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Full text of "L'Académie impériale de musique; histoire littéraire, musicale, politique et ..."

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p PBOPERTY OF 




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I 



THÉÂTRES LYRIQUES 

DE PARIS. 



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Puia. — Tjp. HorriB et O', me Amelot, et. 



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THÉÂTRES LTBIQUES DE FABIS. 



LlCÂDilIK inPlRIÂLI 

MUSIQUE 

m ro cK B umbuiii, miiuLB, cHosiGBâPHiQiii , vmoiBSQai, >ouu, 
GBRiQUi, fàdnaBia, rounam et oalutt* n c* tkAatu 

De ««U à ISA», 

PAU 

CASTIL-BLAZE. 



L'Utile d'au; Ailm «t 1-Ufloire d'oïl p< 



TOME SECOND. 



PARIS 

CASTIL-BLAZE, RUE BOPFADLT, 9. 



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ML 

BéZ 
KZ. 



ityGoo^k' 



ACADÉMIE mPËNALE DE MVSPE. 

TROISIÈME ÉPOQUE. 



XVII 

IM 11H k lits. 

DvnibKB tepres chômées k it. chapella du roi. — la MmriHUùiu, OfivKdt à 
U Uiirtf. — Vlnct-deox priMcritt. — Da hatdtud dca coaliMi. — Cbtn- 
■OBI p4triotlqne& — SoDpen linproilBdB. — le JtignuM àt Pàrit, ballet. 
— ApothéoM de MiTkt et de Lepelletier. — la Maritig* tte Figaro. — le 
nmAMK 4tt tmpeittm-i, U FHe de taRaUtm, la Pûuim dt Jétitt-ClirUI , 
Dfin», — Une afficlie de l'OpérirNUioDkL — Hébnl , Bortuliu Cotlit. — 
£« tétmtm eu 10 tMU, uns-culottlde en cinq actes. — Du temple de U 
BalK«. — Fête à l'Ëtre-Snprtme. — Concert «BnywaU — Gbaniteiiieiit d« 
^ectacle. — IMménigement. — Ia Boiiirt HpittUetUM. — On rertait aoi 

Uoe ordonnance de Louis XIV du 25 février 1669, en établis- 
sant l'iiapot au proût des pauvres sur le produit des spectacles, 
le fixait k un sixième en sus des recettes. Cet impôt, augmenté 
d'un neuvième, eu 1730, k cause de la peste de AlaneilLe, est 
supprimé par la loi des 4, 5 et 6 août 1789. Celle du 16 août 1790, 
en plaçant les spectacles sous la surveillance de l'autorité muni- 
cipale, la chargeait de donner les permissions d'ouvrir des salles 
k condition d'une redevance envers les pauvres ; mais cette indi- 
cation était trop vague et ne put recevoir son exécution. 

La dojenne des actrices de l'Opéra, U"* Quioault (Muie- 

Anne) meurt à Paris, h l'&ge de 106 ou de 110 ans. Cantatrice, 

' die avait fait son début, en 1709, dans BeUtrophon. Cette vir^ 

toose réussit beaucoup mieux à la Comédie-Fraugaise, de 171S 



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e THÉAIltES LYBIQUES DE PARIS. 

k 17S3 , époque de sa retraite définitive. Presque tous les bio- 
graphes la confondeot avec sa sœur Quiaault ( JeanDe-Francoise, 
la cadette), figurante à l'Opéra, sous le nom de H''* Dufreme 
en 1709. Qla prit celui de QuinouK-Du/WnM lors de son entrée 
à la Comédie-Française en 1718, en sortit en 1741. Musicieime, 
elle composait des motets pour la chapelle de Versailles, et des 
divertissements pour la Comédie-Française. Le duc de Nevers 
l'épousa; logée au Louvre, elle y recevait une brillante et nom- 
breuse compagnie de philosophes et d'artistes. J.-F. Quinault 
consacrait cinq heures de chaque jour à sa toilette; elle comptait 
k peu près nouante printemps lorsqu'elle expira devant son mi- 
roir en 1783. 

Deux femmes seulement figurent parmi les chevaliers de Saint- 
Hichd, et ce sont deux académiciennes de l'Opéra : Jeanue-Fran- 
çoise Quinault, et M"* Saiatr-Huberti. 

3, 6, 13 livra, tel était le taux des amendes imposées par les 
règlements de 1713, 1776, 178V aux acteurs qui négligeaient 
leur service & l'Opéra. L'émission des assignats, leur déprécia- 
tioQ rapide, réduisaient k si peu de chose ces amendes que les 
délinquante n'étaient plus retenus par ce genre de punition. 
Presque Ions manquaient à l'appel, sauf à payer le prix convenu. 
La commune de Paris s'empresse de réformer certaines disposi- 
tions de ces règlements. Elle en publie un nouveau le 29 juillet 
1791, d'après lequel ces amendes sont portées à Si, iS, lOO, SCO 
et même 300 livres. 

Le Uiéfttre de la Comédie -Italienne prend le titre de théâtre 
national de ^Opira-Comique. 

Lemlôre de Corvey met en musique un article du Journal du 
Soir contenant la sommation de rendre MayenM, faite à Cus- 
tloe, et la réponse de ce général. Marchant avait ajusté la Cons- 
titution de 1791 sur des airs de vaudeville. Devienne compose 
la bataille de Jemmapeê, symphonie ; un autre Vogel exécute là 
Priée de ta Boitille sur l'orgue de Sainl-Sulpice. Toutes ces pro- 
ductions , et vingt airs patriotiques improvisés chaque semaine 
jouissaient de la faveur du public. 

Le décret de l'Assemblée nationale du 23 juillet 1791 ordonne 



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OFÊRA-NATIONAL. 7 

qne tontes les affiches des spectacles seront imprimées sur papier 
de couleur. Ces affiches , jusqu'alors tirées sur papier blanc, ne 
soDt oolorées que le H juvier 1799. Og Tonlut ainsi les distin- 
guer des actes du gouvernement placardés sur les murs de Paris. 

Saeehu* et Ariane, ballet en tiu acte, de Gallet, musique p&r 
Rochefort. ll décembre im. 

Le dimanche qui précéda le 10 août 1792 , dernier jour de la 
monarchie française, aux vêpres dites aux Tuileries en présence 
du roi , les chantres , d'un commun accord, triplèrenl le son de 
leurs voix d'une manière effrayante, lorsqu'ils psalmodièrent ce 
verset du Magnificat : Deposuit patentes de tede, st exaltavit 
humilet. Outrés d'une semblable audace, les royalistes crièrent 
à plein gosier le Domine taham fae regem, «joutant par trois 
fois et reginam, avec un treseetido notable de vigueur et d'ani- 
mation. La rumeur fut extrême dans la chapelle pendant le 
reste de l'office. 

A la chute du trflne, les pensions sur le trésor royal s'élevaient 
à plus de cent millions. L'Académie royale de Musique ne tou- 
chait, sur M total, que 278,000 livres pour les pensions gagnées 
par ses vétérans. 

Par acte que reçurent les citoyens Oiard et Badenier, notaires, 
le 8 mars 1792, la commune de Paris cède l'entreprise de l'Opéra 
pour trente années, à partir du 1** avril suivant, aux citoyens 
Prancœur, ancien directeur de ce théâtre, et Cellérier, architecte. 
Cette cession est faite sur le rapport de I .-J . Le Roux, membre de 
la commnne, chargé de la surveillance de ce spectacle. Les dettes 
de l'Opéra s'étaient accrues dans une progression immense pen- 
dant l'administration des sans-culottes Henriot, Chaumette, 
Le Roux, Hébert. Plus habile que ses confrères, ce dernier avait 
du moins quelque connaissance du théâtre en sa qualité d'an- 
cien marchand de contro'marques. 

D'après les dispositions de l'acte du 8 mars, Franctsur A Cd' 
léri» devaient être mis en possession, au 1" avril suivant, du 
terrain des écuries de la cour, près des Tuileries, et du manège, 
pour y corutrutre une nouvelle salle d'opéra et d'autres biti- 
mentt de tpieulatvm. L'Assemblée nationale confisqua le ma- 



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6 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

nëge à son proQt, et les conditions stipulées par la muoidpalité 

de Paris ne furent point remplies. 

— Lonqoe noua dénoadoiu U eonlédéntioD 4e Pltiiltz , noiu ëtioiiB 
les complices de rinTufon enneiiue; enSn nous KTions tlrré VtleD- 
ciemies au duc d'Ton^ ; Condé, le Qaesnor, Landredes à l'empereor ; 
el quand le roi de Prusse, qui avait loué des loges k l'Opéra , eotrerait 
'à Paris, c'était nous qui devions, an spectacle, être derrière sa majesté. 
■ Toiit ce que le Parisien *a cru, telle est la base d'une accusation qui 
a conduit à l'écbafaud on dans les prisons les incorruptibles amis de la 
gloire nationale et de la liberté. * Hshcier, de la Conventxon nationale. 

Le 3 juÏQ 1792, rel&che pour ta F£te du Triomphe de la Loi, 
l'Opéra figure en corps k la cérémonie. 

Le 17 août, Jtetkiud, le ballet de Ptyeké, donnés au bénéfice 
des veuves du 10 août, ne produisent que 2,967 livres 10 sous. 

Le 18 septembre, Roland et Ptyché, représentés pour les frais 
de la guerre, sont d'un secours bien mince, 1,380 livres. 

Bmaud et Piyché donnent 2,249 livres V sous pour le même 
objet le 3 octobre suivant. 

'Gardel et Gossec melteut la MarieiUaùe en action sur la 
grande scène de l'Opéra. Leur intermède a pour titre 0/JVande 
à la Liberté. Le cantique allemand que Rouget de l'Isle avait 
parodié, le fameux hymne des Marseillais après avoir retenti 
dans toute la France, triomphe d'une manière plus brillante au 
thé&tre. 

~ L^aiiMHir de la patrie, preioitoe et snbllme vertu des Français ré- 
publicains , devait assurer le succès de cette scène; elle est m^jestnense. 
Imposante, digne dn si^et qu'elle traite, dit an écrivain de ce temps. 
Quelques artistes se plaignent de ce que le citoyen Gossec s'est arrogé 
le privilège exclusif des IGtes civiques. Ces préférences blessent l'égalilé, 
la liberté; c'est une aristocratie digne de l'andeo régime qne d'étouflèr 
les talents de ses frères. Le citoyen Gossec, homme libre, doit savoir 
que les snecèi obtenus imposent l'oUigaUon de se prêter à ceux de ses 



Voici l'analyse de l'œuvre républicaine de Gardel. Une foule 
de guerriers, de femmes et d'enfants, vingt cavaliers bien mon- 
tés, accouraient à l'appel des trompettes. On se préparait au 



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WfiftA-NATlONAL. 9 

GombBt, on préladait k la victoire pu des danses; des groupes 
roriés et d'un effet pitloresqae, se formaient après chaque cou- 
plet de la ManeiUaise, Le dernier, Amowr taoré de la patrie, 
était chanté lentement, à demi-Toix, par les femmes seules, 
comme une prière. Acteurs, spectateurs, chevaux mêmes I tous 
étaient à genoux, sur le thë&tre comme dans la salle, devant la 
Liberté représentée par M^ Maillard, et placée sur une petite 
montagne, accessoire obligé de pareilles cérémonies. C'était me^ 
veille de voir de nobles coursiers rangés en bataiUe, k droite, & 
gauche, courber la tête, fléchir les genoux, les poser à terre, 
tandis que leurs cavaliers saluaient avec les armes et les élen- 
dart&[l}. Les voix et l'orchestre s'arrêtaient, expiraient en arri- 
vant an dernier point d'orgue, suivi d'un long silence. On enten- 
dait alors les clairons appeler à grands cris tes défenseurs de la 
patrie; on sonnaille tocsin, vingt tambours battaient la générale, 
le canon retentissait au loin, la cavalerie, lancée au galop, ma- 
nœuvrait sur les rampes de la montagne ; les acteurs se levaient, 
les armes hautes, une foule immense arrivait, se précipitant sur 
la scène, portant des haches, des piques, des flambeaux, et tous 
attaquaient en chœur le vigoureux refrain : ^ux arme», citoyen»! 
Cet effet dramatique était saisissant, admirable. Succès de fii~ 



Première représentation de XOfftande à la LiberU, donnée le 
3 octobre 1792, après Corûandn, 4,223 livres 4 sols ; deuxième, 
avec Roland, 5,300 livres. 

Supprimés par les républicains, les rois, les reines, les princes, 
les princesses n'avaient plus la permission de paraître sur la 
scène ; on défendit de les nommer dans les coulisses, même après 
la chute du rideau. Les machinistes désignaient la droite et la 
gauche du tbé&tre par ces mots : Coté du roi, coté de la rvine; 
les loges du roi, de la reine étaient ainsi placées, en vis-à-vis, à 
Tavaut-scèoe. 



(1) On oOMt à rsmpeniir Tr^u un cheral nra par H fbime et pu- •> 
wolear, etiiUen dnMé,qn'«i tirlTtnt ki Aks de te prince, il mit de boniw 
sraoB lot BRWax ea tem, IneUunt preftwdément m Ws ponr k taloor. 



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10 THEAIHES LVraOtlES ïfE PARB. 

A droite, à gauche, termes dont on aurait pu se servir eo 
d'autres lieux, manquaient de préciBion sur un théâtre, où la 
gauche, la droite sont prises d'après la position de l'acteur re- 
gardant le parterre, et par conséquent en opposition avec la droite 
et la gauche du spectateur assis à l'orchestre. Les machinistes 
disaient donc : Poussez au roi, portez à la reine; châssis du 
roi, grille de la reine, ete. Cette manière de parler séditieuse 
fut prohibée, et l'on dit, en se réglant sur ta position du théâtre 
des Tuileries, relativement au jardin , à la cour de ce palais : 
Coté jardin, eoté covr, et plus souvent jardin, eour, afin de 
marquer la gauche et la droite du théâtre. Cet usage, adopté 
généralement alors, n'a pas cessé d'être suivi. L'empire et la 
royauté restaurée n'ont pas empêché le théâtre de rester répu- 
blicain h, cet égard. 

Les bateliers du Bhdne disent depuis plus de huit siècles : 
Neda 6u Rouyaume, vira à l'Imperi (nage au Royaume, tourne 
à l'Empire), pour désigner la rive droite ou la rive gauche du 
fleuve. Conrad II, dit fe Salique, réunit le second royaume de 
Bourgogne à l'Empire, en 1033. Le Lyonnais, te Dauphinc, 
plus une bonne partie de la Provence appartenaient alors 6. ce 
royaume. Voilà pourquoi le bord du RhOne du cote de Valence 
et d'Avignon s'appelle encore l'Imperi, quand il s'agit de la ma- 
nœuvre d'une embarcation. D'après le même principe, dicté par 
la même nécessité, nous disons : Coté de l'ôpltre, coté de l'évan- 
gile, pour désigner la droite et la gauche dans une église. 

M"* Maillard était dévouée à la reine, et pourtant elle a joué 
plus de cent fois le rOle de la Liberté, qu'elle représentait à mer- 
' veille sur le thé&tre, et même dans les rues de Paris. Danseuse 
subalterne k l'Opéra, M"' Aubry figura plus souvent cette déesse 
dans les promenades civiques et les fêtes républicaines. Ses aco- 
lytes ordinaires étaient M" Duchamp et M"' Florigny, jeune, 
belle, spirituelle et bonne fille, que Cheron avait enlevée aux 
matrones du Palais-Royal , pour ht placer dans les chœurs de 
l'Opéra. Ces deux actrices représentaient l'Égalité, la Fraternité. 
M''* Candeilte, auteur et eomédieoDe, se laissa promener, adorar 
aussi quelquefois ta costume très dégagé de divinité palenoe. 



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OPâRA-NATIONAL. » 

La Tille de Paris administrait son premier ^éfttre, et les mem- 
bres de la commune exerçaient un pouToir alBolu, discrétion- 
naire, sur les acteurs et les employés ; ils les gouvernaient aussi 
par le régime de la terreur. L'Opéra marchait aiimtrablemeot 
Oooiquc l'on ne payât personne, tout le monde était k son poste 
à l'heure précise. Ou attaquait ta note k voix pleine, on gamba- 
dait avec agilité, malgré les rhumes et les entorses. Chaumette, 
procureur-syndic, J.-J. Le Roux, Henriot, Hébert, membres de 
la commune, spécialement chargés de la haute surveillance du 
théâtre, n'admettaient aucune excuse, et l'acteur indisposé, ma- 
lade même d'après la déclaration des médecins, eût été porté sur 
la liste des suspects, comme fauteur de conspiration, en privant 
les chefs suprêmes de la république de leurs divertissements 
accoutumés, les sans-culottes, du spectacle qu'on lenroffrmt 
souvent gratis. 

Lefèvre, un des premiers élèves formés h l'École de Chant et 
de Déclamation, ténor qui figurait au sixième rang sur le con- 
trôle; Lefèvre, le dernier de tous, et qui l'était depuis cinq ans, 
TOuIut absolument être le premier. Il enlevai! les rôles de ténor 
& Lainez, Koasseau, Renaud, Saint-Léon, Dillois, les menaçant 
d'une dénonciation et de la guillotine. Lefèvre n'en était pas plus 
tteureux, ses amis les sans-culottes le siCDaient. Ce ténor désap- 
pointé se replia sur les parties de basse, usurpa les rôles de cet 
emploi; croyez qu'il eût condamné tes réglements.au feu, si l'on 
aTait en l'audace de les opposer à son ambition. Lefèvre chanta 
la basse et fut bafoué de plus belle. Dans sa fureur , il invoquait 
la fusillade pour le venger d'un parterre liberticide, contre-révo- 
lutionnaire, infâme complice de Fitt et de Cobourg. 

Anden dragon dn régiment de Ségur, Lefèvre était un des 
douze chefs de la garde nationale de Paris, et commandait à son 
tour la place; aucune autorité militaire ne le dominait alors. 
Investi d'un pouvoir immense, absolu, ce n'élait pas seulement 
l'Opéra qoi tremblait, u prost^nait devant le ténor insolent. 
Le pablic restait libre de prendre sa revanche au parterre, et 
c'est I& que les Parisiens, opprimés par l'autorité militaire, allaient 
se venger de leur commandant. Lefèvre avùt une barbe noire. 



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12 théaihes lyriques dij: paris. 

épaisse, qni lui couvrait toute la âgnre ; il se rasait au n 
d'entrer en scène et n'eu était guère plus blanc. A la reprise de 
Tarare, cet autre Barbe-Bleue voulut absolument jouer le r61e 
de l'eunuque. Rousseau, Renaud, qui tenaient cette partie, ta 
lui cédèrent. — Gare la guillotine 1 » leur avait-il dit; mais les 
safis-calottes, qui ne craignaient point une telle menace, rirent 
au nez du Calpigi grotesque. 

Une liste de vingt-deux personnes de l'Opéra (1), qu'oD se 
proposait d'envoyer à l'écbaùiud, avait été rédigée par Hébert 
avec un soin particutiei'. Il se plaisait à la montrer aux chan- 
teurs, aux danseurs, aux danseuses, dans ses moments de gaieté, 
d'aimable abandon, leur disant : — Je voua enverrai quelque 
jour & la guillotine, aSa de vous donner une leçon de civisme. 
Deux raisons m'ont arrêté jusqu'à présent : c'est que vous u'ea 
valez pas la peine, et que j'ai besoin de vous pour m'amuser. >> 
Ces raisons ne rassuraient pas précisément les vingt-deux in- 
scrits sur son catalogue. Beaupré, danseur comique d'un grand 
talent, parvint, à force d'arguments captieux et burlescpies, de 
plaisanteries adroitement dirigées, à tirer la liste fiUale des mains 
d'Hébert, qui la lui livra; de nombreuses libations l'avaient at- 
tendri. Beaupré s'empressa de la détruire, mais il ne pensait pas 
que le rédacteur serait assez méchant, aurait assez de mémoire 
pour en écrira une autre parfaitement semblable, le lendemain, 
^rès avoir cuvé son vin. Beaupré se St encore donner celles. 
Héberi en écrivit une troisième, qui, fort heureusement, ne fut 

(1) Ce Domlve la, nombn f«tsl, figurait très looTeot mf lea listet de m 
genre. Celle* ûa lO mm, dn IS anil, apporUes i la CanTentloo par le comité 
dlnmirectlou, étalant égalsnwiit te Tingi-deu. Maratyfltdeschaagementt, 
enaça des «mu qu'il eut win de remplacer par d'aatiw, afin qae le ehil&e 
leatlt le oéma. Aux vlngt-nu GirondiM conduits au aappUce, on i^nta le 
corpa de Valaié i Ponqniei^ThiiiTUIe voulait que ce cadavre fût décapité, pour 
compléter lea U tétee; le président dn tribunal réTOlutionnaire reloua de 
l'ordonner. Le bruit avait coum qae le due de SaioCobourg, dans des ifto- 
podtiona d'arrangemant f^tes i Dnmonrlei, avait demandé U teiM i cboiilr 
parmi lea ntembrea de la convention et de la commune. Celle de Haiimiliea 
Robaapierre portait le n' 1 aor la liUe des proecrlts. — Ab ! il leur (sut 13 
MMl Usieaaoront,* dit Haiimllien en Eni>f>^ ^^ d^t^ 



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OPËHA-NATIONAL. 13 

qn'an époofantail, et n'amena point de catastrophe au sûn de 
la tragédie lyrique. 

Laioez avait toujours la place d'honneur dans ces tistea de 
proscripUon. Son nom fierait en tète, et celui de la citoyenne 
Haillard le Buivait de près. On ne pouvait pardonner h Laines la 
vigueur d'expression, le brillant éclat qu'il avait donnés à l'air : 
Chantex, célèbre* votre reine! et l'effet merveilleux produit aux 
dernières représentations A'Iphigénie m Aulid». Lainez chanta 
ta UaraHllaùe en costume de sans-culotte, le bonnet rouge en 
tète ; il la chanta mieux que ses camarades ne l'avaient fait ea- 
core : cette action le réhabilita. Hébert, Henriot, l'invitèrent k 
Je ne sais quel banquet civique, offert par les frères et amis, & la 
maison commune, et le proclamèrent sans-culotte en lui donnant 
l'accoUade républicaine. 

Les artistes de TOpèra s'étaient cotisés pour oBni une prime 
de 1,900 francs k l'auteur d'un drame lyrique oà les sentiments 
républicains seraient produits en scèneavec une vivacité d'expres- 
sion et de coloris digne des vrais sans-culottes. Un tel acte de 
dvisme avait préparé cette réconciliation, il exalta la verve as 
certains paroliers au point qu'ils dépassèrent le but ; le comité de 
salut public se vit forcé de les rappeler à l'ordre, u BoptMmbn iTsa. 

Lainez continue de chanter la Uarseilbnee, et toutes les chan- 
sons patrioliques'^tportées chaque jour au théAtre. Or, il advient 
qu'un soir il en dit une qui déplaît k certain dilettante habitué 
des coulisses, dont l'opinion paraissait avoir beaucoup d'in- 
fluQice. L'amateur frappe rudement sur l'épaule du virtuose qui 
rentrait, et lui dit : — Citoyen, ta chanson ce vaut pas le diable; 
tu ne l'as pas bite, je le sais; mus à l'avenir, avant de livrer au 
peuple souverain de pareiOes sottises, je t'invite à me les sou- 
mettre, parce que j'entends la coupe des vers. — Oui, dirent ses 
voisins, le camarade entend la coupe, et mieux qu'un autre. — 
Et, pour te le prouver, je t'apporterai demûn des tropee (strophes) 
de ma façon. — Citoyen, répondit Lainez, je m'empresserai de 
les faire entendre à nos amis. — Et que l'exécution soit ferme, 
brillante ; je tiens à l'exécution. » 

La figure du rimeur sans-calotte avait un singulier caractère; 



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14 inSATRBS LYRIQUES DE PARIS. 

le diaatear ne pouvait s'empécber de ftisaonnw & sonaqiect. 
Des visages atroces, d'horribles physionomies Tenaient pourtaot 
se moDtrer chaque soir au milieu des groupes de nymphes de 
CMTpso, d'Armide. Lainez voulut coDDftttre l'aristaniae popu- 
hire, l'officieux conpletier; un choriste s'empressa de le satis* 
faire. Ce rimeur était le boonreau I oui, le bourreau lui'iaâiDe, 
à qui l'on accordait l'entrée dans la salle et sur le théfttre, en sa 
qualité de fonctionnaire puUlc. 

Tous let airs qui rappelaient un souvenir de la famille royale, 
tels qne Chantes, céUbrex votre rswM, Richard, 6 mon roi! 
Charmante Gabriellé, et bien d'autres étaient Huppés de profr- 
criptioQ. Une romance anglaise, Poor Jach, pum Jwqaw, de- 
vint séditieuse par l'appUcation que l'on en avait faite au roi 
Louis XVI. Malheur h. l'imprudent qui par habitude ou âistrao 
tlOD attrait fredonné, siiQé ces airs. Cette erreur d'un instant, 
cette lubie rousicala pouvait le conduira à l'échafaud. Daos 
l'ignorance d'une dépêche arrivée pour annoncer une d^aite, on 
pouvait faire de la musique et même tout simplement prendre 
une leçon , puisque la veille une vlotoire de nos années avait été 
proclamée an bruit dn oanon. Eh bien I ce prélude, ces accords 
fbite sur le piano par une jeune fille suffisaient quelquefois 
pour l'envoyer à la mort. C'est ainsi que périrent les denui- 
selles de Saint -Léger, d'Airaa, toutes deux jeunes et belles , 
âgées l'une de seize et l'autre de dix-sept ans. Joseph Lebou, 
représentant du peuple, les fit condamner ii la peine capitale 
pour avoir joué du piano le jour où l'eauemi s'était emparé de 
. Valenciennes. 

Je citerai les titres de quelques-uns dea hymnes qui furent 
exécutés alors sur la scène de l'Opéra. 
Lb Tombaait des ImptuMurs. 
La Nmntile ou eamp ouleCri deê Vminetmoei, 
£s Chant répubUcain. 
La Journée du 10 aovt. 

Bymoâ i la Vietoirt ou le Betotir des guariera, 
La prise de ta Hollande. 

Lt Rhieil âii_Peaj^ (qu'il ne faut pas confondre avec un antre chant 
d'un esprit tout dilTérent dont je parlerai plus tard.) 



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0PË3U-NATI0NAI. 15 

i> Triomphe de* Martyrs de laLibmié. 

■là Cri de çMrre. 

les J^ermcpt/Us. 

lé Chant de Vengeanee. 

Hymne sur la mort des Qirondtns. 

Eymne sur la prise de ValBBciennes. 

Eymne sur la prise de la Bastille. 

Eymne sur la boiaille de Fleurets. 

Syame à la Libertéf Rouget de l'Iale, Ignace Pleiel, 
— Baonr^Lormiaii , fUg«l. 

Bymne à VHunianiti, Baonr-Lormian , Goisec. 
— à la Fraternité, Desorgues, Cberabinl. 

Le Chant d«s Victoires, BL-J. Ghénier, Héhal. 

Bymne à l'ÉgaliU, id. Gatel. 

Le Chata du 1& Juillet, id. Goiseo. 

Le Chant dut' VendimiiUre, fondation de la répobUqiu, M.-J, Ché< 
nier, HartinL 

Le Cri delà Patrie contre les Jacobins , Habillet HéboL 

Chant de l'anniversaire de la fondation de la Bépubtiquet Aoutric, 
Catel. 

Synaie à la Ripiiblique pour U 1** Tendimiain, ConjdgDy, I4. Jadin. 

L'Arbre de la Liberté, Habérault, Grétry. 

Hymne à la Victoire. Plln), Cheroblnl. 

— Coopign;, Goesec. 

— La Chabeaiurifere, Gouec. 

Hymne fwUhre sur la mort du ginéral Jvabert, Ghanusrtl, Che- 
nibbiL 

Hymne tur la ConjaraUon de Robespierre, Honget de llile. 

Cantate f^mibn pour la fite duM Pratritti an Vil, m minuire 
des pUnipotmtiaires de la République française tutafnnJi à BaitadI. 
Boiijoltn, Ooaaac 

Hymu pour la Fête do CAffrtowtture, Lebran. Barton. 

— Conpignj, X. Letbm. 

— La dtofenne Pipelet (piin- 

eesse de Salm), Martini. 

— La ChabeaussiËre, H. ladln. 
Chant du 9 Thermidor, Deaorgaes , Le Snenr. 

Oie sur te 18 PrudMor, '**, Cherabini 

— Lebmn-Tossa, Hébnl. 

Chant trioajihàî, Bcdiaet, EalUn«nner. 



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16 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

Ckina pour la Fête de la Vieillesse, Oesorgùes, Gonee. 

Sbmees pour l'anniversaire du 9 J%emid/)r, Fiblen Pillet, CstêL 

Ode pour Paimiversaire du 10 août 1799, Lebnm, CbenibinL 

Ohorrf /WtJ&rt pour fa mort de tiroMd, reprétenfont du jieuph, 
Covflfftj, QOÊtèc 

le Oumt du 10 aout, U.-3, Chénier, Catel. 

Rolaiid à Roneeviatx (Hymne des Girondins). 

ÉUgie de VAmi du Pewple. O'incomipUUe Muai.) 

Hymne pour Ytaifidversaire de la chute du dernier roi des Fronçai*. 

La morale de* Républicains, hymne à FËtemel. 

Le Salpêtre républicain. 

L'Anti-Fédéraliate. 

Père DuiAéne, complainte. 

hi Xort de Marat, complainte. 

Les Saints oonvertit en numnaie. 

La Liberté, fAgtUtii ou la Mort. 

Eyrane sanseulottide en ehemneur de FÊtrt Stqir^mc. 

Stanees contre VÂtKéisme, par Ptis. 

Hymne à la Saison, par Deafoi^es. 

Hymne réptibUoain tur les nouveaux eueeii de tu» ormw. 

Hgmna pour l'inauguration du Théâtre des Ml. 

Le Serment du iiJuilia. 

HymM d VÉtre Suprême, Desorgnes et Gobmc. 

Les chefs de la république une et indivisible, les membres de 
la commune de Paris aimaient beaucoup h. se rafraicbir le gosier. 
Henriot, Danton, Hébert, Le Roux, Cttaumette, avaient à peine 
fait quelques tours de coulisses et de foyer, qa'ils s'adressaient 
à tel ou tel acteur, i, telle ou telle actrice, et lui disaient : — Noos 
allons à ta loge ; fais que l'on nous y reçoive convenablanent. » 
Ou s'empressait d'y porter une superbe collation. Le repas fini, 
les bouteilles vidées, la convention nationale, la commune de 
Paris, battaient en retraite sans s'inquiéter de la dépense. Vous 
croyez peut-être que la danseuse ou le chanteur payaient pour 
les représentants du peuple? point du tout; le limonadier du 
tbéàbv, le brave Hangin, savait parfaitement que les acteurs de 
l'Opéra, n'étutt point payés, n'avaient ni sou ni maille, pas 
mbne un chiffon d'assignat, un ignoble, un sale corset; il se 



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(»*IIA-NAT10NAL. « 

dévouait; par dâicatesse, il ne réclamait point aax artistes ce 
qu'il n'aurait osé demander aux sans-culottes, dans la crainte 
del'échafaud. 

Beaumarchais arrange Tarare de diverses manières selon les 
circonstances. En 1791, il ajoute des scènes au couronnement de 
son héros. Des nègres, des négresses lui sont offerts, il leur 
donne la liberté, proclamant l'abolition de l'esclavage. Tarare ré- 
tablit ensuite le divorce dans ses États; il déplore l'erreur du 
peuple qui s'était soulevé, disant qu'il veut le ramener par la 
douceur. Plus tard, en l'an IV de la république, Beaumarchais 
supprime le couronnement, et Tarare devenu tout à fait sans- 
culotte, obtient un succès prodigieux. 

Salieri, d'accord avec Beaumarchais, dansla préface de Tarare, 
conseillait aux directeurs de spectacles de la province de substi- 
tuer aux récitatifs le dialogue parlé, la mise en scène de cet ou- 
vrage devenait ainsi plus facile. Ce n'était point une innovation, 
comme l'affirme cette préface ; on avait supprimé la musique des 
récitatifs A'ETnelinde quand cet ouvrage fut représenté pour Ift 
première fois à Bruxelles, en 1769. 

Un plancher avait été posé sur le bassin du milieu des par^ 
terres des Tuileries. Il portait une pyramide k quatre faces. Cou- 
vert en entier de serge noire, ce monument était surmonté par 
un drapeau noir. Des inscriptions tracées avec des bandes 
blanches présentaient ces mots : Aux héros morts, le 10 août, 
pour la liberté. — Mort aux ^an»! etc. C'est là que les artistes 
de l'Opéra, revêtus des habits des prêtres d'Isis, de ffephté, 
couronnés decyjffès, vinrent célébrer la pompe funèbre des hé- 
ros du 10 août, en exécutant un hymne de Cbéoier, musique 
parOossec. 

Les Doassacres dn mois de septembre n'arrêtèrent pas le cours 
des représentations dramatiques. Les bals publies étaient ou- 
verts, on y dansait; celui de Luquet aux Grands-Harronniers, 
faubourg du Temple, fut troublé par l'arrivée d'une compagnie 
de la section des Gravilliers : elle emmena tous les danseurs et 
les força de s'mroler sous les drapeaux de la république. 

Le nouveau calendrier qui divise les mois en décades aug- 
o, S 



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» mÊATBE» LTMQUE9 Ni PARIS. 

mente le nookbre des repiésentations de l'Opéra : ce théâtre co 

donne cinq, quelquefoù ùx par décade, au lieu de trois par 

semaine. 

De par et pour le ptwp]», on voit ces mots en tête de l'afficlie 
des spectacles oQerts par le gouvwDemmt au peupla souTwaio. 
Ces mots y figurent souvent. 

Lt Triom/pht de la Répaiiliqiiê ou U Camp de GranA-Pri^ 
acte de H.-J. Chénier, musique de Gossec, réussit complète- 
ment le 27 janvier 1793. La Marsniiaiêe est introduite dans cet 
opéra républicain, 

La Patrie reeormaittante ou VApothéoie de Beavrepaire, acte 
de Leboeuf et Candeille, devait dtre bien mauvais puisqu'on le 
siffla dans un temps où les œuvres de ce genre étaient accueillis 
avec enthousiasme, s Unita nw, 

Didetot, Laborie et la citoyenne Roze quittent l'Opéra pour 
aller danser au Tbé&tre-Nationat, bâti par H^ Hontansier, rue 
de la Loi (Ricbdieu) , viB-&-vis de la Bibliothèque. Chardini 
meurt à l'&ge de trente-huit ans. C'était un chanteur habile; 
Sacchini, le préférant k Lays, chef d'emploi, lui donna le nUe 
de Thésée dans Œdipe à Colone. Itaiiea de Rouen , Chardini 
s'tqipehiit Chardin; il était capitaine d'une compagnie armée de 
la section de Harat. 

L'Opéra fait trêve un instant aux brces répubUcatnes pour 
donner le Jugement dt PdrU, ballet en trois actes de Gardel. 
6 mars 1793. Grand succès ; A. Vestris se signale dans le rdle 
de Ptuis ; on applaudit U"~ Saulnier, Aubry, représentant Pallat 
et Junon. H"** Coulon, Duchemin, Colomb, Saint-Romain^ 
Aimée, se distinguent dans ce ballet; M''* Clotilde y parait, et 
triomphe dans le rfile de Vénus. Bf* Delisle, encore enfant, ast 
un Amour aussi malin que gracieux; M"* Chevigny fonde sa 
double réputation d'excellente mime et de danseuse charmante 
en représentant Œnone. Les belles femmes abondaient alors à 
l'Opéra, dans le ballet surtout 

IpMgénie en Tauride, Orphée, Armidé, échappent b la pros- 
cription qui vient de frapper les anciens ouvrages. Les autres 
— Mit été retraocbés du répertoire h juste titre, comme pré- 



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OP&A-IUTIONAI.. Ift 

it dfis rois, du reines, et propres i^ lileaser les oreilles et 
IM yeax des répablicains qui fréquentent loaûiteDa&t les spe^ 
lacles (maintenant est d'une précieuse naïveté). H est teoqu, 
en effet, d'oublier ces vieilles chimères de nos pères, et de 
ne pias offrir, sur nos tbé&tres, que des modèles d'un patrie* 
tisme ardent et d'un amour brûlant pour la patrie, la liberté 
r^ité. - 

le Mariage de Figaro, de Mosart, ridiculement traduit eu 
français par Notaris, qui pourtant était supérieur b Framery, 
DubuîssoQ, Gourbillon, du Rollet et bien d'autres translateurs 
de la mfime espèce, te Mariage Ae Figa/ro paraît, le 30 mars 1798, 
h. rOpéra. Lays était le Figaro le plus lourd qu'on paisse Imagi- 
ner; mal esécutée, la musique ravissante de Mozart ne fut pas 
comprise; les acteurs, qui ne savaient point parler en seine, dé- 
bitant la prose de Beaumarchais conservée en entier I sans retou- 
rlr an récitatif, étalent grotesques au dernier point, totit le 
dialogue des cinq actes énormes de Beaumarchais, toute ta mu» 
slque de Mozart, jugez de la longueur d'un tel spectacle I L'ad- 
mirable cbef-d'œurre n'eut aucun succès, et ne fut représuité 
que cinq fois. La première recette s'élève h 5,038 livres, la 
cinquième tombe k 448. 

Démophon, de Vogel, est remis en scène, il ne peut s'y main- 
tenir. On avait prodigué sa belle ouverture, gui, depuis trois 
ans, sonnait dans le ballet de Ptyché, sur le même thé&tro et 
presque tons ies soirs. Vogel était mort, il n'avait pu s'opposer 
à cette spoliation désastreuse, cause principale de la mauvaise 
fortune de l'opéra qu'elle avait recommandé, soutenu. 

Tous les spectacles sont fermés pendant huit jours après l'ai^ 
rivée des commissaires près de l'armée de la Belgique, annon- 
çant que le générai fiumouriez venait de passer à l'enoenu. 
L'alarme fat vive, profonde, et l'on profita de ce premier nuy 
ment de terreor pour établir les tribunaux révolutionnaires. 

« kvrn tTH. 

Lg Siêgt de Thiomille, opéra en deux actes de Saulnier et 
DQtbil, musique par Louis Jadin. a juin iTna. 

Pour la première fois, les noms des acteurs avec l'indicatioD 



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20 THÊAIRES LYRIQUES DE PARIS. 

de leurs râles, sont mis, sar un journal, à la suite de l'ai 

des pièces. Le Journal des ^ctaeU» étaUît cet usi^, qui s'est 

continué jusqu'à présent. 

Francœur et Cellérier s'étaient refusés à faire représenter grsp 
lis le Siège de ThionvilU; l'administration de la commune de 
Paris rendit, le 19 juin 1793, l'arrêté suivant : 

— Considérant ^e depuis longtemps l'ariHtocr&tie a'eit réfugiée ches 
tes admlnistratenra des différents spectacles ; 

• Conildér&st qne ces messieurs corrompent Ternit public par las 
pièces qu'ils représentent; 

B GODsidéraot qa'ils influent d'une manière funeste sur la révolntioa; 

» Arrête que le Siège de TMomille sera représenté gratis et nnique- 
ment pour l'amusement des sans- culottes, qui, jusqu'à ce moment, 
ont été les Trais défenseurs de la liberté et les soutiens de Is démo* 
cratie. ■ 

I^e 7 juillet suivant, on ne peut pas exécuter le Siige de Thion- 
ville, dont l'afËche annonçait la représentation. Les gendarmes, 
qui figuraient en costume avec armes et bagages dans cette 
pièce, étaient partis le matin pour aller tirer à balle sur de vrais 
Autrichiens. 

Nos musiciens dramatiques, peu munis de livrets d'opéras, 
liront avec intérêt la demande insérée dans le Journal des jSpee- 
toelM du 9 juillet 1793. 

— Dn compositeur, déjè connu par des succès, voudrait trouver un 
ou plusleura poèmes (vieux style) è mettre en musique. On peut lea 
adresser au bureau du journal , où l'on fournira tel récépissé qu'on dé- 
sirera. Si les ouvrages ne conviennent point au musicien', ils seront 
rendus trois jours après. Affranchir. » 

Des réclamations s'élevèrent encore contre l'Opéra; plusieurs 
tendaient même k demander la suppression de ce thé&tre. Le 
7 septembre 1793, Hébert, le faroucbe Hébert, le trop fameux 
père Duchesne, ^ors procureur-général de la commune de Paris, 
prit baulement sa défense. — L'Opéra, dit-il, a été le foyer de la 
contre-révolution, mais néanmoins on doit l'encoun^r, parce 
qu'il nourrit un grand nombre de familles et fait fleurir les arts 
agréables. » En conséquence, il propose, et la commune arrête : 



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OPÉRA-NATIONAL. SI 

— Qu'elle encouragera l'Opéra et le défendra conti-e les persécu- 
tioosde ses ennemis, a Monitew, 1793, s<KmNtn,n-3S3. 

Le coQseil-génëral de la commune de Paris, dans son arrêté du 
17 septembre 1793, s'exprime ainsi : 

— ConddénuDt que, dans le projet de règlement présenté par les 
artistes de l'Opéra, ce spectacle doit acquérir un nonveaa Instre et 
|n>q>érer pour la révolution , d'après rengsgeineiit fbrmel que pren- 
nent les artistes de purger la scène lyrique de tous les ouvrages qui 
blesseraîent les principes de liberté et d'égalité que la constitution a COD- 
HcréSt et de leur substituer des onvrages patriotiques.... Arrête, etc. 

■ Le conseil arrête en outre, comme mesure de sûreté générale, que 
Cellérier et FrancŒur, administrateurs de l'Opéra, sennt arrêtés 



Un mandat d'arrêt, tancé, la veille, par la cootmune de Paris, 
contre Francœur et Cellérier, dépossède ces entrepreneurs; l'in- 
trigue et la jalousie les avaient signalés comme suspects. Fran- 
cœur est mis en prison à la Force, le 16 septembre 1793, et 
D'en sort qu'un an après; Cellérier futassez heureux pour échap- 
per aux poursuites de ses ennemis. 

La commune reprend à son compte l'Opéra, et le fait diriger 
par un comité choisi parmi les artistes du théâtre dont l'opinion 
républicaine lui présentait le plus de garantie h. cause de son exalta- 
tion, tels que Lays, Rey, Rochefort, La Suze, vrais sans-culottes. 

En septembre 1792, après les massacres, Lays était allé pro- 
tester ^u conseil général de la commune de son zèle ardent pour 
la liberté et l'égalité. En 1793, ii parcourait, en missionnaire 
furibond, les provinces du midi. A Bordeaux, Lays se déclara 
l'ennemi de la faction des Girondins. 

Fabiiu, opéra en un acte, de 3. Martin (Barouillet, dit), mu- 
sique de Héreaux. le Mut 1703. 

La Montagne ou la Fondation du Templa de la Liberté, opéra 
en un acte de Desriaux, musique par Fontenelle. » (Ktobn. 

Sextidi, 6 brumaire an II (27 octobre 1793) , l'Opéra donne 
son spectacle sur le boulevard Martin, en grande pompe, h la lu- 
mière du soleil, en présence d'un grand nombre de députés de la 
convention, des autorités constituées, des sociétés populaires. 



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as TBËATBS9 LYRIQUES K! PARIS. 

pour l'inauguration des bustes de Harat et de Lep^etier, Mie 
par la section de Bondy. Ces bustes, élevés sur des cippes furent 
placés, le soir même, sur l'avant-scène du théâtre de l'Opéra. 
La même cérémonie eut Ueu dans tous les quartiers de Paris. 

— Eb biml citoyen Notrelle, crépons-nous, frisoDS-uoos too- 
joon en l'an U de la république une, indivisible, impiriu^ls, 
disait Lays au perruquier da tbéftlra qui la pcmponnait pour 
aUer représrater Oresle. — Ahl citoyen Lays, répondit le 6m- 
con avec «n profond soupir, on a beau dire Ça ira, ça ira! ça 
né va pas du tout Abant notre gloriusé rébolution, zé crêpais 
des seignurs, des avês, des Tarons, des ébéqués, maintenant zé 
né frisé plus que dé ta /tcAu canaille. » 

En disant ces mots pleins de naïT^, le Gascon tenait le citoyen 
lays par la queue, et lui donnait légèrement un coup de pdgne. 
Chéron, présent à cette scène buriesque, saisit les pincettes dans 
la cheminée, et voulut punir l'insolent coiffeur. Notrelle prit la 
fuite en courant ; pour l'engager \ terminer la frisure d'Oreste, 
11 Mlut qne le roi d'Aigos Tint en personne et dans la rue porter 
des paroles de paix au déserteur, cahner son épouvante, et l'in- 
Tlter poliment & reprendre son poste et ses armes. Plusieurs 
m*ont affirmé que le Gascon smX mis dans ce propos une inten- 
tion très maligne. 

Le 29 octobre 1793, les spectacles commencent \ cinq heures 
& demie : une demie beure plus tôt qu'& l'ordinaire. 

L'Opéra s'ét^t montré sur le boulevard en plein jour ; le 10 dé- 
cembre 1793, il figure une seconde fois dans l'église de Notre- 
Dame de Paris. H conduit ses chœurs de chant et de danse & \a, 
fête de la Raison et de la Liberté, que Ton célèbre au milieu de 
la basilique devenue temple de la Raison, sur un théâtre équipé, 
décoré par ses machinistes. C'est par un froid de huit degrés que 
cette bande peu joyeuse traversa la ville, et s'y promena dans des 
chars pour arriver au but de sa course. Tous les ex-académiciens, 
étant coiffés du bonnet roup, ne craignaient pas les rhumes de 
cerveau ; mms les Tînmes grelottaient sous leurs tuniques de 
gaze. La jeune, beUe, bonne, fraîche, grande et forte Sophie Ho- 
moio, femme d'un libraire, avùt été contrainte par son mari d*; 



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repriseoter la Baiwn, 9t ptaurait de d^pit, (nmldait de tons eas 
membres sur mq cbar dfi victoire, et méou sur wa Autd oà des 
flots d'eneoDs ne purent la lécbatiilar, 

l£$ membres de la commime cooduisirwt la dée«»e MIm prê- 
tresses à la Coorentioa, qui décela BUF-lfrcbamp tnea dw ûUGi- 
mies, et voulut qu'une députatioa oauv^e de c«Dt légUbtlMiis 
» rendit le leodeûiain h quatre beurea au tratpie de U Baison, 
poux assister h la seconda représeniatiou de cett« cMauMie 
tttbUme! Celle-ci ne fut tenoinâe qu'A huit beurai dp foir, at 
devint une bacchanale, una véritable orgie. 

Lays avait trouvé cbarmant de faire reiwésrater la Babim par 
U"' Maillard, n en suggéra l'idée à Cbaumette <iu> s'emprma 
de l'adopter. Armide se mon&it peu fl^tto àB la pnpwtiao, «t 
déclina les botueun de rapDtli«ose, Voyant ipie les numacea ne 
IM^uisaient pa» un mMlleor effet qu» Jas cajolnies, Ctuumette 
finit par dire & M"* Maillard: — Eh bienl citoyenne, « tuieâisas 
d'éira une divinité, tu ne trouveras pas nauv^ (pi'on te tnaite 
en simple mortelle. > Ces mots u^ujacitib araieat àéàM la 
vocation de la virtuose, lorsque Uomoro, membre de la com- 
mune de Parla et fougueux sectateur de Harat, rédama p()ur sa 
femme le rOle de la déesse. 

H** Lapalud, jeune et tris belle, représentait la Py^e dus 
une fêle nationale, lorsque Lays la rencontra dans une ville de 
Flandre. Cette Patrie avait une superbe vojx, mais 410 na put 
profiter des leçons de ce cbaateur que pour devenir sa mailrttae. 
Les portes de l'Opéra reslèrent ttxmée» pour ctita virtUDU, bi^ 
qu'elle fût éminemment républicaine. 

la Ftu de la Rouan, opéra «n un acte, de Sytnin Wtréehal, 
musique de Orétry, devut étreoSert au puMic le 1* ]anvierl7M; 
f affiche Tannonçait, On pentjDger de f elTroyaMe licence de cette 
pièce par l'ordre qui vint en arrêter l'exhibition et fit rendre l'ar- 
gent D'après ce qu'il permettait, on se fait une idée des choses 
qu'un tel gouvernement frappait de réprobation.. 

Le représentant du peuple Léonard Bourdon, que plusieurs 
appelaient Uopari Bowdon, voulut prendre place paivu les 
auJMUï4»i tarullaùRt paurl'Op^. Ce MontâgBaidMt^JieD 



ityGoo^lê 



» THËAntES LYRIQUES DE PAfilS. 

puissant, et pourtant son crédit échoua devant les oppositions 
du comité de salut public. Sa pièce, ayant pour titre le Tombeau 
de» ImpotteuTB ou l'Inauguration du Tetr^k de la Yérité, sans- 
cnlottide en trois actes, mêlée de musique, fut imprimée aux 
frais de la république, mais on ne la mit point eu scène. Une 
épttre dédlcaloire adr^sée au pape la précède. Le théâtre, dans 
cet opéra monsbnieux, représente une église bâtie avec des crânes 
bnmains; une fontaine de sang coule dans le sanctuaire; sur le 
marche-pied d'un confessionnal, l'auteur fait violer une Bile par 
un prêtre. Les trois actes sont remplis de semblables infamies. 
Léopard assiégeait les directeurs, les acteurs, les actrices, et les 
menaçait de foire dresser, pour leur usage, une guillotine sur 
l'avant-scëne de l'Opéra, s'ils ne se hâtaient de représenter ce 
chef-d'œuvre. Moline et Valcour étaient ses collaborateurs pour 
le livret, Foignetavaitfyusté les vaudevilles, la musique nouvelle 
était de Porta. 

En pariant de sa détention à la Force, en 1793, le sénateur 
Beugnot dit, en ses Mémoire»: 

— FraDCŒDT, l'un des directeurs de l'Opéra, faisait partie de notre 
chambrée. Quand fl vit passer la dloyenne Beugnot, fl resta stupéfait, 
frappé qu'il étsit de sa ressemblance avec la Saint-Huberti. Il est diffi- 
cile en elTet que deux femmes se ressemblent à tel point ; mêmes traits, 
même tiégance dans la tsille, chevelure blonde également magniSqoe, 
' et surtout une physionomie mobile et prompte à l'expression. Ce pauvre 
Francoiur qui croyait son trône musical non moins héréditaire et solide 
que celui des Bourbons, en avait été de même précipité pour être mis 
en prison, prévenu d'avoir porté de malins obstacles à la mise en scène 
d'un opéra dont le sujet était la passion de Jésus-Christ. Nous étions 
eorienx de savoir comment l'impiété avait traité un sujet aur lequel 
s'était exercée plus d'une fols la pieusesimplicfté de nos pères. Francœur 
fit venir le manuscrlL Le drame était en trois actes : l'accusation, le ju- 
gement, l'exécution. La terrible et dernière scène du Golgotha s'y trou- 
vait loDt entière, n était impossible de n'en être pas bouleversé, tant II 
est vrai qne les croyances religieuBes pourraient être chez nous, comme 
elles étaient chez les Grecs, le ressort le plus pulasanlderart dramatique. 
• Les comités du gouvememeBt ne s'accordaient pas sur l'a propos de 
la reiwésentation. Fabre-d'Ëglantine était pour quelque chose dans le 



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(H>ËBA-]yAT10NAL. 2B 

poème; Cen étail assez pour qne coUot-dlIerbois, son énmle à plus 
d'un titre, f&t contraire. En attendant que cee pouvoirs se missent 
d'accord, on avait envoyé à la Force Francœur, qui n'avait témoignd 
quelque répugnance à cette mise en scène que par respect pour l'hon- 
nètelé publique. ■ 

En 1706, les jésuites avaient foit représrater & Rome, pai 
leurs écoliers, fa Prite de Jéruialem et la Poêsion de Jésua- 
Ckritt, opéras. 

Miltiade à Marathon, opéra ea deux actes, de Guillard, mU' 
siqué par Lemoyne; s novembra nos. 

Le» Muses ou le Triomphe d'ApolUm, ballet en un acte, de Hus, 
musique de Ragué; la décembre itbs. 

Toute la Grèce ou Ce que peut la Liberté, opéra eu un acte, 
de BetTroy de Reigny, musique de Lemoyoe, tableau patriotique 
mis en lumière le 5 janvier 1794. 

Décret du 2 août 1793 ordonnant que, trois fois par semaine, 
on représentera sur les divers théâtres de Paria, des pièces qui 
retraceront le glorieux événement de notre révolution, et les 
vertus des dérenseurs de la liberté. Une de ces représentatioDs 
sera donnée chaque semaine aux frais de la république. 

Tout thé&tre sur lequel seraient représentées des pièces ten- 
dant h dépraver l'esprit public, à réveiller la honteuse supersti- 
tion de la royauté, sera fermé, les directeurs en seront arrêtés et 
punis selon la rigueur des lois. 

Le décret du 22 janvier 1794, complément de celui qui pré- 
cède, alloue 100,000 francs pour ces représentations, données 
gratis dans les vingt théâtres principaux de la capitale, désignés 
par la municipalité. 

Vingt tbé&lres principaux dans Paris I quel était donc leur 
nombre total? }e vous le ferai connaître. - 

1793, cette époque de terreur et de massacres fut pourtant 
l'âge d'or, l'âge fertile de notre musique. Tous les privilèges 
avaient été détruits, tous I cette lèpre qui dévore l'art et les 
artistes, cette chatoe attachée au col, aux pieds, aux poings de 
nos musiciens, ce rempart qui les empêchait d'uriveraux thé&tres 
privilégiés, ou retenait leurs ouvrages dix ans, vingt ans au fond 



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W THËATB8B LTHIQUES M PARIS. 

d'an magaun, tons ces obstacles opposés h rexbibhua des 
ORiTreg du génie u'eiisldent plus. De Donvelles salles, bâties 
comme par enchantement en 1791, portèrent ti sonuNTE-TBois 
le nombre des spectacles de la capitale. Seize de ces théâtres 
furent destinés aux représentations du drame lyrique, et deux 
autres l'adoptèrent comme un auxiliaire précieux. Voilà donc, & 
Paris, MX-HUiT scènes lyriques bien comptées. Le trop plein de 
l'Opéra, les partitions qui devaient attendre leur tour, en ces 
catacombes, jusqu'fc la fin des siècles, furent portées sur-le- 
cbamp aux Amis de la Patrie (salle Louvois), où ^rvtSappha, 
de M" Constimce Pipelet, musitnie de Martini, Éponine, de Vial 
et Gresnick; àPeydeau, qui s'enrichit de TéUmaque, de Paal 
9t Virginie, de la Caverne de Le Sueur; de Méàée, de Lodoitka, 
de VHottUerie porOigaise, i'Éliea, des Deux Jowméei, etc., de 
Cherubini; de Romio et Juliette de Stâbelt; de Lécmore, etc., 
de Gâteaux, des Vieitandines, etc., de Derienne, de Tobeme, du 
M^}or de Palmer de Bruni ; on avait déjà mis en scène & l'Opâra- 
Condque Stratonice écrite pour notre grand théâtre; Phrosine 
et MiUdore suivit bientôt ta même route. Ce fut un branle-bas 
généra], un déménagement complet. Que de musiciens fran^ 
çais seraient restés dans l'oubli sans cette heureuse licence t 

Le dnune sérieux, la tragédie lyrique, telle que Méde'e, Télé- 
moque, Roméo et Juliette, passant snr la scène où brillait 
M" Scio, ceUe autre Saint - Huberti, que nulle de nos virtuoses 
n'a pu jusqu'à ce jour égaler, la tragédie devait y paraître avec 
son récitatif. J'ai toujours été surpris d'y rencontrer le dialogue 
parlé succédant à la musique; c'est un reste de bari)arie qu'il 
eût été bon de détruire, puisque le règne absurde, ignoble du 
privilège avait cessé. 

L'opéra se montrait sous toutes les formes 

A l'Opéra-National, àlaPortc-Saint-Martin; 

Au théâtre Feydeau; 

A l'Opéra-Comique, à la salle Favart; 

An théâtre des Amis de la Patrie, salle Louvois ; 

Au théâtre-National, rue de la Loi, ris-à-vis de la BibUothèqae; 

An théâtre de l'Égtdité (l'Odéou ) ; 



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Au thé&^ de la Uontegne, salle Honlansiw, I^bdt'ÉgitliU; 

Aa théâtre do Lycée-des-Arts, me Saint-HoDori; 

Au théâtre de la Gûeté ; 

An thé&tredes Délassements-Cotniqaes; 

An théâtre-Patriotique {!' Ambigu-Comique); 

Au théâtre des Sans-Culottes, salle Molière; 

Au tbé&tre de la Cité; 

An théâtre Lyrï-Comique, au coin du boulevard et de la nw 
Laocry (des Jeunes-Artistes, plus tard); 

An théâtre des Jeunes-Éldres, me Dauphine ; 

An théâtre du BoudoiiMles-Huses, me des Fillee-dn-CalTaire; 

Au théâtre du Marais, que Beaumarchais avût fait consbuire, 
en 1799, sur la rue Culture-Sainte-Catherine; 

Au théâtre des Victoires-Nationales, rue du Bac. 

Les théâtres lyriques du deuxième, du troisième ordre, étaient 
des amiB, des libérateurs, des prolecteurs officieux que la répu- 
blique donnait â nos quatre grandes scènes musicales; ils en 
assuraient la prospérité. Salles d'asile, caravansérails, ils absor^ 
iKÙent le menu peuple des compositeurs qui s'y réfugiait, et 
s'occnpait d'une manière doublement utile en expectorant sa bile 
harmonique, sa gourme d'écolier, ses premiers vagissements, 
loin des temples réservés aux maîtres. Contents de leur sort, ces 
indigents d'une autre espèce vivaient en paix dans les hospices 
ouverts k la médiocrité. Un opéra composé pour un grand théâtre 
exigeait un labeur de six mois, suivis de cinq ou six ans d'at- 
tente et de tribulations ; chacun de ces auteurs se résignait sans 
peine en faisant défiler pendant ce laps de temps deux ou trois 
douzaines de partitions de tout calibre sur la scène des quatorze 
salles secondaires qu'il fallait alimenter. En ordonnant la ferme- 
ture de ces petits théâtres lyriques, vous avez mis sur le pavé le 
régiment des musiciens qui s'y trouTaient casernes, tous les ayez 
lancés de plein vol sur l'Opéra, sur l'Opéra-Comique, derenus 
les deux seuls théâtres lyriques de France. Aussi quelle gourme 
n'onl-ils pas expectorée sur ces deux répertoires T Voyez et ju- 
gez. Les rats de Hontfoucon sont prêts â se ruer sur la capitale 
au moment où leur domaine sera Bupprimé. Plus un nnsiden 



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38 IBËATRES LYRIQUES OE PAIUS. 

est ignorant, sans imagUiatioD, plus il intrigue, sollicite ; plus il 
est ardent à la carée, persistant, opiniâtre dans les ressorts de 
tonte espèce qu'il met en jeu pour atteindre son but. La con- 
science de sa faiblesse le pousse, l'entratne à d'humiliantes sup- 
plications indignes d'un homme de t^ent. L'un est admis à foire 
re|irësenter un opéra parce qa'il est maire d'une bonne ville et 
tient le fll des prochaines élections ; l'un est protégé par un em- 
ployé d'un ministère, l'autre par la maltresse du parrain de la 
cuisinière de la prima donnai le quatrième est officier dans la 
garde royale; la diplomatie espagnole va nous fournir le cin- 
quième; l'entente cordiale se chargera du n° 6, etc., etc.; et 
quand ou viendra de s'égosiller sur la scène et dans la salle pour 
chanter: 

Guerre aux tyrans I jamais en Fraiiee, 

Jamais TAnglaÏB ne régnera, 

l'Anglais donnera sur-le^hamp le démenti le plus solennel an 
plus niais des anatbèmes, en trouant... que dis-je? en déposant 
son ordure sur le thé&tre même où l'on aboie après lui. 

Vous me direz que tous ces fabricants h la douzaine font la 
culbute l'un sur l'autre ; d'accord, mais en tombant ils versent 
leur patache en travers du chemin. Il faut le déblayer. 
Laver jusqnes an marbre oti leurs pas ont tonclié. 

Trois mille francs offerts à propos ont sauvé l'Opéra de plusieurs 
de ces défaites : on a payé le musicien afin d'être privé de sa 
musique. Cest un avantage sans doute; mais que de labeurs, 
de temps et d'argent dépensés en pure perle I Pourquoi faut-il 
que les salles de la Montagne, de l'Égalité, des Sans-Culottes 
aient été fermées? Leur précieux abri délivrerait nos grands 
théâtres des turpitudes musicales dont ils sont lotectés. Tous 
ces malencontreux fabricants, malgré leur barbe noire ou grise, 
seraient des chevaliers inSniment gentils pour le théAtre des 
Jeunes-Élèves ; ils y gagneraient en six mois leurs éperons, et 
l'Institut, qui juge par la quantité, non par la qualité des œuvres, 
l'Institut les trouverait suffisamment idoines pour siéger sur ses 
fauteuils. 



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OPËIU-NATIONAL. » 

Jamais tes spectades de Paris n'oat été plus soivis qu'en 1793. 
PendaDt la teireur et la disette, les familles se divisaient en deux 
bandes; l'une allait se mettre à la queue pour attendre les modi- 
ques rations de pain noir, l'autre bande figurait à la queue for- 
mée auprès d'un théâtre. Les salies étaient toujours combles, et 
leur nombre était de soixante-trois I ce qui faisait cbanter dans 
je ne sais quelle pièce : 

Il De bllait an fier Bomaia 
Que des spectacles et dn palD ; 
Miii SD Fraoçals plus que Romain , 
Le spectacle suffit sans psio. 

Dans un temps de famine, les étrangers, (es philosophes, les 
avocats, les artistes furent diassés de Rome. Trois mille dan- 
seuses, autant d'hommes qui figundent dans les choeurs, tous les 
comédiens et les joueurs de flûte restèrent dans la ville. Leur 
profession les rangeait parmi les citoyens utiles. Trêves ayant été 
pillée et saccagée trois fois, ses habitants, que les Prana 
avaient épai^és, demandèrent aux empereurs le rétablissement 
des spectacles, comme le seul remède à leurs maux. 

L'époque de la fédération avait amené toute la France à Paris. 
1T7 représentations données à l'Opéra pendant l'aimée 1790- 
1791, produisirent en recettes foites k la porte 401,916 livres. 

En 1792-1793, malgré les troubles qui forcèrent la direction 
h fermer son thé&tre 32 fois pendant cette année, malgré 32 
spectacles de moins, la recette faite à la porte donna Ui,679 
livres. 

43,633 livres de plus qu'en 179&-1791. 

Db pab et pour le peuple, 

GRATIS, 

Ba i^ooinuce de la mort da tyma, 

L'OptRA-NATIOHAL 

donnera aujourd'hui, 6 pluviôse, an II de la répuUique, 

Miltiade à Marathon. — Le Siige it ThvmviUe. 

— L'Offrmd» à la liberté. 



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30 THEATRE» LTRIQDEi M PANS. 

Tdle «tait l'affiche qm la dlroctioii de l'Opén-Natioiial fit pla- 
cwl«r le Si Janvier 179t. 

On alla danser auloor de l'échafoad, on y reriat les joan inl- 
vants, et c'est pour ces farandoules que l'air da Bastringue dm 
D^rtemenu fut composé. Cet air si coonn sur lequel on a tait 
tant de parodiée plus ou moins décentes, fut ainsi nommé parce 
qu'on le dansait au milieu des 84 poteaux élevés sur la place de 
la Révolution, portant cbacun le nom d'un département écrit 
sur un écussoD. Pour vous faire connaître cet air, U me suffira 
de citer deux lignes d'une de ses parodies. 

Hesdemoiselles , voulez-vous dansert 
ru le bftBtrlDBne (M). 

Boratiui Coelèê, acte lyrique, d'Amault, musique de Héhul, 
ne dut pas son triomphe h la circonstance ; on y reconnaît le 
mérite du parolier et du musicien. Nous voyons maintenant des 
opéras en cinq actes, veufs de leur ouverture, des opéras-bor- 
gnes, précédés seulement par une introduction de quelques me- 
sures; Méhul écrivit une de ses plus belles sympbonies pour 
Horatiw Coclii, on l'exécute encore' aux concerts du Conserva- 
toire. Les quatre cors de l'orcbestre sonnèrent ensemble pour la 
première fois dans cette ouverture i Méhul n'en ouploja que 
deux dans le reste de son opéra. 

Le livret d'Amault était peu favorable' pour le musicien. L'uni- 
formité des sentiments, la nullité de l'action, tout se passe en 
récits, l'absence des femmes, elles ne figuraient que dans te 
chœur, s'opposaient k la bonne structure de la musique, et sur- 
tout il la diversité des couleurs, si nécessaire à l'effet général 
d'un drame chanté. Les adieux du jeune Horatius à son père, 
duo qui finit eu trio, le choeur. Si dans le aein de Rome, sont des 
productions pleines de vigueur et remarquables par un rhythme 
bien établi, dont les résultats agissent vivement sur l'audi- 
toire. Le passage du pont Sublicius, l'action d'Horatius, arrê- 
tant l'ennemi, tandis que l'on coupe une arche du coté de Rome, 
s'exécutaient sous les y^x du public sur la vaste scène de 
l'Opéra. 



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A la trof^ème refirésentation A'HoraUni Coelèit le pont 
^écroula trop tôt, et sous les pieds de la tronpe armée. Adrien, 
IF" Hnlot, Horfttiui père et fils, une foule de chorlstei tombè- 
rent, beaucoup furent blessés. Adrien eut les jambes lacéréei 
cnuUement, un malheureta figurant subit l'amputation d'une 
cuisse. On assure qae des malveillants ataient prépara cette . 
catastrophe en enlevant les bonlons qui servaient à réunir les 
diverses pièces du pont, is Hniat its». 

Toulon «oumif, foit historique, imprompto républicain, de 
Fabre d'Oliret, musique par Rochefort. t nun iin. 

La Réunion dv 10 Août ou l'Inauguration de la fUpubUqu$ 
/Van^awe, sans^ulottide en cinq actes, de fiouquier, représen* 
tant du peuple, et Holine, musique de Porta, s anfi tm- Rien de 
plus plat, de plus misérable n'avait été donné sur le thé&tre de 
rOpéra-National ; les paroliers comme le musicien ont lutté 
d'ineptie, et tous les trois ont mérita le prix dans ce galimatias 
dramatique appelé iotu-eulotUde. Il faut lire ces versicules, c^ttd 
prose emphatiquement grotesque, il y avait aussi de la prose et 
beaucoup; il faut voir cette partition, premier gacbis lyrique 
dont Le citoyen Porta, de Rome, infecta notre scène, et l'on pen- 
sera qu'ils ont droit à cette récompense. Dire, comme La Fon- 
taine : — Beau trio de baudets 1 » serait les traiter aVec tme 
extrême indulgence. 

W^ Maillard et Cbevigny, Têtues en femmes du peuple, en- 
traient en scène assises sur des canons traînés par des san»- 
cnlottes. C'était , sans contredit , ce qu'il y avait de plus ^ema^ 
quable dans la R^nion du 10 Août. 

Homme, représentant du peuple, en fit hommage, au nom 
des auteurs, à la Conventioa nationale, le k Mmaire an n. Sur 
la motion de Thuriot, l'assemblée autorisa le comité de salut 
publie h faire les dépenses nécessaires pour la mise en scène 
de cette pièce & t'Opéra, la Rtimion du 10 Août, sans-culot* 
tide en cinq actes Immenses, interminables , fut ensuite repr^ 
eenlée, pour le peuple, sur le ttiéfttre des Sans -Culottes, avec 
une autre musique &ite par Duboulay. La Convention désirait 
qu'un téi bijou vint enrichir le répertoire de l'Opéra-Comique; 



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32 THÉAIBES LYRIQUES lŒ PARIS. 

mais les sociétaires de ce thé&tre surent se dérober à cette grar 
cieuseté répablicaine. 

Me pardonnerez-Tous de donner ici l'analyse du cbef-d'œuvre 
de Holine, qui n'inventa jamais rien? Les personnages de cette 
sans^ulottide étaient le président de la ConventioD , les dépu- 
tés, les euroyés des assemblées primaires, les membres des 
diTcrses administrations, etc., qui se promeuaient dans Paris, la 
canne à la main. Le cortège parlait de la Bastille an premier 
acte. On voyait, au second, le boulevard des Italiens, orné de 
colonnes élevées pour la fête à l'Être-Supréme. Au troisième, la 
{dacé de la Révolution. Au quatrième, les Invalides, au cin- 
quième, le Champ de Mars. A chacune de ces stations , les pro- 
meneurs débitaient leur prose démagogique ou chantaient des 
rimes d'un civisme épuré. Voilà tout le drame des citoyens Bou- 
qaier et Moline. Le spectacle de ce dithyrambe en cinq chants 
était superbe ; tes décorateurs vinrent en aide aux paroliers , au 
musicastre. Cette même galerie de tableaux a depuis été repro- 
duite dans un mélodrame du Cirque. 

Le marquis de Louvois figurait fdors parmi les aides-machi- 
nistes de rOpéra-National. U y fut admis sur sa bonne mine ; on 
l'employa plus tard au service des cintres. H. de Louvois aimait 
à conter cet épisode singulier de sa vie, disant que c'était son 
titre principal & faire partie, en 1841, de la commission des 
thé&tres, dont nul mieux que lui ne pouvait connaître les roua- 
ges. L'aide-machinisle quitta son poste élevé quand Robespierre 
fut forcé d'abandonner le sien. 

Les représentations données graUs, de par et pour le peuple, 
se multiplièrent au point que le gouvernement dut indemoisffl' 
les grands et les petits théâtres, en leur payant une somme équi- 
valente à ia recette dont ils étaient privés. Le décret du SS jan- 
vier 1794 venait d'allouer 100,000 francs pour cette dépense, 
qui devait bientôt absorber un total plus considérable. Depuis 
lors, cet usage s'est maintenu presque jusqu'il nos jours, et 
chaque directeur, livrant au public son spectacle gratis, recevait 
du ministère le montant de la plus forte recette qu'il aurait pu 
faire. 



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OPËIU-IULTIONAL. 33 

Ce» mots De par h pour le peupU éttùeiU si Bravent impri- 
més sur l'affiche eu lettres cubitales, qu'une Marseillaise finit 
par croire gu'ila formatent le titre d'une pièce en vogue. — Que 
doQue-t-OD ce soir au spectacle? -» Dtparetpovr, comme à 
l'ordinaire, » répondit-dle à celte question. 

Un Marseillais dont les naïvetés, les méprises ont été sauvées 
de l'oubli, Delisle, disait h des dames prêtes à se rendre au spec- 
tade : — C'est imitile, oa n'ouvrira point la salle aujourd'hui, 
DOS comédiens joumt à Aix. > L'afficbe aamuiçail Ajax, tra- 
gédie. 

J'ai tressé des guirlandes pour un temple de la Raison ; j'ai 
i^BDté la partie de soprano dans les bymnes qui faisaient reten- 
tir sa voQle; je puis vous puler de la mise en scène d'un de ces 
lieux de ferveur patriotique. C'était k Cavaillon, ma viUe natale. 
L'église collégiale venait d'être embellie par les dépouilles de 
six couvents ; il fallait conserver toutes ces richesses nouvelle' 
ment acquises. Le maire Dupuy, franc républicain, si l'on veut, 
mais ennemi de la destruction, fit construire une montagne 
énorme avec des rochers, qui, par le secours d'un blindage, cou- 
vraient le maître-autel en marbre ainsi que les anges adorateurs, 
sans les loucher. Une forêt de pins, arracbée au Léberon , vint 
ombrager cette montagne rérile. Je ne crois pas que dans toute 
la France on ait vu décoration pareille. Plusioirs républicains 
auraient voulu qu'une jeune et belle Raison, coiSée du toonet 
phrygien, en costume très dégagé vint escalader chaque jour ce 
mont Ida pour y recevoir leurs hommages. 

Tous les tableaux, dont plusieurs sont de Hignard et de maî- 
tres italiens, revêtus d'une légère détrranpe grise, présentaient 
les versets des Broita de ehomme inscrits eà lettres d'en*. Les 
ange» sculptés devinrent des génies de la France qaaud on les 
eut armés de lances aux banderoles tricolores. L'orgue serait 
pour accompt^ner les chants patriotiques. C'est là, que osus 
célébribnes la fête ii l'Être-Supréme. Trois garçons nouveaa- 
Dés fuient présentés eu ce jour stdeamel au leniple de la Raison, 
ils reçurent les prénoms de Suprtme-Robeipierre, de firuAu-I*- 
Magnanme, de Betterave. — Pourqu(H raveP » Disait-on il ce 



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34 thëaihes lyriques d& paris. 

dernier, vingt ans après , lorsque la liste des conscrits vint ré- 
féler ces prénoms de 1794. Un poignard mis à la main de 
saint Jean-Baptiste suffît pour le changer en Brutus d'une pa- 
iaite mansnëtude , sa statue colossale âgura sur l'autel de la 
patrie, au milieu du parc d'artillerie amené par le général de 



Le ballet qui court les rues, le ballet ambulatoire, inventé par 
Bacchns ; adopté par le roi David ; perfectionné par les Grecs et 
les Romains ; rajeuni par le roi René d'Anjou, qui s'empressa 
de l'ajouter k sa procession d'Aix ; renouvelé par les jésuites, 
moines guerriers, qui donnèrent une représentation magnifique 
du siège et de la brûlure de Troie, sans oublier le cheval, pour 
câébrer la canonisation de leur chef; le ballet ambulatoire repa- 
rut en France en 1789. Les fêtes de la république étaient des 
ballets de ce genre, où les acteurs de l'Opéra, vêtus en Grecs, en 
Romains, chantaient en choeurs, marchaioit ou cabriolaient au 
milieu du cortège, figuraient sur des chars, et mêlaient teuis 
gestes ^égants, leurs danses régulières aux gaqibades rustiques 
des sans-culottes. 

Le peintre David avut fait te programme de la fête à l'Être- 
Snpréme. J'ai donné cette pièce infiniment curieuse dans la 
Dame etlei BaileU depuia Bacehus juiqu'à M^' Taglioni. la-ie, 
PMilin, Paris, ita3, 

Dœ presses typographiques, des presses en laille-dooce, mon- 
tées sur des roues comme des pièces de canon , avec leurs cais- 
sons bien munis de papier blanc, roulaient parmi le cortège dans 
ces promenades civiques. A chaque temps de repos, les couplets, 
les hymnes, les chcenrs exécutés par une armée de musiciens 
étaient imprimés «t livrés au peuple souverain. Paroles, musi- 
que, images, tout arrivait à l'instant dans les mains et sous les 
yeux de l'immense auditoire. 

Estamper en plein air, en marchant, multiplier ainsi la pen- 
sée du poète, du musicien, du peintre; en livrer à l'instant des 
copies, révéler au peuple les mystères, la soudaineté, la puissance 
de l'imprimerie, cette reine du monde que nul ne pourrait détrô- 
ner, était une heureuse idée. 



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0[Hm&-NATIONAL. 3S 

Le citoyen Eagaez, acteur tyri-comique, alors typwraphe, 
commandait une batterie d'imprimeurs le 20 prairial an II, il 
distribua des milliers d'exemplaires de l'bymne de Théodore 
Désolées, dont Gossec avait fait la musique : Pin de VuniMn, 
mprtmt inUlHgmee. 

Chéron, Adrien, Lays, Rousseau, Lainez, M''^ Maillard, Roos- 
idois, Gavaudan diaatuent les solos de cet hymne, tous les 
antres acteurs de l'Opéra, ceux des théâtres lyriques secondaires 
tigaraieDt panni le peuple de choristes -qui tonnait daus tes 



Lainez ayant !eàt complimeut à H*^ Maillard sur la vigueur 
extraordiDaù« qu'elle avait déployée dans l'exécution de ce con- 
cert spirituel, la virtuose répondit : — Je poussais de colère, de 
rage, d'être oUigée de chanter pour ces monstres-lb. » 

La fMe votée par la Convention nationale en l'honneur de 
Barra, de Viala devait être célébrée le décadi 10 thermidor. Le 
comité de salut public avait invité les citoyens Gossec, Cheru- 
bini, Hëhul, à composer des airs patriotiques pour cette solen- 
nité. On voulait que tout le monde fit chorus. D'après la même 
invitatioQ, ces illustres musiciens se promenèrent dans Paris le 
nolon & la main; montés sur une chaise ou sur une borne, 
chantant et jouant de toutes leurs forces, ils tâchaient d'ap- 
prendre leurs airs au peuple souverain, formant le cercle auteur 
des ménestrels, dont les soins furent inutiles. Ces maîtres, faisant 
répéter, endoctrinant de tels disciples, n'étaient pas médiocre- 
ment comiques. 

Robespierre avait promis un ballet ambulatoire aux mtaes 
d'Agricol Viida, de Barra; cette fois l'afflche trompa l'attente du 
pnblic. Ce spectacle était annoncé pour le 10 thermidor an II; 
mais conune l'ordonnateur des fêtes républicaines s'était hdssé 
couper la tête le même jour, cet accident priva les amateurs du 
spectacle qu'ils attendaient avec impatience. Les Parisiens se 
portèrent en foule sur la place de ]& Révolution pour assister au 
déoouement d'une tr^^e improvisée. Ils acceptèrent de grand 
UEur une compensation que Robespierre ne croyait pas leur 
donner, dans le cas où des circonstances particulières, impré- 



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U THEATRES LYBIQIŒS NI PARIS. 

vues, l'obligeraieiit à chaoger son spectacle, à mettre une bande 

sur l'affiche. 

Les bustes deHarat et de Lepelletier, placés, le 23 octobre 1793, 
sur l'aTant-scène de l'Opéra, reposaient sur des cippes, à droite, 
à gauche du théâtre, près de la rampe. Le 10 thermidor 
(37 juillet), après t'exécutiou de Robespierre, on les y Yoyait 
encore. Cellérier et Fontaine, architectes, attachèrent une flceHe 
au cou de chacun de ces immortels; au moment on le rideau se 
leva, les deux bustes montèrent aussi pour tomber et se briser 
en mille pièces. Le public applaudit vivement k cette exécutiMi 
bien innocente sans doute, mais très hardie même en ce jour de 
vwgeance publique. Les spectateurs avaient gardé jusqu'à ce 
moment un silence profond , tous desiraient que ces horribles 
plfttres fussent enlevés, aucun n'osfut te demsuider. 
' Le 29 thermidor, on représente k Tours Robespierre oh let 
Tyrant écraaég, drame lyrique en trois actes, du citoyen Romain, 
directeur du thè&U^ de cette ville. 

Depuis quatre mois, le comité de salut public avait signé 
l'arrêté suivant : 

— L'Opére-National sera transféré sans délai au théitre national, nie 
de U Loi; le spectacle qui occupait ce théfltre sera transféré sans délai 
& celui du faubourg SaiDt-Gennafn ; des commissaires seront wnuDëg 
pour régler les frais nécessairea à la tranilatiOD et aux indemoitéa légi- 
timea, aiu^ que pour préparer au comité le travail sur la liquidalioB 
des propriétaires et des créanciers de cet deux tliéilres. 27 geriniDal 
an I[. » (14 avril 1794.) 

Comment se fait-il que l'on eût amené l'Opéra dans une salle 
construite en face de la Bibliothèque nationale, de œ dépôt si 
précieux et si combustible des connaissances humaines? ces 
deux établissements n'étaient séparés que par une rue beaucoup 
trop étroite; l'incendie du thé&tre ne devait-il pas consumer la 
bibliothèque? Voilà ce que bien des personnes se demandent 
encore ; cette question s'est reproduite cent fols dans les jour- 
naux. Reportez -vous au temps où cette salle fut bâtie par 
M"' Montansier; lisez le Moniteur tmiversel, et vous verrez que 
c'est précisaient pour exposer cette même bibliothèque aux 



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TH&AIHE ras ARTS. 37 

hasards heareax d'un incendie que l'on Iransporia le grand 
spectacle lyrique dans son voisiBage : l'Opéra la dominait, la 
menaçait constammest. A cette époque, les lumières étaient 
alwadaiilfs à tel point que le judicieux Henriot, convaincu daoB 
son ame et conscience que toute lecture devenait désormais inu- 
tile, amt fait la motion de brûler la Bibliothèque (1) I Amener 
f Opéra dans la rue de Richelieu, l'Opéra, qui, deux fois en dix- 
huit ans. Tenait d'être la proie des flammes, le coUoquer vis-à-vis 
de nos trésors littéraires, c'était multiplier h, l'infini les chances 
de brûlure. 

Si la motion d'HMOiot avait eu les résultats qu'il s'en pro- 
mettait, David, te peintre conventionnel, était prêt à demander 
que Von rendit le même service aux chefs-d'oeuvre du Louvre. 
La toile ne devait alors r^résenter que des sujets républicains, 
et David était l'entreprraeur en chef des tableaux de ce genre ; 
il eût refait ie Musée. 

Comme celte mutation de spectacles ne s'opérait point avec 
la diligence deux fois réclamée par l'airélé du 37 germinal, le 
comité de salut public fit incarcérer le citoyen Bourdon-Neuville 
et ta citoyenne Bninet-Hontansier, qui, sur l'emplacement de 
l'holel de Louvois, avaient fait construire la salle dont on voulait 
s'emparer. Leur théâtre fut provisoirement confisqué. L'Opéra- 
National s'y établit, et fait son ouverture te 30 thermidor sui- 
vant 07 août 1794) par la Réanion du 10 Août, sans-culottide 
qoi jouissait de toute la faveur du public. Un prologue , un 
hymne, des mêmes fabricants, écrits pour l'inauguration du 
thê&tre, complétaient )e spectacle. 

En faisant son entrée dans cette nouvelle demeure, l'Opéra 
prit un nouveau nom, et s'appela TAtftlfre des Art». Bn efM, 
l'Opéra-National entrant au Tkid^e-National iey&it changer 
de Bom afin qu'il ne pfit y avoir de confusion & l'égard de ces 

^1] (te* pMtdad'QmvirjganIdaKarannBftiretitpMpliaMtribiMqi» 
cdlM dea menbre* du Comitâ de aalnt public quand ils diMlent avec une in- 
tention Tonnelle : Oui, noiu brùteroiu Mulet (et bièliothiqiui ; car ii ne ter* 
betotti qut de t'hltlolre de la rétMlulian et det loit. UEKcm, reprâaenUnc 
dn peuple. iVoHMM Poriê. 



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38 THÉAUIES LYRIQUES DE PARIS. 

deux entreprises. Les habitués du parterre trouvèrent des si^es 
h l'Opéra, pour la première fois , le 7 août 179&. 

— Ce chtDgement était commaDdé par le bon aeng et le respect que 
l'OD devait au peuple. On ne conçoit pas comment, depnia la réroln- 
lion , il ezlstall encore des théâtres où l'on efit l'insolence d'oitaaier 
des citoyens français debout, à la gène, dans nn tM»J6nd, le tout pour 
les anuser 1 A.u moins te publie ponrrart-il éconter de belle mnsiqne 
sans 6tre an gnppUce, et voir de magniflqnes ballets sans tendre le con... 

■ On a repeint la majeure partie de la salle, et notamment les orne- 
ments des loges. Mais le tont a peut-être encore conservé ce ton de 
couleur rosé, ce genre d'ornements frivoles, accumulés, à fort en 
vogue vers le milieu de ce siècle, et qu'on pourrait appeler à la Pom- 
poijour... ■ 

Les romantiques pensaient avoir trouvé ce mot : la Décade 
philosophique l'imprimait eu thermidor an II. 

Le public assis n'avait plus la turbulence du parterre planté 
sur ses pieds. Les coups d'épaule et de poing étaieut plus rares, 
mais noD pas les coups de langue. Un citoyen d'une Uès bdle 
venue en rotondité, pressait un peu trop son voisin, qui lui dit: 
— Citoyen, quand on est si gros on devrait bien rester chez soi. — 
Citoyen, il n'appartient pas à tout le monde d'être plat. » 

Animam sedens fil tapientior, ce qui veut dire : Le partare 
assis est moins inquiet, turbulent. Les premiers tfaé&tres con- 
struits à Rome n'avaient point de sièges pour les spectateurs; 
00 craignait que le peuple ne pût se dédder à quitter un lieu de 
délices. Ne si coniideret theatro dite totos continuaret, dit Ta- 
cite. Caligula voulut que les sénateurs assistassent toujuirs aux 
spectacles interminables qu'il offrait au public; et comme les 
divans de marbre paraissaient un peu durs k ces pères conscrits, 
il leur St donner des coussins. 

Dmii'lê-TyTan, Matin d'éeole à Connthe, opéra en un acte, 
de Sylvain Maréchal et de Grétry. Une foule de danseuses, vêtues 
eaa écoUers de ce roi devenu pédagogue, sautaient paiMlessus les 
épaules de leur maître, et jouaient au dieval-fondu. Voild ce 
que le livret et la musique de cette opérette offi-aieut de plus 
intéressant. 33 août m&. 



n,Googk 



THËAIBE DBS ARTS. M 

Le 36 aoat 179fc, aa point du jour, la ConvanttoD natioDato 
reçoit la nouvelle de la victoire remportée h Fleurus par le général 
Jourdan. Cette batadle mémorable délivrait dos frontières, et la 
défaite des Autrichiens assurait la conquête de la Belgique, La 
ConventioD décréta sur-Ie^amp qu'on grand concert tenninoait 
les réjouissances votées pour câébrer cet heureux événentrait. Un 
amphitbéfttre immense avait été dressé devant le château des 
Tuileries pour la fête dédiée à l'Être-Supréme; on décida qu'il 
serait rempli par une armée de musiciens. La clôture de tous les 
thé&trea est ordonnée, et l'on met en réquisition tous les chan- 
teurs et symphonistes de Paris, hommes et femmes; plus de 
quinze cents répondirent k l'appel. Chaque directeur de spec- 
tacle se trouva sur les lieux avec sa troupe et son matériel instru- 
mental. 

Les morceaux choisis se rappcvtaient à la circonstiuice, et l'on 
avait éprouvé leureffet . Après une attaque triomphante des ouver- 
tures û'Jpkigénie m Anlide, de Dimophon, d'Horatim Coctèi, 
on chuita les chœurs 

PoursDlTODS jusqu'au trépas 
L'ennemi qnl iioiu oSénse, 

d'jlrnwdè. 
Brahma, si la verta t'est ch^, 

de Tarare. 
JUTDOB anr nos glaives sanglants , 
d'Ci-nsJinda. 
Que l'ennemi, triate, abattn, 
A KD aapect déjjt vaincn , 
Sooa DM coopa morde la ^asalère, 
de Tarare. 
La victoire est à oods, 
Jourdan par son courag;e. 
De la mort, dn pillage. 
Nom a dëllvréi tons, 

de iaCarawme. 
ÂprÈs ces chœurs et d'autres encore, l'armée chanluite et 



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M TOËAHUB LTRIQUBB I« PARIS. 

Mtnnaatfl finit ses exercices par le rèftain obUft de toos les coa- 
certs républicains, par la Margeillaùe, dont le dernier oouplM: 
Amow auré de la patrie! tut dit leotemNit, arec expresaen 
par les femmes seules , tous les audit^trs k genoux et décou- 
vrais. Au repos qui précède le choeur : Aux armée! ciloyen»! 
l'immense fenêtre do grand pavillon s'ouvre, ^ trois dodiea 
énormes, que l'on 7 avait suspendues, sonnent le tocsin ; cent 
tambours roulent avec fracas , tandis que cent autres battent la 
idiarge, sonnée en même temps par un régiment de trompettes 
posté enr la taxasse du bord de l'eau ; douze pièces de canon, 
soutenues par une brigade entière d'infuilerie, font un feu de 
file, un feu d'enfer, un tonnerre continu, qui seméleaucbceur: 
Awe armes, eitoymu! 

Cet effet musical, cet ensemble prodigieux devait électriso- 
toute l'assistance, quatre ou cinq cent mitie dilettantes qui se 
pressaient dans le jardin des Tuileries et ses aUours. Point du 
tout. L'auditoire ne s'attoodait pas à la réserve foudroyante qui 
vint tout k coup s'unir à l'orchestre, aux dianteurs, en éclataot 
sur un point d'orgue plein d'onction et de suavité. Tout le monde 
fut il l'instant frappé d'une terreur panique; on se précipita vers 
lesjurtes du jardin, les vagues de la foule renversèrent toutes 
les barrières, alors en bois, et, fort heureusement, elle put se 
répandre dans les enclos de gazon. On s'imagina que la contre- 
révolution,arrivant sur lequai des Tuileries, mitraillait le peu pie. 
Les canons étaient inofliensik, mais l'irruption de cette multitude 
St beaucoup de victimes. 

La république avait des moyens puissants pour assembler les 
masses et les porter en avant. Jamais, depuis lors, pareille réu- 
nion de musiciens ne s'est fait entendre dans notre capitale. Rey, 
àieî d'orchestre de l'Opéra, dirigeait tous ces virtuoses; les 
tambours, les trompettes, les canonniers mêmes obéissait h 
son commandement. 

La Fête de la Raison avait été suspendue au moment où l'on 
préparait sa première représentation. Les auteurs firent dispa- 
raître les scènes dont le comité de salut public condamnait la 
licence ; ils rajustèrent leor pièce, qui fut donnée sous le titre 



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TH&AnE IffiS AR18. 41 

de la Roiiire républieamt. Vestris, en sans-culoltc^ dansait un 
pas avec d«uz r^igienses , les citoyennes Adeline et Pérignoa. 
Le pnliUc se montra pins sAvère que les représentants du peuple, 
il fit justice de cette infamie revue et corrigée. La Rosière répn' 
bliaàne était annoncée pour le 31 août, i'exptosion de la pou- 
drière de Grenelle eut lieu ce jour-là , cette exhibition drama- 
tique fut renvoyée au 2 septembre suivant. 

L'action se passait devant une église fermée ; des femmes ve- 
naient pour entendre la messe, et, ne pouvant entrer, récitaifflit à 
gMHiux le Pater, l'Jee Maria, le Confiteor. Le chœur, oà toutes 
ces prières se croisent, est d'un joli dessin. La porte de l'église 
s'ouvre enfin , et l'on y volt, sur l'autel, la statue de la Raison. 
L'amant de la rosière Alison chante un hymne en l'honneur de 
la déesse nouvellement installée, l'orgue l'accompagne. C'est la 
première fois qu'un orgue a sonné dans la salle de l'Opéra. Le 
curé, que l'on croyait endormi, vient se m^er aux répubUcains 
en goguettes; il ûte sa soutane, jette son couvre-chef clérical, et 
parait en costume de vrai sans -.culotte. Le voilà prêt à partir 
pour Rome, taaat en maûi le bonnet rouge dont il veut coiffer 
le pape. Le citoyen Lays représentait ce curé. 

Le ballet qui terminait la Rosière répubUeaine durait aussi 
longtemps que cet opéra. Les sans-colottes dansant anprës de 
l'autd de la Raison avaient bien des gambades , btra des pi- 
rouettes à faire. 

A Bordeaux, un baladin eut l'iusolence, la malice de donner 
un croc-en-jambe à la statue de la Liberté, qui tomba sur son 
nés, quoiqu'elle n'en eAt pas; jugez du scandalel de l'effPoyable - 
eapkieioa du parterre à ht vue de la Liberté tombée tout à phitl 
car cette statue, figurant hi roode bosse, n'était qu'une planche 
peinte. -Le danseur oiminel eut beau se cacher dans la foule 
Joyeuse qui tournait en rapides monlinols , il fut reconnu , si- 
gnalé; ses jambes le sauvèrent de la foreur populaire. 

Les faiseurs d'opéras travaillaient avec ardeur pour les sans- 
culotles ; pourquoi donc les chorégraphes se bornèrent-ils & com- 
poser les divertissements de ces opéras, à mettre en scène des 
airs patriotiques, paraphrasés en entrechats? Pourquoi n'y eut-il 



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a THÉÂTRES LTRIQUBS DE PAIUS. 

pas au moins ua grand b^et Tépublicain? en voici la raison. 

A la demande générale de tous les hommes du pouroir, de 
tous les champions de la liberté, le citoyen Gardel avait composé 
Gu/Ulaume Tell, ballet-pantomiine en trois actes, d'un grand mé- 
rite h l'égard du drame, de la variété des tableaux, des danses, 
des costumes , des décors , et qne son auteur estimait au-dessus 
de ses autres ouvrages. Le livret en fut soumis au comité de 
salut public, aux membres de la commune, qui le reçurent avec 
acclamation , enthousiasme. Sa mise en scène exigeait une dé- 
pense de 50,000 francs; on s'empressa de mettre cette somme à 
la disposition de la municipalité directrice. Il était impossible 
d'agir arec plus de prestesse et de libéralité. Hais, hélas ! quand 
il fallut bâtir le palais de Gessier, le chalet de Guillaume, on ne 
trouva plus Tiea dans la caisse ; les KO.OOO francs avaient dis- 
paru. Quinze jours après on les rempla^ ; les mêmes voleurs 
les eDlevëreut; et nul ne fut assez curieux, assez îDâiscret, 
pour en chercher la trace, et les poursuivre dans le nouveau 
gtte qu'on leur avait ménagé. Plus d'argent, plus de Suisses, 
plus de ballet : Gitiiiawme Teil rentra diuas le portefeuille de 
son auteur. • 

Le Chant dti Départ, hymne de guerre, en prose rebutante et 
rimée, de M.-J. Chénier, musique de Héhul, est exécuté pour la 
première fois le 39 septembre 1794, après Ipkigénie m Tauride. 
Ce bel air national est vivement applaudi ; pendant huit ans , il 
figure à presque toutes les représentations du thé&b« des Arts. 
Voyez Molière musigiin, tome n, page (ss. 

Le 30 vendémiaire an III, jour de la fête instituée en l'hon- 
neur de J.-J. Rousseau, foi)m>tft du FïU(i{r«, fe CAontdwiJ^Nirf, 
TéUmaque, ballet, sont offerts au public. Ce spectacle est ter~ 
miné par l'Éducation de Pancien et du nouveau régime, hom- 
mage à J.-i. Roueteau, hymne de Déaorgues et L. Jadin. 

En 1790 et 1791, l'Opéra, régi par la municipalité de Paris, 
pendant deux ans, Dépense 3,331,131 ix. 

Reçoit 1,603,541 
Déficit 637.590 ' 



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THËAIBE MS ARTS. 43 

Pendant dix-liiiit mois, pris sur 1792 et 1793, Jusqu'au 17 sep- 
tembre de cette dernière aDnée, l'Opéra, régi par Fraocœur et 
Cdiérïer, Dépeose 1,147,50S fr. 

Reçoit 1,095,123 



Déficit 53,382 
Pendant dix-huit mois, an de 1790 et tout 1794, l'Opéra, régi 
par ses artistes, Dépense 1,301,313 fr. 

Reçoit 1,105,689 



Déficit 195,624 

Décret de la Convenlion nationale du 27 Tendémtaire an m (18 octo- 
bre 179^],' relatif aa théâtre de» Arts : 

1. L'année théâtrale sera comptée à l'avenir comme l'année civile (i). 

3. Lee comités d'instmctfon publique et des finances réonis fetoot 
nn règlement sur le nomhre, le traitement des artistes et pr^toséa, 
tenr discipline lutérieore, l'administration et la comptabilité du théâtre 
des Arta 

3. Les artistes et prépoeés garantiront tue recette de 680,000 livres; 
stl existait un déficit à cet égard, il serait pris, au marc la Une, sur 
leur traitement. 

Ce qui excédera, en recette, la somme ci-deesus fixée, sera divisé en 
deux parties : la première sera versée au trésor public, la deuxième 
sera répartie entre les artistes et préposés, conformément au règle- 
ment , qoi sera fait par les comités réunis. 

A- Les deux comités réunis présenteront no projet de décret sur les 
retraites des artistes et des préposés. 

6. La commission d'instruction publique est autorisée il ordonnan- 
cer, sur les fonds mis à sa disposition, jusqu'à la concurrence de 
30,000 livres par mois, pour les dépenses variables, et d'une somme 
de 100,000 livres, une Ibis payée, pour être employée aux changements 
à bire dans la salle, et au payemuit des parties les plus pressées de 
l'arriéré. 

6. Les deux comités présenteront Incessamment leurs vues sur la 

(1) Ce décret ne statu&it que pour l'Opâra. Le calendriar répablkaln ng 
comptait que vingt-sept Joun d'eiiMenee provisoire ; il ne rot déeiité que 
■iijoun plu tard, le 3t octobre 17Vt. 



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44 THÉÂTRES LTRIQtIBS DE PARIS. 

liqnidatk» des «omiDes dnet tvx imipriétaim et orianden de la Boa- 

velle wlle, et pu randeaDe adminiBlration dn thiitie des Arts. 

Voilà bien une subvention de 360,000 livres ; mais elle était 
payée en assignats. Je n'ai pas besoin de ^re remarquer la 
ganmtie, et la manière ingénieuse de combler les déficits, éta- 
blies par l'article 3 de ce décret. 

Le 2 pluvidse an III, de par et pour le peuple, on donne gra- 
tis la Réunion du 10 Août, pour le deuxième anniTersaire de la 
mort de Capet. 

On était ennuyé, fatigué, saturé des parades républicaines, 
les sans-culottes eux-mêmes n'en voulaient plus. Ces dégoûtantes 
rapsodies n'avaient dû leur succès qu'au délire révolutionnaire ; 
ce délire n'était-point calmé, bien s'en faut, et pourtant les piè- 
ces qu'il avait inspirées déplaisaient au public. Afin de le rame- 
ner au théâtre des Arts qu'il abandonnall, on eut recours aux 
anciens opéras, bannis du répertoire comme entachés de roya- 
lisme. Des arrangeurs furent chargés de revoir ces partitions, et 
d'en faire disparaître ce qui pouvait blesser des oreilles républi~ 
caines. Les rois devinrent des chefs; les, princes, les ducs, des 
représentants du peuple, les seigneurs, des maires; les mots de 
trône, couronne, sceptre, roi, reim,prince, etc., tous ceux qui 
se rapportaient à la tyrannie furent changés, et les opéras an- 
ciens, épurés de cette manière, vinrent reprendre la place que les 
pastiches républicains leur cédaient. 

En vaio un frère iagrat vons ravit la conroDoe, 

Prince, mon peuple et moi reconDaissona vos droits; 

La Datore et ta lot vous appellent an trAoe, 

Le droit de Polynice est la caose des rois. 

Ce début d'Œdipe à Colone réunissait bien des mots proscrits. 
Voici comment on l'arrangeait : 

Eb vain tn firàre Ingrat ravit votre héritage. 
Garant de vos traités je soutiendrai vos droits; 
L'affront qu'on vous a fait, Athènes le partage. 
Je venge en vous servant la nature et les lois. 
Au lieu de ce vers : 



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THâAlBE 0B& ARTS. 4S 

' Tremtde, tremble devant im roi, 
Polynice disait, avec un léger pléonasme : 

Tremble, tremble, frémis d'elTroL 
Od substituait : 

Ce droit de commuder dont f éUls tnqi jalonx. — 
iM pères , Inyeetis de vos âroils les fbu saints, 
aux auciennes paroles : 

Celle couronne, hélas ! dont j'élais trop j'aloui. — 
Les pères et les rois, arbitres eouveraitis. 

Les versions nouvelles, faites à l'Opéra-Comique, étaient plus 
burlesques encore ; la toi remplaçait si bien le roi pour la rime 
et la mesure, que l'on s'empressa de chanter : 

La loi passait, et le tambour battait aux ctiarape. 

Plusieurs ne craignaient pas d'alonger la ligne rimëe, et, grftce 
h leur volubilité de langue disaient : 

Le pouvoir exécutif passait , et le tambour battait aux cliampB. 

Dans le département du Bec d'Ambës (la Gironde étant démo- 
nétisée], à Bordeaux le Seignew bienfaitantievinl le Général 
bimfaiiont. 

Ces variantes étaient encore adoptées en 1801 , on les aban- 
donne ea 1803. 

En écrivant pour l'Opéra-Comique, les paroliers transplan- 
taient leurs personnages en Italie, en Prusse, en Portugal, a&ù 
de n'avoir pas t les honorer du titre de citoyen. Témoin Ib Pri- 
«onnùr, Adolphe et Clara, VHotellerie portugaise, etc. Adolphe, 
Clara sont des époux français bien caractérisés ; HarsolliOT eut 
soin d'en faire des Prussiens , pour qu'ils n'eussent point à dire 
citoyen Adolphe, citsyttme Clara, j^rasea que plusieurs auraient 
accueillies avec un rire moqueur, sous les yeux mêmes de la 
police. 

Ici ton t'honore dv, titre àt ùitogm. Une affiche, portant ces 
mots écrits en grosses lettres, devait figurer à l'entrée de tous 
les cafés, magasins, boutiques, échoppes. Un industriel s'em- 



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M THEATRES LYRIQUES DE PAHIS. 

pressa d'établir un débit de ces [dacards & la foire de Beaacaire ; 
Toid comment il anDongait sa marchandise : Ici Ton vend de* 
Ici l'on s'boroie du titrb be citotbn. 

Danton, Hébert, Chaumette, Henrïot, Haximilien Robespierre, 
adminiatrateurs de l'Opéra; Dubuisson, Pabre-d'Églaotine, pa- 
roliers, ayant bavaillé pour ce théâtre, tous républicains, avaient 
été mis à mort à l'époqne de la terreur. Farmain du Rozoy, De- 
laborde, Levacher de Chamois, Hathon-de-Ia-Cour, royalistes, 
avaient eu le même sort. Le républicain Chamfort se tue afin de 
se soustraire au supplice. 

Coquëau { Claude-Philibert), architecte, musicien, Uttérateur, 
qui s'était distingué par plusieurs écrits lors de la guerre des 
glodùstes et des piccianistes,'victime de la révolution, est exé- 
cuté le 8 thermidor an II. 

'Après avoir lait conduire à l'échafaud un grand nombre de 
personnes, et notamment le baron de Diétrich, ancien maire de 
Strasbourg, son bienfaiteur, le musicien Bdeiman (Jean-Fré- 
déric), y périt lui-même avec son frère, en 179i. 

Despréaux (Claude-Jean- François], chef des premiers violons 
ea 1782, juré du tribunal révolutionnaire eu 1793, se tue de 
désespoir le 94 thermidor an n (11 août ^^9l^). 

M"* Buret, cantatrice, ayant quitté l'Opéra pour la Comédie- 
Italienne; en retraite depuis quelques années, est conduite à 
l'échafaud avec H~* de Sainte-Amaranthe et sa fille. Trial (An- 
toine), acteur de l'Opéra-Comique, ayant donné son nom ii 
l'emploi de ténor comique, les avait dénoncées. 

Seize personnes, appartenant k l'Opéra de diverses manières, 
périssent de mort violente eu 1793, 93, 9i. Farmain du Rozoy 
fut la pronière de toutes les victimes, Coquéau, l'une des der- 
nières. 

Rosalie Levasseur suivit en Allemagne le comte de Mercy- 
Argenteau ; malgré la loi qui favorisait les artistes vivant de leur 
talent, Rosalie fut inscrite sur la liste des émigrés, et l'on vendit 
tout ce qu'elle possédait en France. 



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XVIII 



U UwtU 4» Patpl». — La N;inpbe de I» Seins. — L'InaUtot iu^on«l des 
Sdeocea et Art*. — Le cocber de llacn. — Je rancoutre Sophje Amonld. 

— QuuigeiiMata de titre et de direction. — éiuericn dut Palftrate. — 
Otgmfl». — Concerta. — J«M«w , débat des chemu. — Ségleineiit dn 
M brnmùre mn Vn. — Biro «t LtàKOr*. baUet. — Hitub*. — Im Oaïuo- 
mtuiit, iMllet — Lettre burlesque, — £«1 Uaretti; coDspiratÎDi) d'Areua, 

— lA Création du Mondf, onhilre de Hsydn; 1» macbine inlbrnale. — 
Amner, lei!focttdtGa*aehé,b»]ltt,— WGnatioL—Kiealisr,Jttt«>uu, 
toMorta de tIoIml — W Ootilde. 



Après la chute de Robespierre, les royalistes vinrent à leur 
tour prendre place a.ax théâtres, y dicter des lois, faire chanter 
Je Réveil dit Peuple, et molester cruellement les comédiens qui 
araient pris une part trop active à l'oppression révolutionnaire. 
A rOpéra-Comique, Trial est contraint de chanter cet air, sur la 
scène, à genoux, comme un criminel qui fait amende honorable. 
Trial en ôprouve une sensation telle, un serrement de cceur st 
violent, qu'il en meurt. Lays redoutait cette épreuve; il se garda 
bien de paraître dans /p/ttiiétt« en Tauride, son opéra fovori. 
Oreste y disait : 

J'ai trahi l'UDiliâ, j'ai trahi la nattit«. 

Des plus noirs attentats j'ai comblé la inesare ; 

vers significatifs, dont le parterre bordelais venait de lui faire une 
application infiniment brutale. C'est dans Œdipe à Cobme que 
Lays vint affronter l'orage. Aucune sdlusion ne pouvait s'attacher 



ityGoo^lc 



48 TBËAITtES LYRIQUES DE PAÏUS. 

au personnage de Thésée. Bon roi, bon citoyen, bon père, ayant 
coDDu le mallieur, sachant ; compatir, Thésée est un modèle 
de vertu dans la pièce de GuiUard. Lays revêtit donc l'habit, cei- 
gnit le diadème du souverain d'Athènes. Son manteau royal ne le 
sauva point Des murmures, des menaces, uu tumulte effivyable, 
l'accueillirent et l'accompagnèrent pendant )a reprësentatioa. On 
avait baissé le rideau, quand le public demanda le Biveil du 
Peuple. Lainez [se présenta comme à l'ordinaire. — Non, noD, 
Lays I » Il (allait obéir; Lajs rentra, pâle et tremblant. Lainez, 
en bon camarade, craignant quelque catastrophe, voulut prêter 
son aide au patient et le couvrir de l'inmiense Taveur dont il 
jouissait. Il prit Lays par la main et le conduisit sur l'ayant- 
scène. — Laissez-le seul I Lainez, retirez-vous; laissez-le seuil » 
disait le public furieux. Il voulait qu'on lui hvràt tout à fait l'ac- 
teur, sur .lequel les projectiles avaient trop peu de pri^e; on 
craignait de toucher Lainez. Lays se hâta de commencer la 
chanson demandée. An troisième vers, on l'interrompit, le décla- 
rant indigne de chanter le Rémil du Peuple, que Lainez fit 
sonner au milieu des transports de l'enthousiasme général. 

Lays n'es mourut pas, mais son camarade Claude Despréaux, 
ayant été juré du tribunal révolutionnaire de Paris, se tua de 
désespoir. 

Les paroles du Réveil du Peuple, infiniment plus mauvaises 
que celles de la Marseillaise, étaient de Sourriguières deSaint- 
ftïarc. Pierre Gaveaux, premier ténor du théâtre Feydean, com- 
positeur, en avait fait la musique. Cet air, d'une harmonie 
pauvre, d'une mélodie triviale, produisait cependant beaucoup 
d'effet quand il élait attaqué par des milliers d'exécutants. C'est 
une vigoureuse colophane que l'esprit de parti. Les frères Ga- 
veaux, éditeurs de musique, vendirent trente-un mille exem- 
plaires du Béteildu Peuple en peu de jours. Rouget de l'Isle ne 
toucha pas un liard de sa Marseillaige, les sans-culottes n'ache- 
taient rien. Bien mieux I ils le mirent en prison. 

La Journée du 10 Août 1792 ou la Chute du damier Tyran, 
drame en quatre actes mêlé de chants et de déclunation, par 
Saulnier et Darrieux, musique de Kreutzer, lo sont itvs. 



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THEATRE DES ARTS. 49 

Depuis le 92 juio 1795, on payait en assignats les billets pris 
aux bureaux du thé&tre. Cette première recette avait été de 
16,395 francs. Les autres augmentèrent rapidement, en raison 
de la dépréciation de ce papier-monnaie. 

Le 26 septembre, la recette s'élève à 41,980 francs; 

Le 7 avril 1796, à &02,000 francs ; 

Le 6 juin, enfla, e( c'est la plus belle, on encaisse 1,071,350 
francs. 

Le 11 juin, on paie en mandats. La recette du 16 juillet pré- 
sente UD total de 15,925 francs en mandats, valant en numé- 
raire 1S3 livres-T sotts 6 deniers. 

Le 31 août 1796, on en revient k l'argent. Coritandre et la 
Cherehêuie d'Etprit amènent dans la caisse 4,451 francs, eu 
espèces sonnantes, 

La constitution de l'an IV de la république est décrétée le 
âSaoutlTffô. Le directoire exécutif, installé, le 4 novembre 
suivant, au palais du Luxembourg, s'occupe des spectacles dès 
son arénemeat au pouvoir, et publie son décret du 4 janvier 1 796, 
d'après lequel 

— Tous les directeurs, entrepreneurs et propriétaires des spectacles 
de Paris sont tenus, bous leur responsabilité individuelle, de faire Jouer, 
cbaqae jour, par leur orchestre, avant la levée de la toile, les airs chéris 
des rtpnblicains, tels qne la Marttillaite, Ça ira, Teillons aa saltU de 
Fempin et le Chant du Lipart. 

■ Dans l'intervalle des deox pièces, on chantera toujours VHymne des 
Maruillait, ou quelque autre chanscHi patriotique. 

■ Le Th^Atre des Arts donnera, chaque joar de spectacle, une repré- 
sentation de l'Offrande à la Liberté , svec ses chœurs et accompagne- 
meots, ou quelque autre pièce républicaine. 

• Il est expressémeut défendu de chanter, laisser ou faire chanter Tair 
homicide dit le Réveil du Peuple, b 

Les représentations données pour la capitation des acteurs, à 
la an de l'année, et dont ils se partageaient la recette an marc 
le franc de leurs ^pointemwts, sont supprimées. L'arrêté du 
30 fructidor an Vf gratiflte ces artistes d'un demi-mois pour les 
indemniser. 



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SO THÊAItlES LYRIQUES DE PARIS. 

Une élève de Lays débute par le rôle d'Antigone ; s& voix, son 
talent font peu de sensation, et son maître lui conseille de s'en 
tenir à ce premier essai. Jeune , grande, blonde, Antoinette 
Mirande était d'une beauté si parfaite, que le directoire la choi- 
sit pour représenter la nymphe de la Seine dans une fête don- 
née au Champ de Mars. Elle y parut dans une coquille d'or que 
traînaient quatre chevaux blancs. Entourée d'une foule de 
naïades et de triions voitures avec moins de luxe et d'élégance, 
Antoinette comptait des pauses dans son char. Tenant à la main 
sa cantate, elle attendait sa réplique, tandis que l'abbé Sieyës 
haranguait l'assemblée. Le sermon intéressait vivement la nym- 
. phe, certaines phrases de l'orateur, n'étant pas frappées au coin 
du civisme le plus pur, contrariaient l'opinion d'Antoinette, ses 
beaux yeux s'animaient, elle prenait des poses tragiques, lançait 
des regards furieux, flamboyants sur le perfide abbé. Ne pou- 
vant plus maîtriser les transports de son indignation, elle s'élance 
vers la tribune et, d'une voix tonnante, dit : — Les traîtres seuls 
osent attaquer les vrais républicains. » 

La nymphe de la Seine, la naïade virtuose, s'échappant de sa 
coquille d'or, ne chanta pas autre chose. Un jeune homme l'en- 
veloppa dans un grand chàle, Antoinette disparut, et le prédica- 
teur continua son oraison. Plusieurs disaient : — C'est une folle. 
— C'est la sœur de Robespierre. » Plus de nymphe, plus de 
cantate, on eut recours à la MaTseiilaûe, refi-ain toujours prôt à 
sonner. Un Américain, Davis, de Charlestown, qui s'était placé 
prés du cbar afm d'admirer la beauté, la grâce d'Antoinette, fut 
letlement ravi do cette scène, qu'il vint offrir sa main et sa for- 
tune, 600,000 fr. k la nymphe de ses pensées. C'était un parti 
sortable pour la fille d'un cuisinier, pour une débutante sans es- 
poir et saùs ressources. Antoinette le refusa dignement avec 
franchise et loyauté, disant au riche Américain : — Monsieur, 
i'aima le citoyen Parisol, il ne possède rien, et pourlant nous 
serons mariés avant la fin du mois, o 

Les deux savants dont l'érudition, les travaux immenses font 
le plus d'bonneur à notre littérature musicale, Perne et Villo- 
teau chantaient alors dans les chœurs de l'Opéra. Ces hommes 



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THEATRE DES ARTS. Si 

précieux, ces masiciens académiques au suprême degré, pour 
lesquels il eût fallu créer tout exprés une académie qu'ils au- 
raient illustrée, étaient simples choristes I Bleu niieuxl l'Insti- 
tut national des Sciences et Arts, que l'on venait d'établir le 
â5 octobre 1795, rédigea ses lois d'une manière assez astucieuse 
pour les exclure de son sein. Unépitome, un fragment, un tron- 
çon d'Académie de Musique lit partie de l'Institut. Ce tronçon, 
muet comme un danseur, ce fragment, composé souvent de six 
Français, dont trois Italiens, forma la sixième partie de la classe 
des Beaun-Arts. Ces immortels reçurent chacun 3 fr. 50 cent, 
par jour, et pourtant ils ne donnèrent presque jamais des preu- 
ves de leur existence. Scapin va les justifier en disant : 

Nérine sait aimer et ne sait jxHnt écrire. 
Témoin les articles ou fenilletons que plusieurs de ces na!fs 
académiciens n'ont pas craint de signer dans les journaux pour 
entretenir le public de leurs affres de ménage, se distribuer 
des éloges, et prouver un peu mieux que ce même Scapin avait 
parfaitement raison [1]. 

Soumettre un ouvrage de Ihéoriemusicalo à cet épitome, lui 
demander un rapport, un avis quelconque était chose inutile. 
Momigny, lethéophilanthrope, le classique Félis, n'en obtiennent 
d'autre réponse que celle-ci : — Le public est le seul juge d'une 
théorie livrée à son examen dans un ouvrage imprimé. » L'épi- 
tome impuissant fait confectionner «n ville quelques discours 
portant la signature de Peme, de Villoteau, de Choron, il ne 
rougit pas d'implorer le secours des théoriciens qu'il a parqués 
dans son antichambre. S'il se décide enfin à déroger k ses habitu- 
des, c'est pour approuver des spéculations de libraires, doctorei 
m Ubrù, compilateurs étrangers & la science de l'harmonie. 

Dans une longue lettre, du 34 juillet 1827, faisant partie de 
ma collection d'autographes, Auger, l'académicien, me priait de 

(1) Nm musldeiu devraient avoir l'oreUle Mmible. Choie «iognlibn I lear 
prOM Mt kDW nxuUeuw et diMonanta qae celle de nos BcadâmtcieDa UttA- 
raiies. Un masicien fameux n'art-ÎI pu imprimé, dam un grand Joamal i en 
février ISSS, t'Opéra a atquii f 



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S2 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS, 

lui donaer des corrections pour le Dictionnaire de l'Académie. 
J'offris de livrer en huit jours toute la partie coDceruant la mu- 
sique, tniTail que j'aurais entrepris avec plaisir dans le seul but 
de (aire disparaître une infinité de révoltantes erreurs ou bévues 
qui ne devraient pas figurer dans un livre monumental, et dont 
les dédsions peuvent être regardées, par le vulgaire, comme 
ayant force de loi. J'exigeais que mon nom [ùt cité dans la pré- 
face; on me dénia cette brève insertion. Je laissai donc l'Ac*- 
démie nager à son aise et donner un libre cours à ses dréleries 
musicales. Vous avez vu dans l'édition de son Dictionnaire, 163S, 
ce que cette demoiselle sait faire quand on lui laisse U bride sur 
le cou. 

L'Institut a pourtant six musiciens qui siègent sur ses fau- 
teuils; mais ces musiciens y sont par la seule raison qu'ils savent, 
ou sont criM, cetuét, présumé» tavoir, toÏTe des opéras. Là se 
bonie toute l'Iiabileté qu'exige d'eux le règlement. Il faut pour- 
tant qu'un musicien académique sache autre chose, qu'il con- 
naisse l'histoire de son art, qu'il sache te grec, l'aUemand, ou du 
moins le latin et le français. S'il veut absolument faire de l'éru- 
ditioD dans les journaux, il ne doit pas se borner à copier ta 
Biographie des Musiciens de Fétis. Vous voyez que l'académi- 
ciep Auger avait sondé le gué, qu'il avait mesuré les forces de 
ses confrères des Beaux-Arts, quand il cherchait en ville un 
correcteur pour ce fameux dictionnaire académique, ce régula- 
teur burlesque et solennel du langage français. 

Nos académies appellent dans leurs rangs les peintres d'his- 
toire, de genre, de paysage. Elles admettent les graveurs en 
taille-douce, h l'eau-forte, en médailles, en pierres précieuses. 
Tous les peintres, tous tes graveurs figurent à l'Institut. Lisez 
les règlements de cette société savante, et vous verrez qu'il n'est 
fait aucune mention des musiciens, mais seulement de la com~ 
poeition lyrique. En rédigeant sa constitution, l'Institut s'est 
proposé d'exclure les théoriciens, les compositeurs de musique 
sacrée, et surtout les instrumentistes qu'il se plait à désigner 
sous le nom ie mécaniciens. Corelli, Tarlini, Clementi, Hummel, 
Cramer, Viotti, Mendelssohn, Paganini, ce foudre de guerre. 



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THEATRE DES ARTS. ï3 

Sébastien Bacb, ce colosse dont la tête se cache dans les nuages, 
ne sont k ses yeux que des jongleurs plus ou moins adroits. 
L'exécution musicale est chose, trop fugitive peut-être pour mo- 
tiver l'admission dans une académie; mais les compositions de 
Sébastien Bach, de Clementi, de Viotti, de Hummel, de Paga- 
nini, de Hendetssohn, de leurs émules, n'ont^Des aucune impor- 
tance? On n'est musicien aux yeux de Hnstitut que lorsqu'on a 
ftiit beaucoup d'opéras, un tas de partitions insipides, médiocres 
ou pitoyables, car le théâtre est, en France, la seule carrière où 
les crétins, les eunuques de la musique puissent réussir. Un 
livret amusant ou plein d'intérêt, une mise en scène merveil- 
leuse, des habits de velours et de satin, la voix brillante et rossi' 
gnolante, les jolis yeux d'une cantatrice, les évolutions gracieuses 
des ballerines, et surtout les favorables dispositions d'un public 
insensible k la musique, à moins qu'on ne l'abaisse au niveau 
de son intelligence, n'écoutant que les mots d'un drame lyrique, 
et prompt à se passitanerpour d'ignobles refrains, des flons-flons 
de guinguette, voilà souvent tout )e mérite des compontion» 
Criques produites sur les théfttres de Paris. Et pourtant nos 
auteurs les plus féconds, les plus renommés de ces compositioQs 
lyriques, M'"' Ugalde et Cabel ne siègent point encore à l'Insti- 
tut I vanat kotniniSm mentes, o pectwa cœca ! 

D'après ce règlement absurde ou perfide jusqu'à la niaiserie, 
Palestrina, Sébastien Bach n'auraient pas même droit an con- 
cours. J. Haydn, Beethoven seraient évincés de plein droit par 
Lonoyne, Delaborde, Champein , Befftoy de Reigny, Dezëde, 
Jadin, Lebrun, Candeille, Porta, Solié, Gaveaux, Persuis et 
même par Honpou I Aussi peu riche que J. Haydn, Beethoven 
n'aurait à présenter qu'un pouce de compontion lyrique, et ses 
rivaux mettraient sur jeu, sur table une pile baute de deux mètres. 
Les arcfantectes sont appelés à juger, ils mesurent ordinairement 
à la toise, Léonore serait trop mince pour cet aunage, trop légère 
pour s'aventurer dans une balance où les ravissantes symphonies, 
les sonates grandioses, les messes, les oratoires, ces merveilles, 
ces monnments de l'art ne sont d'aucun poids. Un musicien 
n'est-il pas plus habile, plus ingénient, plus fort quand il a 



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S4 THËATR^ LYRK^JBS DE PABIS. 

produit une symphoniei que dis-jeTun andante, un scherzo, 
tels que Beethoven les traçait avec sa gri&e de lion, qu'en arii' 
vant muni de cent douzaines d'opéras tels qu'on les fait tomber 
aujourd'hui 7 

Que le public indocte et mouton se décide en faveur de cette 
abondance stérile, de cette malencontreuse prodigalité, passe; 
mais qu'une société d'élite se fourvoie au point d'admettre des 
ânes quand ils sont bien chargés, c'est ce qu'on ne saurait 
imaginer. 

. La quantité des compositions lyriques, la hauteur, l'épaisseur 
de ce las devant lequel l'Institut se pâme d'aise et d'admiration, 
agit d'une manière si puissante, que Champein !... oui Cham- 
pein, qui lecroûuitT Champein!... faillit l'empprter sur Auber, 
quand l'auteur illustre de la Muette, du Maçon, fut élu. Ce 
maître ne possédait alors qu'une vingtaine d'opéras, son rival 
inâoiment redoutable en étalait trente-neuf, dont uo seul en un 
acte avait laissé quelques souvenirs parmi le menu peuple des 
amateurs. Qui de 39 ôte 20 reste 19. Donc Champeia était dix> 
neuf fois plus lyrique et plus compositeur que Auber. Cette con- 
clusion est si bien nivelée et tirée k l'équerre, au cordeau, qu'il 
semble impertinent de vouloir l'attaquer. . 

Ces jours derniers, février 1855, l'OpéraJaisaît un appel aux 
virtuoses : plusieurs fauteuils étaient vacants & cette académie. 
L'excellent clarinettiste Leroy se présente au concours et M. Gi- 
rard, digne chancelier de l'orchestre , en fait ouvrir la porte à 
deuxbattants, sans permettre au récipiendaire le moindre ramage 
en harpèges, en traits chromatiques, sans lui donner la satisfac- 
tion d'attaquer le mi du chalumeau, note si chère aux: clarinet- 
tistes. C'est ainsi que l'Institut devait en agir h l'égard du chef 
actuel de l'école française; le pape Auber ne pouvait être élu 
que par acclamation. Le balloter au milieu des infirme», c'était 
vouloir ajouter une couche de plus au ridicule dont ses électeurs 
étaient déjà vernissés à bastance. Mais le tas, le tas, le tas, argu- 
ment sans réplique!... 

Encore un exemple de l'inAuence du las, et celui-ci me paiait 
assez réjouissant. Il fait voir comment les Beaux-Arts étaient 



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THEATRE DES ARTS. 55 

gouvernés en France. Alexandre Piccinni demandail la croix 
d'honnenr, pardonnez-lui cette fantaisie toute bizarre qu'elle 
eoit pour un musicien, enfin il sollicitait la croix aupr^ d'un 
noble vicomte, directeur de ces mêmes Beaux-Arts , et l'obtint 
après avoir tait l'énorme exhibition de ses titres : septante-cinq 
partitions manuscrites, ficelées avec leurs parties d'orchestre, 
h charge de trois vigoureux dromadaires] presque les débris du 
colosse de Rhodes I 

Sous les opéras empilés devant les yeux du noble vicomte, 
figuraient en tapinois septante-deux mélodrames écrits pour les 
théâtres du boulevard. 

Vous ne serez pas étonné si je vous rappelle que ce même 
directeur deg Beaux-Arts, s'adressant à l'auteur de Démophon, 
de LoAcnt/ia, à'Ifigenia, d'Elisa, de Médée, de l'Hoteîîerie pOT- 
tugaUe, des Deux Journées, de Faniska, d'Anacrion, des Aben- 
cerragea, etc., etc., lui di^it : — Monsieur Cherubini, vous qui 
faites si bien les messes, les vêpres, ne devriez-vous pas essayer 
enfin de composer un opéra? » 

Au rptonr de Rastadt, le général Bonaparte vint occuper sa 
petite maison de la rue Chanleraine, n* 52. Une délibération de 
la municipalité de Paris donna, quelques jours après, à cette 
voie le nom de rw« de la Victoire. 

On courait aux séances de l'Institut pour y voirie général; il 
n'y manquait jamais. Il n'allait aux spectacles qu'en loge gril- 
lée. Il rejeta biffli loin la proposition des administrateurs de 
l'Opéra qui voulaient donner en son honneur une représentation 
d'apparat. Le maréchal de Lovendal, le général Dumouriez avaient 
triomphé depuis peu sur cette scène au retour de l'armée. 

H^ Guimard reparaît dans une représentation donnée au 
bénéfice des artistes vétérans le 23 janvier 179&. Les-amateurs 
véterans siégeaient dans la salle en ce jour de sotennite drama- 
tique. Ils désiraient voir comment la petite Guimard, k l'&ge de 
cinquante-trois ans, se comporterait au milieu d'un essaim de 
jeunes ballerines. Après le spectacle, un de ces voltigeurs du 
temps Ai Louis XV demande une voiture. La portière s'ou\tc, il 
monte ; ^le se referme, et le voilà roulant dans ud carrosse do 



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S6 THÉAmES LYBIQIJES DE PARIS, 

place jusqu'à la porte de son logis. Le cocher, qui jusqu'alors 
u'avoit pas quitté ses rênes, pose son Touet sur l'impériale, des- 
cend avec précaution, (il avait des sabots et la neige tombait à 
flocons), ouvre la voiture, abaisse l'étrier et tend la main k son 
voyageur. Celui-ci répond à cette politesse en lui présentant le 
loyer de sa course, et le supplément ordinaire pour l'engager à 
boire à sa santé. 

— Tu plaisantes, cher comte, est-ce que je souffrirais... 

— Mais, mon ami... 

— C'est justement à ce titre que je refuse ton argent. Laura- 
gais Z'tril jamais payé la course quand il était ramené par le 
chevalier de FerriëreT 

— Comment ! c'est toi? 

— C'est moi, oui, moi-même. > 

Les deux amis s'embrassent après cette reconnaissance dra- 
matique et touchante. 

— Chevalier, par quel hasard 7 

— Bien de plus simple. Tout le monde émîgratt ou se caduùt ; 
je me suis ajusté pour faire l'un et l'autre. Caché sous le balan- 
ilran de mon cocher; après avoir couvert avec un numéro le 
blason de mon carrosse, je suis monté sur le siège, et, le fouet 
h la main, guidant mes nobles chevaux que j'avais déguisés au- - 
tant que je le pouvais. J'ai poursuivi mon émigration jusqu'au 
boulevard, oil Je me suis posté. La pratique est venue, et le che- 
valier de Perrière accepte gaiement le pour-boire offert au cocher 
de fiacre. Les fureurs révolutionnaires ont passé sur ma tête 
sans la toucher. Abdiquer et descendre de mon trône serait en- 
core dangereux pour moi ; d'ailleurs, j'y suis accoutumé, je m'y 
plais. Inscrit sur la liste des émigrés, bien que Je n'aie jamus 
passé Versailles et Montmorency, j'aurais d'excellentes raisons k 
donner, des preuves à fournir, pour ma radiation, mais vou- 
drait-on les accepler? Voilà pourquoi je n'ose point encoie me 
mettre à pied. 

— Où loges-tu ? 

— Rue des Vieilles-Tuileries; c'est là que je couche a«c mes 
chevaux; toujours les mêmes quoique un peu changés. Ces 



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THÉÂTRE DK ARTS. S7 

boDDes bfites ont partagé mon infortune, il m« tarde beaucoup 
de -voir finir leur exil, et de les traiter comme des émigrés 
rentrés. 

— Â moi le fouet et le siège; montez eu voiture, monsieur te 
cbevalier I 

— Que Teui-tu faire? 

— Te conduire k ta demeure; c'est un devoir de gentilbomme 
que je tiens à remplir, une revanche que je demande ii mon ca- 
marade, à mon ami. Ta journée est finie; nous irons demain 
cbez Sophie qui m'attend à déjeuner. 

— Où doncT 

— A l'hôtel d'Angivillier, succursale du Louvre, caravansé- 
mil de peÏDtres et de musiciens , où le ministre Fouché vient de 
lui ffdre accorder, par la république une et indivisible, un loge- 
ment d'artiste, plus une pension de â,400 francs, nous aurions 
dît cent fouû autrefois; récompense nationale due aux services 
éminents que la citoyenne Amould a rendus à la patrie, au 
peuple souverain , quand elle chantait sur le théâtre de l'Opéra. 
La pauvre fille eu avait grand besoin I » 

Fouché l'avait aimée, il vint au secours de la cantatrice aux 
abois; et le chevalier de Perrière, grâce au pouvoir de Sophie, 
obtint l'autorisation de rentrer eu France, bien qu'il ne fût sorti 
de Paris que pour conduire des voyageurs & Versailles, à Mont- 
meraicy. 

Trois aas après , en l'an VIII de la république , je travaillais 
dans l'atelier de Ducreux , ancien peintre du roi, dans ce même 
hôtel d'Angivillier, au-dessous de l'appartement de Sophie Ar- 
oould. Je la voyais quelquefois, elle venait jaser avec les demoi- 
selles Ducreux , et prendre sa part des lectures que leur mère 
nous faisait. C'est ainsi que j'ai pu connaître les romans d'Au- 
guste Lafontaine. Sophie Amould me donna les traditions de 
l'ancien chant français, que je lui demandai; je l'entendis conter 
l'aventure que j'écris aujourd'hui. 

Sophie avait été forcée de vendre, en 1780, sa villa charmante 
du Port-à-l' Anglais, le musicien Baneux en fit l'acqnisiUon pour . 
y donner àes têtes champêtres. La virtuose se réfugia dans le 



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S8 THEATRES LYRIQUES DE PABIS. 

presbytère de Luzarches (Seine^t-Oise) en 1792, acheta ce bien 
national , décora le manoir avec une certaine coquetterie, et Ht 
inscrire sur sa porte : Ile, nissa est. Walgrè cette preuve de 
civisme, la virtuose célèbre avait été dénoncée comme suspecte. 
Les membres du comité de surveillance de l'endroit envahirent 
son ermitage pour y faire une visite domiciliaire. Sophie les 
reçut en souriant, et leur dit : — : Mes amis, je suis bonne ci- 
toyenne, j'ai chanté pendant vingt ans à l'Opéra-National pour 
tes plaisirs du peuple souverain , je connais par cœur les Droite 
de l'homme, et n'ai d'autre compagnon ici que le buste de notre 
ami , de notre protecteur Marat. » Cette allocution ,' adressée 
avec un aplomb gracieux et solennel, eut un succès complet. 
Le plfttre de Gluck ne s'indigna point du rûle odieux qu'on lui 
faisait jouer dans cette mise en scène. 

Piccinni, que les troubles du royaume de Naples avaient fait 
rentrer & Paris le 3 décembre 1798, logeait avec sa famille dans 
cet bote! d'Angivillier, aiyourd'hui rasé, disparu. C'est là que 
j'ai pu contempler ces grands débris' de l'Académie royale de 
Musique, 

C'est encore )& que je connus La Harpe, Demoustier, de Cou- 
pigny, Fontanes , ie général Clarke et surtout Méhul, amis de la 
maison. M"* Récamier venait y visiter Clémence Ducreux, qu'elle 
affectionnait beaucoup, et pourtant Clémence pouvait lui dispu- 
ter le prix de la beauté. Je voulais être peintre et Méhul me fit 
musicien. Il était amoureux! en me poussant au Conservatoire 
afin de me tirer de l'atelier, Il crut se débarrasser d'un rival. 
C'est une chose infiniment bouffonne que la vie! voilà d^'à 
septante ans que je m'en amuse, et ne suis pas disposé du tout 
k cesser d'en rire. La plus belle main de Paris fit alors mon 
portrait. On venait de représenter Annette et Lubin remusiqaé 
par Martini, et Grétry, voyant mon image au Louvre, dit : — Il y 
a du lubinisme dans cette figure, « et chanta le refrain si connu : . 
iMbin est d'une figure qui met tout le monde en train. 

H^hul reconnaissait en moi l'instinct de la musique, nous 
avions ensemble de longs entretiens sur cet art, il s'amusait de 
ma faconde provençale, il me consultait mèmet Oui, j'ose 



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THEATRE DES ARTS. Sft 

raf&nner;je n'étais pourtant pas sa servante, mais bien son 
page de musique, et pourrais me dire son élève quoiqu'il ne 
m'ait jamais chiffré la moindre basse. J'assistais avec ce maître 
aux répétitions de Bion, de l'Xralo, j'étais dans la couSdeDCa 
de l'espièglerie qu'il préparait au public parisien , en lut don- 
nant VIrato pour un opéra traduit de l'italien. C'est en sortant 
de la dernière épreuve générale de cet ouvrage qu'il me dit ; — 
Traduits en français par d'atroces et stupides barbouilleurs, les 
opéras italiens ne nous ont fait aucun mal, les paroles Jetées au 
hasard sur la mélodie étaient rebutantes et d'un ridicule exagéré. 
Si quelque jour un musicien intelligent s'avise d'exploiter cette 
mine, il peut ravager, saccager notre empire. >> Je saisis le re- 
frain, et, quatorze ans plus tard, les sociétaires de l'Opéra- 
Comique recevaient k baise-mains le Mariage de Figaro de 
Mozart, traduit en français, démoli , reconstruit , castil-blazé, 
si j'ose me servir d'un mot forgé par un journaliste facétieux. 

Veuve du comte de Mercy-Argenteau, Rosalie Levasseur jouis- 
sait h Munich d'une brillante fortune, dont elle consacrait la 
plus grande part à des œuvres de bienfaisance. Les émigrés 
ftvnçais eurent k se louer de sa générosité toujours noble et 
souvent ingénieuse. Rosalie épousa le chevalier de Coucy, ma- 
riage d'un résultat peu satisfaisant pour elle. Le buste de cette 
virtuose, marbre de Dumont, est à Vaienciennes, ville natale 
de la cantatrice et du statuaire. 

Un portrait ravissant de Sophie Amould, tableau de Greuzc, 
existe à Paris et figurait k l'exposition faite au proQt des artistes 
en 1848, à l'hôtel Pillet-Wil, rue Saint-Lazare et rue de la Chaus- 
sée-d'Antin. C'est là que je l'ai vu. 

Si TOUS me demandez quelles pièces nouvelles ont été repré- 
sentées sur le Tbé&lre des Arts depuis le 10 août 1795 jusqu'au 
17 janvier 1797, pendant seize mois, je suis forcé de vous répon- 
dre : Aucune. 
* Si l'Opéra goûtait les douceurs d'un parfait repos, les chefs de 
l'Étal ne s'endormaient pas; toujours attentifs h l'amélioratiOD 
des élabliseemeots publics, ils veillaient sur notre première so- 
ciété chantante. Le répertoire reslait immuable, il est vrai, mais 



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00 THEATRES LYRIQUES VE PAAIS. 

OD savait changer les gouv^iiants, et mémela dénoniiDalian du 
tbéAtre; c'est aîDsi que I'od donnait chaque mois du nouvean. 
Voici, la lettre que le ministre de l'intérieur adresse aux admi- 
nistrateurs du Tbé&tre des Arts, le 14 pluviâse an V : 

-~ L'iDteDtloD dn Directoire eiéculff , citoTeiu, est que le théitre 
dont veus ftteg adminûlnteurs porte désormais le titre de ThiiUre de 
la République et dei Arts ; tous voudrez bien , do jour même où tous 
recevrez cette lettre, ne plus employer d'antre déDomluation. 
Salut et Frateraité, 

Pour le ministre de l'intérieur, le ministre de la police 
générale pour absence, 

COCHON- ■ 

Ces administrateurs étaient les citoyens Ia Chabeaussière, 
Hazade, marquis d'Avëze; Caillot, ancien et célèbre acteur de la 
Comédie-Italienne, et de Parny, qui, le 13 messidor an IV, 
avaient été substitués au comité des acteurs. 

Le 13 prairial an V, ce comité renb« en fonctions, et les admi' 
nistra,leurs sont congédiés. Ginguené, chef de division à l'Iu- 
struction publique, est désigné pour correspondre avec le mi- 
nistre et le comité comme agent intermédiaire- Le comité des 
acteurs obtient l'autorisation d'emprunter 240,000 francs pour 
acquitter les dettes du thé&tre. 3im«Midi>ranV(e]umotn«7.] 

Le ministre des finances compte 30,000 francs par mois à 
l'Opéra; le ministre de la guerre lui fait distribuer, en petite 
quantité, du drap, de la toile, du cuir et des armes pour ravi- 
(ailler un peu le magasin du théâtre, absolument d^urvu de 
ces objets de première nécessité. 

Le citojen Mirbeck est nommé commissaire du ministre 
auprès du théâtre de la République et des Arts. Six mois après, 
Mirbeck est renvoyé; Francœur, Denesle et Baco lui succèdent 
avec le titre d'administrateurs provisoires. 

Le 20 décembre 1796, on avait rétabli les bals de l'Opéra, 
mais il n'était pas permis de s'y présenter masqué. Ces bals ne 
réussirent point: la première recette fut de 5,325 francs; la 
seconde et dernière ne produisit que 1,15S francs. 



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ÎHÉATRE J3E U RËPUBLIQUE ET DES ARTS. 61 

L'Opéra son eofiD de sa léthargie, eldoone, le 17 janvier 1797, 
Anaeréon ehex PolycraU, opéra en trois actes de Guy, musique 
de Grétry. Cet ouvrage étincelle de mélodies charmantes , le rôle 
d'Anacréon est le plus beau, le plus complet que l'on ait écrit 
pour Lays, dont la voix merveilleuse de sonorité se déployait si 
bieD dans le trait ascendant Prends, prends emporte mon or, 
mes trésors poKT jamais. Le trio Livre ton cœwr à Vespércmee 
est d'un effet délicieux. L'air du tyran Polycrate est magnifique, 
d'une étonnante vérité. Rossini se plaît à le cbauter et ses doigts 
en reproduisent tous les détails d'orchestre sur le clavier. Cette 
exécution spontanée, énergique et fidèle, sans le secours d'aucun 
papier, témoigne de l'affection qu'un tel matlre porte à l'œuvre 
de Grétry. On faisait alors des opéras avec de la musique, on les 
fabrique maintenant avec des notes disertement enfilées comme 
àss noix sur un bâton : la soupe au caUlou. 

La poésie du citoyen Guy n'était pas du tout anaeréon tique; 
son livret est un galimatias double et triple. Succès brillant : 
9,35ï francs de recette à la première représentation. Cela prouve 
ta légitimité du triomphe, la troupe des claqueurs ne remplis- 
sait pas la salle comme aujourd'hui. Lays, Adrien, Rousseau, 
M"* Henry, se distinguèrent dans les rôles d'Anacréon, de Poly- 
crate, d'Olpbide et d'Anaïs. 

Le clarinettiste Lefëvre exécutait un solo sans accompagne- 
ment, sans mesure, morceau fort original, placé dans le ballet de 
cet opéra. M"' Chameroy figurait, avec l'action de ses pieds, les 
notes, le trait, le trille, que la clarinelle venait d'articuler. Ce 
dialo^e tour à tour mélodieux et muet, cet ad libitum, a piacert 
prolongé dans lequel le symphoniste et la danseuse faisaient 
assaut de difficultés, ce duo remarquable par l'intelligence, la 
soudaineté, l'élégance, que les interlocuteurs y déployaient, fit 
fortune. Je m'étonne que l'on n'ait pas reproduit cet effet dans 
d'autres ouvrages. 

Laforét prit ensuite le rAle d'Olphide, et l'on dit que Laforét 
ne fournissait qu'une eoie de bois. 

On s'occupait alors de la translation de l'Opéra dans uu lieu 
plus convenable. Le terrain des Capucines de la place VendOme 



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et IHEAIHES LYRIQUES DE PARIS, 

avait été choisi , la nouvelle salle aurait été bâtie sur le coté nord 
de la rue Neuve-des-Felits-Champs, en face de celle de Casti- 
glione; mais l'idée d'ouvrir plus tard une voie sur le même ter- 
rain (1), fit très judicieusement abandonner ce projet. Construite 
sous le règne de l'empereur, cette voie porta le nom de rue Napo- 
léon, et prit celui de rue de la Paix en 1815. L'architecte de 
Wailly, qui déjà s'était signalé par la construction de la salle de 
l'Odéon, avec Peyre, soumit au gouvernement le plan du nouvel 
Opéra. Voyez la Décade philosophique, n* 18 de l'an VI. 

Les directeurs de spectacles sont tenus de régler leurs repré- 
sentations sur le calendrier républicain, de les offrir exactement 
tous les décadls et jours de fête nationale, sans pouvoir le foire 
les dimanches et fêtes de l'ancien calendrier, lorsque ces jours 
ne se rencontreront point avec un jour ordinaire de spectacle, 
une fête nationale, un décadi. Telles étaient les dispositions de 
l'arrêté du directoire exécutif du 14 germinal an VI. Toute con- 
travention entraînait la fermeture du théâtre. 

Abraham, danseur de l'Opéra, fait fortune en montrant la 
gavotte aux dillettantes parisiens. Ce professeur avait formé 
Xreinitz, virtuose des salons, illush^ par une contredanse qui 
lui survit encore. La gavotte, polka de l'an VI de la i-épublique, 
triomphait dans tous les bals. Abraham en était le Cellarius. 

Plusieurs des anciens acteurs en retraite, ayant perdu leurs 
pensions, étaient dans un état voisin de la misère, le gouverne- 
ment accorde 600 francs de pension h Gélin, S,&00 francs à 
Gaétan Vestris. 

Larrivée reparaît deux fois dans Iphigénie en Aulide, et se fait 
applaudir encore, a» »ttîi l'îffJ. 

Les vieillards couronnés le 10 fructidor an VI dans les muni- 
cipalités assistent au spectacle dans des loges décorées. Alceste 
complète les divertissements de la fête des Vieillards. 27 août. 
On venait de remettre en scène cet opéra de Gluck avec la plus 

(1} Le percemBnt dca rues de Rivoli, de Castigllone, de Ift Paix, celte-cl 

prolongée jusqu'au boulevard exiâricur, ariit i\i proposé, discuté dis l'au- 



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THËAHIE de la RËPUBLIQUE et des arts. A3 

grande pompe; un seul décor, peint par Degolti, avait coûté 
100,000 francs. Le 27 octobre, Alceste esi suivie du Chant du 
Départ augmeoté de stropbes relatives à la paix signée avec 
l'Autriche. 

Chfllcauneuf, ténor déjà fameux en province, débute avec 
succès dans le râle de Polynice. Darius parait dans celui de Pa- 
nui^etn'a pas moins de bonheur. Ce virtuose tient ensuite les 
emplois de basse et de baryton d'une manière brillante dans les 
grands théâtres de province ; âgé de cent un ans, il est aujourd'hui 
pensionnaire de l'Association des Artistes dramatiques. Marido, 
ténor vigoureux, Huby, basse de premier ordre, se montrent 
plus lard sur notre grande scène lyrique. 

L'Opéra s'était reposé trop longtemps ^ il ne pouvait reprendre 
tout à coup son ancienne activité. Représenter Anacréon, trois 
actes en douze mois t c'était beaucoup pour lui, bien que ce fût 
peu de chose. Je ne compterai pas pour un opéra 

La Pompe funèbre du général Hoche, de M.-J. Cbénier et 
Cherubini, qui défila devant le public le 11 octobre 1797. 

Je ne parlerai de la reprise A'Qrpkée que pour signaler le 
succès immense de Rousseau; nul n'a chanté le rôle principal 
de ce chef-d'œuvre avec autant de charme et de séduction. 
L'hymne à l'Amour i'Écho et Narcisse, Le dieu de Paphos et de 
Gnide vint alors enricliir la partition i'Qrphée, on le choisit 
pour lenniner.cet opéra. 

Le Chant dei Vengeance», intermède mêlé de pantomimes, 
par Rouget de FIsIe, musique du même et de Fi-édérîc E.... 

1 nui I7W. 

Aumer et Beaulieu débutent avec succès dans le Déserteur, 
ballet, elDidon. isoui. 

Le 10 thermidor an VI, relâche à cause de la fête de la Liberté, 
de l'entrée triomphale des objets d'art conquis, en Italie, par le 
général Bonaparte. L'Opéra teut entier figurait au cortège. 
3B Jnillel lies. 

Apeileê et Campaspe, opéra en un acte, de Dumousiier, musi- 
que d'Ëler, ennuie prodigieusement l'assislance le 13 août 1798. 
Le second jour la salle était déserte. 



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M THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

Da 23 octobre au 10 àécmbit, rel&che pour les rèparatioDS 
faites à la salle. 

Olympie, opéra en trois actes de Voltaire et Guillard, iiiusic[aé 
•par Christian Kalkbrenner, tombe tout h plat le 18 décent- 
t>r8 1798. l'impie! disait-on ea pariant de ce musicien. Ce 
n'étaùt point alors qu'il fallait crier au sacrilège; faire un opéra 
lourd, aride, soporiQtiue, cela peut arriver aux plus bonnôles 
gens, aux personnes les mieux constituées, et nous sommes ui- 
jourd'hui victimes d'une pareille licence ; mais lacérer, rajuster, 
tripoter le chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre, le sublime Don 
Juan.'.... Je m'arrête, gardons-noua d'anticiper sur les ëvéoe- 
ments. Je vous cooterai plus tard ce forfait musical ; il De fut 
commis que sept ans après. l'impie I 

H"* Chevalier, élève du ConseiTatoire, fait ses premières ar- 
mes avec un éblouissant éclat dans le râle d'Antigpne, r61e 
adopté par toutes les débutantes, se décembre i7i)s. Elle se signale 
dès ce jour, et promet ce qu'elle a tenu d'une manière si bril- 
lante. H^ Chevalier s'unit ensuite m légitime mariage avec le 
danseur Branchu; voilii notre virtuose qualifiée. 

Gaétan Vestris fait fureur en reparaissant dans Annette «' 
iHbin, ballet de Noverre, que l'on remet en scène le 16 jan- 
vier 1799. Il y danse le menuet avec une grâce parfaite. Recette 
10,013 fr. 90 cent. 

Gwat, Rode, Frédéric Duvernoy, M"" Henry, se font entendre 
dans trois concerts donnés à l'Opéra, suivis d'un ballet. Succès 
fou, recettes colossales. — Mais ce Garât n'a qu'un petit filet de 
voix. — Tudieul vous appelez un petit filet, celui qui pédie 
15,000 fr. d'un seul coup dans la poche des Parisiens! » 

Le 4 juin 1799, première représentation â' Adrien, en trois 
actes, paroles de Hoffman, musique de Méhul. En écrivant un 
grand ouvrage qu'il destinait k l'Opéra, ce maître ne songea 
point k changer le système de musique de ce théâtre. L'auteur 
ù'Eupkrosine, de Stratonice avait fait une révolution k Favart, 
en y portant des compositions fortes de style. Notre grande scène 
lyrique avait été régénérée par Gluck depuis vingl-ciaq ans; 
Méhul pensa qu'elle était arrivée à son plus haut degré de per- 



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THÉÂTRE DE LA RË:PUn.lQllE ET DES ARTS. 69 

fectioo, et qn'il fallait se horaer h marcher sur les traces des ' 
illustres qui i'avaieotprécédé. Gluck, Piccinni, Sacchiai, Salieri, 
tels étaient les modèles que l'on imitait. La manie de la déda* 
nation musicale, manie d'ailleurs fort excusable chez un peuple 
dont les opéras, écrits en prose, ne pouvaient être réguli^ement 
cbanlés, ne trouvait alors que des admirateurs et des fone- 
tiques. 

