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LA CHAMPAGNE,
ÉTUDE DE GÉOGRAPHIE RÉGIONALE
TIIKSE POUR LE DOCTORAT
Présentée à la Faculté des Lettres de Paris
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EMILE CHANTRIOT
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LA CHAMPAGNE
ETUDE DE GEOGRAPHIE UEGIONALE
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LA CHAMPAGNE
ÉTUDE DE GÉOtillAl'IIlE KÉGIONALE
TllKSE POUR I.E DOCTORAT
Présentée à la Faculté îles Lettres de Paris
EMILE CBANTRIOT
NANCY
IMI'RIMEHIB UERGER-LEVRAULT * C"
|8, RUE IIEI OLACIt, l8
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iv
L*étude des régions naturelles et des pays est a Tordre dn jonr
depuis déjà do longues années. Elle a ëtc renouvelée par les pro-
grès de la science géologique, qui a discerné et défini, dans leurs
traits esâentiels, ces compartiments do la terro française dont Tin-
dividualité se traduit par des dénominations géographiques qui
ont persisté dans le langage populaire, ayant leur raison d*être
dans le sol; elle a été surtout vivifiée par un mouvement régie*
nalist<î et décentralisateur dont Tintensité est indéniable.
Les archéologues et les historiens exhument avec ardeur les
vestiges des civilisations primitives et du passé provincial ; les
sociologues étudient les traditions locales, les usages, les coutu-
mes professionnelles, les patois, les particularités du costume, la
littérature populaire, bref, toutes les survivances de la vie pro-
vinciale, que Texccs de centralisation et les exigences de la vie
moderne ont contribué à affaiblir ou à effacer complètement;
les artistes tentent de fe renouveler en sMnspirant des traditions
rajeunies de Tart local, tandis que les législateurs examinent la
valeur pratique des cadres administratifs; les romanciers et les
poètes, enfin, s'ingénient à ressusciter t T&me » des différents
pays, à chanter les sites et les beautés du sol natal, dont des fyii-
ilicais d'initiative s'efforcent de faciliter Taccès aux chercheurs
et aux simples touristes. De tous cotés, les travailleurs indivi-
duels, les sociétés savantes, les associations provinciales, les re-
vues locales, les congrès même collaborent à reconstituer laphjsio-
oomiede nos anciennes provinces et à ranimer Tesprit provincial.
\
VI ' PRâFACS
en célébrant la possibilité et les avantages qu'il y aurait à briser
les entraves de la centralisation et à dévcloppor des libertés lo-
cales seules capables de litimuler l'activité des foyers delà vie
régionale et de l'initiative individuelle. Les mots nouveaux de
« déconcentration > et de < provincïsme • ont fait fortune.
Cependant, mal*^ ces tendances et ces efforts, manifestés par
un mouvement ré};ionatisteàlnfoispolitique,Gocinl, sentimental
etesibélique, ilfaut rcconnaitro que l'enquête scientifique appli*
qnce aux grandes rcgious naturelles de la France, et dont le
programme a été depuis lonjjtcmpa esquissé ('), est loin d'être
«Tancée.
Les géogra|ilics sont en mesure de prêter un utile concourt à
l'enquête sur le régionalidme, en essayant de dégager, par une
métbode scientifique, la signification et la raison d'être des difiii-
rentes régions et pays, et d'évaluer, par suite, leurs cbances de
durée.
Or, si les travaux particuliers se rapportant à tel ou tel pays,
les monognipliies locales très spéciales, soit géologiques, soit bia-
toriques, sont très nombreux, nous constatons que les études
générales, d'un carautère proprement géographique, embrassant
dons une synthèse plus ample un pays tout entier ou de grandes
répons naturelles, sont plutôt rares (*).
Cest pourquoi nous avons pense qu'un essai de géographie
répunale, con«acré à la Champagne, ne serait pas une contribu-
tion inutile apportée à l'étude encore très incomplète de notre
pays. A ce titre, notre étude de la région cliampenoise vient se
juiUposer à celle du plateau lorrain, par notre maître, M. Ber-
trand Auerbach Ç).
»|X.CHU«U,L*CMM
PRÉFACB TU
Parmi les anciennes provinces dont le nom et, dans une cer-
taine mesure, la personnalité ont survécu aux vicissitudes des
remaniements teiritoriaux, la Champagne se distingue entre
toutes : tandis que la plupart d*entre elles conservent des déno-
minations d*origine ethnique, comme la Bretagne, TAuvergne, la
Bourgogne, la Normandie, la Touraine, la Gascogne, ou d*origine
administrative, comme la Provence, la Franche-Comté, POrlét-
nais, etc., la Champagne |>orte un nom ayant une signification -
géographique {Campania)^ dont nous avons déterminé la valeur
et défini Textension. La dénomination de Champagne est assez
commune en France, mais, nulle part ailleurs que dans Tancienne
province, dont le nom a persisté, cette dénomination ne s*appli-
que à la fois à une étendue de territoire aussi considérable et à
un ensemble de particularités physiques aussi nettement carac-
térisées.
Dans quelles limites Tancienne Champagne corresiK)nd-eIIe à
une région naturelle homogène, c*est-à-dire groupant des pays
présentant des ressemblances, des affinités, en ce qui concerne la
nature et la configuration du sol, les conditions générales du cli-
mat et de riiydrologie, les productions naturelles, le mode de
groupement de la population et les formes de Thabitat? Y a-t-il
une Champagne qui, par son développement en étendue, ses
particularités physiques et morales, correspond bien à une indi»
vidualité régionale ? Tels sont les problèmes dont nous nous pro-
posons de rechercher la solution.
Nous avons insisté sur Fétude géologique de la contrée, paroe
que, de tous les traits par lesquels se manifeste le caractère d*iiD
pays relativement restreint, ceux qui dérivent de la nature du
sol nous semblent les plus importants. Nous avons donc em- ;
prunté à la géologie les limites de notre champ d*observations,
que nous avons délibérément circonscrit aux contours mêmes de
la formation crétacée dans la partie orientale du bassin parisien.
La géologie nous a explique le dessin des principales lignes et le
modelé du relief, la contexture du réseau hydrographique et les
\
puticnlaribU hydrologiques de la contrée, T« distribution de«
• rcgûtaux spontaacs et des cultures, les Tonnes spéciales de l'ha-
bitat, CD un mot, l'uspect des dirers paysages. Xous n'avons pas
hésité, pour rendre raison de certaines aDomalies, k remonter
des faits actuels aux faits anciens qui, élargissant les vues, four-
nissent les explications profondes et vraiment ration nelles.
Mois les seules considcratiooa empruntées à la géographie
physique, si essentielles qu'elles soient, sont insuffisantes ponr
traduire la physionomie complète d'une contrée, car l'influence
du milieu physique ne s'exerce qu'on collaboration avec d'au-
tres influences, historiques et siwialos, dont il faut tenir compte.
Cest pourquoi nous n'arons pas négligé d'interpréter les
données de l'histoire et les faits de l'ordre économique, qui,
dans plus d'un cas, font ressortir l'action de l'homme sur le sol,
les adaptations et les transformations résultant du travail hu-
main. Il nous a paru indispensable d'introduire parfois et de
fondre l'élément historique dans la trame de l'analyse géogra-
phique et des descriptions : chaque fois, par exemple, que la
ûmple vue d'un paysage évoquait invinciblement les pcrspecUves
historiques intimement liées à lui, on que la constatation de cer-
taine* particularités géographiques correspondait II des catégories
de faits et d'événements ressortissant au domaine de l'histoire
•t s'enebalnant pour ainsi dire muluellemenC. Tout en éliminant
de parti pris une foule do détails qui foisonnent dans les géogra-
pbies départementales, les monographies locales ou les descrip-
tions de tourifttes, et auxquels nous 'renvoyons le lecteur, nous
avons fait notre profit de toute indication ayant une valeur
réellement explicative^ en nous effbr^nt de garder la juste
Cest ainsi que nous n'avons pas jugé superflu d'esquisser la
physionomie et le ntle historiques des grands centres arbaina tels
qae Troyos et Reims ; en élargissant le cercle de nos observations,
il nous a été posaihle de dégager les conditions géographiques de
eertoins faits sociaux et d'tsquisser, à la Inmiire de l'histoiiSi
préfàcb n
quelques-uns des traits les plus saillants de Tethnologie et de la
ps}xhologie des populations champenoises.
Nous nous sommes eflbrcé de combiner, dans notre descrip-
tion, les méthodes analytique et sjnthctiqne, avec la préoccupa-
tion, non de collectionner des faits, mais de saisir des rapport!
et d*en tirer des conclusions. Ce u*e$t pas assez, pour faire con-
naître une région, d*en décrire successivement le relief, le climat,
rhydrographie, les productions, etc. Tous ces facteurs, qui con-
tribuent, dans des proportions variables, à lui imprimer sa phy- *
sionomie, réagissent les uns sur les autres, s'atténuent ou s^exa- •<^;^<
gèrent dans le détail, s*opi)osent ou combinent leurs influences. ^
C'est pourquoi, après avoir défini les caractères originaux de la
Champagne, ses rapports d'affinités et de contrastes avec les ré-
gions voisines, nous avons isolé Tune de l'autre, pour les étudier
séparément, chacune des unités géographit^ues entre lesquelles
se partage naturellement l'ensemble de la contrée, en montrant
les liens divers qui les rapprochent et les groui>cttt, pour former
par leur assemblage la grande région qu'est la Champagne.
Nous avons prêté une attention toute spéciale à la nomcncla- '
ture populaire, ù ces désignations traditionnelles de pays qui
constituent le vocabulaire géographique de la région : leur variété
traduit la diversité même des aspects et des aptitudes du sol, et :
elles correspondent presque toujours à des conditions et des for-
mes spéciales de l'habitat. Nous avons dû préciser la signification
géographique des différents noms de pays champenois légués par
la tradition, indiquer les limites nécessairement un peu flottantes
des territoires auxquels ils s'appliquent. Apres avoir confronté
les divisions historiques et naturelles du sol, dressé en quelque
sorte l'état civil des pays champenois, nous avons cru devoir
simplifier quelque peu la nomenclature géographique de la ré-
gion, en rejetant, malgré leur vénérable antiquité, des dénomi-
nations surannées qui ne se sont pas maintenues dans le vocabu-
laire populaire, et dont la survivance ne nous semblait pas
justifiée.
Les iliflîeultcd «ux(|ut;Uui se sont licurtccs ncw iuve6ti(;stions
portant sur une rcgioD nettement circnnscrîte jiar la nature,
mnis reliiti ventent rcatreiute et 6tni» concordance |>aur retendue
avec ]cA limites ndminiiîlrativcâ actuelles, ne tiennent pas tant à
rcxtrcmc disséminai îuu des clémunU d'inibrmution, lu plupart
cnfunis dans une multitude de travuux «ans relation apparente
avec la science gcoj;raplii(]Uc, tju'ù l'insnlTisaiica ou ù l'absence
complète de plus d'un renseignement iii(lie|icnsiilde. De pins,
- les statisliijues topograpliiiiues, forestièR's, agricoles, démogra-
pliiijucs, etc., auxi|ucllcs nous avons dû recourir, sont d'un ma*
nicment délicat, les documunts ciiianuiit des divers scrviecspu*
blics étiint groupés E:ins rapport avec les divisions Daiurullcs du
sol. C'est pourquoi nous avons été oblige de substituer, dans
plus d'un cas, à leurs données rejiosant sur des bases artificielles
nos propres calculs portant sur l'unité communale.
Au ïurpliu, notre documentation n'est pas seulement livrw-
■(uej elle émane en grande 'partie d'une enquête pcrM>nnelle
complcmentiiire, i^ursuivie au cours de fréquentes tournées sur
le terraiu étudié. Nous avons parcouru K Cbampagiie dans tous
le* sens, U carte géologique à la main, pour contrôler les ren*
seignements puisés dans les livres, recueillir à leur source I«
renseignements qui comblaient les lacunes de notre documenta-
tion, nous pénétrer des impressions que seule la vue d'un pajs
peut suggérer, impfcfsions qui se sont foudues dans U vision da
nos souvenirs d'enfance.
En publiant cette étude, qui a absurlté, pendant de longuet
années, \c» rares loii^îra que nous laissaient nos occupations pro-
fetsionDclIcB, nous avoiu à cu:ur d'esprimer ici notre profonda
gratitude aux maitn>8 ominents qt^i ont inspiré nos premières
recherches et nous ont fourni l'aide précieuse de leurs conseib «t
de leurs encouragcmeuu : à MM. l'aul Vidal de la Blacheat
Marcel Dubois, à M. Bertrand Auerbach, qui fut notre professeur
à l'Université do Xancj.
Nous dcToiu une reconnaissance tome particulière à la Société
PRÉFACE XI
nc2id6mique de VAubc, qui a contribué à la publication de ce
livre et nous a en même temps honoré de sa plus haute récom-
pcnse, en nous attribuant le montant du prix triennal Etienne-
George.
Nous remercions enfin, cordialement, les amis photographes
amateurs qui nous ont prête le concours de leur talent, pour illus-
trer et égayer un peu nos pages descriptives.
M
»,.
\ - Naucj, 1" octobre 1904.
i-i ' Kmile Ciiaxtriot,
} •:
u
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
UVRE I
DÊFllIITIOll DE LA CHAMPAGIIE
CIIAl'ITHK I. - Lks Giiaiipagkis I
Acception vulgaire du mot Champagne, 1. — Champagn«» tourangelle* ber-
richunne, des Chorentes, mancelle, dWlençon, 2-3. — Campagnes de Caea
<*t do Neubourg. l'Uymologie ot sens géographique du mot Champagne :
Campania, 3. — Les Campania* : remciisis, catalauninsis arciacinsit.
maiu*iacensis, 4.
CHAPITRE 11. — 1!(01V1DUAL1TB CÉOGIAPHIQUE DE LA CbaMPACKB ^
La Champagne crayeuse ou sî'chc : contracte avec les contrées voisinoa, 6.
— La Cliampagne infracrctnrce ou Champagne Humide» 7. — llapports do
ressemblances entre ces deux Charopagnes. Principaux traits caractérisanl
l'individualité géographique de la région champenoise, 8. — Individualité
politique : physionomie et divisions historiques de la Champagne, 10.
CHAPITRE IIL — VuB gchkialb du sol champeiiois 17
Conflgu ration générale, disposition des assises du sol, type de structure, 17.
— Principales lignes du relief ; nature des roches constituant le sol do la
Champagne, 18. ^ Rôle des accidents tectoniques et do Téroslon dans la
genèse du relief, 19. — Ce qu'il faut penser des crêtes signalées à Fin-
térieur et sur lo |>ourtour des auréoles crétacées, 21. -^ Crète de rArgaanc,
crôte dite du grès vert, talus de la forêt d'Othe, 25. — Monts de
pagne, 29. — Falaise de Champagne-Brie, 30.
LIVRE n
LES PAYS CHAMPENOIS
CHAPITRE I. — Divisio.'is katubelles db la Champaciib SS
Esquisse d'une division de la région par Ouettard, SI. — La xone du terrain
de craie : pays d'Othe, Champagne Pouilleuse, bassin de Reims, pays aa
nord de la rivière d'Aisne, 35. — Auréole iunracn>tacée : Champagne Ho»
mide, Der, Perthois, Argonno et Ardennes, 36. — Falaise de Champagne-
Brie : Ifontois, Vignoble et Montagne de Reims, 37. — Bocage champenoia,
Vallsge d'.Visne, Pied-des-Monu, Vallage sur les confins du Barroif, 38.
XIV TAULK AMLVTIQUR DKS MATIÈRES
l*e--
<;II.U>1TRB 11. — Li lOKt laratcitiiCÉi »
lo-liTiduala*, liniitï* et >ulHlivi«i«a*, W.
1* £a Chnmiiafiie lUmidr : modelé topAKniphiqur M facib géatoei>|Ue, M.
— CoDteiture dn rfictu hydrofraiihique, IS. — HoH* àr clrculslioo dai
' '«ui: ijpri dfi roun il'eau turrvnti-'to : Virirc. Bmm, Annuica, VS. —
Fortu : «pcrtu hintariipie lur le* di^rrichemenu et \r pBupK'menl pur U
rolonlulioa moiiii<tiiu« pl réodAle. M. — L>! Dit, SO — Apliludei ■«ri-
col't du Ml, i\. - - EiieniioD d«l pralnct uturrlli'*. Ël«v«ca du chcrd, &I.
— Uoda dg groupcnicDt <le li population pI ronni pwticulitru de l'ha*
Ihui nirat. Eipluiialloii dri ■nal'-riaiii <lii luua-aol el induatri»* dériTé<T«, il.
— Principaux c«Dlrta de iioinlation, 59.
ï* la rajri tu/rr : Vattaft, GO. — DiilriLuliua it% maaia* D)ini-nte> »ur
In riiDflns de la Ch4iiiipa^e et du Biimii*. Kormri ap-icialet dr U lupo-
ItnpMa : VallaKP. Riti'miao du donialDi? rureatier ^ mutihdu Val, du VaK
Tlvrniiint. d« TroiaPuDUin"*, 61. — ranièreade iiierra PtDineaite fer,6).
— Gr-iuprmcnl dea ccnlri'a nirtiil1uriil<|uei dant le* vall jei de U Voire, de
la Bbiae rt de la Marne. Salnt-Uiiler. GS. — Ihalari'iue île U mélaUurgie
cluin|>cnoite. n ailualioo actaeSe, Ct.
1' le trrtkBit, 67. — Can*ari;ene« <lea coon d'eau dui* If Inaaia du fertheii
Ëvoliitian du riiiMu by'lrogrjphique. l'Iiinn de la Hame et At rumaiD :
kur iui|>oruiMe comme vok* de Iranili.GS. — l'artkulariièadericoaDmie
niralr dana le l'crthoia, TO. — Pruplemeal aicicn et principiiui cenirea
•Ir p«piilaiian. Vitir-le-Pranjoia, 71.
t> ÀrgaMmt (f Aritimtt, 7Î. -~ Faci^t np^-cial de U ronnation crélacie au
aord 'la l'iftliob. Ap|>arilion de U dénomination d'ArifOnne. Le l>ai*in on
trouée de Triaurourt, Tl. — Le uiaMiTde (aile de rArEanne:aei liniitet, T j-
— Funnea ori|in«lc* du relief ar(unnii-o, 76 O qu'il but euiendre |>ar
le* ik-llM* de rArgonne, Tt. — Partieularilit de llijdnilafie et aupecl de
la tffélatlOD, aO. — La Tortl d'Arcannc ; rohmiulioa uonuliqne, RI. —
Uéi-héaara Jei oaciennea induitrip* localea, IQ — IMpeuplenetit de la
■intr^, tmi|{raUun tenponirt- de la population, t\. — Principale* inlo-
mtratioDt, Mi. — HAle htotariqua rl« l'Ar|,'anne, ST. — La trouée de TAire
i (irjQ'lpré. UodiGcationa dana ranp-'cl lopoi;raphi-|iie dn paya an nord de
rAim : d^nomiiulioni de V«Ib(e et d'Ar^leDDca, S*. — Lea délié* de la
l>all.auvBuia et Wb r.b<'tae-Puf>ulrvl : le canal da« Ardenoe*. II. —
HouTi'OH'nta i-t mwde de froui-emrnl de b populalion, 91.
ai.VPmiG ill. - ViLLica o-Ai»* it PitD-Dta-Mo>Ta. H
ConOcuratkin du Vana^-e d'Aiane. Ricbeit* acrieole, !0. — YoieadetnnqMrt
deMcrranl la rontrée. 9T. — La riii^ra d'Atane, M. — Sainte- M eseboukl
et Vouiiei*, 99. -^ Lee orania dr Cbampa^e et k Pie>l-do*-llont«, 100.—
L« *alléa de Beonq, lOL
ULlPtTRK IV. - La rtnatia m ettis IM
Déreloppemenl de* afflaurrraeDia de la craie blanche ; dlTitiona, lOL
)• U r»fi tOOte : MO ladiridiialil^; U TorM d'Otha, IM. - lljrdrolocte de
la csnlrie : la Vanne el ara aoarce», IQA. — Lea rendra d'artîre* fc eidr« ;
le p*)'* au nord de U Vanne: le Séaooa •• 110 — Gtnupeaeal de 1* popo-
letton, III. ~ Le* centre* InJiulrleU de b Hanto-Vaso*, 111. — VaDéa
d'Yonne ; Sena et loigny, 111. ~ Tranailiua entre b forti d'Uthe el h
Oia«ti^De PouUleiMe, lU. '^
!* tu Ckmmpmfmr f^nUltmm : limite*, doicriptioa yénérele. Mi. — Sifnit-
eetigo de r<-pithhe PouiDeuae, III. — UodeU lapogniÂtqtia dea plaine*
rnirenae*, lîu. — Aridité do terrain de cr«te : rareté deaaoureet «1 dea
«OBre d'ean, mode d'aliatentatioa al r^gtluie. Itl — .iptitndaa agricole* d«*
Bel* ciaTeai : b«le* on nvarta, csBp* Je Cluloa* et de Jfaill}, Itl. —
L« vaine péUre : le Bouton ekampenole, 1 tj. — PbniatioM de ré*lne«. IS.
— Pragr^ réalia<^d«M rtipteMailoa do «oL 19. — P*rtlcnUrM*d*réM>
TAllLE ANALYTIQUE DKS MATIFIRES XV
numie rurale : <;\trèine concentration Je la population, fornio« de l'habitat.
morceU<*roent de la pnipriêlé, mode «l'exploitation du sol, 130. — l>i«pari-
tiun dos petites induatriet rural**», 137. — Faible dcn^vité de la jiopidft-
tion. 138. — La vallée de la Suippe et «es rentres in*lu!ttriels, 139. — Le
val d<) Marne et ChAlons, I iO. — La \ allée d*Aube, 141. — Le val de St- ine :
la ville de Troyes* 141.
J^ /^ batsin de Heittit. Délinitiou : Montaj^ne de RtMins, coteaux de Moron-
\iliiers, Rerni et Briniout, 143. — La baAli«*ue agricole de Ileims IW. —
Déveltippement de la ville de Heiins. 1 49.
CllAPlTHK V. — L\ Champagne SLPTLiiTaioNALi: : pavs ad noicu de l'Aiske. lH
1^ vallée d'Aisne ou Axone : aa fertilité et »ea centres de population, 153.
— Rethel, Iô4. — Phyaionomie du pays au nord de la rivi«'re d'Aïaae :
faciès spécial «le la formation crétacée, I5.*i. — Limite septentrionale de la
(.'ham|»a;:ne : la chaîne des oK'tet, la Thié'raclie, \'M. — Valeur gé«tgra-
pliique des «lénominations de llethélois, l*orcien. Quatre* Vallées, Vallaî^,
Terres do i*icanl e, 159.
ClIAPITUK VI. — La falaise de Champacxe-Uiie : Mo5tois, Vi«KoaLK,
M0XTAC5E DE Reims IGi
lK*finition et divisions de la falaise tertiaire, IG'2. — Le M ont ois : configurai ioo
«•t structure, 161. — Montereau et Provins, 108. — histribution des eaax
entre les plateaux de la Brie et les plaines eliam|M;noisea, 1G9. — Les
coteaux ilu Vignoble et la Montagne de lt*'ims, 17*2. — Conditions géogrm-
phi'iues tlu Vi^rnoblc cbauipenois: ses -livisions, 177. — Pro«luction et conn
ifierce du vin de Champagne, IWl. — Richesse, forte densité et accroisse-
ment tle b population, 1K| — flpemay métropole du Vignoble, 1S3.
LIVRK III
CIIAPITRK l. — Lb climat cuAMPEJioit. m
Caractt-re général, 1K3. — Vents dominants, 184. — Répartition des pluies, 186.
— Leur distribution entre les taisons et les mois, IKK. — Coeflicient pla\io-
métrique, 191. — Orages, 101. — État hygrométri<|ue, nébulosité, 194. —
Moyenne annuelle de la tem|iérature et extrêmes absolus, 1115 — Moyennes
s.-ii>onnièrcs et mensuelles, 196. — Jours de gelée et chutes de neige, 197.
— i*hénoroènes caractéristi«|ues de la xégétation et de la rie animale, 196.
— Comparaison entre les dilTérents pays de U Champagne an point de vue
climat>-ri<|ue, 199.
CHAPITRE M. — llTOtociAPHiB Î05 r
(^ractère général do Thydrologie champenoise : rareté des sources abon-
dantes. ?05. — Groupement des princi|iaux niveaux d*eau, ?06. — Hydri^
logie spéciale du terrain de craie dans la ChamiKyiic Pouilleuse et la région
de la Vanne. Problèmes quVUe soulève, VM. — Evolution du réseau hydro-
grsphique en Champagne, 913. — Forme des thalwegs, 215. — Distribution
et mode de circulation des eaux courantes. Influence exercée sur les grands
cours d>au par leur traversée de la furmatiun crétacée champenoite :
rVonne, ÎI9. — U Seine, TH. — LAube» Î23. — La Marne, «4. —
L'Aisne, 226. — Les voies navigables. Vallées tourbeuses, tt7.
CHAPITRE ni. - La rLo«E champemoisb. tU
Dans quelles limites elle est originale, 228. — Zones florales correspondant à
\
XTI TAULE ANALYTIQUE DU MATIÈRES
Vf
ehscunc dr* f ntiilci mus» miairalM, dan* U f^mpt^iie Humide. It>.
" L'AivnDlie. '130 — LaCli>mpsfnoPuuillFiue,î3l. — Larorètd'Ollic.î)!.
— Le tonf ds U Mtit* Icrtiairc. tU. — Groupemi'al dct etplttt méridio-
lulci et ■vjitrDinoniilcii. Î31. — Vntijiei d«i iuicienD«» Oorc* el nppMU
wee b Oor* ictucSIa, 111.
rilAPITUK IV. — Li MniL.Tio« !
DentUJ : iiriocipolei airtt de itiiplcmenl, UT. — InDuence Fiercé« |>w It
nilurc du Ml sur la réinrtiiloo <t« )■ popuUllon,!J9. — l'apuUlioauiiame
Ft rurale. !!U. — l.oca]ïulïoD e( imporliiDee rdatii c du Cfolrei urt>aii». Ui.
— Po|Hilaliaa igrirata cl iDdu'Iriellp, tl). — lluJe de froupenieal : pO|Ht>
lulion '-pane et poinilallon tEglaniiTft. H\. — ItiDuencci do la nature du
*<il, •■•'t cundlttuoi d'inaialtitioti dra |>op<itatian* p.imiiiïca, du réKime d«
ta proprit'lj, îié. — Fonnct ca»c1ériiiique« <U l'baliiui rural, tl9. —
MuavPDO'DU •I'' la popiilal ioD dppui* le iviit* aK-elii jutqu'i not joun, ÏJO.
— Malilitt, mortalild. nuplialilé 1 dlvvr>r( ■'■p^ruei, tjl. — Lca ptn-n»
mïnei di-ningra|>liii|iici coDildi'rii clans la (Kiputaliun iirbaÎDe el rurale, 151.
— [>«pu|'uUUiin pr^crriiire dei eain|iaFii>i ri acfniiitcmrnt CDrrrtjioD-
.lant df* tviitm manu rael unira. ?5fi. — liicb.MDCr Jet petitei Tillei. Pro-
|turtjun de l'uni ïgrnlliin et ilo I imisii^ralioD, !j7. — llé|>Uccini-ala tfmpo-
nïre* de la |>opii1.ition. MO. — Prinripaui rar3ct>ni anthru|><>Iogii|uc( dra
jio|inLili<>n8 ibamiK'nniM^. ÏEO. — Leur urifiue <'lbiiii]ue, ;Ct. — ËléloelUa
d'iiirornuti-iD riiim» par Ipi ïeslix<'> dei civilitaiion* primitive* et par I*
loponfmia. Abience, en Clianipngne, d'un l)p< <.-tbui'iiie bonai;ïae, 16*.
i:ll\PITHE V. — nivuiD» uinoaiQati et ii«ToaEt.L» h iol i
Iiivi'iofu d« la CampanU primilite : «irilalef et dioeï*r*, 371. — Ituraïua et
lli'iniMm <^inpauiai, ITt. — Tomlj. Ueuveracmciil et CJn^ralili de (3itiD-
(■.igtiK, tîl. — Le* huit diviiiuiu tradiliflnnellea da U fîhaitipa^», 37L —
Ur1|:ine de* nonia d« p*]-i rhanipi-noia, tTft. — nnni quelle mesure ou peut
idrntin<-r le* |>*ei avi-e le* |ia>* : surThance de* un», dirptriiion dvi au-
irv*. 177. — Pny* ne dérivant pji d« pa; U 179. — A •juul peut t r^iluire
la numcnrlilure Aet v>j» champenoi*, !NI.— D^piuleoinDli et arrvoilUtc-
Bi«nt*.atl.
CONCr-USION
l^nionoiaie frnérale al penoanalllé ilvta ri'slon cbompriMibe.lST. — i^ara»-
tèrei diatinrllft det poiiulationi. ÏOO. — Traoïrormatiuiu et adaplalioiu opA-
r4>t par le tratail de rhomaac, 19!. — l'ertiilauce Je* lnita«aarnlî«ladata
vie /convoi ii| ne, !M. — EffuenH-iii d* rertainct paitirularitè* iorale*.
Punrhancr* due* à l'aitioD pennanenle dn nillcu eto^rapblnne. (^onmeH
la Ji-nomioaiion de tMiamiiacne aiprime un (enre de vie lié k une e«air4*
liien dJlrnuiDJe, Itao* -|ui-lle metare U r^ciea cbampeDoiaa |>oumil aarvir
de ba*e i nn r^'uniaiemenl de* ôtdre* admlnlflrBllIk. Vi.
APPENDICE
Tabliiii A — Hauteur ■annaOe dea pluie*; ■uyenne* i
TàttOB B. — llépartiiisn dei pluie* aiiitanl la laiaoa i
Tit>it*« C. — Monaliti ei BaiilitJ dan* lead^pirteBenta de hr^C'""^***'
p«Bobe aa cotais du iix> aiîyJa ]
TtBUàg U. — Nupiialiij et Donbra d'cnlknla par hmOle daaa la* départ»*
■eau «hampasoi* «I dreontolaina
>; ■■**
,
XYU
TADLB .VNALYTIOUB DES MATIÈRES
Tadleac E. — Excédent des décès sur les naissincct dans Ict arrcNidisse»
ments champenois. Natalité et niurtalité dans les arrondissements du dé|i«fw
tement de la Maime. Comparaison entre la population urhaine et la popu-
lation rurale 3K
Tableac p. -^ Natalité et m irtalité dans les cantons du département de la
Marne 309
Tadleac G. — Natalité et mortalité dans les princi|>aux centres urbaioa d«
la Champagne T0
Tableau 11. — B^eaiplés du ser\'ice militaire pour défaut de taille, faiblesse
de constitution, intirmités. Conscrits ayant une taille supérieure k l*,7t
dans les (l'*partements champenois et circonvoisins. Proportion des exemptés
pour défaut de taille dans les cantons du département de la Marne. ... 319
cr«Ai
'•
h
I ^ ■■ "*■
i
TABLE DES ILLUSTRATIONS
"^I. ^ !• Voies romaines à travers la Champagne • 13
^ Croisement des voies modernes de transport dans la région chtiB-
* penoise Il
^ II. — Coupe géologique à travers la Champagne entre FArgonne et la
Brie 17
- m. — Coupe géolog{']ue de la falaise de Cbampagne-Bne à la hauteur
de Sczanne SI
* IV. — Graphiques des niveaux de la Voire à Rosnay et de la Barse à la
Guinotière 47
^ V. — Mode de groupement de la population dans la Champagne Humide
(environs de Chaource, Aube) [carte] SS
* VI. — Coupe géologique à travers la fennation infhicrétacée entre la
forèl de Trois-Pontaines et la Champagne Pouilleuse 60
' VIL - Débit de la source de Cérilly lOt
' VIII. — Mode de groupement de la population dans U forêt d*Othe (carte). Itl
. IX. — Types d'assemblage des habitations dans deux villages de la Cham-
pagne Pouilleuse (cartes) 131
^ \. — Ty|»e de construction rurale (grande exploitation) dans la ChaiB-
pagne Pouilleuse 13S
, j ^ XI. — Uépartition des cultires sur le territoire d*un village de la Gham-
jlf pagne Pouilleuse et dans une exploitation mrsle ....*.... 13S
- XII. — Coupe géologique du bassin de Reims 146
. XIII. — Hauteur mensuelle des pluies et nébulosité mensuelle If4
XIV. — Physionomie thermique mensuelle à Reims; température minima
mensuelle à Paris et i Sommesous IM
^ XV. — Hauteur des pluies et niveaux correspondants de la rivière d* Aisne
à Vouziers îl€
' XVL ~ Bassin de TYonne et niveaux de la rivière à Sent lit
• XVlI. — Bassin de la haute Seine et niveaux de la rivière à Bray et à Mo»>
tereaa StO
' XVIIl. — Basiin de la haute et moyenne Marne et niveaux de la rivière à
Saint-Dizier. La Chaussée, Damery tll
XIX. — Bassin supérieur et moyen de TAIsne et niveaux de la rivière à
Sainte-Menehould, Rethel et Pontavert )t6
" X X. — Natalité et mortalité dans les départements de TAube et de la Marne. 25t
' XXI. — Accroissement proportionnel des principaux centres de population. tSft
^ Carte géologioue, tectonique et hydrologique 17
■^Répartition des pluies IS7
'Carte hydrologique de la forêt d'Othe 110
^Densité de la population tSS
- Rapport de la population agglomérée à la population totale, par cantons. . . SI4
. Comté de Champagne Î7T
^ar%uvemenicnt de Cliampagne et généralité de QÛlont 174
icèses tipcfi de Champagne tTt
\ •
TADLB DES ILLDSTRAT10N9
GRAVURES
1. La c4ta de Hunigueiit, prèi Tr«;e« (Aubs) H
î. Katiiie ds craie tur U rive droite de U Voire tS
3. Lr* munit de Chimpagne tur le rive geuche de U Bionne. 19
1. L>a ri<rl< re d'Aube entre Bricone-li- Vieille el Oe^ee-PontaiDe, lieudlt Poo-
leju (Aube) U
y CiiaOnicilon rurale du typa «ocirii i UoDiref (Aube) SS
•. Coiiitrnrtion rurale du l)'p« indeo i Ervy (Aube) M
I. ti|rioilaiion rurale du type moduTne l llonlblireult, prt* d'Errjr (Aube). St
». Le val de Dictme et le village du Claon lArgoane) 7T
t. VBUi]uala : UD villa^ de l'Argoone lur uae bulle de faize. M
10. I'b brioleur de l'Argonne St
il. Type dliibiUliuo rurale dana l'Arfinae W
It. Village dane un ravin : I^ngité (Ardranee) M
1). Kiplôitalioa acrieola a Longue (Ardennee) M
It. 1^ rivii*re d'Aitn* pri't ilv Laneuville-au-roal 'Uama). M
li. Lr« mont* Sainl-Anloinc. Ivp^e de coltaui de la craie blaocbe lOl
K. Une charbannltTa ilaui la Toril d'Othe 107
17. Type de caniiii^ne cultivée iiir \et tuulet plainel du tenala de craie. . IIS
m Sentier uir Ici plaleaiii de la Champagne l'ouiUeuae Itt
19. JloutoDi en pliure le long d'une rama ItT
îa. Cbaumii're cliampcnoite du type ancien 1)1
il. Fi-riDC chumpraeite : hiliilation el dtpendaoeei. 133
II. <Ihar de tnuiuon i deux roue* lit
!X Une me d'un village chaniprn<4i. k IMlbeny (Uaraei ISS
H. Menlai d« paille aux aleniour* d'un village 136
a. La plaine culUvée au aurd de Reim* IW
K l'n ravin du Uontoii : vallon de la Nuie, an-detau<da Villrnauie (Aobe^ lU
V. Une enfl'n de U montagne de Rrlme ITJ
tu. Camïrea de MiDy 174
it. Lea faut de Venj (moniale de RelBa), ITS
K. Le lalloa de Moatigny, en «rai de Joncberr-au^VeJe ITÎ
Jl. ta vignoble de la montagne de Heim*. i HtiDji. 178
FIGURES DIVERSES .
PmluciIoB wlnli'r* cl iD^i*UurgH|Be dent la neuta-Uame U
La Somow, type de rivière Innquillo de la Ctumpagne PouiUeuia 1J4
Élevage da monloa daat le ddpàtteairgi de la Ha/tee Il<
Ceamerca dei vin* de CbanpagM \M
Raae de* veaU k Reuna. lU
Coart da b ^Ina entre Troyat et MardUr !IS
Prvperliea pour cent de U population agnëola al indnMrfcDe par arrondit*^
M«a m
Meatameat de la populttiea dam U région champenoise entra te* eanlea
liSl el IW îiO
BfpartiilM par canteni de U uOe laae la dJpartemeal de la UarM .... Mt
V.
j
4
•.V
BIBLIOGRAPHIE
PRINCIPAUX TRAVAUX CONCERNANT LA RÉGION CIIAMPENOISBC)
I. — Ouvrages généraux.
Xîémoirtê eoneeniant 7a Champagne, divasca par M. Laichci, intendast 6ê
la province, par ordre de M^' le due de Boargogue (maouterit en double à la
bibliothèque de Cliâlons, n* 122 fonds de la TÎlle, n* 61 fonda Garinet).
BAUOiKa, Mitnoirtê hi$ioriqutê de la province de Ckampagme, 3 vol. Ib-IS,
Châlona, 1721.
Th. BouTiOT, De la Ckamitagne, Observatioua géographiqoca sur cette pra-
vince. Brochure in-8*, Arcî»-»ur-Aube, 1869.
Beloiaxo, Aa Seine, Kiudea hjrdrologiqnea, ln-4*, Paris, 1872. Atlaa.
AaDouix-DcMAZET, Voyage en France. 20* réria, ch. VIII à XV, XXII
à XXIV. In-12, Paria, 1899. — 21* a^rie, La Haute^hampagnt. Ib-12,
Paria, 1900.
U. — Étude du soL
GuiTTABD (Jean-Éticone), Méiuoira où Ton examine en général le terrais,
lea pierres et les diffcrenta fossiles de la Champagne..., avce une carte miaéra-
logîque (iléaiofret de l'Académie des •cienceê. Année 1 764, p. 485).
Da LArrABiKT, Description géologique du havim pariêien. In-18, Paria, aaaa
date. — Leçonê de géographie phg$ique. Gr. ln-8*, Paris, 1896, paêtimk.
Commandant BAaai, La France du Kord-Eêt, Itt-8*, Nancj, 1899.
G. F. DoLLPCs, Relations eutre la strnctore géologique du baMln pari^iem et
son hydrographie (^nNoZes de géographie^ t. IX, 1900).
Sautaoc et BmoxiEa, Statistique géologique,., du département de$ Ardemmee.
In-8*, Paria, 1841.
I. LapréaenU bibllograpkto b« fmprvmd polat réaMiii^nitiMi r^mpV'H €• turnu l— trw^mmn Uéê
«lUpftntM «t dlanporuac* la^f a1« qa* noms aToat r«Ba«tt«*, «m partlcmllar l«« yiffpM—
■MaUJM, l« OMttof raphlet et •UtUdiiact castosalM, divers Mti«l«« 4« rermf, «t«., «Ilda a«
•otr» éi«i«. EU« cvaport* •••l«in«at la «omeaclatar* aiirrliodlq»* 4m Mrmn 4«c«M««t«
•MaatkrU qal p«rB«nr»at aa Ueteor 4« talvra •■ !«• r«ntrMaat mv twthmrekm sv la
pcaoUa, al Sa •• proaarar «a «applraMat fabsanartii
\
XXU BlULlOaRlPUIlt
BLTioNiai, SfdtùfifMc gf<J«gitii4... Ju dij-arlemnl dt la Ututt. Ia-8*, Puii,
IW>.
C«ttET, Recberchei> K^olofiqaai lur l'arroudiéfeoiBut de Suute'Mendioald
(7Va«. dt rAtad. ât Heim,, t. LXtX. 1880-1881)-
Ktiim iT BkBOTTi, Notice eiplîe>tÎTc drImc>rte(^ologiquedadépaTtein«at
de la Haute-Marne (1/800()U*. Pari«, 1859-1863). I&-8*, Paria, 1865.
LiTMiiil, SlatûtiqMeg/oIngi'iUt iu dé/ arltmtHtdtl'Anbt. Id-S*, Troje*. 1864.
LnHCiic IT Rjtctia, SMitliyut géologiqnt duiUfatlcmtwtdeVYtimt.ia-V,
Aaxtwnt, 18M.
KiaiT, SItalîgnipble de l'ctij^ allilea dan* !«• di-parteoienta de l'Yoniie, d*
l'Aabp, lU la llaate-Marne, i1« la UeiiM et dei Ardeiipea (Bullet. de la 5m.
dtg/olagU, I. XX, p. M9, I86S).
Ch. lijiaBOii, IMIT le gaiill et le* coucbei «ilre leequelle* Il eal coinpria dane
l«Ui>»n de Pnm{A<naleidtl<iSot.dts^olo3iednKord,t. II, I8TI, p. 1-61).
l'troa, Nulu |ionr Mrrir à l'hiiluire da Irrrain de erule dam le lod-eat dm
Uf-\j,pti\.l.-a{Bmlltt. <iefa5(w. <l»ic»iire>i(eri'MtM, I. XLl, I887,p. 1I&).
A. Di Gbouoctk, Mémoirei ponr Mrvir k l'eipliration île la cari» géolo-
Biqne détailla de 11 Franea ; nteitrdia nrr fa cnit* njiérirmrt, t. I, In-S*,
l'aril, irOl, ekap. II cl III.
III. — Climat et ti^drographte.
/la'frtrM ammutl* df CeumCuioiu méUerolojiqmr' dfyarttmtntain i» la
UmM, de rYoDiie, dp l'Aube, Ae la Marne et de* Ardeanea.
CtJlerlton da ri'umén d'ob*trmilioHt er-tralUit» par U itrviet hj/dromélrifat
da hiitim di U Seitu. Droebnre tu-8* arec alUa (anaacl).
l.aaeMi bt bb FBtAtntJto, Uamad liydr^ogi-iat d» hautndelaStint, Ig-8*,
l'aria, 1884.
Absot, R^ine ikn idnlri JerEBrnj>eorcldi-ulale(^aiiaf<*d« Omrtaittenlr^
■•AAwvfey/fw, 1895, t. I, U^doItm).
J. Lioeiar, Ktode* clinati>1o2l4De* lur le djparlemeut de la Harne. lUpe^
litioa dM plBÎt-i {Trar. dt lAead. dt Ktimt, t. 103).
T. Hjti'Lia, UbeiTTatloDi plaTi<iB{lri4ae> fatlea en Praace (période* 1871-
1830. I88t-1890, 1817.1BMI) [UmlM. it U 5oe. ptrToaat. dt Vtrian, t. XIII,
181S; XIV, IIM].
raaBtoii BT CB)tETTB, TableBBi publié» dan* Ici Wmtire» d* la SttiéU
fafrSemltare 4* lu Maiwt <auaéea ltiâ« 1830, lt>ll-18tS).
PiBMi et FarBBit, ■niclei peUirâ dan* \* Biiltetim dtlaSoeUUdrtititttùtÊ
tt aiu dt Vùrg-lt-Framç'^ (t. I, 1887, et IX. I8T8).
LaKeiBB, KUI setsel de une conuaiMancri «ur rbjdromjtria du bMtlB 4*
U KriM (AiMaln dt giofrajMt, 15 oet 18», p. S7).
Bbmk, Ih^tadc «or U •lallHiqne d«a Jaagvaige* efleetaiadaai le batain de la
Mw (Àmmaltt dt» p*»l, tt d-anê^et, 1B»7, S* tria., p. lO-SS).
Hlalalire dra lra*aai )>ablic*. ïleole natloealc dra ponta et ehauH^M; aa^
Tk« dra rartea et pla«* : Âtlat dt* roitt natnfaUtt d» la Fraact. 3" aérlr. 8* faae.
Vacafafwa i* /■■ 5e£a( m a»^a( da /^iKi (1 4e r roua* «a/ra ^azcm (t JfeMl*r«a«.
Or. te-tr, lapriaMrte Mtleaala, 190S, tt pep't, 34 pUncbM.
t-.-
BIDUOGRAPHIK
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IV. — Flore.
RiMT, F!ort d9 la Champagne, Ueftcription saccinct* de toatea les pUatcf.»
des dépftrtemenU de la Marne, des Ardeones et de la Haute- Hame. I»-1Î,
Reims, 1858.
MoaiAC, Carte botanique de TYonne (/in/Zel. de la Sac, des êcîemeee ie
V Tanne, t. XXVII, 1873).
E. Ravix, Flare de l'Yonne (2* Mit. in-8*, Aaierre, 1886, et Bmtlei. de U
Soe, de» êcienete de VYamue, année 1899. 2* sem., p. 59).
Etudes sur la flore de l'Aube publiées par Ant. La Gbjlhd, Baim» cr Habi«t
dans les Mémoires de la Saciéié académique de VAubt, annéea 1859, 1880|
1881, 1902.
P. HaaioT, La flore de TAube {Annalet de la Soe, kariieoltg vigmeramme d
/arefticre de VAule, 1877, et ÂMOciatian française pour tavamcememi da
sciences, Tunis, 1896).
Flicri, Éludes sur lesjlores de VAuhe et de VYonne. In-8*, Troj^a, 1891.
L. AusaioT ET A. Daociii, Flore de la Haute-Marne (Mém. delà Sac, des
leltrcf de Saint- Dieier, t. III, 18H3).
Notes publiées dans le Dutletim de la Société des sciences maturdJea de la
Ilaute-Marnc (V année, 1901-1905).
Ch. Hirnosf, Euumération des travaux botaniques entrepris jusqu'à noa jouis
dans le département de la Marne (Assoc. Jrançaifc, Reims, 1880, p. 647).
L. Basot, Catalogue des plantes va^eulaires de rarrondissement de Vhij-le-
François (Dullet. de la Sac. <f<s «ctence« de Vitry, t. XVU, 1892).
L. GéxBAC oa la MabliIrb, Sur la flore adventice de la Marne (FemOUàm
Jeunes naturalistes, férr., mars 1899) ; Etudes sur la géographie botuniqut
du département de la Marne (Bullet. de la Sac. d'étude des sciences MiHurclki
de Reims, t. YIIMX-X) et Contribution à la flore de la Marne (B«l7ef. de la
Soc, Utanique, année 1901, p. 39 sqq. 1902, p. 818 sqq.).
Labsiluèbb, Les/orêls de la Meuse et leurs yroduHs, 2* édit. in-B*, Veidum,
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\
BltlUOGRAPHIB
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ItiiL», Gtologit ngrinh- Id-8'. l'an*, 188». I. II. cliap. X et XI.
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Ulil'UT Kt NivKir, SlaliiliqHe ognnomï^He de l'arroailîutmeat dt Voiaien,
\a-9\ Cbarl'iille, 1873, arec carie pîolugiqnv an 1/10000*.
llErsT II NiToiT, Slvlûtiqut ajnnomiqve de l'arroiidiutmeiil Je RtlM. Id-8',
Cliirluville, I87S, avec cartr g'olugiqac an I/IUOOO*.
!.■ Tlat, l.e bnnlivr <1« la Champagne Pouîlk'oie (Lti Ouvrière turopétut.
f M>ii»i>, IHÏ8. t. I, p. 97 mn.y
E. DtLicr, l'C ■naua-uvTo-aEricul(«ur <!• la Champagne (iliid., p. 393 «tq.)-
l)t Meuii, Le pavtan «t le bonlict de la Cliaujiagiie Poutlleape {Seieue*
tçci..le, t. V, p. 18, cf. ih{.l.. I. XXir, p. 881).
ïlirHirs, Un paya à fatnillt: iu>talil< ; 1« Tallngv argouuoU et la Champagne
{Sfinee loeiale, t. I, p. *41).
Ilrnri Baca, L'cpnTgDedaiiauiiTillagi:ehaui]K'Uui>(Sn'<Hcc<o«(W(,t.XXXllI,
p. 158).
l'otitT-K, L'ieowomie *veialt elle* iuêtitiitiont Je préroyamr* danê le dfpar^
emenl dt la Uarme. Gr. I»^\ Itcima, 1900.
LA CHAMPAONE
. I
0,
•1
LIVRE r
DÉFINITION DE U CHAMPAGNE
CHAPITRE I-
Les Champagnes.
f
>i
La Cliampa^e, qui a donné son nom à une ancienne prorince et
dont le^ souvenir vivace s'est perpétué ja»qa*à nos jours, bien qtt«
n'appartenant plus à la nomenclature administrative, a conservé plus
qu'une valeur historique. Cette dénomiimtion antique subsiste dansie
vocabulaire gt*ographique de la France, comme dans le langa^ P^P**
laire, parce qu'elle s'applique très précisément à une région qni, par
la con6guration et la nature de son sol, les conditions particulitres
de l'habitat et la physionomie spéciale de sa population, se disting:iis
assez nettement des contrées circon voisines. Le nom de Charapegns ,
évoque l'image des vastes plaines dénudées que billonnent les grandes *
vallées de la Seine, de l'Aube, de la Marne, de l'Aisne, et sur les*
quelles planent des souvenirs d'invasions et de batailles ; c'est le pajs
de Troyes, de ChAlons et de Reims, pauvre pajs, aussi flcheosement
réputé pour la stérilité de son sol où la craie se montre à na, Taspeel
chétif doL constructions, que pour la tournure d'esprit particulière ds
ses habitants. Pour le vulgaire, la dénomination de Champagne, qui
appelle invinciblement l'épithéte de « Pouilleuse », s'associe contra* ,
dictoircnient à la notion d'un vignoble fameux, qui accentue l'ii
dualité de la contrée.
LA CBAlâFAMia
ï LA CHAMPAGNE
MaU, l'exprewion géognipliique de Cliainpagne ne désigne pu leu-
leincnt U région naturelle dont nous dùtermincron* ptua cxacUment
le* limitea ; elle eit 4e«cz commune en France ; noua la retrouvona
appliquée à pluMÏeurs paya qui, bien qu'naaes différent* par U nature
du Rol ot Ica aptitudes agricnlea, offrent pina d'une analogie dans leur
configuration et leur asjiect extérieur.
Dans la Touraine, on donne le nom de Champagne Touran|flf/e ou
Champ«ign» à cette banJo étroite do hautes terres oii lea Wncs de
c^lcAires ailiccnx, contemporains des meulières de la Brie, recouvrent
un Kous-tol de craie tufTcan, et qui se trouve coiupriae entre les val-
lées du Cher, de l'indro et de ae* aftlui:nta, l'Imlmye ot l'OUvet : ce
annt dos platoauz généralement dénudés, où dca cliamps do céréalca
plutt't roaigrca alternent avec des landes, des pinèdes, des étangs k
demî-deKséchés ; c'est • une Solo;,'ne, mais plus îlpre et plus triste que
laSutogne orlénnalse... avec des horizons fuyants, indécis, des arbres
r.ircs et bas > ('). Sur les plateaux, les villages sont Irêa espacés ; la
iwpiilatiun a'cst agglomérée au fond des fratches vallées dont les pen-
te* crayeuses sont lapiiaées de vignoblca.
An aud-eatile la Cluimpclgne Tournngelle, tl y a U Champagne
Berrichonne (laaoudun, Cliûteauroux, Vatan, Burançaia, Jnssy-en-
Champagne, La Champenoise, etc.) ; c'est austi un pays de grandes
plaines, aèchea et monotones, aiuises sur le calcaire corallien, qui
i'étcndcnt entre les vallées du Cher, ilc llndre et de la Théols ; dans
CCS pUioGs, dca moiasona Tcrdoyantca sont entrecoupées de jachères
pierreuses, pâture dca moulons berricliona ; çà et U, des dépôts limo-
neux roqgeitrea se couvrent d'une ofses belle végétation \ la popula-
tion est très clairsemée {*).
Ni'US troorons encore une autre Cliampagne dans la région dea
Ckarentes, entre Cognac et Angoulénie : il y a la Grande on Fin»
Champagne et la Petite Champagne, famctises par leurs vignobles et
les eanx-de-vte qu'on y fabrique -, ce sont dea plateaux ondulés et des
coteaux an soua-sol crayeux, tantfit pierreux et arides (entre Segouao
et Barbetieux), revêtus d'une maigre végétation, avec une mer de
moiasona rappelant les paysages de la finance, tantôt argileux et hu-
mides (environs de Joniac et de Poni) [*]. Dans le département de la
'>f*fi H rvw>, t> «kK r- tt^tn, us4N, hs.
1 1 I 1 1 - ~ -
LES CHAMPAGNES 3
Sarthe, au sud-est des pittoresques collines des CoSnx)ni qui portent
la belle forêt de Sillé, s*étend, entre les vallées de la Sarthe et de la
Vègre, la Champagne Mancelle, « amsi triste et aussi nue que les
autres Cliampagnes (') » (Neuvy- en -Champagne, Bemay-sn-Cluui-
pagne, au canton de Conlie) : ce sont de larges plaines ou s'ébattent
des troupeaux d*oîes parmi le gros bétail. Il y a enfin, dans l'Ome,
la Campagne d'Alençon ; dans le Calvados, les grandes plates-formes
calcaires, sèches et sans arbres de la Campagne de Caen au sous-sol
oolithique, terres de champs de blé, de belles pierres et de villages
agglomérés; la Campagne de Neubourg entre la lUUe, l'Eure et la
Seine, dont le sol est constitué par des argiles à silex reposant sur des
bancs de craie (').
La dénomination de Cham))agne n'est donc pas spéciale à la partie
oricntalo de la formation crétacée du bassin parisien; c'est an ternie
générique s'appliquant à tous les pays qui présentent les caractères
topographiques impliqués par le mot latin Campania, d'où dérive le
mot Champagne. La Cam|>ania, c*est le pays plat ou peu accidenté,
In cam|)agnc découverte et cultivée, en opposition avec la montagne
ou le pays moutucux et boisé (salins) [']. C'est sous le nom de Cam-
pania que les Romains désignaient le pays de plaines situé aa sud d«
Latiuni, par de là le Vulturnc, et qui s'étend depuis les montagnes de
TApcnnin (Tifata et monte Vergine) jusqu'aux promontoires rocheux
de Sorrcnte et de Kocera que baignent les eaux du golfe de Naples;
pour les Uomains, la Campania, c'était la plaine par excellence, celle
dont les poètes célébraient la fertilité devenue proverbiale. Noos re-
trouvons encore ce nom de Campania dans la Campine, vaste plaine
au sol sablonneux, couvert en partie de landes et de plantations ooe-
vellcs, sur les confins de la Belgique et de la Hollande.
Ainsi la Champagne, au sens étymologique du mot, c'est essentid-
lement le pays des plaines ou des bas plateaux aux vastes horizont,
qu'un voyageur allemand du xvii* siècle définissait ainsi très exacte-
ment : Campania, ui cognomînis Italiœ regio, a latissimU ta ^ims
ejctendîtur campis, nomen hahet, vulgo Champaigne{*),
1. AaDori*-lH:M4tBT, Toytfft en Frmwetf f •érte, p. tS-9S. ^
t. !»■ L«ff*BKaT, l0e. elt., p. M, M. Daat U payt do CasK, nmt loealltô alta^*
cnjeas «ntre U» valloa* dr r.Uqae« (Dieppe) vt âm lUifê (Cri«l) «tt déal4-«r«
Mar:tB^»-Caaipa(««.
S. l«;dort un SàviLLS, Étffmmtp^Uê, Urr«XIV,rhap.is(]Cxax'a, t.LXXXII,p.8SD.0f.DoCAwa,
mol Cmm^ni: Aa Mojra Ag«, !•■ «tfaiBeU dvbot*^ •! ffaaoaDAs àmê kaatas CkaaMM 4M V
mal parfoU d^lgat^i Mas U »on d« mmmm r«M/««<«. (SoTà, Lu /f«Blr«-Cft««MM éêê
Xaarj. lîna, p. AS.)
4. Jodocat SfxCMOt, itinrrmrimm 9mlHm, 1 ▼•!. i»-lfl, AaMtolodaal, ISU, p, tS.
a
\
\ LA CHAilPAQNE
C'cat «u VI* •iOulc •ja'a|i|MraU pour U preiniùre fois <lsoa le* tcxtot
nolru Caiiipnnin. Le continuateur ani>nyiii« de ta chronique da comte
Marcclliii, et, aprÙB lui, Gr£j;oire do Tours, leshUtorieDsde l'époque
caruliiii;i<.'uiic et lc« cliroi)iqucurt itottéricurs mentionnent U Cam-
pania Remensit ou le Camput magnut Remm$iiim ('). Ma» leun
indication*, trù* vague*, ne fournissent aucune description du paya,
aucune indication précise sur son étendue et set limites. T.a CampM-
nia ffemenstS, c'est la pininc crajreusc sillonnée luir la Vcsie, au nord
du proinontiiire do la montagne do Iteînis, et dont la vallée d'Aisne
forme la limite du cûlé du nord ('). Frédégaire cite une Campaniê
Catalauninsit et une Campatiia Arciacinsi* (*). Cette demiire,
cuwiuc le jtagut du raômo nom, aurait comprit, d'après Doutiot ('), tes
deux rersaota de la vallée d'Aube aux environ! d'Arcis, ainsi que le
coundc la Uarbuihc au-dcs»ous de Charmuot. Enfin, Idace de Sérille
rapporte que les Huns, luittus devant Orlénns, se retirèrent dans U
dire<-lion de Tivj-es et campèrent dans la Campania Uauriacensis (').
Èvideutmi'nt ces différentes Clinmpagnes sont un seul et m&intf |iftyi
OH les parties d'un pa^-a unique : Iteiiiia, C'IiAlons, Arcis, 3tléry-sur-
Seinv ou Jluircj' sont donc des centres habités de U Cliani)>agne pri-
uilive, auxquels il faut ajouter Tnijes cité par Grégoire de Toura
comme ville de U Champagne, et Vilrjr mentionné par les Annales
de Sain te -Colombe do Scns(*). Il nous est donc possible, k l'aide de*
indiiatiuns sommaires fournies par les chroniqueura, d'évaluer, en
gros, l'extcntion de U Clianipague primitive : elle s'étendait au nord
jusqu'à la vallée Dtuyenne de l'Aisne, et au sud dépassait la vallée de
la Seine, eurrespondant k la presque totalité de U cône du terrain de
m.trrirlmMttt.Ul.r. S*l); U-, IIMaria rra«il> (Tibn, (. ZllI, f. «MJ | «Mni àMota
m, r. Ml)i AiHMi, Ck-mtf^, Hk. lit. HP. Il, ti<4M Ba««(i«, L lO, p. Il, tt, I*I1>
'--- U.«».|«(P.n>.t.ia.p.lM).
M.*. I. L ». IM). riÉBlsMM •^iptliHalMli
t. tM. 0(. AHn* Jacm*, ta a i ê f t r U4 *t tttifin il rnn, I. 11. te te
I» Camfla (Mf<7— > a«t»» «■ MrlWf t). 0». Hiku, fri^rfi J|bIH*I •■^1'
i
%
LES CHÀMPJIGNBS 5
craie {*) ; c'est aujourd'hui le pays désigné vulgairement sous le nom
de Champagne Pouilleuse, et auquel la dénomination de Campania
s'applique avec la plus grande justesse.
Quant aux circonscriptions qui, au Moyen Age et dans les temps
modernes, ont porté successivement la dénomination de Clianipagne:
i le comté de Troyes devenu, au xi' siècle, le comté do Champagne,
i \i* gouvernement ou province de Champagne, la généralité de Cliûloos
1 ou intendance de Champagne, nous aurons à constater que ces cadres
1 démesurés, œuvre de concentration artilicielle, ne présentent qu'une
Jl similitude de nom avec la Campania des temps mérovingiens; cescir-
, conscriptions ne constituaient pa», k proprement parler, une région
* naturelle, puisqu'elles dépassaient de beaucoup les limites de la for-
. ma lion crétacée, débordant d'une part sur les plateaux tertiaires de
In Hrie, de l'autre sur les plateaux oolithiques de la Bourgogne, du
': Ba^tiigny, du Vallage, des Ardonnes qui ont conservé leurs dénomi*
nations jiarticulières.
u
I. I>*«|>rtf« PoiBnuxOS, U Uhampairiie llr«ralt êou Bom de Aeux mol* evitiqart : tmmm et p^mm,
•If atStiit l« bl&nc |Mj-« (7 ?) [m tMrt §ittit^U de Im €k^mpt»§m» H é* f« Brie, Im-S", CliàfoBa, |n»3« 1, 1|.
\
CHAPITRE II
Individualité géographique de la Champagne.
C'cat fMciitiellenicDtÀ lanatur>' et à U coofigurntion de ton Mil<|ue
U CliftDipngne doit ton iinlividualîté géogra|>1iique. La région an ter-
nîn de craie, uu la dï-nuiitination de Clinnipn^e dérirs de l'aapcct
mtme da pa;*, a en effet une pliyaionoraie nettement tranclièe. Re-
l>elle à U vrgûtalion tjriTCttre, p.-irfoîa même à la culture, par «aite
de la steherecM et de l.i constitution ininéralogique de tou sol dont
lea aptitude* agricoles sont généralement niédiocrea, cette Champagne
crajrcnK a'oppusc pour l'a-il, par une lirusquc transition, k une Eooe
boisée, plus fraîche et plus vnrîce, qui l'euTcloppe presque de tons
ca'itéa, partout où les afflcureraenta de la craïc funt place à d'autres
coQcbet de terrain on à des dépCils sui>erficicU moins arides. Cest
ainsi que aur toute la pi'riptiéne de la nappe crayeuse, les contrastes
ont suscité de* noms distinctifa. An siid-ouesl, sur la rive gauche de
■ Seine, c'est la montueuse forêt d'Oth» («allus OlAic); au delà de
l'Yonne les bocages hniuidea du GAthtais et de la Puisaye; au sud-est
s'étendent les épais massifs boisés, désignée durant te* premlera sî^
des du Moyen Age soua le nom canctériatique d« Otfrvus, paya de*
chênes, appellation qu'on retrouve encore anjounllini appliquée à une
portion de U contrée, sous la forme de Oer. A l'est et au nord-eat, la
ceinture forestière se redresse sur Ica hantes terres boisées de VAT'
' jonne et des Ardtnne», dont le* noms sont isau* d'un Tiens terme
celtique associant, comme celui de Ilafdt, l'idée de hauteur à celle
de fortl. A l'ouest, le* foréta de la fine (Bneniis solrus, brigÙMtU
- sjrfra) couronnent U corniche de* plateaux qui dominent les plaine*
cbampeuMae*. Au nord-ouest enfin, la dépression marécageuse oh
uatt la Senche, tributaire de l'Oiae, ferme le circuit des sols humide*
et boîaés qui enreloppent l'Immense clairière de la Champagne C).
1, SM CM Mtir If n^Ht, an m— tMm, t>MM, Aitenaa, 1>K ■'•sK M-
LNDIVIDUAUTÉ GÉOGRAPHIQUE DE lA CUAMPAGNB 7
Ubittoire et la tradition populaire s'ai cordent donc avec Im géogra-
phie pour attribuer la dénomination de Champagne aux plainei
crayeuses et dénudées qui couvrent transversalement une partie des
départements de l'Yonne, de TAube, de la Marne, des Ardennes et
de TAisne ; les anciens cartographes fixaient avec raison le nom de
la Champagne au cœur même de la zone crajeuse, soit au nord, soit
au sud de la Marne, sur remplacement des Campaniœ mentionnées
(laus les textes mérovingiens (*).
11 n'et^t pus moins vrai que le nom de Champagne peut s'appliquer
avec autant de justesse à la partie de Tauréole infracrétacée dont
rindividuulité se dégage peu à peu i^ur la rive droite de T Yonne, en ^
aval d*Auxerre, et qui, s'effilaut graduellement k mesure qu'elle se
prolonge vers le nord-e«t, dessine un croissant sur le pourtour des
plaines crayeuses. Dans cette contrée où prédominent des couches de
tcri'nio reniarquableiueut plastiques, \c» grandes rivières issues de la
zone oolithique, élargibsant subitement leurs vallées ju«qne-la encais-
sées, ont nivelé sous leurs dépôts d*ulluvions les sols faiblement
résistants qu'elles traversaient et déterminé la formation de vastes
plaines horizontales : il y a là une succcsiiion de paysages nniformé*
ment verdoyants où les bois et les prairies naturelles alternent avec
les cultures ; Timperméabilité du sol s'y traduit par un réseau serré
de petites rivières torrentielles aux eaux louches, des marais et d'in-
nombrables flaques d'eau dans les dépre&tions. Le pays a re^n de nos
jours l'appellation justifiée de Champagne Humidp (*)• Cette autre ^
Champagne, non moins originale que la première, à qui elle ressemble
par les traits généraux de sa structure, s'Intercale en forme de dépres-
ëion circulaire entre les plaines surélevées_de la formation crayeuse
et les hautes teiYasses calcaires de la zone oolithique qui l'encadrcBl
en la dominant.
Ces deux Champagnes, l'une sèche, l'autre humide, ont entre elles
des aflinités ; elles constituent une seule et même région natarelle,w^
définie géologiquemeut par les divers affleurements de la formatkMi
crétacée, caractérisée par la prédominance d'une forme de relief : la
plaine, ici presque horizontale et plate, là se déroulant en ondoIatioBS
amples et largement découvertes; par l'extension uniforme des mê-
mes sols, dans la Champagne sèche la craie, dans la Champagne
I. Ia r«ru 4* Ti%mf 4« S^bMtlea Mo»tb« poiU !• 4^DMBlD«tioB 4«
Mara^; U C1iain|Micn« mi iBdlqai* •■ nvrd 4« SelM* •mr U eart* d« OainAUM
fMmHUêimm detriptin, |S70. BIbl. mUob., ca^ 4c* cuira, Mcaif^*).
S. BsussAi», La Bm»»im p^rMem «u 4fM mmiikUtmrifmf, la-4*, r^rla, ISIS^
9Umê, f. «S.
mmS«»W
roarai. (i
».SS,«l u.
\
8 L4 CHAUPàGXE
hamida les argiles et les sables, dïvcIûs et masquas çà et U pur d«
larges plaques d*alluvicviit nocionncs ou modernes.
Ainti coDiititaËe, la Champagne se différeacie des régions conti-
gul:«, non sculeinent par la nature et le modelé topographiqne de
son i>ol, mais encore par son onentalion générale, les conditions du
climat, les formes partie ulii-ro de l'Iiabilat. L'inclinaison normale de
la contrée étant vera l'ouetl, et les grandes vallées convergeant ren
le centre du bansin de l'Arîs, la Cliampagno tourne |>our ainsi dire le
do* aux pnj's bourguignons, lorrains et ardennait dont elle fut natu-
rellement isolée pendant de longs sièclos jmu: une ceinture Jninter-
rumpae de furEts- Lo climat de la Cbnnipagnc n'est pas sensiblement
diflcrenl do celui do la région parisienne, malgré nne légère recru-
descence des précipitations atniospliériques due au relùremont gra-
duel du sol dans toutes les directions de l'est ; par contre, dans les
pars meusicns, ardcnnnis, et sur les plateaux de la Lorraine, lea
effets d'une altitude moyenne supérieure et d'un plus grand itoigne-
ment de la mer réagissent sur le climat et la régétsrtion : les pluies
sont pins abondantes, l'air plus TÏf ; los înfiucnccs continentales, qui
contrebalancent les influences maritimes, accentuent les inégalités
de la lempênture ; il résulte de celte rudesse relative du climat que
la végétation e«t moins précoce, la vigoe pins exposée à l'action des
Intempéries.
Itégton plus agricole qu'indnftrielle, la Champagne compte peu de
centres urbains importants ; sa population, essentiellement rurale, est
groupée en villages agglomérés, surtout dans la une cravense ; le
bourg on la village est l'unité essentielle de la vie rurale, etl'babitaDt
de la Champagne e»t un villageois comme celni de la Bourgogne, de
la Lorraine, des Ardi-nnes et de la I*icardie. Toutefoîk, si le tjrpe de
l'habitat n'est pas, en Champagne, sensiblement différent de celui
qui eanctérise tonte la France du nord-est,' lea influence! dérivéee
de la nalnre du uA impriment k l'ordonnance et an mode de eona-
tmetioB dea habiutions nn cachet spécial : la pauvreté générale dea
coostmctioDS rurales et mSme urbaines e^t due, en Champagne, k la
nreté et k l'éloignement dea boni matériaux. Aujourd'hui eneora,
presque partout dans lea villages, le bois, le torcbia, les carreaux de
terra garai* d'un revêtement k la cliaux sont lea matérianx eaaentiela
de* petites maisons basses, le plus souvent isolées les une* de* antrea,
avec les dépendances séparée* de l'habitation. Comparé* au régiosa
avdsïnante*, la Champagne est un p«j* de chéllvea bltiisea ; lea
cosatruclioBa moBumentales j sont rares on tria nodemes, et l'on 7
—-'■i.
il
LNDIYIDUALITÉ GÉOGRAPHIQUE DB LA CHAMPAGKB 9
rencontre rarement ces vieux bourgs fortifiés, à la mine séTère, rap-
pelant un passé politique et guerrier, qui sont si communs dint k
Bourgogne, le Barrois et les Ardennes, pays de grandes carrières. Lai
limites de la région champenoise sont faciles a déterminer ; elles frap-
pent les regards, étint fortement imprimées sur le sol par la nstiut.
1 Sans doute, a)i nord de la vallée d'Aisne, où les affleurements de k
i formation crétacée s'effilent, s'enchevêtrent et chevauchent en diseir
i dance au-dessus des terrains plus anciens qui les supportent, c'eit
I par des transitions insensibles dans le paysage que l'on passe gndscl-
1 lemeut des plaines champenoises aux plateaux subardennais adoM
j^ au massif schisteux ; de même, au sud, entre la forêt d'Oths et k
I Champagne Humide qui font face aux bas plateaux bocagen du Giti-
* nais et de la Puisaye, sur la rive droite de l'Yonne, il y a des nosaeci
À qu'un examen attentif du sol permet seul de saisir. Il n*en est psf ^
1 même à l'ouest, à l'est et au sud-est. Les plateaux de la Brie et ii
i Tardonois qui confinent aux plaines du terrain de craie, comme ton
'< les pays de la formation tertiaire, ont un modelé infiniment plosricki
I de furmes et plus complexe. Ici, la diversité structurale des ama
du sol, calcaire grossier et travertin de Saint-Ouen, gypse, arpki
vortcs, travertin de Brie, etc., dont les tranches affleurent sur le flsae
des tlialwegs, imprime aux paysages une variété d'aspect ineonqp-
rablc ; les courants diluviens, exerçant leur action sur des matériaii
offrant une résistance autrement inégale que celle des maaset plus si
moins homogènes de la formation rrétacée, ont façonné une topogitp
phie composite, qui ouvrait un jeu particulièrement riche ans eonki-
j nsisons de l'activité humaine ('). Sur les plates-formes, taatêl ki
) limons superficiels, bien drainés, se couvrent d'un manteau bariJi
i d'opulentes cultures, tantôt la prédominance des marnes et des glsiM
i engendre des sols humides et froids, parsemés d*étangs et de bois, avec
I des vergers d'arbres à cidre aux alentours des liabitations. Pïes^
i |)artout la population est très disséminée : dans la Brie, l'unité eoasiî-
I tutive du groupement humain est la grande ferme isolée an milies
i des exploitations agricoles, tandis que, dans la Champagne Ponilleasi,
; le village aggloméré est la forme presque exclusive de ThaUtat rwiL
I Le contraste n'est pas moins saisissant entre les molles ondalatieai
de la Champagne Humide où le bouleau, le genêt et la brayèfti
inconnus sur les sols oolithiques, peuplent les bois et les friches, ti
la population est fréquemment dispersée dans des hameaox et écsrti
I. Cf. ViOAb D« 1.% Bi.AcaB, TflMMni et ta OU§rmfkiÊ S» ta FMmm, p. IML
10 LA CHAMPAGKB
«nfonia Amo» U Terdnra des verge», et tes f»yviga caractériitiquM
d« U Dfttaro bourguignonne ou mcuaicnnc. Ici loi ptâtei -formel cat-
caire*, pîerrcuica et ticliei afTcctent de* fomiei trapue* ; le* profils
' tti|>ograpliIiiici Mtnt nets, le* arûtcs vive* ; lea TÏUagca, trèa nuuasaéa
et géuéralctucnt bien Litia, ont un upect urUnÎD plutôt que rural.
Ainii U région chniupcnoÎM, dont l'extenaion coïncide avec lea
«(Rvurcmeiita de la formation crflacie, a une individualité géographi-
que fluaes acccntaoo pour couclituer un ensemble que l'on peut envi-
aagcr d'un sent bloc : autour d'elle, le* formci du relief diangeiil, le
[Mytage ao modifie, tnnlût brusquement, tautût par degré*, oscet net-
leiiieul louiefoia )iour que l'instinct [topulaire ditccme lea paya oJi la
dénoininatîoD de Clinmpagne doit «'appliquer, et ceux oii elle n'a
plua qu'une aîgnification liiitoriqua.
l'nr lea forme* attî-nui-c* de son relief, la prédominance de aea
plaines, le* conditio m rclntivcment modéréo* de son climat, comnit
par *a situation gc')grai))iïque, la Champagne cit, par excellence, la
c<mtri-e médiatrice i-ntrc les jiayB bourguignon*, lorrains, ardenna!*,
et ceux du bassin de l'aris. Comroo l'Ile- Jc'France, elle a de grande*
cam|inguc* agricole* contiguG* h do vnste* foK-tt humide* ; *cb riche*
vignobles accroché* aux finnca de* coteaux crayeux font *iiito à ceux
de lallourgugne, et, depuis U vallée d'Voune jusqu'à celle de l'Aisntt,
atteignent la limite *eptcntrionale do culture de la vigne. Se* paya
ntonloeux et boisés comme la fort-t d'Othe et l'Argonne évoquent
l'image de* i>a}'* lorrains. Mai* tous ce* contraste* *'ntt£nuent dans
une hannonii-use juxtapo*itiua qui ré*ulte de l'unité de structure de
lonle la contrA0.
Ia n'-gton champenoise n'cat pas seulement une individualité géo-
pmpilique ; elle a été aussi une individualité {«Utique, et le r6le
qu'elle ajout dan* l'histoire, le* vicissitudes d« ton passé ainsi que
son importance économique s'expliquent à ta foi* par m situation, U
eonOgnration et U nature de son sol.
La ceinture presque ininterrompue de forêts qui enveloppait primi-
tivement la Champagne a contribué à accentuer son individualité. A
travers les aola fangeux et boisés de la lone infracrétacée ob les com-
munication* ont toujours été difficiles, et oit, encore aujourd'hui, il
faut l'effort vigonrouz de doubles et quadruple* attelages pour venir
à bout des cbarruia et des laboura, la viabilité a été imparfaite pen-
dant de long* siècles (*) ; tes grandes rivières, l'Yonne exceptée,
-f
1M)1V1DUAUT& GâOGRAPtlIOVB DE lA CHUIFAGKB ' 11
offraient pen da fadiilëa knx traniport*. De paît et d'antre de cette
marche frontière dont le peuplement Mmble «voir été terdif, déa
Ipvupea etliniquca dé&nU te sont ronititaée de bonne bonre ; dan* les
plaînei cnyttueu, lo Sénons, le* Tricawe*, leaCatalaanee, les Rùmea;
jmr du là lei furGt«, dan* nno contrée pin* découverte ob l'ebondance
de* matériaux de construction et dea aitc* làcilea à défendre était
pnHii'uli&rcnient favorable à U diMéinînation dus élablÎMcmcnta h»-
iiiains, Ici Lin;;ona, lea Leuquea, lea Mûdioroalricea,
Du côté de l'ouest, lea forût* dont les laïukeaux fealonnent encere
U Irordure des jilittenux tertiaire* au-desina dea plaine* champewriaea
iiulniont K'* Muldtwet les Sucuions.Précivénient parce que «c* ftboida^
étaient dcfeiidu* par la nature, la Clianipague, malgré l'aridité de
son H>l et la rareté des bons tnatérianx de constr action, était Cavof^Ue^
à la fondation dV'tablifseinuuts lium.iîns. Le peuplement de U «one
rra^cuso pirnil remonter à une ipoquo trè* ancienne. Tjo sol j recèle
d'innonibrublua indice* d'une vio actÏTe et spuntanêe aux épuqaes
liréliiiitori(|ue*, et il est peu de i»y$ ayant fwurni à la science «rchio-
logiijue autant de documents que U région rluuupcnoiae (') : dolmCDs,
allét'a couvertes, arme* et outils en silex taillésoupoliaabondent dans
le biie*in de U Vanne, au nord du pays d'Otlie et au {Hcd des coteaux
qui frangent le pourtour des plateaux de la Brie.
C'est en Champagnu que le* monaments mégalithiques pumiaaent •'
atlcindreleurlimitcd'extension vers l'est. Dana UCliaiapagne Pouil-
leuse où les ailex et le* bloc* de grù* sauvage sont plus imrea on font
défaut, lea bovos, grotte* cn;usée* dans le terrain de craie, et las
tuinuli que lignaient les fréquentes dénumiDatian* de clinuts et i»
lieux-dit* (toœetle, tertre, motte, etc.) août les vestiges d'innotnbr^
blea sépultures à inhumation, tantôt isolées, tantôt agglomérûee, •■
rapportant aux époques antéhinturiques. On retrouve égalenicnt daaa
les vallées tourbeuses du terrain de craie l'emplacement de (mmb-
breuses citis lacustre*. Enfin la Champagne semble avoir été, dane la
nord-est de la France, un de* principaux foj-ers de l'industrie de-b ''
Tèue, car le* plus importantes nécropoles retrouvées daos U ré^ia*
de la Marne appartiennent à celte période (*). C'est pourquoi nulle
l>JfMWwtl.<*rJt»>***llS*t.p.aJ
tS lA CUUfPAOXR
|Mui allteun (laoi l'en de ta Fnuic«,1e vocftWUîre géognphiqae n'est
ini|irégn« d'un iilni grand nombre de vieux tenne* gauloii.
Itîen que le* popul&tîuna de la Cliaiitjiagne, trî'i tlircmlifei par
l'intrunion d'éléinenU etlinique* varièt girorennat d'inviuiooK succe*-
^Tcs, ne iiril-ienlcnt point un tjrpe indigùne ori^dnal, il lemblc qu'elles
doivent à l'anciunnctù dn peuplement, k leur long ÏBolenient dani lea
teniiw primitift, «inai qu'à la pcnnanence dce condîtïona CMcntielI'a
de l'exiBlcnce, la survivance d'un caractère dUtinctif, et on particu-
lier de cette Iwumure d'esprit que In ninlignîté pnpul.iiro a d 'finie par
UD prorerbs ti^vère.
Par sa ailiiation gùogrnjihiqiie et ta configuration, la Champagne sa
tronro à an earrefour de grandea voies de circulation, fréquentées
dà la plus haute antiquité. Elle est sur la diagnuale la plus directe
entre le littoral méditerranéen et la mer du Xord ; les grandes vallées
tliverj^enlea de l'Aisne, de la Miirne-Ornain, de l'Aube, de la Seine
aasnrenl les roinumnicationt du baniin de Paris nvee la région des
|dateani nnli-unnit et lorrains, et, par ta porto de Bonrgogne au sud
des Voagcs, avec tonte t'£urope centrale. La Chamjiagnc était donc
facilement pvni'trable dans toutes lea directions, en dépit de sa fron-
tii-re forestière. A toutes le* é)>uqnes elle a été horriblement foulée
par les invsMuns et d'ëtemel* souvenirs de guerre planent sur toute
la entitrée. Les Nonuand* reronntcrenl la Seine et l'Yonne justju'an
canr dn pava, et un de leurs principaux chefs, Ilastin^, dont RaonI
Giaber et Dudun de Sainl-QucnliD ont raconté les exploits, était un
bnndit champenois paseé i l'ennenii. Pendant la guerre de Cent ans,
Ica années anglaises parties de Calais traversaient toute la Cham-
pagne, pour rejoindre le* forces amenée* par les chefs anglais de la
Unjrenne, ou a'nnir aux bande* bourguignonnes rennes du sud. Cette
Sucrre accumula les ruines en Champagne, et nombreux sont les viU
lagcs champenois qu! ont disparu k cetta époque malheureuse sans
laisser d'antres traces que leur nom. Il esta peine besoin de rappeler
les invasions qui se sont succédé en Cliampagne jnsqn'À la guerre
fninc<Kallemande et qui font que l'histoire de ce pij^s est tout entier*
dans les annales militaire* de la Francs.
Mais les plaines et les vallée* champenoises n'ont pas été senlemeot,
k tontes les époques, des voies d'Invasions ; elles n'ont pas régi que
des expéditions militaires. Depuis les temps lea plu* reculés elles ont
tavnrïaé dea relations politique* et conimorclalea do longue portés st
ont jo«é la rOle de voies de tnuuit international. Les hautes plaines
dn terrain de crala, aux borisons largement découverts, oh la eiren*
VOIES ROMAIKES TRAVERSANT LA RÉGION CHAMPENOISE
CAOISEMENT DES VOIES DE TRAMSPOHT A TRAVERS LA RÉGION CHAMPENOISC
LÉGENDE
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LNDIYIDUALITÉ GÉOGRAPHIQUK DR LA CHAMPAGNR
13
lation n*e8t entravôe ni par rélévalion des lignes de faîte et des
seuils, ni par la profondeur des vallées, ni par aucune rivière îo-
francliitisable, étaient faites k merveille pour les ingénieurs romaiDS
qui ont Hxé de bonne heure la viabilité de la contrée ; Agedincum
(Sens) dans la vallée d'Yonne, au confluent de la Marne, Augos-
tobona (Troyes) à proximité de la Seine, Durocatilaunura (Cbâions)
sur la Marne, Durocorteruni (Reims) sur la Vesle, ont été des étapes
aux points de croisement des grandes voies romaines, qui escalu»
dnient, dans tous les sens, les croupes facilement accessibles da ter»
rain de craie.
Entre l'Italie, Paris et les Flandres, il n'y avait pas, au Moyeo
Age, de route plus courte que la traversée des plaines champenoises;*
c'est par les vallées de l'Yonne, de la Seine et de. l'Aube que s'ache-
minaient les marchands venus du Midi, et des foires fameuses s'éche-
lonnaient le long de ces voies animées par un transit intense ; on
connaît les célèbres rendez-vous de Sens (Saint-Pierro-le-Vif), de
Troyes, de Bar-sur-Aube et de Provins, où se tinrent, surtout aux
XII' et xiii' siècles, les principales assises du commerce de l'Europe
occidentile. C'est par la fréquentation de ces voies du transit inter>
national qu'a été suscité, en Champagne, le dévolopperoent des prin-
cipales agglomérations urbaines. Les grandes routes modernes ont
resserré les mailles du réseau, compliqué d'artères transversales ; les
voies ferrées et les canaux ont doublé et triplé les anciennes Toies.
Aujourd'hui encore, quelques-uns des grands courants de circulation
fran^*aise et européenne sillonnent le sol de la Champagne.
Par suite de cette convergence des voies et de la concentration des
rapports de toute sorte qui se croisaient dans ses plaines, la Cham-
pagne, très accessible aux influences du dehors, a été largement asso-
ciée à l'existence àeê régions circon voisines. Lion de rencontre poor
les peuples et les éléments de civilisation les plus lointains, elle est
devenue de bonne heure un foyer de vie générale. Des groupements
s'y sont constitués antérieurement à l'occupation romaine, et c'est
assez rapidement que la Champagne s'est élevée à l'existence politi-
que. Fait digne de remarque, ce n'est pas un, mais plusieurs groupes
d'Etats qui ont été érigés dans les plaines champenoises. Au sud-
ouest, c'était le Sénonais, ancien territoire des Sénons, devenu succès-^
•ivement la Senonia (une des dix-sept provinces de la Gaule romaine),
'« cir Dscription ecclésiastique (l'archevêché de Sens) et une
administrative inégalement morcelée {pagus senonîcii/^ liait-
élection de Sens) ; tout le reste de la région clutropenoise était
5«/£ VtrtulS/SV
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1
INDIVIDUALITÉ GÊOGRAPHIQUK DR LA CHAMPAGNR 13
lation n*e8t entravée dî par Tclévalion des lignes de fafto et des
seuils, ni par la profondeur des vallées, ni par aucune rivière io-
francliitisable, étiient faites k merveille pour les ingénieurs romains
qui ont fixé de bonne heure la viabilité de la contrée ; Agedincum
(Sens) dans la vallée d'Yonne, au confluent de la Marne, Augos-
tobona (Troyes) à proximité de la Seine, Durocatilaunura (Cbâions)
sur la Marne, Durocorterum (Reims) sur la Vesle, ont été des étapes
aux points de croisement des grandes voies romaines, qui escala-
daient, dans tous les sens, les croupes facilement accessibles da ter-
rain de craie.
Entre l'Italie, Paris et les Flandres, il n'y avait pas, au Moyen
Age, de route plus courte que la traversée des plaines champenoises ;
c'est par les vallées de l'Yonne, de la Seine et de. l'Aube que s'ache-
minaient les marchands venus du Midi, et des foires fameuses s'éche-
lonnaient le long de ces voies animées par un trausit intense ; on
connaît les célèbres rendez-vous de Sens (Saînt-Pierro-le-Vif), de
Troyes, de Bar-sur-Aube et de Provins, où se tinrent, surtout aox
XII' et xiir siècles, les principales assises du commerce de l'Europe
occidentale. C'est par hi fréquentation de ces voies du transit inter>
national qu'a été suscité, en Champagne, le développement des prin-
cipales agglomérations urbaines. Les grandes routes modernes ont
resserré les mailles du réseau, complit^ué d'artères transversales ; les
voies ferrées et les canaux ont doublé et triplé les anciennes Toies.
Aujourd'hui encore, quelques-uns des grands courants de circiilaUon
fran^'aisc et européenne sillonnent le sol de la Champagne.
Par suite de cette convergence des voies et de la concentration des
rapports de toute sorte qui se croisaient dans ses plsines, la Cham-
pagne, très accessible aux influences du dehors, a été largement asso->
ciée à l'existence des régions circonvoisînes. Lieu de rencontre poor
les peuples et les éléments de civilisation les plus lointains, elle est
devenue de bonne heure un foyer de vie générale. Des groupements
»'y sont constitués antérieurement k l'occupation romaine, et c'est
assez rapidement que la Champagne s'est élevée k l'existence politi-
que. Fait digne de remarque, ce n'est pas un, mais plusieurs groupes
d'États qui ont été érigés dans les plaines champenoises. An snd-
ouest, c'était le Sénonais, ancien territoire des Sénons, devenu succès-^
sivement la Senonîa (une des dix-sept provinces de la Gaule romaine),
une circonscription ecclésiastique (l'archevêché de Sens) et nne
dii jD administrative inégalement morcelée (paguê senonîcii/^ liail-
li< et élection de Sens) ; tout le reste de la région cluiropenoise était
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1
14 LA CHAMPAGNE
{urUgù, au Moj-cn Age, eolre une circonicription fiodalo, le comté de
^ Troj-c*, et deux priacipjiutû* ucclé»iaati(|UGi : lei érechia de Châlona
et de Re'nu. Une torte de dualiamp a prévalu dans la Cliaxupagne
jUMjn'à l't'iioque où elle fut nnncxée nu doniaîue roj'al elaWrbûc pcn
à peu daiiH aa totalilû par la pulitîque ccntralUatricc do du* roU. I^
nova aaikitauna lui influencea ;:^-ogmphiqnca qui ont détemuni lea
detlin^c» jHilitiquea de là Cliampa^ie. Par aa configuration, cette
contrée ûtait dépoun-ue d'un centre coiumuo iiutour duquel lea par-
^ tiea pouvaient ae coordonner nnlurclleiuent. Sena dana la vallée
< d'Yunnc, Trojea daiu celle do la Svine, Cliûlona aur la Marne, Iteima
.dana lea pininea de la V cale ont ûté autant de fojcrs d'attraction dîa-
tincta. Lei juij-a de l'Yonne et de la Vanne, qui tournent pour ainai
dire le dua à la CliBm)M>gne, rentrent naturellement dan> la apliùro
d'influence de P^ria ; di'aijpiéa «oua la dénuminaliun do Sfiionaia et
aiinext'a de bonne licure en grande )>artie au dumaine royal, i|a
funnl ratlncbi-a au guuveniMnrnt de l'Ile-de-France et à la génératilé
de Pari*. I.a Cliampngno méridionale, qui comprend lea volléei con-
'^ rerp:ntctde la Seine uldel'Aulie, culTroyea pour centre de gravité.
La vallée de la M.intc, qui coui>c IrantvcrMilcmcut la région dam aa
)iania niidiaiie, a eu, dona lea tcuipa primitifs, la valeur d'une fron-
tit-re : à l'éiKtque de Céaar, elle séparait lea Uclgea dea Celle* ; lea
Kî'inca étaient une jicuplade du Iklgium^'). Au nord de la Manie,
lea valléea de la Veale, de la Suippc, de la Retourne, et d« l'Aisne
dana aun cuurs >u|>vricur, Inicéca oUlîqucmi-nt jmu- mpport an plan
d'inclinaison de la contrée, ai' détournent vers le nonl : celte partie
septentrionale de la C'iiampague, orientée plutôt vers la IMcardie
et les Pajs-Baa, gravitait autour de Reims, métropole de la seconde
Belgique, cité épiscopalo dont la circonscription, dam son exlcnalun
primitive, atteignait la vallée do la Mena*.
Le morcellement de la Champagne en déparlements tr«duil gros-
aièremeni cette absence d'unité que la contrée doit k rorienlalioa
variable de ses parties essentielle*, et on comprend que Le P1*J,
dana son raquiase d'un rcmaniuiucnt de no* circonscriptions adminia-
tntivea, ait pu imaginer an rattachement des départements de l'Aube
«t de la Matno i nnc région de Paris, tandis qne celui dea ArdennM,
nai au département de l'Aisne, serait attribué à une région on pn^
Tiaen dn Mord 0.
INDIX'IDUALITl! GÉOGlL.iPHlQ[JI DE LA. rKAJiPÂflKB 15
Ce dualisme qui ctiractérise U CUanipagoe est bioo le fait de hi-
nature, et le déTc)op|>eineiit de U <ÙTilîtatîon champenolM en porto
les uiarquei. Par mite de u double orientation du cûlé de l'Ile-de^
Fmnce, de la Picardie et dei Flandre*, la Clianipngno avait plni d'afA
finîtes avoo ces contre» qu'avec la Bourgo^e et û Lorraine, et elle /
a Eulii plus particulièrement les influences qui rayonnaient autour de
P;.ris : c'est ainsi que l'art ogival, dont le berceau Tut la région p«ri-
«icune, eut en Champagne une magnifique floraison qui fait l'orae-
nicnt des métroixile* de Keîius et de TroyesC). Annexée dès le
xiv' siècle au domaine royal, la Champagne était depuis longlcmpe
lu plut française de nos provinces. On jicut la considérer comme le
bi-r^eau do notre littérature nationale, puisqu'elle a vu naftre notre
premier pocte épique. Chrétien do Troycs, et le premier de no* chro-
niqueurs, Geoffroy de Villcbardouin, Aux xii* et xiil" siècles, la lit-
térature française champenoise brillait d'un vif éclat; poètes épiqnes
et clianM>nniers, comme Culîn MiiKct et Robert de llcims, recevaient
les encouragements des comtes de Clininpaj^uo et des archevCquca de
Reims; d'autres écrivaioR champenois iront vivre plus tard à Paria;
Pliilipl>e de V'itry, Guillaume de Macliault, Liiurcnt de Prcmierfait,
Kustaehe Dcschonip* de Vertus écriront, k l'ombre des fleure de lys,
dans U pure langue française (*).
