75,  6  :  comme  on  a  prthivîdhâtu,  etc. 


Hman-tmng^  viii,  fol.  2  b.4  a.  7 

1.  Kftnindlifllii  peut  s'enleiidre  :  t  dhâiu  aMocié  à  kàmoê  ».  en 
élidant  lo  mot  du  niilieu  «  associé  »  (mtfiifrctyukta)^  romnir  on  a 
«  diamaiil-hngue  »  (vajravâlaka)  pour  «  hngue  ornée  de  diamant  » 
(vajrena  satfîprayukto  'ngnliyakuh),  ou  «  poivre-potion  »  (marka- 
pânaka)  pour  «  potion  mêlée  de  poivre  ». 

De  même  Ropadhatu  =-  «  dfiàtu  associé  aux  matières  ». 

On  a  l'adjectif  arûpa  =  exempt  de  matière,  d'où  l'abstrait  ârupya, 
absence  de  matière  '.  Ou  bien  rûpa  =  «  ce  (pii  est  susceptible  de 
rùpana,  de  bâdhanâ  »  (i.  24,  p.  45)  ;  arûixi,  par  absence  de  rupa  ; 
ârûpya,  le  fait  d*étre  tel  (tadbhâva  [:  arùpabhâva]  ârUpifam). 
L'ÀrQpyadhatu  est  ce  qui  est  associé  à  Vârûpya. 

2.  Ou  bien  ces  termes  sont  des  composés  dont  le  premier  terme 
est  un  génitif  :  Kamadhatu,  le  réceptacle  ou  dhâiu  des  kâtnas  ; 
Rûpadhatu,  le  réceptacle  des  matières  ;  ArQpyadhatu,  le  réceptacle 
de  Vârûpya.  * 

Que  faut-il  entendre  par  kâma  ?  —  La  concupiscence,  le  désir  de 
l'aliment  en  bouchées  (kavddikârâfiâra,  iii.  39)  et  le  désir  sexuel. 
[kâma  ne  signifie  pas  l'objet  de  la  concupiscence  qu'on  nomme  exac- 
tement kâmaguna,  mais  c  ce  qui  désire  »,  kâmycUa  anetieti  kâttiah]. 
On  le  voit  par  les  stances  qui  suivent. 

Sariputra  dit  à  un  ÀJTvaka  :  c  Les  belles  choses  de  ce  monde  ne  sont 
pas  les  kânias  ;  le  kâma,  c'est  le  désir  que  l'imagination  nourrit 
chez  l'homme.  Peu  importent  les  objets  de  l'univers  :  le  sage  dompte 
tout  souhait  à  leur  endroit  ».  —  L'ÀJTvaka  répondit  :  c  Si  les  belles 
choses  de  ce  monde  ne  sont  pas  les  kâmas,  si  le  kâma  est  le  désir 
que  nourrit  l'imagination,  un  Bhikçu  même  sera  un  <  savoureur  des 
kâmas  »  quand  il  produit  de  mauvaises  imaginations  ».  —  Sariputra 
répli(jua  :  «  Si  les  belles  choses  de  ce  monde  sont  les  kAn%a9t  si  ce 
n'est  pas  le  désir  que  nourrit  l'imagination  qui  est  le  kâma,  le  Maître 

1.  Celte  explication  vaut  pour  l'expression  armpyndhdfu  ;  umïn  (|u«ii«l  «n  p«H# 
des  recueillements  immatériels  (viii.  2  c)  Ariipya  doil  s'entendre  comme  équivnlrnl 
a  arUpa,  ou  bien  comme  signifiant  «  favorable»  à  rÀrOpyaldhfllu)»  (Vytkhjt). 

2.  kdmafiatn  va  dhàtur  iti  ....  kùmàn  yo  dadkali ....  àrApyam  po  dadkAh, 


8  CHAPITRE  m,  3. 

lui-même  sera  un  savoureur  des  kânias  lorsqu'il  voit  les  objets  ».  ^ 

Faut-il  considérer  comme  «  intégrés  »  (pratisamyukta,  âpta,  pa- 
tita)  à  un  Dhatu  [=  comme  étant  du  domaine  d'un  Dhâtu],  tous  les 
dharmas  qui  se  produisent  dans  ce  Dhatu  ?  ^ 

Non  pas,  mais  seulement  les  dharmas  à  l'endroit  desquels  se 
développe,  dans  lesquels  prend  gîte  le  désir  (râga)  propre  à  ce  Dhatu, 
désir  de  Kâma,  Rûpa,  ÀrQpyadhatu. 

Quel  est  le  désir  propre  à  chaque  Dhatu  ? 

1.  Samyukta,  28,  3,  —  La  première  stance  est  citée  Angiittara,  iii.  411,  où  elle 
est  attribuée  à  une  divinité  (devatâ).  En  sanscrit  comme  en  pâli  elle  commence 
par  na  te  kâmâ  yâni  [citrâni  loke]  j  samkalparâgah  purusasya  kâmah.  — 
Les  deux  autres  stances,  à  ma  connaissance,  manquent  en  pâli.  La  VySkhyâ  donne 
les  deux  dernières  lignes  :  sâstâpi  te  bhavisyati  kâmabhogl  drstvaiva  rûpâni 
manoramâni. 

L'argument  de  l'Âjïvaka  ne  vaut  pas.  Il  pense  qu'un  Bhiksu  cesse  d'être  Bhiksu 
par  le  fait  qu'il  est  un  kâmopabhofjin  ;  et,  si  kâma  =  désir,  le  Bhiksu  sera 
kâmopabhogin,  et  perdra  la  qualité  de  Bhiksu,  même  quand  il  ne  jouit  pas  des 
objets.  Mais  le  Bhiksu,  par  le  désir,  corrompt  sa  moralité,  sans  perdre  la  qualité 
de  Bhiksu  :  il  faut  pour  cela  (ju'il  transgresse  par  le  corps  ou  la  voix  la  ligne 
des  règles  du  Tathâgata. 

Dans  Kathâvatthu,  viii.  3-4,  le  Theravfidin  établit  contre  les  Pubbaseliyas  que 
kâma,  dans  l'expression  Kamadhatu,  ne  signifie  pas  «  objet  du  désir  »  —  rûpâya- 
tana  «  visible  »,  etc.  —  mais  bien  «  désir  ».  Il  cite  la  stance  Anguttara,  iii.  411  = 
Samyutta,  i.  22,  conmie  Vasubandhu. 

Comparer  Vibhanga,  250  cité  Althasâlinîr  164-5  ;  la  distinction  des  vatthukâtnas 
et  des  kilesakâmas,  Mahâniddesa  ad  Suttanipfila,  766  ;  Compendium,  p.  81,  n.  2. 

Vibhâsa,  73  ;  Dharmaskandha,  5,  15. 

2.  Dans  le  Kamadhatu  se  produisent  (samudâcaranti)  des  dharmas  qui  sont 
du  domaine  du  Rûpadhatu  et  de  l'Àrûpyadhatu,  par  exemple  les  divers  recueille- 
ments (viii.  19  c)  ;  un  homme  peut  éprouver  «  désir  »,  râga,  à  l'endroit  de  ses 
recueillements:  mais  ce  désir,  ayant  pour  objet  un  dharma  d'une  terre  supérieure, 
ne  s'y  installe  pas  :  comme  le  pied  sur  un  pavé  brûlant  (v.  2,  39).  De  même  se 
produisent  chez  les  êtres  du  Kamadhatu  des  dharmas  anâsravas,  «  purs  »,  à 
savoir  les  pensées  qui  constituent  le  Chemin  :  ces  dharmas  ne  sont  pas  l'objet 
du  «  désir  »  (râga),  à  quelque  Dhatu  qu'il  soit  propre  (v.  16,  viii.  20  c)  :  ils  sont 
donc  adhâtupatita,  adhâtvâpta,  étrangers  aux  Dhatus. 

D'où  ce  principe  que  c'est  la  «  soif  »  qui  détermine  les  terres  (Kamadhatu  = 
une  terre,  Rûpadhatu  =-■  quatre  terres)  ;  viii.  20  c. 

Est  de  la  terre  du  Kamadhatu  tout  dharma  à  l'endroit  duquel  la  «  soif  »  d'un 
être  né  dans  le  Kamadhatu  se  développe. 


Hiftam4êangt  viii.  fol.  4  a-b.  9 

Le  désir  qui  se  développe,  qui  prrnd  glle  daiiA  les  dhnrmcut  de  r^ 
Dhfttu. 

r/est  Texemple  de  la  longe  ;  t  A  qui  relie  longe  ?  —  Au  proprié- 
taire de  ce  cheval.  —  A  qui  ce  cheval  ?  -  Au  pn)priflairc  dr  rrllr 
longe  >.  La  réponse  ne  nous  apprend  rien. 

Pardon  [4  b]  :  nous  avons  énuméré  les  «  places  »  qui  conslituent 
le  Kaniadhalu.  On  nomme  «  désir  propre  au  KAmadliAlu  >  le  dé>*ir 
de  Félre  qui  n*esl  pas  détaché  de  ces  places,  qui  n'a  pits  rejeté  le  déî*ir 
à  l'endroit  des  dharmas  de  ces  places.  De  même  pour  les  deux  autreu 
Dhatus  '.  —  Ou  bien  «  désir  propre  au  KAmadlmlu  »  =  désir  de  Félre 
qui  n'est  pas  recueilli  (samâhita)  ;  c  désir  propre  au  RnpadliAlu,  à 
rÀrOpyadhatu  »  =  désir  relatif  aux  recueillements  de  dhyâna,  aux 
recueillements  dits  d'ârûpya, 

La  pensée  -  par  laquelle  on  crée  des  objets  magiques  du  domaine 
du  Kamadhatu  est  un  fruit  du  dhyâna.  Cette  pensée  ne  se  pnMluil 
donc  que  chez  des  êtres  détachés  du  KAmadhAlu.  Comment  peut-on 
dire  que  cette  pensée  est  du  domaine  du  KamadliAtu  ?  Kn  effet  celle 
pensée  ne  se  produit  pas  chez  un  être  non  détaché  du  Kamadhalu, 
et,  lorsque  cette  pensée  se  produit  chez  un  être  détaché  du  Kama- 
dhatu,  elle  ne  peut  être  pour  lui  Tobjet  d'un  désir  de  Tordre  du 
Kamadhatu.  Cette  pensée  est  donc  du  domaine  du  Kamadhatu  (kâmâ- 
vacarcUva)  sans  qu'il  y  ait,  à  son  endroit,  désir  de  l'ordre  du  Kama- 
dhatu (kâmarâgena  vinâ)  :  cela  fait  difficulté,  cela  contredit  votre 
défînition  des  Dhatus. 

Cette  pensée  est  du  domaine  du  Kamadhatu  parce  qu'un  désir  de 
l'ordre  du  Kamadhatu  se  produit  à  son  endroit  chez  un  honune  qui 
entend  parler  de  cette  pensée  comme  appartenant  à  un  autre,  ou  qui 
se  souvient  de  l'avoir  possédée  autrefois,  ou  qui  voit  des  créations 

1.  yesu  kamarûparûpyaràga  anuéerate  /  ye^u  kùmarûgo  'nmiêU  alam- 
banatah  samprayogato  va  yathasatftbhavatft  te  knmapratùiamin^f^^  •— 

2.  Nous  expliquons,  à  la  lumière  de  la  VyftkhyA,  le  Hliâjjya  :  NinNAfianUt 
katham  kâmaragah  /  érutvA  parihàya  ca  tadûsvadatiàt  /  nétmën^apaitmm 
v&  I  gandhariManirmanâd  vA  {kAmùvacaratvatft]  rûpévaeQrtftm  ia$ar 
anirmUnàt. 

Voir  vii.  49^1. 


10  CHAPITRE  m,  3-4  b. 

magiques.  Ou  bien  encore  parce  que  cette  pensée  crée  des  odeurs  et 
des  saveurs  :  or  une  pensée  du  domaine  du  Rûpadhâtu  ne  peut  créer 
odeurs  ou  saveurs  parce  que  les  êtres  du  Rûpadhâtu  sont  détachés 
des  unes  et  des  autres. 

Ce  triple  Dhatu  est-il  unique  ? 

Les  triples  Dhâtus  sont  infinis,  comme  l'espace  '  ;  bien  qu'il  n'y  ait 
pas  production  de  nouveaux  êtres,  bien  que  d'innombrables  Bouddhas 
convertissent  d'innombrables  êtres  et  leur  fassent  obtenir  le  Nirvana 
[5  a],  les  êtres  des  innombrables  Dhâtus  ne  sont  jamais  épuisés.  ^ 

Gomment  sont  disposés  les  triples  Dhâtus  ?  —  Horizontalement  ^ 
ainsi  que  le  prouve  le  Sîitra  ^  :  «  De  même  que,  lorsque  le  nuage 
I§âdhâra  '  pleut,  il  n'y  a  pas  intervalle  ou  discontinuité  des  gouttes 
d'eau  qui  tombent  de  l'espace,  de  même  vers  l'orient  il  n'y  a  pas 
intervalle  ou  discontinuité  des  univers  (lokadhâtus)  en  état  de  créa- 
tion et  de  disparition  ;  comme  vers  l'orient,  de  même  vers  le  sud, 
l'occident  et  le  nord  ».  Le  Sotra  n'ajoute  pas  :  vers  le  zénith  et  vers 
le  nadir. 

D'après  une  autre  opinion  ^  les  univers  se  superposent  vers  le 
zénith  et  le  nadir,  car,  d'après  d'autres  Sûtras',  les  univers  sont 
disposés  vers  les  dix  points  cardinaux.  Il  y  a  donc  un  Kâmadhâtu 

1.  Il  y  quatre  atiantas  :  âkâso  ananto,  cakkavâlâni  anantâiii,  sattakâyo 
ananto,  buddhanânam  anantam  (Atthasalinî,  160).  —  Voir  ix.  p.  267. 

2.  P'ou-kouang  (cité  par  Saeki,  viii.  5  b,  10)  :  «  Si  on  suit  l'opinion  des  Mahlsa- 
sakas,  il  y  a  production  de  nouveaux  êtres  (yeou  chè  k'i  yeou  tsing  —■  asty  âdy- 
utpannah  saUvah)  qui  ne  naissent  pas  d'acte-passion  (karmaklesa)  ». 

3.  Vibhasâ,  93,  10,  signale  les  deux  opinions,  disposition  horizontale,  disposition 
horizontale  et  verticale  des  univers,  et  les  difficultés  qu'elles  présentent.  —  Com- 
parer Dïgha,  i.  33. 

4.  Ce  Sûtra  est  Samyukta  34,  7  ;  il  est  utilisé  dans  LokaprajnSpti,  au  début 
(trad.  Cosmologie  bouddhique,  p.  196). 

5.  L'îsâdhâra,  «  le  nuage  dont  les  gouttes  ont  la  dimension  d'un  timon  »,  est  un 
des  quatre  nuages  du  commencement  de  l'âge  cosmique,  Siksâsamuccaya,  247, 
Kosa,  iii.  90  c.  [Un  Naga  «  plébéien  »  de  Waddell,  JRAS.  1894,  98.] 

6.  Opinion  des  Dharmaguptas  d'après  P'ou-kouang,  —  Opinion  de  Sthiramati, 
Tsa-tsi  (Nanjio,  1178),  etc. 

7.  Par  exemple  Samyukta,  17,  11,  Madhyama,  11,  5. 


Hiuan-tsang,  viii.  fui.  4  b-5  a.  1 1 

au-dessus  de  l'Akaniçtlm  et  un  Aknniçlhn  en-dp;«souA  du  KAmndhAlu/ 

Quicontjue  est  détaché  d*uu  KnuiadliAlu  est  détaché  drs  KAniadhA- 
tus  de  tous  les  univers  ;  de  même  pour  les  deux  autres  DhAhis. 

Quicon(|ue  produit  TAhhijna  de  pouvoir  magique  en  prenant  point 
d'appui  sur  le  premier  dhynnn,  IVlre  magifjue  qu'il  crée  ne  peut  se 
rendre  que  dans  le  Brahmaloka  de  l'univers  où  est  né  son  créateur  ; 
non  pas  dans  les  autres  univers  (vii.  50  h,  p.  116). 

4  a-b.  Dans  ces  Dhatus,  cinq  destinées  qui  ont  été  désignées  par 
leurs  noms.  [5  b]  * 

1.  Sur  la  disposition  des  univers,  voir  les  r<^férenres  iIa.Hting.%  AH.  OMnnolc»gy, 
137*>  (Mahftvastu,  i.  122,  Lotus,  chap.  xi,  Avatarpsaka).  —  Ci^dessous  iii.  45,  7.1. 

2.  narakâdiavanâmoktâ  gatayah  paiica  iesu. 
Cinq  ou  six  yatis  ? 

Kathftvatthu,  viii.  1.  —  Malgré  Majjhima,  i.  l^fpaùca  kho  pan*  imA  sAripntta 
gatayo  ...),  les  Andhakas  et  les  Uttarfi pat  liakas  tiennent  que  les  Asuirnscoosti* 
tuent  une  gati  à  part.  Mais  les  K&lakaAjakas  sont  à  ranger  fianni  les  Prêtas,  et 
la  troupe  de  Vepacitti  (Sainyulta,  i.  221,  Dialogues,  ii.  281),  Brethren,  749)  parmi 
les  Devas.  [D'après  la  version  et  les  noies  de  Aung>Rhys  Davids.] 

Outre  Majjhima,  i.  73,  on  peut  signaler  Dlgha,  iii.  234,  AAgnttare,  iv.  450. 
Samyutta,  v.  474^.  » 

Cependant  il  y  a  quatre  apAyas  :  damnés,  animaux,  Preta.%  Asuras  (Références 
Rhys  Davids-Stede).  —  Ce  sont  les  aksanagatûi  de  Siki^samurraya,  147.  les 
akkhanas  de  Dîgha,  iii.  264,  les  duggatia  de  Petuvatthu,  qui  man(|uent  daa**  le 
paradis  d'Amitfibha  (Sukh&vatl,  11). 

Dans  le  Lotus,  on  a  parfois  six  gatis  (Bumouf,  300),  parfois  cinq  galû  (Bur« 
nouf,  377). 

La  Lettre  à  l'ami  de  Nftgfirjuna  donne  cinq  gatin  ;  de  mêmp  riiuwriplion  de 
Bodh-Gayft  (Fujishima,  JAs.  1888,  ii.  423  ;  Chuvannes,  RHR.  181M>.  ii). 

Mai»  six  gatis  dans  Dharmasamgraha,  57,  et  autres  source»  nomnuf»  ibidrm. 

Notes  de  Kiokuga.  —  i.  Les  Asuras:  1.  compris  |mrmi  les  Prêtas  ^VibliftAft  et  Saip* 
bhinnahrdaya,  Nanjio,  1287)  ;  2.  non  compris  dans  les  gatis  (BuddItahliQmi.  ete.); 
3.  sixième  gati  (Mahasfimghikas,  etc.)  ;  4.  compris  parmi  les  Prêtas  el  le»  animaux 
(SaddharmasmrlyuiuislIulnusQlra);  5.  compris  parmi  les  Prêtas,  les  animaux  et 
les  dieux  (SagathasQlra).  —  IL  Le  Sotra  dit  qu'il  y  a  cinq  gaiiê,  GoauDeat  peuioa 
soutenir  qu'il  y  en  a  six  ?  —  Le  Bouddha  étant  parti  il  y  a  cinq  siècles,  il  y  a  beao- 
coup  d'écoles  ;  les  écoles  ne  sont  pas  d'accord  :  les  unes  tiennent  pour  cinq  f«fte. 
les  autres  pour  six.  Les  premières  font  dire  au  SOtra  qu'il  y  a  cinq  foMf,  les 
autres  qu'il  y  en  a  six.  —  iii.  Dans  le  Grand  Véhicule,  l'Avalaipsaka  dit  qu'il  y  a 
six  gatis. 


12  CHAPITRE  m,  4. 

Cinq  gatis  :  êtres  infernaux,  animaux,  Prêtas,  hommes  et  dieux. 
Dans  le  Kâmadhâtu,  les  quatre  premières  destinées  et  une  partie  de 
la  destinée  divine  ;  dans  les  deux  autres  Dhâtus,  une  partie  de  la 
destinée  divine. 

La  stance  dit  :  «  cinq  destinées  dans  les  Dhatus  ».  Est-ce  donc  qu'il 
y  a  une  partie  des  Dhâtus  qui  ne  rentre  pas  dans  les  destinées  ?  — 
Oui.  Sont  inclus  dans  les  Dhatus  le  bon,  le  mauvais,  le  monde  récep- 
tacle, l'existence  intermédiaire.  Tandis  que,  les  cinq  destinées  : 

4  b-d.  Elles  sont  non-souillées-non-définies,  elles  sont  monde-des- 
êtres  ;  elles  ne  comprennent  pas  l'existence  intermédiaire.  ' 

Les  destinées  sont  non-souillées-non-défînies,  étant  fruit  de  rétribu- 
tion (ii.  57)  -,  Dans  l'hypothèse  contraire,  les  cinq  destinées  se  con- 
fondraient :  [en  effet,  un  homme  peut  faire  des  actes  qui  sont  rétribués 
par  une  naissance  infernale,  par  une  naissance  divine  :  si  les  actes 
étaient  intégrés  (parydpanna)  aux  destinées,  la  destinée  humaine 
serait  en  même  temps  infernale  et  divine.  Un  être  né  dans  le  Kâma- 
dhâtu est  muni  de  la  passion  (kleéa)  de  cette  terre  (bhûmi)  et  peut 
être  muni  des  passions  des  terres  supérieures.] 

Elles  sont  sattvâkhya  (i.  10  b)  :  le  monde-réceptacle  ne  rentre  pas 
dans  les  destinées. 

L'existence  intermédiaire  n'est  pas  une  destinée  (ci-dessous  p.  14, 
1.  18  ;  iii.  10). 

La  nature  des  destinées  est  illustrée  par  plusieurs  textes  :  1.  La 
Prajnâpti  dit  :  «  Les  quatre  matrices  (yoni,  iii.  8  c)  comprennent  les 
cinq  destinées  ;  les  cinq  destinées  comprennent-elles  les  quatre  matri- 
ces ?  —  L'existence  intermédiaire,  qui  est  de  la  matrice  apparition- 
nelle,  n'est  pas  comprise  dans  les  cinq  destinées  ».  ^  —  2.  Le  Dhar- 

1.  tâh  I  aklistâvyâkrtâ  eva  sattvâkhya  nântarâbhavah. 
Voir  ci-dessous  p.  15  n.  2. 

2.  Définition  de  la  gati  dans  Kâranaprajnapti,  traduite  Cosmologie  bouddhique, 
345.  On  y  voit  que  nârakanikâyasabhâgatâ,  nârakâyatanasamanvâyama, 
anivrtâvyâkrtanârakarûpâdlni  ainsi  que  la  nârakesu  pratisamdhih  sont 
narakagati. 

3.  On  peut  restituer  :  catasrbhyo  yonibhyah  panca  gatayah  samgrhttâh  j 
kim  paficabhyo  gatibhyas  catasro  yonayah  samgrhïtâh  /  antardbhavah. 


Hluan-isang,  viii,  fol.  5  l>-6  a.  13 

maskandhn  (9.  s)  dit  :  «  Qu'est-ce  que  Vœil  (cakfwrdhnim)  ?  —  Cjiiie 
matière  subtile  dérivée  des  grands  éléments  qui,  dans  Tenfer,  cli«t 
les  animaux,  chez  les  Prêtas,  chez  les  dieux,  chez  les  hommes,  chet 
les  êtres  nés  du  recueillement,  chez  U»s  êtres  intermédiain^,  est  œil. 
œil-organe,  œil-source  de  connaissance,  œil-élément  '  ».  [6  a]  -  3.  I^ 
Sotra  lui-môme  dit  que  Texislence  intermédiaire  n*est  pas  comprise 
dans  les  destinées  :  «  Il  y  a  sept  hhavas  ou  c  existences  »  :  existences 
infernale,  animale,  de  Prêta,  divine,  humaine,  plus  le  kannnbhava 
et  Texistence  intermédiaire  (anlarâhhava)  *.  Ce  Sotra  '  indi(|ue  les 
cinq  destinées  (existences  infernale,  etc.)  avec  leur  cause,  à  savoir 
Tacte  ou  karmabhava  (iii.  24  a),  et  leur  accès,  a  savoir  Texistence 
intermédiaire  par  laquelle  un  être  arrive  à  une  destinée,  (^e  Snlra,  du 
même  coup,  montre  que  les  destinées  sont  non-souillées-non-délinies, 
puisqu'il  distingue,  d'une  part,  les  destinées  (existences  infernale,  etc.), 
d'autre  part,  la  cause  des  destinées  à  savoir  l'acte  qui  est  défini  (bon, 
mauvais).  —  4.  Ce  dernier  point  est  encore  établi  par  un  Sotra  que 
lisent  les  Kai^mTriens  ^  :  «  Sariputra  dit  :  Vénérable,  lorsqu'entrent 
en  exercice  des  passions  (âsravasj  infernales,  on  fait  et  on  accumule 
des  actes  qui  doivent  être  rémunérés  par  l'enfer.  Ces  actes  de  corps, 
de  voix  et  de  pensée,  actes  tortueux,  corrompus,  «  teints  »  (iv.  59), 
ont  pour  rétribution  les  rûpa,  vedanâ,  samjhâ,  satf^kâras  et 
vijnâna  infernaux.  Quand  cette  rétribution  est  réalisée  (nirvrtte 
vipâkej,  il  y  a  ce  qu'on  nomme  être  infernal.  Vénérable,  en  dehors 
de  ces  cinq  dharmas,  on  ne  peut  constater  l'existence  d'aucun  être 
infernal  ».  [C'est  dire  que  l'être  infernal  n'existe  pas  en  dehors  de 
ces  cinq  dharmas  «  qui  sont  rétribution  »,  donc  non-souillés-non- 
définis] 

1.  On  peut  restituer  d'après  la  version  tibétaine  et  ParamSrttia  :  eaksurdkàhth 
katamah  /  yaé  catvari  mahabhûtany  upâd&ya  rUpaprasàdo  narak»  vu 
iiryagyonau  vfi  pretavisaye  vd  deve^ni  vu  manusyêfH  vu  bkàranëjê^ 
vântarabhave  va  caksué  caksurindriynfn  caksuràyntanatfî  eakxnrdkàlHk. 

2.  Ce  Sotra,  discuté  dans  Vibha?a,  60,  5,  est  le  SaptabhavasOira.  Le»  écalen  qui 
nient  Pexistence  inleriné<liaire  en  contestent  l'authenticité,  voir  Saqpghabhadira. 
xxiii.  3,  6  a,  traduit  Nirvana,  192r>,  p.  23,  note. 

3.  Vasubandbu  veut  dire  :  Les  Kasmîriens  seul»  lisent  ce  SOlra  ;  ce  SOtra  e»l 
muktak€i,  il  ne  fait  pas  partie  des  Àgamas. 

D'après  Vibhft^a,  172,  3. 


14  CHAPITRE  III,  4. 

Mais  comment  accorder  cette  thèse  avec  la  déclaration  du  Praka- 
ranagrantha  (3,  8)  :  «  Tous  les  anusayas  prennent  gîte  et  développe- 
ment à  l'endroit  des  destinées  »  ?  '  —  On  répond  que  cette  déclara- 
tion vise  la  pensée  initiale  (samdMcitta)  des  destinées  -,  laquelle 
peut  être  de  cinq  espèces,  à  abandonner  par  la  vue  de  chacune  des 
quatre  vérités  ou  par  la  méditation  :  donc  tous  les  anusayas  peuvent 
y  prendre  gîte  l  [6  b]  Or  on  dit  «  village  »  pour  «  les  confins  du 
village  »  ;  le  Prakarana  peut  donc  s'exprimer  comme  il  fait. 

D'après  une  autre  opinion  les  destinées  sont  aussi  bonnes  et  souil- 
lées (kusala,  klista).  En  effet,  disent  les  partisans  de  cette  opinion, 
l'argument  tiré  du  Sûtra  des  sept  e^^istences  (p.  13  n.  2)  ne  vaut  pas  : 
l'acte  est  mis  à  part  des  cinq  destinées,  mais  cela  ne  prouve  pas  qu'il 
en  soit  exclu.  Parmi  les  cinq  «  corruptions  »  (kasâya)  sont  cités  à 
part  le  klesakasâya  et  le  drstikasâya  (iii.  93  a)  :  dira-t-on  que  la 
drsti  n'est  pas  un  kleêa  ?  Donc  l'acte  (karmabhava)  est  compris 
dans  les  destinées  '*.  Il  est  cependant  nommé  à  part  parce  qu'il  est  la 
cause  des  destinées. 

Le  Sarvastivadin.  —  Votre  raisonnement  s'applique  à  l'existence 
intermédiaire  qui  sera  donc  une  destinée  ?  ^ 

Non  pas.  Le  mot  gati,  «  destinée  »,  signifie  :  «  où  l'on  va  »  ^  Or 
l'existence  intermédiaire  commence  dans  l'endroit  où  a  lieu  la  mort. 

î.  gatisu  sarve  'nuéayâ  anuèerate.  —  Si  les  gatis  sont  des  dharmas  non- 
soiiillés-non-définis,  comme  ces  dharmas  sont  abandonnés  par  bhâvanâ,  le  Pra- 
karana devrait  dire  :  «  Prennent  gîte  et  développement  à  l'endroit  des  gatis  les 
anuéayas  abandonnés  par  bhâvanâ  et  les  anuàayas  universels  »  (voir  i.  40  c 
et  chapitre  V)  ;  il  ne  devrait  pas  dire  :  «  tous  les  anuéayas  »,  car  parmi  ceux-ci 
il  en  est  qui  ne  prennent  pas  gîte  dans  les  dharmas  non-souillés-non-définis. 

2.  C'est  l'explication  de  Vibhâsâ,  72,  2. 

samdhicitta  =  pratisamdhicitia  =  upapattibhava  de  Kosa,  iii.  13  c,  38.  — 
On  a  pratisamdhi  =  vinnâna,  l'élément  de  «  réincarnation  »,  Patisambhida- 
magga,  i.  p.  52  ;  pratisamdhicitta  et  vinnâna,  Visuddhi,  548,  659. 

3.  D'après  iii.  38,  ii.  14. 

4.  Paramârtha  diverge  :  «  Vous  dites  que  le  karmabhava  est  nommé  ici  parce 
qu'il  est  la  cause  des  destinées  :  il  conviendrait  de  nommer  les  skandhas  qui  sont 
aussi  cause  des  destinées  ». 

5.  On  dira  que  l'existence  intermédiaire  est  une  destinée,  bien  qu'elle  soit 
nommée  à  part  pour  indiquer  l'accès  des  autres  destinées. 

6.  gacchanti  tâm  iti  [gatih]. 


Hiuathiêong,  viii,  fol.  6  a-7  a.  15 

Le  Sarva.stivaiiin.  —  C'est  aussi  le  cas  pour  les  cxt.Htpiiro«i  d'ArO- 
pyadhatii  qui  donc  ne  rentreront  pas  dnns  les  destinées.  ' 

Disons  donc  que  l'existence  intermédiaire,  étant  ainsi  nommée 
parce  qu'elle  est  intermédiaire  entre  deux  destinées,  n'f*Mt  pas  une 
destinée.  Si  elle  était  une  destinée,  n*étant  pas  intermtMliairo.  elle  ne 
^«Tait  pas  nommée  existence  intermédiaire. 

Le  SarvOstivadin.  —  Admettons  que  vous  avez  réfuté  l'arguinrut 
tiré  du  SQtra  des  sept  existences,  que  faites-vous  de  la  déclaration  de 
éariputra(p.  13  1.  16)? 

Sariputra  dit  qu*il  y  a  un  être  infernal  quand  la  rétribution  des 
«  actes  infernaux  »  est  réalisée  ;  il  ne  dit  pas  cpie  la  destinée  d'être 
infernal  soit  seulement  rétribution  [7  a]  :  cette  destinée  est  partie 
rétribution,  partie  non  rétribution.  Le  texte  dit  qu'il  n'existe  pas  d'être 
infernal  en  dehors  de  ces  dharmas,  rûpa,  etc.  :  son  intention  est  de- 
nier  la  réalité  d'une  personne  qui  passerait  d'une  destinée  tlans  une 
autre,  non  pas  d'affirmer  que  les  éléments  (skandhas  :  rûpa,  etc.) 
de  l'être  infernal  sont  seulement  rétiibution. 

Pour  les  Vaibha§ikas,  les  destinées  sont  exclusivement  des  dhar- 
mas non-souillés:non-définis.  Parmi  les  Vaibha§ikas,  les  uns  pensent 
qu'elles  sont  des  dharmas  de  rétribution  (vipâkaja)  ;  d'autres  pen- 
sent qu'elles  sont  des  dharmas  de  rétribution  et  d'accroissement 
(aupacayika).  ^ 

Dans  ce  triple  Dhatu  à  cinq  destinées,  il  y  a,  dans  l'ordre  ascen- 
dant, 

1.  arûpyâ  na  gaiih  syuè  cyuiideSa  evotpadùt  /  ârUpyaga  hi  yaira  cyavanU 
vihare  va  vrksamûle  va  yfivac  caiurthyatn  dhyanabhUmau  iairaivotpady- 
ante  :  «  En  quelque  endroit  que  ineurent  les  êtres  «  qui  tloivenl  aller  aux  ArÉ- 
pyas  »  (ârûpyaga)j  soit  au  couvent,  soit  au  pied  d'un  arbre,  soit  dans  la  qualrième 
terre  de  dhyâna,  dans  cet  endroit  ils  renaissent  d'une  existence  d' 
etc.  »  (Ci«dessus  iii.  3  b). 

2.  Les  dharmas  non-souillés.non.<léfinis  peuvent  être  ou  vtpàkaja  ou 
cayika  (i.  37,  ii.  57).  —  Saipgbabliailra  adopte  l'avis  de»  seconds  docteurs. 

On  voit  ii.  10  que  le  jlvitetidriya  est  exclusivement  réiribulion.  mais  qu«  l«» 
cinq  organes  matériels,  l'organe  mental,  quatre  sensations  sont  quelquefob  rétri- 
bution, quelquefois  non  rétribution. 


16  CHAPITRE  m,  5  a-6  a. 

5  a-6  a.  Sept  vijnânasthitis,  à  savoir  :  1.  êtres  divers  de  corps  et 
de  notion  ;  2.  êtres  divers  de  corps  et  de  même  notion  ;  3.  êtres  de 
même  corps  et  divers  de  notion  ;  4.  êtres  de  même  corps  et  de  même 
notion  ;  5-7.  trois  classes  d'êtres  immatériels.  * 

D'après  le  Sûtra  (Madhyama,  24,  n)  : 

1.  «  Les  êtres  matériels  divers  de  corps  et  de  notion,  à  savoir  les 
hommes  et  certains  dieux  :  c'est  la  première  vijndnasthiti.  » 

Quels  sont  ces  certains  dieux  ?  ^  —  Les  six  dieux  du  Kâmadhâtu 
(i.  l)  et  les  dieux  du  premier  dhyâna  (monde  de  Brahma)  excepté 
les  prathamâhhinirvrftas.  ^ 

1.  nânatvakâyasamjnâà  ca  nânâkâyaikasatnjninah  j  viparyayâc  caika- 
kâyasamjnâs  cârûpinas  trayah  //  vijnânasthitayah  sapta. 

Vibhâsâ,  137,  6. 

La  kârika,  comme  on  voit,  lit  indifféremment  nânâtvakâya,  nânâkâya, 
nânfisafnjiîâ,  nânâtvasamjnin. 

Le  Sûtra  (Mahavyutpatti,  119,  1-7):  1.  rûpinah  santi  sattvâ  nânâtvakâya 
nânâtvasamjninas  tadyathâ  manusyâ  ekatyâé  ca  devait,  2. ...  nânâtvakâya 
ekatvasamjninas  tadyathâ  devâ  brahmakâyikâh  prathatnâbhinirvrttâh, 
3.  ...  ekatvakâyâ  nânâtvasamjninas  tadyathâ  devâ  âbhâsvarâh,  4.  ...  eka- 
tvakâyâ  ekatvasamjninas  tadyathâ  devâ  subhakrtsnâh,  5.  âkâéânantyâya- 
tanam  [mieux  :  ^âyatanopagâh],  6,  vijnânânantyâyatanam,  7.  âkimcanyâ- 
yatanam. 

Dïgtia,  ii.  68  (iii.  253,  282,  Anguttara,  iv.  39,  v.  53)  :  «  Il  y  a  sept  vinnânatthitis 
et  deux  âyaianas  [lesquels  s'ajoutent  aux  vijnânasthitis  poiu-  faire  les  neuf 
sattvâvâsas,  Kosa,  iii.  6  c]  :  1.  santi  Ânanda  sattâ  nânattakâyâ  nânatta- 
sannino  seyyathâpi  manussâ  ekacce  ca  devâ  ekacce  ca  vinipâtikâ  ...  2.  sattâ 
nânattakâyâ  ekattasannino  ...  et  comme  ci-dessus  jusque  subhakinnâ;  5.  santi 
Ânanda  sattâ  sabbaso  rûpasannânam  samatikkamâ  patighasannânam 
atthagamâ  nânattasanùânam  amanasikârâ  ananto  âkâso  ti  âkâsânan- 
câyatanûpagâ  ;  6.  ...  vinnânânancâyatanûpagâ  ;  7.  ...  âkimcannâyatanû- 
pagâ. 

2.  kâmâvacarâh  sat  prâthamadhyânikâécaprathamâbhinirvrttavarjyâh. 
Les  dieux  du  premier  dhyâna  sont  d'après  le  système  des  docteurs  étrangers 

(bahirdeéakanaya)  :  1.  les  Brahmakâyikas,  2.  les  Brahmapurohitas,  3.  les  Maha- 
brahmans  (mahâbrahmânas  ca).  Pour  les  docteurs  du  Kasmîr  les  Mahabrahmans 
ne  font  pas  une  «  place  »  (sthâna)  distincte  des  Brabmapurohitas  (ainsi  que  nous 
avons  vu,  p.  2-4). 

Les  vinipâtikas  du  texte  pâli  manquent. 

3.  La  Vibhasa  (137)  omet  les  «  dieux  du  premier  dhyâna  »,  parce  que  ces  dieux 
ne  sont  pas  nécessairement  divers  de  notion  (Note  de  Kiokuga). 


Hiuan-taang,  viii,  fol.  7  a-b.  17 

Ils  sont  nânâtvakàya,  «  de  corps  ciiiïércnU  »,  fiarce  que  leur  rou- 
\eur  (varna),  leurs  marquas  (linga  :  vétemenU,  omcmenU,  etc.),  l«ir 
«  ligure  >  (saffMthâna,  longu«;ur,  elc.)  no  sont  pas  identiques  [7  b|. 
Ils  sont  nânâifxisatf^jnin,  «  de  notion  diiïértMite  »,  parce  que  leurs 
notions,  notions  de  plaisir,  de  déplaisir,  de  ni-plaisir-ni-déplaisir,  im 
sont  p&s  identiques.  ' 

2.  «  Les  êtres  matériels  divers  de  corps  et  de  même  notion,  à  savoir 
les  dieux  Brahmakflyikas  *  prcUhmnâhhinirvrUay  c'est  la  deuxième 
vijhânasthiti  ». 

Tous  ces  dieux,  prathamâbhinirvrtta,  sont  de  même  notion,  car 
tous  ont  la  notion  d*une  seule  et  même  cause,  Brahmû  pensant  :  <  Ils 
sont  créés  par  moi  »,  et  les  acolytes  de  BrahmA  pensant  :  «  Nous 
sommes  créés  par  BrahmQ  »  '.  —  Diversité  de  corps  :  car  autre  est 
Brahma,  autres  ses  acolytes,  pour  la  hauteur,  la  largeur,  le  corps, 
la  parole,  les  vêtements  et  les  ornements.  * 


Hiuan-tsang  et  ParaniArtha  traduisent  praihamfibhinirvftta  =  qui  naUsenI 
au  commencement  du  Kalpa  ;  le  Lotsava,  litt»*ralement,  c/aii  por  6|fNtè  6a. 

1.  Nous  suivons  la  version  de  Paramfirtha.  VaMubaodliu  (tpie  suivent  le  LoImits 
et  Hiuan-tsang)  explique  l'expression  nân&tvakâya  ....  :  <  diversité  de  notion 
parce  que  les  notions  sont  diverses  ;  doués  de  celte  diversité,  ils  sont  divers  de 
notions  ».  —  Sur  nànâtvasamjnây  les  références  de  Rhys  Davids*Sted«  et  de 
Franke,  Dîgha,  p.  34,  n.  8. 

2.  Par  Brahmak&yikas,  il  faut  entendre  tous  les  dieux  du  premier  dkpémm  ; 
en  nommant  les  premiers,  on  nomme  les  autres. 

3.  Comparer  Dlglia,  i.  18,  iii.  2Î).  -  BrahmA  pense  :  Mtayd  tfM«  satUï  nimmi- 
ta  ...  ;  les  autres  dieux  pensent  :  iminA  mayatft  bhoUi  brakmunA  nimmilA. 

Le  tibétain  peut  être  traduit  :  «  L*aspect  de  la  notion  n'étant  pas  diflTérenl  il» 
sont  de  même  notion  ».  —  Paramarllia  est  tr«'s  net  :  €  Parce  que  semblableineiit 
ils  ont  la  notion  que  Brahmfi  est  la  cause  unique  ».  —  SamgliablMMba  réfute  une 
objection  :  «  La  notion  est  différente,  puisque  les  Brabmakftyikas  pentest  qu'ils 
sont  créés  tandis  que  Mahabrahmfi  pense  qu'il  crée  ».  En  effet,  dit4l»  las  mw  tl 
l'autre  ont  la  notion  d'une  cause  unique,  ont  la  notion  de  création  (nirmàfM). 

4.  Hauteur  =  droha  (uttaratAj  ;  largeur  =  partnaka  (êlhaHlf/nprnmùna ,  : 
corps  =  âkrtivigraha,  c'est-à-dire  vigraha  consistant  en  dJkf  M,  «  figure  n  el  per 
conséquent  équivalent  à  éarlra.  |I1  y  a,  en  outre,  rwlauAH^rste  «  BSeee  de 
sensation  »,  etc.]  ;  parole  =  vagbhaaA  (vàguccaraftaj  :  Hiuan-taanf  el  Para- 
mfirtha traduisent  :  voix,  éclat  (=  vùg  bhdêa^). 

i 


18  CHAPITRE  m,  5  a-6  a. 

Nous  lisons  dans  le  Sûtra  que  ces  dieux  se  souviennent  :  «  Nous 
avons  vu  cet  être  de  longue  vie,  qui  dure  si  longtemps  »,  et  le  reste 
jusque  :  «  lorsqu'il  a  formé  le  vœu  :  «  Puissent  d'autres  êtres  naître 
ici  en  ma  compagnie  !  »  nous  sommes  nés  dans  sa  compagnie  »  \ 
(voir  iii.  90  c-d)  —  Nous  demandons  oii  se  trouvaient  ces  dieux 
[8  a]  quand  ils  voyaient  Brahmâ.  ^ 

D'après  certains  docteurs  [qui  s'autorisent  du  Sûtra  qui  enseigne 
que  les  Brahmakayikas  renaissent  dans  le  monde  de  Brahma  après 
être  morts  dans  le  ciel  Âbhâsvara]  —  ils  ont  vu  Brahmâ  quand  ils 
étaient  dans  le  ciel  Àbhasvara.  Mais,  dirons-nous,  en  tombant  du 
ciel  Àbhasvara,  ciel  du  deuxième  dhyâna,  ils  ont  perdu  le  deuxième 
dhyâna,  et  le  deuxième  dhyâna  est  nécessaire  à  la  mémoire  d'une 
existence  ancienne  dans  un  ciel  du  deuxième  dhyâna  (vii.  p.  105). 
En  outre,  ils  n'ont  pas  reconquis  le  deuxième  dhyâna  puisqu'ils 
tombent  dans  la  vue  erronée  (éîlavrataparâmarsa)  de  considérer 
Mahabrahma  comme  un  créateur  :  on  ne  peut  pas  dire  que  cette  vue 
erronée  puisse  accompagner  le  deuxième  dhyâna,  puisque  jamais 
vue  erronée  (ou  passion  quelconque,  kleéa)  d'une  certaine  terre  n'a 
pour  objet  une  terre  inférieure. 

D'après  une  autre  opinion,  ils  ont  vu  Brahma  pendant  qu'ils  se 
trouvaient  dans  l'existence  intermédiaire  (antarâhhava)  qui  précéda 
leur  naissance  dans  le  monde  de  Brahma.  —  Mais  on  objectera  que 
cette  existence  intermédiaire  est  très  courte,  car  il  ne  peut  y  avoir 
aucun  retardement  à  la  naissance  dans  ce  monde  \  Comment  donc 

1.  imam  vayam  sattvam  adrâksma  cllrghâyusam  dlrgham  adhvânatn 

tisthantam aho  vatânye  'pi  sattâ  marna  sabhâgatâyâm  upapadyerann 

m  cetasah  pranidhih  j  vayam  copapannâh.  —  Le  Dîgha  diffère.  On  a  la  for- 
mule de  souhait  de  BrahmS  :  ...  aho  vata  annepi  sattâ  itthattam  âgaccheyyun 
ii,  et  cette  réflexion  des  dieux  :  imam  M  mayam  addasâma  idha  pathamam 
upapannam  j  mayam  pan'  amhâ  pacchâ  upapannâ  :  «  car  nous  l'avons  vu 
né  ici  avant  nous,  et  pour  nous,  nous  sommes  nés  après  lui  ». 

2.  P'ou-kouang  dit  qu'il  y  a  trois  réponses  à  cette  question  ;  Samghabhadra 
signale  six  réponses  ;  Vibhfisa,  98,  cinq  réponses  dont  Vasubandhu  reproduit  les 
trois  premières. 

3.  L'existence  intermédiaire  ne  peut  se  prolonger  que  lorsque  l'être  intermédiaire 
doit  se  réincarner  dans  le  Kamadhfitu,  iii.  14  d. 


Hinan-tsang,  viii,  fol.  7  b-8  b.  19 

pourraient-ils  dire  :  c  Nous  avons  vu  cet  6tre  de  longue  vie,  qui  dure 
longtemps  >  ? 

Par  conséquent  —  troisième  opinion  —  on  dira  :  Ce»l  dan»  le 
monde  même  de  Brahma  que  ces  dieux  se  souviennent  du  passe  de 
Rrahma.  Au  moment  où  ils  naissent,  ils  l'ont  vu,  né  avant  eui, 
iliirant  longtemps.  L'ayant  vu,  ils  pensent  :  t  Nous  avons  vu  cet 
être  ...  *  ;  et  ils  connaissent  le  vœu  qu'il  a  fait  par  une  mémoire  du 
domaine  du  premier  dhydna  et  qu'ils  obtiennent  par  le  fait  même 
de  leur  naissance  ;  ou  bien  parce  que  BrabmA  le  leur  dit.  ' 

3.  «  Les  êtres  matériels  de  même  corps  mais  divers  de  notion,  à 
savoir  les  dieux  ÀbbOsvaras,  c'est  la  troisième  vijhâncudhiii,  » 

Le  Sotra  en  nommant  les  dieux  les  plus  élevés  du  deuxième  dhffà' 
na,  les  Abhilsvaras,  désigne  aussi  les  dieux  Parîttabbas  et  Apramfl- 
Q&bhas.  —  S'il  en  était  autrement,  à  ({iiolle  vijnânasthiti  appartien- 
draient ces  deux  classes  ? 

Il  n'y  a  pas  diversité  de  couleur,  marques,  figure  :  donc  ces  dieux 
sont  de  môme  corps  [8  b].  Il  y  a,  cliez  eux,  notion  de  plaisir  (sukha), 
de  ni-plaisir-ni-déplaisir  :  donc  ils  sont  divers  de  notion. 

En  effet,  il  est  dit  (Vibba§a,  38,  b),  à  tort  suivant  nous  (kila),  que 
ces  dieux,  fatigués  de  la  sensation  de  plaisir  mental  (saumaruuifa) 
—  laquelle  est  la  sensation  propre  au  deuxième  dhyâna  proprement 
dit  (mania)  —  passent  dans  le  recueillement  liminaire  (mmaniakaj 
de  ce  dhyâna,  recueillement  qui  comporte  la  sensation  de  ni-plaisir* 
ni-déplaisir  (viii.  22)  '.  Fatigués  de  cette  seconde  sensation,  ils  repren- 
nent le  deuxième  dhyâna  proprement  dit  et  la  sensation  de  plaisir 

1.  D'après  la  Vyakhyfi.  —  Le  Bhflsya  porte  :  tasmât  tatrttstkA  eca  iaêjfa 
pûrvavrltàntam  samaniismaraniah  I  dirghnm  a4lh^'annm  iislkantam  drnîa- 
vanttih  I  drstvâ  ca  paécCid  adrdksmaitesâm  babhùva. 

Param&rtha  comprend  :  «  Les  tlieux  se  souviennent  du  pAssé  dans  le  toon4m  àm 
Brahmfi;  ils  ont  vu  jadis  [=dans  une  précédente  existence  dans  le  moade  de 
BrahraaJ  Brahmfi  de  longue  vie  et  tluranl  longtemps  ;  plus  tard,  ib  le  vojenl  à 
nouveau  ;  et  par  conséquent  ils  disent 

Hiuan-tsang  :  «  Les  dieux  se  souviennent  du  pass^  de  cri  être 
même  :  ils  l'ont  vu  auparavant  ....  >. 

2.  te  ht  maulyatn  bhûmau  8Hkhendriyaparikhinttùh  sAmani 
driyatft  satftmukhikurvanti. 


20  CHAPITRE  m,  5  a-6  b. 

mental.  De  même  les  rois  fatigués  du  plaisir  de  concupiscence  (kâma- 
sukha)  prennent  le  plaisir  du  gouvernement  (ou  du  dharma),  et 
fatigués  du  dharma  reprennent  le  plaisir  de  concupiscence.  —  On 
objectera  qu'il  devrait  en  être  des  dieux  du  troisième  dhyâna  (Subha- 
krtsnas,  etc.  :  quatrième  vijnânasthiti)  comme  des  dieux  du  deuxième 
dhyâna  :  cependant  les  dieux  du  troisième  dhyâna  ne  passent  pas 
dans  le  sâmantaka  et  possèdent  toujours  la  sensation  de  plaisir 
(sukha).  Mais  cette  objection  est  vaine.  Les  Subhakrtsnas  ne  se 
fatiguent  pas  de  leur  plaisir,  parce  que  celui-ci  est  calme  (éânia), 
tandis  que  le  plaisir  des  Àbhâsvaras,  étant  plaisir  mental  (sauma- 
nasya),  trouble  la  pensée  *  et  n'est  pas  calme. 

Les  Sautrântikas  sont  d'une  opinion  différente.  Ils  citent  le  Sotra 
(SaptasQryavyâkarana,  Dlrgha,  21,  s,  Madhyama,  %s)^  :  «  Les  êtres 
qui  sont  nés  depuis  peu  de  temps  dans  le  ciel  Àbhasvara  connaissent 
mal  les  lois  de  la  destruction  de  l'univers.  Lorsqu'à  lieu  la  destruc- 
tion de  l'univers  par  le  feu,  ils  voient  la  flamme  monter  et  détruire 
les  palais  du  monde  de  Brahma  ;  ils  s'effrayent,  s'affligent,  se  trou- 
blent :  «  Puisse  cette  flamme  ne  pas  monter  jusqu'ici  !  »  Mais  les 
êtres  qui  sont  nés  depuis  longtemps  dans  le  ciel  Àbhasvara  con- 
naissent les  révolutions  cosmiques  et  rassurent  leurs  compagnons 
effrayés  :  «  N'ayez  pas  peur,  amis  !  N'ayez  pas  peur,  amis  !  Déjà 
auparavant  cette  flamme,  ayant  brûlé  le  palais  de  Brahma,  [9  a]  y  a 
disparu  ».  —  Dès  lors  on  voit  bien  comment  les  dieux  du  deuxième 
dhyâna  sont  divers  de  notion  :  à  l'incendie  des  mondes  du  premier 
dhyâna,  ils  ont  notion  de  l'arrivée  ou  de  la  non-arrivée  de  la  flamme 
chez  eux,  ils  ont  notion  de  crainte  ou  de  non-crainte  '.  L'explication 
des  Vaibhasikas,  que  ces  dieux  échangent  la  sensation  de  plaisir  et 
d'indifférence,  n'est  pas  bonne. 

4.  «  Les  êtres  matériels  de  mêmes  corps  et  notion,  à  savoir  les 
dieux  éubhakrtsnas,  c'est  la  quatrième  vijnânasthiti.  » 

Ils  sont  de  même  notion,  parce  qu'ils  ont  la  sensation  de  plaisir. 

1.  cetasa  utplâvakatvâd  iti  cetasa  audhilyakaratvât 

2.  Destruction  de  l'univers  par  le  feu,  iii.  90  a-b,  100  c-d. 

3.  âgamavyapagamasamjnifvâd  bhîtâhhïtâsamjnitvât. 


Hinan-lsang,  viii,  fol.  8  b-9  b.  21 

Dans  le  premier  dhyâna,  unité  de  notion,  notion  fioiiill^  piiiii. 
<jirelle  est  associée  à  éUavrataparâmaréa  ;  dans  le  deuxième 
dhyâna,  diversité  de  notion,  notions  bonnes  du  dhyana  proprement 
dit  et  du  recueillement  liminaire  ;  dans  le  troisième  éhyàna,  unité 
de  notion,  notion  née  de  rétribution. 

5-7.  Les  trois  premiers  ârUjyyas  sont  les  trois  dernières  vijiiùtta' 
sihitis  comme  il  est  dit  dans  le  Sotra.  ' 

Que  sont  les  vijhânasihiiia  ?  —  Les  cinq  sknndhaa  du  Kftma- 
dhalu  ou  du  Rfipadhatu  en  ce  qui  concerne  les  premières  (voir  iii.  7  c)  ; 
quatre  skandhas  en  ce  qui  concerne  les  trois  dernières. 

Pourquoi  le  reste  n'est-il  pas  vijûânadhiti  ? 

6  b.  Le  reste  réduit  le  vijhâna.  ' 

Par  reste  il  faut  entendre  les  mauvaises  destinées  (durgaii,  apdya  : 
enfer,  etc.),  le  quatrième  dhyâna,  le  quatrième  ârûpya  (naitxiêaïf^ 
jhânâsamjhâyalana)  qu'on  nomme  Bhavagra  ou  sommet  de  l'exis- 
tence. 

Le  vijhâna  s'y  trouve  réduit,  coupé  ^  [9  b]:  dans  les  mauvai>ps 
destinées,  la  sensation  douloureuse  endonmiage  le  vijhâna  ;  dans  le 
quatrième  dhyâna,  l'ascète  peut  pratiquer  VasatfijiiisatnâixUU, 
recueillement  d'inconscience  (ii.  42),  et  dans  ce  dhyâna  se  trouve 
encore  Vâsamjhika,  à  savoir  le  dharma  (ii.  41  b)  qui  fait  les  dieux 
inconscients  (asamj hisattva)  ;  dans  le  Bhavftgra,  l'ascète  peut  prati- 
quer la  nirodhasamâpoMi  (ii.  43  a),  recueillement  de  la  cessation 
de  l'idée  et  de  la  sensation. 

D'après  une  autre  explication  (Vibha^a,  137,  »),  on  appelle  vijhà- 
nasthiti  «  l'endroit  où  désirent  aller  ceux  qui  sont  ici,  l'endriiit  d*ou 

1.  arûpinah  santi  sattva  ye  sarvaéo  rHp€uamj*îàHûm  gamaiikratmad 
nnantam  âkâsam  iiy  akAéananiy&yatanam  upasatmpadya  vikaranii 
tadyathakâsanantyayatatwpaga  devùk  I  iyatn  pnùcamt  vijÀAHaëtkitik. 

arûpinah  sanii  sattvH  ye  sarvaéa  ak(iéanantyAyataHatfi  tamaUkramga 
anantam  vijù6>nam  ity  .... 

Voir  viii.  4. 

î.  sesam  tatparibkedavai  /  -  Vyftkhyft  :  paribkidyatê'  Hêneti  paribkmlah, 

3.  Vasubandhu  reproduit  la  sepUème  de»  huit  explications  de  Vibha^  137,  A. 


22  CHAPITRE  III,  6  b-7  b. 

ne  désirent  pas  tomber  ceux  qui  y  sont  »  '.  Les  deux  conditions 
manquent  en  ce  qui  concerne  les  mauvaises  destinées.  Quant  au 
quatrième  dhyâna,  tous  ceux  qui  s'y  trouvent  désirent  en  sortir  :  les 
Piihagjanas  désirent  passer  chez  les  Asarnjnisattvas  (âsamjmka- 
praviviksâ)  ;  les  Àryas  désirent  passer  chez  les  Suddhavasikas 
[ou  dans  les  ÀrOpyâyatanas  ;  les  Suddhâvasikas  désirent  réaliser  la 
destruction,  éântanirodha]  -.  Quant  au  Bhavagra,  ce  n'est  pas  une 
vijnânasthiti  parce  que  l'activité  du  vijnâna  y  est  petite.  ^ 

Les  sept  vijnânasthitis, 

6  c-d.  Avec  le  Bhavagra  et  les  êtres  inconscients,  ce  sont  les  neuf 
«  séjours  des  êtres.  »  * 

Car  les  êtres  y  séjournent  de  leur  plein  gré  (vastukdmatâ). 

1.  ihasthânâm  yantukâmatâ  /  na  tatrasthânâm  vyuccalitukâmatâ. 

2.  Addition  de  Hiiian-lsang  qui  suit  Sarnghabhadra  (que  la  Vyakhyâ  cite  ad 
iii,  7  a)  :  «  Les  Aryas,  qui  se  trouvent  dans  les  trois  premiers  cieux  du  quatrième 
dhyâna,  désirent  entrer  chez  les  Suddhâvasas  (cinq  derniers  cieux  du  quatrième 
dhyâna)  ou  dans  l'Ârûpya  ;  et  les  Suddhâvasas  désirent  le  Nirvana.  » 

fi.  isatpracâratvât.  —  Vyakhya  :  cittacaittânâm  mandapracâratvâd  aba- 
lavad  vijiiânam  na  tisthati. 

4.  bhavâgrâsamjnisattvâs  ca  sattvâvâsâ  nava  smrtâh  // 

Fa-pao  dit  ipie  le  Siilra  n'enseigne  pas  les  imnï  sattvâvâsas,  mais  la  Vibhasa 
(137,  3)  est  formelle:  «Pourquoi  faire  ce  Sastra?  —  Pour  expliquer  le  sens  du  Sûtra. 
Le  Sotra  enseigne  sept  vijnânasthitis,  quatre  vijnânasthitis,  neu^ sattvâvâsas, 
mais  il  n'explique  pas  leurs  distinctions  et  ne  dit  pas  conmient  ils  rentrent  ou  ne 
rentrent  pas  les  uns  dans  les  autres  ....  » 

Sûtra  des  neuf  séjours  des  êtres  :  nava  sattvâvâsâh  j  katame  nava  j  rûpinah 
santi  sattvâ  nânâtvakâyâ  nânâtvasamjilinas  tadyathâ  manusya  ekatyâs 

ca  devâ  /  ayam  prathamah  sattvâvâsâh Le  cinquième  séjour  est  celui  des 

Inconscients  :  rûpinah  santi  sattvâ  asarnjnino  'pratisamjninah  j  tadyathâ 

devâ  asamjnisattvâh  /  ayam  pancamah  sattvâvâsas Le  neuvième  séjour  : 

arûpinah  santi  sattvâ  ye  sarvaèa  âkimcanyâyatanam  samatikramya 
naivasamjnânâsamjnâyatanam  upasampadya  viharanti  /  tad  yathâ  devâ 
naivasamjnânâsamjnâyatanopagâh  j  ayam  navamah  sattvâvâsâh.  —  Très 
proche  la  rédaction  de  Dïgha,  iii.  263,  288,  Anguttara,  iv.  40L 

Mahavyutpatti,  119,  ajoute  aux  vijnânasthitis  le  naivasamjnânâsamjnâya- 
tana  (9^6  sattvâvâsâ)  et  les  asarnjnisattvas  ;  de  même  Digha,  ii.  68,  qui  place 
les  asarnjnisattvas  avant  le  naivasamjnâ. 


Hiuan4mm^,  viii,  fol.  9  b-10  a. 

7  a.  Point  d'autres  séjours  des  élre»,  car  ailleurs  on  reste 
désirer.  flO  a]  ' 

Ailleurs,  c'est-à-dire  dans  les  mauvaises  destinées.  Les  êtres  y  sont 
introduits  par  ce  Rakçasa  qu'est  le  kannan  et  y  restent  sans  le  déni- 
rer.  Ce  ne  sont  pas  des  t  séjours  >,  de  même  qu'une  prison  (bandha* 
naalhâna)  n'est  pas  un  séjour.  ' 

Si  un  Sotra  dit  qu'il  y  a  sept  vijhânasihilia,  d'après  un  autre 
Sotra 

7  b.  Il  y  a  quatre  autres  sihUis,  ' 

1.  anicchavctsafian  nAnye. 

2.  Hiiian-tsang  ajoute  :  «  A  rexclusinn  de  la  place  des  AsaqijAisaUvan  le  qua- 
trième (IhyatM  n'est  pas  un  séjour,  comme  expliqué  ri^dessus. 

La  Vyfikhyfi  observe  que  Vasubandhu  nomme  les  mauvaises  destinées  à  titre 
d'indication  (mukhamâtra)  ;  il  vise  aussi  les  dieux  du  quatrième  dàyAna  qui 
n'est  pas  un  «  séjour  »  car  on  ne  désire  pas  y  demeurer.  Saipghabbadrm  est  de  c«l 
avis.  —  D'autres  commentateurs  pensent  que  Vasubanflhu,  n'excluaat  qiM  le* 
mauvaises  destinées,  tient  le  quatrième  dhyCttia  comme  séjour  :  ils  ont  à  défendre 
cette  opinion. 

3.  catasrah  sthiiayah  punah  /  —  viii.  3  c.  p.  138-9. 

Dïrgha,  î),  7,  Samyukta,  3,  6.  —  Dîgha,  iii.  228,  énumère  les  quatre  vijiUkna- 
sthitis  d'après  Samyutta,  ïii.  b^.rûpûpAyam  vA  Avuso  vinnAnam  UHkamAnatfi 
tilthati  rûpâramfnanam  rûpapaiitthatn  nandUpanevanatH  vuddkituvirûikiin 
vepullatft  dpajjati  /  vedanûpâyam  ...  —  La  réduction  sanscrite  d<Mt  être  très 
voisine  :  la  variante  notable  étant  la  préférence  accordée  à  l'expression  rûpopagtt. 
—  Le  sens  est  clair  :  €  C'est  en  allant  au  visible,  à  la  sensation,  à  l'idée,  aux 
satnskâraSf  que  la  pensée  prend  point  d'appui  ;  c'est  avec  le  visible  pour  objet 
et  pour  lieu  que,  associée  au  plaisir,  la  pensée  se  développe ,-,  ». 

Mais  l'Abhidharma  (Vibba.*^,  137,  3)  attribue  au  SQtra  les  ezpresiéoas  ri|W» 
pagâ  vijnânasthiti^  vcdanopaga  vijnanasihili ...  dont  l'explication  gnuiiiiMi> 
ticale  est  mal  aisée. 

a.  Les  Vaibb&çikas  comprennent  :  EIst  nommé  vijnAH(utkiU^  «  réiid>acs  ém 
vijnàiM  »,  ce  sur  quoi  la  pensée  réside  (Hnthati).  Cette  résideoee,  est  abjsl  ds  Is 
pensée,  est  upaga,  c'est-ànlire  «  proche  »  (samipCkcArivA)  ds  kl  pwés.  EUs  ssl« 
de  sa  nature  <  visible  ».  Etant  visible  et  proche,  elle  est  qualifiés  fitf9fm§t^ 

b.  Bhagavadviseça  dit  que  les  Sautrftntikas  ont  deux  sxplieslioas  :  t.  Par 
ijn&fiasthiti  nous  entendons  la  durée  de  la  pensée,  la  non-interruption  de  la 

série  de  la  pensée  (cijn&nasatintaiyanHpaochtda^  Le  visilde  est  c  «bordé  • 
fupagamyate),  est  «  fait  sien  »  (tadûtmikriyaiê)  par  cette  fUMK.  IjS  HkiH  eat 
donc  rûpopagà  :  «  durée  de  la  pensée  qui  aborde  le  visilds  ».  —  SL  Par  êikMt 


24  CHAPITRE  III,  7  c-8  a. 

Ces  quatre  sont  :  rûpopagâ  vijhânasthitih,  vedanopagà  vijhâ- 
nasthitih,  samjhopagâ  vijnânasthitih,  samskàropagâ  vijnâna- 
sthitih, 

7  c-d.  Elles  consistent  dans  quatre  skandhas  impurs,  ceux  qui 
sont  de  la  même  terre  que  le  vijnâna.  '  [10  b] 

La  pensée  ou  vijnâna  peut  prendre  pour  objet  le  visible  et  les 
autres  skandhas  d'une  terre  différente  :  mais  elle  ne  les  prend  pas 
pour  objet  sous  l'impulsion  de  la  soif  (trsnâ)  ;  ils  ne  sont  donc  pas 
considérés  comme  sa  résidence  ou  sthiti  (iii,  p.  8,  n.  2). 

Mais  pourquoi  le  cinquième  skandha,  le  vijnâna  lui-même  (citta 
et  caittas),  n'est-il  pas  considéré  comme  la  résidence  du  vijnâna  ? 

Le  Vaibhâsika  observe  que  la  sthiti,  «  ce  sur  quoi,  ce  dans  quoi 
on  se  tient  »,  s'oppose  au  sthâtar,  «  celui  qui  se  tient  ».  Devadatta 
s'oppose  à  la  maison  où  il  est.  Le  roi  n'est  pas  le  trône.  Ou  encore, 
on  entend  par  vijhânasthiti,  résidence  de  la  pensée,  les  dharmas 
sur  lesquels  monte  la  pensée  pour  les  faire  marcher  (vâhayati,  pra- 
vartayati),  comme  le  matelot  le  navire  :  or  la  pensée  ne  monte  pas 
sur  la  pensée  pour  la  mouvoir  ;  donc  la  pensée  n'est  pas  résidence 
de  la  pensée. 

Mais  un  autre  Sûtra  dit  :  «  A  l'endroit  de  cet  aliment  qu'est  le 
vijnâna  (iii.  40  a),  il  y  a  complaisance  (nandi  =  saumanasya  = 
satisfaction),  il  y  a  attachement  ».  S'il  y  a  complaisance  et  attache- 
nous  entendons  la  «  soif»  (trsnâ)  ;  car  la  soif  fait  que  la  pensée  dure.  On  a  donc 
vijnânasthiti  =  «  durée  de  la  pensée,  consistant  en  soif».  Celte  soif  «  aborde  » 
le  visible,  s'attache  au  visible.  On  a  donc  :  rûpopagâ  vijnânasthitih  =  «  soif 
s'attachant  au  visible  et  faisant  durer  le  vijnâna  ».  —  Mais,  dans  ces  deux  expli- 
cations, la  vijnânasthiti  est  distincte  du  visible  ;  or  c'est  le  visible  qui  est 
vijnânasthiti.  II  faut  donc  s'en  tenir  à  l'explication  a.  [Mais  cette  explication 
est  absurde  au  point  de  vue  grammatical.  Aussi]  d'autres  expliquent  rûpopagâ 
vijnânasthitih  =  rûpasvabhâvâ  vijnânasthitih  :  «  Objet  où  se  fixe  la  pensée 
et  consistant  en  visible  ».  En  effet  la  racine  gam  s'entend  au  sens  de  svabhâva, 
comme  on  a  khakhatakharagata,  etc.  (Mais,  dirons-nous,  gâta  n'est  pas  upaga]. 

1.  catvârah  sâsravâh  skandhâh  svabhûmâv  eva. 

La  Vibhâsa,  137,  3,  examine  si  ces  skandhas  sont  sattvâkhya  ou  asattvâkhya 
Deux  opinions. 


Hiuan-isangt  viii,  fol.  10  n-11  n.  t5 

ment  à  Tendroit  du  vijiiûna,  cent  donc  que  le  vijMna  y  monte  et 
y  réside  '.  —  D  autre  part,  voiw  enseignez  que  len  cinq  9kamdha9 
(vijfïâna  y  compris)  constituent  la  hrptade  de»  vijMmtêlkiUM 
(iii.  5  a)  :  pourquoi  n  ajoutez-vous  pas  le  vijhdna  a  la  tétrade  de» 
vijfhânasthitis  ? 

Le  Vaibhaçika  répond.  —  Lorsqu'on  considère,  sans  faire  de  dis* 
tinction  entre  les  skandhas,  le  processus  affectionné  du  vijMna 
(sâbhiramâ  vijnànapravrttih)  à  l'endroil  d'une  existence  ou  €  nais* 
sance  »  (upapaityâyatatui^  nikdyasabhâga)  qui  est  consliuée  par 
les  cinq  skandhas,  alors  on  peut  dire  que  le  mjhâna  est  vijaâna- 
slhiti.  Mais,  si  on  considère  les  skandhas  un  a  un,  on  voit  que  la 
matière,  la  sensation,  la  notion  et  les  satfiskâras  —  cpii  sont  le  sup- 
port du  vijnâtia,  qui  sont  associés  ou  coexistants  au  vijhâna  — 
sont  causes  de  la  souillure  (satnklesa)  du  vijhâna  :  mais  le  vijMma 
n'est  pas,  de  la  sorte,  cause  de  la  souillure  du  mjhâna^  puisque  deux 
vijhânas  ne  coexistent  pas.  [lia]  Donc 

7  d-8  a.  Pris  à  part,  le  vijhâna  n'est  pas  défini  comme  résidence 
du  vijhâna.  ' 

En  outre,  Bhagavat  décrit  les  quatre  vijhânasthiUs  comme 
<  champ  »,  et  il  décrit  le  vijhâna,  accompagné  de  la  soif,  où  qu*il 
soit,  comme  «  semence  >  ^  Il  ne  donne  pas  la  semence  comme  champ 


1.  Samyukta,  15,  7  ;  Saipyutla,  ii.  101  (NeUippakarana,  57)  :  tiik^ne  ce  hkik- 
khave  âhâre  atthi  natidi  atthi  ràgo  atthi  tanha  patifihttam  tnttha  vinHA' 
nam  virûlham.  —  J'ai  suivi  la  version  de  Hiuan-t.Haiig  el  de  ParaiiiAHIia.  D'ajiré* 
le  Lotsava,  on  a  :  vijnânahâre  aati  nandi  asti  rOgak  /  yalro  Mandé  taira 
r&gah  /  taira  pratisthitatf^  vijn&natfi  tisthatû 

Au  virûlha  du  pâli  doit  correspondre  abhyârûdha  (terne  empkiyé  pour 
désigner  le  matelot  monté  sur  le  navire). 

2.  kevalatn  /  vijnânatft  na  sthitih  proktam, 

3.  SaqT}'ukta,  %  B.  —  Comparer  Saniyutla,^  iii.  ^A. 

ksetrabkavefia  catasro  vijn&nasthitajfo  d«àiiak  /  vijfkauain  b^fabhavêmm 
sopùdùnam  [=  svabhiimikay&  tffnaffû  satfffMm]  kritnam  {■=  êonmtmiiÊêê 
nagatam]. 

Les  quatre  skafidhas  passés  et  futurs  sont  la  stkiU  des  vifà^noê  panés  el 
futurs. 


26  CHAPITRE  III,  8. 

de  la  semence  ;  et  on  voit  bien  que  les  dharmas  qui  coexistent 
(sahavartin)  au  vijnâna  lui  conviennent  seuls  comme  champ. 

On  demande  si  les  quatre  sthitis  contiennent  les  sept,  si  les  sept 
contiennent  les  quatre.  Non. 

8  b.  La  correspondance  comporte  quatre  cas.  * 

Premier  cas  :  le  vijnâna  compris  dans  les  sept,  n'a  pas  place  dans 
les  quatre. 

Deuxième  cas  :  les  quatre  skandhas  (à  l'exclusion  du  vijnâna)  des 
mauvaises  destinées,  du  quatrième  dhyâna  et  du  Bhavâgra,  sont 
compris  dans  les  quatre. 

Troisième  cas  :  les  quatre  skandhas  compris  dans  les  sept,  sont 
aussi  compris  dans  les  quatre. 

Quatrième  cas  :  les  autres  dharmas  ne  sont  compris  ni  dans  les 
sept  ni  dans  les  quatre,  [à  savoir  le  vijnâna  des  mauvaises  desti- 
nées, etc.,  les  dharmas  purs]. 

Nous  avons  dit  que  le  triple  Dhatu  comprend  cinq  destinées,  etc. 

[11  b] 

8  c-d.  Il  y  a  là  quatre  «  matrices  »  des  êtres,  êtres  nés  de  l'œuf, 
etc.' 

Yoni,  «  matrice  »,  signifie  naissance.  Etymologiquement,  yoni 
signifie  «  mélange  »  :  dans  la  naissance  —  la  naissance  étant  com- 
mune à  tous  les  êtres  —  les  êtres  sont  ensemble  en  confusion.  '^ 

1.  catuhkotis  tu  samgrahe  j  —  bsdu  na  mu  ni  bzhi  yin  no. 

2.  catasro  yonayas  tatra  sattvânâm  andajâdayah  // 

€  matrice  »  est  un  équivalent  commode.  Mieux  :  «  Quatre  modes  de  naissance  ». 

La  théorie  des  quatre  yoiiis  dans  leurs  rapports  avec  les  cing  gatis  est  exposée 
dans  Karanaprajnâpli,  chap.  xv  (Cosmologie  bouddhique,  345).  Vasubandhu  y 
puise  ses  informations  (histoire  de  Kapotamâlinï,  de  la  Bhiksunï  «  née  de  l'hermi- 
tage  »,  etc.).  —  Même  sujet  étudié  Visuddhimagga,  552. 

Dîgha,  iii.  230  :  catasso  yoniyo,  andajayoni,  jalâbujayoni,  samsedajayoni, 

opapâtikayoni  ;  Majjhima,  i.  73:  andajâ  yoni (avec  des  définitions)  ;  Visu- 

ddhi,  552,  557;  Mahavyutpatti,  111  :  jarâyujâh,  andajâh,  santsvedajâh,  upapâ- 
dukâh. 

3.  yoni  =  skye  gnas  ;  dans  Hiuan-tsang,  chëng  ^=:  naître  ;  dans  Paramartha, 


Hiuan^êomg,  viii,  fol.  i  1  a-b.  17 

Matrice  des  êtres  nés  de  l'œuf  :  les  êtres  qui  naiAAent  de  l'œuf,  oie. 
RRie,  paon,  perroquet,  grive,  etc. 

Matrice  des  iMres  ués  dii  cliorion  :  les  êtres  qui  naissent  du  rlionon, 
éléphant,  cheval,  bœuf,  buffle,  Ane,  porc,  etc.  ' 

Matrice  des  êtres  nés  de  l'exsudation  *  :  les  êtres  qui  naissent  de 
l'exsudation  des  éléments,  terre,  etc.,  —  vers,  insectes,  papillons, 
moustiques. 

Matrice  des  êtres  apparitionnels  ^  :  les  êtres  qui  naisxMil  «1  im  rmip. 
avec  les  organes  non  manquants  ni  déficients  *,  avec  tous  Ifs  mem- 
bres et  sous-membres.  On  les  nomme  upapâduka,  c  d'apparition  •, 
parce  qu'ils  sont  habiles  à  l'acte  d'apparaître  (upapâdmia)*,  parce 

isa  =■  mêler.  —  Le  Lolsava  traduit  :  skye  gnos  rhes  bya  ba  ni  skye  ba  yln  l«  / 
hdir  seins  can  mains  hrhnl  bar  bgyur  à'm  skye  ba  thiin  ninAs  pahi  |»hyir  bdre  bnr 
hgyiir  nas  gnas  so.  —  TaramArlba  (xxiii.  1,  f<»l.  35  a,  I.  7).  -  àukrfÈSOHitasatfiHi- 
p&to  yonih,  dans  Prasastapada  (Viz.  S.  S.  p.  27)  qui  définit  le»  ffonijas  et  ojfo* 
Hijas. 

1.  <  nés  du  chorion  >  :  jarùyur  yena  màtuh  kuksau  garbko  veffiUu  Uffkali  I 
ieismût  jâfû,  jarâyujâk.  —  Majjliiina  :  ye  saiiA  vatthikotiam  abkinibhhijja 
iâyanti  ayatn  vuccati  jalâbujâ  yoni.  —  Sur  les  nombreux  nnMb'.s  \\v  ffM-ondalinn, 
Milinda,  123,  Samantapllslldik&,  i.  213  ;  Windisch,  Geburt,  24 

2.  «  nés  de  Texsudation  »  :  bliûiân&tfi  prthivyddlnlXtfi  saiftavetinil  dravaUn- 
laksanâj  jâtâh  ...  —  Majjhima  :  ye  satta  imtimacchc  va  ...jayanti. 

3.  upapâduka  sattva,  senis  can  skye  ba  pa,  Hiuan-laang  :  hda  ebêag  jtbn 
Is'ing,  Parantftrtba  :  tsé  jân  chëng  tchông  cheng. 

upapâduka  dans  Mah&vyutpatti,  Kosavyftkbyft,  Mabftvaslu  ;  aupapAduka, 
Divya,  Avad&nasataka  ;  aupapddika,  Caraka  (cilé  Windiscb,  Geburt,  167/.  qui 
correspond  à  Jaina  uvavâiya,  pili  aupapâtika. 

upapâtika,  upapattika,  opapâtika  (défini  dans  SumaAgalavilSainl  :  ctUfiivé 
uppajjanakaaattâ  :  «  qui,  [aussitôt]  morts,  renaissent  »). 

Bibliograpbie  très  longue  depuis  Lotus,  394  :  «  venu  au  monde  par  un  miracle  », 
Senarl,  JAs.  1876,  ii.  477,  Windisch,  Geburt,  1»4,  jusque  S.  Lévi,  JA».  lUlS,iLfiOt 
(qui  cite  Weber,  Childers,  Leumann,  etc.). 

upapata  signifie  simplement  «  naissance  »  (cyutyupapAtaJ^mtk  vM.  fl^  «le.) 
et  non  pas  nécessairement  «  casual  and  unusual  birlli  »  i^Hliys  D«vid»49lM0). 

Négation  des  upapâdukas,  Kosa,  ix.  p.  238. 

4.  Organes  non  manquants  :  avikalefuiriyak,  organes  non  défieteats  :  «AiMMi- 
driydh  :  l'organe  de  l'œil  est  hina  quand  on  est  borgne,  quand  on  louebe.  L«« 
membres,  anga,  sont  les  mains,  les  pieds  ;  les  «  sousHnembrae  »  lonl  les  dirigta» 
etc. 

5.  upapûdatM  upapattau  sAdhukàrilvdt. 


28  CHAPITRE  m,  9. 

qu'ils  naissent  d'un  coup  [sans  stade  embryonnaire,  sans  semence  et 
sang]  ;  tels  les  dieux,  les  êtres  infernaux,  les  êtres  de  l'existence 
intermédiaire.  '  [12  a] 

Comment  les  matrices  sont-elles  réparties  parmi  les  destinées  ? 

9  a.  Les  hommes  et  les  animaux  sont  de  quatre  espèces.  ' 

Hommes  nés  de  l'œuf,  tels  Saila  et  Upasaila  nés  des  œufs  d'une 
grue  ^  ;  tels  les  trente-deux  fils  de  [Visâkha],  la  mère  de  Mrgara  '*  ; 
tels  les  cinq  cents  fils  du  roi  de  Pancâla.  ^ 

Hommes  nés  du  chorion,  tels  les  hommes  d'aujourd'hui. 

Hommes  nés  de  l'exsudation,  tels  Mandhâtar  ^,  Câru  et  Upacaru, 
Kapotamalinl  \  ÀmrapâlT  ^  etc. 

Hommes  apparitionnels  (ii.  14),  les  hommes  du  commencement  de 
la  période  cosmique  (prâthamakalpika,  ii.  14,  iii.  97  c). 

Les  animaux  sont  aussi  de  quatre  espèces.  Trois  espèces  sont  con- 

1.  Majjhima:  katamâ  ca  opapâtikâ  yoni  /  devâ  uerayikâ  ekacce  ca  manussâ 
ekacce  ca  vinipâtikâ. 

2.  caturdhâ  naratiryancas. 

3.  krauncinirjâtau.  —  Deux  marchands  dont  le  vaisseau  s'était  brisé  trou- 
vèrent (samadhigata)  une  grue  sur  le  bord  de  la  mer.  En  naquirent  les  Sthaviras 
Saila  et  Upasaila  (VyakhyS).  —  D'après  une  autre  source  :  «  Saila  =  montagne, 
Upasaila  =  petite  montagne  ;  une  grue  y  produisit  deux  œufs,  d'où  sortirent 
deux  hommes,  d'où  leur  nom. 

4.  Les  trente-deux  œufs  de  Visakhâ,  Ralston-Schiefner,  p.  125.  —  Les  œufs  de 
PadmSvatT,  Chavannes,  Cinq  cents  contes,  i.  81  (Lait  de  la  mère). 

5.  Cinq  cents  œufs  naquirent  de  la  reine  du  roi  de  Pancala  :  on  les  plaça  dans 
une  boîte  (manjûsâ)  qu'on  abandonna  au  Gange.  Le  roi  des  Licchavis  trouva  la 
boîte  et  cinq  cent  jeunes  garçons  (Vyakhyâ). 

6.  Mandhâtar,  né  d'une  grosseur  (pitaka)  qui  se  forma  sur  la  tête  d'Uposadha  ; 
Caru  et  Upacâru,  nés  d'une  grosseur  qui  se  forma  sur  le  genou  de  Mandhâtar 
(Rois  Cakravartins,  voir  Kosa,  iii.  97  d).  —  Divya,  210,  Ralston-Schiefner,  p.  xxxvii, 
Buddhacarita,  i.  29,  et  les  références  de  Covs^ell  (Visnupurâna,  iv.  2,  Mahabhârata, 
iii.  10450),  Hopkins,  Great  Epie,  1915,  169. 

7.  Kapotamâlinï,  née  d'une  grosseur  sur  la  poitrine  du  roi  Brahmadatta. 

8.  Âmrapalï,  née  de  la  tige  d'un  bananier. 

Voir  l'histoire  d'Àmrapali  et  de  Jïvaka  dans  Chavannes,  Cinq  cents  contes,  iii 
325,  Nanjio,  667  (traduit  entre  148  et  170)  ;  Ralston-Schiefner,  p.  Iii.  —  Naissance 
considérée  comme  «  apparitionnelle  »,  dans  «  Sisters  »,  p.  120, 


Hman-tsang,  viii.  fol.  11  b.l2  b.  t9 

luies  par  rexpérience  commune.  Les  Nagaii  cl  \cn  Ganiclan  nonl  ntiAni 
npparitionnels  (Ci-dessous  p.  31,  n.  3). 

9  b-c.  Apparitionnels  les  ôtres  infrrimiix,  les  êtres  intermédiaires 
et  les  dieux.  ' 

Ces  trois  classes  d'êtres  appartiennent  exclusivement  à  la  matrice 
apparitionnelle. 

9  d.  Les  Prêtas  sont  aussi  nés  du  chorion.  ' 

Ils  sont  de  deux  sortes,  apparitionnels  et  aussi  nés  du  chorion.  — 
Qu'ils  soient  nés  du  chorion,  cela  résulte  du  discours  <pie  tint  une 
PretT  à  Maudgalyayana  :  «  J'accouche  de  cinq  (ils  la  nuiL  d»*  ciiif|  (iU 
le  jour  :  je  les  mange  et  n'arrive  pas  à  me  rassasier  ».  ' 

Quelle  est  la  meilleure  matrice  ? 

La  matrice  apparitionnelle.  [12  b] 

Mais  le  Bodhisattva  à  sa  dernière  naissance  possède  évidemment 


1.  narakâ  upapâdukfih  /  antaràbhavadevAé  ca. 
Comparer  Mujjhima  i.  73,  Viblmuga,  416. 

2.  prêta  api  jarâyujAh. 

3.  Ce  paragraphe  d'après  VibhOsfi,  120,  12  et  au.Hsi  d'âpre  KlraçaprajAipti,  xv. 
(Cosmologie  bouddhique,  p.  3454*)  dont  Vasubaiulhu  s'écarte  sur  un  point  :  *  Le» 
Prêtas  sont  seulement  apparitionnels.  Toutefob  certains  docleura  di»«nl  qu'il» 
sont  aussi  nés  du  chorion.  Une  PretT  en  effet  dit  à  MaudgalyAyana  ......  —  La 

Vyfikhyfi  observe  que  le  discours  de  la  PretT  semble  indiquer  que  •«•  61s  «oui 
apparitionnels;  s'ils  étaient  nés  du  chorion,  la  mère  serait  rassasiée.  Mai* catta 
fécondité  s'explique  par  la  rapidité  avec  laquelle  les  fils  de  Prela  s<wl  cooslHnAs, 
et  la  violence  de  la  faim  maternelle  explique  comment  tant  de  nourriture  na 
rassasie  pas. 

On  a  Petavatthu,  i.  6  :  k&lena  paiica  pultâni  s&jfam  panca  punApan  I 
vijayitvâna  khadâmi  te  pi  na  honti  me  alam  //  La  Vyakhyâ  fournil  <iaa  Mar» 
ceaux  de  la  stance  sanscrite  :  [aham]  ratrau  paùca  sutÛH  divà  paâea  falAA- 
par&n  I  janayitvâ  [pi  khâdâmi]  nAsti  tfptis  taihàpi  ma  // 

A  Ceylan  on  dûitingue  les  nijjhàmataHhik(tpetaë  qui  9i*nl  exdusiivrnirnt  ap|Mi* 
ritionnels  et  les  autres  Prêtas  qui  sont  des  quatre  sorte*.  Voir  Rhy»  David»>Stedr. 
s.  voc.  peta. 


30  CHAPITRE  III,  9-10. 

la  «  maîtrise  relative  à  la  naissance  »  (upapattivasitva)  \  Pourquoi 
a-t-il  choisi  de  naître  du  chorion  ?  (voir  iii.  17)  ^ 

A  cette  question,  deux  réponses.  —  1.  Le  Bodhisattva  y  voit  de 
grands  avantages  :  que,  en  raison  de  sa  parenté  avec  lui,  le  grand 
clan  des  Sâkyas  entre  dans  la  Bonne  Loi  ;  que,  reconnaissant  en  lui 
un  membre  de  la  famille  des  Cakravartins,  les  hommes  éprouvent 
un  grand  respect  à  son  égard  ;  que  les  hommes  voyant  que,  étant 
un  homme,  il  a  réalisé  cette  perfection,  soient  encouragés.  Si  le 
Bodhisattva  ne  naissait  pas  du  chorion,  on  ne  lui  connaîtrait  pas  de 
famille,  et  les  hommes  diraient  :  «  Quel  est  ce  magicien,  un  dieu  ou 
un  Pisaca  ?  »  En  effet,  les  docteurs  hétérodoxes  disent  calomnieuse- 
ment  :  à  la  fin  de  cent  périodes  cosmiques,  apparaît  dans  le  monde 
semblable  magicien  qui  dévore  le  monde  par  sa  magie  \  —  2.  D'au- 
tres *  expliquent  que  le  Bodhisattva  a  pris  la  matrice  du  chorion  pour 
que  son  corps  subsistât  comme  reliques  après  le  Nirvana  ''  :  par 
l'adoration  de  ces  reliques,  les  hommes  et  les  autres  êtres  obtiennent 

1.  La  cinquième  des  Bodhisaitvavasitfis  de  Mahfivyulpatti,  27  ;  définies  Madhya- 
makavatara,  347. 

2.  Dans  Mahavastu,  i.  145,  «  les  Buddhas  sont  produits  par  leurs  propres  vertus 
et  leur  naissance  est  miraculeuse  (upapûduka)  »  ;  i.  154,  «  Rahûla  descend  direc- 
tement du  Tusita  dans  le  sein  de  sa  mère  ;  sa  naissance  est  merveilleuse  sans  être 
pourtant,  comme  celle  des  Cakravartins,  de  ces  naissances  appelées  aupapâ- 
cluka  ».  —  Sur  ces  textes  et  autres  déclarations  Lokottaravadin  du  Mahavastu, 
Barth,  J.  des  Savants,  août  1899.  —  Comparer  Lalita,  Lefmann,  88. 

3.  yathânyatîrthikâ  apahhâsante  ...  —  Ces  Tntiiikas  sont  Maskarin,  etc.  — 
On  lit  dans  le  Nirgranthasâstra  :  rddhim  hhadanta  ko  daréayati  /  mâyâvl 
gautamah,  et  ailleurs,  visant  Bhagavat,  le  passage  cité  par  Vasubandhu  :  kalpa- 
Satasyâtyayâd  evatnvidho  loke  mâyâvl  prâdurbhûya  lokam  bhaksayati 
(Vyakhya).  —  [«  dévorer  le  monde  »,  c'est  «  vivre  aux  dépens  du  monde  »,  npajîv]. 
—  Comparer  Majjhima,  i.  375  :  samano  hi  bhante  gotamo  mâyâvl ...  Samyutta, 
iv.  341  ;  Commentaire  de  Theragâtha,  1209. 

Vibhasa,  8,  9.  —  «  Les  Tîrtliikas  calomnient  le  Bouddha  disant  qu'il  est  un 
grand  magicien  qui  trouble  l'esprit  du  monde  ».  —  Et  27,  8  :  Le  Pâtali-tïrthika 
dit  :  «  Gautama,  connais-tu  la  magie  ?  Si  tu  ne  la  connais  pas,  tu  n'es  pas  omni- 
scient ;  si  tu  la  connais,  tu  es  un  magicien  ». 

4.  Vibhasa,  120,  15. 

5.  sarîradhâtûnâm  avasthâpanârtham. 

D'après  le  Suvarnaprabhasa,  les  reliques  sont  aussi  illusoires  que  les  Bouddhas 
(JRAS.  1906,  970). 


Hiuan-taang,  viii,  fol.  12  b-18  a.  SI 

par  milliers  le  ciel  el  In  délivrance.  En  effet,  n'ayant  pan  une  graine 
extérieure  (semence,  sang,  boue,  etc.),  les  corps  des  ôlre»  apfMirition- 
nels  ne  subsistent  pas  après  la  mort  :  comme  la  flamme  disparaît 
sans  restes  *.  —  Mais  on  voit  bien  que  cette  explication  no  fieut  élre 
admise  par  les  docteurs  [13  a]  <|ui  attribuent  au  Bouddlia  l^rdâki 
âdhisthdniki.  ' 

D'ime  question  en  nait  une  autre. 

Si  le  corps  des  êtres  apparitionnels  disparaît  à  leur  mort,  comment 
le  Sotra  peut-il  dire  :  c  Le  Garuija  apparitionnel  enlève  le  Nftga 
apparitionnel  pour  le  manger  »  ?  ^ 

Le  texte  dit  qu'il  enlève  le  Nflga  pour  le  manger  (uddharati 
bhaksârtham),  non  pas  qu'il  le  mange.  Ou  bien  il  mange  le  Naga 
aussi  longtemps  que  le  Naga  n'est  pas  mort  :  mais  il  ne  se  repaît  pas 
du  Naga  mort  (na  punar  mrtasyâsya  trpyatij 

Quelle  est  la  plus  étendue  des  matrices  ? 

La  matrice  apparilionnelle,  car  elle  compreml  toute  la  destinét* 
infernale,  toute  la  destinée  divine,  plus  une  partie  des  trois  autres 
destinées,  plus  les  êtres  intermédiaires.  ^ 

Qu'est-ce  que  l'être  intermédiare,  l'existence  intermédiaire  ? 

10.  L'existence  intermédiaire,  qui  s'intercale  entre  rexistence-morl 

1.  Il  y  a  kâyanidhana,  c'esl.à-<Hre  kâyanOéa  :  le  corps  disparaît  (antar- 
dhiyate)  à  la  mort ....  —  C'est  renseignement  de  la  Karana|iniji\fl|»li. 

2.  Sur  la  conservation  des  reliques  et  la  rddhi,  vii.  5i. 

La  Vyfikhya  explique  :  «  On  nomme  adhisihàna  la  chose  que  le  maf^kiMi  béntl 
(adhilisthati)  disant  <  que  cela  soit  ainsi  ».  Cette  chose  est  le  but  (jtruffojmmm) 
de  cette  rddhi,  ou  celte  rddhi  se  {>ro4luit  dans  cette  cimse  :  donc  celle  ftidki  «st 
nommée  âdhisthàniki  ». 

3.  Sur  les  quatre  sortes  de  Garudas  et  de  Nagaa  (W.  de  ViMer.  Dragoii  in 
China  ami  Japan,  1913),  et  dans  quel  ordre  le»  premiers  imuigMll  ItSMeoMb, 
Dîrgha,  19,  »,  Sainyutta,  iii.  240.  2445. 

Il  y  a  seize  Nfigas  i\  labri  des  attaques  de»  Garu^  (Sigara,  NaiMia,eU.X  ■«*• 
de  W.  de  Visser.  -  Voir  iii.  83  b,  Beal  48. 

4.  Samghabhadra  signale  une  deuxième  opinion,  que  la  matrice  d'< 
est  la  plus  étendue. 


32  CHAPITRE  III,  10  a-Il  b. 

et  l'existence-naissance,  n'étant  pas  arrivée  à  l'endroit  où  elle  doit 
aller,  on  ne  peut  dire  qu'elle  naisse.  * 

Entre  l'existence-mort  —  c'est-à-dire  les  cinq  skandhas  du  moment 
de  la  mort  —  et  l'existence-naissance  —  c'est-à-dire  les  cinq  skan- 
dhas du  moment  de  la  renaissance  —  se  trouve  une  existence  [13  b] 
—  un  «  corps  »,  cinq  skandhas  —  qui  va  au  lieu  de  la  renaissance. 


1.  mrtyûpapattibhavayor  antarâbhavattha  yah  / 

gamyadesânupetatvân  nopapanno  'ntarâbhavah  //  —  Voir  p.  41. 

Bibliographie  sommaire  de  Vantarâbhava. 

Kosa,  iii.  10-15,  40  c  ;  iv.  5.S  a-b,  vi  34  a,  39,  ix.  trad.  p.  258. 

Kathavatthu,  viii.  2.  —  Le  Therav5din  nie  Vantarâbhava  contre  les  Sammi- 
tîyas  et  les  Pubbaseliyas.  Ceux-ci  s'appuient  sur  l'existence  d'un  Anâgamin  nommé 
AntarSparinirvayin  (voir  ci-dessous  p.  .38  et  iii.  40  c,  note)  ;  ils  n'attribuent  pas 
d'antarâbhava  aux  créatures  qui  vont  en  enfer,  chez  les  Asannasattas,  dans 
l'Arûpya. 

Sarnmitïyanikayas&stra,  Nanjio,  1272,  troisième  chapitre. 

Kfiranaprajfiâptisâstra,  xi.  5  (Cosmologie  bouddhique,  341). 

Sectes  qui  nient  Vantarâbhava  :  Malmsamghikas,  EkavyavahSrikas,  Lokotta- 
ravSdins,  Kukkutikas,  MahTsSsakas  (Vasumitra),  Mahasamghikas,  MaliTsasakas, 
Vibhajyavadins  (Vibhasa,  19,  4).  —  La  Vibhasa  signale  plusieurs  opinions  :  pas 
d'antarâbhava  ;  antarâbhava  précédant  la  naissance  dans  les  trois  Dhatus  ; 
antarâbhava  précédant  la  naissance  de  Kamadhatu  ;  enfin,  seule  opinion  correcte, 
antarâbhava  précédent  la  naissance  de  Kamadhatu  et  de  Rûpadhatu. 

Vibhasa,  68,  8-70  :  «  Bien  qu'il  y  ait  différence  de  temps  et  de  lieu  entre  la  mort 
et  la  naissance,  comme,  dans  l'intervalle,  il  n'y  a  pas  destruction  suivie  de  nais- 
sance, ces  écoles  n'admettent  pas  Vantarâbhava  ».  —  Dans  Visuddhimagga,  604, 
comme  dans  Madhyamakavî'tti,  544,  la  naissance  suit  immédiatement  la  mort  : 
tesam  antarikâ  natthi. 

Sources  brahmaniques,  notamment  SlokavSrttika,  Àtmavada,  62:  «  Vindhyavfisin 
a  réfuté  Vantarâbhavadeha  »  ;  Goldstucker  s.  voc.  antarâbhava  et  ativâhika, 
âtivâhika  ;  SamkhyasQtra,  v.  103.  [A.  B.  Keith,  KarmamTmarnsa,  p.  59,  Bulletin 
School  Oriental  Studies,  1924,  p.  554,  pense  que  ce  Viudhyavasin  n'est  pas  le 
docteur  Samkhya,  sur  lequel  Takakusu,  Life  of  Vasubandhu,  JRAS,  190.'^,  January]. 

Sur  la  manière  dont  «  the  disembodied  jiva,  before  it  secures  a  new  âyatana 
(body)  wanders  about  like  a  great  cloud  »,  Hopkins,  Great  Epie,  39,  JAOS,  22, 
372  ;  le  corps  démoniaque  que  prend  le  mort  pour  se  rendre  en  enfer,  Samkhya- 
pravacanabhasya,  iii.  7. 