En composant Adrien, MéhuI n'a rien innové; c'est de la mu- 
sique bien faite dans un système détestable. On remarque dans 
cette partition cinq airs de femme d'une facture et d'un carac- 
tère uniformes, deux chœurs excdlents. Le meilleur morceau 
de cet ouvrage inédit, l'ouverture, élait déjà gravée en tète d'ffo- 
ralim Coelis. C'est h la première eicliibitioa à'Adrieti. que les 
intéressants quadrupèdes endroctrinés par Franconi, firent leur 
début à rOpéra. Traînant le char de l'empereur romain, ils 
fournirent leur carrière avec autant de grâce que de sagesse; 
l'art avait Mt des progrès depuis 1T70. Les chevaux s'étaient 
montrés rétifs à cette époque lorsqu'on les fit paraître à Ver- 
sailles dans la Tour mchantée. C'est la seule nouveauté que les 
amateurs eurent k signaler dans l'opéra de Héhul. Ce maître fil 
un usage fréquent de l'enharmonie dans les récitatifs, afin d'en 
varier les formes et rompre ainsi leur tendance & la monotonie. 
L'auditoire se montra sensible & cette innovation , et remarqua 
judicieusement que les acteurs, peu familiers avec des transi- 
tions brusques, hardies, qui dépaysaient leur oreille, chantaient 
plus faux qu'à l'ordinaire. 

Le livret d'Adrim est une traduction à peu près fidèle de 
VAihiano de Métastase. Hoffman puisait depuis longtemps & 
cette source. Le triomphe d'un empereur alarma la politique mé- 
ticuleuse du directoire exécutif ; Adrien fut éloigné de la scène 
après sa quatrième représentation. La recette de la première 
s'était élevée à 9,905 fr. Le succès de cet ouvrage paraissait en- 
core douteux quand son exhibition fut prohibée. Les répétitions 
en avaient été suspendues en 1792; sept ans après, on le dé- 
nonce à la tribune du conseil des cinq-ctnts , bien que le livret 
eAl été revu, corrigé, considérablement amendé par la censure. 



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M THÉAIHES LYRIQUSS DE PARIS. 

Le règlement pour le ihMtre de le République et des Arts, 4a 
39 tnimaire an VU, fixe le traitement des artistes et prépoaés h 
la somme de 7S3,2(iO fr. par bq ; le nombre des parties preuaBtes 
est de 415. Le directoire entoilir augmente les appoiulemeots 
da» artistes et les droits des auteurs Les premien sujets du 
chant et de la danse reçoivent 13,000 fr. de lUe; plusietfrs oui, 
en outre, de fortes gratifications. Elles sont, en l'an VU, pour 
lAys, de 38,000 fr-, pour Cbâron, de tl,0OO, pour Laiius, pour 
Vastris, de £,000. 

600 francs sont accordés pour chacune des vingt premiàras 
représentations d'un opéra formant tout le spéciale; 400 pour 
les dis suivantes, 300 pour les dix autres. Après la quarantièiDa, 
les auteurs se partageât une gratification de 1,000 francs, et 
chaque représentation leur est payée 200 frapcs. Les droits pour 
un opéra en un acte sont, dans les mimes proporUons, de 3U, 
160, 120 francs; la gratiâeatioH de SOO; les raprésentalions 
doDDées après la quarauliëme sont taxées k 90 francs, la louti 
partager. Ces dispositions ne sont applicables que pour les ou- 
vrages nouveaux, mis en seine aprèsle 20 brumaire an VIL 

Les auteurs à'Oiympie profilërant les premiers de cette amé- 
lioration précieuse et depuis longtemps réclamée. 

Le nombre des premiers artistes, il n'y avait plus de avjou 
alors, était de six pour le chant comme pour la danse : trois 
hommes et trois femmes. Une basse, un baryton, uuttoor; un 
râle &. baguette, un rAle tendre, un r61e léger, pour les femmes. 
Rôles à baguetu, c'est ainsi que l'on désignait le premier emploi ; 
l'actrice qui le tenait représentait Ârmide, Médée, et toutes les 
enchanteresses, magiciennes et sorcières qui commandaient aux 
éléments, aux démons, avec une baguette dor. I«s rôles de ce 
genre ont cessé d'exister ou sont abandonnés aux actrices da 
troisième ordre, h cause du peu d'importance qu'ils ont sur 
uotre scène. Les trois premiers danseurs et les trois premières 
danseuses étaient classés de la manière suivante ; genre sérieux, 
demi-caractère, genre comique. 

Chant : Chéron, Lays, Lainéz; M"»» Maillard. Chéron, La- 
tour. 



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théâtre: de U RËPUBLIOUB et us arts. Vf 

Danse : Vestns, Milon, Goyon ; tf ***Clolilde, Garde), CtievjgBy. 
AdrieD, Oufresoe, Rousseau, Lafortt; M~*'Heary, Ponteuil, 
Mulot, Chevalier, Clarisse, Abjuraient parmi les remplacement» 
du chant. Catel était ^lors accompagnateur k l'Opéra; Rey diri- 
geait toujours l'orchistre. 

La Noutetle au Camp <U l'AueutiMa dot MiniatTu ftKinfai» 
à RastacU. Tel est le litre immense d'une opérette exiguë, offerte 
au public le 1& juin 1799. 

Lionidat iw let SparOatea, opéra en an acte, de Guilbert- 
Pixérécourt, musique de Persuia et Gre&nick , a'éteint après as 
troisième exhibition. 

Les Françai» en Angleterre, acte de Saulnier et KalktuwtBepj 
n'avait pas mieux réussi. 

Le 16 septembre, l'Opéra flgureà la pompe funèbre do général 
Joiibert. 

Le lendemain, Taglioni, sa sœur Louise, élèves de Conloo, 
débutent dans Im Camnane. C'est la première fols que ce nom, 
devenu si bmeux dans l'Europe dansant», paraît sur les afiSches 
de l'Opéra. Le p^ et la tante de notre sylphide furent si bien 
iiccueîlUs , qu'ils revinrent & plusieurs ^ques exercer leur 
lal^t sur le même itiéAlre. 

Le 11 novembre ITW, sur-lendemain du 18 brumaire, journée 
où le général Bonaparte avait enlevé le pouvoir au directoire exé- 
cutif, et terminé le 10 (novembre) son opéralion militaire en 
chassant les membres du conseil des cinq-oents de l'orangerie de 
- Saial^Cloud, dans laquelle ilss'étaifflitréfuglés; lelinovembre, 
on représentait les Préttn4at, et le» paroles du quatuor de cet 
opérafureni saisies pour ea faire uneapplicatieD tti» comique aox 
événeueuts delà veille. Lorsque Julie et son aaunteuffint dit : 

Victoire I victoire éclitaDle! 
le public applaudit vivement. Les prétendus répondent : 
Cest notre retraita qu'on diinte. 
Les «pplaudissements rcdQuUèrrat avec funiur lofsqu» ces 
prélantlua éoooduil» tùoatirQQl : 

Mi» «tteBdw Ml uni» qu« nua >oT«» paflift 



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«8 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

. H&o et liandre , ballet en un acte , de BliloD, maître de bal- 
1^ en second, réussit complètement, le 37 novembre. H"' Ni- 
uette Duporï débute par le râle de l'Amour; M»* Clotilde-Fallas 
danse la pyrrbique avec autant de grâce que de vigueur el de 
noblesse. C'est une composition pleine d'intérêt; te spectacle, 
les danses, l'exécution, furent généralement applaudis. 

Le prix des biUels d'amphithé&tre et d'orchestre est mis k 
10 U. pour les trob premières représentetions A'Armide, h 
cause de la dépense faite pour cette reprise solennelle. La pre- 
mière recette est de 13,6S9 fr. 80. ii Mcemim iTta. On revient 
aux prix ordinaires dès la seconde exhibition, et cette fois ou 
n'encaisse que i,898 fr. 85 c. 

Armand Vestris débute dans la Caratane; il est présenté par 
ton père et son aïeul. Nouveau triomphe pour la &mille Vestris. 
La Caravane produisit, ce jour-là, 8,663 fr. Armand VesUis 
partit pour l'Italie après ses débuts. 

Devîsmes, qui n'était plus alors de Vlames du Valgay, mais le 
dtoyeu Devismes et Bonet de Treiches, ex-conventionnel, te- 
naient la direction de l'Opéra. Cellérier, ancien entrepreneur de 
ce spectacle, leur est adjoint en qualite d'agent comptable. 

Les bats masqués sont rétablis sans restriction. La première 
recette s'Mve à 96,008 fr.; celle des huit bals n'est que de 
85,907 fr. 

Bémbé, opéra en trois actes, de Hilcent et Fontenelle ; mau- 
vaise pièce, musique idem. On y remarque cependant un effet 
d'orchestre exprimant la colère d'Achille. Une infinité de plagiats > 
«(Citèrent l'humeur saUrique des artistes, et l'on dit : — Les 
paroles A'HémAe sont de 1,100, la musique est de 100,000. Mil- 
c«it et Centmil. s nul iiw. Uilceut était secrétaire du Théâtre 
des Arts en l'an IV. 

Le 36 floréal an vm, reprise victorieuse de Psyché; le spec- 
tacle commença par Anacréon ehex Polycrate. Je fis mon début 
h l'Opéra oe jour^, c'est-ft-dire que j'allai m'asseoir pour la 
première fois sur ses banquettes. Comme le flls de Laius, j'étais 
jeune et superbe; j'aimais la musique avec passion et n'étais 
pas «core moiicien; je touchais k mon seizième printemps, je 



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THÉÂTRE DB LA, RÉPUBLIQUE CT DES AKTS. W 

surlais (le ma-petite vitle, de Cavaillon, je n'avais encore rien vd, 
rien entendu, pourtant je ne fus point émeireillé ; je m'atteadiiis 
k quelque chose de mieux, de plus saisissant. Depuis lors ma 
feçon (ie penser à l'yard de notre premier théâtre lyrique, n'a 
point changé. C'est quelquefois bien, rarement très bien, mais 
c'est toujours insuffisant. Les forces instrummtales et vocales 
indiquent ce que cela pourrait être, sans arriver jamais à l'rfTet 
que l'on se promet, que l'on désire, que l'on sent, en lisant sur 
la partition te anale de Don Juan ou celui de Uoïu. Ce résultat, 
je ne l'ai rencontré que dans la petite salle du Conservatoire, en 
écoutant les symphonies de Haydn, de Mozart, de Beethoven, 
les ouvertures de Weber. 

Vollft, Je vous ranme, une moiiqtie entibre. 
Une musique agissant sur le cœnr et sur la poitrine, vous sci^ 
rant de tous les cotés. Je ne parle que de l'orchestre; quant aux 
forces chorales, je pense que doubler celles de l'Opéra, ce ne 
spreit pas trop pour atteindre ce but. On pourrait y parvenir 
plus aisément, y parvenir même en diminuant le nombre des 
choristes! mais il faudrait se décider enfin k mettre en vers nos 
drames lyriques. Les choristes, maintenant occupés à mastiquer 
des mots prosaïquement alignés, des syllabes qui, frappant K 
box, n'ont aucune sonorité, des paroles qui deviennent incom- 
préhensibles à force d'être morcelées en dépit du bon sens, les 
choristes attaqueraient la note à plein tuyau, franchement, dès 
qu'elle s'accorderait avec le mot. On ne serait plus obligé de les 
retenir pendant des mois entiers pour leur fourrer dans la (été 
un gâchis rebutant, que leur intelligence repousse. Deux jours 
leur suffiraient pour apprendre un choeur dont le rbythme poé- 
tique s'accorderait avec ie rhythme de la mélodie. Nos choristes 
ne chantent qu'il demi-voix, quand ils chantent I parce qu'il est 
impossible qu'ils fassent autrement; vous doublerez leurs moyens 
sonores en leur donnant II réciter musicalement des vers mesu- 
rt^. C'est 1& tout le secret des Italiens, des Allemands surtout 
que vous avez tant admirés. On ne dira plus de vos académi- 
ciens chantants : — Ils sont làrhaut quarante qui ont de la voix 
comme quatre. • 



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70 THA^IHES LYRIQUES DE PARIS. 

Je pourrais faire nn feuilleton complet sar la représentation 
du 98 floréal an VIII ; je m'en souviens comme des spectacles de 
cette semaine. Je ne vous parlerai pas plus A'Anaeréon, de f*«y- 
ehé; que de la prose acerbe, atroce, du Chant du Départ, exé- 
cuté, fort heureusement, par l'orchestre seul araiit l'ouTOrture de 
l'opéra, sans musique sur les pupitres. Les symphonistes sa- 
vaient admirablement leur partie; ils Tardaient aux loges, 
touriaient k leurs unis et connaissances , en jouant la musique 
de MéhnI. Cet air était alors )e prélude obligé de tous les spec- 
tacles; il n'excitait aucune passion politique, n'éveillait aucun 
souvenir douloureux ; tout le monde pouvait l'applaudir, et la 
prestesse, la galanterie que l'on mettait à l'offrir au public l'em- 
pêchait de réclamer d'autres refraios patriotiques. Le premier 
consul voulait bien ne pas priver les amateurs de leur ration 
ordiuaire, mais servait leur gont h sa fantaisie. Je vous dirai 
cependant qu'une rixe violenlc eut lieu dans le parterre : on s'y 
Itattit k coups de sabre. Les combattants ne purent tirer leurs 
armes du fourreau, la presse le leur défendait ; j'c les vis se frap- 
pant sur la léte et sur les épaules avec la monture de leurs 
glaives recourbés. Celte manière d'espadonner était encore assez 
dangereuse; le sang coulait; personne cependant ne s'en émut; 
les scènes de ce genre étaient si fréquentes au spectacle, quelepu- 
blic n'y faisait aucune attention. Des voisins conciliateurs et le 
premier coup d'archet de l'orchestre désarmèrent les champions. 

Je m'installe au tbé&tre de la République et des Arts ; main- 
tenant je vous conterai ce que j'ai vu de mes yeux , entendu de 
mes oreilles. J'ai franchi l'antiquité, le moyen-âge de notre Aca- 
démie ioapériale de Musique ; j'arrive aux temps modernes, et 
pourtant il me reste encore à vous parler de ses exercices pen- 
dant cinquante-cinq ans. Je voudrais bien n'en avoir pas tant vu. 

Gardel se lance dans le genre comique. La Dansotnanie, folie 
de très bon goût, obtient un succès d'enthousiasme. Gardel y 
représente uu des principaux personnages, danse le menuet 
admirablement, et joue uu concerto de violon sur lequel on exé- 
cute des pas de divers caractères. Goyon, excellent pantomime, 
se distingue dans le râle du dansomane. U Juin isoe. 



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THËAniB DK LA RÉPUBLIQUE ET DBS ARTS. -71 

On valse pour la première fois h l'Opéra; le ballet nonveaa 
permettait d'introduire sur la scène une danse fort k la mode 
alors dans les salons. La valse, que nous avons reprise des Alle- 
mands en J795, était depuis quatre cents ans une danse fran- 
çaise : témoin le livre du père Aubri, cordelier, ayant pour titre 
la Valm d'Enftr et périlieuse. C'était un prélude, une annooee 
delail»nci0fluSa6fr(it de Victor Hugo. Le père Aubri, cordelier, 
écrivait ta commencement du xrr* siècle. 

En floréal en VIII, le personnel de la danse était («nourelâ 
presque en entier. Nous voyons deut demoiselles Saulnier jouer 
les rôles de Vénus; !»>■■ Coulon, M^ Clotitde, qui brillent dans 
legenrenoWe; M""Pérignon; M"" Chevigny ta remplaça bientôt 
et fut supérieure à foutes celles qui l'avaient précédée et qui l'ont 
suivie : quelle verve I quelle gaieté dans le comique I dans les 
râles sérieux, quelle chaleur I M"" Delisle, malgré son embon- 
point, montrait de la vigueur et de la légèreté; M"* Milliëre, à la 
jolie âgure chiffonnée, se distii^ua dans la danse rapide et bril- 
lante. H™ Gardel tenait le rang suprême, et M"* Cbam^oy, 
M" Vestris, H>>" Colomb, Louise Taglioni, faisaient assaut de 
talent avec ces virtuoses. Vestris, Hiloa, Goyon, Beaupré, Saint- 
Amand, Brancbu, Beaulieu, Aumer, Giraud, Taglioni, figuraient 
tour à tour avec ces dames. 

■ An citoyen Lepan, directeur du Courrier dm Spectacles. 
PariH.lelOlkiT^slaiiVin. 

• DsDS la «Bison où le soleil maoireste ta puissance, dans la saison 
où Flore étale sa brillante parure et répand dans les aire ses parTunu 
les plus doDZ, 11 est lusenié de croire que l'homme, qui a besoin de 
saisir les présents trop pasaagera que lui offre le retour des berax 
jsiin, consente 1 se rentemer dans les salles de speclade sa plus 
bew Moment de la soirée. Il fant attendre que la suit ail voilé de tes 
ombres les richesses de Pan, alws, et seulement alors, on peut offrir 
au public les productions du génie et des beaux-artej telles ingénieuses 
qu'elles soient , elles ne tiennent jamais que le second rang après les 
pnxiiges de la nature. D'un autre coté, la nation française a adopté une 
antre manière de diviser la journée. 

• Ainsi, pour que la raison coïncide avec les usages et Tordre des 



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7t IVËAJRES LYItlQlIES DE PARIS. 

safMDS , j'ai pensé qu'il coDvenait , pendant tout le Iraups des chaleurs 
de tété, de n'ouvrir le Théâtre des Arts qu'A neuf heures du soir, après 
que le poids du jour est tombé. J'espère que celte disposition plaira su 
public ; elle augmeulera ses jouissances en réglant la série du ses plai- 
sirs. Les citoyens et les artistes auront le temps de diner A leur aise 
avec leur société, de se rendre aux promenades el dans les jardins, d'y 
admirer ce seie enchanteur dont les gracea et l'élégante toilette m 
augmente romement; et, après'avoir respiré un air pur, fis viendront 
s'asseirir t l'Opéra, qui n'ouvrira son spectacle que quand la nature 
aura fermé le sien. 

* Je vous pria de prévenir le puUic qu'A dater de la première déeade 
de prairial prochain, l'Opéra ne commencera qu'A neuf heures du soir. 
» Salât el Irateniité, 

■ DlTISMBli. ■ 

Un houra de plaisanteries et d'épigrommes accueillit la4ettre 
amphigourique du citoyen Devismes. Elle Tut mise en vers et 
chnnti^e sur la Marche du roi de Pruste, dans un vaudeville 
ayant pour litre : Une Nuit de Frédéric 11, que l'on jotia bientôt 
anr^s sur le thé&tre Pavart. Le directeur d'un spectacle de Berlin 
>■ représentait Devismes; on l'engageait k prendre de.'! moyens 
pour dissiper les nuages de fumée el chasser l'odeur de la poudre 
qui remplissaient le ihéAIre après les pluies de feu; sa prima 
donna répondait pour lui de cette manière : 

Notre directeur n'y pent rien, 

£1 sur ce point il faut l'absoudre, 

Ici tout le monde Bail bien 

Qu'il n'a pas inventé la poudre. 

L'Opéra continua d'ouvrir son spectacle à six heures du soir, 
bien que la nature n'eût pas fermé le sien. 

Tous les dëcadis, deux loges du thé&tre de la République et 
des Arts sont mises h la disposition des militaires aveugles, 
estropiés, qui revenaient de la campagne d'Egypte. Le ministre 
veut — que ces militaires soient dédommagés, parle plaisir d'en- 
tendre une parfaite exécution musicale, des autres jouissances 
dont le sort des combats les a privés. » 

M~* Devismes, femme du directeur du théâtre de la Rèpu- 



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TIIÉATRE DE tA RËPVBUOUE ET DES ARTS. 73 

blique et des Arts, pianiste excellente, à qui Steibdt a dédié son 
ODUvre n* de sonates, compose la musique d'un petit opéra. 
Praxitèle on la Ceinture réussit à merveille : on y remarque le 
chœur desjeunesartistes, et l'airchanté par l'Amour. H"" Aubry, 
Hortne, Auguste représentent des modèles du statuaire grec. 
U Jalllet isoo. 

Devismes avait été dépossédé le 1" avril 1780; après sa desti- 
tution, il réclama le remboursement des 500,000 livres déposées 
dans la caisse de la ville pour son cautionnement et ne put l'ob- 
tenir. La caisse était vide, l'ex-directeur dut se résigner h tou- 
cher les intérêts de cette somme dont il perdit les deux tiers 
ea 1790, comme tous les autres rentiers de l'État ou des com- 
munes. C'est pour lui donner les moyens de réparer cette perle 
que la direction de l'Opéra lui fut de nouveau confiée. 

Pygmalion, ballet en deux actes de Hilon, musique par Le- 
febvre. » août isoo. 

Une conspiration depuis longtemps ourdie contre le premier 
consul Bonaparte devait éclater le 18 vendémiaire de l'an IX de 
)a république (10 octobre 1800). Les conjurés avaient choisi la 
salle de l'Opéra pour exécuter leur projet. L'affiche annonçait la 
première représentation des Horace», et les chefs du complot 
avaient trouvé le moyen d'assister à la dernière répétition géné- 
rale de cet opéra. La scène la plus imposante, le morceau qui 
devait captiver le plus l'attention du public, le chœur du serment, 
placé dans le deuxième acte, fut désigné par eux comme le signal 
qui devait faire agir simultanément la troupe divisée sur plu- 
sieurs points. Soixante conjurés arrivaient k l'Opéra, chacun de 
son coté, se plaçaient dans des loges retenues tout exprès, ou 
iùen parmi la foule des spectateurs. Le premier acte déflLait, et 
rien ne devait en troubler la tranquillité. Pendant l'entr'actes et 
le commencement du deuxième acte, les conjurés s'emparaient 
des postes pour lesquels ils étaient réservés : deux allaient se 
placer à coté de chacune des lanternes édairant le corridor des 
premières loges, et devaient les éteindre toutes à la fois dès que 
les Horaces et le, chœur auraient attaqué l'ensemble du serment. 
Aux trnsièmes et qua^iëmes loges, un grand nombre atlen- 



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74 THfiATRBS LYRIQUES DE PARIS. 

datent la même répli(|U0 ponr lancer dq déluge de fasées, de 
pétards, donl ils avaient rempli leurs poches ; pitos qu'ils atlo- 
maient au moyen de botles phosphoriqnes, pièces incendiaires 
dont le bruyant éclat devait frapper d'épouvante l'assemblée et 
les acteurs; car on aurait dirigé ces pétards sur tous les p'oitite 
de la !^le, sur le théâtre même, en criant : — Au Teu I au fea I 
An secours 1 on m'assassine ! <» 

Une terreur panique se râpandait k l'instant dans la salle; c0s 
projectiles brûlants faisaient de cruelles blessures. Tout le monde 
se portait à la fois vers les couloirs; c'était un tumulte, une 
mêlée, qui devenaient plus horribles encore quand cette foule 
épouvantée aurait agité ses vagues an milieu des ténèbres des 
corridors. Les conjurés chargés d'attaquer la loge de Bonaparte 
poignardaient les deux factionnaires , enfonçaient la porte avec 
les fusils de ces grenadiers, et frappaient de mort le premier 
consuletses quatre ou cinq compagnons. Le coup était bien pré- 
paré, tout semblait en assurer le succès, et pourtant il ne réussit 
pas- Un Servilius, effrayé par le danger qui menaçait le premier 
eotuitl, dévoré de remords, et ne pouvant dormir pendant la nuit 
du 9 octobre, se lève, court chez te préfet de police, fait la révé- 
lation du complot dans tons ses détails, demande grftee pour sM 
compte, et demeure en otage à la préfecture. Quatre heures du 
matin sonnaient, et déjà Bonaparte recevait aux Tuileries la con- 
lidemie du préfet, qui n'était sorti de son hôtel qu'après avoir 
convoqué, réuni la troupe de ses agents. 

Le premier consul appelle sur-le-champ son état-major, las 
géDéraux qui lui sont dévoués et tous ses affidés ; il tient cons^H 
en présence du préfet. Secrètement amené, le Servilius fait con* 
naître les projets des complices qu'il a trahis. Bonaparte prtv- 
pose de ne pas le laisser assisler k la représentation des Horaeet. 
Tous les généraux sont d'un avis contraire. — C'est le seul 
moyen, disent-ils, de s'empnrer k la fois de tous les conjurés, et 
de Met croire h l'existence de la conspiration. Qu'ils ftgissent 
avec une entière liberté dans leurs préparatifs, et soyons prM 
it les «Téter au moment de l'exécution. » 

Cet tmç adopté, le plan de défense et ffatlaque est aussitôt 



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THÉÂTRE DE LA RÉPUBLIQUE ET DES ARTS. 7S 

rèffi. Le consul ira la soir même )t l'Opén. Tons Im officiers- 
généraux, les militaires d'un grade élevé, reçoivent l'ordre de se 
trouver au foyer de ce théâtre. Bourgeoisement vêtus, ils s'y 
promènent pendant l'entr'actes, et leurs propos sérieux on pleins 
de gaieté sont étrangers de tout point à l'atTaire qui les occupe. 
Pas un mot, pas un geste qui puisse faire soupçonner qu'ils 
tiennent les fils de l'Intrigue. Le second acte commencé, les oflî- 
ciers se divisent, et vont se poster auprès des lanternes des esca- 
liers, des corridors; un nombre siiQisant veille sur la loge con- 
sulaire. Les grenadiers en faction k la porte de cette loge ont 
pour conaigDe de ne laisser ap^Hvcher que les personnes répon- 
dant au not d'ordre donné pour la soirée et pour i'Opéra seule- 
ment. La police avait introduit son régiment de satellites dégoi- 
aés. On marche droit aun loges pleines de conjurés , on frappe; 
ils n'ouvrent pas. On a recours alors k la clé des ouvreuses, m, 
très civilunent, ces amateurs sont priés de vider les lieux sans 
scandale et sans bruit. La mine est éventée, ils se résignent; on 
les enlève sans que le public eu smt averti. Les oSiciers-généraux, 
en faetioB prés des lanternes, exécutent ]%. même manceuvre avec 
la KÔme discrétion, le pistolet au poing. Un corps nombreuK de 
cavalerie entourait k doublerang la salle de l'Opéra; nul ne pou- 
vait entrer ni sertir. 
La Fcène du serment se prépara enlin. Le vieil Hwaee a dit : 

Jurez donc devant moi, par le ciel qui m'écoute, 
Que le dernier de vous sera mort ou vainqueur. 

L'i>rchestre«ttaqHe,etlepréladefatalafnppil'oreilladupfaBHer 
ooasul; mais lescons[Nrat«urs, saisis les mains pleines d'armes 
ou de ptëcea d'artifice, étaient déjà rénnis au rez-de^baossée, 
relmus, gardés soue les escaliers de la salle. Des voitures les 
avaient conduits en lieu sftr k la fia du troisième acte. Ce n'est 
qu'après l'opéra, quand le drame joué dans les corridors (ut ler- 
miné, que l'on put s'imaginer et s'apercevoir qu'il s'était passé 
quelque chMe d'eUraordinaire. Un reste de mouvement, d'agitar- 
tion, qui se manifestait dans le foyer rempli de curieux, semblait 
l'iBdîQiiM'} BUMonnewt pas prdciBément le mot de l'énigme. 



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Tli THÉ.\-mCS LYBIQUES DE PARIS. 

— Lt consi^tion fut déwf lée par un capitaine de Ea ligM. — Étnage 
iBodificalioo de la renelle humaine, ajooUit Napoléon , et jusqu'où ne 
Tout paa les cvinbiDaisou de la lolie et de la bélise 1 Cet ofBder m'avait 
eo horreur comme consul, il m'adoraft comme généra]. Il voulait bien 
que l'on m'airarbit de mon poste, mais îl eut été bien facbé qu'on 
m'otUla rie. II allait, disait-Il, se saisir de moi, ne pas me faire de 
mal, et m'envoyer i l'année pour ; conllooer de ttattre les ennemis de 
ta nance. Les autres conjurés lui rirent au nez; mais quand il vit dis- 
tribuer des poignarda et que ses Inlentlona étaient dépassées, il Tint 
Ini-même dénoncer le louC ■ Mimêrial de Sainta-EOinê, 

Le 30 janvier 1801, Peppe (Joseph) Arena, chef de brigade 
de gendarmerie, ayant donné sa démission après le 18 brumaire, 
frère de Bartolomeo Arena du conseil des cinq cents, Ceracchi, 
sculpteur, Corses ; Topino-Lebrun, peintre, élève de David ; pé- 
rirent sur l'ëchafaud; Demerville et Diana subirent ensuite la 
même peine. Le plus grand nombre furent déportés à Cayenne. 
Celle conspiration était républicaine. 

Apr^ une tragédie réelle et d'un intérêt si puissant, je reviens 
au jeu de la scène pour vous signaler une heureuse innovation 
que l'on remarqua dans cet opéra, nouveau seulement pour sa 
musique. Lays, Lefëvre, Dehau, s'étaient montrés sur le tbé&tre 
pour y représenter les trois Horaces chantants. Au lieu d'être en 
récit, comme dans la pièce de Corneille, le combat, mis en ac- 
tion, fut exécuté par trois Horaces choisis parmi les danseurs, 
et substitués adroitement aux chanteurs. Laioez, chargé du réle 
de Curiaoe, et les deux autres Albains eurent leurs sosies qui les 
remplacèrent quand il fallut tirer l'épée. Lays et H"* Maillard se 
distinguèrent en représentant Horace él Camille. A^en fut ad- 
nnrable dans la partie du vieil Horace. Cette réunion de talents 
ne put soutenir l'oeuvre nouvelle, dont le titre ne parut que cinq 
fois sur l'affiche. La musique de Porta n'était pas aussi muivaise 
que ses compositions précédentes , peut-être s'étatt-iil inspiré de 
la partition écrite par Salieri sur le même livret de Guillard, 
mise en scène le 7 décembre 1786, sans aucun résultat satis- 
faisant. 

Le claveciniste fameuxà qui nous devons la musique de Bornéo 



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THÉÂTRE DE LA RËPtJBUQUE ET DES ARTS. 77 

et Jvlittu, Steibelt, avait enteodu l'oratoire de la CHatùm é» 
Monde, à Vienne, en 1800. Ce bd ouvrage 7 fnt exécuté pour la 
première fois à cette époque; Haydn venait de le lenDiov; 
Van Svielen, ancien médecin de l'impératrice Marie-Thérèse, en 
avait écrit le livret. Steibett en apporte la partition \ Paris, en 
bit ane traduction en prose, que le comte de Ségur met ea ver- 
sicules rimes et non mesurés. Le pianiste ajuste ces paroles sur 
la musique, et les fait arriver de force ou de gré sous les mélo- 
dies de Hajdn. Ce rabobinage achevé, Shfibelt traite avec l'admi- 
nistration de l'Opéra pour l'exécution solenndle de cet oratoire 
lous sa direction. 3,600 francs lui furent comptée, le rîmeor en 
toucha a,e00, Ârard paja &,000 francs le droit de publier leur 
partition. 

Le 3 ntvose an IX delaTépnblique, 34 décembre 1800, jour 
mémorable par l'explosion de la machine infernale, dirigée contre 
le premier consul Bonaparte, on exécute à l'Opéra la Création. 
Garât, Chéron, H~** Barbiei^Valbonne, Branchu, tiennent les 
parties principales de ce chef-d'œuvre. Ce fut un admirable con- 
cert, on dit la Création sans aucun appareil dramatique. Steibelt 
avait épuisé toutes les ressources de son adresse pour «juster la 
prose miraculeusement barbare du rimeur sous les mélodies de 
Haydn, et son travail n'en était pas moins mauvais. Une autre 
version du même ouvrage allemand, faile par Desriaux, parut 
diezpleyel; elle est musicale et peut être chantée. Celle de Ségur 
estropie les phrases de Haydn et détruit les plus beaux ^ets dn 
ses chœurs. 

Dieu voulat ta lumière, et la lamière fui. 

Ce vers, qui semil bon partout ailleurs, est d'une stupidité 
phénomtoale eous le chant qui le reçoit. Le chœur pourra-4-il 
faire entendre le tonnerre harmonieux qui succède à de sombres 
accents, comme les rayons du soleil aux ténèbres du chaos? 
Fourra-t-il seconder le trait d'imilation du compositeur en faisant 
sonner une tenue stridente sur. cette malencontreuse syllabe fut, 
qu'on ne saurait prononcer qu'en fermant la bouche, en faisant 
la moue, comme dit le Boui^peois geottlbomme T Essayez le nu^me 



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78 TBÉAIItES LVUIQUES DE PjUUS. 

pusaga aveo oss mots : la btmiin ifrilla, vous obtiMdreK un 
rteoltat sonore, respleDdi&sant et victoneux. 

J« potirraiB faire eacora oinq cents observations critiques sur 
le gpctiie du ooble coiwte, veuillez bien vous coshiBter de cetle^Uu 
Fut! ce monosyllabe que l'iDeplie du parolier a kimIu raerroit* 
leui en celte occasion me rappelle uq outre prodige du uême 
geura: le monosyllabe 5t^.' placé parduUoUetaurun n li4««i 
aigu, ronde tenue par Alceste. Ce du Bultet traduit le mot ila-' 
lien ambra par àivinitea du S^».' bravo, ebarmanl, blea ion* 
giné 1 Vient ensuite tarve, et le brigand relaps, endurci dtot 
le crime, ose encore lui substituer sa périphrase immense, d» 
sextuple valeur, ditinitit du Styst! Omlire, âoal la rime ett 
douce, ayant sa cadence au quatrième temps, occupe une hhiIb 
mesure. Les cuivres répondent à la voix et sonaent quand eUea 
cessé de chanter. L'incommode loquacité du tripoteuf d<^t em» 
piéter nécessairement sur la mesure suivante, afin d'y jtoser sa 
rime dure sur le premier temps. Lu voiv est alors obligée de 
frapper sa note ossanlielle au moment où les cuivres éclatent, 
mugisseul à pleine emboudiure. Quelle syllabe éminemment 
sonore lui doone-t-on pour l'aider k lutter contre la tempête de 
l'orchestre? Styx.' oui, Styx.' quel'oncmindraitdeltasarderau 
milieu d'un récitatif. Slyx, mot d'un résultat sifflant et ridicule 
que les symphonistes n'ont jamais laissé vibrer jusqu'à notre 
oreille. Du RoUet tnuluit ensuite littéretement morte par tnort, 
sans se douter qu'en musique, un abîme sépare cas deux eipn»- 
sions, à cause de l'inégalité de leur mesure, de la naturede lenr 
accent, de leur cadence. Et les rimes dures substituées aux rimes 
douces dans le cliiBur d'inlroductiou de cette même Alcesu! stu- 
pideliceucequidélruitruccoi-d en faisaattomberles voix d'aplomb 
sur lee retards, Ic;^ aijpuyures de l'orchestre. Ëlc., tic., etc. Si 
bonne justice était faite, le gaclieux capable d'assassiner de Irile 
manière son musicien devrait être fusillé sur-le-champ, sanc 
forma ni flgure de procès. 

llevenons k ta Création. Cet orakûre de Hayda produisit It: 
plus grand effet. Les solistes, les chœurs et i'orcbestre se ooi»' 
porife-wt admirablement. Outre virtuoses, un chef du oiuat, 



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THSATRE de U RÉPUUJQUE et DBS ARTS. 7» 

on ebef d'orcheetra, qd clsTecinisie accompagBanl les récilatifi, 
cent cioquaate cborïstea et oeat cioguuite-sa sympboBislw, en 
tout trois cent treûa mu&icieng âguràrent à cette réunioD tokit- 
nelle. La première exécution de l'orataire de Haydn produisit, 
use recette de 33,974 fr. 85 c , U seconde, 10,3i8 fr. 09 c. 

Le prunier couul se rendait h l'Opéra pour entendre ce cod^ 
cert, quand U machine infernale éclata, non loin de sa voiture, 
dans la rue Saiot-Nicaise, vis-à-vis du magasin de l'Opéra. Cet 
accident ne troubla point la cérémonie, bien que la nouvelle s'en 
fftl répandue dans la salle. Ou la conta de tant de nianl^«s, qu'il 
n'y eut de certain qu'un événement, déplorable U est vrai, mais 
sans aucune inlenlion coupable ou politique. La version adoptée 
au parterre, et qui vint jusqu'à moi, fut, qu'un épicier, allant à 
sa cave, le soir, venait d'enOammw un baril de poudre, dont 
l'explOGioa avait fait sauter deux maisons. Le publie D'ea sut pu 
davantage Jusqu'au lendemain. Tous les abords de la rue Saint- 
Nlcaise étaiaot investis de manière à défendre la vérification des 
lieux. Pendant l'adagio qai sert d'introduction instrumentale à 
la Création, adagio que l'on exécute avec une extrême douceur, 
le bruit sourd d'une explosion, d'ua ooup de canon s'était fait 
entendre au loin, sans alarmer l'assistance. Un moment après, 
le premier consul parut dans sa loge avec Laanes, LaurisloR, 
Berthier et Duroc M*" Bonaparte, sur le point de monter en voi- 
lure, rraitra cbes elle pour changer qu^ue chose à sa toilette, 
ce retard la sauva. Dix minutes après, elle vint à l'Opéra; sa 
Allé, H"* Bortease de Beaubarnais, H*^ Hurat, le colonel Rapp 
l'accompagnaient. 

Aumer donne Iw JVocsi de Gamaeh», ballet comique; il y M- 
présente le cbevalier de la Ttiste-Figure, d'une maniera bouf- 
fenne. Le» Noc«ê d« Gamaehê firent foNune : le spectacle, les 
dansée offiraient des images très variées, m Jmtjw isdi. Panni 
les gentilles nu^, les nutnoUu élégantes qui dansaient aux 
noces , figurait la jolie Émilis Leverd , qui vint [dus lard se 
placer au premier rang k la Comédie-Française. H"* Leverd y 
brilla pendant vingt-cinq ans, et ne céda la souveraineté do 
lalmt qu'à U*^ Mars. Dans les représentalioli» qu'elle donnait 



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80 THEATRES LYRIQUES DE 1*AR!S. 

sur les tbéfttres des départements, Émiiie chantait fort bien des 
râles d'opéra comiqoe, tels que ceux de Clara, des Dettx iVt- 
lonnvn, de Denise de l'Épreuve viliagtoiie, cette dernière 
pièce lui permettait de se faire applaudir comme danseuse. 

Je cite pour mémoire Flaminiut à Corinthe, opéra en un 
acte. Quatre auteurs s'étaient réunis pour tomber ensonble le 
38 février 1801 : Guilbert-Pixërécourt et Lambert, Kreutzer et 
Nicolo Isouard. 

M*** Grassini donne un concert, suivi des Noea de Gamaehê: 
recette, 6,000 francs ; ce n'était pas payé. Alexandre Boucher, 
arrivant d'Espagne, révèle aux Français un beau talent de vjolo- 
oisle. Ii~* Grassini voulait bien chanter k l'Opéra, cette virtuose 
acceirtait avec reconnaissance la recette déposée par la foule de 
ses admirateurs ; mais elle se gardait avec soin d'assister aux 
r^résenlations de ce théâtre : — Pourquoi n'ailez-vous jamais 
& l'Opéra? lui disait-on; il faut entendre ses acteurs, ne fût-ce 
que par curiosité. — Je crains qu'il ne m'en reste quelque 
chose; » répondit la célèbre cantatrice. 

Je l'entendis alors, elle était dans toute la puissance de son 
talent et tout l'éclat de sa beauté. Le premier consul l'avait ame- 
née à Paris, il la fit chanter k la fête républicaine célébrée au 
Champ de Mars pour l'anniversaire du Ik juillet Huit cents 
musiciens étaient réunis pour cette solennité que l'on différa jus- 
qu'au 23 afin de donner aux vainqueurs de Mareogo le temps 
de s'y rendre. Deux régiments de grenadiers de la garde consu- 
laire arrivèrent au moment du concert. Je puis vous assurer que 
la prima donna Grassini, malgré tout son talent, n'avait jamais 
entendu des bravos et des applaudissements attaques et suivis 
avec un pareil enthousiasme. L'Opéra soutenu par de nombreux 
auxiliaires, tous les symphonistes, firent sonner le chceur de ia 
Caratane, La victoire eat à nom, k grand reafoit de trompettes, 
on ne les entendit pas : l'explosion de la joie publique e&çail, 
couvrait le bruit trop faiblement hamosieux. 

S'il n'est plus permis d'admirer la voix de M" Grassini, on 
peut voir son image à-o-Avignon. tin beau portrait de cette belle 
cantatrice, peint par M" Lebrun, est au musée de celte ville. 



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IBËATRE VE LA RÉPUBUQUE ET DES ARTS. 81 

Rodolphe Kreutzer, l'un de nos violooisles les plus habiles, 
remarquable pour ses compositions iDstramentales, contiaue au 
tbé&tre de la République et des Arts la carrière qu'il avait com- 
mcoicée plus heureusement b. l'Opéra-Comiqne. Astyatutt, par- 
Ulîon en trois actes, écrite sur un livret de feu D^aure, n'offre 
aucune de ces mélodies, de ces traits que l'on avait applaudis, 
quelques années plus tôt, dans Lodoï»ka, Paul et Virginie. 
Attyanax, opéra d'un style vulgaire, sera suivi de nombreuses 
composiUons du même auteur. Kreutzer va profiter dn crédit 
que sa qualité de chef des premiers violons de l'Opéra lui donne 
à ce théftlre, pour y verser des productions vocales du plus mau- 
vais gont, et dans lesquelles la scienco du musicien ne compen- 
sera nullement l'absence ou la trirîalilé des idées. Ce que j'ai de 
mieux k dire sur Astyanax, c'est qu'à la sixième représentation 
de cet opéra, Kreutzer exécuta dans la perfection un de ses meil- 
leurs concertos, qui fut dansé par M™* Gardel et Chameroy. 

Lainez espadonnaît vivement dans une scène i'Astyanax; son 
glaive, rencontrant un boucher de bonne trempe, se casse, ^t le 
fragment, qui s'en détache, va se loger dans l'œil d'un amateur 
paisiblement assis k t'orchestre. 

Devismes avait r^rïs la direction du théâtre et le gouvernait 
avec son système de dépense et d'activité. Plusieurs prétendirent 
qu'il abusait du pouvoir de délivrer des mandats de paiement, 
è( l'on sentit la nécessité de séparer la direction de l'administra- 
tioD comptable. Cette idée, bonne en soi, n'empêchait pas de 
conserver k Devismes sa qualité de directeur, puisqu'il savait 
donner tant de zèle et d'émulation aux artistes, et qu'il ne pou- 
vait plus disposer des fonds de la caisse. En révoquant Devis- 
mes, le but fut manqué. Cet habile directeur fut remplacé par 
Bonet de Treiches, ex-conventionnel, commissaire du gouverne- 
ment, qui, de son propre aveu, n'entendait rien, absolument 
rieo, à l'administration de l'Opéra. Cellérier garda son emploi 
d'agent comptable. L'année suivante il devint directeur; Éverat 
tut nommé chef de la comptabilité. 

Rousseau, ténor brillant et gracieux, qui charmait les dilet^ 
tantes par un style d'exécution suave et pur; Rousseau, que l'on 



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M ntUllEa LTBIQI» DK PARIS. 

anil appludi tut de fois daas t«8 rtl« â'OrpMi, d« Cal^gi, 
da RenaDd, nmrt h l'Age de trenta^ieuf ans. 

On câàbre au TbMtre dw Arts l'anDiTanain de la moit d« 
Piconiû par la reprisa de Didm, M 8 mai MOI. U"* Armand, 
^ s'était fait un ooio à l'Opéra-Comiqne, continDa ses débnb 
par le râle as la raine de Cartbage. Une r^réseatalioD de oet 
opéra fut donnée ensuite au bénéfice des eoEants de ce maltn. 
J'avais assisté, l'année précédente, à la cérémonie funèbn qne t« 
Conservatoire lui dédia ; j'y portais un rameto de eyprès, ainsi 
que tous les autres ètèves de ceOe éoole. Le Sueur lut un diaoonn 
va l'honneur de l'illustre défunt, et Oarat, Chéroo, Riclier, 
M"* {^leralier, chantèrent plusieurs oompositions de Plodnnl, 
dont on avait changé les paroles pour les hire cadrer avec la ct^ 
constance. Je n'oublierai jamais l'effet ravissant qne Oarat pro> 
duisit dans le Songe d'^ lys, en disant nn solo de ténor de quatre 
mesures. C'était la voix d'un ange : ses acoents délicieux vibrent 
encore dans mon «sur. 

M^° Clotilde-AuguBtine Maûeuroy brillait alon de tout l'éclat 
de son talent. Prunier snjet de la danse depuis 1800, o'eet la plus 
belle et la plus gracieuse femme que J'aie admirée h l'Opéra pen- 
dant dnquaote^uatre ans bien comptés. La plus Jolie et la plus 
sédnisantequi se smt montrée k mes yeux sur le même thé&tre pen- 
dant ce même laps de temps est Maria Heroandotti, je ne l'y reneon* 
tnti que Tingt^nn ans après. ClotUde avait en sa danse une inSnité 
de séductions qu'il serait difficile de décrire, nn certain mouve- 
ment de hanches , une manière de se pencher, de se dessiner en 
commençant une pirouette. S'il nous arrivait une autre Clotilde, 
fa danse noble reprendrait k l'instant son crédit, die exciterait 
des transports d'enthousiasme, d'ivresse, de frénésie, comme en 
l'an VIII de la république. Le prince Flnatelli, comte d'Bgmont, 
Bspagnol, figure en première ligne parmi ses adorateurs. A l'état 
de maison le plus somptueux, aux équipages admirables, il 
joignait UD hommage de cent mille francs par mois que la dan- 
seuse voulait bien accepter. L'amiral espagnol Mazaredo lui fit 
agréer quatre œùl mille fmncs de plus, afin d'furondir un peu 
mieux eetle rente «maelle d<j& satisftdsante. On cittit encore un 



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THËAIW DR LA HaiVniQUB ET MB AATS. 88 

banquiw francaia qut payait oent mille francs par bd 1« bonbear 
do «'asseoir 6 coté d'elle pendant sec repas ; il s'y oootenlolt de 
dérorer des yeux la dame de toutes ses pensées. 

Entrer dans dea détails au sujet du luxe asiatique de Clotilde 
lerait eu moins inutile, on ne me croirait pas. Elle a donné sou- 
vent un assignat de cinq cents ou de mille francs pour aoqulttM* 
une dette minime, quelquefois pour payer une bagatelle, une 
pairq de souliers , un éventail des plus simples. Soit génén»lM, 
soit paresse, elle ne voulait pas prendre la peine de changer un 
de ces papiers-monnaie qui pourtant représentaient encore It 
moitié, le tiers de leur valeur Indiquée. Elle était benne et cba^ 
rilaMe comme H"* Ouimard; les choristes, figurantes, oom- 
I»rBes, recevaient de sa main des secours plus que suffisants, 
quelquefois magnifiques. 

— H"* George est une belle statue. H"* Clotilde est une créa- 
ture admirable. » Voilà ce que disaient les connaisseurs de 
l'époque. Avec tant de succès en galanterie, tant d'or et d'ap- 
plaudissements, Clotilde était malbeureuse. L'exercice de la 
danse provoquait en ce beau corps un trouUe singulier, des éma- 
nations, qui pourtant n'étaient pas sans charmes pour certaine 
dilettantes, des émanations s'en échappaient, et le musc dont la 
ballerine ftiisoit un usage constant ne pouvait pas les corriger, 
les neutraliser. Ce désagrément la préoccupait au point de nuire 
h ton repos. 

Séduit par un attrait aussi puissant, Démétrius -Poliorcète 
•urBJt donné trois villes à M»- Ciolilde pour obtenir une heu- 
reuse position sous le zéphir qui répandait au loin ces atomes 
parfumés. Après avoir fait admirer sa danse, une joueuse de 
flûte célèbre exlialait une senteur qu'on eût dite émanée d'une 
herbe aromatique; aussi le roi Poliorcète l'avait- il surnommée 
Sytimbrion, scrptrtct. 

Une infiniment jolie débutante enleva le prince espagnol à 
cette raine de la danse, h la Vénus qui tous les soirs recevait la 
pomme donnée par le berger Vestria. Ce premier succès de M"* Bi- 
gottini, cadette, fut signaiécomme un événement de la plus hai}te 
importance & l'Opéra. Des triomphes d'uji autre genre devient 



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g* THÉÂTRES LTBIQUES DE PARIS, 

amener bientôt la jeune virtuose au rang suprâme des ballerines 
qu'un double talent faisait applaudir. J'ai déjà parié d'une figa- 
raote ayant nom Bigouini, c'était la sœur ainée de la débutante, 
sœur consanguine et beaucoup plus agèe. Née h Toulouse d'une 
mère languedocienne, la cadette appartenait il notre nation. 
Son père, Bigottini, de Rome, acteur excellent, avait débuté, le 
17 avril 17T7, à la Comédie-Italienne, par le rdle d' Arlequin dans 
Arlequin Maître de moêigue, Arkquin Esprit foUel, dont il 
était l'auteur. Il y changeait de costume et de masque avec une 
prestesse étonnante. Le thé&tre d'Audinot, maintenant l' Am- 
bigu-Comique, fut témoin des brillants essais de M"* Bigottini, 
qui, d'une seule emjambée, vint se placer au trône académique 
en 1801 . Belle-Sœur de Hilon, elle ât de grands et rapides pro- 
grès à l'école de cet habile maître. 

Le roi de Prusse Frédéric II se plaisait à marier les plus beaux 
hommes aux plus belles femmes, genre d'horticulture qui devait 
lui donner des grenadiers de haute et galante futaie. De lui- 
même et sans effort, sans l'intervention d'une volonté souveraine, 
Boieldieu, notre aimable musicien, épousa Clotilde Hafleuroy (e 
Idmars 1802. C'était un couplecharmant, bellaeoppia, bella cop- 
piainverità.' C'étaientdes époux assortis à merveille au regard 
de la beauté gracieuse des formes. Les délices de cette union furent 
telles, sa lune de miet tourna si tôt à la forme du croissant de la 
chaste Diane, que notre ami Boieldieu prit la fuite et ne s'arrêta 
qu'k Saint-Pétersbourg, afin de se dérober à l'excès de son bon- 
heur extrême. Stjle académique, prose lyrique i'Iphigénie en. 
AuHde, rimée par du Rollet, qui n'avait pas même arrangé la 
tragédie de Racine en livret d'opéra. Ce travail, fait en itdien, 
était du comte Algarotti. 

Parti le IK avril 1803, Boieldieu touchait à peine aux fron- 
tières de la Russie, qu'il reçut un message d'Alexandre; ce mo- 
narque lui conférait le titre de son maître de chapelle. 



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XIX 



Be IStt k 1M7. 

Le roi et 1& reine d'Ëtrnrle préeeuUe an peuple sonteniii. — tti Myiièrei 
i'Uii, pMtlcbe. — Catel, Sémiraadi. — Winter, TofiA-bM. — 000,000 francs 
de lubreatioD. — Pftitiello, Proterplne, —SaH, puUche, ontoiremiB en 
■etioii. — Jnaeriim ou CAmour fiigftff. — L'iconodMte Rey. — Le Suenr, 
In Baria. — Dupert, ÂtU et Galahét, bUlet — Bluiginl, NeptUali. — 
Pûtil «I Virginie, b»Uet — Albert, M" Bigottinl. — Daport et Yeatri». — 
■■• Catalsni , TuloD. — Caitor et PdUkx de WinUr. — Ut^ue, ballet. — 
TiMe t4Miibant da baat dea alra. — Une danMOBe de soiiante- quatre ana. 
— m^m, lei cymbalM brisdee. — Les lemei et les triolets. — Vlngt-dnq 
tUitres aupprlmés i Paria. — Lm JnlA et les tbéâtras. 

Les infaots de Panne, destinés à régner en Toscane, étaient à 
Paris; le premier coosol avait tenu beaucoup à leur faire tra- 
verser notre capitale, avant de les envoyer k Florence , prendre 
possession du petit royaume d'Étrurie. Le général Bonaparte se 
plaisait aux. contrastes, il voulait montrer un roi fait par lui, de 
ses mains républicaines ; la scène était neuve bien qu'imitée des 
Romains. On reçut les jeunes souverains sous le nom emprunté 
de comte, de comtette de Livoume. L'incognito donnait le 
moyen de supprimer les embarras qu'aurait suscités la quaUté 
de m, de reine. Le premier coosul devait, à l'Opéra, les pré- 
seoler au public de Paris. Le jour convenu pour cette cérémo- 
nie, il fut indisposé. Le second consul le suppléa; Cambacérës 
introduisit les infants au TbéUra de la République et des Arts. 



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86 THËATHES LYRIQUES DE PASIS. 

Entré dans la loge consulaire, il prit le comte de Livourne parla 
main et le présenla galamment au public, qui répondit par des 
applaudissements unanimes. 

La révolution avait mis en fuite le Morel, tyran fort peu délicat 
de l'Académie royale de Musique. L'ours mal léché quitte sa 
tanière et signale bientôt sa présence. Le 23 août 1801, Morel 
et Lachnilb, sans respect pour le divin Mozart, pour l'honneur 
français, qu'une semblable turpitude allait outrageusement com- 
promettre, s'emparent de la Fiûte enchantée, la parodient, et la 
livrent au public sous ce titré : les MytUret d'Isis, après l'avoir 
indignement lacérée, après avoir remplacé les morceaux suppri- 
més par des fragments des ffosze di Figaro, de Don Giovanni, 
des symphonies de Haydn. Comment avec tant de ricbesses n'a- 
t-on fait qu'un pastiche ridicule? 

Le* Uù&es d'Isi», tel est le nom qua les musiciens de l'or- 
ohettre donnèrent à ce gâchis. 

Le dérangcur Lachnith , le démollsKur ignare des opéras de 
Mozart, prit un sOir place au balcon pour assister à la représen- 
tation des MystèTes d'his. Attendri jusqu'aux larmes, et duis 
UB transport d'entiiousiaune, d'admiration pour «m œuvre, il 

B'Acria : — C'en est fait,., je ne veux plus compwer d'opéra 

je ne ferais jamais rien de mieux. » Où l'amour-propre va-t-il se 
nicher? 

IsiO octobre, socoad concert donné par H"" Oraiiinl, suivi du 
JHtttiewr, ballet ; la recetto s'élève cette fois h 18.868 fr. 53 o. 

Le ft7, Éviiina, PygmaHon, M"' Clotilde leprôsenle Galathée; 
M"* Bigoltini débute avec beaucoup de succès par le rôle de Del- 
phide; elle prend ensuite celui de Psyché dans le ballet de G»~ 
àti, fit sa victoire est plus éclatante. 

£* Cuiijnè et les Colombe*, opéra en un acte, de Gaillard et 
CoUin d'Barieville, musique de Orétry, n'a que trois représenta- 
tiOM. Je me souviens d'une jolie romance. Le farouche dieu dm 
«owMs, que J'eAtcndis composer par l'auteur de cette parti- 
Qon. 4 DoraBibn iBtl. 

Adrim, de Méhu), est rc^ avec des cbaDgemeotB, et n'ob- 
itiaot que drax repiéMatatiuie. 



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THËATBB J3S LA RËPUBUQUE ST OB» ARTS. St 

Le Rstous" de Zéphire, ballet en deux actes de Gardai, mailque 
de Steibelt; succès, a nu» ma. 

Chant des Bardes e» i'honnenr de la Paix et de» Héroi fratk-\ 
çaù, dans le genre gaUlque, Tel est le titre d'une cantate de\ 
Baour-Lormian et Le Sueur, exécutée k l'Opéra le Ik avril 1803. i 

Le jour d« PAqueSi 18 avril, le concordat fait avec le «aint 
siège, le IS juillet précédent, est proclamé solânnellemeat en 
France. Les conauls vont le présenter au corps législatif, qui 1» 
sanctionne, et se rendent ensuite en grande pompe à Notre* 
Dame pour remercier Dieu du rétablissement de la région en 
France. Lee musiciens de la chapelle consulaire et du Théâtre 
de la République et des Arts sont réunis pour chanter une messe, 
un Te Dewn, Paieiello, maître de chapelle des consuls, compose 
pour cette cérémonie une messe à double chœur ti double or- 
chestre, exécutée par deux cents rausidens placés à droite, M 
deux cents h gauche de la grande nef. 

Desriaux avait fait un livret d'opéra de S^irattm, tragédie 
de Voltaire; on attendait avec impatience la partition de cet ou- 
vrage, écrite par Gâte), l'un des meilleurs professeurs de conw 
pûsition du Conservatoire. Le ténor Roland, éUre de cette école» 
devait faire «on entrée au thé&tro par le réle d'Arsace. Le succès 
ds l'opéis nouveau se répondit point k l'espérance des nombreux 
amis de Gat^ Heprëseotée le & mai 1803, Simiramit ne parut 
sur la scène que vingt fois en deux ans. 

NiTiette ou k Capriei amourev», ballet en iTOfe actes, de feu 
Haximilien Oardel. is JuiUn ibol 

i^rrivée meurt au cbatrau de Vinoennes le 7 août 1802. Son 
frire aîné, demeurant k Meudon , atteint de la même maladie, 
cesse de vivre le même jour, h la même heure. 

ConUi débute le 88 aout dans tet liyttirei d* Ad ; ce danseur 
devint plus tard maître de btdlets de l'Académie royale de Mu- 
sique. 

Winter, qui s'était fidl un nom en Allemagne, donne k Paris 
ronurten, partition écrite sur un livret que l'Inévitable Morel 
avait taillé dans tOrpheUn dé la CMne, tragédie de Voltaire. 
ToÊturiait. n'est représenté quê douze fois en doose mois. 



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s LYWQCïS DE PABIS. 

ViUotesu , qui depuis a publié plusieurs ouvrages sur la mu- 
sique, imprimés aux frais du gouverDement, arrivait d'Egypte; 
il était du nombre des savants adjoints h l'expédition commandée 
par le général Bonaparte. ViUoteau rentre gaiement k l'Opéra le 
12 octobre 1802 , pour y Jouer le rOle de Panurge. 

Jeune, belle, au moment de ses triomphes les plus éclatants, 
Louise Cbameroy meurt à l'âge de vingt-trois ans le 13 octobre. Le 
curé de Saint-Roch fenne les portes de son église au corps de la 
danseuse, qu'il croyait excommuniée; et, parmi les nombreux 
amis qui rendaient les derniers honneurs h cette virtuose, nul 
n'a l'idée de taite l'eihibition des lettres patentes données par 
Louis XIV à l'abbé Perrin , le 28 juin 1669, pièce probante qui 
garantit les acteurs de l'Opéra des foudres de l'Église. Un vieux 
almanac^ des spectacles, ouvert au bon endroit, imposait sil^ice 
à l'opposition, en lui faisant reconnaître son erreur. Un ecclésias- 
tique mieux instruit, desservant l'église des FiUes-Saint-Tbomas, 
s'empresse d'accueillir les restes de l'infortunée ballerine, et de 
leur accorder les cérémonies de la sépulture chrétienne. La 
conduite du curé de Saint-Roch fut désapprouvée, même par 
l'archevêque de. Caris, qui témoigna son mécontenlement en 
ordonnant une retraite de trois mois à ce pasteur. — Aûn que, 
rappelé à ses devoirs par la méditation, il pût se souvenir que 
Jésus -Christ commande de prier môme pour ses ennemis. » 
Cette phrase ûgure dans un petit article rédigé par te premier 
consul , et qu'il lit insérer dans le Moniteur universel. 

M"* Chameroy mourut à la peine et d'une suite de couche ; 
puisée, excédée par le travail et la fatigue. M"* Gos^n ainée, 
devenue M*" Martin, fut ensuite une autre jeime victime du 
même genre. La danse théâtrale, les exercices journaliers né- 
cessaires , indispensables pour former un talent et le maintenir 
à sa hauteur, exigent une continuité de labeur et d'efforts dont 
le public ne se fait point une idée, même imparfaite. 

M°" Mara, la célèbre, la ravissante cantatrice qui charmait la 
cour et la ville en 178i, revient à Paris et donne un concert à 
l'Opéra. Sa manière de dire le récitatif est toujours admirable, 
mais sa voix n'a plus assez d'édat et d'énergie pour les gtvadz 



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THÉÂTRE DE LA. RÉPUBLIQUE ET DES ARTS. 89 

efléts dramatiques. H™ Grassini , dans toute la puissance de 
son talent , est un objet de comparaison funeste pour H** Hara, 
dont le tort principal était d'aroir ajouté deux ans à son deml- 
siëcle. £Ue Qt peu de sensation. la recette du dernier concert 
que cette virtuose venait de donner à Londres s'était élevée & 
27,000 fr. M°" Mara cessa de vivre k Revel en 1833, âgée de 
huitante-quatre ans. 

Le Thé&tre de la République et des Arts est mis sous la sur- 
veillance d'un préfet du palais. Horel en est directeur, Bonet de 
Treicbes administrateur comptable. Arrilé des consul* du Q fri- 
maire an ¥1. 

Les trois consuls, les ministres de l'intérieur et de la police, 
ie général Junot, les citoyens Haret, secrétaire d'état, Rœderer, 
Coulon, secrétaire général du ministère de l'intérieur, occu- 
paient, gratis, dix-sept loges à l'Opéra, formant ensemble un 
total de 9i places. Bonaparte se fit donner l'état de ces non- 
valeurs annuelles, et, le 26 frimaire an XI, l'enrichit de l'apos- 
tille suivante : 

— A datter du 1" nivôse, toutes ces loges seront payées par 
ixux qui les occupent. Bonaparte (1). » 

Ces deux lignes autographes du premier consul firent entrer 
60,400 francs dans la caisse de l'Opéra. Bonaparte prêchait 
d'exemple, sa part était de 15,000 francs, s décemiire issa. 

Une indisposition de Saint-Amand fit la fortune de Duport; 
on eut recours à ce danseur pour représenter Zéphire dans 
Psyché. Duport dansa d'une manière si parfaite que le public le 
{Hit en affectjon. La réputation brillante qu'il s'estacquise ensuite 
date de cet heureux jour. 

Lucas et Laurette, ballet en un acte de Hilon, musique de 
F. C. Lefebvre; succès. 

Grétry, comptant alors sa soixante-deuxième année, termine 
sa carrière musicale par Delphis et Mopsa, pastorale en deux 
actes, que le public accueille froidement. 

(1) Cette pièce corimM lUt pvtle de la collaetion de H. Régnier, de 1» 
Comédie-Françwae. 



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M raËATRSS lyheqiw de paru. 

— AiTélé deg CoDsoli dn 30 ploviosa an XI (10 juTier 1803). 

• Artidc I". Le préfet du pelais » qui a la lorTeiUaDoe du Théfttr* 
des Ai'U, n'est chargé d'aucuiw cooptabililô. 

t II. Sous lui sont : un directeur, un admiulatratenr comptabla, tons 
'noDiDiée par le premier ooueul.,.. 

■ IX. Peudaut l'au XI, le ministre de l'intérieur ordonnancera 
50,000 fraocs par mois au profit du TiiéAIre des Arts. L'ordonnance 
sâra délivrée à l'admiDiBlrateur comptable.... 

« La recette dii caissier se compose : 

B 1° Dea recettes jourualiËres faites k la porte du théâtre; 

» 2° Dn produit des loges louées à l'année ou par représentation; 

■ S" Des fonds de supplément versés par le trésor public, ^ 

Voilà 600,000 fraocs de subvention comptéE, non pas en usi- 
goatB, mais en monnaie de cours, en pistoles bien trébucbuiles. 

Sans bruit et sans cérémonie aucune, le premier consul éli- 
mine, soustrait le mot de république du titre de l'Opéra, qui 
redevJeDt le Thé&tre des Arts. Le public avait déjà fait cette sup* 
pression. Voyez Molière musicien, tome i, page sot. 

Di^hnis et Pandrosa ou la Yengetmee de l'Amour, ballet 
anacréontique en un acte, de P. Oardel, musique de Héhul. 
U juvisr IBOS. 

Louis Dérivis débute dans kg Mystères d'Isis par le rôle du 
grand-prétre Zarastro, le 11 février 1S03. Bel et bon acteur, voix 
de basse bien caractérisée et bien sonnante, il réussit h merveille 
dès la première soirée. Son camarade Louis Nourrit, sorti comme 
lui du Conservatoire, n'obtient pas moins de succès le 8 mars 
suivant. On admire sa voix de ténor, pleine, élevée, suave, sonore, 
dans Armide : c'était un Benaud précieux. Telle était la défiance 
qu'inspirait la jetmesse d'un nouvel acteur, que l'on ne permit 
point à Dérivis de prendre sur l'affiche le titre A'élite du Cott' 
êwcatoirê. Le débutant avait à peine triomphé que l'on offiit de 
le lui rendre i Dérîvis refusa de l'accepter. 

Le premier consul voulut que son maître de chapelle, son 
musicien favori lui donn&t un opéra français, et vint à son tour 
se signaler sur la scène oii Piccinni, Saccbini, Salieri, ses oom- 
patriotes avaient obtenu de si brillants succès. GuiUard baill un 



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tHËATIlB MX ARtS. 91 

(iTTet AVM iK FroMfpine de QuioauU, et PalsieHo se mit à com- 
poser n&e iMiptde et hagae partitloo aur cette pièce radoubée, 
dont l'iDtérët dramatique était & peu près nul. La haute protec- 
tion accordée au maître Italieb il'empéohe pas do tout Proserpitu 
de redescendre aux enfers. Cet opéra n'eut que treize représen- 
tetioai; on y bftilloit à se disloquer la mâchoire. Deux morceaux 
ont survécu pendant quelque temps à cette lourde chute : l'air de 
Cérès, Déiêfti écartas, sombres tietui / le duo, Rmdet-moi donc 
It bim tjui m'était dsêHné. On applaudit en ce dtio la cadence 
Aàblie d'tdwrd sur la tmisième note du ton, arec tierce mineure. 
Cette cadence, déj& trouvée par Majo, et dont Rosslni et ses imK 
ttwure ont UAd loi^^ent, était alors une précieuse et piquante 
oouTeftuti. 

Après M dernier essai malheureux, nos paroliers respectèrent 
QUinault, ou plutôt l'abanâonoèrent à son infortune trop souvent 
constatée ; n'osant plus s'aventurer & talUer, rapiécer, rt^ustcr sa 
friperie lyrique ou non. as diam isos. 

Afin de remplacer les concerts spirituels, on imagina de donner, 
ft l'Opéra, pmdant la semaine sainte, un oratoire mis en action. 
Soûl, pastiche arrangé par C. Kalkbrenner et Lachnith, sur un 
simaiave de livret fabriqué par Desprès, Dedchamps et Morel, 
fut exécuté le 6 avril 1803. La musique en était choisie dans les 
ceuvres de Mozart, de Haydn, de Cimarosa, de Paisiello. salur 
taris hostia, trio de Gossec, sans orchestre, y fut chanté sur des 
paroles franoaiiea. 

Citons en passent Mahomet If, opéra en trois actes, de Saul- 
nier et Louis Jadib, qui ne fut représenté que trois fois, lo wai. 

En 1808, dans la même saison, sans bruit, sans pompe, sans 
Mat, on mit co sépulture trois femmes qui, pendant un demh 
•iàole, avaient rempli la France de l'édat de leur beauté, des 
pompes de leur talent, du htuit de leurs amours : mesdemoiselles 
Amonld, Clairon, Dumesnil. Sophie Aniould demande b se con- 
fesser ; elle raconte à son caré, celui de Saint-Germaln'rAuxer- 
tois, toutes see passions profanes. Comme elle lui pariait des 
Jalonaes hireura ^ Comte de Laaragais, odui que Sophie avait 
le ^vu aimé, ]» mué lui dit : — Ma pauvre âUe, quds nauvals 



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92 THEATRES LYRIQUES DB PARIS, 

temps TOUS avez traversés ! — Hélas l s'écria-t-elle avec des lar^ 
mes dans les yeux, c'était le Ixm temps! Tétais bien malbea- 
reuse ! » 

Ce trait du conir doit consoler de tous les traits d'esprit de 
Sopbie Antouid. 

Le 30 septembre, on représente Armide, et )& spectacle, qui 
précédemment commençait à six heures du soir, ne commence 
qu'à sept heures. Cet usage s'est conservé depuis lors. 

Anaeréon ou l'Amour fugitif, opéra en bois actes. C'est sur 
une malice fùte jadis, bien avant nos révolutions, par Cupido, 
l'espiègle, au vieux troubadour de Théos, que deux paroliers, 
Aignan et Hendouze, équipent un livret pour Cherubini. La Fon- 
tatue a traduit l'ode qui dous a transmis le souvenir de cette per- 
fidie. Le livret anacréontique parut fort ennuyeux et d'une froi- 
deur glaciale. On accueillit cependant plusieurs scènes avec des 
transports de gaieté, surtout lorsque Anacréon, s'adressait à 
son odalisque favorite pour lui demander à boire, lui dit : — 
Egclane intéreitante. Les éclats de rire empêchèrent, pendant 
cinq minutes, l'acteur de continuer. Cbenibini réussit pourtant 
malgré ses paroliers malencontreux. Lays se complaisait dans 
tes rOles de poètej de musicien, couronné de lierre, de pampres 
ou de fleurs, 

Animé du triple délire 

Des vers, de l'amour et du vin. 

Le succès i'Anaaréon chez Polytrate l'avait mis en gont. Je Ô- 
lerai dans l'Anaeréon de Cherubini, l'ouverture, que te Conser- 
vatoire nous redit encore. L'air de Corinne, Jeunes fUlet au ro- 
gard doux , d'une mélodie suave , d'un tour gracieux , et dont 
les formes ont été si souvent imitées. Cet air a joui du tri[de 
succès de la scène, des salons et de l'école. De nos eofwre pun, 
quatuor harmonieux et solennel. Dam ma verte et belle je»- 
nesse, trio d'un effet brillant et pittoresque. L'orage a pris son 
rang parmi les tempêtes les plus renommées que l'on ait lait 
tenner sur nos thé&tres depuis AUyone jusqu'à Guiliaunte Tell. 
Quand on exécuta pour la première fois l'ouverture à^Anaeréon 
au coocert philbanuonique de Londres, l'admiratioD fut telle. 



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ACAl^HIE IMPÉRIALE DE IfDSIQfiE. 93 

qa'oQ voulut entendre trois fois de suite le nouver œuvre de 
Cherubinj. 

4 octobre 1803. SotiTenez-Tous de cette date; c'est la dernière 
ouverture bonne, belle, complète, que nous aurons à signaler 
dans le conrs de cette histoire. Depuis lors on n'a fait, & notre 
Opéra, pour notre Opéra 1 que des essais honorables ou malheu- 
reux en ce genre. Plusieurs, certains d'y succomber, ont pris le 
parti d'éboi^net leurs opéras, en les donnant sans ouvertures. 

Àdrim, de Méhul, est repris encore et c'est pour la derolëre 
fois; s'il arrive à sa dix-huitième représentation, ce n'est pas 
sans peine. 

Le Cmmétable de Cliison, opéra en trois actes, d'Aignan, triple 
galimatias dn musicien Porta, ne tombe pas tout k fait. A la 
honte du public parisien, cette nouvelle turpitude, élaborée par 
an des fabricants de la Réanton du 10 Août, paraît dix-huit fois 
sur l'affiche en deux ans. 

Porte ailleors ta musique. Porta, 
Porte ailleurs ta mnsiqne. 

Tel est le reA^n d'une chanson satirique, dirigée contre l'au- 
teur du Catmélabk de Cliaon. La punition n'était pas propor- 
tionnée au crime. 

Le Pavillon du CaHfe, opéra en deux actes, de Desprès, Des- 
champs et Horel, musique par Dalayrac, n'a pas tant de bonheur ; 
on l'abandonne après la quatrième représentation. Un joli trio 
s'y fait remarquer. C'est le seul ouvrage que Dalayrac ait écrit 
pour le Thé&tre des Arts. Après la mort de ce musicien, le Patil- 
lon du CaHfe, devint un opéra comique, prit le titre du PaciUon 
dei Fletirâ, et fut remis en scène à Feydeau pour y tomber une 
seconde fois en 1823. 

Le Théâtre des Arts prend le titre d'Acadinie impériaie de 
Mueique .- septième changement. 

Napoléon Bonaparte, empereur des Français, voulait que les 
musiciens de sa chapelle, dont l'office était de louer le vrai Dieu 
mélodieusement, in hymnU et coMicis, in tyvtpano bene s<mante, 
fussent devrais chrétiens. Quelques nqiports confidentiels aver- 



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U IV£ATBi» l^YHIQUISI DB FABW. 

tireut Nftptléou que Rey, cbef d'orolieatre de VAcadtew imp^ 
riale de Uusique et de la chapelle impériale, avait en ton LogiB 
un oratoire mystérieux dans loqud U rendait un culte fetrest k 
je ne aait quelle divinité païeoofi. La statue de sa déesie élai 
soigoeuseraeut cacbëe, aucun profane regard ne pénétrait dtni 
ce sanctuaire, oii le Qdële musicien était chaque jour tdte Ji t^le 
avec l'objet de son adoration. I^ oraisons, les hymnes qu'il 
chantait pour supplier, pour honorer sa patronne favorita rêvé' 
l^nt enûn le secret. Liberti! Lit/trté ahéri»! tel était le refrain 
entonné soir et matin dans son retrait, par le pieux virtuose fc 
genoux avec accompagnement de violon, ritoumeUes Qeuriei, 
barpëges savamment conduite. 

Go effet Rey, fanatique d'un autre genre, avait posé sur un 
autel une jolie statue de la Liberté. La donzelle n'était que de 
pl&tre, j'en couviens, mail il avait pris soin de sa toileiie. Un 
ruban tricolore serrait sa taille, un bonnet phrygien de drap 
rouge superflu, tous les matins brossé, couvrait sa belle tête 
grecque; c'était un vrai bijou, c'était un amour de Liberté. Je 
ne vous dirai pas pourquoi ce culte bizarre, cette fantaisie d'ar- 
tiste, faisait froncer le sourcil de Napoléon, qui pourtant regar- 
dait en pitié cette pauvre déilé détrônée et recluse. Homme 
d'esprit , il voulut en avoir raison sans recourir à des moyens 
qu'il dédaignait d'employer. 

Etey s'était bien comporté depuis quelque temps; il avait bit 
son devoir avec zèle et talent, avec décence même I chose très 
méritoire pour un musicien que Napoléon avait rappelé plus 
d'une fois h. l'ordre. Ses boutades ne plaisaient pu du tout b 
. ren^>ereur ; surpris des écarts singuliers de son chef d'orohei- 
tre, de sa pantomime plus burlesque encore, quand il en don* 
nait le spectacle dans la chapelle de Saint-Cloud, Napoléon lui 
dépécha Duroc pour lui demander sérimisement l'adresse de 
l'bonnéle cabaretier chez lequel il s'^t abreuvé le matin avant 
la it^esse. Le monarque indulgent avait pardonné cette faute; 
Bey s'était signalé dans Je ne sais quelles fêtes, on en célébrait 
tant alors I Napoléon voulut le récompenser ; il ordansa qu'une 
gratificatiOQ de 3.<KKI fnutcs teialt offerte à son chef d'otdiMtrf, 



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AOADâmE mPËniALB DE MUSIQUE. 9S 

et qa'on la lui compterait en Acus neufs, à l'efflgle impMale, 
pour donner plus de poids à la munificence du souvenln et 1a> 
rendre plus éclatante. 

Rey trouve ses trente piles rangée» en bataille chez le trésorier 
du palais ; il les eOt emboursëea de wnBance, on exige qu'il les 
compte et vérifie, il fallait que ses yeux, son oreille, fussent éga- 
lement satisfaits et séduits ; le musicien accepte de grand cœur, 
charge ses trois sacs de mille francs sur son bras, et ne fhit 
qu'un saut des Tuileries à la rue Saint-Hyacinthe-Selnl-Honoré. 

Furieux, il entre dans son oratoire, et, e'adressant h sa statue, 

lui dit mais non, je ne puis pas répéter ici les injures dont il 

l'accabla. Le cantique était brutal. Infâme, il sonnerait trop mal 
à votre oreille. En voici le refrain : — Coquine! et j'étais asscE 
sot pour t'adorerl Fainéante, ouvre tes yeux, ouvre-les, te dis-je; 
vois ce que j'ai reçu de la tyrannie ! Contemple ces (rois sacs 
d'écus neufs, brillants et sonnants ! M'as-tu jamais donné la mil- 
liëme partie de ce qu'ils renferment? Ingrate, cœur de plâtre, 
idole stupide, etc. » Comme la Liberté ne répoudît pas un seul 
mot, le musicien conclut qu'elle s'avouait coupable, et la mit en 
pièces en lui jetant un sacd'écus à la figure. 

Que de gens qui ne savent pas même la gamme ont traité la 
Liberté d'une manière aussi cruelle, et que de fois on lui a brisé 
la tête avec des sacs d'argent 1 Je pourrais donner cours à mes 
rëQexions philosophiques, déplorer la corruption du siècle: 
j'écrirais peut-être de fort belles choses, si je voulais répéter ce 
que d'autres ont dit avant moi. 

La veille de la répétition générale des Bardes, le machiniste 
en chef, Bouley, qui, par fantaisie, couchait dans les bfitiment« 
de l'Opéra, se lève pendant la nuit et vient inspecter les décora- 
tions disposées pour la manœuvre du lendemain . n entre sur un 
pont non attaché par le bout opposé, s'avance, le plancher foisant 
la bascule, Bouley tombe et se blesse mortellement. 

Le 10 juillet 1804, première représentation de<i Barde», opéra \ 
en cinq actes, paroles de Deschamps et Dercy, musique de 
Le Sueur. Succès brillant, recettes longtemps productives. Après 
le troisième acte, l'empereur fit appeler Le Sueur par le maréchal 



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M THÉATBES LYRIQUES DE PARIS. 

Bessières, afin de lui témoigner toute la satisfactiou que cet 
ouvrage lui faisait éprouver. Napoléon était bref dans ses haran- 
gues ; après quelques mots de compliments, suivis de la réponse 
de Le Sueur, celui-ci, se préparant à sortir de la loge impériale, 
s'inclinait ; Napoléon le retint vivement par son habit, lui disant : 
— R^tez là, jouissez de votre triomphe jusqu'à la fin, » ce qui 
fut remarqué par le public et fort applaudi. — Votre quatrième 
acte est saperbe, mais le troisième est inaccessible ; je vous donne 
la croix de la Légion-d'Honneur, s ajouta Mapolëon. Il envoya, 
quelquesjoursaprès à LeSueur une tabatière en or, sur le bord 
intérieur de laquelle sont gravés ces mots ; l'empereur deg Fran- 
çais à fauteur de» larde». 6,000 francs en billets étaient dans 
cette riche boite. £n la remettant au chambellan qui devait la 
porter, il lui dit : — Ne manquez pas d'affirmer à Le Sueur que 
ce n'est point une faveur que je lui fais, mais un hommage que 
je rends & son œnvre sublime. » 

Plus tard, 6,000 francs de gratification viennent récompenser 
encore Le Sueur; Napoléon les lui donne en reconnaissance des 
. belles recettes que les Bardes faisaient Mre à son Académie 
impériale de Musique. La reine de Prusse envoyé une bague 
I superbe en diamants à Le Sueur en échange de la partition des 
I Bardes; elle en avait fait la demande k l'auteur. Il est bon de 
le remarquer; tant de musiciens s'empressent aujourd'hui d'ex- 
pédier leurs partitions k des souverains afin de les obliger à se 
montrer généreux. 

On venait d'exécuter les principales scènes des Bardes aux 
Tuileries, dans un concert, l'empereur dit au pape, au prince 
primat, à six rois qui figuraient parmi l'auditoire ; — Convenez 
que l'Italie et l'Allemagne s'honoreraient d'avoir produit un sem- 
blable chef-d'œuvre. » 

Il faut être bien sAr de son épée pour oser tenir de semblables 
propos. 

Lainez, Chéron, Lays, H"' Armand, remplissaient les princi- 
paux rôles dans les Bardes. Douze harpes sonnèrent dans l'or- 
chestre pour accompagner les chants calédoniens. Les deux- 
frères Naderman, Plane, Darondeau, Poignet, Callault, Veruier, 



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ACADEIOE IHPËRIALE DE MUSIQUE. 07 

GeliDeck, Cousineau, Salomon, Désargus, s'étaieat réunis &Dal- 
TÛnare, harpiste du théâtre. 

Les acteurs de l'Académie receTaient un traitement supplé- 
mentaire pour les représentations données à la cour. Une grati- 
fication de 3,000 francs, quelquefois de 6,000 était accordée aux 
premiers sitjets figurant dans les opéras ou ballets que Napoléon 
Tenait voir au théâtre de l'Opéra. L'empereur payait largement 
son écot. On ne donnait jamais rien aux choristes, aux figurants ; 
les récompenses accordées à des geaa ohscurs, restent dans 
l'obscurité. 

H"* Victoire Saulnier, élève de Gardel, débute avec succès 
daos la d^ise noble ; elle exécute un pas de l'opéra de Dardanus, 
et joue le rôle de Calypso dans Télémaque, ballet, o octobre im. - 

M"" Hasrelié, charmante danseuse de demi-caractère, est 
admise à l'Académie; Adrien, première basse, prend sa retraite. 

Le 3 décembre 180&, les musiciens de l'Opéra se réunissent à 
ceux de la chapelle pour le sacre, le couronnement de l'empereur 
Napoléon et de l'impér^rice Joséphine. La cérémonie, com- 
mencée à neuf heures, ne finit qu'à la nuit. L'église de Notre-: 
Dame était comble depuis cinq heures du matin. Le lendemain, 
on eut beaucoup à balayer sous les échafaudages. Après l'onction 
et te couronnement, faits au pied du maltre-autel par le souve- 
rain pontife Pie VII, Napoléon fut ramené t son trdne, placé 
devant l'orgue et fort élevé. ï60 musiciens chantèrent, accom- 
pagnèrent la messe et le Te Deum. Un signal donné du faite 
de la métropole fit partir un grand ballon qui s'éleva du Champ 
de Mars. Décoré des armes de l'empire français, il portait des 
pavillons sur lesquels étaient écrits en diverses langues le jour, 
l'heure de son départ et le motif de son voyage; il devait annoncer 
le couronnement de Napoléon. Par un singulier hasard, cet 
aérostat, après vingt-deux heures de marche, et traversant la 
Méditerranée, alla tomber près de Rome. 

Duport joue le ri^le d'Achille dans le nouveau ballet de Gardel 
Achille à Scyros, musique de Chembini. La pièce et l'acteur 
réussirent à merveille. Ce danseur, mime fort habile, devint 
bientôt le rival de Vestris. Une bacchanale admirable brille dans 



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«s inftATIIES LYRIQUES DE PARU. 

la partition ffAeMUe à Soffros et signale toute ta palSMUce de 
talent du grand maître, ta <ucembre i8«t. 

La semaine sainte flt éclore un nooTel oratoire mis en kcHmi, 
la Priu de Jéricho, dont la musique était choisia dans les œuTrea 
des maîtres les plus célèbres. La beauté reconnue de certains 
morceaux assurait d'abord le succès de ces compilations, mais 
elles étaient faites avec si peu de goût et de talent, les pataugeurs 
Mord et Lachnith tripotaient ces pastiches de telle sorte, que le 
public les abandonnait avant l'expiration du temps paacat. 

Le danseur Duport se signale comme chorégraphe le 10 mai 
1805, en donnant Acii et Galathée, ballet en un acte. Le 7 juin 
suivant, il fait débuter sa sœur, danse avec elle et Louise TagUooi, 
le pas des FoHei ^Etpagne et la gavotte de Panurge dans ta 
Caravane. 

W Fenlère, actrice fort jolie, qui tint avec honoear l'emi^oi 
des jeunes princesses, débute dans Œdipe à Colone, par le rMe 
SAnHgaw, et réussit admirablement. 

J'ai d^à bit connaître avec quelle irrévérence Mozart avait iAi 
traité, lorsque l'on eut l'idée de mettre en scène le pastiche que 
de stupides arrangeurs donnèrent sous le titre des Myslèret d'Irts. 
Voici venir un autre chef-d'œuvre du même maître. Don Juan, 
le sublime Don Juan, qui ne fut pas moins outragé que ta Flûte 
enehantéer bien que les tripoteurs eussent protesté, dans une 
prébce, de leur profond respect pour le chef-d'œuvre qu'ils se 
proposaient de livrera l'admiration du public parisien. Ce respect 
les avait retenus ; ils s'étaient boméa, disaient-ils, d ne puiser 
que dans la partition de Don Giovanni les fragments de musique 
dont ils recomposaient le Don Juan français. Malgré celle réso- 
lution louable, C. Kalkbrenner, l'un des coupables, n'avait pu 
résister au désir d'introduire des romances et des ségnidIUes de 
sa façon dans la partition allemande, et de joindre ainsi les bi- 
viales chansons de l'auteur à'Olympie aux airs ravissants de 
Hosart : tout le reste, j'en conviens, appartenait au véritable Den 
Giovamti. Mais, hélas I comme tous ces lambeaux avaient été 
déchirés, rttjustés, lacérés, recousus, démolis, reconstruits, 
replâtrés, badigeonnés : ccte fait piHél Le charmant livret de 



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Dft Ponte, C0 chef-d'œuvre sans rival, avait été renversé de fond 
eo comble, ainsi que l'on avait fait de la partition. Les sitaations 
dramatiques, le motif des scènes, leur agencement Ingénieur, 
tout était changé, détruit au point de n'r rien reconnilltr«. Un seul 
morceau de l'édifice musical était reslé ferme en sa place, un seul, 
entendez-vous T un seul, et ce morceau, c'est... l'ouverture. 

Je ne donnerai point l'analyse de ce fatras harmonique, de ce 
bricàbrac, ce fouillis, ce tohu-bohu, dans lequel se brouillaient, 
s'entassaient des éléments admirables. Je citerai les changements 
les plus monstrueux, afin de vous donner une idée du reste. 

D'abord, point d'introduction; le drame s'ouvrait par un réci- 
tatif composé par Kalkbrenner. Venait ensuite le solo de Lepo- 
reUo, suivi d'une romance, invocation & la Nuit, sérénade ajoutée 
que don luan chantait sous les fenêtres de donna Anna. Tout le 
reste de l'introduction avait disparu sans retour, et par consé- 
quent la lutte de don Juan avec Anna, l'entrée du Commandeur, 
le duel, et le superbe trio des trois basses. Le duo d'Anna et 
d'Ottavio n'arrivait qu'à la fin de l'acte, et , comme don Juan 
avait tué le Commandeur hors de la scène, ce duo perdait ses 
merveilleux récitatifs instrumentés, qui doivent être dits, corps 
présent, sur le cadavre du défunt. 

Cueillons la jeune rose 
Qu'enlr'ouvre le zéphir; 
Fleur d'amonr fraîche éclose 
Appartient au plaisir. 

Ces versicules , bien dignes de Horel , étaient chantés par 
don Juan, sur la musique du même Kalkbrenner d-dessus men- 
tionné. Certes, un pareil bijou devait offrir des compensations 
plus que sufBsanles, et l'on eût été bien mal avisé si, après 
de telles exhibitions, on s'était permis de regretter les fragments 
supprimés dans l'œuvre de Mozart. 

La scène sublime de donna Anna reconnaissant l'assassin de 
son père, son récitatif obligé, colosse d'or pur et de diamants, l'air 
foudroyant, Or sai chi V onore, rayés d'un trait de plume ou de 
crayon , absents par congé délivré par les Caraïbes arrangeurs. 



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100 TflËAinES LYRIQUES DE PARIS. 

Anna, Elvii%, Otiavio, oe paraissant pas dans !e grand finale, 
on avait jugé convenable de faire chanter le trio des masques 
par trois cavaliers de la maréchaussée, gendarmes, archws, 
sergents ou sbires , figurant à la place de ces personnages prin- 
cipaux, et disant ces mots : 

Courage, vigilance. 
Adressa, déBaDoe; 
Que l'active pm'deDce 
Préside à nos desseins. 

Pour plus de prévoyance. 
Enchaînons sa vaillance ; 
Pour se mettre eu défense 
Que ses efforlB soient vains. 

Attendona en silence 
L'instant de la vengeance, 
Ou la moindre imprudence 
Renverse nos desseins. 

Martin, Lhoste, tiaubert, chantaient, amoroso, ces incon- 
cevables paroles substituées à celles que vous savez, et qui, 
tort heureusement, n'ont aucun rapport avec les projets d'une 
troupe de sbires. Cette burlesque exécution renversait de fond 
en comble l'harmonie du trio; les deux parties de soprane, 
exécutées par deux ténors, venaient se colloquer au-dessous de 
la partie d'Otlavio , qui devait les soutenir : la basse devenait 
premier soprane. Les arrangeurs ne se doutaient pas que la sub- 
stitution des voix d'hommes aux voix de femmes a pour résul- 
tat inévitable la transposition d'une octave en bas, mais le jury, 
composé de membres de l'Institut, ne devait pas l'ignorer. 

Ces trois sbires tenaient avec leurs voix m&les et polies, autant 
que peuvent l'être des voix de choristes, les pai-ties d'Ottavio, 
d'Anna, d'Elvire, dans les solos et les ensembles du finale. C'était 
encore une idée éminemment dramatique et musicale des arran- 
geurs butors. La scène était à Naples ; le Vésuve faisant irrup- 
tion sur la stretle du finale, renversait le palais de don Juan, la 
salle de bal, sans blesser qui que ce soit, et l'on voyait, à deux 



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ACADEMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE. 101 

pas de l'édiflce ruiné, la statue du Commandeur que Leporello, 
sans préambule, allait inviter k souper. Cette invitation et sa 
réponse s'exécutaient au mojeu de quelques phrases de récitatif 
du même Kalkbrenner : 

Belle conclusion et digne de l'eiorde I 
Terminer un acte fulminant de Mozart par un récitatif simple, 
faire succéder une voix parlante au tonnerre du chœur, de l'or- 
chestre et du Tolcao, est une turlupinade à nulle autre seconde; 
il faut l'avoir vu , de ses oreilles vu , ce qu'on appelle vu , pour 
oser l'écrire aujourd'hui. 

Vous allez réclamer sans doute le duo charmant, statua 
genHlmima! Patience, rassurez-vous, Kalkbrenner et ses asso- 
ies vous le rendront plus lard, et, comme ils se plaisent à mettre 
en récit tout ce que Da Ponte donnait à l'action, don Juan et Le- 
porello nous diront leur duo dans un salon d'auberge, après 
boire. Le livret a soin de prévenir qu'il s'agit d'une auberge 
opulente; don Juan n'irait pas loger au cabaret, dans une po- 
sada, une venta. La statue n'est point Ik pour baisser la tête, 
pour faire sonner son oui lugubre et formidable, qu'importe, 
les deux autres chantent leur partie, et cela suffit pour le résul- 
tat que les arrangeurs vous ont préparé. 

Le dernier finale est à peu prés conservé ; voici comment on 
a traduit le début de ce morceau , Già la mensa è proparata. 

P6re des Rla , sois mon guide, 

Homus an festin préside) 

Beaucoup d'or, table spteodide, 

Ua fol, le reste u'eat ilen. 

Voilà \e Don Juan, !e chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre, tel que 
Thuring et Baillot, aidés du musicien C. Kalkbrenner, l'ont fait 
représenter sur le théâtre de l'Académie le 90 fructidor au X III 
(17 septembre 1805). L'Institut de France aidant, approuvant, 
autorisant, cet exécrable sacrilège I les membres de cette so- 
ciété savante formaient la plus grande partie du jury littéraire 
et musical de cette autre Académie, U nous sera permis de 
chanter: 



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102 THtLTRGS LYRIQUES DE PARIS. 

U belle dwae qu'an Jury. 
La belle choie qu'un jurfl 

Don Juan, si cruellement effondré, mutilé, dégradé, léussit 
pourtant ; la musique de Mozart triompha malgré les efforts de 
ses dérangeurs. Cat opéra fut représenté vingt-neuf fois en plu- 
sieurs années. Le désordre alors porté dans cette partition est 
tel que, lorsqu'on a voulu mettre en scène le même ouvrage, 
nouvellement traduit en 1834 , il n'a point été possible de se 
servir, même par fragmenta, des parties d'orchestre copiées 
en 1805. Si par hasard une conformité de noms vous inspirait 
d'étranges pensées, souvenez-vous que Balllot, notre illustre et 
probe violoniste, eût repoussé violemment toute complicité pour 
un semblable attentat. 

Lays avait été si mauvais dans le râle de Figaro qu'il n'osa 
point aborder celui de ieporello. Huby, premiÊre basse du théâtre 
d'Avignon, fut engagé tout exprès pour représenter le confident 
burlesque de don Juau. Ce pauvre Huby, se voyant lancé dans 
une oeuvre de cette importance et sur le premier théâtre de la 
capitale, eut une telle peur, qu'il éprouva l'accident causé par 
la robe de médecin qu'endosse Sganarelle, robe ayant la vertu 
purgative (1). Homme de talent, excellent musicien, Buby prit 
ensuite d'honorables revanches. Roland, ténor barytonisant, 
représentait à merveille don Juan; Laforét, Otlavio; Itérivis, 
Masetto ; Berlin , la statue. Ce Bertin avait été curé (2). M"" Ar- 
mand, Perrière, Pelet remplirent les rôles d'Elvire, de Zerline, 
d'Anna. La partie d'Elvire o.mt été renforcée de plusieurs airs ; 
on avait réduit à rien celle d'Anoa. 

Martin, qui Sgure parmi les coryphées représentant les sbires 
mis h. la poursuite de don Juan , ehantait un jour le rAle de 
Sftint-Phar dans la Caravane. Pendant le combat du premier 



(Il H^ Ctudeillo, sjKDt âpronvé le même déBacrémeot en 17G3, m Toulnt 
plus râptraltra but la scène dq l'Opéra. Cette Tirtuosa fut admlw k la Comé- 
die-Pranç^M en 17B5. 

tu) LonqDê la Veiulf lut ndM m Mine tar le tbMtM d'ATignon, m IMS, 
un capucin dâtroqnâ, Defrii, j cbanti fort bien le rfile du gtsai-^atU*, 



ityGoO^k' 



AGADKMIB IMPERIALE DS HD8IQUE. 103 

acte, blessé griâveinent à la tète, il y porte la main et rencoiitre 
une lame ptaoUe sur la partie latérale de son cr&ue. Ce n'élait 
pas le poignard d'un Arabe, mais un couteaa qu'un machiniste 
avait laissé tomber du cintre- La blessure, très douloureuse, 
n'eut pas de suites Tunestes. 

l'Amour à CytMre, ballet en deux actes, de Henry (Bonna- 
choc), musique de Gaveaux, ne réussit point. 39 octobre ihs. 

La Fiia dt Mars, intenaëde composé par Esménard, Steibelt 
et Gardel, en l'honneur de Napoléon , est mis en scène à l'Opéra. 

On répétait un ouvrage en trois actes de Blangini, doat Saiat- 
Agnan avait écrit le bvret, NephtaU nv, lea Ammoniieê. L'impéra- 
trice Joséphine, qui protégeait Spontini, dit au fi^nd-chambel- 
lan de Luçay qu'elle desirait voir représenter la Yeatale avant 
NephtaU. Ce désir valait un ordre. Sur-le-champ H. de Luçay 
fait appeler Blangini, et lui déclare qu'il ne peut se dispenser de 
remplir les intentions de la souveraine. Le grand-cbambellan 
écrit à l'empereur, alors engagé dans la campagne de Pologne. 
Courrier par courrier, Napoléon répond que NephtaU doit con- 
server le droit de priorité de réception qu'il a sur la Testate, et 
marcher le premier dans l'ordre des représantations. On avait 
interrompu les répétitions de Nephtali, elles furent reprises, et 
l'opéra de Blangini réussit complètement le 15 avril 1806. On 
l'exécuta vingt-sept fois. Vous voyez que Napoléon s'occupait 
des affaires musicales au milieu de son camp, et qu'il rendait 
une justice prompte et rigoureuse. 

Le décret impérial du 8 juin 1806 règle les attributions des 
qo^re grands théftfres de Paris. 

— Article 6. VOpéra pourra seul donner des batlels ayant les carae- 
tèns qui sont propres à ce théâtre, et qui seront déterminés par le 
mlDistre de l'inlérieor. 

It sera le seul théâtre qui pourra donner des bals masqués. 
L'arrêté du ministre de l'Iatérieur, du 35 avril 1807, ^ute : 

— H pourra aussi donner (mais non eichisivenienl a tout antre 
lUitre) des ballets rejnésenlsnt des scènes' champAtres, «n des actions 

«AalaTle. 



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m THÉÂTRES LYBIOUES DE PARIS. 

On fit cette concession au théâtre de la Porte-Saint-Martin. 

Zénor et Melxi, ballet de Gardel fait peu de sensation. 

M"» Hymm, qui, plus tard devint M"* Albert, débute, le 
15 mars 1806, dans Œdipe à Colone, avec le plus grand succès. 

Le Barbier de Sécille, ballet de Duport, réussit complètement. 
Vous voyez que l'on dansait beaucoup k l'Opéra, so mai isoe. 

Blache père, élève de Dauberval, avait composé pour le théâ- 
tre de Marseille une intinilé de ballets remplis de tableaux gra- 
cieux et d'ingénieux détails. Parmi les œuvres de ce chorégra- 
phe, on distinguait le ballet d'JZmacifia. C'estàBlacbeque nous 
devons la leçon de danse répétée par une glace ; scène charmante 
et d'im effet original, que Duport introduisit dans le Barbier de 
Sëville. 

Paul et Virginie, ballet en trois actes de Gardel, musique de 
Kreutzer, est mis en scène le 25 juin 1806. Albert et M"' Bigol- 
tini représentent à merveille ces deux amants, Goyon est admi- 
rable dans le râle du nègre Domingo. Kreutzer avait d'abord 
traité le même sujet en opéra comique d'une manière fort heu- 
reuse ; la partition de Paul et Virginie est son meilleur ouvrage. 
Il en ti'ansporta la musique sur le livret nouveau de Gardel. Le 
public accueillit avec faveur des airs qui l'avaient déjà charmé. 
La pantomime gracieuse, expressive de M"* Bigottini, ses yeux 
ravissants excitèrent des transports d'enthousiasme. Succès écla- 
tant. Les pirouettes jouissaient alors de toute la faveur du pu- 
blic, Gardel n'eu mit pas une seule dans ce nouveau ballet d'un 
caractère pastoral et naïf. 

■ Chorégraphe et danseur, Duport se signale encore en donnant 
le Volage fixe'. U représente Zéphire dans ce petit ballet, et sa 
sœur y brille au premier rang ; elle mime et danse le réle de Ch lo- 
ris, composé pour elle par un frère désireux de monb-er avec 
tous ses avantages sa sœur et son élève. Le pubUc se partage 
entre Vestris et Duport, les journalistes prennent part à cette 
rivalité. Les prétentions de Duport s'accrurent en proportion de 
ses succès ; il voulut régler lui-même ses pas, et faire monter sa 
sœur aux rang des premières danseuses. L'administration refusa 
de céder et la guerre fut déclarée. Berchoax, l'auteur de te Gaa- 



ityGoo^k' 



ACAINËMIE IHPËRIALE DE MUSIQUE. 109 

tronomie, écrit un poème sur les prouesses des deux rivaux et 
les querelles de leurs partisans. Cet ouvrage, ayant pour titre la 
Dame ou les Dieux de VOpéra, ressemble trop h. la Polymnie de 
Blarmontel, au regard de l'injustice. Berchoux immole Vestris à 
Duport, comme l'auteur de Polymnie sacrifie Gluck à Piccinni. 
Ces deux poèmes sont maintenant tombés dans l'oubli. La riva- 
lité, les disputes de Vestris et de Duport n'avaient point assez 
d'importance pour mériter l'bonneur d'une épopée en six chants. 
Dorât awùt consacré la troisième partie de son poème de ta IW- 
clamatùm aux chanteurs, aux danseurs de l'Académie royale de 
Musique : Sophie Arnould , Madeleine Guimard en étaient les 
héroïnes. 

Tous les musiciens distingués qui venaient à Paris étaient 
invités à se faire entendre aux concerts de l'empereur, sous la 
condition expresse d'accepler, en aident une récompense hono- 
rable et proportionnée & leur talent Les virtuoses, les femmes 
surtout, refusaient toujours leurs honoraires, dans l'espérance 
qu'on les remplacerait par quelque bijou, la valeur en eût-elle 
été bien moindre que la somme offerte. On présent de Napoléon 
était l'objet de leurs désirs, de leur ambition. M"' Catalani, can- 
tatrice dont la réputation était européenne, quand elle vint k 
Paris au printemps de 1806, n'obtint pas cette favtur, mais elle 
fut richement rémunérée : 5,000 fr. comptant, une pension de 
1,200 fr., et la salle de l'Opéra prêtée, tous frais payés, pour 
deux concei^, dont la recette fut de 49,000 francs ; tel est le prix 
que l'empereur olIHt à cette virtuose pour avoir chanté des cava- 
tines à Saint-Cloud le k et le 11 mai 1806. Ëtle donna son pre- 
mier concert à l'Opéra le 21 juillet suivant : les prix des places 
étaient de 36, 18, 9 et 6 francs. 

La voix de M~* CalfUaui, ferme, forte, brillante, volumineuse 
et d'un timbre flatteur , sc^rane admirable d'une prodigieuse 
étendue, àHut en sol sur-aigu, merveille d'agilité, ât une sensa- 
tion difficile à décrire. La manière de chanter de ce foudre de 
guerre laissait beaucoup à désirer dans le style noble, large et 
soutenu. Sur ce point, elle devait céder le pas à U*"* Grassini, 
BarilU ; mais à l'égard de l'agilité, de ta vigueur, du brio de 



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109 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

l'exécQtioii, H*"' CalalaDi pouvait eDtonner un da ses airs favoris 
et dire : Son regina! la cantatrice était alors sans rivale. Elle 
excellait dans les traits cliromatiques asceudauts et descendaDts 
d'une extrême rapidité , pendant lesquels on voyait son menton 
s'agiter et marquer l'articulation de chaque note. Son exécution, 
merveilleuse d'audace, avait fait pâlir bien des talents du pre- 
mier ordre, et les instrumentistes n'osaieut plus figurer à coté 
d'elle. Tulou se présente, sa flûte est applaudie avec enthou- 
siasme après la voix de M*"^ Catalani. L'épreuve était dangereuse, 
la victoire en fut plus brillaale pour le jeune artiste aventureux : 
on ne se borna point ii le complimenter sur son bonheur. 

Winter n'avait obtenu qu'un succès médiocre en faisant repré- 
senter son Tamerlan. On attribuait cette infortune au livret 
pitoyable de Horel. Afin de réparer un premier échec, les pro- 
tecteurs du musicien allemand lui confièrent le Castor et PoUux 
de Bernard, drame que nos académies regardaient comme un 
chef-d'œuvre, et que l'on avait chanté pendant soixante ans avec 
la musique de Rameau. Le factotum, le badigeonneur de l'Opéra, 
Horel voulut corriger, rajuster à sa fantaisie la tragédie de Ber- 
nard comme il avait fait de celle de Voltaire. Winter transcrivit 
sous ce vieux livret la musique d'un Cattore qu'il avait fait 
exécuter au Ihéàtre italien de Londres. L'œuvre mise deux fois 
sur le métier aurait dA sortir on peu moins mauvaise après cette 
refonte. Winter échoua complètement cette fois ; son opéra, bien 
que soutenu par la pompe du spectacle et de la mise en scène, 
fut rayé du répertoire après treize représentations données en 
quatre mois, à dater du 19 août 1806. Le galimatias du Horel 
était une merveille dont les journaux de l'époque réjouirent 
leurs abonnés. Remarquez, s'il vous platt, que tons ces musi- 
ciens étrangers, appelés pour «nrithir le répertoire académique 
nous apportaient des rogatons déjà servis sur les tables de nos 
voisins. 

Voici vMir les pièces de circonstance écrites pour célébrer les 
hauts faits de Napoléon. Le 3 janvier 1807, parait rinauj^uro- 
Iton du Templ* d» la Victoire, intermède, paroles de Baour-Lor- 
mian, musique de Le Sueur et Fersuis. Ce dernier était un des 



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ACAOËHIE: DIPËIIUALE de HUSIQUE. 107 

chefs du cbsnt de l'Académie. FerEuis, bon praticien, mais sans 
génie aucun, s'était produit plusieurs fois k l'Opéra-Comique. 
De premiers essais plus que malheureux auraient dû lui fenuer 
les portes de notre grand thé&tre lyrique, l'intrigue les lui fll 
ouvrir. Entré dans la maison , il sut manœuvrer de manière à 
pousser en avant ses compositions insipides. II les hasarda sous 
le patronage puissant de Le Sueur, ât s'affranchit bientôt de 
l'appui de ce maître. Morel I Persuis 1 quel attelage! que de fois 
notre Académie a servi de pâture aux Imbéciles favorisés I 

V^sêe, ballet en trois actes de Milon, musique de Persuis, est 
reçu froidement le 27 février 1807. A la première exhibition de 
ce ballet, M"* Aubry, le bouclier au bras, la lance en main, le 
casque en tête, sous les traits de Pallas, descendait paisiblement 
dans une glaire. Un nuage qui devait remonter en même temps, 
accroche en roule cette gloire, la soulevé par derrière comme un 
panier, un seau que l'on vide. Le trône de Minerve, n'ayant pas 
été fixé par des boulons à la charpente de la gloire, en est h l'in- 
itaot séparé : M"* Aubry n'a d'autre moyen de salut que de 
s'élancer en avant. Sa ohute sur le parquet n'aurait pas eu des 
suitee bien fâcheuses, si le trAne, tombant après elle et sur elle, 
n'était pas venu lui fracasser un bras à deux endroits. Témoin 
de cet accident, l'impératrice Joséphine montra le plus vif inlé- 
rU pour la danseuse blessée. Une représentation que l'Académie 
s'empressa de donner au profit de M"* Aubry; les offrandes 
nombreuses que Joséphine reçut dans un bal qu'elle avait niç- 
oise tout exprés aux Tuileries , en faveur de sa protégée, jointes 
i la pension du tbé&tre, permirent à l'académicienne de foire 
rajuster son bras et d'opter sa retraite honorablement. 

Boutroo, le machiniste en chef, avait donné sa démission. 
H"* Branchu, qui toutes les semaines, enlevait Renaud dans un 
Btiage pour le conduire au bout de l'univers, ne reprit cette route 
périlleuse qu'au moment où Boutron redevint le pilote de sa na- 
celle aérienne. Encore se faisait-elle enchaîner au nuage par une 
ceinture de fer solidement accrochée et vissée. Je vous révèle ici 
les secrets des magiciens de l'endroit; dans ces vols si légws de 
SéptûPO, de S»Ua« eu d'Anoido, ai quelque brouillard vient à 



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108 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARB. 

s'abattre vers la terre, il écrase lout, gens et bétes, effondre 
même le plancher. Admirable légèreté l Je ne dis rien des trap- 
pes qui pourraient couper un homme en deux parts, si les trap- 
pes un jour étaient moins surveillées. On a bien raison de redou- 
ter leurs malices I 

M"* Chevigny s'élevait jusqu'au sublime de son art en repré- 
senlant la nourrice du roi d'Ithaque. H faut avoir vu la scène de 
la reconnaissance dans le Retow d'Ulysse pour savoir ce que 
c'est que la pantomime et se faire une idée de l'intérêt que le 
ballet d'action peut inspirer. Cet art se perd de jour en jour et 
ne compte plus que de rares virtuoses. 

Beaucoup de personnes de la société particulière, intime, de 
M"* Guimard, ne l'ayant jamais vue au thé&b^, desiraient vive- 
ment de connaître son talent, et la priaient avec instance d'exé- 
cuter devant elles un de ses pas favoris. Elle refusait toujours, 
donnant pour excuse l'incommodité de ses vêtements de ville. La 
b^lérine célèbre se décide en&n ; elle assigne son public pour le . 
lendemain à cause des préparatifs nécessaires. L'assemblée fut 
exacte au rendez-vous. L'orchestre préludait, annonçait l'entrée 
de la nymphe bocagëre et du faune qu'elle s'était choisi, lors- 
qu'un rideau se détache du plafond, se déploie devant la scène 
et s'arrête en chemin, de manière à voiler seulement la moitié du 
buste des danseurs. La petite Guimard ne comptait alors que 
soixante-quatre printemps, elle montra des jambes, des bras de 
nymphe agissant encore avec la grace voluptueuse et ta vivacité 
de la jeunesse. Elle lit des merveilles, et le plaisir qu'éprouvè- 
rent ses admirateurs ne fut point troublé par l'aspect d'une 
figure qui n'avEut pas échappé si bien aux outrages du temps. 
Cet ingénieux artifice rendit l'illusion complète, et charma les 
élus admis à cette scène d'intérieur. 

Napoléon avait fait gr&ce k je ne sais qud prince d'Allemagne 
compromis dans une conspiration. Sollicité par la femme de ce 
prince, Napoléon jeta les pièces de conviction au feu, disant : — 
Vous le voyez, madame, je ne puis pas condamner, il n'existe 
plus de preuve. » 
Esménaid s'empresse de bâtir un livret sur ce sujet, livret qui 



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ACAnËUB IMPÉRIALE DE MUSIQUE. 10» 

ressonblait considérablement à celui d'Adrien de Métastase, de 
Hoffman, et le donne à Le Sueur pour le mettre en muaipue. Il 
foltait se tiater afin de conserver à cette pièce,le mérite de l'a pro- 
pos; Persuis, toujours prêt à se faufiler dans les entreprises des 
auteurs, obtint de Le Sueur une partie de ce travail. Trajan fut 
mis en scène en grande pompe et réussit Le triomphe de l'empe- 
rear romain réunit un nootbre prodigieux de figurants, les cbe- 
Taux abondèrent en cette longue marche ; Trajan terminait la pro- 
cession et le drame en bnilant les pièces du procès criminel sur 
nn réchaud, sa octo)n« imt. 

7V<t;an eut une suite de belles représentations, qu'il dut à la 
circonstance; paroles et musique tout était au-dessous du mé- 
diocre. Les noms de Le Sueur et de Persuis figuraient ensemble 
sur Vafficbe. Hais Persuis, l'homme aux changements,' aux cou- 
pures, s'appliqua si bien à faire disparaître les morceaux de Le 
Sueur, & les remplacer par d'autres de sa fai^n , que bientôt la 
marche triomphale fut le seul fragment de l'auteur des Bardes 
qui restât dans la partition de Trajan. Adoptée par tous les régi- 
ments, cette marche était devenue populaire, il eût été ridicule, 
impertinent, que la Marche de Trajan ne se trouvât plus dans 
Trajan; Persuis fut donc obligé de la respecter. Une marche 
guerrière ou religieuse n'est pas une composition assez impor- 
tante pour autoriser un musicien h mettre son nom après le titre 
de l'opéra dans lequel on avait bien voulu la laisser; aussi l'usur- 
pateur Persuis fit-il rayer le nom de Le Sueur de l'affiche, et 
Trajan, dépouillé, puis rhabillé, devint l'œuvre de Persuis tout 
seul. C'est ainsi que les cuisinières de certains curés en usent k 
l'égard des volatiles de la basse-cour du presbytère, elles disent 
d'abord : — Les poules de M. le curé, ensuite — nos poules, » 
plus lard, — mes poules. » 

De toute la.partition de Trajan, il ne m'est resté dans la mé- 
moire que la marche triomphale, et l'air de ballet, en ri minew, 
k deux-quatre, assez bien caractérisé, dont on fit une contre- 
dise. La recette de la première représentation de Trajan fut de 
10,377 (r. ii cent. S'il y avait des claqueurs dans la salle, il 
faut croire qu'ils s'étaient munis de billets payés au bureau. 



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HO THfiATRES LYRIQCEE DE PARIS. 

Rey tenait encore le sceptre de l'orchestre ; c'était uo hoaaioe 
de mérité, sans doute, mais qui ne pouvait s'élever au-dessus 
de son époque. Depuis quarante ans, la musique a marché d'un 
tel pas, que les anciens ont dû rester en chemin, quand la mort 
ne les a point empêchés de la suivre. Rey se démenait comme OD 
possédé, courbait la tête pour la releverbruaquementensuile, frap- 
pait du pied, tendait les bras ; sa pantomime grotesque égaya plus 
d'une fois les dilettantes, les fidèles qui venaient entendre encore 
Armide, Œdipe à Colone ou la Caravane. Je me souviens qu'un 
jour Pouilley, qui depuis a chanté la basse b l'Opéra, le grand 
Pouilley, dansear k cette époque, figurant dans un pas de guer- 
riers, de Trajan, eut le malheur de frapper à faux les cymbales 
dont it jouait en gambadant. L'instrument précieux se brisa, les 
cordons seuls restèrent aus mains du cymbalier malencoatreux. 
Rey, désespéré de voir les cymbale.s voler en éclats vers les qnin- 
quets, cymbales de Constantinople, s'il tous plaît, que le blocua 
continental rendait alors très rares et du prix de 1,S00 francs, 
Rey, furieux, quitte son bâton de mesure, élend les bras sur 
l'avant-scène, ramasse les morceaux, et les lance avec autant de 
force que d'adresse à travers les mollets sans défense de l'infor- 
tuné cymbalier. Le musicien, en embuscade, attaquant le dan- 
seur posté sur la scène, était redoutable, ses armes tranchantes 
auraient blessé cruellement. Pouilley oublie alors son râle, et 
demande k l'empereur romain un sursis pour des affaires per- 
sonnelles. Ne pouvant riposter, il fait un soubresaut toutes les 
fois qu'une lame (te bronze siffle dans l'air et vient menacer ses 
jarrets. Pouilley fut plus adroit qu'Achille, il sut esquiver les 
coups et sauver ses tendons. Cette gavotte improvisée, ce pas 
d'un caractère original, ressemblait assez à la danse du dindon 
sur une plaque de tAle brûlante. 

Rey jouait à la loterie comme une cuisinière, et la bonne exé- 
cution des opéras dépendait trop souvent de la coïncidence des 
rcpréscnlations avec les jours de tirage. Tout l'argent de ce chef 
d'orchestre passait dans la caisse de la loterie, la veille d'un 
tirage. Il rêvait h. ses numéros; préoccupé, distrait, il lâchait la 
bride tt ses musiciens. Le lendemain, trompé dans ses espérao- 



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ACADÈmE IMPÉRIALE DE MUHQDE. 411 

ces de fortune, gémissaot sur la perte de ses mises, 11 commu- 
niquait h l'orciiestre la véhémence de sa fureur intestine. Un 
soir, il pressa le mouvemenf de telle façon que La}s fut obligé 
de supprimer beaucoup de notes aSn de ne pas rester en arrière. ■ 
L'acte fini, ce chanteur dit à Rey : — Tu m'as serré la botte, et 
je sais bien pourquoi. Prenda-garde I si lu renouvelles cette fa- 
cétie, je m'arrête à l'instant, et je dû au public : — Notre bat- 
teur de mesure est de mauvaise humeur; il a perdu ce matin huit 
ternes à la loterie, et veut me faire avaler autant de triolets. » 
Rey profita de l'avertissement. 

Panny Bias, que nous avons vue longtemps au premier rang 
des virtuoses de la danse, débute, le 12 mai 1807, dans Iphi- 
génde en Autide. 

Va pas de sept, exécuté sur un trio de violon, harpe et cor, 
de Kreutzer, joué par l'auteur, Dalvimare et Frédéric Duvemoy, 
termine le ballet de Psyché de la manière la plus brillante le 
12 juin. 

Le décret impérial du 29 juillet 1S07 réduit à huit le nombrt! 
des tbé&tres de Paris. Les quatre grands théâtres passent dans 
tes attributions du premier chambellan de l'empereur, il en est 
le surintendant. L'administration de l'Académie impériale de 
Musique est alors composée de Picard, l'aulcur comique, direc- 
teur ; Wante, administrateur comptable ; Despréaux, inspecteur; 
Courtin, secrétaire. 

Des 63 salles de spectacle ouvertes à Paris en 1791, sous le 
règne trop court de la liberté des théâtres, 22 avaient été brû- 
lées , démolies ou fermées ; d'autres furent construites. 33 théâ- 
tres étaient en plein exercice, lorsque le décret du 29 juillet en 
supprima 25 d'un seul coup, sans indemniser en aucune ma- 
nière les cntreprenBurs qui les exploitaient. Ces théâtres durent 
être fermes avant le 15 août suivant, jour de la fête de l'empe- 
reur. Provoquée par des raisons politiques, cette suppression 
devint, en 1815, une mine d'or que les escrocs administratifs, 
tom un bagne ministériel, surent merveilleusement exploiter. 
Ces T(rtenrs cauteleux, méticuleux, ténébreux, que la justice ne 
voulait point atteindre, firent signer de nouveaux fntilèges, 



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112 THEATRES LYRIQUES DE PARIS, 

que d'énormes pots-de-vin , gages indispensables des traités , 
accompagnaieDt toujours. L'impunité leur donna de l'audace ; 
filous en titre d'office, ils gouvernèrent si bien les fonds votés 
pour l'entretien des spectacles de Paris , que l'on vit jeter à la 
léte de certains directeurs des subventions exagérées, au point 
que le bureaucrate pouvait lever une dtnie formidable sur la 
somme allouée, et laisser pourtant au complice de cette infamie 
un total supérieur encore à ce qu'il demandait. 

Race proscrite et malheureuse, toujours victimes et toujours 
accusés, noyés, lapidés, brûlés comme empoisonneurs publics, 
lors même que l'empoisonnement n'existait pas ; forcés de por- 
ter sur leur télé un signe de réprobation qui les exposait aux 
plus cruelles avanies; les juifs étaient jadis une proie que des 
vautours couronnés déchiraient, lacéraient, dévoraient, lorsque 
la soif de l'or ou les caprices du bon plaisir conseillait ces vio- 
lences affreuses , ces iniques spoliations. Les juils ne pouvaient 
se baigner dans la Seine; et, quand on les pendait, c'était tou- 
jours entre deux chiens. Une politique ingénieusement atroce 
les présentait au peuple comme un objet d'horreur et de malé- 
diction; des actions de grâce étaient adressées h nos rois quand 
ils les chassaient de la France pour s'emparer de leurs riches- 
ses. Les juifs dépouilles , indignement dépossédés , sont bannis 
du royaume. Applaudissez h cette rigueur salutaire! citoyens 
dangereux, reconnus comme tels, on ne les y verra plus; la 
patrie est sauvée 1 N'en croyez rien. S'ils n'étaient les plus fort-s, 
ces juifs étaient du moins les plus rusés. Ils avaient caché la 
plus grande part de leurs trésors, et de notables sacrifices, en 
monnaie de œurs, offerts à propos au bartiier, au ministre, 'au 
cuisinier, aux courtisanes en faveur, apaisaient toutes les co- 
lères. Les juifs exilés revenaient en France, il faut croire que 
leur intérêt les y ramenait, le souverain éprouvait alors une joie 
secrète, en voyant ce troupeau fertile et doré rentrer au bercail, 
se replacer de lui-même sous les avides ciseaux du tondeur. 

Nos théâtres sont une image fidèle de ces juifs. Pardonner 
aux proscrits , rappeler des bannis est une opération financière 
admirable, un glaive à deuX tranchants, un sac donnant triple 



ityGoO^k' 



ACADËUE INPËBULE DE MUSQUE. 113 

mouture. Le banni paye d'aboïd une rançon énorme pour oble- 
oir la liceoce d'ouvrir sa boutique, distribue ensuite des épin- 
^ aux entrem^teuses, des pots-de-m aux proxénètes du 
pacte frauduleux, et continue de payer, pendant le cours de 
son exploitation , le droit fixe , le droit proportionnel , la sub- 
vention de guerre, le décime, la taille, le taiUon, les aides, la 
douane, les subsides , le péage, la gabelle , ou , puisqu'il faut 
vous le dire, la part des voleurs , ménagée avec prudence au 
moment de se mettre en route. 

M"' Clotilde prend le rdle d'Achille dans Achille à Seyroâ, 
à la vingtième représentation de ce ballet, donnée le IS sep- 
tembre 1807, et se fait applaudir. 

Le décret impérial du 1" novembre 1807, daté de Fontaine- 
bleau , porte : — Article 1". Un officier de notre maison sera 
chargé de la surintendance des quatre grands tbéfttres de la 
capitale, sous le litre de Surintendant des apectaelee, » 



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OUilRIÈME ÉPOQUE. 



courrai, WEBEB, BOSSIM, ADBBS. 

XX 

»e isr ft IMÏ. 

L'impâratrice Joséphine, Spontim, la Faialt. ~ Louis DériTis. — Retnùte de 
Chéron. — Artitippe. — Àitxondrt chez Aptllea, ballet. — La Mort d'Adam. 

— Periuaid cortez. — Droit ien pauTies. — La Morl d'JM. — Prix iétxa- 
naui. — PerMée tl Andromède,. tuUÔ. ~ Ui Baladera. — {téUbllBsemeat 
de l'impôt BOT les thé&lres secondaires. — L'EHiivfmau det Sabinei, ballet. 

— L'enlâTemeaC des costumes romains et sabins. — L'Enfant prodigue, 
balIeL — Mort de H'* Saint- Huberti. — Une Chinoise séduisanu. — ta 

- Nina, ballet. — Hon de Grétry ; set ronéntiUes. — L'Orf- 



Le 15 décembre 1807, première représentation de la Veitale. 
SponLini s'était fait connaître d'abord par la Finta Filosofa, déjà 
représentée à Naples, et i^ul fut mise en scène sur le Tbéâtre- 
Italien de Paris avec peu de succès. La Petiu-Maison, en un 
acte, signala son début à l'Opéra-Comique; elle fut vivement 
sifilée. Millon, ouvrage plus important, réussit au même théJL- 
tre. Ces compositions ne donnaient pas une idée bien sa^sfai- 
sante do talent de ce musicien. Jouy lui confia le livret de la 
Vestale, dont nos maîtres ne voulaient pas ; Spontiui soumit sa 
partition aux juges de l'Académie impériale de Musique. On j 
trouva de bonnes choses; mais il n'y eut qu'une voix pour coo- 



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acaMmie upeniALK m itonQCE. ta 

damner l'exttuvagance du Rtyle, la hardiesse des innoTationi, 
l'ftbus des moyens sonores, et la dureté de quelques successions 
d'accorda : il fut décidé que l'ouvrage ne serait point exécuté. 
Spontini surmonta cette opposition, grftee à l'impératrice José- 
phine qni lui lendit une main protectrice. Un ordre de la eour 
prescrivit la mise en scène de ta Vestale. Le jury de l'Opéra ne 
voulait pourtant pas rétracter son verdict. Il s'était révolté sur 
ce qu'il y avait trop de notes ; il fallait nécessairement en oter 
pour satisfoire le deelr, le caprice ou l'amour-propre de ce jury, 
que tant d'insignes bévues ont illustré. Spontini dut courber la 
tète, se soumettre et livrer sa partition k Persuis, i. Rey qui la 
tripotèrent à leur aise, et ne réussirent cependant pas k la gâter. 
Reyl Persuis 1 quels gaillards pour juger, revoir, amwder, cor- 
riger un œuvre de génie et de goût. 

Où lave-t-OD ceux que l'oa lave icil 

Partition mal écrite, mal instrumentée et mat prosodîée, il est 
vrai, ces défauts auraient pu disparaître sous des mains exer- 
cées; ils y sont restés pour témoigner de l'ignorance et de la 
maladresse de ses correcteurs. 

La Vestale parut, elle fut aaiieillie avec enthousiasme. L'exfr- 
cution en était excellente : Lainez, Lays, Dérivls, remplissaient 
les rOles de^cinius, de Cinna, du grand-prétre. H*" Branchu 
représentait Julia, M"* Maillard la grande vestale. Le rôle de 
Julia fit honneur à M~* Branchu , compléta sa réputation , et 
vint la placer au rang des meilleures actrices lyriques ; cette 
virtuose rappela H°" Saint-Huberti, sans l'égaler pourtant. 

Spontini voulait donner la partie de Licinins k Nourrit, mais 
le chef d'emploi, Lainez, se révolta, courut chez le surinten- 
dant des théâtres impériaux, et lui dit que, — tenant les rdles 
^amoureux depuis trente ans révolus, nul au monde ne pouvait 
fempécher de conter fleurette i la vestale de l'Opéra. » Cette ré- 
damatioQ parut fondée sur un titre si respectable, que Licinius, 
fler de son ancienneté, par droit de primogéniture depuis cin- 
quante ans obtenu, fut admis à parler d'amour à Julia. 

Le second acte de la Vestale est un chef-d'œuvre de sentiment 



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lie IBÉATBES LYRIQUES DE PARIS. 

et d'exprMsioQ ; on y remarque autant de charme que de vi- 
gueur, qualités qu'il est rare de rencontrer dans un même 
opéra. La prière est fort bdie ; mais le morceau que je préfère 
dans l'ouvrage de Spontini, c'est l'air : Impitoyablei dieux.' 
dont l'expression est outrée (la force de la situation l'exigeait), 
et dus lequel la mélodie abonde néanmoins. Le motif contraint 
de l'orchestre est d'un effet délicieux ; il est reproduit avec une 
adroite modération. Cet air sort de la route commune, et trop 
souvent banale, de l'agitato, si peu varié dans ses formes : on 
doit le placer parmi les modèles du genre, tels que l'air de Sara 
du Sacrifice if Abraham, de Cimarosa, l'air de basse colpo 
impaualo.' de la Gazza ladra, et même l'air de Didtm, Héltu! 
pour nout il t'expose. 

La cavatine Les dieux prendront pitié, que chante Licioius, 
est pleine de suavité; ce mélange de triolets, battus par l'or- 
chestre, tandis que la mélodie articule des quatrains , est d'un 
effet heureux ; Steibelt l'avait employé déjà dans Roméo et Ju- 
liette; nuit profonde! est écrit de cette manière. On sait quel 
parti le grand Beethoven a tiré de ces rhythmes ennemis qu'il 
force de fraterniser dans la Symphonie pattorale surtout. Exa- 
minons la cavatine de Licinius ; les images de la musique s'y 
joignent merveilleusement avec l'action qui suit. La flamme pé- 
tilte ou s'éteint dans l'orchestre, une harmonieuse vapeur s'élève 
sur cfes paroles : Un nuage à mes yeux s'étend sur Favenir. 
L'ensemble est agité, véhément. Sur cet autel sacré: ces mots, 
placés sur un chant de fanfare, ont beaucoup de vigueur et de 
solennité ; ce motif, peu nouveau comme toutes les mélodies 
destinées aux tons ouverts des cors , acquiert de l'originalité 
dans la situation où le musicien t'a placé. Cette scène était déli- 
cate et difficile k traiter; le duo final, bien qu'il soit d'un effet 
entraînant, pourrait être meiUeur & l'égard de la musique; ne 
vous y trompez pas, c'est la force dramatique de la scène qui, 
dans ce morceau, porte le musicien et les acteurs, les anime, 
les enlève, et vous-même avec eux. Une séduction de ce genre 
fatt croira encore h beaucoup de personnes que la Favorite est 
tennioée par un duo; biea mieuxl par un beau duo. 



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ACADEMIE mmUALE DE HUSIQW. 117 

la réunion de la musique à la parole double les forces de l'art 
dramatique, et permet de concevoir, d'obtenir des effets qui 
viennent écraser l'art incomplet des Lekain, des Talma, des 
Dumesnil, des Rachet. Les auteurs d'une pièce peuvent faire 
agir et parler la multitude, le populaire, donner k la fois deax 
expressions diverses à ses discours, et laisser encore le champ 
libre aux personnages principaux. L'ombre de Ninus sort du 
tombeau, se montre sous ses voiles funèbres, et cet événement 
surnaturel autant que terrible, ne cause pas la moindre surprise 
aux automates qui figurent sur le Thëitre-Français ; ils restent 
muets, immobiles, indifférents & l'action scénique; de stapides 
comparses ont l'air de dire : — Ce n'est pas notre affaire; cela 
ne regarde que Sémiramis; qu'elle s'arrange à sa fantaisie. ■ 
Un père au désespoir sauve l'honneur de sa allé en la frappant 
avec le coutelas d'un boucher, et le peuple révolté, le peuple qui 
va tirer vengeance du meurtre de Virginie, en attaquant Appius 
et les siens, ne fait entendre que des jappements burlesques, 
faux, k contretemps, dont l'exhibition ridicule ég^e le sombre 
tableau d'une catastrophe sanglante. Direz-vous que de UAt ré- 
sultats se rapportent à cette vérité que les auteurs tragiques pré- 
tendent observer si scrupuleusement T Et ces mêmes auteurs 
ont, dans tous les tranps , assiégé l'opéra de leurs traits sati- 
riques. Faites plutôt un retour sur vous-mêmes, gardez ces 
épigrammes pour votre usage particulier. La comédie et la tra- 
gédie sont ce qu'il y a de plus faux en fait de spectacle ; malgré 
ses illusions, et grâce au langage musical, l'opéra se rapproche 
seul de la vérité. 

Revenons h. l'ombre de Ninus, à son entourage immobile et 
muet. Supposons que, dans un temple dont les fidèles remplissait 
l'enceiole, un trépassé d'humeur tant soit peu bouffbnne s'avisa 
de soulever (avec accompagnement d'édairs, de tonnerres, de 
feux follets] sa.pierre tumulaire pour montrer le bout de son 
nez, si toutefois ce meuble est encore à sa disposition. Vous figu- 
rez-vous l'épouvante, les cris, le trouble, le tumulte, le désordre 
effroyable qu'une telle apparition produirait? Croyez-vous que 
les récits de Mérope et des Templiers fussent assez forts d'tio- 



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118 TSËATSES LYRIQUES DE PARIS. 

qneAea et de détails pour les décrire? GompareEfBtle réalité sai- 

aiisante avec votre prétandue imitation, et juges. 

L'opéra la triompher sur le cluunp de bataille où la tragédis 
impnitsante a succombé ; l'opéra va frapper de lecïeur ceux qnè 
la tragédie a fait rire. Ed voici la preuve. 

Le sujet de Ut Vettale avait été déjà traité pour la Comédie- 
française ; ÉricK ott la Yeiiale, de Fontanelle, a smrvi de patron 
à Jou; pour la composition de son livret, qui, par cette raison, 
est le meillenr qu'il ait mis au jour. La tragédie peut-elle rendre 
des effets de scène pareils à celui qui termine le second acte de ce 
drame, devenu lyrique? Le feu sacré s'est éteint. Licinius a fui, 
la vestale tombe évanouie sur les marches de l'antel. Enteadea 
ce bmit sourd , ces loiotaiDes clameurs ; voyei ces prêtres et le 
peuple arriver en tumulte en manifestant leur indignolioo. Lei 
accents plaintib et toachants de Julia succèdent aux discouit 
foudroyants du pontife. La foule impitoyable la déponille de ses 
ornements et l'accable d'imprécations. Vainement ses c<nBp&>- 
gnes implorent la clémence des dieux (1), l'arrêt fatti est pn^ 
nonce, le voile funèbre couvre la victime, et les sons lugubres de 
l'airain annoncent au loin qu'elle est d^à condamnée, dévouée 
aux célestes vengeances. Quel beau sujet de finale l II devait la> 
spirer une musique forte, brillante, contrastée et pleine d'entral- 
nement. La strette à trois tfflnps et d'un rhythme bien soutenu 
produisit un effet merveilleux; on est allé plus loin depuis lors en 
employant un moyen aussi puissant; l'opéra français doit cette 
beureuee innovation b Sponlini; sa mtistque a fait tressaillir 
l'auditoire et pourtant elle manœuvrait avec des. paroles déies- 
tablbs, une prose inerte et sans dessin : presque tous les mois, 
tvutes les syll(d}es portent à Um\ dans ce dernier chœur. Son 
résultat «enUt douMé, triplé, si le rhythme des vers s'accordait 
avec celui de la musique en procédant par tfois; si le vem qui 
vi«nt après chaque rime féminine commençidt par une voyelle 



(1) Le caractère de la mélodie le fait présamer, et pourtaot elles n'implorent 
rln do touL CetCB csntllène réclame d'autrss paralet qoj B'aiMori]ent avec te 
MiMnent i|Q'e&« npeltaB, m lei laavM oudniuion d* «on rtqrttuae. 



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ACàBbOK OfFÉRIALE DIS SOBiqDE. m 

ftompte à déronr la syllKtae muette, afin que Is chaîné des pa- 
nlea se déroul&t- suis nœuds, sans acciDcs, et que le ohmtr dit : 
m son front I Crittilnel, [ et que là | hotite aécable, [ 
Aïraehoim, | urachons, | ces bandeani | hn^steuïs, [ 
8t llvron I sans pitié | la prêtres | aé otrapaMe | 
Au glitve en | BaQgjaotd | du tuea \ ches Itetèunt. 

Le finale de la Yestale est le premier morceau d'ensemble 
rhjfthmé que l'on ait produit sur notre scène lyrique. Le public 
fut ravi de trouver enfin k l'Opéra cette musique entière qu'il 
desirait depuis si longtemps et qu'il n'avait rencontrée encore 
qu'au Théâtre-Italien. Je partageai sou enthousiasme. Ce finale 
est écrit à trois temps ; c'est la mesure de la valse, son rhythme 
sautillant, ses ondulations : celte marché Inusitée dans uu moi^ 
ceau d'une espression noble et pleine d'énergie , me surprit 
d'abord. J'entendis l'ouvrage ufic seconde fois et je découvris la 
cause de cet effet extraordinaire. 

Détachons | «es bandeaux, | ces toiles | iopostcurs. 
Voilà 1« métronome du fluide ; ce vers exodlent, je le diâ etaH- 
lent, ptfce qu'il ne contient qu'une Kule faute, est scandé par 
trois. L'oreille italienns du compositeur s saisi la premlèro ligité 
rimée qui pouvait utareber aveo une osrtaim régularité. Gé 
rbïtbme par trois indiquât la mesure h trois temps, si le ntusl* 
den ne voulait pas ralentir la tangua de là strette. hontpth l'on 
entandit la acteurs, le cboedr et ron^eatr e battre la obarge avec 
une aâmtrabla régularité, m aplomb jusqu'akin fneo&au fOr âo^ 
tit) scène, tout la monde se leva sur 1m banquettes, «m applaudk 
avec furaur. L'apparition de ce beau finale mérite ifetn) sij^Mée 
dans nos laâtes dramatiques. Ott Dons a donné depuis \(ffs dM 
compositions du méioe genre et d'uo ttjle plus coloré, mats le de- 
gré d'expérience que nous avions acquis devait rendre leui* efftt 
aunns saisissant. Celui du flniriade la fsmie fat prodi^Mt. 
De son front que ta ttonte accable, 
DétuboDB ces btndeaux, cas voiles bopostems. 
Ht Unoqs SB tête conpablA 



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!»• nnuntEs lyriques de paris. 

On voit que les autres versets mis avant, après celui que j'ai 
tait remarquer, ne sont point taillés sur le même patron, leurs 
césures ne s'accordent nullement avec les siennes. C'est de la 
Tîle prose, ce sont des versiculea tortus, bossas, rabougris, ra- 
cbitiques, longs ou courts, sans dessin, sans mesure, privés de 
rhythme et de cadence, des mots jetés au hasard sur le papier 
avec toute l'imprévoyance d'un parolier qui n'a pas le moindre 
sentiment de la mélodie et du vers musical. Qu'importe, l'im- 
pnlsion est donnée, le dessin est conçu, Spontini s'est emparé 
de son vers inspirateur, il foule aux pieds la prosodie française, 
prend ces autres versets ridicules , comme un architecte prend 
les moellons, pour faire un mur droit avec d» éléments irrégu- 
liers et de toute forme : il s'arrête indistinctement sur le fort et 
le faible. Les paroles déchirées, torturées, mises en pièces, de- 
viennent inintelligibles, et ne filent pas moins sous le chant ; le 
génie dramatique frappe de grands coups, et le cordeau de l'or- 
diestre est là pour tout aligner. 

Cette manière de procéder en estropiant les paroles fait que 
les choristes barbottent h dire d'experts, mastiquent des mots 
au lieu de donner du son, de la voix. On croirait qu'ils tettent au 
lieu de chanter, et chacun s'écrie : — Ils sont Ik-baut quarante 
qui ont de la voix comme quatre. » Nos choristes n'ont pas tort, 
ils attaqueront avec énergie et d'aplomb lorsque les paroles qu'on 
leur donne à réciter s'accorderont avec les notes du musiuen. 

La Veitale était k l'étude & l'Opéra depuis plus d'un an, et 
dès les premières répétitions on crut devoir compter sur sa 
réussite. L'anpereur en fut instruit et voulut entendre les prin- 
dpaax morceaux de cet ouvrage ; sa musique les exécuta le 
14 févrio* 1607, aux Tuileriea. Napoléon témoigna hautement à 
Spontini toute la satisfaction qu'il venait d'éprouver, et lui pré- 
dit un grand succès. — Votre opéra, dit-i), abonde en motifs 
nouveaux; la déclamation en est vraie et s'accorde avec le senti- 
ment musical ; de beaux tûrs, des duos d'un effet sûr, un finale 
entraînant ; la nuuxhe du supplice me parait admind)le. » En se 
retirant ensuite, il ajouta : — Monsieur Spontini, je vous répète 
que vous obtiendrez un grand snccès, il sera m^té. • 



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ACAOËUE DfPËHIALE DE HUSIQtJË. )tl 

Spontini, contraint de retoucher, rajuster sans cesse diverses 
parties de son œuvre, ou même de les reconstruire entièrement, 
obligea les acteurs, les choristes et l'orchestre à faire des études 
continuelles et des répétitions qui durèrent pendant un an. Vous 
voyez que l'empereur avait entendu les plus belles scènes de la 
Yettaie, le ik février 1807, et cet opéra ne fut produit sur le 
théAtre que le 15 décembre suivant. Les changements que Spon- 
tini fit à sa musique en élevèrent les frais de copie à 10,000 fr. 
Sans la haute protection qui soutenait les efforts de ce compo- 
siteur jamais, peut-être, la Vestate n'eût été représentée. 

Dans tous les temps, les rois, les empereurs, les princes de 
France, les impératrices, les reines, les courtisanes royales 
avaient protégé les musiciens de talent. De puissantes mains 
renversaient les barrières que des musicastres intrigants oppo- 
saient & l'homme d'invention et de génie. En 1830, la musique 
est abandonnée k son malheureux sort, l'art devient métier, né- 
goce, brigandage. Si nos gouvernants disaient un mot en faveur 
d'un musicien, croyez que le postulant avait dans sa main, non 
pas une excellente partition, mais un collège électoral prêt à vo- 
ter pour le ministère; croyez qu'il était Anglais, recommandé 
par l'ambassadeur de sa nation. Les croque-notes avaient pleine 
licence d'infecter notre scène; la protection, ayant changé de 
but, prenait le roman par la queue, les pauvres musiciens de- 
vaient être élus puisqu'on faisait l'aumône avec nos Ibé&tres. 

L'acte du Feu dans le ballet des Éléments avait pour'sujet les 
amours d'une vestale; cet acte, séparé du drame dont il faisait 
partie, est resté'pendant soixante-cinq ans à la scène. Roy, 
LaJande et Destouches faisaient danser le collège des vierges 
Tomaioes ; aussi ^Enchanteur Mirliton disait-il : 

Ont, je sais qu'il veut que tout danse. 

Quand ca Hralt hors de cadence. 

Cest le grand tic de l'Opéra, 

Ce goat ses graces capitalei; 

On Toit lur ce tU4tre-lfc 

Se trémousser jusqu'aux veatalSE. 

Dans une autre parodie on chantait : 



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ISS nKATRES LYRIQUI8 DE PiWS. 

De quoi va-t-^D s'aviser ms féah. 

De vous placer incongrûment î 

A l'Opéra iaocer une vettale. 

Ce n'est pas là son élément. 
Jouy ât lui-même une parodie de »a Vmalai elle réussit 
complëtemeot sur le théâtre du Vaudeville. Le pot^pourri plein 
d'esprit et de sel que Désaugiers composa sur l'opéra Douveaa 
de SpoDtini est resté dans la mémoire des amateurs. Saint- 
Gilles avait fait, en 1690, une burlesque analyse de ce genre, 
acte par acte, â'Énée et Lavinie de Footenelle et Colasse. 

Venei voir l'opéra à'inéei 

Hatez-vons pour bien vous placer; 

Hais d^à la toile est levée : 

Silence, je vais commencer. 

A ce début, BU plau de cette analyse en chaosons, on volt tfM 
la facétie de Saint-Gilles n'était pas inconnue de Dèsauglen. 

Antoine et Cléopdtre, ballet en trois actes d'Aumer, inusi(iil0 
de Kreutzer, est mis en scène le 8 mars tfiOS. H"' Chevlgny, qui 
s'était monb'ée si brillante et si gale dans Im Ifocea de Gamachê, 
joue B ravir le rôle touchant et passionné d'Octavie, épouse dé- 
laissée par l'amant de la reine d'Egypte. KrBntzer et Persnia 
brossaient à la journée de la musique pour le chaut et la danse; 
leur stérile fécondité, la faveur dont ces fabricants privilé^éi 
jouissaient, devinrent funestes b notre premier thé&tre lyrique. 

M'" Joséphine Armand choisit le râle de Chimène pour son 
début; on repr«id cet opéra de Sacchini. La pièce et l'actrio* 
font peu de sensation. 

Après atoir cédé le premier emploi de basse k Dérivis, Chéron 
prend sa retraite, et l'en représente h son bénéfice te Yutalê ef 
Mirxa, ballet déjà fort ancien. 

Dans un concert qu'elle donoe b. l'Opéra, M*" Grassini, vêtue 
en impératrice romaine, chante Délia tuptrba Roma, air de 
' Nasolini , un autre air dn même maître, un troisième air de 
Portogallo (Simao dit), s mRl isas. 

Le 26 mars 1807, l'empereur s'était fait donner une répétition 
de la Mort d'Abel de Kreutzer, dans Ut galerie de la Hidniaison; 



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ACU16MUC umUALB OE ÏUSQUE. 123 

le premier duo lui plut, il applaudit certaines parties de la mu- 
sique) mail ne perla point dn sucoôe qu'il en espér&it : roraele 
resta muet. 

Arittippe, opéra en deux actea de Glraud et Leclerc, musique 
de l'ioévitable Kreutzer, réussit 1« U mai 1806. La pièce Ast une 
imitation servtle û'Anaximandre, comédie d'Andrieuk. Le rdle 
principal, écrit pour Lays, 4st encore celui d'une espèce de 
ménestrel , philoBO|Ae oouroHné de rdseB , chantant le plaisir et 
le vin comme Anacrâon , poète dont cet acteur dous avait d^fa 
fourni deux éditions. Lays voulait absolument 6tre entouré d'un 
troupeau de jeunes fliles, et Fégder son auditoire d'une série 
d'hymnes adressés k Bacchus, à la Volupté, k la reine de Paphos, 
mère des Amours , des Jeux et des Ris. Les parotlM^ savaient 
que le bonhomme Lays ne sortait pas de b ; ce bonhomme avait 
un immente crédit , on lui redonnait saa« cesse le même rAle 
qu'il redisait avec le mtote habit et parfois sous des noms diffé- 
rents. La musique û'ArUHppo est d'une trivialité remarquable, 
et pourtant c'est ce que le cAëbre violoniste Kreuteer a fait de 
mieux à l'Opéra. Cet ouvrage eut une longue suite de représen- 
tations , grâce aux ballets en faveur dont il était le prélude, 
grftce à l'autorité dont Krautser jouissait fc l'Académie. Les fai- 
seurs de vaudevilles ont sauvé de l'oubli l'air d'une chanson 
i'Ariêtippe; voilà tout ce qui resta des fodaises chantées par le 
philosophe athénien et ses disciples. Lays, Dérivls, Nourrit, 
H'^ Hymm, exéoutèrrait fort bien cet opéra. 

Le 16 août 1806, rel&cb« d'un mois pour des réparations 
faites k la salle. 

Anne-Frédérique Heinel, femme de OAétan Vestris, meurt le 
17 mars 1808, et son mari, le 33 eeptoubre suivant. Il s'était 
retiré du fhé&tit en 1780. 

Des remords de conscience avaient décidé M"* HeûMt ft se 
jeter dus un couvent, ^e s'en échappait la soir pour lUIér dan- 
ser à la cour. Le roi trës-chrétien l'obUgeait a rompra sas Vœux 
une fois par semaine. ii7S. 

Dn 16 août au iKseptetnbrel808, ral&chepour réparer la salle. 

Vénal 91 Aitmit, ballet en an acte ds Oaidel. ) cwiobn. 



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124 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

AldxandTe ctiei ApeUes, ballet en deux actes, de Gardel, mu- 
sique de Catel. lodâcembra. Le cor anglais, si bien gouverné pu* 
Vogt, sonne pour la première fois à l'Opéra dans ce ballet. 

Bonnel, basse, débute dans le cbant; Héraote, Hontjoie, 
H°" Élie, Biviëre, se joignent h la troape dansante pendant 
l'année 1808. 

La Mort d'A<iam et son Apothéoie, opéra deGuillard, musique 
de Le Sueur, est applaudi. L'apothéose excite des tnmsports 
d'enthousiasme. Dégotti, qui l'avait peint et combiné, disait 
naïvement k ceux qui le complimentaient sur l'effet de ce décor : 
— C'est bien le plus beau paradis que vous ayez vu de votre vie, 
et que vous verrez. » 17 mars is». 

Adam, Abel s'étaient disputé viv^nent l'avantage de mourir 
le premier, afin d'avoir l'étrenne de l'apothéose : l'un et Vautre 
défuDt devait être voiture jusqu'au paradis. Voilà des auteurs, 
des peintres, machinistes et directeurs bien adroits I donnant 
coup sur coup une paire de morts et d'apothéoses, les accou- 
plant comme s'il s'agissait de deux chevaux de carrosse. 
Dans la pièce d'Adam, n quel^'un m'intéresse, 

Hélas I messieurs , ce n'est pas lui. 
Adam meurt, j'eo conviens, mais il meurt de vieillesse; 
Plaignona plutôt les gens qu'il fait mourir d'emiui. 