Victor Duruy a fait jURtcment remarquer que ■ la population, cbi
Champagne, cstu éminemment françaj.'e qu'elle n'a ]»oint de |MitoiB,(
quelque effort qu'un ait fuit pour lui en trouver un >('). La langue
parlée en Clminpagno dès le mi* sièclo n'est |>oint différente de colle -
de rOrléanaîs, de l'Ile-de-France et delà Picardie. Les idiomes popa-
Inircs champenois, dont il subsiste encore aujourd'hui des vestiges çà
et là dans les earo|Ki;,'nes avec des nuances et des intonations varia-
bics de pays à pays, se distinguent assez nettement des patois arden-
nnis, lorrains et bourguignons, moins, il est vrai, par le nombre des
vocables originaux que par le groupement des consonnes, les fré-
quentes métalhèees, le changement des voyelles, la forme des finales,
et surtout par l'intonation. Il y a certainement un accent champenois: t.
il est doux, traînant, légèrement nasillard, et te distingue à Ufeis de
l'accent lorrain dont les fortes aspirations et la- rudesse se ressentent
de l'influence tudesqiie, et de la prononciation bourguignonne plutôt
I. Taxât 4r> wiliM pliu<l< « Siiuadi qil obi auuInU U (iu4 fHUU «■ llMtMSfalaM ..—
16 Lk CH.UIPAGXB
•errée et rive et ^ui a des aflinitéa ti)ûri<1ionAlca. Ainsi t'expliquent
ra*«iinitAlînn ra|iiile t)e la Cliauipagnc et l'efTaceiiient |iréinaturi de
ta particularité! provincialea.
Mainlcnnnt que dou* avun* esijuiasé l.i pliysioiiomie générale de la
K-gion clianipenoi» et détonoÏDé an jicrMinnalité gcugrapliique en
•ifpialant les traits originaux de M cunfîgiiraiiuD, lei rapports géné-
raux de rcstciiiblances, d*ut)inités et do contrastes avec les pays voi-
•ÏRs, il nous est possible de pénétrer dans l'intimité du la contrée :
une l'Iode raisunnôe de la topographie champenoise nous pcnnettm
de faire nuortir les o|>pn»ittons et les nuances ijui s'atténuent sons
l'empreinte d'une nature an fond a»tcs monotone, et d'entrer dans le
détail di'B dircnca mniiifestations de ta vie locale.
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CHAPITRE III
Vue générale du sol champenois.
La structure de la région cliampcnoisc est remarquaUeinent simpb
et ses fonues topograpliiques s'accusent par une continuité de tndti
singulière d*oîi résulte l'irapression de monotonie que laisse Tett-
senible du pays.
Ce qui frappe tout d*al)0rd dans la configuration de la contrée, c*eit
rinclinaîson générale des pentes vers rouest, et, par suite, lacooTer-^
gencc normale des grandes artères fluviales d:ins cette direction ; de
telle sorte que la partie champenoise du bassin parisien peut être eon-
sidéréc comme c un secteur d'un raste entonnoir aplati plongeant de
tous cGtcs vers Paris > ('); de plus, les versants de rcntonnoir sont
partagés en deux grandes bandes ou auréoles concentriques dont'
chacune correspond à l'aflleurement d'une couche de terrain : ainti
\cs principales assises du sol apparaissent comme autant de terrasses
<lis}>osécs circulaîrement les unes au-ilcssus des autres par une super-
F ' position à niveau décroissant.
JL^ Le sol se relève progressivement à mesure qu*on s'éloigne de la
bordure du massif tertiaire, dans toutes les directions de l'est : la hsse
des plaines champenoises que surplombent les plateaox do la Brie et
du Tnrdenois est à un niveau partout inférieur à 100 mètres,
que les bas plateaux ou les crêtes de la périphérie opposée, q«i
finent aux plates-formes oolithiques de la Bourgogne, du Barrois et
des Ardennes, ont une altitude moyenne qui n'est pas inférieurs à
250 mètres, avec des éminences dépassant parfois 300 mètres.
Mais la configuration de la Champagne n'est pas seulement carso»
térisée par l'extension prédominante do ses plaines horizontales on de
ses croupes mollement ondulées et l'inclinaison générale de la contrée
^^^ * dans la direction de l'ouest. Les traits les plus saillants en sont
marqués par l'ordonnance des lignes du relief| ces séries plus os
1. Db LArrAABST ,£«(•■« de giù^rmfkU fkgUtm», p. If t«
1^ CKAItFACSS
\
•*«
18 Là CHIUPAONS
moini r£guli(.-re« île cK-t» on de tnlaa dcwinant, au point de contact
dct principaux «fflenretuenta, dei alignements de coteaux groulère-
ncnt concentrique* à travers tout te paya du nord au «ad. Ainsi I&
falaisû da Champagn«-Bria, an-dessui du glacis de la Champagne
Pouilléau, bordure de la nappe tertiaire recouvrant les assises du
tcmin de craie ; entre les Tnlli-es de l'Yonne et de la Seine, les ter-
ru«es en gn'lîns adots'-cs aux escarpements de la forêt d'Olhê ; sur
la rivo droite do la ïlnme au-dessus de Vîtrv-le-François et jusqu'au
coude de l'Aisne aux environs d'Attignjr, ]« ligne sinueuse des monts
dt Champagne qui jalonnent les alflcurcmenls de la craie blancbe i
uiicrasler; enfin au norJ-csl de ta Cliain|>agnc, sur U rive gauche de
la rivière d'Aire, les crî-tes de VArgonne dctenuin^s iiar l'i'mergcnce
extraordinaire d'un roasùf de gniie au souboiseincnt infracr£taci,
•ttrmvutant les terrains oulit))i(|aes. Ce molclé architectural qui n'est
{Mupartîculieràta Chniiipagne, puisqu'un le retrouve, plutôt exagère,
dans la Bourgogne et la Lorraine, s'explique à la fois par la nature
gvvtugique des assises du sol et par tes phénomènes d'ordre tecto>
BÎquv qui ont niodifi ', & I'^immiub tertiaire, lessurfaces lopographiquet.
S'il n'est pas DÏ-ci-ssaire do retracer i.i la gcotie do la funiiatioa
Ovtac^ cl les pliascs succostivcs d'inra(ïoa marine et d'éinersion qnl
•0 sont dèrouli-cs entre la période jurassique et le début des temps
tertiaires, nous devons cm|irunter à la géologie les éléments d'infor-
Malion i|ni nous pennettronl do remonter des fiiïts actuels aux faits
oaricna qni les commandent.
Le relief d'une contrée est surtout déterminé par la dureté des
locbea constitutives et le degré de résistance qu'elles sont capables
d'opposer à l'érusion. Or, en Cliatnpagne, les matériaux dn sol, dont
U nature est rvlativement variée, sont essentiellement plastiques (') :
ainsi les craies glanconieuse, marneuse, à micnsler, à bélemnitee
qai forment les ditTéreuts étages du crétacé supérieur ; les argiles et
les sables (néo.-omien'aptien-alhicn) qui constituent le faciès prin-
cipal de la bande infracrétacée. Tous ces sédiments d'origine or^'
aique oa terrigène, dont U contcxture est faiblement compacte,
étaient d'une désagrégation et d'une destruction faciles, n'offrant pas
à l'érosion une K-sistance comparable i celle des ealcaires rocbeus
de U formalioQ uolitltique, ni mCmo k celle des ealcures gnasiera
«t des tntTertias lacustres de la Brie et du Soissonnais. De pins, das»
«r 1. M > -,M.-, L ^ r iS ■•«.
«^-^
YUB GlvXÉRALE DU SOL CHAMPENOIS 19
cette pjirtie de la région parisîennei où les alteruativot de latédi-
mcntatioD ont été particulièrement réguliôres (')| Ict accidents
tectoniques ne paraissent })as avoir bouleversé les assises du terrain
postérieurement à leur émersion. Cependant^ s'il importe peu d'exa-
mîucr ici les phases succcs^sives de Témersion générale qui a terminé
rére cn'tacée, et à la suite de laquelle la région champenoise s*est
trouvée géograpliiquement individualisée, la considération de quel-
ques événements tectoniques, contemporains de Fère tertiaire, est
indispensable pour se rendre compte des mo<lificatious subies par
Tassicttc arcliitec'tumle primitive de la fonuation crétacée.
Un afTnîssement survenu dans la partie centrale de la région pari-
sienne, où les eaux tertiaires firent retour dans une sorte de cuTette,
détermina un mouvement de bascule qui redressa les zones bordièret,
en accentuant le plongement des couches déjà émergées rers le
centre de la dépression. Ce phénomène tectonique eut on double
résultat : d'une part, chaque couche de terrain, redressée sur son
pourtour, présentant une tranche en biseau au-dessus do celle qui la
précédait, les plus dures furent mises en évidence, et l'érosion, par
la suite, exagéra peu à peu les saillies : ainsi se formèrent ces lam-
beaux de crêtes, ces talus surmontés de corniches, orientés en longues *^
courbes excentriques, qui constituent, en quelque sorte, l'ossature du
relief cham]>enois.
Une autre conséquence fut la formation d'un réseau liydrographiqae
à branches convergentes. Les eaux ayant une tendance à t'écouler
suivant les lignes de plus grande pente, les terrasses crétacées, dont
la disposition est grossièrement conique, se trouvèrent rapidement
pourvues d'un premier réseau de rivières dites conséquentes, dont
les vallées imrallèles ou plus ou moins convergentes sillonnèrent ^
transversalement toute la contrée. Les talus qui soulignent les saillies
des afHeurements, formant un bourrelet qui s'opposait an roiaselle-
ment normal, déterminèrent consécutivement la forroaticoi à leur
base, de cannelures latérales, véritables gouttières où s'amassèrent
les eaux : ainsi fut constitué en Champagne, particulièrement dans
Tauréolc déprimée que dessinent les couches de l'infracrétacéi on
réseau hydrographique secondaire, ramure touffue de cours d*eao ^
subséquents rejoignant, presque à angles droits, les grandes artèrea à
direction conséquente (•)."
I. Cf. Dc Gkob«oct«b, \t. Wl.p p. 144.
fl. Sur U fonuailoa dc rc doubl« K'»raa b}-drosrapliiq««, cf. d« LArrAScrr, ht^x
9^^»iq%f, p. If 1 «qq., et IlAKsiL, JrcUftfCf«r« éuMl4»\m #V«M«, p. 9 «ff .
^«'^^•^•«^«•••••i^i^i^-»^"*^"^«i'^»»wiWWWP*ip
U CI1&UPAG.NB
vineiuenta t«ctODi<]ueB multiples qui ont aignalé l'ère tertiairo
MCDt |M* mroir sutrcucnt dûfumié les •urfacca topographiquca
région cràtMëa. La Champagne •« troave en effet relative*
oignêe itt principales aire* de pliuoment, dea grandi centre*
cations teb que le Mauïr Central, le Jura et leg Vosges. La •«
bombements et île plis qui, dans la partie nord-oneiit de la
MriûenDC, entre les c&tcs de la Manche et la valli-e de l'Oise,
it des faisceaux d'ondulations sentiblemcnt p.-traMèIes et
ne orirnUtioB principale nord -ouest sud -est, panift s'arrêter ■
Mrdare orientale de la nappe tertiaire. Il est tout au moins ;
ièretaent difficile de retrouror cos grandi axes d'ondulationi i
s les |dainc« i-liani)ienuisea ou ils n'ont pat ùté spécialement '
; «'Ils «xistent réellement en profondeur, leurs affleurements f
•qnêa par l'ascensioB rapide des couches dans la direction de
l'inMoa a dft en faire di*pnraîtrc rapidement les parties saîU
). Cependant le bombement craj'cux qui, d'oucat en est, sert '^'
d« partage entre les versants de l'.\ubo et de la Marne, peut ^x
«id6ré comme le prolongement de l'anticlinal du iwjrs de l'
il aiR«Hre sur la bonlure du maMif tertiaire, au nord de '•
I. On le suit assex bien kur les plateaux du terrain de craie r^
e-Cbaupcnotse, et, entre Soiupnîa et Sommesous, jusqu'à
Francis ; il s'elTace dam lo* plaines nivelC-cs du Pcrthois,
le rctrouTe dans la tone de l'infracrétacé i travers la foriSt de
mtaines, aux environs de Chcminon ; coupé ensuite par le
Sanlx non loin de Itobert-Kupa^ne, il semble ae prolonger
lirccliva de C(>mmcrcj, jusqu'au cœur du inyï mensien (*). ^i
B anticlinal crajrenx (anticlinal de l'Authio) orienta do nord-
1 and-ed se prolongerait à travcn la IHcanlio jotqn'en Cham-
%r Benj-au-Bac, et, au delà de la vnllée d'Aisne à travers les
ihampenoises jusqu'au faite eotre Sororae-Suippcs et Somme-
ts. De même, te redressement extraordinaire dn tenmin d«
r la périphérie méridionale du masaif de la forOt d'Othe mar-
n(MM,aH.fM.*
VUE GF'IXÉRALB DU SOL CHAMPENOIS 21
querait rextréiiiité d*un nxe d'ondulation ayant son point de départ
au nurd-oucst du bat^sin de Paris, dans le Licuvin, et se prolongeant,
à travers la Bcauce et le Gâtinaisi au delà de la vallée d'Yonne qui
le coupe près de Saint-Julien-du-Sault (')• Enfin, au sud-ouest de la
Clininpngnc, sur les liantes plaines qui avoisinent Sens, au nord de
la Vanne, l'arrêt constaté dans la régularité d'inclinaison des assises
de la craie blanche peut être considéré comme c représentant une
ondulation atténuée, s'étendant sur une large zone de pK*s d'un
niyrianiètre entre les vallons de Nailly et de Voisines, jusqu'à un
anticlinal situé au noi*d de Pont-sur-Vanne. Cette ondulation se
pn;])age s^ans doute d*ouest en est sur une étendue qui n'a pu eneore
être déterminée > ('). Telles sont ies insignifiantes rides tectoniques
que IV'tudc géologique a permis jusqu'ici de sigimler en Cham-
pagne avec quelque précision.
Une cons'dératîon imptirtante doit maintenant attirer notre atten-
tion. Nous devons examiner si raflleurement de chaque couche de
terrain est nécessairement marquée par une crête apparente et con-
tinue. Une Conception aussi géométrique est loin de correspondre à
la réalité (\t. Ces crêtes circulaires dont les géograph^^s militaires ont
8in;jrulicrenient exagéré la continuité sont loin de présenter, sur toute
leur étendue, la même configuration et d*avoir la même importance
tupograpliique. Tantôt elles affectent la fonne de talus raidoe sar-
plombant des plaines horizontales ; tintôt ce sont des terrasses fai-
blement inclinées, étngées plus ou moins régulièrement les unes
au-dessus des autres, couronnées ]mrfois par ano corniche asses
nette; tintut la tranche d'un afilcurement, ravinée dans tousiessens,
et pour ainsi dire démantelée, ne présente plus que des ondulations
confu^e8 et dibcontinucs. Partout la diversité des aspects et des eon-
tourii est subordonnée aux variations du faciès des roches le long de
chaque ajHeurement, à r<alternancc irrégulière des couches tendres et
des couches dures a leur point de contact, au travail inégal de Veto-'
sion. L'étude détaillée de chacune de ces crêtes devenues classiques
nous permettra de déterminer exactement leur valeur topographique.
Voyons d'abord les afHeureraeots de l'auréole infracrétacée.
Sans doute, au nord-est de la Champagne, le massif boisé de l'Ar-
gon ne, constitué par une roche assez résistante, la gaize, qui forme
I. I»Ol.l.rcB {Amnml. dt fifr., |. IX, p. 117%
S. J. I.AMBSKT, SouTenin gooloiriqiie« sur 1« Stfoonais (Bii/<«f. 5m. é*% t. é«rfmmmé,t. LVI[lMf}i
S. Commftiidant Basmé, imtr^imetimu à i'itmlé da f F.ur^^ ttnlfU, !■-••, XMirj, IIM, ^ tt ; La
F^mt dm Xord-E*t, p. lU-llf, et Àrtkitc^lHr* du 0OI d* U rr^met, p. 14S, 14».
''«"MnH«*w«ir<i'«««»«ivv""m*'^i*v
SS LX CHXMPJLGKB
«n-dcuai des couches inolW d« l'albiea (argitea dn gault et sables
v«rts) Ifl cvnrannemcnl de U série inrnu:réUcée, avec une pui»«Dce
KtteignAnt jnsqa'Jt 100 intitres, prùsente, para llèlc ment à U vallée de
l'Aire, an rempart escarpé et coatiau sur uae longueur do plus de
40 kilomètres depuis U c&te de Waly, au sud, justiu'à la trouée de
l'Aire, an Dord, |>K-s de Orandpré. Mais, au sud de l'Argonne, sur
tonte la ligne des affleurements iufnicrétacés jusqu'à U vallée
d'Yonne, on cliercberait vainement uuo crvte aussi continue. L»
fameuse crête du grî-s vert, caraclûrîsée par la position symétrique
des villes do Bar-le-Duc, Bar-sur-Aube, Bar-iur-Scine et Auxeire,
i l'endroit oii les grandes rîvlùres l'Ornain, l'Aube, la Seine et
l'Yonne auraient percé la barrit-re qui se dressait devant elles ('),
cette crî'le n'existe que dans l'imagiuatioa des géographes; rien
d'ailleurs dans la toponjmic locale n'en révùle l'cxistenee.
An sud du massif d'Argonne, à la hauteur du vitlago de Waly, et
jusqu'aux plaines de l'Ornain près do Rcvigny, s'ouvre une vOrïtable
trunée vers laquelle s'inL-lincnt doucement les terrasses calcaires dn
Barrois : en cet endroit, l'ceuvre de dcnudation a C-té extraordinaire ;
un grand nombre de torrents, dont les sources de l'Aisne et de la
Chéesont les vestiges bien insignifiants, ont complètement désarticulé
la bordure orientale de la nappe infracrétacce et en ont rasé la surface,
It tel puint que les dépôts du néocomien ont disparu, qu'il ne reste
plna que des lambeaux de sables verts et d'argiles du ganlt dont la
puissance ne dépasse guère une trentaine de mètres au-dessus àet
assises portlandïennes, et, en avant, un bas promoutoire de gaiae qol
s'étend du nord au sud, dans le prolongement de l'Argonne, depuis la
trouée de l'Aisne à Villeri-«n-Argonne, jnsqu'au-dessos des plalnea
du Pertbois prés du village de Vroll. Sur la limite d'afflenrement
des dépôts crétacés, jalonnée par les villages de Foucauconrt, ÈTres,
Vanbeeonrt, LIsle-en-Bamis, Villotte, Louppjr-le-ChAtean, on ne
raUve plus aucune trace de talus terminal {*).
De la vallée de l'Ornain k celle de U Marne, la lisière de l'inft^
crétacé n'est pas moins tourmentée. Tout d'abord, entre l'OmaÏD «t U
Sanlz, qnelqnes lambeaux Infracrétacés (entre Mutoefi Véel et Coa-
venges) qui cheraucbent à Ja sur&ce des plateaux portlandicna ■•
révèlent par quelques collines isolées. Sur la rive gauche do foaaé •
profond qu'a erensé la Sanlx, entre Sfognéville et Jeond'bean, ■#
VUB GILnÉRALB du sol CHJOIPENOIS 23
dresse, sur une longueur de 16 kilomètres enriroiii un lambeau de
crête que couronnent les Uois de Trois* Fontaines, et sur les panns
duquel apparaissent les affleurements du calcaire portlandien. A«
delà du val de Saulx, depuis la lisière de la forêt de Trois-Fontainesi
près du village de Baudonvilliers, jusqu'à la vallée de la Marne, les
affleurements du néocomicn (grès, sables, minerai de fer) ne préseo-
teut aucune continuité ; ils s'étalent sporadiquement en plaques minces
k la surface et dans les anfractuosités des plateaux du Barrois, sap-
portiint les bois du Val tiennent, de Stiinville, de Fontaines, do Murlej
et de Monticrs. Le principal accident topographique de la contrée est
dû à une longue faille qui, depuis la côte de Chancenaj, se prolonge
dans la direction du sud-ouest jusqu'à la vallée de la 3ilame, par les
villages de Sonnnelonne, Cousancelles, Cousanccs-aux-Forges, Narqf
et Fontaiue-sur-Maiiie. La lèvre supérieure de cette faille, couverte de
bois, constitue une dcni\*cllation assez forte, aux pentes escarpées, se
développant sur une longueur de 10 kilomètres environ. Cotte crête
est coupée transversalement par deux ravins, celui de l'Omel à Chan-
ccnay et celui de la Cousances à Ckamouillej, qui font communiquer
la dépression située en arrière du talus avec la vallée de la Marne.
Depuis la vallée de laMarncjusqu'àcellode l'Aube, l'aillearement
de l'infracrétacé (toujours le néocomien) est marqué par une Hgne
plus continue qui suit les villages de Maizièrcs, Nomécourt, ^lathons,
Domraartin-le -Saint- Père, Villicrs-aux-Chénes, Blumerej, NuUj,
Viilr -sur- Terre, Éclance. Le calcaire à spatangues, dont les assises
affleurent les premières, bien que constitué par des bancs a8»ez coa-
|)acts, u*a pu détenniner un relisf très accentué, car il n*a qn*nne
faible é|)aisseur et recx)uvre presque partout le portlandien, lane
interposition des sables et argiles qui lui sont d'ordinaire snbor»
donnés. Aussi, sur ces confins de la Champagne, on ne remarque çà
et là que quelques protubérances légères, quelques fragments de eor-
niches, et surtout des monticules isolés, comme la colline qui porte le
moulin de Ville-sur-Terrc (Aube, 238 mètres). Les accidents de tei^
rain les plus notables sont perpendiculaires à la ligne des affleure-
ments : ce sont des vallons et des ravins orientés suivant le plan
général de pente, taillés dans la roche jurassique sous-jacente, et q«i
découpent les plateaux infracrétacés en compartiments : vallée de la
Biaise, ravin du Martin-Champ, du Ru des Vignes, du CefFondet.
Entre la vallée d'Aube à Juvanzé et le valdeSeineàCourtenof, em
passant piir Vauchonvilliers, Vendeuvre-sur-Barse, Beurej, Marnant,
Fulignj, les conditions d'affleurement de l'étage infracrétacé restenl
<PH uMm^^w<«Hn^rr^"'*«<i^«|"W*"''"*****"*"**"pp'">"
3i LA. CHUIPAGNB
le* mêiuca «in*! i]ue !«■ fonuc* dn relief, et l'àlMcncc d'un Uliu
tcnainkl formant ncltorocot tnillie n'cit pu moïna remarquable.
Kn6D, cntr« 1« val de ScineùCourtcmit et la vallée d'Yonne àMoné-
teao, en aval d'Auzerro, la bordure de l'infracrêtacé préienta one
ligne iK-c sinaeuM pawaDi j>ar les villag«( do Villicra-tous-PnulÎD,
Le* MaÎMtis, LageiM, Cuwangy, Pras/, Marollec-sous-Ligniùrea,
Bernouil, Mère, Lîgny-le-Cliâtel, LïgDorellce, Bloi^y-te-Carteau
etQuvnne;*oi] f:icK-sK modifie quelque peu :1e néocoiuîen inférieiir,
■B moins le calcaire à ipatanguei, n'apparaît pluï guère^ il cit remplacé
p*r dce oMÏtca plut molk-s, aux pentes douce* (argile* iwtréenne*,
argile* et sable* |Mnacliès, argiles à plicatulca). Ce* affleurements
infracrètacés, qu'aucun courant diluvien parallèle à leur base n'a
cxhanMi'-*, oot £(ê tailladé* pcrpen die ultîrc ment ou uUiquerocnt
par de nombreuse* rivic-rea i Hozain, Landiun, ru de la M.indrille,
jVrmançnn, Serein ; aucune apparence de Lituit ne se nianifeate an-
dc»>a* des plateaux calcaire* fortement rodreuos du Barséquanais,
du Tonnerroi* et de rAuxirroît ; un ruit seulement quelque* émi-
ncnrcs, «an* lien visible le* une* avuc les autres, comme la butte de
Yillicrs-sous Pr)ultn(346 mètre*), la colline de* >L-iison* (257 mètres)
qni domine le ravin do la Marte (source de l'IIosain), la ferme de
la Mamillicre au nord du Grand-Virey (363 mètres), et, au nord de
BlcignT-le -Carreau, b colline du Tliureau de Saint-Deoia, qui cul-
■sine à 299 mètres entre Ica vallée* du Serein et de l'Yonne.
Ainsi, depuis te massif d'Argunne jusqu'au rai d'Yonne, en raison '
do mode de sédimentation, de la nature faiblement résistante des
concbcs, et par suite de la direetion conséquente des nombreux cours
d'eau, il n'existe paa de talua continu déterminé par l'affleurement
des dépSts infracrètacés au-dessus des assises |>ortlandîennes ; on
M remarque que des lambeaux de crêtes, et surtout des monticules
iscdéo, dominant de àO mètrea en moyenne te para environnant. C'est
le soubassement jurassique qui commande le relief sur ces confina de
la Champagne et lui imprime sa plijsionomie propre. Quant anx
■siisrrs plus récentes de l'infracrêtacé (aablea et argiles de l'olbien),
elles sent trop pen résistantes pour qne leurs affleurements, dénudée
et nivelés par l'érosion, puissent ta traduire extérieurement par la
Moindre apparence de crfite.
Il n'en est pas de mfime des premières eoncbe* de la formatioB
cimjrclwe. L'affleurement du terrain de craie au-dessus des plaines et
4m fans plateaux tour à tour argileux et sablonnenx de l'alblen, depuis
In vnld*Yaane,àb bautenr de Joigny, jusqu'au conde de l'AIsnopria
VUE GÉNÉRALB DU SOL CHAMPENOIS
25
d'Attigny, est constitaé par des dépôts dont la puissance est relatÎTe*
ment considérable puisqu'elle atteint parfois plusieurs centaines de
uictres, et qui sont formés de matériaux plus ou moins compacts offrant
à Térosion une résistince variable. Le relief des affleurements crayeux
accuse pniibis des profils très nets; par endroits, meniez il présente
un véritable talus aux pentes escarpées. Mais nous nous Hâtons
d'ajouter que la conception d'une crête ré<^ulière et continue est
purement théorique. Le faciès des affleurements crayeux est, en
effet, très variable, raltornance des couches tendres avec les couches
dures très inégale, et Tintensité de l'érosion à la base a été, suivant la
loi i^éuérale, subordonnée à la direction des courants diluviens. Les
premières assises crayeuses (cénomanien, turonien)| essentiellement
constituées par des marnes et des sables, à mesure qu'elles cmer^nt,
affectent le plus souvent la forme de terrasses ondulées s'élevant gra-
duellement a des niveaux variables et dessinant des lignes de coteaux
grossièrement parallèles, d'une netteté parfois singulière.
Kntre la vallée d'Votiue à Juigny et la grande plaine alluviale que
forme le val de Seine, aux environs de Troyes, le talus crayeux que
couronne la foret d*Othe présente une continuité parfaite sur une
longueur de 40 kilomètres environ, atteignant presque 300 mètrêe
d'altitude, et s'élevant de 100 à 150 mètres au-dessus de la dépression
albienne. Mais ce talus se décompose lui-même en plusieurs gradins,
manjuant les affleurements successifs et sujierposés du cénomanien,
du turonien et du sénonien. Tout d'abord, e.itre les argiles da gault
et les premiers dé|H)ts crayeux, il existe une masse considérable de
sables, renfermant dans leur partie supérieure d'énormes blocs de
grès ferrugineux (sables de la Puisaye), dont la puissance atteint
jusqu*à 100 mètres, et qui formaient jadis, sur les bords de la mer
albienne, un è|>ais cordon de dunes. Ces sables, déposés sporadiqae-
ment au-dessus des argiles albiennes ou des premières assieos
crayeuses, constituent une première ligne irrégulière de coteaux,
très nettement visibles dans le département de l'Yonne (collines dn
Petit-Parc, près de Scignelay). En arrière de ces buttes sablonnensee,
apparaît une première terrasse à pentes douces (cénomanien) traversée
ou côtoyée par la route nationale d'Auxerre à Troyes et la voie
ferrée de Saint- Florentin à Troyes; elle est indiquée par la position
des villages de Bligny-en-Othe (152 mètres), Neuvy-Sautonr, La
VallJe (174 mètres), Auxon (184 mètres), Montigny, Saint-Phal,
Cré:«antignes, Lirey (21 S mètres) et Saint- Jean-de-Bonneval. An-
dessus de ce premier gradin, les assises plus récentes de la craie mar-
m^m
z>G
LA CHAMPAGNE
ncu>o (turoiiirn), pros'juc nitiiTt-raent ina'^<^juées j>ar d'alxmdants
«!•" jn'.ta liiiK'iu ux, ct <î(»nt li b a lllcurciiK-nts sont jalonnés par los villages
de Lo«./.c, lîrion, Bu>s}- et Paroy en-Otlic, BLllechaume, Cliaillcy,
Sonucry, Vosnon, Eaux-Puiscaux, Javernaiit, Villery ci Bouilly, ont
dc« p€*utc« a^ez rapides, ravinées par les ruisseaux qui vont déverser
le tribut irrégulier de leurs eaux dans les deux grands fossés creusés
pftmllMcuient au talus crajeux, TAmiançon et son affluent l'A nuance.
Xnlîn, cette déclivité e«t elle-même surmontée par les affleurements
Cl. i',ta- fmfU^rU^
4m A VitmUm ««r l« verMst «crMiMal iW U c^« d« Moatfvrmx {i§n
éf |4«M«as 4X>lb«. !*• nrl» vtam, lallM dans U crmto, • «té pvtleUci
é» U farti* «M^rtear» é» la tèu ; U Ml C9na« 9— to
plss résifttjuits de la craie blanche sénoniennc qui dessinent une cor-
nicke dentelée, entrecoupée de protubérances, creusée d'excavations
è r mê étê en fome d*entonnoifs. La craie blanche, qui apparaît à no à
la pointe de qaelqaes promontoires, disparaît à son tour sous un rsTè-
teoMBt de dépôts tertiaires, argiles à silex et sables, qui portent la
fbrêl d*Ot]ie. Cette corniche crayeuse, que nous désignerons sons le
•oai de créÈê au pêft dTOthê (*), forme dans son ensemble comme an
^ifaatesqoe esealier, surmonté par ou bastion boisé qui atteint
V|M tftf «eut trèkÊ, «f. n<MJ.ro« {AmmmL êe §**jr., I. IX, ^ 411).
la H99 «M«lM S« ITMiaa, la f ytr i | i M a f !•• — yr l <k— •'(
)• hrnmê 4m lBr.mWtt fm t mm mi m fÊ mm Im^W*» 4*4ff«1]« flaatli**, «t
A« Salé 4« TWiM, 4mm W OAHmU frMfaK I»
YUB GÉNÉRALE DU SOL CHAMPENOIS 97
293 mètres à la Garenne de Coursan, 295 mètres à la pointe orientale
du talus, au-dei>sus du village de Villery ; aueune vallée ne l'entaille,
aucune voie ferrée ne l'escalade.
Entre la plaine de Troyes (val ile Seine) et celle de Brienne (vall^
d'Aube) la soi-disant crête du terrain de craie se réduit à peo de
chose ('). Les assises peu résistantes du cénomanien et du turonien
sont recouvertes de dépots marneux (marnes de Brienne) et de limons
qui atténuent les formes du relief. Aux environs de Trojes, il est
vrai, les coteaux crayeux qui dominent les rives droites de la Seine
et de sou affluent la Barse se détachent assez nettement à la hauteur
des villa«;es de Saint- Parres-aux-Tertres, Thennelières et Laubressel ;
mais plus loin, à Doches, Uouilly-Sacey et Pinej, les terrasses
crayeuses s'élèvent par des pentes douces au-dessus des plaines
humides couvertes par la forêt d* Orient, jusqu'aux affleurements de
la craie sénonienne. C'est seulement sur la rive droite de la petite
vallée transversjile de l'Aujonque se dresse un promontoire crayeax
de quelque importince : le signal des llautes-Cluiumes, entre Bran-
tigny et Villchardouin, qui culmine à 190 mètreS| dominant d*aa
moins 50 mètres la grande plaine de Brevonne.
Depuis la vallée de TAube, au contraire, jusqu'aux plaines de la
Marne près de Vitry-Ie-François, la bordure de la nappe crayeuse est
frangée d'escarpements parfois imposants, et une lon^e muraille
sinueuse se dresse au-dessus des plaines do BriennOi du Der, du Boca^
et du Perthois. C'est qu'en cet endroit la disposition des couches
crayeuses est toute spéciale, et qu'une érosion intense s*est exercée à
la base du terrain de craie : les affleurements assez enchevêtrés de
la craie glauconieuse et de la craie marneuse sont rapidement sur*
montés par des masses compactes de craie blanche à micraster dont
la superposition a augmenté la puissance et la résistance des couches
inférieures. De plus, les eaux du grand bassin lacustre que représente
actuellement la plaine de Brienne ont dû battre jadis avec violence
les affleurements du terrain de craie, avant de s'écouler, soit par la
vallée de l'Aube, soit par celle de la Marne.
Aujourd'hui encore, la Voire, affluent de l'AubCi dont le lit est
creusé parallèlement aux affleurements crayeuX| fait ressortir le relief
du talus qui culmine à 175 mètres à la ferme de la GarennCi en face
de Rosnay, et à 180 mètres au-dessus de Montmorency.
A partir de ce dernier village, la ligne des coteaux crayeux s'élol*
>• !>■ LArrA««rr, U B«««f« p^rUUm, ^ 17S.
\
■wF-t— ^*— ■**— I ■ ■ 11 1^— ^•^w^iw^^^iwfi^—iiymnip^p^m
38 LA CHAMPAGNE
gnc <lc U vallée de Ift Voire et a'inflùchit ver* le nerd, dan* b direc-
tiuD du val de Slarne, cotuervont *ur toute son itendue uuo altitude
*Qpcricure à lûO mitre*, et elle cat entftillce par p]u*iean vallon*
(ru* de* Mnraîi et de Meldan^on).
Entre la percée de la Marne, prêa de Vitr}''le-FraDtoi*, et U vallée
d'Aimé, en aval d'AttigD)', on conatate, le long de la bordure eon vexe
de la iiap|>c <:rajr(;u*e, le* niûine* variation* de Taciès et la inéine dua-
lité d'a^pecta qu'à U Inae du maaaif de la fvrût d'Otite, uiaia la aymè-
trie est moin* continne. Tout d'abori If* affleurement* *ucce*Nr* dn
cénomanien et du turonien,dont lapniuance varie de 60 à 70 mctrea,
cbevaucbant aur de* lambeaux de ta gniae d'Argonne et recouvert*
ens-inûuiea de députa d'alluvion*, forment, à l'oneat d'ane ligne de
foMéa indiquée par Ica vallée* de la Vitre, de l'Ante et de l'Aiane,
■ne preinièro aone d'ondulutiona, entrecoupée de petila vallon*, por-
aeméu d'étanga et de bouquota de boia, dont la largeur (de 6 k
15 kibuiétrea) ae rétrécit du *ud an nord. £n arriére de cette pr^
■ût-re *«rie d'undulatîon* aux forme* molle*, la auperpooition de poïa-
VUK GËMÏRALE DU SOL CHAUPHNOU
29
santcB aesiscB <le craie blanche à niicruter (120 mùtrcs rnTÎroo) M
manifeste |>ar la surrection d'une aeconde ligne de coteaux, plna eaca^
péa et plus éleréa que les précédent*, et que leun Hmiiieta dinadée,
couronnés çù et U de bouquets de pins, déiïgaent de tris loin aux
rogitrds : il y a là un véritable tiilua auquel les habitants du pay* ont
apiplîqué la dénoiiiî nation quelque peu ambitieuse de Ifonfs th ChMOh
pagn».
Cette curnîcbe craycuee, très nettement marquée entre Vitij-lo*
Fraiivoii et Valiny, nV-st pas seulement l'Œuvre de rèroeioo ; elle
Bi'iuble duc surtout ù un redressement de la bordure du massif cntjreuz,
liypotbèse confirmée par le plongcmcnt très rapide des couches dans
la direction de l'ouest {').
L'altitude de ces coteaux crayeux qu'c«ealadcnt les Toies fer-
rûcs de iSainte-Mcncliould à Cliâlons par Valmy et de Challerange à
Oazancourt s'abaisse insensiblement du sud au nord ; elle dépasse en
>• Cr. Cutut. il I* tm. rtXwU *t •
30 LX CHAÏIPIGXS
moj'onne 200 luètrea : 203 m6lrei an mont de Fourche au-deuut de
Vitrjr-«D-rertlioii (90 loôlreo) et dei plainea de U Snalz, 2CH tnètraa
k I* colline do Batauet, 220 tnùtrL'i entre PoMcue et Contaut, 229 mi-
tres à la montagne de la Serre au-dcHui du village d'Kpcnie. Le taloa
ett frangù d'ùcliaDcrurca, entaillé traDircnaluinent par les Talions
ol>Ii'|UC* de> petita a^aenta de l'Aisoe iwui àa terrain â« craie;
l'Yi-vre, l'Aave, la Uîoiidc, la Dorinoitc, l'Avègrct, l'Aidïn, etc., qui
dccouiicnt dnni la iiiaiie de* plateaux de luiigs proluontoi)^^s orientés
rL-;;iili<'rcmGnt du lud-uuust an nord-c«t, le terminant par dei éperons
cuinine le mnnt VvroD qui culmine à 21Ô mètres au-detsus de ta vallée
de Uionne, ou par des prolnbé ronces aux contours bizarrement ravi-
nas conime la niont.t;jno de la Serra au-dessus du vallon de l'Yèvre,
b Croix (les Soudnns (19Ô mètrLs) entre MontW» et Mnrvnux ; '.à et
là se dressent quelques buttes ÎDolécs, comme le sij^nal de OliAtiiton
(J03 niûtres) dans le prolongcuieiit de la muiitaj^no de la Serre près
de llraux-Sninl-Itomy. Le Ion;; de ce* mont* de Clu-impa^nie, les for*
mcK du rcli«f sont |iarfoii si nettement accusées, qu'on se croirait en
pifin pays oulilbique ; la i>lu]i.-irt des rerMuta sont festonné* de petits
gradins couverts de buisiona, éta^'ôs lea uns au-dessus des antres, et
reliés par des déclivités jwcsque verticales où la craie blanche se
montre à Dn('). Au nord du vallon de l'Aidin, entre la corniche
craveusc dont les dentelures sr multiplient en s'ubaitsnnt, et la vallée
de l'Aisne aux enviruns de Vousiers, s'étend un bns plateau an sol
marneux ou limoneux, formant termose, et déugné dans la pays
Kms le nora de vMlléû de Bovrcq,
Enfin, an delà de la vallée d'Aisne, nn nord-ouest d'Attîgny, l'io*
dividualilé du tnlus crayeux s'eflace de plus en plus; les affleure-
ments du terrain de craie, d'abord (rcs nets au nord de Rethel et de
Cbûteau-Porcien (Motifs (fe Séiy) sotit bientôt innsqués par des dépGU
de limon des plateaux, d'or^ilcs et de sables tertiaires, et les émi-
ncoces cnycuies n'offrent plus de continuité.
L'affleure ment de la nap|>c tertiaire an-des«us des plaines crayeuses
ckampencHsCB, désigné communément soiu le nom de falaise de Cham-
pagne-Brie {'), constitue, par Uconlinuité et l'importance de ladéni-
rellatioa, la ligne de relief la plua accusée d« toute la Cliampagne.
Lorsqu'on s'avance dans la direction je Paris k travers les grandes
['
u
»^JN
VUE GÉNÉRALE DU SOL CHA3IPEX0IS 31
plaines ondulées de U Champagne Pouilleuse, on Toit peu à peu le
profiler à Tliorizon un talus aux contours sinueux, aux décliyités
rapides dont les sommets sont couronnés de bois. Â mesure qu*on s'en
approche, on distingue, à La blancheur du sol, la nature crajeuse du
fçoubas^ment qui supporte les dépôts tertiaires. Ce qui frappe sur-
tout, c*cst l'absence de paliers, do terrasses plus en moins régulière-
ment étalées: le sol se relève brusquement, et le talus uniqno appa-
raît inuné.liatemcnt surmonté de sa corniche. Des bruches dessinant
de Iar«^cs entonnoirs indiquent remplacement des vallées transver-
sales |t.'ir où les rivières drainent les plaines champenoises au profit
du bai^i^in tertiaire, ou, comme la Voulzie, dévalent sur le versant
champenois, apportant à la Seine les eaux d'une partie de la Brie.
Çâ et là, des promontoires, des rentrants et des saillants escarpés,
queh^ues buttes isol'es attestent les transfonnations que les moave-
mcutâ orogéniques et l'érosion ont fait subir à cette bordure du massif
tertiaire. Lorsque, vei*s la fin de Tère tertiaire, la partie centrale de
la cuvette parisienne «'affaissa dans la direction du sud-ouest, tandis
que la |>artie nord-est se redressait fortement, ce mouvement de bas-
cule mit en évidence la saillie primitivement légère que formait la
nappe tertiaire au-dessus des couches crayeuses. D'autre part, les
torrents diluviens qui ruisselaient de toutes les directions vers le
fond du bassin, et dont les eaux s'amassaient à la base du bourrelet
tertiaire, contribuèrent à exagérer l'émersion et le relief du talus, en
déchaussant eu quelque sorte le socle de craie qui supportait les dépôts
hupcrticiels (*). Lts protubérances et les ondulations de la falaise parais-
sent corres)>oudre à des axes d'ondulations orientés du nord-oacst au
sud-est, à travers toute la partie centrale du bassin parisien, et dont
les poiutes terminales viennent affleurer sur la bordure du masaif
tertiaire ('). Quant aux collines isolées en avant de la falaise, coteaux
de Muronvîlliers, mont Bemi, colline de Briment, qui, au delà de
la vallée de la Vcsle, sont encore surmontés de lambeaux tertiaires,
en pleine zone crayeuse, ce sont, connue les plateaux du pays d'Othe,
situés au sud-ouest, sur la rive gauche de la Seine, des témoins irré-
cusables d'une extension primitive (') beaucoup plus considérable de
vera rrM. • • 1.m pnM*oe« dr xaVta à ai les à U Wm 4« Umim tortUIr» av U |4v«i|M toUUlA ém
|K»ar;«ard« cette r«Ui»c cou<luit à pco»cr... qa'4 U pl»e« 4« rcacmrpeaeat tormisal... «'«IrrAlt, «■
•rat la^rrir. um fai^ue crArouM, à rendrolt «à •• trvuv* Mtm«llcBM»t U 4r»iTvlladM Û9 la ^Ma«
cbauipcaotM. • (Urf g^lo^q«« diiuiUér, fp«UU «7 (Arda), moUm.
I. Cf. I>s l.ârrAiiBXT, U i:**êim frUUm, p. «S-«C
t. C#. I»OLt.rc* (KHf/W. H<» ««rv. é* tm emiU f/»U§, ■• 14, ». 9t êqqX
S. S«r r«st«i.»loB prliuitlTc d« U BA|>p« icrtUir», cf. Lctmb«is, StmtUl. f'Wcf . é* rJnW, p. Ifî-lSS.
Msror, Sur U ccUtnrt tertiaire d« l*M«la y^rUltm {ItmUtt. éê U 5«r. §itt^ »» um»^ U 1 [lt7f>l«IS^
\
32 Li. cnxiiPxosK
U nap|ie tertiaire au-d«»*uadu terrain de crai«. La faUUe ne ■edreu*
qu'à partir de la trouée de la Seine, au-de«toua de Slonterean, car, inr
U rive gaucho de l'Yonne, la saillie des afUeure monts tertiaires no
pri'scnte aucune netteté et il eat difficile de la distinguer dans la
ta|iograitliic confuse du Qnlinais français. Au nord de U rallie d'Aisne,
la li^ne des coteaux tourne brusquement ver* l'ouest en s'cloignant
de U CLaui|Kigne. L'altitude du talus tertiaire augmente régulière-
ment du su-1 au nord jusqu'au prumontoire do la montagne do Reims
uti son point culminant atteint 2S0 mî-tres, c'est-Wiro plu de
IM mi-Ires au-dessus des plaines cmj' eu ses inférieures. Malgré son
appnrento simplicité de structure, la falaise de Cbainpagae-Brie no
peut être assimilée aux corniclics cra}-cuscs('): elle n'est point homo-
gène connue elles et appartient k plusieurs étages différents. Entre la
Mnme et la Seine, les argiles k uieulicres et les marnes qui se rap-
portent à l'oligocùne inférieur prédominent dans le couronnement do
talus tertiaire ; au nord de In Morue (montagne de Kcimi et coteaux
de Croonne), les assises plus résistantes de l'étage éocéne, telles que
les calcaires de Itilljr ot le calcaire grossier, accentuent tes profils de
la falaise. Cest à ces dilTérences de faciès que les corniches termi-
nales do la nappe tertiaire doivent leur modelé particulier et leur
valeur topographîqne inégale.
La région clmmpcnoite c*t donc, dans son ensemble, une contrée à
terrasses, présentant tous les caractères antérieurs déterminés par lo
modelé lopograpbiquc quo les géolo^pies désignent par l'expression
-/ d'orcbitci-ture tabulaire. A part les s.iillies inégales le long des afflon-
rcnicnts de la roche de gnizo dans l'Argonne, do la craie blanche au-
dessus de la déprestion infrncrétacée, et des dép6ts tertiaires sunaon-
tant le terrain do craie, saillies résultant du plongement des couche*
Tcn le fond de U cuvette parisienne, et exagérées par le travail do
l'érouon, les accidents tectoniques proprement dits ont laiasé ptB do
traces dans la plastique da sol champenois, et c'est par l'extension de
grandes plaines uniformes que sont surtout caractérisés les paysages
de U Champagne.
p. M>«4.iI.imrT, SwrtnmtMWU imllInSt Sri* ir«i Sa ku>Uru1*)«(*^' <■>■■«.
éV^itdt.^. mmUr. 4t »rimt. I. r, ». M, I. rU, ». M}: l>»u.m, CwW te4tqsull*llBlU r™«>Ml
ém Hk>W «• arMH (—l. it ftfr.,immu IMO. ». H*i | «■ -«M, OtH 4> »* Wr 4n kMh «■
OaiLM». Su u a_Hi ftMin^iM *m kuiHtoa (ntf..'». I».
I. «•■■« (4»^. êr (.'•«r- » »n ■■". P- <t*| ■«■> dt 4M«la mltiUln, JaOM IHS, ». M] M
LIVRE II
LES PAYS CHAMPENOIS
CHAPITRE V
Divisions naturelles de la Champagne.
La gamme îles teintes figurant sur une carte géologique la succet*
sion des séilimcnts crétacés on Chanij^agne ap|>ara!t dîsjHwée régu-
lîcTcment en nappes qui des&incnt des auréoles concentriques, nette-
ment caractérisées depuis la rive droite de l'Yonne, s*effilant et
s*cnelicvêtrant graduellement djins la direction da nord. A chaque
teinte corre8i)oud une terrasse, tantôt surélevée, tantôt déprimée,
dont le faciès est plus ou moins homogène et donne lieu, suivant les
cas, à une individualité géographique plus ou moins tranchée. Ces!
pourquoi, bien qu'elle présente une physionomie générale nettement
caractérisée, dérivant d'une continuité de structure qui lai est propre,
la région champenoise est loin d'être en elle-même complètement
homogène. Parmi les unités géologiques qui la constituent, celles qui
s'affirment par de brusques contrastes ont une personnalité qui se
dégage dans la nomenclature des noms de pays. La toponymie locale
y reflète, sinon des différences profondes de configuration et de climat,
du moins les particularités saillantes du sol. Non seulement chaque
grande masse minérale a son individualité, mais il arrive que le
faciès de chaque affleurement n'est pas identique sur toute soo
étendue ; ici, la craie a un faciès marneux, ou bien elle apparaît sor-
monté:* d*unc pellicule de dé)K>ts tertiaires ou quaternaires ; là, l'homo-
généité superficielle des sables et des argiles de l'infracrétacé est
rompue par des nappes d'alluvions qui en masquent les aifleore-
ments : tels sont les sables et graviers provenant de la xone oolithiqae
LA CaAM^AGJlS S
m^r^m^w'm
34 Lk CHUIPAONB
euinfnûi et dépo«6> pftr lei counota diliiricus. De plui, les coucbM
de terrain dievauchcnt fréquemment par lambeaux les unea au-dewua
dea autrcB, et, aor lea confins de chacune d'elles, les tranaitîon* gra-
duellea d'un soi k un autre déterminent parfois la formation de con-
trées mixtes ou «'attùnuent lei contraittes. Cette diversité d'apparences
ne peut manquer de frapper les géo^raphea attentifs à saitir lea
nuances résultant de la complexité conttitutive d'une région et i en
rechercher l'origine.
L'intendant Larclicr, qui administrait la Champagne à la fin da
XVII' sivcle, et, après lui, Beaugier, qui est resté la principale aouree
pour toua lea gtographea jKMtérieurs aea pla^aîrea, signalent une
divîition de ta Cliaiupaj^e ajant un caractîre géographique, au moins
dans lea termes : ils diitlinguent une Haute et une Basse Champagne,
une Champagne Kupéricure et une inférieure ; à la premiL-re ils attri-
Imcnt les Tilles de Reims, Vitry et Tro^res, et la Ilaute-Champagna
est esscnlicllcmcnt le pajs des plaines crayeuses découvertes et cnl-
lirécs. La lU*se-Cliaiiiiiague qui s'étend parallèlement à la premier*,
da snl-oucstan nord e»t, depuis la vallée d'Yonne jusqu'aux pla*
teaux du Darrois et de la I^orraine, est le pays dea bois, dea carriêrea
et dea mines de fer (') ; noua trouvons là une ébauche informe de la
division en Champagne Siche et Cluiiuiiagne Humide que l'étude
géologique du aol a fait prévalmr.
Gnettard est le premier qui, an XVlll* siècle, ait eaquisséavec un
discernement qui fait honneur i> aon sens géographique une divîiion
de la Champagne basée sur la nature du soi (*). Ce aavant minénio*
fiata remarquait qne < le fond du terrain de cette province c*t en
général formé de marne, de cr&ie et de pierre blanche calcinable ■ } il
notait le contraste résultant, dana lea constructiona champenoisea, de
Temph^ de matériaux trèa différenta. D'aprèa la nature des éléments
constitutifs du sol, il distinguait la aone du terrain de craie avccaes tiDÏs
€ campagnes » de Reims, Trofes et Chllons; le Rémois et aa ceintura
de coteaux ok se trouvent réunis lea aola lea plus varléa ; la contrée
glaisense et aablonneuae dea environs de Bandonvilllera, j^manee et
Vendouvre (Anbe); • la terre extrêmement forte presqua tonte
lUVISIONS NATURELLES DE LA CHAMPAGNE 35
couverte de haute futaie et d*étangs » qui canictéri«e le pajr« compris
entre les plaines de l'Aube en face de Brienne et celles de la Marne
en aiuout de Vitrjr (Pertliois) ; les sols pierreux du Vallage (pierres
de Noniocourt et de Savonnières). Guettard est égïilement frappé par
le développement exceptionnel « de la glaise rouge arec pierres à
fusil » (argiles à silex) qui surmonte les coteaux crayeux k Toue^t de
la plaine de Troyes; il signale les glaise* (argiles du ganlt) et « la
pierre morte tendrCi d*un blanc verdâtre » (gaize) qui constitue
le faciès spécial du massif d'Argonne. Si sa nomenclature est
imprécise et incumplète, s'il ne cite ni le Der, ni le Bocage, ni le
paysd*Otlie, du moins Guettard a le mérite d'avoir entrevu et indiqué
les divibîons fondamentales du sol dans la i*égion cliampenoise*
Il y a donc lieu de décomposer l'ensemble de la Champagne, telle
que nous l'avons définie, en un certain nombre d'unités natarelleS|
c'est-à-dire de pays. Nous savons déjà qu'à chacune des auréoles
crayeuse et infracrétacée corres))ondent, d'une jmrt la ChsimpagM
Sèche ou Pouilleuse qui est la Chamjvigne par excellence, celle où le
type de pays qu*impl)(|uc cette dénomination accuse franchement et
pleinement ses caractères distinctifs ; d'autre part la Champagne
Humide qui est l'antithèse et comme le complément de la C/iam*
pagne Sèche, Chacun de ces deux grands compartiments se subdivise
à bon tour en un certain nombre d'unités secondaires en relationavee
la nature des couches profondes ou superficielles du terrain. Ao aod-
ouest de la Champagne, entre les riantes vallées de la Seine et de
TYonne, la couverture de lambeaux tertiaires qui surmonte les pU*
teaux crayeux cou]>és transversalement par le long fossé de la Vanne
détermine une zone montueuse assez profondément ravinée : c'est le
pays d'Othe qui, par l'abondance de ses 80urce8,~~de ses eaux coa-
rantes, par ses paysages verdoyants de forets et de vergers, marque
la transition entre la Champagne Ilumide et la Champagne Sèche.
Depuis les plaines de la Seine, jusqu'au val d'Aisne,. se développent
les croupes arrondies et les ondulations confuses de la ChttmpBgne
Pouilleuse où la craie qui se montre à nu, à peine recouverte, çà et
là, par de minces lambeaux d'alluvions, engendre un sol aride et
désolé. Les savarts ou « peloux », véritables landes abandonnées à la
vaine pâture, et la maigre végétation des pineraies y disputent la
place aux céréales ; seuls, les interminables rubans de verdure qui
déi^ignent de loin aux regards le tracé des vallées rompent l'unifor»
mité monotone du paysage. Au nord-ouest de la Champagne Pouil-
leuse, de part et d*autre de la vallée de Vesle, les lambeaux ter-
\
3G LA CHAUPIOXB
tiaim qui courooDcnt le* émlucucei cra^eiuci (Beim, Uriroont)
circODtcrirenl, en uvact du promontoire tertioîre de k nionlagne de
Kciini, un large banin d'alluvïon* ob U population l'ett aggtoméré«
à proximité de boIi moins uidc* et lur les coofin* de deux pti}'a trèa
diffùrenU : c'est le bassin dt Rwms.
Au nord de U vallée d'Aisne, les con(nistcs s'accentaent : le fhdvt
dulerraindc craie, dont le* affleure me uts s'inflûcliitsent vers lenord-
onesl, ctt plutôt luanicux ; la criîe olle-toGine e*l ri.-Gouverlfl par dei
plaques d'argiles et de sables qui amortissent les inégalités du relief;
l'absum-e de tout accident tujxtgraphiquo taillmit rend la transition
insensible entre les deux funiiationa crayeuse et înfracrctacée qui se
pùnitreul par clicvaucliemcnts et discordances de stratifications. Sur
des sots moins secs et plus fécunds que d^ius la Puuîtleuse, ta végéta-
tion eut plus luxuriante : c'ot la Picardie qui s'annonce avec sea
terre* plus furies, ses cultures ojiulcutes où doiniuc la betterave. Sur
la rive droite du llurlaut, l'uncbcvôtrciuent défiuîtifdes deux auréoles
crétacées coïncide avec l'apparitioii d*uua dcn uni ï nation nouvelle : la
Thiéracho, \ay picard.
Sur tout le parcours do l'auréole tnfracrétacée, l'uniforuiilc ver-
do/anlc qui curaetérise l'aspect du pays n'exclut pas les nuances de
déttil, ni mCme parfois les contrastes qui s'expriment dans la topo-
nymie locale. Entre les vallées d'Aube et de Marne, par suite de
l'extcniiion considérable des sols argileux et sablonneux, les caraclères
dislinctifs qu'implique la di-nominatîun du Champagne Humide
s'aflinnenl avec une netteté particulière. Nulle part, sur un sol mul-
lauient ondulé, gluant et difficilement perméable, les étangs ne sont
pins nombreux dans les dépressions, la ramure des cours d'eau plus
touffue, U végétation plus drue : nous sommes dans le Dtr, l'antique
domaine des épaisses foréta de chênes.
L'immense clairière de plain» cultivée* qui, an nord du Der,
interrompt la continuité das masses boisées et, par les vallées conver-
gentes de rOrnain, de la Saulx et de la Marne ouvre des voies 1 U
eîreabtion entre la Champagne et leDarrois, est encore désignée sons
le non de PsrtfitW.
An nord des plaines du Perlbois, les affleurement* d'nne roche
nouvelle, plus compacte et moins plastique que les précédentes de la
■érie infracrctacéc, se déuonce dans le modelé du sol par des formes
d« relief plus accusées. C'est la gaise qui, précédant U craie, elie-
▼anche en bancs puissants au-desatu des argiles et des sables de
l'alUcD: ici, plus de vallées largement évasée*, pins de gnndee
DIVISIONS XâTTOLKLLBS DB L1 champagxk 37
pUines DÎvelées par le« dépûU d'aDsTiont, «ab on eDlanement eonfvt
de crêtes rocheuses, seclMs et bmècs, eatreoo«pées de rariat
humides. Tel est le massif d'Ârfonne, intercalé Boo^tadinalenieat
cotre les vallées de TAisiie et de son afloent FAire.
A a delà de la percée transTenale de rAire, les assises de nnfira-
crétacé disparaissent saccessivement, o« s'effilent en biseaa et s'amin-
cissent de plus en plus, en s*inflécliissant dans la direction da noid*
ouest, tandis que, par suite de la dénndation, les alBenrements du
soubassement oolithique se multiplient dans les Talions: In grande
forC-t s*éclaircît et une ceinture de cultures rariées enreloppe les ril»
lages ; ce nV»6t plus TAigonne profonde et sauTage. Peu à pen lln-
dividnalité de la banie infracrétacée s'ellaee dans In topographie
confose des terrasses subardennaises qui s'inclinent cirenlairement
autour de la vallée d*Aisne : sur ces hautes terres encore trèa boisées
qui constituent la ligne de laite entre le rersant de l'Aisne et celui
de la Meuse, la dénomination d*j|rdennes, en dépit de l'indécision
des contours géologiques et du caractère hétérogène de la eontrée,
traduit encore la physionomie montueuse et boisée de ces confins de
la Chaïuiiagne qui contrastent arec les plaines du terrain de cnde*
A la lisière de chacune des auréoles cmjeuse et infracrétacée,
caractérisées géographiqucment par un type spécifique plus on moins
homogène, il y a lieu de tenir compte des contacts d'affleoremenls
où, par suite de la combinaison de traits originaux empruntés aux
formations contigués et de l'atténuation des contrastes, il se dégage
parfois de petites unités naturelles intermédiair^îs asses nettes. Tel
est le talus sinueux, entaillé d'excaTations, frangé de promontotrct,
qui jalonne le contact de la nappe tertiaire et du terrain de craie, et
qu'on désigne communément sous le nom de falaiss de Champagne
Brie. Par Tinclinaison de leur versant principal qui fait face à l'est,
la nature crayeuse de leur soubassement, leurs affinités avec les
pLiîncs champenoises, ces coteaux se rattachent k la Champagne et
constituent une individualité géographique intermédiaire o& les dési-
gnation» de Montais et de Vignoble correspondent à des formes dn
terrain, à des différences d'orientation, de climat, d'aptitudes agri-
coles qui ont leur répercussion sur le groupement de la population.
Entre les plaines de F Yonne et de la Seine, les terrasses en gradins
adossées irrégulièrement aux escarpements méridionaux du massif de
la forêt d*Othe, et formées par la superposition successive des pre-
mières assises crayeuses au-dessus des sols déprimés* de l'étage
albien, n'ont, à aucune époque, suscité l'emploi d'une dénomination
'■ ■*■ * ■ »» ■ IP— ^i^H^IP^i^P-^^i'^P^^— «^^i^— i^^—^B^^iP— [^ifl^J^
38 Ll. CHAUPAOKE
poput*ire apéciale. Pur contre, U boM de* plateaux cnyenx qui
fnngent latéralement les plaine* de U Jlarne, aux enviroas de Viliy-
lo-Françoii, e«t fcflODnée par une bande étroite de aola humidea et
licrba^rs qu'ombragent dca bouquet* do bou où culminent le* cimes
d'înnomltrable* peuplier* : c'est, sur les confins du Der, te BoCâg»
Champenois, transîtînn entra le* épaiise* fur£ls de la zone infra-
cK-tncce et tes campagnes très décourertcs du lerrain de craie.
D.in* deii conditions de sédimentation un peu différentes, le*
aMi*«**UGCC*»ivemeut «iblonncuEea et mameuic* du cénomanicn et
du liirunien, qui, au nord de* plaine* dn l'erlhois, s'intercalent entre
labordura convexe dérhiquctéc dca plateaux crayeux et le* crSiea
boisée* du massif gaiicu^t de l'Argonne, introduisent dan* le modeli
tiipo;p^p1iique de la contrée d-v profil* intermédiaire* ; il j a là une
série d'uodulntions aux contours arrondis, groupée* régulière nient le
long de vallée* largement évasées, ni- trop sèches ni trop humidea,
tantût boisées, inniût trcs dicouverte* et cultivée* : ce aont le* riches
terroir* d'un VBllagé, drainé* par l'Aiane et aea petit* afflacnta de
gauclie i**n* de la Chnmpagne l'ouillcnae, auxqnel* succèdent, dans
la direction de l'onest, le* vallon* inégalement fortuné* du Pitd-dW-
Uontt. taillés dans la vraie blancbe.
Enfin, sur te* confins du Fertlioï* et du Der, les sédiments infé-
rieur* de t'infracrétacé (néocomîen), échai>]>é* à ta dénndation entre
les vallée* de U Marne et de la Saulx, débordent sur le* |4atennx
oolilhiqu<^, et, de ce côté, la Champagne empiète pour ainsi dire sar le
Barrois. Aux sols humides et plastique*, aux plaine* basses et aux
vallée* mal définies succèdent des terrafos plus compacts et plus
secs, des plate*-fonneB entaillée* de ravins, de* thalwegs encaissés
entre des talus aux parois rocheuses et aux pentes raides ; la forCt ne
subsiste plus qne sur les laml>eanx d'argiles ou de sables dissémlaés
spur^diquemrnt à U surface ou dan* les snfnctnosités du calcdre
portlandicD : la dénomination de Vâllâgt reparaît ici, justifiée de bob>
veau par la configuration du pays. Abstraction faite de touta eonUdé*
ration historique, ce Voltage doit ttre ooiuidéré comme une dépen-
dance géographique de la Champagne. Avee le Der, il constitue une
seule et mfwe région empruntant *on unité à la présence de* gi-
sements ferrugineux ; c'est un paya d'antique métallurgie, aboo-
damment pourvu jadis de minerai , de eombuatible végétal , ob la
groupenent d'une population homogène par ses occupations princi-
pales a toujours été étroitement subordonné aux fluctuation* de l'adi-
vile industrielle.
DIVISIONS NATURELLES DK lA CHAMPAGNE
39
Après avoir pawé en revue rarchitcctare da sol de la Champa^e,
défini le« subdivisions naturelles de la rétpon et les avoir oonfirontèes
avec les différentes dénominations locales, il nous reste k déterminer
|)ar une étude analytique plus détaillée la localisation et l'aire d*ex-
tension des divers phénomènes physiques ou humains particuliers à
cliacun des pays champenois.
\
CHAPITRE II
La zone Infracrétacée.
La Imnite infracr«t«cée cliampenoiie qui ileMtne, entre les plalo-
foniici oalitliiquM de U Bourgogne, du Barrois et de* Ardcnne* et
le* liaulc* plaine* du terrain de craie, une lone *oiHi -circulaire et
ctroîte de mI* plutût déprimés, a une superficie d'enviroa 5 350 kilo*
ini-lrc* carré*, inférieure de plu* de raottié à celle que meiare la ré-
gion dn terrain de craie (II 328kilomî-trc*carr('*); «a largeur e*t en
moyenne de 15 à 30 kilomètre*. Elle eut loin de coïncider avec son
aire priniiiive d'extcntion, car le* dùpûls de l'époque créUcée ont
d'abord clicTaucbé *ur le* bancs compacts des *édiments jura**iques
qu'ils recourraient Iran *grc»*ivc ment, de telle *orle qu'il n'exUte au-
cun rapport entre la disposition actuelle de* nffleurement* crétacé* et
celle di'« rivage* de* ancienne* mers ; l'ablalion partielle des dépôts
infracrétacés s'explique par la nature esKcntieltcment meuble ou faci-
lement dcUjrable de leun élûmcnts conatitutif*, argiles, marnes et
•able* que les agent* d'éro*ion vnt pu désagréger et entraîner arec
rapidité (').
Col seulemcnl à partir de la vallée d'Yonne que la bttnde infra-
crétacée l'indiridaalise nettement. Sur la rive gauche dn flcnTe,dans
cette contrée mollement ondulée ob les eaux ruissellent, soit rers U
Seine par le Loing, le Branlin et l'Oiianne, soit vers l'Yonne par la
raisaeau de Saint-Vniin et le Tbolon, de* lambeaux tertiaire* respec-
tés par réro*ion masquent le* affleurement* infracrétacé* ; l'étage
allnen, par exemple, jr apparaît •orraonté d'un rorêtencnt argilo-
aableux d'une pui**ance relativement coniidirable. Ce paj* où prédo-
minent les sol* imperméable*, paracmé d'étang*, de prairie* humide*
mouchetée* de bosquet* à la végétation vigoureuse, c'est la Puisâyû
que le* défrichement* et le drainage n'ont point encore complètement
DIVISIONS NATURELLES DK lA CHAMPAGNE
39
Après avoir pawé en revae rarchitcctare du sol de la ClutnipAgpBei
défini lc« subdivisions naturelles de la ré^on et les avoir oonfrontèes
avec les différentes dénominations locales, il nous reste k déterminer
par une étude analytique plus détaillée la localisation et l'aire d'ex-
tension des divers phénomènes physiques on humains particuliers à
chacun des pays champenois.
\
CHAPITHE II
La zone Infracrétacée.
Ln bniiile infracrébrée vlinmpenoiie qui deMine, entre lea plates*
roniiG(Oalitliii]aea de U Boargogne, du BarroU et d« Ardonnea et
les liaulci plainei du terrain de craie, uoe urne leiiti -circulaire et
étroite de aola plutût déprimés, a uue tupcrficie d'environ 5 350 kilo-
mi-trci rairéa, inférieure de plua de raoUié à celle que mesure U ré-
gion do (errnin de craie (1 1 3^ kilomîtrea carri-a) ; m largeur est en
moyenne de 15 à ^ kilumî-trea. Elle eut loin de cuTncîiIer avec son
aire primilire d'extcoiion, car les dùpûl* de l'époque créUcée ont
d'aliord clievauché sur les Itancs compacts des aédiments jurassiques
qu'ils rccoQTRiïent transgrcasi veinent, do telle sorte qu'il n'existe au-
cun rapport entre la disposition actuelle des nfllenrements crétacAs et
celle di'i rivages des anciennes mers; l'ablation partielle dei dépOts
infracrétacés s'explique par la nature eSKcntiellcment meuble ou facU
lentcnt d^layable de leurs élcmcnts constitutifs, argiles, marnes et
sables que les agents d'érosion ont pn désagréger et entraîner avec
rapidité (').
C'ckt Bculcment à partir île ta vallée d'Yonne que la bande Infra-
crétacée s'individualise nettement. Sur la rive gauche da fleuve, dans
eeiu conirce mollement ondulée on les eaux ruissellent, soit vers U
Seine par le Loing, le Branlin et l'Onanne, soit vers l'Yonne par le
ruisseau de 8aint-Vrnin et le Tholon, dos lambeaux tertiaires respec-
tés par l'érosion masquent les affleurements infracrétacés ; l'étage
albien, par exemple, j apparaît surmonté d'un revêtement argilo-
sablenz d'une puissance relativement considéntlile. Ce pays où prédo-
minent les sols impcnnéabica, parsemé d'étangs, de prairies humides
rooochetécs de bosquets à la végétation vigonrense, c'est la Puitâyt
que les itéfrichements et le drainage n'ont point encore com|dètement
Lk ZONB INFRJkCRÉTACÉB 41
assainie (*), et qui annonce la Champagne humide et boiaée. Sur la
rive droite de l'Yonne, les affleurements de l'infracrétacé, débar>
rasbés en très grande partie des dépots tertiaires supcriîcielsi pren-
nent immédiatement une extension toute spéciale à cette partie du
bai^8in parisien, mais ils sont loin de présenter dans toute retendue
de la région champenoise une série partout complète, une puissance
et un développement également considérables. C'est dans la |Murti6
centrale du pays, entre les vallées de l'Aube et de la Saulx, que la
succession des assises offre la plus grande variété avec le maximum
d'extension. Dans cette partie (»rientale de la Champagne, les sédi-
ments iufracréticés semblent avoir comblé l'emplacement cVun grand
golfe qui, au début de i'cre crétacée, s'enfonçait profondément dans
la direction de l'est. Au nord de la vallée de l'Ornain, le faciès de la
bnndc infracrétacée s'altère : les assises s'amincissent, s'effilent, che-
vauchent en discordance les unes au-dessus des autres ; les plus an-
ciennes disparaissent, les plus récentes reposent directement sur les
roches calcaires du portiandien dont les affleurements se multiplient
sur les flancs des thalwegs les plus profonds ; un dé|H>t nouveau appa-
raît, surmontant en masse puissante les sables et les argiles de l'ai-
bien : c'est la gaize, dont le développement lenticulaire est d'une
continuité remarquable ; alors, aux plaines et aux bas plateaux de b
Champagne Humide succède, entre les vallées de l'Airo et de
l'Aisne, ré]mis massif de VArgonne qui, par sa configuration origi-
nale, les formes très accusées de son relief, constitue sur les confins
de la Champagne un pays absolument à part. Enfin, au nord, de cette
lentille de gaizc, que limite assez exactement le ravin suivi par le
canal des Ardennes près du Chesne-Populeux, la bande infracrétacée
s'infléchit vers le nord-ouest. Dans cette partie septentrionale de la
Champagne, la limite inférieure des terrains crétacés coupe oblique-
ment les lignes de rivages des mers jurassiques supérieures, et il ea
résulte un exemple unique de stratifications transgressives : l'infrmcré-
tacé qui reposait à Clcrmont-en-Argonne sur le calcaire portiandien
chevauche à Grandpré sur les marnes kimméridgiennes ; au nord de
la vallée d'Aisne, à Chaumont-Porcien, sur le corallien ; à Signy-l'Ab-
baye, sur Toxfordien ; à Hirson, sur le bathonien ('). Dans la partie
occidentale du département des Ardennes, et dans l'Aisne, OD ne
rencontre plus que des lambeaux disparates de l'infracrétacé, dl
1. Cr. CM4U.R, T^ raUaj« «t le nàUnalt (HhH. Kot. deiêe. fAurerrt, t. ZXVI, p. 1).
t. QowBLrr . Gi»lfU du A'orrf d* Im Ftmne^, f fatc, Tcmilaa «««ott UJrea, la-S*, Ua«, lltl, p, IIS.
\
■ » ■ ■ ■ '"^^"^i^w^TP^T
a Lk. CUAHPAGKB -
iniuil à U lurfacQ de» plateaux jaraujque* «t plut ou moïna maaquéa
par Ica alluriona iiiperficicllea : à la Champagne succède, aur U rive
droite du llurlaut on Malacqiiiae, la Thiirache, pajrs picard, dont
lea turroMC* profondément ravinôee, adoaaiea nu masaif cchiateux
d'Ardenne, s'inclinent ven U rallûe de l'Oiae.
Si, dani aon enaciuble, l'auréole infracrétacie, caractériaée aurtoat
par les formca iiiolleB de aon relief, l'abondance dea onux courantes
ou ala^jntea, la rù^tation luxuriante de aea fureta et do aca prai-
rie*, présente des traita généraux de rcuemblancc qui la différencient
nettement des contrées avoisiiiantca plus uccidontées, plus massiTCS,
plus aéclics, avec des huriiona plus décourerta, son boiuogéDiilé
Structurale est loin d'être absolue. L'inégal développement de chacun
des sédiments constitutifs du sol, les conditions variables de la sédi-
ntentntion sur U périphérie de la nappo înfracrétacéo permettent de
distinguer dons l'harmonieuse uniformité de l'ensemble, sinon des
conlrablcs brusques, du moins toute une gamme do nuances que le
langage populaire exprime pnr des appellations différentes.
Indépendamment des subdivisions telles que celles de Champagne
Humide, de zone milallurgiqut champenoise, que la note dominante
du {Miysage ou la conaidéralîun des phénomènes économiques peut
suggérer i l'esprit aunljrtîqne dca gcograplica, les dénominations
locales do Der, de Pertbois, de Bocage, de Vallage, d'Argonne,
Irantmisea par d'antiques tntditiona, et dont l'usage n'est pas périmé,
ont des racines profonde* dans le sol ; elles révèlent dea rapporta
nalurcl^et permanents qu'il importe de faire ressortir dans l'élude
déuilléc d'une région.
LA CUAMPAOXB IIOMIDE
Entre les vallées do l'Yonne et de la DUise, la prédominance dea
sols mous, argileux ou sablonneux est abM>Iument typique, et c'est i
cette portion de l'auréole iufracrétacée que s'applique nveo U plus
rigoureuse justesse la déDominatioo vraiment géographique de Cfltm-
pagne Humide. Aux grands talus raîdes, aux corniches rocailleuaes
et pétries de coraux surplombant de* tlialwegs étroits et profonds qui
coractériacDt les maasivea pLatca- forme* do l'oulithe bourguignonne on
barroise, tnccèdcut brusquement, daiM ta Champagne, les bas pla-
te.inx, le* mamelons affaisaés et lea vertanta faiblement inclinés. Ceat
dana le modelé des voilées que s'accnse le traitsailUnt de la lopegn-
pbie iufracrétacée. Au sortir de la xone oolilhique, les grandes vol-
LA. CHAMPAGNB HUMIDK 43
lécs, jusque-là encaissées, s'élargissent subitement en larges
de plaines horizontales où les affleurements de l'infracrétacé ont été
nivelés et masqués par des amas de cailloux, de graviers et de sables
provenant de roolitlie et que surmonte une mince pellicule de limon:
telles sont les grandes plaines de Saint- Florentin (vallée de rAmian-
çon), de Vaudes et de Troyes (vallée de la Seine), de Brienne (vallée
de l'Aube), d'Eclaron (vallée de la Biaise) et surtout celles du Per-
tliois, immense cône de déjection dans lequel la Marne, la Biaise, la
Saulx et rOrnain ont rassemblé leurs atterricsements. Ces énormes
vallées, épanouies sur des sols mous, témoignent de Tintensité des
érosions anciennes (').
Pas do traces d'accidents tectoniques <\ la surface des nappes émi-
nemment plastiques de l'étage albieu (sables verts et argiles da
gault) dont les affleurements sont les plus étendus, particulièrement
dans le département de l'Aube. Par endroits, la surimposition de dé-
pôts superficiels plus ou moins épais se manifeste par des monticules,
des buttes émergeant confusément au-dessus des plateaux. Ainsi sur
la rive droite de l'Yonne, des amas de sables ferrugineux (sables de la
Puîsaye) entrecoupés de couches d'argiles et de bancs de grès, consti-
tuent les points culminants désignés dans le pays sous le nom de
tliurenux('). Entre le Serein et PAnnançon, la résistance du sons-sol
s'accubc sur les plateaux dans la conformation des chemins ruraux,
encaissés entre de petites berges escarpées couvertes de baissons et
de bouquets d'arbres rappelant les chemins couverts de la Vendée et
de la Bretagne. Aux environs de Saint-Florentin, les bancs de sables
dont Pépaisseur est d'une quarantaine de mètres constituent le talus
continu au pied duquel s'est fonné le fossé longitudinal ou coulent
PArmançon et son affluent l'Armance (*). PartOttt'o&, par suite de
l'alternance des affleurements, une roche relativement dure succède
à une roche tendre, surgissent les accidents de terrain déterminée par
Pérusion, qui introduisent quelque variété dans le modelé générale-
ment amorphe et uniforme de la contrée : alors les versants se redres-
sent, les vallées s'encaiifsent, des monticules se dessinent aux versants
abruptes. Ainsi, sur la rive droite de l'Armance, les masses sablon-
neuses consolidées par un ciment calcaire et transfumées en bancs
1. Ilr.LOBAso, Lr Baêttm p^riêku mix é$el amUkhtorifne», p. 19, |fi, «t Lm i*tmt, p. 409.
î. Le thurcaa 4c Salot-DenU (S^ iu«tr«t), rsir* !•• ralKt* 4«> ITcuM «t 4« S(ff«i«. Cf. Ml
OOKMAM, Sar U fonnaMoa rr«Uc^ liif.-rieara ronprine entra rVoBM «t TArmaMM (Bmm^L
i^ol; t' »tr., t. Il, 1S15, p. ai<), et LrrMKBiB : StaH't.fM. de ri'mmme, p. 4M.
S. KII3AT. L'Iia^ alblca aai cnTirons 4c falDt-riMTailii (UmllH. éê lm Jm. 4m ce J*Ji
t. XIX, IS«).
\
nff^^m^m-mm'»^^^ ■■»!■ ■ ■■■••^ -■ ■«^•^vw«wv^»v^^mb^h*^p^b
■il LX CHUIPAGNB
•le giit aMoz réiiktanti m raiiliMent en csi-nrpcineuU purtant k luur
Mininet l'antiquo bourg féodttl d'Krry ; du Imut de cet obiervatoirs
naturel <]ai commanila au loin tnutc la contrv-e, umlgr^ ta faible alti-
tude ^IGl ui-lrea) ae dfroule un papornma de prairie* verdojanlea
autour ilu(|uul te prolîleut les iiiaaaca •o)iil>rca de* forvta. C'cat sur Ica
rivea de l'Aube, aux environ* de Briennc-le-Cliûteau, que ce* varU'
tiona du facit-a iurmcrélacé ae répercuteut avec le plua de netteté
dana lea funnc* to|M,p«pbM)uca du pnyaage, La riTÎère d'Aube, qui,
en aval de Jc**aiitt et de Trannea sur lea ceufin* de la zone oulithl*
que, pini-trc dana une grande pluine d'alluvioni, vient buter contre
nn prumontoire tranaveranl aux vcraant* bui*<-8, sur la comîcbs du-
quel cnluiine le cUâleau de 13rienne. An lien de contourner ce petit
iiuiMif conitilué par de puiftantc* assiae* de uiamca lilancbûtrea
analu»ue* à la gaîze {uiarnes de Bricnne) «uiK-riKtaéca aux argiles
albicnne», l'Aube, aUiodonnaut ta direction primitive vers le nord-
eat, par où elle nlbiit rejoindre la Marne, a réuni à creiuier ton lit
à traven l'obatacle peu rcsïatant qui ne drcauit devant elle ; a'en-
fuuiwant pour ainsi dire dans le *ul sur une longueur de pluîenra
kilotuvirea, elle a'écoule au fond d'un véritable canon, entre dea ber-
ges aux |nn>ïa eicaqtèea, qui, pri'B du village de ïlalhanx, a'étvvcnt
i une trentaine de niî-tre* au-di'wu* du niveau dca eaux. La rivître
ruuLint sur na lit de gravier* les eaux trantparentc* qui lui ont
valu aon num (Allia) ditparatt aux regards dvrriire un rideau de boîa
formant une Toute de vi-rdnre au dc**u* de* sinuosité* gracieuse* de
•c* rivea.
Mais le* accident* de Icrraina lea plus nombreux se trouvent répar-
tis sur la périphérie de t'auréole infra-rétscéc, dan* le voiûnoge dea
afflcurementa jurassiques : là, en effet, le redreascment des coucli :•
de terrain est plus accentué, les traces de dénivcllationa tectonique*
plus fréquentes ; le jen de l'érosion, a'excrfant sur des rocbe* rclati-
vencnt conipacu-s, est auakï plu* varié. Le* a**i*ea plu* résiatantes du
caleaire portlandica donnent aux conckes molles qui les recouvrent
un* consiitauce qui antrcmcnt leur fer^t défaut, et elle* conmandont
lea fumes du terrain. Tout le long de celte aono bordière, vallona et
ravins, eataillèa daoa le •oubassement oolilhiqae, constituent nn ré-
acan de ligne* *culpturAlo* orientées suivant la pente nsrmalo dea
asateea da uA.
Ce*t égalenent don* la dispoaition originale du résean hjdrogn*
phiqaa que *• révéla l'iafluenee de la canstilulïoa géologique. L'Ia-
dÎTiduaUlé de e« réaenu eat Lasea ail définie. Belgrand a depuis long-
LJl CHJkMPAGNE IILMIDR 4à
temps 6i«;n;ilô la discoixlancc exUtant entre le tracé des rivicret et la
pente (^cuéralc du torr.iîn dana toute Pauréole infracrctacce ('). La
plupart de ces petites rivières de la Cbampapie Huiuidc, dont les
sunrces jai!!i^t^ent en Bourgo^^nc ou dans le Vallage, ^ont flcviées de
leur direction normale à mesure qu'elles sVngn^ent sur le sol eliam-
pcnoîs. Le^ terrains déprimés que conbtituent les dépôts argilo-t^ablon-
Set
w.
I
1^ rivi^ic «I*A3!»o ii>t.fua!l dana !•• rnarj*** grfM>t 'g^iMt 0m mmmt 4« Bf1> BMr>
< ntre llri.nucU-Vicillr e. ISm«*v Fv a afne, r.rvUt Ponteia^ato).
ncux de l'albien, | ar.illèlement aux terrasses et aux talu^ détenuinét
par les aHIcurcments «ucceësifs des assises crayeuses, fonuent eu effet
une ^orte de cuvette au fond de laquelle les eaux ont dû s'amaascr
avant d'être capturées Intcralement par les grandes artères trausver*
s;ile<. I^ Voire, par exemple, qui, en sortant de la ré^n du I>cr,
contourne au nord la plaine de Brienne, s'écoule au pied d'une Téri-
table muraille de craie qui burplonibe sa rive droite, dans une direc-
tion perpendiculaire au cours de l'Aube à qui elle api^orte ses caax«
Dans des conditions un peu différente!», les amas de sables ferrugi-
neux (tables de la Puîsaye) qui, entre les vallées de l'Yonne et de
1 L* S€im€, p. X-aj,
46 LA CHUII-AGNB
U Seine, «urmontcnt altcinntîvcineDt lea couche* albiennei et cénouw-
nieiioea, optjoué le rûle d'an puiiiMut curdun liitoral devant lequel
TArmançon vl ton affluent l'ArmancQ ont dA ae dûlourner pour Tonner
un foBié unique à la bau du bourrelet qui a'opposaît k l'écooleiucnt
normal de leurs eaux (').
Le* taillice des lîj^r.c* de faite étant dUcoutinuca "dana U topogra-
phie coufuie de la contrée, U diitribntion de» eaux courantea entr*
cbacnne dca grandes nrtires à direction cons^uente est très iné^le
cl subordonnée uux moindres ondulnliona du terrain. Sur la rire
gauche de la Seine, les eaux ruissellent plutôt vers l'Yonne par le
•Serein et l'Anuançon, l'IIuiain ne drainant, au profit de la Seine,
qu'une aire tri-s restreinte. Entre la Seine et l'Aube un partaga iné-
gai se fait entre la Seine par la Barae et l'Aube par'l'Ainauce et l'Au-
zon. Enfin, au delà de l'Aube, les eaux du Dcr se déversent soit dans
l'Aube par la Votre, soit dans la Marne par la Droyes, et tci noua
avous constaté ijuc la Mante était primitivement l'arti-re unique drù-
nant L'a eaux de toute cette portion de la bande Infracrétacée. Tontes
ces anomalies révèlent les vicissitudes multiples qu'a dft subir la
réseau hj'drographique initial de ta contrée avant d'atteindre sa
contes tu re déGnîtive.
La désignation de Champagne Humide appliquée k la partie méri-
dionale de la fonualion infiucréLicée est justifiée moins par l'abon-
dance dca précipitation* at tu ospli criques qui l'abreuvent (de 700 à
800 millimètres) que |>ar les innombrables rutssoauz el filats d'eau
qui suintent dans les moindre* replis de son sol, par les flaques d'eau
permanentes ou temporaires qui se forment dans les dépressions, par
les sources, très nombreuses, mais en général de faible débit qui sa
font Jour, non seulement dans les thalwegs, mais partout, sur le flano
des coteaux comme dans les bas-fonds ; c'est qu'en effet U plupart des
couches de terrain dont se rompose l'infracrétacé sont plus ou moins
imperméables : marnes osiréennes et argiles bigarrées du néocomicn,
argiles k plicatules de l'aptien, argiles du ganlt de l'albien ; cea der-
nières sont les plus réfractaires i l'infiltration et leurs affleurements
sont jalonnés par un grand nombre d'étangs et de prés-maraUC).
Cne multitude de ruisseaux de U Champagne Humide sont éphé-
mères et doirent Ivur existence à dos pluies d'orage on k des fontes
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Ll CH\MPAGNB HUMIDB 47
de neîge. Quant aux rivières peruianenteti leur régime est très ins-
table : tantôt elles ont des crues violentes et déversent des eaux limo-
neuses et troubles par-dessus leurs berges peu élevéeiii inondant les
prés riverains ; tin tôt, après des gelées persistantes, oa après une
sécheresse prolongée à la fin de la saison chaude, ce ne sont plas que
des fosses reliées par de minces filets d'eau. Presque tous ces petits
torrents, malgré la faible pente de leur lit, ont des crues rapides, mais
de courte durée, dont la portée est, il est vrai, sensiblement atténuée
par les étangs qui les alimentent et leur servent de régulateurs (*).
La Voire et la Barse, dans le département de TAube, rArmance
dans celui de l'Yonne, sont des types de rivières champenoises à
régime torrentiel atténué plus ou moins par l'inUuence régulatrice des
étangs. La Voire qui apporte à la limpide rivière d'Aube set eaux
glauques drainées sur les sols fangeux duDer, depuis BCê sources aux
environs de Sommevuire, serpente paresseusement à travers des prai-
ries ou 8on lit s'est fréquemment déplacé. En aval de Monticr-en-Der,
près des villages de Villeret et Lentilles, ses eaux jaunâtres se répan-
dent dans la plaine, pendant quelques semaines de la saison froide,
formant une happe de plusieurs kilomètres de largeur, mal contenue
entre des versants surbaissés et discontinus (').
La Barse, tributaire de la Seine, qui draine une superficie de
270 kilomètres carrés, et dont les sources, aux environs de Yen-
deuvre, sont alimentées par une importante nappe formée dans les
cavernes du calcaire à spatangues, a un régime aussi irrégolier que
celui de la Voire. La ville deTroyes, qui recevait jadis, par laBarae,
les bois flottés de la forêt d'Orient, a vainement tenté, à diverses
reprises, de régulariser son cours ('). Le plus remarquable de tous ces
petits torrents champenois est, sans contredit, VArmMnce, affluent de
l'Armançon, et fossé collecteur de toute une contrée appartenant aux
formations les plus différentes. Ses sources et ses petits affluents de
gauehe, comme le Landion et le ru de la Mandrille, naissent sur les
plateaux oolithiques du Tonnerrois, tandis que les affluents de droite,
les rus du Boudas, d'Auxon, de Montigny, do Trémagne, ruissellent
I. DkLoaAVD, La Stine, p. IM, t51.
fl. Sur U Voirv, cf. Hklobamo, La Seine, p. SS4. Dm obtcrvatlcat bydrMaétriqsM «oat faHw à la
■talion de Rutaay. £u 1790, oae cooipAgoie propota à rA««eiublé« cOBtUUMat« 4« «osatmlr» à •«■
fraU au eaoal de navi|r»tluB on utlUnant U Voira dapala Sommevolra (MATiD4l*«t Laubbkt, ilrriLraa
partementiure», t. XXXII, p. M); ouk* c« projat d'aména^oMat Sa U rlvlira, •• ▼!• 4a tii
da« bol* da Der, ne pat aboatir.
9. A la atttloa hjrdroiiiétriqua de la GalUuUt^re, prAa de Lualfaj, réeart eatra laa AiTasas 4a
^ da }>a«ao« eaaa pat atteindra 1*,M. Sur la Harac, cf. BocrriOT, A'afa* «ar l« rd§imê êm •«■« Mm^tt^
*^<-i<« aux enrir^nt de Yendeuvrt, Ib-S«, Tru/ea, 1M3, p. 11 sqq, at Xotlce «ar la aaTlgBllaa Sa U !
(^im. et U $t. meaâ. de l'ÂuU, aance ISM, p. Si, Si, 101).
\
48 Uk CHA3IPA0.NS
pu iulenuittence, cnlre lea dij;îUtîoD« Ae U «iroiche crayeiuedn
utauif d*Otlie. La volléi d'Annancc, longue d'une cinqiuiutnine d*
kilométrer, ■'épanouit h la liauteur du bourg d'Ervjr en u&« bello
plaino liorisonule, couverte d'herbage*, sillunnùe de ruÏMeanx ; mai*
U roule nationale de Kever>BS<.-daD,Bii)ù que la voie ferrûe de Sainl-
Florcntin à Troyes, se Itcnneut à l'éciirt de la zone d'inondation Mir
Ici Ic-rrmwo* dominant la rive droite de la capricieuse rïrière, et l'Ar-
mance bnniu aujourd'hui k> aervicei k fournir la force luotrica aux
moulina et icicrict vclielonuùs aur aea brada.
En raiwn uiCme de U nature de son iol meuble et liiimide, l'an-
ri-ole iufracrétacée cliampcnoi«e est une contrée e>sentiellumcnt
forMliire^'). Jusqu'aux premiers siècles du Moj'en Age, ses épaisses
foK-la fumuiienl, autour des hautes plaines crayeuses naturellement
déuudées de la Caoïpanin, une ceinture de fondrières touffues se pro-
longeant, dnns la direction du nord, jusqu'aux furSts pnjfondes de
l'Argonno et de l'Ardenne. Nous aruns déjà constaté qujcette marche
forestière difficileiuent pûnvtrable, et sillonnée «.■uleincnt de longues
percres étroites jior les gnndcs vallées transrcreales, séparait, dés la
plus haute antiquité, des groupes ethniques nettement di-finis. C'est
par ces valli-cs que In vio s'est tardivement insinuée an c<Bur de ces
fwrvU qui r(-|>oussaicut le peuplement. Sans doute, dés l'époque de U
domination romaine, de grandis voies contournaient on traversaient
les principaux nuufifs, mais les populations primitives semblent a'étre
caniunnées à la lisière des forêts, et, çàet \k, aux lieux de passages,
dans les vallées qui furent abordées les premières par le* hommes.