Diverses  références,  JRAS.  1897,  466,  JAs.  1902,  ii.  295;  Nirvana  (1925),  28; 
Keith,  Buddhist  Philosophy,  207  ;  Sûtralamkâra,  p.  152,  Madhyamakavrtti,  286, 
544.  —  Sur  le  Bar-do,  Jaschke  et  Sarad  Candra  Das  [et  une  littérature  très  riche]. 


Hiu(m4mÊmg,  viii,  fol.  13  a-i4  a« 

Cette  existence  se  trouvant  entre  deux  «  destinées  >  (gaH)  ett 
inôe  «  existence  intermédiaire  ».  ' 

(^ette  existence  est  produite:  potirquoi  ne  pas  dire  qu'elle  naît 
(upapanna),  pourquoi  ne  pas  lui  attribuer  «  naissance  »  (upapaiU}  ? 
—  Disons  qu'elle  est  naissante  (upapadyamàna)  ;  mais  elle  n'est 
pas  née  (voir  iii.  40  c).  En  effet,  ainsi  que  1  etymologie  l'indique  (pad 
=  gam,  upapanna  ==  upagcUa),  naître,  c'est  arriver.  L'existence 
intermédiaire  (ou  être  intermédiaire),  quand  elle  commence,  n'est  pas 
arrivée  au  lieu  où  elle  doit  aller,  à  savoir  au  lieu  où  se  trouve  mani- 
festée et  achevée  la  rétribution  des  actes.  ' 

D'après  d'autres  sectes  \  il  y  a  coupure,  discontinuité  (viccheda) 
entre  l'existence-mort  et  l'existence-naissance  :  pas  d'existence  inter- 
médiaire. Cette  opinion  est  fausse  comme  le  prouvent  le  raisonne- 
ment et  l'Ecriture. 

11  a-b.  Etant  semblable  à  la  série  du  riz,  l'existence  ne  se  repro- 
duit pas  postérieurement  après  avoir  été  interrompue.  *  [14  a] 

Les  dharmas,  momentanés,  existent  en  série  ;  lorsqu'ils  apparais- 
sent dans  un  endroit  distant  de  celui  où  ils  se  trouvaient,  c'est  parce 
qu'ils  se  sont  reproduits  sans  discontinuité  dans  les  endroits  intemié- 

1.  Ceci  fait  difficulté.  Nous  avons  vu  que  la  gati  est  non-souillée>non-<i^fiiiie. 
Or  l'existence-naissance  est  toujours  souillée  (iii.  38)  et  rexbtetice-inort  peut  éirs 
bonne  et  souillée.  Comment  peut-on  dire  de  l'existence  intermédiaire,  qui  se  trouve 
entre  l*exislence-mort  et  rexislence-naissance,  qu'elle  se  trouve  entre  deux  gaiia, 
gatyor  antarâle  ?  —  Réponse.  Au  moment  de  la  mort  comme  au  moment  de  la 
naissance  existent  le  nikàyasabhàga,  le  jlvitendriya,  les  jAlw,  etc.,  le  k&gtn' 
driya  (ii.  35),  lesquels  sont  non*souillés-non-définis  et  sont  par  conséquent  mim 
difficulté,  gati  de  leur  nature. 

2.  yatra  yathâksiptasya  vipAkasyti  abhivynktih  sam/ipM  ea.  —  L*  premier 
terme  se  rapporte  à  l'acte  qui  projette  l'existence  (divine,  humaine,  etc.),  le  mtoimJ 
aux  actes  qui  complètent  l'existence  (caste,  taille,  etc.),  d'après  iv.  SK». 

Ou  bien  :  le  lieu  où  est  manifestée  In  rétrib\ition  projetée  par  Tarte,  i  saroir  !• 
nâmarUpa,  et  où  le  gadàyatana  est  complété. 

3.  Quatre  écoles,  les  MahfisAtpgliikas  etc.,  n'admettent  pst  Vanktrûbhmrm, 
voir  le  commentaire  du  Samayabheda  de  Vasumitm  dam  Iw  Malériaui  dm 
J.  Przyluski  ;  de  même  les  MaliTsOsakas  (Saeki). 

4.  vrlhisatntânasadharmyâd  avicchinnabkavodbhavak  I 


34  CHAPITRE  m,  11  a-12  b. 

diaires.  Telle  la  série  qui  constitue  un  grain  de  riz  et  qu'on  transporte 
à  un  village  éloigné  en  passant  par  tous  les  villages  de  l'enlre-deux. 
De  même,  la  série  mentale  prend  naissance  (existence-naissance) 
après  s'être  reproduite  sans  discontinuité  (existence  intermédiaire) 
depuis  l'endroit  où  a  eu  lieu  la  mort  (existence-mort).  * 

Mais,  dira-t-on,  le  reflet  (pratihimha)  naît  sur  le  miroir,  sur 
l'eau,  etc.,  sans  être  continu  à  l'image  (himba)  avec  laquelle  il  forme 
série.  Donc  les  éléments  de  l'existence-naissance  ne  dépendent  pas 
d'éléments  formant  série  ininterrompue  entre  le  lieu  de  l'existence- 
mort  et  le  lieu  où  ils  apparaissent. 

1 1  c-d.  L'existence  du  reflet  n'est  pas  démontrée  ;  fût-elle  démon- 
trée, le  reflet  n'est  pas  pareil  ;  donc  il  ne  fait  pas  exemple.  ^ 

On  entend  par  reflet  une  chose  (dravya)  qui  est  une  certaine  sorte 
de  couleur  (varna).  L'existence  du  reflet  n'est  pas  établie. 

12  a.  Car  deux  choses  n'existent  pas  dans  le  même  lieu.  ^ 

a.  Dans  un  même  lieu,  à  savoir  le  miroir,  l'homme  placé  de  côté 
aperçoit  le  rûpa  du  miroir,  matière  dérivée  des  grands  éléments 
(upâdâyarûpa)  ;  l'homme  placé  en  face  aperçoit  son  propre  reflet, 
qui  serait  une  «  certaine  sorte  de  couleur  »,  matière  dérivée.  Or  on 
ne  peut  admettre  que  deux  matières  dérivées  existent  en  même  temps 
dans  le  même  lieu,  car  chacune  d'elles  doit  avoir  pour  support  deux 
groupes  distincts  de  grands  éléments  (voir  iv.  trad.  p.  26,  29). 

1.  La  Vyûkhyîi  dit  :  atrâcâryaGunamatih  saha  éisyenâcâryaVasumitrena 
svanikâyânurâgabhâvitamatir  vyâkhyânavyâpâram  apàsya  pratyavasthâ- 
napara  eva  vartate  /  vayam  iha  éâstrârthavivaranam  praty  âdriyâmahe 
na  taddûsanam  nihsâratvâd  bahtivaktavyahhayâc  ca. 

Yaéomitra,  dans  les  stances  d'introduction  à  la  Vyâkhya,  note  qu'il  suit  «  les 
commentateurs,  Gnnamati,  V^asumitra,  etc.  »,  là  où  ils  sont  corrects  ;  dans  le 
commentaire  de  i.  1,  p.  7  (éd.  de  Pétrograd)  il  condamne  l'explication  que  Guna- 
mati  et  son  élève  Vasumitra  donnent  de  tasmai  namaskrtya.  —  De  la  glose  que 
nous  avons  ici,  il  résulte  que  Gunamati  et  Vasumitra  appartiennent  à  une  autre 
secte  ou  école  (nikâyaj.  Les  détails  manquent. 

2.  pratibimbam  asiddhatvâd  asâmyâc  cânidarsanam  // 

3.  sahaikatra  dvayâbhâvât. 


Hinan-lsang,  wïïu  fol.  14  a-b.  S6 

b.  Deux  hommes  qui  regardent  le  même  objet,  cniche,  etc.,  I« 
\  oient  tous  deux  en  même  temps.  Or  deux  homme»»  placés  des  deux 
côtés  d*un  étang  voient  le  reflet  des  objets  qui  lour  font  face  :  le  même 
reflet  n'est  pas  vu  en  môme  temps  par  l'un  et  l'autre. 

c.  L'ombre  et  la  lumière  du  soleil  ne  coexistent  pas  dans  un  mAme 
lieu  [14  b].  Or,  si  on  place  à  Tombre  (i.  10  a),  dans  un  hangar  situé 
près  d'un  étang  éclairé  par  le  soleil,  un  miroir,  ou  verra  dans  ce 
miroir  le  reflet  du  reflet  du  soleil  sur  la  surface  de  l'eau.  Il  est  donc 
prouvé,  par  ces  trois  remarques,  que  le  reflet  n'est  pas  une  certaine 
chose  réelle  (dravya), 

La  karika  est  susceptible  d'une  autre  inter{)rétation.  Nous  la  tra- 
duirons: «  Car  les  deux  choses  n'existent  pas  dans  le  môme  lieu  ». 
Les  deux  choses  sont  la  surface  du  miroir  et  le  reflet  de  la  lune.  — 
Ce  n'est  pas  dans  le  même  lieu  que  nous  voyons  la  surface  du  miroir 
et  le  reflet  de  la  lune  qui  doit  être  sur  le  miroir  :  ce  reflet  apparaît 
en  retrait,  en  profondeur,  comme  Teau  dans  le  puits  '.  Or  si  une  réelle 
couleur,  le  reflet,  naissait,  elle  naîtrait  à  la  surface  du  miroir,  t»lle 
serait  perçue  comme  étant  à  la  surface  du  miroir.  —  Le  reflet  n'est 
donc  qu'une  idée  illusoire  prenant  la  forme  de  reflet  (prcUibimbâ' 
kâratn  bhrântam  vijnânam).  Tel  est  le  pouvoir  de  ce  complexe, 
miroir  et  objet,  que  se  produit  la  vue  d'un  reflet,  d'une  image  sem- 
blable à  l'objet.  Incompréhensible  le  pouvoir  des  dharmas  et  la 
variété  de  ce  pouvoir. 

Admettons  cependant  l'existence  réelle  du  reflet.  Il  ne  peut  cepen- 
dant servir  d'exemple  dans  votre  raisonnement,  car  il  ne  peut  être 
comparé  à  Texistence-naissance.  Il  n'est  pas  semblable  a  rexislence- 
naissance  : 

12  b.  Car  il  ne  fait  pas  série. 

Le  reflet  ne  fait  pas  série  avec  l'objet  reflété,  car  le  reflet  prend 
naissance  en  s'appuyant  sur  le  miroir,  car  le  reflet  est  simultané  à 

1.  Comparer  Chavannes,  Cinq  cents  contes,  u.  ÎOCX 


36  CHAPITRE  III,  12  b-c. 

l'objet  reflété.  Au  contraire  l'existence-mort  et  l'existence-naissance 
font  série,  la  seconde  étant  postérieure  à  la  première  et  se  produisant 
dans  un  autre  lieu  que  la  première  sans  qu'il  y  ait  coupure  entre  elles 
[grâce  à  l'existence  intermédiaire]. 

12  b.  Car  il  naît  de  deux  causes. 

C'est  en  raison  de  deux  causes  que  naît  le  reflet,  en  raison  du 
miroir  et  de  l'objet.  De  ces  deux  causes  la  principale  est  la  cause  sur 
laquelle  il  prend  point  d'appui  pour  naître,  à  savoir  le  miroir  [15  a]. 
Au  contraire,  il  arrive  que  l'existence-naissance  ne  procède  que  d'une 
cause  ;  et  elle  n'a  jamais  une  cause  principale  qui  ne  soit  pas  l'exis- 
tence-mort. Dans  le  cas  des  êtres  apparitionnels,  comme  ils  apparais- 
sent soudain  dans  l'espace,  l'existence-naissance  n'a  aucun  point 
d'appui  extérieur.  Et  pour  les  êtres  qui  naissent  avec  la  semence,  le 
sang,  la  boue,  ces  éléments  extérieurs  ne  peuvent  être  la  cause  prin- 
cipale puisqu'ils  sont  dépourvus  de  pensée. 

Le  raisonnement  démontre  donc  l'existence  de  l'être  intermédiaire 
puisque  l'existence-naissance  procède  de  l'existence-mort  sans  qu'il 
y  ait  discontinuité  entre  ces  deux  existences. 

L'Ecriture  aussi  établit  l'existence  de  l'être  intermédiaire. 

12  c.  L'être  intermédiaire  est  nommé  par  son  nom.  ^ 

Le  Sûtra  dit  :  «  Il  y  a  sept  hhavas,  naraka,  tiryagyoni,  prêta, 
deva,  manusya,  karma  et  antaràbhava  ».  ^ 

Si  l'école  que  nous  combattons  ne  lit  pas  ce  Sûtra,  du  moins  lira-t- 
elle  les  textes  relatifs  au  Gandliarva. 

12  c.  C'est  le  Gandharva. 

Nous  lisons  dans  le  Sûtra  :  «  Il  faut  trois  conditions  pour  que  l'em- 
bryon descende,  [pour  que  naisse  fils  ou  fille]  :  la  femme  est  bien 

1.  12  e-d  kanthokteê  câsti  gandharuah  pancokter  gatisûtratah  // 

2.  Ci-dessus  p.  13  n.  2. 


Hùmn-tsang,  viii,  fol.  14  b-i5  a.  gl 

portante  et  féconde,  les  époux  sont  iinif»,  un  Gnndharvn  €*l  dUpoiié.  » 
Que  sera  le  Gandharva  sinon  l'être  intennédiaire  ?  ' 

Mais  nos  adversaires  ne  lisent  pas  le  Soira  dans  ce»  term«»  î  lU 
remplacent  la  troisième  condition  par  un  texte  qui  donne  :  €  une 
dissolution  de «/rami/ra* (c'est-à-dire  un  mourant)  e.st  ilinpôii^  ».*— . 

1.  Majjhima,  ii.  156  :  jananti  pana  hhonto  yatha  gabbhoAaa  avakiMmU 
hoti  I  janàma  mayam  bho  yatha  gabbhnMsa  avakkanU  hoti  /  idha  imùtApi- 
tnro  ca  sannipatita  honti  mata  ca  utum  hoti  garni hnbbo  eapmœtii^lfkilo 
hoti  I  evafft  tinnam  sannipata  gabbha^sa  avakkanti  hoti,  —  Il éoMt  IbmiulM, 
Majjhima,  i.  265.  [A  propos  de  ces  fornuiie.H,  Hhys  Dand»-Siede  diseol  <|o«  U» 
Ctandharva  *  is  said  lo  préside  over  child-ronreplion  »|  —  [D'autrm  mode*  H«» 
rimception,  asucipanena,  etc.,  SamanlapAsadikfl,  i.  214.  Milinda,  1S3,  qui  d'ail. 
leurs  répètent  la  formule  du  Majjhima.] 

[On  peut  comparer  Vavakranti  du  nâmanipa  qui  a  lieu  quaml  le  vifêàna  est 
pratisthita,  SaipyuUa,  ii.  66  ;  ailleurs  avakrauti  du  vijùana,  ibid.  ii.  91}. 

Rédaction  différente,  Divya,  1,  440  :  tray&Hdvfî  ëth&tiàtiAin  ëatftmuklUbhAvAt 
pûtrâjayante  duhitaraé  ca  /  katamesafn  trayanûm  /  mAtûpiiarmm  r«MMi 
bhavatah  samnipatitau  /  mata  kalyâ  bhavati  rtumali  j  gandharwm^  ffm^ 
tyupasthito  bhavati I  e^âtn  trayâuâm  ...  [La  lecture  gandharvapraifftipmMiië 
que  Windisch  relient,  Geburt,  p.  27,  est  certainement  fautive  :  quatre  Mm^,  ooI 
pratyupasthito]. 

Notre  texte  a  garbhavakrantih,  descente  de  l'embryon  (et  non  p«s:|mlra 
jâyante ...)  ;  place  les  qualités  de  la  femme  avant  l'union  des  parents  ;  pour  le 
resie  suit  le  Divya. 

Discuté  dans  Vibhfi.sâ,  10,9,kalya  signifie  «  non  malade  •  ;  détail»  «ir  fJmmmU, 

Sur  le  Gandharva,  voir  les  sources  signalées  p.  82  n.  1.  —  Ansai  des  Winfquus 
dans  Hist  de  l'Inde  (Cavaignac,  Hist.  du  Monde,  t  iii),  L  287.  —  Oldeo^m» 
Religion  du  Veda,  209,  a  bien  montré  que  le  Gandharva  bouddhique  est  «  le  gwt 
animé  qui,  passant  d'une  existence  ancienne  en  une  nouvelle  existence,  atlewi  el 
saisit  l'instant  d'un  acte  de  génération  pour  devenir  embryon,  garbka  ».  [Cooife 
Hillebrandt,  qui  faisait  du  Gandharva  le  génie  de  la  fécondation  :  —  même  reaeep 
tion  dans  Rhys  Davids-Stede  :  Le  Gandharva  «  is  said  to  preeide  over  éM 
conception  ».  Aussi  contre  Pischel  qui  faisait  du  Gandhana  rembcjOB^  »  GttS* 
dharva  est  le  nom  €  védisant  >  ou  «  brahmanisant  »  de  l'esprit  détAoïcuné  dOOMM 
le  conçoivent  les  c  primitifs  ». 

2.  D'après  le  Lotsava.  —  Hiuan-tsang  :  €  ...  un  Gandharva  est  diapneé.  5*0 
n'est  pas  l'être  intermédiaire,  que  .sera  le  Gandharva  '?  Une  dJMoInlioa  àm  «teA- 
dhas  antérieurs,  comment  serait-elle  disposée  ?  S'ils  ne  lirai  pas  ce  telle, 
comment  expliquent-ils  rÀ.4vaIayanasalra  ?  ....  »  —  On  eel  poH4  à  croire  q«e  le 
sens  est  :  «  L'école  que  nous  combattons  prétend  que  le  mol  ffùlÊdkttn 
maranabhava  ou  skandhabheda  ...  ». 

Vyftkhyfi  :  skandhabhedaé  ca  pratyupasthito  iti  maroHabhavak, 


38  CHAPITRE  m,  12  d. 

Fort  bien,  mais  on  doute  qu'ils  puissent  expliquer  l'ÀsvalayanasQ- 
tra  '  :  «  Ce  Gandharva  [15  b]  qui  est  disposé,  savez-vous  s'il  est  de 
race  brahmanique,  noble,  vaisya  ou  sûdra  ?  s'il  vient  de  l'orient,  du 
sud,  de  l'occident  ou  du  nord  ?  »  Cette  expression  «  venir  »  montre 
qu'il  s'agit  de  l'être  intermédiaire,  non  pas  d'une  «  dissolution  des 
skandhas  ». 

Si  nos  adversaires  ne  lisent  pas  ce  Sûtra, 

1 2  d.  L'être  intermédiaire  est  prouvé  par  le  texte  relatif  aux  Cinq. 

Bhagavat  enseigne  qu'il  y  a  cinq  AnRgamins  :  antarâparinir- 
vâylfi,  upapadifaparinirvâyin,  anahhisamskâraparinirvâyin, 
sâbhisamskâraparmirvâyiny  ûrdhvasrotas  \  —  Le  premier  est  le 
saint  qui  obtient  le  Nirvana  «  dans  l'entre-deux  »,  au  cours  de  l'exis- 
tence intermédiaire  ;  le  second  celui  qui  obtient  le  Nirvana  en  renais- 
sant.... 

Certains  maîtres  (Vibhasâ,  79, 7)  soutiennent  que  Vantarâpari- 
nirvàyin  est  un  saint  qui  obtient  le  Nirvana  après  être  rené  parmi 
les  dieux  nommés  Antaras.  Mais  ils  devront  admettre  des  dieux 
Upapadyas,  etc.  Opinion  absurde. 

12  d.  Et  par  le  Sotra  des  gatis. 

Par  le  Sûtra  des  sept  satpurmagatis  l  —  Ce  Sotra  enseigne  que, 
eu  égard  aux  différences  de  durée  et  de  lieu,  on  doit  distinguer  trois 
sortes  d'Antaraparinirvayin  :  le  premier  est  semblable  à  l'étincelle 
qui  s'éteint  aussitôt  née  ;  le  second  au  fragment  de  métal  rougi  qui 
s'éteint  dans  son  vol  [16  a]  ;  le  troisième  au  fragment  de  métal  rougi 

1.  Assalftyanasutta,  Majjhima,  ii.  157,  donne  une  recension  plus  archaïque  de 
notre  texte. 

2.  Samyukta,  37,  20,  Dîrgha,  8,  14,  Dlgha,  iii.  237  ;  Kosa,  vi.  37. 

Quoi  que  puissent  penser  de  l'AntarSparinirvayin  le  Kathavatthu,  viii.  2  et 
Puggalapailnaii  (cité  ci-dessous  p.  40  n.  1),  la  définition  que  l'Anguttara,  ii.  134, 
donne  de  ce  saint  suppose  la  croyance  à  l'existence  intermédiaire  (Voir  ci-dessous 
note  de  iii.  40  c-41  a). 

3.  Madhyama,  2,  1,  Anguttara,  iv.  70,  Kosa,  vi.  40.  —  J'ai  comparé  la  version 
sanscrite,  reproduite  intégralement  dans  la  Vyâkhya,  avec  la  version  pâlie,  JRAS. 
1906,  446. 


Hiuan'Uang^  viii,  fol.  15  a-16  a. 


qiii  s'éteint  dans  son  vol,  nmis  plus  tanl.  et  sans  rptomber  sur  !#•  sol. 
—  En  présence  de  ce  texte,  c'est  pure  fantaisie  de  supposer  que  l'An* 
tarnparinirvflyin  est  un  luihilant  du  ciel  de.H  Antaras,  car  ces  AnUrfis 
no  peuvent  se  diviser  en  trois  classes  en  raison  de  la  durée  et  du  lieu. 
Mais  d'autres  docteurs  cependant  —  les  VihImjyavAdins  au  témoi- 
gnage de  Vibliflçft,  69,  7  —  présentent  l'explication  cpie  voici.  L'Anta- 
raparinirvflyin  obtient  le  Nirvflna,  c'est-à-dire  élimine  les  pAssions, 
soit  dans  rentre-temps  de  la  durée  de  sa  vie,  soit  <lans  l'entre-tempti 
de  sa  cohabitation  avec  les  dieux  '.  Il  est  triple  :  on  le  nomme  dhâiu- 
gcda  s'il  obtient  le  Nirvana  à  peine  arrivé  dans  le  Dhfltu  [c'est-à-dire 
dans  un  ciel  du  Rilpadhatu,  et  par  conséquent  s'il  élimine  les  paMiofis 
(|ui  le  font  renaître  dans  le  HflpadbAtu  alors  qu'elles  sont  encore  à 
l'état  de  graine]  ;  on  le  nomme  aamjhâgcUu  s'il  obtient  le  Nirvana 
plus  tard,  à  un  moment  où  la  notion  (satfijnâ)  des  objets  du  Ropa- 
(Ihatu  est  chez  lui  en  activité  ;  on  le  nomme  vUarkagala  s'il  obtient 
le  Nirvana  plus  tard  encore,  à  un  moment  où  les  viiarkaa  (voliiions, 
etc.)  produites  par  ces  objets  sont  en  activité.  De  la  sorte  nous  au- 
rons trois  AntarAparinirvayins  conformes  aux  défînitions  du  Sotra 
et  qui  obtiennent  le  Nirvana  dans  l'entre-temps  de  la  durée  de  leur 
vie,  c'est-à-dire  sans  achever  le  terme  de  la  vie  des  dieux  du  ciel  où 
ils  renaissent.  —  Ou  encore,  le  premier  Antaraparinirvftyin  obtient 
Nirvana  aussitôt  (ju'il  a  pris  possession  d'une  certaine  existence 
divine  (nikâyasabhâgaparigrahatfi  kriva)  ;  le  second,  après  avoir 
éprouvé  la  béatitude  céleste  (devasamrddhim  anubhûya)  ;  le  troisiè- 
me, après  être  entré  dans  le  conclave  ou  conversation  des  dieui 
(dharmasamgiti  =  dharmcusâmkcUhya).  —  Une  objection  se  pré- 
sente :  si  l'Antaraparinirvayin  est  un  saint  qui  renaît,  éprouve  béali* 
tude,  entre  dans  le  conclave  des  dieux,  que  sera  l'Upapadyapannir- 
vayin,  littéralement  «  celui  qui  obtient  le  Nirvana  apn»s  être  rené  »  ? 
On  répond  que  rUpapadyaparinirvayin  entre  tout  à  fait  dans  le  con- 
clave (prakarsayukià  satfigitij  ;  et,  comme  cette  réponse  est  peu 
concluante,  on  répond  encore  que  rUpapadyaparinirvftyin  réduit  de 

1.  Le  texte  porte  :  ayuhpramdHantare  decMamipùntan  rA  yak  kkéAm 
prajahùH  so  "ntaraparinirv&yi» 


40  CHAPITRE  III,  12  d. 

beaucoup  [et  plus  que  l'Antaraparinirvayin]  la  durée  de  la  vie  : 
[on  le  nomme  upapadya  parce  qu'il  obtient  le  Nirvana  âyur  upa- 
hatya.]  ' 

Mais  nous  ferons  observer  que  tous  ces  personnages,  le  dhdtugata, 
etc.,  vont  au  même  lieu.  Donc  ils  ne  correspondent  pas  aux  exemples 
du  Sûtra.  D'autre  part,  il  y  a,  dans  rÀrûpyadhatu,  des  saints  qui 
obtiennent  le  Nirvana  sans  avoir  vécu  leur  vie  au  complet  (iii.  85  a)  ', 
[16  b]  et  cependant  il  ne  s'y  trouve  pas  d'Antaraparinirvayin.  Ce 
point  est  mis  en  lumière  dans  la  formule  métrique  :  «  Par  les  dhyâ- 
nas,  quatre  décades  ;  par  les  ârUpyas,  trois  heptades  ;  par  la  samjnà, 
une  hexade.  Ainsi  est  lié  le  groupe  ».  ^ 

Si  cependant  nos  adversaires  ne  lisent  pas  ce  Sûtra,  qu'y  pouvons- 
nous  faire  ?  Le  Maître  étant  entré  dans  le  Nirvana,  la  Bonne  Loi  n'a 
plus  de  chef.  Beaucoup  de  sectes  se  sont  formées  qui  altèrent  à  leur 
fantaisie  le  sens  et  la  lettre  *.  —  Disons  que,  pour  les  docteurs  qui 
admettent  ces  Sûtras,  l'existence  de  l'être  intermédiaire  ou  des  «  skan- 
dhas  d'entre-deux  »  est  prouvée  par  l'Ecriture  comme  par  le  raison- 
nement. 

Rencontrons  cependant  quelques  difficultés. 

a.  Il  faut  concilier  la  doctrine  de  l'être  intermédiaire  avec  le  Sûtra 


1.  Il  faut  comparer  avec  celte  explication  des  Vibliajyavadins  celle  de  Pudgala- 
paAnatti,  16.  —  L'Aiitaraparinibbayin  réalise  le  chemin  upapannam  va  sama- 
nantarâ  apattam  va  vemajjham  âyupamdnam  ;  l'Upaliaccaparinibbayin 
réalise  le  chemin  atikkamitvâ  vemajjham  âyupamànam  upahacca  va  kala- 
kriyâm  [D'après  le  commentaire  upahacca  =  upagantva,  donc  «  se  tenant  sur 
le  siège  de  mort  »].  —  Buddhaghosa,  ad  Kathâvalthu,  iv.  2  (Si  on  peut  devenir 
Arhat  en  naissant)  reproche  aux  Uttarapathakas  de  substituer  upapajjapari- 
nibhâyin  à  upahacca^. 

2.  Il  y  a  mort  avant  le  temps  (antarâmarana)  dans  l'Àrûpya  ;  donc  un  être 
d'Àrûpya  peut  entrer  dans  le  Nirvana  avant  d'avoir  achevé  les  milliers  de  kalpas 
des  existences  d'Àrûpya. 

3.  Pour  l'explication  de  ce  sloka,  Cosmologie  bouddhique,  141,  235,  Anguttara, 
iv.  422. 

4.  Hiuan-tsang  :  Le  maître  souverain  de  la  loi  est  depuis  longtemps  (Glose  : 
depuis  900  ans)  entré  dans  le  Nirvana  ;  les  grands  généraux  de  la  Loi  (Glose  : 
Saradvatîputra,  etc.)  sont  aussi  nirvànés 


Hiuapi4êang,  viii,  fol.  16  a-i?  a.  41 

sur  Mflra.  Ce  Snlrn  dit:  €  Le  Marn  nomme  Dn^in  [,  ayant  fmppé  la 
!•  te  (le  Vidura,  le  disciple  de  KrakucclinndB,]  tomlm,  avec  son  corpn 
iiH^me  (svaéarirenaiva  in-npatitah),  dans  le  grand  enfer  Awci  *  ».  — 
Les  actes  très  graves  (par  l'intention  et  le  champ)  ri  cfimpleU  (c'eut- 
à-dire  c  accumulés  >,  iv.  120)  mûrissent  avant  la  mort  même'.  Mara 
sent  donc  d'abord  une  rétribution  dans  cette  vie  avant  de  sentir  la 
rétribution  infernale.  Le  texte  veut  donc  dire  (pie  Mara  est  enveloppi*. 
vivant  encore,  des  flammes  infernales  ;  qu'il  meurt  ;  ipi'il  prend 
Texistence  intermédiaire,  la(piclle  va  en  enfer  où  a  lieu  la  naissance 
infernale. 

b.  D'après  le  Sotra,  il  y  a  cinq  crimes  nommés  ânanUurya  :  celui 
qui  les  a  faits  nait  immédiatement  en  enfer  (samanatUaratft  nara- 
kesûpapadyate)  (iv.  97).  —  Disons  que  l'expression  «  immédiate- 
ment »  signifie  <  sans  intermédiaire  »,  sans  pa.Hser  par  une  autre 
destinée  (gaii)  :  ce  sont  des  actes  <  rétribués  dans  Texistence  pro- 
chaine »  (upapadya,  iv.  50  b).  Si  vous  prenez  le  Sotra  à  la  lettre, 
vous  aboutirez  à  des  conséquencss  absurdes  :  vous  din»z  qu'il  faut 
avoir  commis  les  cinq  crimes  pour  renaître  en  enfer  ;  vous  direz  que 
le  coupable  renaît  en  enfer  aussitôt  après  le  crime,  ou  qu'il  y  renaît 
sans  mourir  ici-bas.  —  [D'ailleurs,  d'après  notre  doctrine,  la  renais- 
sance en  enfer  est  immédiate  ;  elle  n'est  pas  précédée  par  une  «  nais- 
sance »  comme  être  intermédiaire].  Nous  soutenons  ipie,  de  sa  nature, 
l'être  intermédiaire  est  «  naissant  >  (upapadyamâtia)  parce  qu'il  est 
tourné  vers  la  naissance  (upapatti)  (pii  suit  l'existence-mort  ;  nous 
ne  disons  pas  qu'il  naisse  (upapanno  bhavati)  (iii.  10  d).  ' 

1.  Madhyama,  30,  25  ;  Majjhima,  i.  332,  où  on  a  KakuMndha  el  Vûlliuni  (Viihi- 
ra  =  inkhas  mgu)  ;  Theragalhft,  1187  (variunles  ViilliOra  et  Vi.lOra).  -  Mrs  Rhy» 
Davids  :  €  Dussi  a  nanie  for  Mara  in  a  previous  life  *  ;  lu  Vyftkliyl  :  défi  ll4lMii 
tn^rah. 

On  se  rappelle  (pie  l'hérétique  de  Kalhavatlhu.  viii  1  pense  »pi*  IViUlmc» 
infernale  n'est  pas  précédée  d'une  existence  intermé<liaire. 

2.  paiicanantaryakarmani  yani  kftvopaciîya  satManantaratft  nnrti^ 
papadyate. 

3.  ko  va  antarabhavasya  upnpadyamAnatvafft  uecckati  \maraftabkai'<È' 
nantaropapattyabhimukhatvan  tiarcUcefûpapadyata  iti  brûmak]  na  tu 
brûma  upapanno  bhavaUti. 


42  CHAPITRE  m,  12  d-13  b. 

c.  Vous  devez  expliquer  la  stance  :  «  Ta  vie  approche  du  terme, 
ô  Brahmane  ;  tu  es  vieux  et  malade  ;  tu  es  en  présence  de  Yama 
[17  b]  ;  il  n'y  a  pas  pour  toi  de  séjour  (vàsa)  d'entre-deux  (antard) 
et  tu  n'as  pas  de  viatique  ».  ' 

Vasubandhu.  —  Vous  pensez  que  cette  stance  montre  qu'il  n'y  a 
pas  d'existence  intermédiaire.  Mais  nous  comprenons  les  mots  antarâ 
vàsa  dans  le  sens  «  séjour  parmi  les  hommes  »  (nianusyesu)  :  «  Une 
fois  mort,  tu  ne  reviendras  pas  ici  »  ;  ou  bien  le  texte  veut  dire  : 
«  Rien  ne  peut  retarder  la  marche  de  l'être  intermédiaire  que  tu  vas 
devenir  vers  le  lieu  de  ta  renaissance  infernale.  » 

Le  négateur  de  l'être  intermédiaire  demandera  sur  quoi  nous  nous 
fondons  pour  dire  :  telle  est  l'intention  de  ce  texte,  telle  n'est  pas 
l'intention.  Nous  lui  répliquerons  par  la  même  question  ^  —  Si,  de 
la  sorte,  les  deux  objections  se  font  équilibre,  à  quelle  preuve  pouvez- 
vous  aboutir  ?  —  Observons  que,  pour  les  Sûtras  de  Mara,  etc.,  l'ex- 
plication du  négateur  de  l'être  intermédiaire  et  la  nôtre  ne  sont  pas 
contredites  par  le  texte  même.  Les  textes  ne  sont  donc  pas  concluants 
pour  ou  contre  l'être  intermédiaire.  Sont  concluants  et  font  preuve 
les  textes  qui  ne  peuvent  être  interprétés  que  d'une  manière  "^  :  [tels 
ceux  que  nous  avons  cités  p.  36-38.]  [ix] 

On  demande  quelle  est  la  forme  (dkrti)  de  l'être  intermédiaire  ? 


Hiuan-lsung  :  Ou  bien  qui  n'admet  pas  <|ue  Vantarâhhava  soit  «  naissant  »  ? 
Le  mot  «  être  infernal  »  désigne  aussi  Vantarâhhava  ;  lorsque  se  produit  Vanta- 
râhhava immédiatement  consécutif  à  l'exislence-mort,  on  peut  aussi  parler  de 
naissance  (upapatti),  parce  qu'il  est  le  moyen  de  la  naissance.  Le  Sûtra  dit  que 
le  criminel  naît  immédiatement  comme  «  être  infernal  »  ;  il  ne  dit  pas  qu'à  ce 
moment  il  y  ait  existence-naissance. 

1.  Samyukta,  5,  3,  Vibhâsa,  69,  5.  —  La  Vyakhya  fournit  des  fragments  :  upa- 
nîtavayâ  dvija  ...  vâso  'pi  ht  nâsti  te  'ntarâ  /  pâtheyam  ca  na  vidyate  tava  // 

Version  de  Hiuan-lsang  :  «  Désirant  aller  dans  le  chemin  de  l'est,  tu  n'as  pas 
de  provisions  ;  désirant  t'ancter,  il  n'y  a  pas  de  lieu  d'arrêt  dans  l'intervalle.  » 

Recension  de  Dhammapada  237  :  upanltavayo  va  dâni  si  /  sampayato  si 
Yatnassa  santike  j  vâso  pi  ca  te  n'atthi  antarâ  /  pâtheyyam  pi  ca  te  na 
vijjati. 

2.  tulya  esa  hhavato  'py  anuyogah. 

3.  taj  jnâpakam  ananyagatikam. 


Hiuan4aang,  viii.  fol.  17  a-ix.  fol.  1  h.  48 

13  a-b.  Etant  projeté  par  le  même  artc  qui  projftte  Iep0reoè4- 
labhava,  c'est-à-dire  l'êln»  de  la  destinée  a  venir  après  sa  ooncqi* 
tion,  l'être  intermédiaire  à  la  forme  de  cet  être.  ' 

L'acte  qui  projette  la  gnli  ou  t  destinée  >  -  une  exintenre  infer- 
nale, etc.  —  est  le  même  acte  qui  projette  rexintenn*  inlrmiiMlinin- 
par  laquelle  on  va  a  cette  destinée  '.  Par  conséquent  VanlfiffMain 
a  la  forme  du  futur  pûrvakdlabhava  (p.  45,  l.  9)  de  la  destinée  vrr» 
laquelle  il  va. 

Objection.  —  Dans  le  ventre  d'une  chienne,  d'une  truie,  etc.,  p*»ul 
mourir  à  l'état  embryonnaire  un  être  cpii  doit  ensuite  renaître  dans 
une  quelconque  des  cinq  destinées.  Supposons  donc  que  cet  embryon 
soit  remplacé  par  un  être  intermédiaire  destiné  à  passer  en  enfer  '. 
Cet  être  intermédiaire,  s'il  a  la  forme  d'un  être  infernal  (  i  b).  bradera 
le  ventre  de  la  chienne.  —  Même  à  l'état  parfait  (pùrviikâlabkava), 
les  êtres  infernaux  ne  sont  pas  toujours  incandescents,  dans  les 
€  annexes  »  (ulsadaa,  iii.  58  d)  par  exemple.  Mai»,  si  même  on 
croyait  que  les  êtres  intermédiaires  infernaux  sont  incandescenU, 
comme  leur  corps  est  «  éthéré  t  (accha,  transparent,  viii.  3  c),  ils  ne 
sont  pas  plus  tangibles  qu'ils  ne  sont  visibles.  Il  n'y  a  donc  pas 
adhérence  de  l'être  intermédiaire  *.  Le  ventre  n'est  donc  pas  brûlé  ; 
l'influence  de  l'acte  d'ailleurs  s'y  oppose. 

Les  dimensions  de  l'être  intermédiaire  sont  celles  d'un  rnfanl  de 
cinq  ou  six  ans,  mais  ses  organes  sont  parfaitein»Mil  développés 
(vyaktetidriya). 

1.  ekaksepad  oadv  aisyatpûrvakùlabhavAkflik. 

2.  Sur  l'acte  qui  projette  Texistence  intermédiaire,  etc.,  ir.  53  a.  -  M^nie  «l«»r. 
trine  attribuée  aux  hérétiques  de  Kalhavallliu.  viii.  2  (p.  1U6)  :  «  Il  n'y  •  pu  d'art* 
particulier  qui  produise  l'existence  intermédiaire  ....  » 

S.  Hiuan-tsang  suppose  qu'il  y  a  cinq  emhryont  doniMnl  niiiMim  à  daq 
antarAbhaviM  appelés  chacun  à  une  destinée  différenle  ;  an  àii  docw  qiM  «•• 
cinq  antarabhavcui,  quoique  se  formant  daa<»  un  seul  ventre,  ne  m  ioucbrni  ni  m» 
se  brûlent. 

4.  Le  Bh&sya  porte  kttkfao  osanUlêfAÎ  :  •  pmree  qu'il  n'y  a  pM  «abérenr* 
au  ventre  ».  Vyakhyft  :  «  En  raison  de  la  traiispnrenee  (mœkmtvêi)  dn  eorp» 
(âtmabhava)  des  êtres  intermédiaires,  il  n'y  a  pas  réei|iiui|uaaMil  mthénmm 
(anyonyam)  :  donc  pas  brûlure  .^  Cest  pour  cela  que  le  ventre  n'c»l  pna  brtié.  » 


44  CHAPITRE  III,  13. 

L'être  intermédiaire  du  Bodhisattva  est  semblable  au  Bodhisattva 
dans  sa  pleine  jeunesse  ;  il  est  orné  des  marques  et  des  sous-mar- 
ques *  ;  c'est  pourquoi,  lorsque  cet  être  intermédiaire  vint  entrer  dans 
le  sein  maternel,  il  illumina  un  milliard  d'univers  à  quatre  continents  -. 

Mais  nous  savons  que  la  mère  du  Bodhisattva  vit  en  rêve  un 
petit  d'éléphant  blanc  ^  entrer  dans  son  côté  ?  —  C'est  là  seulement 
un  «  présage  »  \  car  le  Bodhisattva  est  depuis  longtemps  dégagé  des 
renaissances  animales  "  :  de  même  le  roi  Krkin  vit  dix  rêves  :  élé- 
phant, puits,  bouillie,  santal,  parc,  jeune  éléphant,  deux  singes,  étoffe 
et  dispute,  qui  sont  des  présages  ^  [2  a]  En  outre  les  êtres  intermé- 
diaires n'entrent  pas  dans  la  matrice  en  fendant  le  côté,  mais  bien 
par  la  porte  de  la  naissance  ;  c'est  pourquoi  l'aîné  de  deux  jumeaux 
est  celui  qui  naît  le  dernier.  —  Mais  comment  expliquez-vous  la 
stance  du  Bhadanta  Dharmasubhûti  '  :  «  Changeant  son  corps  en  un 
éléphant  blanc  orné  de  six  défenses  et  de  quatre  pieds,  il  entre  dans 
la  matrice  et  s'y  tient  couché  en  pleine  conscience  comme  un  Rsi 
entré  dans  la  forêt  »?  —  Il  n'y  a  pas  lieu  d'expliquer  ce  texte  :  ce 
n'est  ni  Sotra,  ni  Vinaya,  ni  Abhidharma  ;  c'est  une  composition 

personnelle  " Mais,  s'il  faut  l'expliquer,  nous  dirons  que  cette  stance 

décrit  le  Bodhisattva  tel  que  sa  mère  l'a  vu  en  rêve. 

1.  pûrnayûna  iva  bodhisattvasyântarâbhavah  salaksanânuvyanjanas  ca. 

2.  kolisatatn  câturdvlpakdnârn  avabhâsitam  :  cela  fait  un  Trisahasrama- 
hasahasra  (iii.  74),  c'est-à-dire  un  buddhaksetra. 

3.  pândara  gajapota. 

4.  nimittamâtra. 

5.  Depuis  le  commencement  des  «  cent  kalpas  »,  iv.  108. 

6.  La  Vyfikhyft  cite,  tout  au  long,  une  recension  des  songes  de  Krkin  qu'il  faut 
comparer  avec  la  recension  des  Mahlsfisakas,  Nanjio,  1122,  dans  Cha vannes.  Cinq 
cents  contes,  ii.  343. 

Sur  les  songes  de  Krkin,  Burnouf,  Introduction,  565  ;  Feer,  Cat.  des  papiers  de 
Burnouf,  65  ;  Tokiwai,  Studien  zum  Sumâgadhâvadana  (Darmstad,  1898)  ;  Mi- 
naiev,  Recherches,  89  ;  Oldenbourg,  Zapiski,  1888,  JRAS.  1893,  509  ;  notes  dans 
Cosmologie  bouddhique,  237.  Plusieurs  points  de  contact  avec  les  rêves  de  Bim- 
bisâra,  par  exemple  I-tsing,  Takakusu,  13  ;  Chavannes,  ii.  137. 

Rêves  de  la  mère  de  l'Arhat  et  du  Cakravartin  (éléphant,  etc.)  SBE.  xxii.  231, 
246. 

7.  Le  môme  docteur  est  cité  iii.  59  a-c,  où  on  groupera  quelques  références. 

8.  hdi  ran  bzo  yin  te  /  ran  bzo  mkhan  ran  bzo  sbyor  ba  rnams  kyi  bsam  pa  kha 
cig  ni  hdogs  par  yan  hgyur  ro. 


Hkian  tmmg,  îx,  fol.  1 1>-2  b.  46 

L*étre  intermédiaire  du  Hn|mdliAtii  a  sa  taille  compléta  ai  il  cal 
\  tHu  en  raison  de  la  pudeur  grande  (iii.  70  c)  '.  Le  Bodhinattva  dana 
l'exislence  intermédiaire  posséda  aiMaî  des  vêtements.  De  même  la 
Bhik^unT  Sukla,  par  la  force  de  son  vœu  :  vêtue  dans  Texistenre 
intermédiaire,  vôtue  elle  entre  dans  la  matrice  et  en  Hi»rt,  et  elle  reste 
vêtue  jusqu'au  Nirvflna  et  à  Tincinération.  '  [2  b]  Faute  de  pudeur, 
les  autres  êtres  intermédiaires  du  Kflmadliûtu  sont  nus. 

Qu'est-ce  que  le  pùrvakâlabhava  auquel  nous  avons  dit  que  l'an- 
tarâbhava  est  pareil  ? 

13  c-d.  Celui-ci  est  antérieur  à  la  mort,  postérieur  a  la  conception.* 

Ehava,  existence,  être,  les  cinq  skandhas. 

Dans  l'ordre  antarâbhava,  les  cinq  skandhas  entre  deux  desti- 
nées ;  upapaitihhava,  les  skandhas  au  moment  de  l'entrée  dans  une 
destinée,  au  moment  de  la  pratisamdhi  (iii.  38  et  p.  14)  ;  pàrvékA- 
labhava,  tous  les  skandhas  des  moments  postérieurs  jusqu'au  mara^ 
nabhava,  dernier  moment  de  la  destinée  et  qui  sera  suivi  d'un  nouvel 
antarâbhava.  * 

Hiuaii*tsang  :  «  Il  n*y  a  pas  Heu  d'expliquer  ce  texte  parre  qn'il  n'tst  pas  àm 
trois  Pitakas,  parce  que  les  auteurs  «le  stances  fraiicliU.HeQt  la  vérité  (?)  ». 

ParamaKha  :  c  Ce  n'est  pas  dans  le  Sotra  ....  c'est  seulement  arrangement  <!• 
mots.  Les  hommes  sagaces  désirent  arranger  le  sens  en  Sftstras  ..„..  ». 

Vasumitra  dit  :  Les  Malifisfiipghikas  pensent  que  les  Bodliisatlvas  m  prinaiiil 
pas  la  nature  de  kalala,  arbtida,  etc.  ;  qu'ils  entrent  dans  le  ventrv  étanl  dava- 
nus  de  grands  éléphants  (glaA  [)o  cher  hgyur  ba  nos)  ;  qu'iU  naJaaeat  ••  RMMlaol 
le  ventre.  —  De  même,  Bhavyat  pour  les  Ekavyavaharikas  (Waastllrff,  £K» 
RockhUI,  188). 

1.  Vibha.sa,  71,  6. 

2.  La  BhiksunT  dkar  nw,  siën-pé  (poisson  -\-  mouton)  d'npK's  Hiunn-lHADi;  : 
çu-kO'lo,  dans  ParamaKha.  —  Avadftnnsalakfl,  ii.  ir>  (73). 

Traduit  d'après  Paramftrtha  qui  allonge  l'original.  -  Iliuan.l.<(ang  :  «  IW*  nion«l«» 
en  monde,  elle  a  des  v«^tements  autogènes  qui  jamais  nr  quittent  le  mrpn  et  %m 
transforment  suivant  le  temps,  ju.squ*A  b  fin,  au  Nirviça,  le  corpa  rêlo  aat»  hHàé  ». 
(Comparer  l'histoire  de  âaçavAsa,  Hiuan-Uang,  Julien,  l  S9.  dlé  Pnyltaaki,  Paoé- 
railles,  111  ;  celle  de  NAgaaena*  Demiéville,  Milinda.80  ). 

Les  sources  pâlies  (Thertgathfi,  'A,  Snipyutta,  i.  .'iii)  na  diaaot  ria*  de  paiafl. 

3.  sa  punar  maranât  pUrva  upapattikttanût  pnrak, 

4.  Ces  quatre  bhavas  sont  énuméré»  Mahivyulpatli.  845,  lf7i,  atr«c  la  «Hir»- 
nabhava  en  tête. 


46  CHAPITRE  m,  14. 

Lorsqu'on  envisage  rÀrûpyadhatu,  omettre  Vantarâhhava. 

Revenons  à  l'être  intermédiaire  : 

14  a-b.  Il  est  vu  par  les  êtres  de  sa  classe,  par  l'œil  divin  pur.  * 

Il  est  vu  par  les  êtres  intermédiaires  de  la  classe,  divine,  etc.,  à 
laquelle  il  appartient.  Il  est  aussi  vu  par  l'œil  divin  pur,  c'est-à-dire 
par  l'œil  divin  qui  est  obtenu  par  l'Abhijna  (vii.  55  d),  car  cet  œil  est 
très  pur  ^  [3  a]  :  il  n'est  pas  vu  par  l'œil  divin  «  naturel  »  ou  «  obtenu 
par  naissance  »,  tel  l'œil  divin  des  dieux. 

D'après  d'autres  docteurs,  l'être  intermédiaire  de  la  condition 
divine  voit  tous  les  êtres  intermédiaires  ;  l'être  intermédiaire  delà 
condition  humaine  voit  tous  les  êtres  intermédiaires  hormis  ceux  de 
la  condition  divine,  et  ainsi  de  suite.  ' 

14  h.  Il  est  muni  de  l'élan  du  pouvoir  surnaturel  de  l'acte.  * 

Il  est  karmarddhivegavân  :  doué  (-vân)  de  l'élan  (vega)  qui  est 
propre  au  pouvoir  surnaturel  (rddhi)  —  c'est-à-dire  le  déplacement 
à  travers  l'espace  —  qui  provient  de  l'acte  (karman)  (vii.  53  c).  Les 
Bouddhas  eux-mêmes  ne  pourraient  l'arrêter  parce  qu'il  est  revêtu 
de  la  force  de  l'acte. 


14  c. 


Ses  organes  sont  au  complet.  ^ 


1 .  sajâtisuddhadivyâksidrÉyah. 

2.  Vyakhya  :  suviàuddham  ity  ekâdaÉadivyacaksurapaksAlavarjitam.  Ces 
onze  apaksâlas  sont,  d'après  le  Sûtra,  vicikitsâ,  amanasikâra,  kâyadaustu- 
lya,  styânamiddha,  auddhatya,  atyârabhyavlrya,  audhilya,  chambitatva, 
nânàtvasamjnâ,  abhijalpay  atidhyâyitvam  jneyesu. 

3.  VibhasS,  70,  13.  —  Les  êtres  intermédiaires  se  voient-ils  les  uns  les  autres  ? 
—  Oui.  —  Qui  voit  qui  ?  —  Il  y  a  diverses  opinions.  D'après  certains,  l'être  inter- 
médiaire infernal  voit  seulement  les   êtres   intermédiaires   infernaux   l'être 

intermédiaire  divin  voit  seulement  les  êtres  intermédiaires  divins.  D'après  d'autres 
maîtres,  l'être  intermédiaire  animal  voit  les  êtres  intermédiaires  infernaux  et  ani- 
maux  D'après  d'autres  maîtres,  les  cinq  classes  voient  les  cinq  classes. 

4.  karmarddhivegavân.  —  D'après  les  hérétiques  du  Kathavatthu  :  satto 
dibbacakkhtiko  viya  adibbacakkhiiko  iddhimâ  viya  aniddhimâ  .... 

5.  sakalâksah. 


Hiuan48ang,  ix.  fol.  2  b-3  b.  47 

Il  est  sakalàkaa;  le  mot  akaa  -^  indriya, 
14  c.  Rien  ne  lui  fait  résistance.  ' 

Il  est  apraltghavân  :  pratigha,  coup  qui  refiousse;  apratiyhavAn, 
auquel  il  n*y  a  pas  de  praligha.  Le  diamant  mt>me  ne  lui  ait  pas 
impénétrable.  Car,  dit-on,  en  fendant  une  masse  de  fer  roupie  on 
trouve  que  de  petits  animaux  y  sont  nés. 

Lorsqu'un  être  intermédiaire  doit  naître  dans  une  certaine  destinée. 
iK'  cette  destinée,  par  aucune  force, 

14  d.  Il  n'est  pas  détournable.  ' 

Jamais  Têtre  intermédiaire  humain,  cessant  d'être  tel,  ne  deviendra 
être  intermédiaire  divin.  Il  ira  naître  dans  la  destinée  en  vue  de 
laquelle  il  a  été  formé. 

L'être  intermédiaire  du  Kamadhatu  mange-t-il,  comme  les  autres 
êtres  du  K&madhatu,  l'aliment  <  solide  *  (in.  39)  ?  [3  bj  —  Oui.  mais 
non  pas  l'aliment  grossier. 

14  d.  Il  mange  l'odeur.  ^ 

D'où  son  nom  de  Gandharva,  «  qui  mange  (arvati)  l'odeur 
(gandham)  ».  Le  sens  des  racines  est  midtiple  :  arv,  si  on  le  prend 
dans  le  sens  d'aller,  est  justifié  :  «  qui  va  manger  l'odeur  »  (arvati 
gacchati  hhoktum).  On  a  gandharva  et  non  gandharva  comme  on 
a  éakandhUt  karkandhu, 

1.  apratighavân.  —  Son  corps  est  (iccha,  viii.  3  c,  p.  137. 

2.  anivartyah. 

La  Vibhasa  discute  ce  point,  69,  14.  -  D'après  les  Dflnttantikas.  il  est  faux  que 
l'être  intermédiaire  ne  puisse  changer  ni  quant  au  Dlifitu,  ni  quant  à  la  dfsHnéc» 
ni  quant  au   lieu  de  la  nouvelle  existence.  Tous  les  actes  y  roropci»  !••  ciiM| 

anantaryas  peuvent  être  «  changés  » L'èlre  iulermédiaire  qui  vm  fvasllr» 

dans  le  quatrième  dhyâna  peut  pro<luire  la  vue  TausHo  :  il  est  ftlort  délfuH  «t 
immédiatement  remplacé  par  un  être  intermédiaire  infernal  .... 

3.  sa  gandhabhuk  // 

L^  Lotsava  et  ParamSrtha  suppriment  l'explication  grammatimlr  qui  rtk  partiel* 
lement  traduite  par  Hiuan-tsang.  —  Dhatupa|ha.  i.  615,  ari^  Ai>i<dyAM.  — 
éakandhu,  vi.  1.  94. 


48  CHAPITRE  III,  14. 

Le  Gandharva  de  bas  rang  •  mange  une  odeur  mauvaise  ;  le  Gan- 
dharva  de  haut  rang  mange  une  bonne  odeur. 

Combien  de  temps  dure  l'être  intermédiaire  ? 

a.  Pas  de  règle  fixe,  dit  le  Bhadanta  l  II  dure  aussi  longtemps  que 
ne  se  rencontrent  pas  réunies  les  causes  nécessaires  à  la  naissance. 
En  effet  l'existence  intermédiaire  et  l'existence  qui  va  suivre  sont 
projetées  par  le  même  acte  et  font  partie  du  même  nikâyasahhàga 
[,  de  la  même  «  existence  »,  ii.  41]  ^  :  c'est  pour  cela  que,  lorsque  la 
vie  (ou  organe  vital,  jîvitendriya)  de  l'être  intermédiaire  prend  fin, 
il  n'y  a  pas  existence-mort,  maranahhava. 

Objection.  —  Soit  une  masse  de  viande  de  la  dimension  du  mont 
Meru  et  qui,  aux  pluies  d'été,  se  change  en  une  masse  de  vers.  Est-ce 
en  cet  endroit  qu'attendaient  les  êtres  intermédiaires  qui  se  réincar- 
nent dans  ces  vers  nés  ensemble  en  si  grand  nombre,  ou  bien,  d'où 
viennent  ces  êtres  intermédiaires  ?  —  Ni  le  Sûtra  ni  les  Traités  ne 
répondent  à  cette  question.  Disons  qu'il  existe  un  nombre  infini  de 
petits  animaux  à  vie  brève,  convoiteux  d'odeur  et  de  saveur  ;  sentant 
l'odeur,  se  souvenant  de  la  saveur  qui  y  fut  associée,  convoitant 
Todeur  et  la  saveur  [4  a],  en  mourant  ils  ont  dans  l'esprit  (vibodhya) 
un  acte  dont  la  nature  est  de  produire  une  existence  parmi  les  vers 
(kriminikâyasahhâga)  ;  et,  par  la  soif  d'odeur  et  de  saveur,  ils  se 
réincarnent  parmi  les  vers.  —  Ou  bien,  c'est  seulement  à  l'époque 
où  sont  réunies  en  grand  nombre  les  causes  extérieures  nécessaires 
à  la  naissance  des  vers  (grandes  masses  en  décomposition)  que  les 
actes  qui  doivent  produire  des  existences  chez  les  vers  entreront  en 

1.  alpesâkhya  c'est-à-dire  anudâra  hlnavlrya.  On  a  îsta  itiéah  j  alpa  ïéo 
'Ipeéah  /  alpesa  âkhyâ  yasya  so  'Ipeéâkhyah.  —  Trenckner,  Milinda,  4i2!2 
(=:  appaparivâra).  —  Hiuan-tsang  :  '<  de  petit  mérite  »,  Paramârtha  :  «  de  petit 
mérite-vertu  ». 

2.  Ceci  est  la  quatrième  opinion  exposée  dans  la  Vibhûsâ,  1%  3  ;  les  autres  plus 
bas  sous  b,  c,  d.  —  Vasubandhu  préfère  cette  quatrième  opinion  à  en  croire  les 
commentateurs  chinois. 

3.  ekanikâyasabhâgatvât.  —  On  comprend  que  l'être  intermédiaire  puisse 
durer  très  longtemps  puisqu'il  est  projeté  par  la  cause  qui  projette  la  durée, 
souvent  longue,  de  l'existence  proprement  dite.  —  Ci-dessus  p.  43,  n.  2. 


Hiuatiriim^  ix.  fol.  3  M  a.  49 

K  tivité  en  vue  de  leur  réiribiilinn  (vipdkâhhitUrvfUau  rrilim  '^' 
bhanfe)  \  De  môme  un  certain  ôtro  accomplit  les  acteii  f|iii  duivriil 
riro  réinuiu^rés  par  une  oxintence  de  (Iakravnrtin  :  ces  actes  n'enlrr* 
I  Mil  pas  en  activité  avant  qne  soit  venn  le  moment  de  la  péricNk* 
*smi(pio  on  la  vie  hnmainc  est  de  qnatre-vingt  mille  ans  (iii.  95). 
C'est  ponr  cela  qne  Blmgavat  a  déclaré  incompréhensible  la  rétriUi- 
tion  des  actes  (Samynkta,  21). 

b.  Le  Bliadanta  Vasnmitra  dit  :  L'être  intermédiaire  dnre  sept 
jours.  Si  le  complexe  des  canses  nécessaires  ù  la  réincarnation  n'«î»l 
[•as  réalisé,  l'être  intermédiaire  meurt  et  renalL  ' 

c.  D'antres  docteurs  disent  que  sa  durée  est  de  sept  semaines.  ' 

d.  Les  Vaibhfi^ikas  ^  disent:  Comme  il  désire  la  naissance (saifi* 
hhava,  upapaUi),  il  ne  dure  que  peu  de  tem(>s  et  va  vite  se  réincarner 
(pralisamdhi).  Supposons  que  le  complexe  des  causes  extérieures 
ne  soit  pas  réalisé,  de  deux  choses  l'une  :  ou  bien  les  actes  anrieiiH 
sont  tels  que  la  naissance  doit  avoir  lieu  en  tel  endroit,  doit  être  de 
\A\e  nature,  et,  dans  ce  cas,  ces  actes  font  (pie  le  complexe  de  couses 

i   réalise  ';  ou  bien  celte  délenninalion  majique,  et,  dons  ce  cas,  la 
naissance  a  lieu  dans  un  autre  endroit,  est  d'une  outre  nature.  * 

D'après  d'autres  (Vibha$a,  70,  2),  si  les  causes  ne  sont  pos  réunies, 
lêtre  intermédiaire  naît  dans  des  conditions  analogues  à  celles  où  il 

1.  D'aprôs  le  principe  «ântafyrîifiprApya  kàlafft  caphalanti  khaln  dekinAm. 
Divy&vadiina,  54,  possini. 

2*  Troisième  opinion  de  la  Vilihasfl. 

3.  Deuxième  opinion  de  la  Vihiifisâ.  celle  de  Samadatta  (?) 

Les  hérétiques  du  Kathfivattliu  :  sniiâhnm  va  atirekoMaHëhmm  va  ttflkmU, 
Théories  qu'on  retrouve  au  Tibet,  Jttschke  et  Candra  Vêm,  sub  toc  kmr  dm  : 

...  of  a  shorter  or  longer  duration,  ordinarily  under  49  day»  „..  yel  Bo  morv  Ihaa 

49  days. 

4.  Première  opinion  de  la  Vibhasfl  (De  re  passage  peul-on  ronrliirv  qu«,  d'aprtj^ 
N'usubantlhu,  les  Vaibliûsikas  admeUeiit  les  opinions  indiquées  en  preni^tv  lif»* 
dans  la  Viblittsû  ?  Voir  p.  <il,  ii<»le]. 

5.  karmàny  eva  praiyayasâmagrim  acahanti,  —  Si  l'élr»  iiiliniéiiisirt 
doit  renaître  comme  cheval,  les  actes  font  que  les  chevaux  s*are«wplaiit  ••  4shoc» 
du  temps. 

6.  Ghosaka  (Vibhfi^,  Ta  I).  —  Le  père  nouhailé  M  mMOotraiit  la  mèn  •m- 
haitée  ne  se  rencontrant  pas,  le  père  s'unit  i  une  autre  feouBt. 

4 


50  CHAPITRE  m,  15  a-b. 

aurait  dû  naître  [4  b].  Les  bœufs  ne  s'accouplent  pas  durant  les  pluies, 
ni  les  chiens  en  automne,  ni  les  ours  noirs  en  hiver,  ni  les  chevaux 
en  été.  D'autre  part,  il  n'y  a  pas  de  saison  pour  les  buffles,  etc.  L'être 
intermédiaire  qui,  si  c'était  la  saison  des  pluies,  naîtrait  bœuf,  naît 
buffle  ;  de  même  chacal  au  lieu  de  chien,  ours  brun  au  lieu  d'ours 
noir,  âne  au  lieu  de  cheval.  * 

Mais  nous  ne  pouvons  admettre  semblable  théorie  ^  Nous  savons 
en  effet  que  l'existence  proprement  dite  et  l'existence  intermédiaire 
sont  projetées  par  le  même  acte.  On  ne  peut  pas  dire  qu'une  existence 
de  buffle  est  précédée  par  une  existence  intermédiaire  de  bœuf. 

Comment  a  lieu  la  «  réincarnation  »  ? 

15  a-b.  L'esprit  troublé  par  la  passion,  il  va,  par  désir  d'amour, 
au  lieu  de  sa  destinée.  ^ 

L'être  intermédiaire  est  produit  en  vue  d'aller  au  lieu  de  la  destinée 
où  il  doit  aller.  Il  possède,  en  vertu  des  actes,  l'œil  divin.  Il  voit  le 
lieu  de  sa  naissance,  même  lointain.  Il  y  voit  son  père  et  sa  mère 
unis.  Son  esprit  est  troublé  pai'  l'effet  de  la  complaisance  et  de  l'hos- 
tilité. Quand  il  est  mâle,  il  est  pris  d'un  désir  de  mâle  à  l'égard  de  la 
mère  ;  quand  il  est  femelle,  il  est  pris  d'un  désir  de  femelle  à  l'égard 
du  père  ;  et,  inversement,  il  hait  soit  le  père,  soit  la  mère,  qu'il  regarde 
comme  un  rival,  comme  une  rivale  '*.  Comme  il  est  dit  dans  la  Pra- 


1.  yena  anyatra  kâle  gosûpapattavyam  sa  gavayesûpapadyate. 

2.  Cependant  Saipghabhadra  justifie  la  thèse  que  concîainne  Vasubandhu. 
L'exemple  de  Kalinâsapada,  etc.,  uionlre  que  des  actes  dont  la  rétribution  en  une 
certaine  destinée  (gati)  est  déterminée,  peuvent  donner  une  diversité  de  nais- 
sances (upapatti). 

na  nikâyabhedâd  ekâksepakatvam  hîyate  tatkarmanah  ekajâtïyatvâd 
gavyâkrtisamsthfinântarâparityâgâc  ca  j  gatiniyatânâm  hi  karmanâm 
upapattivaicitryam  drstam  kalmâsapâdâdivad  iti  nâsty  esa  dosa  ity  âcâ- 
ryasamghabhadrah  (Vyakbyâ). 

D'après  la  version  tibétaine  de  la  Vyâkhyâ  :  iipapattipratyayavaicitryam. 

3.  viparyastamatir  yâti  gatideéam  riramsayâ  / 

4.  Cette  théorie,  qui  n'est  pas  sans  rappeler  les  Génies  érotomanes  que  sont  les 
anciens  Gandharvas,  a  passé  dans  la  littérature  tantrique,  voir  Candamaharosa- 
natantra,  chap.  xvi,  dans  Théorie  des  Douze  Causes,  125. 


Hinan-tsang,  ix.  fol.  4 1-5  a*  51 

jiwlpti:  «  Alors  se  produit  ilans  lo  Gmidliarva  «oit  une  pennée  d« 
coiicnpisconce,  soit  une  pPiusiV  do  Iminc  ». 

L'esprit  ainsi  troublé  pnr  ces  deux  pensées  erronéee,  |Mir  désir 
d'amour,  il  s'nttnche  nu  lieu  où  sont  joinU  les  orKnncii,  H^imnginmil 
que  c'est  lui  qui  s'unit.  L'impureté,  semence  et  sang,  se  trouve  nlom 
dans  la  matrice  ;  l'être  intermédiaire,  goûtant  le  plaisir,  s'y  iiintalle. 
Dès  loi-s  les  skandhas  deviennent  durs  ;  l'être  intermédiaire  péril  ; 
rexistence-naissance  est  née  (pi'on  nomme  c  réincarnation  »  (prcUi* 
samdhi).  [5  a]  Lorsque  l'embryon  est  mascidin,  il  se  tient  à  la  drfïile 
de  la  matrice,  le  dos  en  avant,  accroupi  ;  féminin,  à  la  gaucbe  de  la 
matrice,  le  ventre  en  avant  '  ;  insexué,  dans  l'attitude  où  se  trouvait 
l'être  intermédiaire  quand  il  croyait  faire  l'amour.  En  effet,  l'êlre 
intermédiaire  possède  tous  les  organes,  il  entre  donc  masculin  ou 
féminin  et  se  tient  comme  il  convient  à  son  sexe.  C'est  après  la  rein- 
raruation  que  l'embryon,  se  développant,  peut  perdre  son  sexe. 

On  demande  ce  qui  est  le  point  d'appui  (déraya)  de  cette  matière 
dérivée  des  grands  éléments  que  sont  les  organes  de  l'être  nouveau, 
œil,  etc.  ^  D'après  une  opinion,  les  grands  éléments  du  .sang  et  de  la 
semence.  D'après  une  autre  opinion,  des  grands  élémeuLs  différents  de 
ceux-ci,  nés  des  actes,  et  qui  reposent  (satfitiMraya)  sur  la  siMiuMUf 
et  le  sang. 

Première  opinion.  —  La  semence  et  le  sang  n'ont  pas  d'organes. 
Loi-sque  l'être  intermédiaire  périt,  ils  ont  des  organes  et  constituent 
ce  qu'on  nomme  le  premier  stage  embryonnaire  ou  kaUila.  De  même 
que  la  naissance  du  bourgeon  a  lieu  en  même  temps  que  la  destnic- 
tion  de  la  semence  \  De  la  sorte  se  justifient  les  textes  scripturaires  : 
que  «  le  corps  est  le  produit  du  kalala  qui  consiste  dans  la  semence 
et  le  sang  ^  [Littéralement  :  dans  les  matières  impures  du  père  et  de  la 

1.  Les  garçons  ù  droite,  les  filles  à  gauche,  AvadliuUataka,  i.  14:  poailioo 
changée  dans  les  rédactions  chinoises  de  Chavanneu,  CiiM|  cents  contes.  L  390. 

2.  Il  faut  comparer  les  llit'ories  médicales  (Iniuddhinantes)  àm  VagblM|a  •! 
Caraka,  Windisch,  Biiddha's  GebiiH.  48,  et  Proéastai^ada  (V.  S.  S..  I8B6X  8M*. 

3.  Vyûkhyfi  :  ektMminn  eva  ksane  bljatft  Hiruilkifaiê  a «OrM roi  toipadffaU 
iulàdandanàmonnantavat. 

4.  Rédaction  sanscrite  :  valmlka  iti  bhik^o  tisya  kAifOêyQiladi 


52  CHAPITRE  III,  15. 

mère]  (mâtâpitrasucikalalasamhhûta)  »,  et  que  «  depuis  longtemps, 
ô  Bhiksus,  vous  accroissez  le  cimetière  et  prenez  la  goutte  de  sang.  »  ^ 
Deuxième  opinion.  Les  organes  ont  pour  point  d'appui  des  grands 
éléments  différents,  comme  c'est  le  cas  pour  les  organes  du  vers-des- 
feuilles  (parnakrimij.  [Pour  celui-ci  en  effet,  par  la  force  des  actes, 
reposant  sur  les  grands  éléments  des  feuilles  (parnamahdbhûtàny 
Mpaniéritya),  naissent  d'autres  grands  éléments  qui  prennent  la 
nature  d'organes].  On  objectera  que  le  Sûtra  :  mâtdpitrasucikalala- 
sambhûta,  ne  s'explique  pas  dans  cette  hypothèse  :  d'après  le  Sûtra 
le  corps  (avec  ses  organes)  provient  du  Jcalala  qui  est  semence  et 
sang  (mâtâpitrasuci).  Mais  le  mot  kalala  est  placé  là  pour  désigner 
d'autres  grands  éléments  qui  surgissent  en  reposant  sur  semence 
et  sang  :  [reposant  sur  semence  et  sang  naissent,  contemporains  à 
semence  et  sang,  d'autres  grands  éléments  qu'on  nomme  kalala  et 
qui  comportent  organes]. 

C'est  ainsi  que  vont  au  lieu  de  leur  destinée  (gafi)  les  êtres  qui 
naissent  du  chorion  ou  de  l'œuf.  Pour  les  autres  êtres,  disent  les 
maîtres  d'Abhidharma  (ahkidharmâcârya),  le  mode  varie  suivant 
le  cas. 

15  c.  Les  autres  vont  dans  le  désir  d'odeur  ou  dans  le  désir  de  la 
résidence.  ^ 

Les  êtres  qui  naissent  de  l'exsudation  vont  au  lieu  de  leur  destinée 
par  le  désir  de  l'odeur  ;  celle-ci  est  pure  ou  impure  en  raison  des 
actes.  Les  êtres  apparitionnels,  par  le  désir  de  la  résidence. 

Mais,  dira-t-on,  conunent  peut-on  désirer  la  résidence  infernale  ? 

rûpina  audârikasya  câturmahâbhilt[ik]asya  odanakulmâsopacitasya  ma- 

tâpitrasHcikalalasamhhiltasya Rédaclion  pûlie,  Majjhima,  i.  144  :  vammîko 

ti  kho  bhikkhu  imass'  etam  câhimmahâbhûUkassa  kâyasya  adhivacanam 
mâtâpettikasambhavassa  odanakummâsûpacayussa  anicciicchâdanapari- 
maddanabhedanaviddhamsanadhammassa. 

1.  [dtrghakâlam  vo  bhiksavah]  kataslr  [vardhitâ]  rudhirabindiir  upâttah. 
—  La  première  partie  de  cette  formule  Saniyutta,  ii.  178,  Cullavagga,  xii.  1.  3, 
Aiiguttara,  ii.  54,  Tlieragâtlia,  456,  575,  UdSna,  vi.  8,  Nettippakarana,  174. 

2.  gandhasthânâbhikâmo  'nyah. 


Himm4êang,  ïx,  fol.  5  a-6  a.  U 

—  [L'esprit  de  Tétre  intermédiaire  eut  troublé  par  la  amcofMaeaiMa 
•  t  la  haine,  comme  nous  avons  vu,  lorsqu'il  va  se  réinranifr  dam 
une  matrice.]  Dans  le  cas  présent,  l'être  intermédiaire  est  aussi  trou- 
blé d'ospril  et  se  méprend.  Il  se  voit  tourmenté  par  la  froidurr  de  la 
pluie  el  du  vent  :  il  voit  le  lieu  anlenl  df»s  enfers  chauds  :  par  désir 
de  chaleur,  il  y  court.  Il  se  voit  tourmenté  par  la  chaleur  du  soleil  el 
du  vent  brûlant  :  il  voit  le  lieu  froid  des  enfers  glacés  :  par  désir  de 
froid,  il  y  court.  —  D'après  1rs  anciens  mallrps  (pûrvâcârya)*,  il  se 
voit  tel  qu'il  doit  être  pour  éprouver  la  rélribulion  des  actes  qui  doi- 
\  t'iit  être  rétribués  en  enfer  '  ;  il  voit  les  êtres  semblables  à  lui  ;  il 
court  à  l'endroit  où  ils  sont.  [6  a] 

Les  êtres  intermédiaires  divins  —  ceux  qui  vont  vers  une  destinée 
divine  —  vont  en  haut,  comme  on  se  lève  d'un  siège.  Humains, 
animaux,  <  prétiques  >,  les  êtres  intermédiaires  vont  de  la  manière 
dont  vont  les  hommes,  etc. 

15  d.  L'infernal  va  les  pieds  en  haut  ' 

Comme  dit  la  slance  :  «  Ils  tombent  en  enfer  la  tête  en  bas  et  les 
pieds  en  haut  ceux  qui  insultent  les  Rçis,  les  ascètes  et  les  pénitents.  >  * 

Nous  avons  dit  que  les  êtres  intermédiaires  qui  se  réincarnent 

1.  pUrvâcârya  yogdcdrâ  arydaangaprabhrtayak  (VyflkhyS).  —  D'après 
P'ou-kouang,  cilc  par  Saeki,  [des]  SautrAiilika**  ou  (des)  SarvaslivAdias. 

2.  Je  pense  que  c'est  le  sens  ;  mais  je  n'arrive  pas  à  sufierpoaer  !«•  tanioM  ém 
LoUava,  de  Paramfirtha  et  de  Hiuan-tâang  d'une  part,  les  notes  de  la  VyftkhjrS 
d'autre  pari. 

3.  ûrdhvapâdâit  tu  nàrakùh, 

4.  Samyukta,  27,  5;  JftUka,  v.  266  ;  eie  patauti  uiraye  uddkapada  a«CHS- 
sirâ  I  iaitiafH  ativattâro  satHyatauaffi  tapaasinam.  -  Pour  «nlftpiifiitfa, 
avâksiras,  Rhys-Davids  Stede  suh.  voc.  avamsira,  SullAui|t«tA.  JN8^  SmtfipâàÊk 
i.  48,  etc.  —  Ce  n'est  pas,  le  plus  souvent,  *  a  {MMilion  rhararlprislic  of  MsfS  in 
Purgatory  *  (comme  Mah&vastu.  iii.  455,  3),  mais  la  position  de  Taire  qui  tomba  en 
enfer  ;  de  même  Manu,  iii.  249,  viii.  IH. 

D'après  les  gloses  de  Saeki,  les  Rçis  sont  les  Boudtlhsjs  !«•  aaeèlaa  (muitgmim) 
sont  les  Pratyekas,  les  pénitenU  sont  les  Du<lhisallvas.  Les  «iplieationfl  de  U»ka. 
praji^apti  (Cosmologie,  p.  239)  diffèrent. 

aiivaktar  =  adhikseptar  =.  apavadHar, 


54  CHAPITRE  III,  16. 

dans  une  matrice  féminine  (jarâyuja  et  andaja)  y  vont  troublés 
d'esprit,  par  désir  d'amour.  Est-ce  là  une  règle  générale  ?  —  Non. 
Le  Sûtra  enseigne  qu'il  y  a  quatre  garbhâvakrântis.  ' 

16.  Le  premier  entre  en  pleine  conscience  ;  le  second,  en  outre, 
séjourne  en  pleine  conscience  ;  le  troisième,  en  outre,  sort  en  pleine 
conscience  ;  le  quatrième  accomplit  toutes  ces  démarches  avec  l'esprit 
troublé.  L'être  né  de  l'œuf  est  toujours  de  cette  dernière  classe.  ^  [6  b] 

Le  premier  ne  séjourne  pas  et  ne  sort  pas  en  pleine  conscience  ; 
le  second  ne  sort  pas  en  pleine  conscience  ;  le  troisième,  à  tous  ces 
moments,  est  en  pleine  conscience  ;  le  quatrième  est,  dans  tous  ces 
actes,  sans  pleine  conscience.  —  Ce  sont  là  les  quatre  garbhâ- 
vakrântis que  l'auteur  expose,  pour  lier  son  sloka,  dans  un  ordre 
différent  de  celui  du  Sûtra.  ^ 

1.  D'après  le  Sûtra  fité  p.  55,  n.  1,  il  faudrait  lire  garbhasamkrânti  ;  mais 
gahhhâvakkanU,  gabbe  okkanti  (Digha,  iii.  103,  231,  Colaniddesa,  304)  et  la 
karika  17  donne  yarbhâvakranti.  —  Le  Lolsava  a  partout  hjug  pa. 

2.  samprajânan  visaty  ekas  tisthaty  aparo  'parah  / 
niskrâmaiy  api  saruâni  mûdho  nityam  andajah  jj 

3.  Dlgha,  iii.  103,  231,  Vibhâsâ,  171,  12. 

Vibhâsa,  171,  12.  —  Il  y  a  quatre  sortes  de  garbhâvakrânti  (=  jou  t'ai,  Para- 
mârlha  :  l'ouo  (clef  149)  t'ai,  entrée  dans  la  matrice)  :  entrer  sans  pleine  conscience 
dans  la  matrice,  y  rester,  en  sortir  de  même  ;  entrer  en  pleine  conscience,  rester 
et  sortir  sans  pleine  conscience  ;  entrer  et  rester  en  pleine  conscience,  sortir  sans 
pleine  conscience  ;  entrer,  rester  et  sortir  en  pleine  conscience.  —  Pourquoi  faire 
ce  Saslra  ?  —  Pour  expliquer  (vibhaktumj  le  sens  du  Sûtra.  Le  Sûtra  enseigne 
les  quatre  garbhâvakrântis  ....,  mais  ne  les  explique  pas.  Le  Sûtra  est  le  point 
d'appui,  la  racine  de  ce  Sâslra.  Ce  que  ne  dit  pas  le  Sûtra,  désirant  le  dire,  nous 
faisons  ce  Sastra.  —  Qu'est-ce  que  entrer,  rester  et  sortir  sans  pleine  conscience  ? 
—  Deux  manières.  1.  Celui  dont  le  mérite  est  petit,  au  moment  d'entrer,  produit 
méprise  de  notion  et  de  résolution  (samjnâ,  adhimoksa)  ;  il  pense  :  «  Le  ciel 
pleut ».  2,  Celui  dont  le  mérite  est  grand  croit  entrer  dans  un  palais  .... 

Vibhâsâ,  171,  14.  —  Sur  les  quatre  garbhâvakrântis  examinées  en  ordre  des- 
cendant —  la  quatrième,  pleine  conscience  à  l'entrée,  résidence,  sortie  ;  la  troi- 
sième, pleine  conscience  à  l'entrée  et  à  la  résidence  ;  la  seconde,  pleine  conscience 
à  l'entrée  ;  la  première,  toujours  absence  de  pleine  conscience  —  il  y  a  cinq 
opinions.  D'après  l'extrait  que  donne  Saeki:  1.  quatrième:  Bodhisaltvas,  troisième: 
Pratyekas,  deuxième  :  Pâ-ra-mi-ta-srâvakas,  première  :  les  autres.  —  2.  deuxième  : 
Srotaapannas,  Sak^dâgamins.  —  3.  Les  êtres  ont  savoir  et  acte  pur,  savoir  et  acte 


Hiuan4âang,  ix,  fol.  6  a-7  a.  55 

Les  êtres  «  nés  de  l'œiif  »  sonl  toiijoiim  troiibli^  crp^prit  '. 

Mais  poul-on  dire  que  «  Tôlre  né  de  l'œuf  iMiln»  diin»  la  matriri»  »  ? 
—  Snns  doulo.  Ct^lui  (jui  unit  de  l'œuf  e^l  d  alNird  rnln-  dan»  la 
nmlrice  '.  Ou  Wivn  nous  avons  ici  une  df-sigunlion  nntiri|ifilhrf  *.  De 
intime  le  Snlni  dit  aatfiskriam  abhUtntfUikaroii,  et,  dan»  le  moiMie. 
nn  dit  €  cuire  la  bouillie  de  riz  »  *,  t  écra.Her  la  farine.  » 

En  quoi  consistent  la  pleine  conscience  el  Tabiience  de  pleine 
«nnscience  à  rentrée,  à  la  résiclence,  à  la  sortie  ? 

L'être  pauvre  en  mérite  entre  parce  qu'il  pense  :  «  \.p  vfnt  vpnlf». 
le  ciel  pleut  ;  il  fait  froid  ;  il  tempête  ;  les  gens  f«mt  vacarme  ».  et 
parce  que,  voulant  éviter  ces  emuiis,  il  croit  entrer  dans  une  retraite. 
(7  a]  un  fourré,  une  hutte  de  racines  ou  de  feuilles,  ou  bien  prendre 
abri  au  pied  d'un  arbre  ou  contre  un  mur.  Knsuite  il  s*imaginp  rpslpr 
dans  ce  fourré,  dans  celle  butte,  et  en  sortir.  —  Mépri.se  de  notion 
•  l  de  résolution  (?  adhimoksa),  —  De  même  pour  Têlre,  riche  en 
mérites,  qui  croit  enlrer  dans  un  parc,  un  jardin  (âràma^  mtjfàHa), 
\u\  palais,  un  belvédère,  un  pavillon  ;  qui  croit  y  résider  et  en  sortir. 

pas  pur,  pas  savoir  mais  arle  pur,  ni  savoir  ni  acte  pur.  L«s  qiwlre  garbhAWM' 
krântis  correspondent  à  celle  classifîcalion.  I^orsque  les  premier»  entrent  6maià  \m 
matrice^  celle-ci  est  pure  et  exempte  de  tout  langihle  troublant  ;  (|tiMMl  lit  f 
séjournent ....  ;  quand  ils  en  sortent,  la  porte  de  la  naissance  est  ouverte,  (arile, 
sans  pression  el  obstacle  :  d'où  il  résulte  que  ces  êtres  ne  perdent  la  «  mémoire  • 
à  aucun  moment  (smrlimosa).  [Pour  les  êtres  des  cat<^ories  soivanles,  sarr<«- 
sivement,  les  conditions  de  sortie,  de  résidence  et  d'entrée  deviennent  mauvaise  ; 
d*où  «  perte  de  la  mémoire  >.]  —  Dans  Tordre  les  Bodliisattvas,  etr.  —  4.  Les  trois 
bonnes  garhhâvakrù,Hti8  sont  celles  que  prennent  les  Bodhisatlvas  au  coon  des 
trois  Asanikhyeyakaipas  de  leur  carrière. 

Buddhaghosa  ad  Dlgha,  iii.  1(K3  (Dialogues,  iii.  p.  UH)  :  quatricme,  B<Nlhl<Miltva.« 
omniscients;  troisième,  les  deux  grands  Srftvakas,  les  Pratyekas.  les  BfMlhi<Miltv«%; 
deuxième,  les  quatre-vingt  grands  Theras  ;  première,  l«i  hommes  en  gênéml. 

1.  Le  Satra  dit  :  yak  sarvAny  (matftprajaHan  karoty  e-sA pratkamta  garbkn- 
satfîkràntik  ...  [D'après  Vyakhyflj. 

2.  D'après  Hiuan-tsang.  -  U  texte  |>oKe  :  yo  'pi  jauifyoU  m  'py  amdajak, 
sl-à-dire  :  andAj  janisyaie  'n^AJa  iîi. 

D'après  Samghabbadra  :  andAj  jAlo  jan^tyate  Jùyatê  cely  an^jak.  en  vertu 
de  Panini,  3.  «.  75. 

3.  bhavini  satfijna  =  bkavi^anH  aafpjûa. 

4.  odanaffi  pacaii. 


56  CHAPITRE  III,  17-19  c. 

L'être  qui  a  pleine  conscience  sait  qu'il  entre  dans  la  matrice,  qu'il 
y  réside,  qu'il  en  sort.  ' 

Sont  aussi  enseignées  dans  le  Sûtra 

17.  Trois  garhhâvakrântis,  le  Cakravartin  et  les  deux  Svayam- 
bhiis,  en  raison  de  la  grande  pureté  d'acte,  de  savoir,  d'acte  et  de 
savoir.  ^ 

Les  deux  Svayarnbhûs  sont  le  Pratyekabuddha  et  le  Sambuddha. 
—  Toutes  ces  désignations  sont  «  anticipatrices  »  :  on  veut  parler  de 
l'être  qui,  dans  cette  existence,  sera  Cakravartin,  etc. 

Le  Cakravartin  entre  en  pleine  conscience,  mais  ne  réside  pas,  ne 
sort  pas  en  pleine  conscience.  Le  Pratyeka  réside,  mais  ne  sort  pas 
en  pleine  conscience.  Le  Bouddha  est  toujours  en  pleine  conscience. 

Le  premier  a  un  grand  équipement  de  mérite  ;  il  est  resplendissant 
par  l'acte  [7  b]  ;  au  deuxième  le  savoir,  par  l'instruction,  la  réflexion 
et  la  méditation  ;  au  troisième  le  mérite,  l'instruction,  etc.  :  l'acte 
et  le  savoir. 

La  quatrième  garhhâvakrânti,  celle  de  non  pleine  conscience,  est 
réservée  aux  êtres  sans  grand  acte  et  sans  grand  savoir. 

L'hétérodoxe,  qui  croit  à  Vâtnian  \  dit  :  «  Si  vous  admettez  que 
l'être  (saliva)  va  dans  l'autre  monde,  Vàtman  auquel  je  crois  est 
prouvé  ».  Pour  réfuter  cette  doctrine,  l'auteur  dit  : 

18  a.  Vâtman  n'existe  pas.  * 

Vâtman  auquel  vous  croyez,  une  entité  qui  abandonne  les  skan- 

1.  Dans  le  cas  de  pleine  conscience,  comment  peut-on  dire  que  la  réincarnation 
ou  renaissance  (praUsamdhibandha)  a  lieu  en  raison  d'une  pensée  souillée 
(klistacitta)  [iii.  38J  ?  —  Parce  que  la  pensée  est  souillée  par  affection  à  la  mère, 
etc.  (fnâtrsnehâdi). 

2.  garbhâvakrântayas  tisras  cakravartisvayamhhuvâm  / 
karmajnânobhayesâm  va  visadatvâd  yathâkramam  // 

Voir  Madhyamakâvatâra,  149,  Muséon,  1910,  336. 

3.  C'est-à-dire  le  Samkliya  et  le  Vaisesika. 

4.  nâtmâsti.  Voir  Chap.  ix.  Réfutation  du  Pudgala,  p.  259.  —  Les  kSrikas  18 
et  19  sont  citées  dans  BodhicaryavatSrapanjikâ,  ix.  15,  73. 


I  Hiuanrtaang,  ix.  fol.  7  a-8  b.  S7 

'Uia^  d'une  existence  el  prend  le»  Hknpidhmi  dune  autre  extiitcfie«, 
nu  agent  intérieur,  un  Puruça,  cet  âlnum  n*exiiite  piui.  Bhagaval  a 
dit  en  effet  :  c  Lacté  est  [8  n]  ;  le  fniit  ejit  ;  mai«  il  n'e«t  fnifi  d'agent 
qui  abandonne  ces  skatuUuia-ci  et  prenne  ces  skandhoë-Ui,  ind^^peit- 
(Innunent  de  la  relation  causale  des  dhamuut,  —  Quelle  r^t  rrtfr 
itlnlion  causale  ?  —  A  savoir  :  ceci  étant,  cela  est  :  par  la  i  n 

de  ceci,  naissance  de  cela;  le  FratTtyasamutpAda.  »  (v.  p.  57.  ix.  p.  ^>) 
Il  y  a  donc,  demande  Thétérodoxe,  une  sorte  d'ûlman  que  voim 
lie  niez  pas  ? 

18  a-d.  Les  skandhas  sans  plus,  conditionnés  par  la  passion  et 
Tncle,  vont  se  réincarner  au  moyen  de  la  série  de  l'existence  inter- 
médiaire. Exemple  :  la  lampe.  • 

Nous  ne  nions  pas  un  ôtnMn  qui  existe  par  désignation,  un  âtmaH 
'|iii  n*est  que  le  nom  donné  aux  skandlios.  Mais  loin  de  nous  la  pen- 
sée que  les  skandhas  passent  dans  l'autre  monde  î  Ils  sont  nmmen- 
tanés  ;  ils  sont  incapables  de  transmigrer.  Nous  disons  que.  m 
Tabsence  de  tout  âiinan,  de  tout  principe  permanent,  la  série  des 
skandhas  conditionnés,  c  confectionnés  »  par  la  passion  et  par  l'acte 
fi.  15  a,  sur  abhisaniskrta),  entre  dans  le  sein  maternel  ;  et  que  celte 
série,  de  l'existence-mort  à  Texistence-naissance,  se  prolonge  et  se 
déplace  par  une  série  qui  constitue  l'existence  intennédiaire. 

19  a-c.  En  conformité  avec  sa  cause  projectrice  la  série  s*accroit 
graduellement,  et,  en  vertu  des  passions  et  des  actes,  elle  part  de 

nouveau  dans  l'autre  monde.  * 

Les  actes  dont  la  nature  est  d'être  rétribués  en  vie  (àffutffa  kfir- 
man,  ii.  10  a)  diffèrent  suivant  les  être»  :  toutes  les  séries  de  skan- 
dhas ne  sont  donc  pas  projetées  pour  le  même  temps  dans  Texisteftce 
où  elles  viennent  d'arriver.  —  La  série  va  donc  s'accroître  [8  a] 

1.  skandhamatratn  <m  karmakleiùbkiëQm^^fr^"^  I 
antarabhavfisaffîtatyA  kukmm  eti  pradipncai  II 

2.  yalhak^epafft  kramdd  vrddhah  satfîtùnak 
paralokatfi  putiar  yàti 


58  CHAPITRE  III,  19. 

autant  qu'elle  est  projetée.  Cet  accroissement  est  graduel,  comme 
l'enseigne  l'Ecriture  :  «  D'abord  le  kalala  ;  du  kalala  naît  Varhuda  ; 
de  Varhuda  naît  \e  pesin  ;  du  pesin  naît  le  ghana  ;  du  ghana  nais- 
sent la  pramkhâ,  les  cheveux,  les  poils,  les  ongles,  etc.,  et,  avec 
leurs  points  d'appui,  les  organes  matériels  »  '.  —  Les  kalala,  etc. 
sont  les  cinq  états  de  l'embryon. 

Alors  -,  quand  l'embryon,  cette  épine,  est  mûr,  se  lèvent  dans  la 
matrice  des  vents  nés  de  la  maturité   de   l'acte   qui   font   tourner 

1.  pathamam  kalalam  hoti  kalala  hoti  abbudam  / 
abbudâ  jâyate  pesl  pesl  nibbattati  ghano  // 
ghanâ  pasâkha  jâyanti  kesâ  loma  nakhâni  ca  / 
yam  cassa  bhunjati  mâtâ  .... 

[Sarpyutla,  i.  2(J6  (Commentaire  Jâtaka,  iv.  496,  Kathâvatthu,  xiv.  2)  ;  Mah&- 
niddesa,  120,  Mahâvyutpatti,  190.  —  Windisch,  Biiddha's  Geburt,  87,  compare  le 
Niruktn,  la  Garbha-upanishad,  les  sources  Sâmkhya  et  médicales. 

On  peut  noter  que  Milinda,  40,  et  Visuddhimagga,  236,  traitant  des  morts  pré- 
maturées, omettent  la  pasâkhâ  :  «  L'embryon  meurt  au  temps  du  kalala  ....  du 
ghana,  au  temps  d'un  mois,  de  deux  mois  ....  »  Dans  MahSniddesa  :  «  ....  il  meurt 
au  temps  de  la  pasâkhâ  ;  il  meurt  à  peine  né  ....  »] 

La  version  sanscrite  (Samyukta,  49,  6)  remplace  la  quatrième  ligne  par  :  [rû- 
pîndriyâni  jâyante]  vyanjanâny  anupûrvasah.  —  Les  «  organes  matériels  » 
sont  les  parties  subtiles  de  l'œil,  oreille,  nez  et  langue  [=  l'œil  à  proprement 
parler,  ce  qui  voit....];  les  vyaûjanas  sont  les  supports  fad/its/feânaj  visibles 
de  l'œil  ainsi  défini,  etc.,  car  c'est  en  raison  du  support  que  l'organe  proprement 
dit  est  manifesté  (abhivyajyate).  [L'organe  du  tact  existe  dès  l'origine]. 

Sur  kalala,  etc.,  p.  51-52,  62,  n.  1.  —  Nanjio,  775. 

D'après  le  commentaire  de  Katbâvattbu,  xiv.  2,  c'est  après  soixante-dix-sept 
jours  que  les  organes  de  l'œil,  etc.,  apparaissent. 

D'après  un  commentaire  de  Grand  Véliicule,  il  y  a  buit  étals  embryonnaires  : 
1-5.  kalalâvasthâ  ....  praéâkhâvasthâ,  6.  kesalomâvasthâ,  7.  indriyâvasthâ, 
8.  vyanjanâvasthâ  (c'est-à-dire  la  période  où  les  supports  des  indriyas  sont 
clairement  manifestés).  —  D'accord  avec  les  commentaires  de  Petit  Véhicule,  P'ou- 
kouang  et  Fa-pao  disent  que  keéa,  roman,  nakha,  etc.,  jusqu'au  moment  où 
indriyas-vyanjauas  sont  complets,  tout  cela  est  le  cinquième  état.  Mais  d'après 
les  Sammitîyas  les  cheveux,  etc.,  sont  un  sixième  état. 

2.  On  a  essayé,  dans  Cosmologie  bouddhique,  p.  30,  de  traduire  mot  à  mot  le 
tibétain.  Ici  on  se  permet  d'abréger  cette  description. 

La  Vyâkhyâ  en  fournit  quelques  éléments  :  tasmin  varcahkûpa  iva  kâyana- 
divrana  ugradurgandhândhakâramalapalvale  satatam  kartavyapratikriye 
sukraéonitalasîkâmalasamklinnaviklinnakvathitapicchile  pânl  satnprave- 
éyâfïgapratyangam  nikrtya  vyâharati. 


Hiua9i49ang,  ix,  fol.  8  b-9  b.  M 

Fembryon  et  le  disposent  ver»  la  fwrli»  de  la  imissiince  :  il  eut  diffktl« 
à  mouvoir  ronune  une  grande  miunnc  (rimpiin*ti^  cachée.  Parfotn,  noil 
par  les  conditions  défavorables  de  Talinientation  t\v  la  niiTe,  Miil  en 
raison  des  actes,  Tendjryon  péril.  Alors  uuv  femme  experte,  «pré» 
les  avoir  ointes  de  toutes  sortes  de  drogues  |9  a|.  intniduit  se»  maina 
munies  d*ime  lame  aiguist^e  dans  cette  plaie  liideuM%  malmlorantr, 
humide  de  toutes  sortes  d*impureté,  ipi'esl  la  matrice.  Klle  en  relire 
l'embryon  après  l'avoir  décbicpielé  mend)re  à  mendire.  —  Et  la 
<  série  >  de  Tembryon,  en  vertu  des  actes  de  la  classe  a|Mirapci- 
ryâyavedaniya  (iv.  50  b),  va  n'importe  où. 

Ou  bien  raccoucbement  est  heureux.  La  mère  el  les  servantes 
prennent  le  nouveau-né  dans  des  mains  qui  sont  des  couteaux  et  des 
acides  pour  ce  corps  aussi  sensible  qu'une  plaie  vive.  On  lave  l'en- 
fant '  ;  on  le  nourrit  de  lait  et  de  beurre  frais,  plus  tard  d'aliments 
olides  :  ainsi  grandit-il.  Va\  raison  de  ce  développement  \  les  organes 
mûrissent  et  les  passions  entrent  en  activité.  D'où  les  actes.  Et  lors- 
(|ue  le  corps  périt,  la  série  passe  dans  une  autre  existence  en  raison 
(les  p&ssions  et  des  actes,  au  moyen  de  l'existence  intermédiaire, 
ronmie  auparavant. 

19  d.  De  la  sorte  le  cercle  de  l'existence  est  sans  conmiencement  ^ 

La  naissance  en  raison  des  passions  et  des  actes  [9  b]  ;  les  pas^ 
sions  et  les  actes  en  raison  de  la  naissance  ;  la  naissance  en  raison 
fies  passions  et  des  actes  :  le  cercle  de  l'existence  est  donc  sans  com- 
mencement. Pour  qu'il  commençât,  il  faudrait  que  le  premier  lenne 
n'eût  pas  de  causes:  et  si  un  dhaniui  naît  sans  causes,  tous  les 

1.  tarunavranayamâiiatitutnaffi  batakam  éastrak^raifama^n.snimj^pnr. 
éabhydtfî  panibhyam  parigfhya  snapayanti, 

La  description  de  Majjliima,  i.  366  est  pliia  sobre  :  «  ...  Qtiaml  H  «al  n**.  la  nirra 
le  nourrit  de  son  sung,  car,  d'apr^a  le  Vinnya,  ô  Bliik^ti»,  le  lait  malvriiH  «•!  àm 
sang  ...  ». 

2.  iasya  vrddher  ancayaL  —  Gimparer  BAajjhima.  i.  «Vî  : ...  cmddkim  amcêffm 
paripiLkatH  anvAya. 

