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Full text of "La botanique en Provence au 16e siècle. Léonard Rauwolff, Jacques Raynaudet"

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LUDOVIC  LEGRli 


LA  BOTANIQUE  EN  PROVENCE  Al  XV1«  SIECLE 


LEONARD  RAUWOLFF 


JACQUES  RAYNAUDET 


MARSEILLE 
H.    AUBERTIN     &    G.    ROLLE 

LIBRAIRES  -  EDITEURS 

Rue  Paradis,  34,  et  rue  de  la  Darse,  4143 
1900 


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l.A  BOTANIQUE  EN  PROVENCE 


AU    XVI'     SIEGLE 


I.UDOVIC  LEGRE 


LA  BOTAMQIK  EN  PROVENCE  Al  XVF  SIECLE 


LEONARD  RADWOLFF 


JACQUES  RAYNAUDET 


f^ 


MARSEILLE 
H.    AUBERTIN     &     G.    ROLLE 

LIBRAIRES  -  EDITEUKS 
HiK-  I'aradis,  34.  et  rue  de  la  Darsc.  41-4:{ 

1900 


UK 


,    FEB"4"   1969 

'  ^^y^K  OF  TO^O^ 


Des  k'  debut  dc  ses  eludes  sur  I'histoiie  d;.'  la 
Botanique  eii  Provence,  I'auleurde  celivre  avail 
resolu  d'aller  a  Leyde  faiie,  dans  riierl)ier  cele- 
bre  de  Leonard  RauwollV,  le  releve  des  planles 
de  la  florc  meridionale  francaise  qui  y  sonl 
conservees. 

II  a  elTectue  cc  voyage  au  mois  d'avril  1899. 

Desireux  d'assurer  a  ses  demarches  le  meilleur 
succes,  il  a  pris  la  liberie  de  solliciter  Tappui 
de  M,  le  Minislre  de  I'lnstruclion  publique,  a 
TelTet  d'etre  pourvu  dune  rccommandation  qui 
lui  facilital  Tacces  des  divers  eiablissemenls 
scientifiques  oil  il  aurail  a  faire  des  recherches. 

Sa  demande  a  etc  favorablement  accueillie,  et 
M.  le  Ministie  dc  Flnstruclion  publique  a  bien 
voulu  lui  faire  parvenir  une  lellre  obtenue  pour 
lui  de    M.   le  Minislre   des  AiTaires   etraniieres, 

O  7 


—  VIII  — 

r.Mccivdilaiil  in  its  leniK's  aupres  des  Agents 
di|)loniati(|nrs  il  lonsiilaires  de  France  aux 
l*ays-Has  ; 

MoNSlKl  H    l.K   MiMSTHK   1)K  LA   RkPI  HLIQUE 

A  La  Hayk 

IT     MksSII.I  KS    IKS    (X)NSULS    GENKHAUX ,    (k)NSULS 
i;[    ViCK-CONSULS    DE    FrANCE    AUX  PaYS-BaS. 

Paris,  le  'i  fevricr  1899. 

Monsieur,  ccltc  Ivltic  uoiis  sera  presentee  par 
M.  Ludovic  Lecjre,  ancien  bdtnnnier  de  VOrdre 
des  Aiforcds  el  wembrede  VAcademie  de  Marseille, 
(fui  entreprend  lui  noyage  scientifique  dans  les 
l^fujs-Has. 

M.  Leijre  ponrsuit,  depuis  plasieurs  annees,  siir 
a  la  Botani(jiie  en  Provence  au  xvie  siecle  «,  une 
serie  deludes  qui  ont  ete  ires  appreciees  par  le 
Comite  des  Travaux-  historiques  et  scientifiques  : 
il  sp  propose  dialler  consulter,  a  Leyde,  Vherhier 
du  cel^bre  botaniste  allemand  Leonard  Rauwolff 
oil  sont  conservees,  avec  les  planies  que  ce  savant 
rupporia  de  son  voyage  en  Orient  [1573-1576J, 
celles  quit  recueillit,  avant  son  depart,  sur  le 
territoire  de  la  Provence, pendant  lesejour  deqiiel- 
ques  mois  quit  fit  a  Marseille. 

Suioant  le  desir  que  mexprime  M.  Leygues,je 
reconmmnde  M.  Legre  a  voire  bienveillant  accueil 
et  je  vous  prie  de  vouloir  Men  lui  preter,  le  cas 


—    IX   — 

('climnt,  DOS  bons  offices,  en  viie  de  lid  facUlier 
r accomplissemeid  de  ses  travaux. 

Recevez,  Monsieur,  les  assurances  de  ma  haute 
consideration. 

DELCASSE. 

Lorsque,  a  son  retour,  raulcur  a  recline  le 
travail  dans  lequel  il  rendait  compte  dii  resiiltat 
(k'  ses  recherches  a  Leyde,  il  avail  le  devoir  d'en 
donner  communication  a  M.  le  Ministre  de  I'lns- 
triiction  pu])liqiie. 

II  a  eu,  a  cette  occasion,  I'lionneur  de  recc- 
voir  la  lettre  suivante  : 

Paris,  le  16  decemhre  1899. 

Monsieur , 

Le  Comite  des  Travau.v  historiques  et  scienti- 
fiques  a  examine,  dans  sa  derniere  seance,  votre 
manuscrit  relatif  a  V herlner  collige  par  le  boicmiste 
Leonard  Ranwolff',  actuellemeni  en  la  possession 
de  VUniversite  de  Leijde. 

La  Section  des  Sciences  sest  plu  a  reconnaitre 
rinteret  de  cette  etude  qui  fait  si  heureusement 
suite  a  uos  recherches  sur  »  la  Botanique  en  Pro- 
vence au  xvi<  siecle  ».  Aussi ,  a-t-elle  exprime  le 
desir  que  ce  document  soil  public  dans  le  Bulletin 
de  Vune  des  Societes  savantcs  dont  vous  etes 
niembre. 


X 


l-ji  massocidiil  (tu  luvii  iln  Coinitr,  fajoiite  que 
jexiunincrai  volonlivrs,  le  monwnl  vcini ,  les 
inoijcns  (if  vcuir  rii  aide  a  la  Societe  qui  se  cJiar- 
fit'inil  (If  ccllr  piihlicdlion. 

Vous  Irouueri'z,  sous  ce  pli,  Ic  le.vtc.  de  voire 
mvmoirc.  Jc  uous  serai  oblige  dc  men  accuser 
rrceplioii. 

Hrrrur:,  Monsieur,  rassurance  de  ma  conside- 
ralion  Ires  dislimjuee. 

Pour  le  Ministre  de  llnstriietion  publique 
et  (Ics  Hcaux-Arts  ct  par  autorisation  : 

Lc  Direcleuv  de  VEnseignement  superieur, 
Conseiller  d'Etat, 

L.  LIARD. 

Kn  suite  de  cette  promesse,  M.  le  Ministre  de 
rinstructioii  publique  a  daigne  accorder  une 
subvention  de  trois  cents  francs  a  I'Academie 
de  Marseille,  qui  avail  vote  Finsertion  dans  ses 
Memoires  du  present  ouvrage. 

L'auteur  manquerait  a  un  autre  de  ses  devoirs 
s'il  ne  consignait  pas  ici  le  lemoignage  de  sa 
profonde  gratitude  pour  les  faveurs  dont  il  a 
ete  I'objet  et  qui  lui  permettent,  aujourd'hui,  de 
laire  connaitre  les  precieux  documents  lloristi- 
qucs  fournis  par  I'berbier  de  Leonard  RauwoltT. 


LEOMUD  IIAUWOLFF 


LEONARD  RAUWOLFF 


I 


Herborisations  en  Languedoc  et  en  Provence. 
Les  deux  premiers  volumes  de  I'Herbier  de  Leyde. 

Leonard  RauwolfT  (1)  s'est  rendu  celebre  pour 
avoir  eflectue,  en  plein  xvi*'  siecle,  un  voyage  de  trois 
ans  en  Orient.  Dcharquer  a  Tripoli  de  Syrie,  passer 
par  Damas,  Alep,  Bagdad,  Mossoul,  visiter  les  mines 
de  Babylone,  de  Ninive  et  de  Palniyre,  parcourir  la 
Phenicie  et  la  Palestine,  atteindre  Jerusalem,  c'etait 
afTronter  les  niille  dangers  auxquels  le  fanatisme  et 
la  cruaute  de  ceux  qu'on  nommait  alors  les  Infideles 
exposaient  tout  voyageur  chretien  :  il  y  fallait  du 
courage,  nous  dirions  volontiers  de  riieroisme  ;  et 
c'est  a  bon  droit  qu'un  tel  voyage  devenait  un  litre 
de  gloire. 

(1)  On  tiouvc  paifois  Ic  noni  de  Rauwolff  ccrit  de  differentcs 
manieres  :  Rauwolf.  Rawolf.  Rauclnvolff.  Nous  reproduisoiis 
rorthographc  adoptee  par  notre  botaniste  lui-menie,  soit  dans 
son  acte  d'immatriculation  ii  Montpellier,  soit  en  divers  docu- 
ments autographcs  que  nous  avons  vus  a  Lej'de  et  parmi  les- 
quels  il  y  a  une  lettre  ecrite  a  Cliarlcs  de  I'Escluse.  —  Le  mot 
allemand  Rauwolff  signifie  litteralcnient  Loup  au  pelage  rude 
(ou  herisse).  Or,  comme  les  savants  de  la  Renaissance  aimaient 
fort  il  revetir  leurs  noms  dune  tournure  latine  ou  grecque, 
celui  de  Rauwolff  avail  ete  transmue  en  Dasylycus.  —  La  lettre 

1 


—  2  - 

Auj;slK)Mr^  fill  In  ville  nalak'tle  Lronard  RauwolfF. 
L:i  <lali'  ill'  sa  naissaiu'i"  ii'csl  |)as  coiiniic.  Si  Ton 
adint'l  (|iril  avail  dc  vin^;!  a  \  in}^l-cin(|  aiis  lorsqii'il 
villi,  rn  la()0,  ('ludior  a  Mi)iil|)c>llior,  ij  serail  no  enire 
l.")a.')  cl  l.')l().  II  c'lail  issii  (111110  ianiilk'  qm  lonait 
parini  la  bourgeoisie  (rAiigsl)oiir^  uii  rang  hoiiora- 
l>le(  1 ».  Nolons  loul  de  silile  (juil  eul  pourbcau-freie 
iiM  rielii-  nefjoeiaiit  droguisle,  armaleur  en  nieme 
tein|)s.  iionnne  Melehior  Manlieh  I'aine  ;  ce  liil  a 
linslif^ation  de  celni-ci  (|uil  enlrei)ril  son  voyage  du 
I^evanl. 

Le  ji'iine  UauwoltV  ayani  nianilesle  de  l)onnc 
lieiire  un  goiil  parlieulier  pour  I'elude  de  la  niede- 
cine  el  de  la  l)olani(|ue,  —  les  deux  sciences  etaient 
alors  (les  scvurs  inseparables,  —  ses  parents  decide- 
reiil  de  renvoyer  a  TUniversite  de  Monlpellier,  en  si 
grand  renom  dans  loute  rp^urope  savante.  C'est  sans 
doiile  en  se  reiidanl  d'Augsbourg  dans  leLangiiedoc 
(|u  il  Iraveisa  (leiu'vecl  I. yon,  villes  on  lui-menie  a 
deelari}  (>lrc  alle  vers  cette  L'poque  (2^. 

II  lil  Ires  probablenienl  ce  Irajet  en  eompagnie 
d  un  jeuno  honimc  natif  d'Augsbourg,  qu'il  eut  pour 

auttifliaplie  consi-rvtc  a  Lejdc  etait  fernice  au  moyen  dun 
latljct  armorie,  doiit  I  ecu  porte  un  loup  ravissanl,  ce  (|ui,dans 
la  languedu  l)Iason,  vent  dire  le\e  sur  les  pattes  de  deirierc.  les 
anterieurcs  tendues  en  avant,  avec  les  giifles  saillantes.  Ramvolff 
teliail-il  ces  amies  parlantes  de  sa  faniille  ou  se  les  etait-il 
donnecs  ?  Nous  iiicliiions  vers  cette  secnnde  liyiiothese  :  1  ecus- 
son  est.  en  cffet,  surmonte  en  Liuise  de  cimier,  —  autant,  du 
inoins.  (|uil  est  possible  dele  discerner  sur  une  empreinte  qui 
n  est  pas  Ires  nette,  —par  un  pcrsonnage  en  longue  robe  docto- 
rale,  paraissant  tenir  des  plantes  a  la  main. 

(1)  "  Parentibns  honeslis  »,  ecrit  un  des  biographes  de  Leonard 
RauwolfT.  J.-F.  Gronovius,  ((ui  a  fait  preceder  d'une  Vita 
Leonluirdi  Rauivolfi  son  Flora  Orientalis  (Leyde,  1755). 

(2)  Ce  reuseignement  est  consigne  dans  une  inscription  detail- 
lecqui  sert  de  frontisi);ce  a  chacun  des  deu.x  premiers  volumes 
de  riierbier  conserve  a  Leyde.  Hauwoinenumere  les  divers  i)ays 
oil  il  a  pris  les  cxsiccala  contenus  en  ces  deux  volumes.  \'oir 
plus  loin  les  dtitails  que  nous  donuons  a  ce  sujet. 


camarado  a  Monlpellier.  Celui-ci  se  destinait  aussi  a 
dcvenir  medeciu  dans  la  ville  d'oii  il  etait  origi- 
naire  :  il  se  nommait  Jeremie  Martins  (1 ). 

Les  archives  de  la  Faculte  de  medecine  de  Mont- 
pcllier  conservent  encore  Facte  d'immatriculation 
de  Leonard  Rauwolff.  Get  acte  poiie  la  date  du  22 
novembrc  1560.  II  est  ainsi  libelle  : 

Ego  Leonhartiis  Rauwolff  Augiistamis  receptiis  sum 
in  numerum  studiosornm  Medicincv  Academue  Mons- 
peliensis  post  factam  solitam  a  doctorib:  examina- 
fionem.  Dedi  me  in  (idem  clarissimi  viri  D.  Ant: 
Saport:  atque  illis  debitam  obediculiam  prcestaturum 
promitto. 

Scripsi  anno  1560  die  22  Novembr: 

Leonhartus  Rauwolff  Aug:  (2). 


(1)  Le  celebrc  naturalistc  de  Zurich,  Conrad  Gesner,  portait 
l)eaucoup  d'interct  a  Jeremie  JMarliiis.  Plusieurs  fois  il  paric  de 
lui  dans  scs  Icttres,  et  toujours  en  termes  affectueux.  Pendant 
son  sejourii  Montpellier,  cc  Jeune  homme  corrcspondait  avec  lui. 
Et  Gesner,  se  plaign^ni  du  silence  que  gardait  un  autre  etudiant 
de  Montpellier.  Godefroy  Craton,  ecrivait,  le  G  octobre  15()(),  au 
pere  de  cclui-ci,  Craton  de  Krafftheim,  medeciu  de  rcmpcrcur 
d'Allemagne  :  «  De  Godefrido  tuo,  longo  jam  tempore  nihil 
accepi  :  et  miror  Hiercmiam  Martium  Augustanum  (qui  c  INIons- 
pelio  ante  duos  menses  nd  mc  scripsit),  nullam  ejus  mentionem 
facere.  ^ 

(2)  Registic  des  matrictiles  1502-1561,  f"  338,  premiere  inscrip- 
tion du  recto.  —  Nous  devons  communication  de  cettc  piece  a 
Tobligeance  de  M.  Henri  Teulie,  bihliothecaire  de  la  Faculte 
dc  medecine.  En  nous  lenvoyanl,  il  a  bicn  vnuUi  nous  indiquer 
quelle  est  tout  entiere  ecrite  de  la  main  de  Rauwolff  et  que 
probablemeut  la  date  est  erronee.  L"etudiant  d'Augsbourg 
aurait,  par  megarde,  mis  novembrc  au  lieu  d'octobre.  En  cffet, 
son  inscription,  precedee  de  quatre  matricules  qui  portent  les 
quantiemes  20  et  22  octohre,  est  suivie  dc  plusieurs  autrcs  sous- 
crites  ix  des  dates  immediatemcnt  posterieures  (2;5,  24.  25  octo- 
bre) :  le  redacteur  de  Tune  de  celles-ci,  ayant  lui-meme  ecrit 
novembrc.  sest  repris,  a  raj-e  ce  mot  et  la  remplace  par  oclobrc. 
On  ne  s'expliquerait  pas  comment  la  matriculc  de    Rauwolff,  si 


-  4  — 

II  t'l;»il  (liis:ij;o  ((uo  oIkujiu^  iMudiaiil,  cmi  prenanl 
son  insniplion.  dc'sif^nal  im  dos  professeiirs  qui 
(Ifvail  oxoirrr  siir  liii,  pi'iulaiil  la  diirec  dcs  eludes, 
iiMc  sorlr  <ii'  tuU'llr,  tout  an  nioins  sciciili(i(pie, 
Divi'iscs  Ibi  inuU's  d "inunalru'ulalion  conslalenl  que 
reludianl  douuait  a  ce  i)r()leeteur  le  litre  de  paler 
on  juiirns.  I>e  professeur  Auloiue  Sai)orla,  sur  lecfuel 
SI-  lixe  le  elioix  de  UauwollV,  elail  laneien  eondisei- 
ple  de  Hahelais,  (fue  Paiuirge  nonime  le  premier 
(piand  ilevcxpiele  souvenir  des  ((  antiques  aniys  », 
aeleurs  dans  le  «  palelinage  »  joue  en  l'),'}!  a  Mont- 
pellier,  «  la  morale  eonnrdie  de  celluy  qui  avoil 
es|)()use  une  femme  mule  «  (1). 

Nous  savons  par  une  deelaralion  de  Pena  el  Lobel 
dans  une  des  preiaees  du  Slirpiiiin  Adversaria, 
(pielle  elail  la  joie,  nous  pourrions  dire  remolion 
des  bolanophiles  elrangers  lorsqu'ils  se  trouvaienl 

rocllcmoiil  cllc  cut  etc  sigiu'c  en  novcml)re,  niirait  pu  sc  trouvcM- 
iiitorcaloi.'  :ui  milieu  de  plusieurs  inscriptions  toutes  prises  en 
Dctithre. 

(1)  I'dntagrncl.  liv.  III.  eh.  xxxiv.  —  I'n  des  etudianfs  de  cc 
temps-la,  Felix  Platter,  de  Bale,  devenu  plus  tard  niedeein  et 
liotanistc  renomme,  prit  pour  pater  ce  nieme  docteur  Antoinc 
Sapoita.  <<  car,  —  dit-il  en  ses  curieux  memoires, —  il  est  d'usage 
(|uc  cliaque  etudiant  en  choisisse  un  pour  le  consulter  plus  par- 
ticulierement .  "  Felix  et  ThniudS  Platter  a  Monlpellier,  notes 
de  voyage  de  deux  etudlants  balois,  traduites  en  franeais  |>ar 
M.  KicfTcr  (Montpellier,  1802).  —  Antoine  Saporfa,  recu  docteur 
en  lolfl.  fut  n(mime  doyen  en  1551,  chancelier  en  1560  et  mourut 

en  l.')7:i.  II  a  laisse  un  traite /Je  ttimoribiis  piaster  natiimm , 

public  longlemps  apres  sa  niort.—  Au  dire  de  Felix  Platter,  les 
Sapoita  ctaicnt  Marans  :  on  appclait  ainsi  ((  les  descendants 
des  Maures  ([ue  Ferdinand  le  Cath()li([ue  avait  exjjulscs  d'Ks- 
pagne  et  dont  un  grand  nombre  s  etaient  etablis  dans  le  Lan- 
gucdoc.  ->  lis  so  livraicnt  a  certaines  pratiques  religleuses  qui 
denotaient  leurs  origines.—  Antoinc  Saporta  fut  un  des  ancetres 
de  leminent  geologue  provcncal,  feu  le  niarcpiis  Gaston  de 
Saporta.  Celui-ci  rappela  cette  circonstance  dans  le  discours 
douverture  cpiil  prononca  comme  president  de  la  Session  extra- 
ordinaire t-nue  par  la  Societe  bolani([uc  de  France  a  Montpellier 
en  1893. 


o 


tout  a  coup  en  presence  de  Texuberante  richesse  de 
la  llore  meridionale.  Aussi  les  etudiants  de  Mont- 
pellier  herborisaient-ils  avec  beaucoup  de  zele  ;  la 
plupart  d'entre  eux  colligeaient  les  plantes  pour  en 
former  un  herbier  (1).  lis  exploraient  d'abord  les 
environs  de  la  ville,  puis  ils  serepandaient  dans  tout 
le  Languedoc  :  ils  se  portaient  tantot  vers  Nimes, 
tant«t  vers  P'rontignan  (2) ;  les  plus  courageux  entre- 
prenaient  Tascension  des  Cevennes.  Souvent  ils 
IVancbissaient  le  Rhone,  qui  separait  le  Languedoc 
de  la  Provence ;  ils  allaient  la  visiter  de  superbes 
villes,  telles  qu' Avignon  ,  Aries,  Marseille,  et, 
chemin  laisant,  ils  y  efTectuaient  de  fructueuses 
herborisations. 

Des  son  arrivee  a  Montpellier,  Leonard  Rauwolff 
se  livra  avec  ardeur  a  la  recolte  des  plantes,  ou, 
comme  on  disait  alors,  des  simples  ;  bien  rares 
elaient  les  especes  auxquelles  on  n'attribuait  pas 
quelque  vertu  curative.  II  suivit  a  son  tour  I'itine- 
raire  que  nous  venous  de  retracer  et  visita  toutes  les 
localites  citees  plus  haut.  II  eut  pour  premier  com- 
pagnon  de  ses  excursions  son  jeune  compatriote 
Jeremie  Martins  (3j  ;  puis,  I'annee  suivante,  un  etu- 
diant  venu  de  Bale  et  qui  etait  deja  un  botaniste  fort 

(1)  Voir  sur  les  herborisations  des  etudiants  de  Montpellier 
les  details  que  nous  avons  donnes  dans  notrc  premiere  publica- 
tion relative  a  La  Botaniqiic  en  Provence  an  XVI^  sieclc  :  Pierre 
Pena  et  Mathias  de  Lobel  (Marseille,  1899). 

(2)  Oil  les  attiraient  particulicrement  la  colline  quils  appc- 
laient  la  montagnc  de  Cettc,  Mons  Cctins. 

(3)  Dans  I'epitre  dedicatoire  qui  sert  de  preface  a  la  Relation 
de  son  voyage  en  Orient,  Rauwolff  sest  exprime  ainsi  au  sujet 
de  ses  herljorisations  en  Languedoc  :  «  Pour  apprendre  a  mieux 
connaitre  les  simples,  et  sans  negliger  mes  autres  etudes,  je  me 
suis  applique,  plus  particulicrement  a  Montpellier,—  en  com- 
pagnie  du  tres  savant  Monsieur  Jeremie  Martins,  doctenr  en 
medecine  et  medecin  officicl  ici  (Augsbourg),  mon  excellent 
ami,  —  a  parcourir  les  montagncs  et  les  vallees,  et  surtout  la 
haute  montagne  de  Cette,  pres  de  Frontignan,  situee  sur  lebord 


—  ()  — 

oxpnl  :  nous  voiilons  parlcr  do  Jean  Hauliiii  (1).  La 
mrmc  passion  |)oiir  la  sriiMU-f  dcs  vi'-gc'laux  Ics  rai)- 
proclia  tool  tic  siiilc  ;  iiii  lien  dv  solide  aniilic  Ics 
unit  Inn  a  I  anliv;  ils  poursniv  iriMila  IravcM'sle  pays 
d'arlivcs  canipaf^nrs  :  rl  (ukukI  plus  lard  .lean  ]Jau- 
hin  rdilia  ce  vaste  inonnnuMii  connn  sous  le  nom 
d  llislorin  iihinhinini  nniiHTsalis,  il  y  mcntionna 
niainlt's  I'ois  son  ancicn  condis('ij)lo  dc  Monl])olllt'r, 
.   inrormu  slndiornni,   disail-il,   el    pcrccjiinitlionum 


do  hi  miT,  I'll".  :  cl  ilc  rctlc  maniere  jai  aniasse  un  tresor  incs- 
liinahlo  di*  pliisiouis  cfiitaiiu's  do  simples,  n  —  Notre  savant  ami 
ft  i-iiiifieie  en  l)()lani(|ne,  M.  Klell'er,  nons  a  ete  d'nn  grand  se- 
cniirs  pour  la  traduetion  dcs  tcxtcs  allcmands  de  Rauvolff.  Nous 
sommes  henieux  de  pouvoir  hii  exprinier  iei  notre  vive  reeon- 
naissance.  (les  traduelions  olVraient  pariois  de  serieiises  difli- 
eiillcs,  a  cause  des  dilTerenees  frcquentcs  entre  le  dialeete  souabe 
(lout  s'csl  servi  Hauvoin'  et  lallemand  actual. 

(1)  I,  inscription  de  .lean  Hauiiin  snr  le  registre  des  matricnlcs 
pork"  la  date  dn  "JO  oetobre  ir)()l  :  elle  a  ele  publiee  ])ar  le  pro- 
fcsscur  (iuslave  IManelion  dans  sa  these  de  doctorat  :  Lcs  modi- 
lirftluina  dv  la  /lore  dc  Moidpellicr  depnis  le  XYI"  sii-cle  Jnsqu'd 
nos  JDiirs  (.\hinl|)ellier,  liS()4).  —  Lorsquil  vint  a  MontpcUicr, 
Hauhiii  avait  deja  passe  plusieurs  annees  a  Zurich,  aupres  de 
C.onrard  Gcsncr  dont  il  fut  leleve  ct  le  commensal.  En  dernier 
Iteu.  il  avait  suivi,  a  'l^ibingue,  les  lecons  de  Leonard  Fuchs. 
Pendant  le  mois  de  juin  de  celle  meme  annee  iriiil,  il  avait  ac- 
ci)m|)agne  desner  dans  nn  \()yage  dherborisation  a  travers  les 
.\lpes  Hheliennes.  11  protila  dc  son  sejour  en  Langiiedoc  jiour  y 
amasscr  des  plantcs  en  grande  quantite.  II  annonca  meme  son 
l)rojet  de  dresser  un  catalogue  de  la  flore  du  pajs.  Gesuer  lui 
ecrivait  en  1562  pour  lui  demander  communication,  aussitot 
(|uc  ce  catalogue  serait  acheve,  des  cxsiccala  rapportes  dc 
I'rancc  :  ■  Herl)as  siccas  tuas  in  Gallia  collcctas  mittes  cum 
prinium  pcrfeceris  catalogum  :  remittam  brcvi  simul  utraque  »  : 
ci  (piehpies  semaincs  apres  :  «  (latalognm  stirpium  Monspelicn- 
siuni  jterlice,  el  milte,  aul  excudcndum  apud  noscura);.-  Dans 
son  Uistoirc  iiniverselle  des  plantes,  Jean  Bauhin  a  fait  allusion 
aux  visitcs  nonibrenses  dont  la  colline  de  Cctte  avait  etc  le  but, 
pendant  qu'il  herborisait  en  Languodoc  avec  Rauwolff ;  et  com- 
battant  I'opinion  de  Camerarius  au  sujet  dune  plante  que 
celni-ci  pretendail  avoir  trouvee  en  cet  endroit,  il  s'ecriait  : 
«  Sos  ritadem  nun  otiosi  fnimus  mantis  Cethi  spectittores  !  x   I 


aociuin  fideUssimiim,  cinrissimiim  virnm  Leonhardum 
UauwolfJ.  )) 

Lc  sejoiir  de  RauwoliT  dans  la  France  meridionale 
se  prolongea  jusqu'en  1562,  An  cours  de  cette  annee 
il  se  rendil  a  Valence  en  Dauphine,  ville  qui  etait 
alors  le  siege  d'uneUniversite,  et  ily  subit  les  epreu- 
ves  du  doctorat  (1). 

Un  voyage  en  Italic  etait,  aux  yeux  des  etudiants 
de  ce  temps-la,  le  complement  oblige  de  leur  educa- 
tion  medicate  et  botanique.  Le  nouveau  docteiir  ne 
voiilut  pas  se  dispenser  de  ce  pelerinage  scientifi- 
que  (2).  II  sejourna  en  Italic  pendant  une  partie  de 
I'annee  1563.  Nous  trouvons  dans  un  document  qui 


(1)  Felix  Platter,  en  ses  Memoires,  cite  lc  cas  dp  certains 
etudiants  allcmands  qui,  apres  leur  stage  a  Montpelller, 
alliiieiit  deniander  le  ijonnct  dc  docteur  a  ri'nivcrsilc  de  \i\- 
lence  du  u  cflle  d'Avignon.  II  declarait  a  cetto  occnsion  qu'il  se 
gardcrait  bien  de  suivre  hii-irieme  un  tel  exemple,  voulant  obeir 
au  cpnseil  que  lui  donnait  son  pere.  "  Quant  au  doctorat  (me 
disait-il),  il  serait  |)lus  honorable  dc  le  passer  a  Bale,  et  cela 
ferait  autant  de  jjlaisir  aux  autorites  qu'a  la  bourgeoisie.  Si  je 
prenais  au  contraire  mon  grade  en  France,  on  ue  nianquerait 
pas  de  dire  (|ue  je  n  etais  pas  capable  dal'frontcr  I'ecole  supe- 
ricure  de  Bale.  Cliacun  connaissait  lc  dicton  qui  courait  sur  les 
Universites  francaises:  Accipimus  peciiniam,  et  mittimus  stultos 
in  Germaniam.  » 

(2)  Rauwolff  ne  se  rendit  pasdirectement  de  France  en  Italic. 
II  revint  dabprd  a  Augsbourg.  (Iheniin  faisant,  il  rencontra 
Conrad  Gesner,  qui  rentrait  en  Suisse,  et  il  fit  avec  lui  une 
partie  du  trajet.  Mais,  chose  singuliere,  cette  rencontre  ne 
laissa  aucune  trace  dans  la  niemoire  du  savant  de  Zurich  ;  et 
celui-ei  lavouait  ingenument  lorsque,  un  pen  plus  tard,  il  eut 
avee  Rauwolff  des  relations  suivies.  II  ecrivait  en  1565  a  un  me- 
decin  d'Augsbourg,  Adolphe  Occon;  «  Doctissimo  et  clarissjmo 
viro  D.  Rauchwolff  ingentes  meis  verbis  gratias  ages  pro  semi- 
ulbus  et  herbis  ad  me  missis...  Ubicpmque  erit  oceasio  in 
rarioribus  illis  qufe  ad  me  misit  aut  mittet.  pra^sertim  si  excre^ 
verint  sata  ut  possint  depingi,  mentionem  ejus,  ut  par  est  et 
soleo,  faciam  in  opere  meo.E  Gallia  redeuntibiis  nobis,  iter  milii 
cum  eofecisse,  sane  exciderat .  » 


—  8  — 

a  uno  valc'ur  :uilol)io^M:iphi((iio  (1)  ronuinoralion  des 
villi's  par  K's(|m'IUs  i!  i)assa  :  Pailoue,  Verone, 
Manloiu'.  I-\'nan\  HolofJiiu',  Florence,  Modene,  Plai- 
sance,  Panne.  Milan  el  Come  (2).  De  Come  il  se  diri- 
gea  vers  les  Alpes,  Iraversa  le  Sainl-Colhard,  penetra 
dans  le  canlon  d  Tii.  visila  Lncerne.  Zug,  Znrich  et 
Hale,  el  de  la  rej^a^na  TAIIeniai^ne. 

II  avail  eonlinne,  en  Iraversanl  rilalie  dn  Nord  et 
la  Snisse,  a  reeneillir  de  nomhrenses  i)lantes  ;  et 
lors(|n'il  reidra  eliez  Ini,  il  possedait  nn  herbier  qni 
conlenail  phisde  six  cents  especes. 

Ce  precienx  herbier  a  heureusement  echappe  a  la 
destrnetion  (jne  linjnredn  lemps  fit  subir  a  tant 
dantres.  II  apparlient  mainlenant  a  I'Universite  de 
Livde,  el  il  esl  conserve  an  liijLs  Herbarium  de  cette 
ville  {'.U. 

Les  planles  recollees  en  France  forment  la  ma- 
tiere  de  deux  gros  volumes  relies,  ayant  a  pen  pres 
les  dimensions  des  livres  in-quarto.Ils  se  composent 
dun  assemblage  de  feuilles  de  papier  fort  sur  les- 
(pielles  les  echanlillons  ont  etc  colles,  apres  dessic- 
cation,  tant  au  verso  qn'au  recto  de  chaque  feuillet. 
Chaque  page,  a  I'exception  du  frontispice   et  de   la 


(1)  Inscription  formant  titrc,  plac^'C  en  tete  du  troisieme  vo- 
lume lie  riK'ii)ier  de  Leyde,  dans  Icquel  sont  reunies  les 
plantes  que  Hauwolff  rapporta  d'ltaiic. 

(2)  II  est  infiniinent  probable  qu  il  fit  le  voj-age  d'ltalie  en 
compaf^nic  de  son  ami  Jean  Hauhin  :  celui-ci  rapporte  dans  son 
Histoirc  univcrsellc  des  pinnies  qu  il  avail  reside  a  Bologne  en 
156;!.  et  Bologne  est  une  des  villes  oil  Hauwolff  declare  ctre  alle. 

i'.i)  Nous  avons  a  remplir  ici  un  agreable  devoir  :  celui  de 
remercier  M.  Ic  docteur  Goethart,  conservatcur  de  IHerbier- 
Hoyal,  qui  nous  a  fait  a  Leyde  un  accucil  si  obligeant.  nous  a 
donne  pour  lexamen  des  collections  de  Rauwolff  toutes  les 
facilites  souhaitables.  et  nous  a  prcte  a  loccasion  un  concours 
precieux,  en  nous  aidant  a  determiner  certaines  plantes  criti- 
ques. Nous  dirons  ulterieurement  a  la  suite  de  quelles  vicissi- 
tudes riierbier  de  Leonard  Rauwolff  est  devenu  la  propricle  d« 
rUniversite  de   Levde. 


—  9  — 

table  finale,  est  niimerotee  en  chiffres  arabes.  Les 
deux  volumes  conliennent  chacun  exactement  le 
meme  nombre  de  feuillets  pagincs  :  106  feuillets, 
donnant  212  pages.  Mais  le  nombre  des  cchantillons 
depasse  celui  des  pages,  car,  lorsqu'ils  etaient  de 
petite  taille,  I'auteur  de  I'herbier  en  a  fixe  deux,quel- 
quefois  plusieurs,  sur  la  meme  page.  En  realite,  ces 
deux  premiers  volumes  renl'erment  443  echantil- 
lons  tl). 

Les  plantes  d'ltalie  et  de  Suisse  ont  fait  Tobjet 
d'un  troisieme  volume,  dont  la  disposition  est  la 
meme  que  celle  des  deux  premiers. 

Les  trois  volumes  ont  ete  relies  a  la  meme  epoque 
et  de  la  meme  i'acon,  entre  des  ais  reconverts  de  cuir 
fauve  uni  ;  les  plats  sont  encadres  d'un  double  filet 
dore  et  portent  au  milieu  un  cul  de  lampe  ovale, 
dore  aussi.  Le  dos  est  a  nervures,  sans  aucune  ins- 
cription, mais  avcc  fleuron  dore  entre  les  compar- 
timents.Cbaque  volume  a  des  coins  et  deux  fermoirs 
en  cuivre  de  meme  style,  conlemporains  de  la 
reliure  (2). 

(1)  Ce  chilTrc  doit  etre  reduit  a  441.  Nous  avons,  en  effet,  cons- 
tate que  dans  le  second  volume  un  feuillet  (pages  169-170)  a  ete 
arrache  :  les  traces  de  laceration  sont  bien  visibles. 

(2)  Voici,  pour  completer  la  description  des  trois  premiers 
volumes  de  Iherbier  Rauwolff,  d'autres  details  que  nous  avons 
notes  quand  nous  sommes  alle  a  Leyde  :  Les  feuillcs  de  papier 
fort  sur  les  deux  faces  desquelles  sont  colles  les  cchantillons  ont 
151  centimetres  de  hauteur  et  23  centimetres  et  demi  de  largeur. 
Chaque  page  est  entouree  dune  sorte  de  cadre,  forme  par  des 
l)andelettes  de  carton  vert,  dune  largeur  dun  centimetre  et 
demi  environ,  collees  sur  les  marges.  Ces  bandclettes  sappli- 
quent  exactement  les  unes  sur  les  autres  au  moment  on  le 
volume  se  fermc;  de  telle  sorte  que  lechantillon,  se  trouvant 
ainsi  place  dans  un  vide,  ne  frotte  pas  contre  lechantillon  place 
vis-a-vis,  et  ni  I'un  ni  Tautre  n'ont  a  soutfrir  de  leur  rapproche- 
ment. Vn  autre  avantage  est  resulte  de  lappositlon  des  bandc- 
lettes :  elles  procurent,  lorsque  le  volume  est  ferme,  une  occlusion 
asscz  complete,  preservant  dans  une  certaine  mesure  rechantillou 
inclus  contre  J'invasion  de  la  poussiere  et  des  insectes. 


10    - 

lis  sonl.  Ions  Ics  Irois.  [)rc'ce(les  d'un  frontispice 
ocril.  on  hcMux  carnctrrcs  j^()lhi(|iies,  par  uiie  pliimt' 
cxfii'i'c  ((lu-  nous  sii|)|)osoiis  avoir  etc''  celk'  d'un 
calliji'ia|)lu' di' pmlcssion  ;  poul-iMre  un  ami  a  (|ui 
Hauwolll'   avail    (k'niandc    dv    lui    rondrc    co   pclil 

SlTVil'f. 

La  irdaclion  di'  I'l's  hois  IVonlispices  est  concue 
on  U'liiu's  i(k'nli(iuos,  saurpour  certains  dolails  j)ar- 
liculicrsa  cliaciue  volunio. 

N'oifi  rcxaric  traduction  dc  celui  cjui  ouvre  le 
pri-niiiT  : 

PHKMIKK  UKCUKIL  DE  PLANTES 

on  /)(v///co/;/)  ilc  belles  planles^  en  partic  elrangeres,  out 
t'le  sf)i(ineiiscinei}l  eiifennces  el  fixees  par  le  tr^s-siwanl 
M.  Leonharl  lidiiwolff,  doclciiv  en  medecine,  el  niede- 
iiii  offiiiel  de  la  oille  d'Angsbourg,  pendant  qn'il 
faisail  ses  eludes  en  France  el  ensaile  an  cours  de  ses 
vogages  mm  senlemenl  en  S(woie,  a  Geneve,  en  Dan- 
phinc,  (I  Lgon  el  a  Valence,  mais  encore  en  Provence, 
anx  eni'irons  dWnignon,  dArles,  de  Marseille,  de 
Cludon  I  sic  I  de  Cran,  dans  des  landes  arides  et  incul- 
les :  el  lout  parlicnlieremenl  en  Langnedoc,  dans  les 
environs  de  Mimes,'  de  Monlpellier,  snr  le  mont  de 
Celte  situe  an  bord  de  la  mer,  et  siir  les  hantes  mon- 
lagnes  dAuvergne  ;  el  ce  na  pas  et^  sans  beaucoup 
de  fatigues,  de  dcmgers  el  de  depenses  quil  les  a  obte- 
nues  et  ac(piises. 

Fail  apres  la  naissance  de  noire  Sauveur  Jesus- 
Christ 

Dans  les  annees 

1560 
lot)]  el 
1502  (1). 

(1)  «  Erste   Kreuttcrbucch  —  i:)arin   vil   schonc    uniul    thails 
frembde  -Kreutter  durcli   den   hoeligelehrten  herrn  Leonliarten 


—  11  — 

Nous  avons  ii  faire  suivre  ce  texte  cruii  href  com- 
nientaire. 


Rauwolffen  der  Artzuej^  Doctorn  und  dcr  Stat  Augspiirg  bes- 
tellteii  iMediciiin  gar  fleissig  cingclegt  und  aufgemacht  wordcn. 
Welche  Kr  weil  Er  in  franckhrcich  gestudieret,  und  dcncn 
herunil)  nacli  geraAset,  nit  allain  in  Saphoje  unib  Genft',  und 
Delpliinat  unib  Ljon  \'alcntze  &  sondern  aucb  in  dcr  Provintz 
umb  Avignon,  Aries,  Marseille,  Clialon  de  tlrau,  auf  der  rauchen 
durren  lia3'den  :  turiiemlilich  aber  in  Languedocca,  umb  Nimes, 
Montpellier,  auf  dcm  berge  Ceti  am  Mcer  ligent,  und  im  hochen 
gebiirge  Auvergnia;,  nit  ohne  sondcre  miiehe  gefahr  und  uncos- 
ten  erlanget  und  l)ekomen  hat.  —  Geschehen  nacb  der  geburt 
unsers  Seligniachers  —  IHKS^'  CHRISTI,  Im  —  M.  I).  LX  - 
LXI  —  und  LXII  jar.  » 

Les  plantes  que  renferment  les  deux  premiers  volumes  de 
riierbier  ont  ete  certainement  recoltees  et  preparees  par  Rau- 
wolff  au  eours  des  trois  annees  inscrites  sur  les  fronstipices, 
1">1)(),  loGl  cl  15(52;  mais  certainement  aussi,  ce  nest  que  beau- 
coup  i)lus  tard  que  cette  collection  a  etc  arrangee  comme  nous 
la  trouvcjus  aujourd'hui,  c"est-a-dire  reunie  en  volumes  soHde- 
nient  relies.  Dans  le  libelle  de  cliacun  des  fronstipices.  la  (|ua- 
lite  de  «  medecin  ofticiel  (heslelllcn)  de  la  ville  d  Augsbourg  » 
est  donnee  a  Rauwolff.  Or  nous  verrons  plus  loin  que  cette 
charge  lui  fut  conferee  par  les  autorites  locales  sculement  en 
1570.  Les  titres  des  premiers  volumes  ont  done  ete  composes  au 
plus  tot  a  cette  date  :  nous  eroN'ons  menie  ([uil  faut  reporter 
lenr  confection  a  une  epoque  posterieure.  En  etfet,  le  quatrieme 
volume,  affecte  en  tres  grande  partie  aux  ])lantes  oricntalcs,  est 
orne  dun  titre  tout  pareil,  comme  style  et  comme  ecriture,  aux 
titres  des  trois  premiers.  Cette  circonstance  demontre,  a  notre 
nvis,  que  RauwoltT  ne  concut  quapres  sa  rentree  a  Augsl)ourg, 
en  157(),  I'idee  de  procurer  a  ses  collectionsune  forme  delinitive. 
.1  usque  la  ses  exskcota  devaient  etre  libres  ou,  s'ils  etaient  fixes, 
c'etait  sur  des  feuilles  volantes  qu'alors  il  assembla  et  qiiil  fit 
relier,  en  les  groupant  pav  categories  d'origines  :  plantes  de  la 
periode  ir)()0-lo62,  deux  volumes;  plantes  de  ITiGS  (Italic  et 
Suisse),  un  volume  ;  plantes  de  la  derniere  periode  ISTS-liiTti 
(Provence  et  Levant),  un  volume.  Puis,  avant  de  confier  le  tout 
au  relieur,  il  cut  recours  a  un  calligraphe  de  profession  ou  a  un 
ami  done  dune  belle  ecriture,  et  fit  executer  par  celui-ci  les 
quatre  frontispices.  Ce  ne  sopt  la  que  des  hypotheses.  Mais  ce 
quit  faut  admettre  comme  certain,  c'est  que  les  titres  qiii  men- 
tionnenl  la  fonction  exercee  par  Rauwolff  a  Augsbourg  ne  peii- 
vent  pas  etre  anterieurs  a  I'annee  1570. 


112 

II  faiil.  biiMi  (Mitciulii.  roiisidcrer  coinmo  rigoii- 
n-iisf  c-xprcssion  iW  la  vc'illr  rcMioiu'C'  Tail  par 
Haiiwolll.  Tas  k*  moiiulrc'  doult"  (juil  iu>  soil  alle 
ilaiis  Ions  li's  oiulroils  (jiril  t'liunu're.  Mais  comme 
il  lire  (iiu'l(|iu>  vnnile  do  ses  peicgrinalions,  —  ot 
(•"I'sl  hiiii  iialiiiTl,  -  nous  n'avons  pas  a  nous  eton- 
lu'v  si  nous  lioiivons  dans  ses  Ibrniulcs  une  ccrlaine 
londanco  a  roxaj^cralion  (1).  II  scrail  porle  a  ampli- 
lior  SI'S  fails  cl  gvslcs  j)lulot  qu'a  les  diminuer.  D'ou 
il  suit  (|m'  nous  dcvoiis  iioiis-menu's  no  point  elen- 
dic  sc's  di'-claralions,  el  les  prendre,  an  conlraire, 
si  rich)  scnsn. 

\a\  ce  (|ui  louche  son  passage  par  Geneve  et  Lyon, 
nous  avons  deja  dil  (|ue  nous  le  faisons  remonler  a 
I'epotpie  ou  il  sc  rendil  d'Augshourg  a  Monlpellier. 
Vovageur  presse  d'ai  river  an  lernie  de  sa  course,  et, 
d'aulre  pari,  bolanisle  encore  novice,  il  ne  perdit 
pas  son  temps,  pensons-nous,  a  herboriser  le  long 
de  la  route;  et  nous  ne  croyons  pas,  nialgre  les 
enonciations  du  frontispice,  qn'il  ait  insere  dans  les 
deux  premiers  volumes  de  son  herbier  beaucoup 
d'especes  recoltees  dans  le  Genevois  et  le  Lyonnais. 
Ainsi  quil  Texplique  lui-meme  en  y  insistant,  ses 
princi pales  herborisations  eurent  pour  champ  le 
Languedoc  d'abord,  et  ensuite  la  Provence,  dans  les 
localites  et  autoiir  des  villes  qu'il  a  nommees.  — 
Quant  a  ce  qu'il  appelle  les  montagnes  d'Auvergne, 
nous  sommes  certain  qu'il  entendait  par  la,  a  I'imi- 
tation  d'autres  botanistes  contemporains,  les  Ceven- 
nes  ou  les  montagnes  de  la  Lozere  qui  en  sont  le 
prolongement.  S'il  eiit  reellement  parcouru  la  pro- 
vince d'Auvergne,  il  y  aurait  assurement  traverse 
certaines  villes,  et   il  les   eiit   indiquees.  —  Meme 


(1)  Cette  tendance  se  rcvele  notamment  dans  le  passage,  cite 
plus  haut  en  note,  de  la  preface  de  son  livre,  oil  il  qualilie  de 
haiile  montagne  I'luimble  colline  (180  metres  daltitude)  au  pied 
de  lacjuelle  fut  construite,  auxvii*  siecle,  la  ville  de  Cette, 


—  13  — 

observation  pour  le  Dauphine.  Si,  outre  Valence,  il 
avait  visite  quelque  autre  ville  de  cette  vaste  pro- 
vince, Grenoble  par  exemple,  il  n'aurait  pas  manque 
d'en  prendre  avantage  et  se  serait  bien  garde  de  la 
passer  sous  silence  (1). 

Nous  sommes  ainsi  amenes  a  cette  conclusion 
qu'une  tres  grande  partie  des  ecbantillons  contenus 
dans  les  deux  premiers  volumes  de  Tlierbier  de 
RauwolfF  sont  des  plantes  qu'il  avait  amassees  prin- 
cipalement  dans  le  Languedoc,  y  compris  la  region 
montagneuse  des  Cevennes,  et  ensuite  en  Provence, 
oil  il  avait  du  venir  mainte  et  mainte  fois,  attire, 
commc  la  plupart  des  etudiants  de  Montpellicr,  par 
la  proximite,  la  ricbesse  vcgetale  du  territoire  et  les 
seductions  des  grandes  villes  telles  qu'Avignon  ou 
Marseille. 

Nous  nous  sommes  applique,  pendant  notre  sejour 
a  Leyde,  a  determiner  avec  exactitude  les  plantes 
des  deux  premiers  volumes.  Nous  ne  surprcndrons 
pcrsonnc  en  disanl  que  cette  tacbc  presentait  des 
dillicultes.  L'berbier  de  RauwoUT  n'a  pas  toujours 
etc  soigne  comme  il  Test  aujourd'bui,  et  certains 
ecbantillons,  —  en  petit  nombre,  beureusement,  — 
ont  ete  fort  maltraites  par  les  insectes.  Parmi  ceux 
qui  ont  ete  epargnes,  quelques-uns  sont  indetcrmi- 
nables  par  la  faute  du  collecteur,  celui-ci  s'etant,  en 
bien  des  cas,  contente  d'un  specimen  tout  a  lait 
incomplet.  On  salt  que  les  botanistes  du  xvr  siecle 
jugeaient  de  I'identite  d'une  plante  par  son  lacies 
general  et  negligeaient  absolument  les  details  d'ana- 
lyse,  meme  ceux  qu'aurait  fournis  la  structure  de  la 
fleur  ou  du  fruit. 

(1)  A  I'appui  de  notrc  ol)scrvation.  rcmarquoiis  avcc  quels  de- 
tails, dans  1  inscription  du  frontispice,  il  a  parle  de  la  Provence. 
II  n  ouhlie  pas  meme  Salon  «  Chnlon  dc  Cran  »,  qui  netait  alors 
qu'uu  bourgde  mediocre  importance;  et  quand,  immediatement 
aprcs  avoir  nomme  cette  petite  ville,  il  mcutionue  «  des  landos 
arides  et  incultes  »,  c'est  la  Crau  qu'il  designe  ainsi. 


-  14  - 

HniiNvollV  ii'i'lail  pas,  ;\  cv\  cgard,  plus  avance  (lue 
scH  tM)nli'm|)()iaiMs  ;  pom-  l)eaiicoiip  do  i)lanlcs,  no- 
lammrni  pour  (U*s  Ghimac'c'i's,  il  s'csl  horuv  a  insc'- 
rcr  dans  sou  luM-hiiT  iiiio  poiiion  do  lige  munio  do 
(pirhpirs  l\Miillcs.  sans  (ju'il  ail  paru  so  douter  que 
rinlkiri'si'iMU'c  aurail  mi  do  Tiuk'TiM.  Mais  le  chillre 
di's  I'l'hanliilous  ck'UU'Urt's  iuuoniuiahlcs  (1)  u'a  pas 
vii',  v\\  souuui\  lice's  v\c\v,  ol  nous  avons  pu  appli- 
(picr  a  un  i^iand  nond)r('  d\'sp6ces  k^s  (k'uouiiua- 
Uonsdi'la  luinu-nrlaluiT  nuxk'rno. 

An  surpkis,  HauwolIT  mcrik>  (rOliT  k)Ue  pour  le 
soin  (piil  (lonnail  a  la  |)reparalion  de  ses  cxsiccata. 
On  atlniiri'  I'arl  ingcuieux  avee  lequcl  il  parveuail  a 
lain-  kMiir  dans  Ics  volumes  relies  de  son  herbier  des 
specimens  donl  Tepaisseur  semblait  elre  un  insur- 
monlable  obstacle.  Ainsi,  pour  n'en  citer  qu'un 
exeni|)le.  nous  trouvons  dans  sa  collection  VOpiiutia 
Ficns  liidiai  rei)resente  par  un  segment  de  tige  et 
une  lleur:  la  tige  el  le  calice  de  la  fleur  out  ete 
habilement  depouilles  de  leur  epiderme  lequel,  fixe 
sans  la  moindre  dechirure  sur  le  papier,  ressemble 
a  niu'  i)einlurefideledes  deux  objets  (2). 

Une  mention  toute  speciale  est  due  a  la  qualite 
de  la  colle,  on  pourrnit  dire  du  cimenl,  qu'employa 
UauwoHTpour  faire  solidement  adherer  au  papier 
ses  plantes  scches  :  clle  conserve,  apres  plus  de  trois 
sii'des,  une    k)rce    de    cohesion    vraimenl  surpre- 


il)  II  y  a  Ijcaucoiip  d'especcs  qui  nc  j)euvcnt  etre  tlcterminccs 
avcc  certitude  qu'au  nioyen  d  ime  dissection  de  certains  ors>;a- 
nes.  Or  il  nest  pas  possible,  on  le  eomprend,  de  faire  subir  aux 
ecliantillons  de  cet  herbier  venerable  dcs  mutilations  qlii  seraient 
un  crime  de  lese-majcste. 

(2)  Lc  meme  procede  a  ete  emi)loye  pour  le  fruit  du  Sohaiiini 
iWe/o/lpcna  ;  I'epiderme  de  laubergine,  applique  sur  le  papier, 
reproduit  la  forme  du  fruit  ct  conserve  meme  sa  coulcur  lus- 
tree.  —  Citous  encore  un  capitule  d'ariichaut  prepare  de  facon 
a  en  donner  Icxacte  physionomie,  nonobstant  la  suppression 
de  toute  saillie  genante. 


—  15  — 

nantc.  C'est,  evidemmeiiti  grace  aux  conditions  d'un 
tel  procede  de  collage  que  cette  precieuse  collection 
est  parvenue  jusqu'a  nous  dans  Uil  ^tat  de  tres  satis- 
faisante  inlegrite. 

Les  planles  conservecs  dans  les  deux  premiers 
volumes  de  I'herbier  portent  presque  toujours  un 
nom  inscrit  au-dessous  de  rechanlillon  ;  beaucoup 
en  out  deux  ;  quelques-uncs,  plusieurs.  Celles  qui 
n'ont  pas  recu  dinscription  sont  en  tres  petit 
n  ombre. 

Des  qu'on  ouvre  ces  deux  volumes,  on  s'apercoit 
quo  les  noms  out  ete  ecrits  a  des  epoques  et  par  des 
mains  dillerentes. 

II  est  facile  neanmoins  tie  discerner  quelles  sont 
les  annotations  qui  out  ete  apposees  en  premier  lieu 
par  Tauteur  de  I'herbier. 