La toponymie locale, à défaut d'autres documenta, nous fournit but
ce |«int des indices significatifs. Si l'on s'cu rapporta aux listes drce-
■éca per U. d'Arbois de Jubainville, on constate que le* rares noms
d'origine Istino-ligure on celtique relevés dans U contrée et qui eor-
respondcnt aux centres les plus anciennement babitéa sont localisés
ea debon de la forêt (*). Le nombre relativement restreint des noms
Ll CHAMPAGNE HUMIDB 49
de lieux d'origine gallo-romaine témoigne encore d*an peuplement
tardif. Quant aux noms de provenance germanique ou gmllo-fnmqie,
beaucoup plus nombreux et disséminés déjà à Tinténear du pajs, ils
attestent les progrès du peuplement an début de Tépoque mérovin-
gienne. Ce sont les colonies monastiques qui, à parUr du Tii* siéde,
ont le plus contribué à l'œuvre laborieuse de la déforestation qui pré-
para les sites destinés à de nouveaux établissements humains; c'est
à l'action systématique des monastères qu'il faut attribuer l'introdie-
tiou de la culture et de la vie dans ces solitudes boisées. Les moines
défrichaient pour cultiver, envoyaient leurs troupeaux de porcs à la
glandée dans les forêts, se livraient k la pisciculture dans les innom-
brables ruisseaux et étangs, exploitaient le minerai de fer et prati-
quaient une métallurgie rudimentaire. Les argiles et les sables qui
s'ajoutaient aux bois leur fournissaient des matériaux de construc-
tion. Leurs monnstércs, prieurés, chapelles, celles, loges, ménils,
bordes, essarts ont laibsé des traces qui fourmillent dans la nomencla-
ture actuelle des centres habités et des lieux dits. La colonisation (%o>
dalc, surtout à partir du xi' siècle, ne fut pas moins active, et les
« villes neuves » créées par les seigneurs laïcs concoururent à accroî-
tre le nombre des établissements humains.
Au sud de la Champagne, entre les vallées de l'Tonne et da Sereia,
les plateaux boisés (foret domaniale du thurûBU dt Bar g boi$ ds
Saint-Germain) qu'escalade la route d'Auxerro à Trojcs par Ville-
ncuve-SaintSalvo et ^lontigny furent abordés par les moines de
Saint-Germain d*Auxerre et par les chanoines de cette ville, proprié-
taires de la forêt de Oar ou de Montaigu, ainsi que par les Templiers
établis dans la vallée d'Yonne à Monéteau ; si bien que de l'ancienne
forêt de Queue (st/lva de Cauda) il ne reste plus qu¥des bouquets de
bois. Sur le promontoire allongé d'ouest on est qui sépare les rallées
du Serein et de TArroançon, l'ancienne forêt de < Contest » a été ea
partie défrichée par les moines cisterciens fixés à Pontignj sur les
RAotoar (Vonnr, NoTlourna), A««ob (Aab«, Alionain) a« nord dr« plalaet é« TXrm
l'Armaiicc ; C'healc/ (Xubc, C«lrtitti), I^oUg** (Anbe, NadUtU), Ckap^a (AaW, Caep*tX
Trudoi fAaS<-, Vllli«i«cui , Vcndcarrc (AnW, Via-lobrlpi) «ur !»• roaina éf pUtraaa aatttklqi
remarquera <'f.il«-inrnt «|ao In noua qal rérrlrat ans arlflnc f^Mi r~ia~*irT f "r Tnrt inalaa ■■ w§
(Kfeamy, R >urrray. Vanlar, Roarray). ep (Lirry, I)avr«]r, Coa—ttr^jt Cariaey, CkMM»t9j) at •■ f
CJeajny, i'ro^rnj. Erry, C'btMj, Cu^aaiifr, CbemlUj, llârj, Blel(aj), a«»al m ■ — >r< aatna'éflaU f e
«laia la partie d<* la (1iani|iaf i.c Ilainide ronprita entre la* TalMra Sa rVanaa al 4a la SHna, a4 m
f rol».'n Bt d'Iiii portant* • roatrt ài'ê Vépciut roinalna, taadia qaa, aatra la Peina at la Blaiaa, aar laa
•uU fancvux et bo'«('t da D«r rr«t«>« p*aa lungiciapa laa««i*Mlbl<4, la prv4awla>«at aat aa tMwnm w 4aa
nuiua d'oii|;itw crrmaniqnc ou i;alIo-fran«|ar à d«sinencr« aa rawrl (Blainaoait, lUtlgnia— «t, LaaaiS
^onrt, Itluiikoart, < ba«t«-rieuar1, Arn-mWcoart, Hranronrt), ra rll/« (UnlaaTlIla, IManvIO») ataa
■"«l/ier* Rvlunvillirrt, VaoebonTlIllrr*, MorrlIUera, BrmndoaTtUif m), tva» aaaia dé«ljnai
l^aMt^ rv-iuoLtini à une rpoqae aia* dwnia main* aaalenaa.
LA aiaMPAO.X|
50 LA. ciià:upaoxb .
rivn du Serein et par ceux du prieuré des Bontliommei à Ll^y>la-
ChâtclC). Audelà(lcapUîne*d« l'Aniiancc,àl'e«td'£rry, Icafordts
encore «ujoiird'hui preique cuntîguCs de Cusssngy, de Chaourcfl, ds
Rumilly et i'Aumont, <]ui s'ûlendcnt jutqu'aux plaine* de la Seine,
convrant dcB plateaux dépriiuéa et fangeux, Billonné* de ruîuelel* et
cribli-a de Aai|uG* d'eau, constituent un niauif compact d'une super*
ficie de G 000 licctnrea environ. Là, c'est à la fin du xi' ciècle aeule-
lucnt que la culonikation moiuutique aborda la forêt. Les premiers
dèfriclieurs furent des moines reluvant de l'abbaye bourguignonne de
Moletnio, établis par le coiuto Hugues de Clumii>agne à Isle-Autuont
(IWï), puis à Ituiuilly (1 104) et à Jully-sur-Sarce par Ution, comte
de Uar-sor-Seino (1117). Les Tcuplicrs « leur tour créùrcnt des exploi-
tations sj^ricolus à Serres (commune de Moutcaux, Aube) et à Cbaus*
sepicrre, près de Ituuiilly. Les c-oratcs de Clmmpngne suivirent
l'excmplo des moines: des villes neuves furent fondées par le comte
Henri le Libéral àChnource, à Motz-Itoburt (1177), ù VilleneuTe-au-
CUcmin i>rvs de Vusnon (1178) |']. Entre les pkiuci du la .Seine et de
l'Aube, lùuiiK-s.'kfAouremciits infracrélacés, ensoiiticllomeut argileux
(argiles ostréciincs, argiles à plicatules, argiles du gjult), bont mas-
qués par lie vastes plaques do liition, vertiges du séjour prolongé des
eaux sur ce soi iMt|>cnnéable et dépriiué, tout le yay» était priuiitire-
ment recouvert {lar une immense furet d'un seul tenant, que les
cluules do MujL-n Age désignent sons le nom de Oerr ou Dflrvi/S
(pa^s des cbSncs). La forêt primitive débordait sur les plateaux do
calcaire purllandlcn, et, par les bois de Bossican, la forêt de Clairvnux
se prolongeait dans la direction du sud-est, au delà de la vallée
d'Aube, au coiur du p ijs des Lingons. Dès le ix* siècle, les moines te
fixent non loin de la Uarse, à Montiéruiney (S^{7) et sur les terres dé-
frichées apparaissent les vilbiges de Mentreuil, Mcsnil-Saînt-rére ;
puis, les moines do Larrivonr (1137) et ceux qui s'installèrent à
proxinitc des rives de l'Aube, L Radonvitlier* (1080), à Beaulien
(llli), à Basse-Fontaine (1143), continuèrent l'oiuvre de défriche-
ment, encouragés par les èvCquesde Troycs et les comtes de Brienne,
A partir du Xili* siècle, ce sent les Templiers, groupés dans les deux
importantes commanderics de Uonleu (commune de Pïney) et d'O-
rient (commune d'Amauce) qui multiplient les exploitationa igri-
eolet, les tuilerie*, les fonderie*, autant de petites aggloméralïona
•t U(aT-k>4^lwl ((•IM. s», d
LA CHAMPAGNE HUMIDB 51
nouvelles (*). L'antique forêt, aujourd'hui oonaid«rmblemeDt réduite,
a cessé de |K>rter la dénomination primitive de Der, qu'on retrouve
dans le village de Pcl-et-Der (rive gauche de l'Aube) et dans le mou-
lin de la Folic-du-Der, près de Villeneuve-au-Chêne ; on U désigne
aujourd'hui sous le nom de forêt d'Orient, appellation se rapportant
vraiseinblablerocnt au souvenir des croisades et des Templiers, ou à
sa situation à l'est de Troyes. Sur la rive droite de l'Aube, U bande
forestière est interrompue |iar une immense clairière ; de véritables
landes s'êtilcnt si la surface des sols d'allnvions tour Jk tour arides et
fangeux ; aux abords de la rivière, les bouquets de pins et de bon-
loaux, entremêlés de broussailles et de hautes herbes, donnent l'ioH
pression d*un coin de steppe. Une dénomination spéciale, celle de
Rothières, s'applique à ces terres sèches ou une mince pellicule
d'humus recouvre à peine les nappes de graviers du dilttvium(^«
Mais bientôt, a l'est de la plaine, la prédominance des affleurements
argile- sableux et imperméables de l'albien coïncide avec la réappari-
tion de la grande forêt : c'est le Dor qui se prolonge jusqu'à la vallée
de la Ijlaisc ('). Lïi, l'antique dénomination celtique s'est maintenue,
désignant encore aujourd'hui toute la contrée boisée entrecoupée de
f<>.v8C's et par>eméc de flaques d'eau, que drainent les sources de la
Voire. Les premiers défrichements et la colonisation de cette partie
la plus difiicîlement accessible du Dcr remontent au vil* siècle, Ven
GGl, feaini liercaire fondait la première abbaye sur les rives de la
Voire, à l'endroit où s'élrvc l'église du bourg de Montior-en-Der.
Ce monastère (monastcrium dercense, in Deroo) fut le centre d'où
ravunncrent les moines colons qui fondèrent les villages de Robert-
Ma;;ny, Sauvage -Magny, Droyes, Louze, Thilleux, etc, (*)• Les
moines do Beaulieu riverains de l'Aube, ceux delà Chapellc-aux-
riaucbcs, prî's de Puellemontier, les cisterciens de Boulanconrt, les
seigneurs de Beaufort dont la citadelle féodale dominait la plaine au
bommet d'une côte crayeuse, les chevaliers de l'ordre Teutonique éta-
blis à la commanderie de Beauvoir entre Soulaines et la Chaise, con-
1. Lalobk. Cartu'atrcs en divuêt i* Tf^^ea, t. III, p. Ifl, », SI, «t BoVTtOT, itUftn 4»
t. I, p. 317-SM.
S. tA i:oihk^r«. pKf de MoBrille. An nord de Brl^aac, rertbe^a-aoCblér» fUlt éé»l c »4 m X«jm
\Kf foua le noio d«- IVru lu Uovtcria, IVrta Siéra (Bootiot, Hiêt^irt é* Trufm», I, If, SS; II, M, ««
/^>fioMi«air« topiffrn/^tqne à« VAmht, ans uivU RMkUrert IVr1lK-r»-IUtkl4r«).
S. H. TOMHS'K, lx>a A».l-ce dn ipiult A Montlrr-es-lirr (/iii/ltf . Hee. fM« S' aéi1«, t. lit, ^. M).
Àa Mojrru Aicc, Lvai«>, vlllace da Dcr, porUU le noin 4e Lotoe* (rilU^
4. UooiLLr.rADi, Uê V'.imtêdM Per. iu-« •. Cliaumoat, lSi5, et Lauo— , Cmrlmlmir^ J« it—êêt é»
Troytê, t. m, p. IL, et IV, p. XtV, XSII, XXIY, S, I», lit.
\
52 LA CHUIPAGXE
tjuuircnt let ilcfrîclieincDt* et la colonisation eotrepriae par !«• pro-
loicrt tuoioca du Der.
C'est ai&ai que t'ouvrent aujourd'hui, au cœur inEme du Der, de
Tutea clairière*, prairies liumides que aillonucnt des rnEtsetets aux
eaux Iroublca, alternant avec des champs cultivés où s'ébattent aprèa
la nioifson des troupeaux de porcs et de dindons. Le sol suinte partout
dans le Der, les eaux a'amaatent dans let moindres dépretsions et une
tnextricaUc régctation aquatique, repaire des oiseaux d'eau, envahît
ce* étang* aux rives indécises, à la fois rL-scrroirs de poissons et d'ha-
midtté. Ainsi s'explique la formation Je cet nappes de buéea qui
flottent en toute saison sur les cimes onduK-cs des grand* buis, irapri-
tnant un clianne particulier aux borizons K-gèrcment voilés de la
contrée.
Au nord du Der, la grande forât a'éclaircit; entre les coteaux qui
frangent la bordure des plateaux cravcux et lo cour* de la Marne
qui limite les plaine* alluviales du Perthoîs, l'horison se découvre
peu & peu j le* bois ne recouvrent plus, par bouquets, que le* sol* le*
plut ingratt (boit de l'Argcnlolle, de Larzïcourt, de Dussy, do la
UuC-pivrc) ; aux Approches de la Marne, des ligiict de peupliers a'en-
trf civiscnt dans les prairies, révélant la prétence d'un tous-sol Imper-
wèable : au Urr succède le Bocago Champenois qui s'ùtcnd à la base
de* |il.-ili.-aux cravenx jusqu'aux environs de Vitrj-- le- François.
Le dùbuitcuient du la Cbam]iagnâ Humide s'est poursuivi avec con-
tinuité jusqu'au XVII* sii-cle, et avec une intensité parliculiùre partout
uù, sur les versants bien exposés, le *ul pouvait se pK-ter à la culture
de la vigne. Dan* la r/gion de la Voire, et jusqu'au val de la Slame,
le développement de l'industrie métallurgique entraîna mena une
exploitation abusive, au puint que, sous Louis \IV, let intendaôts
de Cbaïupagnc durent rtclamer nae réglementation prolectrice du
domaine furesticr (').
De nus jours le déboisement a cessé, le régime forestier étant la
meilleure utilisation du sol dans la plus grande partie de U con-
tK-e ('). Les grande* forêt* n'ont pot été c<mterTéet, comme dont
certaines parties de l'Ua-de-Fntnce, pour la chaste et le* agrémenta
de la vie seigneuriale; elles doivent uniquement leur conservation 4
ce fait que, dan* ta Champagne Humide, l'aire du territoire cultivable
1. o« amMu, c>n«r**'*M> <h rtuMinn ««•.mi. iil, ■■ t».>M i r, OUh
Lk CHAMPAGNE IlUMiDB 53
est trtfs limitée partout ou les limons superficiels font défaut. Si les
assises du néocomien inférieuri ob les éléments sablonneux sont en
proportion suffisante, fournissent d'excellentes terres à céréales, dési-
gnées sous le nom iVherbues, les argiles ostréenneS| les argiles bigar*
rées et les argiles à plicatules, plus ingrates, sont vouées par la nature
à la vcgétiition forestière. Il en est de même des argiles à lumachelles
dont les afllcurements constituent les terres dites de yèvres (*). Les
terres sableuses (sables verts de l'albien) manquent de consistance, se
laissent raviner sur les pentes, absorbent trop rapidement les engrais
et « coûtent cher à nourrir ». Enfin les argiles du gault donnent des
terres fortes dont la culture est difficile, l'exploitation coûteuse, ajant
l'inconvénient de ne renfermer qu'une quantité insuffisante de car*
bonate de chaux et de décomposer très lentement les engrais*
Un des traits caractéristiques de l'économie rurale dans la Cham*
pagne Ilumide, c'est la rareté du vignoble, la prédominance de la
prairie naturelle ou artificielle sur les autres cultures. La vigne qui
tapisse les versants rocailleux dans toute la sone oolithique bourgui-
gnonne n'apparaît plus ici que sporadiquement sur le flanc de quel-
ques coteaux constitues par les calcaires néocomiens ou la roche de
gaîze, et ex]>oscs, par leur situation, à une insolation suffisante. Cest
moins aux conditions |)articulière8 du climat qu'à la nature même du
sol, Iiunnde et froid, qu'est due cette disparition du vignoble. Fkr
contre, les sols jirofonds et frais de la formation infrucrétacée sont
cxceptionnclienient favorables aux herbages et prairies artificielles.
Trop souvent, il est vrai, dans les vallées, les prairies mal assainies
ne fournissent qu'un médiocre fourrage; des drainages s'imposent
pour améliorer les conditions naturelles de la végétation herbacée
et maintenir, par la sélection des espèces, la valeur fourragère des
herbages. Par suite de la fréquence des inondations, les troupeaux ne
pâturent dans les prairies que pendant quelques mois de la saison
chaude ; c'est le foin coupé qui alimente surtout le bétail à l'étable.
Le mouton, qui prospère sur les plateaux bien drainés de la sone ooli*
tliique et du terrain de craie, est rare dans la Champagne infracré-
tacée où l'excès d'humidité du sol lui est nuisible (*). La cultiva-
1. LSTM««IB, 8Ull»t. géot. et VA»U, p. U.
C«t^nne de • Tévre •, «{«'on r«>neunir« fréqaeameat daa» U «oacarUtar» gé^gntpkl^v* êm W
Yr%nte %o%9 1<-» fonnf ■ anltiplr» d« rolTra, rabre, varr«, yKt>%vft «U^ dérir* <*•■ TMaM* Irèa pt».
bablctncut d'origine erltlqafl détiffaaat na lloa bolad. Cf. Oàixotc, La Wwirrt... (^M«t. 4«f#«fr^
15 mal Jf3l, p. Sl»-21l). DsDt «ne ehari* da eomto Oantlcr de BrIeM* à rabbnf* é« BMM-rMHalas
(lit* il^le), U •%{ qoesUoû d*aa« for^t d« V«Tr« {mtmmt 49 Wtwrt). (Lambb, CmHmUirm dm êtmtém
^rr«y««, III^It,7l.)
t. Brb«SÀBD ramvqaait qa«, daas e«tM riffoBf 1« mo«t«tt «eatraeUlt avM «M JlyloimM» fÉrflUé
\
■•^«wa
54 Lk CH1MPAG.VS .
tenr cliatopcnoU le conMcre de prùfirence à l'élevage dugnubéUil;
<Ic« b«cufi proveniuit du Morran et du Kîrenutis «ont eiaployis au
IriDsport dei Iwii; lea rachei lailièrct alimentent partout une indni-
Irio froiiiagi;ro tri-i active, c)ul, en dviiori de la ronsommatioa locale,
entretient un cunmicrce auics coniidéralile avec les contries vtn-
■inei ('). Cette abondance du fourrage explique égntcment te dérclop-
pcmont de l'élevage du clivval, partie u lie- renient dajii la régioD du
Der, dan* Ica prairies de la Lainci (environ! de Louzo) et de la Voîn
{cnviront de ttonticr-cii-Der). La création en 1808 d'un dépôt d'éla-
lona à Mouticr-en-Dcr, aur l'emplacement môme du mona*t«r« de
Saint-Rcrcnire, a donné une vive impulaîon à cet étovage dans une
contrée où lea difficultés de l'exploitation du soi exigent de puistanU
attelais. C'eft ti l'aido des étalons du ilépGt de Monlier-en-Der, ré'
]>artit annuellement dans les noniUreuscs atalioiia des di-parteracnta
circonviiiains, que l'ailminiatmtion s'elTorce d'améliorer les racca indt-
ginet abiltnrdies. Muis il <^st difficile de eoncilier les intérfls pnrticU'
lier* de* éleveur* et cullivnteurs qui réclament do robuste* chevaux
de trait arec le* exigences de l'administration, plulût fAvonble à la
produetiun du cheval d'armes; do telle Korte quo la population rbe-
valino du Der et dea pajr* voisin* e*l encore trî-a hétérogî-ne, réan-
iitant le* ciraett-rcs combinés de l'upî-ce locale aux proportions asscs
grêles, du gros étalon rouleur belge ou flamand, du cheval percheron
et même du boulonnais (*).
Le mode de groupement de la population et le* condition* gé-
nérale* de l'habitat *ont tK-* caractéristiques dan* la Clumipagne
llaniide ; le site des éublisscments humains, la forme, la structure
individuelle et le mode d'aménagement des constructimi* *ont tout
autres que dans la zone jurassique. An lieu do s'agglomérer en masses
plus ou moin* eompactca dan* le fond dea vallée*, sur la flanc dea
coteaux où affleurent le* naisses souterraines, les centres habités de
la Cliampngne Humide sont disséminés, sans ordre apparent, toit le
long de* riviC-res, *ait k la *ur{*ce de* plateaux et jusqu'au eaur de U
foréL Leur localisation dis)inrate est due surtout à la multiplicité des
niveanx d'ean et des source*. Ain*i s'explique la di*pcrNon de U
_ iBllMt». tM4«ll«
LJL CHAMPAGNE IIUMIDB
53
est très limitée partout où les limons superficiels font défaut. Si les
assises du néocomien inférieufi oh les éléments sablonneux sont en
proportion suffisante, fournissent d'excellentes terres à céréaleSi dési-
gnées sous le nom d'herbues, les argiles ostrécnnes, les argiles bigar-
rées et les argiles à plicatules, plus ingrates, sont vouées par la nature
à la vcgétiition forestière. Il en est de même des argiles à lumacbelies
dont les afficurements constituent les terres dites de ¥è¥res Ç). Les
terres sableuses (sables rerts de l'albien) manquent de consistance, se
laissQUt raviner sur les pentes, absorbent trop rapidement les engrais
et c coûtent cher à nourrir ». Enfin les argiles du gault donnent des
terres fortes dont la culture est difficile, l'exploitation conteuse, ayant
Tinconvénient de ne renfermer qu'une quantité insuffisante de car-
bonate de chaux et de décomposer très lentement les engrais.
Un des traits caractéristiques de l'économie rurale dans la Cham-
pagne llumide, c'est la rareté du vignoble, la prédominance de la
prairie naturelle ou artificielle sur les autres cultures. La vigne qui
tapisse les versants rocailleux dans toute la zone oolithique bourgai-
giionue n'apparaît plus ici que sporadiquement sur le flâne de quel-
ques coteaux constitués par les calcaires néocomiens ou la rocbe de
gaîze, et exposés, |jar leur situation, à une insolation suffisante. Cest
moins aux conditions |)articulièrcs du climat qu'A la nature même do
sol, humide et froid, qu'est due cette disparition du vignoble. Par
contre, les sols profonds et frais de la formation infracrétacée sont
exccptionnellcraent favorables aux herbages et prairies artificielles.
Trop souvent, il est vrai, dans les vallées, les prairies mal assainies
ne fournissent qu'un médiocre fourrage; des drainages s'imposent
pour aiiiéllurer les conditions naturelles de la végétation herbacée
et maintenir, par la sélection des espèces, la valeur fourragère des
herbages. Par suite de la fréquence des inondations, les troupeaux ne
pâturent dans les prairies que pendant quelques mois de la saison
chaude ; c'est le foin coupé qui alimente surtout le bétail à l'étable.
Le mouton, qui prospère sur les plateaux bien drainés de la sone ooU-
thit^ue et du terrain de craie, est rare dans la Champagne infracré-
tacée où l'excès d'humidité du sol lui est nuisible Ç). La cultiva-
1. Lbtmckis, Statut. f4pl. et VAnU, p. §•.
C« t4rnBc Û9 • rèrr* ■, iia'oa rf»Beontr« fréqneoimeot daaa U ■o»««cUt«rt gé^grAplilf IM éê I»
Kraaec «oai l«-f tarmct maltiplri d« rolwn, rabre, vatt», wo^vr*. «te^ d«rtT« 4*«b tomM* trè« pt^
bablcmcut d'orlirlne eeltlqafl détlfaaat ■■ !!«■ boisé. Cf. Oàixoïc, La WwSm... (^M«l. tf«|
15 mal 19)1, p. tl»-tl I). Dasa aac ebart* da eomta OanUer d« BrirMe à Tabbagr* 4«
(xii* siècle), U «tt qoeaUoo d*aa« torit da Vèvra (mtmmê de ITcrrv). ILaboaftr Cmrtmimin» dm
d« rrajr««, III, 11, 71.)
t. Bcb«KAio raanarqoalt qoa, daaa catM réftoa, !• mostoBeeatnctalt avM «»• Sép tonAU
\
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54 L\ CHAMPAGXB
leur cliampcnoit se consacre de préféreDce à l'élevage du gros bétail;
des bœufs provenant du Morvan et du Nivernais sont employés au
transport des bois; le^» vaches laitières alimentent partout une indus-
trie froiiiagère tK'S active, qui, en dehors de la consommation locale,
entretient un commerce assez considérable avec les contrées voi-
sines ('). Cette abondance du fourrage explique également le dévelop-
pement de Télevage du cheval, particulièrement dans la région du
Der, dans les prairies de la Laines (environs de Louze) et de la Voire
(environs de Montier-en-Der). La création en 1808 d'un dépôt d'éta-
lons à Montier-en-Der, sur remplacement même du monastère de
Saint-Bcrcaire, a donné une vive impulsion à cet élevage dans une
contrée où les difficultés de l'exploitation du sol exigent de paissants
attelages. C'est à l'aide des étalons du dépôt de MontierH.*n-Der, ré-
partis annuellement dans les nombreuses stations des départements
circon voisins, que l'administration s'clforce d'améliorer les races indi-
gènes abiltardies. Mais il est difficile de concilier les intérêts particu-
liers des éleveurs et cultivateurs qui réclament de robustes chevaux
de trait avec les exigences de Tadministration, plutôt favorable à la
production du cheval d'armes; de telle Korte que la population che-
valine du Der et des pays voisins est encore tW*s hétérogî*ne, résu-
mant les caractiTCS combinés de l'espixe locale aux projwrtions asses
grêles, du gros étalon rouleur belge ou flamand, du cheval percheron
et même du boulonnais (').
Le mode de groupement de la population et les conditions gé-
nérales de l'habitat sont très caractéristiques dans la Cliampagne
Humide ; le site des établissements humains, la forme, la structure
individuelle et le mode d'aménagement des constructions sont tout
autres que dans la zone jurassique. Au lieu de s'agglomérer en masses
plus ou moins compactes dans le fond des vallées, sur le flâne des
coteaux où aflleurent les im|ipes souterraines, les centres habités de
la Cliampagne Humide sont disséminés, sans ordre apparent, soit le
long des rivières, soit à la surface des plateaux et jusqu'au cour de U
forêt. Leur localisation dis|iarate est due surtout à U multiplicité des
niveaux d'eau et des sources. Ainsi s'explique la dbpersion de U
I. Lf ! » ■■■ < »■ é» SwUmUa, S*Srv7 «t S» OMwrf l|rr«liiM 4« rAfawQ •m
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U CKAJIPA&NE Hb'UlOB
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populalioD dans de nombreux hiraeaux, fennea et écarts aux al«n-
tour* des villages. C'est leulanient à la lisière du temin de craîe,
sur la ligne d'nfflcurcmcnt d'un niveau d'eau partie ni iêremcnt impor-
tant, que nout Gonstitons un groupement spécial des villages sDivant
un alignement régulier. Au lien de m presser les unes contre les
autres comme les montons d'une bergerie, séjMirjes par de* ruelles
élroitt^s et tortueuses, aux pentes parfois niides, comme dans la Bour>
gogne ou le Barrois, les niaisoas des villages champenois s'étalent
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d'onlioaire en terrain pUt, alignées régulièrement le long d'un»
grande rue centrale, Képarécs le plus souvent les unes des autres par
des conrs fermfcs, des haies vives, des bouquets d'arbres on des
pctiu vergers. Le long des affleurements du néocomien, et à proxS-
loilé dis belles cnrrii-res oolithiques, les maisons en pieirea jaanâtrva
sont encore nombreuses ('); mais, en plein pays ebampcDoi», la rab-
tlitution du bois, du torchis et de la brique à la pierre eet tont à fait
I (airain t (rUalf*!* ••
M
Li. CHÀUPAONB
tjrpiquA. htM cluupentei en bou aoiit remplie* par un torckii, blanchi
eztérieanmeBt à U ctiaax, on gtrni, comme d«n* le Der, d'iianvite-
ment da plwjueUM de bois, de lattei aapcrpoiiei en fonue d'écaiilea,
dealinies & conjurer lee effeti des intempériu; le* toiti , precque pUU,
àriUlieDne,aontcourerUde tuile«ereiu»;parfoi( de Urgci auvent*
proéminenU abritent de* ta* de boi*, dei botte* de baricoU en cosie*
oa d'oignon* aeerocltéec anx façade*. Le* grangos, remiar* et écurie*
■ont gia«ralement distincte* de l'habitation. Le* tas do funiicr* nau-
^r ^y?m\r^ __
•éabond* qui, dan* le* TJUagc* lorrains, s'alignent deraat les maiaono,
ofc bAtes et gens rirent pour aind dire porte à porte dan* ana promi»*
cnité malsaine, di*parai**ent en Champagne derrière les babitatlona,
on ■'{talent an milieu d'une cour inlérieore. Les rae* pin* larges,
plaa aérée», plu* propres et motn* encvubréc* sont d'une clreulatioB
facile. Par ountra, les ruiasclets anx eaux Ttvea, les belle* foataliiw
jaillissante*, principal ornement de* rue*, places et cairefonn dans !«•
villages bourguignon* et lorrains, sont remplacés en Champagne par
LÀ CHAMPAGNB HUMIDB
57
de8 fossés bourbeux ou des mares croapissantes. Vas de Wn^ k lliori*
zoD, arec leurs maisons aux toits rouges enfouies dans la rerdure des
vergersy au milieu desquels culmine la flèche élaneée d'un clocher,
les villages de la Champagne Humide offrent un contraste frappant
avec ces amas de pierres grises ou jaunâtres qui représentent les
agglomérations rurales de la zone jurassique.
La Champagne Humide est faiblement peuplée parce qu'elle est
une contrée csBcntiellement forestière et agricole. Les bois constituent
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Rsi.loitatloB nartU da typ^ ao4«nio à Montblêraalt, yri-» d'Krry (Anta); te WlfM «1 te
foUtl'utol «a boit et an torelili; k» eluiaiM tllapanli des t«lt«i«a c— T trt t a — teika; Im éèpet
MSI ftAparvca de l'habltattoa ca r«çad« «ar la rae, «1 aaTirasav* d'as» «a«r aatloM mm
une source de revenus très importante pour les communes, qui se par-
tagent avec TEtat la propriété des anciens domaines monastiques ;
les produits do Texploitation forestière sont expédiés tous forme Ab
bois de chauffage ou de bois d*ceuvre dans la Champagne Pouillonae
et jusqu'à Paris par le canal de Bourgogne et la rivière d'Yonne ; ou
bien, transformés sur place en traverses de voies ferrées et surtout en
poteaux do mines, ils s'exportent vers les houillères du Nord et de la
Belgique par les canaux de la Marne. En général^ les industries da
\
58 lA CHAMPAGNE . :
boit aont peu déreloppées ; «î les petites icierics sont nombreases, les
grande! tuînea traniformant le boit sont rares par suite de l'irrégula-
rité de la force hydraulique fournie par les cours d'eau torrentiels de
la contrée. On tire du sous-«ol une grande variété de matériaux utilisés
par l'industrie. Les argiles du gault auxquelles le géologue Leymerie
a donné le surnom significatif d'argiles < tégulines » alimentent de
nombreuses briqueteries et tuileries. L'industrie céramique était jadis
très active particulièrement entre la Seine et l'Aube ; mais les vieilles
faïenceries de Radonvilliers et de Matkaux (Aube) ont disparu ou ont
été transformées ; Vendeuvre-sur-Barse a conservé sa c sainterie » qui
livre aux églises des statues et des chemins de croix. On tire encore
des sables verts de Talbien et des argiles bigarrées du néocomien la
matière nécessaire a la confection des briques réfractaires et des
<:reusets pour les verreries et les fonderies. Quant à Tindustrie métal-
lurgique, dont les moines paraissent avoir été les initiateurs dans la
contrée, elle a émigré et s'est concentrée dans la Haute-Marne. Des
argiles bigarrées du néocomien on tiro une limonite finement ooli-
thique exploitée irrégulièrement aux environs de Vendeuvre, Champ-
•ur-Uarse, Villy-en-Trode, mais non traitée sur place ; il n'y a plus
dans la région que des mines abandonnées et des forges en ruines ; il
faut aller jusqu'aux confins du Der (Somme voire) pour rencontrer des
fonderies en activité.
Ainsi s'explique, faute d'une grande industrie locale, la dissémina-
tion et la densité relativement faible de la population dans la Cham-
pagne Humide, fabsence de centres urbains de quelque importance.
Les villes se sont formées plutôt k distance des grands massifs fores-
tiers, dans les vallées profondes sur les confins de la zona oolithique,
et elles appartiennent à la basse Bourgogne et au Barrois, comme
Auzerre sur l'Yonne, Chablis sur le Serein, Tonnerre sur TArmançoii,
Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Vassjr sur les rives de la Biaise, ou
bien à la lisière du terrain de craie, comme Joigny, Troyes et Vitry-
le -François. Les cantons les plus déshérités sous le rapport du peu-
plement sont ceux de la contrée du Der et de la rive gauche de la SeiDe
où la forêt couvre encore des milliers d'hectares ('). Certaines corn-
munes aux alentours des forêts de Rumilly et d'Aumont et dans la
plaine de Brienne ont une densité de population inférieure à 15 habi-
tants au kilomètre carré et constituent des agglomérations minusculas
I. to liSS, U ê fm Ê iM é s» te f ■ yUtf i» ê^M S— Iw — •— S» t ■ — kl att, Si»Tl CbaMff««» SM |
rmmfà0%w99, H^i L-iç^, Si» > «<>— , SS^t M tllw n D tr, S4
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I
LA. CHAMPAGNE HUMIDR 59
dont lc8 elToetifâ n'atteignent pas 100 Iiabîtantt. Dans cette partie de
la Cl)ainpn«^ne Uuinidei les centres les plus populeux ont Taspeet
franchement rural de simples marchés agricoles ou la vie ne circule
qu'à do rares intervalles : Monffer-en-Der-Ceffbncfs (2 237 habitants),
avec ses petites maisons basses, toutes pimpantes de couleur fraîche,
environnées de jardins fleuris; Brienne (1753 habitants), qui déve-
loppe sa longue rue principale, à l'instar des bourgades diampe-
noises, au pied de la butte de son château historique ; Vendeu¥re
(20G8 habitants), antique oppidum celtique dans le vallon de la
Bar^e, entouré de coteaux couverts de vignes et de vergers, sur les
contins de la forêt d'Orient ; Chaource (1 166 habitants), Tanden
Cadusia de l'époque franquo, encore à l'écart de toute voie ferrée ;
Ervy (1 460 habitants), vieille bastide où la populaUon s'entasse sur
un étroit promontoire aux flancs escarpés, dominant les grasses prairies
de l'Annance. Tous ces petits centres n'ont pour eux que les vcstigea
de leur passé lointain, monastique ou féodal.
Au sud-ouest de l'auréole infraerétacéc, les conditions générales de
riiabitat se niodiflent Kcnsiblement. La déforestation est plus avancée,
sur un sol moins rebelle si la culture. La fertilité exceptionnelle des
vallées de l'Yonne, du Serein < opulente comme une petite Beauce »
et de l'Armançon, où les grandes exploitations agricoles sont nom-
breuses, coïncide avec une densité plus forte de la population (*).
L'Yonne, le Serein, et surtout TArmançon, dont les vallées sont
des voies naturelles de grande circulation entre la Bourgogne et la
région de Paris, ont fixé la population le long de leum rives attrayan-
tes a remplacement des ponts et aux stations de batellerie. Les prin-
cipales agglomérations : Seignelay sur les rives du Serein (1 124 ha-
bitants), Brienon sur l'Armançon (2 725 habitants), Saint^Ftorûntin
(26G1 habitants) au confluent de l'Armançon et de TAmiance, eon-
servent dans l'agencement extérieur de leurs constructions le cachet
urbain caractéristique des centres bourguignons. Ce sont de gros
marchés agricoles bien desservis par les voies ferrées ou par le canal
de Bourgogne (*).
1. Sur U rirbrtae axrtcc4e U cm taU^m, cf. J«mmmt ^«f rimlfiirt, t99S, p. 91% iSê ;
MABRT. roy«f« •« Pramtt, S5« srri*, p. SIS. Lm fnr» fl«lil««*M, §■«• «1 JMUiâtrM,
champ* d« Me, qui •amotticnt Ici Mblr« rertc anx «nvlroM éé SalM*PtorcMlB, MNrt
!• Boin d« • Bcaarc* ». LcTMsnB, 8t0tM. fM. 4t rr*«ii«, p. ISS, 47t. Ba ItaS, la
popalatloa ^uit, «Uaa lea eantana de : Ploffaj. 97,4 ; Errj, 40,4; SHffMtej.tS^S; Hatot-FlawilB^Si, t.
t. VotM friTéci d« l*.-L..M. par U ralMa Sa riraMBÇoa, Sa Laraeka à Uila-Aafel/ Um te
da Sertia, da Salat-noranUa à Ti^jaa.
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60 LJk CUAMPÀGNB
LB PATS DU PER : VALLAGB
La petite vallée de la Biaise, depaia Courcclles jusqu'à soa con*
flaeDt avec la Marne entre Larzicourt et Arrignjr, marque la limite
du Der et de la Champagne Humide proprement dite. A l'est et au
nerd de la Biaise, jusqu'au rai de Saulx, la formation infracrétacée
atteint son maximum d'extension ; mais les molles assises de l'albien
•ont loin d'aroir iei le développement qu'elles présentent dans le
Der ; les lignes du relief apparaissent moins indécises ; les accidents
du terrain qui se multiplient, les tlialwegs qui s'encaissent révèlent
une plasticité moindre du sous-sol et des conditions de sédimentation
plus complexes. Si la forêt est encore la note dominante du paysage,
les terres rougeâtres, quoique fortes, sont moins humides et les étangs
deviennent rares. Les affleurements du néocomien, ))articuliérement
développés, débordent dans la direction du sud et do Test, dissémi-
nés en lambeaux épars à la surface des plateaux portlandicns ou inter*
calés dans lesanfractuosités du subtftratum oolithique ; on les retrouve
jusque sur le plateau qui sépare les vallées de l'Ornain et de la
Meuse, près du village de ReflTroy (Meuse) entre Ligny et Vaucon-
leurs. Sur ces conBns de l'auréole infracrétacée, la Champagne et le
Rarrois se pénètrent pour ainsi dire ; le sol se redresse à plus de
300 mètres (314 mî-tres prîs de Komécourt, entre Biaise et Marne) et
les profils du relief s'accusent à mesure que les affleurements du cal-
caire portiandien, entrecoupés \^r quelques failles, deviennent pré-
dominants. Aux approches des vallées principales (Biaise, Marne,
Saulx), les plateaux sont tailUdés par de nombreuses écliancrures
aboutissant à des ravins ou des valions étroits et sinueux. Sur les
comicbes calcaires, les bois de sapins alternent avec les friches pier-
reuses, tandis que les vergers et les vignobles tapissent les pentes oii
sVtttassent les ébonlis. Cea formes topographiques aux contours rigi-
des qui font pressentir le modelé sculptural si net de la lone oolithique
s'expriment dans l'appellation locale et toute moderne de Vêllêie qui
a remplacé ici l'antique dénomination purement historique de Per-
thois, imposée par les géographes du xvii* siècle (*).
Partout oh les affleurements argileux ont une extension un peu
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LE PAYS DU FKR : VALLAGB 61
considérable, la forêt s'empare da toi et son domaine a été partielle-
ment respecté. Entre la Biaise et la Marne, les argiles à plicatules d
les sables verts portent encore la belle forêt du Vàl, aa cœur de
laquelle lo prieuré d'Epineuseval a donné naissance au village de
Villiersaux-Bois. Sur la rive droite de la Marne, les grands bois de
Fontaines, de Moricy (1 060 Iiectares), de Montiers (1 955 hectares)
et de Ligny (1 854 hectares) forment le trait d'union entre les forets
champenoises et celles du Barrois ('). A l'est de Saint-Disier et des
plaines de la Marne se dresse le massif du Vâltiermont, véritable for-
teresse naturelle, à l'extrême fionliî*re de la Champagne, présentant
du côté du Barrois un talus escarpé qu'escalade la route nationale de
Nancy h Paris par Stainville et Saint-Dizicr : il y a là un fossé déter-
mine par une faille longue de 17 kilomètres environ et jalonnée par
les villages de Fontaines-sur-Marne, Xarcy, Cousances, Sommdone
et Baudonvilliers; de belles sources jaillissent et des étangs s'étalent
à la base de l'escarpement, sur les couches imjierméables qui tapis-
sent la K-vre inférieure de la faille (*). Ce bastion imposant, large de
8 kilomètres d'ouest en est, long de 10 kilomî-tres du nord au sud,
est délimite au sud par le couloir de la Marne et contourné latérale-
ment par le ravin de la Cousances et celui de l'Ornel qui, à la liaa-
teur du village de Chancenay, livre passage dans une échancrure
rocheuse lila voie ferrco de Saint-Dizier à Kevigny. Les dislocations
qui ont eu pour résultat la formation d'un gradin escarpé sur la bor-
dure orientale du Valtiormont ont eu leur répercussion à la surface
du plateau ; toute la partie centrale s'est effondrée et les diaclases du
sous -sol calcaire ont facilité le creusement par Jes eaux de puits na-
turels et de galeries : ainsi le gouffre désigné sous le nom de trou des
Sarrasins aux environs d'Anccrville(*).
Une large clairière complantéo de vignes et de. vergers a été
pratiquée dans la partie centrale do la forêt du Vêltiermont
(11 10^ 30*), et c'est là, le long de la grande route, que s'est formé
le bourg d*Ancerville (1 888 habitants), dont les massives constnictiont
de pierre s'entassent en amphithéâtre sur les versants d'un petit ravin.
1. 8ur rrxt<usloB prliiiltir« «t aetuella de cm foréta doat le d^frlcbenrat pailM fwt a 4 1>
nliatlott niniiMtl'ino et a rté aeet'lérf par l'rxplotiAtloB mlalrr» et ki 4êv«l»ppea«at d« la aManarfl»
•la. t la routivr, cf. O. TocK9Ai>r, L«« ForéU et U kauU rmVie et rOmmim al 4» irnSmutr,^^,
bar-lc-Dnr, 1«1>8. p. t, li-19, 2«-.5, 5«, «1, 2Vl-S«l, S7f, t#4, SM-l«a, 337, 4tl-4«S.
t. Le table vert riplolto ptiê da liatnraa dn la Ho«p«tte, à prosimlté d« 1« nmtm 4» 8ai»t4W y »r ,
c«t à VJi niùint. Uodla f|ne !•• ralrair«« pwrtlandlciia •■rploail»rat à 21% rnUrf (DWMSAKS, ÊêatUt,
fijl. it U J/fu**. p. S6, et y.'NlM. d« l« Spr. gé-^l., f êirim, t. XIIL p. SS3).
S. Uofioa-BB, Statut gé0t. cTf Im iifnêt, p. 400-101, «t itmtUt. et l« St, et êfU i m hf it, jMV.-aan
IStt. V
62 lA CHàMPAONB
Ao nord du vallon de TOmel, la Uaode infracrétacée «'élargit do
nouveau : un niaMif plut étcnda que le précédent apparaît : c'est la
furet de Trois^Font&ines couvrant un plateau bombé largo de 16 kilo-
nu'trct environ, qui plonge doucement du côté de l'ouest vert les
plaines de la Marne et que contourne ù l'cbt et au nord la vallée de la
Saulx.
Les failleS| qui se ramifient et s'enchevêtrent ici dans tous les sens,
sillonnent le plateau de ravins découpés dans le soubassement cal-
caire ; celle do ]Karcy se prolonge obliquement à travers toute la forêt,
depuis Baudonviilicrs jusqu'à Sermaize ; Tanticlinal qui traverse tout
le Jiarrois par Xançoitf-le-Grand, Tannois-sur-Omain et que coupe la
vallée de la Saulx à Robert- Es|)agne, reparaît dans la forêt près de
Cbeminou (*), ojiéraut une distribution divergente des eaux vers la
Saulx (BruxenoUe) et vers la Marne. La forêt domaniale de Trois-
Funtaines, dont la superficie dépasse 5 000 liectaros, est Tantique
Litjurîum »ycra^S77)ou Sylca Lu/z (1103), qui dêbordiit jadis jusque
dans les plaines de la Marne (*). \jk beauté des boi^, rab«»ndaDC0 des
sources, des ruisseaux et des étangs, la présence de gisements fcrru-
;;ineux et de bons matériaux de construction attirèrent les moines
défricheurs encouragés par les comtes do Champagne. A la fin du
XI* siècle, dos moines sont déjà fixés à Sermaize, au nord de la forêt ;
au xiT siècle, les ci»tcn-ieus s'établissent dans le vallon de la Bruxe-
nelle, à Chemiifon (1110) et à Trois-Fontaines (lUS), tandis que
les Prémontrés fondent une abbaye dans la vallée de la Saulx k
Jeand'heurs (1143). Mais la partie centralo de la forêt n*a guère été
entamée ; un seul village, Cheminon ( 1 008 habitants), et le hameau
de Ttoi$''FontBinôS se sont formés dans une grande clairière au
milieu des vergers et des cultures, sous la protection des abbayes
aujourd'hui disparues.
Toute cette portion de l'auréole infracrétacée, aux contours flot*
tants, est donc géologiquemeut assez hétérogène. Quatre psys s'y
trouvent contigus : le Der, le Rerthois, le Vallâge et le fiarroîs«
entre lesquels les difl'érenccs d'aspect sont marquées, tantôt par de
brusques contrastes, tantôt par d'insensibles transitions. Mais l'en*
semble tire son unité de conditions économiques spéciales. L'exploi-
tation des forêts et Tagriculture, bien qu'occupant encore la majorité
f . ÎJi gmrmmf et l>mS««, à f — r« i ém vUIam* àr V tMWfvr »- L M^ marn»* reg w U— yH»IMr«
rtertraa» UOi émm» Im fkmlmf é» U Uénr, Cf. XAa»-Vuu.f • Smm HmtfH. 4» f^^fr. kim^. «t à
tfi^^ «Méa IJSt, ^ ftSi^.
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V
LK PAYS DU FER : YALLAGB G3
des habitants, le cèdent en importance à re^traction des matériaux
du 80U8-soly pierres h bâtir et minerai de fer. Ce sont les carrières,
les mines et la métallurgie qui régissent le groupement ainsi qne
les mouvements de la population dans cette partie de la Champagne
infracrétacée, particulièrement favorisée sous le rapport des voies
de transport.
L'abundance des pierres à bTitir extraites des bancs compacts du
calcaire i)ortlandien (carrières de BrauvillierS| Chevillons Savonnlèrea
et Auluois-en-Perthob [*]) se manifeste dans l'aspect massif des cons-
tructions rurales qui contrastent avec les chétives habitations de bois
et de torchis, caractéristiques de la Champagne Humide. Si le mine-
rai de fer, dans l'état actuel de l'exploitation, n'est pas une source
de richesse bien considérable, c'est sa présence qui suscita jadis l'in-
dustrie métallurgique et qui explique sa survivance dans tonte la
contrée.
Indépcndaiiimeut du minerai de fer à grains très fins qu'on ex-
ploite aux environs de Vassy (Voillccomte) à la base des argiles à
plicatules (aptien) et dans les couches rougeâtrcs des argiles bigarrées
(ur^onicn), on rencontre, sur tout le parcours des afHeurements du
néoconiien inférieur, au-dessous des couches sableuses superficielles,
un puissant dépôt de minerai de fer géodique('); les innombrables
aiifractuusités et entonnoirs dont* sont criblés les plateaux portlan-
diens eu sont remplis, priuci[)alemeut entre les vallées de Marne et do
Saulx. Les contours de cette zone minière, qui se prolonge jusqu'au
cœur du Barrois, sont indiqués par une ligne sinueuse joignant les
villages de Xoncourt, Uibcaucourt, Biencourt,- Tréveray, Reffroy,
Marson, llévilliers, Fouchères, Aulnois et Bettancourt,
Les centres métallurgiques sont rép«artis aujourd'hui en trois grou-
pes : sur les confins du Der, dans le %*al de BUise, dans la vallée de
la Marne et les vallons latéraux. Dans le Der, l'industrie métallur-
gique a survécu dans Tunique usine de Sommevoire, spécialisée dans
la fabrication des foutes d'ornement (fontaines, statues de jardin, etc.).
Dans le val de Biaise, il y a une quarantaine d'années, tous les vil-
lages depuis Courcelles jusqu'à Allichamps, sur une longueur de
1. IV4 t»rTUr*% de l'tcrr* oe UlUe teinlr* cer«fi<>nt plat 4« 300 o«iTri«n «t Mrt •■«» _
•nuurlU dt paA.ant lUOUUO tonne* ; elle* êout drtMnrics |«r U volo feflTv« d« OM (val *■ lêmnf) à
Nali-M>-o«iirourt^raIloB de rOrnalv^.
:. Uo) SB KT BAMorrr, .V«rir« d< Im rmrle f^otn^ifu* et fa IUmt»-Marm*f p, C7-IS; T»mm«cs, X«I«
• or lc« roi ■ uataraU do l«iTal« portlandleo de U llaaU^Marne (HnlM. f«r. fM.. »• •4ri«, t. Ifl,
p. 1C!«; ; RiOAUD, Lea MIdW rr* de U lUutc-Marne {Amuml. de» A/iut», T* ^rle, I. XIV, ISIS, F- tSs^ )|
Anlrlct de CoRkVBL sur le lerraia crvUcv iDfvricar ém U lU«l*-MarB« {Mém, 4t la Sa*. 4m Uîtrm
« é€ Smimt'DizUr, t. H a; IV). \^
64 LA CHAUPAGNB
18 kilomètrct, étaient animés par des hauts fourneaux et des forges.
Là, tout concourait à la prospérité do l'industrie métallurgique : gîse*
monts ferruginoux abondants aux environs de Vassy, sables blancs du
néocomien extraits prés de Louremont pour la confection des briques
réfractaircs de hauts fourneaux, sables verts utilisés pour le moulage
dans les fonderies. Plusieurs de ces usines ont éteint leurs feux et le
travail du fer s'est concentré à Dofiimar//n-/e-Franc(fonderie-émail-
leric, appareils do cliaufTagei croix), Montreuil (appareils de cliauffiigc,
plaques de regards, gargouilles), aux environs de Vassj à Brousswâl
(tuyaux à liéliccs, chaudières, candélabres i)Our éclairage électrique),
au lempillon et au Pef/NChamp (matériel pour écuries de luxe, gué-
rites en f«*r pour aiguilleurs, tuyaux de canalisation, etc.), à Écltiron
et k AIUchamp$.
Toutes ces usines sont desservies dans la vallée par la voie ferrée
de Doulevant à Saint-Dlzier (38 kilomitrcs) et lo canal do Vassy à
Saint- Dizicr (23 kilomètres) qui vient s'embrancher sur le canal de
la!Iaute-Mame(').
Dans le val de Marne entre Joinvillc et Saint-Dizier, et dans les
vallons latéraux, les hauts fourneaux et les forges sont échelonnés le
long du fleuve et de ses aflluents, qui fournissaient jadis une force
hydraulique précieure, et k proximité du canal do la II.iute-Mame
qui dessert toute la vallée, en concurrcnL*e avec la voie ferrée de
Hiesmes-Chauraont. Bussy, pri*s de Joinville, fabrique des stitues, des
pioccs pour le matériel des chemins de fer, Eurvilh des lils de fer
pour câbles, des grillages et treillages. Gué des |M>intes, Uârnti¥âl
des fers en barres, feuillanls et profiles, le C/os-Morf/er, près da
Saint-Dizier, les clous, ressorts pour meubles, etc. ; dans le vallon do
la Cousanco, à Chamouilley et Cousances^uX'Forgdt, ce sont les
machines agricoles, la carrosserie pour l'artillerie et le train des équi-
pages. Le canal de la Ilaute-Mame apporte à toutes ces usines lo
combustible minéral du Nord de la France et de la Belgique, le
rainerai et les fontes de première fusion originaires de Meurthe-et-
Moselle O-
I r* raaal r^ 9mr9rt 4 te •mrigMlmm Sr^UIS^DaM W wàSlmm 4« r«toim« S» UmcW*»* (r.f.i
U IUal^\ ■• r«r«rrT«4r rallMrstallM a rW rmmtmK S*m« ««fvfScW é» a Wtlww «t 4rmm
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IWI-I«S, iMJTatAaMvtttt^-lf»!, liSfSilMM«.
S. fkir I» hMm ém I» tttH êf Ti«l*.r*«iaiaM. Wt \mmH Imtemu Sa Strarfi». f^ llvf«lwt4M
I*«|M iMttk** 91 éf» W^MMM anèMHM^ «Ml rtrtei* érpmkê iSff. 1^ MtoM é» te SmOs (SMm»-
vttW, DaMmarl*. lV«t-«w>SMU) H 4« rOfMte (AWIstOW, VaU, BM^iotlM) •MMrtMml •■ pMfS
à fMt, 4m» U BarrU*. U •• nt 4a wUmm ém Hmknmtmt%U »^uliaff|HMt Sa la Haata-XMM (A*-
Sefoc, aiaMarMft, 4aM la vaCas ém BigaïaX
LE PAYS DL' TKSt Z TAUOQB 65
Cette activité indnstriclle explique U densitârclatiremeat forts ds
U |>opulatîon daiu U sone mûtallorgi-
<]ne clinnipenoÏM, ob treize comniuDcs
comptaient en 1901 plui de 100 lial»-
Innta an kilomètre carré ('). Mai* U
population ouvrit-re, coiuiue 1e< ««inea,
est tri-a ditsùminée ; liuît ngj^Ioinéra-
tiona seulement comptent plot de
' 1000 habitanlB-, «cul Saint-Dizitr,
petite mt'tropole de la contrée, doit
aux nvantngca do ta situation gOogni-
phi(|uc et à la concentration dn tra-
vail industriel un cffoctir de 14601
habitant*.
Situé sur les rives de la Marne, aa
point oii ks roules du Vallage et du
Barrois convergent vers le* plaines
clinnjpcnoiseSiSaiiit-DiHerOfut, pon-
dant ptiisicurs sièclcB, «ur U frontière
de la Cliampag^e, une ville forte gar-
dant le pa^sa^ de la Marne, ex|K«ée
sans ccs»D aux invasions. La ville,
complètement di-gamie de ses anciens
remparts, étend, le long do la grande
route de l'nria à Slrasl>ourg, ses inter-
luioaMes faulfour^ de Gigny et de
Lanouc ; aux alentour* se dressent
dans la plaine les hautea cbemiDèes
d'usinci, brasseries, poinleries, clon-
terics, fabrii]uca de chaînes, roncea
artificielles, ateliers pour la conatrno-
tion de* bateaux en fer et dea ponts
métalliqut'S. Les forges du Clos-Mor-
tier et de Mamaval, situées en amont
sur les rives de la Marne, font partie
minerai
^'B.'rm?
(
Uln<U> 1I»A T»m..Bc
'Annéesilis it/nmiiisisa
66 Lk CHAMPAGNE
de sa banlieae indaitrielle ; son marché des bou et des tîdb est très
actif ; la gare de Saiot-Dizîer au point de croisement de la voie ferrée
Dlesmes-Ciiaumont avec les lignes transversales convergeant de
Vass/f de Troyes, de Rcvigny, a une animation exceptionnelle due
â l'intensité da transit.
Ainsi l'abondance da minerai de fer et du combustible vc*gétal| la
présence de nombreux cours d'eau foumiisant la force hydrauliquCi
facilitant le lavage des minerais et, dans une certaine mesure , les
transports, expliquent la baute antiquité et l'essor sur les confins du
Der, du Vallage et du Barrois de cette industrie métallurgique qui,
poussant pour ainsi dire ses racines dans le sol, avait, dans la contrée,
une raison d*ôtre géographique. Elle fut favorisée, dès sa naissance,
par de puissantes abbayes, et sa prospérité reposa longtemps sur une
collaboration intime de l'activité industrielle avec la vie rurale sous
toutes SCS formes. 3Iais la métallurgie champenoise a traversé bien
des vicissitudes, et sa situation actuelle est loin de répondre à sa prot-
jérité d'antan ('). La concurrence étrangère, accélérée par Tinsuffi-
sance de protection douanière résultant des traités de commerce
lignés en 1859 et 18(X); plus récomment, l'essor prodigieux de la
luétallurgie en Meurthe-et-Moselle coïncidant avec l'épuisement d'un
grand nombre de minières, ont contribué à précipiter la décadence
de l'industrie champenoise jadis si active, et à transformer complète-
ment son mode de proiuction. Depuis que le canal de la Haute-Marne
(1881) apporte aux usines champenoises le minerai de fer (de 20000
k 90000 tonnes en moyenne par an) et surtout les fontes de première
fusion provenant de Meurthe-et-Moselle, on n'exploite plus guère
dans la Haute-Marne que les gisements des environs de Vassj (Lou-
vemont, Voillecomte). On grand nombre de hauts fourneaux ont
éteint leurs feux depuis longtemps, et le travail s'est concentré dans
un nombre restreint d'usines ; les arrivages de houille par canaux ont
réduit presque à néant la production de la fonte au bois, spécialité
jadis fort estimée (production : 504269 tonnes en 1850 ; 1 281 tonnes
en 1806) ; la fabrication de la fonte de moulage reste la plus impor-
tante, et celle de Taeiertend à se développer depuis quelques années.
Cette transformatîoB, dont les progrès ne sont pas en rapport avec
le déreloppemeat des voies de transport multipliées dans la eontrée
depvia un qnart de sièelei eti l'indice des conditions économiques
is
«' «'' >' ^- « ^ ili iSw t in iliilii et la wi ti nMiH •>— pwb t • 4attrtite>Tf
la t» «MB lA BMatOUrM (ilwMl. 4r flifr., a Ml «1
tm .»! I OliM
M 1 1 iviaiiTtriili 1 « iiitf f*tgiii>ii^ttriir-^-^'-
LB PBRTBOtS 67
nouvelles assez peu favorables au milieu desquelles évoluo actuelle-
ment la métallurgie champenoise. C'est que les grandes usines d*aii-
jourd'hui constituent, « au contraire des anciennes forges dont elles
sont sorties, une industrie artificielle, indépendante du milien dans
lequel elle vit, et sans racines, pour ainsi dire, dans le sol auquel
elle demeure attachée. Ki ces grandes forêts où elle est née, ni les
minerais qui suffirent si longtemps à ses besoins ne lui sont plus rien,
et Ton en arrive ainsi à ce fait paradoxal que les fers galvanisas
' d'Eurvillo ou les fontes d*art du Val d'Osne sont fabriqués dans ees
usines avec des minerab de Meurthe-et-Moselle et des houilles de la
Sarre ou du Kord » (').
Les mouvements de la population, qui tend à diminuer, traduisent
fidèlement les phases de cette évolution de la métallurgie champe-
noise. Entre 1881 et 1901, les cinq cantons métallurgiques de Join-
ville, Vsissy, Poissons, Chevtllon et Doulevant-le-ChAteau ont perda
plus de SiXK) habitants. Seul, le canton de Saint-Dizier doit Tac-
cruisfcincnt de bo, population au développement do son chef-lieu (')•
LE PERTHOIS
Le sillon profond de la Saulx, creusé dans les bancs du calcaire
poi*t1andîcn et qui contourne la foret de Trois-Fontaines, constitao
une limite vraiment géographique entre la Cliampagne et le Barrois :
les villages agglomérés sur les rives sinueuses de la Saulx aux eaux
glauques, avec leurs solides maisons de pierres jaunâtres, entassées
les unes contre les autres, leurs fontaines jaillissantes dont les eaux
claires dévalent le long des maisons, appartiennent au Barrois plutôt
qu'à la Champagne. Quant au plateau entrecoupé de failles et raviné
dans tous les sens qui porte la forêt de Trois-Fontaines, il s'inclino
doucement dans la direction de l'ouest oii Ton voit les sfReurementa
du gault plonger sous une nappe d'alluvions enveloppant le massif
d'une ceinture continue de pkines cultivées : c'est le Pôrthom,
1. Xtferi Bouk», l«r. «ff^
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68 LA CHAMPAGNE
iiumcDse cône de dêjectioDS qae les atterrisscments des coonnU
diluviens ont nivelé jadis, et ou an imperceptible renflement de
terrain portant les villages de Saint- Vrain, Tkicblemont, Écriennes
et Marolles partage incgaleniént les eaux ruisselant de la forêt de
Truis-Fontaines, entre la Marne et la Saulx ('). A l'occident, les
coteaux blancliAtres do la Cliampagne Pouilleuse dessinent une large
courbe concave et ferment Hiorixon de la plaine.
Nous avons déjà constaté que les eaux qui ruisselaient de toutes les
directions |M)ur se réunir dans ce bas«in lacustre situé primitivement
»ur l'emplacement du Perthois ne ae sont pas toujours déversées dans
le lit de la Marne, pour s*écouler k travers le bourrelet crayeux qui
les emprisonnait, dans une direction conséquente vers le fond de la
cuvctto |iarisicnne. D*aprîs Buvignicr ('), elles auraient primitive-
ment trouvé une issue vers le nord, jiar la vallée de la Vière, entre
C'iianuont et Nettancourt, et celle de TAnte par Le Cliâtelier ec
Givr)'-en-Argonne, |>our rejoindre l'Ai^^ne, fonnant ainsi un large
courant diluvien orienté du sud au nord entre le massif d*Argonne et
les AlHcuruments surélevés du terrain de craie. L'existence de ce
coumiit uni4|ue est attestée non seulement |>ar la faible altitude de la
zone déprimée et humide que sillonne aujourd'hui la Viére, mais
t-ncnre jiar Tabondance des graviers calcaires recouverts par des
déi»ûts ar;^iU>-fableux, qui tapissent les ])entes jusque dans la vallée
de l'Aisne. Suivant une autre liypotUése, plus vraisemblable, la vaste
déjircssion nivelée que forment les plaines du Pertliois à travers l'au-
rt-olc infracrétacée, sur les flancs et dans le prolongement de ranticli-
liai de la forêt de Trois-Fontaines, est, par ses dimensions, hors de
fcoportion avec l'importance médiocre des cours d'eau qui a*jr réunia-
»ent aujourd'hui. D'après U disposition des nappes de cailloux roulés
qui surmontent les plateaux dans le IkusIu de la Vière au nord, et
1rs ondulations aplanies du Boeage et du Der, au sud, il est permis
de supposer que la Marne, dont le Ut était creusé dans un véritable
synclinal en aval de Saint-Dixier, recevait jadis à la fou le tribut de
l'Aisne et de l'Aube ; l^Visne débouchait du nord-est et son tracé est
visiblement indiqué entre les deux rides sculpturales qui enserrent
les deux vallées symétriques de la Vière et de l'^Vnte. Quant à la
rivii*re d'Aube, elle se dérersait dans le bassin de Mtiy par les
plaines marécageoses de la Voire : le pertnis de Vitry groupait done
!
l A» mva» OM», n—TTA— IiSbIii ^ tormfc»!»» Wftaifi^ytrt ■■■ # ■■ ■ ■ ■ t— i — yiHy
MM U MsTM •« u thrUf é» SmIs • {Mim. ém tJe^. éntHtmtm, •mmim I7SS, ^ MS4
S SMM. * toStr. fM^ » «SH^ t. Xlll, p, tHU^gtmtU. #M. éê im ItaMr» pc SIS.
mk^-mÊJ-hi-i m\mmîim/à-ir,t(ï\'inhi^ f e'mÊàifmimmi,méi*m0Uummtii ,m maurani
LB PfiRTUOIS 69
TAisne, TOniain-SaubCf la Biaise, la ^rarne et l'Aube en un réseau
conséqueDt Ç). Le massif de la forêt de Trois-FontaÎDes s'avance
coiniue un éperon jusqu'au centre du Perthois, et sur chacun de ses
lianes se creusent deux golfes de plaines alluviales, qui intcrrouipent
la continuité apparente des afHeurements infracrétacés : au sud les
plaines de la Marne, au nord celles de l'Ornain.
Les plaines de la Marne, entre Saint-Dizier et le confluent de la
Blabe à Larzicourt, sont bordées au sud par un promontoire peu élevé
que coupent les tranchées du canal de Saint-Dizier à Vassj : la
Marne vient buter lA contre les côtes noires de MoSslains, énorme
falaise en forme de conque, constituée par des ar^lcs noirâtres
(albien) qui surplombent la rive gauche de la rivière sur une lon-
gueur d'un kilomîrtre environ, et sur les parois de laquelle le ruisselle-
ment des eaux a sculpté des aiguilles semblables à des dykes volca*.
niques en miniature (*). Les plaines de la Marne qui se développent
au point de convergence des vallées du Vallage sont ici une des
principales portes d'entrée de la Champagne défendue jadis par la
forteresse de Saint-Dizier ; le chemin de fer de Blesmes a Chnumoiit
et le canal latéral à la Marne n'ont fait qu'accroître leur importance
eoiiime voie de grande circulation et de transit.
Les plaines du nord, sillonnées par les fossés de la Saulx, de l'Ornain
et de la Chéc, doivent aux vicissitudes multiples qui ont accompagné
le ruissellement des torrents diluviens dans cette contrée une confi-
guration moins régulière; elles forment deux bassins de dimensions
inégales. Le premier, celui de Revigny, s'ouvre au sud par le val de
Saulx, à l'est par celui de l'Ornain, et il se prolonge au nord par le
long couloir que dessine la vallée de la Chée \ du coté de l'ouest le
bassin se rétrécit, le plateau de Trois-Fontaines se rapprochant, à la
hauteur de Scrmaize, du promontoire de gaize qui porte, en face, lee
villages d'Alliancelles et Bettancourt-la- Longue ; il / a U un défilé
où les lits parallèles de la Saulx, de TOmain et de la Chée sont près
de se confondre. En aval de cet étranglement, la plaine s'épanouit
de nouveau et forme le bassin d'Ueiltz-le-Iilaurupt, limité au nord
par le bjs plateau parsemé d'étangs et moucheté de bosquets que
draine la Vière, et que surmontent les coteaux crayeux où végètent
I l»o«.i.rci, Mrnrtara r^l.«iqa« d« bM«iD d« P«rl« (.U»«l. de §*fr., IS mt. 19001, p.
l* g^locue COBVCBL a même rm rrlrvarcr, cb aral de Saint-Dlsler, l'eslMlrv et 1m atlerri
.H •■'**■ ^ poUMiit roaninl flarUl apporuni le trlbot 4e art ea«s aa lac 4« Pertltole | m
41T-aS).
• rtali antre q«e U Mu«eUe (?) {Umllet. de fa f#<. gf^l., f» •«rie, t. XVII, f M, I. XXIU, SSl, « M4m,
•» tm «ee. d*ê Mtre» dt Smimt-lHxitr, X, I (|86S-iaSl)|.
1. AKOooa.Dt*MAUT, L- Ormmdéê Jf«N««rrM d* VEa «n lê$i, !»-••, Parla, Ittt, p. I7t41i.
70 LA CHAMPAGNE
sur dc« pcotet ar^tlo-sableascs, les vlgopUes de ChaDgy, Merlaut
et Outrepont. Alors se forme un lacis inextricable de cours d'eau
qui viennent grossir la Marne en aval de Vitrj. Les eaux de tout
le Pertliois ainsi rassemblées ont en une puissance d'érosion assez
considérable pour se frayer un passage par un pcrtuis relativement
étroit à travers les plateaux du terrain de craie.
Les plaines du laSaulx et de TOmain n'ont pas moins d'importance
que celles de la Marne au point do vue des communications. Le
Uissin de Rcvigny est la vraie porte du Barrois, et les ducs de Bar,
pus«esseun de Revigny, surveillaient do cette place Tcntréo de leurs
Ktats (*) ; c'est par la vallée de TOmain que la voie ferrée de Paris à
Strasbourg et le canal de la Marne au Uhin s'inbinucnt au cœur de la
Lorraine.
Les limons et les graviers masquent dans les plaines presque hori-
zontales du Pertliois les affleurements et le plongeiiient rapide vers
Touckt des assises iufracrétacées ; mais l'extension des prairies, les
mortes qui remplissent les graviirres excavées pour le ballast des voies
ferrées, la faible profondeur à laquelle on atteint les nappes souter-
rain ;*S| les lignes entrecroisées d'oscraies et do peupliers (Saint-
Laroicr-la- populeuse) qui barrent Tliorizon de la plaine révèlent un
sous-sol argileux (*). L'aspect nouveau du paysage justifie ici l'emploi
d'tttfe dénomination spéciale. Le Perthois, qui découpe de larges
?lairii*rt*s dans la bande forestière de l'auréole infraerétacéc, est un
pjiya généralement découvert et cultivé qui contraste avec le Dec,
domaine dt^s grandes forets de cbénes ('). Les cultures se substituent
donc k la forêt sur les alluvions fécondes du Perthois {*) ; les champs
de céréales et de betteraves étalent leurs nappes bariolées sur les
limons argilo-sablenX| et les sucreries d'Eclaron et de Sermaize troa-
Tcnt de quoi s'alimenter sur place. Dans la plaine de Revignj-aux-
1. 1»» em dk^, le g— ^— Urral* 4» T**! ««fUult Mr 1m p^mlmm <k— ipea^l — ■; le àojenmê tottWis
ta f if r rafWhall !• Warf ém Bevifsy ateal qw U» TlUagn 4m CoatriMoa cl AaSaraa/ à
1 4m te fM«t é» Tflg r » t a l— s •* MiMltoaaat te SJyru— 1 4m U 3I«m« •*éc««4 J«k«'^"S
a Fcaras, Lm* % >mf eê é« rw t > « to {$—. deê êeteuM* H mHê 4t Vttrf^ê'Fi^uiçmtê, t. H, p. lOSaqq.).
». hm 4r«MilatciMi 4m VmrthmU qa'ba rrtffMiv* 4am I« mm 4« vllUfl* 4m r^rtkMy à ft kllaaiMiw
«* matmd-tiUitr, éamm la ylalaa, et qm bmm avMa S^jà ^kgrêUm 4aa« la ^lala* Sa Brt«aM,à FM>>
» W «r a ■■ <M rw, dWdvvfaH n» Imaa crhlqae, ptHk, alfaliaat WbMa (Bomor, I^iettmam, la-
ét rAmèm, as m«« rrrtkU*). 1I«m • mr t i mtnmê crfecOaal ^aa lIoLOMi (Âlt-Ot it Ueke T Sprmtkmh)
■a H i a a t paa rv «raa mÊHhmi aa m«« ftHh, Oa rcCrvara earoia aa IVnWa 4aa« la Clmapagaa
(^■•^«■•imHrUlrXQuataalamaé» HcOts aa Bek «al Sfar» Sut la mm Sa daas
wmatH altaSt aa aavÉ Sa rw.WI* t lMlia-W-]|aar«pt «t UéOuil^-UwtUr, U •naMaêUa aaa IWraa
t f *" ** '* » <^M »•« gi w ai al fai é» r«f4n CwMikr (LMaaM, DiHI»ê,m. ifm§r. 4m to Jtanw, lati^
4. Sar la SmUM <t ka n a iUh ai «fSHaka 4a rafricaUafa 4ai.tla raffllMK«r.
«ar Ir «(fa^fMinif 4« la JRanM^ W. 1»^, rtela, iSSt, fb IMt.
f i*ÉliiiiMlKfcBifciiÉMM*— hifcaii
LE PBRTHOIS 71
Vaches, et dans le vallon de la Chéei où des traraux d'atsainitse-
uient ont améliore les prairie8| l'éleva^ dit gros bétail t'est pltu
spécialement développé; d'importantes laiteries -fromageries, à la
Maison-du-Val (commune de Noyers) et au Vieux- Mon thiers (com-
mune de Sommeilles), étendent leur rayon d'approvisionnement à
toute la région circonvoisine. En raison de sa fertilité et des voies
naturelles qui s'y croisent, le Pertliois parait avoir été une des contrées
les plus anciennement peuplées de la Champagne Uumide. Dea
' centres importants de population y sont signalés dés l'époque méroinn*
gienno Ç), Pertlies, qui a donné son nom au paguê PerUnêU, Pon-
tliion (Pontico) sur la rive gauche de la Saulx qui possédait un atelier
monétaire; Vitry-en-Perthois ( Vidoriaeum ca$trum) sur les confins
de la plaine. Les rois francs résidaient fréquemment à Ponthion ou
ils tenaient des assemblées et présidaient des conciles ; ils paraissent
avoir affectionné leurs résidences du Pertliois, situées à proximité de
vastes forêts giboyeuses, et d'où ils pouvaiont surveiller les routes
débouchant do la Lotharingie.
Aujourd'hui le Perthois, pays dont les Imbitants sont voués presque
exclusivement aux travaux agricoles, est médiocrement peuplé (');
ses campagnes, où les petites industries locales (fromagerieS| moulins,
tuileries de Pargny-sur-8aulx, fabrique de meubles et raffinerie de
Sermaize) ne peuvent fixer un grand nombre de travaillearS| se
dépeuplent de plus en plus; entre 1851 et 1901| les trois cantons de
Revi;^y, Thiéblemont et Ileiltz-lc-Maurupt ont perdu 7 603 habitants.
Les centres les plus populeux du Perthois, Sermaize (2 503 habitants)
et Kevigny (1 744 habitants) ['] sont des agglomérations rurales plutôt
que des villes. V i try-- le ^ François, la minuscule métropole de la
contrée, peut seul être considéré comme un centre urbain (8 561 ha-
bitants).
Située à la pointe extrême de la plaine, dans le pertait de la
Marne, entre les buttes crayeuses de Blacy et du mont dd Fourche,
cette coquette petite ville, fondée et fortifiée en 1544 par François 1*
sur l'emplacement du village de Ma ucourt, après l'incendie de Vitry-
en-Perthois par les Impériaux, avec S3S rues tirées au cordeau aboa-
1. Cl*. M ocLi. L*Arrea<U«8?in«at d« Vltrf-le-rraaçob araat Pm 1S30 (C«v. 4« Cktm^m^m «I MHê,
•ov.-dre. iat3).
1. £a 1«9€, U dcatlté d« U popiiUUoa étUi, dAU k* eaaiau 4m : Etvlg*/» iMs TkUWtaMt, SIjSi
Hrilu-le-Maarvp«, t^t.
9. Raxlguj dwit à M «ItaBUon fdoffraphiqiie mmm lMporU»e« «seepUoBMll« «•■■m pékwA et »»!■■
ment dea Tuicâ friT^ct d« Parl*-Naney. do 8alat-Dltl«r, de lUvlfaf-AaafM par U vdU* d*ÂlMCw Lft
Toi« f«rr«^ écroiu d'fUlronTiUo à Triavcoort («1 klloHiétr««X ««1 dMMrt U» têlUm é» te SmUs «I éê
U Ck^ travtrM Bartcaj. v
\
72 LA CUAJIPAGNB
tiMant à ane place centnilei m distingue, entre toutes les villes
cluunpenoiseS| |>ar un cachet unique de propreté et d'élégance. Un
siècle à peine après sa fondation, la ville de François 1*' était devenue
un des principaux marchés agricoles de la ChampagnCi ou s'entas-
saient les blés du Pertliois destinés à l'approvisionneinent de Paris,
Aujourd'hui le commerce des grains, commandé en quelque sorte par
la nature, a conservé à Vitry son activité traditionnelle ; les blés et
les seigles sont expédiés de Vitry aux graudes distilleries du Xord ;
d'importants moulins dans la banlieue, une usine de ciment de bitier
(tuyaux, béton aggloméré), une fabrique do chaux, une faTencerie
donnent à ses faubourgs les apparences d'une petite cité ouvrière admi-
rablement desservie par les voies ferrées et un canal (*) \ la population
déborde depuis quelques années hors de l'enceinte des anciens rem-
parts démolis.
ARGONXE ET ABDENXBS
Au nord des plaines du Perthois, jusqu'au massif d'Argon ne sur
une longueur de 25 kilomètres, le terrain se redresse, en même temps
que b bande infracrctacée se rétrécit, s'effile et diminue de puis-
sance ; certaines assises manquent et les discordances de stratification
se multiplient (') : c'est encore une contrée boisée et humide, mais très
accidentée, qui s'intercale entre les plateaux du Barrois et les hautes
plaines de la Champagne crayeuse. Les dépôts inférieurs de l'infra'^
crétacé, balayés par les courants diluviens qui ruisselaient du Barrois,
manquent complètement, ou ne lont représentés que par des lam-
beaux isolés de minerai de fer géodique déposé dans les anfractuositéa
du calcaire portlandien, d'argiles ostréennes (environs de Sainte-
lIoTlde et de Louppy) et d'argiles k plicatules (environs de Vaube-
court). Les dépôts de l'albien ont une extension plus considérablei
mais, par suite d'un exhaussement du sol à l'époque albienae, le«r
puissance est faible, et l'on peut voir les argiles du gault ea retrait
sur les sables verts. Les affleurements plus récents de la gaiae eooi-
mandent le relief du pays ; ils constituent un long promoatoiia boiaA
U W^«l k H > •élrraH, «• l»M. à I !!»••• lM»r« (Stm^M* fUSM^ WwHi iHtWit
•raterai %f •mn^lm é» iraS» ém mmI luAt^ à I» IUtm «I êm «utf 4» I» IIwm m
t. Cr AnWlr* é» Bamom «Mt lf« JmW. AêH9m. fM. ém Xmté, t. Il (ISlê)b ». SIt
(IV«v. 4r rjt^. et Bmlmê^ ft. LXtX, f MiHl
^..u,*!^... .1 Lii w < MÊtm\iJ ^jut.>r "r>i«HiHiin fftmàÊmlÊutmÉailiààmmékÊiuÊimmÊm ^m -'IMiTn-'r "T
ARGONNK 73
qui se maintient à un niveau de 180 à 192 mètres et s'étend dans le
prolongement du massif d'Argonne, depuis la trouée de Villers jus-
qu'aux plaiixes du Pcrt1ioiS| près de Kettancourt et VroTl, séparant les
bassins de l'Aisne et de la Cbée des vallées de la Vière et de l'Ante.
Tout le paj's situé en deçà de ce talus transversal est vallonné et
niontueux, car la Chce en amont de La1ieycourt| l'Aisne et ses petits
afHucnts, le ruisseau d'£vre, la Preslei etc., ont creusé leur lit dans
les assises résistantes du calcaire portlandien. Par suite de la nature
surtout argileuse des dépots superficiels, les ruisselets abondent et des
étangs se sont formés dans les dépressions : étang duGrand-Morinval
entre Viilers-aux- Vents et Lalicycourt, étang de Belval qui sert de
réservoir à TAisne ; les eaux sUignantes sont encore plus abondantes
au delà de la crête de gaize, à la surface des bas plateaux qae drai*
lient la Viore et TAnte. De beaux massifs bo:sés comme les forêts de
Monthiers, de Beinoue, de Belval et de Givry couvrent les plateaux :
ainsi s'explique Tapparition de la dénomination à'Argonnelles ou
petites Argonnes appliquée aux bois situés au nord -est de Lahejcoart
et les surnoms des villages de Pretz-en-ArgonnCi Villers-en-Argonne,
Givrj-en-Argonne (*). Nous retrouvons ici, comme dans toute la Cham-
})agne Humide, les traces de la colonisation monastique: ce sont les
moines défriolieurs de Moutbiers, de Belval, de DieuVen-8ou vienne
(prés de Louppy-le-CbAteau), de Beaulieu, qui ont commencé l'ex-
ploitation méthodique de toute cette contrée boisée. A l'exploitation
des furets et au travail du bois disséminé dans de petits ateliers
ruraux (Vaubecourt), les habitants des Argon nelles joignaient, il J a
quelques années, Texploitation très active et le traitement des nodu-
les de phosphate de chaux contenus dans les sables verts et les ailles
du gault, à Louppy, Villotte, Laheycourt, Triaucourt (*). Mais l'épiii-
sement progressif des gisements et surtout la concurrence d*aatres
centres d'extraction plus productifs et mieux outillés en voies de
transport, comme ceux de la Picardie, ont contribué à la rapide déca*
dence de cette petite industrie locale. Au nord de la vallée de la
1. Cette drDomIoaUoM d'Arfonn* éult jadii plaa fré<|u«Mt« dans U eo«lrl«; mi la ute— >■ 4
IlrlT«l-«n-Ar«(.Bi.« à la date d« 14ti, ll»«Jéieti^B-ArKOOB« (tlXO), La ClMteUI«r-««-AffgWM (liSi).
C. lA>%a%u%, D.ttiomm. tofOfr. 4t U JUmrmt, p. SI, &S, fS.
t. C«« d«'-pvU de phofpliatr appanleai.eDt à ua f Isenent Inésalenent exploité q«l a * <t a >d à trmi
loaie Taorvvle lafraerrtarée orientale d« bat»iB parisir», dans lea dépArteaieata de IT*«B«(#ai
de To«e/ et Salat-norrntlB), de TAobe, dt te Haut*- Marc*, de U M ar««, 4« la McMe, «m
cl de TAIcae. La lifse d'afflcoreoBeat de ee gisenirat a*a paa n»olne de SOO kllaoïMrac Sa I
arae aaa largear rariaut de 5(jO à 9000 méirr* (db Molom kv Tat'asBieBB, Uém. tmr la (
flMaiavU de fketpbate de ebaos (C. M. Aemd. des m., t. XLUI (IS5«), p. 1179 aqq.)! Mir«fV, Jr«
9» U ^«eairal el rerpleifefjea dre pAM^elae de ekeax daae le ééfrtewtnt àê fa JTeaee, W. M% Bav
Miac, CWriarlDe, IS14). \
74 LA CHAMPAGNE
Chéei dcsserria par ao petit chemin de fer & voie étroite, une dénu*
dation particalièremenl Inloiiae a emporté le« dépôts de la gaize et
déterminé la formation d*an véritable bassin vers lequel s'inclinent
rapidement les plateaux da Barrois et que surplombe au nord, comme
une véritable muraille, le talus terminal du massif d*Ârgonne. Ce
bassin, que les géographes militaires désignent sous le nom de Trouée
de Triâucourîf est une vaste clairière déprimée environnée de hau-
teurs boisées ; la butte de Senard qui se dresse dans la partie centrale
le divise en deux cuvettes drainées par l'Aisne, qui s'échappe au
nord-oueU par la brèche de ViUers-en-Argonne. Des cultures variées,
des herbages, des vergers couvrent les croupes ondulées du bassin.
La densité de la population est très faible dans le pajrs des Argon-
nellcs (canton de Vaubecourt, 27 ; Triaucourt, 28) ; la décadence do
l'industrie des phosphates a précipité le dépeuplement de la contrée ;
la population totale des deux cantons de Vaubecourt et Triaucourt
s'est abaissée de 14590 habitants en 18G1 à 11 1G8 en 1901. Si de
belles constructions en briques et en pierre rehaussent l'aspect de
quelques bourgades (Laheycourt, Vaubecourt) [*], la plupart des vil-
lages de la contrée conservent encore leurs vieilles habitations de bois
et de torchis badigeonné d'un enduit jaunâtre, avec des toits proémi-
nents et de larges auvents faisant saillie sur la façade pour abriter des,
tas ^e bois (Belval, Charmontois). Par sa configuration, la nature de
son sol et les conditions générales de l'iiabitat, comme par ton his-
toire, le pajs des Argonnelles, mitoyen entre la Champagne et le
Barrois, a été l'objet des contestations rivales des ducs de Bar et des
comtes de Champagne ; les centres les plus importants, Triaucourt,
Vaubecourt, Lahejcourt, se rattachaient an diocèse champenois do
Châlons (dojenné da Possosse), tandis que Villotte et Louppj faisaient
partie du diocèse de Toul (dojenné de Bar); géographiqueuient
d'ailleurs, les aources de l'Aisne comme celles de U Chée appartien-
nent au Barrois, et les dénominations significatives do Condé-ea-
Barrois, Lisie -en -Barrois, affirment des prétentions lilstoriqneo
d'accord avec la géographie.
An nord do la trouée de Triaucourt se dressent les escarpements
imposants da massif d'Argonne. Parmi les diverses unités géographi-
ques entre lesquelles se subdivise l'auréole infracréticée champenoist,
TArgonno est, par la nature spéciale de son toi, les formes ioarattt-
tiM»MÊmÊtMmtitUiÊiiÊu^Êm
ARGONNR 75
tôes de son relief, la sévère beauté de ses forêts^ celle dont rindiri-
dualité est la pins marquée. Il y a là, entre le sillon profond de la
rivière d'Aire et les plaines ondulées du Valla^ d'Aisne, un entas-
sement de crêtes boisées qui fut pendant de longs siècles une des
frontières les plus solides entre la Champagne et la Lorraine, le
royaume de France et l'empire d'Allemagne. Arthur Young, traver-
sant jadis cette contr«^e pittoresque et sauvage, frappé par l'aspect
nouveau du paysage et des constructions, ainsi que par la physiono-
mie insolite des habitants, se voyait dans une contrée toute différente
de la France (').
Le sol du masi'if d'Argonne est constitue par une roche blanchâtre
assez rési&tantc, la gaizc, qui, dans cette partie du bassin parisien,
présente un faciès spécial et un dévelo|)pemcnt exceptionnel (*) : c'est
un grès calearifcre, argilo-^liceux, désigné dans le pays sous le nom
de pierre morte, qui surmonte les sables verts et les argiles du gault.
Lagaîze d'Argoune forme un dépôt lenticulaire, orienté du sud-est
au nord-ouest, dont l'extension en largeur entre les vallées de l'Aisne
et de son afHuent l'Ai.-e varie de 14 à 20 kilomètres, avec une puis*
6.1DCC qui n'est pas inférieure en mo}'enne à une centaine de mètres,
et diminue graduellement du sud au nord : au-dessus de Montbiain-
ville près do Varennes, l'épaisseur du dépôt atteint 105 mètres; elle
n'est plus que de 80 mètres environ dans le canton de Qrandpré. Au
nord de la trouée transversale pratiquée dans le massif par la rivière
d'Aire, les couches de gaizo s'amincissent, s'effilent en biseau, che-
vauchent en discordance au-dessus des calcaires jurassiques; elles
finissent par disparaître peu à peu au nord d'Attigny. La trouée de
l'Aire à Grandpré peut être considérée comme la limite septentrionale
de l'Argonnc proprement dite. La dénudation des dépôts crétacés a
été particulièrement intense dans la région argonnienne: sur la rive
droite de l'Aire, on rencontre des lambeaux de sables verts à la
surface des terrasses appartenant à la formation kimméridgienne, sil-
1. Anbv Toimo, Vo^agt em Frûmet» I, 4S0.
t. thbli0gr€pkit : KiCM>,Noto sur la potlUon céogaMUqne 4m U gaiae «m phmm ■■lit S»FAr>
KOBoe (/?»//€/. dt Im Sc'. fiol., V «rrK I. 1, 1<M4, p. 171-I7A) ; Sao% A«B BT BvvMSiu, tMi0f. 9é9L
dtê Ardrnme». p. SM; DuvioaiEB, Statiêt. péol. 4* Im Vriut, p. &ll ; Bambom, McHMlr» mw I« iWffate
cnrUcw <!«■ Ardfane* (.limai, et U Sor. gtot. 4m Xurd, t. V, 187S, p. X40, SIS): CvbLST, ll«ilc«a gé»-
lorl'iact lar les eummoaet d« nor«at, Moircuiont, SAiut-ThoiDM, VI«aa«-l«-Cli4tMB (IVm. ém VAê,
dt Utims, t. LXIX;; CArsui, itm4t dt fuclf «<• rf'^te êilieeux: fatfsM rfa l«4M'a ^ i^rte, Ib-1*, LttlB,
IttT ; Ki^H MB. htmd9 »mr Im /uTê /otêiU dt VArpmnn; ïm^, Kanc/, ISfC; Mocia. L'ArgMM (Smm
d^ÀTdtmmttt dTArfun», t. I, man-aTill lt9l); 1*. CoiaaxBT, Ub« KacarsloBBa Ar|«BB«(JBB««irf^
Cluh alpim, iftM^ p. 6JI); Aarlré Tmbobibt» Ia CliaaaoD 4u jaMlBlor, «OBrraln U rArgBMB (Abb.
d«* Dt%x-Momd€t, 15 DOT. ISU); Cbuqubt, l'alaiy, {«.«-, itST, cbap. u ; J aoabt, CBwrtiM 4«at rilr>
f»*pm''»m Uim^U, In-S*, BuArn», 1B»I; Bbacboittb, Ab e«Br 4b VÀJtmu^—LMmmmaimgdtt^nn^
1-Ubbt. IMI). ^ ^^
76 Ll CHAMPAGNE
loonéet |Mir les étroits vallons de la Cousance et du ru de Wadelain-
court| dans la foret de liesse, les bois de Clieppy et do ^[alancourt ;
la butte isolée qui jMrte le village de Vauquois en face de Boareuilles,
et la colline do Montfaucoo à une dizaine de kilomètres en avant
du massif d'Argonne, sur le faîte de partage entre la Meuse et l'Aire,
sont des rochers de gaize, derniers vestiges de l'extension primitive
de cette formation dans la direction de l'est ; a 15 kilomètres au nord-
est de l'Argonne, la côte de Villers-devant-Dun porte encore des
lambeaux de l'infracrétacé : cette particularité explique pourquoi la
dénomination d*Argonne a été conservée à des villages, à des bois et
à des hauteurs asses éloignées du massif que délimite si nettement
la vallée d'Aire, mais qui présentent avec l'Argonne certaines ana-
logies résultant de la nature du sol, de la configuration, ou simple-
ment de l'extension du domaine forestier(*). Les coteaux riverains
de la Meuse en amont et en aval de Verdun sont encore désignés
communément sous le nom d'Argunne occidentale et d'Argonne
orientale (c^tcs do Meuse). Dans sa plus grando extension historique,
VArgonne n'était donc pas la petite région naturelle limitée aux
affleurements de la roche de gaize, mais plutôt un pays au sens
vague du mot, s'étendant depuis les plaines du Perthois jusqu'à la
vallée de la Meuse (Mouzounais, princijMiuté de Sedan) aveo Sainte-
Menvhould i>our capitale (*) ; ses limites d'ailleurs flottantes et pure-
ment conventionnelles n'avaient qu'une valeur géographique très
relative.
Le massif gaizeux de l'Argonne a la forme d'un long plateau, des-
sinant au-dessiu des terrasses qui dominent la rive gauche de l'Aire
un talus aux pentes escarpées échancré en une multitude de promon-
toires boisés, sur une longueur de plus de 40 kilomètres depuis U
trouée de Triaucourt près de Waly jusqu'au défilé de l'Aire, L'es*
semble du massif s'abaisse à U fois dans les directions de l'oaetl et
du nord: dans la partie méridionale, l'altitude maxima dépasae
300 mètres, soit plus de 150 mètres en mojenne aa-dessua de la Tal*
lée d'Aire (305 mètres dans le bois de Waly à l'angle sud-est du ma^
sif, 308 mètres à U côte Sainte-Anne au-dessus de Clennont). La
MIT k r«t> S« X9t4mm ;
-AfVMiM mr U VMMat éê U II««m^ »•
Sr V*f«i««, Ht* érmlm éê U HUmm,
éê êai .î>JÊ0mtUmU, 1»^. ••!■•» »>— S »»lé, tSM. f. ISi UU^mm, t HHt mmm. te^^fr. * *•
•r» Sx rt »», p. t«». M IM Mf«M •■ H >««w, !• MM 4*Aff#wM i< i li>i iMt te pmf CmIm U
•irAlM«(«f. !• CmHêétCham§a0m, 4m W. m, %m.tm.