Un schisme déplorable séparait depuis huit ans l'Opéra du 
Conservatoire de Musique. Un écrit de Le Sueur avait causé cette 
scission. Voici le titre de l'opuscule : Lettre en réponse à Gvil- 
lard sar la Mon 4'AdBm , opéra dont le tour de mise arrive pour 
la troisiime fois au Théâtre des ArU, etc. Six pamphlets ou 
mémoires, dont uo de â08 pages, sont publiés en réponses à 
cette lettre, en répliques à œs réponses. L'animosité réciproque 
est poussée à tel point que Bonet de Treiches, directeur de 
l'Opéra, ne craint-pas d'affirmer 

— Que le Conservatoire n'a pu former un seul chanteur. 

B Que le Conservatoire, tel qu'il est, ne présente aucun point 
d'utilité, ni pour le présent ni pour l'avenir. 

■> Que loin de servir l'Opéra, il ne s'occupe qu'à le paralyser. 

» Qu'une corporation qui nuit ai< lieu de servir, est inutile. 



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ACADEMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE. 125 

et même dangereuse, etc. » De l'Opéra en l'an Xn, in-A, Pari», 
BallwdlSOi. 

Voilà ce que Bonel imprimait au moment oâ le Conservatoire 
venait de renooveler tout le personnel chantant de ce théâtre de 
la manière la plus brillante, eo produisant sur ta scène H"* Che- 
Talier, les ténors Roland et Louis Nourrit ; Louis Dérivis, basse; 
Despèramons , baryton ; au moment oà H"* Hymm allait se 
joindre & ces virtuoses. 

Le ténor Ukvigne débute par le rOle d'Achille dans Iphigénie 
en AfUide ; bel homme , belle voix sonnant à plein tuyau dans 
les cordes élevées, mais inculte. On espérait que l'étude, l'exer- 
cice pourraient la façonner; ébloui par l'éclat de ses premiers 
succès, Lavigoe n'a point travaillé; cet acteur est resté ce qu'il 
était à son entrée au théâtre. Son ut, que dis-jeî son ré de poi- 
tiine sonnait victorieusement. Lavigne transposait la plupart 
des airs de son répertoire de la province, tels que Richard, 
6 mon roi! etc., pour les dire un ton plus haut. Quel trésor 
pour l'opéra- franconil Lavigne est venu quarante ans trop tôt. 
1 mal )8M. 

Le 6 mai, la Mort ^Adam est donnée en réjouissance des 
victoires remportées en Allemagne par sa majesté l'empereur et 
roi. Singulier divertissement 1 

Gardel, maître de ballets et mari de la prima ballerina, syl- 
phide comptant une somme de printemps un peu lourde, avait 
trop de raisons de fermer la porte aux jeunes danseuses habiles, 
surtout lorsque ces débutantes avaient été formées par Coulon, 
par MiloD ses rivaux. Il fallut disputer, longtemps batailler 
pour obtenir enfin que BP^ Gosselin fût emballée'parmi les beau- 
lés agaçantes que la Caravane du Caire voiturait depuis vingt- 
deux ans sur la scène de l'Académie. Cette virtuose parall et 
remporte une victoire éclatante. On l'applaudit quand elle danse, 
OD l'aplaudit après qu'elle a dansé. Je n'ai pas Qui, lorsque le 
cortège déSIe en suivant le pacha. M"* Gosselin est arrêtée par 
on tonnerre de bravos, fait une longue pause et de gracieuses 
révérence». 

H*' Branchu, que sa victoire dans la Vestale avait enhardie, 



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IM T^ËATRES LYBIQUSS DE PAU», 

joue et ctunte le râle de DidoB au grand cântentamant i» woY 
qui n'avaient pu voir M" Saint-Huberti. M™ Brandiu 8'étoit 
fait admirer géoéralemeut dans Œdipt à Colono. 

Le succès de Femaaut Cortex ne se de«si9a pas d'une nur 
nière aussi franche, aussi brillante que celui de la VMtoif. En 
ajustant en opéra le Pemand CortM de Piroo , Jeu; a'élalt fait 
aider par Ësménard. Dans U nouvelle partition mise au jour par 
Spontin'i, on applaudit un duo, le chœur de la révolte, un air 
délicieux que cbante Amazili. I^inej, iUys, H" Braochu, re- 
présentent Fernand, Télasco, Âmazili. Ferwmd Cortex, re>-u, 
corrigé , radoubé , n'est joué , dans sa nouveauté, que vingt- 
quatre fois, encore lui faut-il sept ans et les chevaux de Frau- 
Goni pour en arriver à ce chiffre. Vûje^ Houàre musicien, 

tome n, page 173. 

Un journaliste propose d'écrire sur la porte de l'Académie 
impériale de Musique : -• Ici onïoue l'opéra à pied et à chcvak 
IS noTembre ISOO. 

La loi du 7 août 1790, en pla^uit les spectacles sous la sur- 
veillance de l'autorité muuicipide, exigeait que les pennisaioDS 
flissent données à la (Juirge tfwu redevance mvers let pau- 
vrea; mais les dispositions de cette loi, relatives aux spectacles, 
furent presque aussitôt remplacées par c^es de la kâ du 10 jan* 
vier 1791, qui n'imposait aucune obligatian h l'égard des indi- 
gents. Si l'arrélé du Directoire, du 11 nlvOse an IV, imita les 
entrepreneurs de tous les théâtres de la France h donner, tous 
les mois , une représentation au bénéfice des pauvres , ce fut la 
loi du 7 frimaire an V qui créa l'impôt prélevé maintenant à leur 
profit, en ordonnant la perception d'un décime par fnac en sus 
du prix de chaque billet d'entrée dans les spectacles , et des 
places louées pour un temps déterminé. Ce décima fut mis à 
la charge du public qui paya 3 fr. 60 cent le billet de parterre 
de l'Opéra, au lieu de âfr., et les autres billets eu proportion. Ce 
4ixiëme devint par |e fait un onzième prélevé sur la récite brute. 

Cette taxe n'était prescrite que pour six mois; mais elle fui 
successivement prorogée par plusieurs lois et décrets. Bnfln, te 
décret Unpériai du 9 décenlûe 1900 la n&iitfiDti iodéfiniHUDt, 



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AGUttUB nO^MALB D8 IfiKlQtlE. Itl 

lit depat> lors elle figure tous les ans sur le budget eomine les 
tutres impôts. Elle n'était d'abord , pour les dauses et ffites 
publiques, bals et concerts, que du dixième comme pour les 
tiiéAtres, mais eile fut porUe au quart à l'égard de cm établis- 
ssmeuts, par une loi du 8 thermidor an V, et par les lois sub- 
séquentes. Elle n'a pas varié pour les spectacles , étant alors 
oonune aujourd'hui fixée au dixième de la recette. 

La File ds Mort, divertissffluent pantomime, de Gardel ; je 
De vous dirai rien de œ petit b^et : s'il vous souvient de cette 
fêle, recevez-eu mon compliment. 

Le 34 janviffl- 1810, pour la représentation donnée au bé- 
néfice de Laines, on reprend CoUnem à la Coia-, de Gré^. 
M"* HaiUard, qui depuis vingt ans était en possession du pre- 
mier empicri tragique, et »'-j distinguait par son talent et son 
zèle extraordinaire, eut la fantaisie de se montrer dans le rdle 
de la vieille Mathurine, qu'elle dit avec un naturel si parfait, 
une gaieté st franche et si naïve, que le public prit en affection 
ta pièce et l'actrice ; on lui fit répéter constamment ses conpiels. 

Hippomène et Atatanlej opéra nouveau de Lehoc et Louis 
Hcdooi , Dis de l'auteur de Didtm, est joué pour la première 
fois, et complète le spectacle offert au profit de Lunez. 

Après te Mort cPAâam, voici venir la Mort d'Abtt, Q semble 
que l'ordre dironologique est snivi ; dans la série ordinaire des 
événements, le père doit mourir avant le fils , mais le farouche 
GdQ précipite Abel dans la tombe, et, d'un coup de massue, 
bit une exception à la règle au moment où le Créateur venait 
4e l'étabhr. Les fabricants de livrets de ce temps étaient singu- 
lièrement inspirés ; leur genre de gaieté répandit un voile de 
Msteeae et de deuil sur l'Opéra. La Mort d'Abel n'inspira que 
l'etkuei, malgré les cris de Laines et ta vigueur qu'il mit dans 
fexécutiOB du rOle de Caïn. Un duo gracieux, celui qui sert 
d'introduction à la pièce, réussit à la scène et fut chanté dans 
les concerts; on doit en féliciter Mozart, la phrase principale 
de ce duo, la seule qni ptaîse et mérite d'être applaudie, est em- 
pruntée an premier duo des JVotm de Pigaro. a» mon in». 

Adam, Abei, s'étaient disputé le pas, l'apotbéose, la gloire, 



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138 THEATRES LTRlQUiS DE PARIS, 

celle du moins que le machiniste sait équiper. La parodie s'em- 
pare de ce débat solennel et plaisant. A quila gloire ? k propos 
snr la Mort (TAdam, par Dësaugiers, Gersin et Rougemcmt, 
égaya les habitués du Vaudeville. A la troisième représentation 
de cette facétie, l'affiche M donnait ud nouveau titre : Adam 
Montaueiel, A qui ta gloire? 

La gloire qu'il fallut peindre à double exemplaire, afin de coo- 
tenter le fils et le père, était l'œuvre de Dégotti, pour l'ensemble 
du tableau ; de Boquet pour les nuages ; de Boutron pour te jeu 
des machines. 

Par les décrets impériaux du 24 frucUdor an XU et du 28 no- 
vembre 1809 , Napoléon avait institué trente-huit prix qui de- 
vaient être accordés aux auteurs des meilleurs ouvrages mis an 
jour depuis dix ans. Ces prix, nommés décennaux, étaient de 
10,000 fr. pour la première classe, de 5,000 pour la seconde. Le 
nombre des prix n'était que de dix-huit pour ceUe-ci; la pre- 
mière en comptait vingt. Le jury, nommé par l'empereur, publia 
son rapport en juillet 1810, et proposa pour le IV grand prix de 
première dasse, Musique de grand opéra ; la partition de la 
VeiiaU de SpOQtini. La musique de Sémvramù, de Catel, devait 
obtenir une mention honorable. 

Po^fR« lyrique mis en musique. Septième grand prix de se- 
conde classe : la Futaie, par Jouy. Mention honorable : le 
Triomphe de Trajan, par Esménard. 

A peine ces propositions de prix élaient-elles connues, qu'il 
s'éleva mille réclamations contre la partialité des jugements. Les 
clameurs furent si générales, que les juges du concours, inter- 
diU, effrayés, n'osèrent pas répondre aux attaques des journaux, 
des pfmiphlets et des caricatures qui les harcelèrent pendant 
plusieurs mois; ils eurent l'air de passer condamnation sur les 
accusations de camaraderie et d'ignorance qui leur étaient adres- 
sées, n est certain qu'ils ne pouvaient pas trouver de réponse à 
la plupart des invectives dont ce rapport était l'objet; invectives 
qui frappaient juste, carrément et d'aplomb. Après cette pi- 
quante et longue controverse, un seul fait resta démontré; c'est 
qu'un mélange d'esprit révolutionnaire et d'ignoble servilité 



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ACADÉMIE DfP^LE m MJSIÛVE. 1S9 

pour Napoléon, avait dicté les conclusions du jury de l'Institut. 
Je ne dois parler ici que dfs prix concernant l'Académie impé- 
riale de Musique. J'approuve le jugement Aes experts sur trois 
points : ta Vestale méritait ce double honneur pour son livret el 
sa musique; Sémvramis devait être mentionnée en fafeur de sa 
partition; mais Trajan, mauvaise copie de Y Adrien d'Hoffman , 
lequel n'était qu'une traduction de ÏAdriano de Métastase ; Tra- 
jan, misérable contre-épreuve, n'aurait point figuré sur cette 
liste sans la ressemblance qu'Esménard établissait entre son hé- 
ros et Napoléon. 

La république des arts et des lettres était en pleine révolte; on 
voulait s'arracher les prix décennaux ; l'empereur fit renaître la 
paix et l'harmoDie, il mit d'accord ce peuple envieux, turbulent 
et rapace, en ne distribuant pas les récompenses promises! 

Les Français prisonniers de guerre exécutent des opéras sur 
le ponton la VieiUe CatUlle, dans la rsde de Cadix. H~* HoUard 
est la première cantatrice de cette société lyrique, PeUt, daasear 
de l'Académie impériale de Musique, y brille au premier rang, 
et mon frère Sébastien en dirige le chant et l'orchestre. Voyez 
les Mévutires d'un Apothicaire sur la gnerre (PEspagne, par 
SÉBASTIEN BlaZE, 3 Tol. iu-S, Paris, Ladvocat, 18S8. 

L'Académie impériale de Musique célèbre le mariage de son 
chef suprême, Napoléon, par une représentation offerte au peu- 
ple qui n'est plus souverain. Iphigénie en Aulide reparaît sur la 
scène avec le plus grand éclat ; Çue d'attraiu .' que de majesté.' 
Chantons, eilébrons notre reine, sont répétés et salués avec des 
transports d'enthousiasme adressés h la nouvelle impératrice 
Harie-Louise. Un chant d'hyménée avait précédé le ballet de 
r^u* et Adonis. Les représentations par ordre se multiplient 
à cette époque, et le Triomphe de Triyan, les Barda, y figurent 
en première ligne. 

Le chef d'orchestre Rey, qui, depuis trente-six ans, I&- 
nùt le batOQ de mesure & l'Opéra, le cède à Persuis, prend sa 
retraite, et meurt ta même année, & l'âge de septante-six ans. 
19 joiUet 1810. 

Persée et Andromède, ballet en trois actes, de Gardel, mu- 



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130 THËATRBS LYRIQUES DE PAS». 

sigue de Héhni, réussit k merveille le 8 juin. L« cheral Pé- 
gase se fait applaudir et parait sensible aux témoignages de 
satisfaction qui lui sont adressés. Méhul avait Introduit dans ce 
ballet plusieurs morceaux de sa belle partition i'Ariodant. 

SénvmimiB, de Catel, n'avait obtenu qu'un succès d'estime; 
les Bayadèrêa, du môme auteur, sont mieux accueillies, et pour- 
tant la musique de cet opéra ne valait pas celle de Sémiramit. 
Le théâtre est une loterie, un jeu de hasard, le premier ouvrage 
d'un musicien est reçu par te public avec défiance , on Vécoute 
pourtant, et l'on finit par croire que le débutant est capable de 
faire quelque chose ; faculté qu'on lui refusait jusqu'alors. Ce 
même aateor donne un second opéra, très inférieur au premier, 
n'importe , on le reçoit beaucoup mieux parce qu'on a vu plus 
d'une fois le nom de ce musicien sur l'affiche, et que l'opinion 
l'a placé parmi ceux qui ne sont pas tout à fait indignes d'offrir 
leurs productions sur un théâtre. Dérivis, Nourrit, M"* Bran- 
cha, se distinguèrent dans les rOles d'Olkar, Démaly, Lamé». 

s aoat 1S1«. 

Le succès des Bayadères engagea l'administration h remettre 
en scène Sémiramis. L'infortunée reine de Babylone se montra 
deux fois seulement, et rentra dans le tombeau de Ninus pour 
Bcplus en sortir. S^mtVamw n'eut en tout que vingt-deux repré- 
sentations. 

RECETTES PENOjkNT l'àMNÉE 1810. 

1A2 reprétentatiODB ont produit . . . 470,331 fr. 15 c. 
13 bals 70,859 57 



Tot^ ..... 5&I, 090 72 

Le Triomphe du mois de Mars ou le Berceau d^ Achille, opéra- 
ballet, tableau allégorique en un acte, paroles d'Emmanuel Du- 
paty, musique de Kreutzer. Cet ouvrage de circonstance parut 
le 27 mars 1811, après la naissance du roi de Rome. 

Sophocle, opéra en trois actes, paroles de Morel, musique de 
Fiocehi, tomba très lourdement le 16 avril. L'année suivante on 
essaie de le reproduire avec un acte de moins, il retombe avec 
plus de rapidité. 



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ACADSlOB DIPÉRIALB DE MOSDQUE. 131 

LelSJain, reprise Bofennetled' Armid«; Nourrit, Lays, D^i- 
vis. M"" B^anchu, Femère, rendent tout son éclat à ce bel ou- 
vrage. M"* Perrière était «ne bien séduisante naïade, son équi- 
pement ne laissait rien désirer. La musique faible, triviale et 
décolorée des Fiocchi, des Kreutzer, des Persuis avait préparé 
cette nouvelle victoire à Gluck. 

Décret impérial du 13 août 1811 qui, do nouveau, soumet 
tous les théâtres du second ordre et les spectacles de tous gen- 
res, ouverts à Paris, à payer une redevance à l'Opéra. Cette dlme, 
perçue sur la recette de ces entreprises, approchait de 900,000 
francs par an, qu'elle passa bientôt. 

Le Théâtre-Français, l'Opéra-Comique , l'Odéon, n'étaient 
point soumis & cet impôt, réglé pour les théâtres et tous les 
autres spectacles au vingtième brut de la recette, déduction faite 
du droit des pauvres ; et pour les bals, concerts, fêtes champê- 
tres de Tivoli au cinquième. Par un décret de 1813, la redevance 
de Tivoli est flxëe au dixième au lieu du cinquième. 

L'Enlèvement des Satnnes, ballet en trois actes, de MDon, mu- 
sique de Berton, réussit complètement. Berton avait intradait 
dans ce ballet de notables fragments de ses opéras. Le finale de 
Uontano et Stéphanie y produisit un eftet excellent danë une 
scène d'escalade nocturne, lorsque les Sabins viennent surprraidre 
les Romains dans leur camp. 

Du 15 août au 15 septembre, clôture pour réparer la srile. 

Le dimanche 4 novembre 1811, l'empereur tint sur les fonts 
baptismaux de la chapelle, à Fontainebleau , vingt-quatre gar- 
çons, dont la plupart avaient huit ou dix ans. Ces filleuls appar- 
tenaient aux premières familles de la cour. A la messe, on 
exécuta le psaume Laudate, pueri, Dommum, de Le Sueur. 
Napoléon voulut régaler ces nouveaux chrétiens des plaisirs du 
spectacle ; il leur fit réserver des loges pour la première repré- 
sentation de PEnlivement des Sabines, qui, le soir, eut lieu sur 
le théâtre du château. Les danseurs et les danseuses de l'Opéra, 
conduits par carrossées, de Paris k Fontainebleau, la nuit, n'arri- 
vèrent pas sans accident. On avait attaché derrière les voitures 
dés coffires, des bdlots, renfermant les costumes; des voleurs 



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13S THEATRES LYRIQUES VE PARIS. 

adroits profitèrent des ombros de la nuit pour uaper les cordes, 
et s'emparëient de la moitié des toges, des tuniques, des pé- 
plums, des voiles qui devaient habiller Sabipes et Romains, 
Romaines et Sabins. L'alarme fut grande au château, parmi les 
personnes qui dirigetdent le spectacle; mais avec de l'argent on 
fait beaucoup de choses en peu de temps. Les magasins de drap, 
de serge et de calicot de Fontainebleau fournirent les étoffes, que 
le costumier du théfttre taillait sur-le-champ, et distribuait à 
mesure aux couturières que l'on avait mises en réquisition. Tous 
les aeteurs dansants furent habillés avant l'heure du spectacle. 

Méhul, qui triomphait à l'Opéra-Comique, en donnant à ce 
théâtre des ouvrages de l'ordre le plus relevé, succombe une troi- 
sième fois à l'Académie; leg Amazones, en trois actes, paroles 
de Jouy, ne sont représentées que neuf fois en quatre mois. 

n vous souvient d'un ballet de Guillawme Tell qui ne fut point 
mis en scène parce que les membres de la commune de Paris 
avaient escamoté, deux fois de suite, 50,000 francs déposés dans 
la caisse de l'Opéra. Gardet, qui tenait beaucoup à cette compo- 
sition, pensa que le moment de produire au grand jour sa pièce 
favorite était enfin venu, Gardel tire de son portefeuille ce Guii- 
tawme Tell et le présente à l'empereur des Français. Tout en 
approuvant le choix du sujet, en faisant l'éloge de la conduite 
du drame, des tableaux séduisants et variés que le décor offri- 
rait aux yeux, Napoléon fit mettre k l'étude l'Enfant prodigue 
du même auteur. 

Ce ballet en trois actes, musique de Berton, console notre 
Académie éplorée ; la dense comble le déficit des recettes, causé 
par les échecs du drame lyrique. La mise, en scène de l'Enfant 
prodigue est fort belle, Veslris y représente le personnage prin- 
cipal avec une grande supériorité de talent; M"* Bigottini mime 
à ravir le rôle charmant de Lia ; Beaupré, dont la verve comique 
a tant de fois égayé le public, l'attendrit jusqu'aux larmes d&ns 
la scène où l'esclave nègre vient au secours de l'Enfant prodigue 
mourant de faim. Je dois vous parler d'une aimable négresse, 
dont les pieds mignons, trillant comme le gosier d'une Gabrielli, 
trahirent l'incognito, mascarade bizarre s'il en fut jamais. 



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ACADÉUIE IW^ËRIALE DE MUSIQUE. 133 

H^'* GosseliD s'était produite avec taut d'éclat que Gardd ne 
pouvait se dispenser de La montrer daus sa nouvelle composi- 
tion. L'alBche anoonçatt la virtuose déjà favorite, et tout le 
inonde la cherchait en vain sur la scène où voltigeait l'ensemble 
du ballet , lorsque deux pieds noirs comme de l'encre manœu- 
vrèrent de telle sorte, que l'assistance devina H"" Gosselin sous le 
masque d'ébène dont on avait maUcieusement couvert sa figure 
expressive. Cette reconnaissance, dramatique au dernier point, 
fit éclater un houra d'applaudissements , et la négresse eut une 
lai^e part aux honneurs de ta fêle, as &nu isia. 

Je dois enregistrer ici la chute i'Œnone, opéra en deux actes, 
de I^bailly, musique de feu Kalkbrenner, terminée par son âls 
Christian-Frédéric, le &meux pianiste- 26 mai isis. 

M"* Saint-Huberti, devenue comtesse d'Kntraigues, M"" Saint- 
Huberti, qui n'avait cessé d'être une grande actrice que pour se 
placer parmi les grandes dames, t^mine sa carrière, jusqu'alors 
si brillante, d'une manière déplorable, horrible. Le comte d'£n- 
traigues s'était mis au service de la Russie, et remplissait des 
missions confidentielles richement récompwsées. H trouva la 
source d'une fortune plus considérable dans la communication 
des articles secrets de la paix de Tilsitt. Muni de ces pièces 
importantes, le comte se rend k Londres et les montre an mi- 
nistère anglais : une pension lui fut assurée en échange de ce 
service. La police de Napoléon est informée des liaisons du 
comte d'Entraigues avec le ministre Canning; Fouché s'em- 
presse d'envoyer deux agents à Londres. Au moyen d'un émigré 
vénitien , ces émissaires parviennent à séduire, h corrompre il 
force d'argent, Lorenzo, domestique du comte, afin de pouvoir 
prendre lecture et même copie des dépêches que ce Fiémontais 
portait fréquemment & Canniug, de la part de son maître. 

Lorenzo remettait au Vénitien les lettres écrites et reçues par 
le comte, il les décachetait et gardait les enveloppes. La famille 
d'Entraigues était alors à Bamner-Tearace, habitation dans le 
comté de Surrey. La veille du jour fatal, d'Entraigues reçut des 
dépêches sciées d'un cachet particulier, et qui nécessitaient 
son départ pour Londres. Tout fut disposé pour le tondemain 



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134 TOËAUtES LYRIQUKa DE PARIS. 

matio. Loreozo, voyant i|ue ses infidtittés lUIaieDt être, décoo- 
vertes, frappa son maître de deux coups de poigaard qui le re- 
versèrent baigné dans son sang au bas de l'escalier. Craignant 
qu'il ne fût pas bien mort, H remonta pour prendre un pùtolet 
afin de t'aclievcr, et courut à la comtesse qu'il frappa dans la poi- 
trine comme elle allait monter en voiture, pour empêcher sans 
doute, qu'elle ne le fit arrêter. Il avait totalement perdu la tète, 
car, entendant le tumulte causé par cette tragédie, il se servit 
du pistolet qu'il était allé quérir, pour se faire sauter le erAne. 
Le comte et la comtesse explrèrtiot quelques heures après ce 
funeste événement, le ifâ juillet 1812. Lrs enveloppes des lettres 
décachetées furent trouvées Oans la malle de l'assassin. L'émi- 
gré dont le nom était vénitien, mais que l'on disait né dans la 
Suisse , fortement soupçonné d'avoir été le provocateur de ce 
crime, se donna la mort quelque temps après , en se prédpitant 
par une fenêtre. 

La comtesse d'Entraiguos portait habituellement la décortUiOD 
de l'ordre de Saint-Michel que Louis XVIII lui donna pour ses 
talents et les services qu'elle avait rendus à ta cause rojale, co 
faisant évader le comte son mari des prisons de Hilan, en stui- 
vant son portefeuille, qui renfermait des pfqtiers d'une haute 
importance. 

Voici venir une grande machine, cinq actes de fiaonr-L(«tniao, 
musique de Persuis , Jérusalem délivrée, que l'on promettait 
depuis plus d'un an aux dilettantes. (Juel assommoir ! onb&iUait 
k dire d'experts à Jérusalem délivrée, mais la mise en scène de 
cet ouvrage, avant-gout do l'opéra-franconi, présentait un attrait 
séduisant. La musique était du chef d'orchestre de l'Acadànïe, 
homme adroit en intiigues, pauvre de talent, mais riche en can- 
tèles, et Jérusalem bien soutenue par Tudministration, eut eaaoK 
un succès k peu prés honorable, is septanbre isii. 

Gcoit ans auparavant, le 17 octobre 1712, une Jérusalem déi^ 
vrêe, en cinq actes, de Longepierre, musique de Philippe, duc 
d'Oriéans, avait été représentée sur le théàtiè de la cour, i. Foo- 
t^neblem. Besiée en manuscrit, on en fit imprimer le livnt 
^ur l'opposer b celui de fiaour-Lormian. Ce partdier, indigaé, 



ityGoO^k' 



ACAOeaOE DfPlinULE DE WJEUf^. 13S 

désolé d'avoir introduit de trop belles choses daoB un Uvref 
d'opént, s'occupait à vulgariser son poème, afin d« le mettre en 
quelque sorte au niveau de ceux de la même espèce. — Vous me 
voyez en train de dëlimer, de gatar mes vers de iénualem, dit-il 
à l'up de ses amia, qui le surprit travaillant à l'inverse, d'hon- 
neur, c'était trop beau pour un opéra, s 

Faisant un jour son propre éloge dans les termes les plus exa- 
gérés ep présence de ce mSiae familier, ~ Jeune homme, lui 
• dit-il, cela vous étonne, et ce n'est pourtaDt que de ta franchise. 
N'avoDB-nous pas le droit de nous parer des titres que la posté- 
rité nous réserve î » 

Écho et Narcisse, tombé deux fois du temps de Gluck, tombe 
une troisième fois le 20 octobre 1812. Bertoaavait fait quelques 
chasgemeots & la partition. 

Encore un pastiche : le laboureur chinois, opéra en un acte, 
musique de Haydn, Hosart, etc., paroles dit Morel que vous 
saves, l'éternel badigeonneur de l'endroit, dut sa réussite àla 
coiffure chinoise de M"* Himm, devenue alors M"° Albert. 

Elle représentait Nida; ses beaux, cheveux relevés à la chinoise 
avec des épingles d'or, à p^'les d'or pendantes, sa figure entiér»- 
ffleot découverte, et que cette parure étrange rendait plus gra- 
ùfiuse encore, produisirent uq effet magique sur te public lies 
applaudissements éclatèrent au moment où W Albert se montra. 
On rendit hommage h la jolie femme avant qu'elle eût dit un seul 
mot. Les autres virtuoses de l'Opéra voutureol essayer de œ 
moyen de succès; et, sans avoir égard h la qu^ité des person- 
nages qu'dles représeo latent, méprisant toutes les convenances 
théâtrales, on vit Psyché, Vénus, Iphigénie» Antigone mém«, 
en 18131 paraître en habit grec coiffées à la chinoise, à grand 
renfort d'épingles d'or, à perles d'or flottantes. Elles s'aperçurent 
bientôt qu'elles faisaient de l'esprit, de l'anachronisme en pure 
perte. Cet ajustement était périlleux, it ne convenait pas è. toutes 
les figures. Fidèle & ses amours, le public n'applaudissait, ne 
fêtait qu'une seule Chinoise : H"" Albert. l,a coiffure chinoise 
se répandit aussitôt dans le monde galant, et s'y maintint pen- 
dant plusieurs années. 



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136 TSÉAIRES LYRIQUES DE PARIS. 

Oq r^rësentait Jérusalem délivrée; le retour d'uD trapillon, 
qui venait d'introduire des diables sur la scène, saisit et casse 
une jambe au chanteur Albert Bonet Double de Lajs, il devint 
boiteux comme sou chef d'emploi ; avec cette différence que l'un 
claudiquait à droite et l'autre à gauche. La mauvaise jambe de 
Lays le suivait comme ud sabre k la housarde. 

Albert étudiait un solo brillant qu'il devait exécuter sur la 
guitare en dansant uo pas, avec deux ballerines charmantes, 
dans les Abencerrages, opéra que l'on répétait. Antonio se met ' 
à l'œuvre en secret, s'exerce assiduement sur Le ratgado et les 
harpëges, aHn d'avoir la fleur de celte nouveauté. Pour assurer 
la réussite de son projet, il choisit pour complice M"* Courtin, 
danseuse et femme du secrétaire de l'Académie, La musique du 
pas de la guitare est glissée parmi les parties d'orchestre des 
Noces de Gamache. Enveloppés dans leurs manteaux, Aotonin 
et M"' ConrtiD arrivent sur le thé&tre et s'abritent derrière un 
châssis. Au triple accord de l'orchestre, les usurpateurs se 
démasquent, s'élancent en scène et dansent au son de la guitare 
pincée par Antooin. Ils douuent aux Noces de Gamache le pas 
qu'on réservait pour Us Abencerrages. Le public les applaudit 
avec transport; mais il fallut tout le crédit du secrétaire Courtin 
pour apaiser la colère des maîtres de ballet. Achille tira l'épée 
contre le perQde Ajai, le prudent Ulysse accourut, sépara les 
combattants, et le virtuose Albert reprit ses droits de la manière 
la plus brillante dans l'opéra nouveau. 

Le 6 avril 1813 , leurs n^jestés impériales et royales assis- 
tent -à la première représentation des Abene^rages , opéra en 
trois actes , paroles de Jouy, musique de Cherubini. Nap(déon 
part le lendemain pour aller k rencontre des Russes et de 
leurs alliés , qu'il joignit Ji Bautzen, k Lutzen. Les Abeneer~ 
rages n'eurent qu'un succès d'estime; cet ouvrage renfermait 
pourtant de très beaux chœurs, la scène d'Almaozor, Sut- 
pendez à ces murs, les airs Enfin j'ai nu naître l'aurore. 
Poursuis tes belles destinées, qui méritent d'être cités ainsi que 
l'ouverture. 
Paul débute dans la Caravane, le 11 mai 1813, et Ferdinand 



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ACADËHŒ UPËRIALE DE MUSIQUE. (37 

fait ses pruniers pas dans le Devin du Village, le 18 juin sui- 
rant; double succès pour !e ballet. 

Nina, ballet eD deux actes, de Milon et Persuis ; H"* Bigottini 
mime à ravir le rôle de Nina, cette folle par amour déjà si bien 
représentée à la Comédie-Italienne par M"* Dugazon en 1786. 

Les trois sources principales où le chorégraphe puise les 
sujets de ses compositions , sont l'histoire , la mythologie ou la 
féerie, enfin la nature touchante , naïve ou comique. Nina fai- 
sait verser des larmes. 33 noveiabre isis. Notre fameux hautboïste 
Vogt exécute avec tant d'habileté, de charme un solo capital de 
cor anglais dans Nina, que le duc de Berri veut s'exercer sur 
cet instrument, et prend des leçons de Vogt. 

Milcent et Fontenelle s'étaient déjà fait connaître par Hécube, 
et pourtant l'Académie consentit à représenter Médée et Jason 
des mêmes auteurs. Il est vrai que depuis douze ans elle avait 
recours aux exceptions dilatoires, répondant aux solhcitations 
fréquentes dont cette pièce était l'objet : — Ce n'est pas un opéra 
de carnaval. •> Plus tard, elle disait : — Ce n'est pas un opéra 
du premier jour de i'an. » H fallut s'exécuter enfin, l'ouvrage 
était reçu. — Laissons là Médée, et jasons, » dit un plaisant du 
parterre. C'est ce que l'on avait de mieux k faire ; je suivrai cet 
exemple, lo Mut isis. 

L'auteur de la Caravane, de Panurge, de Colinette à ta Cour, 
i'Anaeréon chez Polycrate et d'un grand nombre d'opéras co- 
miques, termine sa longue et brillante carrière; il meurt le 
ik septembre 1813. Les funérailles de Grétry présentèrent une 
pompe, un luxe de deuil, un éclat douloureux jusqu'alors sans 
exemple en France pour les obsèques d'un artiste. Promené dans 
Paris, le corps du défunt fait une longue station devant le théâ- 
tre de l'Académie impériale de Musique, on l'arrête aussi devant 
la salle Feydeau. Ces lieux témoins des longs triomphes de Gré- 
try, portaient le deuil du mélodiste spirituel et fécond; de lugu- 
bres draperies voilaient l'entrée de ces théâtres, où l'on voyait 
la compagnie entière des acteurs, vêtus de noir, attendre le dé- 
funt au passage et le saluer d'une oraison funèbre et de plusieurs 
chants de déploratioa empruntés k ses opéras. Le corlèg*, oii 



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138 tbuihes lyriques hë paris. 

figuraient tout^ les illustrations de l'époque, défilait aux stma 
d'une musique pleine de douceur et de mélaDcolia; chacun 
tenait en main des palmes, des rameaux de cyprès. C'est ainsi 
que Orétry s'acheminait lentement vers son dernier asile. On 
représente Zémire et Asor le soir mdme de ce jour ; le trio lait- 
tex-^nolia pUwer, produit un merveiUeu!( eSet; on couronne 
le buste de l'auteur, dont le public vient d'applaudir encore les 
chants mélodieux. Tous ses coofrëres, musiciens et littérateurs, 
siègent aux balcons, en habit noir, et la cérémonie, commencée 
sur le boulevard des Italiens, n* 7, continuée à l'église, au cime- 
tière, s'achève au thé&tre. 

n est beau de finir ainsi, d'être conduit à la tombe par no peuple 
entier. Ce deuil national pour l'artiste dont on aimait la per- 
sonne et les œuvres, dont le chœur reproduisait les mélodies 
en faisant éclater des plaintes funèbres , était solennel et tou> 
chant. 

Les théâtres lyriques suivirent ce précieux exemple et surent 
exploiter ii leur tour cette tiistesse en donnant de nombreuses 
représentations offertes aux m&nes de Grétry ; l'accompagnement 
du gruid deuil obligé produisit beaucoup de joyeuses recettes. 

Le digne neveu de Méhul, M. Daussoigne, directeur du Con- 
servatoire de Liège, fit exécuter une belle cantate de sa compo- 
sition en l'honneur de Grétry, lors de la translation du ciiEur de 
ce maître dans sa viUs natale. 

Levasseur débute dans la Caravane, élève du Conservatoire, 
on applaudit sa voix et son talent, le & octobre 1813, dans le 
rOle du pacha. 

Succès merveilleux de M"' Gosselin cadette, elle fait ses pre- 
miers pas, dans JéntitUma, le 39 octobre 1813, et deviwit ensuite 
M"" Anatole. 

H" Branchu ne peut faire réussir Phèdre, remise eq soëoe )e 
S novembre. Après une second^ exhibitioq, l'opéra de Lemoyne 
est abandonné. 

Le 19 janvier 181V, on TOit pour la première fois une affiche 
taillée sur le grand patron, un placard iauuense, estampé sur 
les murs de Paris. Cette aS&dïe ooDODçait un concert spirituel 



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ACAIAIOB IHPtIUALE DB HUSIQUE. 139 

dûDDé par l'Acadéinle. C'est de ce jour que date l'usage des pla- 
carda étendus, prolongés, imprimés en lettres cubitales. 

Les années ennemies s'approchaient et menaçaient Paris; 
tOriflatmne, pièce de circonstance, destinée k ranimer l'esprit 
public, fut improvisée par Etienne, Baour-Lormian, et représen- 
tée le 31 janvier 1814. La musique de cet acte était de Méliul, 
Faér, Berton et Kreutzer. 

L'Orifiamme! 8iog;ulier titra à mettre sur les affiches au mo- 
ment où le comte d'Artois était à Vesoul I Les paroliers se trom- 
pèrent complètement; on ne pouvait les accuser d'avoir une 
inleation maligne, et de manquer tout exprès le but qu'ils 
s'étaient proposé. Impériaux et royalistes s'empressèrent d'ac- 
courir il cette assemblée nationale du beau monde : toutes les 
loges avaient été louées par l'un et l'autre parti. Le foubourg 
Saint^ïenaain se disposait à des applaudissements exagérés, et 
ne cherchait point à déguiser sa joie. Les acteurs se montraient 
pleins de zèle pour V Oriflamme j M"' Albert, qui venait de tenir 
le premier emploi dans Œdips à Colone, la jolie Pauline, figu- 
rèrent parmi les coryphées de l'opéra nouveau. Succès victorieux, 
éclatant, foudroyant. Succès pareil à celui d'un éligible opposant 
que légitimistes et républicains voulaient, en 1831, pousser à la 
chambre en réunissant leurs efforts. ' 

Les militaires, les gardes nationaux, dont la foule compacte 
roDuait dans les corridors, encore émus de la scène touchante 
qui e'était passée aux Tuileries, lorsque l'empereur avait présenté 
le roi de Rome à la garde nationale de Paris , ne voyaient dans 
l'oriflamrae que le drapeau français ; mais une infinité d'autres 
ne voulaiwt y reconnaître que la bannière de P^iihppe-Auguste, 
avec ses fleurs de lis , portant le cri de guerre Monjoii laint 
Dmit! Tons étaient dans un égal enchantemeot, qu'ils témù- 
gnaient par des bravos, des applaudissements frénétiques. 

Les six premières représentations de l'Oriflamme produisirent 
fiS,000 (nmcs. La Ronde de Nuit, chant militaire, termine ce 
drame à sa dixième représeutation. La onzième, donnée Je 
15 mars 1814, fut la dernière. 

Un homme de beaucoup d'esprit, de savoir, de talent; un 



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140 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS, 

journ^iste qui réglait le goût en France, imposait son opinion ; 
un critique dont les feuilletons renfermaient bien souvent des 
éloges pompeux, outrés de Napoléon, qu'il abominait de toutes 
les puissances de son ame, Geoffroy meurt avant de voir le titre 
de Journal des Débats ressaisir ses droits en faisant abandonoer 
celui de Journal de l'Entre. C'était prendre sa bisque mal à 
propos. Ignorant de tout point en musique ; n'ayant pas même, 
à cet égard, l'instinct que la nature accorde aux animaux les 
moins intelligents ; butor, plus butor peut-être que La Harpe I 
Geoffroy tenait la France musicale sous sa férule, et régentait 
l'Opéra : croyez qu'il en disait de belles avec un admirable 
aplomb. Chargé d'écrire le feuilleton du Journal de VEmpire, 
il fournissait l'énorme contingent de six ou sept articles par 
semaine, sur les tbéâb'es principalement, et sur toute autre espèce 
de sujets, depuis l'épopée jusqu'aux tulipes, aux confitures. Il 
recevait trente mille francs par an ; c'était de l'argent bien placé. 
Recherchés, à bon droit estimés, en excejttant ses divagations 
stupides sur la musique, les feuilletons de Geoffroy contribuèrent 
pour beaucoup à la grande fortune du Journal de l'Empire. On 
le tirait alors à 30,000 exemplaires, distribués à 29,000 abonnés. 

Aldbiade solitaire, opéra en deux actes, de J. Martin (Eta- 
rouiQet dit) et Cuvelier, musique par Alexandre Ficcinni, petit- 
fils de l'auteur de Didon, parait le 8 mars et s'éclipse anSsitot. 

Le 29 mars 181V, Ipkigénie en Aulide, Paul et Virginie, sont 
représentés au bruit du canon. Paris est assiégé le 30, les Russes 
et les Prussiens entrent le lendemain dans notre capitale. 

Le 1" avril, on avait affiché feTnompfte de Trajam l'empereiu" 
de Russie et le roi de Prusse, qui devaient assister k cette repré- 
sentation, firent changer le spectacle en demandant ta YestaU. 
On exécuta cette pièce avec les décors de TTojan, le temps man- 
quait pour en préparer d'autres. Des transports de joie et d'en- 
thousiasme accueillirent l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, 
nos amis les ennemis ; la salle était comble. Vive Henri Quatre 
est salué par un tonnerre d'applaudissements, quand l'orcheslre 
fait entendre cet air avant l'ouverture de la Vestale. A la demande 
générale, Lays le chante à la fin du spectacle. 



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ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. 144 

Le Triompha de Trajan était annûDcé, ['affiche le promettait 
aux souverains aUiés le jour de leur entrée à Paris, ib préfé- 
rèrent la YettaU. Ceux qui voulaimit trouver une intention 
maligne et politique dans ce changement avaient deux fois tort 
L'empereur de Russie et le roi de Prusse demandèrent que l'on 
substituât la Yestale au Triomphe de Trajan, parce que l'œuvre 
de Spontini leur plaisait, et que Trajan devait les faire mourir 
d'ennui. Dans une ville ennemie, on se méfie de tout; timeo 
Dattaos opéra canentet. Ces monarques prudents avaient pu se 
tenir it l'abri du cuioQ, la même circonspection était nécessaire 
à l'égard de la musique de Persuis. 

Le 5 avril, l'Opéra reprend son titre primitif, depuis vingt- 
trois ans perdu; l'Opéra redevient V Académie royale de Uur- 
tique. 

Louis XVni fait son entrée k l'Académie le 17 mai 181t ; il 
assiste h la représentation à'Œdipe à CoUme, et d'un nouveau 
divertissement de Gardel et Persuis, ballet de circonstance, 
ayant pour titre le Retowr des Lia. 

Pelage ou le Roi et la Paix, opéra en deux actes de Jouy et 
Spontini, pièce relative aux événements de l'époque, parait le 
23 août. 

LavigDe fait eDlendre une chanson du comte de Bouille, mu- 
sique de Persuis, dont le refrain était Viveleroi, vive la France! 
composition triviale, que l'on avait décorée du titre de cantate. 

L'Académie royale de Musique passe dans les attributions du 
ministre de la maison du roi. Picard en est toujours le directeur, 
et H. de Pradel, ministre, surintendant. 

Louis XVIII voulut entendre encore les mélodies très suran- 
nées qui l'avaient charmé pendant sa jeunesse. On reprit Cas- 
tor et PoUux, de Rameau, radoubé par CandeiUe. Le retour de 
Napoléon, échappé de l'Ile d'Elbe, arrêta les représentations de 
cet opéra que l'on avait ofTert au public le li décembre ISlh. 
Napoléon fit rentrer Caator et Pollux dans la bibliothèque du 
théâtre. Le chef-d'œuvre de Rameau n'en est plus sorti. . 

Nous reviendrons au titre d'Académie impériale de Musique. 

L'Épreuve viilageoite, ballet en deux actes, calqué sur l'opéra 



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1« ACAJOeiHB IMPÉRIALB W HUSIQUE. 

comique de Desfw^es et Orétry, réussit le 4 arrU 1818. Pnsois 

ammge ta musique de cette œuvre chorégraphique de Hilon. 

Sa majesté l'empereur Napoléon assiste h la représentation de 
la Veiials suivie du ballet de PêyeM, donnée, le 18 avril 1815, 
par son Académie. SaUe comble , transports de joie et d'enthou- 
siasme, tonnen« d'applaudissements. 

Ainsi gue son émule Fersuis, Kreutzer continue k fabriquer 
de pitoyables compositions gue son crédit fait arriver sur la 
scène en dépit du public. H est vrai que ce même public, trop 
cruellement désappointe se permet de siffler la PHnc«ise de Ba- 
bylonne, opéra en trois actes, dont Vigée et Horel avalent rimé 
le Hvrti. 



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XXI 



■e Mit « itn. 

L'tpretut vlUagtoiu, Plut a Ziphtre, h Camaeal it Fentt», btllets. — DniU 
d'suteor. — Le Santgnot. — Changement des Jenm de epeetade, — La tMe 
d'Holopbenie. — Fuétie de ChoroD. — Reprlie des SamUm, — LéopoU 
AinuKi, (M Juuc formuc — Opért- Italien. — Aetùlle malade. — Manies 
de Penuia. — Otympir de SpontlnL — Note eaiiBaae. — Aaaueinat du dac 
de Berri. — D«etraetion de la salle de l'Opéra. — Camp rolaot , inEerr^e. 
— De ropéra «i France. — Je fbnde la critiqne muaicale en France. — Le 
mlnlitère me commande tout nn répertoire d'opéras tnduils. — RUorme 
ptcjetée. — Metè de HonfnL — Berton et Boaltil. ~ Oamton de la noo- 
ifalla sans. ~- Adolidie nourrit. ~ Maria Hereandetti. — iMte M te Xm^ 
I, débat de M"* Jftwureck et du gai. 



Le 80 juin l'affiche mmnçùiAlcstte M FÉprtwoé viUttgeoitet 
l'Académie n'ouvrit point ses portes. Paris était assiégé pour la 
seconde fois. Ce théâtre ne reprit le cours de ses exercices que 
le 9 juillet suivant avec le titre i'Aeadêm%« royale de HuHque; 
ce qui fait dix changements en vingt-quatre ans : nous en Ter- 
rons bien d'autres. 

Le 14 jaiHet, Louis XVUI, l'empereur de Russie et le roi de 
Prusse assistent au spectacle composé S!Iphigéni« en Auhde et 
de laDansomanie. Lays chante Vive Hewi Quatre. 

Gardd et Milon improvisent un petit ballet de <dfco&stuice, 
tHewrews Retow, que le public reçoit avec enthouBiasme le SS. 

Le 2 novembre, l'Opéra donne, au béoéflce des h^ituits de 



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144 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

Soissons, victimes des maltieurs de la guerre, une r^r6senta- 
tion extraordinaire. H™ Catalani, directrice du Tbé&tre-Ilalira, 
y figure avec sa comp^^ii^ chantante. Cette virtuose y tient le 
rôle de Marietla dans la Caccia d'Enrico IV. L'Éprewoe viUa- 
geoise, VHeureux Retour, ballets, complètent le spectacle. 

On remet en scène Renaud de Sacchini; cet opéra ne prodoit 
qu'un médiocre efTet, bien qu'il fût soutenu par le talent d'une 
vaillante Armide, M"* Brancbu. M"* Bigotttni fit sa rentrée dans 
Nina le même jour 16 novembre. J'assistais à cette représenta- 
tion en amateur; avocat, sous-préfet, la musique n'était encore 
' pçur' moi qu'un amusement; je l'aimais avec une ardeur juvé- 
nile; ce feu s'est bien ralenti depuis qu'il m'a pris la fantaisie 
de l'épouser. L'idée d'écrire sur la musique me vint en écoutant 
l'œuvre de Sacchini. Le lendemain je as mon premier feuilletoo. 
Saignes était directeur de je ne sais quel journal ; ses articles 
sur la musique me semblaient contenir un peu moins de sottises 
que ceux de ses confrères, je lui donnai la préférence. Saignes 
trouva-t-il mon opuscule mauvais? lui parut-il trop bon? Cet 
écrivain était-il assez ignorant pour ne pouvoir émettre une opi- 
nion sur cet essai? Je ne puis résoudre aucune de ces questions. 
Le fait est que mon article ne fut point imprimé. Deux: autres 
feuilletons, remis à Martainville, restèrent dans un oubli com- 
plet. Dire qu'on n'en voulait pas pour deux sous, pour deux 
liards, serait d'une intolérable présomption ; on n'en voulait pas 
pour rien, on n'en eût pas voulu même si j'avais offert d'en 
payer l'impression. 

Compositeur de ballets d'un talent éprouvé reconnu, Didelol 
sollicitait en vain l'Académie pour la mise en scène de Flore H 
zêphire, ballet anacréontique en deux actes. Toutes les excep- 
tions dilatoires ou non avaient été mises en avant pour barrer le 
chemin à l'artiste, d'autant plus dangereux qu'il promettait du 
nouveau. Une dernière mais victorieuse objection devait le foi^ 
cer à la retraite. — Songez, lui dit-on, que ce ballet va coûter à 
l'administration 10,000 fr. de plus qu'une autre pièce du même 
genre. — 10,000 fr. I — Oui, dix mille francs ; il ne faut pas 
moins pour l'équipement de vos mécaniques. — 10,000 fr. I — 



ityGoO^k' 



ACADÉIOE ROYALE DE MUSIQUE. 14!> 

Qu'en dites-vous?-^ Je dis que Je les donne. En mon bon droit 
j'ai confiance. » Didelot répondit carrément, c'était réduire au 
taeet l'artillerie de l'opposition, l'affaire put alors marcher ron- 
dement. Flore et Zéphvre obtint un succès prodigieux, et l'Aca- 
démie rendit au plaideur, qui venait de gagner son procès d'une 
manière audacieuse et brillante, le prix déposé pour la cautio 
judicatwn soivi. 

Dans ce nouveau ballet, deux petites filles charmantes, Vir- 
ginie et Félicité Hultin représentent deux satyres bambins avec 
une gentillesse parfaite. Flore et Zépbire, attachés h. des fils dé 
laiton, traversaient plusieurs fois le théâtre en volant (si j'ose 
toutefois me servir de cette expression trop ambitieuse), Duport 
et sa sœur, qui les représentaient & merveille, se faisaient rem- 
placer par des figurants quand il s'agissait de fendre l'air h. tire 
d'ailes. C'est la première fois que l'on fit manœuvrer les dan- 
seurs académiciens de cette manière, suspendus au plafond, 
aussi lestes que des jambons accrochés dans la boutique d'un 
charcutier. En 17&6, on s'était montré plus audacieux h la Comé- 
die-Italienne. Dans le Prince de Saleme, Arlequin enlevait le 
Docteur; l'un et l'autre, partant du fond du théâtre, s'élevaient 
jusqu'à la voûte de la salle, an-dessus du parterre, et disparais- 
saient dans l'ouverture circulaire qui donne passage au lustre. 
Après un grand nombre d'épreuves, toutes également heureu- 
ses, le parterre désira que les acteurs fissent leurs évolutions, 
leurs tours de force et d'agilité dans l'enceinte du tbé&tre, 
sans venir voltiger dans les régions de l'empirée réservé au 
public 

Picard cède la direction de l'Académie h. Papillon de La Ferté, 
qui se fait aider par Choron et Persuis, régisseurs ou contre- 
maîtres soumis k la volonté stupide et suprême du Papillon. La 
direction de l'Opéra, si brillante et si désirée par une infinité 
d'amateurs, déplaisait souveraioement h Picard. — Je regrette 
ma calotte de Crispin, disait -il; je ne puis m'occuper sérieuse- 
ment de satin et de gazillon. » 

L'ordonnance du roi du 18 janvier 1816 statue sur les droits 
des auteurs qui Uavaillent pour l'Académie royale de Musique. 



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146 THÉÂTRES LYRIQUES DE PABIS. 

Les somines fixées par le règlement du 29 brumaire au YII 
restent les mêmes : la distribution seule en est chuigée. 

Le droit des auteurs d'un opéra, formant à lui seul un spectacle 
wtier, est de 500 francs, à partager pour chacune des quarante 
premières représeotations; il tombe et reste h 300 francs dès la 
quarante-unième. S'il faut ajouter un ballet d'actlou à cet opéra, 
pour le complément du spectacle, ce droit est diminué d'un tiers. 

Le droit des auteurs d'un opéra en im ou deux actes est de 
S&O francs pour chacune des quarante premières représentations ; 
il tombe et reste h 100 francs dès la quaraute-unième. 

Deux grands ouvrages donnent les entrées au théâtre pour 
dix ans. Itois ouvrages les donoent pour la vie. 

Ce droit fixe n'est point en rapport avec le produit des repré- 
sentations de l'Académie. Le droit proportionnel, réglé sur la 
recette du jour, droit que paient toutes les autres entreprises 
dramatiques, est bien plus avantageux pour les auteurs. La Dame 
bUmche, mise en scène à l'Opéra, n'eût produit k M. Scribe, à 
Boieldieu que les deux tiers des droits perçus à l'Opéra-Comigue. 
11 est vrai qu'à l'Académie on paie le vide comme le plein : U 
part des auteurs est invariable. N'importe, elle est réglée d'une 
façon trop mesquine. Depuis longtemps les auteurs demandent 
une augmentation; plusieurs savent l'obtenir au moyen des 
primes qu'ils exigent du directeur. Ce supplément, de mille ou 
quinze cents francs par acte, une fois payé, les indemnise hon- 
nêtement. Les autres prennent patience; leur droit fixe devient 
précieux lorsque le public déserte l'Opéra. 

N'est-ce pas monstrueux qu'un Uvret, un canevas informe, un 
croquis dramatique, un lyrique gâchis, improvisé dans une 
semaine, et que son autetir n'ose pas toujours avouer, soit rému- 
néré comme une partition formidable, immortelle, une partition 
qui présente encore huit cents pages de gravure, quand on en a 
supprimé le tiers ou la moitié pendant le cours des répétitions T 
Est-il dans notre langue une expression décente pour désigner 
une œuvre semblable au livret de Guillaume Tell ? Ce prodige 
de stupidité, cette brochure infime, ce pamphlet d'une feuille 
inepte, mis dans la balance Ûnancière, la tient en équilibre, 



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ACAlAfK ROYALE DE MIKQUE. 147 

quand la parUlion de Rossini lui sert de cootre^ds. 500 francs 
à partager chaque jour de représeiitatioD, 350 pour le livret, pim 
10,000 fraoes pour le tiers du prix de vrate de la partition. En 
Italie, un semblable pastiche, un livret de la sfxrte batl, serait 
acquis à l'estimation de vingt écus une fois payas. Mais Iw Fraa> 
çaia aiment tant les paroles I ils se complaisent tant aux mots 
d'un opérai Je ne les blâmerai point; en effet Mon père tu 
m'as dâ maudire, n'était-il pas impayable f 

Vous me direz que Bossini produit une partition de ce mérite 
et de ce calibre en deux mois. J'eo conviens ; mais le temps ne 
fait rien à l'atEaire. Heyerbeer limera pendant neuf ans entiers 
un ouvrage du mfime grare. H laut que le génie, il faut que le 
talent, le labeur du musicien soient récompensés dignement et 
selon leur importance. L'un fait coulera grands flots la musique, 
(die s'écbappe en torrents de sa verve féconde. L'autre beaucoup 
moins heureux, mais plus patient, attend que son petit filet d'eau, 
tMubant goutte k goutte, ait rempli le réservoir. Alors il lâchera 
t'éduse pour obtenir enfin son torrent ou quelque chose qui lui 
ressemble un peu. D'un seul coup de sabre, le premier a rw- 
rersé le grand m&t d'un vaisseau de haut bord ; l'antre fera 
tomber ce m&t en le sciant avec un canif. 

Vous voyez que le musicien arrive au même but en suivant 
àeta. routes différentes. Meyerheer n'a point fait d'ouvertures 
pour ses opéras. Nous comptons une vingtaine de symphonies 
dramatiques de Rossini. Ces deux maîtres ont également [Houvé 
qu'ils ne voulaient ou ne savaient pas écrire une ouverture. 
C'est un fait que je constate, un avertissement que je leur donne. 
n peut les engager à nous gratifier d'une symphonie drama- 
tique, digne de porter le noble titre d'ouverture, digne enfin 
de figurer & coté des admirables pièces de ce genre, que nous 
devons k Gluck, Hozut, Cherubini, HéhuI, Bee^oven, Weber, 
et mtoie à VogeL Quatre morceaux énergiques ou délicieux ser- 
vit néanmoins de prélude au Guillaume Tell de Rossini. 

H"* Grassari débute dans Œdipe à Colone, par te r61e d*AnU' 
gone, selon les us et coutumes du temps ei du pays. H"* Gras- 
sari, jeune et tielle, gouvernait mal une bonne voix, ii «mter. 



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J48 THËAIRES 1.YEUQUES DE PARIS, 

Celle année 1816 s'ouvre par deux succès admiraUeB : te Car- 
naval de Tenite, ballet i4eiD de gaieté, de tableaiix gnâeai. , 
d'une piquants ori^hialilé ; le Ronignol, opéra d'uœ platitude 
jusqu'alors sans exemple, ordure musicale, prodige de bêtise, 
que l'on croirait infaisable si l'expérieDce ne prouviut pas que 
l'on a pu le febriquer. Les Iroquois , les crétins mêmes auraient 
sifQé le ramage d'un pareil rossignol ; les Parisiens en ont été 
ravis, enchantés. Je dois en convenir h leur honte; plus une 
faute est grave, plus il importe d'en faire l'aveu franchement, 
si Von veut en obtfflùr le pardon. Un homme s'est rencontré qui 
s'est avoué l'auteur du Rotngnol, le jury de l'Académie roy^ 
de Musique a trouvé cette partition digne d'être cbantée sur 
notre premier tbé&tre, et le public, acceptant la mystîflcalion , 
s'est montré tout aussi stupide que les membres de l'Institut 
assemblés pour apprécia' l'œuvre grotesque. Comme eux il a 
tonttè le nez dans le fumier de Lebrun ; comme eux il a flairé 
le baume avec une satisfaction que trente-huit ans de jouissance 
n'(mt point atTaiblie. Voilà des faits patents, certains, accusa- 
teurs, il est vrai, mais que je me vois forcé de consigner id. 
Les journalistes étaient de l'avis du populaire imbécile; cmn- 
ment auraient-ils pu se former une opinion contraire? 

Voil& pourtant le public qui prétend s'ériger en juge suprême 
de la musique et des musiciens, et qui , naïvement , croit être le 
conaécr^ur obligé des réputations I Pourquoi faut^ que Le- 
brun n'ait pas mis en lumière toute une couvée de vingt ou 
trente rossignols de ce calibre? L'heureux et fécond producteur 
d'opéras, de êompontiefu iynqueê, eût été membre de l'Institut I 
et la patrie reconnaissante l'eût rémunéré de 3 fr. 50 c. par jour, 
eût-il survécu pendant soixante ans h. ses œuvres I Laborum 
^Uee lenimen! 

Quel directeur gouvernait alors l'Académie royale de Musique? 
Sous quel règne s'est commis ce forfoit? Je suis encore obligé 
de reperdre, et de nommer Choron . Si j'accuse ce zélé musicien , 
c'est pour le disculper aussitôt. Choron était sous les ordres du 
Papillon qui gouvernait l'argenterie et la musique du roi , les 
plats du moins étaient en bonnes mmns. Choron ne pouvait rien 



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ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. 14» 

empêcher, rieo ordonoer, il n'avait pas même le titre de dtpe«> 
teur de VOpéra. Choron était régisseur, Persuis inspecteur de 
la musique, Kreutzer chef d'orchestre, et le hanneton de La 
Ferté commandait k ce triumvirat comme aux laveuses de sa 
vûsselle. 

Choron méprisait souverainement les fadaises, les pauvrtiés 
ignobles du Rouignol; mais il n'avait aucune estime pour les 
cNivres de notre époque. Knfoncé dans la musique du moyen- 
âge, il se tenait bloqué dans cette période où son admiratioB 
fonatique se concentrait. Giuck, Mozart, Paisielk), Cimarosa, 
Héhul, Cbenibioi, Beethoven; ëtaimt pour lui des nonveau-nés-, 
des bambins qu'il n'avait pas encore aperçus. Musicien d'un zète 
à. loate épreuve, praticien laborieux, sacrifiant ses intérêts, sa 
fortune au bien de Fart, Choron a poussé dans la carrière nne 
infinité d'élèves qu'il avait rendus lecteurs intrépides. Plusieurs 
sont devenus chanteurs; leur intelligence, leur bon naturti les 
ont formés; d'autres ont acquis un taloat d'instrumentiste, 
d'écrivain ou de compositeur, que Cboron ne pouvait leur don 
ner, puisqu'il n'était ni compositeur (ses ouvres le prouvent) ni 
chanteur, ni claveciniste, ni symphoniste; mais il avait la foi, 
l'ardente foi, qui fait marcher les monb^ee et diainter les cft- 
oicbes. Son école était une véritable psaltette où Voa solflàit avec 
aplomb, justesse et persévérance, où l'on grasseyait à l'exemple 
du maître. Sergent instructeur, ferme sur la docbnoe, U appre^ 
naît l'exercice à de vullaats soldats : son armée était nom- 
iKeuse, UD héros en est sorti, une foule de preux lui servait de 
cortège. 

Pour que Choron devint un excellent directeur de l'Académie, 
il suffisait de faire un pas en arrière de quelques siècles, de 
«banger le répertoire de oe thétoe, et d'y mettre en scène les 
opéras de Giulio Caccini, de I^i, de Monteverde, Soriano, Ca- 
vaHi, etc.; Choron étaitalors dans wn élément. PeatrAtre aurait* 
il poussé la com^sanoe jusqu'à nous donner quelques pièces 
de Carissimi , quelques ewvres dramMiques de flaenM aux 
jours de licence, de débauche musicale. 

M"* Guimard, célèbre virtuose de la danse , meurt k l'âge de 



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1B9 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

scfttBDte-trois uis, le k mai 1816. En 1790, elle avait époosé 

Despréaux [Jean-Étienne} homme de lettres. 

La Dieux rivaia ou le» Fite$ de Cythin, tel est te titre on 
peu Buraoné d'un opèra-ballet improvisé pour le mariage du 
duc de Berri. Dieulafoi, Brifbut eu avaieut écrit te livret, musi- 
que par Berton, Kreutzer, Spontini, Persuis. n Juin iste. 

H"* Paradol débute dans Alcette; die abaudouDe ensuite le 
drame lyrique pour la tragédie pariée, et passe k la Comédie- 
Française. 

NathaUe ou la Familk ruMe, opéra «i trois actes, œuvre 
glaciale, tombe le 30 juillet. Paroles de Guy, musique de 
Reicha. 

A. Vestris quitte le théftlre après quarante-quatre ans d'exer- 
dces et de succès. Il fait ses adieux au public, dans le ballet de 
l'Enfant prodigue, le STT septembre 1S16. 

Le$ Saunages de la Mer dtt Sud , ballet en un acte de Milon , 
musique de F.-C. Lefebvre. ie Donmbre. 

Roger de Sicile, opéra en trois actes, de Guy, musique de Ber- 
ton, n'obtient qu'un succès médiocre le it mars 1817. 

Les entrepreneurs de bals, de Ktes dans les jardins publics, 
payant k l'Académie royale de Musique un droit sur leurs re- 
cettes, demandent que les représentations données le dimanche, 
& ce thé&tre , soient portées sur un autre jour de la sonaine- 
L'Académie se rend aux vœux de ses tributaires, et, pour les 
afbanc^ir d'une rivalité dangereuse, elle consent i changer l'or- 
dre établi depuis un siècle et demi. Son théâtre s'ouvrira doré- 
navant le lundi, le mercredi, le vendredi. J'ai déjà fait connaître 
que le mardi, le vendredi, le dimanche, et, pendant l'hiver seu- 
Lranent, le jeudi, étaient les jours de spectacle. i-aTiUisi?. Les 
nouveaux jours de spectacle ne commencent & figurer sur l'affl- 
cbe de l'Académie que le S mai suivant 

Delrieu, Tairangeur, avait traduit, rajusté l'ArUuerie de Mé- 
tastase. Cet opéra, devenu tragédie, fut représenté sur le Thèfttre- 
Français. ABn de tirer d'un même sic deux moutures , Delrieu, 
poursuivant le cours de ses dérangements, suf)prime deux actes 
de sa tragédie pour la traoanuter en livret d'opéra. Ce nouveau 



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ACADÉMIE ROYALE DE HUSfQtJE. (SI 

travail n'a pas vu la lumière. Je dois en dire autant d'une Jftdiih 
écrite par le môme auteur. Delrieu lisait cette tragédie lyrique 
devant le jury de l'Opéra. Deux actes avaient défllé; au troi- 
sième, le parolier ramenait Judith triomphante dans les murs 
de Béthulie. Le peuple d'Israël chantait Hosanna! triomphe! 
victoire ! Judith , postée en héroïne sur l'avant-scène , célébrait 
la gloire de l'Étemel. Sur le point d'orgue de cette cavatine con 
cori, la vieille suivante, la duègne, tirait du sac la tète du géné- 
ra ennemi, Judith saisissait par les cheveux l'horrible trophée, 
et les transports de gaieté, de jubilation, éclataient avec plus de 
vigueur et de verve ; les Bétbuliens dansaient autour de ce frag- 
ment d'Holopheme. 

Révoltés par l'exhibition indiquée, les membres du jury, 
faisant un point d'orgue k leur tour, arrêtent l'audacieux paro- 
lier: — Ahl monsieur Delrieu, c'est affreux, intolérable; il est 
des choses qu'il ne faut pas montrer au public assemblé pour se 
divertir. Crébillon a voilé prudemment la tôte de Cicéron, Du- 
belloy présente le cœur de Coucy dans un vase fermé; vous 
voyez pourtant que l'on a blâmé hautement leur témérité. Se 
peut-il que vous vouliez enchérir encore sur ces tragiques, en 
offrant aux yeux épouvantés de l'assistance une tête coupée, une 
této sanglante? — Là, \k, \k, là, calmez-voas I ct^mez-vousï 
bien entendu que nous aurons une tète de carton. » 

Le singulier amendement de l'orateur ne fit point admettre 
l'opéra nouveau. 

Spontini se préparait à mettre en scène Olympie, il demanda 
que Persuis prit les rênes de l'Académie royale de Musique. Le 
ministre de la maison du roi, directeur suprême de ce théâtre, 
nomma Persuis directeur du personnel. Choron lui céda sa place 
et reçut la commission de voyager dans les déparlements pour y 
chercher des jeunes gens doués d'une belle voix, et fonner 
l'école de chant qu'il établit sur le boulevard du Mont-Pamasseï 

Voilà ce que l'on dit alors pour moUver le renvoi de Choron. 
Je dois vous faire connaître U véritable cause de cet honnête 
exil. 

Le régisseur de la scène et l'inspecteur de la musique, sous la 



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ISZ THfiATRES LYRIQUES DE PABIS. 

diiectioii stupide et suprême du ministre de Pradel, Choron et 
Persuis nourrissaient, l'un pour l'autre, une de ces baines que 
les coeurs de musicien savent si bien conduire, par toutes les 
nuances du creteendo jusqu'à Leur explosion la plus édataaie. 
Persuis avait mis en scène sa Jénualem délivrée, dont le résulat 
peu satisfaisant chagrinait encore ce musicien d'une humeur 
inquiète et jalouse. Persuis voulait absolument prendre une 
revanche. Les auteurs tombés ont tous le désir de tomber encore, 
c'est une sorte de martingale qu'ils suivraient jusqu'à la Su des 
siècles, si les directeurs de tbé&tre consentaient à les aider en 
cette opération. Nous verrons plus lard des exemples d'une telle 
complaisance. Persuis méditait, préparait à la sourdjne la reprise 
solennelle de Jérwalem délivrée, son chef-d'œuvre, qui pourtant 
n'en était pas un, bien s'«i faut. Cet inspecteur obtint du ministre, 
dii«cteur de l'Opéra, l'ordre nécessaire pour la nouvelle exhibi- 
tion de Jénualem. 

Informé de l'avis officiel qu'il était près de recevoir à ce sujet, 
Choron ajuste, organise, aussi coh aordini, la plus singulière 
facétie qu'un rival en musique puisse imaginer. Il se h&te de 
mettre sur pied tous ses menuisiers et ses peintres. On scie, on 
taille, on démolit afin de reconstruire. Le carré s'arrondit, la 
quadrature du cercle est produite à plusieurs exemplaires, le 
parallélogramme prend la forme trapézoïde, le triangle se dé- 
coupe en festons. Lorsque Persuis veut assembler, combiner les 
châssis et les toiles de sa Jérusalem, élever les remparts, les 
palais, le temple de sa ville sainte; quand il veut planter les 
tentes de Godefroi, d'Argaot, les retraits galants d'Herminie et 
de CIcvinde, les nombreux abris des héros de la croisade, il recon- 
naît que ces nobles édifices, que ces pavillons militaires ont été 
changés par une fée malicieuse en guinguettes, chaumières, 
moulins, élables, cuisines , jardins , étangs, prairies, allées de 
saules et de peupliers, pour l'équipement de je ne sais quel rus- 
tiqoe bailet. Les sables dorés du désert, les palmiers de l'oasis, 
ont élé couverts par un lac aux flots argentés, et le saint sépulcre 
par de vertes charmilles. Nouveau Titus, Choron dispersait les 
débris d'une autre Jérusalem. Vengeance I trahison I s'écrie 



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ACADËHIE ROYALE DE MUSIQUE. (53 

PeKois, avec accompagDemoit d'une infinité de tromboDes qui 
s^nblaient sifiQer à son oreille. Vengeance I d'une perfidie qui 
ruinait à jamais ses plus chères espérances. Persuis fit agir ses 
prolecteurs à la cour, et supplanta son adversaire. 

Spontini renverse de fond en comble sa partition de Fertiand 
Corux ; cet opéra revu, corrigé, reparaît le 28 mai 1817, avec 
une grande pompe de spectacle; les chevaux de Franconi lui 
prélent un utile secours et remettent en route le char de Corlez, 
qui, d'abord, s'était embourbé. Femand Corlez n'avait eu que 
vingt-quatre représentations dans sa nouveauté. La seconde édi- 
tion valait bien moins que la première-, et pourtant te succès 
procéda plus franchement. Cet ouvrage prit alors sa place au 
répertoire. 

Le 6 juin 1817, premier pas de H'" Paul, dont on admire la 
grâce, la vivacité, l'agilité pétulante dans la Caravane. La débu- 
tante y figure à coté de Fanny Bias, danseuse élégante et cor- 
recte. Élève de Coulon, père, M"' Paul devient ensuite M" Mon- 
lessu. 

Le 7 juillet, Blasis exécute un pas avec M"" Anatole et M"" Gos- 
s^in dans lei Bayadères. Devenu chorégraphe, ce danseur 
publie, sur son art, un livre estimé. 

Paër écrit des variations pour l'orchestre sur l'air Vive Henri 
Quatre. Cet ouvrage remarquable k l'égard du travail harmo- - 
nique, du goût, de reffet, obtient le plus brillant succès k la repré- 
sentation de Femand Cortex donnée par ordre le 5 septembre. 

La Fiancés de Caeerte, ballet en un acte, de Gardel et Uilon, 
musique de G. Dugazon, est reçu froidement le 17. 

L'Académie fait de nobles elTorts pour renouveler là vogue des 
Danauies, Spontini fournit une bacchanale que l'on ajoute à cet 
opéra de Salieri. LaJnez, Dérivis, Ht" Branchu, sont très ap- 
plaudis en représentant Lyncée, Danaûs, Hypermnestre. 

Désaugiers donne au théâtre de la Porte-Saint-Hartin une 
parodie cbarmimte et d'une gaieté folle de cette sanglante ti»- 
gédie. Lex Petileê Danaides obtiennent bientôt la préférence sur 
leurs ainées, Potier fait fureur dans le personnage grotesque du 
père Sournois, l'autre Danaûs. Les décorations du thé&tre des 



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IS4 THÉÂTRES LYRIOUBS DE PARIS, 

boulerarda l'emportent sur les peintures de la noble Académie. 
Tout le monde se souvient des horreurs bruyantes et magni- 
fiques du Tartare où les petites Danai'des expiaient leurs crimes. 
Le ténor Lecomte débute avec succès par le rOle de Renaud 
dans Armide, le 7 novembre 1817. 

Zéldide ou lu Flewt enchantées, opéra en deux actes, d'É- 
tieone, musique du même Lebrun qui, l'annëe précédente, avait 
commis la partition du R<mignol, tombe décemment. — Le 
public est bien capricieux; comment se fait-il que Zéloide ait si 
peu de succès? — Ahl mon ami, la fortune du Rossignol est 
trop m^ireilleuse pour espérer qu'elle se renouvelle. D'ailleurs, 
un homme ne peut faire qu'un chef-d'ecuvre en sa vie. » La 
r^Dse est du pauvre musicien Lebrun ; il était de bonne foi du 
moins. Il n'avait pas tort, ce n'est pas lui que je blAme, tout être 
bien ou mal constitué peut faire de la musique exécrable, mais 
à quoi servent les jurys de l'Institut, les directions, les admi- 
nistrations du personnel, du matériel, du spirituel, d'un théâtre, 
s'ils sont assez ignorants pour approuver de semblables turpi- 
tudes? 

Proserpine, ballet en deux actes de Gardel, musique de 
Schoeitzoëffer , réussit complètement le 18 févri^ 1818. Le 
même musicien se signale bientôt après en donnant avec Albert 
un ballet en deux actes ayant pour titre Claire et Mektal. 

Zirphile et Fkwr de Myrthe, fadaise en deux actes de N. Le- 
febvre et Jouy, musique de Catel, se traîne pendant une douzaine 
de représentations. 

Voici venir encore la Caratane; toutes les fois qu'elle montre 
le bec de ses chameaux, c'est pour voiturer quelque débutant. 
Le 38 septembre 1818, elle fait coup double, et le marchand 
Husca nous présente deux jolies femmes; l'une chante, l'autre 
danse. Le pacha les accueille à merveille, et le public aussi. Les 
virtuoses qui viennent prendre place parmi les académiciennes 
sont H"* Sainville et H"* Noblet ; cette dernière fait le plus grand 
honneur à son habile m^tre, fAaze. 

La Servante jtttti/iée, ballet fort amusant, de Gardel et Kreut- 
zer, est applaudi le 30 septembre. 



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ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. 15S 

Lays qni venait de cbanter l'amour, le vin, les belles, dans 
Roger de Sicile et rîngt pièces du mAme genre, fabriquées pour 
coDtrailer la fantaisie burlesque de ce vieux troubadour, recom- 
mence encore une fois ses fredaines ; il cbante le rAle principal, 
nUe de ménestrel, il n'en voulait pas d'autres, dans les Jeux Flo- 
raux, opéra eu b-ois actes de Bouilly. La gaieté mélancolique de 
Lays, la froideur glaciale du lirret, firent disparaître de la scène 
OD ouvrage dont la partition était fort remarquable. H. Léopold 
Aimon , musicien de savoir, de talent , d'imagination surtout, 
cbose si rare aujourd'hui, n'a pu depuis lors produire de beaux 
opéras tels que Abvfar, Yelléda, les Deux Figaro sut un thédin 
digne de les représenter. 

Le danseur comique Beaupré, dont la verve spirituelle avait 
tant de fois égayé le public; Beaupré, que Gardel et ses rivaux 
affedionoaient au point de lui donner un rdle dans toutes leurs 
compositions gracieuses ou comiques , telles que la Dansoma- 
nie, VEnfant prodigue, Paul et Virginie, te Carnaval de Ve- 
nue, etc., etc., rOle parfois subalterne et que son talent rendait 
capital; Beaupré, ce ballérin précieux, prend sa retraite. H fait 
ses adieux en jouant fort bien un rôle de comédie , celui de 
Crispin, dans Critpin rival de son maître, is décembre isjs. 

Alexis Dupont avait fait entendre sa belle voix de ténor et 
pris place à l'Académie en 1818. Chollet , qui depuis devint 
notre premier cbanteur comique, figurait parmi les virtuoses de 
l'Opéra; soccesseur de son père, il y tenait la partie de ténor 
dans les choeurs : Boulard, Sallard, y chantaient la basse. Ces 
choristes se sont montrés ensuite dans les premiers rdies à 
Paris, dans le? départements, à l'étranger. 

Albert Bonnet, Éloy, Despéramons, Henrard, barytons; Be- 
grez, Brice, Trévaux, ténors; Prévost, Pouilley, basses, avaient 
tait leurs premières armes sur la même scène, à cette époque. 

On reoiarqna parmi les actrices qui n'arrivèrent point h la 
possession du premier emploi, M"" Pelet, Granier, E. Benoit, 
Cazot, Paulin, Païadol, Percillée, KeiOér, Caroline Lépy, Tellier, 
Quiney. 

Alb^, Paul, Ferdinand, ID'" Bigotiinî, Fanny Bias, étaient 



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ISO THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

les premiers sujets de la danse. Ils avaient pour remplaçants 
Montjoie, Coulon, Barré; H™* A. Gosselia, Harinetle, Aimée, 
Noblet, Copëre, Élie, Vigneron, Hontessu. Leurs doubtea étaient 
Méi-ante, Monlessu, Capelle, Eugène; H°"* Gaillet, B^lin,' 
V. HuUin, Brocard, Aurélie, Buron, Aumer. 

Le succès des Dandides fit remettre en scène Tarare, opéra 
du même musicien. Le livret de Beaumarchais réduit à trois 
actes, le prologue supprimé, remirent à ûot cette composition 
que le public accueillit avec assez de faveur. 3 Urrier ibi«. 

M"* Clotilde se retire et joue, pour la dernière fois . le rAle de 
Calypso dans le ballet de Télémaque. i» avril. 

Un élève du Conservatoire se fait applaudir, Damoreau chante 
la partie de Polynice dans Œdipe à Cokme. Noyrigat parait dans 
la Vestale, il y représente Ctnna; ce jeune virtuose, qui donnait 
de belles espérances , meurt en Hollande quelques années après 
son début. 

En 1816, M- Catalani obtient le privil^ de l'Opéia-Italien 
pour neuf ans. Cette virtuose gouverna si bien son tfaé&tre qu'«) 
1818 il était fermé. L'administration de l'Opéra-Ilalien fut alon 
réunie à celle de l'Académie, et Paër conserva les fonctioiis -de 
directeur de la musique dont il était chargé. L'intérieur du 
théfttre Louvois fut entièrement reconstruit , et la nouvelle com- 
pagnie italienne, où figuraient Garcia, Pellegrini, BarilU, Bor- 
dogni, Levasseur, M"" Itfainvielle-Fodor, Bonzi-D^begnis, Cioti, 
débuta le 30 mars 1819 dans cette nouvelle salle, par JfWnt«- 
citi de Paër. Bien que les chanteurs ItaUens soient dès ce jour 
gouvernés par le directeur de l'Académie, je ne parlerai point 
ici de leurs faits et gestes; ils ne donnent pas, comme autrefois, 
leurs représentations sur le théâtre de notre Op^; je signale 
cette prise de possession pour indiquer ensuite l'époque où les 
Italiens reconquirent leur indépendance. 

Après de brillants débuts faits sous les auspices de son nullre 
Persuis, Ltrvigne avait quitté brusquement l'Opéra; cet acteur 
s'éloignait espérant qu'on l'y rappellerait ù de meilleures condi* 
ditions. Dans son humeur gasconne, il pensait que nul acteur 
n'oserait entreprendre de chanter après lui les râles d'Achille et 



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ACADËHIB ROYALE DE MUSIQUE. 137 

(le Cortez. Le héros fugitif parcourut les départements; fatigué 
de ses pérégrinations de troubadour, il voulut rentrer à l'Acadé- 
mie, qui lui ouTTit ses portes , lorsque Achille montra plus de 
modestie dans son caractère et dans ses prétentions. Lavigne 
reparut avec succès , le public l'accueillit d'une manière très 
flatteuse; on applaudit Achille. Lavigne choisit pour sa rentrée 
un râle que ses rivaux n'avaient point joué pendant son absence. 

— Le public a retrouvé son Achille, il ne voudra point renoncer 
fc l'un de ses opéras favoris , Iphigfyiie m Aulide, qu'on vient 
de lui rendre, grftce k moi. Aucun acteur n'a ponssé la témérité 
jusqu'à se charger de ce rdle pendant ma tournée; mon retour 
frappe de terreur tous ceux qui pourraient me te disputer, c'est 
le moment de ressaisir mon empire sur la direction; je vais la 
mettre dans un grand embarras, et l'amener à des concessions, 
k cette dure capitulation que je n'ai pu faire signer jusqu'à ce 
jour. Iphigénie est aifichée pour ce soir, fi mai ; quatre heures 
de relevée ont sonné ; le roi de Thessalie rentre dans sa tente, 
il refuse le combat annoncé ; bien mieux I Achille indisposé va 
se mettre au lit, après avoir notifié sa maladie à l'étal-major de 
l'Opéra.» Tel était à peu près le discours que Lavigne s'adressait 
à lui-même. Il exécuta ce plan de campagne. Le directeur était 
sur le point de changer son spectacle, en substituant Œdipe à 
l'œuvre de Gluck. Lecomte, élève du Conservatoire, admis à 
l'Académie, n'avait encore obtenu de succès que dans les rdles 
d'amoureux d'une expression douce et tendre ; on le cherchait 
afin qu'un Polynice vint au secours de l'administration. Le choc 
retentissant des billes révéla sa présence dans le café du théâtre, 
où Levasseur et Lecomte, basse et ténor, 

Pomaaieot contre l'ivoire on ivoire arrondi. 

Dérivis figurait parmi les spectateurs de ce duo concertant. 
Lebrun accourt, annonce le changement projeté, demande un 
Polynice, et Dérivis lui dit gravement : — Tu n'en auras point. 

— Comment t — Non, je ne souffrirai pas que l'on change 
notre affiche, et vais te donner un Achille. En avant, Lecomte, 
en avanll tu sais leréle. — Ilélast j^ 1^ savais, mais ne l'ayant 



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1S8 'raÉÀTItBS LYBIQOBS DE PARIS. 

pas encore dit en scène, pouirais-je sans répétitioD — Su 

avant, du courage, un coup de toupet! D te reste une benre 
pour repasser la partie, t'en faudrait- il davantage? — Non, si 
j'avais diné. L'eiercice du billard aiguise beaucoup trop 1^ 
petit. 

Une faim dévorants 

Déjà me tonrmeatait. 

— N'avons-nous pas ici des restaurateurs bien pourvus? 

Gillot, notre voîdn, pour calmer ta sonfTrance, 
De tous ses mannitoDB enflamme la valeur. . 

— D'accord, mais si j'attaque bi/tek. ^ fricandeau, si je console 
mon estomac attristé, délabré; si j'arrose mon gosier avec de la 
colophane en bouteilles, je vais fait» compter des pauses k ma 
mémoire. — Tu peux ravitailler tout en même temps. A table ! 
mange, bois h (on aise, ad agio; ce qui oe t'en^técbera pas 
d'écouter. Lebrun va te chanter le rôts d'Achille, je lui donnerai 
les répliqoes, et tu sortiras d'ici meublé sur les points essentiels.» 

Le roi de Tbessafie banqueta silencieusement chez Gillot tan- 
dis que ses musiciens le régalaient de trois actes de Gluck. J'ai 
TU M"' Malibran répéter de cette manière, en scène, à grand 
ordiestre. 

Après ce repas orné de mélodieux entremets , Lecomte se pré- 
sente vaillamment, remplace Lavigne et r^nporte une victoire 
éclatante. Le public l'applaudit avec chaleur, enthousiasme, le 
directeur lui sût gré d'un tel service, et l'orchesb», charmé 
d'avoir entendu chanter un rAIe que les autres criaient, envoya 
des ambassadeurs h l'heureux ténor : une dépulatioo de six 
musiciens eut la mission expresse d'aller le complimenta dans 
sa loge. 

Avant d'entrer en scène Lecomte-Achille témoignait la frayeur 
que le ai nature/ de son premier air, ronde à l'aigu qu'il fallait 
attaquer de volée et tenir avec énergie, lui faisait éprouver. — 
Ce n'est rien, lui dit AgamMonon-Dërivis, tends lesmuscles 
de l'abdomen , sois ferme sur tes ergots , pousse vigoureuse- 
ment; et le M va retaitir h mervdUe. C'est du ventre qu'il faut 



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ACAOÊHIE ROYALE DE MISIQDE. IBS 

tirer les notes de cette espèce. — Jeune homme, répliqua Per- 
suis, gardez-vous bien de suivre ce cooseil. La note sortirait, 
mais sans êtxe modulée par la bouche. Songez au respect que 
TOUS devez à l'assistance. » 

Persuis était depuis longtemps malade, il abandonne la direc* 
tion de l'Opéra, que le ministre donneàViotti, l'illustre violo- 
niste. 

Dabadie, élève du Conservatoire, débute avec succès dans la 
Veitale, par le n}le de Cinna. la décembra isiv, 

Spontini, devenu tout puissant par le succès immense de la 
Yeitale, tenait alors en ses mains les destinées de l'Opéra. Ce 
musicien accouchait difficilement, c'était à. cet égard le Heye^ 
béer de son époque ; dans l'espace de douze ans, il n'avait pro- 
duit que Femand Cortex. 

Vingt fois mr le métiw remettez votre ouvrage, 
Poliam-le auu cène et le repolinez ; 
Ajoutez qoelçoefois et sonveot eAcez. 

Telle était la devise de Spontini, ses partitions pourtant n'en 
valaient guère mieux. La Vestale avait été faite et refaite, revue 
et conigée par Persuis et Rey, correcteurs de peu de mérite; 
plusieurs disent que le savant Cberubini mit aussi la main & 
cette œuvre, je n'en crois rien; les choeurs en seraient mieux 
bâtis si le maître les avait retouchés. Femand Cortex, démoli, 
recoDStmit, n'était pas trop bon après tant de labeurs et de trans- 
Tormations. Olj/mp» tut annoncée avec pompe, et mise en scène 
avec l'appareil le plus brillant, le plus formidable, que l'Acadé- 
mie eût encore déployé dans ces derniers temps. Spontini, l'au' 
teur de la Vestale, avait sensiblement faibli dans Femand Cor- 
tex; Olympie vint marquer sa décadence, et l'épuisement de sa 
verve, de telle sorte que les admirateurs les plus passionnés de 
ta Vestale et de Cortex furent contraints d'abandonner l'œuvre 
soporifique, et de la laisser tomber dans l'oubli; douze repré- 
sentations leur suffirent. Les parties d'orchestre ne pouvaient 
tenir sur les pupitres, tant elles étaient volumineuses; il bllut 
poser de nouvelles tablettes d'une largeur qui permit aux sym- 



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100 THEATRES LYRIOUES DE PAIUS. 

phonîsles de tourner le feuillet sans faire tomber & terre l'énorme 
cahier. Les frais de copie de cet opéra s'élevèrent à 18,000 fr., 
et pourtant il ne s'agissait que de trois actes. Mais ces trois actes 
faits, défaits et reconstruits plusieurs fois pendant les études, 
chargés de fragments ajoutés, figurant toujours à coté des parties 
snp^ffimées (on se gardait bien de les détruire, dans la crainte 
qu'un remords de conscience de l'auteur ne vint prescrire de les 
remettre en lumière) , ces trois actes s'étaient gonSés d'une 
manière prodigieuse. On a conservé comme un objet de curiosité 
la partie du grand-prétre, que Dérivis chantait; il faut la voir 
pour croire qu'un rtïle puisse acquérir des formes aussi mons- 
trueuses. Le total des frais de mise en scène à'Olympie est de 
170,000 fr. 

Briffant, Bujac et Dieulafoi s'étalent évertués h tailler en 
livret la tragédie de Voltaire, que Guiliard avait déjà découpée 
pour l'usage du musicien Kalkbrenner. Tombée à la Comédie- 
Prangaise, Oiympie tombe deux fois encore à l'Académie de 
Musique, sous les auspices de Kalkbrenner et de Spontini. Je 
pense qu'après de telles épreuves on voudra bien la laisser à 
terre et ne plus troubler son repos. 

Un portant s'échappe des maios qui le gouvernaient, rencontre 
dans sa chute la tête de H"* Percillëe, et l'eSleure assez légère- 
ment pour n'enlever que la partie charnue du front. D^acfaée 
en entier, elle s'abaisse comme un demi-voile sur tes yeux de la 
cantatrice. Le malheur fut à l'instant répttfé, la peau ramenée 
et rajustée avec tant d'habileté , que l'in&niment belle virtuose 
ne put montrer plus tard aucune cicatrice attestant la blessure 
reçue au champ d'honneur académique. 

Persuis meurt le 32 décembre 1819, jour de la première re- 
IHésentation d'Olympia il est peu regretté. Son caractère, aigri 
sans doute par les souffrances qu'il éprouva pendant les der- 
nières années de sa vie, éloignait de lui- tous ceux qui n'élaient 
point soumis & sa dépendance. Soit amour-propre ou besoin 
de dominer, il ne souffrit jamais que les musiciens fissent exé- 
cuter leurs ouvrées sans qu'il les eût revus, corrigés, tripotés 
à son gré. Penuis taillait, rognait, coupait, biffait d'une main 



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ACAOËHIE HOTALE DE MUSIQUE. 161 

bardie. Halheur h celui qui redisait les secours du pédant offi- 
cieux, et résistait & sa volonté de ferl son ouvrage restait dans 
les cartons, ou, s'il en sortait par ordre supérieur, sa représen- 
tation était privée des moyens de succès et de mise en scène que 
le directeur avait à sa disposition. Si l'ouvrage mutilé de sa 
main réussissait, Persuis chantait victoire et s'en atbibuait le 
bon résultat; s'il tombait, il disait que ses soins et son travail 
n'avaient po le sauver, tant ii était mal bâti. Les auteurs, mis au 
supplice pendant le cours des répétitions, avaient une opinioo 
tout à fait difTérente. Cette manie de faire des changements, 
d'arranger, de corriger le tourmentait au point qu'elle l'entraina 
dans une bévue dont il ne s'aperçut pas, mais que tous les musi- 
ciens de l'Opéra signalèrent. Il avait apporté d'Allemagne Ut 
Croùi», oratoire de Stadler, qu'il ât exécuter aux concerts de 
la semaine sainte. Il exaltait cette composition comme un des 
chefs-d'œuvre du genre. La Croùét devaient être placé» au 
méiae rang que la CTiaHon, de Haydn ; toute l'Allemagne était 
en extase devant ce prodige nouveau; les Français, à leur tour, 
allaient en jouir. A la première répétition, Persuis trouva qu'il 
fidlait changer quelque chose dans certaines parties de Toratoire. 
A la deuxième épreuve, il fit des coupures et des corrections. 
kxa répétitioDs suivantes, il marqua d'autres mutations, et refit 
tout ce qui De lui plaisait pas. Enfin, quand l'ouvrage fut 
offert an public, il était défiguré de telle sorte qu'il tomba tout 
& plat L'impitoyable tripoteur ne pouvait pas r^eler la faute 
sur les exécutants : c'est lui qui les dirigeût. 

— H"^ Olivier, jeune et jolie chanteuse des chœnn , ayant une belle 
voix, ne reçoit qae 500 tnaca pu an. Elle est évtdemntent trop fnlche 
pour prétendra aux 1,500 francs, maxinniin des appointemenU de cbo> 
rUe. Elle a trouvé on amont qnl Inl donne 50 francs par mdi. M'" Oli- 
vier vent quitter le théâtre, elle s'y décide; n'a-t>«lle pas tmt, et 1«b 
gens raisonnables ne doivent-ils pas blâmer un semblable caprkeT Au- 
trefois les filles des cbcenn et les figorantea méprisaient le modiqne 
|H«dait d'une {dace qu'elles considéraient comme l'enseigne de leur 
magubi. Elles tenaient singulièrement à cette enseigne; elles savaient 
en apprécier fimporlance. Le traitement de ces dames fut augmenté 
pendant la rév<dntIon. Quand rimmorslité ne connni plus de bornes , 



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qwaiid eUe étiit k l'ordr» 4d j'ouT) h ranvqqt 4'«n* nufikre pwitW* 
que lei oKBurs g'^pgniept m Ifaé^tre. D«pi)is U rétijftlsMneBt à» l'gr- 
dre, les administrateura ont diminué l* Uuteiaeqt des Sguranleii 4m 
choriBteB; fle les ont «lod réduites à la nécessité de recourir & l'autre 
industrie, de revenir aui anciens usages de l'Opéra. Ce système a quel- 
que diose de Tidanx dans l'intérêt des plaisirs du public. Uue jeune 
fciBBW qui a des talents et des attraits reçoit de trop bibles appointe- 
mentit a^wt un pr^er malbeor que d'autres doirent accompagner. 
BUe M savatt prétendra au rUea qoe let matronea , les doyennes 
tiOMMit M lew pwTO^. Ottla jeuM femme devra done atteirfM sa 
iBifieif^ m maturité, w udadtémAiM pourjoner lea lUes de l'Amour. 
d« psjctté. 44 Vésug , d'isbisinl*. â'Autigwe, de AiUa, etc. H Mt vrai 
que dans S4 vieilla«ae #11b poiuT4 pr^idra uqo revanefa* en oppiwul k 
SQii tour les jepnes utùroqte* \ wsip le pul4l« Nt toujowns dupe de <m 
Vjiiea. de satisfacUons. > 

Cotte DOti, que jfl troQw onregUtrte dans on volame oonte- 
Wnt dM piteH adnioùtralives, et fusant partie des arehivu de 
I'AdvUidm royale de Huiiiint, m'a paru digne de Sgurer Ici. 
J'aime beaucoup la naïveté du rédadfur, trouvant qne lea ma- 
imiviies galantea des demc^aflles de l'Opéra présMitent quelque 
<:btwfl de rioieux dapa l'iatàrAt.,.. dM ptalaln du public. lu^ 
brtqwBMiralat 

ItCunuiçaiài YmùêttUaNotM d» 6ama«A« étaient offerts 
«Il p«Uio )ê 13 livtm, dernier dimanche du carnaval de 1899. 
ia ^OMùnot, opérette insipide, flpuait mtre cas deux ballels 
4^11» gaieU charmante. La foule s'était portée à l'Opéra; le duc 
et la duchesse de Bnti prêtaient part aut plaisirs de eette 
wirdet i.e Çoituwaj ie Vtiùie, iù Bomgtuii et le pmnier acte 
dw M)«M i(» fiwMwJU avaient déglé. Dix minulM encore, et 
l'horloge ^lait aoanw onze heures. La duchesse de Berri, ne 
voulant pas attendre la fin du spectacle, se lève et le duc l'accom- 
pagne jusqu'à la rue. La princesse monte dans sa voiture en 
s'appuyaot sur le bras gauche de son mari. A peine assise, elle 
y recevait l'adieu qu'il lui adressait avant de rentrer à l'Opéra, 
daus sa loge, où l'une de ses anciennes devait lui présenter une 
jeune débutante. Un homme s'approche furtivemwt du priocet 
l'étrsint par derrière de lu vam ffiuchoi qu'il posa sur le coté 



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AOiDtlBE «OVAU DE mSUDUE. M3 

ganefaa Ak due, «t te frappa diin sti^et ibni le coté dMit de la 
poilriM. V^Êarl, la pression, le coup, furent Mb que le fer 
tnrtm le poumn et vint percer le cceur. Une lame de six 
yoacai fit UDC bleuiiFe de neuf pouces de profondeur. 

— On ne fmppe, » s'écria le due en tombuit dans les bras 
de 3ês doEBMtiquee. La duohesH fat couTwte du aang qni jatt- 
lissait de la plais. Transporté dans la s^ de l'adnùiiistntiM), 
le dno y reçut de prompts sBeoura. Blanchstop, cbimPgieo de 
l'Op^ loi &t une saignée à chaque bras. Le iwince retira lui* 
mtote le poigiiard resté dijis sâ poitrine, et dit qa'il sentait qw 
la blessure était mortelle. I^ comte d'Artois, le duc et la du- 
cheiae d'AngOBléme arrivérant bientôt, et le prinse fut entowé 
de ta famille dfei^ée. Figurea-vous m matheureax doc de Bem 
giflant sur nn lit K la hAie dressé, lit inondi, trempé de %œg; 
ojant à ses oolée son père, bdd fr^, sa awir, m femme dont 
les angoisses déchirantes étalent de tompa en tempe caboées par 
qudques lueurs d'espérance. Dana le piëoe Toisine, le neurtrlor 
debout, inteirogé par les ministrm Oecaie* et Paa^tùer, le poi- 
gnard sanglant déposé sur la table. L'ieoueé dédve froidentnt 
qu'il n'a point de complices, et réclame pour lui toute rébomilé 
dnorime. 

Yvjw wcore, et sans sortir de in méve flQoeiBte,*Ia salla de 
Wp^ remidts d'una foule oompaote, dont la gaieté, fdus 
bradante aux jo«ra de canutT&l, s'eitlialait mi transports de folie, 
de ckti^. ^utea les refraina du boléro, de la séguidille, reteatir 
«TW aneompagiMBent de tamboura de basque et de castagnettes 
povr régler lu pas d'ua eesùin de séduisantes Espitfpctole», gam- 
badant autamr du oberaller don Ouioluitte et de son éwyer bur< 
loiqae, h la grande satitf«etioB du partem et dee loges. Voyez 
Ma finis tablMHx dont le ogutroste fait dresaer les obeveui à la 
Ute. Ub mur, ua aeol mur les sépare, et cette barrién n'est 
point mipénétrable. Si les gâmiasenwls de Ift victime et les lan- 
itote de sa faaiille ne peuvent point arriver jusqu'au pwple ipA 
m Uns it I» joie, le» ëtaM du plaisir, la tempête des bravoa «l 
d» ai^ndiiMHwiita, le» refruns d'une gaieté mélodieuse et 
' bUe TiwKlroat par boa0te a» m^r k aatbt acène d'bomur et 



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194 THËAIKES LYRIQUES DE PARIS. 

de désoUtiou, toutes les fois que la porte s'ouTiira [ponr intro- 
duire un père au désespoir, une sœur éplorée, une épouse cou- 
verte du sang d'un époux bien-dmé I Les discours foudroyants 
du père Brydsine, le plus dramatique, le plus brutal des ora- 
teurs chrétiens, n'ont jamais présenté des images plus effrayantes, 
des leçons d'une aussi poignante solennité. Et nunc, regta, tn- 
ttlligiU, erudimini, qui judieati* terram! 

Les docteurs CazeneuTe, Bougon, Tliérin, Lacroix «t Dupujr- 
treo, vinrent ensuite donner leurs soins au prince. Le sang cou- 
lait dans la poitrine, on élargit la plaie, il en résulta pour le 
blessé quelque soulagement, et l'on crut alors qu'il était pos- 
sible de le sauver. Cet espoir s'évanouit l'instant d'après. Le 
prince demande à voir sa âlle, qu'il embrasse plusieurs lois. Il 
recommande à la duchesse deux filles qu'il avait eues d'une An- 
glaise avant son mariage. On les amène, elles reçoivent à genoux 
la bénédiction du mourant. — Bientôt elles n'auront plus de 
père, dit la duchesse, et moi j'aurai trois filles. > Le duc de 
Berri manifesta le désir de voir le roi ; les sacrements lui furent 
administrés, sous la condition que la 'salle de l'Opéra serait dé- 
molie, l'archevêque de Paris, Hyacinthe de Quélen, l'exigea. 

A cinq heures du matin, Louis ÎVIII se rendit auprès de son 
neveu. Oir ne voulait pas que le roi fût témoin des derniers mo- 
ments du prince. — Je ne crains pas, répondit-il, le spectade de 
la mort, j'ai des devoirs à remplir. > Après avoir sollicité la 
gr&ce de son assassin, et conjuré sa femme de ne point s'aban- 
donner au désespoir, de songer à l'enfanl qu'elle portait dans 
son sein, le prince rendit le dernier soupir dans les bras du roi, 
qui lui ferma les yeux à six heures et demie du matin. 

Que ne puis-je préparer ici ma transition par les artifices de 
l'enharmonie ou marquer un point d'orgue, un temps de reposi 

Gonflé d'abord à Mérant«, le rôle de Polichinelle du Cammtal 
dé Tffnùe n'avait fait aucune sensation ; il était encore dans une 
obscurité complète, lorsque le hasard d'unemaladle le mit en la 
possession d'elle n" 2. Ce danseur, qu'il ne faut pas confondre 
avec son frère, ballérin noble et galant, ce danseur n'avait pas 
une idée même imparfoite du caractère de PolicbineUe et des 



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ACADËHIE ROTALB UE MUSQUE. ICS 

luziM qui pouvaient le mettre en lumière. Il s'adressa d'abord 
àMénDte, qu'il devait remplacer, et ce ballérin, doublement 
indisposé, se roola dans son Ut, refusant de répondre aux qoes- 
tions de son timide remplaçant. Heureux dédain , silence pré- 
cieuxl Élie aurait ré^é sa manœuvre sur ce patron et serait, 
comme lui, resté parfaitement ignoré. Le danseur désappointé 
se retirait, parcourant à grands pas les galeries du Palais-Royal, 
quand l'EdKtyeur de Séraphin l'invite k prendre son billet, pour 
assifitar an spectacle des Ombres-Chinoises, où Polichinelle 
devait triompher de tous ses rivaux, et danser un pas victorieux. 
Élie ne fait qn'un saut pour aller se mettre en face da type désiré, 
do vero PulcùMUa, se p&me d'aise en voyant les tours de force 
et d'agilité , les poses exbvvagBntes , les dislocations du pantin 
de carton. 11 les saisit, les étudie, les travaille et parvient k les 
imiter si bien que le nouveau Polichinelle fait fureur, rend au 
Carnaval de Venise une faveur qui s'était affaiblie, et place le 
virtuose grotesque au rang des danseurs les plus r^ouissants, 
place qu'il mérita mieux encore en se faisant applaudir dans fa 
Fille mal gardée. 

Ce notable succès de Polichinelle eut lieu le 13 février, le soir 
même de l'événement funeste. Je me vois forcé de l'enregistrer 
sous la même date. 

Les chants avaient cessé, la symphonie avait sonné pour la 
dernière fois dans la salle de la rue de Richelieu. Après cette 
catastrophe sanglante, que les cérémonies de la religion venaient 
de consacrer, il fut décidé que ce tbéfLtre serait détruit. On 
ferma tous les spectacles pendant dix jours. L'Opéra n'avait plus 
de salle, il suspendit ses représentations jusqu'au 19 avril 
suivant. Ses exercices recommencèrent dans la salle Favart,que 
l'on ouvrit par Œ{Upe à Colone, et le ballet de Nina. 

U. Valratino, musicien d'un grand talent, venait d'être 
ffligagé comme chef d'orchestre en second. 

Le thé&tre Favart était beaucoup trop étroit, il fallait amoindrir 
la troupe chantante, dansante et sonnante, pour la faire manoeu- 
vra' sur une aussi petite scène. Il fallait choisir dans le répertoire 
les ouvrages i|ui n'ex^;eaient pas le déploiemait de toutes les 



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IM TttlUTRBS LYMtMB DK PkMB. 

Arces de ootre Aeadémte. té Dtti* du raiagé, u ttant^iM, 4n> 
mtâeBotnbKnsesraprAMiQtailoDt&l'niguHédtlnir utile; am 
opénttes sû glisAèroat à coU des peUte taUtsta. Le ttBor L»feaU< 
lade parat le m^e jour daas cet Oetix piëM , «t rfossit oom- 
plètemelit. n Jids isio. 

Cfori, ballet en btiU actes, de Hiloo, nuiquade KreotMT, 
«si aoouelUl de la inani«)« la plus flatteuse. Il"* Bigvitini i^oato 
de noimau son prodlglettx talent de pantemiiM ; rtnCortonflo 
Glari hit Terser des latmes aux plus lusensibleB. i( jids. 

H. Daussoigne, neven de notre illustre Méhul et un digae 
âève, ae fait connaître en écrifant pour la labM. H dranfl 
AtpaH» et P^HeUi, opéra en un am, parolsa éi M. Viennat. 
L'flxeellMte musique de ce Jeune maître lutte pendaat teiaa 
lepr^ntatioas contre la funeste influence d'un livret dépoomi 
d'inlértt. 

VaUre, eière de l'Éoole royale de Cbaot et de Déclamation, M 
fait applandir dus te rdte de flusca de te Garotanê. Ce Tirtueie 
passe, en IMt', au AéUre de l'Odéoo, et s'y diitiAgue daot 
l'emploi de première basse chantante. 

Je Teaaia de ptiMier deux TOlnmea Uititoite : De f Opéra m 
PnmtB, ouvrage qui me condolfiit de prime abord au /o»rMi 
de» Débat», et me ût nommer, k livre ouvert, à mon inau, direo- 
deur dn Coneervatt^re de musique, poste inâninent boDorable, 
qoe mon respect pour les bonnes moeurs ne me permit pas 
d'aecepHr. En effet, le pape des musiciens français pouHil-il 
exoommonier tes fldUeet Était-il permis au généraliisime de 
tirer sur tes soldats T Pouvait-il décemment traduire les opéns 
de Mozart, de Cimaroea, de Hoesini, de WatMO-, et prouver tinsi 
que le cheval de ses administrés n'était qu'on &ne T Ce même 
chef spiritud ne devûl-il pas s'interdire toute critique en feuil- 
letons à V&gÊxd de ses disciples lancés au théâtre et de leurs 
rivaux? Traducteur et journaliste, ces deux Industiln me pn>- 
metlaienf un million, et le Con>«yatoire ne m'offrait qu'un aéro 
pour l'excédant présumé des recettes de diaqoe aoBèe. Je con- 
naissais la valeur des notes, et me tins en meiure contre on 
honneor trop daogtteox. M. deUuristoo, rainiatndeUmisfla 



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AOSCUt ROYALE OE WMQOÉ. • tS7 

du roi» Hw dit «km : ■-" VAilitavw té^ p&rtAttëOikut Mtië sOtlS' 
préfecture, je rencontre en vous un avocat, un littérateur, ofl 
musicien , un admioistnteur étranger à tout esprit de coterie ; 
POM* êtes mon homme, où pourrais-je en trouTCr un qui réunit 
tontes MB qualités précieuses podr un dlrecteaf de Consena- 
loireT » Hélas 1 cet homme se crut obligé de refuser l'honneur 
et tu dix mille franos d'une place étnlnenle. t^sUvre, il ne put 
M ddcider k les échanger contre l'espérance; et, certes, il 61 
bien , l'éTteAiaent l'a prouvé. Les curés de Paris ne veulent 
ptriot dereoir éréques. 

— Si Totis n'acoeptez pas le poste émlnent que je vous desti- 
nais, traduisM'mol des opéras italiens, allemands , traddisez-m'en 
beaaooup, un répertoire tout entier que nous substituerons sur- 
le-diamp aux pauvretés que l'on crie à l'Opéra. Vous l'avez dit, 
noui auroni des chanteurs houveaiix pour de nouvelles parti- 
tions; Lerasseur, Lecomte, H^ Mainvielle-Fodor, Clnti, bien 
d'autres encore nous aideront. Commençons la réformé par 
l'Académie rojfile, au lieu de la faire partir du Conservatoire ; 
l'oppoiition sera moins forte, l'^fet plus prompt^ et nous obtien- 
drons les mêmes résuluts en suivant une autre route. •> 

Le ministre ét^t pressé; le ministre voulait aller vite en 
besogne. H lui f&Daît une douicùne d'opéras livrâtes & courte 
étjiéanoe ; il dlspntait encore sur le treizième. Je lui désignât 
TanereM, la Dorma del Logo, etc., dont il prit note k l'instant. 
Ce nfl hit qu'avec beaucoup de peiné que je le fis consentir à 
bonier là son ambition pour le moment. M. de L&uriston von- 
lat Uen comprendre qu'il était plus sage d'attendre, afin de 
saisir an passage les nouveautés brillantes qui pouvaient surgir 
pmdaat que nous mettrions en scène les partitions désignées. 
En e(M, Hérold Utus apporta le Mosi d'Italie; ce chef-d'œuvre 
oMnl la prMénDCfl , et je le fis marcher en t£te de ma liste. 
Dm ligue ranettie empêcha la production de ce formidable 
auxiliaire; l'alsrme éttut au camp; Dolopes et tfyrmidons fré- 
mlssaieni de terreur; on baissa le pont-tevls et la herse ; U. de 
LaarMoD et Tiottl , remplacés , ne pouvaient plus me soutenir 
a» ttâoent te Ahb^ et vtiSer d l'exécution de leurs actes ; 



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les TEÉAIBES LYRIQUES Iffi PAHIS. 

mon traTail fut prohibé, nuis on le paya tûen, très-bien et 

longtemps. 

Ohl U haine et la peur ne mandiandent janaii. 

L'avocat musicien avait prévu le coup et s'était moni d'une 
cavatine sur papier timbré. 

F. Habeneck venait de succéder à Viotti; ce directeur avait 
quitté l'Opéra le 1" novembre 1821. Afin d'enlever an Moi$e 
français sa plus belle chance de succès, et lui fermer ainsi les 
portes de Vopéra, la direction de l'Académie, qui gouvernait 
alors le Théâtre-Italien, St représenter Moti sur la sc^e de 
Louvois, par Zucchelti, Garda, Levasseur et H~* Pasta. Ce trait, 
dirigé contre moi , vint ensuite éborgner le Moïse français de 
Jouy quand on le produisît en 1827. Comme Robin^es-Bois, 
Habeneck lançait une balle de plomb qui, sans me toucher, 
devait ricocher malicieusement jusqu'à son Moïse pour lui i^ever 
un œil. 

Je rencontrai Berton sur le boulevard , il venait de triompher 
k huis clos de Rossini; ses confrères du jury l'avaient secondé 
bravement. Ce coup d'état faisait rentrer l'auteur de Moti dans 
ses domaines du ThëÂtre-ltalien pour n'en plus sortir. — Hais 
vous n'aviez pas le droit de juger le livret d'un opéra traduit 
pour être reprttenté. — Qu'importe, si nous avons sauvé l'école 
française en le condamnant? — Ou vous l'avez perdue. Le public 
de l'Opéra veut du Rossini ; ce public en veut à tout prix, sa 
désertion proteste contre les misérables partitions de messieurs 
tels et tels; ce peuple appelle à grands cris Rossini. J'allais con- 
toiter son envie en lui donnant Jfoïae. Celte pièce pouvait fort 
bien n'avoir qu'un succès médiocre, grâce & l'exécution. Le 
procès était alors jugé; ce premier essai malheureux arrêtait 
nos projets de réforme; rien n'était plus facile que de m'étoi- 
gner, moi homme nouveau, peu connu, sans pouvoir, sans 
crédit. Le public aurait pu croire que Rossini devait se borner à 
charmer les habitués du Théâtre-l^ien, et que ce Ruggieri, 
cet arti&cier de la musique, ce maître aux roulades, comme il 
vous plaît de le nommer, n'était pas de force à gravir les hau- 



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ACAf^HIB R0YA1£ DE HISQUE. lU 

leurs de notre grande scèœ lyrique. Hais vous refusez cette 
satistection au public, tous croyez abattre l'auteur de Jfoï« en 
sapprimant l'oBUvre 4e son traducteur; eh bieal on appellera 
l'homme sD6me, vous verrez bientôt Rossini eu personne; vous 
le verrez à Paris, vous le condamnerez à votre aise, ce qui ne 
l'empêchera pas de saccage votre Académie, et de renverser de 
Ibnd en comble le déplora])le système que le jury s'efforce en 
vain de soutenir. » 

Le comte de Blacas devient ministre de ta maison du roi, sur- 
ioleodant des théâtres royaux. Son exaltation fut signalée par 
ce léger quatrain ; 

Bl>ca§, Dura«, Damas, hélas 1 
Semblent d'abord un brelan'd'ai; 
SI vous les regardai de près, 
Ce n'est qa'un brelan de valets. 

Le S9 septembre, l'Académie royale de Musique célèbre la nais- 
sance du duc de Bordeaux, en représentant Athalie, tragédie, 
avec les chœurs de Gossec, et le ballet de Paris. Boïeldieu fit exé- 
cuter plus tard , k la Comèdie>Française, les chœurs qu'il avait 
écrits en Russie pour cette même tragédie. Ceux de Gossec 
élaient plus que médiocres, tes chœurs de Boïeldieu valaient en- 
core moins. L'admirable prose rimée de Racine est en opposition 
constante avec tonte mélodie noble et régulière, c'est ce que l'on 
a fait de plus mauvais au regard de la musique. Un compositeur 
s'accoDunoderait beaucoup mieux des sermons de Bossuet ou 
de Hassillon. Feme, mon maître, avait mis en musique les 
chœurs A'Etthtr, il ne put résister à l'influrace de cette prose 
sans riiythme ni mesure, et succomba comme les autres. 

Im Pages du duc de Ymddme, joli vaudeville traduit en ballet 
par Aumer, mis en musique par Gyrowelz, platt inQuiment et 
reste au répertoire, is octobre. 

M~* Dabadie débute dans Œdipe à CoUme, et se fait ^plau- 
dir comme actrice et comme cantatrice dans le nHe d'Antigone. 

91 Janvier 1811. 

La Mort du Tant, opéra en trois actes, paroles de Cuvelier, 



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m Toums LYHiQua m pahih. 

BélitM de nmm, uitiique de Owtda. chuw, viriiable MM»- 

neni. ï HTiter. 

LMBque Oatcia signa son engigemait pour Gb&titer la parUe 
de premier téaor au ThéMre-ItilleD de Paris, 11 fit Insérer dans 
Mtacle qne l'admltiistratloti de l'Acadèfiiie s'obligeait à mettre 
en KiDe tix opéras dndit ténor contractant La Mcrt du Ttuêe 
fut la première annuité de la rente musicale, que notre Aca- 
démie avait bien voulu subir pourdoter son ThéAtre-Ilalien d'un 
duoUnr, d'on acteur du plus grand talent. La clause était si 
cmeUement onéreuse que la compensation devenait inadmis- 
sible. Garcia, chanteur excellent, harmoniste âSBCK correct, con- 
naisseur d'un goût exquis, sachant ajuster admirablement ses 
réles à sa voix, ne produisait que du fatras s'il se mêlait de 
composer. Écrire des partitions était son goût favori, sa manie; 
il fondait l'avenir de son nom sur ces ouvrages mort-nés ou né- 
morts. La jolie chanson espagnole, Yo que soy cmPrabandùla, 
voilà tout ce qui nous est resté de trois ou qastr* douK^nes 
d'opéraa de ce folseur. Vous voyez qa'il en tachait six tout d'un 
coup pour l'appoint de son engagement; il en aurait expédié 
dîi au Italie en même temps, à six mois de terme, par lettres 
de voiture et connaissements. D'autres œimes , d'autres filles, 
chères it son cœur, bien qu'il ne les gouvemAt point avec autant 
de toidresse et d'aménité , devaient illustrer son nom d'uae 
manière infiniment plus éclatante. Qtrcia n'eûHl pas brillé sur 
h scène comme premier ténor d'une suavité déditiense, et plus 
tard d'une foudroyante vigueur, Garcia n'ètait-il pat le père de 
liarietta, dent le talent phénoménal a rendu glorienx les trois 
Boms qu'elle apoilée? Garcia, Halibran, Bériot(i); de Pauline, 
qui devint H"' Viaidot, de Uamieliu), cjiaotear professant l'ex* 
eiUeDte doctrine de sou père? 

Je n'ai pas tout & fait oublié fa Mort du Tauêf il m'est reUA 
dans la mémoire quelque chose de ce malencontreux opéra, 
o'ert le CMtuBie de nymphe, OMtume diaphane au suprtaie 
degré qoe portait M"* Brocard. 11 parait que l'Académie n'a plus 

(1) Le ptOMer, l« dwtkr, éMetrt d«]i cAHirM. 



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ACAMMtt WtkiM DG HU«QUe. ni 

mové tsaa se» maguins uo veut lextUe, une Motte a«(tnU0eu«« 
~ à ce point ptmr i«Anac les tiamonieex conlmirs d'une dryade, 
tÊâaà» ou moaacto. C'ffit vraiment tloainage, uissi le soc<^ 
âbouriffiuit âe Il>^ Brocard M s'Mt^il t»lns renourelS depuis lors, 
néme pour nos plus jolies danseuses. 

3iratoniae, opéra «n un acte de Hofflntui et Méhut, passe du 
IbéUra Peydeau sur la grande soine de l'Aeadémte. H. Daus- 
sngne, nerau de Mélml, «st chargâ du Irarail nécessaire pour 
cette tniMlation. Il s'en acquitte avec autant d'esprit que de ta- 
lent ; oi écrivant les récitatifs , 11 sait les amener avec des traits 
empruntés adroitement aux diverses parties du chant figuré. 

StaanlSH. 

êtanohe d« Prinmeê, opéra eu trois actes, paroles de 1%(^lon 
et de Hancé, musique de B«Hon,Biyieldleu, Chérubin!, KretilEer 
et Paèr, est composé, mt* en scAne ft l'occasion du baptême du 
due de Bordeaux. Un très beau choaur de Gberublnî, Don, mon 
mfànt, survit ii oette piéoe de circonstance dont il faisait partie. 
Ce cbour est encore exécuté dans les eonoerts du Gons^valoin. 

* aal ISH. 

Le 11 mal, la salle FftTBri est fwDiée; quelques coneeils el 
deux représentations seulement sont donnés par l'Académie strr 
le théâtre Louvoie, Jusqu'au 16 août, jour de l'ouverture de la 
nouvelle salle, bâtie rue Lepetetier. On y r^iésmte i^ BayA- 
Mru et le KMour de ZépMre. Vive Stnri If, mis en varttEtlons 
pour l'orchestre, par l'auteur ffAgne»e, Paér, etrt exécuté d'abord 
avec une gnind pompe. Cet air national fait retoitir l'enceinte 
de la salle rajeunie, éclairée par le gaz, et sert de prélude à son 
premlH- spectacle. 

La construction de cette salle ne fut commencée que le êi- 
nancbe 13 août 1^ , six mois après l'assassinat du duc de 
Béni. On âeva cet édifice sur l'emplacemenl de l'botel de Chol- 
seul^ et le public n'y fut admis que le 16 août suivant; on y 
tnvaiUa donc pendant un an et trois jours. Et pourtant il ne 
s'agissait qoe de oonstruire une enceinte de boU et de platn» 
^opre k recevoir provitotrimetw la déooraMn intérieure, bi 
cftarpeBle d« In scéM etdes lops «Dtevéetau théâtre obMHhMiiié. 



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172 -raÉATRES LYRIQUES W PARIS. 

Pour les Spectateurs assis au parterre, la salle Lepdfrtier est ab- 
solument la mâme que la salle Richelieu ; seulnaent on a donné 
six pouces de plus à l'ouverture de l'arant-scéne. Le théâtre est 
beaucoup plus profond que l'ancien; les corridors plus laides, 
une immense galerie servant de foyer au public, telles sont les 
amélioratioQs que l'on remarque dans la nouvdLe salle ; mais, 
gare l'incendie I il serait effroyable. Cet édifice n'ayant pas de 
murs pour conlmirle feu, former cheminée, fourneau pour ian- 
cw la flanuoe vers les étoiles, comme cela s'est vu lors de la 
bmlure du tbéfttre Favart, l'incendie s'étendrait de tous les 
cotés, et pourrait embraser le quartier, le faubourg. 

Voilà donc l'Académie établie dans son nouveau manoir, ba- 
raque somptueuse, dans une enceinte assez grande pour ses 
exercices. A peine en a-t-elle pris possession qu'elle présente à 
ses habitués un jeune ténor , fils de maître. Adolphe Nourrit, 
élève de (rarcia, débute avec le plus grand succès dans Iphigéni» 
en Tawnde, le 10 septembre 1821. Le nouveau Pylade fait ap- 
plaudir une belle voix, une manière de chanter noble et gra- 
deuse, une vigueur dramatique, heureux complément des 
moyens déplaire du débutant, dont la figure et la taille conve- 
naient k merveille aux héros qu'il devait représenter. Adolphe 
Nourrit puait ensuite dans letBayadirts, le» Danaidea. Démaly, 
Lyncée, n'obtiennent pas moins de faveur que Pylade. 

Gossetin, digne frère de deux virtuoses charmantes, débute 
avec un gnmd succès dans le» Pages du duc de VendAme, le 
5 septembre 1831. U y danse un pas noble avec sa sœur, 
M"" Anatole. 

Viotti quitte la direction de l'Opéra, François Habeneck lai 
succède le 1" novembre 1821. 

Tarare, faiblement exécuté ne réussit point; on applaudit le 
cbœuf anal, dont l'effet prodigieux électrise l'assemblée. La 
reprise de cet opéra, faite le S janvier 1822, doit être signalée : 
H*^ Maria Hercandotti , la plus jolie femme que j'aie vue âgura* 
sur la scène, possédant les plus beaux yeux , les sourcils les 
plus noirs que l'on puisse demander à la Ciicassie, à la Géor- 
gie, danse la quaraxa dans le oostunw âégant et riche de tmva- Si 



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ACAIHËtlIE ROYALE DE HtISQUE. 173 

t'Opén mettait notre oreille à la torture, il savait présenter & nos 
yeux de si jolies excuses qu'il était impossible de lui garder ran- 
cune. Six jours après , la jeune et brillante virtuose nous faisait 
ses adieux; un Anglais, H. Husboll, l'enlevait à la cour du 
roi d'Ormus. H"* Mercandotti qc resta que vingt -huit jours 
au Uië&tre; elle avait fait son premier début le 10 décembre pré- 
cédent. 

Le 7 décembre 1891, l'afficbe annonçait Famand Cortex et 
Jm Pagei du tbàcde Vendôme; Baillot devait exécuter un solo 
dansé pu Gosselin et H™ Anatole dans le ballet. Albert était 
absent; GosseUn, qui seul pouvait le remplacer, ayant fait dé- 
faut pour cause de maladie, on supprime le pas et le solo de 
violon. Une bande posée sur l'affiche n'avait point été lue; le 
public réclame vivement le pas dont on le privait. La nouvelle 
administration appelle un orateur h son aide, aucun ne veut 
affronter le courroux du parterre; la charge de harangueur 
n'ayant wcore été confiée k personne en titra d'office depuis le 
départ de Viotti. On baisse le rideau, le public indigné se venge 
sur les instruments, les ustensiles et meubles de l'orchestre, 
qu'il met en pièces avant d'opérer sa retraite. Le musicien Ter- 
pandre apaisa jadis une sédition en touchant les cordes mélo- 
dieuses de sa lyre; quelques paroles de consolation adressées 
aux révoltés auraient sauvé plus d'un violonar, et garanti les 
timbales de l'orage qui vint fondre sur leurs peaux. 

Aladin ou la lampe meneitleuie, opéra en cinq actes, 
d'Etienne, musique de Nicolo Isouard et Benincori. Cette pièce 
taillée sur l'ancien patron, mal disposée pour le musicien, 
ennuyeuse & l'excès, bien que le sujet fût heureusement choisi, 
ce drame» qu'une partition pins que médiocre ne pouvait sou- 
tffliir, obtient un succès éclatant. L'armée des génies, sylphes et 
sylphides, conduite, animée, âectrisée par M^ Bigottinf, lui 
fait remporter la victoire. Deux débuts ont lieu le 6 février 1838, 
jour de la première représoitation de cet opéra nouveau. Le gaz 
prête ses lumineuses clartés à la lampe d' Aladin, et M"* Jawurek 
réussit dans le rdle secondaire de Zarine. Elle chante l'air Venes, 
eharmontet bayadiru, avec tant de suavité que le nom de 



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t74 raUntES LVBIWBS m MAIS. 

«Aonnaiiti ïAyvd^f lui fut àmai pewtMt tfaO/tat tampa : die 

était aasas jolie pour le porter vna humeur. 

Vous vgjes que le 0u fit w praoùëre explosion ntâeoraMc 
d'une waoiète uiui brillante qw spirituelle. Boiployé depuis le 
t6 wut 1831 comme simple moym d'MaingB, il «eqoit une 
importance dninatique daps la Ivw» w w rtwHw w . L'incw- 
taine lueur des quinqaets disparut devant le magique flambiu. 
le voua ferai coDuatuç plus tard 1« progrès des lomi/ËKt à 
VQpâra : le» chandelles aous caaduiroqt di&touiquemeat au 
feux électrique*. 

I^ frais de misa en scëae de la Ltmuft mtrvtWfnut s'étèveot 
il 170,000 fr., a (r(»trt»P|M0arU«. 

r- D^vis est superbe daoi AgaHiaianoQ; le re) des rw ne 
«aurait être plus digoement reprôseoté. M'*' Branolia. Clïtam* 
oestre, a dit ses deux prwûers airs avee uue expresilOR Vf 
tiaioante, elle a joué tout so» rôle eo tragédïMiDe oauMmoite. 
M"' Grassari est une charmante Iphigénie; LateuiUade h pos- 
sède ni la taille, ni les acoeni» du ûls de Pélâe; il ne peut rtusatr 
que dans les scènes de sentiment, et le râle d'Aohille n'en a 
qu'une. Bonel représente Calchas très couTeDabloaeBt. » Voilà 
ce que XXX écrivait après uoe représentatiou d'JpMsi^Mt «t 
ilNiûie. remise en scène le 15 «TrÙ IttB. Haigrâ le taleol des 
artistes que je viens de nommer, l'exâGutioa de oe cbefd'wune 
de Glut^ ne pouvait être boaoei le di^wop tnqt âl«Ti de l'«r* 
chestre mettait les chanteurs au sufiplicA, et les forçait quelque- 
fois & loucher au-desaqus du ton. Pour se coaformw aui inten- 
tions de l'auteur, pour maintenir ses opéras h, la seine, il eftt 
Mlu recourir à la transposition. Le diapason de 177i élut irius 
bas d'un (on que celui de 183S; la» rOlès o'Ataient plus es rap- 
port avec les emplois: celui d'Agunamnon, éerit peur U rat 
debarjton. arrivait au domMoe du ténor. 

Flentta» ov. ift Comtil du Dvs, opéra en trois aolea, livret de 
Delrieu, musique de tiarma, retombe & l'Acsdtoiie après la 
chute qu'il avait éprouvte à l'ûpéra-Comique en ISIO, sMiule 
titre de Harini. la CotueW d» Me fut ainsi deux fois 
condamné, mis à mort, et c'était justice. Un autre o 



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ACAlAnB ROYALE D8 MUSIQUI. 171 

«Tait hit lu sUHùma d« iforini. i^lofHtof» était la seoOBdflUTditon 
das Ibumiturea ea opéras qoa Garcia devait, aax tennaa da'im 
angas^nnit, voraer dans lea magaaina de l'AcadAmia. Aprèa 
c«tU nouvelle épreuve, tout aussi malheureuse que la pramiën, 
Garcia fut prié de mettre un terme & ses libéralités niineusM. 
La direction initvnuiisa ce ténor compoaant, on le paya pour 
qu'il n'écrivit plus riw pour notre scène. Tout bien cwindéré, 
l'Académie trouva son profit à cet arrangement. 

M"* iJigallois, blonde très jolie, débuta de la maniôn la plus 
'briUuite en jouant et dansant le rdle de Clan, dans la baOst de 
ce nom. s Mptembre IB33. 

Après avoir supporté courageusement l'opération de la piene, 
Lainez, à l'instant même, chante d'une voix éclatante La victoire 
ett d vaw! Le lendemain, il veut absolument se lever et mar- 
cher; il expire avant la nuit, à l'Age de septante-un ans. 

IS Hptanbre. 

Alfred le Grand, ballet en trois actes, d'Aumer et de Gallem- 
berg, ne réussit pas du tout, le 18. Les Danaïdes, CEnfant 
prodiffw sont remis en scène. 

Aspaiie et Périclèt, Alfred le Grand étaient offerts au public 
le 4 octobre ; le gaz vint h manquer vers la fin du ballet. Quelques 
lampions apportés à la b&te permirent k l'assistance de trouver 
son chemin au milieu des ténèbres. Le spectacle du 6 manqua 
par la même raison. Citons pour mémoire 

Sappho, de Heicba, dernière infortune d'un musicien toujours 
malheureux. HH. Empis et Coumol avaient écrit le livret de cet 
opéra. Trois actes. )o décembre issa. 

Après avoir taillé nos plus belles tragédies en livrets d'opéras, 
l'Académie royale de Musique eut recours aux opérettes du 
théâtre Feydeau, pour se former un répertoire de ballets. Vous 
avez déjà vo défiler un grand nombre d'opéras comiques traduits 
«1 entrechats ; on représente, le 3 mars 1823, Cendrillon, ballet- 
féerie en trois actes, d'Albert, musique de Sor, guitariste tor- 
meux, décorations de Cicéri. Ce ne sera pas le dernier emprunt 
de ce genre. Le talent de M"* Bigoltioi soutient la Cendrillon 
dansée. 



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170 mSAIBES LYRIQUES lœ PARIS. 

Hinnekindt, de Bruges, débute avec succès par le rOle du 
Pacha de la Caravane, le 10 mars 1823. Ce chanteur se fait 
connaître ensuite en Espagne, en Italie, sous le nom plus cinlisé 
de Inehindi. M*' Cinti-Damoreau, soprane délicieux; Inchindi, 
basse italianisée, sont les seuls virtuoses que l'on ait vu figurer 
avec honneur sur les trois scènes lyriques de I^ris. 

Après avoir dirigé l'orchestre des ItaUens, de l'Opéra-Comî- 
qne, H. Girard tient aujourd'hui le sceptre de la mesure à 
l'Académie. Cette progression ascendante, ce crescendo flatteur 
chante plus haut qu'un éloge en trots points , parterre semé de 
fleurs de rhétorique. 



ityGoo^k' 



XXII 



L'OMm , uuMU de l'AcaMmSa njal» de Hariqne. — U BarMtr âe SMUr. 
X»tfi»4a»-A0(*. — RoMiDi , WdMT. — Bagne miniiUriel I vols, eicraqueiM», 
conuMMe dw priTilège*. — RetnlM de Lay«, de uy BigoUinL — Colle». 
Umi de galettee, — Un feoilleloa de XXX. — Rouini a'aTaiice précéda par 
W ClntL — a aOgt Me CerifUAf. — La morale alauodnit à ropdra. — 
JMir, LerMaeor. — Marie TagUoaL — Cbelard, MattMk. — Seribe, te 
S fm n mmèul i , balleC — Aaber, Im Hkêtu Ot PmiftL — Recralle de Louii 
Dâritii. — le COÉtu On- -~ Repriee de Pttehé , ballet. — Im BtUi m M» . 
thnuiKt. ballet. — etditmtm» Tttl. — Mmo» Utcaut, ballet 



Le miDistère s'était moirtré iaible, alupiâ« au point d'aonulw 
ses pn^res actes. Il s'opposait en 1823 il la réforme qu'il avait 
provoquée en 1S31. L'Académie iDjale de Musique, la métro- 
pole me fermait ses portes, j'imaginai de lui créer des suc- 
cursales. 

Une jeune et belle persoase fierait dans les opérettes écrites 
pour le Ihé&Ire du Gymnase dramatique. Cette actrice, à peu 
prés incounue, recevait six mille francs par an et chantait une 
fois chaque mois, ce qui portait ses appointements h cinq cents 
francs par représentation. Je devinai la voix, le talent de la vir- 
tuose ignorée, et jugeai de ce qu'elle pourrait faire en exéculaui 
de belle et bonne musique, 'e m'empressai d'ajuster des airs, 
des duos, un quintette, un trio, des choeurs, un finale méiue 
II. 12 



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178 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

aux F<^iet amwwrmtaea, comédie réjouissante de Regnard. Celait 
un Taudeville de la gixtsse espèce, dont Mozart, Rossini, Cima- 
rosa, Paêr, et d'autres, avaient fourni les QoBs-flons. — Quoi? 
TOUS allez faire exécuter dd opéra complet par des acteurs de 
vaudevilleT nke disait-on. — Oui, sans doute, et si le directeur 
du Gymnase, U. Delestre-Poirson, n'en voulait pas, j'inds le 
porter chez Franconi. II est des choses qu'il faut montrer à, tout 
prix; les sifQete n'ont jamais tué personne. > 

Le merveilleux succès des FoUes amowewes éleva aur-Ie- 
champ M'" Lalaûde au rang suprême. La cantatrice, que le 
Gymnase venait de révéler au monde musical, alla trôner deux 
mois après à Milan, sur la grande scène de la Scala. Bellini 
composa pour elle il Pirata, la Straniera, Zaïra, Meyerbeer, 
il Croàato, ete. On représenta les Folies amoureuges vingt-six 
fois pendfut le seul mm d'avril 18S3, et toujours la laUe était 
comMe. Voilft, certes, un résultat immense; cioyes qu'il ne se 
bornera point à la fortune d'une i^rima donna. 

Je poursuivais depuis six ans mes projets de réforme. Je voa- 
lais changer lafaca de notre opéra, faire succéder l'art b la rgu- 
tins, tA les producUHme du géma aux pauvretés dont <hii abna- 
vaK, saturait te public. Les perruqniers, les blanchisseuses, 
les marchands de salade et les vachères, déclamaient, criaient 
notre drame lyrique après quelques mois d'études trop expédi- 
tfves, U knportait de les exclure du théâtre. J'obtenais ce résul- 
tat sans nolence en leur imposant des ouvrages composés pour 
des chanteurs habiles, et, par conséquent, bien au-descns de 
la portée des routiniers. Nom étions en arrière de soixante ans, U 
fallait d'un seul coup franchir cet espace pour amener la France 
en ligne de bataille avec les nations qiii la devançaient. Substi^ 
tner un nouveau répertoire à l'ancien, poser une galerie de 
chefs-d'œuvre qui fit ouvrir l'oreille à ce même public, et lui 
permit en&n de comparer, de contempler dans toute sa laideur 
l'objet d'une affection factice, affection qu'une longue habitude 
avait produite ; ouvrir (t deux battants les portes du théfttre aux 
nombreux chanteurs formés par notre Conservatoire; rendre 
leurs secours, leurs talents indispensables; élevf^r de brillants 



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AGU)l!SiIË ROYALE DE MVSIQIIB. 171 

édiâew d'bamonie ii coU dn matures ruitiquag , étajt le leni 
moyen d'ofiérer cette révelution. 

Gluck et Picônni renrers^nt la vieillfl idole avec les pre- 
dncstioiis de leur génie; comme Aladio, je frottai ma lampe un 
inetant iD^reiltsate, et deux géoleB, Weber et RoBslni, dent 
■BucieDs égalaneot célèbres et populairee, offrant une divef- 
site bien précieuse de tale&t, de Garactëre, de couteut-; deux 
gteèralisBiiMw, arrivant k mon appela commaudèrent lea ailes 
de mon armée : j'avais déjà plaoé Mozart au centre. Humble 
serre-flle, je les dirigeai. L'opposition se préparait h m'attaquer, 
j^ai me poster au Journal de» DibaU pour démonter ses bat- 
teries. Victoire complète, éclatante. La révolte suivit l'émeute et 
la révolution leur succéda. Celait prendre à propos 3& bisque. 
Pour éteindre ce but, il ne suffisait pas au traduetear musicien 
de savoir juger la balle, de choisir les ouvrages que le pnMIc 
devait accueillir avec enthousiasme, point essentiel et d'une 
haute importance 1 il fallait encore rencontrer des artistes pleins 
de xèle parmi lès entrepreneurs de spectacles, des hommes ca* 
pables d'aïqH^cier une idée et de tout sacrifiei' pour la mettre 
«n oeuvre, fixoetlent musicien , élève de HéhuI , Alexis Singier 
avait mis en scène, à Nîmes, le Mariage secret, en 1817; le» 
ffoc*» d» Figura, en 1816. Toujours prêt à me seconder, il livre 
k l'admiration des Lyonnais le Barbier de Sévitle de Rossini 
fn 1921 , et gagne 43,000 fr. de rente eu produisant anr son 
Ihéfttre OttUo, Bon Juan, la Pie vpUute et vingt autres opéras 
que j'avais traduits ou parodiés. Pral , Coliignon , Morel , Bran- 
diu, Bernard, suivent l'exemple donné par leur confrère de 
Lyon. Tons cee directeurs s'enrichissent ou rétablissent leurs 
«flaires , grftce k la musique admirable que je versai dans leurs 
lépertotres délabrés. 

C'était encore prendre & propos sa bisque ; une semblable 
révolnlion serait impossible aujourd'hui, puisque les théâtres 
de nos départements ont cessé d'exister; l'opéra -franconl les a 
tons mis en sépulture, ou du moins s'ils traînent encore une 
mourante vie, ce n'est que pendant la moitié de Vannée. Un di- 
recteur qiii n'ouvre son théfttro que pendant six ou huit mois 



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ISO TUÉJLTItES LYRIQUES DE PARIS. 

ne peut rien entreprendre de grand et même d'utile, n perd la 
nwitjé de son temps à faire débuter set actsnrE , et les demies 
mois sont employés & préparer sa banqueroDte. 

Ces opéras traduits, ancre de salut des entrepreneurs de spec- 
tacles, ces opéras qui triomphaient dans nos provinces, dans ks 
Pajs-Baset dans l'Amérique, pouvaient-ils obtenir la mfime 
faveur à Paris, où les chanteurs italiens les eiécntaieid avec 
une admirable perfection? On af^lait vivement cette questiMi, 
lorsque le succès des Folies amoureuses vint la résoudre. L'é- 
preuve fnile au Gymnase eut le plus grand retentissement. Mi- 
lu), Venise, Florence, devaient leur prima donna favorite k ce 
modeste essai ; les cantatrices de la Belgique, de la Hollande et 
même de l'Allemagne voulurent se faire entendre dans le rUt» 
brillant que j'avais ajusté pour la Hgnora Héric-Lalande. Bd 
Italie les journalistes, les faiseurs d'almanachs illustrés, les 
poètes imprimant leurs sonnets sur un salin plus blanc que b 
neige, ne manquaient pas de réunir le nom de la virtuose au 
tit^b des Folw amoureuses, opéra qui venait 'de signaler sa 
première victoire. Le prince d'Anhalt-Coëthen, amateur pas* 
sionné de musique, fit exécuta les Folies amoureuses dans son 
château. 

Cet opéra suivait le cours de ses brillantes représentations, 
lorsque Bernard, directeur des thé&tres de Bruxelles , vint ï Pa- 
ris , étudier, non pas la pièce, mais le public qui se pressait en 
foule pour l'applaudir. Il paraît que ce public se conduisit bien. 
Lk> lendemain Bernard sollicitait l'autorisation d'ouvrir le ihéfttre 
de rOdéon pour y représenter mon répertoir/d'opéras b^uite. 
Le ministère accueillit sa demande, et, le 6 mai iSSV, l'Odéou 
chantant, l'Odéon succursale, annexe de l'Académie royale de 
Musique et son rival heureux, fut inauguré par le Barbier de 
SéDîtle. Succès d'enthousiasme, de fanatisme, de frénésie; suc- 
cès d'autant plus furibond que la foule était accourue avec la 
persuasion que tout serait détestable, et que la pièce et les acteurs 
devaient tomber sous une grêle de sifflets. La môme prévention 
avait déjù porté bonheur aux Folies amoureuses, quand cet opéra 
fui produit au Gymnase. Lecomte, Léon Bizot, Valére, Camoin, 



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ACAlfiHIE HOTALE DE MUSQUE. ISf 

M"** HontaDo, C&moin, se placèrent au premier rang sons le 
double point de vue du chant et de l'action dramatique. Les (X>u- 
nnoes, les bouquets tombaient de toutes parts à leurs pieds, 
et l'oretiestre de l'ddéon, conduit par son tiobile chef Crtoicmt, 
fut proclamé le premier orchestre de Paris. 

Le petit ruisseau du Gymnase devint un fleuve à l'Odéon. 
Hoodonville, Péronnet, Cœuriot, Leclère, Duprez, alors rossi- 
gnol, H"' Lemoule, Belmont, Pouillej, Schûltz, Albert, Dupres, 
Tinrent briller plus tard sur ce théfttre où H"^ Valère s'était 
distinguée, où H"' d'Orgebray, cantatrice légère d'un prodigieux 
talent, péril h la fleur de son &ge. La Pie voleum, Otello, Uar- 
guérite d'Anjou, le Sacrifice interrompu, lei Noeee de Figaro, 
Dan Juan, Tancrède, la Forêt de Sénart, la Dame du Lac, Pour-- 
etaugnac, etc., furent applaudis litres le Borbisr de SévtUe. Je 
ne citerai point un grand nombre d'opéras moins heureux ; 
mais je vous dois quelques détails surder FreyschiUx, repré- 
KDtA sous le titre de Robin-des-Boiê. 

Le 7 décembre 182^, der Freyêchùts, ce chef-d'œuvre de 
C H. de Weber, ce vainqueur fortuné jusqu'alors, fut sifflé, 
meurtri, bafoué, navré, moqué, conspué, tudupiné, hué, vili- 
pendé, terrassé, déchiré, lacéré, cruellement enfoncé jusqu'au 
troisième dessous. Les journalistes, qui n'ont d'autre opinion que 
celle du public, s'unirent en chœur pour dénigrer, mépriser 
la musique de Weber. Mon respect pour l'ouvrage et l'aulenr 
m'avait empêché de faire le moindre changement aux formes de 
cet opéra. Si l'ermite ne s'y montrait pas, c'est que sa barbe était 
déjà tombée sou» les ciseaux de la censure. Voyant que cette 
|[iiëce ne pouvait pas marcher, j'imaginu de l'estropier, de la 
disposer sur un autre plan, de la tripoter à ma fantùsie, afin de 
l'assaisonner au goût de mes auditeurs. Neuf jours après, le 
16 décembre, elle commença la série de trois cent vingt-sept 
représentations données à l'Odéon. Le théâtre de l'Opéra-Comi 
que était aux abois en 1835, il implora le secours du magique 
Robm-dee-Boit, et cette reprise aurait été plus avant que le 
chiffre de 60, si la société des auteurs français ne l'avait fait 
interrompre. 



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tM TWUtWS LYKlQUn DB PAII& 

•*]tt te qneè droit T 
■— De cotaù du pliu biible. Qaaad m n'nt pas lion, U fmt a» 

Aux opônt traduits fldileinent, tels q«e Do» Jtion, I» Sor- 
bier de SétiUe,ie mêlais da temps en tamps des partiiioiu formées 
ane de I>eaux bsgmoits eraprantéi h dirers oorrages qu'il eût 
éU pirUleux de préerater en eetisr. la FtMMê Agnit, Paw- 
Mongnac, I* Forêt de Sénart furent construits ainsi que let 
FoHe$ amouretuet, arec des morceani choisis dans les œuvres 
de plaslean musiciens. Lorsque Weber, Bossini, Cimaross, 
PaCf ne poUTaient me donner le fragfmeat que je desirais ; lors- 
cpie je ne trotmis aucun morceen capibd qui Tint cadrer avec la 
pMition dramatique de mon lirret, je remplissais ce vide souvent 
énorme, en composant des duos, des chœurs, des introductions, 
des Anales surtout, car un finale tient trop d'espace, offre trop 
de Tfti^été duis ses images pour qu'il soit possible de le faire 
passer d'un drame sur un aubv. Cette mosaïque, ce fableao 
mélodieux se déroulait devant les acteurs et les STmphonistes, 
arrivait ensuite ao public sans aucune confidence, ^cun srb 
Indiquant les noms des compositeurs de tous les fragments. le 
M preniùs qu'à bon escient, et l'on a trouvé que j'avais la main 
beareuse. 

Devine si to peni et jnéiiit si tu l'oiee. 

J'ai composé de celte manière la valeur de neuf actes d'opéra. 
Le voile dont je couvrais mes œuvres en les signant du nom de 
Generali, de Moiea, de Borghi ou de Federici, a jeté les sym- 
phonistes de rodéon et même du Conservatoire dans les méprises 
les plus réjouissantes. Beethoven et Weber ont été vilipendés 
aux répétitions de l'Odéon, parce qu'on me croyait l'auteur de 
la Symphonie pattorale et d'Euriante. Des chœurs de ma façon 
étaient portés aux nues, par la raison que mes admirateurs 
voulaient bien en faire honneur à Weber. 

Plus tard, j'avouai que la Fortt de Sénart renfermait quatre 
morceaux importants de ma compositioh. La critique n'en fut 
pas mieux instruite : elle ne put les reconnaître, les deviner, les 



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ACApEaiS ROYALB DE «BIQUE. Iê3 

signaler. BowldîMi me dit un jour : — Je «tit atlA voir la Portt 
de Sénart, je savais qu'on m'y ferait «otebdre tpiatn oorceBox 
de votre façon, je ne les ai point reeoDDue. — C'est le plus beaii 
compUmnit gue tous puissiei m'adresser, toid le resta de la par- 
tition est de Beethoven, de WcdMr, de Roseini, de M^erbeer- Si 
mes productions ne font pas tacbe an miliea de ce brillant tablées, 
si, du premier coup d'oui, on ne remarque pas l'intrui qui t'est 
glissé parmi des musieiens de si baot parage, c'est qu'elles ont 
un cwtain mérite. — Putoque voss savee si bien faire des quarts, 
des tiers d'opéra, pourquoi n'écririeEr-vens pas va» partitkHi 
tout entière 7» 

Répondre à cette question de Boiddlau, ce aérait m'eagager 
dans le rédt d'une aventure intéressante, bicarré et curieuse an 
dernier point, que tous liraE duis mon HUUfire es POpéra- 
Comiqut. 

Bernard avait cédé son privilège; leg deux entrepreneors qni 
lui succédèrent ne furent pas heoreuit, et le tiiMtre de rOdètm 
était fermé depuis quelques jours, en IfSB, lorsque les auteun 
fiançais, imi^want le secours du ministère, obtinrent FâtaMis- 
sèment d'une douane qui mtt de Mlotùres obstacles à l'entrée 
des opéras itrangws. Ne fallait-il pas éloigner, bannir ces objets 
d'une comparaison désastrease pour les productions du payst 
Plusieurs de eee auteurs se révoltaient pourtant devant cetift 
mesure prohibitoire. 

— Une douane 1 mais c'est taonteux, c'est confesser hautement 
nebe fUldesse, notre gaucherie I Une douane I c'est refuser Te 
ctnnb^; c'est mettre bas les armes et s'avouer vaincus) — Point 
du tout; si la douane est secrète, si son ponvoir occulte fouille 
sous tore, agit de manière à nous protégé sans nous couvrir 
de ridicule, cette douane est un moyen victorieux, un moyen de 
salut-4}u) ne nous ocnnpTomet en aucune fegon. » 

Tolci comment cette douane, digne d'Escobar, fut combluée, 
élaUie : L'Odéon étant fermé, le privilège de faire représenter 
des opbss traduits resitdt vacant; on le sollicita pour, le direc- 
tnr de l'Opéra-Comique. Celui-ci n'en voulait pas ; n'importe, 
Ml le lui fah accepter; et snr-le-champ un traité mystique est 



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184 THÉÂTRES LTRIQUES IX PARIS, 

signé par ce diractenr, gai s'oblige à n'nter de son priTÎI^,.,à 
ne représenter des opéras traduits, que lorsqu'il plairait h HM. les 
acteurs français de lui en octroyer la licence. Cette permission, 
accordée une seule fois, vint sauver l'Opéra- Comique, tombant 
en ruine malgré les cheft-d'mvre qui forment son répertoire : 
Der Preytehûtx fut mis en avant. Comme on savait qac ce démon 
ne s'arrêtait pas eo chemin quand on était assee imprudent pour 
ouvrir son cacbot, la commission des auteurs fixa le nombre des 
rqiréaeDlationa de Robin-dea-Boii k soixante. Le directeur avait 
enotre besoin d'argent, et vingt recettes supplémentaires, qu'il 
rédamait comme centimes additionnels, ne lui furent point 
accordées. Robm-(ie»-Bois atteignit alors son chiffre de trois 
cent quatre-vingt^ept représentations données à Paris. 