«3.  ity  anùdi  bhavacakrakam  II 

Note  de  Saeki  :  L'auteur  réfute  les  MahiMsakas  qui  aamHl^nl  qu'il  y  a  Ml 
commeDcement,  une  cause  éternelle,  das  effeU  sans  csuiai  ;  cl  dsMUi  p.  10,  a.  f. 


^ 


60  CHAPITRE  III,  20. 

dharmas  naîtront  sans  causes.  Or  les  déterminations  de  temps  et  de 
lieu  démontrent  que  la  graine  produit  le  bourgeon,  que  le  feu  produit 
la  cuisson  :  donc  il  n'y  a  pas  de  naissance  qui  n'ait  des  causes. 
D'autre  part,  la  théorie  de  la  cause  unique  et  permanente  a  été  réfutée 
ci-dessus  (ii.  65)  :  donc  le  cercle  de  l'existence  n'a  pas  commencé. 

Mais  la  naissance,  provenant  des  causes,  n'aura  pas  lieu  si  les 
causes  sont  détruites  ;  de  même  que  le  bourgeon  ne  naît  pas  si  la 
graine  est  brûlée. 

Cette  série  de  skandhas  que  nous  avons  vu  se  développer  dans 
trois  existences, 

20.  C'est  le  PratTtyasamutpada  qui  a  douze  membres  en  trois  par- 
ties, deux  pour  la  première,  deux  pour  la  troisième,  huit  pour  celle 
du  milieu  —  du  moins  à  considérer  la  série  qui  a  tous  les  membres.  * 

1.  sa  pratityasamutpâclo  dvâdasângas  trikândakah  / 
pûrvâparântayor  dve  dve  madhye  'stau  paripûrinah  // 

Vasiibandhu  définit  dans  les  kfirikas  20-24  le  Piatïtyasamnlpada  âvasthika 
(25  a),  «  statique  »,  c'est-à-dire  la  série  considérée  dans  douze  états  (avasthâ, 
dasâ)  successifs. 

Sur  les  trois  parties  ou  «  tronçons  »  (kânda)  et  les  trois  «  chemins  »  (vartman), 
théorie  commune  aux  deux  scolastiques,  voir  Deux  notes  sur  le  PratTtyasamutpada 
(Congrès  d'Alger,  1905)  ;  Shwe  Zan  Aung,  Compendium,  251)  ;  Théorie  des  douze 
causes,  Gand,  1913,  p.  34-38  ;  la  source  sanscrite  est  JnânaprasthanasSstra. 

Samghabhadra  (Nyayanusara)  établit  que  la  série  causale  soit  intérieure,  soit 
extérieure,  —  le  kalala,  etc.,  d'une  part  ;  la  graine,  etc.,  de  l'autre  —  c'est  ce  qu'on 
nomme  Pratïtyasamutpada  [Comp.  Salistambasiitra,  Théorie  des  douze  causes, 
p.  73].  Le  PratTtyasamutpada  n'est  donc  pas  seulement  de  douze  angas.  Comment 
savons-nous  cela  ?  Par  le  Sastra  [Prakarana,  ci-dessous,  p.  G7  1.  6]  qui  dit  : 
«  Qu'est-ce  que  le  PratTtyasamutpada  ?  —  Tous  les  dharmas  conditionnés  »  — 
D'ailleurs,  dans  le  Sûtra  même,  les  indications  varient.  Quelquefois  sont  nommés 
douze  bhavâfïgas,  par  exemple  dans  les  Paramârthasûnyatasûtra,  etc.  ;  quelque- 
fois onze,  par  exemple  dans  les  Tché-ché-king  [Jnana-vastu-sQtra  =  Samyutta,  ii. 
56],  etc.  ;  quelquefois  dix,  comme  dans  le  NagaropamadisQtra  [Divya,  340]  ;  quel- 
quefois neuf,  comme  dans  le  Mahanidâuaparyayasûtra  ;  quelquefois  huit,  comme 
dans  le  Sûtra  qui  dit  :  «  Les  Sramanas  et  Brahmanes  qui  ne  connaissent  pas  en 
vérité  la  nature  des  dharmas  ...  ».  Telles  sont  les  difTérences.  [D'autres  variantes, 
Senart,  Mélanges  Harlez,  281,  Przyluski,  J.  As.  1920,  ii.326].  —  Pourquoi  la  doctrine 
des  Sûtras  diffère-t-elle  de  celle  des  Traités  ?  Les  Traités  enseignent  d'après  la 
nature  des  dharmas  ;  les  Sûtras  tiennent  compte  du  fidèle  à  convertir ....  Ou  bien 


Hiucm4êang,  ix,  fol.  9  h-10  a.  61 

Les  douze  membres  sont  Vavidyà.  les  êa^f^tkàroë^  le  HJMma.  U 
nâmarûpa,  le  mdâyatana  [10  a),  le  êparàa,  la  vêdanA,  la  êfn^A, 

Vit}Hldâna.  le  hhava,  la  jo/i,  \e  jaràmarana, 

lis  sont  distribués,  Vavidyâ  et  les  «a^pMJkdrotf,  dans  le  pwwé,  dans 
rexistence  antérieure,  la  jâii  et  le  jaràmarana,  dans  Texistence 
postérieure,  las  huit  autres  membres,  dans  l'existence  actuelle. 

P^ous  ne  pensons  pas  toutefois  que  les  huit  membres  du  milieu  s«- 
trouvent  dans  l'existence  actuelle  de  tous  les  ôlres  '.  Il  s'agit  de  la 
personne  «  complète  »,  paripûrin,  (pii  passe  par  tous  les  étaU  «pie 
constituent  les  membres.  Tels  ne  sont  pas  les  êtres  qui  meurent  avant 


les  Satras  sont  de  sens  non  explicite  (anltârthaf  comparer  KoÂa,  ix.  p.  W»),  l«« 
Traités  sont  de  sens  explicite.  Les  SOtras  n'envisagent  que  les  êtres  vivaaU 
(sattvàkhya)  ;  les  Traités  envisagent  les  êtres-vivants  (aattva)  et  Um  uou  lUw 
vivants (Ci.dessous,  p.  67). 

1.  Vibhasfi,  23. 17.  —  Quelques-uns  disent  :  «  Ce  SOtra  ne  vise  que  le  Klmadhilu 
et  trois  sortes  de  naissance  à  l'exclusion  de  la  naissance  apparitionnelle  :  el,  par 
conséquent,  est  sans  faute  ».  Il  faut  dire  que  ce  SOtra  \'\se  les  trots  Dhittis  ri  !•• 
quatre  naissances.  Les  êtres  apparitionnels,  au  moment  où  tU  naissent,  bien  qu'ib 
possèdent  tous  les  organes,  ces  organes  ne  sont  pas  vifs  (iik^pa)  ;  ensuite,  peu  à 
peu,  avec  le  temps,  l^s  organes  deviennent  vifs.  Quand  ils  ne  sont  pas  vifs,  au 
premier  moment,  c'est  Vaûga  de  vijnàna  ;  au  deuxième  moment  et  auari  1^19* 
temps  qu'ils  ne  sont  pas  vifs,  c'est  Vanga  de  n&maniipa  ;  quand  ils  sont  irifii, 
c'est  Vatiya  de  sadùyatana.  De  la  sorte,  le  SOtra  ne  présente  pas  l«  défaut 
d'être  incomplet.  [Il  vise  aussi  les  êtres  apparitionnels  qui  possèdent  tous  1^ 
organes  dès  le  début,  Koâa,  ii.  14,  Kathfivatthu,  xiv.  2]. 

P'ou-kouang  dit  :  Le  S&stra  de  Wsuhaudhu  ne  prend  pas  pour  autorité  la  jog»- 
nient  de  la  Vibhfisil  (bb&*sa  p'ing-kifij  *  ;  il  suit  le  sens  des  premiert  inaltrea  da  b 
Vibbfisfi. 

Vibbasa,  24,  7.  —  Douze  angas  dans  le  Kamadhfitu  ;  onze  aïkgas  dans  le  HQ|>a- 
«Ihatu  en  exceptant  le  namarûpa  ;  dix  angaa  dans  rArOpyadliatu  m  exceptant 
le  nâmarûpa  et  le  sadâyatana.  (Mais  on  voit  la  diffîculté  des  pmpoaiUoM  qui 
découlent  de  cette  thèse,  car  ;  «  Le  sadâyatana  existe  en  raison  du  Hjêêmm  », 
«  le  sparéa  en  raison  du  vijnàna  »].  Aussi  la  Vibba.^  conclut  (littéralement  : 
p'îny  kia  dit)  :  «  Il  faut  dire  que  les  douze  aûgas  existent  dans  les  trois  Dtiltus ...  ► 


•.  Il  faut,  ce  me  semble  —  sans  cfue  j*aie  eu  la  Vibhifl  an  ■■ina  ■ 
par  p'îng  kiâ  le  groupe  de  philosophes  qui  rédigea  la  VibhAfi  tl  fonnula  oa 
jugement  critique  sur  les  opinions  des  différents  maîtres.  Saekl  note  (|«%  aor  lai 
ou  tel  point,  la  Vibbasa  se  bonie  à  énumérer  les  opiniona  :  «  Il  n'y  •  p«»  éê  p'îm§ 
kia  »,  dit-il.  -  D'après  d'autres,  quatre  p'tng  kiû.  -  Voir  p.  4^  n.  4. 


62  CHAPITRE  III,  20-22  b. 

le  temps  [,  au  cours  de  la  vie  embryonnaire  par  exemple]  ;  tels  ne 
sont  pas  les  êtres  du  Rûpadhâtu  et  de  rÀrûpyadhâtu.  —  Il  est  certain 
que  le  Sûtra  qui  énumère  les  huit  membres  vise  les  êtres  du  Kama- 
dhatu  :  le  Mahânidanaparyayasûtra  dit  :  «  Ànanda,  si  le  vijnâna  ne 
descendait  pas  dans  le  sein  maternel  ...  »  (Dlgha,  ii.  63) 

On  peut  diviser  le  PratTtyasamutpada  en  deux  parties  :  l'existence 
passée  (1-2)  [10  b]  avec  ses  effets  (3-7)  ;  les  causes  de  l'existence 
future  (8-10)  avec  l'existence  future  (11-12). 

Disons  ce  que  sont,  dans  cette  conception  du  PratTtyasamutpada, 
les  différents  membres. 

.21a.  Vavidyd,  c'est,  dans  la  vie  antérieure,  Tétat  de  passion.  * 

1.     pûrvakleéadaéâvidyâ  samskârâh  pûrvakarmanah  / 

safndhiskJifjmdhâs  tu  vijnânam  nâmarûpam  atah  param  Ij  21 
prâk  sadâyatanotpâdât  tat  pûrvam  trikasamgamât  / 
sparéuh  prâk  sukhadtihkhâdikâranujnrina^aktitah  jj  22 
vittih  prâtï  maithunât  trsnâ  bhogamaithîinarâginah  / 
upâdânam  tu  bhogânâfn  prâptaye  j^uTidhâvatnh  jj  23 
sa  bhavisyadhhavaphalafit  kurute  karma  tad  bhavah  j 
pratisatndhih  punar  jâtir  jarâmaranam  âvidah  jj  24 
Pour  ces  définitions,  Théorie  des  douze  causes,  41  ;  le  San  tsang  fà  tsou,  irad. 
par  Klaproth,  Foe-koue-ki,  286,  qui  suit  de   très  près  la  doctrine  exposée  par 
Vasubandlm,  mais  réclame  des  gloses  ;  par  exemple,  le  sparéa  est  décrit  :  «  Depuis 
la  sortie  de  l'utérus  jusqu'à  l'ûge  de  trois  ou  quatre  ans,  quoique  les  six  racines 
(:=  indriya)  correspondent  par  le  tact  aux  six  poussières  (visaya,  âîambanaj, 
on  ne  peut  encore  réfléchir,  ni  comprendre  la  joie  et  les  peines  de  la  vie  ». 

Vibhasâ,  23,  13,  —  Qu'est-ce  que  Vavidyâ  ?  —  II  ne  faut  pas  dire  que  c'est  tous 
les  klesas  passés,  car  ce  serait  sacrifier  le  caractère  propre  de  Vavidyâ  ;  il  faut 
dire  que  c'est  la  pûrvakleéadasâ  [ou  avasthâ],  la  période  du  kleéa  passé.  — 
Qu'est-ce  que  les  samskâras  ?  —  La  période  de  l'acte  passé.  —  Qu'est-ce  que  le 
vijnâna  ?  —  Le  pratisamdhicitta,  «  la  pensée  à  la  conception  »  avec  ce  qui 
l'accompagne.  —  Qu'est-ce  que  le  nâmarûpa  ?  —  Après  le  pratisamdhicitta  et 
avant  que  les  quatre  organes  matériels  ne  soient  produits.  [Le  kâyendriya,  organe 
du  tact  est  accpiis  tout  de  suite].  Dans  cet  intervalle,  avant  que  le  sadâyatana 
ne  soit  au  complet,  il  y  a  cinq  périodes  (avasthâ)  :  kalala,  arbuda,  peéin,  ghana, 
praéâkhâ,  qui  ensemble  font  la  période  de  nâmarûpa.  —  Qu'est-ce  que  le 
sadâyatana  ?  —  Quand  sont  produits  les  quatre  organes  matériels,  les  six  âya- 
tanas  sont  au  complet.  Dans  la  période  de  praéâkhâ,  les  organes  de  l'œil,  etc., 
ne  sont  pas  capables  de  donner  point  d'appui  au  sparéa. 


Hiuan49ano,  ix,  fol.  10  a-t  1  a.  68 

[Par  avidyâ,  on  n'entend  pan  Vavidyà  \no\èe,  iii.  p.  84. 8.H,  v.  12, 
ni  non  plus  l'ensemble  des  passions,  «  ioiin  le»  kUéoê  »).  mam  bien, 
dans  la  vie  antérieure,  la  série  (avec  ses  cinq  skandhas)  cpii  j»e  tniuve 
en  passion,  la  kU^^a-avcinthâ.  —  Tout(»s  les  pansions  en  eiïet  accom- 
pagnent Vavidyà,  entrent  en  activité  par  Vavidyâ,  De  m*^mr  ipiand 
ou  dit  cpie  le  roi  vient  [11  aj,  on  entend  que  ses  courtisans  l'accom- 
pagnent. 

21  b.  Les  samskâraSt  c'est,  dans  la  vie  ancienne,  l'état  d'acte. 

La  série  de  l'existence  antérieure,  en  tant  qu'elle  fait  l'acte  bon, 
mauvais,  etc.,  c'est  ce  qu'on  entend  par  les  satfMkâras, 

21  c.  Le  tnjhâna,  c'est  les  skandhas  à  la  conception. 

Les  cinq  skandhas,  dans  la  matrice,  au  moment  de  la  réincarna' 
tion  (praiUiamdhi)  ou  de  rexistence-naissance  (upapaHihhava). 

21  d-22  a.  Le  nâmarûpa,  au-delà  de  ce  moment  jusqu'à  la 
production  du  sadâyatana. 

Les  cinq  skandhas,  dans  la  matrice,  à  partir  de  l'existence-nais- 
sance  et  aussi  longtemps  que  les  six  organes  ne  sont  pas  manifestés. 
—  Il  conviendrait  de  dire  :  <  aussi  longtemps  (pie  les  quatre  orga- 
nes ....  »,  [car  le  manaâyaiana  et  le  kâyâyatana  existent  dès 
l'existence-naissance,  dès  la  conception,  pralisafpidhiksane]  '  ;  mais 
c'est  au  moment  où  apparaissent  les  quatre  organes,  œil.  etc..  que 
les  deux  organes  préexistants  se  trouvent  <  arrangés  >  [dans  un 
groupe  de  six]  '. 

22  b.  Le  sadâyatana  avant  la  rencontre  de»  trois  ou  Rparéa, 

Le  sailàyaiana,  c'est  les  cinc|  skandhas  depuis  l'apparition  des 
niganes  jusqu'au  moment  où  a  lieu  la  rencontre  de  Torgane,  de 
l'objet  de  la  connaissance  et  du  vijnâna. 

1.  Comnieiilaire  de  KulhavalUiii.  xiv.  2  :  Koéa.  ii.  U. 

2.  caksurâdyayaianotpaitikale  kùyamanaàyatanapor    rf  g^tttiyil 
(Vyakhyft).  —  Hiiian-tsaiig  :  «  Muis  on  envisage  le  moment  où  le«  tix 
sont  au  complet  ». 


64  CHAPITRE  III,  22  c-24. 

22  c-d.  Le  sparsa,  jusqu'au  moment  où  est  acquise  la  capacité  de 
distinguer  la  cause  du  plaisir,  de  la  souffrance,  etc. 

Le  sparsa  [qui  commence  à  la  naissance]  dure  jusqu'au  moment 
où  l'enfant  devient  capable  de  distinguer  :  «  Ceci  est  cause  de  plai- 
sir    » 

23  a.  La  vedanâ  avant  l'union  sexuelle. 

La  vedanâ,  que  la  kârikâ  nomme  vitti,  aussi  longtemps  que  la 
concupiscence  relative  à  l'union  sexuelle  n'est  pas  en  activité.  [Cet 
état  est  nommé  vedanâ,  sensation,  parce  qu'on  y  éprouve  les  causes 
de  vedanâ  :  c'est  donc  une  avasthâ  vedanâprakarsini] 

23  b.  La  trsnâ,  état  de  celui  qui  désire  les  jouissances  et  l'union 
sexuelle. 

Est  alors  en  activité  la  concupiscence  relative  aux  kâmagunas 
(iii.  p.  7),  visibles,  etc.,  et  à  l'union  sexuelle.  Cet  état  de  «  soif  »  prend 
fin  lorsqu'on  commence,  sous  l'influence  de  cette  concupiscence,  à 
chercher  (paryesti)  les  jouissances. 

23  c-d.  Vupâdâna  s'en  distingue  :  état  de  celui  qui  court  à  la 
recherche  des  jouissances. 

Il  court  partout  pour  acquérir  les  jouissances  (v.  40)  [Ou  bien 
Viipâdâna  est  la  quadruple  passion  (v.  38)  :  on  nonmie  upâdâna  la 
période  durant  laquelle  cette  quadruple  passion  est  en  activité].  Cou- 
rant ainsi, 

24  a-b.  Il  fait  l'acte  qui  aura  pour  fruit  l'existence  (hhava)  à 
venir  :  c'est  le  hhava. 

[hhava,  c'est-à-dire  «  acte  »,  car  l'existence  a  lieu  en  raison  de  lui, 
hhavaty  anena.]  L'acte  fait  et  accumulé  dans  la  recherche  des  jouis- 
sances produira  la  réexistence.  La  période  où  on  fait  l'acte,  c'est  le 
hhava. 

24  c.  La  jâti,  c'est  la  nouvelle  réincarnation. 

Après  la  mort,  les  cinq  skandhas  au  moment  où  a  lieu  la  réincar- 
nation, c'est  la  jâti.  —  Le  «  membre  »  qui  reçoit  le  nom  de  vijnâna 


Hiuan48ang,  ix,  fol.  11  a-11  h.  05 

lorsquon  examine  Tcxistence  préftente  [11  b],  reçoit  le  nom  étjM 
lorsqiron  examine  rexi^teiicc  ftiUire. 

24  d.  Le  jarâmarana  j(iH(|irÀ  la  vedcmà. 

Depuis  la  jâti  jusqu^ù  la  vedand,  qui  est  ici  nommée  pid,  — 
Quatre  membres  de  TexinltMice  présente,  ndmarûpa,  fa^àffoiana, 
sparéa  et  vedanâ  sont,  en  ce  qui  concerne  Texistcnce  à  vetiîr, 
désignés  par  l'expression  jarâmarana,  douzième  membre  de  la  série 
duodénaire. 

Cependant  il  est  dit  que  le  PralTtyasamut|>Ada  est  quadniple  : 
momentané  ou  d*un  moment  (ksanika),  prolongé  (pràkarfika  : 
s'étendant  sur  plusieui-s  moments  ou  plusieurs  existences),  sériai 
(sâmbaiidhikay  par  la  liaison  des  causes  et  eiïeU),  slatiipie  (àtaa* 
ihika  :  comportant  douze  états,  ou  périodes,  des  cinq  ^catuihasj.  ' 

Comment  le  PralTlyasamutpûda  est-il  momentané  ? 

En  un  même  moment,  lorsfprun  liomme  en  proie  à  la  paamon 
conmiet  le  meurtre,  les  douze  membres  sont  réalbés  :  1.  son  Wê€ka 
(aberration),  c  est  Vavidyâ  ;  2.  sa  «  volition  »  (celanâ),  c'est  l«s 
satftskâras  ;  3.  sa  connaissance  distincte  d*un  certain  objet.  c*est  le 
rijnâna  ;  4.  les  quatre  àkandhas  '  coexistant  au  vijiiâna,  c'est  le 
nâmarûpa  ;  5.  les  organes  en  relation  avec  le  nâmarûpa,  c'est  le 
sadâyatana  ^  ;  6.  l'application  du  aadâyatana  *,  c'est  le  sparéa  ; 


1.  Viblifisa,  23,  8.  —  Le  PralTlyasaimilptt«ia  est  de  quatre  espècM 
sâmbandhika,  avasthika,  puikaisika.  Olui-oi  «iil  f|n'il  i-hI  àvoêîMtm  H  ffû' 
karsika  ;  celui-là  dit  qu'il  est  ksanika  et  sâtftbandhika. 

La  Vyakhya  explique,  dan»  lui  ordre  diiïéreut  :  a.  k^anika^  k^a^ê  6*ar«l^ 
ksano  'syàstiti  ksanikah.  b.  prakaraena  dtvyati  carati  vu  prûkar^ikm^  / 
prahandhayukla  ily  arthah.  Et  plus  tma  :  «a  w&vmêikika^  prakarm^ofàt 
pràkarsikah  /  anekaksanikatviUl  anetajammOtmipâe  ûtk  t.  êàifthamlhékm^  I 
hetuphalasambandhayukta  ity  arthah.  d.  avatthika^  I    '  ' 

akandhikâ  avnsthd  ity  arthah. 

2.  Hiuan-tsang  corrige  :  «  les  irob  skamlhoê  ». 

3.  nâmarUpavyavasthitani  indriyùni.  —  On  peut  dire  que 
placés  pans  le  naman  qui  est  leur  |M>inl  d'appui  (ùirayn)  ;  o«  pMl  4iM  ^M 
I'  ur  existence  ou  activité  (vrtti)  dé|>eud  du  n&manàpa, 

4.  sadâyatanabhinipàiuh  sparàah.  -  L'abhinipAta  dr  I'obU.  c*«I  «oo  •eîi' 
vite  (pravrttij  à  l'endroit  du  visible. 


66  CHAPITRE  IIL  25. 


7.  éprouver  le  sparsa,  c'est  la  vedanâ  ;  8.  le  désir  (râga),  c'est  la 
trmâ  ;  9.  les  paryavasthânas  \  associés  à  la  trsnâ,  c'est  Vupâdâna  ; 
10.  l'acte  corporel  ou  vocal  qui  procède  [de  la  vedanâ  ou  de  la  trsnâ], 
c'est  le  hhava;  11.  l'émersion  (unmajjana  =^  utpâda  ^^  ^voduciion) 
de  tous  ces  dharmas,  c'est  la  jâfi  ;  12.  leur  mniurité  (paripâka)-, 
c'est  la^arâ;  leur  rupture  (hhanga),  c'est  le  marana.  ^ 

En  outre,  il  est  dit  que  le  PratTtyasamutpâda  est  momentané  et 
sériai  (ksanika,  sâmhandhika).  Dans  les  Prakaranas,  où  il  est  dit  : 
«  Qu'est-ce  que  le  PratTtyasamutpâda  ?  —  Tous  les  dliarmas  condi- 
tionnés (samskrta).  —  Quels  sont  les  dharmas  produits  en  dépen- 
dance (pratttyasamutpanna)  ? —  Tous  les  dharmas  conditionnés.  »  '* 

Le  PratTtyasamutpâda  «  statique  »  (âvasthika),  c'est  douze  états 
(avasihâ)  comportant  les  cinq  skandhas  (pancaskandhikâ).  Il  est 
aussi  «  prolongé  »  (prâkarsika),  s'étendant  sur  trois  existences 
consécutives.  [12  a] 

Parmi  ces  quatre,  quelle  est  la  sorte  de  PratTtyasamutpâda  que 
Bhagavat  a  ici  —  dans  le  Sutra  des  douze  membres  —  l'intention 
d'enseigner  ? 

25  a.  D'après  l'Ecole,  c'est  là  le  PratTtyasamutpâda  statique.  '' 

D'après  l'Ecole,  c'est  seulement  en  considérant  le  PratTtyasamut- 
pâda statique  que  Bhagavat  distingue  les  douze  membres. 

Mais  si  chacun  des  membres  est  un  complexe  des  cinq  skandhas, 
pourquoi  employer  ces  désignations,  avidyâ,  etc.  ? 

25  b.  Les  membres  sont  nommés  du  nom  du  dharma  qui  y  est  le 
plus  important.  ^ 

1.  Les  paryavasthânas  sont  l'absence  de  honte,  ahrî,  etc.,  v.  47. 

2.  phalâksepasâmarthyopaghâtah  pûrvaksanàpeksayâ  va. 

3.  tatksanavinâ^ah  j  hhangâhhimîikhyam  hhanga  ily  apare. 

4.  Hiiuin-tsang  et  Paramârlha  omettent,  eu  cette  place,  celte  citation  du  Pra- 
karana.  [D'après  la  Vyâkhyâ  :  «  les  Prakaranas  ».]  —  Voir  ci-dessous  p.  67,  73. 

5.  âvasthikah  kilesto  'yam. 

Samghabhadra  :  Les  maîtres  d'Abhidharma  disent  que  c'est  en  considérant  les 
«  états  »  (avasthâs)  que  le  Bouddha  enseigne  le  Pratîtyasamutpâda.  Le  Sautran- 
tika  (=  Vasubandhu)  ne  le  croit  pas,  et  c'est  pourquoi  il  met  dans  sa  stance  le 
mot  kila  [que  nous  traduisons  :  «  d'après  l'Ecole  »]. 

6.  prâdhânyât  tv  angakîrtanam  / 


Hiuan4sang,  ix,  fol.  1 1  b-12  b.  C7 

L'état  dans  lequel  Vavidyâ  est  la  tloniiée  capitale,  tst  nommé 
avidjfâ  ;  de  même  |>our  tous  les  autres  membres.  Bien  cftie  la  miture 
de  tous  les  membres  soit  la  môme,  il  n'y  a  pas  faute  à  les  distinguer 
ainsi. 

Poun{uoi  le  Sotra  définit-il  le  PratTtya<tamutpada  dans  la  série  dea 
douze  membres  tandis  que  les  Frakaranas  disent  :  «  Qu'est-ce  que  le 
riatTlyasamutpada ?  —  Tous  les dharmaa  conditionnés  »?  —  Faice 
«{lie  le  Sotra  s'exprime  d'une  manière  intentionnelle,  tandis  que 
rAbhidharnia  expose  le  caractère  des  clioses  '.  D'une  part,  le  Pratî- 
tyasanuitpada  est  donné  comme  statique,  prolongé,  relatif  aux  êtres 
vivants  (scUtvâkhya)  ;  d'autre  part,  comme  momentané,  sériai,  relatif 
aux  êtres  vivants  et  non  vivants  (saUvâsatlvàkhya)  [12  bj. 

Pourquoi  le  Sotra  n'eiiseigne-t-il  le  PratTty&samut|iAda  qu'eu  tant 
que  relatif  aux  êtres  vivants  ? 

25  c-d.  Pour  faire  cesser  Faberration  relative  au  passé,  à  Taveutr 
et  à  l'entre-deux.  * 

Et  c'est  pour  la  môme  raison  qu'il  enseigne  un  Pratltyasamutpflda 
à  trois  parties  ou  tronçons. 

Aberration  relative  au  passé,  lorsqu'on  se  demande  :  <  Existai-je 
dans  le  passé  ?  n'existai-je  pas  ?  comment  et  quel  existai*je  ?»  — 
Relative  au  futur:  «  Existerai-je  dans  le  futur?  ....  »  —  Relative  à 
l'entre-deux  :  «  Qu'est  ceci  ?  comment  est  ceci  ?  qui  sommes-nous  ? 
qui  serons-nous  ?  »  ' 

1.  Saeki  signale  Madhyama,  27,  l.  -  Le  PralTlyasanHitpada  du  SOtr»  «rt  AèAi- 
pràyika;  dans  rAbhidharma.  laksanika.  -  Ci-densus  p.  60,  n.  1. 

2.  pûrvaparàniamadhye^  8aiftmohavinivfitap9  // 

3.  Saipyulla,  ii.  26;  Majjliima,  i.8,  111;  Visuddhimagga,  5©9;  Sai|iyiikU,  Il  It; 
^alistambu,  p.  88  (Théorie  des  douze  causes),  cité  liadhyauiakavrflt,  fi0S.  — 
\  a  riantes,  parmi  lesquelles  nous  relèverons  celles  du  IruiaiènM  |MU«§r»plie. 

Vyakhya  :  kitft  svid  idam  Hy  atnmdravyam  aitrefult  /  katkum  ««rf  •*•■• 
Ht  kena  prakârena  kaya  yuktyeti  I  ke  aanta  iti  kt  vaymm  idànêm  Hd^m- 
mânah  /  ke  bhavigyantft  ily  evai^  navadhàrayati, 

Salistainba  dans  Madhyaraakavftli  :  kitft  nv  iilam  /  katkam  ««•  •<'«"•  /  *» 
santah  /  ke  bhavisyâmah  /  ayatft  snUvak  kuta  Offala^  I  mi  Oeicyiile^  kmêm 
gamisyati. 

Majjhima,  1 8  et  Visuddhimagga,  599  (Waireo.  918)  :  akam  «wi  kk9  'êmi  /  «• 


68  CHAPITRE  III,  25  c-27. 

Cette  triple  aberration  est  détruite  par  renseignement  de  la  succes- 
sion avidyâ jarâmarana.  Car  il  est  dit  dans  le  Sûtra  :  «  Qui- 
conque, ô  Bhiksus,  connaît  par  la  Prajnâ  le  PratTtyasamutpâda  et  les 
dharmas  produits  en  dépendance,  il  ne  se  tourne  pas  vers  le  passé 
en  se  demandant  s'il  a  existé  ....  » 

D'après  d'autres,  les  trois  derniers  termes  du  «  tronçon  »  du 
milieu,  trsnd,  upâdâna,  bhava,  sont  aussi  enseignés  pour  faire 
cesser  l'aberration  relative  au  futur  ;  car  ils  sont  les  causes  de  l'exis- 
tence future.  * 

Ce  PratTtyasamutpâda  à  douze  membres  est  triple,  passion  (klesa), 
acte  (karman)  et  base  (vastu)  ;  il  est  double,  cause  et  fruit. 

26  a-b.  Trois  membres  sont  passion,  deux  sont  acte  ;  sept  sont 
base  et  aussi  fruit.  ^ 

Vavidyâ,  la  trmâ  et  Vupâdâna  sont,  de  leur  nature,  passion  ; 
les  samskâras  et  le  hhava  sont  acte  ;  le  vijnâna,  le  nàmarûpa,  le 
sadâyatana,  le  sparsa,  la  vedanâ,  la  jâti,  le  jarâmarana  sont 
base,  ainsi  qualifiés  parce  qu'ils  sont  le  point  d'appui  (âsraya  = 
adhisthâna)  des  passions  et  des  actes.  Les  membres  qui  sont  base 
sont  fruit  [13  b]  :  les  cinq  qui  ne  sont  pas  base  sont  cause,  étant 
passion  et  acte  de  leur  nature. 

Pourquoi  la  cause  et  le  fruit  sont-ils  exposés  au  long  dans  le 
«  tronçon  »  relatif  à  l'existence  actuelle  —  deux  membres  de  passion, 
deux  membres  d'acte,  cinq  membres  de  base  —  tandis  que,  pour  le 


nu  kho  'smi  j  kim  nu  kho  'smi  /  katham  nu  kho  'smi  /  ayam  nu  kho  satto 
kuto  âgato  /  so  kuhimgâml  bhavissati  [  Visuddhi  lit  :  aham  nu  kho  'smim  ....] 
Ce  texte  n'est  pas  sans  relations  avec  le  Sûtra  des  trsnâvicaritas,  Koéa,  vil. 
p.  36. 

1.  Opinion  rejetée  par  Samghabhadra. 

2.  kleéas  trlni  dvayam  karma  sapta  vastu  phalam  tathâ  / 

Ce  sont  les  trois  vartman  ou  vatta.  -  Visuddhimagga,  581  :  tivattam  [idam 
bhavacakkam]  anavatthitam  hhamati. 

Dans  toutes  les  autres  sources,  le  troisième  vartman  est  seulement  défini 
comme  rétribution  (vipâka)  [ou  fruit,  phala]  ;  voir  Théorie  des  douze  causes,  34. 


Hiuan-Lsaug,  ix,  fol.  12  b-14  a.  09 

passé  et  le  futur,  spinhlnhle  exposition  ninnipie  ?  En  ce  qui  ronceme 
le  futur,  on  a  deux  membres  pour  le  fruit. 

26  b-c.  Dans  doux  parties,  la  cause  et  le  fruit  sont  résumé»,  car 
on  peut  conclure  de  l'exposé  du  milieu.  ' 

De  Texposé  des  passion,  acte  et  base,  relatif  à  l'existence  actuelle, 
on  peut  déduire  l'exposé  complet  de  la  cause  et  du  fruit  dans  les 
existences  antérieure  et  postérieure.  Toute  description  inutile  doit 
être  omise. 

Mais,  dira-t-on,  si  le  Pratîtyasamutpada  n'a  que  douze  membres, 
la  transmigration  aura  un  commencement  puisque  la  cause  de  Yavi- 
dyâ  n'est  pas  indiquée  ;  la  transmigration  aura  une  fin  puisque  le 
fruit  du  jarâmarana  n'est  pas  indiqué.  Donc  il  faut  ajouter  de  nou- 
veaux membres,  et  à  l'infini. 

Non  pas,  car  Bhagavat  a  implicitement  indiqué  la  cau.se  de  l'at^i- 
dyâ  et  le  fruit  du  jarâmarana. 

27.  De  passion  naissent  passion  et  acte  ;  d'où  base  ;  d'où,  à  nou- 
veau, base  et  passion  :  telle  est  la  manière  d'être  des  membres  de 
l'existence  ou  bhavângas,  ^ 

De  la  passion  naît  la  passion  :  de  trsnây  upâdâna. 

De  la  passion  naît  l'acte  :  (ï upâdâna,  bhava  ;  iVavidyâ,  santskA' 
ras  [14  a]. 

De  l'acte  naît  la  base  :  de  samskâras,  vijnâna  ;  de  bhava,  jâii. 

De  la  base  naît  la  base  :  de  vijnâna,  nâmarùpa  ;  de  nâmarùpa, 
sadâyatana de  sparsa,  vedanâ  ;  de  jâti,  jarâmarana. 

De  la  base  naît  la  passion  :  de  vedanâ,  trsnâ. 

Telle  étant  la  manière  d'être  des  membres,  il  est  clair  que  YaviàffA 
a  pour  cause  soit  la  passion,  soit  une  base  ;  il  est  clair  que  le/tmt- 

1.  phalahetvabhisattiksepo  dvayor  madhyatiumAnaiah  // 

2.  kleéat  kleéah  kriya  caiva  tato  vcmtu  taiah  jmnah  / 
vastu  kleédé  ca  jâyante  bhavanganam  ayafft  nayak  II 

Hiuan-tsang  :  «  Le  naya  des  bhavAngtis  est  seulement  cela  ».  —  Saipghabhadra 
commente  ce  mot  «  seulement  »,  qui,  dit«il,  indique  que  le  nombre  des  bhavàégoê 
est  limité  à  douze. 


70  CHAPITRE  III,  27. 

marana  (=  la  suite  des  bases  depuis  le  vijnâïia  jusqu'à  la  vedanâ, 
ci-dessus  p.  65,  1.  3)  a  pour  fruit  la  passion.  Donc  l'exposé  est  com- 
plet. _  Que  Bhagavat  ait  voulu  illustrer  cette  manière  d'être  des 
«  membres  »,  cela  résulte  de  la  conclusion  du  Sûtra  :  «  Ainsi  a  lieu 
la  production  de  cette  grande  masse  qui  n'est  que  souffrance  ».  ' 

Mais  il  y  a  une  autre  explication  '  :  a.  Il  est  dit,  dans  un  autre 
Sûtra  \  que  Vavidyâ  a  pour  cause  le  jugement  incorrect,  ayoniso 
manaslkâra,  et,  dans  un  autre  Sûtra  encore,  que  le  jugement  incor- 
rect a  pour  cause  Vavidyâ.  '* 

Par  conséquent  Vavidyâ  n'est  pas  sans  cause  ;  on  évite  l'objection 
de  regressus. 

b.  Mais,  direz-vous,  V ayoniéomanasikâra  n'est  pas  nommé  dans 
le  Sûtra  en  cause,  le  PratTtyasamutpâdasûtra  ?  Sans  doute  ;  mais  il 
est  compris  dans  Vupâdâna  :  donc  on  n'a  pas  à  le  nommer  ici  à 
part.  ^ 

Cette  explication  est  sans  valeur.  —  Comment  le  jugement  incorrect 
est-il  compris  dans  Vupâdâna  ?  Sans  doute,  il  est  associé  (sam- 

1.  Madhyama,  34,  3.  —  evam  asya  kevalasya  mahato  duhkhaskandhasya 
samudayo  bhavati. 

Les   commentateurs   disent  :    le   mot   kevala   indique    l'absence   d'âtman   et 

d'âtmlya  ;  le  mot  grand  indique  l'absence  de  commencement  et  de  fin  ;  

«  masse  de  douleur  »,  parce  qu'accumulée  par  les  samskâras  impurs  ;  samudaya 
parce  que  produite  par  le  concours  des  conditions  .... 

2.  D'après  la  Vyâkhyâ  :  «  Le  Sthavira  Vasubandhu  professeur  du  maître  Mano- 
ratha»;  d'après  P'ou-kouang:  «  Vasubandhu  l'ancien,  un  Sarvâstivâdin  dissident» 
(yeou  pou  i  choai). 

Sur  Manoratha,  professeur  de  Vasubandhu  [l'ancien],  Watters,  i.  21 L 

3.  D'après  la  Vyâkhyâ,  le  SahetusapratyayasanidanasQtra. 

avidyd  bhiksavah  sahetukâ  sapratyayâ  sanidânâ  /  kas  ca  bhiksavo 
'vidyâyâ  hetuh  kah  pratyayah,  kim  nidânam  /  avldyâya  bhiksavo  'youiso- 
manasikâro  hetuh 

Même  citation  dans  Madhyamakavrtti,  452,  extraite  du  Pratïtyasamutpâdasatra. 

Samyukta,  13,  20  (note  de  Saeki). 

Théorie  des  douze  causes,  p.  8  ;  Anguttara,  v.  113  (sur  les  aliments  de  Vavidyâ), 
Neltippakarana,  79  (avijjâ  avijjâya  hetu,  ayonisomanasikâro  paccayo). 

4.  Voir  ci-dessous  p.  71  n.  3. 

5.  «  Ici  »,  c'est-à-dire  dans  le  Sûtra  qui  nous  occupe,  le  PratTtyasamutpâdasûtra 
(Vyâkhyâ),  le  Dvâdasângasûtra  (Saeki).  —  Par  exemple  Samyutta,  ii.  25. 


Hiuan-tsang,  ix,  fol.  14  n-b.  71 

praifiiktn)  à  Viipddâna  ;  iimi.s  il  est  niinsi  bien  anfiorié  à  Vavidffû  et 
à  la  trsnâ.  Admettoiïs  i|iril  soit  compris  dans  VujHidâna,  ppul-on 
tirer  de  ce  fait  la  conchisi<»ii  cjue  le  Satra,  en  nommant  Vujxidfinaf 
dit  que  le  jugement  incorrect  est  la  cause  de  Yavidyâ  ?  Kn  d'autre» 
termes,  je  veux  bien  que  le  jugement  incorrect  «oit  compris  daa«* 
Vupâdâna  ;  mais  il  ne  s'ensuit  pas  <pie  le  Snlra  puisse  se  dispenser 
de  le  nonuner  connue  membre  à  pari,  cause  de  Tawcfyâ  [14  b).  Il 
pomrait  tout  aussi  bien  omettre  Yavidyâ  et  la  trsnâ. 

Un  autre  docteur  '  prend  la  parole.  —  Un  Sotra  enseigne  que 
Yavidyâ  a  pour  cause  Yayoniéomanasikâra  \  Un  Sntra  enseigne 
(pie  Yayoniéomanasikâra  a  pour  cause  Yavidyâ  et  observe  qu'il  se 
produit  au  moment  du  sparéa  :  «  En  raison  de  l'œil  et  du  visible  se 
produit  un  manasikâra  souillé  ('ây/ia^  qui  naît  de  l'erreur  (moha=^ 
avidyâ)  »  \  Un  Sutra  explicpie  l'origine  de  la  trsnâ  :  «  La  trsnâ  naît 
en  raison  d'une  vedanâ  née  elle-même  d'un  sparéa  où  Yavidyâ  se 
trouve  »  *.  —  Donc  Yavidyâ  qui  coexiste  à  la  vedanâ  procède  de 
Yayoniéomanasikâra  qui  se  produit  au  moment  du  sparéa,  —  Donc 
Yavidyâ  n'est  pas  sans  cause  ;  il  n'y  a  pas  lieu  d'ajouter  un  nouveau 
terme  :  Yayoniéomanasikâra,  cause  de  Yavidyâ,  naissant  lui-même 
de  l'ay/c/z/â  désignée  sous  le  nom  de  moha.  [Il  y  a  cercle,  cakraka.] 

Fort  bien,  dit  l'auteur  ;  mais  cela  n'est  pas  expliqué  dans  le  Pratî- 
tyasamulpadasûtra  et  devrait  y  être  expliqué. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  l'expliquer  en  termes  clairs  ;  car,  par  le  raison- 
nement, on  aboutit  à  ces  conclusions.  En  elTet,  cbez  les  Arhats,  la 
vedanâ  n'est  pas  cause  de  trsnâ  :  d'où  on  conclut  que  la  vedanâ 


1.  Le  Saiilrftntika  Sr^lfhtia. 

2.  Ci-dessus  p.  70,  ii.  3. 

3.  Samyukta,  11,  8.  —  caksuh  praUtya  rUpani  cotpadyata  àvilo  moMOêi' 
kâro  mohajah  -  mohaja  =-  avidyAja. 

Madhyaniakavrtli,   452,   d'après    le   PralltyaâaïuulpAtlasQtra  :  avilo   mohajo 
manaaikàro  bhiksavo  'vidyAyâ  hetuk. 

4.  avidyâsatftsparêajatft  vediiafft   praUtyotpauna    tfHnA  iU  êûUrûmIarw 
nirdûsfam. 

Samyukta,  2,  4.   -   Samyulla,  iii.  ÎM>  :  avijjOsamphtuëajtna  . 
phuUhasya  assutavato  puthujjancmsa  uppannâ  tanha. 


72  CHAPITRE  m,  27. 

n'est  cause  de  trsnâ  que  lorsqu'elle  est  souillée,  associée  à  avidyâ. 
Le  sparéa,  quand  il  n'est  pas  accompagné  de  méprise  (aviparlia), 
n'est  pas  cause  de  cette  vedanâ  souillée  ;  le  sparéa  accompagné  de 
méprise  ne  se  produit  pas  chez  l'Arhat,  qui  est  exempt  Ôl' avidyâ  ; 
donc  le  sparéa  que  le  PratTtyasamutpada  indique  comme  cause  de  la 
vedanâ  cause  de  la  trsnâ,  c'est  le  sparéa  qui  est  accompagné  d'avi- 
dyâ  [On  a  donc  sâvidyasparéapratyayâ  vedanâ  /  sâvidyavedanâ- 
pratyayâ  trsnâ\  Dès  lors  on  reprend  le  raisonnement  indiqué  ci- 
dessus  :  on  établit  que,  d'après  le  Sûtra,  V ayoniéonianasikâra  se 
produit  au  moment  du  sparéa. 

Mais,  dit  l'auteur,  ce  principe  que  le  raisonnement,  supporté  à  l'occa- 
sion par  d'autres  Sûtras,  permet  d'omettre  des  termes  indispensables 
—  dans  l'espèce  Y ayoniéomanasikâra,  avec  causalité  réciproque 
de  V ayoniéomanasikâra  et  de  Vavidyâ  —  conduit  à  l'absurde.  [On 
pourrait  aussi  bien  omettre  sparéa,  vedanâ,  samskâras,  jâti]. —  La 
vraie  réponse  à  l'objection  '  —  que,  faute  d'indiquer  d'autres  membres 
en  deçà  de  Vavidyâ  et  au  delà  du  jarâmarana,  le  samsara  ne  sera 
pas  sans  commencement  et  fin  —  est  la  suivante  :  l'énumération 
des  membres  est  complète  K  E]n  effet,  le  doute  porte  sur  la  question 
de  savoir  comment  l'existence  actuelle  est  conditionnée  par  la  précé- 
dente, comment  l'existence  à  venir  est  conditionnée  par  l'existence 
actuelle  ^  :  c'est  là  seulement  le  point  que  le  Sûtra  veut  exposer,  ainsi 
qu'il  a  été  dit  :  «  Pour  faire  cesser  Terreur  relative  au  passé,  à  l'ave- 
nir et  à  l'entre-deux  »  (iii.  25  c,  p.  67). 

Bhagavat  a  dit  :  «  Je  vous  enseignerai,  ô  Bhiksus,  le  PratTtyasa- 
mutpada et  les  dharmas  produits  en  dépendance  (pratUyasamut- 
panna)  ^  ».  [15  b]  Quelle  différence  entre  le  PratTtyasamutpada  et 
ces  dharmas  ? 

Aucune  d'après  l'Abbidharma.  Car,  comme  on  a  vu  (p.  66),  l'un 

1.  acodyam  eva  tv  état .... 

2.  nâparipfirno  nirdesah. 

3.  katham  paralokad  ihalokah  sambadhyate. 

4.  Samyutta,  ii.  25  :  paticcasamuppâdam  vo  bhikkhave  desissâmi  paticca- 
samuppanne  ca  dhamme. 


Hiuan-tsang,  \x,  fol.  14  b-lô  b.  78 

et  les  autres  sont  défini»  comme  élnnt  t  tous  les  d^armoA  condition* 
nés  >.  • 

Une  diffirnlté.  —  «  Tous  les  dhannas  conditionni^  ».  r*est-À-«lir«» 
des  dharmas  des  trois  époques.  Conmient  les  dhannas  de  Invenir. 
qui  ne  sont  pas  nés,  peuvent-ils  être  nommés  «  produits  m  tiéfH^n' 
dance*,  2)ratUyasamtd2)anna?— Nous  vous  demnndenrns  conunent 
les  dharmas  de  l'avenir,  qui  ne  sont  pas  t  faiU  »  (krta)  sont  dits 
«  conditionnés  >  (saniskrta),  —  Parce  qu'ils  .sont  «  voulus  >  (eMa) 
par  la  volition  (cetanâ)  qui  est  dite  âbhvtatfiskârikâ,  c'est-à-dire 
«  confectionnant  une  rétribution  »  '.  —  Mais,  s'il  en  est  ainsi,  com- 
ment les  dharmas  purs  (les  dharmas  du  Chemin)  futurs  seront-ils 
conditionnés  ?  —  Ils  sont  voulus  par  une  pensée  bonne  en  vue  de  les 
acquérir  \  —  Mais  le  Nirvana  même  sera  conditionné,  car  on  désire 
l'acquérir.  * 

Disons  donc  que,  lorsqu'on  nomme  <  produits  en  dépendance  >  des 
dharmas  futurs,  on  emploie  une  expression  inadérpiate,  justifiée  par 
l'identité  de  nature  (tajjâtlyatvât)  des  dJuirmas  futurs  et  des 
dharmas  passés  et  présents  qui  sont  «  produits  ».  De  môme  le  rti|Nl 
futur,  bien  qu'on  ne  puisse  dire  de  lui  au  présent  :  rùpyaU,  est 
nommé  râpa  en  raison  de  l'identité  de  sa  nature  avec  le  rûpcL  ' 

Quelle  est  cependant  l'intention  du  Sotra  en  distinguant  Pralîlya- 
samutpada  et  dharmas  produits  en  dépendance  ? 

1.  Prakarana,  6,  9.  —  traiyadhvikah  sarve  saffmkrtâ  dharmnh  praUtjfOâO» 
muipâdah  /  ta  eva  ca  praUtyasamutpanfidh. 

Ci-dessus  p.  (il. 

2.  ù,bhisamskârikay(%  cetanayô,  cetitatvàt.  —  En  qiinlirmnt  In  cetand  pur  W 
mot  âbhiaatnskârikâ,  l'auteur  indique  le  caraclrre  |in»pre  de  toutr»  le»  etUtuAâ 
(i.  15  a)  ;  car  la  celanâ,  confectionnant  la  rétribulion  (vipAkAbkiëattêskara^i), 
est  AbhisatftskArikâ.  Les  dharmaa  futurs  sont  «  voulus  »  (eetita)^  c'est-à-dire 
«objets  d'un  vœu,  d'une  intention»  (pranihita),  i»ar  celte  cttand:  «j« 
dieu,  je  serai  homme  ».  CV^t  de  la  sorte  que  les  dharmas  futurs 
ils  ne  sont  pas  ainsi  nommés  par  «  désignation  antiripatrice  »  (l 
jnayA). 

3.  te  'pi  cetitâh  kuéalayà  cetanaya  pràptim  prati. 

4.  11  est  l'objet  d'un  kuéaladharmacckafUUM,  v.  16,  p.  31».  viii.  i»  r. 

5.  Kosa,  i.  13,  p.  24. 


74  CHAPITRE  III,  28  a-b. 

28  a-b.  Le  samutpâda  est  la  cause,  le  samutpanna  est  l'effet.  * 

Le  membre  qui  est  cause  est  pratîtyasamutpâcla,  parce  que,  de 
lui,  a  lieu  naissance  (samutpadyate  'smât).  Le  membre  qui  est  effet 
est pratïtyasamutpanna,  parce  qu'il  naît;  mais  il  est  aussi  pratîtya- 
samutpâda,  parce  que,  de  lui,  a  lieu  naissance.  Tous  les  membres, 
étant  cause  et  effet,  sont  en  même  temps  pratltyasamutpâda  et 
pratUyasamutpanna.  Sans  que,  toutefois,  il  y  ait  non  détermination, 
confusion  (avyavasthâna)  [16  a],  car  un  membre  n'est  pas  pratitya- 
samutpâda  par  rapport  au  membre  par  rapport  auquel  il  est  pratl- 
tyasamutpanna.  De  même  le  père  est  père  par  rapport  au  fils  ;  le 
fils  est  fils  par  rapport  au  père  ;  de  même  cause  et  fruit  ;  de  même 
les  deux  rives  (pârâpâravat). 

Cependant  le  Sthavira  Pûrnâsa  ''  dit  :  Ce  qui  est  pratltyasamut- 
pâda peut  ne  pas  ètve  pratUyasamutpanna  \  Quatre  cas  :  1.  dhar- 
mas  de  l'avenir  [qui  sont  pratltyasamutpâda  parce  que  causes  de 
dharmas  à  venir,  esyadharmahetu,  et  ne  sont  pas  pratUyasamut- 
panna parce  qu'ils  ne  sont  pas  utpanna]  ;  2.  derniers  dharmas  de 
l'Arhat  [qui  sont  seulement  pratltyasamutpamia]  ;  3.  dharmas 
passés  et  présents,  à  l'exception  des  derniers  dharmas  de  l'Arhat, 
[qui  soï\t  pratltyasamutpâda  et  pratUyasamutpanna]  ;  L  dharmas 
inconditionnés  (asawsWo;),  [qui  ne  sont  ni  pratUyasamutpâda  ni 
pratUyasamutpanna,  car  ils  n'ont  pas  d'effet  et  ils  ne  naissent 
pas,  ii.  55  d]. 

1.  hetur  atra  samutpâdah  samutpannah  phalam  matam. 

Vibhâsâ,  33, 11.  —  Le  Bhadanta  Vasumitra  dit  :  Le  dharma  qui  est  cause  (hetu) 
est  pratityasamutpâdadharma  ;  le  dharma  qui  est  causé  (sahetuka)  est  pra- 
tîtyasamutpanna  dharma  ;  le  dharma  qui  est  naissance  est  pratityasamut- 
pâdadharma   ;  le  dharma  qui  est  production  (utpàda)  ....  ;  le  dharma  qui 

est  actif  (kâraka  ?)....  —  Le  Bhadanta  dit  :  Le  pravartaka  (voir  Kosa,  iv.  10)  est 
pratityasamutpâdadharma  ;  Vanuvartaka  est  pratUyasamutpanna  dharma. 

2.  D'après  le  tibétain,  le  Sthavira  Bsam  rdzogs  (dont  Schiefner,  Târanâtha,  4, 
n.  6,  fait  Sambhûti)  ;  Hiuan-tsang  :  «  espérance-complète  »  ;  transcrit  par  Para- 
mârtha. 

Ce  paragraphe  paraît  extrait  mot  pour  mot  de  Vibhâsâ,  23,  11,  que  Saeki  cite 
fol.  16  a. 

3.  syât  pratityasamutpâdo  na  pratityasamutpannah  .... 


Hiuati-tsang,  xx,  fol.  15  b-16  b.  75 

Le  Saulrantika  criliijue.  —  [Tout  col  expoju^.  dppiiis:  «  U  Pralf. 
tyasnimilpflda  stnlicine ....  (p.  66)  »  'j\\st\\tv  :  «  C«»  qui  c^i  PnHilyfimitniil- 
pA(ia  peut  lie  pa.s  être  pralUyaaamuiiHtnna  »  ').  »onl-rc  lu  ilfn  iUh^ 
personnelles,  fantaisistes  (yâdrcc9iika  ùttayah]  ou  le  npnn  ilu  Solrn  ? 
Vous  direz  vainement  que  c'est  le  sens  du  Solra.  Von»  fmrU^  â\m 
PratTtyasanuitpada  «  slati(|ue  »,  douze  menihres  qui  noni  nulatil 
d'étals  (avasUiâ)  constitués  par  les  cinq  skmidhnH  :  cVmI  m  nmtnw 
diction  avec  le  Sotra  où  nous  lisons  :  t  Qu'est-ce  que  Xnvidyn  ?  Le 
non-savoir  relativement  au  passé  ...  »  '.  Ce  Sotra  est  de  sens  explidte. 
clair  (nitârtha  =  vibhakkirtha)  ;  vous  ne  pouvez  pus  en  faire  un 
Sotra  de  sens  à  déduire  (iieyârlha).  ' 

Réplique  du  SarvOstivadin.  —  Rien  n'établit  que  ce  Sntra  soit  dp 
sens  clair  ;  le  fait  qu'il  s'exprime  en  termes  de  dênnilion  ne  prouve 
rien  ;  car  Bhagavat  donne  des  définitions  qui  portent  seulement  sur 
l'élément  essentiel  ou  capital  de  l'objet  à  définir.  '  [16  bl.  Par  exem- 
ple dans  le  HastipadopamasOtra,  à  la  question  :  €  Qu'c^l-ce  que 
l'élément  terre  interne  ?  »,  Bbagavat  répond  :  c  Les  cheveux,  le» 
poils,  etc.  »  '  Certes  les  cheveux,  etc.,  sont  encore  d'autres  dkamutê^ 
visibles,  odeurs,  etc.  ;  mais  Bhagavat  vise  l'élément  principal,  qui  est 
Télément  terre.  De  même  ici,  Bhagavat  désigne  sous  le  nom  d*arM%rl 
un  état  dont  Vavidyâ  est  l'élément  capital. 

Réplique  du  Sautrantika.  —  Cet  exemple  ne  prouve  rien.  Kn  effet, 
dans  le  HastipadopamasOtra,  Bhagavat  ne  définit  pas  les  cheveux. 
etc.,  par  l'élément  terre  ;  il  ne  dit  pas  :  «  Que  sont  les  cheveux,  etc.  ? 
—  L'élément  terre  »,  —  auquel  cas  la  définition  serait  inccHuplèle. 

1.  D'après  la  Vyfikhya. 

2.  Saipynkla,  12,  21.  —  pûrvânie  'jnAuatn  aparûnte  'jUanam  madkgûuiê 
'jùànaffi  buddhe  'jnânatn  dharme  'jùaHatft  safftghe  'jùanam  ....  ;Voér  p.  9t). 

.3.  Voir  Chapitre  ix.  lra<I.  p.  247. 

4.  Le  Loisava  traduit  :  «  Il  arrive  que,  dans  retiseignmieiil,  l<wt  a»  wnë.  pM 
seulement  de  sens  clair.  Bliagaval  donne  aussi  des  définilioiis  (|«i  poclMlt  MV 
l'essentiel  de  la  chose  à  définir  ».  —  Hiuan-tssng  :  «  Tous  les  SOlims  M  M«l  ffm 
dits  en  sens  clair  ;  il  arrive  aussi  qu'il»  soient  dits  d'aprfs  rsssmllsl  »•  —  Pm«* 
lu&rlha  :  «  Tous  les  SQlras  ne  sont  jms  de  sens  clair  par  le  isit  qvtlt  déftolsseal .-  ». 

5.  Sik.?ftsamuccaya,  24.''j  ;  Majjhima,  1 185  (katamA  ojjkaUikû  pof Aari</*dill  / 
yatft  ajjhattam  ...  kakkhalam  ...  seyyathùpi  ke$à  ...),  m.  «40. 


76  CHAPITRE  m,  28  a-b. 

Mais  il  définit  l'élément  terre  par  les  cheveux,  etc.  ;  et  sa  définition 
est  complète,  car  il  n'y  a  pas  dans  le  corps  d'élément  terre  qui  ne  soit 
compris  dans  la  description,  cheveux,  etc.  De  même,  dans  le  Pralî- 
tyasamutpada,  la  définition  est  complète  (paripûrna)  ;  il  n'y  a  rien 
à  y  ajouter  (na  sâvaàesdh). 

Réplique  du  Sarvâstivâdin.  —  La  définition  du  Hastipadopama 
n'est  pas  complète.  En  efîet  il  y  a  élément  terre  dans  les  larmes,  le 
mucus,  etc.,  comme  on  peut  voir  par  un  autre  Sûtra  '.  L'élément 
terre  des  larmes  n'est  pas,  cependant,  indiqué  dans  le  Hastipado- 
pama. 

Réplique  du  Sautrantika.  —  Soit,  la  définition  du  Hastipadopama 
est  incomplète,  puisque  vous  êtes  à  même  de  montrer  ce  qui  y  man- 
que. Il  vous  reste  à  dire  ce  qui  manque  aux  définitions  que  le  Sûtra 
donne  de  Vavidyâj  etc.  —  Pourquoi  définir  Vavidyà  comme  «  un  état 
à  cinq  skandhas  »  en  introduisant  (praksepa)  dans  Vavidyâ  des 
dharmas  hétérogènes,  [les  cinq  skandhas]  ?  -—  On  ne  peut  consi- 
dérer comme  «  membre  »  que  le  dharma  dont  l'existence  ou  la 
non-existence  commande  l'existence  ou  la  non-existence  d'un  autre 
«  membre  ».  Donc  un  «  état  à  cinq  skandhas  »  n'est  pas  «  membre  ». 
Chez  l'Arhat  existent  les  cinq  skandhas  (vedanâ,  etc.),  mais  il  n'y  a 
pas  chez  lui  de  samskâras  qui  puissent  produire  le  membre  vij flâna, 
c'est-à-dire  le  vijnâna punyopaga  ou  apunyopaga  ou  âninjyopaga 
[17  a]  -.  Et  ainsi  de  suite.  —  Donc  le  sens  du  Sûtra  (p.  75,  n.  2)  est 
à  prendre  au  pied  de  la  lettre.  ^ 

Quant  aux  quatre  cas  de  Pûrnâsa,  son  premier  cas  —  que  lès 
dharmas  de  l'avenir  ne  sont  pas  «  produits  en  dépendance  »  —  est 
contredit  par  le  Sûtra  qui  donne  lajâti  et  \e  jarâfnarana  comme 

1.  Le  Lotsava  indique  les  premiers  mots  de  cet  autre  Sûtra  :  santy  asmin  kâye, 
voir  Siksâsamuccaya,  228,  Madhyamakavftti,  57,  Majjhima,  iii.  90,  Dîgha,  iii.  104. 

2.  saty  api  ca  pancaskandhake  samskârâ  na  bhavanti  ....  punyopagam 
yâvad  âninjyopagam  vijnanam  na  bhavati.  —  Le  vijnâna  dont  il  s'agit  est 
le  pratisamdhivijnâna,  le  vijnâna  de  «  réincarnation  »  :  il  faut  comprendre 
upaga  =  tant  tâm  upapattim  gacchati. 

3.  yathânirdesa  eva  sûtrârthah  /  yathâsamkirtitânâm  evâvidyâdmâm 
grahanam  ity  arthah. 


Hiuan-tsang,  ix.  fol.  16  l)-17  b.  77 

c  produits  en  dépendance  >  :  c  QmcU  8ont  \cn  ffntttlgammnlpmt' 
nos  ?  Vavidyâ  ....  lajâti,  \i}  jarâmarana  ».  Dtra-t-fin  que  UtJâH  H 
\g  jarâmarana  ne  sont  pas  de  l'avenir?  C/enl  renoncer  à  la  théorie 
dn  FratTtyasamutpada  à  trois  pariiea  ou  tronçnn.n. 

Certaines  écoles  '  soutiennent  que  le  PratTlyasnnml|Mida  est  nicon. 
dilionné.  asatnskrta,  parce  que  le  Sotra  dit  :  «  Qu'il  y  ait  apparition 
de  Talhagatas,  qu'il  n'y  ait  pas  apparition  de  Talhagatû»,  cette  nature 
de  dharma  des  dharmaa  est  stable  ».  —  Cette  thène  est  vraie  ou 
fausse  suivant  la  manière  dont  on  l'interprète.  Si  on  veut  dire  que 
c'est  toujours  en  raison  de  Vavidyâ,  etc..  ((ue  sont  pnHluib  les  eofie* 
kâras,  etc.,  non  pas  en  raison  d'autre  chose,  non  pas  sons  cause  ;  que, 
dans  ce  sens,  le  PratTtyasamutpada  est  stable,  éternel  (nilya)  :  nous 
approuvons.  Si  on  veut  dire  qu'il  existe  un  certain  dhanna  étemel 
nommé  PratTtyasamulpada,  cette  opinion  est  inadmissible  [17  b).  Car 
Vutpâday  la  production  ou  naissance,  est  un  caractère  du  conditionné 
(samskrtalaksana)  (ii.  45  c)  ;  un  dharma  éternel,  comme  serait 
Vutpâda  ou  PralTtyasamutpada  par  hypothèse,  ne  peut  être  un  carac- 
tère du  transitoire,  du  conditionné  '.  D'ailleurs  on  entend  par  uijfâda 
€  existence  succédant  à  inexistence  »  ^:  quelle  rtAaiïon  (abhijtatftban» 
dha)  peut-on  supposer  entre  Vutpâda  inconditionné  et  Yavidyâ,  etc.. 

1.  nikâyânlarîyâh.  —  D'après  Vy&khyfi,  les  ÀryamahTélwikst  ;  d'aprrs 
Vibhfisfi,  23,  7,  les  Vibhajyavadins  ;  d'après  Sainayabheda,  les  Milililipghilrii  ; 
d'après  Yo-ga-lun-ki,  les  Mali&s&nighikas  et  les  Mahléfisakas.  -  KathifatUitt, 
vi.  2  (xi.  7,  xxi.  7)  ;  «  Nirvfina  »,  1925,  p.  185. 

Saipyukta,  12, 19.  -  titpâdad  va  tathûgatûnam  anutpAdàd  vu  latkêfmiê' 
nâtn  sthitaiveyatn  ( dharmânâtn)  dharmatâ;  Samyulla,  u.  2*  ;  Vi»ii«MhiaMiai^ 
518. 

Sur  celte  formule  (que  la  Vyakhytt  cite  d'après  le  Salistainba*>ntra  (u^rAirr.  IIÎ. 
361),  une  note  dans  Théorie  des  douze  causes,  111-113. 

2.  utpâdasya  samskrtalaksanatvàl  /  «a  ea  nityam  bhavantnram  amt- 
tyusya  laksanam  yujyate. 

3.  utpâdaé  ca  namabhûivabhâvalak^anak  (dèfiniUoo  dm  Ssntitatifces,  ii 
p.  229),  Puramarlha  traduit  ce  texte.  —  Le  LotMva  a  :  ntpAdoét 
|et  la  Vyakhyû  glose  :  L'utpatti  d'un  dharma  est  néc«aaalr«neat  «  du 
(tadânimtana)].  —  Vyûkhya,  dans  Cosmologie,  p.  Ififi,  I.  S.  Ur«  :  ko 
avidyâdibhir     abhisatftbandho     yathandafiena     pOkatifAbkii 
karlrkriyâlaksaiia^. 


78  CHAPITRE  m,  28  a-b. 

relation  qui  pennelle  de  dire  <  PratTlyasamutpâda  de  Vavidyâ, 
etc.  >  ?  Enfin  Texpression  PratTlyasamutpâda  devient  absurde  '  : 
prati'ityasamutpâda  signifiant  <  production  en  étant  allé  à  la 
cause  >  (pratyayam  prâpya  samudbhavah),  comment  un  dhanna 
pourrait-il  être  éternel  d'une  part  et  PratTlyasamutpâda  de  Tautre  ? 

Quel  est  le  sens  du  mot  PratTlyasamutpâda  ?  * 

Prati  a  le  sens  de  prâpti  <  atteindre  »  ;  la  racine  *  signifie  gati, 
€  aller  >  ;  mais  le  préfixe  modifiant  le  sens  de  la  racine,  prcUi-i 
signifie  «  atteindre  >,  pratUya  signifie  «  ayant  atteint  >  ;  pad  signifie 
sattâ,  <  existence  >  ;  précédé  des  préfixes  smn-ul,  «  apparaître,  prâ- 
durhhâva  ».  Donc  PratTlyasamutpâda  =  <  apparition  ayant  atteint». 

Cette  explication  n*est  pas  admissible  ;  le  mol  pratUyasamuipàda 
n'est  pas  bon  \  dit  le  Grammairien.  En  effet,  de  deux  actions  d'un 
même  agent,  Faction  antérieure  est  marquée  par  le  verbe  au  géron- 
dif :  snâivâ  hhutïkte  =  «  après  s'être  baigné,  il  mange  »  *.  Or  on  ne 
peut  imaginer  un  dhanna  qui,  existant  avant  que  d'être  produit  \ 
aille  d'abord  vers  \es  praiyayas,  ensuite  soit  produit.  [18  a]  Il  n'y  a 
pas  d'action  (aller  vers)  sans  agent  *.  —  On  peut  mettre  celte  objec- 
tion en  vers  :  «  Direz-vous  qu'il  aille  vers  les  praiyayas  avant  sa 
production  ?  Inadmissible  parce  qu'il  n'existe  pas.  Direz-vous  qu'il 
va  et  est  produit  en  même  temps  ?  Le  gérondif  n'est  pas  justifié,  car 
le  gérondif  indique  rantériorité  ».  ' 

L'objection  du  Grammairien  *  est  sans  valeur  '.  Demandons-lui  si 

1.  padârthfgS  càsambnddho  bhavatL 

2.  Elyinologie  du  mol  Pratîtyasamiit^tada,  Bumoiif,  Lotus,  530,  Introduction. 
6^  ;  Visuddhiniagga.  518, 521  (Warren,  168)  ;  Aung  et  Rhys  Davids,  Compeudium, 
^9  :  Madhyamakavrtli,  5  ;  Théorie  des  douze  causes,  48. 

H.  fia  ytiÀ-fa  esa  p€id&rtkaK 

4.  D'après  Panini,  3.  4.  21  :  safnânaknrtrkayoh  pûrvakâJe. 

5.  Les  Sautranlikas  n'admettent  la  préexistence  du  dhartna. 

6.  na  cùpy  akartrkdsti  krijfâ. 

7.  etad  vaiyâkaranfMCodjfatm  élokenopanibiidhtiâtjf  âcàryah  j 

yadi  pûrvam  utpâdât  pratyeiy  (gsattvAn  na  ynjyaie  f 
saha  cet  ktvâ  na  siddho  "ira  pûrtmkâlavidh&natah  // 

8.  éabdika  =  ^abilavid  =  vaiyàkarana. 

9.  Deux  opinions  :  la  réfutation  qui  suit  est  SautrSntika  ou  SarvSstivadin 
(Pou-kouang). 


ii«M.17MSk  n 


et  fa  WÊÊt  ttft  fréÊtni  mm  mbm.  « 

fialt?Siclea*ert  p«i  ë^  ttéc.  -  - -"    ii..1  ""  ^    i^iiiiiTT 

t  DMB-vMt  fM  b  dM»  Mm*  atflf 

à  ce  fn  «A  Ibter.  d  iftMtMit,  b 
d'a^nl  Jms ttlle  actmi  et  Mltie?  0« 
■Mttie  HW  actM  s«»  i^m  ?  »  —  Par 

fse  le  ékmrmui  ra  ren  les 
OU,  aapfes  ■■,  le  flUWMi  SfllL 
bdAîoks,  ëoBMide  le  GiMHniffîai,  ae  tnMnre,  à 
<Àrt  aris,  le  diiiiwii  foi  ntfl?  —  Le  dftflnMi  fai  mA  cd  «  Ir 
àMitre*(irfji#iHfwHi  'Bifl^r^Tci 
le  iftwii  qm  vm  reis  les  jralpiipBt. 

k  théorie  du  Cii—wiii  ii  et  h  ■■■î?nf  itwt  iepye 
l'i^lBiit  et  Faction,  tout  cda  ae  tîcsil  pas '.  Poar  lai  i  j  a  aa  i^^nl 
(tertar:^  fai  est  ici  «  celai  fM  aatt  »  (UMOarJg  cl  aat  ac^ 
qai  est  ici  Factioa  de  aatoeflMfeTl  Or  ea  ae  HBiirii,  pas  fae  k 
ttâiî  se»  dMiade  da  fttetdEar  ^  tiad.  23S).  [18  k] ->  fl  a>  a  dHK 
aacaa  aud  à  employer,  bie 

les  aMis:  <  i  aaft,  9  est 
>.  Le  sens  de  Texpcessioa 
leSatim':«Gda  étairt,  ceci  est;  de  la  niiiiMirr  deotii.liaâ»- 
||  Maeedeccd  >\  U  pnaiâèae  plaase  raHl  caaiple de ^raltffa,  k 


80  CHAPITRE  III,  28  a-b. 

admettez  qu'il  naisse  d'abord  existant,  né,  il  continuera  de  renaître  ; 
donc  regressus  ad  infinitum  ;  ou  bien  disons  que,  pour  nous  autres 
aussi,  il  est  préexistant  à  sa  naissance  »  '.  —  «  Quant  au  gérondif, 
il  indique  aussi  la  concomitance  :  «  L'obscurité,  ayant  atteint  la 
lampe,  périt  »,  ou  bien  :  «  Ayant  baillé,  il  se  coucbe  ».  On  ne  parle 
pas  ainsi  de  quelqu'un  qui  baille,  ferme  la  bouche  et  se  couche  ».  ^ 

D'autres  docteurs  écartent  l'objection  relative  à  l'emploi  du  géron- 
dif en  donnant  du  mot  pratîtyasamutpàda  une  explication  très 
différente  :  prati  a  un  sens  distributif  (vîpsârtha)  ;  sam  signifie 
«  concours  »  (samavâya)  ;  itya  signifie  «  bon  à  partir  »,  «  qui  ne 
dure  pas  »  ;  la  racine  pad  précédée  de  ut  signifie  «  apparition  », 
«  naissance  »  (prâdurhhâvà).  On  a  donc  :  pratîtyasamutpàda  = 
«  naissance  ensemble,  en  raison  de  tel  ou  tel  complexe  de  causes,  de 
choses  périssables  ».  ^ 

1.  asann  utpadyate  yadvat  pratyety  api  tathâtha  san  / 
utpanna  titpadyata  ity  anistâ  san  ptirâpi  va  // 

Vyâkhyâ  :  asann  abhdvo  'labdhâtmaka  utpadyate  yathâ  pratyety  api 
tathâ  I  asan  Ij  atha  labdhâtmaka  utpadyate  ...  utpanno  'pi  punar  utpadyata 
ity  anavasthânâd  anistâ  prâpnotL  —  Cependant  les  Samkhytis  affirment  sata 
evotpâdo  nâsatah.  Et  pour  nous  bouddhistes,  VaibtiSsikas,  uous  admettons 
l'existence  du  futur,  SautrSntikas,  nous  admettons  l'existence  de  «  semences 
génératrices  »  fjanakadharmabîja)  :  nous  disons  donc  sanpurâpi  va  :  «  ou  bien 
il  est  préexistant  ». 

Mais  on  peut  lire  au  quatrième  pada  :  asan  purâpi  va  =  «  Pour  éviter  le 
regressus,  vous  direz  qu'il  naît  inexistant  :  c'est  revenir  à  la  thèse  réfutée  dans 
la  première  ligne  :  asann  utpadyate  yadvat  ». 

2.  sahabliâve  'pi  ca  klvâsti  dlpam  prâpya  tamo  gatam  / 
âsyam  vyâdâya  sete  va  pascât  cet  kim  na  samvrte  jj 

Vyâkhyâ  :  na  hy  asan  pûrvam  mukham  vyâdadâti  vidârayati  paécâc 
chete  I  kim  tarlii  mukham  vyâdadan  cJiete  sa  mukliam  vyâdâya  seta  ity 
ucyate  / 

3.  C'est  l'explication  du  Bhadanta  Srîlâbha  (Vyâkhya). 

pratir  vîpsârtha  iti  nânâvâcinâm  adhikaranânâm  sarvesâm  kriyâgunâ- 
bhyâm  icchâ  vlpsâ  j  tâm  ayant  pratir  dyotayati  If  itau  gatau  sâdhava 
ityâh  I  tatra  sâdhur  iti  yatpratyayah  /  itau  vinastau  sâdhavo  'navasthâyina 
ity  arthah  //  samupasargah  samavâyârtham  dyotayati  //  utpûrvah  padih 
prâdurbhâvârtho  dhâtvarthaparinâmât  //  tâm  tâm  sâmagrïm  prati  ityâ- 
nâm  vinasvarânâm  samavâyenotpâdah  pratltyasamutpâdah.  —  Jamais  un 
dharma  ne  naît  seul,  Kosa,  ii.  22,  etc. 

Voir  l'explication  de  pratyaya,  vil.  p.  38,  n.  4. 


Hiuan4sangt  ix,  fol.  18  b-19  n.  81 

Cette  explication  [19  a]  vaut  pour  IVxproniiion  praêU^amêmml' 
pâda  ;  mais  elle  ne  rend  pa.H  compte  de  textcn  comme  celui«ei  : 
«  En  raison  (pratUya)  de  Twil  et  des  visibles  naît  ia  connaiji»aiir« 


Ponrcfiioi  Bhagavat  définit-il  le  PratTtyasamutpada  de  deux  maniè- 
res (paryâyadvayam  âha)  ;  «  1.  Cela  étant,  ceci  est  ;  2.  de  la  nai*- 
sance  de  cela,  ceci  naît  »  ?  ' 

i.  Pour  plusieurs  raisons  '  :  1.  pour  préciser  (avadhàranâriham). 
De  la  première  formule,  il  résulte  cpie  les  satfMkâras  sont  lon^pie 
Vavidyâ  est  ;  mais  il  ne  résulte  pas  que  les  satfMkàras  sont  par  la 
seule  existence  de  Vavidyâ.  La  deuxième  formule  précise  :  c'est  de  la 
naissance  de  Vavidyâ  que  procède  la  naissance  des  snffMkâras  ; 
2.  pour  indiquer  la  succession  des  membres  (angaparatfiparâ)  :  cela 
(avidyâ)  étant,  ceci  (samskâras)  est  ;  de  la  naissance  de  cela  (naffêS' 
kâras)  —  et  non  pas  d'autre  chose  —  ceci  (vijiiâna)  naît  ;  3.  pour 
indiquer  la  succession  des  existences  (janmaparaiftparà)  :  Texin* 
tence  antérieure  étant,  Texislence  présente  est  ;  de  la  naissance  de 
l'existence  présente  naît  l'existence  future  ;  4.  pour  indiquer  la  nature 
de  la  causalité  (pratyayahhâva)  qui  diffère  suivant  les  cas  (sàkmU 

1.  SamyuUa,  ii.  72,  iv.  3:i,  Milinda,  56,  etc. 

2.  imasmim  sati  idatn  hoti  /  imass  tippâdâ  ùtam  nppajjati ....  jfmlidam 
uvijjâpaccayâ  ....  —  Samyuktu,  12.  ai>.  Majjhliiia,  iii.  Ci,  MaliAvaslii.  ii.  *C 
Madhyainakavflti,  9,  Théorie  des  douze  causes,  p.  49. 

i.  Première  explication,  approuvée  par  VaHulmiidliu.  —  La»  argumMlU  •4, 
d'après  P'ou-kouaug  (qui  suit  Sainghahliadra),  sont  ceux  du  SthavirmAbyaBI»' 
dantaJR&ma  (.4isya  =  ti-lsè). 

ii.  Deuxième  explication,  celle  du  Slhavira  Vasuvarman  (Vyakhyl^  ;  d'apr** 
Fa.pao,  explication  divergente  des  Sautrantikas  (King-|>ou.i<rM)  (cominf  mumi  U 
ciuquième  explicationj  ;  d'après  P'ou-kouang,  le  «  nialire  disûilefii  b«ulrintika  • 
(King  pou  i  choai)  Bhailanla  Ché-tsao  (Vasuvarman)  ;  d'après  SA^pgtwldtadn.  I* 
*  Sthavira-l'ou-fang  »,  fce  qui  donne  Slhavira|»0k9ika,  un  p«rtiMUl  du  SUMiiriffs|. 

iii.  Explication  hélorodoxe. 

iv.  Explication  des  Anciens  maîtres  (Saulrfintika). 

v.  Explication  de  Srîlahha  (Vyûkhyfl)  (que  Saipglinbfmdm  opprllc».  rn  rèf  le 
générale,  <  le  Slhavira  »J;  Fa-pao  :  explication  divergfiilr  drn  Soulrtnlika»;  Po«* 
kouang,  «  Slhavira-l'ông-hio  »  ;  Sai|iglmhha«lni.  •  .SlIiovira-l'Ang-kini  •. 

3.  La  Vyakhya  commente  ce  paragraphe  par  In*  moU  :  étui  êarvum  OcâffS* 
matant. 


82  CHAPITRE  III,  28  a-b. 

pâramparyena  va)  :  la  causalité  des  membres  est  immédiate  :  «  cela 
étant,  ceci  est  »,  ou  non  immédiate  :  «  de  la  naissance  de  cela,  ceci 
naît».  —  Par  exemple,  des  samskâras  souillés  peuvent ' succéder 
immédiatement  à  Vavidyâ;  ils  peuvent  en  être  séparés  par  des 
samskâras  bons  (ii.  62  a).  D'autre  part,  Vavidyâ  est  cause  immédiate 
des  samskâras,  cause  non  immédiate  du  vijnâna, 

ii.  D'après  une  autre  explication  ',  pour  réfuter  la  théorie  de  non- 
causalité  (ahetuvâda),  la  thèse  qu'une  chose  est  en  l'absence  de  cause 
(asati  hetau  hhâvo  hhavati),  et  la  théorie  d'une  cause  qui  n'est  pas 
née,  tels  la  Prakrti,  le  Purusa,  etc.  —  Cette  explication  n'est  pas 
bonne,  car  la  deuxième  formule  [19  b]  suffit  à  réfuter  ces  deux 
théories. 

iii.  Mais  certains  hétérodoxes  imaginent  que,  «  Vâtman  existant 
comme  support  [de  Vavidyâ],  les  samskâras,  le  vijnâna,  etc., 
sont,  sont  produits  ;  que,  Vavidyâ  étant  produite,  les  samskâras  sont 
produits  »,  et  ainsi  de  suite.  En  d'autres  termes,  ils  posent  un  âtman 
qui  sert  de  substrat  à  la  causation  successive  des  dharmas.  —  Pour 
réfuter  cette  opinion,  Bhagavat  précise  :  «  Ce  qui  naît  (samskâras) 
par  la  naissance  de  telle  chose  (avidyâ),  c'est  en  raison  de  l'existence 
de  cette  seule  chose  que  cela  naît,  et  non  en  raison  de  l'existence 
d'un  certain  substrat  ».  —  La  première  formule  permettrait  de  dire  : 
«  Vâtman  existant  comme  support  et  Vavidyâ,  etc.,  étant,  les  sams- 
kâras, etc.  sont  ».  La  deuxième  formule  permettrait  de  dire  :  «  Il  est 
vrai  que  les  samskâras,  etc.,  naissent  en  raison  de  la  naissance  de 
Vavidyâ,  etc.  ;  mais  c'est  à  la  condition  qu'existe  un  certain  sub- 
strat ».  Les  deux  formules  conjuguées  rendent  ces  explications  inte- 
nables :  «  Les  samskâras  ont  pour  cause  Vavidyâ  [c'est-à-dire  :  la 
seule  avidyâ  étant  ...]  ....  ainsi  a  lieu  la  production  de  cette  masse 
grande  et  autonome  (kevala  =  âtmarahita)  de  souffrance.  » 

iv.  Les  Maîtres  ^  pensent  que  la  première  formule  indique  le  non- 

1.  D'après  la  Yyâkhyâ,  explication  du  Sthavira  Vasuvarman,  qui  doit  être  le 
Ché-tsao  de  P'ou-kouang.  Un  Vasuvarman  est  l'auteur  de  Nanjio  1261,  Traité  des 
quatre  vérités. 

2.  C'est-à-dire  les  anciens  maîtres  :  âcâryâ  iti  pûrvâcâryâh. 


Hvian-tmng,  ix,  fol.  19  a-Mâ.  8S 

abandon,  la  non-coupure  :  «  Vavidyâ  étant,  nV'tnnt  pan  abAn«lonné«, 
les  satfiskàras  sont,  ne  sont  pas  abanilonnés  >  :  tandU  que  la  «econcW 
formule  indique  la  naissance  :  c  Par  la  production  de  Vavidffà,  im 
saniskâras  sont  produits.  »  ' 

V.  D'après  une  autre  opinion',  la  première  formule  indique  la 
durée,  la  seconde  indique  la  naissance  ^  :  <  Aussi  KnigtempH  que  le 
flux  des  causes  (kâranasrotas)  dure,  aussi  lon^temiis  le  flux  de» 
effets  (kâryasrotas)  ;  par  la  seule  production  de  la  cau»e,  l 'eiïet  e»i 
produit.  » 

Nous  observerons  qu*il  est  question  de  la  production  (uipàda)  : 
Bhagavat  dit  en  effet:  <  Je  vous  enseignerai  le  PratTtyaHamut|>ada  ». 
En  outre  pourquoi  Bhagavat  enseignerait-il  (Fabord  la  durée  et  en- 
suite la  naissance  ? 

Autre  explication  [du  môme  docteur]  \  —  La  formule  :  «  Cela 
étant,  ceci  est  ^,  signifie  :  «  L'effet  étant,  la  destnirlion  de  la  cause 
est.  »  [20  a]  Mais  n'allons  pas  penser  que  l'effet  naît  son»  cause  : 
«  De  la  naissance  de  cela,  ceci  naît.  » 

Mais,  pour  exprimer  ce  sens,  Bhagavat  devrait  dire  :  «  Cela  étant, 
ceci  n'est  pas  »  ;  et  il  devrait  indiquer  d'abord  la  naissance  de  Teffel. 
Une  fois  l'effet  né,  on  pourra  dire  :  «  L'effet  étant  né,  la  cause  n'est 
plus.  »  —  Si  le  Sotra  doit  s'entendre  comme  l'entend  ce  docteur, 
comment  se  fait-il  (pie,  voulant  expliquer  le  Pratîtyasamutpada.  Bha- 
gavat explique  d'abord  la  destruction  de  la  cause  ? 

Comment  les  samskdras  sont-ils  en  raison  de  Vavidyà  ?  comment 
le  jarâmarana  est-il  en  raison  de  la  jdii  ?  *  —  Nous  allons  répondre 
brièvement  à  cette  question. 

1.  aprahanajnapanârtham,  ulpattijùâpaitûrthant. 

2.  D'après  la  VyakliyH,  opinion  de  Srtlabha. 

3.  sthiiyutpaitisamdaràana. 

4.  punar  aha.  -  D'après  la  Vyakliyfi  :  «o  e^a  Bhadnnta  iirilûbkak.  -  Nol« 
de  Saeki  :  le  Stliavira. 

5.  Le  SQlra  dit  :  jatiprntyayâ  jaramaranaéokapmridevttilHkkkaflami 
nasyopàyàsah  sambhavanti.  (  Varianle»). 

Les  termes  éoka  ...  upay&sas  sont  compris  (namgrUhia)  &m 
ne  sont  pas  des  membres  à  part  ($iùfigAniaram).  Us  proTiauMol 


84  CHAPITRE  III,  28  a-b. 

Le  sot  (hâla)  ou  Prthagjana  ne  comprenant  pas  (aprajânan)  que 
le  PratTtyasamutpâda  n'est  que  samskâras  \  c'est-à-dire  dharmas 
conditionnés  (samskrta)  —  [ce  manque  de  prajnâ  est  Vavidyâ 
âveniM,  la  non-science  tout  court,  non  associée  à  concupiscence]  — 
produit  âtmadrsti,  croyance  à  Vâtman  (v.  7,  12),  et  asmimâna,  égo- 
tisme  (v.  10  a)  ;  il  accomplit  la  triple  action,  corporelle,  vocale,  men- 
tale, en  vue  du  sukha,  sensation  agréable,  et  de  Vaduhkhâsukha, 
sensation  d'indifférence  :  action  non  méritoire  (apunya),  en  vue  de 
la  sensation  agréable  de  cette  vie  -  ;  action  méritoire  (punya),  en  vue 
de  la  sensation  agréable  d'une  vie  future  dans  le  Kamadbâtu  ;  action 
«  invariable  »  (ânifijya)  \  en  vue  de  la  sensation  agréable  des  trois 
premiers  dhyânas  et  de  la  sensation  d'indifférence  des  étages  supé- 
rieurs (iv.  46  a).  Ces  actions  sont  les  samskâras  qui  sont  en  raison 
de  Vavidyâ. 

Etant  donnée  la  force  de  la  projection  de  l'acte  [20  b],  la  série  des 
vijnânas,  grâce  à  la  série  de  l'existence  intermédiaire,  va  dans  telle 
ou  telle  destinée,  si  éloignée  qu'elle  soit,  à  la  manière  dont  va  une 


transformations  (parinâma)  des  objets  (visayaj,  être  vivant  ou  non-être-vivant, 
et  de  la  personne  (âtmabhâva). 

On  les  définit  :  soka  =  daurmanasyasamprayuktavitarka  ;  parideva  = 
èokasamutthitapralâpa  ;  duhkha,  comme  ii.  7  a  ;  daurmanasya,  comme  ii.  8  b  ; 
upâyâsa  =  vicchinnavega  daurmanasya,  ou,  d'après  d'autres,  éokaparideva- 
pûrvaka  érama  (Vyâkhya). 

Voir  les  définitions  de  Sâlistamba  (Tliéorie  des  douze  causes,  80)  ;  Abhidham- 
masangaha,  36  :  sokâdivacanam  pan'  ettha  nissandaphalanidassanam  ; 
Visuddhimagga,  503  (le  chagrin  est  causé  par  tout  vyasana)  ;  d'autres  références. 
Théorie  des  douze  causes,  31-32. 

On  sait  que  les  Éoka,  etc.  sont  représentés  dans  la  roue  de  la  vie  d'Ajantâ, 
J.  Przyluski,  JAs.  1920,  ii.  313,  qu'il  faut  lire. 

1.  bâlo  hi  samskâramâtram  [pratityasamiitpâdam]  aprajânann  âtma- 
drstyasniimânâhkinivistah  ....  —  La  Vyakhyâ  explique  aprajânan  par  les 
mots  âveniklm  amdyâm  daréayati  :  «  L'auteur  indique  ici  Vavidyâ  pure  et 
simple  ».  -  Voir  p.  63,  88. 

2.  âyatisukhârtham  punyam  ....  kâmâvacaram  ktisalam  karma  /  aihika- 
sukhârtham  apunyam. 

3.  ânifijyam  iti  /  igih  prakrtyantaram  tasyaivaitad  rûpam  /  ejater  etad 
rûpam  ânenjyam  iti  va  pathah.  —  Voir  iii.  101  b. 


Hiuam4snno,  ix.  fol.  20  nh.  85 

flanime,  c*est-à-<lire  dan»  un  perpétuel  rciifiuvrllnnent.  —  CW  là  U» 
vijhâna  (pii  est  en  raison  do»  «aiyi«XMlro«  .-  à  compremln*  ainni  li^ 
vij  flâna,  nous  sonnnes  dnccord  avec  lu  dérniilinn  cpie  le  l'mtllyana. 
inulpadasntra  donne  du  vijMna  :  *  Qu'cai-ce  que  le  vijMHa  ?  — 
Les  six  groupes  de  vijhânaa,  »  ' 

Avec  le  vijhàna  pour  nnlécêdenl  (''pùrvanigamM),  le  nâmarupn 
naît  dans  celte  destinée.  C'est  les  c\\\i\  sknndhas,  ronronnônifnt  à  la 
définition  du  Vihhaftga  '  :  «  Qu'est-ce  cpie  le  nâman  ?  \a^  ipialre 

skandfias  ininmtériels.  —  Qu'est-ce  que  le  rûpa  ?  Toul  ruiM Le 

nâman  et  le  rûpa,  ces  deux  sont  nonunés  nâmarûpa.  > 

Ensuite,  par  le  développement  du  tiâmarUiKi,  naissent  en  leur 
temps  les  six  organes  :  c'est  le  sadâyatana. 

Ensuite,  rencontre  avec  l'objet,  naissance  d'un  vijhAna,  el,  par  le 
concours  des  trois  (mjhânay  sadâyalana  el  vimya),  sparéa  :  lequel 
est  susceptible  d'être  éprouvé  agréablement,  etc. 

De  là,  la  triple  vedanâ,  agréable,  etc. 

De  cette  triple  vedanâ,  la  triple  trsnâ  :  soif  du  kâma  ou  désir  de 
la  sensation  agréable  du  domaine  du  KAmadbalu,  chez  l'elre  loiir- 
mente  par  la  douleur  ;  soif  du  rûjxi,  ou  désir  de  la  sensation  agréable 


1.  Pour  nous,  le  membre  vijndna,  c*esl  toute  la  série  des  viJUdt 
rexistence-morl  (maranabhava)  yisqxx'k  l'exlslence-imi-ssaure  (upapattibkava)  : 
en  d'autres  termes  lu  série  mentale  de  l'être  intermédiaire  depuis  mi  penser  ini(i«l« 
(pratùiatndhicitta)  jusqu'à  sa  fin  (l'existence-naissance,  commenrement  d«  k 
destinée).  —  Cette  série  comporte  connaissance  mentale  (mattoiHJààna),  pk» 
les  cinq  connaissances,  la  visuelle,  etc.  —  Nous  sommes  donc  d'accord  avec  la  déA* 
nition  du  membre  vijùana  (vijnànùtiganirdeéejf*:  vijnùnatft  katamnt  l  ff^f 
V  ijnâ  nakâyàh. 

Si  le  membre  vijnâna  était  la  pensée  initiale  de  la  destinée,  rexisleore-aak» 
sance  Cpratiaatfidhkitta,  upapattibhava),  le  Solra  disait  :  vijUdnaift  kaiamat  / 
manovijndnam.  Gir  «  c'est  au  seul  mafwvijiiàna  qu'ap|>artieut  la  nj|»(ur«  «1m 
racines  ....  »  (iii.  42  a). 

2.  Bhfiçya  :  vibhanya  evatfi  nirdeéùt,  -  Vyftkliyl  :prolll|f<MaMM'j 
%Ui%narûpamh\ian(ja  evatfi  nirdeéAt  /  ttùma  katamai  ^- 

Sur  la  définition  du  nâmarûpa  et  ses  variantes,  Théorie  des  doui* 

».  Cette  définition  du  vijfiAna  est  de  Madhyaina,  «4. 1.  MajjhinMi,  L  SS.  -  Vm^rèm 
la  version  de  Param&rtba,  confirmée  par  la  Vyftkhyi  plus  bas  (vofar  note  f;  ^  86), 
on  doit  lire  :  «  d'après  le  VijA&navailiaAga  du  PralTlyasainuIpldMOlni  ». 


86  CHAPITRE  III,  28  a-b. 

des  trois  premiers  dhyânas  et  de  la  sensation  d'indifférence  du  qua- 
trième ;  soif  d'drûpya. 

Ensuite,  de  la  trsnâ  relative  à  la  vedanâ,  le  quadruple  upâdâna, 
kâfnopàdàna,  drstyupâdâna,  éîlavratopâdâna,  âtmavâdopâdâna} 
—  Les  kâmas  sont  les  cinq  objets  de  jouissance  (kâmaguna,  iii,  3, 
p.  7)  ^  —  Les  drstis,  au  nombre  de  soixante-deux,  sont  expliquées 
dans  le  BrahmajâlasQtra.  —  Le  sila,  c'est  rejeter  l'immoralité  (dauh- 
sîlya)  (iv.  122  a)  [21  a]  ;  le  vrata,  c'est  les  vœux  du  chien,  du  tau- 
reau, etc.  ^  :  par  exemple  les  Nirgranthas  et  leur  nudité,  les  Brahma- 
nes avec  leur  bâton  et  leur  peau  d'antilope,  les  Pâsupatas  avec  leur 
touffe  de  cheveux  et  leurs  cendres,  les  Parivrâjakas  avec  leurs  trois 
bâtons  et  leur  nudité,  et  le  reste  :  s'astreindre  à  l'observation  de 
ces  règles,  c'est  le  éîlavratopâdâna  (v.  7,  p.  18-19).  —  h'âtma- 
vâda,  c'est  la  personne  même,  Vâtmabhâva,  ce  relativement  à  quoi 


1.  Vasubandhu  donne  ici  l'explication  Sautrantika  de  Vupâdâna  ;  thèse  Vai- 
btiâsika,  v.  38.  —  Sur  les  quatre  upâdânas,  Kathavatthu,  xv.  2,  Vibhanga,  145, 
Nettipakarana,  41,  Saipyutta,  ii.  3,  Digha,  ii.  58,  Majjhima,  i.  66. 

2.  panca  kâmagunâ  iti  /  kâmyanfa  iti  kâmah  /  ganyanta  iti  gundh  / 
kâmâ  eva  gunâh  kâmagunâh  /  ...  rûpasabdagandharasasprastavydni. 

3.  kukkuragovratâdini  /  âdiéabdena  mrgavratâdlni  grhyante  j  nirgran- 
thâdinâm  /  âdiéabdena  pândarabhiksvâdinâm  grahanam  I  ...  bràhmanâ- 
nâm  dandâjinam  /  pâsupâtânâm  jatâbhasma  /  parivrâjakdnâm  tridanda 
[  ]  I  âdiéabdena  kâpâlikâdlnâm  kapâladhâranâdi  grhyate  /  tatsamâ- 
dânam  éîlavratopâdânam. 

Sur  kukkuravrata,  etc.,  Majjhima  i.  387,  Dîgha,  iii.  6. 

Les  Pândarabhiksus  font  penser  aux  Pandarangaparibbajakas  qui  partagent 
avec  les  Brahmanes  et  les  brâhmanajâtiyapâsanda  les  faveurs  de  Bindusara, 
Samantapasâdika,  44  ;  Mrs  Rhys  Davids  rapproche  le  Pandara[sa]golta  de  Thera- 
gâtha  949. 

Vibhâsâ,  114,  2:  II  y  a  deux  Tîrthakas,  Acela  Srenika  (Acela  Seniya  kukku- 
ravatika  de  Majjhima,  i.  387,  comparer  Nettippakarana,  99)  et  Pûrana  Kodika 
(Punna  koliyaptiUa  govatika).  Ces  deux  Tïrthikas,  en  même  temps,  vont  inter- 
rogeant les  gens  assis  en  réunion,  disant  :  «  Toutes  les  pratiques  difficiles  de  ce 
monde,  nous  deux  nous  les  pratiquons,  étudions,  accomplissons  au  complet.  Qui 
pourrait  en  vérité  prophétiser  la  rétribution  que  ces  pratiques  produisent  ?  ....  — 
Vibhâsa,  48,  4  :  Le  éîlavratopâdâna  est  double,  de  l'intérieur,  de  l'extérieur.  Les 
hommes  de  l'intérieur  (ou  bouddhistes)  qui  s'abusent  en  pensant  que  les  bains 
font  la  pureté,  que  la  pratique  des  douze  Dhutas  suffit  à  la  pureté. 