Pour  un  certain  nombre  d'especes,  au-dessous  du 
nom  inscrit  par  lui  etqu'ilavait  parfois  accompagne 
dune  courte  rellexion,  un  autre  nom  a  ete  ajoute 
par  une  autre  plume,  quclquefois  aussi  avec  une 
breve  observation.  Les  noms  ajoutes  apres  coup 
appartiennent  a  deux  ecritures  distinctes.  Nous 
tirames  aussitot  du  fait  ainsi  constate  cette  conclu- 
sion :  c'est  que  RauwolfT  avail  soumis  son  lierbier 
a  deux  botanistes  dont  il  tenait  a  prendre  I'avis  au 
sujet  de  ses  propres  determinations.  Et  les  noms 
inscrits  en  second  lieu  devaient  elre  ceux  que  les 
confreres  consultes  avaient  proposes  comme 
preferables. 

L'ecriture  premiere,  que  nous  avions  des  I'abord 
regardee  comme  celle  de  Leonard  RauwoHf,  nest 
pas  toujours  idenlique  a  elle-meme.  Cette  circons- 
tance  n'a  rien  d'etonnant.  II  n'est  personne  dont  la 
facon  d'ecrire  ne  subisse  avec  le  temps  des  modifi- 
cations. Get  autre  fait  marquait  evidemment  que 
RauwolIT,  revoyant  et  rctouchant  son  lierbier  en 
des  temps  diiferents,  avait  lui-meme  complete  ou 
corrige  ses  propres  annotations.  Le  jour  qu'il  recolta 


-  16  - 

h'Wc  |)lanlo,  il  ncn  savait  pas  le  nom  ;  il  le  decouvre 
plus  tnnl  ct  aussilol  il  linscril.  A  telle  autre  il  avait 
ap|)litiue  unc  (kMiouiinalioii  (lu'ullerieurement  il 
juf^e  ini'xaeto:  il  la  rcinplaee.  Ccs  cliaiigenuMils  out 
ele  opiMrs  |)ar  lui  a  diverses  epoques  el  quelquelois 
a  (les  intrrvalles  eloignes  (1). 

Lhorhier  lui-uienie  devait,  au  reste,  nous  fournir 
la  prcuve  (jue  nos  suppositions  etaient  londecs,  et 
(|ue  rreriluiT,  conjecluralement  attiibuee  par  nous 
a  l{au\v()lir,  I'tait  bien  celle  de  ce  botaniste. 

Les  trois  prtMuiors  volumes  sont  chacun  pourvus 
dime  table,  placc'C  a  la  tin  el  donnant  la  lisle  com- 
plete des  plautes  eontenues  dans  le  volume,  avec 
renvoi  au\  pages  numerotees.  Ces  tables  sont  de 
Teeriture  (pie  nous  avions  jugee  celle  de  RauwollT. 

I.a  table  du  premier  volume  porte  comme  litre  : 
(vATAi.ociLS  Plaxtaulm  qucv  ill  koc  contiiientiii'  libro: 
clle  sc  termine  par  le  mot  Finis. 

La  table  du  second  volume  est  intitulee  :  Index 
Plantauum  (jiiie  in  hoc  continentur  libro.  Elle  se  ter- 
mine aussi  par  le  mot  Finis.  Mais  comme  au-des- 


(1)  ^'()ici  uii  cxcmple  rcmarquable  de  ces  ameliorations  suc- 
cessives.  apportecs  par  RauvolfF  a  son  lierbier  : 

A  la  pajfe  84  du  premier  volume,  il  avait  insere  le  Samolus 
Valenindi.  Mais  comme  cette  plantc  lui  etait  alors  inconnue.  il 
ninscrivit  aucun  nom  au-dessous  de  I'echantillon.  Quand,  en 
ir)()4.  il  dressa  les  tables  de  cliaque  volume,  ainsi  que  nous  I'ex- 
piiciuons  un  ])cu  jjIus  loin,  le  nom  n'etait  point  encore  parvenu 
a  sa  eonnaissance  ;  aussi,  a  la  table,  en  regard  du  cliiffre  indi- 
catif  de  la  page  84,  il  laisse  une  ligne  en  blanc.  Longtemps  apres 
la  confection  des  tables.  Rauwolff  finit  par  decouvrir  un  nom 
qui  paraissait  s  adapter  a  son  ecbantillon  de  la  page  84,  et  aussi- 
tot  il  y  ecrit :  a  Anagallis  tertia  Lobelii  ».  EtTectivement,  dans 
le  Stirpinm  Obacrvaliones.  Matbias  de  Lobel  a  representc  le 
Samolus  sous  le  nom  d'Anagallis  tertia.  Or  louvrage  de  Lobel 
iiayant  paru  quen  1576,  ce  n'est  que  postericuremcnt  a  cettc 
date  que  Rauwolff.  —  qui,  dans  I'intervalle,  etait  alle  en  Orient. 
—  put  rouvrir  son  berbier.  comparer  son  ecbantillon  innomme 
avec  la  ligure  (.h'sObservutioncs,  et,  satisfait  de  la  resscrablancc, 
ecrire  au-dessous  :  «  Anagallis  tertia  Lobelii  r>. 


—  17  — 

sous  de  ce  mot  il  restait  un  espace  vide,  le  redacteur 
de  rindex  y  a  inscrit  cette  mention  : 

Leonhartus  Raiiwoljf  D. 

fecit  A.  S.  1564 

et  absoluit. 

Et  immediatement  apres,  pour  expliquer  les  blancs 
laisses  ca  et  la,  correspondant  a  des  plantes  dont  il 
n'avait  pas  encore  decouvert  Tidentite,  il  ajoutait : 

Spatia  mimeris  siiis  relicta, 
plantas  minus  cognitas  designant. 

Les  tables  etaient  done  bien,  —  comme  il  avail 
ete,  d'ailleurs,  tout  natuiel  de  le  supposer,  —  I'oeu- 
vre  person nelle  de  RauwoltY ;  et  nous  avions  des 
lors,  pour  acqucrir  certitude  au  sujet  d'un  grand 
nombre  des  annotations  de  I'lierbier,  une  piece  de 
comparaison  absolument  authentique. 

L'examen  de  ces  deux  tables  nous  lit  fiiire  une 
autre  decouverte. 

Nous  avons  expose  un  pen  plus  haul  comment 
nous  etions  arrive  a  cette  conviction  que  RauwollV 
avail  soumis  au  controle  de  deux  botanistes  amis 
les  denominations  par  lui-meme  appliquees  aux 
plantes  de  son  lierbier.  Chacun  de  ces  botanistes 
possedait  une  ecriture  Ires  caracterisee  et  ne  pou- 
vant  etre  confondue  avec  aucune  autre.  L'un  des 
deux  etait  intervenu  beaucoup  plus  souvent,  et  dune 
ecriture  menue,  —  de  veritables  pieds  de  mouche, 
—  avail  inscrit  un  nom  tout  ditlerent  au-dessous  de 
celui  primitivement  choisi  par  RauwoltT. 

Or,  nous  nous  apercumes  ([ue  presque  loujours 
celui-ci  avail  accepte  la  substitution.  En  confection- 
nant  ses  tables,  il  avait,  dans  la  plupart  des  cas, 
sacrilie  son  opinion  personnelle,  pour  adopter  le 
nom  nouveau  propose  par  le  correcleur. 

2 


—  KS  — 

Ci' Inil  (lisail  t'lo(|iieinnu'nl  que  rami  consiille  lut 
MM    Itolanislc  oil    i^raiul    iriioni    el    donl    raulorile 

s  imposail. 

Nous  cimu'S,  avanl  do  (|iiillc'r  Lcydc,  la  bonne 
lorliiiu'  (1(>  (lecouvrir  (|iiel  elail  ee  bolaiiisle. 

Adiiiis  (I'line  laeon  fori  ()l)lii;;eanle  a  I'aire  des 
ivcIumtIu's  a  la  Hibli()lhe([iie  do  I'Universile,  nous  y 
liouvaines,  dans  unc  collection  d'aulographes  pre- 
ciru\  (jui'  possi'de  eel  elablissenienl,  une  lellre 
adivssee  en  l.')(S4  jiar  Leonard  RauwollTa  diaries  de 
rKscluse.  (|ui  residail  alors  a  Vienne  (1). 

I.e  dcslinalaire  de  la  lellre,  rilluslre  Clusius,  avait 
riiabiUide  d'annoler  exlericuremcnl  ies  correspon- 
dances  quil  recevail,  mar([uanl,  ainsi  que  le  font 
Ies  }^ens  soigneux,  la  date  d'expedition,  celle  de  la 
reception  el  de  la  reponse,  etc. 

Avanl  menie  davoir  deploye  la  lellre  de  Rauwolff 
nous  ai)prenions  ainsi  ([uel  etail  Ihonime  qui  avait 
annote  el  corrige  rherl)ier  :  c'etait  Charles  de  TEs- 
cluse.  II  n'y  avail  plus  a  selonner  que  Dasylycus 
cut  accueilli  avec  tant  de  deference  Ies  avis  du  bota- 
ni^te  universellement  regarde  comme  le  prince  des 
phytographes  du  xvi*^  siecle. 

Rauwolllavait-iljeu  raison  de  s'eiracer  ainsi  devant 
Charles  de  I'Escluse,  el  quelle  elait  sa  valeur  propre 
comme  botaniste? 

Les  enonciations  de  son  herbier  vont  nous  edilier 
a  cet  egard. 

La  premiere  chose  quelles  nous  revelent,  c'est  que 
Leonard  Rauwollf  ne  fut  point  un  orgueilleux.  La 
modestie  est  une  vertu  qu'il  faut  louer  partout  oii 
elle  se  rencontre,  mais  particulierement  chez  un 
savant.  La  science,  en  effet,  tend  a  susciler  Torgueil, 


(1)  Nous  nianquerions  ii  un  devoir  de  reconnaissance  si  nous 
laissions  echapper  cette  occasion  de  reniercicr  de  son  bienveil- 
lant  accucil  M.  le  docteur  Moliiujsen,  conservateur  de  la  liiblio- 
theque  universitaire  de  Leyde. 


—  19  — 

qui  engendre  la  presomptioii,  et  celle-ci  est  mere  de 
Terreur. 

On  pent  affirmer,  apres  exameii  de  I'herbier,  que 
la  presoniptioii  ne  Tut  point  le  defaiit  de  Rauwolif. 
En  general  il  se  contente,  quand  il  a  fixe  un  echan- 
tillon  sur  la  page  blanche,  d'y  ecrire  le  noni  an  has, 
si  ce  nom  lui  est  connn.  Et  nous  proclamons  tout  de 
suite  que,  dans  la  plupart  des  cas,  il  a  donne  tres 
exactement  aux  plantes  de  ses  recoltes  les  denomi- 
nations qui  devaient  leur  etre  appliquees  d'apres  la 
nomenclature  du  temps. 

Mais  si,  an  moment  d'attribuer  un  nom  a  une 
plante,  il  epiouve  lamoindrc  hesitation,  il  Texprime 
aussitot  en  toule  franchise,  a  I'aide  de  formules 
diverses,  qui  sont  les  suivantes  :  «  Pent -etre...  — 
Cette  plante  parait  etre...  —  Celle-ci  pourrait  etre 
appelee...  »  Ainsi,  pour  le  Filago  Germanica,  il  ecrit : 
«  Forte  Gnaphalii  species  »  ;  pour  le  Coronillnjuncea  : 
«  Videtiir  esse  Ornitopodiiim  »  ;  pour  VAlyssiun  mari- 
timiim  :  «  Nasturliiim  posset  vocari  »  ;  et  pour  une 
autre  planle  maritime  on  il  croit  voir  une  Laitue  : 
((  Laciiicam  marinam  possmniis  vocare  ». 

A  son  arrivee  a  Montpellier,  il  est  encore  bien 
inexperimente.  II  apprend  de  ses  condisciples  ou  de 
ses  maitres  le  nom  de  quelques-unes  des  especes 
qu'il  recueille.  Mais  il  n'accepte  pas  aveuglement 
ces  indications  ;  el  s'il  n'est  pas  certain  que  le  nom 
qu'il  entend  prononcer  soit  le  bon,  il  marque  sim- 
plement  que  tel  nom  est  celui  qui  a  cours  a  Mont- 
pellier. II  dit  du  Reseda  Phyteiima:  a  Phiteiima  Mons- 
pellieuses  vocaut  »  ;  et  du  Jasminiim  fruticans:  a  Pole- 
moniiim  vocant  Monspelii.  »  Quclquefois  il  approuve 
la  designation  qui  lui  est  apprise  ;  ainsi  pour  VAste- 
risciis  spinosiis  (i.  G.  il  note  :  «  Aster  Atticns  Monsp. 
Non  male  mihi  videtiir  coiwenire  descriptioni.  »  Pen 
a  pen  son  education  botanique  se  complete :  le  temps 
\ient  ou  il  acquiert  assez  d'experience  et  d'autorite 
pour    condamner  une    denomination  qu'il    Irouve 


—  20  — 

(MTOiU'O.  II  c'xprline  ainsi  son  opinion  h  propos  dii 
St'seli  torlnosiiin:  «  M cum  vacant  falso,  mco  jiidicio^; 
vl  dv  VOhiont'  porltildcoides  :  «  Ilalinnim  qiiUnisdam, 
scd  f<dsd,  meo  judicio  ». 

Dailloins  il  Iravaiilr  siMicniscmenl.  II  consulle  les 
oiivragos  (le  l)olani(|iu' (|ui  onl  pani.  II  compare  ses 
(■■I'hanlillons  avec  ics  (li'scriplions  on  les  figures  de 
Hiu'Kde  Fiichs,  de  Mallhiole,  de  Cordns,  de  Dodoens, 
de  Gesner.  dAnj^uillara.  Soiivent,  pour  telle  espece, 
il  elablil  la  synon\  inie  el  fait  concorder  les  denomi- 
nalions  qui  emanent  de  divers  aulcurs. 

Nous  avons  indicjue  plus  haul  qu'il  revisa  lui- 
nuMue  son  herbier  a  plusieurs  reprises.  Un  certain 
nond)re  de  pages  contienncnt  deux  noms,  quelque- 
fois  trois,  ecrits  de  sa  main,  mais  a  des  epoques 
dilVerenles,  ainsi  que  I'ecriture  en  temoigne. 

Parfois  il  prenail  soin  de  marquer,  au  moyen  d'une 
ainiolalion  speciale,  que  dans  sa  pensee  le  nom 
(luil  inscrivait  n'etait  que  provisoire.  Ainsi,  pour 
noire  Arislolochia  Cleinalilis.  il  rajjpelle  «  Aristolo- 
chia  Clcimdis  »  et  il  ajoute  immedialement  :  «  si  alia 
nan  dcsiynalnr  ». 

Celle  phrase  semblait  etre  une  interrogation 
adressee  au  hotaniste  eminent,  (Charles  de  I'Es- 
cluse,  par  lequel  il  se  proposait  de  faire  controler 
son  travail. 

Ses  rapports  avec  cet  illustre  confrere  achevent  de 
montrer  combien  RauwolfT  etait  modeste. 

Nous  avons  deja  fait  connaitre  avec  quelle  docilite 
il  avait  presque  toujours  accepte  les  changements 
de  noms  operes  par  Clusius  et  comment,  en  redi- 
geant  les  tables,  il  y  avait  porte  de  preference  les 
denominations  nouvelles  que  celui-ci  substituait 
aux  premieres. 

Beaucoupde  cespretendues  rectifications  netaient 
pas  heureuses,  et  certainement  la  revision  de  Ther- 
l)ier  Hau\volfl"n"ajoutera  rien  a  la  gloire  de  Charles 
de  lEscluse.  Le  plus  souvent  les   noms  choisis   par 


—  21  — 

Ramvolft  etaient  prc'feiables  aiix  nouveaux,  ct  s'ac- 
cordaient  bicn  micux  avec  la  nomenclature  du 
temps,  voire  meme  avec  celle  d'aujourd'hni. 

Nous  pourrions,  pour  justifier  notre  affirmation, 
multiplier  les  exemples  : 

Ainsi  : 

Au-dessous  d'un  specimen  de  Medicago  marina, 
RauwoUT  avail  mis  :  «  Tri folium  mariniim  vel  Medica 
marina  »  ;  Clusius  ecrit  :  «  Cytisi  species  »  ; 

Pour  designer  notre  Raniincnhis  aquatilis,  Rau- 
wolffdisait  :  «  Raniincnli  aquatici  species  »  ;  la  recti- 
fication de  Clusius  porte  :  «  Mijriophijlhim  primum  »  ; 

Le  Chlora  perfoliata  etait  pour  RauwolfT  «  Perfo- 
liata  hitea  »  ;  elle  devient  pour  Clusius  «  Ascijri 
genus  »  ; 

RauwolfT  appelait  «  Pancratium  >>  le  Pancratium 
maritimunj ;  Clusius  en  fait  un  «  Hemerocallis  »  ; 

Le  nom  de  «  Thora  venenata  »  designe,  dans 
riierbier  de  RauwolfT,  le  Ranunculus  Thora;  Clusius 
declare  que  c'est  un  «  Aconitum  »  ; 

A  raison  de  ses  analogies  avec  le  Teucrium  Scor- 
dium,  que  les  floristes  du  xvr'  siecle  prenaient  pour 
le  «  Scordium  »  de  Dioscoride,  RauwolfT  donne  le 
nom  de  «  Scordium  alpinum  »  au  Teucrium  Scorodo- 
nia ;  Clusius  le  Iransforme  en  «  Sphacelus  «  ; 

Le  Mercuricdis  tomentosa,  auquel  RauwolfT  appli- 
que la  denomination,  alors  en  usage,  de  «  Phijllon  », 
est  appele  par  Clusius  «  Polium  maximum  »  ; 

Le  Lithospermum  arvense  est,  aux  yeux  de  Rau- 
wolfT, une  w  Kchii  species  »  ;  Clusius  y  voit  «  Milium 
solis  syluestris  »  ;  etc.,  etc. 

Nous  avons  cite  plus  haut  quelques-unes  des 
notes  dans  lesquelles  RauwolfT  exprimait  un  avis 
relatif  au  merite  des  noms  attribues  a  certaines 
plantes  de  son  berbier. 


—  22  — 

On  V  iKuivi'  :Hissi  dos  aiinolalions  qui  onl  iiu 
aiilii'  (tl)ji'l. 

I'our  (|ii(l(|iu's  I'sprcrs,  il  a  rorimilo  dos  ol)scM-va- 
lioiis  d'ordii'  in()r|)lu)l(\i^i(|iu'.  II  sii^nalc  de  prete- 
ri'iu'o  k's  caraclcTc's  {|iii  dispaiaissonl  a|)ros  la  dcs- 
sict-alioM.  II  inaniuo.  i>ar  cxeiiiplo,  que  \'Aliis<ium 
iniiriliniiim  a  dcs  lli'urs  odoiaulcs,  et  lo  Daphne 
(inidiinu  di's  hairs  d'uu  jauue  biillaul  ;  que  chez 
Vluiphorhid  I^'plis,  «  scmina  sub  foliis  lalitant.  simi- 
li<t  scmiiuhiisdlhiiiuiloinmA't  sixirgnntsepcr  terrain  ». 
II  rciil  an-(k'ss()us  d'uu  rauieau  iXEphedra  disla- 
chil(t  :  «  linhns  niariiuir,  a  rnslicis  vacatur.  Dulcis  fruc- 
lus  fcri'  siniilis  maris.  Frutc.v  luilde  astringens,  carens 
fat  lis.  n 

('I's  auuolalious  uioutieul  qu'il  etait  bon  observa- 
U'ur,  c[  nous  dcvons  regreller  qu'il  lie  Ics  ait  pas 
uudlipliees. 

II  a  ele  plus  sobre  encore  d'iudicalioiis  relatives  a 
riiabilal.  Nous  u'avons  pu  en  relever  que  deux.  II 
(lit  du  Xcpeta  Cataria  :  «  In  arvis  nascitur  »  ;  et  du 
Mc(lica<i()  scuteltata  :  «  In  Gallia  Narbonensi  reperta.  » 

Nous  uavons  trouve  aussi  que  deux  observations 
ayaiil  trait  aux  proprietes  medicinales  des  plantes. 
II  donnc  la  synoiiymie  de  YEpilohium  paruiflorum 
ScliriO).,  et  entre  autres  iioms  il  cite  celiii  de  «  Herba 
Sancti  Anlonii,  »  qu'il  explique  ainsi :  «  Quod  morbo 
Sancti  Antonii  niedelur  (1).  »  —  A  propos  du  «  Po- 
lium  nwntanum  mare  »  (Teucrium  Polium  L.),  il 
assure  que  «  d'apres  Rondelet,  celui  des  Alpes  est 
plus  cilicace  ». 

Enfin,  pai'iiii  les  inscriptions  de  I'herbier,  il  en 
est  une  dont  la  decouverte  nous  occasionna  la  plus 
vive  satisfaction. 

Dans  Tetude  que  nous  avons  consacree  au  Stir- 


(1)  Cost  lerysipelo  que  Ion  nonimait  aloi's  maladic  de  Saint- 
Antoine. 


—  23  — 

piiim  Adversaria  (I),  nous ^xon?,  etabli  que  cet  ou- 
vrage  celebre,  signe  des  deux  noms  de  Pierre  Pena 
et  Mathias  de  Lobel,  n'etait  pas  roeuvre  personnelle 
dc  ce  dernier,  comme  on  le  croyait  generalement, 
mais  qu'il  avail  eu  pour  principal  auteur  le  Pro- 
vencal Pierre  Pena,  et  que  ce  fut  celui-ci  qui,  nolam- 
inent,  decrivit  et  dessina  toutes  les  plantes  de  la 
llore  meridionale. 

L'herbier  RauwolIT'  nous  a  fourni,  a  I'appui  de 
celte  these,  un  argument  nouveau  et  bien  inattendu. 

Le  second  volume  contient  un  echantillon  de 
Crepis  balbosa  Cass.  L'inscription,  dont  Tecriture  est 
bien  celle  de  RauwoIfT,  porte :  «  Condrilla  pusilla 
marina  lutea  bulbosa  Petri  Pen^  »  et  cette  annota- 
tion est  anterieure  a  1564,  date  de  la  confection  de 
I'index,  puisque  nous  y  trouvons  inscrite  la  meme 
appellation,  un  pen  abregee  :  «  Condrilla  pusilla 
marina.  » 

Le  Crepis  balbosa  est  decrit  et  figure  dans  le  Stir- 
pium  Adversaria,  et  il  y  porte  exactement  le  meme 
nom:  «  Condrilla  pusilla  marina  lutea  bulbosa.  ^)  Le 
Slirpium  Adversaria  n'a  paru  qu'en  1571.  RauwoIfT 
connaissait  done,  sept  ans  au  moins  avant  la  publi- 
cation de  I'ouvrage  (2),  le  nom  cree  pour  cette  Chi- 
coracce  non  point  par  Mathias  de  Lobel,  ni  meme 
par  les  deux  collaborateurs,  mais  uniquement  par 
Pierre  Pena,  ainsi  que  le  declarait  dune  maniere 
expresse  le  botaniste  d'Augsbourg.  Preuve  eclatante 
qu  avantde  rencontrer  Lobel  (a  Montpellier  en  1565), 
Pena,  s'etant  deja  occupe  de  la  flore  meridionale, 
avail  pourvu  d'un  nom,  dont  il  etait  le  seul  auteur, 
certaines  especes  inconnues  jusque  la. 

Comment  RauwolfTavait-il  eu  connaissance,  ante- 


il)  La  Botaniqiie  en  Provence  an  XVI"  siccle  ;  Pierre  Peiid  ei 
Mathias  de  Lobel. 

(2)  L'annotatiou  du  Crepis  bnlbosa  remoutant  certainement  a 
1561  ou  1562,  nous  devrions  dire  nenf  ou  dix  ans. 


—  24  — 

rieurenionl  a  I'nniu'i^  lolU  cl  si  lonj^lemps  avanl  la 
j)ul)lii"ali()n  »U's  Adncrsctria,  (hi  noin  donne  par 
Picni'  PcMia  an  ('rcj>is  bulbos(r? 

A  i-olU'  (iiu'slion  nous   ne  pouvons  rcpondre  que 
par  (k's  conjiH'luros. 

I)rii\  cas  soul  possibles: 

RauwoUT,  ail  coiirs  de  sos  perogrinalions  on  Pro- 
voiu'c  ou  en  Ilalie,  aiirail  reneontre  Pierre  Pena  et 
none  avec  celui-ci  des  relalions  damilie.  —  Ainsi 
([lie  nous  avons  eu  ailleurs  I'oeeasion  de  le  demon- 
Irer,  il  resulle  dii  lexle  ineme  des  Adversaria  que 
Pena  avail  eonsacre  un  lemps  assez  long  a  explorer 
la  Provence.  De  son  cole,  RauNvollT,  eludiant  aMonl- 
pellier,  elail  sans  doule  venu  plus  d'une  fois  en  ce 
nieme  pays.  —  El,  d'aulre  part,  un  passage  des  Ad- 
versaria que  nous  altribuons  avec  certitude  a  Pena 
nous  apprend  que  celui  ci  se  rendit  a  Verone  en 
l")l)ll  Or,  nous  avons  vu  plus  haul  que  Verone  est 
line  des  villes  que  Rauwoltf  visila  celle  annee-la.  Les 
deux  I)otanistes  auraient  done  pu  Her  connaissance 
en  se  rencontrant  soil  en  Provence,  soil  en  Ilalie. 

Ou  bieii  RauwolfT,  etant  venii  une  premiere  fois  a 
Marseille  dans  la  periode  Iof30-lo62,  y  serait  entre  en 
relation  avec  le  pharmacien  Jacques  Raynaudet,  et 
cctte  seconde  hypolhese  est  tres  plausible.  II  a  parlc 
de  Raynaudet  dans  le  recit  de  son  voyage  en  Orient. 
II  le  frequenla  assidument  quand  il  revint  en  1573  a 
Marseille  pour  s'y  embarquer.  Rien  de  plus  naturel 
que  de  supposer  qu'il  le  connaissait  deja,  pour  I'avoir 
vu  oiize  ou  douze  ans  auparavant.  Des  ce  temps-la 
Raynaudet  herborisait  avec  ardeur,  il  s'c4ait  i'ait  une 
reputation  comme  botaniste,  il  avail  des  rapports 
avec  des  personnages  qui  furent  les  amis  de  Rau- 
^vollT:  Jean  Bauhin  et  Conrad  Gesner.  On  peut  done 
admettre  que  lors  de  sa  premiere  arrivee  a  Marseille, 
RauwolfF avail  tenu  a  connailre  le  pharmacien  mar- 
seillais.  Or  une  etroite  amitie  existait  entre  Pierre 
Pena  et  Raynaudet.  Celui-ci,  qui  devait  avoir  dans 


—  25  — 

son  lierbier  des  exsiccala  determines  par  Ic  futur 
auteur  des  Adversaria,  avail  peut-etre  montre  a  Rau- 
wollTle  Crepis  biilbosa  en  I'instruisant  des  noms  que 
Pena  donnait  a  celte  plante  (1). 

Quelle  que  soit,  du  reste,  I'explication  qu'on  en 
puisse  donner,  le  fait  est  constant  :  le  nom  de  Pierre 
Pena,  —  cite  comme  createur  de  Tune  des  especes 
qui  ligurent  aux  Adversaria,  —  a  ete  inscrit  par 
RauwoltY,  dans  son  herbier,  en  I06I  ou  1562.  El 
c'etail  pour  I'apologiste  de  Pena  une  rare  bonne  for- 
tune que  de  Irouver  a  Leyde  une  preuve  aussi  deci- 
sive du  bien-fonde  de  ses  revendications  en  faveur 
de  I'auteur  meconnu  du  Stirpiiim  Adversaria ! 

Nous  allons  maintenant  faire  connaitre  quelles 
sonl  les  planles  contenues  dans  les  deux  premiers 
volumes  de  I'berbier.  Nous  rappelons  que  d'aprcs 
les  enonciations  du  fronlispice,  —  redige  en  termes 
identiques  pour  les  deux  volumes,  —  les  exsiccata 
auraient  pour  provenance  Geneve,  Lyon,  le  Dau- 
pbine,    I'Auvergne,   le  Languedoc  et  la  Provence; 

(1)  Pierre  Pena  declare  dans  les  Adversaria  (p.  83)  quil  trouva 
son  Condrilla  piisilla  marina  au  pied  de  la  colline  de  Cette,  siir 
le  hord  des  etangs  sales  qui  lavoisiiient.  Personne  en  Italic,  dit- 
il,  ne  connaissait  encore  cette  plante  :  »  In  Italia  doctiorum 
nulliis  se  vidisse  nos  monuit,  neque  vidimus  ipsi  alio  loco 
t|uam  secus  insulam  et  lacustres  tractus,  Montis  Cceti  Narbonte 
ad  piscatoruni  attegias.  »  —  RauwolfT  avait  peut-etre  cueilli  a 
(k'tte  Texemplairc  de  Crepis  hnlbosa  conserve  dans  son  herbiei-. 
Mais  nous  croyons  plus  probable  quil  rapporta  cette  planto  dc 
Marseille:  ellc  nest  point  rare  dans  les  sables  maritimes.  et 
Haynaudet  put  lui  en  indiquer  la  station.—  Quoi  qu'il  en  soit. 
la  presence  du  Crepis  bulbosa  dans  I'herbier  de  Leonard  Rau- 
wollV  anterieurement  a  15(53,  avec  un  nom  deja  cree  par  Pena. 
confirmc  une  liypothese  que  nous  avions  formulec  dans  notre 
ouvrage  precite  (p.  174,  note  2,  et  p.  17.'),  note  1),  a  savoir  que 
Pena  ctait  vcnu  a  Montpellier  et  avait  herborise  dans  le  Lan- 
guedoc a  une  cpoque  qui  prcceda  son  voyage  en  Italic,  doii  il 
revint  en  I'lfi.")  pour  .s'inscrire  officiellement  comme  etudiant  a 
la  celebrc  Universite. 


—  26  — 

nous  ;i\()ns  cxprKjiK'  coiniiKMil  il  I'luit  oiilendre  ces 
imlifnlions  gi''()j^r;i|)hi(|iu's,  on  Ics  roslrcigiianl  (runo 
miniiiTc;!  pi'U  pic's  i'\cliisi\ c  an  Lanifuodoc  vl  a  la 
I'idvriu'c. 

llnlic  la  llorc  dc  la  Pioncmk'c  ol  cello  dii  Laiiifiio- 
doo  il  oxislo,  oomino  on  sail,  uno  aflinilo  li-os  f^i-ando. 
Miiiinu'  I'sl  done  k"  noinhro  dos  os[)ooos  oxclnsivo- 
nuMil  indigoiu's  vu  run(M)u  laulfo  dos  dcu\  provin- 
cos.  Nous  oonmionoorons  [)ar  donnor  le  court  relovo 
dos  planlos  pour  los(|uollos  il  nous  a  paru  coiiain 
(pio  Rauwolll"  los  ronconlra  uniquonionl  sur  lo  loni- 
loiio  soil  do  la  Provence  soil  du  Languodoc. 

Four  los  aulres  ([ui,  en  Ires  grande  majorite, 
apparliennenl  siniullanement  anx  deux  flores,  nous 
n'avons,  —  a  doiaul  d'indicalions  precises  d'liabital, 
quo  RauwollTn'a  pas  donnees, —  aucun  moyen  de 
savoir  quels  sont  les  echanlillons  qu'il  prit  en  Pro- 
vence on  ceux  que  lui  iournit  le  Languodoc. 
Cello  distinction  naurait  d'aillours  qu'un  interet 
secondaire. 

Nul  ordre  special  n'a  ete  stlivi  poitr  I'insertibn  des 
planlos  dans  chacun  des  volumes  relies  ;  olios 
paraissent  avoir  ete  placees  les  lines  a  la  suite  des 
autres  an  liasard  des  recoltes,  et  sans  que  notre 
botanisto  ait  eii  la  pensee  de  so  livrer  an  moindre 
essai  de  classification  (1). 

All  lieu  do  donnor,  en  un  soul  bloc,  telle  quo  nous 
I'avons  extraite  des  deux  premiers  volumes  de 
riierbior.  la  lisle  des   especos  communes   au  Lan- 


(1)  Neanmoins  Raiiwolff,  cedant  parfois,  et  peut-etre  incons- 
cicmment,  a  un  bcsoiu  de  coordination  qui  est  inue  cliez 
riiomme,  a  groupe  certaines  plantes  affines.  C'est  ainsi  que  Fon 
trouve,  se  suivant  dans  son  lierliier,  trois  especes  de  Fiimaria, 
trois  de  Cjsfus,  quatre  de  Lathynis,  quatre  d^Aristolochia,  etc. 
h'Erijngium  maritimiim  est  place  a  cote  de  YE.  campestre.  On 
voit  aussi  d'assez  longucs  series  d'ecliautillons  appartenant  a 
quelqu'une  des  families  naturelles  les  mieux  caracterisees  : 
Cruciferes,  Papilionacees,  Synantherees,  Orchidees,  etc. 


—  27  — 

giiedoc  et  a  la  Provence,  nous  avons  mieux  aime, 
afin  (le  la  rendre  plus  attrayante,  la  scinder  en 
series  diverses,  etablies  d'apres  les  conditions  de 
Stat. 

Nous  inscrirons  cnsuite  les  plantes  spontanees 
qui,  n'apparlenant  pas  a  la  flore  occitanienne  on 
provencale,  out  certainement  ete  cueillies  par  Rau- 
wolff,  en  dehors  de  la  Provence  on  du  Languedoc, 
dans  Tun  quelconque  des  autres  pays  enunieres  sur 
le  frontispice. 

Nous  dresserons  enfin,  sans  indication  d'origine, 
une  liste  particuliere  des  plantes  cultivees  (dans 
les  champs  ou  les  jardinsj,  dont  Therbier  contient 
un  assez  grand  nombre. 

Nous  avons  expose  plus  haut  les  raisons  qui  ren- 
daient  parliculieremenl  difficile  la  determination  de 
certaines  plantes  de  Therbier  RauwollT.  Quelques- 
unes  sont  res  lees  tout  a  fait  impenetrables.  Pour 
d'autres  le  genre  seul  a  pu  etre  reconnu  avec  certi- 
tude. L'identite  specifique  de  celles-ci  demeurant 
indecise,  la  nature  de  leur  habitat  ne  pouvait  etre 
lixee.  Nous  devious  done  les  exclure  des  series  diver- 
ses distribuees  en  conformite  des  exigences  phytos- 
tatiques,  et  nous  contenter  d'indiquer  les  genres 
auxquels  elles  appartiennent.  Ce  sont  les  genres 
Fiimaria,  Sisymbrium,  Arabis,  Iberis,  Thlaspi,  Medi- 
ccKjo,  Melilotas,  Trifolinm,  Pastinaca,  Bupleurnm, 
Trayopogon,  Primula,  Cyclameu,  Fraxinus,  Lilhos- 
permum,  Verouica,  Orobanche,  Orchis,  Ophrys, 
Car  ex. 

Sur  les  diverses  listes  dressees  en  conformite  des 
categories  que  nous  avons  etablies,  11  nous  a  paru 
inleressant  d'inscrire,  en  regard  des  appellations  de 
la  nomenclalure  moderne,  les  noms  que  le  createur 
de  I'herbier  avait  adoptes  (1). 

(1)  Lorsque  divers  noms  auront  etc  successivement  inscrits 
au-dessous  des  echaiitillons,  nous  reproduirons  celui  que  Rau- 


—  28  — 

L;i    premiere*   lislo     compriMul    sopl    esiiecos    (juc 
H:ui\v()IIT;ivail  riH'iuMllii's  siir  lo  lerriloirc  provcncal: 

Ilclioplun's  (1).  Helianlhcimiin     lavanduhv- 

Ibliiuii  DC 
Tnuiacdiillia.  Astragalus Massiliensis  Lnik. 

(hniUwpodium  (2|.  (loronilla  Juncoa  L. 

(iliicjirrhizd  .-■////'('«///.%•  (15).        Onohrycliis  supina  !)("-. 
Scseti  Pclu/wiicsidciim  (4).       Thai)sia  villosa  L. 

woKT  a\;ut  dcfinif  i\cment  clioisi  jjoiir  Ic  fairc  fi^urcr  a  lindcx 
(|iril  (Iri'ssa  liii-nu'iiie  on  iri()4,  aiiisi  (lue  nous  lavons  expose 
plus  haiit.  Xous  lie  citeroiis  en  note  les  nonis  delaisses  que  tout 
autaut  ([uil  y  auia,  ii  les  faire  connaitre,  un  interet  particulier. 

(1)  Get  Helianllieme  liit  trouvc  par  Leonard  Rauwolil"  sur  les 
collines  de  la  Provence.  Le  fait  est  atteste  par  Jean  Hauhin,  en 
son  Histoire  dcs  pUtiilcs  [i.  II,  p.  5)  :  «  lieperliis  a  socio  fidcUs- 
siiuo  Leonhardo  Ramvolff  in  montibus  Provincicv.  »  La  plante 
etait  fleurie  au  mois  de  inai.  Jean  Bauhin  lui  donna  dabord  Ic 
noni  dii  Hclidnthcs  »  ou  «  Ilelianlhcmiim  rccluni  :  »  mais  plus 
tard  il  i)ensa  qu'il  fallait  ridentitier  avec  le  «  Cistiis  folio  Laven- 
dutw,  »  trouve  par  Charles  de  lEcluse  en  Espagne,  ct  eest  sous 
ce  noni  (juil  la  decrite  dans  son  ouvrage. 

(2)  Cette  Coronille  abonde  sur  les  eollines  qui  cntourent  Mar- 
seille. Elle  n'est  point  inscrite  dans  la  Flore  de  Montpellier,  de 
Loret  ct  Barrandon. 

(3)  En  inserant  cette  plante  dans  son  herJiicr,  RauwoIfT  avait, 
au-dessous,  ecrit  Ic  noni  dc  «  Pohjtjahun  (iesncri.  a  (lesner.  en 
ctTet,  appelait  «  Polygaion  «  VOnobnjchis.  Lorsque  Charles  de 
I'Escluse  controla  les  determinations  de  RauwollT,  il  proposa 
"  Glycynidza  sylveslris,  »  qui  tut  accepte  par  lauteur  de  I'her- 
bier.  Celui-ci,  dapres  le  temoignage  de  Jean  Bauhin,  avait 
cueilli  cet  Onobrychis  prcs  d' Aries:  «  Diligens  siniplicium  inda- 
gator  Leonhardus  Uauwolffius  prope  Arclatcni  in  Provincia 
mense  Maio  collegit.  »  (HisL,  t.  II,  p.  3;jri.) 

(4)  «  Defercbatur  nobis,  —  ecrit  Jean  Bauhin,  —  non  longe  ah 
Arelata  in  Provincia  di  Sant-Martin  a  Leonh.  Rauwolflio.  » 
(Hist.,  t.  Ill,  p.  186.)  —A  Saint-Martin  de  Crau.  oil  existe  au- 
jourdhui  un  village  et  une  station  du  chemin  de  fer  P.-L.-M., 
il  n'y  avait,  au  xvr  sieclc,  quune  petite  chapclle  et  une  auberge 
oil  s'arretaient  les  voyageurs  qui  allaient  d'Arles  ii  Salon.  Rau- 
wollT avait  fait  ee  trajet,  ainsi  que  le  constate  linscription 
initiate  de  Iherbier :  la  ville  dc  Salon  y  est  appelee,  com  me  on 
I  a  vu.  «  Chalon  de  Crau  «. 


—  29  — 

Chamcvmehim  inariiuim.        Antheiiiis  secundiraniea  Biv. 
(^Sans  noni)  (1).  Teucrium     pseudo-chamse- 

pitys  L. 

Les  especes  que  nous  devons  considerer  comme 
recoltees  par  Rauwolff  en  Languedoc  sont  les 
suivanles  : 

Betonica.  Dianthus  Monspessulanus  L. 

Rhus  Pliiiii  (2).  Coriaria  myrtifolia  L. 

Chainaiea  (3).  Cneorum  tricoccuni  L. 


(1)  Rainvollf  n'a  jamais  su  quel  noni  donner  ii  cctte  German- 
dree,  qui  est  une  des  raretes  dc  la  florule  des  environs  de 
Marseille.  Aucun  nom  n'est  inscrit  ni  sur  la  page  oit  I'eclian- 
tilion  est  fixe,  ni  a  la  table  oil,  en  regard  du  numero  de  pagi- 
nation, I'.n  blanc  a  etc  laisse.  C'est  a  cet  eehantillon  et  a 
(luehpies  aiitres  dcmeiires  innommes  que  se  '-apporte  la  jjhrase 
finale  de  lindex  du  second  volunrj:  «  Spdlia  niimeris  siiis 
rclicta,  planlas  miiihs  coijnilas  deskiiutnt.  »  —  Nous  aurions  lieu 
d'etre  surpris  que  loracjue  HauwoUT  fit  reviser  sou  herl)ier  par 
(Charles  de  I'Escluse,  celui-ci  n"ait  pas  reconnu  la  plante  ii 
lacpielle,  I'ayant  rencontree  en  Kspagne,  il  donna  lui-menie  le 
nom  de  «  PhciicIo  cliama'pilijs  »,  si  nous  ne  savions  que  la 
revision  de  Iherbier,  anterieurea  la  confecti(jn  de  lindex  (1564), 
preeeda  aussi  le  de])art  de  Clusius  pour  FKspagne.  Ce  voyage 
s'efVectua  en  l.")!)!.  \'ers  la  fin  de  Tanuee  precedente,  Clusius 
etait  venuii  Augsbourg  afin  de  s'entendrc  avec  Antoine  Fugger, 
pere  de  deux  Jeunes  gens  quil  devait  prendre  pour  compagnons 
de  route.  Ccst  evidemment  en  cette  eireonstance  que,  mis  en 
relation  avec  Leonard  KauwolfT,  il  acccjita  de  jjasser  en  revue 
les  collections  cjue  le  jeinie  dcjcteur  en  medecine,  tout  recemment 
rentre  ii  Augsbourg,  rapportait  de  France  et  d'ltalie. 

(2)  Le  premier  volume  de  Iherbier  contient  deux  specimens 
de  (]oruiria  mijrlifolia,  places  sur  des  feuillets  ditferents,  a  quel- 
que  distance  Fun  de  lautre.  Tons  les  deux  sont  inscrits  ii  la 
table  sous  le  nom  de  "  Rhus  Pliiiii  ■.  Mais  dans  rherl)ier  le 
niemc  nom  a  etc  applique  la  premiere  fois  en  cette  forme  : 
«  Rhus  Plinii  existimatus  »,  et  la  seconde  fois  :  «  Rhus  Plinii 
vocant  It.  —  Dans  le  SHrpiuni  Adi^crsaria,  le  Coriaria  est  appele 
«  Rhus  mijrlifolia  Monspclicnsinm  ■>. 

{',])  Le  Cncoruni  tricoccuui,  aussi  bien  que  le  Coriaria  mijrli- 
folia. existe  en  Provence;  mais   I'uu  et  Lautre  y   sont  rares,  et 


—  30  — 

Mcdica'  !ipccirs(\).  Mcdicago  sculcllnla  All. 

Scoltiinns  sjilvcstrifi.  ('.ynara  Cardunculus  L. 

Acanthus  {2).  Acanthus  mollis  L. 

Mflinim  Mdllu'olo  {'A).  ("il()l)ulaiin  Alypuiii  L. 

Aristolocliid  loiu/a  (4).  Arislolochia  longa  L. 

Dracontiiiin  minus  (5).  Arum  Dracuiiculus  L. 

I'dinnu'  on  no  Ics  y  trouve  (|ireii  dos  licux  ou  il  iiapparait  pas 
([lie  !?aii\vollT  soil  alio  pendant  son  i)rcniier  sc'Joui'  dans  la 
I'l-ancc  nu'iidionale.  nous  dcvions  supposcr  quil  k-s  avait  piMs 
aii\  cnvinins  dt-  Montpellicr.  oil  ces  deux  especes  sont  lieaucoup 
jjIus  repandues. 

(1)  Leeliantilion  inserit  sous  le  noni  de  '(  Mediccv  species  » 
est  aeoompai,'ne  de  cette  mention  (pie  nous  avons  eu  I'occa- 
sion  de  eiter  un  peu  plus  liaut  :  «  In  Gallia  Narbonensi 
rcpcrla.  >  I'ltcrieurenicnt  HauwoltT  ajouta  :  «  Trifoliiim  coclilca- 
luin  priiimni  Reiuperli  Doilonwi  ».  La  nouvelle  indication  etait 
fort  cxacte  :  c'est  ])ien  au  Medicago  sciiiellata  All.  que  Rembert 
Dodoens  (Pc7?i/j/.  IV,  lib.  iv)  avait  donne  le  noni  de  Trifoliiim 
covhlcaiiim  priiuiim  :  «  Galli  hujuscemodi  Trifolium  Vlierbc  au 
liniasson  nuncupant  »,  ecrivait-iL 

(2)  Le  Slirpiiim  Adversaria  nous  apprend  que  LAcanthe  crois- 
sait  alors  dans  dcs  vergers  dolivlers  situes  pres  des  remparts 
de  Montpcllier,  et  aussi  en  dehors  de  la  Porte  Saint-Gilles,  iibi 
pharmacopcei  coUigerc  solebant.  C'est  vraisemblablement  en  cette 
station  que  RauwolfT  alia  querir  le  specimen  de  son  hcrbier.  — 
h  Acanthus  mollis  existe,  tout  au  moins  a  Tetat  subspontane,  en 
divers  endroits  de  la  Provence  australe. 

(3)  Nous  Savons  d'oif  provient  le  rameau  de  Globnlaria 
Alfipum  qui  figure  dans  la  partie  de  Ihcrbier  formcc  de  1560  a 
loti'i  :  il  fut  pris  sur  la  coUine  de  Cette.  —  On  en  trouve  un 
autre  echantillon  dans  le  ((uatrieme  volume,  parmi  les  plantes 
colligces  en  Orient.  Rauwolff  rencontra  la  Globulaire  Turbith 
dans  la  region  du  Liban;  et  en  etiquetant  le  specimen  rapporte 
de  la.  il  ajouta  :  «  Reperi  et  in  monte  Ceti  prope  Magelonam, 
Ilerba  terribilis  vulgo.  »  Pour  lexplication  du  nom  d'Herbe  ter- 
rible, donne  en  Languedoc  a  cette  Globulaire,  voir  ce  que  nous 
avons  dit  dans  notre  etude  sur  Pierre  Pcna  et  Mathias  de  Lobel. 

(4)  Plante  assez  commune  dans  le  Languedoc,  trcs  rare  en 
Provence . 

(5)  Au  temoignage  du  Stirpium  Adversaria .  VArum  Dracun- 
culiis,  que  ce  livre  nommait  »  Angiiina  Dracuntia  »,  etait  alors 
spontaue  aux  alentours  de  Montpellier.  Nous  avons  doune 
quehpies  details  ace  sujet  dans  I'ouvragc  dcja  cite  (Pierre  Pena 
et  Mathias  de  Label). 


—  31  — 

Nous  abordons  maintenant  rimportaiite  serie  des 
plantes  qui,  ctant  tout  a  la  ibis  iudigenes  dans  le 
Laugiicdoc  et  la  Provence,  ont  pu  indifferemment 
etre  recueillies  par  Leonard  Rauwolff  en  I'une  ou 
I'autre  des  deux  provinces  limitrophes.  Mais,  ainsi 
que  nous  I'avons  annonce,  et  de  crainte  qu'une  liste 
trop  longue  ne  devint  fastidieuse  au  lecteur,  nous 
I'avons  fragmentee  en  plusieurs  series,  etablics 
d'apres  la  nature  de  la  region  vegetale  a  laquelle 
chaque  espece  s'adapte. 

Dans  la  premiere,  nous  avons  reuniles  especesqui 
usurpent  volontiers,  bien  que  spontanees,  le  sol  pe- 
riodiquenient  soumis  au  labour,  et  qui,  d'une  lacon 
indirecte,  prolitent  ainsi,  en  parasiles,  des  soins 
donnes  par  I'homme  aux  plantes  qu'il   cultive  (1)  : 


Nigella  sijlvcstris  (2).  Adonis  aulunmalis  L. 

.4/?  (ilaiicinm  ('A).  I^»aMiieria  hybrkla  DC. 
Cnmiimm  sylvestre  allcnim 

Malhioli.  tiypccouni    procumbens  L. 

Fiimi  terra'  species.  Fnmaria  spicata  L. 

Eriica  major.  '             Raplianus  I^andra  Mor. 

Ernca.  Diplotaxis  lenuifolia  DC. 

Eriica'  ypecics.  —          viminea  DC. 

Sijnapi  species.  Bunias  Erucago  L. 

Thlaspi  species.  Iberis  pinnata  Gouan. 


(1)  Nous  avons  admis  siir  cette  liste  quelques  plantes  qui  se 
contentent  au  bcsoin  du  voisinagc  immediat  des  terrcs  culti- 
vees:  lisieres  des  ehamps,  bord  des  cheniins,  ete. 

(2)  Le  nom  de  «  Nujella  sylvestris  »  est  une  correction  de  Charles 
de  I'Escluse.  Rauwolff  avait  appele  cet  Adonis  «  Anemones  «. 

(3)  Rauwolff  avait  ecrit  dans  Iherbier  :  «  Papaveris  cornicu- 
Inti  species)).  Clusius  ajouta  :  a  Aliqui  Glauciiim  esse  piitant  ». 
Comme,  dans  cette  note,  il  n'affirmait  pas,  Rauwolff,  en  redi- 
geant  la  table-,  a  fait  preceder  le  mot  Glaiiciiim  de  la  particule 
dubitativc  an. 


—  32  — 


Philcnma  Monspcllicnsiiim 

(1). 
Oxis  /lore  liilco. 
Mciiic(Ujo  piirpiirca  (2). 

Aphaca. 
Lnthiiri  species. 
Lalhijii  (lUcra  sj)ecies. 
Telephiiun  {'M. 
Gimjidii  species . 
Cmiccdis. 
Seiietio. 
(hjitiuis. 

Si)iiia  sulslilidlis. 
Hieracii  species. 
Sonchns  hrris. 
Sonclius  (ispcr. 
Onohrichis . 
Heliolropinm . 
Solanuin  Iioiiensc. 
Ehdine. 

Vri.iciv  feel  idee  species. 
Sijderilis  (4). 
S!puj)!ionia  Plinii  (5). 
.{rislolochia  longa  Germa- 
iiicd  (()). 


Hcscda  Pliytcuma  L. 

Oxalis  corniculala  L. 
Modicago   falcato-sativa 

Hchb. 
Vicia  saliva  I.. 
Lathynis  C.iccra  L. 

—  aniuuis  L. 
Coronilla  scorpioidcs  Koch. 
Orlaya  platycarpos  Koch. 
Turj^cnia  hUifolia  Hoil'iu. 
Senecio  vulj^aris  L. 
Onlaurea  (>yanus  L. 

—        solstitialis  L. 
Hliagadiolus  stcllatus  DC. 
Soiichus  oleraceus  L. 

—  asper  Vill. 
Specularia  Speculum  A.l)('. 
Hcliotropium  Europivum  L. 
Solanum  nigrum  L. 
Linaria  spuria  Mill. 
Lamium  amplexlcaulc  L. 
Stachys  annua  L. 
Amarantus  Blitum  L. 

Aristolochia  Clematitis  L. 


(1)  L  insirii)tion  de  I'licrhicr  ])()rtc  :  »  Philenma  MonspcUienscs 
vacant  planlam  similem  secniidce  specici  Sesanioidis  Fuchsii.  » 

(2)  Correction  de  Clusius  ;  Ramvolff  avait  mis  :  «  Lofi  species  »>. 

(3)  La  piantc  avait  ete  en  premier  lien  etiquetee  ainsi  : 
«  Scorpiuides  Mathiolo)) .  Gcs  denx  mots  ont  ete  ensuite  bitTes  et 
remplaces  par  ceux-ci  :  «  Telephiiun  Fuchsia  ». 

(4)  Lechantillon  est  accompagne  de  ces  trois  nonis.  inscrits 
lun  au-dessous  de  lautre  :  "  Sydcris.  —  Teti((hil.  —  Hcrbd 
Judaicu.  >i 

(5)  Correction  de  Clusins  :  le  nom  inscrit  primitivement  dans 
Iherbier  etait  :  «  Amaianti  species  vcl  Blili  n. 

(fi)  H  Aristolachiu  Clenudis.  si  alia  nan  designalnr  >>.  avait 
ccrit  l\au\volfT  an  bas  de  la  page  d'berbier.  Eii  redigeant  lindex, 
il  a  adopte  la  modification  indiqnee  par  Charles  de  TEscluse. 


—  33  — 

Tithijmali  species    helios- 

copios  (1).  Euphorbia  hclioscopia  L. 
Tithijmali  species.  —         segetalis  L. 

Merciirialis  mas.  Mercurialis  annua  L.  (fern.)- 
Merciirialis  fcemina.  —  —         (male). 

Asphodelus  bnlbosus  Galeiii.  Ornithogalum    Narbonense 

L. 

Hyacinthiis.  Muscari  racemosum  DC. 
Hyacinthiis  major.  —      comosura  Mill. 

Xyphinm  (2).  Gladiolus  segetum  Gawl. 

Phalaris  Pliiiii  Fiichsii.  SetariaverticillataP.Beauv. 

Void,  d'autre  part,  les  plantes  nombreuses  qui 
peuplent  les  terres  incultes.  II  convenait  de  les  sub- 
diviser  en  deux  categories  :  celles  qui  croissent  sur 
un  sol  aride,  expose  aux  rayons  d'un  soleil  brulant, 
et  celles  qui  reclierclient,  au  contraire,  les  stations 
ombreuses  et  fraiches. 