-•- -ll-l-kl-
M H M — iJ n i i ■ I* I II >■ ^iM
•«*<.lalta«J(B«É9Ufa
^nkMtt
ARGONNB
77
gaîze étant une roche très poreuse, fissurée et «sses compacte, s'est
laissée raviner profoDdémcnt par les eaux, et c*est à l'érosion que
TArgonnc doit les formes les plus caractéristiques de soo relief. Tout
d'abord le massif est sillonné longitudinaleraent dans sa partie cen-
trale par un synclinal étroit et profond d'une vin«^nc de kilomètres
de longueur : c'est le val de Biesme, dont la section se prolonge par
le ravin de Ciiarlcvaux, et qui vient déboucher dans la vallée de
l'Aisne; sa direction^ très oblique par rapport au plungement général
>y n iiB m > » < i » w i»" w ' »» ■ v^ m*
rrrrfi}T7yr^^,:,,.\
■^^t,^ fm « .j«^«» ■ .1 «i^* ^ ,^ ^. ■! ■ ■ «a) niiia>^,j»i»^^U<w^^^p»<^f>»tt>nignji^ijiâ
Le \al (le UieiDir vi U tIIU^o dn CImv (rn« prise <l« U roQt« 4m CUm à FWfvai), rlT«
de U lllciiuc; ea arriéra da rlllAce : lc« rK-tes bol«de« 4s rAr^omM.
des couches vers l'ouebt, indique peut-être une ligne de fracture
ntfouiliée par i'crodion. De chaque côté dd ce fossé central, et sur
i'iiacuu des versants, les plateaux sont entaillés jiar des ravins kté-
raux, portant les noms significatifs de gorges, gorgeons, gorgettes,
S:oulctte8, qui s'entrecroisent dans tous les sens, au point que le mas-
sif primitif ne présente plus qu'une juxtaposition de crêtes aignCs,
séparées par de véritables gouffres ('). Ces ravins taillés à pic, qai
1. vr. Ici d.'-nouiiijAiiett Mrmrtvritllqoet de la Pake, fttcBlBoat, U Brn«-£chlaa, la C»1 da Sa» fil
dfvrrat à renplMeiorntde l'ArgoBBc sur U caria aucIccM d« Vaidaaaiê, par Jaiu.i*t, g éagraf fc a
«nltaalru da fl (lîW;. \
78 lA CHAMPAGKB
«ffecient à leur naissance la forme de conques ou de fonds de bateaux,
ont parfois une profondeur dépassant une centaine de mètres : telles
soot, sur la rivo droite de la Biesme, dans le voisinage des sources,
la Gorge-lc-Diable en amont du village de Bellcfontaine, et les Gou-
letles, aux sources du Hutebas. Du haut de la côte de Biesme qui
domino à l'ouest lo bassin des Islettes, au confluent du llutebas et de
la Biesme, les crêtes boisées dé TArgonne apparaissant alignées comme
de gigantesques décors de théâtre, étagcant les unes dcrricre les
autres leurs cimes arrondies comme des dômes : il y a là un panorama
qui rappelle, toutes proportions gardées, les plus beaux sites du Jura
ou des Vosges. Mais c'est à la pointe sud- est du maesif, où les phéno-
mènes d'crusion paraissent avoir atteint leur maximum d'intensité, aux
environs de Bcaulieu, qu'on peut admirer les fonues si originales du
relief argonnien : le village de Bcaulieu est juché sur un promontoire
étroit entouré de ravins sur trois côtés ; en avant se dressent des cônes
do verdure (signal de Waly, côtes du Pain-de-Sucre, de Saint-Max,
do l'Kpinay) ouvrant dans leurs intervalles des échappées lointaines
sur les terrasses du Barrois, le bassin de Triaucourt et la forêt de
Givrj('). Parfois les fissures des assises de gaize, ravinées par les
eaux d'infiltration, ont fonné à la surface des plateaux des gouffres
(grotte de Condé-lès-Autrj) et des puits naturels qui s'ouvrent jus*
qu'au sommet des crêtes et que des légendes ont fait désigner sous le
nom de « trou des Sarrasins », € trou des Fées », etc. C'est à ses hautes
cimes boisées culminant au-dessus de toute la contrée environnante
que le massif d'Argonne doit la fréquence et l'abondance des préci-
pitations atmosphériques qui l'abreuvent ; sur son vertant oriental,
au-dessus duquel se dressent les plus hauts sommets, la hauteur
des pluies dépasse parfois 900 millimètres (*) ; après les averses dilu-
viennes de la saison chaude, on voit dans l'Argonne, comme dans les
pajs de montagnes, de grands nuages de vapeurs flotter au-dessus
des ravins sur le flanc des crêtes.
Malgré son développement en largeur (4 lieues en moyenne),
l'enchevêtrement de set ravins et de ses crêtes, l'épaisseur de ses
1. V^fHê nm §4 % l f9 (P* ««wm, Sam to Arft«l. 4* la Sw. ^MImb. êê rmémm^ t. XV, IISl,
y. tl tt B«, la), rxwrtt» yftifl l i w fl laiMM f «I «VU «i f»*» mr tot tea« «i à te mHém ém
it«« %m mmmm U fito», iipdi Waljr JMf a'à
faU h ai m ll ÊÊ U^ m m te Ummé^êam é» te ^to» «i te
«MMt I Ê»md ê'9m9^%mnM te ptiumf
à te M«feM éM HMM«S, MT te rt««
.W» . . r. t^ttmi, MM-, ■ ... -....^^ ^^.^-^.^.^«^i ..— *«i^^.-^-«.^r«— ^-^^ ^^ ^ ^ ■ ..»■ ^.^- -.^-^ |--^-
ARGONTfB 79
foreUf l*Ârgunne n'est pas, au moins de nos jours, uil obstacle sérieux
aux cunimunications d'est eu ouest (*). Outre le grand synclinal
de la Biesmc, la Vallée, connue l'appellent les Argonniens, qui cons-
titue longitiiJinalemcnt la principale artère pour la circulation k
riutérîeur, TArgonne présente plusieurs voies naturelles transver-
sales: indcpendnnnucnt de la trouéô de l'Aire à Grandpré livrant
passage à la route de Verdun à Vouziers et à la voie ferrée d'Apre-
mont à Cliallerange (24 kilonivtrcs), un assez grand nombre de cols,
lie bcuils en forme de selles interrompent la continuité des crêtes et
facilitent le passage d'un vei-sant à l'autre. Sur la bordure orientale
du massif, à la hauteur de Ciermont| fc'ouvre une échancrure împor>
tante : U, entre les flancs abrupts do la colline Sainte-Anne et la
côte du Pain-de-Sucrc, une brèche naturelle, taillée dans la roche de
gaizo jusqu'au soubai^scment argileux du gault, établit une comma*
nication entre les plaines de l'Aire et le bassin des Islettcs : ce col de
Clermont est suivi par la route nationale et la voie ferrée 4e Verdun
à Chûlons par Sainte-^Ienehould ; la première escalade l'Argonne par
la cote de Biesme, la seconde traverse le massif sous un tunnel au-
dessus des Islcttes, pour déboucher par un ravin latéral dans la vallée
d'Aisne. D'autres routes forestières transversales franchissent les
crêtes par des seuils : la plus accessible est celle de Varennes à
Vienne-lc-Château par le Four de Paris et le val de Biesroe (12 kilo-
mètres). Quant au « défilé » de Lachalade, non moins fameux que
celui des Islettcs, il n'existe pas en tant que voie transversale ; les
villages de Lachalade et des Islettes sont situés tons deux dans le
grand sillon longitudinal de la Biesme qui aboutit à la vallée d'Aisne
en aval de Vienne-le-Château(').
L'Argonne doit à l'enchevêtrement de ses ravins et de ses gorges,
à la continuité majestueuse de ses masses boisées, une uniformité an
peu triste qui n'exclut pas cependant une certaine diversité dans le
mode de circulation des eaux, dans les formes de la vie végétale, dans
1. Voa Ronula* avalent tracé «b« toIc longltndlnale qui anMilc tmtof •• pvtl« êmjmkinmà
1««oB 4* liaate4.'hrTaaehé«, «a anlTant la Uyua ort«otal« Sm ctHm; 4« ^«a, U T«to dt
Mets rrmoDtalt U valida de Blctmc par VteDBa-l»-Ck4tca« (ilriviiaa) Jaiqa'à l^wtlialaSa,
Ira crftca «t aortall da la torH aar le Tcraaat oriental, à la kaaiaur dm h a a— 4ê LowMrta,
de ClcmoBt (LiéiAEiS Dirtiiiu. Upfr. 4e fa Mtuê*, latrod^ p. n-v).
t. Par taite de la nultlpltcatloo dce reutaa trao«Tersal«« dont l'aeeèa eat ralatlv eta t H m U », TAi»»
RODoe a beaucoup perda de la Talcar défroalre qu'elle préteatalt à fépoqaa 4ê navarfaa ém IVtS.
Blftrher a di la tourner, Il eet rral, eu 1814; mata ea 1170, la trutaténa ari ^ a aBf ■aaia — i
da la Meuae a pu la traTerver partlrUement. Le diraloppcMeat leogltadlBal de rAr)fi
vemeat faible par rapport an fh>Bt tri-t éteada dea armiee BouTellce. Cepeadasl aaa r6le Mialdtif—
ne aérait paa nul ; U Tola femfa de CballenBge-ApraB.eBt par la trooée de Oraadpré fa ra ttUmit à la
'"-Ulea da Relmf de m porter es avaat de rArfuB«a« JueqM daaa U llgaa 4« U Maaaa (<
Hwt, Lm fVaart dm XTé-Ett, !»•••, Paria, lt»f , p. U). \
80
LA CHXMPAGNB
lei coudiiioni do l'habitat. L41 gaizo étant une roche trei perméable,
Ica plateaux et lea crêtes sont remarquablement secs, et ])ar suite de
l'épaisseur considérable des assises gnizeuses, les nappes souterraines
formées au-dessus des couches argileuses sous-jacentes sont situées k
un niveau tK*s bas. Aussi la végétation est plutôt maigre : des chênes
rabougris, le bouleau blanc, le sorbier des obcleurs végètent spoo-
lanémcnt à côté des conifères introtluits à une époque récente ; la
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St gala* la«l/« (rtv* étrtku 4« TAIrri, •« te«« 4m
•• rWwbM rr««s UIHk* daas U rvclM, l« t JUf« mI
bravrre, la fougî're impériale, l'airelle myrtille, le genêt à balai», la
bourdaine, flore caractéristique des terrains siliceux, croissent inex*
tricablet le long des sentiers pierreux ou • chavéet » et sur les esear»
pements des ravins. Par suite des difficultés d'approvisionnement en
eau potable, les centres habités sont rares ; Florent, La Grange-aas*
Bois, Beaulien, Vauquois, pourvus de mauvaises citernes oa allmea*
tés par des puits profonds qui recueillent lea suintements de la faite,
doivent leur situation sur les crêtes à d'antiques nécessités de défeaae
plutôt qu'à des considérations écononiqnet. A« contraire, les peatee
■1 .^ ..■£ ^' •*- 1 ft ii k i r f l i r ^-•■ || -- ^•"■" — "^--«-^■••' .^..^
JLRGONKR ^ 81
et le fond des ravins, où de nombreuies pctitei sources aux eanxglaa-
qucs jaillissent sur la ligne d'affleurement des argiles du giralt, ta
couvrent d'une végétation luxuriante et portent sur un sol profond les
plus hautes futaies ; des chapelets d'étangs étalent leurs nappes som-
bres à l'issue des gorges et dans les entonnoirs qui s'intercalent entre
les crêtes : ainsi les étangs de Saint-Rouin aux sources de la Biesme,
ceux des Lois de Chatrices et du ravin de Charlevaux qui déversent
leurs eaux dans la rivière d'Aisne. C'est pourquoi la population s'est
agglomérée de préférence soit sur le pourtour du massif oli les vil-
lages sont échelonnés à flanc de coteau sur les versants de l'Aire et
de l'Aisne, soit dans le sillon central de la BiesmSi dans la Vallée,
longue clairière où les groupes d'habitations se succèdent rapprochés
les uns des autres, entre Courupt et Vienne-le-Château.
L'antique foret d'Argonne {tylva Arguennen$i$, gahuê Arguemnae)
prolongeait jusqu'aux massifs de l'Ardenne la ceinture forestière do
la Champgne Humide (*)| formant entre les plaines champenoises et
les plateaux lorrains une zone frontière où confinaient les domaines
des évêques do Châlons, de Reiras, de Verdun et de Toul. Les pre-
miers défrichements et la colonisation de cette immense for£t renx>n-
tcnt à la fin du vi* siècle. Vers 597, des moines s'établissent à Mont-
faucon ; en G42, apparaît le monastère de Heaulieu ; au viii* siéde,
celui de ^loircmont ; à la fin du xi" siècle, le prieuré de Saint-Thomas
(1096) ; au \ii* siècle (vers 1126), les cisterciens fondent l'sbbaje de
Lachalade sur les bords de la Biesme et, en 1147, celle deChéhéiy à
la llbière orientale de la forêt ; en 1 137, des chanoines réguliers venus
de Verdun s'étaient fixés à Chatrices sur les rives de l'Aisne; d*aa-
très moines, établis à Grandpré et à Senuc, exploitaient les biens de
Tabbaye de Saint-Remi de Reims (*). Tous ces moines défrichèrent,
plantèrent des vignes sur les versantsJes mieux exposés, créèrent des
villages, des forges, des verreries. Au xviii* siècle, les moines de
Beaulieu contribuèrent de leurs deniers aux travaux entrepris sons la
direction de l'intendant de Charopagnei pour rendre flottable la
Biesme qui transportait les bois de l'Argonne jusqu'à la rivière
1. D*a|>r^ Câf Am (T. 3), U foK-t d'ArdenDe •rt«i;d«lt drpttSa U Rhla J«*4m*lB« IfCrttolytSwaiwM;
Orderic ViTM. rcaffodalt rArfoBne arec l'ArdenBe {Hitt^r. meHtmi—t.f lim VII, p«r. 1,
Iliittr. d4 yrmmrt, t. Ul, p. UO): d'après RicnES, TArcoaM ■'rU^adalt jMqa*ams «•vli^aa êê
Olb. III. eap. cin, eolleri. d«* lliêl»r. de Frmme*,t. n,p. I2S>. Cette «oaf^ioB •*cx^U«M fsr «a
tlt« d rtrBoloffi*.
1. Snr la rolouiaatioa moaaatiqae dana l'ArfVBB*, cf. Pobbob, ttiê9»irt êê JfMi^«««*«9 !•-#•,
1990; LKM4IBK, Iù^ktrtk4* fcMfarifttM êur Vmlbmft et U ti^mté d* Dfutitm, Ib-S*, BbMb-IIm, ItîSs
IV Jailuot. RcrhcrohM aor Tabbij* d« CliéWry (J?«r. ê'Ardtmm» «1 rÀrf^èwê, t. Il àlV,tiie-
Là cmA»rAG%€ s
-%.
82
L4 CHA3JPA0NB
d'.Msne (')• Les défrichcmeDis lucccssifi n'ont pat entamé icnsiblo-
uienl la nuuse des grands bois, et TÉtiti accapareur des propriétés
monastiquesi tire encore ien forets qu'il possède en Ar^nne des reve-
nus considérables (forets de BeaulicU| 2G1G hectares ; de Cliatrîces,
1 028 ; de Lachaladsi 261G| etc.). Le sol rocheux de l'Argoune a des
aptitudes agricoles médiocres ; les terres gaizeuscs sont sèchcS| dé-
|H>urvues de carbonate de chaux; les pommes de terre, le seigle
rêgètent passablement sur les pentes ; les versants bien ensoleilles et
abrites comme ceux de Beaulieu et Passavant sur l'escarpe ment méri-
«lioual du massif, et ceux qui font face à la vallée d'Ai»ne aux envi-
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roos do Vouziers, sont tapissés de vignobles qui produisent un vin
Âpre et larfumé ; ce sout les vergers qui fournissent les rendements
les plus abondant! : les arbres fruitiers prospÎTont partout aux alen*
tours des villages ; à La Orange anx-Dois, à Flurent| à Moiremont,
outume dans toute l'Argonne, on fabriine le cidre et l'ean-de-Tio ot
de grandes quantités de fruits sont expédiées au loin. De verdoyantes
|irairics naturelles reposant sur les ar^les du gault ot les tables Terta
burdent les rives de la Uiesme ; m &ls nulle part la popalatioa, pina
forestière qn*agricole| ne se livra à l'élevage (*) ; les foinS| très
t. SwWt
^11 ml ntteii^MlMi ni» i-Tii^iMaif-i ■■! iifcw JJ-iTr-r- ■fn^"- ^' - "'-
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ARGONKB 83
mes, £ont expédiés à la gare des Islettcs ou transportés sur de gigan-
tesques chariots et vont approvisionner les régiments de cavalerie de
Saîutc-Mcncliouldf Vouzieis et Verdun. C'est la forêt qui contribue
à faire vivre le plus grand nombre de ses riverains; les paysans de
TArgonne sont bûcherons, scieurs de long, charbon ni ers, tourneurs,
marchands de bois ; les briolcurs vont charger sur des uiulets, au
fond des ravins et juc(|u*au sommet des crêtes, les bois d'œuvrc, bois
de raines, traverses de voies ferrées, diarriés ensuite à la gare des
Islcttes; on fabrique aux Islettcs des montants et bâtons de chaises,
au Ncufour des attelles de colliers et des arçons, à Futeau et à Va-
rennes des ini.nchcs do pinceau et de fouet; à Malancourt, prés do la
forêt de liesse, on tourne artistiquement le bois; Florent est le centre
des tonneliers qui travaillent pour le vignoble champenois. Les vieil-
les industries argonniennes qui firent jadis la fortune et la réputation
du pays, la verrerie, la faYencerie, la métallurgie et même l'industrie
des phosphates ont complètement disparu ou sont en décadence. A
l^rtîr du w'* siècle, la plupart des villages et hameaux du val de
Bicsmc possédaient dos ven'cries alimentées par les ëables siliceux
provenant de la désagrégation de la gaize. Ces |>etitcs usines fami-
liales, qui trouvaient sur place un combustible inépuisable, fabri-
quaient des gobelets et des bouteilles. Au xvr siècle, tous les maîtres
verriers de TArgonne avaient été anoblis par nos rois ('). Aujourd'hui,
la plupart des fours sont éteints et n'ont laissé de Tcstiges que dans
la nomencLiturc locale (le four de Paris) ; plusieurs usines ont émigré
dans la banlieue de Reims, à proximité du marché de consomma*
tic n de leurs produits ; deux verreries seulement, aux Islettes et aux
Senades, fabriquent encore des bouteilles et des cloches de jardin ; les
descendants des gentilshommes verriers, des c hâzis » on « dessé-
chés >, sont devenus de simples bûcherons ou charbonniers. Les
faYenceries de l'Argonne (Waly, Salvanges, I^s Islettes, etc.) qui, à
Tépoquc de la Révolution, fabriquaient ces assiettes aux couleurs
criardes, ornées de coqs et de vilains bonshommes couleur chocolat
criant : « Vive la nation >, mt eu la même fortune que les verreries,
et rjndustrie céramique n'cèt plus représentée dans l'Argonne qno
par des tuileries et des briqueteries qui exploitent un peu partout les
argiles du gault. Au milieu du siècle dernier, on extrayait active-
ment le n.inerai de fer en graics contenu dans les argiles aptiennes
\
I. BiiRi TT«, HhMr* dt S0inî9-Utufh»m1é, 1. 1« p. SC7-ff<W. t. Il, p. SOI ; FrMpcr »K Bmaolt,
VMTicra 4« rArsvDO» {Uer. d* 0«M/«fN« «1 àê £rU, t. XU, iStt).
84 LA CHAMPAGKB
aux eiiTiroiis de Gnadpré, à CheTrières, Umrcq, Apremont, on dans
les mUcs Terts m Conaj, Cbâlel-Chchêry, Saint-JaTÎn, FlêYillo t«r
le Tcrtant oriental de rArgonne, et sur la rire droite do FAire à
£xenBoiit, Sommennce, Champigneiille, etc. Les vîeillco usines de
la ralléedWire fabriquaient du matériel de guerre et des projectiles;
il j a une cinquantaine d*annèes, le groupe métallurgique de TAr*
gviane ne cofnptût pas moins de douze liants fourneaux et forges,
occupant plus de trois cents ourrien ('). Aujourd'hui les forges
d*Aprenioni| les seules qui subsistent, fsbrlquent des pièces pour le
inatcriel des chemins de fer à Faide de la fonte provenant de Mcurtbe-
et-Moselle. Il en a été de même pour Tcxtraction et le traitement des
plmsphates de chaux qui ont été pour la région argoniiienne, pendant
une trentaine d*annécS| une source de richesse aussi précieuse qu'é-
phémère. (Test en 185G, aux environs de GrAndpré, que commença
l'exploitation des nodules de phosphate de cliaux ou coprolithes, tuI-
gairement désignés sous le nom de coquins ou crottes du diable, ex-
traits des sables verts, parfois des arjiles du gault et de la gaixe.
Cette industrie se dévelop|ia rapidement dans le bassin des Islettes,
dans toute la vallée d*Aire, et jusque dans la forêt de Hesse : on ne
vojait partout que puits à |hosphate, ateliers de lavage le long des
ruisseaux, moulins hydrauliques pour la pulvérisation des nodules.
De nos jours, cette industrie se trouve bien réduite (*) ; si les gise-
ments ne sont pas complètement épuisés, TabseDce d'une voie navi-
gable a rendu la concurrence particulièrement difficile pour les phos-
phatiers de TArgonne, moins bien pourvus sous tous les rapports que
leurs rivaux de la Picardie et de TArtois.
Les vicissitudes et la décadence progressive de ces petites indus*
tries locales ont contribué au dépeuplement do la contrée (*). De 1856
k 1901, les quatre cantons de Qrandpré, Montfaucon, Vareanes et
Clermont ont perdu 8354 habitants. L'Argoune étant un pays pau*
rre, les antiques traditions d'émigration temporaire de la population
persistent plus que jamais. Dans la plupart des villages forestiers,
chaque année des essaims de travailleurs, liommes, femmes et eniaats,
s'en vont périodiquement faire la fenaison et la moisson dans le Bar>
rois, dans le Vallage d'Aisne, dans la Champagne Pouilleuse ^ paie} ee
sont les vendanges aux environs d'Éperna/ et de Reims ; durant la
1. SMM. fM0§ 黫JrJfmtH0, p. M«, tIS; SMIM. fM«f. et U ««Mt. p. SM<«9.
rMMt «M valMT Sr tiSSiS fr. (ItSI).
S t— «IwyfWr» 4> W^>4>tW. ■ ■■li n w ittmmttà à CW w t M à
1^ ■!! Mrfi iiijM mt n •tiir i n^iÉr\aÊàtâiÊiiÊÊmlÊiMhÊAiiÊÊigÊmmtm-nÊÈmÊÊàmÉÊÊtmÊÊÉfW*mri t-
ARGONNB 85
belle saison, les villages sont presque déserts \ en hiver, les scicnn et
les bûcherons de la vallée (Fateau, Liaehaladc) vont travailler dans
les coupes de la foret de Trois-Fontaincs, jusque dans le Dcr ol dans
les forêts de la Brie ; les gens de Beaulieu et de Bellefontaine exer-
cent de pcre en fils le métier de fondeurs et d'étaineurs ambulants
jusque dans la banlieue de Paris. Jl n*cxiste plus dans l'Argonnc
dépeuplée que quelques petites villes déchues, dont rinsignifiance
actuelle contraste avec leur rôle historique* Sur la lisière orientale de
la foret, Clermont (*), bAti en amphithéâtre sur les flancs d'un promon-
toire escarpé qui commande tout le pays environnant, jadis siège
(l'une importante chAtellenie et capitale d'un comté, bien que situé
sur la voie ferrée de Verdun à Châlons et relié à Bar-le-Duc par un
chemin de fer à voie étroite (55 kilom.), n*est plus qu'une boui^gade
sans vie de 1 145 habitants. VBrennes, situé sur les deux rives de
l'Aire, à Tendroit où la vallée, taillée dans la roche calcaire, des-
sine un cirque gracieux en fer à cheval, possédait au XV* siècle des
fabriques de drap florissantes, un hôtel des monnaies, et était encore,
à la veille de la Révolution, le siège d'un bailliage ; ce n'est plus
qu'un petit chef-lieu de canton (1 ÎX)5 habitants), à l'écart de toute
voie ferrée, qui a conservé quelques constructions massives, derniers
vestiges de son opulence passée. Grandpré, dans la trouée de l'Aire,
dont le château furt campé sur une butte (') surveillait l'un des prin-
cipaux passages de l'Argonne, a encore moins d'importance (987 ha-
bitants). Vienne-le-Château, à l'issue des gorges de la Biesrae, non
loin du confluent avec l'Aisne, dont le château fort fut la propriété tour
à tour disputée des évoques de Verdun, des comtes de Qrandpré et de
Bar, compte 1 344 habitants, dont quelques centaines d'ouvriers et
ouvrières occupées dans deux usines de bonneterie (feutres pour
chaussures, chéchias militaires, velours d'ameublement, chaussons) ;
l'activité de ce petit centre industriel, complètement isolé de ses con-
génères, est entravée par l'éloignement à 4 kilomètres de la plus
proche station de voie ferrée : Vienne-Ia-Ville sur la ligne de Revignj
à riirson. Au cœur de l'Argonne, dans le val de Biesme, FuteMU
(844 habitanU) et les Islettes avec leurs 1488 habitants, bûcherons,
tourneurs, phosphatiers, verriers, tuiliers, négociants en bois et en
fourrages, résument assez bien la population ouvrière de tout le pnjs.
Dans les villages argonniens, les habitations ramassées dans le roi*
1. Cf. BoaaABKS.LB. .Vof^M 9Mr CUrm^nt-^m-Arf^nmt, l»<4*, Bar4«-I>«e, I^S.
t. Cf. A. PB BAiTuiUMT, X*fi<« kiêtoHfuê êmr l« wfi»»n «I Im r^mtm éê Q f è/ H^
86 Ll CHAMPAGNE '
•iiMgo deiDÎreftitx d'eaa et des aourcea l'entaucat leinncs contre lei
autres, dûpourruei de dépCD^Uncea, car U culture et l'éleva^ «ont
prctque nuls ; dao* les coDEtrucliens, toujours en façade sur la rue,
le cinssique grenier on l'entassont le foin et le baîs s'oarre au pre-
mier C-taga ; partout le bois, les Uttci et les planches. Çà et là des
petites maison* baises, peintes en couleurs claires, entourées de jar-
iliuets, ont l'juipcct pimpant de mînasculcs villas : ce sont les rési-
dences temporaires des bûclierons, dci étamcurs- fondeurs, de tons
ces demi-nomades qui ront gagner leur vie loin d« pajrs natal, et
conquièrent sonvent une modeste aisance. Quant aux petites villes
argonaionnes, leurs maisons trapues, construiles avee les blocs da
couleur jaune verditre de la rocbe de galse, abritent une popnUttoa
de petit* commerçais et de petit* propriétaires qui n'est onmèri*
qnement plus ea rapport avec le direleppement de l'c^ace oecmpi.
Tel est le pajra d'Argunne, piuvre, peu psuplé, anrtent sAduianat
par roriginalito et le pittoresque de sa ceofiguratioa. Ea dépit de wa
individualité si nette et si forte, 1« masaif d'Argowie n'a jaaMls •«
AR60NNB 87
une existence historique à part, et n'a constitué, à aucune époque,
une unité administrative quelconque. Au début du Moyen Age, l'Ar-
gonne était partagée inégalement entre les dioci*aeft de Cliiîlons,
Kcims (doyenné de Grandpré) et Verdun (doyenné de Clenuout).
Nulle part l'Argoune n'est mentionnée comme un paguê au sens
administratif du mot(*). Au xiil' liècle, la rivière de Biesme, ou du
moins une partie de son cours, formait la frontière entre le royaume
de France et Tcmpire d^ Allemagne, limitant les deux seigneuries
rivales des comtes de Champagne et des ducs de Bar; une coutume
différente étiit en vigueur sur chacune de ses rives (*). Do bonne
heure nos rois s'cfTorcérent de reculer au delà de la Biesme la fron-
tière de 1.1 Fi-ance, de façon a englober dans leur domaine la totalité
de cette Argonno dont Timportince militaire ne leur échappait pas.
Dès la fin du xui* siècle, nous constatons leurs empiétements conti-
nuels sur le territoire de TEmpire, à Montfaucon et à Beanlieu (') ;
mais ce n'est qu'en 1G32 que le Clermontois, qui comprenait toute la
partie sud-est de TArgonne, fut cédé par le duc de lorraine au roi
I^uis Xlil. Le |tays d*Argonne devenu la propriété du roi do Franco
ne fut pas érigé en circonscription alministrative indépendante: toute
la partie nord et ouest fut rattachée au gouvernement et à la gé*
n /l'alité de Champagne, tandis que la partie orientale, comprenant
Tancien Clermontois, fut incorporée ii la généralité de Metz ou des
Trois-Évcchés. Aujourd'hui, TArgonne reste partagée entre les trois
départements des Ardennes, de la Marne et de la Meuse ; et, telle
est la persistance des traditions historiques, la rivière de Biesme, sur
la plus grande partie do son cours, fonne la limite entre les départe*
mcnts de la blouse et de la Marne.
La trouée qui livre passage à la rivière d'Aire à la hauteur de
Ci randpré parait être de formation relativement récente: une étude
1. A IVpnqae CArulin.k-DDC, l'Arg^nu» «rUit p«rUgr« eatra trolê f*fi S ff*' Stmémmemat* (AtÊ4^
i. Vf. J. lliTKT. I^ KrontUre rl'KnipIre dart l'Ar^'One (Hihii^lk. éf Plirmtê dêê rUrU», t. XUl^
IMI. p. 9^6, lOI-tOl; An D«Td, siitre lr« valKVa d'AUne rt d'Alrt. U froatiV-ro 4e l'E«H'« '^•p'àÊ
trinfTrraalrtnrnt U forvt d'Ar;;unno \KiT lea guilrc-ili^iies (b*ia dr RlMirrlIU), prèc 4^ •omrrta ém
nil*««'.-.a di* iharlivans : rlU- roai>«it l'Alrp •■ cotifluc*Bt da rainwaa d« Vrr%-«BS eatre MeatMalLTillr
et ApretiioDt, A U li«i<rr de* d«|ar1<nientt dit Ardearra rt d« la >l»n«« {ItufM. ée §^9fr, IkUimr. H
d»êcrift., aiibée liOI, futé, t, p. fC). André I^KRoar : Lt» Ch*H«ê da CUrm»ulmi*, !»•••, P«uto« IfN,
p. 14.
S. I^ rt'anloo ao domnlBa rojal da romU* d« Chaaipai^p fit da roi de Vraare aa Tetala laïaiMlal
dot «•v«*'<|Dr« dr Vrrdiin rt d<^ comir* de Har rt lai foarait recraaloa d'eicrt^r aea r»Teadlcall«as. Km
Itlt, riiilip|>e III robriut aror Irt etiauofnr* de Moetfaoroa aae •■«orlatloa de «elfaearfeet de jaa-
tire, rt UB pr4t6t rojal vint tlrfcr daai ertte iin|K>rtanie p<Mltloa •traiégiqaa altaAeea pWa le r r U »lf
d'Empire. Kn 11*7, l'hllipi»* le Hrl prenait koup aa protrrttoa les «Miere de llttaallea a ie l eelda par toe
roinirs dr Bar, et aa arrvt da parleiurnt rrrmdl'inaii B4>aallea roaiiae fiUaaat parole da rejai
Fraace; eofla, ea IJul, la roaite de Bar, Hrari III, akcadoaaalt aa rel dt rliuiea kr
tnat ee qa*ll po«a«'dalt *mr U rire gaaeke de la M
"' •».
88 LJl CHAMPAGNE
topographiqac détaillée des lieax a permît '(') de constater en cet
endroit les yettigct d'une capture, au profit de l'Aisnei de la rivièra
primitiyeinent tributaire de la Meuse. L'Aire a dû se diriger autrefois
vers le nord, en longeant le talus formé sur sa rive gauche par les
affleurements de rinfracrétacc. Son ancien lit est marqué par le ravin
de son petit affluent l'Agron, qui se prolonge naturellement par le
couri sinueux de la Bar, dans une large vallée à pente indécise. Par
sa largeur, lo val de Bar, qui rient déboucher dans la vallée de la
Meuse en aval de Donchery, n'est plus en rapport avec TexiguTté du
cours d'eau actuel (*) : c'est dans les prairies humides situées à l'ouest
de Buzancy, non loin des villages de Bar et Ilarricourt, que se fait le
partage des eaux entre la rivière de Bar et l'Agron (la fontaine qui
bruit) [']. Les indications de la géologie confirment cette hypothèse
d'une ancienne jonction de l'Aire et de la Bar : la présence dans la
vallée de la Bar de députs de sables verts argileux recouverts par les
alluvions récentes, à une distance assez considérable des sources ali-
mentées en terrain calcaire, est incompréhensible dans les conditions
présentes de la vallée, et il faut admettre que ces dépOts argilo-ta-
bleux, arrachés par la rivière d'Aire au soubassement du massif d'Ar-
gunne, ont été apportés par elle à l'endroit ou on les trouve (*). An
nord de Orandpré, la dénomination d'Argonne appliquée abusivement
à tout le pays qui s'étend jusqu'à la vallée de la Vence (*) disparaît
de la toponymie locale. Sur quelques anciennes cartes (*), elle est
remplacée par celle de VallagOi réservée aujourd'hui aux vallons
situés au nord de l'Aune (cantons de Tourterun et Kovion-Porcien);
en réalité on est dans les Ardennes, c'est-à-dire dans cette lone aux
limites indécises, toujours montueuse et boiséo, ap|uuienant aux di-
vers étages des formations jurassique et crétacée, adossée au massif
schisteux franco-belge. An nord du défilé de Grandpré, les dép6ts
infracrétacés s*amincissent et se rétrécissent, les formes da relief ta
modifient peu à peu, la forêt est moins profonde, la physionomie géaé*
raie du pays et les conditions de l'habitat se transforment gradaella*
ment. Au delà du vallon de la Fournelle, les argiles du ganlt et la
gaize elle-même n'affleurent plus qu'en lambeaux disoontinaa an*
1. Ammtt. éê f <i f r.. t. T, ISM. |^ 4S •««.
«r U«*«tré^ Cf. Om i>Mi«i> St rMWS^a St te «««• M«4fUk.S» U BUT Sm* to
4Mt ém Sln»ii 40 tMtm 0l4V«»*l ar L4r«ttT, Art U tm pmHtmmt^ t. V, r» M)»
t. Cr. UvaUT, O40trmpké0 ém Âtàtmmm, l»-tS. CImWHIK ISM. p, tSI.
4. !>• L4rrA»UT. t'a È^àmé» 4* nêmatm MUWt {ÂmmaL 4«f«afr^ UJasv. ISSf, p.
5. AmmmvtOwéamt^ r»fi^ «•#>««<■,»> tirts 9. SM.
S. Vt i> Cmn» 49 CTtMf^— é% O ■«■■■■ — UtLm (mi|.
I Mil É %Miri Éinri ■ J* liMMMÉfc^faMÉiiiyiw^iyÉ^
LES ARDENNES 89
dessus de leur soubassement calcaire et sont fréquemment masquées
par des plaques d'un limon jaunaltre argilo-sableux ; lea crêtes et les
dômes caractéristiques de l'Argonne s'afTalssent ; plus de sillon longi-
tudinal comme le val de Biesme, mais des vallons transversaux étroits
et abrupts, comme ceux de la Fournelle et des ruisseanx de Montgon
et de 8aint-Lambert qui sont taillés dans le portlandien, dans le
calcaire à as tir tes ou même dans le corail ien| et viennent déboucher
dans la vallée d'Aisne. A l'est et au nord-est, les villages de Châtillon
et Brieulles-sur-Bar, Le ChesnCi Marquigny, Jonval| Saint-Loup-Ter^
rier, Wignicourt jalonnent la limite extrême des affleurements infra*
crétacés ; de ce coté, les plaines de la Bar et le long synclinal que
remplissent TéUing de Bairon et son affluent le ruisseau des Prés
délimitent assez nettement la partie champenoise des Ardennes : au
nord-ouest, à partir du vallon que suit le ruisseau de Mignj, la for-
mation infracréticée perd son individualité; le terrain de craie com-
mence h apparaître dans les fonds et ses affleurements se multiplient;
on entre dans une zone mixte, tour à tour sèche et humide, ou la
Champagne, au nord do la vallée d'Aisne, confine aux pajs arden-
nais, à la Thiérache et à la Picardie.
Les plateaux qui font suite au massif d'Argonno sont disposés en
amphithéâtre autour de la vallée d'Aisne, qui dessine un coude brus-
que à la hauteur de Killy-Semuy ; leur inclinaison est forte et le relè-
vement des couches vers le nord-est très prononcé ; l'altitude de la
vallée d'Aisne entre le confluent do l'Aire et Attigny est en moyenne
de 100 mètres, tandis que la bordure orientale des plateaux infracrô-
ticés, éloignée de 8 à 10 kilomètres, dépasse 200 mètres (248 métros
près de Briquenay, 228 mètres près de ^larcquigny). Toutefois, en
raison de leur faible épaisseur, les affleurements de l'infracrétacé ne
forment pas au-dessus des plaines de la Bar un talus aussi aecentué
que la corniche du massif d'Argonne au-dessus de la vallée de l'Aire :
ainsi à Brieulles, la vallée de la Bar est à la cote 158 mètres et n*est
séparée du ravin de la Fournelle que par un seuil ne dépassant pas
174 mètres (trouée de Noirval). Les plateaux ardennais sont profon*
dément ravinés et sillonnés de gorges, comme celles de Longwé et de
Toges qui rappellent celles de l'Argonne ; ce sont, sur les pentes, les
mêmes petits chemins creux taillés dans la gaize, dans lesquels éTO-
luaient si difficilement nos soldats les 12 et 13 septembre 1792(*);
mais ici les crêtes sont moins sailhintes et finissent par disparaître, à
\
1. Pauibt bt Valléb, Cmmtt érélmftê du dragon Mmrfmmmt, Im-lt, Xaac/, !•••, p, MS.
b^. ,^
90
LA CHAMPAGNB
Diesare qac les dépôts de U gaize s'aniincUsent et font place k des
AfHearemeDts d'une autre nature. Jusqu'au ravin de la Foumclle,
qui marque peut-être l'emplacement d'un ancien lit de la Bar(*), la
forêt eêt encore tri'i épaisse (bois de Bourgogne, de la Belle-Épine,
de Briquenaji forêt de Boult), tandis que, au nord de ce sillon trans-
versal, les massifs boisés (bois do Vandy, Vaumaillard, de Voncq
et dn Chesnc) sont entrecoupés par de vastes clairières cultivées.
Comme dans l'Argonne, les défriclicments et la colonisation primitive
ont été rœuvre des moines. Toute la contrée était comprise dans le
cicmaine des puissants évêques de Reims qui étendaient leur juridic-
tion jusqu'au delà de la Meuse ; dés le x* siècle, les abbés de Saint-
Kcmi de Reims avaient la seigneurie d'un grand nombre de villages,
et d'antiques traditions rattachaient le pays au comté de Champagne
et au royaume de France (*). Les comtes de Itcthel, fondateurs du
monastère de I^ouvergnj- des -hilares pK^s de Lametz, transféré à
Longwé près de Montgon, contribuèrent avec les abbés de Saint-Remi
«le Reims, les moines de Jjindèves près de Ballay, les Templiers de
Boult-aux-Bois et de Clairefontaine, an déboisement et au peuple-
ment de la contrée ('). L41 déforcstation a été |.oussée plus loin que
dans l'Argonne et s'est poursuivie presque jusqu'à nos jours (M. Les
a*)iani|'S cultivés s'étalent à U surface des plateaux qui surplombent
la vallée d'Aisne, tandis que les vergers garnissent les pentes ; an
fund des vallons, les oseraies ont été multipliées. Au nord, dans le
canton de Tourtoron et jusqu'à la forêt de Mazarin, le pays est encore
]>lus déconrert ; l'aspect varié de la végéLition et des cultures révèle
la diversité des sols : vergers d'arbres à cidre sur les terres légères
constituées par les sables verts aux environs de Tourteron et d'Ecordal,
vignobles sur les décliTités de la gaize et du calcaire à astartcs (Neu-
ville-et-Day, Suzanne, Ouincourt, etc.), friches et pacages où s'épa-
nouit la flore spontanée des sols calcaires à la surface des plateaux oh
la roche corallienne est à peine recouverte par une mince eooche de
terre végétale. Tous ces plateaux, traversés par la seule grande voie
romaine de Reims à Trêves par Voncq et Le Chesne, formaient, avant
les déboisements, une solide frontière naturelle an nord-est des plaines
cliampenoises, sous la surveillance des comtes de Orandpré et de Re-
thel. Bien que les ravins transversaux à direction conséqnente soienl
t. Datm, Im. Hi^ p. M.
S. AlWrt IICT«A<>, fV»i4M»M,
S. Cf. H«iV4r«. XmHm wr f lla f 4r
4. Il«c«v BT XnmtWn 9 *m i ta i . fr» — . 4r
IH-a4«rr, T9§0§$ 0m FHmn^ ti« Wfl»^ |^ SHL
'<
tSSS,9.»MI.
^^w««tai«aflfehi6iMHiAÉ«aÉÉrfMài6UJMÉiÉ^^
LES ARDENNRS 91
plus nombreux et plus accessibles que dans l'ArgonnOi la viabilité
était encore fort imparfaite à la fin du xviii* siècloi et les fameux
défilés de La Croix-aux-Bois et du Chesne auraient pu être facile-
ment défendus en 1792, Aujourd'hui la route nationale de Stenaj à
Vouzîers par Buzancy escalade sans peine les coteaux boisés par
Boult-aux-Boîs, et, après avoir traversé dans une clairi&re le villaga
de La Croix-aux-Bois qui n'est nullement au fond d'un défilé, elle
rejoint la route venant do Qrandpré pour redescendre dans la vallée
d'Aisne. Quant au non moins fameux défilé du Chesne, il se compose
en réalité d'une double voie : ce sont tout d'abord deux routes venant.
Tune du Chcsnc (route de Sedan), l'autre de Brieulles-sur-Bar par la
trouée de Noirval, et se réunissant à Quatre-Champs dans le vallon
de la Fournelle, pour déboucher dans la vallée d'Aisne en face de
Vouziers. Depuis quelques années, un chemin de fer k voie étroite
do Vouziers à Raucourt (58 kilom.) emprunte le vallon de la Four-
nelle, et se bifurque, d'un coté sur Le Chesne, do l'autre sur Busanc/«
Enfin, à l'ouest du seuil sur lequel est bâti à la lisicre des bois le
bourg du Chesne, s'ouvre une gorge étroite par laquelle les ruisseaux
de ^larcquigny et de Day apportent leurs eaux à la rivirre d'Aisne
eu face de Semuy. Cette voie naturelle a été utilisée pour la construc-
tion du canal des Ardcnnes qui joint le canal latéral à l'Aisne à la
Meuse navigable par la vallée de la Bar. La construction de ce canal
de jonction dont le projet primitif remonte au xvii* siècle (') a nécee-
sité des travaux assez considérables, car le seuil de partage, ma
Chesne, est à 108 mètres au-dessus du niveau de l'Aisne, et la pente
sur le versant de l'Aisne, qui est de 79 mètres pour un parcours de
9 kilomètres, a dû être rachetée par vingt-six écluses. Indépendamment
des prises d'eau pratiquées dans la Bar et dans le ruisseau de Longwé,
l'alimentation du canal est surtout assurée par l'étang de Bairon, im-
mense réservoir qui s'étend près du seuil de partage au fond d'une
dépression, entre Le Chesne et Sau ville, sur une longueur de 6 kilo-
mètres, et dont la capacité n'est pas inférieure à 5 millions de mètrea
cubes. L'étang de Bairon déverse son trop-plein dans la Uar, tout en
fournissant au canal 29 000 mètres cubes à l'étiage. Ce canal dea Ar-
dcnnes, dont la longueur entre Semuy sur l'Aisne et Pont-à-Bar près
de Donchery sur la Meuse est de 38 kilomètres, transporte depuis
1. L« fOBitnirtloD 4'ao« Tole B«Tlcabl« catra l'Ai»* «t U Me«M •taII été prf«oal«4« fv CotWrt
et |4r VftaUa. Cf. na Boilmlk, Mémolrtê 49 U finimUU àt PmrU, 1. 1, p. S» aoU; P. Ci^éMaar,
i^ttrtê, imêtmrliomê «1 wUmvifê et CmlktH, t. IV, p. 4ti; LâCAïui^ Lm Origlaea ém —maà 4M Al^
Se««M (Scr«« AMoHf ■« mrÀennMUe, 4* M»^ 1S97, p. 4S).
93
LA CH13IPA6NK
1831 Ica boîa de la ré^on et desaert le* pctitci uBinei situées lar aea
HvcB : moulina de NeurilIc-ot-Day, papeterie de KIontgoD -, il eat tur*
tant une voie de transit pour les bois, les ardoiioi, les matériaux de
construction, les produits métallurgiques des Ardennei et les houillea
du bas#in do hii-go ('). La populntion actire de celte portion extrême
de la tone infracritacée est vouée presque exclusivement à l'exploi-
tation des forêts, des canièrcs ot à la culture du sol ; les peigncnn
de laines vt les tisseurs, qui traraillaient jadis dans un certain nom-
%
^
^^^^?!^^^-=<'±fc^-^
r^^.é^^'^^' ,
L> >ia>«* <• I«H"*. '•-• ■• nrH ■• H* 4*
.lm.u.B.b(ar<«.«).
bre de TÎllages ponr les naines de Sedan on de Kethel, ont complèt»-
tncnt duparu. Le eanton de Tonrteron, la moins boité, a une popoU-
tioa pins dense (47,6) que celai du Cbesne (36,4) plus spécialement
forestier. Un seul centre, Le Chesoe, trarersé par le canal, a ane po-
iriati^iiHi 1*:^
Ml
_tM . »fc- J J-J
M«MAalflMaMAdki*MiKfcMW^taMik*Â.i
LES ARDBN7<ïE8
93
puIatioQ dépassant 1 000 habitants (1 526). Comme en Argonne, et
pour les mêmes motifs, Témigration temporaire est entrée dans les
habitudes de la population : de Joiival, de La Sabotterie, de Marcqui-
gny, etc., partaient jadis des « galvaudîers » ou marchands de dons,
des colporteurs de harengs salés, qui se répandaient dans les villages
de la vallée d'Aisne et de la Champagne Pouilleuse ('). De nos joarS|
Texode d'une partie de la population ouvriôro que des salaires et un
travail insuffisants ne fixaient plus an pays, est devenu définitif; le
-rua-'' -^.-«~
r.
- «î ^^tm
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'■mift^^^fm
Une eiploiutlua a^rlcvl« à Loofwr (to!tare n rrritvmunt Utérmiix tu ftr<MM«); Ml rMHWf
la eouUjfuïtv dv rbabiutioa atm lec rvulM* «t vcaries, c«idu« duu In AriwiaM «1 U I tmlat
courant permanent d'émigration se porte surtout vers les carrières,
les mines et les centres industriels de la Meuse ardenn&ise; c'est
pourquoi, de 1856 à 1901, la {K)pulation des deux cantons de Toar-
teron et du Chesne s'est abaissée de 13 351 à 9508 habitants. La po-
pulation est relativement disséminée, par suite du grand nombre des
niveaux d'eau et des sources, de Tétendue du territoire agricole.
Quelques villages, comme Longwé et Toges, sont littéralement enfoab
. \
1. HcBUT, 0i^frêfM9 d€ê Ârêtmm^êf p. 4SI.
.oJMHtJt* *•-■• «L ..J^
94 lA CHJUIPAGNK
au fond dea gorges. )IaU l'aipect extérieur des habitations ii*cst déjà
plus tout à fait le même que dans TArgonne. Sans doute, au cœur de
la forêt, entre Grandpré et Le Chesne, on retrouve les petites maisons
basses en torchis et en bois, portées par un soubassement en blocs de
gaize ; mais les assises du 'corallien et du calcaire à astartes fournis-
sent d'excellents moellons qui apparaissent dans les constructions im-
portantes. Dans les bourgs, les maisons massives en pierres grises ou
jaunâtres (pierres de Buzancy), alternant avec les constructions en
briques, s'alignent derrière les tas de bois et de fumier le long des
chaussées : les dépendances attenant à l'habitation révèlent par leur
extension le lôle prépondérant de l'agriculture ; les teintes violacées
des toitures et les placages d'ardoises recouvrant la partie supérieure
des façades exposées aux vents pluvieux annoncent| par leur fré-
quence, le voisinage de l'Ardenne.
)..vii:^'-^'\mi>mtMtittktwÊ ■■ t\màmî^M^BéÊiàtâimÊ*mÈilliâSiÊii^ÊÊIBÈÊâÉàÊtÊÊÊÊiâÊÊÊÊÊÊÊ
CHAPITRE m
Vallage d*Alsne et Pled-des-Monts.
Au pied des massifs boisés argonnicns et ardennais qui so dressent
cil aiupliitliéâtrc sur la rive droite du long fossé sinueux formé par
les vallées do TAnte et de TAisne, s'étend une zone luxuriante de co-
teaux bocagers, de crêtes affaissées toutes en cultures et ehtrecon-
pces de vallons verdoyants, limitée du coté de Touest par une ligne
oniulcuso de blanches collines : c'est le Vâllâgô d* Aisne, ou Vallage
argonuois (') qui, au point de contact des deux formations infraeré-
tacée et supracrétacée , constitue un pays mixte entre la Cliam}vign6
Humide efscuticllemeut forestière et la Champagne Pouilleuse agri-
cole. Dans ion ensemble, ce Vallage est loin de présenter l'aspect
déprimé et plus ou moins plat qui caractérise le dessin topographiquo
do la bande infracréticée, et il justifie par sa configuration la déno-
mination populaire qui lui est commune avec d'autres contrées géolo-
giquement très différentes : c'est un piys surtout vallonné, dont les
ondulations typiques sont dues à la mise en évidence inégale des
affleurements cénomanicns et turoniens qui s'intercalent succesaive-
meut entre le massif gaizeux de TArgonne et les hautes plaines cham-
penoises constituées par les assises compactes de la craie blanche à
.micraster. Près du village de Villers-en-Argonne, l'Aisne, après avoir
])ercé le promontoire de gaize qui ferme à l'ouest le bassin de Triaa*
court, contourne le versant occidental des plateaux argonnient; ta
vallée, suivant une direction anormale, s'infléchit brusquement vera
lo nord -ouest, dans le prolongement du sillon de l'Ante et parallèle-
ment à la ligne d'affleurement dos couches inférieures du terrain de
craie. La rivière découpe çà et là dans le massif de gaize des battes
isolées aux pentes raides, qu'elle enveloppe dans les sinuosités ds son
cours (butte du Château à 8ainte-Menehould) ; sur sa rive droite elle
recueille les petits torrents qui débouchent par les gorges de l'Ar-
- \
L Cf. MiCMAOOf L« Valltg* MV««aoU (JSrfoM» êtimU, i. I, f . 441).
^ 4 «^*-*»-
96 Lk CHAMPAGNE
goooc, et sur ta rive gauche les ruisseaux issus de la bordure des
plateaux crayeux qui coupent obliquement les aflUeurcmcnts de la craie
inameusCi en formant une succcMion de mamelons allongés (aux
formes arrondies) [']. Au milieu de cette dircnité de terrains tour à
tour rocheux^ argileux, sablonneux, marneux et crayeux, chaque for-
mation géologique se distingue dans le Vallage p.ir une végétation et
«les cultures qui lui sont propres. Les côtes de gaize sont couvertes de
bois, lambeaux plus ou moins détachés de la forêt d* Argon ne (bois
d*Autry, de Cernay, de Mogon, de Plaimont, etc.); les talus les mieux
€X|)o»cs poilcnt des vignobles, sur la rive droite de TAisne à Autrj,
Senuc, Cliestres, Vandy, Terron, Falaise, Vrîzy, Voncq; mais ces
▼ignés dont la culture fut propagée sur les pentes de TArgonno par les
c«Hntcs de Cliampagne, vers le milieu du xill* siècle ('), ne fournis-
sent que' dos produits médiocres, et les récoltes sont très précaires par
suite des brouillards, de riiumidité, des gelées précoces de Tautomne
qui caractérisent le climat local. La vigne a reculé devant les vergers
qui garnissent les pentes les moins favorisées |)ar rex|K>sition, à la
lisière des grands bois; chaque année les fruits sont expédiés par
wagi»ns à destination des marchés de Paris et même de Londres. Mais
la principale richesse du Vallage réside dans la culture des céréales
et Texploitation des prairies naturelles. Los croupes mamelonnées
situées sur la rive gauche de l'Aisne, où les assises tour à tour sablon-
neuses et marneuses du cénomanien et du turonien sont recouvertes
d*abondant4 dé|iuts limoneux, fournissent d'excellentes terres à cé-
ré lies et le Vallage est, pour toute la contrée circonvoîsîne, un véri-
table grenier d'abondance vers lequel affluent, au moment des récoltes,
les travailleun venus de l'Argonne (*). Au développement de la grande
culture correspond, dans le Vallage, une transfomution significa-
tive dans l'agencement des constructions : on voit apparaître la maison
du type champenois avec ses vastes granges oii s'entassent les mois*
sons, ses dépendances séparées de l'habitation et groupées autonr
I. S«r !• ValUfT, cf. C.*ci.«t. IUrWfl«M« yMacHMi mr rfc ff < l itr w t S« SftlB«*-)l*wkMli
Tmw. éê r.lrmd éf Keimé, • LXK. «Mrt l««S-ISSI, •« kr. I«^, RetaM, ISU); yimcmt «T XlYMV,
liagHM A/TiMMwl^M M I / IS09»» ; II* i*tevW« OvKuu^y, Tmpft^fkit, k^m^ir^ «i tMHtiifm^ mJ êkêW H
é€ r«rfmài*»€m*mî 49 rMi:««r«, U^, r»ri«. itM; Hriasrra, HittMf^ et S«4«to-ir«w«Mli; S viL
8. a«iwrr«, 1. 1, r llS>ltl.
S- La ffi A» w A %Mmit9 4#« irrm O iftx m ■■■Iffrti w
«M* iM^ttHlM Im M«r« 4r galtr mtà i l i>»l»» « h t f xi •««• U ImvM* i«vSl« S«
«« t«l mmà mtm» % Um é» H > f » r t «• fOm mi ltl«M
«SUfM, «f. U ««Éraw M«toK 1. 1, 9W Ml.
■•jaadMgi«liaUk.v>VMMfeM
^ ■ • - - - 't I 1 ' -f II wi i- r" ' - "^"^'—-^^
VALLAGB D*AIâKK 97
d*uuc cour intérieure presque toujours enclose. Quant aux parties
basses et aux valléeS| elles sont inégalement favorisées sous le rapport
agricole : par suite du développement considérable des sols imper-
méables, les étangs abondent et s*alignent depuis Givry-en-Argonno
jusqu'à Ville-sur-Tourbe ; les ruisseaux tributaires de l'Aisne : TTèvrei
l'Auve, la Bionne, la Tourbe, la Dormoise, etc., sont bordés de prés-
marais et de tourbières le long desquels des bouquets de saules aux
reflets argentés se détachent sur le fond verdoyant des prairies. Ainsi
s'expliquent les plantations d'oseraies, particulièrement nombreoses
dans la vallée d'Aisne, en amont et en aval de Vouziers : plusieurs
villages, Condé-lès- Vouziers, Chestres, Falaise, etc., possèdent des
ateliers de vannerie, et cette petite industrie rurale fait vivre quel-
ques centaines de travailleurs. Dans les vallées de TAnte et de l'Aisne,
là oïl le 8OUS-S0I constitué par des dépots de cailloux roulés et de
sables facilite l'assainissement des coucbes superficielles, les prairies
ont une valeur exceptionnelle, surtout entre Olizy et Attignj (*);
elk'S produisent un foin de qualité supérieure dont s'approvisionnent
les régiments de cavalerie de Sainte-Menebould, Vousiers et du camp
de Chàlons. L'élevage du clieval a même une certaine irop9rtance| et
les chevaux du Vallage, qui se rapprochent du type < ardennais »,
sont de bonnes bêtes de trait pour la culture, aptes également avx
transports rapides et serviteurs appréciés de l'artillerie Ç). Enfin la
culture de la betterave, de la chicorée et des légumes prospère sor
les limons argiio-siliceux de la vallée d'Aisne. Par la variété et
l'abondance de ses productions, le développement de ses exploitatioiis
rurales, le Vallage laisse au voyageur qui le traverse une impression
de fécondité et d'aisance capable de dissiper les préventions qa*évoqae
le mauvais renom de la Champagne ('). Pour exporter ses bois, ses
produits agricoles, et desservir ses principaux établissements indus-
triels (sucreries de Sainte-Mcnehould et de Vousiers, moulins de
Saint-lrénéc près de Mont-de-Jeux, etc.), le Vallage dispose de pla-
sieurs voies ferrées : l'une qui le traverse dans toute sa longueur par
la vallée d'Aisne, c'est la ligne Revigny-Amagne-Hirson qui assure
les communications avec les pays industriels des Ardennes et da
Nord; trois autres voies transversales unissent Sainte-Menehonld à
I. Mkcot bt KivoiT, tt. ni., p. 17S, tlS.
S. limlltt. de tm Si^. de* m§rirmltenr$, aBnt-« IMf, 7" t£.at.,f. <TC sff .
S. • Xonc râni|«âiDrt pr«-t <1« Vaoi-l«»-MoaroB. frrll G<btmb da»* ••« rMt 49 la
rraac« ; nom iùouê dxn» cette Cbanii^ffoc d« f4rb«Dx r«tioai. naU l« pays s'avait pas al
ap|>ar«Lce. Sur Taotra bord de la ri%lrra (Aboe) qal retardait l« mWU» a^alalcal 4ca vtfaaa
tcaae« ; daat l«« tU1«|«« et Ica tranyea qa'ea rbitalt, oa tmavalt aa<«i d« aaairttar*
«t Ica chcTaaz... • ((Earrea fmfiètt», iradart. PoaciUT, t. X, p. Sft.)
/
Lk CB.VMPAGNE
ont, Cludleran^ à Reims par Bazancourt, Voazîeré à Selan et
Tallée de la Meuse. Enfin le Vallage possède un tronçon de
navi^jible : le canal de Vouziers à Rîily (12 kîlom.), embranche-
t du canal des Ardennes. L*Aisne, en effet, n*est susceptible de
ire aucun service cornais vjîe de transport. Cette rirîcre issue
Barroisi dont la direction composite est l'indice des nombreux
Mies géologiques qui ont modifié son cours primitifi après avoir
ené longitudinalenicnt tout le Vallage dont elle fait l'unité, se
«me ensuite vers l'ouest par suite de la résistance que lui oppo-
tM rhrlcM €XUmr, ftiê •!•
LM««rin*-««-l>Nit ;•■ aval 4t SalaW-XM^KHiM i, tjrf«
lUal Àmm» été p€»ïtim mi
les affleurements du calcaire à astartos près de Semuj, et reprend
direction normale en se frayant un passage à travers les plateaux
«os ('). L'Aisne a un cours laborieux, extrêmement sinueux et
égime torrentiel très accusé. Lies petites rivières tranquilles qui
Lfrivent des plateaux crayeux ont une influence presque nulle sur
Mtée de SCS crues ; il n'en est pas de même de la Biesme et sar-
de l'Aire (128 kilom. de longueur) dont les apports sont aosri
idants qu'irréguliers. Il en résulte poar 1* Aisne des écarte de
an fréquent!, surtout pendant la saison froids, la aubmertion des
w
4m hmfm éé ta Si4«m p, Sl|
ISM»».llb
i
"?
k§Èn ^rigmê ém k»mim Aê la
VALLAGB D*AISXB 99
rives et p<arfoi8 des inondations dangereuses pour les riverains ('). La
rivière d'Aire représentant pour le régime de l'Aisne Télciucnt per-
turbateur, en aval du confluent les centres babités s'éloignent de ht
zone d'inondation, et, fuyant Tliumidité malsaine de la vallée, se sont
installés à flanc de coteau : Olizy, Primat| Falaise, Cbestres, Vandj,
Tcrron, Voncq sur la rive droite, Savigny, Vouziers, Condé, Yrîxy,
Rilly sur la rive gauclie. Les travaux entrepris à diverses époques
pour régulariser le lit de la rivière et aménager une voie navigable
n'ont jamais eu que des résultats négatifs, et il a fallu en venir à la
construction d'un canal latéral entre Vouziers et Rilly (12 kilora.).
Pays essentiellement agricole ou la grande culture est prospère sur
les confins de la pauvre Cbampagne Pouilleuse, le Vallage a uno
population relativement dense, mais les fortes agglomérations urbaines
y font défaut ; les deux centres les plus populeux, Sainte-Menehould
et Vouziers dans la vallée d'Aisne, ne sont, malgré le charme de leur
site, que des bourgades silencieuses qu'animent périodiquement les
marchés agricoles.
Sainte-Menehould, au confluent do l'Auve et de l'Aisne, est loin
d'avoir conservé son importance d'antan. Son antique château fort
{casti-um tupra Axonam) planté sur un rocher de gaize taillé à pio
au-dessus de la vallée, à proximité de la foret d'Argonne, garda pcn*
dant plusieurs siècles la frontière orientale du royaume de France,
marquée à 8 kilomètres de là par le val de Biesme. Sainte-Menehould
cUiit considérée comme la capitale do l'Argonno et, avant 1789, elle
était à la fois le siège d'une prévôté, d'un bailliage et d'une élection
se rattachant à la généralité chimpenuiso de Challons. La modeste sons-
préfecture d'aujourd'hui ne s'est pas transformée en une cité indus-
trielle. Son château fort a disparu, et, sur le rocher qui le portait^ de
misérables masures s'alignent autour de la lourde construction qu'est
l'église paroissiale. Dans la ville bacse, centre du commerce, ce sont
des rues régulières et vides aboutissant à deux places spacieuses
bordées de vieux hôtels massifs et de monuments municipaux asscs
imposants. Des moulins, des briqueteries, des ateliers pour la cens-
1. ramu •raMcanoss «tvkaox
Se rAi«»«. ven U eSta. 4*umi c
BAiatc-XrKehoaM I*,4S 2*^ (M Bar. IMD
VoBBlcn >■ 4-,a(St»av.ltfl}
lie ▼olaine dri tacMi eaax ca anoat de Fcaar, et.Blaent de TAIre, ett érala^ à S mkitf rabaa «1
à Eenoj à 5 nvtrce cabcs; ea irnipe de cnie» Il pcat dr|»a«#cr KO inètrra cabce (fliC mAtiM* «abaa 4
Senay, le S drc. 1882). ëor les laoadatloae de VAUv^ tt. CsAMnoa, JU« ImttémHmmê M
t. Il, p. ISS, IM, et Appcadtce, p. lxut iqq ; cf. Irt graïAlqaM, infr; p. tSC.
lOU LÀ CHAMPAGNB
truction des macliinci agricoles et une sucrerie figurent l'industrie
locale; les bois et les dciu'écs agricoles sont les principaux objets du
trafic, et l'activité du petit commerce dans cette villette de 4 490 ha-
bitants n'est stimulée que par la présence d'un régiment de cavalerie.
Vouziers, bâti en amphithéâtre sur la rive gauche de l'Aisne, n'a
guère plus de vie que Sainte-Menehould| sans pouvoir se réclamer
d'un passé liistorique aussi brillant. Une sucrerie, plusieurs briquete-
ricS| des ateliers de vannerie^ un commerce de vins, de grains et de
bestiaux, teh sont les éléments réunis de son activité économique.
Vouziers ne compte que 3 546 habitants ; mais avec Condé-lés-Voa-
xicrs, centre de la vannerie, l'agglomération totale s'élève à 4 682 ha-
bitanU (*).
A l'ouest des bas plateaux humides et boisés que draine la Vière
ot des fertiles campagnes du Vallage, depuis Vitr}'-lc-Brûlé sur les
confins du Perthois jusqu'à la vallée d'Aisne entre Attignjr et Rethel,
les afHcuremcnts de la craie à mieraster qui surmontent les assises
marneuses du turonien raidissent les pentes sur la bordure des
hautes plaines de la Champagne Pouilleuse, dessinant une ligne cou*
vexe et sinueuse do coteaux blanchâtres entre lesquels les ruisseaux
S»sus du terrain de craie s'écoulent xerê l'Aisne par des vallées orien-
tées régulièrement dans la direction du nord-est. L% configuration
trî's tourmentée et les saillies de ces affleurements de la craie blanche
sont ducs an redressement périphérique de la nappe crayeusOi com-
biné avec d'autres accidents tectoniques qu'il est difficile de déter-
miner et avec une érosion intense. Les coteaux crayeux qui portent
au sud le nom de collines de /a Serre, et, vers le nord, la dénomina-
tion ambitieuse de mont$ de Champagne, s'élèvent parfois à plus de
100 mètres au-dessus des plaines du Vallage (*) ; leurs versants géné-
ralement abrupts sont festonnés par endroits.de gradins parallèles;
des brèches évasées en forme de conques s'ouvrent dans leurs flancs ;
les |»romontoircs découpés dans le massif crajeux sont séparés par des
ravins appelés heules ou houles, et par de véritables combes dési-
gnées dans le patois local sous le nom de commet on cotnmellea ; ils
dessinent parfois, en avant des crêtes, des buttes isolésa, dominant
toute la campagne environnantOi comme le signal de Châtilk»
ïj» tnêe ém r«Ml UWrmI à r A1m«, éê VMatrrt à Rni/, j»« rtl »« «v r«Ml
•Wt^tUfmÊ fi fUÀ f i IV.2it«l.»OSS9 ••••••: liS«-IISl, UlMlMMti ISM-ISM» ISMSto»»
•m; r* l»«S, Si Mi •«••«•.) ir D> ■. ViaoïvT t MéêtmiM et U râlte et r«««<tM, to-#», mêmm^ ISIS.
t Cf. J. Xac^ast, Ksr«ff«i«tt Ml M»a«« 4r CkMipMM (fV«r. è» FÂmé. éê atimh t. Vt, ISIS»
^ f>Z, tm) t «IcmI ém MMt U U 9ftf, m m^H Ciitf«M« (tfS aiirMV «^M ^ Tr— if '"tiIIi, è
r«Mrt é« VI«tt-l»Mii9l«fff« (IM
PIED-DES-MOXTS
iOl
(200 mètres), au sud-oucsl d'Éiise, dans lo prolongement de la mon-
ta'Tie de la Serre. A la base de ces coteaux dénudés, dont les émi-
Dcnces sont couronnées çà et là par des petits bois de sapins, les
marnes crayeuses et les alluvions qui remplissent les fonds consti-
tuent une petite région naturelle humide : c'est le P/ecf-des-MIonts.
I^ limite d'afHeurcment do la craie blanche pcnncable au-decsas
des assises marneuses est jalonnée, comme partout ailleurs, par un
niveau d'eau important; des sources souvent abondantes, vulgaire-
•v><-v
Lot monte Saint-Aatoloc sor len roiiflni de« triritoiret de CoartêaoBt, IUIat-J««a-««r>T««i%« «1
Mlnaaruan (IManic), rire f aurbc de U Blonae : type* d« MMeMs d« U crste bUaelM; ^UmUSImm
de ivcinraz ; i U Ua«e, exeavatloai rrrot^es par lec Upia*.
ment appelées c bouillons », jaillissent à la base des collines (*), et
les puits toujours bien alimentés des villages piémontais débordent
fréquemment pendant la saison froide. Des étangs se sont formés
au fond des gorges et dans les dépressions: étangs de Noirlîeu,
d'Elise, d*Argers, de Dommartin- la -Planchette, etc. Ces sols hu-
mides à l'excès, désignés aux regards par une végétation luxo*
1. Ainsi tc« êouTf de U Vlére tor le territoire de Noirllev (XanMJ). ïm ddhlt Sea «oaraM ém
TaDAiiItlce liatnee e«t èralné à «<U0 UtrM i U minute. MovBT, AUment^tloa ea e«« 4e« c««»aa«a
d« U Manie (314m. dt U S^t. d-mgrir. éê Ckàlmmê, t' arr., 1(|9»-I»00, f. SU).
102 LÀ CHAMPAGNE
rUnte et des liouqaeU de bois, ainsi que les grèves crayeuses sté-
riles provcnaut da ravinement des cote.iuX| laissent encore une place
suffisante aux bonnes terres arables. C'est pourquoi la zone étroite
du Picd-de8-MontS| à proximité de la Cliampagne Pouilleuse plus
déslicritécy a une population rcLitivement deusCi disséminée, sur une
longueur de 50 kilomctrcs à vol d'oiseau , dans une quarantaine de
villages, tnntùt blottis au fond des gorges, comme Bassu, Contaut-
!e-Maupas, Koirlicu dans la Marne, Seuil, Mont-Saint-Laurent dans
les Ardennes, tantôt accrochés sur le flanc des coteaux comme
Valmy et Bourcq, ou situés au débouché des vallons dans la plaine,
comme Ville -sur -Tourbe. Au nord do la plaine de Challcrange
ou l'Aire, l'Aisne et TAvègres viennent se réunir, les monts de
Champagne s*in fléchissent vers le nord-ouest, en s'éloignant de
|dos en plus de la rivière d'Aisne : à la hauteur de Vouziers, un
large palier constitué par les marnes crayeuses, sillonné par les ruis-
seaux de la Muette et de la Ix>ire, se développe entre la vallée
<l*Aisne et les côtes de Champagne, depuis Moutliois au sud jus-
qu'aux environs d'Attigny au nord : cette tcrrasso fertile, couverte
de riches cultures, porte le nom de yallée de Bourcq ; elle est domi-
née par le vilhige de Bourcq, dont le cliâteau fort, situé au-dessus
d*an promontoire, commandait jadis toute la contrée (').
CHAPITRE IV
Le terrain de craie.
La C1iainpa*^uo Sèche ou crayeuse cott\Te une suiieriîcîe deux fois
plus considérable que la Cbainpa^no infracrctacée (11328 kiloin.
carres contre 5 300^"*^ ,38). La formation du crétacé supérieur dont les
matériaux conbtitutifs, tout d'abord d*ori<pne continentale mais de
plus en plus jHîtits, sont remplacés graduellement par des sédiments
dus presque exclusivement à l'accumulation de dépouilles d*oi^-
nisnics vivant à la surface ou dans le fond des merS| n'offre pas sur
toute son étendue un faciès absolument identique ('). Les trois étages,
cénunianicn, turonien, sénonien, entre lesquels les géologues décom-
posent le terrain de craie forment trois bandes circulaireS| parallèles,
do dimensions très inégales : les deux premières sont de beaucoup les
moins développées.
L*étage cénomanien est représenté par une craie grise argileuse
ou une craie blanche à silex dans laquelle. la finesse du grain de la
ruche et Tabseuce de matériaux élastiques grossiers permettent de
reconnaître un dépOt formé à de grandes distances des rivages.
L*étage turonien est essentiellement argileux ou marneux (craie à
inoceramui lahiatus) et donne naissance à d'abondantes nappes aqoi*
ft-rcs ; au nord-est, son assise supérieure (craie à mtcraster &rm-
porns)^ beaucoup plus développée, est caractérisée par une marne grise
remplie de gros silex irréguliers et branchus, désignés sous le nom de
< cornus ». Quant au sénonien, il est formé au sud-ouest (Yonne) par
dos bancs do craie blanche avec silex représentant un sédiment d*eaa
profonde, dont la structure se modifie peu à peu dans la direction do
nord, par la disparition dos silex à mesure qu'on se rapproche des ao*
cicns nvao^es.
Ces variations de faciî'S, qui comportent plus d'analogies essentielles
I. ffHr U fumatioa 4« tormU 4« mW, et, A. db QBOMOt'rmK, Btekertk»» êmr tm
t. l. p, il, M. lO, 91, IIMII.
toi l*k CHAMPAOXB
qoe de dissemblances profondeS| ii*altèrent pas Thomogénéité de l'en-
temUe, komogénéité qui se traduit par l'aridité générale et la paa-
vreté du sol, une similitude frappante dans le modelé amorphe des
formes du relief, la maigreur de la végétation arborescentei Textrême
concentration de la population, soit autour des sources, soit le long
des cours d'eau. Toutefois un examen attentif de la zone du terrain
de craie permet de discerner au milieu de cette unité constitutÎTe
une certaine diversité d'aspects et des contrastes résultant moins des
variations du faciès crayeux en lui-même que de Tinégale distribu-
tion des dépôts superficiels, lambeaux tertiaires, alluvions anciennes -
on modernes, qui tantôt masquent, tantôt laissent oumplètemcnt à nu
les affleurements de la craie. Cest ainsi que la région crajeuse se
décompose en plusieurs districts naturels, d'inégale étendue, tels que
le pays d'Othe, la Champagne Pouilleuse, le bassin de Reims, le
pays an nord de l'Aisne.
PATI D*OTHB
La portion da terrain de craie qui, dans la Champagne méridio-
nale, s'étend entre la courbe de la Seine et la vallée d'Yonne, cou-
vrant une superficie de 1 727^*^,58, constitue une contrée mixte, pré-
sentant autant d'affinités et de relations naturelles avec la région
parisienne et la Bourgogne qn*avec la Champagne. Elle tourne poor
ainsi dire le doe à la Champagne, s'inclinant plutôt vers TYonne
qui recueille par la Vanne la plus grande partie des eaux courantes
de la contrée, et sa signification historiqoe est tonte spéciale. La
presque totalité du pays, partagée primitivement entre les évcqmes de
Sens et de Troyes, s'est trouvée de bonne heure sons la dépendance
économique de P^uis, principal débouché de ses produits foreetiert et
agricoles Ç). Isolée politiquement du reste de la Champagne et ratt*-
ckée très anciennement an domaine royal, cette ocmtrée était cosh
prise, en grande partie, dans la généralité d'Ue-de-Fraaee (éleetioM
de Sens, Joigny et Saint-Florentin) ; elle fut partagée par la Conell-
tuante entre les départements de fAube et de ITonne, ce dernier
pins bonrguignon qae champenois. D'ailknrt, par sa eonfignralien et
la nature de son sot, le pays drainé par la Vanne eonstitne snr les
confins de la Cluunpagne nne unité géographlqne dietinete et les
principaux centrée de population, antiqnne bnetidee féodales,
9 SM»1Si.
PATS D*OTHB 105
sées derrière leurs murailles Q\ ont, comme toutes les boar^des de
la Bourgx>giic, un cachet urbain qui contraste avec la physionomie
toute rurale des agglomérations champenoises. L'indiridualité de la
ré;^iou 8*exprime par la dénomination de pays ou forét d'Othe^
Tandis que dans la partie centrale de la Champagne, le redresse-
ment des assises du sol, facilitant la dénudation par les eaux torren-
tielles, a eu pour résultat de mettre à nu le tuf crajeux, la portion
du terrain de craie située entre la Seine et l'Yonne, moins exhaussée
et d'ailleurs plus rapprochée du fond de la cuvette parisienne, a
conservé partiellement la couverture de dépôts superficiels qui sur-
montait la nappe crayeuse (') : argile à silex, lambeaux de terrain
tertiaire (argile plastique, sables, blocs de grès, minerait do fer et
lignites). L'argile à silex déposée sur les plateaux dans les poches de
la craie est un simple produit de décalcification de la craie sans âge
déterminé. Tous ces plateaux au soubassement crayeux situes au sud
do la Vanne portent d'épais massifs forestiers : c*cst la foréf (TOthe^
transition entre la Champagne Humide et la Champagne Sècho.
Entre le défilé dans lequel s'engage la rivière d'Yonne en aTal de
Joigny et le largo bassin que forme symétriquement la vallée de la
Seine aux environs de Troyes, les afileurcments successifs du céno-
manien, du tiironicn et du sénonien dessinent au-dessus des plaines
humides et boisées sillonnées par l'Armançon et l'Armance dea ter-
rasses ondulées à pentes douces, étagées parallèlement et festonnées à
leur ()artie supérieure par une corniche blanche, abrupte et ravinée
due à l'émergence des assises plus résistantes de la craie à micratter.
Cette corniche, -orientée régulièrement du sud-ouest au nord-est,
porte un couronnement ininterrompu de fortîts qui indiquent nette*
ment la limite actuelle d'extension des dépôts tertiaires superfieiela.
Depurs ce talus terminal, les plateaux crayeux s'abaissent normale-
ment dans la direction du nord-ouest, jusqu'au synclinal de la Vanne,
large coupure transversale d'est en ouest dont les dimensions en lar-
1. et. U dracriptioo d« ViUeaeav<>-rArchcrôqa« daoa 1« taII»* S« I» TasaM, par A » O» ia »D0Mi
Voff Cl Fronce. î> cérl*. p. tM-MT.
2. Lktmbus, StAtitt. ç/olof. <i« rAmh*, p. 2M: Lstmsus bt Kacus, StmlUt. fMm§. êm tY*
p. &3S «qq. : Mcror, Snr les termina q«| rccoarrvnt !•• pUUaax 4*Otkr {BmUH. Bt. §Mf.t S» aitto*
1, 1^: ; H^.asKT. Note «or le temla crvurd de rVouae {Bntlei. St. 4*ê te. d» rraaae^i. XXZ.lSIS)!
L«MBr.BT, L'ÉUce •^oootea de l'Yoaaa (M., t. XXXII, 1878, «C t. XXXV, iStl); AmDOOU-DcMi
Toptft n Frmnft, tO^ s^rfe, p. ft.
LViteoaiuB de U nappa tertUlrc rUlt beâacoap plai coavldérmbla daaa U dlraetla» Sa aaS,ai
■a drnadatioB paniHle. Oa rrtroave dea Umbeaux tertUire* dlM^aila^ «ar Ica plataaaK aaStMf— Sa
U bMM Boanrntnie, oè ili ae préseatont UntAt ea ramplla-aca de poeha* plat a« aalsa piaftoaSaa
dAoi lea calcAina de U grande ooliihe. UntAt épara i U «arfv^ d«<a pUleaas coraUleaa. T a fafallaa
yor^oe paraît aroir déborde aar le ervtaedet le jarmaaiqoe JBa^a'aas cavfMM d*Avanaa (^ — *TjfrfTp.
aa 1^80000', feallle a* 10, AraUoa, aadeaV
106 UL CHAMPAGNE
geor (1 100 à 1 200 mètres) sont hors de proportion avec le Ht actuel
de U rivière (10 à 1 2 mètres) et son faible débit. Tandis que le thalweg
de la Vanne n*cst qa*à une altitude moyenne de 100 mètres, les crêtes
bordières da massif au sud-est se redressent à plus de 200 mètres :
284 mètres au moulin de Maraje-enOthe, 293 mètres au-dessus de
Sormery, 295 mètres au-dessus de Villery, de telle sorte que le massif
d*Othe s*clève comme un gigantesque bastion au-dessus des plaines et
des vallées qui Tenvironncnt ; il est tailladé dans tous les sens par une
multitude de ravins présentant des dénivellations qui dépassent par-
fois 150 mètres ; tous ces ravins, dont les dimensions témoignent dé
Térosion intense exercée jadis dans la contrée par les torrent* dilu-
viens ('>, aboutissent à de longs vallons orientés pour la plupart dans
la direction de la Vanne.
La craie blanche n'alHoure que sur les flancs des thalwegs, et la
constitution géologique du pays est analogue à colle du Oâtinais, sur
la rive gauche de l'Yonne. Mais, entre le Gâtinais et le pays d'Othe,
il exi»te des différences dérivant à la fois du fait de la nature et du
travail de l'homme. Dans le Gâtinais, l'altitude générale est moindre,
\c9 ravins sont moins profonds, les coteaux plus affaissés; par contre
le développement des dépôts tertiaires est plus considérable. La forôt,
enfin, est moins continue, moins épaisse que dans le pays d'Othe, le
déboisement plus avancé : ce sont partout des bocages plutôt que de
grands massifs (*). Au sud de la V^anno, la partie supérieure des pU*
teaux, dont les sols tenaces et humides sont souvent d'une culture diffi*
elle, a conservé en grande partie son revêtement primitif de bois. Lft
forêt d'Othe, Otha $yloa ou Oita $aUuê ('), couvre surtout U ligne de
taSte séparant le bauin de la Vanne de celui do l'Armançon, avec une
largeur variant de 5 à 15 kilomètres ; elle réunissait jadis les massifs de
la Champagne Humide à ceux qui couvraient les plateaux de U Brie
(forêts d'Esmans, de la Traconne, etc.); l'ancienne forêt de ]^Ialay-
le-Roi qui depuis Sens s'étendait jusqu'à Tonnerre sur les plateaux
calcaires de la basse Bourgogne, formait le lien. L'abondance des
bois, la variété des matériaux de construction, la présence de gie#-
ments ferrugineux, le grand nombre des sources fixèrent de bonne
heure la population dans la forêt d'Othe, ainsi que Tattestent lee
nombreux vestiges des civilisations {.rimitlves retrouvés dans toute
t. Bct^ttâs*! La ÂHmti, ^ IS.
a. a»» t — T rr StfCAma, Di H immm. tt'ffr. 4* f J«W, f. T«, «C Aia«4 M*C«V, !«• à
I •••«•, ^ US,
PATS D'OTHt 107
la contrée ('). Plnsieuri voie» ronminM traverttîent le paya : outra U
route qui reliait Scni à Troycs par U vallée de U V*une, deux autre»
voies escilaJaieiit les plateaux, l'une entre Troyoi et Joignjr parTor-
TÎllitra, l'rugny, Vaiichneais, Bcrccnay, llaraj'e, Saint-llarde, Bœun
et ArccB, l'autre entre Ponl-iur-Seino et Pont-Belin {vallée de l'Ar-
mnncc) par 5[arigny-le-CliâteI, E»ti»MC, Thuisy, Chennegy, Bercenay
et Saint-Plial. Les moines établis à Dillo de» 1132, le» Templier» qui
possédaient des commnnderio à Ceritier» et à Couluur*, les comtes
de Cliampagne, les évoques d'Auxerre, de Soiu et de Trojres, powe>-
seurs de grands doinaiDcs dans le pays d'Otlie, exploitèrent et colo-
nisèrent la forêt ('). Depuis longtemps les défriclieinents ont cesaé et
108 LA
même on a procédé de nos jours à quelques reboisements (*). Au Moyen
Age, le hêtre était l'essence dominante de U forêt, ainsi qu*il résulte
des nombreux débris de charbon découverts dans les amas de scories
se rapportant à Tancienne industrie métallurgique locale ; mais, par
suite d*une exploitation intensive encouragée par rapprovisionne-
ment croissant de la ville de Paris, le hêtre finit par disparaître pres-
que complètement et fut remplacé par le chêne dont Texploitation
était favorisée par les besoins des nombreuses tanneries de Troyes et
de Sens. Bien que d'asses nombreuses flaques d'eau s'amassent sur
les sols imperméables des plateaux, le pays d'Othe, grâce à son sous-
sol crayeux fissuré et spongieux, est moins humide que la «one infra-
crétacce et les eaux courantes y sont plus rares. Belgrand a calculé
que, pour une superficie de 9G5 kilomètres carrés, le bassin de la
Vanne ne comptait que dix cours d*eau (*). Un grand nombre de
ravins sont complètement desséches, d'autres sont parcourus par des
ruisseaux temporaires (d'où la dénotuinatîon de ru de Gueule-Sèche),
subissant des pertes dans un lit poreux criblé d'effondrements. Seuls
les vallons les plus profonds sont pourvus de cours d'eau pérennes,
le long desquels des marécages tourbeux se sont développés (')• La
Vànnô, fossé collecteur des eaux de la plus grande partie de la forêt
d'Otho, jaillit à Fontvannes (Aube) au nord-est du massif, mais elle est
surtout alimentée par les ruisseaux qui lui arrivent sur sa rive gauche,
provenant des vallons latéraux : c'est de ce côté, au point où les vallons
débouchent dans le thalweg de la Vanne, que jaillissent les plus grosse s
sources, captées par la ville de Paris. L'émergence de ces sources
n'est pas déterminée par l'afllleurenient d'une couche imperméable,
mais jiar rexistence d'une dénivellation telle, que le niveau piésomé-
trique de la nappe formée dans la masse des plateaux crayeux par
l'infiltration lente des eaux pluviales est plus élevé que la coupure
de la Vanne. Les sources dérivées à Paris depuis 1874 (*) (urmeni
trois groupes : celui des sources hautes en amont du village de Ba*
gneaux, celui des sources basses entre les villages de Chigy et Net
(vallée de Vanne), le groupe de Cochepies dans le ravin du m Saiai>
Ange, près de Villeneuve-l'Archevêque (vallée d'Yonne): ces dei^
nières lont situées dans le prolongement direct de la ligne des grandes
IM Wto MifWf^ Um IM cwMlrMCtoM U Ia rUU (OaMMf, Ê^kém^Hêéé. t. Il, ^ Itt •i^
I. TtMyn, Vm a> W I- — I {AmmmL • jM ata lf m » I. •*, Itlft, p. 9Ê»-9m^
t. u «riw. r- lia. tm.
a ll»r*|«-M-OiW(A«W)4É»ll4S>lcii4M)l«y«iA««»«MtoBMiS« FItm^
«. L»4éMl4M»««r«MrttrMM»VWvall««MlM««MM(lf»ft.iati)4lSltllimfVi
tan, r^MéM A iMna 41 isi i«t aéifw MkM à lA irWi «•
I
Débits Mensuels de la Source deCèrilly
en litres par seconde: (')
Oa ramtrqutru lé déeroitstnew normtl* du débit
ptndtot /es moi'i d«/f t»ison thtud».
Aùtét d'extrême humidilé
flB8€l\
fWd ,- --
(') Crtphi^ut ét»Ui é'tprét Iti Jonnétt fourniét par /•( Hétuatét éM
t »mm.1BU pTi-H. Afmttu in ^M%*tCktl,u4t. Juin ISSS.pOS.
PAYS d'othb 109
sources de la Vanne avec lesquelles elles sont peut-être en relation à
travers les fissures de la craie (*).
Les grandes sources, désignées dans le pays sous le nom de bimet
(bîmc de Ccrilly), de dhuécs ou douées (la douée à Aix-en-Othe) sont
d'une remarquable pérennité. La Vanne, en raison de la natare sur-
tout perméable des terrains qu'elle draine et de la faible pente de son
lit (150 mètres au moulin de Fontvannes, 80 mètres au confluent
avec l'Yonne), a un régime tranquille, A Malay-le-Roi, le débit
d'étiage est évalué à ô mètres cubes par seconde, celui do crue à
14 mètres cubes (maximum, 19 mètres cubes le 25 janvier 1879) [']. Lea
inondations sont donc rares dans les vallons du pays d*Othe ; mais il
arrive parfois qu'à la suite de violents orages ou d'une fonte de neige
exceptionnellement abondante et rapide, les eaux sauvages des pU*
tcaux et des côtes, trop rapidement rassemblées au fond des ravins,
inondent les villages : dans ce cas la rapidité du ruissellement sup-
prime l'influence modératrice due normalement à la perméabilité des
versants ('). C'est au printemps, en avril, que la Vanne a set plus
hautes eaux, alors que les sources du pays d'Othe, grossies par les
réserves emmagasinées dans les nappes souterraines durant la saison
froide, atteignent leur débit maximum ; les basses eaux se produisent
en juillet et en août bien que le débit minimum des sources ait liea
d'octobre à décembre {*). Au xvii* siècle, il fut question d'aménager
la Vanne pour la navigation ; mais il ne semble pas que les travaux
projetés aient reçu même un commencement d'exécution ; par contre,
le flottage des bois à destination de Paris, par la rivière d'Yonne, a
persisté pendant de longs siècles : il est nul aujourd'hui, et la Vanne
n'est 2)Ius utilisée que par les nombreux moulins échelonnés le long
de ses rives.
Le pays d'Otbc n'est pas une contrée seulement forestière; les
1. Cf. limltft. d« la Sot. d«$ $<. de V Yonne, t. XU, 1887, p. IIO.
S. IIBLORAXD, La Seine, p. 1)3; Mamutl kgârol. à% latêin de U Seimê^ f. 99 ; 8€rfie9 kfir^m, dm
IntMêin de !• Seine, Obtcrvationi ivr le« court d'cAa, anoé« 1900, aUaa, pi. L
3. Alntl 1« ruii»eaa d« Trâinout, «Uns 1« rarin tl« Kifnj-ltf-Fcrrea {StmtM. f^«*«f. é$ FÂmèt, p.SM,
119).
4. Lee pluie* soot eependant plus Ab«ndantci «n été «t «a Aatomn* q«*«a priatoaipa «I •• Uv«r|
à Kent, U hauteur moyenne •alcjnoièrc de* plui«i(|>ériod« dêeanuaU 1871-I1IS9) aélé : klv«r, lll*«;||
prliitviupa, 120 ••,3; été, 18J*«,9; autorone, I76«*,t. IUui>a»p attrlbaaf awinaU— àréraponUlwi
Intense qui ce produit dana les maralt toarbauz rirrrata* de la Vanoa peadaat Ua fvrt«a ckalMira Sa
l\ii, iJépenliUoB encore activée par ona rnonna réio'-tatioa aquatiqae (La Stint, p. IM. «| LêtEmmm
nomre'.Uê, p. i5tf). Si la »4laon frwide a été «éche, U Vaaaa présenta daraal la salaoa ckasda aalvaala
ane biitse vontloua Jutqa'en octobre, méuia al les pluies soat aboalaataa paadaat catta parti* 4«
l'année («riemple, l'été de l^i)\ iurersi-meat, si la kaisja froide a été trét boailda, aoaiaia •• iSJt,
darant les mou BolvanU de la saison cbaada, taraie esecptioanallameat saca (189S). la déMt d'éliac*
»e descend |>as sentiblcmeat plus bas qa'àrordinaira(Vcrv. Ayire«. d«la5cia<,Oba«nrat.,aaaia ItSS,
f. 17, et ilaial. deê PouU et Ckmmt»4eê, !•' aem. 1881, p. 1175-1178).