Demandez le privilège des opéras traduits, on vous dira qu'il 
est accordé. Présentez nn opéra traduit au directeur privilégié, 
cet industriel vous répondra que rioi ne l'oblige à l'exploiter, et 
qu'une coDventiOD secrète le lui défend. Si les ministres de 
François I" avaient employé leur astucieuse adresse pour arrêter 
k la frontière les tableaux, les statues, les chefs-il'œuvre de 
l'Italie, dont ce roi voulait enrichir la France, croyez-vous que 
notre école des arts du dessin fût ce qu'elle est aujourd'hui? 
C'est en les imitant d'abord que nous avons fini par régner sur 
les Italiens. Us nous demandent à leur tour des tableaux, des 
scolptores, la fabrication de ces objets ayant éprouvé chez eux 
une baisse notable. Vous riez d^à de ma simplicité; vous me 
sifflez à bon droit en voyant que je parle d'art et d'artistes à 
propos de nos théfttres; c'est bien de cela qn'il s'agissait, vrai- 
ment! On mettait ces mots en avant pour en imposer an vulgaire. 
L'art et les artistes étaient immolés avec une décente perfidie, 
mais ils n'en étaient pas moins sacrifiés ; les flamines avaient 
soin de dorer les cornes des taureaux avant de les juguler.- 

Nos théâtres avaient trois amis puissants : le Vol, l'Escro- 
querie et la Rapine. Comme les sorcières de Sbakspeare, ces 
amis procédaient à lenr œuvre d'iniquité, non pas sous la voûte 
des cieux, mais dans un bureau ; c'est ea ce retrait ministérid 
que la triple alliance accouchait d'un théUre sans doulmr et 



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ACAlAllIE ROYALE DE MUSIQUE. im 

>ftn$ bruit. La Rapine , le Vol et rEscroquerie menaient de créer 
un thé&tre à Paris, théâtre dont te besoin se fait nentïT, et dans 
Fintértt de l'art. Le w>uf eau spectacle prospérait, et des entre- 
preneurs rivaux, conspirant sa ruine, couvraient l'enchère, 
offraient un pont d'or aux sicaireg qui pouvaient le démolir. Ces 
enneDÙs redoutables étaient, hélaa I ces mêmes protecteurs, d'a- 
bord si dévoués. La Rapine, l'Escroquerie et le Vol répondaient 
à l'appel. L'intérêt de l'art voulait alors que ce thëfttre fût fermé. 
L'indulgence pléniére, si largement accordée, avait fait place 
au désir de nuire ; la soif du lucre postait k l'affût les chacals, 
et si le compère disgracié venait k se mettre en prise un^ seule 
petite fois, il était pris. Lacéré par les griffes de ces bétes féroces 
et poltronnes, son privilège avait disparu. Les honorables de 
l'une et l'autre chambre s'entretenaient tamiliëremeot des bons 
tours de ces âlous administratifs , peut-être les ministres en 
avaient-ils fait la première confldence> Aucune réclamation ne 
s'élevait contre d'infâmes concussionnaires, et ces chiens dévo- 
rants se proBieuùeDt en paix saiw que personne dit : Cave 

Ia fermeture de l'Odéon fut-dle ordonnée pour affranchir les 
compositeurs français d'une rivalité redoutable? Non. Le privi- 
lige des opéras traduits fut-il insidieusement annulé pour accor- 
der une protection exclusive aux ouvrages nationaux? Je réponds 
bautement par la négative, l'intérêt de Vart fut encore mis en 
avant, il servit d'excuse à des manœuvres frauduleuses, k des 
grivèleries portées sur un autre point La mine semblait épui- 
sée, il filait exploiter un plus riche âlon. Dire comment les 
escrocs administratifs se comportaient à l'Odéon , serait vous 
retenir trop longtemps dans le méphitisme du vol , de l'ignoble 
rapine. Il faut respirer un air pur avant de retomber dans ce 
cloaque d'infamies, dans ce bagne ministériel. Nous y revien- 
drons plus tard. 

La fermeture de l'Odéon chantant fit tomber quelques centai- 
nes de mille fnmcs dans les griffes des vautours, j'en conviens. 
La ville de Paris dépensera cinquante millions afin de réparer 
ce donuoage. Sa prévoyante sollicitude employera vingt autres 



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186 THËAntES LYBIÛtlBS I» PARIS. 

moy«D8, maim puisaanta, il est vm, mais dont l'objet mn 
d'empécbor rémigratioD des babiUsts de la rive ganche. Vo« 
détruisez le seul théfttn que posséd&t le FariH méridisnal, et 
vous vous étonnez que sa populalioD arrlTe en masse poor se 
camper vers le nord de la ville ! Oler à l'Odéon ses diantears , 
ses violons , son opéra , c'était le frapper de mort. La tragédie 
et la comédie déclamant depuis vingt-cinq ans devant des ban- 
quettes veuves de spectateurs, cette longue oraison fun^re n'a 
pu ranimer le cadavre. Il valait cent fois mieux effondrer la salle, 
on aurait du moins vendu les fers , le bols et les pierres d'un 
édifice frappé de l'anathëme administratif. H^un , Étampes , 
Saint-Cloud, des boui^, des villages, ont des ttié&tres gonveiv 
nés par l'autorité municipale, et la reine des dtés , celle dont 
no faubourg peuplerait deux capitales, abtmdonnait le sort de 
ses spectacles h des bureaucrates étrangers Jt son admioistra- 
tion , tas de gredins faisant la traite des artistes et le conunerce 
des privilèges; ouvrant, fermant les salles, n'ayant aucun ^mà 
de ruiner un quartier, une ville immense, pourvu qu'il leur fttt 
loisible de contenter leur rapacité I Et la ville de Paris, témoin de 
ces déprédations , n'avait d'autre soin que d'en privenir les con- 
séquences désastreuses , en versant des monta d'or sur l'abtme 
creusé par ces taupes, ces mulots, ces taretsl Singuliers ennemis 
pour l'antique et glorieuse Luléce, qui jadis écrasa les bordes 
furieuses et redoutées des Normands t 

RentroRS à TAcadémie royale de Mnsiqne. 

Un cbef-d'œuvre tragique suivi d'un galimatias mnsîc^, 
AthaUe et la RoÊsignol, sont exécutés le 1" mai 1823 pour la 
représentation de retraite accordée à Lays après quarante-deux 
ans de service. Il avait fait ses premières armes à l'Académie 
en octobre 1779. Lays n'était pas chanteur; sa voix étendue et 
puissante lui valut de grands succès ; mais 11 gouvernait mal 
cette vois dont l'art n'avait pas égalisé les registres. Sans aucune 
transition, il passait des sons vaporeux, imperceptibles, de son 
faucet au tonnerre de sa voix de poitrine. Ce contraste ridicule 
de l'éclat d'un trombone succédant aux tendres soupii? d'un 
galoubeA, faisait pâmer d'aise les habitués de l'Opéra. Un rdle 



iiyGoo^lc 



ACADâOE ROYALE DE WJSIQUB. 187 

biiUaiit poor Lays était un gage, une condttton de la réoisits 
d'iiQ 0D¥ntge nouveau. Gros, court, lourd, ayant da bh de 
PoliduDeile, sa structure ne convenait point i^ la tragédie. L'opn- 
tence de son tuyau vocal, l'^lomb, la chaleur, qu'il apportait 
âaoi rexécutioQ d'un ensemble, lui taisaient pardonner ces d^ 
Iluits, qui devenaient des qualités pour le genre comique. Aveo 
nu peu de légèreté dans sa voix et sa démarche, Lays eât été 
le meilleur dee bouffons. Il échoua dans le réle de Figaro, recula 
devant celui de Leporello, mais il obtint de longs et légitimes 
■accès en représentant Husca, de la Carovans, Panurge, la Dan- 
diniére, les Anacréons, let baillis, et ne se tira pas sans honneur 
des rAles d'Oresle, de Cinna, de Télasco. Je vous ai fait connattre 
le mode autrefois employé pour le recrutemeDl de notre Aca- 
démie ; les perruquiers, les cuisiniers, les soldats, les paysans 
étaient sur-le-champ métamorphosés en héros par la vertu d'un 
ordre émané du trAne ou d'une lettre de cachet. Ce pouvoir dis- 
orâtioDiiaire alla saisir l'abbé Lays au milieu de ses études thètf- 
logiques. Ce ministre de l'autel que le tréne lançait dans le 
dranaine de Satan, était instruit en littérature, en musique, 
avantages précieux pour un candidat académicien. S'il n'apprit 
point k chanter, c'est que personne alors ne chantait b. Paris; 
une belle voix suffisait & l'acteur lyrique pour faire sa fortune et 
tt réputation. 

Le ténor Lt^ond se Mt entendre dans ŒMpe à CoUme; le 
nouveau Polynice réussit complètement. 

Berton avait ses raisons quand il s'opposait & la mise en scène 
du Jf0ÏM de Rossini. Cet académicien voulait éloigner un voisin 
fort incommode pour une tragédie en trois actes qu'il nous des- 
tinait, précaution d'une parfaite inutilité, Virginie tomba, dé- 
CMnment il est vrai; le /iMeo orribite fut déguisé sous le nom 
loujoure malencontreux de sueeit d^etHme. ii Juin isss. 

La musiqne d'Hérold ne peut maintenir à la scène une fadaise 
dramatique ayant pour titre Latthénie, puisée par H. Chaillou 
dans lêt Voyages d'AnUnor, misérable roman. 

Deux PoUc^inelleséminents brillaient alors à Paris. Elle conti- 
nuait ses prouesses à l'Opéra, tandis que Mazurier faisait les 



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iW TBËATRES LYRIQUES m PARIS. 

déiices de la Porte-Saint-Martîn. L'un et l'autre sarait régla* 
BM pas et ses lazzies de manière h charmer son public. L'adresse 
et l'audace de Hazurier tenaient du prodige, il est vrai, mais le 
noble Opéra n'aurait pas voulu montrer un académiciMi cousu 
dans une peau de singe; soldat mettant sa jambe au port d'ar^ 
mes> comme il eût fait un fusil; meunier se pliant dans un sac 
de manière Ji dissimuler complètement son flexible individu. Sa 
majesté Louis XVIII, qui depuis longtemps ne dansait pas la 
moindre cachuctia, voulut réunir ces deux illustres sur la scène 
des Tuileries. Élieet Hazurier y dansèrent un duo concertant 
de Polichinelles. Tels jadis Senesino, Farinelli, qu'on ne pouvait 
entendre que séparément, furent réunis un soir pour béatifier 
les dilettantes de Londres. Le prince fut très satisfait de ses Po- 
Ucbinelles; en homme d'esprit, il fit remettre à l'académicien 
Bne épingle à diamants, à Hazurier, un billet de SOO livres, 

A^ne reine de Gokonde, opéra comique mis en ballet par 
Aumer, estapplaudi le 1*^ octobre. G. Dugazon en avHit arrangé 
la musique, empruntée en grande parUe à l'opéra de Berton. 

M"* Julia de Varennea, jolie brune, fait ses premiers pas 
dans Aladin, et se place parmi nos virtuoses de la danse. 

91 octsbre. 

Vend&me en Etpagtu, opéra en trois actes, de HH. Empis et 
Hennechet, musique de Uérold et de H. Auber. Pièce de cir- 
ronstance. Les auteurs reçoivent de riches présents de la part 
du roi Louis XVIIL 

Le Page inconstant, ballet pantomime que Dauberval avait 
construit à Bordeaux avec les scènes principales du Mariage de 
Figaro , remis en scène par Aumer, est r^résenlé, le 18 dé- 
cembre 1823, au bénéfice de M"* Bigottini. Cette ballerine quitte 
te théâtre ; elle joue h ravir le rdle de Susanne, et se fait applau- 
dir à coté de H"' Hiu's dans le personnage d'un gentil varleton, le 
page de la Jeunesse de Henri V, comédie de Duval. H"* Bigottini, 
cette mime séduisante, parle pour la première fois sur la scène, 
et sa parole est juste comme ses gestes. 25,000 fr. de recette, 
des couronnes , des bouquets , une pluie de fieurs , une gr^ de 
vers, sont l'heureux résultat de cette soirée d'adieux. 



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ACADÉMIE HOYAJ^ ÙE MUSQUE. 189 

M"* LegaJlois prend le rôle de Siuanne et réasait en cette 
épreuve daogereuse. 

Le duc de DoudeauviUe succMe au -marquis de LaurialoD, 
mort dont kg bras de la Religion, comBM on disait alon. Mi- 
niatre de ta maigon du roi, suriotendaDt des tbé&tres roywu, 
momiew le due de Doudeamille! Joli nom à mettre eu moai- 
que, à chaittersur4'air : Monpère, tutn'a» dûvMudire! Ce duc 
livre à son fils , M. Sosthène de La Hocheloucauld, la direction 
des beaux-arts. Le noble vicomte apporte dans son gouvernement 
de l'Académie royale de Musique toute l'incapacité, l'ignoruice 
d'un gentilhomme, je suis forcé d'en convenir; mais, certes, il 
ne volera point. On pourra le tromper aisément, mais il ne 
trompera personne. L'Opéra troque son directeur contre un ad- 
Diinistrateur : le musicien F. Habeneck est remplacé par H: Du- 
plantji, qui passe de la direction d'un liépAt de mendiarut k 
l'administration de l'Académie royale de Musique. Échange 
burlesque 1 

Kreutzer foit valoir ses droits à la retraite, et S. Habeneclc 
prend le bâton de mesure. 

Anaeréon chex PotycraU est remis en scène pour le d^at 
de Ferdinand Prévôt. Ce jeune chanteur obtient un succès tris 
flatteur dans le rôle d'Anacréon. u mm isit. 

Iptiboé, galette solenodle de Kreutzer, encombre trop long- 
temps la scène. Le général Moline de Saint-ïon en avait rimé 
les quatre actes. 

Une bonne action , un trait de loyauté d'autant plus louable 
qu'il se présente rarement, fait accorder une représentation ex- 
traordinaire au danseur Paul. 16,000 francs de recette, une cou- 
ronne, tombent aux pieds du virtuose bénéSciaire. 

Adolphe Nourrît ressemblait si bien à son père, que l'on ima- 
gina de proflter de cette similitude pour une pièce du genre des 
Ménechtnea. les Deux Salem, représentés par les deux Nourrit, 
justifiaient les méprises dont ils étaient l'objet. Malgré cette 
conformité de voix, de taille et de ligure, si précieuse pour l'illu- 
sion scénique, les Devx SaUm ne réussirent pas. Livret de 
M. de Lespinasse, musique de M. Daussoigne. u juiiM. 



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MO ra£ATKES LYUQinS DE PARIS. 

Le wcMd Mite ds fiin», b«Uet, eit teramé par on iatH; 
Hon^oie, en se battant, reçoit un coup d'épée au braa; GoDloii 
rciBi»lace, au troiiîtete acte, le danseur blessé. 

M» Noël paraît distiu les rdlea de Didon, d'Antigone, de Jl^. 
Cette preuve est beurmse poar la d^ubnte, ^i depuis a tena 
l'naploi ds prima donna avec honneur, en Italie, sous le non 
de FaveUi. 

Zémin et Aaor, b^Iet eo trois actes , de Desha^, (nusiqrw 
de SchDeilxhoefler, décora de Cioéri. Je ne vous dirai pas que 
c'est encore un opéra comique. Faible succès, m oeubn lest. 

ArUtM dmu l'Ile A» Naxo», acte d'Edelman, reparaît sur II 
scène et rentre aussitôt dans la biMlothèqae pour y reposer k 
jamais. 

la Belle au Bote dormant, opéra en trois actes, endort son ati* 
ditolrele S mars ISSft, bien que le lirret, la musique, les danses, 
les décors, fussent de Planard, Carafa, Gardel et Cicéri. 

Le 21 mars, ta recelte passe 30,000 fr. ; Othello, tragédie, les 
YoiMreâ verfées, opéra comique, le Jugement de Paris, ballet, 
sont représentés au bénéflce de Talma. 

Trois paroliers et trois mnsiciens mettent la main à la pjtte et 
fournissent une croate mémorable en trois actes, Pharamond. 
Les coupables sont Guiraud, Ancelot, Soumet, Boieldieu, Berton 
et Kreutzer ; ils TOnlaient célébrer ainsi le sacre de Cbarlei X. 
10 juin 1825. J'aurai toujours devant mes yeux les efforts, les 
coDtorsioos, les grimaces de jolie possédée, que faisait M"* Gras- 
saridans Cd Pharamond. Quel trarail, bon Dieul quellefatiguel 
Cette infortunée derait broyer, mastiquer et livrer à son audi- 
toire : Vous serex épouse» et mères, versicule merveilleux et 
monumental de nos lyriques académiciens, dix fois répété dans 
tm allegro. Serestpomexé devait nous amener iwmadamaudi, 
vocable iroquois trouvé par un autre lyrique de l'Institut. 

Après la croate, on sert aâ public une brioche. Don Sanche 
ou le Château d'Amour, acte de Tbéaulon et de Rancé, musi- 
que par le trop jeune Frani Liszt, pianiste déjà fameux. 

Un violent incendie consume la petite ville de Salins, dépar- 
tement du Jura, le ÏT juillet 1823. Les théâtres de I^ris donnent 



bïGoo^lc 



AG&D&OK ROYALE DB MUKQUE. 191 

das i^n-éMBtatioiu au bénéfice des Tictimes de ce désastre. 
L'Académie et le Tfadfttre-ItalieD, étant régis per la même adml- 
nitâ^an, M"* Cinti fut appelée k figurer dans ta représen* 
lation aBDODcée pour les incendiés. Cette virtuose y chanta le 
rtle de Pfailis, dans le Roitignol, avec une perfection telle, que 
le même spectacle fut demandé pour le surlendemain. 

Début de Massol, ténor bien sonnant, Licinius, CortcE bien 
estampé, succès, tl novembre 1S3S. 

Dans un bal de l'Hotel-de- Ville, sa majesté l'empereur et roi 
s'approche d'une femme charmante, et lui demande ce que fait 
■on mari : <— Sire, il fait dans les draps, i répond naïvement la 
jolie industrielle. En iSS&, on citait une aimable provinciale 
qui faisait dans les tissus et d'une manière ingénieuse au point 
que les éditeurs de musique en ont conservé de précieux souve- 
■oin. Cette dame, ayant les bras longs, dirigeait un ministère! 
Dans un moment de joyeuse humeur, elle obtint, pour le bien 
de Fart, que le dépôt de trois exemplaires, légalement prescrit 
pour tes œuvres de musique, fût porté libéralement à sept. — 
Que ferons-nous de ces quatre exemplaires, lui dit le ministre : 
— J'en ai le placement. — Où donc? — Sur mes épaules, il me 
but cela pour mes chUes. > Vous voyez que la dame faisait 
dans les tissus. 

Je me soumis ik ce nouveau règlement, et ils porter sept 
grandes partitions i'Oullo traduit en français, munies, suivant 
l'usage, de mon certificat largement tracé, paraphé sur les titres, 
avec ces mots n" I, 2, 3, 4, 5, «, 7 du dépôt. Cette apostille 
contrariait les intentions delà fondatrice; elle me fit renvoyer 
les exemplaires, disant qu'il était fort inutile de chamarrer ainsi 
le titre d'un ouvrage. La friponnerie était démasquée. Je fis 
tirer de nouveaux titres et supprimai l'apostille accusatrice 
écrite en ces lieux trop apparents^ mais Je la fis graver, en très 
petits caractères , sur une fiche que l'on imprima dans l'inté- 
rieur du pli de quelques feuilles. Je portai moi-même à la direc- 
tion de la librairie le dépôt de mes sept exemplaires, dont les 
frontispices étaient parfaitement nets de toute addition manu- 
scrite. Ce que la loi voulait, la dame ne le voulant pas. Les ga- 



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1»2 THEATRES LYRIQUES DS PAB1& 

belous, Ee méfiant de ma Tranchige apparente, couperait les fils 
du brocheur, élaléreot les feuilles, et, découvfaot ma fraude, 
poussèrent l'impudeur jusqu'à refuser mou dépôt. J'eus recours 
à d'autres muyeus pour empécber eoOn la dame aux, tissus de 
se draper avec mes partitions. J'en lis tirer sept autres exem- 
plures sur un papier tellement bible, flu, transparent qu'il se 
déchirait eu le regardant, les notes en traversaient les feuillets, 
imprimés d'ailleurs de telle sorte que la page 1 amenait la 
page 6, le n" â figurait .au revers du u* 5, etc., etc. Ebbienl cet 
effroyable gâchis fut accepté; les voleurs crurent apparranment 
qu'il était prudent et sage d'arrêter une focélie qui pouvait les 
mener trop loin. 

L'éditeur chargé de la vente des quatre exemplaires de sup- 
plément, qu'on lui cédait à vit pris, applaudissait k rinvenlion 
de sa complice et trouvait que tout allait au mieux dans le meil- 
leur des ministères possibles. Mais lorsque k son tour il fut 
obligé de fournir les sept exemplaires et d'en acheter quatre 
d'après le contrat synallagmatique dont la dame riche en cau- 
t^es avait un original ; lorsque cet éditeur vit rentrer dans son 
magasin sa propre marchandise, qu'il lui foUait payer comptant, 
il entonna la plus singulière cavatlne, un agitato foudroyant, 
des fureurs k faire pâlir celles d'Oresle. — Elle veut des ch&les I 
elle veut des ch&les I elle en a déjà pour couvrir le Champ de 
Mars, la plaine des Sablons. > C'était le refrain qu'il modulait 
sur tous les tons de la gamme. L'infortuné vint se jeter dans 
mes bras, son acte à la main, acle dont je vous donnerais ici la 
rédaction, et même l'autograpbie du G que son compère avait 
lancé comme une arche de pont sur la signature de la pièce 
curieuse, tant ma mémoire est Sdèle, tenace et cruelle, si de 
telles infamies ne devaient pas rester dans l'ombre. 

Vous voyez que nos ministres s'occupateut de l'art dans ses 
menus détails, rien n'échappait à leur sollicitude paternelle. 

A Rome, des citoyens opulents élevaient jadis, à leurs frais, 
des tliéiklres somptueux, et les entretenaient pour l'usage et l'èbal- 
temenl du peuple. Scaurus, Curjo, Pompée, Cornélius Balbus, 
et plus lard, en 1C20, le chevalier Filippo Acciajoli, à Bologne, 



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AUDËMIE ROYALE DE MUSIQUE. IM 

le procurateur Marc Contarint, à Venise, notre marquis de Sour*-. 
âtecàParis (1660), ont donoé l'exemple d'uoe libéralité qui, 
denosjonrs (1851) n'a trouvé d'imitateurs qu'en Norvège. Le 
violoDtste célèbre Ole-Bull a doté Bergen, sa ville natale, d'un 
magnifique thé&tre dans lequel il entretient, pareillement k ses 
frais, une compagnie d'artistes qui donnent trois représenta- 
tions par semaine. 

En France, les heureux du siècle se gardaient avec soin 
d'imiter ces nobles folies. C'est avec tes deniers de l'État qu'ils 
faisaient bâtir nos thè&lres royaux, mais ils se hâtaient de le« 
munir de subventions et de privilèges combinés de telle sortç 
que la vache ^ lait pût donner de grands et mystérieux prcH 
duits. Ce genre de vol est aussi désastreux que celui d'une oA- 
lection de médailles antiques, rares et précieuses, dont un larron 
s'empare pour les fondre et les vendre au poids. Déshériter, ju- 
guler tout un peuple de musiciens, qu'importe aux escrocs s'ils 
parviennent k s'enrichir? 

Voici ce que j'imprimai le 18 novembre 1825 : ■ 

— OuB tous les temps la malice française s'est exercée sur le camptS' 
de ce théltre pompeux, dernier temple qae la barbarie et le mauvaii 
goût posiëdeiit encore en Europe. L'Académie rofale de Hutfqoe est 
tooibée dans uo tel discrédit, ws recettes diaiiiueiit avec ope progres- 
liOD si forle, ses taurlemeals sont leliemeut en boireor à tout le monde, 
qne ses défenseurs les plus zélés ool pa»sé dans le parti de l'opposltioD 
pour Rugmeoler le nombre des rieurs. 

L'administra tioQ de TAcadémie est comme ces médecins Iguoranls 
qui ordonnent d'abord les rsTralchissanls : la maladie devient plus grave: 
Us recoDoaiuent rerreor. et se hAtent d'avoir recours mx toi^ues. 
Point de guérisOD : ce sont les nerfs, ou bien le sang, les bamenra peul- 
étre { et le malade, vil iDStniment de leurs expériences, succombe avant 
que l'on ait coanu son maL Notre vieux opéra est mort : 11 est donc 
Wtile de l'attaquer encore, et de passer en revue toutes les plaitaDle- 
ries dirigées dans tous les temps contre lui. 11 est encore plus iantUe 
d'employer le langage de la raison afin de persuader unecbose sur la- 
quelle tout le monde est d'accord. 

Kotre grande ictae lyrique ne peut se régénérer qu'avec des ouvra- 
ges nouveaux , composé! dans le style moderne. Les anciens opéras , 
11. 13 



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IH TBBAniBS LYRIQUES DE PARIS. 

bIi en Mène ane aala, ne pearent ptni prodoire d'eAt; il* Berrent 
■çolemeDl & contenter là cariwilé moqnene des jeaseï gens qd Tetdut 
coniuttre ce qne nos aleax ont admiré. Ces ouvrages, réellement eiti- 
maldes, ressenbleDl à ces vieux acteurs qui reparaâwnt vingt-cinq 
ans aprËs leur retraite pour jooer les rAles d'amourenu Ces vétérans 
de Cythère tombent aux genoux de leur belle ; ils font mieux, ils 7 res- 
tent; deux aides officieux Tiennent ensuite les relever pour les remettre 
sur le Ut de repos où leurs infirmités auraient dû les retenir. On annance 
depuis longtemps la reprise soleniielle d'Amu'de .- cette partiUon ren- 
ferme plusieurs morceaux admirables, mais le reste est encore plus 
gothlqne et plus suranné que les opéras dont le public s^ëlolgne avec 
juste raison. Le tombeau i'Alceste est encore ouvert ; Il «e fermera sur 
Armide. Devrait-on évoquer cette magicienne quand ses enchantements 
ont perdu tonte leur force? M. cicérlest un bomme de grand talent, 
mais c'est compter un peu trop sur le charme de ses pinceaux. Va vie- 
(ù/ disait un héros de l'antiquité; mallnur aux vieux opéras I s'éaient 
les amateurs de la jeune musique. Ahttte, les Danaldes, la Clemtnxa 
di Tito, gli Oraii sont des chefs-d'œuvre : aussi leur a-t-on fait des 
obsèques magniflques. 

Une cantatrice charmante vient d'être admise à l'Opéra; c'est fort bien; 
voili certes un commencement de réforme, dira-t-on. Mais M"* Ciathie 
Monlalanl ne peut pas renverser la routine et le mauvais goût. Que 
dl«-je T elle est appelée à les soutenir ; et l'Académie royale de Musique 
la dettlne à parer des charmes d'une exécution brillante et pure de* 
pauvretés musicales, des turpitudes indignes de la critique, des opéras 
d'écolier, des partitions que des ménétriers de village n'avonernlent pas. 

Ces opéras ont obtenu pourtant les suffrages du jury de l'Académie; 
le bonnet doctoral s'est incliné devant ces chefs-d'œuvre de stupidité 
musicale ; l'aréopage suprême a prononcé le Dignus est intran. M. Ber- 
nard et ses compagnons se plaisent à donner les détails les plus Inté- 
ressants snr l'effet produit par les Prétendus, h Rossignol, 4]nand la 
troupe française établie k Cauel en fil la buriesgue exhibition. Jamais 
auditoire allemand ne ât éclater les transporte d'une gaieté plus vive et 
plus bruyante : il applaudissait avec fureur chaque morceau : c'étaient 
deahouras ditDdles à décrire; jamais pièces plus curieuses n'avaient paru 
sur celle scène. A Dieu ne plaise que je veuille accuser le jury d'igno- 
rance et d'imbécillité; mais il est permisde dire que sa complaisance est 
sans bornes. L'inutilité de ces Juges est donc démontrée par les Rdts. 

L'Opéra italien s'avance ù grands pas; dËjt aon quartier- général est 



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AGAI^MIfi EtOYALE VB. MUSlQtlE. Ml 

auipi nr U rin ftncfae da bonhvud, u «M amnt-poita loiit 4um 
1« me Lepelatiar, u j'en croli l'AJswnacA do Adnuet. Jom pnwAmit 
onU : li VOfén. fnuiçtii a'k pu recoora à dn mascMiTTet «xlnwdl- 
uJrei , a'il ■'endort comme ses «udileiin , c'en eit fait de son exiitence. 
(ta duwn toojoun à r&cadénie royale de Uoiique; «ta..»/ On derbie 
ateâment ce que je prédia à Tlmpiiidente opinfAtreté. 

Henremeioeat une même adminialntion dirige lei denz onnAei prttM 
à te livrer bataille ; elle saura wutenir l'une et réprimer l'autre. Ce 
sistèioe de bascule o'ert pa« sans danger : l'optuion peut bire pencher 
la balance. Il faut prévenir une catastrophe imndDente, et remporter 
une Aclatante victdre aux lieuz mêmes ob l'on redoute la débite U plu 
boateiwe. Cheb dea deu aimées, formes vos bataillons, sonvuez-TOoa 
des exi^oits de l'héroïne BigottJDl , de sa troupe dorée. Soulenes m 
eori» d'élite par une résore da chanteurs. H"* Halnvielle -Fodor a 
combattu nillamment sous les drapeaux étrangov; mais cette virtuose 
oonserre cIki elle une banniérG française bien chèro k son cœur. Qu'elle 
la défMe, et vous verrez accourir sor les pas de cette eocbantereiBe lei 
chevaliers Levasseur, Adoljdie Nourrit, Alexis Dupont, Dabadie; les 
amazones Hëric-Lalande, Chômai, Démeri, etc. M'" Ginthie est an 
rendes-vous depuis queues jours. VmU les magiciennes que vous de- 
vei eoBSDiter; je vous réponds da succès de leurs oraclèe; et so^ei 
sûr que le puUic s'emiHVsaera d'obéir au charme irrésistilile de leiir 
baguette. Conserves toujours he artistes eslhnablee, estimés, qui ont en 
le malheur de coitiver tes fauides stériles de notre vieille psalmodie, el 
dont vous vous efforcei de paralyser les moyens et le talenL 



.VMa ilnl omnia. 
Corda, Mttt (I optra. 

Montrez enfin un nouvel opéra, de nouveaux chanteurs k la généra- 
tion nouvelle, et les fastes de k musique vous admettront au nombre 
de ses héros. Quelques opéras traduits ouvriront la marche, et nos com- 
posteurs se dgoaleront aussilot dans une carrière qui leur peimettra 
de balancer les succès dejeure rivaux étrangen, du moment qu'on 
leur accordera les mËmes avantages. Les anciens ouvrages restant au 
répertoire, donneront les moyens de le varier. L'Odéon ne joue-t-11 pas 
Sihtain et floouJ At Criqait AmbniK et flicAard-Cantr-de-Lion après 
Je Barbttr ée StùiUt et BfAin-det-Boit? 

Ce que j'ai dit on Ta bit i ce que Je dis aujourd'hui , vous le ferez 



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IM THEATRES LYRIQUES OR PARIS, 

dtntin, malgré les crû impoinanU de la critique, Imiioort prMe ft ae 
condamneT; mais je Mis atlendre, et je regarde les compUmeDls comme 
chou peu néceuajre. Seal j'ai souteDO les droits du diapason moderne, 
•eul j'ai prévu toui les inconvénieDts du chaugement abnirde opéré 
SOT celui de l'Académie; ou ne m'a pcnnt écouté. J'ai signalé tous les 
écueils, on ne s>st pas moins embarqué; le nufrage m'a justiflé, j'en 
conviens; ce D'est pas ainsi que j'aurais désiré l'être. On revient aujour- 
d'hui an point d'oh je ne voulais pas que l'on s'éldgnét Le diapason est 
déjii monté d'un demi-ton depuis son abaissement concerté, approuvé, 
mais cela ne me suffit point. Je veux que notre mullenr orchestre re- 
penoe sa splendeur première; je le veui, on la lui rendra. 

Les vers de Caaiil-Maze sont mauvais. Si vous les jugez d'aprta les 
idées que les poètes ont fait adopter, el qu'ils s'efr<i»«ent de sonlenir, 
c'est tODl ce que l'on peut imaginer de plus misérable. D'accord; mais 
vous conviendrez ausai que c'est ce que nous avons de meilleur en ce 
genre. Consultez les musiciens, ils vous diront que si l'on écrivait une 
poétique du drame lyrique, taus les exemples, oui, Ions devraient être 
puisés dans les opéras de ce traducteur dont tes succès égalent au moins 
la barbarie. Ne suffit-il pas qu'une chose soft lx»ne pour l'emploi que 
vous lui réservez T Nos jeunes poètes ne se doutent point du style lyri- 
que, un muaicieo leur a montré la route. En attendant qu'ils la suivent. 
eootentoDS-nous de ces premiers essais; l'art musical est à s<mi aurore 
en }''rance, et sa destinée est entre 'les malas des faiseurs de livrets. » 
XXX, Chronique musicale du Journal det Débatt. 

Je reproduis ua échantillon des mille et une douceurs dont je 
régalais à cette époque l'admiDistration ignare et grotesque de 
l'Opéra.L'enragéebouliqueouvrait ses naseaux, dressait codvuI- 
stveinent ses longues oreilles et les repliait ensaite avec humilité 
pour exécuter les ordres que je lui donnais. Pranconi faisait avan- 
cer un de ses chevaux en lui caressant le bec à grands coups de 
fouet. Je frappais fort et souvent; je mettais, non pas le doigt, 
mais le liaton dans la plaie; l'archer qui touche juste est le 
seul redoutable. Aussi quelles clameurs s'élevaient contre moil 
quels hymnes furibonds étaient chantés à ma louange] quels 
trésors de haine et de malédiction vinrent rayonner sur nw 
lélcl II m'en est resté quelque chose, et je n'ai pas dissipé ma 
foilune. Gouverner un peuple ainsi révolté, furieux, et pro- 



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ACADËHIE ROYALE DE MUSIQUE. m 

fiter de Vemcbs de m colère pour le conduire par le nez... dans 
le Guadtdqutvir.... obi non, mais sur )a route que je lai tra- 
çais depuis six ans, et qu'une secrète tiorreur lui Msait éviter 
en se cabrant, m'a toujours semblé fort original. J'en ai sou- 
vent ri de bon cœur. J'avais entrepris la réforme aux tliéAIres 
du (ïymnase et de l'Odéon; Rossini se préparait à l'achever 
à l'AcadËmie. Ha prédiction faite k Berton allait s'accomplir. 

En 180S, r&dminigtration du ThéAtre-Italien voulut rétablir 
les concerts spirituels, et débuta par les lituiies de Durante, un 
oBirtom de Jomelli et des fragments de la Création de Haydn. 
L'exécution fut très faible, quoique l'on y comptât les meilleurs', 
chanteurs italiens et français : le succès ne répondit point aux 
espérances que l'on avait conçues. De nouveaux efforts, plus ou 
moins heureux, se reproduisirent chaque année, et les concerts 
spirituels continuèrent d'être exploités par les diverses adminis- 
trations du Théâtre-Italien, tantôt à la salle Louvois, & l'Odéon, 
à Favart, ensuite à Lourois de nouveau. Ce n'est qu'en 1826 que 
la direc^n de l'Académie les transporta dans la salle de l'Opéra, 
en essayant de les établir sur une dimension plus grande. La 
négligence que l'on remarquait dans tontes les parties gouver' 
nées par cette administration se manifestait encore dans ces con- 
certs . qu'il était pourtant bien focile de rendre intéressants. 
Quelques instrumentistes fort habiles y furent applaudis, mais 
on y répétait sans cesse les mêmes morceaux pour n'avoir pas- la 
peine d'en apprendre de nouveaux; du reste, nul soin dans l'exé- 
cution. Ces concerts, peu fréquentés par le public, cessèrent en 
1831. Depuis lors, la Société des Concerts du Conservatoire 
donne chaque année trois concerts spirituds dans la semaine 
sainte. Toutes ces restaurations n'empêchent pas que le Concert 
spirituel, établi par Philidor en 1725, n'ait été détruit en 1791. 
L'institution a cessé d'exister, quelques réunions à peu près 
fortuites ne sauraient la suppléer, même imparfaitement. 

On avait si bien accueilli H'" Cinti l'année précédente, qu'elle 
se décide & tenter franchement l'aventure le 15 février 1826, en 
débutant par le nïle d'Amazili dans Femand Cortex. Klle dit à 
ravir le bd air, le duo. Succès d'enthousiasme ; junais on n'avait 



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ItS THEATRES LYRIQUES DE PARB. 

entendu chanter avec une t^e perfection dans le vieox a 
vatolredes cxis dramatiques. Combattue par l'affection qu'Ole 
portait au Théâtre-Italien, et par les avantages offerts par l'Aca- 
démie, cette cantatrice paraît tour i tour sur l'une et l'autie 
scène, et Snit par se fixer à l'Opéra. Les règlements de ce théfttre 
ne permettaient pas d'élever au-dessus de 15,000 francs les ap- 
pointements d'un premier sujet; l'admiaistratitin élude les dis- 
positions fluancières du code lyrique, en accordant h cette vir- 
tuose 3K,000 fr. de gratification annuelle, afin de lui former un 
total de W>,000 fr. Née à Paris le 6 février 1801, H^" Laure-Ctn- 
thie Montaisnt était entrée, en 1816 , au Tbé&tre-ItaUen soas le 
nmn de M"* Cinti. 

— Le Journal des Débats Tient de nous affirmer qoe H*^ Cinti 
était admise & l'Académie le 16 novembre 18SB, et vous rea~ 
voyez au printemps de 1896 l'engagement de cette cantatrice, 
direz-TOus. Homme exact pour les dates, soyes au moins d'ac- 
cord avec vous-même ; voilà cependant une erreur de six mois. » 
— Oui, sans doute, et vous auriez raison si XXX n'avait pas 
imprimé : Ci quefai dit, on l'a fait ; etqueje dit anjourtCkui, 
vous le ferez demain. On l'a fait, vous voyez qu'on l'a hit, 
puisque le chroniqueur des Débats le commudait. Ainsi plus 
d'anachronisme. 

Oiympie, de Spontini, revue, corrigée et diminuée, figure h 
la représentation donnée au bénéfice de H"* Branchu, le 97 fé- 
vrier 1^6. Cette tragédienne lyrique s'étoigae du thé&tre après 
vingt-sept ans de succès. M" Branchu, W* Cinti disent adnû- 
rablement les rMes d'Olympie et de Statira. Recette, 15,<NX) fr. 

Le 6 mai, vingt-quatre chevaux, montés par leurs écuyers, 
poursuivent un cerf dans les forêts de l'Opéra. La Chaut du 
jeune Henri, symphonie pittoresque de Hihul,'que Oaidel met 
en action, est exécutée au btoéfice des frères Franconl, dont le 
cirque venait d'être consumé par un incendie, la recette s'élève 
& plus de 90,000 francs. 

Mars et Vénus ou les Filets de Yulcaia, ballet en quatre actes, 
de Blacbe père, musique de Schneitzhoeffèr, réussit parhite- 
roent. Cet ouvrage, composé pour le grand tbè&tre de Bordetin. 



ityGoo^k' 



ACADEMIE ROYALR DE MUSIQUE. *M 

w»t d^à bnllé d'uD nf édat & Lyoo, k Marseille. Albert repré- 
seote Mars, H"** Noblet, Legallois, sont lour k lour applaudies 
dans la râle de Vénus, qu'elles se partagent, m nui tau.' 

Panni les ballets composés par Coindé, pour le théâtre de 
Marseille, on avait remarqué oelui des Amourt àe Vému, 

Le Siège de Corinthe est applaudi le 9 octobre. On admire 
plusieurs fragments de cet ouvrage, surtout la scène de la béné- 
diction des drapeaux, aouvetlement écrite par Rossini. Traduc~ 
tion du Maometto II, que cet illustre musicien avait fait repré- 
senter à Naples , le Siige d» Cormtha fut accueiUi d'abord d'une 
maoidre très flatteuse; ce premier feu se ralen^t bientôt. Le 
drame languissant et froid , bâti sur le livret italien par des ar- 
rangeurs qui n'avaient aucune expérience de ce geue de tra- 
vail; la prose de Soumet, qui ne pouvait s'unir à la mélodie sans 
la dégrader entièrement; la faiblesse de l'exécution, exercèrent 
ufle i^uence Aineste sur cet opéra, qui d'ailleurs ne figurait 
point pu-mi les bons ouvrages de Rossini. Dérivis , représen- 
tant Mahomet, s'efforçait en vain de chanter ces mots sourds, 
lourds, durs : Chef d'un peuple , d'un pmtple indomptable, et 
guidant aa tailUmce, où l'on ne trouve ni rhythme, ni mesure, 
ni rime. Les syllabes les plus acerbes sont réunies i. plaisir dans 
la traduction de câ air de basse. Après Dâivis, le baryton Da- 
badie voulut essayer de le chanter, et ne fut pas plus heureux. 
l4 Siige 4ê Corimthê fournit une longue suite de bien pauvres 
recettes. 

le Triomphe de Tnjan est remis en scène pour la représenta- 
tion de retraite de Nourrit père ; le Bowgedt gent^homme, co- 
médie, omée de chœurs, de ballets où figurent les principanx 
artistes , complète le spectacle. La recette est de 23,000 francs. 



Ckrtitde Hafleuroy, la célèbre danseuse, meurtà Paris le IS dé- 
cembre 1826. Boieldieu peut seulement alors contracter un nou^ 
veau mu'iage. H n'y a jamais eu de divorce entre Clotilde et fioi^- 
dieu; les biographes qui l'afiBrment sobt dans l'erreur. 

TOHJoors des opéras comiques tgustés en ballets ; Aitolf.he et 
Jnêmde ou Itt Caiweun fownfttrH, dont Aumer avait réglé 



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MO TI^TRES I.TRIQUES DE PARIS. 

les danses, Bérold composé la musique, oMent qudqne lajwr. 

»l«afler 1837. 

H. Cubbert venait de prendre la direction de l'Opéra. Ces 
diangementsdana t'administration d'an ttaé&tre si mat gouvenié, 
d'untbéÂtreexploitèparlasottiseintrigante,nepoufaientamraM' 
aucun résultat favorable au point de me de l'art. Véritables 
hommes de paille, les Choron, Persuis, Viotti, Habeneck, Dn- 
plantys, Lubbert, directeurs mis en évidence, placés entre les 
artistes et le ministre ou le vicomte de La Rochefoucauld, ck 
directeurs sans pouvoir et sans volonté, n'étaient là que pour 
être dirigés. Chefs d'atelier, contre- maîtres k mille francs par 
mois , ils devaient accepter la responsabilité des actes plus on 
moins ridicules du noble vicomte. Toujours prêt à contrarier 
les projets d'une réforme, d'une régénération que l'état de mi- 
sère et de complet délabrement de l'Académie rendait indispen- 
sable, ce moraliste plein de zèle ne songeait qu'à préserver dou> 
Mement les ballerines du péril de la tentation. 
Elles pouvaient séduire, hélas I quelle infortune I 
La séduction les menaçait, pauvres Tilles I colcHnbes inno- 
centes I Voilà donc un glaive à deux tranchants dont il faut pré- 
venir les atteintes mortelles. Avec du génie on vient à bout 
d'une infinité de choses difficiles; de longues et fécondes rêve- 
ries amènent la solution des problèmes les plus ardus. Le danger 
est double, ayons recours deux fois aux armes défensives. Un 
large pantalon , un vertugadin prolongé, cuirasse bien plus dé- 
cente que l'armure de Jeanne d'Arc, voilera les nudités qu'un 
maillot indiscret révèle aux gaillards de l'ort^estre. Des curieux 
[dus ou moins impertinents pourraient s'introduire dans les ca- 
binets de toilette des nymphes pudibondes, les surprendre, 6 
malheiy-! dans le plus simple des appareils.... Plaçons des sen- 
tincdles dans les escaliers, dans les corridors ; que ces chevaliers, 
armés pour défendre l'honneur des dames, chargent à la baïon- 
nette les jeunes présomptueux, et même les voltigeurs de LouisXIV 
assez imprudents pour tenter l'escalade. Voil& mes nonnains voi- 
lées et doitrées. Les moeurs avant tout ! gouverner l'Opéra n'est 
point une bagatelle que l'on doive trait» avec légèreté. Prendra 



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ACADÏHIB ROTALG Iffi WJSKIOG- »< 

la diMctioD de ce tMttre, c'est accepter un bénéfice & charge 
d'ames. 

— D'accord; mais il faut pourtant que ces demoiselles seient 
accommodées, frisées, pomponnées, eo leurs chastes cellules; 
TOudriez-TOus en défendre la porte aux coiffeurs? — Non pas ; 
le bien du service l'exige impérieusement. Les perruquiers y 
pénétreront, mais voilés par un tablier immense, épais, imper- 
méable. Double danger, double défense ; vous voyec que j'ai tout 
prévu. » 

Rare et sublime effort d'une imaginatiTe 
Ouf ne le cède en rien i personne qui vive I 

Comme oes dames durent être flattées des soins qu ) l'on pre- 
nait afin de les dérober aux fantaisies inspirées ptr.... leurs 
pemitjuiers I Ces foits se sont accomplis récemment, sous nos 
yeux; s'ils appartenaient au régne de la Maintenoa, personne 
an monde ne voudrait me croire sur parole. 

A coté du noble vicomte, et soumis à ses ordres, voltigeait le 
Papillon de La Ferté, cumulant ses fonctions musicales avec 
l'intendance de l'argenterie. Papillon savait fourbir Ii merveille 
les fourchettes de sa msiiesté très chrétienne. Vous ét£<) orfèvre, 
U. Josse, et roulez tenirl'épéede connétable dans le loyaume 
de G Ré Sol! Avec le chef qu'on vous avait donné, ce n'était 
plus une impertinence. 

J'ai fait connaître k mes lecteurs la collection des gali^ttes 
enfournées à l'Opéra de 1810 à 1826, pitoyables composttio.is, 
cbaolées ou plutot récitées en dépit du bon sens et du goût. Lrs 
acteurs de talent se laissaient enbiiner par le déplorable sys- 
tème d'exécution dès longtemps adopté, nonserré, défendu sur 
la t»^he, avec toute l'opini&treté de gens convaincus de leur 
impaissancei et qu'un pas vers le bien doit évincer. L'Académie 
royale de Musique, selon son usage, était en arrière d'an.demi- 
siècle à l'égard des «Hnpositions et de l'exécution. -Depuis F»r- 
nand CortêM, qui pourtant n'était pas an opéra complet, aucun 
ouTrage estimable, d'une médiocrité' décente, n'avait ravitaiUé 
son répertoire. Avant d'amener des chanteurs, il Mait posséder 



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m TH^TRES LYRIQUBS DE PABIS. 

an nombre sufisant d'op^^ oouveaux, disposés potir cas vir- 
tuoses, que l'on ne pouvait pas lancer dans les aocieanes ^èces. 
Cette double réforote était use qsestioD de vie ou de mort pour 
les fournisseurs de l'mdroit et leurs iaterprites. Au milieu des 
Morel, des Cuvelier, Hélitas, etc., etc., des Persuis, des Krentier , 
des Lebrun, des Garda, des fierton (vieux), etc., etc., l'hospi- 
talier Duplantys n'avait-il pas retrouvé son dépôt de mendicitéT 
Notre Académie royale de Musique, ce premier théfttre de 
l'Europe, s'il faut en croire nos almanachs des spectactes, celte 
académie tout & fait aationale, n'a jamais existé que pour et par 
les étrangers. A toutes les époques, ils l'ont desservie et gou- 
vernée. Elle doit son existence à des Italiens, et toutes les fois 
que, lirrés à l'ineptie des intrigants qui s'emparent du poste, 
nous descendons aux derniers degrés de la misère et de l'imbé- 
dllilé, des farceurs étrangers viennent, en 17(9, nous niontr» 
aHnmmtnos héros lyriquesdevraient s'exprimer; un Bohémien 
plante victorieusement la lente d'Achille dans notre camp aban- 
donné; Piccinni, Sacehini, Salieri, Vogel, Chembini, poursui- 
vent l'œuvre gloriensede Gluck ; le Belge Grôtry mêle beaucoup 
de compositions mélodieuses à ce répertoire opulent, qne Mozart 
doit enrichir de ses chefs-d'œuvre. Le chariot, le S^re de notre 
Grwid-Opéra B'avance-t4l avec peine, est-il près de s'embourtwrt 
Spontini le pousse vivement, et dirige sa marche encore une fois 
tricmphale 

Près de ce temple augnste à Vesta coosacré. 

Retombons-nous plus bas après ce vigoor«ix coup d'épaule? 
5amme»-nou8 réduits h dévorer des chats, des lézards, des tiges . 
de bottes dans un temps de famine? L'oreille dee Fraaçais est- 
elle exposée au tupi^ice que lui prépare Kreatzer, l'inévitat^, 
le vieux Berton, Garcia, Lebrun et leurs dignes émules ? Rossini 
parait, Moïse lève ses bras vers le ciet, et nos académiciens 
Micha&lés s'en^reaient de chanter encore une fois : La wtoin 
«leinotM/ Vous vous trompes, camarades, ilfauJnitdire: La 
vittoirt est à bii! La vietoir* ett au» autru! Si votre théUre 
Mt mtionBl, ce n'est que par ke [ûerreB. La Norvège vous en a 



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ACAIAIUE ROYALE DE HDSIQUE. IM 

donné te sapin, l'AHemagne et l'Italie vous ai «it fourni les 
opéras, peut-^tre un jonr eo demaadecez-vous aox OliBois. ann 
Kabyies I Vobe Acsadémie royale de Musique reraeœble trop au 
Burebé de GoostantiDe, d'Alger, oà l'on vend des étoffes de 
Lyon, des meobles de Paris, du savon de Marseille, du macaroni 
de M^les, du vin de Malaga, de Xérès, tandis que les natu- 
rels du pays se bomeat à l'approvisioiuier de peaux de cbaeals. 

L'Académie royale de Musique et le Thé&lre-Itsdiea étant ré^e 
pu la même administration , M"* Cinti figurùt sur l'une et 
l'autre scène, Levaasenr taisait partie de la société chantante d« 
Italiens. Levasseur, excellente basse. M"* Cinti vinrent se jomdre 
k Nourrit pour l'exécution de JfoïM, opéra en quatre actes, tra- 
duction du Hoti de Rossini, faite par Baloccbi et Jouy. Le 
Siège de Corinthe avait été blessé par ses acteurs, ifoïM fat 
beaucoup {dus heureux, il obtint un succès d'admiration, il est 
vrai, mais non pas de TOgae. L'administration de l'Opéra s'était 
empressée de livrer au public le Moiè qu'elle fit représenter sur 
son propre tbéftlre, pour le maintenir ensuite pendant cinq ans 
au répertoiredeiaseène italienne. Ce zèle perfide n'avait d'autre 
but que d'user ee drame lyrique, d*étatrfir un objet de compa- 
raison funeste, et de m'eolever ainsi tout espoir de faire exécuter 
ma traduction de Moiite k l'Académie. La haine et l'envie «e rai- 
sonnent point, ne prévoyeut rien ; cette manœuvre insidiense, 
adroitement dirigée contre moi, réussit ; mais, «Hnoie une balle 
de Robin-des-iBois, elle ricocha pour ^er frappa*, nayrra* le 
Moiee de Balocchî, de Jouy. Tous les amateurs possédaient à 
fond leur Jfo* ^, lorsque sa traduction parut en sc^e. Nourrit, 
Dabadie, M"* Cinti , H"* Dabadie, malgré toute leor habileté, 
furent écrasés par les souvenirs trop récents de Gareia, de GaUi, 
ds'la Pasta. Levasseur ne pouvait être comparé qu'fc lui-même. 

Un finale admirable, de jolis airs de ballet, tirés des partittons 
de Ciro m DoMlonta, i'Armida, un bel air écrit pour M"* Cinti, 
de nouveaux chœurs vinrent enrichir le JfoïM français. Les au- 
teurs sont de très mauvais arrangeurs ; quand il faudrait sup- 
primer ils ajoutent. Le Moïfe ainsi prolongé devint magnifique- 
ment ennuyeux. Les richesses de la musique ne pouvaient faire 



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9M THËATRES LYRIQUES DE PARIS, 

sapportw l'insipide nullité du drame. Les paroles, d'une ex- 
trême platitade, frappant ii faux sous la mélodie, la raadaient 
méconnaissable, et le duo PaTlar, spiegar, que l'on voulait tou- 
jours entendre une seconde fois au Ttiéàtre-Ilalieo, ce duo b> 
Tori. dépouillé de ses ornements, devint un s(fndette, un désert, 
une caricatura. On eu t soin d'arrélerles reprësentaUons de Uoêè, 
de condamner au silence un rival dangereux; mais le mal était 
fait; Moii cbantait encore avec mtdice dans l'oreille des ama- 
teurs , et la pièce italienne reprit le conrs de ses triomphes, 
quand le Jfoïse français raccourci, mutilé, démoli avec autant 
de brutalité qu'on avait mis d'empressement et de galantoie h. 
le couvrir de richesses funestes, eut réduit son bagage musical 
au seul finale, que les Italiens n'ajoutaient point h leur parti- 
lion. L'exécution de ce finale, colosse d'barmonie, était faible, 
insuffisante. Les voix récitantes, le chœur, l'orchestre de l'O- 
péra ne donnaient qu'une esquisse decetimmenseetmt^nt>fi<niB 
tableau. M rdnlwissi. 

La représentation d'un acte pris dans un opéra de forte di- 
mension, date du 18 juin 1739. La reine Marie Leczinska,' ma- 
lade et retenue dans ses appartements, acceptait avec plaisir les 
divertissements de ce genre. 

Je ne dis rien des concerts prétendus spirituels donnés h 
rOp^ pendant la semaine sainte. Leur programme n'offrait 
que des morceaux connus, sans cesse reproduits, parce que les 
dianteurset l'orchestre les savaient. 

le Sicilien, comédie de Molière, oft Beaumarcbais a pris les 
meilleures seines de son Barbier de SéviUe, est mis en ballet 
par A. Petit. Il fait d'abord peu de sensation, mais un hasard 
heureux va bientôt l'illustrer. 

Macbeth, tragédie en trois actes, de Rouget de l'Isleet Auguste 
Hix, musique de M. Chélard , bomm& de beaucoup de talent , 
n'obtient qu'un succès d'estime. Cet ouvrage prend ensuite de 
brillante revanches sur les théâtres d'Allemagne, iv jnia leiT. 

Marie Taglioni fait ses premiers pas sur notre grande scène 
lyrique, le 23 juillet 1837, dans le Sicilien. Cette virtuose avait 
débuté le 10 juin 1833 à Vienne, et brillé sur différents tfaé&tm 



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ACADËUB ROYALE DE MUSIQUE. 9«S 

stas être engagée. Taglioni préférait renoncer aux avantages 
offerts et ne pas soumettre sa fille à la direction d'un mattre de 
ballets. libre d'accepter ou de refuser, H"* Marie a pu se livrer 
exclusiTeoient au genre d'exécution qu'elle avait choisi. Beau- 
coup de danseurs habiles et plusieurs chorégr&phes d'un grand 
talent nous ont été donnés parrAllemague. Le théfttre de Munich 
nous céda H"' Taglioni peodanl un mois. Etie parut dans la 
Vestale, Femand Cortex, le» Bayadèrea et termina, le 10 août, 
ses exercices par le CartMval de Venite, 

Le talent de M"* Taglioni, sa grâce naïve, ses poses décentes 
et voluptueuses, son extrême légèreté, la nouveauté de sa 
danse, dont les effets semblaient appartenir aux inspirations de 
la nature au lieu d'être les résultats des combiDaisons de l'art 
et du travail de l'école, produisirent une sensation très vive sur 
le public. Le talent d'un virtuose qui s'éloigne de la route battue 
par ses devanciers, trouve des opposants que ta continuité des 
succès ne désarme pas toujours : il n'y eut qu'une voix sur 
M"* Taglioni; tout le monde fut enchanté, ravi. La débutante, 
qui reitait de remporter une si belle victoire sur un théâtre oh 
l'oD croyait posséder les premiers ballérins de l'univers dansant, 
la débutante prend son vol à tire d'ailes, s'évanouit comme une 
ombre, après avoir joui de toutes les douceurs du triomphe. 
Elle retourne à Hunidi, et promet de revenir l'année suivante. 
Les chorégraphes avaient abusé de la patience du public, en 
lui montrant des comédies anciennes et tout un répertoire de 
vieux opéras comiques , de vaudevilles même, adomés d'entre- 
chats et de pirouettes. Les faiseurs de ballets, depuis longtemps 
fort pauvres d'esprit et d'idées , mootraient h nu leur iadigence 
complète. Un riche capitaliste , un financier opuleit et libéral , 
prend pitié de leur misère, ouvre son coffro-fort, son écrin, et 
sur-le-champ le ballet, cette silencieuse contre-épreuve des pièces 
tes plus connues, et souvent les plus triviales, devient un drame 
spirituel, palpitant d'intérêt, d'une originalité précieuse et pi- 
quante. La Somnambule, — peut-être allez-vous croire qu'un 
vaudeville<^uu'mant,devenu ballet.. ..—Point du tout; U. Scribe 
sait faire le thème eo deux, en dix hçoas; la Somnaa^mle, vau- 



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SM TffiA13lH LYRlQinS DE PARIS. 

deriUe, n'a de cominuB que le oom de funille avec sa sctur dt 
l'Opéra. Aumer ajuste les dansas du baUet dont M. ScrU» a de»- 
sioé l'iptr^e, Héroid en éait la putitioD, et l'architecle CAetti 
peint l'auberge et le moulin que doivent habiter H"* LegalloU, 
hdidlière séduisante ; H~ Hontessu, somnambDle d'un rare ta- 
lent. Cbef-d'œuvre d'iavention et d'exécution , je ne vous dirai 
rien du succès, yen la fin de l'oupertore, le rideau se tevait sur 
un bal villageois en plein exercice; toutes les janibes dansaient 
au moment où l'œil commençait k les voir : cet effet nouveau 
platii^niiBent. i» Mptopbre isn. 

Je voue ai montré les chorégraphes stériles nous hisant ron- 
ger le» rogatons moisis de l'Opéra-Comique et du Vaudeville. 
GfAce à M. Scribe, c'est le Vaudeville, l'Opéra, qui viendront k 
leur tour ramasser les miettes que le bon riche va laisser tomber 
de sa- table servie avec ^londaiice et délicatesse. La Somnimbule, 
ballet, devint un joli vaudeville pour les Variétés, un livret d'o- 
péra qui fit le tour du monde, et soutint la musique expressive, 
gracieuse, mais d'uoe facture débile et n^ligëe de Bellini. La 
réfonnedu baUet accomplie avec autant d'esprit que de bonheur, 
celle du druae chanté ne se fit point attendre, et c'est encore à 
M. Scribe que doub la devons. 

H. Laurent obtient le privilège du Théfttre-Italien, et l'exploite 
à ses risques et périls. Ce directeur amkie des comédiens an- 
^3, qui débutent le 15 octobre 1827. Tr^^ies et comédies 
anglaises , opéras it^iens , repréeentations atternalives. Subven- 
tion de 80,000 francs, et la saHe Favart, acquise par le gouvw- 
Demrait, prêtée sans rétribution. 

Qurïques difficultés s'étant élevées entre l'Académie et sa pre^ 
mière cantatrice, If^ Cinti sut les trancher ea quittant l'Opéra 
pour aller dianter k Bnixdles. Cette gentille Amazili, que tous 
tes Gortez de Paru n'avaient pu fixer, ^usa le Femand de la 
Bdgique, très-bien représenté par le premier ténor Damoreau. 
Des concessions que fit la veuve AoadteUe i^iùsèrent la rossi- 
gnolette fugitive, et H~ Damoreau vint reprwdre la place abao- 
donnée par H"' Cinti. 

Une daniMise charmante, M"* Pauline Leroux, est admise fc 



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ACAOBHIR BOYAU DE HOBIQIB. MT> 

ropin te ao déœmbre 1827 , aprôs m brillant Mbat dMM ta> 
Caravane, 

La Muetu de Partiei, opéra ea cinq actes de MH. Scribe et 
GermaiD DelaTÏgiie, musiïpie de H. Auber, ballets d'Auiaer> dé- 
cors de H. Cie^ri, mise en scène de Solomë , triomphe le 38 f^ 
Trier 18S8. Cette pièce met en jeu tootes les reeeofirces de notre 
gr^ théâtre; ingénieusNueBt présentéiBs, eUes se lient fa l'tB> 
tioD, «jonlent & son intérSt, frappent à propos des coups déci- 
sifs. Le peuple des choristes est mis en mouvement et devient 
personnage principal. 

Introduire une muette dans un drame lyrique est une mala- 
dresse. Le silence forcé de Fenella porte un notable pr^udioe aux 
combinaisons du musicien, appauvrit, éborgne les morceaux 
d'ensemble. Cest un défaut sans doute, mais ce défaut, tout grave 
qu'il soit, a porté bonheur k la pièce, dans un pays oji l'on 
n'aime pas la musique. On a toMJours eu sous la main une ac- 
trice prête à dire le râle d'Blvire, une ballerine, une simple co- 
médienne, pour mimer celai de Fenella. Presque tous les empê- 
chements qui s'opposent i la représentation d'un opéra pro- 
viennent des femmes, et ia Muetu a toujours marché librement 
Bien mieux I on l'a cent fois substituée aux pièces qui ne pou- 
vaient pas marcher du tout. Le livret de la Muette marque un 
pn^s immense dans la structure de notre drame chanté. Les 
auteurs ont proBlédes exemples et des conseils que je leur avalf 
donnés à l'égard des vers lyriques ; leur prose est rimée assez 
bien pour la mélodie; mais il fallait aussi mesurer, cadencer, 
rhythmer cette prose afin de présenter au musicien des vers qu'il 
pAt chanter et faire chanter. Arrêté par les accrocs sans cessa 
renaissants de cette prose inerte et bmte, H. Auber s'en est dé- 
livré. Composant d'abord ses ptirases, ses motifs , ses périodes, 
il les note sur le pt^ier , et jette ensuite les mots sonS le dessin 
mélodieux, comme les paveurs tamisent le sable sur l'asphalte 
brûlant. Ces paroles ainsi jetées, frappent à droite, (t gauche, 
louchent fa tmxx ou tombent juste par le seul effet du hasard. Ces 
mots coupés, hachés, sans aucun égard pour la prosodie, de- 
vienDedt parfaitement inintelligibles. Aussi personne au monde 



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KM IflAATUS LYRIQUES DB fiUUS. 

ne peut oomprendre ce que disent ou veulent dire les actean de 

l'Opéra. Après trente répélitioDs et de nombreuses-représenta- 
tions, les musiciens de l'orcbestre arrivent à comprendre cet argot 
lyrique. Ce sont.eux qui m'ont donné l'explication d'un verset 
du J!>wu et la BovatUre, du déeamoilon, mot indoustani, que 
je ^ercbais vainement dans le /ardindasilactn«j;re«9M«. Je 
ne veux pas garder ce précieux secret; à mon tour, je vous dirai 
que ce décammUm est l'amalgame rapide et singulier des quatre 
mots (Uc qv!à moi Ton , ajoutez a reeour$ , et vous saurez enfin 
ce que Ninka veut nous faire entendue. 

Amis, atuls, te Bo. . . . leil va paraître. 

Donnez à la mélodie charmante de H. Auber le mol portant 
l'accent qu'elle frappe, qu'elle réclame impérieusement, diles 
avec elle : 

Amis, amla , la Inoe va paraître; 
et la prose, qui vous déchirait l'oreille, va se changer ea un vers 
modèle de grâce et d'énergie. Cliaotez et voue verrez qu'il faut 
bien peu de travail au parolier pour ^lanir la route de s(m mu- 
sicien. Ce choeur avait déjà figuré dans fmtna, l'orchestre l'exé- 
cutait pendant un eutr'acles. Voyez Holièkb musicien, woe II, 
pages 100 et (lUTutM. 

La Muette est un grand opéra dans de petites proportions, un 
opéra comique avec récitatifs et sans finale, sans prima donna, 
puisqu'elle exécute un tacet contiuu. Une brillante ouverture, un 
air, un duo, de très hçaux chœurs, de jolies barcaroles, des airs 
de ballet gracieux , pleins de vigueur et de verve se font remar- 
quer dans cet ouvrage, dont le succès dure encore. Nourrit, A. 
Dupont , Dabadie, M~* Damoreau se distinguent dans les rOles 
principaux du nouvel opéra. M"" Noblet prête le charme et l'ex- 
pression de son talent au personnage muet de Fenella. 

M*'' Tagboni avait laissé trop de souvenirs pour que le peuple 
des amateurs n'attendit pas son retour avec impatience. Fidèle 
k sa promesse, elle reparaît le 30 avril dans les Bayadiret, et 
reçoit de nouveaux témoignages d'affection et d'enthousiasme. 

Dérïvis quitte la scène après vingt-ciuq ans de service, il %ure 



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ACADËIfiE ROYAIJS DR MUSIQUE. 30» 

pour la deraière foi? dans Œdipe à CoUme, le 5 mai. Ce bel et 
bon acteur excdiait dans le rOle du père d'Antigone. Le troi- 
sième acte à'Œdipe, le Philosophe ean» le savoir, comédie, un 
acte d'Oitflto, chanté par les Italiens, des ballets- variés, ne pro- 
duisent au bénéficiaire que 8,000 fr. 

Lydie, ballet en un acte, drAlerie mythologique, oe peut se 
maintenir à la scène, et pourtant cette Lydie était représentée 
par H^ XaglioDi. 

La subvention accordée à l'Académie s'élève i. S50,000 fr.; 
lesquels ajoutés k 3W,006 fr., qu'elle perçoit sur les thé&treR 
secondaires, forment un total de 1,190,000 fr. L'Opéra, prenant 
sa part sur les 1,783,200 fr. alloués par l'État et ta liste civile, 
pour subventionner les thé&tres royaux, les écoles de mu- 
sique, etc., l'Opéra seul absorbe environ 1,150,000 fr. de plus 
qu'il ne produit 1 Vous savez le refrain de Mascariile : — vo- 
leurs I 6 voleurs I A voleurs I voleqrs 1 

Les théâtres secondaires veulentseconer le joug de l'Académie, 
et se soustraire aux contributious qui leur étaient imposées par 
le décret impérial du 13 août 1811. Ils plaident et perdent leur 
[Htwéâ, le 18 août 1828, en cour roy^e. 

n Yiaggio a Reims ossia CAlbm-go del Giglia d'Oro, tel est 
le titre d'uu opéra compo^ par Rossini pour le sacre du roi 
Charles X. Cet ouvrage de circonstance n'avait, heureusement, 
aucun rapport avec les trivialités éphémères du même genre ; 
^rès un nombre suffisant de représentations données sur le 
Thé&tre-ItalieQ. Rossini retira sa partition qui, trois ans plus 
lard, le SO août 1828, parut à. l'Académie. La musique du 
Yiaggio a Reims fut ajustée sur le Comte Ory, comédie mélëe 
de chansons, que l'on avait applaudie, en 1816, au théâtre du 
Vaudeville. MH. Scribe et Delestre-Poirson ajoutèrent un acte à 
leur petit drame. Rossini composa de nouvdle musique, telle 
que le joli duo chanté par Isolier et le Comte, le chœur des 
franmes, le quatuor sans orchestre, le chœur entraînant des 
buveurs et le délicieux trio suivi du ânale qui termine la pièce. 
Nourrit, Levasseur, Dabadie, H~ Damoreau, H"" Jawurek et 
Uori, chantent et jouent parfaitement ce chef-d'œuvre de m<-- 



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210 TnUtfUS LTRIf^IBS DE PANS. 

lodie, d6 grâce, d'inet^e et d'une gaieté de boa ^1. StuSeM 
brillant et sftTts an jusqu'à dos jours. 

Lafond, ténor qol s'est montré longtemps avfK hoonear li 
coté de ses cbeh d'emploi, débute le S9 septeOLb» daus t« 
Muette de Porliei. 

Le 13 f érrier 1899, tP*' TbgUeni s'empare d'un des prinetpuix 
rdies du répertoire, celui de Psjtbé dans le baHet de Oiirde#< 
dont la 905' représentation est donnée au bénéfice de ee chbr^ 
graphe. Presque toutes les notabilités de la danse ffiteat tebr 
digne chef. M" Anatole, muse de la dabse, a pont AdVe r Ptf- 
ché-Taglioni : pouvaitnjn choisir une profettara plus btblle et 
qui possédât mieux les finesses de l'art? L'ëcoliére motttre beau- 
coup d'intelligebce en eiécutant, avec uite grâce ravissaAle,des 
difficultés nu pea fortes pour une premi^e le<M. Sebuelis* 
hoefifer avait rajeubl la musique de Ptyehé. Oardel svMt ralt 
son entrée à l'Opéra, comioe danseur, en iTïk; il y devient 
maître de ballets, en 178T, après la mort (le wm frère MaxiAi- 
llen; sa représentation de retraité, après cinquante ans de ser- 
vices, lui valut SS.OOO fr. 

Valère reprend son poste fc PAcadéBiie, M s'y feit apphmlir, 
le ïâ avril 1829, dans le Comte Ory. 

La Belle au Bo& dormant, ballet, loDg, lent, leUrd, èA- 
BUjcux k périr, est sauvé du naufrage par une scène de naïades. 
Marie Taglioni conduisait le ehœnr de ces nymphes coiffées 
avec des rameaux de corail. Cette victoire nouvelle et tant de 
brillantes épreuves décidèreut f Académie k retenir, par nn en- 
gagement, ta Tirluose favorite pour quinee ans. Dans \é ballet 
de MM. Scribe et Aumer, Arthur échappe aux séductions des 
naïades, monte gaiement sa nacelle et snit le cours du fleure, 
dont les bords fuyent devant lui, par l'elTet de toiles mouvantes 
que l'on fait marcher lentement de droite h gauche. Les grands 
arbres placés près de l'avant-scéne, restant immobiles, détrui- 
saient Filluslon que Vùn voulait produire. C'était un emprunt 
fait au théâtre anglais, ou, pour mieux dire, aux ombres chi- 
noises de Séraphin. » avrlL 

Surleplus niais, le plus plat, le plus mal écrit, le plus lan- 



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ACAbËHlB ROYALE DE MUSIQUE. 211 

gaUsaat des livrets, Itosslni, qui se plaisait aux tours de force, 
écrit soQ chef-d'œuvre, Guillaume TbU. Le duo du premier acte, 
celui du second, le trio qui le suit, le chœur du serment, les 
finales sont des compûsltions admirables au regard de i'inven- 
Uon, de l'élégance, de l'eSpressloti scénique, de rartifice qui 
brille dans l'association des instruments et des toit. Et tes airs 
de danse, quelle merveilleT la barcarole, si bien chanifô paf 
A. Dupont I et la romance grandiose. Sombré» forêts! les airs, 
les chœurs, l'orage, la villanelle de l'ouverture! Le cor anglais 
de Vogt , de Verroust est une musette comme la Suisse n'en a 
jamais entendu. Sa mélodie ravissante et naïve, saupoudrée & 
l'aigu par le badinage capricieux de la flûte de Tulou, de Dorus 
est un trait brillant d'esprit et de jeunesse. La vérité que l'on 
sait embellir n'en est pas moins la vërilé. Une tyrolienne dansée 
aux chansons par M"* Taglionî, sur l'ensemble des voix seules, 
groupées avec adresse, est accueillie de la manière la plus flat- 
teuse. Toutes les parties, jusqu'aux moindres détails de l'opéra 
nouveau, prouvent combien sont variées les ressources de ee 
génie original et puissant. Nourrit, Levasseur, Dabadie, A. Du- 
pont, Massol, Prévost, Ferdinand Prévôt, M"" Damoreau, Da- 
badie, Mon se montrent parfaitement dignes d'exécuter d'aussi 
belle mnsiqae. Valentino, qui partageait le sceptre de l'or^ 
tdiestre avec F. Habeneck, est asiea beareux pour prendre sa 
bisque sur Guillaume Tell, il dirige les répétitions et l'exécutitin 
de ce chef-d'œuvre avec le talent, l'intelligence dont il avait ' 
doané de si brillantes preuves. Le lendemain de cette victoire, 
obtenue le 8 août 1(B9, les chanteurs et l'bfchestre de l' Aca- 
démie, réunis sur la terrasse de la maison portant le n° 10, sur 
le boulevard Montmartre, habitée pat Rosslnl, donnèrent une 
sérénade triomphante ii ce mattre, en exécutant des fragments 
de Guillaume Tell. 

Moise, réduit h trois actes, est repris le 1K janvier 1830. Guilr- 
laume Tell subira bientôt une pareille mutilation : il perdra 
deux actes, et Moïse n'en conservera plus qu'un. Triste consé- 
quence de la stupidité phénoménale des hvrets de ces opéras. 
Souvenez-vous quele public de Paris, ne comprenant guère que 



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ilZ THEATRES LYRIQUES DE PARIS, 

les mots d'an drame chaoté, se passionne d'abM^ ponr le livra. 
Quand une pièce n'a ni queue ni tôte, on peut sans inconvé- 
nients en montrer le milieu, le commencement ou la an. Un pa- 
rolier qui mesure ses lignes rimées avec un âl, sans prévoir 
l'effet que des mots rocailfenx, assemblés au hasard vont pro- 
duire sous la musique, devient obscur, inintelligible pour stm 
auditoire. 

Hou père, ta ib'w da mandirel 
Ce verset prodigieux et monumental, ce Qu'il mourût! de 
l'opéra, ce verset merveille de ridicule, placé dans le trio de 
Guillaume Tell, est une sorte de grincement, de cliquetis de 
syllabes dures et sourdes qui dégrade la plus belle mélodie et 
l'accord audacieux de nouveauté qui le soutient. Ce n'est pas 
tout, l'acteur, forcé de ronger ce versicule, de le mastiquer 
dans la région la plus élevée de sa voix, ne parvient pas tou- 
jours aie prononcer; alors chacun l'interprète & sa fantaisie. Un 
amateur, écoutant ce trio, chanté sur un de nos grands théâtres 
de province, croit entendre Arnold dire à ses acolytes : 
J'enaeigne les mathématiques l 
— Quelle nécessité d'enseigner les mathématiques? k quoi 
bon cette eonâdenceî — Je le sais bien , moi qui cherche le fin 
des choses, lui répliqua son voisin . La scène est en Suisse, dans 
le pays où le roi Louis-Philippe exilé fut obligé d'enseigner les 
mathématiques. C'est une allusion délicate, spirituelle. » 

Les deux écoutants, entendeurs à demi-mot, se firent honneur 
de leur sagacité. Depuis lors, Tetueigne let mathétnatiquet 
poursuit le trio de GmUaiame Tell, comme Vieil as de piqtu 
fait les mots à'Hemani, VieiUard ttupide. 

En 1793, on remit en scène Guillaame Tell, tragédie de Le- 
mierre. Deux personnages s'y parlagent le vers suivant : 
La victoire on la mort. — Ceat un vœu trop cuninnD. 
Le public entendit : C'est un peu trop commun. Jugez du scan- 
dale effroyable I C'était bien autre chose que vieil as de pique! 
Sophie Amould, voyant représenter cette pièce devant de rares 



ityGoO^k' 



ACADÛUE ROYALE DE MUSIQUE. 313 

spectaleuTB, dit : — Point d'argent, point de Suisses, est le mot 
ordinaire; mais ici nous avons plus de Suisses que d'iugent. » 

J'oubliais de vous dire que le livret de Guillaume Tell et celui 
de Moite sont de même fabrique : deux plaies d'Egypte que Jouy, 
l'académicien, fit tomber sur nous eu deux ans. Ce GviUaume 
est une mauvaise copie du drame de Scbiller; le Jfoïm, une tra- 
duction pitoyable du livret de Tottola. 

H* Démery-Glossop, engagée h l'Opéra pour treize ans, 
à 25,000 francs par année, ne peut chanter qu'une seule fois en 
trois ans. On veut résilier son contrat, les tribunaux lui donnent 
gain de cause. Me consent h partir pour l'Italie en 1829, et 
l'Académie lui compte 6,000 francs. 50,000 francs étaioit payés 
chaque année à des chanteurs , des cantatrices, des ballerines 
qoi ne faisaient aucun service. 

Nourrit, H-* Damoreau, représentaient encore une fois Colin 
et Colette dans le Devin <bi Village, au grand contentement des 
Parisiens, Uns connûsseurs, à ce qu'ils disent, lorsqu'une per- 
ruque àlabrigadiëre, gaUmment ornée de rubans et d'une rose 
purpurine, une tignasse énorme et poudrée libéralement, fut 
lancée des quatrièmes loges, vint tomber aux pieds de ces deux 
virtuoses et tes enveloppa d'un nuage d'amidon. Cette comète à 
queue blanche, cette bombe cbai^ avec une poudre inoffensive, 
frappa de mort le livret de Rousseau de Genève, la musique de 
Granet de Lyon. Le Devin du ViUage disparut de la scène après 
septante-six ans de succès non interrompus. Les mêmes bom- 
bardiers auraient bien pu nous délivrer aussi du RosHgnol. Une 
tignasse rousse, une rose jaune donnaient à ce bis les attraits de 
la nouveauté. 

H"* Halibran, H"* Sontag viennent se joindre à H"* Damo- 
reau pour exécuter le premier acte du Matrimonio segretto de 
Cimarosa. Jamais réunion de cantatrices de cette force n'avait 
eu lieu chez nous; c'était ce que l'on pouvait entendre de plus 
parfait. H™ Damoreau fit les honneurs de sa maison en offrant 
la partie de Carolina k H"* Sonlag; elle garda celle d'Elisetta, la 
seconde; M~* Halibran se phiisait à paraître sous les habits de 
la vieille tante I^dalma. Des applaudissements frénétiques, furi- 



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214 Ta^llUIS LYTUQV^ DR |lAai& 

boDds éclatèrent (Iq (ouïes pttrls lorsque ces vqix rayiseantefi 
attaquèrent reosemblp ^u trjQ, le façeiQ un inchino. Le Conent 
à la Cour, o^ M*" Damqreau tenait le preoiier r41e ; )e ballet de 
Nina, dans lequel M"* L^ontine Fay se n^Qptra ntime excçUent^f 
complétèrent cette représentation soleDi^eUe. Oo j distinguait 
Levasseur, PjQurrit, Z|icc|ielli. 19,77^ ffUDCs ità recette pom* 
M'^ Damoréau. 

1^ froid était rigoureux, une reprësentatiop estdonnâflau 
profit des indigents le ^ janvier X^SH- Elle se pompose du wvb4 
iictc de TancTedi,, du ilenxièœe acte de ^aUe, et du pretpier de 
Don Gia^armi. Ûp entend pour la dernière fojs c§§ ^\\o^ d'une 
e]féculit)n ravissante, et 4epuis iQi's ^4 exemple, phanlés p^ 
M"' Sontag et M™ Malibran. C'était 1* pertpçtipn (antastiqiip, 
idéale. M"* Sontag fait ses adieux pour vipgt ^ns «u ttiéàlre, au 
peuple noiqbreux de ses admirateurs, et ^e^nbla atteindre, ei^ ce 
JQur de sép^ratiop, le point cwlniipant de s* vjgyByf tRji^V* 
en disant l'air, Or sai chi i'onore, d'une manière victorieu^ç. {^ 
rpi Charles X assiste k cette soirée. I^ecette ^1,559 fr^pps, 
ol^andçs 11,^70 fraqcs, total S3,039 francs. 

Le b^ par^ que l'on donqe à l'Qpér^, le i^ {éyrier puiv^t, 
pour le môme objet, produit tl^.6t6 fr. 4S ç. Cinq mille 4W( 
cen( soit^nte-une perscqne^ cpntribuent b, cette œpvre 4e bien- 
faisance. 

Un gepfil b^lérin, H^lier, qtft doit briller ^ l'AcadAm* 
cQinme danseur, ntlne. patopositeur et maître de bftUe^> f^i 
son entrée ^ (le théâtre 4e 1^ iflatù^ la plu^ beitreu^, inw W 
rdle d'Alain de la Fille m^l sfaTiféf. 3 mt,n isso. 

Françoiê I" à Chambord, opéra en deux actes, p^ole$49 
MU. Haline de Saint-YQu et pougeçoux, mufiqije 4b H, Pnfper 
4e Qinestet. iaiii«n^B3f. 

La mytliologie avait donné depuis loqgtetnps sft 4^$»ioQ 4*1 
ihëfttre, si le; auteurs 4^ 4f(i'>')^ letcavf la raip^peqt 4aQ^ uit 
épisode fort original 4^ (^ ballet* c'est pour la livrer nu n^i^nlâ 
et l'immoler sous les traits 4e la satire. L'Opéra 4e ^<if ÎO^i \^^ 
la critique de l'aficien Opéra, des bfdiets à,& 173S, eq noi)» n^on- 
trfint le>a bergers, les bergères en topqeleta ; l'ÀRiqpr fQ e>M<)^ 



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ACAE^OE ROYALE DE MUSIQUE. 21S 

de satin, les Fleuves en robe de chambre de brocard d'argent, 
avec leurs poches pleines de roseaux et leur tricorne charge de 
iiénuphar aax fleurs blanches. Cette caricature ne réussit point ; 
eUe fit tort au ballet nouveau, vivement intrigué. Ferdinand et 
H"* Montessu brillèrent dans les râles passionnés du chevalier 
Des Grieux et de Manon. HM. Scribe, Aumèr, Halévy, Cicéri, 
s'étaient réunis pour la composition et ta mise en sctoe de 
Manon Lescaut, dont le succès fut médiocre, s maf isso. 

Perrot, danseur énergiqqe et gr^pieux, débute avec un grand 
succès le 23 juin, dans la Roit^/nol. 



n,Googk 



XXIII 



»e lUI t 1BS1. 



Clotore pour CBuae d'indiipOBitJoii du peuple contre cartames ordonnaiiM*. 

— Vlwe la liberté! parotiers et mnsicienB chuiteat victoire. —Liberté des 
tbéàtreB. — Dernier mot inr les escrocs adminiatratilk. — 30,000 h. demui- 
àé», 70,000 tr. Bccordés; généToùU mJaiBlérielle. — Les TUDqaeun, mil 
au fen , raiitreiit dam Is lerritude. — Lm privilâges wDt rétalilii , les 
■ubrontiom maialenues. — L'Opéra devient one entreprise particullËra. — 
PaganiDi. — £<MMetteBaya(fér«, opërt-ballet. — Weber, £¥ritMt.~Le 
Philtrt. — L'Orgie , b&Uet. — Heyerbeer, Koberl-U-BiMe. — Im SflphUt , 
haUet. — La Teitttaioii, b&Uet-opéra, M"* DiiTeniay. — Coroélle F«lcoo. — 
tintlav m ou It Bal iKatqui. — Ali-Baba ou lu Qmraïut fotatn. — LaBi- 
toUtm Sirall,bal\M,'~D«nJuan.—Lti limpiie, ballet. — H>^ Thértee 
et F»DDj ElNler. -' Baldry, U juive. — L'op4r&-(nuicoi)l. — Iâm Bugutupu. 

— U BittU beitna, i* fitU Hu Deaiuèt, bftllat». 

Le vendredi. 33 juillel, on repr^ente fa Muttu de Portiei; le 
Si et le 25 étaient des jours de repos. Le lundi 26, l'afiScbe ao- 
nonçait Guillaume Tell, mais l'agitation que le peuple avait ma- 
nifestée au sujet des ordonnances rojales, signées à Saint-Cloud 
le 25 ne permit pas d'exécuter cet opéra. On se battit le 37, et le 
combat ne finit que le 29. Fermée pendant onze jours, la salle de 
l'Académie ne fut rouverte que le k août, et la Muette offrit sur 
la scène l'image fidèle de l'émeute , de la révoile et des batailles 
que l'on venait de voir au naturel dans les rues de t'aris. La 
Muette devint, par ce fait, une pièce de circonstance. Casimir 
Delavigne avait écrit des couplets sur un air allemand, air mi- 



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ACAUËSUE ROYALE UE MUSIQUE. 217 

sérabie, indigne de son origine; Noun'it exécute cette chansoD, 
et s'efforce de donner à la Parisienne l'énergie et l'animation 
dont elle était privée. Cet air est eo toi, moDotone au suprême 
degré , sa mélodie ne roule que sur le si; on dirait un air com- 
posé d'une seule note. La Marseillaise fut remise en lumière, et 
son air corrompu, dégradé par des musiciens qui le nottewit 
sans le connaître. Ce n'était point assez d'avoir rendu trivial et 
languissant le plus beau passage de l'appel aux braves, d'avoir 
fait ramper ceux que l'hymne républicain nous présentait mar- 
chant avec une audacieuse Sérié, d'avoir appris k tout un peuple 
à chanter de travers le cantique allemand dont U avait fait son 
plus bel air patriotique ; une médaille est frappée en l'honneur 
de Rouget de l'isle, auteur des paroles, et ce bronze perfide re- 
produit la Margeillaise telle que des barbouilleurs l'ont gâtée. H 
est singulier que les Allemands nous aient fourni des airs pour 
deux révolutions. Celle del848n'achanté guele vieux répertoire. 

Au premier cri de liberté! les Nouveautés, l'Ambigu-Coini- 
que, le Gymnase, le Cirque-Olympique, et mâme le théâtre Ghoi- 
seul, s'étaient emparés du drame lyrique. Ils avaient fait acte de 
possession en représentant des opéras anciens, ils se prépa- 
raiuit à mettre en scène des opéras nouveaux, lorsque, en 
1831, cette licence leur est enlevée par le ministère. Possideo 
quia possideo, cet apophtegme de droit ne put maintenir les cinq 
tbéfttres devenua lyriques dans la jouissance de leur conquête. 
Vainement les acteurs s'égosillaient à chanter Liberté, Liberté 
chérie.' Au moment même où l'on célébrait les bienfaits de la 
révolution sur tes cinq théâtres si généreusement lancés dans ia 
carrière musicale, le ministère les déclarait usurpatente, éten- 
dait sur eux le filet de la servitude, et se préparait à river leurs 
vieilles chaînes. Rapace de sa nature, la république n* 2 se garda 
bien de laisseï' échapper les joyaux de la tyrannie. 

Les privilèges, institués pour organiser le vol, sont rétablis! 

Les subventions, inventées pour favoriser le vol, sont mainte- 
nues) 

Les théâtres secondaires s'affranchirent de ia redevance qu'ils 
payaient & l'Opéra. Le mélodrame et te vaudeville profitèrent 



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SIS THËilTtES LTBIQUIS DB PARIS. 

amU dâs réiDltats obtenu» it coups de canon. La musicpie ep- 
primée, écrasée avec une cruauté plus ingâuteuse que par le 
passe, traiua pendant quelque temps encore sa mourante vis, «i 
1837 ses chants avaient cessé. 

J'ai reproduit ce que j'imprimais dans les journaux, i divanes 
époques ; penoettea-moi de vous donner encore un fragment eu- 
rieuK. 

— Void «Knment on gonveraait Isa affaires de théitre en llSi. R*- 
mar^om , l'il voua plaît , qa« j'ai tonjonra en mais la preuve 4e ce que 
j'BTUM. Je cite des témolna ; crojei qu'ils ne me démeoUront pu. 



Admis dans la confidence d'un de oea traités secrets, je val* vms «i 
faire coBBaltre les conditlona. Vous parler des autres serait Impradent, 
je n'ea ai pas vu , collaUoané les pièces probantes , et n'eu sais pas 
plus sur ce point que le public. Il est vrai que le public en sait long : 
pourquoi lui dire ce qu'il n'ignore pas? 

• Bernard était directeur de l'odéon en 182&, et recevait ft ce titre 
80,000 fr. de subvention. Bernard disait à ses afildés que s'il était 
assez heureux pour obtenir une augmentation de 30,000 tr., il se- 
rait sans inquiétudes sur l'avenir de son théâtre. La somme ronde, 
100,000 fr. , tel était te but de ses désirs, Ik se bornait son ambition. 
Ce propos , répété si souvent dans le foyer et snr la scène, tombe enfin 
dans l'oreille d'un tout aimable et gentil garçonnet, tenait un emploi 
snbaitenie au ministère de la maison du roi. Ce CfccmMiio tfamtMie 
dite Bernard; —Faites une demanda relative k cet objet, je me charge 
de la présenter, de la suivre et de l'appuyer. • 

» Soi^e-cbamp, |e placet est dressé par le diiecteur; il vient sur la 
tbéitre en costume de Reynold , ayant sur sa tète ce trannet qu'il leva 
tant de fois pour recommander sa balle i la Providence, et, pendant 
une représentation de Robin-des-Bois, il montre sa prose supplîaate h 
son imberbe prolecteur. Le Chérubin part d'un grand éclat de rire en 
lisant la pétition; il se moque de la maladresse, de l'ignorance, de l'in- 
signe gaucherie de Bernard. 

— Comment! ajoute-t-il avec une voix grêle et flutée, vous veniez 
obtenir 30,000 fr., et vous ne demandez qneSO.OOOfr.î Vous n'obtien- 
dra pu eli Ifards. 

— Qm vovIo-vwu qM ja demiMaT 



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— Maifti-r qiielqvQçbowcompe.... 7Q,000fr,iil ftut biep ^'il | 
aiti*ri pw (fo ùeurre, i*n o» à ronger. AHeïi candide péUlionnaire, ?.\]ef 
refaire ce placet ridicule, et prjez |a déipe^cA ministérielle de porter ^ 
150,000 fr. votre subvention de 80,000; san^ cela je me rëcvae, et n^ 
veux pas même être porteur de la supplique. ■ 

* Bernard se soumit aux conditions imposées ; en dfx minutes II ent 
rédigé sa nouvelle requête sur le pied de 50,000 icaa. Le surtendemalD, 
fc midi, quelles minutes avant la répétitlaD, il mettait sont mes yeux 
dais ma main , ta pites aulhentlqna an mo^n de laquelle il devait 
lawber 70,000 fr. de pips. 

> Ponr la juslificttlan dn minlil^, dont l^ifHiM et ioadaine HM^ 
nlilé Kinblerait ^trapga, j) wt da mm ^VQir 4'sjonlM> ffu'nPQ note 
oonfi^eqlielle, une lettre plo», obligeait le dirfctpvr « bfpn «t i^ Nlffr 
no^t favorisé, de payer 9,00ll fr. par an i Titns , i,2<^ ^^- ^ ^nyoh- 
Iliua, 8,000 ù. i TiUa, 6,000 îr. i Setoprouia, ftc, etc., ete. l£ totnl 
de oea petites disposition; pe ^'élevait pourtant qu'à 34,000 fr. ; Berpard 
avait donc 16,000 fr. en sus de ses prétentions : il $tait Iqrcé de le^ 
accepter i titre d'exécuteur testamentaire. C'est l'usage dans ces sortes 
d'escroqueries j l'homme qui louche les deniers et les distribue obtient 
toujours plus qu'il n'a demandé. Sa complaisance doit tire payée, 11 
hnt acheter sa discrétion et le rendre taisanL Je pourrais voua nommer 
presque toutes ces parties prenantes, al cela vous Intéreaaatt an pen; mt 
mimpiM eal rickeaeot éqvipéa, ft» tul oorfo tma u^Otmia aoaMf 
dft» Hagnlfieo. fi le mlDlitàre m'avait hvoiaé d'un legi dani ea ea^ 
<i)» vouf la uiiriaz i^k. 

a ^OQQ fi^ p«T ap lur m Pttrilâgq, «Im ^ «DW uwAes, 9'4.0^ Ir,) 
qnolls mi^rel Eq vérité ç'ét«U griv^ler, pelQller, isqeuwF caopiqq ifH 
9fprenlt8, c'était l'enTaitce 4|l vol ^dminiatratif; Aussi l'art de ipetti; 
%j\ flpnvre, à profit, les subventions q^ tarda-t-jl pas ft se freif^tiot)- 
ner, à prendre une forme grandiose et m^me colossale. * 

L'Op^ fïtevalt 950,000 francs de subvention par sq ; le tot^ 
de se« dettes, coptractées peqd^Qt l'a4ntinistr9M<;Q d« 4- le vj- 
coqite Sosttiëi)^ de U ïtocbefoucauld , s'élevait, en 13^, k 
1,2()0,0Q0 fnmcs. 

Lç persDDnel 4e l'adoUnistratioD ^yait éUi ptiasgé trente-ciui 
fyu en ireote-deux ans. 

}^ (7 tfiut 1890. !le génâpd ^ ^^fXta vUtt se poster va. pr^ 



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2» THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

mières loges de l'Académie , où l'on donnait le ballet de Manon 
Le$eaitt, ses amis se concertèrent avec lui pour le couronner an 
moiQMit où le théUre représenterait les champs de l'Amérique. 
Le mot d'ordre étant donné, La Fayette, en rousse pemiqae, 
sortit de la saHe pour aller & son carrosse, et faire dans ce bou- 
doir une toilette flambante de Iriomphatenr en chaussant le cos- 
tume de général. Quand il s'y fut duement équipé, ficelé, pom- 
ponné, La Fayette revint à sa loge pour y recevoir les couronnes 
que ses compères lui réservaient; et les journaux firent grand 
bruit, le lendemain, de ce triomphe improDÙé. 

Un Marseillais fort engoué de ce même La Fayette, ne l'ayant 
pas assez contemplé dans sa loge, voyant qu'il allait en sortir, 
l'attendit au passage et le suivit du corridor jusqu'à sa voiture; 
afin de l'admirer plus longtemps et de plus près. C'est à son 
poste d'innocente observation qu'il fut témoin des apprêts bur- 
lesques de cette pantalonnade. Désenchanté, confus pour son 
héros, H. Valette me conta, le soir même, les détails de la scène 
de bal masqué dont le public venait d'être gratifié. 

La Muette de Portici, opéra dont le rOle principal est joué par 
une ballerine, exprimant avec ses gestes ce que sa langue ne 
peut articuler, avait fait beaucoup d'honneur à H"* Noblet, qui 
représentait la muette Fenella. H"' Legallois s'était montrée avec 
succès dans ce rôle difficile. Les mêmes auteurs voulurent placer 
If ue xaglioni dans une position semtdable, eu élevant un opéra- 
ballet, genre introduit sur notre scène par Houdart de La Hotte, 
eu 1697, et depuis longtemps abandonné. Les réles muets, la 
pantomime qui vient se mêler au chant, au récitatif, sont d'un 
résultat déplaisant et mesquin. Les musiciens ne voyent pas sans 
dépit et sans impatience une ballerine serpenter à travers un 
opéra, pour faire boiter les morceaux d'ensemble, pour éborgner 
les duos, et montrer un rond de jambe k la place de la note qui 
manque à l'accord vocal. Les amateurs de danse accotent volon- 
tiffls de pareilles compensations; ils préfèrent même les entre- 
cbals et les pirouettes aux roulades brillantes de la première 
cantatrice. Le Dieu et la Bayadire ofi'rit à Marie Taglioni uo rAle 
dé muette bien (dus intéressant : la bayadère Zoloé mimeet danse i 



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ACADËWB ROYALE DE MUSQUE. 991 

Fenella se bornait k parler avec les yeux et les bras. Si Zoloé ne 
parle point, c'est qu'elle ignore la laogue du pays. 

Nourrit, Levasseur, H~* Damoreau, se font applaudir en chan- 
tant ; H"* Noblet danse admirabl»nent un pas afec H"' Taglioni : 
cet ensemlrie précieux rappelait aux dilettantes les duos exécutés 
par H™* Sontag et Halibran. L'essaim des bayadëres, conduit 
par H"* Taglioni , éclipsa les naïades si fraîches de la Belle au 
Boù dormant, et l'armée d'Aladin. M"*' Julia, Louisa, Fourcisy, 
Roland, y brillaient sur le front de bataille , et leurs évolutions 
avaient de quoi charmer les plus difficiles. 11 faut que je vous 
rappelle une scène de ce baUetopéra. Zoloé revient du marché, 
portant des provisions de bouche. Chemin faisant, elle rencontre 
Néata, très jolie bayadére, aux yeux noirs et brillants, que H"* No- 
blet représente h merveille, et l'amène pour prendre sa part d'un 
modeste souper ; Fatmé l'accompagne. Le dieu Brahma se montre 
un vert-galant, comme ses cousins de l'Olympe, et conte bien 
des fleurettes à Néala. Désespoir de Zoloé , elle fait assaut de 
danse avec sa rivale, et pleure de dépit, en voyant son amour, 
son talent dédaignés. Sage et prudente matrone, l'Aimé veut emr 
pécher que ce caprice n'amène une rupture ; elle avertit k propos 
Zoloé, qui, tout en larmes, et les mains encore jointes pour ma- 
nifester sa dotdeur, se met à danser de plus belle. Cette boutade 
exécutéeavecunegrace, une expression, une vivacité délicieuses, 
électrisa toute l'assistance. Taglioni, père de la charmante baya- 
dére, avait composé les danses ajustées au livret de H. Scribe, 
k la musique de H. Auber. Grand succès, is octotoe isio. 

H"* Alexis Dupont, bès-digne sœur de H"* Noblet, se fait 
applaudir en r^nplaçant cette virtuose dans te Dim tt la Baya- 
dire. 

Perrot, jeune danseur formé par A, Vestris, et dont l'eiécu- 
tkm offrait de grands rapports avec la danse de M"' Taglioni, 
avait débuté de la manière la plus brillante le 23 juin 1830. Dès 
ses premiers pas sur la scène, il acquit le surnom i'Aérim, 
titre le plus flatteur qu'un ballérin puisse obtenir. H"* Taglioni 
eut un partner digne d'elle : la conformité de style, de genre le 
mil en harmonie avec la virtuose favorite. La réunion de deux 



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s» TËSA-mes LVnic^ db pâms. 

flànsnifs si lestes et si gracieux fit remettre en scÈi» Ftoté «t 
Zéphire , ballet que le talent de Dut>ort et dé s& éakùt àvUt 
Illustre. 

M"* DorUs débute arec le plili gtand sttCcès, daiis U Comtt 
Or?, par lé roté de IH comtesse, is décembre jesft. 

Après Pfexil de Cfiarie* X, le miniâlèrB de is malSon du toi 
Cessant d'exister, l'Acadèûiié tojale de Ktuêique passe datis les 
attributions do ministre dé rififél-ieur. Ce théâtre devient tJtife 
enlrepHse partlculiètfi dont M. Vèron, docteur efl médecine, 
obtient la direclloii. Il est installé le S mars i83l, et prend 
possession le 1* jbih stfivant, jour où î'oft rept^sente poiit !a 
première fois Gaillautne Tell réduit à trois actes. La salle est 
restaurée, les baniiuettes du paMerre sont itounles de dossiers 
humërotés, ce qui donne la faculté d'y retenir d'avance ute 
place, et de la payer 5 fraocs en location, k francs au bureau de 
disiribution. 

Quatre années de «t^^gcs et dé suctës eti Italie, en Allema- 
gne, en Prusse, avaient lUastré le violoiiiste génois t'^ganini ; 
ce maître arrite S fdxli, et donne k l'Opéra, son premier concert 
le 9 mars 1831. 
— c'est la chose la plus étonnante, la plus Burprenante, la plus mer- 
' veilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdis- 
tonte, ta plus Inouïe, la plus flngulîëre, la plus ettraorclinalre, la plus 
lncn>;able, la plus tmî)révuè.... —Mais il me semble que M« de SévI- 
gné.,.. — Qu'importe; pourquoi donc, profitant de Tatantagé d'être 
née cent durante ans avibl toof , s'est-ellt avisée de ibe gaspiller mon 
preiodeî Et }>oar (piel mage, bAn Din I pour annoncer le usrfage f une 
tanie prlneesm avec m petit cadet de Oncogne m d'Autergne i ioja 
le beau miracle l Marier le Grand-Turc avec la république de Veci^ 
une caipe avec un lapin, eenit eboM étraoget BiAsAoutOfinato ne jus- 
tifierait point encore ta bordée éloquente et vive de H~° d« Sévign^ 
Habnlin- Chantai auprès de ceux qui viennent d'enlaudre Pagtnini- 
Réjouissons- nous que cet enchanteur soit notre contemporain, qu'il 
s'en applaudisse lui-même ; s'il avait fait sonner de telle manière son 
violon deux cents ans plus tôt, on l'eût brûlé comae sorcier; et mène 
aujourd'hui, la loterie nous prouvant que les gens de c«tte espèce ont 
Asparti , je ne snis pas Buffisimaent twrsaadé qu'O né l« «oit pas. * 



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AGAMHUE ROTAUE hE KOSIQOB. m 

XXX, Journal dn DAat»', Toyei Is €ferMi«M mmImIb dw 16 M 3S 

mariuai. 

Le piii d'uBe stalle était de 30 francs, et celui des antres ' 
places augmenté dans la même proportion, aux cotcerts que 
donna rilluslre violoniste. Salle comble^ enthousiasme général, 
furibond. 

M. Mejerbeer aTatt écrit un opéra comique intitulé Robert-lo' 
Diabk, que l'insuIBsance des acteurs ne permit pas de mettre 
en scène k Veutadour. Réduit aux formes d'un drame lyrique 
avec récitatifs, le livret de MB. Scribe et G. DelaYigne perdit 
beaucoup k l'égard de l'intérêt , de la clarté. Le persoDuage de 
Raimbaud disparut après le troisième actei par la seule raiaon 
que son babil, en prose forte amusante et nécessaire à l'intdli- 
gence de l'action , aurait trop alongé la pièce récitée en musi- 
que. Robert-k-Diable, arrangé de cette manière, allait être mis 
h l'étude au moment où l'Académie changea de gouverneur. 

Eu attendant que le nouvel opéra fût prétli se mettre en route, 
on répétait EurianU de Weber que j'avais traduite en francs. 
La première représentation de ce chef-d'œuvre était fixée au 
1" avril. M. Mejerbeer est averti, quitte Berlin eu poste, arrive 
à Paris, nous trouve & l'œuvre et se fâche tout cramoisi, de ce 
qu'un tour de faveur ou de caprice allait faire passer Euri«nte 
avant Robcru II réclame contre cette licence. On loi demande 
s'il est prêt Sur la réponse négative de ce musicien, nous conti- 
nuons les répétitions à'Euriante. H. Meyerbeer, toujours cour- 
roucé, me prie de lui céder le pas; je refuse. — Faites donc 
atteutloQ, me dit-il, qu'en succédant à Itoberl, Euriante arrive 
juste à la belle saison d'hiver. — On se noie dans la rivière, 
dans le fleuve d'oubli. Je n'ai pas six cent mille éciis de rente, 
et suis par conséquent bien pauvre d'esprit et de talent. C'est 
par nécessité que l'on vient h. moi, je dois prendre h propos ma 
bisque ; si j'abandonne ma place, je la perds, n 

Le débat s'anime et va cretemdo, les violons escaladent les 
sommités de leur diapason, la timbale est près de clora son rou- 
lement. Alors, une de ces imbécillités bipèdes, crétins inévita- 
bles, que l'on rencontre dans nos administrations thë&lraies, 



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2U TBÉA111E6 LYRIQUES DE PARIS, 

tire de sa poche un écrit , et me dit avec une grotesque soleo- 
nité : — Blonsieur, puisque vous tenez k conserver vos drmts, 
veoillez biensigner ce dédît portant obligation de payer S5,000fr. 
si l'opéra de Weber n'est point représenté Je l" avril. 

— Soit fait ainsi qu'il est requis. 

— Vous signez bien gaiement. 

— S'il plaisait à votre excellence de porter la somme à cent 
mille Unes, j'approuverais i'aâdilion et la lUure. 

— Vous n'êtes donc pas solvaUeT 

— Moi T je suis plus riche que Rothschild. 

— J'ai votre siguature. 

— C'est ma parole qu'il faudrait avoir ; ma signature ne vaut 
rien. 

— Et c'est vous qui le dites I 

— Oui, lorsque cela peut me faire honneur. 

— Les tribunaux... 

— Vous n'irez pas si loin. 

— Qui m'en empêchera? 

— La pudeur. 

— Vous croyez donc que l'on ail de grands ménagemaats ii 
garder envers TOUS T 

— Non pas, ce serait me faire injure; je me plais à recevoir 
le feu de toutes les colères : je ne vis que de ça. 

— Singulière pitance I 

— Parlons raison, si c'est possible, votre excellence n'ira pas 
de but en blanc au tribunal, présenter dle-méme cet acte solen- 
nel où ma signature etmadef de sel, vivement jetéeen paraphe, 
se dessinent Votre grftce aura soin de passer préalablement par 
le cabinet d'un avoué. Si le patron est absent, votre altesse ; 
trouvera le premier, le deuxième ou le troisième clerc. Si te trio, 
tant soit peu vagabond, s'est permis de faire l'école buisson- 
niëre, votre seigneurie ne peut manquer d'y rencontrer le saute- 
ruisseau. Virtuose en herbe, ce bambio de la pratique, va pouiTer 
de rire à l'exhibition de ce titre de créance. Frais émoulu des 
écoles, peut-être encore sur les bancs, le gamin vous dira que 
votre acte est du genre de ceux que leit RomninR appelaient 



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ACADÉUIE ROYALE DE MUSIQUE. 2S9 

obligation» eontrairea aux bonnes mcews; que nul ne peut être 
condanmé pour des faits iodépendauts de son service et de sa 
Tolonlé. La partition iÇEuriante est, par moi, déposée riëres le 
greffe de H. Leboroe,' bibliothécaire de l'Opéra ; les râles sont 
dans les mains des chanteurs, les choristes tienneot leurs par- 
ties , les cahiers s'ouvrent sur les pupitres de l'orchestre ; le 
régisseur et le machiniste sont munis de livrets imprimés. Afin 
de remplir mon office en entier, il ne me reste qa'k suivre les 
répétitioDS, la mise en scène, et chaque jour oq me voit au poste 
le premier. Or maintenant, si vos danseurs, arrêtés par une 
collection d'entorses et de rtiumatismes, vos chanteurs, afDigés 
par une infinité de fluxions et de catarrhes, sont obligés de 
prendre et de garder la position horizontale, éminemment coo- 
tratre à leurs exercices dramatiques ; si de pareils accrocs relar- 
dent jusqu'à l'année prochaine la représentation d'Euriante, il 
n'est en France aucun tribunal qui me condamne k payer le 
dommage. Voilà pourquoi je vous ai donné ma signature pour 
SBfOOO francs avec autant de prestesse, que j'en aurais mis 
à tracer mes XW au bas d'un feuilleton. Les prémisses dé- 
truisaient la conséquence, votre prose annulait ma signtUure. 
Avant de me jeter dans le fastidieux labeur des traductions, 
avant d'orner les opéras étrangers de vers mal rimes, bien rhyt- 
més, que l'on me paye jusqu'à mille écus pièce; avant d'être 
musicien j'étais avocat, je le suis encore, sacerdos in ater- 
num; à quelque chose malheur est bon, vous le voyez. Heu- 
reux si la petite consultation que j'improvise peut vous épar- 
gner le désagrément, suite nécessaire de l'exhibition d'un acte 
ridicule. 

•— Monsieur, je vous connaissais de réputation, maintenant 
je voiTB ai vu, soyez certain que si vous êtes de quelque chose, 
je me garderai bien d'en être. 

— L'arrêt est dur, monseigneur, mais je sais me résigner et 
je l'accepte. Je ris de tout, de tous et de moi-même; la gaieté 
n'est-elle pas un trésor? le baron de Rothschild est-il plus riche 
que moi? •> 

Ewrianu ne fut représentée que le 6 avril, cinq jours après 



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tut TR&kTAES I.YIUQV9 PS fXm- 

\a i^rm fptol) et je w reçu; aupuoe sQnuoation r^T« lO^ 

35,000 fr^cs Di-dessus meotioDiiës. 

YQ\^^ erojeï peut-être qup le musiciait va s'appl«udir ici du 
8)icc^ obtenu par sa caratine d'avoué, lancée dQvaot un audi- 
toire uoiplireux, attentif et ualin : point du tout, .l'aurais dO 
in'adrasaer alors cette phrase de Bridoison, et jne dire : -^ Voi. ■ .\k 
que je suis plu...U8bô...te ^.,-co...re quemQ...DnGteur- » 

En efiet, je l'étais, je le T|is; mais pour avoir de l'esprit 011 
nette occasion , de la finesse au moins , il fallait éLra sorcier, et 
je pe suis pas 8omQaml>ule h pe point. T4 chaleur de la discus- 
sion ne permet pas de saisir teute U pensée d'un adversaire. 
|l. Ueyerbeer avait sur moi l'avantage, il ponnaissait mon enjeu. 
Moi, pauvre innocent, je oe me doutais pas de ce que pouvait 
contenir son bagage- Je croyais n'avoir k comiiattre qu'un simple 
droit de préséance; j'étais loin de soupçonner qu'un musicien 
tdlemftod, il est vrai, mais qui jusqu'à co jour s'était fait italien, 
^^yant de suivre à la piste Rossini, son patron, donnant à 
pl^in collier dans les rocamboles, poncifs, rengaines, cabalettes, 
faribales,pûts'a|ariner de voirune œuvre solide, sérieuse, monu- 
nt^tale de Wetwr précéder une turlurette. L'énorme différence 
de style devait éloigner toute idée de rivalité. Au lieu de vouloir 
enlever le poste à la baïonnette, ce qui redoublait ma résistant»; 
iHi lieu d'attaquer le mi du baryteu, ce qui me forçait de faire 
vibrer }e *ol dn teqor; si |i- Ueyerbeer m'avait dit eu pou- 
fidence: 

— le me suis égaré sur les pas de Kossini ; pour briller dans 
Sû|i genre, il faut posséder son génie. J'ai reconnu mon erreur 
et veux la réparer ; la mauvaise fortune du Crociato m'a fait 
ouvrir les yeux. Weber est maintenant le guide, le modèle que 
je me suis choisi, je calquerai teut sur ce patron n" i. Le style 
de ce mattre permet de se tirer d'araire au moyen des cumld- 
naisons de l'barmonio. Weber est riehe, ppultmten mélodies, 
mais il sera permis à ses émules d'être moins généreux sur ce 
poiQt. Ûanner ftfriant* avant Bobtri-le'i)ini}tê, c'est montrer 
le type avant l'imitation, l'original avant le portrait; c'estd^voil^ 
at)« yevK des malins, at sur le même théâtre, la statuf* pétrie 



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ACAOCWB ROTALB PB HUSKlin. H! 

(MJdaciflus«Biept par le Mulpteur et les àpingln. )m timides 
ficelles du praticien. Le succès d'Euriant» doit bleuer, «u mom 
dans l'opinioa, le succès de Robert. ËmprunUes k Welw, mes 
cQmbinaisong d'hvmoole et d'ipslruments ront perdn leur 
Aclat, le obarme de leur originalité, le vernis de surpme qiU je 
inepIais&jEàleurooQsener. Cédu-moidtHiQcetour... — Prenei, 
aurais-je répondu. Les arrangeurs aiment il s'arnuiger, lorsQue 
tes compositeurs savent h propos entrer en tiompoaitiOD. » 

M. Heyerbeer eut gagné beaucoup, énormtoePt à cette 
ftlDlable composition. £itm»M voulut parattrB avant Raivrt, 
Suriante fut immolée- Fin connaisseur 1 le publio de Paris juge 
la musique d'après les décors, les bfibits, les cbevaux capant- 
Qonnés, le velours, le salin, les cuirassm et tout le luxa de la 
représentation. Négligez ces pompeux accessoires, et la (aient dQ 
musicien s'évanouira devant un auditoire merveilleusement im»-' 
pable de l'apprécier. Hain(anant| examines tous les opéras com- 
posés pour notre grand Ihé&tre depuis le 6 avril 1831, jusqu'au 
même jour de 1856, additionnea toutes les belles choses qu'il» 
renferment et les compares à la seule partition i'Evrimtt; 
pesez tout cet or au poids de l'or, et vous verrez de quel cot( 
penchera la balance. Vous aimes la musique; vous aves la pré- 
tention de régler le goût en Europe; et vous permettez que des 
0i«£s-d'cBuvre tels que Moisê, GuillauÊM TtU, soient coupés, 
(aillés, démolis, réduits à des proportions indécentes et ridicules ; 
tandis que vous supportez, voue dégustez peut-être 1 dans toute 
son intégrité, l'harmonique htras du Prophèu et du JwftrrunU 

Après un mois de clôture, l'Académie, royale de Musique 
«uvre Bonspeolaole, leSjuin,par GuiitautMreUetiaSomnai»- 
^uJs, ballet. La salle vient d'dtre restaurée et son aspect est fort 
beau. Des girandoles atiacbées aux colonnes, & la hauteur des 
pruoières loges, portent d'éblouissantes clartés vers les régions 
éloignées du lustre. 

Prosper Dérlvis, flls de Louis, débute par le r61e de Phuaon 
dans JfoÎM, réduit à trois actes. Succès, n mituntH issL 

La 20, Hussein, dey d'Alger détrôné, fient ouister à la repi^ 
mtatioB du Siigt ê» Corinth*. 



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£28 TH&ATBES LYRIQUES DE PARIS. 

L'Orgie, ballet en trois actes, présente sous de nouTelles 
formes le sujet de Léoeadis, déj&prodnità rOpéra-Comiquepar 
H. Scribe ; cet auteur a souvent traité le tbàme eu deux façons. 
L'Orgie, mise en pirouettes par Coralli, en musique par H. Ca- 
rafa, soutenue par la vigueur et ie charme d'exécution de H"* Le- 
gallois, très séduisante Lôocadle, n'obtient qu'un succès 
médiocre. iBJnUMissi. 

Lt Philtre, opéra en deux actes, cempositioa gracieuse et 
légère de H. Auber, est applaudi le 13 octobre. Nourrit est char^ 
maot dans le râle du jeuue paysan amoureux, il dit les scènes 
comiques avec autant de naturel que de gaieté. Levasseur chante 
fort bien la partie de Pontuiarose, te charlatan, et joue avec une 
gravité souvent très plaisante. Dabadie est ud vigoureux sergent, 
il fait son service de manière k mériter l'estime de ses chefs. 
U"' Dorus se place au premier rang, son talent de cantatrice est 
en progrès; elle met beaucoup d'esprit et de finesse dans les 
scènes de coquetterie du rôle de Tfaérésine; celui de Jeannette 
est secondaire, M"* Jawurek le rend fort agréable. Succès bril- 
lant. Nourrit proclame les noms desauteurs. On avait jusqu'alors 
conflé cette mission & l'un des trois chefs du chant. C'élsit une 
innovation fort adroite. Le public revoit avec plaisir l'acteur qui 
Tient de le charma, il lui donne de nouveaux applaudissements, 
et traite les auteurs avec la même libéralité. Le chef du chant, 
en habit noir, eùt-il porté l'épée au coté, n'inspirait aucune s}m- 
pathie. Traduit en italien sous le titre de SElisire Ramure, le 
livret de U. Scribe est remusiqué par Donizetti. 

A la an du premier acte de l'opéra nouveau, le rideau s'abaisse 
et vient donner la faculté de changer les décors sans le secours 
des machines. Depuis le 19 mars 1671 jusqu'au 13 octobre 1S31, 
depuis 160 ans , le rideau , levé sur les derniers accords de l'ou- 
verture, ne s'était abaissé qu'après le dénouement de l'opéra, 
du ballet. La scène était à découvert pendant toute la durée d'une 
pièce, qui, le plus souvent, composait le spectacle en entier, et 
tous les changements de décors se faisaient k la vue du public. 
Gluck avait imposé silence à l'orchestre pendant les entr'actes, 
la nouvelle direction imagiua de cacher à nos yeux les illusions 



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ACADKHIE ROYALE DE MUSQUE. Z» 

de la scène ; le repon devait filre complet pendant ces temps 
d'arrêt de l'action dramatique. Une disposition plus ingénieuse, 
plus féconde en résultats excellents, plus régulière, plus facile 
et moins périlleuse des moyens employés par le décorateur, la 
possibilité de creuser des vallées, de bâtir des montagnes, des 
escaliers, des tours, des galeries praUcables et même des voûtes 
de cathédrales, une grande économie dans la dépense, tels furent 
les principaux avantages de cette innovation, que le public adopta 
dès le premier jour. Des toiles particulières, nommées rideaux 
de tentée, abaissées k la fin de chacun des quatre premiers actes, 
étaient suivies par le grand rideau, qui, tombant sur le dernier 
accord de l'opéra, du ballet, aboon^t la conclusion solennelle 
du drame représenté. 

H^ Julia remplace H*^ Taglioni dans fe Dieu et la Bttyaàère; 
l'entreprise était difficile, le succès en devint plus éclatant, 
' Aoft«rt-{«-2>tai)fefaitsonentréeàrOpérale21nOTembrel83t; 
succès complet, brillante victoire. Le livret bâti sur une légende 
populaire a de l'intérêt et surtout de la couleur, des contrastes 
dont le musicien a su tirer parti. Ce livret est au moins pour 
moitié dans la fortune de la partition. En s'^oignant de la route 
ouverte par l'auteur de GmtUume TeU, H. Heyerbeer revient au 
genre de l'ancien opéra français. Ses airs etses duos sont déclamés, 
parlés même ; son récitatif est sans cesse accroché par des tndts 
de chant figuré. Orner constamment la déclamation notée, faire 
tonner l'orchestre & chaque mot, à chaque geste de l'acteur, c'est 
renoncer â l'effet que ces moyens aurûent produit en arrivant & 
propos dans un air véhémeat et passioDoé. Comme cet air pro- 
nus, attendu ne se présente point, le musicien est justifié. 
Robert et Bertram n'ont pas un seul air à chanter. Bertram dit 
une fort belle phrase, que l'on voudrait entendre une seconde 
fois ; quelques additions de peu d'importance suffisaient pouren 
former une cavatine avec chœurs d'un effet incisif. La première 
romance d'Alice est délicieuse ; une harmonie piquante de nou- 
veauté, d'artifice, y charme l'oreille. Pourquoi faut-il que trois 
notes de hautbois, «i sol mi, viennent frapper d'aplomb sur le 
•i te «ol de la voix, et troubler par cette rencontre inutilement 



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ttO ratATRES LYItlQtrES DE PAU». 

acerbe, intolérable, les douceur» d6 notre jotllsUncëT LA teèâi 
des tonlbsaux est pitloresque. Le premier air d'isabéllô à dé 
l'éiégaDce ; le duo qu'aie dit afoc Robert éit pleiti de chaleur, 4t 
passion; le finale, maia non, la queue du quatrième acte eit 
brillante, le choeur des moines admirable, le trio victorietll. 
Voilà comment 11 faut terminer un opéra. Cet effet de creseentM, 
ce jiTogrèb, secondant îi ravir la loarche plus atiimée du drame, 
Mt éclater les bravos au bon moment, enlève le snccea. 

Maintenant il me Sera permis de dire que la partie comiquA 
est traitée d'une manière vulgaire, triviale pnr le ttiUsiden ; que 
les paroles sont estropiées par la natation ; que les sirs de dansé 
manquent de mélodie et de nouveauté; que le àtioDeseketaltèn 
de ma patrie semble pris à quelque vieux opers de Monslgny; 
qae des ftirs populaires italiens, français, allemands, se sont 
donné rendez-vous dans la partition de Robert-U-tHablt, ot l'6i 
Ifodve même Tu n'auras pa«, pitit politton, La biottdina in gon- 
doletta mal déguisée, et, vers la fin du quatrième acte, Ift câdéDl^ 
hardie, originale, éclatante, qui déjà terminait l'ouverture de 
GwttlautM Tell. Robert-le-ÎHabie est un cher-d'œuvre; out, 
puisqu'il est celui de M. Meyerbeer, et l'ouvrage le plus complet 
que ce musicien ait produit. D«r Fréyschiitz, Ewriante, Obértm, 
sont des chefs-d'œuvre de l'art, parce qu'au mérite du style ils 
joignent celui de l'invention première. Ce sont des créations 
munies de leurs brevets délivrés en 1821, 2V, 26. Robert et 
kg Hugumàu procèdent évidemment de ces types. Der Freys- 
eMU ««MM Robert, EuHante miém ttatit Ut Huguenots, Obê- 
ronmmtm «nkit rien OU bien peu dechose. Examinez l'ensemble, 
porleï un œil curieuk sur les détails et vous trouverez les pièces 
probantes de cette généalogie ; vous rencontrerez même, dans 
Iti Hug^unou, un adque m8lheureu>: de la romance d'Eurianie. 
Lorsqu'une idée originale est mise au jour, travaillée avec uh 
artifice admirable, Il est au moins inutile de h trouver une 
seconde fois. La blanehB hertnive pouvait chanter et se faire 
accompagner d'une autre manière. Voilà pourquoi j'ai mis 
Weber au rang des musiciens qui donlinent la quatrième épd- 
qtw â« tiMre AMddmle de Musique. 



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ACADEMIE ttOTALG DE HDSlOUe. 231 

— Celui qui suit toujours riâ sem juntils te premier, • dMit 
Michel- Ange Buonarolli. 

Puisque M. Meyerbeer avait abandonné Rossinl, son prefnlW 
modèle, pour se mettre k la suite de Weber, nouveau pattàit 
qu'il s'était choisi, M. Meyerbeer derait se montrer le digne 
écu^er, et non pas l'imitaleur, le copiste du paladin, du héros 
dont i) suivait les paA. Atmède sa Dui^ndalou de la Tourchedé 
Samiel, Weber sabrait des ouvertufes scintillâmes flft génie, d'es- 
prit, de talent et d'un éclat toujours victorieux. M. MeyerUeW 
aurait dû préluder aux Jeux de Robert et des ItuguinàU par UM 
symphonie dramatique de haute portée, au lieu de se borner k 
des brrrrr fastidieux , sempiternels de violons trémolants Sur 
lesquels on voit apparaître des accords de trombones, it)trô> 
ddctions plus embrouillées que savantes. Une belle OuVeMuré 
prépare, propage, éternise le Succès d'un opéra. Lspiéte qu'elle 
' annonce peut tomber et disparaître, son ouverture échappé tiU 
naufrage et va proclamer le nom de l'auteur illustre de DfMth 
pkim, du Jeune Henri, de ntôtelterie portugaite. 

Malgré toutes ces observations critiques, Robert'le-Diâbte n'ôH 
est pas moins une œuvre très remarquable dans ton ensemble, 
superbe dans quelques fragments. Succès immense et productif. 
L'ouvrage fut admirablement exécuté par Nourrit, Levasseur, 
Lafond, M"* Damoreâu, Dorus, par les coryphées, les cho- 
ristes et l'Orchestre conduit par P. Ilabeneck. Les rdles de Ber* 
tram et d'Alice placent Levasseur et M"* borus an premier rting 
de nos âclcura lyriques. L'n pas de cinq, oÛ M"" Noblet, Môn- 
tessu, Dupont, Juliaflrenl des Merveilles, oûPerrot se conduisit 
à ravir, et quelques danses d'ensemble ornaient le deuXlËtné 
acte. Au troisième, la gracieuse et séduisante Marie Taglibni 
dirige le chœur des nonnes baladines ; felfet qu'elle produit est 
vrtiimeiit enchanteur, et l'on conçoit que Robert se donne au 
diable pour lui plaire. Tous les décors sont beaux ; ils sont tous 
de M. Cicérl; celui du troisième acte est magnifique : le clair de 
lune est d'une vérité parfaite. Les cUstumes sont riches et bril- 
lants ; la danse fait beaucoup d'honneur à Coralli, et la mise M 
scène i M. Dupodchél. 



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232 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

Après avoir signalé ce grand succès, il me reste k parier de 
trois chutes. Elles ont eu lieu sur le théâtre, pendant U repré- 
sentation de Robert. D'abord, un arbre armé d'échelons et poi^ 
tant des quinquets, est tombé du coté jardin, en travers de 
l'avant-scène : il pouvait casser bien des têtes si le chœur eût été 
sur le théâtre. Fort heareusement, M"* Dorus l'occupait seule, 
et le bon gëoie, qui la conduit, en cette pièce, la retenait au coté 
cour. Au troisième acte, un nuage est tombé, non pas du ciel, 
mais de toute la hauteur des frises. Comme les nuages de l'O- 
péra ne sont pas faits de plumes, une des fortes barres qui l'en- 
cadraient faillit briser les jambes de M"" Tagliooi. Vous voyez 
que ce nuage était plein de maUce. Heureusement encore, 
H'" Marie avait pu juge' la balle. Étendue sur une piÈire la- 
mulaire, elle ^ait bien postée pour regarder en l'air et se sauver 
& temps. Au cinquième acte, Bertram s'abtme dans une trappe, 
ot son âls, désirant lui témoigner un reste de tendresse, suivit 
parmégardele même chemin. Nourrit, faisant la cabriole, dis- 
parut; et si H"° Dorus ne s'était prudemment assise sur le par- 
quet, elle dégringolait aussi. Voilà nos trois chutes expliquées ; 
^es n'eurent aucun résultat fâcheux. L'ange gardien était là, 
sur le rideau, déployant ses ailes, comme au temps où l'on re- 
présentait les mystères de la passion. Angélus custoB, il pré- 
serva les acteurs de tous ces dangers. Nourrit, blessé légère- 
ment, se hâta de traverser Le labyrinthe des dessous et reparut 
en scène pour le dénouement Justement alarmé , le public en- 
core ému, sous l'impression du trio dans lequel ce virtuose 
s'était montré chanteur et tragédien, l'applaudit avec enthou- 
siasme. 

Tous les journaux firent un éloge pompeux de Rob«rl-le' 
Diable, et ces louanges étaient justifiées par de beaux fragments 
qui brillent en cette œuvre. Jamais succès n'avait été si large- 
ment préparé, jamais financier n'avait graissé tant de plumes et 
tant de pattes! et cep^dant pas une de ces plumes, pas une 
seule de ces patles ne put se défendre d'écrire : —Après Guit- 
laume Tell, Robert-le-Diable est le meilleur opéra que nous 
ayons entendu, fêté depuis vingt-cinq ans. » Cet aprèt unamme 



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AGADËHIE ROYALE DE MUSIQUE. 233 

est désespérant, n'est-il pas bien cruel de la part des écrivains 
sur lesquels OD était en droit de compterT Épisode à joindre anx 
Malheurs «f un Amant heurtux. 

L'auteur de Guillaume Tell avait fait arriver un i, voyelle sif- 
flante et sans éclat, sur un yi aigu. H. Meyerbeer a reproduit 
la même faute dans Robert-le~Diable; son i malencontreux ne 
vient pas moins serrer les dents et le gosier de son ténor, bien 
que la voix s'arrête sur un la. Lorscpje certains mots s'opposent 
au déploiement du son, le musicien doit changer ces mots ou 
renverser la construction de la phrase, afin d'amener une voyelle 
ouverte sur sa note éclatante. 

Trompons respénnee homid. 4e, 

Dea chevaliers de ma patri e. 

Ces versicules iocbantables deviendroDt parfaits de sonorité 
limpide, si vons dites : 

Trompons rbomidde espéran ce, 

Donteriez-Toas de ma vaiUan ce. 

Ce fameux ut de poitrine, si bien noté sur la partition de Guil- 
laume Tell, et que je n'ai jamais pu saisir au thé&tre où tant 
d'Arnolds parisiens et provinciaux ont déSlé devant mes oreilles, 
cet ut que Lavigne, Haitzinger nous prodiguaient naïvement 
sans se douter qu'on en ferait plus tard une merveille ; cet ut 
flambant de G. Davide; cet ut que Tamberlik, émule du vir- 
tuose italien, fait sonner même quand il est orné d'un dièse ; 
cet ut devenn mythe pour notre public, et que les provinciaux 
applaudissent de confiance, supposant qu'ils l'ont entendu, 
vient d'être supprimé judicieusement à l'Académie. Le ténor 
Gueymard ne veut plus se rendre complice d'une vieille mys- 
tification. L'absence de cet ut lui donne le moyen d'attaquer le 
la qui le suivait, de faire sonner ce la de telle sorte, que le pu- 
blic, peu malin de sa nature, croit qu'il entend son ut ébréché 
tant de fois, croit qu'il l'entend sonner victorieusement et l'ap- 
plaudit avec fureur. 

La mythologie est en discrédit nuûntenant ; elle reprendra 
tous ses avantages quand un homme de talent saura la mettre 



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234 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

eh œuvre. A l'Opéra, les nymphes sont pourtant un Objet dé 

première nécessité. Vous avez fermé la grotte deCalypso; le sein 
d'Amphitrite ne s'ouvre plus pour nous présenter un assortiment 
complet de néréides et de tritons. La mer est devenue stérile; 
cherchons les nymphes dans un autre élément, car il nous eil 
faut; sans les nymphes, point de ballet, ou du moins peu dé 
ballets. Elles sortaient des ondes , qu'elles descendent vivement 
de la voûte azurée; les fleuves nous les refusent, le brouillard 
nous les rendra; croyez que ces demoiselles n'auront pas moins 
de fraîcheur. 

La Sylphide nous a fait trouver ces nymphes de l'air. M"" Ta- 
glioni , la sylphide par excellence , remplissait le rtlé principal 
dans ce ballet, dont Tagltoni régla les danses, les groupes sur le 
livret composé par Adolphe Nourrit On lui sut gré d'avoir 
fait danser beaucoup M"* Taglionî. Un pas fort bien exécuté paf 
Emile et la charmante Julia , mérita de vifs applaudissemenls, 
de même que le quatuor où brillaient Coulon, M""' Nobiet, Du- 
pont, Leroux. Le second acte offrait une entrée délicieuse et de 
l'effet le plus original : les sylphides groupées par quatre, arri- 
vaient par le fond jusque sur l'avant-scène, et formaient ensuite 
un ensemble ravissant. Je ne dirai rien d'une douzaine de syl- 
phes et sylphides que l'on suspendit & des fils de laiton. M"'Ta- 
glioni ravit l'assemblée de ses admirateurs par l'étonnante lé- 
gèreté de sa danse, le charme de ses poses. Mazilier joue avec 
intelhgence et chaleur le rOle de l'imprudent amoureux de celte 
fille de l'Air, il ose danser un pas avec elle et réussit. A ce livret 
ingénieux se joignait l'excellente musique de SchneitzhoefTer, 
œuvre infiniment remarquable dans un genre qui peut devenir 
important lorsqu'un homme de talent et d'esprit veut bien l'a- 
dopter. Succès merveilleux. 12 mars ib33. 

Un épisode, un fragment du ballet ambulatoire composé par 
le roi René d'Anjou, comte de Provence, en 1462, est mis en va- 
riations pour notre Académie. lou Pichoun juè di Diable ou 
VArmetta, entremet de la procession d'Aix, devient un bailel- 
opéra en cinq actes, représenté le 20 juin 18^, sous le titre de 
la TeTitation. Ce ballet dessiné dans l'ancienne manière, comme 



ityGoO^k' 



kGkOÊMIt HOTAI.B DE MUSIQUE. 23!t 

dB Iflft ntSBit du temps de Charles Ht , est métë dé r^ctts et de 
fihœun, drame aussi ridicule, aussi bizarre qu'un opéra comique 
(tançais, dans lequel on chante, on parle tour h tour. Malgré \ei 
ûlscours vocalises par M"*' Donis, Dabadie, Jawurck; malgré 
les eRbrts des choristes, l'action du nouveau ballet ne put être 
suivie que par les siwclateurs munis d'un programme. Les au- 
tres ne comprirent qlje les scènes et les détails empruntés au 
Monam, h Fauêt, k Paal et Vifglnie, k Flore et Zipkire, à Jto- 
bert-le-Dlable, ft Macbeth, h. la Sylpftide, k Vingt autres pièces 
dont ta Tentation était le i^sumé. 

Un nouveau système de décorations que l'on veut Introduire, 
enlève k l'Opéra toute sa ffiagiu, ptilsqu'il ne permet plus d'exé- 
cuter le changement k rue. Ces échafaudages que l'on dresse 
pendant des entr'actes interminables ; ces décors qu'il faut rendre 
solides pour les charger de personnages vivants, agissants, île 
sont plus que des objets matériels, réduits à leurs formes exlguSS 
et mesquines. Les lois de la perspective, observées sur Isa toiles 
peintes, donnaient une hauteur prodigieuse a vos montagnes) 
leur cime s'abaisse au niveau d'un premier étage, d(i moment 
qu'un acteur de cinq pieds la domine, at permet ainsi d'en mo" 
surer l'ambitieuse petitesse. Des anges, des diables portant dés 
ailes de six pieds d'envergure, alourdis , écrasés par cet Incom' 
mode fardcati , se pressaient, se heurtaient, s'accrochaient sur 
Un escalier construit pour l'usage de ces bipèdes eniplumés. L'n 
escalier pour des oiseaux 1 le bâton du perroquet n'ei'il-il pas été 
sufllsanl? Si la Tentation avait réussi complètement, si le public 
avait adopté cet ouvrage bizarre et pompeusement ennuyeux, 
c'en était fait de l'art, le ballet n'aurait plus été qu'une panto- 
mime diatoguée, si j'ose employer une expression empruntée 
aux affiches du boulevard. Coralli dessina les danses, HM. H^ 
lévy, Gide écrivirent la musique de la Tmuuion sur le livret dfl 
Cave, directeur des Beaux-Arts. 

M'>* Duvemay, jeune et très Jolie danseuse, brille d'un vif éclat 
dans le personnage de Miranda, L'énergique légèreté , l'expres- 
sion dramatique de Simon dans te râle d'Astarolli méritent de 
flOOlbreut applaudissements. Les trompes de chasse, donnant & 



ityGoo^k' 



236 THEATRES LYRIQUES DE PARIS, 

plein tuyau sar la scène, offensent plus d'une oreille sensible ei 
dâicate. Deux chœurs de H. Halévy, un galop diabolique de 
H. Gide, sont distingués. Un aide machiniste saisi par des cordes 
au moment où l'on préparait le dernier changement , arrêta le 
spectacle avant sa fin, et ne permit de montrer le paradis qu'à la 
deuxième représentation du nouveau ballet. 610 costumes furent 
taiDés sur pièce et confectionnés pour la Tentation. Ce nombre, 
que l'on n'avait pas atteint depuis 1770, doit être surpassé. 700 
jtersonnes figuraient sur le thé&tre pendant la scène de l'enfer. 
Rohertrle-Diable est remis eu scène le 2 juillet 1832; M"* Do- 
rus cède son râle d'Alice à M"' Cornëlie Falcon, et chante celui 
d'Isabelle avec autant d'aplomb que de talent. I^ seconde repré- 
eenlation de l'œuvre de Ueyerbeer offrit une autre combinaison 
d'acteurs : M" Damoreau avait repris la partie d'Isabelle, et 
Dérivis fils, chargé du personnage de Bertram, figurait à cAté 
de M"- Falcon. 

— Ces detu élèves foui le plaa grand taonnenr à notre Conservatoire; 
avec de semblables produits annuels on ne doit pas désespérer de la 
^lAn et de la prospérité de nos théltres lyriques. L'Opéra vient de 
trouver le sojet qni Ini manquait, nne jenoe femme, dont la voti puis- 
sante et gracienie convient aux effets les plus hardis , aui passioas les 
plus animées du drame et de la magique. La manière fense dont elle 
a dit le duo du second acte et le trio du dénouement, la douce expres- 
af on qu'elle a donnée à la romance délidense ; Va, dit^Ue, mon enfant ! 
décèlent un beau talent d'exécution. Son jeu, son intelligence drama- 
tique, son aplomb, nous promettent une actrice excellente. Une taille 
assez élevée pour couveuir t toutes les héroïnes d'opéra, une jolie figure 
animée par de beaux yeux et couronnée par une cheveluro noire, beau- 
coup de mobilité dans les traits, tels sont les avantages extérieurs de 
H^ Falcon. Le costume d'Alice, la pèlerine, s'oppose à ce que je porte 
pins loin une description que je m'empresserai de compléter, lonqu'un 
habit de page, de nymphe ou de princesse, noua aura montré d'autres 
perfections. Sa voix est un soprane bien caractérisé, portant |dns de 
deux octaves de ti en ré, sonnant sur tous les points avec une égale 
vigueur. Toix argentine, d'un timbre éclatant, incisif, que la masse des 
choeurs ne saurait dominer, et pourtant le son émis avec tant de puis- 
sance ne perd rien de son charme et de sa pureté. H"* Falcon attaque 



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ACADËIDE ROYALE OE MUSIQUE. 231 

la note hardiment, la tient, la aene, la maîtrise sans effort, et loi 
donne l'accent le plus convenable an sentiment qu'elle vent esprlmer. 
Beanconp d'ame, une rare Intelligence musicale, l'accord parMt de sa 
pantomime avec la mélodie qu'elle exécute, sont encore des qualités 
précieuses que l'on ■ remarquées dans ce jeune talent.... 

■ Le succès que la débutante vient d'obtenlr^dans Robert-U-Diable est 
aussi brillant qu'elle a pu le désirer; les applaudissements les plus 
flatteurs ont éclaté dans toute la salle à diverses reprises, et pendant 
le trio final des cris d'nn véritable enthousiasme se sont fait eotendre. 
D'une voix nnanime le public a rappelé l'actrice sur la scène aux denx 
représentations. On croit pent-Alre que M"* Falcon donne au rAle d'Alice 
une existence nouvelle, et qu'elle a de beaucoup surpassé M"* Doms; 
non, et je ne crains pas de le dire; j'aime mieux, pour ce rôle de petite 
AUe, les blonds cheveux de U"* Donis, ses sccen ts moins vigoureux mais 
plus nalbfSapantomimeBufBsamment dramatique. H"' Palconavouln 
donner i^ns d'énei^e à l'eipressioD de ce personnage. Plusieurs fois elle 
a réussi, mais sa manière n'est point exempte d'exagération. Cette jeune 
personne se laisse entraîner par ses inspirations, et ne conoail pas en- 
core la portée de sa force. Cest un athlète gui vous donne une poignée 
de main en signe d'affection, et qui, fort innooemmant, vous met à la 
torture en écrasant vos doigts sous sa patte de lion ou de homard 

■ M*^ Falcon est très jeune; & dix-bnit ans elle peut bien attendre quel- 
ques mois pour avoir nn rftle nouveau, qui lui prépare une explosion 
plus éclatante que la première. Qu'elle travaille le chant au Heu de 
s'amuser à jouer la tragédie. nous fout une Saint-Huberti , maie une 
Saint-Huberti de 1833. H"* Falcon peut noua la donner si elle stft Uen 
employer son tempe. » 

Voilà ce que j'écrivais le k juillet 1832, deux jours après le 
début de H"* Falcon. Nous avions le projet de mettre en scène le 
chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre, Don Juan de Mozarl. M"* Fal- 
COD avait à peine chanté deux actes de Robert-le-DiabU, que 
j'allai sur le théâtre lui faire mes comphinente, et dire k M. le 
directeur : — Voilà notre donna Anna trouvée, nous sommes en 
force pour attaquer Don Juan. » 

le .Serment ou le» Faux-Monnayeura, opéra en trois actes, de 
HH. Scribe et Hazëres, musique de M. Auber, est reçu froide- 
ment. On applaudit un beau chœur d'hommes, un air de bra- 
voure très-bien chanté par M"* Damoreau. 



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23S raUTOss i-YNouBS im paru, 

U"* Louisç Fiti'J^mes déttuta. le piâaie uir, kmb ob bvilli^ 
^llCXèià&oiletPagftfi^iiMda FfitddfM, ballat.i'iHtobreisn. 

CiMQP pour mémoira NathatU ou la LaitOrê miM», ballet en 
deux aobu, deTagUûDj, musique deGjrovetz et de M. Carafa. 
7 noTembre issa. 

Guttavê ou le Bal masqué, opéra en cinq actes, de A|. Scribe, 
musique de H. Auber, et son chef-d'œuvre. Les scènes passion- 
nées y sont traitées avec énergie, tout ce qui tieqt à la partie 
gracieuse de l'ouvrage est d'un coloriç origÎBal etcharniantt ifll 
airs de ballet sont délicieux, l^ cipQuiÈmfl m\e, celui du bfi, 
est ravissant ; costumes, ùécan, danses, exâcutiou, tout est puw 
fait, ûëtaolié âe l'opéra, ce bal devient euEuite un ^meat pré- 
cieux pour compléter et finir un spectacle. Nourrit, Levasseur, 
Massol, Dabadie, Dupont, Prévost, Wartel, H^^Palcon, Doras, 
M*' Dabadie paraissent dans Gustave, j'ai déjk feit leur éloge. 
Les danses étaient de Tagtloni ; les décorations de UM. Philas- 
tre, Cambon et Cic^ri; la mise en scène de SI. DupoQcbd- 
17«¥rierl833. 

Voici ce que j'imprimai sur ce bal quelques jours sprè^ ; 

n- 1,8 thétlre raprteQta um Inmsiiie gaisria, terminée an fond pir 
tuite salle de BpeoUdes. Les logw, les tribunes, les balcons, sont 
pleins de oourtiHUi et de courtluoes, le parquet est couvert de nai- 
qOfS de toutes les CQUleura. Troupes de bwgèrai, de folies, naladeiel 
bwicliiuitea, c4B8«Qdres et pieiTOti , depuis Hercule jusqu'au naloturc, 
depuis Jupiter jusqu'au valet de carreau, tous les persoDosges careo- 
térÎBtiques soot représentÉt dans cette file. C'est éblouissant d9 la- 
mlëres, de mouvemeot et de gaieté, quand toute celte armée bala- 
dins vient se montrer en détail ou s'élance au galop ep long, eu laqs, 
et tourbillonne au gré de ses caprices. La beauté d'un décor sur le- 
qud Boliante lustres versent des flots de clarté, la Traicheur, la ri- 
ohesie des habits, le brillant éclat des couleurs, la réunion des cog- 
tUQiaa de Dotra ballet aux oostumea adoptés pour ce genre de spectacle 
du temps de Louis XllI; l'Arcbileoture, la Musique, l'Ivrognerie, le 
Jeu, etc., persoDDtiiés ; les hânw se mêlant aux paysannes, et les 
sirènes avec les ménétriers, tout cela formait un coup d'œil anchui- 
teur, dont les figures et les groupes changeaient ï chaque instant. M* 
applaudissements, des bravos, des cris d'aduiralion, da m 



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ACUiEMŒ ïtOYAl.E DE HDSïQaii:- »ft 

Relaté de toutes parts an moment où l'on a bit l'exhibitioi) de cet mtit- 
veillea.» 

Itossini devait écrire, en six ans, troîB opéras de grapd cali- 
bre pour notre Académie. D'après son engagement avec le minia- 
tëre, il recevait, en dehors de ses droits d'auteur, une prime de 
10,000 fr. par an Jusqu'à l'expiration de sa sixième année, et la 
livraison du troisième opéra. Guillaume Tell, n" 1 de celle four- 
niture, écbantiUen très rassurant; Guttane, n^S; le Ducd'Albe, 
a' 3. Comment se fait-il que le grand maître, à l'âge de 37 ans, 
exhubérant de santé, de verve, de génie, se soit arrêté sur leQ° 1 ? 
Lui qui tenait encore une demi-douzaine de chefs-d'œuvre dans 
son écrinî Comment se fait-il qu'il ait rendu l'excellent drame 
de Gustave, et le Duc d'Albe, qui doit être au moins le cousin, 
s'il n'est le digne frère de ce Gustave ? qu'il les ait rendus à 
M. Scribe, lequel s'est empressé de les placer le mieux possible I 
en tes confiant à U. Auber, à Donizetti, qui n"a pu terminer sa 
partition? Comment?... Comment?... C'est le secret de la co- 
médie I 

L'inBniment riche Tallejrand de Périgord avait une infinité 
de créanciers qu'il ne payait pas souvent. Un des moins patients 
de ces infortunés le poursuivit jusqu'à la porte de son cabinet, 
ÇD disant; — Degr&ce, monseigneur! quand serai-je payé? 
— Vous 6t£â bien curieux, » lui répondit le prince. 

Tuer un roi, même de Suède, au milieu des joies baladines, 
parut d'un très mauvais exemple. Il est des choses dont il ne 
faut pas montrer la trop facile exécution. La mort de Gustave 
supprimée, tout l'édifice dramatique s'écroulait, il ne restait que 
te bal, épisode charmant, échappé du naufrage causé par un 
vent politique. Mais que diront les auteurs? De cinq otez quatre 
reste un. Voilà donc leur opéra diminué des quatre cinquièmes, 
leurs écus de cinq francs ne vaudront plus que vingt sols. Point 
du tout; un fragment de pièce a droit sur la recette comme une 
pièce entière. Bien mieux I si dans une représentation extraor- 
dinaire, on donne trois actes empruntés à trois opéras difTé- 
renia, les droits d'auteur seront perçus comme si les trois 
ouvrages avaient été dits en entier. 



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240 THÉÂTRES LYRlf^JES DE PARIS. 

M"* Dorus s'anit par légitimes Dœude à M. Gras, violoniste 
fort babile de l'orchestre, et prend le nom de Jf™ Dorus-GroM, 
M^Cinti-Damoreau fut bien tôt appelée Jf" Damoreau, M" Do- 
rus-Gras deviendra tout simplement M" Dorus, par une abré- 
viation prise en sens contraire. 

A septante- trois ans, Chenibini se lance encore dans la car- 
rière dramatique, et donne, le 22 juillet 1833, Ali-Baba ou les 
Quarante Voleurs, opéra en trois actes, dont MM. Scribe et 
Hélesvilie avaient refait le livret, en suivant à peu près la mar- 
che d'une pièce écrite, en 1791, par Duveyrier-Mélesville père 
et portant le titre de Koukowgi. Ali-Baba, qui renfermait des 
beautés musicales, n'obtint qu'un succès d'estime. 

La Révolte des Femmes, ballet en trois actes, deTaglioni, mu- 
sique de M. Théodore Labarre, où Marie Taglioni brillait au 
premier rang, entourée de huilante amazones s'escrimant de la 
lance et de l'arquebuse, obtient un succès merveilleux. La scène 
des harpes, celle du bain, sont d'un effet charmant. Une musi- 
que expressive, mélodieuse, énergique; la pompe, l'agréable 
.variété des costumes, des décors et de U mise en scène, tout 
s'unit en ce ballet pour l'agrément de l'oreille etdes yeux. Figu- 
rez-vous Perrot et M"* Taglioni bondissant comme des ballons, 
rasant la terre qu'ils effleurent ii peine, s'élançant dans l'air 
comme ces ballérins que la fantaisie du peintre a représentés sur 
lesmursdePompéia, d'Herculanum, exécutant ce que l'art a de 
plus fort et de plus difficile, avec autant d'agilité que de grâce. 
A ces virtuoses , unissez la perfection élégante, le fini précieux 
de M**" Noblet, Dupont, Julia, la séduction des poses de M"* Du- 
vemay, la vivacité piquante de M~< Montessu, le talent mimique 
et plein d'expression de M"** Legallois, Pauline Leroux, Élie. 
Formez ensuite des trios, des quatuors avec des danseuses telles 
que H"*» Fitz-James, Roland, Vagon, Brocard ; groupez autour 
de ces parties récitantes le chœur dont je viens de parler, et 
TOUS aurez une idée de l'exécution de ce ballet, que l'on appela 
bientôt, le lendemain peut-être, laRévolfe au Sérail. Les décors 
étaient de MM. Cicéri, Léger, Feuchères et Despléchin. t détem- 



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ACUmm MVALB M MUSIQUK. 141 

Des damean espigK^ lont ^t|daudiB Iet5}BDVierl8tt;Us 
BgureDt dans hi Muette de Portki. 