Coninie,  tant  en  Provence  qu'en  Languedoc,  les 
garigues  (3),  landes  pierreuses  el  seches,  occupent 
une  vaste  etendue,les  plantes  xerophiles  de  I'herbier 
RauwolfT  formeront  la  plus  longue  de  nos  listes  (4) : 

Flammnla.  Clematis  Flammula  L. 

Mclanthiiim.  Nigella  Daniasccna  L. 


■o^ 


(1)  Nom  propose  par  C.hisius  ;  Rauwolff  navait  rien  c-c-rit 
au-dessoiis  du  specimen. 

(2)  Dans  Iherbier,  Rauwolff  avail  dabord  eerit  le  nom  de 
«  Gladiolus  »  avant  celui  de  «  Xiphium  ». 

(3)  Le  mot  francais  garigiie,  ainsi  orthographie  par  Littre,  est 
la  traduction  du  jjrovencal  garrirjo  :  celui-ci  a  pour  racine 
(jctrric,  nom  que  les  Provencaux  donncnt  au  Qnerciis  coccifcra  : 
le  Chene  Kermes,  Ijuissonnant  et  rampant,  est,  en  effet,  I'essence 
doniinante  dans  les  garigues  de  la  Provence  et  du  Languedoc. 

(4)  Notre  liste  de  plantes  xerophiles  comprend  non  seulement 
les  cspeces  qui  habitent  les  garigues,  mais,  dune  manierc  gene- 
rale,  toutes  celles  qui  s'accommodent  des  terrains  arides, 
champs  en  friclie,  lieux  sablonneux,  talus  des  routes,  vieux 
murs,  etc. 

3 


34  — 


Papavcr  cornicnlalnm. 
Aliisxniu  mi  mm  (1). 
(S;uis  iiom). 
Lniuirid  hisciihtla. 
(Uslns  fa-mimt  (2). 
C.islus  mas. 
Lndaniim. 
IlcUnnlhcs. 
Alsiiu's  species, 
(tcraiiium  maludtum. 
(HTdiiiiiin. 
Riild  sjilri'slris. 
PlujUircd  Mdlh. 
Lcnlisciis  (if). 
Tcvchinlhiis  (4). 
Smudcli. 
.Spdrlimn. 
Aspaldlus  sccundd. 
Trifolinin  dnjcnldlnm. 

Lupimis  sijlvestris. 

Amynis  In  lea. 

Meliloti  qnavlum  gcmis  (o). 


(ilnuciuiii  navuin  Cranlz. 
Alyssiun  cainpcslre  L. 
Draba  imiralis  L, 
HiscuUila  l;vvij^ata  L. 
C.islus  albidus  L. 

—  salvifolius  L. 

—  Moiispolicnsis  L. 
I'uiiiana  viscuia  Spach. 
('.orasliiiiii  Yiscosuni  L. 
r>odium  nialacoidcs  Willd. 

—        ciconium  Willd. 
Piiila  inontana  Clus. 
Hhaiiiiius  AlattM'nus  L. 
Pislacia  Lciitiscus  L. 

—  Tercbinthus  L. 
Rhus  Coriaria  L. 
Spartium  junccuni  L. 
(ItMiisla  Scorpius  DC. 
Ari^yrolobiiim   Linn?eanum 

AYalpers. 
Lupinus  anguslifolius  L. 
Ononis  viscosa  L. 
Trigonclla  corniculata  L. 


(1)  (^cst  Cli'.siiis  (jui  a  sulistituc  ce  nom  a  celui,  primitivement 
inscrit,  dc  «  Thlaspi  atujiislifoUa,  sive  species  Alyssi  qiiibusdam.  » 

(2)  Aprc's  avoir  c'crit  lout  d'abord,  au  l)as  de  rechantillon,  Ic 
nom  d(.'  "  (Usliis  fcvinina  »,  RauwoliT  avail  clTace  le  mot  foe  mi  iia 
qui  a  etc- onsuite  rc-tabli  par  Clusius. 

(.'))  Linscriplion  de  Iherhier  porte  :  «  Lentiscnr,  a  qua  Masti- 
rite.  »  (^cst  unc  allusion  a  colle  sortc  dc  rcsinc  nommee  inaslic 
que  dans  Ic  Levant  on  extrait  du   Lentisque  par   des  incisions. 

(1)  L'licrbier  contient,  sur  des  pnj^es  qui  se  suivcnt,  deux 
rair.caux  dc  Tci'cl.Mntlic.  Le  second  monlre,  avcc  cette  annota- 
tion :  «  Excrc^ccuiia  Tercbinlhi  »,  Ics  cxcroissanccs,  semblables 
a  des  gousses,  que  produit  la  piqure  dun  inscctc,  un  Aphidien 
du  gcure  Pemphigus. 

(5)  L"annotation  de  rechantillon  est  ainsi  concue  :  «  Meliloli 
qnartum  (jeuns,  sive  Ilalica  Fiichsii.  Oliin  Saxifraqa  liilen.  «  Ces 
trois  derniers  mots  out  eteensuite  bifles.  Dans  son  De  historia 
siirpium  commentarii  insiijnes,  Leonard  Fuclis  avait  effective- 
ment  represcnte,  sous  le  nom  de  Melilotiis  Itdlica.  noire  Trigo- 
nclla corniculata. 


35  — 


Trifolii  species  (1 1. 

Trifolinin  lidcniv. 
Doriciiiiiin. 

Auricula  nuiris  (2). 
A  s  t  rag  alas  Monspclii. 

Tri folium  bilnminosain  (3). 

(Sans  nonii. 

Lathyri  speries  minor. 

Scorpioides  (4). 

Ornithopodium  ('•)). 

Cncumer  asinimis. 

Paronichia. 

Hcrniaria. 

(Sans  nom). 

Gingidinin  Fachsii. 

MyrrJus  sylveslris  (G). 


Trifolium  stollatiim  I.. 

—  angustifolium  L. 

—  canipcstrc  Schrcb. 
Dorycnium     suITruticosinn 

Vill. 
Bonjcania  hirsuta  Rchb. 
Astragalus       Monspcssula- 

nus  L. 
Psoralea  bituminosa  L. 
Lathyrus   sphoericus    Retz. 

—  sclifolius  L. 
Scorpiurus   subvillosa  L. 
?  Hippocicpis  comosa  L. 
Ecballiuni  Elatcriuni  Ricli. 
Polycarpon  tetraphylluni  L. 
Hcrniaria  incana  Lnik. 
Saxifraga  Iridactylites  L. 
Orlaya  grand iilora  Hoirni. 

?  Torilis  Hclvclica  (inicl. 


(1)  Ccttc  :i])iK'llaU()n  sjippliquc  aux  deux  cchantillons  de  T. 
stellatiini  ct  T.  (tngnstifoUnm,  qui  out  (ite  colics  siir  la  nicnic  page. 

(2)  «  Aiivicidii  maris  »  est  le  nom  designc'  par  Charles  de 
rEsclusc.  Rauwolif  avait  mis  :  «  Pes  Icporis  ». 

(,'5)  I^e  Psoralcd  figure  deux  fols  dans  riierbicr,  sous  Ic  mcme 
nom  de  "  Trifolium  Inlnminosnm  »;  mais  au  has  du  second 
exemplaire,  Rauwolft'  a  posterieui'enieni  ajoute  ees  deux  r.iols  : 
«  aspiiallites,  [(vlidiim   •>. 

(4)  I>"auteui'  de  riicrbier  naccepta  ])oint,  i)our  cettc  Pajiilk)- 
nacce,  la  rectification  proposec  par  (Charles  de  rEscluse.  11 
avait  tout  d"aI)ord  ccrit  lui-nieme  nu-dessous  de  la  plante  : 
«  Scorpioidirt  species  »  :  (-iusius  mit  ensuite  :  i'  Lagunis  ».  Mais 
en  dressant  son  index,  Rauwolft"  se  decida  pour  «  Scorpioides  ». 

(-■))  L'echantillon  n'ofVrant  ni  innorcsccnee  ni  fruclitlcation, 
on  ne  peui  dire  de  iaeon  certainc  s'il  appartient  a  Vllippocrcpis 
comosa  L.  on  a  VH.  gUtiica  Ten.,  c?i)cce  asscz  commune  dans 
la  region  du  Midi. 

(())  La  mention  suivante  accompagne  lYchanfillon  :  «  CaiicaUs 
vulgaris  quibusdam.  Mgrrhi^  sijlvcslris  nunc  I'uclisio,  ni  fallor  ». 
Cette  reserve  etaic  j)rudentc  :  RauwolfTse  trompait  en  efl'et.  Sous 
le  nom  de  «  Mijrrljis  sylveslris  >i,  Fuchs  (op.  cit.)  a  represenle 
VAnihriscns   sijlvcslris  Pers.  {ClucrophijUum  sijlvestre  L.)  Rieli 


-  36  — 


Fcriild  minor, 
lurnicnluiu  l()rliu).<um  (1) 
l-:iai)hohosciini. 
Hnjtujiuin  ccnliim  capiUt. 
lUibia  inajor  (2). 
(Htllium. 
PoU'iuoniiiiu  i'A). 
V//v/(f  (lurni. 
C.liriisocoinos  sjx-cics  (4). 
Aslcr  Alliens  pnrpnrcns. 
Arlhcinisia  nionoclanos. 
x\.slcr  Alliens  Intens  (.")). 
Conijza  major. 
Sto'chas  cilrina. 
Gnaphalinm. 
Acanllms  sijlueslris  (G). 


Ferula  nodillorii  L. 
Scscli  lortuosiim  L. 
l^ui)leiiruiii  rij«i(iiiiii  L. 
Krvn^iiim  c'am])c'slr('  L. 
Huhia  pcr('i*rina  I.. 
Galium  corruda-ioliuni  Vill. 
Ccntranlhus  ruber  DC. 
Soli(laf*o  virga  aurea  L. 
Phas^nalon  sordiduni  D(-. 
Aster  acris  L. 
Senecio  viscosus  L. 
Asleriscus  spinosus  G.  G. 
Cupularia  viscosa  G.  G. 
Helichrysuni  Sta'clias   DC. 
Filago  Gernianiea  L. 
Echinops  Ritro  L. 


([ue  Ic  specimen  de  riierl)ier  soit,  conime  tant  d'autres,  en  etat 
inconiplct.  nous  pouvons  affirmer  qu'il  n'appartient  pas  a  VAn- 
Ihriscns  si/Incstris  ;  nous  avons  eru  y  reconnaitrc  Ic  Toiilis  Hel- 
vclica,  plaute  tres  commune  dans  le  Midi  dc  la  France. 

(1)  Rauwolff  avait.  en  premier  lieu,  annote  de  cette  manierc 
son  echantillon  de  Seseli  :  «  Meiini  vacant,  sed  falsb,  mco  jndi- 
cio.  Alias  Fa'nicuhini  ».  Plus  tard  il  ajouta  :  «  Monspclii  vocaiii 
Fa'niculum  lortiiosiun  >\  et  c'est  cc  dernier  nom  quil  transporte 
eusuite  a  I'index. —  Quelqucs-uns  des  phytographes  du  xvi"  sie- 
cle  croyaient  avoir  retrouve  dans  cette  Ombellifere  la  plante  (|ue 
Dioscoridc  appelalt  Seseli  dc  Marseille  et  a  laquelle  il  attrihuait 
une  merveilleuse  efficacite  pour  la  guerison  de  certaincs  maladies. 

(2)  La'plante  ne  portait  point  de  nom  dans  riierbier  ;  celui  de 
i<  liiibia  »  fnt  indique  par  Charles  de  TEscluse.  RauwollT  ajouta 
le  mot  «  inajor  »  quand   il  fit  scjn  index. 

(3)  Le  nom  de  >i  Polemoninm  »  est  dii  ii  Clusius;  RauwoliT, 
embarrasse,  n'avait  pas  etiquete  son  echantillon. 

(4)  Denomination  encore  suggeree  par  Clusius.  RauwolfT,  ne 
saehant  quel  nom  donner  ii  cette  plante,  s'etait  contente 
d'ecrire :  a  Herba  odorata  ut  Stcechas  cilrina."  Clusius  ajouta  : 
«  Crijsocomos  ea  species  videlur.  ■» 

(5)  RauwolfT,  apres  avoir  ecrit  au-dcssous  de  lechantillon : 
(' Asler  Alliens  Monsp.n,  avait  ajoute  cette  retlexion  :  a  Xon 
nude  mihi  videlur  convenire  descriplioni.v 

(6)  Rectification  de  Clusius.  RauwolfT  avait  mis  :  «  Carlina 
Monspelii,  flore  cccruleo.  » 


37 


Cardiins  Maria'. 
(Sans  noni). 
Eriiigii  species  (1). 
Cyani  species. 

Cnici  species. 

Sesamoides  parviim  (2) 
Hieracii  species. 

Tragopogon. 

Chondrillar  species. 
Piilmonavia  Italica. 
An  Hieracii  species. 
Glohnlaria. 
Rapiuicahim  (3). 
Ericce  species  alia . 
Ericas  species. 
Erica'  species. 
Syinphylum  petrceum. 
Philhjrea  Monsp.  (4), 
Asclepias  (5J. 


Sih'biim  Marianum  Gacrtn. 
Centaurea  collina  L. 

—  Calcitrapa  L. 

Microlonchus    Salmanticus 

DC. 
Kcntrophyllum    lanatum 

DC. 
Catananche  cjerulea  L. 
Urospermum    Dalechanipii 

Desf. 
Podospermiim  laciniatuni 

DC. 
Sonchus  tenerrimus  L. 
Hieracium  prsecox  Sch.-Bip. 
Andryala  sinuata  L. 
.lasione  montana  L. 
Campanula   Rapunculus  L. 
Calluna  vulgaris  Salisb. 
Erica  arborea  L. 

—    scoparia  L. 
Coris  Monspeliensis  L. 
Phillyrea  angustifolia  L. 
Vincetoxicum  officinale 

Mcencli. 


(1)  Nouvelle  correction  de  Clusius.  Rauwolff  avait  ecrit  siin- 
plcment  :  «  Calcitrapa  » . 

(2)  Rauwolff  avait  alnsi  annote  son  echantillon  de  Microlon- 
chus :  (I  C.ijani  species  piilchra  ».  (Le  mot  piilchra  fut  supprimc 
;i  riiidex.)  II  se  servit  exactement  dc  la  meme  formule  jjour 
designer  Ic  Catananche .  Plus  tard  il  ajouta  «  Sesamoides  par- 
vnm  Malh.))  et  cast  ce  dernier  nom  qu'il  a  transcrit  a  la  table. 

(3)  Cette  Campanule  figure  deux  fois  dans  Therbier,  toujours 
sous  le  nom  de  « Rapnncnlnm  ». 

(4)  Le  Phillyrea  angustifolia  y  a  ete  aussi  insere  deux  fois. 
Nous  donnons  le  nom  inscrit  a  la  table,  correspondant  au  second 
excmplaire.  Ce  nom  a  sul)i,  tant  dans  I'herbier  qu'a  la  premiere 
inscription  de  la  table,  diverses  variations  dorthograplie  :  «  Phi- 
lira  Mathiolo.  Philirea  Cordi,  Phihjrina  Cordi,  Philira  Mons- 
pclii  et  Cordi  ».  Rauwolff  I'avait,  en  premier  lieu,  appele  a  Spina 
Biirgnndiaca  ». 

(5)  L'annotation  sous  Techantillon  porte  ceci  :  «  Asclepias 
Fuchsia  nunc  negante  Mathiolo.  f> 


—  ;{8  ~ 

Citsctilti  (1».  C.uscuta  opilhynuim  Tluiil. 

AiH'hiisd.  Alknnna  lincloria  Tausch. 

Lihdiiotis  Rlwridelclii.  Lithospcrmuin     iVuticosuin 

I,. 

('iiuonlossiiiu.  C.ynoj'lossuni  I'licirUoliiiiu 

^■///UK//o.s,sY^  --  ])i(iiiPi  Ail. 

Scsdinoidis  y.pccica.  Scroplui'.aria  canina  L. 

Aniliirinuiu.  Antirrhinum  niajiis  L. 

I. ilium  udondiiin  (2).  Linaria  striata  DC. 

Con's  {^).  Odonlik's  lutca  Hchh. 

Sl(rrlui:s  Aidlu'cd.  Lavandula  Sta'chas  L. 

I'lujiniiiu.  Tliynnis  vulifaris  I>. 

Iliissopuin  luonldniuii.  Hyssopus  ol'ficinalis  L. 

(Aildiiiinlhd.  (".alaniintha  N(.'i)ela  Link. 

Aclhiopis.             _  Salvia  J']thiopis  L. 

Sidcrilis  (4).  —      vcrbcnaca  L. 


(1)  L'echanlillon  sc  compose  uniqucment  de  filaments  depour- 
viis  de  ncnrs.  Nous  etions  autorise  a  suijijoscr  cpi'il  appartient 
au  C.  cpithijmum  par  Ic  motif  (pic  voici  :  it  y  a.  sur  la  page  qui 
precede,  un  ccluinliUon  de  Thijiuns  vuhjdvh  cnvelojipe  des  fila- 
ments tie  la  Cuseatc,  et  rauLcur  de  llicrhier  a  ecrit  au-dessous: 
«  Tli'.jinna  cum  Epilliynw  Arabuiu,  non  Diuscoridis.  Est  tdnlnin 
Cdscida  ainbiens  Thijinnui.  » 

(2)  Les  ir.ols  «  ftorcs  candidi »  sc  lisent  en  P.aut  de  la  page, 
ecrits  de  la  main  de  Clusius. 

(15)  On  pourrait  croirc  quen  donnant  a  I'Odoiidilcs  lutca  Ic 
nom  de  «  Coris  »,  Ilauwolif  conimettaii  une  errcur  de  nomen- 
eialure.  11  suivait  en  cela  MatUiiole  cpii,  le  ijremicr,  avait  ainsi 
nomme  cette  Seroiiliulariec.  (rest  dans  Ics  Advcrsarid  de  Pena  ct 
L!)!)c!  qu'on  tronve  le  r.om  de  n  Coris  MonspclidCd  »,  applique 
poui'  la  i)reniiere  fois  au  Coris  Moiispclicnsis  de  Linne,  que  cer- 
tains ileristes  du  temps,  ct  nolammcnt  Camcrarius,  a])pelaient 
i'  Sijinpliyliiiii  pclrcvum  It .  On  a  vu  un  pen  plus  haut  que 
liauv.oHY  avait  lui-mcme  adoi)te  cette  denomination  i>our  la 
{^oris  de  Montj)ellicr.  Ajoutons  quaiin  de  coujjcr  court  a  toute 
cijni'cisicn,  Jean  IJauhiii,  en  son  llisloirc  univcrscllc  dcs  Plantes, 
l)rit  le  parti  de  designer  la  Primuh;ree  sous  Ic  nom  de  «■  Coris 
Monspessiiidr.d  purpnvcd  ■)  ct  VOdoulitcs  sous  celui  de  "  (^.oris 
Monspcssnlana  liilca  ». 

(-!)  Indication  de  (Jusius,  sul)stituee  a  la  denomination  pri- 
mjiivement  donnee  par  Uauwollt'  :  c  Sclarecc  species  <>. 


39 


Herba  cat  I  or  la  d). 
(Sans  noiii^. 

Verbasciim  sylvcsli-e. 
Verbasci  species  (2), 
Sideritidis  species . 
Chaimvpilhis. 

Iva  inoschata  Monspeliensis. 
Chaincednjs  Theophrasti. 
Polinm  monlamim  (3). 
Holoslinm  Monspeliense. 
Coronopns  vulgaris. 
(Sans  noni). 
Globnlaria  (4). 
Camphorata. 

Thyma'lea  (5). 
(Sans  nom)  (6). 
Pistolochia  (7), 
Tithijmali  species . 


Ncpcla  Cataria  L. 
(ialcopsis    angusti folia 

Ehdi. 
Phloniis  Lychnitis  L. 

—  Ilcrba-vcnti  L. 
Sidcritis  hirsuta  L. 

Ajuga  Chamticpitys  Schreb. 

—      Iva  Schreb. 
Teucrium  Botrys  L. 

—  Polium  L. 
Plantago  albicans  L. 

—       C.oronopus  L. 
Armeria  plantaginea  AVilkl. 
Globnlaria  vulgaris  L. 
Camphorosma  Monspeliaca 

L. 
Daphne  (inidium  L. 
Cj'tinus  Hypocistis  L. 
Aristolochia  Pistolochia  L. 
Euphorbia  serrata  L. 


(1)  Dans  rhcrbier,  Rauwolff  avait  ecrit  :  «  Calaminthcv  qiubiis- 
dam  Fnchsio,  nunc  Siisijmbriuni  Diosc.  In  amis  nascilur.  >; 

(2)  Rectification  de  Chisius.  L'annotation  primitive  de  I'herbier 
portait  :  t  Parietaria  Cordi  vacant.  » 

(3)  L'annotation  inscrite  sous  rechantillon  est  ainsi  concue  : 
«  Potium  monlamim  mare  [un  mot  illisible]  crescens  et  effica- 
cins  Alpino,  secundum  Rondelctium.  » 

(4)  II  y  a  dans  Therbier  :  «  Globnlaria  Anguillara:  ».  Le  nom 
dAnguillara  a  etc  omis  a  la  table.  II  aurait  dii  y  ctre  reproduit 
afin  dempecber  une  confusion  entre  cette  Globulaire  et  le 
Jasione  montana  auquel  deja  Rauwolff  avait  applique  la  deno- 
mination de  Globnlaria. 

(5)  Lecbautillon  est  ainsi  annote  :  «  Tbijmcvlea.  Bacccp  lutece 
pellucida'.  »  Et  au-dessous,  de  la  main  de  Clusius,  confu-mant 
cette  fois  la  determination  de  son  ami  :  «  Thijmivlea  » . 

(6)  Trois  ou  quatre  pieds  de  Cijtinus,  encore  adherents  a  la 
racine  du  Cistus  MonpcUcnsis,  figurent,  sans  indication  speciale, 
sur  la  page  occupee  par  un  rameau  du  Ciste. 

(7)  On  lit  au  bas  de  rechantillon  :  «  Aristolochia  sivc 
Polijrhijzon  ». 


—  40 


Tillijiindlux  chdidcias  (1 
Polinin  nuiximniii. 
Jililnm. 

llt'.r  cocci /'era  (2). 
.hiiiiiicrns  nuijor  ('.V). 
(.cdrua  (1). 
Ih/acinlhi  species. 
Asi>ho(icIiis  (5). 
Asj)(tr(i<iits  sijlvcstris  (G). 
Narcissi  species. 
Alopccnrus. 
CMrainiiiis  species. 


luiphorbin  ('linrncins  L. 
Meic'uriiilis  lonuMilosa  L. 
Pariclaria  (liHusn  M.  ci  K. 
Quercus  coccil'cra  L. 
Jiinipcnis  Oxycedriis  L. 
I'luLMiicca  L. 
Scilla  auluninalis  L. 
Asphodcliis  ccrasif'er  (lay, 
Asparagus  acutilbliiis  L. 
Narcissus  dubius  (louan. 
C-ynosurus  cchinalus  L. 
Bracliypodium   ramosum 
RcKm  et  Sell. 


(1)  Ia-  noni  dc  CharncidS  a  civ  iiuli(|iie  par  Clusius.  Rnmvolfi 
avait  mis  siniplcment  :  «  Tithijimili  species  i). 

(2)  L"hcrl)icr  contient  deux  cchantillons  separes  de  Qiierciis 
coccifcra.  Lc  premier  est  nomme,  tant  dans  Tinterieur  qira  la 
table:  «  Ilex  coccifcra  ».  Le  second  est  appele  dans  Iherbier  : 
«  Ilex  minor  sive  coccifcra  »,  et  a  la  table  :  «  Ilex  minor  ». 

(3)  L'annotation  de  Iberbier  donne  la  synonymie  suivante  : 
I'  Cedrus  Muthiolo. —  Cedritis  Rondeletio.  -  Juniperus  major  aliis.» 

(4)  Au-dessous  de  reeliantillon  le  mot  «  Licia  »  est  joint  a 
celui  de  «  Cedrns  «. 

(5)  Nous  avons  ete  surpris  de  ne  pas  voir  represeute  dans 
Iherbier  VAsphodehis  fistulosus.  Pourtant  nous  savons  ])ar  le 
temoignage  de  Jean  Bauhin  que  Rauwolff  avait  rencontre  en 
Provence  cette  Liliacee.  En  traitant,  dans  son  Histoire  des 
Planles  (t.  II,  p.  031),  de  t  «  As2)hodeliis  minor  folio  fistnloso  », 
Haubin  ecrivait  :  n  Ante  quadraginta  annos  descripsimus  plan- 
tam  repertam  mense  Maio  in  Provincia  per  studiorum  socium 
Leonhard  Hauwolff,  Augustanum  medicum,  cum  essemus  Mons- 
])elii.  »  Les  expressions  emplo3'ees  par  Jean  Baubin  montrent 
quil  travaillait  encore  en  1602  a  sa  vaste  compilation  :  Rauwolff 
avait  alors  cesse  de  vivre  depuis  plusieurs  annees.  Nous  avons, 
en  eouipulsant  cet  ouvrage,  fait  une  remarque  :  le  nom  de 
Rauwolff  nV  est  jamais  cite  a  propos  de  plantes  du  Languedoc  ; 
ce  sont  toujours  des  plantes  de  la  Provence  que  Baubin  declare 
lui  avoir  ete  communiquees  par  son  ami  d'Augsbourg.  Nous  en 
concluons  quecelui-ci,  pendant  quil  etudiait  a  Montpellier.  etait 
venu  frequemment  berboriser  en  Provence  et  sans  y  etre  accom- 
pagne  de  Jean  Baubin . 

(6)  Dans  I'berbier  le  nom  de  «  Corriida  sylvestri.'i  »  avait  ete 
ajoute  a  celui  d'  "  Asparagus  sylvesti'is  ». 


—  41  - 

Notre  seconde  lisle  de  plantes  des  lieux  incultes 
comprend  les  especes  auxquelles  il  faut  un  terrain 
frais,  I'abri  des  haies,  le  voisinage  et  I'ombre  des 
arbres,  tant  sur  les  hauteurs  que  dans  les  vallons  : 


Thalictriun  majns  (1). 
Chelldoniiim  minus  (2). 

Slaphisagria  (3). 
Nasturlii  species. 
Trinilas  Fiichsii. 
Polygalon  Fiichsii. 
Ocijmoides. 
Saponaria. 
Geranii  species  (4). 
Acer. 

Evonymiis. 
Paliiiriis  (5). 

Genislella. 
An  Cijtisiis  (6). 


?  Thalictrum  majus  Jacq. 
Ficaria    ranunculoidcs 

Mocnch. 
Delphinium  Slaphisagria  L. 
Cardamine  hirsuta  L. 
Viola  tricolor  L. 
Polygala  comosa  Schk. 
Lychnis  dioica  DC. 
Saponaria  officinalis  L. 
?  Geranium  sanguineum  L. 
Acer  Monspcssulanum  L. 
Evonymus  Europiieus  L. 
Paliurus  australis  Roem.  et 

Sch. 
Genista  pilosa  L. 
Cytisus  sessiliiolius  L. 


(1)  Echantillon  sans  fleurs  ni  fruits. 

(2)  L'annotation  de  I'herbier  donne  les  trois  syuonymes  sui- 
vants  :  "  Mnlancissiis  minor  Fiichs.  —  Chelidoniiim  minus 
Math.  —  Scrophnlariti  minor.  >■> 

(3)  Dans  Iciir  Flore  de  Montpellier,  Loret  et  Barrandon  disent 
de  la  Staphisaigre  :  «  Cette  plaute,  commuue  pres  de  Montpel- 
lier  au  xvi«  siecle  et  recherchec  alors  comme  medicinale,  y  a 
ete  detruite  par  les  botanistes  et  les  proprietaires  dcfricheurs.  » 

(4)  Fragment  de  tige  non  fleurie. 

(5)  Ici  Rauwolff  n'a  point  admis  la  correction  iudiquee  par 
Clusius  :  «  Rhamni  species  ».  II  a  maintenu  a  la  table  le  nom 
de  Paliurus  qu'il  avait  ecrit  dans  I'herbier. 

(6)  La  plante  na  recu  dans  I'herbier  aucune  indication  de 
nom.  En  redigeant  la  table,  Rauwolff  s'cst  demande  si  ce  ne 
serait  point  un  Cytisus.  Bien  que  lechantillon  soit  fort  incomplet 
et  deteriore,  nous  avons  cru  y  reconnaitre  le  C.  sessilifoliiis, 
arljuste  tres  repandu  dans  les  bois  de  la  Provence  et  du 
Lauguedoc. 


42  - 


(iljicjinluzd  sijlin'slris  (1). 
doltili'd. 
Araciis. 
Ochros  (2). 
C.olulca  scorj)i()i(lcs. 
Rostuiiiu  siilt'i'striiiin  species. 
Riihus  caiiimis  ('.)). 
(Sails  noin), 
Bnjonia  {W. 
I'mbilicus  Veneris  (.")). 
Peucedannin. 
Cancalis. 
S(inieiil((. 
C.oi-nns. 

Virga  sangiiinea  (0). 
Arlheinisia  racenwsa. 
Conyza  media  (7). 
Ai  bill  US. 

TrifoUum    friilieans    Dodo- 
n<ei  (8). 


Aslrn^ahis  j^l\  i-yphx  llos  1.. 
(lolulea  arborcsccns  L. 
^'ic•ia  Narbononsis  L. 
Latliynis  c'lisirolius  Ikularo. 
{^oronilla  I^nicrus  L. 
Hosa  ijimpiiu'llilolia  L. 
(^ralivgus  monogyna  .hK'(|. 
Sorbus  Aria  C.ranlz. 
liryonia  dioica  .laccf. 
Umbilicus  pendulinus  D(^. 
Pcuccdanum    oriicinalc   L. 
Tordyliinn  maxinuini  L. 
Sanicula  Huropani  L. 
(k)rnus  mas  L. 

—      sanguinea  L. 
Senccio  erucifolius  L. 
Cupularia  graveolens  G.  G. 
Arbutus  Unedo  L. 

Jasminum  fruticans  L. 


(1)  Norn  suggere  par  Clusius  ;  Rauwolff  n'avait  pas  pu  deter- 
miner ccttc  espc'ce. 

(2)  I^ectification  de  Clusius;  Rauwolff  avait  ecrit  :  «  Ervum 
sativum  olim  Fuchsio,  mine  Lathijriis  ». 

(3)  Cc  nom  emane  encore  de  Clusius.  Celui  donne  par  Rau- 
wolff etait  <i  O.vijacanlhu  Mathiolo  «  ;  (Hiarles  de  lEscluseeerivit 
au-dessous  :  «  Riibiis  cnhinus  sive  Cynosbatos  ». 

(4)  Lannotation  sous  la  plante   porte :  «  Vitis  alba  Brionia  ». 

(5)  Dans  Fherbier,  le  mot  «  Cotyledon  »  precede  les  deux  autres 
qui  seuls  ont  ete  inserits  a  la  tal)le. 

(6)  Au  has  de  rechantillon  les  mots  v  Ligiistri  species  »  avaient 
ete  inserits  avant  «  Virga  sangninea  ». 

(7)  Primitivcment  Rauwolff  avait  donne  a  cette  Corymbifere  le 
nom  de  «  Conisa  minor  »  ;  il  ajouta  plus  tard  le  nom  de 
«  media  ». 

(8)  L'echantillon  porte  en  outre  cette  annotation  :  c  Polemo- 
ninm  vacant  Monspelii.  »  —  (Test  en  effet  le  nom  dc  Polcmoninm 
que  les  botanistes  de  Montpellier  donnalent  au  .J(isnunu)}i  fru- 
ticans. (WStirp.  Adversaria,  p.  389.)  —  Rauwolff.  sur  la  foi  de 
Clusius.  avait  applique  le  nom  de  Polemoninm  au  Ccntrantbus 
ruber. 


43 


Vinca  pcrvinca. 
Ascyri  genus  (1). 
Lychnis  (2). 

lihamnas  ])rinnis   Dioscori- 

(lis  (3). 
Blaitaria. 
Sphacelus  (4). 
Agnus  caslus  Yilcx. 
Bolris. 
Lcnirns  (5). 
Cassia  lignea  Monsp. 
Aristolochia  rotunda. 
Buxus. 
Lotus  aibor. 
Ulnms. 
Ilex  aiburea. 
Ornilhogalum  minus. 

Allium  sylvestrc. 
Spatula  ftvtida. 
Tesliculus  odoralus. 
Celerach  (6). 
Polypodinm. 
Lonchilis  altera  (7). 


Vinca  nuijor  L. 
(Milora  pcrfoliata  L. 
Lithospernuun     purpurco- 
cirrulcum  L. 

Lj^ciiim  Europa?iini    L. 
Verbascum  Blatlaria  L. 
Tcucriuiii  Scorodonia  L. 
Vilex  Agnus  castus  L. 
Chenopodium  Botrys  L. 
Lauriis  nobilis  L. 
Osyris  a!l)a  L. 
Aristolochia  rotunda  L. 
Buxus  sempcrvircns  L 
Celtis  australis   L. 
Ulnms  canipcstris  Sin. 
Qucrcus  Ilex  L. 
Ornithogalum    tenuifolium 

(luss. 
x\lliuni  roseum  L. 
Iris  iVjelidissiuia  L. 
SpirantliesautumnalisRich. 
C.etcrach oriicinaruni  Willd. 
Polj'podiuni  vulgarc  L. 
Aspidium  aculeatuni  Dcell. 


(1)  »  Asi  !iri  genus  0  est  iine  indication  forniulec  pr.r  Clusius 
])our  rcmpliiccr  le  noni  de  «  Pcrfoliala  liilcii  »  qne  liauwolff 
avait  d'aJjord  adopte. 

(2)  0  Lijchnis  »  est  de  Clusius  ;  liauwollf  avait  appcle  cettc 
Horrai^inee  «  lAlhospcrmum  Anclnisce  facie.  ». 

(;{)  Syn<.nynie  ajonte  dans  l'licrl)icr  :  «  Paliiirus  primus  Plinii  n. 

|4)  Denomination  su!)stiLuee  i)ar  (>li'.sius  a  celle  dc  'i  Scordinin 
Alj>iimm  ^  que  Rauwollf  avait  choisie. 

(5)  Le  Laurier  est  ecrtainement  spontane  dans  la  rej^ion  niedi- 
terraneenne,  liicn  que  cerlains  floristes  ne  le  considerent  que 
comme  suhsijontane.  On  lo  trouve,  quelquefois  en  grande  abon- 
dance,  dans  la  paiiie  la  plus  ehaude  de  la  I^rovence,  sur  le  Ijord 
des  pctits  cours  deau. 

(())  L'inscription  de  i'lierbier  porte  :  «  Asplcninm  Ccteracli  ». 

(7)  Dans  I'annotation  de  riicrhier.  Rauwoltt  avait  plus  tard 
inscrit  eomnic  synonyme  :  «  Drijopteris  Math.  ». 


44 


Triclionuiiics  d ). 
.[(liiiiili  Icrtid  species  (2). 

lujiiiseli  species  ('^). 


Asplciiiiini  Trichoinnncs  L. 
Asplcnium     AdiaiiUmm-ni- 

gruin  L. 
Kquiscluin  arvcnse  L. 


Par  line  Iransilion  loulc  natiirellc,  nous  arrivons 
aux  planlcs  cjiii  demandont  le  voisinage  cl  (jiiohjue- 
fois  k'  conlacl  iiilcM  inillciil  des  eaux,  dans  les  [)rai- 
ric's,  sur  les  berges  dos  riiissoaux  ou  le  hord  des 
niarais,  sous  les  rocailles  huniides,  etc. 


PJiu  aqnaticnm. 

Liinim  pralense. 
Althcva. 

Medicce  species  (4). 
Loli  species  (5). 

Trifolii  species. 
Lysiinachia  purpurea  (6). 


Thalicti-uni  Medlterraneum 

Jord. 
Linum  calliarticum  L. 
Althioa  olCicinalis  L. 
?  Medicare)  niaculata  Willd. 
Tetragonolobus    siliquosus 

Uolh. 
Bonjeania  recta  Rchb. 
Epilobiuni     parviflorum 

Schreb. 


(1)  Avant  le  nom  de  Trichomanes,  reproduit  a  la  table,  Rau- 
wolffavait,  dans  I'herbier,  ecrit  celui  de  «  Polytrichiim  )).  On  3- 
voit,  au-dessous  de  n  Trichomanes  »,  le  mot  «  officinarum  » 
ajoute  par  Clusius. 

(2)  Rauwolff  n'avait  pas  cletei  mine  cette  Fougere.  C'est  Charles 
de  I'Escluse  qui  a  ecrit  sous  I'echantillon  la  denomination  trans- 
portee  ensuite  a  I'index. 

(3)  Meme  observation  pour  la  Presle ;  Rauwolff  ne  s'etait  pas 
prononce.  Clusius  ecrivit  en  marge  de  lechantillon  :  «  Credo 
Equiseti  speciem  esse  ». 

(4)  Lechantillon  n'otfre  que  des  feuilles.  sur  lesquelles  nous 
croyons  avoir  apercu  les  taches  caracteristiques  du  Medicago 
maculata. 

(5)  On  ne  trouve  pas  dans  I'herbier  I'indication  de  «  Loti 
species  »,  inscrite  a  la  table  ;  on  lit  au-dessous  de  rechantillon  : 
«  Trifoliiun  hileiim  Mathiolo  ». 

(6)  Trois  sj'nonymes  sont  indiques  dans  I'annotation  qui 
accompagne  la  plante  :  »  Lysimachin  purpurea  Fiichsio.  —  Filiiis 
ante  patrem.  —  Hcrba  Sancli  Anlonii,  quod  moi  bo  Sancti  Antonii 


—  45  - 


Lysimachitc  species. 

Tarnarisciis  (1). 

Levisticum  (2). 

Sion. 

Apiiim  (3). 

Alisma. 

Agevatum  Mesiiei. 

Calaminthtv  iertia  species  (4) 

Anagallis  tcriia  Lobelii  (5). 

Lysimachia  liitea. 

Scrophiilaria  major. 

Scordium. 

Malrisaluid.     . 

Pcrsicaria. 

Ilydropiper. 

Populiis  cdba. 

Narcissi  species  (6). 


Lythrum  Salicaria  L. 
Tamarix  Gallica  L. 
Silaus  pratensis  Bess. 
Berula  angustifolia  Koch. 
Apiuni  graveolens  L. 
Senecio  Doria  L. 
Achillea  Ageratum  L. 
Pulicaria     djsenterica 

G?ertn. 
Samolus  Valerandi  L. 
Lj'simachia  vulgaris  L. 
Scrophularia  aquatica  L. 
Teucrium  Scordium  L. 
Salvia  pratensis  L. 
Polygonum  Persicaria  L. 
Polygonum  H^dropiper  L. 
Populus  alba  L. 
?  Narcissus  poeticus  L. 


medetiir  ...  Le  imd  de  saint  Antoine    est  un  nom  que    Ion  don- 
nait  a  rerysipele,  alnsi  que  nous  lavons  indique  plus  liaut. 

(1)  Dans  riierl)ier  le  nom  de  «  Tarnarisciis  »  est  suivi  de  celui 
de  «  Myricd  ... 

(2)  La  mention  inscrite  au  has  de  rechantillon  est  ainsi  con- 
cue  :  «  Ligiistnim  Mathiolo,  et  nunc  Fncbsio  et  Gesnero  ». 

(3)  <'  Apiiim  sioe  Eleoseliniim  »  ,  porte  rannotation  de 
riicrbier. 

(4)  L'index  reproduit  iei,  en  la  modifiant  un  peu,  la  denomi- 
nation appliquee  dans  I'herbier  a  la  Pulicaire  :  «  Calanujutha; 
Icrliiim  c/cniis  Fiichsio  ».  Cest  en  effet  le  P.  dysentcrica  que 
Leonard  Fuehs  a  ties  fidelement  represente  sous  le  nom  de 
«  Calamintluc  tertium  genus  >>  {op.  cit.). 

(5)  «  Anagallis  tertia  »  est  bien  le  nom  que  Mathias  de  Lobel, 
dans  son  Stirpinm  Observationes,  a  donne  au  Samolus.  Ainsi  que 
nous  lavons  cxplique  plus  haut  (note  de  la  page  16),  11  rc- 
sulte  de  cette  circonstance  que,  longtemps  apres  la  confection 
de  son  herbier,  Rauwolff  travaillait  encore  a  remplir  les  blancs 
qu'il  y  avait  laisscs.  II  ne  put  determiner  son  cchantillon  de 
Samolus  que  posterieurement  k  Tannee  l.")7(5,  jjuisque  ce  fut  seu- 
lement  en  cette  annee-la  que  parut  I'ouvrage  de  Lol)el. 

(6)  Le  mauvais  etat  de  rechantillon  fait  naitre  quelque  doute 
sur  ridentite  specifique  de  ce  Narcisse. 


40  — 


Ciipilltis  Veneris  (1). 
IC(]uiscliiin  (2). 


Adianllnim    ('.apillus-Vcmc- 

ris  L. 
l-l(Iiiiscluni  Tolnialcya  I'lhrli. 


Lo  gionpo  (los  pinnies  vorilableiuciil  (KjiKiliqiies, 
V('p;('l:inl  an  milieu  des  eau\  douces,  —  couranles  ou 
(loi  inanles,  —  esl  represenle  dans  les  deux  premiers 
volumes  deriierbierparles  cinq  especesqui  suivenl: 


Mjiriophijllum  prinmm  (.'>) 
XiiiuplKCd  (tlhd. 
Sysimbrinm  (4). 

Pcdiciilaiis  niaxiinu . 
Potamogclon. 


Ranunculus  aquatllis  L. 
Nynq)luva  alba  L. 
Nasturtium  officinale  R. 

Rrown. 
Pedicularis  palustris  L. 
Polamogeton  fluitans  Roth. 


Leonard  Rauwolff  eul  Toccasion,  aiissi  ])ien  en 
Languedoc  qu'en  Provence,  de  recolter  sur  le  littoral 
de  In  Medilerranee  un  assez  grand  nombre  d'especes 
mari times  : 


Viola  mririiui  (3). 


]\Ialcohnia   liltorea   R. 
Brown. 


(1)  I.innc  n  cu  k'  bon  esprit  de  laisser  a  la  Capillaire  le  nom 
que  (loniiaieiit  a  cclle-ei  les  botanistesdu  wv  sieele  ;  et  ee  r.oni. 
([lie  Uainvi)irt'  a  un  jjeu  raecourei  dans  son  index,  figure  en 
entier  au  l;as  de  lechantillon  :  «  Adianliim  Capillns  Veneris  ». 

(2)  La  synouNinie  suivante  accompagnc  rcxcniplairc  d'E.  Tcl- 
malcija  :  <<  Hippiiiis.  —  Cauda  equina.  —  Equisclum.  » 

(3)  En  inserant  eette  Renoneule  dans  son  iierluer.  RauvvolfT 
I'avait  ainsi  designee  :  «  Ranunculi  nquatici  species  ".  Celte  appel- 
lation valait  bien  celle  de  "  Mijriophjjlluni  »  conseillec  par 
Cbarlcs  de  lEseluse. 

(4)  La  denomination  eompletc,  inscrite  au-dessous  de  1  eehan- 
tillon,  est  eelle-ci  :  «  Sysimbrinm  Cardamine,  Naslurtiiini 
aquaticuni  «. 

(,"))  Nom  indique  par  Clusius  :  HauwoUT  avait  eerit  :  «  Leu- 
coium  maiinum  '>. 


47 


Raphanns  marinus  (1). 

Nasturtium  inarinum  (2). 
Raphanns  niarinns, 
Sesamoides  niinns. 
Cijlisi  species  (3). 
Pastinaca  marina  (4). 
Eryngium  mar  imam. 
Aster  Atticus  pnr parens. 
A hsijnthinm  Seriphinm. 
Gnaphalinm  marinnm . 


Matthiola  sinuata  R. 

Brown . 
Alyssum  maritimum  Lmk 
Cakilc  maritima  Scop. 
Reseda  sufrruticulosa  L. 
Medicago  marina  L. 
Echinophora  spinosa  L. 
Eryngium  maritimum  L. 
Aster  Tripolium  L. 
Artemisia  (iallica  Willd. 
Diotis  candidissima  Dcsf. 


(1)  Rauwolir,  nc  distinguant  pas,  ainsi  qui!  est  probable,  le 
Makobnia  du  Mattliioht,  avait  applique  a  cette  seeonde  cspece 
le  menie  iiom  de  «  Leiicoiiim  inarinum  ».  C'est  encore  Clusius 
([ui,  pour  le  Mailhiola,  a  marque  :  «  Raphanns  marinas.  »  P>au- 
Avolt'f,  conime  on  va  le  voir,  donnait  ee  dernier  noni  an  Cakilc 
inarifima,  pour  lequel  Clusius  aurait  dii  indiquer  une  autre 
denomination,  puisque,  d'apres  lui,  le  «  Raphanns  marilimns  » 
etait  la  Crucifere  que  nous  appelons  aujourdhui  Matthiola 
sinuata. 

(2)  On  trouve  un  excmplaire  iVAlyssum  maritimum  dans  clia- 
cun  des  deux  premiers  volumes  de  I'lierbier.  lis  sont  I'un  et 
lantre  enregistres  a  lindex  sous  le  menic  ncm  de  «  Nasturtium 
niaiinum  .>.  Mais  linscription  qui  aeeompagne  le  premier  ecb.an- 
tillon  est  ainsi  fornuilee  :  «  Nasturtium  marinnm  posset  vocari. 
Flares  odoralos  [un  mot  illisible]  hain't  acrinioniam.  »  ~  Quoi- 
f|u'il  alteclionne  beaueou])  le  voisinage  de  la  mer,  VAlijsiium 
/Jia;//(;;)(/;?i  s"en  eloigne  parfois,  de  meme  que  quelqucs  autres 
des  especes  qui  composent  cette  liste. 

(I!)  L'eehantillon  elait  ainsi  nomme  :  «  TrifuUum  marintim  vet 
?}Ie(lica  marina  ».  Clusius  e\)rrigea  et  mit  :  •'  Cijtisi  species  )\  La 
eori-eclion.  accejjtee  par  Rauwoll't',  fut  inseree  a  I'index. 

(4)  II  y  a  dans  Therbier  :  n  Pastinaca  nmrina  Anguil  [lara'] 
vacant  ».  Charles  de  rKscluse  ecrivit  au-dessous  :  «  Chrithmum 
sativum  ».  Mais,  exeeplionnellement,  Hauwolff  na  pas  acquiesce 
i\  la  rectification.  —  Clusius  etait  loin  davoir,  a  cette  epoque, 
la  science  et  le  coup  dccil  qui  lui  out  valu  sa  grande  renommee. 
Dans  ses  corrections,  il  jette  les  noms  un  peu  a  tort  et  a  tra- 
vers.  Nous  verrons  plus  loin  que  cette  meme  appellation  de 
<f  Crithmum  sativum  »,  11  1  indiqua  aussi  pour  le  Salsola  Kali  : 
cette  seeonde  fois,  Rauwolff  raccueillit . 


—  4S 


Empctvnm    phacoides    lu- 

leuni  (I). 
Lacliica  nuiriiin  (2). 
Condrilld  piisilld  luarina  (i?). 
Soldaiiella  (4). 
Aiitirrhiimin  album  (5). 
(A)roiwpiis  nuirina. 
Limoniuni  ((V). 
lieeii  riihri  .species. 
Porlnlacn  marina  (7). 
Cidi  herba. 
Ambrosia'  species. 


Inula  crithmoidcs  I^. 
Sonc'Inis  mariliimis  L. 
C.rcpis  bulbosa  C.nss. 
Convolvulus  Soldanclla  L. 
Trixago  Apula  Stcv. 
Planlago  niarilinia  L. 
Stalice  Liiiionium  L. 
—      virifala  NVillci. 
Obionc  i)ortulacoi(les  Mo([. 
Salicornia  fruticosa  L. 
Suaida  maritinia  Dumort. 


(1)  Lc'chantillon  est  ainsi  ctiqiiete  :  "  Critbini  scgiindn  spe- 
cies Malhiolo.  —  Qidbnsdani  Aster  Ailicus  mariims  )'.  —  Clusius 
inscrivit  au-dessous  la  denomination  que  I'index  a  reproduite. 

(2)  Le  Sonchus  mnritinuis  n'est  ici  represcnte  que  par  un 
jeune  pied,  trcs  pcu  developpe  :  il  est  neanmoins  reconnaissa- 
hle. —  Le  noni  dc  «  Lactiica  marina  «  est  inscrit  a  lindex;  la 
note  de  Iherhicr  portait  :  «  Lactiicam  inarinciin  possiiiniis 
voc(tre  ».  —  Taljenia'montanus  a  donne  le  nom  de  Lacliica 
marina  a  une  Algue  qui  est  devenue  Yl'lva  Lactiica  de  Linne. 

(3)  Voici  le  texte  complet  de  liinnotation  dont  la  table  ne 
donne  que  les  premiers  mots  :  «  Condrilla  piisilla  marina  luica 
hiilbosa  Petri  Pcna'.  planta  marina.  ->  —  Nous  avons  dejii  eu 
loccasion  dexposer  que  dans  le  Stirpinm  Adversaria,  qui  est 
signe  de  Pierre  Pena  et  Mathias  de  Lobel,  niais  dont  la  redaction 
est  en  majeure  partie  l^.ncuvre  personnelle  de  Pena,  Ic  Crepis 
bulbosa  est  decrit  et  figure  sous  ce  meme  nom  de  c  Condrilla 
piisilla  marina  liitea  bulbosa  ».  Voir  plus  haut  (page  22)  tout 
ce  que  nous  avons  dit  a  ce  sujet. 

(4)  Dans  riicrbicr.  les  mots  «  Brassica  marina  »  accompagnent 
celui  de  «  Soldanclla  ». 

(5)  Noustrouvons  au  bas  de  lechantillon  une  petite  note  ([ui 
explique  ainsi  le  nom  d' Antirrhinum  :  «  propter  formam  simi- 
lem  vitiili  naribus  ».  Cest  une  allusion  evidente  au  vocable 
populaire  «  Mutle  de  veau  »,  qui  s'applique  a  plusicurs 
Scrophulariees. 

(6)  L'inscription  dc  1  herbier  donne  comme  sjnonj'mc  :  v  Been 
riibriim  Mathiolo  h. 

(7)  Le  nom  de  «  Portulaca  marina  "  est  precede  dans  I'her- 
bier  de  ces  indications  :  ;•  Ilalimiim  quibiisdam,  sed  falsa,  meo 
judicio.  —  An  forte  Crithmum  ». 


-  49  — 

Crilhmon  saliimm  (1).  Salsola  Kali  L 
^''■«^"^-  -       Tra<^us  L. 

PolHjomimmavimun.  Polvgonum  maritiuuini  L. 

^>^'«  <2).  Euphorbia  Pcplis  L. 
Titluj/nahis  Paralias.  —  Paralias  I.. 

Riibns  niariims  (3).  Ephedra  distachva  L. 

Asparac/us  marinus.  Asparagus  scabcV  Brign. 

Ilcmerocallis  (4).  Pancratium  maritimuui  L. 

Cijperiis  marinas.  Cypcrus    schcrnoidcs    Gri- 

seb. 

Cauda  imlpina.  Lagurus  ovatus  L. 


Avec  les  plantes  mariliines,  nous  avons  a  men- 
lionner  une  Plianerogame  marine  que  posskle  I'her- 
h'lev :  le  Posidonia  Cmilini  Krenig.  Rauwolff  ne  lui 
avait  point  trouve  de  nom  :  Charles  de  rEsclusc 
ccrivit  :  «  Alga  ». 


(1)  Les  trols  denominations  «  Cali  hcrlxi  »,  «  Ambrosuc  spe- 
cies »  et  «  Crithmon  ■Milhnim  »,  onl  cln  fournics  par  Charles  de 
rEscluse. 

(2)  Le  mot  Pcplis  est  suivi  dans  riierl)ier  de  eette  indication, 
que  nous  avons  deja  eitec  :  «  Semirut  sub  foliis  luiitaui,  similia 
seminibus  tithimalunim  ;  spariiiiiit  se  per  Icrram  ».  —  Au  sujet 
du  nom  de  la  i)lante,  Clusius  avait,  en  ces  Icrmes.  exprime  un 
doute  :  «  An  ClKunccstjcc  Diosc.  ct  Curdi  ■>  ;  mais  Rauwoltl"  nc  sv 
est  point  arrete,  et  dans  son  index  il  a  maintenu  le  nom  de  Pcplis. 

(3)  Dapres  lannotalion  de  rcehantiiio;i,  «  linbns  mdriniis  ,> 
etalt  un  nom  vernaculaire  :  «  linbas  niarinns  a  rnslicis  voca- 
iiir  V.  Rauwolif  }•  a  ensuite  consigns  ses  observations  person- 
nelles  :  «  Dnlcis  [un  mot  illisihle]  fvncLns  fere  similis  maris  [les 
fi-uits  du  murier].  Frnter.  valde.  astrin(]cns,  carens  foliis  v,  Les 
auleurs  du  Stirpinni  Adrersarid  declaraient  fp.  .'io."))  avoir  man.ne 
avec  grand  plaisir,  quand  ils  etaient  a  Montpellier,  les  fruits  dc 
I'Ephedra,  que  les  peehcurs,  les  matelots  et  aussi  les  etudiants 
a])pelaient  du  nom  provencal  de  Rasin  dc  mar.  «  II  }-  en  avait, 
ajoutaicnt-ils,  une  si  grande  ahondanee  qu'on  aurait  pu  en 
charger  des  chariots  ». 

(4)  «  Hemerocallis  »  est  de  Clusius  ;  I'lauwollT  avail  uomme 
cctte  plante  «  Fancratinm  ». 