Hiua9i4sang,  ix.  fol.  20  b-21  a.  87 

on  dit  âtman  '.  D'nprès  une  autre  opinion  ',  VtUtnavùda,  cW  ViUmO' 
drdi  ot  Vasmimatui,  car  cVsl  en  rninon  de  reM  deux  qu'on  dit  ntmam. 
qu'on  affirme  Vntman  (àtmavâcUi)  :  »i  TF^rilure  enqiloie  Ir  mot 
vâda,  «  affirnialion  >,  c'est  parce  que  râ/tHai»n*exi.Hte  pim.  Il  f^t  dit 
en  effet:  «  Le  sot,  l'ignorant,  le  Prllia^jana,  ronronnement  aux 
manières  de  parler  vulgaires,  pense  c  moi  »,  pense  t  mien  »  :  mniJi  il 
n'y  a  pas  là  de  «  moi  »  ou  de  «  mien.  »  '  —  L*ii|i<kiâna  îles  kâfMwi, 
drstiSj  etc.,  c'est  le  chanda,  désir,  et  le  r(%;a.  atlarlifuimt,  à  leur 
endroit.  Comme  Bhagavat  l'a  dit  dans  le  Sarva  *  :  c  Qu*est-re  qiie 
Vupâdâna  ?  C'est  le  chandarâga,  >  * 

En  raison  de  Vupâdâna,  l'acte  qui,  étant  «  accumulé  »,  produit 
une  nouvelle  existence  :  c'est  le  bhava.  Le  Sotra  dit  :  «  Ananda.  l'acte 
qui  produit  une  nouvelle  existence,  telle  est  la  nature  du  bhava.  »  • 

1.  âtmeti  vâdo  *sminn  ily  atmavàdah.  -  Vatmahhdva,  VAtmavOda.  t'mI 
les  cinq  upâdânaskandhas,  comme  il  résulte  du  tf>xte  :  ye  kê  eic  chramamd  Ml 
brâhmanâ  va  âtmeti  snmanupaéyantah  samauupc^yaHti  sarvt  ta  itmàm 
eva  pancopadânaskandhan.  (Chap.  ix.  Irad.  p.  253;  Saipyulta.  iit  46). 

2.  Les  maîtres  «  divergents  »  (i-choai)  de  l'école  Sautrftntika  (Saeki). 

3.  Madhyania,  11,  19.  —  bâlo  bhiksavo  'érutavAn  prthagjnnak  prnjnnpUm 
anupatitah  caksusâ  rûpâni  drstvâ  ...  (Madhyamakavftli.  l.'H  ri  noie). 

Le  bâla,  à  qui  manque  la  prajiiA  «  naturelle  >  (upapattildbhikA)  qui  proTi«nt 
des  traces  d'un  exercice  antérieur  (pûrvâbhyùsavâsanAnirjdtA)  ;  O^HulMMItt* 
à  qui  manque  la  prajnd  qui  uall  de  VEcriiure  (Agamaj A)  ;  pftkaffjama,  à  qak 
manque  la  prajnâ  née  de  Vadhigama,  c'est-ù-<lire  du  satyAbkUamaffa  (vi  17). 

prajnaptim  anupatitas  =  yathâ  satfijnA  yalhâ  ca  vyacakànu  Utikênu» 
gatah.  —  L'expression  parait  manquer  en  Pâli. 

4.  «  Dans  le  Sarva  »,  j'entends  dans  le  Sarva varga.  —  [MaU  on  ne  Irouvr  rien 
de  pareil  dans  le  Sabbavagga,  Sai^iyutla,  iv.  15.]  —  Le  Lotaava  traduit  Ikmmtê 
Cad  las  ;  Hiuan-bang  :  IchOu  king  ;  Parainfirtha  :  i  ts*ie  tch*ou,  «  en  ton»  lieiui  ». 

5.  Samyukla,  29,  7  ;  Samyutta,  iii.  100  :  «  VupAdAna  est-il  la  mène  cImm  q^ 
les  upâdânaskandhas  ?  Il  n'est  ni  la  même  chose  que  les  npûdûnaskmmdlkmê,  wâ 
à  part  des  upâdânaskandhas  :  le  chandarùga  k  leur  endroit,  c'est  Vmpééémm 
k  leur  endroit  (apica  yo  tattha  chandarûgo  lam  iatika  upiMànam)»;  iii.  167  : 
Le  rûpa  est  un  dhamma  upâddniya  [c'eal-à-dire  ot>jrl  iVupAdana,  pfoYfiqnMil 
Vupâdâna]  ;  le  chandarâya  h  son  endroit,  c*e»l  VMpâdntui  k  l'eiidroit  du  rê^m. 
[De  même  pour  les  autres  skandhas];  iv.  80,  même  texte  eo  wpla^ial  Im 
skandhas  par  les  six  indriyas. 

Vyakhya  :  aprâple^u  visayesu  prârihanù  ckatulak  .  prêi^êtfn 

6.  Le  Satra  porte  :  pautmrbhavikatft  [karma]  idam  akm 


88  CHAPITRE  III,  28-29  b. 

En  raison  du  bhava  [21  b],  au  moyen  de  la  descente  du  vijnâna  ', 
la  naissance  (janman)  à  venir  (anâgata),  c'est  lajâti,  qui  comporte 
les  cinq  skandhas,  étant  nâmarûpa  de  sa  nature. 

En  raison  de  la  jâti,  le  jarâmarana  tel  qu'il  est  défini  dans  le 
Sûtra.  ^ 

C'est  ainsi  que,  se  suffisant  à  elle-même  (kevala)  —  c'est-à-dire 
sans  rapport  avec  aucun  âtman  —  se  produit  (samudeti)  cette 
grande  masse  (skandha  =  saniûha)  de  souffrance,  grande  parce 
qu'elle  n'a  ni  commencement  ni  fin.  [x] 

La  théorie  qui  vient  d'être  exposée,  —  d'après  laquelle  les  douze 
membres  sont  douze  états  constitués  par  cinq  skandhas  —  est  la 
théorie  des  Vaibhâsikas  (sa  eva  tu  vaibhâsikanayo  yah  pûrvam 
uktah). 

Qu'est  Vavidyâ  ?  —  La  pas-i;îdi/â,  ce  qui  n'est  pas  vidyâ  (yâ  na 
vidyâ).  —  Impossible  ;  car  l'œil  est  aussi  \)as-vidyâ.  —  L'absence 
de  vidyâ  (vidyâyâ  ahhâvah)  ou  «  ignorance  ».  —  Impossible  ;  car 
une  absence  n'est  pas  une  chose  (dravya)  (iv.  p.  5)  ;  et  Vavidyâ  doit 
être  une  chose,  puisqu'elle  est  cause  (pratyaya).  Donc 

28  c-d.  L'avidyâ  est  une  entité  (dharnia)  à  part,  le  contraire  de 
la  vidyâ,  «  science  »,  comme  non-ami,  non-vrai,  etc.' 

Vyâkliyâ  :  idam  atra  bhavasya  svalaksanatn  svabhàva  ity  arthah. 

Comparer  le  Sûtra  cité  vi.  3  (trad.  p.  131,  note)  :  yal  kim  ciel  veciitam  idam 
atra  duhkhasya. 

VisLiddhi,  575,  moins  précis  ;  Vibhanga,  137,  Cullaniddesa,  471. 

1.  vijnânâvakrântiyogeua.  —  Hiuau-tsang:  vijnânasamtâna°.  —  avakrânti 
=  lieou.  —  avakkauH  du  vintiâna,  Samyiitta,  ii.  Dl. 

2.  jarâ  kataniâ  /  yat  tat  khâlityam  pâlityam  ....  /  niaranam  katamat  /  yâ 
tesâtn  tesâm  sattvânâm  tasmât  tasmâc  cyutis  cyavanam  .... 

Comparer  Majjhima,  i.  49,  Dîgha,  ii.  305,  Viblianga,  99,  Dhammasangani,  644. 
—  A  khâlitya,  calvitie,  correspond  khandicca  qu'on  explique  :  «  Uie  state  of 
being  broken  (of  teeth)  »  (Rhys  Davids-Stede)  d'après  Anguttara,  i.  138  (khanda- 
danta),  Visuddhi,  449. 

3.  vidyàvipakso  dharmo  'nyo  'vidyâmitrânrtâdivat. 

Dans  le  mot  avidyâ,  le  préfixe  nan  a  le  sens  de  virodha  ;  il  donne  des  mots 
qui  désignent  le  vipaksa,  le  pratidvandva  ;  il  n'indique  pas  la  simple  exclusion, 
paryudâsamâtra  ;  il  n'indique  pas  la  simple  absence,  abhâva. 


Hiuat^4«ap%g,  ix,  fol.  21  a-x,  fol.  1  b.  M 

Lo  non-ami  (amitra)  est  le  contraire  île  l'ami,  non  pan  Ir  p«#-affii. 
c\\st-à-(lin>  n'importe  qni  antre  «pie  l'ami,  non  pan  rnWnrr  d  «mi. 
Le  Ha  ou  aatya  est  le  vrai  ;  le  non-vrai  (anfia)  e»t  la  parule  cwt- 
Iraire  à  la  parole  vraie  ;  de  même  le  non-jnste  (ndharmQ),  le  non- 
utile  (anartha),  le  non-à-faire  (akàrya)  sont  le  contraire  du  jiinle. 
de  l'utile,  du  devoir.  ' 

De  môme  Vavidyâ  —  traduisons  :  c  non-srienre  >  —  est  le  rem- 
traire  de  \r  vidyâ,  un  dharma  à  part  (dharmânlarn),  réel.  1^  Solra 
la  définit  comme  cause  des  satfiskâras  :  d'où  il  résulte  cpi'elle  n*e»t 
pas  une  pure  négation.  En  outre, 

29  a.  Parce  qu'elle  est  déclarée  être  <  lien  >  (sntfiyojamt),  etc.  ' 

Les  Sûtras  font  de  Vavidyâ  un  saiftyojana,  ut)  fHindhana,  un 
anusaya,  un  âsrava,  un  ogha,  un  yoga  à  part.  Donc  Vavidifâ  ne 
peut  être  une  simple  absence  ;  elle  ne  peut  être  tout  ce  qui  n'eal  pas 
vidyây  les  yeux,  etc. 

Cependant  le  préfixe  nan  —  l'a  privatif  —  a  un  sens  pejoralil. 
On  appelle  «  non-épouse  »  (akalatra),  c  non-fds  >  (apulra),  la  mau- 
vaise épouse,  le  mauvais  fds.  Ne  devons-nous  pas  penser  que  Vavidffà 
est  une  mauvaise  vidyâ,  c'est-à-dire  une  mauvaise  prajhà  ? 

29  b.  Vavidyâ  n'est  pas  la  mauvaise  prajiiât  parce  que  celle^i 
est  «  vue  »  (daréana).  ^ 

La  mauvaise  prajhâ  (kuprajtiâ)  ou  prajM  souillée  (kUêfa) 
sera  sans  aucun  doute  drsti  (une  des  cinq  mauvaise»  df^^is,  v.  3|. 
Or  Vavidyâ  n'est  certainement  pas  drsti,  car  VavidffA  et  la  dfffi 
sont  deux  samyojanas  distincts.  ' 


1.  Autres  exemples  ;  ayukli,  avyavahara.  amauufffo,  (Sur  iiMflllH^f«,  h. 
p.  126,  1G4,  205). 

2.  safftyojanûdivacanât. 
Voir  V.  p.  73. 

3.  kuprajûa  cen  na  darianal  I  —  Sur  domlmia,  Wi.  1. 

4.  On  a  vu  (ci-dessus  p.  84)  que  les  sols  «  ne  iiiiiiMiMMil  pas  fi 
le  caractère  conditionné  des  dharmaa  *  :  on  peut  tir«r  «le  m 


90  CHAPITRE  m,  29  c-d. 

[Le  Saiitrantika].  —  Vavidyâ  sera  la  prajnâ  souillée  qui  n'est 
pas  drsti  de  sa  nature,  [par  exemple  la  prajhâ  associée  à  rdga  ou 
concupiscence].  —  C'est  impossible, 

29  c.  Parce  que  la  drsti  est  associée  à  Vavidyâ.  [2  a].  * 

En  effet  le  moha,  qu'on  définit  comme  avidyâ  (avidyâlaksano 
mohah),  est  parmi  les  kleéas  mahàbhùniikas  («  passions  qui  se 
trouvent  dans  toute  pensée  souillée  »,  ii.  26  a)  ;  or  tous  les  kleéas 
mahâhhûmikas  sont  associés  entre  eux  ;  donc  Vavidyâ  (sous  le  nom 
de  moha)  est  en  association  avec  la  drsti  (quintuple  mauvaise  drsti) 
qui  est  de  sa  nature  prajnâ  ;  donc  Vavidyâ  n'est  pas  prajhâ,  car 
deux  entités  de  prajnâ  (dve  prajhâdravye)  ne  peuvent  être  asso- 
ciées. 

29  d.  Parce  que  Vavidyâ  est  définie  comme  souillure  de  la 
prajhâ.  ^ 

Le  Sûtra  dit  :  «  La  pensée  souillée  par  le  désir  n'est  pas  délivrée  ; 
la  prajhâ  souillée  par  Vavidyâ  n'est  pas  purifiée  »  \  —  Or  la  prajhâ 
ne  peut  être  souillée  par  la.  prajhâ  :  si  le  désir  est  souillure  (upakle- 

tion  de  Vavidyâ.  Celle-ci  est  antérieure  à  la  drsti  (âtmadrsti  =  satkayadrsii). 
—  Définition  de  Vavidyâ,  p.  75,  92-94. 

D'autre  pari  avidya  =  moha,  ii.  26  a,  p.  161,  iv.  9  c,  v.  20  a,  p.  41. 

[A  vrai  dire,  si  Vavidyâ  n'est  pas  simplement  «  ignorance  »,  simplement  absence 
de  vidyâ  ou  de  prajnâ  correcte,  on  voit  mal  comment  elle  n'est  pas  une  prajnâ 
souillée  ;  si  Vavidyâ  est  autre  chose  que  l'ignorance  du  caractère  conditionné  des 
dharmas,  l'ignorance  de  la  vraie  nature  de  l'existence  antérieure,  etc.,  comment 
ne  se  confond-elle  pas  avec  cette  prajnâ  souillée  que  sont  les  mauvaises  drstis, 
«  vue  du  moi  »,  «  vue  de  l'existence  antérieure  du  moi  »,  etc.  ?  D'autant  plus  qu'on 
admet  à  côté  de  la  «  vue  du  moi  »  raisonnée,  telle  que  les  docteurs  hétérodoxes 
la  peuvent  formuler,  une  «  vue  du  moi  »  naturelle  (sahaja).  —  Noter  que  trois 
drstis  sont  définies  comme  fnoha  (mûdhi)  racine  de  mal  (v.  20  a)]. 

1.  drstes  tatsamprayuktatvât. 

2.  prajnopaklesadeéanât  // 

3.  Samyukta,  26,  30  :  [râgopaklistam  cittam  na  virnucyate]  avidyopaklistâ 
prajnâ  na  visudhyati. 

Sur  la  délivrance  de  la  pensée  souillée,  vi.  77  a,  trad.  p.  299. 
L'Abhidhamma  (par  exemple  Patisambhidâmagga,  i.  21)  connaît  la  visuddhi  du 
sila,  du  citta,  de  la  ditthi. 


HitMn4êaHg,  x.  fol.  1  b-2  b.  91 

sann)  de  la  pensée,  c'est  que  le  désir  iresl  pns  In  peiuiée  ;  ni  VaM^ 
est  souillure  de  la  prnjM,  c'est  que  Vavidya  nesl  ims  prajfUt. 

[Réplique  du  Saulmulika].  —  La  tn-ajùâ  Imuiir  (kwkUa/  peut 
être  mélangée  (vyavaklryamâna)  avec  la  ifrajt\a  »<»udlw  (kU^)  : 
lorsque  les  moments  de  prajhâ  bonne  et  souillée  m  succèdent  — 
De  même,  quand  on  dit  que  la  pensée  souillée  par  le  désir  n'eut  pw 
délivrée,  on  parle  d'une  pensée  (pii  n'est  pas  mVf^ssai rement  asMciée 
au  désir  (râgaparyavoislhUa  =  râgasaffiltrayukla),  mais  cpii  eut 
opprimée  (upahata)  par  le  désir  (Le  désir  n'est  pas  en  artivité, 
samudâcaran  ;  mais  ses  traces  demeurent  et  la  pensée  est  opprimée). 
Quand  l'ascète  écarte  le  désir,  [c'est-à-<lire  en  supprime  l«'s  trace» 
et  répare  le  mauvais  état,  damthtdya,  de  la  pensée],  alors  la  |>ensée 
est  délivrée.  —  De  même  laprajàâ,  souillée  par  Vavidyâ  (mauvaiM 
prajhâ),  n'est  pas  pure  :  elle  est  opprimée,  même  quand  elle  est 
boime,  par  Vavidyâ. 

Qui  pourrait  ',  dirons-nous,  arrêter  un  docteur  dan»  ses  imagina- 
tions ?  Vavidyâ  n'est  pas,  de  sa  nature,  prajhâ,  * 

Le  docteur  qui  soutient  que  Vavidyâ  est  tous  les  kkàas  (2  b)  se 
trouve  du  même  coup  réfuté  '.  —  Si  Vavidyâ  est  tous  les  kMas,  elle 


1.  ko  hi  parikalpayantam  uivartayati.  —  V^yAkhya  :  kalpaHûmàintm 
âgamanirapek.sam  iti  kathayati.  —  Fu-puo  et  P'ou-kcuiang  iip  M>nl  pascTacconl 
si  Vasubuiulhu  prend  ici  parti  pour  le  VaibliA.<}ika  cuntre  le  Satilrtnliku.  Kn 
d'autres  ternies,  ou  bien  Vasubandhu  dit,  comme  son  avia  penMinnel  :  «  Qui  poumul 
arrêter  un  docteur  dans  ses  imaginations  ?  »,  ou  bien  il  donne  la  |wnile  au  V«4- 
bhiiçika.  La  Vyfikhyfi  accepte  la  première  hypothèse.  S«i|ighabh«dra  dil  :  <  l> 
Sautrfintika  dit  que  la  prajfia  bonne  peut  être  mélangée ....»,  et  on  muI  qu'il 
désigne  toujours  et  cite  Vasubandhu  comme  «  I^  Sautrftntika  ».  —  Lm  eoouwm- 
tateurs  chinois  pensent  que  Vasubandhu  rejette  la  théorie  du  roélaiigv  ém  kl 
prajnd  bonne  et  de  la  prajtlA  souillée  ;  mais  que,  cependant,  il  n'admet  pas  <|im 
VavidyA  soit  un  dharma  à  part. 

2.  Hiuan-tsang  :  c  II  y  a  une  chose  à  |»art,  aoidyù,  diiïérentc  de  la  fNti>iié. 
comme  le  rAga  diffère  de  la  pensée.  Cette  dt^trine  est  bonne  ». 

3.  Le  Bhadanla  SrTJabha  dit  :  «  avidyfi,  cVst  la  déaigaaUon  géoéfale  ^  looa 
les  kleéas  ;  il  n'y  a  pas  iYavidyA  à  part  «le  la  roncupwcenee  el  des  aiilfea  kîwtmt 
(avidyeti  sarvctkleéanàm  iyam  samAnyaëamj»*^  /  »•«  r^gûéUkltimtgmUHkêê^ 
vidya  nAmàsii).  —  D'après  le  Sotra  :  «  O  Mahakaufihila,  U  ne  àkemm  pae  jmU 
(na  prajanati),  par  conséquent  on  dit  avidyà  »  [Saipyulla.  Ul  I7f  :  ¥aA#- 


92  CHAPITRE  III,  29. 

ne  peut  être  nommée  à  part  parmi  les  samyojanas,  etc.  ;  elle  ne 
s'associe  pas  (samprayukta)  à  la  drsti  et  aux  autres  klesas  ;  l'Ecri- 
ture ne  doit  pas  dire  :  «  La  pensée,  souillée  par  le  désir,  n'est  pas 
délivrée  »,  mais  bien  :  «  La  pensée  souillée  par  Vavidyâ  ...  »  —  Direz- 
vous  qu'on  s'exprime  ainsi  pour  préciser,  et  que  le  Sûtra  veut  dire  : 
«  La  pensée,  souillée  par  Yavidyâ  qui  consiste  en  désir,  n'est  pas 
délivrée  »  ?  Dans  cette  hypothèse,  l'Ecriture  devrait  préciser  quelle 
est  la  sorte  d'avidyâ  qui  empêche  la  pureté  de  la  prajnâ  :  or  elle 
dit:  «  La  prajnâ  souillée  par  Yavidyâ  n'est  pas  purifiée  ». 

Si  vous  voulez  que  Yavidyâ  soit  un  dharma  à  part,  et  non  pas 
une  certaine  sorte  de  prajnâ,  vous  devez  la  définir. 

Vavidyâ  est  le  non-samprakhyâna  des  (juatre  vérités,  des  trois 
joyaux,  de  l'acte  et  du  fruit.  [Samprakhyâna,  c'est  la  même  chose 
que  prajnâ,  discernement,  ou  jnâna,  savoir].  ' 

Qu'est-ce  que  le  non-samprakhyâna  ? 

Ce  n'est  pas  ipas-samprakhyâna,  ce  n'est  pas  absence-de-saw- 
prakhyâna,  de  même  que  Yavidyâ  n'est  pas  pas-vidyâ  ou  absence- 
de-vidyâ.  C'est  donc  un  certain  dharma  à  part,  le  contraire  du  sarn- 
prakhyâna. 

Fort  bien  ;  mais,  comme  pour  Yavidyâ,  vous  ne  nous  dites  pas  la 
nature  de  Y asamiyrakhyâna. 

Telles  sont  souvent  les  définitions  :  non  pas  définitions  par  la 
nature  propre  ou  essence  (svahhâvapràbhâvita  nirdeéa),  mais  défi- 

kotthito  (ou  Mahâkotfhiko)  ....  avoca  /  avijjâ  avijjâti  âvuso  Sâriputta  vucca- 
ti  ....].  En  effet  tous  les  klesas  sont  de  leur  nature  non-savoir  (ajndnascarûpa), 
car  ils  prennent  les  choses  comme  elles  ne  sont  pas  ( viparitagrahanatasj. 

C'est  la  thèse  de  Harivarman  dans  Nanjio  1274.  —  D'après  Saeki,  Vasubandhu 
vise  ici  Harivarman. 

1.  Ci-dessus  iii.  p.  75,  Samyukta,  12,  21,  18,  3  :  pûrvânte  'jnânam  aparânte  ... 
madhyânte  ...  [buddhadharmasamghar aines o  ...  duhkhasamudayanirodha- 
mârgesv  ...  kusalâkusalâvyâkrtesv  ...  âdhyâtmike  ...  bâhye  'jnânam  j  yat 
kimcid  taira  tatrâjnânam  tama  âvaranam  ...]  —  Voir  Kosa,  ii.  trad.  p.  161, 
où  on  a  avidyâ,  ajiîâna  et  «  non-clarté  ». 

Vibhanga,  85  ;   yani  annânam   adassanam   anabhisamayo  (asam- 

pakkhâna  manque  dans  la  longue  liste  de  synonymes). 

On  trouvera  dans  Rhys  Davids-Stede  (avijjâj  et  dans  Théorie  des  douze  causes, 
6-9,  bon  nombre  de  références. 


Hiu(m48ang,  %,  fol.  2  b-3  a.  M 

nitions  par  refficace  (kannaprabhâvita).  —  Par  exemple,  1*0^1  enl 
«lôfini  :  «  Pur  rûpa  i\\\'\  sert  do  point  «1  nppiii  h  la  ronimi<u(anc«  de 
l'œil  »  :  parce  qu'on  ne  connaît  ce  rûpa  invinilile  cpie  par  induction 
(cliapitre  ix,  trad.  p.  231).  —  [De  môme  la  nature  propre  de  Vauidpà 
est  à  connaître  par  son  acte  (karman)  ou  activité  (kàrilra)  :  cel  acte 
est  de  contrarier  la  vidyâ  ;  elle  eai  donc  un  dlmrma  contraire 
(vipaksa)  à  la  vidyâ]. 

Le  Bliadanla  Dharnialrflla  définit  Vavidyâ  dans  les  temie<i  sui- 
vants :  asmiti  satlvamayatui.  * 

Qu'est  cette  mayanâ  différente  de  VasmimâtM  (v.  10)  ? 

Le  Bhadanta  répond  :  Celle  qui  est  nommée  dans  le  Sûlra  *  :  «  Je 
sais,  je  vois,  —  par  l'abandon  et  connaissance  complète  (prakàna, 
parijnâna)  des  soifs,  des  vues  (drsti),  [3  a]  des  mayanàH^  de» 
attachements  (abhiniveéa)  et  adhésions  (aniiAaya)  à  l'idée?  de  moi 
(àtmagrâha),  à  l'idée  de  mien  (mamayrâha),  à  Vasmimâna  \  — 
sans  ombre  *,  le  Parinirvûna.  »  [Ce  Sûtra  montre  que  la  mayanâ  - 
employons  ici  le  singulier  puisque  c'est  un  genre  —  est  distincte  de 
Vasmimâna]. 

1.  Quel  que  soit  le  sens  de  cette  expression,  on  souhaiterait  être  sûr  de  bi 
lecture.  Il  ne  faut  pas  corriger  sattvamanyanâ. 

Le  Lotsava  traduit  :  na  ho  sfiam  pahi  sems  can  hjug  na.  ce  qu'on  |k»uI  trailvirv  : 
asmUi'Sattvaitt'ayana  ;  et  dans  la  version  du  Sotra  :  hjujç  fw  thasM  emâ  «.♦ 
sarvâyanânâm  [mais  hi  Vyakiiyfi  a  mayanâ,  mayanànàm.  el,  dans  Dhllu. 
pfîtha,  mi  gatau  :  donc  sattva-mayanâK 

ParaniUrlha  a  simplement  lei  (=  maya). 

Hiuan-tsang:  yeou  tsiug  ché  (s'appuyer,  clef  Gt)  ftgo  lei  sing  —  sallra-dlm4* 
érita-maya-tâ  :  lei  donne  très  hien  maya  et  «ifi|;  =  -ta. 

P'ou-kouaug  expliipie  :  lei-sing  (mayatû)  =  ahaifimana. 

Sainghahhadra  explique  maya  dans  le  sens  de  «  aller  [aux  dentiiiéM]  »  ;  re  qui 
est  la  nature  de  maya  est  mayata.  (On  aurait  sattva  imayatà  =  «  !•  i|aalilé 
d'aller  des  ^Ires  ...  »]. 

2   Samyukia,  34,  16. 

3.  ahamkâramamakàramananuMya,  SamyuUa.  iii.  «0,  elr.  ;  tumimàmm, 
asmiti  màna,  iii.  155. 

4.  Le  tibétain  :  grib  ma  med  par  et  le  chinois  où  \ng  (rief  29)  faidiqvMl  m 
original  niéchàya  qui  correspond  au  nicckûta  des  source»  pâlies.  Smt  €•  Mol* 
Rhys  Duvids  et  Stede.  Accompagne  sou%ent  nibbntu,  êUtbkUla,  eU,  :  Toir 
dant  Aàguttara,  v.  65. 


94  CHAPITRE  III,  30  a-b. 

Soit,  il  y  a  une  mayanâ  ;  mais  où  prenez-vous  qu'elle  soit  Vavi- 
dyâ  ? 

Le  Bhadanta  répond  :  Parce  qu'on  ne  peut  identifier  la  mayanâ 
avec  aucun  autre  Mesa,  puisqu'elle  est  nommée  à  part  de  trsnâ, 
drstij  asmimâna.  ' 

Mais  ne  pourrait-elle  pas  être  un  autre  mâna  que  Vasmimâna  ? 
[Le  mâna  est  en  efFet  sextuple  ou  septuple,  v.  10].  —  Cependant  on 
aurait  trop  à  dire  pour  compléter  cet  examen.  Restons-en  là  (tasmât 
tisthatv  état). 

Quant  au  nâmarûpa  ^  le  rûpa  a  déjà  été  expliqué  (i.  9). 

30  a.  Le  nâman,  c'est  les  skandhas  qui  ne  sont  pas  rûpa.  ^ 

Les  quatre  skandhas  immatériels,  vedanâ,  samjnâ,  samskâras, 
vijnâna.  sont  nommés  nâman,  car  nâman  signifie  «  ce  qui  se 
ploie  »,  namatiti  nâma. 

Les  skandhas  immatériels  se  ploient,  [c'est-à-dire  «  sont  actifs  », 
pravartante,  «  naissent  »,  utpadyante],  vers  les  objets  (artha)  en 
raison  du  nom  (nâman),  des  organes,  de  l'objet.  * 

Dans  cette  phrase  :  «  en  raison  du  nom  »,  on  prend  le  mot  «  nom  » 
dans  son  sens  vulgaire,  sarnj hâkarana  (ii.  47  a,  p.  238),  «  désigna- 
tion »,  ce  qui  désigne  et  fait  comprendre  soit  une  collection  (samu- 


1.  mayanâ  punah  sautrântikair  avidyâ  prakârabhinnâ  varnyate,  màno 
va. 

2.  atha  nâmarûpam.  —  Il  conviendrait  d'expliquer  ici  les  samskâras  et  le 
vijnâna  ;  voir  iii.  36  a. 

3.  nâma  tv  arûpinah  skandhâh.  —  Vibhasa,  15,5,  Théorie  des  douze  causes, 
16-18.  -  Voir  ii.  47.  '     * 

4.  C'est  en  raison  du  nom  que  les  skandhas  immatériels  sont  actifs  (pravar- 
tante)  à  l'endroit  des  objets  non  immédiatement  perçus  (apratyaksesv  arthesu)  : 
«  Tel  est  l'objet  [ou  le  sens],  artha,  de  ce  nom  ».  En  raison  des  organes,  les 
skandhas  immatériels  naissent  (utpadyante)  à  l'endroit  des  objets  perçus.  En 
raison  de  l'objet,  les  skandhas  immatériels  sont  actifs  à  l'égard  des  noms  :  «  Tel 
est  le  nom  de  cet  objet  ». 

Comparer  Atthasâlinî,  392,  Expositor,  500-501.  —  Buddhaghosa,  sur  l'origine 
des  noms  ;  Vibhasâ,  15,  5. 


Hiuan-imng,  x,  fol.  S  a-3  b. 

dâyapratyâyaka)  :  t  bœuf,  chevnl.  etc.  ».  iioit  une 

(ekârtha)  :  t  rikpa,  saveur,  etc.  t 

Foun|U()i  le  satrijnâkamna  esl-il  nommé  «  nom  »  ?  —  P«rcç  qiic 
le  samjùâkarana  fait  ployer  (namayatUi  ndma)  lai  «kandhoë 
immatériels  vers  les  objets.  [3  b] 

D'après  une  autre  explication,  les  akandhoê  immalérieU  sont 
nommés  nâman,  parce  que,  lors(|ue  le  corps  se  dissout,  ce»  tkandhaw 
se  ploient,  c  est-à-dire,  vont  vei-s  une  autre  existence.  ' 

Nous  avons  expliqué  le  mdâyalana  (i.  9). 

30  b.  Les  sparéas  sont  au  nombre  de  six.  Ils  naissent  de  In  ren- 
contre. * 


1.  La  Vyakhyfi  cite  à  ce  sujet  un  SOlra  qui  présente  avec  le  .Mal 
de  Saipyutta,  v.  369,  des  variantes  intéressantes  :  mrtasya  khaln 
jnâiaya  imam  pûtikakâyam  agninâ  va  dnhnnti  udttke  va  plavnynnîi  hk^. 
mau  va  nikhananti  vatâtapàbhyâm  va  pnriéosatn  parik^ayntfi  pnrytUl*%natft 
yacchati  !  yat  punar  idam  'ncyaie  cittam  iti  v&  mana  iii  rA  vijikAnam  Hé 
va  èraddhaparihhâvitam  éîlatyâgaérutaprajnaparibkAvitain  tad  flrd*r«- 
garni  bhavaii  viàesagâmy  âyatyâm  svargnpagam. 

Dans  Samyulta,  mention  seulement  du  corps  déchiqueté  et  mangé  |MUr  les 
oiseaux,  etc.  ;  comme  Dîgha,  ii.  295.  —  Voir  Nariman,  HHH.  1914,  i.8&. 

2.  sparàâh  sat  samnipâtajàh. 
Sur  sparéa  voir  Koâa,  ii.  24,  p.  154,  iii.  p.  65.  n.  4,  85  ;  Théorie  des 

causes,  22,  Mrs  Rhys  Davids,  intr.  de  la  trad.  de  Dhamma.HaAgaiii.  68^ 
dium,  12,  14  (awareness  of  tlie  objective  présentation). 

Majjhima,  i.  190  ;  AlthasalinT,  109,  141-2;  Visuddhimagga,  403;  S06;  Madhjra- 
makavftti,  554  (important)  ;  Vijnfinakfiya  (analysé  dons  Eludes  Asiatiques,  198S^ 
i.  370). 

La  kfirikn  définit  ici  la  position  des  SarvAslivadins  :  tandis  que,  d'sprfs  le 
Sautrfintika,  le  sparéa  est  la  €  rencontre  des  trois  »,  d'après  le  Ssirlstivldin 
(comme  d'après  Buddhaghosa,  AtthasfilinT,  109).  le  sparéa  n'esl  pss  U  «  renroolre 
des  trois  »,  mais  l'effet  de  cette  rencontre,  un  dharma  mental  (eailoêUm),  Koim, 
ii.  24. 

Les  «  trois  »  sont  l'œil,  l'objet  et  le  vijùdna.  —  Le  vijikàna  est  pruduil  |mr 
l'œil  et  l'objet  [plus  un  élément  intellectuel,  le  8amanvnkAra\,  IfajjhiaM,  I.  tW^ 
Madhyamakavrlti,  i.  554.  —  La  Ihè.se  Sarvftstivfldin  est  que  le  vi^Mnmfsseiiêmk 
«  pensée  »,  connaît  «  la  chose  tout  court  >  (arthamùtra),  lAndis  «fos  Iss  «  Mt»- 
taux  »  (caitta,  caitusika)  (à  savoir  sparéa,  vefianA,  elr.j  ronnsitstiil,  les  «  parti- 
cularités de  la  chose  »  (arthaHéesa).  -  Th.  Stcherbatski  (Central  roMepUon. 
15,  17,  55)  définit  le  vijn&na  comme  «  the  mitid  viewed  as  a  receptire  fiMitlty. 


96  CHAPITRE  III,  30  b. 

Le  premier  est  le  caksuhsamsparsa,  contact  de  l'œil  ;  le  sixième 
est  le  manahsamsparsa,  contact  du  manas  (Dîgha,  iii.  243,  etc.) 

Ils  naissent  de  la  rencontre  de  trois,  organe,  objet  et  connaissance. 

On  voit  bien  qu'il  peut  y  avoir  rencontre  (samnipâta)  des  cinq 
organes  matériels,  de  leurs  objets  et  des  connaissances  correspon- 
dantes, car  les  trois  sont  simultanés.  Mais  l'organe  mental  ou  manas 
(manodhâtu)  est  détruit  quand  naît  la  connaissance  mentale  (mano- 
vijnâna)  (i.  17  a)  ;  l'objet  de  cette  connaissance  (dharmas)  peut  être 
futur  :  comment  y  aura-t-il  rencontre  des  trois  ?  —  On  dit  qu'il  y  a 
rencontre  parce  que  l'organe  (manas)  et  l'objet  (dharmas)  sont  les 
conditions  causales  de  la  connaissance  mentale  ;  ou  bien  parce  que 
l'organe,  l'objet  et  la  connaissance  produisent  un  seul  et  même  effet, 
à  savoir  le  sparsa. 

Quelle  est,  cependant,  la  nature  du  sparsa  ?  Les  maîtres  ne  sont 
pas  d'accord. 

Les  uns  —  Sautrantikas  —  disent  :  Le  sparsa  n'est  que  la  ren- 


pure  conscioiisness  [ce  qui  rend  bien  l'idée  du  manodhâtu],  pure  sensation 
without  any  content  »,  et  le  sparsa  comme  «  sensation  »,  «  real  sensation  ».  — 
A  ne  pas  sortir  des  définitions  fournies  par  nos  textes  (Koéa,  ii.  34,  p.  177,  n.  5), 
le  vijnâna  saisit  Vupalabhyatâriipa  :  c'est  la  plus  rudimentaire  des  «  gnosies  » 
(comme  disent  les  psychologues),  la  notion  qu'on  perçoit  quelque  chose  ;  mais, 
d'autre  part,  caksurvijnânam  nîlam  vijânâti,  «  la  connaissance  visuelle  connaît 
le  bleu  »  [On  expliquera  sans  doute  que  par  caksurvijnâna  il  faut  entendre  le 
vijnâna  avec  les  caittas,  sparéa,  etc.,  qui  l'accompagnent  nécessairement]. 

[Maung  Tin  rencontre  la  définition  du  sparéa  de  l'Aithasalinï  :  tikasamnipâ- 
tasamkhâtassa  pana  aitano  kâranassa  vasena  paveditattâ  samnipâta- 
paccupatthâno  [phasso]  =  Contact  has  coincidiny  as  manifestation,  because 
it  is  revealed  through  its  own  cause,  known  as  the  coincidiny  of  three  (hasis 
[c'est-à-dire  l'organe],  ohject  and  consciousness).  —  Le  sens  me  paraît  être  :  «  Le 
contact  apparaît,  surgit  (paccupatthâti)  en  raison  du  concours  [Littéralement  : 
a  pour  cause  immédiate  le  concours  :  yasya  samnipâtah  pratyupasthânam  sa 
samnipâtapratyupastkâna  iti],  parce  qu'il  est  senti  («  experienced  »)  en  raison 
de  (et  conformément  à)  sa  cause,  qui  est  ce  (ju'on  nomme  le  concours  des  trois  ». 
D'un  autre  point  de  vue  le  phassa  est  vedanâpaccupatthâna  [=r  yo  vedanâyâh 
pratyupasthânam  sa  vedanâpratyupasthâna  iti]  parce  qu'il  i'ait  surgir  (pacca- 
patthâpeti  =  uppâdeti)  la  vedanâ  ou  impression  agréable]. 


HiucmAsang,  x,  fol.  3  M  a.  97 

contre  même.  D'après  le  Siilra  :  «  L  nrnvée-en»einble,  la  rencontra, 
le  concours  de  ces  dhantUM  |4  a],  c'est  le  êparéa  ».  * 

Les  antres  —  Sarvflslivflilins  —  disent  :  Le  iqtaréa  «it  un  dkarwuk 
associé  à  la  pensée  (Kosa,  ii.  24,  p.  154).  dintinct  delà  rcnronti*'. 
D'après  le  Sfitra  des  six  hexades  '  :  t  Les  six  »ourc«»«  internes  do  la 
connaissance  (àyatana)  (œil.  etc.)  ;  le»  six  source»  externes  de  In 
connaissance  (visible,  etc.)  ;  les  six  connaissances  ;  les  six  êporéat  ; 
les  six  sensations  ;  les  six  soifs.  >  —  Le  Sûtra  connaît  donc  six  npar^ 
éas  à  côté  des  six  catégories  des  âycUanas  internes,  des  âyalanoM 
externes  et  des  connaissances  :  [donc  les  aparéas  sont  des  dharman 
à  part,  car  le  Sûtra  ne  contient  pas  de  répétition  ou  double  emploi). 

Explication  de  ce  Sûtra  par  le  Santrantika.  —  Si  le  Sûtra  ne 
contient  pas  de  répétition,  il  s'ensuit  (|ue  les  sensations  et  les  soifs 
existent  en  dehors  du  dharmàyaiana  qui  est  la  sixième  source 
interne  de  la  connaissance  (objet  du  manan).  Donc  l'indication  à 
part  des  six  Rparéas  ne  prouve  pas  cpie  le  sparAa  soit  autre  choie 
que  la  rencontre  d'œil-visible-rt/nâna.  oreille-son-ri/wâita,  elc 

Réplique  du  Sarvtlstivadin.  —  L'indication  à  part  du  dkarmàffth 
tana  est  justifiée  ;  car.  outre  la  sensation  et  la  soif,  la  notion  (mMtfê- 
jhâ)  et  beaucoup  d'autres  dharmas  rentrent  dans  le  dharmàyaiana^ 
Mais  puisque,  dans  votre  théorie,  le  sparsa  n'est  que  la  rencontre 
des  trois  (organe-objet-connaissance),  connue  il  n'existe  pas  de  grou- 
pe de  trois  qui  puissent  se  rencontrer  en  dehors  des  six  organes- 
objets-connaissances,  après  avoir  mentionné  les  six  organes-objeln- 
connaissances  la  mention  des  six  nparéas  [au  sens  de  <  rencontre  »| 
serait  tout  à  fait  superflue.  Nous  admettons  que  tout  orgajie-objet  ne 
soit  pas  cause  de  coimaissance  ;  mais  toute  connaissance  est  effet 

1.  ya  esâm  dharmânâm  samgatih  aatftnipàtah  samacAifak  na  tpmrim^ 
Sainyiikta,  3,  9;  dans  les  sources  pAlies,  il  ne  faiil  pas  tir»  Upffam  êm^êgmii' 

phasso,  comme  Index  Samyulta,  mais  comme  Saipyiitta.  Iv.  68.  Majjhiois.  LUI: 
yâ  ...  imesatft  tinnant  (IhammCinam  satftgati  Hatftnipàto  âamarûifo  agmm 
vticcati  cakkhusâmphasso.  -  Nellip|mkara9«,  «:C<aclr*Mn«pori^«aw«J«^ii^ 
pâtalnkkhano  phasso.  -  Théorie  des  douze  eautes,  p.  O. 

2.  AtthasalinT,  109  :  lia  s«iw{/ri<iwi«/<aw  eva  phnsno. 

3.  Le  satsaika  dharmaparyâya,  .Majjhimu.  iii.  1**)  (UmchakliAMitta),  tH|r^ 
ui.  243. 


98  CHAPITRE  III,  30  b-d. 

d'organe-objet  :  [donc  la  mention  des  six  sparsas  n'ajoute  rien  à  ce 
qui  précède  si  les  sparsas  ne  sont  pas  des  choses  en  soi],  puisque 
vous  ne  pouvez  soutenir  que  les  deux  premières  catégories  (six  orga- 
nes, six  objets)  visent  les  organes  et  les  objets  sans  relation  avec  la 
connaissance. 

Réplique  du  Sautrantika  [,  le  Bhadanta  SrTlâbha].  —  Tout  œil- 
visible  n'est  pas  cause  de  connaissance  visuelle  ;  de  même  toute 
connaissance  visuelle  n'est  pas  effet  d'œil-visible  \  Donc  ce  qui  est 
défini  comme  sparsa  (sparsahhâvena  vyavasthitam)  dans  le  Sûtra  : 
«  Six  collections  de  sparsas  »,  c'est  les  œil-visible-wjMwa  qui  sont 
cause  et  effet  (yesâm  kâranakâryàbhâvàh)  (Voir  p.  103,  1.  3). 

D'autre  part,  comment  le  Sarvastivadin,  qui  soutient  que  le  sparsa 
existe  à  part  de  la  rencontre  de  Vœï\-\i^\h\e-vijn(ina,  explique-t-il  le 
Sûtra  [4  b]  :  «  L'arrivée-ensemble  (samgati),  la  rencontre,  le  con- 
cours de  ces  trois  dharmas,  c'est  le  sparsa  »?  —  Il  ne  lit  pas  le 
Sûtra  sous  cette  forme  -  ;  ou  bien  il  dit  que  l'expression  est  méta- 
phorique '  :  quand  le  texte  dit  «  l'arrivée  ensemble  »  (samgati),  on 
doit  entendre  :  «  l'effet  de  l'arrivée  ensemble  ». 

Mais  la  discussion  nous  mènerait  trop  loin.  * 

Les  Àbhidharmikas  pensent  que  le  sparsa  est  un  dharma,  une 
entité  à  part. 

30  c-d.  Cinq  sont  sparéa  de  heurt  ;  le  sixième  est  dit  de  dénomi- 
nation. "' 

Le  cahsuhsamsparàay  le  sroirasa}nsparèa,  etc.  —  sparéa  de 
l'organe  visuel,  etc.  —  ont  pour  point  d'appui  (àéraya)  des  organes 

1.  [Voir  iv.  p.  18]. 

2.  Ils  lisent  ya  esâm  diiarmânâm  samgateh  samnipâtât  samavâyât  sa 
sparÉah.  —  Et  non  pas  :  ...  samgaiih  samnlpâtah  samavâyah  ... 

3.  kârane  kâryopacârah.  —  Exemple  classique  :  yathâ  bnddhândm  sukha 
utpâdah  (Dhammapada,  194),  Visuddhimagga,  dans  Warren,  194,  Madhyaniaka- 
vrtti,  70. 

4.  Cette  discussion  est  atihahuvistaraprakâravtsârinï. 

5.  paiica  pratighasamsparéah  sastho  "dhivucanaiwayah  jj 
sparéa  =  samsparéa  (Vyâkhyâ). 


niuan4aang,  x.  fol.  4  a-h.  M 

sapratigha  (i.  29  l)  ;  ils  sont  «lonc  nonimi»  tiparéa  cle  praiigka, 
piTnanl  lour  nom  de  leur  point  d  appui.  ' 

Le  sixième,  mauahsmmparéa  —  le  sparAa  de  rorgnne  nii-nUil  -. 
est  nonnné  adhiva<^anamtftsparéa  *.  Quel  ent  le  »enii  du  Irnnc 
adhivacana?  Vadhivacana  est  le  nom  \  Or  le  nom  eni  par  eicd- 
lence  l'objet  (âlamhana)  du  sparéa  ansociê  ù  la  connaÎHiianre  me«. 
taie.  En  effet,  il  est  dit  :  «  Par  la  connaissance  visuelle,  il  connaît  le 
bleu  ;  mais  il  ne  connaît  pas  :  «  C'est  bleu  »  ;  par  la  connaÎJiHajice 
mentale,  il  connaît  le  bleu  et  il  connaît:  <  Cest  bleu  »  \ 

Le  sparéa  de  l'organe  mental  prend  donc  son  nom  —  êparéa  cle 
dénomination  —  de  son  objet  caractéristicpie. 

D'après  ime  autre  opinion  \  on  tient  compte  du  fait  que  «««ule  la 
connaissance  mentale  est  active  (pravarlale)  à  l'endroit  des  objet* 
(couleur,  etc.),  s'applique  aux  objets,  en  raison  de  l'expression,  de  la 
parole  (adhikHya  vacanam  ==-  vacaïuim  avadhârya)*:  la  connais- 
sance mentale  est  donc  adhivacana.  Le  simràa  qui  lui  est  associé 
est  donc  appelé  adhivacanasamsiïaréa. 

Le  sixième  sparsa  est  de  trois  espèces  : 


1.  pratighasamsparsa,  ainsi  nommé  parce  que  son  Airaffa  (l'organe)  «•!««• 
pratigha  (i^*>  opinion  de  Vibli&^a,  14'.),  3,  que  suivent  Nanjio  1287  et  V—nlwmJliM)^ 
parce  que  son  âéraya  et  son  objet  (âlamhana)  sont  sapratiyha  (t"  opiaioB  il* 
Vibhasâ,  que  suivent  Nanjio  12!S8  et  Sainghabha<ira). 

±  adhivacanasamphassa,  Dîgha,  ii.  (ii  (Warren,  206,  DialoguM,  U.  fiO,  el  un 
essai  de  traduction  dans  Théorie  des  douze  causes,  p.  19,  n.  S),  Vibhaàga.  Û,  — 
adhiveicana,  Dtiuunnasuùgani,  13n(>. 

a.  BliSsya  :  adhivacanam  ttcyate  nâma.  -  Vyakhyl  :  adkffuejfntt  *»#fi«lf 
adhivacanam  /  vân  namni  pravartate  namârthafft  dyolajfaUtif  adkUmem' 
uufft  nâma. 

4.  caksurvijùânena  nilaffi  vijânâti  no  tu  nilam  ili  /  mnm 
nîlam  Ht  ca  vij&nâti  [variante  :  cak^turvijùûnttsaMangl .. 
ntanyi  ....]  —  .Sur  ce  texte,  qui  est  sans  doute  extrait  de  l'AthidliaraM  (Njfijr^- 
liindupDrvapaksasainkçepa,  Mdo  111,  fol.  108  b).  voir  Koél^  L  14  C  MadbyMMàa- 
vj-tti,  p.  74,  note. 

5.  C'est  l'opinion  de  Fa-cheng  dans  Abbidlianiiahplaya  (6»  U),  NAOJio  tfi&  - 
On  a  trailuit  Fa^heng  par  DbarmakTrti.  Uliaruiajina  (Nanjio).  DhftnnolUm  (Taka- 
kusu)  ;  Péri,  Date  de  Vasubandbu.  25,  signale  la  (raiisrripUoo 

6.  Hiuan-tsajig  traduit  :  avec  le  vacana  p<»ur  adkipati  []fraê$mffy 


100  CHAPITRE  III,  31  a-32  b. 

31  a-b.  Sparéas  de  science,  non-science,  autre  ;  qui  sont  respecti- 
vement immaculé,  souillé,  autre. 

Ce  sont  les  sparéas  associés  à  la  vidyâ,  c'est-à-dire  à  la  prajnâ 
pure  (anâsrava)  ;  à  Vavidyâ,  c'est-à-dire  au  non-savoir  souillé 
(klista  ajnâna)  ;  à  la  naivavidyâ-nâvidyâ,  c'est-à-dire  à  la  prajnâ 
bonne,  mais  impure  (kusala-sâsrava),  ou  à  \a  prajnâ  non-définie 
(avyâkrta). 

A  considérer  la  partie  de  sparéa  de  non-science  —  lequel  est 
associé  à  toutes  les  passions  —  qui  est  toujours  en  activité  '\  on  dis- 
tingue les  deux 

31c.  Sparéas  d'antipathie  et  de  sympathie  ^ 

qui  sont  associés,  l'un  au  vyâpâda,  l'autre  à  Vanunaya. 

Le  sparéa,  dans  son  ensemble,  est  triple. 

31  d.  Trois  sparéas,  le  sukhavedya,  etc.  * 

Le  sukhavedya  [5  b],  Vaduhkhavedya,  V asukhâduhkhavedya 
[«  qui  est  idoine  à  l'acquisition  du  plaisir,  ou  bien,  où  le  plaisir  est  à 
acquérir  ....  »].  —  Ces  sparéas  sont  ainsi  nommés  parce  qu'ils  sont 
propices  (hita)  au  plaisir  (sukha),  au  déplaisir,  au  ni-plaisir-ni- 
déplaisir  [c'est-à-dire  :  propices  à  la  sensation  de  [Aaisiv ....  =  suMiave- 

1.  vidyâvidyetarasparéâ  amalaklistaéesitâh  / 

Vibhasâ,  149,  2.  —  Deux  sparsas  :  sâsrava,  anâsrava  ;  trois  sparéas:  knéala, 
akuéala,  avyâkrta  ;  quatre  sparéas  :  traidhâtuka,  adhâtuparyâpanna  ;  etc. 
On  peut  se  placer  au  point  de  vue  du  nlvarana  et  de  son  pratipaksa  (la  passion 
et  son  contrecarrant)  :  sparéas  A'avidyâ  et  de  vidyâ  ;  au  point  de  vue  de  la 
nature  même  du  sparéa  :  sparéa  de  ni- vidyâ-ni-avidyâ  ;  au  point  de  vue  de  ce 
qui  est  plaisant  et  déplaisant  :  sparéas  de  sympathie  et  d'antipathie  ;  au  point 
de  vue  de  l'association  (sarnprayoga)  :  sparéa  agréable,  etc.  ;  au  point  de  vue 
du  point  d'appui  :  sparéas  de  l'œil,  de  l'ouïe,  etc. 

2.  abhîksnasamitdâcârin  =  nityasamudâcârin  (Vyakhyfi). 

3.  vyâpâdânunayasparéau. 

4.  sukhavedyâdayas  trayah  //  —  Gomment  le  sparéa  est  vedanîya,  iv.  49, 
trad.  p.  113. 

sukhavedya  s'explique  :  sukhasya  vedah  sukhavedah  j  siikhavede  sâdhuh 
sukhavedyah  /  sukham  va  vedyam  asminn  ili  sukhavedyah. 


Hiuan-Uang,  x.  fol.  5  a-6  a.  tOl 

danlya  ....]  (Pnnini,  5,  i.i),  ou  bien  parco  niip  •  crU  »  ê»l  iK^ti  ou 
peut  ^Ire  senti  (vedyaie  lad  vedayitutft  Dû  éakyam){Vàt)%m,  3.  i  mn^ 
«  Cela  t,  c'est  la  .sensation,  vedanà,  l^  êporéa  où  «•  Imiivi»  un 
plaisir  à  sentir  (sukîiatfi  vedyam),  c'eitt  un  tpoHa  cpinn  noinm« 
sukhavedya.  Il  s*y  trouve  en  effet  une  vedanà  agréable  (êukha). 

Nous  avons  défini  le  sextuple  aparéa,  sparéa  de  l'œil,  elc 

32  a.  Six  vcdanàs  naissent  du  sparéa,  ' 

On  a  :  vedanâ  née  du  caksiUutatfisparéa,  etc. 

32  a-b.  Cinq  sont  la  vedanâ  corporelle  ;  une  ej^t  la  mentale.  ' 

Les  cinq  vedanâs  qui  naissent  du  sparsa  de  l'œil  et  den  autrm 
organes  corporels,  ayant  pour  point  d'appui  (âéraya)  de»  organe» 
corporels,  sont  corporelles.  La  sixième  vedaïui  nait  du  gparia  du 
nianas  :  son  point  d'appui  est  la  pensée  (ciUa,  cdaa)  ;  elle  est  donc 
mentale  ou  caitasi. 

Le  Sautrantika  demande  si  la  vedanâ  est  postérieure  ou  simul- 
tanée au  sparéa. 

Le  Vaibhaçika  soutient  (jue  la  vedanâ  et  le  sparéa  sont  sinndta- 
nés,  étant  sahahhûhetUy  «  causes  réciproques  >  (ii.  50  c). 

Le  Sautrantika.  —  Comment  deux  choses  nées  ensemble  (êoM- 
panna)  peuvent-elles  être  «  ce  qui  produit  >  (janaka)  et  «  ce  qui  est 
produit  »  (janita,  janya)? 

Le  Vaibha§ika.  —  Pounjuoi  ne  le  seraient-elles  |>as  ? 

Le  Sautrantika.  —  Lors(|ue  deux  choses  naissent  eiwenddp.  com- 
ment le  dharma  «  qui  produit  »  pourrait-il  avoir  quelque  efficace 
(sâmarthya)  à  l'endroit  du  dharma  «  à  produire  »  (jamya),  lequel 
est  déjà  né  ?  [6  a] 

Le  Vaibha§ika.  —  Cet  argument  (sâdhana)  ne  fait  que  répéter  la 

1.  tajjah  çad  vedatiùh. 

La  vedanâ  a  été  expliquée  i.  U,  ii.  Î4  ;  ici  railleur  px|iltqurr«,  non  W  «mcUf» 
flaksana)  de  la  vedand,  mais  ses  e»pèc«»  (prakûro). 
Sur  VcLdukkhasukhâ,  Majjhima,  i.  397. 

2.  panca  kûyiki  caitasi  para  I 


102  CHAPITRE  III,  32. 


thèse  (pratijnâ)  que  deux  choses  nées  ensemble  ne  peuvent  être 
«  ce  qui  produit  »  et  «  ce  qui  est  produit  ». 

Le  Sautrântika.  —  Disons  donc  que,  dans  votre  hypothèse,  il  y 
aura  causaHté  réciproque  (anyonyajanakabhâva)  de  deux  dharnias 
nés  ensemble. 

Le  Yaibhâsika.  —  Mais  ce  n'est  pas  là  un  défaut,  car  nous  admet- 
tons cette  conséquence.  Nous  définissons  le  sahabhuhetu  =  ye 
mithahphalâh  :  «  Les  dharmas  qui  sont  effets  l'un  de  l'autre  sont 
cause  sahahhû  »  (ii.  50  c). 

Le  Sautrântika.  —  Soit,  c'est  votre  système.  Mais  le  Sûtra  con- 
damne ce  système.  Il  dit  :  «  En  raison  du  sparsa  de  l'œil,  naît  la 
vedanâ  qui  naît  du  sparéa  de  l'œil  »  ;  il  ne  dit  pas  :  «  En  raison  de 
la  vedanâ  qui  naît  du  sparéa  de  l'œil,  naît  le  sparéa  de  l'œil  ».  — 
Et  encore  la  thèse  que  «  deux  choses  nées  ensemble  peuvent  être 
cause  et  effet  »,  est  en  contradiction  avec  le  caractère  de  la  cause. 
Il  est  acquis  que  le  dharma  qui  produit  un  autre  dharma  n'est  pas 
simultané  à  cet  autre  dharma  :  la  graine  précède  la  pousse  ;  le  lait 
précède  le  dadhi;  le  heurt  précède  le  bruit;  le  manas  (organe  mental) 
précède  la  connaissance  mentale  (manovijnâna)  (i.  17). 

Le  Vaibhasika.  —  Nous  ne  nions  pas  que  la  cause  soit  parfois 
antérieure  à  l'effet  ;  mais  nous  affirmons  que  la  cause  et  l'effet  peuvent 
être  simultanés  :  l'organe  visuel  et  la  couleur,  et  la  connaissance 
visuelle  ;  les  «  grands  éléments  »  (mahâhhiUas)  et  la  «  matière  déri- 
vée »  (hhautika,  tipâdâya  rûpa). 

Le  Sautrântika.  —  Nous  n'admettons  pas  vos  exemples  :  l'organe 
visuel  et  la  couleur  précèdent  la  connaissance  visuelle  [6  b]  ;  les 
grands  éléments  et  la  matière  dérivée,  qui  sont  simultanés,  procèdent 
ensemble  d'un  complexe  de  causes  antérieures. 

Le  Yaibhâsika.  —  Le  sparéa  et  la  vedanâ  sont  simultanés,  comme 
la  pousse  et  l'ombre.  ' 

D'après  une  autre  opinion,  [le  Bhadanta  Srîlâbha].  —  La  vedanâ 


1.  Le  Sautrântika  ne  réplique  pas,  parce  que  le  problème  de  l'ombre  a  été 
discuté- ii.  50  c,  trad.  p.  253  au  bas. 


Hiuan43ang,  x.  fol.  6  a-b.  108 

est  postérieure  nn  sixiriia.  On  n  tVnhon]  rorgniie  et  rohjft  {prrmm 
moment),  ensuite  la  connaisHniire  (vijMna)  (flnixième  monu^U  :  t^ 
sparsa,  c'est  la  «  rencontre  »,  cVst-à-ilire  la  f|nalit(>  de  caiMe  ri  rfTrl 
(jmUtajnnakahliâva),  de  ces  trois  :  organe  et  objet,  el  conniitJWMiiire  ; 
enfin  (troisième  moment)  la  vedanâ  qui  a  pour  cause  le  ftparia.  ' 

Le  Vail)hfl?ika.  —  Dans  cette  tbêf»rie,  il  n'y  a  pas  vedamà  |mrtoiit 
on  il  y  a  vijiuina  :  car  il  y  a  vijiiâna  an  deuxième  el  an  troinirtm* 
moment,  il  n'y  a  vedanâ  (|u'au  troisième.  Kl  tout  vijMna  n'eul  pas 
sparm  :  car  il  n'y  a  sparéa  qu'aux  deux  premiers  momenU.  * 

SrTlabha.  —  Non  pas.  Une  vedanâ,  ayant  pour  cause  nn  nitnréa 
antérieur,  existe  au  moment  d'un  sparéa  postérieur  :  donc  tout  gparéa 
est  accompagné  de  vedanâ.  ^ 

Le  Vaibbasika.  —  D'après  vous,  il  y  aura  donc  un  sparéa  el  une 
vedanâ  d'objet  différent  et  cependant  sinudtanés  :  une  vedaftA  pro- 
duite par  un  sparsa  antérieur  de  couleur,  existera  an  moment  d'un 
second  sparsa  de  son.  Or  la  vedanâ  produite  par  nn  sparéa  de 
couleur  doit  avoir  la  couleur  pour  objet,  car  la  vedanâ  ne  peut  avoir 
un  objet  différent  de  l'objet  de  la  connaissance  avec  laquelle  elle  est 
associée  [et  cette  comiaissance,  produite  par  la  couleur,  doit  avoir 
pour  objet  la  couleur].  Donc  vous  êtes  forcé»  à  une  conclusion 
inadmissible.  ^ 

SrTlabha.  —  Disons-donc  que  la  connaiss^mce  (vijhâna)  n'est  pas 
toujours  sparsa,  n'est  pas  toujours  acconqiagnée  de  vedanâ.  La 
connaissance  de  la  couleur,  contenq>oraine  au  sitarâa  de  son.  n'est 
pas  sparsa,  mais  est  accompagnée  de  vedanâ.  La  coimaissanre  du 
son  est  sparsa^  mais  n'est  pas  accompagnée  de  vedattà. 

1.  sparéâd  uttarakalaffî  vedanety  aparahl^»ëO  'êau  linaf*(Hifi  «aftiM- 
patah  sparsah  j  ...  l'crfatMl  trtiye  ksane. 

2.  na  sarvatra  vijiiaue  vednnà,  prdpttoti  nn  m  Harvatu  r^Mnap  ^ania^ 
a  nâyatft  dosah  /  pûrvasparéahetuka  hy  uttaratra  tpariê  mdmmé  /  mmm 

sarvatra  vijnAne  vedanû,  prAptwU  sarvam  ca  djuAnam  aparéa^ 

4.  bhinnâlamhanayoh   pûrvaapar^nhetukn    uttaraêru   ëpmféê    vmimmtig 
ayuktam  j   kathatfi  hi    tUiMiùtiyajâtèyàlaMbaitaMparémêmtlMt 
anyalambaua  hhavisyati  /  yena  vu  cHUna  samproffuMé  U»lo 
6and. 


104  CHAPITRE  m,  32. 

Le  Yaibhasika.  —  Cette  théorie  est  incompatible  avec  la  règle 
(niyama)  des  dharmas  universels  (sarvatraga)  ou  mahâhhûmikas 
(ii.  23  c-d).  Cette  règle  établit  que  dix  dharmas,  vedanâ,  sparéa, 
samjnâ,  etc.  sont  associés  à  toute  pensée.  [7  a] 

SrTlâbha.  —  Sur  quelle  autorité  repose  cette  règle  ? 

Le  Vaibhasika.  —  Sur  le  Sâstra  ou  Abhidharma.  ' 

SrTlâbha.  —  Nous  reconnaissons  comme  autorité  le  Sûtra  et  non 
pas  le  Sâstra.  Car  Bhagavat  a  dit  que  le  recours,  c'est  le  Sûtra 
(sûtram  pratisaranam).  ~  Ou  bien  nous  proposons  de  la  doctrine 
des  mahâbhûmikas  une  interprétation  différente  de  la  vôtre. 

Le  Vaibhasika.  —  Quel  est  donc  le  sens  de  l'expression  niahâ- 
hhmnika  ?  ^ 

Le  Sautrântika.  —  H  y  a  trois  hJiûmis,  «  terres  »,  L  savitarkasa- 
vicâra  :  le  Kâmadhâtu  et  le  premier  dhyâua,  2.  avitarkasavicdra  : 
dhymia  intermédiaire,  3.  avitarkâvicâra  :  deuxième  dhyâua,  etc. 
(viii.  23  c)  ;  trois  autres  hhûmis,  kusala,  bonne,  akuéala,  mauvaise, 
avyâkrta,  non-définie  [c'est-à-dire  les  dharmas  bons,  mauvais,  non 
définis]  ;  trois  autres  hhûmis,  de  Saikça,  d'Asaiksa,  de  ni-Saiksa-ni- 
Asaiksa  [c'est-à-dire  les  dharmas  purs  (anâsrava)  de  Saiksa  et 
d'Asaiksa,  et  les  dharmas  impurs  (sâsrava),  ii.  70  c  '].  —  Les  dhar- 
mas mentaux  qui  se  trouvent  dans  toute  cette  hhMmi-ld  (etasyâm 
sarvasyâm  bhûmau),  '  on  les  nomme  mahàbhûmika  [ce  sont  la 
vedanâ,  la  cetanâ,  comme  ii.  24]  ;  ceux  qui  se  trouvent  seulement 
dans  la  hhûmi  bonne  sont  nommés  kusalamahàbhûmika  [ce  sont  la 
sraddhâ,  etc.,  comme  ii.  25]  ;  ceux  qui  se  trouvent  seulement  dans 
la  hhûmi  souillée,  on  les  nomme  klesamahâbhûmika  [ce  sont  Vavi- 

1.  Prakarana,  2,  12. 

2.  Samyukta,  8,  4.  —  Saeki  cite  Nanjio,  1121  (Vinayaksudrakavastii,  voir 
S.  Lévi,  Seize  Arthats,  p.  37)  où  Bhagavat  explique  à  Ànanda  les  quatre  principes 
d'Anguttara,  ii.  167  ;  voir  Koéa,  ix.  trad.  p.  246. 

3.  La  théorie  Vaibhasika  des  mahâbhûmikas  est  exposée  ii.  23  c  et  suivants 
(trad.  p.  150  ;  on  remplacera,  p.  153,  155,  adhimukti  par  adhimoksa). 

4.  Les  asamskrtas  sont  hors  de  cause,  puisqu'il  s'agit  de  caittas. 

5.  Paramârtha  traduit  :  «  dans  les  trois  premières  bhûinis  »  ;  Hiuan-tsang  : 
«  dans  les  premières  hhûmis  »  ;  la  Vyâkhyâ  glose  :  dans  la  hhûmi  savitarka- 
savicâra. 


HiuaH'taang,  x.  fol.  6  b-7  b.  106 

difâ,  etc.  comme  ii.  26],  —  Maw  loii.s  roj»  dharmas  rr^oivml  Imr 
nom  do  mahnbhumika,kuéalatHahât)hthniA'a,  kkéamfthahkumika, 
parce  ({n'ils  peuvent  se  trouver  clann  la  &/it4m<  qui  leur  r^t  propre  : 
il  est  faux  qu'ils  s'y  trouvent  nécesHai rement  loun  à  la  foiii.  1^  cmfaMil, 
par  exenq>le,  existe  dans  toutes  les  &^amM,  comme  aimiii  lamfi/Ail. 
la  celami,  etc.  :  cela  ne  veut  pas  dire  que  loul  état  mental  comporte 
tous  ces  dhannasy  vedanâ,  etc.  ' 

Certains  docteurs  observent  que  la  catégorie  de»  akuàfUatmUtd' 
bhûmikaa,  d'abord  inconnue,  a  été  ajoutée  postérieurement';  le* 
Sotras  en  suggérèrent  l'idée.  ^ 

Le  Vaibbaçika.  —  Si  la  vedanâ  est  postérieurr  au  sparna.  voii«* 
avez  à  rendre  compte  du  Sotra  [7  bj  :  «  En  raison  <!<•  Toil  «i  d»^ 
visibles  naît  la  connaissance  visuelle  ;  la  rencontre  dc^  li"i-  •  ;  le 
siKiréa;  naissent  ensemble  (sahajâta)  la  vedanâ,  la  nmnjha.  In 
cetanâ  ».  * 

Le  Sautrantika.  —  Ce  Sotra  dit  que  la  vedanâ,  la  èavfijàA  et  la 
cetanâ  naissent  ensemble  ;  il  ne  dit  pas  qu'elles  naissent  ensemble 
avec  le  sparsa  :  disons  qu'elles   naissent  ensemble  entre  elles.  * 

1.  te  punar  yaihâsatnbhavam  /  ye  yasyàm  satfîbhavanti  te  temyAtu  jisryê 
yena  ...  —  C'est  la  thèse  exposée  ii.  trad.  p.  IW),  175. 

La  Vyakhyfi  cite  ici  quelques  définitions  du  Pafir».*ikandluika  (de  V«»titNUiiilNl| 
(Mdo,  58)  que  nous  avons  reproduites  ii.  trad.  p.  154.  [il  y  a  un  PkAcaskaudhaka 
de  CandrakTrti,  Mdo,  24]. 

2.  akusalamahâbhûmikâs  tu  pafhaprnsnùgeHa  Aitamj**i^h  (=  adkpa- 
ropitdh  paécât)  /  pûrvatn  na  pathyante  sma. 

Le  Prakaranapfida  en  eflFet  range  les  <  mentaux  »  en  quatre  raUgorira 
bhûmikas,  kusalamahabhûtnikaa,  kleéamahabhiimikas,  paritlal 
ÂMW  (voir  ii.  trad.  p.  151  et  164). 

3.  Le  Sotra  oppose  akuéala  à  kuéala. 

4.  Samyukta,  11,  2,  13.  4  (même  texte  cité  Ko4a,  ix.  (rad.  p.  ÎI5\ 
On  a  Samyulta  ii.  72,  iv.  SS  et  passini  :  cakkhum  ca  patina  r«p«  fa  uffumU 

cakkhuvinndnam  /  tinnatfî  sntnfjnti  phasso  !  pkoêtaptieeaffû  vêdamA  I 
iUipaccayâ  tanhâ  I  ayatn  kho  (hikkheufna  satHudaffO. 

Notre  Sotra,  vraisenihlal>iement,  porte  :  cak^uk  praU^fa 
cak^rvijnânam I  trayânàtfi  satfînipdtah  aparéak  /  takajàêà 
cetanA. 

VijAfinak&ya  dans  Etudes  AsiaUques  (BEFEO,  1M5),  l  870. 

5.  sahajâta  ity  ucyante  na  spariasahajûtd  UL  -  L«  Mtw  fl«  Mà^ls 
n'étant  pas  précisé,  on  peut  comprendre  paratptirmêakajàla,  •  né^m  Tuam  •»•« 
l'autre  >. 


106  CHAPITRE  III,  32. 

Observons  aussi  que  le  mot  «  ensemble  »  (saha)  est  employé,  non 
seulement  pour  indiquer  la  simultanéité  (yiigapadbhâva),  mais  encore 
pour  indiquer  la  succession  immédiate  (samanantara).  Le  Sûtra, 
par  exemple,  dit  :  «  Il  cultive  le  membre  de  la  Bodhi  nommé  mémoire 
allant  ensemble  (sahagata)  avec  la  bienveillance  ».  '  Or  la  bienveil- 
lance, qui  est  toujours  «  mondaine  »,  ne  peut  évidemment  être  simul- 
tanée (samavadhàna)  à  un  membre  de  la  Bodbi  :  car  les  membres 
de  la  Bodhi  sont  toujours  supramondains.  —  Donc  le  Sûtra,  non 
seulement  ne  prouve  pas  que  la  vedand  soit  simultanée  au  sparéa; 
il  ne  prouve  pas  non  plus  que  vedanâ,  samjnâ  et  cetanâ  soient 
associées  et  simultanées  au  vijnâna  (connaissance  visuelle,  etc.). 

Le  Sarvâstivâdin.  —  Mais  le  Sûtra  dit  :  «  Vedanâ,  samjfiâ,  cetanâ^ 
vijnâna,  ces  dharmas  sont  mêlés  (samsrsta)  ;  ils  ne  sont  pas  à  part 
(visamsrsta)  ».  -  —  «  Mêlé  »  signifie  «  né  ensemble  »  (sahotpanna), 
—  De  ce  Sûtra  nous  concluons  (lu'il  n'est  pas  de  vijnâna,  vedanâ, 
samjnâ  ou  cetanâ  qui  ne  soient  simultanés. 

Le  Sautrântika.  —  Mais  quel  est  le  sens  du  terme  samsrsta  ?  On 
lit  dans  le  Sûtra  que  vous  venez  de  citer  ^  :  «  Ce  qu'il  sent  (vedayate), 
il  y  pense  (cetayate)  ;  ce  à  quoi  il  pense,  il  en  prend  notion  (sanijâ- 
nâti)  ;  ce  dont  il  prend  notion,  il  le  discerne  (vijânâti)  ».  '*  En  d'autres 

1.  Samyukia,  27,  25  :  maitrîsahagatam  smrtisamboclhyangam  bhâvayati. 

2.  Madhyama,  58,  12.  —  yâ  vedanâ  ya  ca  samjnâ  [yâ  ca  cetanâ  yac  ca 
vijnânani]  samsrsta  [une  dharmâ  na  msamsrstâh]  —  Saeki  cite  ce  Sûtra  qui 
a  pour  protagoniste  Graml-ko-thi-la  (le  même  à  qui  Bhaguvat  apprend  que  âyits 
et  usmaka  sont  «  mêlés  »,  ci-dessous  p.  107  n.  2)  :  la  rédaction  pâlie,  Majjhima,  i. 
293  (Mahâvedallasutta,  protagonistes  Mahâkotthita  et  Sariputta),  omet  les  mots 
yâ  ca  cetanâ. 

C'est  la  doctrine  de  Dhammasangani,  1193,  que  les  skandhas  de  vedanâ, 
sannâ  et  samkhâra  (=r:  cetanâ)  sont  cittasamsaftha  [c'esl-à-dire  sont  unis  à 
la  pensée  de  leur  origine  à  leur  lin,  Althasâlinî,  49J. 

Sur  samsrsta,  vii.  11  d,  trad.  p.  17. 

3.  tatra  hi  sûtra  ukfam.  —  C'est-à-dire,  d'après  la  Vyâkhyâ,  dans  le  môme 
Sûtra  où  on  lit  ;  «  vedanâ,  samjiiâ,  cetanâ  ....  ». 

4.  On  peut  restituer  :  yad  vedayate  lad  eva  cetayate  j  yac  cetayatc  tad  eva 
samjânâti  /  yat  sarnjânâti  tad  eva  vijânâti.  —  Majjhima,  i.  293  omet  yam 
ceteti .... 

Comparer  Samyutta,  iv.  68  :  phuttho  vedeti  phuttho  ceteti  phuttho  samjânâti. 


Hiitan'lmng,  x,  fol.  7  b-8  a.  107 

tonnes,  une  même  chose  est  l'objet  (nlnmfmna)  de  tfdanû,  cHami, 
f{nwji)â,  viJHfinn.  La  c|iiestioii  »e  ponc  donc  ni  vrdiinn,  ctianO, 
mifijna  sont  tlcclarêes  nu^lêe»  (ëatfutrMa)  pnrce  *\it'p\\pn  oui  mMne 
objet  —  c'est  notre  opinion  —  ou  parce  t\\ic\\pn  «ont  f»iniiittiin<«^, 
comme  vous  le  dites. 

Le  Vaibha?ika.  '  —  Le  terme  j?at;i«r^  s'entend  de  rhoî»ej*  nimul- 
tanées.  Il  est  dit  en  effet  que  la  vie  (nyuti)  et  la  rhalrur  (îutmnkn) 
sont  sanvsrsia,  '  Elles  ne  peuvent  être  satftsfsUi  cpie  par  Aiinullaïu-dé, 
non  par  le  fait  (pi'elles  auraient  un  objet  commun,  puis4|u*elles  n'onl 

pas  d'objet D'ailleurs  le  Sntra  dit  :  c  La  rencontre  des  trois  est  le 

sparsa  ».  Comuienl  y  aurail-il  vijhâun  sans  cpi'il  y  ait  rencontre 
des  trois  ?  conunent  y  aurail-il  rencontre  des  trois  sons  qu'il  y  ail 
sparsa  ?  Donc  tout  vijnmia  est  accompagné  de  sparéa  (8  a]  el  loul 
sparéa  est  accompagné  de  vedanâ,  etc. 

Mais  la  discussion  nous  entraînerait  trop  loin.  Revenons  à  noire 
sujet. 

Nous  avons  expli(iué,  sommairement,  la  vedanâ  mentale  ^coi/oirl/ 

32  c-d.  Celte  même  vedand  est  de  dix-huit  espèces  en  raison  des 

manopavicârcuf.  ' 

1.  D*après  lu  VySkhyîl,  ceci  est  une  rô(»lif|iie  de  Vn.HiilmiuUiti  :  oeOrjfO  akn. 

2.  Le  Sotru  esi  cite  viii.  3  r,  Irud.  p.  137,  n.  4.  I^  rfiriiiiile  manque  Majjhioui, 
i  2î)5.  —  Sur  Vâyu6  et  Vusmaii  (usmaka),  ii.  Irud.  p.  215. 

3.  pttnaé  câstadaéavidhâ  sa  matwpavicûratak  // 

Les  sources  pâlies  connaissent  les  six  8omafia»fHpac9CàraH^  (lomamasMépa' 

ricâras,  upekkhfipavicâras  (DTgliu,  iii.  244.  Majjliima.  iii.  2IH,  VihImAga,  **l. 

\''.)  :  cakkhunfi  nlpafn  diavâ  somannasatthaniyatft  rûpam  npaHemwuU  .^ 

mauasù,  dhammam  linùaya  aouinunssatthAniffatu  dkammam  Hparérarttli . 

mais  elles  ignorent  le  mot  maim-upavicdra,  comme  «ttsa!  la  Mal)ll\yul|i«Hi. 

Réduction  sttnscrite:caAc^Mfa  riipùni  dfttfvùsatimanasyastkAHijf<ini  ritpé^g 
upavicaraii ....  maifO^A  dharmAn  vijndya  snumanaMffaëlhûmtffûm  dkmtmûm 
upavicarati. 

Le  Bhtisyu  contient  une  explication  grammaticale  <pii  dispwnUl  4uM  UmIm  !■• 
Iraduclions,  mais  que  la  Vyakhyfl  reproduit  au  moin»  partieikflicnl  : yiNMl|hMM|l* 
ilhikaranatft  càtra  dra^tavyam  ;  et  rommenle  ;  |>ti rralrûêiédkmm  (&  t,  I)  III 
sakaralopasy&siddhatvàd  ffuno  fia  prapttoii  t  parikûras  lu  /  ty<ar#>t  '^mm 
naU  (6.  9.  106)  ea  drasfavyah  /  Uatsiddham  oMiddkam  iti  f  •!•#  ëiddlmMii 
sakaralopasya  guno  bhavatiisaifa  daéaratki  rUma  iH  yslài.  |0a  •  www 
upai>icArah  =  mana-upavicAra  =  manopavicAra], 


108  CHAPITRE  m,  32  c-d. 

La  vedanâ  mentale  comporte  dix-huit  variétés,  parce  qu'il  y  a  six 
upavicâras  de  satisfaction  (saumanasya),  six  de  dissatisfaction 
(daurmanasya),  six  d'indifférence  (upeksâ)  (ii.  7)  :  upavicâras  de 
satisfaction  relatifs  aux  visibles,  aux  sons,  aux  odeurs,  aux  saveurs, 
aux  tangibles,  aux  dharmas  ;  de  même  pour  les  upavicâras  de 
dissatisfaction  et  d'indifférence. 

Comment  distingue-t-on  ces  dix-huit  ?  Cette  question  se  pose,  car 
à  considérer  leur  nature  propre,  leur  qualité  d'être  vedanâ,  les  upa- 
vicâras sont  trois  :  de  satisfaction,  de  dissatisfaction,  d'indifférence  ; 
à  considérer  leur  qualité  d'associés,  ils  sont  un,  étant  tous  associés 
à  la  connaissance  mentale  ;  à  considérer  leur  objet,  ils  sont  six  :  ayant 
pour  objet  les  visibles,  les  sons,  etc.  —  Répondons  qu'il  faut  tenir 
compte  en  même  temps  des  trois  données.  ' 

Il  n'y  a  pas  variété  dans  l'objet  (asamhhimiâlambana)  des  quinze 
premiers  upavicâras  :  l'objet  du  rnanopavicâra  relatif  aux  visibles 
est  seulement  les  visibles  ....  Mais,  quant  aux  trois  dharmopavicâras 
—  les  trois  upavicâras  (satisfaction,  etc.)  relatifs  aux  dharmas  — 
on  distinguera  :  ils  peuvent  porter  sur  les  dharmas  distincts  des  cinq 
objets  des  sens  ;  dans  ce  cas,  leur  objet  ne  présente  pas  de  variété, 
n'est  pas  mêlé  (asamhhinna,  amisra)  ;  ils  peuvent  porter  sur  une, 
deux,  trois  ....  six  catégories  de  dharmas  (visibles,  audibles,  .... 
dharmas)  ;  dans  ce  cas,  leur  objet  est  mêlé.  ^ 


1.  Cette  chose  (dravya)  qu'est  la  vedanâ  mentale,  d'une  seule  sorte  en  tant 
qu'associée  à  la  connaissance  mentale,  est  triple  par  la  triple  variété  de  sa  nature, 
satisfaction,  etc.  ;  et  chacune  de  ces  trois  est  sextuple  par  la  variété  de  l'objet, 
visibles,  etc.  —  On  a  donc  1  X  ^  X  6  =  18. 

2.  Le  Bhâsya  dit  simplement  :  trayo  dharmopavicârâ  ubhayathâ.  —  Nous 
traduisons  la  Vyâkhyâ.  —  La  source  est  Vibhasâ,  139,  8.  [Lorsque  le  dharma' 
'inanopavicctra  a  pour  objet  sept  sortes  de  dharmas  —  les  six  âyatanas  internes 
(œil  ...  mana-âyatana)  et  le  dharmâyatana  externe  —  soit  d'ensemble,  soit 
non  d'ensemble,  son  objet  est  non  mêlé  ;  lorsqu'il  a  pour  objet  ces  sept  dharmas 
(soit  d'ensemble,  soit  non  d'ensemble)  plus  un,  deux,  ...  cinq  des  objets  extérieurs 
(visibles,  etc.),  son  objet  est  mêlé].  —  Même  doctrine  au  sujet  des  smrtyupasthâ- 
nas  :  le  kâyasmrtyupasthâna  est  d'objet  non-mêlé,  ne  portant  que  sur  le  corps  ; 
le  dharmasmrtyupasthâna  est  d'objet  non  mêlé,  ou  d'objet  mêlé  (sarnhhinna^ 
misra)  ou  universel  (samasta),  vi.  15  c,  trad.  p.  162. 


Hi%um49ang,  x»  fol.  8  a-b.  tM 

Quel  est  le  sens  de  rexpresAioii  immapovieàra  ?  Pourquoi  loi 
diverses  sortes  de  sensation  mentale  |.HatiAfartion,  etc.)  «ont-dlcii 
nommées  manopavicârcui  ? 

Les  V'aibha^ikns  disent  à  tort  :  <  Parce  (|uc  len  «atiJifactinn.  iltn* 
satisfaction,  indiiïéronce,  s*appnient  sur  le  manoë  pour  prendre  pour 
objet  (upavicaranti  ^  âlmnbante)  les  visibles,  etc.  ».  '  D'aprè»  une 
autre  opinion  [8  bj  :  «  Parce  cpie  les  satisfaction,  diitsattufaction. 
indifférence,  font  que  le  manas  re-considère  (uitavicàraifamU)  lesn 
visibles,  etc.  »  ^  Car  c^est  en  raison  de  la  sensation  (vedanà  de  salin* 
faction,  etc.)  que  le  manas  considère  à  plusieurs  reprises  les  visibles*. 
etc. 

Objections  ou  difficultés.  1.  Pourquoi  ne  pas  définir  la  vedanâ 
corporelle  (kâyiki)  comme  manopavicâra  ?  —  Sans  doute  la  vedanà 
corporelle  a  pour  point  d'appui  le  inanaSf  mais  elle  a  aussi  pour 
point  d'appui  l'organe  matériel  (œil,  etc.).  Elle  est  exempte  de  vikalpa 
(comme  la  connaissance  visuelle,  etc.,  à  laquelle  elle  est  aModée, 
i.  33,  trad.  60)  ;  elle  n'est  pas  davantage  upaticârikà,  [c*esl4-dire 
susceptible  de  «  considération  »,  samtirikâ].  ^ 

2.  Mais  pourquoi  le  sukha  du  troisième  dhyâna  (viii.  9  b),  qui  cal 
tlu  domaine  du  seul  manas,  n'est-il  pas  rangé  dans  les  manopavi* 
câras  ?  —  Les  Vaibha§ikas  disent  (à  tort)  '  :  c  Parce  que.  au  début, 
c'est-à-dire  dans  le  Kilmadlifllu,  il  n'y  a  pas  de  Hukha  qui  H«il  du 
domaine  du  manas  [Dans  le  Kûmadbfltu,  le  sukha  «'st  M'ulenienl 
sensation  corporelle]  ;  parce  qu'il  n'existe  pas  de  duhkhauitfiricâra 
(pii  s'opposerait  au  sukha-upavicâra  que  vous  imaginez  ». 

1.  manah  kila  pratitya  (=  àârUya)  visayàn  upaticaramU  (ùlamhnmiê) 
[saumanasyâdini]. 

Le  mot  kila  indique  que  Vosuhandlni  n'aiceple  paa  ecUft  étjaMloglt. 

2.  Le  préfixe  upa  a  le  seus  de  ré|MHilion  rpuitah  pnna^^  On  a  àom€  : 
vaéena  manaso  vimyesu  punah  pufiar  vieAranat  |SoH  :  yo  mmmm 
rayait  sa  matwpavicârah].  _____       t» 

.3.  Problème  discuté  Vibha^a.  139,  7.  -  U»  npmfteàfiu  tool  pf«F»  à  U 
sensation  mentale:  il  y  a  donc  saHmanasya-itpariHkm.  non  pi 
vicûra. 

4.  Problème  discuté  dans  Vibh&sA.  139,  t. 


110  CHAPITRE  III,  32  c-34  b. 

3.  Mais,  si  les  upavicâras  sont  seulement  du  domaine  du  manas 
(manohhûmika),  vous  avez  à  rendre  compte  du  Sfitra  :  «  Ayant  vu 
les  visibles  par  l'œil,  il  considère  (upavicarati)  des  visibles  qui 
satisfont  (saumanasyasthâmya)  ».  '  La  relation  est  marquée,  dans 
le  Sûtra,  de  l'organe  visuel  et  de  Vupavicâra.  —  Le  Sarvastivadin 
répond  :  1.  Bhagavat  s'exprime  ainsi  parce  qu'il  tient  compte  du  fait 
(ahhisamdadhâti)  que  les  upavicâras  peuvent  être  produits  (ahhi- 
nirhrta)  par  les  cinq  connaissances  sensibles.  Les  upavicâras  n'en 
sont  pas  moins  du  domaine  du  seul  manas  :  de  même,  par  exemple, 
les  asuhhâs  (méditations  du  cadavre  bleuissant,  etc.,  vi.  9),  quoique 
produites  par  la  connaissance  visuelle,  sont  du  domaine  du  manas  : 
ces  méditations,  en  effet,  supposent  le  recueillement  ;  2.  en  outre,  le 
Sntra  dit  :  «  Ayant  vu  les  visibles  ....  »,  il  ne  dit  pas  :  «  Voyant  les 
visibles  ....  »,  ce  qui  justifierait  votre  objection  ;  3.  il  y  a  upavicâra 
des  visibles,  etc.,  sans  qu'on  ait  vu,  etc.  [Par  exemple  on  peut  «  con- 
sidérer »  avec  satisfaction  des  visibles  dont  on  entend  parler].  S'il  en 
était  autrement,  nn  être  du  Kamadbatu  ne  pourrait  «  considérer  » 
les  visibles,  sons  et  tangibles  du  Rilpadhatu  [qu'il  ne  perçoit  pas]  ; 
un  être  du  Rûpadbatu  ne  pourrait  considérer  les  odeurs  et  les  saveurs 
du  Kamadbatu  [9  a];  4.  le  Sûtra  dit:  «  Ayant  vu  les  visibles  ....  il 
considère  les  visibles  »,  parce  que  la  «  considération  »  est  plus  «claire» 
(vyakta)  lorsqu'elle  porte  sur  un  objet  qui  est  «  éprouvé  »  (pratt/a- 
ksîkrta).  Il  n'est  pas  douteux  que,  ayant  vu  le  visible,  on  ne  puisse 
considérer  le  son  [qui  accompagne  (sahacara)  le  visible]  ;  il  y  aura 
là  «  considération  »,  upavicâra,  d'im  audible  non  éprouvé  :  mais  le 
texte,  afin  d'éviter  la  confusion,  met  en  rapport  les  organes  et  les 
objets  qui  leur  correspondent.  '^ 

Les  objets  sont  donnés,  dans  le  Sûtra,  comme  saumanasyashâ- 
nïya,  etc.,  «  tels  qu'ils  produisent  satisfaction,  dissatisfaction,  indif- 
férence ».  Sont-ils  tels  de  leur  nature?  —  Non.  Le  même  objet  est 

1.  Madhyama  22,  ?>.  —  caksusâ  rûpâni  drstvâ  saumanasyasthânîyâni 
Tûpâny  upavicarati. 

2.  yatha  tu  vyaktataram  tathoktam  yathânukûlam  indriyârthavyava- 
cchedatah. 


Hiuan-tmng,  x,  fol.  8  b-U  b.  Ul 

saumanaMhâniya  pour  Tiin,  daunnatM^ffoMàmi^  pour  laulrv. 
Tout  dépend  de  la  <  série  »  (aaU  WMtUAnotf^  MtffCMNfo;,  dm  dii 
lions  de  la  pensée  même. 

Parmi  les  manopavicârm,  coinluen  sont  du  domauH*  du  Kflina- 
dlullu  (kâmapratùtainyuktay  kàmâvacara)  ?  Quel  I)hillii  prennent 
pour  objet  les  manopavicâras  du  domaine  du  KfinmdbAtu?  —  Lai 
mômes  questions  en  ce  qui  concerne  les  deux  autren  DhAtiui. 

33  a-c.  Dans  le  Kflma,  tous  les  manojmvicâroH  ;  tous  ont  pour 
objet  leur  propre  Dbatu  ;  le  Dbatu  «  matériel  »  est  l'objet  de  duiuu*  : 
le  Dhatu  supéi-ieur,  l'objet  de  trois.  ' 

Les  dix-buit  inanopavicârcis  se  produisent  rbez  les  titres  du  KAma* 
dbatu  ;  tous  peuvent  avoir  pour  objet  le  KamadliAtu.  (9  bj  Douie 
d'entre  eux  peuvent  avoir  pour  objet  le  Hnjiadbatu  :  il  faut  excepter 
les  trois  mmwpavicâras  (satisfaction,  dissalisfaction.  indiiïérenci*) 
relatifs  à  l'odeur  et  les  trois  relatifs  à  la  saveur,  puisifue  l«*  ocleum 
ot  les  saveui-s  n'existent  pas  dans  le  Rdpadlifltu  (i.  30  b).  Troi*,  à 
savoir  les  dharma-upavicâras,  peuvent  avoir  |MJur  objet  rArOpya- 
dhatu  ;  non  pas  les  quinze  autres,  puisque  les  visibles,  etc..  n*exi»tent 
pas  dans  l'ÀrQpyadbatu  (viii.  3  c). 

En  ce  qui  concerne  le  Rflpadbatu,  il  faut  distinguer  les  deux  pre- 
miers dhyânas  et  les  deux  derniers. 

33  c-34  b.  Dans  deux  dhyânas,  douze.  Tous  ont  pour  objet  le 
Kamadbatu  ;  huit,  leur  propre  Dbatu  ;  deux,  l'ArOpya.  ' 

Mantpient  dans  le  ROpadlialu  tout  entier  les  N/MricvinM  «le  di*- 
satisfaction   (daurmanasya).   Dans    les   deux    prennent 


1.  kàme  svâUiwbanâh'sarce  rûpi  dvàâaâagcearak 
trayûnâm  uttarnh 

2.  (Ihyânadvaye  iIvâdaAa  kû m€iuàh  II  éro  *ffAlaiiiè«fMl«  < 
Le  Bhfi^yu  explique  roiiimeiit  il'âiiMi|ra  i^iiifi»  «  pTMMUil  pBtir  «èjel  U  fUmm  ». 

—  D'après  le  Ulsava  :  «  Le  raol  ga  lOgiiill*  «  preiuuit  pour  olfjtl  »,  rwt  émm 
l'expression  :  Gimmenl  va-l-il  ?  Il  va  ainsi  ».  —  Cet!»  gîoM  «al  vmàm  f/mr  P*m- 
m&rtlia  et  Hiuan*tsaog. 


112  CHAPITRE  III,  33  c-35. 

existent  six  upavicâras  de  satisfaction  (saumanasya)  et  six  d'indif- 
férence. Ces  douze  peuvent  avoir  pour  objet  le  Kâmadhâtu.  Huit 
d'entre  eux  peuvent  avoir  pour  objet  le  Rûpadhâtu  :  il  faut  excepter 
les  upavicâras  relatifs  à  l'odeur  et  à  la  saveur.  Deux  peuvent  avoir 
pour  objet  l'ÂrQpyadhatu  :  les  dharmopavicâras  de  satisfaction  et 
d'indifférence. 

34  b-d.  Mais,  dans  les  deux  autres  dhyânas,  six.  Le  Kâma  est 
l'objet  des  six  ;  leur  Dhatu,  de  quatre  ;  le  Dhatu  supérieur  d'un.  ' 

Manquent  dans  les  deux  derniers  dhyânas  les  upavicâras  de 
dissatisfaction  et  de  satisfaction.  Restent  les  six  upavicâras  d'indif- 
férence qui  ont  pour  objet  les  visibles,  sons,  odeurs,  saveurs,  tangibles 
et  dharmas  du  Kâmadhâtu  ;  les  visibles,  sons,  tangibles  et  dharmas 
du  Rûpadhâtu  ;  les  dharmas  de  rÀrûpyadhâtu. 

En  ce  qui  concerne  l'Ànlpyadhatu,  il  faut  distinguer  le  recueille- 
ment liminaire  de  Y âkâ^ânantyâyatana  et  les  recueillemeiUs  qui 
suivent  : 

35  a-c.  Dans  le  stage  liminaire  de  l'ÀrQpya,  quatre  ayant  pour 
objet  le  Rûpa,  un  ayant  pour  objet  le  supérieur.  Dans  rArûpya 
proprement  dit,  un,  qui  a  pour  objet  son  propre  Dhatu.  " 

L'expression  de  la  karika,  arûpisâmanta,  signifie  âkâsânantyâ- 
yatanasâmantaka  (viii.  22).  —  Se  produisent  dans  ce  recueillement 
quatre  upavicâras  :  upavicâras  d'indifférence  (upeksâ)  à  l'endroit 
des  visibles,  sons,  tangibles  et  dharmas  du  quatrième  dhyâna.  — 
Ceci  est  l'opinion  des  maîtres  qui  pensent  que  la  pensée  de  ce  recueil- 
lement est  vyavacchinnâlamhana,  c'est-à-dire  qu'elle  considère  les 
visibles,  les  sons,  etc.,  à  part.  D'après  d'autres  maîtres,  cette  pensée 
est  paripinditâlamhana  :  elle  considère  la  pentade  des  skandhas 
du  quatrième  dhyâna  sans  établir  de  distinction  ;  pour  ces  maîtres, 

1.  dhyânadvaye  tu  sat  j  kâmàh  sannâtn  caturnâm  sva  ekasyâlambanam 
parah  // 

2.  catvâro  Wûpisâmante  rûpagâ  eka  ûrdhvagah  j 
eko  maule  svavisayah 


ffhutn  f9tmg,  x.  fol.  9  b*10  a.  Ut 

ce  recueillement  ne  comporte  donc  qu'un  M/xi«rfetfrtl  ayant  pouroliffl 
le  quatrième  dkyâna,  à  savoir  le  dharwêopmfieéra  «fol^il 
(mininL^râiamlKnia,  ci-deHHn.H  p.  lOH).  —  Dam  la  ml 
iuenU  à  l't  luiroit  i\v  rArOpyodhatu.  le  neul  dharmopavécâm. 

Dans  rArOpya  propronu'ul  dit  ou  t  principal  »  (mamla)*,  il  n'y  a 
qu'un  uiKivicâm,  dharmopaviciira,  ayant  pour  objet  TÂrQpyacttiitu. 
[10  a  I  Comme  nous  le  verrons,  la  iiensée.  daiM  len  rerueillemmtj» 
«  principaux  »  d'ÂrOpya.  ne  prend  pa»  pour  objet  le»  DhAtun  infé- 
rieurs (viii.  21). 

35  d.  Tous  les  dix*luiit  sont  aâarava,  impurs.  ' 

11  n'y  a  pas  iVupavio&ra  qui  soit  pur  (anùJnrava). 

\}i\  être  né  dans  le  KamadliAtu  ( kâmadluUuiMpannn)  et  qui  n'a 
pas  pris  possession  de  la  bonne  pensée  (kuéaia  ciiia)  du  «kHnainf  ihi 
Rnpadhatu  [en  pénétrant  dans  Vanâgmnya,  viii.  22:  qui,  à  ph»  înrie 
raison  ne  s'est  pas  détaché  du  KAmadhatu  et  n't»st  pas  entn»  don^  li^ 
dhyânas],  est  en  |>o.ssession  (namanvâgoia  :  ii. .%  b)  :  I.  des  dix-huit 
upavicâras  du  domaine  du  KanuidliAtu  (kâmmih<UHbhûmika); 
2.  de  huit  upavicâroJt  du  domaine  du  premier  et  du  detixième  dkifôma 
(quatre  de  satisfaction,  ipiatre  d'indifférence,  ayant  |iour  objet  vû»ible^. 
audibles,  tangibles  et  dhanna^J.  Les  upavicâras  de  satisfaction  et 
d* indifférence,  ayant  pour  objet  les  odeurs  et  saveum  du  Kâmadhâtu, 
qui  se  produisent  dans  les  dhyânojtf  ne  sont  pas  souillés  [puisque  la 
possesseur  des  dhyâiias  est  détaché  du  KAmadliAtu]  :  donc  IVtrv  m 
question  n'est  pas  muni  de  ces  upavicâras  [car  l'être  d'une  terre 
inférieure  n'est  muni  que  des  dharmoê  souilléa  àm  lerrai  supé- 
rieures] ;  3.  de  quatre  upavicâras  (indifTérence)  du  domaine  des  deux 
derniers  dhyânas  [Même  remarque  que  |>our  2|  :  4.  d'un  upaftéeétrm 
(dharmopavicàra)  du  domaine  de  l'ArOpya.  lui  aussi  s^niillé. 