Tout M qoe la tragMia a do plus effrayant, le meurtre, Iw 
apparilioiu fontastiqnes; tout ce que la oomMie a de plus fart- 
Ueux, tous les contrwtes que le musicien solicite >e raKontraot 
ingéaîeuseaient combioés dans le drame de Don Aum, dief- 
d'atovre du livret d'op^ comme la musique de cm ounage est 
le chef-d'oBOTn de la partition dramatique. 3'afais déjà fatt 
représenter Don Juan k l'Odéon. Pour amener cette pièce k l'Aca- 
déoiifl, il fallait mettre en t(hv le dialogue que les acteurs de 
rodéoo étaient obligés de parier : un régiraient altsarde le vou- 
lait ainsi. Mon flls entreprit ce travail, H. Emile Deschampi se 
mit à l'caumi aussi. Le cbarme de leur poésie, la fraidaenr des 
idées, se firent jour à travers le voile musical. La scène de 
séduction entre Don Juan et Zeriine futremarquée et saluée par 
des témoignages unanimes d'approbation ; d'autres fragments 
obtinrent la même faveur. Leur livret est le mieux écrit que l'on 
ait jamais applaudi sur nos tbé&tres. Je dis leur livret parce 
qu'ils avaient traduit eo entier la pièce de Da Ponte, en adoptant 
les idées d'Hoffmann sur le caractère et les sentiments de donna 
Anna. Ce livret était lu dans la salle, et les acteurs chantaient 
ma traduction qu'il avait bien fallu conserver sous la mélodie 
pour ne pas en altérer les contours. Égarés pendant les morceaux 
de chant figuré, ces lecteurs reprenaient le fil de l'intrigue au 
retour du récitatif. 

Don Juan fut exécuté de toutes manières avec une perfection 
jusqu'alors sans exemple. Nourrit, Levaaseur, Lafond, P. Dérivis, 
Dabadie, représentaient don JuaQi LeporeËo , don Ottavio, le 
Commandeur, Masetto. Les nUes de donna Anna, de Ziffline, 
d'Ëlvire étaient confiés h H°™ Falcon, Damoreau, DtHus, quel 
triol Le charme, la vigueur, l'élégance du talent de Nourrit se 
déployent victorieusement dans le réle de don Juan : chanteur 
et comédien , il atteint le point culminant de sa réputation. 
Levaaseur complète la sienne, et le terrible Bertram se montra 
joyeux et conûque de bon goût sous la livrée de Lepordlo. 
Lafond se fait ^i^udir à trois reprises après l'air d'Ottavio, 
11. i« 



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Mt XlM*TMI UnOUK DR littfi. 

morqenfephu{)âhlIauKd8)rwffi>givrt4Ù,la veiUt, avait tié 
dit par Rubini. P. Dérïvis dooM une grude bayoftuiae à la 
BOtae d«,la.ii«tiib.: MfttUfeatlTeedcaJuaaeslada^nUâd'uii 
boftt ft VantA BaJJMâiaflBl ub «xoellBiit l^aMtto, tt voi& atà d'wi- 
pliainn mow» 4âat le ftealecl le ^extuar. itr fiuniamd 
to«M B4 aplMidau k la partie d'Unie. M^iUsca a toatas las 
qMUliB.ii»'«iie&la i#i fonnidaMa d-'Aaa* , ^ te prouvodt la. 
iDBBièie la ptua twilUate. M"* DasMCMo chaoto déUcùosaneat 
set deoi ain et m>d àioo, troia diamuits.; Nouirit In seooBde k 
HHtTtilie, apiét awrir dit la scèb» àa la séduotioQ airoc auftutl 
da ctauiM ^e dfartiâca. Oa attsnlKl ce récilatil ctwaa on 
attand me cMllins favorite. 

Trois wobntns. aosH^ai nMleBWQlit Oguisieitt sir ta scèao 
paadant Le M , et Kodaisnt avec un easemkto rare i'u&ion da 
ntenuat, de la oontredanie et de la valse, aniod que jfoiart a 
cooibiDée avec tant d'adieue.QuBraBtewiMiciensfurenta<^iDls 
an nonaole aymfibonîstfla académicieiis. Toas las acleurs , qui 
n'aimient pas de rtle daas la pièce chanlaiMt avec la ciwwrt ce 
dtaoBfbremeot doit luire juger du résultat dw fluatee. Je ne 
pariemi point de ta rieheise, de l'éMgante véiiU des oosivEtes 
rd^da par H. Buponebel. 

Après l'oUHrUire, le rideaa ae Idve sur un» rue de Borgos ; 
l'hôtel du OtHDHadeur eat, en partie, vu de ftee, et l'ofl 
pépëin daus la caur à iramn 1m paniques. Ce dteor adni^ 
rable, présenté d'abord pendant la nuit, revîMtt essulte vH<S' 
la te dn preai or acte et parait au grand jour. Goaimetes (Ats 
de lomiàn ne sont pat les luâmes dans Cum et l'antre p(rt> 
tian, que las ombrât «t bies plus de vigueur pawkant la BUit, 
ce dtar fat peint & deux éditions, e'««t absolument le mfm» 
dtaaia repradutt sur d'auina toiles aveo des itinteB difftneoles: 
Cènes, ou ne saurait donner plus de soins (t I» reeiteiTlie de 
la vMté. L'idée et l'exécution de 00 tableau maguiSque appar- 
tiflKMM & M. DesplécbiB. La superbe salle da marbr» était de 
H. ÛMbau ; les paysages dutruianU dtaient (tas au plaoeau 
de ■. Cicéri. 10 narsiau. Voyea HmiHic MiMMnN, tooW L 
pagea ISB à W9, contenant la nvue historique de tous les 



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Ag&OâHIB ROVAU DE MSSWK S» 

Bom fum, àmma ou poèm», ^niMH ou npaèaaaid» jusqu'j» 
ceJMu. 

Paul iBglk»! et sa fenun» duseat n pn styrifla aiw sa». 
orifinaHlA si giaoiaiue, du» gwAiosi ^uelq public dénuda & 
le vdr, ft l'applMidiff bm Koonda fois% Bu 1778^ no bi» de oeHe 
esiièos avait signala da la manière la pla» briUante m pasdansé 
par M"* Guimard et M"' Allard, dans les Petite ftimsi taitafc ds 
NoierK. e«s deux, exemples de la répétîtioa d'un pas >onl les 
seuls qoe tes fastes d» notre ballet aient fflitsgistiés. 

ÏMra' ^Ktadimie, tout h. fait négénérée, possAdHt uB&tooiM 
complète de chanteurs excellente doRt le taleat dmnaiûiae avtdt 
été mis à l'épreuve. Avec des virtuese» tels qu» Mou»il, Lews- 
sear, Datiadie, H"" Falcon, Sabadie, avec des acteurs de cette 
fonte, m v0vlut mettre e» soëae la Vettak, chef-d'œuvre de 
E^wfltïDt, a&UaVtstale, jadis triomphante, uHtcomba. Lestylade 
cette musique ne convenait pas à ses nouveaux, interprètes, îlf s'y 
traiwBieDt dépayiés. La partie des violons, des fltttes, à«e haut- 
bois, écrite dans un dii^Kison tref bas, n'avait pas la nvafiiti, te 
brillant éclat de Forcbestre modenie. s mi, u mu ibm- 

I« 7>»i|MM ou fllt de» Génie», ballet lèevie en deia aetes, 
prêché par vne introduction ou pnlegse', tivret d'Adoiphe 
NounU, denses de Coralli, musique de Scbneilzoefler, déoet'sde 
MM- Cicéri, Feuchëres, Diéterle, Séchan et Desi^échtn. 

Veus eennaissez U Temf4t» de SlMkspaare, oett» création 
bîKwro et fantastique, oti l'on tveuve des scène» si belles et de st 
beea\ earaotëpes^ eh bteni ce n'est pas eeln. L'aiMenr dui nou- 
veau ballet a lait de notable» emprunts a» dname an^ais, mais 
ilamnstFult uneautneiMécâ, arrangée, ajusliiepouii les acteurs 
qai devaient nascBuvrer sens sesi ordres. Des- mûnes, des dan- 
seurs ne s'exptiqDenl prtnt par des mo^ne ordinaire ; en penou' 
çaat à la parele, ils s'in^osent den diffbHiltéft fort enbarnssaeleB 
paur les awtears de livrets^ Le énnle et les décors de Ut TampU» 
prtsenttat des tableama très variés, la nwsique a^ digne du 
maître k qui nous devons l'eiceMente pmitiiliM d» la SyJfAûi». 
M^fWMif Blsrïer parait peur la pFemié» iaig sur netaescine 
en représentant la féeAlcine dans le battelnoeveau. W'Ilsalep 



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U4 TOi&TRES LYRIQUES DE PARIS. 

esc très jtrtie ti danse & ravir, son talent a tout un RHtre carad^ 
que celui de M'^'Taglioni ; ces deux virtuoses peuvent triompher 
ensemble et sans rivalité. La danse de M'^ Fanny est élégante, 
gracieuse, légère ; pas de grands élans, mais un fini précieux ; 
elle exécute an trille de battements, comme Paganini le ferait 
sur son violon. Succès brillant pour le ballet et la débutante. 

15 Npttolbrt 1834. 

Quinze jours après, H*** Thérèse Elssler vient danser un duo 
charmant avec sa jeune sœur dans le bal de Don /«on. NoUeet 
toiùours gradense, malgré sa taille de cinq pieds six pouces; 
M"* Thérèse partage les succès de son élève chérie. 

H^^ Elssler recevaient, chacune, 30,000 fr. par an. 

30,000 fr. et trois mois de congé par an, telles étaient les 
conditions de l'engagement souscrit par H"' Taglioni pour six ans. 

H"* pamoreau touchait de 50 k 60,000 fr. par an, les feux 
compris. 

Les appointonents fixes de Nourrit, de Levasseur n'allaifflit 
pas jusqu'à 30,000 fr. pour chacun d'eux. 

M** Doras est longtemps restée ii 15,000 francs. 

D'après les règlements du Conservatoire et de l'Opéra, M"* Pal- 
con n'eut, pour la première année de son début, qu'un engage- 
ment de 3,000 fr. ; il fut élevé par degrés & 15,000, et ne dépassa 
35,000 qu'en 1837. 

L'aimable et si jolie danseuse Louise Duvemay, la séduisante 
Miranda, s'empoisonne par désespoir amoureux et n'en meurt 
pas, grftce aux prompts secours qui lui sont administrés. Elle 
avait préparé de ses mains le breuvage funeste : une infusion de 
sous dans du vinaigre. Lors de ses débuts, quoiqu'ils eussent 
élé brillants, soit désenchantement d'amour-propre, soit petites 
ambitions dé^es,elle avait quitté la maison maternelle pour aller 
se jeter dans un couvent. La volonté, l'amour d'un roi ne furent 
pas nécessaires pour arracher au cloître H"* Duvemay; cette 
La Vallière que l'on cherchait partout, même à la Horgue> fut 
rendue à Vestris, son maître, à l'Opéra. 

La /«ietf, opéra en cinq actes, paroles de M. .Scribe, musique 
de H. Haléry. u Unkt lUs. 



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ACADËHIE ROYALE IX HU^Qt». 24S 

Nous STODS TD c«s décors pompenx et resplendissants déployer 
lears tableaux où la magie des toiles de fond se mile aux réa- 
lités des premiers plans; noos arons tq ces luisantes cuirasses» 
ces halHts de satin blasonnés, ces riches caparaçons, ces ère* 
qoes, ces cardinaux, ces moines aux frocs de couleurs variées, an 
populaire immense, adroitement confiné pour l'effet des cos- 
tumes. On les s proclamés les héros de la fête; pour eux des 
bravos sans fin. Honneur aux pages féminins, bicoloreSt réo- 
BÎssant les qualités des deux espèces de perdrix, jambe grise et 
jambe rouget Honneur aux arbalélriers, aux hallebardiers,aux 
chevaliers armés de toutes pièces, aux princes de l'Église, se 
promenant à pied, h cbevall Honneor aux sonneurs de trom- 
pette en dalmatique, aux dames et damoiselles couvertes deé 
plus bdles étoffes de Florence et de Venisel Honneur, ouitrois 
honneur aux fringants palefrois, aux coursiers agiles mais pro- 
dents, aux dodies baquenéesl Ces quadrupèdes intelligents 
méditent, préparent le triomphe de leur maître de solfège, de 
leur professeur de mimique théâtrale, ils amènent Vopéra-fi'an- 
«m» sur la noble scène de notre Aeadénû» nyatt de Mvriqu». 

Ce premier pas vers la décadmce d'un art qui doit tomber si 
bas, nous permet pourtant d'applaudir de très beaux fragments 
dans la partition de H. Heléry. La musique de Ut Juive est 
l'œuvre d'un homme de beaucoup de talent qni laisse trop à 
désirer au regard de l'inveation, de l'originalité, de l'artifice 
dramatique, de cette heureuse combinaistui des rhythmes, de 
cette variété de mélodies, que runiformité des situations de son 
drame rendaient indispensables. L'abus des morceaux lenit 
frappe de langueur son deuxième et son troisième acte. L'au- 
lenr du livret de la Juive a présenté sous de nouvelles formes 
les scènes principales de la Futaie, de la Pie voletue et de 
plaùeurs autres drames aujourd'hui moins connus. Douteux 
uux premières représentations, le succès de la Jtdve s'accrut et 
surpassa bientôt les espérances de ses auteurs. L'exécution en 
était excellente; Nourrit, Levasseur, Lafbnd, H"** Falcon A 
Dorus y brillaient au premier rang. 

Contrepcnnti&te baÛle, musicien académique, puisqu'il avait 



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tM HBblTMS unuoBH QB Njm. 

kit im ûfriiHt H. JUéi7 mMtHit jîéger i l'iBstitiit. Aussi 

dis iia'il «"y ipeâBArtat je a'flmpnNai de Ini dDonema foit. 

I4 Ottae m sdède de ta Svm» nfite iW;8W fcwH, dklit 
^ftjOWtOBt ipiirl'ipOHr rKcqiiintioa d'un tet aamNiiaMiit 
d'artouBBS en exành, ■min, aeceMoinn-de théâtre ina^u'aAen 
fabriqués bq orten. Cétait de TugoM bna piné, 'puùfiie 
tout mt i^pareâl denit coatribuw paiHammBBt ui Buasii de 
r«iivrage. 

Le crédit mi le resom d'un opén dirafatm sa e^Dcnlt «a 
TÙion 4b* ffianfes qui lai luceèdeot. Lei iitbiix de M. Btttry 
H pauTaiBnt le «rrir, te favniser pins galsmoMat Placer des 
ombres opaqses aatenr d'us teUteau qai bnllth déjà d'an éclat 
anez^rif, D'eet-oepasTeBloH'augiileBterseQhMrefSBEDnnD 
eudeiiK i*r(if»MM, et la ^ice, n'en douKE pas, vu s'dleaer bu 
langâei cbefs-d'œuvre de notre ADadémie. ïi»berut»-oiabU 
s^était pmduit mr i)e théâtre saos cérémoBic. mob ourortum qui 
vint annonoer dacemmeot, digneaiant set piooeeseB. On adopte 
wlontieK (es procéda écononiqnes; ne soyez pie étonnés si les 
ebtAlieBs Ot lesinife se présentent fihet tmvs sans façM, wbHam 
ie se coatonnsr aux lois de l^ncseone étiqaem. Lu JWM; nbus 
«mène ilteprira-francDiri, cet opère des peiuMs et des lAeTAax 
Mt «on entrée & notre Académie ank sons d'une belle musiqne, 
èéjas I il n'y sera pas tonjonre aonmpagoé si 'biea ipar tes ivii 
et les instruments. 

En ajnstatit le rMe d'Éléaiar à sa taiHe, Monrrit demande la 
«oppression d^an ehnar final du fnatritme aote, et )e remiriace 
imr l'air de ténor : ftaehel, ywmd do Sn^nettr, dont il éerltit 
les paroles. Ce vMnose était un bon Juge, un oonseltler utile aux 
'Tépétitiens ; niais dans les changements qu'il preiKfsait, il ame- 
nait totq'eurs le ftot mélodieux vers son moulin. Le grand et 
•■perbe doo qui termine le quatrième ade des VN^wmoM est 
«nDarewTie iieareitse troonitle de Nourrit. 

Le 1" floptonUme MfiK, un coremissaire royal, M. iJéOB Pfllel, 
Veille sur la diAribotion des fonds allonés par le govremament. 
Ces fonctions étaient remplies depuis quatre ans par le seoré- 
laire de ta oommisBion des théAb>eBt Cave. 



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AGADËMIE KOVAU TfE MGÏQOE. *H1 

H. Vimm cède la direetlMi fle l'AcadMiie n>]«le ée MuMquo 
é M. DapoiHtbel, wcMtecle. 

VosB dirgi-jt ^e )b '8 avril 'BBS, ill] ballM m «b Mie de 
H. tagUodi, -msiMitié |«r le comte de «ftllembei^, vjtaU Min 
iBnMN«,fllinKlégèn et brève spjMffltionsiBrlftseetiederOiMithT 

DiB fiam d* msladroïte économie empéebent de rWmnivder 
l^gagement de M"* Dwnereau. Des f)Kt><Ailitft[s IKs aWftla- 
gcuses lui sont faites pour ropéra-Cemlerue ; él\b éSba» d ce 
tbéfttre avec un sucrts Immeâse. 

AnnsialranB riM de* PiMtw, fitdlet en qntttre acttJS de 
M. Henry, munqoe de IfBt. t. 'GMe ei Gailîni. i» «mt. 

Le <1 uemnbre, on remet «b sefinA te Sbfnnttfflbtole, HaHet ; 
M'^ Paollne Leronx tet acoaeiftte avec Hvem en jooArt fe rtle 
prtBcfpal. le dois en dire autant de S* Varhi , jîriié OtùaACase 
fui déb&le dans lo ZMeu et ta Httyàtière, qtHiqties jbum aprtt. 

Lu Huguenots marquent-ils UD progrès en M. neyerlieerT 
Otri, Bi 1^06 «xBartmEh sCènb Ad serment, FntMiiAlti ifcto- 
tMuxidM «oajorAs, sa conclusion Atystérieilsé et tiTgtrbi'e. Aprte 
oeHe explMlon -produite par une fMde d'exMfitSDts, 11 hTlattar- 
riwr Jusqu'à (a Wfl de l'arite a«c fetft pchfïfiriagï!»; tl Mlait 
intéresser, Bmotrroir, dttëAdrir, ëtonner faùdltoire vréc tes iti- 
bles ressources d'un duo. C'était nbvéïftableQéfl.lH. )IIt!yei1)eer 
l'a bravement accepté. Dans la partition de Rob9Tt-■^è■îiihh^e, 
"TOUS ne tissuvereï rien qui s'élève k la hauteur du qnatrifeme 
ftde des Ki^enote; mais reii6emble de Rohvrt vatit mleiix, et 
le succès du swond opéra n'a point Égalé rtlul dtl prenriet-. Le 
IWrfl des Huguenoti abondé eti scènes dééoosnes qb1 tae pou- 
taient guère inspirer le musicien. Cet oiiviage doit la pins 
■(ffande partie de son existence à son qttatrîSrtiè acte. Pourquoi 
n'a-t-on pas Imaginé de séparer ce fragment sapefbe de sofa en- 
tourage? Arriver au quatrième acte des îiuguénou sans pré- 
lude, s'arrêter sur sa conclusion, c'était une bonne fortune que 
le public eût apprét^^ nnteift ^ le elnqulfime acte de Gw- 
tate se fût pr^tenM potir terminer un spettacle bref mais subs- 
tantiel, ofi les deux genres bien caractérisés se seraient prêté 
la main pour noas dormérun plaisir ^ns dlHange. 



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£48 TfliATftES LYR1QUK8 DE PARE. 

Au moyen d'ane heureuse démolition, I« Hvguinou pas- 
saient à l'état de chef-d'œuvre. Son acte superbe à la main. 
M. Ueyerbeer derenait le digne émule de Weber, de Rossini. 
On aurait regretté, sans doute, quelques fragments précieux, 
nuis ta critique eût en rain cherché tous ces lieux communs 
de praticien adroit, ce remplissage, cette bourre fastidieuse qui 
témoignent de l'aridité, de l'impuissance créatrice du maître. 
Vous voyez que les ciseaux d'un arrangeur officieux ne sont pas. 
bien s'en faut, un instrument de dommage. 

Ne cherchez pas èi comprendre ce que disent les personnages 
ilet Haguenott, les paroles sont déchirées, mises en pièces dans 
cette 'lurtitioD de telle manière qu'on doit s'estimer heureux si 
l'on peut saisir de temps en temps quelques mots isolés. On y 
remarque pourtant huit vers bien rbjthmés : Plug d'amour, 
phu d'itretM, qui se déploient admirablemrait dans le duo du 
quatrième acte. 

A la première représentaticHi des Buguenou, le 36 janvier 
1836, RoBsini me dit : — Cette musique, il faut l'entendre cent . 
fois de suite. — Hais pourquoi? — Cent fois de suite. • Expli- 
ques ce mot h double sens: c'est un éloge outré qui deviendra 
la plus acerbe critique, s'il vous plaît qu'il en soit ainsi, 

— Mon ami, c'est un succès étourdissant, > avait-il dit à 
Heyerbeer lors de la nouveauté de Robtrt'ie-DiabJs. 

Pendant une représentation des Hugumou, Rossini et Heyer- 
beer se promenaient dans le foyer de l'Opéra. Heyerbeer, quê- 
tant, espérant un mot gracieux, dit à son ami : — Quand nous 
dcmnoeE-vous encore un chef-d'œuvre? vous savez, maître, que 
nous le desirons vivement. — A quoi bon? Vous le voyez, ils 
n'enlandent plus rien k la musique; > et le matin Rossini mon- 
trait le public applaudissant Raoul et Valentine. 

Robert et Im Hugumolt ont (oit une Saint-Barthélémy de 
cbuieurs. 

^ Et imi ponamiT derauds Sosdte. 
— Soyu Inaqnflla, lli vont htobI ptjét. 
Sur BtM état Ui aérant employé!. 
Mw n'ert plu jorta, et la rt«le établie 



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ACADeUE ROYALE DE HUSIQini. W 

Vent qa*«n dépenie on porte, à l'OpAra, 
TODB les ebutean que moaiiear ertrera. 

Ces virtuoses marchant vers une cata&trophe inévitable ont «u 
l'esprit de se faire pajer d'avance, et d'élever leurs prix jusqu'aux 
dernières notes de la gamme. Tous les entrepreneurs de spec- 
tacles de la province étaient àéjk ruinés de fond en comble k la 
On de 1846, et pourtant il restait encore des poumons h crever. 

Lesfraisdemlseenscènedes/ruf)U0noi«3'élèventà16O,OOOfr., 
dont 30,000 sont payés par H. Heyerbeer ; dédit pour cause de 
retard. Cet opéra fut répété vingt-fauit fois généralemenL 

L'article XI dn règlement de 17f3 n'accordait que quinze 
jours pour les études, répétitions et mise en scène d'un opéra 
nouveau. Nos acteurs lyriques ont maintenant des rempla^ts 
et des doubles, ce qui n'existait point autrefois. En 1714, tous les 
acteurs étant employés dans l'exécution journalière des ouvrages 
du répertoire courant, n'en devaient pas moins faire le service 
des répétitions. Témoin l'état relatif à la reprise d'irmide du 
S6 décembre 1713. Six sopranes, deux barytons, trots hautes- 
contre, quatre coryphées y figurent. C'était absolument tout le 
personnel de l'Académie. Louis XIV accordait quinze jours & ses 
acteurs; quinze mois ne suCBsent pas toujours à nos académiciens 
d'aujourd'hui, bien qu'ils aient des suppléants pour leur mé- 
nager des repos lorsqu'il s'agit de préparer une («ivre nouvelle. 

La salle de la Comédie-Française est comble ^e spectateurs 
impatients de voir et d'entendre la première représentation ' 
d'une tragédie. On lève le rideau, qui s'arrête en chemin. Le 
régisseur paraît sur la scène et dit : — M"* Rachel est souf- 
frante au point de ne pouvoir jouer son r61e; si vous permetteE 
qu'il soit lu par H"* > Vous voyez d'ici le brillant audi- 
toire, trompé dans ses espérances, exécuter une pantomime «t 
des murmnres qui n'ont rien de rouissant. Les amateurs de 
musifue ne sont pas moins désappointés lorsque le rideau se 
lève sur un opéra de haute importance et du calibre le plus 
grand, sans que l'orchestre ait préludé par une symphonie dra- 
matiqDe largement conçue. 



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■0 IBtUMB LnUQUS BC MUS. 

gais-Ui bien c« que c'est qu'une belle ouTertiucI 

Escamoter cette pièce, la remplacer par des lieox communs de 
TéCfAe, sans mouvement et. sans dessin, c'est avouer trop lot son 
impiiissBDCè. Apr6s ttoberl-le-Diable, éborgner encore Im Hu- 
jjuenou, en les privant de cette symphonie, prélude et complé- 
ment obligé d'un opéra, c'est se montrer relaps. Depuis le i oc- 
tobre 1803, Jour où Cherubini fit entendre, à l'Opéia, son admi- 
rable ouverture d'Anaeréon, jusqu'au SO mai 1855, depuis cin- 
quante ans accomplis, aucune symphonie dramatique ré^enia)t 
digne de figurer parmi les chefs-d'œuvre du genre, composés 
'pbUT notre Académie royale de Musique, n'a figuré sur son réper- 
toire. Elle a pu décerner trois seconds prix loyalement obtenus. 

L'ouverture, Pair, le finale, conçus par le génie et traités par 
une main de maître, sont les trois morceaux qui présentent le 
plus de dilBcullés au musicien. Mozart, Héhul, Cherubini, 
$pohlini, Weber, Rossini, Auber, Hérold, ont remporté chacun 
cette triple couronne ; Beethoven l'a saisie, et pourtant il n'a ^l 
qu'un seul opéra; Gluck, notre pape, aurait posé la tiare sur 
son front glorieux, si, de son temps, ou avait introduit le finale 
dans la tragédie lyrique. On peut cependant acquérir un certain 
renom sans avoir produit aucune de ces pièces de concours sur 
lesquelles on juge un musicien. 

M"* Tfau débute avec le plus grand succès dans le i41e d'Iso- 
lier du Comte Ory, le 1" mai 1836. 

Le Diable boiteux, joli ballet en trois actes, livret deBérat de 
Gùrgy, danses de Coralli, musique de M. C. Gide, réussit à mer- 
veille. M"" Fanny, Thérèse Ëlssler, Legallois s'y distinguent 
ainsi que Maztlier, mime excellent. Barrez, Elle sont b-ës comi- 
ques dans les rdles d'Asmodée et de Gilès. Je dois des éloges à 
]a musique de M. Casimir Gide, à l'heureuse application qu'il 
a faite de plusieurs beaux fragments de Rassini. Le langage 
mimique a bien plus de chaleur et de clarté lorsqu'il s'unit bdes 
t&èlodies d'une expression connue et mémorative. Héhul, Che- 
rubini, Bei'tOD, Kreutzer, ont toujours employé ce moyen pré- 
pîeuxdanslesballets-pantomimescobnés à leurs mains exen^. 



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dkQUADEAOUUtDEl 
j^ Sbdrtw EMer dmMfMMonnt le^oo «pi^eHe R*nte 
-iVBB M"* Fasay. WmtOB sietir, Aie te iérone, s'édipM OAMe 
qmlqicMs, restodans rombnBflto traelftliiiirièfe seperlBBst- 
it tar «ne Mrar qu'elle diérit. IP^ Utérësè est bm «rtirte 
te, Il y a de Ik maitt^ An* Bon exiee/tSKm fftntoe et 
Mtltnte. On rmarquait aisément que si une iaflniU de choses 
d'eflat, de passes bardies, de poses gnicieases, étaient reHdnes 
wm tatt de bonheur par H''* Puniy, c'est que sa sœur laf prê- 
tait un secours utile, adroit. D'aillears, dans les ensembles, 
dans ces groupes , ces mouTements dont l'étonnante symétrie 
n'était jamais dérangée par la vivacité de la danse, M"" Thérèse 
avait droit à la moitié des applaudissements. Ces duos dansés 
par les deux sœurs étaient composéstiar H"* Thérèse, chorégra- 
phe, musicienne et pianiste excellente. i3 m^L 

Après un ballet dessiné pour M"' Elssler, un autre ouvrage du 
même genre, composé pour M"* Taglioni brille sur la scène, il 
est vrai, mais d'un éclat moins vif. la Fille du Danube, de 
H. Taglioni, musique de M. Adam, est applaudie le 21 septem- 
bre. Marie Taglioni s'y montre prodigieuse de charme et de 
variété d'expression. Un pas de cinq dansé par Habille, H*" Çfo- 
blet, Dupont, JuLia, Duvemay ; UD pas de quatre exécuté par 
Hazilier, H"** Taglioni, Blangy, Maria, font éprouver de vives 
jouissances aux dilettantes. La galop est d'un effet pittoresque, 
enchanteur. 

La Etmeralda, opéra en cinq actes, de M. Victor Hugo, musl 
que de H"* Louise Bertin. it ooTembN isso, 

StradeUa, opéra en cinq actes, de MM. E. Deschamps, E. Pa- 
cini , musique de M. Niedermeyer. On remarque de très beaux 
fragments dans cette partition digne d'un meilleur sort. 

RolKrt^le-Diable était annoncé pour un dimanche. H"" Uamo- 
reau fit prévenir le matin seulement qu'elle ne pouvait chanter; 
H"* Jawurek, bien que très zélée, refusa delà remplacer. On 
courut dans Paris chercher une Isabelle. H"** Ponilley, que l'on 
avait applaudie à l'OdéoD, se chargea du réle important de la 
princesse de Sicile même devant un parterre de dimanche; elle 
réussit fort bien ; mais à l'entrée do H* Pouilley sur le théâtre, 



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aa THË^niES lyriques de paris, 

une scène comique égaya J'assistsnce. Figurant alors putni les 
cborUtes de l'Opéra, M. PoiiUley était séparé d'avec sa femme, 
etfaisail partie de l'escorte d'babellei il n'arait pas In i'afficbe, 
et selon son habitnde, avant le lever du rideau, croyant commet 
l'ordinaire trouver H"** Damoreau, il s'empressa d'écarts le voile 
de la princesse, et de lui présenter ses hommages respectueux. 
Quel Tut son étonnemenlet sa déconvenue de trouver, sous ce 
voile, H~* Pouîlley, sa femme, qu'il n'avait pas vue depuis pln- 
ueurs années, et qu'il ne tenait guère L revoiri 



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XXIV 



•• lui à IMt. 



t0ùtàm 4'idalph» Movrit. — Début dt (Ulbwt D^m. — ChM* «t CteMM. 
— IqK «M da funlM. — V" LBdl* GnhB. — Madlitr, ta OM, tMllai. — 
■on de A. HooniL — t«IacteJrto,HiMNan. — Juinr LiMln'obtlMit 
pM mèma U (kvanr d'niM andliioiL — 1*« Mmrttn. — £f MaM* mmwvkt, 
MM. — £■ iTMarft^ BtmUhM. If» SlolU. — «Mllf . teUet, V>* Ch- 
lottt GritL — 1« JWw ^ Ctnr*. —amtt* WL^lMtiêitL 
kt Pmmlti at l'op^trinaeoaL — SArk de aW 
ddieppolnléi. — L» pltiewri* appliquée i le noelqtM. — Cent contre OB, 
rlaft aille md(i« on, perie» four le etditaire. — Un mvn e'édi^ipa da 
■lei ii eMe ecedéintqne, M ee réfocle aa beolenrd dn Temple. — RoBTeDee 
fMelDca de ee trépueé. — la^mtat, eppel , caeeetlea, en«t déinMt — 
£« Htl* A Mvér*. J* fiMe« ^ MaMc, belleie de M. 8eint-LéM, H-* Cer- 
itae-SelouLéOh — Coop d'ail rttmpectlf, tT greDde-op^ree ea dix cm, 
• (reodk-opéree en nn demi-iiècle. — Preneteee de» sin^ciena freafaie 
quod OD leur B pénale de tiln pranre de sénie et de telent. 



Oilbert Dupm anit paru d'abord en 1890, à l'âge de quinte 
au, & la Comédie-Fnnçaùe, il y chaula pour la prenùère foii 
en puMic, et dit les wlos de sopnne inlroduita dans les cbœun 
i'AthcUe. ÉUve de Choron, il débuta, le 90 décembre 1895, k 
rOdéoD, par le rOle d'Atmavin dans fa Barbier de SétilU. Plu» 
tard, il chanta li biffli la partie d'Ottario dans Don /tia», que le 
public voulut MitMkdre l'air célèbre, n tiùo teioro, une seconde 
tua. Aiffte la fermeture de l'Odéon, en 1S28 , Duprez entre à 
rOpént-Comique el n'obtiott qu'une position subalterne. Je l'ai 
TU jouer et chanter, à ce théâtre, avec sa voix agile et flutée, le 



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2S4 THEATRES LYRIQUES DE PARS. 

n>le d'un assassin daos la Yioletu. Ce virtuose prit des engage- 
ments pour l'Italie, revint à Paris en 1830, reparut à l'Opéra- 
Comique, et ne put s'y placer lionorablemenl, bien gue l'on eût 
remarqué ses progrès et la pureté de son style dans la Dam» 
blanc)i9 surtout. Ses représentations n'ayant pas amené le ré- 
sultat qu'il en espérait, il repassa les Alpes, s'exerça, travailla, 
sa voix prit de l'ampleur, de l'étendue et de l'énergie ; ces avan- 
tages lui firent obtenir des succëf (|Di le conduisirent jusqu'au , 
thé&tre de Naples, où les maîtres les plus renommés écrivirent 
des râles pour lui, notamment celui d'Edgardo dans Lucia di 
Lammermor. Rubini consacrait ses talents à la France, à l'An- 
gleterre, Duprez tenait le rang suprême en Italie. 

L'wrarir éb l' Académie royale de Musique reposait sor mi 
seul té;ior, Nourrit, Plein d'ardeur et de zèle, ce virtuose avait 
fait depuis seize ans un usage immodéré de ses forces. \a 
dÎMction voulut m ménager d'autres resBource&, et Duptez (ut 
MigMgA eennw premier ténor ai partage. Une carrière ù» seiae 
années de bonheur, de succès, n'avait point préparé Noofri» à 
l'idée de ce partage, sans exemple jusqu'alors à l'Opéra. Chef 
d'emploi, remplacement, double, c'est ainsi que le règlement de 
ce tbéJUf» axait toiùoius classé Ui premier, le second, ie tn»- 
srèNe des sujet» du chant. L'ardente inugioalioB de l'artiste se 
Trappa de l'idée qu'on n'estimait plus son talent au mémo prix 
qu'aulrefois. D'ailleurs, ce droit de commander, de primer sur 
tous ses camarades, qu'un virtuose favori s'arroge trop souvent, 
et que Nourrit tenait d'une main ferme, allait s'évanouir en 
présenee d'un rirai redoutable. En vain ses amis eesayërent-^ts 
de le rassurer. A tous tenrs arguments, il opposai! le peu de 
vraisemblance que la fïrear publique se répartit également sur 
deux acteurs tenant le même emploi. Il fallait, disait-il, que 
l'an des deux auccomb&t, et cette pensée le désolait, l'accablait. 
Il ne Touhit point esayer de la lutte. Homme d'esprit, d'une 
instnictfod solide, c'était un rode jouteur; et lorsqu'on riwrdait 
cette question délicate, os le- trouvait ferré jusqu'aoK dents. Je- 
té saisis nn jour qn'H passait virement è coté de niei sar te bou- 
levard des Italiens. 



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ACAWlWB KOTAU M MUMÛ». Xi^ 

— Vw» le m'édiapyeras fUt lui du-je, ^ohe^um tmh 
pTéoopi^er uDù do i» T8Me de Djiyra 1 Taet dr'awini oat 
dAbiilABuia vous jwrter aUMptsl 

— U mecenBaitel vioM aumoil J»b«. la40«Bai& pMnt, J0 
doû le redoitar. 

■— L'uafits Mt «MX gcasd peu: sarir doa ptaMs émiBiw^M 
à deiut tBlenU é'u»>w«Gitoe bien traMhé. 

— Oui) tans dctfile, il sora, ù liin titncM, qua l'on m ma 
casar dus W pén» Mbks, et l'tBtie aun t«iia les anomeux. 
On Tient d^à de m'enlever, de retirer de bw wtaa hb rtle de 
jeune ténor (Ûuidi^. 

— Il nte sambte powtant que, dus èa JuitOi iléanr est le 
miwix puiagi. 

— Je le crois bien ; c'ett asi ^i tlinjftwi. composai ce nUe, 
après avoir refusa celui de U^xdd, penwuige insignifiant et 
saat couleur. Ia même liowce ne a» sem phis aeoordte. San* 
le prévoir, j'ai bit nuHt raalbaBi ; je me suis taané dam le» 
pire* noUee, on m'y laisscfa. 

— Bisiater depuis sefit ans, el riûster victetiMuameitt à 
Heyerbeo-, ce grand briseui de voix, c'est étp» k l'épreuve de 
la bembe. Dupres aurait-il autant de leroe et de bcMoheur ifse 
vous en ans euT II a riussi dans les opéras italiens, il atl 
vrai ; mais aUaquer ks phrases de eorset, de trombone, de 
tKHnpatte distribuées dans les rtiei de Robert, de Raoul est leut 
antre cbote. Il s'agit ici de vigueur Moscutaire, d'un d^pleie» 
ment de moyens, d'énergie sonore, étranger k l'art dM ohanUur, 
L'administration désire vous garder, restez; quitter la partie, 
c'est la perdre. Sachez attendre, assez du moins pour juger la 
balle, et vous succéderez fc votre successeur. » 

Autant valait parler au cheval de bronze d'Henri IV. Nourrit 
ne me répondit plus ; c'était un parti pris. Après quelques jours 
d'agitation, il résolut de quitter notre grande scène, donna sa 
démission, et prépara sa rquésoatation de retraitai Le deuxième 
aete dee Nocei dt Figaro, de Motart, denùt «d faiiB partie. On 
ne pouvait l'exécuter à l'Opéim sans mettre en récitatifs les 
froments que l'on parlait à l'Odéon. Je n'anis pas encore en- 



ityGoo^lc 



SH THÏATRBS LYRIQUES DE PARIS. 

uepris ce tnnîl, hHvqae le comèdioi, ténor, masideo et poète 
Nourrit m'apporta le dialogae de Beanmarchait nniflë pour 
cet acte, el disposé pour s'ad^iler ux seines de chant flgaié 
que j'avais d^ publiies. — lisez, me dît-il, et si vous Ates 
ooDteDt de mon essai, nous en irons plus vite. « Moi, qui ne 
dispute jamais quand il s'agit de Jtn destinés au récitatif, j'ae- 
eeptai sans eumen; je ne fis la lecture des vers de Nourrit 
qu'en les écrivant lous la musique, et n'y changeai qu'un seul 
moL Hélas I je ne pensais pas que ce manusNit deriendraît si 
tôt un autographe précieux. 

Nous étions prêts à rép^er cet acte, lorsque Nourrit, lui- 
même, Nourrit, qui s'était montré si diligent et si pressé, Tîoit 
m'annoDcer qu'il ftiut y rutoncer. — Vous avez ajusté la partie 
d'Almaviva pour le ténor, je devais la (dianler; Levasseur la 
réclame, attendu que Mozart l'avait écrite pour la basse. — Je 
verrai Levasseur, et vous promets de tout arranger ; le ténor 
Garcia n'avait-il pas dit à merveiUe ce rOle d'Almaviva T — Non 
pas, l'afbire est conclue, et revenir sur cela, dire un seul mot 
serait me désobliger au dernier point. D'ailleurs, mon choix est 
fait, et l'affiche annoncera le deuxième acte û'Armide. » 

Je saisis k l'instant la moralité cachée de l'apologue : le che- 
valier Renaud voulait montrer des armes pariantes sur son écn. 
Voilà ce qui lui faisait abandonner Monrtpour recourir à (îindi. 
Le 1* avril 1837, Nourrit, dès son entrée en scène, chanta ce 
discours à la foule immense de ses aduiirateurs, en disaat aa 
guerrier Artémidore : 

Allez, allei, remplir ma place 
Aux lieui d'ob mon malheur loe chasse. 
Le fier Gemand m'a contraint à punir 
Sa téméraire audace : 
D'uDS indigne prlaon Godeftof me menace. 
Et d« son camp m'oblige fc me bannir. 
Je m'en éloigne avec contrainte : 
Henreaz al J'avais pu consacrer mes exploits 
A délivrer la dté sainte 
Oui génJt BOUB de dnres lois. 



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ACAUÛnE ROYALE ISS KDSKira. Sn 

Solvu IM gwnien qn'nn bus atle 
PreMe de tignsler leur valeur et lenr fbl; 

Cherchez one gMre hnmorteUe. 
Je veux dani moD eiil n'envelopper qne mol. 

AKTiHIDOU. 

Su» voua , qoe pent-on entreprendreT 
Ceini qui vous bannit ne pourra ae défendre 
D&tonhalter votre retour. 

Ia réponse d'Artémidora était aussi paifaitement en seine, et 
s'^pliquait à merveille k la situation du chanteur qui ne s'exi- 
lait pas sans espoir de rappel. 

Cette soirée d'adieu fut pour Adolphe un triomphe édatant; 
le public lui témoigna par ses transports d'enthousiasme et 
d'affection tout le regrat que la perte d'un (el artiste lui faisait 
éprouver. 

Le 17 avril 1837, Duprex fait son déhot par te rflle d'Arnold 
dans Guillaume Tell. La voix de ce ténor était une énigme ; l'art 
et le climat l'avaient transformée en entier; le rossignol fran- 
çais était devenu lion sons le beau ciel de l'Italie. U avait acquis 
cette puissance d'organe aux dépens de l'agilité de son gosier; 
mais pour un chanteur noble et pathétique, ce nouveau lot de- 
vait être préféré, puisqu'il fallait opter. Duprez nous révéla 
cette voix qu'il s'était faite; elle séduisit les plus difficiles par 
son charme et sa douceur; elle porta bientôt son retentissement 
dans toute la salle. On avait admiré le style ferme, élégant 
de ce virtuose; sa mise de voix, sa prononciation dès la pre- 
mière phtase du récitatif; le duo, le trio lui valurent des applau- 
dissements très flatteurs, et l'air final, qu'il dit avec une expres- 
sion, UQ charme ravissants, excita les transports d'un entholi- 
siasme général. D'une taille au-dessous de la moyenne, Dupres 
ne brillait point par son extérieur, et son jeu dramatique n'avait 
rien d'eKb%}rdinaire, sa victoire n'en fut pas moins complète. 
GuiUawM Tell prit alors une existence à nouvelle ; Dérivis , 
LevBsseur, M* Dorua contribuèrent puissamment à la solennité 
de cette reprise, et le chef-d'œuvre de Bossini reçut enfin du pu- 
blic entier le tribut d'admiration qn'il n'avait obtenu jusqu'alors 
u. il 



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IH ntAïus LviiiQun db pams. 

que des conoaisinirB. La reeett» de ta deuxième représenta^n 

fui âe 10,040 fr. 

Chaque acteur à eon tour a brillé sur la scène. 

C'est ainsi que je répondais, aux mille questionneurs qui me 
demandaient mon avis sur Nourrit et Duprez. On veut absola* 
ment comparer des acteurs dont les mojeus de plaire, n'ayant 
aucun rapport entre eux , m saurtùent être mis en parallèle. 
Duprez était un plus grand chanteur que Nourrit, il y avait plus 
de maitrise, de musique dans son style, mais Nourrit se mon- 
trait un héros d'opéra plus complet. 

Alizard débute modestement dans le» Huguenot* par le rflle 
de Saint-Bris. On D'eu applaudit pas moins le talent de ce 
chanteur, dont la voix puissante, ronde, juste, d'un Umbre 
Ilatleur, réunit le diapason de la basse aux notes élevées du ba* 
rylon. a juio isst. 

Les Mokicatu, ballet en un acte , de M. Guerra, musique de 
H. Adam , passe rapidement sur la scène, et bous laisse uoe 
jolie dajiseuse de plus, H"° Nathalie Fitz-James. s juiUet. 

La Chatte métamorphotée en Femme, ballet en deux ade»^ 
de MH. Ch. Duveyrier et Coralli , musique de H. Monfort, 
H"* Fanny Elssler joue et danse le r<te de la femme-chaUe avec 
beaucoup de gentillesse^ Ce ballet, calqué sur une comédie du 
même littérateur, d^à représentée sur le tliéàtre du Gymnase, 
réussit médiocrement, la ocubn. 

Roseini retourne en Italie , il part en jetant le» yeux sur 
l'inclyte Lutèce, comme jadis le roi de Numidie porta ses regards 
sur Borne ; il adresse à notre capitale cette brèrs allocutieo : 
— Je reviesdrai quand les Juifs auront fini leur sabbat. « Biea 
prit à Rossiui d'avoir fait retraite. Deux mois après, il eût éti 
fiillé, mis en cendres comme un hérétique dam l'auto da f» 
du Tbéàtre-Italien, détruit, pendant la nuit du 13 au IV janvier 
1838, par un incendie. Rossiai logeait, dormait tous le» gom* 
blés de la salle, dix mètre» au-dessus des frises. 

Après une maladie qui l'avait éloignée 4eU scèae, JA"^ StktA 
nçânil daos kt Huaumctê, le 1& juaiet tSK. Cette rcpré* 



ityGoo^k' 



ACAMHIE ROVALB BB WiaQUI. H* 

seatati»R loi- Mt épwoTer une si ^nde Atigeé, ^é le repM 
devieot néceafloire pour le râtaMissefoent complet de sa voix. 
H°* FalGOD se dirige vers l'ItaUe. 

Gui4« «t GiMvra ou ta Ptêle de floreHee , opéra en cilUt 
aetâs» de M. Scribe, masique de H. Hatéry. On trouve dtuM cM 
opéra, fort enniiyenx d'ailleun, d«s MgnwaU d'une haau 
porMe ; l'to cto Auido, celui de Oinevra, chantés dans M sou* 
terrain ; le chœnr Vive !a pette! sofit faits de mahi de nmttre. 
La mmance du premier acte mérite A'ém citée. H** Stoltz 
remidit très tiien iê rAle secondaire de Ricciarda; cette actrice 
va bientôt s'emparer de la diotature et du premier emploi. 

D am 1BS8. 

H^ntflâutt, je BDift toreé d'entrer dans te désert de Sabata; 
voQdrez-TDDB bien Bi'y suivre, et braver les sept années dt 
bmine musie&Ie que nul prophète, pts même cehil de Meytr^ 
béer n'aurait osé prédire à notre Académie? Les sept vache* 
maigres, décharnées, squdettés borribles, que le chaste Joseph 
vit en songe, vont se présenter à nos yeux; tâchez de ne pas 
reculer k leur aspect. Faites vos efforts les plus grands, tenez- 
vous k quatre afin de ne pas bâiller en me lisant, comme vûus 
avez b&illé dix mille fois en assistant à la représentation des 
ouTHiges déplorables, aux défaites honteuses, que Je suis con- 
traint de rappeler h votre souvenir. Haiotenant, peu de critique, 
ce préambule doit m'en dispenser; presque plus de succès^ 
mais aussi plus de chutes. Tout est applaudi par les claqueurs 
k gages qui remplissent la salle, presque tout est dédaigné par 
le public. Indiquer le nombre des représentations d'un opéra 
ne signifierait pins rien, ce senit seutemént annoncer qu'une, 
rapsodie, obstinélnenl reproduite sur l'afiSche, a contribué plus 
souvent à rider la salle et ht caisse du théâtre. 

Le 5 mai 1838, les virtuoses de plusieurs théâtres représeU' 
tent, an bénéfice de M"** Elssler, deux actes du Mariage &t 
Figaro, comédie; la VoHire, ballet-pantomime en un acte, dé 
H"* Thérèse Elssler, musique de U. C. Gide ; un acte de Luda 
ai Lammvrmor; le Concgrt A la Cour, opéra comique ; la soirée 
est terminée par des tableaux vitanta. Des acteurs, en costumé. 



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aW THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

daDs ane parfaite iiainebUité, paraissent groupés de manière i 
reproduire l'effet de tel oa tel tableau conoD. Ce spectacle, dans 
le goût allemand, n'eut aucun succès. Plus tard, il en obtînt 
beaucoup, en d'antres lieux, quand on imagina de montrer les 
peraonoages en état de nature ou discrètement couverts par on 
maillot bien ajusté. H''*' Elssler emboursërent une recette de 
30,000 îr. La Volière ne repauiit que trois fois sur la scène, 
après cette première exhibition. 

UUu Lucile Grafan, Danoise et Dumil&tre débutent dans le 
ballet. H"* Grabn ne larde pas it se placer au premier rang. 

Bmvonulo CelUni, opéra en deux actes, de HH. Léon de 
WaitlyetBarbier.musiquedeM. Hector Beriioz. s MptMtfare iBSs. 
Un gentilbomme de plus vient se joindre à noire royale 
Académie, le vicomte de Candia, fils du gouverneur de Nice, ; 
débute sous le nom de Mario, le 30 novembre 1838, avec le plus 
grand snccèsdans Robert-le-Diable. Jeune et brillant chevalier, 
il réunit les qualités nécessaires pour représenter dignemmt 
Robert. Sa voix puissante, limpide, étendue, séduit, enchante 
l'assemblée entière. La salle était comble. 

La Gipgy, ballet en trois actes, de MH. de Saintdeorges et 
Hszilier, musique de HU. Benoist, Thomas et Harliaoi, réussit 
le S8 janvier 1839. H"" Elssler s'y distinguent, et M. Hazilier 
y prend possession de la charge de maître de ballets. 

Après avoir donné des représentations heureuses à Marseille, 
à Toulouse^ à Lyon, à Bruxelles, de retour à Paris en janvier 
1838, Nourrit, incessamment préoccupé de sombres pensées, 
part quelques mois après pour l'Italie. Il triomphe & Hilaa 
comme à Florence; un nouveau chagrin t'attendait & Naples. 
Nourrit avait préparé deux livrets d'opéras italiens, il desirait 
les mettre en scôoe et se faire entendre dans des rOles disposés 
pour son double talent. Poiyewte de Corneille était un de ces 
drames aJDsIés en opéras. Donizetti s'empressa d'en écrire la 
musique, mais la censure ne permit pas de produire sur le 
thë&tre un sujet religieux. Au moment où notre virtuose allait 
débuter à Naples dans un rdle de sa façon, il lui fallut renoncer 
au succès brillant qu'il ea espérait. Dès lors, une profonde fflélan- 



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ACANËMIE ROYALE fffi MUSIQUE. »1 

colie s'emptira de son esprit; tous les symptAmes alannantSt qui 
s'étaient déclarés à Marseille reparurent, A c'est dans cette dis- 
position ([u'il se fit entendre eux Napolitains. H rénssit pourtant 
à merveille dans il Giurammto de Hercadante, Korma de Bel- 
lint Peu de temps après, aux tristes préoccupations de Nourrit, 
vint se joindre l'idée bizarre que les applaudissements accordés 
itson talent par les Napolitains n'étaient qu'une dérision. Rien 
ne put lui bire alrandonner cette funeste pensée; elle acheva la 
perte de sa raison. A la suite d'une représisnlation donnée au 
Moéfice d'un acteur, où notre ténor chaota par complaisance, 
l'excès de son détire le porte à se lever avant le jour, &' se pré- 
cipiter dans la cour de l'hôtel qu'il habitait. Il y trouva la mort, 
le 8 mars 1839, à cinq heures du matin. 

Cette fin déplorable est le dernier acte d'un délire qui s'était 
manifesté deux ans aoparavant à Marseille. Nourrit avait une 
bonté de cœur parfaite, il aimait tendrement sa famille, ses 
amis; les sentiments religieux, dont il fit preuve constamment, - 
raoniienl préservé d'un suicide, s'il eût conservé sa raison. 

Le Lac des Fiet, opéra eu cinq actes, de HH. Scribe et M6- 
lesville, musique de M, Auber. M"* Nau remplit d'une manière 
très gracieuse le rAle principal de cette pièce, et M"* Élian cdui 
d'un jeune pAtre. 

M"* Nathan, jeune et belle Marseillaise, est accueillie arec 
bveur dans Kk Jurâo. u nuL 

LaS^lphiiU nous présente un danseur agréaUe et léger; 
Petitpa, dont le nom était déjà fameux ii l'Opéra, fait son pre- 
mier début le 10 juin. 

M"" Bisser se signalent de nouveau dans la Tamtufe, bdiflt 
en deux actes de MM. Scribe et Coralli, musique de M. C. Gide, 
offert au public le 34 juin, pour la première fois. 

H^^ Lucile Grahn triomphe dans le troisième acte de Do» 
Juan, le pas qu'elle y danse est vivomenl applaudi. 

La Vendetta, opéra en trois actes, de SOI. Léon et Adolphe, 
musique de M. de Ruolz. 

La XacariUa, opéra en un acte, de M . Scribe, musique d« Har> 
liaai, est applaudi; H"* Stoltz y agore bien dans un rMe tnmtfi. 



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a» THÉATflBS LTUQUfiS DG PAHfi. 

M- idouara MoonaiB, bQOwe de Isttres, eat JMt«lli conne; 
ilii«ctfl|ir &à^vA k M.'Dupoqdid, ii wTMntn ihd, 

l» «raptff-, opéra en trpù actw, 49 M* Smbe, m«ûi«6 de 
M. Hïtév;. 4 juTiv tw. 

Apr4* we abwQce de deui ans et deux mm. M"' FbIoqb 
npar^ Is 14> mors 1840, daoB uoe représeatation doaaée i san 
b^éâpa. U «peciftcle se cwiposait de kt Juin et du quatriàne 
aolti des Ht^ptmou. A sou entrée, catia virtuose aemblQ fcHt 
4iBue, on l'applaudit g^Déralement. £tlB tombe évanouia dMU 
les brafi de Pupraz ; les ohoristei la aouUemteot et la conduisit 
bon de \n stèw. A wd retour, le public ménage la seasUùiilé 
de l'actriae eu gardant le ail«toe. U"* Falceu esaaye al(»B ds 
remplir la tâche qu'elle a'ut imposée; Boit frayeur, aoit qu'aile 
H fût pu remise enttèrament, elle ne peut foire sonoer lea oote^ 
nédiairea de aa voix. Les sons aigus, les Doies graves aoriai»! 
usez, bient mais le débit tragique n'est pas lit. Depuis ce jour 
funeste, rAoadémie est privée de sa «anlatric« par exo^eikce; 
et l'enpkù, qu'elle tenait d'une muiiôre si brillante, tmboi 
depuis deax ai)s> Veat encore axjourd'bui. 

l» MaTtgr», opéra ea quatre actes. C'est le P0iyeucte de Cor- 
Mille arrangé par A, Nourrit, musique par Doniaetti. is «nil m». 

M"* Julian débute par le rôle d'Alice dans Robert tt Diable, 
et r^usalu fille eat engagée pour un an après avoir paru dans la 
Juive et les Huguenatt avec le môme bonheur, iï «TiiL 
: Le 1"' juin 1840. H. Léon Ptllet prend le titre de diraetew de 
CAoaiémi» et gouTeme ce thèfttre avec M. Pupensbel, qui lui 
cède bientôt sa part de souveraineté. H. Edouard Uonnais rem- 
plaça Jf- Pillet diBS ses fuiclions de oommissaire royal, et se 
montre joyeas de ta benne fortune. 

Marié, ténor, H*" RouUe sont très bien accueillis dans fa 
AMve. s itiB. 

La salle de l'Opéra n'eat peint assai grande paar oODiaDÎr 
0US les amateurs qui désirent assister aux quatre représenta- 
tions données par H"' Taglioni le 7 juillet et les jours suivaDia. 

Le 86 jaiUat 1840, clôture pour restauration de la saUe, que 
l'en diaoM en reuge et or. Un rideau d'amatTicéne eepiésenie 



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kCAù'ê.mb itoTALE m tatsiot^. '■ tu 

Louis XIV signant le premier privilège de' l'Académie royale 
de Hu3ii]ue , accordé le 28 juin 1669 h l'ubbO Pcrpin. Ce Frun- 
çaîs, fondateur de t'opéra franniis, fut dépossédé troiâ ans plus 
lard, en 1672, par ritalieii Liilli. L'usurpation que \es sourdes 
menées d'un hiigand, le crédildc la courtisane Montespan avalent 
■préparée et favorisée, s'accomplit SËcrétement. On se garda bien 
de donner à celle odiensc spoliation la solennilc, la ponijic', 
Pappareil offerts à nos yeux parle burlesqueridi-nu. J>e crolrei- 
TOusTc'est ce même Lolii que le peiutrc nous a repi^oduil comme 
tenant le premier rang parmi les direcleursrde rOpèra, t'e'cffvant 
te privilège, qu'il ne regut jamais des rnams de Loiirs 5!1V. Voife 
pourtant comme on cl^sine l'iiisloire sur la loile'de notre grand 
thé&tre lyrique! -.'■ ■ 

loyte de Uontfbrty cantate île MM. Emile Deschamps et Bazin, 
est exécutée à l'Académie royale de Musique , le" 7 octobre , et 
réuuit de teHb sorte qu'on la redit plusieurs fors encore. C'est 
1a première et la dernière pièce de ce çcnre qui) l'on ait écrite 
en vers. L'Institut s'était contenté jusqu'alors' de la prose con- 
Bonnante twiir les cantates destinées fi ses (encours de compo^ 
sition musicale ; il se hala de revenir ^ ses moutons, et leur Bt 
de nouveau ruminer de la pivse. 

Le Diable amtmreux, ballet en trois abtt'S,' dé HH. de Saint- 
Oedrges et Hazllier^ musique par MH.Bpnoist et Reber. ' 

M'''Loeve; cantatrice allemande, aurait pn succéder à M"" Fal- 
con ; M"* Loeve n'est point engagée à' cause de sa belle >oix et 
de son talent. Jenny Lind , qui dépuis a triûmpli'é dans les deux 
hfimtgphèreS, sollicite une audition et ne peut l'obtenir. Le direc- 
teur Léon'Pillet protégeait M"* Stoltz, actrice dont la voix grave 
ne convenait point aux rOles écrits pour H"* FulCon. Les musi- 
ciens furent donc invités à composer tout un répertoire nouveau 
pour la nouvelle actrice. 

Lb Comte de Commingei, tragédie de BàciilarU Damaud , que 
plusieurs avaient déjà refaite, est arrangée d'une manière très- 
idroite par MM. Scribe, G. Waëz et A. Rdyer. Elle devient un 
de nos meîlleiirs livrets d'opéras. Musique par Oonizetti , cet 
ouvrage réussit admirableinent. Son nouveau titre est ta Favth- 



n,Googk 



. ^64 TUËATBES LYHlQliES DE PARIS. 

rite. H. Albert, maître de boMs, en avait oomposé lesdivertis- 
femraU. Barroilhet, chanteur français que l'Italie nous reodail, 
se fait cooiialtre daos la Favoriu. Sa voix de barjtoa , d'an 
timbre Qatteur et gouvernée avec art, plaît beaucoi^) et s'unit 
fort bien & celles de Duprez et de Levasseur, H" StoUz chante 
coDveDablemeut un râle fail à sa taille , et se distingue par son 
talent de comédienne. Ce n* 1 du rëpwtoire qu'il fallait créer 
pour M" Stoltz ouvrit la marche par un succès; mais bélaa! 
que de chutes lui serviroat de cortège I s dacembre m». 
,, Rétablir la voin de contralte à l'Académie et lui donner une 
partie imporiaate, principale mêqie, était uaebeureuse idée. 
,M"'Maupin avait, brillé dans cet emploi 136 ans plus tôt. mais 
sa voix grave était dominée par le soprane brillant de M"' Jour- 
pet. Il faut que l'édifice musical soit coo^plet, que les OMes, les 
hautbois , les violous aonoent dans les hautes régions de ta 
aiHçàie. TaDcredii.Arsace, Malcolm ont une Amenaide, une 
^miramtde, une Elena, qui les escorte ; dans i'Itaiiana in Al^ 
j)pri, nous voyons Zulmé, personnage dont l'unique mission 
est de.cïianter \&riquiqui, de faire sonner ii l'aigu Les doI» 
qu'on ne saurait demander au contplte d'Jsabella. Si M** Stohi 
avait figuré dans une œuvre nouvelle en compagnie d'un soprane 
strident et leste, fraternisant avec lui, tout marchait dans l'ordre 
et s'ajustait ii merveille. Hais notre contralte voulait être seul, 
toujours seul, c'est-à-dire être la seule poule d'une inOnilé de 
coqs. Voyez dès lors quel voile funèbre dut s'étendre sur Veat- 
semble vocal de nos opéras. Le rôle de la Favorite nous donnait 
encore le diapason du demi-sopraue ; ceux de la reine de Chypre 
et d'Odette furent plongés dans les ténèbres du contralte. Plus 
de soprane, plus de musique vocale possihle.elle fut bannie de 
l'Académie consacrée è cet art, et l'opéra-franconi s'éleva sur lec 
ruines de la scène illustrée par Qluck et Bossini. . 

H''* Catinka Heinefetter débute dans la Jviix , on , applaudit 
la nouvelle Bachel le 4 janvier 1841. 

Le ténor Mario ne se plaisait pas du tout à l'Académie. Le 
diiecUmr Fillet n'avait d'autre désir que celui de signer le 
CODÇé d'uD chanteur plein d'avenir. Lorsque l'on est dii mAae 



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ACADÉMIE ROYALE DE HUSI(il5E. !65 

' avis, il eal fort aisé de s'entendre. Lawndition de cetle retraite 
fut une représentation donnée au bénéfice de Mario, l'iitfficbe 
l'annon^t du moins , mais dont le directeur toucha la recette, 
le 19 janrier 1841. Mario, qui déjà s'était produit avec bonheur 
au Thé&tre-Itatien.y prend un engagement définitif. Le directeur 
de l'Opéra {^applaudit, se r^ouit d'avoir congédié ce téoor pré- 
cieux. Les regrets succéderont bientôt k celte imprudente hllarïté. 
M"* Carlolta Grisi, ballerine charmante, est accueillie avec 
irensport; cette virtuose exécute un pas dans fo Farorile, 1» 
se février. 

Le Comte de Carmagnola, opéra en deu^ actes, de M. Scribe, 
masiquede M. A. Tbomas. 19 avril. M. Thomas [Amhroise) 
wenturegur jeu sa mise et la perd. 

L'Académie renvoie une de ses danseuses les plus agréables ; 

H" A. Dupont : nouvelle imprudence. 

Bouché débute dans l'emploi de première basse ; ît est engagé. 

Le 31 mars 1641 , reprise solennetle de Don /uon, Barroilbet 

7 chante le rôle principal. M*** Dorus, Nau, Heinefetter repré- 

teotMit Anna, Zerline, Elvlre. 

I« Freytchûtz, opéra en trois actes, traduit de rallèmand ïiar 
VH. E. Pacinî, H. Beritoz, musique de C. 'H. de W^ber. 
7 juin 1841. Marié, Brémond, M"" Dobré, Nau, tenaient les 
principaux rOles dans ce chef-d'œuvre que l'on voulût donner 
tout entier. L'épreuve faite & l'Odéon, le 7 décembre iSâi, aurait 
(Ut teMr en garde les nouveauxttnducteurs wntre une libérEdité 
faoette. J'étais en Provence oli' je passai défn Ans; jb'ne sds 
ifutA journal m'apprit que lut^ ^toltz avait thanté la partie 
d'Agftttafl de cefre^nh^M. De lit vient l'err^r^ vous remar- 
i|ueret dans mes lettres adressées & M. KItet , & H. RoqueplBh 
uatvlitlt^da Barbier de Sénille. 

J'âisooS'Iesyenxde n^ m'écrivait phis tard uii^es prëdé- 
cessenra de H. PîHet. Je n'en ntend qu'une pïïrase : — En a^ 
tendant iMoavnges ttooveaax, et surtout celui deMeyertteer 
{le Ftophèle), noua avions décidé la reprise de Fstiumd 
CortéM, et la mise en scène du FreyKchûtx avec tout l'écl&t 
lUgM de l'Actidéiodfl rejrie âe Mosique. » Cet éclat radieux 



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260 THÉÂTRES LYRIQUES 0£ PARIS. 

n'empéclia point le chef-d'œuvre de s'évanouir. A qui la fante? 

Giseiteou lei WiUU, ballel en deux actes, de MU. deSainl- 
Ueorges, TIi. Gautier et Coralli, jolie musique de H. Adani, 
décors de U. Cicéri. Les sylphides ont remplacé les divinités 
mythologiques à l'Opéra. Giselle, représentée par U"' CarloUa 
Grisi, se fait une cour nombreuse d'admirateurs. ssjiUtiisti. 

Poultier, jeune ténor, fait entendre sa voJi charmante dam 
Guillaame Tell, le k octobre. 

. Delahaye, autre ténor, parait avec succès dans Robert le Dior- 
ble, le 26 novembre. 

La Reine de Chypre, opéra en cinq actes, de M. de Sainl- 
Georges, musique de U. Halévy. Mise en scène de 96,060 fr. 5 c, 
6^91 costumes nouveaux. Musique bien faite, mélodie Itomœopa- 
thique; grand rôle pour M"* Sloltz, qui s'y comporte en comé- 
dienne exercée. 13 décembre IS&t. 

H"- Mord débute le 10 avril 1842 dans la. Juive. 

Lb ténor Ragiienot est engagé le 32 mai. 

H"* Noblet quitte le Ihë&tre après vingt ans de succès dans la 
pantomime et la danse. C'est la dernière virtuose française. A 
aon départ , le premier emploi de la danse passe en des pieds 
étrangers. H"* Carlotta Grisi brille au rang suprême, ^ jouit de 
toute la faveur du public. 

L'Académie fait coup double le 23iuin 1842, en représentant k 
Cu9rt{{«ro, opéra en deux actes, de MM. Théodore Anne etA. TiKH 
ma8,;suivide^/Dli<FtU«daGa^, ballet en bvis actes deMH.de 
Saint-George9,£tAlbert, musique de M. Adam. Ce ballet est una 
deuxiènte édition de Yictoritu t>». la Nuit porte contait, mélo- 
drame de Signol. La Jolie Fillf de Gand est remarquable eo ce 
que les frais, de sa mise en scène siélèvent à. la somme de 
51,993 fr. 70 c. Aucun ballet, où les chanteurs ne figuraient pas, 
n'avait encore atleint ee chiffiv. H. Thomas (Ambroise) mtt sur 
jev deux Eictes nouveaux et perd de nouveau la partie. 

l^s thé&tres royaux sont fermés poidBOt cinq jours , i dUer 
du 30 juillet, à cause des funérailles du duc d'Orléans , mort le 
13 de ce mois, 

U Ytfiefeau Fantôme , opâra «fi émf. actes de U- PUll Htft- 



ityGoo^k' 



ACAItSaOE ROYALE DE MUSIQUE. »1 

dot, muvque de H. Dietacb, compositeur eetimé. a aerwntn lui. 

La Féri, ballet ftiQta&tique en deux aetw, de MM. Th. CMm- 
tier et Coralli, musique de Burgmûllw. si rimer tsu. 

CharUt VI, op6rs bd cinq actes, paroles de Casimir D^- 
vigoe, musique de M. Halévf. La mise en ecAnede w m^lcH- 
drame coûte 06,808 fr. BarroiUiet et M*" Slolte y sont fort ap- 
pUudis, tsmiMists. 

Dom Sibasiim, rai de Portugal, enterrement en cinq aelet, 
paroles de M. Scribe, musique de D<mizetli ; frais de mise en 
scène 6S,377 fr. 65 o. la Boriai&brB is4>. 

Lady Henriitte ou la SerDtmU de GfÉminûh, ballet en trois 
actes de HU . de Saint-Georges et M&zilier, musique dé MH. de 
Flotlow, BurgDiiiller et Deldefez. Ce ballet est une imitation de 
la Comusst d'Egmmi, vaudeville représenté sur le théâtre des 
Variétés, du ballet des Chambrières à louer produit jiar Che-i 
Talier devant la cour de Louis ini ea 1617. n fÉrrier iw. 

Is LoMMorme, opéra ea deux actes, de M. de Saint-Georges, 
musique de H. Halévy. m mm iséa. 

Sudharis, ballet en deux actes, de UH. Léon FiUet et Co- 
mlli, musique de M. Deldevee. 7 Mnt 1U4, 

Parmi les drôleries dont M. ledirecleur avait outè son ballet, 
je dois citer le tableau d'une piquante nouveauté qui monifait 
Calypso, la nymphe inwnaolable, se promenant dans ses grottes 
en eaaiis(rie de nuit, un bougeoir Ji la main. Notex, s'il vous 
plaît, que le drame était sérieux et nullement empreint d'une 
«oulttur bouffonne. 

OteUo, opéra en trois aetes, musique de Hossini, traduit par 
HH. Waëzet Royer. ) MptMnbre i|u. 

El ee fut réellement un 3 septembre, un maasaore de la par- 
tition de Rossinl. M"* Stoitz cédait au ténor Gardoni tous les 
passages qu'elle n'osait attaquer. Les roulades ébrechèes de eette 
virtuose ne sortiront jamiiis de mon oreille. Les phrases les plus 
brillantes, les traits victorieux du rAIe de Desdémone avaient 
été judineusement supprimés. 

Hieharé «k PaluNt», opéra en frois actes, en iwi, je dois 
en faire la remarque, tous les livrets d'opéra, deux traductions 



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2S8 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

exceptées, ayant été josqu'alors écrits en prose. C'est I M. Panl 
FoDcher qae l'Académie doit cette hearause innovation. Ia mu- 
uque de Richard en Palettine était de M. Adam, t oetobnisu. 

Grand concert oà l'on exécute ia Création du Monde, orab^re 
de Haydn, l'ouverture i'Obéron de Weber, un diœur de /wtot 
Macchabée, oratoire de Hœndet, 8 cbanteurs récitante, <50 cho- 
ristes, 2iS symphonistes y compris leurs chefs, S03 musiciens, 
exécution excellente. 

15 novembre. Obin, première basse, débute dans k Cornu 
Ory ; belle voix, beau talent, bd acteur, beau succès, qui ne se 
fait pas attendre longtemps, s'il ne se déclare tout de suite. 
, Marie Stuart, drame lyrique eo cinq assassinats et six cos- 
tumes pour H"* Stoltz. Paroles de M. Th. Anne, musique de 
M. Niedenneyer. Frais de mise en scène 79,941 fr. 50 cent. 
t Mcaubra ISU. 

Pendant l'année 18H-1S45, l'Académie donne 184 représenta- 
tions, nombre qu'elle n'avfdt plus atteint depuis 1785-M, et qui 
même avait été réduit & 143 en 1810-11. Cette aue:mentation est 
due à quelques douzaines de petites danseuses viennoises qui ma- 
nœuvrèrent avec une grâce, un caprice, un ensemble d^cieux 
sur notre grande scène. Tombées au chiffre le plus bas sous rin* 
fluencede laprtma donna attoluta, les recettes s'élevèrent sur- ' 
leHjhamp àlO,000 fr. et s'y maintinrent aux représentations nom- 
breuses oil figuraient tes gentilles virtuoses. Le caissier n'avait 
depuis longtemps goulé les douceurs d'une pareille abondance; 
elle fut de courte durée, le départ de la colonie aUemande, qu'un 
amour- propre blessé ne congédia pas sans plaisir, ramena la 
peste, la grêle et la famine au sein de notre Académie. 

le Diablt à Quatre, ballet en trois actes de HU. de Leuven et 
Mazilier, musique de H. Adam- Succès, iiaoatistï. 

Ce ballet est fait avec une pièce anglaise que Sedaine avait 
arrangée en opéra comique, représenté à Paris, sous le même 
titre, en 1757. 

L'Étoile dé S^nUê, opéra en quatre actes, de M. Hippolyte 
Lucas, musique par M. Balfe. Étoile filante que représente 
M~* StOltZ. 17 décambra im. 



n,Googk 



ACAD&Hœ BOYALE I« HDSiQlIE. HS 

Lady lldboiDUgh venait de moarir. Cet accident seul pouvait 
la séparer de sa gouvernanle, aux mœurs austères, i^ne de 
zèle, d'îDtelligence et de dévouement. H"* Duvernay voulut s'at- 
tacher une personne accomplie à ce point. On s'entendit sur ta 
partie financière; mais au jour fixé, la femme de cbambre anglaise 
écrit qu'^e ne peut entrer au service d'une maîtresse non en- 
core mariée, circonstance qu'elle ignorait lors de leurs arran- 
gements. Désespoir de la danseuse; c'était la situation de Clan 
dans le ballet de ce nom. Frappée au cœur, M°* Duvenay veut 
rester seule; ce coup funeste altère la santé de notre virtuose. 
Malade, elle garde le lit, verse un torrent de larmes, jusqu'à ce 
qu'enfin celui qui l'aime vient loi dire : — Soyez ma femme. » 
Le mariage s'accomi^it, on VaiBche k Paris, on le célèbre i 
Londres en juillet 1845. Perfide, ingrate envers la danse, envers 
ses maîtres qui voyaient en elle une Taglioni, M"* Duvemay 
préfère aux joies enivrantes du tbé&tre un mari possédant quel- 
ques millions... de rente. 

De 18SM) & 1845, nous voyons s'éteindre toute une génération 
de ballerines françaises. H"" Duvemay seule finit le roman de 
sa vie d'une manière poétique et passionnée. H"" Noblet, Pau- 
line Leroux, Legallois , Julia de Varennes, Vigneron, VagOD, 
Varin, M"" Dupont, Hontessu; M"* Albertine Coquillard, un 
instant l'objet de tendresses princières ; H"* Roland , ta dernière 
de nos danseuses dont l'écrin ait valu cinquante mille francs, 
ces virtuoses» qui toutes ont eu leurs instants de faveur à l'O- 
péra, sont rentrées dans la vie privée, sans éclat, «ans bruit, 
vivant modestement dans quelque faubourg. Elles vont au mar- 
cbé, ne mettent plus k la loterie parce qu'elle est suppriaiée, 
et finissent tristement leurs jours , non dans la misère, mais 
dans la médiocrité, dans un parfait oubli de leur gloire passée. 
H"' Ouv^nay, transfuge babile et volontaire, vivra dans l'opu- 
lence, en grande dame, v^nt une femme de chambre an^se, 
aux moeurs austères, aux grandes façons. H** Lyne-Stepsens 
a gagné le seul quine sorti depuis trente ans b la loterie de 
l'Opéra. 
Lueia de Lartmtrmûtir , musique de Donizetti, opéra eD 



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iw 1BÉA1W9 Lviueuaf nt pans. 

Irai» actts , traduit de ritaltm par MM. Waës et Royer. m ft- 

WierlSM. 

Cet opén fat mis eti scène parce qu'on se flattait que Dupres 
succtMubentlt en cette périlleuse entrqnrise ; il j triompha d'uM 
nanière éclatante. 

L'expérience a prenvé trente foia depuii âenx siècles que loitl 
le fourniment de t'opéra-firanooni, cet attirai) de châssis, de 
costamesf de d^corsi d'accessoires, rBnaii?elés iftutihnent k 
grands frais, ruinait l'art et le théUre. Les vieux costumes, les 
vieilles armures, les vieux décors sont tont aussi twns k la scène 
gnelee vieux diamants. Les opéras tombéG permettent que leur 
équipement sMt mis en réserve, ployé, scaré dans les armoires 
pour être remis eu lumière plus tard et pour une meilleure oc- 
eaiion. 

En province, on met sur ses pieds nn grand opêm dans 
vhigtcïBq jours; k Paris dans ringt«iil(r mois; on est raitc 
même cinq ans sans en produire aucun sur notre scène. Le 
Bioyen terme est aujourd'hui d'un an. Cet énorme délai, dit-on, 
est néceesaire pour donner aux peintres, aux machinistes, aux 
tailleurs, aux fabricants d'épéee, d'arquriiuses , de masques et 
cabochoDi, le temps d'ajuster leurs flûtes ; pour donner à la 
caisse du théUre le tempe de se ravitailler, afin de subvenir à 
ces frais divers, J'en admets la nécessité; mais si cette dépense 
est follement engagée pour des ouvrages pris au hasard par des 
directeurs merveilleusement inhabiles ; si leur bévue de I84S, 
précédant celle de iêka, doit les laisser ad dépourvu jusqu'à ce 
qu'une débite nouvelle vienne proroger indéfiniment leur in- 
fortune, je dirai que l'attirail de mise en scène est un instru- 
ment de dommage, de ruine, Quand les Parisiens- Quronl défilé 
quinie ou dix-huit fois devant votre lanterne magique, croyez- 
vouB qu'ils seront bien pressés d'y revenir? Le Panorama donne 
bien uitrechose pour 1 fr. SOI «t te Bichi an Boi».' les i*tl«lM 
d« Diëtle.' véritables opéraa-franconi, bien supérimirs en m^ 
rite à ceux que l'on admire k l'Aoadémie, puisqu'ils attirent 
plus longtemps une foule plus nombreuse, et n'ont pas besoin 
de chanteurs, accessoire très dispendieux. Que de virttiHes, 



ityGoo^k' 



AQigatiHIK ROTALB DE MU9Q0E. Slt 

uadtoiicleiie d« panage, ont été payés ricbement pour compter 
des pauses en altesdast qoo les peintns ensaent décoré leurs 
aaioDs de musique I Â ces voix jeunes, brillantes , exercées , 
doDoez de vieux cbuais, friperie de magaMn.Béserreï les eages 
dorées pour les voix mal sonoantes, usées, pour les opéras de 
rebat daos lesqa^ on cbercberait vainement une phrase de 
mélodie : mnum «Uquê. 

Dicté par la sottise eu persesne, explMté par la routine opi-* 
niUre, le système de notre grand théâtre lyrique est le comble 
de r»Teur, de la niaiserie. L'expérience l'a prouvé depuis long- 
temps, chaque jour elle le démontre ; mais comme ainsi soit que 
le bon peuple français paie toujours le plein comme le vide, 
qu'il paie même tes] pots cassés , fc quoi serviront mes imper- 
tinentes observations? Je ne tes ferai pas moins, j'ai le cou- 
rage, la ténacité que donnent le droit, la mison, le bon sens. 

Ub directeur quelconque, les yeux bandés ou non, vous saveï 
que cette précaution doit éb-e absolument inutile, un directeur 
de notre Opéra plonge ta main dans le sac et tire le numéro de 
l'ouvra^ q^i'il destine aux {rfaisirs de li capitale. Cet élu du ha- 
sard, 

C'est l'opéra que je veux dire. 
Et non l'homme, oa pourrait aisément s'y tromper. 
Cet élu du hasard est le panier dans lequel l'aveugie direction 
vB mettre tous ses œufs de Pâques et de Noël, ses ceufs de toute 
l'uiaéei Hélas I ^e n'a pu s'apercevoir que c'était un panier 
poxé. Patatras I voilà tous les oeufs par terre, pifit & Dieu que 
ce f6t une ombelle fantastique t elle est réelle, il faudra mâcher 
i, vide pendant toute l'année, boulotter avec les vieilles pièces et 
laisser au fond de l'abîme la nouveauté qui vient de s'y précl^ 
piter. En voiUt pour douze mois , que dis-je? pour douze fois 
douse moisi Depuis douze ans et plus, je ne-rencontre que dé 
somptueux paniers plus on moins percés, parmi tous les opéms 
mis en sc^ie avec tout le fracas et l'artifice des costumes et dé- 
cors. C'est un abattis général, une série de cbutes plus on moins 
honteuses, plus ou moins décentes, deux seulement pourraient 
être qualiGées du titre peu satisfaisant de ruceit d'estime. 



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272 THËAIKES LTRIQOES DB PKB3S. 

Au milieu des débris de tous cea nanfnges, où tant de chusis 
précieux, tant de peintures admirées , tant d'or et tant de satin 
flottaient à vau-l'eau, qu'ai-je m sut^ir, triompha*, s'âev«' 
jusqu'aux frises, jusqu'aux étoilesT Que vois-je encore en 185G? 
deux opérettes, lancées tout uniment, sans aucune oér&noDie, 
et pour lesquelles on n'avait pas hit la moindre dépense. Bien 
mieux I plusieurs aimaient h croire, nourrissaient «i leur ame 
l'espoir ap^able et flatteur qu'une de ces pièces tomberait tout 
à plat, et ne manquerait pas d'entrainer Duprez dan» sa chote. 
Vous voyez qu'il s'agit de Lucie de Lammermow. Il est inutite 
de vous dire que ta Favorite porte le n* 1 des opérâtes dont j'ai 
voulu proclamer la victoire. La musique de ce n* 1 est pauvre 
mais bonnële, souvent triviale, mais toujours chaotable, qualité 
d'autant plus précieuse qu'elle est plus rare aujourd'hui. Cette 
œuvre de Donizetti repose sur un livret excellent, production 
de neuf auteurs, dont tes trois derniers sont HH. Scribe, Waëi 
et Royer. Dans Lveie le musicien a lout fait, le drame en est 



Douze opéras, grand patron , douze opéras tomb^ malgré le 
riche secours des pompes, du fracas de la mise en scène; deux 
opérettes mélodieuses remportant une victoire éclatante sans 
être appuyées par ces accessoires si chers à H. Heyerbeerl et 
que l'on estime indispeusaJtdes, me paraissent nu argument sans 
réplique, une raison plus que suffisante pour engager nos di- 
recteurs d'opéras à se lancer enfin dans la bonne voie en aban- 
donnant lout ce fatras de p^ntures et de satin. Sérieux, infini- 
ment sérieux de ma nature, je ne puis m'empécher de rire en 
voyant les palaugeurs de l'Académie faire tomber douze dram» 
lyriques en les couvrant de tout l'or du décorateur; et, changeant 
de tactique et de batterie, voulant effondrer la pièce et l'acteur, 
procurer un succès merveilleux h Duprez, à Lucie en ne dépen- 
sant pas six liards pour la mise en scène de cet opéra. Oh I les 
habiles gens que voilà, la, la 1 N'ont-ils pas la sympathie du pu- 
blic? pour le démontrer aux plus incrédules, u'ont-ils pas fut la 
preuve et la contre-épreuve de leur sagacité? 

Vous venez de voir un directeur de spectacle tirant sur ses 



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ACADËHIE ROYALE DE MUaQDE. XTS 

acteurs. la diplomatie tén&reuse du théfttre peut l'engager 
parfois ii diriger ses coups sur les ouvrages qu'il a mis eu scène 
avec un bonheur qui le contrarie. Un auteur bien pajant l'in- 
demnise, et la pièce nouvelle est sacri&éd & l'instant ; elle est re- 
commandée avec cbaleur aux journalistes afin qu'ils en disent 
beaucoup de mal. 

McHte au Smat, ode-symphonie, paroles de M. Collin, mu- 
sique de H. Félicien David, exécutée le SI mars 1846. Ce 
maître s'était d^à signalé par le Dieert, œuvre do mtoie genre. 
Moins heureux en doQnant JfoÏM, il a pris une brillante revandie 
le 7 mars 1847 : Chrittophe Colomb a réussi complètement 

Paquita, ballet en deux actes , de HH. Paul Foucher et Ha^ 
lier, musique de H. Deldevez. 1" avril 1846. Succès. 

Les dames du siècle dernier se plaisaient infiniment à vmr 
danser les virtuoses du sexe masculin. Si quelque directeur de 
l'Opéra s'était avisé de priver ces chevalières des objets de leur 
vive affection, d'éloigner de leur poste émiuent Pécourt, Blondy, 
Marcel, Dupré, Gaétan Vestris, Lany, Javillier, Dauberval, An~ 
guste Vestris, Lepic, Nivelon, Deshayes, Laborie, ou tout autre 
danseur élégant et vigoureux, princesses, duchesses, marquises, 
comtesses, baronnes, cbanoinesses, présidentes se seraient ré- 
voltées. Furieuses, elles auraient fait jeter l'impertinent direc- 
teur dans un cachot de la Bastille, s'il n'avait été préalablement 
assommé, lacéré. 

Pierre Gardel voulut mettre en scène TiUmaque en 1788. On 
dédaigna ce ballet par la raison que deux hommes seulement y 
figuraient au milieu d'une colonie de femmes. Télémaque et 
Mentor I le moyen d'animer une action avec deux héros dont un 
ne devait pas danser I II fallut que l'auteur profitât de la révolu- 
tion de 1789, de la démolition de la Bastille, pour tenter un 
coup d'État en produisant son Téi^naque en 1790. 

Nos mœurs théâtrales sont aujourd'hui changées au point 
qu'en 1832 on approuva les réformes laites dans le personne 
des ballets. Le nombre des danseuses fut augmenté considéra- 
blement, on diminua celui des danseurs, et ceux que l'on garda 
perdirent une grande part de leur importance. En 1846, des 

D. 18 



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daawiww nn^tent te papi^ltm «oUvii, la vosie tt la pelme des 
h«uu48 ; «lies fo9t uiw aadaciawe vrupUoQ dftm k domme 
4» tem oKDtamleft «uct^Hiis ; la Kiute-piuasa«ce n'9»t plus dti 
Mit* de ta bartift. «t oulle rëv^dte oe se iiuaUe»tei aiu logos 
tÊtme i> l'anidtilbMtre. Lw gutil» biuiards de i'a«wta sont 
accueillis de la manière la plus gracieuse. Le parterte eu ttt 
wrtiaatii. tes.logw «piiltAiâisswt. No& dagaes spiactat^cea apt- 
tOek dwisà <1« gWioe d^uia 17S9? N'cwt-eUofplti&ToU au 
oh^tra 4wui» oet(e ràvolutioQî Ma. timidité aatureUe m'em 
liABh» de rtptMMlre )k «a« quastioiu. 

DunH, fiiut en trù» actea de A. Sciwaet et H. v. UaileûHe. 
RkiiW^ite da M. Wer«i#t, t|— StoUs repré^^te DaTid. a iuia la^e. 
La statue de Rqsûqî, que nous devoQS », M. A. Ëtex, est 
|l»cé« daa4 te TestUwle de l'Op^ le 15 juin 1S46. Las iaages 
COmplëlea des auteurs dramatiques sont par oous coUoquées 
daos Vatrion dea salles de spectacle; lieu lerwâ pendant le joui, 
UeH que l'W travene le soir e« courau t. Ceâ statues, destinées k 
senir de doMiera aux contrôleurs, conserveat leur droit de ptrà* 
sflwa jusqu'au mènent où de meilleures disftasitions â prnulia 
pour l'écbao^ des narques et contre-marques font reléguer 
lesnuti^rea sous quelque hangar plus lénébi:eux eocore. Témoût 
I4 statita de Grélrj, qui, depuis longlempa, mise à la retraite, a 
dimant s«bs espoir de retour. H*"* de Staid pétait peinte «q 
buste dans ses écrits, je conseille aux auteurs de se faire mor- 
dekr de cette maDièn ; ils pourront au mai,» passer de t'anti- 
chMBbre au salon, et n'auront plus & redouter la disgrâce qu^ 
lfOjiéra'<ktmique a fait éprouva ^ l'auteur de itic^ard, de ^ 
iliin»an«, i'Auaoréon, et de tant d'autres o{)éraa dont la verte 
vîMlilMse fait pâlir, jawir les productions des mustciei^ Miou* 
ques de eos jours. 
Ces faiseurs privilégiés disent sudotuiaut, «veç un Cïitiqti» 

ConU&w des toaaàt Mt toute la muil^w ; 
L'effort est-il si gnsdï tiï falleit eiceUei. 
Pent-ètre aurai»^ tort d( waioir m'a» wétsr; 
U^ j'ai de ia aâawiw, tt i« sswais de reste 



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ACiOËHlE BOTALE Dfi MUSIQl^ «V 

à, CiHbnui dlp^cé, co«dr« u luolwm d'-A^eo^, 
f âalentl les moreetw le moiqa mal aswrtla, 
U bataille dea vents snr lea sooges d'&tyi, 
ioipiaiit les pleurs d'IsU aux pleurs de Saagaridef 
La rage de Hédée à la tireur d'AnnJde, 
l£ plainte de Syrlnx aoi regrets de Gérés, 
Je ferai..... je ferai comme a fait Desmarete. 
Nou tommes tons égaux par la taert de BaptMft} 
L'opén (Je lanriBi iiDlqii»Mnl ultilâlt^ 
n u PtUi-K«ral M a MUnat )mka 
OM )B Put-mnf Ini-Mlina iHUt jimMéi, 
A*eo éoiat pauMiiit wtM « TQ pcnltrt) 
U «e h«t que l'ftpptii d'w hardi petitr^mUf^ 
Le pvtetre est docile et trcuye tout eziiuis 
tièR qn'U e«t iVpIaa<U pw un iWt un m^r^is ^ 
. Et le bourgeois WD* goût mesure ses délices 
Sur le maintieo peu sur d'un ^raud dans lea conllstes. 
PeuOco, lei Petits-Mc^tre$, utira, 

l'Am m pcïv, opéia ea àffoT^ actes» de M- de Saint-Georgea, 
QiUBÎqué par m. ie Fl&ttow. ao juin i84». 

.eeUy, ttiUlet m deux actes, d« tf- MasiUer, musique pa^ 
II. A> TbomBs. C'est ia Je^nme d'Hfnri V, coiQédie de A. Dit- 
val, vise en eutrechats. lejDiiietmo. 

Bû^t Svictt pastiche eu trois actes, arrangé par MM. Waëj, 
Rojer et Niederpieyeravec de la musique de Possini. Eiêcglion 
déplorable à lou« ég^d», p&Ueaiera et chanteurs fout assaut dq 
ridicule- ao d£c«iotire tue. 

Dans tes derniers jours de l'aonée, & Bologne, RossiDÏ sort 
«Q voiture sccouipEtgnë de sou ami tablache. — Lève la glace, 
l'air est froid, le veut souSle, il pourrait t'eorhumer, lui dit ce 
dernier. — Ne crains rien , ce sont les sifOets de Robert Brua 
qui oouB caressent le mf Qton, cela ne peut me faire aucun mal; » 
ré^nd Le malin Rossini. Ce maître s'Était d^à moqué solen- 
DeUement, et par écrit, d\i nobis pastiche doat on préparaît 
VcnhitiiUMO nal»c(uUreuse. 

figiwt Bruce OQ vaut p^i It iHaplef > dit un amateur peu 



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trs thëahœs lyriques jm paris. 

satiifidt de voir défigurer ainsi, dans le noaveau Robert, des 
fngm«its de la Donna del Lago, de Zelmira, i'Armida. 

Outrée du dépit que lui cause sa dernière mésaventure, 
M** StoltE, en scène, adresse une imprécation digne d'Ajax 
aux dieux immortels , en déchirant son mouclioir curieusement 
brodé. 

Un pasticbe ne peut être combiné que par une seule tête, 
écrit, disposé que par une swle main, que par an musicien prM 
k composer les fragmrats qui doivent manquer & sa partitioD 
projetée; car il est impossible que les matériaux provenant de 
la plus ric^e démolition fournissent (ont ce que tb réclamer 
l'équipement d'un nouveau drame. Voilà quatre maîtres d'un 
talent éprouvé , reconnu , qui, cbacun de son coté , pouvaient 
faire merveille et nous donner un chef-d'œuvre, ils tombent tout 
à plat. La faute en est aux dieuxl à M" Stoltz! non pas, s'il 
vous platt, non pas ; mais à vous qui follement avez réuni, mis 
k rceuvre deux Italiens et deux Persans qui ne pouvaient s'en- 
tendre, se comprendre, se concerter sur aucuo des nombreux 
détails delà mosaïque demandée. Je dois mettre Rossini de lapar^ 
tie puisqu'il a fourni \ea diamants et que l'on est allé jusqu'à Bo- 
logne obtenir des conseils de ce maître essentiellement dérisear. 
M. Niedermeyer est un compositeur éminent; HH. Royer, Waëz 
ont écrit l'un des meilleurs livrets qu'il y ait au monde, la F<no- 
rite, liviet sans «position, comme DonJnan! Je ne saurais por- 
ter plus haut le mérite des pfttisiers infortunés. Leur convoi s'est 
brisé par la seule raison que vous l'avez mis entre deux ou quatre 
locomotives puissantes, victorieuses, mais tirant en sens inverse. 
Que la muHBuvre soit commandée à l'Opéra par deux, par 
quatre machinistes en chef, et vous veirez des peupliers surgir 
au milieu d'un cachot, et la mer s'agiter au-dessus des étoiles. 
Voilà précisément le désordre que l'on a remarqué dans Robert 
Bruce où quatre arrangeurs, qui ne pouvaient s'eotendre et se 
comprendre , ont eu l'adresse de déphûre aji public, en lui pré- 
sentant des éléments admirables , û est vrai , mais jetés au ha- 
sard; entassés comme on ferait des marbres, des tableaux, des 
sièges, des b^oux, des lustres, des tapis dans un garde-meuUe; 



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ACAI^IIE BOYÀLE DE mSIQUE. Xn 

que dû-jet dans un chariot de déménagemflDt. Parnn lourde 
force du même genre, de aoureaux arrangeurs n'avaient-tlB pis 
déjà fait succomber eu même lieu, sur un thé&tre royal et muni 
de toutes les richesses vocales, instrummtales, avec les précieux 
secours du ballet et des prestiges d'une mise en acdne féconda 
en mirades, n'avaient-ils pas démonétisé, réduit au néant ce 
Robin-dei-Boù que le public de Paris applaudissait encore avec 
fureur à la 387* représentatfbn donnée k l'Opéra-Comique après 
SS7 victoires remportées à l'Odéon? Goovenet qu'il faut être 
bien habile pour opérer un tel prodige. 

Et tout n'était pas dit Ce merveilleux Freyichùts, qui vous a 
donné RobtrP-tô-DiabU, Uvret et musique; ce fVvywAtite qui 
triomphait dans l'univers entier, paralysé, devuiu npowvoir k 
notre Académie, indigné, furieux, s'échappe un jour de son 
toinbeau, le voilà fuyant sur le boulevard ; on croit naturelle- 
ment qu'il se dirige vers l'hépital des fous pour y demander 
Tiomtoe d'un cabanon. Point du tout; le gaillard prend & gau- 
che, c'est sa coutume ; fatigué des grandeurs, il s'établit dans 
im petit manoir lyrique bien coquet, bien gentil, et le pauvre 
défunt de l'Académie redevient au bonterard frisque, opulent, 
vivace, et recommence le cours de ses brillantes fredaines. On le 
trouve giBodi, ce Junca-Robin, ferme sur ses jartets, large de 
poitrine, beUe figure ornée d'qne barbe argentée, portant avec 
une gisce én^qoe sa lourde carabine et son costume sévère 
et de bon goût. 

Je n' Ptl JuDils ni com* ça 
FilT'tesbunboelteil(At«), 
s'écriait le populaire émerveillé, guidé par de nombreux tànoint 
de la déroule académique. Les dilettantes qui possédaient leur 
Kobin-dêi'Boù de l'Odéon et de rOpéra-G<Miiiqne ne d^MO- 
taient pas l'opinion gtaérale. 

Tous aviez donc au Théfttr&-Lyrique des Malitffait, des Sontog, 
un Haitzinger, un LablacheT Hais m>n, plusleura de nos dian- 
teurs disaient leurs premières armes en sbordant ce colosse 
d'harmonie. H"* Lauters dit la merveiUeuae et redoutée scèiw 
de la fenêtre, die ravit son auditmre par l'inaf^ et le cbame 



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éRiiHittx Se sh fOiX. Ln^ra, Manhot, GrifDon, OOlson, 
K^ Oirud font assaut de 2(lé, de WOA ; l'orcAestre, ftnimé p«r 
son capiuiiB^ Deloffre, se rend IHgt» da chefnl'tAuvf» qu'A 
etéeute, et les ctiorisws brillent «u pofnt qw les bis tradltMn» 
neli sont demandas avm une ardeur toute juvënlte» bien que le 
Td Ko ttaldia Aiagique eât dëja sonné qualem ou quiue ottilk 
fols dans l'oreille d« Parisiens. 

Hainteaant , le pmtôs vous paralVH jugé BOfBsammenti «b 
pmniëre iflstahM , h rodéou ; enepp^, h l'Opéra-Comlque; 
à l'Académie, en cassation, vasiantt pèut-^tre parce que les aca- 
dfiAiitnens aratenteu recours & d'autres arrangeurs; bu Théâtre- 
Lyrique, seconde tour d'appel saisie de rafteire E«wr donner 
un artM solennel et définitif, les premiers HémoKuewrê ayant 
étfi remis en cause pour Mitenir nn troisième «ucc6s. Que de 
^s voudraient ainsi démolir, s'ils pouvaient reconstruire avec 
antant d'aplomb et de solidité I 

An moment oA féerls c«s lignes, Il mai IKIK, Jtobm-flw- 
Sûii compte 4fi représentations et ne pbratt pas enootc wf 
Ittigoe de courir. 

OxeR, ballet en Aenx «ct«S) de Conlli, musique pat U. C. 
ffide. » wril mi. 

Paulin, ténor; BrAnond, basse, Viennent «e joindre k h 
ciHatn^ie (Gantante, et reçiriventlaur patente d'académicim. 

H. d'Allgre avait fait le oaotionneramt de M. Pillet, directair 
de l'Opéra, consistant au dépôt d'une inscription de rente sur 
l'État de 12,000 fr. Ce directeur recevait do gouvernement une 
subvention de 620,000 fr. par an, dont 20,000 étaient affectés 
SB s«rvfc« des peastons. H. Pillet quitte l'Opéra, cédant asll 
jtHttlègn & HM. DupoDciiel et Heator fioquephut, laisatal 
HO,«M f r. de deUea que BUl . Dupdadiel c( Roqueplan preaMat 
à leur charge. 

là Souifiutiirty opéra «a nn actB, 4è H. Hippoljte Lucas, 
raMii^par H. Adam. siMdibi, 

ta fiUi da Mwbra, bdlct pantomime m tnw acUs, ds 
M. Saiite-Uinit masi^ié par M. Pugni. 81 octafere. Dttat ia 
Siiii»Uoa « «en- Gerht(>-5ailit>J.é»B. 



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Cet ttuvrage est ajusté fort adroitement pour plaire Ma Aft** 
teuts. La fille de marbre y montre une souptetse, Ub6 fîtMSt 
une légèreté, que l'on ne s'attend polnl d trouver dans ur» ba* 
clielette de son espèce. Elle ^ danse longtemps, elle 7 dahse 
tr^ «ouYeni, eRe 7 danse k rartr. Cette qu&lité précieuse, qnt 
flous h'ftVlons pas rencontra encore dans aucun autre balM, 
cette heureuse prodigalité d'Un talent plein de vigueur et de sé- 
ductions doit Wre excuser les défauts du livret. Est-Il surpre* 
nàut que rauteur ait sacriHé son dt^mé au de^ir de présenter u 
hmine dans les divers caractères de la danse, puisqu'il se sacd*- 
Be souvent lui-même poUV lui seirvir de support dans ses atti*- 
tudes les plus gracieusement étonnantes? Il prend des revanche* 
dans ies solos ii^ull exécute, et fait aâmirabtenient sa partie 
quand il s'agit d'attaquer la cachuchà. C'est un dUb dàAsJ 
comme M»*' Sontag et Malîhran, Comme Ruhini et Taililratitti 
savaient le chanter. 

Mtwafom, pastiche eh quatre actes, arrangé par MM. ^iS* 
et Royer, avec de là musique de Ri. Verdi. Une belle Scène, fort 
bien dite par Duprez, est composée tout exprès ptr M Mattre 
italien pour notre Académie. Début d*Buzet, basse, de Jt** JU- 
lian Van Gelder. Succès. îB noTtmbM iu^. 

GYUéiidis ou les Cinq Sens, ballet en trois actes et cinq Ift- 
bleaux, de MM. Dumanoir et Hazilîer, musique de M. ÀdaU. 
JB IftVrier 1848. Sujet traité pour la troisième fois en ballet. 
Rby et Mouret donnèrent le Triompfa des Sens, le S Juin W3Î. 
ta Xasearade des Cinq Sens de nature conduits par la Fortuwi 
et les Plaisirs avait été dansée à "n-oye en 1658. M"' Cariotla 
Grîsi charme de nouveau la nombreuse assistance par son doufelR 
talent de mime et de virtuose dansante, le février Is&a. 

Le 24 de ce mois, le roi LoUis-Philippe est assiégé dails son 
palais des tuileries, il s'enfuit en Angleterre, et là République 
n» i est proclamée. L'Académie cesse encore d'être royale et 
prend le titre absurde, banal de Théâtre de ta ffation. 

Le* bustes de Marat, de Lepellctier, figurant sur l'avant-scène 
de notre grand théâtre lyriqae, avaient été brisés le iO ther- 
midor an IL Tindécente banhléte, le rideau qui bon* montrait 



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S80 THÉÂTRES LYRIQUES VE PARIS. 

Lalli recevant le pririlëge des matoB de Louis XIV, et pouvait 
foire croire que ce musicien avait fondé l'opéra français, va se 
ranger au magasin parmi les toiles à repeindre. 

En lisant cette histoire tous avez remarqué sans doute le ra- 
vage constant des cinq plaies qui dévorent notre Académie na- 
tionale de Musique depuis son origine. Appeler Théâtre de la 
Nation UD Hié&tre qui n'est alimenté que par des étrangers, 
n'est-ce pas une amëre plaisauterieT Notre grande scène lyri- 
que ne ressemble-telle pas à l'Académie des Jeux floraux, in- 
stituée pour la poésie languedocienne, per lou gai taber, et qui 
n'admet à ses concours que des pièces écrites en français? Un 
Italien, Lulli, s'empare d'abord de notre Académie de Husiqœ, 
il «1 chasse les compositeurs nationaux, et fait adopter aux Pa- 
risiens une psalmodie, que ses auditeurs ignorants et bénévoles 
acceptent, sans s'apercevoir que ce plain-chant ne ressemblait 
pas du tout aux opéras de Rovetta, de Cavalli, chantés dix ans 
plus lot devant eux par les Italiens. Des Français peuvent enfin 
arriver k travailler pour leur scène, lorsque Lulli s'est laissé 
mettre en sépulture; mais ils suivent ses traces, et contmuent h 
psalmodier au grand contentement du public et midgré les ré- 
clamations des amateurs éclairés que leur zèle avait entraînés 
au-delà des Alpes. Campra se distingue parmi la foule des imi- 
tateurs de Lulli. 

Rameau veut s'ouvrir une route nouvelle, mais son amour^ 
propre l'empêche de s'instruire et de profiler ainsi des progrès 
que l'art avait faits chez nos voisins. Il cherche en vain ce que 
bira d'autres avaient trouvé depuis un siècle. Tels ces Chinois 
qui s'occupent à perfectionner la manière de lancer les flèches 
quand les foudres de Paixhaos tonnent sur leurs rivages. Qud- 
ques Iti^ens, chantant l'opéra buffa, se font entendre sur le 
thé&tre de l'Académie royale de Musique, et produisent un effet 
merveilleux. Les compositions de Pergolèse, de JomelU, etc., 
séduisent, enchantent l'éUte du public. Une forte opposition 
soutient les droits de la routine et du plain-chant; deux partis 
se forment, se défient, s'attaquent; un déluge de pamphlets 
annonce que les deux uméea pourraient euflo tirer l'épée, en 



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THEATRE IK LA KATIOK. 281 

TOiir na mains , et la politiqae méticuleuse de la Pompadonr 
fait bannir ces virtuoses réformateurs. On prépare, on assure 
nn succès à Titon et V Aurore, Louis XV se fait chef de da- 
queurs, et la psalmodie française triomphe h l'Opéra, Cette vic- 
toire, bêlas I ne put la sauver. Le ridicule venait de la frapper 
h. mort. Jusqu'à ce jour elle avait été la risée de nos voisins , 
die devint alors un objet de moquerie et de mépris pour les 
Français. Tels ces maris qui se plaisent & faire de burlesques 
rédts de leurs infortunes conjugales. 

On traduisit les douze opéras bouffons que les Italiens ve- 
naient de dianler, on eo traduisit d'antres encore , et l'on en 
composa sur ces modèles. L'Académie royale de Musique pro»-. 
crivait la mélodie élégante et mesurée , Jean Honnet s'empressa 
de l'accueillir à son théâtre de la Poire, eo 17&3, et l'Op^-Go- 
mique, à son aurore, devint le rival heureux de la roycde Aca- 
démie. C'est à la foire Saint-Laurent que la réforme de la musi- 
que française conuneoça, qu'elle suivit sa marche victorieaae, 
grftce aux opéras étrangers. En iTlk, l'Allemand Gluck vint à 
l'Académie continuer cette réforme qui suivit sa marche ascen- 
dante jusqu'au moment où notre Héhul la termina glorieusement 
au lieu même témoin des jeux de son enfance, à l'Opéra-Comique 
par Evphrosine et Coradin. Le célèbre duo de la Jaloutù est te 
point culminant du drame lyrique moderne. Mélodie, harmonie, 
rhythme, vérité d'expression, jeux d'orchestre pleins d'audace et 
de véhémence, explosion dramatique au suprême degré, sourdes 
rameurs, fracas judicieux et prévu des passions violentes, uaioQ 
parfaite des forces vocales aux puissances des instruments, tout 
est 1&. Mettez sur table les centaines de partitions que je tiens 
dans ma tête, et vous verrez que nul eacore n'a passé la borne 
placée par notre Méhul. Ce qui n'empêche pas qu'une infinité 
de compositions admirables, où se déployeot des moyens sono- 
res plus stridents, n'aient illustré depuis lors nos musideos et 
ceux de l'Allemagne et de l'Italie. tnaM^n. i«>-] 

Qui, depuis Gluck, a soutenu le Graod-Opéra français? Je me 
vois forcé de nommer Piccinni, Sacchini, Grétry, Salleri, Vogel, 
Cherubini, foesnick, Hutini, Steibelt, Mozart, Haydn, Wiotv» 



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an TimuntEs lyriqubs dg paris. 

Paisicillo, Blstigibi, Spondni, Rossitit» Weber, MtedanQlijcr, 
lfeyert>eer, DonJEetti. Verdi, limnander; et je ne dis rim de 
soixante antres étrangers qui sont venus 7 fùre preuve d'îB- 
pulssance ; affront bien plus cruel encore pour lee musiciens u- 
tionaux, puisque des barbouilleurs insignes leur étaient pré- 
férés. Peut-être croirez-vous que la France ne possédait point 
alors de miiaiciais capables d'écrire ponr le Orand-Opérat Pm 
du tout; elle en avmt, die en aura toujours. Mais l'inimitié qne 
les Français nourrissent et professent à l'égard de leurs compa- 
trioles faisait bonne garde au logis adn de leur en défendre l'en- 
trée. Écrire pour le Grand-Opéra 1 c'est aspirer aux supr^net 
boBneors, c'est vouloir se poser sur le folte de la colonnel di- 
saient les biérophantes de ce temple ^e t'Harmonie. Pauvres 
gens, idiots I Comme si Don Giovanni, OuUo n'étaient pas dei 
œuvres plus réellement faciles à composer que k Noxxe di Fi- 
garo, a Barbierg di Siviglia! Pensez-vous qu'il ait fallu moin! 
de génie et de talent pour écrire Tariufe que pour mettre sa 
jDiir la plus belle de nos tragédiesT Les compositeurs de muâiqnc 
noble et sérieuse ont toujours été , seront toujours au. poste; le 
genre boutife a disparu, le combat a fini faute de combaltaots. 
Daignerez-vous admettre encore cette preuveT 

Voilfc donc les musiciens fftnçais bannis de leur Académie 
ro^e de Musique, chassés par les étrangers comme autrefois 
les comédiens français avaient été chassés de leur théittr parle 
brigand LillU. 

La révolution de i199 brise les chaînes, n>mpt le ban de nos 
mnsideBs. Tous croyez peut-être qu'ils vont entrer en Ibute dans 
leur Académie devenue nationale ; point du tout. Mais la liberté 
proclemëe pour le peuple et poiir les tbéâtres, petniet h tons les 
entrepreneurs de joindre la musique , le chant, la dansé am 
agrémente de leurs spectacles, et de s'empMçr dli genw que les 
seigneurs académiciens s'étaient réservé. Dlx*sept de ces entre- 
preneurs profitent de cette heurense licence. Sui^e-champ toul 
un répertoire est formé; les Français font le plus noble nsage de 
la liberté conquise. Méhul produit EuphrvHne, Slfatoniee, So- 
rft«««, Aàrkn, Melidore, ArioOant, la Cavtrm, Èton, HiUns, 



ityGoO^k' 



■mUtHS DR LA NAUON. M) 

Joteph, Vthal; fieftOQ fait appIftMir Je» R^fbMUv Ai CiMri, 
Pm«e 4e Léon, Montrmd, AUmt; Le Suesr, PMtl «C Fif^fe, 
rflrfmaçii*, la CantrlW; Dalayrnc, Oamii)*, RortA ÂJnîiem, 
Monté'Pfero, Adèle et Dortan, la !>>«*■ rfe Newsiadfy GtUnafe, 
Gulùtanj Bo!^i!eu, Zoraime et X*tnar, tt^i&mtkti, te Callfif 
Kreutzer, Lodditka, Paul et Virginie ; Gareaux , Lémore, 8«<- 
phie et Jfonettri, Oinintka; ce qni n'empécbe {ms les étrengerS 
Grètry, Martin!, Oresnick, Cherubfni et Steibrtt (Tenrtchir «olre 
seèae&RAnacré(fHthex Polyvrate, Raoul-Barbe-Blewe, Pierre-le- 
Gronâ, Litbeth, Étisca; de Sappho, Miméo; A'ÉponUte; do 
Midée, Éliaa, Lodotska, l'Hôtellerie portHgaim, le» Deux /out^ 
néee; et de Romfy et JuKette. 

Voilà de véritables gr«uds opéras de fait s'ils ne le sont pas 
de nom. Que leur nwnque-t-il T tes tara (a Ta ta ta d« rêcilAtift 
brossés pour équiper aujourd'hui le Chscal de Brome , traVaH 
mécanique et sans importante. Voili tout un répertoire admi- 
rable ; et dix ans de liberté viennent de produire en France plus 
que deux siMes d'esclavage et de privilèges n'aura ient^u fliire. 
Rotex que la plupart de ces ouvrages étaient retenus dans les 
cartons de la royale Académie lorsque la loi du 17 janvier 1791 
Tint les délivrer. Tant de merveilles, d'harmonie et de mélodie' 
mises au Jonr en si pen de temps par des Français devenus libres 
d'avoir du génie et du talent, inspirèrent des craintes nlutaires, 
un beuretixdépitanx directeurs de notre AeadémieDatiQBale;1to 
se dirent îrfonwjinwr— Ces croque-notes, ces imbéciles, jrtsqu'k 
ce jour parqués dans la rue, ne sonl pas à héCes que nous le 
pensions. H faut leur ouvrir dm pOrtei, ib paraissent dignes 
d'entrer; 

Hkfe « «'«lit {dot tMpit fct cbMi Bfaiflirt etmt. 

Tous ces béros de la musique française avaieat dépensé jeu- 
nesse, esprit, verve, fénie à Favart, à Feydeau; le talent leur 
restait, il est vrai, mais il est insuffisant pour frapper un grand 
coup b la scène. Cette pléia4e française, illustre mais épuisée, 
>'• «ttOiptt 4pi'H HiiHDplie, celui des Bmrdée ; «Boara le éww f 
elle en partie à la f amm tnpMate. £m Amln, «pCmieiinlM 



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tM thAatres lyriques de paris. 

Bopoiifiqoe, était un avant^ut du Prophiu. Hérold, auteur de 
Zampa, du iV^z-oiw-CIerc*, grands opéras s'il en fût jamais, 
Hérold est mort avant d'avoir été jugé digne d'écrire la partition 
d'nn grand opérai Lorsqu'on élimine à plaisir des musicirais de 
cette force, on ne doit pas être surpris de voir notre Académie 
nationale de Musique tendre la main sans cesse pour implorer le 
secours des étrangers. Auber est le seul Français qui l'ait dotée 
de quatre partitions lieUes , bonnes, complètes; elles soDt res- 
tées au répertoire de notre grand théâtre, où l'on remarque deux 
ouvrages éminentsd'Halévj, o£l Charles Gouood a montré l'au- 
rore d'un excellent musicien . 

Six opéras, dont deux de petite dimension, six opéras en on 
demi-siècle, sous l'empire du privilège, tandis que dix ans de 
liberté nous en avaient produit quaniDte-septl et je ne cite que 
les ouvrages applaudis (1). Comparez et jugez. 

Tant que la fabrication des opéras oaliODaux sera concentrée 
à Paris, les Français ne pourront poiot alimenter leur grand 
théfttre. Vous avez une armée de compositeurs, et vous ne mettez 
en avant que deux ou trois soldats, Horaces ou Curiaces ; seuls 
ils doivent représenter la musique du pays, tous les autres restent 
dans l'inaction, l'arme au bras. Us sont gentils nos représen- 
tants du peuplel Malheur h vous si ces élus des paroliers et des 
directeurs sont dépourvus de la faculté d'inventer, vous subirez 
pendant un demi-siècle les insipides combinaisons de leur har- 
Bunie. Dix chutes ne leur feront point abandonner le poste. 

Cette auberge est k mon gré, 
H^viM; j'y resterai. 

Ces élus maladroits ont tenu leurs rivaux & l'écart , loin du 
champ de bataille où leur valeur aurait pu se montrer avec avan- 
tage ; et, lorsque les divagations des élus vous ont suffisamment 
fatigués, ennuyés, harassés; lorsqu'ils ont fait, à vos dépens, 
de trop nombreuses preuves d'impuissance, il vous faut nécee- 

(1) On Mal tomba, Je doli eu conTcniri tntia riniTertai« et h trio de 
emuUmiê i» m f wf t w M reiaiii^b pM mianx qo* Tingt 
naMi «qtMrd'kai par km jounulteee cwiphbente I 



ityGoO^k' 



TH&LTRE DE LA NATKMf. 185 

sairement recourir ani étrangers a&n de ponrrwr aax beMlns 
du moment. Votis tenez d'esceUents soldats en réserve, mais 
vous avez négligé de les exercer ; il tous bat ennder des Suisses, 
des laosqneitets, des retires, des condottieri. Et je oe dis rien 
des idiots, des bétes brutes que la foreur a, dans tous les temps, 
iDstallés, maioteoDS à notre Opéra, tels que le parolier Moral, 
le mosicastre Delaborde, eic., etc., etc. Considérée alors comme 
une Tache à lait, nn lupanar d'élite, notre Acadéonie rojale de 
Husique arait^e droit de se plaindre? 

Boieldieu nous donne Jean de Pari», et, dans cet él^ant 
badinage, en deux actes l^n trouve quatre airs mélodieux, bien 
conduits, pleins d'esprit, de verve, d'en train, des airs complets, 
chefs-d'œuvre qui font les délices des salons après nous avoir 
charmés longtranps & la scène. Uéhul s'était montré plus géné- 
reux encore, trois airs brillent dans l'acte unique de Stratotriee. 
Voilà donc sept airs admirables lancés en trois actes d'opéra. 
Prenez maintenant trois cents actes de cette bourre harmonisée 
dont vos faiseurs inondent les théfttres , et vous serez heureux 
au deralw point si vous coUtgez trois airs que l'on puisse ftjouler 
aux sept de Héhul et de Boieldieu. J'ai dit troit, parce qua 
Labarra m'en promet un, Clapisson un autre. Les pochades spi- 
rilu^es, mais ridiculement informes de Honpou me fourniraient 
deux idées, deux projets d'air, qu'un arrangeur adroit mettrait 
sur leurs pieds. Adùu, mon beau na'evre, je ne sais quel Pi- 
qyLÎïio, radoubés ainsi, vogueraient en pleine eau. Lisez les 
journaux proclamateurs dé merveilles lyriques , et vous serez 
étonné de l'abondance des chefs-d'œuvre qui pullulent sur nos 
Ihé&tres. Ébloui, fasciné par ces éloges furibonds, un entrepre- 
neur imagine de voîtarer en Angleterre ces trésors de mélodie 
fêtés si bruyamment à Paris, d'y conduire aussi les virtuoses 
qui les exécutent. Inutiles soins, désappointonent complet, 
abandon, ruine, et les journaux de Londres redisent avec la 
public anglais : — Piquette de mauvaise bière, a 



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XXV 



M^ Vtaidot, CMteUû. ~ Abavduoe d* téa»rt obttam m u pmw 
Ma HBv'*- — DiietUDlcft et niuifdwbak — Bctrwte d« pupmb — H"* ai- 
boni— Ratraits de Letumut. — Le Barbier di SMUe, KÙe bob ds r^6li> 
tiona. — Reprise de Jfiri», H-* Boûo. — Hetraile de Roger. — L'Acidémio 
cesse d'Être aoe entreprise particulière. Elle sera régie pour Is compte da 
la lista civile, ams la dlradioD da ministre da la maison de l'empereur. ~- 
Gowiod, la ijtniM uMfl^M; ~ La Foiul, baltet, M-> RosMi.— Lei WMnna 
traita avec plu* de oourioiaie qoe les chaoteara. — Fcirtiuia dea premieis 
directaura de rOpéra; coiue de leurs Moéficea. — L'Académie fait son entréo 
dans la musoii de l'empereur. — Siuua in uim, Livnmi noiterurii t'apé- 
raneel easemble général desdumteurs, des ballérina et de l'orchestre. 



l'Apptritian, opéra eu deux actes, de M. Germiiin Delà- 
ligne; fUisique de.M. Scuoist. tejuiaius. 

liitida ou ka Amaxonet des Açorei, ballet ea un ftcte, de 
lui. UfkbiUe et Deligny, musique par M. BeitoUL La gracieux 
talent de U"* Plunket, baliériue fort jolie, ne {leut ioutenir 
WuifWBips ce ballet, ao août. 

l'Kdm, mystère en deux parties, de H, Uéry, mufiique de 
M- Félicieu David, as aouL 

La Yivandièie_, ballet en Un acte, de M. Saiot-LéoAi musique 
par M. Pugni. Tout le monde voulut gouler de la danse spirt- 
tueuse de U-* Saint-Léon, et s'enivrer au baril de la gentille vi- 
vandière. aO MtCbTB. 



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YBEintK as LA. runON, m? 

iêamu-khFoli», opâra en cImi oetea, da U. Scribe, mniique 
de H. ClapissoD. Début de H"' Masson, reioe digne de n^re 
lurmoûieuae ooor. Début du téaor Gueymard, sujet précieux 
qui tiendra plus qa'il ne promettul alon. A VOpéra, le genre 
tmte est iàen pràa dv geore eunujeux, et pouittut le pandier 
•t le muaicien ont MNivent uinnonté la difficulté qu'ils s'étalMt 
inposée de gaieté'de cœur : ib ont fitit preuve de beaucoup à» 



Ur* de Ia Grange le fait entendre avec aooeàs dam OuUo, 
bien que son rûle de Desdémone fût privé des traits les plus 
brillants et les plus élevéa,- supprimés dans la partition de VA<»- 
demie. Qe nlle avait été mntilé pour l'usage de U** Stoltc, prè- 
cauUoQ qui nuisit à H*** de La Grange uns avoir été d'aucilne 
utilité pour l'autre Desdômone. i» déœabM Mi. 

Vu les Girconatances aggravantes, atl^uantes, si vousI'aimM 
BÛeux, ajani pour cause lea évéoeineots politiques, la Répu- 
blique accorde un secours de 680,000 fr. aux théâtres de Paris, 
celui de la Nation reçoit une somme de 170,000 fr, prise sur ce 
Mal 

Le Violon du Dimbk, baUet en deux actes, suivi des Fleur» 
çmmét*, ballet de |l. Saint-Léon, musique de M. Pugni. 
19 janvier tStft. 

U. Saint-Léon possMe un très bdaa talent but le violon; les 
dilficultés qu'il exécute sont diaboliques et parfaitesoent ujaptées 
• & la situation. Les duiats de sou archet auraient toute la séduc» 
tioQ, l'élégance qui doivent charmer l'oreille et le cœor, s'ils ne 
laissaient k désirer it l'égard de la qualité du son. Le pouvoir de 
l'arcbM devenu baguette magique, permet it la virtuose Cerrite 
de danser eu cb&lelaine, en ange, en démon, en Oeur, et de 
nous montrer (oute la puissante flexibilité de son tal^t. Suooés 
immense, exécution ravissante, variété de taUeaux ingénteuse- 
ment combinés, décors de bon gout^ le dernier admirable. Le 
bttllet finit par une délicieuse farandoule dansée par cinq ou six 
<)(tuzaioes de fleurs. 

Aitbur SaiDt-IioB, violoniste âgé de dix-neuf ans,' ne sachant 
pas même emboiler un flio-flac, nouveau Sargiuea, élève de 



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2W TH&kIBES LYRIQUES US, PARIS. 

l'aoKHir, se fit daiueur et Bylpbe, ponr méritu' la main de m 16- 

gAM sylphide. 

Le rïolonUte danseur Loriot a but connattre te Ytatan dm 
Diable aox Italiens, aux AméricainB ayec un double succès. 

Début du ténor Espinaase dans le» SugumtoU; engagé pour 
tut an. Bel et bon acteur, il a dit à la «UisIactioD générale du 
public le superbe duo qui termine le quatrième acte, et lei 
phrases sur-aiguës du troisième : En mon bon droit fat etm- 
fiance, paroles assez drolatiques. Mon bon, lancé dans les hautes 
régions du ténor; mon bon est d'un effet grotesque an dernier 
point. Si mon bon préseotail des bontume, acc^terait-on «on 
bon don? Nos paroliers auront-ils un jour quelque senlimfflit de 
l'barmonie des mots? Les deux fragments que je viens de àtei, 
sont l'épée de chevet des ténors forte, obligés par état de pousser 
la musique de H. Meyerbeer; c'est là que les juges du camp les 
attendent Après cette épreuve déôsive, le ténor peut remettra 
son glaive dans le fourreau, Levasseur et H-* Jullieune ont très 
bien secondé le débutant. U" Jullienne s'est fait applaudir 
avec truisport; elle a déployé la plus rare énergie dans le troi* 
aiéme et dans le quatrième acte, s ttnitt mt. 

Le ih février, à la fin du pas de quatre de Jimtalem, 
11"* Maria, sur le bord de la rampe, s'apercevant que le feu pre- 
nait & son vêtement de gaze, s'est vivement baissée ponr l'In- 
dre, l'équilibre manquant à la danseuse, elle s'est précipitée 
dans l'orchestre. Évitant un danger pour tomber dans un autre, 
H"* Haria s'est fort heureusement sauvée de tous les deux. 

Plus tard, le rideau, se levant pour une représentation de 
Luâe, accroche eu passaat la porte de la toile métallique, rete- 
nue dans le comble jusqu'à la fin du spectacle, l'enlève, la fait 
sortir de ses gonds, et cette porte de fer tombe avec fracas sur 
l'avant-scéne. On en fut quitte pour la peur; aucun acteur ne 
s'était encore mis en prise. 

, Le ténor Masset que nous avions vu figurer d'une manière ai 
remarquable & l'Opéra-Comique, débute au ThéAtre de la Nation 
dans /tfrufalem. Ce virtuose arrive d'Italie, il en rapporte sa 
belle voix toujours pleine, bien sonnante, mais polie et perfec- 



ityGoo^lc 



IHâATRE DE LÀ NATKW. 2Stt 

tionnée par les soins des maîtres et les exemides de ses rivaux. 
Hasset charme son auditoire an point qa'on Lni fait répéter deax 
morceaux entiers, bis d'un usage si rare h l'Opéra qu'on le 
croyût sans exemple. En vous rappdant que l'bynuie à L'Amour 
â'Éeho et Narcme obtint et conserra cet honneur, j'ttiooleni 
qu'à la représentation i'Anaeréon ehex Polyerate, remis ea 
scène le 15 mars 18S4 pour le début de Ferdinand Prévôt, ce 
baryton se comporta si bien dms le râle capital établi par Lays, 
qu'on loi fit redire Laitte en paix le dwu de» combati, et que 
le même bis, les applaudissements unanimes qui le suivaient 
H renonvelèrent BOX neuf représentations que ce virtuose donna 
de l'opéra de Grétry. 

— Un thUtre où Tw redit umpitenellement la même chose, et de 
h nSme manière, est d'an recrntement impossible. La vieille charrette 
ronle du» lea amitees en cataolant lonrdÊment; on la graiue avec des 
millions quand elle s'embonrbe un peo trop; et si te héoéflee qu'elle 
nova donne an point de vne de l'art est Uen mince, en revanche elle 
nous couvre d'nn ridicule immense; peut-4tre accepterez-voua la corn- 
peoulion. Haaaet, nous payant libdralement avec Tor par de sa voix* 
serait on trésor pour le théfttre où l'on saurait loettre à proât nn tQjet 
aussi précieux, en lui donuant des rtlea faits ou ramenés à sa taille. & 
l'Opéra, ce virtuose voua préseole l'ioiage de la perle su bec d'an cha- 
pon à qui l'on n'a point appris la rnSDiëre de s'en servir. Ce même 
ehapon va taîsir une autre perte, ie crains bien que Roger ne loit pu 
mieux traité; croyei que sans égard pour un aussi beau latent, pour 
l'heureuse individualité de ce type, on va remberllflcoter dans toutes 
les bralllerles du vieux magasin. 

■ Que Hasset devienne nn jonr eomédiea chaleureux, ftuibond, peu 
BOUS importe, puisque oous ne gagoeroni rien à cette métamorphoM. 
Croyei qu'il se donnera plus de nxMivemeiit, que vous aurez un acteur 
aussi bon que tant d'autreAquand il counaltra la nécessité d'nn acoes- 
■oire qu'il peut dédaigner aujourd'huL Yens aurez un acteur lyrique 
lorsque Hasset n'aura plus à conserver la beauté de son o^ane. Vooi 
posséderez nn acteur, mais le chanteur aura disparu. » 

Voilà ce que j'imprimais le 19 février 1849, cinqnante-hnit 
jours avant la première exhibition dn Frophite, a'âais-je pas 
prophète k mon tour? N'aî-je pas déploré d'avance l'iofortiiDe, 



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IW THÉâTBfiS LYRIQUES SB HfllS. 

l'E^MÎMement augHAte âe a«tre ^otil virUioae, du ténor ««■■ ri- 
val daas le genre gracieux, éœrpqa» ttmlw k» toi» que la li- 
tiation le demanilait ; n'ai-je pas averti l'ùmpradHit sur le iwnl 
ia l'abîme î I>âs fBntilehommea du tport ont-ils junaû sonfert 
que leur plus tai^ide, leur ^s élégant oouFsier ait élA aw a& 
brancard pour chairier dee moëllens et du fiÈin 1 Les ^plao^ 
disaemeatâ ne manquaient point à Hogeft nais un murann 
de eouBiieér^oa tes aocompagnul. QWaUaU^ fwire data tam 
gaUrt ? Ce iBOt n'avait pas enoore été ruié de lut de fafotiB. 
Et pourtant Roger pouvait émerveiller sas nouffifiux audileiir»( 
il pouvait briller d'un éelal scictiKaDt. merveillatii sur notra 
grande scène lyrique, deux râles suiEsaient pour l'^ver aa 
rang suprême et ces deux rAles étaient sous sa main. Quel Alma- 
viva, quel d^n luanl 

'N, RnggietuS erts.' 

Brillant eucefts de ftt'*' Jùnfentie da^s ttt Ritiorfte. Ctftta! fbis, 
à rKtton thfftttule atiidtée, touchantei énergique, s'itiiissalt une 
Vt)IX etbndUH et bleti sRtiMafite sut' totis les points. ^I^ Jullienné 
l'était déjà slgniLtêé dans les autres râles de son emploi. Mars is&g. 

ie Pto^hhU, opéra en clhq aciea, de M, Scribe, musique de 
M. Meyerbeer, divertissements de M. Â. Mabille, décorations de 
MM. bespléchiD, Cambon, Sécban et Ttiierry. Début de Rog^t 
de H"^ Viardot et Castellan, rentrée de Lensaeur. Succds. 
10 avril istg. 

Lorsqu'oa est assez heureux pour avoir à sa (tiapoaition des 
virtuoses de cette force, on dut leur faire eiéeuter autre choae 
que du idaio-cbaDt. Eoeore un opéra veuf de »(m otivertURl 
Moere un opéna borgne! et âetroislil eU Vrat que Beethoffln 
a conlposé quatre ouvertdt-es ponr )« seul opéra de iUmm^s. Ce 
iuftre voulait^il ainsi combler les délicitï dont nous menaçait 
l'impuissance de l'atitebr de ^ohtrt, des Huguenots, dil Pro- 
phète? hft malit Beetbovea était propbète aussi, nais d'Une 
autre fagon. 

s'élève de ebef'é'oeaTn en chof-d'oauTre et s'arrtte 



ityGoo^k' 



THÉÂTRE DE LA NA110N. 2M 

an point oobiiiutDtt narqué par GmiUmmB TeU, H. MByeiliMC 
sait une marche opposée, il va diminumdo et fait un pa» de 
phis vers le perdmuiaai. 

Le succès pwslstant du Prophète proure encore nue ibis et vi^- 
torieusetneot qoe l'on peut B'acCOutamer à tout; et, ^r ooiut- 
qaent aux opéras prétendus bouSDDi àt nos bbricaDis patentés^ 

Atteint pu Qoe apoptaxie, Aiinrd est loreé de s'éloigner dtt 
théâtre. Ce virtuose se retire & Marseille, cesse de vivre «t finit» 
il i'Age da trenté'qiiatre ans, uneearrièr0d^k«brillwit«at<iii 
promtilak le plus heureux avenir. 

Voos êtes sans cessa à )a recherche des ténors et tous ea 
poisédoc nne infinité d'aiceUenU que la trao^tMitioil rangerait 
sur vos contréte. Dana, les pays i)4 l'oo aitae la muslqufif oâ 
l'on nut qu'flUê soit (oujohts bim eiécutéa* en Allemagne, en 
Italiët en Angleterre même et dans aolre saUe Ventadour, on 
adjoint i la compagnie chantante Un directeur de ta musique 
chargé d'ajuster Las rMas aneiena aux t<hx .récitantes. Las eon- 
ventioBs airétées par M. Alari, digne susceaseur de Paor, de 
'nulolini) de Bazlonii sont oommunlqbées au oh^ d'orehestr* 
de notre Opéra-Italien, et le diapason d'un air, d'un duO) b'âiè¥e 
ofe s'abaisse comme la taiae sur la léte d'an carabUiM' eu i'aa 
Tottigenr. Par ce moyen d'une exlréma simptlciU, le viitoose 
cbante isa» ta voix et manœuvre constammrat à son aiseï Dana 
sa longue et f^oiieuae carrière, ti Barbien di Smiglia a subi 
tmiles les mutations inaginables de ee genre. J'ai, de mes 
or^ee, entendu chanter la caratine de Aoeina «n cinq tons 
diffiieob. M~** Maionslle-Fodor, Persiui. Gasuer l'ont dite 
en aol, d'autres en mt, en mi bémol, ea ré; le plus grand ntHUbre 
en fa, ton de la partition, $ tamprt bine. Écrit en ut pmir 
2tmit»ni, l'air de Figaro sera presque toujours dit en «i bémoii 
Taraliurini l'a dit en m naturtL La Cohtnnidi qiM l'oB chante 
en ut, est baissée d'un ion ; Lablache fait eubir la ménie trans- 
position h l'air de Bartoto, qu'il dit en rrf bAnoii Chose-singu- 
lière, on baisse d'un ton le duo AlP idêtt di quH fmtaUo, toulea 
les fols qniin tteor snr-aigu tel qne Berdogni, Ruitini se pré* 
sente. Ces coatraltinB veulent se céserver ainsi plus d'espace, 



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2M IBËATRES LYIUQOBS DE PARIS. 

plDs de marge pour lancer des traits ^}ies dans la hante régkm. 

Les morceaux d'ensemble, que l'on ne peut transposer, sont 
pointés au besoin, et l'on fait descendre ou monter certains pas- 
sages de mélodie sans toucher aux autres parties de l'édifice 
harmonique. C'est ainsi que j'ai pu faire cbanter les rtUes 
graves de don Juan, d'AlmaviTa des Noce$ de Figaro h. des 
ténors tels que lecorale et Nonnit. Rubioi pointait son rMe 
entier daus Noma, 

rentre un soir ao ThéAtre-Italien, au détour d'une forêt, sur 
le bord de la mer, je rencontre un chevalier sans peur, le casque 
en tête et l'épée au coté; c'était H" Pasta, qui me dit : — Je 
suis horriblement enriiumée, raffredatmima; quatre notes me 
manquent à l'aigu, je vais être obligée de tout diaoger, pointer, 
effondrer. Allez-vous-en, n'assistez pas à ce mêlait. — Oui, je 
m'en vais, je ne comptais pas rester, mais'ce que vous me dites 
m*eBgiq;e à m'en aller dans la salle ; je suis infiniment curieux 
de vous entendre tousser le râle de Tancredi. > En effet, la 
graode cantatrice improvisa, pointa, changea tous les passages 
de la manière la plus adroite. Le public eut bientôt connu la 
cause de ces étranges variations, et félicita vivement M" Pasta 
des nouveautés qu'elle substituait au texte de Rossini. Vous ms 
direz que tout est permis aux grands artistes, d'accord; cepen- 
dant je ne conseillerais pas au virtuose le plus habile de faire 
ainsi preuve de talent et de goût à Marseille, à Rouen, à Ljoa 
et même à notre Académie. Aucun de nos acteurs d'opéra 
mmique n'a cependant pu chanter les rdles du ténor Martin sans 
les pointer, sans hisser au grenier les noies que ce virtuose 
faisait sonner dans la cave. 

I^ris est assez grand pour que ses nombreux dilettantes for- 
ment deux corps d'armée. L'un aime la belle musique parfaite- 
ment exécutée, il fait peu d'attention aux accessoires de la 
scène ; l'autre, peu soucieux de mélodie, court aux lieux oA la 
peinture et la danse doivent charmOT ses yeux. La musique est 
pour lui sans attraits, fAle défilera toujours assez bien devaat 
son orulle insensible; mais aussi quelle exigence ne rnontm»- 
t-il pas à l'égard des menus détails delà représentation f 



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IBËAira Iffi U NATION. M3 

SQpposez que M** SUAtz ou M"* Muson, tirant son èpèe, n'eût 
rien tiré du tout ; qu'elle en eût brandi la poignée sépaiée de ' 
sa lame restée dans le fourreau ; tout le monde aurait ri de cet 
acddent. Supposez qu'un mort ètendo sur la scène de l'Opm, 
défunt de qualité dont ses parents, ses amis, sas soldats, ses 
écnyers déplorent la perte en exécutant un chœur lugnbre, vrai 
D$ profimdU ; supposez que ce mort étemue IiniyaountHit sur 
l'ensemUe le plus suave de cette déploration, deux mille assis- 
tants riront aux éclats. Aucun signe d'hilarité ne se manifesta 
pourtant lorsque TaniUi. représentant Patrocle mort, étemua de 
la manière la plus strideote ; lorsque M"* Maljbntn espadonna 
sans glaive, on du moins n'ayant en main que la monture inof- 
frasive de cette arme. Le pnMic des Italiens est donc sérieux au 
point que rien ne puisse l'égayer ? Pas du tout , tous le verrez 
de bdle humeur lorsque Lablache, Ronconi lui donneront le 
signal du plaisir. Hais ce public saisi, maîtrisé par le talent dçs 
virtuoses, ne s'occupe nullemeut d'une épée tirée ou non, d'un 
mort étemnant ; son attention est trop vivement arrêtée pour 
qu'il s'amuse à courir après de semblables papillons. S'il avait 
ri, s'il avait dit : — Emvoa ! Dieu vons bénisse 1 > à Tarulli. 
qae serait devenue l'admirable déploration d'Âchille-Brizzi ? Que 
de belles choses perdues si l'on avait salué l'étemueurl La con- 
signe n'avait pas été donnée, et pourtant chacun l'observa. Tous 
vonlaient écouler le ténor qui les touchait jusqu'aux lannes._ Un 
rieur imprudent eût été pour le moins assommé. 

Deux partis sout en présence en notre capitale au thé&tre, an 
concert et rivent en très bonne intelligence. L'armée des musi- 
^obes ne profite pas de sa prodipeuse supériorité pour atta- 
quer, accabler la compagnie des dilettantes. Voulez-vous faire 
le déuombrement par assis et levé de ces deux troupes, allez au 
concert. Alard, Haurin, Ghevillard, Godefroid, Géraldy, Bon- 
nehée, Pascal Lamazou, H"* Joséphine Martin, H— Laoters, 
Sabatter-Gaveaux, Hontigny, Lefébure et beaucoup d'autres 
rirtuoses seront accueillis à merveille, on les applaudira, n'en 
doutez pas, on les fêtera gelamment Ces préludes harmonieux, 
diarmants ont satisfait l'auditoire. Hais voici le bouquet, voici 



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tH THËATRBS LVRlQUni BK PAHIS. 

l'hMireHx déBMsmeat sUendu. promis et qni n Mm éi^tter le 
haan dw bravos, l'orage, la tempête des ^tpiuidisMcuBto. Ui 
hre&ot, deux farceun parainent, at par un moaraieM élee- 
tntpie, rimniffliie iti^eritésa levât esealadp sliaiwf, baaqUBttM, 
et mime les épaules du premier rvig; branle-bas génénl, tous 
se préGipitent ven l'estrade afin de voir débiter, grimacer de 
nds^bles ciiansODs, des récite grotesques. Admirez la rivacité, 
f Misemble de féoMmte, admirex ees tranqxu-ta de joie, ces cris 
d'admiration, ces élans de volupté pore, de béatitude inethUa, 
ees larmes, ces sanglots de plaisir, accompagnerafnt obligé oan- 
tinu de ces turlurettes, de ces pantalonnades cbéries. Le Pari- 
sien s'est révélé; nature, tu l'emportes 1 

Cbercbez vos dilettantes, ils EWODt tous au repos, n'ayant pas 
quitté leurs sièges. 

Pane ehe vat, tuanvs ehe trovi ; chaqoe théâUe a ses monirs, 
ses coutumes. A. la Comédie-Française, on exige impérieusenent 
que notre langue soit, respectée; on en pevmet la viol, la mas- 
sacre à l'Opéra. Voitures l« Prophète, eÊtoils du Nord an 
Théatre-ItaKo) , «s prétendus chde^'ceuvre y seront traités 
comme il Croctato le fht en ce même lieu. Ce qui n'empêchera 
pas l'autre public de courir aux sfdles 06 l'ennui le plus somp- 
tueux lui promet des bAillements prolongés. Ne faul4l pas né- 
cessairement pouvoir dire dans le monde élégant:— J'ai vu I» 
Propkitet'i'ai vu tÉtoile du Nord. 9 Hol qui me suis privé de 
l'éclat de cet astre, et ne rencontrant que des gens qu'il avait 
ennuyés k périr, je poursuis mon enquête Jusqu'à l'Académie, et 
J'y troDTe un gaillard bien planté, qui, devant témoins, ose ne 
dire vertement : — Je vous déclare ici , je vous jure même que 
VÉtoile nem'a pas du tout ennuyé. — Si vous le preaei sur oe 
ton, cher Théodore, c'est que vousavee évité prudemment l'effet 
de ses rayons. » J'avais touché juste. 

la Pilteule des Péei, ballet en quatre actes, de HH. de Saint- 
Georges et Perrot, musique de HM. Adam et de SaintJuliea. 
■ Dernier bfUlet composé pour M"» Carlotta Grisi. s ooutw* istt. 

M. Duponchel se retire, cédant sa pari de royauté. H. Roque- 
plan seul dirige l'Académie de Musique. 



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tntAnB tm u iii-ntHL f« 

HfitnoiMHMrt léDAT Dsprei fclts« ^midersiâiein aa pabUt 
duu nne rc^rtiratatiaD dqiiR^ ii son bénMoalevwidrKti 14 é^ 
pamln* 18W. Ls dmiùèm* acte de la hâté, oft H>'* Hioliii-Bu- 
diAie figurait à coté da ion maître ) le quatrtèms acte de Lwi», 
et le tPUBième d'Oltilo, avec H"f Viardot, composaieBt oe speo* 
taele, oi de nombreux dilettantes oot témoigné lei)r&,ngre(8 aa 
virtoose teiiqeat. Recette 1S,WV fr. 00 eent. 

i.cJ'anat, opéra eq un acte, -de H. de Saint-Oêorgei, musiqaç 
de H- Adam, s'éteint aprèi avoir jelé de trop bibles daitte. 

M dteMntm 114*. 

SecpDda nprAoflntntioQ doniéB su laéBAfteft A\\ téaor Dupm. 
Elle ait pqmposéfl du deaiièna aota du QvMamn» l4U, d'un 
Iragneai du troieiôve, «t da detaier acte d'ânUo. Aaoette 
tfi.MOfr. ibr«na,OKTi<ff iSH. 

£teUa ou tes Contrebandterg, ballet en deux wtBB, de M. Saiat- 
Uou, mutiquè fu U. IFusdl Nouveau sàceie dea èponi Selnt- 
Uen.wMnfe'iwi. 

L'Enfant prodtffw > vpéift 6a cisq tatts de il. Soiibe, mur 
•iatiff de M. Aobor. Oornae qui méribit uh MeiSau virt, et 
qui n'eût pas manqué de l'obteiùr, d'MleraHX nueâ, ae raofea 
de 100.000 Ù. de miu ea daqtn, tft),000 fr. da raiee m recettes. 
Ce procédé n'a plus rieit d'étnoge, bien qa'U ^ua vuQQf) dea 
paya Étraqgwa. Un Aidé, leProeope de l'Op^n-Comiqua, teimi- 
Btit la pUiAfaleydaaii sur Itt rue-des Klle»«aiatTl)aiBas. hae- 
liers, rausieiens, aoteùrs de ce théitn abondaient en es lieq de 
midea^ous. Le muudea aima le siufo et lot ftouses, itse ^att 
aux OMtfastes. Hsrot. peilant Ù.& aa baUst np di^iil pas : fiUfa 
fttt •n'tft amèrtf Un de nos muaioûms oélMMes, dantar tn 
«iroffM, cbérissuil L'ua Mlu auttcfi, atiatiuait rireMwt lepap- 
«UUHiieui Ustopadier an wjet dps Bumeaux de sucre obrta à 
ses dilettantes. — Au Palais-Royal, on en donne qui sont gros 
conne dAs pafis, iwidiaeiNI.'r-TjeiaaBis, J'eDeoqvieHs; mais 
j'ai toujours m^risâ ce gaore de cbatlttanisma. « 

11"* AUwni B'araotUK ^ franchir le seuil de l'Opéra. Savait- 
elle que le ProptUte devait la saisir au paiiage T £« iYopAJci et 
!!>■« AUmmû. ^ »«rlag»l AuMi la vittuoee tainnt faianple 



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Mt ACADEMIE NAUONAUE DE HDSIQUE. 

dn dien Mercure, s'empreese-t-eUe de se débarbouitter avec 
Tuabroisie du Barbiere M SmgUa qu'elle chante à ravir dans 
un concert donné sur la même scène témoin de son iofortane, 
et prend ensuite avec Roger, Barroilbet , de brillantes rentn- 
ches dans la Favorite. Elle dit admirablement un rAle dont 
le cbamie ne nous avait pas encore été révélé. H*^ Alboni l'ea- 
richit de traits , d'intentions , d'accents précieux pour le drame 
et pour la musique. Nos favorites de la province adoptent les 
traditions de la prima donna italienne. H™ Laborde s'empare 
avec bonheur de l'emploi de cantatrice légère. Le ténor Hassol, 
devenu grave personnage, rentre à l'Opéra comme baryton, et 
s'y comporte de manière à mériter la faveur du public. Hairalt, 
Fleury, Adolphe Grignon , Heillet viennent se faire enregisbw 
sur le contrôle du régiment, et M"* Heioefetter se rappelle an 
souvenir des dilettantes. 

Fendant les mois de juillet et d'août le théâtre est fermé pour 
des réparations à faire k la salle. L'Opéra prend le titre d'^eo- 
démie nationale de Murique k sa réouverture. 

Pâquerette, baÛBt, de MH. Th. Gautier et Saint-Léon, mu- 
sique de H. Benoist ; ig jkotier isu. 

La Démon de la JVutt, opéra en deux actes, de HH. Bayard, 
Arago, musique par H. Rosenhain; iTmtn. 

H^ Poinsot, soprane, Osvrald Bemardi, HordH, GrignoD, 
ilerly, barytons, Aimés, ténorin, Chapuis, Lagrave, ténors, 
Depassio, basse, H^ Dussy, cantatrice légère. M*- Tedesco, 
demi-soprane, débutent en fSSl, avec des chances différentes. 
Sans s'élever au premier rang. H"* Poinsot rend de nombreux 
services au thé&tre dans l'emploi de H"' Falcon. H~ Tedesco 
se distingue dans les râles d'un diapason moins élevé ; Depassio, 
H"* Dussy restent fermes au poste et sont de précieuses acqui- 
sitions. 

IT" Harquet mime avec intelligence le r61e de la muette F&- 
nella. H'*" Bagdanoff, Priora, sont applaudies dans la Vivan- 
diire et Vert-Yert. Quériau, Senzel, Minard débutent aussi 
dans le ballet en 1851. 

Sappho, opéra en trois actes, de M. Augier, musique de 



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ACAlAUE DO^niALE Iffi MUSIQUE. MT 

H. GoDpodr obtient un saccès d'estime, présage d'Hn beoninx 
avenir ponr ce mnsicteo. L'air du pfttre, fort bien dit par le tfr> 
Dorin Aimés, reste dans la mémoire des dilettantes, is uin issi, 

Zertme ou la CorbsiUe d'Orangat, opéra en trois actes, de 
H. Scribe, musique de M. Auber, fBiit peu de sensatioD, quoique 
sonlenu par la voix, les gr&ces et le talent de H"* Alboni. Les 
traits agiles, notés dans les deux airs que chantait cette vir^ 
tuose, sont du meilleur goût et brillent par forigioalilé, chose 
bien rare en pareille occurrence, lo mai issi. 

Lei Natioru, intermède, paroles de H. de Bannlle, musique 
de H. Adam, is wat issi. 