110 Ll CHAMPAGNE
colturcf arborcsccnici y ont une préclominaDCO caractéristique. Tan-
dit que Ica vi^oblei tapissent les versants crayeux qui forment le
pourtour du massif (Montgueux, Villcry, Javernant, Joi^y, le rai
dTonne), à l'intérieur, les clairières de la forêt sur les plateaux et
les pentes argile- sable uses des coteaux sont couvertes de vergers
d'arbres à cidre, et le pays d'Otlie est un pays à cidre, une petite
Kormandie confinant à un vignoble. Au nord du sillon de la Vanne,
les affleurements crayeux, de plus en plus étendus, se révèlent dans
le paysage par un sol plus sec et plus dénudé. Du côté de Touest
(canton de Villeneuve- TArcbcvêque), aux environs de Sens,' les
dépôts tertiaires écbappés à la dénudation subsistent encore, soit au
•oromct des éroinenccs, soit dans les anfractuusités du terrain de
craie, et portent de beaux bois, derniers écarts de la forêt d'Othe : ce
tont les forets domaniales de Bagneaux, de Voisines, de Saint-Maa-
rice-aux-Hichcs-lIommes, de Lancy, etc., exploitées jadis et partielle-
ment défrichées |iar les moines de Tabbaye de Vauluisant établis dans
le vallon de TAlaiu, ceux du prieuré de Clairlieu près de Pâlis, par
les nonnes du Paraclet dans la vallée de TArdusson et les Templiers
de la commandene de Saint-Flavy (commune de Uelleville) [']• En
se rapprochant de la Seine au nord et à Test, la dénudation apparaît
plus complète ; seuls quelques coteaux |K>rtent un couronnement
d'argile plastique, comme la colline du Parc-dc^Pont (209 mètres) en
face de Pont-sur-Seine, et la forêt fait place au Docage (Orangelo-
Bocage, canton de Scrgines). Sur ces larges croupes crayeuses aux-
quelles les géologues appliquent la dénomination purement liisto-
rique de Sénonàlt Oi d'innombrables blocs de grès sauvage, d'ongine
tertiaire, ont mieux résisté à l'érosion que les argiles à silex et lea
sables ; enchâssés dans des terrains de transport à la surface des pla-
teaux, ils abondent aux environs des villages d'Avant, Faj, Boorde*
nay, Bercenay-le-Hayer, Fontaine-les-Qrès; autour de la ferme de
Fontenay-le-Pierreux (commune de Soligny-les- Étangs) ils convreal
une centaine d'hectares utilisés uniquement pour le parooori des
trouf eaux ; mais ils disparaissent à l'est d'une ligne tracée par les
villages de PAliS| Villadin, Avon-la-Pèxe, la Fosse-Cordoaan| Qe*
I. riMlMW W^ ■ir«tlMii4« Smm I« rAftaUlft ém raM«y« «• Am^Ih m puni Mf*
à» ét9t. 40 IV»f»«, 11, «-M. If . U-ti. »• M-«f , «, «. IM, i;f. lilV \M9mHé%\
«M« Tti. B**%M« H*«* •■ »«*iM MM MU» 4 r «Ml l M l t— {B^M 4» l« fm. 99rhéwà, et ^M*. VOS,
IS«I, f . n)i M Ml 4« m*w éf fMéH et ilMnMgr «l U € »•<» •/ {ËHHêmmm. tofifr. 4t tMèt, mê
g. D« Latt AAsar, It
.1
1»
PAYS D*OTHI£ 111
lanuos et Saini-HiUire. La présence de ces blocs crratiqaes à U sur-
face des plateaux crayeux explique Tabondauce des roonumeuts
incgalithiques, dolmens, poiissoirs, etc., trouTésaux environs d'Avant,
Avon-la-Pèze, Marcîlly-le-Hayer, Ossey-les-Trois-Maisons, etc. (').
La craie blanche (craie noduleuse, craie à bélcmnites) exploitée dans
les carrières de Villeloup, du Pavillon, de Dierroj pour la fabrica-
tion du « blanc de Troyes » atteint une puissance évaluée à 250 mè-
tres ; clic est mieux caractérisée par ses fossiles quo dans les autres
parties du bassin parisien, et c'est pourquoi le géologue d*Orbignj a
choisi en cet endroit le type de l'étage qu'il a désigné sous le nom de
« scnonien >. Les assises crayeuses s'inclinent doucement vers le
nord-ouest, pour disparaître sous les alluvîons de la Seine et repa-
raître ensuite d.'ms le socle qui supporte la nappe tertiairo do la Brie:
sur la bordure du talus qui domine la vallée de la Vanno, la craie
atteint une altitude de 200 mètres, tandis qu'on no la trouve pins
qu*à 09 mètres à Bazoches-lès-Bray dans la vallée qu'a creusée la
Seine. La bordure du massif crayeux est assez profondément ravinée
au sud (vallons du Bétro et de TAlain) et à l'ouest (vallons des rua de
»Sali<^iiy, de Mauvotte et de TOreuse) ; la partie centrale et orientale,
où lo terrain de craie est dégarni de son revêtement tertiaire, est beau-
coup moins accidentée.
Dans la région de la Vanne où les plateaux sont restés on grande
partie le domaine de la forêt, la population s'est agglomérée de préfé-
rence au fond des vallons, à proximité des cours d'eau et des aources.
Au sud de la Vanne, elle est faiblentent concentrée, et de nombreax
groupes d'habitations sont dispersés aux alentours des villages, sur le
flanc des coteaux jusqu'à la lisière des bois. Les agglomérations les
plus nombreuses et les plus fortes sont réparties à la périphérie da
massif, dans la vallée supérieure de la Vanne oii se sont développés
quelques petits centres industriels et surtout dans le val d'Yonne qui
constitue une aire de peuplement relativement intense. Les terrassée
argilo-marneuses adossées à la corniche méridionale du massif sont
jalonnées par un niveau d*eau important le long duquel se pressent
de grosses bourgades d'aspect rural, échelonnées le long de la voie
romaine d*Auxerre à Troyes, une des plus anciennes artères de circa-
latîon dans la Champagne méridionale (*). Même agglomération dans
I. Stuitt. $é0-. d* tÂu^, p. 41,131, •! BiUtt. dt U Syt, Ut m. et PT^xm», t. ZtXO, ISIS, p. 1»4
SIO.
t. )ligen&««, f su bahlUnU; Cbampluct, 1017; Vcalsf, lOS); Star/^SMtou, lltS; Am9», IISI.
La plapart 4m contre* habitas, échalonoM à 1* baaa d« U foi
forêt 4*0tlM, Mt mM orlglM trit
▲▼rollM {Ehmi^riga), ChAuploat (Cambl—cmm), porteat Sm mm* fâuloU. VlUwy ( rOtmHmm^ Ml
112 LA CHAMPAGNE
U rallce de U VannCi voie naturelle entre les vallées de l'Yonne et
de la Seine : les villages se pressent sur la rive gauche, à proximité
de la ligne des grandes sources.
Dans b partie orientale de la forêt d'Othe, l'industrie de la bonne-
tcHei qui s'est substituée depuis plus d'un siècle à l'antique draperie,
a en pour effet de concentrer la population, et la présence de quel*
qucs grandes usines a contribué à ralentir de nos jours le dépeuple-
ment de la contrée. Les fabriques de bonneterie d'Estissac, Aix-en-
Othe, Viliemauri IVilis, Saint-Mards, Rigny-le-Ferron (') constituent
un groupe industriel très actif dont Troyes est la métropole. Mais les
transformations qu'a subies depuis vingt-cinq ans le travail industriel
ont en leur répercussion sur le mouvement de la population. Les
petits fabricants disséminés dans la plupart des villages et travaillant
k domicile, avi-c un métier à main, ont disparu; l'industrie de la bon-
neterie s'est concentrée progressivement dans un nombre restreint
d*asines à vapeur pourvues d'un outillage mécanique perfectionné.
C'est pourri uoi les |)etites villes qui ont bénéficié de cette concentra-
tion de l'industrie, Aix-en-Otlic, Estissac, conservent à peu près
leurs effectifs de population, tandis que les autres déclinent de plus
en plus ('). Los centres industriels du pays d'Othe, desservis depuis
1873 par la voie ferrée de Sens à Troyes, ont cunquis depuis long-
temps leur indépendance vis-a-vis du marché troyen ; mais ils souf-
frent également de la concurrence étrangère et du protection nisroo
qai ont resserré les débouchés pour leurs produits en Amérique, en
Espagne, en SuÎKse, en Itilie, dans les jiays du Levant, d'autant plut
que l'absence d'une voie de transport par eau majore pour eux le
prix de revient du combustible et des matières premières. L'âge d'or
de la bonneterie (1850 à 1870) est déjà lointain pour le pays d'Othe.
A l'opposé de ce petit groupe industriel, c'est la va/féo (TYonnêg
irmfwdm^ Alt;. V» «Ula^ 4i»p»n 4a BUso», fHm rA«t««, * ««é irrato— btoMff I AèumH 4
1. rakrkatiM 4m Wm à cStM, ca l f — >. ffWU, cImsimm, CwMrvt,
t. ll««v«aM^ato 4c U yn*«l*ll*tt <•» Uê tvalfw ïmàmttiU A ê à» fajt SXKte i
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PAYS D'OTHB 113
vers laquelle s'oriente l'ensemble da pays d'Otho, qui a fixé, dans
une liire très limitée, la population la plut dense. Entre Joigny et
^lontereau, l'Yonne qui reçoit la Vanne, son dernier affluent, est un
Houve défini tivomcnt constitué : c'est une belle voie navigable sil-
lonnée de bateaux qui descendent chargés de bois, de vins, de maté-
riaux de construction destinés à l'approvisionnement de Paria. Sa
vallée sinueuse, d'abord resserrée entre des collines crayeuses (envi-
rons de Villevallier) extraordinairement frangées en plis de formes
arrondies, tantôt molles, tantôt projetées en promontoires, s'élar;^!
peu à peu en aval de Sens, à mesure qu'elle se rapproche da bassin
de Montcreau où débouche la Seine (*)•
Elle n'est )ias seulement, depuis un temps immémorial, une grande
artère de circulation, voie d'invasions et do commerce, entre les
plaines de la Saône et la région de Paris ; sa fécondité exceptionnelle,
à proximité du Gâtinais et de la foret d'Othe, contrées moins favo-
risées par la nature, la prédestinaient à grouper le long des rives du
fleuve une population très dense. Les vignobles bourguignons de
l'Auxerrois et du Tonnerroissc prolongent dans la vallée d'Tonnesor
les pentes crayeuses et ensoleillées, complantées de cerisiers et de
noyers, que couronnent, sur la rive droite, les massifs de la forêt
d'Othe. Çà et là, des moulins, des scieries, des tanneries, des sucre-
ries, disséminés le long de la rivière, attestent l'importance dea
industries agricoles et forestières. Une vie intense circule dans toute
cette vallée, moitié champenoise, moitié bourguignonne. Les centres
de population, remarquablement propres et bien bâtis, très rapprochée
les uns des autres, s'allongent à proximité de l'Yonne ou s'entassent
en amphithéâtre à flanc de coteau. Do gros bourgs, dont la population
dépasse 1 000 habitants ('), antiques bastides ayant conservé des
vestiges de leur passé féo<lal, alignent leurs constructions massires le
long de la route qui côtoie les méandres du fleuve. On conçoit que
des groupements politiques se soient constitués sur ces ri ves attrayantes
de l'Yonne, que des centres urbains se soient développés à l'emplace*
ment des principaux ponts, aux stations de la batellerie, aux points
de convergence des vallées latérales.
Au confluent de la Vanne, au centre d'un large bassin enveloppé
d*une ceinture de coteaux couverts de vignobles et entaillés de
]■ Rar U T«ll«'-t dToone, rf. )•• d«4crlptloDS d« O. CoTTC40 •« V. V%rtT {Àmmmmtrt ^ V^^
*' XVII, iftjj, p. tic M)q.), et AKUouia-DcMâSBT ( r»y«^ ca Frtm^, t> arrU, p. t«»).
t. Joi^ni;. CfSI; VUlcorave-tur-Vonne. 4768; 8*inl-JaU«a-il«-S«mlm 7:t7 ; Seat, Uttt{
YoBDe, 1734; Villcacore-U-Ottjrard, l€M iChmmpignj, 1179; Vlaaemf, 104S; Vér»*, IMS.
LA CMAMrA<UI| S
114 LÀ CHAMPAGNE
riêresy Sont fut •acceMivcment Yoppidum de la peuplade des Sénon*
(Agtdiucum) et la métropole épiscopale de la Champagne méridio-
nale. Ses puinvaDts archevêques enrichis par les péages et droits de
circulation perçus sur les marchandises transportées par la %*oio de
TYonnCi partageaient avec les évoques de Troyes la possession da
pays d*Othe. Citadelle féodale qui passait pour imprenable (') et
•iège d'un comté. Sens, ou sept grandes routes convergeaient dès
l*cpoque romaine ('), fut au Moyen Age un centre industriel et com-
mercial important. Au xill* siècle il comptait parmi les principales
villes « drapantes » du royaume, et les produits de son industrie figu-
raient tant sur bcs marchés périodiques de Saint-Pierre-le- Vif qu'aux
célèbres foires de Troyes et de Provins. Malgré un outillage en
voies de transport que plus d'un grand centre industriel pourrait lui
envier ('), Sens, qui voit défiler dans son port et devant sa gare
rénorme tranbit en provenance ou à destination de Paris, n'a pas
réus>i à fixer une grande industrie; le voisinage de la capitale semble
avoir pesé fut son développement économique (*), et Sens reste une
petite ville (14 902 habitants) ayant conservé son cachet d'ancienneté,
•es rues étroites et tortueuses et ses vieilles maisons basivcs au-dessus
desquelles se dresse la masse imposante de la cathédrale, le seul
monument vraiment remarquable subsistant de son glorieux passé.
En amont de Sens, Joigny, avec ses élégants boulevards qui font
face à la rive droite de l'Yonne au pied de la vieille ville, était une
forteresse accrochée à l'angle sud-ouest de la forêt d'Othe, et dont les
seigneurs, vassaux des comtes de Champagne, gardaient le défilé de
l'Yonne, an débouché des plaines de l'Annançon. Ce n'est plus an-
joord'hni qu'un petit centre commercial dont le rayon est assez rea»
treint et la population stationnaire (*)•
An nord du sillon de la Vanne, la population se raréfie, son mode
||«Ma, é0 l*«ri«, S*Orléaa« H ém OIm.
■ — — » — — — ■» —
S, fmtt Mf ITMisa, r ml i fm 4m v«Im tmnim 4« l*aii*>l^«« «1 Ofllaat CliUat, vato Sa Saaa S
t^ravttla (IS IJU«.X.
é. Aa %%%»• «Irrla, mi r«Wi«|aaH ra«af<a à S«a« éf 4nk^«, «argaa H hmê 4a lalaa| C«IVa«« aaaara 4>
!■! Ualf rim4m»U%ê 4m ^ali 4a rraaca (m featuaba* MJm. et la fim é m M é et tmHê, ^ S44, ttf,
as;, d rmr9w*p*mé. mdmtn. été rwmlHi. f* ter., t Ul. f. fit). L*aaUTM la4aMftalla ■'Ml fktm Mfi^
4*ari4» Mlf«fi^a», 4m airlIaM 4a f>9lW%Mi» •« 4a MairllMia, aaa vlsalfratla (of. Aaawrta-ltvaMBV.
rafafr ca rraarr. t> a^fV, f. tta-flS a« lalv.> Maa w aal 4m pm^U 4a Saaa as IISS t iSfIS Haaii
(afrIvacM. t> lit W—m ; a« f * 4 m aaa. Il 4SI laaaatt Mit la t ifla ar , I mmmmmy IStaliHiaaattSi t
|S44i WMMMii.
S. ll.iav««M«l4af«naatfSlilftlltla«aM(afHvacM,ttlStaaaM|asyMMaM.tlSSi
taêi r U mf , iffS laaaMV r ata l a H ia aa iiSI : S«SS WMiaaIa} aa IStI, SSM liaMiMM (at Ai
■«mv, raTaf» f f Vaaai, S> aâtta, p, S3»SII).
PAYS DOTHIC
I1&
de groupement se transforme à mesure que les affleurements du ter^
rain de craie se multiplient ; les agglomérations ont un aspect rural et
agricole plus accentué. Tandis que du côté do l'ouest, oh des lam*
beaux tertiaires ont échappé à la déuudation, le pays entrecoupé de
ravins conserve son aspect verdoyant de forêts alternant avec les col-
turcs, la population encore disséminée est moyennement dense
(Sergincs, 90 habitants au kilomètre carré) et les gros villages nom-
breux, au nord et à Test, en se rapprochant des plaines de U Seine,
».• • ^ ■ •
•• .« .'
' «
1]
Cf. r^M-j
Tj-|>e de CAoïpaKiic raltiv«'-o >ar les b«alcs plilnca da temUa àm eraks prf« Sca Q
(Aub*, roatc dj TruyfS à ParU> smr U rir* gm«ck« 4m U S«la«u
le sol crayeux et aride (Origny-le-Sec) perd peu à peu sa phyMono*
mie bocagèrc(Marcilly le-IIayer) ; ce ne sont plus que des boqueteaux
qui, en raison même de leur rareté, ont mérité d'être signalés par de
fréquentes dénominations empruntées au vocabulaire forestier (Faj,
Faux, Charmoy, Les Ormeaux, Trerablaye, Prunay). Sur ces luiatas
plaines crayeuses, dominées çà et là par do faibles éminonceo (U
butte Chaumont près de Ferreux a 195 mètres) et oh aucune Toio
ferrée n*a encore modifié les vieilles habitudes rurales et leo formes
de riiabitat, les sources et les eaux courantes sont rares, les poits
profonds et médiocrement alimentés par les suintements de la craie:
de vastes friches s'étendant jusqu'aux approches des TÎHages (Saini-
Flavy, Marigny, Faux-Villecerf), des plantations de résineux raboa-
gris dont le sombre feuillage tranche sur la blancheur des chemins et
les teintes rousses, après la moisson, des interminables champa de
seigle, tel est le paysage qui se déroule dans ces campagnes mono-
tones et peu fortunées. La population se tient rassemblée en rillagee
agglomérés, et les centres habités, qui s'espacent de plus en pins,
recherchent la fraîcheur des vallons (Orvin, Ardusson) et les moindree
116 UL CHAMPAGNE
plU da terrain oii l'alimenUtioD des puiU e«t plut ré^^ulière. Dans
cea %nllaget infimes, où la den«îté de la population est généralement
inférieure à 15 habitants par kilomètre carré, les moellons de craie
associés aux silex, anx carreaux de terre et aux blocs de grès fau-
Tage, impriment aux constructions une apparence chétive en rapport
arec la pauvreté du sol.
Ainsi s'atténuent progressivement, an nord de la Vanne, les carac-
lèrea distinctifs du pays d'Othe ; en même temps que les éléments da
paysage se modifient, le mode de groupement de la population et lee
formes de lliabitat dénoncent un ensemble de conditions géographi-
ques sensiblement différentes : on passe graduellement du pays d'Othe
à la Champagne Pouillense.
CHAMPAGNE POUILLECSB
An nord-est de Troyes et du val de Seine s'étendent les hautes
plaines de la Champagne Pouilleuse. Dans cette partie dn bassin
parisien, la craie blanche atteint une puissance et un développement
exceptionnels. Tandis que dans le pays d*Othe elle est plus on moins
masquée par les déjiOts tertiaires, que dans la Picardie située sur
l'emplacement de mers relativement récentes elle est recouverte de
larges plaques de limon rougeiitre associées à des couches d'argiles et
de sables éocènes, la craie, dans la pénéplaine champenoise, laminée
par les courants diluviens, se trouve preH|ue complètement débar-
rassée des dépôts superficiels, disparus par démantèlement ou disso-
lution. La nappe crayeuse est nettement délimitée an sud et à l'est
par la ligne sinueuse et convexe de coteaux qui surmontent lee
bas plateaux et les plaines de la Champagne Humide et da Vallage
argonnien, depuis le val de Seine aux environs de Troyes jusqn'aa
coade de l'Aisne en amont d'Attigny. Au nurd, la vallée d'Aisne,
d'Attigny à Beny-aa-Bae, marque la limite naturelle de la Champa-
gne Pouillense, car an delà de l'Aisne le (adèt de la craie blanche
•• modifie, les lambeaux superficiels d'argiles et de sables tertiairea
reparaissent; par saite des discordances da stratification, les deux
formations crétacée et jurassique se pénètrent pour ainsi dire. A
l'oaest, enfin, dans la Urie et le Tardenois, les assises crayeasea pion»
gant sons les couches tertiaires dont les alHeoffiements sont indiquée à
l'horiton par une bordure continue et imposante de eoleaax, eonTeiti
de vignobles et couronnée de boia.
Dans ces limites, la Champagne crayensa offre na aspect bien pen
CHAMPAGNiS POUUXBUSB 117
séduisant. 11 faut lire les descriptions des vo^-ageurs français on étran-
gers qui, à toutes les époques, ont traversé ces tristes plaines cham-
pcnuisos et comparer les vigoureuses esquiisscs que nous ont laissées
d'elles quelques-uns de nos grands éerivains : la gamme des cou-
leurs et des tons varie peu ; une désolante monotonie est l'impression
qui se dégage des ligues du paysage, des formes du relief toujours
les mêmes, du contour indécis des horizons et de l'aspect extérieur
des choses. Tout le pays, écrit en IG05 Jdcohs d'Ilailly, gentilhomme
lillûs, < n'est qu'une plaine, de quelque côté que vous vous toumies,
et, dans la longueur de deux ou trois heures, vous ne voyez qae le
ciel et la terre, saus voir ni arbres, ni buissons (') >. « L'indigence
* et la faim semblaient avoir établi leur séjour dans ces tristes lieux,
écrit un voyageur français traversant la Champagne dans les pre-
mières années du xviii* siècle ('); les maisons couvertes de chaames
et de roseaux s'abaissaient jusqu'à terre et ressemblaient à des gla-
cières. Un en luit d'argile broyée avec un peu de paille était le seul
obstacle qui en défendait l'entrée. Quant aux habitants, leur figure
cadrait à merveille avec la pauvreté de leurs cabanes. » Un gentil-
homme autrichien écrit, à la date de 1775, qu'en Cliampagne « il y a
des femmes attelées à des charrues, des paysans qui mangent in
trèfle cuit à défaut do pain et qui lui ont semblé plus misérables que
les serfs de son pays ». A la même époque, un ofKcier français va
jusqu'à préférer le sort des pauvres paysans de la Westphalie et du
Brandebourg à celui des habitants de la vallée d'Aube. Arthur Yoang
est frappé de la grande étenlue des terres « maigres et misérables »
et, ifouT lui, la Champagne est « presque aussi laide que le Poi-
tou » ('). Victor Hugo, dont un paysage tourmenté et grandiose peot
seul exciter la verve, ne trouve, pour caractériser la Cliampagne,
1. Cf. iitnu dt Champm^me et de ItrU, Jiuirier 18», p. tl.
S. VaUniln-Jaimirai Dovau, Œnwre», t. I", p ÔS, Salatrétcr^boart, |7tl. — V*n l« Biflie« 4«
& vir .ié.li-, uu vujju'ciu- alleman'1 décrivait aiuAi la Cbampaf oc : • Mocbjub pMrlra prop« CataU«B«a
etKtfiiiot vutU«iiul sont caiii|ii. ev\x iaatar alhieanica. Null* protMÏ^^Uifr^cvXptvm^rm* p ■■■!■, «gw
boros prau Dulla, nulli produentc* rinili. Ili« prub« adrcrUM, ni •(« dirifr* h«r U«ai g— b»«— ■!■»■
larl |>u*tia, uon tu «olaro. a«'l n v<-«lor Ciiaa. Qui hJN Mrilio, malo nwo ««pcrtM •mm la pag* Tasftjr
(Atteo«'ia , cajos vertori rqa^ loro avenir, quata non h&bcbaat, flIifiMeai deTormB4«ai praplsarmal, te
cana i|.«i fauli el oltima. • (J>d<M>ttt SiacKsca, lUntrmr^um C«l/i«. \w\t, A»alolo<laMi, ISjS, y. IC)
Cf. La irv. «urira^ <lc>rr1ptlon de la <.*hampa(ii<' Poaillenae dmaa Mimoirt» dt dfUM r»yf m «I «^
jour» ra Atênet, l67l-lC7i et 10»<1, arec un itlorralra d«>ftcri|*Ur d« PaHa à Bà!«, «le^ par L. D. a Du
L'U. P., publié pour U preiniÀru f^lt, d'apiv* le niAnaiicrtt oriflual, j*ar L. B. I.C.M.,lBHr>vMalk«M«»
^9t*4, p IS-if.
S. Albert IlABKàC, Un l'oj,0genn em FfHet, p. 2i5. SJI-tM; Xnhnr Vocs», Œtrrtt, t, II, p. ttt,
187. — Tn v.txagiuralIeiuanJ qnl traversait la Champagne, iTiirmajà Yirrr.nfikpramlcr Biplf,
rtt luoiD* •<:vvre : •Vrrglichea alM-r mit d r Lflacbur^r Ueid«.MUd«a bTaâ<lMlHir«l««kca l^»dwi#
^a, mit d«r Noiutl.]ur li*l.lc. ict die«e Kl»«ii« dann dock aiclit gar sa poai'fbaa*. Sla bC ffHftaaIaa TteOs
a«"baot .. • R<ooLru, triefe mUr Frmmkreiek, mmf eimer F»ê»mi— im Jmkrw têit, la-lS, Lstpaic. IMJL
*- I-. p. «îl-4<t. ^^
IX CHAMPAGNE
emb moU : des plaines, toujoiars des plaines ('). Midielet
il la Cbaropagne, « ee morceau de craie blaoche, salci indi«
, une triste mer de chaume étendiie sar ane immense plaine
•••.i des bêtes chêlires, des minéraux, des plantes peu
I maussades rivières traînant leur eau blanchâtre entre ^ *
f^ de jeunes peuplien (') >. Victor Duruy nous montre
sensé plaine cnduleuse et plissée comme la surface d*nne
uille dont les grandes et longues va^^ues se seraient douce- ]
dues et solidifiées *f ^t, â travers un manteau de chétive ^
le sous- sol crayeux « qui apparaît de place en place, gris et
comme la peau sons la laine d'un mouton galeux. ..., quel-
le tordus et rabougris ou un sureau malingre qui ne parvient
ler d*ombrage ; de lois en loin, un moulin à vent qui pro-
ie ciel ses bras décharnés (*) ». Taine est offusqué par le j Ji
et cru de la craie, et nous dépeint « ane campagne bariolée s
es jaunâtres et de jachères grises, rayée comme un vieux ^
le routier qu'on aurait crevé par pbiccs et raccommodé avec { |
^aux d'une autre étoffe (*) ». Alexandre Dumas remarque
t quelques oasis de verdure et de fraîcheur « dans ce désert,
es vallées ; ici, à l'horizon de la plaine roussie par le soleil.. .
ilatéres, des carrés longs, des losanges bleuâtres capriciem-
«sinés, ce sont des plantations nouvelles, des sapinières (*) ».
trouvent une certatne poésie au paysage champenois, à son
ison, à son ciel pur, à sa lumière éclatante (*). Cette Cham-
i nous vaut des descriptions d'an réalisme si pittoresque et
était d'une pauvreté devenue proverbiale dans l'ancienne
et on la désignait avec l'épithète malsonnante de poiiff-
On a beaucoup disserté sur l'origine de cette dénomination.
I uns, il faut rapprocher le terme de pouilleuse d'autres
impenois tels que Pouy, PouiOj, Pouan; la Champagne
le ne serait point la contK*e aride et dénudée du terrain de
lis la zone humide et marécageuse située au pied de la
rtiaire, depuis les plaines oii l'Aube et la Seine se réunissent
, t. !••. ^ ss.
T*W«C, Lm Arémm^ éUma^été, %. F*, tmâmà^ p. iS-lt. Cf. Taa«%
it Si Vmvmm, f . iei-:ta
•« Ëf mmit mralt 4| te f^mmm, p. Iff. Ct MnêMU, L*
H «iH, «mJ* ISM-ltM, p. ISl)i PssTM, SwfCltl«lM««te(
iMém, et H $^. êaê m, éê Fjf r y te /WfJfc, «Mé« l«l).
1
t:
CHAMPAGNE POUILLEDSR 119
jusqu*à Sôzanne; ce serait la campania paludoêa, la Champagne
paludceime ou marécageuse ('). D'autres voient dans Tèpi thêta de
pouilleuse une altération de Texpression ancienne de plouyeuse oa
plouteuse (?), que la région du terrain de craie doit à ses vastes
landes gaz:nnée8, à ses pelouses ou les troupeaux paissent le pouilliol
ou le tliyin ('). Ou explique encore répîtliète de pouilleuse en disant
qu'elle s'applique à une terre excessivement maigre, comparable à
uu corps qui n'a plus que les os et la }>eau, et qu'on dépouille en lui
enlevant la peau ("). Remarquons tout d*abord que la dénomination
dont il s'agit se retrouve ailleurs que dans la zone crayeuse champe-
noise. On dit encore dans les Ardennes : le Chesné-le'Poptiltux ou U
Pouilleux (Qitercus pediculo8a\ et un vieux dicton ardennais qualifie
les habitants du Chesne-Populeux de « Pouilleux du Chesne (*) »•
On tnmve également dans les plaines du Perthois Saint' Lumier-lo'
Populeuse, mentionna aux XV* et xvi" siècles sous le nom de « la
Poilleuze, la Poullcuze (^) » ; le mot pouilleux dériverait ainsi de
populeux et la Cliampa«;ne Pouilleuse serait le pays où croissent lea
peupliers particulièrement nombreux le long des cours d'eau dans la
zone crayeuse. 11 y a aussi la Brie Pouilleuse : c'est la portion des
plateaux tertiaires située sur les confins du Soissonnais, rive gauche
de la Marne, où le sul constitue par des bancs de meulières entre-
mêlés d'argiles verdâti'es ou de sable grossier est d'une culture difficile^
parsemé de bois et de landes, contrastant avec la véritable Brie, qui
s'étend depuis les environs de Coulommiers jusqu'à la vallée de la
•Seine, et où les argiles à meulières sont recouvertes par un limon
remanjuablement fertile. Cette Brie Pouilleuse porte encore le surnom
aussi peu flatteur de € Galeuse ou Galevèse (*) ». Pour résoudre
cette question complexe d'étymologie, qui a fourni à la fantaiaie
l'occasion de contrarier la grammaire, il semble qu'il faut s'en tenir à
la conception vulgaire adoptée par la plupart des géographes, et qui
reste la plus vraie. Attribuant au mot pouilleuse un sens figuré, nona
1. U>ciior. If.ê'vire de Tro^t», l, 161. On dt^aifnr «oai le nom d« « U roiltto », •■ eatr»H
rairrai i>ar le territolrs «le U cummauc «le EouUlv-8aecj rarrood. de Tn»;«4, eantoa 4« nmrj){lHm^
tiomm. topogr. de t'Anhe, p. 127].
t. itim. »le U Sttc. dee te. de \\:r$TeFr<tmçoie, X. I»^, p. 5t. e: kfktM TmtrMMVt, Sf ri«tlt— <■
«-aaton <!«■ fUiueruft ( Mim. de /« .S'oe. •ça*, de VAnht, \. XXXII, IMS, p. IS, ■•«•).
9. l'iiirrKK. Ltjrnie territoriale de U FrtiMee, la S", TarU, IS77, p. tt.
4. AlUrt VlKTMAr, Tradttio i«. lèfrude»,.. de» Ardetue», p. ISS. U imt probaU* q«« M MWt 1m ImM*
t*ou da ClM*ue. Mokm** daoa leur auiuar-pr4>pre local, qai out, aa sviii* alAel*, ddf«raid •• qvall^
CAtir iu4|>rU.\iit en un autre i>la« noble. Cf. P. CoLUisr, Folk-lore ardcnaala (JUv. kitUr, T^trinaiti,
•<>i>t.inbn- IWl, p. I9ft-1M). \
&. Lo>oxo>, liieti9u%. topQjr. de Im Mmrne, an m<A Saint» Lan 1er.
«. Miao:-rLBr, La Brie Galeaae on Galrrâae (Ai/kl. 4) la 5e«. ds §i^r, 4> rAism, Aaa4« IMS»
p. «5l-4i&t;.
130 LA. CUAUPAONB
pouvons identifier U Cliunpa^a quAlîfiùc de poiiîlleuBe Kvec Ift
partia la plu* s<-c1ie et la plus stérile de la formation crayeuse dont
noua dclttnitîon* plua Imut l'étendue et où la vie dea habitant* eit
réputée misérable ('). Cette dénomination ainsi expliquée doit à ion
tour Ctro justifiée. La Clinmpagnc Pouilleuse mérîtc-t-elle encore av
jourd'hui sa tri«tc réputation d'autrefois ? Cest ce que nous permet-
tra d'établir une élude détaillée et méthodique du sol, de ses aptitudes
variables et de t*3t ressources, des transformations vraiment remar-
quables qu'il a subies grice à l'activité industrieuse de ses habitants.
I^s hautes plaines de la Clianipagne craveuse qui s'abaissent en
plan incliné à pentes convergentes vers le fond de la cuvette pari*
sienne, en formant comme un grand glacis commande à l'ouest |>ar la
rebord cscar|ié de la nappe tertiaire, sont constituées par des assises
d'une réaistauce médiocre, relativement plastiques, usées et aplanies
par l'érosion. Les plissements et dérangements subis par les assises
crajeuses, postérieurement à leur déji&l, accidents tectoniques dont
le rôle dans l'architecture du mI champenois reste d'ailleurs problé-
matique O, n'ont laissé que des traces k peine visibles, indiquées par
quelques lignes do faite. Tel serait, entre les vallées de l'Aube et de
la Marne, le bombement du terrain de craie, orienté d'ouest en est,
foniiont faite de séparation entre les eaux qui descendent au sud vers
r.\ube {l'nits, Huftrclle, Vaure, Su|ierbe) et celles qui s'écoulent an
twrd dans la Marne (Coole, .Somme-Soude). Ce petit aniiclïnal, simple
dos de pays que nous désignerons sous le nom de plateau dêSompuît,
dont l'altitude est on moyenne de 200 métrés {23'J mètres au nord de
Sompuis, 200 mètres au sud de Sommesous, 206 mètres an sud de Mon*
tépreux),tour à tour traversé et contourné par la voie ferrée de Vitry*
le-François k Firc-CItampc noise, se trouve exactement dans le pro-
lungeio;al d'un axe d'ondulation du bassin parisien : l'axe du paya
de llmjr, qui aboutit sur la bordure du massif tertiaire an villag*
d'AUemant oii la craie est k l'attitude de 233 métrés. Sur le versant
méridional de cette ride crayeuse, dont l'érosion a fait disparaître les
parties saillantes, s'étend un synclinal situé dans la prolongement
I
CllAMPAGNB POUILLEUSE 131
dcâ vallées du Grand-Moriii| du ru dc8 Auges et de ton affluent U
Maurîcnne : là, Tnltitude du plateau cra^-eux n'est plus qu'à 133 mè-
tres à Semoine, 136 mètres à Mailly, 133 mètres à Humbaurillef ).
11 ne faut donc pas se représenter^ la Cham|)agne crayeuse, dontlei
amples uiululatious donnent assez bien l'impression de va^es gigan-
tesques qui se seniient solidifiées, comme un pays absolument plat.
Les dénominations quelque peu ambitieuses de Mont, Cliaumont,
Haut-de-Mont, etc., y sont assez fréquentes, car, à la surface de cet
plaines qui s'étendent à perte de vue, les moindres émînences, les
buttes les plus insignifiantes se détachent à l'horizon avec une net-
teté qui en exagt're l'importance. Le relief très atténué du terrain de
craie prébcnte un modelé spécial. Tandis que dans les vallées princi*
pales de la Seine, de l'Aube, de la Marne et de l'Aisne, la pente des
ver£>ants est intermédiaire entre le profil adouci des côtes argilo-a-
blonneuses de la zone infracrétacée et l'allure abrupte des calcaires
compacts de la Bourgogne et du Barrois, il arrive que les vallons
secondaires taillés dans la craie ont parfois l'aspect de minuscules
ravins. C'est surtout à la lisière des affleurements de la craie à mi-
il crnster dans la zone du Pied-des-Monts, entre les trouées de la Marne
j et de l'Aisne, que les accidents de terrain sont les plus nombreux,
les formes du relief les plus accusées : ainsi les gorges et excavations
naturelles, les talus superposés à la naissance des ravins, comme le
« Trou d'Enfer » et le € Fond de Queule >, sur le versant de la crête
de la Serre qui fait face à la vallée de l'Yèvre, en aval deDommartin
(Marne) ; là, les dislocations du sol résultant probablement du mon*
veulent de bascule qui a redressé la périphérie des plateaux crayeux
ont facilité le travail d'érosion des eaux. On observe également %vr
certains versants des vallons champenois des ressauts de terrain oo
rideaux, dessinant suivant la direction des thalwegs de petits gradins
parallèles qui interrompent la régularité des déclivités. C'est que, sur
ces pentes, l'inégale dureté des bancs de craie a troublé la formation
de la courbe des versants ; de plus, ces dénivellations, primitivement
naturelles et peu sensibles, ont été régularisées et exagérées par le
labour et la culture au point de former des accidents de terrain très
caractéribtiques ('). £n somme, dans son ensemble, la Champagne
1
II
I. DtiLLrca, Stractiire g«.'ulog1<|a« da t»A*tio ptirltl^m {Ammml. et fifr,, IS J«ni«C ItOt^ |^tl7;
15 DOT., p. lll-llA). D'apKt us Mencst, aa autre antleUnal crayrmx (aatlellBAl àm rAstktoV
da nurJ-onr<t «a •ul-rct, «e prolunirrralt à trarcr* la Ple«rdl« JaM|a*«« Cbftap<ifS«« par niTj i
H «a •!( là d« U ralléa d'AisiiP, à traTrr<i lot pUiaca rhaiupeaolac«,J««q«'Mi fkl:«, «atr*
rt Rommc-Tourbc < Unllet. é* U Sve. féoi., anni^ 1S91, p. Wl).
t. Sur U furioatlua de cea rideaux, cf. os LArraïKHT {BnlUt. êê la £m. dt fM.,>aér:«,t.I'«,lWt
I •
122 U CHUIPAOKK
cnyouM est un jutjra de htutei pUinec, juBtiSant bien la dinomina*
lion qoi lui a été appli<]uée. La conairuction dea voica Ten-fea qnï
aillonnent aujourd'hui la contrùe n*« pa* nécetaité d'importanU !»•
Taux d'art O-
Let ten-aÎD* ciajreuz de la Charopaene «unt caractérisés lurtout par
leur extrême aridité, qui résulte moins de l'insuffisance des précipi-
tatîoas a(iu<»|)liériqu«:s (600 millimètres euvimn) que de l'absorption
trop rapide des eaux pluTÏalea par un sol perméable k l'excts. La
craie, k peine recouverte çà et U par une mince couche d'humus, est
casent icUement fissurée et »pon};icus«. Les eaux superficielles qui ne
peurent séjourner à la surface des plateaux, ni ruisseler sur les pen-
tes, sontabsorbécs immédiatement et vont imbiber, jusqu'àsaturatîon,
les couches prufundes du soi. Ainsi s'expliquent la rareté et la disse-
min .tion des sources et des cours d'eau sur toute l'étendue du terrain
de craiv -, il est peu de |>a]rs où les conditiuns h^drologiqucs imjiosent
aux populations autant d'obstacle* et do restriction pour leur alimeo-
talion en eau que dans la Champaj^ne Puuillcuse.
DansTarrondissemeut JeChâlons-surOlame, 97 coramunessur 10 1
ne sont alimentées que par lu puits (7140), parfois très profondii
mais toujours plus on mMos pourrus d'eau, k la condition qu'on en
an^mcnte la profondeur (*). Sur les parties les plus élevées tics plai-
nes crajreuscs, les cultirateun champenois creusent des citernes
rendues étanches par un rcvClcment extérieur do ciment, oii se raa-
seniblent lea eaux pluviales réserfées aux usages domestiques (*).
Coaimc la craie se colmate asses facilement d'elle-même quand ses
porcs sont buuchéa par de petites particules terreuses lalaséas par 1m
eaux, il arriTe qu'elle peut devenir imperméable ; ainsi se fornant,
dans an {rand nombre de villages champenoia, ces mares lemporairca
aux eaux grisitrea, nb s'ébattent dea bandea d'oiea.
CHAMPAGNE POUILLEUSR Hi
A une certaine profondcuri qui varie suivant le degré d*iuibibitioii
du teiTain, la roche cra^'euse donne naissance à des suintements qui
alimentent les puits et les sources. Ces sources, qui jaillissent d'ordi-
naire à une faible hauteur au-dessus des tlialwegs, sont parfois astes
abondantes \w\\r faire marcher de petits moulins à une faible distance
de leur point d'émergence ; quelques-unes ont Tavantage d'être
pércnnes et de ne tarir que durant les étés très secs(*)«
Mais la plupart, en temps de sèche resse, sont soumises à des migra-
tions. Le terrain de craie est, en effet, comme une immense éponge,
qui, seulement après des pluies prolongées, peut conserver Tcau dans
ses parties supérieures. Aux époques de sécheresse, les sources les
plus élevées commencent par disparaître, et les émergences ne se
] produisent plus que dans les parties inférieures des vallons. LVzen-
pie le plus curieux de ces sources voyageuses est fourni par la Somme-
Soude entre Châlons et Arcis-sur-Aube. La source de cette petits
rivière sort de la craie blanche à un niveau plus on moins élevé,
selon le degré d'imbibition des coteaux environnants (*)•
Telle est la rareté des eaux courantes que Belgrand a calculé, pour
le petit bassin de la Somme-Soude, moins de deux cours d*eau pour
une superficie de OU kilomètres carrés (').
A l'inverse des rivières de la ChauijMigne Humide, celles de la
Ciiampagne Sèche, qui constituent un réseau absolument indépendant,
sont peu ou point ramifiées dans leur cours supérieur : elles nais-
sent généralement d'une source unique, désignée sons le nom de
« Somme ». Ainsi, entre les vallées de la Seine et de TAube, la
source qui jaillit à Foutainc-Luyères, dans une excavation grévense,
donne naissance à la Barbuise, dont la petite vallée, longue d*ane
trentaine do kilomètres, vient se confondre à Pouan avec celle de
TAube {^), Entre TAube et la Marne, le plateau de Sompaia (Somme-
Puits) est le principal réservoir d'eau de la contrée (sources de Sondé*
Notre-Dame, Bussy-Lettrée, Sommesous, Conflans, de la Fontaine*
Rouge, etc.). Mais le principal centre de rayonnement pour les eaux,
U'n«« T«Ta l'oac^t, Il A fulla la rerétir «l'an eorrol à poa prt^a luiperw^aM* : la cfmto Hgênatat pli^
tlqar extrjtitc «loi «l«blalit, aiaUié« et daioér, a Joué lo r6l« é» cii— t. C— t !• f rtcéSé ■■pfayé —
Chaiii|>«,(uc jtotir faire dca aire* de yran^M et d'êsurlM.
1. Il fut <jacttl«>B Jadis de dirivcr ver* J'arit le« «uni e *fl <]• U f^mm^SovS*, Buds élto* fervat JsfiM
luajffikKdUt. Cf. BRKTKAXi>-LtMAiBr, l*r«>c/ de rethtreluê d'tmu dmm» l« Ckmmfgnm p9mr rmiimtmâ^
ttcit de la rttte de Pari; br. ln-4*, C'hàloaa, 18é3; Bsmimabo, L« ««iM, p. IOf-lS7, ISS.
2. Mnnuil hydrvl. d» bassim de /a Seine, p. 95. Eb IMO, 1« UrUt.-Meal ém I* 9omrm htllah • m
Ileo le 2 août ; c'eat •eaUmeat le 29 Janvier 1901 qaVlU a répara à la ««lie Set |lalM ém aai— >rii
Jao^ 1er (>«rr. k^r. dm batsim de U Seine, anaêe 1900, p. tl;. 1>« aeiablablea alf raUMS «1 i%|iaHU—i
4e tvarcit ont «té obaenrfea daaa les cralee d« la Tlcardla (cf. DaVASOCOx t Lm tiemréiêtp. I», m^
». /-« Seine, p. tS9.
4. Cf. FixoT, Lm Jkirhmiee et «e« ee«r«, |d-S«, Arrla emr-Aato, ISOS.
-i
Lk CHAMPAGNE
dsDi U ChamjMgne Pouilleuae, eit, aa oord
de l* Marne, le jilaleAU d'une nlUtude moyenne
d'environ 300 mùlrea, qui porte les vilUges
de La Cruix-co-Champa^e, Aure, Tilloy-Bel*
laj- et Poix : c'est \h que divergent les lonrces
t du FiuR, de U Vivre, de l'Auve, de l'Yi-vre,
I de U Moivre, de la Vcale, de U Noblette, de
I la Tourbe, de la Bionne et de la Snippe, dont
1 les enux >c rendent loît dans U Mâroe, toit
dnui l'Aiane.
Toutca cea petite* rivit-rca du terrain de
craie, qui apportent loir tril>ut médiocrement
abondant aux grnndct artèrci tranivcraalet de
la contrée, ont un régime reniar<|uablenieDt
régulitr et ré.iliicnt toutes le type du court
d'enu tranquille. L'infiltration c*t lenle dan*
Ici v)» craj'cnx, et l'on ne roît jiaa, dan* la
Clinmpagiie Pouilleuse, commo dans la lone
de l'inrr» crétacé, mille nii**eaux éphémrrea
venir, npr^s une forte ondée, remplir un fosié
collecteur trop étroit. Pour la uCme raison,
ce* ruîsaoaux aux eaux Uitcuscs sont peu stu-
crplîble* de baÏMc* exccitircs, la couche aqol*
ftre qui les alimente et règle leurs niveaux
i,^ j continuant J> leur fuumir l'eau d'infiltration
- •• I Ionglcmp« encore aprî-s la chute des plaie*.
La submersion des rive* et les inondalions ne
peuvent Cire qu'exceptionnellea : elles ne M
produisent guvre, pendant la saison froid*,
que dans les vallons cncaiaséa, au pcnnt de
convergence de plnstean ruisseaux, là ek !«•
eaux de cnica ne rencontrent pas nn dèboaelié
•(■)•
CU^SJPAGNB POUILLKUSB 1^
L'extrême penuéabilité n*est pat le seul inconvénient des iob
crayeux de la Champagne ; l*ensenible de leurs propriétés physiques
et chimiques les rend peu favorables au développement d'une riche
végétatioQ spontanée ; leurs aptitudes agricoles sont médiocres oi
nulles. Lorsqu'ils sont trop mouillés, ils se détrempent, perdent toute
consî&tauce et n'offrent aux plantes qu'un faible point d'appui ; uie
sécheresse persistante les rend pulvérulents; alors les vents en dépla*
cent les |)articules, et, quand une couverture neigeuse vient à man-
quer rhiver, découvrent les racines que les gelées soulèvent. Presque
exclusivement calcaires, les sols crayeux sont dépourvus d'éléments
fertilisants indispensables; l'acide phosphorique et la potasse leur
font presque complètement défaut ; l'absence de matières organiques
et d^humus superficiels les prive d'éléments azotés; leurs propriétés
absorbantes sont faibles ; les fumiers s'y décomposent avec uns
extrême rapidité ; les engrais solubles qu'on leur confie sont vits
entraînés par les eaux d'infiltration : la craie « dévore les engrais >|
disent les cultivateurs du pa^'s. 11 est vrai que le faciès du terrain de
craie ne présente pas une uniformité absolue. Les plus mauvMses
terres sont désignées sous le nom de grèves ou savarts : ce sont de
vastes étendues couvertes do «lalles cra^'euses ou d'un menu gravier
crayeux, véritables step|>es dont les larges ondulations portent la
végétation spontanée des landes calcaires. D'arbres, peu ou point: ^
et là des bouquets de cornouillers aux formes chétives et noueuses,
des ormes rabougris le long des chemins, autour des calvaires qui
dressent leurs silhouettes sur les émînences ou aux carrefours des
sentiers, des pruniers épineux dans les haies, de maigres taillis épais
constitués par le saule marsault, l'aunelle, le sureau, le cytise, le
noiiretier(*). Des plantations de pins étiques profilent à l'horizon lenn
sombres damiers qui tranchent sur les taches blanches de Im craies
perçant le sol des déclivités abruptes, et font ressortir la verdure des
prairies artificielles, les teintes grisailles ou roussies des pelouses et
des champs cultivés. Des étendues considérables restent vierges de
toute culture. C'est sur le sol infécond de ces landes crayeuses, entre
les vallées de la Suippe et de la Vesle, qu'a été créé, en 1857, h
CBuip dit de Châlons. Cet immense parallélogramme qui couvre une
superficie de 11 000 hectares entre les vallées de la Vesle et de h
lo|>|»«Birnt if m»r\xAisf toarbciix (tant loal« U Cfca«i|Miff«« Po«Uto«s«t U «ralt Mt 1« tMmla «to^
•lqti« 4r« tourbU-rra (cf. Bku»kaiid. Lm S^imt, p. |0, tO).
t. PoaaAKoi, BoU«Bi«Dt &m tmrrm er«T«a«*t {J^mvmml d'mmrifiûtwtt a rat l f, — i« INCL Hl
126
LA. CB A» PAONS
SuipiM, «u nord de Cbâioni ('), apiii aroîr éti, wna Napoléon UT,
• nn théâtre grandioMs ou l'on jouait de* piôcei miiitairci à gnnd
orchciitn ■, a re^v de um joiin uns dcatination plua confonne «ox
n^c*>iti'i DAnvellet da l'art d« U guerre et de ta mobilÎMllon : c'cit
na clianip de nianœavrca et de tir à grande dittance, qui peat de-
venir, te eu échéant, un |)oint de concentration pour toute une
année. Au aud de b ïlarne, entre Ici p^lilea rivières du PuiU et de
..*«
^-. «.-.1 ..'■ . -iH *..^^^i
l'Huit relie qui ■'écoulent vers l'Anhe, le noureau C*mp th ÊÊÈÎIfy,
<ini occupe une partie du plateau de Sompuia abandonné k la Tenta-
tion dea pint et de* genérriera, couatitae un autre lerrain de manoB-
Trea et un Mnatnrisra militaire dont l'éteadae est éplenent da
11000 kectarcaO-
CHIMPAGNS P0UILLSU3B
1Î7
Sur COI grèves crayeuses au >o) «ride, b&Ujri par le* coarkots i'$u,
le mouton rencontre uns paiuro suffisante et les conditioiu hygiéiû-
quoK les plus favorables : il s'jr trouve garanti contre uo certun nom-
bre de maladies contagieuses ('). Le mouton clwmpenois, rcroarqu»-
blcraent sobre et rustique, est lo produit de croisemenU maltiplei ^î
ont modifié la race indijèue (') -, il est rcputi pour U finewe et la
solidité de sa laine, et, le âévcloppcmeat de l'indostrie lainière en
Clwnipagne dérive ïminÉdùitoment de l'extension donnée jadiail'âe-
v;ige du mouton. De nos jours, les conditions de l'éleva^ ont étf
LA CHAUPAGNB
128
i'IcTcnn dumpeDoia lendeot à ne pliu coiuidùrar U i&ine qoo coinmA
nii produit acces«oir«; il* ■« préoccupent plut&t do produire de U
riAude et du poidi, «Muria de trouver de larges débouchés pour lenn
produits sur les luarcbûs de consomniktion de Iteima, Paris et des
grandes Tilles du Nonl. L'élevage des animaux de l'espvce ovioe est
loin d'avoir dnni l'économie rurale cliarapcnoise son importance d'an-
trefois'C).
Les friches de la Champagne Pouilleuse n'ont pas C-tiabandonnéea,
,„ sur toute leur étendue, au parcours dea
troupeiiax de moutons; elles ont été utU
listes et améliorvei à l'aide de planta-
tious de résioeux, peu exigeants en
acide pliosphoriquo vt en potasse; et,
aujourd'hui, de véritables forûlscciuTrrnt
des plattaux jadis improductifs. Lea
|ircraicra essais de plantations de rési-
neux dans les landes champenoises re-
niontcut au début du xviii* siècle; maia
c'est surtout depuis la Restauration que
la mise en valeur méthodique des sa-
varts a été poussée avec succt-s^*). Dif-
férentes variétés de pins (l'mti$ $gtvtttrù,
p. Ijiricio, p. Aiulrïaea, etc.) et l'ép'céit
rurtiMiiii. ti ttorw. — fiwix* ont été plantés alternativement ; parfois
ÎTu^l"*' '"'"*" "'** '■""'" l'aulne et le bouleau blanc se mêlent aux
résineux dana Ici plantations. Ces pioa*
raies, dont les reflets sombres adoucissent les teintes blauchAtrca et
criardes, par le grand soleil, du [laysage champenois, ne couvront
pas moins de 25000 hectares dans le seul département de 1* îtams.
Outre qu'elle* founiisscnt du bois de chauffage et du étaiade minea
exportés dans les houilKres du Nord, elles préservent !«• terres as
pente contre le ravinement, ménagent un abri aux cultures voisines;
enfin, le* détritus végétaux qui s'accumulent sur le sol couvert de
•M. Jtmxal J«t.'»«""W f i»i 'f . »«»
JU
n
nMm^*-u).aw«ssi
•feM
CHAMPAGNE 1K)UILLEUSK 129
plantations contribuent à fonner| à la loogae, un homua fertilisant
Malheureusement, pendant plusieurs annéea (de 1892 à 18!)D),àla
suite d'ctés exceptionnellement secs et chauds, les pincraics diampe*
noises ont été dévastées par une checillci le Bombyx du pin {La$Uh
campa pînî)^ et les traces laissées par le fléau ne sont paa près de
disparaître (').
Il n'y a pas sur les plateaux champenois que des landes à moutons
et des sapinières, et les sols crayeux ne sont pas partout également
stériles ; les parties les plus élevées sont parfois recouvertes de plaques
de limon ocreux ; ce sont les « rouges terres », qui contrastent avec le
c crayuu » et sont moins infécondes. £nfin, les vallées principales, qui
drainent les eaux souterraines sur un périmètre de plusieurs lieues
à la ronde, constituent de longues oasis de fraîcheur et de Terdure,
où les sols sont généralement meilleurs et où la population s'est agglo-
mérée (*). D*aîllcurs, les efforts tentés depuis de longues années en
Champagne pour augmenter la valeur agricole des terres crayeuses
ne bont pas restés vains. Il ne serait plus |M>ssible, aujourd'hui, d'in-
criminer, comme le fit jadis Arthur Young, € rignorance crasse des
propriétaires > champenois et de constater que, chez eux, les procé-
dés d'amélioration des terres « n'y sont pas plus conniu que ches les
Ilurons(') >. 11 est peu de pays où l'engraissement d'un sol ingrat
soit Tubjct d*autant de soins assidus. Le pa^'san champenois ne laisse
ricu perdre : boues de village et de route, curures de marcs et de fos-
sés, fumier, résidus des fabriques de lainages, tout est uUlisé.(*).
Uaménagement des exploitations agricoles, dans les villages de la
Pouilleuse, semble même réglé en vue do la préservation des précieux
engrais : les fumiers s'entassent en monceaux au milieu des ooun
encloses attenant aux habitations. C'est ainsi que le sol fertilisé s'é-
tenl comme une tache d*huile aux alentours des villages. L*extensiou
1. A «lïTcract repriact, Ic« train* de Toyaiçourt «atr* Sommctoaa «t F^w^haip— d— ««MmmI ém
retard* caavéa par I*écra«emeot de* ch«oillc« ca iul;;ntlon. Cf. Ad. Bku.BvotB BT J. Lackbst, Lm
plaaUtioDt 4e pin» dau» la Marne et le* paraaites qnl les AtUqoent (BmliH. es tm K««. ^4tmà* ém m
natur. d* Reimê. t. V, l<»6, p. U7-98; VI, Ib'JI, p. M aqq., «t C^m*«U gimérml à» l« Mmrmê, mmmkm
p. 77r.
t. Il en «41 de même dans lea grandes rallt-es ■éebes (Bueej, Sotsme-Vcata, MoIttb, ciB.)»
par des dépûu meuble* contenant one proportion d« Uoioo reBMuM enfliiBnH pw
tcrrea eoUiTablee.
J. CE «rro. t. Il, p. SO^SOS.
4. l'a To\a);eur allemand traTertant la Cbaropafvc PoulllouM Butr* ÊpcTBBj «1 Vltoy,
inler Empire, rapporte à ce sujet Bue obsenratlon plquanto : • ...obs«boa Ul« DSrfar «Il
von der Strate eutleg^a waren, trafen «vir Kinder as d«r Strasse sltsBad, aaé Bsf 4iB
*end, die die Pferde der Ilelsendea Terllerea, oa aie a«r ihrB F«ld«r sB tracBa^. • ScMVt.TaB, Uri^fm
*t»r Frftnkrtifk..., t. I»», p. ItMSl, la«lî. LtfiptJg, I81A.
Les ca1ii« st.ors champenois vont cbarcbcr le fanlor Jaaqae daas to VbU«(B 4'Âlea« (Ct Ji
^cgf^emltmrt, 1%J%, t. I ', p. tti>.
130 LX CHJIMPAGNB
eoiwidi'niMe des prairies artificielles qui facilitent l'alimentation da
gros bétail, Temploi rationnel et de plus en plut généralisé des en*
grais chimiques, ont contribué à la transformation complète du sol sur
une grande partie du territoire, de telle sorte que la fâcheuse réputa-
tion de la Champagne Pouilleuse n'est plus guère justifiée (*). Le cul*
tÎTatcur chauipcnoi» exploite à peu de fraîi» ; un ou deux chcraux lui
tnffii^nt pour labourer ses terres légères, et il supplée à l'insuffisance
de la pniduction par Tcxtension facile qu'il donne aux surfaces culti-
Si la condition des habitants de la Pouilleuse no répond pas tout à
ikit au tableau idyllique qu'en a tracé un savxmt économiste, du moins
Taisance, fruit d'une persévérante économie, est chez eux plus com*
mune qu'on ne le supposerait ; et il y a longtemps que l'on a constaté
que le juiysan chanii»cnois petit propriétaire vivait bien et s*habillait
de même Ç).
Les plateaux du terrain de craie sont surtout un ]>ays à céréales :
les blés et les seigles sont ex|>édiés dans les environs de Paris et dans
le Kord, l'orge alimente les brasseries de Cliillons, d*£perna}', de
Vitry et do la Lorraine ; l'avoine est absorbée par le service de la
guerre, et subvient aux besoins des garnisons de cavalerie établies dans
la contrée.
Ce n'est pas seulement dans les formes du terrain, le mode de cir-
culation des eaux, l'aspect du tapis végétal et la ré|»artition des cul-
tnreSf qu'on saisit en Champagne l'influence de la nature du sol ;
toutes les particularités saillantes de l'économie rurale apparaissent
étroitement subordonnées au milieu physique qui régit le groupement
de 1a population, les formes spéciales de Thabitat et jusqu'au régime
de la propriété et aux procédés d'exploitation du sol.
L'extrême concentration de la population est frappante dans tonte
la Cham}iagne Pouilleuse, où les habitants vivent rassemblés autour
du clocher de la commune ; dans la plupart des cantons l'écart entre
le chiffre de la population totale et celui de la population agglomérée
tmltmr^, SM^ Itff, t. Il, p. m m mW.). Dmm U ManM, to tmmé^ mêM à l\»9Un é$ fVMWsl ^M
#toT4 4« 1>UT •• l^«S * lt^.M Ml IMS.
UàkgH mt- 4. fcéelalU* rHi4r«to 4» U frftiiié <— rUf^, to pl«*-TslM 4m
4m« u •rrM4« ••iiU 4« m» •14rl^ D^ »• l^t, BauiSAV» 4erfrAll t t Ml
êmUH^Am M r« j4iail & fr avM «• Il4rrt 4r«MW. m r*«4 aiO«««4^«I Mt fr. «t W Méwt m*f Ml pèm •
{U i^im*. p. £M% A MAllIjr (A«W). U rrti 4Vir«<BfrteilMi pmt IVofcMiifft 4» rMM* VmI4(
mmmtr.; m WcUf— 4» u ym« 4> ru«*if»B> — i «^ ^m^H ntmêtr, (Btmtém CMwlt I
S4 M^ IftS, p. S4S).
S- Vt^rMmmm: tt0m0mê»rmrml9 é0t* r^n^ p.l»^tniA » Êa%mAmmàmtUri§»f^t€êumÊrmm'
Htmm tfmm, p. fi m mIm, 4*04.
CHAMPAGNB rOUlLLKUSB
131
au clief-licu est infinitésimaU Cette modalité de la rie rurale quon
retrouve également plut ou moins accusée dans la Picardie crayeoM,
coiume dans la région oolitliique du Barrois, du Vallage et de Is
Uasse Bourgogne, a été naturellement imposée par l'excessire ari-
dité du sol et son infertilité. 11 y a d'ailleurs dans la Cliampsgne
Pouilleuse, connue dans la Picardie, confonnément à dos conditions
hydrologiques analogues, une vie des plateaux et une vie des vallées.
Sur los plateaux les plus secs et les plus stériles, les centres liabités
sont rarejs et très es|)aeés ; on les trouve généralement blottis dans les
plis du terrain, là où le forage des puits était plus facile ; ils seraient
di(ibiinulés aux regards sans la fléclie de leurs clochers émergeant an-
dessus des croupes moutonnées, couronnées de pineraies. Peu ou
point de liniueaux et de fennes isolées ; çà et là des exploitations per-
dues dans les landes, aux carrefours d?s cliemins, portant les noms
sî;.-nificatifs de I^ Mal-Assise, Sans-Souci, La Folie, La Belle-Idée, La
Folle-Ponsée, Mon-Plaisir (*) ; de loin en loin, le long des grandes
routes dont les rubans onduleux fuient devant les regards entre leur
bofiluro d'onucs et d'érables c1iétîf«, des groupes d'auberges qui four-
nissaient jadis des relais à la poste et des escales aux rouliers, ani-
ment ces solitudes. Au contraire, les vallées, par leur fraîcheur, la
fertilité relative des tlialwegs, ont attiré les hommes et les ont grou-
pés. Chaque source ou Somme a déterminé autour d'elle la fonnatioa
d*une petite agglomération à qui elle a donné son nom : Somme-
Tourbe, Sonnnebionne, Sommesuîp|>c, Sommcvesle, Somme-Yèvre,
Sominesous, Souain, Souipuis, Somsois. Des que le court d'eau est
funné, les villages se succèdent et s'allongent démesurément à pro3d-
mité des rives, égrenant leurs petites maisons basses dans la verdure
des vergers et des hauts peupliers ('). C'est non seulement dans leur
mode de groupement, maïs encore dans leurs formes et leur aména-
gement que les constructions rurales montrent leur asservissement au
régime hydrologique de la contrée et aux matériaux fournis par le
sol. Tandis que dans les vallées, les habitations s'essaiment de chaque
côté d'une longue rue principale, on dirait, sur les plateaux, qu'elles
s 3 ramassent et se contractent, en harmonie avec la monotonie du
paysage environnant ; comme les moutons se pressent autour du ber-
1. Aat environs dn r.inip d« Cbàlona, rc« ezpl<>UaUont rnralM, U plB|knit S* crnaUva rimtm
IMrtciii des nwou rjpp«1&nt des souTeuira milluirM : VnrvtfTie, Uo%ùom, Bêréslan, Alfcr, C
«••. eu.
2. Dana U \nllé« d'Aube, Ko^nt>l»-I^nc; dana U tUIA* à» U Vca!«, SoaiaMTMla,
*t L^p'ne ne forment qn'nne aeole ncflomérAiion •• divelopiiant wmt «•« lomgmtmr S* plat Ci
Ue««.
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ttarira, •«#« «r* 4rtrt«4
de la protection d'enceiotea cri/ett*«ft fruêUê tti ^h fi#^«l«##U«, 4*0hI
les Tr»tiget raUictent çà et là ans êUnUmn 4^ê pitéê ^Hé^hnhi^
agçloiDcratiuiM ; les popoktMt priAÎti? «• #U#»UUM «»«^ «df I 4«M
des tMxentê MwterraiBee, le* Wrci, UllU^e 4mm le v«M *¥# I* ê^Hé.
des eoteMZ, U Ck»»f«|pM V'mUUmm yN$u l^>vwi «e l^f^ie,
fomie per U% miAimm mmt^mmM M«^««le «(U «•« ^M^Ha f #«^
les filkccs, k» eU/|^nAM ««e#e^«#vM^«« ^ ^é^mtf*^M U in^pH
•irvctve des fc e Wtti i<a e «Mi #«»^^4^ ^ 4^# ^ê^9éimé 4^ U^0é «m
per u cmMT ta^iéi, I»4M Mif ^ 4% »i»<MU«, #«#4/^ M«^M * (t
«^•««- ^«^ <• t^^'^ » *«ir 4m ^m^w Ut»lU>M, <*# ^?«*# 4Ui#
CUJkMPAGNK POUILLBUSB
133
peooises cllea-inêmcs, Sent, Trojru, Châlont, Reim», aoDt encon ca
grande partîo conetruitea on boU. Qumt à la cnîe, on U retrooTt
partout : elle >'ainalgame avec la brique on lu ailex dans lea ioola»-
aciiienta ilei construction» et le» mura, elle s'élève à la dij^ïté rnoos-
muntale dans les églises et lea édifices municipanx Q). Mais la nus»-
sade et cbétive habitatiun du petit propriétaire champenois, Wte de
torcliis et do bois, avec boo toit ie cbaume descendant «n app«ntù
presque au nîvcau du sol, du côté opposé i l'entrée, c cette cLon
laide cl bCtc qui n'est ni une cliaumiËre, ni une maison * (*), tend i
di:i[inrnîtrc complètement. Depuis que la contrée est sillonnée dans
tous les sens p.tr les voies ferrées, les briques provenant de Ift Cham-
pagne IliiTuide, du Perthois et du Vallage d'Aîane se substituent de
plus en plus au torchis et à la craie, les tulles et les ardoises des Ar-
134
LÀ CHAMPAGNE
denncs rcinplucent le cliauinc des toitures (*). L'agencement des cons-
tructions n'cftt |ias moins caractcristique que Temploi des matériaux.
On ne voit |>as en Chauipa^Ci comme dans les villages agglomérés
de la Lorraine où les sites d'établissements humains ne couvrent
qu'une aire très limitée, bctcs et gens vivre littéralement porte à
porte sous le mémo toit, dans une promi;»cuité qui fait tort à la pro-
preté et H riiygiène, et les tas de bois ou de fumier, le matériel de
culture, n'encombrent pas les chaussées. La maison d'habitation, aux
• %
v^^^^t^TT'.J^.-:-^
en
i%mtU
kUmn
I roportions strictement suffisantes |H>ur loger une famille peu nom-
b:ea»c et presque toujours réduite à un rei-de-cbaussée(*)y catleploa
souvent isolée de ses voisines et des dépendances attenantes ; tantôt
elle est orientée perpendiculairement à la rue, sa façado a'oaTraut aar
une cour intérieure fermés À laquelle on accède par une large port«
cocbère ; tantôt, et plus |mrticuliérement dans les grandes exploita-
I. A Lkahrj fraaf«a 4m IUM»r«|-t, AaWl, vllto«« ••■ ■■ ! ■■■ ■■ ■■■»■ r-« «•• ▼ww«««««,
ipi«4i #« Itam, MT ISI »AU«it«. St M «wrir* •■ tkMiar,t9M uUf, !>•>># to' tw (Af». T»itri
ft*m»§rmplkèt et l« r«««««# 4r /.4airw, !• S , AffvU« IMS, ^ It).
t if ■■ t« |i« 4*k«^uil*« é» f9iU ^r»^UtAlffv «M Im msS *• é« |m^» S*OiW,
L a»*rff«« ém— •• «UUf* rkft«|iM<4« (>«4*«r« Mr<W«. 1 IXXUI,tflSI.» It#>lf 1). A IJb«lv«(A«S»)^
CHAMPAGNE POUILLEUSE
135
lions, elle est rcléguco au fond de la cour autour de laquelle loot
aménagées les granges, remises, ctaUes et écuries. Comme il conTieat
dans un pays ou la culture des céréales est prédominante, les granges
ont des dimensions considéraWes, et, après la moisson, les paillcswiit
'5iél
kiaikMl
w d'oo village chaiB|<«LoI« : Bétbraj (]f«n«). 0« riHirf«*im
4.*ne« aur U ch«iM*é« da muérlvl «crtoolc «ft àoê faakn. Aa pr^
Uu« me
rali«vne« aur U ch«asaé« da muérlvl ««rtoolc
iiilir plan, à droite. Ira luaiaoaa d« alnplM oSTrlcra, —mm
d..Beca, «vut en f«(mil« aor U r««. Iliu baat, !«• riildc»e«i 4ea ««kl-
Tjtiruri-proprivtairea t'oorreut |>«r de laric«* p«««lqw» A»fwrUef«
U ruor Intérieure aatour de laqaelle »«at f ro«pêc« le*
i.'n tissées en meules sur place aux alentours des villages. C'est à c
dispositions de Thabitat, imposées par l'économie rurale et qu'on r
trouve presque identiques dans la Picardie crayeuse ('), que les m
>• Cf. H. UiTiKB, Le \ UU^e picard {Ânnmltê dt §4T'» 1^ »n >*^ '* ^^ ^ mIv.).
136 LA CU&UPAGKB
des villoigo cbampCDOÎa doivent leur ntpect mome et ailencieux :
toute l'tctiTité règne k l'intérieur des court encloiei. Il n'est pM jus-
qu'au luatùriel a^^colc qui ne soît iiilapl6 aux condition* du miliea
phjr^îque : c'est ainsi . que le lourd cliarîot k quatre roues tndné par
quatre ou six cberjux, on usa^ dans toute la région lorraine, est
remplacé en Chainp-igne par le ■ camion *, la Toiture de moisson à
deox roues, traînée ordinairement par un icnl fort choTal, car le paf s
est peu accidenté cl les transports sont faciles sur un sol qui n'est ni
fangeux, ni pierreux.
Kntre le mo>le do groupement de la population, les fonnes de l'ha-
bitat et le régiiao de la propriété, les procédés de culture, la division
/
rWtuu*) I tato).
du Icrriloire agricole, les rapports i»iui de la nature du sol ne sont
nulle iwrt aussi frappants qu'en Champagne. La concentration de Im
population en rillages agglomérés, comiuandée par les conditions
hydrologiqucs spéciales au terrain de craie, a été exe option nelUnest
farwable an morcellement du (erritoire. En effet, cette disposition,
qui détarrossait ta banlieue de* riltagc* de toute* les bnlMtationa
éparsvs, n'entravait pas le* partages de terres : U propriété pouvait
être divisée « aussi facilement qu'an sac d'écuaC) *. D'antr* port,
U MtH> Mriita. •.»<*. Mil V. a
CHAMPAGNE POUILLEUSE
135
tion8, elle est reléguée au fond de la cour autour de laquelle sont
aménagées les granges, remises, établcs et écuries. Comme il convient
dans un pays où la culture des céréales est prédominantei lea granges
ont des dimensions considérables, et, après la moisson, les pailles sont
''iliil
lin
îiiii'fc
^■■1 Jii Éiii^'iMJ^m^ ■fcati— JMJM— >
rfM
O.
Vu9 rm« d'un vltt«ff« chaiB|<«i:oI« : Bétheaj (Mara*). Oa
rali«GDe« «or la chaoss^ da maiértcl a(rkol« «I du* f«ai«n.
mler plan, à droite, Iva luaiaoaa d« «ImplM oBTrlcra,
d:jtec«, M>nt en fafa<l« «ar la r««. liua baat, 1m râaidi
Tat«ttr»-|*roprlëtalre* a'oorreut par do laric** pMliqaM
la euar in:Arleare aatour d« laqarlla mbi f roapaca le*
entassées en meules sur place aux alentours des villages. C'est à c
dispositions de Thabitat, imposées par l'économie rurale et qu'on
trouve presque identiques dans la Picardie crayeuse (*), que les m
1. Cf. U. UiTiKa, La VU.a^ pkard ( JaaaiM de fiT-, l* »vt IfOJ, ». ISt al mÊ9.y
«■^
136
Lâ CHàMPAGNB
des Tillagcs cbaropeDois doivent leur lupecl morne et silencieux:
toute Tactirité règne k l'intérieur des cours encloses. II n*est pas jus-
qu'au luatcriel accole qui ne soit adapté aux conditions du milieu
physique : c'est ainsi. que le lourd cliarioti quatre roues traîné par
quatre ou six cberaux, en usage dans toute la région lorraine, est
remplacé en Cliampagne par le « camion »| la voiture de moisson à
deux roues, traînéoonlinaircmcntpar un seul fort cheval, car le pays
est peu accidenté et les transports sont faciles sur un sol qui n*est ni
fangeuX| ni pierreux.
Entre le mo«le do groupement de la population, les formes de Tha-
bitat et le régîmo de la propriété, les procédés de culture, la division
A|4V« U «Ml
■ Wfl f nuifr* mm pw«T»«t ««/«Icair U
4« to fitrvlu, «M
du territoire agricole, les rapports i»sus de la nature du sol ne aoul
nulle |iart aussi frappants qu'en Champagne. La concentratioB de la
population en villages agglomérés, commandée par les cooditloaa
hydrologiqucs spéciales au terrain de craie, a été exceptionnelleneal
favorable an morcellement du territoire. En effet, cette dispositioa,
qui débanassait la banlieue des vilbges de toutes les babtfatioae
épAFM**, n'entravait pas les partages de terres : la pttipriété pottTait
{•tre divisée « aussi facilement qu'un sae d'écus^) ». D*a«tre part,
1. Swtor^M 4tU
llVS,f . XI m H Lm tt0itmm
MrM«.l.l-,».SaiV,
«f. iM Pli4T,
TvkkGimde ExnoiTATioi Dusu Chjuimgie Pooiuiisc
tmirm EAy-Sdby «f £^«*1
} Znlri'ê, -',\
Polë^tr
Grange
Cour intérieure
hnJm hiHMr
Roule nationale
Grange
Bergerie
 rtmtrqumf le Jévtlcpptm»nt peHieuh'êr d»i grmitgtt «f A*/a«//M
Répartition du Territoire agricole
( 3 498 hecUres 40 )
dans un village de la Champagne Pouilleuse : Lhuître
dans le vallon de IHuîtrelle (canton dt Ramenipt» Aub*)
4'êprH krthm% Thévênot:
Monogrsphim dm Is Commune dm Lhyttr^ in §?Ârci9 l90S.p.7h72
Vignes, vergers,poiêgen^
Lan d 95 et friches^.
Bois ttSspin
Terres lêbourablet ..!
Répartition des Cultures
( 470 hectarts)
dans unt grande exploitation de la Champagne
Domaine des Marquises
à H Kilomètres au sudest de Reims, près de Frunay
Journël d'êgricultyn t$07 t.B.p.904^
Jachères _li
5eif/«
Sarrasin..
Betterave ê sucre.. J ^ ^*
ftw/oB^e ve^. J^"^^.^^^^^S. \ / y^ ^ ^^ — FtomaÊt
BeflêriviToûfTâgl
Pomme et terre/
Prairies artifideflas^
A¥aina
CHUIPAGKB rOUILLRUSIt 137
U p.mvret6 iln sol, peu compatibU ixvoc le développoment d« U
gramlc culture, favoritait an contraire rétaUlÎMement de U petite
culture fraçmcntaire. C'est aiiwî que le vilUge à banlieue morculée
de la Cliampagnc Pouilleuao dérive moini dei dîipoaitiont juridiques
du Ci>de civil impoMut un partage de» terrée entre tous le* i-nfants
d'un même propriétaire, que d'un onicmble de condition! proprement
géogiapliiques. Le mode d'exploitation du lol a la mSrae orij^ine. La
gr.inde étendue des terre* incultea, ainsi que l'uniformité des cultures
a développé la coutume de la vaine pSture communale : chaque vil-
l.-ige a sa pâture, bou troupeau de moutons et son berger communal.
De plui, l'épuisement rapide des maigres terreicrajenics, malgré un
cngraiEscineot rationnel intensif, a suicîté la pratique persistante de
l'aseolement triennal : au froment succède l'avoine, qui fait place
ellc-mciiie à la jacbère après deux années consécutives de culture.
L'adoption do ce système uniforme d'auoloment triennal a eu pour
rôsultit la divîeion tripni-titc du territoire dans diaque commune et U
néccuité pour les hnbitaoti de cultiver la même plante dans cUacune
dcH divisions ('). Le territoire d'un village de la Champagne Pouil-
leuse offre ainsi l'aspect d'une seule et même exploitation divisée an
trois parties, immense damier en trois teintes correspondant aux cé-
réalcB d'hiver, d'été et à la jachère. Cotte réglementation de l'asso-
Icuiunt a eu encore un autre effet : elle a exagéré le morcellement,
favorisé la multiplication et l'enchevêtrement des parcèllea, tout petit
propriétaire désirant avoir sa part dons chacune des trois divisions
du tiTrîtoire agricole ('). On voit donc qu'en Champagne, toutes lea
particularités do l'économie rurale a'enchatnent et apparaissent, eD
dcmii-re analyse, comme déterminées par des causes natorellca.
Dans un pays aussi peu fortuné que la Champagne Ponilleuse, la
petite industrie s'est trouvée de bonne heure associée, dans une larg«
mesure, h U culture, et lea populations rurales ont cherché, danale
travail industriel, un supplément de ressources indispensable. Anx
sic-clcs passés, c'était la filature et le tissage da lin et da cliaoTre,
cultivés dans presque toutes les vallée*, qui atimenlatent l'activité
des petits ateliers de famille. Il y a une einquantaine d'années, la
filature, le pcîgnage et le tissage de la laîue florltaaient dana la pla-
part des villages de la Jlaroe, qui travaillaient peur les grmadea
u uat. • [Oi MMin. tt. H
138 Là CHAMPAGNE
fabriques de Reims ou de Retbel ; dans rAube, c'était la bonneterie ;
le cultiTatcur quittait la cbarrue ou la faux pour manier le métier à
bras, et travaillait à façon pour les manufactures de Troyes, do Ro-
millj et d'«Vrcis. L'avènement de la grande industrie mécanique qui
a concentre le travail dans quelques centres urbains a ruiné les |>etits
ateliers ruraux. Le villageois champenois s'est trouvé rejeté excla-
•ivement vers la culture et, en Champagne, le |uiysan cultivateur
et l'ouvrier devenu citadin constituent de plus en plus deux types
sociaux nettement distincts ('). Le caractère fragmentaire de la cul*
iure, qui, dans la plupart des cas, ne fournit à une famille qu'une
partie des ressources nécessaires à son existence, a eu alors |K)ur con*
sé<|uence démultiplier, dans la classe rurale, le nombre des bordiert,
possesseurs d'une exploitation trop restreinte |iour suffire à leurs be-
soins, et obliges de demander au propriétaire vivant do son bien un
travail supplémentaire (').
Cette évolution, ou plutôt cette régres-^ion nous n*nd compte à la
fois de la faible densité de la |K>pulation rurale et du phénomène si
intense de dépeuplement qui désole les campagnes cham|>enoises de-
puis un demi-siècle.
La |x>pulation est cxtrêmcm(*nt raréfiée sur les hautes plaines du ter-
rain de craie; dans la plu|»art des coniniuncp, la densité de la |K>pa*
Lition en 1!K)1 était inférieure à 15 habitants au kilomètre carré;
nombreuses sont les agglomérations dont les effectifs n'atteignent |ias
100 habitants. £ntre les vallées do l'Aube et de la Marne, les trots
cantons de Sompuis, Écury-sur-Cuolc et Fère-Cbampcnobo avalent
une population totale de 15505 habitants répartis entre 62 bourgs
on villages. Au nord de la Marne, la création du camp de ChAlons a
roo«lifié quoique peu le groupement de la population dans la lone |4*
riphérique; les villages qui ont dft abandonnera l'État une portion de
leur territoire (La Cheppe, Vadenajr, Uoujr, Salnt-llilaire-le-Orand,
etc.) se sont dépeuplés, tandis que deux agglomérations artificiellea
se sont constituées, les deux Mounnelon ('), dont les garnisons et la
proximité du camp ont activé raccroisscment. Dans cette partie sep»
tentrionale de la Pouilleuse, la population s'est concentrée dans les val-
1. Ds Mouat, U MHfmf* ^Hmi», XXIf , 9$k
r U SeUmf êtimU, W, tt, IS.
s> éW9ém
iSH ists tm
1I1S llll
StSS Stif
CHAMPAGNE POUILLEUSE 139
lées de la Kctouroe et do la Suippe où elle a été fixée par U «urrÎTaoce
de l'industrie lainiôrei dont elle a subi les Ticissitudea. Aojourd^lmi,
il est vrai|. l'industrie de la laine a périclité dans les vallons de la
Retourne et de l'Arne; on ne compte plus qu'une filature à Poilcoort,
une filature et un tissage à Keuflize, un tissage k HauTÎné ; les vil-
lages où l'on entendait jadis le claquement saccadé du métier k hru
sont devenus silencieux et déserts ('). La vallée de la Suippe, plut
favorisée, marque la transition entre la Champagne Pouilleuse exda-
sivement agricole et à peine peuplée, et les campagnes industrielles
populeuses du bassin de Reims. Cette vallée, qui coupe obliquement
les plateaux crayeux, est une oasis longue d*une cinquantaine de kilo-
mètres, où les panaches des cheminées d'usines, les cités ouvrières et
les verdoyants cottages révèlent l'activité industrielle et Taisance qai
en résulte (*). Une vingtaine d'usines y transforment la laine : s
Suippes (4), Dontrien (l), 8aint-IIilaire-le-Petit (2), Bétheniville (3),
Pontfaverger (4), Warincrivillc (2), Isle-sur-Suippe (I), Baaancoait
(3), Boult-sur-Suippe (1). Tous ces petits centres industriels, relative-
ment populvux, sont desservis par les voies ferrées transversales de
Cliâlons à Verdun par Suippcs et de Keims k Challerange, |iar Baxan-
court.
Les grandes vallées de la Marne, de TAube et do la Seine, en rai-
son (1c leur fertilité et de leur importance comme voies de circulatioo,
représentent, dans la Champagne Pouilleuse, les aires de peuplement
intense, favorables à Téclosion des agglomérations urbaines. Bien que
nY'tint pas, comme la vallée de la Suippe, animée par l'activité indus-
trielle, la vallée de la Marne bénéficie d'une valeur agricole pluscon-
►îdéruble. Les débordements de la Marne fertilisent par l'apport des
I. Ara
ropoLATioa
ISit ISM t
Jailrllto liSl int ItM
NenfliM. 7t4 t4l «SS
S«la^Êtl•aD• à-AroM tM CM fît
IUaviB« SCT
Cf. IV PoBTAOsiKft, y:tade hUtoriquesar L« CbaWle'.-smr-Rctoara*, D > rf I wtt, AMa — r i(l
é< r.4ra^. d4 htimu, t. LIV, et od roi. in-S', R«ini«, ISIIV. Ea 1S50, U f arslt frto d« tW mM k f à
tiM«r U Ulne à Saiot-ÊiicDoe-AArae». Ea !!»»•, la deralrr» ■•!»• a dlapan («f. LocM, Slfllalfv S»
Kaiiil-r.iic'tiDr-à-ArDM [rrar. d€ VAcaà. d* lf«i«M. U CVI, IMS, p. têl-UtlJ^
t. Sur U T»ll^« «ic la .Solpp*, cf. Ardooix-Dciiaxkt, !•#«#• ra Frmmn, Mh •Mm, p. tlSa^f.;
Ch. Nicou t'tHiU kftori'jmt tur Pont/mrrrftr H leê rpmmmmts tmHrammmmU», gr. tm-êi*,
p. 17&, :;97. Ko I74S, oo com)*Uit, daat la Tall^ de U Ralp^a, f M aiécSan «• aftlThé, fakrtffl
aonQ<>U«iD«-nt 12 764 piift d'étoffe* d'aa* ralear âm llSflIt Dr.; •• ItiS, !•«
lirraicat >iMM p'u'eM d« tUia niériaoe reprracaïaat aaa ratear d« Ift aillkisa éa firaaaa. Mb litM^
rojioe llarnrl, •■ ValHlc*UuU(WaniicrivUI«), comptait S701 bcoAli, «1 ■■■■|aH ftS ««1
rkiffra d'affaire* • rleralt A 7 mlllWa« de fraac* doat d««z tien 4
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^^W**Mi^l^P«PI
140 Lk CHàMPàONB
limoDi les terres riveraines désignées sous le nom de < terres d'a-
jaaz » ; les prairies, entrecoupées de saussaiesi facilitent l'aHinenta-
tion d*un nombreux bétail (Tognj-aux-Bœufs) ; les terres arables, qui
n'exigent pas les fumures' ^spendieuses de rigueur sur les plateaux
crajeux, sont couvertes de cham|)8 de céréales et de betteraves ; la
craie des carrières de Togny, Chepy, Saint-Gemiain-la-Ville| et la
chaux hydraulique des grandes Utfines de Soulanges-Bayame et les
LonvièrcSy concourent avec les produits agricoles à alimenter un com-
merce très actif. Mais la vallée de la Marne doit surtout son impor-
tance k son orientation qui en fait, au cœur de la Champagne^ la
grande artère de circulation entre les pays de la France orientale et
la région parisienne ; elle est essentiellement une voie de transit ad-
mirablement desservie par le chemin de fer de Paris à Nancy, la
Marne navigable en aval d'Ëpcmay et le canal latéral k la Marne aa-
quv'l se raccordent les canaux de la Marne au Rhin et de la Haute-
Marne, pK*s de Vitry-le-François, le canal de l'Aisne à la Marne à
Condé (*). Par t»uite des conditions exceptionnellement favorables
qu'elle offrait aux établisscnicntii humains, la vallée de la Marne était
prédestinée a devenir le centre d*un groupement politique. Après
avoir servi de frontière entre les peuples belges et ci-ltes, k Tépoque
de César, la Marne vit se constituer sur ses rives la métropole de la
peuplade des Catalaunes. Mais Durocatalaunum (Chàlons)^ devenu
dans la suite le Kiî*ge d'un évéehé et le chef-lieu du/Hiyiis catatauni"
CHê, n'eut pas, au Moyon Age, hi primauté qui échut k ses rivales
champenoises, Troyes et Reims, situées siur des voies de commerce
alors plus fréquentées que celle de la Marne,
La draperie, le commerce des blés et des vins qui, pendant plu-
sieun siéi*les, contribuèrent k la prospérité de la cité châlonnaise,
périclitiTcut par suite de la concurrence rémoise.
A la fin du xvir siècle, la petite ville, dont les rues étroites et les
m lisons mal bâties impressionnaient |>en favorablement le ToyageuTi
était en pleine décadence (*), bien que son rang de cheMiea d'une
généralité lui pennît de dis]>uter en.'ore k la ville de Troyes le titra
t. Ka liSI, iM 41m ftfffta ««Wl«»«B4t l« Imc ém rM«l U â i n i ScvfaWsl fMff •• liMtn «i^aiars»
StJ«M i«fiB«« Mv I fu? 4|j •••■» fv^fvMttUai l« UmmMf laul 4» to T«to. Ct M«t émmê tm !■■— i M
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Sa raaal. r«u« VHrj «t r«j4^, eal S* Umt—p te H«« <^<
pmu tfi—mm» %9à t>S« rtM»! rair* Im r *g^ wm MiaUrM «1 Uéaifteltei ém X««<i «t
•^•••tf Sa ta^aa^ •«•cttf Sa caaal UOral tTim «tov^ S» ftJrSt laaaai (r^flaSa
I SSf S44 tiaaw tp -ffWJa lS#l-ISiS).
fl Cf. Vayata Sa rraafa» n^Saat as FraMa. itM^SanH. «m. f«f . Wf» Sa fSifa., t. XX, Mit,
p. SIS, •« IVrM 4t c%mmp^m» «« ftwU, t* •A.-te, I. Z. ISS . ^. S) t Ciwaytaiaa—Sw iiatollnM flaS-
vaaa. 1 il, V* :t, Ul i aavi^iaTauuaaa, ilal S* la F)m«^ m, lis.
CHAMPAGNE POUn«LRUSB 141
de capitale de la Cliampagne. De nos jours, malgré les aranUges ds
ëa situation et de son outillage en Toies de transport, malgré TÉcole
des arts et métiers dont il a été doté, Châlons n*a pas pris part ai
grand mouvement industriel qui entraîna le développement de Trojes
et de Reims. Il est surtout un centre administratif et militaire, dont
la banalité vieillotte ou toute moderne n*est rehaussée que par quel-
ques belles églises, les monuments construits par l'intendant de
Clianipagne Rouillé d'Orfeuil, et d'agréables promenades le long ds
la Marne et du canal (').
La vallée d'Aube est beaucoup moins importante, comme voie de
transît, que celle de la Marne ; elle n*est d'ailleurs dessenrie ni par
un canal latéral ni par une voie ferrée longitudinale; elle est égale-
ment moins ricbe et moins peuplée. L'industrie de la bonneterie, flo-
rissante naguère dans les petits ateliers de famille, k Saint-Kabord,
Torcy-le-Grand et Ic-Petit, Champigny, etc. (*), n'a pu résister k la
conccntratîun du travail qui s'et»t opérée au profit des grandes usines
d'Arcis, de Troyes et de Uomilly. Les centres de population les plus
importants à l'époque gallo-romaine et au Moyen Age, parce qu'ib
étaient des lieux de passage près des ponts, alors peu nombreux, sur la
rivière d'Aube, ou des forteresses féodales, ne sont que d'insignifianti
bourgs ruraux : Pougy (Pogeium)^ Ramerupt {castrum Ramemdum)^
Pouan {PoUnto)^ Plancy, étape sur la voie romaine de Troyes à Sois-
sons. Arc'is {Artîaca)^ qui gardait le pont de l'Aube traversé par la Toie
romaine de Milan à Boulogne, et fut le chef-lieu do puguê areîa-
censt's, doit à quelques ateliers de bonneterie une activité qui ne suffit
pas à accélérer l'accroissement de sa population (')•
De toutes les vallées de la Champagne Pouilleuse, celle de la So/fM,
voie naturelle entre la Bourgogne et la région de Paris, est, sinon k
plus riche, du moins la plus peuplée. En aval de Troyes, juaqa*att
confluent de l'Aube, les villages se pressent le long de la Seine et du
canal latéral, formant comme un long faubourg presque ininterrompu,
dissimulé par intermittence dans les frondaisons qui bordent les court
d'eau. Au-dessous de Méry, la Seine et l'Aube, confondant leun val-
lées, se réunissent dans une grande plaine d'alluvions, tour à toor
grévcuse et limoneuse, dont les moines deScellièret ont commencé le
1. cf. AftDot-u-DcMizcT, y»faft en Fr^nct, «K êMm, p. 191 «t «bIt. Lm éUbUcMarata
d« Cbilona les plu* IroportAoU aoat bd* braateri«, «a« Ubrlqoc d« papisn p«late, wm f»Wlf ■•
«h«««aar(«. Populativa toUJ« «• 1901 : Ϋ7J7 h*SUAaU.
J. Cf. riioT, L'AttU et 0*» hcrd», !«-»•, Troyc*. liS4.
S. PopiiUdoii : •• i«&i, i6it; 197Î, ibii; 1901, Î7M hablU&U. S«r Arela,«r. Aaooots-DwA
r*««^ tu rtmme*, W âirU, p. iê «qf .