4 


—  50  — 

L;i  lloio  (ios  haulos  nionlagnos  est  aussi  ropre- 
U'c  dans  les  deux  i)icinieis  voluinos  do  I'herbier. 
Coninu'  nous  savons,  par  Ics  tMionciations  du  Iron- 
lispice,  quv  RamvollT  etail  alio  horhoriser  dans  Ics 
Cevcnncs  el  Ics  nionlagnos  do  la  Lozoio,  nousavons 
drosso  unc  lisle  speeiale  dos  planlos  (pfil  avail  pu 
rapporlor  de  cello  region  0)  '•  , 


Aconilmn  licoctonum. 

Ilcsprris  siilvcslris. 

Pcntiiphijllum  aigcnlaluin. 

Sorbus. 

Meiim  Gennaniciim  (2). 

Gen  liana. 

(Sans  nom). 

Diijildlis  hileu  minor. 

Bislorla. 

Bifoliiim  (3). 

Manns  Chrisli  (4). 


Aconitum  lycoctonum  L. 
Anibis  Alpinn  L. 
Ak'heiiiilla  Alpina  L. 
Sorbus  aucuparia  L. 
Meuni  alhanianticum  Jacq. 
Gcntiana  lutea  L. 
—        verna  L. 
Digitalis  lutca  L. 
Polygonum  Historla  L. 
Maianthenuim  bifolium  DC. 
Nigritella  angustifolia  Rich. 


Apres  avoir  cnumere  toutes  les  especes  qui,  etant 
communes  au  Languedoc  el  a  la  Provence,  ont  du 
pour  la  pluparl  elre  recollees  par  Leonard  Rauwolff 
sur  le  terriloire  do  I'une  on  de  I'aulre  province,  il 
nous  resle  a  faire  connailre  les  plantes   spontanees 


(1)  Nous  avons  souniis  cette  liste  a  uotre  ami  CJi.  Flahault, 
professeur  de  botanique  a  I'Universite  de  MontpcUicr,  afin  qu'il 
en  controlat  lexactitudc  au  moyen  de  ses  propres  herborisations 
dans  les  memes  regions. 

(2)  L'inscription  placce  sous  I'Lchantillon  portait  d'abord  : 
«  Seseli  Creticiim  quibiisdam.  —  Meiim  ».  Clusius  ajouta  : 
«  Meum  Germanicum  «. 

(3)  Nom  indique  par  Charles  de  FEscluse,  en  I'absence  de 
toute  autre  determination. 

(4)  Jean  Bauhin  (Hist.,  t.  11,  p.  77S)  rapporte  qu'il  avait  I'ecu 
cette  Orchidee  des  Cevennes  :  c(  Ciim  essemus  Mouspelii  delata 
haec  planta  ex  montibus  circa  Gangen  »  .  —  La  petite  ville  de 
Gauges  (Herault)  est  situee  dans  le  voisinage  des  Cevennes. 


—  51  — 

etrangeres  a  la  flore  de  ces  deux  paj's,  et  prises,  des 
lors,  dans  les  autres  contrees  dont  le  frontispice 
fait  mention  (1)  : 


Thora  venenata  (2). 
Viola  malronalis  alba. 
Viola  malronalis  rubra  (3). 
Viola  purpurea  alba. 
Anagijris  Diosc. 
Capri  barba  (4). 
^Chamcedrijs. 
Nerium  Alpinum. 

Gentiance  species. 
Digitalis  lulea. 
Car  pin  us. 

Damasoniuni    nothum    Do- 
dona-i. 


lianunculus  Thora  L. 

Hesperis  matronalis  L. 

?  Viola  alba  Bess. 
Cytisus  Laburnum  L. 
Spirnea  Ulmaria  L. 
Dryas  octopetala  L. 
Rhododendron    ferrugi- 

neum  L. 
Gentiana  acauhs  L. 
Digitalis  grandillora  All. 
Carpinus  Betulus  L. 

Cypripedium  Calccolus  L. 


Outre  les  plantcs  sponlanees  dont  nous  venous  de 
passer  en  revue   un  si   grand  nombre,  I'herbicr  de 


(1)  Quelques-Lincs  dcs  especcs  portecs  sur  c-etle  lisle  ne  sont 
pas  complctement  etrangeres  a  la  flore  soit  du  Languedoc,  soil 
de  la  Provence;  niais  comnie  elles  j-  sont  rares  et  croissent  en 
dcs  lieux  oil  nons  ne  croyons  pas  que  Ramvolff  ait  passe  en  ce 
temps-la,  nous  aimons  niieu.x,  desirant  aulant  que  possible  ne 
point  nous  ecarler  de  la  verite,  les  considerer  comme  prises  en 
des  endroits  oil  ccs  plantcs  sont  beaucoup  plusrepandues. 

(2)  ATappellation  de  «  Thora  venenata  »,  choisie  par  RauwolfV. 
(Ilnsius  suljstituait  le  nom  d'  «  Aconilnm  ».  Mais  cette  substi- 
tiition  na  pas  ete  goiitee  ct  lindex  ne  I'a  point  enregistrce. 

(3)  Les  deux  cehantillons  d'Hesperis  matronalis,  lun  a  fieurs 
blanches  et  lautre  a  tieurs  roses,  out  chacun  dans  I'herbicr  un 
s^-nonyine  :  le  premier  est  appele  «  Hesperis  alba  »  et  le  second 
«  Hesperis  purpurea  ».  11  est  en  outre  indique  que  le  n(;in  de 
«  Viola  mutroiKdis  »  a  etc  emphrve  par  Rembcrt  Dodoens,  ce 
c[ui  est  exact . 

(4)  Quaud  Charles  de  I'EscIuse  a  donne  cette  indication,  la 
plante  ctait encore  innommee  dans  Iherhier. 


—  52  — 

Leonard  UauwolIT  conlitMil  (juelqucs  specimens  de 
vegelaux  (li^neux  ou  herbacesj  obteiuis  par  la  cul- 
fiire.  Les  uns  elaienl  cullives  a  cause  de  leur  iililile 
aliiuenlaire  oil  iiiduslrielle,  les  autres  comine  objet 
de  ciiriosile  on  pourorner  les  jardins.  Nous  les  avons 
tous  reunis  sur  la  meme  lisle  : 


Jiaplumns. 

X(tpus. 

Cappavis. 

Psciido  Sycomonis  Malh. 

Slaplujlodcndron  (1). 

Jiijninv. 

Ocliri  species  (2). 

Arbor  Jiidaica  (3). 

Rosa'  lidcce. 

Rosa  nmschala  (4). 

Sorhiis. 


R;i])li;iniis  sntivus  L. 
Brassica  Napus  L. 
C-api)aris  spinosa  L. 
Mclia  Azedarach  L. 
Staphylca  ])innala  L. 
Zizyj^hus  vulL',aris  Link. 
Lalhyrus  sativus  L. 
Ccrcis  Siliquastrum  L. 
Rosa  lutea  Miller. 

—     moschata  Herrm. 
Sorbus  doniestica  L. 


(1)  On  troiivc  ccrit  dans  I'herlMer.  aii-dcssous  du  nom  de 
(I  Staphijlodendron  »,  le  synonvme  dc  «  Pi^tachia  Germanica  ». 
Ces  deux  mois  out  ele  traces  par  line  plun-.c  qui  n'etait  celle  ni 
de  Rauwolit,  ni  dc  Clusius.  Dasylycus  ne  s'etait  pas  contente, 
ainsi  que  nous  lavons  dcja  dit.  dc  soumcttre  sa  collection  a 
(^liarlcs  de  rEBcliise  :  il  avail  ullerieurement  consulte  un  autre 
l)otaniste. 

(2)  (I  Lathijri  vel  Cicercuhc  species  »,  avail  ecrit  I'auteur  de 
riier})ier.  —  «  Ochri  species  en  videtnr  ».  declare  Charles  de 
rKscluse. 

(','>)  La  niemc  main  cfui  a  ecrit  le  noni  de  c  Pisfachia  Germa- 
nica ■■>  sous  rechantiilon  de  Staphylea,  a  aussi  annote  le  Cercis. 
Au-dessous  de  linscription  primitive  :  c  Arbor  Jiidaica  ».  ce  ])o- 
tanisle,  dont  lecriturc  nous  est  inconnue.  ajoutaic  ;  «  Ari^or 
Jiidce  vel  Xijlncanila  salvatica  ». 

(4)  Ces  deux  Hosiers  etaient,  au  xvF  siecle,  fort  recherches 
par  les  botanophilcs.  Conrad  (k'sner  ecrivait  le  23  septembre 
IJG.Taun  medecin  d'Augsbour^  :  "  Rosarum  lutearum  et  mus- 
catarum  plantas  adhuc  habere  non  potui.  Domini  Fuggeri 
habent  :  jjlanta?  utcuncjue  minim;e  niibi  snfiicerent  >'.  —  Les 
Fuggcr,  riches  gentilshommes  d'Augsljoiirg,  avaicnt  un  jardin 
botanique  oil  ils  multipliaient  les  plantes  rares. 


53 


Granatiis  (1). 

Opuntia  (2) 

(jiiciis. 

Scolymiis  hortensis. 

Olea. 

Rhododendron  Neriiim  (3). 

Solaniim  Indicani. 

Mandragora  Morion. 

Basylicum. 

Ocijmum  (4). 

Cupressns. 

P alma'  folia  (5), 


Punica  Granatuni  L. 
Opuntia  Ficus  Indica  Webb. 
Carthanius  tinctorius  L. 
Cynara  Scolymus  L, 
Olca  Europ?ea  L. 
Nerium  Oleander  L . 
Solanum   pseudo-capsicum 

L. 
Atropa  Mandragora  L. 
Ocymum  minimum  L. 
Polygonum  Fagopyrum  L. 
Cupressus  sempcrvirens  L. 
Phcenix  dactvlifera  L. 


Outre  les  diverses  Fougeres  et  les  deux  Presles  qui 
out  pu  etre  determinees  avec  certitude  et  que  nous 
avons  inscrites  sur  uos  listes,  on  trouve  dans  Fher- 
bier  d'autres  Cryptogames.  Deux  seulemeut  sont 
bien  reconnaissal)les  ;  un  Lichen  et  une  Algue. 

Le  Lichen,  au-dessous  duquel  Rauwolff  a  ecrit 
«  Lichen  »,  —  nom  que  Clusius  a  ensuite  remplace 


(1)  Lc  Grenadier  est  subspontaiie  cii  Provenee  et  en  Languedoc. 
II  I'etait  deja  au  xvi'=  siecle,  ainsi  que  le  constatait  Jean  Bauhiu 
{Hist.,  t.  I,  p.  79) :  «  Sxivestre  genus  in  planis  et  maritimis  pro- 
venit,  in  Gallia  Narbonensi  et  Provincia  passim,  gustu  valde 
acerbo,  ut  Monsjjclii  in  sepes  :>. 

(2)  «  Opuntia  »  est  de  Clusius.  11  a,  dans  Ihcrbier,  joint  ce 
noni  a  I'inscription  originairc  qui  portait  :  «  Ficus  Indica  ». 

(3)  Le  Laurier-Rosc  est  spontane  sur  lc  ])ord  des  petits  cours 
d'eau  qui  coulcnt  dans  la  partie  la  plus  cliaude  de  la  Provence 
(dcpartcments  du  Var  et  des  Alpcs-Maritimcs).  Mais  rien  u'in- 
dique  que  Rauwolff  ait  parcouru  cette  region  pendant  son 
premier  sejour  en  France. 

(4)  L'annotation  inserec  dans  I'berbier  est  ainsi  con^ue  : 
«  Ocymum  inter  frumenta.  —  Alias  Gallice  Burail  aut  Ble 
forcassin  ». 

(5)  C'est  encore  Cliarles  de  FEscluse  qui  a  inscrit  dans  Iberbier 
cette  denomination.  Le  specimen  ne  consiste  quen  un  fragment 
de  feuille.  Le  pluriel  v.  folia  »  doit  etre  traduil  par  foliolcs  . 


—  54  — 

pur  cv\\\\  dc  «  Pnlmonaria  n,  —  est  Ic  SHcla  pulmo- 
navca.  On  raiii^eail  alors  ce  Lichen  parini  les  siibs- 
l. lines  medieinales  paiee  (luil  ollVe,  disait-on,  par 
sa  ronue  on  i)ar  sa  eonlenr(?),  (jnel(|no  ressem- 
l)lanee  avec  le  [)onnion  :  eela  snffisail  i)()nr  (jn'on  le 
eriil  aple  a  i^nerir  les  alVeelions  pnlmonaires. 

L'Algne,  a  Andi'osdcc  Maihiolo  »,  esl  presentemcnt 
nne  Si[)honee,  appelee  Acdnlnilaria  Medilerranea 
Lanionronx.  Par  I'eleganee  (Fnne  forme  ties  carac- 
terisliqne  el  sa  presence  dans  les  clangs  sales  on 
sanmalres  des  environs  de  iMonlpellier,  1'  «  Andro- 
s(tce  »  avail  attire  laltenlion  des  l)otanistes  dn 
xvr  siecle,  et  la  ])lupart  des  grands  onvrages  de 
phytographie  publics  a  cettc  epoque  I'ont  mention- 
nee  et  en  onl  donne  une  figure. 

Nous  avonsindique  plus  haul,  dans  une  note,  que 
deux  des  echantillons  de  plantes  du  second  volume 
de  riierbier  n'exislent  plus,  le  fenillet  sur  les  pages 
duquel  on  les  avail  fixes  ayant  etc  arrache.  L'index 
nous  a  conserve  les  noms  des  deux  plantes  enlevees  : 
I'une  y  etait  appelee  «  Raiuincuhis  marimis  )y  ei  fautre 
«  Antirrhinum  Fuchsii  ». 

Malheureusement,  ces  denominations  ne  nous 
apprennent  pas  a  quelle  espece  appartenaient  les 
echantillons  supprimes  :  ni  fun  ni  fautre  de  ces 
noms  ne  se  trouve  parmi  les  nombreux  synonymes 
que  Gaspard  Bauhin  a  recueillis  avec  taut  de  cons- 
cience et  d'exactitude  dans  son  Pinax  theatri 
botanici,  et  Leonard  Fuchs,  en  son  De  historia  stir- 
pium  commentarii  insignes,  ne  mentionne  aucun 
((  Antirrhinum  «(!).    II   eut   ete  curieux  de  savoir 


(1)  Nous  avons  constate  plusieurs  fois  qu'iin  iiom  de  plantc 
attribue,  dans  une  annotation  de  Iherbier,  a  tel  on  tel  floriste 
du  temps,  ne  se  trouve  pas  confirme  par  louvrage  dii  pretcndu 
createur  de  cette  appellation.  II  est  difficile  dexpliquer  le  fait 
par  une  erreur  imputable  a  Rauwolff,  qui  parait  avoir  eu,  de  la 


—  55  — 

pour  quel  vegetal,  evidemment  maritime,  RauwollI 
avait  cree  le  nom  de  «  Ranunculus  nuirinus  »  (1). 


litterature  botaiiique  contemporainc,  unc  connalssance  assez 
etendue  Nous  admettrions  plus  volontiers  qu'en  parcillc  cir- 
constauce  lorsquil  associait  a  une  denomination  de  plante  le 
nom  dun  botaniste,  il  avait,  en  realite,  consulte  celui-ci,  de 
vivevoixou  par  lettre  ;  et  Fuchs,  par  cxemple,  avait  tros  bien 
pu,  dans  le  cas  present,  suggerer  le  nom  d'Antirrhiniim,  quoiquc 
lui-memc,  en  son  ouviage,  n'eiit  point  enregistre  cV Antirrhinum. 

(1)  On  pourrait  meme  se  demander  si  c'etait  bien  une  plante. 
Divers  botanographes  du  xvi"  siecle  out  decrit  dans  leurs  ou- 
vrages  des  Ccelenteres  qu'ils  prenaient  pour  des  vegetaux.  Et 
puisquil  y  a,  parmi  cette  categorie  danimaux,  des  types  que 
Ion  a  compares  i\  lAncmone  et  appeles  de  ce  nom,  Rauwolff 
pouvait  y  avoir  vu  aussi  une  Renoncule  marine. 


Nouvelles  herborisations  en  Provence.  —  Le  depart 
poup  rOrient.  —  L'<<  Hcdceporieum  ».  —  Le  qua- 
trieme  volume  de  I'Hepbier. 


Muni  de  son  diplonie  de  docleur  en  medecine, 
Leonni'd  RauwollT  avail  qiiitte  la  France  en  17)(V2, 
et  nous  Savons  qu'en  15G3  il  s'etait  rendu  en  Italie. 

II  rentra  dans  sa  ville  natale  avant  la  fin  de  celtc 
meme  annee  ir)63.  II  y  cHait  de  retourlorsque  Charles 
de  TEscluse  vint  a  Augsbourg  trailer  avec  le  riche 
Anloine  Fugger,  qui  voulait  lui  conlier  ses  deux  fds 
pour  qu'il  les  accompagnat  dans  un  voyage  d'elude 
a  travers  ritalie  (1).  RauwoliTcul  ainsi  Foccasion  de 
se  lier  avec  un  botaniste  dont  la  reputation  acquise 
laisait  presagcr  une  renonimee  plus  grande  encore. 
II  lui  niontra  son  herl)ier,  le  priant  de  reviser  les 
nonis  qu'il  avail  donnes  a  ses  plantes.  Pour  beau- 
coup  d'especes,  Clusius  indiqua  d'aulrcs  denomi- 
nations.   RauwollT,   comme  on   I'a   vu,   acccpla   la 


(1)  EnouAno  Morren,  Charles  de  VEscliise,  sa  vie  cl  ses 
(eiivrcs  (Liege,  l(S7o).  —  Charles  de  lEscluse  et  les  jcunes  ^hirc  et 
Jean  Fugger  se  mirent  en  route  au  commencement  de  lannce 
ir;(i4.  Mais  au  lieu  de  se  diriger  vers  I'ltalie,  ils  vinrent  d'abord 
en  France,  de  la  passercnt  dans  la  peninsule  iberiquc.  et  par- 
cournrent  IMspngne  et  le  Portugal.  Ce  vo^-agc  foiirnit  a  Clusius 
la  niatiere  de  1  ouvrage  quil  publia  en  157()  :  liarionini  aliquot 
stirpiiim  per  Hispanias  observutariim  Historic . 


—  58  — 

|)lu|);irl  (k's  chanfioincnls  i)ioposes  el  Ics  inseradans 
liiiilrx  quil  ajoula.  en  ir)()4,  aux  Irois  volumes  de 
riuMhicr. 

Kn  If)!);"),  il  prend  rc'innu\  ol  Conrad  Gcsner  Ten 
IcMifili'  (1).  Apros  son  inariage,  il  va  s'c'lablir  d'aljord 
a  Aic'hac'li.  puis  a  KcinplcMi,  oil  il  exorcc  la  nicdociiic. 
II  ri'vicMil  a  Aiii^shouri^  en  l.")?!)  el  il  ohlionl  alors  de 
ladminislralion  nuinicii)alc  (2)  le  litre,  —  quil  csl 
lier  de  j)Ouvoir  inscrire  sur  les  fronlispices  de  son 
lieihier  el  de  sou  livre,  de  «  niedeciu  ofliciel  de  la 
ville  d'Augsbourg  (li)  ». 

Mais  il  ne  renonce  pas  a  la  bolanique.  II  rcvoit  de 
temps  en  lemps  sa  belle  collection  de  planles 
secbes  (4)  ;  il  a  son  jardin  bolanique,  dans  lecjnel  il 

(ll  Epislolarnm  mcdicinalium  Conrudi  Gesneri  pbilosophi  el 
medici  Tigiirini  Ubri  III  (Zurich,  IT)??),  lettre  du  18  fevrier  1565, 
il  Adolphc  Occon,  medecin  a  Augsbourg  :  «  I).  Rauchwolff,  novo 
sponso,  omnia  fausta  et  felicia  precor  ». 

(2)  Annales  des  voyages,  de  la  geographic  et  de  I'hisloire. . . 
publiees  par  M.  Malte-Brun,  tome  treizieme,  Paris,  Buisson, 
1811.  —  Ce  volume  contient  une  Notice  sur  la  vie  et  les  oiivrages 
de  Raawolf  que  I'auteur  s'est  contente  de  signer  des  initiates 
J.  B.  E.  Les  details  qu'il  3'  a  donnes  sur  Ic  botaniste 
d'Augsbourg  ont  ete  extraits  des  ouvrages  suivants  :  Tobie 
Col)ber,  Ohscrvationiiiu  caslrensiiiin  Decas  tertia ,  Helmstadt, 
1685  ;  IJruclicr,  Ilisloria  viUv  Adolpboriiin  Occoniim,  Leipsiclv, 
1734  :  Weitli,  Bibliolheca  'Angiistana,  Augsbourg,  1792. 

(3)  «  Der  Stat  Aiigsparg  hcstellten  inediciim.  »  —  RauwolfT 
n'etait  pas  le  seul  titulaire  de  cet  eniploi  municipal.  Le  docteur 
Jeremie  IMartius,  son  ancien  condisciple  de  Montpellier,  avait 
ete  investi  des  memes  fonctions.  Gesuer,  dans  sa  correspon- 
dance  avec  deux  medecins  d'Augsbourg,  Adolphe  Occon  et 
Achille  Gasser,  leur  donnait  ce  titre  :  Inclytcr  Reipiiblicce 
Aiigiistance  medico.  L'un  deux,  Occon,  avait  etc  charge  par  le 
Senat  de  la  surveillance  des  pharmacies  :  «  Ab  amplissimo 
Senatu  vestro,  —  lui  ccrivait  Gesner  en  1564,  —  conductum  te 
esse,  ut  piiarmacopoliis  iustituendis  et  censendis  pnesis,  gaudeo 
et  gratulor  tibi  :  ac  spero  ea  occasione  fructum  aliquem  ad  mc 
quoque  manaturum.  » 

(4)  Ce  fait  ressort  de  rherl)ier  meme,  ainsi  que  nous  Vavons 
montre  plus  haut. 


—  59  — 

reunit  un  grand  nombre  d'especes  rares  ;  il  entre- 
tient  dcs  relations  d'echange  avec  des  savants,  bota- 
nophiles  zeles  comme  lui  (1 ). 

Telle  etait  I'existence  que,  depuis  une  dizaine 
d'annees,  menait  le  docteur  Leonard  Rauwolff,  lors- 
qn'une  circonstance  inopinee  lui  fournit  roccasion 
d'entreprendre  le  perilleux  voyage  qui  devait  etre 
I'evenement  capital  de  sa  carriere  scientifique. 

Son  beau-frere,  Melchior  Manlich  I'aine,  faisait 
en  grand  le  commerce  de  la  droguerie.  Ilavait  mai- 
son  a  Marseille  et  possedait  plusieurs  navires.  C'est 
du  Levant  qu'il  tirait  en  majeure  partie  les  mar- 
chandises  qui  alimentaient  ses  entrepots.  En  1573, 
il  eut  I'idee  d'envoyer  Rauwolff  en  Syrie,  afin  d'y 
etudier,  dans  leur  pays  d'origine,  les  drogues  et 
autres  substances  dont  il  avait  a  se  pourvoir.  Non 
seulement  il  se  chargeait  de  toutes  les  depenses  du 
voyage,  mais  il  offrait  en  outre  «  un  salaire  conve- 
nable.  »  Dasylycus  prit  conseil,  se  decida,  obtint  les 


(1)  Nous  avons  cite  au  chapitre  precedent  une  lettre  de  Ges- 
ner  par  laquelle  il  chargeait  Occon  de  remercier  Rauwolff  des 
plantes  et  dcs  graines  que  cclui-ci  lui  avait  envoyees.  On  trouve 
dans  le  recueil  des  Epistolce  medicinales  plusieurs  autres  lettres 
oil  il  exprime  sa  reconnaissance  envers  Dasyhcus  (il  se  servait 
quelquefois  de  ce  nom)  a  raison  des  dons  multiples  qu'il  a  recus 
de  lui.  Et  de  son  cote  il  lui  offrait  des  graines  de  plantes  rares  : 
«  Si  gratum  ei  fore  sperarem,  —  disait-il  a  Occon,  —  vicissim 
aliqua  mitterem  semina...  Tu  admonebis  ;  aut,  quod  malleni, 
per  literas  ipse  petet.  »  —  Jean  Bauliin,  devenu  a  Montbeliard 
medecin  du  due  de  Wurtemberg,  raconte  dans  son  Histoire  uni- 
verselle  des  plantes  qu'il  avait  seme  des  noyaux  de  Styrax  en- 
voyes  dAugsbourg  par  Leonard  RauwoltT  :  >■  Nobis  Styracis 
ossicula  missa  Augusta  \'indelicorum  per  meorum  studioruni  et 
peregrinationum  socium,  clarissimum  virum  Leonhardum  Rau- 
wolff, plantavimus  Montbelgardi  in  liorto  ».  —  II  a,  du  reste, 
mentionne  dans  le  meme  ouvrage  beaucoup  d'autres  envois  de 
plantes  que  lui  avait  faits  son  ami. 


—  00  — 

nulorisalions  nccessniros  ;  puis,  s't'lanl  roconimnnde 
;i  Dic'u,  il  parlil  i)Oiir  iOriciU  (1 ). 

I]n  {•oinnuMU'anl  la  n.'!ali()n  (jiril  a  laisscc  do  cello 
momorablo  oanipagiio,  UamvollV  oonfcsso  quo  do- 
puisson  onrance  il  rovait  de  visitor  ocs  pays  oiion- 
laux,hal)ilos  par  les  plusancicns  pouplcs  du  niondo, 
ol  sur  losquels  rognorcnl  les  inonarqucs  cl  los  priu- 
cos  los  plus  puissanls;  de  ooulouiplor,  daus  les 
oudroils  monies  ou  olios  croissonl,  los  pianlos  do- 
orilos  j)ar  Thoophrasto,  Diosoorido,  Aviooune  ou 
Sorapion;  do  pouvoir  oniin,  au  rolour,  oclairor  les 
apolliicaires  sur  la  nature  de  cellos  que  leur  minis- 
tere  les  oblige  a  se  procurer. 


(1)  Tons  CCS  details  nous  ont  etc  transmis  par  Raiiwolff  lui- 
menie  dans  la  relation  qu'il  a  ecrite  de  son  vo^'age  et  qui  a  etc 
imprimee  pour  la  premiere  fois  en  l.'iiS'i.  Le  titrc  de  louvrage  est 
foi't  long;  nous  n'en  donnons  (jue  les  premieres  lignes  :  Lcon- 
hurli  Rdiiwolfcn...  Aigenllichc  Beschreibiing  der  Raiss  so  er 
vor  diser  zeit  gegen  Aiij]\jancj  inn  die  Moryenlander...  |\'eridi- 
que  Relation  du  voj'age  de  Leonard  Rauwolff  dans  les  paj^s 
d'Orient...]  —  Les  premieres  editions,  qui  parurcnt  en  1582  a 
Lauingcn  et  a  Francfort,  ne  contenaient  pas  une  quatriemc 
partie,  que  Rauwolff  donna  I'annee  suivante  et  dans  laquelle  il 
insera  une  quarantaine  de  figures  gravees  sur  hois  :  «  Priores 
vidi  editiones,  —  tcrit  Pritzcl,  —  in  quibus  omnibus  pars  quarta 
iconographica  desideratur  T  Laugingen  dureli  Leonhart  Reinmi- 
chel,  1382.—  Franckfurt-a/M.  gedruckt  bei  ChristofY  Raben,  1582.  » 
—  Une  nouvelle  edition,  comprenant  les  quatre  parties,  fut 
publiee  en  1583.  C'est  un  e.\emi)laire  de  eelle-ci  que  nous  avons 
cu  entre  les  mains.  Nous  en  devons  I'obligeante  communication 
a  ^L  le  docfeur  Saint-Lager,  a  qui  nous  sommes  heureux  d'e.\- 
prinier  encore  une  fois  notre  vive  gratitude. —  Le  frontispice  de 
cette  edition  (imprimee  a  Lauingen  par  Leonard  ReinmicbeL 
porte  quelle  est  publiee  aux  frais  et  par  les  soins  de  Georges 
Willers.  Mais  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que,  pour  Timpression  de 
son  livre,  Rauwolir  cut  des  bailleurs  de  fonds  en  la  personne  de 
Jean  Widtholz,  Cbristophc  Cbristel  et  Nicolas  Bemer,  auxquels 
il  I'a  dedie.  Les  deux  premiers  etaient  les  cousins  de  Tautcur  : 
Remcr  representait,  comme  lieritier,  un  autre  cousin  decede, 
Leonard  Cbristel.  Dans  sa  dedicacc,  Rauwolff  dit  expressemcnt 
qu  il  acquitle  ainsi  une  dette  de  reconnaissance  contractce  envers 


—  61  — 

Le  depart  d'Augsl)ourg  s'elTectua  le  18  mai  1573. 
Rauwolff  avail  pour  conipagnon  un  de  ses  compa- 
triotes  nomme  Frederic  Rentzen.  lis  devaient  allcr 
a  cheval  (rAugsbourg  a  Marseille.  lis  se  dirigerent 
dabord  snr  Lindau,  ayant  riiitention  d'atteindre 
ensuite  la  Lonibardie  et  de  passer  par  Milan  et 
Nice. 

Pendant  toute  la  dnree  du  voyage,  Rauwolff  a  tenu 
■  un  journal  de  route  ou  il  a  fidelement  note,  sous  leur 
date,  les  moindres  incidents,  et  aussi  quelques 
details  historiques  relatifs  aux  pays  traverses.  II 
herborisait  le  long  du  clicmin  et  ne  manquait  pas 
d'inscrire  sur  son  carnet  les  noms  des  plantes  les 
plus  interessantes  qu'il  apercevait. 

Les  deux  voyageurs  arriverent  a  Nice  le  l'"'  juin 
an  matin  (1).  Aussitot  Rauwolff  ecrit  sur  ses  ta- 
blettes  :  «.  Cette  ville,  siluee  sur  la  mer  Tyrrlienienne, 
est  munie  d'un  chateau-fort  qui  occupe  le  sommet 


eux.  Et  dans  sa  lettre  a  Charles  de  lEscluse,  (du  7  septem])re 
ir)<S4,  conservee  a  lUniversite  de  Lc3de,  ct  dont  nous  avons  deja 
parlc  au  chapitre  precedcut),  il  se  justifie  d'avoir,  en  ecrivant  sa 
Relation,  employe  I'idionie  populaire  (au  lieu  du  latin).  11  a  fait 
ainsi,  dii-il,  pour  etre  agrcable  a  ceux  qui  avaient  encourage  la 
jnihlicatioii  de  son  ouvrage  :  «  Quod  Hoderporicum  meum  non 
alio  quam  communi  ct  patrio  Idiomate  conscripserim,  feci  id 
uiaxime  in  amicorum  mcoruni  gratiam,  qui  adhortatorcs  edi- 
tionis  fuerunt.  »  —  Quelques  autcurs  d'articles  ])io-l)ibliogra- 
phiques  out  prelcndu  que  le  livre  de  Rauwolff  avait  ete  cnsuile 
traduit  en  latin.  Lcxistcnce  de  cette  traduction  a  etc  contestec 
l)ar  dautrcs,  et  nous  cnnons  que  ces  derniers  out  raison.  Au 
surplus,  si  en  realitc  cllc  a  vu  le  jour,  elle  est  maintenant  in- 
trouvable.—  Remarquons,  dans  la  lettre  de  Rauwolff  a  Charles 
de  rEsclusc,  le  mot  grcc  a  desinence  latine  Hodoeporicuiu,  qnil 
emploie  commc  equivalent  dc  son  titre  allemand  Beschreibiing 
dcr  Raiss.  Cc  mot  a  ete  adopte  par  la  plupart  des  ccrivaius  qui 
ont  parle  dc  liauwolff"  ct  nous-mcme  en  userons  quelqucfois. 

(1)  Rauwolff  donne  a  la  ville  de  Nice  son  nom  italien  de  Nizza. 
—  Nous  n'avons  ricn  dit  du  trajet  entre  Augsbourg  ct  Nice. 
Notre  voyageur  y  iit  bieu  quelques  observations  botaniques; 
mais  elles  nentrent  pas  dans  le  cadre  de  cette  etude. 


—  62  - 

dun  inonl.  Kllr  apparlicnl  an  (hie  dcSavoie.  En 
IM;?,  lainiial  lure  Barberoussc  lil  pendaul  long- 
U'uips  Ic  sic'gc  du  t'halcau  ;  mais  il  n{>  piil  s'en  em- 
pairr,  l)ien  (pi'il  sc  Cul  rendu  niailrede  la  ville.  C'esl 
dans  eelte  nieme  ville  que  Tenipereur  Charles-Quinl 
el  le  roi  Franeois  \"'  vinrent  Irouver  le  pape  Paul  III 
pour  nt'goeier  un  Iraile  de  paix  (I).  »  —  Puis  il  enu- 
mere  diverses  plantes  qu'il  a  remarquees  aux  envi- 
rons de  Nice  Nous  en  donnerons  les  noms  plus 
loin,  quand  nous  dresserons  la  liste  de  loutes  les 
especes  qu'il  signala  dans  cette  nouvelle  serie  dlier- 
borisalions  a  Iravers  la  Provence. 

A  Nice,  d'aulres  voyageurs.  dont  les  noms  ne  sont 
pas  indiques,  se  joignirenl  a  nos  deux  compagnons. 


(1)  En  rappelant  ces  deux  evcnemeiits,  Leonard  HauwollV  a 
interverti  Fordre  clironologique.  Lentrevue  uegociee  par  le  papc 
Paul  III  cut  lieu  en  1538.  Voici  en  quels  termes  la  racontee  le 
vieil  historicn  proveneal  Cesar  de  Nostradamus  :  w  Paul  tiers 
de  ce  noni,  de  la  trcs-noble  famille  des  F"arneses  jiaravant  Car- 
dinal, avoit  le  gouvernail  de  rEglise,  lorsque  voyant  la  misere 
universelle  qui  desoloit  la  Chrestiente  a  loccasion  de  ses  tem- 
pestcs  de  guerre,  desireux  de  mettrc  hors  d'entrepriscs  ces  deux 
grands  Monarques,  practique  de  les  assembler  a  Nisse,  oii^ 
qu(J3que  charge  de  lxxv  ans,  il  se  delibera  neantmolns  d'aller, 
pour  mettrc  en  generale  pacification  la  Chrestiente,  que  ces  deux 
tant  puissants  et  redoutables  Lyons  (qui  facilement  y  condcs- 
cendirent)  tcnoient  en  fraj'eurs  continuelles.  Par  quoy  le  com- 
mencement de  juinfut  choisi  jjourceste  entreveueoii  sa  Sainctete 
se  trouva.  La  nc  fut  le  travail  petit  que  le  Sainct  Pere  employa 
a  les  accorder,  pensant  vuiderleurs  diffcrents  :  mais  ne  pouvant 
achever  un  tant  difficile  ouvragc,  il  avanca  une  trefve  dc  dix 
ans,  esperant  par  ce  moyen  trouver  la  paix.  » —  La  treve  ne  fut 
pas  observee;  les  hostilites  recommencerent  en  1543.  Francois 
I"avait  fait  alliance  avec  la  Turquie.  «  Les  fleurs  de  lis  et  le 
croissant,  ecrit  Victor  Duru3%  sunirent  dans  la  Mediterranee ; 
une  escadre  turco-francaise  vint  bombarder  Nice,  la  sculc  ville 
qui  restiit  au  due  de  Savoie  (1543).  Le  siege  fut  terrible.  Nice  se 
rendit  a  la  condition  que  les  seules  troupes  francaises  y  entre- 
I'aient.  Une  femmc  courageuse,  la  Segurana,  avail  etc  liime  dc 
la  defense ;  combattant  au  pi'emicr  rang,  elle  avait  pris  un  dra- 
peau  turc.  Longtemps  on  vit  a  Nice  une  statue  en  sou  honneur.  » 


—  63  — 

La  caravane  se  remit  en  marche  le  2  juin.  II  fallut 
chevaucher  pendant  trois  jours  avant  d'arriver  a 
Marseille.  Parmi  les  localites  on  passait  la  route, 
RauwolITn'a  cite  qu'Antibes,  Cannes,  le  Luc  et  Bri- 
gnoles(l)  :  toutes  les  autres  sont  englobees  dans  un 
«  etc.  « .  II  evalue  a  trente  lieues  de  France  la  dis- 
tance entre  Marseille  et  Brignoles.  II  mentionne  les 
'prunes  confites  qui  avaient  procure  a  cette  petite 
ville  une  renommee  speciale  (2).  II  vante  la  saveur 
et  le  parfum  de  ce  produit  de  I'industrie  locale  : 
mises  dans  des  boites,  les  prunes  de  Brignoles  sont 
expediees  fort  loin ;  elles  sont  excellentes  pour  cal- 
mer la  soif  chez  les  febricitants. 

Enfin  on  entre  a  Marseille  le  5  juin,  soit  dix-neuf 
jours  apres  le  depart  d'Augsbourg  (3). 

((  A  mon  arrivee  a  Marseille,  ecrit  RauwolfF,  j'allai 
me  loger  dans  la  maison  de  monsieur  mon  beau- 
frere  ci-dessus  nomme,  pour  y  attendre  la  venue 
dun  de  ses  navires.  .Fy  trouvai  un  jeune  homme 
qui  devait  etre  mon  compagnon  de  voyage,  Jean- 
Ulrich  KralTt.  Ills  du  noble  et  venere  Jean  Krafft 
I'aine,  conseiller  secret  a  Ulm .  II  etait  arrive  tout 
recemment  avec  I'intention  de  se  rendre  la-bas  pour 
affaires  de  negoce.  J'attendis  avec  lui  le  moment  du 
depart.  Commc  ce  jour-la  tardait  a  venir,  j'entrai  en 
relation  avec  des  docteurs  (4)  et  des  pharmaciens.  Je 

(1)  II  ecrit  :  Antibo,  Canciho.  Liic,  BrUjnola.  Son  livre  est 
imprime  en  lettres  gothiqucs  ;  niais  pour  ces  quatre  mots  et 
quelques  autres,  notamment  les  noms  latins  de  plantes,  les 
typographes  ont  cmploje  des  caractcres  romains. 

(2)  La  reputation  des  prunes  de  Brignoles  etait  parvenue 
jusqu'a  la  cour  de  France,  ^'oir  ce  que  nous  avons  raconte  a  ce 
sujet  dans  notre  ouvrage  :  Pierre  Pena  et  Mathias  de  Lobel. 

(3)  Entre  Nice  et  Marseille,  Rauwolffne  cessa  pas  dobserver 
les  plantes.  Ainsi  que  nous  I'avons  dil  plus  liaut,  nous  donne- 
rons  ulterleurement,  avec  les  autres,  la  liste  des  espcces  dont 
il  prit  note  dans  ce  parcours. 

(4)  Ce  mot  est  eu  latin  dans  le  texte  :  «  Doctoribus  s. 


—  ()4    - 

I'miiu'iilai  surloul  .hu'(|iics  RcMi;uid,  hoinnu'  (rune 
£^r;ui(le  cxpc'rionce  ct  passioiuio  pour  la  ])()laniquc\  II 
inc  monlra  hcaiicouj)  dc  IjcIIcs  planles  nu'dicinalcs 
('X()li(ji'.cs  (jiril  cuHivait  dans  son  jardin.  II  me  lit 
voir  aussi  iiii  Ires  grand  nond)rc  dc  planles  seohes , 
conservecs  pour  la  pluparl  dans  dcs  leuilles  de 
pai)icr  (1)  ». 

Notre  Dasylycus  ne  s'en  lint  pas  la.  Le  l)aieau 
Santa-Croce,  sur  lequel  il  dcvait  s'enil)arquer,  se  lit 
attendre  el  le  eliargenient  prit  du  temps.  Le  capi- 
taine  Anloine  Ueinardt  ne  ])ul  meltre  a  la  voile  ([ue 
le'i  seplembre  157o.  Le  sejour  de  RauwollT  a  Mar- 
seille se  prolongea  done  pendant  pres  de  trois  mois, 

II  prolila  de  ees  delais  pour  faire  aux  alentours  de 
la  ville  line  serie  d"her])orisa{ions.  Bien  que  dans 
son  lro[)  laconique  recit  il  ne  le  disc  pas  Ibrmelle- 
ment,  nous  avons  la  certitude  qu'il  eut  pour  guide 
Tobligeanl  et  zele  Ravnaudet.  II  a  insere  dans  la 
relation  de  son  voyage  Ics  noms  de  vingt-neuf  espe- 
ces  qu'il  ol)serva  dans  la  banlieue  de  Marseille. 
Mais  il  en  vit  uii  bien  plus  grand  nombre,  ainsi 
qu'en  Icmoigne  la  phrase  dont  11  a  fail  suivre  cette 
lisle :  c(  et  i)eaucoup  d'aulres  qu'il  serait  Irop  long 
d'enumerer  ici.  » 

«  Quand  enlin,  — ..poursuit  RauwollT,  ~—  le  navire 
Sanic-Croce  i'ut  charge,  arme  de  canons  et  approvi- 
sionnc  de  victuailles  pour  trois  mois,  nous  parlimes 
lous  les  deux,  KralTt  elmoi,  en  con.ipagnie  du  patron 
Aiitoine    Reinardt     et    de    quelques-uns     de     scs 


(Ij  I.o  noin  de  Renaud,  on  plus  cxactemcnt  Piaynaud.  com- 
portecn  provcucal  un  diminutif, /?ay/jandcf,  el  c'cst  ainsi  (jiic, 
le  plus  souvent,  deux  botanistes  celebres,  Pierre  Pena  et  .lean 
Hauliin,  appelaient  Ic  phannacien  marseillais,  quilsavaient  pour 
ami  et  (jui  leur  envoyait  des  planles.  Par  ses  cpialites  de  J)ota- 
nistc,  auxquellcs  Rauwolff,  on  le  voit,  rend  un  Juste  honimagc, 
.lacqucs  Ravnaudet  nuiitait  qu'on  le  remit  en  hur.iere.  Cest  ee 
([uc  u(nis  avons  essaye  de  faire  dans  une  notice  qu'il  etait  natu- 
rel  de  placer  a  la  suite  de  notre  etude  sur  Leonard  Rauwolff. 


—  65  — 

homines,  sur  une  fregate  (1),  le  l-^'  septenibre  1573, 
dans  la  soiree,  et  nous  accostames  le  bateau  qui 
etait  a  I'ancre  pres  de  quelques  petites  iles,  a  une 
certalne  distance  de  la  ville,  avec  d'autres  navires 
charges.  Nous  devious  partir  le  lendemaiu  matin. 
—  Le  2,  tout  etant  en  regie,  et  des  vents  favorables 
s'etant  leves  avec  la  grace  de  Dieu,  nous  mimes  a  la 
voile  I'apres-midi  a  deux  heures.  Notre  patron 
adressa  ses  recommandations  aux  gens  de  I'equi- 
page,  les  invitant  a  rester  toujours  unis  et  a  executer 
fidelement  ses  ordres.  Tons  promirent  d'obeir  avec 
devouement.  Puis  nous  fimes  la  priere  et  nous  nous 
confiamcs  a  la  protection  du  Tres-Haut.  » 

Nous  n'avons  pas  a  suivre  plus  loin  Tintrepide 
voyageur  (2).  Au  debut  de  ces  pages  nous  avons  fait 
counaitre  Titiueraire  qu'il  suivit.  Ajoutons  seule- 
ment  que  cette  longue  expedition  eut  une  heureuse 
issue  et  qu'apres  trois  ans  d'absence  il  rentra  sain  et 
sauf  a  Augsbourg,  oil  il  reprit  I'exercice  de  sa 
profession. 

(1)  Lc  textc  portc  fregata.  —  Thomas  Platter,  de  Biilc,  qui 
ctait  venu,  en  lo'J.i,  s'inscrire  commc  etudiant  a  lUiiiversite  de 
Montpellier,  fit,  en  ir)i)7,  le  voyage  de  Marseille.  Dans  les 
memoires  qu'il  a  laisses  et  dont  nous  avons  publie  tons  les 
passages  (traduits  d'alleniand  en  franeais  par  M.  Kieffer)  rela- 
tifs  a  la  Provence  (La  botaniqne  en  Provence  au  .xvF  sieclc  : 
Felix  et  Thomas  Platter,  Marseille,  1900),  Thomas  Platter  a 
decrit  avec  un  soin  minutieux  les  difTercntcs  sortes  de  bateaux 
(|ui  remplissaient  alors  le  port  de  Marseille.  Apres  avoir  parle 
(les  tartanes,  «  deux  fois  plus  longues  que  les  canots,  munies 
de  deux  voiles  generalemcnt,  sans  pont  aussi,  et  pouvant  aller 
a  la  rame  quand  le  vent  ne  souffle  pas  »,  Tetudiant  balois  ajou- 
tait  :  «  11  y  en  a  ensuite  qui  ressemblent  a  des  demi-galeres  et 
dont  on  se  sert  aussi  quand  le  vent  fait  defaut  ou  qu'il  est  con- 
traire.  Les  Kspaguols  en  font  grand  usage  et  les  appellent 
f  re  gates.  » 

(2)  Pour  ccux  de  nos  lecteurs  qui  seraient  eurieux  de  savoir 
comment  Dasylycus  supporta  Icpreuve  d'un  premier  voyage 
en  mer.  nous  reproduirons  encore  les  details  qui  suiveut  ;  «  Au 

0 


-  66  — 

Nous  devons  leveiiir  maintenant  ii  ses  hcrl)orisa- 
lions  sur  Ic  Icrritoire  dc  la  Provence  et  voir  ([uelles 
sont  les  decouverles  donl  il  ;uira  enrichi  I'liisloire 
de  la  Ilore  proveneale, 

l\'ndant  son  voyai^e,  il  ne  devait  pas  se  conlenl(M- 
d'observer  les  j)lanles.  Kn  j)arlant  il  s'elait  i)roniis 
de  eolligei",  soil  en  Provence,  soil  surloul  en  Orienl, 
celles  qui  lui  sembleraient  offrir  le  plus  d'inleret. 
II  denieura  (idele  a  cclte  resolution.  Le  long  de  la 
route  dc  Nice  a  Marseille,  [)uis  en  parcouranl  le  ter- 
roir  de  cette  derniere  ville,  il  rccolla  un  certain 
nond)re  dechantillons  et  commenca  un  nouvel 
herhier.  II  en  aniassa  dans  le  Levant  une  quantile 
plus  grande  encore.  Tons  ces  exsiccata,  ceux  rap- 
porles  des  pays  orientaux  conime  ceux  pris  en  Pro- 
vence, sont  contenus  dans  le  quatrieme  volume  de 
riierbier  que  possede  actuellement  la  Hollande. 

Saur[)Our  Tepaisseur,  les  dimensions  de  ce  (jua- 
Irieme  volume  excedent  celles  des  Irois  premiers, 
(|ue  nous  avons  decrites  an  chapitre  precedent;  ce 
sont  les  dimensions  ordinaires  des  livres  grand  in- 
folio  :  en  tenant  compte  de  la  reliure,  la  hauteur  est 
de  49  centimetres,  la  largeur,  de  'A(y  (1). 


mumciit  clu  depart,  avant  datteindrc  la  haute  nier,  noire  navire 
vint  si  pres  d'un  autre  c[u'il  le  toiicha  de  sa  jirrjue  et  (jue  nous 
faillimes  faire  naufrage.  Mais  les  ec|uii)ages  reiissirent  a  separer 
les  deu.\  batiments.  Lorsque  tout  danger  eut  disparu,  nous 
voguames  allegrement  a  pleines  voiles  (nous  en  avions  jusqn  a 
six).  liientot  nous  perdimes  la  terre  de  vue  et  n'apercumes  plus 
que  le  ciel  et  lean.  Pendant  ce  temps  plusieurs  dentre  nous 
eurent  un  tel  mal  an  c(cur  quit  fallut,  reverence  parler,  rendre 
tout  ee  que  nous  avions  mange.  Mon  ami  Kraflt  et  moi  fumes  si 
bien  purges  ce  soir-la  (jue  le  lendeniain  nous  nous  trouvames 
Irais  et  dispos.  Mais  dautres  furent  tcllement  eprouves  quil 
leur  fallut  sept  jours  pour  se  remettre.  Pas  un  seul  des  qua- 
rante-huit  passagers  que  nous  etions  nc  fut  dispense  de  payer 
son  tribut  au  mal  de  mer.   » 

(1)  Les  feuillets  out  cxactement    Hi  millimetres  de  liaut.  et 
:Ui  de  large. 


I 


-  67  — 

Ce  recueil  a  ete  forme  suivant  les  meines  procedes 
que  les  anterieurs,  mais  avec  infiniment  plus  de 
soiu.  II  semble  que,  cette  fois,  I'auteur  a  voulu 
faconner  line  veritable  oeuvre  d'art.  On  voit  que  les 
e'chantillons  out  fait  I'objet  d'une  selection  particu- 
liere  :  ils  ont  ete  choisis  complets  autant  que  possi- 
ble, avec  fleurs  et  fruits,  et  de  grande  taille,  de 
maniere  a  occuper  chacun  leur  page  en  entier.  lis 
sont  fixes  sur  le  papier  au  moyen  d'une  colle  dont 
la  force  d'adherence  demeiire,  apres  plus  de  trois 
siecles,  inebranlabie.  A  Tinverse  de  ce  qui  a  ete  fait 
pour  les  trois  premiers  volumes,  il  n'y  a  ici  qu'un 
seul  echantillon  par  feuillet,  applique  au  recto.  Les 
pages  sont  bordees  de  bandelettes  etroites  en  carton 
mince  (jaune,  moire  de  noir}  formant  encadrement 
et  constituant  un  systeme  de  protection  contre  les 
agents  destructeurs.  A  I'origine  le  volume  conte- 
nait  200  feuillets,  numerotes  en  chiffresarabes  ;  mais 
quelques-uns  ont  ete  supprimes. 

Ce  grand  in-folio  est  relie  de  la  meme  maniere 
que  les  trois  recueils  precedents,  entredesais  recon- 
verts de  cuir  faiive  (quadrille  en  losange),  avec  coins 
et  fermoirs  en  cuivre.  Mais  cette  reliure  n'est  pas, 
comme  celle  des  autres  volumes,  de  meme  age  que 
I'herbier.  Elle  a  remplace,  a  une  epoque  plus  ou 
moins  recente,  la  reliure  primitive,  usee  par  le 
temps  ou  deterioree  i)ar  accident  (1). 

(1)  Nous  navons  pus  pii  echiircir  i\  Lcydc.  par  des  ciocunieiils 
darchives ,  cette  petite  question:  de  quelle  epoque  date  exac- 
tement  la  reliure  actuelle.  Mais  le  fait  que  le  volume  a  ete  relic 
deux  I'ois  nous  a  paru  constant.  Nous  avons  dit  qu'il  y  manque 
plusieiirs  feuillets.  ("-es  feuillets  existaient  certainemcnt  quand 
le  recueil  a  ete,  dans  le  principc,  revetu  de  sa  premiere  reliure. 
Sils  avaient  etc  arraches  avant  ([ue  cette  reliure  cut  ete  rem- 
placee,  on  aperccvrait  des  vestiges  de  laceration  (ce  (pii  est  le 
cas  pour  Tun  des  deux  premiers  volumes  auquel  un  feuillet  a 
etc  cnleve).  Or,  comme  on  nc  dccouvre  ici  nulle  trace  do  declii- 
rure,  il  faut  en  conclure  que  le  quatrieme  a  ete  rcmis,  une 
secondc  fois,  entre  les  mains  du  rclieur,  et  a  un  moment  oil  les 


-^  68  — . 

Lo  quatrii'inc  voliinu'  s'ouvio,  aiiisi  (juc  les  Irois 
promicrs,  pariin  IVonlispice  porlanl  unc  inscription 
I'alligraphicc  on  lollies  j*()llii(|nos  ol  donl  lo  lihollo  ne 
vario  j^uoro  ([u'cn  ce  qui  concorno  los  indioalions  do 
lioux.  Nous  lonons  |)onr  oorlain  quo  los  (pialro  lilros 
liironl  ooiils  [)ar  la  nionio  jihinio.  Mais  ioi,  comino  lo 
Ibrnial  so  liouvail  plus  grand,  Tospaoo  libro  a  etc 
ronipli,  sur  les  qualre  cotes,  par  uno  sorie  de  pein- 
tures  qui  ontouront  le  texto  dun  largo  cadre 
colorio  (1 ). 

Co  loxle  est  ainsi  concu  : 


gUATHIKMi:    HKCUKIL    DE    I'LAMES 

on  bcancoiip  de  belles  phinles  etramjeres  out  tie  soi- 
(jneiiseinent  enfermees  ct  fi.vees  par  le  ires  savant 
inonsienr  Leonharl  Ranwolf]\  doctenr  en  medecine  ei 
medecin  of/iciel  de  la  ville  d'Angsbourg.  II  les  a  cneillies 
nan  senlement  en  Piemont,  pres  de  Nice,  et  en  Pro- 
vence, pres  de  Marseille,  mais  encore  en  Sijrie,  snr  le 
Liban  et  VAnti-Liban,  en  Arabic,  pres  du  fleuve  de 
I'Knphrate,  en  Clialdee,  Assijrie,  Armenie,  Mesopota- 
niie  el  aiitres  lieux,  dnrant  son  voijage  detrois  annees, 

t'eiiilk'ts  al)si'nts  avaicnt  deja  (lis|)aru.  —  I)u  reste,  cettc  I'cliure 
(111  (luatrienic  volume  tranche  a))solument.  par  sa  fraicheur.  avcc 
celle  des  trois  ])remiers  dont  la  vetiistc  est  iiianifestc. 