Quand  cet  être  a  (ditemi  la  iKinne  pensée  du  domaine  du  Kopoilliâtu 
[en  pénétrant  dans  \\niâgamy€^\,  mais  ne  ji'eat  pat  déCadié  du 

1.  Hitian-tsang  ajoute  :  «  De   tnèm*  ^Mî^m  Im  woidlliMiali 
deuxièuif,  ImUiéme  et  quatrième  ArOpya  •. 
±  êarvê  '$fù4aia  êàêraoû^  fj 


114  CHAPITRE  m,  35  d. 

Kamadhatu,  il  est  muni  :  1.  des  dix-huit  upavicâras  du  domaine  du 
Kamadhatu  ;  2.  de  dix  upavicâras  du  domaine  du  premier  dJiyâna  : 
soit  quatre  upavicâras,  souillés,  de  satisfaction,  en  excluant  les 
upavicâras  d'odeur  et  de  saveur,  et  six  upavicâras  d'indifférence 
qui  sont  du  domaine  de  Vanâgamya  ;  3.  quant  aux  autres  dhyânas 
et  à  l'Àrûpya,  comme  ci-dessus. 

D'après  ces  principes  on  décidera  des  autres  cas. 

L'être  qui  est  né  dans  une  terre  de  dhyâna  est  en  possession  d'un 
seul  upavicâra  de  Kamadhatu,  dharmopavicâra  d'indifférence  [10  b] 
associé  à  la  «  pensée  de  création  »  (nirmânacitta,  vii.  49  c). 

Un  autre  docteur.  '  —  C'est  ainsi  que  les  Vaibhasikas  comprennent 
les  upavicâras  ;  mais  nous  entendons  le  Sûtra  d'une  manière  diffé- 
rente. Celui  qui  est  détaché  (vltarâga)  à  l'endroit  d'un  objet,  visible, 
etc.,  on  ne  peut  pas  dire  qu'il  produise  upavicâra  à  l'endroit  de  cet 
objet.  Toutes  les  satisfactions,  etc.  (saumanasya,  etc.),  ne  sont  pas 
des  upavicâras,  quoiqu'elles  soient  impures.  Elles  sont  des  upavi- 
câras quand  elles  sont  «  souillantes  »  (sâmklesika)^,  à  savoir,  suivant 
l'expression  du  Sûtra,  «  lorsqu'on  a  synq)athie  (anumyate),  antipathie 
(pratihanyate),  indifférence  non  précédée  de  connaissance  exacte 
(apratisamkhyâya  upeksate)  ».  Et  c'est  pour  combattre  (pratipaksa, 
prativyûha)  ces  upavicâras  que  sont  enseignées  les  six  «  manières 
d'être  ou  méthodes  perpétuelles  »  (satatavihâra)  ^  :  «  Ayant  vu  les 
visibles  par  l'œil,  il  n'a  pas  sympathie,  il  n'a  pas  antipathie,  il  reste 
indifférent  en  pleine  mémoire  et  conscience  ....  ».  '*  —  Nous  montrons 
que  notre  interprétation  est  juste  en  observant  que  l'Arhat  n'est  pas 

1.  D'après  la  Vyakhyû,  Vasubandhii  ;  d'après  P'oii-kouang,  le  Saiitrûntika. 

2.  sâmkleéika  -=  samklese  bhavah  j  samklesânukûlah. 

8.  saf  satatâ  vihârâh  (satatambhava  =  satata,  vihâra  =  yogaviéesa). 

Dîgha,  iii.  250  (variantes  :  satata,  sattha,  sassata),  281,  Aiigiittara,  ii.  198,  iii. 
279.  —  Samgïtiparyâya,  1.5,  6  ;  V'^il)liâsri,  -%,  15  (ainsi  nommés  parce  que  les  Arhats 
les  pratiquent  toujours). 

4.  caksusâ  rûpâni  drstvâ  naiva  sumanâ  bhavati  nânumyate  /  na  dur- 
manâ  na  pratihanyate  j  upeksako  bhavati  nâbhujati  smrtimân  samprajâ- 
nan  [=  smrtisamprayuktayâ  prajnayâ  pratisamlksamânaJi] 

iipeksako  viharati,  Attliasâlinï,  172. 


Hi%um4mmg,  x,  fol.  10  a-b.  11( 

sans  éprouver  une  .sntisfactinn  donln*  mondain  (ei  par comlqiMnt 
impure,  sâsrava).  nmia  bonne  (kuÂala),  oyanl  pour  objul  le  dkanmn  ' 
[c'est-à-dire  le  diiarmàyiUm%a,  i.  î24,  ou  IVt/fib/(|ama,  ou  râyamii, 
viii.  39  a].  Ce  (|u'il  faut  nrrAler.  cVmI  la  Malii«farlion  cpii.  éUnt 
«  souillante  »,  sâffikleêika,  est  upavicâra,  * 

Les  satisfactions-(lissalisfactions-indifT«'îrence!i,  en  distinguant  cdk» 
(|ni  ont  pour  princijM?  la  concupiscence  (gredhùâriia,  abhiMraàg^ 
^rita)  et  celles  qui  ont  pour  princij)e  la  c  «orlic  »  (nai^kram^), 
font  les  trente-six  «  points  du  Maître  »  (éMrpada),  ainsi  nommé» 
parce  que  cette  distinction  a  été  enseignée  par  le  Maître.  ' 

1.  Quand  i'Arhat  pense  aux  dharmas  qui  conjililuent  le  Bmificlha.  ^mddkm» 
samiânika  dharmas,  il  éprouve  une  Hatisraction  bonM.  Stmtrtshtr  — tiifcrlinw 
ii'esl  pus  interdite  ni  ù  combattre. 

±  Ânaulavarmun  n'accepte  pas  celte  théorie.  -  OU  o'efti  pan  eorrtrt  Cmr, 
dans  le  SQtra,  Bhagavat  ne  dit  {ms  que  les  sstisfseUoos«  elc, 
seulement  quand  elles  sont  souillantes  (sAflêklêiika),  U  dit  «B  «flbl  :  «  O  i 
prenant  point  d'appui  sur  les  six  upavic&ras  de  satinfaction. 
upavicàras  de  dissatisfaction  ;  prenant  point  d'appui  sur  les  sis 
d'indifférence,  al>andonnez  les  npavic&raa  de  satisfsriioo.  Il  j  a,  é 
<Ieux  indifférences,  l'indifférence  re|K)sant  sur  l'unité  ("tfcoteo— fiwtfrrfto;,  tkM- 
férence  reposant  sur  la  variété  (n&nâtva^atftniirUa)  :  piTiMiat  fféUi  dTAffm! 
sur  la  première  abandonnez  la  seconde  »  (ya  im9  faf  êommtUtmêgtfmwiiéMkê 
tân  aéritya  iàn  adhistkâya  y  a  ime  saf  damrmamoêifOfmvieêrûê  IMm  j^m- 
jahlia ...)  o. 

Mais,  dit  Yasomitra,  ce  Sotra  ne  prouve  |ms  que  l«s  saUsIselioas.  tir.,  pmw^nl 
être  upavicâra  sans  être  êàffikleiika.  On  s'appuie  sur  le  sooflUal  I4§«r  (Im^m) 
pour  abandonner  le  souillant  lourd  (guru)  ;  eorome  il  est  dit  :  <  l^e 
est  À  abandonner  en  s'appuyant  sur  le  tuAfia  »K  A  coap  sâr,  le 
jamais  de  purification  (vyAvadùnika).  Nands  (qui  chsssa  le 
|Mir  le  désir  des  déesses]  est  un  exemple.  Aussi  bien  Bhagsval 
abandonne  les  upavicAras  d'indifférence  |»ar  le»  upacieéro»  d'iodiffltim. 

3.  BtiAçya  :  punas  ta  eva  greiikanai^ramifûérifabhmiêmm  pflfliiplflr 
chOstrpadùni  /   tadbheilasya  AAstrà  gamitaMU.  —  |\TliMya,   tW,X  9lm^ 

•.  Majjhinia,  i.  864,  clan»  un  autre  conteste:  yA  'fOM  mpêkké  mémmiêê  Ml- 
naitasita  tam  abhinivajjeîvA  yA  'yam  i^pdUbA  wkmliû  9ÊmllmêiêA  ^  Mm 
erupekhâffi  bhàv€ii. 

h.  Texte  visé  dans  Neltippakarava,  «7  :  «  Le  tmémm,  m  s'apfwjaai  mm  Im^ 
on  abandonne  le  mûna,  e«l  t>on  ikuialn)  ».  D'aptes  le  Misse  lline»  la  self  imnl 
peut  être  bonne,  voir  ci-dejMiou»  noie  3.  jOo  romialt  la  Ikèss  laalfii|«e  ém  ré§n 
expulsé  par  le  rOyo,  CitUviiiuddhipnikaraça.  JASB^  tsm  ^  llH 


116  CHAPITRE  m,  36  a-38  a. 

Les  divisions  du  membre  de  l'existence  (hhavânga)  nommé  vedanâ 
et  que  nous  venons  de  décrire  [11  a],  sont  encore  très  nombreuses. 

Les  autres  membres  de  l'existence  ne  sont  pas  expliqués  ici. 

36  a.  Les  autres  ont  été  expliqués  ou  seront  expliqués  plus  loin.  * 

Le  vijnâna  et  le  sadâyatana  ont  été  expliqués  au  chapitre  premier 
(i.  16,  9)  ;  les  samskâras  et  le  hhava  seront  expliqués  au  chapitre  iv  ; 
la  trmâ  et  Vupâdâna,  au  chapitre  v. 

Nous  avons  dit  (iii.  26)  que  le  PratTtyasamutpada  est  passion 
(kleéa),  acte  (karman)  et  «  chose  »  (vastu). 

36  b-d.  On  explique  que  la  passion  est  semblable  à  la  semence, 
au  Naga,  à  la  racine,  à  l'arbre,  à  la  baie  du  grain.  ^[11  b] 

De  la  semence  naissent  la  tige,  les  feuilles,  etc.  ;  de  même,  de  la 
passion  naissent  passion,  acte  et  «  chose  ». 

L'étang  où  sont  des  Nagas  ne  sèche  pas  ;  de  même  ne  sèche  pas 
l'océan  des  naissances  où  se  tient  ce  Naga  qui  est  la  passion. 

explications  de  l'expression  éâstrpada  ;  Vasubaudhu  adopte  la  première].  —  [En 
tenant  compte  des  trois  époques,  108  upavicâras].  —  Les  chattimsa  sattpadâ 
de  Majjhima,  iii.  217. 

D'après  la  VyfikhyS  :  ta  evâstadaéopavicârâh  ....  «  Ces  dix-huit  upavicâras, 
par  la  distinction  de  ceux  qui  ont  pour  principe  la  concupiscence  et  le  naiskra- 
mya,  font  les  trente-six  points  du  maître  ».  A  comprendre  ainsi,  l'argument  va  à 
prouver  que  les  upavicâras  sont  les  uns  bons,  les  autres  mauvais. 

Paramartha  et  Hiuan-tsang  comprennent  :  «  En  outre,  les  satisfactions,  etc. 
(tâny  eva  saumanasyâdlni)  ...  ». 

naiskramya  s'explique  comme  «  sortie  »  (niskrama)  du  samklesa  ou  de  la 
douleur  du  Samsara. 

Sur  gredhâàrita,  naiskramyâérita,  Kosa,  ii.  trad.  p.  106,  iv.  p.  166  ;  Mahfi- 
vyutpatti,  24-5,  1145,  Samyutta,  iv.  232,  Vibhanga,  881,  Milinda,  gehanissita  et 
nekkhammanissita  (trente-six  vedanâs);  Nettippakarana,  87,  comment  la  bonne 
soif  sort  de  la  dissatisfaction,  nekkhammasita.  —  Rhys  Davids-Stede,  nekkham- 
ma,  geha,  gedha  (contamination  avec  les  mots  kâma  et  grha). 

somanassa,  domanassa,  upekkhâ  sont  sevitabba,  aseviiabba,  Dîgha,  ii.  278. 

1.  uktam  ca  vaksyate  cânyat. 

2.  atra  tu  kleéa  isyate  /  bîjavan  nâgavan  mûlavrksavat  tusavat  tathâ  // 
Même  comparaison,  grain  et  baie,  Vyasa  ad  Yogasûtra,  ii.  13. 


I 


Hi%ian4mng,  x.  fol.  10  b-12  9l  117 

L  arbre  dont  la  racine  nwl  pan  coupée  ronliniie  à  pouMief  hm% 
qu'on  PU  roupo  et  romnpr  la  vrrdurr;  dp  mAmr,  aiuwii  lf>ngt«*m|»  ^M 
la  passion,  celle  racine,  nV«l  pan  coupée,  le»  denlinéen  (Qiâê9)  cooli- 
nnent  de  croître. 

L'arbre  donne  à  des  époques  diiïérenlen  la  fleur  et  l<»  rniil  :  àf> 
même  ce  nVsl  pas  en  une  fois  que  la  pannion.  cet  arbrr.  donm»  la 
passion,  Fade  et  la  «  chose  >. 

Le  grain,  même  inlacl,  ne  germe  pan  quand  il  esl  dépouillé  dp  na 
baie  ;  de  même  lacté  doit  être  associé  à  celle  baie  iprenl  la  paimion 
pour  fnictifier  en  une  nouvelle  existence. 

37  a-b.  L'acte  est  semblable  au  grain  revêlu  de  la  baie,  à  l'herba, 

à  la  fleur.  ' 

L'acte  est  semblable  au  grain  muni  de  sa  baie.  Il  enl  M>mblable 
à  l'herbe  qui  meurt  (piand  le  fruit  est  nuir  :  de  même,  quand  l'acli» 
une  fois  a  nu'iri,  il  ne  mûrit  plus  davantage.  Il  est  semblable  k  la 
fleur,  cause  prochaine  de  la  naissance  du  fruit  :  de  même  il  i»?»l  cause 
prochaine  de  la  rétribution. 

37  c.  La  chose  (vastu)  est  semblable  à  l'alimeiil  et  à  la  boi'^'^on 

L'aliment  et  la  boisson  ne  se  reproduisent  pas  en  aliment  el  en 
boisson  :  ils  ne  sont  bons  qu'à  être  consonunés  ;  de  même  la  €  chose  » 
qui  est  rétribution  (vipâka).  De  la  rétribution  ne  procède  pas  une 
nouvelle  rétribution  [  12  a],  car,  dans  celle  hypothèse,  la  délivrance 
serait  impossible. 

La  série  (samtâna)  des  skandhaa,  dans  son  proeeastiactiiiditifMuiP. 
n'est  que  la  succession  des  quatre  «  existences  »  (hkawi)  que  nous 
avons  défînies  (iii.  10  et  suiv.),  aniaràbkana,  lyx^MiINMamB» 
kâlabhava,  maranabhava. 

37  d-38  b.  Parmi  les  quatre  c  existences  »,  leii 

1.  fn^iian^Mavat  karma  lalliOfCONfodà^pit||Mf*ai  / 

f.  tiddhAnnapànavad  voêlm. 

Cette  thèse  est  démontrée  dans  le  aeovièiiie  chspttrr.  tr»a.  p.  SQ. 


118  CHAPITRE  m,  38 


est  toujours  souillée,  et  par  toutes  les  passions  de  la  terre  à  laquelle 
elle  appartient.  ' 

Elle  est  toujours  souillée  (klista),  jamais  bonne  ou  non-définie 
(kuéala,  avyâkrta).  Lorsque  l'existence-naissance  a  lieu  dans  une 
certaine  terre  (hhûmi  :  Kâmadhâtu,  premier  dhycma,  etc.),  toutes  les 
passions  (klesa)  ^  de  cette  terre  la  souillent.  Les  Àbhidhârmikas 
disent  :  «  Parmi  les  passions  (klesa),  il  n'en  est  pas  une  seule  qui  ne 
souille  la  pensée  à  la  renaissance  (pratisamdhihandha)  ;  mais  la 
renaissance  a  lieu  seulement  par  les  passions,  non  pas  par  les  parya- 
vasthânas  dits  svatantra  [,  par  les  jalousie,  égoïsme,  colère,  hypo- 
crisie, qui  ne  sont  associés  qu'à  Vavidyâ]  (v.  47). 

Encore  que  cet  état  —  l'état  de  la  mort  (maranâvasthâ)  —  soit 
corporellement  et  mentalement  [12  b]  «  atone  »  (mandikâ),  ^  lors- 
(pi'une  personne  a  pratiqué  habituellement  certaine  passion,  ^  cette 
passion,  ainsi  «  projetée  »,  entre  en  activité  au  moment  de  la  mort. 

38  c.  Les  autres  «  existences  »  sont  de  trois  espèces.  ^ 

U antardbhava^  le  pûrvakâlahhava  et  le  maranahhava  —  exis- 
tence intermédiaire,  existence  proprement  dite,  existence-mort  — 
peuvent  être  bons,  souillés,  non-définis. 

Les  quatre  «  existences  »  se  produisent-elles  dans  tous  les  Dhatus  ? 

38  c.  Trois  dans  les  ÂrQpyas.  ^ 


1.  tasmin  bhavacahistaye  II 
upapattibhavah  klistah  sarvaklesaih  svabhûmikaih  / 

2.  Le  terme  kleéa  s'entend  des  klesas  et  des  upaklesas,  v.  46. 

3.  cittacaiUasamudâcàrâdyapatutvât.  —  Comme  on  verra,  iii.  42  d,  upcksâ- 
yâm  cyutodhhavau. 

4.  yas  tu  ptidgalo  yatra  kleée  'bhlksnam  (=  satatam)  caritah  (=:  pra- 
vrttahj  âsannamaranakâlasya  tasya  tadânlm  sa  eva  klcsah  samudâcarati 
pûrvâvedhât  (=  pûrvâbhyasât). 

Voir  chapitre  ix,  trad.  p.  296-7. 

5.  tridhânye.  —  Il  semble  bien  que  ceci  ne  soit  pas  tout  à  fait  exact  :  le  premier 
moment  de  Vantarâbhava  est  nécessairement  souillé. 

6.  traya  ârûpyesv.  —  Voir  ci-dessus  p.  32. 


Hiuan-tsang,  x,  fui.  12  n-ia  a.  119 

Kn  omotlnnl  Vatitnrùbhava.  —  Donc  l«i  qimtrf  ritnlriirrA  dmm 
le  Kanmdhalu  el  le  HnpndhAtii. 

Nous  avons  achevé  rexposê  du  Pratîtya^nniutpAiln.  Voynft<»  nuiin- 
tenant  comment  durent  (tinikanii)  \on  Hrt*n  une  foU  n«». 

88  d.  Le  monde  dure  par  laliment.  '  1 13  a) 

c  Un  dharma  a  été  proclamé  par  Hhagavat  qui  .nait  et  voit,  f|ii« 
tous  les  êtres  durent  par  Taliment  »,  tel  est  le  Sotra. 

Il  y  a  quatre  nlimonts,  ralinuMil  en  bouchées  (kavadikéra  âkârn), 
le  sparéa,  la  manahaafficetanâ,  le  vijiïâna.  ' 

L'aliment  en  bouchées  est  grossier  (audàrika)  ou  subtil  (ëêkfma). 
Subtil,  Taliment  en  bouchées  des  êtres  intermédiaire»  (qui  se  fimir- 
rissent  d'odeur,  d'où  leur  n(»m  de  (landharva,  iii.  30  c),  rdiment  de» 
dieux,  l'aliment  des  honunes  du  connnenc(*ment  de  l'âge  coiimiqiie 
(prâthamakâlpika,  iii.  97  c)  —  parce  que  cet  aliment  comme  de 
l'huile  versée  dans  le  sable,  pénètre  tout  entier  dans  le  corpii  el  ne 
donne  pas  d'excrément  (nisyandâbhâvài).  ^  Ou  bien  Taliment  dm 
êtres  subtils  est  subtil,  par  exemple  Têtre  né  de  l'exsudation  (ffàka^ 
etc.),  le  nouveau-né  {bâlaka),  IFêtre  embryoïmaire,]  etc. 


1.  AkArasthitikatft  jaffal  '' 

Samyiiktu,  17,  £>.  Ekoltara,  41.  H. 

Dlgha,  iii.  211  (Sumgnisiiltanta)  :  gabbe  satta  ahùraffkilika 
samkharaithitikâ  ntjatn  kho  Avuëo  tena  bkaguMMjàmmtMpnumîê  mrmkmim 
sammasatfibuddheiia  eko  dkammo  tammadmkkhêêo.  —  1^  mai  4Wi|iftftAr»> 
Hhitika  est  omis  Aùgullara,  v.  50,  55.  -  PatiaaipbhiaA.  i,  Iii 

Madhyainakavrtli,  40,  cite  un  antre  Sotni  :  §ko  dkarma^  MllMMlAOuf*  ^mé 
Hia  eatv&ra  aharàk.  —  Malifiva-Hlii,  iii.  6S. 

La  première  scrlioii  (Ekadharma)  du  Saipgllipttrytya  coanMacv:  •  T«»  k» 
êtres  durent  par  l'aliment  ». 

«.  Saipyukla,  15,  6,  Vibhft^,  1»,  I&.  LokapnijAapti  («imIj^  émm 
bouddhique)  ;  MaliftvyulpatU.  118  ;  BeiU.  Ctro»,  8»  (inïérmÊmtdX 

Dfgha,  uL  ttB  (kabaliikkdro  ùhAfV  9iùHk9  9Û  «MlràMMM  ••  ^) 
48,  961,  SaipyutU,  ii.  9H;  DhamiMaaAgavi.  71.  64«.  AlUMaltel.  1», 
iiiagga,341,  Nettippakarai^a.  114. 

Voir  rUdayisOlra,  KoAa,  ii.  44  d.  p.  «•,  Wii  »  r,  |i.  14a 

3.  mûtrapurifa  absent  chez  les  Uualre  rois. 


120  CHAPITRE  m,  39  a-40  b. 

39  a-b.  L'aliment  en  boucbées,  dans  le  Kama  ;  il  consiste  en  trois 
âyatanas.  ' 

Ne  naissent  dans  les  deux  Dhâtus  supérieurs  que  les  êtres  dépouil- 
lés de  désir  à  l'endroit  de  cet  aliment  ;  donc  cet  aliment  n^existe  que 
dans  le  Kamadhâtu. 

Il  consiste  en  odeurs,  saveurs,  tangibles.  En  effet,  odeurs,  saveurs 
et  tangibles  sont  mis  en  bouchées  (kavada)  —  c'est-à-dire  en  pindas 
—  et  ensuite  avalés  (ahhyavaharana  =  gilana).  Cette  double 
opération  est  faite  par  la  bouche  et  le  nez  qui  séparent  les  morceaux 
(grâsavyavaccheda).  ^ 

Mais  comment  attribuer  la  qualité  d'aliment  aux  odeurs,  etc.,  qui 
se  trouvent  dans  l'ombre  (châyâ)  et  la  lumière  chaude  (dtapa,  i.  10  a), 
dans  la  flamme  (jvâlâ),  dans  l'éclat  [des  gemmes,  etc.]  (prahhâ)  ?  ^ 
En  effet  les  odeurs,  etc.,  qui  s'y  trouvent  (tatratya)  ne  sont  pas  mises 
en  bouchées  et  avalées.  —  D'après  l'Ecole,  la  définition  :  «  L'aliment 
consiste  en  trois  âyatanas  »,  vise  la  généralité  des  cas.  '  [Les  odeurs 
qui  se  trouvent  dans  l'ombre,  etc.,  ne  sont  pas  aliment  ;  mais,  dans 
l'ensemble,  l'odeur  est  aliment].  Mais  ^  nous  pensons  que,  bien  qu'elles 
ne  soient  pas  avalées,  comme  d'ailleurs  elles  contribuent  à  la  durée 
de  l'être  (sthitim  âharanti,  yâpanâm  âharanti),  ces  odeurs  rentrent 
dans  la  catégorie  de  l'aliment  subtil  ;  comme  par  exemple  le  bain  et 
les  onguents  (snânâhhyangavat  ;  voir  i.  trad.  p.  69). 

1.  kavadikâra  âkârah  kâme  tryâyatanâtmakah  j 

2.  kavadikrtyâbhyavaharandt  I  tatpunar  mukhena  ndsikayà  grâsavya- 
vacchedâL 

3.  châyâtapajvâlâprabhâsu  katîiam  dhâratvam.  —  Sur  les  éléments  con- 
stitutifs de  la  molécule,  ii.  22  :  la  plus  petite  partie  du  visible  nonnné  chdyâ 
comporte  odeur,  saveur,  tangible. 

Paramartha  n'est  pas  très  clair  :  «  châyd-âtapa-jvâlâ-prabhd  ces  [odeurs], 
etc.,  comment  aliments  ?  »  ;  Hiuan-tsang  :  «  châyâ-âtapa-(\&mme-îi'oid  comment 
aliments  ?  » 

Hiuan-tsang  traduit  par  un  simple  yeou  (=  punah)  la  phrase  ydny  api  tu 
ndbhyavahriyante,  «  qui  cependant  ne  sont  pas  avalées  ». 

4.  bdhulyena  kila  esa  nirdesah. 

5.  D'après  la  Vyâkhyfi,  Vasubandhu  expose  maintenant  son  opinion  (svdbhi- 
prdya). 


Hiuan4êang,  x,  fol.  13  a-b.  Itl 

Mais  pourquoi  le  rûpàyatana,  le  vij*ib|p  (rmileur  pI  figiirr).  nW-il 
pas  aliment?  En  effet,  on  l'avale  en  IninrlM^. 

39  c-d.  Le  rùpâyntana  n*e»l  pa«  aliment,  car  il  ne  rmirorte  ni 

son  organe  ni  les  délivréî»,  ' 

VM  aliment  [13  b]  ce  qui  conforte  (anugrah)  le»  organe»  H  l«» 
grands  éléments  (mahâbhUta)  i\ui  sont  \v  supiMirt  de«  organe».  Or  le 
visible,  au  moment  où  il  est  avalé  (abhyavaharakalej  —  lonMpir 
Taliment,  introduit  dans  la  bouclie,  est  mangé  (bhujyaU)  —  ne  rcm- 
forle  ni  son  organe,  Tœil,  ni  les  grands  élément^i  qui  sont  le  support 
(le  Fœil.  Il  ne  conforte  pas  non  plus  \es  autres  organe»,  dcHit  il  n'e»t 
pas  Tobjet.  Sans  doute,  aussi  longtemps  qu'un  le  voit,  il  caii»e  plai»ir 
et  satisfaction,  il  conforte  :  mais,  ce  qui  est  confort  et  aliment  émm 
ce  cas,  ce  n*est  pas  le  visible,  c*est  le  aparéa  agréable  qui  a  pour 
objet  le  visible.  L'explication  que  nous  formulons  ici  est  confirméa 
par  le  fait  que  le  visible  agréable  ne  conforte  pas  le»  Délivré»  qui  la 
voient.  [Si  le  visible  faisait  fonction  d'aliment  f(uand  on  le  voit,  il 
conforterait  les  hommes  délivrés  du  désir  de  l'aliment  en  lioiichéaa, 
à  savoir  les  Anftgamins  et  les  Arbats,  conmie  le»  mleurs.  saveur», 
etc.  confortent  ces  mêmes  délivrés  quand  ils  le»  avalent). 

40  a-b.  Le  spar.<a,  la  samceJtanà,  la  fyijiiâ^  dans  le»  Iroi»  Dhfltus, 

(piand  ils  sont  impurs,  sont  aliment  ' 

Le  sparéa,  ce  qui  naît  du  concours  i\vs  trois  (iii.  p.  %);  la 
manahsatficdanâ,  c'est-à-dire  l'acte  mental  ^inâMOMi  lEar«MMi« 
iv.  1  c);  le  vijhânay  c'est-à-dire  le  mjAdmukandha,  ' 

1.  na  rUpAyatatiaffî  tena  svàk^atHuktAnanmgrakûi  II 

Vibhllça,  130,  I.  —  VUihahga,  13.  atthi  rUpam  kabaliékûro  ùkAn  mttH 
rûpam  na  kabalinkaro  âhàro  :  il  »'agit  du  ti^paskandha  ;  \'tL^uhmti*\hu  fmtim 
<lii  rûpàyatana, 

1.  sparéasafftcetan&vijnA  àhArtik  ttUrmnàê  êrifm  I 

viJHÙ,  comme  on  dit  prajnA;  le  sent  9êi9iJûAmt. 

Laliiiient  en  bouchéfM,  éUnI,  di»  sa  Oftlaire,  Im  Iroêe  afto—t  ^mJiw,  ^ 
eaveur  el  de  tangible,  est  évidenirarnl  êéêfWMh  iMÊfiU  l  WÊÊikt  W  tfmrém%  m  mm- 
nahsamcelana  el  le  ri/^na  sonl  lanlôl  impurm  laaIM  par».  Cmk  M«lt«Ml 
quand  il»  sonl  impurs  qu'ils  sonl  alimenl. 

:i.  Le  Lx>Uava  n'explique  pas  le  terme  vijAAna.  Vmtmmêt^hm  TciflifM  far 
manovijnAna^  Hiuan-lsang  par  viJHànatkamdka. 


122  CHAPITRE  III,  40-41  a. 

Pourquoi  ne  sont-ils  pas  aliment  quand  ils  sont  purs  ?  —  Les 
Yaibhâsikas  disent  :  «  Aliment  signifie  :  qui  fait  croître  l'existence 
(bhava)  ;  or,  purs,  ils  ont  pour  effet  la  destruction  de  l'existence  ». 
Doctrine  conforme  à  celle  du  Sûtra,  que  l'aliment  a  pour  effet  de 
faire  durer  (sthiti),  de  faire  aller  (yâpana)  les  «  existants  »  (bhûta), 
de  «  favoriser  »  (anugraha)  les  «  désirant  la  réexistence  »  (samhha- 
vaisin)  ».  *  —  Or  sparsa,  samcetanà  et  vijnâna,  quand  ils  sont 
purs,  ne  produisent  aucun  de  ces  deux  effets. 

«  Existants  »  s'entend  des  êtres  qui  sont  nés  ;  mais  quel  est  le  sens 
de  l'expression  «  désirant  la  réexistence  »  ?  - 

Il  s'agit  de  V antarâhhava,  être  ou  existence  intermédiaire,  que 
Bhagavat  [14  a]  désigne  en  effet  par  cinq  noms  : 

40  c-41  a.  Manomaya,  samhhavaisin,  Gandharva,  antarâhhava, 
[ahhi]nirvrtti.  ' 

L'être  intermédiaire  est  dit  manomaya,  ''  parce  qu'il  est  [)roduit 
par  le  seul  manas  (manonirjâtatvdt),  parce  qu'il  se  constitue  (bhâ- 
vât)  sans  s'appuyer  (anupàdâya)  sur  aucun  élément  extérieur, 
semence,  sang,  fleur,  etc. 

Il  est  dit  sambhavaisin,  parce  que,  de  sa  nature,  il  va  au  lieu  de 
l'existence-naissance  (upapattihhava). 

Il  est  nommé  Gandharva,  parce  qu'il  mange  l'odeur.  ' 

1.  Vyakhy&  :  catvâra  âhârâ  bhûtânàm  sattvânâm  sthitaye  sambhavaisi' 
nâm  cctnugrahâya  j  katame  catvârah  /  kavadlkârâhâra  audârikah  sûksmas 
câhârah  prathamah  /  sparso  dvitlyah  j  manahsanicetanâ  trtîyah  j  vijna- 
nam  âJiaras  caturthah.  (Comp.  viii.  3  c,  p.  139-140). 

Ekottara,  31,  6  :  bhûtânàm  sthitaye  yâpanâyai  sambhavaisinâm  cânugra- 
hâya;  VibhSsâ,  130,  6;  Samyuita,  ii,  11,  Mujjhinia,  i.  261:  cattâro  'me  bhikkhave 
âhârâ  bhûtânâfn  thitiyâ  sambhavesînam  va  anuggahâya  ...  kabalimkâro 
âhâro  olâriko  va  sukhumo  va  .... 

Sur  l'expression  kâyassa  thitiyâ  yâpanâya,  Visuddhimagga,  32  et  autres 
sources  dans  Rhys  Davids-Stede  (yâpanâ). 

sthitaye  =  avasthâpanâya,  anugrahâya  =  punarbhavâya  sambhavâya 
(Vyakhyâ). 

2.  bhûtâ  utpannâh  /  sambhavaisino  'ntarâbhavikâh.  —  Voir  124,  1.  4. 

3.  manomayah  [sambhavaisi]  gandharvas  cântarâbhavah  /  [nirvrttih], 

4.  manomaya,  voir  Kosa,  ii.  44  d,  viii.  3  c. 

5.  Ci-dessus  p.  47. 


HiHantmng,  x.  fol.  13  b-U  «. 

Il  est  nommé  abhinirvrtii,  parce  que  m  nirtrUi,  c*e»l-à-dtfv 
naissance  {janman)  est  en  vue  (abhi'tnukhi)  de  la  na 
ment  dite  (upapaUi,  exi.Htenre-nni.HHnnce).  '  Que  «  abhétUrvfiH  «» 
ôtre  inlermôdinire  »,  rein  résidte  du  Snirn  :  «  Apr^  avoir 
(ahhinirvartya)  un  coq)8  douloureux,  il  nallni  dan»  un  monde 
loureux  »,  '  et  encore  du  Sotrn  qui  dit  :  t  Telle  permmne  a  filMin<lonné 
les  liens  qui  causent  VabhinirvfUi,  sans  avoir  abandonnt*  Icn  iietie 
qui  causent  upapattii^,'  Il  y  a  quatre  cas:  1.  L'ascète  détaché  à 
Tendroit  du  Kamadhatu  et  du  Hupadhatu,  quand  il  est  Anagaiiitfi  *  : 
il  a  abandonné  les  liens  qui  causent  VabhinirvfiH  ou  eiklance 
intermédiaire,  puis([u'il  ne  renaîtra  plus  dans  les  Dbatus  où  Texia* 
lence  proprement  dite  est  précédée  d'une  existiMire  interm«'iliain*  ; 
il  n*a  pas  abandonné  les  liens  qui  causent  VuitapoUi,  rexisleiiee 
proprement  dite,  car  il  renaîtra  dans  rAnipyadhatu  ;  2.  TAnagiinifi 
destiné  à  obtenir  le  Nirvflna  dans  l'existence  intermédiaire  (amiarà' 
parinirvàyin,  iii.  p.  39):  lié  des  liens   A'abhinirvrUi,  délivré  de 

1.  Hiuan-tsung  :  ahhmirvrUi  (k'i,  utpàda),  parce  que,  totimé  ver»  la  BaiMeaca 
future,  il  est  produit  |>our  peu  de  temps. 

2.  ....  un  corps  douloureux  ..»  —  Le  Loi.<vivii  traduit  lus  =  kAifUt 
les  traducteurs  chinois  ont  svabhAva.  —  I^  Vytkhyt  donne  le*  mots 
dhafH  fsaduhkhatvùi)  abhinirvariya. 

3.  Cest  un  SQtru  à  quatre  pointea  (c&tu^kofika)  :  Oëti  pmdgol 
vrttùiatftyojaHatft  prahlnatfi  nopapaUisatfiffojaHam  I  OëU 
prayojanatft  prahitiatft  nàbhinircrttisatfiyojatinm  f  otH  jftup^kkinifVf l(tf* 
prayojatiatfî  prahlnam  upapattiitaipyojaHatft  ca  /  OëU  ffOêf^  mÛhkimitWfiM 
prayojafiatfî  prahlnatft  fwpapattitiatftyojanam, 

Iah  distinction  de  VabhiHircfUi  et  de  Vupapalii  eut  élneidéa  Koéa,  vi  H  tnML 
p.  137.1:38. 

Rhys  Davids  et  Ste<le  ont  groti|>é  beaueoop  de  rérérvneaa  mm  laa  wtoU  «iM- 
nibbatia,  abhinibbatti,  abkinibbaUeH.  Use  des  plus  ialémsaalaa  asi  Sa^ijrwlla. 
iii.  152  (qui  rappelle  un  ptu  la  •  brodansa  »  da  l*UpaaiBliMl). 

Ajoutons  que,  dans  AAguttarn,  il.  1^.  on  a  (outre  l'orMaMbÉf^S  Mifi|^m^WMi 
qui  fait  renaître  dans  !*•  KAitiadliAln]  :  uppali^UlêklHkm  Êm^tlftlmmm  (f«rf%W 
upapnlti)  et  bhavapatilAbhika  aatnyojnHa  :  otHÊm  naeils  caUgoria  e*l  Vakki» 
•tirofttUatrtyojana  de  l'Abhidluiruui  [bhaoa  »  mmlmrëkkmwm  :  rA«taftpiif»w4> 
hbAyi  a  rompu  le  lien  qui  produit  l'MfMiiMiMi,  noa  pas  la  Han  qei  ptedull  la  èa«f«^ 

4.  Les  mots  «  quand  il  mI  Anlgimin  »  aool  ■Iciasalr»*  rar  on  p#«il  m  4ilaclHe 
(les  deux  Dhatus  inTérieurt  par  un  ehamiB  «omlilB,  éoor  d'une  m«ni*fa  ^  e'aal 
pas  définitiva. 


124  CHAPITRE  m,  40  c-41  a. 

Vupapatti  ;  3.  TArbat,  qui  a  abandonné  les  deux  sortes  de  Hens  ; 
4.  toutes  les  personnes  qui  ne  rentrent  pas  dans  les  catégories  précé- 
dentes, qui  n'ont  abandonné  aucune  des  deux  sortes  de  liens. 

D'après  une  autre  explication,  les  hhûtas  (p.  122  1.  9)  sont  les 
Arbats  :  l'expression  sainhhavaisin  désigne  les  êtres  qui  désirent 
(satrsna),  et  qui  par  conséquent  renaîtront. 

Quels  sont  les  aliments  qui  remplissent  ces  deux  fonctions  de  faire 
durer  et  de  «  favoriser  [la  réexistence]  ».  ' 

D'après  les  Vaibbâsikas,  -  les  quatre  aliments  remplissent  ces  deux 
fonctions  [14  b].  ■'  —  Car  l'aliment  en  boucbées  a  pour  résultat  la 
réexistence  (punarhhavâya  samvartate)  de  ceux  qui  y  sont  attacbés 
(tadrâginâm).  Ceci  est  démontré  par  le  Sûtra.  Bbagavat  a  dit  :  «  Les 
quatre  aliments  sont  la  racine  de  maladie-abcès-épine  [Et  par  mala- 
die-abcès-épine, on  entend  les  cinq  upâdânaskandhas  d'une  nouvelle 
existence]  ;  sont  la  condition-causante  (pratyaya)  de  la  vieillesse- 
mort  [Et  la  vieillesse-mort  est  la  vieillesse-mort  de  l'existence  à  venir, 
ci-dessus,  p.  65]  ».  * 

[D'autre  part,  il  est  évident  que  l'aliment  en  boucbées  fait  durer 
les  êtres  vivants].  Mais  comment  la  manahsamcetanâ  possède-t-elle 
ce  pouvoir?'  —  On  raconte  en  effet  qu'un  bomme,  en  temps  de 


1.  anugraJia.  —  Ici,  par  sambhavaisin,  il  faut  entendre,  couibrmément  à  la 
deuxième  explication  (ci-dessus  1.  5),  non  pas  les  êtres  intermédiaires,  mais  tous 
les  êtres  non  libérés  de  la  soif  (satrsna). 

2.  Quatre  opinions  dans  VibhSsa,  130,  1  ;  Vasubandhu  suit  l'opinion  orthodoxe 
(p'îng  kiâ  dit  :  ...). 

3.  On  voit  bien  que  trois  des  quatre  aliments  —  la  manahsamcetanâ,  qui  est 
acte  ;  le  vijnâna  considéré  comme  vijnânablja,  «  la  semence  qu'est  le  vijnâna  », 
que  l'acte  développe  ou  parfume  (karmaparibhâvita)  ;  le  sparsa,  qui  est  associé 
à  l'acte  —  ont  pour  résultat  Vanugraha,  la  réexistence  (anugrahâya  bhavati). 
Mais  comment  l'aliment  en  bouchées  a-t-il  ce  résultat  ? 

4.  Samyukta,  15,  7  :  rogasya  gandasya  salyasya  catvâra  âkârâ  mûlam 
jarâmaranapratyayah  (?)  —  D'après  la  Vyâkhyâ,  les  mots  jardmaranapra- 
tyayah  appartiennent  à  une  autre  rédaction  du  même  Sûtra  (Ekottara,  21,  7).  — 
Vibhasâ,  130,  8.  —  Samyutta,  iii.  189  :  rûpam  rogo  H  gando  ti  sallam  ti  .... 

5.  La  question  concerne  aussi  le  sparéa  et  le  vijnâna,  lesquels  sont  associés 
à  la  manahsamcetanâ. 


Hiwm^êemg,  x,  fol.  U  a.15  a.  Uft 

disette,  désirait  nllrr  dniiA  un  oiitir  pays.  Ma»  il  était  é|Niiiié  par  la 
faim  et  ses  deux  fils  étaient  jeunes.  Sentant  qu'il  allait  mourir.  B 
roniplit  un  sac  de  ctMidroH,  plaça  ce  sac  Aur  un  mur,  et  encoufafM 
s('s  fils  en  leur  disant  que  ce  sac  contenait  «les  grains.  Les  lieux 
enfants,  par  Tespéran'^e,  vt*curent  longtemps.  Mais  un  homme  vint 
qui  prit  le  sac  et  Touvrit.  Les  enfanta  virent  que  retait  «les  eendros» 
et,  leur  espérance  étant  ronq)ue.  ils  moururent.  --  î)e  m^me  on 
raconte  que  des  marchands  firent  naufrage  au  large  ;  tourmentés  par 
la  faim  et  la  soif,  ils  virent  au  loin  une  masse  d*écume  et  crurent  que 
c*élait  la  rive  ;  Tespérance  leur  donna  la  force  de  se  rendre  eu  cet 
endroit  et  prolongea  leur  vie  ;  mais,  arrivés.  iU  surent  rc  que  c'était 
et,  leur  espérance  étant  ronqiue.  ils  mounireuL  '  —  On  lit  dans  le 
SamgTtiparyaya  '  :  «Les  grands  animaux  mariiM  gagnent  la  terre 
ferme,  pondent  leurs  œufs  sur  la  grève,  les  enterrent  «lans  le  sahie,  el 
regagnent  l'océan.  Si  la  mère  garde  le  souvenir  des  œufs,  les  wuh 
ne  pourrissent  pas  ;  si  la  mère  ouhlie  les  œufs,  ils  pourrvwent  >.  — 
Cette  rédaction  ne  peut  être  correcte,  '  car  il  est  impcMsible  que  la 
pensée  d'autrui  [15  a]  soit  un  aliment.  Donc  noiw  devons  lire  :  «  Si 
les  œufs  pensent  à  la  mère,  ils  ne  pourrissent  pas  :  s'ils  oublient  la 
mère,  ils  pourrissent  ». 

Cependant  on  ne  peut  douter  que  tous  les  dharmaJt  impun  (adjmk 
va)  n'accroissent  le  hhava  ou  existence.  Pourquoi  bhagavat  eiuM'igne- 
l-il  que  les  aliments  sont  an  nnnilm'  .!»•  quatre?  —  Parce  qu'il  vise 
l'essentiel  : 

41.  Parmi  les  aliment^,  deux  ont   |MMir  efTet  la 


1.  Ceci  rappelle  la  «  p<»|»iilar  inaxim  »  (Jarob,  u.  lliW 
(l'esp^ranre  »,  ou  matwmodiikfis,  «  gAleaiix  faiU  dm  mmnmê  »  4»  HfêjwkÊmêÊiL 
1»)  «-l  Nyttyavftrtlika.  4.'t  (ril*^  Ira.L  de  SarvaiUrAftiM.  Moaéoil,  WWa,  «4  1^  fl|. 

Dans  Si^lc-iiiHlzou    Musre  liuimel.  HibL  Ekudm,  rUL  tSW),  It^  b  SMMira  ém 
boire  el  du  manger,  les  (piatrf  alinienlA.  U  ■tnisIkM  é^tiSàé  ^pm  ft^mm  m 

pensée  d'un  fruit.  ^__^, 

±  Le  traité  d'AUiidhanua  de  •••  iH.m.  Nanjio.  IfTC.  cliaf».  8»  M.  a  (asm): 

vibhifi,  laa  ^ 

3.  Remarque  du  Saulrlnlika  da|»m»  certain»  cuiHiM*-iiUl#«rm. 


126  CHAPITRE  m,  41. 

Vâéraya  et  de  Vâsrita,  deux  pour  effet  la  projection  et  la  production 
d'une  nouvelle  existence.  * 

Uâsraya,  c'est  le  corps  muni  d'organes,  qui  est  le  point  d'appui 
(àéraya)  de  ce  qui  est  appuyé  (âsrita)  sur  lui  :  à  savoir  de  la  pensée 
et  des  mentaux  (cittacaitta).  L'aliment  en  bouchées  fait  croître  le 
corps,  le  sparsa  fait  croître  la  pensée.  ^  Ces  deux  aliments  qui  font 
vivre  ce  qui  est  né,  qui  sont  semblables  à  la  nourrice,  sont  la  chose 
capitale  pour  la  durée  de  l'être  qui  est  né. 

La  manahsamcetanâ^  qui  est  acte,  projette  (àksipati)  une  nouvelle 
existence  (punarhhava)  ;  cette  nouvelle  existence,  ainsi  projetée,  est 
produite  (nirvrtta)  du  germe  qu'est  le  vijnâna  (vijnânabljât)  «  in- 
formé »  (paribhâvita)  par  l'acte.  ^  La  manahsamcetanâ  et  le  vijnâna 
sont  donc  les  deux  aliments  qui  font  naître,  qui  sont  semblables  à  la 
mère,  qui  sont  la  chose  capitale  pour  la  production  de  l'existence  de 
l'être  qui  n'est  pas  né.  [15  b] 

1.  \atra  vrddhyartham  âéraya\Aritayor  dvayam  / 
dvayam  anyabhavâksepayiirvrttyartham  yathCikramam  // 

La  Vibhasa  explique  tjuatre  opinions  : 

1.  vijnâna,  sparsa,  kavadlkâra  :  nourrissent  l'existence  présente. 
cetanâ  :  nourrit  l'existence  à  venir. 

2.  sparéa,  kavadlkâra  :  nourrissent  l'existence  présente. 
vijnâna,  cetanâ  :  nourrissent  l'existence  à  venir. 

3.  kavadlkâra  :  nourrit  l'existence  présente. 

sparsa,  vijnâna,  cetanâ  :  nourrissent  l'existence  à  venir. 

4.  Ping-kia  :  les  quatre  aliments  ont  les  deux  fonctions. 

2.  tesâm  (cittacaittânâm)  pustaye  sparàali.  —  Vyakhya  :  sukhavedanlyenâ- 
nugrahât  /  yah  kascid  vedanâskandhah  samj uâskandhah  sarvah  sa  spur- 
sam  pratltyetivacanât. 

3.  manahsamcetanayâ  punarbhavasyâksepah I  karmaparihhâvitâd  vijnâ- 
nahîjâd  abhinirvrttih. 

Paramârtha  :  Le  bhava  ainsi  projeté  naît  du  vijnâna-germe  informé-parfum é 
par  l'acte. 

Hiuan-tsang  :  Par  punarbhava,  nouvelle  existence,  il  faut  entendre  la  «  nais- 
sance »  (chêng)  future.  Cette  future  naissance,  la  tnanahsamcetanâ  la  projette. 
Etant  projeté  par  l'aliment  qu'est  la  manahsamcetanâ,  \e  punarbhava  ^si  pro- 
duit par  la  force  du  vijnâna-gevme  parfumé  par  l'acte. 

D'après  P'ou-kouang,  cette  explication  est  de  l'école  Sautrantika  ;  les  SarvSsii- 
vâdins  ne  se  servent  pas  de  l'expression  «  vijnânabîja  ». 


HinanAsang,  x,  fol.  15  n-b.  if7 

Tout  ce  qui  esl  «  on  bourhéc^  »  (kamdUtàm)  e«l-il  altmrtit  ?  '  Il 
y  a  «  bouchée  9  qui  n*f^t  pan  aliment.  Quatre  ras:  X.kùwwfÊkàrm 
(|iii  n'(\st  pas  aliment  :  re  qui,  étant  prin  on  iNiuchéi»,  a  pour  fUcX  la 
diminution  des  organes  et  la  deiiiruction  de»  grandi  élémetiU  qui  Im 
supportent  '  ;  2.  aliment  sans  être  ka/WM^titàra  :  Imwparéa,  tHanak- 
aatficetanâ  et  vijAâna  ;  3.  kavoijiikùra  qui  est  aliment  :  ce  qui,  étant 
pris  en  bouchées,  a  pour  effet  raugmentation  des  organe»  et  rorcrot»* 
sèment  des  grands  éléments  '  ;  4.  ni  karadikànt  ni  alimnit  :  b»  %*m. 
etc. 

De  même,  en  changeant  les  termes,  |>our  les  autre»  alimenU. 

Y  a-t-il  des  sparéa,  mcuMhsafficetanâ,  vijiïâna,  qui  ont  pour 
effet  Taugmentation  de^  organes  et  raccrolssement  de»  élément*. 
sans  que  toutefois  ces  sparAa,  etc.,  soient  des  aliments  ?  — Oui  : 
i  eux  qui  appartiennent  à  une  terre  (bhûmi)  diffêriMite  de  la  terre 
dans  laquelle  est  né  Têtre  envisagé,  et,  dans  toute»  les  terres,  ceux 
(]ui  sont  purs  (anâsrava).  * 

Ce  qui,  con.sommé  (pciribhukla),  est  nuisible  à  celui  qui  Ta  con* 
sonnné  (parihhoMar)y  reçoit  cependant  le  nom  d'aliment.  D'après  les 
VaibhO^ikas,  en  effet,  c'est  à  deux  moments  que  la  chose  consommée 
fait  fonction  d'aliment  :  1.  aussitôt  consommée,  elle  écarte  la  faim  et 
la  soif  ;  2.  digérée,  elle  augmente  les  organes  et  \es  grands  éléments 
(Vibba^A,  130,  7).  ' 

1.  SanigUipuryfiyn,  1,  7.  -  yak  kaé  cit  kava^ikàra^  Mirva|t  m  éhérm^  I 
syât  knvadlkaro  nrtharak  /  syad  ahàro  na  kava^ikàra^  I  tyàd  mkht^gmm  / 
syân  nobUayam  Hi  câtuskotiktim. 

±  yam  kavadlkâram  pratUyendriyAnam  opocOfO  bkmvoH 
nâm  ca  paribhedah. 

H.  yatfi  kavadikàram  praîUyendriyamam  mpmompo  kkmmêt 
nùtfi  ca  t*rddhih. 

4.  HyAt  sparàâdin  prntilyendriifAftém  npaeayo  bhataN  makûhkâlêmêm 
ra  vrddhih  I  na  ca  U  ah&rah  il  êgàt  /  anyabhûmtkàn  «i 

Vil.hflHfl.  129,  U). 
Sur  la  «  roatifTe  »  nupacayika  provenant  «le  Êamùdhi,  i.  KnA.  p. 

5.  D'aprt's   Hiiian-tsanf?.   -  Vyakhyl  :  yaà  etka  paribkmkki^ 
bhoktur  badham  ûdadhati  »a  kim  Akàrm^  f  m  *|Pf  éAêm^  / 
velAyAm  anuyrahàt. 


128  CHAPITRE  m,  41. 

Ceci  amène  à  poser  une  autre  question. 

Combien  d'aliments  dans  les  diverses  destinées  (gati),  dans  les 
diverses  matrices  (yoni)  ?  —  Tous  dans  toutes.  —  Comment  peut-on 
dire  qu'il  y  ait,  dans  les  enfers,  aliment  en  bouchées  ?  —  Les  pilules 
de  fer  rouge  et  le  cuivre  fondu  ne  sont-ils  pas  aliment?  '  —  S'il  en 
va  ainsi,  si  ce  qui  est  nuisible  (vyàbâdliâya)  est  aliment,  [16  a] 
la  théorie  des  quatre  cas  (câtuskotika)  [du  SamgTtiparyâya,  p.  127 
n.  1]  est  à  rejeter,  comme  aussi  les  définitions  du  Prakaranagrantha 
(7,  5)  qui  dit  :  «  Qu'est-ce  qui  est  aliment  en  bouchées  ?  —  Les  bouchées 
en  raison  de  quoi  il  y  a  augmentation  (upacaya)  des  organes,  accrois- 
sement et  maintien  (yâpanâ)  des  grands  éléments  »  et  le  reste.  — 
La  doctrine  de  l'existence  de  Tahment  en  bouchées  dans  les  enfers 
n'est  pas  en  contradiction  avec  les  définitions  que  vous  rappelez. 
Ces  définitions,  en  effet,  s'appliquent  à  l'aliment  en  tant  qu'il  aug- 
mente (upacaya).  '  Mais  les  objets  de  consommation  qui  ont  pour 
efïet  de  diminuer  (apacaya),  possèdent  cependant,  dans  les  enfers, 
le  caractère  d'aliment  '  :  ils  écartent,  au  moins  pour  un  temps,  la 
faim  et  la  soif.  D'ailleurs  dans  les  enfers  dits  prâdemka  (iii.  59  c), 
l'aliment  en  bouchées  existe  comme  chez  les  hommes.  Donc  l'aliment 
en  bouchées  existe  dans  les  cinq  destinées. 

A  propos  de  l'aliment  en  bouchées,  nous  examinerons  le  Sûtra  : 
«  Celui  qui  nourrit  cent  Rishis  hétérodoxes  détachés  du  Kama,  celui 
qui  nourrit  un  seul  Prlhagjana  jambusandagata,  ce  dernier  don  est 
beaucoup  plus  fécond  que  le  premier  ».  *  Que  faut-il  entendre  par 
l'expression  «  Prthagjana  jambusandagata  »  ? 

1.  pradîptâyahpinda,  kvathitatàmra.  —  Voir  par  exemple  le  Paficasiksa- 
sQtra,  Feer,  Fragments  du  Kandjour,  241. 

2.  upacayâhhisamdhivacanâd  avirodhah.  Vyakhyâ  :  Ce  qui  a  pour  efïet 
l'augmentation  est  l'aliment  par  excellence  (mukhya). 

3.  âhâralaksanaprâptatvât. 

4.  On  peut  reconstituer  le  Sûtra  [voir  iv.  117]  : 

yas  ca  tiryagyonigatânâm  satâya  dânam  dadyât  j  yaé  caikasmai  duh- 
éllâya  manusyabhûtâya  dânam  dadyât  j  ato  dânâd  idam  dânam  mahâ- 
phalataram  jl  [yas  ca  duhsîlânâm  manusyabhûtânâm  satâya  dânam 
dadyât  /  yaé  caikasmai  sllavate  manusyabhûtâya  ....]  //  yaâ  ca  bâhyakânâm 


HiHan4êang,  x.  fuL  15  blG  h.  1t9 


[Trois  opinions  dans  VibhA^.  130.  it|  1.  D*aprèii  la 
nion.  jambusanda  nignifiant  JamliiiflvT|m.  '  il  faut 
«  Tous  les  êtres  halutant  lo  Jamtiii(lvT|>fi  qui  ont  un  vt>nU9  ».  •  — 
Cette  explication  est  inadminsiblr;  car  ri*xpn*Asion  «  un  l*|1h«|gafui.^> 
ne  peut  désigner  c  tous  les  Hrvs  ...  >.  Kût-elle  Krinblabla  valeur,  on 
ne  voit  pas  pourquoi  le  Sotra  enseignerait  que  le  don  fait  à  un  nombra 
infîni  de  Prthniganns  est  plus  nn^ritoire  que  celui  fait  à  un  petit 
nombre,  à  une  centaine  de  Risbis  :  la  cbose  va  de  aoî,  la  cKoee  n*a 
rien  de  surprenant.  ^  —  2.  D'après  la  deuxième  opinion,  le  PfthafQana 
en  question,  c'est  le  Bodbisaltva  pn>che  de  la  Bodbi.  *  (16  b|  — 
3.  D'après  les  partisans  de  la  troisième  opinion,  la  deuxième  opûiioM 
est  insoutenable  :  en  effet  le  don  fait  à  semblable  Bodhtnattva  est 
d'un  mérite  incalculable,  est  d'un  mérite  supérieur  au  don  fait  à  cent 
kotis  d'Arbats.  Le  terme  de  la  ci)nq)araison  serait  beaucoup  trop  liaa. 
—  Donc,  disent  les  VaibbA^^ikas,  ce  Pftbagjana  enl  l'homme  qui  a 
ohttMiM  les  racines  de  bien  nommées  nirvedkabhâgiya»,  * 


kamatiîaràgan&m  rslnaffi  éataya  dAnntft  tlndjfàt  f  jfoi  m^kmâmmi  pf§kmf 
janâya  jambusanilafjatnjtn  (lâtiatfî  dadyAt }  alo  dilnnd  itiatft 
phalataram  jl   bâhyakebhyo   vitarûgebhyah  arotaàpatttpi 
kâya  dânam  apratneyataram  ... 

Dans  le  DakkhinavihhaAgasiitta  (Mnjjhima.  iil  ^m)  :  îiraeekAmagaiê 
datv&  satagund  (U^kkhinA  pajikatlkhilabba  /  pulhHjjaMê 
gunâ  ...  /  putthujjane  silavanU  ^  êatoMakasëagufUk  ^  /  hàhirmkê 
vitarâge  ...  kotùfatumsaguna  ...  /  sotApatHphakumeekikiHiféifm  pmfi^mmm 
dânatft  datvâ>  ti^affikheyyà  appntneyyfi  dakkhinà  pn*ikatikkkitabèû. 

Sur  lu  valeur  ilu  don  il'aprèj»  le  rliamp,  Koàa,  iv.  It7. 

1.  Bhaguvat  a  dit  :  yak  kOé  eij  jamUfUfaft^^t  ëracantyah  MorràM  làk  motm- 
drnnimnah  samudrupravanàh  samudraprûgbkArAk' 

(A  fomparer  AAfçiiltaru.  v.  2i,  SaipyuUa.  v.  80). 

i.  jambu«andagata  =  jambndv^^mUfëêin, 

On  peut  rappeler  que  JambudvTpapunifa  =  BouikUui  (Koiiu  vtt.  «!•«>. 

kuksimaniah,  «  qui  ont  un  ventre  »  =r  qui  po— èdtnt  U  mpadlé  à 
depuis  le  début  de  la  vie  embryonnaire. 

a  kim  catra  viie^ah.  -  Vyakiiyâ  :  km  airûéearym  ^ 

4.  samnikrfiabodhisaUffa  £=  a<aimél»toap»edW. 

5.  ElaU  spiritueU  qui  précèdent  imMiédkttewat  raUndiNi  4*  b 
PrthaKJana  =  l'entrée  «Ums  le  Chemin  =  TacquInIlkNi  de  la  qiMUté  il*  cMiMit  M 
premier  fruit,  vL  17. 


130  CHAPITRE  III,  41-42. 

A  notre  avis,  l'expression  jamhusandagata  ne  signifie  pas  étymo- 
logiquement  «  possesseur  des  nirvedhahhâgïyas  »'  ;  l'usage  n'accorde 
pas  ce  sens  à  cette  expression  ;  ni  le  Sûtra  ni  le  Sastra  ne  l'emploient 
dans  ce  sens  :  l'explication  proposée  est  donc  fantaisiste.  —  A  la 
vérité,  le  nom  de  jamhusandagata,  «  assis  sous  l'arbre  Jambu  »,  ne 
convient  qu'au  seul  Bodhisattva,  [comme  il  est  dit  :  «  Le  Bodhisattva 
Sarvârtbasiddha,  sorti  pour  aller  voir  le  Krsigrâmaka,  assis  au  pied 
d'un  arbre  jambu,  entra  dans  le  premier  dhyâna  »  'J.  Ce  Bodhisattva 
est  un  Prthagjana,  il  est  détaché  du  Kâma  :  on  peut  donc  le  comparer 
avec  les  Rishis  hétérodoxes  détachés  du  Kama,  et  dire  que  le  don 
qu'on  lui  fait  est  plus  méritoire  que  le  don  fait  aux  Rishis.  Sans  doute, 
le  don  fait  à  ce  Bodhisattva  est  plus  méritoire  que  le  don  fait  à  un 
nombre  infini  de  Rishis  :  si  le  Sûtra  dit  qu'il  est  plus  méritoire  que 
le  don  fait  à  cent  Rishis,  c'est  parce  que  le  Sûtra  explique  la  gradation 
du  mérite  par  le  multiple  cent  ^  :  «  nourrir  cent  animaux,  nourrir  un 
homme  immoral,  nourrir  cent  hommes  immoraux  ....  ».  Observons 
que,  poursuivant  ces  comparaisons,  le  Sûtra  ne  parle  plus  du  jamhu- 
sandagata. Il  ne  dit  pas  :  «  Le  don  fait  au  candidat  au  fruit  de 
Srotaapanna  est  incomparablement  plus  grand  que  le  don  fait  à  des 
jamhusandagatas  »  —  ce  qu'il  dirait  si  jamhusandagata  signifiait 
«  possesseur  des  nirvedhahhâgïyas  »  —  mais  bien,  reprenant  les 
Rishis  comme  terme  de  comparaison  :  «  Le  don  fait  à  un  candidat  au 
fruit  de  Srotaapanna  est  incomparablement  plus  grand  que  le  don 
fait  à  cent  Rishis  hétérodoxes  ....  ». 

Nous  avons  vu  quel  est  le  PratTtyasamutpada  des  êtres  et  comment 

1.  na  tv  iyam  anvarthâ  samjnâ  nâpi  paribhâsitâ. 

2.  krsigrâmakam  vyavalokanâya  nirgatah  sarvârthasiddho  hodhisattvo 
jambuvrksamûle  nisannah  prathamam  dhyânam  îitpâditavân.  —  On  a  viii. 
27  c,  Vyakhya,  une  autre  rédaction  :  bodhisattvo  M  karmântapratyaveksanâya 
[karmânta  =  terrain  labouré]  niskrânto  jamhtifnûle  prathamam  dhyânam 
utpâditavân  —  Divya,  391  :  asmin  pradese  jamhûccliâyâyâm  nisadya  ....  — 
Majjhima,  i.  246  :  ...  pitu  sakkassa  kammante  sïtâya  jambucchâyâya  nisinno 
vivicc  eva  kâmehi  ...  pathamam  jhânam  upasampajja  ...  ;  Lalita,  Letniau,  128 
(chapitre  xi)  :  avalokya  ca  krsikarmântam  ....  ;  Mahfivastu,  ii.  45,  26. 

3.  éatagrahanam  tu  pûrvadhikârât. 


Hhum4ê€mg,  x.  fol.  16  b-17  a.  18t 

\os  êtres  durent.  Noiw  avons  vu  auimi  comment  la  moH  réniilte  ik? 
répuisement  de  la  vie  (àyus),  etc.  (ii.  46  a,  trnd.  217).  Il  nm»  rt«t« 
à  dire  quel  vijûàtM  est  présent  au  moment  de  la  mort  et  île  la  nais- 
sance. [17  a  I 

42  a-c.  Rupture,  reprise,  détachement.  |)erte  du  drtacliem«Mit.  mnrl 
et  naissance  sont  regardés  connue  propres  au  maraori/Adna.  ' 

C'est  par  la  seule  connaissance  mentale  qu  ont  lieu  la  niptun*  v{ 
la  reprise  des  racines  de  bien  ;  le  détachement  soit  d'un  Ohatu.  .Hi>it 
«l'une  bhûmi  (premier  dhyâna,  etc.).  et  la  perte  de  ce  détachement  : 
la  mort  et  la  naissance.  —  Ce  qui  est  vrai  de  la  naissance  est  éviilem- 
ment  vrai  du  commencement  de  l'existence  intermédiaire  :  il  e^t 
inutile  d'en  parler.  ^ 

42  d.  La  mort  et  la  naissance,  avec  la  seasation  d'indifTérence.  * 

Le  terme  cyuta  ast  l'équivalent  de  cyuH^  mort  ;  1«?  terme  %Mhara, 
l'équivalent  iVupapatti,  naissance. 

Le  manovijnûiia,  à  la  mort  et  à  la  naissance,  est  associé  à  la 
sensation  (vedanâ)  d'indifTérence,  upekaâ,  c*est-à*dire  à  la  sensation 

1.  chedasatndhânavairâgyahanicyutyupapattayak  / 
manovijnâna  eveslâh 

La  rupture  des  racines  de  l)ien  résulte  de  la  «  vue  fimwg  »  (mitklfêdfffi]^ 
laquelle,  étant  de  réflexion  (saffttlrikà),  est  mentale  (mAnoël)  :  la  nftkm  4s  cm 
racines  résulte  de  la  «  vue  correcte  »  et  du  «toute  (tamgagdfffi,  vieOtHêA},  qui 
sont  mentaux  (iv.  79-80). 

C'est  dans  le  seul  manovijûùna  qu'a  lieu  le  détachement  .*  car  le  délarhvtnrtii 
ne  peut  être  obtenu  que  par  une  pensée  recueillie  (Hamâkiia/  ;  la  péris  dm  éêUk» 
cheroent  est  causée  par  le  jugement  incorrect  (ayonUomanaêikërm)»  Wqwl  est 
vikalpa,  donc  purement  mental. 

La  mort  se  pro4luit  dans  un  vijiiùna  propice  à  la  coupure  il«  Is  série  :  4o(se  dmi 
une  personne  où  l'activité  des  cinq  orjcanes  de  coniiaisassee  aeiiaiMe  est  «  rmtUém  • 
(cyutih  satnksiptapnncendriyaprac&rasjfa  pravékhacektdûnmkûl»  wifâémê 
bhavati)  [Sur  samksipta,  vii.  trad.  p.  iO).  La  naifsnrs  (mfmfmîH) 
qu'au  mnnovijùûna  pui.Mprelle  a  lieu  avec  «  un  esprit  Iroublé  •  fi 
mati,  iii.  15). 

±  aniar&bhnvapratisantdkir  npy  uktarùpuk,  -  Cr«t-A*<iirt  pruiiêmmdki' 
8àmânyà(l  anukto  'py  uktakalpa  iti  noeyaU. 

3.  HpekfdyûfH  cyutoilbhnvau  // 


132  CHAPITRE  III,  43  a-b. 

ni-agréable-ni-désagréable.  Cette  sensation  n'est  pas  vive  (patu)  ;  les 
autres  sensations  sont  vives  et,  par  conséquent,  le  vijnâna  naissant 
et  mourant  ne  peut  leur  être  associé,  car,  dans  cette  hypothèse,  il 
serait  lui-même  vif. 

43  a.  Ni  Tune  ni  l'autre  pour  le  «  recueilli  »,  pour  le  «  sans- 
pensée  ».  * 

La  mort  et  la  naissance  ont  lieu  dans  le  manovijnâna  [,  pour  et 
par  le  inanovijnâna].  Mais  la  mort  ne  peut  avoir  lieu  chez  un  homme 
dont  la  pensée  (citta  =  manovijnâna)  est  recueillie.  -  La  pensée 
recueillie  se  trouve  dans  une  terre  (hhûmi)  —  premier  dhyâna,  etc. 
—  dissemblable  (visdbliâga)  du  Kamadhatu  où  nous  supposons  que 
se  trouve  le  mourant  et  le  naissant.  D'autre  part,  si  nous  considérons 
l'être  qui  meurt  ou  qui  naît  dans  une  terre  de  recueillement,  sa  pensée 
n'est  certainement  pas  recueillie,  car  la  pensée  recueillie  n'est  recueil- 
lie que  par  effort  ;  elle  est  âbhisamskârika  :  elle  est  donc  toujours 
vive  (patu).  Enfin,  la  pensée  recueillie  est  anugrâhaka  :  c'est-à-dire 
que,  de  sa  nature,  elle  tend  à  durer,  à  faire  durer  ;  donc  elle  n'est  pas 
idoine  à  la  coupure  de  la  série. 

Il  n'y  a  pas  non  phis  mort  ou  naissance  pour  le  «  sans-pensée  », 
[l'homme  entré  dans  la  nirodhasamâpatti  ou  Y asamjnisamâpaUi, 
le  dieu  qui  goûte  la  rétribution  de  Vasamjnisamâjmtti,  ii.  41  d].  Le 
sans-pensée  ne  peut  être  tué  [17  b]  :  lorsque  son  corps  (déraya  == 
l'appareil  sensoriel,  iii.  41)  commence  à  dépérir  (viparinantum)  — 
soit  par  l'action  du  glaive  ou  du  feu,  soit  par  épuisement  de  la  rétri- 
bution des  recueillements  —  alors,  de  toute  nécessité,  la  pensée  liée 
au  corps  [et  existant  à  l'état  de  germe  dans  le  corps]  devient  présente 
et  meurt.  ^ 


1.  naikagrâcittayor  etau.  —  Kathfivatthn,  xv.  9;  Kosa,  viii.  16. 

2.  Le  Bhâsya  dit  simplement  :  [na  samâhitacittasya  cyntir  npapattir  va] 
visabhâyabhfimikatvâd  âbhisamskârikatvâd  amtgrâhakatvâc  ca. 

Bhagavat  sort  du  quatrième  dhyâna  pour  mourir,  Dîgha,  ii.  15G  ;  voir  ci-des- 
sous p.  134  n.  2. 

3.  nâpy  acittakasya  /  so  'cittaka  npakrantum  (=  mârayihim)  na  éakyate 
(éastrâdibhih)  j  yadâ  câsyâsrayo  viparinantum  ârabhate  (sastrenâgninâ 


Hiuaf^4mng,  x.  fol.  17  a-b.  188 

L*élnt  de  nuri-pennée  est  iitcompntiblp  niifMii  «vit  la  iiaiAnaitr^,  mr 
tonte  ranse  dp  coupure  de  ia  pennée  y  ntanipie,  car  il  ne  petit  y  avmr 
naissance  sans  kieéa,  ' 

I/existonco-niorl  (mnrmmhhnm)  jhmiI  v\tv  lionne.  inanvai«M*.  non* 
définie  (avyàkria).  En  ce  ((ui  concerne  la  mort  de  l'Arbai, 

43  b.  On  obtient  le  Nirvaqa  dans  deux  pensée»  non-définies.  ♦ 

A  savoir  dans  une  pensw  airyâjtnfhika  on  i\m\n  une  \wi\née  W|nI- 
kaja.  Du  moins  d'après  les  docteurs  (|ui  croient  cpie.  dans  le  Kflma* 
dhfllu,  une  pensée  vipâkaja  peut  être  d'indifférence  (upekfà)  (iv.  48)  ; 
mais,  pour  les  docteurs  d*un  avis  opposé  (iv.  47),  on  n  obtient  le 
Nirvana  dans  une  pensée  airyâpaihika. 


vopakratn^n  uirodhfuiamâpattim  aëatftJHiantMapatUtfê  vA  ëatmûpamtmêgm 
(matfijniaamâpnUer   vipake   'vasthilfMya    vijtakavefîhnpnriaamApi^^) 
syam  aaya  tadàiiifft  tadoêrayapralibaddham  (=-  Airaye  btjabhAc4 
iam)  cittatft  safftmukhibhûya  prttcyavaU. 

On  peut  comprendre  :  «  lu  pensée,  étant  devenue  présente,  tombe  (s  wiiiii)  •  ; 
ou  bien  «  ia  pensée  de  ce  [Pudgulu|  étant  devenue  présente  [-.  étant  enlré«  en 
activité  =  samudâcarya],  ce  Pudgala  tombe  >  :  ou  bien  enrore  Hatftmmkktbkttya 
=:  satfîmukhibhûvya  [avec  chute  du  ni,  comme  on  dit  :  «  Il  y  a  un  vent  qui  Cùt 
pousser  les  feuilles,  il  y  a  un  vent  qui  dessèche  les  feuilles  »  =  atH  pmfftmfmk» 
v&to  *sii  partiaéuso  'parah  ;  variante  du  commentaire  d'Upâdi,  %  9É\,  «vce  !• 
sens  :  «  ....  ayant  rendu  présente  la  |>ensée,  le  Fudgala  meurt  ». 

Comment  la  pensée,  interrompue  par  le  recueillement,  renaît,  ii.  Inid.  p.  iliL 

1.  upapattan  tv  ayuktam  acitiakatvam  /  cUkicckedaheicabhAvtid  rtnA  ۥ 
kleéenAnupapatteh.  —  Texte  fourni  par  la  VyakhyA,  confirmé  par  l«  L4>Uava  et 
I>ar  ParamArtha.  —  Hiuan^tsang  lit  heivabhAvût  =z  «  parce  quf^  la  rauM  ém  la 
naissance  manque  »,  et  non  |)as  cUtacchedahetvabhao€^t  (qui  fait  diffiniHé). 

On  a  vu,  iii.  38,  que  la  naissance  a  lieu  par  toii.n  les  kttêQê, 
à  la  terre  où  elle  a  lieu  (sarvaklëHair  ht  ladbhumikair 
dhibatidho  bhavati). 

±  nirvAty  avy&krtadcayê  f 

1^  pensée  à  la  mort  peut  être  bonne,  mauvaise,  non  définie.  Il  y  a  cpiaùv  torlM 
de  i>ensée  non  définie  :  lipakajn,  airyûpalhika,  êaUpmtikémika,  mainmékmika 
(u.  71  b,  trad.  p.  320/.  —  Il  y  a  lieu  de  préciser  à  qoelk  enllgoffo  appartiml 
la  pensée  de  l'Arbat  mourant,  [la  pensée  par  laquelle  il  entre  dane  le  Nirvft^a. 
HtrvAti]. 

Dans  Visuddhi,  SM,  des  ArhaU  meurent  aeais,  eoaebét»  murkaat  (Doue  avec 
des  pensées  airy&palhika  ?] 


134  CHAPITRE  m,  43  c-44  b. 


Pourquoi  la  dernière  pensée  de  l'Arhat  est-elle  nécessairement 
non-définie  ?  —  Parce  que  cette  sorte  de  pensée,  étant  très  faible,  ' 
est  idoine  à  la  coupure  de  la  pensée,  c'est-à-dire  à  la  coupure  défini- 
tive de  la  pensée.  ' 

Dans  quelle  partie  du  corps  le  vij  flâna  périt-il  à  la  mort  ?  — 
Quand  la  mort  ou  «  chute  »  (cyuti)  a  lieu  en  une  fois  (sakrccyuti), 
le  kâyendriya  (organe  du  corps  ou  du  tact)  périt  en  un  instant  avec 
le  manas. 

43  c-44  a.  Quand  la  mort  est  graduelle,  le  manas  meurt  dans 
les  pieds,  au  nombril,  dans  le  cœur,  suivant  que  l'être  va  en  bas, 
chez  les  hommes,  chez  les  Suras,  ou  ne  renaît  pas.  ' 

adhoga,  qui  va  en  bas,  qui  doit  renaître  dans  les  mauvaises  des- 
tinées ;  nrga,  qui  va  chez  les  hommes,  qui  doit  renaître  dans  la 
destinée  humaine  ;  suraga,  qui  va  chez  les  dieux,  qui  doit  renaître 
dans  une  destinée  divine.  De  ces  êtres  le  vijnâna  meurt  respective- 
ment dans  les  pieds,  dans  le  nombril,  dans  le  cœur. 

1.  durbalatvât  =  paramâpafutvât. 

2.  Bhasya  :  tad  hi  cittacchedânukûlani.  ^  Il  y  a  deux  «  coupures  de  pensée  » 
(cittaccheda)  :  la  coupure  apratisavndMka,  coupure  définitive,  telle  que  la  pensée 
à  la  mort  n'est  pas  suivie  de  la  pensée  de  l'existence  intermédiaire  ;  la  coupure 
sapratisatndhika,  telle  que  la  pensée  à  la  mort  se  continue  dans  la  pensée  de 
l'être  intermédiaire  [Coupure  de  la  série  de  pensées  qui  dure  une  vie,  coupure  du 
bhavanga  dans  les  sources  pâlies].  Dans  ce  dernier  cas,  la  pensée  peut  être 
aussi  bonne  ou  mauvaise. 

Sur  la  nature  de  la  pensée  de  l'Arhat  mourant  et,  en  général,  du  mourant, 
Kathâvatthu,  xxii.  3.  (La  mort  a  lieu  dans  le  pakaticitta,  une  pensée  de  Kâma- 
dhatu  pour  un  être  du  Kâmadhâtu).  —  Sur  la  mort  des  deux  espèces  d'Arhal, 
Compendium,  Introduction,  p.  75. 

3.  kramacyutau  pâdanâbhihrdayesu  manascyutih  I 
adhonrsuragâjânârn 

Sur  les  deux  genres  de  mort,  mort  en  une  fois,  mort  graduelle,  ii.  15,  trad.  p.  133, 
Vibhâsa,  190,  3. 

Quand  la  mort  est  graduelle,  les  organes  de  la  vue,  de  l'ouïe,  de  l'odorat  et  du 
goût,  l'organe  sexuel,  les  «  organes  »  de  la  sensation  agréable  et  désagréable 
disparaissent  d'abord  ;  restent  l'organe  du  tact  (kâyendriya),  l'organe  vital  (jwi- 
tendriyaj,  le  manas  et  la  sensation  d'indifférence  (iipeksendriya)  :  ces  quatre 
indriyas  périssent  ensemble. 


HiiKiiitsanff.  X,  fol.  17  H8  b.  135 

aja.  qui  no  roimit  \ms,  VArUni  :  mm  vijMna  meurt  mim  dam  !• 
cœur  :  d  aprè»  une  autre  opinion,  «lann  In  ÏHe,  ' 

Comment  le  vijMna  mourl-il  ilann  l»'lle  ou  telle  partir  Hii  rorpn? 
—  Parce  que  c*e»t  clan»  telle  ou  telle  partie  qu  a  lieu  la  de^tnirtHMi 
de  l'organe  du  tact.  '  [  A  cet  organe  —  qui  m»uI  lui  nf»te  comme  mif». 
port,  (i^raifa,  iii.  41  —  est  liée  l'activiti^  du  vijM$M,  l«f|iMi  «4 
iinnmlériol  et  hors  l'espace].  Le  vijtVina  meurt  |mr  la  dp^tnirtion  de 
l'organe  du  lacl,  laquelle  a  lieu  dan»  une  cerlaim*  place.  Wn*  la  ftn 
(le  la  vie,  Torgane  du  tact  périt  |>eu  à  peu  ;  à  la  fin  il  ne  rente  plus 
(|ue  dans  telle  ou  telle  partie  où  il  finit  par  di»paniltre  :  de  même  que 
de  l'eau  placée  sur  une  pierre  chaude  diminue  graduellement  et  qti« 
c'est  à  une  certaine  place  qu'elle  finit  par  disparaître. 

C'est  ainsi  qu'a  lieu  la  mort  graduelle  ;  en  généra],  le  mourant  est 
affligé  par  des  sensations  (|ui  hrisent  le»  partie»  vitales  (tttarwMmh 

44  h.  Les  parties  vitales  sont  fendues  par  Teau.  etc.  ' 

On  nonmie  mariHâni,  *  parties  vitale»,  le»  parties  quelconques  du 
corps  ({ui  ne  peuvent  être  endonnnagées  sans  que  la  mort  s*efisuive. 


1.  Beal,  Catena,  41,  d'après  une  Gttha  qui  doit  être  de  Grand  Véhkttle, 
des  indications  différentes. 

Pour  le  Saint,  la  tête  ;  pour  le  futur  dieu,  les  yeux  ;  pour  U  fulur  hoanoe,  !• 

cœur  ;  pour  le  futur  prêta,  l'aine On  peut  deviner  la  future  destinée  ào  mnti 

en  examinant  quelle  partie  reste  le  plus  Imi^lenqtn  chaude. 

Vangîsa,  avant  sa  conversion,  auscultait  le  crAn«»  avec  succès,  «l  Mvail  »é  !• 
mort  renaissait  homme,  dieu  ou  damné.  Mais,  ausinillanl  Ir  crànf  d'un  ArhaL  il 
reste  a  quia  (Theragftthft,  Commentaire,  Brethren.  'lUT)  ■ 

On  voit,  Avadfinasalaka,  i.  5,  que  les  rayons  rentrent  linnu  une  rrrtwnr  fmiiw 
du  corps  du  Bouddha  d'après  la  destin<^  qu'il  a  prédite.  (thuM  !«•  pMb,  ^jÊÊÊtà  0 
s'agit  d'un  damne  ...], 

2.  kûymdriyasya  te^  uirodhfit.  -  Le  vifOému,  Maaà  iiUMiUHti (mfâf^9êt)» 
ne  réside  pas  dans  un  lieu  (aâêéoëtha)  ;  mais  il  «  pour  «apport  le  r«ff»  aMMl 
d'organes. 

3.  marmaeehêdas  Iv  ab&dibhih  I 

Sur  les  parties  viUles,  les  401  mdadiea,  VUilUM*.  190, 19  el  Mav^  SMddlMnMl* 
smftyupasthftna,  8,  I.  -  Bodhirarylratlra,  il  41  f  mormaakmÊÊéimêmmêM 

4.  Glose  pAlie  citée  dans  .  Exposilor  .  (P.TÂ).  1«  :  maranli  mmmêHgmtmim 
tùlite  naUvati  <o^  fkanam  mammam 


136  CHAPITRE  III,  44  b-d. 

Lorsqu'un  des  éléments,  eau,  feu  ou  vent,  est  extrêmement  troublé, 
les  parties  vitales  sont  fendues  pour  ainsi  dire  (chidyanta  iva)  par 
de  terribles  sensations  qui  sont  pour  ainsi  dire  des  couteaux  aigus. 
En  disant  que  les  parties  vitales  sont  fendues  (marmaccheda),  on 
ne  veut  pas  dire  qu'elles  sont  fendues  comme  du  bois.  Ou  bien  il  faut 
entendre  que,  tout  comme  si  elles  étaient  fendues,  elles  sont  désormais 
incapables  d'activité  (na  punas  cesiante). 

Pour([uoi  les  parties  vitales  ne  sont-elles  pas  fendues  par  le  trouble 
de  l'élément-terre  ?  —  Parce  qu'il  n'y  a  que  trois  dosas,  à  savoir  la 
bile,  le  phlegme  et  le  vent,  qui  sont  en  ordre  principal  eau,  feu  et 
vent.  D'après  une  autre  opinion,  parce  que,  le  monde  périssant  par 
ces  trois  éléments  (iii.  100  a),  la  mort  aussi  a  lieu  par  ces  trois  élé- 
ments. • 

Quant  aux  dieux  (devaputra),  leurs  parties  vitales  ne  sont  pas 
fendues.  Mais,  cbez  le  dieu  dont  la  mort  approche  (=  cyavanadhar- 
min),  apparaissent  cinq  signes  avant-coureurs  (ne  bahi  Itas)  :  1.  de 
ses  vêtements  et  de  ses  ornements  sortent  des  sons  déplaisants  ; 
2.  l'éclat  de  son  corps  diminue  ;  3.  des  gouttes  d'eau  restent  attachées 
à  son  corps  après  le  bain  ;  4.  malgré  sa  mobilité  naturelle,  son  esprit 
se  fixe  sur  un  objet  ;  5.  ses  yeux,  naturellement  fixes,  s'ouvrent,  se 
ferment,  sont  troubles.  Et  il  y  a  cinq  signes  de  mort  :  1.  les  vêtements 
se  souillent  ;  2.  les  couronnes  se  fanent  ;  3.  la  sueur  apparaît  aux 
aisselles  ;  4.  le  corps  émet  une  mauvaise  odeur  ;  5.  le  dieu  ne  se  plait 
plus  sur  son  siège.  ^ 

1.  I-tsing  (Takakusu,  131)  cite  un  Sûlra  qui  ciminère  quatre  dosas  :  «  Tlie 
chii'lu,  1.  e.  making  the  body  slothful  antl  heavy,  owing  to  an  increase  of  tlie 
élément  earth  »,  plus  slesman  (kapha),  pitta  et  vâta.  —  Takakusu  traduit  chil-lii 
=  gulma  :  «  the  phonetical  probability  is  rather  ni  f'avour  of  yuru  or  its  dérivation 
(gauravaj  ».  [Mais  le  quatrième  dosa  classique  est  le  sang,  Jolly,  Grundriss,  41]. 
—  Sur  les  trois  dosas,  Rhys  Davids-Stede  signalent  Milinda,  43,  172  et  Sumanga- 
lavilasinT,  i.  133  ;  Takakusu,  Comm.  de  Cullavagga,  v.  14,  1,  Mahâvagga,  vi.  14,  1. 

2.  Sur  les  signes  de  la  mort  chez  les  dieux,  Vibhâsâ,  70,  16,  Ekottara,  26,  15, 
Ratnarâsisûtra. 

Beal,  Catena,  97,  cite  une  source  qui  combine  les  deux  listes  avec  des  omissions, 
total  cinq.  —  Chavannes,  i.  425  (Nanjio,  1359),  a  une  liste  de  sept  signes  :  1.  éclat 
de  la  nuque  éteint  ;  2.  Heurs  flétries  ;  3.  teint  altéré  ;  4.  poussière  sur  les  vête- 


UiHan4êaHg,  x,  fol.  18  b.19  «.  1S7 

Bhagavat  classe  les  èlres  qui  naiiuient  iliiiviU  rt  mminpiit  '  en  imm 
ratêgnnc»  (rOéi)  :  catégorie  prédestinée  au  salut,  catégorie  puéd» 
tiiièo  à  In  porte,  catégorie  non  prédestinée. 

44  c-(i.  I/Aryn  et  le  coupnhic  tYônnntnryn  mimI  prédestinés,  le 
inemier  nu  salut,  le  second  a  In  perte. '  (  19  n] 

Qu*est-ce  que  le  <  salut  »,  aatHyaktca  *  ?  —  D*aprèpi  le  8otni« 
l'almiulon  coniplut  de  raiïeclion,  de  In  hnine.  de  l'erreur.  île  toutes 
li's  pn^isions  (kleéa),  [c'esi-à-dire  le  Nirvana |.  —  Qu't-sit-ce  qu'un 
Ârya?  —  Celui  en  qui  est  iiê  le  Cheuiiu.  c'est-à-dire  le  r}i«*uuu  pur 
(anùifrava),  Âryu,  pnrce  que  «  allé  au  loin  >  (ùràd  yâUthJ  du  niai,  * 
puisqu'il  possède  la  disconuexion  (visaffiyoga,  ii.  55  d.  p.  278)  d*avec 

ments  ;  5.  sueur  aux  aisselles  ;  G.  corps  amaigri  ;  7.  :  «  il  a\uil  <|uiUè  «on  Irùtw  ». 

Ailleurs  on  ne  rencontre  que  la  seconde  liste  :  Divya,  108  :  cjfOpaW(l>arwl|Ml 
devnputrasya  paùca  pûrcanimitlùm  prddurhhacamti  |0  qai  tmrwmftmê  mtA 
pour  mol  au  texte  que  traduit  le  LoLsava  comme  prcMimbule  k  nolrt  fnwàètm  liirfe| 
aklû^fâfn  vôsâtHsi  kliéyanti  /  amlannni  mnltfnni  mlùffftnîi ,  dnmr§mmâkymm 
kayefM(?i  uL^krdtHati  /  ubhabhyâtfi  kak^Obhy&tf»  avtdak  prûdmrkktUfmH  I 
cyavanadhannâ  devaputrah  sva  Aaane  dhfUtf^  na  labhaU  (Ce  qui  mI  soirs 
seconde  liste].  —  Même  liste  dans  la  Lettre  amicale  de  NflgSriaMi,  JPTSw  USM^ 
100  (où  on  a  comme  Iroisième  signe  :  The  colour  of  tlie  body  iMCOadsg  W^fif  : 
i-om|>arer  Itivuttakot  §  83). 

On  sait  que  cinq  signes  distinguent  les  dieux  deii  roorleU  :  pas  àê  smmv.  pas 
de  poussière,  pus  de  clignement  d'yeux,  jias  d'ombre,  ne  pas  loucher  h  aol  (wiér 
les  références  de  Bloomfield,  P&rçvunAlha,  Baltimore,  lUlD,  p.  51). 

Dans  Divya,  222,  MAndhfltar  ne  diffire  de  Sakra  que  par  le  rUgOMMSt  éea 
yeux. 

1.  Hiuan-tsang  ajoute  :  <  qui  sont  dans  Texbtence  intermédiairt  ». 

2.  samyanmiihyàtvaniyaia  aryaHantaryakàri^fM^  / 
Kostt,  iv.  80  d,  trad.  177. 

Ekottara,  Vi,  »,  Dîrgha,  13  ao,  MahAvyulpatli.  95.  II. 

Dîgha,  iii.  217,  iayo  rAsl,  micchaUaniynto  rùsL Bammatlmr  .  >  .  •  .  ...i. 
yato  r&si  ;  Puggala|)aAAatli,  Vi,  ne  connaît  que  le  pmggala  »**,«.'»  ,  i.a 
puggala  anantarika  ye  ca  micchAditihikA  myalA,  toir  Koéa.  v.  irmd.  f.  M, 
iv.  p.  202)  et  Vaniyalfi,  ;  mais  DhammaMàgaQl  10*.  ronnalt  l«a  Ifoé»  calégoHaa. 
[L'explication,  comme  on  voit  i>ar  la  note  de  la  tradurlrire  H  Alllia«ftliat,  4^ 
diffière  de  l'explication  de  rAbhidharma).  -  Sur  laa  mmigmêmê,  N< 
96,  99  et  commentaire. 

3.  samyaktva  défini  vi  26  a  (trad.  p.  180,  n.  4). 

4.  Etymologie  traditionnelle. 


138  CHAPITRE  III,  44  c-46  b. 

les  klesas.  —  Comment  l'Àrya  est-il  prédestiné  (niyata)  au  salut  ? 

—  Parce  qu'il  obtiendra  certainement  le  Nirvana.  —  Mais  l'homme 
qui  acquiert  les  mokmbhâgïyas  (vi.  24  c),  lui  aussi,  obtiendra  cer- 
tainement le  Nirvana.  Pourquoi  ne  pas  le  considérer  comme  prédestiné 
au  salut  ?  —  Parce  qu'il  peut  commettre  les  péchés  qui  feront  de  lui 
un  «  prédestiné  à  la  perte  »  ;  ou  bien  parce  que,  s'il  est  en  effet  pré- 
destiné au  Nirvana,  le  moment  de  son  arrivée  au  Nirvana  n'est  pas 
fixé,  comme  c'est  le  cas  pour  les  Àryas  à  commencer  par  «  celui  qui, 
au  maximum,  renaîtra  sept  fois  »  (saptakrtvahparama,  vi.  34  a). 

Qu'est-ce  que  la  perte,  mithyâtva  ?  —  Les  destinées  infernale, 
animale,  de  prêta.  L'homme  qui  commet  les  ânantaryas  (iv.  96) 
renaîtra  certainement  en  enfer  ;  il  est  donc  prédestiné  à  la  perte. 

Le  non  prédestiné  (aniyata)  est  celui  qui  n'est  pas  prédestiné  au 
salut  ou  à  la  perte.  Qu'il  devienne  prédestiné  à  l'un  ou  à  l'autre,  ou 
qu'il  continue  à  ne  pas  être  prédestiné,  cela  dépend  en  effet  de  ses 
actes  futurs,  [xi] 

Nous  avons  décrit  le  monde  des  êtres  ;  nous  passons  à  la  descrip- 
tion du  monde  réceptacle  (bhâjanaloka).  ' 

45.  Voici  comment  on  pense  que  le  monde  réceptacle  est  disposé. 
En  bas  le  cercle  du  vent,  non-mesurable,,  haut  de  seize  cent  mille 
lieues.  ' 

1.  Les  sources  les  plus  anciennes  sont  des  Sûtras  du  Dlrgha  et  du  MadhyamR- 
gama,  notamment  Dirgha,  30  ;  parmi  les  Sûtras  plus  récents,  Nanjio  549  (le  Hi- 
shai  de  Beal)  ;  parmi  les  Sfistras,  Nanjio,  1297,  la  Lokaprajnâpti  et  la  Kârana- 
prajnSpti  (analysées  dans  Cosmologie  bouddhique),  la  Vibhâsâ.  —  Il  semble  que 
Vasubandhu  résume  ici  toute  cette  littérature.  —  Le  Saddharmasmftyupasthana 
(Lévi,  Pour  l'histoire  du  Râmfiyana,  JAs.  1918,  i.),  Divya,  xvii.  (conquêtes  de 
Mandhâtar,  xxxii.  =  Nanjio  643  et  suiv.),  appartiennent  aussi  au  Petit  Véhicule. 

—  Pour  les  sources  pâlies,  Lotus,  842,  Sp.  Hardy,  Legends  and  théories,  1886. 
Sources  chinoises  (des  deux  Véhicules),  Beal,  Catena,  1871,  et  Four  Lectures.  Le 
schéma  de  l'univers  dans  Georgy,  Alphabetum  Tibetanum,  1772,  Gogerly,  Ceylon 
Buddhism,  1908,  vol.  ii,  Sp.  Hardy,  Legends,  104.  —  Hastings,  Encyclopédie  Morale 
et  Religions,  art.  Cosmogony  and  Cosniology  (Buddhist),  iv.  129-138,  B.  C.  Law, 
Heaven  and  Hell  in  Buddhist  perspective,  1925  ;  je  n'ai  pas  vu  la  Buddhist  Cos- 
mology  de  Mac  Govern  (Londres,  1923  ?). 

2.  tatra  bhâjanalokasya  samnivesatn  usanty  adhah  / 
laksasodasakodvedham  asamkhyam  vâyumandalam  jj 


HtnaH-ls(tn(f,  X.  fol.  i\i  a-xi.  fol.  I  b.  Iti 

I.o  grainl  rhilioroHim»  (iii.  73)  wii  diiipoté  commtf  iknm  «llfmii  IVi- 
\Au\\wr  1 1  b|.  Kn  bas  nnit  pnr  In  fom*  lU  aclf»  ik»  êlmi  CmAi/in/^' 
i>/iato,  ii.  58,  iv.  85)  le  ccrrb'  du  vent  f|iii  repom»  stir  resfwcc.  *  Il  «a 
épais  de  seize  cent  mille  i^jamuf  (iii.  88)  ;  il  wl  nott-fiMMimblt  «n 
circonférence  ;  il  est  Hcdide  :  un  mahnnagna  '  pnurmil  y  Uncrr  non 
vajra  ;  le  c;a;>a  se  briserait  sans  f|ue  le  cercle  de  venl  notl  entamé. 

46  a-b.  Le  cercle  des  eaux,  baut  de  onze  cent  vingt  mille.  • 

Par  la  souveraineté  (àdhipatya)  des  actes  des  êtres,  tombe  den 
images  amoncelés,  sur  le  cercle  du  vent,  une  pluie  dont  \p%  goultm 
sont  comme  des  limons  de  cliar.  '  Celle  eau  fonne  le  cercle  de  Teau. 
épais  de  onze  cent  vingt  mille  yojanas. 


ttianti  =  icchanU.  On  peut  comprendre  :  «  Les  Vaibha^ ikmi  •  (Poii4unm«§). 
ou  :  «  Toutes  les  croies  ».  (Fa>pao). 

D'après  une  opinion  (Grand  Véhicule  notamment),  la  terre  d'or  r^l  pUr^ 
inimédiatement  sur  le  cercle  du  vent  ;  au-dessus  le  cercle  de  l'eau. 

samniveéa  est  interprété  par  Hiuan*tsang  dans  le  sens  de  di»{»«>-iU<«it  ;  «  TelW 
est  la  disposition  du  monde  réceptacle  :  en  tms  .^  »  ;  et  cette  interpcélailiHI  mI 
préférable  puisque  le  cercle  du  vent  fait  |>artie  du  monde  réreptarle.  PanuBaHlM 
comprend,  je  crois,  «  fondement  »  ;  le  lx>tsava  a  gnatt,  «  liru  ».  *  plare  ». 

1.  Bumouf  a  traduit.  Introduction,  448,  le  SOtra  (|ue  cite  la  V'yikhyi  ad  i.  5  : 
prthivi  bho  gautama  kutra  prati^^hità  /  pfikicl  brûktmafta  akwêm^^^h 
pralisihitâ  /  abmandalatt^  bho  gantama  kutra  prali^ihitam  I  oAfMi  |prs« 
lisihitam  /  v&yur  bho  gautama  kutra  pratifthitah  akéâê  pmiiMtkilak  f 
âkâsatH  bho  gautama  kutra  prattJithitam  !  atisarcmi  makfikrékmuiHa  afiuMi* 
rasi  mahdbrâhmana  /  ûkOéaifi  brahmana  apratiffkitam  amûtamhmmmm 
iti  vistarah. 

Comparer  Digha,  ii.  107  (sur  les  tremblements  de  t«rr»)  ;  Windwrh,  Mlr»  ri 
Bouddha,  01.  —  ayam  dnanda  makapafkavi  udakt paUfIkUé  /  mdmkmm  c<*^ 
patitthitam  vàto  âk/isatiho  hoti.  —  Thèse  que  NigateiM  («vm  b  \mimn  9êêê 
Akùse  patitihito)  explitpie  à  Milinda,  6S. 