MM. de Leaven et Hazilier traduisent en ballet un Tandeville 
bien connu, Vert-Vert, pour mettre en lumière deux ballérioes 
cbarmanles, et réussissent. M"" Plunkett et Priora sont viTe- 
nmil applaudies le Sï novembre 1851. Ces virtuoses règlent 
leurs gestes et leurs pas sur la musique de HM, Deldevez et 
Tolbecque. 

Le Jmf emmt, lanterne peu magiqne en cinq actes; de 
MH. Scribe et de Saint-Georges, musique de H. Ualëvy, diveP 
tissemeots de M. Saint-Léon, mise eu scène de H. Leroy, déco- 
rations : 1" acte de HM. Nolan et Rubé ; 2- Séchan et Dieterle ; 
3-« Cambon; k" Thierry; 5— Despléchins. Début de M"* La- 
grua, cantatrice. Frais de mise en seine, lii2,000 fr. 

Le jeudi, S décembre, l'empereur Napoléon III hit son en- 
trée solennelle h Paris, et notre grand théâtre lyrique reprend 
BU) titre à'Aeadémie impériale de Murique. 

Orfiif ballet en deux actes, de HM. Leroy, Triioon et Hazi- 
lier, musique de H. Adam. Légende Scandinave mise en scène 
arec talent, beau spectacle, nouveau succès de M-* Cerrito- 

Saint-LéOD. n «Ueenibn lasi. 

MM. Alafte et Padni (Émilien) auraient pu faire preuve 
d'intrtligence de la sc^ie, de tact surtout, qualité préôeuse, 
essentieUe d'un arrangeur, en ne traduisant pas Luiêa Uitler, 
opéra de Verdi, pièce dont l'ensemble et les détails s'tioignaient 
trop des m<Burs et des usages de nobe grande scène lyrique. 
L'immoMB talrat de M"* Bosio, le pins brillant soprane dont la 



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m T^TftM UnUQUn DB PARK. 

yoiï aiï 3êm& 9f>iir Is gloin da L'opira françaU, dut turaw bk 
Dobifs ^Pvrts & ratwdar la (^ule du soporiâque mAtpdniM. 

Iféfiiiirms. 

Xd Froniia, opéra en cinq actes, de UM. Uaqufi^ at J. ia^ 
croix. Qiiisiquede H. NiBdenaeyw. Honneur, ^s foû ItOQpwr 
ftu courage malheureuxl 3 oui lass, 

l£& ténors Uathiea, Baucha, U"* fauaa Courtot, le danseur 
MattUeu, U"" Hegina-Forli, Pougaud^^dôbutent avea des cbw 
ces diverses de succès, en }852. 

jftia e< tf^m, ballet £q deux actes, ipiproTisé pa? M. Ibzi- 
lier, musique de M. Henri Potier, afin de montrer ai) pnbUc 
de l'Académie une virtuose qui s'était déjà fait applaudir au 
TIiéMre-Lyrique. M*"' Guy-Stéphaa est acoueiUte de la aaaièie 
la plus gracieuse. Succds. 

H"" Heller et Mendez paraissent dana Ut Hugumou, Valot- 
tine et le page sontbien Fâçus ï la cour de la reioe Hai^uerile. 
Coulon, basse, est applaudi, le Balthasar de la Fmwrita est 
adqÛG dans la communauté. L'Opéra fait deux aequisiûons inâ- 
niment précieuses, Boulo, ténor léger qui ne manque pas A'èaet- 
gie[ Bonnebte, baryton bien sonnant, chanteur agréaMe et 
poli. Petit et H"* BessoQ mimmt et dansent les rAles d'Alain de 
Lise dans la FtlU mal gardée. 

Le Mallra Chantma-, opéra ea deux btsteâ de M. H. Trianon, 
musique de U. limnaoder. Succès. t7 BtMn luu. 

Le Sd octobre 18ft3, après quarante ana de scrrioe, Levas- 
seur prend congé du public qui l'avait eonataBUneot f^)plaudi. 
Bel et bon «eleur^ voix sympathique, étendue, flexible et bien 
sonnante; virtuose complet doublement prdoieax, tragique et 
bouffoD, Bertram et Leporallo ôgalanent b>en estampé, figuri, 
modelé; première basse de l'Académie ayant cultivé, possédé 
l'art du ehant, qu'il tanait da Garât ; bisant, au concert, d'heu- 
reuses excursions dans le domaine de Martin, Levasseur exé- 
cute enoore une fois ses plus belles scènes de Gvillemim» T»U, 
de Bûbtri-U-DUaie et des Hugumots. 13,887 fr. de recette pour 
li bénéficiaire. 

Jonta tm k» BoMoniert, ballet en deux actae, da H. Kazi- 



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lier, mBilqiifi de H. TfiéodoK I^bam. PrmMe vieMn de 
M'Y Rosati, balMrine ^snoante, second mcete de Th. Labun 
digoe rival de SGhDoitïoeffer, ayant soutenu le musique d6 
ballet à la hauteur où ce maître l'avait posée dans la Sylphide. 

r k M^mpif BoatMpUn, dirutei» da rAMâénipimpAriale da UaoQua. 

» Monsieur le directeur, 

> Vou dpsirez coaatttre Ie« antéeMenU ilngallen det ritadea qne 
DM! aYcmi ra^wi pour la min tn sctaa du Bartt'er ée SMU« t 
PAesitmle. En vold l'fairtnire «bféeéa. 

■ Kb octol»e 1837, «n cborigte basia de ]'Op«n fnl blaué grfdv»- 
ment; il s'était cassé le poignet dans l'exercice de ses foncUona; la 
penatott de retrait* loi fat acoerdte. AQn de l'dder à supporter aon 
DUlheur, les artlales de os théâtre s'empreas^nt d'organiser une repM- 
tentatlon qui fut dcmnéQ k ion bénéliee dans la salte Ohanteraine. Le 
tarbitr Ae BéuiUt de Hosdni, qne j'ai traduit en français, j fnt très 
Men exécuté par Lafond-Alrnaviva , Aliiard-Basile, H. Prosper Dérivlt- 
ngaro, Bernadet-Barlholo, H~*DorB»-RoBlnfl, M"* FMoheux-Marceltne, 
H. Dnpoochel, alors direclenr de l'Opéra, figurait parmi les apeola- 
levra. Charma de l'eneemble et de l'bablleté dont MS admtnistréa Te- 
naient de faire preoTe dans cet essai , H. Dnpmchel vonlat transvaBer 
sur-le-champ It Barbier de SéviOt k l'Audémie. H ne wminnttt^i un 
pttgttt et je loi fla observer que cette Iranslalfen ne pouvdt être aessi 
prompte, le dialogua darant être mis en veri eH cea vera en rédilattfk. 
H. Dapondkel était si pressé de posséder son Barbier qu'il ne Bmgeelt 
pidat à ta pmê de Baanmarclwia qna ses ehantenra avalent pariée k 
Cbanteraine. Unit jours après, je lui donnai deux actes de récitatife. Les 
rMea fiireiit q>pife et distribués , on réfuta cea (r^m^ . Ul\^ que 
je terminais mon travail. 

B Nos virtuoses savaient si bien ces deux actes, ^e l'on fut sur le 
ptdnt de les douner au public dans une rcprésentatioD extraordinaire. 
Une Infinité d'accrocs vinrent nous lolerronipre, Laissé, repris, notre 
Barbier aj^rrochalt du Jour de son exbibition , lorsque Lafoud tomba 
malade et finit par mourir. Pin d*AlraaviTa, plus de Barbier possible. 

> Quelques années après , les joomanx annoncArent que iT" Btollz 
ae proposait de chanter le rlUe de Rosine, et qu'elle faisait retraduire il 
Mmrbiera de Bombî pour aen usage particolier. J'écrivis alwa à H. SUiet, 
(Unrtwr de l'Académie, et lui dis: — Tout le Dwnde a 1* dnit de 1*»- 



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360 TBftATRES LYRIQUES DE PARIS. 

a duire Mt opén. loili nul De peut Un nprtsenterift mteetiOD DOQ- 

s nite ft ropén, la mienne ayant frtt piwBeHîon da théiln. La partt- 

• tion, lesrtles, leapartieid'orcbeatniontdépoeieangreEedell.Le- 
■ bonie, bibliothécaire de l'ëtabliuement ; ma tradnctlon ett à VétoAt, 
B elle 7 sera jusqu'à la fin des ittalea , ai l'on vent, mais Jinlle aotre ne 
a Tiendra prendre sa place. IP" Stoltz vondraft-elle adopter ma tradno- 
a tion, je lai conseillerais de n'en rien faire. Voua nfja que je sacrifie 
a mon intérêt au steo. » 

» H^ Sloltz profita de mon avis; elfe conieatlt i ne point traiter 
Boalne comme elle Qt Agathe du FnyicAttti, Desdémooe et Malcolm. 

■ Noua attendions un Almavin, Roger se {o^senta. Bam^et, W^ La- 
borde Tinrent le joindre, et comme Figaro, je dis : — Voili notre aflaire 
aaturée. • 

« U partie de Rosine passa des mains de IP" Labn^e en- celles de 
H''* Albonl, je due ijuiter les rédtatib à la voix de cmtralte, ce qui 
retards notre mise en scëne. La clôture du théAtre pendant deux mois 
vint nous interrompre. Nous avions repris nos répétitions lorsque Rogn- 
partit en congé, Lsgrave le remplaça ; Barroilhet se dirigea sur Madrid, 
Morelli prit le rAle de Figaro. Nous n'avions pas cessé de répéter, mais 
U ét^t ImpoBsiUe de ftlre un bon travail, toutes ces mutations nous 
forçaient de recommencer pour lc« nouveau-venuB. Enfin, enfin, W AV- 
boni déclara qu'elle voulait attendre le retour de son Alrnavin-Boger. 
So^wniloo d'armes, licenciement de la troupe, mnsique finie. 

■ Le Barbier de SévilU, k l'étude, en répétitious depuis 1837, airta 
ni» ans bien comptéa, a repris le cours de ses travaui. Les costnntu, 
avec aofn couerrés, n'auront perdn ni leur éclat, ni leur tnicheur, je 
ne crains paa de l'affirmer, tden que je ne les aie pas'vns dqtuis trais 
am. ■ 

Le directour du ThéAtre-Italien s'oppo»ant à la mise en scëne 
de notre Barbier de SétiUe, le ministre n'en autorisa qu'une 
seole représentatioD incomplëte, plusieurs fragments ayant été 
supprimés. H*' Bosio s'y montra dans tout l'éclat de son talent, 
rt dit à ravir la cavatine de Niobe, Di tuoi frequenti ptilpiti, si 
brillante et si difficile. Ch^ois, Morelli, Obin, Marié secoD- 
dèrent parfaitement la virtuose éminente ; le choeur et l'orcheslre 
flruit merveille dans le finale, s décmnbre isu. 

Betti, opéra en deux actes, musique de Donizetti, traduit par 
H. Hippolyte Lucas. Encore nue ceavre que la voix sédusanlc 



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ACADâHB nCPËRlALB Iffi HDSIQUE. 3« 

de H"* Boaio ne peut sauver du naufrage. Pour qu'on arrangeur ' 
ne perde pas son temps & rimer en Arançais un opéra de fabri- 
que étrangère, il font que cet opéra soit un des meiUeun parmi 
les excellents, n Maabn isu. 

M"* Cnivelli (Sophie Cruvelher), actrice ayant déjà brlUé sur 
la scène allemande, et tenu l'emploi de prima donna an ThéUre- 
Italien de Paris, accepte, à notre Académie, un engagement 
de 100,000 francs pour une première année, de 150,000 pour la 
seconde. H"* Cruvelli débute avec Euccès dans Im £Fu0umo((. 
Voix superbe, énei^ dramatique paissante qui voudraient être 
mieux gouvernées. 

Reprise flambante de Moise. L'Académie produit enfin H^ Bo- 
sio dans un râle digne de son talent, la nouvelle Anaï triompbe 
de la manière la plus éclatante. Obin , Moïse excellent, Mordli, 
Brignoli, Chapuis, H"* Dameron la secondent k merveille. Deux 
cents voix chorales tonnent dans l'admirable anale. 

La reprise de la Yetlale ne donne pas les résultats que l'on 
espérait d'une réunion de virtuoses tels que Roger, Bonn^ée, 
Obin, M"" Cruvelli, Poinsot. Ronnebée obtient les bonneurs de 
la représentation. H. 111. Labarre écrit la musique d'un nouveau 
divertissement pour cet opéra. 

Gemma, ballet en deux actes , de H. Th. Gfwti» et H" Cei^ 
rilo-Saint-Léon, musique de H. le comte Gabrielli ; s* «ttU isst. 

H. Roqueplan, n'ayant que ^0,000 francs de subvention, 
succombe sous le poids d'un passif de 900,000 francs, qœ le goo* 
vemement paie ; ce directeur donne sa démission le lo jnin lau. 

Roger quitte l'Académie, et cet élégant chevalier, ce ténor don- 
blunent précieux, pendant un séjour de cinq ans, ne rencontre 
pas un rdle mi-parti dans lequel sa verve brillante et comique, 
unie aux accents de la tragédie, nous eût montré le héros d'opéra 
complet. Vautre don Juan, Vautre Zampa déployant tous ses 
avantages. Retenu dans la tragédie, il s'est fait applaudir comme 
acteur et chanteur, il a séduit son anditoire par le charme et * 
l'énergie de sa voix dans la Favorite, le$ H^guenou, etc. Tous 
ces opéras ne nous montraient le double virtuose qu'en profil ; 
il n'a jamais pu faire feu de bâbord et de taihord à VAcadémie. 



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sm nnUnWSLYMQGKMMlWj 

Aflopnnt M ItDgnfl d'&aitntiger, Roger chute m al I t Mau d sur 

les thMtres de l'Alknoagne et Momphe partotlt. 

BaaiMi, l*' juillet 18Bi. A partir de ce joor l'Aoulémie Impé- 
riale de Musique cesse d'être une entreprise patticollère. llle 
set« régie potir te odm{rte de la liste civile, sous la direcliod éa 
ministre de la maison àê l'emperenr. H. Nestor Roqu^lfln est 
nommé directenr. Notre AoadMiie prend le titre de Th&Uni tm- 
pérMl (te fOpffr*. 

ta rfftnné tâhglante , opéra en cimf actes , de MM. Scribe el 
Gemdln Dela^igne, musique de H. Oounodi âlTerdasemetat de 
H. Petipa. Bel ouTrage où M. Gounod tient une bonne part de ce 
qu'il nous avait promis. L'intermède qui suit l'apparition de la 
nOone est une symphnHie fantastique du plus grand lOMte, 
l'imitation pittoresque y déploie ses magiques effets. La iehie 
des morts, le chant de la croisade, le ddo fort ingéniéuï où la 
«ayante chante en mineur et l'Incrédule en majeur, \e pas des 
Bohémiens, l'apparition, tes finales, beancoup de traits de sen- 
timent et d'esprit, que je ne puis signaler ici, font le plus grand 
honiienr & M. Gotmod. Son style gracieux , plus souvent éfle^ 
glque, il fallait adopter la couleur du livret, son style est tou- 
jours d'une clarté, d'une maîtrise précieuses. La rentrée de 
M"» CruTelli, le départ de M"* Wertheimber interrompent le suc- 
cès de îd iTonne sanglante, qui s'arrête après la onzième tepri- 
sentation et sur une recette de 6,598 fr. Un ouvrage peut-lt oSht 
de meilleures condiKons pour nne reprise solenneUet is oeottn 

)Stl. 

Lundi) novembn 1W4. Par le décret impérial 4a oe ioor, 
lA dAmisflion de H. Roqueplan, directsnr de l'Opén w «v 
ceptM. 

iSv le déuvt impdrial on date du 11 novembre, M. Crwnfer, 
députa au Corps législatif, est chargé de l'administration eupé- 
Amte du théâtre de l'Opéra. 

M. CroHiler prend le titre A'admmûtratew-géniéraL 

H"*** Werthelmber, Sanoin, Poncherd» Bialics, Oet)y,-pBnUi»- 
sent tour & tour à l'Opéra, M"- PouHley, FortuM prennent 
rang parmi les académicinmes. M- SMtz, «pt^ iiM absence 



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THtiTM UrtRIAL BB LtmBlA. 808 

de 1^ tau, bit si rentrie par la Fmtortu. Les tinots Brt- 
gnoli) Iferi^arildt figurait dàoi JToïm «t l« ftnonu, 

Friant, H. Hazilier, fils de maître, âaoseafs, ddbnteBt en 
««UetsontadsUl. 

La Fmti, bsllet où la gracoeuxi le bouffon) le tragique M 
donnent la main, et produisent cette difcrailé de sentimentsi 
de tableau, ëlétnents précieux du drame pantomime. Après des 
Tirtuosea teUea que H"" Qardel, Ckitltde, Chetigny, BlgotUnJt 
Duport, Oossdin, Anatole» Noblet, MoDteSBn, T^oni, Ëlsslet- 
(TbérèM et Fanny), DuTemay, ar&hn, Cerrlto, que j'ai vues àé- 
filer &ropém depuis 1800, virtuoses qui, tour h tour ont joni 
de l'iumeaBe bveur du publie par la giBce, l'énei^e et suHout 
par l'origiiudité de leur talent; après Dette dynastie de reines, de 
princesses du ballet, void venir H" HosatI; ne vous sembUit-tl 
pas que ces muettes éloquentes et passionnées anient dit tout 
ce qu'm pouvait diref que H" Rosati dev&it se borner à 
répéter lae discours, m propos de ses devancières? Point do 
tout; M" Rosati vous a conté bien des choses que vous igno- 
riez encore. Cette ballMne vous a tnontré, dans un seul cadrfl, 
la {Aus sédulsaûlfl coquette, une sylphide aérienne, et lady MaC- 
becth aux yeux hagards en son effroyable délire. Folle, d'ailleurs, 
qui n'est pas la suite d'Un assassinat, mais d'un désespoir 
amourm». SUe meurt eo dEUisant, elle tombe et reste Inanimée, 
b l'instant oA vous croyes qu'un tourbillon de sa furieuse tareb"- 
teUe va l'onporlef & travers l'espace. 

Herv^leax succès de composition, de danse, de mimique M 
de violoncelles, que M. Labarre fait chanter avec bonbeur dans 
les scènes gracieuses ou pathétiques. Petipa, Bcribier, Mérante, 
Lenfuit, Cornet, Dauty, Vandris, H"*' Forii, Émarot, Aline, 
Herder, Poussin, Cellier, groupés autour de M"' Rosatf, cob- 
duisent l'action de ce drame, oA Minard, H. Mazilier, M"" Ca- 
roline, Nathan, Pierron, Lacoste, Villiers dansent fort agréa- 
blement. 

Je dois cotepllmenter M. Hazilier sur la maniërfi ingénieuse 
dont lia cotnbiné les scènes, les danses ds fa' Fontt, M. Labarre, 
auteur de la musique, MM. Martin, Canibon et Thierry, peintres 



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304 IHBATRES LYRIQUES VE PARIS. 

des six taMmax que nous pfésmte ce ballet 8 jaBVter 18BS. Je 
vais lerminer ma banogue, il cooncml que je salue et dise bon- 
soir & toute la compagnie. 

Or maiDteitant, cbers académiciens, veuillez bim me dire 
pourquoi toutes ces ballerines illustres, que je viens de rappeler 
à TOtre souTenir, et les béros associés h leur gloire, onMls con- 
stamment triomphé sur notre scène? — Rien n'est pins simple; 
la prudence de nos directeurs ne s'est jamais endormie sur ce 
point essentiel. Avant de lancer un rirtuose de la danse, on a 
toujours eu soin d'analyser ses moyens, son talent, de lui dis* 
poser des ballets nouveaux avec assez d'artifice pour que sel 
ânînentes qualités fussent mises dans leur {dus beau jour et 
■es faiblesses adroitement voilées. L'action, les pas, les ain 
destinés b. lui comme & ses rivaux étaient conçus, écrits sons 
leur dictée; les écbos de chacun mesurés, combinés sur la lé- 
gèreté de leurs pieds et la vigueur de leurs poumons. Tous ont 
réussi, tous devaient réussir en exécutant des rAles faits à leur 
tulle et qui les maintenaient dans les exercices favoris paroe 
qu'ils étaient favorables au virtuose. Voilà pourquoi tous les in- 
strumentistes célèbres jouent les pièces qu'ils ont faites pour 
leur usage, et n'en jouent pas d'autres en public. 

L'attirail ordinaire, obligé de l'opéra-franconi, mardiandise 
encombrante au degré le plus facbeux, empêche de traiter nos 
(hauteurs avec la prévoyante courtoisie dont les ballérios ont k 
se féliriler. Tous nos chanteurs seraient bons s'ils étaient conve- 
nablement placés dans un drame lyrique. Vous me direz qu'il 
est fort indifférent qu'un opéra-franconi soit chanté par des 
rossignols ou par des corbeaux, l'expérience vous l'a proovi 
cent fois et le démontre chaqye jour. Il suffit que le public 7 
rencontre le spectacle que ses yeux viennent y chercher. A quoi 
bon des chanteurs pour une musique privée d'intérêt, de charme 
et de mélodie? Renoncez enfin à ce luxe inutile desopranes, de 
basses et de ténors, à cet accessoire d'un prix beaucoup trop 
élevé. Le ballet-franconi, si jamais il nous plaît de l'équiper ri- 
chement, impérialement, peut aussi nous délivrer des virtuoses 
de la danse. Les comparses, les marcheuses lui suffiront : Ser- 



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mËATRE QIPËRIAL DE L'OPÉRA.' 805 

TaodoBi, dans ses spectacles, n'emplojait pas d'autres acteurs. 

A la première représentation du Dormeur éveillé, opéra co- 
mique de HarmoQtel et Piccioni, quelques amis du paroli«' 
ayant demandé l'auteur, le parlerre s'empressa d'appeler à 
grands cris le tapissier à qui l'on devait le Irdne et les tentures, 
chefs-d'œuvre de goût et de magnificence. Juillet 1784. Que de 
fois le public de notre Académie aurait dû congratuler affec- 
tueusement les tapissiers de la maison 1 

Le 23 février 1853, H"* Beretta fait son entrée dans Is Diable 
à Quatre. Cette ballerine ilalienue danse la mazurka d'une ma- 
nière énergique autant que gracieuse, et mérite ainsi le brevet 
d'académicienne. 

Reprise solennelle de la Juive où le ténor Gueymard obtient 
les booneurs de la représentation. 

Ajoutez maintenant un petit million aux recettes de notre 
Académie impériale de Musique, et vous couvrirez largement le 
total de sa dépense annuelle. Privée des secours du gouverne- 
ment, cette Académie a pourtant donné des profits à ses pre- 
miers entrepreneurs, en voici la raison : 

Thùée, de Quiuault et Lulli, est représenté pendant 105 ans. 

Armide, quant au livret, reste à la scène pendant 161 ans : 
de 1686 fc 1T77, avec la musique de Lulli ; de 1777 & 18&7, avec 
la musique de Gluc^. 

Castor et Pollux, de Bernard et Rameau, radoubé par Can- 
deille en 1790, est représenté pendant 81 ans ; de 1737 k 1818. 

Dardanui, opéra de La Bruëre et Rameau, lors de sa reprise 
en 1758, est représenté 108 fois de suite, sans la moindre 
interruption. 

Thétée de Lulli, dans sa nouveauté, 1675, fut représenté pen- 
dant treize mois sans interruption ; pendant onze mois à sa 
reprise en 1730. 

A la première représentation de Pomone, opéra de Perrin et 
Cambert, la salle était comble d'amateurs ayant payé leur billet 
6, 15 et 21 livres. 19 mars 1671, ouverture du thë&tre. Les prix 
étaient doublés aux premières représentations. 

L'économie la plus précieuse est celle de'l'argent qu'on n'a 



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iw iiiifmteA, l» cwitaos» du ^lublic accourant eo foule aux 
niprâMOlatloiu de l'Opéra, sans qu'il fût aécessaire de renou- 
v«(m- d«s frai» à6 WK «H scÈae, sws avoir jaèjpe le $ouci de 
feira voittuer le» décors, imunovibles nomme l9s murs de I2 
ErU*, Me élait la pàncipeie cause des béuéTices encaissés r^n- 
liëraiDQnt 9&r le foodateur Perrin et par l'uâurpateur lyuUi- Cd 
âgn d'or d« l'Académie fut de courte durée. Eu 1690, |e$ profils, 
diminués des trois quarts, eu comparai^u des l>épéflces de 
F«m«, de oioitié, relativemeut i ceux de LuHi, tooibèreiii k 
aOfOOO livres. Su 1£96, commeuca le déficit, Ep 170^, le direc- 
^sur t^ujeuet, que s» ruine avftit fait mourir de chagrin, laissait 
à payer 380,780 livres. 

^fèmUieiit adroit, f'Ulli s'était débarrassa de rattirail incom- 
mode et coûteux de l'opéra-fraocoDi, ses Sis et son gendre 
|Wj«Dt H maijii^itif eu liéoédce eu usant de U même prudence ; 
iimma cette pbnue du philosophe La Bruyère ; — Les machi- 
aes oot disparu par le bon minage d'Amphiou et de sa race.» 

P»)lth*t Iwllet-pantomiine, de Gardel, compte 93S représenta- 
tious. Le Devin du ViUaçe, Vu Caravane, Œdiff à Coione, lei 
Pr4tmdu4, ia Vesiale, Àritl^pe, le Comte Ory, U MuetU de 
Poriiei, tout dee opéras ijue l'on a joués Je plus depuis un siècle. 
J» ue donne pu le chiffre de leurs nombreuses représentalioDS, 
il serait triplé, quadruplé par celui des opéias de LuUi, chiiTrv 
qu'il est impossible de préciser. Thésée fut joué saus inlemip' 
tioa pendaat 2& mois; ks opéras de Lulli restèrent iffJ ans au 
tbé&ite; et si je veux étm d'une exactitude rigoureuse, pendant 
109 BUS, 4 mois et tGjoursI du Hi novembie l67S,aii-a8 fé- 
vrier 1782. 

-<' Siamo in taito, nous sommes sauvéa, » dit Uoïse après 
avoir traversé la mer Rouge. Siamo m salmo, réjpétept uos aca- 
détticieas que l'empereur vient de lo^r en sa maifiW pour les 
Hwttre & l'abri d'une infinité d'accidents^ 

Sur ravenlr nous wfl& bien tnnqnlHM, 

fibaotemiiMls ave&Gulistan, U gouvernement peut et d«U sval 



n,Googk 



THÉÂTRE IMPÉRIAL DE i'OP&lA. 307 

régir l'Académie, l'art surtout quand il e»t en pleine décadence» 
et conduire sa barque au port sans avoir à se préoccuper de If^ 
recette, sans craindre les écueils redoutés ^ bon droit par un 
entrepreneur. Que le Théâtre- Italien adresse en chœur tino 
prière, sollicite ttarmpnieuseptent, obtienne d'être mis de nou- 
veau sous la protection de sa majesté l'impératrice, dileUAnt^t 
j'en serai cbarmé. l& Gomédie-Francftise a«t noblewenl Irftiléft 
et j'applaudis i. la subveptiOD qu'elle reçoit. 

Voiiâ wt (rois théâtres principaux, ng» trois fseore^ l^MHlTf" 
blés , honorés , bien établis, ravit4iUés et pourvu» des munttiQOk 
nécessaires pour ua voïage au long cours. Nos cttev^dien, nos 
dames , tout le baut parage de l'art dramatique hrillnif aiUL 
galerie»; en attendant le tournois. iU se plaisent it vw^ ime 
passe d'arme? pù les écujers , les amazones viennent fuire l'essù 
de leurs jeune» talents, -^ ï-aissez aller i çb^nteM les Itérais , 
laisse» aller! plus d'embargos, de blocRs, de peines, d'amendes, 
plus de lois répressives qui viennent arrêter les musiciens fmor 
çaiaet les éloigner de leurs théâtres naUADSWt. làberté plénièro 
de chanter, de-baller, de rossignoler fpéfne et de cabrifriw- Vw 
maîtres vous regardent, vous encouragent, wyo» lowi utiles 
en attendant d'être un jour leurs rivauit et Isun succ^ftseur». » 

Ce moyen de retrouver l'abondance de musiciens escaUeqtH 
que diï ans de liberté nous avaient donnée; ce moj^n est d'UDt) 
e:iécutton focile, éuonomique, tenter l'aventure vous femhlH'il 
chose trop périlleuse î Si le» Français n'ont pas de musigiie, s'iIn 
sont forcés de recourir sans cesse aui étrangers pour en obtenir 
des partitions, c'est que |a musique est encore prosertifl 4A 
France ; le vol administratif avait beiwin du privil^e, (si le ^ 
vilëge l'a blessée mortellement. Cette question du vp|, qsestiMi 
principale, immense, formidable et toujours victorieuse .est, 
fort heureusement, éc^rt^ auionrd'hui. lie fvw'vous la grftee 
de me dire pourquoi tant de liemcea, tant de fevmira étalent 
a6e{H<déeB au mélodrame, h la pantomime, au vaudeville, genres 
corrupteurs des mœurs et du goût, tandis que la musique, seul 
art qui ne leur a Jamais porté la moindre atteinte était frappé ds 
réprobation ? La censure n'a riw ^ voir dans tat DOtea, o'ast Mir 



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308 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

)e texte, les mots du drame qu'elle doit porter son alteotion. 
Quels dangers peuvent-ils résulter pour l'État qu'une tirade, un 
couplet, une scène soient dits en récitatif ou bien en cavatine? 
' Pourquoi les dix-sept théâtres ayant autrefois le droit de 
Chantsr sont-ils encore réduits au silence 7 -^ La mécanique do 
vol, de l'escroquerie le voulait ainsi. — Hais l'aigle impériale a 
détraqué, lacéré celte mécanique ingénieuse au point que je 
dois vous en faire counattre les ressorts. Un théfttre unique était 
royalement subventionné, prodigalité fabuleuse I Le distributeur 
des faveurs de ce genre se faisait rétrocéda une bonne part de 
la somme reçue, et dont la partie prenante avait donné quit- 
tance. (Voyez page 218 de ce volume.) Ce ne serait qu'une simple 
escroquerie, une facétie de bureaucrate dont je ne dirais rien, si 
les conséquences n'en avaient été déplorables. Les conditions de 
ce marehé frauduleux étaient doublement obligatoires. Le direc- 
teur d'opéra consentait à ce que ses pièces de cinq francs fussent 
réduites à cinquante sous, mais le bureaucrate s'engageait k 
mettre un invincible empêchement à l'ouverture de tout théâtre 
oft la musique eût osé se montrer. 

Rarement un ministre abandonnait son poste sans jeter an 
privilège de spectade & quelque favori prêt à le vendre au plus 
offrant. Le croirez-vous? l'opéra comique, genre bâtard, ridi- 
cule, honteux pour les Français qui l'ont subi ; genre où le dia- 
logue parié se mâle aux airs de' chant, afin de tirailler, de 
mettre au suppbce une oreille sensible; spectade bizarre où 
ceux qui parlent Juste chantent faux, où ceux qui parlent faux 
chantent juste, l'opéra comique était le privilégié par excel- 
lence (1). C'est on genreéminemment national, chéri des épi- 
ciers, disent encore de vieux radoteurs. S'il est national, il n'a 

{1} — On ■ doDDi Ib S de u mois la premibn MpréMotation ée LKctle, co- 
iMédta en un »eta mdMs d'vietteB. C'Mt *liul qoe dm aatean app^lmt cetts 
«tiptc« de moDHre drunuiqne, cas patiuopiru, moitié parlés, moi tii cbu- 
tés, ce mélange bsrbare de deux m&nlëree d'imiter la natare, oé de la dureté 
de DOS oreilles, qui n'a pemli eiicore i nul compotiteur de crter ou d'nwiyor, 
du moins sor dm tbéltres, un vrai rédtatir, une simple déclamation noté(^> 
t, 10 Janito- ITW. 



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THÉÂTRE UPftUÂL DE L'OPÉRA. 309 

donc pas bNoin de prinlëge; s'il est cbéri des épiciers, leur 
bande est assez nombreuse pour qu'il ne manque pas de cha- 
lands. Il est des établissements que l'on tolère , dure nécessité I 
mais qu'il serait dangereux, indécent, impolitique de subTen- 
tionn». Cultivez les plantes utiles, croyez que le tdtieodent 
abondera toujours. Les maladreries étaient destinées à guérir de 
la lèpre et non pas à l'inoculer. 

Au moment où vos tbé&tres sont dévastés par une musique 
insipide, ignoble et vulgaire, au moment où vous battez la cha- 
made pour faire appel aux musiciens de l'univers entier, des 
compositeurs, des virtuoses formés h vos écoles, muselés encore 
par un privilège odieux, mais expirant, vont se cacher comme 
des faux-monnayeurspour faire entendre k quelques élus des pro- 
ductions dignes de la scène. Si la conscription n'avait favorisé que 
Pontoise ou Gonesse, auriez-vous jamais oblenu cette armée d'of- 
ficiers généraux, qui depuis soixante ans ont illustré la France 1 
Laissez aller 1 c'est moi qui vous le dis; laissez aller I puisque 
les voleurs ont depuis longtemps déserté la place, et ne peuvent 
plus sourdement s'opposer à vos idées loyales et généreuses. 

Vous souvient-il des supplications touchantes que l'Institut 
adressait & dos ministres pour la création d'un troisième thé&tre 
lyricfue? Vous sourient-il des conclusions prises, des ai^uments 
produits en faveur de nos jeunes compositeurs, des raisons 
démontrant la nécessité, l'urgence de ce gymnase? La France 
musicale entière applaudit à ce noble zèle, à l'intérêt piUemd, 
au dévouement plein de candeur, de tendresse que nos sénateurs 
grisonnants témoignaient pour la jeunesse ardente, studieuse, 
baMle, demandant un champ de bataille, afin d'y signaler sa 
valeur, ses talents, son génie. Le ministère n'était pas de fer, il 
se laissa fléchir; l'asile harmonieux que les pères académiciens 
réclamaient pour leurs enfants, leurs pupilles chéris, leurs dis- 
ciples lauréats ou non fut accordé. 

Le ThéAtre-Lyrique est ouvert ; de premiers essais peu bril- 
lants amènent des jours heureux. La boutique est achalandée, 
le public en assiège les portes ; une des cent voix de la Re- 
nommée proclame cette victoire sur le dOme de l'Institut, elle 



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âlO ÏHËATRES LYtUQttES DE PAittS. 

ajoute mSme qu'au boutevard du Temple tes musicleos débu- 
tants toucheot des droits d'auteui*. Oui , des droits d*autetir, 
12 pour lOOl Diâblet -ftdepoi! C&rpo di Èacco? 12 pour 100! 
Le flacrë bataillob s'eu émeut, l'escadrOn & dressé l'OrrilIe, il 
i^)mpt par qtiatrg, et Tollà nos Sénateurs académiciens quittant 
leurs chaises cuniles pour venir occuper te modeste bâdc des 
écoliers, et, sans vergogne, leur disputer, leur enlerer peut-étte 
lesbienfdts du gouvernement! Awrifada fatties! fada, si Ton 
veut, mais comme l'argent est le seul résultat auquel la plupart 
de nos musiciens académiques puissent prétendre, il faut bien 
leur pardonner encore cette fantaisie. — Mais le TbâAtre-Lyrique 
est réservé pour les débutants.— Qui vous adit que nous ayons 
tous débuté ï— Quatre-vingts partitions semblent prouver...— 
Oui, si vous prouvez d'abord qu'une partition est un opéra. > 

Ënceinl£ continue, serpent qui se mord la queue, envahisse- 
ment complet, domino ! blanc au centre comme aux deux bouts, 
c'est-à-dire rien ou bien peu de chose, artifices de praticien, 
notes dlsertement alignées, combinées, talent de rhéteur, effets 
de sonorité, de vulgaires roulades enlevées par des rossignolettos 
charmantes, mais pas un trait de mélodie limpide, réelle, origi- 
nale, et pourtant ces académiciens excellent dans le genre bouf- 
fon, bouffonnissime , témoin leurs prières affectueuses, leur 
éloquent plaidoyer en faveur de leurs disciples, et la stratégie 
dramatique, burlesque, imprévue qui devait couronner l'ceuvre 
en servant de péroraison à la plaintive élégie. 

Vous n'avez point oublié la consultation de médecins que j'ai 
Rapportée à la page 354 du tome I" de cette histoire. î^ Ar- 
nould craignait de mourir d'ennui. Le comte de Lauraguais 
voulut prévenir ce malheur. Ne faudrait-il pas m^nteoant as- 
sembler, non pas quatre docteurs, mais quatre facultés pour 
examiner si le peuple français constamment abreuvé, saturé, 
bourré de musique insipide, affadissante, qu'il peut trop rare- 
ment éviter, n'est point menacé d'une paralysie de ses orgabes 
auditifs, d'un marasme généra, d'un abrutissement qui doit M 
fûre un jour pousser des cornes à la tête. C'est une question de 
salubrité pubUque. 



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TMATRE impérial de L'OPÉRA. 31 1 

Après avoir diné longtemps et confortablement au café de 
Paris, il tous plaît de changer de cuisine et de vins. Philippe 
vous offre ud asile et vous banquetez à merveille au salon Hon- 
- torgueil. La coquetterie d'un estomac ardent et vaste en ses 
desseins vous engage à voltiger encore, à chercher des plaisirs 
ItOQUétes et nouveaux jusqu'à la Râpée. Une matelotte aroma- 
tisante, un rôti fashionable, des primeurs, des fioritures dign^ 
de Carême humectés avec des liquides combinés harmonieu- 
sement doivent y ragaillardir votre individu. Don Juan de la 
gastronomie, vous avez passé dé ta blonde à la brune, Éifith aux 
cheveux d'or a même reçu votre hommage ; heureux, trois fois 
heureux, vous êtes au comble de la béatitude. Vous n'avez qu'un 
desir, (ftst «lui de recommeneer iin aussi doux pélérittig». ce 
da capo séduisant ne perdralt-il pas tous ses charmes en per- 
dant sa variété, si vous aviez la triste certitude qu'à ces trois 
peùts de ralliement voua trouvères le mâme vio de Surëne 
et que tout l'afhdiisaDt fricot Mrs puisa daai la mgwpita ^gg 
mêmes invalldesT 

Au dernier voyage que Hosslni fit k I^rig, M mattrc disait à 
Daniel Auber: — On ne me chante plus en Italie, je tiens déjà 
mon rang parmi les saints de l'ordre, et les Français vous 
clianteirt encore avec une ardeni' sans parrtHe. 

— Savez-rons pourfïtioiT 

— Dites. 

— C'est qtiâ nous avons un Conserfstotn. 
-^ Nous en possédons quatre en Italie. 

— D'accord; tnais ils h'ont pas la même vertfl tpiè le WKre. 
Depuis que les Français ont uu Conservatoire, Ils ne savaatphis 
faire de la musique chafltable. S'ils reviennent tonjoan à la 
mienne, c'est qtfllâ n'ont que cela. Dans le pays flee... 

— Trêve de modestie : tm ne vons crolraU pas. » 



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XXVI 



L« dkoiMM et \m qtudiiUes da ballet. — L» mgiH de» réHrencM , tnUet 
des écierUiea. — Cborislei improrlutean. — Lei rata et les woiik — 
Les m&rcheiues et le* compines. — Le cbceur druiuitique, ioveotloD fraa- 
çuie. — Dn cborûte ftUBmtnd décourre 1& lilbogrephle. — Ëcole de dansa. 
— Le forer de la danse. — Ëtudes, répdt]tii)iiB,iiiiBeen seine d'on opén 
nonTeui. — Sucete, nppal, OTadoii, triomphe, conrouKO-et boaqvett. — 
Assassinat, tête cassée en plein tbéltre, en tvx du pabUc — Sortie de 
ropâra, le masque tombe. — Les flsnrantea et les conscrits. — Grandes et 
rlchM dames de l'Acadâmle. 

Les rois , les reines , les princes , les princesses , dont je vous 
ai conté l'histoire, avaient un peuple sur lequel ils exerçaient 
leur dominatioD ; ils le possèdent encore. Cette population chan- 
tante, dansante, sonnante, marchante s'est accrue dans une im- 
mense proportion depuis deux siècles. Un républicain laisserait 
dans l'ombre ou la demi-teinte les sujets.... Hais non, k l'Opéra, 
les rois, les reines sont des sujets, ils ne sauraient en avoir. Des 
suivante, des suivantes les accompagnent ; je vous (erai connaître 
les, contrôles de cette armée et les registres de son état civil. 
Deux régiments se présentent d'abord ; ils forment le cbœur du 
chant et le choeur de la danse. Nous passerons ensuite la revue 
des troupes auxiliaires. 

On appelle ehorUte l'homme , la femme ou l'enfant dont la 
mission est de chanter une partie dans les chœurs. Le coryphée 
est un ou bien une choriste plus habile, que l'on fait sortir des 



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THÉÂTRE mPERUL DE LV^EA. 313 

rangs pour exécuter ud solo plus ou moins important, et qui 
reprend ensuite sa partie cborale en se joignant k l'enseanhle 
général. La caûtilëoe de Gtiillawne Tell, Toi que Poiseau ne 
tuvorait pat, est cbantée à l'unisson par six coryphées sopranes, 
tandis que tous les autres choristes plaquent l'harmonie de cette 
villaneUe dansée aux chansons et sans orchestre. 

Les choristes formant les quadrilles de la danse ont reçu, mal 
à propos de l'indocte vtdgaire, le nom de ftgwrants; désignation 
moins noble sans doute; mais nécessaire pour la clarté du dis- 
cours. Dacit Cytherea chorot, ces nymphes, conduites par Vé- 
nus en personne, dansaient jadis aux rayons de la lune, taeita 
per arnica nlerUia Uma; ces nymphes, en choeur assemblées, 
étaient alors des choristes. Si le public de l'Opéra s'obstioe k les 
nommer figm-antes , ce n'est pas la faute d'Horace. 

La troupe chantante est beaucoup moins belle que la troupe 
dansante. L'une est destinée à charmer l'oreille, l'autre doit sé- 
duire les yeux. Ce n'est pas une raison suffisante, direz-vous, 
pourquoi ne pas avoir des choristes jeunes et jolies , dignes ri- 
vales des figurantes k l'égard de la beauté gracieuse? On les au- 
rait, gardez-vous d'en douter, si c'était possible. Un organe 
vocal agréable, puissant, étendu, ne sonne pas toujours dans 
la poitrine d'une belle femme ou d'un homme taillé sur le mo- 
dèle d'Antinous. Vous voyez qu'il est bien difficile de trouver 
des sujets pour les premiers emplois ; vous voyez le public faire 
des concessions en faveur d'une voix, admirable, d'un talent vic- 
torieux, et permettre qu'un chanteur excellent possède un gros 
ventre et soit mal bâti, qu'une cantatrice éminente soit laide & 
faire peur sur tous les points de son individu. N'avons-nous pas 
vu des colonels de cuirasiers, de carabiniers d'une taille fort exi- 
guë? le courage et l'habileté se mesurent-ils à la toise? 

Le maître de ballets choisit de beaux hommes , des femmes 
jolies ; le chef du chant forme une collection de tuyaux sonores. 
Les chances du hasard ne sont pas toujours défavorables h. ce 
dernier, et souvent une belle voix sonne dans un beau corps. Les 
choristes qui possèdent ce double avantage figurent en tête du 
régiment; et des tuyaux, que la nature n'a pas dotés aussi libé- 



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m -nfgAiHÈâ LYiQQCEft m paius. 

ralefJQedl BU regard ûei avantages extètieot», sont adroitonent 
tdéf^du second, ait troisième rang. iJibeanté, lafraicbear 
R'éranoMsseDtcot&me un nti&ge, une brume, hélasl trop légère. 
Quinze, dix-hult printemps itiffisent pour ftmer touCes cm rose! 
chantanted. La beauté passe , la voix reste ; le talent s'est afi^mi 
par l'expérieDce , le travail Constant s donné plus d'énergie à 
l'organe vocal, une oreille exercée le dirige, le sentiment de la 
musique lui dotiue cet aplomb, cette justesse d'attaque, cette au- 
dace qui manqueraient de soudaineté s'ils n'étaient dus qn'ao 
signal du chef d'orchestre, ou bleu k l'explosion de Tbaf 
monie instrumentée. Le maître de ballets demande la réfonne 
des figurants qui cessent d'être jeunes, les chefs du chant s'o[h 
posent au renvoi des choristes anciens. Les vétérans sont b 
compagnie d'élite du régiment sonore. Jusqu'en 1790, le mas- 
que a permis aux Qgnrantes de fournir une longue carrière. Le 
masque donnait à tout le corps de ballet un teint coloré pour les 
suivants de Bacchus, la pâleur des ombres errantes dans ttlj- 
aée, il enflait les joues des vents et des tritons ; il se borse au- 
jourd'hui à rendre affreux les diables et les furies. 

Les soins , la surveillance des maîtres de ballets n'empèdleot 
pas toujours la laideur bien caractérisée de mimer et danser avec 
succès au théâtre. La talent vient en aide h ces rares exceptions. 

Les choristes , les Aérants manœuvrent ensemble sur I& 
scène; dès que la représentation est finie, ces deux corps se sé- 
parent. Les obligations du service les réuniront aux mêmes 
lieux, il est vrai , mais il ne s'établit entre eux aucune r^atton 
d'amttié, de société, de camaraderie parmi les femmes. En 
Tolci ta raison. Une figurante jeune, jolie, séduisante, a toujours 
un ptan de campagne qu'elle suit dès ses premiers pas gracieti- 
sement jelès ou tmltus. Son ambition la dirige vers le poste oc- 
cupé d'une manière si brillante et si lucrative par les cÉlébrllés 
de son époque. Chemin faisant, s'il se présente quelques occa- 
sions d'arriver à la fortune par une industrie accessoire, elle en 
profitera. — Le printemps fuit, l'heure vole, halons-nous d'être 
riche, dit-elle : — Hatons-nous lentement, lui répond une mère 
pleine de tendresse et d'expérience. Point d'étourderie, de coup 



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THËATRE IHnillllAL DE L'OPÉRA. 3lS 

de Uie, palBt de sot madame, dirigeons notre banjué Vers le pitjs 
des amours utile» , misonnables, le sentiment aura son tour. i> 
Ce genre d'ambition fHlt battte le cœiit de toutes les figurantes, 
11 laisse les choristes dans une paisible Indlflféreùce. 

Iptaigënie Bonnefoi de Salote-Opportutie s'énamoura fblle^ 
ment du jeune C&raffe , timbalier de l'Acadëtnie. La mère de la 
trop sensible baluline s'en plaignait vivement à sa iillG en pré- 
eeBce de M"» Amould, qui, d'un ton magistral, laissa tomber 
ces paroles mémorables : '— Mademoiselle , vous n'avez point 
l'esprit de votre état; h la bonne heure que Vous cédiez h des 
gouts.On vous le passe, pourvu que cela ne fasse pas de bruit et 
de scandale; mais Une demoiselle d'opéra ne doit avoir ouverte- 
ment un coeur que pour la fortune.— Oh ! que c'est bien parler! 
s'écria la mère ; voilà ce qui s'appelle avoir de la sagesse I Ah ! 
Uademoisellel que ma fille n'a-t-elle votre esprltl 11 n'est pas 
Surprenant que vous soyiez si riche, b 

La danse, à l'Académie, ne se réunit réellement au chant que 
dans les opéras en cinq actes, et lorsque deS balléHns habiles y 
figurent. Malheur à vous, malheur I si le spectacle se compose 
d'un opéra de petite dimension suivi d'un ballet-pantomime. Ce 
dernier divertissement vous paraîtra d'auUnt plus agréable, 
(^armant, délicieux, qu'un prélude croassé par ud assortiment, 
b^asl trop souvent complet, de corbeaux l'aura précédé. L'af- 
fiche, qui tous promet un ballet, vous menace d'abord d'un 
opéra miaulé, lacéré, saccagé qui mettra votre oreille au sup- 
plice. 00 spectacle dont la danse est l'objet principal est, presque 
toujours, à l'Académie, un spectacle borgne, boiteux. Et pour- 
tant on vous aura donné de belle musique : Ltua, it Cornu 
ihy, le Philtre, livrés en ces jours de fête ballante, livrés & des 
galoubets que les Parisiens tolèrent, et dont un public de pro- 
vince récompenserait dignement la gaucherie peu décente. Si le 
ballet vous attire, ayez soin de louer, de retenir vos places, aSn 
de pouvoir échapper aux étrivières de l'opéra. 

l£ plus grand nombre des ballerines ont été figurantes ; les 
choristes deviennent rarement des cantatrices, bien qu'elles 
aient vu sortir de leurs rangs M"" Maupin, de te\, Fe^tpas, 



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316 TH&ATRES LYRIQUES DE PARIS. 

Coupée, Dabois, Duplant, Gavaudan, Maillard, Audinot, Aurore, 
Sainte-Jamee, Hulot, Henri, Sonlag, Unger, Laborde, etc. Les 
demoiselles des cbœurs ODt une couduile régulière, décente; 
elles se marient convenablement, deviennent d'excellentes mères 
^ famille, savent se contenter de modestes appoinlements, qui 
peuvent leur être comptés pendant de longues années. Elles font 
leur service au théAtre comme les employés à leur bureau, s'oc- 
capant d'une broderie, d'un tricot, lorsque les cavatines, les duos 
leur ménagent de longs repos dans une répétition. Ces mœurs 
bourgeoises diffèrent essentiellement de la manière d'agir des 
figurantes, appelées sauteuset par les dames du choeur. Ha règle 
n'est pas sans exception, bien s'en faut! Si vous me désignez 
une âgurante dont la conduite soit irréprochable, -je vous citerai 
sur-le-champ telle ou telle demoiselle des chœurs, dont l'heu- 
reuse fécondité peuplait l'Académie de contraltes masculins et 
de sopranes en herbe. £n 1853 , le ballet possédait trois jeunes 
chevalières sans peur et sans reproche, trois Jeanne d'Arc, et 
l'Opéra les nommait avec orgueil. 

A toutes ces causes de la scission existante entre le chant et la 
danse, je dois en ajouter de plus anciennes. D'abord, les lettres- 
patentes de I^uis XIV qui permettaient h. sa noblesse de chanter 
à l'Opéra sans déroger, et ne faisaient, à cet égard, aucune men- 
tion de la danse. Oubli damnable de la part d'un roi baladin! 

Avant 1750, la danse était un corps indépendant et séparé de 
l'Académie royale de Musique. Régie par le chef, le condottiere 
qu'elle s'était donné, la danse tenait ses engagements envers ce 
thë&tre les jours d'opéra. Les autres jours, elle se divisait en denx 
bandes , ou bien allait figurer en corps à la Comédie-Française, 
k la Comédie-Italienne. Aussi n'avait-on pas encore marqué, 
précisé les emplois. Les danseurs, les danseuses en première, 
seconde ou troisième ligne étaient confondus avec les figurants 
et les figurantes. 

En 1723, on dansait encore dans le temple du Seigneur, et 
c'étaient de graves magistrats qui manœuvraient en ce ballet an- 
tique et solennel. Empruntons quelques lignes au Journal de 
Paris, écrit par Mathieu Marais, avocat au parlement : 



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THÉÂTRE niPËBIAL I» L'OPËRA. 317 

— Ceionr, 12 Dorembre, j'ai été i la messe ronge, an Pakis, chanUe 
par l'abbé de Champlgoy, trésorier de la Salnte-Ctaapelle, officiant 
ponUflcdemeDl. Les révérences et les pas des présidents à mortier, à 
cette mease, sont singuliers et d'une inatltntion ancienne. On en parla 
comme d'âne cérémonie venant de l'aréopage. n'y avait que trois pré- 
sidents à mortier. Le président de Novlon, qui tient lieu de premier pré- 
sident, qui a fait les pas et dansé très gravement. Le président d'iligre 
tpû n'a plus ni tête ni genoox, el le président Chanvelin qui a dansé 
gracieusement, avec la complaisance d'un bomme qui espère la place 
de premier président ■ Bevne ritroipective, saconde série, tome IX, 
pageUl. 

Cette cérémoaie était appelée me$te des ritérence», d'aulre» 
la nommaient baUet det icrevUaea. 

Deux ctiefs du chant, placés l'un à droite, l'autre k gauche, 
dans les coulisses, tenant la partition des cbeeurs , dirigent les 
Biassea chantantes, surveillent l'attaque en leur donnant le ton. 
Le sourSeur dit en entier les paroles aux acteurs ; son adresse à 
lancer h. propos les phrases du livret rassure les exécutants. Les 
choristes n'ont aucun souci des paroles; celles de l'auteur sont 
si mal bâties, si mal ajustées sur la mélodie, que les changer, en 
improviser de nouvelles, qui s'adaptent ^ merveille aux notes, 
c'est rendre un service émineot & la pièce. Comme les chœurs 
de Meyerbeer sont les plus barbares, ceux où la langue française 
est outragée avec le moins de ménagement, les chanteurs se sont 
fait des versions, des variantes qu'ils récitent par groupes. Allra 
sur le thé&tre, écoutez l'introduction de Bobert-ie-Biable, plu- 
sieurs diront les versicules de la pièce, tandis que d'autres cbaa- 
feront pendant toute la durée du choeur : 

La sou I pe aux choux | se hit dans la mar | mite, 
Dans la | msrml 1 1« on fkit la soupe aux | choux. 

Passez de l'autre coté, vous aurez plus d'agrément, le poète» 
choriste a complété sou quatrain; le peloton dira : 
Parlons, | amis, | car j'ai mal ft la { tète. 
Je dois I aller | danser au bal ce | soir ; 
SI l'on I (avait | combien cela m'em { b(te, 
Id I J'aurais | un ilège ponr m'as | seoir. 



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3)5 THÉÂTRES I,YRIQDiS DE PARIS, 

l£ rbytlusf de ces vers est ïilourable, c'est an vrai cadeau 
que l'op fait il la musique de Meyerbeer. 

Dans U ecèna des ténèbres de Moise, le beau cbceur eu ut 
wnwur est cbanté presque en totaliié sur ces mots adressés au 
public 1 Noui alioM bien vûuê amnaer, Bt 06 bon public m di- 
sant : -^ A l'Opâra, Je ne comprends jamais les parales. >> Ce 
n'est pourtant pas faute de les entendre. Plusieurs m'ont assuré 
que ces Joyeusetés chorales n'étaient plus tolérées. 

Lorsque la Sonnambula de Bellint fut représentée à Barce- 
lone, le chœur s'avisa de parodier ce vers II sorrizo delV amor 
d'une maulère si bouSTonne, que les dames se pâmaient d'aise 
en se cachant derrière leur éventail. Les autres théâtres de l'Es- 
pagne adoptèrent cette variaote; le public l'attendtdt pour foire 
le brouhaha. 

Une école de danse, établie en 1673, h l'Opéra, par Lulli, fut 
tenue par le danseur Lestang, sous l'inspection de Beauchamps, 
maître de balles. Tout sujet qui se présentait à Lulli pour être 
admis k son théâtre, était examiné, mis b. l'épreuve comme chan- 
teur et comme danseur. S'il montrait d'heureuses dispositions 
pour le chaut ou pour la danse, on lui donnait uo emploi défini- 
iit pour l'une ou l'autre de ces parties. S'il était médiocre chan- 
teur et danseur maladroit, on le faisait figurer dans les chœurs 
et dans le corps de ballet ; il élalt enrôlé dans te régiment des 
utilités. M"" Desmâlins, ainée et cadette, Dimanche, Listrade, 
Mariette, Dervieux, Cécile, Dorival, Maillard et bien d'autres, ont 
passé de la danse au chant ou du chant b. la danse. De nos jours le 
grand Pouilley a quitté le ballet pour faire tonner sa votxde basse. 

Les demoiselles de la Comédie-Italienne commençaient par 
être danseuses, débutaient ensuite dans la comédie, et chan- 
taient plus tard quand elles avaient réussi comme actrices et 
balléripee ; ce double ou triple talent assurait de longs et bril~ 
lants succès aux virtuoses de ce théiLtre. Les auteurs savaient 
mettre à profit tous ces avantages en écrivant des pièces telles 
que les Trois Sultaneg, l'Épreuve villageoise, etc-i où la prima 
donna devmt parler, chanter et danser, comme l'ont fait plus 
tard M"** A. Saint-Aubia et Darcier, 



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THSAIW JUPÉBUI, de L'OP^lik. 31» 

L'école de danse da l'Académie a toi^ours été i}irigée et teoue 
par d'habile processeurs et leurs prévois, sooa U surveillance 
du premier maître de ballets. En 1776, la danse eut ua inspec- 
teur en titre d'ofSce. 

Plus lard les postulant» n'étaient admis à l'école de danse 
qu'après avoir été soumifi i l'^amen de deux chirurgiens, qui, 
séparément, faisaient leur visite et leur rapport ayant pour objet 
la cooformatioD plus ou moins heureuse du conscrit qu'il s'agis- 
sait d'admettre aus eitercic«s de la danse. Conseil de recrute- 
ment qui mettait hors de (x>ur ceux que certaine défauts dans 
les pieds ou les organes de la respiration condamnaient à ne 
danser jamais. Ces recrues passaient dans les classes de prépa^ 
ration à la danse, tenues par l.^ebel et Gfjyop- Coulofl, père, 
Fabr&Gardel, maîtres de perfsctionnemËnt, terminaient l'édu- 
cation de ces virtuoses. 

L'ezamrai des cliirurgieDB est supprimé depuis 181S>, aussi 
beaucoup d'élèves sont-ils obligés de renoncer au travail qu'ils 
araient «ntrepris avec une ardeur inutilfi. H. Véron nousdit que 
ses connaissances anatomiques lui servirent pour éloigner de 
l'école de danse les élèves d'une tfop faible constitution (1). Dans 
la rue Richer, au n* 1, près du Conservatoire de Musique, est 
une grande salle o^ s'exarceot les aspirants h la danse drama- 
tique destjjQ^à l'Académie. C'est là qu'ils reçoivent les premières 
leçons, et s'ex£rcent à faire iles gommes avec les pieds et les 
bras, sous la direction de M. Sciot, de M- Mathieu. Ils passent 
à la classe de M. Addice pour arriver enfin à celle de perfeo- 
tionnement, ofi préside le successeur de Coulon, d'Albert, de 
Vestris, M. Gosselin. Quand il y a re^u le dernier coup de 
poUssoir, le diamant peut affronter les clartés de la rampe, et 
briller devant son dernier maître, le public. 

Le musicien exercé devine, découvre un chanteur à venir 
dans une personne qui parle, il peut le découvrir même par la 

9] Voï» let mtmMm #wt MMtf*»t* lU Pari*, fu h doctenr !.. V4fMi. 
tome m , pour une inflnitâ d'abcervations irès joKm qtu je ne rtppelleraj 
point ici , bies qu'eUee wieU relatlre» bu si^t que Je traite. 



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320 THÉÂTRES LYRIQUES DE PAMS. 

seule inspection de ses pectoraux. Le danseur n'a pas moins de 
sagacité, le coude-pied, les pointes et bien d'autres diagnos- 
tiques lui sipalent un virtuose, et cet élu n'attend que les avis 
du maître pour zéphiriser à merveille. Luthier fort habile, Gos- 
sclin, père, fournissait des violons à Duport. Ce danseur, exami- 
nant UD jour ta table, la volute, les éclisses d'un de ces instru- 
ments, aperçoit au bout du manche qui lui servait de point de 
mire, aperçoiti distance des objets qui le frappent de surprise et 
d'admiration. C'étaient les pieds des deux petites filles du maître 
de la maison. Il procède k l'examen de ces bijoux précieux, se 
p&me de plaisir et d'admiration devant ces pointes d'acier, 
devant ces coude-pieds éncrgiquement bombés, cambrés dans 
leur gentillesse. Le maître prescrit un plan d'éttides, et les de- 
moiselles Gosselin tiennent plus tard les promesses que Duport 
avait faites. 

Le foyer de la danse est une grande salle, dont le plancher est 
en pente comme celui du théâtre, elle est entourée de glaces, et 
plusieurs lustres l'éclairent. Les glaces ; sont protégées par de 
grandes barres sur lesquelles danseurs et danseuses viennent 
placer leurs pieds, afin de donner une grande extension aux 
muscles de leurs jambes, afin de préparer ces membres aux exer< 
cices du ballet en les dégourdissant. Tout autre qu'un danseur 
ne pourrait supporter pendant cinq minutes la position de son 
pied élevé jusqu'à la hauteur de l'œil. £n stjle de théâtre, cela 
s'appelle se dérouiller. Se tenant ensuite par la main h ces barres, 
ils font une infinité de plies, de ronds de jambe, de battements, 
d'écarts, courbent leur dos en arrière, se penchent sur l'un ou 
l'autre coté pour assouplir la colonne vertébrale. Abandonnant 
ensuite leur point d'appui , ils se lancent librement sur le par- 
quet et font des gammes à leur manière, répétant jusqu'à vingt 
fois le pas difiîcile. Ils essayent leurs poses, en ayant soin de 
mouiller le parquet; au théâtre, ils frottent leur chaussure avec 
de la craie afin de ne pas glisser. Les danseurs ont à chaque 
instant un arrosoir à la main, s'ils sont en habit de travail; ils 
ressemblent à des jardiniers. 

C'est avant le ballet qu'il faut aller dans le foyer de la danse 



ityGoo^k' 



THftATRB IHf^RIAL BB LXlPtlUU »< 

pont' assister k ta gymnastiqae préparatoire des Tiitnoam. Ella 
est indispensable et prévient beaucoup d'acbidents. Entrer en 
scène sans épreuves et quand le corps n'est pas assoa{rfi serait 
s'exposer à des chutes périlleuses. Tous les grands artistes des- 
cendent au foyer général une demi-beore avant le ballet. Si 
Panny, Thérèse Elseler ne se s«it jamais soumises & cette rj^le, 
seule exception connue dans les bistes de l'Opéra, c'est qu'dlet 
avaient fait construire ea leur appartement somptueux un théâtre 
' de danse, tes deux virtuoses se jetaient dans leur voiture aprta 
des exercices répétés ft domicile , et venaient atteadre dans leur 
li^, à l'Opéra, le moment d'entrer en scène. Ces loges d'acteurs 
sont meublées parfois avec une élégance rare, un goût exquis. 

Le hnste de H"* Guimard en Terpsitdiore, marbre de Houdoo, 
est placé dans le foyer de la danse. 

Toitjoars en mouvement, d'un appétit féroce, grignottant sans 
cesse quelque fragment de comestible, les entants élèves de la 
danse ont été nommés rau, s(Ariquet doublement pittoresque. 
Le rafloé, le petit-mattre, l'incroyable, le merveilleux, le mus- 
cadin, l'élégant, le beau, le fasfaionable sont aujourd'hui rem- 
placés par le lion, c'est lui qui dicte les arrêts de la mode. 

On a[^lle mmreheuie, une grande et belle fille, dont l'unique 
missiut , à l'Académie, est de revêtir une superbe robe de ve- 
lours, de satin, de moire ou de damas, pour la promener noble- 
ment sur le thèfttre. Les marcheuses possédant une paire de 
jambes séduisantes , ont dans tous les temps affectionné les 
rMes muets de page. La jaquette de ces gentils varletons avait 
perdu la moitié de .sa longueur, à la sollicitation pressante de 
ces demoiselles, quand on résolut de montrer les pages en veste 
à la hussarde , en tricot de soie azuré , dans Guido et Ginevra. 
Un nouveau concours fut ouvert, il fallait bien juger le tableau 
vivant dont on allait faire l'exhibition publique à la lueur des 
flambeaux. La jambe n'est pas tout, la jambe peut tromper. Les 
souricières se vidèrent, les rats accouraient de toutes parts, et 
s'empressaient de faire valoir leurs droits au costume de page 
réduit à sa plus simple expression. Rendre tout un peuple con- 
lUlent des mystères voilés à plusieurs ; lui permettre l'examen 



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m TVtAThgS LYIUQU6S OE PiRiK. 

dt tant de parfeoUons, ijiwl avaclofe ffout un rati Aussi les 
Apniuves se multifiliëreDt à l'iattai; la direclion n'eut d'autre 
ttuiiarrat que celiii du clioû., Les pages hiea& triomplièreitt de 
{dusieurs façons. Des moraUsiea inquiets tirent observer que ce 
oostume trop dégagé pourrait hlesear le» yeux de ceitain^e per^ 
soLoes; le directeur. U. Duponcbei, adoptant cet avi& açùcal, 
a'empieaaa de voiler eu quelque sorte la nudité de Ms B^gea. en 
ajoutant & leur ceinture uu cordon de goiwette qui voltigeail 
autour de leur gracieuse personne. t 

XiCs peuples du nord ont toujour» envalii les Gootrtieii méri- 
dionales. Pendant l'hiver de 18&5, trois douzaines de gentilles pe- 
tites souris blaoelietteg , fauvettes ou Uoadettee s'âlaucàrent vi- 
vement sur notre grand théâtre, et le prirent d'assaut. Elles 
manœuvraient si t)iBn, leurs feux de ûle étaient exécuta» avec 
une telle préciBioB, une si gracieuse cadence, leurs tableaux of- 
fraient tant de variété, de séduction, de caprice, des effets cost- 
binés avec tant d'arlitice, que le public émerveillé proclama vingt 
fois la victoire des souris échappées de l'Allemagne. Ceespirant 
la perle des rats parisiens, les souris viennoises triompher^ 
complètement. Après cette mémorable victoire, un traité d'aW 
tianoe fut proposé, conclu, signé, scellé. Entre les rats et les 
souris une fusion n'offrait pas d'insurmontables dilScullés. Une 
perlée de souris, choisie parmi les plus éveillées, resta parmi 
nos rats pour donner des soins à leur éducation , et les former 
aux maooeuvres à la prussienne, aux gentillesses vienBoises. 
Vainqueurs et vaincus s'étaient embrassés et travailluient de con* 
Mrt. Cette union fut de courte durée, les étrangères nous dirent 
adieu. 

Cette fusion tant désirée devait produire les plus heureux ré> 
sultats, cette alchimie chorégraphique, oe croisement d'espëeea 
BOUS promettait des variétés fort originales. Si dos rats, aui 
mouslacliei brunes, mariés à ces blondes souris, avaient mis an 
jour des rossignols au plumage cendré, quelle fortune pour la» 
lions et les lionnes, et surtout pour les directeurs de dos théfttres 
lyriquesl Pourquoi pas? Ona vu des jeux delà naluie plus sur- 
prenants encore. Nous pouvions au moins espéi-er. Peut-être ua 



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jwir retr(H]mroB»--Qoug ainsi la race des rmsignols depuis trop 
longtemps égarée ou perdae. 

Souri* était le dmd de famUlede trois virluese» de l'Aea- 
démie. 

H"* Souris, danseuse fort jolie, et soeur de la maîtresse dn 
r^ent énlTSO, ât une fausse couehe parce qu'une souris s'était 
jetée entre ses jambes , tant elle avait horreur de ht gent trotte- 
menu. Philippe d'Oriéans allait peu dans les coulisses de -l'Opéra 
depuis que les flguraotes se permettaient de le nommer tout 
simplement Philippe. H. de Noce Toulut faire des ïemontrances 
à H"' Souris sur ce point, elle lui répondit : — Vraiment, peut- 
on appeler mùnseigneiir un homme que l'on a vu cent fols & ses 
pieds. — Ces diablesses de danseuses ne songent qu'à leurs 
pieds I » repartit Noce. 

le 3 décembre 1722 , h l'instant où ce même Philippe , dans 
un cabinet touchant au théâtre, rendait le dernier soupir, as- 
sisté par la duchesse de Falari, le diœur cbaolait k pleine voix, 
ce wrs, dans Thétia et PéUe .- 

O destin, quelle «it ta puisiancel 

M"* Antier, première cantatrice, rencontre un jour sur l'esca- 
lier du thë&tre U"- Souris cadette, charmante choriste, qui te- 
nait par la main une petite fille. — Oh I la jolie enfant! & qui 
est-elleT dit M"* Antier. — A moi, mademoiselle. •— Il me semble 
que vous n'êtes pas mariée. — Non, mais je suis de l'Opéra. » 

Les virtuoses de la danse et tout le corps de ballet sont lancés 
dans le galop de Gutlave. On saute, on valse', on danse, on 
marche, ou s'avance au pas de charge; le parquet plie sous le 
faix de tant de pieds qui le frappent en cadence. Dans les cou- 
lisses, 00 croit assister h. la répétition d'un tremblement de terre. 
Pourquoi ces cordes tendues, qui, sur le dernier plan , ferment 
tes deux issues du thëlitre? Ëo toute autre occasion , ce barrage 
serait établi pour empêcher les amateurs de s'avancer en dehors 
des coulisses, démontrer leur figure au public, prompt ii remar- 
quer de telles exhibitions. Dans Gustave, pendant le galop, ces 
cordes ont ta double destination de s'opposer & l'entrée des cu- 



it, G OOgle 



»M THÉAIUSS LYRIQUIS DE PARIS, 

rieux iodiscrels , i la sortie des daaseuses , pressées de terer U 
séance pour aller sonper en joyeuse compagnie. Le mouTemail, 
le désordre, qui cette fois est on effet de l'art, la foule, sont tels 
qu'une douzaine de ces demoisdies pourraient s'esquiver ina- 
po^es, et vider les lieux, à les cordas n'étaient là pour les re- 
tenir, si l'inflexilile Desplaees, ta canne à la main, ne veillait en 
travers de la seule barrière entr'ouverle. A chaque tour de galop, 
les rats , passant devant ce factionnaire implorent sa clémence , 
demandent grftce. Vaine espérance 1 âdèie à sa consigne, féroce 
et taciturne comme les muets du sérail, la sentinelle fait ia chasse 
aux rats, les repousse dans la souricière immense, afin que, 
toujours complète, la bande s'y trémousse jusqu'à la chute du 
rideau. Comme il leur importe d'employer utilement les derniers 
instants qu'elles sont forcées de donner au service du théâtre , 
plusieurs, ballerines Atent épingles et lacets , se déshabillent ea 
galopant devant le public. Leur toilette de nuit est ainsi plus tôt 
laite. 

Le rAle de marcheuse est le plus facile à remplir. Beaucoup 
de jolies femmes aiment à se montrer en habit de cour an miliea 
de la troupe brillante et légère des nymphes académiciennes. 
L'exhibition de leurs charmes relevés par le prestige du théâtre 
et l'éclat de la parure, leur présence en si bdie compagnie, posent 
ces demoisdies d'une manière infiniment avantageuse dans le 
monde galant. Ce vernis d'artiste qu'elles se donnent porte à la 
hausse les actions de leur banque, et doit les pousser vivement 
dans le chemin de la fortune. Leur chev^jer, car elles n'en ont 
qu'un, est Qallé de voir sa favorite, admise à la cour des roia, 
des «upereurs, se pavaner dans quelque procession en costume 
blasonné de duchesse, ou se montrer dans une fête villageoise 
sous l'habit flatteur et capricieux d'une paysanne de Frascati. 
La lorette ayant son asile élégant et somptueux dons la rue 
Bourdaloue, Bossuet ou Fléchier, on sait que ces colombes 
placent leurs nids sous la proLection des Pères de l'Église, la lo- 
rette se glorifie d'appartenir à l'Académie impériale de Musique. 

Les choristes du genre masculin, chantent aussi dans lea 
églises, ne peuvent assister aux répétitions faites les dimanches 



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THEATRE IHPËRIAL DE L^PtiRA. SU 

et les jours fériés. Cochereau^ le sieur de Chassé, Larrivée, Nar> 
bonne, Lainez, Ch&teauneuf, Ghéron, Gavandan, Hnby, Cbollet, 
Boulard, et beaucoup de virtuoses qui se sont fait un nom sur 
les théâtres de province , ont d'abord chanté dans le chœur de 
l'Opéra. Je vous ai déjà dit que Perne et Villoteau, deux de nm 
meilleurs théoriciens et littérateurs en musique, y tenaient leur 
partie en 1795, le compositeur CandeiHe y figurait en 1767. 

Simple choriste au théfttre de Marseille , H"* Maupin rient à 
Paris, et, de plein vol, débute & rAcsdémie dans Les premiers 
rdies avec le plus grand succès, iws. 

Un choriste du Thé&tre-It^ien de Parie , renvoyé par l'admi- 
nistnition, demande à rentrer en fonctions. Le premier chanteur 
de l'univers, h cette époque, apostille officieusement la requête 
du musicien en disgrâce, et signe : Hubini, ancien eltoriêlt. 

1S3S. 

Le chceur figurait dans le Ballet cotnique de la Roj/ns, en ISSl ; 
Cambert l'employa dans nos premiers opéras : le choeur itoama- 
tique est d'invention française. Privée de chceurs et d'airs de 
danse, YEritrea, de CavalU, 1652, se compose de hnitaote-sept 
airs, de deux petits duos, et d'un quintette fugué, presque tou- 
jours supprimé; l'exécution de ce morceau concertant préseo- 
Iftit de trop grandes difficultés à la scène. (NMdMKti.) H"* de 
Valois, fille du régent Philippe d'Oriéaos, épousa le duc de Ho- 
(lène en 1719. Lorsque cette princesse alla joindre son mari 
dans sa capitale, on n'avait pas encore imaginé d'introduire des 
chceurs dans les opéras italiens. Choquée de ce défaut, la non- 
vtHAa duchesse St venir de Paris un assortiment de choristes, qui 
débutèrent à l'Opéra de Hodèue, et ce sont les premiers que I'ob 
eatendit en Italie. 

Un pauvre choriste du thé&tre de Munich, Aloys Sennefelder, 
augmenteit ses ressources en copiant de la musique. Voulant ac- 
célérer un travail minutieux et lent, il essaya d'en multiplier les 
exemplaires par des moyens plus expëditifs, moins dispendieux 
que ceux employés jusqu'alors, et trouva la lithographie. Créa^ 
leur d'un art nouveau, d'un procédé merveilleux, Sennefelder en 
fit connaître la théorie en publiant tArt d« la Lithoçraphitt 



n,Googk 



SH nttAlltBS LTnifft» DE PAMB. 

Paris, IStS, vingt ans après l'époque de sa dfcoaverta- iDToitée 
poDr la musique, la lithographie n'a jamais été que d'un biei 
faible secoure poor les musiciens. Leurs œuvras ont des chances 
ie bonheur trap incertaines, et l'industrie recule avec raison de- 
TCAt un procédé qui la forcerait de tirer toute um édKiôn d'un 
Mul coup. Les résultats de la litfaoi^)Aie app)ii[Hàe k la niisique 
sont d'ajileure gauches, lourds et déplaisants, lorsque des cnlli- 
graphes les oot pr^iarés ; ils deviennent ad Durables si Ton trans- 
porte sur la pierre des pages obtenues avec des pliinchae métal- 
liques, incisées par une tiabile main, et c'est ce que l'an fait 
pour des ou vrages dont le succès est solidement établi. Ia bauté, 
la durée de l'Impression, l'économie que l'on trouve sur le* (raii 
dé tirage, sont des raisons suffisantes peur engager un édileoi 
ft fah«cet(e double opétation. 

Lorsqu'on met k l'étude un opéra nouveau, les chanteurs, 
réunis au salon d'études , répélerit leurs rôles autour du piano 
tenu par Henri Potier, excellent accompagnateur, chef du 
£hant des sujets. Les auteurs y président, et le chtf d'or- 
cbestre , qui veut se mettre la partition dans la tête, et proiler 
des observations du compositeur, y feit preuve d'exactitude. 
Won moins habile que son digne confrère, l'autre chrf do chant, 
11. Dieiscli, a les choristes sous sa direction , et les eierce dans 
une grande salle, au second étage, proml negotiii. Les danseurs 
préparent leur travail avec les maîtres de ballet dans leur fojer, 
deux violonistes, répétiteurs de la danse, règlent leurs pas. 

Lorsque les chanteurs savent h peu prés leurs Wtles , on les 
amène au théâtre, 06 )a lumière obscure de rares quinquets ne 
leur permet pas souvent de lire sur leurs cahiers ; il Tant donc 
qu'ils s'accoutument h réciter par cœur. Le souffleur est d'ail- 
leurs à son poste. Après quelques répétitions au repos, sur les 
banquettes, le directeur de la scène. M, Leroy, sergent instruc- 
teur précieux, comédien érudil, met ces acteurs sur pied, et, de 
concert avec les auteurs , les fait agir en même temps qu'ils 
diafi'tent leurs parties. Li tout est prévu, cérfibiné de telle sorte 
quéle personnage prenne ou quitte sa place, aille à droite, à gau- 
che Ou dans le fond , en suivant toujours la marcbe et le Mnti- 



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TfftAntE DfftRIAL DB L'OrtRA. MT 

ment que les jeux de l'orohestro lui prescrivent. Ce chut ioe- 
tramental , qui doit animer les geste» , est modiâé , s'il le fa^it, 
aux répétitions de mise en scène , afin que l'acteur puisse oni*- 
rer au but sans gène et d'aplomb. Une entrée , une sortie, «ne 
rencontre est répétée vingt et trente fois de suite. 

Ces premièTM épreuves du chant étaient soutenues autrefois 
par un quintette de violons. Le piano suffit maint«iant pour coit- 
duire un opéra jusqu'aux répétitions k peu prés générales. 

Les cfioristes viennent se joindre aux acteurs, on Les met en 
scène. Le cbef d'orcbeslre monte nlors sur son trâne et dirige 
un double quintette pour les accompagner. La même cérémouie 
se renouvelle pour les danseurs et le corps de ballet. L'orchestre 
seul, mais complet, fait parfois une répétition; la manitoa 
dont il dit l'ouverture de GuiUautM TtU à la première vue, su 
grand ébahissement de Roseini, prouve qu'il n'en & pas besoin; 
mais cette répétition est utile pour la collation dea parties. 
Comme on s'arrête h chaque instant ^n de signaler, de cor- 
riger des fautes de copie, on ne veut pas toujours retenir les 
chanteurs h cette épreuve qui ne leur serait d'aucune atUilé. Lee 
décora sont posés et changés pour la mise en scène ; les obts^ 
les toiles doivent parfois obéir h la réplique de l'orcheslre; i* 
lune , le atrieil , la tompéte , les éclairs , la foudre, le canon, se- 
raient dignes de bUme s'ils frappaient t faux. On répéta gêné-' 
ralemenl; la scèm est {^ors occupée uniquement par les acteurs. 
Toute la toiletlede madame se déploie, toat le monde est k soa 
po6te, et les auteurs se réfugient dans la salle. Quelquefois use 
dernière épreuve est faite avec tout rapporail des costumes. 

Le chef conduit son (Hxhestre en ayant sous les yeux une ^i- 
tome de la parMion , dont les accohides ne réunissait que cinq 
portées, on y roit : le premier violon i les entrées des instru- 
meMs de bois, à souffle; les masses des cuivres ; la partie vocale 
qui domine, et la basse d'orchestre. La grande partition est us 
ettborras instile à peu prés , le chef n'a d'autn oecupatien qui 
celle d'en tourner les feuillets sans avoir lo temps de les lire. 
Dans HH8 éditions, j'ai supprimé cet énorme volume et l'ai rem- 
placé par une partition réduite pour le clavier, où figurent tontes 



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398 TH£\TR£5 LYRIQUES DE PARIS, 

les parties vocales, où j'ai pris soin d'indiquer les entrées de tous 
les instrumeats. Au moyen de longues répliques mises sur les 
parties séparées, l'exécution d'nn opéra tlevieut plus aisée et 
moins fatigante pour le chef d'orctiestre. Plusieurs éditeurs ont 
adopté ce système, que je leur ait fait connaître en 1838. L» 
grande partition d'un opéra de notre temps coûte de 5,000 à 
8,000 fr., et ne produit le plus souvent que le dixième, le 
vingtième de celte somme; il faut en rattraper le reste sur le 
détail, si l'on peut. 

— Il faut que nous allions en scène demain. — C'est impos- 
sible ; l'opéra n'est pas prêt , on ne le sait pas suffisamment. — 
N'importe, il le faut. — Vous n'assistez point à nos repentions, 
venez-y pour juger si.... —^ Je m'en garderai bien; cette impru- 
dence m'exposerait à partager votre opinion, j'arrêterais la pièce 
el je veux ràsoiument qu'elle passe demain : il le faut. •> 

Ce dialogue concis mais substanciel fait murmurer trop sou- 
vent les échos de no$ théâtres des départements. C'est là surtout 
que l'on pousse un opéra d'urgence pour l'amener devant le pu- 
blic, que l'on se h&te de récolter avant que les fruits aient donné 
des signes de maturité. J'ai vu pourtant, j'ai vu de misérables, 
de terrorisantes répétitions suivies parfois d'une exécution très 
saUsfoisante. Le rideau levé, chacun redouble de soins et d'at- 
tention , l'heure est solennelle et décisive. Le fragment d'entre- 
tien que je viens de rapporter appartient h tous les directeurs 
de spectacle, à tous les chefs d'orchestre de l'univers, cependant 
comme il faut donner un nom aux personnages que l'on met en 
scène j'appellerai Roqueplan et Girard mes interlocuteurs. 

On appelle comparses (1) les personnes destinées à paraître 
sur le thé&tre afin de grwsir la troupe chantante et dansante, 
sans prendre part à ses ex^cices. On emploie souvent des sol- 
dats pour ce genre de service. Dans une marche , ils savent se 
maintenir au pas que règle la symphonie. Quatre cents soldats 
du régiment de Biroo manœuvraient sur l'immense théUre dM 

(1} CMHfMTf», para, qol ('«M fit nriri 4k mtIw IuIIm Mm ^ artr*. pv 



ityGoO^k' 



TSeATIŒ mPERIAL DE L'(H>ËRA. »» 

b cour, à Vereailles, dans les représentatioDs A'EmeUnde. Huit 
cents persoDDes s'y montraient à la fois dans la Tour enchantée. 
On Hl a TU sept cents à l'Opéra dans l'enfer de la Tentation. 
Las marcheuses , dont je vous ai parlé , sont aus^i des com- 
parses. Voyez les pages 161, 162 du tomel". 

Dans les tournois, les carrousels de l'ancien temps, après 
qu'une symphonie guerrière avait préludé , que le signal des 
mestre»^e-camp avait fait ouvrir la barrière , tes quadrilles en- 
traient en lice, vêtus de costumes de caractères variés, avec leurs 
bannières à la couleur de leurs dames , avec leurs chevaux em- 
panachés brillaoïment et tressés de nompareille ii la crinière. 
Tous se croisaient suivaat un ordre convenu, faisaient le tour 
de la carrière, lentement, au pas, l'arme haute, avant de se réunir 
au centre ; cette promenade, cette montre, cette revue était ap- 
pelée la eompant. Notre Académie en avait emprunté l'usage 
aux carrousels de Louis XIV; et, jusqu'en 17Q7, le corps de 
ballet s'est promwé sur le théâtre pour y faire la parade, la 
oomparse, avant de procéder à ses exercices dramatiques. Nos 
cbevalières portaient un éventail en cette passe d'armes, et sa^ 
raÏMit l'incliner gracieusement en défilant sur l'avant-scène; le 
poUic rendait le salut en ^plaudissant. 

Dès que le rideau tombe sur le dernier acte, on s'occupe du 
triomphe ou du nppel des acteurs, choses très distinctes. Le 
triomphe est le résultat d'un succès d'enthousiasme, alors que 
l'acteur favori , déjà rappelé pendant le cours de la représenta- 
tion, revient à la fin de la pièce pour emporter sa récolle de bou- 
quets et de couronnra. Lorsque ces projectiles parfumés arrivent 
sur la scène h. la suite d'un transport d'admiration spontanée et 
soudaine, lorsque les dames jettent les masses de Qeurs brillantea 
et précieuses qu'elles ont tenues pendant toute la soirée, cet acte 
accompli sans préméditation double l'ivresse du public. Hais si 
l'on voit tomber des balcons et des quatrièmes loges des cou- 
ronnes sjustées sur le patron de celles que l'on distribue dans 
tes collèges, on croit avec raison que ces lauriers, ces Heurs vul' 
gaires, ces dahlias à deux sous le fagot, d'avance acbelés, an- 
nonODt la prévisioa d'un tuccès de commande, suçota orgaolsA, 



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3M TBtATRBS LTRIQVn DE PAWS. 

souteira jiar lesclaqueuniHYimpt8-àd£iaaiidsrraotearai«cdfli 
BcdftmationB furiboode*. 

Ces couronnes à trois fraocs la douzaine, peuTent ne couttr 
que six blancs pièce, en ayant soin de les jeter d'abord à L'aTaot- 
dernier rappel. On les raokasse, elles font leur ascension par 1m 
GOnidorB, et relooibent ensuite au moment du grand brouiiaba, 
quand il s'agit de terminer la farce Iriompbale. 

Je suis étonné qu'en ce temps de haute et mermlleum byper- 
btrie, on ait )a maladresse insigne d'appeler ovation le triompha 
d'un acteur, d'une actrice. Cent ]3œufs étaient immolés pour ta 
triomphe d'un héros ; une seule brebis, atû , figurait au sacri^ 
fice offert pour le plus mince des triomphateurs. C'est k cane 
de cette brebis, dont les claqueurs distribnent les cMaletlea, que 
ces fins étymologistes tiennent au mot dérisoire d'ovalton. Voos 
sarex peut-être qu'une salve d'ap^audisscmenta, en ai^t de la 
claque, est nommée cdulette. 

C'est à MarseiUe que j'ai vu les bouquets dramatiques les 
plus âégants et les plus somptueux, colosses de forme onle, 
de un mètre de largeur sur -une hauteur assortissanle, oA 
des camélias de toutes les nuances figuraient, sur un Umi 
blanc, les arabesques d'un superhe fauteuil des Gobelins. Eipé- 
éiés de Géues, ces bouquets vinrent se reposer chez M" Char- 
loD Demeur, chez H~* Lafon aux jours de leurs triomphes. Le 
machiniste seul aaralt pu montrer ces masses de Seurs sur le 
Ihéfttre, et tes desoeodre de l'empirée au moyen d'un jeu de 
poulies. 

Le 38 juin 1851, M" Laborde chantait «Dcore une fois fin- 
«oncevable rapsodie ayant nom le Rouignot sur le grand théfttn 
de Bordeaux. A peine avait-elle terminé sa cavaline, qu'un bOB- 
quet monstrueux, lancé maladroitement du fond d'une loge, vint 
la frapper aa visage. La virtuose tomba sous le coup et ne put 
achever l'opérette, n faut sans doute attribuer k la gaucherie 
Insigne d'un amateur l'oblation brutale de cet hommage prinla- 
nitfr; mais convenez que cette maladresse pourrait tout aussi btes 
mnqoer w»e aboniitable maehimlioo, on guel-apena ioferM. 
La penwier pmt stmuler pvlMtement le dilettuttisme, s'emtm»- 



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TfltATI» IMPfiUAL DE LTII^IIA. SU 

quer derrière un beacraetassommôiit, et se reoger d'an rival 
80UB le oouvert de l'enthousiasme. L'empereurÉlagabale n'étouf' 
btl-il pus ses convives sous une nvalanche de fleun? SouveoM* 
vou» de la catsstropbe dont les jouroaui de Rome nous ont fait 
coDnaltre les détails, il y a vingt ans. 

Deui cantatrices rivales brillaient en même temps au thUtn 
YaU*f M*" Oambrioi et Marina faisaient les délicte des R(h 
mains. La Marina semblait depuis quelque temps obtenir le paa 
sur son antagoniste. Des bravos frënëtlquefi, d'inlerminablM 
applaudissements éclataient dans la salle toutes les fois que la 
lirtuosê préférée était en scène. Ses admirateurs ne lui mén*' 
ge&ient ni les bouquets, aï les couronnes. Endn la victoire était 
eomplelte. Alors certains camarades officieux de la (3ambri(d 
prirent le malin plaisir de la tourmenter sur sa défaite et sur le 
chagrin qu'Hle devait en éprouver. — Moi I du chagrin I répon- 
dit-elle avec une rf^fe concentrée, vous vous trompez; je vois au 
contraire avec plaisir le succès de la Marina; )e trouve qu'HM 
«Dante à ravir. Elle mérite la faveur du public ; et moi'mAme« 
ce soir, Je veux lui j^r une coamnne. • 

Elle tint parole. Des applaudissements plus vifs encore ao 
ooerHirent sa rivale, dans la soirée du 10 octobre 183S; et, 
comme ft l'ordinaire, a la fin du premier acte, on jeta des boa* 
quels sur la seène. Tout à coup une couronne, dirigée des troi- 
sièmes loges, arrive rapidement sur )a tète de la Marina, qui 
pousse un cri de détresse, et tombe morte. Couverte de flenn 
«t de feuillage, la couronne était de brome massif. La Oambritd 
8« déroba par la fuite h l'action de la Justice. Elle s'embarqn 
pour l'Amérique, où six mois après elle mourut du choléra. 

(In féroce attentat , digne de Prédégonde, fut commis envers 
M"* Mars, b la Gomédie- Française. L'aimable virtuose y faisait 
se& adieux aa peuple de ses admirateurs, une couronne de cl- 
mellére vint tomber à ses pieds , et ne put être cachée par des 
Ilots de bonqnels tribut de l'affectioD publique, i" anit ts^i. 

Le rappfd, l'ovation , le triomphe, le Muronrtement ont été 
prodiguas an point qu'ils ne Btgnifteni plus rien aujourd'hui. 
UA âlrtttmr I tait adjnger mille fois ces honmages tt sa pM^ 



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nt IBËATRES LYRIQUES OS PAMS. 

tégèe et les a démonétisés. On a, pour le n^ipel, un moyra fort 
ingénieux pour exciter le zèle complaisant ou du moins la com- 
misération de l'assemblée. Lorsqu'un acteur est taiblemeot 
demandé, le rideau se lève seulement à deux mètres du parquM, 
pour retomber aussitôt d'un mètre. Le public, infiniment bon 
diable à Paris, ne veut pas causer une fausse joie au postulant: 
aussi par des acclamations moins timides et mieux soutenues, 
semble-t-il exiger qu'il vienne recevoir la congratulation des 
amis assemblés sous le lustre. 

Les premiers sujets refont leur toilette, montent en voiture, 
et rentrent au logis, quand le triomphe, l'ovation et lé rappd 
ont terminé le spectacle. Tout ce que l'on a conté des moeurs 
de notre Académie est fort exagéré ; d'autres lieux, d'autres 
sociétés, le grand monde surtout présentent des irrégularilés 
bien plus dignes de bl&me. L'amour-propre, l'orgueil, les riva- 
lités de talents, de succès divisent, séparent des cœurs que l'a- 
mour pourrait unir. Les artistes ont peu de sympathie pour les 
artistes; s'ils naviguent dans les mêmes eaux, suivmt la même 
carrière, ils se détestent comme des frères. Le chant et la danse 
n'ont aucune relation l'un avec l'autre, je vous l'ai déjà dit. Ce 
sont deux peuples que deux chefs différents commandent, et qui 
ne se ressemblent ni par les habitudes ni par les goûts. 

Vous plalt-il de voir sortir ces deux bandes joyenses ou du 
moins chantantes et cabriolantes? Postez-vous dans un passage 
obscur, & peu près souterrain, débouchant sur la me Drouot, 
chemin couvert humide et sale. C'est là qu'à minuit, trois ou 
quatre fois par semaine, une porte en bois blanc tourne sur ses 
gonds, sans que le jeune enthousiaste des séductions, des féeries 
de l'Opéra, du ballet surtout, ait pu se douter de sa destination. 
C'est de ce vomitoira ignoble que s'échappent encapuchonnées 
dans des bemous, manteaux, camails, chftles. surcots, tartans, 
oispins de tout Age et de toute couleur, les pieds ferrés de soques, 
)e col enlourë de fourrures, ces déilés de l'Olympe, ces nymphes 
des bols, ces willis, ces naïades , ces péris enchanteresses tout à 
l'heure l'objet de voire admiration passionnée. Vous ne rencoih 
trarex auprès de cette porte que de rares toutieiu de la gatan* 



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TH&ATIt£ IMPÉRIAL DE L'OPÉRA. U> 

terie ft&nçaise, épiant le bonheur d'offrir à quelque sjlphide 
solitaire leur bras et leur parapluie, au moment wï 

Ses piedB, ses petits pieds de comlene andaloose, 
vont sautiller au milieu d'un océan de fange, pour échapper b, 
la bnitaUté des chars que ne traînent pas des colombes. 

— Pauvres filles l>)direz-vous,en les voyant ainsi trottiner sur 
le pavé. Je me garderai bien de répliquer: — Pauvres gargonsl » 
en voyant des conscrits dans la tranchée, ayant de l'eau jus- 
qu'aux genoux, essuyant le feu de l'ennemi par une getée acerbe 
et pénétrante. Est-on pauvre quand on a deux trésors en sa pos- 
sessiooT deux trésors qui font briller, scintiller ii nos yeux toutes 
lesmervdlles imaginables, donlles séductions enflamment le cou- 
rage,'font braver la peste et la famine? deux trésors tels que la 
jeunesse et l'espérance? Ces conscrits suivent la carrière de maré- 
chal d'empire, ces figurantes ooldes épaules à cachemires, des 
poitrines à diamants, de ravissantes crinolines destinées & pres- 
ser les coussins d'un landau somptueux , des prunelles dont 
l'éclair doit fasciner, asservir les puissants de la terre et les heu- 
reux du siècle. Ces guerriers débutants, ces naïves bachelettes 
en sont aux premières notes de la gamme; s'ils n'arrivent pas 
tous au point culminant, ils peuvent rencontrer à mi-cAle on 
manoir confortable. Les noms glorieux de dos guerriers sont 
gravés sur le marbre, je dois me borner k présenter sur te papier 
le brillant état major de notre Académie oCt les figurantes abon- 
dent; il n'est pas complet, je vous en préviens, d'aimables rené- 
gates, à qui Dieu lasse paix ! ont désiré garder l'anonyme. 

Bien que les essais inanimés de la photographie aient porté 
le plus grand préjudice fi nos gentilles miniaturistes; bien que 
les bas-bleus trouvent de plus grands avantages dans le feu de 
leurs yeux que dans les flammes de leur géuie ; bien que les 
pianistes féminins se précipitent en foule sur tous les points oA 
l'oD peut guider une main sur le clavier, je me flatte qu'après 
avoir lu ces pages suivantes, nul au monde n'osera dire qu'il 
u'est plus d'état qui puisse convenir aux jeunes filles, et les 
mener bon train h In fortune. 



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AaDÉMiaENNES 

DEVENUES GRANDES OV RICHES DAMEg. 



■■ Holand, duiMose, mirqaise de Saint-GeniËt ; i6ëi. 

Uoreia (Fanchon), cwiUirice, muTtuiM de Villien; 170S. 

DetmAtins, aînée, c&ntttric«, grande fortane ; 1109. 

Flctfeiice, Ignruite, maitreMe de Philippe d'Orléaiu, régent, afere de 
l'abbë de Salât -Albin, ucbereque de Cambrai, lucceateur de t^ 
nelen ; 1710. 

d'Ozée, flgurante, maitreBse de Philippe d'Orlians, r^eot; ITli. 

Souris, aioée, cborisle, idem; 1716. 

Dupré (Emilie), douEeuse, idem: 1711). 

Maugl*, agumnle, millionnaire; llli. 

Qiiinault-Ourreans (Jeanne-Fraiifoise) , dameoM cd 11M. Samuel Ber- 
nard lui donne 50,000 livrei ; le marqnit de Neale, Philippe d'Oriéaas, 
Tigeal, protègent i. leur tour cette virtuc^e i Le duc de Nevers l'épouM. 

De risle, figurante, maiireiEe du comte de CharolaiB; 173J. 

Anlier, cantatrice, M-* Truchel (rennier-général) ; 1730. 

Cupis de Camargo, nitce d'un cardinal , danseuse, brlle rortnae; 1791. 

Durai du Tillet, aJnfc, dite la CotuiUmian, parce qu'elle dtaitfllle de 
CorasUe BentlTOglio, nenoe di) pape, (rand promoteur de I» m 
iJoD du clergé, danseuse, grauda fortuuo; 1731. 

Duval du Tillet , cadette, dite U Brt( par opposition , d. 
Tortune. Cea demoisielks n'uvaJeotpai d'autre nomd^osloinojiâe. 

Salle, première ballerine, millionnaire^ 1735. 

Deaafaampa, flgaraole, millioaDaire ; i7St. 

Harietie (dite I» Princtu*), dirigeutt lei afl'airei da la religian, dan- 
seuse, millionnaire; 173$. 

Petitpas, cantutrice, premier commis du ministre desflaaucea, million- 
naire; 1738. 

du Rocher, cborlste, premier commia du ministre des afhiret étrwigfeMa, 
mllllenniilre; 17n. 

Ridion . eliwUte, preoùer eotunis de la pifm, miHienoilfe; lïH. 

Poulette, KBur da Hu-iette, B|urante, millionnaire; 17tfe. 

Grognei,daaBeuM, marquise d'Argent; 17^3. 

Piliifier, cautatrice, 180,001 Tr. de dianiaiitB,etc., «tc,{ I1A0. 



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THtATBB IHMBUL DK I/WtU. «tS 

»* d'AdAMwt, J^wMtt, baila farMH( J7M. 
ItaiptBBM, flguuU, b«tl* rsrtoiw ; 11U. 
S^t-GênnaiB, Agnrute, nilUwnaiiai ITiS. 
CuioD, Ik Rbodaiw Bcdaiac, chonw, mlUitaulMi 19ta. 
CirrtUa, dmBMuM, belle tbrttutei I7it. 
SoMlr (Rotimt da RonulnvUle, Ai^, eboritta, 1^ Mmnd et Uiiioa- 

roage; 1751. 

DefMtne, figurante, marqniM de Flenry; 17SI. 

Solivko , Sgnraate, lui; Crftwrord d'AadiinuuMi; 175t. 

Orapte, cuUtriM, mUliMiiiHre ; ITM. 

Le Duc, figimuite, marquiBe de Touiroy; 17iS. MtniéB au «WMtiTec la 

comte de Clafoioiii, prioce da uug rayil; (710. 
Cbevalier, caouuica, H* Dalunid (son^fengtlar); ITM. 
GNodprd, tgunate.L'uBJral uglait KBOwlea *aut rdpaoaer, «lia MCOrda 

unaiu au marquis de SenneWtle; 1701, 
Le HauM, «aatatrioa, baroone de Hsntbniel) ITSS. 
Liaucourt (OuvbI), figuraDle, baroiuie d'Augoyi 17S3. 
Cbauchou, flguraau, prAMdente de Heiaièrea; 11M. 
Rem, BgnMnw, épouae La Nenaant d'fitlolea, Tcaf de la Pimpadonr; 

1765. 
Oe Fel,«antMria«, belle fartanet ITST, 
Hazar^l , agurmnU, narqulea de Sa]nfrOiBiiiolit;11M. 
Lolotie, âgurante, oomtesn dVéronvllle j 1fe6. 
Grandi , figumite, lailUoiuaira ; 17M. 
de BeaumesDil (VillanjJ, cantatrice, raltUoanalTa; IfTA. 
ClËopbile, danseuse, millionnaire) 1770. 
HarquisB, âguraule, marquise de VillemonUe) 1T71. 
La Prairie, figurante, millionnaire; 17Ti. 
Dervieui , danseuse, millionnaire ; i77B. 
PaUin , danseuse, grande fortune; 1T7B. 

Micbelot , danseuse, maiiresse du comte d'Arioie , niiUlonnalre ; 1778. 
Fdmée, corypbte, grande fortune; 1T7B. 
DoriTal , danseuse, grande Tortune; 177B. 
Leraaseur [Roaalia}, cantatrice, baronne dnBalnt-EmplTe, eulITt, com- 

lesse de Hercy-Argenteau, en 1790. 
Gnimard, ballerine, millionnalTe, tenant la feuille des bénéfices et la 

capitainerie des cbasses royales; 177B. 
Beaupré, figurante, millionnaire; 1780. 
Renard , figurante, millionnaire, eniremettense dn escnqueriM mlnis- 

tdrlellca du prince de Hoolbarrey; 1760. 
Laguerre, cantatrice, meurt K ^^e de SB ans et laisse on héritage de 

troia millioiii 1 1783. 
CUron , cantatrice, princesse d'Anspacb; 11B4. 



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3M TH&ATHES LYRIQUSS Dl PANS. 

■■<" Tbârenin, clwritte, belle blonde an aavtUt aftw, Futda ictatnrto- 
en cbeTenx éUit alun pea couds i 1783. &(n,OM frases. Teste i'aat 
||]Digrandel<}rtqM,«RiTeDtaagnèni»*rdrDUdeMiccaidanàiai]Kce, 
noellente et panne fille en MiTJcecbei une orpheUM doivuat dwl»- 
fou de piano. H*" TfadteniOitarprlM par lliéritafelniprém qolunbe 
lor sa ttte, prie m Jenoe maltnsM 4e l'accoler pour dot. 
Caaduille, cantatrice, H" Simoni; 17S0. 
SioiOD , flgnrante, M** Riboutet; 17M. 
Lange, Agnraale, H>' Simoni 17H. 
CIiJrvBl (GnlgnoD, dtt*), cantatrice, prdaldente de CampUtron-Maniben; 

t7B7. 
SuDt-Hnberti (Cédle CUtoI, élu) , cantatrice, conteMe d'EotnicueK. 
Jolie Carcan, flgaranto, H" Talma n° 1 ; nH. 
ClotlldB-ADguitlne Hafleuroy, première ballerine, mllUoiuialre, If* BoM 

dieu a* 1; 1603. 
Gouelin, ainée. ballerine. M- Hartlii (Mnor buTtOuiaaid de VOpén' 

Comique). 
Bigottltti, premitre ballerine, miltloanairet lUC 
Viiginla, danaenie, protégé par l« doc de Benl,nillli«uiah«; ISII. 
finiUe Lererd, flguranta, belle Ibrtune; 1S30. 

Maria Hereandotti , daiueuw. H-* Hoiboll. ISU; !!■' Datraoe, ISM. 
Angosta^Hàieetrier, coryphée, manialaa de Cueari 18». 
Dovemay, balléHne, H-* Lyne^tepuai; IW, 
Lola HonUa, daoMUM, comteue de Landiberg; IStT. 
Haria, dandeoBo, baronne d'HeDoerille; 18i8. 
Noblet, ballerine, belle Ax^mw. 
M" Damorean, eaataltdce, belle TortoDe. 
M"* Palcon, cantatrice, belle fertUDO. 
H"** DoruB-Craa, cantatrice, belle Tortune. 
flOut'Caccla, cantilrice, belle fortune. 
Viardot (Pauline Garcia], cantatrice, belle ToHuiie. 
M"* Fonter, danteuse. H" Hobin, ebitetaine prte d'Engblen; 18S8. 
M"'* Slolu, cantatrice, belle ronnne. 

U"" Harie Tagliooi , ballerine, chltelaioe près du lac de Como. 
Albotii, canUtrice, comtseae Pepoli; 1SS3. 
Dumilàtte, aînée, danteoM, comtesse Clarke del Caitillo ; 1833. 
Dumilïtre, cadette, danseuse, sceepts uoe rente de 39,000 fraocade »o 

beau-frtre, qui veut la retenir auprè* d'one acenr bien-aimëe. 
Panny Elssler, batlârioe, épouse un basqoier praaaien. 
Thértse Eltsler, ballerine, dpouse le Mre du roi de ProMe. 
H-' Cerrito-Srunt-LâoD, ballerine, belle foMimei ISSS. 

RosatI, ballerine, brile fortune. 
M"* Cruvclii, cantatrice, belle foriuue. 



ityGoo^k' 



XXVII 



Anrm de l'oidiatt». — SftlnMuljdM, é^lie panriHJale d« rOpdn. — De 
1471 i iTM leniM unuel ponr lei *c»démlden» ddcédét. — PriTlUeea dei 
■ymphonûtea de l*Opirt. — Le Tiolou Boavwtlo de l'onduHre. — Famille 
do Tiolon. — De iùli I 1893, iatrodactlon lucceesiTa dgi iottrniMati fc 
■ouffle, de percoMioa, t cordée piiMéee, qui neanent compMiar U Bymphe- 
nie. — PragnetioQ Mcendante do diepaseii. — SoIm d'ftppuU, rbtaous 
d'éUle unlqnemeiil deMimâ* 1 leur aiécutioii. — Le petit ctiœur et le grand 
cbœur. — Praiex gardt à mm / — Diplomatie de l'ordMatre. — Rè^eneat 
de 177B. -~- ficola de mntiqne, btureaa de copie. — PMale da Brad, mdav- 
nome électrique da VerbrageL — Lonsliia, onteura, poètes, deuiDueim 
de l'orebeatre. — FtcAtiea. — LmCrtMimt, onttoln de Htfdn, IBOO at IMA. 
■— De 1S71 1 18SS, Tingt-et-iui elieb. — Penoimel et budget de rorcheatre 
aoi dlTanw époque* de en 184 annéts. 



Les pins habiles musiciens de Paris forment ftDjonrd'taui 
rorchesire de rAcadémie. Autrefois c'était précisément le con- 
traire. I.ors de l'établissement de ce tbéfttre, les bons symptio- 
Dîsles dédaignèrent un poste que leurs successeurs recherchent, 
sollicitent et se font honneur de conserver longtemps. Les fon- 
dateurs de l'Opéra consacrèrent ta plus forte partie de leurs 
flnaoces aux dépenses de la scène, l'orchestre fut regardé comme 
un accessoire de peu d'importance. Cambert, dont les ressources 
étaient épuisées par de grands et nombreux sacrifices, ne pou- 
vait offrir aux symphonistes que de trop faibles appointements. 
Les musiciens, hommes de talerit, refusèrent des propositions 
iDdigoes de leur mérite, les ménétriers mêmes suivirent cet 



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338 THEATRES LTRIQUES DE PJUOS. 

exemple. Cambert fut obligé d'avoir recours à des écoliers, & 
des apprentis qu'il fallait endoctriner au point de leur qiprendre 
& chacun leur partie note k note. L'inexpérience de ces exécu- 
tants forçait le maître à n'écrire aucun passage trop difficile 
pour ses élèves ; leur gaucherie insigne retenait Cambert dans 
le cercle étroit des effets qu'il pouvait tenter. D réussit pourtant 
à faire de la musique assez régulière pour être applaudi géné- 
ralement par ses contemporains : le succès de ses premiers ou- 
vrages doit faire supposer qu'il aurait porté plus loin le drame 
lyrique naissant, si de telles raisons ne l'avaient arrêté. Cam- 
bert ne pouvait ^ler plus vite que ses violons. 

L'orchestre qui sonna dans notre première salle d'opéra, Mih 
strnitedana le jeu de paume de la Bouteille, rue Mazarine, en 
face de celle Guénégaud, à la place où l'on voit maintenant le 
passage du Pont-Neuf, cet orchestre, conduit par Cambert, en 
1671, se composait d'un claveciniste et de quatoru musiciens, 
faisant sonner des violons, violes, basses de viole, flûtes et bas- 
sons. Le bQrin de Clio ne nous a pas transmis les noms de ces 
virtuoses primitifs ; mais je puis signaler ici la plupart des vingt 
symphonistes de l'orchestre que Lulli dirigeait en 1673 et 1674. 

Baptiste aloé, Baptiste cadet (1], Cçlatse, Marchand, dessus 
de .violon. 

Lallouette, haute-contre; Verdier, taille; Joubertet Lacoste, 
quintes de violon. 

Marais et trois autres dont les noms manquent, basset de viole. 

Piesche, Laine, flûtes. — Hotteterre, Duclos, flfttes ou haut- 
bois. — Plumet, Lacroix, hautbois. — Bluchot , hanthoii os 
basson. — Philidor, timbalier. 

Lallouette, secrétaire de Lulli, se vanta de l'avoir aidé pMtf 
la composition de ses opéras, c'était vrai; mais Lallouette B'ai> 
kil)uait les meilleurs airs A'Itit, dont il n'avait fait que les réci- 
tatifs. (Notez que ces récitatifs furent ensuite ce que l'on admi* 



(1) «« pntMb)e qoe en dent Baptùte éuf«n( le père et l'oacle de Biptlato 
(AbM êm , Wre ds CoielU , qui mt , en 1 T«o , Ir plut babf le fiolonlne M 



ityGoO^k' 



TH«\THË iMpeniAL tm L'WAu. m 

Ttàt le pin» en cet ouvrage.) Lulli s'en offensa; Lallouette, 
dls^ncié, fut obtlgè de céder, en 1677, la direction de l'orcfaestn 
à Olasse. Musicien de la chambre du roi, Marais, le plus habile 
Soliste de son temps, prit place & l'Académie. Lolli, qui l'aimait 
beaucoup, lui donna le balon de mesure en 16S7. Marais com^ 
mandait al«rs vlngt-ijuatre musiciens, et Rebel, père, TeobaMo 
di Gatti faisaient partie de sa troupe. 

Dès l'origlnti de l'Académie, ses Tirtuoses, chanteurs et sym- 
pfaonistes, se réunissaient darts l'église de Saint-Sutpice, le S ou 
le i norembre, afin d'y chanter une messe des morts, au service 
solennel qu'ils faisaient célébrer pour les musiciens décédés 
pendant l'année. Cette église, paroissiale de l'Opéra, quand )l 
donnait ses représentations dans les salled Guénëgaud et Vau' 
glranl, fut toujours préférée II toute autre par les musiciens. Us 
continuèrent de s'y rendre chaque année, à la même époque, 
lorsque l'Académie devint paroissienne de Saint-Germain- 
l'Auxerroisen allant s'établir au Palais-Hoyal. Sa translation I 
la porte Saint-Martin ne lui fit pas changer de paroisse. L'hôtel 
de l'Académie, situé rue Saint -Nicaise, était considéré comme 
le cheMieu de l'établissement. Le service religieux dont je viens 
de parler n'a cessé qu'en 1789. 

Arrêt du conseil d'État qui permet aux joueurs d'instrumenls 
de l'Opéra de jouer, pour le public, aux bals, noces, sérénades 
et autres réjouissances, avec défenses au roi des violons, h ses 
lieutenants de les y troubler, h peine de 3,000 livres d'amende. 
Au camp devant Nancy, le 14 mars 1673, signé Lovik r^t plus 
bas Colbert. 

Le violon d'amour, le par-dessus de viole et la viole d'amour, 
(fue l'on voit figuref sur les genoux des nobles dames dont 
Rigaud, Largillière, Higoard, nous ont légué les portraits, le 
violon et ses frères, en usage dans les concerts, le violon il cinq 
cordes (1), mis en jeu par les Italiens amenés d la cour de 

(i) Voyei la Ubieau de Uonnelle Sptda, portant le a' S5S an Musée du 
LonTTe. Ce peintre italien, qol vécDt de tS7G à lS!n, y montre dn Kiut>Jc!CD 
Joaiffl da Tlelen > cinq wrtb. Ittumum, M.) 



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M tbBjltres lyhiques db pars. 

ChariesIX et de Louis XIV, ne rurentpotDt admis par le jndi- 
cieax Cambert; il leur [aérera le petit vioUw français à quatre, 
oordes; ce violoD avait i-emplacé le réboc des andens méoes- 
trels. Le violoB à quatre cordes, insbiiment dont l'extrûne sim- 
plicité foit trouva- les effets plus merveilleux encore, devint 
sons Cambert rinstrument par excellence, et s'empara de la 
sonveraineté de l'orchestre. 

Les maîtres qni lui succédèrent suivirent son exemple en 
n'Acriv&Dt que pour les violons divisés en premier et second 
dessus, la basse de viole, tenant la note de basse, et la twAe pre- 
nant trois parties intermédiaires, que l'on nommait hauts-wntn 
oa bien alto, taille et quinte de vioUm, désignées sous le nom 
coUectifdejNirlMi, BOOS-entendu de remplisK^e.De]k-neaBeDt 
les noms i'alto, de tailU, de quinte, donnés encore à la partis 
de vifrie par quelques vieux amateurs. Ces divisions n'existant 
plus, les partitions ne contenant plus qu'une partie de ce genre, 
il seraitabsurde et de mauvais goût de revenir à des lennesdont 
te sens a changé, pour enlever à la viole moderne son véritaUe 
nom, celui qu'elle tient de sa filiation , qui marque ses titres de 
noblesse, en faisant connaître le lieo qui l'attache à l'illustre b- 
mille du violon. Pour avoir un langage plus clair, plus logique 
et plus régulier, j'appelle vioUmaT l'instrument désigné sous le 
nom de contre-bame. Le serpent, le trombone, l'ophicléide, le 
second cor, le basson, les timbales, la clarinette longue ou courte, 
le saxophone grave, le bombardon, etc., sont aussi de réelles 
contre-basses , puisqu'ils sonnent contre la bcuse , c'est-à-dire 
au-dessous de la basse, en plusieurs circonstances. Il est des 
mots k qui l'usage attribue insensiblement tant de signiflca- 
tioDS, qu'ils Unissent par être insignifiants. Il faut en créer de 
nouveaux si l'on veut conserver au discours la clarté dont il ne 
saurait se passer. J'ai fourni plus de vingt mots k notre vocabu- 
laire musical et dramatique, on a fini par les adopter après en 
avoir ri con brio. L'Académie française en a déjà pris trois pour 
son DietionnaiTe , en 183S. D'autres , de la même fabrique, se< 
ront enregistrés et consacrés plus tard. 

Paulin, Paulet, Pauline, PauUnette, procèdent évidemment 



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TMAITIE impérial de L'OPËRA. 341 

de Paul. Violon, viole, violonet, violoncelle, violonar ; voilà certw 
une fomille biai échelonnée : le nom commun à tons se repro- 
duit avec un changem^t, pour désigner les individus qui la 
composent. 

H. Battanchon, virtuose académicien, avait foit construire un 
instrument réclamé par le quintette à cordes pour figurer eatn 
la violeetlevioloDceile; un instrument de la nature du baryton 
que le prince Ësthérazy ciiérissait. H< Battanchon vint me de- 
mander un nom pour ce nouveau-né. Parrain affectueux et 
tendre, je pris le filleul dans mes bras, je le pinçai délicstemeot, 
il chanta de manière & me sembler digne d'entrer dans la fa- 
mille, et je l'appelai violotut. 

Maintenant, si de vieilles coutumes vous (ont tenir & nommer 
eontre-boêsê le plus grave des violons, il faut absolument que 
vous complétiez la périphrase en disant : contre^aue de vio- 
lon. Tout le monde alors vous comprendra; mais vous aurez eu 
la peine de dire, d'écrire quatre mots au lieu d'un. la vie es 
bien courte I il ne fout pas ainsi perdre son temps. 

Faites^noi la grftce de me dire qui se charge du n>le de Fe- 
Délia dans la Muette de Bortici? Vous croires me répondre en 
disant : — C'est une danseuse. — Une danseuse I qui ne danse 
pas do tout; une danseuse 1 que H"' LéontinePay, Miss Smitb- 
aon. H"* Albert-Bignon, H"* Harquet, simples mais exceUentes 
comédiennes ont remplacée & l'ioatant et souvent avec avantage. 
Dites donc une baUiriw. Ce mot précieux, que j'emprunte aux 
Italiens, manquait \ notre dictionnaire; il désigne admirablA- 
ment l'artisle destinée à représenter les personnages tête que 
Ftmdla, Clari, Nina, qui doivent charmer par l'expression des 
sentiments et que l'auteur n'a pas dû faire danser. Mentor et cent 
autres personnages graves que l'on introduit dans les ballets sont 
représentés par des ballérins. 

Tons les instruments de musique sont des instruments W 
vent. Sans l'air, désigné sous le nom de wnt, timbales , trom- 
pettes et violons seraient réduits au silence. Pour s'exi^imer 
correctement, il faut appeler vrutmmenu à iou/pe, les instm- 
nuents que l'on fait sonner en introduisant l'air, le vent ou le 



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lOuQla d«P» tour tabe ou leun tuyaux fuilnoyea d'aoe anbov- 
cburQ pu d'un soufQet remplai^Dt les poumons de l'nAcutut- 

J^ bas» d« viole, seul instrument en u«aga du tempf d» 
Cambert, pour l'exécution des parties graves, eut d'abord cinq 
cordes, «DSiiit* six. Marais, en ajoutant la lapti^me, imagint de 
bire Bier les trois grosses cordes aQn de les rendra plui «onorw. 
Réduite & cinq cordes, ii la fin du dix-septième siècle, accordée 
par quintes plus une quarte, ut toi r^ i« rtf, U basse de viole 
prit t« nom de vioioneelu, ne oonserr» nm deux cordes fllécu, 
uf toi, et fut iabttduita à l'Opéra vers 1680. Cinquante «w 
plus tard, Bertbaud. violoncelliste exceUent, supprina la dtan- 
lerelle ré, ce fut le dernier cbaogwWQt que O0t ÎBstnjBHBt 
4iprouva. 

La BTude basse de viole à sept cordas, que les Italiens non' 
maient viohtu (1), céda sa place au violonar, il 6t un entrée à 
l'Académie en 1714; c'est à Hontéclair qu'elle dut cette cod- 
quélê. Uenléclair y lit sonner le seul violonar que la Praneé 
possédât; ce géant de la musique n'éteit em{doyà qu'afac pié- 
canlion, ne murmurait que pour accompagner las idicMirs et le 
vendredi seulement. Avant d'arrlTer k la forme qu'on lui voit 
maintenant, il subit plusieurs variations dans sa grosseur, dans 
te nombre de ses cordes, et le système de leur accord. On voit 
Mtre les mains des musiciens ambulants de petits noionars 
étevéssurde longs pivots. L'adresse de ces rautiniws, qui ne 
doigtent pas, est surprenante. Les Allemands et les Italiens 
dranenl quatre cordes au violonar, qu'ils aocordent par quartas; 
an France, il n'en a généralement que trois, montées par quutes 
toi ré la. Son archet, droit en France, m Italte recourbé, la mar 
oière de le tenir et d'attaquer la corde furent l'otûet d'une con- 
troverst qui n'a pas encore obtenu de solution. L'instrument à 
quatre cordes, convenablement attaqué, donna de meilleurs ré- 
sultate au regard de la sonorité, de la prestesse, de la clarte dans 
rarlieulalioo des passages raindes, et fournit deux notes de 
plus au grave. Sur huit violonaristes atadèmiciena, un seul est 

(1) RapréMiiM dans le* H*eei et Cmia. UblMui de PftuI V*«itM. 



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'rafcLTKE IIDOUAL DE L'OCRA. U» 

ttaié fldile k ruacieD systime. £alSS3, H. OouK dB?Uit la 
Blontéclair de l'iustnimBDt k quatre cordes. 

Lorsque le public apostrophait nos ménétriers académieieiii 
eo criant gare Fut/ lorsque cet ut o» pouYait être obtenu que 
pu* le CMieours des deux violonistes d'an mdms pupitre, dont 
l'un étendait le doigt de sou voisin et ie maintenait sur le degré 
voulu; lorsque nos epiphooistes s'imposaient uo» amenda 
pour chacune des fautes exécutées aux dépws de l'auditoire; 
loraqne les convives, ayaot payé six bous à bastauce pour venif 
s'asseoir autour d'une brioehe colossale, disaient pénitence en 
la croquant» en l'airosaot de bon vin ; en 1715, CastroviUari, 
Baasaoi, CorolU, Veracini et leurs émules avaient peuplé l'ItaUe 
de violonistes exoalteats , et Tartini venait de lancer dans le 
monde musical sa femeuse Sonate du IHgble, que les sonates, 
fantaisies et sérénades publiées en 16?d et 1688, pour un violon 
seul à double, triple et quadruple corde, par le Saxon Jean- 
Jaoqnes Walther, avaient précédée. Constantin, roi des violons, 
Boean.Lazarin, Foucard, habiles violonistes français en 1680, 
n'avaient pas formé des élèves capables de soutenir une telle 
concurrence. 

L'inlrodU(4ion des core, des clarinettes dans l'orchestre, les 
bassons étant dirigés, retenus vers le milieu de l'âcbelle harmo- 
nique, au lieu d'être asservis à doubler constamment la basse, 
permirent de supprimer la hanta-contre et la taille de violon, en 
ne conservant que la trtHsikne des anciennes subdivisiong, la 
fpiiole de vit^n. On écrit encore deux parties de viole pour cer- 
tains morceaux d'une teinte mélancolique. La viole étant ttop 
faiblement représentée dans nos orchestres k cause du petit 
nombre de ses exécutants, il faut se garder avec soin de les di- 
viser en deux bandes. Douze violes devraient îiéasuairement 
•onner à l'Opéra, huit seulement s'y font entendre à coté des 
douze seconds violons. Si voos partagez les huit violes en réù- 
DisssAt tous les violons, quatre violes anront à lutter contre 
vingt-quatre violons : pins d'équilibre possible. 

La fMte fc bec, gros flageolet, le basson étaient les seuls in> 
struments k souffle admis à l'Académie du temps de Cambert. 



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344 THEATRES LYRIQUES OE PARIS. 

La flûte aUenuLDde ou traversière n'y parut qu'en 1697, oaos 
lue de La Hotte et Destoucbes. Employé d'abord par Lntli, 
dans Aeit et Galathée, en 1687, le galoubet fut tmsuite remplacé 
par la petite flûte traversière, sonnant l'oclave de la grande. 

La première exhibitioD des hautbois, des trompettes et des 
Umbales avait eu lieu dans Aleette, de LuUi. 167fc. Ces instru- 
ments avaient déjà sonné sur la scène, où des symphonistes, 
vêtus en costume de thé&tre, les mettaient en jeu. Six artistes, 
engagés comme hautboïstes, devaient au besoin jouer de la flùto 
ou de la trompette. Le nombre des hautiwis égalait presque 
celui des violons, dont ils jouaient fidèlement les parties de pre- 
BÙer et second dessus. Les hautboïstes de l'Opéra soufilaient 
à plein tuyau, de toute leur force, produisant un son dur et ca- 
nard, sans nuances. Antoine Sallantin, prit Fischer pour mo- 
dèle, en reçut des conseils, et réforma complètement sa manière. 
Sallantin siégeait k l'Académie en 1773, il fut ensuite profes* 
saur au Conservatoire de Paris et créa notre école de hautbois. 
En l'an VIII de la République, je figurais sur le contrôle de sa 
classe avec Vogt, Laurent, Gilles, etc. 

Marais introduisit le tambour à baguettes dans l'orchestre, et 
l'employa pour l'exécution de sa tempête i'Alcyone, en 1706. 

— On ne peut e'empéctaer de df re un mot de la tempête de cet opéra, 
tant nalée par tons les connaiisenrs, et qui produit un effet si mer- 
vdUeoz. Harais imagina de faire eKécuter la partie de basse de la tem- 
pête, OOD wnlement par les baasona et les basses de vjoIod, à l'ordiitaire, 
mais encore sur des lunbonrs peu tendus, qai, roolant cootiMeUa- 
neet, forment un bruit sourd et lugubre, lequel joint k des toni aigres 
et perçants, pris sur le haut de la chanterelle des viokms (s'élevant jus- 
qu'à l'ut) et sur les hautbois, font sentir ensemble toute l'horreur d'une 
mer agitée, et du vent furieux qui gronde et qui .siffle. > (piucMb, sa.) 

Colasse avait déjà fait entendre, avec succès, une lempAla Ml 
musique dans Thétit et PéUe, en 1689. 

Le gong, instrument chinois de l'espèce du tam-tam, le goag 
sur lequel on produit un ereicmdo lent ou rapide pour arriver 
à l'éclat le plus strident, serait d'un précieux secours pour les 
eflBts d'orchestre de ce genre. 



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ra&ATRE «PËRIAL DB L'WVRA. 34S 

La musette de Poitou se fait eu tendre dans CaiUrhoé, de Des- 
lODcbes, en 1712. 

La mandoline, dans le Ballet dm Mandolinea, de Pierre Sodi, 
très habile sur cet instrument, dont il joua sur la scène. iTts. 

Rameau se servit des cors de chasse en 1789, et les fit con- 
courir h l'exécution des Sybarite». [Corneurs : Ébert et Grillet) 
Cet essai réussit h merveille. Enchanté d'une innovation dont 
les résultats ne pouvaient être plus heureux. Rameau s'empressa 
d'écrire des parties de cors pour les opéras' qu'il avait donnés 
piAcédemment. Hippolyte et Aride, Ctutor et PoUtue, mis eo 
■cène en 1733, en 1737, reçurent cette précieuse addition. 
Bn 1770, on les enrichît de parties de clarinettes. 

Des cors de chasse avaient déjà sonné des fanfares, sur le 
thé&lre seulement, dans Achille «t Déidamie de Campra. VJ36. 
Sn 1718, Coypel avait écrit lei Amours à la Chaete, inler- 
mède, pour fure entendre, à la Comédie - Italienne , deux 
Moscovites jouant très bien de la trompe. Dans la Cour dee 
MiraeUe, ballet mis en scène le 1" mars 1653, au Petit-Bour- 
bon, les cors de chasse avaient sonné sur le théUre et dans 
l'orchestre. 

C'est la trompe de chasse, la trompe que vous voyez mainte- 
nant passée autour du corps du piqueur; c'est cette même 
Inbnpe qui sonne dans les forêts, dans les tavernes et sous les 
ponts, que Rameaa fit entendre à l'Académie pour accompagner 
les voix en 17JI9. Le cor de symphonie, avec ses tuyaux de n- 
change, n'y vint que six ans plus tard ; il y fut introduit par 
Rodolphe, l'auteur du solfège qui porte son nom. Corniste 
excellrat, Rodolphe signala son entrée et l'orchestre en exécn- 
laot les solos d'un air concertant chanté par Legros. Amovr, 
tous ee riant bocage, que Boyer avait écrit pour faire brilla- 
MiBcanble ou tour k tour ces deux virtuoses, excita des trans- 
ports d'enthousiasme en 176S. Les cornistes d'accompagnement 
Hozer, Sieber, ne figurèrent k l'Opéra qu'en 1767, ils entrèrent 
en fonctions dans EneOtide, œuvre de Philidor. 

I^ cor d'orcbestre, muni de ses alonges, était une inventioa 
noirv^. Cet iostrument avût été conslitaè par Bampel, k 



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M0 THBATtUfS LYRIÛUBS DE PARU. 

Dresde, vers 1750. Oin tma plus tard, cet balnle i 
trouva l'artifice des sons bouchés. 

C'est eu 1759 que je place la première progression aaowdante 
de DOtre diapason, et c'est ii Rameau que je l'altribue. Je ae 
m'appuye sur aucune autorité, les preuTet écrites manquent. 
C'est donc une inveulion de ma part, une conjecture, une fan- 
taisie, n'importe ; le lecteur ne trouvera peut^lre pas mee ni- 
■ona trop impertinentes. 

Lesorguesdee églises, ceux du moins queronn'a pasconstrults 
depuis peu, les bastons de 1750, que j'ai fait sonner dans mon 
jeune twips, et que nous appelions bastont 4e eathédral», wiit 
des types qui font connaître l'ancien diapason d'une manière 
précise. Certains amateurs de curiosités mastoales ont une col- 
lection de diapasons étiqudés avec soin. Martin, le fameux 
ténor barytonisant de l'Opéra-Comique, possédait trois de ces 
r^latMirs. Le premier était celui de 1750 ou de 16S0, comma il 
TOUS plaira; le second, plus élevé d'un demi-ton, était en usage 
en 1788, quand ce chanteur fit son entrée au tbéfctre de Mon- 
sieur; le troisième enfin, enchérissant encore d'un fort demi- 
ton sur le second, marquait le ton de l'Opéra-Comique en 1826, 
époque où nous faisions ensemble cet examen. 

Ea 1680, k l'église comme au tbéAtre, on chantait sur k 
même ton. L'accord était le même en l'un et l'autre lieu ; Ions 
les instruments réglés sur ce diapason commun servaient pour 
te chapelle de Louis XIV et les speclacles de sa cour. L'orchestre 
introduit dans cette chapelle, en 1664, par Lulli, s'unisaaiL au 
besoin aux accompagnements de l'orgue. Destinés à sonner âtne 
les bois pour appder et guider les chasseurs et les chiois, gens 
et bétes, les cors de chasse ne figuraient jamais dans une réu> 
nion musicale. Ces cors ou trompes devaient être entendus «h 
loin; un système d'accord, )rius brillant, plus sonore, un Ion 
{dus Alevé, plus strident leur fut donné. Les eoroeurs, faisant 
butde è part, rien ne s'opposait k les faire chanter un demi-ton 
plus haut que les flûtes, les violons, et les trempes furent réglées 
sur le diapason n* 2 de Martin. Lorsque Rameau voulut réunir 
k tronpe du (Classeur il l'orehestre, on s'aperçut que sa voix 



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TlfitATfUt IHPâOa DE L'OPOIA. 347 

Hait plu> aifuë d'uo dsmi-toD que U voix dM au^es inttru- 
nstfii- Baiisar des trompes d'une seule pièce, et privées, comme 
•ujourd'hui, de pompe et de corps de rechange, parut aloK 
cboae impossible; il (allait faire construire de nouveaux instru- 
ments pour obtenir cet accord désiré. Rameau, qui se pUisail à 
produire des effets éclatants, aima beaucoup vieux faire donner 
un tour de plus aux chevilles de ses Yiolons, et changer l'accord 
de ses flûtes, de ses hautbois, que de ramener las cors de chasse 
ao ton grave et sourd de l'orchestre. Les chanteurs, e^wrtsdaas 
l'art de crier, ne réclamèrent point contre une licence qoi chan- 
geait en S Z*!! n leur A «ri la. 

Les cors de chaBse ne pouvant sonner qu'an ré, les composi^ 
leurs écrivirent alors toutes leurs ouvertures dans ce ton, afin 
de proilter des avantages précieux du nouvel instrument. Cet 
usage ceaia d'être général en 1768. Cependant les auteurs ont 
toujours conservé pour le ton de n( la plus tendre affection, à 
l'égard des symphonies de ce genre. Les instruments à souffle y 
sonnent bien, l'archet j frotte deux, trois, même quatre cordes 
ft vide, et les combinaisons faciles et fréquentes de la dooMe- 
(»rde serrée en pnmolo , sabrée en accords , fovmissent une 
nasse de son mieux vibrante et pliu volumineuse. 

En 1788, le matériel de l'orchestre est augmenté de deux cors. 
On porte k quatre le nombre de ces instruments, afin que lee 
quatre cornistes aient, chacun, leur tostrument àocoutumé, con- 
dition bien essentielle pour toueher Juste. Comme ilsalternaieH 
en se divisant le service, ils n'en avaient au que deux jns- 
qu'alors. Les quatre cors ne sonnent ensemble qu'en 1794; 
Héhul les emploie dans Horatwi Coelit , et seulement pour 
l'euvsrture de cet opéra. 

Deux cors à pistons remplacent la seconde paire de oors ordt- 
naites, «i 183fi, dans la /uiw. Cornistes : Dnvernoy, Heifred; 
M dernier avait perfectionné l'Instrument nouveau. La première 
fMire garde son ancienne constitutioD. Kn 1899, pour l'exécu- 
tion de (fUiUouDM TtU, deux cornistes de plus sont engagée 
peur sonner sur le théfttie, aflu qae l'orohaatre potMe conserver 
oe> quatn oors ritUi^. 



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U8 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

PFemiëre exhibition du tambourin et galoubet de Provence, 
dans Hyla* et Zéiie, opéra-ballet, musii}ué par de Bury. Tam- 
twDrineur : HarchaDd. 6 juillet 1762. Noël Carbonel, jenne 
berger provençal, recommandé par Floquet, fut engagé pour 
exécuter la parUe de tambonrin et galoubet. C'est pour ce vir- 
tuose champêtre que Floquet éoivit, en 1779, l'ouverture du 
Beignew bienfaisant, dont Caii»nel exécutait le solo de ga- 
loubet sur le théâtre, derrière le rideau. 

La clarinette, nouvel instrument, inventé, construit à Nurem- 
berg, par Denner, de Leipsig, en 1690, plusieurs disent en 
1700, ne fut connu cbez nous qu'en 17S0. Gaspard et Sladler 
sont les premiers qui l'aient ^tentendre à l'Académie en 1770. 
Ils étaient si maladroits qu'ils ne pouvaient jouer qu'en ut, en n 
bémol, eo la; bien entendu qu'ils avaient une clarinette diffé- 
rente pour cbacun de ces tons. Les modulations les plus simples 
les déroutaient, les mettaient aux abois. La clarinette embou- 
chée d'une manière acerbe et criarde, n'était jamais employée 
pour accompagner la voix; les compositeurs n'osaient l'intro- 
duire que dans les marches guerrières et certains airs de danse; 
ils ne la jugs^nt pas digne de figurer dans les ouvertures; 
Gluck ne s'en est servi que de cette manière ; son Jphiginie m 
Aidide renferme des traits de clarinette, mais dans les airs de 
bidiet. Michel ïost se distingua plus tard en exécutant ua solo 
de clarinette, ed 1785, dans Jftrzo, ballet de Haxintilien Gardel, 
aussi fut-il nommé le célèbre Michel, titre qu'il se plaisait à 
faire estamper sur ses ouvrages imprimés. 

Dacosta nous fait entendre la clarinette-basse dans ht Hugue- 
nol«, de Heyerbeer, le 39 février 1836. 

Les trombones entrent h l'Académie avec Gluck, le 19 avril 
1774; ce maître les emploie dans Iphigénie m AtUide, et leur 
donne ensuite une partie beaucoup plus importante dans A leêeu, 
Armide, Jphigénie an TamrùU. Ce n'était point un instrument 
nouveau, comme plusieurs l'ont affirmé. Le trombone, grosse 
trompette des Italiens, potatme des Allemands , était notre sao- 
qnebute, que Rabelais a mise fort judicieusemententre les mains 
d'tin de ses héros. Certes, si Gargantua s'amusait ï fiure de la 



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THÉATflE WPÉRIAL DE L'OPËRA. M» 

musique, il deroit joaer du tromtxHte; c'est rînstnmeiit qui 
oODveuait le nùeux i, Y&taçimr vigoureuse de ses poumons. 

~ Après s'ubsnâlnoyeat k cbaster mnticaleiDeiit k qnttra et dnq 
partiel, on ras ang thfene, à plaisir de goi^ Aa regard des Instru- 
meu de maslcque, 11 apprtnt à joaer du lue, de l'espioette, de la harpe, 
de la flutle d'Aleniant , et à neuf trous ; de la viole et de la sacqtw- 
boatte. » RiBBLAiB, Oargantua, Oml, ch^». xxin. 

Ia harpe sonne à l'Académie le 2 août ITJk , daos Orphée 
et Eurydice de Gluck. Harpiste : Sieber, ud des cornistes du 

Le clavecin disparaît de l'ordiestre. 

Le serpent y figure parmi les basses en 1776. 

Les cymbales et la grosse caisse y font leur dôbut à la suite 
de Thoas et de ses compi^cnons , dans l'Iphigénie en Tau- 
ride de Gluck, is nwi iT7«. 

Un orgue, établi sur le théâtre, qui représentait une église, - 
accompagne les chants rdigleux, dans la Rosière républicaine 
de Grétry. a «^tembre tT«t. 

Première exhibition d'un jeu de clochettes, dans Im My$tèreê 
d'Jnt, pastiche fait avec des lambeaux de Mozart et de Baydn 
par Horel et Lachnith, qui n'avaient pas besoin de cet acte de 
barbarie pour mériter le premier prix d'imbécillité, uuatisoi. 

Douze harpes sonnent dans tee Bardes , opéra de Le Sueur. 
Harpislee : Dalvim&re, Naderman aiué, Naderman cadet , Plane, 
Darondeau, Foignet, CaUauit, Veniier, Gelineck, Cousineau, 
S^omon, Désargus. lo juillet jbo4. 

Le tam-tam fait son entrée dans le même opéra. Cet instru- 
ment chinois avait sonné , pour la première fois , & Paris , aux 
funérailles de Mirabeau, le 4 avril 1791. Steibelt l'avait employé 
dans Roméo et Juiieae , opéra qu'il fit représenter, en 1793, sur 
le théâtre Feydeau. 

Lecor anglais, quinte de hautbois, étaitdepaislongtempseoi- 
ployé dans tes opéras italiens; H. Vogl le produit à l'Acadànie en 
exécutant un solo dans Alexandre ehex Apeliet, ballet, musique 
de Catel. 90 décembre 1808. Le succès brillant obtenu par Vogt 



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39» THÉÂTRES LYRIQUES DE PAR». 

fflgBgMGàMftplaceriiDtQtre solo 4e cof anglais dans ImAs^o- 
dères, Opéra. 9 aoat 1810. Deux com anglais sont r^nls pat 
H. Halévy dans ta Juive. Cornistes : Brod,Véa;. ^ février 1835. 
Les ttautbois de forêt, joués à l'Opéra pendant le siècle dernier 
offrent de graods reports avec le cor anglais. Les effets de mu- 
sique champêtre que l'oQ obtient de dos jours au moyen des 
hautbois accompagnés par les clari nettes, les cors et les bassons* 
étaient produits autrefois par la musette de Poitou. Cbefdeville 
aine tenait admirablement cette partie à l'orchestre de l'Acadé' 
mie en VJhO. Chauret lui succède en 1761. 

Première exhibition de la guilare, dans let Abeneerraga, 
opéra de Cberubini; 6 avril 1813 : Guitariste, Albert, premier 
ballérin, qui jouait de la guitare en dansant. Élëte de Prancesco 
Corbetla, venu d'Italie par ordre exprès de Mazarin, Louis XtV' 
avait joué de la guilare sur les thé&tres de la cour, en figurant 
dans les ballets. Voyez Molièke musicien, tomei, p»ge toi. 

— D'une bande militaire, fanfare d'instruments de cuivre, 
composée de huit trompettes , quatre cors , trois trombones et 
ophicléide; dans Olympie, opéra deSpontini. 22 décembre 1819. 
C'est la première fois que l'ophicléide sonne à l'Opéra. Les mu- 
siciens exécutant cette fanfare étaient sur la scène, en taabit dé 
théâtre. 

— De l'ophicléide à l'orchestre ; dans la Lampe meneilUitse, 
musique de Nicolo Isouard et Benincori, Exécutant, Pavart. s fé- 
vrier tssi. 

— D'une bande militaire complète, sonnant sur le thê&tre, les 
symphonistes vêtus comme les acteurs; dans Alfred le Grand, 
ballet d'Aumer, musique par Gallembcrg. la aéeembre ism. 

— De la trompette à clés, dans Ipiiboi, de Kreutzer. Trom- 
pettiste : Bauman. si nun ntt. 

— De quatre trompettes à l'orchestre; dans Mars et yiniu 
ou les FiUts de Vulcain, ballet de Blache père, musique de 
Schneitzhoeffer. » mai ism. 

— Du cometft pistons, dans Guillaume Tell de Rossini. Gor- 
nettiste : A. Dauverné. s uot is». 

— De ffnatre timbales, dans Robert-te-DîabU de Meyeiteer; 



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inâATRE mpeniAL m l'opska. mi 

SM novembre ISSl. Ajoulw denx timbales c'est vouloir foire de 
l'embarras et pas autre chose; cette addition puérile n'a d'astre 
risnltat qae celui d'encombrer l'orcheBtre. Ce n'était point qb0 
innovation. Les frères Philidor s'étaient signait, on 1668, au 
carrousel de Monseigneur, ji Versailles, en exécutant une ^)e^■ 
che en quatuor sur deux paires de timbales. Cette composition 
de Phitidor aine fait partie d'un recueil autographe , coaterré 
dans la bibliothèque de la rille de Versailles. Une autre pièce 
du même livre est intitulée JUarir/Mrovato,' unnoM bene, delA 
nain de Philidor, nous avertit que cette marche est ta m£md 
que le roi Daiid Jouait sur la harpe devant l'arche d'alliance. 
On y trouve aussi la Marche de Savoie avec aira de hautbois i 
de Luili. Son altesse, le duc de Savoie, fit remettre son portrait 
orné de diamants d'une valeur de 34,000 livres, k l'autear de 
cette marche. 

Première exhibition de la viole d'amour, dans tes HugumvU 
de Heyerbeer. Violiste : Urhan. 1836. R. Kreutzer avait intro- 
dait et joué cet instrument dans te Paradit de Mahomet, opéra 
comique de sa composition, représenté sur le théâtre Feydean 
te âO février 1881. 

— Du mélophone, dans Guido et Ginevra, de Halévy. Exécu- 
tant : Dessanne. s man isss. 

-— D'un trombone II pistons , dans le même opéra. Trombo- 
niste : Schiltï. 

— De huit trompettes en la Hmot plus longues que les antres^ 
attendu que leurs tubes ne sont pas recourbés. Kn suivant une 
ligne directe de l'embouchure au pavillon , l'air donne des r^ 
SQltats sonores plus stridents et plus volumineux. DansJdK»^* 
de Chypre de Halévy. m dëwmtoe iBll. 

— De huit trompettes , en quatre tons différents , sonnant 
ensemble; dans l'ouverture de Robert Bruce, pastiche, fabri- 
qué gauchement avec de fort belle musique de Rossini. ao d^ 
oMDbra iStS. 

— Des sax-hom, dans le mMe pastiche; et dans le Jfùf 
Errant, 33 avril 1853. Ces instruments figurent les tmmpeltM 
da Jugeoienl deniler dans cet opéra d'Halévy. 



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352 THËAIBES LYRIQUES IK PARIS. 

l'ai d<jjà dit qae les solos d'instramoits, les rédts (Ti^tpaial, 
ks concertos , avaient été mis à la mode pw H"* Prévost. GMe 
liallérine imagina de former des pas sur le Caprice, de Jeao 
ReM, que ce maître exécutait sur le violoa, en 1790. Les stdos 
de cor furent introduits dans les ballets par Rodolpbe. Des rècUs 
destinés pour un ou plusieurs instruments ont été placés dans 
les opéras et surtout dans les lialiets, où l'on a pu tour b. tour 
admirer des concertos et des symphonies conc«1an(es. Ia man- 
doline, te galoubet, )a trompette, le trombone, le cornet, la 
harpe, le mélophone, les clochettesi, la clarinett&jtasse, ont élë 
successivement admis aux honneurs du solo, qui semblaient dé- 
volus à l'archet, h la flûte, à la (darinelte, à la famille des haut- 
bois. Tout le monde se souvient du récit de trombone si bieo 
modulé par Dieppe , des solds de cornet dits p» Scbiltz en Vo- 
restier. 

En t797, les virtuoses d'élite, destinés à jouer les solos, fnrODt 
affranchis du service de l'orcliestre. Ces musiciens ne se fati- 
guaient point à pousser les grosses notes, à doubler la partie 
de violon ou de violoncelle tenue par leurs confrères. Les solistes 
se reposaient pendant les ensembles de la symphonie, et ne se 
foisaient entendre que dans les récits du chant instrumenta. 
Pbisieurs de ces musiciens appartenaient à l'orchestre de l'Opéra, 
d'auUes furent engagés pour les remplacer quand on fit sortir 
des rangs cette troupe de réserve : elle ne devait sonner que daas 
les cas extraordinaires. Rode, Levasseur, Hugot, Sallanlin, 
Xavier Lefèvre, Frédéric Duvernoy, Ozy, jouèrent les solos de 
violon, de violoncelle, de fiûte, de hautbois, de clarinette, de 
cor, de basson. En 1821, Baillot est appelé pour exécuter les 
•olos de violon, ses honoraires sont portés à 6,000 fnmcs. Tous 
les emplois de solistes spéciaux furent supprimés en.1831. 

Le premier exemple de double-corde, doigtée doublement pour 
les violons de l'Académie , se rencontre dans le Lardantu, de 
Rameau. 1739. Le mot accord était écrit au-dessus des deux noies 
qui devaient être attaquées par un même archet sur un même 
iastrument. 

L'orchestre de l'Académie était divisé , dès l'origine de ce 



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THÉÂTRE IHIVRIAL DE L'OPËRA. 333 

thé&tre, en deux bandes : l'une , ayant nom le peHt ehaur, se 
composait du nombre restreint des symphonistes qui devaient 
accompagner les chanteurs; l'autre, formée par les ripiénistes, 
gardait le silence pendant que les acteurs principaux récitaient. 
Ces auxiliaires se joignaient au petit chœur pour l'exécution des 
ouvertures, des marches, des tempêtes, des chœurs, des airs de 
danse, que l'on attaquait avec toutes les forces du grand çhaur. 
Ces ripiénistes du grand chœur, ces musiciens destinés à tou- 
cher avec énergie dans les ensembles, h parler quand tout le 
monde élevait la voix , étaient sans doute les moins habiles de 
l'orchestre, puisqu'ils étaient les moins payés; point du tout. 
L'ancienneté ganache obtenait toujours la préférence, d'après le 
règlement, sur le talent d'une supériorité reconnue. Lorsque 
Leclair, en 1729, fit son entrée à l'Opéra, ses chefs se montrèrent 
assez stupides pour reléguer ce roi des violons français à la 
place infime de dernier ripiéniste du grand chœur. Ses appoin- 
lemeats , de kSO livres , furent portés à SOO livres en 1735. Le 
généralissime figurait à la queue du régiment, dont Favre, Ou- 
diesne, les deux Baudy, les deux Francœur, praticiens »s!*n 
médiocres, tenaient la télé. 

Ëh bien I ce petit chœur, ce grand chœur, cas ripiénistes in- 
finiment précieux de l'ancien temps, je voudrais qu'oo nous le& 
rendit. Le gouvernement a pris la direction de l'Académie et de- 
sire lui donner une splendeur impériale et musicale à nulle autre 
seconde. Pour ce qui regarde l'orchestre, on y parviendrait mi 
doublant le nombre des instruments à souffle , en lyoulant une 
trentaine d'archets à ceux que nous avons déjà. Ces ripiënes, 
joints au petit chœur en activité de service, formeraient un grand 
chœur prêt h sonner viclorieusement en dehors des voix récî^ 
tantes. Cette armée, ayant ses cadres complets, ses troupes auxi- 
liaires, sa vieille et sa jeune garde, ferait des prodiges, sans porta- 
la moindre attente aux voix. Économie est un mot qui ue peut 
plus être entonné dans ce thé&tre , et jamais argent n'aurait été 
mieuf phicé. Le père qui donne à ses fils d'adoption, à ses har- 
monieux enfants, élevés dans ses conseirvatoires, ne dépoue rien 
du tout, il capitalise sur lui-même. 



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3U IHÊiTRES LYRIQUES DE PARIS. 

Ed 1713, le aombre des symphonûtes de l'Académie est ^ f 7, 
doDt les appointements s'élèvent & 20,150 livres. 