\
m
LA CHA5IPAGNR
dcfrichciucnt et Tassai nissement, et que sillonnent aujourd'hui les
dérirations de la Seine et les fusses de drainage. Les alluriont
situées en dehors de la zone actuelle d'inondation constituent d'ex-
cellentes terres arables qui ont fixé une population agricole assca
dense. « Entre Clcsles et Bagneux, n'a pas terre qui veut », dit le
proverbe. 11 y a là un vaste marécage, transformé par le travail hu-
mai n, carrefour de voies naturelles qui fut la partie essentielle d'une
antique circonscription administrative, le pagui mauripenêU ou Mor-
▼ob.
Sur ces confins de la Champagne Pouilleuse, dans le Val-de-Seine,
trois centres urbains se sont formés dont l'importance économique est
très inégale : Troyes, Romilly et Xogent.
Ttoyes, situé au fond d'un véritable bassin, à proximité de la Seine
et au point de contact de trois pays assez dissemblables, la forêt
d*Othe, la Champagne Humide et la Champagne Soche, est une des
plus anciennes villes do toute la région. Trecas, l'antique oppidum
des Tricasscs, devenu à l'époque gallo-rumainc le lieu de croisement
de plusieurs voies de grande circulation entre le sud et le nord de
la Gaule, fut au Moyen Age la capitale d'uu grand ÉUit féodal, le
comté de Champagne. Gn'ice à l'intelligente initiative de acê comtes,
Troyes fut transfonué en un grand centre industriel et commercial
et connut une é|K>que de véritable splendeur (*) : il avait des tanne-
ries et des fabriques de draps renommées; sez foires avaient une célé-
brité curuiiéenne : les uiarcliands du Midi y apportaient les épiées et
les produits du Levant, les Espagnols leurs cuirs préparés et teints,
les Italiens leurs étoffes de laine et de soie, les Allemands leuri toiles
et leurs pelleteries, les Fbmands leurs draps; Juifs, Cahorsins et
Lombards s'y donnaient rendez-vous. Mais dés le xiv* siècle, les
guerres de nos rois avec les comtes et les bourgeois des Flandres, la
guerre de Cent ans, puis les guerres religieuses, contribuèrent sao-
cessivcmcnt à la ruine des foires de Cliampagne. Lyon remplaça
Troyes dans le trafic international et attira la clientèle des marchanda
du midi de la France, de l'Espagne et de l'Italie. Cependant Troyat
conservait son marché des laines et des draps, ses fabriquât de saift
et de diandelles; des tissanderies, des blanchisseriet, des teiatiir»>
ries, des papeteries prospéraient tout le long des canaax qiti se rami-
U IM, II4-1M; «'Am*** MB JvaAiavUAS, ITM^Arv dm mmâM et
IU«4m mmf Ué Mrm 4» CbftMpaf«« (Âfé. ém lm0tHft.,tàèm. ^
l.^,P 19t. flMlt, Ut, fT4){ m^fWW, MéHirt et êm wMêê et
T*n«>*«f-
Ill«f41|
CHAMPAGNE POUILLEUSE 143
fiaient dans sa banlieue ; dès lo xv' siècle, les papetiers troyens étaient
comptés* panui les fournisseurs attitrés de rUniversité de Paris et ex-
portaient leurs produits jusqu'en Hollande ; les imprimeurs troyens
publiaient des éditions recherchées pour leur valeur typographique.
Les riches négociants de Troyes étaient de gros personnages étalant
des armoiries à cuté des enseignes de leurs boutiques, et si leurs
vilaines maisons de bois étaient fréquemment dévorées par des incen-
dies, les beaux monuments religieux de leur ville faisaient Tadmini-
tion des étrangers ('). La révocation de TEdit de Nantes et la misère
générale qui assombrit les dernières années du règne de Louis XIV
épn.>uvcrcnt rudement la ville de Troyes, et c'est en vain qu'en
1G97 un arrêt royal tenta d'y restaurer les antiques foires de Cham-
pagne («).
Au xviii' siècle, Boulai nvilliers constatait la déchéance de Troyes
et Groslcy déplorait la ruine de la plupart des vieilles industries
troyonnes (*). Troyes s'effaçait alors devant Châlons, siège adminis-
tratif (lu gouvernement et de l'intendance de Cliampagne, et il était
définitivement éclipsé par Reims. Dans le cours du xix' siècle, l'ac-
tivité industrielle de la cité troyennc s'est complètement transformée.
Troyes a perdu ses tissanderies, ses draperies; la plupart de ses tan-
neries et mégisseries ont émigré à Sens, à Montargis ou k Paris au
faubourg Saint-Marceau, et l'industrie de la bonneterie peu à peu a
pris le pas sur les autres (*). Vers 1846, Troyes s'était fait une spé-
cialité dans le tissage du coton (finettes, brillantes, piqués) et dans la
fabric^ition des trieots. Plus récemment, l'industrie troyenne s'est
complètement spécialisée dans la bonneterie, qui, après avoir été
disséminée dans un grand nombre de petits ateliers ruraux (*), a fini
1. Ur'atitnÊ d«$ ambesêadenrê rémiti* i« (Collcct. de« Doc. HiM.). t. n, f. 29I-S»f ; Albwt Bass&«,
Le» VujfrtgcHrê en Framee, p. 70.
2. Ds Iloii.iHi.E, Correspoudane» itt contr^enrê gémérmuM, X. Il, B* lit, «t Mê§. êê rimltmdmmt I«fw
e?tfr. fol. ÏU0-2U&.
». nocL\i\viLi.iKRN, État de U France, t. III, p. 518; GsoauST, ÉpkinirHee, t. fl, ^ IM, tSt ;
Albert IUbrao, Lu population de Trotté au dU-hnitUmn eUclef br. lo-S», TrofM, iSiS, p. S, IS.
4. Sur l«4 oriirlncs et le développement <1« U boooet«rl« à Tr«3rM, cf. OsotuicT, Êpkémériéa; t. H,
p. lUM .qq. ; Julien Gb^ao. Statieti'ine de /« prodHetion de rmrrvmdUerwitmt iudtêtrM et Trtftê p^mr
t'annre t94€, In-S^, Troyte, 18IS; Congrie seientifiqne de Fr^nre, Troyea, IMI, p. IM «9^.; Boort«r,
Hintoirf de Troye»,i. III, p. :fj5, 4»; d'Aruois dk JiniAiariia.B, AdmimUêrmit^m et imUmémmia,
d'apri» It» arxhireê de VÂnhe. ln-8«, Pari*, 18W. p. 116 ««iq. C'nt 4 «et lad«stri«ls «t «OMirMtMn
troveni que tvnt dus, ea grande partie, les perfeetionncnenU apporté* à rontOlafo méflg— 4« te
booneerie. Cf. Rxposltiun noheraeUc de 1900 : Rapporté imjmrg imlemmUtmtd^grvmp^l^^l-fmtHê,
III-4-, Pari*, 190J, p. 104 *qq.
A. II y * aoe qaaraotaln* d*ann6e«, un traad oombr* d« flllago* do Ut réfluB tnralttaloaS |^««r la
con)|>t« dei fabiiqnit de Troy«*. I^ paytAo ebamponoi*, petit proprMtalro, moaait do ttomU I» e«lt«t«
d'an •••1 iugrat arce le maniement dn métier à bra* ; la femno eov*alt de* bo*. I>cp«lo qadqaoa n»-
née» un retour an moin* partiel ver* cet condlUoo* familiale* da tnvan raral *mbl* *• ItiiIim^.
i.*orfani*ntloa dan* le* campagne* de métier* bd* par do potit* moloara à péifolo, fiifitléo Saao Im
\
mmt^r^r^mw^^'mima^^
lU
LÀ CHA3IPAGNB
par wt eoocentrer dans let grandes osines de la ville pourvues d'un
iliUage perfectionné, entraînant arec elle le développement d'in-
iitricsaudiiaires : constructions mécaniques, teinturerie, etc. ('). La
OttI
dsstrics
bosBCterie tiujenno doit lutter sur les marchés étrangers avec les pro-
doiu sîmilMfea allemands (Chemnitz) ou anglais (Kottingbara), et la
ne
'étran-
Mrprodactkm résultant du travail intensif des grandes usines
oolBcîde pas avec une extension simultanée des débouchés à l'étr
ger qae les tarifs protecteurs resserrent au contraire un peu partout.
Les conditHUis de la concurrence sont d'autant plus pénibles que
Trof es pour son approvisionnement en matières premières et en
combustible minéral, doit recourir presque exclusivement aux trans-
ports vmr voies ferrées, car le canal de la ilaute-Seine de Trojes k
Mairilly a un mouillage iusuffî^ant (1",T0) et aboutit à une impasse,
la ^ine de Marcilly à ]^Iuntercau, restant inaccessible aux péniches
flamandes. Malgré cette infériorité relative (*), l'activité économique
de la ville de Troyes est loin de se ralentir; sa population ne cesse de
s'accroître, et constitue avec le faubourg industriel qu'est la commune
cootiguë de Saiiitc-Savine, une agglomération de GOOOO habitants (*)
environ. La gare de Truyos, où la voie ferrée de Pans- Bel fort se croise
avec les lignes stratégiques d'Orléans à ChÂlons, de Saint-Florentin
4 Vitrj-le-François et à Sorcy, et avec l'iuiportante ligne de Bour-
gogne (de Tioycs à Dijon par Bar-sur-Seine et Cliàtillon), est une
des plos considérables du réseau de l'Est pour le mouvement des
vovagvon et des marchandises. L>e plus, avec ses manutentions, ses
nagasins militaires et ses dépôts, son outillage très complet de voiee
de transport, Trojes est devenu à la fois un centre d'approvisionne-
ment et an point important de concentration pour les troupes en cas
de mobilisation. Micbdet écrivait, il y a un demi-siécle, que Troyee
« est presqne aossi laide qu'indostrieuse >. Cet aphorisme co mp orte
aajoord'hai une joste atténuation ; si le vieux Troyea dn « quartier
bas • est resté k peu prés ce qu'il était, les transformations henreosee
qm'a snbies le « quartier haut », principal centre du comoieree, atle»-
BASSIN DB REIMS 145
teDt, malgré les crises passagères traversées par la population oaTrière,
une prospérité générale croissante (').
L'industrie troyenne de la bonneterie a essaimé non senleraent dans
le pays d^Othe, mais elle a encore suscité la forte agglomération de
Romilly-sur^eine. Des fabriques de bonneterie, les plus importantes
aprcs celles de Troyes, plus encore que les ateliers de coustmction de
la Compagnie des chemins de fer de l'Est, ont attiré k Romilly la popu-
lation ouvrière des campagnes environnantes et stimulé l'activité da
commerce local; en l'espace de cinquante ans, RomiUjr a presque
triplé sa population ('). Partout oh l'industrie de la bonneterie n'a pu
infuser un ferment de rénovation et d'activité, les vieux centres ur^
bains n'ont qu'une vie artificielle et ne se développent pas : ainsi
Nogent'Sur-Seine n'est qu'une élégante sous-préfecture dont la
population reste à peu près stationnaire, parce qu'elle se trouve en
dehors du rayon industriel de la ville de Troyes (*).
Pour retrouver, dans la zone du terrain de craie, une population à
la fois fortement agglomérée et très dense, il faut remonter, au nord-
ouest de la Champagne Pouilleuse, jusqu'au bassin de Reima, l'an-
oie une Campania Rememis : il y a là, dans les plaines de la Vesle,
au pied d'un large promontoire projeté par le massif tertiaire^ une
aire de peuplement iùtense qui dénonce un milieu géographique très
particulier.
LE BASSIN DB REIlfS
A Touest de la vallée de la Suippe, la physionomie du paysage
champenois se modifie peu à peu aux approches de la ville de Reims;
le sol semble moins infertile et mieux cultivé, les villages sont plus
peuplés et d'apparence moins chétive. Le terrain de craie se redresse,
et un bas promontoire s'allonge obliquement entre les vallées de la
Suippe et de la Vesle : ce sont les assises puissantes d'une nouvelle
formation crayeuse, la craie à bélemnites ou craie de Reims, couvrant
I. !,«•« expéditions eo petite vltetM, «as yarca de Troyot, de» prodalU éê h
CD I9t0, à UD poid« de 973S&a kliofr.
lie tot&l des opératione de U saccnTMle de U lta»qve de Ynacm 4 Trejf^^t — 199%, e^eieH 4
IfibSlW fr. ; MO raoff de eleesemcnt éUit le 3J' ear 1S6 ■■ee«mlet. Ba 1S99-1J00, Im eeUIrve
BAllcrs de« oavrien et oaTiiéret en bonneterie étaient ea moyenne de • fr. OC 4 1 fr. If fmmt 11
vriert an métier, de 3 fr. ^0 poor Ici ouvrière* (Chambre de eon<meffv« de TMjie, C. r. êm twmm.
inoo, p. nt-m).
I. Kn IKAl : 37S9 babiUnU; en 1901 : 9001. Snr RomQly.ef. A»ooriK-DoM4SST, refnfees.
<!• série, p. 70-7i. L'exp^litiun par poUte Tlte«ee, 4 U gare de RAmUly, dee i«tialc« 4e
■'c«t éler^e de 614937 kllocr. en 1890 à 1106 134 kllofr. en 1900 (éTalaetlene de U cblrtw
»«ree de Troyee).
S. Ko lfl->l : S 469 babtUoU ; en 1673 : 1 471 ; en 1901 : 1 819. Cf. ABOOont-DOM4SKT, lee. eM., |
•^ ciAiirAOïic 10
\
U6 LJL CHAMPAGNB
aux environs de cette TÎtle une étendue de 20 kiloractret environ en
largeur, et dont les affleurements au-dessus de la craie à micraster
sont difficiles à délimiter. Friable et généralement moins sècbe que
la craie à micraster, la craie de Reims est susceptible de fournir, dans
•es bancs inférieurs, d'assez bons matériaux de construction ; la pld-
part des villages de la contrée, Berru, Frcsnes, Bourgogne, ete., sont
bâtis avec des blocs taillés dans cette craie, et les magnifiques caves
des fabricants do vin de Champagne à Reims ont été installées dans
d'anciennes carrières ('). Le plateau d'entre Suippe et Vesle est sur-
monté lui-même de collines crayeuses portant à leur sommet et sur
leurs flancs des lambeaux du terrain tertiaire épargnes par Térosion.
Ainsi se profilent à Test et au nord de Reims des ondulations plus ou
moins accentuées et des buttes isolées dont les cimes boisées domi-
nent toute la eain|)ague ri'iiioise : ce sont lesco///f)es de MoronvillierSf
le mont Berru et la 6fi/^a de Brimont ('). Entre ces hauteurs et la
montagne de Reims, promontoire avancé du massif tertiaire, s'étend
un large bassin de plaines, au fond duquel s'écoule la Vesle aux rires
bordées de prés marais et de bois. Les terrasses de graviers, les débris
crayeux, les fragments de hilex et de meulières qui s'étagent sur les
versants de cette remarquable vallée d*érosion indiquent as»ez nette-
ment les niveaux successifs occupés par les eaux de la rivière (').
Dans les coteaux de Moronvilliers qui culminent à 237 mètres k l'est
de Beine, le M>ubasscment crayeux atteint 2jO mètres, la plus grande
altitude à laquelle on puisse retrouver la craie à bélemnitcs dans les
plaines c1iam|>enoises. Les dépôts d'alluvions qui couvrent les som-
mets et surtout les fragments de pierres meulières dont Térosion a
déterminé l'éboulis sur les flancs des coteaux jusque vers Prosne,
attestent l'extension considérable, du côté de l'est, de l'ancien lac de
I ^«r U f#»UiW 4b l»a««la •!• R«la«, «f Lbhmis kt Acwobikb, TemlMi WffttalfM S«« «•«!!«••
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S«lpr«, «M U%» f\%9 gnmé é»T W — t à la k*«w«r ém — wi i f i t} S**ft ■ ••« i4<>iy %mm %m
•Mito • mt w m Kp ^ m Âmm t* , r* •*«' UiMU*««l iu mmu yr«l« ém |4«a «• ftaa 4
à nmam ém U gnmém 4iiUar« ^«i •é^f Wf pl»4t, m wwifgff 4
feir» 4l»^M«te«v le* «MKkr* m ««rtlÂ^^, »<■■ • tria • mm lia*
mmmL, *« fartiraller, aè Vf tmmn 41aaa »U> l a« m IraartM
%9t%Mmf % fm — |»ra4«lf« 4 aaa alllia4a
lalfa 41 iiaraitra caai fl iiaairat laiit
fal* «att««rTi^, maXtré «a IkiMa rv«lat
mia. 1^4-, raffts MIHXt LKKXVIll, p. |SI.)
t. Sw te Ciraiatftaa 4a U «alU» éa U Vaila» •'• '^M"'- 4b •• 1^. rJhSii 4lia«a.
•.V,».4S«,V
BASSIN DE REIMS
S'O
Ardre. R.
Montfjne de Reimê
Chêmery
Chê/npffeury
I
Troie-^tf
Cêfmcûtrmuii
¥eêiê
direction généré lê\ dn ccuchf
Coupe du mont d« B«m à Chamay. — 1. Crmlc à bëteaiKliellM. — S. RaM«* 4»
(•pkrnacico). — 4. fUblct 4k s»i«»uaBAU (jprétiea). — 5. C«lcalf« g r» M irr (tatéttoa).
d« La<le« Madiea). — ft. Meollrrv« d« Brie. — t. LImob dM plst»MS. — !•. All«i
t. V, 189S, p. 44.) — Échelle des loocaesn I/ICOOOO7; 4«hcll« d« lMii»e«n l/l««
C.
(irapiéil
\
BISSIX DB REHIS 117
Brie qui re^xiMit sur U craie, à |>roximîté de U vallée de la Suîppe (\
La vallée transversale de la Vcsle ne s*est creusée q«*à une époqae
assez tardive f et les coteaux de Morouvillien, situés dans le prolon^
ment de la monta^ie de Keims an nurd-c^t, semblent être an frag-
ment du massif tertiaire dôtaclié par rênision: on peut les considérer
eoiume le ]K>intement terminal de cet anticlinal da bassin pariiiea
dont la mouta«^e de Reims marque rextrémité apparente sur la bor-
dure du ma»sif tertiaire. A Toucst des coteaux de MonnTillien, le
mont Berru compris entre les trois villages de Cemaj, Beirm et Xo-
geut rAbbe^e, contourné au nord par la route nationale et la rm
ferr^ de Reims k Mêzières, au sud-ouest par la itwte de Reime i
inhalons. s*èlève à 2T0 mètres ; on y trouve la craie à !flO mètres; Ici
dépôts tertiaires qui surmontent la colline ont une épaisseur totale et
Oh) mètres environ \*\. Comme ceux des coteaux de Muronvillien, ik
atTootent i;ênêralemeut une inclinaison nord-uord*est, sud-sud-oacit,
et laî^ont supposer quUls ont été relie* à ceux de la nscuita^
de Keim« aux cnvirxMU de Rilly ou de Ludes \^y. Au nord de Reias,
uue tn>î>iC me liutte domine la plaine au-dessus dm canal de la Msrvc
à IWisne et de la voie ferrée de Reims à Laoa : c'est la colline ic
l^rituont, Waueoup moins élevée que les précédentes et ne dépBHaat
(vi$ IM lavîres d*altitude. Beaucoup plus dénudée qne le Boat Bcrrt.
U butte de Brimont prâente une série de terrains oBOtBa eoBiplcfie\*v.
Lo> c^^llinos de Morv^nvîliiers, le mont Beiru et la bntte de
slvut tes pentos «ont tapi:$sées de vignobles et les
do lv:5« vv'£:^lit:ù rent jadis des portes d'obserratiea, des r«fng«s^ peur
!o$ }v|-u!jt:ons primitives de la contrée, qui j trouvaicmt 4<* vase-
r:.;-a:L ô.e cv-c^truciion abondants, v façonnaient leurs iifiu»i ii'u et
::uvjl:1 et .le d^lea^e. Aujoaid'huicesbauteurssoBtgaraica
;V rî : r. c s i c>: ; n c* i protê^ r le* approches dm casp retraBcké de R
avec U !v u^ue prv:;iliêracce de la MontMitm, elles dêliaitest le
.:c-*.: Kv :.:■$ ocv'up^e \a pwir'Je ceo traie et qui coa^tne un partît
f*''*A-'** ( ^' r-* %.">•'' **t^f**. fT H J*", S*«^Mk 1^
".' ni^'';i<«r ^i*.- « sa^a^'^ g^dmttt»" Baa>(ar as
148 LX CH.VMPAGXB
Dcttement distinct du reste de la Champagne Pouilleuse ('). Partout
où les affleurements de la craie blanche se montrent à nu sur les ver*
«ants du bassin, entre Prunay et Xauroy, Moronvillicrs et Ëpoye, le
sol se couvre de pineraiesi bien que, par sa composition chimique, la
craie à béleronitcs ait été reconnue moins stérile que la craie à mi-
craster sur laquelle repose le camp do Châlons ('). Mais d'abondanti
dépôts de limons et de sables superposés à la craie dans une grande
partie de la campagne de Hcims fournissent des terres meubles, assez
AA
Cl.
c«*tmff« 4b M^ H 4« !• WtltraTC 4 mm*.
profondes, comparables aux meilleurs sols des cantons privilégiés du
Tardenois et du Soissonnais; à Witry-lcs- Reims, les bonnet teiret
aux abords du village se vendent encore k raison de 4000 fr. l'hee*
tare. Cctt pourquoi les cultures maraîchères, favorisées par la proxi*
mité d'une grande agglomération urbaine, et la cultore de la bette-
rave ont pris de nos jours une rapide extension dans le bassls de
Heims : les grandes sucreries de Loivre et de Fbmes trouvent à s'aii-
%. BmUH. àêUnm. ê-étmé^» dm m. mmimr. àt ttimê. VT,p. m.Ct.tm
•frirWc J« Mtimê, •mmé* litS, p, lit. Ut, «S»| mU* tSA»^ M*»
DASSIN DB REIMS 149
mentcr sur place. Dans la vallée marécageuse de la Vesie et sur les
sols grévcuz et stériles de la plaine, des travaux d'assafniasement,
d'irrigation et d'épandage, entrepris par la compagnie des eaux
vannes de la ville do Reims, ont complètement transformé nne partie
de la banlieue rémoise (domaines do Baslieuz et des Marais). Avec
808 larges plaines ondulées toutes en cultures, sa ceinture de vignobles
et de forets sur la bordure du massif tertiaire, le bassin de Reims, très
nettement individualisé, est devenu un des pays les plus ricbes et les
plus peuplés de la Champagne (')•
C'est le centre de Reims qui a exercé la plus grande influence sur
le groupement et les mouvements de la population dans toute la partie
septentrionale de la région champenoise.
Le développement de la ville de Reims sur les rives de la Vesle (*)
a été singulièrement favorisé par sa situation aux confins de pays
trcs dîtrérents : plaines de la Champagne, Montagne, plateaux du
Tardenois, entre lesquels des échanges s'imposaient. La proximité de
coteaux faciles à défendre, couverts de forêts et de vignobles, et dont
les flancs sont entaillés de nombreuses carrières, déterminait le site
d'une forte agglomération au centre même d'un bassin où convergent
les voies de la Bourgogne, de la Champagne et de la Lorraine vers les
Flandres et la Grande-Bretagne. C'est pourquoi DurocoHorum, l'op-
pidum des Rémi, devenu sous la domination romaine la métropole de
la seconde Belgique ('), le cheMieu d'un paguê et le siège d'un des
plus importants évéchés de la France mérovingienne et capétienne,
a joué pendant plusieurs siècles le rôle d'un centre politique et reli-
gieux. Au Moj'cn Age, Reims était déjà le principal entrepOt des laines
pour toute 1 1 Champagne septentrionale ; il fabriquait des tapis et des
draps renommés ; ses marchands, qui constituaient de puissantes
corporations, avaient fondé d'opulentes dynasties d'od sortira la
famille des Colbcrt. Ville d'artisans et de bourgeois fiers de leur
1. Indéprndammrot <1« rafrloinwrAtioo d« Raliut, claq WBtrM d« U kaaltoM
|!M)1, na« popuUUun dont U densit** kilouéiiiqne ^uit tnprricmrc à lOOkaUUato i T1«f WT, 111,1;
I^lvr«, 135^; La NcuTillette, 161,7; Cormontrenil, |j«^; Salsl'BriM. lf7,S.
}. Sur 1m ori^oct et le K»le kUtorIqae do U rlllo do Roiao, cC Im coR^ldératloM tagdal— ■■■ êm
M. Vidal pk la Blacbb [Tnble^m ée ta géographie 4e U Frmmtt, y* IVS-KIT}; SttSftê tmr Êttm» H t»
rnHron«, la-lt, Hclmt, lSf«U, p. S4t, U3, 423; Akdocix-Domaxbt, rojr«f* «• Fimm
p. 119 sqq.
8ur U drrclopiwmrnt dv Hniuiitrie UlDl«r« à Rcirao, «f. L'/roao«l« Mftolo 4mm% U
de la X.irmt et à Leim», gr. in-8*, Keinit, 1900, p. «f oqq. ; ExpooitloB «KlrerMUt 6m IfOO, S^p^orti (
Jmrjf inurnmtiomal, groupv XIII, premier» partio, iB-4«,Puio, IfOt, p. 4Tt aqf.
3. I>^g répoqne romAino, dec roato« rajroonalent do Rolau âmnê looteo !•• dirooHoat, ▼«» Trmfwa
pAr Chàlniu. Tora SIcts, vert Trévot, rort Colojrao, Tcra lo Bord do U Oovlo par Batroj. roffv to p«r«
de HvulofBo. Tour opproTltloonor d'eoa l'aircloiDérotlvB réMo'.eo, leo Romalao OTftlo»! eoMlr«a «■
aqoedae qol amonolt lo« ooux do U Soippo dopnU Josebofj. N
150 l'V CHA]J1>MNB
ricliCMe ('), Reitiu contribuait, jusqn'i une époque reUtireiuent ré-
cente, à fait* vivre de* millier* dlubitantu (Un* un grand nombre de
rilla^et de U Cbampa;pie Pouilleuse, qui peignaient et filaient U
l.iine pour ses fabrique*. Au wiii* tiùcle, Itcimi, devenu un centre
de fabrication pour les rîni inouueux, diiputait à Troyes, ville dé-
cliue, le litre d« capitale de la province de Champagne. Dam les pro-
intùro Année* du Xix' siccle, les industriels rémois comme ncèrent à
fabriquer les étoQcs désignées sons le nom de mérinos et de cacb»-
mires, et bîcnlût les * articles de Iteim* », tels que ttanellee, drape
lins, tiisiis méUagi*, se mulliplii-reat en te spécîolîsant de ploi en
plus. C'est alors que l'activité induitlriclle de Reims fut stimulée par
U créatiun d'un réseau tKs complet de voles de transport, grâce aux*
_ quelles la ville sortit de l'isolcmcnl qui entravait son eseor. Bien qu'on
ait songé plut d'une fois à la rendre navtgnble, U Vcsle n'a jamais
pu être utilisée cumme voie de transport, et, le projet de joindre U
Vesic i l'AïKnc par le ruisseau de Loivre ayant été jugé insuffisant,
on dut rccuurir à la construction d'un canal de jonction entre U UAroe
et l'Aisne, emprunLint U vallée de la Vcsle ('). Cette voie navigable,
qui s'embranche sur le canal latéral k la Marne à Condé-sur-Mam*
et aboutit au canal de l'Aisne à Berry-au-Bac {58 kilomètres), met
non seulement Reims en relation avec Paris, mois lui appurte lea
houille* du nord de U France et de la Belgique, les bois et les maté-
riaux de Construction de U région ardennaise, les laines débarquées
au llavre, k Dunkcrqne et k Anvers, en un mot il compense, dans
une certaine mesure, les inconvénients résultant pour Reims de sou
éloigncment d'un port de mer ('). Reims n'est pas nxdna favorisé Mbs
le rap)>urt de* voie* ferrées qui, dans la seconde moitié du xtx* siècle,
ont comjJété son outillage industriel (*). Pourvu, depuis 1891, d'au
BASSIX DK RELMS 151
uiarclié aux laines, Reims a pa conquérir son indépendance écono-
mique et devenir un des centres les plus importants de rindostrie
lainière qui a suscite autour d'elle un certain nombre d'industries
auxiliaires: ateliers pour le dégrai£sa«;^ et le désuintago de la laine,
tcinturcric«, fabriques de savon, ateliers de constcuctiontf mécaniques,
etc. En l'année ll^OO, on évaluait à 80 le nombre des établissements
se consacrant à Reims au travail de la laine (peigiiage, filature, tis-
sage, teinturerie, apprêt, foulerie, etc.), k 14000 environ le nombre
des ouvriers de fabriques, hommes, femmes et enfants, sans compter
le personnel des employés et ouvriers des maisons de vente de laines
et de tissus (*), et k 140 millions de francs au minimum laproductîoB
de Tensemble des usines. Quant à l'industrie du chamiiagne, elle
était représentée |>ar 45 maisons se livrant à la préparation des vins
mousseux, et occupant 3500 ouvriers (*). La prospérité progressive
de la ville de Reims depuis le milieu du siècle dernier s'est mani-
festée par raccroisscment constant du chiffre de sa population, qui
dépasse aujourd'hui 100 (XX) habitants (108385). Cet accroissement
ect dû non seulement à l'augmentation des effectifs de la gami<OB
(')00«) hommes environ) depuis que Reims est devenu le quartier
général de la 12* division (G* corps d'armée) et le centre d'un véri-
table camp retranché, mais encore à un léger excédent des naissances
sur les décès et à Fimmigration ('). Dans un rayon d'une vingtaine
de lieues, la population des campagnes environnantes a subi de nos
jours Tattraction inévitable exercée par la grande ville. Par suite du
pas^a^e graduel de la petite industrie familiale à la grande industrie,
le travail di* la laine disséminé jadis autour de Reims, dans les val-
lées de la Suippe, de la Retourne, de l'Aisne, de l'Ardres, et jusque
dans la Thîérache, s'est concentré de plus en plus dans les grandes
usines rémoises (*) ; le peigneur à la main, qui habitait les faubourgs
et les villages des environs, a complètement disparu, et une partie
de la population ouvrière des {>otit8 centres ruraux, que le travail du
sol ne suf^l^ait plus h fixer, est venue habiter Reims ; seuls, quel-
1. Tvate* cet <lwnQ«.>« île »utttiii)ae proriraucat d'aac cB<|a4U ymomutll:
t. Le» iuicftrirt aixiliain-» tcUct qa* fabriqoM 4« boacban*, 4*a^rafe«, ■«■eWU, ^mr^impf^» 4»
paillr, |>aulcr>, cali«e« d'eui^jallaj^, vccopairnt, en 190 >, prit de CM oavrtori nfparlb ««trt •»• lf«»>
taiuc d Vtabll«»einruti.
S. Huar la |»«.riv»d« lb;i-lh95, la BoTcoue «naaclle (parl(iU9 habllaaU) Sc« Mal— aacaa a été éê
9 Ml; C4>11e <!<*• dic^s, d<> i ,71. £a l.Ml, tar aue {lupaUtlaB r^ddeate total« da lg»S»S kaWtaaM»
Reiius ne ewci|>talt |>a« tuuiot de 1 1 *'G9 iudlvadaa aca dâua nu« aatra c<«aavMM dn éépmUitmrwA^ 99 ISC
uct daiu oa aatre d«-partrnieat, Ti*5 étraagvra.
4. Aa !•* jau%ier |<*.w, l'arrt^o lU^amcni de Rclaia, daaa lv<|aal la vUla d« KaîaM Sx^rt fmr la«
bail dlxi>Biei. e«>(u{>taii, |H>ar rialBarle teiiUe, *; vtablUicia .•uta oMapaat d« 101 4 ÎJQ ««vrWff* «t
«»««rtvm, lî dt <>i à iM, 3 de iJl à 1001, 1 aa -Jaasas da HTM {L'É€9m0mU «•«^•laicM la
'"•^' ^ »• Jf-ira^-. p. 70.Î9). \
152 LA CHUIPàONB
quet Tillages de U ltanli«ue, l>èDéliciant de l'eMor de là gnuida
indnttrie, ont prit noe exlcntion impréTue ; teli Connon treuil,
Courcf , La Xeurillelte, Loivre qui, avec leura rorrerica i boutaillea,
■e rattachent au groupe indiulriel rimoi* ('). Depuia une qnînsaine
il'anné«>, l'iodiutrie lainii-re de Reims, dont la prod action eit dealinie
en grande partie ^ l'exportation, a été éprouvée parunecriteintenae',
dont la concurrence étrangère, surtout allemande, te* tarif* protee-
teura aniéricaiiu, la lurproduetion et Ica caprices de la mode «ont le«
principaux facteur*. Le nialaiac réiultant de celte crâe s'eat traduit
par de* abaiuctnenta de »alairei, dei chômages, des grives, des fail-
lite!, la fermcturi] de plusieurs étahliMemcnta, et il a en sa ripercoa-
«ion jusque dans le mouvement de la population, dont l'accroissement
■'est ralenti ('). Malgré celle cprenvo, dont les effets sont, après tout,
intcnuitlents, la ville de Iteim* demeure un des centres industriels
les plus riches (') et un d rs marchés les plus actifs de U France. La
vieille cité archiépiscojiale oii les rois de France venaient recevoir le
tacro a conservé dans sa partie ceulralo tes petites rues tortueuses
bordée* de uiaiiont bauc* et irrégulivres, dont quelques-unes sont
des reliques artiitiques. Devenu une grande ville moderne, ouvrière
et militaire, enserrant cotre se* întenuînabk'* faubourg*, *e* larges
et somptueux boulevards les vieux qunrliers et les merveilles archi-
tecturale* du Moyen Age, lïeims, dominé par la masse puissante de
sa calliédralo et pnr la forêt de ses cheminée* d'usines, est vraiment U
métropole de taule ta Cluimpagne.
CHAPITRE V
Champagne septentrionale : pays au nord de l'Aisne.
La vallcc d'Ai^DC qui, dans sa traTenée da terrain de craie depuis
Attigny jusqu'à Poutavert, marque la limite septentrionale des plaines
arides ci blafardes de la Cliampa<;ne Pouilleuse^ est parfois désignée
sous le nom d'^lxone, dénomination priroitiTede la rivière {Axoma)^
dont Papplication est toute moderne et conventionnelle , qui ne se re>
trouve nulle part dans la toponymie locale et n*est lucme pas nsitée
dans le pays(*). Cette vallée est exceptionnellement fertile : les alln-
vîons nrgilo-sableuses de la plaine sont couvertes de prairies, d'ose>
raies, de cultures maraîchères qui ont remplacé les anciennes chêne-
vières, et dont les produits sont expédiés sur le marché de Rcinu; sur
les pentes au sol marneux, et sur les plateaux crayeux riTcrains ooa-
vorts de limon, prospèrent les céréales, les fourrages artificiels et sur-
tout la betterave qui alimente les sucreries d'Attignj, Amagne,
Hetbel, Acy-Rumance, Guignicourt, Berry-au-Bac ; les vergers et la
x'v^nv ;j^arnissent les talus les mieux exposés , à Château -Porcien,
t'ondô-lrs llerpy, Asfeld et Blanzy. L'activité industrielle est repré-
MMitcc non seulement par les sucreries, mais encore par des fours à
1 -baux, dos tuileries et briqueteries, quelques filatures et tissages de
laine, qui, s ajoutant h l'exploitation agricole du sol| expliquent la den-
sité relativement forte de la population dans cette vallée privilégiée
desservie par le canal latéral à l'Aisne ('). En raison du régime demi-
torrentiel de r Aisne, la plupart des centres habités se sont formés k
1. Vrttm d/awniLnai!oa, Ib'.roai*^ d^os U ooui«n«ljtar« iriofrapklqa* pfêr HCMUIT {C i m g rw pU ê êm
Aréenne; p. Hfij, m èU repris* par AauoL-iv*DCMASBT (K*f«f* •«/*!«■(«, SS' •M», ^. SIS* S44) M
p&r AlkMrrt Mktiiac {Gtogr^pM* dtt Àré€mm*'»t la-S", CbArloTilto, 190S, p—l»).
t. Ce cana], prulung^ Jufqa'a U M<>nM aarlfabU, rvllé aai euuMB d« U Ma»*, «t, 4«p«ls ItM»
•as Toles &aTiirAbl<-g dn nord da la Franc* par le canal d« rAitne à l*Ola« («7 kfloMitr u «atra A%M-
euort rt tWur/M-t-Cu'uiD,, ri.n'titiM: alntj no* InpwrtaaU toI« de traatlt rclUal Relaa t U yig t — ém
l'cAi aas bas.ius bo.illlt-rt de Luri de la France et de U tlclflqae, l*arla 4 U régl«Mi Mrétmmaim M •«
Ua*sla de IJ^fe.
1^ tonnage inuyee 'rxmtni k la dUtaace eatlcre; du eaaal Iat4rml 4 l'AloM, emlTO Vi—« Um Am
f«M et Cellet-tur.Aiioc (^l»*.Sj , s'cfi cUt4 sneceetivenicat de 4Uf9t t4>MM (féiloSa 1S7S-1SS1) 4
'^l09Ti loonct (p«riv^le lt>M«91) et i ^)017 tooaea (période ISM-lMO). Ea ISOS, l« !••&«€«
•lUri^aii iiiit6l tonarc. L* neavciocnt dea bvalUcs représente plat S j 45 •/• Sa traSa lataL
151 L.I CMAMPAONB
di«UDi:« lies rivu ; plusleun sont bâtis en ampliitltéiltre sur les ver*
sauts crayeux de la rnllée, comme Retbel, CluUeAn-Porcim, Qomont,
Asfeld, Tjiisy, etc. ; Bwlliam, dans une Ile verdeynnte qu'eoserre uoe
dvrivation de l'Aisne, a trouvé dans les facilitas de U défense une
compcDKitîon aux inconvénients réiultmt de l'inondatîuD. Los villa^s
de la vallée d'Aîsne sont généralement irré^iilicrs et asscs mal bâtis.
Si, dans lesconulructionsnouvcllca, labriijuaet l'ardoise apportée! des
Ardennvi par U voie du caaal sont les matériaux dominant*, «n re-
trouve les vieilles bâtisses en moellonsde enïo ou en carreaux de tem
avec cltnrpcnles de bois, comme dans la Cliampagne Puuîlleuae. Atti-
gtvf, k l'isaue du dûlilé que fonne la vallée entre Suiuuy et Ililly<«ux-
Oics, et à t'enirvo d'un riche bassin alluvial, est une ancienne villa
royale remontant k l'époque mérovingienne. Les souverains carolin-
giens qui s'y trouvaient à proximité des fortlt* giboyeuses de l'Ar*
gonne et de l'Ardenne, et des voies naturelles conduisant i la vallée
de la Meuse, en avaient fuit leur résidence favorite. Bien que l'bîa-
toire d'.Vtligny soit pour aiosi dire toute imprégnée du souvenir
des grands événements de l'époque carolingienne, la bourgade, en
raison de mi situation exposée aux invasions, n'a pu conserver aocnn
monument de son passi-. Maljp'é l'activité de quelques industries (bri<
quclerics- tuileries, moulin, sucrerie, deux brasseries, tissage mica-
nique), avantageusement desservies par le canal et la voie ferrée de
Itevigny-llirson, Attigny semble avoir atteint, depuis quelques an-
nées, le terme de son accroissement ^'). Quant à HHhtt, centre le pins
populeux de la rallèe, sur la rive droite de l'Aisne, c'est encore une
ville liiin olismpenoiie, autant par sa silunliun géographique, l'aspeel
vieillot et délabré de ses petites maisons liMses et sans style élagèM
sur les flancs d'une cûle crayeuse, que par ses relations économiques
et ses Ir^iditions. Pendant plusieurs liècle* , Itctiiel a été comme une
succursale de l'industrie rémoîce, et, aujourd'hui encore, la ritle ne
■e ratlacttc guère aux ArdenuM que par son rang de soos-préfeclur*
et SCS rapport! administratifs. Colbert, qui était apparenté à pluaicura
f.imilles rcthéluiics, y encouragea l'industrie lainière, et Kclhel m
mil k fabriquer le* article* de Iteims : une dérivation de l'Aisne four-
nit U force motrice aux usines; peu k peu, au [ried de U colline que
surmonte U haute tour de l'église Siint-Niculaa et de U bnlte qui
parlait le vieux cliâteau ducal, une ville industrielle se forma. Ual*
U cjnccntratînu croissante de l'industrie nuisit à llethel, et depuis
VALLto D*AI5NE 155
une vin^îne d'annéeSi la crise lainière Ta éprouvé pltu rudement
que Reims sa métropole : Rethel ne compte plus que six à sept fila-
tures et tissages occupant de 600 h 700 ouvriers Ç). Bien que son outil-
l«i;;e en voies de transport soit assez complet, l'industrie rethéloîse a
périclite, et, en dépit des petits ateliers qui se sont formés k côté drs
usines lainières (scieries mécaniques, fabriques d'instruments agri-
coles, cuustructions mécaniques, brasserie, sucrerie), l'essor do la ville
semble ]>aral ysé ; Rctlicl n'a pu fixer sa population ouvrière qui est
en décroissance (*). En aval de Rethel, Château -Porcien, adossé à
une colline crayeuse sur la rive droite de l'Aisne, successivement
chef-lieu du pagui Porcensiê et d'un comté féodal transformé an
XVI' siècle en principauté, n'est qu'un paisible chef-lieu de cantun
dont les tanneries et les filatures de laine ont décliné ou disparu (*).
Ballmm, avant-port de Saint-Ocnnainraont, Asfeld avec ses rues larges
et régulières, ses belles promenades et son église, pasticha ambitieux
de Saiut-Pierre de Rome, Kcufchutel, Guignicourt, Berry-au-Bac,
Pontavert, desservis par la voie ferrée de Rethel à Soissons le long de
la rivière d'Aisne (*), ne sont que des marchés agricoles, pourvus de
petits ports où l'on embarque les sucres, les mélasses, les pulpes, les
blés à destination de Paris, des villes du Nord et des centres indus-
triels ardennais.
Au delà de la riante vallée d'Aisne, ce n'est plus la Cham|)agne
Pouilleuse Q; les afHeurcments du terrain de craie ou prédominent
les assises marneuses sont surmontés de nombreux lambeaux tertiaires
et de plaques de limon ; bientôt les deux formations supracrétacée et
infracréUicée, qui s'enchevêtrent, présentent des sols frais, recouverts
d*une végétation luxuriante, sillonnés de cours d'eau; la population
eut k la fois plus dense et plus disséminée que dans la Champagne
Pouilleuse, les villages s'é|>anouisscnt au milieu des jardins et des
vergers, et, h mesure qu'on s'éloigne de la vallée d'Aisne pour se
rapprocher du pays ardennais, on voit apparaître les lourdes construc-
tions en pierres gris'js ou jaunâtres avec toitures en ardoises, grou-
pées confusément autour des églises massives dont la plupart ont
conservé des vcëtigcs d'anciennes fortifications. Ici, plus de symétrie,
plus de propreté même, comms dans la Champagne Pouilleuse, c Le
1 Ka I81j, lUtbcl eoin}>Uit ti uiinM om ateUert trarailUat U UIm : 14 p«lfa«rlca, 11 tUli
16 tittaffvs ^^lalùtétn« de la Framet : ittlm*trU, Parti, lafulio, 1SI7, p. fT-Ml.
». Kn 1801, 7 IW h«hii«iiU; «a I87C, 7 4S3; co l»JI, SUl.
3. Sa iK>puUtioo eat tombé* du 9âl7 haUlUaU en 1S51 4 1 S37 «m IfOl.
*. l/oa\rrtare d'une tectivn d« r«tt« UfiM, llethal-Galfulevart, a tm liM U Si tUhté I
& La déaoDiluati^Q de Champagne disparaît de U top juy taie iMato.
'56 Ll CHUIPAQ.NB
long dei met linueuies et irrégulièrci, domioàca par U flèche «igaS
(le l'églîtc, Ica innisoDi »ont cauîratea an liisard de U forme des pra-
priétit, dca ac«i(letita du terrain, ou Bimplement du caprice de lenrm
pn>priôtairct;ellci»e préscoteat de face eu de profil, souvent de tra-
vers, un* orientation, mais «'ouvrant directement sur la me. La rue
est à toui et eert à tout Devant Ica maÎBODa ■'amoncellent lea
charrues, Ici oulili, les provisions de bois et s'étalent les las do fn-
loier('). ■ Le contraste est t^t «jne la valUe d'Aisne a pu Ctre coiui-
di-rée comme la limite dn paya champenois (*) ; sur les anciennes
cartes, le pnjs situù au non) de l'Aisne est mentionné comme pajs
picard ('), et nujourd'liui encore, duns U contrée, les meilleurs sots
sont désirés coiiimunéracHt sons le nom de ■ terres de Picardie >.
Dans son ensemble, le pajs au nord do l'Aisne est ploa montueux
que la Clianipagne Pouilleuse (*) ; partout ce sont des terrasses on-
dulées furtcmcnt redressées dans la direction du nord, entrecoupées
de vallons tortueux et ramifiés qui viennent déboucher dans la vallée
d'Aisne. Par suite de leur orientation, ces vallons furent jadis, entra
la vallée de la Meuse etleaplaincscTinnipenoises, des voies nalurellea
d'invasion ; les cb&leaux forU du Thonr, de Chaumout-Porcicn, La
Iiobbe, Wasignjf, Duinniely, Inaumunt, Charbogne, surveillaient les
princ)|>Bux passages; avoc les églises fortifiées, ils impriment au
pa;s un cachet niliUire et féodal.
Le faciès de la formation crétacée est caractérisé au nord de l'Aisoe
|tar de remarquables variations : la puissance de la plupart des coa-
clies / est faible, leur allure irrégulière, les discordances de stratifi-
cations fréquentes (*). La traosgrrssion des mers crétacées semblearoir
été particulièrement accentués dans cette partie nord de U Champa-
gne, où l'on voit les dépûU de l'albien diroctemeot en contact avM le
corallien. La craie blnnelte à bêlcmnitea, ropréaentèe senlemenl par
P.VYS AU NORD DE L*A1SNB 157
8on DÎveau inférieur, aflioare dans les ravins et les carrières aux
environs do Reniaucourt, Sévîgny, Uannogne» Waleppe, et, an nord-
oucbt, jusqu'aux vallées du Hurtaut et de la Serre. La craie à micrss-
ter (craio à silex bleus de Cluiumont-Porcien) présente un beau déTs-
loppement dans la série de plateaux en forme de dômes arrondis qui
s'étendent au nord de Cliûtcau-Porcien jusqu'au signal de la Uardoje
^232 mètres). Les plus caractéristiques de ces hauteurs crayeuses sont
les monts de Séry, situés dans le prolongement des monts de Champa-
gne : ils se dressent au-dessus d*Inaumon!, et, se prolongeant du snd-
cbt nu nord-ouest sur une longueur de 7 kilomètres, avec une largear
de 4 kilomètres entre les vallées du Plumion et de la Vaux, ils se ter-
minent presque à pic vers Beaumont-en-Aviotte. La craie marneuse,
formation la plus importante de la régioui couvre de Be9 affleure-
ments une superficie de 22015 hectares, soit 18 */» du territoire des
quatre cantons de Uethel, Chaumont, Novion et Chûteau-Porcien. La
craie glauconieuse est représentée par les sables de la llardoye et les
marnes dites de Givron, ces dernières constituant un dépôt lenticu-
laire dont la puissance à Givron est évaluée à une trentaine de mètres
(coteaux de Cliaumont-Porcicn, Rocquigny, Draize, Saint- Jcan-anx-
Boië) ; ces dc]H>ts surmontent presque partout directement les sables
yerU de Talbien, sans interposition des argiles du gault. Quant aux
sables verts, si abondants à la base du massif d*Argonne, ils sont rem-
placés au nord de l'Aisne par un grès léger, tendre et poreux, dé-
h'x^nii sous le nom de gaize de Draize ('), dont les affleurements s'éten-
dent du sud-est au nord-ouest, depuis Vieil -Saint-Remy au nord de
Novion, jusqu'aux environs de Wasfgny et de Draize. Les dépôts
nlbicns, presque partout masqués par le limon des plateaux, recou-
vrent, par une transgression singulière, le calcaire à astartet, le
coralrag et même Toxford-clay, sur lequel ils forment quelques petits
lambeaux ('). Ces lacunes remarquables dans la série des sédiments
crétacés, ces discordances do stratification, ainsi que la présence de
dê|>Gts lenticulaires à caractères et à épaisseur variables, s'expliquent
par les conditions spéciales de la sédimentation dans cette partie sep-
tentrionale du bassin parisien. Le pays situé au nord de PAisne a
1. L«i hablunu da payi dcfl^eut U fait* Alblrui* «oaiU son 4« • cr»>«iM •• pl«rr«
retenant le nom de faite aux roches siliooiuci de l'os/ordleo. 8mr U UàkH apérlel <• U fc_
uord de la Cbain|.a2ne, cf. Catkl z, tUndt àe quetfUêê défit» êUittum: gmiut dm hm^êim et fmri»,
Lille, 1991, p. 26.
9. l>ani aa rajon de 5 à C kilumtrtr.s, 4 Waalc«7-*oHa-Vaiix (eaatoa 4« VaTi«a-FactMS]^ ««
'ootre l'albiea à Wa«ifii,v, DraUe; le eoraUiea àWMlffBj, Im KmtUI*, Me— — t, Wtfaat
fwrdira à Oraadchaiop, Ia Lobb« et Dralt*.
158 LA CHUIPAQNB
ilè Muinit à dci aiïuîkscmeDlB tiîcn inuîas coitsidénililei que l«s ré-
gions voiiinc», la TliK'raclie au nord-ouest, l'Argonne aa sud-«st;
se tniuvniit dans lo prolonge iiient et n la terminaison d« l'axe d'onda-
lalioQ de l'Artois, il sciuMe avoir jonà lo Hile d'unô cbarniC-re autourda
laquelle oitt oscilla la Tliiûrnchc et l'Argonne, dont les différences do
structure gûoln);!que ri'iiultcnt de ces alternatives variables d'exbaos-
kcnienl et d'à liai use nient du sol ('). La limite stptontriunale do la «me
crétacée cliam]>cDoisc ctt nettement marquée par les plateaux juras-
siques (oxfonlien), qui s'étendent du sud-cbl au nord-ouest à tntven
le dé|tartciucnt des Ardcnnes, depuis la vallée de h Bar jusqu'aux
râlions du Gland ctdcI'Aulie, petits affluents de l'Oise. Ces plateaux,
qui forment le faite de séparation entre le versant de l'Aisue et celui
de la Meuse, vers laquelle s'écoulent la Vcnco et la Sonnonoe, de»-
sincnt une ligne continue do hauteurs aux contours escarj>ês, cou-
vertes de forêts (forêt do Macarin, bois de Villers-le-Toumcur, forêt
•le Sisny-rAbliayc)dont l'altitude luoycnao est de 300 mètres: on les
désigne sous le nom do chaîne des Crêtes; c'est là que tes argiles
rouges de l'uxfordicn cuntiennont des grain* d'oxyde de fer exploités
et Ironsfumié* dans quelques liants fourneaux se rattachant au groupe
métallurgique anlcnnais. Ainsi, à mesure qu'un s'éloigne de la vallée
d'Aisne su nord de Itetliel, le |>aj-s accuse une pliysionomlo de pins
en plus verdoj'anle ; lis terres rouges succèdent aux terres Ulanchea,
les forêts aux vcrgen et aux bocages ; sous un ciel plus nèbuleni
et un clinuit plus rude, la cultiiro de la vigne est éliminée progrea-
si veinent {*).
I.a zone des plateaux crétacés comprise, au nord de la Champagne
l'uiiilleuse, entre la vallée d'Aîane et la cfitfne des Crêtes d'une
part, l'Argunne et la Tliiérache de l'autre, est Itnn d'avoir une pbj-
■ionomie aussi uniforme et aussi tranchée que les pays circouTuisina.
Lci dénomination* de Rethéloia et de Porcien que le* géologue* In!
«nt a]>i>liqu(-es, sans le* définir expressément ('), pour se confonner
à la tradition, n'expriment aucune particalarilé de l'ordre géogra-
phique, et n'ont d'antre valeur que celle de souvenirs hiatosl-
tar*.Mn.».t*,St*.
LES QUATRB VALLÉES 159
ques (') : il est impossible de dégager rindividualité physique de cet
lieux soi-disant pays, et d*en fixer les limites; entre TArgoooe et la
Tliiéraclic, les seules dénominations populaires en nsage et avant
un sens réellenient géographique sont celles de Quatre- Vallées, Val-
lage, Terres de Picardie {^).
I>a transition entre la zone forestière argonnienne on ardennaise et
les campagnes cultivées qui s'étendent au nord de la vallée d'Aisne
est marquée par le pays des Quatre-Vallées (partie du canton de
Tourtcron) qui doit cette appellation vulgaire aux nombreux petits
vallons qui le sillonnent (ruisseaux de Migny, de Saulcea et leurs
tributaires) ; ces vallons étroits et sinueux sont profondément creusés
dans le calcaire à astartes ou dans le corallien, tandis que sur U cor-
niche des talus nfHeurcnt les sables argileux de l'albien contenant des
nodules de phosphate de chaux, dont l'exploit^ition était naguère très
active i\ SaulccsMonclin, Le Chesnois, Machéromesnil, Vaux-Mon-
treuil, etc. Le pnys des Quatre -Vallées, abondamment pourvu de
sources et de ruisseaux, a un aspect franchement bocager avec ses
vergers de noyers et de cerisiers dont les produits s'expédient à
Reims, à Paris et jusqu'en Angleterre ; ici la vigne a pu se maintenir
sporadiquement sur les versants pierreux les mieux exposés. Quant
il la population, elle s'éparpille dans une multitude de fermes et
d'écarts aux alentours des villages.
A Touest des Quatrc-Valléesjusqu'au cours du Plumion, s'étendent
des bas plateaux, constitués surtout ])ar des marnes crayeusca sur-
montées ^'à et là d'alluvions, et s'inclinant doucement vert la vallée
d*Aisne. Ce sont de riches campagnes, défrichées jadis par les moines
de Novy, qui, avec Taidc des comtes de Rethel, fondèrent lea villages
de Novy, Saulces-Monclin (Salceia m hoêeo)^ Faux, Anboncoort,
Corny, etc. Sur ces fortes terres argilo-calcaires, améliorées par le
drainage, les cultures alternent avec les prairies ; çà et là, quelques
grosses agglomérations (Lucquy, 927 habitants ; Xovion-Porcien, 839 ;
1. Le Rrtbilolt, inentiuiinv pAr trs séograpb<« d« l'aneUnaa Fraar* f— m> n»f rlnoaiçilytlia
«]iTi»îouDair« <la gouvernement de C'bampAcne, avec Urth«l, AttifBj, SIésIèrM et l*k«rtrTtll«
Tille* piiucipalea, vUU cuioplèUuieut incuona d» TAdiutniitratStfa et «abs Mp^Xt «tw
Hrthel. Il a uuc origiuc parroimt hittoriqoe et d«ri%'« do comté féodal d s Itoikcl q«i «Vl
uord de U C'h«iiipa;;uc, depuu U vall«*e de U Krtoarae Ja*qa*à celle de U Sfeaeeii «afl
plut irrandc exreusiun le Dord de l'Ar^nue, U prlnripaaU de Chât«a«-rorei«a •• locoMld S«
»ar-Serre. QuAut à U dcnuoilnatluD de Torelca, rvoivrvre à Chilca«<P»rci«a, Ckaai
NoTioB-l'urcIco, cll*> prvvieat de pajmt l'orctmêi*, tabdivittuo admtnistr»UT« Vri* d*«i4a«, ^«1
prrnait une grmoJe partie da payt entre l'.VlBna tuoyenue et U vall4o d« l« MesM.
t. M. A«u4>i ix-I>cMAiKT {Voyog* f'Frmmet, 2V* Mri^, p. tll) fODKrre lee 4d»o»la»tfo— ém n>»
thclult vt de rorciea. Il déclare qae le Porcl^a • forme ao toat féoipraphlqaa ■ saaa la iiia^tiai. D
rvléTe U d^Doaiiuatioo Iweale da Vallafa mm ea JaetlSar Peaiplal.
160 LX CHAUPIGNB
Xovy-Cberrièrca, Ît9) «ticitcnt, par l'iinporlance de* explflitationt
■gricoln, U fertilité exceptionnelle dn k^.
Les fflonll de Séiy dont te* talni en gradins se] arcnt les rallies
convergente* dn Plumion et de la Vanx, annoncent un pays pins
tnonlueux et plus ntrinû: c'est un nouvesn Vëllage qui apparaît (').
En effet, K's plateaux cntyeax que traverse, en diagonale, U route
de Rethvl à Roioy-sur-Scrre sont entrecoupés de frais vallons abou-
tissant à la valUe de la Vaux on à celle dn ruiueau de Saint- Ferjeux ;
au nord, les ravins sont taillé* dans les assises résistantes dn coral-
lieD et de l'oxfordien qui raidissent les pentes et accentuent les profils
du psysago. Les muliiplcs accidents du terrain so traduisent par des
dJnirellntions atlcignaDt parfois une centaine de mitres (')■ Dans ce
Vallage, le grand dùrcloppenicnt dei sols marneux ou argileux rend
la culture diHicile; toute la partie nord du canton de Cbaumont-Por-
ricn e*t caractérisée par la prédominance des prairies, des vergers
d*arbrcs à cidre, de* liouquet* de bois, lambeaux Jélacliés du grand
massif forustier de Signy-I' Abbaye ; et l'un passe, par des transitions
insensibles, dans la Thiinche, paye picard dont la vallée du Iturtaut
ou Malacqulso uiarqnc assci exactement la limite roéridiouale. Dans
ce Valhge anlennois, la population est aussi éparpillée que dans U
Cliau){iagne Humide : à Chaumont-Porcien, le plus grand centre da
la conlréc (800 habitants), blotti entre deux coteaux dont l'un portait
joilis une forterefse protégeant une abbaye, U population est répartie
outre le cbcf-licu, deux hameaux et une dizaine d'écarts pins on
moins considérables ('). La Vaux, qui draine, par se* affluents le
Plumion, les ruisseaux de Neuffontaines, de Givrun et da Draise, la
plus grande partie du Vallage, a ses sources sur le* plateaux, an noril
deSigny-l'Abbaye. Celte petite rivière, au régime demi-torrealid,
qui Jusqu'à son con6nent avec l'Aisne entro Naatcuil et Taisy a «»
cours de 44 kilomètres, flottait encore au sièela dernier les bi4s pn»-
venaat de l* grande forôl da Signy ; il fut mène question d'emprun-
ter son lit pour l'élabliueraent d'un canal de jonction entro U Uonae
et l'Aisne (*), mais l'instabilité des niveaux et l'insuSsanco dn déUt
de ta riviire firent rejeter le projet, et la Vaux reste InatilisAa m9BM
LES TERRES DE MCJUIDIB 161
pour le flottage. Au delà du ruisseau de Saint-Ferjeux, les plateaux
crétacés s'abaissent dans la direction du sud-ouest jusqu'aux plaines
marécageuses drainées par la SoucliCi qui forment la limite conimune
de la Champagne et du Laonnais, pays de la Picardie. Les affleure-
ments de la craie Manche, particulièrement développés sur ces confins
de la Cham|vigiie, sont masqués sur les plateaux par d'abondants dé*
pots d'alluvions et des Ilots de sables tertiaires qui surmontent les
éminenccs ou remplissent les parties déprimées du sol crayeux en
amortissant les inégalltcs du terrain. Les limons, drainés par la
craie sous-jaccnte, constituent les excellentes terres dites de Picardie,
où prospèrent les champs de betteraves, aux environs des sucreries
de Saint-Gcriiiainmont et Villers-devant-le-Thour ('). Ces larges
croupes ondulées au ^\ fertilci aujourd'hui plus dénudées que les
cuteaux avoisinanb» du Vallage, avaient attiré les moines défricheun
qui 8c fixèrent à La Vallcroy près de Saint-Quentin- le-Petit, à La
Piscine près de Rcmaucourt, à Bétliancourt près du Thour, ainsi que
los Templiers, posiie:sscurs d'exploitations agricoles à Serainouurt, au
Treniblot près de Villcrs-dcvant-le-Thour, et les chevaliers de Malte
établis à Boncourt. Cette coUmisation monastique contribua à la dis-
parition de massiftt boisés qui n'ont plus laissé de traces que dans la
to|)onymio locale (villages de La Selve, La Ville-aux-Uois-lès-Dîzy,
La Grangc-aux-Boîs; le bois du Fay, écarts de Sévigny, hameau de
' Furest près deScraincourt). Sur ces fécondes terres de Picardie qui
se prêtent merveilleusement à la grande culture, mais où les sources
et les cours d'eau sont rares, les nappes souterraines peu accessibles
en raison de rextrèmc perméabilité dulbus-sol, la population se ras-
semble (Je nouveau ; les centres habités, éloignés les uns des autres,
sont de grosses bourga Jes (Le Gros-Dizy, 1331 habitants; Saint-Oer-
mainmont, 980; La Malmaîson, 635; Nizy -le -Comte, 603 ; Lap-
pion, 528); leurs massives constructions en blocs de craie oa en bri-
ques couvertes d'ardoises, avec des cours intérieures séparées de la
chaussée par d'épaisses murailles percées d'un large portique coiffé
d'un pigeonnier, donnent l'impression d'un riche pays agricole.
Toute cette portion de la zone crétacée située au nord de la vallée
d'Aisne, où la variété du faciès géologique se manifeste par une
grande diversité dans les aspects du sol, les productions et les condi-
l- A lUoDo^e (caotva d« ChiteM-rorelfo), oè J«c allaTlou MchrasM (tems nmf^Urm v^wv-
»abU-osea) iv<ouTr«Bi U eral« vol oa d«;T«lof>pt-tD«at d« 1 596 li«cUrrs car «a tcrrit^lra ••lal 4» IMt
becUret, Itê trrrrt UhoaK<«s occapeat 1730 becUrcs. La propactjoa en éipèU tlwiaiam •«»«*.
«•••I» Ml à p«a prv. U DitoM à VUI«re-d«raBt-l«.TWv.
LA CMAM^AQUm II
163 Ul. cuasipâgnb
tioot de IliAbiUt, ■ udo populntion relatÎTeiuent ^lui dénie ^aê U
Champ&gne PouÎHoum ('). Maia, depuia que la filature et le tïuage
de la Uine peignée, floriHant« encore il y « un quart de ùicle dan*
un cerUin nomtire d« rillagea, n'ont pu subtUter par «nite de la coa-
L-enustion du travail industriel qui l'cat opérée au profit de« gnndn
mines ardcunaises (groupe de Sedan), rémoises et de la région de
Fourmics (*), le pn^'s redevenu essentiellement agricole, et d'ulleur*
uses nuU desservi par les voie* ferrées (*), & tu sa population le ra-
réfier rapidement(*).
«
]■
\
I 1
• I
i
CHAPITRE VI
Falaise de Champagne-Brie : Montois, Vignoble,
montagne de Reims.
A l'ouest de la Champagne Pouilleuse, des formes de terrain no«-
vellcs attirent le regard : riiorizon apparaît barré par ane ligne si-
nueuse de coteaux couronnés de bois, dont les uns projettent aa-dessu
lies plaines crayeuses des promontoires séjuirés par d'étroites anfrsc-
tuositcs ou de lar;;c8 concavités signalant les points Tulnéraliles ou les
eaux ont fait brccliCi les autres se dressent en collines isolées comme
des piliers en vedette détachés d'une masse. 11 y a là un talos trèi
caractérisé, surmonté d*une cornichei et dont le ressaut est plus on
moins amorti par les éboulis. Mais il est aisé de reconnaître que le
j chapiteau n'appartient pas à la même fonnation que la base : il marque
I la bordure de la nappe tertiaire parisienne dont l'extension primitive
j a été considérablement réduite par la dénudaUon. La masse des dépoti
tertiaires superficiels a été maintenue à sa place actuelle, grftce à la
résistance qu'offraient, à l'assaut des courants diluviens Tcnos de Yv^
J et du sud, SCS assises compactes de calcaire marin ou de travertin
• lacustre super|>08ées au soubassement crayeux. Telle est la falaise de
Champagne-Brie, bande étroite de terrains montueux et ravinés sla-
j tcrcalant entre les plaines sèches, infertiles et à peine peuplées de la
Champagne Pouilleuse où la population est fortement agglomérée, et
les plateaux surélevés de la Brie et du Tardenois ou la population est
I à la fois plus dense et plus disséminée sur des terres fortes et humides
. qui se couvrent de forets et de vergers alternant avec d*opulentes
j cultures. Entre la Brie et la Champagne, qui furent unies pendant
I plusieurs siècles sous le gouvernement des comtes de Troyes, si les
contrastes s'aifîrmcnt avec sûreté dans la toponymie locale, les échan-
ges ont créé des liens de solidarité économique permanents (*),
et c'est la falaise qui forme le trait d'union; elle fournit aux habitants
1. L>oiij-«a-Br1e, rar 1m peatca d« U fkUiM, aa tad-oncst 4m Veilv, ■*épp*M 4 h^tf^m^r-Ui
161 . tA CH.VUPAONB
de In pUine chanipcDoite Ici boii, Ici vins, tet matiriaux d« coni-
trnction variéi tïrïi des oombrciuci carriùrea eiuvées dans •«•
flanca. I^a falaiie tertiaire qui, par aon oricnlation et sea affiaitëa, ao
ratttclic nalurelk'uicnl k la ri-gioD cUninpenoite, ett loin de priaenter
sur toule ton étendue une atructure homogène et la inSme valeur
iconoroiqne.
£ntre la percée de la Seine en aval de Moalcrc-aa et la troaè* du
petit Morin au nord do Suzanne, elle est pliu particulièrement dési-
gnée tous le nom de IfonfOfS; au delà des inoraîa de Saint-Gond com-
mence le Vignoble t|ul atteint »on lna^imum de dûvcloppcment aurU
IKturlour de In montagne de fttims, entre les vallées divergentes de
U Marne et de la Vesle. An delà du sillon transversal de l'jViana,
disparaît progressivement le Vignoble, qui cotutîtiie la plus grande
agglomération do toute la falaise ; les coteaux de Craonn», qui se pro-
longent juwju'à la dépression marécageuse de U Sonche, h l'entrte
du Laonnais, forment au nord-est l'angle terminal du massif tertiaire
au-dessua des plaines champenoises.
Depuis Monlcreau jusqu'à Fontaine-Denis, le bourrelet saîlUnt
que di'Sfine le contact de la nnppo tertiaire et du terrain de craie e*t
orienté du lud-oucst au nord-est, paralK-lement k la vallée de U
Seine, sur une longueur de plus do 30 kilomi-trei. Ici, U Seine,
grosaie de l'Aube, a dû abandonner sa direction normale pour longer
le front du talus escarpé qui lui faisait obstacle et dont elle «ffouilUll
la base ; elle n'a eu la force de se frayer un passage à travers In ouuse
des plateaux tertiaires qu'après avoir recueilli le tribut conndérable
que lui apporte l'Yonne. Les oaux qui venaient jadis battre riolea-
menl la base dn bonrrelct tertiaire redressé par les mouvement* on^
géniques, et celles qui ruisselaient sur les pentes crayeuaea dn venant
clianipenois ont creusé tout le long de ta falaise de profondes échan-
crurcB en forme de cirques largement ouverts on de longs conloira
sinueux, séparés par des promontoires aux flancs abrupts : ainsi la
côte de Ouillard (12] mètres), le plateau dn Italloy (13i mitres), U
eCne surbaissé de Paroj->Jutigny (133 mètres), la cap d« Chabnai-
son (làO mètres), qui s'intercalent entre les vallons des ruîssaanz
d*Or\-illiers, d'Églignj, d'Auxencr, de Volangjr, de ta Vonlalê ; m*
avant-monts crayeux de la falaise ont encore des formes mamelonniaa
LE MONTOIS
165
et arrondies ; mais à mesure qa'on t'avance à Tintérieiur do pajti on
voit les vallons se transformer en gorges tortueuses et ramifiées ; les
coteaux à pic et les sites sauvages abondent (goi^s de Bcchcrelles et
de Guittctnard au-dessus de Donncmarie). Cest ainsi que l'aspect
très tourmenté du pays justifie la dénomination locale de Montoî$
qu'on retrouve dans le nom de plusieurs villages (Donneinarie-en-
Montois, Mons-cn-Montois, etc.) [']. Dans le Montois, la craie blanche
scnonicnne utilisée dans la fabrication du blanc d'Espagne et de
Tacidc carbonique pour les sucreries de la contrée (Provins, Sainl-
Nicolas, Xogcnt-sur-Scine, etc.) affleure à des niveaux très varia-
1
l'n ravia <1n MontoU : U noalla d« U roc «as Vaehea à Xcsto-U-BtfOM* âamê !• ralloa S» U »
aa-dcssiu d« VUlcnaan (ABb«)b
b!esy dans des limites souvent très restreintes. Ces différences de
niveau, qu'un retrouve avec des amplitudes variables sur tout le pour-
tour (le la fnlaîse, se rapportent à un système d'ondulations du massif
tertiaire parisien ; elles en marquent les pointes terminales. Un pre-
uiicr pli crayeux affleure sur la lisière des plateaux, entrs Nogcnt-
>• Sor U topo.Taphie et U gvo\oglt da Mootoi*, ef. Jkbbr Poibikb, Kwto wur rbllmra «t U ,
tioo d« r«rvll« plMti.|Dc d«Di 1« Montoit {BmlM. dt Im Spe. ftfolof ., 9* «rrie, I. XII I, ISII-IISS, ^"si)!
'*', U ifontoU, c-qoltM K^loiri<iae, P&rlt, iB-ê*. lêM; Plbsrikb, AnMMM «InalCsW* dm pjmttmm ii
(M* ralUta dt la BrU, ln-«*, l*roriiii. IHM; H. LAB«>4r*, OUlofi* 4e»trtptim 4m U»><a et Im TtmUU,
|B-I€, ProTlDt, 1892; IL Thomac, RevUlon d« U feollU d« Prorlat (Ha/M. 4- Mrv. et l« ««rtofrfbL,
tn ^ ^' '*• ^ ^^ p. «; <• Xlt P 1«-1S; /d., CoDtrIbaUoa à U ff^logi* dca ««▼lioaa Sa Prwlaa
1^*<I/«| dt ta 5oc. géotof., )• «fiie, t. XXVIII, 1900, p. Tl) | X. CaorLuaa, Ifoai at to MoaMa (Jl«f«a
■« rhnm^f n4 «1 et Brit, aoT.-4r«. IMt).
166 U CHAUPIGXR
•ur-Seii>c ot Villcnauxe : il a|>paralt i Montpothier où Iftcntîe atteint
148 métros, Limlii qu'elle n'ett qu'à W mètre» k Saint-Furei (com-
uiune de Saint -Nicolas) et k 114 inètret k Villennuxe, à 3 kilomi-
tret curiron Uc part et d'autre do cet anticlinal qui ae dirige vera la
norj-ouei-t par Saiol-Martin-Cbennetron, |muh an nord de Prorina «t
(tisp-irait en Brie loua la furCt de Jouy. Un axo tecondaire, marqué
par une brisurv iinportonte, a été aignalé près d« Saint-Parrea : an
boi* Ita^t, prùi de Suint-Nicolaa, à la liûère de la for£t deSourdnn,
la craie eal à 171 mî-trca, et aculemcnt k 80 mitre* au l>a« de la cOte
de S.iint-l'arrc», à I 600 mùtrea dani la direction de l'eat; la faille ae
transforme en voûto à Chalautre- in- Grande, et l'accidenl va pauer au
nord do Provins : il semble que la direction biurre dea dcu& rall^
dÎTer^oiites de laVouUie et du Durteiut eatdneàeclaccidcnl. Enfin
un nouvel axe rraycux apparaît au-denus de Pontaîne-D^nis, où la
craie affleure k 'Ml mctrcs près de la fortl de la Tractmne ('). Les
pcntus et les sommets des coteaux du Montois pri-scntenl k dicouTert^
au-dessus do la craie, et dans leur orJre do succession, les asaiaea
principales do la formation tertiaire infvrienre : ai^gile plastique et
sables, calcaire grosnier; et, k locaure qu'on s'èlive à l'intcrienr da
pj)'s : les ar);ilcs vertes, les raculitrcs de la Brie et les sabica de Von-
Liiaeblcau. Les roches dures (calcaire grossier et meulières), s'inler-
caUnt entre dci lila d'ai^ilei commandent le modelé de la falaise et
dessinent son coQronntfmenL Quant ans conehes de l'argile plastique
qui reposent sur lo soubassement crayeux, en suivent les ondulations
et en remplissent let anfracinositèa, elle* ont ici une iraportance ez-
cepiiunnello; elles alimentent la plupart dea sources qui jailliasent
sur le dune des coteaux ; leurs assises moyennea soiil «zploitéea pour
la fabrication dea tuvaux, de* briques et des crvusets da fonderie;
parfois l'argile a tous les cancti-rcs du kaolin et on l'extimit à del
uuvert ou par puits et galerie*, notamment dans la Talléc de la Vool-
lie à LoDgncville, Sept- Veillas, Poignj; sa fineaae et sa blancbcnr
la font rechercher pour U fabrication des pipes, de la faïence et des
poterie* 6nea. L'industrie céraïuiqae a pu se développer alnai à Uea>
terean, Montpothier, Villcnauxe, Saint-Loup, Donncnarie, etc. MofK
terMU posséda une des plus ancieune* fitlencenea da France, rirale
de celle* de Gien et de Digoin ; le* aaùeltes et lea faïences dèeertea
fabriquées à Monlcrcau sont cunnuc* dan* toute la France (*>. Vilh-
>• f"»^ »"fv.»ifc SI- wtK a. »««•■*.
LB MONTOIS 167
naux0 s'est spécialisa dans la fabrication des terres caites et de la
céramique artistique. Les Vancs de calcaire compact qui couvrent la
partie supérieure des plateanx sont exploités ponr la fabrication de
la chaux grasse (ProvinSi Poignv, Lies Grattons) ou pour les construc-
tions (Saint-Loup, Sainte-Colombe, Chalautrc-la-Petitc) et alimentent
les fours a cliaux du moulin des Roches près de Villenaaxe, de Saint-
Parres près de La Saulsotte. Les populations primitives de la contrée
extrayaient même les parcelles de minerai de fer contenues dans les
assises inférieures du terrain tertiaire : des vestiges de forges anti-
ques ont été retrouvés aux environs de Montpothieri Villenauxeet
Cha1autre-!a- Reposte ('). An pied de la falaise, dans les ravins et
jusque dans les plaines de la Seine, on rencontre des amas considé-
rables de dépôts diluviens, galets de silex noirs provenant de la dé*
nudatlon des couches crayeuses et souvent agglomérés en poudingues,
débris de calcaire grossier, blocs do grès sauvage, bancs de tufs qui
formaient à la base de la nappe tertiaire un cordon littoral anjoor-
d*hui détruit ('). Il est à remarquer que, dans le Montois, contraire-
ment à ce que Ton constate dans les autres parties de la falaise, le
partage des eaux entre les deux versants se fait plutôt |iu profit de la
iSeine, sur le versant champenois. Le plus important de ces cours d'eau,
la Vouizie, dont le poète llégésii)pc Morcau a célébré les grâces on
peu mièvres, est une petite rivière au régime irrégulier ('), dont les
rives ombreuses sont bordées de petites usines, moulins et scieries.
Alimentée par des ruisseaux qui se ramifient au fond des ravins jus-
qu'au cœur des plateaux do la Brie, à G kilomètres en amont de Pré-
vins, la Vouizie n'a jamais pu être aménagée pour la navigation.
Pavs essentiellement agricole, le Montois présente une plus grande
variété de productions que la Champagne crajeuse. Tandis que de
belles forêts s'étalent à la surface des plateanx (bob de Valence,
bois du Fresnoy, forêts de Sourdun et de la Traconne), alternant
avec des vergers et des prairies, les céréales et la vigne garnissent
les pentes des coteaux. Mais bien que les vins de Provins aient été
fort appréciés au Moyen Age, ils sont loin de valoir ceux du vignoble
champenois situé plus au nord : la désignation peu flatteuse de vins
de Brie qui leur a été appliquée par les Champenois en est la preuve.
1^ densité de la population est très variable dans les cantons du Mon-
1. ir<«olrr« d* ta Soriété at^tdéwUim* dk VÂmU, mmnim iMf, p. MM-flOS.
t. Le |>lai InWreaAjuit d« r«i d«p->u «si eclol érû tofii da ▼alloa d« Rcwm S*al M.
U a«r« et U faooe (oê$\lt» (BuiUt, àt Im &•€. $Mf., »> «rrie, i. XII, iStS, p. f •^.).
1. S«r 1m intndaUoDi d« U VoulxU, «T. Boi-«QrKi.OT, Hisfir^é* FfriM;%.\l^p, IM,SM^
t«t-tl&, et Chammos, lot. eit , t. Il, p. lOl, «t pUws |mrtISe., p. Bnrm.
IGS l-l CHÀMPAG.VK
toii, mai* <Upai40 ooInblGment celle ilea cantoos de U CIiatu|uign«
Pouiltciite ('). La poptiUtion t'cit iliu^niiDée de prùférvnce daas lea
<r&1lun« et «iir les pcnlct, i la limite d'affleurement do nivcatix d'eau
do l'argile plnttîqtie. Le* ng;;1onuTaUon> villagaoUcttontaueirortea,
mai* deux ccDtrct urbaina •eulcmcnl ont une rûclk importance :
Monterean et l'roTina.
Uontertau, au v-onflucnt de la Seine et de rVonne, au pied de la
eûte de Sunille, vit un ci-ntre J'tScliangca pour une partie du Oiti-
naii. lie la Itrie et de U vallée de l'Voniie. CAinme la Seine depuU
ion confluent avec l'Vunne jutqn'à Pari* (97 kilomètre*) est une voie
navij^lilc priientnnt un mouillage rormal minimum de 2 mètree,
Muntcrrau pouûdo sur In Seine et sur l'Yonne un double port dont le
■uuaTvment total n'ett pnt inféricnr à 300000 tonnc*(*). l'iusîeun
voîca ferries *e croiaout v^ilement à Montercaa : celle de Paria-
Lvon, le troiiçou dcMontercau à FIanil>oio (23 kilomî-trea) qui relie le
riêvatt l'.-L.'M. & celui ile l'Eat, la voie ferrée étroite de Montereatt
à Cliiilcan-Lniidon (.'k) kilomitroa) (|ui dcaicrt les imporlniitea carrii-
ret de pierre de taille de celle loraliti-, enfin celle de Monterean à
Egri^rille, grv* bourg ruml an ccrur de la partie la pins riche du Oàti-
naia. L'aclivilù du iiiarclic agricole ^boia, grain*, bûtail) et dea îndoa-
Irîea loculea (faïencerie, briqueterie, aiicrerie, etc.) explique l'ae-
crDiiaeiiitiit de la population à Moulercau (*|. Provins, petite capîlala
du ^lontuia, eat aitué aur le rebord d'un plateau a'avançant aa^deaaua
du cuolluent de la Voulzîe et du Durteiut; b partie basse de la rilU
s'étend an fond d'une gorge aux versants escarpé*. Provins n'était
pas inoina important que Monterean, comme lien de trônait. Cet ma-
cicn raitruiH uiéroviDgien, clicf-lîeii d'uD poguM, puis l'une dea réei-
deneea préférées dea comtca de Cliampagiia, rojait passer p«r la
vallée de U VonUîe lea prodnlta d'une partie de U Bourgogne «t de
U Champagne dettioéa à Paria. An ziii* siècle, ses grandes foires
rivalisaient avoc celles de Trojres ; avoc lea noubrenz clochers de ns
édifiée* religieux, ses palais, ses bûpilaux, aa popaUtion de molnM,
de Templier*, de Juifs, de dnpien et de tanneurs, la ville prése>-
tait un aspect pittoresque et une activité peu commune (*); un troa-
fon de voie ferrée relie Provins à U ligne Poria-Delfort par U vaille
Ma,tt*|t. II.MI,n*l,t*I.Hi
LB MOXTOIS 169
de la Vouizie (Provins-LongueTÎHey 8 kilomètres) ; un autre assure
ses relations avec Estemay au cœur de la Urie (ProTins-Estcmaj,
29 kiloinètres). Aujourd'hui, Provins, qui a conservé la pIujMurt des
monuments de son passé féodal et reli^eux, n'est plus guère qu'on
marché agricole dont l'activité est intennittentei une petite ville de
garnison dont la population reste stati6nnaire(') : c'est un centre
briard plutôt que champenois, car ses relations avec la Brie et avec
Paris sont plus suivies qu'avec la Champagne. Dans le vallon de la
Xoxe, que suit à Hanc de coteau la voie ferrée de Romilljr-sur-Seineà
Ebternay , Villenauxe et son faubourg de Dival forment une aggio*
uiération de 2 230 habitants qui s'allonge entre des collines escarpées
plantées de vignes.
A partir de Fontainc-Denif, la bordure du massif tertiaire s'inflé-
chit dans la direction du nord, dessinant jusqu'à Vertus deux concavi-
tés inégalement évasées en face des plaines champenoises, et séparées
|)ar la protubérance qui domine le village d'AUemant. A la hauteur
de Sézanne apparaît un synclinal crayeux au fond d'un cirque que
. gravit la voie ferrée de Vitry-le-François à Paris par Sézanne et La
Fcrté-Gaucher : en ce point, la craie est à 165 mctrcs sur la route
de Paris, tandis qu'elle atteint 190 mètres au sud, à Barbonne, et
200 motrcs sur la route d'Épernay au nord (*) ; ce synclinal, dont le
cours du grand Morin indique le tracé sur les plateaux de la Brie, se
prolonge à travers les plaines champenoises par Pleurs, la vallée de
la Maurîcnne, Semoine, Mailly et Humban ville. En cet endroit de la
falaise, le partage des eaux entre les deux versants champenois et
briard présente une première particularité : au fond même du sjn*
clinal, à ^lœurs, le grand Morin, dont les sources ruissellent du pla*
tcau tertiaire près du village de Lachy, se bifurque brusquement :
tandis que sa vallée se détourne vers le nord-ouest, une dérivation
naturelle apporte une partie de ses eaux à un ruisseau, la Superbe,
plus communément appelé ruisseau des Auges, qui s'écoule en travers
sant Sézanne vers les plaines champenoises pour rejoindre la rivière
d'Aube. Le partage des eaux s'opère sur un coteau mitoyen s'élevanl
à une quarantaine de mètres au-dessus du lit des deux ruisseaux; un
barrage artificiel avec un système d'auges assure l'alimentation de la
1- En 18^1, TtJC bahiUuU; en If7t, 7277 bablUoU; eo ItOl, 8794 hab!Uato («TM U ffMalMs).
t. DoLuna. ti^. eit., p. 94, H Amnateê de féofrupkU, I. IX, p. «Ift. Sar e«tt« pwtl« S« la fU
tertialrr, rf. Dctal rr MriLUET, Cvaj»« de* torralDS de* eavlroaa S* Bl«a«»« (OMlItC. é» H
9*oto§ , |r .^rt«, t. XIII, 184J).
n* R«>BCBT, K«Mi >ar la lopofrmpble et 1* g^olofl* au ruitoa 4« A<ltto»« (SttlM. et to Sm. 4m m.
»« 'rit d* VitnfU-FfamçoU, i. IX, 1S7S, p. 458 «t mIt.).
170 Là CH.UIPAONE
Superbe, aux d^pen* du grand Morin, à l'époque de l'itUge. L»
'coura de U Superbe et do >on petit affluent cbawpcneii la Maurienne
M trourant dam le prolongement direct et ayinétriquo de la vallée da
grand Morin, nous adinettroni, avec M. Darif('), que le* trou rivière*
ne formaient priniitivenient qu'un icul et niCnic court d'eau et que la
Superbe, prùi de Pleura, adQdéloumor la Maurienne ver* l'Aube : il
jr a U les api>arencc« d'un double phénomène de capture facilement
explicable. La ville de SézanM, qui e«t bien connue dea gèologuea
pour (c* trarertini éocùnci portant dea empreinlei mnltiplea de foa-
•ilca vc^-taux et animaux {'), e*t aituèe dans un cîrquo de collinea
aux venant* couvert* de vigne*, à proximité da la grande forêt de
Traconne, aujioint de croisement de* voie* ferrée* de Romîlly k Ëper-
na; et de Vi(rjr-lc-Françoi* à Oretz par Eatcmajr (*).
La aério de* ondulation* du terrain de craie, dont lea pointementa
font aaillie a ur la bordure du luaaaif tertiaire, *e pour*uit depui* Sé-
unnc ju*qu'i la montagne do Iteîma. Au aynclinal de Séunne cor-
roaiHind, au nord, un nouvel anticlinal qui forme, aur lea plateaux de
la Urie, le Taite de partage de* eaux entre le grand et le petit Moria.^
A cet anticlinal qui parte la craie à nue altitude de 233 mèlrea aa
promontoire d'Allemaot, et qu'on peut *uivre dan* la directioD de
l'eat par le mont Août ju*qne vcn Fère-Champenoïae, a'oppoaa le
ajrnclinal dont la vallée du petit Morin marque l'emplacement : à
Saiiit-Oond, dana cette vallée, la craie e«t à 1^ mvtre*, Undia qae,
de part et d'autre, elleafHenro *ar le* coteaux à ?00 mètre* et plu* (*).
Ccat pourquoi la vallée du petit Mena forme, en amont du village
de Saint-Prii, ane large baie ca forme d'entonnoir occupée par le*
marai* de >Saint-Gond. De chaque c4té de cetio écbancmre ae drea-
•ent le mou t Août et le mont Aimé, deux butte* iaoléca en avant delà
fiilatae, qui parataient avoir été détachée* de la raaaee de* platcaas
par l'action combinée dea dialocationa et de l'éreaioa. La ntùnt Aout,
■itué dan* le prolongement de l'anticlinal d'Allemaat, atteint l'alti-
tude de 221 mètre* ; l'émineDce da mont Aimé (*)■ coalouraéa entra
Bergvre* et Colligny par la voie fe.-rée de nomllly k É|>araa7, «■!•
LE YIGNOBLB 171
luÎDC à 240 mètres, et son faîte, qai constitue nne plate-forme d'une
superficie de 6 à 7 hectares, domine U plaine d*enriron 90 mètres.
I^ formation de la vallée du petit Morin a été marquée par an phé-
nomène de capture aussi remarquahle que le partage dos eaux entre
le grand Morin et le ru les Auges près de SézAnne. Le petit Morin,
qui 8*écoule par une profonde tranchée à trayers les plateaux de la
Bric dont Taltitude dépasse 200 mètres, a sa source à 16 kilomètres
de la falaise, à une altitude do 150 mètres seulement. Le faiUe
volume de ses eaux, l'aire restreinte qu'il draine, sont absolument
hors de proportion avec la puissance d'érosion qu'il aurait dû dé-
ployer. Or, sa source dans la plaine crayeuse est voisine de celle
de la Somme-Soude tributaire de la Marne ; les deux rivières ne sont
séparées que |)ar un tertre dont la base n*a que 3 kilomètres de
large, avec un faîte qui ne s'élève qu'à quelques mètres au-dessus
des marais de Saint- Gond. M. Davis suppose, avec vraisemblance,
que les deux cours d'eau n'en formaient primitivement qu'un seul,
suivant, comme la Marne, la pente des couches vers l'ouest. La Somme
ayant approfondi son lit dans les roches tendres du terrain de craie,
le tronçon supérieur de la Sonmie-Morin a été entraîné vers U Marne
par le chenal de la Soude, « laissant le tronçon inférieur à l'état de
ruibscau amoindri et décapité » ('). C'est à Kcury-le-Repos, au coude
brusque que dessine la Somme, qu'a dû se produire la capture, à une
date relativement récente ; la tranchée étroite que l'on constate sur
une faible longueur en amont et en aval du coude de capture révèle
le sillon du lit primitif de la rivière. Avant sa décapitation, le Morin
a eu le temps et la force nécessaires pour creuser dans l'épaisseur des
jilateaux la brèche dont l'ouverture lui a été facilitée par un syn-
clinal. Pour expliquer la direction conséquente de cette rivière,
point n'est besoin de supposer que sa vallée est antérieure en for-
mation au dé}x>t du terrain tertiaire (*)• Depuis sa décapitation, le
petit Morio amoindri a été impuissant à déblayer sa vallée; le ruis-
sellement sur les versants adjacents a accumulé dans la baie des ma-
tériaux meubles et des eaux qui ont déterminé la formation dôS ma-
rais tourbeux de Saint-Gond, couvrant une superficie de 3000 à
avec o-lle da ttrtiAire iDfc-rlcar {lluttft. it l« Soc. féotof., mal 11^, p, ftf). La aoBt Aimé
rhàt4>Aa fort roottrult >i>rt tSlO par UUnrhe, cotntMM rrgcaf d« ChaMp*!— , «T rg»pUe«»a«t <*—
ancien oppidum qai poarralt bien f-tr« Rib^, «talion remains neatlunaé* àma» Ia TaVU êm FaattsfW,
an erwi*«nient des voies aboatlt«ant à Raima, TrojrM »t Mcaa» (L'»»»»o», Ptcfl— . tep t f r. 4ê Êm
Mamt, p. 170-171).
1. ]»ATia, lot. eU., p. 96-M. \
t. D'apri • rLKii^iBB, la furmation d«t Talléca crcstéet daaa U falalac rn^nât prMdé U StfM ém
M«ls«a urtlalret qai tarmonirat U craie (loc. cit., p. 4, li-lS, IT, SI, it).
172 LA CHIUPAONB
4 000 lieclaret ('). C«* prairici niarécageutea et p«n MlabrM ds petit
Mono, au milieu desquelles •'entrccroUent de* foué* bordé* d'ftuaM
et de frî-nei, sont envirunnéc» d'une ceinture d« petiti villagei; le«
inuinea en affrontèrent jadis le roi*inage : saint Oond y fond* l'ab-
\»ye d'Oyea et les ciïtcrcieni créèrent en 1142 l'abbaye du Redna
•nr le territoire do la commune de Snînt-I'rix.
C>«t dan* le Vigiiobh, depiiîi le* cGtet de Vcrtua juaqn'à la trouée
de l'Aiane, que la bordure du uMsaif tertiaire pr^aenl« le* accidenta
le* plu* remarquable*. Au nord de* marai* de Saint-Gond, 1« mont
Diane (240 mvtrcs) entre le* village* de Me«nil-iur-Oger et Vertoa,
c*t reilrimiti d'un anticlinal crayeux; de chaque cAté, la craie
■'abai**e loit vera le *j-nclinnl occupé par lo petit Morin, toit ver*
celui on coule la Marne dcpui* Kpvrnay jutqa'àChâlillonC). IJi, *ar
U 1i*itre de* plateaux, le Sunnelin présente un ncurel exemple de
déviation de cour* d'i-au : ce ruisseau de la Brie et la Soude cham-
jfenoise ont dû jadis constituer un cour* d'cnn continu à direction
conséquente ('); le SunncUn est un ruisseau décapité dont le conr*
SB)>érieur a été détourné ]>ar la Soude directement ver* la Marne; la
dérivation paraît remonter à une époque asscs reculve, car il n'existe
aucune trace de gorge au rondo de capture; le petit aîllon de la Berio,
affluent de la Soude, est un tronçon de l'ancien cours d'canSnrmelin*
Soude : aujourd'hui les Minrce* du Snraiclin, sur le plateau tertîaira
non loin de Monlmort, sont aîtuécs k 16 kilomètres environ dn point
oà elle* se trouvaient quand 1« phénomène de capture a'est produit.