Sur  l'origine  du  cercle  du  vent,  iii.  90  e  I  ;  100  a-b  (HiiMUi4aM§  ftiL  16  •  à  b 
lin).  —  On  verra  iii.  îfâ  c,  note,  que,  lorsque  riiohrw»  eal  àMmà,  il  !••••  ém  w^^ 
là  où  ii  était.  Ce  rUpa  doit  être  VûkOêadhAlm,  L  9^ 

2.  Hiuan-tsang  et  Paramartha  transcrivent  ;  le  Lotsava  m  lêkmm  |W  ekê  ehm  pm 
«lonl  le  sens,  d'après  Sarad  Chandra.  lOM,  n*«iA  pwi  Miari  B«4  :  voir  ll«lit% j«l- 
t»alti,  253  ;  Koéa,  vu.  81,  p.  78,  n.  4  ;  Vibhfl9i«  8^  •• 

3.  apam  ekadaéodvedham  snkatiratti  ea  viméatih  / 

4.  On  a,  d'après  le  Lotsava,  i^AdharûnUitrû  carfifodhêf  (Voir 


140  CHAPITRE  III,  46  c-49  c. 

Comment  ces  eaux  ne  s'écoulent-elles  pas  sur  le  côté?  '  —  Les  uns 
disent  que  les  eaux  sont  soutenues  par  la  force  des  actes  des  êtres. 
De  même  les  aliments  et  les  boissons  ne  tombent  pas  dans  l'intestin 
(pakvctéaya)  avant  d'être  digérés.  D'après  une  autre  opinion,  les 
eaux  sont  soutenues  par  le  vent,  comme  le  grain  par  la  corbeille 
(kusûlanyâyena,  kosthanyâyena). 

Ensuite  l'eau,  agitée  par  un  vent  que  suscite  la  force  des  actes, 
devient  de  l'or  dans  la  partie  supérieure,  comme  le  lait  cuit  devient 
de  la  crème  :  - 

46  c-d.  Ensuite,  le  cercle  des  eaux  n'a  plus  que  huit  cent  mille 
lieues  de  hauteur  ;  le  reste  devient  de  l'or.  ■' 

Il  y  a  donc,  au  dessus  du  cercle  d'eau  réduit  à  huit  cent  mille 
yojanas,  la  «  terre  d'or  »  (kancanamayi  bhûmijr  épaisse  de  trois 
cent  vingt  mille  yojanas.  [2  a] 

47  a-48  a.  Les  cercles  d'eau  et  d'or  ont  un  diamètre  de  douze  cent 

p.  317,  note,  diverses  rédactions  tibétaines,  LokaprajnSpli,  etc.]  —  isâ  signifie 
«  timon  »  ;  Paraniartha  traduit  «  grand  poteau  »,  mais  Hiuan-tsang  :  «  essieu  d'un 
char  ».  —  On  sait  d'ailleurs  que  isâ  est  une  mesure  (SulbasQtra,  dans  Monier- 
Williams). 

Sur  la  pluie  primordiale,  ci-dessous  iii.  90  c,  Sàrayukta,  34,  7,  cité  ci-dessus 
p.  10  (la  pluie  du  nuage  Isâdhara)  ;  Siksâsamuccaya,  247  :  des  nuages  formant 
trente  deux  couches  (patala)  couvrent  le  monde.  Le  deva  Isâdhara  pleut  durant 
cinq  petits  kalpas,  de  même  les  devas  Gajaprameha,  Acchinnadhâra  et  Sthûla- 
binduka.  [D'après  le  Pitaputrasamfigama  =:  Ratnakota,  xvi,  Lévi,  JAs.  1925,  i.  37 j. 

—  [Bendall  signale  le  Nâgarâja  du  nom  de  Isâdhara,  Mahâvyutpatti,  168,  24]. 

1.  D'après  Hiuan-tsang.  —  On  va  voir,  iii.  47,  que  le  cercle  d'eau  a  un  diamètre 
de  1203450  yojanas.  Il  l'orme  donc  un  tambour  presque  aussi  haut  que  large  : 
comment  tient-il  ?  —  D'après  la  Vibliâsâ,  133,  source  de  cet  exposé,  d'autres  doc- 
teurs pensent  que  le  cercle  d'eau  est  incalculable  en  largeur,  comme  le  cercle  de 
vent. 

2.  pakvaksirasarîbhâvayogena.  —  Explication  grammaticale  dans  la  Vyftkhya. 

—  Voir  la  comparaison  de  Dîgha,  iii.  85  :  seyyathâpl  nâma  payaso  tattasya 
nibbâyamânasya  upari  santânakam  hoti ... 

3.  astalaksocchrayam  pascâc  chesam  bhavati  kâncanam. 
Siksâsamuccaya,  148,  cite  l'Âgama  des  Sarvâstivâdins  :  Sur  le  cercle  d'or  repose 

le  Jambudvîpa,  84000  yojanas  de  terre.  —  [Le  cercle  d'or  est  nommé  kâncana- 
vajramandala,  Bodhicarya,  vi.  1].  —  Le  Kosa  préfère  80000,  voir  iii.  50  b, 


Hi9êan4mng,  xi.  fol.  1  b-2  b.  Uf 

dois  millt»  «piatre  cent  cinqimnto  limien  ;  le  triple,  pour  le  périmêCiv.  • 

Ces  (Jeux  cercles  onl  les  niî^meH  diinciiHionii. 

Sur  la  terre  d'or  circulaire  qui  repone  aiiifti  Jiur  leau, 

48  l)-49  c.  Là  sont  le  Meru,  le  Tugnucllinra.  rl^adlinra.  h»  Khadi- 
raka,  le  mont  Sudar4ana,  TAsyakarna.  le  Vinalaka.  le  mont  Nimin- 
(Uiara  ;  au-delà  les  continents  ;  à  rextêrieur  le  (^kravmja.  ' 

Neuf  grandes  montagnes  reposent  sur  la  terre  d  or.  Au  centre  le 
Meru;  conceutriquemenl,  les  autres  sept  autour  du  Meni  [2b|:le 
Nimindhara  formant  la  jante  extérieure  qui  envelop|>e  le  Meru  et 
les  six  murs-montagnes  ^  intérieurs  —  d'où  son  nom.  Kn  dehors  du 
Nimindhara,  les  continents.  Enveloppant  le  tout,  le  CakravAi|a.  aiiuii 
nommé  parce  qu*il  encercle  l'univers  à  quatre  continents  et  lui  donne 
ainsi  la  forme  d'une  roue.  * 


1.  tiryak  trlni  sahasrAni  aûrdhatfî  àntftcatus'aynm  ' 
cuica  jalakâManamandalnm  '/  snmantntîis  tu  trigunam. 

La  ciironffreiire  est  le  triple  <lii  diamôtre  :  sarvitsjfa  parima^alottifm  'fitipi 
sfhitir  yad  asya  tripaksatnAïuun  (trigunam  eva)  êamantaparik^ipta9ffa 
pramdnam. 

2.  tatra  merur  yugamdharah  > 
isâdharah  khadirakah  sudaréanagiris  tatha  f( 
aévakarno  viuatuko  nimivfidharagirië  iaiak  f 
dvlpâ  bahi^  cnkrnvâdah. 

Les  sources  iiiétri(|iies  «  anciennes  »  de  l'AttliaHAlinT  (p.  397  et  mût.)  onl  l« 
même  chiffre  pour  le  diamètre  des  €  cercles  »,  el  contiennent  sur  le»  iiiaiil«|niM  H 
les  continents  des  détails  voisins  de  ceux  que  fournil  VaHubandhu.  Cependasl  é» 
iionibreiises  variantes  «pie  la  comparaison  d*autreM  documenU  niullipUe. 

Burnoiif.  Lotus,  8ii,  Ilopkins.  Mytiiological  aspects  nf  Irees  ami  mouuUins  ia 
the  Great  Epie.  JAOS.  xxx.  :i66  (Origine  Imhylonieiuie.  Carpenler  iImm  Mlhwgf 
C.  H.  Toy,  72). 

Nemijfitaka,  v.  145  et  suiv.  (Jfttaka.  vi.  Ii5)  ;  Atlhasilinl,  1B7:  Spenre  llanly. 
Legends,  81. 

Rémusat,  J.  des  Savants.  18B1.  p.  (HlO,  Beal.  Calena.  45:  ÏHtfMfMmm,  ttl. 
Kiéine  ordre  des  montagnes  que  dan»  Koéa. 

.Mahfivyutpatti,  194.  Dliarmasaifigraha.  1S5.  MahivmUii,  il  aOO,  SikfiMMMmiy*. 
24<>.  AttliosalinT,  296  et  Jfitakn.  vi.  !£«  difr(^rent 

3.  Ce  sont  les  sept  paribhandaparcata  du  JiUka.  -^  ra  bm  tifftM^  mm. 

4.  tenn  caturdvlpakns  cakrikrtak  f:=  cnkrûkûrutàm  gmmitmk)  t  mimmm 
cakruvAda  ity  ucyate. 


142  CHAPITRE  III,  49  d-51  c. 


49  d-50  a.  Sept  montagnes  sont  d'or  ;  la  dernière  est  de  fer  ;  le 
Meru  est  de  quatre  joyaux.  ^ 

Le  Yugandliara  et  les  six  montagnes  qui  l'enveloppent  sont  d'or  ; 
le  Cakravâda  est  de  fer  ;  le  Meru  a  quatre  faces  qui  sont  respective- 
ment, du  nord  à  l'ouest,  d'or,  d'argent,  de  lapis  et  de  cristal.  — 
Chacune  de  ces  substances  donne  à  la  partie  de  l'espace  qui  lui  cor- 
respond sa  propre  couleur.  -  La  face  du  Meru  qui  est  tournée  vers 
le  JambudvTpa  étant  de  lapis,  le  ciel  est  donc  semblable,  pour  nous, 
au  lapis. 

Mais  quelle  est  l'origine  des  diverses  substances  du  Meru  ?  —  Les 
eaux  qui  sont  tombées  sur  la  terre  d'or  sont  riches  de  potentialités 
diverses  ^  ;  sous  l'action  de  vents  doués  d'efficacités  diverses,  *  elles 
disparaissent  et  font  place  aux  divers  joyaux.  C'est  ainsi  que  l'eau  se 
transformant  en  joyaux,  l'eau  est  la  cause,  les  joyaux  sont  l'effet 
différent  de  la  cause,  il  n'y  a  pas  simultanéité.  Toute  autre  la  trans- 
formation (parinâma)  '  que  supposent  les  Sarpkhyas. 

Qu'entendent  les  Sanikhyas  par  parinâma  ?  —  Ils  admettent  que, 
dans  une  substance  permanente  (dharmin,  dravya),  les  dharmas 
ou  essences  naissent  et  disparaissent.  —  En  quoi  cette  doctrine  est- 
elle  absurde  ?  [3  a]  —  On  ne  peut  admettre,  d'une  part,  vm  dharmin 
permanent,  d'autre  part  des  dharmas  naissant  et  disparaissant.  '  — 
Mais  les  Sarpkhyas  ne  supposent  pas  qu'il  y  a  un  dharmin  à  part 
des  dharmas;  ils  disent  qu'un  dharma,  quand  il  se  transforme 
(parinam),  devient  le  support  de  divers  caractères  :  ce  dharma,  ils 
l'appellent  dharmin.  En  d'autres  termes,  la  transformation  (pari- 

1.  sapta  haimâh  sa  âyasah  jj  caiûratnamayo  tnerult. 

2.  Lévi,  Rfimayana,  45. 

3.  nânâvidhabljagarbha,  c'est-à-dire,  d'après  la  VySkhyfi,  nânâprakârasâ- 
marthyayiikta. 

4.  bahuvidhaprakârnbhinnair  vâyiibkih. 

5.  ii.  36  cd,  iii.  100  a,  iv.  4,  p.  20,  22,  v.  26,  p.  54.  vii.  13  a,  p.  38. 

6.  na  hy  avasthitasya  dravyasya  dharmântaranivrttau  dharmântara- 
prâdurbhâvah.  —  C'est-à-dire  :  na  hy  avasthitasya  rûparasâdyâtmakasya 
kslranivrttau  dadhijanma  :  On  ne  peut  admettre  (pie  —  la  couleur,  saveur,  etc., 
restant  identiques  —  il  y  ait,  à  la  destruction  du  lait,  apparition  du  petit  lait. 


Himn49ang,  xi,  fol.  ÎMh.  141 

nàma)  c'est  seulement  la  modirication  (anffoihâbhâmmâêm)  et  la 
substance  (dravya),  —  Cette  thèse  n*est  pas  non  plits  admiiiiiiliW*  — 
Pounjuoi  ?  —  Parce  qu'il  y  a  contradiction  clans  le»  termai  :  vou» 
admettez  que  cela  (la  cause)  est  ceci  (l'efTet).  vi  ifue  ceci  n'eiit  (iaii 
comme  cela.  ' 

L*or,  l'argent,  les  joyaux  et  la  terre  ainsi  formés  sont  rétmts  et  mm 
en  tas  par  les  vents  que  produit  la  force  des  actes.  îls  coiuitituent  le» 
montagnes  et  les  continents. 

50  b-51  b.  Le  Meni  est  immergé  dans  Teau  profonde  de  quatre- 
vingt  mille  lieues  et  s'élève  au-dessus  de  Teau  de  quatre-vingt  mille 
lieues.  L'émersion  des  huit  autres  montagnes  va  diminuant  de  moitié. 
Les  montagnes  ont  largeur  et  hauteur  égales.  ' 

Les  montagnes  reposent  sur  la  terre  d*or  et  plongent  dans  Teau 
sur  quatre-vingt  mille  yojanas.  Le  Meni  émerge  du  même  nombre 
de  yojanas,  et  est  donc,  immergé  et  émergé,  de  cent  soixante  mille 
yojanas.  Le  Yugandhara  émerge  de  quarante  mille,  Tl^hani  de 
vingt  mille  yojanas  et  ainsi  de  suite  jusqu'au  Cakravada  qui  émerge 
de  trois  cent  douze  yojanas  et  demi.  ^  Autant  elles  s  élèvent  au-dessus 
de  Teau,  autant  Sont  larges  les  montagnes.  Le  root  ^ana^  dans  la 
stance,  a  le  sens  de  <  large  >.  [3  b] 

51  c-52  c.  Les  sept  SltAs,  dont  la  première  est  de  quatre- vingt 

1.  iad  evedafft  na  cedain  lathà.  Vous  admettei  que  les  mnmenU  iitirr«Milb 
(lait  ....  petit  lait)  sont  «  autrement  >  fanyathA),  voua  admetUx  ifu'il  y  m  «MMlift- 
catiou  (anyathâbhâva)  :  donc  il  n'y  a  |»as  tranJtfonnatkMi  (pmri^Ûmm)  ;  U  n'y  m 
pas  passage,  «l'un  état  à  un  autre  état,  d'une  même  rhoa©  ;  ear  «•  qui  e»t  «ulr»- 
ment  (anyathâtva)  est  autre  (anyatva),  tels  YajAadatta  et  Devadalta. 

±  jale  'Htiêakoêrakt  / 

tnnyna  Urdhvafft  jnlàn  memr  àkHifO  'Miêakainmimk  ff 
ardhardhahânir  asUunt  samoechrAyaghamOâ  ea  U 

Dans  le  Saddharma-snirtyu|>a.Hlliana  (l-éri,  KliBiyttVii,  46)  eomiM  item  AIIIm- 
salinî  (298),  le  Meru  énierjfe  de  H40U0. 

a.  Vasubandliu  ne  i>arle  {ms  du  Mahâcakravâda.  .Mahlvyotpttlll,  !•♦.  It.  iMum, 
84i,  Dharmasaqigraha,  124  et  notes  p.  65.  Dk-L  de  SI  PHcff^MNNf.  —  U  Cakr». 
vida  de  Beat,  45,  est  haut  de  300  yojamaê  :  dans  AtlhMtlIiif  («•).  k  Cakimwê4m 
est  immergé  de  82.000.  émerge  de  82.000. 


144  CHAPITRE  III,  51  c-55. 

mille  lieues,  font  l'intervalle  entre  les  montagnes.  —  C'est  l'océan 
intérieur,  triple  au  pourtour.  Les  autres  Sltas  en  diminuant  de  moitié. 
—  Le  reste  est  la  grande  mer  extérieure,  de  trois  cent  vingt-deux 
mille  lieues.  ^ 

Entre  les  montagnes,  du  Meru  au  Nimindhara,  sont  les  Sltâs,  ^ 
pleines  d'une  eau  douée  des  huit  qualités  :  froide,  claire,  légère, 
savoureuse,  douce,  non  fétide,  qui  ne  fait  mal  ni  à  la  gorge  ni  au 
ventre.  ^ 

La  première,  entre  le  Meru  et  le  Yugandhara,  est  large  de  quatre- 
vingt  mille  lieues.  En  pourtour  extérieur,  à  la  rive  du  Yugandhara, 
on  a  le  triple,  soit  deux  cent  quarante  mille  yojanas. 

La  largeur  des  autres  Sîtas  va  en  diminuant  de  moitié  :  le  deuxième 
Slta,  entre  le  Yugandhara  et  l'Isadhara,  est  large  de  quarante  mille 
yojanas,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  la  septième,  entre  le  Vinataka  et 
le  Nimindhara,  large  de  douze  cent  cinquante  yojanas.  Le  calcul  du 

1.  sltâh  saptântarâny  esâm  âdyâéltisahasrikâ  II 
âhhynntarah  samudro  'saii  trigunah  sa  tu  pârèvafah  / 
ardhârdhenâparâh  àltfih.  sesam  bâhyo  mahodadhih  II 
laksatrayam  sahasrâni  vimsatir  dve  ca. 

Hiuan-lsang  corrige  cette  rédaction  qui  est  assez  embarassée  :  «  Entre  les  mon- 
tagnes [c'est-à-dire  entre  le  Meru,  le  Yugandliara  ...  le  Cakra\Tida]  il  y  a  huit 
océans.  Les  sept  premiers  sont  l'[océan]  intérieur.  Le  premier  est  large  de  80000; 
et  est  du  triple  à  sa  limite  extérieure.  Les  six  autres,  en  diminuant  de  moitié.  Le 
huitième  est  l'[océan]  extérieur,  de  3i2iOOO  yojanas  ». 

2.  On  lit  Sïta  dans  le  MS.  fragmentaire  des  karikâs.  —  Nulle  part  nous 
ne  rencontrons  la  traduction  «  froide  ».  —  Le  Lotsava  a  roi  mthso,  roi  paJii 
mtsilo  bdun  :  «  the  seven  lakes  of  wliich  the  walers  move  in  genlle  waves  as  ii' 
tlioy  were  dansing  to  the  music  of  the  wind  »  (Sarad  Chanch-a  Das). 

Le  héros  de  Jâtaka  541  voit  les  sept  montagnes  qui  entourent  le  Meru,  satta 
paribhandapahbate,  qui  se  trouvent  Sldântare,  c'est-à-dire  Sîdâmahâsamud- 
dassa  antare,  au  milieu  de  la  grande  mer  Sïda.  Cette  mer  est  ainsi  nommée 
parce  que  son  eau  est  si  subtile  (sjikhuma)  qu'elle  ne  peut  même  porter  une 
plume  de  paon  :  celle-ci  plonge  (sîdati)  (Jataka,  vi.  125).  —  Comparer  iii.  57, 

3.  La  Vyakhya  cite  le  sloka  : 

sltalâcchalagJuisvâdumrdîinispûtigandhikam  / 
pltam  na  bâdhate  kuksim  na  kantham  kslnoti  taj  jalain  // 
Divya,  127,  19.  —  Les  huit  qualités  de  l'eau  des  lacs  de  la  Sukhâvatï,  dans  Beal, 
Catena,  379  ;  du  Karandahrada  (Beal,  Hiuan-tsang,  ii.  165  ;  voir  ibid.  i.  10). 


Himm^sang,  xi,  fol.  3  b4  a.  146 


pourtour  ne  présente  pas  de  difficultc^.  Les  tapi  Sftaii  iioni  W 
intérieur.  Le  reste,  c'est-à-dire,  l'eau  (|ui  se  trouve  entre  le  Nimb- 
dhara  et  le  Cakravflda,  est  la  grande  mer  extérieure  ;  elle  mi  plwoa 
d'eau  salée  ;  elle  est  large  de  trois  cent  vingt-dtMix  mille  yo^biMM.*  (4a) 

63  b-65  d.  Là  sont  le  JambudvTpa,  trois  côtés  de  deux  mille,  en 
forme  de  char,  un  côté  de  trois  et  demi  ;  le  Videha  oriental,  comme 
une  demi-lune,  trois  côtés  comme  le  Jambu,  un  côté  de  trois  caol 
cinquante  ;  le  GodanTya,  de  sept  mille  cinq  cents,  rond,  diamètre  deui 
mille  cinq  cents  ;  le  Kuru,  de  huit  mille,  carré,  pareil.  ' 

Dans  la  mer  extérieure,  correspondant  aux  quatre  cotés  du  Meni, 
les  quatre  continents  (dvlpas)  : 

1.  Le  JambudvTpa  a  trois  côtés  de  deux  mille  ffojanas,  un  côté  de 
trois  yojanas  et  demi  :  il  a  donc  la  figure  d'un  char.  *  Au  milieu, 
reposant  sur  la  terre  d'or,  le  «  siège  de  diamant  >  *  [4  b|  où  le  Bodhi- 
sattva  se  place  pour  réaliser  le  vajropamasatHâdhi  (vi.  44  d)  et 
devenir  ainsi  Arhat  et  Bouddha  :  aucun  autre  lieu,  aucune  autre 


1.  Les  docteurs  ne  sont  pas  d'aecord.  Nous  avons  vu  que  le  diamètre  du 
d*eau  et  du  cercle  de  terre  d'or  est  de  \9fXiiîÀ).  D'autre  part  le  Cakravi<|a  Ml 
nommé  parce  qu'il  encercle  l'univers  à  quatre  continents.  Or,  ai  on 
chiflfres  donnés  ci*dessus  (moitié  du  Meni  40000;  première  Slti  80000; 

40000  ;  deuxième  Sltfi  âOOOO ),  on  voit  que  le  Cakravi^  n'est  pas  placé  au 

bord  de  la  terre  d'or.  Donc,  pensent  certains  docteurs,  l'océan  extérieur,  entre  le 
Niminàhara  et  le  Cakrav&da,  doit  être  de  323287^  (Beal,  p.  46,  donne 
yojanas.  —  Mais  la  difKculté  peut  être  résolue  de  deux  laçons  :  soit  en 
que  le  Cakrav&da  n'est  {ms  placé  au  bord  —  qu'il  encercle,  non  pas  le  carrie 
d'eau,  mais  la  partie  su{>érieure  de  la  terre  d'or  ;  soit  en  adneilanl  qum  la 
description  des  montagnes  :  <  mêmes  hauteur  et  largeur  »  (iiL  51  bX  IM  doit  ffÊm 
être  prise  à  la  lettre  :  les  bords  des  montagnes  ne  sont  pas  stricteneni  ptrpen 
diculaires  (aiyantacchinuatata  ). 
±  taira  in  / 

jambudvlpo  dvisahasras  tripArivak  éakafàkfU^  // 
sArdham  iriyojanam  ^  «kam  prAgvidêko  'fdkaemmdetumê  / 
p(irévatrayan%  UiikOsyaikam  sArdkam  iriéatayojanam  If 
godàniyak  aakasrAni  eapta  sardkùni  mam^lalak  / 
sardke  dve  madkyamaêy&^iau  eaiurasrak  kumk  Bamak 

3.  La  forme  de  char,  voir  Digha,  ii.  235. 

4.  vajràsana,  iv.  1  li  b.  trad.  p.  231,  note.  -  Kiokuga  dU  le  Si*y«^  WalUm, 
ii   114  ;  Sarad  Candra  Dts.  751,  Foucher.  Iconographie,  ii.  lô-fl.  Beat.  Catena,  IL 

10 


146  CHAPITRE  III,  54-57. 

personne  ne  peuvent  supporter  le  vajropamasamâdhi  du  Bodhi- 
sattva. 

2.  Le  Videha  oriental  ou  Porvavideha  a  la  figure  d'une  demi-lune  ; 
il  a  trois  côtés  de  deux  mille  yojanas,  donc  de  la  même  dimension 
que  les  longs  côtés  du  Jambu,  et  un  côté  de  trois  cent  cinquante 
yojanas. 

3.  Le  GodanTya,  qui  fait  face  au  côté  occidental  du  Meru,  est  rond 
comme  la  lune  ;  il  a  sept  mille  cinq  cents  yojanas  [de  pourtour]  ; 
deux  mille  cinq  cents  par  le  milieu.  ' 

4.  En  face  du  côté  septentrionnal  du  Meru,  le  Kuru  ou  Uttarakuru, 
qui  a  la  figure  d'un  siège  ;  il  est  carré  :  ses  côtés,  de  deux  mille 
yojanas  chacun,  font  un  pourtour  de  huit  mille.  En  disant  que 
le  Kuru  est  «  pareil  »,  on  indique  que  les  quatre  côtés  sont  de  la 
même  dimension.  ^ 

Telle  est  la  figure  des  continents,  telle  est  la  figure  de  la  face  des 
hommes  qui  y  habitent.  ^ 

56.  Il  y  a  huit  continents  intermédiaires  :  Dehas,  Videhas,  Kurus, 
Kauravas,  Gamaras  et  Avaracamaras,  Sathas  et  Uttaramantrins.  * 

1.  On  assure  que,  dans  ce  continent,  l'œil  entend  les  sons,  l'oreille  voit  les 
couleurs,  etc. 

2.  Sur  les  Uttarakurus,  «  Hyperboréens  *,  iii.  78,  85,  90,  99  c.  iv.  43,  82,  97, 
Beal,  Catena,  37,  Hastings,  ii.  687. 

3.  La  Vyakhyfi  a  une  remarque  intéressante  :  hhûmivaéâi  sattvânâm  vaici- 
tryam  himavadvindhyavâsinâfn  kirâtaéabarânâm  gaurciéyâmate  :  Les  êtres 
diffèrent  en  raison  de  l'habitat  ;  les  habitants  de  l'Hiniavat,  à  savoir  les  Kirâtas, 
sont  jaunes  ;  les  habitants  du  Vindhya,  à  savoir  les  Sabaras,  sont  noirs.  —  Sur  la 
face  des  hommes  des  3000  îles,  Saeki  signale  le  Sûramgamasûtra,  2  B  11  ;  voir 
aussi  Saddharmasmrti  dans  Lévi,  Rfimayana,  47. 

4.  dehâ  videhâh  kuravah  kauravâé  câmarâvarâh  / 
astau  tadantaradvîpâli  Éâthâ  uttaramantrinah  If 

Mahfivyutpatti,  154. 

VibhasS,  172,  13.  —  Il  y  a  cinq  cents  petites  îles  autour  des  continents  inter- 
médiaires, habitées  par  des  hommes  ou  des  amanusyas,  ou  désertes  ...  A  l'origine 
les  hommes  parlaient  ârya  ;  plus  tard,  après  qu'ils  eurent  mangé  et  bu,  les 
hommes  différèrent  et,  par  l'accroissement  de  la  perfidie  (éâthya),  il  y  eut  plu- 
sieurs langues  ;  il  y  a  aussi  des  hommes  qui  ne  savent  pas  parler  .... 

Beal,  Catena,  35,  donne  de  nombreux  détails  sur  les  quatre  grands  et  les  huit 
petits  continents,  d'après  le  Dîrgha,  Samghabhadra  (Nyâyfinusâra),  etc.  —  D'après 
Saipghabhadra,  les  Deha,  Videha,  Kuru  et  Kaurava  seraient  déserts. 


Hkum49amg,  xi.  fol.  4  Mi  n.  147 

Ces  continents  sont  déiignéi  par  le  nom  de  Iciim  habitanU.  Mmm 
et  Videhas  à  côté  du  pQrvnvideha  ;  KiiniA  et  Kaiiravaa  à  dMé  dt 
rilltarakum  [Sa] ;  CAniaran  o{  AvaracAmaras àcôté  du  iambudvlpa : 
Satlias  et  Ultiuiianlrins  à  côlô  du  GodAnTya. 

Tous  ces  conliniMils  sont  hal>il<'«  par  de»  homme».  Toulefvifi, 
d'après  une  opinion.  '  l'un  dVux  |à  savoir  le  CAmaraJ  est  réservé  aux 
Hak$asas. 

57.  Ici,  au  nord  d«»s  neuf  Montagnes-fourmis,  THimavat  ;  au  delà, 
mais  en  deçà  de  la  Montagne  aux  parfums,  le  lac  profond  et  large  de 
cinquante  lieues.  ' 

Dans  ce  JambudvTpa,  en  allant  vers  le  nord,  on  rencontre  Inm 
Montagnes-fourmis,  [ainsi  nonnnées  parce  qu'elles  ont  la  forme  de 
la  fourmi]  '  ;  puis  trois  autres  Montagnes-fourmis  ;  puis  trots  autres 
encore  ;  enfin  THiniavat. 

Au  delà,  en  deçà  du  Gandhainfidana,  le  lac  Anavatapta  d*où  sortent 
quatre  grandes  rivières,  la  Gaftga,  la  Sindlui,  la  Vak^u  et  la  Sitâ.  * 

1.  Vibhasfi,  deuxième  opinion  («  New  Vibhâ^  Aàsirm  »,  Beal,  Catena,  8&^ 

2.  iholtarena  kitâdrinavakâd  dkimavAtfts  tatak  f 
pancAéad  v$[  J  saro  'rvAg  gandhamAdanAt  II 

hdi  naâ  byaA  du  ri  nag  po  /  dgu  lidas  gaAs  rilio  de  na^n  ni  /  spoa  àad  Idan  pal^î 
thsu  roi  na  /  chu  zheù  iùa  l>cu  yod  {»a)ii  inth»o. 

Les  montagnes  Gandhuiiiadanu,  etc.,  IIopkinM,  Epie  Mythology,  9. 

3.  Le  Lotsava,  Parainartiia  et  Iliuan-lsang  traduisent  lUtAdri  =  «  mnntafrn^ 
noire  ».  —  Mais  ParamfiKha  ajoute  une  glose  :  <  On  les  appelle  «  fourni j'iann* 
tagnes  »  (i,  clef  142)  pane  qu'elles  sont  basaea  »  ;  la  VyêkytL  gloaa  kiféêtJmmwm 
kAt  par  kliâkrtlnàtn  parvat&nâtfi  navakàL 

4.  Viblifisa,  5,  6.  —  Le  JùAnapra-stliAim  dit  <|u*il  y  a  cinq  grandes  riTière»  dan* 
le  JambudvTpa  :  Gaiigfi,  Yuuuin&,  SarnyQ  (.SarabhQ).  AriravatI,  Blahl  [r'eul  la  li«te 
du  canon  pâli].  Quand  le  Bliadanta  Katyflyanlpulra  établit  ce  Ststra,  U  était  rn 
Orient  ;  c'est  pourquoi  il  cita,  à  titre  d'exemples,  les  rivièrea  que  eowMiMeol  H 
voient  les  Orientaux.  Mais,  en  fait,  il  y  a,  dasa  la  Jambtidvlpa  qiialfw 
rivières  qui  donnent  chacune  quatre  rivières  aaeoadaires.  (La  »uile  de  sa 
sur  les  quatre  grandes  et  lea  aeixe  petites  rivièrsa,  est  InMiiitts  si 
S.  Lévi,  Pour  l'histoire  du  Rlmayaça.  p.  iriO-lSS). 

Sur  les  rivières  du  canon  pâli  et  de  Milinda,  Rhys  Davids,  IUémIb.  l  p.  iliv.  et 
surtout  Demiéville.  Milinda,  930  (BEFBO,  19S4). 

Sur  la  Vakçu  ou  Vaâk.su  et  encore  Cakfiiui  et  Sarakfias  àtm 
et  br&hmaniques,  Lévi,  loc.  cit..  Mahfivyutpatti.  167, 81^  Eilel  IM, 


148  CHAPITRE  III,  57  c-58. 

Ce  lac,  large  et  profond  de  cinquante  yojanas,  est  plein  d'une  eau 
munie  des  huit  qualités.  Seuls  peuvent  y  aller  les  hommes  qui  pos- 
sèdent les  pouvoirs  magiques.  *  Près  de  ce  lac,  l'arhre  Jambu.  Notre 
continent  reçoit  son  nom  de  Jambudvïpa,  soit  de  l'arbre,  [5  b]  soit 
du  fruit  de  l'arbre  qu'on  nomme  aussi  Jambu. 

1        Où  se  trouvent  les  enfers  -  et  quelles  sont  leurs  dimensions  ? 

58.  En  bas,  à  vingt  mille  lieues,  l'AvTci,  de  cette  même  dimension  ; 
au-dessus  les  sept  enfers  ;  tous  les  huit  ont  seize  utsadas.  ^ 

En  dessous  du  Jambudvïpa,  à  vingt  mille  yojanas,  le  grand  enfer 
AvTci.  Il  est  haut  et  large  de  vingt  mille  yojanas  ;  son  sol  se  trouve 
donc  à  quarante  mille  yojanas  en  dessous  du  sol  du  Jambudvïpa.  "" 

Pourquoi  cet  enfer  est-il  nommé  Avïci  ?  ■'  —  Deux  explications  : 

rivers  of  India,  214,  Watters,  i.  293;  JAs.  1914,  ii.  409  ;  V.  Smith,  262.  -  On  doit 
à  Rémusat  l'identification  Vaksu  =:  Oxus. 

Sur  la  Sita,  Lévi,  ibid.  p.  189  (=  Tarim)  ;  Minayev,  Grammaire  pâlie,  p.  ix, 
cite  Ctesias  dans  Pline,  xxxi.  2,  sur  la  Sidê  :  ...  stagnum  in  Indis  in  quo  nihil 
innatet  omnia  mergantur.  (La  rivière  de  Yarkand  ou  le  Sirikol). 

«  Au  nord  de  la  Sita,  l'Ecriture  est  écrite  dans  la  langue  du  pays  de  Campaka, 
dans  la  langue  du  pays  des  singes,  dans  la  langue  du  pays  nommé  Or  »  (Mél.  As. 
ii.  177). 

1.  Paramfirtha  ajoute  ici  deux  lignes  ;  voir  note  fin  chapitre  iii. 

2.  Mentionnons  la  bibliographie  de  Kern,  Manual,  58  ;  L.  Feer,  Enfer  indien, 
JAs.  1892  et  1893;  B.  C.  Law,  Heaven  and  hell  in  Buddhist  perspective,  Calcutta, 
1925  (sources  pâlies)  ;  Gogerly,  Ceylon  Buddhism,  1908,  vol.  2  ;  Kârandavyûha, 
éd.  par  S.  B.  Samasrami,  Calcutta,  1873  ;  Lettre  amicale,  Wenzel,  JPTS.  1886  ; 
Saddharmasmftyupasthana,  fragments  dans  SiksSmuccaya  et  S.  Lévi,  Râmayana. 

—  On  doit  à  J.  Przyluski  un  essai  fort  intéressant,  et  le  premier,  sur  l'histoire  de 
l'enfer  bouddhique,  dans  Légende  d'Asoka,  1924. 

3.  adhah  sahasrair  viméatyâ  tanmâtro  'vlcir  asya  M  j 
tadûrdhvam  sapta  narakâh  sarve  'stau  sodaéotsadâh  // 

4.  P.  140  n.  3,  84000  yojanas  entre  la  terre  d'or  et  la  surface  du  Jambudvïpa. 
avîcî  et  avîci,  Bodhicaryavatara,  vi.  120,  viii.  107,  Rastrapalapariprccha,  30. 
Géographie  de  l'Avîci,  Saddharmasmrti,  dans  Siksasamuccaya,  70. 

5.  L'expression  avîci  manne  dans  la  description  d'un  pays  surpeuplé,  Angut- 
tara,  i.  159,  Dîgha,  iii.  75.  —  L'Avîci  terrible  aux  quatre  portes,  Itivuttaka,  86  et 
Cullavagga,  vii.  4,  8.  —  Limite  inférieure  du  Kamadhatu,  Dhammasangani,  1281. 

—  L'Avîci  n'est  pas  nommé  Suttanipata  p.  121,  Samyutta,  i.  154  (Notes  de  Rhys 
Davids,  Dialogues,  iii.  p.  73). 

avîcisamtatisahitam,  en  série  ininterrompue  (explication  de  sadâ),  Mahanid- 
desa,  18,  347.  —  avîci  synonyme  de  jarâ  dans  Visuddhi,  449  (Rhys  Davids-Stede). 


Hiuan-imng,  tu  fol.  5 1-6  a.  149 

1.  parro  qnil  n'y  a  \ms,  (Inn.H  rrt  rnff»r.  intrmipiion  f  riri/  dr  U  nmif. 

franrr.  I.a  soiilTrani »«l   inl.Trom|Mio  flnrui  loj»  Aiilir»  rnfrri.  Dan» 

Ir  SaipjTva,  par  r\.  nij.l. .  1.  .  , orps  nont  dnimrd  bm^  H  r^iiiU  m 
poussière  :  eiisiiile  un  venl  glacé  revivifie  \m  ^Inw  H  letir  rrnd  U* 
senliiiKMil  :  d'où  le  nom  de  SaipJTva  |6  a]  :  2.  |Mrce  qu'il  ne  n'y  tiouve 
pas  délai  agréable  (vlci).  '  Dann  |p«  aulres  enfers  manque  Imite  Mai- 
sation  agréable  qui  serait  rélribulion  (vipàkaja)  ;  main  on  admet 
•  lu'il  8*y  trouve  des  sensations  agréables  dites  €  d'(*roulement  • 
(nisyanda)  (ii.  56  c). 

Au-dessus  de  l'AyTri,  en  remonlanl,  les  sept  enfers  nommés  Prala- 
pana,  Tapana,  MabAraurava,  Raurava,  SatpgbAta,  KalasQtra  el 
SaipJTva.  D'après  une  autre  opinion,  ces  sept  enfen  sont  placés  au 
même  niveau  que  TAvlci. 

Chacun  des  buil  enfers  a  seize  ulsadas  (Voir  p.  ibi  I.  *J).  C  est  ee 

qui  résulte  d'une  déclaration  de  Bhagavat  :  « Ce  sont  lÀ  les  huit 

enfers  que  j'ai  révélés,  de  sortie  difficile,  pleins  d'êtres  crueb,  ayant 
chacun  seize  utsadas  ;  ils  ont  quatre  murs,  quatre  portes  ;  ils  sont 
aussi  larges  que  longs  ;  ils  sont  entourés  de  murs  de  fer  ;  leur  plafond 
est  de  fer  ;  leur  sol  est  de  fer  bndant,  étincelant  ;  ils  sont  remplis  de 
flammes  longues  de  centaines  de  yojanas  >.  [6  b]  ' 

1.  Cette  seconde  explication  a  passé  dans  Maheévara  sur  Amarakoés  :  •• 
vidyate  vicih  sukhatft  yatra.  -  On  a  deux  équivalents  tibétains  mik§mmm  mté 
=  «  sans  intervalles  »  [Eilel  comprend  que  le«  damnés  y  SMwaut  et  y  rraaiwH 
incessamment]  et  mnar-mêd  =  *  sans  tortures  ».  par  eophémwine.  dit  Wrni^l. 
JPTS.  1886,  28  ;  mais  mnar-med  =  •  sans  plaisir  ». 

2.  ity  ete  astau  nirayà  akhyata  duratikramêà^  / 
aHrna  raudrakarmebkik  pratyeka^f^  fO^t^MêodO^  // 
eatuhskaiidkaé  a  caturdiùra  otM^ritta  bkégûêo  wêiêà^^f 
ayahpràkarapnryanta':  ayoêA  j^raêiktièjiiAk  ^  // 
tesâm  ayontayi  bhUmir  jvalilA  UjoêA  yuiÛ  I 
[anekayojamUaiair  jvalabkis  ti^lhati]  gpkufO^^U 

Dli^ha,  19.  19.  Ekottara,  36,  ♦»  Saipyukta.  47,  4.  —  J*ai  dU  fai  •■iiiii  Ams 
Cosmologie  bouddhi(|ue  les  passages  parallèles  :  1.  AAguttara.  L  141.  MajjhtiM. 
iii.  182.  PeUvatthu,  21.  65.  KathSTatthu.  »x.  3;  2.  Jttaka.  v.  taS;  a  MahaTa%la, 
L  9  et  iii.  464  ;  4.  LokaprajAflpU  (Mdo,  âQ  b  et  104  b.  SOtra  et  glosas). 

a.  Lecture  de  la  Vyftkhyft  :  eafuhOMndkA  iêi  emêu^Êprêkêfû  %  «rlA^  / 
catHhsatftnivێ&  ity  apare. 


150  CHAPITRE  III,  59  a-c. 

Quels  sont  les  seize  utsadas  ? 

59  a-c.  Aux  quatre  points  cardinaux  de  ces  enfers,  le  Jcukûla,  le 
kunapa,  le  ksuramârga,  etc.,  la  Rivière.  ' 

Ailleurs  catuhkarnâh  (Mahavaslu),  catukkannâ  (Jataka). 

Ailleurs  caturbhâgâh  d'après  la  version  cha  bzhi  (Lokaprajnapti),  avec  le 
commentaire  :  quatre  parties,  est,  sud;  etc.  —  C'est  la  version  de  Senart  :  «  Ils 
sont  en  quatre  parties  ;  ils  ont  quatre  portes  ....  »  ;  c'est  l'interprétation  des  tra- 
ducteurs chinois  :  «  quatre  faces  et  quatre  portes  ». 

Version  du  Bhasya  rtsig  pa  =  mur,  maçonnerie. 

b.  Lecture  de  toutes  les  sources.  —  Senart  :  «  Ils  sont  isolés  et  limités,  chacun 
a  une  place  définie  ».  —  Je  traduis  le  commentaire  de  la  Lokaprajiïapti. 

c.  ayahprâkârapariksiptâ  ity  arthah  (Vyâkhyâ). 

d.  ayasoparistàc  châditah  /  ayasâ  pithitadvârâ  ity  apare  (Vyakhya).  — 
Senart  :  «  ayant  une  voûte  de  fer  ». 

e.  sphutâ  iti  vyâptâh  (Vyakhya). 

dpag  thsad  brgya  phrag  du  mar  yah  /  me  Ice  rnams  ni  mched  par  gnas  (Loka- 
prajnapti) ;  dpag  thsad  brgya  phrag  du  mar  ni  /  me  Ice  dag  gis  khyab  par  gnas 
(Version  du  Bhasya). 

D'après  le  commentaire  de  la  Lokaprajiïapti,  il  s'agit  de  l'Avîci,  ce  qui  donne 
une  lecture  :  ...  tisthati  sphutah. 

Dans  les  rédactions  pâlies,  il  s'agit  du  sol  :  samantâ  yojanasatam  phufâ 
(var.  pharitoâ)  titthati  sabbadâ. 

3.  Przyluski  a  découvert  dans  Divya,  p.  375,  un  fragment  du  BalapanditasQtra, 
où  est  décrit  «  le  sol  formé  de  fer  brûlant,  échauffé,  ne  faisant  qu'une  seule  flamme  » 
(Burnouf,  Introduction,  366)  qui  est  le  plancher  de  nos  enfers. 

1.  kukûlam  kunapam  caiva  ksuramârgâdikam  nadi  / 
tesâm  caturdiéani 

Sur  le  développement  de  la  cosmologie  infernale,  Przyluski,  Légende  d'Açoka, 
130  ;  voir  aussi  Feer,  Fragments  du  Kandjour,  518,  Encyclopédie  de  Hastings,  iv. 
113  (bibliographie). 

Dans  le  Devadûtasutta  (Anguttara,  i.  138,  Majjhima,  iii.  178)  le  grand  enfer 
(mahâniraya)  a  quatre  portes  qui  donnent  sur  quatre  enfers  secondaires,  Gûtha- 
niraya,  Kukkulaniraya,  Simbalivana,  Asipattravana  ;  le  tout  est  entouré  par  la 
rivière  Kharodaka  qui  est,  au  moins  une  fois,  identifiée  à  la  VaitaranI  (Jataka,  vi. 
250,  cité  Przyluski,  Açoka,  132). 

Dans  le  trentième  Sûtra  du  Dlrgha,  seize  utsadas,  qui  sont  placés  entre  les 
deux  Cakravadas  ;  de  même  KunâlasQtra  (Przyluski,  Açoka,  135,  136). 

D'après  Vasubandhu,  seize  utsadas,  en  comptant  la  Rivière  (Vaitaranï)  pour 
un  utsada,  et  en  faisant  un  seul  utsada  des  forêts,  etc. 

Dans  Jataka,  i.  174  :  attha  pana  mahâniraye  sodasa  ussadaniraye  ;  ibid. 
ii.  3,  il  y  a  une  ville  pâkâraparikkhitta  catudvâra  nagara  qui  est  un  ussada- 
niraya,  lieu  où  souffrent  beaucoup  de  damnés. 


Hiuan4êaHg,  xi.  fol.  6  b-T  a.  151 

A  chaque  porte  de  ces  enfers  se  troiiveni  : 

1.  Le  kukula,  un  hranier  où  on  pnfonrp  ju^qu'Aii  genoti.  i^m  dam* 
luvs.  en  y  posant  lo  pied,  ponient  peau,  chair  cl  nang.  qui  rvnaiiiii«nt 
«pianii  les  damnés  lèvent  le  pied.  ' 

2.  Le  kunajxi,  boue  d'excréments,  où  s<ml  les  bêles  d'eau  nommi^ 
Bouche-aigu*»,  dont  le  corps  est  blanc  et  la  léle  noire,  qui  pénètrent 
les  damnés  jusqu'à  l'os.  ' 

3.  Le  ksuraviârgn,  ou  ksuradhàrâtmlrga,  le  granil  chemin  aux 
lames  de  rasoirs  ;  les  damnés  perdent  peau,  chair  et  sang,  lorsqu'ils 
y  posent  le  pied.  ' 

Uasipatlravana,  la  forêt  dont  les  feuilles  sont  des  épées  ;  ce» 
épées,  en  tombant,  coupent  membres  et  sous-membres,  lesquels  sont 
dévorés  par  les  chiens  SyAmasabalas.  ^ 

VayahécUniaUvana  \  la  forêt  aux  épines  [7  a],  épines  longues  de 
seize  doigts.  Lorsque  les  damnés  montent  aux  arbres,  les  épines  .h#» 
tournent  vers  le  bas  ;  elles  se  tournent  vers  le  haut  lorsqu'ils  descen- 
dent Des  oiseaux,  Bec-de-fer  (ayadunda),  arrachent  et  mangent 
les  yeux  des  damnés. 

Ces  trois  lieux  de  soufTrance  constituent  un  seul  uUctda  parce 
qu'ils  ont  en  commun  le  supplice  par  la  blessure. 

4.  Le  quatrième  utsada  est  la  rivière  VaitaraiiT*,  aux  eaux  bouil- 
lantes chargées  de  cendres  brûlantes.  Des  deux  côtés  sont  des  hommea 
(purtMsa)  armés  d*épées,  lances  et  javelots,  qui  repoussent  les  damnéa 

1.  Le  kukûla  est  le  kukhula  «le  MahAvA^slii,  i.  11  =  iii.  455;  Paramlrtlui  : 
«  Cendres  brûlantes  ».  —  Comparer  Siki^LHamurcaya  :  pàdah  prariiljfdte  /  mI> 
ksiptah  punah  sambhavati.  —  Nanjio  1297  dérril  un  voyage  au  Kukala. 

2.  Le  kunapa  (Mali&vastu,  ibid.)  rorrespond  au  giHkaméraifa  du  DrYadQlajMtlUi 
qui  est  apparenté  au  gûthakûpa  de  Saipyulla,  ii.  SO,  PeUvatthu.  61.  •-  L<ea 
l><''tes  à  bouche  aigu^  (nyatkufA  udnia  prùnê,  MahSvyutpatti.  21a,  •>.  on  lifMl» 
kufA,  €  torse  *)  sont  les  siMmukha  pùna  ;  comp.  Saqiyutta,  it  258  :  .SaAiiiii— 
smrii  dans  Sikçftsamuccaya.  69>76. 

.3.  Le  ksuramarga  manque  dans  MahAvastu  :  il  est  décrit  Kif»9^Ty<ilw,  M, 

4.  Dans  DevadaU,  Vasipaiiravana  suit  le  timbaUvmma,  -  GMi|k  M V  j«t  tl&. 

5.  Le  simbalivana  du  DevadOta  ;  1m  épines  ont  huit  doigts  dans  Pravinito 
tyavadftna  (éd.  R.  Tumer). 

G.  Sur  la  VaitaraçT  (= khOrodakA  nadi),  Lévi,  Rlmlyava,  l£i,  HopkiM,  Sttné 
Hivers,  222.  -  U  ro^'ffMd  «  Sans-gué  >  de  U  lettre  «mieale,  JPTS.,  1888,  tt 


152  CHAPITRE  III,  59. 

qui  voudraient  en  sortir.  Soit  qu'ils  plongent,  soit  qu'ils  émergent, 
soit  qu'ils  remontent  ou  descendent  le  courant,  soit  qu'ils  traversent 
dans  les  deux  directions  ou  soient  ballottés,  les  damnés  sont  bouillis 
et  cuits  ;  tels  des  grains  de  sésame  ou  de  blé  versés  dans  un  chaudron 
placé  sur  le  feu. 

La  rivière  entoure  le  grand  enfer  comme  un  fossé. 

Les  quatre  utsadas  en  font  seize  en  raison  de  la  différence  des 
lieux,  puisqu'on  les  rencontre  aux  quatre  portes  du  grand  enfer. 

Quel  est  le  sens  du  mot  utsada  P  '  —  On  les  nomme  utsada  parce 
que  ce  sont  des  lieux  de  tourment  supplémentaire  :  dans  les  enfers 
les  damnés  sont  tourmentés  ;  ils  le  sont  par  surcroît  dans  les  utsadas. 
D'après  Manoratha  (ci-dessus,  p.  70),  parce  que,  après  avoir  été 
enfermés  dans  les  enfers,  les  damnés  tombent  ensuite  dans  les 
utsadas.  [7  b]  ' 

Une  question  en  amène  une  autre.  On  vient  de  parler  des  «  hom- 
mes »  qui  se  tiennent  au  bord  de  la  VaitaranT.  Faut-il  penser  que  les 
«  gardiens  des  enfers  »  (nardkapâla)  sont  des  êtres  ?  ^ 

1.  ttfsada  =  Ihag  ;  Paramartha,  yuen  =  jardin,  Hiuan-tsang,  tsëng  =  addi- 
tions, excroissances. 

Senart,  Mahavastu,  i.  372  ;  Sp.  Hardy,  Manual,  27  (osupat)  ;  Siksasamuccaya, 
56,  6,  248,  5. 

Vyakhya  :  adhikayâtanâsthânatvâd  utsadâh  j  narakesu /  narakâva- 

rodhâd  ûrdhvam  esu  kukûlâdisu  sîdanty  atas  ta  utsada  ity  aparah. 

ut  signifie  adhika  ou  ûrdhva. 

Vibhâsâ,  172,  7,  explique  pourquoi  les  annexes  s'appellent  utsada  ;  trois  raisons 
d'après  P'ou-kouang,  deux  d'après  Fa-pao  :  parce  que  la  souffrance  est  plus  forte, 
plus  variée,  supplémentaire.  —  Le  séjour  dans  les  utsadas  est  de  10000  ans  ;  il 
est  indéfini  ou  infini  dans  l'enfer  proprement  dit  (Majjhima,  i.  335). 

Dans  Petavatthu,  p.  46,  il  y  a  un  sattussada  niraya  (signalé  par  Rhys  Davids- 
Stede)  qui  s'explique,  comme  Dïgha,  i.  87,  par  «  plein  d'êtres  ». 

2.  Beat,  Catena  65,  dit  que  le  damné  passe  de  l'Avïci  dans  les  enfers  froids,  de 
là  dans  les  enfers  obscurs,  etc. 

3.  Vibhasa,  172,  8.  —  C'est  la  controverse  Kathavatthu,  xx.  3.  —  Les  Andhakas 
nient  l'existence  d'êtres  nommés  nirayapâla  en  s'autorisant  d'un  texte  (non 

identifié)  :  «  Ce  n'est  pas  Vessabhû,  ni  le  roi  des  Petas ce  sont  leurs  propres 

actes  qui  tourmentent  les  damnés  ».  —  Vasubandhu,  dans  Vijnaptim5travimsaka, 
stance  4  (traduit  dans  Muséon,  1912,  53-90,  sur  le  tibétain,  éd.  et  trad.  par 
S.  Lévi,  1926),  démontre  l'inexistence  des  gardiens  des  enfers,  des  chiens,  des 


Hiw;iK4saHg,  xi,  fol.  7  a-b.  IftS 

Ce  ne  sont  pas  des  êtres.  —  Gmimnit  diinc  se  mnivenl-ilii  ?  » 
Par  l'acle  cies  Hrt^,  comme  U  vrnl  iIp  la  création.  *  —  ComOMMll 
alors  expliquer  ce  cpie  dit  DliAnnika  SiibliOli  :  t  I^m  colén€|tiiii,  qm 
se  complaisent  dan»  des  nrles  cnieln  el  le  |HTh^,  qui  m?  r4jmtimt>ni 
de  la  souffrance  d  autrui,  renaissent  comme  Yanmrakfasas  »  ?  '  «- 
Sont  nommés  Yanmrflkçasas,  non  pas  comme  voim  penseï  les  t  gsr» 
(liens  des  enfers  »,  des  démons  cpii  tounnenteraient  les  damnés,  mais 
les  serviteurs  de  Yama  qui  jettent  les  danmés  en  enfer  sur  l'ordre 
de  Yama.  * 

D'après  une  autre  opinion,  les  «  gardiens  des  enfers  »  sont  des 
êtres.  —  Où  a  lieu  la  rétribution  des  actes  cniels  que  ces  gardiens 
font  dans  les  enfers  ?  —  Dans  les  mêmes  enfers.  Puis<pie  la  rrlribution 
des  péchés  ànatUarya  (iv.  97)  a  lieu  dans  ces  enfers,  comment  la 
rétribution  des  actes  des  gardiens  n*y  serait-elle  pas  possible  ?  — 
Mais  comment  les  gardiens,  se  trouvant  au  milieu  du  feu.  ne  sont-ils 
pas  brûlés  ?  —  Parce  que  la  force  de  l'acte  marque  une  borne  au  feu 
et  l'empêche  d'atteindre  les  gardiens  ;  ou  bien  parce  que  celte  m^me 


corbeaux,  Hes  murs  d'acier,  etc.  —  Kiokuga  cite  un  cosiniwltirii  du  \  iip^kn  : 
«  Ou  bien  on  croit  que  les  gardiens  des  enfers  sont  des  élTM  rétli  :  opinion  dr« 
Mahfisfiinghikas  et  des  Sfimmillya.s  ;  ou  bien  on  rroit  que  ce  ne  sont  paa  dee  ^Irr^ 
réels,  mais  certaine  sorte  de  bhUta  el  bhautika  créée  pv  Tade  :  opiaioo  des 
Sarvftsiivftdins,  etc.  ;  ou  bien  on  croit  que,  bien  que  ce  ne  soient  pns  des  Hrm, 
cependant,  étant  produits  par  la  vAsatiA  (la  trace  des  mtim  el  pensées),  os  ne 
sont  pas  de  simples  modifications  de  la  pensée  :  opinion  des  SnntiinHkss  ». 
Comparer  les  femmes  créées  [mr  l'acte,  Sik^is*  60>76w 

1.  vivartanivAyuvat.  —  De  même,  à  la  création,  les  vents  se  ■Mvsnl  (BS^nniti 
pour  créer  le  monde-réceptacle.  —  Les  soi-disant  «  gardiens  des  enlers  »  ns  sont 
que  bhûta  et  bhautika,  asattvAkhya,  •  non  être  vivant  >,  i.  10  k. 

2.  DbArmika  Subhoti  a  été  cité  ci-dessus,  iii.  13  a.  -  Nous  avons  iei  «n  éloka 
qui  se  termine  :  [jùyante]  yamarOkfasAk.  —  Peul-^tre  un  extrait  du  DaMkuiis- 
lakarmapathanirdeéa  (Lévi,  J.  As.  1985,  i.  37). 

Hiuan.tsang  traduit  :  fa-cban-hién  ;  Paremlrlha  transcrit  en  repré«i«fit«nl  bkm 
par  pou  -f  heôu  (classe-nigir).  —  Sur  ce  docteur,  et  les  docieura  de  nom  analogue 
(SubhQtighoça),  F.  W.  Thomas,  Album  Kém,  407  et  S.  létU  Notas  Inliinnii. 
J.  As.  1925,  L  as  (DliSrmika  SubbOti,  un  des  noms  d'Aivagbofa  d*aprhi  Tarant* 
tha). 

3.  DevaduHyasûtroktena  amméA§amêmànmài$fû$  lAn 
ne^  prak^anii  yamafil^adhàntnioûêimtt^  ^ 


154  CHAPITRE  m,  59  c-d. 

force  fait  que  le  corps  des  gardiens  est  constitué  de  grands  éléments 
d'une  nature  spéciale.  '  [8  a] 

59  c-d.  Il  y  a  huit  autres  enfers,  les  enfers  froids,  l'Arbuda,  etc.  ' 

Ces  enfers  sont  nommés  Arbuda,  Nirarbuda,  Atata,  Hahava, 
Huhuva,  Utpala,  Padma,  Mahapadma.  Parmi  ces  noms,  les  uns 
(1,  2,  6,  7,  8)  indiquent  la  forme  que  prennent  les  damnés  :  ceux-ci 
prennent  la  forme  d'un  arbuda,  d'un  lotus  ...  ;  les  autres  indiquent 
le  bruit  que  font  les  damnés  sous  la  morsure  du  froid  :  aiata  ....  ^ 

Ces  enfers  froids  sont  situés  sous  le  JambudvTpa,  au  niveau  des 
grands  enfers. 

Comment  y  a-t-il  place,  sous  le  seul  JambudvTpa,  pour  les  enfers 
qui  sont  bien  plus  larges  que  le  JambudvTpa  ?  *  —  Les  continents, 

1 krtâvadhitvat  /  bhûtavisesanirvrtter  va.  —  Paramarlha  ajoute  :  «  Ils 

ne  diffèrent  pas  des  antres  êtres  qui  naissent  en  enfer  ;  comment  seraient41s  des 
gardiens  ?  » 

Nâgasena,  p.  67,  explique  pourquoi  les  damnés  en  général  ne  sont  pas  détruits 
par  le  feu. 

2.  sîtâ  anye  'slâv  arbudâdayah  // 

J.  Przyluski,  Açoka,  135,  observe  qu'il  y  a  dix  enfers  froids  dans  le  30®  Sotra 
du  Dîrgha  (placés  entre  les  deux  Cakravadas),  dans  Sainyutta,  i.  152  (Feer,  J.  As. 
1892,  ii.  213),  Anguttara,  v.  172,  Sutlanipâta  (Kokaliyasntta):  aôfewda,  nirabbuda, 
ababa,  atata,  aliaha  (ou  ahaha,  atata),  kutnuda,  sogandhika,  uppala  (ou 
uppalakaj,  pundarika,  paduma.  —  Avec  les  huit  grands  enfers  chauds,  dix-huit 
enfers,  comme  dans  KunSlasOtra  (Przyluski,  136).  [Feer,  J.  As.  1892,  ii.  220  :  «  Les 
noms  des  enfers  froids  désignent  simplement  le  nombre  d'années  du  supplice  »  ; 
voir  ci-dessous  176].  —  Chavannes,  Cinq  cents  contes,  ii.  341  :  Des  Arbudas,  il  y 
en  a  des  centaines  et  des  milliers  ;  les  Nirayas  sont  au  nombre  de  trente-six. 

Mahavyutpatti,  215,  1-8;  Divya,  67,  Irad.  Burnouf,  Introduction,  201  [Burnouf 
signale  l'identité  du  Mahapadma  avec  le  Fen-lo-li  =  Pundarîka  de  la  note  du 
Foe-koue-ki,  p.  298-9.] 

Ou  bien  on  distingue  les  huit  enfers  froids  et  les  dix  enfers  froids  qui  sont 
placés  entre  les  Cakravadas  ou  Univers  ;  ceux-ci,  avec  de  nombreux  petits  enfers, 
sont  les  enfers  lokântarika,  Eitel,  p.  106-107;  Kiokuga^  sur  ceci,  signale  le  Li- 
che-lun,  Nanjio,  1297,  le  Saddharmasmrtyupasthana,  18,  1  et  Vibhasa,  172,  7. 

Sur  les  lokantarikâ  aghâ  andhakârâ  ...  Burnouf,  Lotus,  631,  832,  Dïgha, 
ii.  12,  Divya,  204,  Sp.  Hardy,  Legends,  110,  Deussen-Geden,  Upanishads,  322. 

3.  kâyasabdavikârânurûpa. 

4.  Vibhasa,  172,  7.  —  Ici  un  homme  difficile  objecte  :  «  On  dit  que  le  JambudvTpa 


mmm49ang,  xl  fol.  7  b^  a.  18» 

comme  des  tas  de  grains»  sont  plus  larges  vers  le  bas.  Le  grand  océan 
no  se  creuse  pas  à  pic  autour  des  conlinenU.  (Vililia^  171  f  ;  Odla- 
vagga,  9,  1.8). 

Les  seize  enfers  sont  créés  par  la  force  des  actes  de  Ions  k»  ètrw 
(ii.  56  b,  iii.  iH)  c,  lOI  c,  iv.  85  a)  ;  il  y  a  des  enfers,  les  enfem  prù» 
deéikay  créés  par  la  force  d'actes  indiviiluels.  les  actes  d'un  être, 
de  deux  êtres,  de  plusieurs  êtres.  Leur  variété  est  grande  ;  leur  lien 
n'est  pas  déterminé  :  rivière,  montagne,  désert,  ailleurs  encore.  • 

Le  lieu  principal  (mUla)  des  enfers  est  en  bas.  Uuant  aux  animaux, 
ils  ont  trois  places,  la  terre,  Teau,  lair.  Leur  lieu  principal  eut  le 

est  plus  étroit  en  haut,  plus  large  en  bas  ;  que  les  autres  ronlinenla  préatoUiit  ki 
fijfure  opposée  :  est-ce  raisonnable  ?  » 

1.  VibhAsa,  ibidem.  —  En  dessous  du  JanibudvT|i«  les  graadi  «Bltn  ;  à  la  »ar« 
fare  du  Jumbudvlpa,  les  enfers  de  <  fronlirre  »  (piên)  (Comparar  Btal,  Cat^naj  65| 
et  pradeéika  (kOu)  :  dans  vallées,  montagnes,  etc.  VmnB  las  auffas  dVÊi^m»  Ma»- 
quent  les  grands  enfers  pan'e  qu'on  n'y  commet  pas  les  grancb  criaaa  m.  D^apvèa 
quelques-uns,  tous  les  enfers  manquent  dans  rUttarakuni.  —  Lea  dkuBBéa  aevl 
de  forme  humaine  ;  ils  parlent  d'abord  en  langue  flrja  ;  ensuite,  éciiMéa  pur  la 
douleur,  ils  ne  prononcent  plus  un  seul  mot  intelligible. 

Enkrs prAdeéika,  —  Hiuan*tsang  traduit  kôu,  isolé;  Paramtrttia,  pU  lekdM, 
à  pari  ;  tibétain  ni-thse  qui  signifie  aussi  €  éphémère  »  (pensée  prAdfMro.  pensée 
momentanée,  Madhyanmk&vulAra,  trail.  p.  M  :  prûdeéika$ûn«t,  âikfaaamucriijra. 
183,  10,  Mahftvyuipatli,  51),  5).  —  Trois  enfers  €  d'un  jour  »,  Saddharmasoirtl.  Lévi 
RfiniAyana,  5.3.  —  Voir  Rhys  Davids-Stede,  padesa. 

Un  autre  nom  est  pratyekanarfuka,  pctccekaniraya  (Comiii.  de  SulUmipala  ei 
Petavattbu)  ;  tels  les  enfers  que  visite  Sai|igharak.<«ila,  Divya.  Xiîh  îWfi.  IntmdiK* 
tion,  320  (<  des  enfers  qui  se  renouvellent  chaque  jour  •  dit  Bumouf  d'aprf^  le 
tibétain  ùi-thse,  et  d'après  la  description  même).  Burnouf  cita  Oea  Haulaarajaa  : 
<  enfers  dispersés  sur  la  surface  de  la  terre,  sur  les  rÎTagaa  al  daaa  «lea  Haiis 
isolés  »  (ce  qui  correspond  à  VibhA^  trad.  par  Beat,  57.  sur  les  «  solitary  IwUa  •). 
—  On  se  rappelle  qu'un  des  noms  du  mahAuiraifa  de  Majihiaia,  i  9^,  ial 
pcuxattavedaniya. 

Le  pratyekanarcUca  de  Sikç&sainuccaya,  l<d6^  aai  mia  eooififbfiOB  i 
les  damnés-pre(a«  de  Saipyutia,  il  f54  sont  dea  damnéa  «  liMilildMli  •  ;  da 
le  héros  du  MaitrakanyakavadAna. 

Le  Bodhisattva  qui  devrait  aller  en  Avict  va  dana  uo  pratyémmamkm  (1 
vaslu,  i.  103  :  «  enfer  à  la  pistole  >,  dit  Barlh,  J.  daa  SavMils,  IM  à  paît,  fw  S: 
mais,  ii.  350,  il  y  a  du  feu  dans  cette  sorte  d*ea§m). 


u 


156  CHAPITRE  III,  59-62  b. 

Grand  Océan  [8  b]  ;  les  animaux  qui  sont  ailleurs  sont  le  surplus  des 


Le  roi  des  Prêtas  s'appelle  Yama  ;  sa  résidence,  qui  est  le  séjour 
principal  des  Prêtas,  se  trouve  à  cinq  cents  lieues  en  dessous  du 
JambudvTpa  ;  elle  est  profonde  et  large  de  cinq  cents  lieues.  Les  Prêtas 
qui  se  trouvent  ailleurs  sont  le  surplus  des  Prêtas.  Les  Prêtas  diffèrent 
beaucoup  les  uns  des  autres  ;  certains  possèdent  des  pouvoirs  surna- 
turels et  jouissent  d'une  gloire  semblable  à  celle  des  dieux  ;  voir  les 
Avadanas  des  Prêtas.  - 

Sur  quoi  reposent  le  soleil  et  la  lune  ?  —  Sur  le  vent.  Par  la  force 
collective  des  actes  des  êtres  [9  a]  sont  produits  des  vents  qui  créent 
(nirmâ)  dans  le  ciel  (antarikse)  la  lune,  le  soleil  et  les  étoiles.  ' 
Tous  ces  astres  tournent  autour  du  Meru  comme  entraînés  par  un 
tourbillon  d'eau. 

Quelle  distance  d'ici  à  la  lune  et  au  soleil  ? 


60  a.  A  mi-Meru,  la  lune  et  le  soleil.  * 

La  lune  et  le  soleil  se  meuvent  de  niveau  avec  le  sommet  du 
Yugamdhara. 

Quelle  est  leur  dimension  ? 

1.  La  Vibhasa,  133,  10,  signale  l'opinion  que  les  animaux  qui  vivent  parmi  les 
hommes  ne  sont  pas  des  êtres,  sattva  ;  ils  sont  semblables  à  des  animaux,  donnant 
du  lait,  etc.  —  On  verra  que  la  «  disparition  des  animaux  »  à  la  fin  du  monde 
s'accomplit  en  deux  étapes,  les  animaux  qui  vivent  avec  les  hommes  disparaissant 
après  les  autres  et  en  même  temps  que  les  hommes  (iii.  90  a). 

2.  La  ville  de  Yama  est  à  86000  yojanas,  Hopkins,  JAOS.  xxxiii.  149. 

Le  peta  mahiddhika,  Petavatthu,  i.  10  ;  Kathavatthu,  xx.  3  ;  Avadanaéataka, 
46.  —  Kosa,  iii.  p.  11,  note. 

Quatrième  décade  de  l'Avadanasataka  ;  Saddharmasniftyupasthâna,  chap.  iv 
(Nanjio,  679)  ;  sources  de  Beat,  Catena,  67,  Description  des  Prêtas  qui  fréquentent 
les  hommes,  manusyacarisnu,  Lotus,  iii.  —  Stede,  Gespentergeschichten  des 
Petavatthu,  Leipsick,  1914. 

Détails  sur  les  Prêtas,  Kosa,  iii.  9  d,  83  c. 

3.  Paramartha  et  Hiuan-tsang  diffèrent.  —  Le  soleil  est  mis  en  mouvement  par 
cinq  vents,  Beal,  Catena,  p.  68. 

4.  ardhena  meros  candrârkau. 


Hiuan49tmg,  xi.  fol  8  a-9  b.  Ii7 

60  b.  Cinquante  ot  cinquante  et  une  lieuet.  ' 

Le  disque  de  la  luno  est  de  cinquante  ffcjanas  ;  le  diiique  du  «olefl 
est  de  cinquante  et  un  yojanas. 

Le  plus  petit  parmi  les  c  châteaux  >  (vifHàna)  iHen  èUùU^  t*%\  fl'un 
kro^a  (iii.  87  c)  ;  [le  plus  grand  est  de  seize  yofamu  ']- 

Par  la  force  des  actes  des  fttres  se  trouve  formé,  inférieur  et  exté- 
rieur au  château  du  soleil,  ^  un  disque  de  pierre-de-feu,  ^  calonBqiMi 
et  lumineux  ;  et,  pour  le  château  de  la  lune,  un  disque  de  pierre-d*eau,  * 
frigorifique  et  lumineux.  Leur  fonction,  suivant  les  circonstances,  est 
de  faire  naître  et  de  faire  durer  l'œil,  le  coqw,  les  fniilH.  le»  (ItMirs. 
U 'S  moissons,  les  herbes,  et  de  les  détruire. 

Dans  un  univers  à  quatre  continents  (iii.  73),  un  seul  .soleil  et  une 
seule  lune.  Cependant  le  soleil  ne  remplit  pas  sa  fonction  en  même 
temps  dans  les  quatre  continents. 

61  a-b.  Minuit,  coucher,  midi,  lever  au  même  moment.  * 

Quand  il  est  minuit  dans  TUttarakuru,  le  soleil  se  couche  en 
POrvavideha,  est  à  midi  en  JambudvTpa,  se  lève  en  GodanTya.  Et 
ainsi  de  suite.  (Dîrgha,  22,  is). 

En  raison  de  la  variété  de  la  marche  du  soleil,  les  jours  et  les  nuits 
s'allongent  et  diminuent.  [9  b] 

61  c-62  I).  Les  nuits  s'allongent  depuis  le  neuvième  jour  de  ht 

1.  pancdiintsaikayojauaH  / 

Dans  Visuddhimagga.  417418  (Warren,  324  ;  SpenM  lUrdy,  Lagmèi,  ttS^  !• 
lune  a  49  et  le  soleil  tii)  yojanas. 

2.  Manque  dans  la  version  tibétaine. 

3.  Il  parait  difficile  de  comprendre  autrement  le  Lotaavm  :  Ai  melti  gilwl  ami 
khan  hog  gi  phyi  roi  ni  me  éel  kyi  dkyil  hkhor  ....  mAoo  par  \f^fjvit  bo.  -  ftu»- 
martha  :  soleil  disque  inférieure  face  extérieure  limite  ....  —  l«  châtc«a,  wirnûmm, 
est  distinct  du  disque  ;  sur  les  dimwirinns  dochâlwiii,  Beat,  Cet  MB,  t^ 

4.  Le  sanscrit  porte  iaijoêa  cakra  qui  s'expKqiie  êêrgmkûmiëêmmÈm,  •  UA  «W 
la  gemme  sûryakdnîa  ». 

5.  Le  sanscrit  porte  sans  doute  Opyo,  c'eel-à-dlr»  e«M//rrtirtNiai«Ma»  :  Ub*. 

tain  :  chu  àel. 

6.  ardharùtro  'stagamanam  madhyA{kna  mdmffm^  «anMiMj  a 


158  CHAPITRE  m,  61  c-64. 

seconde  quinzaine  du  deuxième  mois  des  pluies,  elles  diminuent 
depuis  le  neuvième  jour  de  la  seconde  quinzaine  du  quatrième  mois 
d'hiver.  Les  jours,  l'inverse.  Les  jours  et  les  nuits  s'allongent  peu  à 
peu  suivant  que  le  soleil  va  vers  le  sud  ou  vers  le  nord.  ^ 

Les  nuits  s'allongent  à  partir  du  neuvième  jour  de  la  quinzaine 
claire  de  Bhâdrapada,  et  diminuent  à  partir  du  neuvième  jour  de  la 
quinzaine  claire  de  Phalguna.  —  Les  jours,  l'inverse  :  quand  les  nuits 
s'allongent,  les  jours  diminuent,  et  réciproquement.  —  C'est  graduel- 
lement que  les  jours  et  les  nuits  s'allongent  et  diminuent,  à  mesure 
que  le  soleil  va  vers  le  sud  ou  vers  le  nord  du  Jambudvîpa.  - 

Pourquoi  le  disque  de  la  lune  n'apparaît-il  pas  complet  au  com- 
mencement de  la  quinzaine  claire  ? 

62  c-d.  La  lune  se  couvre  de  son  ombre  en  raison  de  la  proximité 
du  soleil,  et  on  la  voit  incomplète.  ^ 

C'est  renseignement  do  la  Prajfiâpti  :  «  Lorsque  le  château  de  la 
lune  se  meut  dans  le  voisinage  du  château  du  soleil,  alors  l'éclat  du 
soleil  tombe  sur  le  château  de  la  lune.  Par  suite,  l'ombre  tombant 
sur  le  côté  opposé,  le  disque  apparaît  incomplet  ».  *  —  Mais,  d'après 

1.  prâvrnmâse  dvitlye  'ntyanavamyâm  vardhate  nUâ  j 
hemantânâm  caturthe  tu  hlyate  'har  viparyayât  jf 
lavaéo  râtryaharvrddhî  daksinottarage  ravaii  / 

2.  Hiuan-lsang  ajoute  :  «  De  combien  est  l'augmentation  ?  —  D'un  lava  ».  — 
Le  lava  est  le  trentième  du  muhûrta  qui  est  le  trentième  du  jour,  soit  quatre 
minutes,  VibhSsâ,  13G,  3.  -  Le  chapitre  mâsaparîksâ  du  Sardûlakarna  omis 
dans  l'édition  Cowell-Neil  (voir  Appendice  Divya). 

Le  LokaprajnSpti  indique  les  maxima  de  jour  et  de  nuit  ;  d'accord  avec  Sardû- 
lakarna, Divya,  G42  :  hemantânâm  dvitlye  màse  rohinyâm  astamyâm  dvâda- 
éaninhûrto  divaso  ....  ;  données  communes,  comme  on  voit  Tliihaut,  p.  26,  Bar- 
nett,  Antiquities  of  India,  196  :  durée  du  jour  maxima  15  heures,  minima  9  heures. 

Ceci  contredit  les  dates  d'équinoxe  de  61  c-62. 

3.  svacchâyayârka[sâmnidhyâd  vt\kalendusamlksanam  jj 

4.  Vyakhya  :  aparapâréve  châyâpatantl  vikalamandalam  darsayati  / 
tadyathà  stambhe  pradîpachâyâpatantî  yathâ  yathâ  stamhha  âsanno 
bhavati  tathâ  tathâ  stambhah  svacchâyayâ  châdyate  j  dure  hi  vartamâne 
pradlpe  paripurnastamhho  drsyate  j  kim  cid  âsanne  kim  cit  kslyate  /  yâvad 
atyàsanne  stambho  nastarûpo  vartate  j  tadvad  état. 

Paramartha  :  Par  suite,  l'ombre  du  soleil  couvre  les  autres  parties  de  la  lune. 


Himm4Êamg.  xl  fol.  9  blO  n.  IW 

les  ancien»  maîtres.  Ica  Yogacflnm,  telle  ett  ta  manière  de  ••  mouvoir 

«|ne  la  lune  nppamit  Inntùt  romphHe.  tantôt  incomplète.  ' 

A  i\\uA\v  claH.se  d'iMneH  nppnrtirnnent  U*n  haliitanti»  des  cbâtmin 
(vhnàPM)  (lu  soleil,  de  la  lune  et  des  étoiles?  —  Ce  sont  dm  dieux 
(•Atimnali&rftjakayikn.H,  '  et  h^s  seuls  parmi  ces  dieux  qui  habitent 
«ii's  rluUenux  [10  a]  ;  mais  il  y  a  un  grand  nombre  de  (laturmaha^a* 
jakayikas  qui  habitent  sur  la  terre  fenne,  dans  les  paWfOf^jfcto  — 
étajçes  on  t»*rra*ist'«4  —  du  Mrni  et  ailleum. 

63-64.  11  a  (|naliH'  terrasses,  distantes  entre  elles  de  dix  nulle 
lieues,  .sortant  de  seize,  huit,  ipiulre  et  deux  mille  lieues.  Là  sont  les 
Karotapanis,  les  M&ladharas.  les  Sadamattas  et  les  dieux  Mahflrajî- 
kas  ;  et  aus.si  sur  les  sept  montagnes.  ' 

—  Hiiian-tsang  :  Les  autres  eôlés  (ouest  ou  est)  prwtulseut  oot  iiahri  qui  cottvfv 
le  disque  de  la  luue  (est  ou  ouest). 

1.  v&hayogah  sa  tiUlfèak.  -—  VyXkhyg  :  punas  lirffogacanàwÊonmàmmff^ 
gêna  adhobk&gaé  candramandaUuya  kf^patê  /  i^nPumm 
yogùc&rAh. 

Paraniartha  :  Tel  est  la  manière  de  marriier  du  soleil  et  de  la  lune  qus 
fois  on  la  voit  complète,  (luelquefois  à  demi.   -  lliuan*tHang:  La  dénarrh*  du 
soleil  et  de  la  luue  n-est  pas  |>areille  :  on  la  voit  complète  ou  partielle. 

Les  phases  de  la  lune  sont  expliquées  dans  Nai^io,  5^  Beal,  6B:  1.  tm 
of  ils  révolution,  by  wliicli  the  liinder  part.s  are  exhihited  ;  2.  thé  blus  clud 
ever  and  anon  intervening  between  the  earth  and  Ihe  montlit  causa  tliadfaw  of  IW 
latter  to  be  (di.scure<i  :  H.  beruuse  the  bright  rays  of  Ihe  sua  (sixiy  br%lll  rajTS) 
oh.scure  the  dise  of  the  iiiotm  ....  the  un  ion  is  so  near  Ihe  aun  tluil  ils 
i^  obscured  .... 

Beat  cite  aussi  W  Naujio  1297  :  «  Thf  ^uiijt-tl  of  iKe  19U*  chapler  »  IIm 
of  the  sun  and  moon  >  (Nanjio). 

±  câturmak&rûjakûyika  s'explique  :  eaiufwtakêréjémÊm  Mf«#  /  UUrm 
bhavâé  caturmahûr&jakaifikak  —  qui  fait  partie  da  la  coMfagaia  dta  quatre 
grands  rois. 

3.  parisandûé  caiasro  *sya  daiaêàhoêHkAntarikk  f 
8odaé&8taH  tahasrûni  eaivëri  é9%  es  mirg^AA^  Il 
karotapûttnyas  iutrn  mAladA«rA#  MMféMMMfA^  / 
mah&râjikndevf^  eu  parvaUfv  api  MapUum  // 

D'après  la  lx>kaprajAlpti  (Conmologie.  Appendfoe,  p.  3(H),  Il  J  «•  •■I»  Is  ^rfc 
des  Asuras  et  ceUe  des  Suras  (ou  Trent«4ruis),  •  cinq  gtSmm  ém  Tmà»4tm*. 
I.  s  Udakaniérita  nlgas,  les  Karotapiçis,  etc.  •  —  Dirya.  tl8»  Jataka.  I.  «M 

parUandâ,  tib.  baii-rim,  Paramlrtha  :  étage  (U'éng),  Hiaan4saag  :  éia^^-mwt^ 


160  CHAPITRE  III,  63-68. 

La  première  parisandâ  est  à  dix  mille  lieues  au-dessus  de  l'eau, 
la  deuxième  à  dix  mille  lieues  au-dessus  de  la  première  et  ainsi  de 
suite.  Elles  atteignent  donc  la  moitié  du  Meru.  ^  —  La  première 
parisandâ  sort  (nirgata,  hphags)  du  Meru  de  seize  mille  lieues 
les  autres,  dans  l'ordre,  de  huit,  quatre  et  deux  mille  lieues.  ^  —  Sur 
la  première  parisandâ  résident  les  Yaksas  «  Cruche  en  main  »  ^ 
sur  la  seconde,  les  «  Porteurs  de  couronnes  »  [10  h];  sur  la  troisième 
les  «  Toujours  ivres  »  (sadâmatta,  que  la  stance   nomme  sadâ 
mada)  '*  :  tous  ces  dieux  sont  des  Gaturmaharajakayikas.  A  la  qua 
trième  parisandâ  sont  les  Quatre  Rois  ''  en  personne  avec  leurs 
acolytes  :  ces  dieux  portent  le  nom  de  Caturmaharajikas. 

De  même  que  les  Gaturmaharajakayikas  habitent  le  Meru,  de  même 
ils  ont  des  villes  et  des  bourgs  sur  les  sept  montagnes  d'or.  Aussi 
ces  dieux  sont-ils  la  classe  de  dieux  la  plus  nombreuse,  [lia] 

65-68.  Les  Dieux-trente-trois  au  sommet  du  Meru,  dont  les  côtés 
sont  de  quatre-vingt  mille.  Aux  coins,  quatre  pics  qu'habitent  les 
Vajrapanis.  —  Au  milieu,  avec  des  côtés  de  deux  mille  cinq  cents, 
haute  d'un  et  demi,  la  ville  nommée  Sudarsana,  d'or,  de  sol  bigarré 

(ts'êng-kï).  —  Divya,  212,  8  (le  Sumeruparikhanda,  lecture  incorrecte)  ;  217,  17, 
344,  12  (la  Sumeruparisanda,  qui  diffère  des  séjours  des  Karotapfinis,  etc.  et  n'est 
pas  une  de  nos  parisandâs).  —  Mahfivyutpatti,  194,  21,  sumeruparisanda, 
24.5,  3G8,  parisandâ. 

1.  ardham  âksiptam  =  ardïiam  avastahdham. 

2.  On  ne  voit  pas  bien  comment  les  parisandâs  *  sortent  »  (nirgata,  hphags, 
tch'ôu)  du  Meru,  du  côté  du  Meru. 

A  admettre  que  les  parisandâs  sont  des  terrasses  eu  retrait,  disposées  sur 
tout  le  pourtour  du  Meru,  on  comprend  la  théorie  qui  attribue  au  sommet  de  la 
montagne  des  côtés  de  20000,  non  de  80000  yojanas.  [Au-dessus  de  la  première 
terrasse  le  côté  est  de  80000  moins  32000  :  retranchant  ensuite  16,  8,  4,  il  reste  un 
prisme  de  20000  de  côté]. 

Grande  variété  dans  les  dessins  qui  représentent  le  Meru,  Alphabetum  tibeta- 
num,  473  ;  Beal,  Catena,  75  ;  Eitel,  Handbook,  164,  etc. 

3.  Voir  Burnouf,  600,  Divya,  218,  Mahfivastu,  i.  30  et  394  ;  Morris,  JPTS.  1893, 
21  (karoti). 

4.  Sadâmatta  est  le  nom  d'un  des  «  paradis  particuliers  ^  du  Maitrakanyaka. 

5.  Dhftarastra  à  l'est,  Virûdhaka  au  sud,  VirûpSksa  à  l'ouest,  Vaisr5vana  au 
nord. 


HiuaH'tMaptg,  xi,  fol.  10  a-1 1  a.  161 

et  doux.  —  Là,  le  Vaijayanla,  aux  cûtén  de  deux  cmt  cinquatiU.  -- 
Extérieurement,  cctlo  ville  esi  onu'fe  par  le  CaiiranUlMU  le  Fini^l, 
le  Miâra  et  le  Nandaim  ;  à  une  distance  de  vingt  lieuca  d«  tm 
aux  quatre  côtés.  d*excellcnt»  terrains.  —  Au  nord-eat  la 

au  sud-oueat  la  SudImnnA.  ' 

1.  Les  Trayastrinisas  '  habitent  le  commet  du  Meni  ;  les  eéiéê  d« 
ce  sommet  sont  de  i|uatre-vingt  mille  yojanas.  D'aprè»  d'autrm 
maftr&s.  les  côtés  sont  chacun  de  vingt  mille,  le  pourtour  e»t  de 
(juatre-vingt  mille.  ' 

2.  Aux  coins,  des  pics  (kûfa),  hauU  et  larges  de  cinq  €«iU  pojmuu, 
où  résident  les  Yak^as  nommés  VajrapAnis. 

3.  Au  milieu  de  la  table  du  Mcni.  la  ville  royale  deâakra,  chef  des 
(lieux,  la  <  Belle  à  voir  »  (sudaréana).  *  Ses  côtés  sont  de  deux  mille 
cinq  cents  yojanas  *  ;  son  pourtour  de  dix  mille  ;  sa  hauteur  d'un 
yojana  et  demi  *  ;  elle  est  en  or  ;  elle  est  parée  de  cent  et  une  sortes 

1.  merumûrdhni  trây€MtninéAh  «a  cûélii*aka*radik  / 
vidiksH  kûtàé  catvara  n^ilà  vajrapànfbhik  II  65 
mêodkjfe  sArdhwlvisahasrapArévam  adhifardkajfojamam  / 
puratf*  sudaréanatu  nâma  haimam  eitratatnm  mrduU  eS 
8Ardk(idviéaiap&rivo  'ira  vaijayanio  bakik  punak  / 

tac  caiirarathapArufpami^ranandanubhù^itam  II  (57 
viméatyantaritany  MAipi  aubhûmlni  caiurdiàam  / 
plirvoHare  parijaiak  audkarmù  dakfitfiàvaf  II  6B 
Habituellement  :  daksinàpara. 

2.  Les  «lieux  qui  sonl  la  compagnie  «le»  trente*(roia  dieux,  Sàkr»,  «le.  —  VUihAfS. 
133,  U.  que  Vasubamllui  suit  ri(ltleiii*-nt.  -  Divya,  119 ;  lUIiivstla  L  tl  ;  Loka- 
prajAfipti,  fol.  28  a-47  b,  Cosmologie  bouddhique,  p.  901-306:  SsrfdhsniiiwiriyM- 
pasthfina  dans  Lévi,  Rflmftyaça,  4M7  (les  noms  chinoU  dM  pares  m  tusitféisl 
pas  avec  nos  versions  du  Koéa). 

3.  Dans  Viblifisfi.  la  première  opinioa  ssl  qos  les  eSiés  sost  de  vinirt  »ill» 
yojanas  ;  la  seconde,  que  les  cM^  sont  «le  qualre-riogl  arills.  —  Vjftkfcjrt  : 
Gimment  concilier  la  thtW>rie  des  côl^  de  vir^*mille  arse  la  Hlèw  qw»  hm  smnm 
tagnes  sonl  aussi  larges  que  hautes  ?  Cea  dorleura  penseal  ^ftm  rrlte  lh**p  »t^ 
le  mUieu  de  la  montagne  (wutdkyahkàgam  êvûbkiëamOkfgm  99am  mkUimL 
Voir  d-dessus  p.  IGO,  n.  S. 

4.  Sur  Sudaréana,  Divya,  110;  CommMilaira  da  DhaMaapada.  »  (^  SI*  4aa 
Buddhist  Legenda  de  BurlhiganM). 

5.  dairghyendrdhalfHg9  yojanaéatê  pArétam. 

a  Hiuan-tsang  :  Ses  remparta,  en  or,  sont  hauts  d*an  f^saa  «t  é^^ 


162  CHAPITRE  III,  66-68. 


de  couleurs  '  ;  de  même  son  sol.  Ce  sol  est  doux  au  toucher,  comme 
la  feuille  de  l'arbre  à  coton  ;  il  monte  et  descend  pour  faciliter  la 
marche. 

4.  Au  milieu  de  la  ville  se  trouve  le  palais  de  Sakra,  chef  des 
dieux,  nommé  Vaijayanta  :  par  sa  richesse  et  ses  gemmes  [11  h],  il 
fait  rougir  toute  autre  résidence.  ^  Ses  côtés  sont  de  deux  cent  cin- 
quante yojanas. 

Tels  sont  les  ornements  de  la  ville  elle-même. 

5.  Ornements  extérieurs  de  la  ville,  les  quatre  parcs  ^  :  Caitraratha, 
Parusyaka,  Misraka  et  Nandana,  terrains  de  jeu  des  dieux. 

6.  Aux  quatre  côtés  *  de  ces  parcs,  à  partir  d'une  distance  de  vingt 
yojanas,  quatre  terrains  de  jeu  (krîdâsthânâni)  d'un  sol  merveil- 
leux, ^  ravissants  et  qui  paraissent  rivaliser  entre  eux. 

7.  Le  magnolia  (kovidâra)  qu'on  nomme  Parijataka  ^  est,  pour  les 
Dieux-trente-trois,  le  lieu  par  excellence  des  plaisirs  et  de  l'amour  ^  ; 
ses  racines  plongent  à  cinquante  yojanas  *  ;  il  est  haut  de  cent 
yojanas  ;  avec  ses  branches,  feuilles  et  pétales  (sâkhâpattrapalâsa), 
il  couvre  cinquante  yojanas. 

L'odeur  de  ses  fleurs  se  propage  à  cent  yojanas  avec  le  vent, 
à  cinquante  contre  le  vent.  ^  —  Soit,  elle  peut  se  propager  à  cent 
yojanas  avec  le  vent,  mais  comment  va-t-elle  contre  le  vent  ?  — 
D'après  une  opinion,  on  dit  qu'elle  se  propage  à  cinquante  yojanas 


1.  dhâtuéatena  ^=  rangaéatena. 

2.  nânâratnasthânavidhânasafttpadâ     sarvânyabliâvanaérlmahimani- 
hresana. 

3.  Sur  les  quatre  parcs,  Mahavyiilpatti,  196, 1-4  ;  Divya,  194-195  (regrets  du  dieu 
mourant),  Mahavastu,  i.  32.  —  Les  quatre  parcs  des  Jainas,  SBE,  45,  p.  288. 

4.  caturdiéam  s'explique  :  catasro  diéo  'syeti  caturdisam  kriyâviéesanam. 
—  D'après  Bhaguri,  on  a  les  deux  formes  dié  et  diéa  (VyâkhyS). 

5.  Le  suhhûmlni  de  la  stance  s'explique  :  Éobhanâ  bhûmaya  esâm  iti  subhû- 
mîni  krîdâsthânâni. 

6.  Le  Parijataka  (Divya,  219,  etc.)   est   le  Pariechattaka  de  Jataka,  i.  202, 
Atthasalinï,  298,  Visuddhimagga,  206  (opinion  des  Poranas). 

7.  kâmaratiprakarsâlayah  z=r.  kâmarativisesasthânam. 

8.  Paramartha  et  Hiuan-tsang,  cinq  yojanas. 

9.  pancâéad  yojanâni  praiivâtam  gandho  vâti  /  yojanaéatam  anuvâtam. 


Hiuan  îmmg,  xi.  fol.  1 1  a-12  b.  IM 

litre  le  vent»  parce  f|irelle  ne  dépasse  pas  Tarbre  («fui  couvrv  «i 
efîet  cinquante  jfojanas],  '  [Main  cette  explication  ne  vaut  pa»  :  car] 
1.  loxte  dit  qu*elle  va  contre  le  vent  —  Dûionn  donc  que  Todeur  oe 
va  |)a.s  contre  le  venl,  qu'elle  périt  où  elle  naît:  maïs  telle  est  la 
qualité  de  cette  odeur  [H  aj  que,  bien  qu'elle  «oit  arrêtée  par  le  trée 
léger  vent  divin,  elle  donne  naisHance  à  une  nouvelle  <  série  »  d*odeur 
identique.  Toutefois,  lodeur  devient  faible,  plus  faible,  tout  à  fait 
faible  et  s*arréte  complètement,  incapable  d*aller  aussi  loin  que  lor»- 
que  le  vent  est  favorable.  * 

La  série  de  l'odeur  a-t-elle  seulement  pour  appui  les  propres  grands 
éléments  qui  constituent  Todeur?  Ou  bien  faut-il  supposer  que  le 
NtMit  devient  parfumé?  [De  même  que.  lorscpie  les  grains  de  sésame 
sont  parfumés  par  des  fleurs,  il  nait  une  nouvelle  o<leur  qui  n'est  plus 
l'odeur  des  fleurs].  ~  L'opinion  des  maîtres  n'est  |>as  lixée  là-dessus. 

Cependant  Bhagavat  a  dit  '  :  <  L'odeur  des  Heurs  ne  va  pas  contre 
le  vent,  ni  le  santal,  ni  le  tagara,  ni  le  jasmin  ;  mais  l'odeur  des  bous 
va  contre  le  vent  :  le  ftcUimrtisa  va  dans  toutes  les  directions  ». 
Comment  concilier  avec  cette  stance  la  théorie  de  l'odeur  <  qui  va 
contre  le  vent  »  ? .  —  Cette  stance  vise  les  odeur»  du  monde  des 
hommes,  lesquelles,  c'est  bien  évident,  ne  vont  pas  contre  le  venL 

Les  Mahlsfisakas  lisent  ^  :  <  L'odeur  [des  fleurs  du  PaHjfltaka]  va« 
avec  le  vent,  à  cent  yojanas  ;  en  l'absence  de  vent,  à  cinquante  ». 

8.  Au  sud-est,  la  Sudharma,  ^  la  salle  où  les  dieux  se  réunissent 
(devasabhd)  pour  examiner  le  bien  [12  b|  et  le  mal  commis  par  les 
êtres. 

Telle  est  la  disposition  du  réceptacle  des  Dicux-trente-trois. 

1.  vrksànaiikramam  satndhâyokinm. 

i.  na  iaiha  viprakrstam  adhvânatft  pranarpati, 

3.  Saipyukla,  Î8,  31,  ÈkolUura,  13,  17.  Udiiuivargm.  vi.  14.  IXwmnMiwa*,  61^ 
AAgullara.  i.  226,  Jâlaka,  iii.  291  :  «o  pn^pagandhak  prativûtam  tU. 

4.  hdon  lo  =  pa^hanti.       Hiuaii-l»ang  :  «  Le  SOI»  d«i  lUbUSMàa»  drt  _   • 

5.  Sur  la  Sudharma.  Divya,  SiU,  AAgutUrm,  L  «6;  Vibbl«S.  ISS.  IS:  1^  ëÉMS 
se  réunissent  le  huitième,  le  quatonièmc  et  §•  <|iiiniiAMi  Jper  Al  b  ^elMSies  ; 
ils  examinent  les  dieux  el  les  homme»,  gouvaroMit  Us  Aaons»  wÊê.,,,  Dm  aêSiSt 
Nanjio,  550.  -  Chavannes,  Cinq  cenU  eonl«u  L  2B.  -  J.  PnykMkL  J.  A*.  14.  1S7. 
sur  Dlgha  ii,  207.  Mabâvastu,  iii.  19a 


164  CHAPITRE  m,  69-70. 

69  a-b.  Au-dessus,  les  dieux  résident  dans  des  «  châteaux  ».  ' 

Les  dieux  supérieurs  aux  Dieux-trente-trois  résident  dans  des 
vimânas,  «  demeures  aériennes  ».  Ces  dieux  sont  les  Yamas,  les  Tusi- 
tas,  les  Nirmanaratis,  les  Paranirmitavasavartins,  plus  les  dieux  du 
Rûpadhatu,  à  savoir  seize  catégories  de  dieux  en  commençant  par 
les  Brahmakayikas.  Au  total,  vingt-deux  sortes  de  dieux,  logés  dans 
le  monde  réceptacle  (hhâjanaloka)  et  y  occupant  des  résidences 
déterminées.  [Il  y  a  beaucoup  d'autres  dieux,  ^  les  Krîdâpramosakas,  ^ 
les  Prahasakas,  etc.,  dont  un  sommaire  comme  est  ce  traité  ne  tient 
pas  compte]. 

69  b-d.  Il  y  a  six  dieux  qui  savourent  le  plaisir;  ils  s'unissent  par 
accouplement,  étreinte,  contact  des  mains,  rire  et  regard.  * 

Les  Gaturmaharajakayikas,  Trayastrimsas,  Yamas,  Tu§itas,  Nir- 
manaratis et  Paranirmitavasavartins  sont  les  dieux  du  Kamadhatu. 
Les  dieux  supérieurs  ne  sont  pas  du  Kamadhatu. 

Les  Gaturmaharajakayikas  et  les  Trayastrimsas  demeurent  sur  la 
terre  ferme  ;  ils  s'unissent  donc  par  accouplement,  comme  les  hommes  ; 
mais  ils  apaisent  le  feu  du  désir  (paridàhavigama)  par  l'émission 
de  vent,  attendu  qu'ils  ne  portent  pas  de  semence  [13  a].  Les  Yamas 
apaisent  le  feu  du  désir  par  étreinte,  les  Tusitas  en  prenant  la  main, 
les  Nirmanaratis  en  riant,  les  Paranirmitavasavartins  en  regardant. 
Telle  est  la  doctrine  de  la  Prajnapti.  ^ 

1.  tata  ûrdhvam  vimânesu  devâh.  —  Les  vimânas  sont  on  des  plate-formes 
immenses  ou  des  châteaux  individuels,  p.  157,  169,  iii.  101  c. 