(1)  Dans  son  interessante  Hisloire  dcs  llcrhiers  (Paris.  LSiS.")), 
leniinent  l)otanisle  lyonnais,  M.  le  doctenr  Saint-La,<>cr,  a  dccrit 
le  ([uatrienie  volunie  de  Iherbier  HanwoDT  dapres  des  notes 
(|u"il  tenait  de  M.  Hocrlaf^'e.  alors  conscrvatcur  de  rHerbici- 
lloyal  de  Leyde.  \oiis  liii  enijirimtons  lexacte  tlcscrl])tion  qu'il 
a  donnee  dc  ce  frontispicc  :  .<  Le  litre  est  orne  de  plusicurs 
dessins  colories.  representant,  en  haut  Jesus  a  Gethseinane,  eu 
has  leutree  du  (Whilst  a  .lerusalem,  a  droile  un  medecin  (est-ce 
le  portrait  dc  Hauwolff  .'i  tenant  unc  lleur  a  la  main,  a  gauche 
un  paysan  occupe  ahecher  la  ierrc.  Au-dessous  de  ccs  ligures 
sout  dcssinees  des  corbeilles  de  lleurs.  et  entin  des  anges  sont 
reprcbcntcs  sur  les  quati'c  angles.  « 


—  69  - 

accompli  cwec  Vaide  de  Dieii,  non  sans  beaucoiip  de 
peines.  de  fatigues,  de  dangers  et  de  depenses  ;  dont  il 
a  fait  le  recit  dans  le  livre  imprime  quit  a  public. 

Fait  apres  la  naissance  de  noire  Sauveur  Jesus- 
Christ 

Dans  les  annees 

1573 

1574  et 

1575  (1). 

II  existe  entre  les  trois  premiers  volumes  et  celni- 
ci  line  dilTereiice  a  signaler.  Ici,  les  indications  qui 
accompagnent  les  echantillons  n'ont  pas  ete  appo- 
sees  par  des  annotateiirs  divers.  Toiites  les  inscrip- 
tions sont  unil'ormes,  emanant  de  la  meme  plume, 
et  nous  n'y  retrouvons  plus  I'ecriture  de  Rauwolff. 
On  reconnait  a  premiere  vue  que  c'est  le  calligraphe 
du  frontispice  qui  a  ete  charge  des  annotations  inte- 
rieures.  II  va  sans  dire  qu'elles  out  ete  redigees  par 
RauwolfF  et  simplement  recopiees  par  I'ecrivain. 

(1)  Le  doctcur  Saiiit-Lagcr  {op.cit.)  a  reproduit  Ic  tcxtc  alle- 
mand  que  lui  communkiua  M.  Bociiage.  Mais  comnie  il  3- avail, 
sur  la  copie  qui  lui  fut  adressee,  quelques  erreurs  de  transcrip- 
tion, nous  le  reimprimons  ici,  apres  I'avoir  soigneusemcnt 
eollationne  sur  loriginal  :  •>.  Vierte  Kreuterbuech  —  darein  vil 
schone  und  frembde  Kreutter  durch  den  hochgelehrten  Herrn 
Leonhart  Rauwolffen  der  Artzney  Doctorn  unnd  der  Stat  Augs- 
purg  hestellten  Medicum  gar  fleissig  eingelegt  unnd  aufgemacht 
worden.  Welche  er  nit  allain  in  Piemout  umb  Nissa  unnd  in 
der  Provincia  umb  Marsilia  sender  auch  in  Syria  an  dem  Berge 
Liban<t  unnd  Antilibano  auch  durch  Arabiam  neben  dem  Fluesz 
Kuphrale  in  Chaldea  Assyria  Armenia  Mcsopotamien  unnd  an- 
dern  Orteu  in  seinen  mitt  Gottes  hillf  volbrachttn  dreyjarigen 
Raysen,  mil  groszer  muehe  arbait  gefehrligkhait  unnd  uncosten 
bekhumen  hat  davon  Er  auch  in  scinem  Rayszbucch  so  in  dem 
(Iruckh  auszgangcn  ist  meldung  timet.  —  Geschehen  nacli  der 
geburt  unnsers  Seligmacheis  -  IHHSV  CHRISTI  -  M.  D.LXXIII 
"—  LXXIIII  —  und  LXXV  jar.  « 


—  70  — 

Kllrs  son  I  platu'cs  non  plus  au-dossous  de  rechan- 
lillon,  mais  vis-a-vis,  c'csl-a-dirc  sur  lo  vorso  inoc- 
fupi'  du  IVuillcl  ([iii  ])rc'fode.  Ellcs  donncnl  le  noiii 
lalin,  ol  souvcnl  Ic  synonymealleniand,  francais  ou 
araho.  Qiiolqiiefois  dies  conlienncnt  des  observa- 
lions,  presque  loujours  en  alloniand,  relatives  a 
loriij,ine  on  aiix  proprieles  dc  la  planle,  on  a  qnclque 
autre  particnlarite  (1). 

Les  cxsiccdla  que  rcnferme  Ic  qnalrieme  volume 
ont  ete  disposes  par  ordre  ehronologiqne  d'acqnisi- 
lion  et  divises  en  qualre  series.  Le  commencement 
de  chaque  serie  est  indique  par  nn  litre  d'entree 
appose  au  verso  du  leuillet  precedent.  La  premiere 
serie,  la  seule  dont  nous  ayons  a  nous  occuper,  est 
ainsi  intitulee  : 

Suivent  les  plantes 

que  fai  prises  en  Piemont  aux  environs  de  Nice 

et  ensuite  a  Marseille  de  Provence,  en  France. 

Cette  premiere  serie,  consacree  aux  plantes  de  la 
Provence ,  se  composait   a   I'origine    de    trente-un 

(1)  Le  fait  que  cest  recrivain  du  frontispice  qui  a  etiquete  les 
echantillons  a  ete  reconiiu  par  le  docteur  Saint-Lager  (op.  cit.) 
dapres  les  indications  deM.  Boerlage.  «  En  regard  de  chaque 
plante,  dit-il,  est  ecrit  le  nom  latin. . .  L'ecritiire  est  de  la  meme 
main  que  celle  du  titre.  »  Et  il  ajoutait  aussitot  :  «  On  ne  sau- 
rait  dire  si  elle  est  de  RauwoliT,  attcndu  qu'il  ne  reste  aucun 
autograjihc  de  ce  botaniste  ;  toutefois  cela  nous  parait  pen  pro- 
bable, parce  que  RauwolfT  n'aurait  pas  ose  s'appliquer  a  lui- 
meme  lepithete  liochgelchrt  (doctissimus)  qu'on  lit  dans  le 
texte.  »  Sauf  I'assertion  qu'il  nexiste  aucun  autographe  de  Rau- 
wolff,  le  passage  que  nous  venous  de  citer  dit  vrai.  On  doit 
croire,  en  effet,  que  si,  pour  la  confection  du  titre  initial  de  son 
herbier,  Rauwolff  avait  personnellement  tenu  la  plume,  il  aurait 
eu  la  modcstie  de  ne  S3  point  appliquer  a  soi-meme  le  qualifi- 
catif  de  tres-savant.  Nous  supposons  que  Tartiste  auquel  il 
sadressa  etait  un  ami,  ct  celui-ci  prit  sur  lui.  en  transcrivant 
le  contextc  des  quatre  frontispices,  dy  inserer  ce  petit 
compliment. 


—  71  — 

feuillets ,  contenant  chacun  un  seul  specimen  (1)  : 
on  ne  trouve  plus,  actuellement,  que  vingt-sept 
feuillets.  Grace  a  cette  circonstance,  expliquee  plus 
haut,  que  les  noms  etaient  inscrits,  non  point  sur  la 
page  occupee  par  I'echantillon,  mais  sur  le  verso  du 
feuillet  anterieur,  nous  saurons  quelles  etaient  les 
plantes  qui  ont  disparu  et  nous  pourrons  en  donner 
les  noms  (2). 

Void,  dans  I'ordre  meme  du  volume,  et  avec  les 
numeros  de  pagination,  quelles  sont  les  especes 
representees  par  les  vingt-sept  echantillons  qui 
existent  encore  (3)  : 

1 .  Abroloniiin  fcvmina. 

Chamcecyparissos     sen    pii- 
mila  Ciipressiis. 

Germanis    Garten    Gypres, 
anders  geschlecht  (4i. 

Gallis  petit  cj'pres  et  gar- 
de robbe.  Santolina      (^hamtecyparis- 

sus  L. 

3 (5)    Helichrysum   Stoeclias  DC. 


4.  Holostiiim  Monspeliense . 
Plantac/o aiKjaslifoUa  albida. 

(1)  Les  trois  autres  scries  comprennent  :  1"  les  plantes  de  Tri- 
poli de  Syiie  :  2 '  les  plantes  de  I'Euphrate  ;  3"  les  plantes  du 
Liban. 

(2)  On  sexplique  difficilement  la  disparition  de  ces  quatre 
echantillons.  Ont-ils  ete  enleves  parce  qu'ils  etaient  endom- 
mages?  Cette  hypothese  parait  inadmissible,  tant  est  parfait 
I'etat  de  conservation  des  exsiccata  qui  subsistent.  En  tout  cas, 
la  suppression  a  eu  lieu  avant  le  renouvellemcnt  de  la  reliure, 
ainsi  que  nous  lavons  expose  plus  haut. 

(3)  Nous  donnerons  en  note  la  traduction  des  remarques 
ajoutees  par  Rauwolff  aux  denominations  de  quelques-unes  de 
ses  plantes. 

(4)  «  Cypres  de  jardin,  autre  genre.  » 

(5)  L'annotation  relative  a  cet  echantillon  a  disparu  avec  le 
feuillet  2,  au  verso  duquel  elleetait  inscrite. 


-  72  - 

CiKU.  Klcinspilzlg  AVcgrich- 
krnut  mil  \vcislMrl)en 
blclllcin  (1).  PlanUif^o  albicans  L. 

G (2)    Scolymus  Illspanicus  I.. 


7.  Pscndocylisiis. 
Cijlisiis  sijlvcslris . 


Ononis  raniosissinia  Dcsf. 


8.  Soncluis  Uvvis  alius,  liileo 
/lore. 

Geh.  Ilascnkoe  (3). 

Italis  (Uccii)ita.  Urospcrmuni    Dalcchampii 

Dcsf. 

9.  Soncluis  asper.  Helniinthia  echioides 

Gsertn. 

10.  Hieracium    inajus    per-    Urospermum   picroidcs 
pulehrnm.  Dcsf. 

11.  Hieracium      marinum, 
planta  perquam  rara. 

Frembd    Habichkraut,   aus 
Mor  wachsendt  (4).  Soncbus  maritimus  L. 

12.  Tregacanlha    [sic],    sive 
liirci  spina. 

Arab.  Kitira  sen  Alcbatad. 

(iEHM.  Tra^ant  (5).  Astragahis  Massilicnsis 

Lnik. 


(1)  (1  Plantain  petit  ct  pointu  avcc  fenillcs  blanches.  >^ 

(2)  Le  feuillct  .'>  nnuupie  :  mc-nie  observation  cpie  ci-dessus. 
(;5)  Litteralement,  c  treflc  de  licvre  ». 

(4)  "  PZpervierc  t'tranj^erc.  venant  an  bord  dc  la  mcr  «.  —  An 
cours  de  ses  herborisations  de  la  premiere  periode  (ISeO-iruVi), 
Uauwolft"  avail  deja  cueilli  le  Sonchiis  mdiitimiis,  c[iii  fii^ure 
dans  le  second  volume  de  1  berbicr  sous  le  nom  de  Lactiica 
marina.  En  1573.  il  recolta  de  nouveau  celte  (^hicoracce,  qu'il  vit 
aux  environs  de  Marseille.  11  en  a  fait  mention  dans  VHoda- 
poriciim  sous  le  meme  nom  de  Laclncu  marina. 

("))  Le  nom  allemandest  suivi  de  cctle  annotation  :  «  La  racinc, 


—  73  — 

13.  Scabiosa  monlana  maxi- 
ma . 

Gallis  Scabieiisc. 

Gi'ossen  Apostcnikraut,  ein 
senders  geschlecht  auff 
hochcn  bergcn  wach- 
sendt,  niit  weissen  blue- 
men  (li.  Cephalaria     Icucantba 

Schrad. 

14.  Pohjgomim  marimim 
tereti  folio. 

Weggrass  ein  frembde  ges- 
chlecht  aus  Mor  wach- 
sendt(2).  Spcrgularia  media  G.  G. 

16 (3)    Eryngium  maritimum  L. 

17 .  Coris  Monspelliaca.  Odontites  lutea  Rchb . 

18,  Xastiirliiim   aqnaticwn. 


aprcs  incision,  distillc  une  larme  [lachnjma)  comme  une  gomnic  : 
on  en  fait  les  cartes  |tablettesV|  d'adragant  ». 

il)  '(  Grande  Scal)ieuse  [litteralement  jAanle  a  aposteme\. 
espece  particuliere  venant  sur  les  liautes  niontagnes,  avec  flcurs 
blanclies  ». 

1 2)  «  Renouee  I  litteralement  hcrbe  des  chcmins],  espece  etran- 
gere  venant  an  ijord  de  la  nier  ».  —  II  y  aurait  quelque  raison 
de  s'etonner  que  Rauwolff  ait  donne  a  une  (Jaryophyllee  le  noni 
de  "  Polijgoninii  iiKiriniini  »,  alors  que  dans  le  premier  volume 
de  son  herl)ier  il  a\ait  deja  applique  ce  nom  a  I'espece  ([ue  nous- 
memes  appclons  aujourd'liui  Polygonum  maritimum  L.  —  Gre- 
nier  et  Godron  (Flore  dc  France)  partageaient  en  deux  varietes, 
—  transformees  en  espcees  par  dautres  floristes,  —  le  Spergu- 
laria  quits  out  decrit  sous  le  nom  spccifique  de  media  Pers. 
Le  respect  du  aux  ecliantillons  venerahles  de  llierbier  Rauwolfl" 
empecliant  toute  dissection,  dans  le  cas  present  eomme  en  beau- 
coup  dautres,  nous  etions  dispense  de  teuir  compte  des 
nuances. 

(3)  Le  nom  a  etc  emporte  avec  le  feuillet  15.  C'etalt  indul)!- 
tal)lemcnt  cclui  d'  «  Eryngium  marinum  ■>,  dejii  applique,  dans 
le  premier  volume,  a  un  echantillon  de  la  menie  Ombellifere. 


—  74  — 

Siiiiu  C.viiteiHV  ct  Plinii. 
Hrunkrcssichs  soncicrs  jiics- 
i-hlccht   (li.  Nasturtium  officinale  R.Br. 

19.  Tamarix  Narbonica . 
Mifricd. 

AuAH.     Thnrsc,   den    Inwo- 

nernA//i<'/(2). 
CiEHMANis  Taniarisken.  Tamarix  (iallica  I.. 

20.  RiiUv  sijlvestris  species 
prima. 

Arab.  Sedab. 

Wilder  Hautten  erstc  ge- 
leschlecht  (3).  Ruta  angustifolia  Pers. 

21.  RuUi'  sijlvestris  species 
secunda,  angustifolia. 

Ger.  Wilder  Rautten  wit 
schwalen  blettlein ,  das 
ander  geleschlecht  (4).  Ruta  montana  Clus. 

(1)  «  Espece  particuliere  cle  Cressou  de  fontaine.  » 

(2)  «  Tharse  chez  les  Arabes,  Athel  pour  les  habitants  [?]  ». 
Le  rameau  de  Tamaris  qui  setale  au  recto  du  feuillet  19  a  etc- 
detache  d'un  arbre  croissant  a  xMarseille,  ainsi  que  le  constate 
YHodceporicum.  II  semble  done  que  logiquement  11  faudralt  en- 
tendre par  «  habitants  o^les  Marseillais.  Mais  nous  ne  croyons 
pas  que  ceux-ci  aient  jamais  appele  Athel  le  Tamaris.  Ce  nom 
devait  etre  en  usage  chez  les  habitants  des  bords  de  TEuphratc. 
RauwolfT  vit,  en  eftet,  dans  cette  region,  des  Tamaris  de  grande 
taille.  Illes  a  signales  dans  unc  note  dont  il  a  fait  suivre,  ici 
meme,  le  nom  allemand  Tamarisken  :  «  Tamaris  qui  ressemblcnt 
plus  que  les  notres  [il  designe  par  la  le  Myricaria  Germanica. 
alors  appele  en  Allemagne  Tamarisct:,  sic  dans  FuchsJ  aux  tres- 
grands  Tamaris  qui  croissent  sur  les  Jiords  du  tleuve  Euphrate. 
(sauf  les  fruits  que  je  n'ai  pas  trouves  lors  de  mon  passage).  »  Et 
la  note  se  termine  par  une  question  qu'il  ne  tranche  pas  :  ne  se- 
raicnt-ce  pas  les  Tamaris  que  le  prophete  Jeremie  avait  en  vuc 
dans  les  deux  passages  oil  il  dit,  chap.  17  :  »  Erit  enim...  »  et 
eh .  48  :  «  Et  eritis  quasi  M^ricse  in  deserto  »  ? 

(3)  «  Rue  sauvage.  premiere  espece.  >> 

(4)  «  Rue  sauvage,  a  feuilles  etroites,  seconde  espece.  « 


-  75  - 
22.  Lychnis  sylvestris.  Silene 


24.  , (1)    Echinops   Ritro  L. 

25.  Tartonraire  Galloprovin- 
cice  Massiliensiiim,  planto 

rara  maritima  (2).  Passerina  Tarton-raira  DC. 

26.  Psyllium. 

Ger.  Psillenkraul,    Floche- 

kraut  (3) . 
Gal.  Herba  a  puces.  Plantago  Psyllium  L. 

27.  Seseli  Aethiopiciim   frii- 

lican-^.  Bupleurum  fruticosum  L. 

28.  Zizyphus  arbor. 

Die  Inwoner  nennents  En- 
nab  ,  die  Arabcs  aber 
Hanab  ;  welches  stechte 
die  Apotecker  Jiijiibas 
nennent  (4).  Zizyphus  vulgaris  Lmk. 


(1)  Le  fcuillet  2;{,  qui  portait  au  verso  le  nom  de  VEchinops, 
est  un  de  ceux  qui  manquent.  —  Un  echantillon  de  la  menie 
plante  se  trouve  dans  le  deuxieme  volume  de  Therbier. 
Rauwolff  lavait  nomme  «  Carlina  MonspeUi  »  et  Charles  de 
lEscluse,  amendant,  «  Acanthus  sylvestris  )> .  II  eut  ete  curieux 
de  savoir  quelle  etait,  en  dernier  lieu,  lappellation  que  notre 
botaniste  avait  adoptee. 

(2)  La  denomination  qu'il  donne  ici  au  Tarton-raire  reproduit 
exactement  I'intitule  du  chapitre  consaere  a  cette  plante  dans 
le  Stirpiiim  Adversaria.  11  avait  du  souvent  consulter  cet 
ouvrage.  Nous  verrons  un  pen  plus  loin  qu'il  en  a  fait  mention 
dans  VHodceporiciim. 

(3)  «  Herlje  a  puces.  » 

(4)  «  Les  habitants  [?]  le  uomment  Ennab  et  les  Arahes 
Hanab.  Les  pharmaciens  appellent  les  fruits  jujubes  «  Nous 
avons  a  faire  ici  la  meme  observation  ([ue  pour  le  Tamaris.  De 
quels  habitants  sagit-ilV  Les  deux  specimens  de  Iherbier  furent 
pris  a  Marseille.  Etaient-ce  les  Marseillais  qui  donnaient  alors 
au  Jujubier  le  nom  A'Ennab  ".'  C'est  bien  peu  probable ;  et  nous 


—  70  — 

20.    '/Azijphi  iiUci  species. 
l\()llt'rl)rusll)o(M-lon  Haiims, 
:uuk"r  ^eleschlcclil  (1).         Zizypluis  vulj^aris  Link. 

30.    Valeriana  rubra. 

Hdllcr  1?al(irian  (2).  Ccntranlhus  riil)cr  \H.. 

.')1 .  Catanance  Dioscoridis 
species  prima,  vera,  non- 
diim  cognita  (3).  Plantago  Lagopus  L. 

Lcs  qualre  feuillels  ancanlis  contenaient  uii 
exemplaire  des  cspeccs  suivantcs,  dont  le  iioni  sc 
lit,  commc  nous  TaYons  explique,  au  verso  du 
feuillct  precedent : 

2.  Jacoba'a  marina. 
Arthemisia  marina. 
Cineraria . 
Eines    senders    geschlecht 

der  JacolisBluemen,  beini 

Molir  waclisende  (4).  Senecio  Cineraria  DC. 

supposoiis  eucore  que  par  le  mot  «  haljitants  «  Rauwolff  a  voulu 
designer  les  Levantins,  chez  lesquels  il  coiistata  egalement  la 
presence    de    cet  arbre. 

(1)  ft  Arbre  aux  bales  rouges  pectorales,  seconde  especc.»  — 
En  se  figurant  quil  existait  a  Marseille  deux  especes  de  Jujubier, 
Hauwolff,  tres  probahlement,  avait  ete  induit  a  erreur  par  le 
Stirpiiim  Adversaria.  Les  auteurs  de  cet  ouvrage  semblaient 
admetlrc,  en  elTet,  deux  especes  de  Zizyphiis  :  la  difference  ne 
consistait  qu'en  uue  question  de  taillc. 

(2)  «  Valeriane  rouge.  » 

(3)  La  plante  ctant  "  encore  inconnue  ».  UauwolfV  n'a  pas  pu 
lui  faire  application  dun  nom  allemand.  Mais  il  I'a  deerite  en 
ces  termes,  dans  unc  note  que  nous  traduisons:  d  Petite  plante 
etrangere  resscmlilant  au  Plantain  lanceole,  [Spitziger  Wcgrich. 
sic  dans  Fuchs]  connu  des  Grccs  et  des  Latins,  .le  lai  aussitot 
distinguee  ii  cause  de  ses  petites  feuilles  secbes,  tout  a  fait  sem- 
blables  aux  serres  dun  milan  [bractees  scarienses,  lanceolees. 
munies  dune  lignc  noire  sur  le  dos].  » 

(4)  «  Especc  particuliere  de  Fleur  de  Jacob,  venant  nu  bord  de 
la  mer.  » 


—  77  — 

5    Sempervinim  minus  offi- 

clncirnm. 
Vermiciilaris . 
Crassula  minor.  Sedum 


l").  Erijnyium. 

Gek.   Brachendistcl.  Mans- 

trcw. 
Gallis  Panicault  (1).  Eryngium  campestrc  L. 

23.  Cliondrilla  viminea.  Chondrilla  juncea  L. 

Grace  aux  indications  que  Leonard  RaiiwoKT 
a  donnees  dans  la  Relation  de  son  voyage,  nous 
Savons  que  sur  les  trente  especes  qui  forment  la 
premiere  serie  du  quatrieme  volume  de  I'herbier,  il 
y  en  a  seize  qu'il  recueillit  en  herborisant  aux 
alentours  de  Marseille.  Ce  sont : 

S|)crgiilaria  media  G.  G.  Ccphalaria  leucantha 
lUita  nionlana  Gliis.  Schrad. 

—    angustifolia  Pers.  Cliondrilla  juncea  L.  (3). 

Zizyphus  vulgaris  Lnik.  Sonchus  maritimus  L. 

Astragalus  Massiliensis  Odontites  lutea  Rchb. 


•o 


Luik.  Plantago  Lagopus  L. 

'I'aniarix  Gallica  L.  —        Psyllium  L. 

Hupleurum  fruticosum  L.  Passerina  Tarton-raira 

Eryngium  maritimum  L.  DC.  (4). 
(^entranthus  ruber  DC.  (2). 

(1)  VanicaaL  est  lui  mot  provciical.  (rest  ctfectivcniciit  Ic 
nom  que  les  I^roveiicaux  donncnt  a  VErynginin  campestrc  :  eii 
Francais  Chaidon-Roland. 

(2)  Dans  VHoda'poricnin.  RainvoHT  emploie  comiiie  dans 
Iherljier  la  deiiomiiiatioii  de  "  \'aleriane  rouge  d  ;  mais  il 
ajoute  :  "  Rcmberli  l)od.  i.  Dodoens,  en  et'i'et.  appela  le  premier 
du  uoni  do  VdleriaiKt  rubra  la  phuitc  (|ue  De  Candolle  a  nom- 
inee Ccutraidhns  ruber. 

(."{)  D'apres  VHoda'poricum.  Dasylycus  vit  eette  plante  ii  Mar- 
seille, «  surtout  dans  les  vignes  ». 

i4)  Nous  avons  fait  observer  plus  liaut  que  dans  Iherbier  le 
mot  t,  Tarionrairc  »  est  ecrit  tel  quil  fut  donne  par  le  Slirpium 


-  7S  - 

MaisRamvoltTii'a  inlroduil  dans  son  horbier  de 
\')1'A  (|iio  ((uehiuos-unos  dos  plantes  qu'il  apercut,  a 
fc>lU'  rpo([iu\  sur  lo  k'niloiro  dc  Marseille  (1 ).  II  en  a 
noninie  iin  plus  grand  noinbre  dans  VHoda'jxfriciiin, 
el  nous  rappelons  ((ue  la  liste  qu'il  y  donne  se 
lermine  par  cette  forniule  deccvanle  :  «  et  beaucoup 
d  aulres  qu'il  scrail  Irop  long  d'enumercr  ici  ». 

Voici  les  plantes  de  la  llorule  niarseillaise  citees 
par  VHodcvporiciim  et  non  representees  dans  le  qua- 
Irieme  volume  de  liierbier  (2)  : 


Trifoliiiin  Asphallilc.  I^soralca  l)iluinino.sa  L. 

Dcnlillavia  (.'}).  IMumliago  Huropiea  L. 

Gratiolo.  ?  Gratiola  ollicinalis  L. 

Adversaria.  Dans  VHoda;poricum.  Ramvolff  adopte  une  ortlio- 
graplic  difl'c'i-oiilc  :  il  imprime  Tartenmijrc .  Or  cette  forme  est 
celle  qu'employait  Jacciues  Raynaudet,  cireonstance  que  nous 
a  fait  connaitrc  YHMoria  planiariim  universalis  :  Jean  Bauliin 
y  raconte  que  Raynaudet,  en  hii  envoyant  de  Marseille  des 
ecliantillons  de  la  plante,  lui  ecrivait  que  les  Marseillais  la 
nomniaient  Tarl-en-raijre.  Nous  avons,  dans  notre  Pierre  Pena 
et  Malhias  de  Lobel,  expliquc  Ic  sens  de  cette  expression  pro- 
veneale  et  devoile  la  curieuse  etymologic  du  nom  de  >■  Tarton- 
raira  ». 

(1)  La  nature  des  plantes  citees  marque  avec  quel  soin  Rau- 
wolff  avait  explore  le  t&rroir  de  Marseille.  VAstragaliis  Massi- 
lieiisis  et  YErijngium  mariliimim  croissent  dans  les  sables  mari- 
times  ;  il  trouva  le  Tarton -raire  sur  des  rocliers  voisins  de  la 
raer  :  et  pour  cueillir  le  Biipleuriiin  fruticosam  et  le  Cepluilarid 
leucantha,  il  dut  faire  I'ascenslon  des  coUines  (|ui  entourent  le 
territoire  et  y  atteindre  une  certaine  altitude. 

(2)  Six  des  plantes  inscrites  sur  cette  liste  avaient  ete  cueillies 
par  Rauwolft"  pendant  son  premier  sejour  en  France  et  sont 
representees  dans  les  deux  premiers  volumes  de  liierbier  :  ce 
sont :  Medicago  marina,  Psoralea  hiinminosa,  Diotis  candidis- 
iima,  Asterisciis  spinosus,  Cupularia  viscosa.  Asjuiragns  acnli- 
folius  ;  elles  y  figurent  sous  les  memes  noms,  sauf  le  Psoralen 
(jui  est  appcle  >i  Trifolinm  biUiminosum  »  et  VAsparagus  aculi- 
foliiis,  qui  porte  a  Tindex  le  nom  d"  «  Asparagus  sylvcslris  ». 

(3)  Au  mot  Dentillaria,  Rauwolff  ajoute  dans  son  livre  :  ^  du 
savant  et    celebre    Docteur    (niillaume  Rondelet.    mon   devoue 


-  79  - 

Gnaphaliiim  marinnin.  Diotis  candidissima  Desf. 

Medica  marina.  Medicago  marina  L. 

Comjza  major.  Cupularia  viscosa  G.  G. 

Vermiciilarisfriiticans(l)  ?  Suitda  fruticosa  Forsk. 

Cardmis  tomentusus  i2).  ?  Galactites  tomentosa 

Moench. 
Nepa  (3).  Ulex  parviflorus  Pourr. 

Aster  Atticiis  lideiis.  Astcriscus  spinosus  G.  (i. 

Corriidd.  Asparagus  acutifolius  L. 


professeur.  «  —  Le  Plumbago  avait,  en  effet,  recu  a  Montpol- 
lier  le  nom  de  Dentclairc  de  Rondelet.  C'ctalt  un  specifique 
iccommande  contre  le  mal  de  dents.  11  suffisait,  disait-on, 
|)()ur  c'tre  soiilage,  de  tenir  a  la  main  nn  brin  de  la  plante. 

(1)  II  n'etait  guere  possible  de  donner  une  traduction  cer- 
taine  du  «  Vennicidaris  friiticans  »  de  Rauwolff.  Ce  nom,  tcl 
(ju'il  I'ecrit,  n'a  etii  employe  par  aucun  des  floristes  du  xvF  sie- 
tle.  Nous  cro3-ons  neanmoins  que  notre  liypotliese  du  Siia'dd 
fruticosa  a  i)our  elle  une  grande  probabilite.  Cette  Salsolacee 
ctait  appelee  par  les  Adversaria  «  Cliamwpithijs  vermicutata 
Sedi  cffigic  •>.  par  Lobol,  dans  les  Observationcs.  "  Vermicutata' 
I'ruticis  varietas  major  »  et  par  Cesalpin  «  Vcrmicutariu  arbores- 
(•<'/(,s.  »  —  M.  le  docteur  Saint-Lager,  dans  une  des  lettres  qu'il 
a  bien  voulu  nous  ecrire  an  sujet  de  VHoda'poricum,  emettait 
lavis  que  le  Vcrndiularis  de  Dasylycus  pouvait  etre  un 
Frankenia. 

(2)  Le  texte  ajoule  (en  allemand) ;  «  ressemblant  [nil  ungteicli, 
litteralcment  non  dissemblabte]  a  la  Lcucacantha.  d  —  Dans 
\  Historia  plantarum  unioerscdis  (t.  Ill,  p.  oT),  Jean  Bauhin  a 
])ose,  sans  la  resoudre,  la  c|uestion  de  savoir  quelle  etait  la 
plante  que  HauwoItT,  en  son  Itinerarium,  nommait  ainsi,  et 
([u'il  signalait  «  circa  Marsiliam.  »  En  faveur  de  Tassimilatiou 
((ue  nous  hasardons,  nous  aurious  I'autorite  de  Dalechamp,  qui 
donnc  le  nom  de  «  Leucacantha  »  a  la  Carduacee  que  nous  appe- 
lons  aujourd'luii  (ialaclilei;  tomentosa.  Mais  ee  meme  nom  de 
Leuc(u-antha.  Anguillara  rapplic(uait  an  Cirsium  bulbosum,  d'au- 
tres  botanographes  du  temps  an  Silybum  Marianum.  an  Cen- 
taiirea  solstitialis,  etc.  —  M.  le  docteur  Saint-Lager  {in  titleris) 
pense  qu'il  s'agit  ici  dun  Onopordon. 

(3)  Le  mot  «  Nepa  »,  iusere  dans  une  enumeration  (jui  com- 
prend  <(  Clwndrilla  viminea,  Conyza  major,  Vermicularis  fru- 
ticans,  Cardans  tomentosus  »,  est  suivi  immediatement  de  I'ob- 
servation  que  voiei  :  m  desc[uels  fait  mention  leminent  et  excel- 
lent Matthias    de    Lobel    en    ses    Adversaria  nova.  >>  II  semble 


—  80  — 

Trois  c'spc'c'cs  sonl  (U'signoos,  non  i)oinl  par  lour 
nom  Inlin,  mais  an  inoveii  (rune  pcripliiaso  alle- 
inaiule  (pie  nous  Iraduisons  : 

Epcron-dc-cheualier  a  Jlcurs 
jannes  parfiimces  (1).  ?  Linaiia  siii)iiia  Dcsf. 

i-csultiM-  tic  i-i'Uc  plirasc  (|iK'  UaiiwollY  considers  Mathias  dc- 
Lohcl  coiniiK'  I'aulc'ur  iuii(iiio,  on  tout  an  nioiiis  rauteur  prin- 
cipal dii  Stirpium  Adversaria.  Nmis  avons.  dans  nofrc  etude 
sur  Pierre  Pena,  racontclcs  niacliiuations  auxcpicllcs  Lobcl  cut 
recours  pour  sattribuer  la  patcinilc  dc  eet  ouvraj-c.  Xous  trou- 
vons  iei  la  preuve  que  ces  manoeuvres  eurent  un  pronij)!  suc- 
ccs.  Lanuee  oil  RauwolfT  rentra  dans  sa  ville  nalalc.  an  rctour 
dc  sou  voyage  dn  Levant.  (l.'iTG),  est  ccllc  mcuic  oil  Lobcl 
l)ublia  Ic  Phtnlarnni  sen  Slirpiinn  Ilisloria.  destine  ii  faire 
oublicr  le  nom  dc  Pcna,  (pii  avait  etc  inscrit  en  premiere  ligne, 
cinq  ans  auparavant,  sur  le  litre  des  .A (/ccrsar/a.  liauwollY  fit 
rae(|uisition  du  volume  recent,  puiscfuc  nous  savons  ([uil  y 
deeouvrit  le  nom  a  donner  au  Samolns  Valerandi,  plante  jus- 
quc  lii  inconnue  pour  lui,  admise  dans  son  lierl)ier,  sans  avoir 
etc  detcrmiuec,  depuis  loGl  ou  15()'2  (v.  supra,  p.  16).  En  pre- 
naut  connaissance  dc  la  nouvclle  publication,  Dasylycus  subit 
PelTet  des  babiletcs  de  Lol)cl  ;  11  tut,  conime  on  le  voit,  un  des 
premiers  ii  suiiprimerle  nom  de  Pena  en  citant  les  Adnersaria. 
Et  ee  fait  est  d'autaut  plus  signifieatif  qu'il  connaissait  Pierre 
Pena,  au  moins  de  reputation,  et  devait  savoir  mieux  cjue  per- 
sonne  quelle  part  celui-ci  avait  prise  a  la  redaction  du  livre 
dont  Lobel  netait  que  le  co-signataire.  Noublions  pas,  en  elTet, 
que  Ic  premier  volume  de  Pherbier  conticnt  un  exemplaire  de 
Crepis  bulbosa  auquel  RauwollY,  appliquant  un  uom  qui  devait, 
luiit  ans  plus  tard.  etrc  imprime  tcl  cjuel  dans  les  Adversaria, 
ecrivait  de  sa  propre  main  que  ce  nom  ctait  une  eoneeptiou  de 
Pierre  Pena,  v  Petri  Pen.k  »  {supra,  p.  23). 

(1)  RauwollY  ajoute  ii  cette  designation  :  «  Plante  que  j'ai 
Irouvee  aussi  ii  trois  lieues  de  Nimes,  au  Pont  du  Gard  [il 
imprime  Ponlcgard.  en  un  scul  mot],  sur  cet  antique  monu- 
ment, encore  solide  et  superbc.  ••  —  Le  mot  allemand  Ritters- 
})orn.  dont  nous  avons  donue  ci-dessus  la  traduction  litteralc. 
sappliquait  alors  (et  se  donnc  encore  aujourd'luii)  au  Pied 
d  alouette  (Sic:  Adversaria,  Lobel,  Dodoens,  Jean  Haubin,  ete.i 
Mais  serait-il  possible  que  Dasyhcus  eut  trouve  dans  le  terroir 
dc  Marseille,  et  precedemment  sur  les  mines  du  Pont  da  Gard, 
un  Delphinium  a  flcurs  jaunes parfumees  :'  Xous  proposons,  non 
sans  quelque  timidite,  le  Linaria  supina ,  dont  les  fleursjauues 
epcrounees  exlialent  un  Icger  parfum. 


—  81  — 

Mulcne  a  feuilles  decoiipces 

(!)•  Verbascum  sinuatum  L. 

Pavot  conuijaime  (2).  Glaucium  flavum  Crantz. 


Outre  les  plantes  recueillies  aux  environs  de  Mar- 
seille, Rauwolffa  mentionne  quelques-unes  de  celles 
qui  i'offrirent  a  sa  vue  sur  le  territoire  de  la  Pro- 
vence, au  cours  de  la  longue  chevauchee  qu'il  eut  a 
fournir,  depuis  Nice,  pour  atteindre  le  port  d'em- 
barquemcnt. 

Mais,  chose  singuliere,  aucune  des  autres  plantes 
dont  le  nom  est  cite  par  IHodocporicnm  n'est  repre- 
sentee dans  riierbier  de  1573,  en  sorte  que  pour  les 
quatorze  echantillons  qui  completent  la  premiere 
serie  du  volume,  nous  savons  bien,  par  le  titre  d'en- 
Iree,  qu'ils  proviennent  du  sol  provencal,  mais  nous 
ignorons  en  quel  endroit  precis  ils  furent  pris. 

Aux  alentours  de  Nice  notre  voyageur  remarqua  : 
«  deux  especes  de  Pavot  cornu,  I'un  a  fleurs  jaunes, 
Fautre  a  fleurs  brunes  »  [Glaucium  flaviim  Crantz  et 
Ra'ineria  hijbrida  DC.)  ;  «  un  Ladanum  a  leuilles 
larges  )>  [Cistiis  Monspeliensis  L.  (3j]  ;  enfin,  sur  une 
hauteur,  dans  la  direction  de  Villet'ranche,  «  un  Li- 
seron  blanc  raye  de  pourpre,  a  feuilles  allongees  et 
decoupees  (4)  ». 


(1)  (I  Wullkraut  niit  zcrtliailten  bleltern.  » 

(2)  "  Dcss  gchonieteii  gcll)C'n  Olmag'en.  » 

(3)  Notre  traduction  est  confirmee  par  le  Piiuix  de  Gaspard 
IJauliin.  qui  fait  du  »  Lddiinum  lalifolinm  Rniiivolff  n  un  syno- 
n\me  de  son  «  Cistiis  lacUinifcia  Munspelicnsiiim  »,  devenu  le 
Cistiis  Monspeliensis  de  Linne. 

(4)  Nous  traduisons  par  Liseron  les  deux  mots  allemands 
I'  Winde  Glockcn  »  dont  I'un  signifie  Liscion  et  Tautre  Clochclle. 
Ce  pleonasme  nous  oblige  'a  decider  quil  sagit  ici  dun  Convol- 
vulus. Mais  nous  n'en  voyons  aucun  qui  reponde  dune  mauiere 
exacte  au  signalement  donne  par  I  HoJveporicum,  si  ce  nest  peut- 
etre  le  C.  althwuides  L. 

6 


—  82  — 
I-',!  loul  \c  loni'  do  la  roiilc  do  Nice  a  Marseille 


Scscli  Pcloponcaidcnm  (li. 
Tlujnu'la'd. 

(U'sltis  0  a  lUnirs  hhuiclu's  ot 
:i  lUnirs  purpuriiics.  » 

I.iidiiinun  do  ('.liisiiis  >.  i\ 
fouilios  c'troilcs  (ie  ronia- 
rin  el  i\  lleurs  jaunes  »  (2). 

Thcvebinlhus . 

Ilex  cocci f era  (3). 

Aspalaliis  (4). 

Polcmoiiiuin  Monspelien- 
sinm,  TrifoUiun  fnilicuns 
lie  Ueniborl  Dodocns. 

Hiisciis . 

Sinilax  ttspera. 

Lenlisciis . 

Calaminlha  montana . 


'riia])sia  villosa  L 
Dapliiie  {iiiidimii  L. 
(lisUis  all)idus  L. 

—  salvifoliiis  L. 

—  Monspclicnsis  L. 


Hclianllicmunihirtum  Pers. 
Pistacia  Terebinlhus  L. 
Qucrcus  coccifcra  L. 
V  (^alycolonic  spinosa  Link. 


.lasminum  i'ruticansL. 
Hiiscus  aculealus  L. 
Smilax  aspera  L. 
Pistacia  Lentiscus  L. 
Calamintha  oi'ilcinalis 
Moench. 


(1)  Hauwollf  fait  preceder  le  iioiii  latin  dcs  trois  mots  allc- 
maiids  ('  ein  gar  schoncs  «  [un  tout-a-fait  beau. . .].  Etait-ce  uii 
([ualificatif  quil  appliquait  dune  manierc  generale  a  cctte  Om- 
licllifere,  ou  voulait-il  dire  qu  il  en  avail  apcrcu  un  specimen 
lu.xuriantV  —  Le  Tluipsia,  et  toutes  les  plantes  qui  suivent,  a 
lexccption  du  «  Ladanum  de  Clusius  »,  de  Vv  Aspalatiis  n  et  du 
K  Calaminlha  montana  »,  figurent  parmi  les  recoltes  de  1560- 
1562  dans  les  deux  premiers  volumes  de  I'herbier.  et  y  sont 
inscrites  avec  les  memes  noms. 

(2)  Gaspard  Bauhin  {Pin.,  p.  407)  insere  le  «  Ladnni  species  foliis 
Rosmarini.  RamDolU' »  parmi  ics  synonymes  de  son  <■  Cislns  Icdon 
joliis  rorismarini  sublux  incanis  •>,  dont  Linne  a  fait  le  Cislns 
hirtns.  actucUement  Hclianlbcminn  birtiini. 

(3)  Le  tcxte  porte  «  Ilva  «  au  lieu  d'llex.  C'est  evidemment 
une  fautc  d'impression. 

(4)  11  est  tres  probable  que  par  ><  Aspalatiis  »  Rauwolft'a  voulu 
designer  le  Calycotomc  spinosa,  tres  commun  dans  la  region 
qu  il  a  traversee.  Mais  commc  les  botanograpbes  du  xvr-  siecle 
ne  s  etaient  point  mis  d'accord,  ct  qu'ils  appliquaient  le  nom 
d'Aspalatns  a  divers  arbustes  epineux.  il  n'est  pas  possible 
d'avoir  une  certitude  complete. 


—  83  — 

Qualrc  des  plantes  rencoiilrees  pendant  le  mcme 
Irajet  sont  encore  designees  par  des  denominations 
ou  des  periphrases  allemandes  : 


Liseron  raide  (1).  ?  Convolvulus  Cantabricn 

L. 
Garance  des  teintiiriers  (2).      Rubia  peregrina  L. 
Plante  de  Stcechas  (3).  Helichrysum  Stoechas  DC. 

Chardon  des    hesliaiix  vul- 
gaire  (4).  ?  Silybum  Marianum  Gticrln. 


(1)  «  Scharpffc  Windc  ».  —  «  Raide  >>  doit  s'entendre  dii  ])ort 
dc  la  plante ;  cest  du  moins  ce  que  nous  supposons.  Mais  ce 
detail  est  beaucoup  trop  vague  pour  que  notre  determination  ne 
soit  j)as  simplement  hypothetique. 

(2)  «  Ferberrote  ».  —  Le  Riibia  tinctonim  et  le  R.  peregrina 
sont  deux  especes  tres  voisines.  Nous  croN^ons  que  cest  plutot  la 
seconde  qu'avait  observee  Rauwolff.  Elle  est  beaucoup  plus 
commune  en  Provence  que  la  premiere,  et  celle-ci  n'etait  pas 
encore,  comme  cllc  le  fut  par  la  suite,  I'objet  dune  culture 
speciale. 

(3)  (f  Stocbaskraut  »>.  —  La  nomenclature  du  xvi«  siecle  don- 
nait  le  nom  de  «  Slcechas  Arabica  -»  an  Lavandula  Stoschas,  et 
celui  de  «  Stadias  cilrina  »  a  Y Helichrysum  Sloechas.  Quand 
on  se  trouvait  en  presence  du  mot  Slcccluis  sans  epitbete,  quelle 
plante  fallait-il  entendre  ?  Nous  avons  ici  opte  sans  besitation 
pour  VHelichrijsnni  Stoechas,  qui  figure  a  la  page  3du  quatrieme 
volume  de  Tbcrbier  :  il  est,  du  reste,  beaucoup  plus  repandu  que 
le  Lavandula  Stcechas,  le  longdu  cliemin  parcouru  par  Rauwobi'. 
Cette  Lavande  et  VHclichrysum  sont  representes  dans  le  premier 
volume,  Tune  sous  le  nom  de  Stoechas  Arabica  et  I'autre  sous 
celui  de  Sla'chas  cilrina.  Quant  u  recbantillon  du  quatrieme 
volume,  nous  ne  savons  pas  comment  ila\ait  ete  etiquete.  Ainsi 
c[ue  nous  I'avons  dit  plus  liaut,  le  nom  etait  iuserit  au  ver.so  du 
feuillet  2,  qui  a  di.sjjaru. 

(4)  «  \'cbendistel  gemainc  ».  —  Le  nom  dc  «  Vchendistel  » 
emploj'e  par  Vllodoeporicuni  nous  parait  etrc  une  forme  dialec- 
taic  du  mot  allemand  Vichdistel  que  nous  tronvons,  dans  VHis- 
toire  de  Jean  Baubin,  traduit  e:i  latin  par  Cardans  armcniarins 
sive  pecuarius.  Quelques  auteurs  allemands  appelaient  ainsi  la 
plante  que  nous  nommons  aujourdbui  Silybnni  Marianum.  — 
II  y  a,  dans  le  deuxieme  volume  de  Iberbier,  un   exemplaire  de 


-  84  — 

Kn  tVnnanl  cellc  lisle,  UamvolIT  prcnd  soin  do 
nous  (liiT  ([u'clle  lie  coulitMil  j)as,  hieii  loin  de  la! 
lollies  les  piantes  qu'eii  eelle  oceurence  il  a  passees 
en  revue.  II  y  en  avail  beaucoup  d'aulres,  dil-il, 
«  iiiid  andere  melir.   » 

11  csl  proibndemenl  regrellahle  (pi'll  ail  use,  — 
nous  devrions  dire  abuse,  —  de  ce  procede  abrevia- 
tif,  quand  il  a  parle  des  planles  exoli(|ues  reunies 
dans  lejardin  de  Jacques  Uaynaudel. 

On  a  vu  plus  haul  coninienl,  ayanl  a  ])rendrc 
j)aliencc  en  allendanl  que  le  S(n}t(t-Ci'ucc'  [)iil  lever 
I'ancre,  il  s'etail  lie  avec  Raynaudel.  Celui-ci  lui 
inonlra  d'abord  son  herbier,  puis  le  conduisit  dans 
son  jardin,  on  il  cullivail  des  simples  (1).  (>onibien 
il  scrail  anjourd'lini  inleressanl  de  savoir  exacle- 
nienl  ([uelles  elaient,  en  maliere  de  culture,  les  pre- 
dileclions  dun  i)harinacien  bolanojdiile  niarseillais 
ail  xvr'  siccle  I 

Nombreuses  devaienl  elre  «  les  belles  planles 
niedicinales  elrangeres  »  que  cultivait  Jacques 
Raynaudet  :  ainsi  rindi({ue  le  desolant  «  et  ccvtera  » 
de  RauwollT.  II  n'cn  a  nomine  que  cinq  :  Aloe, 
Ambrosia,   Ainini,  Mohj  et  <(  le  vrai  »  Scammoniiim. 

Ce  nest  point  chose  facile  que  de  chercher  a  lixer 
avec  certitude  ridenlile  des  especcs  aiixquelles  on 
attachait  alors  ces  nonis,  transmis  par  la  venerable 
anliquite. 

Nous  supposons  que  pour  Raynaudet  et  Rauwolll' 
le  «  Scammoniiim  vrai  »   etait   la    planle  qui    porte 


Silijbiim,  que  Piauwollf  a  inscrit  sous  Ic  uoni  dc  •  ('(trdniis 
Malice  >■> .  D  apres  M.  le  docteur  Saiut-Lager  (in  lilt.),  c'est  l)ieu 
a  la  mcme  cspece  cju'il  ap])liquait  plus  tard,  dans  VHuda'jwii- 
ciini.  le  tcruie  de  Vchcmlislcl. 

(li  Le  mot  latin    «  simplicia  »    est  impiinie  dans  le  Icxle  en 
caracteres  lomains. 


—  85  — 

depuis  Linne  le  nom  de  Convohmlm  Scammonia  (1). 
Le  mot  de  «  vrai  »,  employe  ici,  avail  pour  but  do 
distinguer  cette  plante  de  la  Scammonee  de  Monl- 
pellier  (Cyimnchum  Monspeliaciim  L.,  considere 
aujourd'hui  comme  une  simple  variete  du  C.  acii- 
tum  L . ) 

((  Ambrosia  »  s'appliqiiait  sans  doute  a  Tespece 
qui,  faisant  toujours  partie  du  genre  Ambrosia,  a 
recu  de  Linne  le  nom  specifique  de  maritima(2). 

Pour  «  Ammi  )),  la  difliculteest  grande.  Brunfels, 
Tragus,  Valerius  Cordus,  Gesner,  Lonitzer,  VHistoria 
Liigdiinensis,  Dodoens,  Camerarius  appelaient  ainsi 
rOmbellifere  qui  est  presentement  notre  Ammi 
majiis  L,  Mais  Jacques  Raynaudet  voulait  dans  son 
jardin  ])otanique,  —  Rauwolff  le  dit  expressement, 
—  dcs  plantes  a  etrangeres.  »  Or,  V Ammi  majiis  est, 
de  nos  jours,  extrememcnt  commun  dans  les champs 
([ui  avoisinent  Marseille.  Pour  croire  que  Raynaudet, 
I'ayant  inlroduit  parmi  ses  cultures,  prenait  plaisir 
a  le  montrer  aux  visiteurs  de  son  jardin,  il  laudrait 
supposer  qu'au  xvr'  siecle  c'etait  une  rarete. 


(1)  Cordus  ct  Dodoens  appelaient  c  Scammoninm  »  le  Con- 
volvulus Scammonia  L.  ;  les  Adversaria  ajoutaient  «  Syriaciim  ». 
Lcs  aiitres  lloristes  contemporains  sc  servaicnt  des  mots  «  Scani- 
monca  »  et  «  Scammonia  ». 

(2)  Cc  nest  pas  Linne  ([ui  a  cree  le  nom  d'Ambrosia  maritima. 
Lauteur  du  Species  scst  contente  dV  rcproduire  lappellation 
etablie  par  (laspard  Bauhin  (Pin.,  p.  138).  Celui-ci  donnait  pour 
synonymes  a  cette  plante  : 

Ambrosia,  de  Dodoens,  des  Adversaria,  de  Cesalpin,  de  Came- 
rarius et  de  TabcrnaMiiontanus  ; 

Ambrosia  qnibnsdam  dicta,  do  Conrad  Gesner,  Amfcros/a  sativa 
hortensis,  de  Lohel  (Observationes)  ; 

Ambrosia  hortensis  procerior.  de  VHistoria  Lugdunensis. 

On  pout  done  considerer  comme  certain  ((uc  cost  bicn  V Am- 
brosia maritima  de  G.  Bauhin  et  de  Linne  que  Jacques  Raj'- 
naudet  cultivait  dans  son  jardin  botanique. 


-:-    8fi    — 

«  Molij  »  osl  uii  noin  ct'lcbre,  (|ui  remonle  jiis- 
qu'a  Honu'ie.  Aussi  los  bolano^raphos  do  la  Renais- 
sance avaienl-ils  eprouve  un  vil"  desir  de  savoir  a 
quelle  j)lante  ce  noni  pouvait  elre  adaj>le.  De  la, 
(lans  la  nonienelalure  dii  xv^'  siecle,  nne  Ires  ^rande 
eonlusion,  la  denominaiion  de  Mohj  ayanl  ele,  ;i 
tort  et  a  travers,  dislribuee  a  beaucoup  de  diiYercntcs 
especcs.  II  esl  probable  (jue  le  Moly  de  Raynaudel 
etait  nn  Allium :  il  serait  lemeraire  de  dire  lequel  (1). 

Enlin  V  «  Aloe  «  etait  vraisemblablemenl  Aloe  vul- 
garis Lndv.  Nous  savons  par  les  Adversaria  que 
TAloes  ligurail,  vers  la  meme  epoque,  parmi  les 
plantes  rares  qui  ornaient  le  jardin  du  gouverneur 
de  la  ville,  Pierre  Bon,  baron  de  Meolhon  (2).  Rien 
d'etonnanl  que  Raynaudet  le  possedat  aussi. 

Voila  tout  ce  que  nous  ont  fourni,  au  sujet  de  la 
flore  provencale,  soit  VHodoeporicum,  soitla  premiere 
partie  du  quatrieme  volume  de  Therbier  de  Leyde. 

Leonard  RauwoHY  ne  revit  plus  la  Provence.  Le 
navire  a  bord  duquel,  apres  un  sejourde  trois  ans  en 
Orient,  il  prit  passage  pour  retourner  dans  sapatrie, 
vint  atterrir  non  point  a  Marseille,  mais  a  Venise. 


(1)  Gasparcl  Bauhin  (Pin.,  p.  75)  donne  le  nom  de  n  Moly  lati- 
foliiim  lilifioiiun  »  a  la  plante  cjue  Theophraste  ,  Anguillara , 
Clusius  et  Camerarius  appelaient  «  Moly  «;  les  Adversaria,  Lobe! 
dans  les  Observatioiies,  VHistoria  Liigdunensis,  «  Moly  liliflo- 
rumy>,  et  Dodoens,  k.  Moly  latifolium  ».  Linne  a  fait  de  cette  es- 
pece  VAlliiim  luagiciim.  Mais  en  quel  pays  croissait  I'Ail  nia- 
gique '?  Linne  lui-meme  I'ignorait,  puisc[ue  dans  la  troisienie 
edition  du  Species,  il  ne  pouvait  indic[uer  la  patrie  de  cette  Lilia- 
cee  mj'sterieuse  et  faisait  suivre  d'uiie  ligne  de  points  le  mot 
habitat.  h'Tndex  Kewensis  ideutifie  V Allium  magicam  avec  VA. 
nigrum  L.  Si  cette  assimilation  est  fondee,  ce  serait  alors  VAl- 
liiim nigrum  que  vit  Hauwolff  dans  le  jardin  de  Raynaudet. 