Aux approches d'Ëpcraajr et du val de Marne, un monticule iioU et
boisé, le mont Bemon, dont le sommet ect coiutitné par de* sable* et
l'aigile plaatiqne surmontés de calcaires grosders (*), se drease eu
avant d'un ravin pittoresque, trca ramifié, an fond duquel coulent le
Cahtj et son affluent le Sourdon. L'abondante fontaine du Sour-
don, dont le dC-bit en vingt-quatre heures est évalué en moyenoe k
8000 métré* cubes, jaillit dans le pare de Saint-Martin d'Ablela, à
une altitude de 169 métrés, au milieu des rochers de la meulière (*).
MONTAOKE DB REIMS
173
W^,
'^}
Au uorJ du ayndiiul de U ÏUrae h dreue U montagne de Raina,
l'accident lo plu< conaîdérabto de toute U fklaû«, et le centre da
Vignobh. Ce promontoire qui l'étend d'ctt en oueet entre la Marne et
la Veslo, sur une longueur de 27 kilomitrei environ, depnia Flenij-
la-Rivière jusqu'à Villcn-Marmcry, aveo une Uigcur mo/enne de
8 kilomètres, est l'cxtréinUé d'an long axe d'ondulations qu'on peet
Guivri: à travers tout le bonin
tertiaire, depuis Ica falaises
du pavidoCaux,àMera.Snr
In iiioutagne, la craie s'élève
àSSâmctrcEàVille-en-SelTe,
et à 2J0 inclrcs au-deaaas de
VeizyC), En arrière de Veray,
la montagne recouverte de
dùpûts tertiaires culmine à
288 mùtres. Les collines de
MorunviUicrs et lo mont Ber-
ru, isolés au milieu des plai-
nes cravcuscs, peuvent 6tre
conbîdtrés comme des pro-
tubirances dèt.icliécs de la
nmntagne par l'érosion. La
voie ferrée d'Êpema^- âlteims
iraveiâc la montagne par un
tunnel crcuBC dana les baoca
compacts de la craie, long
dc34ôO mùtrca, entre les sta>
lions de Gcrmnine (170 mè-
treB)etdeHilIy (150 mètres).
Les dépôts tertiaires qui sur-
montent In craie (') se super-
I>osi-iit en courbes très irré-
gulicres. La série est particulièrement compUlc sur le versant notd de
174
LX CHAUPAONK
la monUgne, tandU qu« lur l« versant méridional, dénaotelé par udo
diJnudation intcnsa, la conlinuiti et la puiuance (le* députa Mnt
inulndrc*. Sur Ica fiança du venant nord, lea taUei blancs et le cal-
caire lacuotre sont exploïtéa dans les carrières de Itilljr : les sables
de Itilly, ticiublnbles à du calcaire de roche pulvérisé, sont employés à
Saint-Qobain pour la fabrication des glaces ; le calcaire grossier affleura
dans le pittoresque ravin de Cbainery. Sur le vertant mértilional,
cjucliiucs vallons, comme celui de Fleury-la-Riviùre, sont également
taillés k pic dans le calcaire grossier ('). Quant aux argiles à meulièrea
qui festonnent le couronnement de la montagne, elles supportent an*
vaste forêt entrecoupée de claÏTifcrct. Dés b fin du vi* Méelc, U»
moines qui foodérenltabbayedeSainl-BaJesar les pealwdo Uidob-
le
uo^TAG^B db redis
i
la^nc, pria d« Vcray , «nUmÎTcnt cet épais niauif forestier qu« F
Joard dcsignait aoui lo uom de nemtu Rej/titum. Aujourd'hgî
tlomaîne de la forêt cet à peu près exactement limita par Us afflenj
mciits des argiles 1 lueulivres sur le platean, tandis que les penl
df-boitOes sont cnL-iill^cs de carriùres ou gnmics de Tignobles(').
Lf [H-mtour de la iiiftitagne tst fittouné de pctiu ravins crenst
j.idisdnns le» asiista cravcuBcs parles torrents ijui ruisselaient sur l<
TcrMnU, dernier mic de ces trosiuns i-nonues qui ont si pnifond<
176 I^ CHUII-AONE
ment dénudé la craie cliampenoÎM. A la )MÎnte de la niootagac, imi
voit cncor«, bien manjuia, lei thalweg* deuéchéa de cet ruîaMaux
dia|>arut |iar un cufauiuemenl graduel de leun eaux : lo petit che-
Diin de fer de Kcîins k Aiubunnay Ici cuupe en pliitieun pointa. Le
Tenant miTidional tkt boaacouii ptut ra\-iné : ici, de petit* nvini ou
■ naoa ■ affectent, aux «.-nviroa* de Germaine, la forme de véritables
goulTrca; (à et là ae dvlaclienl dca proinonloirea, comme le cfine da
r:^^^::^::-;:^^^
-.>
^, - ::^ÉUr^ 'Kx^
ntont Aiga dont lea flanca abmpla tont plantéa de conifèm. Sorle
venant nord, Ict argilea à lignite* fonnent le long de leurs «fleura*
ment* une bande êtrcrite de terratna bumidca et nuricageux ; sur le
rerunt ind, l'argile plastique alimente plniieun miaseuuz dost le
principal, celui de la Livre, rejoint ta SUrne entre Bïasenil et Mn-
rcuil. Mais, comme l'inclinaison graérals dca concbe* est Ters l'eueat,
les eaux snpcrficiclles de la plate-rorme aigileiue et impermii^e du
mamf vont plulfit sourdre dan* cette direclioa et *« réunir dans le Ut
de l'Ardre, rivière du Tinfeneif. Duu aen enacnUe, et svee set
N
UOKTAONB DE REUIS
175
tn-;nc, près de Vcrzj-, entamèrent cet épaii niusif for««lier qne Flo-
doard désignait *ou* le uom do neniu Rtyetium. Aujourd'hui le
domaine de la forât est à pea prèa exactement limité par les affleure-
inciila dcB argiles à meuliÏTei sur le plateau, tandia que lea pentei
d£l)oiE(ea sont cntnillèei de carrière! ou gnmîca de Tignoblea(').
ï. #
■?â.
Le pourtour de la montagne est fc»totiné de petita ravina cretu^
jadis dans les assises crayeuses par les torrents qui ruiuelaienteur les
Tersants, dernier ncte do ces érosions énormes qot ont ai profonde-
I7B U CHJkMl'AGXE
uent (lénodi la cnîc clurapenoiM. A U pointe d« U monUgM, on
voit encore, Uiea iiiartguit, let tluilwega deuûcliâi de cc> rniaMeux
<lii|Mirui gutr un ciifouiuement graduel de leura eaux : le petit chc>
min de for de Rcimi à Ambunnay les coupo on pliuîeun poinU. Lo
venant ini'rîdional ctt beaucoup plua raviné : ici, de petit* raTini on
* nau« > affectent, aux cnvlrooide Qenuaine, la fonuede vOritablea
gouffres; (4 et là ao dêtiicltcDl dca promontoire*, comme le cfine da
...^
m
mont Aigu dont loa Banea abnipta «ont plantéa d« coailèrM. Svr 1*
reruut nord, lea argilea k lignite* fonnoDl 1« long de lenra aflemn-
uenu une bande «traite de terraîna humidca et maricagaax ; mr U
rcrunt *ud, l'argile plaatique alimente plnaloun nûaNanz dost la
principal, celui de la LiTre, rejoint la Marno entrt Biaaattil et Ma-
reuil. Maia, comme l'incllDataon générale des concbea eet ven Toneat,
lea eaux aupcrfictellea de la plate-forme argileota et imperméable dn
niataif vont plutJîtaourdre dana cette diivction et ae rénnlr daaaUUt
d« l'Ardre, ririère da Tërdêitoit. Dau ae« •naembU, M a«M •••
LB VIGXOBLB 177
contours aussi ncU, la Montagne présente une certaine onité géogn-
phique, et il est intéressant de constater qu'elle arait donné son non
à Tuu des doyennés du diocèse ancien de Reims.
Au nord de la montagne de Reims, à la hauteur du village à»
Chninery, la faLiise tertiaire s'inflôcliit en li^c droite vers le nord-
ouest , interrompue par la rallée marécageuse de la Vesle ; elle m
redresse on«uite et dessine une ligne sinueuse de coteaux d'une alti-
tude voisine de 200 mctres, dont les flancs sont excavés par dcscs^
rières k ciel ouvert (sables de Châlons-sur-Veale (') et d'Hermonnlle)
avec des marécages dans les {larties basses (tourbières de PoailIoSi
Marzilly, Ilormonville). La trouée de TAisne, près do Pontaveit, oa-
vcrte comme celle de la Marne dans un synclinal, forme la limits
septentrionale du Vignoble propri^ment dit. LiCs hauteurs de CraoniM,
les côtes de Saint-Erme (206 mctres) et de Montaigu (198 mètres) qn
dominent los plaines marécageuses de la Souche aux cuTirons de Sis-
son no (71 métros), appartiennent déjà au groupe des collines duLâOn'
nais; en cet endroit, la bordure du massif tertiaire tourne brusque-
ment vers l'ouest en s'éloignant de la Champagne.
Depuis les côtes de Vertus jusqu'à la trouée de l'Aisne, c'est Is
culture de la vigne qui est prédominante sur les pentes de la falaise;
elle a attiré et fixé la population, qu'elle fait vivre presque toutes-
tioro. I^ vifine trouve en effet, réunies sur ces pentes, des conditions
de terroir, d*expo!>ition et de climat exceptionnelles (*)• Le sol ou Té-
geteut les précieux ceps qui fournissent le vin de Champagne n'est
(Kis constitué par la chiîe pure : il est formé d'un limon ai^lo-silieeuz,
contenant des éléments calcaires à l'état de fragments ; c'est un dépôt
meuble descendu des plateaux, au-dessous duquel le sons-sol crayeux
i>pèro un drainage qui met les plants à l'abri d'un excès dliumidité.
Pc plus ce terroir, naturellement fécond, est encore amendé par des
appin-U considérables de fumier et de terres végétales riches en élé-
nuMits fertilisants, telles que les lignites on cendres noires tirées de
Tétage de l'argile plastique, et les sables tertiaires destinés à l'entre-
tien de la couche meuble superposée à la craie. Do telle aorte qu'on
ptut dire, hans exagérer, que les vignes champenoises prospèrent sur
La (JlAltPAOfIt
\
178 LA CH.VMPAGNB
vn «ol presque artificiel. Si les aptitude* ilu sol ont une iiifluence pri-
luonlinle, ce «ont le* coii'litioni particulièret du clinuit et de l'cxptH
■ition (|iii ilunncnt aux raïiint leun qualités aupérieuroi, en mfline
Iriup* qu'cllt-a rc;;lent la production du vignoble. Tout d'abord, mu
ûtrc ea^è aux bruaquei il-cart* de température, aux gclix-i tardiTCa
ou prvcoccaquiaùvisscntaurlci rijjnoliles de lu Lorraine, le vignoblo
champvnoi* n'est point indemne de> nccidcots climatérique* qui dé-
terminent l'inégalilé de se* rendement», d'une nonée k l'autre ('). Ak
point de Tue de l'expocitioa et de U ralcnr det produit*, on divite !•
Vignoble en troi* groupe* : 1* le groupe de U ir«ffé« d» fa Hanw,
expoeé k l'eit-sud-ett, â««ei bien abrité par U montagne de Reina, «t
qui coroprenJ U c6te d'Arii* (Vortua, L« Ueanil-tni^Oger, Ariis,
Cramant), U eCte d'Kpemav et la vallée du Sourdon (Ëpemay, Vi-
■ar, MuOMv), la rire de la Marne, *nr le Tcrtant méridional de k moD-
togoe ^Cumtére*, Uautvillera, Dur, Aj, Mareuil); 2* le groop* it»
LB VIGNOBUB D
coteaux de Bouzy et Ambonnay; 3* le groupe de la lfonfa|ne pn-
prenicnt dite, comprenant les crus de la haute Montage, aiiittd-«it
et au sud de Reims (Verzy, Verzenay^ 3railljr, Ladci, Chijnj, Rillr)
et ceux de la basse Montagne, au nord-ouest de Reims (Saint-TUenr,
Marzilly, lIcrmonvilL*) ; cliacun de ces crus a sa râleur propre; la
derniers, dont l'exposition au nord-est est moins bonne, ont une iv
leur moindre que les précédents. Au nord de la vallée deTAisoe^ia
le fait de Texposition au nord-est et d*un cHinat plus froid, bri^
n*a plus la même importance; elle est remplacée de plus en plnipir
les arbres fruitiers et les cultures maraîchères favorisées iiar la lutort
calcaréo-argileuse du sol dans les parties déclives, et dont les pn)(Iiiili
sont expédiés sur le grand marché de Reims. Indépendamment de U
iKuure exceptionnelle du terroir, de rinflucnceduclimatetdereipo-
sition, c'est le choix des cépages, ce sont les conditions spécialeide
la culture et les procédés de la vinification qui font le vin de Cbis-
pagiie. Il est à remarquer que les trois quarts du vignoble prt>doi»eiit
des raisins noirs; une variété du pineau analo^^ue à celui deBol^
^ogne est le cépage le plus répandu. Comme la propriété est génén-
lement très morcelée dans le vignoble, le petit proprîétiire qai ex-
ploite lui-même (') consacre à Tamélioration de ses précieuses vi^nei
une main-d'œuvre de tous les instants; au moment des vcndanm,
vers la fin de septembre, des es^^aimsde travailleurs affluent detoatei
les directions, de la Brie, do laPicardie, dcsArdeones, derArgonne,
car les bras manquent dans le pays^Dans les deux arrondissemsali
viticoles d*Épernay et de Reims, la surface cultivée en vignes B*cit
pas inférieure à 12 000 hectares; mais le vignoble qui produit le fis
transformé en cliampagne n*est \ytiB limité à la falaise tertiaire :
s'étend sur les coteaux crayeux qui bordent la vallée de la Manie. D
y a plus : pour devenir mousseux, le vin doit subir des roanipnlatioBS
longues et compliquées ; or, la disproportion est grande entre la qoso-
tité de raisin provenant du vignoble et celle du vin livré à la coa-
sommation; les fabricants de Champagne achètent des raisins dans k
Vallage (environs de Bar-sur-Aube), dans la basse Boui^;ogne (vallési
de rOurce et do la Seine) et jusqu'en Lorraine (Touloîs), dans l'Or»
léanais et le Saumurois; pour augmenter la production, ils ont recouf
1. Eo t9 0, <lAn» l« caotun d'ArUe, 1« nombre <!•• esplotUtSoot numlca ftafc é« I an, pfHw
quellea 9)7 d« touina de I he^ur* ;67,lt p. lOU), 315 d* 1 à 5 h««Urc« 'UJ^ p. IM); I4«t 4«aftte»
(la TitfDobI* $t> ré)>arti»ul«'Ot alnai, talvant 1« mode d'«tploltati*a s 1* par !• pr»piiétalff« lai-««aa
*T«« •% fAuille, 1071 (76,M p. luu), oa arec antral, Sl5 (tt.C p. 100) ; !• par •■ r4glMMr, 4 (%9
P- 10)^; |>ar uu fcnukr, 3 (0,91 p. 100) : Pohtkv», L'ifwfm!* 0o<i»U damêtê lémmrttmmutétU
180
LX CHIMPAGNK
■ k des mélang'ci doDi Ici curCca. Ainsi préparé induttriellenient, le
^ vin de Cbnrapngne est conitervé duii Us cavea, viriublef labyriatk»
I dont Ici gnicric* tupcrpcaéei «ont taillée* dam U craie. La produe-
tioB movinne aunuclle cit d'cnrima 400 000 bcctolitrc» ('), mai*
1« stock de» vini en fûu et en bouteille» contcrvé dan* le* cavei repr6-
•cnto un clK't'tir tutal di'putant 1 mîUiun d'hectolitre* ('). L'indualrie
t/i du vin de Chanipaj^e, qui a goid-
tnencé ver* la fin du xvil* «iècle
Ji l'abbaje d'IUutril liera, a pria
de not jour* une extension prodi-
gieue (•).
L'exportation du cbampagna k
l'étranger, lurtout en Angleterre,
n Belgique, en Rutiie et en Aroi-
ri()ue, dépa*>e de beaucoup la cod-
sommation française. Mai* depuis
longtcinp* dijà le* fabricaoU et lec
riticnllcura champenois oalàlalt«r
contre la concurrence étrangère et
le* ravagva du plijrlloxéra. Anjour-
', d'hui l'Allemagne, la Suisse, la
'm'in'i^ .*iT.'-l'***" ** '"**"^'* ** **"' Ituisie méridionale fabriquent des
vins mousseux Tendus comme
• cliampagne* >, et, depui* 1882, la plupart des fabricants français
ont constitué un > Sjndtcat du commerce des vins de Cbampogaa •
)iour lutter contre les eontn-façvns cita concufTencfl('), En 1800, l'ap-
parition du phylloxéra était signalée sur le territoire d« la commune
de Trélonp (Aisne) à proximité du Vignoble, bientôt lui-même conta-
miné (*); les progrès du fléau furent effraj'anta; il semble dés main-
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LK VIGXOBLJC
tenant qu*an traitement énei^qae d'extinction mené de front it«c
une reconstitution luétbodique du vi^oblc pourra préserrer li du»
]^i^ne du dè^stre qui frap|ia jadis le Lan^nedoc
La culture de la vigne et la préparation industrielle du vin wom-
bcux jouent un rôle prê|M>ndérant dans Kactîvité économique dn pan:
la majorité de la population rurale ou urbaine se coni}4>>e de|iropné-
t-iircs de vignes ou de «impies vignerons, de fabricants, inarchiBk
ci»uiiiiî»sionnaireft en vins, sans compter le personnel des grandes nui-
sons; plusieurs industries accessoires se sont développées J1anUèl^
iiK-nt à celle des vins : tonnellerie, fabrication des bouchon» de H<^
des ca|i>ule6 niêUilliques, Amb paniers et caisses d*emljallage; le n-
gnublc n'est plus exclusivement tributaire des verreries de TAiiic
iliirfron, Vauxrot, Fuletiibray) ou du Nord (Founuies); il s*spj>rim-
$i>>nne ê^aUnicnt dans les verreries à bouteilles de la contrée s CoutJi
Loivre, La Ncuvîllett •-lès-Reims, Conuontrcuil. La vi<nie, voilspotf
le pavs la source de toute richesse, célébrée jiar les refrains popi-
laired(*). I.a terre plantée en vignes a une valeur considérable; k
prix de riieotare varie de 3500 à 45000 fr. et la valeur du ri^ulk
dêpn^:>e 120 millions. Comme tontes les façons, tous les traitcmeoti
pratiqués dans les vignes se font à la main et exigent des soins mioo-
tieux, Icd salaires du vigneron sont élevés et ceux des ouvrière cliir^
de la manutention dcH vins sont en proportion ('). C*cst|iourquoidiDi
le Vignuble, la richesse du sol, Tabondance des sources, des matcrîisx
«le construction, une rémunération exceptionnelle du travail agricole,
tout concourt à la formation de nombreuses et fortes azr^rlomérationt.
Le Vignoble est ainsi devenu, sur les confins de la Cliampagne Pooil*
Iou^e, une aire de peuplement intense, où la ix>pulation atteint une
densité dépassant en movenne 100 habitants au kilomètre carré. Les
villa^^es, aux rues étroites et caillouteuses aboutissant à des places os
jaillis>ent les fontaines, se pressent, tantôt accrochés et ramassés en
amphithéâtre sur les pent!3s au milieu des vignes, jusqu'il la cumicbe
des plateaux, tantôt blottis au fond des gorges ou ét-ilés an pied des
coteaux. L'aisance règne dans ces centres viticoles où les grandes for-
tunes ne sont pas rares ; elle se manifeste jKir l'activité du petit com-
merce local, le luxe des habitations particulières, les proportions et Is
1. Tabnk. UomiH.tro i« Cham^HXçnë. I II, p. f7S-S7ft.
t l»Ait> la mouu.-nc •!«• lUitiia. 1« «alalr* nio.v «»u Juarvalitr d*«B •■Trtor «••, rkirar. 4» S fr . •««
<1«u& bui bille* ,W >in. «la 1' mar* aa 15 mfti. 4 (r. JO, m\9C ârmn bvBlrilics; 4« IfMalàl» Tr»<Mg^
•^ fr. ^o a«rv- ilt-ni HonUillrt. 1.4 • »AΫirra «le* warricra de la ual-oa Cha»4»a, à tftp«n mj fm9\^ m»é»
d»\ anu»V»\ aont : du 1-* uiar* aa 15 mai. « fr. ÎS, nuurrltnrc et r\u ceaiprie; 4m l< »«| «« Si JalHf%
' . "• u«>urritut« it vio cuMtpna, dm I" awftt à la vcudang*, 9 fr. artc 4««s lMMil«ill«« > |mJ
o blT» r, ; fr. io, a\»c -ho» buuteillc* (r.>aTKVis, !•*. têt., p. U).
83 LA CHAUl-AGNB
D peuaiiibilieuiea doÉdificei inanicip.iux ; un« (|uinuin«
«eeatr«*unt une population dèpawant 1000 habitanUot leur iiccroî»-
OKentctt caoliDu. Cet nccruiucmenl ett dû noDaenlement à rimmi-
pation ilci |Mi_vi voisins, maii à une natilité relativcmcut forte ('). En
Mon de Reiiiii', le principal centre du Vignoble eit Èpernay. La
rilla e*t aituéc sur la rire gauche do la Marne, au confluent du Cabry,
aM k la MoDtAjj'nc, au pied et nur les flnnci cravcux du mont Bcr-
IM{*); bcs importante» fabriqucidc vin de CliMiii|iagne, une brnsaeri«,
MM «ncrcrie, des ateliers 'le conitiruction cri^t par la eonipagnie des
ibenina de fer de l'Est font d'Kpemaji une cité industrielle aux qnar-
len disparates, (|ui s'rsIajjTandie par lajustajiosilioo, à la vieille riUs
WMtrale, de fauliourgs mmlerncs embellii |iar les somptueux hCtela
U* grands négoeiants en vitia. L'agglomération dépasse aujourd'htii
lOOUO liabitaiils (:;:i 409 avec Diiy en lOOl), et le gros bourg d'Ay
1 06? lidbîtaiits), relié a K]>erna)'i>Brun tramway, |>eut être considéré
wnmo une dé]>cndance de la ville. Des voies ferrées venant de lïo-
(lllly •sur-Seine, de Reims et des Ardcnncs se raccordent, à Épemay,
i la grande ligne de Nanrr à Paris. Cest prêt d'Épemav qu'est 1«
Imnioiu du canal latéral à la Marne, et In ville est reliée k Paris par
la Toie Davigttkle de In Marne (133 kilom.).
• A.«..*.««>.A..£4Hh«irtMai^M^i^B^dMMB
•^^^m^Cm^^m^i^m^^
LIVRE iri
CHAPITRE l^
Le climat champenois.
Situceb cntio la partie centrale <le la cuvette jiarîsîenne et ]c« j»Ia-
teaux ailo^isés au Murvan, à la inuiita^^nc de r^n«^rcfty aux Vos;;<ei eti
rAnlcnnOy les plaines champenoises con>tituent, au point Je vue clî-
niatérif^ue, une région intenné<(iaire où les influences inaritiuis et y"^
continentale jïc contrarient ; la Champagne se di8tîn;^uc des coutrî-et
circonvoisines bien plus par la plattti(|ue et les aptitudes particulières
(le ses bols que par des conditions cliniatériques nettement tranchées.
Toutefois, il c^t po^rsible de constater que la douceur relative du cli-
mat pari^îen commandée par la prédominance des influences océs-
niques, s*atténuc prot^rcssîvemcnt en Champagne, et qne la rudesse
caractéri^tîque du climat vosgien se manifeste déjà à Test et au nord
de la contrée.
D'autre part, la rôgion champenoise est loin de présenter an en-
semble de conditions climatcri<|ues ab-(dument homogènes dans tonte
son étendue: les dîtTérences de latitude, de configuration, d'exposi-
tion, l'iiié^l «^upemcnt des masses boisées subordonnée à la nature
variable du sol, ont leur répercussion sur certains éléments du climat
qui se trouvent diversifies. Ce sont ces juirticularités que nous nous
l>ro|Kvsons de faire ressortir en insifctant surtout sur la répartition dos
pluies et les variations de la température.
Tout d*abord, en ce qui concerne le régime et la fréquence relative
des courants atmosphériques, la Champagne |iara!t plus spôcialeraent
intiuencée par les vents océaniques qui sont pré lominants, en tonte "^
tSt LX CHUIFIGM
•aiion, daoi toute la région pftrisî«une, quelles que «oient lei périodes
d'anncc* con»i Jéréca (').
Ce tant ce* TcnU wcauiquet qui Bji|MrteDt les pluies les plus «bon*
dantcs et Ici plus frùquenlcs. Les boumaquea tuirent, en Champa^e,
nne trajectoire oriontt-e urJinnircnient d'ouest en est ou du uord-onest
au sud-est, et lout dvtcnninces par une dépression barométrique pM-
unt dv l'A tl.iD tique s la uer du Nord, arec pfcs«ion croissante dn
iKKd au sud de la France. La pluie étant un phénomène qui s'étend
à des réjpons très étendues avec une intensité analt^ne, la Cbam-
pagne lout entière, cuniine la plus grande |Mirtie du biatin parisien,
est soumise aux mêmes influences atmosphériques eu ce qui eoDcem«
la pluie : lorsque la sécheresse se produit, elle régne sur toute la
région, et, invcrscroent, un» même bourras'jue s'étend normalement
k tout le pajfs. 1^ liaut(;ur moyenne des pluies pour Venseuible des
stations pluviomélriques de la Champagne pruprement dite oscille
entru les extrêmes 500 et SÔO millimvtrca; elle est en général infé-
rieure à celle de la tune montucuko sensiblement plus élevée qui «a-
serre les plaines cliampeno{sFB,BUsnd, àl'cst ot au nord : plateaux de
la Boargoj^ne, de Langres, du Bassignj, du Darrois, massif de l'Ar-
)^nne, tvmuies arJennaises adossées an massif scfaistenz. An con-
traire, les moyennes que l'on relève dan* la partie centrale du bassin
de l'an* (vallée de l'Oise, Beauce, Orléanais, Ciâtinais, etc.), par
suite d'une moindre altitude du sol, et malgré le rapprochement de
la mer, sont inférieures à celles de* station* champenoise* (*),
I'
II
I
.'
y
11
186 Lk CHUIPAGKB
port aux ligne* principale* du r«Ucf et à U âirectiun dca veott pla-
vieux, ain»î qu'à un« foule d*inSucDc<M «econdairea dont une itada
topogrnpliique ditAillcc de cliaqae atation pennettrait aeole de m*-
■urer l'action. Noua noua tMmcrona à expliquer le mode de reparti*
tioa dct pluie* sur toute l'ûtendue de la région champeiraiw, «a
commentant la cnrlo de* pluici qne noua avona dreaaie.
Le* bullctina det commiuiona inëtcorologiquci départe m en lalea
(Yonne, Aube, Mfuae, Marne, Ardennca), Ica obacnratîoaa ceolrali-
■éca par le *cr\-ic« lij^<lromé trique du UaaMÏn de la Seine, cellca qui
figurent dnnt le* ^liino^i dm burta» centrai méUcrotogi^iu et daaa
quclquca travaux apùcînux, noua ont fourni Ica dunnéea num^qnea
B^carairca ('). Kn jetant un aimple coup d'teil aur cette carie, on eat
frappé imntédiAlcnicnt {mu- IVlroit rap|>ort qu'elle rjrile entre le* pu^
ticularitca lu|iogrnjiliiqiiea le* plu* aaillantca de la contrée et U hau-
teur de* pluies, A tvl point que le acliinta pi nviura étriqué aenUe
calque sur un dcbiin hjrpaouôtriqna.
Sur la Wdure du ma**if tertiaire oii le* cutcanx du Monlwa, du
Vignoble et de la montagne de Itcima dressent k plua de 100 mètres
parfoi* au-dc**u* de* plaine* craj-eu*es leun cK'tc* couronoce* de
bul*, avec une orientation *cn«ildcmcnt parallèle à la direction dee
Tenta humides du sud'oueit, la hauteur normale dea pluies est d'en-
viron G-'iO millimèlre*, (andi* qu'elle atteint et dépasse mCme 700 aîl-
liuètrc* aur Ica plateaux humide* et boi*^* de la Brie et daTardenob.
En arrière de ce inasimum, non* eoD*latons us minimum eonfona4*
ment à la loi générale de U répartition des pluies: les pUînea
rrajrcnses et dénudée* qui a'étcndenl à U base du Ulo* tertiaire et
représentent les partie* le* plu* buse* de la Champagne sont dé}i
rouina abreuvée* ; dan* la vallée d'Yonne en aval de Sana, dans lea
plaine* de la Seine en aval de Troye* et d'Arcia, lea mojeaDe* sont
inférieure* à 600 millimètres, et U en est de nfina dans te baaain da
Reims, abrité par l'écran de U Montajine. Les plaine* cadniéca, an
•wl *pongieux et médiocrement boi*è, de U Champaj^oe Pouillanaa
deasinent un plan incliné demi -circulaire dont le rcdreasenient i'a^
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i i I i II! M
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LES PLUIES 187
ccDtue dans toutes Les directions de rèst. et provoque une recrn-
descencc progressive des précipitations atinoephérîqaes (de 600 à
700 iiiillimètrcs). La bordure orientale* de la nappe er9Lyeu»e qui est
très luoDtucu&Cy surtout entre les vallées de la Maroc et de l'Aisne, et
frangi-e de chaînons orientés du sud-ouest au nord-est, présente un
nouveau maximum; là, sur le flanc des coteaux les plus élevés,
comme le mont de Fourches au-dc«^sus de Vitiy-le-Françoîs, les coi-
lines de la Serre qui dominent les plaines du Valla^ d'Aisne, la
tranche d'eau dépasse 700 millimètres, tandis que les plaines d'allo*
viens iléprimêes que forment les grandes vallées transversales et qui
sVtalent en arrière des terrasses crayeuses, aux environs de Lamdie-
bur- Yonne, de Troyc», de Brien ne -le- Château, de Vitiy*le-Fniuçoif,
de Vouziers, ne rc^*oivent guère plus de tXX) niillimétres de plaies.
Quant aux plateaux du pays d*Othe, ils doivent à leur surélévation
relative, à leur configuration tourmentée ainsi qu'aux vastes furets
qui les couvrent, des jduics aus^i abondantes qu'inégales, et dont
raccroissemeut coïncide avec le redressement du massif dans ss
partie méridionale. Bien que médiocrement élevée dans sou ensem-
Me, la bande iufracréticée de la Champagne Humide, qui s'ouvre
aux vents pluvieux comme un long couloir déprimé entre les hantes
plaines du terrain de craie et les plateaux de la formation oolithique
qui Tencadrent, CAt à peu près entièrement comprise entre les cour-
bes TiH) vi 8iX) millimètres (*) ; la hauteur des pluies dépasse même
80<J millimètres au massif du Valtiermont au-dcssut de Saint-Dizier
et sur le plan incliné qui porte la forêt de Trois-Fontaincs au-dessus
des plaines du Pcrthois. La nature même du sol est ici le princiiial
facteur (le Tabondauce relative des précipitations atmosphériques. Les
plaines et les bas plateaux de la formation infracrétacée, avec leurs
>ols plus ou moins imperméables, très boisés, émaillés de prairies,
pars'.més d'étangs et sillonnés d'une multitude de cours d'eau, absor>
bent moins d'humidité, dessèchent moins l'atmosphère que les plainea ^
plus hygrophilcs du terrain de craie: ainsi se vérifie, dans cette par-
tie de la Champagne, la loi suivant laquelle l'air est normalement
plus humide, plus fréquemment et plus rapidement saturé au-dessus
d*un terrain imperméable et boisé qu'au-dessus d'un sol très per»
niêahle et dénudé ('). C'est ainsi, par exemple, qu'à Ceffonds (altitude
I. La tuo^cDD» de £71 tullllmrtrct qa* Bt,iMmkii»{Lm Stine, p. Iftj) ftltrl%«« à la
••t U-aarvap trop falbU.
^ iHra o;»»cnr£tio3« maltipIK-«« , partlcalièrrmcmt ca Lvrrala* (forêt 4* Bay* aaa ••
^*»«j)i ont |M>railfl Je roo»uicr «lae )«• masalft bwUéa, ea briMat U fure« Sa raat, ^fwaf a
^«ni
I» LA CHAMPAGNE
128 mctrcs) liant 1« paj-tboicé du Der,U hauteur moyenne de* plat»,
73G millimètres, dèpoue de beaucoup celle de Sommcaoui, 64'i mllli*
mtrlrv», klatiun do la Cbamptij^e Pouilleuie iltuie k une altitude
CL-pcndnnt supérieure |17tî luùtretJC).
Qunnt au iimMif d'Argunne, |iartie culminante de tonte la rvjpon
Glinm|>ciioikc, qui ilrcMe tes linutci cimca boiiëe* au-deuut dot plalnea
Tallonnt-ci d« l'Aime, il rcfoit une tranche d'eau un muîn» égale à
celloquinhrtuvo In Chanipgne Humide: Ici précipitation* atteignent
leur maximum le lon^ de* crête* orientale*, le* plu* Olevée*, de put
et d'nutrc de la vallée de l'Aire (900 iiiilliinètrc* en mo/enne). Cue
progreu-ion aimlo;,'ue et tout nu**i rapïdv dan* la hauteur do* pluîee
R'ulwn-o quand on l'élêre do la ralU-e d'AUne aux euviran* du Itethrl,
*nr le* contin* de la Chanipa;;ne l*oui1leu*c, jusqu'aux cr£tc* boUéee
qui dominent le vcr«aut de la Meute.
Cvnfonuémcnt à une lui dvpuî* Itmjjtenip* énoncée (loi Dau**e)
pour t'cMtcinhle du l>a?tin de la Seine, le réf^ime pluviomélrique de
la Chaiii]kaf;iic, lumme celui de* rêgiou* circou voisine*, c*t carmct^
ri*é ]iar une |>ri-doininance plu* ou raoin* marquée de* pluht rfft II
sa/son chaude il" mai au 1" novcmlire) «ur cille* de la Mii*on froide
(1" noveinliro au 1" mai). Xonnaleinent, l'été et anrtout l'antoiDDe
•ont, en C1iampBj;iic, le* laiton* le* plu* pluTieu*es:
■aalaur dai plaia* par **li** («a BUllHéUMl,
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W«..r yKtiAmrW U.— .), . .
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Un examen de ce phénomène appliqué à un nombre de atalion* infl*
•auiment coniidérablc permet de relerer de* anomalie* u*ex cnriensM
nu, êé,m.4> r*> L I. r. uti
i
LES PLUIES
189
;^-
fl
/
dans cette répartîtioD saîsoDnière des pluies (*)• On constate aîosi qae
les stations de la Champagne Pouilleuse (Sens, Barberej, Derrj-aa-
Bac) accusent, comme PariS| une saison d'hiver plus sèche qae le
printemps, tandis qne les pays moutueux et boisés, comme la bordure
du massif tertiaire (Pîerr}', Vcrzy), la forêt d*€>the (Cliailley, Ceri-
siers), la Champagne Humide (Wassy et Vouriers) et TArgonne (Char
tel-Chchéry, Montfaucon) sont caractérisés |iar une moindre abon-
dance des précipitations atmosphériques durant le printemps; aiie
reliai tition analogue des pluies affecte les régions voisines et même
absez éloignées de la Champagne, qui sont plus qu'elles engagées à
Tintérieur du continent, comme la Bourgogne et le Morvan^ le plateaa
de I^angrcs et le Vallage, le Barrois et les plateaux lorrains:
( )
Tableau.
t
I
i
••
il
■Aiiiext AssAss
froide. ckaad«. " ■"•■a
Mlllia. MllllM.
Taris (Ol.t«rratolx«). iJS 304 4S (lllS»>tl9t)
SoramcM>a« 90} S71 Sj(ltM>|IVt|
Wa««y 390 4M 34 (|it.;S-iaM)
MoatfaaroB 964 41t S7 (lSf«-lMS)
Uar-lc-Doc 440 4M . 40(t8M-lSaS)
Lct Cinq-Tranchétsa (forêt do
Hare pr^ Nancy) S7S «Tl St (iaSÎ-|i«S)
C<tte ri panitioD dot plaie* cotro le* saitont froido et elModo o'oat
»:«-nindc; ou a va des saiMoa fruidot o^c«ptioBneUoin«nt bainldoa oC i
nrlU'incDt «icbcfl :
•Aïooa rROtoa. outos ra
RTATioii. Raatrar ADBt>« noatew As
inovenno hamido mofOVBO
(1879-lSt)l). (U7^1K77). (lS7>>lS6t). (Itî4).
Mllllm. MUUa. MllUa. MtUla.
Wa««7 4SS ^M mi tdt
SoiDimtoaa S») 30f 4flO ta
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(.rapn-, le Manutl ktfdrol. du Ictriu dt U SciiM, p. IS).
Sur d» parf illu aanuiaUc* cooflUt«;ea en Cbauipafne i bdo ^poqM tréo aneloa— , cC tao
• ^^'ï'ude IIattox {CoUeci. dêê I>o<««. imdi., U 1, 30-31 ; II, SIT).
àiiW
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LA. CUUIPJUl!tS
XépuliliaB uiMnnUr* C0BpaT4* du plniM •• CbaMpagn*
(t dau lu NgiODi toUUmC).
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D'une c"iu[i:irni«iii des inoyflfKKS mensuelles, il r&alle qu'en
C'lianip.i^c, coiiiniG <\au* tnutci Ici canlrûcn |wri|>lièriquot, K-« plulei
diuiinxciil j)n>;^v(sivcmcnt de novruibre k avril; ello angnientent
pendant le* moi* il c Tt^lé jii»qu'aii»iilicii di- l'auluinne, mrec nn maxi-
mail) i-n jniltvl et eu octobre ;
liaUar maaimim dn rInlM |p«rt*d« déMaMi* IHMMt) [■;.
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2 s H s ;
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LBS PLUIBS 191
Cette répartition mensuelle dct pluies peut être interprétée de la
façon suivante: les pluies des quatre premiers mois de U saison froide
sont relativement i^vl abondantes en Champagne, parce que les pré-
cipitations atmosphériques de cette |>ériode de Tannée résultant ds
refroidissement direct des vapeurs apportées par les vents océantqseï
diminuent de plus en plus à mesure qu*on s'éloigne du littoral, si œ
n'est dans les pays montagneux et boisés, comme le Morran ('), psr
suite de rabaissement nonnal de la température moyenne. La recni-
deseenec des pluies de la saison chaude, à partir de mai, est essentiel-
lement d'origine orageuse: ces pluies des mois d*été sont dues sa
refroidissement rapide par détente qui accompagne los fréquents moo-
vcments ascendants de Tair à cette époque de Tannée, conséquence
des déjiressions bai*ométriques et des orages. Durant Tété, les plaies
^^ag^ent de plus en plus vers l'intérieur du continent, par conséquent
dans l'est de la France. A partir d'août et septembre, le phénomène
inverse commence h se dessiner; en octobre, le refioidissement grs-
dud des pays éloignés du littoral provoque, il est vrai, une recrades-
ccncc dans la condensation des vapeurs atmosphériques, d'autant qae
l'humidité rehitivc de l'air est alors plus considérable qu'au début de
la f^iison chaude. Mais en novembre, l'abaissement général de la
température coïncide avec une régression des pluies de l'intérieur
vers les zones côtiéres.
L'évaluation du nombre des jours de pluie, et son rapport avec la
quantité tombée annuellement, ne doivent pas être négligés: les diffé-
rences assez sensibles que Ton constate entre les coefficients jouriuh
liens de pluviosité d'un certain nombre de stations sont en rapport
avec les particularités to|)ographiques qui caractérisent chacune de
ces stations.
Groupement de quelques stations de la région cbamptatiss svse iadieaUsa
de leur altitude et de leur coefflcitat plaTioméCriq«t(*).
Falaise tertiaire.
Sézanne 140 mitres 4*»,Sf
VertQâ lOf — 4 6S
Pierry 90 — 4 fl
Joncherj-sur-Vesle ... 80 -* 4 09
1- n^atear nxmtaclle d(>« p]ol<*t aux ^«rttoiu (Monrui, mil. fitS mMn») pow la fktîtê» iaas-t»tt:
^^T. IV« Janv. JVvr. Man. Arril. M«L J«la. JalltoL A«*l. S^. 0«L
'*^ ISl 110 ISI lit lis 107 lis ISS Itt IflS M7
^« cocfficieDU dM itativu* d« U falaiM UrUairv me rspp«rt«Bt à U fktîti» ISSl>lSSi («f. f>«v.
192 LA CRAMPAG»!
I
Cliampayitt crajmwt.
F«j 171 mitiM
Titifm 10» —
ArriMur-Aube 160 —
Chii1oDi-iuT-Marn« ... M —
Suipp«i 138 —
FarrI tOllt.
Joiguj Î9 awlm
Ccriilrra 130 —
SRint-Manl* 178 —
Cbnillej. ........ 180 —
Ciamp«gKt Ihmiét.
CbrifT 120m<lrti
V<.»o.i« 190 —
RuoiUj 183 —
W«».r 17* —
Sirmaii* 133 —
Cb4tfl-Ch4bvr7 113 iwtrw 4",40
GnnJpri 1*1 — 6 M
MoLifaucM 3Mt — 6 90
Page au nprd 4t fÂito*.
FaWuak 193 n^rei fi"*,»
Renaaroart lit — T M
Lc« «tatiuu» do la faUi*« Icrtiaîre, {ilui ou moiniabritto cuDtr« Im
TentB iiluvieui, ccIIm dcf TslUea et des plainu dùnndéM do lemin
de craîr, ont de* cocfficicntt de (tlnWoMté iDférieiin à c«az des ste-
tion* du |uiv« d'Othe, de la Cliampagne liamide, dt l'Argonne, da
paji •iiué au non) de l'AUne, on uue altitude gÔDéralemeat plu
vlevér, une configuration plua accidentée, le développement coiu)-
dùraLle des surfaces botaies combiné avec l'humiditi du sol, déter^
minent des «verres sinon toujours plus fréquentes, du moins plu
copieuse*. Le massif d'Argon ne paraît affecté par un nombre do Jonn
pluvieux (Cliilel-ChcbtTj 191, Montfaucon 160) seuiblement inpé-
LES PLUIBS 191
Cette répartition mensuelle des pluies peut être interprétée d« la
façon suivante : les pluies des quatre premiers mois de U saison froide
sont relativement peu abondantes en Champagne, parce que les pré-
cipitations atmosphériques de cette période de l'année résultant du
refroidissement direct des vapeurs apportées par les vents océaniques
diminuent de plus en plus à mesure qu'on s'éloigne du littoral, si ce
n'est dans les pays montagneux et boisés, comme le Morvan ('), par
suite de rabaissement nonnal de la température moyenne. La recm-
deseence des pluies de la saison chaude, à partir de mai, est essentiel-
lement d'origine orageuse: ces pluies des mois d'été sont dues au
refroidissement rapide par détente qui accompagne les fréquents mou-
vements ascendants de l'air à cette époque de l'année, conséquence
des dépressions barométriques et des orages. Durant l'été, les pluies
gagnent de plus en plus vers l'intérieur du continent, par conséquent
dans l'est de la France. A partir d'août et septembre, le phénomène
inverse commence h se dessiner; en octobre, le refroidissement gra-
duel des pays éloignés du littoral provoque, il est vrai, une recrudes-
cence dans la condensation des vapeurs atmosphériques, d'autant que
rhumidité relative de l'air est alors plus considérable qu'au début de
la saison chaude. Mais en novembre, l'abaissement général de la
tcnipéruturc coïncide avec une régression des pluies de l'intérieur
vers les zones côtiéres.
L'évaluation du nombre des jours de pluie, et son rapport avec la
quantité tombée annuellement, ne doivent pas être négligés : les diffé-
rences assez sensibles que l'on constate entre les coefficients journtt^
liens de pluviosité d'un certain nombre de stations sont en rapport
avec les particularités topographiques qui caractérisent chacune de
ces stations*
Groupement de quelques stttions de U région champentise avte ladioilica
de leur altitude et de leur coefficient pluviométrlqatO.
Falaiêt tertiaire.
Sézaune 140 mitres 4**,Sf
Vertus 109 — 4 68
Fierry 90 — 4 91
Joncherj-sur-Vcile ... 80 — 4 09
1. n»iit4>ttr mmiflaclle de» ploi*^ aax Settoa* (Monran, ait. S95 «étrca) pomr la période li8#>l(fSx
NoT. D^. Janv. Tévr. Man. Arrll. Mal. Jvdn. JaUl«t. A«èl. 8«H- O^
le» l«l 110 ISl lit lis 107 lis 190 Itt IflS MT
î Las eocAcianU 4a« tUlioiia 4a la falalta Urtlaira me rapportas! à la pérl«4« ISSI-ISM («f.
1■^w^F^i » I i n > I l !■ Il ^ I n ■■ ■ I •mmmmmmm^rmrmmmm' i p ■ ^i^w— i»wym^i^i
I9i
Lk CHAMPAGNE
I
Champagne erajfe«#«.
Fa/ 171 m^tret
Trojat 108 —
Arvi<^»ur-Aube 160 —
Ch&loDt-tur-Marne ... 90 —
Soippet 138 —
Fortt drOlht,
Joiguj 79 mètres
Ceriticrt 130 —
Saiot-Mank 176 —
Chailla/. ...'.... 180 —
Champagne Humide,
Cbeaii/ 120 mèfret
VotDOB 190 —
RumiU/ 183 —
WaMT 174 —
Scrmaisa 133 —
Argomne,
Cbâtol-Chéhérj 143 mètraa
GraQdpr4 131 —
MobtfancOB 350 —
Pa^ê «a aoni ée t Aient,
FaUimah 193 mètret
Rcmaacoart 119 -»
4—
,20
8
80
5
10
4
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m
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6—, 10
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5
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5
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6-
■,30
7
80
Lot aUitiuna de U faUiae tertiaire, plut ou moi nt abri téet contre les
Tenta pluvieux, cellea des Talléea et des plaines dénudées du terrain
de craie, ont des coofficionts de plunoaité inférieurs à ceux des sta-
tions du i^vs d'Othe, de la Champagne Humide, de rArgonne, d«
pays situé au nord de l'Aisne, oii une altitude généralement pins
élevée, une con6guration plus accidentée, le développement eonsl*
dérable des surfaces boisées combiné avec Thumidité du sol, déter^
minent des aTer»es sinon toujours plus fréquenteS| du moins pins
copieuse*. Le massif d'Argonne paraît afTccté par un nombre de Jours
pluvieux (Cliâtel-Chéhérjr 101, Montfaucon 160) sensiblement supé-
rA*^. et Ktim», i eut, p. tta)| mM
«•▼Mcjète
te
mm'^mf'
WIP
LES 0R4GES
193
rieur h celui de la Ckani]>agiic Pouilleuce (ChâloDS 137| Saint-Oulpli
129).
Lctf averses les plus aboudautes sont dues aux orSiges de la saison
chaude ('). Il arrive iiarfoi:*, en ét>| que des orages se fonnent sur
place eu Champagne, et n'ont pas d'autre origine que l'influence de
la 5.'iîs»on combinée avec celle de la configuration du sol ; les accidenta
de terrain de quelque importance sont en effet capables de déterminer
une iiiégiilc répartition de la chaleur solaire et de la vapeur d'caa
contenue dans l'atmosphcre, qui pré|iare des perturbations plus oa
moins impurtantcs : ainsi dans le massif boisé de l'Argonne, ou lot
manifestations ora<^euscs paraissent plus fréquentes que dans les
plaines découvertes de la Champagne Pouilleuse ('). Mais cet phé-
nomènes isolés sont plutôt rares, car les orages dé}>endent ordinaire-
ment des conditions atmosphériques régissant une vaste réfpon. En
Champagne, où les fonnes du relief sont très atténuées, lot orages
coïncident normalement avec l'arrivée de bourrasques sévissant sur
toute TEurope occidentale. 1^ propagation do ces orages n'est pas
toujours^ régulière et leurs trajectoires ne suivent pas nécessairement
les lignes priuci])al(>s du relief; leur direction normale c^t ouest-sud-
ouest — cst-nord-est. En général, quand un orage se produit dans
la partie occidentale du biissîn de Paris, c'est au plus tard vingt-
quatre heures après qu'il s'étend à la région champenoise. Il arrive
aci-idcntellcmcnt que de véritables cyclones, dont la vitesse de trans-
lation est considérable, traversent en quelques heures tout le ]*ays
situé à Tcbt de Paris jusqu'à l'Ardenno et aux Vosges (*).
Relativement à Vétat hygrométrique, la Champagne peut t*tre
1. KxtMii|il<>« : le 1» JnUlet 1M7, >; mUlSuitrca d*«Jia à K«lntMiir4 tar-le-Muat (M«nM> ; !• S «••
tobr« 1M>8, ôi nillliniètrfs, «n M'pt benre*. A Cbosty [Anbe), l« 23 JnU 1MS9, ||S ainilaiêtrM, ta pl«a
r>rt« l'Iuie «le TiDgtM|uatre bvare* ob»crv«« dans le baMla de la ScUm {Srrriem kfêrvm. et ta Kriaa,
rikooi^ ilci ob»«:rvatiuDt, aaac* 1199, p. 12).
S. .VoMtrc moftn dt jvHTHttê yr«y€U»eê p«r oaïa/c (j^rimét éértmnmtt ICS^i£#l).
CHAMPAOSK roriLLCcas.
AU/ootnm.
CbAloB»
A^fild .
Trouée.
11
It
li,7
Voaxlara . . .
LeCbesM . .
Ifoatfaaeoa. .
Cbàtcl Cbrbrry
lS,t
1S,4
îl.»
A. Le ryrione «inl. le ii mal l^S.*!, ravagea tranaveraalrnient les d«|>arteiiienU d« ITanae, 4a rAaW,
de la Marne rt île la Mtoee, était al.nalr à M«rj ■ar-8«lBe (Anbe) à S bearaa 4« raprva-totMl, 4
t b«arca à Nuirlien (M&rue,, à ô^iM"» à Vrrina, à i»i<:»-j« à Splncuart (Mcom*); aa TltotM 4e
titfo nVtaJt pa* infi-ricure à UU kllotni'trefl à l*beare.
Ij» is* o4noi>re 1SÎ4. la truiube dr Moucets, pKs de (rbiloutaur-Marse, fit disparaîtra
niaitoB iohabit<!e ftana en laitier de irae<-« «tant !*• • cavirvaa cl iraniporta dec plaaekca, «M» fii«IU«
de riuc «t ilci etfvU nioMliert Juiqu a là <-t 24 kilumëtrea ,J. U. TLtMAauoa, Leê Ormff ef ta .rv'e,
P- l«i«-161i ^tffffojt. d€ê Âide-m.wt^irt).
LA CHAMPAOK
13
■ar^
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■*a«<««W
rmtm
'^mrim»
f^f^fmmfimm
194
LA CHAMPAGNE
cUftftcc |»aniii les paya au climat uioycDneinent humidci et elle ne se
difttîngn-^ guère, sont ce rapport, des contrées qui l'environnent Ç),
C't:*t le i>rintenipt qui est nomialcmont la êaison la plus sèche de
Tannée.
Quant à la nébulosité, qui est intimement liée à la prédominance
des vents océaniques, à la fréquence et au mode de répartition des
pluies dans l'année, elle est assez intense en Champagne, et le nombre
"^ de jours au i-iel clair est très restreint.
Rélralotité : asflibrs dt jours on d'obstnrationt portant sur TéUt ds eiol.
>TATK*XS.
ClKk Ct^lB.
rue
1
XCAORTI.
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rovYCST.
iK«t-tflin
(-UlvM. . . .
Trw7««
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tlO.Î
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1
Ce »<»nt l«'S mois de la saison chaude qui sont caractérisés par la
plus faible nébulosité, en raison de l'intensité de l'évaporation, et
parce que les masses d'air ap)>ortées )>ar les vents océaniques, étant
fortement échauflTécs, s'éloi|pient de leur point de saturation.
KébttlosiU BtoitttUt à T^jos (*).
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•AWos cvftnK.
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Sous le rapport de la répartition saisonnière de la nébalotité| la
I. iimmà Uti rrtmUn {/n»€tUm et •mêmrmU^m ttfrimét rfl tmtU
Sl«l«a n.s
Tfi»jr« Sl.f
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Hauteur MoYenNE Mersuelu des Pluies
I ••• niilliinèlrM 1
pour S Station riuiti*$ 4» Im Chëmptgn»,
Sens. Barbersy (
Ber7auBâc|(Fïrt.<lc 1361-1830)
SommeMus (Pcnadc 186(-1893)
Vtuy (1661-1893)
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I nmivvvivDimaxxixii
jlflOYEHNEfllENSUElLEDELANÉ8UU}SITtATROYESUar.K6ARS)
d'tfiritUissereneitBort.ltiidturlêripêriitiaii ai»y*ao* A It MUahaité
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TEMPÉR4TURK
195
Cliaiii])agne ne se distingue pat des autres régions du bassin de Paris
et du nord-est (').
L*êtude de la température, appliquée à une région aussi restreinte
que la Champagne, présente de grandes difficultés, car le nombre
des stations d'observations est beaucoup plus restreint, les résultats
sont plus disparates et plus incertains que pour les pluies. Il nous a
été impossible, étant donnée l'insuffisance des documents fournis par
les commissions météorologiques départementales, de réaliser des
moyennes portant à la fois sur un ensemble considérable de stations
et d'années concordantes, susceptibles d'étaycr solidement nos dé-
ductions. C'est avec ces réserves, et en utilisant des observations
d'uno nature très délicate dont la valeur est seulement approximative,
que nous essaierons de caractériser le climat de la région champe-
noise, en le comparant à celui des imys cîrconvoisins (*).
La moyenne annuelle de la température, dans l'ensemble de la
région champenoise, est d'environ 10*, sensiblement la même que
dans la région parisienne, légèrement supérieure à celle dos plateaux
de la basse Bourgogne, du Bassigny, du Barrois, des Ardenoes et de
la Lorraine, plus éloignés de la mer, dont l'altitudo est plus élevée, et
qui subissent davantage les Influences continentales.
Mais la notion des moyennes annuelles est très insuffisante, puîa-
qu'ellc dissimule toutes les inégalités de la température, caractéria-
tiques essentielles du climat: c'est l'amplitude des oscillations du
thermomètre qu'il convient d'évaluer^ ce sont les extrêmes (rainima
et ma xi ma) qu'il faut comparer, pour pouvoir définir le climat d*an
pays. Le tableau suivant, où sont groupéea des observations se rap-
1 . XéhmtoêiU êclêimmUrK.
raHs (p. S.-ll.) 7S Si ftt,S S5,S ••
TruvM 70 M,S tS.S Si M
L*n^ 6S M 4ê M M
lUr-lc-Dje 7S U tt SI SS
Kaney 7S,1 M S9,f n,4 TS,T
Cbarlevin« 61,5 &f,S M,S M,S 5S,S
L4^t moyen ur* d« Parlt et d« Troyr* 1001 •luprunt^M à Tkivbf.rkso i>k Bobt (!•«. e/l.) ; c«n«s ém
Laa;rvt à r«bhê lUci.oT (.4«twei"<. franc.. Bonlu^u*, im«f, p. 3s2/; ccll«« d« lUr-l«-D«c, Xaa^ «|
Charli-rlUu iK>rtcut nar U p^riuie dëccnualt lH9o-l>Kf9. Ij^s moli de JttUl«l et 4a coaiBieac«tM«at 4«
rauiftunc, <iui cufncidcut arec let maxinui de préelpluiioa, d« aont pma ceni qai prv««ateBt 1* f\wa
forte u<^balo«itê, p&rct qae, outre U nvbalositê et U plaie, Il D*exlâtc p«a de proporU«BMillt4 |»<tI
Ultlc «t ab«olae (cf. Article de )L S1ill>«>t, dans BntUt. eeaiai. mUtior. Jfr•irf*r-«^Jfa«rff«, 19U0, p, SU).
2. Afia do |H>u\olr dispottT, pour les eomparaisom, da plus grand aoaUre po«dMe dt Ttartii—^
noos avons dQ ri^aU<«*r plusieurs aériet de moyeuAva qnl porteat aar dea p«^r1<»d«a d'aaaéee asxi ra^
trvintAS, il eot vrai, mais pour la plupart rigoorcaseuieut euacwrdaatas. Les dlffc-renees que aeve araaa
coD«tatiM>s et disent*^, s cotre les moyennes de certaines stations dépendent do««, •«• des anaéaa q«|
aont entrer* dans nos calcul*, mais de causes natarcUes qaa noua aoaa aoaiBMa m€tti Se deflalr.
n^pwa
196 LÀ CHAUPAGNE
pnrUtnt h de* sUlioni qui cnibrafvcnt, avec U Ckampagnc, tea régions
périplifriquu, montra que reçut cotre les températures extrSniet <1«
l'année *• npproclic <1« ûCf, et que lei minîma ■'abaissent k u
que ('accroiucnt l'altitude et l'éluifpieuient de la mer (').
.„„._.
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T-SJ. (vni.; ::::::
'•*i^^—
La crtui|>nraiit>n de* températures saisonnières of mensuelles n'ett
|M> iiioina iiwtructive : l'Ilc accuic un abaittoincnt progreMÏf <Ie*
inoycncc* de l'iiivcr et dca premier* moie du ] riiitciup, du centra
jnwja'à U |iéripliérîc uricntale du baMÎn de l'iiri* à travere U W-gion
chanipcnoiae.
tiipii.i
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PHVSIOIIOMIcTKElMIOUEDESDIVEilSnolStREIMS
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j nmirvYivnmixxiiiii
mOYENNE DES MiNIMA MEHSUELS ABSOLUS
Comparaison entro Paris et Sommesous.
Paria
^rtS'Hâur
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(D'apréi kt obtênttioM daS»n.hgdnm.dëbêu.i»liSêim»J
TKMPIÎRATURB
197
On no «'étonncn donc point de constater doa minîma msnsue/t
absolus plus bAs en Cliampagne (Ceriiien-Summetons) qu'à Pari*
(ji.-irc Saint-Maur), pliûnomùne qui dénote en Cluinipagse une atténu»*
tion de l'iiitluencc maritime au protit dea influence! continentale* (*).
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La rudesse de la température c'ai-centue donc, en hiver et au prin-
tcinp» Eurloul, depuis la réjpon de Farîi jusqu'au cœur des plateaux
lorrains et aux tonfins de l'Ardenno: ainsi s'explique l'accruiaseiiifliit
du nombre des jours de gelée et des chutas de neig» dnnt celte direc-
Kombr* mojea di jours di gtlé* ipJrivds djc«nult lS)l-lf M| ('J.
P»rit (p. S.-M
61,1 Toauers . .
ST,S Bu^lcDne .
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82,5
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Hambra mojaa ds jonri de Biiga (périoda dtcaauls IIH 1IH).
Paris (p. S.-M.) . . . IS.l Chaamont 11,S
MeluD 10,1 Bai-le-Dae lft,5
Trojca 13,4 CbstUriHa »,»
Chilons 8,3 Nanej 80,8
Lorsque, au milieu de l'hiver, on quitte Paris par une température
douce et en plein dégel, pour se rendre en Lorraine par la voie feiré»
de Kancv, au bout de quelques heures la caiDpagne apparaît conTerte
198
L\ CHAMPAGNB
de iiei<;e, à partir de Vitrv-le-Françoîs dans les plaines du Pertlioisi
aux jiortes du Uarroit ; et, !ori(qu*ou arrive k Nancy, on constate une
teinpi'rature plus ou moins voisine du point de salace.
Ces particularités rliin.itériques se manifestent é^leraent dans la
marche des divers phénomènes de la végétation et de la vie animale.
Ainsi qu'il résulte des nombreuses . ol>scrvatioDS nusemblées par
M. Anuot, la végétation apparut un peu moins avancée au printemps
dans la plus grande partie de la Cliampagne que dans la ré^on de
Paris ; |iar contre, elle rst un peu plus |récoce qu'en Lorraine ; la
inoifti»«»n du sei*;Ie se fait plus tôt dans les plaines chainponoiset que
sur les plateaux lurrains; les vendanges sont un peu plus tardives
dans le Barrois et le Toulois que dans le Vignoble de la montagne de
Heims. Pour les mêmes raisons, les hirondelles font leur ap]iarition en
C'hamp.'igne quelques jours plus tôt et repartent un peu plus tard que
dans le nonl-est de la France. On remarquera que ces petites inégn-
litôs >ont en relation avec l'altitude des stations considérées: plus
l'altitude s'.«ccroSt| plus elles sont accentuées ^').
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Marcbt comparés des pbéaoniénts dt la végétation tt dt la vit anionalt
ta Champagnt tt dans Its contrées circonvoisints.
Svmkrt tte Jomrê éefmi$ le p* Janvier \mo^tmmei purfmmt sur U pirifde f^l-IMV; [*].
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Située entre la Lorraine et la région de Paria, la Champagne se
trouve sur les confins de deux zones climatiques asseï nettement
tranchées: c'est cette situation qai, jointe à des différences de lati-
I M. A««*«T t— l y — ^«atrt >ii«t« ««tItmi ém rtlaré 4aa« U v^gè Ul to» fvmâ «Im^««
■ w ifi » 4-.Éltlt»ê« 9m H««- ^*' Mar«W 4m Y^mm mm mmw éê U s^tHuiOam m Vfmm (il. S. C Jf.. ISSI,
I. I. r :Sl m^. H |«M, I. I*; ttivW ««r lr« Tr»4«M«*« ^ P»m«>, M.. ISSI, t. I); Élsé* Mr Im al-
y ^ la m 4— il ■■■! r« rMM«(l»*4., |*SI, t. t, ^. SM a^. «t I M, 1. 1.^ IM«tt.).
t. I •• t*l»W« Skmi V*pmv$m m*frmm 4r« x^wàmm^f^ 4*a»r4« M. AsooT { jt»t Uu IStO>l«TfV, MW
•Mt mm» I IS M «w 4« 41b Jm» 9mUm \t%m (VUa»U» i^immfmM) «I TmI (UrMto*). Cf. AsMV,
A. B.C. Jf. IS^t.L
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TEMPÉtUTURB
199
tilde, <1e caiiliguratioD et ds nature <lu sol, à l'inégnla ri|Mrtidi>ii des
iD.isso* forcetièrca, des plaW, dei eaux courante* et stagnanle*, ex-
plique lc> petites anomalie» que l'on relève dans les moyennes lber>
uiométrîqiics d*un certain nombre de stations champenoises cboUies
en divers points de la région . Dans ta Cliampagne ni^dionale (vallée
(l'Voniie) la nioycnne de la température est nu pL'U plus âlevée qno
dans b {arlii- centrale et surtout dans le nord-est (Argunnc) de U
contrée, ou le Ihcnnomètrc monto moins liaut, mais descend plus L>a«.
Tablcm compantil d*i tamptrslnrs* DOjaaass st sitilMM (■).
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La comjinniison des tompûratures moyennes saixonnîëres et men-
eiiollcs nous permet de préciser le contraste qui existe, au point de
vue cl i ma té ri que, entre le sud-ouest, le centre et le nord-est de la
Champagne.
Uajtaaf Mlionniér** «t measaellet ds la tsnpérmtnra (pSrisds
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D*uiic comparaifion de quelques pliénoiticncs de la vie végétale, il
résulte que, par suite d'un éclmuffoment inégal de ratniospliére, la
végct;ition ost à la fuis plus précoco et plus nipidc au sud qu*au nord
de la Champagne.
Observations sur Us phénomènes de li végétaUen (année 1901).
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L'«>1i»orvation des plicn<nnéncs de la vie animale comiiorto des con-
clusions analogues ('). Il est donc passible de discerner, au milieu
dc*« conditions cliiiiAtêriquis relativement homogènes auxquelles la
région cli.inipenoise est s<»umise dans Min ensemble, toute une gamme
de nuances |iar lfiM|uclle2^ se différencient plus ou moins les éléments
du climat dans la diam|»a;;ne méridionale (vallée d'Yonne et forêt
d*Otlie), la Chani|iagne Pouilleuse, la Cham|mgne Humide et TAr-
Ipmne, le |iays au nord de la rivière d*Aisne. Ces contrastes de détail
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à ULa tMêkm (M*m. éêlmiimt.étm Mirtm êm t mtm ê IHHt m , %. IVj.
' CLIMAT ^1
8ont la consc<|ucnce du jeu inégal de« influences maritime et conti-
nentale qui se contrarient, combinées avec les particularités géogra-
pliiqurs qui caractérbcnt chacune des grandes unités naturelles entre
letiquellc« nous avons partagé la région cham|Yenoise.
C*e6t ainsi que, à la faveur d'une insolation sudisamment intense
et des avantages locaux de l'ex^iosition résultant de la configuration
du pays, le vignoble de la Bourgogne se prolonge |iar les vallées de
r Yonne et de TArmanyon k travers toute la Cliamiiagnc méri lionale.
Les coteaux crayeux, bien ensoleillés, fonnant la bordure du ma^sif
qui porte la foret d'OtUe sont garnis d*une ceinture ininterrompue de
vignobles, tmdis qu'à l'intérieur du massif, fortement abreuvé, plus
limiii-1c et plus froid, la vigne s'élimine d'elle-même et est remplacée
par les arbres à cidre ('). Sur les vastes plaines du terrain de craie,
au sol dénudé, médiocrement abreuvé et aride, balayées ]iar les venti
qui souiHent sans rencontrer d'obstacles, l'air est sec et remarquable-
ment vif; le ])rin temps et l'automne s'annoncent chaque année par
des coups de vent subits et violents ('); les gelées sont asses fré-
quentes, tardives au printemps, précoces en automne, et les variations
de la température, sans être aussi brusques qu'en Lorraine, sont |iar-
îoh très sensibles entre le jour et la nuit |Mir suite de Tintensité da
rayonnement. Les extrêmes de la température y sont au moins aussi
accentués, et leur divergence aussi accusée que dans la zone infra-
créticéc où rétendue considérable des forêts et des prairies, réser>
voirs d*humidité, l'abondance des eaux superficielles entretenue par
des sols en grande partie imperméables, retardent réchauffement de
l'atHiosphèrc et atténuent les dépressions de la température.
8i, comme on Ta remarqué, la durée de congélation des petites
rivières du terrain de craie est inférieure à celle des torrents de la
Champagne Humide (*), cette anomalie ne résulte pas d'un moindre
abaissement de la température, mais uniquement de ce &it que les
1. A CcrUiers (altitade l.lU niètrct), mu erur de la fvrdt 4*Oih«, les ••jrcwiM Sm BiUftiaa aWwlw
(iH-rio'le 1«)9J.19J0) dn prlnu-nipt — l*,IS, de lV;é 4«,57 «C de raaWMM ~t*,IS, mmt
Inf.ricures à ecllct de CbaiUcj- (1(40 méties), eitaé sar les peatcre aidrldtoMlee S«
évalue rvs|Ksrtivcmcot à — S*,43, (i»,9i, — 1*.0$. A Ceritlm, la lue/eaae aaaMik» d«e
dépiia«e —16* (— 16".1S poar U période 18Sl-189H\ eorre «peadaât à «• é«art eatra lee
51",0l Sur U tUnatioD iupoirjphiqne et Ira oon lltlonfl meUerwlo^qaoe ^arUeaU^rae dee
Chaillcy vi Crritkrs, e.*. ItHtlel. dt ta tommia». M«FI<*erer. 4e rrmnm», ltf9S>l8M, p. M-M.
S. t>' J. r^Riaa, Service de Mutê da eamp «le Chàlo .• {Vim. ée M^d«e. tkirmrf. el pkmrm^. wûlM.,
S Périr, 1. 1, p. iô); Dr a«»rt*KBii, Coaal'Jvratioafl kyffical«|aM et nédkalee ear la ca»^ Sa ttii— ■
{Ilid., t. XIII, p. tM)i EariTALLiaa, Lee Origiaee da caap do Ckilaas (iCev. Sa §émi» ma»^ IdM»
S. Ko jABTler 1893 (czreptiuBBelleaieat rt(oarraa), le avaibre de Joare de casfdlatlaa Sea aaas a dié
de 17 pvar la Vulre, à Kotnay (plaine de Ilrieuae), et d«> mdra jH»ar la Saaiai**Svada, 4
(ehAmpa;{Be PonUleaee) [S. il. S., aande IttS, p. ti].
«•p*
mi IJl CHJLMPAONB
rivièret do la CliAinpagiie Pouilleuse, issues do sols très perméables
k riiitéricur desquels les eaux ont séjourné lon^cmps à une tempe-
mturo presque constante avant de s'écouler par les sources, se pren-
nent très difficilement ou à une distance assez considéraLle dos lieux
d'émergence, tandis que les ruisseaux do la C1mmpA*^nc Humide, qui
se Tonnent immédiatement à la surface de sols imperméables, ayant
des eaux dont la température se maintient toujours en équilibre arec
celle de l'atmosphère, sont ex|)0sés k une congélation plus facile et
plus rapide.
La Champagne Pouillouso est encore située tout entière dans la
zone viuicole ; cependant, par suite des intempéries plus encore que
du fait do la nature du sol, le domaine des vignobles y est assez res-
treint. I^ culturo de la vigne, en Champagne, est confinée sur les
coteaux secs bien exposés qui dessinent les vallées de la Marne et de
l'Aisne. C'est seulement à la lisière des plaines crayeuses, sur la
bordure du massif tertiaire et plus particulièrement sur les versants
abrités do la montagne de Reims, que la vigne retrouve les conditions
climatériques dérivant do rcx|K>«ition en même tem|)s que le terroir
qui lui sont exceptionnellement favorables.
Quant a la portion de la bande infracrétacée qui enveloppe les
liautct plaines du terrain de craie, sa dénomination do Champagne
Humide est justifiée non seulement |)ar l'abondance des oaux cou-
raotci ou stagnantes qui circulent ou s'amassent i>ur son sol, mais
encore par la recrudesceuce notable des précipitations atmosphériques
que provoquent ses massifs forestiers, les brouillards qui flottent au-
desaus de ses prairies dès la tin de l'été. Ici la vigne n'appamit plut
que sporadiquement, sur le flanc des coteaux constitués par la roche
de gai^e (environs de Brionnc) plus sèche et s'échauffaut plut rapide-
ment que les sols argileux et froids qui prédominent dans la forma-
tion infracrétacée. L'humidité du sol ot de l'atmosphère, la fréquence
des gelées retardent la maturité du raisin, tandis que la Tigne re-
paraît et prospÎTe k une altitude gî*néralement supérieure sur les
versants abrupts et rocailleux des pUteaux oolithiqacs de la basae
Uoorgognc, du Vallage et du Barrois, ou l'influence d'accidents cli*
raatériquet aussi fréquents, parfois même plus accentnés, est contre-
balancée par une intolation intense durant la saison chaude.
liais, de tous les pays champenois, l'Argon ne est celui qui, sous le
rapport du climat, présente le plus d'affinités avee les plateaux de la
Fraoca orientale : abondance et fréquence exceptionnelle des pluiaa^
finèquaoce des orages, des chutes de neige et dea geléea, printemps
CLUfJLT
•203
tiii-difs, 6autc8 brusques de température après une pluie d*onige en
été, brouillards épais et froids au-dessus des rarins et des vallées sa
iiou8-8uI argileux, dès la fin de l'été, tels sont les éléments caracté-
ristiques du climat argonnicn sensiblement plus rude que celui de la
Champagne Pouilleuse.
BOMBUE I»* JOOBS
Ps:
■ T ATIOVB.
BroiillUrda
v« bran*.
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Cliaiiipa^e PonllUn»* .
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Ch4U-1-(*h«'-hér7
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51, S
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1. iVs iiioyciinr* itvrtvot «tir !•*• p«rio<1ct 0altautet : broiiUlani«(t!iOU-l90S); Mcls«(l*95-l9ilS^;
! gvlért (It>n3^i:t0;î); U luo.veuBa dra Jour* <1« gclvm à Muntfaacaa m rappwffte à la |iéri*-l« IMS-
lîHlO.
Ici donc les contrastes s'accentuent : le massif d'Argonne doit à ion
altitude relativement élevée, à sa configuration tourmentée, au déve-
loppement des surfaces boisées autint qu*à sa situation en latitude,
d'être soumis a des conditions climatériqucs analogues à celles du
plateau de Langrcs ou du ^lorvan. Ce qui est particulièrement frap-
pant, c'est le contraste enti*e les deux versants de l'Argonne: tandis
que les pentes terminales du massif (Beaulieu-Passavant) et le versant
de la vallée d'Aisne, exposés à une insolation suffisamment intense
et abrités contre les vents du nord, portent encore des vignobles dans
les éboulis de la roche de gaizc, le talus opposé qui fait face aux cou-
rants polaires sur la rive giiuche de l'Aire sensiblement plus froid et
plus âpre, en est complètement dépourvu.
L'extrémité septentrionale de la région champenoise présente les
mêmes atténuations progressives du climat pansien: la vigne ne dé-
passe qu'accidentellement la limite du val d'Aisne, qui marque bien
la fin de la vraie Champagne. Le sol est d'autant plus abreuvé par les
pluies, le ciel plus nébuleux, la température plus inégale qu'on s'élève
dans la direction du nord en se rapprochant de ces c Crêtes » formant
faîte de séparation entre les versants de l'Aisne et de la Meuse. Là
s'annonce, avec des paysages aux lignes sévères et fréquemment em-
brumés, une tout autre nature; là s'accuse la rudesse du climat
ardcnnais.
?0l LA CHAMPAGNE
En rûsuiué, la Cliainjmi^e est soumise, comme toute la région située
au nord du massif central, :\ une influence prédominante, celle de
l'Atlantique, qui propage, de la Hrctagne aux Vosges, les mêmes
perturbations atmosjihérique», détermine la prépondérance des vents
océaniques et des pluies de la saison chaude. Mais, malgré cette
liomogt'néité du régime jduviométrique, la Champagne doit au redres-
scmont croisfiant du son sol, dans toutes les directions de Test, et
malgré réloignemcnt de la mer, une recrudescence progretisive des
pluîcH. D'autre )>art, par suite de sa situation géographique, la Cbam-
pagni\ plus profondément engagée à Tintérieur des terres que la partie
centrale du bassin parisien, est aussi plus exposée aux rigueurs du
climat continental; par coutn*, la région champenoise, dans son en-
semble, se distingue des pays lorrains et ardcnnais qai doivent à leur
situation plus continentale et à une altitud.» su|)érieurc, une prèlo-
minance plus marquée des pluies d'été, des hivers plus lon;;s et plus
âpres, une insolation estivale parfois plus intense, une plus longue
durée des automne^*, des variations plus brusc|ues de la température,
surtout pendant la saison chaude (*). C'est donc surtout par une
gamme de nuances que se manifestent les particularités cliroatériques
projires a la Cbani|>agne, région d'étendue trop restreinte pour être
caractérisée par un climat absolument tranché, se distinguant nette-
ment d? celui des contrées voisines qui, sous plus d'un rapport,
forment avec elle un tout géographîquement bien déflni. Le climat
champenois est |K>ur ainsi dire une combinaison à dotes inégales des
deux influences océanique et continentale; ses éléments constitutifs
*»ont susceptibles de présenter, dans les limites de fa région, des varia-
tions plus ou moins apjiréciables, dérivant d'une foule de causes
secondaires locales, qu'une étude détaillée nous a permis d'évaluer
approximativenenU
I. SI Im %J>Hi— ■ yiMo— tf— r4*«lUBl Mrt«««t <!«• te w yArl M f«ralMr«l Atr* ■ ■! ■ ■ fréfi
à mriwm 0t à T?»f«« %u*à H»mer, «*wl pr«i éu« à bl* iM4«4ra f 4r — 4« tUmM qa'J fMt •UHSMr
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t4Ji à llréss ^«î * Tf«f««, n,7 A XuMv («f. Mmtiaitfmt ««aifiinr tf«« wUUêéa Ffmtt, UMmm Hm-
pHtmUÊtt^ t»-l-, IMw, ISiS. p, Mt-ia>X
mmgmm'^^gmm
CHAPITRE 11
Hydrographie.
L'csquisfio analytique que nous avons tracée des différents juijs
cliaiiipcuoië nous a déjà pennis de noter les caractères variables que
])résente Thydrologio de la contrée et de saisir ses relations avec U
.nature du sol. Nous avons pu constater combien les appellations de
Clianipa^ic Humide et de Cliampagne Sèche sont justifiées au point
de vue liydrologique. Nous voudrions rassembler ici tous les éléments
(rîufunnation susceptibles de nous éclairer sur Tliydrolo^e de la
Cliaiii pagne et en même temps sur certains tniits saillants dans l'éco-
noiuic générale de la contrée. Cette étude nous pennettra d*aborder
quelques p)*oblèmes sur la solution desquels Topinion des savants est
loin d*être unanime, et qui présentent un intérêt tout spécial en ce
qui concerne la santé publique ; elle nous sera facilitée par les re-
eherebes approfondies auxquelles se sont livrés, depuis la publication
des travaux devenus classiques de Hclgrand, les ingénieurs chargés
d'assurer rapprovisiunnement des villes en eau ]>otabIe (').
Nous savons que les sources sont rares, quoique parfois assez abon-
dantes, dans les terrains perméables de la craie ; qu*elles sont au con-
traire innombrables, mais d*un débit plutôt maigre, sur les sols en
grande partie imperméables de Tinfracrétacé. Il en résulte que les
principaux centres urbains de la Champagne trouvent difficilement à
s'alimenter en eau potiblc de qualité et de quantité suffisantes. Si Pa-
ris a capté, pour subvenir partiellement à ses besiiins, les ]>rincipales
sources du bassin de la Vanne; si des villes peu populeuses comme
Provins, Sens et Joigny sont suffisamment alimentées par des sources
du terrain do craie, Épernay, Ay et la grande agglomération de
Reims doivent se contenter des eaux de puits captants forés dans la
1. Kfiis mvoiit rwii«iilt« tnr cette qaetticn no méinoir* ntannsrrh de 31. MoatT, laffalevra* clMf4c«
I>ODtt (t rliaat««'e< : Cvmêié*'rativHê »mr U grtmjKmemt été ênnrreê dmnê U dépmrUmemt éê im Mmrmm,
i.'biloui, ti tuar» l'JOO. Nuut resTo^ont rfaleiueot le Icct* nr »as Ktmét» à'k^rmffU Irit taporUalM,
rflativr0 aa b«ttla de la Vaone, pab1U*et par la CuutuiUtioa •rleBliflqae d« p«rf«ctlottB«aM:itt de 1^»^
•crtatoi e de ^loottuarii. S \oi. Ib-4", l'aria, ItOl, lîwf «t IMS.
r%*v .Vah •«««.>
iita LA CHA3IPJLG.NB
craie coiuiKicto ou dans les alluvîoDB; Cliâlons-sur-Marue et Saint-
DizicT ftoiit réduits h ne consommer que de Teau de rivière tiltrée
naturellement; Troves s*eftt vu dans la nécessité de se pourvoir au
loin et de capter des sources abondantes formées dans le calcaire
jurassique moyen de la ]k)ur^o;^ue (Cliâtillonnais) [*]. Les agglomé-
rations rurales sont encore plui» mal parti'^écs, et on jM)urrait définir
la Cliamita*^ue : la région où les centres habités sont alimentés par
des eaux do puits taudis que, dans la plu|)artdcs contrées limitrophes,
les sources sont les réservoirs e^«elltiels où s'alimente la majorité de
U population.
Le mo<le de circulation des eaux souterraines et le groupement
des niveaux d'eau ausbi bien que la di8|»osition du réseau d'artères
|iar lesquelles sont drainées les eaux su|>erficielles et le régime qui
règle leur écoulement sont cii5ontiellemeut subordonnés à la contex-
ture et au degré de perméabilité des différentes assises du sol, aux
conditions variables dans lesquelles s'tflTcctue leur contiet. Plus on
pénètre dans le détiil, en scrutmt les particularités qu'offre la circu*
l.ition des eaux, plus on est fra)»pé i>ar la complexité résultant de U
jttXta]iosition des cas particuliers, des accidents locaux considérés
isolément. C'est ainsi que l'homogénéité de la bande infracrétacée au
point de vue hydrologique n'est qu'apparente. Sans doute, la prédo-
miiunce typique des sols argileux imperméables se traduit, dans
l'économie générale de la contrée, par la multiplicité des petits cours
dVao et dvt sources, la faible profondeur à laquelle on rencontre les
caox sous le manteau d'alluvions qui les rv*couvre ; mais les phéno-
inènL*s hydrologiqucs accidentels, par cela mémo plus intéressants,
qui s'observent sur la périphérie des atHeureroenta infracrétacés
constituent des anomalies qu'il ira|K)rte de faire ressortir, car elles
ont leur répercussion sur les groupements hamaint.
Par exemple, au cœur de la foret de Trois-Fontaines, les calcaires
|Mirtlandiens émergent et forment le fond de la vallée de U Bruxe-
nelle, aux environs de Cheminon : la, de nombreuses brisorea, prove*
liant de U grande faille de Narcy, ODtdétenuiné le jaillissement de
plusieurs «oorces autour du hameau de Troia-Fontainca. Ces toiurGes
proviennent de nappes hrrégulières formées an sein des calcairea port-
Undiens, retenues )»ar les couches impennéablca des étages voisina,
et dont les dénivellations brusques résultant des cassurea ont provo-
I IwsrArt tr Tait «t. TéU^mm ttmttmiff ^ fmfff^HtUmmtmemt «• ••■ i«« 9iiHê et
HYDROGRAPHIE ^1
que l*afflcurement. Ce sont ces belles sources, en pleine forêt, qui
attirèrent jadis les moines dcfriclieurs fondateurs do l'abbaye de Troîs-
Fontiines. Dans des conditions analo«^ueS| à la lisière septentrionale
de la foret, une double faille a maintenu à un nireau élevé un véri-
table mur constitué par les éta^s portlandien et néocomien, derrière
lesquels se trouve, fortem.Mit «ibaissé, Têtagc du gsiult et les sables
verts de ea base : c*cst à cet accident qu*est attribuable la belle source
minérale de Scrraaize.
Tout le long de l'affleurement de l'étage néocomien, an phénomène
hydrulogîquc non moins singuHvTse remarque : là, les eaux pluviales,
après avoir imbibé les couches superficielles demi-perméables du cal-
caire ù spatangucs, vont se perdre dans des entonnoir» ou pertois
creusés par les infiltrations dans les roches |)ortlandîennes soos-
jaceutes, |>our jaillir dans les tlmlwegs les plus profonds. £n certains
endroits, les sources, exceptionnellement alxmdantes, ne sont qu'en
partie d*origiue champenoise: elles sont alimentées par les nappes
des calcaires portlandiens, dont les eaux, s' écoulant suivant le plan
d'inclinaison des strates, viennent s'amasser sous les dépôt» du néoco-
mien ; c'est alors que, dans les parties basses, elles finissent par briser
la mince couche argileuse qui les surmonte. Telles sont, dans le dé-
)>artemcnt de TÂube, la source de Turgy, celle qui donne naissance
à riluzain près du village des Bordes, les fontaines de VendeuTre
(sources de la Barse), de Trannes, de Vauchonvilliers, de Soulaines;
dans la Haute-Marne celles de Sommevoîre (sources de la Voire), de
Brousscval près Vassy,de Chamouilley (vallon de la Coosance) ; dans
la Meuse les sources de TOrnel a Sommelonne, de Jeand'hcurs dans le
val de Saulx (*). Dans les sables verts de Talbicn, si développés dans
le département de l'Aube, des nappes abondantes, emprisonnées entre
les argiles à plicatulcs de l'aptien et les couches ai^leoset du ganh,
sont l'origine de sources assez nombreuses ; mais la majeure partie
des eaux disparaît dans les profon leurs du sol, et ce sont ces nappes
des sables verts qui alimentent à Paris les puits artésiens de Grenelle,
Pa.ssj et Montrouge.
A travers le terrain de craie, la circulation des eaux, très simple
en apjmrenee, est en réalité assez complexe, étant en relation avee
la compacité inégale des couches et les accidents du relief: les pro-
bic-mes que soulève l'hydrologie souterraine des sols crayeux s*int
\
1 er. L»:tm» ■«R. stati t. ftotof. dr t'Amh*, p. t\ S3, il, Ij^; UotKU. sr Bamotts, >•#•« ée f«
frufoy/yiic df tm llamtt-3l0rm€, p. j^i-àa; lISLOKAXto, Lm S^îme, p. 111, ILSi, XIS.
^^mt^mm'mmmm-^mmmtm^m^^ri^^
?08 LX CHJLVIPAGNB
luatirrc k cou tro verbes. Poar ne rien omettre, nous considérerons cha-
cun des étagcf secondaires entre lesquels les •çcologues ont parta^^é
la formation crayeuse, eu renvoyant le lecteur à la nomenclature qui
figure sur la Ciirtc géologique au SOOOO*. Nous pourrons ainsi sou-
li^cr remplacement des princi|iaux niveaux d'eau de la craie et
cxpliqUiT la localis:ition des lieux d'émergence.
Les argiles supérieures» do la gaize (C*) et les couches marneuses
de la craie glaucoiûcu^e (C*) coubtituent, à la Ua«e du terrain de craie
(cénomanien), un lit imperméable eutrccou|)é par rafReurement des
sables verts et bordé k Toucst ]»ar les couches |>artîellement ponncablca
de la craie à bélemnites (C^): c'est le premier niveau aquifen*. de la
craie; il dessine sur la carte une longue bande courbe et étruite
jalonnée |iar de nombreuses sources, qui, entre l'Yonne et la Seine,
jaillissent k la base des terrai^scs adossées au massif de la forêt
fl'Othe (*). Entre la Seine et la Marne, et surtout au delà de la Marne,
do Vitry-le-Fran^*ois k Sainte-Mcnehould, ces sources alimentent,
dans les déprcssimu, les étangs échelonnés dans le Vallage d'Aisne,
au pied des monts de Champagne. Les couches assez compactes et
|ieu |>erraéablcs de la craie marneuse ou turoiiienno (C*) qui sur-
luontcnt les a>sises cénomaniennes sont trop |h;u développées pour
constitoer un niveau d'eau de quelque importance, malgré sa cont-
tance relative. 11 n'en est pas de même des afilcurements de l'étage
sénonien ou de la craie bUinche (craie k micraster [CT] et craie à bé-
lemnites |C'|) qui présentent, en Cliampagne, un dévelo]»pement et
une c<»ntinuité tels qu'ils peuvent être considérés comme le type de
cette formation et fournissent aux hydrologues un champ d'observa-
tions assez vaste |>our Têtu le des différents moiles de circulation des
eaux k l'intérieur des masses crayeuses.
Nous avons tu que la craie blanche, médiocrement compacte, était
caractérisée par ton extrême perméabilité, la rareté et l'irrégularité
des sources dtmt les points d'émergence dans les vallons se déplacent
attirant la sécheresse ou l*humidité de la saison, en se conformant
aux oscillations de niveau des nappes souterraines. Mais comment se
forment ces nappes? £xiste-t-il k nntérieur du terrain de craie une
circulation des eaux analogue à celle qui se produit dans lescalcairea
oolithiqnet com|iacta dn Jura et des Causses? Ke te produit-il que
des suintements dans la craie, ou bien, y a-t-il également des
souterraines émergeant soua forme de soarcet (*) ?
I. UnASAJi». Lm S«te». p, iSS-niw
t. Cf a«s«BAB«^ Lm Kmmm m^mr^ltm, p. USt J. LAcm&ST {Êmtttt. é« U f*r. é^êm.
HYDROGRAPHIE "209
Suîvnnt les ans, la cnûe| extrêmement fendillée, constitue un ri-
seau de |>etitci diaclases très rapprocliéesi en communication les unes
avec les autres ; il se produit au sein des masses crayeuses un écoule-
ment dos eaux lent et dans tous les sens par des interstices presque
capillaires. Ces suintements finissent par se transformer en nappes
continues et homogènes: lliypothèse de rivières souterraines est
inadniissiible, car elle suppose Toxistence de cavités internes qui
devraient provoquer nécessairement des effondrements, en raison de
la faible réi^i^tance de la craie. D'autres, tout eu admettant la muhi-
jilicité et le Ripproclicment des fissures hydrophores, oontesteot qu'il
puisse y avoir entre les niveaux d'eau dos bancs de craie, la conti-
nuité inhérente au sens littéral du mot nappe, et, entre les sources
issues d*un même massif crayeux, une dépendance résultant de leur
provenance d'un réservoir commun ; à l'expression « nappe aquifère »,
ils substituent celle de « fissures aquifcrcs >, la translation des eaux
souterraines s'opérant par une circulation ruisselante, analogue à
celle qui a été tant de fois observée dans les calcaires jurassiques.
Les géologues et les ingénieurs n'ont pas, il est vrai, jusqu'à pré*
sent, relevé dans la Champagne Pouilleuse proprement dite, un seul
exemple de rivière souterraine nettement caractérisé. Mais, dans la
nipntagne de Reims au soubassement entièrement couëtitué par la
craie à bélemnîtcs, les dislocations et les plissements qui ont déter-
miné les princijtaux accidents du relief ont eu pour effet de proTO-
quer des cassures dans les bancs crayeux suffisamment résistants qui
forment l'ossature du promontoire : des canaux souterrains avec cas-
cades et grottes ont été creusés par les eaux ruisselant dans les cre-
vasses et affouillant les roches qui s'effondraient : tels sont les gouffires
de la forêt de Verzy et les grottes de Trépail. M. Martel a pu démon-
trer que la rivière souterraine de Trépail « est la copie textuelle des
rivières souterraines des calcaires » (*)•
Ces considérations préliminaires nous aideront à expliquer la loca-
lisation des principaux groupes de sources dans la Champagne Ponil*
leuse. Nous avons constaté plus haut, à proximité delà bordure de la
nappe crayeuse, la présence d'un double faisceau de rivières : le
premier, au nord de la Marne, rayonnant autour du plateau d'Auve,
le second entre la Marne et l'Aube, autour du plateau de Som-
t. vil, 189<(. p. iî); DicxKKT, I.M Scarc«« 4c Im crmie {Utr. §émér. dtê •eitmetê, «••«• IfOl, p, Mfî);
Maktrl {llttlUt. été »<rr. àt f« r«rf« fé^0§., n* M).