J'ai dans mes cartons vingt-deux plans maouscrits de rçtr- 
i^estre de l'Opéra, sur lesquels sont désignés les instruments, 
leur noml)re, les places que les musiciens occupaieat. Le plao 
de 1763 ne porte encore que 16 violons, 6 violes, 8 violoncelles, 
k violonars, 3 Qùtes, 3 hautliois, 2 trompettes, 2 cors, i l)assoDS, 
timbales; ce qui ne fait pourtant qu'un total de tô musicieoe 
sonnant i ta fois : deux de moins qu'en 1713, On réservait une 
flûte, un bautbois pour les solos, et les trompettes étaient jouées 
par les cornistes. Ce double emploi, misérable et barbare, pro- 
duisait nécessairement des résultats pauvres et discordants. On 
jie pouvait joindre les cors aux trompettes, et l'exécutant, obli^ 
d'employer tour à tour deux embouchures d'un genre djETérenl 
et même antipathique, perdait uiie grande part de la vigueur 
d'attaque et de la sûreté d'intonation. ■ 

Le ntmibre des bassons était porté quelquefois à 6 ou 8, on 
leur adjoignait même un serpent, afin de renforcer la partie de 
basse, trep faibl^meot tenue par un ou deux violonars. 

Cet orchestre était d'une rare Inexpérieucei le batteur de I4&- 
sure frappait de toute sa force trois coups sur son pupitre, sriait 
trois fois : Prenez garde à vous! et lâchait la bride k se» e^^ 
cutanls. Us n'avaient, hélaâ I aucune idée d'expression, dp 
nuances, de suavité, d'énergiej des violonistes qui pendant l'bî- 
ver jouaient avec des gants, inhabiles à démancher parce qu'ils 
en avaient rarement l'occasion ; des flûtes h bec doublant les lo- 
ties des flûtes allemandes ou traversiëres, quoique leur a/CfiOfû 
fût d'un quart de ton plus bas ; des cors de chasse, des trojQit^ 
de piqueur, sonnant à plein tuyau ; du reste une indoloiâe, tUK 
Incapacité presque générales parmi les symphonistes pour lira, 
il la première vue, la musique un peu diJIicile. Tous ces ohMt- 
clfis disparurent devant le génie et la volonté ferme de Gluck. 
Grand ttbœur et petit chœur se réunirent & sa voix; tous cm 
oomhatiants furent nppdés et rangés sur le front de bandière. iM 
répétitiflos i'Iphigénie en Aulide se prolongèrent pendant UK 
mois, il est \Tai, majs âpres ce temps d'ùtudt's, acteurs et sympbo- 



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thëjvtrs impérial de L'ortlU- JW 

9»lm> tout Atait cb9pgé; l'émulation remplaçait l'iiuqiH^Ksc^ 
«t V^m^ur-propre avait converti des ménétriers en arti9tw> 

Sien que l'orcheetrQ de l'Opén soit aujourd'hui fort }iat)i)^ 
OB ne Ta pas plus vite en besogne, tout au coab^re. 

Dtu M pays «D m u près» guère, 
dit un habitant de l'Ile des Lanternes. Ce versicule de Panurge 
semble être devenu la devise de notre Académie impériale de 
Musique. Elle a travaillé pendant seiie mois k la mise en scène 
de la Juive; 28 répétitions générales ont été faites pour les Hu- 
guenots, et 29 pour Benvmuto Cellini, deux actes! 

Gluck arrive en 1773, deux ans après 66 musiciens Ûgi)rept 
à l'orchestre. On y compte 2f» violons , 10 violoncelles, mais le 
nombre des vitries comme cdui des violonars est encore réduit 
à 4. Deux trompettes et deux cors peuvent sonner ensemble, il 
«tt vrai, mais si l'on vent ratendre les trombones, les bannis 
de forêt, les tambourins, les cymbales et la grosse caisse, il fant 
nécessairement imposer silence aux cors, aux trompettes, et se 
priver de l'archet de qudques violonistes appelés à remplir des 
parties qui n'ont pas d'exécutant en titre d'office. 

Veuillez bien vous souvenir de ces observations ; et , lorsque 
vous lirez les partitions de Gluck, ne soyez plus étonné de ne pas 
voir tous les cuivres y manœuvrer à. la fois. Croyez que le maître 
allemand aurait employé cet ensemble, précieux pour les grands 
effets, s'il en avait eu la licence. Ainsi lorsque nos joumalistae 
littérateurs vantent la sobriété judicieuse de Gluck ii l'égard du 
coloris strident que les instruments de cuivre produisent, nos 
journalistes ajoutent une bélise de plus aux dix-huit cent mille 
qu'ils écrivent par an , sur un art dont ils ignorent merveilleu- 
sement la théorie, la pratique, les moyens d'exécution et même 
les faits historiques. 

Joignez un chef d'orchestre et son lieutenant aux musiciens 
que j'ai désignés, et le personnel des symphonistes qui sonnèrent 
pour l'exécution A'Armide sera de 68 virtuoses, recevant en- 
semble 69,182 livres d'appointements. 

Si nous ajoutons à l'orchestre de 1788, époque où quatre cors 



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su nÉATRES LYRIQUES DE PARIS. 

y figuraient, si noQs ajoutODs trois Ut>mbonistes, ud joueur d'o- 
phidéide, deux trompettistes ou cornettistes, quabe violistes, 
quatre violooaristes, un cymbalier gouveinant aussi la grosse 
caisse, un joueur de triangle, deux haipistes, deui comistes 
deruit sonner sur le théâtre, nous aurons la somme et les qua- 
lités des exécutants de të6k, sauf les suppléments. 

Article 12. Comme on a lieu d'obierrer, pu- de fréquentes expérien- 
ces, que tft miuvalse manœuvre de ceux qui conduiaeDt lei répëlilûms 
est très (ouveot d'un grand préjudice pour le auccès des pièces, celui 
qui aura fait un opéra, pourra sent, si bon lui semble, conduire les 
répéUlions et battre ta mesure, même dans les reprise ntatious , sans 
qu'aucun antre puisse s'en mêler, ai ce n'est de son conaenlemeuL * 

Cet article du règlement de 1713 s'accorde très bien avec ce 
que Delaborde nous dit. 

— SI les muiideni de l'Opéra réfléchisBaient davantage sur lu dendn 
<le leur état , îli ae regarderaient comme dépodtairea de )a glinre et de la 
fMlnne de idnsieun personnes de mérite, qui, pour avoir peut-être de» 
torts envers eux par les formes, n'eu sont pafi moins dignes d'être encou- 
ragées et soutenues, si la prévention , les cabales, les préjugés, l'en- 
gouement, sOQtblamabteschez tous les hommes, lia sont odienx parmi 
les membres d'un OTchestre qui lient en ses mains le destin de l'auteur 
qui s'abandonne à lui. L'orchestre de l'Académie royale est aujourd'hui 
trop bien composé pour craindre à Favenir de pareilles injustices, et 
les nouveau compositeurs pourront désormais avec assurance confier 
s Bon tionnêteté le soin de leurs snccès. • 

Il paratt qu'en 1780 ainsi qu'en 1710 les symphonistes de 
rOp^ savaient k propos dooaer un croc-en-jambe au musicien 
qu'ils voulaient faire tomber. Celle note du financier Delaborde 
saoïble l'affirmer. Les musiciens sont comme les jolies femmes, 
ils ont toujours une vengeance prête. Les compositeurs victimes 
avaient sans doute besoin d'une leçon de politesse, et l'annota- 
teur Delaborde plaide vraisemblablement sa propre cause. 

A l'une des répétitions générales à'HîppolyU et Aricie, Ha- 
meau s'agitait, élevait la voix pour faire comprendre ses inleo- 
tionsBu chef d'orchestre Rebel( François Ferry). Celui-ci perdit 
enfin patience au point de jeter son baloo de mesure sur b 



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THEATRE IMPÉRIAL UE L'OI>ÉRA. Vn 

scène, entre les jambes de ce maître , qui , du plus grand sang- 
froid, le repoussant du pied vers le chef d'orchestre, lui dit : — 
Apprenez que je suis ici l'architecte et que vous niâtes que le 
maçon, n Le mot était dur; on sait que Rameau ne se piquait 
nullement de politesse. H avait sans doute reconnu dans Rebel 
des intentions hostiles, un mauvais vouloir trop ordinaires aux 
chefs d'orchestre lorsqu'ils ont sous la main l'œuvre d'uo musi- 
cien débutant. Comme Rebel, sont-ils compositeurs eux-mâmes, 
ils redoutent une rivalité dangereuse. Sont-ils incapables d'écrire 
la moindre chose, ils enragent d'être forcés de mettre en lumière 
les productions de celui qu'ils regardent comme leur inférieur, 
et qu'il serait bon d'arrêter au moment où le public va le favo- 
riser d'une approbation désespérante pour l'envie. Cette pre- 
mière victoire obtenue, le chef d'orchestre ennemi changera de 
gamme ; on le verra flatter, caresser, accabler de compliments 
celui qu'il déteste alors un peu plus. Le public s'est prononcé, 
toute perfldie serait vaine, bien mieux I elle deviendrai! nuisible 
à son auteur. On ne manquerait pas d'attribuer au chef d'or- 
chestre les fautes concertées, les erreurs volontaires qu'il es- 
sayerait de mettre sur le compte du débutent. Il faut se résigner, 
filer doux, marcher droit, accepter ce que l'on ne saurait plus 
empêcher, et surtout n'avoir pas l'air d'être un peu trop fâché du 
triomphe que l'on a fait obtenir. 

a me semble voir le diable 
Forcé de loner les talnti. 

Je pourrais vous conter des aventures, des traite de ce genre 
admirables, efl'royables, inimaginables et d'une parfaite vérité; 
mais il faut garder quelque chose pour le Jfunciana. D'ailleurs, 
voyez Molière hdsicien, tome II, pages 36S k 385. 

D'après les règlements, le chef d'orchestre devait être choisi 
parmi les symphonistes de l'Opéra. Rebel et Francceur, abro- 
geant cette loi, décidèrent, en 17$8, que la place de batteur de 
mesure serait mise au concours. Ce coup d'état fut fait en faveur 
de Pierre-Montan BertoD, jeune homme de vingt-nn ans, qui 
s'était distingué par son talent en dirigeant l'orchestre de Bor- 



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338 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS, 

deaus. Bertoa n'appartenait point k l'Académie ; ce moyen seul 
pouvait l'amener au poste qne les directeurs de ce thé&tre lui 
destinaient. Il l'emporta sur Aubert, Exaudet, Giraud, Labbé 
(Saint-Sevin dit), PifTet, qui reconnurent eux-inémes la supé- 
riorité du jeune maître. 

Francœur (Louis-Joseph), neveu du précédent, établit, 
en 1776, que l'orchestre, dont il él^t le chef, se gouremerait 
hii-raème au moyen d'un comité , qu'il nommerait pour juger 
tous les différends concernant les symphonistes, ayant en otitr^ 
le droit d'accepter ou de refuser les musiciens postulants. 

Voici les dispositions du règlement adopté par le directeur dé 
l'Opéra, de Visraes, revêtu de l'approbation du prévôt des mar- 
chands en 1778, et mis en usage le l'' avril de la méine année : 

— Afin d'énrter l'abos àea protectioiii, il tat éMdi qve lea plioM 
de l'orcbeetre se peavuit s'obtenir que pu- 1* voie du oonooorA. Poor 
eet ttM, )m potbilants doivent s'adresser an directeur de Corcfaeitret 
ceJni-ci coaiiBUiiique les demaudea su comité, qui juge les préteodsots 
iprëi les avoir eutendus. Les places de Rymphooiates soot accordées i 
la pluralité des suffrages. La voii du directeur compte pour deux. 

Une fols admis dans l'orchestre, les sujets suivant la progression na- 
turelle du temps, arrivent successivement , par rang d'ancienneté, aux 
différentes classes d'appointements , jusqu'à ce qu'ils aient atteint ta 
plus élevée. Celle-ci , comme beaucoup plus essentielle k l'avuitoge dn 
spectacle, et -pins proQlable h oeux qui l'exercent, n'est adjugée qnV 
pr6i UD nouveau concoure Sans égard pour l'antàennelé, le mérite seul 
peut la (aire obtenir. » 

La ebcf d'orchestre devait surveiller ses musiciens poor le 
Uta ûa urTic«, et donner des soins aux répétitions ; mais , m 
1671, il ne dirigeait point l'exécution des opéras. C'est le otm- 
insiteur lul-at6me qui battait la mesure. Aussi YoyoBs-a«us 
figurer d'abord Cambert sur la liste des chefs d'wcbaEtra de 
l'Académie. Quand l'auteur de la musique de l'opéra repréasBté 
n'était point à son poste ordinaire , un symphanista le rempla- 
çait. Ce sappléant, désiré d'avanoe et prêt à remplir les haa- 
tons de l'auteur, avait le nom de batteur ds tnemtr*. Il était 
chargé d'apprendre la musique aux acteurs qui ne la savaient 



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THÉÂTRE IMPÉRIAL DB L'OPÉRA. 359 

pas; il devait faire étudier et répéter leurs T6\es à tous les sujets 
du chant. Un maUre des e'œles, Dun fils, prit ces foDctioQs, en 
171*, lorsque h roi gratifia, son Académie d'un hôtel situé dans 
la rue Saint-Nicaise , hotel qui reçut le nom de magasin. C'est 
là que s'exerçaient les él6ves du chant et de la danse, et qu'ils 
recevaient les leçons de leurs maîtres. 

Les compositeurs déposaient autrefois leurs partitions dans 
un tabinet ob les artistes du tbéAtre en prenaient connaissance. 
U , chaque acteur, choriste ou symphoniste, copiait ou faisait 
copier sa partie. Plusieurs s'abstenaient d'un travail inutile pour 
eux puisqu'ils ne savaient pas lire. 

En 1714, je rencontre Dun fils ayant la qualité de copiste. 
Travalllait-il pour le compte des artistes ou bien aux frais de 
l'administration ? Je dois penser qu'il mangeait h ce double rft- 
telier, car il n'est porté sur les états de dépense que pour une 
gomme de 150 livres. 

Le premier bureau de copie établi régulièrement i l'Académie 
date de 17S0 ; 11 est dirigé par Lallemand. 

Augustin Lefebvre lui succède le 1" avril 1774. Ce musicien 
réahit t classe en corps de bihiiothëque le fonds de manuscrite , 
d'imprimés du théfltre , et remplit la double fonction de trililio- 
thécàhre et de chef de copie. 

Prançois-Charlemagne , son (ils, qu'on aurait dû nommer 
Christophe Lefebvre attendu que Gluck était son illustre par- 
rain, tient cette place de 1811 à 18-29 , et la cède alors k M. Le- 
bome, son gendre. 11 faut posséder à fond la science de la com- 
position, être subtil, intelligent et même un peu sorcier pour 
surveiller la copie de certains manuscrits indéchiffrables au 
premier aspect. On ne rencontre pas souvent des autogra- 
phes nets, clairs, élég;inls comme ceux de Cherubini, de Ros- 
sini, de Gluck , pour ce dernier nous supprimerons le mot élé- 
gant*. 

Placé dans une stalle, je lisais la partie d'un violoncelliste et 
lui dis : — Prenez garde, il y a deux fautes dans celle page. — 
Je te sais et ne les fais piis. — Il faut les corriger. — Point du 
tout; celui qui me remplace ne manque pas de se fourrer de- 



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360 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS, 

dans. » Cette malice de symphoniste vous explique la diplomatie 
des ténors chefs d'emploi, dictant leurs rtles aux compositeurs, 
en ayant soin d'y prodiguer les notes sur-aiguës, notes qui les 
gênent horriblement, notes ambitieuses qu'ils seront forcés 
d'abandonner ensuite, mais que leur remplaçant ne pourra faire 
sonner qu'& demi. ]e consens à perdre un œil, mais vous en 
crèverez deux k mon rival. 

Numéroter les maisons de Paris était chose bien simple , et 
pourtant nos devanciers ne pensèrent b recourir & ce moyen qu'en 
1780. Avant cette époque, il fallait des phrases multipliées, un 
petit discours avec art ajusté, pour désigner la demeure de telle 
nu telle personne, logis trop souvent dénué de portier ! Les aver- 
tisseurs de l'Opéra méritaient le prix de mémoire s'ils retenaient 
par cœur deux ou trois cents descriptions topographigues avec 
menus détails bien circonstanciés. Je pense qu'ils ne s'arentu- 
mîent pas dans les rues de la capitale sans être munis du traité 
complet d'une géographie k leur usage. Voici quelques adresses 
de musiciens, telles qu'on était forcé de les rédiger en 1775; je 
les copie sur l'Almanaeh des Sp«etaele*. 

— BertoD. rue Salnt-Hoiioré, entre «Iles 4n Ronle et de l'Arbre-âec, 
t rimiige Saiate-GeiKviève, vis-A-vis is maison en constrnction. 

— Hacbette, bM«e dn grand cbcenr, rue Tiqnetonne ; U première alIAe 
à gauebe eo eotnal par U rue Montmartre, maison da serrurier, an 
quatrième étage. On peut déposer chez la coatariëre dn premier. 

— Moier, Mcond cor, rue Montorguell, cnl-de-sac de la Bouteille, 
aprti le cabaret du Ramean-Vert , an troisième sur le devant, la porte 
en bce de l'eacalter. 

— y*^ Cbtteauneuf , mifson du papetier, vis-à-vis des Quinze-Vingts. 

Tout le monde approuva ces numéros destinés à signaler clai- 
rement le logis où chacun s'était casé. Tout le monde applaudit 
k cette invention , que l'on perfectionna plus tard , en séparant 
les chiffres pairs des impairs. Eh bieni ces numéros estampés 
sur les maisons étaient une imitation fidèle, un plagiat des 7 dés 
de la musique, des ? clés dont l'office est de caser les 7 notes 
dans les 7 compartiments, les 7 étages, que le clavier général 
leur assigne. La musique possède 7 notes, il lui faut absolu- 



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THEATRE IMPÉRIAL DE L'OPERA. 3«l 

ment? dés, afin que chacune de ces notes puisse arriver k son 
tour sur les cinq lignes et les cinq entre-lignes. 11 lui faut rigoo- 
reusement 7 clés, comme il faut h fers au cheval qui trotte sur 
4 pieds. Supprimer 6 de ces clés , n'en avoir plus qu'use seule, 
c'est redonner le n' 1 & toutes les maisons de Paris. Ce serait 
plus facile à compter pour les idiots, j'en conviens, mais les per- 
sonnes instruites seraient obligées d'en revenir aux gloses ex- 
plicatives de 177S. 

Et c'est dans la capitale dn monde civilisé, en 1S55, que nous 
voyons encore des gens sains de corps et d'esprit, fermes sur 
leurs jarrets, demander naïvement la réduction de ce nombre 7 
des clés de la musique I comme si c'ëtùt faisable sans doue 
plonger dans an cbaos, un dédale affreux , bien que privé de 
minolaure. Ouvrez sur le pupitre une partition ayant 26 on 30 
dés de sol & chaque page , une à chaque portée , d° 1 partout, 
comme au domino. Arrivez, Girard, DelotFre, Hasselmans, con- 
duisez cet opérai Paraissez, Potier, Dietsch, Coharié, mettez- 
vous au clavier pour l'accompagner! Ils le feront bravement, 
à merveille, je vous en réponds. S'ils ne lisent des yeux, ils 
liront des oreilles. Rien de ce genre n'est difficile au musicien 
ferré jusqu'aux dents. Vingt, trente, cent autres le feront aussi ; 
mais le reste de l'armée vous dira : — Serviteur de tout mon 
cœur. • D'ailleurs ce déchiffrement continuel, le soin d'aver- 
tir des musiciens dont l'instrument n'a plus un trait de sa phy- 
sionomie sur le papier , fatigueraient bientôt les plus intré- 
pides. 

Une seule réduction dans le nombre des clés serait utile, ju- 
dideuse, d'un résultat immense, admirable, et c'est justement 
celle-là que les prétendus réformateurs n'ont jamais réclamée. 
La musique de clavedn, de piano, jouée par deux mains, que 
gouverne une même intelligence, ne devrait-elle pas être écrite 
aar une seule clé? je hi présenterais sous deux fonnea diffé- 
rentes : la clé de fa 5' ligne et la clé de sol 2* ligne. 

Le chef d'orchestre de l'Opéra s'est toujours posté jnsie au 
eoitre de son régiment, contre l'habitacle du souffieur, ayant le 
tbé&tre en face. J'ai vu Labonssaye et Grasset conduire les 



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3M THEATRES LYRIQUE DE PARIS, 

chanteurs et lea symphonisles de Feydeau, de Louvois en se 
plaçant à l'extrémité de leur orchestre, ayant h gaiiche le 
thé&tfe et presque toute leur symphonie sous les yeux. L'Qne 
et l'antre de ces positions a des avantages et des înconTénieMs 
qu'il Serait inutile de discuter ici. Le foyer delà rampe décidéiï 
laiïnéstion. Ce gaz de l'Opéra, ce miroit ardent qni frappé à 
bdut ^rtïnt sur le crâne du ihet d'orchestré, éleré sur s6i. 
trOne, et ne lui calcine malheureusement que la léte, sons le 
gat^tlt ds froid aux pieds, doit uit Jour faire aband6iiner le 
poste &l'àrlisle assez aâit delui-ihêine pour se méflei'déâflètrcs 
céi^bralés, typhoïdes, jaunes ou scarlatines, des apoplexies, 
ophttlmies, enfin de tous les àiaux dont les verriers soiit nié- 
oacéË, attaqués, terrassés. Vous Voyez qlie je suis musicien 
consefratelir. Et pourtaati si je prenais le bâton de ihesurt à 
l'AcAdémie impériale de Musique, ma politique serait dé passer 
à riûatant du centre à l'eKtrftme gauche. î'avais prédit i 9. âà- 
beneck l'a^plexie qui l'a frappé. 

Dans le deuxième acte de Robert-le-Diable, le chœur, placé 
datis les coulisses, ne voit point le chef d'orchestre et n'en est 
point Vu. 6rod, hauboîsle du plus grand talent et mécanicien 
ingénieux, mit le chœur en rapport avec la symphonie au moyen 
d'un pédale obéissant au chef d'orchestre et battant la mesure 
sous le parquet du théâtre, à l'endroit où se groupaient les cho- 
ristes. iBroda tenu trop peu de temps la partie du premier hau^ 
boisa l'Académie, il mourut jeune encore. 

En 185^, M. Verbrugel invente le métronome électriqlie à 
Bruxelles, et fait partir du pupitre-chef autant de fils que Hn 
veut. Par une pression de l'index de la main gauche, le direfr 
teur de l'orchestre communique le mouvement à toutes les tiges 
mètranomlques, disséminées sur le théâtre, à droite, k gauche, 
au ibhd, en haut, en bas, partout, h quelle distance qUe ce soll, 
sàtis quil puisse y avoir la moindre divergence enii^ ces motl- 
TOménts isolés. On fait ainsi marcher ensemble, trois, quatre 
chœuH de voii ou d'instruments séparés, qui ne peuvent èfr- 
tendrptes âuttcs groupes harmonieux àilxqiiels ils sont assô- 
clèd, h\ voir le bâton Régulateur du Chef d'orchestre. 



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TSeATRE IHI^RIAL DE L'OPÉRA. 383 

L'orchestre est un grenier h sel d'où s'élërent des obscn-a- 
lions critiqnes souvent justes et toujours piquantes ; un atelier 
où le virtuose crayonne de très plaisantes caricatures sur sa partie 
de viole ou de basson, tandis que les modèles posent devant ses 
;eux. Là, des anatomistes opèrent sur le cadavre dont toutes les 
fibres se montrent à nu. Lorsqu'un ouvrage sort de leurs mains, 
croyee cpi'il a subi l'examen le plus rigoureux mtiu et in mte. 
L'orchestre a ses loustics, ses orateurs et même ses poètes. 
Schneitzhoeffer a laissé le souvenir de ses spirituelles f&oèties ; 
Travenol se fit mettre au For-I'Évôque, au cachotl pour avoir sa- 
tirisé Voltaire et Rousseau, jugez si le violoniste avait appuyé 
sur la chanterelle ; M. Meifred a rimé des piétés fort originales 
touchant les laits et gestes des académiciens et de leurs direo- 
tears; tous ces opuscules sont imprimés. 

L'ondiestre mêle set applaudissements à ceux du public, en 
frappant sur les violons avec le dos de l'archet. Il applaudit aussi 
pendant les répétitions lorsqu'un morceau d'un effet remarqaa- 
ble, incisif, passe devant son oreille subtile et son œil exwcé. 
Son affection sera plus tendre et plus ardente, si lemoman 
fovori n'appartient qu'à la symphonie ; c'est alors son afhire 
propre, la missive arrive à son adresse. Le Prophète avait une 
ouverture taillée sur le grand patron , symphonie complète et 
longuement développée. L'orchestre l'exécute, l'enlève à la pre- 
mière vue, et pourtant les archets s'abaissent, restent immobiles 
S4>rès le dernier accord. Cette grêle de coups si vivement désirée, 
cette grêle tombent sur le dos des violons, grêle bieD plus flat- 
teuse que le tonnerre des applaudissements du parterre et des 
loges, cette grêle favorable s'obstine à rester mnette : niant ct' 
gàna. L'épreuve est renouvelée six fois encore avec le mètae 
zèle, avec une fougue d'exécution plus vive encore, et toujours 
le même silence, pas un seul petit coup. Un ami s'approche alors 
de l'auteur et lui dit à l'oreille : — Après avoir exécuté sept foi? 
une ouverture, si l'orchestre se tait, il sonne la retraite. » 

Ces applaudissements, refusés à Meyerbeer en cette occasion 
et qu'il avait obtenus bien des fois des mêmes virtuoses, ces ap- 
plaudissements, ces bravos sans dn, cette grêle de coups d'archet, 



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3M THEATRES LYRKHJES DE PARIS, 

je les ai reçus, moi qui tous paije; je les ai reçus du même or- 
chestre, siégeant, il est vrai, sur le théâtre au Conservatoire de 
Paris, et dirigé par Habeneck ; je les ai reçus, et pour moo mal- 
heur, je me vois forcé d'en convenir. Toute médaille a son re- 
vers, tout orchestre a sa diplomatie , dont les effets identiiiues , 
sont produits par des causes diamétralement opposées. 

— En ISAS , l'orchestre du Conserratolre exécute, dans une de ses 
répétîUonB, l'ouverture et l'entr'actes de Behébutk, opéra eu qmln 
iictes que je venais de faire représenter sur le théâtre de Mootpelher. 
I/ouverlure fut dite i merveille et dlBcrëtemeut applaudie; mais Ten- 
It'actes obtint un succès d'eutbonsiasme, de furenr, de fanalisme, loua 
les symphonistes quittèrent leurs places, descendirent de l'amphithéUre 
pour veufr me compliraenter. — Quelle mouche les pique? me disai»^ 
f.a voyant ces transports, — Cest charmant, délicieux, s'écriaient -ils; 
r'cst de la sdence ornée de tous les agréments de la mélodie, un canon 
plein d'intérêt, des variatimiB d'un effet Indsif et puissant, qu'un solo 
de tamhoor è bagneltes vient couronner et ragaillardir à la fin; quel 
Muxveaupittoresqne, original au suprême degrél quel épisode pour dm 
«roneertslquellebonne fortunel il faut sur-leH;hamp redire cet entr'actc;, 
f con gusto, — Oc i.'avez-voub phisT* 

M. Battu me serrait la main lorsque celte question me fut adresaie 
|iar nos voisins, et je fus assez imprudent pour murmurer à son oreille 
un aveu formidable. M. Baltn garda mon secret; mais on devina la 
conûdence que je venais de lui faire, changement total et subil de scèn'* 
et de décoration : le calme, le silence le plus complet succède k la 
tempête des applaudissements. Son violon sous le bras gauche, Fran- 
çois Habeneck fait demi-tour è gauche, vers te corridor, tous ses brave^ 
le suivent, mosique finie; et depuis lors on ne m'a pas dit un seul mot 
dn bienheureux entr'actes. 

Sachant que je puisais, pillais aux me illeores sources en fabricant 
des pastiches disposés poor la scène, on avait trouvé ce canonique badi- 
nage tellement au-dessus de ma hétise présumée, qu'on l'avait attribué 
d'une vfrii unanime i quelque illustre maître; et voilé pourquoi celte 
bagatelle avait été si bruyamment félâe. Où l'avez-vmii» pris î est su- 
blime, ravissant. Impayable; c'est une perle, un diamant; aussi l'si-je 
curieusement placé dans mon écrin. • Molière musicibu, tome n, 
PMfi »■'- 

Les journaux du temps avaient conté cette aventure; si je l'im- 



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THÉÂTRE IMPÉRUL DE L'OPËRA. 36â 

prime tme seconde fois, c'est qu'il est des choses qu'oa ne san- 
rait trop dire. 

Pour l'eCroi de la terre et Texemple des rcda. 

Cette aventure me place à coté de H. Meyerbeer, le hasard 
ainsi l'a voulu. Si j'avais pu choisir mon partner, croyez que 
j'en aurais pris un beaucoup plus riche : M. de Rothschild, par 
exemple. 

Je ne vous donnerai qu'uo petit échantillon des facéties, des 
mots spirituels de nos symphonistes académiciens. Il fout que 
je sois bref, et vous renvoie an Musiciana. 

— L'amour se trouve & tous les coins de rue, il n'est de plaisir 
qa'& l'Opéra. 

— Le mariage ressemblé aux décorations de théâtre, il faut 
le voir de loin pour le trouver beau ; » disait le joyeux DescA- 
teaux. Ce musicien donnait des leçons de flûle h H~* de Ville- 
Biont, abbesse de la Madeleine du Traisnel, rue de Charonne, 
«TOC tant d'assiduité, que d'Argenson, le garde des sceauXj ja- 
loux et dilettante, vint s'établir dans ce couvent. Pasteur d'un si 
joli troupeau , le d'Argenson chantait : le del, mes lawri, tout 
tienne en joie. 

— En scène, à moitié gris, le ténor Duménil chantant d'une 
voix mal assurée Je tiens, et répétant ces mots plusieurs fois, le 
batteur de mesure Celasse ajouta du cabaret. — Ma foi, oui, h 
répondit naïvement le virtuose, et le public applaudit k ce dia- 
logue improvisé. 

— Jean Puget de la Serre, parolier, ayant déjà perdu 700,000 
livres au jeo, risqua sur une carte, à l'hôtel de Gesvres, le pro- 
duit avenir de son opéra nouveau, Diomède, et perdit encore. 
Golasse ât son entrée àl'orchestre en s'écriant : — Miracle I aviinl- 
hier on a joué Diomide en deux endroits. » 

— On ne traverse plus le Palais -Royal sans danger, l'opéra 
va tomber, o C'était VOrphée de Louis Lutli et non pas le théfttre. 

— On élouffe ï l'opéra nouveau, il n'y a pas d'air. » 

Trois luths, au dire des musiciens, sont les armes parlâmes 
de Luther, et les joueurs de luth recevaient le nom de luthériens. 



n,Googk 



afi TBâiTRES LYHIQUBS es 9fMi. 

— Est-ce bien toi, pauvre luthérieD, que i'4 vu sotiw 4^ 
l'hôtel de Guémenét— C'est moi, H. DescAteaux. — Avec ce 
pourpoint écourté, ce haut-de-chausse navré, déchiré, lacéré, 
juste an bon endroit? — Hélas! oui. •— Quevas-ln faire au pa- 
lais des grapds? — Je montre le lvH\ aux filles suivantes de la 
princesse. — Avec un peu de bonheur, tu vas bientôt leur mon- 
trer... — Je le crains. » 

— Les matrones ressemblent aux faiseurs de luths, qui les 
accordent et n'en jouent pas. 

Campra, maitre de musique des enfants de choeur de Notre- 
Dame de Paris, perdit sa place pour avoir écrit la partition de 
FEwope galante. Travenol,père,ren avait averti par cecouplet: 
Quand notre archevêque saura 
L'auteur du nouvel opérai 
Monsieur Campra décampera 
AJleluial 

It Oantanal de Venue, opéra-ballet, de Begnarâ et Canpn, 
commeoce pu c« vers : 

D'où vient que ces lieiix sont désertsT 

— Changez ce début, M. Regnard, il est de mauvais augure, 
dit l'orchestre eu chœur. N'est-il pas dangereux qu'une pièce 
porte sa destinée écrite sur son front? » Regnard tint àcoD- 
server ce prélude malencontreux, et son ballet tomba. 

Montéclair, antagoniste de Rameau, dont il décriait la per- 
sonne et les ouvrages, ne put s'empêcher, aux répétitions des 
Indei galantes, de lui témoigner le plaisir qu'un passage de cet 
opéra, passage qu'il citait, venait de lui faire éprouver. Rameau, 
le vojanl aussi maladroit en sa louange qu'il l'avait été dans 
ses critiques, lui dit : — Monsieur, le passage que vous louez 
est cependant contre les règles; car il y a trois quintes de suite, 
en mouvement direct; et vous m'avez souvent fait uu crime 
d'eu avoir mis deux. » 

Rameau disait souvent qu'il ne savait pas comment on pou- 
vait douter du mystère de la trinité, que la musique démonUait 
géométriquement. 



ityGoo^k' 



L«i \ui^m et lep nvnist«9 âéçidàreut qii'U î^t BOftrtruiip 
an pont k l'Opéra , que le public n'y passer^t pOiqt ^ ^f» 
4t»a4f(> r^aiutflv.6 par Bacb (Je^-Gtué(^B}. VA ^vm\ point' 

Il d«c«mbra 171». 

— Le cal^fir^t ^t une boutique oi^ l'on v^^ de la ia^!)que 
en bouteilles, > disait le clariDettist« Micbel Vp^t, répétant up 
apopbtegnm dq eon ami Christophe Vogel. 

Pendant un «atr'ectes. j'étais debout piës de Vorebeetra, 
Carie Vernet me dit : — Vt piclura poem. — Onit la pei^tuif 
et la poésie. — Et la musique donc? s'écrie un violoniste au re- 
pos. — Horace n'en parle pas, lui rëpondi8-)e, — Il en parle fort 
biçn, ât lut donne même la place d'bonneur, eu la faisant 
marcher la première. Ut n'a pas été mis là sans inteotioq, «f 
représente la musique. — C'est possible, mon brave Cartier, 
pourtant je vous crois plus fort sur la dnable-corde que sur le 
latin.* 

lia double-corde flatta mon interlocuteur, et Vernet rU beau- 
coup de la méprise qui valait bien un calembour. 

— Bon musicien, vous ne buvez que de l'eau, c'est Mre in- 
jure i votre profession, l'orchestre n'a pas deux viituosea dp 
votre espèce. — H en a trois, me répondit Cartier. Un aut», 
ainsi que moi, n'a jamais pu boire de vin, sa nature la lui dé- 
fend; mais le violoniste philosophe qui va s'asseoir à coté de 
moi s'en abstient par avarice. Il s'abreuve d'una onde daîre. ■ 
Celle de la rivière étant d'un prix trop élevé, d^uis un mois il 
s'est avisé de la couper avec de l'eau de puits. 

» Notre ami Crochet, pr«m» des secoods, ne se Doilrrit que 
de pralines, dragées, sucre d'orge et marrons giacés. Il prétend 
imiter ainsi l'illustre Salieri. Le musicien est fantasque. ■ 

pour cbamier les badaada Sonet a réuni 
I«s talents d'Eaménard & ceux de Pranconi ; 
Maie chacun s'aperçoit que malgré leur emphase 
C3iez Fïauconl l'auteur n'a pas trouvé Pégase. 

Ce qc^train en style de l'époque fut réfuté golto voce dans ï'ot- 
chestre, non loin de Persuis, l'un des auteurs du Triomg>h&. de 



n,Googk 



aOB THEATRES LVRIQUES DE PARIS. 

Trajan, produit en scène te 23 octobre 1807, Bonet de Treiches 

dirigeant l'Opéra. 

— Déddëment Jony perd la tAte, il a mis sa veste à l'enfers. > 
SchneitzoeSer. ii dâmobre isot. 

L'excellent Alizard débutait modestement par le r6)e de Sainl- 
Bris dans lu ifuj/umot». Gros et court, vêtu de noir, coiffé d'un 
chapeau noir que surmontait une plume blanche, — il me sem- 
ble voir une écritoire qui se promène, i dit Schneitzoeffer, en 
suivant les évolutions du nouveau Saint-Bris. 

Tirot, haute-coDtre ayant la même encolure, aviùt été sur- 
nommé jadis le Tambowr. 

— Od répétait VÉloil» de SéoiUe, astre infiniment peu brih 
lantt lorsqu'un amateur, s'adressant au corniste Meifred, malîii 
de sa nature et poète de l'orchestre, lui dit : — Est-ce Brémood 
qui doit représetiter le corrégidor? — Non, c'est moi puisque 
j'y joue le cor et j'y dors. > 

— L'orchestre venait de frapper les derniers accords du mer- 
veilleux finale de Moïk, un symphoniste électrisé s'écrie, en 
son délire musical : — Je défie mes compagnons, tes acteurs, W 
public sans tn excepter le marchand de lunettes que voil&, ie 
nous en batir un pareil. * 

— C'est de la sacrée musique, uu cours de théologie moins la 
foi ; ce Prop^èfe n'a dit aucune parole de croyant. » 

Les hommes ineptes, que la faveur fait mettre k la tête d'un^ 
entreprise, s'attachent à des minuties afin de prouver leur capa- 
cité; voulant montrer ainsi que rien n'échappe à leur surveil- 
lance. Tel était Sainl-Germain, associé de Tréfontaine, en 1749. 
Ce co-directeur de l'Opéra fait appeler un jour Hootgaullîer 
dans son cabinet et l'accable de reproches sur sa négligence et 
sa fainéantise. Ce musicien demande quel est son crimeei si l'on 
a porté des plaintes contre lui. 

— Oh I je n'ai besoin de personne, monsieur, j'ai des >eux, et 
vois bien que vous prenez trop souvent des temps de repos, 
tandis que les autres violons jouent 

— Hais,jenesui3pasviolon et n'eDdoispasjouer,jesuîs partie. 

— Si vous étiez parti, je vous laisserais bien aller. 



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THEATRE mPÉRLO. DE L'OPËIU. 3« 

— Je suis partie à l'Opéra, partie de remplissage, et mon 
office est de jouer la quinte. 

— La quiète, la quintel 

— Oui, monsieur, je suis quinteux, puisqu'il faut avouer mon 
infirmité. 

— Nous TOUS en guérirons et surtout du péché de paresse. 
Qu'il ne vous arrive plus de rester les i)ras croisés, les yeux en 
l'air, bayant aux corneilles. 

— C'est qu'apparemmeàt je comptais des pauses. 

— Vous ne contiez rien du tout; d'ailleurs qu'est-ce i^De c'est? 
h quoi bon conter des pauses, conter des balivernes, des gau- 
drioles? Vous êtes un plaisant violon ; sachez qu'on ne vous 
donne pas quatre cents bounes livres par an pour conter des 
drôleries. C'est pour jouer que je vous paie, entendez-vous? 

— Mais pourtant quand il y a sur la partie taceL 

— On fait comme les autres en exécutant le tacet. 

— S'il y a tacst allegro, lacet moderato. 

— Je me soucie bien d'un mot d'Érato, de Vénus ou de Pro- 
serpine; si vous tenez des propos, je vous ferai connaître que 
l'on ne se rit pas impunément d'un directeur de l'Académie 
royale de Musique. » 

Le chef d'orchestre Niel arriva fort à propos sur la fin de ce 
colloque, et justifia pleinement les repos de Hontgaultier. Il fut 
permis à ce violiste de compter en paix les nombreuses pauses 
que l'on rencontrait alors sur des parties de haute-contre, de 
taille et de quinte de violon. 

Vous croyez peut-être que je viens de redire une historiette 
inventée à plaisir. En vous affirmant ce fait très connu, je vous 
rapellerai que sa deuxième édition fut mise au jour en IS&l, 
et que tout Paris dilettante s'en amuse encore. 

Il vous souvient des stupides commissions que l'on nommait 
pour tripoter les affaires de nos thë&tres ; de ces divans ou sy- 
nodes facétieusement composés de gens étrangers à l'art. 

SI j'en coDiuis pu un je veux être étrtnglé, 
disait le public en voyant les noms de ces juges burlesques 



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:17K l'HÉAmtS l.\mOVji.'S DK PARtS. 

tiàtampéâ dàus les journaux. Aligner ici tous on noms s^nit ré- 

jouissaot, il est vrai, mais je ne veux pas PtrP satirique à w 

point. 

S'agit-il d'agriculture, de marine; d'astronomife, de tortiBca- 
tions, de mioes, etc., les Français ouvrent leurs rangs et cèdent 
lé pas aiix hoiiiines spéciaus; mais ils se croient tous cflpabJes de 
r^ir des paroliers, des musiciens , des {cintres, et nul ne peut 
résister au désir de gouverner des cantatrices, des ballerines, 
et de s'asseoir gratis aux plus belles places des tliéàtres. Chacun 
dés membres de cet aréopage ignorantissime acceptait la sxa- 
TBillance d'une des parties de l'ensemble d'un spectacle. L'or- 
chestre de l'Académie avait donc un inspecteur dilettante en 
âtre d'ofSce, gui s'élait campé dans une loge d'avant-scène, afin 
d'être sur le flanc de sa troupe. Surveillant, il ouvrait de grandis 
yeun pour juger de l'exécution délasjmphoDie; un de ses com- 
pagnons portait ses yeux grands ouverts sur la bouche des 
chanteurs. Chacun éttût à l'affût et veillait des yeux en con- 
science. Tout k coup le censeur de l'orchestre bondit, rugit, 
pâlit, rougit, se démène comme un lion dans sa loge, exécute ûes 
poses extravagantes. Qu'a-t-on fait? qu'a-(-il vu? Pourquoi ces 
transports de colère qu'une pantomime diabolique annonce au 
public étonné? Parti comme un trait le censeur franchit les cor- 
ridors au pas de course, descend, remonte l'escalier, elle voilà 
sur le théâtre , interpellant con brio le directeur ëbalii. — Je 
suis indigné, lui dit-il, vous me voyez exaspéré^— De quoi? — 
C'est un abus, un scandale sur lesquels je vais Taire un rapport 
fulminant, l'ont te monde est en scène, danse, clianle, marche, 
et les trois quarts des symphonistes se taisent l par quelle raison? 
— Je ne sais. — Pourquoi M. Battu n'active-t-il pas ses must- 
ciens? — Je l'ignore. — Puisque vous ignorez tout, digne pas- 
teur de l'Opéra, puisque vous ne savez rien, appelez M. Battu, 
l'aSaïie est grave, il faut que mon rapport soit libellé d'ur- 
gence. B 

Le chef d'orcheglre arrive , et le censeur, toujours furieux, 
expose ses griefs. M. Battu lui répond avec douceur : ~ Hoi>- 
sieur, nous exécutons U- Freyxr.hiUs, ci la niaiciie.... — Une 



ityGoO^k' 



THBA-nte IMPÉRIAL DE L'OP^A, »11 

\, mdosrèar, «né nftfthé doit sonner Tigo-licic ;;[ij?nt; -- 
Oui, s'il s'^it du triomphe de Thijan, de Cortez ou de Ucittiiis; 
AaiB, en homme d'esprit, Weber a judieienstemerit alFaibli l'St-- 
efaestïe de village, Qui doit annoncer la victoire d'un pii^sSfi. 
Use trompette , deux cors et Quelques maigres violonâ ioffi^ 
saieni pour des ménétriers. Mozart avait montré la mâtne èco- 
Bomie dans la marche rustique des Noies de Figaro, là pàitf^ 
bon de Weber est là pour confirmer.... — Pai nCcessaifë: i 

La discrète hilarité des témoins de ce débat singuttef" eh^^^ëi 
le censeur à la retraite. Il craignait d'être censuré. 

— Voilii comme Ils soBt tous I ces enragés musiciens tiëime&t 
te seir racler, souffler bien vite un ^rand opéra, quelquefblâ iih 
petit ballet, et se dépêchent d'accomplir leurs vingt aiij de séV- 
vice, afin d'avoir la pension, » disait le.commis Plgoreau, lors- 
que les anciens de l'orchestre présentaient leurs litres pour étfè 
admis à la retraite' itu. 

Chantant sur le théUre de Bordeaux , un acteur attaquait atir 
dessus du ton, et s'y mainlenait avec un aplomb désespérant. 
Après avoir tenté vainement de le faire draceodre k l'unisson 
des instruments , le chef d'orchestre Beck , joignaiit la ptnto- 
mime aux appels énergiques de son archet, commence par élever 
les bras afin de rapprocher son violon de l'oreille rétive dn Héros 
d'opéra. Peine perdue, le virtuose ne changeait pas de gaihme. 
Beck monte alors sur sa chaise et racle à tour de bras; le pu- 
blic trouve la plaisanterie à sou goût, il applaudit, et lé chef 
d'orchestre , poursuivant son ascension , arrive sur le thé^i^ et 
dit h l'acteur opini&tre : — Puisque tu ne veux pas descendre, 
il faut bien que je monte, un chef d'orchestre doit suivre ses 
chanteurs. " 

Une actrice de ce mètae théiltre avait fait la musique d'un 
opéra, dont elle chantait le premier rAle. A aon entrée en scène 
elle dit, en récitatif : 

Qu'ai-je iûi, malhéureuseî — Une pauvre musique. 
Beck termina le vers de cette manière; tandis qae les hantbnis 
répondaient aux sanglots de la princesse au désespoir. 



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372 TH&ITRES LYRIQUES DE PARIS. 

L'excellent musicien Urhan (Chréfien) eotre à rAcadémie en 
1816, y joue la partie de viole avec un rare talent, passe an 
premier violon et mérite ensuite l'emploi de violon solo. Agé de 
vingt-six ans lors de sod début, il cesse de vivre en 1850, et, 
pendant les trente-quatre ans de sa présence k l'orchestre, Urban 
ne tourne pas une seule fois la t£te du colé de la scène. Donnant 
toute son attention à la partie qu'il exécute religieusement, U 
se tient en garde contre les séductions du théâtre. Comme un 
bienheureux cénobite, dont il voudrait posséder le capudion, 
il a soin de baisser les yeux afin d'échapper aux tentations, anx 
pièges de l'esprit malin. Vous me direz que ce disciple de saint 
Antoine et de sainte Cécile doit avoir pris son vol en droite ligne 
vers le paradis ; je voudrais le croire. Urhan s'était fait un chris- 
tianisme a piacere, en variations» qui ne me laisse pas sans 
inquiétude sur le salut de ce digne confrère. 

Composition de l'orchestre et du chant pour l'exécution so- 
lenndie de la Création du Monde , oratoire de 3. Haydn , à 
l'Opéra. 

St dAcambre ISM. 1' no?embre isat- 

1 Cher d'orcbesire. l Chef d'orchestre. 

3 Chefs du cbaDt, 3 cbefe du chant. 

S Flûtes. 8 Flûtes. 

5 Baulbois. 6 Qaulbols. 
8 ClarlDeltes. 6 Clariaeltei. 
e BassoDS. 8 BassoDB. 

6 Trompettes. 6 Trompeltes. 
« Cors. 12 Cors. 

3 TromboDes. 6 Trombones. 

4 SerpenU. S Ophîcléides. 
1 Timbales. 1 Timbales. 

S& Premiers violons. &0 Premiers violou. 

3A Seconds violoDs. AO Seconds violons. 

30 Violes. &0 Violes. 

23 Vioioncel!e8. 36 ViolODceltes. 

30 Violonara. 30 Vlolooars. 

1 K apo pour les récitatif. 

161 ^A5 



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THEATRE DD^IAL DE L'OP^A. 373 

lU SAS 

S Cbantenrs récitante. 8 Cbanleurs rédtsnts. 

150 Choriilei. 350 choriates. 

816 Moiicieiu. 503 Uiiaiciena. 

Tassislais à ces deux fêtes musicales. 

Vous voyez qa'k ta deruiëre le nombre des violes égalait celui 
des seconds violons; cette égalité de proportions est indispen- 
sable, si l'on veut que les forces d'un orchestre soient dans un 
équilibre parfait. Daos le quatuor, la viole ne fournit-elle pas 
autant de cordes sonores que le premier ou le second violon ? 

CHErS D'OBCUKSTilE. 

1671. Cambert 

1672. Ullooette. 
1677. Golaise. 
1687. Maraii. 

1703. Rebel (Jean-Ferrr). 

1710. Lacoste. 

1714. Houret. 

1733. Rebel (Prançoi^fen?) et Francamr (Fnnçols), en partage. 

17Aâ. Nid. 

1749. cbéron. 

1760. U Garde. 

1761. Daavergne. 

1766. AuberL 

1759. BerloD (pierre-lhmtaii). 

1767. Francœur (Louis). 
1776. Rey (Jeas-Baptiitt). 
ISIO. Permis. 

1816. Kreutzer (Rodolphe). 

1820. Habeneck (Pranfols) et Vatentiao, m partage. 

1831. Hibeoeck , aeuL 

1847. Girard. 

NOHBBB DE UCSICIEHS, Y COMPRIS LES GHEP8. 

1671 1& 

1678 19 

1687 83 M partagent iS,6M francs. 



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éli TUBAntES LYBlâO^ P|i PAfUS- 

1713 à7 §e pirtagent 20,150 (naa. 

>?8S 5« 40.MO 

1777 6g 89,à83 

1803 78 l&O^OO 

18&7 85 113,500 

1865 8& il».^ 

Les Sfc violons, demandés par Gluck, datent de tTlh . 

En 1T7S, 36 violons , 12 violoncelles, S bassons, 5 violes, 
5 violoDars sonntUent dans l'orchestre, composé de 73 sympho- 
nistes. 

En iTTÎ, le nombre des violoQs , réduit à 24, tombe à 83 en 
1855. 

Vioionars : en 1714, 1. 1716, 2. 1776, 3. 177g, {i. 1^^ 6. 
18S0, 8. 

Les masiciens doivent avoir sans cesse l'oreille et l'œil ou- 
verts pour se garantir du mauvais langage, ije rprjhpgj^phe 
vicieuse qae notre Académie française autorise et presccif. Ce 
n'est qH'aprôs trent&-quatre ans de persévérance ej la puljlica- 
tion 4'UAe cjngiwitaine ^e volume» de pfose que j'a| pM r^îm- 
mer en partie le langage du thé&tre lyrique. Voici l'élat coppa- 
ratif des mots dont l'usage était général en avril 18S9, avant I& 
publication de mon livre intitulé : De l'Opéra en France, de 
mon Dictionnaire de MuHque, avant mon entrée au Joumai àf 
Dibate, et des mots que jeteur ai substitués. Je n'aurai pas be- 
soin dé vous indiquer ceux qui sont définitivement adoptés, les 
autres le seront. 

Baue-taiUe, Basse. 

On tablier, un Juillet , ^asse çosfjguf . 

Un MarlJn, }id Iaj», un fiolié, P^Ttçp- 
1" haute-contre, un Achille, nn Philippe, 

un Ganndaa, Ténor. 

Un Ellevlou, Ténor léger. 

Un Colio , TéDoriD.' 

Ud Laruette, an Trial , Ténor cosique. 

1" Chanteuse forte, 1" cenlatrice. 

inchantenMàroalades, l'*léebn. 



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THKATftE IHpOtlAL DE L'Wta4- 



Poème d'opéra , 

Faiseur de paroles d'opéra , 

Faisenr de canevaB pour les maîtres de 

balleU, 
Traduire noe partitioo étrangère en sa 

conformant aux exigences de la scène 

etdupnblic frauçais, 
Faiseur de pasticheg en musique, 
Opén dans lequel la mise en scène est 

tout. 
Acteur tenant un rAle dansé, mimé dau 

un ballet, ou mimé seulement, 
Toucher 4u piiuip, de Torgne, 



Pincer de la harpei de la gidtare, 



Arpège, venant de harpe, éoivez ' 
Fausset, vox formata iiOer fauces, 

écrivez, 
Au lieu de Passielto, Pafsiello, Piccini. 
Appogiaturn, gmpetto. 
Qtiinletto, quintetli. 
Soprano, soprnni. 
Contralto, ooniniti, 
Biletfanle, dilOtaotî, 
LaîU), loi:», 

AUo, ttiti, viola, att^iola. 
Baryton de violon , 
Basse 4e violon, 
Violo^cdk doit être prononcé comme na- 
celle, vaisselle, et oon pas violomhelle . 
L'Académie française a, dans son Dic- 
tionnaire, édiltoD de 1S35, adopté cette 
correction, qne f avals établie dans mon 
ïUetionnairé de Uutiijae, Adit de 1821. 
Contre-basse de Tiohm , 



Uvret. 
Parolier. 



Préparatenr de ballata. 



Airaoger. 
pàtiB^r. 



Opéra- 

Ballérin, 

Toucher le piano, l'oigpe, 

ou bien jouer dei'9KKiKt 

du piano. 
Pincer la harpe, la gatsin, 

ou bien jouer de l» gat> 

tare, de la barpe. 



Faucet. 

Paisiello, Piccinni. 
Appupire, groupet 
QninLelte, quintettes. 
Soprane, sopraaes. 
Cootralle, contraUas. 
Dilettante, dilettante». 
Lazzie, lazàM, s. q). 
Vio)e, vjqlep. 
Vjotonet. 
yiolobcellf. 



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376 THËATRES LYRIQUES DE PARIS. 

Oct(M»ne de Tiolm, ^lonuioa. 

TtoHofite, Violoniste. 

Va bel orgue, des orgaes excellente!, btr- 

moDienses, Un bel orgoe, des orgnei 
eicelleats, harmonieiiL 

Piuo, Ibrte^iiaDo, piano^orie, Glirecto. 

PUniste, Clavedniste. 

pklHHcanU de musiqae ignorant de tont 

point la science de l'barmonle, Moaleastres. 

Amateurs qal, dans un opéra, n'ont d'of- 

fction qoe pour les paroles, HasiphobeB. 

Fabricants de musique régulière, mais dé- 
pourvue d'Invention, de MnUment et de 

mélodie, Uélodipbobet. 

Oratmio, Oratoire. 

Finale d'op^, jamais final, toujonra Finale, s. m. 

Ktntta, StreUe. 

int, Instmmenls à mnfllft. 



Un musicien qui veut respecter l'oeil et l'oreille de ses lec- 
teurs doit rigoureusement s'abstenir des mots cacophoniques, 
atrocement barbares, tels que artistique, artistiqueménl , ûi- 
itrvmenter, instrumentation, orchestrer, orchestration, gai- 
eonque, etc., elc 

Uq riolonar colossal, ayant huit pieds de haulenr, doDt lesio- 
tonations ne pouvaient être variées qu'aa moyen d'un chevalet 
supérieur et mobile glissant sur le manche, dont l'archet couite 
était mia enjeu par un rouet énergique et leste ; un instnimentqai 
sonnait à ta double octave inférieure du violoncelle, et ne derail 
Atre employé que pour des passages très simples, pour nurquer 
les notes essentielles de certains braits, fut inventé simultané- 
ment par deux amateurs qui ne s'étaient point communiqué l«n- 
idée, U. Mousquet, de Lauris, horloger-mécanicien & Cavaillon 
(Vaucluse), m'avait fait connaître sa découverte, en 1832, lors- 
que les journaux anglais prodamërrat celle de sir James Aytoo, 
inventeur d'une machine sonore . du mtaoe genre. Comme ce 
dernier habitait LoodreS; et qu'il était en meilleure position 



ityGoo^k' 



THEATRE IHPËRIAL DE L'(»^A. 377 

pour lancer dans les orcheslrea ce violonarion, je conseillai à 
M. Mousquet d'attendre les résultats obtenus par son rival d'ou- 
tre-mer. Lesjouinaux, depuis lors, ne m'ont rien appris de nou- 
veau sur cette invention précieuse : elle aurait augmenté l'éten- 
due du clavier de l'orchestre. 

J'avais écrit ces lignes depuis longtemps lorsqu'un troisième 
duunpion, U. VuiUaume, luthier du plus grand talent, a fait 
entendre, à Paris, avec succès un Goliath bien sonnant, fort in- 
génieux. Voilà donc notre famille de violons augmentée d'un 
Douveau-venu patriarche dès sa naissance. Officier de l'état ci- 
Tîl, je le porte sur mon registre en le faisant précéder par ses 
jeunes ancêtres, et dis : 

Violon , 

Viole, 

Violonet, 

Violoncelle, 

Violonar, 

Violonariou. 

Parii,1« 19 avril 1835. 

Le violouet que H. Vuillaume expose au palais de l'Indostrie 
est le chef-d'oeuvre du genre. 



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XXVIII 



Le ciel, la terre et l'enfer. — Astronomie théïtrale. — L'aurore, le jour et la nuit. 

— Le vent, 1« pluie, la neige, la grêle et le tonnerre. — Les voleana «t lee 
Incendies. — La mer, leaBeaves, tet laci, les ruisseaux, le* torreptE, tes 
foDlainea. — Panoramas, t'Oc^an, les sables da désert, un champ de ba- 
taille. — Bnmle-basgânârald'an cbuigement de décora, ses dongen pour 
les curieni. — Pérlla d'une autre espëce. 

Le public ne se doute pas de l'immensité des labeurs , du 
nombre infini d'accessoires importants, de minutieux détails, 
nécessaires , indispensables pour mettre en scène un ballet, un 
drame lyrique, et préparer aux amateurs un divertissement de 
quelques heures. Le public ne se doute pas des travaux que l'on 
exécute seulement pendant un entr'act^, afin de poser la déco- 
ration qu'il doit voir au lever du rideau ; afin d'en équiper une 
seconde plus belle, plus compliquée, d'une magie plus étonnante 
et dont l'exhibition soudaine sera faite k l'instant où ia première 
disparaîtra comme par enchantement, au signal du machiniste 
en chef. Si le public savait ce qu'il en coûte , quelle dépense 
d'esprit, quelquefois de génie, d'argent et de temps, quelle peine 
il faut prendre pendant six mois , un an , dix-huit mois pour 
l'amuser durant une soirée, croyez-vous qu'il se montrerait 
moins sévère et moins difficile ? Non. 

— Parolier, invente, élabore, écris un livret original ; musi- 
cien, compose une partition riche d'effets et de mélodies, dans 
le style de Weber ou de Rossini ; chorégraphes, mettez en mou- 
vement tout un peuple ballério, ayez soin d'^uster ses groupes 



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THËATOE UnËRlAL DE L'OE^RA. 37» 

avec tiu ingénieux artifice; acteurs, choristes, miDjes, sympho- 
nistes, escrimeK-Tous du geste et de la voix, de l'anihet et de 
l'embouchure ; copistes, jour et nuit, tracez des blfmches et des 
nojres, des bécarres et des soupirs, des doubles et des b-iples 
croches sur des montagoes de papier réglé ; armuriers, four- 
bissez des cascfues et des flamberges, des lances et des cuirasses, 
lies arquebuses et des trooabloQs ; émules de Poussin , devenez 
statuaires; découpez, ombrez cette planche de sapin, de tilleul, 
pour en former une Vénus, un Priape en ronde bosse ; coutu- 
riers, taillez le velours et la serge, la bure et le satin, pour vêtir 
les rois et les reines , les seigneurs et les bacbelettes , les ma- 
nants et les cb&telaiDes ; brodeure, adornez de fleurons, de bla- 
sons, d'arabesques, de grecques, paillettes, galons et canetilles 
ces vêtements riches ou d'une élégance capricieuse ; correcteurs 
de la nature humaine, cette poitrine, ces jambes, cette croupe 
réclameat des suppléments que votre cetl a déjà mesurés, com- 
binés; 

Vous qui prêtez les amours, 
Ve«a, venei i> leur pecours. 
u L'abdomen de notre leste séducteur don Juan, de Robert, 
de Raoul, prend les allures d'un ventre de père noble, vite une 
paire de mahottres bien étoffées, qui, donnant une précieuse am- 
pleur k ses pectoraux , h ses épaules , amoindrissent k l'oeil ce 
que les milieux ont de trop rebondi. Engraissez pour dégraisser, 
mettez en action ce proverbe de Venceslas : 

Ce que J'Ate à mes nnfti je l'ajoate à mes jours. 
» Fabricants de masques et cabochons, préparez des muffles 
horribles pour les furies du tartare païen, pour les diables de 
notre enfer; n'oubliez pas de les armer de cornes menaçantes, 
n'épargnez pas la matière et tirez à grand nombre d'exem- 
plaires. Les cornes 1 c'est effrayant, et cela met tout un peuple 
en gaJetél Les cornes et les coups de bâton réussiront toiqours 
à la scène. 

Maturités, empaillei dievrenUs et sutura, colombe» et 
serpenta, aigles et "pi»ft"f, grenonillee et vautours, éié^iaBts 



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380 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

et crocodiles, perdrix et faucons, ah I que ne pais-je tous con- 
ter l'histoire mémorable, incroyable, inimaginable des faucons 
de Gnillaume TeU? Cette cbasse à l'oiseau nous mènerait trop 
loin. Jardiniers, rôtisseurs, vignerons, charcutiers, laitières, 
fruitiers, verduriers, moissonneurs, marchands de foin ou de 
marée, d'oranges ou de volaille, de gâteaux ou de ferronnerie, 
de diamants ou d'allumettes, de perles ou de peaux de lapins, 
de tiares ou de homards ; fournisseurs de poils ou de plumes, 
de perruques, de chignons, de toupets, de toisons, de mouslK- 
ches, de barbes ou de tignasses ; tailleurs du bel air et fripiers 
do Temple; fournisseurs de toutes les espèces, de Paris ou de 
Calculla, de Rome ou de Byzaace, arrivez I On vous attend, vei^ 
sez à pleins chariots vos légumes et vos bijoux, vos yatagans et 
vos cervelas, vos porcelaines et vos barattes, vos marmites et vos 
bannières. Versez tous ces bizaires approvisionnements dans 
l'arsenal, le garde-meuble, les magasins, les greniers, les caves, 
les cuisines, les offices, les celliers de l'Académie impériale de 
Musique. 

« On doit livrer bataille aujourd'hui même sur la grande place 
du marché de Naples. En épargnant les tyrans espagnols, qui 
oes'en porteront que mieux après l'escarmouche, ces glaives 
scintillants , ces nobles épées, frappant d'estoc et de taille, ces 
hallebardes à crocs, piquant à tort, à travers, pourront trancher 
bien des carottes, enHIer des cboQx verts ou pommés, navrer 
des melons, des pastèques, victimes fort innocentes de l'im'ure 
taite à la sensible Fenella. 

Uélas I OD voit qne de tous temps 
Les petits oDt pstl des sottises des gnnds. 

» Sigismond donne à diner à tout un condle ; demain wt em- 
pereur d'Allemagne régale ses amis. Fleuristes diligentes, re- 
doublez de soins et d'adresse, ajustez vos bouquets de toile, 
tressez vos guirlandes , vos couronnes de papier; garnissez de 
roses, de jasmins, de lilas, parfaitement inodores, ces vases, ces 
corbeilles que les danseurs balanceront dans l'air avec une graoe 
ctossiqne, un voluptueux abandon tonjours salués par des éclats 



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THEATRE IMPÉRIAL DE L'OPÉRA. 381 

d« rire. Hattres queux, apportez vos pâtés, vos salmis, vos épi- 
nards, vos crèmes de carton, vos pièces de rAt en charpente. 
Hontes sur leurs destriers, de l}rillants officiers de Iwucfae pré- 
senteront ces mets, des pages galants vont les poser sur table. 
N'ayez aucun souci de la toilette des princesses. Les palefrois 
peuvent caracoler, bondir, se cabrer, aucun liquide ne s'échap- 
pera de ces patènes d'or et d'argent, pour mettre en péril les 
robes de satin, les surcots de velours et d'hermine curieusement 
blasonnës. Projectiles qu'il ne faudrait pas lancer imprudem- 
ment, les sauces, les crèmes, les flans de l'Opéra sont glacés au 
point de casser la tète d'un juif ou le hras d'un hérétique. 

» Pour atteindre au suprême degré de la vérité dramatique, 
tout est faux & ce théâtre; que dirions-nous des autres I Oui, 
tout est faux ; tout, excepté la paille sur laquelle un luron fris- 
que, dehait, bien planté sur ses jarrets, une âUe charmante et 
mal gardée, font l'amour en présence de deux mille témoins. Le 
vin de Champagne que boivent de joyeux pèlerins n'est trop sou- 
vent que de l'eau de Seltz. 

» Charpentiers, menuisiers, colleurs, traceurs, dessinateurs, 
architectes, peintres de toutes les classes, bftlissez des palais, 
des chaumières, des cathédrales, des échoppes, des hôtels, des 
tavernes, des villes, des salles de bal et d'opéra, des amphithéâ- 
tres, oruez-les de statues et de spectateurs immobiles comme 
elles, tant ils paraissent attentifs aux merveilles qui les enchao- 
tent; plantez des forêts, faites couler des torrents, des cascades; 
physiciens, allumez vos astres, vos fournaises de l'Etna, du Vé- 
suve, vos incendies, vos foudres, vos fusées, vos pétards, vos 
flambeaux prêts à figurer aux noces comme aux enterrements, 
entre les paisibles mains des génies ou dans les griffes tracas- 
sièresdes suppôts de Belzébulh; machinistes, disposez tous vos 
éléments, tendez vos lils; bon pied, bon œil au tambour, aux 
châssis, à l'Olympe, au Ténare! Soyez prompts à la manœuvre, 
alertes au coup de silDetde votre généralissime; il faut que mes 
yeux, mon oreille, mon cœur éprouvent en même temps des 
jouissances diverses et complèles. Amusez-moi I troupe cbao- 
tante, dansante, mimante, sonnante, hurlante, agissaole, mar- 



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3S! THKATRES LYRIQUES DB PARIS. 

cbantti, iwiiraDte, reillsnte, roulante, poussante, tirairte, <6iii- 
flanle, sifflante, amusez-moi I De par tous les diables de votn- 
enfer, amuseK-moi I Je le veux, je l'ordonoe, je paie, que dts^, 
boD Dieu I j'ai paye 2 Tr. 50! J'ai le droit d'être plus exigeant 
qu'un baron juif ou chrétien; mon argent me colite plus cher 
qu'il n'adièle le sien. Malheur h tous I malheur, trois fols mal- 
beurl ai l'un de vous néglige le mot d'ordre! si l'un de vous, 
un seul I manque à la promesse estampée à la porte ! d'an coup 
de sifflet, je rais renierser, démolir, effondrer tout cda. » 

Voilà ce que dit le public peu délicat ou peu reconnaissant; 
trop Bourent injnste, indifférent, ingrat et quelquefois impla- 
cable dans ses fureurs. N'importe, essayons de lui donner nne 
idée du mécanisme, du malériel, de ce qu'il nomme, assez im- 
proprement, le» coulisses de l'Opéra. J'empniDterai plus d'un 
détail technique à l'article plein d'intérêt que M. Basset a publié 
dans l'IlluiO'ation, le 16 noTetnbre 184&. 

Quand le rideau se lève sur un décor à ciel ouvert, mesurez 
de l'œil la hauteur de l'espace compris entre le parquet de la 
scène et le firmament, et dites : — Puisque ces grands arbres, 
c«a montagnes, ces édiflces doivent s'abimer sous le théâtre ou 
s'envoler dans sa partie élevée, dans ce dAme que les frises ca- 
chent à nos yeux, il faut nécessairement qu'un espace égal i 
celui que je vois, ait été ménagé sous le parquet de la scène, 
comme au-dessus de son plafond. Un ihéâtre à machines est un 
grand salon au rez-de-chaussée , communiquant avec la cave, 
sur laquelle il est assis, et le premier étage qui le domine. Ces 
trois divisions forment les dessous, la scène et les dessus. 

Les dessus ou cintres , d'où l'on règle toutes tes toiles de dé- 
cor, sont au nombre de trois. Considérés isolément, ils portent 
encore les noms de pont, de gril, attendu qu'ils sont construits 
à^laire-voie. Suspendus d'étage en étage par de grands élriers 
de bois solidement fixés aux solives , et munis de garde-fous , le 
second et le troisième portent les machines destinées à l'enlève- 
ment des pièces les plus volumineuses, telles que les toits, les 
plafonds. Le premier pont ou grand-gilt est le plus important, 
le plus élevé ; seul, il fait le tour de la scène, ses divers treuils 



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THÉÀritK IMPÉRIAL UK L'OPÈIW. 388 

iMirespond^Dt chacun à l'un des plaus du théUre. L« gtand-gril 
est l'Olympe de l'Opéra; c'est lui qui porte en contre-bas cef 
longues toiles peintes en azur, ces frises ou bandes d'air, qiie 
l'on destine fe représenter le ciel bleu. tJn allumeur tourne it 
gauche les clés du gaz, et fait te jour. L'Aurore aVec ses doigté 
de rose n'ouvre pas avec plus de soudaineté les portes de l'O- 
rient. Un denù-tour de clé, à droite, un quart de conversion 
que l'on imprime aux lumières des coulisses, un voile de mous- 
seline bleue (Aéré devant la rampe, des verres de couleur violette 
aul quinqiiets ; tels sont tes moyens employés quand on veut pro- 
duire la niiit et les divers effets d'obscurité. Les tours de cléj 
donnés sur le conduit du gaz, amènent sur le lustre et les can- 
délabres de la salle un résultat pareil k celui que l'on désire ob- 
tenir El l'égard du luminaire de la scène. La nuit, le demi-Jour, 
la clarté du soleil arrivent simultanément dans l'une et l'autre 
enceinte. La lune est un papier huilé, convenablement éclairé. 
Des l)Hsmes de verre blanc, k facettes, brisant la lumière du 
quinquet placé derrière chacun d'eux, imitent la clarté vive et 
laocinante des étoiles. Quant au soleil, il est représenté par la 
clarté répandue sur toutes les parties de la scène. Un globe de 
verre, contenant un foyer de lumière électrique, imite, si l'on 
veut, le disque de cet astre. 

Saint-Évremond nous dit que l'ambassadeur de Ouinéè auprès 
du roi Louis XÎV, assi^nt aux représentations de l'Opéra, s'é- 
lançait hors de sa loge à moitié corps et saluait le soleil, la Itine 
et les autres planètes à mesure qu'il les voyait défiler. 

Puisqu'ou vous a montré le soleil, je vous ferai connaître le 
progrès des lumières d l'Académie. Jusqu'en 1720, l'Opéra fut 
éclairé par des chandelles de suif, que des servileurs adroits et 
lestes mouchaient ; le public se plaisait à tes voir manœuvrer, et 
leur adressait parfois des applaudissemeuts. Le système finan- 
cier de Law, le mouvement que des richesses fictives Imprimè- 
rent au luxe, firent introduire les bougies à l'Académie, qui les 
conserva. Des boites de fer-blanc, en forme de biscuit, portant 
une mèche plongée dans le suif, lampions qui ressemblaient 
trop â ceux que l'on pose sur les ifs en triangle, élevés pour les 



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384 THÉJL-niBS LYRIQUES DE PARIS. 

illuminations de dos t&es publiques, étaient rainés en ligne sur 
la rampe. Ces lampions répandaient une fumée, une odeur fort 
désagréables ; la puanteur augmentait k mesure que les biscuits 
de fer-blanc s'échauSaient. On crut y remédier en les plongeani 
dans des récipients pleins d'eau froide. Ces lampions an bain- 
marie firent bouillir leur marmite au point que l'eau, se mêlant 
au suif incandescent, forma des volcuis, des fontaines péUllaiH 
tes, jaillissantes sur toute la ligne du Uiéfttre. Tel jadis Vulcam 
s'efforçait d'incendier les flots du Simoïs. Ce combat, très divers 
tissant pour le public, finit par une obscurité qui ne permit pas 
de continuer le spectacle. Argant fournit ses lampes k nos théft- 
tres en 1786, et l'on crut alors que l'art ne pouTait rien produire 
de meilleur. Comme ces flambeaux d'espèce nouvelle étaient li- 
vrés au commerce par Quinqaet, le public substitua le nom du 
fabricant à celui de l'inventeur, et les lampes d'Argant furent 
appelées quiiiquet». Le gaz a cbassé les quinquets en 182S. En 
attendant les découvertes à venir, il m'est permis d'applaudir 
aux services éminents , aux effets scéniques précieux que nous 
devons au gaz. Sans parler des clartés dont il inonde la salle, il 
donne le moyen de jeter un faisceau de lumière sur tel ou tel 
point, en laissant le reste du décor dans l'obscurité. L'aurore 
et le clair de lune sont imités avec une perfection très satis- 
foisante; les derniers plans s'éloignent à de plus grandes dis- 
tances, et ne dérobent point leurs détails à l'œil charmé du 
spectateur. 

Les premiers cbassis que l'on voit sur le théfttre, à droite, k 
gauche, et la frise qui descend et vient s'y reposer comme le lin- 
teau d'une porte, cet encadrement que l'on élargit ou restreint k 
volonté, suivant les dimensions que l'on veut donner à l'ouver- 
ture de la scène, est nommé la draperie. On l'appelait jadis k 
manteau d'Arlequin, attendu (jue ce personnage Iwuffon se 
glissait entre ces premiers châssis pour arriver sur le théâtre, 
et s'en échappait furtivement par la même voie, au lieu d'entrer 
et sortir par les portes. 

Les métamorphoses produites si souvent sur les théAtres du 
boulevard, dans le Pied de Mouton, le» Pilulee du Diable, ont 



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itfATRB 11II4IUAL DB L'OPÉRA. 3» 

bit leur débat k l'Académie. Des jardlnlires , des bourgeoises 
flgaraieot dans les ballets de Pomotw, en 1671; dès qu'un ga- 
lant s'avançtdt pour les embrasser, elles se changeaient en buis- 
sons épineux, et continuaient de danser. Les statues d'or, qtw 
l'on Tojait sur leurs piédestaux dans le deuxième acte de Cad~ 
mtu, 1673, s'animaient et dansaient. H"" Lafootaine et DesmA- 
tins donnèrent un grand éclat à ce pas des statues, qu'elles exé- 
cutaient à ravir en 168S. 

On appelle ferme, dans toutes tes circonstances, une décora- 
tion qui s'élève du dessous au lieu de descendre du (ùntre ou de 
rouler par les coulisses. Les dessous, au nombre de trois, reçoi- 
vent les fermes. Les divers planchers, que des parpaings en 
maçonnerie supportent, occupant toute la profondeur du tbé&tre, 
sont traversés dans toute leur longueur par des rainures desti- 
nées k laisser passer les décorations que l'on fait monter des 



C'est dans le premier dessous que les diables de l'Opéra s'ea- 
gloutissent Voici comment se fait cette immersion : Bertram, 
ou bien toutaulre personnage, s'est placé d'aplomb sur la trappe, 
indiquée, s'il le faut, par une croix ou des ronds tracés avec de 
la craie blanche. A l'instant précis, il frappe du pied afin d'a- 
vertir le machiniste du dessous, lequel fait tourner aussitôt un 
levier où s'enroule une corde attachée k l'anneau de la trappe. 
Elle s'abaisse, Bertram s'enfonce; un autre machiniste, soufDant 
dans une longue pipe de fer-blanc, chargée d'arcanson, ou, 
d'autres fois, agitant une torche pleine de résine, imite les 
flammes de l'enfer, taudis qu'une planche large comme la trappe, 
glisse borizoDtalement et vient refermer l'ouverture faite au par- 
quet. Tout cela s'exécute avec une grande rapidité ; fort heureu- 
sement avec un accord admirable. Le moindre retard de la trappe 
descendante exposerait l'acteur à se voir couper en deux par la 
planche transversale : H"* Pradher a failli périr de celte ma- 
nière. On représentait la Clochette au thé&tre Feydeau, son rdle 
était celui du petit diable. Un pompier viot se poster juste au- 
dessous de la trappe; aGn de mieux entendre et de mieux voir, 
il monta sur une chaise. Au moment où la trappe est mise enjeu 



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m thëathes lyriques de paris. 

pourabimer ledîable, le pompier se sauve, mais la chaise reste; 
la trappe rencontre cet obstacle et s'arrôte. M" Pradher allait 
être décapitée, lorsque la force du levier écrasa la chaise de bois 
veriiH>ula. 

CbWDD fondait doucement, doucement, 

Bomne et cheval Botu le terrun moavutt; 

D'abord les pieds, puis le corps, palalatéte, 

TODl diqwrat, aiiiai qu'à celte ftte 

Qu'en un palais d'nn autevr cardind 

Trois fois an moins pu- semaine on apprtte, 

A l'Op«ra, Mnvent joné d mal t 

Hns d'an héros t nos regards échappé. 

Et du» renfer dueend par une in]^. 
VoLTAiu, ilti. 
Poursuivi par uoe légion de porteurs de conb^totes, Bard, 
directeur du théâtre de ia Porte-SaintHartin, présidait à ses 
répétitions debout sur une trappe. Dés qu'une figure de juge de 
faix, de recors, montrait le bout de son nez, le directeur dispa- 
raissait aux yeux de ses persécuti^urs ébahis. 

Le plancher acénique de l'Académie occupe une superficie de 
80 pieds carrés : il est entièrement mobile, composé de pièces 
et de morceaux qui se déplacent ou se rejoignent à volonté. On 
enlève, on abaisse, on exhausse telles ou telles parties du par- 
quet afin de produire des accidents de terrain d'un effet pitto- 
resque dans les sites agrestes ou les décors en architecture. On 
peuteo faire la remarque au cinquième acte de la Juite. Les 
cotés latéraux du plancher sont seuls cloués & demeure en cette 
décoration. Tous deux sont coupés horizontalement par douze 
plans parallèles formés par la réunion de vingt-quatre rainures 
disposées deux à deux, et par lesquelles s'élèvent ou descendent 
les fermes. 

Le long de chaque muraille, sont établies des cloisons k 
claire-voie qui reçoivent, case par case, les châssis de chaque 
décoralion. Entre ces cloisons, vous remarquerez des caisses 
étroites et longues, ayant nom cheminéet, qui s'enfoncent dans 
les deswus et montent jusqu'au cintre. Formées de madriers dp 



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TRËATRE IMPÉRIAL DE L'OPfiRA. 3D7 

sapin et fixées aux murs par des équerres en fer, ces cheminées 
reçoivent et conduisent les divers écheveaux des cordages in- 
nombrables qai, parle tnojen des contre-poids, doivent mettre 
en Jeu les charpentes, les châssis, les diverses mécaniques du 
théfUre. H importe beaucoup que ces fils et ces contre-poids ne 
soient point à découvert. 

CoU jardin, eoU cour, ou bien cour, jardin, signifient la 
droite et la gauche de l'acteur dans les manœuvres exëculées par 
les maciiinistes. Je vous en ai déjà fait connaître la raison. Ou 
donne les noms de face, de trumeau, de lointain, à TavaQl- 
scène, au centre, au fond du théâtre. 

Il suit de là que les petites loges en regard, placées sur le 
théâtre même, se nomment, selon leur siluation, les unes loges 
cour et les au 1res loges jardin. Ces petites loges, convoitées par 
les spectateurs de la salle, en ce qu'elles donnent accès dans les 
coulisses de l'Opéra, sont dans le domaine privé du directeur. Il 
s'en réserve une pour son usage et réiiartit les autres tant aux 
premiers sujets qu'aux chefs du chant et maîtres de ballets. La 
loge du directeur, à droite des spectateurs, au rez-de-chaussée 
du coté cour, est disposée en salon, tendue en damas rouge, 
munie de stores, ornée de glaces. C'est là que ce chef suprême 
de l'empire lyrique, flanqué des grands de l'État, vient de temps 
en temps surveiller son peuple harmonieux, témoignant son 
blâme par un regard, son approbation par un geste. Vous vo>ez 
que je suppose ce directeur assez intelligent, assez instruit pour 
remarquer les énormes bévues, trop fréquentes à ce théâtre. Il 
est facile de savoir que le directeur est dans sa loge, rien qu'au 
surcroît de dignité des comparses masculins, à l'air pudique du 
corps de ballet. 

L'éclairage est un ohjet très itnportaut au théAlre, à l'Opéra 
surtout. L'imitation des phénomènes de la nature repose sur les 
jeux de la lumière, et sur plusieurs accessoires de magie scé- 
nique, fort innocente. La pyrotechnie a son chef de service. Les 
lampes qui s'allument par enchantement dans le cloître de 
Roberi-le-Diable,lea effets de soleil, d'incendie, de lumière 
électrique soudaine, les pétards, les flammes de Bengale appar- 



ue G OOgle 



an lUEATRfiS LYRIQUES K PAIUS. 

tieniHDt à ceHe partie do aenice, qui réclame ud artiste adroit 
ctpmdeot. 

Les clés da gaz que l'on tonnie plus oq moios représentai 
lot diven degrés périodiques du jour et surtout la Idoii^ rin 
ilu soleil dans tout son éclat. Les herses, grands cadres armte 
d'une infinité de becs de gaz, cadres accompagnés du long 
luyau flexible qui les alimente, cadres que l'on place fc tel ou id 
endroit, donnent la faculté de lancer un faisceau de lumière sur 
tel 00 tel point, en laissant les autres parties de la scène dans ta 
demi-teinte. L'emploi judicieux de ces berses a fait trouver des 
effets nouveaux. L'aurore et la nuit exigent le concours demojens 
spéciaux. 

Pour imiter l'aurore, il faut que la décoration du fond se com- 
pose de deux parties séparées : d'abord, une longue toile où l'on 
aura peint les nuances diverses et successives que présente le 
ciel an lever de l'aurore. Roulée en partie sur un cylindre, on la 
développera très lentement, afin que tour k tour elle montre ces 
nuances. La seconde partie est un cbassîs dont le contour d^ 
coupé se détacbera sur la toile, décrite précédemment; et le 
cbassis représentera soit un paysage, soit un édiAce, ou tout 
autre objet. On aura soin de lâcher moins ou plus de gaz, afin 
que la vivacité de la lumière concorde avec les nuances offertes 
successivement par la (oile du fond. Plusieurs voiles de gaze, qM 
l'on enlève l'un après l'autre, sont employés pour la représen- 
tation d'un pajsage fantastique, d'un paradis, d'un élysée; on 
adapte alors des verres jaunes aux quioquets. Ces gazes pro- 
duisent une illusion charmante dans la Sy^hide, au lever de 
Taurore exécuté sur la belle forêt du second acte; notez que 
l'excellente musique de Schneitzceffer, suave et solennelle sur ce 
point, anime, complète ce magique tableau. 

Figurez-vous une roue montée comme celle d'un aiguiseur, 
gagne-petit, portant sur sa jante un nombre suffisant de palettes 
en bois, semblables t celles d'une roue hydraulique, larges de 
buil ou dix pouces et coupées carrément. Un taffetas, en demi- 
cercle tendu vers la partie supérieure de cette roue, touche aux 
palettes. En imprimant un mouvement vif k la roue, au moyen 



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THËATRB IMPÉRIAL DE L'OPÉHA. 389 

d*une oiaDiTetle, on obtient un Gifflement pareil à celui dn vent. 
Sifflement continu, que l'on peut interrompre de temps en temps 
pour imiter les rafales de la tempête. Ce frâlement du taffetas 
sor les palettes s'uoit h. merveille aux elTets d'orage qui s'élèvent 
de l'orcbestre. 

Si la symphonie orageuse n'éclate que de temps en temps, 
comme dans le troisième acte A'Otello, nous pouvons recourir à 
des moyens plus simples, employés avec un succès complet au 
Théfttre-llalien. En voici la recette : Prenez une règle de bois 
trte mince, d'un pied et demi de long, sur deux pouces de large, 
percée k l'uo de ses bouts. Passez une corde 0ne dans ce trou, 
Uites UD nœud à la corde; agitez en rond cette règle, comme on 
agite une fronde. En tournant avec rapidité, ce jouet d'enfant, 
gouverné par un bras vigoureux, imitera le bruit du vent. Plu- 
sieurs machinistes s'exerçant de cette manière, pendant que 
l'orchestre exécute une tempête, ^joutent à la vérité de l'expres- 
sion pittoresque. 

Des poignées d'arcanson ou de colophane pulvérisée, jetées k 
plusieurs reprises sur une lorcfae enflammée, imitent la lumière 
vive, soudaine, instantanée des éclairs. 

Un ouvrier suspend une grosse caisse ou bien un grand châssis 
de Idle, et, par le mouvement précipité de ses doigts, imite le 
roulement lointain du tonnerre, ou, s'il le faut, celui du canon. 
D'autres machinistes, placés dans les cintres, tiennent de longues 
cordes où sont enfllées de nombreuses rondelles de tâle, qu'ils 
font vibrer sourdement en les agitant par intervalle, et qu'ils 
laissent tomber tout k coup sur le plancher lorsque la foudre 
doit éclater. Si le tonnerre tombe sur le théâtre ou près du lien 
de la scène, comme dans Moite, l'Éclair, Bobin-det-Boii, on a 
recours à l'explosion d'un pétard. Les coups de canon et leurs 
échos s'obtiennent sur la grosse caisse attaquée arec le tampon. 

— Je ne rappelle bieo que le noble doc de Baui^ogne, Philipps h 
Bon, prunier fondateur de l'ordre de la Toison d'Or, fit Ikire une mer^ 
TCillense chambra dus le cbtteati de Uesdio, où était peinte avec un 
nia particalier la conqnile de celle loiioo. J'ai élé dau cette chambre 
«t j'ai n oeUfl pelntnn. Ea touveidr des nuu de Médit «t de mm 



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3S0 TH&LTRBS LYRIQUES DE PARIS, 

■avoir, le duc avait fait pratiquer dana celte cbambra, avec beaueovp 
d'art, une machine au moyen de laquelle les éclairs, le tonDerre, la 
grËle et la pluie étaient aimuléa à volooté, ce qui procurait uo singu- 
lier plaisir. » William Gaxtou , Prologue de THisfoire de Jason, impri- 
mée par le mëioe CaxIoD , vers lâ75, & Loodret. 

L'église de Sainte-Sophie, i> Constaotinople, fui édifiée par 
Aothëme de Tralles et Isidore de Miiet. Agathias nous dit que 
Anthëme avait trouvé les moyens d'imiter parfaitement la pluie, 
la grêle, le tonnerre et surtout les tremblemeaU de terre. aioï«s 
dont ou usait sur les théâtres de son temps. 

Les chefs du chant, celui de la copie, ont parfois la missioD 
ie sonner la cloche ou les cloches, dans les coulisses, de secouer 
des chaînes en mesure, et de frapper les coups de tam-tam. La 
Itttitlade que l'on entend au cinquième acte des Huguenou est 
produite par les craquements d'une crécelle toorme, d'une rai- 
nette de la grosse espèce. 

Établir un instrument de ce genre au milieu du parterre, e( 
te faire manœuvrer aux nioraents où les «mplojés du lustre 
doivent applaudir, serait un moyen économique et fort ingé- 
nieux. On remplacerait ainsi tout un régiment de machines par 
une seule mécanique. 

Les panégyriques flamboyants entonnés partons nos journa- 
listes, en l'honneur de tous les opéras nouveaux que l'on nous 
dit ravissaDlâ, prodigieux, sublimes! trésors, fleuves, torreals 
de mélodie I chefs-d'œuvre inouïs, incandescents, monuments 
coulés en bronze par de savantes mains 1 Toute cette faconde 
calquée sur un modèle adopté, selle à tous chevaux, ne devrait- 
elle pas être stéréotypée d'avance comme les certificats de vie, 
les protêts libellés par les officiers ministériels, où des blancs 
sont laissés pour inscrire les noms des parties ? On épargnerait 
ainsi les frais de rédaction. La musique a des signes pour indi- 
quer les renvois, les reprises, les da capo, qui seraient d'un utile 
secours en pareille occasion. En diminuant leurs prix, les direc- 
teurs de journaux doivent recourir aux procédés les plus 
économiques. 
Nos tbé&lrea comptent parmi leurs employés ao scribe dont 



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TBËàTRE WPÉIUAL DE L'û^fiai. 3ftl 

la mUsion est de lire toutes les gazettes, et d'> saisir au vol les 
formules de réclame qui de temps eu temps sortent un peu de 
l'ornière accoutumée. Une drdlerie de ce genre semble-t-elle 
ingénieuse, on la retrouve daus tous les journaux. Il est des 
réclames spéciales, à trente sous la ligne, pour la veille comme 
pour le lendemain d'une première représentation. Six jours 
après, ou nous dira : — Le tuccès, d^à « grand, de **•, cotit- 
mence à prendrs d»a formes imnutuei, colotiaUi, etc., etc. 
Prenez voi biUnts, disait l'aboyeur de Séraphin, mais il vous 
montrait sa boutique. Les journaux proclament des merveilles 
pour tous les tbë&tres et pour toutes les pièces; la foule doit 
accourir, se presser, s'entasser dans vingt salles combles et bon- 
données, comme disait Harel, Si de telles annonces produisent 
UD eflet sur le public, on doit penser que chacun restera chez 
soi dans la crainte d'être axphyxié par compression. 

De petites pierres, agitées dans une vanne métallique, imitent 
fort bien la crépitation de la pluie et de la grêle. La neige est 
d'une vérilé matérielle. On la reproduit au moyen de petits frag- 
ments de papier blanc, d'ouate, jetés à foisou du haut du lbé&- 
tre ; le vent qui l'introduit par les coulisses leur imprime une 
oscillation précieuse. Les décors de/a Tentation, de Giàdo et 
Ginevra présentaient de beaux effets de neige. 

S'il faut imiter un incendie, on dispose une partie de la déoe- 
ration de manière qu'elle puisse facilement se divisa en mor- 
ceaux. Telles sont les caries de géographie, collées sur bois et 
découpées, que l'on donne à rajuster aux enfants. Des ouvrir 
plaoé» derrière agitent de grandes torches à récipient de colo- 
phane pulvérisée ou de lycopode ; d'antres poussent, avec de 
longs hâtons, les pièces mobiles dont la chute forme des trous, 
par lesqueb on voit le foyer de l'incendie. Ce t»^sier est repré- 
senté par une toile sans fin, tendue entre deux cylindres, que 
l'on tait tourner avec une manivelle. La toila, couleur de flamme, 
est demi-transparente, die est parsemée de cUiti|uant et de tra- 
ces dorées, des lampes à réverbère, donnant une lumière vive, 
sont placées decrière cet appareil, et l'on a soin de tenir lee an- 
tres pâmes deia scène dans l'obscurité. S'il s'agit de l'imin t io n 



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3n THÉÂTRES LTRIQUES DE PARIS, 

d'un Tolcan, la toile couleur de flaoïnie sera parsemée de tadm 
Doires, représentant les pierres de toute grandeur que lance h 
montagne brûlante. 

Des toiles sans flo , ajustées de la même manière , servent à 
montrerdes courants d'eau, telsque les fontaines, les cascades, 
les torrents. Ces toiles, peintes en bleu clair, sont alors parse- 
mées de clinquant et de traces argentées. 

On fait beaucoup mieux aujourd'hui. L'effet magiqne de U 
cascade admirée dans le ravin de Robin-det-Boit , au Th'éfttie- 
Ljrique, est produit par une toile argentée immobile, tendueao- 
dessus d'un cylindre creijx, sur lequel sont des trous destinés k 
laisser échapper les rayons lumineux du gaz incandescent en- 
fermé dans ce même cylindre que l'on tourne rapidement. 

Cette imitation est bien préférable à l'eau véritable que l'on i 
fait couler dans plusieurs opéras. L'eau ressemble trop à l'encre 
lorsqu'elle n'est pas suffisamment éclairée. Unétang, un bassin 
n'est alors qu'une immense écrîloire, le Théâtre-Nautique oouf 
l'i prouvé. Dans Sénvramis, opéra de Roy, musique par Des- 
toucbes, en 1718, on Rt tomber une pluie d'eau sur le théâtre, 
et le résultat n'en fut point heureux. Les objets naturels for- 
ment une dissonance désagréable, hideuse, quand ils Agureol 
au milieu des produits ingénieux de l'imitation. Des branches 
d'arbres coupées dans nos jardins et plantées sur un bocage eo 
toiles peintes; des chevaux et leurs cavaliers galopant & travers 
des forêts de thé&tre, montrent l'impuissance de l'art en détrui- 
sant l'efTet d'optique imaginé , conçu par le décorateur. Un ca- 
valier peut dénicher des merles sur vos futaies les plus hautes, 
et saisir la girouette du château fort que l'on veut assiéger, y 
planter même sa bannière sans être obligé de sauter par-dessus 
les remparts. Ajoutons que ces destriers, ces palefrois, jouent 
trop bien du tambour en trottant sur le parquet. Les feuillages 
verts se plient au gré des vents, tandis que leur voisin, l'artire 
solidement charpenté , découpé sur des planches, garde toujoars 
son attitude raide , l'incendie seul pourrait le faire plier. Une 
bouffée de flammes sortant de la terre, des diables secouant 
leurs torches au lycopode au milieu d'un superbe décor, en 



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THEATRE IMPERIAL DK L'OPËRA. 3S3 

âdtniisent l'effet à l'instant , sa peinture s'évanouit devant ce fen 
d'enfer qui l'ëctaire trop libéralement. 

Ia mise en scène de la mer est plus compliquée. Le mouve- 
ment des vagues est ordinairement représenté par des coUmne$ 
de mer. On appelle ainsi de longs tambours, construits comme 
une vis d'Archimëde , ou comme le blutoir des boulangers. Ces 
tambours, ayant la forme d'une colonne torse, sont peints en 
vertet parsemés de traces argentées. On fait monter des dessous 
un certain nombre de fermes chargées de colonnes de mer; 
quand elles sont à la hauteur convenable, des ouvriers font 
mouvoir les manivelles de ces colonnes, et l'effet des vagues est 
imité. Si des barques, des navires doivent paraître et se mou- 
voir sur cette mer artificielle, on dispose d'autres fermes entre 
celles qui soutiennent les colonnes de nier ; ces fermes intermé- 
diaires ont, à leur partie supérieure, un petit plancher ondoyé 
sur lequel on fait glisser des châssis peints qui figurant au loin 
des vaisseaux. 

Veut-on représenter une ten^iéte, où la mer s'élèvera, s'agi- 
tera, changera de couleur, pour se caimer ensuite? On dispose 
sous le tbé&tre des colonnes de mer dont les sinuosités et les 
couleurs sont différentes. On fera monter d'abord les colonnes 
ayant de petites sinuosités et des couleurs claires, ces cohinnes 
tourneront lentement; puis on élèvera celles dont les ondula- 
tions sont plus fortes et les couleurs plus rembrunies; un raon- 
vement plus vif leur sera communiqué. On redescendra celles-ci 
pour faire place box premières. 

Au lieu de colonnes de mer, on emploie aujourd'hui plus fré- 
quemment des toiles peintes des mêmes couleurs , que des ma- 
chinistes, échelonnés tout le long des coulisses, secouent à tour 
de bras. D'autres fois encore, ces toiles sont fixées k denieure, 
des hommes, des enfants s'accroupissent dessous, et par toute 
sorte de soobre-sauts, impriment à la prétendue mer ses pré- 
tendues ondulations. Un océan de cette espèce figurait au théâtre 
de la Porte-Saînt-Hartin, quand on y représentait le UoMtr». 
Le mer couvrait tout le plancher de la scèoe et louchait i la 
rampe , cAte plaii» liquide jetait des torrents de poussière an 



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3W TIËiLTRES LYBIQUBS DE PARIS, 

oez des spectateurs : l'air qui s'éch^pàit de dessous l'immense 
toile, faisant l'office d'un soutflet d'orgue, balayait le théâtre 
à chaque soubre-eaut des gamins agitateurs. 

Architecte, sculpteur et peintre, LeBeruiD se plaisait beau- 
coup à jouer ta comédie à l'impromptu , comme les acteurs d'I- 
laUe , et réussissait à merveille. Le goût qu'il avait pour le 
thé&tre lui ilt inventer diverses madiioes propres à faciliter le 
jeu des décoralioDS, notammeat uo moïen très ingénieux pour 
moDtrer le soleil achevant son cours dans le ciel. Le Berniu a 
composé quelques drames dont l'un porte ce titre singulier 
^Inondation du Tibre. Â la représentation de cette pièce on 
voyait réellement sortir du fond du thé&tre l'eau qui renversait 
tout ce qu'elle rencontrait sur son passage. Comme elle s'appro- 
chait peu à peu de l'avant-scène, tous les spectateurs, crojaut 
que c'était une véritable inondation, allaient prendre la fuite, 
lorsque plusieurs trappes s'ouvrirent et firent disparaître ces 
ondes menaçantes. 

On le vit eiciler une frayeur d'un autre genre, dont l'impres- 
sion fut encore plus vive. Dans une de ses pièces, il faisait ar- 
river un char suivi d'une foute d'estaflers portant des torches 
allumées : l'un d'entre eux s'arrêta près d'un châssis pour y 
frotter son Ûambeau , comme s'il n'eàt voulu qu'en raviver la 
mèche. Etonnés, alarmés de cette imprudence, une partie des 
spectateurs, des acteurs s'écrièrent que cet homme s'exposait à 
mettre le feu au thé&tre, et dans le même instant toute la scène 
parut enDammée. Ceux qui remplissaient la salle, et méiae ceux 
qai ûguraient dans la pièce furent saisis d'un tel effroi, que 
l'auteur accourut et vint dire que ce n'était qu'un jeu de tbéUre 
de sa composition. En effet, Le Bernin fit enleodrt si» sifllet 
de machiniste, le feu s'éteignit sui-le-cbai^», et l'on vit une 
décoration nouvelle. 

La terre s'entrouvre pour engloutir un grand coupable, ou 
bien pour donner passage k quelques légions de diables, cet 
»blme est toujours d'une parfaite régularité ; c'eftl un paraJlélo- 
grame à l'ëquerre traci. Les daines de la cour de Naples gam- 
badnt j<9«aiemeat sur une place fobliqua et de¥Mtt la pwie 



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1HÉ&TRB DOttUAL DE L'«4É»A. 39S 

ouverte d'ana église, ces nobles dame» nous montrent des 
jambes et leurs entoura curieusement tapissés de soie argentée. 
Les héros et leurs compagnes sortent de la mer et n'en sont pas 
moins bien frisée. Tout un peuple est exposé pendant un quart 
d'beure à la pluie, et ne re^it pas une goutte d'eau sur ses 
véjemeots. Les bergères se montrent en corset de velours, ju- 
pon de moire, bas de soie et souliers de satin. Le comte Ory 
chausse une barbe postiche, et personne alors ne le reconnaît, 
pas même son page. Que dis-je? Une femme n'a qu'à troquer 
son habit de paysanne contre une robe de damas, cela soffit pour 
que son mari la regarde et la traite comme une étrangère. 
L'orage gronde , la tempête soulève les flots, met en péril bar- 
ques, navires, matelots, et les arbres restent dam une parfaite 
immobilité. Un captif est à vingt pieds sous l^re , et l'oB voit la 
lumière du gaa filtrer à travers les murs roroUdables de son ca- 
choL Des chevaux piaffent, mareheat, caracolent, galoppent 
sur la scène en jouant du tambour sur les planches sonores. 
L'ouragan de l'orchestre éclate, gronde, toBoe, et cet ouragan 
iwpectueux , d'une complaisance extrême , veut bien arr^r ses 
rafales, se taire de temps en temps, aOa que Desdénwae 4a 
louleautreprJncesseinrortunéepuissefaireeoteodre ses plaintes 
Bélodieuses. La nuit déploie un voile transparent sur le thé&tre, 
nous voyons très clairement des personnages qui ne se voient 
point entre eux. L'ombfe de Nious quitte le séjour des morl«, 
«t la nombreuse assistance qui la voit, qui l'entend, ne té- 
moigne pal la meladre surprise. VoiUi ce que plusieurs veuleat 
)>ieB nomioer la vérité dramatique vérité qu'on doit observer, 
respecter avec le plus grand soin. 

Le populaire donne le nom de eouJisiM, par extension, fc tout 
ce qui s'étend derrière le rideau. La signifloation de ce mot est 
tiêauooup plus restreinte au tbéitre. Les machiaistes appelleat 
eoutmes les diffbmits intervalles qui s^itareut l'une de l'autre 
les parties successives des décorations latérales ; ou les nomme 
aussi lurutê du thédtrt. Anssi, les coulliMs, qui, pour le 
plus grand oAmbre das omaleurs, représentent l'ensamblA do 
■UBde que dinm apercenuis ou lev*r du ridsaa, ne wnt-«l)H, 



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396 THÊAIHES LTRlQf^ DE PARIS 

au point de vue de l'art , qu'âne subdivision tout à hit secon- 
daire. 

Les conlisses, les châssis fonoant les rues du tbéfttre, sont 
guelquerois supprimés. Le décorateur nous donne alors un stt- 
lon fermé, sans ouvertures que ses portes et ses fenêtres, ajant 
un plafond au lieu des frises qui le terminaient autrefois dans 
sa partie supérieure. Les coulisses disparaissent pour augmen- 
ter l'espace d'une mer, d'un désert sans bornes, d'un champ de 
balailie, ce décor, exécuté dans le genre des panoramas, a figuré 
dans le troisième acte de Gustave, dans Manon Lescaut, Don 
Sébastien. J'ai déjà parlé du panorama déroulé dans ta BelU on 
Bois dormant, ballet. 

Tels sont les principes fondamentaux de la science d'imita- 
tion ; les autres décorations s'y ramènent faciteokent, il est rrai; 
mais toute cette description, fût-elle cent fois plus détaillée, ne 
suffirait point encore pour donner une idée de ce que sont les 
coulisses de l'Opéra. 

Le rideau tombe, l'acte est fini, les machinistes se manl sur 
le tbéfttre. les cheveux épars, la poitrine niîss^ante de suear, 
les bras nus, viennent démolir tout un monde, une nature en- 
tière, pour y substituer à l'instant une autre nature, un monde 
nouveau.Entendez-vousces cris étranges qui, duhautdel'em- 
pirée, répondent à d'autres clameurs parties des entrailles de la 
terre? H. Sacré, te machiniste en chef, est là pour diriger la 
manœuvre; à sa voix magique, les châteaux, tes rochers, les 
chênes séculaires sortent de l'abîme; une forêt, un fond de pay- 
sage, un lac argenté, les sables de l'Afi-ique, ou le boudoir mus- 
qué d'une sultane, descendent aussitôt du firmament. Poussés 
par des mains invisibles, les châssis roulent, glissent dans leurs 
rainures, et viennent former la droite et la gauche du grand ta- 
bleau. —Gare la lélet gare les jambes I ceux qui en ont.» Tel 
est l'avertissement ordinaire et facétieux jeté chaque soir anx 
nombreux dilettantes qui fréquentent les rues du thé&tre pen- 
dant les entr'acles. Branle-bas général; à voir ces machinistes 
agiles grimper te long des poilants, se balancer dans l'air, jeter 
oa receroir une corde, an hauban, détacher pour relier ensuite. 



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TH&A'ntE IMrïniAL DG VOPSRk. Un 

OD croirait ttn snr un T&isseau de guerre qui se prépare au com- 
bol. Chargex.' ce mot lancé par le chef de cette milice, tous lait 
redouter un feu de bâbord et de tribord. 

Oo renverse le palais du roi de Sicile pour élever la cathédrale 
de Païenne. Un escalier colossal est construit à coté du tac oA 
les filles d'honneur de la reine Marguerite viendront se baigner. 
Une grotte mystérieuse est ménagée dans cet espace où le par- 
quet s'est abaissé. La grotte, le retrait doit cacher qnïT — 

Denxamoureux?— Point du tout; en ce pays, on ne craint pas 
la lumière du jour ou du gaz , l'amour s'y fait à la clarté des 
cieux. — A qui destine-t-on ce réduitT — Au violoniste qui va se 
mettre au bain avec les fllles de la reine, afin de mainteoir leurs 
voix au Ion de l'orchestre, dont elles pourraient bien s'écarter, 
en naviguant trop loin du phare. 

Vous qui rêvez l'égalité, venez & l'Opéra; vous la rencontrerez 
sur ce théâtre pendant les entr'actes. C'est là qu'il vous sera per^ 
mis de voir l'épicier et l'ambassadeur, le magistrat et te boucher, 
le pair et le marohand de vin, le tailleur et le député, l'ofEcier- 
général et le pompier, le prince et le bousingot se mêler sur le 
même parquet, pour admirer de plus prés les nymphes peu fa- 
rouches de ces bois, y traiter des questions de diplomatie ga- 
lante, directement ou par l'entremise des personnes chargées de 
leurs pouvoirs spéciaux. Négociations qui n'amènent pas tou- 
jours d'heureux résultats! Faut-il vous dire que plus d'une An- 
gélique, acceptant les hommages d'un Hédor recommandé seo- 
lement par ses largesses, a bientôt gémi sur la perle de tout ce 
qu'elle avait de plus cher au monde. Le croirez-vous, races fu- 
tures? cet amour n'était qu'une feinte, une ruse de guerre ! L'a- 
mant timide était un voleur effronté , donnanl de l'or, qu'il re- 
prit en faisant main basse hardiment sur l'argenterie, les bijoux 
de toute espèce, les cachemires et les dentelles, sans oublier les 
diamants. Fiez- vous, Qez-vous aux amours de l'Opérai 

Tout ce monde, composé d'éléments si divers, grouille sur 
le théâtre pendant les entr'actes ; ce monde élégant est sillonné, 
coudoyé, poussé, divisé par les machinistes alertes; tes allu- 
meurs huilés, également impatients, leurs travaux doivent 



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M8 THÉÂTRES LTMQŒS DE PAR», 

s'eiécater «ne prestesse, le bien doserrice l'exJge, malheor 
aax obslacles bipèdes qu'ils rencontrent surlcur passage. Noarri 
hors du sérail, si vous n'en connaissez pas les détours; si da 
premier coup d'oeil tous ne sarez pas juger les périls qui voot 
menacer votre tête, vos bras, vos jambes, tout votre individu; 
F6fug[ez-vouB sur l'avant-scène, contre le rideau. C'est le sed 
lieu d'immunité; là vous n'aurez à redouter que la chute du 
plafond , et l'arrosoir du balayeur ; mais un bain de pieds n'est 
pas toujours désagréable. Lion plein d'ardeur ou de rhuma- 
tismes, si vous jasez avec un rat; soyez tranquille, on veillera 
sur TOUS. Le rat est prévoyant, alerte; il vous poussera , vous 
retiendra dans le cercle oA les coups ne sauraient vous atteindre. 
Cercle étroit, autour duquel une infinité de mystères imprévus, 
magiques vont s'opérer de telle sorte que votre Iiarangiie senti* 
mentale en sera troublée. Si vous avez peur, la twile partira d'un 
grand éclat de rire, juste au moment oil vous cherchiez dans 
ses yeux un signe d'attendrissement. 

Homme nouveau, sans expérience des mœurs et coutumes de 
ce lieu fantastique, si vous négligez ces précautions, un arbre 
sortant de terre, accrochant votre Iiabit, vous enlèvera vers les 
régions célestes; heureux pncorc si cet habit, laissant une de 
ses basques au porte-manteau de l'Opéra, vous donne la licence 
de tomber sur le nez avant d'atteindre le zénith de votre ascen- 
sion. Vous causez vivement, et le feu qui scintille dans les yeux 
de la noble marcheuse, objet de vos tendres soins, vous em- 
pêche de voir, de sentir qu'une ramille entière de quinquets 
pleure & chaudes larmes sur votre habit de conquêtes. Pour 
ajouter k la tenue gracieuse de votre séduisante personne, vous 
badinez avec une canne k pomme d'or ; vous la faites bondir sur 
le parquet alln de la ressaisir ensuite. Au bruit cadencé qu'elle 
produisait sur la planche sonore, a succédé le silence; plus de 
canne, elle a flié dans le troisième des.sous à travers ta rainure sur 
laquelle reposent vos pieds. Au moment où vous cherchez la 
cause de cet escamotage, un châssis dentelé , poussé vivement 
dans cette rainure vous prend au traquenard. Les rosiers, les 
dahlias de sapin que représenleat ces dentelures commencent 



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THËATRE IMPÉRIAL DE L'ISSU. 3S9 

par enfoncer le tambourin de feutre posé sur votre tâte, tous 
coiffant jusqu'au menton; le grotesque chapeau ne s'arrête qu'au 
moment où deux épaules vienoeot l'empêcher d'aller plus avant. 
Votre corps ployé, tordu, misa la question des brodequins, dé- 
crit toutes les figures géométriques imaginables , suivant le ca- 
price de ces mêmes rosiers , inexorables autant qu'ils se mon- 
trent inflexibles. Échappé miraculeusement, non sans douleur, 
à cette estrapade, vous rétropnd«z pour fourrer le pied dans un 
trapillon qui s'ouvre; le fouet d'une guindé de rappel sifOe et 
vient TOUS sangler la figure ; la retraite d'un rideau , s' échappant 
des mains de l'ouyrter du cintre, tous campe une forêt sur le 
dos; en attendant qu'un autre habitant de l'empirée laisse tom- 
ber son couteau , qui ne manquera pas de frapper de la pointe , 
et de te loger peut-être sur la partie de Totre corps la moint dé- 
fendne; en attendant qu'on areher san» expérience vous plante 
sa flèche dans l'épignstre, en la dirigeant sur la cible de Guil- 
laume Tell; qu'une trappe vous cnglouUsse à l'instant; qu'une 
ferme, s'élevaot tout à coup entre tos deux genoux , vous force 
dechevaucher jusqu'il la voule azurée, apothéose daugereuse, 
et qu'un nuage , venant à vous rencontrer en chemin, vous brise 
les os en passant. 

Voilà bien des périls , et je ne dis pas tout. Si je garde le si' 
lence à l'égard de certaines disgr&cei, imaginaires le plus sou- 
TCot, je dois rendre une éclatante justice aux nymphes de 
l'Opéra, sur la prudence, la réserve dont elles savent user en- 
vers les personnes de la maison , y compris les auteurs et môme 
les journalistes. Elles savent par mille détours ingénieux, par 
des euphémismes adroitement jetés, leur faire soupçonner, en- 
trevoir, deviner les dangers que la pompe extérieure du décor 
peut cacher à leurs yeux éblouis, laM anguis in herbd! lais- 
sant Jt l'épicier de tout grade, ambassadeur ou financier, une 
pleine licence de se livrer aux illusions de ce pays de fées. 



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XXIX 



Afrt* la miM eo leène, U mlu ea daqiM, U mka <■ rewtUB. — Lm jow^ 
naliiUt au foya. — Les unù, — L« cbef de claque. — Lm Intimai , l«t 
lavables et le* Mdltaîrea. — Facétie* d'au docteur allemand. — Vote atfUU 
d'DD clarlitettltts. — Vogue Bctife ameout on Mccta rfritaUe^ — TToka, 
pnS>, attrapo-niBaiHli, flambant* pao^riqnea. — ffeti 4* l»gmât aw- 
alqiu ! U fami l'tMenàre pliuttirt (H*. — Martingale d'un eflët certain. — 
loTtotia par le tiebe, «lia peat mltuller le puine, — L> réclame ea 
BcUon, chef-d'ŒDTre da genre, polT amërious, — Tablean comparUif dqa 
<riagt>dnq plus grandi tliâllres de l'Europe. 

Après la mise en scène, dont je vous ai Tait connaître les mys- 
tères, je dois vous parler de ia mise en claque, objet d'une aussi 
grande importance. L'exécution de cette mue, bien que plos 
facile , D'en est pas moins dispendieuse. Un musicien qui s'es- 
time et se respecte est tenu de régler les Trais de sa mise en 
claque sur ta somme que l'administration du thè&tre vient de 
mettre dehors pour équiper son opéra. 80,000 fr., 100,000 fr., 
s'il le faut, tel est le prix d'une mise en claque un peu soignée. 
Nous ne sommes plus au temps où Floquet, n'avantpasdequoi 
payer une chandelle, écrivait ses partitions à la clarté de la lune. 
Chose singulière I dans la mise en claque , les mains des cla- 
queurs, les mains applaudissantes, battantes, claquantes sont 
bien moins rémunérées que les mains gouvernant une plume, 
pattes qu'un vrai gentilhomme doit graisser libéralement à Paris, 
en province, & l'étranger, dans tous les lieux oii l'on pose une 
affiche de spectacle, oii la presse moule des bravos plus ou moins 
emphatiques, des attrappe-nigauds plus ou moins solenoels. 



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THÉATQE IMPÉRIAL DE L'(»>âRA. 401 

Émissaires ^iles , courez , volez , mais en sourdine. Billets sé- 
ducteurs, curieusement gravés, estampés b la Banque, voltigez, 
hirondelles I galop de billets de mille francs : comme les hiron- 
delles , ces billets se plaisent à voyager en société pour être 
accueillis avec plus de courtoisie. Les unités, les demi-billets ne 
sont adressés qu'au menu peuple, aux (ourlourous du régiment. 
Le public connaît si bien celte manœuvre qu'il pourrait faire 
l'addition des sommes versées , encaissées. 11 juge la balle; son 
tact, son œil exercé lui font signaler, dès les premières lignes 
d'un feuilleton, les nouveaux complaisants qu'un rémunérateur 
prodigue vient d'enrôler, d'embaucher. L'opposant converti ne 
manque pas de montrer son zèle; il cbange dq blanc au noir 
sans préparer la moindre transition. 

Un musicien aussi précieux, étouffant le tintement de l'or avec 
la sourdine des billets, n'est-il pas un phénix pour les directeurs 
de théfttreT S'il obtient la palme sur tous ses rivaux, c'eet quil 
la mérite bien. 

Seigneur, montez au trône, et commandez ici; 
Vous aurez, ta payant, l'Opéra pour ami. 

Tout reconnaît sa loi suprême , et s'il faut signer un contrat 
pour la mïM en receltsê, on le paraphera de grand cœur. — Vous 
représenterez mon opéra cinquante, cent fois de suite, dit-il à 
son directeur, et, tous les jours où l'affiche l'annoncera, je vien- 
drai saluv vo^ caissier , à deux heures , pour le prier de me 
livrer, pagando! toutes les places que le public n'aura point 
retenues. Les retardataires seront mis à la porte. 11 convient à'oà 
agir ainsi pour exciter adroitement ia curiosité, pour faire croire 
qu'on s'étouffe & mon opéra, pour maintonir les recettes an chiffre 
le plus élevé. Ne faut-il pas jusli&er les éloges pompeux, éda- 
lants, fulgurants que je suis en droit d'attendre, quand m£me...l 
de ma troupe soldée et consciencieuse? > 

Dites-moi , je vous prie , ce que peuvent signifier ces plai- 
doyers écrits ou proDoncés après le jugement? La presse est 
unanime, des éloges sans ûo, des applaudissements bien nour- 
ris ont accompagné l'ouvrage depuis l'ouverture jusqu'à la der- 



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m THË^TltiS LYRIQUE^ DE PARIS. 

niÈK cbi^e da rideau ; succès briltaot, brujrant, victorieusçiaim 
eoleTé. Quç manque-t-il b ce triomphe? Rien, si la pièce nou- 
velle est représentée à Marseille, k Bordeaux, à Brest ou bien à 
TquIoji, et si dès uavires prêts à mettre h la voile eaimènent 
tous lea témoins de ce succès vers les plaines dorées de la Cali- 
fontie, sans leur donner le temps de cévéler, à qui que ce soit, 
la véritable secret de la comédie. 

Avec une telle précaution, les jourbaux auront beaujeu; le 
publie croira tout ce qu'ils lui diront; et, le surteademain, la 
lauUi utile et pajante assiégera les portes du théâtre. Nouvd 
^olévemeDt, continuation du même procédé maritime, et votre 
succès duiam jusqu'à la Sn des sièdes. Uais si vous étea assez 
imprudents pour admettre daos votre salle mille ou douzaceots 
amis, jouissant, it la sortie du spectacle, de L'entière liberté de 
leurs jambes et de leurs propos, vous serez trahie, déchues, im- 
Bolés, bafoués sans pitié. Croyea que ces amis, voulant faire 
preuve de goût, ne manqueront pas de révéler toutes les ruseï 
da guerre mises en jeu pour obtenir un fantâme de succès ; glis- 
sant légèrement sur les bonnes choses, s'il ; en a, ces amis in- 
telligeuls et malins vont s'étendre avec complaisance sur les dé- 
tMH, et malheur à tousI si celle part est assez large poor ali- ' 
■Mnter leurs interminables périodes. Bs ne voHilenml pas giftee 
de la moindre peccadille. On les a vos préluder pendant les en- 
tr'actes, au milieu du foyer, dans les corridors où les journalistes, 
éécidés à TOUS louer demain, prenant une vengeance anticipée, 
donnent vertement leur avis et chantent sur une autre gamme (1). 
Cette foule d'amis s'raivole après le spectacle, inonde Paris, col- 
fnrte ses décisious, le soir même, dans les cercles, les eafés, les 
bals, dit son mot aux promeneurs attardés, et plusieurs évulle- 
roDt leurs vo^s pour les égayer avec le récit d'une mésaren- 
ture qu'il vous plaît de nommer triomphe. 

Les journalistes qui vous sont dévoués se mettent k l'cennv 
sor-le-ctiamp , leurs articles brossés, composés, imfHïmés pen- 

(1} — Ëcrîrei dem&in es qui rau» plaira , mais sojei bon enbnt ta tOyVr 
peDdnit la reprtMBtaiimi , ■ me diult Sererinl. 



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TH^TRB UffÉBlAL DE L'OCRA. W3 

daet Ift DHiti sont distribués dès le matin. Pouvall-on tire plus 
diUg«Qt1 Le télégraphe électrique des amis a marcbi plu» vile 
OOGore; le mal est fait, tos louaogea imprimées frappent à favx, 
m se rit des orateurs complaisants, leur eutbousiasm^ ^t^e ne 
FeucoDlie que des lecteurs déjà prévenus. Si les amis n'étaient 
qu'inutiles au thé&tre, je ne me permettrais pas d'ajouter ce cha- 
pitre au Traité de VAmitiéj maïs ils sent nuisibles, très ouisi- . 
blés, l'expérience le prouve. 

Un ami re^it de vous un billet pour assister k la pj-enùâre 
esM>ition de votre pièce- Ualgié les bons avis doniute sur Vioi- 
portance de sa ^ssion, sur l'obligation qu'il signe «l'apjpuyer, 
soutenir, applaudir l'œuvre nouvelle, de rire aiu mots censés 
plaisants, de s'attendrir aux scènes pathétiques , Vami ^'es^ pas 
plus tôt campé dans la salle, qu'il a r^eté sur l'auteur toutes les 
obligations du mandat. L'auteur doit l'amuser, l'attendri^; s'il 
ne remplit pas ces conditions, gare i, lui. L'ami devrait aff- 
plaudir quand même 1 il restera muet , immobile , ou le verra 
sommeiller, s'endormir, si l'ouvrage ne l'intéresse pas suffisaw- 
ment. 11 ne siiQera point; ntais si le public se moque de carlatfis 
passages, votre ami de thé&tre se rangera placidement parmi las 
rieurs ; ne faut-il pas faire cooune les autresT Tout ce que je 
vous dis, je l'ai vu. Bien mieux I j'ai vu des acteurs eu scène 
rire d'eux-mêmes et d'un chef-d'œuvre admirable qu'ils chan- 
taient sans le comprendre; ils riaient avec perfidie afin de se 
concilier l'estime du public, en lui moutraut qu'ils partageaient 
sonopiuion. J'ai vu des directeurs de spectacle faire siQler leurs 
virtuoses, et recommaadei h des journalistes de dire le plus de 
mal possible d'un opéra qui venait d'être frant^emept applaudi 
sur leur propre tbéfttre. Après de telles énormités, les amis vous 
partdtrmt de petits saints. Je ne conseillerai pas moins de les 
supprimer : la recette en sera meilleure. 

Quant à la claque, i. )a troupe du lus^, il faut la conserver, 
quoi que j'en aie dit, solliciter môme un supplément de subveu* 
tion pour cette autre compagnie d'acteurs destinés à figurer en 
lace de ceux qui récitent sur la seéne. C'est un spectacle daus 
on spectacle. En effet, n'est-ce pas réjouissant de voii quatre 



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404 THËAIBES LYRIQUES DE PARIS, 

cents paires de mains s'agiter en cadence, former un orage 
bruyant au milieu d'une assemblée qui se platt à garder un si- 
lence glacial, une parfaite immobilité T Travaillez, preneE de la 
peine, en avant, claqueurs de toutes les espèces I Lavables, soH- 
taireg, unissez vos efforts i. ceux des inUmei. 01)éissez à votre 
chef, à ses lieutenants, pour amuser le public, que le drame et 
ses interprètes laissent dans le calme plat de l'indilTérence. 

L'organisation de la claque a reçu de notables perfectionne- 
ments depuis l'empereur Néron , qui M donna des soins , et le 
roi Louis XV, premier chef de claqueurs parmi les Français. La 
chique est maintenant une branche d'industrie infiniment lucra- 
live. Un chef de claqueurs est plus largement rémunéré qu'un 
haut dignitaire; 11 a payé sa charge 30 ou 40,000 fr., versés 
entre les mains du directeur de spectacle qui l'emploie. Ce prix 
sera de 50 ou 60,000 fr. s'il s'agit d'une cession entre-vifs. Voici 
comment ce chef va procéder afin de rattraper l'intérêt de son 
capital, et se former un revenu très satisfaisant. Les acteurs re- 
çoivent un certain nombre de billets d'entrée toutes les fois qu'ils 
figurent dtms une représentation ; le claqueur a soin de ramas- 
ser dés le matin ces billets et ceux qui lui sont assignés par les 
auteurs. Ces billets, il les joint h ceux donnés par la direction 
du tbéfttre, nommés bilUU de service, et les vend. Les princi' 
paux acteurs et quelques auteurs servent en outre une pensim 
mensuelle de 30 à 200 fr. au claqueur, afin qu'il soigne leurs 
entrées et leurs sorties, ou leurs ouvrages. Dans les grandes so- 
lennités, les claqueurs de plusieurs thé&ti«s, suivis d'un peloton 
d'élite, prennent part à la bataille, prêtant leur secours à tel on 
tel confrère qui tes appelle. Croyez qu'ils tiennent d'avance leur 
contingent des profits. Un chef est quelquefois payé par l'admi- 
nistration de son théâtre, s'il s'agit de priver un virtuose de tout 
applaudissement vénal, de le faire chuter ou siffler. Cette ma- 
nœuvre de haute diplomatie est mise en jeu pour décider un ac- 
teur i> rompre son engagement. 

Un chef de claque a pour le moins un cabriolet et deux cbe- 
vaux. Son outrecuidance est telle qu'il s'arrête quand il voit un 
auteur à pied dans ta rue, et le prie de mont er dans son véhi- 



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THEATRE IMPÉRIAL DE L'OPÉRA. 403 

cule. Il ne s'offeose pas d'un refus. Il a maison à la ville comme 
& la campagne, donne des fêtes, des bals champêtres, où figu- 
rent des nymphes, des bayadères qui, la veille faisaient le trot- 
toir. Il peut disposer & toute heure de ces voltigeuses de boule- 
vard ; sa femme eu est la matrone, la colonelle. Vous vojez que 
le claqueur sait aussi cumuler. Ce châtelain d'une étrange es- 
pèce est insolent au point d'inviter des acteurs, des auteurs aux 
orgies de sa villa. Des auteurs, des acteurs ont la faiblesse de s'y 
montrer, de l'applaudir, de le claquer à leur tour en ses ballets 
improvisés. Dans le costume que les statuaires donnent & Bac- 
chus, une bouteille de rum à la main, conduisant ses bacchantes 
aussi légèrement vêtues, l'amphitryon boit h même, vide son 
flacon d'un seul trait, s'élève en battant' un vigoureux entrechat 
et tombe- mort, défunt, trépassé. Musique finie, ktejacet. Le 
jour même sa place était cédée par le directeur de l'Opéra-Comi- 
que, pour la bagatelle de trente mille francs. 

Je viens d'employer des termes appartenant à l'argot de la cla- 
que; ces mots ne sont pas connus de tous mes lecteurs; je dois 
leur en donner la signification mélaphorique. Le chef de l'es- 
couade applaudissante est posté sous le lustre au milieu de ses 
intimes, vrais soldats, recevant une paie. Les lavabkê ont payé 
leur entrée, k vil prix, au chef qui les môle à son troupeau. Ces 
lavables sont tenus de claquer, de rire, de s'exclamer au signal 
donné par le chef, de faire le service dans tous ses détails. Des 
sergents, des caporaux les commandent et veillent h ce que le 
mandat accepté soit parfaitement exécuté. Laver, en argot, signi- 
fie tendres les lavables ont acheté leur billet, t'ont payé dix, 
quinseou vingt sous. Des amateurs, fréquentant tes spectacles 
et curieux d'assister aux premières r^résentations, payent leur 
billet au chef, et n'exigent aucun rabais sur le prix du bureau. 
Ces amateurs obtiennent ainsi l'avantage d'entreravec la fouroée 
des claqueurs, par une porte latérale; ils n'attendent point dans 
la rue, alignés en queue, et choisissent les places qui leur con- 
TÏennent. Ayant promis de ne pas sifQer, ils applaudiront s'ils 
le jugent à propos; si libet licet, comme disait une fort jolie 
Romaine h je ne sais quel empereur. Exempts de toute survcil- 



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4M TOfiATRES LYRIQUES DE PARIS. 

lance, ils vont se poster loin de la troupe Ténale, qui lee désigw 
sous le aom de solitaires, k cause de leur position topographiqne 
et teut k fait indépendante. 

Muni d'oD livret oA sont les indications qui doivent régler ses 
Hianaenvres, le chef des claqueurs assiste aux répétitions généra- 
les avec ses lieutenants. Sur cet agenda sont marqués les endroits 
OÙ l'on doit rire, les bit, les rappels à demander. Modérés après 
un premier couplet, les applaudissements seront éclatants après 
le second, fulgurants, bien nourris et sans fin après le troisième. 

En 1821, lorsque nous répétions à Feydeau Us Noces de Figaro, 
de Mozart, nous avions à redouter une opposition si forte, que 
le ténor Paul (Dutreih) imagina de percer le mur du thMtre 
donnant sur les chantiers de la Bourse, ^ors en construction, 
afln de remplir la salle entière d'amis, avant qu'un seul billet 
eût été pris aux bureaux. En arrêtant nos répétitions, le ministre 
vint calmer les alarmes des auteurs français ; mais il St éclater 
tes gémissements des sociétaires de l'Opéra-Comique en les pri- 
vant d'un chef-d'œuvre, seul moyen de salut qui pouvait empê- 
cher leur ruine imminente. 

Vous pouvez juger tous les jours du charlatanisme des réda- 
mes que l'on estampe dans les gazettes politiques, littéraires on 
musicdes, et des flatteries colossales et persistantes que les 
jounialistes ne craignent pas d'imprimer et de signer. 

— 10 fâvrier 1673. Donni à H- Baroa 330 livres qu'on lai a avuicéa 
pour H. de Visé. ■ 

Cette note consignée dans les registres de la troupe de Molièrs 
semble prouver que le journaliste de Visé , surnommé Vabbé 
marié, n'était pas insensible k certaines gracieusetés amicales. 
Principe de droit coutumior à qui deux siècles d'existence ont 
donné force de loi. 

— Va QDSQcier préparait l'eibiLitloii d'un opéra nouveau. Huit jonra 
avant celle cérémonie, un pli, renfermant trois billets de mille francs, 
arrive chei un journaliste. Sur-le-champ il en fait le retour en les 
■CGompagDant de quelques mots de civilité gracieuse. L'épllre floUsait 
ainsi : — le suis en ce moment assez bien ajusté pour n'avoir pas be- 



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THÉÂTRE IMPÊRUL DE LtV'âRA. iffi 

■ofn de l'offre amicale que vous me Taites ; croyez que Je la retronverd 
dans mon cœur à la premiËre occaBiou. » 

» Une semalue après, elle élait retronvée celte benoîte occsbIod; 
l'afflcbe venait d'être posée, et le journaliste priait son ami de lai Taire 
parvenir cinq mille Trancs. Vous vofez que cet écrivain se montrait par- 
tisan du eysIËoie décimal. H est inutile d'ajouter que l'envoi réclamé 
partit à l'instaot pour sa destination. Plaisanterie cbarmante, de bonne 
guerre et de bon goût : que de journalistea voudraient l'avoir faite! 

■ Si je desirais aavoir la date précise de cette expédition, il me suffi- 
rait de consulter le livret d'on opéra dont la première représenlalion de- 
vait être donnée le soir même. ■ La France musicaie, s févriei ISU. 

L'Art (U vériHer.ies date» est uo livre précieux; il m'apprend 
que le fait dont il s'agit le rapporte au 36 janvier 1836, jour oik 
Bos aeadémici«iG cbantèrent lei Hngv«noU. 

— 31 mars 1811. (Voyez page 263 de ce volume.) On voulait proco- 
rer b M"* Lœve uo engagement à l'Académie royale de Musique; on 
t'évertua pour donner k ce théitre une virtuose capable d'y tenir le 
premier emploi. Le nom de Meyerbeer fut mis en avant i cette occashtii 
d'une façon plus insistante que l'bonorable maestro ne le desiridt sans 
doute. Est-ce vrai que Meyerbeer ne voulait pas produire son nouvel 
opéra si l'on n'engageait pas M"< Lœve ? A-t-il réellement soumis l'ac- 
compllBscment des désirs du public i une condition si futileT Meyerbeer 
possËde-t-il cet excès de modestie de s'imaginer que la réussite de sofi 
nouvel ouvrage dépend de l'organe plus ou moins souple d'une prima 
donna? Les nombreux admirateurs de l'admirable maestro volent avec 
regret que l'illustre compositeur se donne, k chaque nouvelle produc- 
tion de son génie, une peine excessive pour en assurer le succès, et qu^ 
prodigue dans cette besogne ses meilleures forces aux plus minces dé- 
tails. Sa constitution faible et délicate doit en soulTrir.... {I). 

» Puisse le ciel accorder h notre illustre maestro une meilleure santél 
puisse-l-il lui-même n'oublier jamais que la trame de ses Jouis est ex- 
trêmement flasque, et que les cisesui de la Parque en Éont d'autant 
plus Irancbants! Puisse-t-it n'oublier jamais quels hauts iutéréls se 
rattachent & sa propre conservation! Que deviendndt II gloire si tnl- 
mème, llUusIre maestro, avait le malheur [malbeur dont le del nous 
préserve encore longtemps) d'Ctre arraché subitement par la mort an 

(]] L> majesté de Iliitlolru m'oblige à supprimer treiie lignes. 



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4M THEATRES LYRIQUES DE PAftlS. 

théttn de Ms titompheil Sa famille la continuerait-elle, cette gloire 
dont s'éQOi^eîllit le peupla allemand en général et M. Maurice Schle- 
■inger en particulier! A coup sûr les moyens malériela ne feraient pat 
défaut à la famille de Mejerbeer, mois peut-être les moyens întelleo- 
tnela. Lui aeul, le grand Giacomo, le directeur général de toutes 1» 
institutions musicales de sa majesté le roi de Prusse, en même temps 
le maître de chapelle de la gloire meyerbeerienue, lui seul pent diriger 
l'immense orchestre de cette gloire. — Ahl c'est plaisir k voir avec 
quelle puissance il dirige cet orchestre énorme, — il n'a qu'à faire un 
ligne de la tête, et tous les trombones des grands journaux entonaenl 
wu'sono leurs fonfares applaudissantes; il n'a qu'à cligner de l'oeil , et 
tou les violons laudatirs se mettent à chanter ; il n'a qu'à froncer légè- 
rement le coté gauche de son oei, et tous les flageolets des feuilletons 
s'évertuent à fluter du plus doui ton de flatterie. 

> Dans cet orchestre on trouve aussi d'inools instrumenjs à soufDe an- 
IMiluviens, des trompettes de Jéricbo, des harpes éoliennes non encwe 
découvertes, les violes de l'avenir, dont l'emploi dénote le plus mer- 
veillenx Ulent d'instrumentation. Oui, nul compositeur ne s'est encore 
atrnl bien entendu que notre Meyerbeer à l'art de l'instrumentation, 
c'est-à-dire à l'art d'employer comme instruments toute sorte d'bom- 
nes. Il sait se servir des plus grands comme des plus petits , et comme 
par enchantement, au moyen de leur sctiou simultanée, il produit nn 
accord presque fiibuliiux dans l'approbation publique. Voilà ce que nul 
autre musicien n'a jamais su faire. Tandis que les meilleurs opéras de 
Hoiart et de Hossini échouèrent à la première représentation, que des 
années s'écoulëreol avant qu'ils ne fussent véritablement appréciés, les 
chefs-d'œuvre de notre ingénieux Meyerbeer enlèvent dès la première 
exhibition tous les suffrages, et déjà le lendemain tous les journaux 
font chorus d'enthousiasme et publient des panégyriques en l'honneur 
du grand maestro. 

■Tel est le résultat opéré par le concours harmonieux des instruments. 
Ponr 1b mélodie, Ueyerbeer doit céder la palme à Uourt, à Rossini; 
nais il les surpasse, comme je viens de le dire, par l'Iostrumenlalion. 
Dieu sait qu'il se sert souvent des instruments les plus abjects, les plus 
ignobles, les plus puanU; mais, justement avec cette sorte! il produit 
les plus grands effets sur la grande masse du public, qui l'admire, l'a- 
dore, le vénère et même l'estime. — Qui pent prouver le contraire T Les 
couronnes lui arrivent de toutes parts , il porte sur la tète une forêt de 
lurieri, il ne sait plus où les mettre, il se traîne en haletant sons ce 



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THÉÂTRE IHPÉRIAL DE LtHiËRA. 409 

vert &rdean. Il devrait acheter un petit ioe qui, trottiuaiit derrière loi, 
porterait ces lourdes couronnes. Mub Gouin est jaloui , il ne eonffire 
pai qu'on lulre l'accompagne et Be charge de ses lauriers. 

■ Je ne puis me refuwr de mentionner Ici un mot qu'on attribue an 
musicien Ferdinand Uiller. Quelqu'un loi ayant demandé Bon opinion 
nr ka opéras de Meyerlwer, Hiller aurait répondu avec une humeur 
évasive:— Ah I ne partons point politiqae.a Hkrhi Heine, Lutèce, to-ig, 
Paris, ISSS. 

A Paris comme k Strasbourg, plusieurs ne craignent pas 
d'imprimer que M. Gouin compose la musique, mise au Jour 
par H. Heycrbeer. Cette opinion me semble un reflet des propos 
tenus à l'égard du cbartreux qui, disait-on, faisait les tragédies 
de Crébillon. Si H. Gouin se trouvtùt offensé, molesté par de 
telles rumeurs populaires, nous serions prêts à le juslifler, di- 
sant qu'il est père de famille et n'a jamais figuré dans aucune 
chartreuse. 

Une réputation établie, en trop grande part, sur des piles 
d'écus repose sur une base chancelante et d'un facile patatras. 
Od fait avaler au public des milliers de goujons, mais il se ré- 
volte & l'aspect des boas, des requins. Une réactioo en musique 
prend aisément l'allure d'une strelte animée, et les Allemands, 
lecroiriez-vous? les Allemands nous donnent l'exemple. Aux 
badineries sérieuses du docteur Heine, des critiques ajoutent 
l'aventure récente qu'un voyageur musicien raconte & son re- 
tour d'Allemagne. Le cbef d'orchestre d'un des premiers théâ- 
tres de cet empire harmonieux, chef qu'un beau zèle animait 
(ou l'espoir d'un cadeau bien sonnant), votait une couronne 
d'or, d'argent, de n'importe quoi ; votait, dis-je, une tiare scin- 
tillante àl'auteur du Prophète. Une souscription est ouverte en 
80D orchestre pour solder le prix de ce meuble précieux. Il ne 
manquait plus qu'une signature, celle du clarinetto seconda. 
Quand on lui propose de contribuer à l'érectioQ du monument 
projeté, le malin virtuose, refusant de prendre la plume, em- 
bouche son instrument pour exécuter les trois NEIN, NON for- 
midables de don Juao, avec ritournelles assortissanles. — Hais 
nous devons le complimenter, l'encourager- — Oui, pour qu'il 



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410 IBtATRES LYRIQUES DE PAIUS. 

TOUS expédie tout un firmament d'étoites filanles et nébuleuses, 
âoprane audacieux , il vient de conquéter deux sérails à Paris. 
ft pourquoi? je tous le demande. Il ne fait rien et nuit à qui 
veut faire; c'est le rôle qu'il s'est réservé. Pauvres Françaûl 
mais non, heureux. Français I qui recevez de notables fragmente 
de 900,000 ff. de rente dépensés en bravos. » 

Combler le déficit, boucher pendant six mois, un an, les tmns 
de la recette, en maintenir le taux à la note la plus élevée de la 
gamme, est le truk par excellence, le trult k oui autre second. 
Apporter chaque soir d'énormes appoints et les ajouter aux of- 
frandes modestes du public, 

Voilà, Toili ce qni §'Bppelle 

Agir eu financier pnissien. 

C'est un peu cher, mais qu'importe si nous avons de gros 
millions destinés uniquement à ces menus plaisirs. 

Assurez une interminable série de représentations à l'opéra 
le plus médiocre, et la vogue fictive que vous lui procurez finira 
par devenir, à Paris , un succès véritable. — Il fant que cette 
œuvre soit réellement admirable puisque l'affiche l'annonce tous 
les jours, que tous les jours la salle est comble, et que tous les 
jours on renvoie une infinité d'amateurs, » dira la bande mou- 
tonne. Voulant connaître enfin l'objet d'un empressement qui 
semble général, elle viendra prendre place au théâtre et juger 
à son tour. Beaucoup y crèveront d'ennui; d'autres croiront 
qu'ils s'y sont amusés; étourdie, ahurie par un harmonique fa- 
tras, la majorité va se tirer d'affaire en redisant encore : — Cette 
musique, il faut l'entendre cent fois de suite, » apophtegme que 
Rossini jeta malicieusement aux butors, apophtegme qu'ils ont 
pris àla lettre au point de l'inscrire sur leurs tablettes^ afin de 
le chanter sans variations lorsqu'une musique savamment insi- 
pide viendra fatiguer, tourmenter leur oreille. 

— C'est de la grande musique I grande au point que je ne 
puis en supporter qu'un seul acte. Un second me frappe de tor^ 
peur, je mourrais sous le coup d'un troisième, » a dit une prin- 
cesse belge. 



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TAAIIŒ UPtinUL DE L'OPâlA. 411 

— C'est de Ift grande musique I il faut l'entendre pluileura 
fois avant de ia comprendre. > Te) est le dicton, le refrain du 
populaire soi-disant musicien. Imbécile, tu n'as donc pas d'o- 
reilles, ou gerais-tu doté trop richement & cet égard ? Tu viens 
de passer une soirée entière auprès d'une femme séduisante de 
tout point ; est-il nécessaire que tu reviennes dix-huit fois en* 
core en même lieu , devant elle, pour savoir si réellement cette 
femme est belle, gracieuse, aimable, jolie, spirituelle ? Un coup 
d'oeil, même furtif, n'a-t-il pas suffi pour te rendre amoureux à 
la folie ? Assis en un festin splendide, la dame ch&telaine te sert 
d'un plat de sa façon, d'un plat dont les applaudissements de 
tous les convives ont signalé, salué l'exhibition avec les trans- 
ports d'un merveilleux enthousiasme. Tu dois gouler h ce mets 
«Donyme; il est fade, gluant, rebutant, nauséabond; n'im- 
porte, la cuisinière dilettante est placée k ta gauche, il s'agit de 
se ipontrer galant, flatteur, et d'avaler bravement le poison. 
Gredin! te faudra-t-il renouveler dix-huit fois l'épreuve pour 
savoir enSn si réellement Ion estomac repousse , abhorre les 
colimaçons accommodés avec je ne sais quelles herbes cueillies 
dans le parterre de Locuste ? 

L'accoutumance, tel est le truk, la martingale qui doit 
toujours assurer le gain de la partie devant un public pari- 
sien. Donnez-lui sans cesse la même pièce en usant des pré- 
cautions qu'un Snancier emploie; bonasse de sa nature, ce 
public prendra patience d'abord, l'habitude fera le reste; il 
croira même découvrir des beautés inaperçues, et se r^ouira 
de ses trouvailles. Ingénieux consolateur, La Fontaine, par- 
lant des dunnés, du feu d'enfer qui les enveloppe, disait 
naïvemenl : — Les premiers quarts d'heure doivent être poi- 
gnants ; mais, dès le lendemain , ils sont là comme le poisson 
dans l'eau. » 

Doublez du même, triplez, quadruplez, allez toujours 1 Si vous 
étés assez fort pour alimenter galamment, richement, longue- 
ment les recettes ; si vous êtes faible au point de n'avoir ni fonds 
ni répertoire, allez toujours I Les trésors de votre Californie, f In- 
trépidité que donne le malheur vous feront obtenir des succès 



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412 THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

tels que ceux de la Phèdre, de Lemoyne (1), du Prophète, de 
l'Étoile du Nord et de la Favorite. Oui , la Favorite n'a dû sa 
victoire finale qu'au zëte ardent et forcé d'un entrepreneur qui 
n'avait pas autre ctioBe à mettre sous la dent. 1) fallait Taincra 
ou mourir, et ce directeur n'est point mort. Ce que je tods dis 
louchant la Favorite vous étonnera, mais ce n'est pas moi qui 
parle, j'étais absent. J'ai dû me fier au rapport que les andens 
de l'opéra m'ont fait, qu'ils vous feront sans doute, s'il vous plaît 
de les interroger. 

La réclame en action, le puff mis en scène, est une découverte 
récente. Le chef-d'œuvre du genre mérite notre attention , et je 
dois l'enregistrer ici. 

L'Américain Bamum a fait une grande fortune en profilant 
habilement de la crédulité publique. Comme le saltimbanque 
Bilboquet, il a montré des phénomëoes ; mais il a su tirer de ces 
exhibitions des recettes de plus de cinquante centimes. Il a pro- 
mené dans les deux hémisphères sou fameux nain Tom-Pouce; 
il a présenté galamment & l'Amérique enthousiaste la prétendue 
nourrice de Washington, âgée de cent soixante aus; il a réuni 
dans son Uusée l'élite de la société des Ëtats-Unis, pour contem- 
pler une sirène des lies Fidji. Or, le nain était un enfant bien 
stylé ; la nourrice, une négresse aveugle et paralytique, née long- 
temps api'ès la guerre de l'indépendance; la sirène, une peau de 
singe empaillé, terminée par une queue de poisson. Tout autre 
aurait été sifDé, Barnum s'est enrichi. Bamum connaissait le 
public, il a su le prendre, le chauffer, l'amener crescendo jusqu'à 
l'explosion de l'enthousiasme. 

Inventeur de l'annonce en action, Bamum s'est élevé jusqu'au 
sublime dans l'art du puff. Promener Jeony Lind dans toute 
l'Amérique est le chef-d'œuvre de ce nouveau genre de réclame. 
Il était à I/)ndres lorsque l'idée lui vint de conduire ce rotsignol 
aux États-Unis, à la Havane. L'oiseau rare, la cantatrice la plus 
phénoménale que l'on eilt jamais entendue, selon les expressions 
de Barnum, était déjà fort recherchée. Trois industries se la 

(1) Vopa le Uma 1", pace 48«. 



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TBÉATRE IHPËRUL DE L'OPËHA. 4)3 

dispntaieat; il en coûta plas d'un million k notre Américain 
pour être certain du concours du rossignol dans 150 concerts. 
n lui donna 750,000 fr.; it son chef d'orchestre 125,000, et 
75,000 au baryton chargé des intermèdes. Ce n'est pas tout , le 
même rossignol lui fit imposer l'obligation de payer tous les frais 
de voyage, une voiture, des cbevaux, des laquais, une demoisdle 
de compagnie, plus un secrétaire. L'ne partie' des aumdnes faites 
par la cantatrice était & la charge de l'entreprise. H"" Jenny 
Lind , suivant les traces de H" Catalani dans le cours de sa 
carrière musicale, n'a pas été moins charitable qu'harmonieuse; 
sa voix et ses largesses en faveur des pauvres étalent également 
admirées. Cette prodigalité même eût effrayé tout autre qui se 
fût chargé d'y pourvoir ; mais Bamum vit, dans cette clause du 
contrat, un des éléments les plus précieux de la fulgurante cam- 
pagne de réclames qu'il méditait. Le contrat fut signé, les fonds 
réalisés au moyen de la vente de ses propriétés, d'un emprunt 
de â5>000 fr., et Barnum réussit enfin à mettre en cage, sur un 
navire, l'oiseau pour lequel il venait de se plumer. 

Pendant la durée de ses préparatifs, il ne faut pas croire que 
sa verve fût restée inactive. Les journaux des États-Unis reten- 
tissaient des louanges de la merveille vocale promise à l'Améri- 
que impatiente. Hais ce n'était là qu'un faible prélude, les baga~ 
telles de la porte. Tout était organisé pour faire au rossigu(ri une 
réception dont le bniit retentit dans le monde entier. 

Le paquebot parait en vue des côtes d'Amérique; une émeute 
d'admiration et d'amour éclate aussitôt. Une foule immense 
accourt au lieu du débarquement. Un arc de triomphe s'y pré- 
sente, et de riches banderoles portent, écrits en lettres d'or, les 
témoignages de l'enthousiasme du public américain. Le navire 
va toucher au bord. Un homme , dans l'empressement de voir 
le rossignol, se jette à l'eau selon le programme et manque de 
se noyer, ce qui n'était pas également prévu. Un cortège brU- 
lant et nombreux atteint la virtuose et la conduit processiou- 
nellement & l'hote). Dans la soirée, les comparses de Baroum 
stationnent devant la porte de ce caravansérail; leur nombre se 
grossit de la foiUe des baduids quitUnent dans toutes les grandes 



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4U TtôATRES LYRIQUES DE PARIS. 

vlUes, m q«Me d'un spectacle gratis. On doctiande h cris redou- 
blés M"* Jeany Lind. Elle parait au balcon , étonnée, ^ue de 
l'esplosioit de ces seolimeats affectueux, dont pourtant Barnum 
est aeul en isesure de conaaltre le prix. Aussitôt les chapeaux 
T»letit eo l'air, on agite les okouchoirs, les acclamations se croi- 
seot; c'est un enUioosiasme inouï, c'est un délire. Cette uani- 
fesWkm devient d'autant plus retnarquabley que Jeuni Lisd, 
fatiguée de tant d'hommages, a pris le parti, d'après le comâl 
de Barnum, d'enreyer ii la fenêtre tantôt sa demoiselle de com- 
pagnie, tantôt la propre fille de Bamum. Elles sont accueillies 
avee les mêmes hourras par la foule. On aurait pu faire paraître, 
avec le môme succès, le secrétaire ou les cberaux. 

A minuit, une sérénade fut ImproTisée par deux cents musi- 
ciens escortés par trois cents porteurs de torches. La foule, qui 
n'avait pas cessé de stationner sous le balcon, devint alors des 
plus compactes, et ta demoiselle snivante fut obligée de se mon- 
trer en remplacement de sa maîtresse, et de recommencer les 
saluts avec la main sur le cœur. 

Les poètes se mirent à l'œuvre le lendemain. Bamum ofrit 
un prix de 200 dollars à l'auteur de la meilleure pièce de vers eo 
l'honneur de la plus grande merveille vocale connue. Un M. 'fay- 
lor remporta le prix. Était-ce M. Taylor Barnumf Personne, à 
coHp sûr, ne méritait mieux d'être couronné dans cette circon- 
stance. 