(2)  La  Botanique  en  Provence  an  xvi"  siecle  :  Pierre  Pcna  el 
Mathias  de  Label,  p.  83, 


—  87  — 

L'heureux  voyageur  fit  Sca  rentree  a  Augsbourg  le 
12  fevrier  1576.  Le  destin  lui  reservait  encore  vingt 
ans  de  vie,  mais  vers  la  fin  de  sa  carriere  il  fut  en 
butte  a  de  douloureuses  epreuves. 

Des  son  retour,  il  avail  ete  nomme  medecin  de 
I'hopital  des  pestiferes,  avee  mille  florins  de 
traitement. 

((  Apres  avoir  rcnipli  cette  fonction  avec  Tappro- 
bation  generale  durant  plusieurs  annees,  RauwollT 
eut,  en  1588,  le  malheur,  ainsi  que  plusieurs  de  ses 
compalriotes,  de  perdre  sa  place  et  son  traitement, 
parce  qu'il  ne  voulut  pas  quitter  la  religion  reformee 
pourle  catholicisme.  Pen  apres  les  Etats  d'Autriche 
rappclerenl  a  l.inlz  en  qualite  de  medecin  de  la  ville. 
II  n'esl  guere  probable  quMl  ait  vecu  tranquille  dans 
ce  nouveau  poste,  puisque,  malgre  son  age  avance, 
il  suivit  connne  medecin  des  armees  les  troupes 
autricliiennes  qui  alloient  en  Hongrie...  Quelques 
ecrivains  disent  quil  mourut  de  la  dysenterie  au 
siege  de  Hatvan  en  1606.  Cette  date  est  fautive,  car 
le  medecin  Tobie  Cobber,  qui  le  soigna  dans  sa  der- 
niere  maladie,  dil  expressement  qu'il  termina  sa 
carriere  a  Hatvan  en  1596.  «  Un  peu  auparavant,  — 
«  ce  sont  ses  expressions,  —  je  representai  a  Rau- 
«  wollVqu'a  son  age  il  ne  supporterait  pas  les  fatigues 
«  et  les  dangers  inevitables  a  la  suite  d'une  armee  : 
«  mais  il  m'objecta  que  son  long  voyage  avoit  en- 
«  durci  son  temperament.  Cependant  la  mauvaise 
«  eau  de  Hatvan  lui  causa  bientot  une  diarrhee  qui 
«  ralTaiblit  exlremement  et  finit  par  le  conduire  au 
«  tombeau.  »  Cobber  ajoute  que  peut-etre  Rauwolff 
n'eiit  pas  succombe  a  sa  maladie  si  ses  chagrins 
domestiques  ne  I'eussent  pas  tourmente  sans 
relache...  (1).  » 


(1)  Annales  des  voyages,    de   la  geographic    et    de    Vhistoire, 
loc.  cit. 


—  88  — 

Que  dcvint,  an  niiliou  do  cos  peiipetics,  riicrbier 
do  Loonard  RauwollV?  Comnionl  a-l-il  pu  olro  con- 
sorvo  jusqua  nos  jours,  ol  par  (juol  conoours  do 
ciiTonslancos   osl-il  dovonu   piopriolo   do   la  Hol- 

landoV 

Voici  CO  quo  dit  a  co  sujol  I'aulour  do  la  Notice  a 
laquollo  nous  vonons  d'ompiuntor  lo  rocil  dos  der- 
niors  jours  do  RauwolIT  : 

«  L'herbier  do  RauwolIT  a  eu  uno  doslineo  singu- 
lioro  :  Isaac  Vossiuson  dovint  possessour  durant  sou 
sojour  on  Suodo.  Jacques  Brovn  lui  avoil  onlondu 
diro  (juil  I'avoit  rocu  on  prosonl  do  la  roino  Chris- 
tine (1).  Cot  hor])ier,  ai)rcs  la  mort  de  RauwoHT,  avoit 
sans  douto  ete  place  dans  la  bihliothcHpio  do  I'Elec- 
teur  de  Bavicre ;  et  comme  dans  la  guerre  de  Trente 
ans  los  Suodois  s'emparoient  dos  curiositos  littorai- 
res  des  pays  dont  lis  laisoient  la  conquote,  il  est  pro- 
bable que  c'est  de  cette  maniero  que  Thorbior  aura 
oto  Iransporto  on  Suede  (2).  >» 

(1)  En  invoquant  le  temoignagc  de  Jacques  Hreyn ,  lauteur 
de  la  Xotice  aurait  du  iiidiquer  que  ce  liotaniste  faisait  suivre 
son  affirmation  de  cette  reserve  :  "  X/.s/  mc  fallil  memorio  ».  — 
La  Nuiwellc  Biofjraphic  gcncralc  donne,  sur  Texistenee  d'Isaac 
Vossins,  les  details  suivants  :  «  VossRS  (Isaac),  celebre  erudit... 
ne  ea  1G18  a  Lcyde.  mort  le  'Jl  fevrier  1681).  ii  Londrcs...  Apres 
la  mort  de  son  frere  Mathieu,  il  obtint  de  lui  suecedcr  dans  la 
double  charge  d'bistoriograplie  des  Ktats  de  Hollande  et  de  bi- 
bliothecairc  de  la  ville  d'Amsterdam  (KUG).  Invite  par  la  reine 
Christine  a  vcnir  a  sa  cour.  Isaac  s  y  reiidit  en  1G49.  et  recnt  un 
accucil  tres  favorable...  Kile  lui  aebeta  la  bibliotheque  de  son 
pere  et  lui  donna,  en  1650,  commission  d'acquerir,  dans  Ics 
Fays-Has,  en  France  et  en  Allemagne,  des  livres  et  des  manns- 
crits...  11  la  snivit  en  Hollande.  apres  son  abdication,  et  se  de- 
dommagea  comme  il  put  dc  ce  (|uelle  lui  devait  en  livres,  ta- 
bleaux, manuscrits.  etc.  En  KiTO.  il  sY-tablit  a  Londrcs  et  y  passa 
le  reste  de  sa  vie  dans  raisance.  grace  a  un  riche  heritage  de 
famille  et  aux  liberalites  du  roi  Charles  II,  qui  lavait  pourvu 
d'un  cauonicat  a  Windsor  ;  il  recevait  aussi,  dcpuis  WyA\.  une 
pension  de  1200  livres  dc  Louis  Xl\'.  II  mourut  a  71  ans  ). 

(2)  Conringii  Inlroductio  in  artem  mcdicam,  ciira  Schelhttm- 
meri,  Helmstadt .  1G87.   -  J.  Bcckmann  { Liltcratiir  der  altercn 


—  89  — 

A  la  morl  d'lsaac  Vossius,  rUniversite  de  Lcyde 
s'empressa  de  trailer  avec  les  heritiers  du  defunt  : 
elle  aclieta  en  bloc,  moyennant  le  prix  de  32.000 
florins,  la  bibliotheque  du  celebre  crudit,  et  depuis 
lors  rher])ier  de  Leonard  RamvoIlT  n\a  pas  cesse 
(rappartonir  a  la  Hollande  (1 ). 


Reseibe  schrcihiinfjcn .  1.S07)  a  ete  plus  affirmatif.  II  declare 
cxprcssc-mcnt  que  Dierljier  de  RauwoIiY  etait  cntre  dans  la  bi- 
bliothequft  de  rKlectcur,  apres  la  mort  du  botanistc  dAugs- 
l)ourg.  ct  que  Ie<  Suedois  layant  cnleve  pendant  la  guerre,  le 
transporterent  en  Suede.  —  Faire  Iiommage  de  son  herbier  a 
quelque  prince  eclaire  et  gcnereux,  en  vue  des  avantagcs  que  cc 
don  aurait  pu  lui  valoir,  etait  un  projct  que  Leonard  Ramvolff 
avait  longtemps  caresse  avant  de  mourir.  II  en  parlait  dans  la 
lettrea  Charles  de  I'EscIuse  que  conserve  I'Universite  de  Leyde  : 
il  priaitson  illustre  correspondant  de  semettre  personnellenient 
a  la  recherche  dun  tel  prince  :  «  Habeo  adhuc,  ecrivait  Rauwolff. 
alia  quamplurima  siniplicia,  ex  Orientali  jihiga  mecum  allata.  . ., 
in  suo  virore  chartis  ca  diligentia  agglutinata  et  in  iinum  opus 
compacta,  ut  a  (juibusvis  exquisite  cognosci  possint  :  qua-  cum 
non  sine  niagno  labore.  periculo.  niulto<[ue  sudore  acquisierim, 
munitico  et  liberali  alicui  Princijji,  et  qui  horuni  cognitione 
maxime  delcctaretur,  baud  gravatim  offerrem.  Talis  si  occurre- 
rct  cumc[ue  meo  nomine  hac  de  re  per  occasionem  alloquereris, 
feceris  mihi  rem  non  ingratam.  ■;  Mais  ce  reve  ne  put  se  realiser  : 
et,  comme  on  vient  de  le  voir,  ce  tut  seulement  apres  la  triste 
fin  du  botaniste-voAageur  que  son  herbier  devint  la  propriete 
du  souverain  de  la  Haviere. 

(1)  Nous  trouvons  dans  la  Biographic  universcUc  le  detail 
que  voici  an  sujet  de  cette  acquisition  :  «  11  | Vossius]  laissait 
une  riche  bibliotbecjue  que  I'Universite  de  Leyde  acheta  trentc- 
six  mille  florins,  et  qu'clle  fit  enlever  aussitot.  <•  Si  Ion  neut 
«  pas  use  de  cette  diligence,  ecrit  Haj'lc,  si  les  livres  n'eussent 
"  pas  ete  porteschez  M.  Citters,  anibassadeur  de  Hollande  a  la 
«  cour  d'Angleterre.  il  serait  venu  des  ordrcs  pour  en  empecher 
«  Ic  deplacement,  alin  que  les  heritiers  fusscnt  obliges  de  rom- 
«  pre  le  marche  et  den  conclure  un  autre  avec  I'Universite 
n  d'Oxford.'i  —  II  resulte  d'une  note  qu'a  bien  voulu  nous 
fournirM.  Icdocteur  Molhuyscn,  conservateurde  la  Bibliotheque 
de  IT'niversite  de  Leyde,  que  le  jirix  fut  non  point  de  trcnte-six 
mille  noiiiis,  mais  seulement  de  trente-deux  mille.  Voici,  d'aprcs 
la  mOme  note,  en  ([uels  termes,  lors  de  la  ventc,  Iherbier  de 
HauwoliT  etait  inscrit  sur  le  catalogue  de  la  bibliotheque  d'lsaac 


-  90  — 

PcMidaiil  (iiu'  rherl)ier  etait  an  pouvoir  d'lsaac 
Vossius,  celiii-ci  se  fit  un  plaisir  de  le  commiiniquor 
•1  divers  savaiils;  el  plusieurs  l)olaiiisles  de  i^raiul 
reiiom  v  puiserenl  d'lililes  renseignemeiils  :  .laefjues 
Breyn  (1 ),  Robert  Morisoii  (2),  Leonard  PlnUenel  (IV) 
et  .lacqiies  liol)aii  (4). 

Vossius  :  Ilerbarius  niniis,  sine  CoUeclio  Ilcrlutnnn  oiuniiini 
yencrtim  rdnssiiwiniin  per  Dominiim  Leonnnhim  lUtuwolfen, 
MciUcincv  Doclorem,  sumnm  cma,  magnis  siimplihiis  cl  iinjentibus 
periciilis  facta  ante  centum  ct  viijinti  qninqiic  annos  tain  in 
Europa  quam  prccsertim  in  Siria,  in  Monte  Lihnno,  Anli  I.ibano, 
in  Arabia  et  propc  Enplxratem  fUivium,  in  Cfialdea,  Assiria, 
Armenia,  Mesopotamia  ac  ila  clegantcr  ac  mir(t  arte  disposita 
nt  plnrinia'  Iwrbcr  tiactenus  colores  contineant .  Duo  tomi  in 
folio,  tres  in  quarto.  —  n  Le  manuscrit,  ajoute  M.  Ic  docteur 
Molhuysen,  est  aujourdhui  cote  dans  notre  Bibliotheqiie  : 
Codex  Vossianus  germanicus,  in-folio  n"  1.  » 

(1)  Plantarum  exoticarnni  Ccntnria  prima,  p.  82.  —  Hreyn 
declarait,  aiiisi  f(ue  (Ironovius  la  rappele  dans  son  FZo/v/ 
Orientalis,  quen  1G(J3  les  echautillous  de  Iherbier  conservaient 
encore  toute  leiir  fraicheur:  ((adeopulchre  et  curiose  exsiccata 
sunt,  ut  eodem  anno  videlicet  mdclxiii  quo  eodem  oculis  usur- 
pavit,  collecta  esse  viderentnr.  » 

(2)  Plantarum  Historia  universalis  Oxoniensis.  t.  Ill,  passim. 

(3)  Almagestum  botanicum,  p.  50,  76  ct  141  —  Chaque  fois 
que  Plukenet  fait  mention  de  Iherbier  Rauwolff,  c'cst  a  propos 
de  plantes  quil  declare  n'avoir  vues  que  la;  ainsi,  il  ecrit  au 
sujet  dune  Aristoloche  :  «  Hanc  elegantissimam  Aristolochia? 
speciem  conspeximus  tantiim  inter  CoUectaneas  Rawolfianas  in 
manibus  Reverendiss.  D.  1).  Vossii  apud  Windsoram  Preben- 
darii  dignissimi.  » 

(4)  Le  celebre  botanographe  anglais  Jean  Ray,  dans  son  Histo- 
ria Plantarum  (t.  Ill,  p.  <J3()),  dit  au  sujet  de  V  a  Acanthus  Dios- 
coridis  verus  sativus  Rauwolfii  »  :  a  In  Horto  sicco  1).  Rauwolfii 
vidit  U.  Bobart.  » — Nous  trouvons  dans  Gronovius  I'cxtrait 
d'une  lettre  ecrite  en  1692  au  meme  Jean  Ray  par  son  conipa- 
triote  Hatton,  et  dans  laquelle  celui-ci  parlait  dune  offre  de 
quatre  cents  livres  sterling  faite  quelques  annees  auparavaut  a 
Isaac  Vossius  pour  le  determiner  a  ceder  les  quatre  volumes 
de  I'herbier  RauwoHT  :  «  I  have  heard  Isaac  Vossius  declare 
above  400  1.  sterling  had  been  offerd  for  the  4  specious  Volu- 
mes he    had   of    dried    Plants  collected    by   Rauwolfius » 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  falre  ressoriir  quelle  pouvait  etre, 


—  91  — 

Au  xviii^  siecle,  un  magistrat  de  Leyde,  Jean-Fre- 
deric Gronove(l),  botaiiophile  passionne,  a  ce  titre 
ami  et  correspondant  de  Linne,  eiit  I'idee  de  publier, 
sous  le  nom  de  Flora  Orientalis,  un  releve  de  toutes 
les  plantes  d'Orient  doiit  RauwolfT  avait  insere  un 
sjtecimen  dans  le  qualrieme  volume  de  son  herbier 
oiiqu'il  avait  mentionnees  dans  la  Relation  de  son 
voyage.  Get  ouvrage  fut  imprime  a  Leyde  et  parut 
en  1750  (2).  II  contient  I'enumeration  de  888  especes 
qie  I'auteur  a  classees  d'apres  la  metliode  sexuelle 
de  Linne. 

Pour  chaque  espece,  Gronovius  a  etabli  avec  beau- 
coup  de  soin  une  synonymic  qui  debute  par  la  desi- 
gnation linneenne  empruntee  soit  a  VHortiis  Cliffor- 
tianus,  soit  a  tout  autre  des  ouvrages  que  le  grand 
botaniste  suedois  avait  deja  publics  :  Flora  Lappo- 
nica,  Hortus  Upsalemis,  Materia  medica,  premiere 
edition  du  Species;  elle  donne  en  dernier  lieu  la 
dcinomination  employee  par  RauwolfT  dans  VHodoe- 
poricum  ou  dans  YHortns  siccus. 

C'est  par  cette  expression  que  Gronovius  designe 
riierbier,  ou  plus  exactcment  le  quatrieme  volume, 
car  il  a  completcment  laisse  de  cote  les  trois  pre- 
miers; il  parait  meme  n'avoir  pris,  de  ce  quatrieme 
volume,  qu'une  connaissance  un  pen  superficielle. 

au  xvii«  siecle,  rimportance  dun  capital  de  400  livres  sterling 
qui  cquivaudrait  aujourdhui  a  10.000  fr.,  mais  qui  representait 
alors  une  valeur  au  moins  cinq  fois  superieure. 

(1)  Jean-Frederic  Gronoveappartenait  a  une  famillede  savants. 
Son  aieul  et  son  pere  s'etaient  fait  un  noni  comme  philologues. 

(2)  En  voici  le  titre  complet  :  Flora  Orientalis  sive  Recensio 
Plantaram  qitas  Botanicornin  Coryphaeus  Lconliardiis  Raii- 
ivol/fiis,  Mediciis  Aagiistaniis,  annis  1573,  157 i^  et  1575  in  Syria, 
Arabia,  Mesopotamia,  Babylonia,  Assyria,  Armenia  et  Judaea 
crcscentes  obscrvavit  et  collegit,  earnmque  dncenta  Specimina. 
qnce  in  Bibliotheca  publica  Lmjduno-Batava  adscrvantur,  niti- 
dissime  exsiccata  et  chartce  adglutinatn  in  vohimen  retulit.  Has 
Metliodo  Sexaali  disposnit,  Synonymis  probatiorihns  illustravit, . 
Nominibiisqne  Specificis  insignivit  Johan.  Fredericiis  Gronovius. 
—  Lugduni  Batavorum,  Typis  Wilhelmi  de  Groat,  1755. 


—  02  — 

Nonol)slnnl  son  litre  i\c  Flora  Oriciilalis,  il  a  insero 
siir  sa  lisle  line  qnaranlaine  d'espeees  cilees  dans 
Vllodn'poriciiin  connne  ayanl  ele  observees  par 
Rauwolllen  Iraversanl  la  I^rovence. 

Les  eriliques  que  nous  avons  a  iaire  du  Iravail  de 
Gionovius  n'auronl  nalurellenienlpour  oJijel  que  ce 
qui  inleresse  la  llorc  provencale. 

Nous  avons,  en  premier  lieu,  a  relever  certaines 
erreurs  de  determination. 

Ainsi  qu'on  la  vu  plus  haul,  c'est  VOdoiitiles  liiica 
(|ui  figure  dans  le  qualrieme  volume  sous  le  nom  de 
«  Coris  Monsj)elh'nsimn  «.  Nous  avons  explique  qu'au 
XVI''  sieele,  rallribulion  du  nom  de  Coris  iiVOdonlHes 
ne  constituait  point  une  inexactitude.  Mais,  au  xviii^, 
il  n'etait  plus  permis  de  confondre.  Pourtant  Grono- 
vius,  se  laissant  tromper  par  la  similitude  de  nom, 
identifie  la  plante  de  RauwolfYavec  le  Coris  Monspe- 
liensis  de  Linne.  On  ne  comprend  vraiment  pas  com- 
ment, ayant  sous  les  yeux  un  echantillon  d'Odontites, 
il  ait  pu  y  voir  la  Primulacee  susdite.  Du  reste,  s'il 
eut  consulte  les  autres  volumes  de  I'herbier,  il  y 
aurait  trouve  Y Odontites  hitea,  deja  inscrit  sous  le 
nom  de  «  Coris  »,  et  notre  Coris  de  Montpellier, 
presents  sous  celui  de  «  Sij mphy turn  pet ranim  ». 

Du  ((  Seseli  Peloponesiaciim  »,  que  Dasylycus  de- 
clarait  avoir  apercu  pendant  le  trajet  entre  Nice  et 
Marseille,  Gronovius  a  fait  le  Ligiisticiim  Levisticum. 
Ici  encore,  s'il  eut  pris  la  peine  de  feuilleler  les 
volumes  anterieurs,  il  aurait  vu,  dans  le  tome  ii,  ce 
meme  «  Seseli  Peloponesiaciim  «,  et  nous  devons 
supposer  qu'il  aurait  fiicilement  reconnu  le  TImpsia 
villosa  L. 

En  reproduisant  les  indications  d'habitat  donnees 
pa.r  Vlloda'poricnm,  Gronovius  a  commis  certaines 
inexactitudes  qu41  aurait  evitees  s'il  cut  apporte  une 
attention  plus  grande  a  I'examen  du  texte  de 
Rauwolft". 

Olui-ci,  enumerant   les  plantes  qu'il   a  vues  ou 


—  93  — 

cueillies  aux  aleiitours  de  Marseille,  nomme  le  Qhon- 
drilla  juncea  et  dit  de  cette  espece  qirdle  croit  sur- 
toiit  dans  les  vigiies,  «  soiiderlicli  in  den  Wein- 
gaiien  ». 

L'auteur  du  Flora  Orienialis  ne  s'est  point  avise 
que  cette  observation  s'appliquait  seulement  a  la 
Cliondrillc  et  il  la  etendue  a  d  autres  plantes  de  la 
llorule  marscillaise,  notamment  au  Biipleiinim  frii- 
ticosiim,  au  Sediim  album,  au  Passerina  Tarton- 
raira,  pour  lesquels  pareille  indication  constituait 
une  erreur  absolue. 

Nous  avons  eu  soin  d'enumerer  plus  liaut  toutes 
les  plantes  dont  Rauwolff  constata  la  presence  sur  le 
lerritoire  provencal,  tandis  qu'il  chevauchait  entre 
Nice  et  Marseille.  Gronovius  n'a  mentionne  que  qua- 
tre  de  ces  plantes,  et  il  a,  par  megarde,  reduit  le 
l)erimetre  dans  lequel  le  voyageur  declarait  les  avoir 
vues  :  au  lieu  du  trajet  de  Nice  a  Marseille,  il  ne 
parle  que  de  celui  entre  Brignoles  et  la  grande  cite 
maritime,  «  in  via  qiuv  Brignola  Massiliam  diicit  », 
sans  s'apercevoir  que  Brignoles  n'est  cite  que  comme 
une  des  etapes  du  voyage. 

II  y  a,  sur  la  liste  du  Flora  Orienialis,  un  assez 
grand  nombre  d'especes  dont  Gronovius  ne  fait  pas 
connaitre  Thabitat,  parce  qu'il  n'a  trouve  dans  YHo- 
(lu'j)oricnm  aucune  indication  precise  a  ce  sujet.  S'il 
avait  lu  Tinscription  placee  par  UauwoliT  au  verso 
du  iVontispicc  dans  le  quatiieme  volume  de  I'lier- 
bier,  il  eut  vu  que  les  plantes  occupant  les  31  feuil- 
lets  suivants  avaient  ete  recoltees  sur  le  sol  de  la 
Provence,  et  il  aurait  pu  faire  connaitre  cette  origine 
pour  le  Soiicluis  niaritimns,  le  Spergularia  media, 
VErynginiu  campeslre,  le  Naslurlium  officinale. 

Et  pourrait-on  expliquer,  autremenl  quavec  Tliy- 
potbese  dune  inadvertance,  le  fait  qu'il  a  exclu  de 
sa  liste  et  complctement  passe  sous  silence  quatre 
especes  repi'esenlees  par  de  Ires  beaux  ecbantillons 
dans   cette  premiere  serie  de  plantes  du  quatrieme 


—  94  — 

voluiiu' :  Sculiimiis  Ilispaiiiciis,  Urospcnniimpicroides, 
Ccpluilarid  Iciicanllja,  l'Aliii}oi)s  RUro?  (1) 

Dans  sa  ties  inleiessanle  Histoire  des  Herbiers , 
M.  lo  docleur  Saint-Lager  a  consacre  un  chapitre  a 
riierhier  de  Leonard  RauwolfT.  Mais,  n'ayant  pas  eu 
loccasion  d'aller  a  Leyde  voir  liii-meme  cette  pre- 
eieuse  colleciion,  il  s'esl  conlente  dc  la  decrire,  en 
son  etat  exteiieur,  d'apres  des  notes  demandees  a 
a  M.  Boerlage,  qui  en  etait  alors  le  eonservaleur.  Kl 
pour  le  conlenu,  il  a  du  s'en  tenir  a  la  liste  de  plan- 
tes  donnee  par  le  Flora  Orientalis.  II  a  seulement 
Iransfornie  cette  liste  en  un  tableau  a  trois  colonnes, 
contenant,  Tune  les  noms  de  la  nomenclature  bi- 
naire  (an  lieu  des  phrases  diagnosliques  adoptees 
par  Gronovius),  la  seconde  les  denominations  qn'a- 
vait  employees  Rauwoltl',  et  la  troisieme  les  indica- 
tions de  provenance,  telles  que  les  avait  formulees 
le  meme  Gronovius  (2). 


(1)  Nous  aurions  pu  pousser  plus  loiu  uos  critiques.  Mais 
outre  que  ces  redresscnients  peuvcnt  ne  pas  iuteresser  beau- 
coup  !e  leeleur,  les  lacuues  signalees  sufiisent  poui' justificr  le 
reproche,  que  nous  avons  adresse  a  Gronovius,  de  n'avoir  pas 
etudie  avec  tout  le  soin  voulu  les  documents  fournis  par  Leonard 
Rauwolff. 

(2)  M.  le  docteur  Saint-Lager  a  impose  quelques  changemeuts 
aux  determinations  faites  par  Gronovius.  C'cst  ainsi  que  pour 
le  «  Scseli  Pcloponesiacum  »  de  RauwoHf,  on  trouvait.  dans 
VHisloirc  des  Herbiers,  le  nom  de  Moloposperinuin  cicutariiiin 
substitue  a  celui  de  Ligusticiim  Levislicuni .  Mais  dans  une  lettre 
quil  nous  lit  Ihonneur  de  nous  ecrire  anterieurcment  a  notre 
depart  pour  la  Hollande,  il  declarait  que  le  Seseli  du  Peloponese 
devait  etre  en  I'ealite  le  Tbapsia  villosu.  A  Leyde,  nous  avous 
etc  heureux  de  constater  que  llicrbier  donnait  raison  a  notie 
savant  confrere  de  Lnou,  non  seulement  sur  ce  point,  ma  s 
aussi  pour  deux  autres  rectifications  quil  nous  avait  indiquei  s 
dans  la  meme  letti'e  :  Ruta  angiistifolia,  au  lien  de  li.  gravco- 
Icns ;  Rcemeria  violacea  {R.  hybrida  DC),  au  lieu  de  Glaiiciiim 
liitenm  ftore  cceruleo. 


—  95  — 

Nous  avons,  en  achevant  ce  travail,  a  dire  un  mol 
dun  autre  herbier  qui  nous  a  ete  montre  a  Leyde  el 
dont  I'origine  demeure  mysterieuse. 

C'est  un  epais  volume  relie,  du  meme  formal  in- 
lolio  que  le  tome  iv  de  I'herbier  Rauwolff.  II  est  (lore 
sur  tranches  et  revetu  d'une  pleine  reliure  de  cuir 
fauve  qui  porte  inscrit  en  lettres  dorees  (capitales 
romaines)  cet  elegant  hexametre  : 

En  tibi  perpetuis  ridentem  floribus  hortum 

« 

II  contient  plus  de  Irois  cents  feuillets  de  papier 
Tort  sur  le  recto  desquels  ont  ete  colles  les  echantil- 
lons.  Le  nom  latin  de  la  planle  est  inscrit  an  haut  de 
la  page,  dune  ecriture  qui  parait  appartenir  au  xv^ 
siecle. 

On  ne  Irouve  dans  tout  le  volume  aucune  autre 
indication.  A  la  difference  des  quatre  recueils  formes 
et  signes  par  Rauwolff,  il  n'est  point  pourvu  d'un 
frontispice,  et  les  denominations  de  plantes  ne  sont 
pas  une  seule  fois  accompagnees  de  notes  relatives 
a  la  provenance,  aux  proprietes,  etc.  Et  comme  les 
echantillons  sont  ceux  d'especes  qui  vegetent  sous 
des  cliniiits  tres  divers,  la  nature  de  la  collection  ne 
pent  fournir  aucun  indice  sur  Forigine  de  celle-ci. 

Quel  est  I'auteur  de  cet  herbier?  A  qui  a-t-il 
appartenu? 

L'Universite  de  Leyde  le  possede  pour  Tavoir 
acquis,  ainsi  que  les  quatre  volumes  de  Rauwollf, 
(le  riioirie  d'Isaac  Vossius.  II  etait  conipris  dans  la 
vente  au  sujet  de  laquelle  nous  avons  donne  plus 
haut  t[uelques  details. 

S'il  fallait  en  croire  les  enonciations  du  catalogue 
qui  avait  ete  dresse  anterieurement  a  la  vente,  ce 
volume  serait  parvenu  entre  les  mains  de  Vossius  en 
meme  temps  et  de  la  meme  maniere  que  les  autres, 
etl'on  devrait  le  considerer  aussi  comme  I'oeuvre  de 


-  96  — 

UnuwollT.  Xoiis  avons  ri'produil  ci-dcssus,(hins  iiiic 
nolo,  le  U'xto  (ie  ce  calaloguo,  lei  quo  nous  I'a  obli- 
goanimonl  lourni  ISI.  lo  doolour  Molhuyson.  Apros 
UMO  analyso  du  conicnu  dv  ]\(  I Icrbariiis  viims  ))  on 
lil  :  «.  Duo  lomi  in  folio,  Iros  in  (|uarto.  ))  Los  Irois 
lomos  in  quarlo  soul  los  doux  proniiors  ou  RauwoIlT 
onfornia  los  planlos  du  Laui^uodoo  ol  do  la  Provonoo, 
ol  lo  Iroisionio,  alVoolo  a  collos  do  I'ltalio  ol  do  la 
Suisso;  los  doux  lomos  in  folio  sonl  Tun  lo  qualrio- 
mc,  rompli  (sauf  31  louillots;  i)ar  los  plantos  de 
rOncnl,  oH'aulro,  lo  volume  7i/J  tibi  perpetnis... 

Ce  dernier  regislro  doit-il  vorilablemonl  otre  attri- 
bue  a  Leonard  RauAvoKT  .' 

Rien,  a  noire  avis,  n'auloriso  a  lo  supposor,  ol 
nous  oroyons,  au  contraire,  (pf  il  y  a  lieu  de  rcpondre 
noi^alivomonl  a  la  quoslion  aiusi  posee. 

Si  RauwollTeiit  elo  Tautcur  de  oel  herbior,  11  Tau- 
rait  confection ne  sur  le  memo  modele  et  d'apres  los 
memes  precedes  quo  les  autres. 

II  n'eiit  pas  manque,  notamment,  d'encadrer  avec 
des  bandelcttes  de  carton  les  pages  on  sont  fixes  les 
ochantillons.  C'otait  la,  pour  proteger  coux-ci,  uno 
motbodc  cxcollonto,  ol  RauwoltT  y  est  toujours 
demoure  lidele.  II  Tomploya  une  premiere  fois  pour 
les  exsiccata  colliges  pendant  la  periode  15G0-156;i. 
Plus  de  dix  ans  apres,  quand  il  ontreprend  de  reunir 
les  recoltes  apportees  d'Oriont,il  a  recours  au  memo 
systeme.  Pourquoi  Taurait-il  abandonne,  s'il  avait 
ou  I'occasion  de  former  plus  tard  un  cinquiemo 
volume? 

En  outre,  dans  la  double  collection  de  la  premiere 
et  de  la  seconde  periode,  nous  avons  vu  qu'il  ne  s'est 
pas  toujours  contente  d'ecrire  a  cote  de  Tecbantillon 
le  nom  de  la  planto  :  bien  souvent  il  y  ajoute  une 
note  pour  fixer  telle  ou  telle  circonstanco.  Pourquoi 
se  serai t-il  rigoureusement  impose  de  n'adjoindro 
ici  aucuno  espece  d'annolation?  Tandis  quil  ornail 
les  precedents  regislros  d'un  frontispice  indiquant 


—  97  — 

i\  quelle  epoque  et  en  quels  pays  avaient  ete  prises 
les  plantes  incluses,  pour  quelle  raison  se  serait-il, 
cette  fois,  abstenu  d'eu  faire  autant  ? 

En  fin,  nous  possedons  un  texte  qui  coneourt  avec 
les  observations  prccedentes  a  exclure  dc  la  collec- 
tion RauwolfTle  volume  En  tibi  perpetnis. 

Nous  avons  dit  qu'au  temps  ou  cette  collection  se 
trouvait  an  pouvoir  d'Isaac  Vossius,  residant  alors 
en  Angleterre,  le  savant  hollandais  Tavait  tenue  a  la 
disposition  de  divers  botanistes  qui  en  prirent  con- 
naissance;  et  nous  avons  vu  que  dans  une  lettre 
adressee  a  Jean  Ray,  Halton  lui  parlait  d'une  somme 
de  400  livres  sterling  proposee  a  Vossius  pour  I'ame- 
ncr  a  se  dessaisir  de  I'herbier  RauwolIT.  Or  cette 
oITre  avait  ete  faite,  disait  Hatton,  «  for  4  specious 
Volumes... ))  Ne  resulte-t-il  pas  de  cette  lettre  que 
lors(|ue  Isaac  Vossius  montrait  a  scs  amis  la  collec- 
tion de  plantes  formee  par  le  botaniste  d'Augsbourg, 
il  admetlait  lui-meme  quelle  se  composait  seulement 
de  qiiatrc  volumes  et  non  point  de  cinq?  (1 ) 

L'origine  du  registre  En  tibi  perpetnis  demeure 
done  inconnue,  et  nous  ne  pensons  pas  que  la  ques- 
tion puisse  etre  jamais  eclaircie,  a  moins  qu'un 
lieureux  hasard  ne  sen  mele. 


(1)  (iroiu)viiis  attrihuait  a  Hauwolff  la  confection  du  xoliinic 
Ell  libi  perpetnis.  Et  pour  expliqucr  Ic  fait  quisaac  Vossius 
n'avait  montre  a  Morison  que  qmitie  volumes  seulement,  il 
(leelarait  que  Ton  devait  regarder  les  deux  premiers  (recoltes 
de  l,')(>0-ir)G2,  Langucdoe  et  Provence)  com  me  formant  les  deu\ 
tomes  dun  volume  unique  :  «  Constat  clarissimum  Isaaeum 
X'ossium,  apud  Windsoram  Pricbendarium.  ex  Suecia  redueem, 
volumina  i\\\i\\.uor  {prinnun  enim  diiobiis  tomis  comprehemliliir) 
Pvoherto  Morisono...  ostendisse.  »  La  distinction  entre  tomes  ct 
volumes  n'est  pas  admissible  ici.  RauwollT  ayant  lui-meme 
r.umerote  de  cette  maniere  cliacun  de  ses  volumes:  «  Erstc..., 
Ander...,  Drilte...,  Vicrte  Keutlerbuech.  » 

7 


APPENDICE 


LEUKK 

DE 

LEONARD    RAUWOLFF 

A 

CHARLES    DE    L'ESCLUSE  (') 


Clarissimo    Viro    D.  Carolo    Clusio  Atrebatensi 
medico  eximio  domino  et  amico  observando 

ViENN.E 

.S\  P.  Miror  admodiim,  Vir  clarissime,  qui  fiat 
quod  liierce  inanes  sine  e.vemplari  quaricu  partis 
observatiomiin  mearum  tibi  sint  redditw ;  num  id 
aliorum  quibus  tunc  temporis  cliam  scripsi  addi- 
ium  sit,  iiec  iie,  affinnare  noii  ausiin  ;  utut  sit, 
paruin  interest,  nee  diligentius  inquiram,  niodo 
longior  mora  Exeettentiw  Yestrce  non  fuisset  mo- 
lesta.  Milto  hac  vice  aliud  hisce  insertum,  non  ta- 
nien  eo  nomine,  ut  in  met  memoriam  reserves,  sed 


(1)  Nous  avoas  eu  loccasioii,  an  cours  du  travail  qui  precede, 
de  citer  deux  passages  de  cette  lettre.  Nous  tenons  a  la  donner 
in-extenso,  parce  quelle  est  interessante  et,  croyons-nous, 
eneore  iuedite. 


—  100  — 

el  si  (luiv  suiil,  (jiKr  (ulinonilione  uidebunlur  esse 
(licjna,  mc  ccrlioiriu  facias,  evil  luvc  mihi  pcrgrala. 
Quod  Huda'poriciini  mciini  nou  (dio  quaiu  com- 
miini   I't   palrio  Idioiualc   conscripserim,  feci  id 
imwimc  in  amicorum  mconim  <ji-aliam,qni  adhor- 
lalorcs  cditioiiis  fneruni :  ncc  eliam  co  aniiuo  volui 
siinpliciiim,  qiuv  passim  in  ilinrrc  (trquisiui,  mcn- 
lioncni  faccrc,  u!  dr  hujuscemodi  cv  profcssn  quid 
scribcre  cl  in   puhiicuni   cinillcrc    rolurriin,   scd 
sDlummodo  nonnulla  c.v  hisnunuscofjnila  in  luccm 
prodncerc,  uli  })crili()rihns,  rt  qui  acriori  judicio 
pra'diii,  ad  illununanda  luce  snis propriis  coloribus 
ansani  prwhcreni.  Qiiarc  hnnclaborem  aliis  com- 
niillo,  ncc  ncgotia  quibiis  obrulns,  ctiamsi  posscm, 
ialcni  mc  snscipcre  pcrmiltcrenl.  Habco  adhiic  alia 
qiiamplurinia  siniplicia,  ex  oricn'.ali pla(ja  mccnm 
allala  cl  inter  cdia  vara  admodiim,  in  sno  virorc 
chaiiis  ca  diligcniia  agglulinala  cl  in  uniini  opus 
eompacla,  ut  a  quibusvis  exquisite  cognosci  pos- 
sinl  :  qua'  cum  non  sine  magna  laborc,  pciiculo 
mulloque  sudorc  acquisierim,  nuinifico  el  liberali 
tdicui  Principi,  el  qui  horum  cognilione  maxime 
deleclarelur,    hand  gravalim    offer renj.    Talis   si 
occurreret,  e.umque  meo  nomine  hac  de  re  per  oc- 
casioncm  alloqucreris,feceris  mihi  rem  non  ingra- 
tam.    Ilisloriam    luam    Pcmnonicarum    slirpiuni 
proximc  cdilam,  quandi)  mihi  olium  dalur,  lego, 
qua'  miiii  non  lam  grata   esse  potest   ob  harum 
facullalum  exquisitiorcm  cogniiionem,   qiiam  ex 
ilia  assequi  possum  ,  qiuun  jucunda,  ulpole  cum 


—  101  — 

hac  iniln  Indies  complnra  incognila  innotescaiiL 

Pro  quo  tuo  laborc  el  studio  siciil  ei  pro  aliis,  iios 

medicimv  stiidiosi,  iii'lCI  cum  tola  posterilnte pluri- 

mum  debcre  /'(demur.  Hcvc  perpaucis  respondere 

volui.   Sed  aue  ac  fceliciter  vale,  vir  clarissime, 

meoque  nomine  D.  Doclorem  Aichollzium  vicissim 

officiose  scdules,  necnon  el  Dominum  affuiem  Tho- 

hiam  ^yel]sen,  D.  Matheum  Steinhoven,  elc.  Ilerum 
udle. 

Datum  Augusta'  7  seplembris  Anno  Salulis  H'l. 

Tibi  addiclissimus , 
Leonhartus  Rauwolff  Med. 


ANNOTATIONS 

DE    LA    MAIN    DE    ChARLES    DE    L  EsCLUSE 
All    DOS    DE    LA    LETTRE 

1584 

Leonard.  Rauwolf. 

Augusta'  7  Septembr.  ad  meas  31  Julii. 

Accept 

Vienna'  22  Seplemb.  cum  '/"  parte 

Hodoporici.  Respondi  27  Octobris. 

Misi  bulbos  el  sennna. 


—  102  — 


TRADUCTION 


A  rillustpe  Monsieur  Charles  de  I'Escluse,  d'Arras, 
m^decin  excellent  et  mon  digne  ami, 

a  VIENNE. 

Jc  ne  puis  pas  m'expliquer,  tres  honore  Monsieur, 
comment  il  se  fait  que  ma  lettre  vous  ait  ete  remise 
sans  etre  accompagnee  d'un  exemplaire  de  la  qua- 
trieme  partie  de  mon  ouvrage  ;  cet  exemplaire 
aurait-il  ete  joint  ou  non  a  quelqu'une  des  lettres 
que  j'ai  ecrites,  vers  le  meme  temps,  a  d'autres  per- 
sonnes,  je  n'oserais  I'affimer  ;  quoi  qu'il  en  soit, 
cela  importe  peu,  et  je  renoncerai  a  m'en  enquerir, 
esperant  que  ce  long  retard  n'aura  pas  trop  contrarie 
Votre  Excellence. 

Je  vous  envoie  sous  ce  pli  un  autre  exemplaire, 
non  point  avec  la  pretention  que  vous  le  conserverez 
en  souvenir  de  moi,  mais  afin  que  si  vous  y  trouvez 
quelque  chose  qui  donne  lieu  a  des  observations, 
vous  men  fassiez  part,  ce  qui  me  sera  extremement 
agreable. 

Si,  pour  ecrire  la  Relation  de  mon  voyage,  je  me 
suis  servi  de  la  langue  vulgaire  de  mon  pays,  je  I'ai 
fait  surtout  en  consideration  de  ceux  de  mes  amis 
qui  ont  encourage  la  publication  de  cet  ouvrage. 

En  faisant  mention  des  simples  recoltes  ca  et  la 


—  103  — 

au  cours  de  moii  voyage,  je  n'entendais  pas  en  parler 
ex-professo  en  vue  de  la  publicite  ;  je  tenais  unique- 
ment  a  signaler  quelques-unes  de  ces  plantes  les 
moins  connues,  de  facon  a  fournir,  a  des  gens  plus 
habileset  douesd'unjugement  plus  sur,  I'occasion 
d'elucider  la  matiere  au  moyen  de  leurs  propres 
lumieres.  J'abandonne  done  a  d'autres  un  tel  tra- 
vail ;  d'ailleurs  les  affaires  dont  je  suis  accable  ne 
m'auraient  pas  permis  de  I'entreprendre,  meme  dans 
le  cas  ou  je  m'en  serais  senti  capable. 

Je  possede  encore  beaucoup  d'autres  plantes,  que 
j'ai  rapportees  de  rOrient  :  il  y  en  a  de  tres-rares. 
Elles  ont  etc  collees  avec  soin  sur  du  papier,  ou  elles 
conservent  leurs  couleurs,  et  reunies  ensuite  en 
volume,  de  telle  maniere  qu'elles  peuvent  etre  aise- 
ment  etudiees  par  qui  que  ce  soit.  Ces  plantes,  que 
je  n'ai  acquises  qu'au  prix  de  grands  efforts,  de 
beaucoup  de  peines  et  de  dangers,  je  les  oftrirais 
volontiers  a  quelque  Prince  liberal  et  genereux  qui 
prendrait  plaisir  a  les  connaitre.S'il  s'en  rencontrait 
un  qui  fiit  tel,  et  si  vous  aviez  I'occasion  de  lui  par- 
ler de  cela  en  mon  nom,  vous  feriez  une  chose  qui 
m'obligerait  particulierement . 

Je  lis,  quand  j'en  ai  le  loisir,  votre  histoire  des 
plantes  de  Hongrie  recemment  publiee  :  j'y  prends 
grand  plaisir,  parce  que  j'acquiers  ainsi  une  con- 
naissance  plus  etendue  des  proprietes  de  ces  plantes ; 
et  ce  plaisir  ne  fait  que  s'accroitre  quand,  en  vous 
lisant,  j'apprends  une  foule  de  choses  que  j'ignorais. 
Pour  cette  oeuvre,  ainsi  que  pour  tous  vos  autres 
travaux,  nous  vous  devrons,  nous  qui  sommes  voues 
a  I'etude  de  la  medecine,  et  nos  successeurs  vous 
devront  egalement  une  profonde  reconnaissance. 

J'ai  voulu  vous  dire  tout  cela  en  pen  de  mots.  Mais 
adieu,  et  jouissez  d'une  heureuse  sante,  tres  honore 


—  104  — 

Monsieur.  Aye/,  la  honle  de  Iransmellie  a  M.  le  doe- 
tcur  Aicholl/.,  a  son  parent  M.  Tobie  Weyscn,  a 
M.  Mathieu  Sleinhovon,  ele.,  les  compliments  qu'a 
mon  tour  je  leur  adresse.  De  nouveau  adieu. 

Augsbourj^,  le  7  seplembre  1584. 

Voire  bien  devoue 
Leonard  Rauwolff,  medecin. 


Annotations  de  Charles  de  l  Escluse 

1584.  De  Leonard  RauwoKT,  Augsbourg,  7  sep- 
lembre,  en  reponse  a  ma  lettre  du  31  juillet.  Je  I'ai 
recue  a  Vienne  le  22  septembre  avec  la  quatrieme 
partie  de  VHochrporiciim.  J'ai  repondu  le  27  oelobre. 
J'ai  envove  des  bulbes  et  des  graines. 


JACQUES  RA\^ADDET 


JACQUES  RAYNAUDET 


Ni  la  Biographic  universelle  (Michaud),  ni  la  Nou- 
velle  Biographic  gencralc  (Hoeferj,  ni  le  Dictioimairc 
cncyclopcdiqiie  dcs  Sciences  meclicales  (Decliambre), 
ni,  croyons-iious,  aucune  autre  publication  simi- 
laire  n'a  recueilli  le  nom  de  Jacques  Raynaudet  (1). 

Cela  tient,  sans  doute,  a  ce  qu'il  ne  fit  rien  impri- 
raer.  Signer  un  livre,  meme  mediocre,  est  encore  le 
plus  sur  moyen  d'assurer  a  son  nom  une  place,  si 
modeste  soit-elle,  dans  les  recueils  bio-biblio- 
graphiques. 

(1)  II  est  hors  de  doute  que  le  veritable  nom  de  notre  botaniste 
etait  Raynaud.  Ce  nom  est  extremeraent  repandu  dans  toute  la 
Frovence.  On  le  trouve  ecrit  de  difTerentes  facons  :  Rainaiid. 
Beinaiid,  Reynaiid,  Renaiid.  D'apres  le  Tresor  du  Felibrige  (dic- 
tionnaire  provencal-francais)  de  Frederic  Mistral,  la  forme 
romane  etait  Raynaiit  et  cclle  de  la  basse  latinite,  Rainaldus  ou 
Reginaldiis.  Les  diminutifs  sent  dun  frequent  usage  en  proven- 
cal  :  Raynaudet  en  est  un.  On  s'en  servait,  soit  pour  marquer 
([ue  le  titulaire  du  nom  etait  encore  jeune,  soit  pour  lui  temoi- 
gner  amitic  et  familiarite.  Nous  avons  adoptc  nous-meme  ce 
diminutif,  parce  que  nous  le  voj  ons  emplo3'e  de  preference  par 
\cs  Adversaria  et  par  VHistoria  plantarum  universalis  de  Jean 
I'auhin.  Mais  I'orthograpbe  y  subit  de  nombreuses  variations. 
Pierre  Peua  se  scrt  des  formes  Rainaudetus,  Reinaudetus,  Rai- 
naudet,  et  de  celle  que  nous  avons  conservee,  Raynaudet.  Jean 
Bauhin,  a  sou  tour,  ecrit  Rainaudetus  ou  Reinaudetus,  une  fois 
Reynaudet.  Fa  forme  Rainaudus  ou  Reinaudus  apparait  plus 
rarement.  Ainsi  qu'on  la  vu,  Leonard  Rauwolff  avait  ecrit 
Renaud. 


—   108  — 

Mais  s'il  iia  rii'n  j)iil)ru'',  Hayiiaudol  n'cn  lul  pas 
nioiiis  nil  vaillanl  holaniste,  j)assioiinr  pour  la  rca 
Iwrhariit,  iiii  de  ccs  iililcs  ('oo})t'ratcnirs  (pii  ai(l(M(MU 
onicacemenl  aux  progros  de  la  bolaiiicjiie  dcsciiplivc. 
II  merile,  ceiics,  d'etre  lire  de  Touhli,  car  il  eoncou- 
rul,  nil  des  j)remiers,  a  laire  eonnailre  la  llore  pro- 
ven(;ale,  en  eoinnuinicpiant  aux  plus  illuslres  pliy- 
lographes  de  sou  ieuips  les  plantes  de  la  Provence. 

Jacques  Raynaudet  elail  pharmaciena  Marscille(l). 

Ainsi  que  nous  I'avons  vu,  quand  Leonard  Rau- 
wolIT  vint  en  cette  ville  s'embarquer  pour  I'Orient, 
il  ful  oblige  d'y  attendre  pendant  pres  de  trois  mois 
le  depart  du  navire  Santa-Croce;  il  profita  de  ce 
retard  pour  entrer  en  rapport  avec  Jacques  Renaud, 
dont  il  a  loue  le  savoir  et  le  zele. 

Botaniste  non  seulement  instruil  et  plein  d'expe- 
rience,  mais  en  outre  aimable  et  complaisant,  le 
pharmacien  marseillais  se  mit  avec  empressement  a 
la  disposition  du  medecin  d'Augsbourg,  auquel, 
heureux  de  montrer  d'abord  son  herbier  et  son 
jardin  botanique,  il  procura  I'agrement  de  faire 
ensuite,  a  travers  la  banlieue  de  Marseille,  d'inte- 
ressantes  et  fructueuses  berborisations. 

En  ecrivant  la  Relation  de  son  voyage,  publiee  en 
1582,  RauwoltTne  laissa  point  ecbapper  cette  occa- 


(1)  II  rcsultc  d  uiie  multitiule  de  documents  eonteniporains 
quail  xvr-  siecle  lu  profession  de  pharmacien  attril)iiait  a  ceux 
i|ui  I'exercaient  un  rang  asscz  eleve  dans  la  liieraiciiic  sociale. 
Des  gentilshommcs,  appartenant  ii  la  j)lus  liaiite  aristocratic  de 
la  Provence,  nc  croyaient  ])as  deroger  en  exi)loitant  une officine. 
Charles  de  Hibhe  {Ld  Sociclv  provencalc  a  In  fin  du  inoijeii-a(je) 
a  cite,  a  ce  sujet.  1  exeniple  dun  apothicairc  issu  de  rillustrc 
maison  de  \'alhelle  :  «  (]e  n'esl  jnis  seulement  a  Marseille,  dit-il, 
qirun  personnage  tcl  que  noble  Honorat  de  Valbelle  se  qnaliiie 
de  maitre  apothicairc  dans  son  contrat  de  mariagc  a\  ec  Alayoniie 
d'Arsaqui  (2juin  1515):  «  Nobilis  mcuiislcr  lloiioraliia  ilr  Vdl- 
<'  l>cUe.  apnihccnrius  riintatis  Massilicnais.  ■> 


—  109  — 

sion  d'acquitlcr  la  dette  de  reconnaissance  conlrac- 
tec  envers  Raynaudet.  Mais  riiommage  public  qu'il 
Ini  rendit  n'etail  pas  le  premier  que  celui-ci  recevail. 

La  Flore  celebre  qui  parut  a  Londres  au  commen- 
cement de  Tannee  1571,  sous  le  litre  de  Siirpiiim 
Aduei'saria  nova,  avec  la  double  signature  de  Pierre 
Pena  et  Mathias  de  Lobel,  avait  cite  neuf  fois  le  nom 
du  pbarmacien  de  Marseille,  et  toujours  en  Taccom- 
pagnant  des  adjeclifs  les  plus  elogieux. 

Nous  avons,  dans  un  precedent  ou\Tage(l),  elabli 
que  Pierre  Pena  prit  a  la  redaction  du  Stirpium 
Aducrsavia  une  part  preponderante,  et  qu'en  tout  cas 
ce  fut  lui  qui,  etant  Provencal,  ecrivit  les  divers 
cliapitres  relaiils  aux  plantes  du  pays,  et  par  conse- 
(juent  ceux  ou  le  nom  de  Raynaudet  est  prononce. 

II  est  done  certain  que  le  pbarmacien  de  Marseille 
ctait  rami  personnel  et  le  correspondant  de  IMerre 
Pena  ;  quand  celui-ci  fait  mention  de  lui,  les 
expressions  qu'il  emploie  ont  presque  toujours  la 
valeurd'un  superlatif  et  montrent  combien  fut  etroile 
I'amitie  qui  les  avait  unis  :  «  Nosier  pharniacopirns 
Jacobus  liaijiiaiidct...,  amicus  nan  ridgaris...,  pera- 
iniciis...  » 

D'autres  qualilicatifs  nous  font  concevoir  une  opi- 
nion tres  avanlageuse  du  savoir  de  Raynaudet  : 
«  doctiis. . .^periliii. . . , indn;jtriiis...,singnlaris indiislria' 
pliannacopu'iis.  » 

Ce  que  le  texte  des   Adversaria  met   particuliere- 
ment  en  relief,  c'est  une  vive  passion  pour  la  bola 
nique.  «  Stirpium  valde  ciipidns...  apprime   sednlus 
vestigalov  slirpinm...  »,  dit  encore  Pena. 

Nous  y  apprenons  aussi  que  Jacques  Raynaudet 
elait  nc  a  Marseille  :  les  mots  pliarmacopceiis  Massi- 


(1)  L(i  Botaidqne  en  Pvuvciicc  an  wv  sivcle  :  Picric   Pena  el 
Mathias  dc  Lobel. 