2.  Les  bkaumas  et  ântariksavâsins  (?)  de  Mahavyutpatti,  156,  etc. 
Vasubandhu  ne  parle  pas  ici  des  Asuias  (voir  iii.  4)  dont  traite  la  Lokapra- 

jfiapti  (trad.  dans  Cosmologie  bouddhique)  ;  il  ignore  aussi  MSra  (sur  lequel  Beal, 
Catena,  93  ;  Chavannes,  Cinq  cents  contes,  i.  125  =r  le  roi  des  Paranirmitavaéa- 
vartins;  Huber,  Sûtrâlamkâra,  110)  et  Mahesvara  (Beal,  94). 

3.  Pâli  :  khiddâpadosika. 

4.  kâmahhujas  tu  sat  /  dvandvalinganapanyaptihasiteksanamaithunâh  // 

5.  Lokaprajnâpti,  chap.  vi.  (Cosmologie  bouddhique,  p.  300)  :  «  Comme,  dans  le 
Jambu,  il  y  a  abrahmacarya,  maithunadharma,  dvandvasamâpatti,  de  même 
dans  les  autres  continents  et  chez  les  dieux  jusqu'aux  Dieux-trente-trois  ;  chez  les 
Yamas,  apaisement  du  désir  (paridâha,  gdun  ba)  par  étreinte  ....  » 

Lokaprajnâpti,  ibid.  :  «  Comme,  en  Jambu,  les  femmes  ont  leurs  mois,   sont 


Hitian-laang,  xi,  fol.  12  b-13  a.  165 

D  après  les  Vaibhftçikas  (Vibha§ft,  113,»),  ces  expressions  de  la 
Prajflapli,  étreinte,  contact  des  mains,  etc.,  indiquent  non  pas  le  mode 
d*union  —  car  tous  ces  dieux  s*accouplent  —  mais  la  durée  de  Tacte.* 
D'autant  plus  ardent  est  le  désir  en  raison  de  l'objet  plus  désirable, 
d'autant  [plus  courte]  est  la  durée  de  l'union. 

Le  dieu  ou  la  déesse  sur  les  genoux  duquel  ou  de  laquelle  apparaît 
un  petit  dieu  ou  une  petite  déesse,  ce  petit  dieu  ou  cette  petite  déesse 
est  leur  fds  ou  leur  fille  :  tous  les  dieux  sont  «  apparitionnels  > 
(iii.  8  c). 

70  a-c.  Parmi  ces  dieux,  le  nouveau-né  est  semblable  à  un  enfant 
de  cinq  à  dix  ans.  ^ 

De  cinq  à  dix  ans  d'après  la  catégorie  des  dieux.  Les  jeunes  dieux 
grandissent  vite. 

70  c-d.  Les  dieux  du  Ropadhatu  sont  complets  et  vêtus.  ' 

Les  dieux  du  Ropadhatu,  dès  leur  naissance,  ont  leur  développe- 
ment complet  ;  ils  naissent  vêtus. 

Tous  les  dieux  parlent  la  langue  ârya.  ^  [13  b] 

enceintes,  accouchent,  de  même  dans  les  autres  continents.  Chez  les  Cfiturmahft« 
rfijak&yikas,  l'enfant  apparaît  sur  le  giron  ou  l'épaule  du  dieu  ou  de  la  déesse  .... 

1.  kâlaparimânam  tu  prajuàptâv  tiktam.  —  Vyakhyft  :  «  Autant  de  temps 
durent  accouplement,  étreinte,  contact  des  mains,  rire,  regard,  autant  de  temps 
dure  l'accouplement  pour  les  dieux  habitant  la  terre  ferme  (Quatre  Rois  et  Trente- 
trois),  les  Yftmas,  etc. 

Le  Bh&sya  est  éclairé  par  la  Vyfikhy&  :  yAvad  ydvat  paratarma  paraiarêna 
vLsayAnatft  tivrataratvAd  rdgo  'pi  Hvrataras  iûvat  tàvan  maithuncUçAla 
ily  abhiprâyah. 

Vihh&9&,  tl3,  8  ....  Quelques-uns  disent  que,  les  dieux  supérieurs  s'approchaiit 
du  détachement  du  désir  (vairùgya),  le  feu  du  désir  devient  plus  faible  ;  mais, 
dans  toute  union  (maiihuna),  il  faut  accouplement  (dvandvcisamùpatti)  pour 
apaiser  le  feu  du  désir.  • 

2.  paOcavarsopamo  yâvad  daéavar^opamah  éiéuh  / 
saffibhavaty  esu. 

3.  safftpHrnàh  savastrûé  eaiva  rûpi^ah  // 
Voir  ci>dessus  p.  45. 

4.  C'est-à-dire,  ajoute  Hiuan-tsang,  ils  parlent  comme  dans  l'Inde  du  centre  : 
c  milieu-tn-du  >.  —  Beal,  Catena,  91. 


166  CHAPITRE  m,  71  a-72  b. 

Dans  le  Kamadhatu, 

71  a-b.  Trois  «  naissances  »  ou  «  existences  de  kâma  »  :  les  dieux 
du  Kama  avec  les  hommes.  ' 

1.  Il  y  a  des  êtres  à  la  disposition  desquels  se  trouvent  placés  des 
objets  désirables  (kâmaguna)  ;  ils  disposent  de  ces  objets.  Tels  sont 
les  hommes  et  certains  dieux  —  à  savoir  les  quatre  premières  classes 
de  dieux. 

2.  Il  y  a  des  êtres  dont  les  objets  désirables  sont  créés  par  eux- 
mêmes  ;  ils  disposent  de  ces  objets  qu'ils  créent.  Tels  sont  les  Nir- 
mânaratis. 

3.  Il  y  a  des  êtres  dont  les  objets  désirables  sont  créés  par  d'autres 
et  qui  disposent  de  ces  objets  créés  par  d'autres.  Tels  sont  les  Para- 
nirmitavasavartins.  ^ 

Les  premiers  jouissent  d'objets  désirables  qui  se  présentent  à  eux  ; 
les  seconds  jouissent  d'objets  désirables  qu'ils  créent  à  leur  souhait  ; 
les  troisièmes  jouissent  d'objets  désirables  qu'ils  créent  ou  font  créer 
à  leur  souhait.  ^  —  Ce  sont  là  les  trois  kâmopapattis. 

Dans  le  Rûpadhatu, 

71  c-d.  Trois  «  naissances  de  plaisir  »  (sukha)  :  les  neuf  terres  de 
trois  dhyânas.  * 

Les  neuf  terres  des  trois  premiers  dhyânas  sont  les  trois  «  nais- 

1.  kâmopapattayas  tisras  kâmadevâh  samânusâh  / 
SamgTtiparyaya,  5,  8,  Vibhfisa,  173,  4  ;  Dîgha,  iii.  218  ;  Itivuttaka,  94. 

2.  Rhys  Davids-Stede  traduisent:  «  having  power  under  the  control  of  another*. 
Dans  Dîgha,  i.  216,  il  y  a  un  dieu  Samtusita  roi  des  Tusitas,  un  Sunimitta  roi 

des   Nimmanaratis,   un   Vasavatti   roi    des    Paranimmilavasavattis  ;   au-dessus, 
Mahabrahma  roi  des  Brahmakayilias. 

Suraangalavilâsinî,  i.  121,  Mândhaiar  possède  les  kâmagunas  humains,  les 
Parinirmitas  possèdent  les  kâmagunas  divins. 

3.  Il  y  a  deux  lectures  :  yathecchâtmaparanirmitaparibhogitvât  et  yathe- 
cchaparanirmitaparibhogitvât. 

4.  sukhopapattayas  tisro  nava  tridhyânabhûmayah  //  -  Voir  ii.  45,  p.  221. 
Sur  le  sukha  des  dhyânas,  viii.  9. 

Dîgha,  iii.  218,  diffère,  du  moins  dans  la  rédaction. 


Hitum-tsangf  xi,  fol.  13  b-14  a.  167 

sances  de  plaisir  ».  Les  dieux  des  trois  premiers  dhynnaa,  pour  de 
longues  périodes,  passent  leur  temps  plaisamment  (sukhatft  vihor 
ranii)  [  14  a]  par  le  plaisir  né  de  la  séparation  d*avec  les  passions 
(kleéa)  (vivekaja  sukha),  par  le  plaisir  consistant  en  joie  (prili- 
aukha)  né  du  recueillement  (samâdhijn  :  vu  la  disparition  du  mcàra 
et  du  vitarka),  par  le  plaisir  exempt  joie  (nihpritikiumkha,  vu  la 
disparition  de  la  satisfaction,  saumanasya).  Ces  naissances,  en 
raison  de  l'absence  de  souffrance,  en  raison  de  leur  durée,  sont  bien 
des  €  naissances  de  plaisir  »  (sukhopapatti). 

Dans  le  dhyânântara  manque  le  plaisir  consistant  en  joie.  Est-ce 
là  une  «  naissance  de  plaisir  »  ?  C'est  à  discuter.  ' 

A  quelle  hauteur  sont  situées  les  vingt-deux  résidences  divines,  en 
montant  des  Caturmaharajikas  jusqu'aux  dieux  les  plus  élevés  du 
Ropadhatu  ?  —  Il  n'est  pas  facile  de  calculer  cette  hauteur  en  yojct- 
nets,  mais 

72  a-b.  Autant  il  y  a  en  descendant  d*une  résidence,  autant  il  y  a 
en  montant  vers  la  résidence  supérieure.  * 

En  d'autres  termes,  autant  une  résidence  est  au-dessus  du  Jambu- 

1.  SHkhopapatlitvatH  vicâryam.  —  Le  sukha  y  manque,  car  la  sensation  du 
dhyânântara  est  la  sensation  d'indifTércnce,  viii.  23;  donc  ce  n'est  pas  •  nais- 
sance  de  plaisir  ».  Ce  dhyâtia  est  la  rétribution  d'un  acte  bon,  il  ressemble  au 
sukha  (sukhakalpa)y  donc  c'est  «  naissance  de  plaisir  ».  —  Mai»,  alors,  le 
quatrième  dhyâna  sera  aussi  *  naissance  de  plaisir  »?  —  Non,  parce  que  le 
sukha  y  manque.  —  Par  conséquent  le  point  est  à  examiner  (vicaryatn,  satu- 
pradhâryam). 

2.  sthânat  sthaiMd  adho  yâvat  tdvad  ûrdhvatft  iatas  tatah  / 

D'autres  méthodes  de  calcul  dans  Beal,  Catena,  82.  [Extrait  de  la  VibhA^. 
avec  des  chiffres  très  différents  de  ceux  que  nous  avons  ici  :  dix  mille  yojanas 
entre  les  résidences;  même  doctrine  dans  le  In-pen-sQtra  ;  dans  l'A  bhidharma  ; 
«  un  an  pour  la  chute  d'une  pierre  de  cent  coudées  projet<*e  du  monde  de  Brahmâ  ; 
65.535  ans  pour  la  chute  d'une  montagne  projetée  de  l'Akani^tha  »  ;  dans  le  JftS- 
naprasth&na  :  «  18383  ans  pour  la  chute  d'une  pierre  de  dix  coudées  projetée  du 
premier  étage  du  Rapadhfttu  ».] 

De  même,  Milinda,  82,  une  pierre  met  4  mois  à  tomber  du  Brahmaloka  à  raison 
de  840(X)  yojanas  par  jour. 

SQtralaipkara,  Huber,  127,  le  ciel  des  Trftyastriméas  est  à  3000336  lis. 


168  CHAPITRE  m,  72. 

dvTpa,  autant  elle  est  en  dessous  de  la  résidence  supérieure.  Par 
exemple,  la  quatrième  maison  des  Caturmahârâjakayikas,  demeure 
des  Gaturmahârâjikas,  est  à  quarante  mille  yojanas  au-dessus  d'ici  ; 
autant  de  cette  résidence  en  descendant  jusqu'ici,  autant  de  cette 
résidence  en  montant  jusqu'à  la  résidence  des  Trayastrimsas,  [sommet 
du  Meru,  quatre-vingt  mille  yojanas  d'ici].  Autant  de  yojanas  des 
Trayastrirnsas  jusqu'ici,  autant  des  Trayastrirnsas  jusqu'aux  Yamas 
[14  b].  Et  ainsi  de  suite  :  les  Akanisthas  sont  au-dessus  der  Sudarsa- 
nas  du  même  nombre  de  yojanas  que  les  Sudarsanas  sont  au-dessus 
du  Jambudvîpa. 

Au-dessus  des  Akanisthas,  il  n'y  a  plus  de  résidences  (sthâna). 
C'est  pourquoi  leur  résidence  étant  supérieure  aux  autres,  aucune 
résidence  ne  lui  étant  supérieure,  on  la  nomme  a-kanistha.  '  D'après 
une  autre  opinion,  cette  résidence  est  nommée  agha-nistha  ;  car 
agha  signifie  «  matière  agglomérée  »,  et  cette  résidence  est  la  limite 
(nisthâ)  de  cette  matière.  ^ 

Les  êtres  nés  dans  une  résidence  inférieure  peuvent-ils  se  rendre 
dans  un  château  supérieur  et  voir  les  êtres  supérieurs  ? 

72  c-d.  Sauf  magie  ou  assistance  d'autrui,  les  dieux  ne  voient  pas 
les  supérieurs.  ^ 

Lorsqu'ils  possèdent  le  pouvoir  magique,  ou  lorsqu'ils  sont  assistés 
par  un  être  possédant  le  pouvoir  magique  ou  par  un  dieu  Yama,  les 
Trayastrimsas  peuvent  se  rendre  chez  les  Yamas  ;  et  ainsi  de  suite.  * 

1.  Vyâkhyâ  :  tadutkrstatarabhûmyantarâbhâvan  natte  kanisthâ  ity  aka- 
nisthâh. 

2.  La  Mahavyutpalti,  161,  5-6,  signale  les  deux  formes,  dieux  Akanisthas  et 
Aghanisthas.  Il  semble  que  Aghanistha  soit  la  lecture  du  MS.  de  la  Bodhisattva- 
bhûmi,  voir  Wogihara.  -  Sur  agha,  Kosa,  i.  28  a,  trad.  p.  50  ;  et  les  références 
de  Rhys  Davids  et  Stede. 

Rhys  Davids  et  Stede,  s.  voc.  kanittha,  signalent  «  akanittha  in  akanittha- 
bhavana,  Jâtaka,  iii.  487,  Commentaire  du  Dhammapada,  passim,  akanitthaga- 
min,  Samyutta,  v.  237,  etc.  ».  —  On  pourrait  citer  Vibhanga,  425  (akanittha 
deva)  ;  Dhammasangani,  1288  (limite  du  Rûpadhâtu),  Dïgha,  ii.  52,  iii.  237,  etc. 

3.  nordhvadarsanam  asty  esâm  anyatra  rddhiparâérayât  // 

4.  rddhyâ  va  trâyastrimsâ  yâmân  gaccheyur  yadi  rddhimatâ  niyeran 
devena  va  tatratyena. 


Hiuan-tsang,  xi,  fol.  14  a-15  a.  169 

L>tre  né  dans  une  résidence  inférietire  peut  voir  VHre  né  dniw  une 
résidence  supérieure  et  qui  fait  visite  dans  une  résidence  inférieure, 
non  pas  toutefois  si  cet  être  appartient  à  un  dhâtu  supérieur,  a  une 
hhùmi  supérieure  '  ;  de  même  que  l'on  ne  peut  sentir  un  tangible 
[supérieur  par  le  dJiâtu  ou  la  hhùmi],  parce  qu'il  n'est  pas  du  domaine 
[d'un  organe  inférieur].*  —  C'est  pourquoi  les  êtres  supérieurs  par 
le  dhâiu  ou  la  hhùmi  ne  descendent  pas  avec  leur  propre  corps  [15  a], 
mais  avec  un  corps  magique  du  domaine  de  la  hhùmi  où  ils  veulent 
descendre  (Dlgha,  ii.  210).  —  D'après  une  autre  école,  '  si  l'être  d'une 
6/iûm/ supérieure  le  désire,  les  êtres  inférieurs  le  voient  comme  ils 
voient  un  être  de  leur  propre  hhùmi. 

Quelle  est  la  dimension  du  château  des  Yamas  et  autres  dieux  ? 

D'après  une  opinion,  les  châteaux  des  quatre  sortes  de  dieux  supé- 
rieurs du  Kama  ont  la  dimension  du  sommet  du  Meni.  D'après  d'au- 
très,  le  château  supérieur  est  le  double  du  château  inférieur. — D'après 
d'autres,  la  dimension  du  premier  dhyâna  est  la  dimension  de  l'uni- 
vers à  quatre  continents;  celle  du  second,  du  troisième  et  du  quatrième 
dhyâna  est,  respectivement,  la  dimension  du  petit,  du  moyen  et  du 
grand  chiliocosme.  D'après  d'autres,  les  trois  premiers  dhyânas  ont 
respectivement  la  dimension  du  petit,  du  moyen  et  du  grand  chilio- 
cosme ;  le  quatrième  dhyâna  est  sans  mesure.  * 

Mais  les  Cfiturmuhftr&jak&yikas  sont  de  la  même  hhûmi  que  les  Trftyastriinéas  ; 
ils  peuvent  donc,  sans  difficulté,  se  rendre  chez  eux. 

1.  àgatatn  tûrdhvopapannatn  paéyed  iii  samûtiabhûmikafn  nordhvabkH' 
mikam. 

Les  Quatre  rois  et  les  Trente-trois  sont  de  la  même  bhUmi  (car  le»  uns  et  les 
autres  habitent  le  Meru)  ;  les  quatre  autres  classes  des  dieux  supérieurs  du  Kflma- 
dhfitu,  Yftmas,  etc.,  occupent  des  bhUmis  distinctes  ;  le  Ropadhatu  comporte 
quatre  dhyânas  qui  sont  autant  de  bhiimis. 

Le  dieu  né  dans  le  premier  dhyûna  ne  voit  pas  le  dieu  né  dans  le  second 
dhyâna. 

2.  yatha  sprct^favyam  [avi^ayatvùn  na  spféyatê].  —  Cest  simplement  un 
exemple  ;  on  peut  aussi  bien  dire  :  «  Comme  le  son  n'est  pas  entendu  ....  ». 

3.  tadicchayehntyam  iva  paéyed  iti  nikAyûntarlyàk.  —  Lee  Mehasli|ighikas 
que  réfute  Samghabhadra. 

4.  eaturthattt  iv  aparimdfuifn  iti  tArakùvad  a talapraUbaddhavimUkna 
ivAd  aparimAnatvasatfîbhava  ity  abhiprayah.  —  Voir  iii.  101  c 


170  CHAPITRE  III,  73-78  a. 

Qu'est  le  petit,  le  deuxième,  le  troisième  chiliocosme  ? 

73-74.  Mille  quatre-continents,  lunes,  soleils,  Merus,  demeures 
des  dieux  du  Kama,  mondes  de  Brahma,  c'est  le  petit  chiliocosme  ; 
mille  petits  chiliocosmes,  c'est  le  dichiliocosme,  l'univers  moyen  ; 
mille  dichiliocosmes,  c'est  le  trichiliocosme.  —  La  destruction  et  la 
création  des  univers  dure  le  même  temps.  * 

Un  sàhasra  cûdika  lokadhàtu  ou  «  petit  chiliocosme  »,  c'est  mille 
JambudvTpas,  Pûrvavidehas,  Avaragodânlyas,  Uttarakurus,  lunes, 
soleils,  Merus,  demeures  des  Câturmahârâjakâyikas  et  autres  dieux 
du  Kama,  mondes  de  Brahma.  —  Mille  univers  de  ce  type  font  un 
dichiliocosme,  moyen  univers  (dmsàhasro  madhyamo  lokadhâtuh). 
—  Mille  univers  de  ce  type  font  un  trichiliomégachiliocosme  (trisâ- 
hasramahâsâhasro  lokadhâtuh). 

La  période  de  destruction  et  celle  de  création  sont  égales.  "  La 
stance  emploie  le  mot  smnhhava  dans  le  sens  de  vivarta. 

De  même  que  les  dimensions  des  réceptacles  diffèrent,  de  même 
diffèrent  les  dimensions  des  êtres  qui  y  habitent  : 

75-77.  Les  habitants  du  Jambudvipa  ont  une  taille  de  quatre,  de 

1.  caturdvlpakacandrârkamerukâmadivaukasâm  j 
brahmalokasakasram  ca  sâhasras  cûdiko  matah  // 
tatsahasram  dvisâhasro  lokadhâtus  tu  madhyantah  j 
tatsahasram  trisâhasrah  samasamvartasambkavah  jj 

Anguttara,  i.  227,  Ciillaniddesa,  '^^,  Ih  ( sahassl cûXanikâ  lokadhàtu);  Dïrgha, 
18,  1,  cité  par  Beal,  Catena,  102,  qui  cite  beaucoup  de  Sûtras.  —  Le  terme  «  chi- 
liocosme »  a  été  inventé  par  Rémusat. 

Mahavyutpatti,  153  et  15,  15.  -  Dans  Mahâvyutpatti,  il  semble  que  sahasra- 
cûdika  ne  forme  qu'un  mot  ;  par  le  fait,  un  lokadhàtu,  univers,  est  dit  sahasra 
parce  que  composé  de  mille  quatre-continents  (câturdvlpaka  lokadhàtu)  et 
cûdika  parce  qu'il  est  la  cûda  (cûdâhhûtatvât)  d'un  grand  univers.  —  [Sans 
doute  on  a  ici  ksulla,  ksudra  =  culla,  cûla], 

2.  Ce  point  sera  élucidé  iii.  93  a-b  (Vyâkhyâ).  -  Plutôt  :  «  Création  et  destruc- 
tion [des  univers  d'un  groupe]  ont  lieu  en  même  temps  ». 

vivarta  s'explique  vividhavartana  ou  bien  vividhâ  variante  'sminn  iti.  - 
samvarta  =  samvartana,  ou  bien  samvartante  'sminn  iti  :  c'est  l'époque  où 
les  êtres  «  vont  ensemble  »  (samvartante  =  samgacchanti)  dans  les  dhyânas 
supérieurs  ;  voir  p.  181,  n.  3. 


Hiuan'tsnnQ.  xi.  fol.  15  a-16  a.  171 

trois  coudées  et  demie  ;  ceux  qu  ou  nomme  Piirva,  Goda  et  Uttara, 
en  doublant  chaque  fois.  —  Le  corps  des  dieux  du  Kama  s'accroît, 
par  quarts  de  kroéa,  jusqu'à  un  kroén  et  demi.  —  Le  corps  des  dieux 
du  Rûpa  est  d'abord  d'un  denù-yojana  ;  ensuite  il  grandit  d'un  demi  ; 
au  delà  des  ParTttabhas,  le  corps  va  en  doublant,  en  retranchant  trois 
yojanas  à  partir  des  Anabhrakas.  ' 

Les  hommes  du  JambudvTpa  ont  généralement  trois  ccn idées  et 
demie,  quelquefois  quatre  ;  les  Pnrvavidehakas,  ÂvaragodAnîyakas, 
Auttarakauravas  [16  a]  ont  respectivement  huit,  seize,  trente-deux 
coudées. 

Les  Caturmahftrajakayikas  ont  un  quart  de  kroéa  (iii.  88  a)  ;  la 
taille  des  autres  dieux  du  Kama  s'accroit  successivement  de  ce  même 
quart  :  Trayastrimsas,  un  demi  kroéa  ;  Yamas,  trois  quarts  de  kroéa  ; 
Tuçitas,  un  kroéa  ;  Nirmanaratis,  un  kroéa  et  quart  ;  Parinirmita- 
va^avartins,  un  kroéa  et  demi. 

Les  Brahmakayikas,  qui  sont  premiers  dieux  du  Ropadhatu,  ont 
un  demi-yq/ana  ;  les  Brahmapurohit&s,  un  yojana  ;  les  Mahabrah- 
mans,  un  yojana  et  demi  ;  les  ParTttabhas,  deux  yojanas. 

Au  delà  des  ParTttabhas,  la  dimension  va  en  doublant  :  Apramana- 
bhas,  quatre,  Àbhasvaras,  huit,  et  de  même  jusqu'aux  éubhakrtsnas. 
soixante-quatre  yojanas.  Pour  les  Anabhrakas,  on  double  ce  chiffre 
mais  on  retranche  trois  :  soit  donc  cent  vingt-cinq  yojanas.  On  pour- 
suit en  doublant,  depuis  les  Punyaprasavas,  deux  cent  cinquante 
yojanas,  jusqu'aux  Akaniçthas,  seize  mille  yojanas. 

De  même  la  durée  de  la  vie  des  êtras  diffère.  En  ce  qui  concerne 
les  hommes  : 

78.  La  vie,  chez  les  Kurus,  est  de  mille  ans  ;  dans  deux  continents, 

1.  jambudvip^h  pram&nena  caiuhsArdhatrihastakak  / 
dvigunottaravrddhyâ  tu  pûrvayodottar&hvayAh  //  75 
pAdavrddhyû  tanur  yûvat  sArdhakroéo  divauk<isAm  / 
kùminAtfi  rûpinùtfî  tv  ddau  yojan&rdhatu  iatah  param  ff  76 
ardhàrdhavrddhir  ûrdhvatft  tu  parittAbhebkya  Aérayah  / 
dvigunadviguM  hitv&  'nabhrakebhyas  triyojanam  II  77 


172  CHAPITRE  m,  78  a-81  d. 

diminuée  deux  fois  de  la  moitié  ;  ici,  indéterminée  :  toutefois  elle  est 
de  dix  ans  à  la  fin  et  incalculable  au  début.  '  [16  b] 

La  vie  des  hommes  du  Godâniya  est  la  moitié  de  la  vie  des  hommes 
de  rUttarakuru,  donc  de  cinq  cents  ans  ;  la  vie  des  hommes  du 
POrvavideha  est  de  deux  cent  cinquante  ans. 

Dans  le  JambudvTpa,  la  durée  de  la  vie  n'est  pas  déterminée,  quel- 
quefois longue,  quelquefois  brève.  -  A  la  fin  du  kalpa  (iii.  98  c),  au 
maximum  de  la  réduction,  elle  est  de  dix  ans  ;  tandis  que  la  vie  des 
hommes  du  commencement  de  l'âge  cosmique  (prâthamakalpika, 
iii.  91  a)  est  incalculable  :  on  ne  peut  la  mesurer  en  comptant  par 
mille,  etc. 

En  ce  qui  concerne  les  dieux  du  Kama,  la  durée  de  leur  vie  est  en 
fonction  de  la  durée  du  jour  : 

79  a-80  b.  Cinquante  années  humaines  font  un  jour-et-nuit  pour 
les  dieux  les  plus  bas  du  Kama,  et  ces  dieux  vivent  une  vie  de  cinq 
cents  ans.  Pour  les  dieux  supérieurs,  doubler  le  jour  et  la  vie.  ' 

Cinquante  années  humaines  font  un  jour  des  Caturmaharaja- 
kayikas,  dont  la  vie  est  de  cinq  cents  ans  de  douze  mois  de  trente 
jours.  *  Pour  les  Trayastrimsas,  le  jour  vaut  cent  années  humaines, 
la  vie  est  de  mille  ans  ;  pour  les  Yamas,  le  jour  vaut  deux  cents 
années  humaines  ;  la  vie  est  de  deux  mille  ans  [17  a]  ;  et  ainsi  de 
suite. 

1.  sahasram  âyuh  kurusu  dvayor  ardhârdhavarjitant  / 
ihâniyatam  ante  tu  daéâbdân  âdito  'mitam  // 

Il  y  a  un  Àyusparyantasûtra,  Csoma-Feer,  p.  278,  Mdo,  26,  217. 

2.  Vibhanga,  422  :  manussanam  kittakam  âyuppamânam  j  vassasatam 
appam  va  bhiyyo  va.  —  D'après  la  formule  canonique  :  yo  ciram  jlvati  so 
vassasatam  .... 

3.  nrnâm  varsâni  pancâsad  ahorâtrau  divaukasâm  / 
kâme  'dharânâm  tenâyuh  panca  varsasatâni  tu  // 
dvigunottaram  ûrdhvânâm  ubhayam 

Ceci  repose  sur  un  Sûtra  très  voisin  d'Anguttara,  iv.  256-7  (éloge  de  l'Upasatha), 
Vibhanga,  422.  -  LokaprajMpti  dans  Cosmologie,  301. 

4.  L'année  de  360  jours  est  l'année  de  la  «  middlere  Période  *  de  Thibaut, 
Astronomie,  1899,  p.  28.  -  Ci-dessous  iii.  90. 


Hinan-tsang,  xi,  fol.  16  a-l7  a.  178 

Mais,  dira-l-on,  au-dessus  du  Yugandhara,  il  n'y  a  plus  soleil  ou 
lune  ;  comment  se  trouve  déterminé  le  jour  des  dieux,  comment  les 
dieux  sont-ils  éclairés  ?  —  Le  jour  et  la  nuit  sont  marqués  par  les 
llem-s  ({iii  s'ouvrent  ou  se  ferment,  comme  chez  nous  le  kumuda  et 
le  padma  ;  par  les  oiseaux  qui  crient  ou  se  taisent  ;  par  le  sommeil 
qui  finit  ou  commence.  '  D'autre  part  les  dieux  sont,  eux-mêmes, 
lumineux. 

En  ce  qui  concerne  les  dieux  du  Ropadhatu  et  de  l'ÂrQpyadhatu  : 

80  b*81  d.  Pour  les  dieux  du  Ropa,  il  n'y  a  pas  de  jour-et-nuit  ; 
leur  vie  se  calcule  en  kalpas  dont  le  nombre  est  fixé  par  la  dimension 
du  corps.  —  Dans  l'ÂrQpya,  vie  de  vingt-mille  kalpas  qui  va  s'ac- 
croissant  d'autant.  —  Ces  kalpas  sont,  depuis  le  Parittabha,  des 
mahâkalpas  ;  en  dessous,  des  demis.  ^ 

1.  yatheha  kumudàny  ahant  satnkitcanti  râtrau  vikasanti  I  pndm&nHu 
vipartfayena  /  tatha  taira  kesâftt  cid  eva  puspànâm  samkocâd  ahani  ea 
rikâsâd  ahorâtravyavasthânam. 

.^akuninâtfî  ca  knjanat  !  akûjanâd  râtrih  kûjafiât  prabhàtam  /  vipartfa- 
yena va  yathâéakunajAti. 

middhâpagamopagamâc  ca. 

Très  jirœhe  de  la  source  «le  VasuLautlhu,  Divya,  279  :  kathatft  ràtrir  jn&yate 
divaso  va  j  devapuspànâtfi  safnkocavikAsàn  manlnàm  jvalanAjvalanùc 
chakuninûm  ca  kûjanàkûjanàt. 

2.  rûpinùm  punah  / 

nàsty  ahorAtram  âyus  tu  kalpaih  svôArayasammitaih  If  80 
ùrûpye  vitftéatih  kalpasahasrâny  adhikàdhikam  / 
tnahâkalpah  parUtâbhàt  prabhrty  ardham  adhas  tatah  If  81 
Doctrine  du  Koéa  dans  Beat,  Catena,  83. 

Aiiguttara^  i.  267  :  vie  de  20000.  40000,  60000  kappas  pour  les  dieux  des  Irois 
premiers  ÀrQpyas  ;  le  quatrième  Àrflpya  est  ignoré. 

Vibhaùga,  424:  Bralimapfirisajjas,  vie  de  1/3  de  kappa  [ou  1/4);  Bralima|nut>- 
liiias,  1/2;  Mahfibralnnas,  1  ;  ParlttAbhas,  2;  AppamSiiAhlias,  4  ....  On  a  64  kappoê 
pour  Subhakinhas,  dieux  supérieurs  du  troisième  dkydna.  Pour  le  quatrième 
dhyàna,  six  divisions,  à  savoir  les  AsaAfiasattas  avec  les  Vehappalas,  500  kap- 
pas, et  les  cinq  sortes  de  Suddhflvasikas,  1000,  2000,  4000.  8000  et  16000  kappas 
(AkaDi(thas).  —  Les  Arflpyas,  comme  dans  le  Kosa. 

Buddhaghosa  interprète  la  formule  :  «  Ln  durée  de  vie  des  Bralimakflyikas  est 
d'un  kappa  »,  dans  le  sens  «  partie  d'un  kappa  •.  KatliAvattliu.  commentaire  de 


174  CHAPITRE  III,  80  b-84  b. 

Les  dieux  du  Rûpadhatu  dont  le  corps  est  d'un  demi-yojana  — 
les  Brahmakayikas  —  vivent  un  demi-kalpa  ;  et  ainsi  de  suite  jus- 
qu'aux Akanisthas,  dont  le  corps  est  de  seize  mille  yojanas,  dont  la 
vie  est  de  seize  mille  kalpas. 

Dans  l'Àkasanantyftyatana,  vie  de  vingt  mille  kalpas  ;  de  quarante 
mille  dans  le  Vijnanânantyâyatana,  de  soixante  mille  dans  l'Âkim- 
canyayatana,  de  quatre-vingt  mille  dans  le  Naivasarnjnanasamjnaya- 
tana  ou  Bhavagra. 

Mais  de  quels  kalpas  s'agit-il  ?  De  kalpas  «  intérieurs  »  (antara- 
kalpas),  de  kalpas  de  destruction  (satnvarta),  de  kalpas  de  création 
(vivarta)  ou  de  grands  kalpas  (mahâkalpas)  (iii,  89  d)  ? 

A  partir  des  ParTttabhas  (dieux  inférieurs  du  deuxième  dhyâna) 
y  compris,  il  s'agit  de  grands  kalpas  ;  en  dessous  (Brahmapârisadyas, 
Brahmapurohitas,  Mahabrahmans)  il  s'agit  de  demi-grands-A:a?pas. 
En  effet,  on  a  vingt  antarakalpas  au  cours  desquels  le  monde  se 
crée  [:  Mahabrahma  apparaissant  dès  le  début]  ;  ensuite  vingt  anta- 
rakalpas au  cours  desquels  le  monde  reste  créé  ;  ensuite  vingt 
antarakalpas  au  cours  desquels  le  monde  se  détruit  [:  Mahabrahma 
disparaissant  à  la  fin  ].  Donc  soixante  antarakalpas  intermédiaires 
pour  la  vie  des  Mahabrahmans  :  ces  soixante  font  un  kalpa  et  demi 
parce  qu'on  considère  un  demi-grand-fea/pa  (soit  quarante  kalpas 
intermédiaires)  comme  un  kalpa. 

Quelle  est  la  durée  de  la  vie  dans  les  mauvaises  destinées  ?  Nous 
examinerons,  dans  l'ordre,  les  six  premiers  enfers  chauds,  les  deux 
derniers  enfers  chauds,  les  animaux,  les  prêtas,  les  enfers  froids. 

82.  Dans  six  enfers,  Samjîva,  etc.,  le  jour-et-nuit  a  la  durée  de  la 
vie  des  dieux  du  Kama  ;  avec  de  tels  jours,  la  vie  comme  pour  les 
dieux  du  Kama.  * 

Le  jour  dans  six  enfers,  SamjTva,  Kalasûtra,  Samghata,  Raurava, 
Maharaurava,  Tapana,  est  égal,  dans  l'ordre,  à  la  vie  des  dieux  du 
Kama,  Gaturmaharajakayikas,  etc.  [18  a] 

1.  kâmadevâyusâ  tulyâ  ahorâtrâ  yatkâkramam  j 
sanijîvadisu  satsv  âyus  tais  tesam  kâmadevavat  // 


Hiuan-tsang,  xi,  fol.  17  a-18  a.  175 

Les  damnés  du  SamjTva  ont,  comme  les  CatnrmaharfljakûyikaH 
une  vie  de  cinq  cenU  aimées  de  douze  mois  de  trente  jour»  ;  mais 
chacim  de  ces  jours  a  la  durée  de  la  vie  totale  des  CatunnahAraja* 
kayikas.  Même  relation  entre  les  damnés  du  KalasQtra  et  les  Trftyas- 
Irinisas,  entre  les  danmés  du  Tapana  et  les  Paranirmitavasavartins. 

83  a-b.  Dans  le  Fratapana,  vie  d'un  demi  anlahkalpa  ;  dans 
l'Avlci,  vie  d'un  antahkalpa.  ' 

Dans  le  Pratapana,  la  vie  dure  d'un  demi'antarakcUiKi ,  dan» 
l'AvTci,  un  atUarakalpa,  ' 

83  b-d.  La  vie  des  animaux  est  d'un  kalpa  au  maximum  ;  la  vie 
des  Prêtas  est  de  cinq  cents  ans  avec  des  jours  d'une  durée  d'un 
mois.  ' 

Les  animaux  qui  vivent  le  plus  longtemps  vivent  un  anlarakalpa  ; 
ce  sont  les  grands  rois-Nagas  Nanda,  Upananda,  Aévatara,  etc.  — 
Bhagavat  a  dit  :  <  Il  y  a,  ô  Bhik^us,  buit  grands  rois-Nagas  qui  durent 
un  kalpa  et  qui  soutiennent  la  terre  ...  ».  * 

Le  jour  des  Prêtas  a  la  durée  d'un  mois  humain  ;  ils  vivent  cinq 
cents  ans  faits  de  jours  de  cette  durée. 

84.  La  vie  des  Arbudas  est  le  temps  de  l'épuisement  d'un  vâha 

1.  ardhafft  pratàpane  'vicâv  antnhkalpam. 

2.  Les  sources  pâlies  (Itivuttaku,  p.  11,  Angiittura.  etc.)  sont  cHées  iv.  99  c. 
p.  207,  n.  2. 

3.  punah  punah  } 
kalpam  tiryaécâm  pretùndtn  mâsâhaéatapaiicakam  ff 

4.  La  Vyfikhyfi  cite  le  Sotra  :  asiâv  ime  bhiksai'O  nùgà  mahânûgà  kalpfuithA 
(Iharanimdharâh  /  apralyuddhâryâh  siipnrninah  pahiirâjasya  devàsuram 
api  satngrâmam  anubhavantah  f  kaiame  I  tadyath^i  nando  nùgarûjak  / 
upanando  ...  aévataro  ...  ntHcilindo  ...  manf^svl  ...  dhrtarAsiro  ...  mahAkùlo 
...  elapattro  nàgarâjah.  —  Cette  liste  est  citée  dans  L.okaprajAapti  (avec  Tejasvin 
au  lieu  de  Mauasvin)  iii.  1,  Cosmologie  bouddhique,  p.  29B.  —  M.  W.  De  Visser  s 
bien  voulu  s'assurer  qu'elle  ne  figure  pas  dans  Dîrgha  (seize  Nlgas  qui  éebappent 
à  Garuda),  dans  Saddharmapundarîka  (huit  :  Nanda,  Upananda,  Sftgara  ....  Ma- 
nasvin  ....). 

Le  Satra  cité  par  Beal,  Catena,  419;  Mahftvyutpatti.  167.  14. 61. 66.  &fly  U.  - 
Mucilinda,  Mahfivagga,  i.  3.  —  Aucune  référence  pâlie  aux  Nigms  qui,  tel  Sef«, 
portent  la  terre.  —  Cinlessus  p.  31. 


176  CHAPITRE  III,  84-85  c. 

en  y  prenant,  tous  les  cent  ans,  un  grain  de  sésame  ;  les  autres,  en 
multipliant  chaque  fois  par  vingt.  * 

Bhagavat  a  indiqué  seulement  par  des  comparaisons  la  durée  de 
la  vie  dans  les  enfers  froids  :  «  Si,  ô  Bhiksus,  un  vâha  magadhien 
de  sésames  de  quatre-vingt  khâris  ^  était  plein  ^  de  grains  de  sésame  ; 
si  on  prenait  un  grain  tous  les  cent  ans,  ce  vâha  serait  vide  [18  b] 
avant  que  ne  se  termine  la  vie  des  êtres  nés  dans  l'Arbuda  :  voilà  ce 
que  je  dis.  Et  tels  sont,  ô  Bhiksus,  vingt  Arbudas,  tel  est,  ô  Bhiksus, 
un  Nirarbuda  ...  ».  (Voir  p.  154,  n.  2.) 

Tous  les  êtres  dont  la  durée  de  vie  vient  d'être  indiquée  vivent-ils 
toute  cette  durée  de  vie  ? 

85  a.  En  exceptant  le  Kuru,  mort  entre-temps.  * 

La  vie  des  hommes  de  l'Uttarakuru  est  fixée  (niyaia) ;  ils  vivent 
nécessairement  mille  ans  :  leur  durée  de  vie  est  complète.  ^  Partout 
ailleurs  il  y  a  antaràmrti/u,  «  mort  au  cours  de  la  vie  complète  ».  — 
Toutefois  certaines  personnes  (pudgala)  sont  à  l'abri  de  la  mort 
entre-temps,  à  savoir  le  Bodhisattva  qui,  entré  chez  les  Tusitas,  n'est 
plus  lié  qu'à  une  naissance  ;  l'être  à  sa  dernière  existence  [qui  ne 

1.  vâhâd  varéaéatenaikatiîoddJiaraksayâyusah  / 
arbudâ  vimÉatigunaprativrddhyâyusah  pare  // 

Suttanipâta,  p.  126,  Samyutta,  i.  152,  Anguttara,  v.  173  :  seyyathapi  bhikklm 
vlsatikhâriko  kosalako  tilavâho  j  tato  puriso  vassasatassa  vassasatassa 
accayena  ....  —  Suttanipâta,  677,  dit  que  les  «  doctes  »  ont  calculé  les  vâhas  de 
sésames  pour  l'enfer  Paduma,  et  qu'on  a  le  chiffre  de  512000000000  (FausbôU). 

2.  D'après  le  Lotsava;  dans  Paramartha  et  Hiuan-tsang,  comme  dans  les  sources 
pâlies,  vimsatikhârika. 

Tibétain,  rdzan  =  vâha  ;  khal  =  khâri  ;  sur  les  dimensions  du  vâha,  Barnett, 
Antiquities,  208,  Ganitasârasamgraha  (Madras,  1912),  5.  -  D'autre  part,  tilavâha 
=  tilasakata,  donc  «  cart-load  »  (Rhys  Davids  et  Stede). 

3.  plein  jusqu'au  sommet  =  cûdikâbaddha  {^avabaddha,  Mahfivyutpatti, 
244,  92). 

4.  kuruvarjyo  'ntarâmrtyuh. 

antarâmrtyu  =  antarena  kâlakriyâ  =  akâlamarana.  -  Voir  ii.  45,  trad. 
p.  218.  —  Vasumitra  sur  les  sectes. 

5.  Les  hommes  de  l'Uttarakuru  sont  exempts  de  la  mort  prématurée  parce  qu'ils 
ne  disent  pas  :  «  Ceci  est  à  moi  »  (Lokaprajnâpti). 


Hiuan-tsangy  xi,  fol.  18  a-xii,  fol.  1  b.  177 

mourra  pas  avant  d'avoir  obtenu  la  qualité  d'Arbat)  '  ;  celui  qui  a  Hé 
Tobjet  d'une  prédiction  de  Bbagavat  ;  celui  qui  est  envoyé  par  Hlia- 
gavat  '  ;  le  âraddlianusArin  et  le  DbarmanusArin  (vi.  29  a-b)  [qui  ne 
mourront  pas  avant  d'être  devenus  des  âraddlmdliimuktikas  et  des 
Di^tiprAptas]  ;  la  femme  enceinte  du  Bodhisattva  ou  du  Cakravartin, 
etc.  '  [xiij 

Nous  avons  expliqué  les  résidences  et  les  corps  en  les  mesurant 
en  yojanaSy  les  vies  en  les  mesurant  en  années  ;  mais  nous  n'avons 
pas  expliqué  le  yojana  et  l'année.  Ceux-ci  ne  peuvent  être  expliqués 
qu'au  moyen  du  nom  (nâman)  ;  il  faut  donc  dire  qu'elle  est  la  limite 
(paryanta,  «  le  minimum  »)  du  nom,  etc. 

85  b-c.  L'atome  proprement  d\i  (ixirama-anu),  la  syllabe  ("aAwara), 
l'instant  (ksana),  c'est  la  limite  de  la  matière,  du  nom,  du  temps.  * 

Le  paramânu  est  la  limite  de  la  matière  (rûpa)  ;  de  même  la 
syllabe  est  la  limite  du  nom  [1  b],  par  exemple  flfo ,  l'instant,  '  du 
temps  (adhvan). 

Quelle  est  la  dimension  de  l'instant  ?  —  Les  conditions  (pratyaya) 
étant  présentes,  le  temps  qu'il  faut  pour  qu'un  dharma  prenne  nais- 
sance ;  ou  bien  le  temps  qu'il  faut  pour  que  le  dharma  en  marche 
aille  d'un  paramânu  à  un  autre  paramânu.  • 

1.  Divya,  174,  1  :  asthânam  anavakâéo  yac  caramabhavikah  sattvo  'saifî- 
prdpte  viéesâdhigame  so  'ntarà  kAlam  kury&t 

2.  jinoddista,  jinaïUUa,  voir  ii,  Irad.  p.  220  et  notes. 

3.  Les  êtres  entrés  dans  les  recueillements  de  nirodha,  d'inconacience,  de 
maitrh  etc.,  ne  meurent  pas  avant  d'être  sortis  de  ces  recueillements. 

4.  paramânvaksaraksanâh  /  rûpanâm&dhvaparyantàk. 

Le  param&nu  distinct  de  Vanu  «  atome  »,  voir  ii.  22.  —  Sur  le  nom,  nAman^ 
ii.  47.  —  Sur  le  temps,  kàla,  adhvan,  iv.  27  a. 

't.  Bhojarfija  ad  YogasQtra,  iii.  52  :  ksana  is  the  smallest  division  of  time, 
which  can  no  furtlier  be  reduced  in  quantity.  —  Saddari^ana,  p.  28. 

G.  rkyen  mams  thsogs  na  ji  srid  du  rhos  kyi  bdag  Aid  thob  pa  ^tkm  I  chos  \}!gto 
ba  na  ji  srid  du  rdul  pbra  rab  nas  rdui  phra  rab  gzhan  du  ^gro  ba  yin  no. 

Ces  deux  définitions  appartiennent  aux  Sautrfintikas.  On  a  vu  ii.  46  a,  trad. 
p.  232,  une  définition  VaibliAsika  :  kùryaparisamôptilak^ann  e^a  nah  k^anah. 
—  On  doit  noter  la  renmnpie  d'AtlhasAlinT,  p.  60  au  bas,  que  seize  pensées  nais- 
sent  et  périssent  pendant  le  temps  que  dure  un  rûpa. 

11 


178  CHAPITRE  III,  85  d-90  c. 

D'après  les  Vaibhasikas,  passent  soixante-cinq  instants  dans  le 
temps  qu'un  homme  fort  fait  claquer  les  doigts.  ' 

85  d-88  a.  Paramànu,  anu,  loharajas,  àbrajas,  çaçarajas, 
avirajas,  gorajas,  chidrarajas,  liksâ,  ce  qui  sort  de  la  liksâ,  yava 
et  anguliparvan,  en  multipliant  chaque  fois  par  sept  ;  vingt-quatre 
angulis  font  un  hasta  ;  quatre  hastas,  un  dhanus  ;  cinq  cents 
dhanus,  un  krosa,  distance  où  doit  être  l'ermitage  ;  huit  kroéas  font 
ce  qu'on  nomme  un  yojana.  ^ 

La  seconde  définition  rappelle  celle  que  le  Jaina  [Tattvârthâdhigama,  iv.  15 
(voir  S.  C.  Vidyabhûsan,  JAs.  1910,  i.  161)  trad.  de  Jacobi,  J.  de  la  Soc.  Or.  Alle- 
mande, t.  40,  1906]  donne  du  samaya  (qui  est  son  ksana)  :  paramasûksma- 
kriyasya  sarvajaghanyayatiparinatasya  paramânoh  svâvagâhanaksetra- 
vyatikramakâlah  samaya  iti.  —  D'après  Jacobi,  «  die  Zeit,  die  ein  Atom  in 
langsamster  Bewegung  gebraucht,  um  sich  um  seine  eigene  Kôrperlange  weiter- 
zubewegen  »,  Il  faut  un  nombre  «  incalculable  »  (asamkhyeya)  de  samayas  pour 
faire  une  âvalikâ  ;  un  nombre  «  calculable  »  (samkhyeya)  de  celles-ci  pour  faire 
1  prâna  (1  prânas  =  1  stoka,  7  stokas  —  1  lava  ;  38  1/2  lavas  =  nâlikâ 
[=  ghatî],  2  nâlikâs  =  1  muhûrta). 

Comparer  Ganitasârasamgraha,  i.  32  (Traité  de  mathématique  de  MahfivTrficfi- 
rya,  publié  et  traduit  par  M.  Rangâcarya,  Madras,  1912). 
anur  anvantaram  kâle  vyatikrâmati  yâvati  / 
sa  kâlah  samayo  'samkhyaih  saniayair  âvalir  bhavet  // 

The  time  in  which  an  atom  (moving)  goes  beyond  another  atom  (immediately 
next  to  it)  is  a  samaya  ;  innumerable  samayas  make  an  âvali. 

1.  Cité  dans  Madhyamakavrtti,  547  :  balavatpurusâcchatâmâtrena  panca- 
sastih  ksanâ  atikramantîti  pâthât.  —  Mahâvyutpatti,  253,  10,  acchafâsatn- 
gkâtamâtra  ;  Divya,  142  ;  pâli,  accharâ. 

La  Vibhâsa,  136,  1,  a  cinq  opinions  sur  le  ksana.  [Les  quatre  premières  lui 
assignent  une  durée  de  plus  en  plus  réduite  :  Vasubandhu  cite  ici  la  deuxième 
(Note  de  Saeki),  La  cinquième  est  la  bonne  (mais  Saeki  ne  la  reproduit  pas)  :  les 
quatre  premières  indiquent  seulement  la  durée  du  ksana  d'une  manière  grossière  ; 
Bhagavat  n'a  pas  dit  la  vraie  durée  du  ksana  ...  parce  qu'aucun  être  n'est  capable 
de  la  comprendre.]  —  Samyuktahrdaya  (?),  20,  3,  intéressant. 

2.  paramânur  anus  tathâ  // 
lohâpchaéâvigochidrarajoliksâtadudbhavah  / 
yavas  tathângulîparvâ  jneyam  saptagunottaram  // 
caturviméatir  angulyo  hasto  hastacatustayam  j 
dhanuh  panca  éatâny  esâm  kroso  Wanyas  ca  ....  // 
te  'slau  yojanam  ity  âhuh 

MS.  'ranyas  ca  tat  saiam.  —  Tib.  de  la  dgon  par  hdod. 


Hiuan48ang,  xii,  fol.  1  b-2  a.  179 

On  a  donc  7  paramânus  =  l  anu,  1  anun   -  1  loharajaa. 
avirajas  =  edakarajas.  [i2  a] 
chidrarajas  =  vâtâyanacchidraraj<M. 
«  Ce  qui  sort  de  la  liksâ  t.  c'est  le  yûka. 

L*aiileur  ne  dit  pas  que  trois  anguliparvans  font  une  anguli»  car 
c'est  bien  connu.  ' 

L'ermitage,  aranya,  doit  se  trouver  à  un  kroàa  du  village.  ' 

88  b-90  c.  Cent  vingt  ksanas  font  un  tatksana  ;  soixante  tcUksa- 
nas  font  un  lava;  muhûrta,  heure,  a/torô^ra,  jour-nuit,  mâsa,  mois, 
en  multiplant  par  trente  le  terme  précédent  ;  le  aamvalsarat  année, 
est  de  douze  mois  en  ajoutant  les  ûnarâtras,  [2  b].  ' 

C'est  la  série  Mah&vyiilpatli,  25t  (avec  vâiâyancicchidrarajas  et  yûka  = 
îiksodbhava). 

dhanus  =  danda  ;  hctsta  =  le  purusahasia  de  l'Abhidharma  d'après  lequel 
est  calculée  la  taille  des  habitants  des  DvTpas. 

La  série  du  â&rdalakarna  (Divya,  645,  où  le  texte  est  altéré)  diffère  en  certains 
détails. 

Dans  Lalita,  149  (Hgya  cher  roi  pu,  142),  la  iruti  se  place  entre  anu  et  vàiA- 
yanarajas  ;  yûka  est  remplacé  par  aaraapa.  —  Autres  sources  bouddhiques, 
Lokaprajflfipti,  fol.  12  a  (Cosmologie,  p.  262)  ;  Watters,  i.  141  (Vibha^  136)  ; 
Saddharmasmfti,  Lévi,  R&mfiyana,  153  ;  Kalpadruma  (Calcutta,  1906),  9.  —  Gani- 
tasarasaragraha,  3  ;  Varfthamihira  (dans  Albénini,  i.  162)  ;  Fleel,  JRAS,  1912,  229, 
1913,  153;  Hopkins,  JAOS.  33,  150;  Barnett,  Antiquities,  208. 

La  likkhâ  dans  les  commentaires  pûlis  :=  36  raitarenus,  1/7  ûk&, 

1.  Même  omission  dans  Si*yu*ki,  ii. 

2.  Eitel  (p.  98)  observe  que  l'ascète  des  cimetières  ne  doit  pas  s'approcher  du 
village  au  delà  de  la  limite  du  kroéa. 

3.  viffiéa iksa naiaiam  pu nah  / 
tatksanas  te  punah  sastir  lavas  tritnsadgutiottaràh  // 
trayo  muhûrtâhoràtramàsâ  dvâda^amasakah  / 
satftvatsarah  sonarAtrak 

D'après  LokaprajA&pti,  fol.  55  b.  Cosmologie,  309  ;  données  reproduites  dans 
Si-yu-ki,  ii.  (Watters,  i.  14:^,  Julien,  i.  61,  Beal,  i.  71  ;  vak^ana,  erreur  pour  iat- 
k^ana,  dans  DicL  numérique  cité  par  Chavannes,  Religieux  Eminenls,  152).  - 
Source  de  Mahftvyutpatti,  253,  diffère. 

Dans  Divya,  64-3-644,  l'ordre  kaana  et  tatk^ana  est  interverU. 

Sur  ksana  ci«dessus  p.  177. 

iatksana  défini  dans  Divya  ;  tadyathd  siriya  natidirghanàtihrasvakarii- 
ny&h    sûtrodyùma    evamdirghas    tatk^anah  ;  Kiokuga  cite   U  PrajOftpti  : 


180  CHAPITRE  III,  88  b-89  d. 

Le  muhûrta  vaut  trente  lavas.  Trente  muhûrtas  font  un  jour-nuit  ; 
la  nuit  est  quelquefois  plus  longue,  quelquefois  plus  courte  que  le 
jour,  quelquefois  égale  au  jour. 

Quatre  mois  d'hiver,  de  chaleur,  de  pluie  *  :  douze  mois  qui  (avec 
les  jours  dits  ûnarâtras)  font  une  année.  Les  ûnarâtras  sont  les  six 
jours  que,  au  cours  de  l'année,  on  doit  omettre  [pour  le  calcul  du 
mois  lunaire].  Il  y  a,  là-dessus,  une  stance  :  «  Lorsqu'un  mois  et  demi 
de  la  saison  froide,  chaude,  pluvieuse,  est  écoulé,  dans  le  demi-mois 
qui  reste,  les  doctes  omettent  un  ûnarâtra  ».  ^ 

Nous  avons  expliqué  l'année  ;  il  faut  expliquer  le  kalpa  ou  période 
cosmique. 

«  Quand  une  femme  d'âge  moyen  est  à  filer,  le  jet,  le  mouvement  d'un  fil  ni  long 
ni  court,  la  durée,  c'est  le  tatksana  ».  C'est-à-dire  :  le  temps  normal  que  met  le  fil 
à  frôler  le  doigt,  c'est  le  tatksana.  [D'après  une  note  du  P.  Louis  van  HéeJ. 

1.  Dans  l'Ecriture  (pravacana),  il  y  a  trois  saisons  (rtu)  et  non  pas  six  comme 
dans  le  monde.  Le  éiéira  est  froid  et  est  donc  hemanta  ;  le  vasanta  est  chaud 
et  est  donc  grlsma,  la  sarad  est  pluvieuse  et  est  donc  varsâs  (Vyfikhyfi.)  — 
[Trois  saisons  dans  le  Kathyâvâr,  Alberuni,  i.  357J.  —  Pour  tous  les  Bauddhas, 
['hemanta  est  la  première  saison  (Vyâkhyâ).  (Burnouf,  Introduction,  569).  —  Sur 
les  saisons  bouddhiques,  I-tsing,  Takakusu,  101,  219,  220,  Si-yu-ki,  chap.  ii, 
Watters,  i.  144.  —  Thibaut,  Astronomie  ...,  p.  11. 

2.  La  VyâkhyS  fournit  les  éléments  de  cette  stance  : 

hemantagrîsmavarsânâm  adhyardhamâsi  nirgate  / 
éese  'rdhamâsi  vidvadbhir  ûnarâtro  nipâtyate  «  // 

Les  «  doctes  »  sont  les  Bouddhistes  qui,  dans  les  quatrième  et  huitième  quin- 
zaines de  chacune  des  trois  saisons  omettent  un  jour  qu'on  nomme  ûnarâtra 
ou  ksayâha  (Thibaut,  Astronomie,  1899,  26,  Barnett,  Antiquities,  195)  et,  de  la 
sorte,  ramènent  leposadha  après  quatorze  jours  et  non  après  quinze:  câturdasiko 
'Ira  bkiksubhih  posadhah  kriyate. 

Le  comput  «  mondain  »  (laukika)  a  des  mois  de  30  jours.  Le  mois  lunaire  est 
de  29  jours,  12  h.,  44  m.  La  cérémonie  du  posadha  est  réglée  sur  la  lune.  Il  faut 
donc  retrancher  du  comput  mondain  un  ]our  f ûnarâtra  )  tous  les  deux  mois.  Donc 
chaque  saison  ecclésiastique  de  huit  demi-mois  sera  15  jours  +  15  -f  15  +  14  -|- 
15  -h  15  +  15  +  14. 

Pour  passer  de  l'année  ecclésiastique  (cândra)  à  l'année  mondaine,  on  ajoute 
six  jours  ;  pour  rejoindre  le  soleil  (366  jours)  on  ajoute  un  mois  intercalaire 
(adhimâsa)  après  deux  ans  et  sept  mois  (Alberuni,  ii.  21). 

On  devrait  étudier  le  Mâtangasûtra,  Nanjio,  645,  analysé  Divya.  657,  partie  du 
Sardûlakarna  (mâsaparîksâ)  omise  par  Cowell-Neil. 

^  nipâtyate  =  tyajyate. 


Hiuan-taang,  x\i,  iol  2  b-3  a.  181 

89  d-93  c.  Le  kalpa  est  de  diverses  sortes  :  a.  kalim  do  drstnir- 
lion  (samvartaka!pa)  :  depuis  le  moment  on  des  damnés  arrêtent  de 
naître,  la  destruction  du  réceptacle  ;  b.  kcUpa  de  création  (vivarUi' 
kalpa),  depuis  le  vent  primordial  jusqu'au  moment  où  naissent  des 
damnés  ;  c.  petit  kalpa  (antahkalpa)  :  d'abord  la  période  au  cours  de 
laquelle  la  vie,  d'infinie,  est  réduite  à  dix  ans  ;  puis  dix-huit  périodes 
d'augmentation  et  diminution  ;  puis  une  période  d'augmentation 
seulement  :  l'augmentation  allant  jusqu'à  quatre-vingt  mille  ans.  — 
Le  monde,  une  fois  créé,  dure  donc  vingt  petits  kalpas;  les  durées 
de  la  création,  de  la  période  où  le  monde  est  détruit,  de  la  destruction, 
sont  égales  :  quatre-vingt  petits  kalpas  font  un  grand  kalpa  (mahâ- 
kalpa).  ' 

89  d.  Il  y  a  diverses  sortes  de  kalpas.  * 

On  distingue  le  petit  kalpa  (antarakalpa),  le  kalpa  de  disparition 
(samvarta),  '  le  kalpa  de  création  (vivaria)^  le  grand  kalpa. 

1.  kalpo  bahuvidhah  smrtah  // 
satfivartakalpo  narakâsafnbhavâd  bhdjanaksayah  / 
vivartakalpah  pragvâyor  yâvan  nârakasatnbhavah  H 
antahkalpo  'mitAd  yavad  daéavarsayusas  tatah  I 
utkarsA  apakarsOé  ca  kalpâ  astâdaéâpare  // 
utkarsa  ekas  te  'sltisahasrdd  yâvad  ayusah  / 

iti  loko  vivrtto  'yam  kalpàiis  tisthati  vitnéatint  fl 

vivartate  ca  satftvrtta  asie  satnvartate  samam  / 

te  hy  aéltir  mahakalpah 
On  traduit  d'habitude  antarakalpa,  antahkalpa,  par  «  Kalpa  intermédiaire  >  : 
«  der  Kalpa  der  Zwischenzeit  »  ou  c  Zwisclien-Kalpa  ».  —  (Sohmidt,  Geschichle 
der  Ost-Mongolen,  304).  —  Mais  Rémusat  a  bien  vu  que  «  ces  expressions  ne 
forment  pas  de  sens  »  (Mélanges  posthumes,  103,  note).  —  Les  antarakalpas  ou 
untahkalpas  sont,  plutôt,  les  kalpas  qui  sont  à  l'intérieur  des  grandes  périodes. 
La  traduction  de  Rémusat  :  €  petit  kalpa  »,  est,  sinon  littérale,  du  moins  commode. 

2.  Une  bonne  étude  de  Fleet,  JRAS.  1911,  479,  sur  \es  kalpas  et  les  Yugas. 
Fleet  rappelle  les  formules  d'Aâoka  :  dva  kapam,  àva  satftva^kapa.  —  D'après 
Buddhaghosa,  Makkhali  admet  62  antnrakappas  au  lieu  de  64,  Sumaftgab,  l 
162  (Dlgha,  i.  54).  —  Les  kalpas  des  Jainas,  par  exemple,  SBE.  iS. 

Les  quatre  périodes,  disparition,  elr.,  d<»crites  90-93,  sont  «  les  quatre  Oêaïk- 
kheyya  du  [mahû^appa  »,  Âàguttara,  ii.  142. 

3.  Nous  traduisons  ftafftvarta,  safftvartani  par  «  disparition  ».  Tel  est  bien  le 
sens  du  mot  lorsqu'on  parle  de  la  bhdjanasafftvartani,  *  disparition  des  récep- 


182  CHAPITRE  III,  90  a-b. 

90  a-b.  Le  kalpa  de  disparition,  depuis  la  non-production  de 
damnés,  destruction  du  réceptacle. 

On  appelle  samvartakalpa  la  période  qui  s'étend  depuis  le  moment 
où  les  êtres  cessent  de  renaître  en  enfer  jusqu'au  moment  où  le 
monde  réceptacle  est  détruit. 

La  «  disparition  »  est  de  deux  sortes  :  disparition  des  destinées 
(gatisamvartanï),  disparition  du  dhâtu  (dhâtusamvartanï).  Elle 
est  encore  de  deux  sortes  :  disparition  des  êtres  (sattvasamvartanî), 
disparition  des  réceptacles  (hhâjanasamvartanï). 

1.  Au  moment  où  aucun  être  ne  naît  en  enfer  —  encore  que  les 
êtres  infernaux  continuent  à  mourir  —  la  période  de  vingt  petits 
kalpas  durant  laquelle  le  monde  reste  créé  (vivrtta)  est  terminée 
(nisthita)  ;  la  période  de  disparition  commence  (pratipanna,  drab- 
dha). 

Lorsqu'il  ne  reste  plus  un  seul  être  dans  les  enfers,  la  disparition 
des  êtres  infernaux  (nârakasamvartanî)  est  achevée,  le  monde  se 
trouve  disparu  d'autant  *  [3  b]  :  si  un  être  de  cet  univers  a  commis 
des  actes  qui  doivent  être  rétribués  en  enfer,  la  force  de  ces  actes  le 
fait  renaître  dans  l'enfer  d'un  autre  univers  non  en  procès  de  dispa- 
rition (sa  lokadhâtvantaranarakesu  ksipyate).  ^ 

2.  De  même,  disparition  des  animaux  et  des  prêtas  (tiryaksam- 
vartanï,  pretasamvartanï).  Les  animaux  qui  résident  dans  le  grand 
océan  disparaissent  d'abord  ;  ceux  qui  vivent  avec  les  hommes  dispa- 
raîtront en  même  temps  que  les  hommes.  ^ 

tacles  »,  yadâ  bhâjanâni  samvartante  vinasyantity  arthah  =  «  lorsque  les 
réceptacles  disparaissent,  c'est-à-dire  périssent  ».  —  Mais  dans  les  expressions 
gatisamvartanï,  etc.,  samvart  signifie  :  «  aller  ensemble,  se  trouver  réunis  ». 
Il  y  a  samvartanl  des  destinées  (gati)  lorsque  les  êtres  infernaux,  animaux,  etc., 
se  trouvent  réunis  (samvartante,  ekasthîbhavanti)  dans  une  partie  de  la  des- 
tinée divine  ;  samvartanl  des  êtres  (sattva),  lorsque  les  êtres  se  trouvent  réunis 
dans  un  ciel  de  dhyâna  (Rûpadhâtu). 

1.  iyatâyam  lokah  samvrtto  bhavati  nârakasamvartaniyâ. 

2.  Ekottara,  34,  5;  Beal,  Catena,  113.  -  Sp.  Hardy,  Manual,  472,  dit  que,  à  la 
fin  du  kalpa,  les  êtres  coupables  des  cinq  ânantaryas  (iv.  96)  sortent  de  l'enfer, 
mais  que  le  «  sceptique  »  (l'homme  de  Dïgha,  i.  55,  Samyutta,  iii.  207)  est  trans- 
porté dans  l'enfer  d'un  autre  univers  (voir  iv.  99  c). 

3.  L'être  dont  les  actes  doivent  être  punis  par  une  vie  d'animal  renaîtra  dans 


Hiuan-tsangf  xii,  fol.  3  a-4  a.  188 

3.  Parmi  les  hommes  du  JambudvTpa,  un  homme  entre  de  hii- 
même,  sans  maitre,  en  raison  de  la  dharmatâ,  '  dan»  le  premier 
dhyâna.  Sortant  de  ce  (ihyâna^  il  s'écrie  :  «  Heureux  le  plaisir  et  la 
joie  qui  naissent  du  détachement  !  Calmes  le  plaisir  et  la  joie  qui 
naissent  du  détachement!  »  Entendant  ces  paroles,  les  autres  hommes 
entrent  aussi  en  recueillement  et,  après  leur  mort,  passent  dans  le 
monde  de  Brahma.  —  Lorsque,  par  ce  procès  continué,  il  ne  reste 
plus  un  seul  homme  dans  le  JambudvTpa,  la  disparition  des  hommes 
du  JambudvTpa  est  consommée. 

De  même  pour  les  habitants  du  Porvavideha  et  de  TAvaragodanTya. 
En  ce  qui  concerne  les  habitants  de  l'Uttarakuru,  ils  sont  incapables 
de  se  détacher  du  Kamadhatu  et,  par  conséquent,  d'entrer  en  dhyâna  : 
aussi  renaissent-ils,  non  pas  dans  le  monde  de  Brahma,  mais  parmi 
les  dieux  du  Kamadhatu. 

Lorsqu'il  ne  reste  plus  un  seul  être  humain,  la  disparition  des 
hommes  est  consommée,  et  le  monde  est  disparu  pour  autant. 

4.  De  même  en  va-t-il  «dors  des  dieux  du  Kama,  depuis  les  Catur- 
maharajakayikas  jusqu'aux  Paranirmitavasavartins,  qui  entrent  en 
dhyâna  et  renaissent  dans  le  monde  de  Brahma,  qui  disparaissent 
successivement.  Lorsqu'il  ne  reste  plus  un  seul  dieu  du  Kama,  [4  a] 
la  disparition  du  Kflmadhatu  est  consommée. 

5.  Il  arrive  alors,  en  raison  de  la  dharmatâ,  qu'un  dieu  du  monde 
de  Brahma  entre  dans  le  deuxième  dhyâna.  Sortant  de  ce  dhyâna, 
il  s'écrie  :  «  Heureux  le  plaisir  et  la  joie  qui  naissent  du  recueille- 
ment !  Calmes  le  plaisir  et  la  joie  qui  naissent  du  recueillement  !  » 
Entendant  ces  paroles,  d'autres  dieux  du  monde  de  Brahma  entrent 
dans  le  deuxième  dhyâna  et,  après  leur  mort,  renaissent  dans  le  ciel 

un  autre  univers.  —  Hiuan-tâang  :  <  Les  animaux  qui  vivent  avec  les  hommes  et 
les  dieux  disparaîtront  en  même  temps  que  ceuX'Ci  ». 

Sur  les  animaux  du  ciel,  Kathavatihu,  xx.  4. 

manusyasahacarisnava  iti  manusyasahœaranaéilù  gomahi^Adaya^. 

1.  Il  obtient  le  premier  dhyûna  dharmatûrpratilambhika.  —  Par  dkarmalA 
il  faut  entendre  «  la  transformation  particulière  que  subissent  alors  les  bons 
dharmaa  >  (ktiéalanàti^  dlutrmûiUifn  iadanim  pArinAmaviàtfak).  -  Ce  point 
est  élucidé  viii  38, 


184  CHAPITRE  III,  90  a-d. 

des  Àbhasvaras.  —  Lorsqu'il  ne  reste  plus  un  seul  être  dans  le  monde 
de  Brahma,  la  disparition  des  êtres  (sattvasamvartam)  est  consom- 
mée et  le  monde  a  disparu  d'autant. 

6.  Alors,  en  raison  de  l'épuisement  de  l'acte  collectif  qui  a  créé  le 
monde  réceptacle,  '  en  raison  de  la  vacuité  du  monde,  sept  soleils  ' 
apparaissent  successivement,  et  le  monde  est  entièrement  consumé 
depuis  cette  terre  à  continents  jusqu'au  Meru.  De  ce  monde  ainsi 
embrasé,  la  flamme,  conduite  par  le  vent,  va  brûler  les  châteaux  du 
monde  de  Brahma.  ^  —  Qu'il  soit  bien  entendu  que  la  flamme  qui 
brûle  ces  châteaux  est  une  flamme  du  Rûpadhâtu  :  les  fléaux  (apa- 
ksâla)  du  Kâmadhâtu  n'ont  pas  prise  sur  le  Rûpadhâtu.  Mais  on  dit 
que  la  flamme  va,  de  ce  monde,  brûler  le  monde  de  Brahma,  parce 
qu'une  nouvelle  flamme  naît  en  relation  avec  la  première. 

De  même,  mutatis  mutandis,  la  disparition  par  l'eau  et  par  le 
vent  (apsamvartanl,  vâyusamvartanl),  qui  sont  semblables  à  la 
disparition  par  le  feu  (tejahsamvartanl)  mais  qui  s'étendent  plus 
haut.  ' 

1.  tadâksepake  karmani  pariksîne. 

2.  Madhyama,  %  9  ;  Ekottara,  34,  5  ;  Mahaparinirvana  (Nanjio,  113)  22,  33  : 
Sept  soleils  sortent  en  même  temps  de  la  montagne  Yugandhara;  Vibhasa,  133,7: 
Quatre  opinions,  1.  que  les  soleils  sont  cachés  derrière  le  Yugandhara  (?)  ;  2.  que 
le  soleil,  unique,  se  divise  en  sept  ;  3.  que  le  soleil,  unique,  prend  une  force  sept 
fois  plus  grande  ;  4.  que  les  sept  soleils,  d'abord  cachés,  se  manifestent  ensuite 
en  raison  des  actes  des  êtres. 

SaptasQryavyâkarana,  ci-dessus  p.  20,  cité  Lokaprajnapti,  Mdo  62,  fol.  66  (Cos- 
mologie, 314)  ;  Pitaputrasamâgama  (=  Ratnakûta,  xvi.)  dans  Siksasamuccaya, 
247  ;  Nanjio,  1169,  31,  2.  —  Sources  pâlies,  bibliographie  de  Minaiev,  Zapiski,  ix. 
323  ;   Saltasuriyuggamana  dans  Anguttara,  iv.  300,  Visuddhi,  416  (Warren,  321). 

Albéruni,  i.  326  ;  Hastings,  Ages  of  the  world  ;  Hopkins,  Epie  Mythology,  1915, 
84,  99,  Great  Epie,  475  ;  Dict.  de  Saint  Pétersbourg,  s.  voc.  samvarta. 

Origine  mésopotamienne  de  cette  théorie  (?),  Carpenter,  Studies  in  the  history 
of  religion,  79. 

3.  tasmad  eva  ca  [prajvalitâd  vâyunâ  âdhrtam]  brâhmam  vimânam 
nirdahad  arcih  paraiti  /  tac  ca  tadbhûmikam  evârcik  /  na  ht  visabhagâ 
apaksâlâh  kramante  /  tatsambaddhasambhûtatvad  [tasmad  evety  uktam]. 

Voir  ci-dessus  p.  20. 

4.  Ci-dessous,  100  c.  -  Quand  le  réceptacle  est  vide,  se  produit  l'eau  (abdhâ- 
tu)  qui  dissout,  comme  sel,  le  réceptacle.  Cette  eau,  qui  est  du  Kamadhatu,  «  lie  » 


muan-tsanÇf  xii.  fol.  4  a-h.  185 

Ln  période  qui  s'étend  du  monirnl  [4  b)  on  Irs  ^tren  ressent  de 
naître  dans  les  enfers  jnsqn'an  njonicnt  on  le  réreplarle  n  disparu, 
c'est  ce  qu'on  nomme  safftvartakalpa,  le  kcUiKi  de  disparition. 

90  c-d.  Le  kalpa  de  création,  depuis  le  vent  primordial  jusqu'à 
la  production  des  êtres  infernaux. 

Depuis  le  vent  primordial  (prâgvâyu)  jusqu'au  moment  où  des 
êtres  naissent  dans  les  enfers. 

Le  monde,  qui  a  disparu  comme  nous  avons  vu,  reste  disparu 
longtemps  —  pendant  vingt  petits  kalpas.  Il  n'y  a  plus  que  l'espace 
là  où  était  le  monde. 

L  Au  moment  où,  en  raison  de  l'acte  collectif  des  êtres,  apparaissent 
les  premiers  signes  du  futur  monde  réceptacle  ;  au  moment  où  se 
lèvent  (syandante)  dans  l'espace  (âkâéa)  des  vents  très  légers 
(mandamanda),  alors  se  trouve  consommée  cette  période  de  vingt 
petits  kalpas  pendant  laquelle  le  monde  est  resté  disparu  (satfîvrtio 
'sthàtj;  et  la  période,  de  vingt  petits  kalpas  également,  durant  laquelle 
le  monde  va  se  créer  (vivartanidnâvasthâ),  commence.  ' 

Les  vents  vont  grandissant  et,  fînalement,  constituent  le  cercle  du 
vent  ;  ensuite  nait  tout  le  réceptacle  tel  que  nous  l'avons  décrit  : 
cercle  de  l'eau,  terre  d'or,  Meni,  etc.  Toutefois,  le  château  de  Brahma 
apparaît  d'abord  et,  ensuite,  tous  les  châteaux  jusqu'à  ceux  des 
Yamas.  C'est  seulement  après  que  naît  le  cercle  du  vent.  ' 

Le  réceptacle  est  donc  créé,  et  le  monde  se  trouve  créé  d'autant. 

2.  Alors  un  être,  mourant  dans  l'Àbhasvara,  nait  dans  le  chAteau 
de  Brahma  (hrâhma  vifnâna)  qui  est  vide  ;  d'autres  êtres,  mourant 
les  uns  après  les  autres  dans  TÀbbasvara,  naissent  dans  le  ciel  des 

(satftbculhnati)  une  eau  du  premier  dhyùna,  du  deuxième  dhydHa.  Celle  eau, 
({ui  est  donc  de  trois  terres  (KAmadliatu  el  deux  dky&naê)  disparmll  «Tee  le 
réceptacle  auquel  elle  correspond. 

Disparition  par  le  vent  :  le  vent  disperse  (vikirati,  vidkoaffëaifaU)  les  réeep» 
I actes  des  trois  premiers  dhyAnos  comme  un  t«s  de  poussière  (pAiniurûii}. 

Sur  ce  qui  reste,  p.  187,  n.  4. 

1.  VibhA^,  133,  12,  cité  par  Kiokuga  ad  iii.  45. 

f.  D'après  la  règle  énoncée  plus  tms  :  yat  paieàt  taiftvartatê  toi  pûrvmn 
vivartate. 


186  CHAPITRE  m,  90  c-93  c. 

Brahmapurohitas,  des  Brahmakâyikas,  des  Paranirmitavasavartins, 
des  autres  dieux  du  Kama  ;  dans  l'Uttarakuru,  le  Godanlya,  le  Videha, 
le  Jambudvïpa  ;  chez  les  prêtas  et  les  animaux  ;  dans  les  enfers  :  la 
règle  est  que  les  êtres  qui  disparaissent  en  dernier  lieu  réapparaissent 
en  premier  lieu  [5  a]. 

Lorsqu'un  être  naît  dans  les  enfers,  la  période  de  création  (vivar- 
tana),  de  vingt  petits  kalpas,  est  terminée  ;  la  période  de  durée 
(vivrttâvasthâ)  commence. 

[Le  premier  petit  kalpa  de  la  période  de  création  est  employé  à  la 
création  du  réceptacle,  château  de  Brahma  ;  etc.]  Pendant  les  dix-neuf 
petits  kalpas  qui  complètent  cette  période,  jusqu'à  l'apparition  des 
damnés,  la  vie  des  hommes  est  infinie. 

91  a-b.  Un  petit  kalpa,  au  cours  duquel  la  vie,  d'infinie,  devient 
une  vie  de  dix  ans. 

Les  hommes,  à  la  fin  de  la  période  de  création  ont  une  vie  infinie  ; 
leur  vie  va  en  diminuant  quand  la  création  est  achevée,  jusqu'à  n'être 
plus  que  dix  ans  (iii.  98  c-d).  La  période  au  cours  de  laquelle  a  lieu 
cette  diminution  constitue  le  premier  petit  kalpa  de  la  période  de 
durée.  * 

91  b-d.  Ensuite  dix-huit  kalpas  qui  sont  d'augmentation  et  dimi- 
nution. 

La  vie,  qui  est  de  dix  ans,  s'accroît  jusqu'à  être  de  quatre-vingt 
mille  ans  ;  ensuite  elle  diminue  et  se  réduit  à  une  durée  de  dix  ans. 
La  période  au  cours  de  laquelle  ont  lieu  cette  augmentation  et  cette 
diminution  est  le  deuxième  petit  kalpa. 

Ce  kalpa  est  suivi  de  dix-sept  autres  pareils. 

92  c.  Un,  d'augmentation. 

Le  vingtième  petit  kalpa  est  seulement  d'augmentation,  non  pas 

1.  so  'sau  vivrttanâm  tisthataift  prathamo  'ntarakalpah. 


Hiuan-isang,  xii,  fol.  4  b-5  b.  187 

de  diminution.  La  vie  des  hommes  augmente  de  dix  ans  A  quatre- 
vingt  mille. 

Jusqu*où  vont,  en  augmentant,  ces  augmentations  ? 

92  a-b.  Elles  vont  jusqu'à  une  vie  de  quatre-vingt  mille.  ' 

Non  pas  au  delà.  Le  temps  requis  pour  Faugmentation  et  la  dimi- 
nution que  comportent  les  dix-huit  kalpas,  est  égal  au  temps  que 
dure  la  diminution  du  premier  kalpa  et  Taugmentation  du  dernier.  * 

92  c-d.  C'est  ainsi  que  le  monde  reste  créé  pendant  vingt  kcUpas, 

Le  monde  reste  créé  pendant  vingt  petits  kalpds  ainsi  calculés. 
Aussi  longue  est  cette  période  de  durée, 

93  a-b.  Pendant  le  même  temps,  le  monde  est  en  procès  de  créa- 
tion, en  procès  de  disparition,  en  état  de  disparition. 

Vingt  petits  kalpas  pour  la  création,  pour  la  disparition,  pour  la 
période  où  le  monde  a  disparu.  Il  n'y  a  pas,  pendant  ces  trois  périodes, 
des  phases  d'augmentation  et  de  diminution  de  la  durée  de  la  vie 
[5  b],  mais  ces  périodes  sont  égales  en  durée  à  la  période  pendant 
laquelle  le  monde  reste  créé. 

Le  monde  réceptacle  est  créé  en  un  petit  kcUpa  ;  il  se  remplit 
pendant  dix-neuf  ;  il  se  vide  pendant  dix-neuf  ;  il  péril  en  un  petit 
kalpa. 

Quatre  fois  vingt  petits  kalpas  font  quatre-vingts  : 

93  c.  Ces  quatre-vingts  font  un  grand  kalpa,  ' 

En  quoi  consiste  le  kalpa  ?  —  Le  kalpa  est  de  sa  nature  les  cinq 
akandhaa,^ 


1.  D'après  d'autres  sources  84000. 

i.  D'après  le  Grand  Véhicule,  les  90  kalpoê  sont  d'augmentation  •!  de  dimi- 
nution. 

3.  (e  liy  oHtir  mahakalpah. 

4.  panceukandhasvabhavah  kalpah.  -  U  a  été  expliqué,  L  7,  que  1m  tàmu 
dhas  sont  le  temps. 

En  quoi  consiste  le  kalpa  ?  —  VibhAfl,  185, 14  :  Quelques-una  disent  qu'il  asi 


188  CHAPITRE  III,  93  d-94  a. 

Il  est  dit  que  la  qualité  de  Bouddha  est  acquise  par  un  exercice 
qui  dure  trois  asamkhyeyas  de  kalpas.  De  quels  kalpas  s'agit-il 
parmi  les  quatre  sortes  de  kalpas  ? 

93  d-94  a.  La  qualité  de  Bouddha  résulte  de  trois  asamkhyas 
de  ces  [kalpas],  ' 

de  sa  nature  rûpâyatana,  etc.  ;  les  jour-et-nuit,  etc.,  sont  tous  naissance  et 
destruction  des  skandhas  ;  comme  le  kalpa  est  constitué  par  les  jour-et-nuit,  etc., 
il  est  de  la  même  nature.  Mais  le  kalpa,  c'est  le  temps  des  trois  Dhatus  :  donc  il 
est  cinq  ou  quatre  skandhas.  —  Houéi-houëi  :  «  Le  kalpa,  à  considérer  le  Kâma- 
dhatu  [et  le  Rûpadhâtu],  est  cinq  skandhas;  à  considérer  l'Àrûpyadhâtu,  est 
quatre  skandhas.  Le  kalpa  «  vide  »  («  période  où  le  monde  reste  détruit  »)  est 
deux  skandhas  [à  savoir,  dit  la  glose,  samskâraskandha  et  rûpaskandha  (car 
Vâkâsa  est  rûpa)],  puisque  les  jour-et-nuit,  etc.,  n'existent  pas  à  part  des  skan- 
dhas ».  —  Un  commentaire  du  Kosa  observe  que,  d'après  le  Grand  Véhicule,  le 
temps  (kâla)  est  un  viprayukta  samskâra.  [Le  90""®  samskria  de  la  liste  des 
100  dharmas,  Vijiïaptimâtra,  Muséon,  1906,  178-194,  R.  Kimura,  Original  and 
developed  doctrins,  1920,  p.  55.] 

1.  tadasamkhyatrayodbhavam  /  buddhatvatn. 

i.  On  appelle  asamkhyeya  kalpa,  «  kalpa  sans-nombre  »,  le  temps  que  durent 
un  nombre  asamkhyeya  (10  à  la  59™®  puissance)  de  mahàkalpas. 

[asamkhya  =  asamkhyeya,  incalculable.  —  samkhyânenâsamkhyeyâ 
asamkhyâ  iti.] 

Hiuan-tsang:  «  Parmi  les  quatre  espèces  de  kalpas  qui  ont  été  nommés,  lesquels 
faut-il  multiplier  pour  faire  «  trois  kalpas  sans-nombre  »?  —  Il  faut  multiplier 
les  grands  kalpas,  10,  100,  1000,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  la  multiplication 
donne  «  trois  kalpas  sans  nombre  ».  —  Ce  qui  est  nommé  «  sans  nombre  »,  com- 
ment y  en  a-t-il  trois  ?  —  Le  mot  «  sans  nombre  »  (oû-chôu)  ne  signifie  pas 
«  incalculable  »  (pou-k'é-chôu).  Un  kiài-t'oûo  Sûtra  dit  que  le  «  sans  nombre  » 
(asamkhyeya)  est  un  nombre  parmi  les  soixante  nombres.  —  Quels  sont  ces 
soixante  ?  —  Comme  dit  ce  Sûtra  :  «  Un  et  non  pas  deux  ....  ». 

ii.  Le  premier  asamkhyeya  de  la  carrière  de  Sâkyamuni  commence  sous  Sakya- 
muni  l'ancien  (Mahavastu,  i,  1)  et  se  termine  sous  Ratnasikhin.  —  Pendant  cet 
asamfc?ît/et/a  apparaissent  75000  Bouddhas  (Kosa,  iv.  110;  Rémusat,  Mélanges 
posthumes,  116  ;  Dict.  numérique,  dans  Chavannes,  Religieux  éminents,  lit  5000 
au  lieu  de  75000). 

Le  deuxième  asamkhyeya  se  termine  avec  Dïpamkara.  —  Bouddhas  :  76000. 

Le  troisième  asamkhyeya  se  termine  avec  Vipa.syin.  —  Bouddhas  :  77000. 

Suivent  91  mahàkalpas  (au  lieu  de  100,  comme  expliqué  Kosa,  iv.  112  a). 

Vipasyin  est  le  premier  des  sept  Bouddhas  «  historiques  »  (célébrés  dans  le 
Saptabuddhastotra)  ;  ensuite  Sikhin,  Visvabhuj,  Krakutsanda,  Konakamuni, 
Kâsyapa,  Sâkyamuni.  (Références,  Kern,  Manual,  64). 

iii.  Dans  les  sources  pâlies  (Cariyapitaka,  i.  1,  1,  etc.),  la  carrière  du  Bodhisattva 


Hinan-lêang,  xii,  fol.  5  h.  189 

de  ces  grands  kalpas  que  nous  venons  de  définir. 

Mais,  dira-l-on,  le  mot  asaffUchya  (  (isatf^khyeya)  signifie  t  in* 
calculable  »,  comment  peut-on  parler  de  trois  c  incalculables  »  ? 

On  ne  doit  pas  rentendre  ainsi  ;  car,  dans  un  Sotra  isolé  (mtUda' 
ka),  •  il  est  dit  que  la  numération  (graAs  r=  satfêkhyâ)  est  de  soixante 
points  ou  places  (gnas  gzhan  =  ttlhânântara).  —  Quels  sont  ce» 
soixante  points?  *  —  Un,  non  pas  deux,  c'est  le  premier  point;  dix 

est  de  quatre  asamkheyycis  plus  cent  mille  kapinis.  De.-^  ouvrage»  luniit-s  romnie 
le  Sfirasanigaha  ont  des  Bodhisattvas  de  quatre,  huit  et  seize  asatftkheffyas, 
plus  chaque  fois  cent  mille  kappas. 

1.  Un  Satra  ntuktaka,  c'est-à-dire  un  Sotra  qui  ne  Tait  pas  paKie  des  ÀgmaiM  : 
fia  cat%4râgamàntargatam  ity  arihah.  —  Ailleurs  un  Solra  muktaka  est  un 
Satra  non  authentique. 

Paranifirtha  traduit  :  yû  =  restant  ;  Hiuan-tsang,  kiài-t'oùo  =  [vi\mHktaka. 

2.  Notre  liste  est  celle  de  Mah&vyutpatti,  249  (qui,  d'après  Wogihara,  ent 
extraite  du  Kosa).  —  Les  nombres  14  et  15,  dans  les  MSS.  de  la  Mahftvyutpatti, 
sont  prasuta,  mahâprasuta,  mais  les  versions  chinoises  donnent  praynia, 
mahâprayuta  :  le  tibétain  (rab  bkram)  donne  praklrna  ou  prasrta.  -  Pour 
96,  37,  Wogihara  corrige  8amapta.h,  mahâsamàptah  en  aamùptatfi,  maliAMl- 
ntâptam. 

Notre  liste,  comme  Vasubandhu  le  remarque  ci-dessous  p.  190,  est  de  54  termes  : 
c  Huit  nombres,  au  milieu,  ont  été  oubliés  »  :  astakam  madhyàd  visntriam  .... 
voir  p.  190  n.  1. 

Sur  les  grands  chiffres,  Georgy,  Alphabetum  Tibetauum,  &40  ;  Schiefner,  Mé« 
langes  Asiatiques,  629  ;  Rémusut,  Mélanges  posthumes,  67  ;  Beal,  Catena,  IIS  ; 
autres  sources  et  calculs  dans  Hastings,  Art.  Ages  of  the  world,  188  b. 

La  Mahavyutpatti  ex|>ose  quatre  modes  de  supputation  246-249,  extraits  de 
Buddh&vatamsaka  et  PrajA&p&ramit&sfistra,  SkandhavyQha,  l^iiia.  AMiiiIlinmia  : 
ensuite  le  calcul  c  mondain  >  (de  1  à  100). 

Le  Buddhfivatamsaka,  cité  par  Rémusat,  enseigne  que  «  dans  ie  système  supé- 
rieur, les  nombres  se  multiplient  par  eux-mêmes  »  :  il  y  a  dix  nombre»  ealeoléa 
ainsi  à  partir  de  Vasamkhyu  :  asamkhya,  asamkhya'*,  asatftkhya^ ....  (Je  pcaee 
que  la  version  tibétaine  (Kaudjour,  36,  fol.  36)  nous  invite  à  appliquer  celle 
progression  depuis  la  koti{=  10000000)  :  koU,  koiP,  koti^  et  ainsi  de  suite  ju<H|u'à 
Vanabhilâpya'anabhilâpya-parivarfanirdêAa  qui  doit  Atre  le  ti^^  terme  «le 
cette  série J.  «  Rien  n'est  certainement  pitis  déraisonnable  que  tout  cet  «ppareil 
numérique  ...  et  toutefois  on  est  obligé  de  convenir  que  les  bouddhiaUMI  es  eol 
quelquefois  fait  usage,  soit  pour  soutenir  leur  imagination  dans  la 
de  l'infini  en  temps  et  en  espace,  soit  pour  suppléer  à  cette  idée  près 
grossiers  incapables  de  la  concevoir  ».  (Rémusat). 

Les  chiffres  brahmaniques  sont  aussi  très  gros.  Les  Wes  de  Brsbml,  Nlrt< 


190  CHAPITRE  III,  93  d-94  a. 

fois  un,  c'est  le  second  point  ;  dix  fois  dix  (ou  cent),  c'est  le  troisième  ; 
dix  fois  cent  (ou  mille),  c'est  le  quatrième  ....  Et  ainsi  de  suite,  chaque 
terme  valant  dix  fois  le  précédent  :  prahheda  (10000),  laksa  (100000) 
[6  a],  atilaksay  koti,  madhya,  ayuta,  mahâyuta,  nayuta,  mahâna- 
yuta,  prayuta,  mahâprayuta,  kamkara,  mahâkamkara,  himhara, 
mahâhimbara,  aksohhya,  mahâksobhya,  vivàha,  mahâvivâha, 
utsanga,  mahotsanga,  vâliana^  mahâvâhana,  titïbha,  mahâtitihha, 
hetu,  mahâhetUy  karahha,  mahâkarahha,  indra,  mahendra,  sam- 
âpta  (ou  samâptam)y  mahâsamâpta  ('^samâptam),  gati,  mahâ- 
gati,  nimbarajaSj  mahànimharajas,  mûdrâ,  mahâmudrâ,  bala, 
mahàbala,  samjnâ,  mahâsamjnâ,  vibhûta,  mahâmhhûta,  baldksa, 
mahâbalaksa,  asamkhya.  [7  a] 

Dans  cette  liste  huit  nombres  ont  été  perdus.  * 

Le  grand  kalpa  successivement  nombre  (=  multiplié)  jusqu'à  la 
soixantième  place,  c'est  là  ce  qu'on  appelle  un  asamkhyeya  ''  ;  si  on 


yana,  Riidra,  lâvara,  SadSsiva,  Sakti  vont  en  croissant.  Sakti  vit  10,  782,  449, 
978,  758,  .523,  781,  120  plus  27  zéros  de  kalpas.  Cette  vie  n'est  qu'une  tmti  ou 
seconde  d'un  jour  de  la  vie  de  Siva,  laquelle  est  représentée  en  kalpas  par  37, 
264,  147,  126,  589,  458,  187,  550,  720  plus  30  zéros.  Là-dessus,  Albéruni  (i.  363)  : 
«  If  those  dreamers  had  more  assiduously  studied  arithmetic,  they  would  not  hâve 
invented  such  outrageous  numbers.  God  takes  care  that  their  trees  do  not  grow 
into  heaven  ». 

1.  astakam  madhyâd  vismrtam,  —  Vyâkhya  :  astau  sthânâni  kvâpi  pra- 
deée pramusitatvân  napathitâni  j  tenâtra  dvâpancâéat  stJiânâni  bhavanti  / 
sastyâ  ca  samkhyâsthânair  bhavitavyam  /  tâny  asiakâni  svayam  kâni  cm 
nâmâni  krtvâ  pathitavyâni  yena  sastih  samkhyâsthânâni  paripûrnâni 
bhaveyuh.  —  Même  doctrine  dans  Vibhasâ,  170,  40. 

Pour  Yasomitra  le  nombre  asamkhya  est  le  soixantième  de  la  série  1,  10,  100, 
1000  ....  Il  faut  placer  dans  la  liste,  à  un  endroit  non  déterminé,  les  huit  nombres 
qui  manquent,  en  leur  donnant  un  nom  quelconque. 

Le  rédacteur  de  Mahâvyutpatti,  249,  ne  l'a  pas  compris  ainsi  ;  il  ajoute,  53-60, 
apramânam,  aprameyam  ....  anahhilâpyam. 

Sarad  Chandra  Das  donne  notre  liste  comme  provenant  du  Koéa,  1^52  :  «  Up 
to  this  number  there  are  sanscrit  équivalents  ;  from  53  to  60,  there  are  no  sanscrit 
équivalents,  the  Tibetan  having  introduced  new  names  to  replace  the  lost  origi- 
nals  ».  Ces  nouveaux  noms  (qu'on  peut  traduire  maitra,  mahâmaitra,  kâruna, 
mahàkâruna  ...)  n'ont,  en  effet,  aucun  rapport  avec  les  53-60  de  Mahâvyutpatti. 

2.  D'après  Paramartha.   —  Le  Lotsava,  certainement  moins  clair  :  de  Itar  na 


HiuanAaang»  x\\,  fol.  5  b-7  b.  191 

recommence,  on  a  un  deuxième,  un  troisième  asatfikhyeya,  L'oâdfi* 
khyeya  ne  reçoit  pas  son  nom  du  fait  qu*il  serait  incalculable. 

Mais  pourquoi  les  Bodhisattvas,  une  fois  qu'ils  ont  pris  la  résolution 
(pranidhâtM)  d'obtenir  la  suprême  Bodhi.  mettent-ils  un  temps  si 
long  à  l'obtenir?  —  Parce  que  la  suprême  Bodhi  est  très  difficile 
à  obtenir  :  il  faut  une  grande  accunuilation  de  savoir  et  de  mente, 
d'innombrables  œuvres  héroïques  au  cours  de  trois  asatfikhyeya 
kalpas.  —  On  comprendrait  que  les  Bodhisattvas  recherchent  cette 
Bodhi  si  difficile  à  obtenir,  si  cette  Bodhi  était  le  seul  moyen  d'arriver 
à  la  délivrance  ;  mais  tel  n'est  pas  le  cas.  Pourquoi  donc  entrepren- 
nent-ils ce  labeur  infini  ?  —  Pour  le  bien  d'autrui,  parce  qu'ils  veident 
devenir  capables  de  retirer  les  autres  du  grand  fleuve  de  la  souffrance 
[7  b].  —  Mais  quel  bien  personnel  trouvent-ils  dans  le  bien  d'autrui? 
—  Le  bien  d'autnii  est  leur  bien  propre,  parce  qu'ils  le  désirent.  —  Qui 
pourrait  vous  en  croire  ?  —  A  la  vérité,  les  hommes  dépourvus  de 
pitié  et  qui  ne  pensent  qu'à  soi  croient  difficilement  a  l'altruisme  des 
Bodhisattvas  ;  mais  les  hommes  compatissants  y  croient  aisément 
Ne  voyons-nous  pas  que  certains  hommes,  confirmés  dans  l'absence 
de  pitié,  trouvent  plaisir  dans  la  souffrance  d'autrui  même  quand  elle 
ne  leur  est  pas  utile  ?  De  même  faut-il  admettre  que  les  Bodhisattvas, 
confirmés  dans  la  pitié,  trouvent  plaisir  à  faire  du  bien  à  autrui  sans 
aucune  préoccupation  égoïste.  Ne  voyons-nous  pas  que  certains 
hommes,  ignorant  la  vraie  nature  des  dharmas  conditionnés  (saïf^ 
skâras)  qui  constituent  leur  prétendu  <  moi  »,  s'attachent  à  ces 
dhannas  par  la  force  de  l'habitude,  si  complètement  dénués  que  ces 
dharmas  soient  de  personnalité,  et  souffrent  mille  douleurs  en  raison 
de  cet  attachement  ?  De  même  il  faut  admettre  que  les  Bodhisattvas, 
par  la  force  de  l'habitude,  se  détachent  des  dharmas  qui  constituent 
leur  prétendu  c  moi  »,  ne  considèrent  plus  ces  dharmas  comme 
<  moi  >  et  comme  <  mien  »,  accroissent  pour  autrui  une  sollicitude 
(apeksâ)  pitoyable,  et  sont  prêts  ù  souffrir  mille  douleurs  en  raison 
de  cette  sollicitude. 

gnas  gzhan  drug  cur  phyin  pa  de  dag  tu  pliyiu  |>al^i  bskal  pa  ni  bakal  ps  fgniiM 
med  pa  ces  bjaho. 