Tant d'efforts obtinrent un succès complet et légitime. Les bil- 
lets pour le premier concert, vendus à l'enchère, s'élevèrent à des 
prix fabuleux. On se souvient que le chapelier Gentn, adjudica- 
taire de la première stalle, en dotna 1,125 fr. La spéculation de- 
vint si lucrative, que, de son plein gré, Barnum, entouré d'en- 
Tieux el craignant un enchérisseur, proposa de nouveaux avan- 
tages à son rossignol, qui, le regardant avee surprise, lui lit le 
compliment que les putfistes français aiment k s'adresser, ttn 
hil disant : — Bamum, vous êtes un vrai gentilhommel » 

Il avait été convenu que la recette du premier concert serait 
distribuée généreusement aux pauvres. — h& charité , dit Bar^ 
nom, est la meUIeure politique. » En effet, il en tint le meiHear 



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parti. A la âQ du concert, le succès n'ayant pa» atteint, à beau- 
coup près, les proportioos espérées, Barnum eut une de ces in- 
spirations qui décident le gain des batailles. Il se présenta de- 
T&nt l'auditoire avec une liste des bOpitans de NeT-Torïc, portant 
en regard les sommes qu'il attribuait h chacun de ces établisse- 
ments sui la recette du jour. — Cet ange, s'écria l'entrepreneur 
avec une émotion dilficilement contenue, cet ange, car je ne veux 
pas loi donner un autre nom , ne veut pas recevoir un penny en 
récompenie de l'admirable talent qu'il vient de déployer, s 

Puis, avec dea larmes dans les yeux, incapable de dire un mot 
de plBS, U tendit la liste préparée d'avance. Le résultai fat tel 
qu'il l'avait préra : ce iie fut plus de l'enthousiasme, ce fut de 
l'extase qu'éprouva Je public. 

Notas nous arrêtons ici ; toute description setait impuissante 
jt faire comprendre les mille ressources au moyen desquelles 
M. Barnum triompha dans la lutte qu'il avait entreprise- Non- 
seulement il St honneur aux engagements conlracti^s avec le 
rossignol, mais il gagna lui-même des sommes considérables. 

Après ^n (d accès de fièvre, le peuple américain ne pouvait 
que tomber data l'abattement et' demeurer, pendant quelque 
temps, ioaenaible k tous les moyens d'excitation factice. H. Bar- 
num l'a jsgé, le béros dn puff se repose sar ses lauiiers. La pu- 
blication de ses Mémoires est la dernière pierre qui complète 
l'édiftce de sa réputatiob. Il vient d'initier le monde aux ressorts 
mystérieux de ses succès. Puisse-t-il jouir longtemps de sa 
gloire, en tirer un légitime orgueil I Un jour te jeune tyro dans 
l'art de l'annonce, visitera ces lieux où vil ce grand homme; 
avec respect il foulera la terre qui renfermera ses cendres , il y 
f6ra sans doute une prière pour obtenir, à son tour, par des 
moyens analogues, le repos avec dignité : oHum emn dignitata. 

Extrait d'un extrait de The Life of Phineat Taylor Barnum, 
pablli dans le ComHtutionnel des 3i et 85 février 18ft5, par 
H. Paul Memtau. 



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4» THÉÂTRES LTRIQUB5 DE PARIS. 

Tableau comparatif de la longueur et largew àet taUe$ tt ia 
gcènes des vingt-cinq plus grands thêdlret de CEuropt. 

lit première ligna indique 30 mètres BD caotim. pour la Itrgeor de U nOe; 
36-50 pour Bft iDUguear; 3S-M pour l'ouTerture de la ecèDe. 

La Scala, à HilaD, 26 80 26 60 25 00 

San-Carlo, ft Naple*> 26 70 34 ■ 3A 50 

fîaHo-Pefiee, ïGëDea, SA 50 23 20 33 ■ 

Académie impériale de Musiqoe, 2& > 20 80 83 > 

L'Opéra de Berlin, 23 âO 23 AO 37 70 

Théâtre royal de Manich, 33 30 22 70 30 > 

XiMXn de la Reine, A Londm, 33 85 30 SO 36 70 

Alexandre, à Saint- Péterabourg, 33 * 21 70 33 90 

Tbéitre Impérial, idem., 23 > 31 ■ 24 ■ 

Drury-Ione, «Londres, 31 80 17 50 26 ■ 

Salle Ventadour, à Paris, 20 60 15 40 31 40 

Théâtre royal de Turin, 2135 24 • 34 60 

llléàtre de Straeboui^, 20 40 17 30 33 30 

Théâtre de Hambourg, 20 30 19 60 35 • 

TbéAtredeLyon, 26 ■ 16 ■ 24 * 

Coomt-Garden. à Londres, 20 ■ 19 60 35 30 

Opéra dn palais de Versailles, 19 70 30 60 38 ■ 

Ttaéitre de Bordeaux. 19 60 18 80 26 • 

Théfttre de Marseille, 19 60 17 80 24 ■ 

Salle Favart, k Paria, 19 30 16 70 17 70 

Nonveau Ihéitre de Berlin, 19 30 18 ■ 35 50 

Théâtre de DannsUdt, 18 60 16 ■ 33 ■ 

TbéAlre de Mayence, 17 80 16 20 33 ■ 

Théâtre de Vienne, 17 ■ 18 40 30 50 

Théâtre de Copenhague, 15 30 15 50 16 80 

J'aime beaucoup les cliifTres , ' les statistiques , c'est uh mi- 
nière de procéder aride et peu romantique, j'en coovieDS ; mais 
die est claire, précise et sert à clore le bec de cerlains (valeurs 
de salons, prêts à nous dire mille fois encore que la salle de 
San-Carlo, de Naples, contient trois ou quatre mille spectateurs 
de plus que notre grand tbé&tre lyrique de Paris. 2 mètres 70 eD 
largeur, 3 mètres 20 en longueur; un total de S mètres 90 cen- 
timètres d'excédant en espace, vont-ils suffire pour loger quatre 



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THËATItË UPfiRIAL DE L'OPËRA. 417 

mille assistants 7 Notre Opéra n'a que 2,000 places, doDt 40 sont 
dépourvues de sièges ; si Je dis que les Italiens sont moins ava- 
res de leur terrain que nous, qu'ils prennent un soin particulier 
de la commodité de leurs salles et du bien-être des spectateurs, 
on verra que la différence du nombre des élus sera réduite & peu 
de chose, les milliers vont se changer tout au plus en cinquan- 
taines. 

L'œil se trompe aisément ; si je vous dis que le palais impé- 
rial de Paris, avec cours et jardins, a 800 mètres de tour de {dus 
que la ville d'Avignon avec ses remparts, me croirez-vous? Si je 
vous dis encore que la rue de Richelieu n'est pas moins longue 
que les deux ponts d'Avignon et la chaussée qui les unit, dou- 
terez-vous de ce fait? Sachez que je suis la même exactitude, 
comme don Diègue était la même vertu. Collationnez par le doigt 
les jugements de l'œil. Collationnez, collationnez, c'est une bonne 
chose. 

Le théâtre immense de Panne devrait être en léte de ce ta- 
bleau, mais il est depuis longtemps abandonné; quinze mille 
spectateurs s'y logeaient. L'ancien ihé&tre des Tuileries, aiasi 
que celui de Modène dont il élait la copie, ont été détruits, leur 
vaste enceinte pouvait admettre sept mille personnes. 

Francastel construisit, en 1785, une salle de spectacles porta-- 
tive, qui se montait et démontait avec la plus grande Tacilité. 
Cette salle, dont les diverses parties étaient en bois, suivait W. 
reioe Harie-Antoinette dans ses voyages, lorsque la cour ne se 
dirigeait pas sur un château muni d'un thé&tre régulier. 



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Il, Google 



RÉPERTOIRE GÉNÉRAL 

DU THÉÀTa£ IMPilRIAL D£ t'OVtBJL 



p-bAlcdbs. 

La FtM* icalMM MM. naM Imms. m^lDârame italien m ciM| actet de 
Giovan- BsitiEla B&ltii et lorolli, rf présenté dârai.i Loua XIV et la cour 

dan» la bBlIe du Pelit-Bourboii , le li décembre ItiiS. 
t Àkibar, roi in U»g»l. irugédiu Ipique, parulM et muaique de ViiM 

Hïilly, mite ea &cene à Larpenirai en Uirier ItM, pur le* Mios ot 

dam le pnlus il'Alti&iDdio Bidii, ui-diuai, étË<,UB de catle villSi Pre- 
mier opéra rtaoçais. 
***■*, opOra iiatieii en cinq actas , dont te litre n'a paa été eonuné par 

lealiistorieni, repréeemé deianiLiOuii XIV; 15 févwitt 1W< 
Orfeo e tarldlcc, opéra eo âun actes; U février leïT. 
Le ilMse «UTeUc al Pcica. opdra-balleten traiii acttsi MJaiiTierMSI. 
) la Patîorale tu Utulque, parole» de l'abM l>erriD, maaiqoe de Caaibert; 

des amateurs l'exécutent ait Tilloge d'bsy, banliene de Paria, dana la 

mûsoii de M. de La Hayei avril laSB. 
La Totiem tf'Or, mélodrame en cluq aclei de Pierre Corneille, inpifciiilrt 

p«ur la premitVe foi» au Neubourg, au château du DNrqnia de SaurdAao, 

département de l'Eure ; SS Juin IWO. 
Breele amaiile, opéra en cinq aetea, miMJqns da Hontta; ia no*. IWI» 

anLoarrek 
■ma, opéra en dnq actes, nnaiqne de F. Cavalli] lew, bb Loarrai 

mWfLMMM, CJJWG^S, ■àraoftAC BT aVAWPBKOM 

L'ACAI^UIE ROYALE D£ MUSIQUE. 



Ai^ltÈBSNTATIONS PUBUQUEB. 

3 PoNiaw. opira eo dnq actes, paroles de Ferrin, muaiqtie de Cambcrt , 

mise en scène de Sourdéac ; 10 man 107). 
t lu JmMr* é» Umn tt i'Bttdymtim , 6 actes, Guichard, SabljtrM; Ver- 

aailles, snoteffibre im. 



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420 THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

S lètP^neê U tn Plaitin dt l'Amow, 5,GUlKrt, Cunbert; SaTril1B7:. 
——, opdra ea 5 têtes, de Guichird et SnbliËre». Cnichtrd filt mention 

de cet ouvrtge, sons en doaner le titre, duu le fïctum qa'il publia contR 

LuUi en 16T6. Versailles, 1613. 
7 Lu FHm tU rjmmr «I d« Baechu, opâ»-lHdlet, putlche, 5, pu-al«s de 

Holière, Booserade, Péri^y.QniaMilt, musique de LuIUpt Dcsbrosiei; 

15 novembre 1673. 
S Cadm^atl i/cmfow, 5, Quinuilt, Lulli;]l fâyrler 1673. 
« Alctittim le Triomphe d'AUidt, 5, QDiaaulc, Lulli; I Juvier 19711, 
10 niiét, 5, QuiuBult, Lulli; 13 J&nTÎer 1675. Reprises 1677, 8B, 98,'re7, 

10, M, hk. Sa, m, i" ami 1779, demièm eihJUtioa do cet opéra. La 

musique da Lulli ne diaparait de la acbae qu'aprËs uue poaaeaaiou àt 

199 ans & mois et IS ioan; )e 38 Hvrier 1TB3. 
il Le Carnmal, pasticbe, S, Holitare, Beiuerade et Qoinault , LuUi; 17 <Kta 

bre 1676. PmretauçHac, acte tiré de cet opâm-ballei ; I7ie. 

IS At^, 5, Ouioault, Lulli; 10 Juit. 1D76, 78, 83, 8S, SB, 1708, «, 35, 36, t7. 

13 /ffj, 3, Quinault, Lulli; 5Jattiierle77. 

li PiyeU, 5, Th. Corneille et FoDtenelle, Lulli ; B avril 1678. 

15 BelUnpkm, Tb. Corneille, Fonl^elte etBoileau, Lalli; 18 janvier 1679. 

18 Pnaerplne, 5, Quinault, Lnlli; 16 novembre 1680. 

17 Li Triomphe ite l'éwuntr, opéra-ballet. S, Beoaentda et Quinaah , LnlIi; 

M mai 1681. Introduction dea danseosee. 

18 Penée,5, Quinault, Lulli; 17 avril 1681. 
IB Phaiton, 5, Quinault, Lulli; 37 avril 1683. 

38 Jmadii de CatUi, 5, Quinault, Lulli ; 15 Janvier 168t. 

21 ilotanif, 3, Quinault, Lulli; 8 février IWS. 

33 Idylle nr la Paix, Racine, Lulli; 1685.89. 

SI SçlOfue àt yerteUlti, Quiuault, Lnlll; 1S85. 

3D Le Temple de la Paix, opéra-ballet, 3, Quinault, LuIH; t3 sept. lesS. 

U Jrmide, S, Quinault, Lulli; 15 févTierl6B6, 88, 1703,13,11, 3t,&a,6l. 

30 Jrï(«JGdJiuA^, 5, Campistron, Lulliil0aeplembrel68e. 

37 Ariane, 5, Pcrrb, Cambert; lepréientte ^ Nantes, 1687. 

38 Achille el PotyxiHe, 5, CBmpiatran,'Liil1iet ColasEe; 7 novembre 1687. 
3S ZépUrt et Flore, op.-ballet, 3, Duboullay, Louis et Jean-Louis Lulli Sb; 

U mars 1688. 

30 JMiUet PéUe,5, Fontcnelle, Cotasse; 16 lanvieriGSB, BT, 99, 1768,11, 

1113, 36, 50. 

31 Orphée, 3, DubouUay, Loals LuUi; 8 avril 16Ba. 

3i Énée et Imialt, 5, FonieneUe, Colaise; 16 décembre 1690. 
33 CeronU, 3, Cb^puieau de Beaugé, Théobald ; 13 mais 16B1. 
:ià Aurét, S, La Fontaine, Colasse ; 38 novembre 1691. 
35 Ballet de ViUeneme-Sttinl-Gem-gei , 3, de Baoïy, ColiMe; ■> 
30 Aicide, 5, Caujpisiron , Louis Lulli et Harais ; S février lOM, 



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THÉÂTRE IMPËRUL DE L'OPÉRA. 431 

ST JKrfm, S, V GUlot de SalnctODge, Desmsrau ; S Juin ta«3. 
S8 mdie. 9, Tli. Corneille, Charpentier ; i décembre JS93. 
3B CipfuUett Procrli, 5, Duché, H'* Jacqaet de La GuerrojlS taon 16Ui, 
(0 cimé. S, H-* Gillot de SùnctoDge, DegcnsreU ; i" octobre 1SS&, 
hl Vtiagitu tt CkarleUt, S, Duché, Desm&rcts ; 3 février tSBS. 
ta Let Awmm-i d» Mmou, op.-bttl., S, Duché, Dn^marctg ; 33 mû IG05. 
t3 Ltt SaiiouM, op.-b,, i. Pic, Louis Lulli, Colosse; a octobre IfiSS. 
U Jiucn ou la ntUM d'Or, 5, J.-B. Rousseau, Colassr ; 17 JanTJer 16S6. 
AS Ariane et Baeelaa', 5, Saint-Jean , Haraii ) 8 mars 1696. 
te La \atitanee de yiKXM, S , Pic, Colasss ; f mai 1696. 
(7 MéduK, S, Boyer, Getr&b; 13 Janvier 1607. 
%i Véniu tt Adonit, S, J.-R RooMeaD, Desmarets; ]7marsie07. 
iV Aride, opéra-ballet. S, Pic, Lacoste; « Juin 1697, 

50 L'BHrope çalanle, opéra-ballet , A, La Hotte, Campra ; Si octobre 1697. 

51 /ij^, 3, puis en 3, La Holte, DeMOuches; 17 décembre 1697. 
33 Lu FUei gataMe* , op.-b., 3, Daché, Desmarets ; 10 mai 1608. 

33 Le Carnavat de Venise, op.-b., 3, Regaanl, Campra; 28 féTrier IflBB, 

Si Amadts de Criée, 5, La Hotte, Destouches; 36 mars 1699. 

S5 MariUtlt, S, L> Hotte, Dostonches ; 30 novembre 16B0. 

5S Im Trioatplie de* Artt, op.-b., 9, La Hotte, de La Barre; 16 mal 17». 

97 Ctoienle, 9, La Hotte, Colaise; U novembre 1700. 

98 Uétionâ, 5, Danchet, Campra; 31 décembre )TOD. 

90 ATilh»»e, op.-b., 3, Danchet, Campra; lA Juillet 1701. 

60 SefUa, 5, Duché, Théobald; 16 soptembre 1701, 

61 Omphai», 9, La Hotte, Destoudies ; 10 novembre 1701. 

63 JfAfM, rot dei àfidei.S, Lagrange-Cbancel , Bouvard; 13 Juillet 1703. 

63 FaMMEins ne Lnu-i, pastiche, op.-b. composé de la File mâtine, la Séré- 

nade vénitienne, la Bergerie, CarittUi, Dinchel, Campra ; 10 sept. 1701. 

64 TancrMe, 3, Danchet, Campra; 7 nov. 1703, 07, 17, 39, 38, 30, 6i. 

65 irfyiH et Pénélope, 9, Gnlchard, J. Bcbel ; 33 février 1703. 
M Lei Miati, op.-b., i, Danchet, Campra; SB octobre 1703. 

67 Le camoeat et la Polie, op.-b., A, La Hotte, Deslouches; 37 déc. 1703, 

1710, 30, 3B, iS, 9S. 
«8 Ipkigénie m Tamide, 5, Danchet et Duché, Desmarets et Campra ; 6 mai 

17a&, 11, tO, 3i, 63. 

69 Amaryllii, Danchet , Campra; acte ajoalé aux Mutei; 10 sept. 170t, 

70 Tiléwiaque, fragments des modernes, pastiche, 9, Danchet, Campra; 11 no- 

vembre 17 OA. 

71 Aleine, S, Danchet, Campra; 15 Janvierl70S. 

79 La yinitiennt, op.-b., 3, La Uotte, de La Barre; 36 mai 1T03. 
73 PMIomUe, 9, R07, Lacoste; 30 octobrel705. 
71 Alqione, 3, La Hotte, HaraU ; IB février 1706, 10, 30, il, SI, 71. 
79 CMsandre, S, Lagrange-Cbancel, Bonvard et Bertjn ; 33 Jnin 1706. 



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422 TRÈATRES lyriques Ï)E PARÏS. 

• 70 L» ProfetKVT it Folle, op.-b., pastlclie, 5; 17 Mplembre 17M. 

77 PolyxèiK n Pyrhiu, 9, ie La Serre, Cotasse; SI ocUibre ITdB. 

78 Bnutamame, 5, Roy, Lacoste ; 3 mai 1707. 
70 nippodamle, 5, Roy, Cunpra; 6 man ITOB. 

80 FuGHEiTTB DE LuLu , opâra-biUet, pastiche, la Bergerie, la Siréiuiiê tt- 

tUlttmu, lei BehétKieta et U Bat Imerrompui 10 septembre 170S. 

81 lui, mtaetnS actes, Lï Hotte, DesCouchsg; lA oct. 1108, 16, 33, il. St. 

82 Paitihét, S, da La Fare, Philippe, duc d'OrlâaDgj IS man 1709, au P>- 

laû-Ro;al. 
U SiméU, 9, La Halte, Haraii ; 9 avril 1709. 
U Méliagre, 9, Jollj, Batiitin Struck ; !4 mai 110&, 

89 Biomède, 9, de La Serre, Bertia; 18 avril 1710. 

86 W FiUi vénUtennti, opéra-ballet, 3, Danchet, Compra; 17 Juin 1710. 

Composé de ; le Triomphe de la Folie, prologue , la File dt$ Barqte- 
rolei, lej Sirénades et lei Jauenre, tti Saltimbmqttei. La S juittet , la 
File marin», à U place de la Féie des Barqueroln. Le 8 août , le Bat 
ou le Maître à damer, ucte ajouté. Le 5 septembre, les Devitu tte ta 
place Saint-Mort. Le 1& ocU, l'Opéra ou te Maître à chanter. Le 6 dte., k 
CamaMt daiu yenite, prologue, la Fit» marine, le Bal, l'Opéra. 

87 Mantù ta Fie, S, Munneisoii. Batiatia Struck ; SS Janvier 1711. 

88 FucHiNTS DE Ldlli, Opéra-ballet, pastiche, nouveau prolâgne, la Patla- 

ralt, acte do l'opéra des Kiaet, le Profeueur de Polie, la FénilieHitei 
3 décembre 1711. 
60 Idominie.i, Danchet, Campra; 13 Janvier 1T13. 

90 CréOn l'Âthéaieivie, 5, Roy, Lacoste ; 9 avril 1713. 

01 Lu Amoure d» Mari et de Venue, op.-b., 3, Danchet, Campra; 7 sept 1711. 

93 Let Filet tinilienne!, opéra-ballet, ï, Danchet, Campra. Bibé, prologue, 
loi Deslni d» la plu» Sainl-Varc, la yinitienne, l'Amour MJliiniaMi¥4, 
le Bat; 11 ociobra 1713, 31, 31, to, 90, 59, avec des Combinaisons diOé- 

93 Jirutaltwi dilinrie. S, Lons^pierre, Philippe, duc d'Orléans; 17 ocL 1711, 

k Foniaiiieblfau. 

94 Callirhoé. 3. Roy, Defloncbn ; 37 décembre 1713. 

01 Miditet JaiOH. 9, de La Roque (Cellegriii), SalomoD ; ih avril 1713. 

00 Let Amouri diguitii, op.-b., 3, Fuiclier, Bourgeois ; 33 aotu 1713. 

97 THèphe. i, Danchet, Cumpra; 33 novembre 1713. 

93 Arien, S, Fuzelier, Uatho ; 10 avril 17U. 

90 Ut Amowt aiguisii, i.iec l'aciede ta Betonnalttance »ioali; 10juinl71t, 

100 £«1 Flloi de Thalie, oiiira-ballel, 3, de LaTont, Hoiiret ; 1& août 171t. 

la Critique du Piles de Thalie, acte Ajouté le 9 octobre suivant. 

101 TilimaqMet Calypio, 5, l'ellegrin, Deslouchesi !9 novembre 171t. 

lot Lh Pialtlr* dt la paix, op.-b., 3, Meniicsson, fiourgpoisi 39 avril I7ii. 
103 ntonoéj 9, de La Roque (PeJegrin), Salomon ; 3 décembre 171S. 



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TIUUTBE in^RIAL Iffi L'OPËRA. «3 

104 4f««, 9, HeoMsaotL, BerUD; ïD «ttII 1710. 

tM iM FHa dt t'Bii, Dp£r&-bBllet, 3, H>" BirUer (PeUagrin), HaMMttt 

H JdiD 1716. Lu CluuM , acM ajontd le 39 Mptembre snlvaiit 
toa Hiipertmettre, S, do Iiafont, Philippe, duc d'OrMun, ragent, etGernU; 

3 no«einbre 171D. 
m Flimnm m Lotu, op.-b., putiche, ta GrolU tU VerttUUr*, M MMUte 

aénititnn», l'Amour miaeein, tt Bal intfmmpH.eintetlIiB ttr.iJil. 
108 AriMM et TMtie, S, Lagnmgt^liatuvl tt Bof, Honret; A trrB. lllf. ■ 
100 Camlllt, Ttim du nuquet. S, Diochet, Cunpra; 9 noreBabn I^IT. 

110 U Jugfm»M d« paru, i. M"* Barbier et Pollegrfn, Bertlnt llJ«lBl7lt, 

111 Let Agti, op.-b., 3, Fuielier, Cunpra ; octobrel71S, 
113 SémlrOmh, S, R07, Deitouches ; 7 décembre 171B. 

113 OBnoHt, cantate, Itoy, Destouchea ; 3B BTril 1719. 

114 M Plaittn i» la ompugne, op.-ti.. S, M» Barbier et Pellegiia, BeMM) 

' 10 MDt 1719. 

115 potr*»N. 9,Pl^egrfaiet de La S«R«, Batinln StmA ; isfSTriarlTfti 

110 Lu Amom de PtoUe, op.-I)., B, de Lalbnt, Gerr^; tA mal i?M. 

HT £« £oM{ Mfi^iMw de» Nnttfe», S, Bordes, Clérambault; 11 ooMIMlfH. 
IIB JiMourf ok te «Hfrr d'innfif*. S, Pellegrln, DeaœuMt; SmanfTSU 
119 IttPHetde ftmtie, w«. U PrmtntttU. Kl» «Jonté; 17 iept«ii«M«4l. 
130 PirtihoUt, 5, de La Serre, Houret; 30 Janvier 1733. 

111 l£t Filet greaput et romaines, op.-b., 3, Foieller, CoUa tfs'BhhiMt; 

I3jallletl733. 
172 Le Bta de* tfnc*, cantate; 3i amt 17Si. 
113 ta Heine des P&li. S, rmeHer, Aubert; 10 aïril 17». 
Ht Let tUmenn, op.-b,, 4, Rny, de Latande et DeMou^n; 19 ttkI173S. 
ISS Téligone, 3, Pcltegrin, Lacoste; 6 noreiobre 1735. 
130 m StrMopimtt de Ciaiour, op.-*»., 3, Hoy, Destondrai; n mars I7H< 
137 Ballet tans lUre, pastiche composé du prologns de MéUayi, de la Pille, 

acte dee Pire» dt nmUe; la Cotidle. aat« de* Jha», et Ut nMMoM; 

3S mai 1736. 

135 PpwM M TWiM, 5, de La Sem, F. Bebel et Franctenr; 17 octA. 1 ttt. 
119 tet Am»tm tle$ Bleax, op.-b., t, Fnieller, Houret; 1& sepiembie 173T, 

130 Orion.S, de Lafont et Pellegrin, Lacoste; 17 février 17». 

131 Les MooïEAtix FiunitEwis, pastiche, Dancbet, Campra; 15 arril 1728. 
133 la PrlueetM d'ÈUde, op.-b. , 3, Hollire et Pètteerlil, de WHeneuve; 

39 juillet 1738. 
193 Tirtit et Zélfe, S, do La Serre, F. nebel et P. Francœar; 19 octob. 1711. 

136 fterpllla e Bajoeeo oMla 11 Oloatore. 3, opéra italien; 7 juin 1730, 
139 Dm MIcee e Lesktoa, s, op. ita].; lAjuia 1739. 

130 les Amours A* Btestes, op.-b., 3, Fiuelinr, Qoinmlt (Jean-Baptiate- 
HMliDe) ; 9 amt 1739. L'Amvre et Cépkale, acte ajouté le tS août antt. 

137 £« P«rtMf*r, op.-b., pastiche, PeU^rin, Colin de Blamout; 13 sept int. 



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4U THEATRES LYRIQUES DE PARIS. 

ISB L'JMumr MBfMf, *", DDtartr«; )5 octobre 1739, & Foiit«iiid>leBii. 
IW J>«(0ratec(ni/9i(«ii)tiod.du)ijBMoM,deL>BeiTe,P.Rebel;3JaDT.t79O. 
Ite Le caprice d'ErMo, protopM qu« l'on subetitue à celui d'HMMM, Fiu»- 

Uer, Colin de Blamont; 8 octobre 1T30. 
Itl I^rrAM, 5 , FernMUiuli , Bojer ; » octobre tIM. 
lu FkAwnns db Lelu , pwticbe, la Séréiuul* o^MfbnM, Mec le dm de 

le JofMU (TW»t)^,' 18 JwiTier 1731. 
lU AUyHÏm, S, Fontanelle, CoUn de Blunont; 17 nud 1731. 
tu /éphH, 9, Pellegrin, Hontéclur; 38 réTrierl7S3. 
lis Le Ttitmplie dei 5mi, op.-b., Hoy, Honrat; 5 Juin 1731. 
ItS BtbHi, S, Fleury, LacoMC; O novembre 1TS3. 

U7 L'Empire de l'AMour, ap.-b., 3, deMoncrif, de BrMuci li knil I7S3. 
ItS aippoigle el Aride, S, Pellegrin, Rime*u ; 1" octobre 1733. 
lit lA FHedeDituu, acte que l'on «joate «m FHu grecque* et nmat»e»; 

renier 173&. 
IM LetFélei nomeUtt. op.-b., 3, Huup, Dupleaus ; II Juillet 1731. 
IH ÂeUlU «l DHâamit, S, Duidiet, Càinpn; 3A février 1735. 
101 IM Grtcet, Dp.-b., 3, Roy, Honret; 5 mai 1735. 
153 U* tnda galmlet, op.-b. , Folaliar, Rune^iu; 13 août I73S. 
IH StaHàerbtg, S, La Hotte et de La Sem, F. Bebel et F. Francœur ; 17 oc- 
tobre 1735. 
US IM S ta a agei, acte que l'on ajoute au Ituiei gaioMe»; 10 mars 173G. 
IH LmVotfget de t'Amixa; op.-b., t, La Bntère, Boitmortier; 3 mai 1736. 

la Vilte, acte que l'on ajoute jt cet ouvrage lo ï Juin suivant. 
1S7 Ut JhMunu, op.>h., 4, BODuev^, Ni«l( 33 août 1736. Le JtMMn em- 

«etlleux, acte que l'on ajoute i cat ouvrage ie IS septembre MÛTant. 
ise Le* Gàtiei, op.-b., A , Fleni7, H*" Dnval t IS octol»« 1T36. 
199 b niomphe 4e l'Barmmiie, op.-b., 3, Le Franc de Pompignan , Gtvoeti 

9 mai 1737. 
1« CéUeret poOt*. 5, Bernard, Rameau ; 34 Mut 1737, 04,64, 73, 78, 

1700, 1814. 
181 Ln Cttrextèret de V amour, op.-b., 3, Feirand, Tannevot et Pellegtia, 

CoUn de Blamont; 10 avril 1738. het Ammm du Printempt, acte aJoaU 

par Bonueval et Grfin de Blamont lo 1" Janvier 1739. 
ISS Lt Paix, op.-b., 3, Roy, F. Rebel et F. Francœur; 29 mai 1738. tA 

Arin de t'Âmow, acte ajouté le !7 Juin 1738. Nlrie, acte ajouté le 

SI Juillet 173^. 
18S Let PiM d'Bibé eu Ut Tattnti lnTiqiut, op.-b., Hondorge, HaoNaiL; 

31 mai 1739. 
104 zaUe, reine de Grenade, op.-b., 3, de La Harre, Royer; 3 tepu 1739. 

Momiu aawweiuc, acte i^outé le 37 octobre suivant. 
185 DardaniU, S , La Bruire, Rameau ; 19 novembre 1739, 44, 98, 00, 08. 
104 MiMt, 9, de U Seire, HioD ; il avril I74f. 



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THEATRE lUPÉRIAL DE L'OPESU. 429 



1B7 Lé m^tk à» Gnidt. Mlinii Bas, Houfet) 3 

ise Lu Âmmrt de itaffamff, op.-b., 3, Nâricftuli DMtouchet. Mwret ; M jan- 

ïier 1743. 
109 /iM. S, Lft RlnËre, HondoDTille ; 10 &Tril 1743. 

170 ta Pite dt Diant , op.-b. , N. DestoadieB , lb)iir«t ; 30 Jurier 1713. 
ITl DOH Çuicfietu eltei la Buthtut, op.-b., FMftrt, BoiBmortler) 11 féT. 1713. 

171 Li POitooiT de l'AmOT, op.-b., 3, LefËbv» de Saiot-Harc, Rojeri 

33 avril 17&3. 
173 U* Caraetirttde laFoIft, op.-b,, 3, Dnclo*, de Bary; SO août 17A3. 
ITt L'Éiak a«* Ammtt , op.-b., Fuulier, Niel; U Juin 17U. Ut Sujttt l'n- 

daelUi, acte ^outé le 37 avril 174S. 
179 L'/HWMM*, acte qoe l'on afonte aux Grmatt T juillet 17U. 
176 Le» Mandoltnu, op.-b., de Sodi; lA septembre \lbi. 
IV ifj JuguMialtM, op.-b., Ro;, F. Rebel et F. Francnur; IS dov. ilM. 

178 Z^ffndor, rof d»^/;iA«f, lloncrif,F. RebeletF. Frsiic<Bar:17iiiBni74S. 

179 Ix Trophét, prologue à l'occasion de la victoire de Footeaoi, Uoncrit, 

F. Rebel et F. Franceeur ; d Juin 17^5. 
IBO La FiUeité. op.-b., 3, F. Rebel et F. Francœur; 10 juillet 1745. 
isi jupUtr vatnqutvr itë Tfiatu, 5, BoDoetal, Colio de BlamoDt; 5 sept. ITâï. 
183 Ift Pila de Polgmnit, op.-b., 3, Cabugac, Rameau; 13 octobrel7i5. 
183 Lt Timple dt la Glolr*. op.-b., 3, Voltaire, Rameau ; 37 novembre 1743. 
18& ZéUtta, op.-b., 3, Sauvé de La Noue, Jéliotta ; 10 mai 17Ae, i Vereaillet. 

185 Seylla «I Gloacu*, S, d'AIbareC, Leclerc; h octobre 17Â0. 

186 L'Annét galante, op.-b., 4, Boy, Hion; 11 avril 1747. 

187 Zaft, op.-b., 4, Cahusac, Rameau; 39 Tévrier 1747. 

188 DapImU et chioé, op.-b-, 3, Lanjon, Boiemortler; 38 eeptembre 1747. 

189 PfgwMlion, acte du Triomplu det Art», ajinlé par Balot de SoTot,TemiB 

en musique par Rameau; 37 aoutl7A8. 

190 FiUGiiinTs composés du prologue des A»u>wi de Venus-, des Soiriet de 

t'Elé; de CEtilMt dea àwutitn déguMi; de PygwiaUoH ; 10 sept. 1748. 

191 Le» Ffia de t'Uyneu et de l'Amour, ou te» Btcax d'Egypte, op.-b-, 3, Cfc- 

huiac, Rameau; S novembre 17£i8. 

]*9 Platée au Juiutm jalouie, op.-b. bouffon, oeuvre postbuaiu d'Autreau, ra- 
justée par Balol de Sovot, Rameau; 4 lévrier 1749. 

193 f/dlt, op.-b., Cahusac, Hameau; 5 décembre 1749. 

104 Le Cemacal du l'arnaeie, op.-b., 3, Fuielier, MoodoQvUlo; 33 sept. 1740. 

105 Zoroaitra, S, CaliuMc, Rameau ; Ù décembre 1740. 

196 Uaidre et Hère , 5, Le Franc de PAmpignan, do Brassac; S mai 17.']0. 

197 Fracvents composés de AjHosii. Honcrir, Ro; er; laiéne, Honcrir, F. Re- 

bel et F. Franceeur; limu, acte de CSaipire de t'Aviour; 38 août 1750. 
lOS Le* Filet de miii, op.-b., 3, Roy, Colin de Blaotoat; 30 novembre 17S0. 
199 FaMHtKTs composés de Itmènt! de Tito» et t'Àurert, Roy, d« But;; 

ÉgU. Lanjon , de La Garde; 18 fârrier 1751. 



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«6 nifeAITtES LYRIQUES DE PARIS. 

30a Le* GUtlU tWitaOtt, Hiuierif, F. R«bel et F. Franeanr; M Mpt. ITH. 

lu. Lm Guirlande eu la Ftnrs mchtailéti, ticta que l'on «Jante am /ate 

galanla, Hu-monlel, Rameau; 2li seplembre 1751. 
303 La Féie de Pamitie m la Ntri$aanet é'OtMi , Cataauc, Rimeta ; 1731, à 

Ver«sillea ; 17Sù , à Paris. G'ett une égli^ue sur la niisuiee ia dot 

de Bourgogne. 
SOS Âtantlu et Céphise ou la SympathU, Harmontel, Bunean; !• dot. ITSt. 
30& Fbaghents composéi de Pygmation, A'Ègté, de la Vue, acM dn Tnampht 

dei Seiu; 3 décembre 1751. 
MS tM Serra Pa4r*Ba, opéra italien, musique de Peifol^ee; 3 «ont ITH. 

306 Alphée el Àrithiat, op.-b. tira de l'opéra A'Àrélkute de Dandiet et Cant- 

pra, arec un pioiogue 4e Pellegrin et HouUcliir; 13 aool 1753. 

307 II GlomoreoMiaSerpiaa e lelMca, a, OrlaadiDÎ, Ristorlni; SSaontlTU. 

308 II MacMra «i Mwlea; 10 septembre 1TS3. 

KM) Lei Aatour* de Ttmpi, op.-b., h, Cahitiac, DauTergMi 7 notembre 1T3I. 

310 LaFlBiaCamerlera; 30 novembre 17S!, 

311 La IMniia inperba, 3 ; \t décembre 1791. 

312 Titontt l'Aurore, 3, de La Harra, Uandoniillei 9Jan*ierl753. 

119 le Jaloux torrlgé, opéra bouffon parodie but dee air* italiens par Flortec 
et Collé, divertissement et récitatili de Blaret, dtuté par les aeteon 
ilalleas; 1" mars 17SS. 

lit Le Devin du Flllagt, intermède, paroles de J.-I. RonMean, titofea de 
Genève, musique de Granet, citoyen de L;oa; 1" msn I7S3. 

315 I^ilt el Dilie, Harmontel, Rameau; 1TS3, i Venailtes. 

316 La Scaitra OoTeraairfcc , 3, avec des ballets musiques par Cocdii; 

13 mars 1TJ3. 

317 Baphnt* el Égti, Collé, Rameau; 17S3. i Venailles. 

118 II CInrae rimpatrlato, musique de Selletti ; 10 juin 1T33. 

319 LaZlniara, 3, musique de Rinaldo d! Cipua; mËmejour. 

330 «Il ArttBlanl aniekitl. 3, musique do Latilla; 33 sepiembn I7U. 

311 II Farauilo, t, musique de JomelH ; le mt^me Jour. 

333 Icrtoido Ib Conc. 3, mus. de Vicrrnio Csmpf ; novembre I7S3. 

113 I Tlagfalorl, 3, mus. de Leosardo Léo; 11 février 17S3. 

ati DaplaiU el Alelmadvra, opéra languedocien , 3, paroles et mosiqne de 

Hondonvilie; les Jeux Ftoraujc, prologue de VoiseaoD , masiqtie de 

HondoDville; 30 décembre 17S&. 
33S Deuealion el PgrrAa, op.-b., Saînt-Foiiet Uorand, Berton (Merro-Vontan) 

etGiraud; 30 septembre 1793. 
MB pRAGHSNTs composé» du pTOlogue et ffun acte de le Carnaval el ta fotir: 

de tEnjouetneni, acte des Grâces, et dn Temple de Guide: 13 ddv. 17M. 
317 Xoroatlre, refitit par ses auteurs Cshusac et Rameau; tojauvier 17S0. 
338 Céllme «k le Temple de l'Indigente diiruii par l'Amour, opéra-ballet, 

Chennerièie*, d'Herbaia; iB septembre 1796, 



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IBËA-ntE IWËEUAL DB L'(H>eRA. iti 

Ht Ui SmpHtei 4e t'àmoia; op.-b. compoad dM «ctM de ebttitmau û'A- 

doMë, la Lgrt mtkmMU». Ànaeréta ; Beniird, Rameau t 31 msi 1797. 
MB m Ssbmilwi, acte qae l'on labgtHae i ta Ign twduuMt, HanoanM, 

Rsmeaa ; 19 Juillet 1797. 
Ul Sut* et Lotbdt, 5, FonteDello, rammlqué par DtaTergnê ; lï fér. 17M, 
Ml £m F^fn ifa Paphoi, op.-b. composé de rVmu R Adawlt, de CoHet 4e 
HeuioB ; Baecluu al Érigont, de La Bnière ; fAmintr et PtfcM, de Vol- 
•BDoo; mQBlqae du toat de Mondonritle; mal 1758. 
3S3 ItM Piitt d'Bnitrpt, op.-b. coraposé de ta SiùgU», de Honcrif; ilpMtet 
Arilhute, de Daachet; la Caquetlt trompée, de Favart; (t JK«a( /M»- 
nittf, deBniDet; le tout musique par DauTergne; B août 17H. 
SU l<s pBji<nENTs BÏaolQCEs, formas de Pkaéitue, Fnieller, Iio; Eimtét, 
Laurte , In I ApotUn , htrgtr d' Admit», acte du Triomphe àe l'Barmo~ 
nit; SO juillet i7Sg. 
13S LêM PaUutint, op.-b.,3, HonUcoiiF, Rameau; 13 fSvrler 1700, 
ne Ttnamim comp. du prologae à'BgU, de l'Ammir tt FtyeU-; M Jiln 17M. 
1S7 £0 Prince de Ktit^, op.-b., a, La Braèn, F. Rabd et F. TruccBuri 

]S icptembre 1700. 
au Caaente, 6, La Molle, rajualée par Carjr, remasiqoée par DaawgB!; 

11 Dotembre 1700. 
339 Bertult mourant. S, Uarmontel, DauTergne; 3 arril 1701. 
»0 Bglat «t ZéUt, op.-b., ***, de Bary ; Juillet 1703. 
ail l'Opéra de Soeiiié, op.-b., Moodorge, Gîraud ; 1" ootobra 1701. 
at! Potgxène, 5, JoIlTean , DauTergne ; 11 Janfler 1T03. 
atl FaMWEins eomptwda du prologue et de la Ftmm», acta do* H$a 4* 

TSaae: dn DettH du rHlage; 13 août 1705. 
m Aline, reine de GOkmde, 3, Sedalo», Monaignr; IS avril 17M. 
Vfi FaiOMEiin composas de l'flaUe et la Turquie , aetet de fturopt gatMi, 

te de Zélindor, rai dtl Sfflpliei ; 17 Juin 1700. 
3i0 Le* Files Ip-tqiKt, op.-b., composé de Amuréon; Under et Jmi»i», 
Bonoeval, L.-J. FnmciBur; Èrorine, HoDcrif, Bertou (Piarre-Kdotan); 
90 aoul 1700. 
Ii7 Sytvir, op.-b., 3, Laqjon, Berton et Trial; 11 norembre 1700, 
lit TMite, S, Quinaulc, remuslqué par Houdon ville ; 13 jiDTlerl707. 
3&9 Las FucNENTS ltitodes, composés de ipallenet Coronli, actede&inMov 

rf« Dieux; du Peu ei de la rerr«, actes AeiÈtéme»ls; 18 août ITOT. 
aSO Les Fragments nanvEADi , compoaiia du prologue des Awumrë dei Dieux; 
de TKAfRfj OK le Toucher, de Poisioet , Berion , Triai et Gr«iîa>) i'Am- 
pAi'oR.-ll octobre 1707. 
aoi Emetinde, prlnceeee de Norvège, 3, Poio^net, Phllidor | St Dovembre 1707. 
Sous lelilr«da sandomlr, priiiee de Danemark i Stjaiivier 1700;miln 
tous ton premier titra, en S actes, par Sedainet l^hiillM 1777. 
ata Bap/mit H AUtmadure, 3, tnd, en&witaiapar Hoadonrlltoi 71iiiiil70S. 



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m THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

153 lA yénttimn», op.-b., La Hotte, remutiquëe puDauTO^ei'IO nor. 17U. 

ISA Omphalt, i, Lft Hotte, nooTelle mnûqoe de Cardona ; S mai 1769. 

35S FiioiiEnn composéB de ta Prottnçaie, acta dea Fila de nailer BIff*- 

mine et Àtatakle, Bninet, Vacbon; Jiukt^m,' S aoat ITW. 
3M P4|rcW, S.HalièreetP. Corneille, remua, par UondonviUe;l"dé&176P. 
SST JU Tour etKkoMi», op.-b.. H" de Villeroi et JoliTeau, Oanrorgna; 

30 Juin 1770, à Vanaîllea. 
3SS FaMHEKTB composes du prologue des Imlei galanla; de Bjrloi et ZHtt; 

de la Dante, acte dea Fitti it'Bébi; t Jaillet 1770. 

359 Amâu et liméitiai. S, LsuJod, Delaborde. (lue scène de Midét et Ja»n, 

ballet- pant. de MoTerre, est intercalée dans cet opéra; 11 die 1770. 

360 FBAaNlHTS composés du prologue da ffardanut; A'Alphée et Arélkmie: 

de la File de Flore, acte d'opâra de Razins de Salal4farc, muûqué 

par Trial 1 18 Juin 1771. 
161 La CtmnuoualM, 3, DeBroolaines, Ddaborde; 33 août 1771. 
M3 FueaniT» composte de ^Atr, acte des ÉUttenti ,- de la Slbylie, acte dos 

PHet d'Bulerpt! de le Prix dt ta râleur, acte d'opéra de JslireaD, 

musiqud par Dauiergoe; 1" octobre 1771. 
M8 AmadU de Gante, 5, Quinault , remuaiqué par Delaborde ; A àéc 1771. 
36A Bdllei kirelifut, formé du prologue et du premier acte des Filet de l'Og- 

M«tt etd'Égli; 10 Juillet 1772. 

165 édile de PontlUeii, 3, Raiiira de Saint-Uarc, Delaborde et Bertoo ; !*■ d6- 

cembre i77i. 

166 EndgaUtm, ballet-pantomime, Gaétan Vestiis; 17 mars 1773. 

167 FaACHEnra b£boIques formés A'Ovide ei Julie, acte des Àwunirt dei Dimix, 

remusiqué par Carâone; du F«w {la Vêtiale), acte des Èlémuui; des 

Samagei, acte des Iiidet galantes; tC juillot 1773. 
MB L'Union de l'Amour el dei Arli, 3, I^emonaier, Floquet; 7 «ept. 1773. 
3SS liminar, 3, DeafoutaiDes , nodolphe; 17 novembre 1773. 

370 Betlérophon, 5, remusiqué par Berton et Grenier; 20 novembre 1773. 

371 Sdl>in«a, S , eosuîle &, Cbabanon, Goseec; SI février 177A. 

371 Iphigénii en Aullde, 3, Racine et du Rollet, Gluck; 19 avril 177i, IS». 

173 Orphée et Eurydice, 3, Calsabigi etHoline, Iraduct., Gluck; S aoull'ïk 

a7i Aidan ou le Serment indiscret, 3, Lemonnier, Floquet; IS nov. 1774. 

375 Le Poirier, op.-boulT., Vadé et Favart, Gluck; 18 fév. 1775, ji VeraaiHoi. 

vn CipItaU etProeris, 3, Harmontel, Grétry; a mai 1775. 

177 Cl/lltire astiigie., opéra-bouflon , 3, Favart, Gluck ; l*' août 1775. 

37B FUGHENTs composés à'itexis et Baplmi, de Philéaion el Bauctt, Chaba:- 

non , Gossec; de Bylaa et Sylvie, nouvelle muaiqne de T«gros et Désor- 

loery ; 3S septembre 1775. 
170 Midi» et Jason , ballet -paolomime de Noverre, 3, 31 décembra ITTS. A 

dater de ce Jour, tous les ballets étant pantomimes, Je les appelai tout 

■implement baUeti. 



ityGoO^k' 



THÉÂTRE IMPÉRIAL DE L'OPÉRA. 429 

lao Àtceiit, 3, CiilttibEgi , àa Rollet , traducteur, Gluck ; 33 avHI 17T6, 183S. 
ïSl I^s Homaiu, h , Bonneval, ramasiquâ par Csmbinl; 30 Juillet 1776. 
283 Ij:i Capricei dg Gaiathit, ballet, noverre; 30 septembre 1770. 
383 Fn^GUEHTs composa de Sulhyme et Lgrli, Boutillier, Dëiormeir; i'Âm^ 
m ou la Iiia, acte des FêUi dt l'Hymen ; l" MlobraI77t, 

354 Jpellei ei Cantpatpe, ballet, NoTeire, Rodolpbe; mËme Jour. 

:iS5 Alain et notent, loteraiMe, Boutillier, Poulean ; 1» Janrier 1777. 

355 Lei Horates, ballet, NoTcrra, Staner ; Il Janvier 1777. 

387 Ftamé M te langagt lUt PUm, 3, Raiios de Saint-Marc, Deitde. 

15 mai 1777. 
2S8 Armiile.5, Quinault, Glucïj 33 aepleinbre 1777, 1S37. 
28B Sîffrtilel tî/rorii, Boutillier et Bocquel, Déaormery ; 3 décembre 1777, 
30D Roland, 3, Quinault et MarmoDtel , N. PScdnni ; 37 Janvier 1778. 
3St La FSie chinoise, ballet de Noverre ; le même jour. 
L'es La Cherehaue i'Etprii, ballet de Haxioilllcn Gardel ; t" man 1778. 
393 Les Trolt Agei de POpéra, prologne, A. de Vieme», Grétry ; 37 at, 1778. 
294 Phaon, 2, Watelet, N. Piccinni; 1778, à VerMiUee. 
303 La Ptte de ViUagt, DesfbntaineB, Gouec ; 36 mù I77B. 

306 Ztf Prvotnçat», acte de Latent , remueiqaâ par Candeille; i*" Join 1778. 
!Q7 Le nne ConleeM, opfra italien, miulqae de Palaiello; VJuIn 1778. 
308 AiuMU et iMbtn, ballet de NoTerrc ; le mËme Jour. 

300 It Finie Ccnellc, maelque de Plcdonlj 11 Juin 1778, 
.'iDO l£> Petits Jtfnw, ballet de Noverre; le même Jour. 
SOI II CartOMi iiHlIaerMio, manque d'Anfoasi; 13 août 1778. 
rtoi .Vtwtl* à la Ctmr, ballet, 3, Haï, Gardel ; 18 août 177S. 
303 La PraMaUBa, mnaîque de Paiaiello; 10 septembre 177S. 
aoii L* naia SUrdiatem, uiuiqae d'Anfosd; II nereinbie 1778, 
303 LaBtwaaFlillaaIa, Goldonl, Psisiello; 7 décembre 177S. 
300 HelU, 3, de La fioallaya (Lemonnler), Floquet; 5 Jaaiier 1779, 

307 II t;elMo IB CiBWDio, muaique d'Anfoui; 18 Janvier 1770. 

308 La BiMBa FIrUiuMb marilala, N. Picdoal ; IS avril 1770, 

300 L» Bnln du Vittag», musique réellement par l.-i. Hooaaeaa, partition 
n° 3, est siSlâ de telle sorte qne l'on revient à la mnalque de Granet, 
partilion n* I, aprto cette première épreuve, faite le SI avril 1770, 

310 II Vaio lUipreiialD, musique de N. Piccinni ; 16 mal 1770. 

311 Iphlginle en Itarfdr, 4, Gulllard, Gluck; 18 mal 1770, 1831, 

313 L'Malo clBcse, mosiqae de Paisielb et de N. Piccinni; 10 Juin 1770. 

313 L'Amore Soldai», mosiqua de Sacchinf ; 8 juillet 1770, 

314 i^a Totletu dt finut, baUet de Noverre; IS JulUet 1770. 

315 II <lavailere erraBic, mu«ique de Traetta; h août 1770. 

310 II HatrlnoDlo per iBfanno, musique d'Anfuesi; 3 septembre 1770, 

317 StluH Nareiut, 3, de Tichudy, Gluck; 34 septembre 1770^ 

318 lHn*t ballet.S.deHaiimillen Gardel; 8 ooTeobre 1770. 



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m THEATRES LITRIQUES DE PARIS. 

319 ÀmadU it Gwlt, i» Quinult, réduit & 3 acte* par AtpboniB de VbmM, 

nouvelle muiiiue de Chrétien Batb ; lA décembre 1770. 
3}0 Midie, ballet, 3, de Noverre, uouv. miuique de Rodolplie; 30 JuiT. 1780. 
331 Jlyj, de Quiotult , réduit k 3 actes pu lUiiaauiel, nouvelle mniiqtM 

de N. Picciuiii; 32 rériier 17S0. 
333 àndromaqut, 3, Uacinu el Piua, Grélrji 6 jtiin 17B0. 
333 Laurt tl Ptiriiri,ue, Muliue, Candeille i 3 juillet 1780. 
au Damtu a ZuU»it, D.bTiaui, Mayeri le taùmo Jour. 
333 Arf^ènc en fAmmir tnfeM, VoibGLoo, H.-A. Ué-.augierB; 3 lept. 17M, 
)3G Ptnét, du QuiuuuU, léiluit 1 3 actea pur Mamiuiitel, douv. luiuiiiae 

de Pliilidurt 37 uctobre 1780. 
337 U StigHtur bieiifaUuM, 3, KuclioQ de ClisbaDuet, Floquel ; 14 déc 17S*. 
33S intuitade en ïiHuiM, k, Dub.euil,N. Iricauiiii 33 juuvier 1181. 
3ï9 La l'eu de Uirza, ballet, a, but. l^urdel ; 33 (étrier 17H1. 
i'M Apollon el IW^mJ, ï'uieliu., J.-U. et Joaepli H171 3lOui 1781, 
331 la t'ttt de la Caij, boltet alli-gorique, Camiiiaue; 30 aoui 1781. 

832 L'iMomme pencttiiee, i.e ilozof, Anlossi et l.oUielott; 31 sept. 17B1. 

833 Adèle de l'oHikieu, 3, Haziiiï de baiiit-Uaic, uouveiJe uuuijue de K. P» 

ciunii 37 ocLObre 17S1. 
33t ItvtUte au l A»aHi de lui-mime, ballet, précédé par un |ii«liigue, Caoi- 

Dode; 10 décembre 17B1. 
S35 Colinelle à la Cour, 3, Louidet de Sanlerre, Grélry) 1" Janvier 1783i 
330 Tkétie, de Quiuaull, mis eu 3 actes par Uorel, nouv. musique de Gouee; 

dernier uupirde LulU ilout un air av-ii été conMnéi 38 iti, 1781 
837 Élettre,3, Guilkud.Lemoyne; a Juillet 1783. 
333 FucMMTi ïODipoïés de le t'eu, acte des Klàunii, musique de EdelmaaB) 

d'JrùM*, da»t l'ile d» ^tuoj, Moliiie,lùldiajtaiii HApoUtoiei Dorlmi, 

Pitrft, Uttyer; 3A septeoibre 1783, 
■SB Z.'CiiMrru da Rieheua, 3, d'AUainval et Lourdat de Sutene, OtHaj; 

Si noveiBbre 1733, 
8U Sinmd, 3, PeUegcia et Lebœaf, Saccbioii SB février 178B, 
SU Pér^nxt ttmtét, h, de Sauvigny, Deiédai 37 inul783, 
843 ÀUxMitdrÊ ma InUet, 3, More], de Héraaux;a6 août 1783. 

343 BUm, 3, Mwmoittel.N. Piccioni; 1" décembre 1783. 

344 L'Oracle t^ailei, StialrYoU. et UaiimiJieo Gardel ; 11 janvier 1784. 

34s LacartuaiK du Ctirt, 9, Monsieur, comte de Piavence, qui dniU 

Lonl* XVUL, et Morel, Grétry; 15 Janvier 1784. 
348 CMmene ou U Ctd, 3, Cortwille et Ouillard, SaccMni < 9 février ITSt. 
847 TibulU et BéUi, Fuieiter, M'" de Beaumesoil; 15 oiaia 1784. 

348 Les Danaidet, i. Dit Rollet, et de Tichody, SaUeri; » avril 1784. 

349 la Koiièr*, 3, ballet. Mu. Gardel { M Juillet 1784. 

330 Diane et EndigmlM, 8, de Lirooi, N, Piccinni ; 1 septudav 17at. 
aei Le Détertm; ballet, 3, Haï. Gardel; 1* octote 178*. 



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TQËATRE IHP&BIAl. DE U'Of^kk. 131 

313 pgrdmtia. A, ewuite 3, L& BruÈre«t Gulllwd, Sftcchiai) 30neT. 178â- 
tS3 Pmurgt duiu nie da laïUtnei, 3, te conU de Provence, qui devint 

LouU WiU, et UOTdl, Gréuy , 15 j»n>i«T 1785. 
134 Piaart OH la i^onqiiiie du Piiou, 5, Dupii!UU,CaDdeiile; 3 mû 1785. 
S55 i/ Primier .\atigaiev ov It foutoir lit l'Amour, bullot. S, Mtuimilisa 

GuiMeliSùJuilUiL 17SJ. 

SBO Pétèlepef 3, Aiui'uiuiiiel, N. Piccinnij S décembra 17SS. 

357 TheinUliKU, 3, Uoivl, Philidur; 35 HVril 17B0. 

358 JiMi/<f,a, i;ur»iu, GOiUic, il JuitJetl78e. 

330 U l'ieU dr Uauf, bUiei île Uaiiiui.ieu Gtrdeli ISJaUletlTge. 
Ifll) La ioiivn d Or, 3, Uesritiui, V<.gi!i ; 3U uuut 17». 
Sul Uf iauvuiitt, U..IJut uu Lui. ei Piirie Gsidili 3 uovembia 17S0> 
3b3 PneHre, Uouuiuu, Leiiiuyi.ei 31 uoteuilift: l'SS. 
3<J3 Lt* Uoriàttt, liui.lMi, bnliuii; 7 duujiubre l'iM. 
aiili ObdliM à CuIttHt, 3, (iuill^rd, biuMJiiui , 1" téviier 17S7. 
3lw Utaii du Hilugi, lmlujtdulIu.Giin.el; A avril 17H7. 
aOQ AUiudor, 3, liodiou du CliulMiuiio», llmede ) 17 avril 1787. 
307 ïtiiwf, a, CiLtou de liMumurt^lius, ^nlieii; e juiu 1787. 
868 U Jioi 'ii.ebtiare à teniu, 3, iraduit de >'ii>Uieu puMoliiHi, musique de 
PiiiBiellO; 11 beplumbru 1787. 

ses Arvinti £i>«fi*Md, 3, Guil.iinl,S3CcluDieL J.-B. Beyi SOaml 17^0. 

370 Jmphiirgon, 3, UoUiira ei S«ditiue, Gj élry ; 16 jujilut 1768, 

371 BémupHoii, i, llariuoLtttl, Uiuiubioii i" décembre 1788. 
373 AtpMiê, a, Morel, ùiéity ; 17 mars 17HB. 

873 Let PréleHdui, Rochon de Chabuiinia, Lamoyoe; S Juin 1788. 

S7A Otmêphm, 3, UesriRUX, VosttI ; 13 wpiembre 17ga. 

»li NeDhlé, 3, UofflDM), I.eiito>ne ; il dfcembio 1789. 

STft Let Pemmieri el le MiHiiiTi, Forgeot, Lsmoynei 30 juiTlert7B0. 

877 TiUmaque datu file de caif/pi«, baUet, 3, P. Gardel, UilJer; 33 téf. 17». 

S76 ,<M(Jif0>i(, 3, Harmoutel, Ziiigarelli; 30 avril 1700. 

879 Limi* IX nt Sgsple, GuiUard et Andrieux, Lemoyne; 16 Jeio 17M. 

3 BO i^ Priu dt la Bmlille, hiérodrame, livret et laïuiquo de llarc-AnloiM 

Detan^en, eiécutâ dons l'dgUie de Hotre-Dame oe Paru, par lea actoiua 

ia l'Opira, suivi d'un n Beumi 13 Juillet 1700. 
381 Le Ponniit ou la IHvinili du Satna^,i,St.alnier,CtMupâii; Si oCLniO, 

383 FincSi, ballet , 3, Pierre Gardel, UiUar i U décembre 17». 
3S3 Cora, à, Valadier, Hébul ; 15 féirier 1701. 

384 Coritandrt, S, de Liaiferes et Lebaiil; , Laaglé ; 8 man 1701. 
383 çaaor et Potlux, s, Beniard, Rameau et Candeille; M juin 1701. 
388 L'Bturtux Stralagimie, 3, ***, Louiï Jadin ; 10 Hpteinbre 1791. 
387 BiwcAiMd JrfAiw, baUet,Gallet,Ilocberort;ll décenbie 1701. 

380 CBdip* à TMbu, 3, DuprU de La TouKiubre, de Méieaux; 30 dée. 1701. 
380 L'Ograndê à la UberU, op.-b., Pierre Gardel, Gowec; 3 octobre 1793, 



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432 THÉÂTRES LYRIOUES DE PARIS. 

390 u Triomphe de la tUjntbUqut ou te C«mp de Grmdpri, H.-J. Cbénier, 

Gossec ; S7 JuiTisr 1703. 
301 La Patrie meiaïaUsttntt au l'ApolhéMe de Seavtpatre, LAoof, Cu- 

deills ; 3 TéTTier 1T93. 
303 Le Jugement de P&rit, ballet, 3, Pierre Gardel, Hëbul; SmuslTQS. 
393 Le Mariage de Figaro, 5, traduit par Ptotada, sans récitatir» , les actem 
disant tout le dialogue en prose de Beaumarchais , musique de Mouri: 
!0 mars 1793. 
3% leSiige de Thiomitle,1l, Saulnler etDuthil.LouU Jadin;aji]îii 1T93. 
395 FaUut, 1. Mania (Barouillet, die), de Hâreaui ; août ITOS. 
3Da La ttoaiagne ou la Fondaiien du Temple de ta libtrtf, Desrisni, Font»- 

nellB; se octobre 1TQ3. 
397 ApolKfose de Slarat ei de Lepelletltr, ictne eiéeutée sar le boulenrd 

Saint-Uanin, devant U salle de l'Opéra^ S7 octobre 1793. 
393 SliUlade à Mdraikon, J, GuitUrd, Lemojne ; 3 nocembi^ 1793. 
;itig Fête de la Raison ft de ta £tt«rf^câlËbré«i7^otre-Dame de Paria; lOdé- 

cembrc 1703. 
^00 1^1 Uviet ou le Triomphe tC Âpeftùn, ballet. But, Ragu^; 13déc 1793. 
SOI Toute la Criée ou ce que peui la liberté, Beffroy do Reigiiy, Lfmoyj»; 

5 janvier 179il. 
kfl-l Boraliut Coelii, A. V. Amault, Héhui ; 18 fdTrier 1794. 
A03 Toulon MURfj, Fabre d'Olivet, Hochefart; 6 mm 179S. 
hO.'i la Féuiiioit du 10 Août ou t' Inauguration de la Bipubtique ftançaiet, saa»- 
cuioUideet S actes, prose, cbants et danse*, Itollae et Bouqnier, Porta; 
S an-il 17Ui. 
/iOj fête à l'Être Suprfme, ballet ambutatoire detslnâ par Loui» Darid ec 
Maximilien Rabesplerre, ciécnté sur les pUccs publiques, dans les 
rues et les Jardins de Paris; B Juin 1704. 
AM BeHyi le Tyran , maître d'école à Corlmi/u, Sjhaia Maréchal , CritiT; 

33 août 179i. 
407 La Eoeitre ripubtieaine, Syliain Maréchal, GréUy ; 2 septembre fin. 
DOS Uarmodlut ei Arittogiun, 9, Delrieu , ***; 1794. 

&09 U Chani du Départ , caotate, M.-I. Chânier, Héhul ; 30 septeaibra 1794. 
AIO L'hduealiBn de l'nneien el du ngmetat régime, hommage à J.-J. JImumm. 

hymne, Désorgucs, Loaii Jiidiil ; 11 octobre 1794. 
Atl IM Journée du 10 Août ou la Chute du dernier Tfraa , 4, prose et chants, 

Saulnirr et Darieui , R, Kreutzer; 10 août 1705. 
419 Aitacréon che: Polgcrale, 3, J.-U. Guy, Grétry; 17 Janvier 1707. 
4t3 La Pompe fUHèb. du général Uoche,U.-i. ChémeT,Cherahini,il oeHIVl. 
414 le Chant dei Vengeancu, interm., Rouget de liste, Fréd. E.; T mai 1798. 
413 Apellei el Campaepe, Demoastier, Eleri 13 juillet 179B. 
Aie Le* Françmi e» Angleltrr», 3, SwUnier, Cbrttieo KalkbrenBer; i Mp 
Ietiibrel79t<, 



ityGoo^k' 



TBtXTttC aPÈSt/it DE L'OPfittA. 433 

indl|riqM',9,TttiMMaiattM,6h]MenKimMM^;lt'd$e. 11^ 
418 Lm ItmmUê m fmp de fmatiUCé étt mnlttra ftàHfVi» à IUuimH; 

»t Jtilti tTt». 
UtUMUmM mêfm-îMa, GnflMrt-nxI^jcoitrt, Ferauj» et C.resnick; 

ieMp«aaitni7M. 
Al» JMV (f UnAv, iHdlM d« llUOD, mu^; de r-C. Lérefi^; sf nor. 1Td&. 
Ail B4nAt, 3, MUcoit, FonteiMlle ; 9 mtl l'Ai). 
A91 UDÉWnMiA.'InlM, 1, Rerrà Gardel, Hâlial) fAjùtniSbo. 
A93 PrvctttU M fa Cefnhrt, Hlleeot, H~ DeTlme*; ïtTJutlIet ISoe'. 
A9A Pttmallaitt IwIIet, 1, Wlon, P.-C. I/febVM ; 30 sont ISOO. 
US LttS»rmet*, Sj Gnillard, Porta; 10 octobre ISDO. 
ne La afûttoK du Hmufé, OMtoln, 3, Wan Srlotten, MBjdn, èégar, traduis 

tenr; 2A dteembra 1800. 
A3T M Socttit emaelu, billn. S, Hilon, P.-C LeTebrre; 1^ Janvier 1801. 
An MkHdriM J Ctrtiuhe, Gnilbnrt-Pfxtafennrt et Lambert, R. Kreutzer et' 

Nkok) Itoaud; 18 (érrler 1801. 
AlV .l«quiuu;, 3, de Jura [Bedeno, dicjR. Krentier; llRTr111801. 
hVir le$ m^aint énai, pastlclw, s mn^que de HoMrt.Hajdn, etc,Uorel, 

Ittbulth, pAtisilen; 33 tout 1801. 
AVI Le Cfqm <f (n Cotombei, Gulllard et ColUn dUarlerine, Gréti;; T no- 

T«iiibra 1801. 
A33 U Betvw Si' Z*phlre, ballet, P. Gardel; 3 nfan 1802. 
AS3 CKmtî Ht amée$ en t'Hmuinv it ta Patx et itet néroM frmfali, Baaiir< 

Lonnlan, Le Soear; lA arril ISDZ. 
A3A Sttatttmlt, 8, Voltaire et Denrlatut, Caiel; Amaf 1801. 
hX lUntU M b Capriet amvaVKt, btllet, 3, HaT. tiardel; IS juillet 1802. 
a3e lïMxrfu, 3, Voltaire et Morel, WiDter ; 1& septembre 1803. 
A3T Baphu'fet PanriroM M la Vmgeaace de l'Amour, ballet, 1, Pierre Garde). 

Mébtil; It JanthrlSOI. 
A38 Delpka el mp*«, Gny, GnJCry ; 13 rdrrier 1803. 
A30 Proierptn*, S, Quiaftolt et Gnttlard, PaialetlDi 30 mars 1803. 
AiO Sail, oratetre en actiori, 3, pastlelie, l.-H. Déscbamps, Deaprës et Morvl; 

Laclinith et Kallibranucr; 7 afril 1803. 
àAl iMcvel IMtrttît, ballet, MRon, F.-C Lel^brre; 3 Juin 1803. 
AA3 Mahomet II, 1, Sanloier, Loais Jadin; 10 août 1803. 
AAS Ànatrimt en l'Aoïeur fUgtilf, 9, Mendouie, Cherubiol; 5 octobre ItiOS. 
AAA U Cemiétable it Clltun, 3, Aignan, Porta ; S rérrier 1804. 
AA9 I* P'nUlmi <(■ CaUfe ou Atmen^or et Zobilde, 2. J.-H. DescbaDipi, Des- 

préi ef Horel, Dabtfrae ; 19 avril ISOA. 
AAS Oitl»ii 9U Itt StuWn, ï, Dercyet JI-ll. Desdtonpa, Le Seeiir; 10 juil. leoj. 
Ml Trtuniiilt, cantate sein., Beauoler, Berton [Etenri-Hontan)i IS août 180^. 
AAB 2«iMr«riri>fï|r, ballet, nnre flaKfel;33 otitobralSOa. 
AAH ÀcUlkàStyro*. ballet, 3, P, Gardel, ChembhA^ IS déeembra ISOA. 



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43< THÉÂTRES LYRIQUES DE PARIS. 

Ï5D J:4CrfMd«/AïeA0,pHticte,3,J.-lLDwcfa«npt,Deipr4a«tllnnliLMb- 

uith etKalkbrenner; 10 avril 1805. 
iSl AtittlGaiMhée,]yillet, L. Daport, DsrandeauetGiaiidls; 10 nui ISK- 
&S3 Jlon Juan, puticbe, 3, Tbarii^ et BùUot, ood Tiolooittel Kalklmonv; 

musique de Haivtet de Kalkbreniieri 17 septembre 1805. 
OaL'AmtnH-i f^fJUrv, ballet. S, Henry (Boiiiuu:boii},QaTeaux;Noct UH. 
«Si Âittitraiz, ballet: U fârrierisoe. 
tSS ScAo rr Hareiue, de Gluclc, mis en 2 actes par Beaunier et H.>]l. Barton; 

Sa mars 1300. 
ASO NephIaU on (« ^nnondei, 3, Aignaa, Blao^i ; 6 avril 18M. 
5TT Le BttrbiiT de Sénlle, ballet, 3, Blache et L. Duport; 30 mai IBOfl. 
iSS Paul tt Virginie, ballet, 3, P. Gantai, R. Kreutur; 25 JniD 1806. 
AÏB L'Hymen de Zépkire ou le Volage fix(, ballet, L. Duport; 17 aoatlSOC. 
tOO CiuforECPaflHx, de Bernard, gâté par Morel, 5, WîuIct; 19 sont ISM. 
461 L'iattugurmion du Temple de la Victoire, Baour-Lennian, Le Soeur et 

Penais ; 3 Janvier 1807. 
aos Vlgtee, ballet, 3, NUIod, Penuis; 27 téviiet 1B07. 

&63 Le Triomphe de Trajan, 3, Esménard, Le Sueur et Pennis; S3oct.l8*7. 
4S4 la Vénale, 3, Etienne (du village de Jouy), Spontini; 11 déc ISOT. 
405 Let Amourt d'AMoine et de Cléopàire, ballet, 3, Aomer, R. Krmnnr; 

8 mare 180S. 
4« Arluippe, 3, Giraad et Leclerc, fi. Kreutierj 31i mai 1808. 
U7 rénut ei AdonU, ballet, P.Gardel, LefebTrefilsj ï octobre lUS. 
tes Alexandre chez ApelUi, ballet, 3, P. Gardol, Calet ; ao décembre ISOS. 
M9 Id JTiirf d'Aitam et ton Apothioie, 3, Gaillard, Le Saenr; 17 mars 1809. 
Ï70 Fernand Cortex ou la Contitiite du Mexique, 3, Piron, Eaioëoard et Iwj, 

SpODtiiili 3S narembro IBOD. 
411 la Ffle de Mort, ballet, P. Garde], A. Kreutier; 30 décembre 18M. 
473 UIppomine et Alalante, Lehoc, Louis Picdnni; 34 Janvier 1810. 

473 V^tumm rt Pomont, ballet, P. Gaidel, Lerebvre; le mâine Jour. 

474 AM, 3, Hoffmaa.R. Krentier; 33man laïa. 

475 Pertie et Andromède, ballet, P. Gardel, Uébul; 8 Juin 1810. 

476 Lei Bagadiret, 3, iouy, Catel; 8 août 1810. 

477 J^ Triomphe du mole de Mon ou I» Berteaud'AckUle, E. Dapaty, II. Kreot- 

ZeTj 37 mars IBll. 

478 Sophocle, 3, Morel , Fiocehi ; te avril IBll. 

470 L'Enlhemenl dei Saiinu, ballet, 3, Hilon, H.~U. Borton; UJoialSlI. 

480 Lei Amoîonei ou la eoudatlon de Tkèbei.A, Joay, Uâlinl; 17 d^ 1811. 

481 L'Enfant Prodigue, ballet, 3, P. Gardel, fiertOD; 38 avril 1812. 
46! Œnone, a, Lebailly, KalLbrenaer përe et flls; 36 mai 1813. 

483 Jirvtalem dillvrée, 5, Baour-Lormian , Penuis; 13 septembre 1811. 

484 Le Laboureur elùnoti, pasticbe, J.-N. Deschomps. Décria et Ncrd, 

Peitonj 5 fâvrier 1813. 



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TVtATRB MPfiiUAL DB L'OPERA.. 43S 

I, 3. j0a7,CheniUnlt SaTiillSlS. 

tse MdéiH /«en, 3, Hilcent, FonteneUe; 10 wnit ISiS. 

U7 MMONfffJMffpvMMv, lMllat,S, HUon.DahrrMMPeniibïUiio- 
TtBlmiSU. 

US L'Orlfammtt SMnar-LonniBa et Atiwuw, Kttnl, Barton, KnntMr et 
P*eri M JuTier 1814. 

W) ÀlcOiaiU ioUlaSTt, 3, Bannillec et Cnreliw, Alei. PIcdnni ; 8 mtn 1814. 

AM Pilât* ouUfMH U PalM, S, Jonj, Spontlni; 38 Mut 1814. 

tM L'Bwrtmt vlUafoim, ballet, a, Deiforges et Hlloa, Gtitry et Penaiit 
4 iTril 181S. 

W U PrinttMMt de Bobgtont, Vigée et Moral, Krantaier; 30 nul 1819. 

4U L'^Krmi BtiVÊT, ballet, Milon et P. GHdel, Etentier et Penoia; 
39 JoUlet 1815. 

4U Ftort et Zèphire, ballet, 3, Dldelot , Uiw-DeiK>rgea et Vénua ; 13 dâc. 1H9. 

499 U Canatat de y«mite , ballet, 3, Kreotier et Penula i 33 fénier IBiO. 

4M U jHeai^Ml , Etienne, Lebmo; 33 arril IBie. 

407 Ui Uetu ri«Mc M lei FUti de Cgihère, BriCTanlt et Dlenlafo?, Bertiwt 
Krentnr, Penula et Spontiiii; 31 Juia IHie. 

4M NùtbMtie eu la PamiUê nt—e, 8, Gu;, Reicha; 30 Juillet IBlfl. 

t» Lu Stmagti dt la mer du Aitf,baUet, HUon, F.-C Lefebnet Mdot. ISie. 

HO &v«r de Sicile en le Ttoutadur, 3, Guy, Bertoa ; 4 mars 1817, 

SOI Ftnumd cerm, Teconctrult par lea anleon; 38 mal 1817. 

503 lu FiMeil de Coterie, ballet. Garde! et Hlloa, G. DngaioD; 17 np- 
temlm 1B17. 

903 aiafdt M (M Fitert enckamtéu , 3, Etienne, Lebmn ; 19 janvier IB18. 

904 PTMtrptM, ballet, 3, Gardai, ScbneitiliMflïrt 14 rdnier 1818. 

509 L»ê Croiaàt au t» DéUtrai>ce dt Jtnue^Mt, oratoire, miuiqne de Sladbrt 

10 Ban 1818. 
5M Zfr7Ml>*l'''nr^J^l4«, 3, Jouf et». Lefebn«,C«lel; OJuiu 1818. 
5*7 lA atdaciÊKT <M tillagi m Oatrt «t iftctol, ballet, 3, Albert (Decombe), 

Schueltiboellér; BJulo 1818. 
508 lA SeruMeJtuiifiée, 3, ballet, Garde), Krentier ; 30 eeptambre 1818. 
son Lei Jeux fformis, i, Bouilly, L. Aimon; 16 nefembre 1818. 

510 TarûTt, réduit à 3 actea par Deaaugleia fila aîné ; 3 fénier 1810. 

511 Olfatple, 3, Voltaire, Dieulafoi, BrifAïut et Bujac, Spontfnl ; 30 aie. 1810. 
513 Ctari OH la Promette de Miriafe,b»iJ«t, 3,llilon,KTeatteri 19 Juin 1830. 
513 .l«;MMb«t PA-icUt,VieQDet,DauMoigM;17Juilletl830. 

914 Le* Pafetd» dut de f'eiiddmt,haHet,\iiimBr,Gytoviaatiioa. 1830. 
M9 U Mur: dn Taw,9, GuveUier et Uélitas de Heun, Garda ; 7 fév. 1B31. 
910 SIrttonttt, Uoffuiaa, Héhol, ijostée par DauBMlgne ; 30 mars ISai. 
917 BlMche dt Provence ou la Cotr de* Fée*, 3, Thdauloa et de Rsucd, Che- 

niUni, Bertoa, Kreulier, PaBr et BoiekUaui » m« 1S31. 
S18 U Ftu kmfivitt, ballet, Annaer; aepiembra 1831. 



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as nfetnuB lviiqbb h hms. 

«s AMlH «■ te Lmm^ mtru Ê l U tmm, »\ Maww, S h iti > ww** iMiaMrii 
B réTrier tani 

311 Jf/)^ le Crmtf, b., 3, Aumer, W. Robert de GiUeakMn » m|K. UH 

SU ctndrlltM, Ballet, Etienne et Albert (Deeiwbe), V, ftt»)» ■•» ISSI. 

3H Mffnfr, 3,IMMaiti«n.*iad,BMt«ntH]iiiliMlft 

939 iMtMnO, OmHIm, tUMU.; 8 wpt. 1SU( 

>M dUmi, nlMd^eêtmtàr, kallM, AiUMr, <k DogMH»; t^-vM WH. 

917 FeiulSme m Etpa^M, Empif et Mennecbet, Boieldleot Aabn>et HfrMd: 



9W Le P»ge (metMmU, baUet, 3, qm Dxtbafwl'MtH wp— fi pom le Mt- 
tre de Bordesui en 1787, remis pu Aumer; 18 «MMahM-tSM. 

MB HiÊtbté, 4, HdUik d« SBint~YoD, Ktwitnrt 31 min IBM. 

9M Um BaaStttm, Pantin d« Lw^naue, BaosMlfne; IBJmWHIBW. 

S31 Zimirt it Ator, ballet, 3, Desh&TM, SchneJtdimAn; l^MMtoeteH^ 

9S9 i« BiHe au luu rfwwdM, 3, PUaard, C*x^lt>; 1 aam im. 

S33 Pharampnd, 3, Anctlot, Gainnd et SMtOMt; Berton, KraatKvet Bcàei 
dieu; le julDisas. 

9B4 iMN ^ancte M leOiMMm d' A mmn TManlen M d« Rancé, LiiU; IT «c- 
tabre IBM. 

935 Mari et Fima M Itê Ftlen ée rwcala, britot, &, BlaclM ptrfr, atfcnww 
boHfert 39 nmî IBM. 

:i36 Le Siéçe de CarinîKe, 3, tradacttnn Bah>ccfai et Soimwt, IMiM ; « m- 
tobrelSM. 

537 Atlolpke et Jtevnde, ballet, ! , Anmer, Hfrehl ; M- Jannar-lflSTi 

SMJfWM, A.tndMIiMdeBBloeeMet Jo>y, novsfni; n'Wntorinr. 

330 Le Sieilien ou l'Amour peintre, ballet, A. Peiil, P. Sar; 11 JaJnfSn. 

StO Maebtth, 3, Roaipt de l'hle et A. Bti, Cbdard ; » Jniii IBn. 

941 Lm Homitamtule, ballM, S, Scribe «t Anmer, IHrold ; N Mptetnbi* ISIT. 

Iiï2 la Fille mal gardée, ballet, a, que Daabernlamt campMé pmrie théâ- 
tre de Bordeaux en 178C, rajuatâ, remis en teène pH- Amner, BtnM ; 
10 noTembre 1S3T. 

!U3 iM MvettertePOTtiti, 9, Scribe et G. DelKTigne, Anber; îO lETrier ISIS. 

S44 U Cornu Org, !, Scribe et Delestre-Poirwn, ROuini; 38 a\-ril 187)1. 

3&S Z,a JkfbouJlDfjrfiirManr, b., A< Scribe et Aumerj HSnild; ST srrillBn 

Qïe Guillaume Tell. &, B. Bts et Jouy, Rossini; 3 aoat 1BZ9, 

947 Françoii I" à Chambord, 3, Holiae de Saint-Yon et POi^eroni, P: d» 
Glueitet; ts mars 1830. 

Ui« «iNoii £<n:mt, ballet, 3, Scribe et Anmer, RaUf;; 30 «fril 1830. 

SAS £# Mnt «t ta Bagadère^ op«ra-balIet, 3, Scribe, Auber; 13 oct. IBSt. 

990 £uriaMe,Z, Ca»ti|.RIaK, Weber (C. M. de); 6atHI issf. 

951 L'Orgie, ballet, 3, Scribe et Coralll, Carafa; 1B juillet lUi. 



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TaâAntE DMtRiAL m l'omu. m 

3B3 U Pktitrt, 3, Scribe, A«ber; 13 eotolM f S3t. 
9M Mtt a it aB m » , B, SCffiM M«. IMivIgM, WjWtaH't )t M», un. 
55t £«5y/pAfA,b.,l,Ad.IfoarritetTttglloni,8dHidtiAMbr;l>iinMlS31. 
SM U llMaifMv b.-ep., I, CsTJ M ConJli, HiHry MC «dii StJalH Mes. 
SH £« Strmaiu Ml Im Foi» jrimiwrnn, 3, Scribe et If utVM, Auber ; l** oc- 

tetrelMl. 
UT ytMitouiuumF* tulm, NOlet, 1, TsgHiMii, fiynmoa H Owtfa; 

7 norembre 1U3. 
SSS «niKMs/rrMtîJMJMMf»^, 5, Scribe, Anberi 97 reniai- 1U3. 
SSe iU-«M*MtMQkMnMr««efnM,S,B«1beMadlBWffie,GhenitM|»]aU> 

latlMB. 
960 u JtfM>U« M M«fl, ballet, 3, TeiXocd, ThëodoM LMim;tdéc. I«U. 
SM «M JkM, S. tredodetm i CtMil^ue, A.-H. Cestfl-BIue, E. DeadiUBpB, 

■niiqiM de Hoort; 1» mkn 18SI. 
ses U nnp«M M Cfli <Im edMtM, balM, l. Ad. HODRit et OonU, ScHneiU- 

boelTcr; lOi^teabre 183k 
ses M Afaf , B, Seribe, Belërj i SB fdtrler JSSi. 
5A4 JrMtf*, beUet, Ttglieiri, de Gellemberg t 8 •rtH 1S13. 
ses L'IU dm PtrûM, bdht, t, Ad. Heanlt et HentrfBamMbeii), C GMet 

13 eont (S8S. 
9M £n SivwHMf, e, Scribe et E. De«e)iaa)M,lIe]wbeeri » nTrlai< ItM. 
S«7 Le BiMê Muta, beOet, e, Béret de Gvrgf, Ad, Newrit et Coralil, 

C. (Ude;!" jnlaisse. 
948 £« JVtb A SiMHAtf, baUet, 3,Teglioni,Ad«mi 31 wptemlffBlSM. 
S» la StmertUa, t, Victor Hogo, V* Lootee Bntio ; li luneintm 18H. 
37D Sirtklella, S, E. Deechempe et B. Padal, Medentureri SuenieaT. 
S71 la Chaut m ét m m o r pl iM ée m Femme, ballet, 3, Dnverrter et Conll), KM- 

fbitilBocrobrelSST. 
Vti Gvtd» et GtnevmttiU Ptm dt FtartiM, S, Scrfbe, HbMtt; B maniMs. 
ST8 LàrtOrt, ballet,»* nériaeeieeler.ceMei 9 mal ISM. 
97i Bemrmao Cemnt,i,l~ deVeUlyet A. BarMer; B. DeiUw; S aept 1888. 
S79 L» Gtptf, ballet, 3, da SatD»4ecrrga et HaiHier, BeaMst, A. TlMMe M 

Herliaol;38JeiiTleTlSt». 
570 U £ae ito Hn, 9, Scribe et HdlemiM, AaW ; l" anfl IB». 
ST7 u nrmMA, baBet, S, Scribe et Ceraffl, Cfilde; MJoiitlflW. 
STB W FeinUti; S, Léen et AiMplie, B. de Ra<rf>; Il npteabn IBS». 
STD £aJ):acariUa, Scribe, Marilaoii 38 octobre 1831). 

980 UDrapler, S, Scribe, HaliTyjejnrlerlBM. 

981 Lti MtMyrt, h, P. Cemeille, ItenrrK et Scribe, nmtaettt; H«TriIf8H. 
S83 le Uéble Mieamix, ballel, 3, de SaintCeorgee et HatMer, Beaeiit et 

Reber; 33 septembre IS&e. 
983 £o|rw^Jreft(;*rt. etttate, B. Vetdbamf», na^; TectAretW. 
9M M r«wrA(, t, S^b«, A. Rejrr et 6. Waei, IMiMttI; T d«t. tft*. 



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tx rB&Kjraa utriques de pabis. 

BSS carmugnel», I, Scarfbe, A. Tbonu; IV ■rril UU- 

M» 1^ mtiemx, 3, tTMliHitMiniB. Padtii,H. terih», mariqjoe de C. H. 

de Weber; TJnJnlMl. 
9ST Gittlk M Jm Wtmty ballet, 3, île S^Bt-Geoiiee et Albvt (Deeonbe), 

Adun ; as Juin 16*1. 
S«8 UA(Au^CAyprr,fi,deS*ii)t-Georfei,H*léT)ri33ddeeinbrelBtl. 
9S0 U GturtUr», 3, ThéMlora Anne, A. Tbomact 33 jidn INL 
SM IM JoU* FtlU a» Garni, bellet, S, de Selnt-Georgee et Albert (Deconbe), 

Adun ; le mtmejDiir. 
5U U ratiMttu Fo Mtm Ê, 3, Panl Foncber, Dtetecbi 9 novembre UO. 
901 U PM, ballet, 3, Th. GMtier et CoreUi, BnrgmflUer; 11 fSnier ISU. 
m Cto-lw n. S, CullDir IMaTigne, HMjj t 18 mtn IBUl 
S9Ï iX>ii£iteffra,ref(i*J>erfiv>i, S.Scribe, Doniietti;lB noranbre UU. 
MS £0^9 BmiTittte «K fa Stnmte de Gnêmeteh, ballet. S, de Belnt-Geeigee et 

Huilier, Flottow, ButgmQlleret Deldevei; 11 férrier lut. 
BM Le Lazzwme, 1, da Saint^^ises, HelâTy ; 10 mwi 18U. 
597 Buckarit, bkllet, 3, Léon Plllet, *** et Corelll, DeMefeit T aontlSil. 
S9S Oiille, doRoedai, 3, tndueleun: A. Boyer M G. WaCiiieept. ISU. 
SM Mchard en P»le*tiM, 3, Paul Foaeber, Adun; 7 oeufare lau. 
•00 lUtrie Sntan, S, Th. Anne, Ntedennerer ; 6 décemlm IStt. 
«01 £«Matf«dÇufn,baUet,3, deLeatenetUaiilier, Adun; llaoBtlStS. 
«m L'EiolU 4* SMUe, H, BippeiTte Lncaa, Balfe ; 17 décembre ISIS. 
H3 LhcU dt Lammermmir, de Doniiettl, 3, trad. : A. Royer et G> Wefiii 

M renier 1846. 
M4 JMm m Slntt, odft^rmplxnile, Orilin, Féllden DaTJd ; H man IMA- 
MS pmq^a, ballet, 3, Paul Foacher et Mailler, Delderei ; i" arril ISto. 
«M 0eeM, 3, A. Sooraet et F. HalMUe, Mermet ; 3 Juin 18». 
«OT L'ÀtM m 9«fiH, 3, de Salnt-GeOTget, de Flottow ; 39 Jnln iS4ft. 
608 E«(l|r. ballet, 1, A. Dorai et Hailller, A. Tbonaei MlnfUetiato. 
M9 M*(r(jBni«,pa*tlclie,miiiiqDedeIlM«ni,pAtMen;G.B<>rer,A.Waei 

et Niei^rmejar ; SO décembre IBM. 
SIO Oial, ballet, Coralli, C. Gide ; 30 anil 18i7. 
«1 la A«9WlUr«, Hlp. Lncaa, Adam; SlmallBt?. 
«11 ufVUt^irB-*», ballet, S, Saint-Léon, Piignl;ll och>lmlU7. 
013 /AuMteM de Verdi, i, paitiche, A Royer, A. WaSi i 30 dot. lUT. 
eti GrlaéOdU tut tel Cinq Mu, ballet. S, Dnmanolr et Matilier, Adam ; 16 fé- 

Triar JStB. 
OIS L'Apptrtiion, S, G. Delaripie, Benoiett 10 Juin 18t8. 
«10 HbMAMlMJaMzeMtdMjforin, ballet, 3, Habille et OBllgiij,BMitiK; 

30 Ront 18i8. 
OIT L'Kdtn, mystire, 1, Héry, Félicien David i 3S aeat 18W. 
018 La FAmdUn, ballet, Saint-Léon, Pugnli 10 octobre 1846. 
fllD jMHiu-ia-FoU*, 5, Scribe, Clairimoa ; a norembie 1848. 



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THEATRE IMI>ËIUAL DE L'OPERA. 439 

eu It vMmtéuDléNe, a, »uM iee Kiun Mtméei, baUet, Saint-Lton, Pu- 

gnii 19 Janvier IBte. 
tSl U PnpMHê, S, Scribe, Htyerbeer; lA KTril 18^11. 
811 la PilInUt du Mm, ballet, A, do SaloMieoigM «t P«mt, Adam et de 

SalatJnlieD ; Sociobn iSiC. 
613 la fAMf, d« Sum-Georges, Adatn ; 31 décembre 1840. 
631 SteU* M It* CmOrtbandttra, I, ballet, Salm-Léoii, Pugnii 13 fâr. 1BS6. 
015 L'Btpnti pndigue, 9, Scribs, Auber { 6 décembre 1S5D. 
636 PoftMrfHe, bkUet, Th. Gaader et S^t-UoQ, Ben^t ; ISJuiTier 1851. 
617 LH)ém»md«Ulftiit,J,BtjwittAïtgo, Roeenhalo; ITmarsiBSl. 
638 Sttppke, a.Augter, Gounod; 13 STril ISSl. 
610 zerUiu <m la Corbeille d'Orangei, 3, Scribe, Anber; 16 nul 1851. 
B30 La fTallmu, intermède, Tb. de Btuivillc, Adam; 16 août IBSl. 
831 ffrt-Ffff, bBllet,3, deLeu?cnetMaiitier, DeldeTSz clTolbeeque; 34 no- 

TOubre ISSl. 
633 U Juif erranl, 5, Scribe at de SalnC-Cearges, Haléry; 33 aïril 1B51. 

633 Orfa, ballet, 3, Leroy, Triauon et Hadlier, Adam; 39 décembre 1893. 

634 Ltniite Mltler, de Verdi, traductioà de AlatTre et E. Paciui ; 3 (év. 1BS3. 

635 La Fronde, 5, Uequet et J. Lacroix, Niedcrmeyer; 3 mai 1893. 

636 JSUa et MutU, ballet, 3, Mazllier, H, Potier ; 31 septembre 1B53. 
63T L» Madre^hamievr, 3, H. Trianon, Ltmnandor ; 17 octobro 1833. 

638 Jovita ou Ut Bmieaitta-t, ballet, 3, Uaiilier, Th. Lobure; il uov. ]8S3. 

639 le Barbier de SéviUe, A, Beaumarcbiii et Castil-filaie, nowiui; 9 dd- 

cambtel893. 

640 Bttkl}!, 1, DoDiutli, IraductloD de H. Lacaa ; 37 d^oembro 1833. 

Ml Cewtma, ballet. S, Tb. Gantier et H-* Cerrito-Sdnt-Ldon, Gabrialli 

31 arTJllS54. 
643 La ffonn* sat^taïue, 9, Scribe et G. Delaflgne, Gounod ; la oct. 1854. 

643 La Fmal, ballet, 3, Mftiilier, Th. Labarrei 8 Janvier 18S5. 

644 Les Vèpnt liciUmnes, S, Scribe et DuTefrier, Verdi ; 13 Juin 1899. 

645 Le Conalre, ballet, 3, do Saint-Georgefl et Blaailler, Adam. En râpëtîlim. 
f4fl BmUm (Mara, 3, miuiqu de S. A. R. Emwt II, duc Triant de Sue- 

CobouiK-Golba. En r^dtltioD. 
647 La Bot* de tUirtiice, 3, de Saint-Georges, ttlMta. A l'âtade. 



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POST-SaUPTDM. 

Je boraais mes desin à terminer cette loDfpie cwnpagiie par m 
Buccès; Verdi le montre genoux au point de me fournir nne édk- 
tante vicloire. Herci de la cadence finale. Une Altesse Bojale me 
permet de montrer à UKainm Sonta CAiora, et de jirindre le* prédic- 
tions ravoraUes de l'astrologue anx faits que l'historien vioit d'enre- 
gistrer. Santa CAianim'estdéji propice; en dtmnanlunrdleàRoger, 
un rôle à créer, elle renqiUt le vœu que j'ai formé depuis cinq ans. 
J'espère une fus encwe que notre chcTalier ^enlji, ]f digne succo- 
seur d'ElleTiou ne sera point lancé dans une forêt d'aïquetwEes, 
de ckymores et de poignards, dans une ofBcine de mort-aux-rats, 
dans les flammes d'un incendie. Faire naviguer notre Roger sur un 
océan de crimes et de catastrophes, drdleries trop ordinaires de notre 
Opéra, c'est promener la plus belle des sultanes dans un palanquin 
somptueux hermétiquement fermé. La belle des belles est là, vous 
le savez, mais nous sommes jaloux au point de vous cacher même 
le bout de son pied. 

Paroliers, mes confrères, un rôle tragi-comique brillant, pour Roger! 
Je vous le demanderai sur tous les tons de la gamme. 

Vous avM reconnu pour la centième fois l'heureuse influence d'un 
rôle nouveau. Grâce aux F^prss stcilimnes, la sultane Cmvelli est 
sortie de son palanquin; Sophie a pu joindre la splendeur immense, le 
(lëlicienx charme de sa voix aux séductions de sa personne. Ai«èf 
avoir redit à contre-cœur ce que tant d'autres avaient dit, elle s'est 
révélée enfin et nous a lancé les traits que Verdi s'était prépara, 
mystérieusement réservés. Adroite et bdle princesse, je ne vous 
croyais pas coquette rafinée à ce point. Guejmard a su tirer parti 
d'un rôle ingrat. Obin a posé laidement les chants vigonreux de Pro- 
cida. Comme le Hercors de Jean de Boult^ne, BiHmebée est poussé 
par le vent du succès; il grandit chaque jour, et sa voix mAodleuse, 
puissante a mis des t^onuères i ses pieds. En domiant ptos de sok 
an style des Vipres êidUtnna, Verdi nous a traités en catmaiBsenrs; 
sa partition est plus qu'un ouvrage heureux. Ajoutgns au mérite du 
compositeur en disant qœ le livret est absurde. 

C'juitlsjeane (Eoone, 
Fraîche comme un piinlenip*. 

Mais non, c'était le Printemps en personne sous les traits de H'" Cou- 
qni, danseuse énergique, gracieuse, légère, ayant le physique du 
rôle, et que son ;a%mier pas a lancée au rang de nos ballerines de 
haut parage. 



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DIRECTION 

DU THÉÂTRE IMPÉRIAL 5E L'OpÉRA. 



AUTORITÉ SUPÉRIEURE, 

son EIGELLENCB MOIlSBIfimiS LK^SUOnU 9'tlkT 

ACHILLE FOULp. 

. Cbosnier, administrateur général. 
GiKARD, directflur de la musique, chef d'orchestre. 
Leroy, directeur de la scène. 
Potier, cher du chant des sujets. 
DiBTSGH, chef du chaut du choeur. 
F. Prétot, régisseur du chant. 
PoHTSBAOT, accompagnateur. 
Cu. Prévôt, accompagnateur. 
Battd, deuxième chef d'orchestre. 
Deldbvrz, troisième chef d'orchestre. 
Hahlibr, premier maître de ])allet3. 
Petipa, second maître de l)^Uels. 
fiERTHiER, r^isseur de la dapse. 
Leborne, bibliothécaire, chef de la copie. 
Robin, souffleur. , 
Sacré, machiniste en chef. 
LoRHiER, physicien. 



ibï Google 



ADMINISTRATION. 

ini. f jm vj caisrier. 

Certain, ûupecleur-géiiéTal; deui ûiqiectaan. 
Dupeuty fils, aecrétaîre particulier de H. Crosnier. 
Avrillon, commis chai^ de la comptaLilité, détaché 

de la maison de l'Empereur. 
Piétri, ctHmnis d'ordre. 
Lamarcbe, eipédîtliHui^re. 

MAGASIN. 
HH. Lormier fils, chef d'habillement et dessinateur. 
Albert, derainateur. 
Palissier, garde-magasin. 
UqiouiUe, maître tailleur; 12 ouvriers. 
M™ Liault,maitresse couturière; ISoovrières. 
M. Boursier, perruquier ; 12 Goiffeurs. 
COHraOLE. 
M. Leroux, contrôleur-général; 12 controIsurG. 

LOCATION DES LOGES. 
M. Lai^allftis. 

SCÈNE, OSCHESTRE. 
MH. VaUEel et Bisson, aTerUsseurs du diant et de l'orchestre. 

Auguste et (j«oi^es, avertisseurs de la danse. 
M°" Napios, tsuant la feuille de l'orchestre. 



MM. Sccban, Desplëchin, Cambon, Thierry, Nolan, Rubé, jUaitio. 

AFFICHES. 
MM. Morris et compagnie, iœprimeurG du Théâtre Impérial de l'Opôa, 
rue Amehit, 64. 



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intAiras lyhiqcjis m rAins. 



■CniTelli. 


M—Alboni. 


Octave. 


MH.Obhi. 


Laborde. 


Stolte. 


JUmte. 


Depassio. 


PoiiuoL 


Saunier. 


. Kœoig. 


DérivH. 


Lafon. 


Damenm. 


LucieD. 


Goignot. 


Marie DoMy. 


Itaon. 


■htWw 


Coubn. 


DeUy. 




HH.Maswd. 


Behal. 


PouUlej. 


Roger. 


Merlï- 


Fréret. 


Fortuni. 


Wicart 


Marié. 




Delisle. 


Neri-Boraldi 


Bonnebëe. 




HoreauSunti. PoulUer. 


F. Prévôt. 





DANSE ET MIMIQUE. 



■RoMa. 11- 


-BagAmoir. 


M- Aline. 


IIM.FHaiit. 


BereUa. 


L.Hiniuet. 




Addiee. 


Guy-Stiphm. 


ttathan. 


Laurent. 


Leifanl. 


Roheit 


Qaéaiaxa. 


MM. PeUpa. 


Cornet. 


Maimat. 


Ugrain. 


Bertliier. 


Danly. 


Cotdil(0»iiiii.l 




Fnscbs. 


PIlick. 


PotH. 


Lacoale. 


HécaDte. 


peut. 


Emant. 


Villlen. 


; Banchet. 


H. Vaiaier. 


CaroUsc. 


Snd. 


' Minard. 





Il, Google 



muau iwani, w (.witoA. 



OtrtpMf. Cm^phM. Ctujphit. C#rjFpM». 

M" I^KlM. H*» BettftaS i". M. GbustU. H- Noîr. 



'Honlellier. H— Buon. HH. Loanrgnc. 


MM. cattlik. 


asnptilr- 


Tnflbtirt. omnwn. 


Haïra. 


BorW. 


Jacques. creaaoD. 


Ddabaja. 


Garrido. 


Tiaaier. Derfet. 


■ancoljrt. 


Lemwre. 


VallIanL Bresnn. 


BeuMli. 


Maitoi. 


Ghlriaghelli LaisMmetiL 


aaaBe. 


«Ibenlol. 


Cbarpentier. Sanson. 


ManjalHia. 


Huietle. 


Gosffier. Labi^ 


BeCM«(aB«Mi. 


Jotwrt. 


Coaaa. Hait;. 




Pré);. 


Bluiche. Dupnla. 


MJLOeorBel 


UncUv. 


Miuet. Frtaiiiiat. 


Howet 


Cdiiitw. 


QreUe. Paria. 


Powé. 


Oku. 


KonUas- accoato MMn 


aniM. 


B«Ul. 


DargÉ,. C»w««- 


Ba»iaa»>L 


EMw. 


Danada. M. Doaiel. 


BaitieuWI. 


Cwilk, 


Earaaid- 


MaiieUet. 


piu^mu. 


.,»,,. -j:^' 


MeMll. 


uuim. 


*l. 


LudalE. 


VnWliar. Maria. 


vaMaaI. 


GInrd. 


Legroa. Laliorde. 


Daoel. 


dumpon. 


Deborcbgnw. coutean. 


FajaL 


Grutier. 


baai«iit,aillé. unoier. 




Lourdia. 


BelUaid. Lalaide. 




ParenU 


Uun:Dt,jeuD& Héoault. 
Charpeotier. Blanc. 
Kowaaki, Bay. 





11, Google 





BALLSr. 




Coryfhéei. V 




2^ QDADBIUI. 


3** QVUMULU. 


•nooaieaa. M** Pillevoii. 


M-^ Fontaine. 


<0Wft. 


Mercier. 


£. Ronneau. 


Jousse. 


ErrltnfS. 


TnianlWh. 


Giraud. 


Letonmeur. 


mcnsV. 


schloam. 


KiTiTaat 1. 


Mtier. 


■ttSUKg. 


ManpNte. 


Bainon. 


Umi. 


D«*ain. 


RéToUti. 


VibOB. 


Iltnt. 


MbMEïït. 


Simon. 


Dojardliu. 


eVDblOID. 




Gtagelfti. 


Toemer. 


cbatenar. 




FouMln. 


ChasBsgiie: 


Tilleroy. 




MatMi 


C. LeRvre. 


flntin3. 




CretiDi. 


Duclmeti6re. 


B«nl. 




Cellier. 


Mortier. 
Maloubier. 







SUppUmtHlt, 
DaoM. Alvarez. Piocre 1. 

ChambreL» Gallob. nâbard. Mu 

Canacfaiitt. Paget. Deléonel. 

Danfeld. Bonin. 

Via» 13 comparaefl et A, daisuppltment. 

1" QDADimUi.. 3** QDADRILIX; 3^'QtruUlILLS, 

MM. CharanMnMMIM. Sclot. MM. Dnbamel 9. Hu' la^ 



RaiDum. 


Mlllot. 


Barbier. 


comptfMMonl 


Caron. 


Monlallet. 


Plnarello3. 


. 4 ôcuyeis. 


Goétbah. 


PiuarellQl. 


Lwor- 




DofcuaeklL. 


Kstienne. 


Di^rt. 


MKbinlstw, 66. 


GeandroQ. 


DarcoDTl. 


Mami. 


Oorreuis, S: 


Libersac. 


Fanget.. 


Bortrant 1. 


OuTreuseï-, 38. 


VnE^Êtm. 


BiOD. 


Bertrant 3. 


Sumuai«ttlT«, «. 




Lagnnu. 


Gablllot. 






Mlcbaox. 


Bertbier. 






Meunier. 


Bretonnean. 






Gondoin. 


Uonllet. 






Lefevre. 


Obry. 






carré. 







Il, Google 



nrtATRK LYRIQDB DG PARS. 





ORCHESTRE. 




PUHIEU TtOUMB. 


NorbUn. 


- VWTOUt. 


VH. LendeL 


Manl. 


Tillaiib«t 


GUodd. 


Jouet. 


TMKPKTTK 


LudonDT. 

sunger. 

Périer. 

HÙDfielle. 


Han3. 

TOinanL 
Pilet. 


Duboiai. 
DnbolaS. 


Dnfonr. 


Forertler. 


AlUB, jeune. 


SamageL 


Henotts. 


Chéri. 


Gnéront 


cou. 


Goat. 


VIOLOHAU. 


Hohr. 


Femnd. 


GniUioD. 


RoniHlot 


DeloIgM. 


Sauzaj. 


Duïorooy. 




Gonffé. 


Drbfa. 


MilUDlt. 


Pérot. 
Verrimit. 


Halai7. 


Rochefbrt 


Haute. 




Dnbrenil. 






Venetloza. 


Boardeao. 


Dieppe. 


Philip. 


Paaqnet. 


Shnon. 
DtntoDDel. 


Bopicqoet. 


FLDTES. 


Laboa. 


ThibonL 






Tolbecqae. 

LebruD. 

Lunoongz. 


Donu. 
Altëa, aine. 
LepIiu. 


HAKPWnS. 

Dretien. 
GilMte. 


Lucien. 


HACTBOU, 


TIMUUU. 


tlOLH. 


CfM. 


Prévoit. 


Viguicr. 


Barthélemi. 




Adam. 


CorreL 


TmALUarTAMM 


Gard. 




SemeL 


Beoricel. 




CTHBiLIia. 


Ftidrich. 


Leroi. 




Hillault 2. 


Rom. 


Tardif. 


Olvie. 


Dnprei. 


GRoeSK CÂISH 


Bernard. 


BASSOn. 


CaUlooé. 


VIOLOHCILLn. 


Cokken. 


rauHGU. 


Desmarest. 


DlTOlr. 


Bénon. 



Il, Google 



ÉPILOGUE 



Les paroliers français, n'ayant pas le sentiment de la mesure 
et du rhythme, écrivent leurs livrets d'opéras en prose. 

De cette licence nRjssent, pour le musicien : 

L'impossibilité de composer un air, un duo bouffe, note et 
parole, d'une allure rapide, brûlante, moyen victorieux que les 
Italiens emploient avec tant de succès; 

L'impossibilité d'accorder une mélodie gracieusement rhyth- 
mée avec des versets qu'un littérateur sans oreille a privés de 
mesure et de rbythme; discordance qui rend les paroles de nos 
opéras inintelligibles, si le musicien n'a pris soin de gâter sa 
mélodie poar l'ajuster à l'irrégularité des versicules. S'il l'a gâ- 
tée, vous aurez aécesswrement de la musique en prose; 

L'impossibilité de composer un morceau concerté dont toos 
les interlocuteurs attaquent h leur tour une phrase identique 
k l'égard du rbythme et de la rime ; phrase qui va figurer à mer- 
veille dans les ensembles, lorsque le musicien l'emploiera comme 
demande et réponse avec l'intervention du chœur. Tous les 
adagio, les andante ravissants que vous applaudissez dans les 
opéras italiens : Ti parli Pamore, Incerta Fanima, û'OMo; 
Quai metio gemito, de Semiramide, et mille autres sont dis- 
posés de cette manière. 

A ces impossibilités, il serait focile d'en ajouter plusieurs qee 
l'ignorance ou la paresse ne manque pas d'attribuer aux vices 
de notre langue; vices qu'elle n'a jamais eus, mais qu'on se 
plaft à lui prêter, afin d'excuser l'insigne maladresse des éeri- 
rains qui ne savent pas la mettre eu œuvre. 



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141 SPILOGtlE. 

J'ai voulu prouver à la Praoce entière que la laogue fnncùu 
si décriée, si cruellement vilipendée,àtoutesle9époques, parles 
Fnui^s, à l'égard de la musique, ne méritait pas ce genre de 
réprobation, et qu'elle pouvait offrir auxmusicieDs tous les avan- 
tages de rhytbme et de mesure qu'il» rencontrent dans l'italien 
et le provençal. Les pahjHAfi' rie nf afirdient pas compris , je lus 
donc obligé de me bâtir un livret sur lequel je composai la par- 
tition d'un opéra, double travail que l'on a partout refusé, rejeté, 
dédaigné sans en connaître an vers, une note. Il est des ceoTm 
qu'on se défend bien de regarder, encore moins d'examiner, tsol 
•K oniat 4'y ivttetfstrer qndqm chose de botf . 

CeA l'auteur que l'on juge et non pas son ouvrage. 

Btpoun)Mim'»>tK>naii8aU'I»B de l'empirb HMsiorif ptur- 
qbMnBWMHbesMtea honear «i mowle, au point^qtie 
Les auteun effrayée le rejettent loin d'eiuT 

G'aMparoe i^ls m'oot fMcé de-compoEertmRmtdonf ih ne 
pMwlu4-fetf» que 1» moitié. C'-eitpBnle qu'un succès'de pm)is 
at B«Mi9lKi> obUM» par u» seul autfeur oflMsflrtWdtnrfiMiBem 
tai ËdxieaBlaipfivttAgiéd. On a'biarv(Ailu impenMWedepn- 
duire en sotee le livret da ia JrJitw 'n wr » , mib dtKhsM'n'onl 
éli notifiées' d'en écrire la musique; M. Scribe vons le dira. 
Povquoi ma r>-t-0B défendnl paroe qu'on savait que cf^oQ- 
stque aarait été bonne^ Si l'on avait pu crtûre le contrafav, o» 
m'eût ouvert te pare à^ deux baUmls, aHn de ponsser It béK 
noire vers i'im^asad-oà devait sonner on htMi bruvuit pour à- 
lébMTsadnMA 

La retrait subit do répertoire, telleest la catastnpfae prMÏ 
Wàpper le directaor assez impnidEuit poor mettre en a^ae le 
moindre opéra du parolier-musicien. Le directeur des Opèias- 
ÛMBiqaM'et Lyriques a toujours en main quelque ouvraga de 
mâ-faqBB,. etg& suis parfaitement tranquHle anr le dëpot confié. 
Je BBte'Où dort Jeanne, et Jeanne rentre chez moi comme efle en 
Malt adirtie. GetédMmge de civilités n'est pas aons a^émenb. 
Je dois rendre une entière jnstieeà H. Pfcrrln, erlenaMteier 



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AMUMVE. W0 

de ÊBê inteMinu tHeaveillaiites. Apite woir ki, CMnptttomeDt 

ezamiaé les trois actes d'une paolaloniude, que j'iatitule Cho- 
ruu et LiquoriMte, il ea a ri de boD cœur, et n'a pas bit nys- 
tàre de l'approtation qu'il lui douaùL Un inusi<»eii, ami con- 
BUin, recevant cette conâdence lui dit : — Je counaîa la partir 
tion de Castil-Blaze, eUe vaut mieux que sou livret. Vaites-eo 
l'esaai.— Jeteveuxbieu...; mais, je n'ose pas. > 

Je n'oM paiJ voilà donc un directeur de spectacles qui n'est 
pas libre de ses actions. Je n'ose.pa»! et ce même directeur est 
contraint d'ocer Uvrer au public, parmi des ouvrages fort agréa- 
bles, de honteuses rapsodies qui lai sont imposées. Un tbéfttre 
oniiiue, fùt-il en deux ou trois volumes, est trop facile à ctr- 
ner, k bloquer de toutes parts. Les assiégeants dictent des lois 
à l'assiégé ; seul contre dix, contre vingt, contre cinq cents, me- 
nacé de se voir couper les vivres, U n'o«e pat. Lorsque dix-huit 
dié&tres de Paris étaient ouverts aux musiciens français , le blo- 
cus était impossible; tous les directeurs oeaient; aucun théâtre 
n'était cerné, dominé, maîtrisé, mis ea séquestre, en état de 
siège. Tous les Français pouvaient faire preuve de talml, de génie, 
et notre répertoire s'augmentait de 47 grands opéras m dix a». 
Le privilège en a laissé filtrer 6 en un demi-siècle. Cela vous 
paratt-il concbiant T 

Si TOUS n'avez pas de musiciens, c'est que les voleurs ne 
vous permettaient pas d'en avoir. Ferais^e cet humiliant aveu 
s'il n'hait pas nécessaire pour justifier la natiou française 1 
Voyez Mouina musichm, wat n, imcn soi t su. 

Il vous souvient de ce gentilhomme que sa femme poursuivait 
en invoquant le texte De frigidù et malefieiati*, tandis qu'une 
bachelelte demandait réparation d'une injure peu réparaUe, 
disant : — Creditur virgini te gravidam oon/tMiUi. Il semble 
que ce gentilhomme devait gagner au moins un de ces deux 
procès; point du tout. Les mêmes juges cassèrent son ma< 
liage pour cnuse de froidure extrême, en le déclarant père de 
l'enfant anonyme. Deux procès pareils &- ceux-là m'ont été sus- 
cités en musique, je les ai perdus l'un et l'autre, mais non paa 
devutt le mtete bibunal. 



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MbgA de Mffier me» wpo Mli w a dw nomrdb iStoMnlt 
Bof^M, JfMea, Ikclinoi, pear las mettre & l'EUhri dw trait» de 
l'evne, de te rtppobftUon systAntstigae et fortbende qui tes me- 
im(ùt, je restai tottgtemp» étranger au meDde ftArieset de ma- 
aifue. Cet inoognilo ma plaisait, me délectait. Les braTo», tes 
ap^ud)BSMiient»proAgiifepar VOdéoe et le Coaservatoire k 
des œuvres que l'oa eM sans [»lîti eondaoMfées, sifilées, laeérées 
sirauteweKU'aitété-aoaHad,neT0U8 semMent-its pas dtme 
«rigioatit^ piquante ? Cet heaunage empressé, nùF, raipartial si 
januift it en fut, ne r^ouisamt doubiemenl. La- sltuatieo était 
dramatique et ptaisante. EHe fiett par devenir buitesque » 
powt que 1» bombe édata. Weber et BeeHioven reçareM les 
MdirièEes, une volée de bois vert que l'exceltent orcbestra de 
t'OdéoB adnsesait k mes èpaHles-. 

VoH8.1ft8»«es IrèS'biea, tous le savex depms lengtemps ; en 
m'avait faU hoimeur de I» muche i/Bnriante, de la vlItaneHe 
délieieusedela^Mp/iânMposftmiie/ etces deux chefs-d'oeune 
fureat aveuglément bafoués parce qa'à la sour^ne on m'aecu- 
sait de les avoir compotes I Benoîte et ranssante oahHBiH»ï 
desce rosée, quel baume tu répaQdia sur mon ame en proie as 
ÈPt&tolo d'une gaieté fougueuse et comprimée! Un cbceor da 
chasseurs, amené par ce brillant prélude, exoitades transport! 
d'entheuùasme à l'Odéon, au CoMerratolre; on deeJn l'en- 
taadre une seconde fois : nos illustres l'attribuaient h 'WeberF 

Ba Mmmec l'auteur véritable, c'eût été frapper de mert 
subite un chœur devenu favori ; maie y» dus protester vivement 
«outre rintuR', l'afflronli qu'ils vcawieBt de faire & Wd»er, à 
BeeChovNt; à. Weber surtout 1- puiaqu'ile l'aflublaieBt d'un 
tM m i e d'ariiwt de l'osuvre chétive d'un muHCaetre. C^e expie- 
sien me nuiùt inêniHient ; des- soup^ns s'élevèrent, la mine 
fut éventéet L'envie agit avec m;^Fe, et, changeant de batterie. 
s.'avenbirajus^'h dire que j'étais c^Mble de composer un opéra 
tout entier, qu'il fallait se mélier de l'arrangeur fkbrietBt, et 
qœ ie nefeu le plus sûr était de se liguer pour lai défendre 
l'atMird des tb iàt as s lyriques. 

Ces manœuvres restèrent secrètes, le pnbllc ignorait la niéet- 



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MBtofsdsWdhir, d0 MeMiowa. lofsqwhrtnnBpfln^ garde le 
sHMMer cmym qos le Itonipé ne ctiaole pas dn font 

Saf la rive gmcbe 4e \a Seine m mtKctimit tisnteaient (fSlré 
mmiaco expert. M povrais n'en eonsoter puisque le tttm Se 
&r99U9-mou oe m'éftit-pa» enesiv eanlesCé wr la live ifrotte. 
Vtrità ce ^ me prorara la borne IbrtMK que Je dbîs Tons 
cODter. Sirateomanda qvmtê! 0ht Me boceongià gisants! 

La Mèoe ett fc Paris, mi Th^tre^lMiefi, sur nne baiigtrette 
du corridflr oiieBtat dea première» logée. %eque : tknfiet f 83S. 
Nombre 4es pwsonna^es t deux. Je compte «les pauses en attetr- 
dant ma réplique. 

— L'Italie ne dous envoie aucune apera baffa nouvelle, c'est 
un genre (|ui >e perd. Labhdie ne peut plus repT«seRt«r Flgno 
dan» il Borbi»re de Sinigha ; la Prova d'un' opéra serta est usée 
as dernier point, il noue feut absolument aae opéra bvffa, 
bm^ mie tima paur le bien précieux Lablsche ; nn rOle allègre, 
oxbilarant, qui domine la pièce, et nous avons eampté sur vons. 

— Ponr le livret ; oui, ta chose est feisable. 

— Pour le livret st Is partition. 

— Surlste, stgaortnio, burtate^j'ptmm'vam't 

— Un acte, una farsetta. 

— Quud M m Kml qu'une soône ; merci. Votre poMSe' K- 
pauBse avec horreor la nnsique itaUmue des Français. Non et 
malle fois nonl Des livrets tant qa'il vtras plaira, mats pas Dite 
seule aolc de musique. 

— Naos vous (loBsons LaUsebe, ToMburini, Rubioi, Giutia 
Griai. 

— RusoR de plus pour être inBolé sur-l»«bui!ip et sans pi- 
tié. Vos dilattales furiem verrosi avuo ladignatioa' que Yw ait 
prodigué de tels virUioee» pour Texécatioo d'une musique dV 
raace coodimufe. 

— J« netlrai caa dilettantes sur le bon chemin-; ne rëgtsDI- 
ils pas leur oiânion sur la mienne? Vous avez de la gataté, de ta 
verve, du, talent; en faut-il davantage pour uBeoperafra/^, 
pow uu acteî » 

Ce discours Auteur redit, aaiiplifié; «Utanaroaderée, «!• 



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crée Tingt fois en quaranle jours; ce prélude appuyé TiTCHnl 
par les deux acolytes de l'orateur, finit par me décider à tenter 
l'avrature. Quand on veut me séduire, je saccombe toujours. 
Seul contre trois, il me fallut céder. Les sifflets ne m'ont joBiait 
effarouché; un de mes plus grands bonheurs au IhéUre éteit 
sorti de la tempête horrible qui vint d'abord fracasser AoUn- 
dêë-BoiM. £d avanti me dis'je, en avantl et j'écrivis uneopéiAle 
ayant pour titre la Tanmtola. Être sifllé dans un thé&tre de 
Paris 1 être sifflé même à petit carillon ! connaissez-vous le prix 
d'une faveur si chère, d'une béatitude que tant de musidei» 
fiançais désirent, sollicitent en vain pendant leur vie entiéieT I) 
vaut bien mieux prêter sur gage que de prêter sur rien 1 Arran- 
gez comme il vous plaira ce mot charmant de Turcaret. 

Lablache venait de se diriger sur Londres avec ses compa- 
gnons, il y reçut mon livret, qu'il renvoya muni de son ^pro- 
bationetde noies judicieuses, indiquant des corrections que 
j'exécutai. La pièce alors fut, par lea directeur*, confiée à 
H. Briccolani, qui la traduisit en vers itaUens, et j'écrivis ma 
partition. }e soumis ce travail au grand maître, et profitai de 
ses conseils. Doublement approuvé, l'ouvrage fut copié, mis à 
l'étude au retour de nos virtuoses. 

Quatre personnages principaux : chacun avait sa cavatioe, un 
duo pour Lablaclie et Tamburini; un duo pour le léaor et la 
prima donna; un trio pour les trois hommes, quelques en- 
sembles, un finale, telle était la disposition de Ut Tarantola. 

Xadolini tenait le piano, Panseron dirigeait le chœur; h h 
onzième répétition, la pièce était sue et marchaitk ravir. Le duo 
des basses, la cavatine de Lablache, celle de Rubini, le finale 
obtenaient une faveur particulière; mais le grand trio, chanté 
par Rubini, Tamburini et Lablache produisait un effet inouï, 
victorieux, entraînant, fulminant. Ces voix, que l'on n'avait pas 
encore réunies dans un trio concerté, se posant sur un adagio 
sans orchestre, roulant plus tard ensemble en imitations cha- 
leureuses, en accords plaqués, à fond de train , à pitun tuyau, 
malgré leur allure rapide, formaient une tempête, un orage har- 
monieusement sonore dont les ra&les tenaient du prodige. Ces 



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APILOGUB. 453 

cbanteors mwvciUeax animés, séduits, érertnàs par leurs {ho- 
pres accents, après avoir dit et redit ce trio dans dos exercices 
prolongét à plaùir.' opérant enfin leur retraite, se reposaient fc 
chaque palier pour faire tonner encme leur ensemble sous la 
Toute retentissante. Hélas I ces trésors de suave et d'énei^qae 
sonorité, ces roulades à trois magiquement rapides, qne nul au 
inonde n'avait entendus, que nul dans l'univers ne peut plus 
ooïr, n'arairat alors pour auditeurs que le concierge du théâtre, 
l'écaillère assise à la porte, mais alerte à la réplique, et celui qui 
TOUS raconte ce miracle. 

Un acte, un seul actel réunissant quatre virtuoses de celle 
ferce et manœuvrant dans le finale, dans le trio surtout , avec 
une puissance, un charme, une fougue dont ils n'avaient pas 
encore pu donner d'exemple ; une opérette produisant quatre 
chanteurs admirés dans cinq morceaux fgustés à leurs voix de 
géants, écrits sous leur dictée ; cette /'orMtto si bien sonnante eût- 
elle été composée par Hosca, Lebrun, Federici, Honpou, que dis- 
jeTpar un membre de l'Institut l ce prodige inoui, ce phénomène 
d'exécution vocale deviût triompher, aller aux nues, aU» sUUe. 

Et voilà précisément ce que l'on redouta, ce qu'on voulut évi- 
ter à tout prix, quand on eut pressenti, jugé l'effet de l'œuvre 
nouvelle, en assistant i. sa douzième répétition : les précédentes 
ayant été faites sans témoins. 

On s'était enferré! 

Ne doutant pas de la faiblesse présMnplneused'nnmusicaslre 
gazetier, comme tout feuilletoniste en G Ré Sol, ayant la manie 
de fabriquer des opéras, on croyait lui ménager une chute igno- 
minieuse an point de lui casser les reins et la plume, de le démo- 
nétiser, de le réduire à filer sans tambours ni trompettes, pour 
aller se cacher dans une tanière du mont Ventour. Traducteur 
fortuné du répertoire italien, journaliste disant trop souvent la 
vérité sans voile et même un peu brutale, je midestais doublement 
ane administration puissante qui voulait en finir par un coup 
d'éclat, et se défaire de moi par des moyens honnêtes. Jugez de 
son désappointement lorsqu'elle vit un succès brillant, inévi- 
tablel surgir de son plan de caoïpugne or^inisé pour la défaite ! 



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Si le tour avnt réoisi, cnxjez^aa k prme mannn IMt 
trouvé chaïuant, iagbuieax, âe boase giiem. Voilà poartnt 

WIDBie DOUA DOUI UIIMIS] 

Loraqu'ane roelie d'aciar lui barre le diemia, le ragon décrit 
une courbe. LQrsqn'un procès ast but le point d'Mn ga^é, l'ad- 
verse partie a ncoHTS aux exceplions ditetairas. Le dinin iUien, 
le triumvirat db pouvait paf âëaemBuot, prudeeuDeot, rapM»- 
ser ua ouvrai 4« jourtuiuta uMUiundè , Iraia foia approuié, 
mmi des applaïubueemeiits réitérés des virtuoses, des chcb da 
chant, et même du portier, de l'écaillërel Un succès m^encoo- 
treux, dépitant le mesacait, que faire? 

— /{ ttuo è «mo/ dit le spicibiel avocM, «a cntUte non n 
farà , itb, nà. > Ce prélude consolateur ajaot rassuré ses aoi»- 
lytoa, il m'adressa le discours mellilue que je vais rapporter. 

— L'ouvrage est charmant, délicieux, pleio d'esprit el da 
vffli^e bouffonne, d'an «Sat oertaio. L'iotroihieUofl, le duo des 
basses, le trio, le finale méritant des bravoe sans fia. Xa Ttvran- 
toia sBRAiT pour nous un bijou précieux, un petit ciMf-d'aaavie, 
si nus associés n'y remarquaient un défaot cai»t^ 

— Lequel? dites. 

— Il n'a qu'un seul acte. 

— Et c'est préciséneot ce que vous m'avea draiandé. 
— Je le sais. 

— J'ai suivi ce programme. 

— J'ut coavienB,et suis la cause de rembarras «A crt aale 
va noue jeter, 

— Il doit remplacer la Ptvta d'un' opéra uria, et M ProM. 
n'est pas d'une plus longue durée. 

— D'accord, maie elle oe bous pwid que UblKto, tandis que 
Rubini, Tamburio) vont se joindre k lui (Uns te Tttrantola. Un 
acte de Motè, à'Oéilh, da Romeo devra néoessairement précéder 
votre /arsatta; nos cbanleure d'élite aertwt obligés de figurer 
dans tous ces fragments et daas la Tarantola, de (Ranger 
d'habits, d'aller en scène tous les jours, et c'est vnùineot impra- 
ticable. 

— Vous auriez dû prévoir... 



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ÉPILOGCfe. 4M 

— Bhl sans doute; j'ai tort, grand Vnt, ntais le tuai a'est 
bearensemeal pas sans remède. Ajoutez un second acte à la 
pièoe, elle tiendra tonte la dnrée du spectacle, et nous tnarch»- 
rons librement alors. 

— Hais on n'ajoute pas un acte à celui qui doit le précéder, 
comme on qoute un cbeval de renfort & l'omnibuE des Ba^ 
gnolles. HoR œnrre est complète, un Bftie de pins me foroe de 
la dètnoth- pour la reconstruire, et le temps va nous manquer. 

— Slh 31 mars arrive trop tôt, nous onvrirons la saison pro- 
dialna par notre joyeuse et gaillarde Tarantota. Sa place est 
marquée, d'avance retenue, assurée, attendee avec confiance, et 
je TOUS réponds que tout ira bien, que tout ira mieux. » 

Ces observations très justes n'auraient pas éte faîtes, si, 
comme on l'espérait, la pièce avait dû tomber en étant saccagée 
dès le premier soir. La prudence de l'orateur ne sommeillait 
point, tout paraissait merveilleusement «ganisé ; nos répétitions 
flambantes Tinrent déranger, ruiner ce plan, il ftllut recourir & 
d'aabm moyens. La béte noire n'était 5ms aussi stupide qu'on 
se pl^s&it à rimaginêr. 

Je renversai donc livret et musique. Trois actes sortirent de ce 
travail, et la pièce en devint meilleure. Le finale, aurtout le 
grand trio se déployèrrat jAas à l'aise dans un cadre moilu ré- 
tréci. H. Briccolani se remit ti l'œuvre, et fit une autre vefslon 
Italiaooe. 

Je livrai ma seconde partition que l'oA reooiria d'un bout h 
l'autre : la refonte avait été générale. Me* cbantenrs étaient re- 
venus d'autre-mer en apportant un Matek-Adhel de Costa. Les 
r^^iétitioRB de Cet ouvrage ayant été, diêait-on , commencées fc 
Londres, il fallait expédier lestement et d'urgMce un opéra que 
son auteur avait escorté jusqu'à Paris. H''* Grisi tenant le T<}le 
principal dans ce Malek, on me donna K™ Taecani, virtuose 
charmante, qui pour le genre bouffe était bien préférable à la 
sérieuse Giulia. Le Malek temba lourdement, il faut lui rendre 
cettejuatice; mais il tomba Uop lard, et les trois aotes de la Ta- 
rmtttota, qu'il fallut apprendre de nouveau ; pouvaient Afflcile~ 
umM More avant la fin de la saison. L'bonHaM aut «p^feesto 



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«0 EPOjOGUE. 

proposa d'en revenir alors à notre acte primitif, qoi défait fnn- 
cbir lUiFemeot le détroit. Che imenxioae preUbaia! bnuo, 
brmo ! Savsitril que toutes les parties de chant el d'orchestre eo 
avaient été détruites? il est permis de le croin. 

Me voilà donc renvoyé forcément! k l'année suivante. Je m'é- 
tais régalé d'excelleates et nombreuses répéUtions , et disais 
c(«nme IsabeUa de FltaUana in Algeri .- — Sarà «twf ehe êorà, > 
comme don Hagniflco ; — lo mi pongo ad a$.... pettar. • Un 
ami dévoué, le candide Rubini, m'avait révélé depuis six mois 
le mystère, ce qui ne m'empêchait pas d'allH toujours en avant, 
jusqu'au moment où je pourrais démasquer une diplomatie ooit- 
dnite avec autant de largesse, d'art que de persévérance. 

Je n'éprouvai pas la moindre surprise en voyant lldegonda, 
trois actes de Hariiani, prendre la place de la Tarantola quand 
la saison de 1837 s'ouvrit. Le zèle de M"* Grisi pour cette 
œuvre en activa les répétitions. Les efforts héroïques, surhu- 
mains qu'elle fit pout amener, remorquer lldegonda jusqu'à sa 
troisième et dernière exhibition, m'avaient réservé, ménagé le 
temps nécessaire pour déployer mes trois actes commodément. 
Le médecin Tant-Pis avait opéré sa retraite vers l'Italie ; maître 
du terrain, je nageais eo pleine eau, quand le feu dévora le 
thé&tre et mes espérances, it janvier isas. 

Comme une salamandre, la Tarantola sortit de c« vt^can non 
pas plus brillante et plus belle, mais noire comme une taupe, à 
l'extérieur du moins. Je puis vous montrer 150 kilogrammes de 
cet opéra si bien chauffé, bruni, qui devait terminer de longues 
et curieuses infortunes par un édair de bonheur. 

— Comment se peut-il, direz-vous, qu'une admiidsteatioo ait 
pris tant de soins, ait payé deux fois un traducteur italien, ait 
acquitté deux fois des frais énormes de copie, ait arrélé de su- 
hUmes chanteurs à d'inutiles et longues études pour un ouvrage 
qui devait être noyé le jour même de son exhibition?» 

Je vous rappellerai d'abord que cette administration s'était en- 
fwrée, étourdimcnl enferrée jusqu'à la garde; qu'elle voulutca^ 
cher sa mésaventure tout en me bai'rant le chemin par les moyens 
dont elle pouvait sims effort et largement disposer. M'a-t-on pas 



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TU des souTer^Bs braler des tiIIbb de leur empiret fain sauter 
des pODts, et noyer une flotte seulement pour boucher un trouT 

La moralité de l'apologue est eonoue. Au point où nous 
en étions au 15 novembre 183S, si au pièce avait dû tomber, 
quatre jours suffisaient pour obtenir cet heureux résultat. Il est 
donc certain que l'addition d'un acte, les dtiais réclamés, les ac- 
crocs suscités, les opéras interposés, les promesse jetées au 
veot, les études inutiles et les dépenses noblement sacrifiées, 
toute cette diplomatie occulte, astucieuse, avaient pour but 
d'éloigner un succès brillant, menaçant, odieux; de l'esquiver 
en fatiguant l'adversaire an point de le forcer d'abandonner la 
partie. Cela vous paratt-il assez clairT 

Si j'ai qudque renom, c'est qu'on a pris soin de me le faire. 
On a bien voulu me donner une importance que je ne pouvais 
acquérir. On m'a placé, malgré moi, sur un pavois fort origi- 
nal; et, s'il m'est permis de finir joyeusement un récit lamen- 
table, je vous dirai, d'un ton de premier comique : 

Mas le ooap>b1e est gran^, plu grand est le supplice. 

Puisqu'une femme jeune, belle, charmante peut se consoler 
d'être devenue affreuse, épouvantable; se consoler au point de 
nous chanter : 

^ je perds la donceor d'6tre l'anioar da ponide, 
rû le plaisir Doaveta d'en devenir l'effroi ; 

je puis fort bien suivre l'exemple de Hédnse, et me résigner au 
sort que l'on m'a fait. Inhibitions et défenses de produire sur 
DOS thëftbres mes livrets et mes parutions m'ont été signifiées; 
j'ai mis en scène les drames, la musique des autres, et les ai 
colloques ea parties doubles sur mon budget. Si ce n'est pas du 
génie, c'est au moins de l'esprit; Jules Janin vous le redira. 

Comme Figw), ma gaieté ne m'a jamais abaadonné. 

Comme Rosine, je me suis moqué de toutes les colères. 

Comme Bartholo, je ae suis pas honteux. 

Ce qu'on m'a fait, je vous l'ai dit, prouvé. 

Ce que j'ai fait, je le mets sous vos yeux. 

Jouons caries sur table : voyez, comparez et jugez. 



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le Tmmtola, SbeOt du anale, (numm vwm 
CamtiDedeRBbiDi, ui. 

Fragment du grand ttt», im. 
Cmtiiie de Lablache, m. 

parodiée et devenue air de ténor; sa mélodie, écrite pour la basse, 
ay^t été pointée. L'effet principal de cet air, note et parole, doit 
s'élever de l'orchestre, il importait de ne pas en a&iblir les jeux 
an moyen d'ane transposition au grave. 

BerecMC proT»t«ie de la TaTOntola, i»' 
Le duo, note et parole, de Btlzébutk, im, 
ne doit son extrême et lucide rapidité qu'à la disposition régu- 
liëie des mots. Je les ai combinés k l'inverse des quatrains 
accoutumés, pour douner trois vers masculios, suivis d'oi 
quatrième dmit la rime doues va s'éteindre par l'élisioa. Cet 
artifice enlève tous les obstacles que la voix pourrait rencoutrer. 
La chatue du discours est sans repos , elle serait sans Qa s'il ne 
bllait amener une conclusion. 
chuwB à »mk de Behébuth, m. 

Quand d'un { seul trait | fai vidé [ mon grind verre, | 
S'il faut I ch&nler, | j'aime cet | instrument; | 
(k>roDie à I Toreil | le à mon cœar 1 11 sait plaire, | 
El l'ceil I M nd I R en c« pnr I diuHUlt | 
Cet harnumica | joyeux et brillant | 
Frappe la mean | n et loujonn H»But, | 
Vient donner aux voix | un accord channant, | 
C'est bien le meilleur | accompagnement. 

Quiterne et | vi olon , | 

Hautbois, DÂle ] et . . . . basson, [ 

pTont pas ce I jo. n son , | 

Et Je pré] Are 
Mon j verre. | 
Trois rbythmes diflTèreDts sont réunis, OMobinés dans ce 
couplet: quatrevers de dix, mesurés pardéux et dr:n, trois et 
trois syllabes ; quatre vers en taralaniare ; trois glissades k l'ila- 
liemie, à l'angtûse , si l'on veut, (idrueeioti) et deux féminins, 
pour la tenue «a bndltade tevorite des ehsnires de cabaret. 



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ËPILOGOB. 4S9 

Ces excnples i^erts lous les auméros 117, 120, 131, pron- 
vent, démontrent que le français gonvenié par an écrivain 
(lait l'orerlle n'est pu Insensible aax élégantes et capricieuses 
figures du rtifthne, peut affronter les difficultés que nos paro- 
liers disent imurmontablea , et produire librement tous les 
eSlBti qai semblaient n'appartenir qu'à la poésie italienne, an- 
glaise, cto. 

Diffivmlté* ituurmontables! pour tous docteurs de l'Université, 
mambreedel*Institut,hbricantsdeproserimée,quin'avez jamais 
étadié, compris, connu l'anatomie de votre langue. Pour vous, 
qui venez de joindre l'exemple an précité, de confesser naïve- 
ment votre ignorance, alln de corroborer la thèse qu'il vous platt 
de soutenir «■ détriment d'un idiome que tous devriez protéger. 
Ne pouvaat tiaduire en français le God mve the Qaem, vous 
raves mis en latin. Une hymne religieuse du culte prolestant 
cbutteftvec la plus grande soIeDDité, chantée en latin devant 
le loni-maife de Londres, le 10 Juin 1855, k Paris, est une 
facétie que votre maladresse bien constatée pouvait seule excu- 
ser. Les journalistes, les historiens se sont empressés d'enre- 
gistrer un fait si mémorable. 

Le God tttvt the Qmm présente, en sept petits vers, cinq ter- 
miMîsoBt à glissade, tdroMiole , dont nos académies ne con- 
nai»ent pu le inècai^me, l'immense valeur, paisqu'^les afBr- 
ment que le «Intemolo n'existe point dans te français (1). Faut-il 
s'étonner qu'elles n'aient pas tronvé dans leur erAa un poète 

(1) — La langue ftwiçaise n'a point de mata de cette eapËce.* Cataon,Bap- 
port fréttaté on n»m et ta tMte» dt mutigm, adçpié ptr la eUute da Beaux- 
Jrt> de eiiMUta Inpériat de Franei, tfoM ta U^oittt 4m 18 mrit ti du 
i et 9 mai 1813, jmt wt marafft, etc., de Sçoppm. Signa Iw niiiiiiiliiilmi 
GosKc, Gretiy, Méhnl, K. Cboron , rapportour. Paria, Didot.iaiS, hl-t d« 
V Teailles et demie, page 7. 

Trois Béaucee compUtesI Ce n'eat point à la Idgtea qnt notre iMtilat A 
déposséda la langue ti'socaise d'un millier ds moia inflniment précieiii pour 
notre poéale lyrique. Admirer, glorieux , MtMimtnx, déuo-nert réveiller, «ur> 
»eitletu, pret-ttnttmtM , ca-prleieiu, eiuioUt, aanlU, r«-U§i<m, déftaUr, «»■ 
En, mafiriter, pàUttoHl, éltndart, (mari, nidf«iM:,«MM>,«l 



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460 ËnLOeVB. 

capable d'ajuster sept rimes sur l'hyinne d'Henri Car^, que 
plusieurs attribuent encore à LuUi, fc HaendelT Et pourtant 
cette hymne avait été déife traduite en français pour les àern»- 
selles de Saint-Cyr, qui la chantaient du temps de Louis XIV. 
Voyez les Mémoirei de la duchetts de Perlh. 

Les numéros liK b. 13i offrent un accord parMt des pandes 
avec les notes ; point de mots estropiés ou frappant taux , 
à la Heyerbeer ; le vers français trouve toujours un vers 
musical prêt h le saisir, à le chanter sans lui faire violeDce. 
Comme, depuis soixante ans, Les opéras musiques par tous nos 
maîtres sont écrits en prose plus ou moins rebutante, je me tchs 
forcé de prendre ces exemples dans mes œuvres dnunatiques. 

Des fragments de symphonie, de sonates, de quatuors de vio- 
lons, deviennent musique vocale au moyen des paroles qu'un 
adroit parodiste leur adapte. Le rhythme, le sentiment, la cou- 
leur de ces oeuvres instrumentales doivent être âdMMnent ob- 
servés, conservés, reproduits par l'auteur des vers amenés sons 
leur mélodie. La mesure de ces paroles sera toujours indiquée 
par les vers musicaux chantés par l'embouchure, l'archet ou le 
clavier : remarquez-le bien I Jugez si la musique dmt se révoUer 
lorsque nos paroliers ne lui donnent que de la viie prose I On 
trouvera des exemples de ce travail de traducteur, d'arranger, 
de parodiste et de pâtissier dans les air, trio, dao, chœurs, etc., 
portant les numéros SI et 107 à 114. Si des critiques ont attth 
que, condamné, réprouvé ce genre de travail, estimé des musi- 
ciens, c'est que ces mêmes critiques étaient mervalleusement 
incapables d'en aborder les difficultés. 



IMH le* Htnc dtetyles franfals na Mtat-lls pu de» tdnuiioa, noMa, KHuléi, 
UMUialda, aoui bien ciractérliés que çUnimt», tle-loHaiu, Peiaro, Ka^olt, 
dt^un/fraf JepouiTBii ajoater encore cenxque l'on obtient par UrdoniondB 
deui mata ■. éliet-mot , Joli ton, il a ftit. 

On Provençal vous redira qu'il n'eit riea d'impowhln avec le fraoçaii, 
comme avec lei Français. Tftcbez d'apprendre roire langue, et roua aerei un 
Joar de mon t*ia. MoLikaa >i»iciEn, que tous no comprenez pas encore, 
vous «wvlra de guide poor amender grammaire, dicUooDaire et traité de 



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ËPILOGOB. 441 

Le digne saccessenr de Weber, le flambeaa de rAUemagne, 
dont l'écl&t n'a brillé qu'un instant, le musicien illustreque nous 
avons trop tôt regretté, Hendebsolin-Bartlioldy nous a légué, 
parmi des œuvres admirables, nous a légué des Romances saru 
paroles, et l'Europe l'a proclamé l'inventeur de ce genre nou- 
veau. L'Europe a tort, ce brevet d'invention nous appartient. 

En effet, le beau mérite de produire des Romancée earu pa- 
tolee, quand la France, depuis deux siècles, possède exelMnve- 
ment! les Opéra» eana paroles, des opéras où les mots, jetés an 
hasard, sont foulés, estropiés, massacrés de telle sorte que les 
Français eux-mêmes ne peuvent pas en deviner la signification; 
des opéras où le public, devenu sourd malgré lui, chante avec le 
Geronimo de Cimarosa : — V ho sentiio, ma eapito non l" ho già. 

Je voulais déboucher les oreilles françaises et leur faire en- 
tendre un opéra dont les paroles fussent d'un accord parfait 
avec la musique : la troupe des impuissants a dû se liguer contre 
cette damnable innovation. Louis XI défendait que l'on apprit & 
lire à son fils ; un schab de Perse rend aveugles ses frères quand 
il est assez bénin pour ne pas les étrangler. Ces mesures d'une 
politique adroite et peu consolante sont dictées par une raison 
qui s'éloigne trop de mon sujet. Condamner et retenir le public 
de notre scène lyrique n la surdité, quant au drame récité devant 
ses yeux, brouiller ii plaisir les mots que l'on chante afin qu'ils 
ne puissent être compris, est une diplomatie de la môme espèce 
et dont le but secret échappe à mon intelligence. Les français 
voudraient-ils faire ainsi preuve d'originalité, singulariser leur 
nation en restant barbares au milieu de tous les peuples civi- 
lisés f l'ai d'autant plus de peine à le croire que les vagons rou- 
lent, volent chez nous, que l'étincelle magnétique nous parle du 
bout de l'univers, malgré les furibondes oppositions des galères, 
dés pataches et des piétons. 

On m'a mis hors la loi , je sais me résigner et ne vais point 
me briser le cr&ne contre un mur d'airain. Le moment ot nos 
théâtres lyriques r^orgent de cheb-d'œuvre nationauxl 1855, 
oii des succès merveilleux forcent nos journalistes à stéréotyper 
ces mots : belliteime, admirable, euperbe, ravieeant, magni- 



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fiqae, subHme, lemtUitmi, etc.; heureux plagiat Mt à. la tfose 
que Voltaire proposait de joindre aux tragédies de Raciae; le 
moment où des opéras à nuls autres seconds Tieuneot eniidûi 
nos répertoires et les encombrer de trésors d'harmonieuse mé- 
lodie, serait trés-mal choisi pour demander un lour de faT«ii 
réclamé depuis vingt ans. 

Si je ne craignais pas l'eau comme le feu, j'irais à Londres , ob 
mon gentil Vivier me promet un concert de 1,500 livres sterling, 
récompense offerte au troubadour disant ses chansons {troveo' 
cales. J'irais à Singapour, ville qui tient ma prose et mes vers 
en vénération; M. Hector Bossange me l'a prouvé. Je m'eml)a^ 
querais pour la Nouvelle -Orléans où l'on m'appelle k grands 
cris, si des rapports confidentiels ne m'avaient appris qu'un 
autre Barnum voulait m'y présenter comme un fils de Jennj 
Lind , qu'il m'y faudrait chausser une perruque blonde et re- 
noncer à ma barbe. 

Nos théâtres de province ayant cessé d'exister, pouvais-jeme 
décider h voiturer mon bagage musical jusqu'aux bords du Mis- 
sissipi ? Je reculais épouvanté devant les flots pacifiques ou non, 
lorsqu'une lettre du 9 mai 1855 m'a fort à propos et galamBimt 
ouvert le théâtre de Bruxelles, gouverné par H. Théodore Letel* 
lier. — n me connaît et vient sur moi, » disait Adolphe Nourrit, 
en me parlant de Gilbert Duprez. — Il me connaît et vient sur 
moi, » c'est plus que du courage, ce Théodore est un autre Sin- 
gier. Il a mis en scène Beliéhuth h. Montpellier, et ne craint pas 
d'en faire une reprise solennelle en Belgique I II faut être bien 
sûr de son épée, de son étoile, pour s'aventurer de la sorte. Oui, 
mon cher Théodore, c'est avec le plus grand plaisir que je vais 
entreprendre cette nouvelle campagne. Vous me verrez au poste 
au moment de Fattaque. Vous m'y verrez muni de lettres de 
crédit que notre colonie belge va se plaire & donner & la France. 
Recommandé par d'aimables confrères tels que Grisar, Limnait- 
der et Gevaert, je puis compter sur une réciprocité bien pré- 
cieuse pour un débutant. 



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TABLE. 

TROISIÈME ÉPOQUE, 



Xm DeimklTAS 6 

XVm. De 1796 1 1802. . ...^ 47 

XK. De 1803. i( 1807 85 



OUATRIÈMUr frPOQCE. 
smumm, wermi,. fift^ai, aobbr. 

XX. De, 1807 à, 184,5.. ..„.,..,„.. UA 

XXI. De (815 1 1823 tA3 

XXU. De«23*183ft... , 177 

XXUI. De isa« h 1837. .,. . 216 

XXIV. De 1837 à, 1848 268 

XXV. qel848àl856.. 288 

XXVL iM choristet ot le4 qjuaddlles dq b»llet.. 312 

XXVU. L'orchestre 337 

XXVUL Costumes, décors, mise en scène 378 

XXIX. Uise en claque, mise en recettes, truies et putb. — 400 
Répertoire génénT des opéras et ballets de 164S 9 

Wf» M» 

Post-scrlptum 449 

Administration et- perso nnel de théfttre en 1856 441 



Les prolopia d\>péHt ssiu !• Pi^ns-d» Lqbîs XIV . . 



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ERREURS. 

Ton 1", page 431, Usez : — Jéliotte menri en nn château de 
Hav^Hes, à Eatos, près d'Oloron, Bissea-Pjrénées , en 179&. La 
chambre qu'il habitait en ce ooble manoir, est telle qn'elle était 
en 179â, et non pai en 1783. 

TomeII, page 80, liaez:— I.e 33 juillet ISOO, à la fêle républicaine 
célébrée pour l'annlTersaire du 14, M*" Grassini chante dans le 
Temple de Mars (i'égUse des Invalides), et jion pas au Champ de 
Mars. 

Page 361, an lien de Coluirii, lisez : Cnharé. 

OHISSIOHS. 

TOHB 11.. page 336, aux Acadimiciemei devenue» grandes ou riches 
àamet, ijoutona ; 
M"* GrisI (CarlotU). b&Uérlne. riche propriétaire ; tSSD. 
M"* Lebrun (Annette), cantatrice, marqiilse de Montréal; 18&5. 
Page 376, au Vocabulaire da Xutinent, ajoutons : 

Barcarolle. venant de barcarala, écrives barcarole. 

Farandole, ridiculement frtuacisé, doit restar. .... farandoute- 
Un entr'acte n'a pas de sens, écrivez un entr'actea. 



Il m'est permis d'enregiatrer encore on loccèa. H"* Lafon, jeune et 
belle virtDQse que HareelUe nous a cédée, se fait applaudir Tiveroent 
dans la Juive. 8 juillet 1S6S. 



Les trois feuilles qui terminent ce volume ont été poUlées dana , 
laAevue de Parti, les S» mars et U avril 18U. 



- rTPoaniPB» Moaais zi tf; mi uiilot, 64. 



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