—  110  — 

liensis,   Massilicnsis  civis,   doiiiii'iit  a   ccl  ogard  une 
cerliliule  coinplele  (1). 

II  y  esl  deux  lois  qiialilic  de  jiiuenis.  A  quelle  dale 
letail-il  ?  Au  temps,  —  ineouiiu  de  nous,  —  ou  Peua 
eciivail,  ou  hien  en  Tannee  nienie  ou  Touviage  fut 
mis  sous  i)iesse  '?  Si  nous  admetlons  que  Raynaudet 
n'avait  pas  plus  de  Irenle  ans  quand  parul  le  Stir- 
})iiini  Adversaria,  nous  pouvons  placer  la  date  de  sa 
naissancc  vers  1540  (2). 


(1)  Lorsqii'on  faisait  siiivie  im  iioin  de  personne  d  un  adjectif 
derive  d'un  nom  dc  ville,  cetait  pour  designer  le  lieu  oil  la  per- 
sonne etait  nee,  et  non  ijoint  celui  oil  elle  avait  transporte  son 
domicile.  Nous  parlerons  plus  loin  dun  ami  de  Raynaudet,  le 
pharmacien  ^'alerand  Dourez,  ne  a  Lille  en  Flandrc,  mais  etahli 
a  Lyon.  Les  contemporains  qui  citent  son  nom  y  ajoutent  liabi- 
tuellement  I'epitliete  d'lnsnlaniis,  ou  Flander  Insnlanns,  et 
jamais  celle  de  Lugdunensis  {  Ludovic  Legre,  Un  botaniste  fla- 
mand  du  XVI^  siecle  :  Valerand  Dourez,  Lille,  1900). 

(2)  Cette  api)ro.\imation  est  cf)rroboree  par  un  detail  ([ue  nous 
fournit  la  eorrespondanee  du  celebre  Conrad  Gesner.  Dans  une 
lettre  du  20  juin  1564,  oil  il  parle  dun  pharmacien  marseillais  qui 
ne  pent  etre,  comme  on  le  verra,  que  Jacques  Rajnaudet,  il  le 
traite  d'adolcscens.  Lexpression  permet  de  supposer  que  Ray- 
naudet etait  alors  age  dc  vingt-quatre  ou  vingt-cinq  ans  au  plus. 
Nous  avons  fait  d'inutiles  tentatives  pour  arriver  a  dccouvrir  la 
date  exacte  de  sa  naissancc.  Le  greffc  du  Palais  de  Justice  a 
Marseille  conserve  480  registres  d'actes  de  Ictat-civil  anterieurs 
a  la  Revolution,  et  tenus,  comme  on  salt,  par  le  clerge  des  jJarois- 
ses.  Le  plus  ancien  rcgistre  remonte  a  I'annee  1.511.  Mais  il  exisle 
dans  cctte  collection  de  nombreuscs  laciincs.  Les  archives 
paroissiales  furent.  il  y  a  vingt-cinq  ans  environ,  lobjet  de 
patientes  recherches  effectuces  par  un  savant  plcin  dezcle,  Felix 
Timon-David.  11  a  consigne  quekjues-unes  de  ses  decouvertcs 
dans  un  travail  fort  intercssant  intitule  :  Les  Archives  jxtroissialcs 
de  Marseille  aiix  xvF  et  xvii"  siecles  (Marseille,  1875).  Les  notes. 
les  extraits  et  les  tables  laisses  par  lui  ont  ete  gracieusement 
mis  a  notre  disposition  :  nous  n"y  avons  rien  trouve  au  sujct  . 
de  Jacques  Raynaudet. —  Un  autre  erudit  qui  a  longtemps  com- 
pulse les  archives  du  Palais  de  Justice,  M.  Felix  Verauy,  a  bicn 
voulu  y  faire  a  notre  intention  de  nouvelles  fouilles.  II  y  a  trouve 
un  Jacques  Reynand  figurant,  dans  un  acte  de  baptemc  du 
23  deeembre  1542,  en  qualite  de  pere  dune  enfant    ii  qui    Ton 


—  Ill  — 

II  cut  avec  Jean  Baiihin  des  rapports  suivis  et  lui 
commuiiiqua  iin  certain  nombre  de  plantes  de  Pro- 
vence. UHistoria  plantarnm  universalis  a  cite  treize 
fois  le  nom  du  botaniste  marseillais,  accole  a  des 
epithetes  qui  louent  chez  lui  unc  autorite  et  une 
competence  deja  proclamees  par  les  Adversaria, 
a  Doctus...,  indiistriiis pharmacopanis  y>,  ecrit  Bauhin; 
une  i'ois  meme  il  dil  :  «  Insigiiis  pharmacopams  Jaco- 
bus Rainaudetus.  » 

Raynaudet  eut  la  bonne  fortune  de  nouer  des  rela- 
tions avec  le  savant  illustre  qui  est  une  des  gloires 
de  la  Suisse,  nous  voulons  parler  du  grand  natura- 
liste  Conrad  Gesner  (1).  II  alia  le  voir  a  Zurich  et 
recut,  en  1564,  I'hospitalite  chez  lui.  Le  fait  nous  a 
ete  revele  par  Gesner  lui-meme  qui,  en  deux  de  ses 
lettres,  a  parle  du  pharmacien  de  Marseille  (2). 

donnc  le  prenoni  de  Catherine.  Mais  assurement  il  ne  s'agit 
point  ici  de  notre  pharmacien  botaniste,  trop  Jcnne,  en  1542, 
j)()nr  etre  pere.  On  ponrralt  tout  an  phis  adniettre  que  Catlie- 
rine  Heynaud  fut  la  jeune  soeur  de  celui  qui  nous  occupe  :  en  ce 
cas  nous  napprendrions  qu'uue  chose,  cest  qu'il  avait  recu  le 
meme  prenoni  que  son  pere.—  11  n"y  a,  du  reste,  pas  lieu  de 
setonner  outre  mesure  de  I'inanite  de  ces  recherches,  la  redac- 
tion des  actes  de  letat-civil  laissant  alors  fort  a  desirer  sous  le 
i-apport  de  Ic-xactitude. 

(1)  Conrad  Gesner  fut  une  euc^xlopedie  vivante  de  toutes  les 
eonnaissanees  scientifiques  et  litteraires  de  son  temps,  et  pour 
riiistoire  naUirelle  il  merita  d'etre  appele  \e  Pline  de  la  Suisse  : 
"  (lesnerus,  —  cerlvait  Jean  Bauhin,  —  diligens  omnis  naiura- 
pervestigator,  el  alter  ([uidani  Helveti;e  P]inius.»  11  etait  ne  a 
Zurich  en  1516  et  il  3'  mourut,  victime  de  la  peste,  en  1565. 

(2)  I'n  grand  nombre  de  lettres  ecrites  par  (]onrad  Gesner  a 
divers  personnages  furent,  apres  sa  mort,  colligees  par  les  soins 
de  (jasi)ard  A\'^oltf,  medecin  ii  Zurich,  et  publiees  sous  ce  titrc  : 
Epistolariim  medicinaliiim  Conradi  Gesneri  philosophi  et  medici 
Tiynrini  lihri  III  (Zurich,  Froschover,  1577).  —  Ouelques  autrcs, 
demeurees  inedites,  ont  ete  reunies  par  Gaspard  Bauhin,  et 
iniprimees  a  la  suite  dun  opuscule  de  Jean  Bauhin  intitule  : 
Dc  Plantis  a  Divis  Sanclisoe  iiomen  habcntibiis  (Bale,  Waldkirch, 
1590). 


—  112  ^ 

Olui-ci  lie  s'y  Iroiivc  pas,il  est  vrai.expresseim'iil 
iionune.  Mais,  ainsi  ((n'oii  va  lo  voir,  sa  personnalile 
y  est  designee  do  lacon  lollc  ([u'aueun  doiilc  n'esl 
possililo. 

Luno  de  ees  Icllres  olail  adressec  a  Theodore 
Zwingger,  medeein  a  Hale  [\).  Nous  allons  eiter  le 
passage  ou  est  signalee  la  presence  de  Raynaiidel  a 
Zurich  ;  inais  pour  rinlelligence  du  texte,  il  imi)orle 
(\nc  nous  exi)li{piions  par  avance  a  quelle  occasion 
Gesner  ecrivait  a  Zwingger. 

Conrard  Gesner  desirait  avoir,  pour  le  cultiver 
dans  son  jardin  holani([ue,un  pied  de  «  Cantabrica  », 
l)lanle  (ju'il  croyail  originaire  du  Midi  de  la 
France  (2).  II  pria,  par  une  lettre  du  7  avril  l.KU,  son 


fl)  «  Z\viNGi:i'.  (Theodore!,  dit  \  Aiicieii.  celel)re  medeein.  et 
chef  dime  famille  qui,  penthint  ti-ois  siecles,  na  pas  cesse  de 
produire  des  hoimncs  distingues  dans  les  .seience.s,  naquit  a 
Hale  Ic  3  aout  UIV,]...  Cc  fut  a  leeoie  de  Tiiomas  Phitter,  hnhiie 
gramniairien.  (piil  apprlt  les  elements  des  lan<iues  aneiennes... 
Admls  en  1548  a  IWcademie.  il  y  suivit  avec  siicces  les  lecons 
des  professeurs  ;  mais  entraiiie  j)ar  le  desir  de  voyager,  il  sortit 
un  Jour  de  Bale  ])lus  charge  de  ll\ies  (|ue  d'argcnt.  ct  se  dirigea 
vers  Lyon.  A  son  arrivee  dans  cette  ville,  il  fut  recu  jn-ote  dans 
ratclier  typographiquc  des  Bering,  ct  il  y  resta  trois  ans.  II  sc 
rendit  cnsuite  a  Paris,  oil  il  frequenta  les  conrs  des  plus  cele- 
bres  professeurs.  entre  autrcs  de  Ramus...  .Apres  cincj  annees 
d'abscnce,  il  rcvint  a  Bale  en  15');$,  mais  il  partit  presquc  aus- 
sitot  pour  ritalic...  Apres  avoir  suivi  les  eours  de  T Academic 
de  Padoue.  il  visita  Vcnisc  pour  y  perfectionner  ses  connais- 
sanccs...  Avant  de  quitter  I'ltalie.  il  reeut  le  lauricr  doctoral  a 
la  faculte  de  mcdecinc  de  Padoue.  A  son  retour  a  Bale  (lo.'jJ)),  ses 
amis,  pour  I'y  fixei',  lui  firent  epouser  la  veuve  d'un  riche  nego- 
ciant.  Libre,  des  lors,  de  suivre  ses  gouts  studieux,  Zwinger 
l)artagea  ses  loisirs  cntre  la  culture  des  lettres  et  la  pratique  de 
la  mcdecinc.  Sa  nomination,  en  lo()5.  a  la  chaire  de  langue  grec- 
{[ue  de  rAcademic,  lui  fournit  les  moyens  de  rendre  ses  talents 
utiles  il  la  jeunesse.  11  passa  de  cettc  chaire,  en  1571,  i>  cellc  de 
morale  :  ct.  en  1580,  il  fut  nommc  professeur  de  mcdecinc  thco- 
riquc...  II  mourut  le  10  mars  1588.  »  [Biographic  nniverscllc.) 

(2)  Le  nom  de  Cantabrica  rcmonle  ;i  Plinc  Ic  Naturalistc  : 
cctail.   disait-il,   u  unc    plante    d  Lspagne  decouverte    par    les 


~  iia  — 

ami,  le  medeciii  de  Bale,  de  lui  en  envoyer  uii :  «  Ca- 
talogiis  horti  tui,  —  lui  maiidait-il,  —  jucundissimus 
mihi  fuit ;  et  rogo  ut  Teiicrii  plantain  ad  me  mittas 
per  hunc  nuncium  cum  sua  radice,  ita  ut  plantari 
possit...  item  Dauci  Cretici,  Arcae  angelicae,  Canta- 
bricce  e  Narbonensi  Provincia...  » 

Zwingger  expedia  la  Cantabrica  demandee.  Nous 
ne  possedons  pas  sa  lettre  d'envoi  (1).  Mais,  comme 
nous  le  verrons  par  ce  qui  va  suivie,  il  y  declarait  que 


Cantabres  au  temps  de  lempei-eur  Auguste.  «  Les  ttoristes  du 
XVI'  sieclc,  qui  avaient,  comme  on  sait,  iin  grand  desir  de  re- 
connaitre  les  plantes  decrites  par  les  anciens,  ne  s'aceorderent 
pas  sur  lattribution  a  faire  du  nom  de  Canlahrica.  Anguillara 
crut  que  la  Cantabrica  de  Pline  ctait  notre  Campanula  rotun- 
dij'olia  L.  LAnglais  Turner  se  pronouca  pour  un  Giillet.  Charles 
de  lEscluse  et  quclques  autres  optcrent  en  faveur  de  Tespece  a 
la(|uelle,  en  dernier  lieu,  Linne  confera  la  denomination  de 
Convohniliis  Cantabrica.  Gesner,  de  son  cote,  avait  appele  Ca/j- 
tabrica  une  (lentiane  (en  allemand  Bittcrnnutz).  II  eroyait 
dilTerente,  et  nouvelle  pour  lui,  la  plante  que  Zwingger  eultivait 
en  son  jardin  et  ({ui  figurait  sur  son  catalogue  avec  le  nom  de 
Cantabrica ;  il  fut,  ainsi  que  nous  allons  le  voir,  fort  desappointe 
en  retrouvant  sa  Bitlerwurtz. 

(1)  Hien  que  d'apres  la  reponse  de  Gesner  il  fut  possible  de 
reeonstituer  le  sens  de  la  lettre  de  Zwingger,  nous  nous  somraes 
demande  s  il  n  y  aurait  pas  quelque  espoir  d'en  retrouver  le 
texte.  Nous  avons  ecrit  dans  ce  but  a  notre  ami  M.  le  docteur 
i).  Sell  niter,  professeur  de  botanique  au  Poltjlechnicum  de 
Zurich  ;  il  nous  a  communique,  quelques  jours  apres,  la  note 
suivantc,  emanant  du  bibliothecaire  de  la  ville  de  Zurich  : 
«...  Une  sorte  de  fatalite  semble  avoir  poursuivi  les  papiers 
blisses  par  Conrad  Gesner.  La  bibliotheque  de  notre  ville  n'en 
conserve  que  de  courts  fragments.  Aucune  autre,  a  ma  connais- 
sance,  ne  possede  des  manuscrits  de  Gesner.  Liuspecteur 
Simmler,  qui  a  reuni  avec  un  zele  Infatigable  une  riche  collec- 
tion de  lettres  manuscrites  et  douvrages  imprimes  concernant 
1  histoire  du  xvi^  siecle,  n'a  pu  decouvi'ir  aucune  lettre  de 
Zwingger.  Or,  quand  la  collection  Simmler  ne  peut  rien  nous 
fournir.  jc  ne  puis  me  flatter  de  mieux  faire.  y,  Les  recherches 
que,  dautre  part.  M.  le  professeur  Schroter  a  faites  cliez  les 
descendants  de  Conrad  Gesner,  et  dont  nous  le  remercions  \ivc- 
ment,  nont  pas  eu  meilleur  resultat. 

8 


—  114  — 

c'elail  un  joune  phannacien  de  Marseille,  nomine 
Jaeciiios  Raynaudel,  qui,  elanl  venu  a  Bale,  avail 
delermine  cello  planle  el  reconnu  la  Canlabricd. 

En  la  rcoevanl,  (lesner  eprouve  une  deeeplion. 
Celle  prelendue  (Utnldbrica,  il  la  connaissail  deja ;  il 
s'allendail  a  aulre  chose.  C'esL  ce  (ju'il  ex])li(iiie 
dans  la  leUre  de  remerciemenl  qu'il  adresse  le  24 
jnillel  ir)()4  a  sonohligeant  ami,  el  donl  voici  Texacte 
Iraduclion  : 

(I  J'ai  recu  la  Canlahrica  en  lleiir  el  je  vous  en 
re'.nercie.  .Fai  souvenl  Ironve  celle  cspece  sur  le 
sommel;  des  monlagnes  ;  en  divers  lieux  on  I'appelle 
BittcvwiirLz  :  si  vous  eussiez  employe  ce  nom,  je  vous 
aurais  dispense  de  m'envoyer  la  planle.  .T'ai  mainles 
fois  tente  de  la  I'aire  vivre  dans  mon  jardin,  mais  en 
vain  :  elle  defie  tons  les  soins.  Je  lui  ai  aussi  appli- 
que le  nom  tie  Ccmfahrica  (c'est  ou  la  Cantabrica 
vraic,  ou  plulot  une  planle  du  meme  genre),  el,  me 
Irouvant  a  Lyon,  j'ai  Tail  part  au  medecin  Dale- 
champ  de  mon  opinion  a  ce  sujet.  Dalechamp , 
de  son  cote,  a  communique  tout  ce  qu'il  savait 
a     Constantin    (1),     et    c'est    peut-etre    ainsi    que 


il)  il  s'agit  ici  de  Uobert  Constantin,  celebre  siirtuut  ooninic 
lielleniste,  et  dont  la  Biographic  iiiiincrscUe  resume  ainsi  la  vie  : 
((  Ne  a  Caen  dans  le  xvi'  sieele,  il  s'appliqua  des  sa  jeunesse  a 
letudc  des  langiies  et  des  belles-lettres,  et  y  lit  de  tres  grands 
progres.  II  se  rendit  ensuite  a  Agen,  pour  suivre  les  leeons  de 
Jules-Cesar  Scaliger,  qui  le  pril  en  affection  et  dont  il  devint  le 
commensal.  Scaliger,  en  mourant,  Ic  eliargca  de  publier  cjuel([ues 
ouvrages  quil  laissait  iniparfaits,  et  lui  en  lit  reniettre  les 
nianuscrits...  Constantin  passa  en  Allemagne,  oil  il  frequonta 
les  ecoles  les  plus  celebres,  sappliquant  particulierement  a  se 
perfectionner  dans  la  langue  grccquc.  11  en  fut  rappele  par  ses 
eoncitoyens  qui  lui  offrirent.  en  15()1,  la  place  de  prol'esseur  de 
belles-lettres.  11  etait  alors  occupe  de  limpression  de  son  dic- 
tionnaire  grec  et  latin,  qui  parut  lannee  suivantc  et  quil  dedia 
aux  magistrals  de  la  villc  de  Caen  et  a  Jacques  Dalechamp,  son 
ami...  De  retour  a  Caen,  il  se  fit  recevoir  docteur  en  mcdecine  en 
lo{>4  ct   donna   des    Iccons   publiques  et  particulieres  do  langue 


—  115  — 

le  jeune  pharmacieii  marseillais  I'aura  su  (i).  J'ai 
garde  celui-ci  chez  moi  en  meme  temps  que  Pierre 
Pena,  jeune  homme  tres  savant,  pendant  quatre 
jours  :  je  leur  ai  montre  toutes  mes  collections  et 
leur  ai  donne  bien  des  choses  (2).  » 

II  faut  rapprocher  cette  reponse  a  Zwingger  d'une 
lettre  que  le  meme  Gesner  avail  adressee,  trois  se- 
maines  auparavant  (30  juin  1564),  a  Jean  Bauhin, 
alors  medecin  a  Lyon  : 

«  Ce  jeune  pharmacien  marseillais  qui  etait  venu 
a  Bale  est  parti  dernierement  pour  Venise  avec  un 
autre  jeune  Francais,  et  j'ai  charge  celui-ci  des 
lettres  qu'a  cette  occasion  j'ai  ecrites  a  Cortusi,  a 
Vallerand  et  a  d'autres  (3).  » 


grecque.  On  laccusa  de  laisser  percer,  dans  ses  explications  du 
Nouvcau-Testament,  des  opinions  favorablesau  protestantismc... 
La  prudence  le  determina  a  se  retirer  a  Montauljan  oil  il  exerca 
la  medecine,  et  ne  s  y  crojant  pas  en  suretc  il  se  refugia  en 
Allemagne.  II  3-  vecut  dans  rohscurite  et  la  misere  jusqua  sa 
mort,  arrivee  le  27  decembre  1605.  » 

(1)  Pour  venir  en  Suisse,  Raynaudet  et  son  eompagnon  avaient 
certainenient  traverse  Lj'on,  oil  se  trouvaient  alors  et  oil  ils 
rencontrerent  Robert  Coustantin  et  Jean  Bauhin.  Pendant  son 
sejour  chez  Gesner,  il  etait  bien  naturel  que  le  jeune  pharma- 
cien marseillais  fit  part  de  cette  circonstance  a  son  bote,  dont 
Constantin  et  Bauhin  ctaient  les  amis.  Et  voila  pourquoi  Gesner 
suppose  que  le  nom  de  Cantabrica,  donne  par  lui-meme  a  la 
Gentiane,  a  ete  revele  a  Rajnaudet  par  Constantin. 

(2)  «  Cantaliricam  aecepi  cum  Hore,  et  gratiam  ago.  Snepe  earn 
in  jugis  niontiiim  inveni,  Bitterwiirtz  passim  vocant  :  quod 
nomen  si  indicasses,  herbam  mitti  non  opus  fuisset.  Sa;pe  in 
liortis  educarefrustra  conatus  sum,  cultum  enim  omnem  asper- 
natur.  Cantabric;e  nomen  ego  etiam  ei  j)osui  (sive  ea  ipsa  sit, 
sive generis  ejusdem  potiusi  et  Dalecliampio  medico  LugtUiiii  banc 
ineam  scntentiam  aperui,  is  vero  sua  omnia  Constantino,  a  quo 
forte  pharmacopola  illejuvenis  JIassilien  acceperit.  Ilium  una 
cum  Petro  Pena  Juvene  doctissimo  domi  meie  per  dies  quatiior 
retinui  et  mea  omnia  osteudi,  multa  etiam  doiiavi. . .  Tlguri  1564. 
julii  24.  )i  {Epist.  medic,  f'  108  v.) 

(3)  «  Adolescens  ille  Massiliensis  pharmacopieus  qui  Basilere 


—  116  — 

Cos  lexles  nous  peimellenl  do  reconsliluor  Tliis- 
loriquc  des  relations  de  Jacques  Raynaudet  avec 
Conrad  Gcsncr. 

Raynaudet,  acconipai^ne  de  son  ami  Pierre  Pena, 
est  d'al)ord  alle  a  Bale.  II  a  etc  recu  la  |)ar  Theodore 
Zwings^er.  Dans  le  jardin  l)otani(|ue  de  ee  medecin 
il  voit  une  (ientiane  (juil  noninie  (laulabrica. 

De  Bale,  Raynaudet  el  Pena  vont  a  Zurich,  (iesner 
leur  donne  Thospitalite,  les  retienl  chez  lui  pendant 
(pialre  jours,  leur  montre  ses  collections,  leur  fait 
divers  cadeaux.  Les  deux  voyageurs  ont  rintcntion 
de  se  rendre  a  Venise.  (iesner  profile  de  cette  occa- 
sion pour  conlier  a  Pena  des  lettres  adressees  a 
(Lortusi,  a  Valerand  Dourez  et  a  d'autres. 

Quelques  semaines  apres  le  passage  de  Raynau- 
det a  Bale,  Theodore  Zwingger  fait  parvenir  a 
Gesner  la  Cantahrica  que  celui-ci  desirait.  II  ecrit 
en  meme  temps  que  I'identite  de  cette  plante  lui  a 
ete  indiquee  par  le  pharmacien  marseillais. 

En  accusant  reception  de  I'envoi,  (iesner  explique 
a  Zwinggei-  comment,  a  son  avis,  Raynaudet 
a  pu  ainsi  se  prononcer.  C'est  lui,  Gesner,  qui  le 
premier  a  confere  le  nom  de  Cantahrica  a  cette 
meme  plante.  II  a  fait  connaitre  a  Dalechamp  son 
opinion  sur  ce  point.  Le  medecin  lyonnais  en  a 
informe  Robert  Constantin,  et  c'est  probablement 
Constantin  qui  a  transmis  Findication  a  Raynaudet. 

Gesner,  dans  salettre,  designe  Raynaudet  par  cette 
periphrase  :  «  Le  [ou  ce\  jeune  pharmacien  mar- 
seillais ipharmacupola  ille  jiiuenis  Massiliensis).  )) 
Pourquoi  ne  le  nomme-t-il  pas  ?  Parce  qu'il  repond 
a  une  letlre  en  laquelle  Zwingger  a  lui-nieme  ecrit 
le  nom.  Gesner  juge  inutile  de  le  repeter.  Laformule 
qu'il  emploie  equivaut  a  ceci  :  «  Le  jeune  pharma- 
cien dont  voiis  me  parlez...  )> 

fiiit,  nuper  cum  alio  juveiic  (lallo  Vcnetias  profectus  est,  [)ci' 
quern  U.  Cortusio  scrips!  et  \'alleraiido.  etc.  »  [Dc  Planiis  a 
Divis....  p.  162.) 


—  117  — 

Mais,  dira-t-on,  esl-ce  bien  le  nom  de  Jacques 
Raynaudet  que  citait  Theodore  Zwingger  dans  sa 
lettre  a  Conrad  Gesner  ?  Le  medecin  balois  ne  pou- 
vait-il  pas  avoir  recu  la  visite  de  quelque  autre 
pharmacien  de  Marseille  ? 

Qu'il  soit  ici  question  de  Raynaudet  et  non  pas 
d'un  autre  de  ses  confreres  marseillais,  c'est  la  un 
point  qui  ne  peut  faire  doule. 

II  rcssort  des  termes  menies  de  la  reponse  de 
(iesner  que  c'est  le  meme  personnage  qui,  a  Bale, 
dans  le  jardin  de  Zwingger,  a  reconnu  la  Cantabrica 
et  qui.  a  Zurich,  a  ete  Thote  du  celebre  naturaliste  : 
ce  personnage  ne  peut  etre  que  Raynaudet. 

Nous  apprenons,  en  etTet,  par  la  lettre  de  Gesner, 
que  sonjeune  pharmacopola  Massiliensis  voyageait 
en  compagnie  de  Pierre  Pena.  Or,  nous  savons 
deja  que  celui-ci  professa  pour  Raynaudet  une 
grande  aniitie.  S'il  avait  eu,  dans  la  confrerie  des 
pharmaciens  de  Marseille,  un  autre  ami  ayant  a 
un  egal  degrc  le  gout  de  la  botanique,  il  n'aurait  pas 
manque  de  le  nommer  dans  les  Adversaria,  comme 
il  a  nomme  Jacques  Raynaudet.  Nous  pouvons 
done  tenir  pour  certain  que  Pena  s'etait  mis  en 
route  avec  Tunique  ami  botaniste  qu'il  eut  chez  les 
pharmaciens  marseillais,  et  que  c'est  bien  Raynau- 
det ([ui  I'accompagnait,  quand  il  traversa  la  Suisse 
et  vint  a  Zurich  chez  Gesner,  pour  se  rendre  ensuite 
a  Venise  (1). 


(1)  Les  nicmcs  observations  sappliquent  ;i  la  lettre  ecrite  le 
30  juin  par  Gesner  a  Jean  Bauhin.  Gesner  y  designe  encore 
Raynaudet  par  cette  periphrase :  «  Adolescens  ille  Massiliensis 
pharmacopcviis...  »  Jean  Bauhin,  qui  alors  cxercait  la  medecine 
il  Lyon,  avait  du  ccrire  a  Gesner  quil  venait  d'y  recevoir  la 
visite  du  pharmacien  de  Marseille  ;  et  le  savant  de  Zurich,  ayant 
a  son  tour  I'occasion  de  parlcr,  dans  sa  lettre  a  Bauhin,  de  ce 
menic  Raynaudet,  se  sert  d'une  formule  qui  doit  etre  ainsi  tra- 
duite  :  «  Ce  jeune  pharmacien  marseillais,  que  vous  avez 
recemment  vu  a  Lyon  et  qui  m'a  parle  de  vous...  » 


—  118  — 

Panni  los  savants  avec  lesqucls  Rayiiaiulel  cut 
roc'casion  do  sc  incllre  en  rapport,  nous  avons 
encore  a  nomnier  le  celehre  prolesseur  de  Monlpcl- 
lier,  Gnillaunie  Kondelet,  et  le  pharniacien  lyonnais 
Valerand  Donrez. 

Les  Adversaria  nons  appronnent  qu'il  fit  en  1565 
le  voyage  de  Monlpellier,  ou  il  apporla  le  Laserpitimn 
Chillicum,  planle  quil  avail  Irouvee  dans  les  collines 
de  Marseille  el  preeedeniment  envoyee  a  Pierre  Pena. 
Gclte  Oinbellifere,  si  repandne  en  cerlaines  regions, 
avail  ponrtant  echappe  jusqu'alors  a  Tallention  des 
botanistes.  Jacques  Raynaudet  est  le  premier  qui 
Tait  remarquee  et  Fait  connaitre.  II  la  soumit  a  Ron- 
delet  :  celui-ci  decida  que  c  etait  un  ft  Laserpiiiiim  ». 
Pena  I'a  decrite.en  a  donne  une  figure,  et  ranommee 
dans  son  ouvrage  «  Laserpiiiiim  e  regione  Massilice 
repertiim  »  (1). 

Valerand  Dourez,  ne  a  Lille  en  Flandre,  avail 
choisi  la  ville  de  Lyon  pour  s'y  etablir  en  qualite  de 
pharmacien.  II  devaild'autant  mieux  s'accorder  avec 
Raynaudet  qu'il  etait,  autanl  que  lui,  bolaniste  ins- 
truit  et  passionne  pour  la  recherche  des  plantes.  Les 
deux  confreres  firent  connaissance,  soil  a  Lyon,  que 
le  pharmacien  marseillais  Iraversa  pour  aller  en 
Suisse,  soil  a  Venise,  ou  Dourez  sejourna  pendant 
assez  longlemps,  soil  peut-elre  a  Marseille  meme, 
ville  que  ce  dernier  avail  Ires  probablemenl  visitee  ii 
I'epoque  ou  il  vinl  a  Monlpellier  (2). 

Nous  savons,  en  tout  cas,  que  Raynaudet   lui  fit 


(1)  Stirp.  Adv.,  p.  313  :  «  Hanc  Jacobus  Rainaudus  Massiliensis 
pharmacopteus,  stirpium  valde  cupidus  ct  peritus,  nobis  misit  : 
deinde  attiilit  Monspellium  quatuor  ab  hinc  annis  :  quae  prae- 
ceptori  eximii  ingenii  Rondelletio  visa  fuit  Laserpilio  aptius 
congruere,  quam  qufevis  alia  ex  multis,  quas  ille  vidisset, 
Ferulis.   d 

(2)  Un  botaniste  flamand  dii  \vi*  siecle  :  Valerand  Dourez,  p.  8. 


—  119  — 

parvenir  a  Lyon  uiie  provision  de  Seseli  toiiiwsiim, 
plante  que  divers  botanistes  du  temps  prenaient 
pour  le  fameux  ((^  Seseli  Massalioticon  >^  de  Diosco- 
ride.  Dourez  etait  renomme  pour  son  habilete  a  pre- 
parer la  theriaque.  C'est  Raynaudet,  disent  les 
Adversaria,  qui,  le  premier,  lui  fournit,  ainsi  qu'a 
divers  medecins  lyonnais  du  plus  grand  merite,  le 
Seseli  destine  a  rendre  la  theriaque  parfaite  :  cette 
adjonction  avail  ete  approuvee  et  recommandee  par 
les  professeurs  de  Montpellier,  surtout  par  Ron- 
delet(l). 

Nous  avons  eu  maintes  fois,  au  cours  de  nos 
etudes  d'histoire  de  la  Botanique,  I'occasion  de  rap- 
peler  quels  services  importants  les  pharmaciens  de 
cette  epoque  rendirent  a  la  phytologie. 

((  lis  avaient  alors,  dans  I'exercice  de  leur  profes- 
sion, a  compter  sur  eux-memes  bien  plus  que  ne 
sont  obliges  de  le  faire  leurs  successeurs  actuels.  La 
chimie,  encore  a  I'etat  embryonnaire,  ne  pretait  pas, 
comme  aujourd'liui,  un  puissant  concours  a  la 
matiere  medicale.  La  plupart  des  medicaments  pro- 
cedaient  du  regne  vegetal,  et  le  pharmacien  les 
preparait  lui-meme.  II  ne  pouvail  done  pas  se  dis- 
penser d'etre  botaniste.  II  etait  tenu,  avant  tout, 
d'etudier  les  plantes  et  d'acquerir  toutes  les 
notions  que  fournissait  la  res  herbaria.  Puis  il  se 
mettait  personnellement  en  campagne,  afin  de  se 
procurer  les  simples  qui  lui  etaient  necessaires  pour 
alimenter  son  officine.  II  herborisait  d'abord  dans  la 
region  oil  il  avait  son  etablissement.   II  se  dirigeail 


(1)  Stirp.  Adv.,  p.  352:  «  Singularis  industrise  amicus  Jacobus 
Reinaudus.  Masslliensis  civis  et  pliarniacopieus,  primus  banc 
Lugdunenslbus  medicis,  etiamque  Valerando  Dourez  illic  phar- 
macopjeo,  liujus  cognitiouis  supra  quam  dici  queat  consultis, 
miserat  ad  Theriacre  exquisitam  confcctionem,  cui  etiam  Mons- 
pelliensium  Doctorum  instituto,  Rondeletii  praesertim,  additur, 
cujus  sententiam  non  raro   sequimur.  » 


—  120  — 

ensuilo  vors  los  pays  loiiilains.  Sa  grando  ainl)ilion 
visait  la  cU'couveilc  di's  especes  donl  la  vcju'iable 
auliquile  avail  proiu'  los  veiiiis.  An  retour,  il  seniail 
dans  son  polil  jardin  bolaniquc,  annexe  obligaloire 
de  sa  boutiqne,  les  graines  qu'il  ra|)po!tait.  Et  s'il 
avail  la  bonne  ioiinnc  d'etre  en  relation  avec  un  bota- 
nograpbe  que  reeomniandaient  des  recliercbes  et 
des  publications  renonimees,  il  s'empressail  de  le 
eonsuller  sur  le  nierile  de  ses  trouvailles  el  il  Irans- 
niellail  ainsi  a  Tecrivain  de  i)recieux  nialeriaux  (1).  » 

Les  environs  de  Marseille  ollraienl  a  Jacques 
Raynaudel  un  champ  d'herborisation  dune  singu- 
liere  richesse  el  qu'il  cut  soin  de  parcourir  en  tons 
les  sens.  II  nenegligea  pas  la  flore  des  bords  de  la 
mer ;  parmi  les  indications  d'habitat  fournies  par 
lui  a  ses  correspondants,  les  Adversaria  mentionnent 
celle-ci  :  «  in  coUibus  inaritimis  »,  et  Jean  Bauhin 
cette  autre:  « //?  littore  maris ». 

II  ne  se  contenta  pas  d'herboriser  dans  la  banlieue 
de  Marseille.  II  explora  aussi  I'interieur  de  la  Pro- 
vence. De  ses  decouvertes  aux  alentours  de  la  ville 
d'Aix,  quatre  ont  ete  signalees  par  Pierre  Pena  et 
une  par  Jean  Bauhin  .  Les  Adversaria  nous  appren- 
nent  qu'il  fit  I'ascension  du  niont  Sainte-Victoire, 
d'ou  il  rapportale  Telephiam  Imperaii. 

Puis  il  entreprit  une  serie  de  longs  voyages  en 
France  et  a  I'etranger. 

Nous  avons  vu  plus  haul  qu'il  etait  venu  a  Mont- 
pellier  et  qu'en  allanl  en  Suisse  il  s'etait  arrete  a 
Lyon  (2). 

En  Suisse  nous  savons  deja  qu'il  passa  par  Bale, 
ou  il  vit  Theodore  Zwingger,  et  i)ar  Zurich,  ou  il  fut 
recu  chcz  Conrad  Gesner. 

(1)  In  hotaniste  flamand  du  xvi«  siecle,  p.  (5. 

(2)  Son  sejoiir  a  Lyon  est  confirnie  par  cette  circonstancc. 
relatee  un  pen  plus  haut .  ([u'il  avait  apporte  et  distrilnie  a 
divers  medecius  lyonnais.  ainsi  qua  ^■alerand  Dourez.  le  Seseli 
Massiliensc. 


—  121  — 

II  franchit  ensuite  les  Alpes  pour  se  rendre  en 
Italic. 

II  dut  laire  mi  long  sejour  dans  la  peninsule  et  en 
visiter  les  diverses  regions.  LesAduersaria  ontdecrit 
deux  especes  qu'il  avail  rapportees  dc  scs  hcrbori- 
sations  d'ltalie,  Tune  provenant  de  la  partie  meri- 
nale  du  Piemont,  a  ex  aiistrali  tractii  Pedemontanw 
regionis»,  et  I'autre  cucillie  dans  IWpennin. 

Au  temoignage  de  Jean  Bauhin  ,  il  ctait  alle  a 
Florence  (1 ) . 

Enfin,  nous  avons  vu,  dans  une  des  lettres  de 
Gesner  citees  plus  haut,  qu'a  leur  depart  de  Zurich, 
Raynaudet  et  son  compagnon  Pierre  Pena  s'etaient 
mis  en  route  pour  Venise.  II  est  hors  de  doute  qu'a 
Venise  notre  pharmacien,  si  etroitement  lie  avec 
Pena,  y  eut  les  memes  amis  que  lui.  Et  certainement 
il  fut  du  nombre  des  botanophiles  qui  se  reunis- 
saient  habituellcment,  pour  deviser  de  la  res  her- 
baria, dans  rol'ficine  du  pharmacien  Albert  Marti- 
nello,  ad  Angeli  symbolum  (2). 

Voila,  pour  les  voyages  de  Raynaudet,  les  seules 
indications  precises  que  nousont  livrees  les  auteurs 


(1)  Hist,  plant,  iiniv..  t.  I,  p.  599.  —  Nous  devons  recoiinaitre 
qu'il  y  a  de  rainl)igu'itc'  daus  la  declaration  de  Jean  Bauhin.  A 
propos  de  1'  <«  Alijpum  Monspeliaciini))  (Globularki  Alijpum  L.),il 
rapporte  qu  il  avait  vu  lui-meme  cette  plante  cultivee  en  divers 
jardins  ditalie  ;  ])uis  il  ajoutc  :  "  D.  Calzolarius  Verona?  noliis 
ostendit  pro  Ptarmica  :  quo  nomine  et  doctiss.  Medico  Rantzio 
in  horto  Florentino  lectam  nobis  attulit,  et  ex  Provincia  misit 
.lac.  Rainaudetus  industrius  pharmacop;eus.  »  Est-ce  le  phar- 
macien de  \'erone,  (-alzolari,  on  Jacques  Raynaudet,  ([ui  avait 
cneilli  la  Globulaire  Tnrbitli  dans  le  jardin  de  Florence  pour 
lenvoj'er  ii  Jean  Bauhin  et  au  medecin  Rantzius?  —  En  tout  cas, 
il  cut  ete  bien  surjjrenant  que  Raynaudet,  ayant  parcourul'Italie 
(In  Nord,  ne  fut  pas  venu  ii  Florence. 

('_')  Voir,  au  sujet  dAlbert  Martinello.  Pierre  Pena  et  Matliias 
de  Lohel.  p.  12et  13. 


—  122  — 

conteinpornins.  Mais  il  est  infinimonl  probable  que 
le  zele  botanisto  inarseillais  avail  herborise  en 
beaucoup  dautrcs  lieux. 


II  nous  reste  maintenant  a  donner  la  lisle  des 
plantcs  que  Jacques  Raynaudct  avait  coninuini(|uees 
soil  a  Pierre  Pena,  soil  a  Jean  liauhin. 

Voici  d'abord  les  planles  de  la  llore  provencale 
fournies  a  Pena. 

Nous  avons  deja  nientionne''  deux  Ombelliteres, 
Laserpilium  Galliciini  el  Scseli  torliiosiim,  ainsi  que 
le  Telephium  Imperati. 

Nous  avons  dil  de  cetle  Paronychiee  que  Raynau- 
det  la  cueillil  au  sommel  de  la  monlagne  qui  porle 
actuellement  le  nom  de  Sainle-Vicloire  :  «  Dono 
misit  banc,  —  ecril  Pena  dans  les  Adversaria,  — 
noster  industrius  el  perilus  pbarmacopaeus  Jacobus 
Raynaudet,  quam  e  jugis  arduis  montis  D.  Bona- 
venlurae,  non  procul  Aquisexliis,  erueral  (1).  » 

II  avail  recolte  sur  les  collines  marilimes  de  la 
Provence,  «  collibiis  maritimis  Galloprovinciw  »  le 
Frankenia  Icevis  L.  Cette  planle,  communiquee  a 
Pena  qui  ne  la  connaissail  point  encore,  ful  inscrile 
dans  le  Stirpiiim  Adversaria  sous  le  nom  de  «  Po- 
lygonum alteriim,  piisillo  vermiculato  serpilli  fo- 
liolo  »  (2). 

(1)  Stirp.  Adv.,  p.  405. —  Le  Telephium  y  est  appele  «  Helianthes 
species  rara,  flgurn  leguminosa,  floribus  aiireis  ». —  Nous  avons, 
dans  Pierre  Pena  et  Mathias  de  Lohel  (p.  90),  donne  des  explica- 
tions, auxquelles  nous  renvoyous  le  lecteur,  sur  la  montagne  de 
Sainte-Victoire  et  le  nom  qu'elle  portait  au  xvi«  siecle. 

(2)  Slirp.  Ado.,  p.  180.  —  Le  Frankenia  Icevis  ne  se  rencontre 
pas  aux  environs  de  Marseille.  Cette  espece  est  silicicole,  et  cest, 
en  suivaut  le  bord  de  la  mer,  que  Ton  commence  a  I'apercevoir 
dans  le  voisinage  de  Toulon.  Raynaudet  ne  s'etait  pas  contente 
d'explorer  le  littoral  de  Marseille  ;  il  avait  dii  s'avancer  beau- 
coup  plus  loiu. 


—  123  — 

Une  Rosacee  qui  appartient  a  la  flore  de  la  Pro- 
vence, Potentilla  recta  L.,  nominee  au  xvi«  siecle 
«  Pentaphijlhim  riihrum  »,  fut  rapportee  par  Raynau- 
det  de  TApennin  (1). 

Sous  le  nom  de  «  Camiimm  sylvestre  Dioscoridis  », 
Pierre  Pena  decrivit,  en  indiquant  qu'il  la  tenait  de 
Raynaudet,  une  plante  qui  donne  lieu  a  de  serieuses 
difficultes. 

«  Dioscoridc  distinguait  deux  sortes  de  Cumin  : 
le  Cumin  cultive  «  Ciiminiim  sativum  »,  et  le  Cumin 
sauvage  «  Cuminum  SLjluestre  ». 

«  Sur  I'identite  du  Cuminum  sativum  on  etait  fixe. 
On  le  recevait  de  la  Syrie,  de  la  Cilicie  et  de  la 
Grece  (2), 

«  Mais  on  pouvait-on  se  procurer  le  Cuminum 
sylvestre  Dioscoridis '/ 

«  Deux  plantes,  —  disent  les  Adversaria,  —  qui 
«  croissent  en  abondance  dans  des  endroits  pierreux 
«  pres  d'Aix-en-Provence  representent  cette  espece . 
«  Le  zele  pharmacien  marseillais  Jacques  Raynaud 
«  nous  en  envoya  a  Montpellier  plusieurs  pieds, 
«  ainsi  que  de  la  graine  destinee  a  etre  semee.  De  la 
«  ce  Cumin  a  ete  transporte  dans  quelques  jardins 
«  d'ltalie  (3).  » 

«  Ces  deux  plantes,  qui  repondaient  aussi  bien 
Tune  que  I'autre  au  Cumin  sauvage  de  Dioscoride,  le 


(1)  Stirp.  Adv.,  p.  307  :  «  In  Apennino  Italise  purpureo  flore, 
perquam  aspectu  amceno,  legebat  peritus  pharmacopjeus  et  ami- 
cus non  vulgaris.  Jacobus  Rainaudet  Massiliensis.  » 

(2)  C'est  presentement  le  Cuminum  Cgminum  de  Linne. 

(?)  Stirp.  Adv..  p.  330  :  «  Speciem  prse  se  ferunt  utriusque 
Sylvestris  dua^  plant.'c,  qute  locis  glareosis  prope  Aquas  Sextias 
Galloprovincl^e  ubertini  crescunt  :  cujiis  stirpes  aliquot  et 
semen  serendum  nobis  Monspellium  misit  Jacobus  Reinaudus 
industrius  pbarmacopjeus  Massiliensis,  et  indidem  in  hortos 
quosdam  Italiic  translatum  fuit,  ubi  rarissimum  a  paucis 
colitur.  » 


—  124  — 

ri'dacleiir  de  cello  pnrlii'  dc  loiivmifc  [Picrro  Penal 
cluMclie  a  les  dislinj^uor,  el  il  consacre  a  chacune 
delles  un  arlidc  sj)ecial.  A  rune  il  atlrihue  lout 
simplemenl  le  nom  de  «  Ciimimim  sijluesfre  Diosco- 
ridis  y^.  Pour  raulic,  il  allonge  ce  nom  en  y  ajoulanl 
les  mots  «  altenim  sili<jiiwsiiiu  ». 

«  La  plante  appelee  Ciimimim  sijlveslrr  sans  epi- 
Ihele  esl  deerile  et  dessinee  dans  les  At/;'er.sa/'/a.  On 
y  reconnait  lout  de  suite  rOmbellifere  que  Linne  a 
nommee  Lagwcia  ciiininoides(l). 

«  Que  faul-il  conclure  de  cette  circonstance  ?(2)  )) 

C'est  ici,  juslement,  que  surgissent  les  difficultes. 

II  est  certain  que  le  Laga'cia  ciiminoides,  plante 
d'Espagne  et  d'Orient,  ne  se  rencontre  pas,  actuelle- 
ment,  aux  environs  d'Aix. 

Y  croissait-il  au  xvi^  siecle  ? 

Nous  avons  montre,  dans  notre  etude  sur  Pena  et 
Lobel,  quelle  foi  est  due,  pour  I'enonce  de  faits  mul- 
tiples, a  Toeuvre  des  Adversaria. 

Que  Jacques  Raynaudet  ait  envoye  a  Pierre  Pena, 
residant  alors  a  Montpellier,  des  echantillons  de 
deux  plantes  qui  parurent  a  celui-ci  pouvoir  etre 
prises  I'une  et  I'autre  pour  le  Cumin  sauvage  de 
Dioscoride  et  dont  I'une ,  decrite  et  figuree  dans  les 
Adversaria,  represente  le  Laga'cia  ciiminoides  L., 
e'est  la  un  fait  qui  ne  peut  pas  etre  conteste. 

(1)  Voici  quelle  est  la  genealogie  onomastiquc  de  cette  espece  : 
ail  «  Ciiminum  sylvcstre  Dioscoridis  )>  des  Adversaria,  (laspard 
Uauhin  {Pma.v,  p.  146)  substitua  «  Cuminiini  syli'estre  capitulis 
ylobosis  ».  et  Linne  inscrivit  Tappcllation  du  Pinax  parmi  les 
synonvmes  de  son  Layaicia  ciiminoides.  —  Les  tloristcs  du  xvi« 
siecle  furent  unanimes  a  considerer  cette  plante  comme  le  vrai 
Cumin  sauvage  de  Dioscoi-ide.  Cette  unanimite  apparait  claire- 
ment  dans  leurs  descriptions  et  leurs  ligures,  Ic  Lagaria  ayant, 
il  raison  dc  ses  tleurs  groupees  en  glomerules  et  non  point  en 
ombelles,  une  physionomie  tout  a  fait  caracteristique 

(2)  La  Botaniqiie  en  Provence  an  xvF  siecle  :  Pierre  Pena  el 
Mathias  de  Lohel.  p.  SO. 


—  125  — 

Raynaudet  avait-il  reellement  trouve  cette  Onibel- 
lifere  «  croissant  en  abondance  dans  des  endroits 
pierreux  pres  d'Aix-en-Provence  »,  ainsi  qu'il  raffir- 
mait  dans  sa  lettre  on  sur  ses  etiquettes  ? 

II  n'existe  aucun  motif  serieux  de  revoqiier  en 
doute  la  veracite  du  pharmacien  marseillais. 

Toutes  les  autres  plantes  qu'il  otTrit  soit  a  Pena, 
soit  a  Bauhin,  en  les  presentant  comme  des  plantes 
de  Provence,  sont  bien  des  especesqui  appartiennent 
encore  a  la  flore  provencale.  Pour  quelle  raison,  au 
sujet  du  Laga'cia,  aurait-il  donne  une  fausse 
indication  ? 

Diverses  hypotheses  expliqueraient  la  presence  a 
Aix,  en  ce  tenips-la,  du  Lagoncia  cuminoides. 

On  pourrait  admettre  que  cette  plante.  apres  y 
avoir  ete  spontanee,  en  a  disparu  depuis  lors,  four- 
nissant  ainsi  «  un  nouvel  exeniple  des  modifications 
que  subit,  dans  le  cours  des  siecles,  la  vegetation  de 
tel  on  tel  pays  (1)  ». 

Ou  bien  que  le  Laga'cia  etait  simplement  adven- 
tice,  apporteet  repandu,  comme  tant  d'autres  especes 
etrangeres,  par  des  manipulations  de  marchandises. 

Ou  bien  encore  que  cette  Ombellifere,  cultivee 
dans  (juelque  jardin,  s'en  etait  echappee  pour  vege- 
ter  au  milieu  des  graviersou  Raynaudet  I'observa. 

Le  passage  des  Adversaria  que  nous  avons  repro- 
duit  plus  haut  mentionnait  deux  plantes  susceptibles 
d'etre  identiliees  avec  le  Cumin  sauvage  de  Diosco- 
ride,  et  communiquees  toutes  les  deux  par  Jacques 
Ravnaudet. 


(1)  u  Nous  pensons  que  la  presence  du  Lagcecia  aux  alentours 
de  la  ville  d  Aix  ne  serait  pas  plus  etonnaiite  que  celle  de 
V Anemone  palniala  L.  Or  cette  Renonculacee  se  perpetue  au 
milieu  des  colliues  qui  entourent  la  vieille  tour  de  la  Queirie,  eit 
une  station  connue  dun  certain  nomhre  de  botanistes,  signalee 
par  le  Calalogne  des  plantes  de  Provence  d'Honore  Roux.  et  oil 
nous-meines  sommes  alle  la  cueillir.  »  [op.  cil.) 


—  126  — 

La  seconde,  sous  k>  nom  de  «  Cuniimim  sylveslrc 
alteriim  siliqiiosiim  )>,  est  egalemeiit  decrile  el  figuree 
dans  rouvrage.  C'esl  VHijpecoiim  prociimhens  L., 
Papaveiacoe  qui  est  demeuiee  lidele  an  Iciroir  dAi\. 
On  Irouve  aussi,  en  cc  nieme  lerroir,  VHijpecoiiin 
pendulum  L.  Les  Adversaria  \y  ont  signale,  loujours 
d'apres  Raynaudel,  en  accompagnanl  dune  ligure 
la  mention  qu'ils  en  ont  faite.  Aueun  nom  speciul 
nest  altribue  a  ce  second  Ciiminiim  sijloeslre  siliqiio- 
iunj.  Le  texte  se  contentc  de  dire  quit  y  a  dans  la 
meme  localite  «  iisdcm  natalibus  »  une  autre  plante 
siliqueuse  ressemblant  beaueoup  a  la  premiere,  et 
s'en  distinguant  seulement  par  des  feuilles  a  divi- 
sions plus  etroites  (1). 

Enfin  Jacques  Raynaudel  fit  parvenir  a  son  ami 
Pierre  Pena  deux  especes  qui  sont  etrangeres  a  la 
flore  de  la  Provence  :  Poteriiim  spinosiim  L.  et  Salvia 
pomifera  L. 

Les  Adversaria  donnent  a  la  premiere  de  ces  planles 
lenomde  «  Po/erzon  ».  Raynaudet  I'avait  rapportee 
dune  localite  situee  dans  le  Piemont  meridional. 
«  Ex  australi  tractu  Pedemontana?  regionis  vulsum 
nobis  misit  peramicus  juvenis  doctus  pharmaco- 
pseus  Massiliensis  Jac.  Rainaudetus  (2)  ». 

(1)  Stirp.  Adv.,  p.  331. 

(2)  L'eminent  auteur  de  la  Flurc  des  Alpes  Maritimes  . 
M.  Emile  Buniat,  ne  croit  pas  que  Ic  Poteriiim  spinosiim  ait 
jamais  etc  spontane  en  Piemont.  <  Laire  du  P.  spiiwsiun. 
dit-il  (t.  III.  p.  126).  est.  en  effet.  fort  eloignee  de  iios  regions: 
Italie  centr.  et  merid.,  Sardaigne.  Sicile,  Dalmatic,  Turquic 
d'Europe  et  regions  mediterraneennes  asiatiques.  L'espece  na 
jamais  pu  etre  trouvee  a  I'etat  spontane  dans  le  Piemont.  ■)  Pour- 
tant  M.  Burnat  cite  le  temoignage  d'AUioni  et  eelui  de  M.  Ins.e- 
gnatti  (  Caf.  -l/o/if/opi),  d'apres  lesquels  ce  Poteriiim  aurait  eie 
trouve  a  Garessio  et  a  La  Morra.—  Au  surplus,  nous  ne  devo  is 
pas  perdrc  de  vue  que  les  botanistes  du  xvi^  siecle  donuaieut 
rarement    des   indications  precises  au  sujet  des   stations  et  ne 


—  127  — 

Le  Salvia  pomifera  L.  est  appele  (c  Salvia  cocci fera, 
sive  haccata,  Cretensis  ».  En  indiquant  qu'il  tenait 
cette  plante  de  Raynaudet,  Pena  ne  dit  pas  quelle  en 
etait  la  provenance.  Le  6\  pomifera  est  indigene  en 
rile  de  Crete.  Est-ce  la  que  notre  pharmacien,  apprime 
seduliis  et  peritiis  vestigator  stirpiiim,  etait  alle  le 
querir  ?  Nous  n'oserions  I'affirmer.  Ce  I'ut  sans  doute 
une  des  especes  qu'il  intioduisit  et  cultiva  dans  son 
jardin  bolanique. 