192  CHAPITRE  m,  93  d-94  b. 

En  deux  mots,  il  y  a  certaine  catégorie  d'hommes  qui,  indifférents 
à  ce  qui  les  concerne  personnellement,  sont  heureux  par  le  bonheur 
d'autrui,  malheureux  par  la  souffrance  d' autrui.  '  [8  a]  Pour  eux, 
être  utile  à  autrui,  c'est  être  utile  à  soi-même.  La  stance  dit  :  «  L'in- 
férieur cherche,  par  tous  moyens,  son  bonheur  personnel  ;  le  médiocre 
cherche  la  destruction  de  la  souffrance,  non  pas  le  bonheur,  parce 
que  le  bonheur  est  cause  de  souffrance  ;  l'excellent,  par  sa  souffrance 
personnelle,  cherche  le  bonheur  et  la  destruction  définitive  de  la 
souffrance  d'autrui,  car  il  souffre  de  la  souffrance  d'autrui  ».^ 

Pendant  quelles  périodes  les  Bouddhas  apparaissent-ils  ? 

94  a-b.  Ils  apparaissent  pendant  la  diminution  jusque  cent.  ' 

1.  Opinion  exprimée  dans  Ekottara,  4,  1,  Parinirvfina,  3,  24,  Nanjio  1177,  8,  5 
(Kioiiuga),  —  Altruisme  du  Bodhisattva,  Kosa,  iv.  111  a.  —  Que  les  hommes  de 
petite  vertu  ne  peuvent  croire  au  Bodhisattva,  vii.  34.  —  Comment  le  Bodhisattva 
considère  autrui  comme  son  «  moi  »,  Bodhicary&vatfira,  viii. 

2.  On  peut  restituer  : 

[hînah  prârthayate  svasamtatigatam  tais  tair  upâyaih  sukham] 
madhyo  dukkhanivrttim  eva  na  sukham  duhkhâspadant  tad  yatah  / 
sresthah  prârthayate  svasatntatigatair  duhkhaih  paresâm  sukham 
duhkhâtyantanivrttim  —  ^  ^  ^  tadduhkhaih  sa  duhkhl  [yatah]  jj 
On  peut  aussi  comprendre  :  L'excellent  désire,  pour  autrui,  le  bonheur  temporel 
(âhhyudayika)  et  la  béatitude  (naihéreyasika)  (=  nirvana,  cessation  de  la 
souffrance),  et,  pour  lui-même  la  cessation  de  la  souffrance,  c'est-à-dire  la  qualité 
de  Bouddha,  parce  qu'elle  est  utile  à  autrui. 

D'après  Kiokuga,  le  PrajnSparamitaéastra,  29, 18,  cite  des  stances  du  Samyukta 
exposant  la  même  doctrine. 

Comparer  les  quatre  catégories  de  Dîgha,  iii.  233,  Anguttara,  ii.  95. 

3.  apakarse  tu  éatâd  yâvat  tadudbhavah  / 

Théorie  différente  dans  les  sources  pâlies,  par  exemple  Sarasamgaha. 

Les  sources  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  date  de  l'apparition  des  derniers  Boud- 
dhas ;  Vibhâsâ,  135,  18,  Dîrghagama,  etc.  (Rémusat,  Mélanges  posthumes,  116  ; 
Notes  de  Foë  kouë  ki,  189). 

Le  Dîrgha  place,  au  cours  du  neuvième  antarakalpa  de  notre  grand  kalpa, 
quatre  Bouddhas  :  Krakucchanda  (époque  où  la  vie  est  de  40000  ans),  Kanakamuni 
(vie  de  30000),  Kaéyapa  (vie  de  20000),  Sakyamuni  (vie  de  100)  [mêmes  chiffres 
dans  Dîgha,  ii.  3,  Asokavadana,  Avadanasataka,  etc.)  ;  ailleurs  on  a  60000,  40000, 
20000  et  100. 

D'autres  disent  :  Pas  de  Bouddhas  pendant  les  cinq  premiers  antarakalpas  ; 
Krakucchanda  dans  le  sixième,  Kanakamuni  dans  le  septième,  Kâsyapa  dans  le 


Hinan-tsang^  xii,  fol.  7  b-8  b.  IM 

Les  Bouddhas  apparaissent  au  cours  des  époques  de  diminution 
de  la  vie,  lorsque  la  durée  de  la  vie  va  en  diminuant  de  quatre-vingt 
mille  à  cent  ans.  [S  b] 

Pourquoi  n'apparaissenl-ils  pas  au  cours  des  épo(|ues  d'augmenta- 
tion? —  Parce  que  les  hommes  sont  alors  difficilement  capables 
de  Vudvega,  de  la  terreur  et  du  dégoût  de  l'existence. 

Pourquoi  n'apparaissenl-ils  pas  quand  la  vie  va  en  diminuant  de 
cent  ans  à  dix  ans  ?  —  Parce  que  les  cinq  corruptions  ou  kasây<iê 
(âyuhkasâya,  kalpakasâya,  kleiiakasdya,  drstikasâya,  sattvakch 
sâya)  •  deviennent  alors  très  fortes (abhyutsada  -=  abhywUiika)' 

Dans  la  période  finale  de  la  diminution  de  la  vie  (aïKikarsasya 
adhastât),  la  durée  de  la  vie  (ou  àyus)  devient  mauvaise (kidrgbhlUa), 
basse  (praiyavara)  ;  étant  corrompue,  on  la  nomme  kcisâya,  <  cor- 
ruption »  ;  de  même  pour  les  autres  kasàycts, 

huitième,  Sfikyamiini  dans  le  neuvième,  Maitreya  dans  le  dixième.  Les  autres 
Bouddhas  de  racluel  Bhadrakalpa  dans  les  autre»  antarakalpas. 

D'après  le  Grand  Véhicule,  nous  sommes  dans  le  premier  antarakalpa  de 
notre  graml  knlpa  :  quatre  Bouddhas  à  la  période  de  diminution  ;  un  Bouddha 
(Maitreya)  à  la  période  d'augmentation.  —  En  effet,  dans  le  coromeutaire  de 
Nanjio  âD4  («  naissance  eu  haut  de  Maitreya  »}:  «  Pounpioi  Sakyarouni  apparalt>il 
à  une  époque  de  diminution,  Maitreya  à  une  époque  d'augmentation  ?  En  raison 
de  leur  vœu  ....  ». 

PrajAfipflramitfi.4&.stra,  4,  19,  9:2.  —  On  <]it  (|ue  les  Bouddhas  apparaissent  quand 
la  vie  humaine  est  de  84000,  70000,  GOOOO,  50000,  40000.  30000,  SOOOO.  100  années... 
Mais  la  pitié  des  Bouddhas  est  constante.  Leur  Dharma,  comme  un  bon  remède. 
est  âkdlika.  Les  dieux  vivent  plus  de  1000  X  10000  ans  et  jouissent  de  grands 
plaisirs  (Ce{>endant  ils  peuvent  se  convertir].  A  plus  forte  raison,  les  hommes. 
Donc  les  Bouddhas  doivent  apparaître  quand  la  vie  est  de  plus  de  80000  anué«*H. 

1.  L'ordre  des  kasAytis  (sAigs  ma)  diffère  d'après  les  sources,  Mahivyutpatti, 
124  et  Dict.  numéritpie  (Chavaunes,  Cinq  cents  contes,  i.  17,  intéressant):  AjfHê 
drsii  kleàa  satlva  kalpa  (dus  kyi  sHigs)  ;  Dharmasuiiigraha.  91,  kitém  dffpi 
sattva  &yus  kalpa  ;  BcMlhisattvabhOmi,  i.  17,  AytM  saiiva  kleàa  dff^  iwiijy  ; 
KarunflpundarTka,  iii.  iiyus  kalpa  sattva  (Irsti  klêàa  ;  Lotus  de  la  Bonne  Loi, 48^ 
kalpa  saliva  kleéa  dfsii  àyus.  [Les  Bouddhas  qui  apparmissent  alors  priebml 
les  trois  Véhicules]. 

Trois  ka^yas,  Koto,  iv.  59. 

Sur  kalpaka^ya,  iii.  99,  p.  S07  n.  1. 

±  Quand  la  vie  est  de  cent  ans,  les  cinq  iPOfdfat  sont  Nteodo.  mnis  non  pns 
abhyutsada  comme  quand  la  vie  est  réduite  davantage. 

13 


194  CHAPITRE  III,  94. 

Les  deux  premiers  kasâyas  détériorent  la  vitalité  (jïvitavipatti)  et 
les  moyens  de  subsistance  (upakarana)  \  Les  deux  suivants  dété- 
riorent le  bien  (kuéalapaksa)  ;  le  klesakasâya  détériore  par  la  pra- 
tique du  laxisme  (kâmasukhallikâ)  ;  le  drstikasâya  par  la  pratique 
de  l'ascétisme  pénitentiaire  (àtmaklamatha) ;  ou  bien  le  kleéakasâya, 
passion,  et  le  drstikasâya,  hérésie,  détériorent  respectivement  le  bien 
spirituel  des  gens  du  monde  et  des  moines.  ^  Le  sattvakasâya  dété- 
riore les  êtres  au  point  de  vue  physique  et  mental,  taille,  beauté, 
santé,  force,  intelligence,  mémoire,  énergie,  fermeté. 

A  quelle  époque  apparaissent  les  Pratyekabuddhas  ? 

94  c.  Les  Pratyekabuddhas  au  cours  des  deux  périodes.  ^ 

Ils  apparaissent  pendant  la  période  d'augmentation  et  pendant  la 
période  de  diminution  de  la  vie.  On  distingue  en  effet  deux  espèces 
de  Pratyekabuddhas  :  ceux  qui  vivent  en  troupe  (vargacârin),  [les- 
quels apparaissent  aussi  pendant  la  période  d'augmentation],  et  ceux 
qui  sont  semblables  à  des  rhinocéros  (khadgavisânakalpa).  * 

1.  Les  upakaranas  sont  les  dhânyapuspaphalausadhâdîni,  les  fruits  de  la 
terre.  Leur  détérioration  ou  vipatti,  c'est  que  leur  rasa,  vîrya,  vipàka  et  pra- 
bhâva  deviennent  petits  ;  ou  bien  encore  les  fruits  de  la  terre  manquent  complè- 
tement. Voir  Kosa,  iv.  85  a,  p.  187. 

2.  dvâbhyam  kuàalapaksavipattih  kamasukhallikâtmaklamaihanuyogâ- 
dhikârât.  —  Vyakhya  :  kâmasukhallikâ  —  kâmasukham  eva  kâmasukhalî- 
natâ  va  j  kâmatrsnâ  va  yayâ  kâmasukhe  sajyate.  -  àtmaklamatha  = 
âtmopatâpa,  âtmapîdâ.  -  anuyoga  =  anusevana  (Dîgha,  iii.  113). 

Comparer  iv.  trad.  p.  189. 

3.  dvayoh  pratyekabuddhânâm. 

Les  Pratyekabuddhas  prennent  ce  nom  parce  que,  avant  d'obtenir  le  fruit,  ils 
ne  reçoivent  pas  l'instruction,  parce  que,  ayant  obtenu  le  fruit,  ils  ne  donnent  pas 
l'instruction. 

4.  Wassiliev,  276  :  «  Aux  sortes  d'Àryas  reconnues  par  les  Vaibhasikas,  les 
SautrSntikas  ajoutent  deux  espèces  de  Pratyekas  ». 

vargacârin,  Mahâvyutpatti,  45  ;  dans  le  Commentaire  de  Nfimasamgiti,  vi.  10. 
(Le  texte  parle  seulement  du  khadga  pratyekanâyaka). 

khadgavisânakalpa  :  Suttanipata,  troisième  Sutta  ;  Visuddhimagga,  234  (ma- 
hesî),  etc.  ;  Mahavastu,  i.  357  (son  Nirvana),  Siksasamuccaya,  194  (khadgasama), 
Divya,  294,  582. 

érâvakapûrvin  comme  pretapûrvin,  etc.,  Avadanasataka,  i.  259, 


Hiuan-Uiang,  xii,  fol.  8  b-9  a.  195 

a.  Les  premiers  sunt  (ranciens  SrAvakas  (^àv(»kapêinfin)  [qui 
obtinrent  le  premier  ou  le  second  fniit  des  SravakaA  sous  le  règne  d*un 
Bouddha].  —  D'après  une  autre  opinion,  ce  sont  aussi  des  Prihag« 
janas  qui  ont  réalisé,  dans  le  véhicule  des  ^Sravakas,  '  les  nérvé- 
dhabhâgiya^  (vi.  20);  au  cours  d'une  existence  ultérieure,  par  eux- 
mêmes,  ils  réalisent  le  chemin.  |9  aj  Les  docteurs  partisans  de  cette 
opinion  trouvent  un  argunient  dans  la  PûrvakatliA  '  où  ils  lisent  : 
«  Cinq  cents  ascètes  pratiquaient  sur  une  montagne  d'austères  péni- 
tences. Un  singe  qui  avait  vécu  en  compagnie  de  Pratyekabuddhas 
imita  devant  eux  les  attitudes  des  Pratyekabuddhas.  Ces  ascètes 
imitèrent  le  singe  et,  dit-on,  obtinrent  la  Bodhi  des  Pratyekabuddhas  ». 
Il  est  clair,  disent  ces  docteurs,  que  ces  ascètes  n'étaient  pas  des 
Âryas,  des  Sravakas  ;  car,  s'ils  eussent  obtenu  jadis  un  fruit  des 
éravakas,  libérés  du  âilauraiaparâmaréa  (v.  p.  18),  ils  ne  se  fussent 
pas  adonnés  plus  tard  à  d'austères  pénitences.  ' 

h.  Les  Pratyekabuddhas  «  semblables  à  des  rhinocéros  »  vivent 
solitaires. 

94  d.  Les  Rhinocéros  en  raison  de  cent  kalpas.  ^ 

Les  Vargac&rins  ont  obtenu  les  fruits  de  Srotaftpanna  ou  de  SakrdAgftinin  à  un* 
époque  où  la  Boune  Loi  existe  ;  plus  tard,  à  une  époque  où  ia  Bonne  Loi  a  dis|)ani, 
ils  réalisent  par  eux>inénies  la  qualité  d'Arhat.  Comme,  sous  un  ancien  Bouddha, 
ils  ont  éprouvé  la  terreur  (satftvega)  de  l'existence,  ils  n'ont  plus  à  être  terrorisés 
(safftvejanlya)  à  nouveau  :  donc  les  Vargac&rins  apparaissent  même  à  l'époque 
où  la  vitt  va  en  augmentant. 

1.  On  verra,  vi.  23  c  et  p.  175,  à  quel  moment  l'ascète  peut  passer  d'un  véhiculs 
dans  un  autre. 

±  POrvakathfi,  traduction  conjecturale  de  8i^n  gyi  gtam  ;  Hiuan>lsang  a  pèn- 
ché  ;  Param&rtha,  pèn-hiny'king  (pûrv(»cary&9ûtra). 

Kiokuga  renvoie  ù  VibliAsA,  46.  18,  à  B&lapandita  («  Wetsse  und  Thor  >),  chsp. 
xiii,  et  à  AsokarfijasQtra.  Cette  histoire  est  racontée  en  effet  dsns  Divya,  949, 
extraite  du  Solra  d'Asoka  comme  on  voit  dans  Przyluski,  Légends  d'Açoks,  310 
(JAs.  1914.  2,  520). 

3.  fia  câryàh  santah  kastâni  lapâtftsi  tapyeran. 

4.  [khadgah]  kalpaéatânvayak  If  —  atwaya  —  bodhihetn  :  donc  *  le  Khino* 
céros  a  pour  cause  de  Bo<Ihi  cent  kalpns  ». 

Vy&khya  :  yathâ  khadgavisAnâ  adviUyd  bkavimH  êvam  ^  grhastlmfrm' 
vrajitair  anyaié  ca  pralyekabuddhair  aaatrtsffiavikàrina  iti  kkadgavifê* 
nakalpa  iiy  ucyante. 

Vibhaça,  30,  13,  pas  deux  Pratyekas  en  même  temps. 


196  CHAPITRE  III,  94  d-96. 

Le  Rhinocéros  s'est  exercé  pendant  cent  grands  kalpas  dans  les 
préparatifs  de  la  Bodhi,  [c'est-à-dire  dans  la  moralité,  le  recueillement 
et  la  Prajfla].  Il  obtient  la  Bodhi  (vi.  67)  sans  le  secours  de  l'enseigne- 
ment ou  révélation,  âgama,  solitairement.  Il  est  un  Pratyekabuddha 
parce  qu'il  opère  lui-même  son  salut  sans  convertir  les  autres. 

Pourquoi  ne  s'applique-t-il  pas  à  convertir  les  autres  ?  11  est 
certainement  capable  d'enseigner  la  Loi  :  il  possède  les  Pratisarnvids 
(vii.  37  b)  ;  [ne  les  possédât-il  pas,]  il  peut  [par  son  Pranidhijîiana 
vii.  37  a]  se  souvenir  de  l'enseignement  des  anciens  Bouddhas.  Il 
n'est  pas  non  plus  dépourvu  de  pitié,  car  il  manifeste  son  pouvoir 
surnaturel  en  vue  d'être  utile  aux  êtres.  •  On  ne  peut  pas  dire  non 
plus  que,  à  l'époque  où  il  vit,  les  êtres  soient  «  inconvertissables  »  ^ 
[9  b]  :  car,  à  cette  époque  ~  époque  de  diminution  de  la  vie  —  les 
êtres  peuvent  se  détacher  du  Kamadhatu  par  le  chemin  mondain.  ^ 
Pourquoi  donc  n'enseigne-t-il  pas  la  Loi  ?  * 

En  raison  de  son  habitude  antérieure  [de  solitude],  il  trouve  plaisir, 
il  aspire  à  l'absence  de  tracas  (alpotsukatâ) ;  il  n'a  pas  le  courage 
(na  utsahate)  de  s'appliquer  à  faire  comprendre  aux  autres  le 
profond  Dharma  :  il  aurait  à  se  faire  des  disciples  (gana)  ;  il  aurait 
à  mener  contre  le  courant  la  multitude  qui  suit  le  courant,  chose 
difficile.  Or  il  redoute  d'être  distrait  (vyâksepa)  de  son  recueillement 
et  d'entrer  en  contact  (samsarga,  vi.  6  a)  avec  les  hommes.  ^ 

95-96.  Les  Cakravartins  n'apparaissent  pas  quand  la  vie  est  en 
dessous  de  quatre-vingt  mille  ans  ;  ils  sont  à  roue  d'or,  à  roue  d'argent, 
à  roue  de  cuivre,  à  roue  de  fer  ;  en  ordre  inverse,  ils  régnent  sur  un, 

1.  rddher  âviskaranât,  par  exemple,  Mahavastu,  iii.  27. 

2.  nâpi  sattvânâm  abhavyatvât. 

3.  yasmâd  M  laukikavîtarâgâs  tadânîm  samvidyante.  —  Pourquoi  des 
lokottaravltarâgas  seraient-ils  impossibles  ?  —  Voir  Avant-propos,  chapitres 
v-vi,  p.  ix. 

4.  dharmadeéanâyâ  akarane  kas  tarhi  hetuh  ? 

5.  Samghabhadra,  58  b  3,  indique  d'abord  d'autres  raisons  qui  sont,  à  son  avis, 
les  seules  bonnes,  notamment  :  «  Le  Rhinocéros  ne  possède  pas  le  vaiéâradya. 
Aux  hommes  attachés  au  personnalisme  (âtmavâda),  il  désire  enseigner  la  non- 
personnalité  (nairâtmya)  ;  mais  sa  pensée  est  timide  ». 


Hinan-Uang,  xii,  fol.  9  a-10  a.  197 

deux,  trois,  quatre  continents  ;  jamais  deux  n  In  Um,  romiue  pour 
les  Bouddhas  ;  ils  triomphent  par  reddition  spontanée,  démarche 
personnelle,  lutte,  épée,  mais  toujours  sans  faire  de  mal.  * 

1.  De  l'époque  où  la  vie  des  hommes  est  infinie  jusqu'à  l'époque 
où  la  vie  est  de  quatre-vingt  mille  ans,  les  Cakravarlins  apparaissent  ; 
non  pas  quand  la  vie  est  plus  courte,  car,  alors,  le  monde  n'est  plus 
un  réceptacle  convenable  à  leur  glorieuse  prospérité.  [10  a] 

On  les  nomme  Gakravartins,  parce  que  leur  nature  est  de  régner.  ' 

2.  Ils  sont  de  quatre  espèces,  '  Suvarnacakravartin,  RQpyacakra- 
vartin,  Tflraracakravartin,  Ayascakravartin,  suivant  que  leur  roue 
(cakra)  est  d'or,  d'argent,  de  cuivre  ou  de  fer  :  le  premier  est  le 
meilleur,  le  second  est  presque  le  meilleur  (upottama  ?),  le  troisième 
est  le  médiocre,  le  quatrième  est  l'inférieur.  —  Le  Cakravartin  dont 
la  roue  est  de  fer  règne  sur  un  continent,  le  Cakravartin  dont  la  roue 
est  de  cuivre  règne  sur  deux  continents,  et  ainsi  de  suite. 

1.  cakravartisamutpatlir  nâdho  'éitisahasrakàt  / 
suvarnarûpyatâmrâyaécakrinas  te  'dharakramAt  // 
ekadvitricaturdvipa  fia  ca  te  saha  buddhavat  / 
praty[udy(%n(isvayafnyànakalahâs]ijito  'vadh&h  // 

MS.  peu  lisible  kalothdstijiio ;  peut-être  astrajito?;  voir  ci-dessous  p.  SOÎ,  o.  1. 

2.  rAjyacakravartauaéilâh  ??  —  de  dag  ni  rgyai  srid  hkhnr  les  sgyur  ba^ 
nan  ihsui  can  yin  pas  hkhor  los  sgyur  ba  mams  so.  —  Hiuan-tsang  :  C^n  rois, 
au  moyen  du  mouvement  de  la  roue,  gouvernent  tout,  donc  ils  sont  nommés 
Gakravartins.  —  Elymologie  dans  Sumahgala,  i.  249. 

3.  Fo-koue-ki,  134.  —  Le  Dlrgha  ne  parle  que  du  souverain  à  la  roue  d'or; 
mais  le  Kiu-che-lan  (-=  Kosa)  distingue  :  1.  roue  de  fer,  Jambudvlpa,  la  vie  étant 
de  20000  ans;  2.  roue  de  cuivre,  Jambu  et  Videba,  40000;  3.  roue  d'argent, 
Jambu,  Vldeha,  GodftnTya,  60000  ;  4.  roue  d'or,  quatre  dvlpas,  80000. 

Sur  répo<]ue  où  apparaissent  les  Gakravartins,  DTrgha,  3,  17,  18,  19,  Saipyukta, 
J7,  12,  Nanjio,  432. 

Suvarnacakravartin,  Vie  de  Hiouen-tsang,  70  ;  caturbkàçaeakmoarUn, 
Divya,  368  au  bas  (la  version  chinoise  entend  :  roi  d'un  continent  Prxylttski, 
Aéoka)  ;  caturdvipeévara,  SikçAsamuccaya,  175.  —  Pâli,  tardif,  cakkavûlaeakhih 
vatiin^  cAturanta,  dlpa,  padesacakkavattin  (Rhys  Davids  el  Stede). 

Notes  sur  les  Gakravartins,  Koàa,  ii.  p.  220.  iv.  77  b-c,  vii.  53  c  ;  Bodhtsallva- 
bhomi,  fol.  125  b-126  u  (cùturdvlpaka,  jambudvipêivara)  ;  MailreynsaaiU,  SB» 
237,  246,  où  Leumann  suppose  un  Dvidvipa  (souverain  de  deux  couUpmte)  a. 
Didipa  ou  Dttdipa,  qui  donneraient  Dillpa,  brahmanique,  et  Dujipa,  Jitaka, 
543,1». 


198  CHAPITRE  m,  95-96. 

Ceci  est  la  doctrine  de  la  Prajnapti.  '  Le  Sûtra,  en  effet,  ne  parle 
que  du  Gakravartin  à  la  roue  d'or,  en  raison  de  sa  plus  grande 
importance  :  «  Lorsque,  à  un  roi  de  race  royale  et  consacré  —  qui, 
le  jour  même  du  jeûne,  le  quinzième  jour,  s'étant  lavé  la  tête,  ayant 
pris  les  obligations  du  jeûne,  monte  accompagné  de  ses  ministres  sur 
la  terrasse  de  son  palais  —  apparaît  à  l'orient  le  Joyau  de  roue  à 
mille  rayons,  roue  munie  d'une  jante,  munie  d'un  moyeu,  complète 
de  toutes  façons,  belle,  non  faite  de  main  d'ouvrier,  toute  en  or  -  — 
ce  roi  est  un  roi  Gakravartin.  »  ^ 

3.  Deux  Gakravartins,  de  même  que  deux  Bouddhas,  n'apparaissent 
pas  à  la  fois.  Le  Sûtra  dit  :  «  Il  est  impossible  dans  le  présent,  dans 
le  futur  [10  b],  que  deux  Tathagatas-Arhats-parfaits-Bouddhas 
apparaissent  dans  le  monde  sans  que  l'un  précède  et  que  l'autre  suive. 
C'est  impossible.  Qu'il  y  en  ait  un  seulement,  cela  est  la  règle.  Et  il 
en  va  des  Gakravartins  comme  des  Tathâgatas  ».  ^ 

Ici  se  pose  un  problème.  Quel  est  le  sens  de  cette  expression  «  dans 
le  monde  »  ?  Faut-il  entendre  :  «  dans  un  grand  univers  Trisahasra  » 
(iii.  74),  faut-il  entendre  :  «  dans  tous  les  univers  »  ?  ^ 

1.  esa  prâjnâpUkah.  —  C'est  l'enseignement  (nirdeéa)  de  la  Prajnapti  qu'il 
y  a  quatre  espèces  de  Gakravartin.  —  Voir  Ksranaprajiifipti,  chap,  ii.  (analysé 
dans  Cosmologie  bouddhique,  329)  [Takakusu,  Abhidharma  Literature,  117j. 

2.  mdzes  pa  /  mkhan  po  bzos  ma  byas  pa  (=  akarmdrakrta,  comme  on  doit 
lire  Lalita,  14)  /  Iha  rdzas  (?)  (=  chose  divine  ?)  thams  cad  gser  gyi  ran  bzhin  .... 

—  Hiuan-tsang  et  Paramartha  :  «  comme  faite  par  de  bons  ouvriers  ».  —  Rien  qui 
corresponde  à  Iha  rdzas.  (Mais  Foe-koue  ki,  133  :  ouvrage  des  artisans  du  ciel) 
[Leumann,  Maitreyasamiti,  86]. 

3.  Dîrgha,  18,  19  ;  Samyukta,  27,  11  ;  Ekottara,  33,  10  ;  Vibhasa,  60,  9.  -  C'est 
le  texte  dont  on  a  la  recension  pâlie  Dîgha,  ii.  172  :  yassa  rantio  khattiyassa  .... 

—  Cité  Karanaprajftapti,  chap.  ii,  analysé  Cosmologie,  328. 

4.  Madhyama,  18,  16,  17,  19,  Dharmaskandha,  9,  14  ;  Anguttara,  i,  27,  Dîgha,  iii. 
114,  Majjhima,  iii.  65,  Milinda,  236. 

asthanam  anavakâéo  yad  apûrvacaramau  dvau  tathagatau  ....  loka 
utpadeyâtâm.  —  Vyâkhyâ  :  asthanam  :  vartamânakalâpeksayâ.  —  anava- 
kâsah  :  anâgatakâlâpeksayâ. 

La  recension  pâlie  porte  :  ekissâ  lokadhâtuyâ  due  arahanto  ....  apubbam 
acarimam  uppajjeyum  .... 

5.  Hiuan-tsang  diffère  :  Quel  est  le  sens  de  l'expression  :  «  Qu'il  y  en  ait  un 
seulement  »  ?  Vise-t-elle  un  grand  univers  Trisahasra  .... 


Hiuan-têang.  x\\,  fol.  10  a-11  a.  199 

D'après  une  opinion,  les  Bouddhas  n'apparaissent  pas  ailleurs 
[c  est-à-dire  :  dans  deux  grands  univers  à  la  fois].  '  —  Pour  cette 
raison  que  la  coexistence  de  deux  Bouddhas  ferait  obstacle  au  pouvoir 
(prabhâva)  des  Bliagavats.  \.h\  seul  Bhagavat  s'applique  partout  :  là 
où  un  Bhagavat  ne  s'appliijue  pas  à  convertir  les  êtres,  d'autres 
Bhagavats  ne  s'y  appliquent  pas.  —  En  outre,  nous  lisons  dans  le 
Sotra  :  «  Saripntra,  si  quelqu'un  vient  te  demander  s'il  existe  main- 
tenant quelqu'un,  Bliikçu  ou  Brahmane,  qui  soit  l'égal  (samasama)  * 
de  l'ascète  Gautama  quant  à  la  samyaJcsaffthodhi,  que  lui  répon* 
dras-tu  ?  —  Si  quelqu'un  m'interroge  ainsi,  6  Bhadanta.  je  lui 
répondrai  qu'il  n'existe  maintenant  personne,  Bhikçu  ou  BrAhmane, 
qui  soit  l'égal  de  Bhagavat.  Et  pourquoi  répondrai-je  ainsi  ?  Parce 
que  j'ai  entendu  et  appris  (éruiam  sammukhât  lyratigrhUam)  de 
Bhagavat,  qu'il  est  impossible,  dans  le  présent  et  dans  l'avenir,  que 
deux  Bhagavats-Arhats-parfaits-Bouddhas  apparaissent  dans  le 
monde  sans  que  l'un  précède  et  que  l'autre  suive  ».  '  (11  a] 

Objection.  —  Comment  donc  entendre  ce  que  dit  Bhagavat  dans 
le  BrahmasQtra'  :  «  J'exerce  mon  pouvoir  (aiévarya  ?y  jusque  sur  un 
grand  univers  Trisahasra  »?  —  Ce  texte  ne  doit  pas  être  pris  à  la 
lettre  :  c'est  sans  faire  effort  (anabhisamskârena  ==  sans  acte  spécial 


1.  Note  de  Kiokuga.  —  Les  Sarvfi.stivAdins  disent  que.  dans  les  univers  des  dix 
directions  cardinales,  il  n'apparaît  qu'un  seul  Bouddha.  Les  SautrSntikas  et  le 
Grand  Véhicule  disent  que,  dans  les  univers  des  dix  directions,  apparaisseiit 
beaucoup  de  Bouddhas.  -  Voir  KathAvatthu,  xxL  6,  les  traités  de  Vasumitra*  etc. 
(MahftsAmghikas,  Lokotlaravftdins). 

Sainghahhadra,  .58  b.  —  Le  Solra  n'établit  pas  de  distinction.  Aucun  Sotra  ne 
dit  :  «  Seulement  dans  ce  monde  >,  c  Seulement  dans  un  lokadhAiu  >.  Commeat 
établir  que  le  Sotra  vise  seulement  un  grand  TrisAhasra  et  non  pes  tous  Im 
univers  ?  En  outre  le  SQtra  (BrahmarfijasQtra)  dit  :  €  Y  a-t-il  un  Bhikta  4gml  à 
Gautama  ....  ?  > 

2.  samasama  iti  vipsA  /  atha  va  samaik  sarvasattvê^  buddhair  bkaga» 
vadbhih  sama  iti.  —  Egal  aux  Bouddhas  qui  sont  égaux  pour  tous  les  êtres. 

3.  Dîrgha,  12,  22,  Dlgha,  iii.  113. 

4.  Thsans-pahi  mdo  =  BrahmasQlra  ;  Paramârtlia  et  Hiuan>lAaiig.  Fan-wâag» 
king  =  Brahmar&jasQtra  (=  Madhyama,  19,  4).  —  Cette  formule  pourrait  i 
trouver  place  dans  Brahmanimantaçika,  Majjhima,  i.  90. 


200  CHAPITRE  m,  95-96. 

d'attention,  anâhhogena)  que  la  vue  du  Bouddha  porte  jusqu'à  cette 
limite.  Quand  il  le  veut,  sa  vue  porte  partout  sans  limite.  * 

D'après  d'autres  écoles,  -  les  Bouddhas  apparaissent  en  même 
temps,  mais  dans  plusieurs  univers.  —  Voici  leurs  arguments.  On 
voit  que  beaucoup  de  personnes  s'appliquent  en  même  temps  aux 
préparatifs  (samhhàra)  [de  la  Bodhi].  Certes,  il  ne  convient  pas  que 
plusieurs  Bouddhas  apparaissent  en  même  temps  en  un  même  lieu 
(=  dans  un  même  univers)  ;  mais,  d'autre  part,  rien  n'empêche  que 
plusieurs  Bouddhas  n'apparaissent  en  même  temps  :  donc  ils  apparais- 
sent dans  différents  univers.  '  Les  univers  étant  en  nombre  infini, 
même  si  Bhagavat  vit  un  kalpa  entier,  il  ne  peut  agir  (car)  dans 
l'infinité  des  univers  comme  il  fait  ici  ;  à  plus  forte  raison  s'il  ne  vit 
qu'une  vie  humaine  (purmâymam  vihar).  Quelle  est,  dira-t-on, 
cette  activité  de  Bhagavat?  [11  b]  Il  veille  à  ce  que  telle  faculté 
(foi,  etc.)  de  telle  personne  (pudgala)  —  en  raison  de  telle  personne, 
en  tel  lieu  et  dans  telles  conditions  de  temps,  grâce  à  la  disparition 
de  tel  défaut  et  à  la  réalisation  de  telle  cause  (anga  =  pratyaya), 
de  telle  manière  (tena  yogena)  —  non  née  naisse,  non  parfaite 
devienne  parfaite. 

Objection.  —  Mais  nous  avons  cité  le  Sûtra  :  «  Il  est  impossible 
que  deux  Tathâgatas  apparaissent  dans  le  monde  sans  que  l'un 
précède  et  que  l'autre  suive  ». 

Réponse.  —  Il  y  a  lieu  d'examiner  si  ce  texte  vise  un  univers  — 
un  univers  à  quatre  continents,  un  grand  univers  Trisahasra  —  ou 
tous  les  univers.  Observons  que  la  règle  qui  concerne  l'apparition 
des  Gakravartins  est  formulée  dans  les  mêmes  termes  que  celle  qui 
concerne  l'apparition  des  Tathâgatas.  Niera-t-on  que  des  Gakravartins 

1.  Voir  Kosa,  vii.  55  a.  —  Vibhâsa,  150,  M.  —  De  même  la  mémoire  de  Bhagavat 
porte  «  naturellement  »  sur  91  kalpas  (iv.  p.  225).  —  Les  explications  de  Visuddhi, 
414,  sur  le  triple  khetta  de  Bhagavat  :  jatikkhetta,  10000  cakkavalas  qui  trem- 
blent à  sa  naissance  ;  anâkkhetta,  un  koti  et  KXKKX)  cakkavalas  où  régnent  ses 
parittas,  formules  magiques  de  protection;  visayakkhetta,  le  champ  qui  est 
l'objet  de  son  savoir,  infini. 

2.  nikâyântarlyâ  iti  mahâsâmghikaprabhrtayah. 

3.  Paramârtha  arrête  ici  l'exposé  de  la  thèse  «  pluraliste  ». 


Hiuan-têang,  x\\,  fol.  il  a-12  a.  fOi 

puissent  apparaître  en  même  temps  ?  Si  on  ne  le  nie  paj*.  pourquoi 
ne  pas  admettre  aussi  que  les  Bouddhas,  qui  sont  le  fondement  du 
mérite,  apparaissent  en  même  temps  dans  des  univers  diiïi'rents  ?  ' 
Quel  mal  à  ce  cpie  de  nonihroux  Bouddhas  appaniissml  dans  de 
nond)reux  univers  ?  Et  des  êtres  innomhrahles  ohliondronl  ainsi 
bonheur  temporel  et  félicité  suprême  (abhytuiaya,  naihîtreyaaa). 

Objection.  —  Mais,  dira-t-on,  dans  cet  esprit,  vous  devez  admettre 
que  deux  Tathflgatas  peuvent  apparaître  en  même  temps  dans  un 
univers. 

Réponse.  —  Non.  En  effet,  1.  leur  apparition  simultanée  dans  un 
univers  serait  sans  utilité  [12  a];  2.1e  vœu  du  Bodhisattva  est  de 
«  devenir  un  Bouddha,  protecteur  des  non  protégés,  dans  un  monde 
aveugle  et  sans  protecteur  »  ;  3.  le  respect  à  l'égard  d^ui  Bouddha 
unique  est  plus  grand  ;  4.  plus  grand  aussi  l'empressement  à  se 
conformer  à  sa  loi  :  les  hommes  savent  que  le  Bouddha  est  rare,  et 
qu'ils  seront  sans  protecteur  une  fois  que  le  Bouddha  sera  nirvAné 
ou  parti  ailleurs.  ' 

1.  Samghabhadra  réfute  cet  argument  La  comparaison  avec  les  Cakrarartini 
ne  prouve  rien  :  leur  pouvoir  est  limité  à  quatre  continents  ;  le  pouvoir  de  ronver* 
sion  des  Bouddhas  est  infini,  piiistpip  leur  €  savoir  »  (jùAna)  atteint  tous  les 
univers. 

2.  Toute  cette  argumentation  «tans  BodtiisatlvahhOmi,  fol.  39. 

latra  prabhotair  eva  kalpair  ekniyo  'pi  buddhasya  prfldurbhAvo  na  hharati  / 
ekasminn  eva  ca  kaifte  prabhQtftn&rn  buddhfinfiiu  prftdurbhAvo  hhavati  /  teçu  c« 
Icçu  ....  dikçv  apraniey&samkhy eye.su  lokadliAtusv  upramey&i^Am  eva  buddhAntro 
utpAdo  veditavyah  /  tat  ka.sya  hetoh  /  santi  dasasu  diktfv  aprameyAsaipkhjreyl 
bodhisattvA  ye  tulyakAlakrtapranidhAnAs  tulya.saipbhArasamudagaliiira/yaaminn 
eva  divase  pakçe  mAse  sarpvaUara  ekena  bodhi.sattvena  bodhiritlaip  pra^ihitaiii 
tasminn  eva  divase  ....  sarvaih  /  yathA  caika  utsabito  gha|ilo  vyAyarrtiiUA  ea 
talhA  sarve  /  tathA  hi  dbriyante  'sminn  eva  lokadliAlAv  anekAni  bodhisattva4atini 
yAni  tulyakAlakrtaprunidliAnAni  luIyadAnAnitulya^llAni  tulyak.TAntToi  tulyavlryflçi 
tulyasauiAdhTni  tulyaprajAAni  prAg  eva  dasasu  dik:?v  anautAiwryanteçu  Inkadbi- 
iti.su  /  buddhakçetrAny  api  trisAhasrumaliAsAhasrAiiy  apranieyAAaipkhyeylni 
dasdsu  dikçu  .saipvidyanic  /  na  ra  tulya-sanibliArasamiidlgatayor  dvayos  iàxmà 
bodhlsattvayor  ekasniiqi  lokadhAtau  buddliak.setre  yi^pftd  utpatlyavdklio  *8U 
prAg  evAprameyAsamkhyeyaiiAm  /  na  ca  punas  tulyasafpbhflrtQai|i  krameçliHi* 
parip&(ikayA  utpAdo  yujyate  /  tasmAd  da.4asu  dikçv  aprameyaaamkhyeyef 
yathApariéodhiteçu  tathAgataiOnyeçu  te  tulyasaipbhArt  bodhisallvi  aayoBjfu 


202  CHAPITRE  m,  95-98  b. 

4.  C'est  par  leur  roue  d'or,  d'argent,  etc.,  que  les  rois  Cakravartins 
conquièrent  la  terre.  Leur  conquête  diffère  d'après  la  nature  de  leur 
roue.  ' 

Le  souverain  à  la  roue  d'or  triomphe  ipar  pratyudyâna.  Les  petits 
rois  ^  viennent  vers  lui,  disant  :  «  Les  districts  riches,  florissants, 
abondants  en  vivres,  pleins  d'hommes  et  d'honmies  sages,  '  daigne 
Sa  Majesté  (devâdhideva)  les  gouverner  !  Nous-mêmes  nous  sommes 
à  ses  ordres  ». 

Le  souverain  à  la  roue  d'argent  va  lui-même  (svayamyâna)  vers 
eux.  Alors  ils  se  soumettent.  [12  b] 

Le  souverain  à  la  roue  de  cuivre  va  vers  eux  ;  ils  font  des  prépa- 
ratifs de  résistance  (^yul-gsem)  ;  puis  ils  se  soumettent. 

Le  souverain  à  la  roue  de  fer  va  vers  eux  ;  ils  brandissent  des 
armes  (sastrâny  âvahanti  =  utksipanti)  *  ;  puis  ils  se  soumettent. 

En  aucun  cas  les  Cakravartins  ne  tuent. 

buddhakseiresQipadyanta  iti  vedilavyam  //  tad  anena  paryfiyena  bahulokadha- 
tusu  buddhabahulyam  eva  yujyate  na  caikasmin  buddhaksetre  dvayos  tathsga- 
tayor  yugapad  utpâdo  bhavati/  tat  kasya  hetoh  /  dlrgharStram  khaki  bodhisattvair 
evam  pranidhanam  anubrmhiiam  bhavati  yathaham  eko  'parinâyake  loke  pari- 

nayakah  syam  sattvanam  vinetâ  sarvaduhkhebhyo   vimocayitâ  //  punas  ca 

sakta  ekas  tathagatas  trisahasramahasahasra  ekasmin  buddhaksetre  sarvabuddha- 
karyam  kartum  /  ato  dvitîyasya  tathagatasya  vyartha  eva  utpadah  ....  //  [ekasya 
ca  tathagatasya]  loka  utpadat  sattvanam  svarthakaranaprasiddhih  pracuratarâ 
bhavati  pradaksinataia  /  tat  kasya  hetoh  /  tesâm  evam  bhavati  ayam  eva  krtsne 
jagaty  ekas  tathagato  na  dvitTyah  /  asmin  janapadacarikam  va  viprakrante  pari- 

nirvrte  va  nasti  sa  kasci  yasyâsmabhir  antike  brahmacaryam   caritavyam 

syad  dharmo  va  srotavya  iti  viditvabhitvarante  ghanatarena  cchandavyayamena 
brahmacaryavasâya  saddharmasiavanaya  ca  /  buddhabahutvam  tu  te  upalabhya 
nabhitvarerann  evam  esâm  ekasya  buddhasyotpadat  svakarthakaryaprasiddhih 
pracuratarâ  bhavati  pradaksinatarâ  ca. 

1.  Mahavyutpatti,  181,  svayainyânam,  pratyudyauam,  kalahajUah,  sastra- 
jitah  (Lire  pratyudyâna,  svayamyâna,  kalahajit ....). 

[var.  astrajitah]. 

2.  kotAarajan,  Mahavyutpatti,  186,  8.  -  Samyutta,  v.  44  :  ye  keci  kuUarajâno 
sahbe  te  ranno  cakkavattissa  anuyantâ  (?)  bhavanti. 

3.  rddha  spkïta  subhiksa  âkîrnabahujanamanusya  (Mahavyutpatti,  245, 
10,11,13,14).  —  Vyâkhyâ  :  janâh  prâkrtamanusyâh  j  manusyas  tu  matiman- 
tah  ;  J.  As.  1913,  i.  602. 

4.  âvahanti  =  brtsams,  utksipanti  =  gzas. 


Hiiian-tsang,  xii,  fol.  12  a-13  a.  203 

5.  Les  Cakravartins  font  entrer  les  êtres  dans  les  dix  bons  chemins 
de  l'acte  (karmapalha,  iv.  66  b).  '  Aussi,  après  leur  mort,  renaissent- 
ils  parmi  les  dieux. 

6.  Le  Sotra  dit  :  «  Lorsque  les  rois  Cakravartins  apparaissent  dans 
le  monde,  apparaissent  aussi  les  sept  joyaux  (raina)  :  roue,  éléphant, 
cheval,  trésor,  femme,  majordome,  conseiller  ».  ^  —  Faut-il  donc 
croire  que  ceux  de  ces  joyaux  qui  sont  des  êtres  vivants  (saliva),  le 
joyau  d'éléphant,  etc.,  naissent  par  l'acte  d'autrui  ?  —  Non  pas.  Un 
être  a  accumulé  des  actes  qui  doivent  être  rétribués  par  une  naissance 
en  relation  avec  le  Cakravartin,  par  une  naissance  en  qualité  de 
joyau  d'éléphant,  etc.  :  lorsque  le  Cakravartin  apparaît,  ses  propres 
actes  font  naître  cet  être. 

7.  Il  y  a  encore  bien  des  différences  entre  les  Cakravartins  et  les 
autres  hommes,  notamment  celle-ci  que  ces  souverains  possèdent, 
comme  le  Bouddha,  les  trente-deux  marques  des  Mahapuruças.  ' 
Mais  les  marques  du  Bouddha  l'emportent  en  ceci  qu'elles  sont  mieux 
placées,  *  plus  brillantes,  complètes. 

Les  hommes  du  commencement  de  l'âge  cosmique  avaient-ils  des 
rois  ?  —  Non. 

98.  Au  début,  les  êtres  étaient  semblables  aux  dieux  du  Ropa; 
ensuite,  peu  à  peu,  par  attachement  à  la  saveur,  par  paresse,  ils  firent 


1.  Dîgha,  ii.  173.  Siksfisamuccaya,  175. 

2.  Madhyama,  11.  1,  Ekottara,  33,  U,  Samyiikla,  27,  12.  —  Majjhiraa,  iii  172, 
Saipyutla,  v.  99  ;  comparer  Dlgha,  iii.  59. 

LaliU,  14-18,  Mahftvaslu,  i.  108.  -  Dîgha,  ii.  172,  Majjhima,  iii.  172,  Mahabo- 
dhivamsa,  66  (d'après  Leumann,  Maitreyasamili,  86). 

Vyftkhyft  :  grhapatiratnani  kosâdhyaksajâtiyah  /  parinayakaratnatu 
baladhyaksajCttiyah.  —  Le  Grhapati  possède  l'œil  divin,  vii.  p.  122. 

3.  Les  marques  (iv.  108,  110  a)  sont  énumérées  Vibhftçft,  177  ;  Pôrsva  examine 
pourquoi  il  y  en  a  trente-deux,  ni  plus  ni  moins. 

Bonne  bibliographie  pâlie  dans  Rhys  Davids-Stede. 

4.  deécisthatara  est  traduit  par  Paramfirtha  :  «  plus  droits  »  (tchéng),  et  com- 
menté :  «  pas  incliné  »  (p'i6n).  —  La  Vyakhyft  est  illisible  :  deéasthatarAniti  / 
atrtulhânâni  (?),  traduit  par  :  gnas  ma  l.igrus  pa. 


204  CHAPITRE  III,  98  a-b. 

provision  et  s'attribuèrent  des  parts  ;  un  protecteur  des  champs  fut, 
par  eux,  rétribué.  ' 

Les  hommes  du  commencement  de  l'âge  cosmique  ^  étaient  sem- 
blables aux  êtres  du  Rûpadhatu.  Le  Sûtra  dit  :  «  Il  y  a  des  êtres 
visibles  (rûpin),  nés  de  l'esprit,  ayant  tous  les  membres,  aux  organes 
complets  et  intacts,  de  belle  figure  (subha),  de  belle  couleur  (varna- 
sthâyin),  lumineux  par  eux-mêmes,  allant  par  les  airs,  ayant  la  joie 
pour  aliment,  vivant  longtemps.  »  ^ 

1.  pràg  asan  rûpivat  sattvâ  rasarâgât  tatah  sanaih  j 
cblasyât  samgraham  krtvâ  bhdgâcla[i]h  ksetrapo  bhrtah  // 

[samgralia  d'après  la  glose  de  la  Vyakhyâ  :  sammdhikârah  samgrahah.  — 
bhâgâdaih,  d'après  le  tibétain.] 

Les  lectures  du  MS.  de  Kathmandu  ne  sont  pas  sûres  :  rasarâgât  tajjah 
sanaih  /  âlasyabhdhânavan  katvât  mâgâdah  ksatrapo  bhrtah  =  ....  un 
protecteur  qui  prit  une  part. 

de  nas  rim  gyis  ro  la  chags  /  le  los  bsog(s)  hjog  byas  nas  ni  /  hdzin  bcas  rnams 
kyis  zhih  dpon  bstabs  (bsnabs)  :  «  Par  des  [personnes]  qui  étaient  munies  de  prise, 
après  avoir  fait  provision  par  attachement  à  la  saveur  et  par  paresse,  un  protecteur 
des  champs  fut  rétribué  ». 

Paramârtha  :  Les  êtres  peu  à  peu,  par  attachement  à  la  saveur,  par  paresse  font 
provision,  au  moyen  de  richesse  regardent  (variante  :  louent)  un  protecteur  des 
champs.  —  Hiuan-tsang  :  «  En  raison  de  l'apparition  des  approvisionnements  et 
du  vol,  pour  arrêter  [le  vol],  ils  louèrent  (kou,  clef  172)  un  gardien  des  champs  ». 

2.  Bibliographie  sommaire  de  la  «  genèse  boudddliique  ». 

a.  Aggannasutta,  Dîgha,  iii.  84  et  i.  17  (Dialogues  i.  105,  iii.  9  et  25,  sens  du 
mot  agganna  d'après  Buddhaghosa  ;  0.  Franke,  27.3).  —  Visuddhimagga,  417 
(Warren,  324,  Sp.  Hardy,  Manual,  63). 

b.  Kandjour,  Vinaya,  iii.  421-430,  v.  115-166,  trad.  par  Schiefner,  6  juin  1851, 
Mélanges  Asiatiques,  i.  395  (qui  signale  Georgi,  Alphabetum  Tibetanum,  188  ; 
Pallas,  Sammlungen  iiber  die  Mongolischen  Vôlkerschaften,  ii.  28  ;  Kovalewski, 
Buddhistischen  Kosmologie,  Mém.  de  l'univ.  de  Kasan,  1837,  i.  122  et  le  Ssanang 
Ssetsen  de  Schmidt)  et  par  Rockhill,  Life,  1. 

Lokaprajnâpti,  xi  (analysé  dans  Cosmologie,  318)  qui  cite  le  Vasisthabhfirad- 
vfija  vyâkarana  (comp.  Dîgha,  iii.  80). 

Abhiniskramanasûtra,  Kandjour,  Mdo,  28,  161,  traduit  par  Csoma,  JASB.  1833, 
385,  réimprimé  par  Ross,  ibid.  1911. 

c.  Mahavastu,  i.  338  et  notes  615. 

d.  Beal,  Catena,  109,  Four  Lectures,  151  (D'après  Dïrgha,  Madhyama,  etc.) 

3.  Dïrgha,  23,  4  (Comparer  Dîgha,  i.  17,  34). 

Vyakhya  :  drsyarûpatvad  rûpinah  /  upapSdukatvSn  manomayâh  j  hastapa- 
datadangulyadyupetatvat  sarvângapratyangopetâh  j  samagrendriyatvad  avi- 


Hiuan-iaang^  xii,  fol.  18  a-14  a.  205 

Cependant  apparut  le  <  jus  de  la  terre  >  (prthivïrasa),  dont  la 
saveur  avait  la  douceur  du  miel  (madhuHVâdurasa).  Un  être,  de 
tempérament  avide,  ayant  senti  l'odeur  de  ce  jus,  le  goûta  et  mangea  ; 
les  autres  êtres,  ensuite,  firent  de  môme.  Ce  fut  le  commencement  de 
l'alimentation  en  bouchées  (kavadlkâra,  iii.  39).  Cette  alimentation 
lit  que  les  corps  devinrent  grossiers  et  lourds  et  que  leur  luminosité 
prit  (in  :  d'où  l'obscurité.  Mais  alors  apparurent  le  soleil  et  la  lune 
113  b]. 

En  raison  de  cet  attachement  des  êtres  à  la  saveur,  le  jus  de  la 
terre,  peu  à  peu,  disparut.  Alors  apparut  le  pjihiviparpataka  '  ;  les 
êtres  s'y  attachèrent.  Ce  parpcdaka  disparut  et  la  «  liane  sylvestre  » 
(vanalcUâ)  apparut  ;  les  êtres  s'y  attachèrent.  La  liane  disparut  et 
alors  poussa  du  riz  non  labouré,  non  semé  :  ce  riz,  aliment  grossier, 
donnait  un  déchet  :  les  êtres  eurent  donc  des  organes  d'excrétion  et 
des  organes  sexuels  ;  ils  prirent  donc  des  formes  différentes.  Les  êtres 
de  sexes  différents,  en  raison  de  leurs  habitudes  anciennes,  furent 
saisis  par  ce  crocodile  qu'est  le  jugement  inexact  (ayonisomanasi- 
kâragrâhagrâsàgata)  ;  ils  conçurent  un  vif  désir  du  plaisir  et  eurent 
commerce.  C'est  depuis  ce  moment  que  les  êtres  du  Kamadhatu  sont 
possédés  par  le  démon  qui  est  la  concupiscence  (kâmaj. 

On  coupait  le  riz  le  matin  pour  le  repas  du  matin,  le  soir  pour  le 
repas  du  soir.  Un  être,  de  tempérament  paresseux,  fit  provision.  Les 
autres  l'imitèrent.  Avec  la  provision  naquit  l'idée  de  «  mien  >,  l'idée 
de  propriété  :  le  riz  coupé  et  recoupé  arrêta  de  croître. 

Aloi-s  ils  partagèrent  les  champs  [14  a].  On  fut  propriétaire  d'un 
champ  ;  on  s'empara  du  bien  d'autrui.  C'est  le  commencement  du  vol. 


kaîâh  I  kftnavibhrant&dyabhfivfid  ahinendriyàh  /  darsanTyasamslhfinatvac  chu- 
bhàh  I  rainanTyavariiatv&d  varnasthâyinah  j  &(lityfi(liprubh&uapeksatv&t  &*t'a- 
yatnprabhâh  /  karmarddhisamyogenak&âaoaralvad  vihàyasatfigamàh  /  kavadT- 
k&rahâr&uapeksatv&t  pritibhaksàh  prityâhdrâ  iti  pary&yau  /  tath&  dirghùyuso 
dlrghain  adhvftnam  tisUiantTti. 

La  karmarddhi  est  définie  vii.  5îi  c,  où  elle  est  nommée  karmajd  rddhi. 

1.  prihiviparpalakay  Mahfivyutpatti,  2!23,  212  ;  Hiiian-tsung  :  terre>peau>gâteau 
(ping).  Fararafirtha  :  terre-peau-ciel  (k'iên).  —  Notes  de  Senart,  Mah&vastu,  i.  616 
(MSS.  paryatfifaka,  parpantaka)  ;  Lexx.  paryata. 


206  CHAPITRE  III,  98-99. 

Pour  empêcher  le  vol,  ils  se  réunirent  et  ils  donnèrent  la  sixième 
part  à  un  homme  excellent  (manmyavisesa)  pour  qu'il  protégeât 
les  champs  :  à  cet  homme,  on  donna  le  nom  ksetrapa,  gardien  des 
champs,  et,  comme  il  était  ksetrapa,  il  reçut  le  nom  de  ksatriya. 
Comme  il  était  très  estimé  (sammata)  de  la  multitude  (mahdjana), 
comme  il  charmait  (ranj)  ses  sujets,  il  fut  le  Raja  Mahasammata  \ 
Tel  est  le  commencement  des  dynasties.  ^ 

Ceux  qui  abandonnèrent  la  vie  dans  la  maison,  reçurent  le  nom  de 
Brahmanes. 

Ensuite,  sous  un  certain  roi,  il  y  eut  beaucoup  de  bandits  et  de 
voleurs.  Le  roi  les  châtia  par  l'épée.  D'autres  dirent  :  «  Nous  n'avons 
pas  commis  de  tels  actes  ».  Et  ce  fut  le  commencement  du  mensonge. 
[14  b] 

98  c-d.  Ensuite,  par  le  développement  des  chemins  de  l'acte,  la  vie 
s'abrège  jusqu'à  une  durée  de  dix  ans.  ^ 

A  partir  de  ce  moment,  les  mauvais  chemins  de  l'acte,  meurtre, 
etc.,  se  développent  et  la  vie  des  hommes  devient  de  plus  en  plus 
courte.  Elle  se  réduit,  à  la  fin,  à  une  durée  de  dix  ans. 

Il  y  a  donc  deux  dharmas  :  l'attachement  à  la  saveur  (rasaràga) 
et  la  paresse  (alasya)  qui  sont  le  principe  de  cette  longue  dégéné- 
rescence. 

1.  Atthasâlinï,  392. 

2.  Listes  des  Cakravartins  issus  de  Mahasammata.  —  Lokaprajnâpti  contient 
une  liste  établie  d'après  l'Abhidharma,  une  autre  d'après  le  Vinaya  (Cosmologie, 
320,  322)  :  Mahâvyutpatti,  180  ;  Chavannes,  Cinq  cents  contes,  i.  324,  330  ;  Maha- 
vastu,  i.  348  ;  Jataka,  iii.  454  ;  Sumangala,  i.  258  ;  JRAS.  1914,  414  ;  Geiger,  App. 
de  la  traduction  du  Mahavamsa. 

3.  tatah  karmapathâdhikyad  apahrâse  daéâyusah  jl 

Houéi-houëi  dit  :  «  Ce  Sâstra  n'explique  pas  au  bout  de  combien  d'années  la 
vie  diminue  ou  augmente  d'une  année.  L'opinion  traditionnelle  est  que,  tous  les 
siècles,  la  vie  diminue  ou  augmente  d'une  année  (C'est  le  système  exposé  par 
Rémusat,  Mélanges  posthumes,  103,  avec  un  comput  qui  me  paraît  erroné  :  lire 
16798000  au  lieu  de  16800000].  Le  Grand  Véhicule  admet  cette  théorie  pour  la 
diminution,  mais  il  pense  que,  pendant  la  période  d'augmentation,  la  vie  du  fils 
est  le  double  de  la  vie  du  père  ».  —  Dans  Cakkavattisîhanada  (Dîgha,  iii.  68), 
les  hommes  de  80000  ans  ont  des  fils  de  40000  ;  ceux-ci,  des  fils  de  20000  ;  ensuite 
10000,  5000,  2500  ou  2000,  1000,  500,  250  ou  200,  100,  10  ans.  -  Cosmologie,  314. 


Hiuan-tsangt  xii,  fol.  14  a-15  a.  207 

Le  petit  kalixi  se  termine  quand  la  vie  est  de  dix  ans  ;  qu*arrive- 
Uil  alors  ? 

99.  Le  kalpa  se  tennino  par  le  fer,  la  maladie,  la  disette,  qui 
durent  respectivement  sept  jours,  et  sept  mois,  et  sept  aimées.  * 

La  fin  du  kalpa  est  marquée  par  trois  fléaux.  * 

1.  A  l'époque  où  le  k(ilpa  tire  sur  sa  fin  (kalpanirydnakâle),  la 
vie  étant  réduite  à  dix  ans,  les  hommes,  pleins  de  concupiscences 
interdites,  esclaves  de  convoitises  injustes,  professent  des  doctrines 
fausses.  —  L'esprit  de  méchanceté  naît  en  eux  :  dès  qu'ils  se  voient 
les  uns  les  autres,  tel  le  chasseur  qui  voit  le  gibier  (maggasanfiâ), 
ils  conçoivent  des  pensées  de  haine  ;  tout  ce  qui  leur  tombe  sous  la 
main,  morceau  de  bois,  plante  d'aconit,  devient  une  arme  aiguë  ;  et 
ils  se  massacrent  les  uns  les  autres. 

2.  A  l'époque  où  le  kalpa  tire  sur  sa  fin,  la  vie  étant  réduite  à  dix 
ans,  les  hommes,  pleins  de  concupiscences  interdites,  esclaves  de 

1.  kaîpasya  éastrarogâbhyâtn  dtirbhiksena  ca  nirgamah  j  divasân  sapta 
mOsâtné  ca  varsâni  ca  yathâkramam  // 

Vasubandhu  suit  Vibhfisa,  1^,  3. 

D'après  les  explications  que  Chavannes  tire  du  Dictionnaire  numérique  et  son 
commentaire  (Cinq  cents  contes,  i.  16),  la  famine  apparaît  quand  la  vie  est  de 
trente  ans  ;  la  peste,  quand  elle  est  de  vingt  ans  ;  le  massacre,  quand  elle  est  de  dix. 
C'est  le  kalpakasâya. 

Vyfikhyfi.  —  11  y  a  trois  fins  (niryâna)  du  kalpa:  fer,  maladie,  disette.  Faut-il 
penser  que  ces  trois  fléaux  se  produisent  successivement  à  la  fin  de  tout  kalpa 
quand  la  vie  est  de  dix  ans  (daéavarsâyuhkalpa)  ?  ou  bien  que  les  trois  fléaux 
se  produisent  tour  à  tour  à  la  fln  de  trois  kalpas  successifs  ?  Les  docteurs  sont 
partagés  ;  mais  nous  sommes  partisans  de  la  deuxième  opinion  [qui  est  celle  de 
Nanjio,  1297,  cité  par  Kiokuga]. 

2.  Anguttara,  i.  159.  —  «  J'ai  entendu  dire  des  anciens  Br&hmanes  ....  que  le 
monde  était  jadis  surpeuplé,  tel  l'AvTci  (?).  Comment  se  fait-il  que  maintenant  les 
hommes  soient  détruits,  diminués  ?  que  les  villages  deviennent  des  non-villa* 
ges  ....  ?  —  Maintenant,  6  Br&hmane,  les  hommes  sont  adhammarâgaratta, 
visamalobhàbhibhûta,  micchâdhammapareta.  Ils  prennent  des  armes  aiguës 
et  s'entretuent  ....  Il  ne  pleut  plus,  il  y  a  disette  ....  (...  micchâdhammapareta- 
nam  [manussânam]  yakkhà  va  amanusse  osajjanti ...  râ  est  invraisemblable  ; 
on  a  une  variante  vâle).  »  —  Ceci  passe  au  plan  eschatologique  Dîgha,  iii.  70, 
Cakkavattisîhanfida.  (La  famine  et  la  maladie  manquent,  il  y  a  seulement  satthan- 
tarakappaj. 


208  CHAPITRE  III,  99-100  b. 

convoitises  injustes,  professent  des  doctrines  fausses.  —  Les  êtres 
non-humains  (amanusya,  Pisacas,  etc.)  émettent  des  influences 
morbides  (yanis  kyi  nad).  D'où  des  maladies  inguérissables  dont  les 
hommes  meurent. 

3.  A  l'époque  où  le  kalpa  tire  vers  sa  fin  ....  le  ciel  cesse  de  pleu- 
voir. D'où  trois  disettes,  cancu,  svetâsthi,  saldkâvrtti,  disette  de  la 
cassette,  disette  des  os  blancs,  disette  où  on  vit  du  bâtonnet.  ' 

Disette  de  la  cassette,  pour  deux  raisons.  —  Ce  qui  aujourd'hui 
est  un  samudgaka,  à  cette  époque  on  le  nomme  canca  ;  et  cancu 
est  la  même  chose  que  canca  \  Les  hommes,  accablés  de  faim  et  de 

1.  Sources  pâlies.  —  Anguttaia,  i.  160,  dubbhikkhatn  hoti  dussassam  setat- 
thikam  salâkavuttam  tena  hahû  mamvssâ  kâlam  karonti  —  Samyutta,  iv. 
323  :  Bhagavat  parcourt  le  pays  avec  une  grande  troupe  de  Bhikkhus  alors  que 
règne  la  famine,  dubbhikkhe  dvihitike  setattJiike  salàkâvutte.  —  Dans  le  Sutta- 
vibhanga  (Vinaya,  éd.  Oldenberg,  iii.  6,  15,  87)  :  dans  tel  pays  dubbhikhâ  hoti 
dvîhitikâ  setatthikâ  salâkâviittâ  na  sukarâ  uflchena  paggahena  yâpetum  ; 
commentaire  dans  SamantapasSdika,  i.  175  (où  Buddhaghosa  donne  plusieurs 
explications  ;  quelques-unes  concordent  avec  celles  de  Vasubandhu).  Buddhaghosa 
relève  la  variante  setattikâ,  maladie  du  riz,  qu'on  lit  Anguttara,  iv.  269  :  les 
femmes  seront  la  maladie  de  l'ordre,  comme  la  maûjetthikâ  (de  manjitthâ, 
garance)  est  la  maladie  des  cannes  à  sucre,  comme  la  setattikâ,  sorte  de  nielle, 
est  la  maladie  du  riz.  —  Rhys  Davids-Stede  discutent  l'expression  dvîhitikâ- 
diihitika  (Sarnyutta,  iv.  195) 

2.  a.  den  san  (aujourd'hui  et  demain  :  ces  temps-ci)  hdu  ba  (samudgaka)  gan 
yin  pa  de  ni  dehi  thse  ga  ba  thse  (cancu)  zhes  bya  la  /  ga  ba  thse  la  yaii  ga  ba 
thse  zhes  bya  ste.  —  Param5rtha  et  lliuan-tsang  traduisent  samudga(ka)  par 
tsin-tsi  accuumler-réunir  ;  hdii-ba  a  le  même  sens.  —  La  version  de  Hiouan- 
tsang  est  très  libre  ;  ParamSrtha  paraît  littéral  :  Maintenant  tsiu-tsi,  à  cette 
époque  est  nommé  can  (Julien  1810) -ca  (Julien  1801).  En  outre  l iên-tsè  (boiie 
à  parfums,  etc.,  Couvreur,  1904,  p.  197)  est  nommé  can-ca. 

[Dans  Mahfivyutpatti,  233  (liste  des  ustensiles)  on  a  :  6.  samudga  (—  za  ma 
tog),  25  canca  (^  gab-tse,  ga-ba-tse).  -  Pour  gab-tse  (ga-ba-tshe,  tsej,  les  lexi- 
ques donnent  :  «  tableau  pour  opérations  magiques  »,  Sarad  Chandra,  Desgodins, 
etc.] 

b.  DivySvadana,  131  (histoire  de  Mendhaka,  extraite  de  Dulva,  vol.  iii,  chap. 
des  médicaments,  S.  Lévi,  Éléments  de  formation  du  Divya,  Toung-Pao,  1907,  11, 
note)  :  dvâdaéavarsikâ  anâvrstir  vyâkrtâ  I  trividham  durbhiksam  bhavi- 
syati  cancu  svetâsthi  salâkâvrtti  ca  j  taira  cancu  ucyate  samudgake  /  tas- 
min  manusyâ  bijâni  praksipya  anâgatasattvâpeksayâ  sthâpayanti  mrtâ- 
nâm  anena  te  bîjaka[r]yam  karisyanti  /  idam  samndgakam  baddhvâ  cancu 
ucyate  .... 


Hiuan-iaanQj  xii,  fol.  15  a-16  a.  209 

faiblesse,  tout  en  accumulant  (hdu  zliiA  lulus  nas)  meurent  ;  et,  en 
vue  d'être  utile  aux  hommes  de  l'avenir,  on  place  les  semences  dans 
des  cahciis.  C'est  pourquoi  cette  famine  est  nommée  cahcu. 

Disette  des  os  blancs,  pour  deux  raisons.  —  Les  corps  étant  secs 
et  durs,  à  peine  est-on  mort,  les  os  deviennent  blancs.  Les  hommes 
réunissent  ces  os  blancs,  les  font  bouillir  et  boivent.  ' 

Disette  du  bâtonnet,  pour  deux  raisons.  —  Les  êtres,  dans  les 
maisons,  mangent  d'après  l'indication  des  bâtonnets  :  «  Aujourd'hui, 
c'est  le  tour  du  maître  de  maison  de  manger  ;  demain,  c'est  le  tour 

de  la  maîtresse  de  maison »  Et,  avec  des  bâtonnets,  on  cherche 

les  grains  dans  le  sol  des  aires  [15  b]  ;  on  fait  bouillir  à  grande  eau, 
et  on  boit.  * 

L'Écriture  enseigne  que  les  hommes  qui  ont,  pour  un  seul  jour-et- 
nuit,  pris  l'abstention  du  meurtre,  ou  donné  au  Samgha  un  fruit  de 
myrobolan  ou  une  bouchée  de  nourriture,  ne  renaîtront  pas  ici-bas 
durant  les  périodes  du  couteau,  de  la  maladie,  de  la  famine. 

4.  Combien  de  temps  se  prolongent  ces  trois  périodes  ?  —  Le 
meurtre  dure  sept  jours  ;  la  maladie,  sept  mois  et  sept  jours  ;  la 
disette,  sept  ans,  sept  mois  et  sept  jours.  La  conjonction  ca  de  la 
stance  montre  qu'il  faut  additionner  les  diverses  durées. 

Les  continents  de  Videha  et  de  GodanTya  ne  connaissent  pas  les 
trois  fléaux  :  cependant  la  méchanceté,  la  mauvaise  couleur  et  la 
faiblesse,  la  faim  et  la  soif  y  régnent  quand  le  JambudvTpa  est  acca- 
blé par  le  couteau,  la  maladie,  la  disette. 

Nous  avons  décrit  la  disparition  par  le  feu,  et  dit  que  les  autres 
disparitions  s'accomplissaient  d'une  manière  analogue.  [16  a] 

100  a-b.  Il  y  a  trois  disparitions  :  par  le  feu,  l'eau,  le  vent.  ' 

1.  Celte  seconde  explication  est  à  peu  près  celle  de  Divya. 

2.  Divya  :  vilebhyo  dhânyagudakâni  éalâkayàkrsya  bahûdakasthàlyiitft 
kvàihayiivâ  pibanti. 

3.  satfîvartanyah  punah  iisro  bhavanty  agnyambuvâyubhih  j 

Dlrgha,  21,  1  ;  Vibhfisa  (133,  8)  examine  d'où  viennent  les  soleils  (créés  dès  l'ori- 
gine du  monde  ?  créés  à  la  fîn  du  kalpa  par  les  actes  des  êtres  ?),  l'eau,  le  vent  ; 
examine  ce  que  deviennent  les  choses  :  y  a*t>il  parinâma  (iii.  49  d)  ?  y  a*t-U 
transformation  en  feu,  en  eau  ?  —  Ci-dessus,  p.  184,  n.  2.  14 


210  CHAPITRE  m,  100  a-b. 

Lorsque  les  êtres,  réunis  (samvart)  dans  un  ciel  de  dhyâna,  ont 
disparu  des  réceptacles  inférieurs,  les  samvartanïs,  destructions,  ont 
lieu  :  par  le  feu,  en  raison  de  sept  soleils  ;  par  l'eau,  en  raison  de  la 
pluie  ;  par  le  vent,  en  raison  du  désordre  de  l'élément-vent.  L'effet 
de  ces  destructions  est  qu'il  ne  reste  même  plus  un  atome  du  récep- 
tacle détruit. 

[Ici  se  pose  le  problème  du  tout  et  de  la  partie  (avayavin,  avaya- 
va),  de  la  substance  et  de  la  qualité  (gunin,  guna),  iii.  49  d] 

Certains  docteurs  hétérodoxes  —  Kanabhuj,  etc.  —  disent  que  les 
atomes  sont  éternels  ;  que,  par  conséquent,  ils  restent  quand  l'univers 
est  dissous.  En  effet,  disent  ces  docteurs,  s'il  en  était  autrement,  les 
corps  grossiers  (sthûla)  naîtraient  sans  cause  (ahetuka). 

Le  Bouddhiste.  —  Mais  nous  avons  expliqué  (iii.  50  a)  que  la 
semence  (hlja)  du  nouvel  univers  est  le  vent,  un  vent  doué  d'effica- 
cités spéciales  qui  ont  leur  principe  dans  les  actes  des  êtres.  Et  la 
«  cause  instrumentale  »  (nimitta)  de  ce  vent  est  le  vent  du  Rûpa- 
dhâtu  ^  lequel  n'est  pas  détruit.  En  outre,  le  Sûtra  des  MahTsâsakas 
dit  que  le  vent  apporte,  d'un  autre  univers,  les  semences  ^  [16  b] 

Le  Vaisesika.  —  Quand  bien  même  des  semences  seraient 
apportées,  nous  n'admettons  pas  que  les  corps  grossiers  (sthûla), 
pousse,  tige,  etc.,  naissent  de  la  semence,  de  la  pousse,  etc.  [  :  car  les 
semence,  pousse,  etc.,  ne  sont  que  nimittakârana,  cause  «  instru- 
mentale »,  non  pas  samavdyikarana,  cause  matérielle]  ^  ;  nous 
disons  que  la  pousse,  etc.,  naît  de  ses  parties  (avayava),  et  que  ces 
parties  naissent  à  leur  tour  de  leurs  parties,  et  ainsi  de  suite  jusqu'aux 
plus  menues  parties  qui  naissent  des  atomes. 

1.  [De  même  que,  à  la  fin  du  monde,  la  flamme  du  Kâmadhâtu  provoque  la 
naissance  de  la  flamme  du  Rûpadhâtu,  ci-dessus  p.  184]. 

2.  bljâni  âhriyante.  -  Kiokuga  Saeki  signale  ici  Dlrgha,  22, 13,  sur  les  cinq 
sortes  de  semences  ;  de  même  la  Vyâkhyâ  :  panca  bîjajâtâni  mûlabljam  phalu- 
bljam  bljabïjam  agrabïjam  skandhabîjam. 

Dïgha,  i.  5,  iii.  44,  47  ;  Sumangalavilâsinï,  i.  81,  etc.  (Rhys  Davids  et  Stede, 
s.  voc.  bîja)  :  mûla,  khandha,  phalu,  agga,  bljablja  ;  Fragments  Stein,  JRAS. 
1913,  574,  Rockhill  dans  Revue  Histoire  Religions,  ix.  168. 

3.  nimittakârana,  samavâyikârana,  Ui,  Vaisesika  Philosophy,  136,  139, 
141,  146.  '  •  f  ^'         '        > 


Hiuan4sang,  xii,  fol.  16  a-17  a.  211 

Le  Bouddhiste.  —  Quelle  est  donc  l'efficace  (sdmarthya)  de  la 
semence  à  l'endroit  de  la  pousse  ? 

Le  Vaiseçika.  —  La  semence  n'a  aucune  efficace  quant  à  la  géné- 
ration (janana)  de  la  pousse,  sinon  ceci  qu'elle  provoque  l'aggré- 
gation  des  atonies  de  la  pousse  (paramânûpasarpana).  Il  est 
impossible  en  effet  qu'une  certaine  chose  naisse  d'une  chose  d'une 
autre  nature  (vijâtiya)  :  si  semblable  génération  était  possible,  il  n'y 
aurait  aucune  règle  dans  la  génération.  [On  pourrait  faire  des  nattes, 
kaia^  avec  des  fils  de  coton,  tantu]. 

Le  Bouddhiste.  —  Non  pas.  Le  différent  vient  du  différent,  mais 
d'après  certaines  règles.  De  la  sorte  naissent  le  son,  les  produits  de 
la  cuisson,  etc.  [Le  son  naît  du  heurt,  qui  est  différent  du  son,  mais 
non  pas  de  tout  ce  qui  est  différent  du  son].  L'efficace  (éakti)  de 
toutes  les  choses  est  déterminée. 

Le  Vaiseçika.  —  Votre  exemple  ne  vaut  pas.  Nous  admettons  que 
ce  que  nous  appelons  gunadharma  ou  «  attribut  »  (son,  etc.)  naisse 
ou  bien  de  ce  qui  est  semblable  ou  bien  de  ce  qui  est  différent 
(samyoga,  etc.)  ;  mais  il  n'en  va  pas  de  même  du  dravyadharma 
(ou  «  substance  »)  qui  naît  du  semblable  '.  C'est  ainsi  que  les  brins 
de  virana,  —  et  non  pas  d'autres  brins  ou  fils  —  donnent  naissance 
à  la  natte  (kata),  que  les  seuls  fils  de  coton  (tardu)  donnent  nais- 
sance à  l'étoffe  de  coton  (paia). 

Le  Bouddhiste.  —  Votre  exemple  ne  prouve  pas,  car  il  n'est  pas, 
lui-même,  établi.  Vous  dites  qu'une  chose  naît  du  semblable,  puisque 
la  natte  nait  des  brins  de  virana  :  mais,  la  natte,  c'est  les  brins  même 
de  mrana  disposés  d'une  certaine  manière  et  qui  prennent  le  nom 
de  natte  ;  l'étoffe,  c'est  les  fils  disposés  d'une  certaine  manière.  De 
même  que  la  file  de  fourmis  n'est  que  fourmis. 

Le  Vaiseçika.  —  Comment  établissez-vous  que  l'étoffe  n'est  pas 
une  chose  distincte  des  fils  (dravyântara)  ?  [17  a] 

Le  Bouddhiste.  —  Quand  l'organe  (de  la  vue  ou  du  tact)  est  en 
relation  avec  un  fil,  l'étoffe  n'est  pas  perçue.  Or,  si  l'étoffe  existait 

1.  guna{dharma]  et  dravya\dharma]  sont  définies  Vaiéeçikasatra,  i.  1.  15- 
16,  voir  Ui,  Vaiseçika  Philosophy,  p.  122.  —  Kosa,  ix.  p.  290. 


212  CHAPiTBE  III,  100  a-b. 

[,  créée  par  chaque  fil,]  pourquoi  ne  serait-elle  pas  perçue  ?  —  Vous 
direz  que  l'étoffe  n'existe  pas,  intégralement,  dans  chaque  fil  (akrts- 
navrtti)  :  c'est  avouer  que  l'étoffe  n'est  que  la  collection  de  ses  par- 
ties qui  sont  constituées  chacune  par  un  fil  :  car  comment  établirez- 
vous  que  les  parties  de  l'étoffe  soient  autre  chose  que  les  fils  ?  *  — 
Vous  direz  que  l'étoffe  existe  intégralement  dans  chaque  fil,  mais 
qu'on  ne  la  perçoit  pas  dans  chaque  fil  parce  que  la  perception  de 
l'étoffe  suppose  un  rapprochement  de  l'organe  et  de  l'étoffe  de  telle 
nature  que  de  nombreux  éléments  créateurs  de  l'étoffe  soient  perçus  : 
dans  cette  hypothèse,  il  suffirait  de  voir  la  frange  pour  voir  l'étoffe. 
—  Vous  direz  que,  si  on  ne  voit  pas  l'étoffe  quand  on  voit  la  frange, 
c'est  parce  que,  alors,  les  parties  centrales,  etc.,  ne  sont  pas  en  rela- 
tion avec  l'organe  :  c'est  admettre  qu'on  ne  verra  jamais  l'étoffe,  car 
les  parties  centrales  et  extrêmes  qui  sont  supposées  créer  l'étoffe  ne 
sont  pas  perçues  d'ensemble  ^  —  Vous  direz  qu'elles  sont  perçues 
successivement  :  c'est  avouer  que  le  «  tout  »  (l'entité  étoffe)  (avaya- 
vin)  n'est  pas  perçu  ;  c'est  avouer  que  la  notion  d'étoffe  ou  de  natte 
a  pour  seul  objet  les  parties  de  l'étoffe  ou  de  la  natte.  Comme,  de 
toute  évidence,  la  notion  de  cercle  que  nous  avons  du  cercle  formé 
par  le  trajet  circulaire  d'un  tison  \  —  En  outre,  l'étoffe  ne  peut  pas 
être  autre  chose  que  les  fils,  car,  dans  l'hypothèse  où  elle  serait  autre, 
quand  les  fils  diffèrent  de  couleur,  diffèrent  de  nature,  diffèrent  de 
disposition,  on  ne  pourrait  attribuer  à  l'étoffe  ni  couleur,  ni  nature, 
ni  disposition.  Vous  direz  que  l'étoffe  est  alors  diverse  de  couleur  : 
c'est  avouer  que  le  différent  crée  le  différent  ;  en  outre,  à  supposer 

1.  ta  eva  M  te  tathâ  sainnivistàs  tant  samjnâm  lahhante  pipîUkâdipank- 
tivat  II  katham  gamyate  //  ekatantusamyoge  patasyânupalambhât  /  ko  ht 
tadâ  sata  upalabdhau  pratibandhah  /  akrtsnavrttau  patasya  kalpyamâ- 
nâyâm  samûhamâtram  patah  prâpnoti  /  kas  ca  tantubhyo  'nyah  pata- 
bkàgah. 

%  anekâsrayasamyogâpeksâyâm  dasâmâtre  samhate  pata  upalabhyeta  / 
na  va  kadâ  cid  upalabhyeta  madkyaparabhâgânâm  indriyenâsamnikar- 
sât. 

3.  kramasamnikarse  ca  [avayavânâm]  caksuhsparsanayor  [nâvayavi- 
buddkih  syât  /  kramena  avayavibuddher]  avayavesu  tadbuddhih  /  alâta- 
cakravat. 


Hiuan-tsangy  xii,  fol.  17  a-b.  S18 

qu'un  des  côtés  ne  soit  pas  bigarré,  en  le  voyant  on  ne  verra  pas 
Téloffe,  ou  bien  on  le  verra  bigarré.  Mais  oserez-vous  dire  que  l'étoffe, 
faite  de  fils  de  dispositions  diverses,  est  de  dispositions  diverses  ? 
Elle  sera  vraiment  trop  diverse  pour  être  une  entité  !  '  Considérez 
encore  cette  entité  (avayavin)  qui  est  l'éclat  du  feu  (agniprabhâ)  : 
son  pouvoir  calorifique  et  lumineux  varie  du  commencement  à  la  fin  ; 
on  ne  pourra  lui  reconnaître  ni  couleur  ni  qualités  tangibles.  * 

[Le  Vaiseçika.  —  Mais  si  le  «  tout  »,  étoffe,  n'est  pas  distinct  des 
«  parties  »  ;  si  les  atomes,  non  perceptibles  aux  organes,  ne  créent 
pas  (ârambh)  un  corps  grossier  perceptible  aux  organes  (aindriya- 
ha)  —  un  corps  distinct  des  atomes  —  le  monde  est  invisible  :  or  on 
voit  le  bœuf.] 

Le  Bouddhiste.  —  Pour  nous,  les  atomes,  quoique  suprasensibles, 
deviennent  sensibles  lorsqu'ils  sont  réunis  ^  :  de  même,  c'est  aux 
atomes  réunis  que  les  Vaiseçikas  attribuent  la  puissance  de  créer  les 
corps  grossiers  ;  de  même  les  facteurs  de  la  connaissance  visuelle 
doivent  être  réunis  pour  produire  la  connaissance  ;  de  même  les 
hommes  qui  souffrent  d'ophtalmie  voient  des  masses  de  cheveux, 
non  pas  les  cheveux  un  à  un. 

[L'auteur  ayant  réfuté  la  doctrine  du  tout,  avayavin,  distinct  des 
parties,  avayava,  réfute  la  doctrine  de  la  substance,  gunin,  distincte 
des  attributs,  guna]. 

Le  Bouddhiste.  —  Ce  qu'on  entend  par  atome  (paramânu),  c'est 
la  couleur  (rûpa),  etc.  ;  il  est  donc  certain  que  les  atomes  périssent 
à  la  destruction  de  l'univers. 

Le  Vaiseçika.  —  L'atome  est  une  chose  en  soi  (dravya)  ;  la  chose 


1.  bhinnarUpajatikriyesu  ca  tantusu  patasya  rûpadyasatftbhavât  (bhifi' 
nakriyesu  =  ûrdhvAdhogamanabhedat)  /  citram  asya  rûpAdiii  vijàtiyà' 
rambho  'pi  syAi  /  avicitre  ca  pârsvAniare  patasyâdaréanatft  citrarUpadar- 
éanatft  va  /  kriyâpi  citrety  aticitram. 

2.  tàpaprakaèabhede  càgniprabhayâ  âditnadhyantesti  rUpasparéau  no- 
papadyete. 

3.  paramUnvatindriyatve  'pi  satnasiAnatfi  praiycUc^atvam  /  yathd  kdryA- 
rambhakatvam  .... 


214  CHAPITRE  III,  100-101. 

en  soi  est  distincte  de  la  couleur,  etc.  '  ;  la  couleur  peut  périr  sans 
que  l'atome  périsse. 

Le  Bouddhiste.  —  Cette  distinction  de  la  chose  et  de  ses  attributs 
est  inadmissible  -  :  car  personne  ne  distingue  :  «  Ceci  est  la  terre, 
l'eau,  le  feu  ;  ceci  est  l'attribut  de  la  terre,  à  savoir  sa  couleur,  sa 
saveur,  etc.  »  —  Et  vous  affirmez  cependant  que  la  chose,  terre,  etc., 
est  perceptible  à  l'œil,  etc.  [Donc  vous  ne  pouvez  pas  dire  qu'on  ne  la 
perçoit  pas  parce  qu'elle  est  suprasensible].[18  a]  —  En  outre,  lorsque 
sont  consumés  la  laine,  le  coton,  le  jus  d'opium,  l'encens,  on  n'a  plus 
l'idée  de  laine,  de  coton,  etc.,  à  l'endroit  des  cendres  :  cette  idée  a 
donc  pour  objet,  non  pas  une  chose  en  soi  dont  la  couleur  serait  un 
attribut,  mais  la  couleur,  la  saveur,  etc.  \  —  Vous  direz  que,  quand 
une  cruche  de  terre  crue  a  été  soumise  à  l'action  du  feu,  nous  disons 
que  c'est  toujours  la  même  cruche  ;  que,  par  conséquent,  la  cruche 
est  autre  chose  que  la  couleur,  qu'elle  reste  la  même  encore  que  la 
couleur  change.  Mais,  en  fait,  si  nous  reconnaissons  la  cruche  crue 
dans  la  cruche  cuite,  c'est  parce  que  sa  figure  reste  pareille  :  comme 
on  reconnaît  une  file  de  fourmis.  En  effet,  qui  reconnaîtrait  la  cruche 
s'il  n'y  voyait  pas  certains  caractères  d'abord  observés  *  ? 

Arrêtons  ici  la  discussion  de  ces  théories  enfantines. 

Quelle  est  la  limite  supérieure  des  destructions  (samvartanî)  ? 

100  c-lOld.  Trois  dhyânas,  à  commencer  par  le  deuxième,  sont, 
dans  l'ordre,  la  tête  des  destructions  ;  en  raison  de  la  communauté 
de  nature  des  destructions  et  des  vices  des  trois  premiers  dhyânas, 

1.  dravyam  hi  paramânuh  /  anyac  ca  rûpâdibhyo  dravyam.  —  Vaisesi- 
kasûlra,  ii.  1.  1  :  «  La  terre  a  odeur,  saveur,  odeur,  tangible  ».  —  Voir  ix,  p.  288. 

2.  ayuktam  asyânyatvam. 

3.  Les  Pailukas  soutiennent  que  les  choses  (avayavidravya),  la  laine,  etc.  ne 
sont  pas  brûlées  :  les  attributs  anciens  disparaissent  ;  des  attributs  nouveaux, 
nés  de  la  cuisson,  naissent  ;  mais  les  choses,  qui  sont  le  support  (âsraya)  des 
attributs,  demeurent  telles  quelles  (tadavastha)  (VyakhyS). 

On  a  dans  Nyayabindu,  Calcutta,  1889,  p.  86,  un  Pailuka  disciple  de  Kanftda  ; 
dans  Nyayavârttikatatparya,  355  (ad  3,  1,  4)  un  Pailukantha. 

4.  pâkajotpattau  ghataparijnânafn  samsthanasâmânyat  / panktivat  /  cih- 
nam  apasyato  'parijnânât. 


Hiuan'tsanQf  xii,  fol.  17  b-18  b.  215 

Quant  an  quatrième  dhyâna,  pas  do  destruction,  en  raison  de  sa 
non-agitation  :  ce  n'est  pas  qu'il  soit  éternel,  car  ses  châteaux  sont 
produits  et  périssent  avec  l'être  qui  y  habite.  ' 

1.  Le  deuxième  dhyâna  est  la  limite  (slmâ)  de  la  destruction 
par  le  feu  :  tout  ce  qui  est  en  dessous  est  brûlé  ;  le  troisième  dhyâna 
est  la  limite  de  la  destruction  par  l'eau  :  tout  ce  qui  est  en  dessous 
est  décomposé  ou  dissous  ;  le  quatrième  dhyâna  est  la  limite  de  la 
destruction  par  le  vent  :  tout  ce  qui  est  en  dessous  est  dispersé.  — 
On  appelle  «  tête  de  la  destruction  »  ce  qui  reste  quand  la  destruc- 
tion est  achevée. 

Le  ciel  du  premier  dhyâna  périt  donc  par  le  feu  :  en  effet,  le  vice 
ou  imperfection  (apaksâla)  du  premier  dhyâna,  c'est  les  vitarka- 
vicâra  ;  ceux-ci  brûlent  la  pensée  et  sont  donc  semblables  au  feu.  — 
Le  deuxième  dhyâna  périt  par  l'eau  :  en  effet,  il  a  pour  vice  la.  priti. 
Celle-ci,  étant  associée  à  la  praéràbdhiy  rend  le  corps  mou  et  souple  : 
elle  est  donc  semblable  à  Teau.  C'est  pourquoi  le  Sotra  enseigne  que 
la  sensation  de  souffrance  (duhkhendriya)  est  détruite  par  la  sup- 
pression de  toute  la  solidité  du  corps  '.  —  Le  troisième  [18  b]  dhyâna 
périt  par  le  vent  :  en  effet,  il  a  pour  vices  l'inspiration  et  l'expiration 
(âévâsa,  praévâsa),  qui  sont  vent. 

Les  vices  (apaksâla)  externes  (bâhya)  d'un  dhyâna  (c'est-à-dire 
les  fléaux  qui  détruisent  un  ciel  de  dhyâna)  sont  du  même  ordre  que 
les  vices  internes  (âdhyâtmika)  qui  affectent  l'homme  entré  dans  ce 
dhyâna.  (Voir  viii.  p.  126).  ' 

1.  dhyânatrayafft  dvitiyàdi  éirsam  tâsù,tn  yathâkramam  II 
tadapaksàlasâdharmyân  na  caturthe  'sty  aninjanat  / 
na  nityatn  saha  sattvena  tadvimânodayavyayât  // 

2.  sa  ca  pr<iérabdhiyogefUiérayamrdukaranad  apkalpa  /  ata  eva  ca 
krstnasya  kùyakathinyasyapagamâd  duhkhendriyanirodha  uktah.  — 
D'après  Madhyama,  58.  —  Voir  viii.  p.  150-156. 

3.  On  verra  viii.  1 1  qu'il  y  a  huit  apaksàlas  et  que  les  trois  premiers  dhyùncM 
sont  sa-injita.  (Voir  aussi  iv.  46). 

Anguttara,  v.  135  :  l'épine  (kantaka)  du  premier  dhyâna  est  le  sadda  ;  du 
second,  les  vitakkavicàrfis  ;  du  troisième,  la  plti  ;  du  quatrième,  les  (MsAsapctë' 
sàsas.  "  Le  kanfaka  est  ce  qui  détruit  le  dhyâna,  ce  qui  est  incompatible  avec 


216  CHAPITRE  III,  101-102. 

2.  Pourquoi  n'y  a-t-il  pas  destruction  (samvartanï)  par  l'élément 
terre  comme  par  les  éléments  feu,  etc.  ?  —  Ce  qu'on  nomme  récep- 
tacle est  terre,  par  conséquent  peut  être  «  contredit  »  par  les  feu,  eau 
et  vent,  non  pas  par  la  terre. 

3.  Le  quatrième  dhyâna  n'est  pas  sujet  à  destruction,  parce  qu'il 
est  exempt  d'agitation  (aninjana).  Le  Bouddha  a  dit  en  effet  que  ce 
dhyâna,  étant  exempt  de  vices  internes  (âdhyâtmikâpaksâlara- 
hita),  est  non-remué  (ânejya)  '.  Les  vices  externes  n'ont  donc  pas 
prise  sur  lui  et,  par  conséquent,  il  n'est  pas  sujet  à  destruction. 

D'après  une  autre  opinion,  la  non-destruction  du  quatrième  dhyâna 
s'explique  par  la  force  des  dieux  Suddhâvasakâyikas  dont  il  est  le 
séjour.  Ces  dieux  sont  incapables  d'entrer  dans  l'ÂrQpyadhatu,  comme 
aussi  d'aller  ailleurs  [dans  une  terre  inférieure].  - 

Cependant  le  réceptacle  du  quatrième  dhyâna  n'est  pas  éternel. 
Par  le  fait,  il  ne  constitue  pas  une  «  terre  »  ;  telles  les  étoiles,  il  est 
divisé  en  diverses  résidences  ;  les  divers  châteaux,  demeures  des 
êtres,  naissent  et  périssent  avec  les  êtres.  (Vibhasa,  134,  i). 

Quel  est  l'ordre  de  succession  des  trois  destructions  [19  a]  ? 

102.  Sept  par  le  feu,  une  par  l'eau  ;  et  quand  sept  destructions 
par  l'eau  ont  ainsi  eu  lieu,  sept  par  le  feu  suivies  de  la  destruction 
par  le  vent.  ^ 

le  dhyâna  (Kathavatthu,  ii.  5),  comme  la  pensée  des  femmes  est  le  kantaka  de  la 
vie  chaste  ;  Vapaksâla,  au  contraire,  est  certain  vice,  imperfection  ou  manque, 
essentiel  à  un  dhyâna. 

Tibétain  :  skyon  ;  versions  chinoises  :  tsâi  =  calamité,  vipatii,  tsâi-ngô, 
calamité— obstacle,  et  aussi  koûo,  faute,  défaut,  dans  MahSvyutpatti  245,  664 
(voir  les  notes  de  l'édition  de  Sasaki  :  apaksâla,  apaksala,  apaksana,  apacâ- 
ra),  Siksâsumuccaya,  145  et  Bodhisattvabhûmi  dans  Wogihara. 

1.  ânejyam  iti  /  ejr  kampana  ity  (Dhatupfitha,  i.  25.3)  asya  dhâtor  etad 
rûpam  ânejyam  iti  /  yadâ  tv  âninjyam  iti  pâthas  tadâ  igeh  (MSS.  tadâ 
irjyaih  ;  igeh  ?  d'après  Dhatupâtha,  i.  163)  prakrtyantarasyaitad  rûpam 
drastavyam.  —  Voir  iv.  p.  107,  vi.  24  a,  viii.  101  b. 

2.  Paramfirtha  ajoute  :  Ils  obtiennent  le  Nirvana  dans  cette  terre. 

3.  saptâgninâdbhir  ekaivam  gâte  'dhhih  saptake  punah  j 
tejasâ  saptakah  paécâd  vâyusamvartanî  tatah  // 

Même  doctrine  et  même  phraséologie  dans  Visuddhimagga  421  :  evatn  vinas- 


HiuanUang,  xii,  fol.  18  b-19  a.  217 

Sept  fois  de  suite,  après  sept  séries  de  sept  destructions  successives 
par  le  feu,  la  destruction  est  faite  par  l'eau  ;  la  huitième  série  de  sept 
destructions  par  le  feu  est  suivie  par  une  destruction  par  le  vent.  — 
Les  réceptacles,  en  effet,  durent  en  raison  de  la  durée  des  dieux  qui 
y  renaissent  par  la  force  des  recueillements.  —  H  y  a  cinquante-six 
destructions  par  le  feu,  sept  par  l'eau,  une  par  le  vent  :  ce  qui  justifie 
celte  déclaration  de  la  Prajftapli  '  que  les  dieux  Subhakrtsnas  vivent 
soixante-quatre  kalpas.  (iii.  80  b). 


Suite  n.  1,  p.  148. 

D'après  ParamaHha  :  «  Sur  le  bord  sud  de  ce  lac,  une  montagne  haute  de 
25  yojanas  ;  sur  le  bord  nord,  une  montagne  haute  de  15  yojanas  ;  Tune  et  l'autre 
de  minéraux  variés.  Au  nord  de  la  montagne  Gandham&dana,  au  sommet,  une 
caverne  nommée  Nanda,  ornée  des  sept  joyaux,  50  yojanas  en  longueur  et  largeur, 
résidence  du  roi  des  éléphants.  Au  delà,  6  royaumes,  7  forêts,  7  rivières.  Au  delà 
de  la  septième  rivière,  2  forêts  en  forme  de  demi-lune.  Au  nord  de  ces  forêts, 
l'arbre  Jambu  haut  de  100  yojanas  ....  >. 


fianto  'pi  ca  [loko]  nirantaram  eva  satta  vàre  agginA  vinassati vAlo 

paripunnacatusatihikappâyuke  Subhakinhe  viddhatnsenfo  lokatfi  vifidseti. 

1.  tasmad  yad  uktatft  prajnaptibhasyam  (?)  tat  sûktatn  bhavati.  -  MSS. 
prajn&pUprabhùvyam  ;  mais  on  a  ailleurs  :  prajndptibhâsyatn  kathatfî  tarhi 
niyaie  (iv.  trad.  p.  171).  —  btags  pahi  bsad  pa  dag. 

Hiuan>tsang  :  le  texte  (wën)  du  PrajAfiptipftda.  —  Paramftrtha  :  fen*pië  li-che 
lun. 


01792002 


DEC  0  9 1991