Jean  Bauhin,  en  son  Historia  plantanim  univer- 
salis, a  mentionne,  pour  treize  plantes,  I'envoi  que 
lui  en  avait  fait  Jacques  Raynaudet  (I). 

Nous  y  voyons  d'abord  trois  des  especes  deja 
fournies  a  Pierre  Pena  : 

Frankenia  Icevis  L.,  que  Bauhin  nomme  «  Cali  sive 
Vermiculari  marime  non  dissiinilis  planta  »  ; 

Telephium  Imperati  L.,  qu'il  appelle,  lui  aussi, 
((  Helianthes  species  rara  »,  et  qu'il  declare  avoir  recu 
deux  fois  de  Raynaudet  :  en  premier  lieu,  sous  le 
nom  de  a  planta'  repentis  at  Nummulariay),  ensuite 
sous  celui  de  ((  stirpis  Veronica'  modo  repentis  »  ; 

Laserpitium  Gallicum  h.,  auquel  il  applique,  lege- 
rement  niodilie,  le  nom  cree  par  les  Adversaria: 
«  Laserpitium  e  regione  Massilice  allatum  ». 


voyaieut  aiicuii  intcret  a  faire  coimaitre  si  uue  plante  etait,  en 
tel  endroit,  spontanee  ou  cultivee.  II  etait  done  fort  possible 
([ue  Raynaudet  eut  cueilli  dans  un  jardin  du  Piemont  meri- 
dional les  echantillons  de  Poteriuin  spinosiim  dont  il  fit  i)art  a 
Pierre  Pena. 

(1)  Les  envois  de  Ra3uaudet  seleverent  a  un  chitrre  bien 
superieur.  Souvent  Jean  Baubin  negligea  de  citer  le  nom  de  son 
eorrespondant.  Mais  il  reconnut  expressement  que  les  dons  de 
celui-ci  avaient  ete  nombreux.  A  propos  du  «  Tragacantha 
Massiliensis  »,  il  disait  :  «  Ante  quadraginta  annos  doctus  pbar- 
niacopanis  .lac.  Ueinaudctus  niihi  misit  ex  Galloprovincia  cum 
(diis  mnltis.  » 


—  128  — 

Voic'i  (luclles  sonl  les  aulros  ospoces  Iraiisinises 
par  Jacques  Raynaudel  a  rauleur  de  VHisloire  uni- 
verselle  des  planies  : 

Pnsscrina  Tdrlon-raira  !)(>.  —  .lean  IJauhiii  lui 
(lonno  le  noin  ile  «  Tarlonmire  Massilicnsinm  »  et 
rassiinile  au  «  Sananuindd  prima  »  de  Charles  de 
I'Esclusc.  Dans  le  ehapilre  quil  a  consacre  a  cette 
plante,  il  s'exjiriine  en  ces  lermes  :  u  .lac.  Rainau- 
deliis  pharmacopa'us  nobis  niisil  hunc  I'rulicem  in 
littore  maris  Massilia'  natum,  scribens  Tart  en  raijre 
ibidem  vocari,  quod  aluiun  miri/icc  solval  (1).  )> 

Globiilaria  Alypiiin  L.  —  Bauhin  Tinscrit  sous 
le  nom  de  «  Alijpiim  Monspelianiiin  siue  Friilex 
terribilis  »  (2) . 

Ephedra  distachya  L.  —  C'est  pour  Bauhin,  comma 
pour  d'autres  floristes  du  temps,  «  Tragus  siue  Uva 
marina)).  L'etiquelte  redigee  par  Raynaudet  portail  : 
«  Planta  marina  Equiseto  similis  »  (3). 

Astragalus  Massi lie nsis  hmk. —  Les  botanograplies 
du  XVI''  siecle  avaient  reconnu  en  cette  Papilionacee 
le  «  Tragacantha  »  de  Dioscoride.  Dans  son  Histoire, 
Bauhin  ajoute  a  ce  nom  Tadjeclif  Massiliensis :  il 
Yit  en  efTel,  pendant   qu'il  etait   a   Montpellier,   des 


il)  Hist,  planl.  iiniv.  t.  I.  p.  .")94.  —  Par  rannoliitioii  Jointc  a 
^o^  envoi  et  que  Bauhin  a  transcrite,  llaynaudet  nous  a  aide  a 
deeouvrir  la  curieuse  originc  du  nom  de  Tarton-raire.  Voir 
I'explication  que  nous  en  avons  donnee  dans  Pierre  Pena  cl 
Mathias  de  LobcL  p.  72. 

(2)  Hisl.  plant,  univ.,  t.  I,  p.  599.  —  Les  Adversaria  nous 
apprennent  c[ue  le  nom  de  Friite.v  terribilis  avait  ete  donne  a  la 
Globulaire  Turbith  a  raison  de  lenergie,  quelquefois  perilleuse, 
dc  ses  propriety's  drastiques  (V.  Pierre  Pena  et  Mathias  dc 
LobeU  p.  73). 

(3)  Hist. planl.  univ..  t.  I,  2'>part..  p.  406. 


—  129  — 

L'chantillons  de  Tragacantha  apportes  de  Marseille, 
et  il  en  recut  lui-meme  de  Raynaudet  (1). 

Scabiosa  stellata  L. —  Le  iiom  de  «  Scabiosa  cum 
pulchro  semine  minor y),  adopte  par  VHistoire  des 
plantes,  parait  etre  celui  qu'avait  ecrit  Raynaudet  en 
envoyant  cette  Scabieuse  a  Bauhin  (2) . 

Inula  crithmoides  L.—  Matthiole  appliquait  a  cette 
Composee  le  nom  de  « Crithmum » .  C'est  sous  ce 
nom  que  le  pharinacien  marseillais  adressa  la  plante 
il  Bauhin,  et  celui-ci  admit  I'appellation  en  la  deve- 
loppant  ainsi  :  «  Crithmum  marinum  tertium  Mat- 
thiolo,  flore  hiieo  Buphthalmi  »  (3). 

Thapsia  villosa  L.  —  Cette  Ombelliiere  incarnait, 
pour  la  plupart  des  floristes  du  xvi''  siecle,  le  «  Seseli 
Peloponnesiacum  »  de  Dioscoride.  Lorsqu'il  la 
transmit  a  Bauhin,  Raynaudet  ecrivit  sur  I'etiquette: 
«  TlmpsicD).  UHistoire  universelle  des  plantes,  accep- 
tant  les  deux  noms,  I'enregistra  sous  cet  intitule  : 
(( Thapsia  quorundam ,  hirsuta  et  aspera ,  Cicutce 
folio,  flore  luteo,  semine  lata,  aliis  Seseli  Peloponne- 
siacum »  (4 ) . 

Plantago  subulataL.  — Suivant  toute  apparence, 
Pierre  Pena  fut  le  premier  inventeur  de  ce  Plantain, 
qu'il  designa,  dans  les  Adversaria,  au  moyen  d'une 
periphrasc  :  ((Plante  marseillaise  intermediaire  entre 


(1)  Hist.  phml.  uniiK,  I.  1,  2'  part.,  p.  4UG.  —  A  propos  dc 
VAstrcHialus  Massiliensis.  les  auteurs  du  Stirpium  Adversaria 
coiistataient  qua  Marseille  on  ne  lutilisait  pas  :  lis  faisaient 
allusion  a  la  i^ommc  que  fournit  TAdragant.  lis  avaient,  ajou- 
taient-ils.  charge  un  ami  d'obtenir,  sil  etait  possil)ie,  par  des 
incisions  aux  racines,  une  certaine  quantite  de  cette  gommc. 
Nous  avons  suppose  que  cet  ami  etait  Jacciues  Raynaudet 
[op.  c(7.,  p.  23,")^. 

(2)  Hist,  plant,  iiniv..  t.  111.  p.  7. 
(;5)  Hist,  plant,  nniv..  t.  Ill,  p.  lOG. 

(4)  Hist,  plant,  nnio..  t.  III.  2'  part.,  p.  18<). 

9 


-   130  — 

Ui  Corne-(k'-c'crrel  r()r|)in  des  inonla^nes,  Corouo}H 
rl  Scili  moiitani  mcdin  planta  Massiliensium ». 
Rayiuuulcl  constala  que  celtc  espece  lonail  d'un 
Planlaln  plus  (pie  (run  Scdnin,  el  sur  la  cedule  (pii 
ac'conipagnail  les  t'chaiilillons  (k^slinos  a  .lean 
JJauhiii,  il  mil:  n  ('.oronopiis  luarilinuis  n .  Ikiuhiii 
a[)pi\'cia  la  jiislesse  do  celte  dtMiominalioii  :  il  la 
consorva,  niais  il  y  ajoula  le  noin  do  rauUnir : 
<(  Coronoj)nH  inaritinms  Rainaudeli »  (1). 

Siui'dd  luaritiinct  Diiniorl.  -  Kn  expcdiant  a 
Hauhin  cctlc  Salsolacec,  Ic  pharinacien  niarseillais 
lui  (lonnail  deux  iioms :  «  Vennicidaris  maritima 
(trlwrescens  »  el  ^'^Aizoonmaritimiim  snhfruticans  ^^ . 
L'auleur  do  YHistoirc  des  plantes  acce[)la  le  premier 
de  ces  noms,  mais  il  chaiii^ea,  mal  a  propos,  mari- 
liina  [nnw  mfirina:  nCali  species,  sive  Vcrniicularis 
niarinii  (trhorescens  »  (2). 

Jean  Bauhin  a  inserc"  dans  son  Hisloire  un  «  Airi- 
plex  maritima  »  qu'il  avait  recu,  dit-il,  de  Valerand 
Dourez,  de  Jacques  Raynaudel  et  de  son  IVere  Gas- 
pard  Bauhin  alors  a  ^'enise.  La  description  qu'il  en 
donne  est  incompI(>te,  et  le  bois  qui  raccom})agne 
lr(?s  grossieremcnt  taille;  en  sorte  qu'il  ne  nous  est 
pas  possible  de  lecoilnaitie  Tidentite  el  d'indiquer  le 
nom  moderne  de  ce  pretendu  Atriplex  (3). 


Ici  s'arretent  les  renseignements  (jue  nous  out 
fournis,  an  sujet  de  Jacques  Raynaudet,  les  auteurs 
contemporains  avec  lesquels  il  eut  des  relations. 

Dans  notre  etude  sur  Leonard  RauwollT,  nous 
avons  fait  connaitre  tout  ce  que   nota  le  voyageur 


(1)  Hisl.  plant,  iiniv..  t.  Ill,  2"  part.,  p.  oil. 
(2i  Hisl.  plaiil.  iiiiiu..  t.  Ill,  '2'-  part.,  p.  704. 
(3)  Hisl.  plant.,  nnio.,  t.  II,  p,  1)74. 


—  131  — 

allemand  a  propos  du  jardin  ou  Raynaudet  avail 
reuni  «  beaiicoup  de  belles  plantes  medicinales 
exotiques  (1)  ». 

II  y  a  lieu  de  completer,  par  deux  observations 
interessantes,  celles  que  nous  ont  suggerees  les  noms 
cites  dans  VHodoeporicum. 

Parmi  les  especes  cultivees  en  ce  jardin,  Rauwolll" 
a  mentionne  le  Scammoniiim  a.  vrai  »  (Convolvulus 
Scammonia  L.).  S'il  faut  en  croire  Jean  Bauhin,  les 
pharmaciens  marseillais  avaient  I'habitude  de  subs- 
tituer  frauduleusement  au  sue  de  cette  plante  un 
extrait  de  «  Scammonea  Monspeliaca  »  (Cynanchum 
Monspeliacum  L.)  melange  a  de  la  colophane;  ils 
preparaient  ainsi  des  purgations  qu'il  fallait  admi- 
nistrer  a  plus  hautes  doses  et  dont  I'effet  etait  moin- 
dre  :  a  Massilienses  cum  succo  istius  herba;  et  colo- 
phania  adulterant  Scammonium  tarn  exacte,  ut  vix 
cognosci  queat.  Succo  lacteo  concrete  purgationcs 
moliebantur,  sed  majore  dosi  quam  Scammonii  et 
minore  effectu  (2)  ». —  Le  fail  que  Rajmaudet  cul- 
livait  le  Convolvulus  Scammonia  temoigne  de  sa  pro- 
bite  professionnelle.  Ne  voulant  pas  imiter  des  con- 
freres pen  scrupuleux,  il  s'elait  mis  en  mesure  de 
purger  ses  clients  avec  le  veritable  Scammonium. 

A  propos  de  1'  a  Ammi  »,  nous  devons  ajouter  que 
Hugues  de  Solier,  dans  ses  Scholies  au  texte  d'Aetius, 
a  fait  mention  de  cette  plante  (3).  Mais  il  ne  I'a  pas 
decrite  et  n"a  fourni  aucune  indication  qui  puisse 
nous  aider  a  la  determiner.  II  s'est  contenle  de  dire 
([u'elle  demeurait  inconniie  par  la  faute  des  phar- 
maciens, trop  paresseux  ou  trop  ignorants  pour  se 
mettre  en  peine   de  la  rechercher  :  «  Pharmacopo- 

(1)  Voir  ci-dessus,  p.  84. 

(2)  Hist,  plant,  iiiiiv.,  t.  II,  p.  136. 

(3)  V.  laoti-e  etude  intitulee  :  La  Botaniqne  en  Provence  au 
.\'y/e  siecle  :  Hiignes  de  Solier  (Marseille,  1899). 


—  132  — 

lanim  dcsidia,  crassie  ignoranlia'  niagislra,  ignota 
delilescit.  »  —  En  iiilrodiiisanl  lAinmi  dans  son 
jaidin,  Jacques  Raynaudet  cchappail  au  double 
rcproche  d'inortie  et  d'ignorance,  formule  conlrc  les 
pharniacopolcs  par  Hugo  Solerius. 


La  carriere  de  notre  bolanisle-pharniacien  ful- 
elle  longue,  et  vers  quelle  epoque  niouiut-il  ? 

Nous  n'avons,  a  cet  egard,  auciine  donnee  })recise. 
Mais  nous  inclinons  a  croirc  qu'il  disparut  d'assez 
bonne  heure,  et  voici  quelle  est  notre  raison  de  le 
supposer  : 

Lorsque  Gaspard  Bauhin  ledigea  son  Pinax  Ihea- 
iri  hotanici,  il  dressa,  pour  Timprimer  en  tete  de 
I'ouvrage,  la  liste  des  noms  de  tons  ceux  qui  I'avaient 
aide  en  lui  iburnissant  des  plantes  etdes  graines(r). 

Nous  y  trouvons  inscrits  la  plupart  des  bolano- 
philes  contemporains  ,  nolammei^.t  Jean  Bauhin  , 
Mathias  de  Lobel,  Jacques  Cortusi,  Henri  Cherler. 
Le  nom  de  Jacques  Raynaudet  n'y  figure  pas. 

Or,  si  Raynaudet  eiit  vecu  plus  longtemps,  etant 
deja  Tanii  de  Jean  Bauhin,  il  scrait  certainement 
devenu,  par  Fentremise  de  celui-ci,  I'ami  de  Gas- 
pard (une  grande  intimite  paraissant  avoir  existe 
entre  les  deux  Irercs);  et  sans  doute  il  se  serait  fail 
un  plaisir  de  communiquer  des  plantes  au  second, 
comme  il  Tavait  fait  pour  le  premier.  S'il  n'a  pas  ete 
porte  sur  la  liste  du  Pinax,  il  i'aut  done  en  conclure 
(ju'il  etait  mort  prematurement  (2). 


(1)  Celic  iistc  ])()rte  pour  litre  :  Xuininu  curiun  <nii  planias  cl 
scniinci  conininnicaninl. 

(2)  La  consequence  a  tirer  de  cette  omission  nous  parait 
d'autani  nileux  foiidee  que  Gaspard  Bauhin  a  miiintenu  sur  ia 
listc  de  scs  donateurs  les  noms  de  ceux  qui  etaicnt  morts  loi'sque 
le    Pinax    fat    iinprime   (lG23i.    L'abreviaticn    «   p.   m.  v     pier 


—  133  — 

L'exemple  de  Jacques  Raynaudet  nous  montre 
que  la  science  des  vegetaux  eut,  a  Marseille,  des  le 
xvF  siecle,  des  adeptes  instruits  et  fervents.  Assure- 
ment,  Raynaudet  ne  fut  pas  le  seul.  Et  si,  iaule  de 
renseignements  plus  etendus,  nous  nc  pouvons  pas, 
a  cote  du  sien,  citei*  d'autres  noms,  nous  ne  devons 
pas  oublier  la  declaration  faite  par  Leonard  Rau- 
wolff,  qu'il  y  avait  alors  en  cette  \ille  «  des  docteurs 
et  des  pharmaciens  »  avec  lesquels  le  botaniste 
d'Augsbourg  s'etait  plu  a  nouer  des  relations. 


mcmorue)  accompagnc  Ics  noms  des  Ijotanistes  alors  decedcs. 
Tel  est  le  cas  pour  Jean  Bauhin,  Lobel,  Cherler,  etc.  Done,  qu'il 
fut  niort  anterieureiiieiit,  ou  qu'il  veefit  encore  en  1623,  Raynau- 
det aurait  figure  sur  la  listc  du  Pinax,  s'il  avait  eu  le  temps 
d'entrer  en  relation  avec  Gaspard  Bauhin  et  de  lui  faire  des 
communications  pareilles  a  celles  quavait  recues  lauteur  de 
YHistoire  iiniverselle  des  plantes. 


INDEX 

DES  NOMS  DE  PERSONNES  MENTIONNES 
DANS  CE  VOLUME  Q) 


Aetius  :  131. 

Aicholtz  (le  docteur)  :    101, 

104. 
Allioni  :  126. 
Anguillara  (Louis)  :  20,  39, 

79,  86,  113. 
Arsaqui  (Alayonne  d)  :  108. 
Auguste  :  1 13. 
Avicenne  :  60. 

Barberousse  (ramiralj  :   62. 

Barrandon  :  28,  41 . 

Bauhin  (Gaspard)  :  54,  81, 
82,85,  111,  124,  130,  132, 
133. 

Bauhin  (Jeanj :  6,  8,  24,  28, 
38,  39,  50,  53,  59,  64,  78, 
79,  80,  83,  107,  111,  115, 
117,  120-122,   125,  127-133. 

Baviere  (I'Electeur  de)  :  88, 
89. 

Bayle  :  89. 


Beekmaan  (J.)  :  88. 
Bemer  (Nicolas) :  60. 
Bering  (les  freres)  :  122. 
Bobart  (Jacques)  :  90 . 
Boerlage  :  68-70,  94. 
Breyn  (Jacques)  :  88,  90. 
Brucker  :  58. 
Brunfels  :  85. 
Buisson  :  58. 
Burnat  (Emile)  :  126. 

Calzolari  (Francois)  :  121. 
Camerarius  :   6,  38,  85,  86. 
Candolle  (A.-P.  de) :  77. 
Cesalpin :  79,  85. 
Charles  II  :  88. 
Charles-Quint  :  62. 
Cherler  (Henri)  :  132,  133. 
Christel  (Christophe  et  Leo- 
nard) :  60. 
Christine  de  Suede  :  88. 
Citters  :  89. 


(1)  Nous  avous  exclu  de  cet  Index  les  noms  des  botanistes  cites  (le 
plus  souvent  en  abrege)  a  la  suite  et  comme  auteurs  des  denomina- 
tions specifiques  des  plantes. 


—  136  — 

Cobber  (Tobio)  :  58,  87.  Gasser  (Acbillc) :  58. 

Coming  (HcM-innn)  :  88.  Gosncr  (Conrad) :  .'3,  0,  7,20, 
Conslanlin  (Uoberl)  :    lU-       24,28,52,58,59,  85,   110- 

110.  117,120,121. 

Cordus  (Valerius)  :  20,  85.  Goetbart  (le  doctcur) :  8. 

Corlusi  (Jacques)  :  115,  110,  Grenier  el  Godron :  73, 

132.  Gronove     (Jean-Frederic), 
Craton  de  KralTtbeim  :  3.  (irononiiis :  2,  90-94,  97. 

Cralon  (GodelVoy)  :  3.  Grool  (Guilhuinie  de)  :  91. 

Dalecliamp    (Jacques):   79,  Hallon :  90,  97. 

114-110.  Hoefer  :  107. 

Decbambre  :  107.  Homere  :  80. 
Delcasse  :  ix. 

Uioscoride  :   21,36,00,119,  I"gegnatti :  126. 

123-125,  129.  ^.^,^.^  ,  .^ 
Dodoens    (Remberl),  Dodo- 

nams  :  20,  30,  51,   77,   80,  Kieffer:  4,6,  65. 

^'^'  85.  Krafft  ( Jeanj  I'aine  :  63. 

Dourez(Valerand)  :  110, 115,  Krafft  (Jean-UIricb) :  63,  64, 

116,  118-120,  130.  0(3. 
Duruy  (Victor)  :  62. 

Legre  (Ludovic)  :  viii,  110. 

Escluse  (Charles  de  D,  Clii-  Levgues  :  viii. 

sins  :  1,  18,  20,  21,  28,  31-  Liard  (L.) :  x. 

44,  46-53,  57,  61,    75,  82,  Linne  :  38,48,  81.  82,  85,  86, 

86,  89,  99,  101,   102,   104,  91,92,  113,  123,  124, 

113.  Lobel  (Mathias    de  )  :   4,  5, 

16,  23,  30,  38,  45,  48,  49, 

Ferdinand  le  Calbolique  :  4.  63,  78-80,  86,  109,  121, 124, 

Flahault  ( le  profcsseur  Ch. ) :  128,  132,  133. 

50.  Lonitzer:  85. 

Francois  I"'  :  62.  Loret :  28,  41. 

Froschover  :  111.  Louis  XIV  :  88. 
Fuchs  (Leonard)  :  6,  20,  34, 

35,  45,  54,  74,  76.  Malte-Brun  :  58. 

Fugger    (Antoine,    Jean    et  Manlich(Melchior)raine:  2, 

Marc) -.29,  52,  57.  59. 


137 


Martinello  (Albeil):  121. 
Martins  (Jeremie) :  3,  5,  58. 
Matthiole  :  20,  38,  129. 
Meolhon  (Pierre  IJoii,  baron 

de):   8(5. 
Michaud  :  107. 
Mistral  (P'rederic)  :  107. 
Molhuyseu  (le  docteur) :  18, 

89,  90,  96. 
Morison  (Robert)  :  90,  97. 
Morren  (Edouard)  :  57. 

Nostradamus  (Cesar  de) :  62 

Occon  (Adolphe) :  7,  58,  59. 

PaulIII(lepape):62, 
Pena  (Pierre):  4,    5,  23-25, 

30,  38,  48,  49,   (53,  64,  78, 

80,86,  107,  109,   110,   115- 

118,  120-129. 
Planchoii  (Giistave) :  6. 
Platter  (Felix) :  4,  65. 
Platter  (Tboiiias) :  6,   7,  65. 
Platter  (Tbomas)    le   pere  : 

112. 
Pline:  112,  113. 
Plukenet  (Leonard):  90. 
Pritzel  :  (50. 

Rabelais  :  4. 

Raben  (Cliristopbe):  (50. 

Ramus  :  112. 

Rantzius:  121. 

RauwoliT  (Leonardj,  Dasylij- 
ciis:  vn-\,  1-21,  23-47,  49- 
(55,(58-97,99,  101,  104,  107, 
108,  130,  131,  133. 


Ray  (Jean)  :  <)0,  97. 
Raynaudet  (Jacques)  :    24, 

(34,  78,  79,  84-86,  107-112, 

114-123,  125-133. 
Reinardt  ('Antoine)  :  (54. 
Reinmicbel  (Leonard)  :  (50. 
Rentzen  (Frederic):  61. 
Reynaud  (Catherine) :  111. 
Reynaud  (Jacques) :  110. 
Rilibe  (Charles  de) :  108. 
Rondelet    (Guillaumc)  :    22, 

39,78,  79,  118,119. 
Roux  (Honore)  :  125. 

Saint-Lager  (le  docteur) :  60, 

68-70,  79,  84,  94. 
Saporta  TAntoine)  :  3,  4. 
Saporta  (le  marquis  Gaston 

de) :  4. 
Savoie  (le  due  de) :  62. 
Scaliger  (Jules-Cesar):  114. 
Schelhammer :  88. 
Schroter  (le  professeur  C), 

113. 
Segurana  (la) :  62. 
Serapion :  60. 
Simmler  :  113. 
Sober   (Hugues   de),   Hii()o 

Soleriiis:  131,  132. 
Steinhoven  (Mathieu) :  101, 

104. 

Tabernaemontanus  :    48,  S,'^. 
Teulie  (Henri) :  3. 
Theophraste:  60,86. 
Timon-David  (Felix) :  110. 
Tragus:  85. 
Turner  (Guillaume) :  113. 


138 


Valbolle  (Honorat  de) :  108.  Widthol/  (Jean) :  (iO. 

Veraiiy  (Felix):  110.  Willers  (Georges) :  60. 

Vossius    (Isaac):  88-90,   95,  WolfV(Gaspard):  111. 

97.  Wurtemberg   (le  due    de) 
Vossius  (Mathieu) :  88.  59. 


Waldkirch:  111. 

Weith :  58. 

Weysen  (Tobie) :  101,  104. 


Zwingger  (Theodore) :    112, 
113,  115-117,  120. 


INDEX 


DES      NOMS      GEOGRAPHIQUES  (*) 


Agen  :  124. 
Aichach  :  58. 
Aix-en-Provence  :   120,  122, 

126. 
Alep  :  1, 
Alpes:6,  121. 
Amsterdam  :  88. 
Antibes  :  63. 
Anti-Liban  :  68,  69,  90. 
Apennin  :  121,  123. 
Aries  :  5,  10,  11.  28. 
Arras :  99,  102. 
Augsbourg  :  2,  3,  5,  7,  10-12, 

23,  29,  40,  52,   57-59,  61, 

63,  65,  68,  69,  87,  89,  97, 

101,  104,  108,  133. 
Avignon  :  5,  7,  10,  11,  13. 

Babyione  .  1. 

Bagdad  :  1. 

Bale:  4,  5,  7,8,65,  111,  112, 

115-117,  120. 
Boiogne  :  8. 
Brignoies  :  63,  93. 

Caen:  114. 
Cannes  :  63. 


Cette    ( coiiine    de ) ,     Mons 
Cetius  :  5,  6,  10-12,  25,  30. 
Gevennes  :  5,  12, 13,  50. 
Come  :  8. 
Crau  (la)  :  13. 
Crete  :  127. 

Damas  :  1. 

Euphrate  (1')  :  68,  69,  71,  74, 
90. 

Ferrare  :  8. 
Florence:  8,  121. 
Francfort-sur-ie-Mein   :    60. 
Frontignan  :  5. 

Ganges  :  50. 
Garessio  :  126. 
Geneve  :  2,  10-12,  25. 
Gethsemane  :  68. 
Grenoble  :  13.  „ 

Hatvan  :  87. 
Helmstadt  :  58,  88. 

Jerusalem :  1,  68. 


(1)  Nous  n'avoDs  admis  daus  cet  Index  que  les  noms  de  localites  spe- 
ciales,  villes,  bourgs,  montagnes,  cours  deau,  etc.  II  nous  a  paru 
inutile  d'y  introduire  les  noms  generaux,  tels  que  ceux  des  royaumes 
ou  des  provinces. 


—  140  — 

KcMuptcn  :  .nS.  Nicc^  :  ()1-();V  <><^   <>«-7(>,    SI, 

82,  92,  9;}. 

La  Have  :  viii.  ^^I^t^s  :  5,  10,  11,  80. 

LauiiiiicMi  :  00.  Ninive  :  1 . 

Loipsick  :  r)8.  Oxford  :  89. 
Levde:  vii-x,  1,  2,  8,  9,  13, 

18,  25,  61,  07,  08,  86,  88,  Padouo  :  8,  112. 

89,  91,  94,  95.  Palmyrc  :  1. 

Liban  :  68,  69,  71,  90.  Paris  :  viii,  ix,  58,  68. 

Lille:  110,  118.  Parme  :  8. 

Lindau  :  61 .  Plaisancc  :  8. 

Linlz  :  87.  Pont  dii  Gard  (le)  :  80. 

Londres  :  88,  109.  Rhone  (le)  :  5. 
Lozere  :  12,  50. 

Luc  (le) :  63.  Saint-Gothard  :  8. 

Lucerne  :  8.  Saint- Martin  de   Crau  :  28. 

Lyon  :   2,  10-12,  25,  94, 110,  Sainte-Victoire  :  120,  122. 

114,  115,  117-119,  120.  Salon  de  Crau  :  10,  11,   13, 

28. 

Maguelone:30.  Toulon  :  122. 

Mantoue:8.  Tripoli  de  Syrie  :  1,  71. 

Marseille  :  viii,  ix,  5,  10,  11,  ™  /;.    ^        ,x 

13    24    28    99    59    61    63  Tubingue  :  b. 

64-66,  68-70,  72,  74-79,  81,  Ayrmenienneimei; 

82,  85,  92,  93,  108,  110,  111,  uim  :  63. 

114,  117,  118,  120, 122,127-  Uri  :  8. 

129,  131,  133. 

Milan  :  8,  61,  Valence  :  7,  10,  11,  13. 

Modene:8.  Venise    :  86,  112,     115-118, 
Mondovi  :  126.  1^1,  130. 

Montauban  :  115.  Verone  :  8,  14,  121. 

Montbeliard  :  59.  Vienne  :  18,  99,  101,  102,  104. 

Montpcllier:    1-7,10-13,19,  Windsor  :  89,  90,  97. 

23,  24,  30,  40-42,  49,   50, 

53,  54,  58,  65,  79,  85,  92 .  Zug  :  8. 

Moria  (la)  :  126.  Zurich  :  3,  6-8,  111-113,  115, 

Mossoul  :1.  117,120,  121. 


INDEX   ALPHABETIQUE 

DES   XOMS   BOTAXIQUES   MODERNES   DES   ESPECES 
CITEES   DANS   l'oUYRAGE 


Acanthus  mollis  L.,  3U. 
Acer  Monspcssiilanum  L.,  41. 
Acctahularia  Meditcrranca  La- 

mouroux,  54. 
Achillea  Ageratum  L.,  4.1. 
Aconituni  lycoctonum  L.,  50. 
Adiantuiii  Capillus-Veneris  L., 

4(). 
Adonis  autuninalis  L.,  31 . 
Ajuga  chama?pitys  Schrcb.,  1)9. 

—    Iva  Schreb,,  39. 
Alchcmilla  Alpina  L.,  50. 
Alkanna  tincloria  Tausch,  38. 
Allium  magicum  L.,  8G. 

—  nigrum  L.,  86. 
roseum  L.,  43. 

Aloe  vulgaris  Lmk.,  8(5. 
Althiea  officinalis  L.,  44. 
Alyssum  campestre  L.,  34. 

—  maritimum  Lmk.,  19, 
22,  47. 

Amaranlus  Blituiu  L.,  32. 
Ambrosia  maritima  L.,  85. 
Ammi  majus  L.,  85. 
Andryala  sinuata  L.,  37. 
Anemone  palmata  L.,  125. 
Anthemis  secundiramea    Biv., 

29. 
Anlliriscus  sylvestris  Pers.,  35. 


Antirrhinum  majus  L.,  38. 
Apium  graveolens  L.,  45. 
Arabis  Alpina  L.,  50. 
Arbutus  Unedo  L.,  42. 
Argyrolobium  Linna^anum 

Walpers,  34. 
Aristolochia  Clematitis   L.,  20. 
longa  L.,  30. 

—  PistolochiaL.,39. 

—  rotunda  L.,  43. 
Arnieria  plantaginca  \Villd.,39. 
.Vrtcmisia  Gallica  Willd.,  47. 
Arum  Dracunculus  L.,  30. 
Asparagus   acutifolius  L.,  40, 

78,  79. 

—  scaber  Brign.,  49. 
Asphodclus  cerasifer  Gay,  40. 

—  fistulosus  L.,  40. 
Aspidium  aculeatum  Da^ll,  43, 
Asplenium  Adianthum-nigrum 

L.,44. 

—  Trichomanes  L.,  44. 
Aster  acris  L.,  36. 

—    Tripolium  L.,  47. 
Asteriscus  spinosus   G.  G.,  19, 

36,  78,  79. 
Astragalus  glycyphyllos  L.,  42. 

—  Massiliensis    Lmk., 
28,  72,  77,  78,  128. 


142 


Astraj^alus  Monspcssulanus  L., 

35. 
Atiopa  Mandragora  L.,  53. 

Berula  angustilblia  Koch.,  45. 
Biscutclla  laevigata  L.,  3-1. 
Bonjeania  hirsula  Rchb.,  iC). 

—         recta  Rchb.,  44. 
Brachy podium  raniosum 

RaMii.  et  Sch.,  40. 
Brassica  Napus  L.,  52. 
Bryonia  dioica  Jacq.,  42, 
Bunias  Erucago  L.,  31 . 
Buplcurum  fruticosuni  L.,  75, 
77,  78. 

—  rigidum  L.,  36. 
Buxus  sempervirens  L.,  43. 

Cakile  maritima  Scop.,  47. 
Calamintha  Nepcta  Link,  38. 

—  officinalis  Moencli, 

82. 
Calluna  vulgaris  Salisb.,  37. 
Calycotome  spinosa  Link.,  82. 
Campanula  Rapunculus  L.,37. 
—        rotundifolia  L.,  113. 
Camphorosma  Monspeliaca  L., 

39. 
Capparis  spinosa  L.,  52. 
Cardamine  hirsuta  L.,  41. 
Carpinus  Bctulus  L.,  51. 
Carthamus  tinctorius  L.,  53. 
Catananche  crerulea  L.,  37. 
Celtis  australis  L.,  43 
Centaurea  Calcitrapa  L.,  37. 

—  collina  L.,  37. 

—  Cyanus  L.,  32. 

—  solstitialis   L.,    32  , 

79. 
Centranthus    ruber    DC,   .36, 
76,  77. 


Cephalaria  leucantha  Schrad., 

73,  77,  78,  94. 
Cerastium  viscosum  L.,  34. 
Gercis  Siliquastrum  L.,  52. 
Cetcrach    ofllcinarum   Willd., 

43. 
Chcnopo(iiuMi  iiotrys  L.,  13. 
Chlora  perfoliala  L.,  21,  4',i. 
(Hiondrilla  juncea  L.,  77,  93. 
Cirsium  bulbosum  DC,  79. 
Cistus  albidus  L.,  34,  82. 

—  Monspcliensis  L.,  34,  81, 

82. 

—  salvifolius  L.,34,  82. 
Clematis  Flammula  L.,  33. 
Cneorum  tricoccum  L.,  29. 
Colutea  arborcscens  L.,  42. 
Convolvulus  althteoides  L.,81. 

—  Cantabrica  L.,  83, 

113. 

—  Scammonia  L.,  85, 

131. 

—  Soldanella  L.,  48. 
Coriaria  myrtifolia  L.  29. 
Coris  Monspeliensis  L.,  37,  38, 

92. 
Gornus  mas  L.,  42. 

—      sanguinea  L.,  42. 
Coronilla  Emerus  L.,  42. 

—  juncea  L.,  18,28. 

-—  scorpioidesKoch,32. 
Crata?gus  monogyna  .lacq.,  42. 
Crepis    bulbosa    Cass.,    23-25, 

48,80. 
Cuminum  (Lyniinum  L.,  123. 
Cupressus  sempervirens  L.,o3. 
Gupularia  graveolcns  G.G.,  42. 

—  viscosa    G.   G..  36, 

78,  79. 
Guscuta    epithymum   Thuil.  , 
38. 


^  143  — 

Cynanchiim  acutum  L.,  85.  Erica  arborea  L.,  37. 

—  Monspeliacum  L.,  —    scoparia  L.,  37. 

85,  131.  Erodium  ciconium  Willd.,  34. 

Cynara  Cardunculus  L.,  30.  —      inalacoides  Willd.,  34. 

—        Scolymus  L.,  53.  Eryngium  campestre  L.,  26, 36, 

Cynoglossum  cheirifolium  L.,  77,  93. 

38.  —          luaritimum   L.,  26, 

—             pictum  Ait.,  38.  47,  73,  77,  78. 

(^ynosurus  echinatus  L.,  40.  Euphorbia  Characias  L.,  40. 

Cyperus  schoenoides    Griseb.,  —          helioscopia  L.,  33. 

49.  —          Paralias  L.,  49. 

Cypripedium  Calccolus  L.,  51.  —          Peplis  L.,  22,  49. 

Cytinus  Hypocistis  L.,  39.  —          segetalis  L.,  33. 

Cytisus  Laburnum  L.,  51.  —          serrata  L.,  39. 

—      sessilifolius  L.,  41.  Evonymus  Europaeus  L.,  41. 

Daphne  Gnidiuni  L.,22,  .39,  82.  Ferula  nodiflora  L.,  36. 

Delphinium    Staphisagria     L.,  FicariaranunculoidesMoench., 

41.  41. 

Dianthus   Monspessulanus  L.,  Filago  Germanica  L.,  19,  36. 

29.  Frankenia  l?evis  L.,  122,  127. 

Digitalis  grandiflora  All..  51 .  Fumana  viscida  Spach.,  34. 

—  hitea  L.,  50.  Fumaria  spicata  L.,  31. 
Diotis  candidissima  Dcsf.,  47, 

78,  79.  Galactites   tomentosa  Moench, 

Diplotaxis  tcnuifolia   DC.,  31.  79. 

—  viminea  DC.,  31 .  Galeopsis   angu.stifolia  Elhrh., 
Dorycnium  sullruticosumVill.,  93. 

35.  Galium    corrudaefolium    VilL, 

Draba  muralis  L.,  .34.  36. 

Dryas  octopctala  L. ,  51 .  Genista  pilosa  L,,  41 . 

—      Scorpius  DC,  34. 

I^cballium  Elaterium  Rich., 35.  Gentiana  acaulis  L.,  51. 

Echinophora  spinosa  L.,  47.  —        luteaL.,50. 

Echinops  Ritro  L.,  36,  75,  94.  —        verna  L.,  50. 

Ephedra  distachya  L.,  22.  49,  Geranium  sanguineum  L. ,  41. 

128.  Gladiolus  segetum  Ga\vl.,33. 

Epilobium    parviflorura    Sch-  Glaucium    flavum    Crantz,  34, 

reb.,22,  44.  81. 

Equisetum  arvense  L.,  44.  Globularia  Alypum  L.,  30, 120, 

Telmateya  Ehrh.,  45.  128. 


—  U4  — 

Globularia  vulgaris  L.,  39.  Laserpiliiiin  Gallicuni  L,,  118, 

C.ratiola  officinalis  L.,  78.  122,  127. 

Lathynis  anniius  L.,  32. 

Ilelianthcimini    hirtum    Pcrs.,  —        (^iccra  L,  .32. 

82.  —        cnsifolius  Badaro,  42. 

—               lavandukvfo-  —        sativus  L.,  .Vi. 

liumD(:.,28.  —        setifblius  L.,  52. 

Hclichrysuin  SlcKchas  DC,  36,  —        si)ha'ricus  Retz,  .35. 

71,  83.  Lauriis  nobilis  L.,  43. 
Heliotropium    Huropanini   L.,  Lavandula  Stoechas  L.,  .38,  83. 

32.  Ligusticuni  Levisticum  L.,  92, 

llelniinthia   cchioides  Givrtn.,  W- 

72.  Linaria  spuria  Mill.,  32. 
llcrniaria  incana  Lnik.,  .35.  —      striata  D(^,  38. 
Hesperis  matronalis  L.,  51.  —      supina  Desf.,  80. 
Hicraciuni  pnrcox  Sch.-Bip.,  Linum  catharticum  L.,  44. 

37.  Lilhosperniuni  arvense  L  ,  21 . 

Hippocrepis  comosa  L.,  35.  —            i'ruticosum  L., 

—  glauca  Ten.,  35.  38. 
Hypecoum  pendulum  L.,  12(3.  —            purpurco  -  ca»- 

—  procumbens  L.,31,  ruleumL.,43. 

12(5.  Lupinus  angustifolius  L.,  34. 

llyssopus  officinalis  L.,  38.  Lychnis  dioica  DC,  41. 

Lj'cium  Europium  L.,  43. 

Iberis  pinnata  Gouan,  31 .  Lysimachia  vulgaris  L.,  45. 

Inula  crithmoides  L.,  48, 129.  Lythrum  Salicaria  L.,  45. 
Iris  fcjetidissima  L.,  43. 

Maianthemuni    bifoliuni    DC, 

Jasminum  fruticans  L.,  19,  42,  50. 

82.  Malcolniia  littorea  R.  Brown, 

.Tasione  montana  L.,  37,  39.  46. 

Juniperus  Oxycedrus  L.,  40.  Matthiola   sinuata    R.Brown, 

—         PhwniccaL,,  40.  47. 

Medicago  falcato-sativa  Rchb., 

Kcntrophylluni   lanatuni  DC  ,  32. 

37.  —        maculata  Willd.,  44. 

—        marina  L.,  21,  47,  78, 

Lagoccia   cuminoides   L.,  124,  79. 

125.  —        scutellata    All.,    22, 

Lagurus  ovatus  L.,  49.  30. 

Lamium  amplexicaulc  L.,  32.  Melia  Azedarach  L.,  52. 


145 


Meicurialis  annua  L.,  33.  Osyris  alba  L.,  43. 

—         tomentosa  L.,   21,  Oxalis  corniculata  L.,  32. 
40. 

Meuni  athamanticum  Jacq.,")!).  Paliurus    aiislralis    Roeni.    cl 

MicrolonchusSalmanticusDC,  Sch.,  41. 


37. 
Molopospermuni      cicutarium 

DC,  94. 
Muscarl  comosum  Mill.,  33. 
—      racemosuni  DC,  33. 
Myricaria    (iermanica    Desv., 

74. 


Pancratium  maritimum  L.,  21, 

49. 
Parictaria     diffusa     Mert.    el 

Koch,  40. 
Passerina     Tarton-raira    DC, 

75,  77,  93,  128. 
Pedicularis  palustris  L.,  46. 
Peucedanum  officinale  L.  42. 
Narcissus    dubius   (louan,  40.    Phagnalon   sordidum  DC,  36, 

—  poeticus  L.,  45.         Phillyrea  anj^ustifolia  L.,  37. 

Nasturtium  officinale  H.Brown,    Phlomis  Herba-venti  L.,  39. 

46,  74,  93.  _      Lychnitis  L.,  39. 

Nepeta  Cataria  L.,  22,  39.  Phoenix  dactylifera  L.,  53 

Ncrium  Oleander  L.,  53.  Pistacia  Lentiscus  L.,  34,  82. 

Nigella  Damascena  L.,  33.  _      Terebinthus  L.,  34,  82. 

Nigritella    angustifolia    Rich.,    Plantago  albicans  L.,  39,  72. 


50. 
Nymphica  alba  L.,  46. 

Obionc-  portulacoides    Moq. 

20,  48. 
Ocymuni  minimum  L.,  53. 
Odontites  lutea   Hchb.,  38, 

73,  77,  92. 
Olea  Europita  L.,  53. 
Onobr\chis  supina  DC,  28. 
Ononis  ramosissima  Desf.,  72.    Polygala  comosa  Schk.,  41. 


—  Coronopus  L.,  39. 

—  Lagopus  L.,  76,  77. 

—  maritima  L.,  48. 

—  Psyllium  L.,  75,  77. 

—  subulata  L.,  129. 
Plumbago  Europa^a  L.,  78,  79. 
Podospermum  laciniatum  DC, 


37. 


Polycarpon    tetraphyllum   L., 


.}.). 


—  viscosa  L.,  34. 
Opuntia   Ficus  Indica  Webb., 

14,  .53. 
Orlaya  granditlora  Hoffm.,  35. 

—  i)latycarpos  Koch,  32. 
Ornithogalum  Narboncnse  L., 


.)0  . 


—        tcnuii'olium  Guss. 
43. 


Polygonum  Bistorta  L.,  50. 

—  Fagopyrum  L.,  53. 

—  Hydropiper  L.,  45. 

—  maritimum  L.,  49, 

73. 

—  Persicaria  L.,  45, 
Polypodium  vulgare  L.,  43. 
Populus  alba  L.,  45. 
Posidonia  Cauliui  Kocnig.,  49. 


10 


14(1 


Polamo^olon     lluilans    llolli.,  Salvia  poniircra  L.,  12fi,  127. 

U).  ,.     —       pi-alcnsis  L.,  4"). 
roleiililla  recla  L..  122.  —       verhcnaca  L.,  .'{.S. 

I'oleriiim    spiiiosiim     1..,    12(),  .Sanioliis   VaicM-andi  L.,  Ki,    lo, 

127.  80. 

Psoralea  biliiniinosa  L.,  .>.'),  7(S.  Sanicula  Huropa'a  L.,    12. 

I'ulicaria  dyseiilcrica   CiaTtn.,  Sanlolina    (".liaiuivcyparissiis 

I.').  1..,  71. 

Piinica  (iranaluiu  L.,  ").'i.  .Saponaria  oincinalis  L.,  41. 

Saxilraj^a  tridaclylites  L.,  .'!."). 

QiuMHiis  coc'cifera    L.,  .'!.■),   40,  Scilla  auUiiiinali.s  L.,  40. 

(S2.  Scolynuis    llispanicus    L.,   72, 


—         Ilex  L.,  4;}. 


94. 


-Scorpiurus  subvillosa  L.,  .'}.'). 

Haiuiiiculus  a{|ualilis  L.,  21,  4()  Scropluilaria  aquatica  L.,  4,"). 

—  Thora  L.,21,51.  —  canina  L.,  H8. 

Raphaiius  Landra  .Mor.,  ISl.  Seduin  albiiin  L.,  9:'). 

—  sativus  L.,  52.  Scnecio  Cineraria  DC,  7G. 

Reseda  Phyteuma  L.,  19,  152.  —       Doria  L.,  45. 

—       suHruticulosa  L.,  47.  —        eruciiolius  L.,  42. 

Rhagadiolus  stcllatus  DC,  .'52.         —       viscosus  L.,  3G. 
Rhamnus  Alaternus  L.,  34.  —       vulgaris  L.,  32. 

Rhododendron  ferri'.gincuinL.,  Sescli  tortuosum  L.,20,  3G,  119, 


51. 
Rhus  Coriaria  L.,  34. 
Rcvmeria  hybrida  DC,  31,  94. 
Rosa  lutea  Mill.,  52. 

—  moschala  llerrni!,  52. 

—  piuipinellilolia  L.,    12. 
Rul)ia  peregrina  L.,  36,  83. 

—  linctoruni  L.,  83. 
Ruscus  aculoalus  L.,  82. 
Rula  anguslit'olia  Pcrs.  74,  77, 

94. 

—  graveolens  L. 


122. 
Setaria  verticillata    P.  ik'auv,, 

Siderilis  hirsuta  L.,  39. 
Silaus  pratensis  Ress.,  45. 
.Silybum  Marianum  Gitrtn.,37, 

79,  83. 
Smilax  aspera  L.,  82. 
.Solanuni  Melongena  L.,  14. 

—  nigrum  L.,  'A2. 

—  pseudo- capsicum  L., 

53. 


—     montana  Clus.,  34,  74,  77.    Solidago  Virga-aurea  L.,  .3(). 

Sonchus  asper  Will.,  32. 


Salicornia  fruticosa  L,,  48. 
SalsolaKali  L.,  47,  49. 

—       Tragus  L.,  49. 
Salvia  .Ethiopis  L.,  38. 


maritimus  L.,  48,  72, 

77. 
oleraccus  L.,  32. 
tcncrrinius  L,,  37. 


—  147 


Sorhus  Ariii  Crantz,  42. 

—  aucuparia  L.,  50. 

—  domestica  L.,  52. 
Spartium  juncciim  L.,  34. 
Specularia  Speculum   A.  DC, 

32. 
Spergularia   media    G.  G.,73, 

77,  93. 
Spiraea  Ulmaria  L.,  51. 
Spiranthes    autumnalis  Rich., 

43. 
Stachys  annua  L.,  .32. 
Staphylea  pinnata  L.,  52. 
Statice  Limonium  L.,  48. 

—  virgata  Willd.,  48. 
Sticta  pulmonacea  Ach.,  54. 
Suteda  fruticosa  Forsk.,  79. 

—  maritima  Dumort.,   48, 
130. 

Tamarix  Gallica  L.,  45,  74. 
Telephium    Imperati    L.,    120, 

122,  127. 
Tetragonolobus  siliquosus 

Roth.,  44. 
Tcucrium  Botrys  L.,  39. 

—  Folium  L,  22,  30. 

—  pseudo-chamsepity.s 

L.,  29. 
Teucrium  Scordium  L.,  21,  45. 

—  Scorodonia  L.,  21,  43. 
Thalictrum  majus  Jacq.,  41. 

—  Mediterraneum 
Jord.,  44. 


Thapsia  villosa   L.,  28,  82,  92, 

94,  129. 
Tordylium  maximum  L.,  42. 
Torilis  Helvetica  Gmel.,  35,30. 
Trifolium  angustifolium  L.,  35. 

—  campestre    Schreb . , 

35. 

—  stellatum  L.,  35. 
Trigonella  corniculata  L.,34. 
Trixago  Apula  Stev.,  48. 
Turgenia   latifolia  Hoffm.,    32. 


Ulex  parviflorus  Pourr.,  79. 
Ulmus  campestris  Sm.,  43. 
Ulva  Lactuca  L.,  48. 
Umbilicus  pendulinus  DC,  42. 
Urospermum  Dalechampii 

Desf.,  37,  72. 
—  picroides   Desf., 

72,  94. 

Verbascum  Blattaria  L.,  43. 
—  sinuatum  L.,  81. 

Vicia  Narbonensis  L.,  42. 

—  sativa  L.,  32. 
Vinca  major  L.,  43. 
Vincetoxicum  officinale, 

Moench,  37. 
Viola  alba  Bess.,  51. 

—  tricolor  L.,  41. 

Zizyphus    vulgaris    Lmk.,    52, 

75-77. 


TABLE 


Pages 

Preface vii 

LKONARD    RAUWOLFF  : 

I.  Herborisations  en  Langiicdoc  ct  en  Pro- 
vence. —  Lcs  deux  premiers  volumes  (ie 
I'Hcrbier  de  Leyde 1 

II.  Nouvcllcs  herborisations  en  Provence.  —  Le 
depart  pour  I'Orient.  —  L'  <>  Ilodocpori- 
cum  ».  —  Le  quatrieme  volume  de  I'Her- 
bier 57 

Appendice  :    Lettre    de    Leonard    Rauwolff   a 
Charles  de  I'Escluse  (texle  latin) 99 

Traduction 102 

.TACQUES   RAYNAUDET 105 

Index  des  noms  de  ])ersonnes 135 

Index  des  noms  «eoi^rai)hiques l.'>!> 

Index  alphal)eti([ue  des  noms  botaniques  modernes 

des  esjjeccs  citees  dans  Touvrai^e 1  11 


Marseille.  —  '1  yp,  et  Lith.  BARLivnr.K,  rue  Venture,  la. 


IMPHIMKRIE     LITHOGRAPHIE     BAULATIER 
MARSEILLE 


iw  miIme  authur 
ETIIDKS  D'lllSTOlRE  DE  LA  BOTANIQUE 


L.V    BOTANIQUE    KX    PROYENCK    AU     XVI«     SIECLE  :     PlEKHE    PeNA 

ET  Mathias  DE  LoiJEL  (Mai'scillc,  1899,  in-8o,  viii-263  p.). 

La   IBotanique   en   Provence   au   xvie    siiicLE  :    Hugues    de 
SoLiEH  (Marseille,  1899,  in-8»,  45  p.). 

(Cos  <l(>u.\  oiivr;iji<"s  out  obtonu  de  rAc;ul<'-niie  des  Inscriiitions  et  Rellos- 
Lettivs  la  prt'iniore  nu'iilioii  au  concours  des  Antiquiti's  de  la  France , 
en  1899.) 

L'Indigenat  en  Provence  du   Styrax  officinal  (Marseille, 
1897,  in-8",  4  p.) 

Le  vallon  du  Dragon  a  Rognes  (Bouches-du-Rh6ne)  (Mar- 
seille, 1897,  in-8»,  6  p.). 

Notice  sl'r  le  botaniste  Provencal  Jean  Saurin,  de  Col- 
mars,  1647-1724  (Paris,  1899,  in-8»,  15  p.). 

La  Botanique  en  Provence  au  xvi'-  siecle  :  Felix  et  Thomas 
Platter  (Marseille,  1900,  in-8",  viii-93  p.) 

Un  botaniste  flamand  du  xvf  siecle  :  Valerand  Dourez 
(Lille,  1900,  in-8^  18  p.). 

La  Botanique  en  Provence  au  xviif  siecle  :  Pierre  Forskal 
ET  LE  Florvla  Estaciensis  (MarsciUc,  1900,  in-S*),  27  p.). 


EN    PREPARATION 

La  Botanique  en  Provence  au  xvi*  siecle  : 

Louis  Anguillara 

Pierre  Belon 

Charles    de   l'Escluse 

Florvla  Massiliotica  :  Histoire  des  plantes  nuxquellcs  la  no- 
menclature botanique  a  donne  une  denomination  specifique 
derivee  du  nom  de  Marseille. 

Impriinerie  du  Semaphore.  —  Barlatier,  Marseille. 


^ 


BioMe<i 


^^^'''^L2  8m9 


QK 
21 
F8P75 


Legrd,  Ludovic 

La  botanique  en  Provence 
au  XVI®  siecle 


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