1. J. LAi-Kr>r, La tprl^lw|^« dans la inouiagne d« Pt'w (^•'"f f rfffaffrf #tfrr ■■>«- émWtiwm,
t. Vni, 1K9S p. lis. 123); Maktcl, La Cavcnie d« Trt'paU cl le« riTl4n« Metémlacs é% U
{BnUa. À€» »rrT. é€ tm e^rtt f^o/of .» aaaê* It01>l90t, p. li>
Là CMxarACsn I4
ip"*<^^^^*ics'-'^^^'^^"'*"v^^^»'^"""*"""'^"P"iïi
210 UL CBAMPAQNB
puits. Ce groupement de rivières correspond à une première ligne de
sources ou « sommes » orientée suivant une courbe qui luarque hu
partie la plus élevée des plaines du terrain de craie. Une seconde
série de sources, parallèle à la première, se dessine à l'ouest d'une
ligne passant par Arcis-sur-Aube et Châlous-sur-Marney sources moins
nombrvu »es et moins abondantes, en raison du niveau plus bas des
nap)K'S commandé par le plongcment des couches du terrain. £nfin,
dans le voisinage du talus tertiaire, d*au très émergences se produisent
au pied de^ coteaux, là ou les érosions ont laissé en surplomb, au-des-
sus des vallées, des massifs relativement élevés (montagne de Heiros,
mont Ucrru, etc.), puissantes é]K>nge8 au sein desquelles s'élaborent
des réiicrvuirs : telle est la provenance des eaux qui, dans les plaines
de la Vcsie, alimentent à Reims le puits de Fiécliambault.
Nous ne saurions tniiter complètement l'hydrologie de la Cliam*
pagne Pouilleuse, sans examiner la valeur d'une ingénieuse hypo-
thèse expliquant l'origine du princi|tal groupe de sources dans cette
région. D'après M. Pêron (*), le niveau aquifère qui alimente les
sources disséminées autour du plateau d'Auve reposerait, non sur
les marnes crayeuses subordonnées à la craie blanche, mais sur un
banc puissant de sables superposé aux assises imperméables de la
gaiae i»upérieure dont les aâleuremcnts sont, dans le vallage d*Aisne,
par»ciués d'étangs. 11 existerait une corrélation significative entre le
niveau des sources de la craie et celui dei étangs du Vallage, situés
à une altitude supérieure, à la hauteur de l'aflleurement des sables
verts. Le jaillissement des sources du plateau d*Auve s'expliquerait
ainsi par l'ascension verticale des eaux de cette nappe souterraine à
travers les fissures de la craie. Outre que cette corrélation d'altitude
est loin d'être absolue, certains étangs se trouvant à an niveau égal
ou même inférieur à celui des sources qui leur correspondent, comme
l'a fait remarquer M. l'ingénieur Monet, il faudrait expliquer com-
ment l<:s eaux emmagasinées dans les sables cénomaniens ont pa
descendre et se rassembler en nappes dans les couches crayeuses
inférieures, et se frayer une issue à travers les msmee pour pouvoir
sourdre ensuite dans les dépressions de la craie blanche. D*ailleiiri,
au sud de la Marne, l'hypothèse artésienne imaginée par M. Pérou
ne serait plus valable : les sources des rivières (Coole, Puits, Soude,
etc.) y sont à une altitude variant de 150 à 165 mètres, tandis que
!> OH^m ém mmê 4rmm éê !• O ■■§■#■■ MftnlfftoMto (SttlM. 4t ta Sm. Jm m. 4» rr^
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Carte Hydrologique du Pay
(Région des Sources delà Vanne) ring»
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\tia»litporeia dntllulhn
© Màrtfella
BilQ'rrt dt li ciie sé/ientnm
' Pertes, ttimes.
\
r
HYDROGRAPHIE Hl
les étangs de Tétago céuomanîcn qai paraissent leur correspondre,
dans le canton de Saiut-Rcmy-en-Bou7.cmont| ont une altitude do 125
à 130 mètres. Les grandes sources de la Champagne Pouilleuse ont
donc une origine non artésienne, mais superficielle, et leur formation
s'cflfcctue normalement dans les conditions générales que nous avons
expos'ccs plus haut.
Dans la Cliampagne méridionale, le faciès spécial du terrain de
craie, ainsi que la configuration plus tourmentée du pays, ont leur
répercussion dans Thydrologie de la contrée. C'est dans le Uassin de
la Vanne, où ils ont été spécialement étudiés, que les pliénoroéncs se
rattachant à la circulation des eaux à l'intérieur du terrain de craie
présentent les particularités les plus singulières.
Après avoir filtré à travers les couches plus ou moins épaisses et
perniéaUcs des argiles, sables et limons qui sunnontcnt les plateaux
crayeux dans la forêt d'Othe, les eaux pluviales, agissant à la fois
par dissolution chimique, érosion mécanique et pression hydrosta-
tique, creusent des cavernes et des galeries dans les bancs compacts
de la craie : telles sont les cavernes tfouterrainet signalées jadis dans
la cOte de Montgueiix (Aube), au nord-est du massif, et les galeries
! de la Guinand, près de Bœurs-en-Othe, qui ont été l'objet d'une
description détiillée (*). D'autre part, lorsque les cavernes de la craie
sont arrivées au contact des poches d'argile à silex, celles-ci, imbi-
! bées d'eau, peuvent glisser en masse dans les cavernes: alors se for-
I ment ces entonnoirs d'effondrement appelés « mardellea » et « bé-
toires ». Les niardelles sont de véritables cheminées ouvertes sur les
parties hautes ou à flanc de coteau et faisant communiquer le« nappes
souterraines avec la surface topographique. On désigne plus spéciale-
ment sous le nom de bétoires, les entonnoirs formés au fond des thaï-
wegs, dans le lit même des cours d'eau, et en relation avec le uiveaa
piézométriquc des nappes souterraines. C'est pourquoi la craie da
pays d*Othe est non seulement sillonnée par d'innombrables fissures
imbibées par des suintements, mais encore parcourue par de hautes et
larges diaclases livrant passage à de véritables cours d'eau qui che-
minent dans des cavernes et des galeries. Cette disposition explique
également conmicnt les ruisseaux qui doivent leur naissance aux prin-
1. I.»; Gr%xo, Une Ex> anioo i la cir«ni« de Mootf jens (Jf^«. 4c l« S«r. «««f. dt CAm*^, t. XZU,
18> : L» ('••( ri'KT uk la Vour.nr, 1^ lUriàrs »oat«rralB« dti Im 0«iBaa4 (Lm .Vntarr, 1^ arfll ItOl.
p. .liJ^.tiH) Sur rbrdrolo^ic de U fon^t d'Oihc, on pcvtcuosalier ôgalcutcBi : CaAL*MOisoT,.V«t« ««r ta
pcêithitité d'mtiUêrr commt alimentmtion !*» c««x ê»utemiimt» dt lm fmrtt 4*OC4«. !■••■, Trijvs, ISiS,
et •urtt'at Ici traraux dr la Committiom •eitmtiJiqHt d* roi«cr9«f*/r« de Jf»«f«««r<a, aaaé* ltSS>19iS«
p. bù^:^, 11)111, 161-161. iOiH)1, 2i>£)<. Slf-3i2»S76, 987, 990-994; Ma4« 1900-1901. y. 1»1, S9t»
344; ano^ l'MI, p. 90, liT.
m Là CHAMPâGNB
ci|>alcs source» siibîsceDt des portes inultipliécs, absorbes qu'ils sont
|Mir de nombreux bctoîres, et ne reparaissant définitivement qu'au
uiomcut oii leurs eaux sont sur le point de rejoindre la Vanne, artère
maîtresi^e de la contrée. Tandis que, en hiver, les bétoires rendent
les eaux et se transfonuent en sources, pendant la saison chaude, il
suffît que le niveau piézoïuctrique des nappes s'abaisse |>our que les
ruisseaux superficiels deviennent des ruisseaux souterrains. La plu-
part des |K.*tites rivières qui se forment dans les ravins supérieurs de
la f«irét d*Othe ne tardent pas à dis|iaraitre dans le sol, leur lit n'étant
rempli que par intermittence; c'est seulement dans le voisinage du
lit de la Vanne qu'ils reparaissent sous forme de sources abondantes
que la ville de Paris a captées |iour subvenir a èc% besoins. Cliacune
de ces vallées présente donc une succession de zones de sources ou
sones énÛMsives, et de zones de pertes ou zones absorbantes. Ces con-
sidéniti(»n», basées sur de patientes recherches, ont permis aux ingé*
uîeun de déterminer le groupement des sources dans la forêt d*Othe
et la valeur de leur» eaux au point de vue alimentaire.
Ils ont coiutaté l'existence de deux lignes principales do sources
produite» |iar la rencontre du niveau piézométrique de la nappe sou-
terraine avec la surface topo;^aphique : la première située sur les
parties hautes où commencent à »e dessiner les vallées ; ces sources
alimentent des ruisseaux au lit poreux, entrecoupé de bétoircs, et
prcs4|ue tous tcmpor.'dres ; elles vovagent, descendent ou remontent
dans les vallons, comme celles de la Champagne Pouilleuse, suivant
les uecillations des nappea. L*a seconde ligne, située dans les vallées
principales do la Vanne et de l'Yonne, donne ces sources très abon-
tlantcs qui ont été presque toutes captées par la ville de Paris. Enfio,
le phénouiène qu'il importait de signaler, c'est la relation qui s'éta-
blit naturellement entre les mardelles et bétoires, les cavernes et
galeries souterraines et les sources ; il est prouvé que les cavernes et
galeries sont souvent en communication directe et constante avec le
sol superficiel par les puits d'effondrement, que celles de la Quinand
et des Bordes, par exemple, sont situées sur le parcours de ruisseaux
souterrains. On a eonstaté également que les eaux absorbées par les
bétoircs d'un vallon se répartissent sur une surface considérable et
peuvent affleurer de nouveau dans d'autres vallons voisins. C*est ee
qui explique que la contamination des sources du bassin de la Vanne
•oit si facile Ç).
kjSMafifW S« I» «Mlf*** • HTwit Ci«aUlff «M r«lMlM S« «MM 4 «««1
HYDROGRAPHIE 213
Le mode de ^circulation des eaux souterrainea dans la craie cham-
penoise comporte donc des formes as«ez variées, en rapport avec la
i-ompacité iné<;alc des assises crayeuses, la couverture de dépôts sa-
perticiels qui les surmonte, et les accidents du relief. L'inHItratîon
des eaux pluviales est généralement lente à travers les diaclases de la
craie, d*oii Li constance remarquable de la température et de la com-
position chimique des eaux de sources. C'est seulement dans la mnn-
ta;>:nc de Heims et dans la forêt d*Othe qu'enapu, jusqu'ici, constater
l'existence de puits naturels, cavernes, galeries et cours d'eau souter-
rains. Dans la Cliampagne Pouilleuse, c'e»t par une irabibition en
masse à travers des Hssures minuscules que |)araît s'effectuer lacirca-
lation des eaux et leur émergence discontinue dans les thalwegs.
En étudiant la formation géologique de la région champenoise,
njus avons consUitC* comment Tinclinaison des assises du sol a exercé
une influence déterminante sur le tracé du réseau hydrographique:
les vallées des grandes rivières qui sillonnent la Champagne conver-
gent normalement vers le fond de la cuvette |iarisienne, leurs affluents
et les rivières secondaires ayant une direction subséquente, |)erp:ïn-
diculaire ou oblique ])ar rap|>ort à celle des artères principales. Toa-
tcfois, cette disposition comporte quelques anomalies. La Seine, en
aval de Romilly, se détourne de sa direction primitive; elle contourne
le massif tertiaire qui lui fait obstacle et, sur plus de 60 kilomètres,
promène ses eaux dans une vallée aux contours indécis, jusqu'à ce que
la poussée de TYoune, artère centrale directrice des grands conraots
issus du Morvan, lui ait donné la force de percer le massif de la Brie
où clic retrouve un écoulement normal.il en est de même de l'Aisne,
dans son cours supérieur jusqu'au coude de Rilly-Semuy, et de son
atHuent l'Aire, qui s'écoulent parallèlement aux affleurements d«
terrain de craie et de la gaizc, alors que cette direction anormale
semble réser>'ée aux affluents subséquents Q).
Ces apparentes dérogations à la règle sont commandées parlastnae-
duitra |tr<>«<|ut? kitoilun.'iucnt à ^*ni et i TatU où lea eanx «le* aoorecs 4« U V«tta« mmI c*i
Cf. AM'o'rê d'ht/gUnt, it<:*6, p. t>il, et mai i»JO, aJoai <|u« Im trarmns apéelaos publia p«r la Cmmmè»'
«iow de l'utfê. rvalùire d* Uonltonri», eu part:«ulivr ri-u&4r« anMM 1S90 «t IVM (ii»-l^t PMia, IfJl):
Lt. Jaxkt, D«» CoHtaminmtioin •ixiuetl€ê pruwent étrt cx/oWm fr« êmui^e» ê* tm !*««■« {*mfmft* §ê9-
lo^iqn* , p. 3M3 tqq.
1. Oii rciitar«|oei-a é(^etncut «lae, sur tuate l'clvodae 4*«a« nviae t*rHiiiU«Ni,lj t«rrmla 4«
les p<>ut«*t dra va L«rs •e;;<ia*tair^-s préteutcnt la plua gjxuA» dlver»lt4, «1 qa« caitalaa cjvrt
connue la Suippe, Vi Vu«U-, U llctoarae, oui un* direction •eo-'iUleiattat ladépandaBl* <«n»eHwa l i—
(ciirralo dea couches do tt-rraln. l'ca eoart d*caa • tuliorduan^'t • qal •• 4latin/aM»l 4a
d'eau » wri ;iuu1s • dont !<* trar« eat en cuucordaoc* aTc« la pente da tul A ri^poqn* Sa
doir. ni la dlreciion vUliquc de Karj vall^ea A l'iacllualaoa variable qa*a prl*« tardWaia ••t la
da •%A iiaut ]« voiaina/a doa coar» d'eau ori^nrla, pir auitc do l'établisMiaent da raraaala a^acaa<a.
''ur \a (en^ai* de eea reraanta, cf. dk là Nuk ar dk MAao»:Bi«, Lu fmrmtt àm ttrrmim, p. tS, 7S, 114.
M . ■•i^Fiw— w«^^*m
214 LÀ CHAMPAONB
ture cil gradins hi nettement caractérisée dan* le modelé architec-
tural du sol chaini»enoU ; elles i»arais8Ciit C*tre le résultat de la super-
position de plusieurs cycles d'érosion dont les derniers ont modifié le
réseau initial par divers phénomènes de capture ('). C'est qu*en clTet
le réi^eau hydrographique de la Champagne apparaît comme ayant
éprouré de nombreuses vicissitudes, avant d'avoir atteint sa contex-
ture actuelle, terme d'un équilibre longtemps instable. Il est passible,
dans une certaine mesure, de saisir les phases principales de cette
évolution à l'aide des vestiges plus ou moins oblitérés laissés par les
cours d'eau primitifs, et de reconstituer les anciennes lignes de faite
dont les migrations marqui-nt le?» étapi*s successives du réseau hydro-
graphique de la contrée. Il est probable que la vallée de la Seine de-
vait primitivement se prolonger dans la direction normale du nord-
ouc»t, en suivant les sillons du grand et du petit Morin, puis, au delà
de la Marne, celui de la Théreuanne, pour rejoindre la mer )Mir la
coupure du )»ays de Bray : Tobstacle opposé par le plateau de Brie
qui détourna le courant vers Montcn^au, presque perpi-ndiculairement
à sa première dircetion, ne surgit qu'a une éiM>que relativement ré-
cente ('). L'axe d'ondulation qui affleure sur la liordure de la nappe
tertiaire près de Sézanne, et se prolonge à travers le terrain de craie
jusqu'à Vitr}'-le-Franç«ûs par un bombement asses accentué entre
Sonipuis et Soromc.^>ui>, semble avoir joué un rôle capital dans U
distribution des eaux courantes en Champagne jusqu'à la fin de la
I»ériode quaternaire inférieure : au nord de cet axe crayeux, la Marne,
TAisne, l'Aire, ainsi que la Meuse et une i^artie des eaux ruisselant
da massif d'Ardenne s'écoulaient vers la Somme, fossé collecteur de
la France du nonl, tandis que sur le versant méridional, l'Aube, la
haute Seine et l'Yonne, drainant un baasin réduit, réunissaient leurs
eaux dans un lit commun (*). C'est à la suite d'un phénomène de cap-
tare que l'Aisne d'abord, l'Aire ensuite, sont venues rejoindre la Seine
et que la Meuse a réussi à franchir ranticlinal ardcnnais qui déviait
primitivement son cours et le rejetait vers l'Oise. Xout avons relevé
Ce multiples traces de capture secondaires. Le grand bassin lacustre
du Perthob a dû recevoir l'Aisne, affluent primitif de la ^larne, ainsi
que l'Aube qol, en aval de Bricnne, s'écoulait dans U direction dfi
ncprd-est. Le lac qoi recouvrait primitivement la grande plaine alla-
I Cl •« I.ArrA«K«T, Lffmê et S#»^f f 4i> y Sfitf— , p, IfS.
«MM la h»«fl ■ 4^ Ift iMm {ÂnmmL ém m—*9r. 4^ •*#• H mMtn, !•• wmtU, k tX, ^ ISS),
a. ll««A*ra, Amm^étpt^f^^ l*Sa.r- SIX-SIS, tH-HS.
HYDROGRAPHIE 31^
vialc de Brienne ayant débordé et s*étant créé un déversoir natarel,
$08 OAUX, déviées progressivement, trouvèrent une issue dans une tran-
chée profonde résultant du creusement survenn apKrs la foniiatkni
du déversoir. Le partage des eaux sur les deux versants de la falaise
tertiaire, au sud de la Manie, nous a fourni des exemples tyi^iques
de captures de cours d*eau et de migrations des lignes de faite. Cest
donc à la suite d*une lente évolution que le système hydrographique
champenois est parvenu à maturité.
Un dcë traits les plus caractéristiques de Thydrogniphie rhainpo>
noise consiste dans la largeur exagérée des vallées et la forme |Mirti*
culiére drs thalwegs. Dani» toute Téteudue de la formation crétacée,
et plus particulièrement dans i'infracrétacé, on est frappé |kar la dit-
pro|H)rtion entre la largeur des vallées et le débit et la pui^ftance
d'érusiun actuelle des cours d'eau. Ainsi la vallée de la Seine, daci
la traversée de l*auréole infracrétacée, atteint une largcnr de 5 kilo-
mètres en moyenne, et les alluvions chevauchant sur les terrasses
bordièrcs atteignent un développement en largeur de 3 lieues envi-
ron, avec une altitude qui dépasse de 30 mètres le niveau dfi Is
rivière (*); en aval du confluent de l'Aube, les déclivités crayeuses
situées sur la rive gauche de la Seine sont couvertes par le diluvium
(Mâcon, Gumcry, La Chapelle-Godefroy) jusqu'à une hauteur de plus
de GO mètres. Cette anomalie doit êtj*e attribuée à Tintensité des
phénomènes diluviens, combinés «ivec la faible résistance qu'offraient
les matériaux du sol (*). Seule, la vallée de l'Yonne se distingue par
son ctroitesi^c relative et sa profondeur. Creusée encore, en aval
d'Auxerre, dans les assises poitlandiennes que recouvrent les dépots
du néoc >mien et les sables de la Puisaye, elle est encaissée entre de
hauts tilus boisés s*élevant à plus de 100 mètres au-dessus du nivcaa
de la rivière, et dont les flancs sont tailladés de ravins (vallon de
Biche près d*Appoiguy). Au sortir du bassin déterminé, à la base da
mofcsif de la forêt d'Othe, par le confluent de l'Annançon, l'Yonne
sVncaissc de Jiouveau en traversant les plateaux crayeux. C'est que
r Vonne, en raison de son régime torrentiel et de sa puissance d'érosion
i>pécîale, a pu s'enfouir plus profondément, d'autant plus que, dans
cette partie méridionale de la Champagne, la résistance des assises da
terrain a été accrue par la couverture de dépôts tertiaires qui les sur*
monte. \
1. Lrtiikaib, statut. 9éul»§. et VAnht, p. BS-SS.
t. IlKi.nRAXo aiinet que lec eaux plnrlalee ont 44 prliulUr«ia«at raltMltf ala* mu Im «dL prfw
méa >lo4 «la UTralo d« eraU {Lm S€imtp p. 19),
216
LA CHAMPAGNE
Quant à la forme des thalwegs, elle est en relatiou étroite avec la
nature clea terrains traversua par lea rivières. La plupart des thalwegs
étant larj^ciucnt évases entre des versants peu rapideS| et creusés sur
un plan faiblement incliné, le ruissellement n*est ])as assez efficace
pour empccher la formation d*un fond plat, parfois même convexe.
11 arrive alors que les rivières princi|»ale8| surtout dans leur traversée
du terrain de craie, exhaussent leurs berges par l'apport des alluvions;
par suite de l'incertitude des pentes en travers, les suintements laté-
tlirt
LC COURS OC LA SCINC
DE Troyes a Marcilly
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rmax engendrent au pied des versants de fausses rivières s'allongeanl
parallèlement ao cours d'eau principal, avant de le rejoindre, aprèe
avoir décrit une infinité de méandres ('). La Seine en aral de Trojet,
l'Aube en aval de Lcsmont, offrent des exemples frappants de thal-
wegs sillonnés de cours d'eaa parallèles.
£n ce qai concerne le mode de eircalation des eaax et la distribn*
lion des rivières, noua avons constaté qae, sur les sols impennéaUee
de U bande infracréUcée, le ruissellement atteignait son maximaw
t. et MLA»r,
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HYDROGRAPHIB 217
d*intensité, le réseau ramifié des cours d'eau et rigoles dessinant sur
la carte un véritable chevelu. Dans le terrain de craie, «a contraire,
le réseau fluvial est soumis à une sorte de rétrécissement : les rivières
£ont très espacées, parce que chacune d'elles, formée dans les thal-
wegs les plus profonds, exige la concentration préalable |iar chvrai-
ueiiicnt souterrain des pluies abreuvant une grande su|>erlicie.
Nous avons signalé également le contraste qui existe entre le carac-
tère torrentiel des rivières de la Champagne Humide et l'allure tran-
quille des petits cours d'eau du terrain de craie. Cette opposition de
régime n'exclut pas une analogie dans le processus des crues et des
décrues de toutes les rivières champenoises. Belgrand a fait ressortir
la siinultinéité des crues dans tout le rés:*au hydrographique du bassin
de la Seine (') ; la seule différence est que la durée des crues et des
décrues est inégale, suivant la nature du sol abreuvé. C'est que les
conditions d'alimentation sont les mêmes pour toutes les rivières
champenoises, le bassin de la Seine éUintsoumi< aux mêmes influences
atmosphériques, eu ce qui concerne la pluie. Les fortes crues se
produisent normalement pendant les mois de la saison froide, les pluies
dV'té, bien que plus abondantes, ne profitant pas aux rivières par
suite de Tintensité de Tévaporation pendant la saison chaude (*).
Il nous reste, pour compléter cette étude hydrographique, à évaluer
Tintluenee très inégale exercée sur les grands cours d'eau du bassin
de la Seine, TVonne, la Seine, l'Aube, la Marne et l'Aisne par leur
traversée de la formation crétacée chanij^enoise, ot à déterminer dans
quelle mesure elle affecte leur régime initial.
Loi-sque ï Yonne pénètre eu aval d'Auxerre dans la zone infracré-
ticée qu'elle traverse jusqu'à Laroche sur un ])arcours d'environ
27 kilomètres, elle a déjà un régime torrentiel fortement accusé
qu'elle doit à raltitudu relativement considérable de ses sources dans
le Morvan granitique (le massif le plus arrosé de tout le bassin de la
Seine), à la pente ra])ide de son lit et à la nature imperméable des
terraius qu'elle draine dans son cours supérieur (')« Dans sa traversée
1. La Srinr, p. 61, SIS.
S. lli.LuMAXi». La Seine, p. Cj. Le dcbit ininimoui de» tuurecs proTua*!** el 4m ro«r« 4'mxu, à U te
àv U «aUoa chaude. dupeaU a«.or e«scntiell«MiiCut do Trtat d«g nappea ma 4état 4m VUr%r r-'r JMI
et .lot pluiet de cci hiver CV*i aJui que le i^rviee hydroin«tri.|ii« peat foramlar, «a ^^^.^^^^^
«IQ Dioia «le mai de e'^aqne aiiuée, un i préritioo poor le di^bit des prinelpalc* «oarcM 4ti U V
pour lo d. uxlÔDie acine.trc .ulvmut ; Il auffit .> a« nîérer A la bauleaj- 4«* plalas UmbIk-m, aate à
»«it A Troyr«, |K?ndant U aalooo froide
Cf. EdnjouJ Maii.i.ct. Sar U |.r^ti«ioa dca d.'biu oiialwa dea «oarv.»* da U V«aaa(C. M. et
S *' : î ^•'^'^XÏV. lîWS. p. 1103-1106).
Vhàt ^^u'IT ""^' *'*' * ^'*"* **' ^"•-"••"•»»« (Morr.n; A rmltltada de 7i« mètrct, A Ifl Mloaiêirea Sa
ta «e^. "**° ''* ^'a"»*»^ nio. eanc anuu<Ue doa plaies t^t d« : Ifif 1 MiilLuiAiras aax fWi:oaa (ah».
-Ju iu.tirr.): I i.no m lliiut trea .-a llauirolin (swi iiu trvs) p »ar U |i^r1,«d« IKS-Ih^ê; 1 1»| mUM-
^^■*^'^l^^^^""r*»i«W^Wi
incnt tfiiiiultaiiccb ui rivent d'Aun rV<>niie plubiciirs liourcs avant celles
ilu llcuve dont cll<;s dcteriuinent les uireaux siibitciiicnt élevc*ft| en
aval (le Laroche (*). Les ruisseaux de la PuÎMiyc et du riâtiitais (Ra-
villon, Tliolon, ra de Saint- Vrain) n*ont qu*un déliit médiocre et irré-
i;iilîer, |»gu ca|iabIo d'influencer le régime de l'Vonne. Quant k U
Vanne qui draine lei soui-soli crayeux du l>ayft d^Othe, et dont |»la-
•ieurs lourcci ont été captée» |>our ralinientation de Parii, son débit
tukhcz faible et tes cruei lentes ne fout que soutenir les niveaux de
TYonne dans ton cours inférieur. Il en résulte que les hautes eaux
du Heuve, en aval de Laroclic, restent subordonnées à celles des
cinq riviiToii |innci|»al*s du cours su|>éricur : l'Yonne, la Cure, le
Cousin, le Serain et rArniançon. Les crues annoncées ii »^ns sont
évaluées |Ntr le service hydroniétrique k l'nidc des observations faites
sur rVonnc à Clamecy, sur le Cousin ù Avallon, sur l'Arnian^'on k
Aisy C), Kn aval du iH>nfluect de l'Arnianvon, ù «Toigny, les eaux de
l'Yonne |»euvent s'élever en tcni|>s de crue à |dus de 4 mètres au-
dessus du zéro de récliclle. Le débit de TYonne qui, entre Auxerre
et I^aroclie, n'est que de 13 métrés culics à l'étiage et de 300 à
ÛOO mètres cubes au moment des hautes eaux, |>eut s'élever, entre
I^trui'hc et Montcrcau, do 17 mètres cuIk^sù 7 000 et même 11 00l> mè-
tres culics (*). La traversée du terrain do cniio sur une longueur
d'environ IH) kilomètres (su|»erfîeic drainée par 1* Yonne dans le ter-
rain de eraiti et les terrains tertiaires 4 11K> kilom. carrés) n'atténue
donc ]);u» sensiblement Tallure toirentielle que l'Yonne doit aux con*
m*trv9 à <'1i4i«4a «1iliK»a {'^i tm*-Uv) |«>«r la f«ri.^« i^i^i |»gS Lr» r«fw«tUM,:«'«lncf^«r«iUlA
ka«i« T*a«r •# i.'|*irtU<M at «lit»! . %trt*lm» \:aé» r« |uil««*«»f4«r« 4m Sl«nraa, %AtJ kiW^ trr« «sm* {
!•«• 4a CvrM.Bj. I 9M fcl!«tMH'-'n* c^rr»*; wdllil.4p. }««• klUHM'Im r^rna; «wil Si0<t k d mmttn-» rmrtim
fiMf Ira t-rrmïw ••iiraMst l«ipfrvt'-«kle« I «rlAiara M>i»«a «W r«wlitlM> immtmm kl«wvffl4fWaac«)
vtaMt Sr«ii-|N niMNiMra. U ««f^HIr** «lr« u rrains p» raK«Mr« r«i lafrrlrvrr A 3<MI Ml<ii<i»« rarrta.
er U ■ sm McUtar* tlt'ullb'r lU^ tfrraia* tr««« r»«a |>*r rv«ma« âmb» U kmi^f^ri ém êtfwitt dt f« «^
rifaft*!* H* «•••««f yk««r«/ 4l«rrt««*. MiBirr r9«,> |>arti«, f \S-'»y l^trtHTMttr 4» «««r* S« U I
à Asarrr». f.v^*>M; MMmtwmtm 4« alr^^a. €34 Mrtrra; |««t« k4W»«irl^a«, }«jSX
I !.• »^*r»ia ê —• •m*r<f9% 4mm I« IU« IwiwnMraM» «I aliMMato 4mm% À» mn ^arl^at
4aM W Manraa <raHltH|ar. L*.%naaiiC«a %»i f<>ara4 à lai aral f n^ Sm S« as tien 4m «aas 4« la
¥«■••• ^«vvlcat %f «IrMral 4a llaa {fj» 4« CwrMtfaj) tt 4c «ra aa« graaOa rwafW à «ratvra la f^^
«MUaa lafrarrMaW*.
t llBi^a%%a, tM S4»m0, p Ml. »*, c« 4«aafr« 4«« ^af« H rWa««rf*«. ISTS, |«» taaMU», p. ISI.
S et Mtfa-t l.i,«.*i«« ar Lft.rAaraB »« r.H-acv. Xaarrlla «'laW «ar l'aaaMf* 4m erwm rki
tWa 4«i • W kaa^aa ém rVaaaa (>«r«4f« AyJra^cf r. 4« im fi*imt, ^^Mr^Mi^m» éê rsaa«« IWSS, n (
< Jr««a«f kféfl*^fn0 4a A^« <a 4« la Stim', p. lOS; jlaa«l«i 4««/aaf« H «UaaaéM, IS«, I^mb «
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HYDROGIUPHIB 219
ditions de son a1inieiitation| à la pente de son lit(')| à l'Influence pré-
pondérante des terrains inipennéables de son bassin. A Sens, et nicme
à Moiitcreau, le niveau des fortes crues dé|»assc toujours U i-ote de
submersion des rives, et les inondations ne sont pas rares (*).
Confonuémcnt à la loi générale qui régit les cours d*eau du bassis
de la Soino, les crues de l'Yonne se produisent surtout pendant les
ninis de la saison froide, période pendant laquelle les pluies sontpsr*'
ticiilicrouient fréquentes et abondantes dans le Morvan (").
Grâce à Taboudance de ses eaux, et malgré le» variations souvent
! brusques de ses niveauX| l'Yonne a toujours été une voie navipible
très fréquentée. Par l'Yonne, les bois du Morvan et de la forêt d'Othe,
les vins et les matériaux de construction de la Bourgogne descendent
encore aujourdliuî vers Paris. Au Moyen Age les pirates nonnandt
roinonUiient le fleuve jusqu'il Auxerre; les années et le matériel de
guerre empruntaient même fréquemment lo cours de l'Yonne. Aa
xviT siècle, on voit des cocbes circuler 'régulièrement sur l'Yonne,
pour le transport des voyageurs entre Auxerre et Paris (*). Dés le
XVII' siècle nos rois s'étaient substitués aux seigneurs riverains |foar
réglementer la navigation. Mais, jusque vers 1840, aucun travail ié-
rieux d'amélioration n'avait été entrepris pour supprimer, au pro6t
de la navigation, les obstacles résultant de l'instabilité du niveau des
eaux et des inégalités du fond de la rivière. Les premiers travsaz
conimeneèrcnt, sous Louis-Philippe, par la création des barrages mo-
biles avec dérivations. Puis, la création du réservoir de la Cure, aoi
Settons dans le Morvan (18Ô4-1858), d'une superficie de 400 hectares
avec une capacité de 24 millions de mètres cubes, permit d'atténuer
les inconvénients des basses eaux ; la dérivation de Ourg}*, longue de
5 kilomètres, abrégea la voie navigable de 9 499 mètres. Des cooii-
1. IVute tuUlv du lit, CSi niùtrei; altilade du plan dvê l»a««e« c*«s : à A«sefT«,fC*^; A LafStW,
7 "•,i»4; à Moiitcrcaa, 4C-,ua {IU.imuaho, ïm Stint, p. Iia-*l3). Cf. Atliu été r^itê war ifm h i m éi lé
France, v n>\W^ G' f.inc., p. là sqq «•! |il. XII (|irolll dr l'Vonn* eatr« Aascrr* «t Xwi.lei«a«».
; 3. A .>4'u« érluKO tlo Saint-Rond), U niuiitirv drs uaax d'nav cm« •rdliialr* (jaav.-ffvr. IH0) al»^
{.uit l-",76. la «-uie luitialv (Uiit u*",:M, la tuta niaxiina l<*,9-'>. L*a avhmcr»lon dca rlT«a eoii ca ra à ii
rutc 5 »,i'. I, les uit o lox dra pilucipalc* crurf dvpac.rut 4 mètrea (4*,S^ •■ mara lS«S;4'*,39ca4«eav
lin- 1K>«:;; i-,M cnf<Ari<fr lM9i. (Cf. Xtnuutt Ay.|ror ^n t«'««n tfa fa 5ri»«. p. M, «t XrrWr« If/raa.
I ée In Seiie, ncouié dv* obwrT..t., auiiéu IWi, p. ûV ; CfiAMPlox, i#<«f. d€0 ir.mÊtémtimm» em
j t. Il, p. IÏ7 ««iq.).
.t. Aux SiitouA. pri't du Muntixuche (Muryan), la uioyeana 4« qaaraatç aBiié«« (mj^ins^
DUC h.iut«>ar niiouelle de* pluivi de 1 Gif t lullliuii-irca »e ripartla*a«t ainsi t aalao» tr A érn^ S*i
' uirtrr* ; lal on ch.tu<lr, t^Uj inlUiiuèlraa.
I 4. Sor la uiTi^'ation de rVoune, cf. CnAxoixfc, Miniulra •>vr la ua^l^atlua da I*Y4Mb« (Jaa«lra te
j ponté €t eUnusê^f, IHtl, t. I, p. 9) ; Camblsat, Navlcatlott d« ITuana {14., aaaéa IS7S, 1. 1, p. iH):
Max (^ Axrix, lli«U;iru dv la rUlvrc d<> VYountHimllet.é* U Sf. 4— »e. ^ rra«ac.i.XZXIX. Mart
IHH5. cl t. I.I, aouia H*91 ; Ilappvrt da llugéulciir ch itgi âm a«rrlc«i da ImmmrlgMtMmtCmmsftfimtui
é€ seinr-rl-VnrMt, aouée Ihyî, p. S83 l'i'i )i VittBox, Ktod«« bl»ttfii«|«a» a«r U iMTl(all«« d« U nviAf«
de rY«>Dne 'AunaUs dfi pvmtê rt chtwêét^f 1S5I. 1" ii-ai., p. 534 a^^*)»
W«iP
.•*»*(*««,% «« «liât'
• l«|Mii> 1 S'.M), t l aujuiinl'lnii j. -^ <lniii« r» .>l>-t;ul«'s .i la navi^.iliuu ont
<lib|)aru : les j>cniclics du iiunl cl Je Vubi pcuvi nt circuler libreinont
sur rVunne, car depuis Auxerre jui>qu'ù Moutcrcau, la voie iiavi<>^ble
lunguo (le 107^'*|000(*), présente un mouillage luiniiuum de l^yGO et
2 mètres entre Laruclic et Montercau; quarante-cinq ports sont éche-
lonnes le long des rires du fleuve. L'Yonne navigable doit surtout
son ini|»ortancc à son raccordement avec la Seine, avec le canal de
lU)ur;(ogne qui débouche par la vallée de TAnnançon à I^roche, avec
le canal do la haute Yonne ou du Nivernais (d*Auxerre à Dccize, sur la
I^ire, 177 kilom.). Les progrés de la navigation sont constants, sur-
tout dans la section de Laroche à Muntercau, alimentée |Nir le canal
de Lk>urgugne, et c'est le transit qui représente la majeure jiartie du
trafic (').
C/vsi qu*en cfTet l'Yonne, avec son système annexe de canaux,
constitue entre Paris, Lyon et la Mcditerranée une voie de transit (')
d'une im|Hirtanco exceptionnelle.
L'.'illurc de la Seine est toute diflférente de celle de l'Yonne. Lors-
qu'elle quitte les plateaux oulithiques de la Bourgogne pour entrer
en rbani|ia;;ue près de Courtcnot, en aval de Bar-sur-Seino, la Seine
est une petite rivière aux eaux trans|karentes coulant sur un lit de
graviers, dont le régime est remarquablement constant. Les plateaux
oolitbiqucs de la Bourgogne où elle a ses sources à une altitude infé-
rieur!* à 'lOO mètres, et où s'alimenlont ses premiers aiHuents l'Ourca
et la I^ignes, s'ils sont assez bien abreuvés (*), sont fissurés et |ier-
4» r%'«*iti»c. —mteuUm Qmt^j r* lUt «••••. Jmgmj ci S«lul-AabiB, Cv«rl«ii «i |*«Mt-llriiArd, «è 9Um%U
a. Stmirwmemt 4* U mmrifmtimm d* rr««M.
T«*SXA«B ••i-T
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IW<M. SiMiiiMM*; ir«»**t. 4^I«I3 WMM«. K* IMI, W iMSAffs 4« l«ma»l« ««««lll •*él««*it * fStSl
S l»« r«ris * V|M |«r U lif«« 4ti hmmttttg— ^Ymm •• mmI 4a llv«rg«ff»«X U 4toia«— mH é%
4 IU«l««r a«a««lla 4*m |4«iM i A Saiai-Svi^, ff I BilttiMèiMai à C%tBHWl, Sli MilttaélffM) à
mmmKmt^mmmmmm^m^mm^mt
HTDROGRAPHIB
niéablcs à l'cxcèsy i>ar conséquent |iauvrc« en cours d'eau ; il amn
]>.irfui8, qu'à la fin de la saison cliaude, la haute Scîoe et son affloei
la I>.iignc8 ont un lit coniplctetnent desséché aur une certaine êtendi
<le leur cours. La submersion des rives est donc assez rare dans \
plaine de Vaudes, et la population s*éloîgnant des teiTCs grcTcusi'
lie la plaine a pu s'af^^lomérer le long de la rivière. Lorsqu'elle ai
rive dans le bai^sin de Troyes sur les confins du terrain de craie, apit
un cours d*une vingtaine de kilomètres à travers l'auréole infncit
ticée, la Seine est grossie |uir deux petits affluents torrentieU de&
Clianipagnc Humide : à gauche Tllozain qui lui apporte les eaux de
forêts d'Auniont et de Humilly, adroite la linrse qui draine la fort
d*Orient. Malgré la prépondérance des terrains perméables da liascii
bupv-rieur ('), le régime de la Seine jusque-là tranquille est légère
ment dérangé ]iar Tafllux inégal de ces deux cours d'eau. Aux eori
rons de Truvos, les prairies que sillonnent la Seine et ses multiple
dérivations sont fri-qut^mment inondées pendant la saison froide
lorsque lc8 crues subites de la Barse viennent s'aj«»utcr hrusquemea
à crllcs du fleuve princi^Kil; les faultourgs de Troyes (Preize, lei
Taiixcllcs) ont souiTcrt plus d*uno fois de ces inondations. ForthcO'
rcusement, dans les conditions normales, les crues de la Barse et de
riloxain, plus rapides que celles de la Seine, précèdent cesdcmièra
aux confluents (*;.
Dans sa traversée du terrain de craie, la haute Seine reçoit r>li/66,
son principal aflluent. Cette rivière jumelle de la Seine, issue de h
Montagne (région du plateau de I^ngres, près d'Aubcrive) k une al-
titude voisine de ôOO mètres, est soumise aux luémes conditiooi
d*alimentation que la Seine, traverse la même série de terrains, rta
une allure à peu près identique. Les maigres ruisseaux qui tlraineut
au profit de TAube les plateaux crayeux de la Champagne Pouilleaie
n\augmcntent pas sensiblement son débit et ne font que soutenir Is
portée de ses crues. Il n'en est pas de même de la Voire. Ce torrent,
qui provient de la contrée impennéable et humide du I)er, est l'élé-
nient peilurbatour des niveaux de l'Aube; mais il arrÎTo, comme
lK)ur la Barsc, que les crues très rapides de la Voire précèdent celles
de TAubc au confluent, et que leur portée est quelque peu atténuée
n«r-«ur-S< lue. k:u niillimitrc* (moyennes de la p«rtodc I89l-lt>3 4mDt !• BéêuwU de»
hydrom., aunre 19jO. p. t4».
1. TcrraiiiB oolitbiquea jicnncablrs, 4 425 kilomètrct cArré«; U'iralai i«fk«er«tac^ lu
I 6 t6 kilouirtrcs carréa.
2. BoiTioT, Suit» ntr le» inondation» dt Im »i«< A r^jf**, is-ê*, Tr»jr^ IM4 ;
Stim; p. t84.
wS tetf-
Mt.iMmê.w9^ U
m LA ÇHJLMPAGNB
par la traversée du terrain de craie. En aval d'Arcis, l'Aube, qui coule
k pleins bords, est encore ca[)ab1e de submerger ses rives (').
La liaute Seine Cbt plus que doublée par le tribut que TAube lui
Ipporte à Mnrcilly ; le débit de ses crues qui, à Trojes, ne dépasse .
|««re 192 mttrcs cubes, peut atteindre, entre Kogcnt et Bray, 420 et ^
190 mètres cubes ('); là, elle peut être considérée couinie étant défini-
âvement constituée : les maigres alHuents, tels que la Voulzie, qui lui
■Pliortcnt de la Brio, par les ravins du Montuis, leurs flots irrégulicrs
■e peuvent influencer sent»ibleinent ses niveaux. Le régime de la
luivte Svine est essentiellement déterminé par celui des rivières du
BOttrs su|M:rieur, «*t les variations do niveau à Bray (*), en aval du
DDoilucnt de l'Aube, sont prévues, d'après K'S hauteurs obsen'ées : en
Boorgijguc, sur la Seine à Goniméville, sur l'Ource a Autricourt;
lans la CliAni|)agne Humide, sur la Barse à La CSuillotière et sur la
IToire k Rosnny. La traversée du torrain de craie a pour cfTet de re-
tarder les crues de la Seine et d'en atténuer la portée, c'est ]iourquoi
les crues de l'Yonm* à Montereau précèdent celles de la Seine de
plusieurs jours ou simt en décroihsance quand le flot plus lent de la
Seine se fait ^cntir. Entre les conflucnti» de l'Aube et de l'Yonne, la
Itfmte Seine, qui coule dans une plaine à faible |>ente(*), submerge
parfois seK rives ; elle n'eu eonser\*e |ias moins, on sortant de la Cliam-
pa^pie, une nlluro rouian|U:iblemcnt tranquille qu'elle doit à la pré-
luminance des terrains |»erméables de son bas»in supérieur (*).
Kn amont de Truyes, la Seine, mal^é sa faible profondear, l'insta-
bilité des bancs de ;^r.4viers qui obstruent son chenal et les nombreux
barrages des moulins qui intt recptent »on cours, a été longtem|it uti-
llac« |K>ur le flottage des 1>ois, et mêi&c, jusqu'au XVii* siècle, e'est
par bateaux que descendaient jusqu*à Troyes les vins, les pierres à
bâtir et les fers de la Bourgogne {*). Au sortir de la plaine de Vaodes,
t. ttm U ewvf* •« I* K-^vM 4» rA«to. cf FiBar, f.M»W rf •*• S«r4«. !•••-. TrajM, IS^t Su.-
MlAfttS 1^ ^'4<M. I» tSI : Vaai»^ AyJrWvf ém *«»«*4« et tm JW<«#. p. f |. Mi.
S. »«••*# %pér^0f 4m U*M« é« l« f^m»^ y. tl-M. S Srmr, k «I^Ml • «IWlal USMrtffMmW*
S. A !!«•▼. Ir* MiV«irr»Ui« »iHaM*«««r«« à U M** l*.M«. I^ |4m ^rmmàm tV9 •#•»•• mI ff«l|« St
l».| .9*,U) Ba \mmn\0t 1»>S, U ctm a SétorwiM «•• ai*»!^ ém |*,Tl '•'^ UMUW, «•/»!
■i«Blai«», l*ISf.
« kUitm W 4« |4«« 4m Wa««^ •mm% A yUttWj, Cl«.«4 ; A ll««il«rvM, «S» jlS. mSAw— S« ■•««••,
S T*rr»iM ftetmi^*V\m» ««litW 4» U iWvr^wtf»*, fnim Sa U Ckmm, %m t;m0 fiaHUaM H !■ rrifclat l«r*
S. itM«i.ct. r.piUmi9idf, I. tt. ^ TT, H.
Sa |S«i. < •l'krft ■• w ri— 4r« .-isiM •• v«« r«« •■^MfMMVl 4« te 1m«I« i«to# fMf U
tatt l«« tra*««t ■• fartât Hiiti » i ii l ig (FWffT» Cfc^iisrr, tfMvww mêm, «f êmti^stt. 4t
U t IV. ^ «Sf).
«V
htdbogrâpbib 323
en Aral de Saint -Jalien, la Seine M muiifie cl forme pluuears ca-
naux de dcriratioB qne le* comtes de Ctuimpagne ont fait creiuer dès
le x:r frîC'cle, tant pour assainir la plaine de Trojea que pour fournir
à leur ri'sîden^>e CiTorîte des Toies de transfiort économiques, des
i iiioveris de défend* et Tappix^visionnement en can néccscNaire aux
I nù::il'roascs industries de la ville. En aval de Trojcs, les travaux en-
trepris des le wii* isc^-le |ionr crècTi en utilisant le cours de la àSeine
et de <<'> dérivations, une voie navi*pftUo desservant le centre trojen,
avant ctv in^iiffissânts, il a fdlu en venir à la construction d*un canal
1 itOr.il outre Tr.«yos et Mardlly (43 kilom.) ouvert à la navi^tion en
lS4iîr).
Quant k 1a rivx^^e TAube, son utilisatii«n a subi les mrraes vicissi*
tuiK-î^ (* I. Mal^v le mauvais état de la riTÎère, la navigation a penîtfté
1«>n^< iiip^ entre Arcis et Marcilly (45 kilom.), et, en amont d*.\rcis,
ju>qu'ù Bricnnc-la-Vioille, TAubc flottait na^pière les bois du I)er et
de la f*>rCt d'Orient à dostiiiation de Paris. Depuis ISSG, tout flotta;^
rO;;;ul:i:r A oc<sô, it il ne circule plus sur la rivière d*Aube que de
rarcb bat.-au\ cliar^cs du bois abattu le lon^ de seM rives {^).
L:i liante Scir.c vst uffioiellciuent navigable depuis Mûr}'; en réa-
lité la i; avisât ion entre Marcilly et Moittereau au moyen d*éclnses
ou tiot:» a t'-^-ùji'urs vtc a:^^cz prccairc. En 1^72, le mouillage de la
Seine n'était oi.wre que de l'jôO dans la dérivation tle Marcilly;
ailleurs, il v;iriait de 0*,W à 1*,10^*). Depuis cette époque, de nom-
breux tnivaux do rêgularîsatiun du cours de la rivîèiv et d*approfon-
disAenient de 5on lit^^) ont facilité la navigation aujourdliui continue
entre M.ircilly i^t Muntereau {ùl kiloin.) })our les bateaux ne dépabsaot
p.'iii un tirant de l'",40 (mouillage 1",G0) qui peuvent circuler sans
• I » •« 1.0.1. lo« lutr4U< r«'in«tnialcnt ciicor» Ja^iB'à Troyr*. Vr^mi» 1*>1. le* tf Vf ai 4< oi
.I...I-.. t«v 1 )iwtir ivit-liiii-r le ruura iK> la rlvii'rr («an«Dx •!« ttr«»l«, de ('««rkT, S« Bark^ivy, S*
« k. < 1.1 •» iviii 'rt^lii* uiiU««-» Nuu* l^nii XVI, ao uiiniMrr rkaiii|<ea«it, I ^ Mr ate é* Bnraa
u»«« I...II* »AU9 luc-i», A U r«|irùe dca trAvaai- d'amrliuratlMi d« U kaai* Scia*. lY. F«-IU r«a-
iUM, 1.1 N4«ii:ati»ii <lr U liftutv S«in« lUint IvHvmif tovâ9rum» (Mim. de tm 3i0r. m^md. dt FAutm,
t l.\n, |h:»m. Il t9*'.-rj').
a i'i>ll>trt cciivut le projet df na<tr<> TAuIk; n'frulK rcment nmTlfmblr 4«f«l» Xaf«le9«M, •• aval
di^ l.« «iiiuiit : ui.nia \v» tra\aax ciitr^iiria <>n \6>''C ne iiurrnt vira Bea«*s 4 boaa* êm \L«Cfrra, mim. «I
• «WrM./. de Cotb^rt. t. IV, |i. 41'.*. IS.'; lU-iTixa. Cifrr€»p»HA. féwUnUtrmtir* tmm» Lmmim XlT, t. HT,
!•■ 9; l.'eri.e de rhayHj^-ijme rt d* Jlne, t. VHl, lt>lO, p. 19i «nq. ; C^mêfil fim^rml dt fAmht, ^mmrm 1^1,
t* paitie, p. ISO).
5 Im- toun.iK'« i-ffrctif «la trafic a'ccl alMi*a« d« ïItU tOBD«« ea 1SS9 4 < IM taaaca «• l»79«t4
1 Oi-H t,.|iitea en 19J1.
4. 1Si.l.4;M4Mi. Ln<€ime, p. 113-414.
6 1^« tl«rivjti<Mia de Cuiifl.4ua à llernivrea, de Deanltea 4 Vilîtrrt, alael <|aa Ira eaapara» ém V»-
•ouït et di- U grauile U"*a« ont ro<luit d'abwrd de H) à 74 kllvui^trei la Totr aavlfabla pr^ftw
dite, l.a coupure d« la boucle de TOruivlut, dea drajfajp'e dana le ehcual et la seWUtaU^a a«
iliia«-us de la rivi.'rv, entre Itrav et U Tointic, d'une dérlTatioa êclaade 4e 10 kllwHw* «at
plëtv cva amrliorationa auccra^lTri. (Cf. .4r/at aUa rvica a<friftM«a da Im Fraacv, S* ■èrta, •>
1>- >7, et |.l. Jl QirvtU de U ^H.-lDe entre MarciU}- et MeotereaaJ).
L'intluc'uce inolûratricc oxcrcéo par la travcr^cc (1« 8 t«'rrainîjii*avcux
de la (^haiiipA<^ne affecte le régime do la Marne dans des coiiditîont
un ]>cu diirêrent<*8 de celles que nous avons constatées pour la Seine
et pour l'Aube. A son entrée dans la Champagne^ entre Joinville et
Saînt-Dizier, la Marne a une allure torrentielle, car elle a stn sources
dans la zone lio^ique iu) perméable du plateau do Langrcs (080 kilom.
carrés); les différents étages de la formation oolitbiquc qu'elle draine
•ont abreuvés par dcë pluies très abondantes (*), et, malgré leur éten-
due relativement considérable (.'KXK) kilom. carres), ils régularisent
nié*dioiT<>mi'nt son régime en soutenant la |>ortée des crues obsenrèes
à Saint-Di/.ivr (*). L'aire drainée par la Marne dans la bande infrm-
crétacée est |>eu étendue (] lUO kilom. carrés); mais c'est là, dans
les plaincrt du Pertliois, entre Saint- Dizier et l'aval de Vitrj-le-
Franvoif, que la rivière est 8ucces<»ivement grossie ]»ar des affluents
importants qui exi-rcvnt sur t-on régime une influence décisive : la
niaise, rivière du Vallago et surtout le faisceau Oriuiin-Saulx-Chée|
cours d*eau (urrcuticU originaires du Uarmis. I^ Biaise est ca|iable
de )H>rter le débit do la Marne à Vitrv-le-Fran^*ois k plus de 300 mè-
tres cuIm» à la seconde (*). (juant k l'Ornain qui rejoint la Marne en
aval de Vitry, bi<'n que drainant une région perméable (calcaire port-
landicn du Barrois), il C(»iile| ainsi que son allluent la Saulx, dans
un lit tapissé de marnes kinimeridgiennes imperméables {*), et set
I. Tmmmmf «fttîtj 4€ Im kitml« >eiar, tnirt Mmrrtltf H Jf*«l#r«««.
|i«l-lt»: M<
t*m-lf^t il 114
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■•M-IWS yltf4
0« rrmtfHm'tm r*rrr»l»*t iH«at 4a t ••ii«fr |F«ii<Uiit U |m rt«W |i>«*-l«M ^«1 i f W f >4 «TM r«BS>
ratlt»a 41»|i«rtiMU itavasi é'anM-llwrmit**! •!« U v«l« BavtfaSI*.
t Mwjmwra AaBMilrc 4c« |>liiM« i«wH4r« 4Aii« !• ImmIs 4* U S««U Marna t Laafraa, lAi mKUh
«Nirra |«ria-U IN^I»^» ; l'alfaib«>-lr*-l»«ai f^lèaea, vw» BiilItBirtrvt ; I IrfBMit. Kt Billllatoiraat
VaM«. aw »lllliM«tr«a ifér%m4m l»«l>l?wi^ l^rriac Ay4r»«. et !• .^•m*, trmtmm 4aa aStarfUa—,
aaaaa iMt. r ><)
S. A hAim IHfl«v, la 4«SU 4« la Maraa ^al vaf«ar«slfa t**,^^ «t JIM in^raa c«Saa(Jr«»«rf Sfiiral.
ê» S«««ta é0 tm *€4m0, ^ 9^, Mf ).
4 «w: mU'tt*0 raUa. tn» 4a f jaavUr IMI ( Ifaaarl Sftfrataf et tm ftttmt, p éS». S«r Wa rr«aa éa to
MarM w Wt ^I » 4 l^tfii«<a«rt, «a aval 4a Mlal liUla», «f. tÂUmê 4« tfw*^ Af4r««. 4« l« II«4m,
aa»«« ItM, |4. a* t.
y «ar !• 4«M« rt Ua alv%a«» 4a U S«aU 4 KaVnB«|acM •« éê rOrsala A »ar4a-l»M, «f.
•Biaa. *fafM« f4alaf 4r la »#•«•. p. 41, «4ia«r 14 Saalt. 4 Vllrjr-W>llrèl4, af. Jlla«
im^m^mmmm^i'^^m^imÊmmmmm^^mmm^^m^i
1 f
141
jr\.
HTDtlOGRÀPHIB
es
l)ruBiinc« écart! d« dùbït sont on relation ar^c l'alwiiilnncc vt la rio-
K'iicc (les précipitation > atrouKpliûriquet qui affi-clL-nt la rég;ii>n tixNi-
tiii-iiso du ]taiTOÎs<').II en rùtulteqoc la Manie, furloiiic-nl influinrcc
jiar rmlltix irréj^uHer dca eaux de ta Rtaue et de rOmnîn, coii>«rre,
eu jiéni-tmnt dans le t.-rrain de tniio, un r^giiiiv Ici que la i^uljn(f>
eion lies rives pout se produire à Cliâlona et iiiême à i^j>emar C).
Lee '2 (j-T) kiliiuiî-trua carri^ drainés i>ar la Marne dans Iv Icrrain de
craie n'aufTiiientcnt guère le déUit d« la rivîirc, tu l'infiii;Hi6anc<
des petits nflliients îhu> de la ChaïuiMgne Pouilleuse (Fioti, lIoÎTre,
Cnolo, Sumnie-Siiude, etc.). La travenie du terrain de craie, sur un«
longueur de 9'i kilomètres, a leuleniont |>uur «flV-t do ralentir In
crues par ^aite de la faillie pcnlo du tlialweg rt d« «a |>er!iiûa1>ilité<').
Oii a consulté ijuValre Saiiit-Diiier et Cliitlifcri (Brie) la dune de
pro)i:ig:itiiiii des plu» fort ■■ crues n'est pan inférii-ure à cinq on six
jours ('). (^Uiint ans iiionlécs anormales de la Marne, entre Vîtrj-lc-
l-'r.in^'ins et Kpeniajr, elles ne derienucnt daii;;orcusrs qu'à la suite
ùe dc-iix crtii-s Kiicccseiven eu nninnt do Vitn-, l:i iireiuièn; ayant wa-
loiiiciit ptur eifet de «.itiirer les terrains traversés. En somme, au
turtlr de l:i < ')iiiiii[ingiic (|K-rtuîii de Damery, en aval d'Kppniayt, \tt
eriufc de la Marne, sciileiuent retardées, restent [trévut-s d'afirv'K les
nivi-imx oljiii'rvés tiir le Heuve à r^aiiit-Diiier, sur la Sanix à Vitiy-
k-ltriilé (') et sur l'Onuiin il Faîns au-dessuus de Bar-le-Duc; la
Marne coii»orvc une allure demi -torrentielle, atténuée légéreinciit
jiar l:i traversée du terrain de craïe(*).
Dans son cours clianip^-iiois, la Marne n'cM |ioint navigable, bien
<jue la circulât iuD des bateaux {laraisse j avoir été assez active avx
l» X ft V-.m-l *^r-).t. 4
.,-, »^™-.. UiK« 11-
iiluaB4>:>.W,UMCrr>«n'W-.l>ti|iri
J •
«If - ii.> II» >. M 11^, '!• j'ii!> <j !• 1 j'i- > .ti.!;- • ", i.i .^l.iriiO, ••n .in.'-iii
«IKiM-riiay, » •^l «loublcc »1 un can.ii l.il' ml c« nlnm, «jui, racornie aux
canaux lie TAisnc aiii>i (|u*â la Sa«**iie, CMn!^titu^ un Inm^on de La
grande voie navi;^ble reliant lea» |K>rU de Calais et de Duokerqoe aa
littoral nicditcrraQvco<*).
Le régime de* VAisne nVst \ui* »cn»iblemcnt ditfercnt de celui de
la Marne. I^r»<|uc la rivière, abandonnant »on coun normal devant
ToWlacle que lui |>réfteiitent le« |»ointcmvnts rucbeux dea affleure-
menti oolitlii<|ue», e«t rvjetêe brusquement du côté de Tuue^t et
reprend la direction contfc<|Uente que lui imp i9»e dê»4>nuai« le redre«-
itenicMit ra|»id«r des a^^i»**» du m>1 vits le nord-est, aux environs d*At-
tigny, elb* «*enga;;e dans le terrain de craie qu'elle traverse en décri-
%'aut une gnniile courbe dont le M»mmet e:»t à Château- Porcien. Son
allure t«»rrenti«*ne ^') r>t |>eu mo<lifîée |ur Tintluence modératrice des
tols pi'rmêable^ de la «-raie; car, hl >es alHuents de gsiuclie, la Ke*
tourne vi la Suip|ic, i>tfues de la Clmnifiagne Pouilleus.*, ont un débit
faible et ré;;u!i<*r, il n*en c>t |>as de même des alHuents de droite, la
Foivre, les rui* de Mipiy, de la Vaux, de Saint -Ferjeux et des
Ilam*squi drainent une ré'^ion de temiMes fortement inclinées où les
sol» plus ou moins im|Nrméables, manies crayeu^et, argiles terti.iircs,
tables et argiles de Tinfracrétacé, couvrent des superficies asset
étendues. L*aire drainée |Ktr TAisne dans la zonecrayeue ayant une
su|HTticie inférieure I. 3 <*U5 kilom. carrés) à celle- du Uimiq su|iérieur
où prédominent les terrains imperméables (.*» G*JG kilom. carrés), on
sVxplique que la rivién* puisse inonder fréquemment »a vallée, en
aval d'Attigny, |K-ndant la sai<on froidi*^*L Les montées de l'Aisne,
juH|U*â Uerry-au-lkic et à Tontavert, à la lisière de la Cliim|iagae
crayeuse, M»nt encore régies par les crues de son cours supérieur et
de »e» alHuents dans le Vallage, dans TArgonne et dans le Ilarroia.
Cla»»ée comme Hottable depuis Mouron, en aval du confluent de
TAirc, jusqu'à Clùtcau • Porcien ^Ul kilom.) où elle devient tliéort-
I. aâiuiBB, V,m**rt* &é«r«r«f« « 4r Vkmmp^fm*, t. I. p. X. C. ClftAMn«»S, Lm Im-m^^H pm» ^
;. «-«Ml l»l^r«l 4'V^-tm»% à i'mm%9*^,éi ViUm^.rt^ iMMtrvlt m^m UmI*- l'MHl^ j«*Mléate
lisalr M*nir, 4* e«>««»M« à IU««nM ; «umI ém I* Mm» • A U îêmAwe, 4« lto««r»jr * ll««lll<7 C«»m
• ••kllMB).
s Cf. la 4««rrlf«k'« •!• tmmr» ••^.rir«r It rAI*«« i»m^rm, p f*-^^.
r«j*.«all«« S«.lj. Mtl mmr BMttI « Sv t»,ti\^rT. kflfwm , «4Mvr%«L, mmm« l»Si, ^ :•} I f Ca««-
^ M
CHAPITRE m
La flore champenoise.
La H«ire (l'une contrcc iiVitt |ias un des i*lcnients lc« moins esscn-
tioU (lu |iaytJi;;e ; au niodclé sixfcial du relief, elle surini|K>fe un tnpU
vc^ctil inC*'^lciucnt riclie en foriuet vi en couleur, tantôt uuifonue,
tantût l»i;;arr<'*, où la locnlîsation des es|K-ccs »|»ontant*ci et des cul-
tures ainsi (|uc leur mode de ^ou|>emcnt s'expliquent par les condi-
tions biolo^i(|ues ^énôniles résultant dos i»articulantc8 du climat, de
In nature physique et chimique du sol.
Cousid(!*rce dan* sou cniicmlile, la flore champenoise ne diffère pas
sensiblement de celle des ro;;ionscircou voisines, |«arisienne, lorraine,
jurdeumiise, et ce n*est }ias dans la fl«»rc naturelle que gît la dêtcnni-
nation gco<^pliique de la Cliampagne, cette contrée ne constituant
|ias une xone climatique absolument lrancli(:e. La flore de Test essaime
jusque sur les crêtes boisées de l'Argonno; celle des pays du nord est
représentée |wir de petite prou|»es d*iudividus é|)ars dans les forêts de
la L'liaui|>a'pie Humide et dans les pineraies de la Cliam|ia^e Pouil-
leuse; les plantes du Midi se retrouvent là où des soU calcaires et
relativeraeiit chaudif, comme la craie, ont favorisé U disaéminatioa
vers le nord des espèces méridionales. Les influences dériréet de U
nature du sol étant prédominantes, c*est par elles surtout qu'on peut
▼érifler en Champagne dans quelle mesure le grou|>ement des masses
minérales commande la distribution des espèces végétales, détermine
Taire d'extension des plus caractéristiques et la localisation très
spéciale de certaines plantes vi%*ant d'habitude en eoromun.
A ce titre, rintcrprctation de» documenta extrômemcnt nombreux
amxMsés par les botauîMes champenois nous permet de constater qu'à
chaque formation géologique correspond, dans une certaine mesure^
une lone florale particulière avec des sUtions secondaires ('), si bien
I Mit M ln%aa 4*«M«M«,
LA FLORE CHAMPK-VOISE
s dùfinir la vi-gclation >lcs dîtté
ation de quelque* ciii>&c.'a prie
i prù|K>udcraiite et en constiti.
p^giic pnr l'indif
U florin nno plac.
nute doiuin»Qt6.
On peut évaluer à 1 200 ou 1 300, environ,
régûtalca pour rcnscnible de la formiitiou cri-l
puur le tuirain de eraie. Dans les beaux luni^il
infraerélacée ou CIiam]>ngpc Humide, par exeii
eeiice dominante est le eliéiie rouvre qni atTi-etii
rii'lies en jH>tnsso *, Icd cimruies, les liêtrcs et I
li-B [ilateanx, t-indis que dnnc les parties Iiosccm \
culé, cl, dans tc« dépressions marécageuses, les '
Les cinucs, la pins et les autres aliiêtiiiés tels ■
tôt rares ; les conifères ne Htiit pas iudi^ï-nvs
r^lat sjKiradique cbI due à des rcpcupleiucnU
épuqiu relalivcnicut réecnte. L'étit i;éuénilcine
hol dans la znne iufracrétaeée, sa riclicssû on ini
Ea }^.inite liouio^'cuéilé sont des coaditiniu &inîii
la ^'er mi nation dcK graines, luënic les plus lé^
vê^ùtnl est naturellement touffu, il est plus unit
tcaux caleaircs da la zone jurassique ou même a
du terrain de eraie ; le nombre des cspèees y ee
p:iree que li^B condiliuns de l'habiLit, tulles que
les roriucs dit relief et l'expotiïtion, y sont moins
que, dans les gnH>nB serrés, les individus d'une i
lulent ne permettent pas k d'autres de s'ïntercal
que sur les a (Heure me lits du ealcaire néocom
ËCDsiblemeut différente de celle que portent les ;
conti;,'Us, dans les bois frais dont le sous-sol
argiliB du ^-ault ou les sables verts, les esp^-cei
domiiiaotL-a; on y rencontre des fougère» {opl
polyitlchum ipiiiulotHm), des eerufularinêcs (ee
talU pur/iurea), des oxalidécB {ojealU aeeloêt
{pfpUi portula), dea carîopliy liées {$Uïlaria nei
dans les prairies humides et mal asEdinicB «bonde
J
^
930 LA CHAMPAGNE
len cy|»cracéjs (cnrex, l!naigr€tt€§)y certaines renonciilacéc^ (raiiun-
ciUuê htilenireuê) \ ftur Icf liordf des vtiii;;* et def luarait, (|uclquct
labiée» (hmtthtâ)y des rosacévs (itoientiVa êujtinà), den gentianéet
{tt^mnauthenêum uifinphoïdcê)^ dos liurraginécA {myoêoiiê)^ des poly;;o-
nêeK (rnnitx jKiIuêti'iê)^ ^nns cr»tii|>tcr les plantes spécialement nqua*
liqucii. Dans 1rs cliam|>s cultivct, un trouve en abondance, panni les
crucifcri'H, le tabouret des cli:ini|)s (thlafjn arcense) ; parmi les porta-
laeêeit, le pourpier (montta miiior)\ |>ariHi les cariopliyllces, les sper-
^les (êpergitta arctn$ii, êptrgHÏaria êtgettnêiê) ; |»armi les primuU-
€«'*€•• le moun>n des cliampu (anagallU arcernU),
Dans les p^randes furets do TAr^nne, la vé^^élatioo arborescente
est plutôt mai;cre i^ur les entes et les plateaux, eu raiM»n de la pwT-
inrabilitr de la roclie de gai/e À peine recouverte d'une mince couche
dt* tvrre vr^^iUilc*, seuls les eonitere»de plantation récente pros|»èrent
c*xceptif»uni'llement le long ihs cliemins pierreux sur ces plateaux
ari'le» au «ol Kilici'ux, où le sorbier des oiseleurs et le bouleau blanc
K>nt diii^éniinês au milieu des colonies de chênes rabougris; au con-
Iniire K s |H*ntes tipissêes de terres détriti(|ues, le fond des ravimt où
alHcurent les argiles du gault |>ortcnt d'almirables futaies de chênes
et de hitrei», entre lei^quils se dévelop|>c la vi'-gétition inextricable
des taillis ^'). \jo sol de gaixe, qui, |iar ses propriétés physiques et
ehimiqut*», pré^ente des analogies avec les terrains frchi^teux, a une
flore s|i«>nlanéo offrant plui^ieurs traits C4 un ni uns avec celle de la région
aidennaise; «m y remarque une pré loininance des es|K*ces silicicoles,
avec un mélange de plantas cilcicolos isolées ou en pjtits groupct|
surtout sur les pentes des ravins, sur les revers des chemins creax où
U ruche de ga*xe est a nu i'). Les fougères (pierU a^Htlina)^ U bruyère
coniuiune, le genêt k lialain, Tairelle myrtille, U digitale, les dorines
{chryêoê^hUHtum alUrnifoUum, c. oppoêitîfoUum)^ le hoax, U boar-
daioe {rkamnuê fniHgufa)^ le sureau à grappes {$4tmhucmê raeemoêo)
com|KMent le tapis végétal de la foK*t et peuplent les bu'tsoos. Dane
les haies et dans les vergers aux alentours des villages, le néflier aux
fonaes noueuses abonde parmi les arbres fruitier» communs.
I L*atibMta«. léê» r*mi 4» U ¥•««•, ^ T S
t. « f. Il««i «••*•% U«ffV«rt«MW« ilaa* VXMêmmmê (Hsllrl. 4t #• .%«-. i««M. 4» tfM, 7 jaav. ISS»,
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4-,tmd0 4m ê0. M«%r 4« U4im0, I VUU l«9.l. p, U«*l.% '. 0« ffVtfMVr S«M U êmtm 4^ rArjMMlM
mmng^rff grtttfMft 4» fr00 4r« wfTaM* «ilw**» 40 U MMtttatfM 4« tUiwm. Vtpnémmt, %9r^mm
|4»»ir« *w r ArjwiM m'mmU r— «^ «»W«n4r« •« •mm» tmg^ mi ravttMa 4» II«Im« ; »|Im ■fyartiwiati
•i«rMtrU.«i««i è I* S»«« 4« IV«t •• |«ff»«.«Mt U%^m4t^ «*m rArjMM iMf Umlta 4ê 4Urrff»lM ém
*Uà40Vmm0H:Bmthê 4*Ui^ €ké<» nmtmf. 4»» Af4tmm»é.%. VI, l^s», r M^t tl M i. VII, IMi^
p. Si, «Mf!» ivtt^m €mmm%mmtd^m h^mUm» 4m %*mu «f* 4 to Cff«lm-««t*
IJL FLORR CHAMPBNOISB ?3t
Le terrain de craie n*a pat une flore absolument originale (*); U
plupart <lc8 cspîrcct qu*on y rencontre se retrouvent sur les plntcanx
calcaires de la Bour^gne et du Barrois, bien que moins nonibreofet.
Ijv tapis végétil qui recouvre les sols crayeux est géncralrnient plu
varié que celui des terrains de la fonnatiun^iufracrétacêe; dans os
espace déterminé, le nombre des espèces y est plus considérable, car
les plantes dominantes, U»ujours disséniinéeSy laissent entre elles ns
espace suflisant où peuvent se midtiplier les espèces secondaires. Lei
c^pèces arborescentes, de beaucoup les plus rares, et prc»que toutes
introduites par riiomme, sont caractérisées par tics formes chétires
et rabougries, conséquence de l'extrême permcAbilité des aKsiset
crayeuses, de leurs médiocres qualités nutritives, de la faible épais-
seur et parfois de Tabsenco complète de dépôts limoneux su|»erficiels.
Les ])lantcs herbacées sont prédominantes; la plupart des es|)ècet
sont nettement calcicoles (*) et appartiennent aux différentes variétét
des labiées, des orchidées, des erucifi'res, des |Kipîliun.icées, des
renonculacées, des synanthérées (chanlons). On peut dîsitin«^aer dans
la formation crayeuse plusieurs zones florales dont les caractères spé-
cifiques sout parfois assez nettem *nt tranchés. Les plateaux \c* plus
arides, les friches et pelouses sèches (savarts), qui n*ont jamais été
cultivés (le mémoire d*homme, sont revêtus d'un maigre gazon d'Iierbes
courtes où les espèces sont assez nombreuses, et c'est là qu'on saisit
le mieux les elfets de la sécheresse et de l'infertilité des sols crayeux ;
on y remar(|uc plusieurs légumineuses: les trèfles, la minette <loré6
ou luzerne lupulinc, Tononis jaune, le cytise rani|iant ; une scro-
fularinée, le mélampyrc des champs ou queue de renard; nne gra-
minée, la fétuque des moutons ; plusieurs labiées, entre autres le
serpolet; une cuphorbiacéc (euphorhîa geravdiana) et nne globulariéa
{ijlohidaria vulgans). Sur les gradins qui festonnent les versants des
vallées, sur les bords des chemins et sur les tilus, dans les buissons,
des touffes de genévriers et de rosiers sauvages qui sont indigènes,
(|ueh|ues espèces arborescentes non spontanées comme le faux acacia
{rohinla pseudo- acacia)^ le saule mareeau (nalix auriîa) et la vordre.
1. lii.i i< lies, (:ri>gr.-t]»ltie Wtiiil'iae <la CA'np do Chili-os {Rerutil éf mim. 4* sfi. fktrmrf. ml ^
'nar. mélit , 3- ■« rir, t. XIX. IH .;, |> vjQ,; V M iitioT, Vu9 Uwboritktimm 4 Uérj amr-iWlm»iBmnmt. é»
ta .«»<>. tolmn d« Framrf, t. XXXVIIi;; rcu^rripilun boUniqac «l« U TaU«« d« U Be«4*va« (JkillW. 4«
ta Sv^. d'ki*t. natmr. d't Ardemn»; t. IV, l-it;, 1>. Si;; A. <«CIU1.AL-MK, TUfm KitQpkiim M U Xara* X
la !•! \iur crarruM •!«• tns irun* d* Kelou {Ilmlltt. de Im St. d'ki^t. ««ter. éa lUiwu, U IX, ISnt, p. tt
et tuiv., rt Ih,d , t. I, p. hU ; t. VI. p. IS et saiT. ; t. VU, p. M «1 ••!▼.); '>'■"<<. 4m U Sm. ^kimL
uatmr. d«4 Ardrmm**, t. VII, IfOO, p. S3).
t. Haut U Marne. U flore s« ruphilc dr li plaine eravrase ■« rwapto gvèra plvt 4m 2SS rnèm. 0«
u« pont «Irualcr la prc*«ac« d'nne plante sllIriMla rcriublcacnt cmclmalr* (Sm. d'html. mmlmt.éÊ
Htina, t. IX, p. 7S-7Ci.
S3i hk CHAMPAGNB
e4|K*cc de SAule liybrMc qui foisonne dans tous les bosquets; yà et là,
<|ttc*lquos plantations d'onncs étiqucs isolés aux carrefours des che-
mins et autour des calvaires dont les hillioucttcs se dressent sur lea
éniincnce«. Dans K*s |iiiii' raies, sous le couvert des pins et des sapins,
quclqueii plantes lierbaccos trouvent un abri, comme cejthalanthera
graèitlfjlora, mottotropa htfpopyilêg plante essentiellement forestière,
pjgrtdn Hnîjfora, espèce du nord extrêmement rare en Cliampagne,
i:i éf'fKltffm rtp^nêf qui tend à se propager dans toute la Champagne
PtmilleQse. Dans les champs cultivés alxm lent la moutarde sauvage
{êinapiê artengig)^ le pnstel (iiattê tùtctoria)^ le cératophale eu faux
{ccriflojfhafh(êfitïcatu$)f cahpmn corvini, neiUa patttculata, etc. \ nti
prinleui| s pullulent les véroniques (r^roii ira nrveit$tê)^ en été le bleuet
{ctuftiHtta cyanifs) et le cu<|Uelicot (pajtacer rluruê)'^ en automne,
apK*» lesinoii^Mins, le tjaUopêin hulantiM, Viberii amara. Le» prairies
artificielles s<jnt caractérisées |»ar Tabondance des composées et des
graminées, et do nombreuses légumineuses, entre autres le sainfoin*
Les parties du sol crayeux, recouverte» de lambeaux de limon des
plateaux, ont également une t1«*re spéciale, mixte comme le sol qui
la |Kirte, variant de com|Mi»iti«»n »elon la prédominance des compo-
«ante» du ptd, argile, craie ou sablen; cette flore présente «urtout de
grandes analogies avec celie des sables du Soissonnais. Dans les val-
lée* humides et les pré^-marais qui bonlent les rivières (') végètent
diverses variétés de |>eupliers (iwpuluê HÎ*jrn^ populuê^rtmula, popu»
tuâ citinidrHêiê, etc.), le bouleau blanc, le frêne, les saules et les aunes
(a!H9t0 yluttmoêa)^ etc. ; on voit a»s«K:ié*e8 aux cypéracées ordinaires
queh|ueft graminées < aractéri^tiques : le brome rameux (^roMna r«-
criMOsM*), le phlé'ole des prés {phUum praienu)^ le dactjlc agglo-
aiéré (daciyliê glowttrata)^ Thoulque laineuse {JkiAenê himaîu»), ete., et
toute la variété des plantes aquatiques ; dans les verger», le oor*
iioiiiller et le néflier sont tout à fait caractéristiques (enviroot de
Troves>.
Sur les argiles et 1rs saUes tertiaires qui recouvrent la eraie dana
le pays d'Othe, oo retrouve la flore des sola frab et slllceat de la
Cliam|kagne Humide et de TArgonne, aogmenlée deqttel«|iiee espèeet
occidentales (*). Le chêne et le charme, qui sont lea essmeee donil*
Dante» dans l'état actuel, ont poar voisins daaa let fureta le W«leaii,
•m» U S— S.» ^9Mè^ >mHm ém tmt^m 4» —ni», rf JMM ééimêm ér0mê§êê9tÊ.mi9f é$
.1 il. r ««^^ :i m. r- 4>i»)t v,^ M, «•( I. VIII. ^ s» nt^B^ «€»••••, a«a»«Mfit»
4» Aalat-*;*^ %mm m*m et tm $m. #«#»«• à» U tÊ0^m» ëmmU MSf>.
p ra^ ««X«to««wtoSMV«»IY«M»(Jlite^M S«l«««. fta4»»«S»tM«.t V, la^s,^ Ml
LA. FLORE CHAMPBNOISB 93 (
Le terrain de craie n*a pat une flore absuluroent originale (') ; U
plupart dea espèces qu'on y rencontre se retrouvent sur les plateaux
calcaires de la Bourgogne et du Barroisi bien que moins nombreuses.
Le tapis végétil qui recouvre les sols crayeux est généralement plus
varié que celui des terrains de la fonnation^iufracrétacée; dans un
espace déterminé, le nombre des espèces y est plus considérable, car
les plantes dominantes, toujours disséminées, laissent entre elles un
espace suffisant oii peuvent se multiplier les espèces secondaires. Les
espèces arborescentes, de beaucoup les plus rares, et presque toutes
introduites par riiomme, sont caractérisées par des formes cliétives
et rabougries, conséquence de l'extrême perméabilité des assises
crayeuses, de leurs médiocres qualités nutritives, de la faible épais-
seur et parfois de l'absenco complète de dépots limoneux su|»erficiels.
I^s plantes herbacées sont prédominantes; la plupart <1es es|>cces
sont nettement calcicoles (') et appartiennent aux différentes variétés
des labiées, des orchidées, des erucifÎTcs, des iKipilionacées, des
renunculacées, des synnnthérées (chanlons). On peut distinguer dans
la formation crayeuse plusieurs zones florales dont les caractères spé-
cifiques sont parfois assez nettem.^nt tranchés. Les plateaux Ica plus
aridei^, les friches et pelouses sèches (savarts), qui n'ont jamais été
cultivés de mémoire d'homme, sont revêtus d'un maigre gazon d'herbes
courtes où les espèces sont assez nombreuses, et c'est là qu'on saisit
le mieux les effets de la sécheresse et de l'infertilité des sols crayeux ;
on y remarc|ue plusieurs légumineuses: les trèfles, la minette dorée
ou luzerne lupuline, l'ononis jaune, le cytise rampant; une scro-
fularinée, le mélampyre des cham|)s ou queue de renard; une gra-
minée, la fétuque des moutons ; plusieurs labiées, entre autres le
serpolet ; une ouphorbiacée (euphorhia gerardiana) et une globulariée
{gîohularia vulgariê). Sur les gradins qui festonnent les Tenants des
vallées, sur les bords des chemins. et sur les talus, dans les baissonSy
des touffes de genévriers et de rosiers sauvages qui sont indigènes,
quelques espèces arborescentes non spontanées comme le faux acacia
{robinia pseudo-acacia)^ le snule marceau {ialix awriîa) et la vordre.
1. MLKirnKK, Géogra|>lil« botiuiqae da camp do ChiloDs {RfcuftI le mim. d« mii.ekirmrg. M,
Miar. milit p 3' série, t. XIX, IM .7, p. VJO;; P. Hakiot, 1:d« llerb<»riuitloa à >ldr;-s«r-S«iM(Aii/r««. é«
la 5m>. botmm. d* Franrt, t. XXXYIII); IrMcriptlun boUnIqac «l« la rall«« de UKefvarM {BmItH. é«
ta So0. d'kUt. natur. des Ardtmnt; t. IV, lnt7, |>. Si); A. Gciixavmk, TUfm siropàilt d« U Maraa s
la plaine crajeuM «les eav Irons d« Relus (ItmtUt. dt Im 5«<. d'hitt. matmr. da lUims, U IX, ItOO» p. SS
et saW., et tkid, t. I, p. HX; t. VI. p. 19 «t sniT.; t. VII, p. M «1 ••!▼.); iSmtM, da IaSm. ^kiaL
Hatmr. dt» Ardr mm«», t. VII, IfOO, p. U).
t. Dans la Marne, la flore avrvphile de la plaine eravense ■« eoapto gvèra pl«s 4m StS fq tans. 0«
ne peat slffnaler U pré*«ai:« d'naa pUate slllcleola rcrlubleascnt caclmslr* [S—, é%Ul. wtmlmt. é»
««••Ns, t, IX, p. 7S-7«).
93j hX CIIAMPAGNB
eé|K*cc (le saule IiybrMe qui foisonne dans tous les bosquets; yà et là,
C|uclf|ucs plantations d'onncs étiques isoles aux carrefours des che-
mins et autour des calvaires dont les hillioucttes se dressent sur lea
éniincnces. Dans K-s pineraies, sous le couvert des pins et des sapins,
c|Uclf|ueM plantes lierbacces trouvent un abri, comme crphalanthera
gniH'Ujioraf monoti'opa hjfpoptftU, ]ilnnte esscutiellonient forestière,
^yr»i/fi unijfora, espèce du nord extrî^niemcnt rare en Clianipagne,
ct^**"^yrra rtjM^ttê, qui tend à se propn^r dans toute la Cliampagne
pouilleuse. Dans les cham|is cultivés abon lent la moutarde sauvage
{êÎMaptê arc^itêii\ le pastel (UatU tinctoria)^ le cératupbale en faux
{ccr*ttojthaJlHêfalcatui), cahpîntt cornai, iifs/in yHi>iicu/afd, etc. ; au
priiitem| s pullulent les véroniques {ceronica arvettâîê)^ en été le bleuet
{ctnhiMrea c»fanuê) et le cuc|uelicot (pajtavtr >7««ra«); en automne,
apK** les*moi|i^olls, le «jaltopêU huhttiuMj Vihtn$ amara. Les prairies
artificielles s<jnt caractérisées |»ar Taliondanee des cum|>osées et des
graminées, et do nombreuses légumineuses, entre autres le sainfoin.
Les |»arties du sol crayeux, recouvertes de lambeaux de limon des
plateaux, ont également une H<»ro spéciale, mixte comme le sol qui
la |Kirte, variant de com|Mk»ition t^elon la prédominance des compo-
santés du s«»l, argile, craie ou s:iblett; cette flore présente surtout de
grandes analogies avec colic des sables du Soissonnais. Dans les val-
lées liumidet et les préi^-niarais qui bonlcnt les rivières (') végètent
diverses variétés de peupliers (i^opuluê w*jrn, pojwluê^rtmula, popu*
tuâ cititadeHêîê, etc.), le bouleau bl.-inc, le frêne, les saules et les aunes
(ff /nn# tjlnUmoêa)^ etc. ; on voit ai^iciées aux cypéracéet ordinaires
quelques graminées « aractérti^tiques : le brome rameux {Jifromuê ra»
cemùêUM)^ le phlc'ole des prés (phltum pratense)^ le dactyle agglo-
méré (daciyliê glomtrala)^ l'houlque laineuse (Wriis tuncffiis), ete., et
toute la variété des plantes aquatiques; dans les vergers, le oor*
iiottiller et le néflier sont tout à fait caractéristiques (environs de
Troyes>.
Sur les argiles et les sables tertiaires qui recouvrent U craie dans
le pays d*Otlie, oo retrouve la flore des sois frais et sillceos de la
Ctiam|iAgne Humide et de l'Argonne, augmentée de quelques espèces
occidentales (*). Le cbéne et le clmrroe, qui sont les essences domi*
liantes dans l'état actuel, ont pour voisins dans les furets le bonlenu.
I «M u tm09 S.« vaIWm SmUm ém mtt^m M «rato, if a»fl0C. S« !• Sm.
.1 il. f «tn«. :i. III. ^. 4yiS)i. V, ^ «^«•{•.VItl«^Stt^.; »> Gr^A— , JU m ^f mÊ^m
t ir r rtJirw».i» — Sa! ■■<■>, HM» s ^iiI m i t t i m ei w d— i». «•■>i< f <»i ^M >^t.i,
|i r^A. 0%Ti^%ftm\^%tfÊ9é»rXmm{HmUm S«l«SM.S«S«««S»tSil«,l. V, iaA»r*Ml>
Lk FLORE CHAMPKNOISK '233
le saule luarceau, le sorbior, Talisier, le néflier, et «lc8 coniferet, ces
derni(*rs provenant do plantations. Dans les prés-uiarais de la vallée
de la Vanne, la flore des terrains tourbeux e«t représentée par d'alion-
dantott onibelliferes (juiucedanum carvi/oUa, êilan$ pratenêiê, angdica
iti/lv€9trtê, senecîo palwlosuê) et |iar la gentiana pneumonanthea.
Au nord de la vallée de l'Aisne, où l'on voit affleurer successire-
ment la crnie, l'argile et les sables de l'albien avec des dépôts su|)er-
ficiels de sables tertiaires ou de limons quaternaires, la variété des
espèces vé^ét-iles est extrême, comme la nature même du sol ; c'est
lu que les fl >res du uord et de Test de la France se rencontrent et se
combinent avec la flore parisienne (*). La falaise de Cliampa^e-Hrie,
oîi le soubassement crayeux est parfois recouvert de dépots tertiaires,
sables, ar'^iles, fragments de calcaire grosï^ier et de meulières, qui
ont glistfé sur les pvntes et remblayé les vallons, présente une flore
mixte, très variée, où Ton voit hou vent les espèces silicicoles succéder
aux espèces calcicolcs, sans que le sol présente un as|iect diflerent (*) ;
en général les Cî^péces |iarticulicrcs aux sols frais et siliceux sont les
plus nombriMisCï» : senecio nemorensU, vacrtnhtm mtfrîiUuê, phifieHma
spîcatum, yeninta tinctoria, itleiui contai, mnlanthemum bifolium, etc. ;
dans les argiles a meulières, au feommet de la falaise, se distin«pient
l'anculic (aquilejia vu^garis)^ la scrofulaire (scrofularia nodoêa)^ le
sceau de Salomon (poli/gonatum vidgare)^ le cytise (cgiîêuê êMpimu»)\
dans lo c^ilcaire gro;>sier : le p.'U>tel {Uatîê t9nctona\ Tanthyllis (ait-
ihyllU vuîneraria)\ dans les argiles à lignites, le |ias d'âne (Itisst-
îagofar/ara)j le lamier jaune {Jamîutn gaUobdolon) ; dans les sables,
le genêt {sarothamnui iropariuê)^ etc.
En résumé, les espèces végétales des régions |)arisienne et lorrsine
80 retrouvent dans la Cliampagne située sur les confins de deux zones
climatiques ; elles se grou|>ent dans les stitions où elles rencontrent
les conditions de milieu les plus favorables ; il semble snssi que cer^
taines plantes de la France orientale comme yaZinsisi'/valiciisi^/amcIa
albida, sambucuê racemoga, etc., atteignent dans la sone infracrèta*
cée, et en ]>articulier dans le massif gaizeux de l'Ar^nno, la limite
extrême de leur dispersion vers l'ouest (*). C'e^t pourquoi il est inté-
1. Si r U S»rp dM !«,»• »lta«* •■ Mrd <!• U ta!!^ 4*Ai>B«, cf. tlmtM. é* U Sm. é%Ul. mmtmr. 4m
Ardtmmf», t. III. p. t; t. IV, p. 1.
t. Cf. W» ^lupir* rradst 4*«scar>loa« boUal^«e« |»«MWc <Ua« !«• BmlM. •'« Im 5«e. dm m, mmtmr. dm
MHm», t, I, p. :,9, 71, hS, 87 ; t II. p. 5\ 5&. O; t. III, p CS; t. V, p. fO. I«. Sl-3i. »i «i i.iv-i.vti ;
t. VI. p. x\; t. VII. p. <s. 1^. US; t. VIII, p. ui-Lix; Ulfp*!. LAnt^ts, Imditmlwmr U U Jlmwm dm
^r»ri»« HéfMê c«r«r«M..., I»-1«. Pt^Im, IfSf.
1. i;«l/«l. d» Im Si»€. é'tlmJt 40» te. mmtmr, d* SHms, L VHl, p. UW.
Vmm «i*««^r« àm TmI, pmtfpméimm pk'fpf -U, •ttctot u IImK* Asm rÂMimmm.
331 LX CHAMPAGNE
rcMAiit de rechercher l'iinportance relative des espèces du nord (nord
de rEttro|»e et régions nionUgneuscs de U France) et du midi (ouest
et midi de la France), et de déterminer leur aire reii|>ective d'exten-
sion sur le sol cliam|)enois. Les oi»|>c es méridionales [uiraisscnt plus
nombreuses que les e«i»èces septentrionales; toutefois la prédominance
des premières est inégale ; elle parait s'accentuer dans la partie sud
de Li région champenoise. D'après les évaluations de M. Fliche, le
nombre des espèces méridionales s'élèverait à 88 dans le dé|)arte-
wenl de TAube et À 110 dans TYonne ; celui des cs|>èces se rap| or-
tant k la flore du nord et des montagnes serait respectivement de
G3 et G8 ; loutcfoiS| le caractère do spoiit;inéité imraît plus accusé
|ioar les e.<«pèces des régions froides, offrant en maj(»rité toutes les
afiparcnces d*es| èces absolument indigènes, que |iour les plantes pré-
Mrntant des aflinitéM méridionales ^'). L'aire s|>éciale à chacun de ces
inroufies de plantes est asscx nettement délimitée : les eii}»èces septen-
trionales ou montagnardeS| à défaut du climat froid et dos hautes
altittides qui leur conviennent, ont trouvé leurs stations de prédilec-
tion sur les sols humides et dans les forêts do la zone infracrétaeée,
«lana l'Argonnei sur les plateaux boisés (*) du |iays d'Othe, sur les
|»entes et les crâtes de la falaise tertiaire (montagne de ISoims), et
dans les vallées tourbeuses du terrain de craie. Au contraire, sur les
liantes plaines de la formation crayoune, comme nur les plateaux ooli-
tliiqnes de la basse lk>urgogne, les espi'ces présentant des adinités
avec la flore septentrionale sont |»eu nombreuses et paraissent avoir
t'Ic naturalisées à une époque récente, comme les différentes variétés
de conifères dont les massifs couvrent les savarts de la Cliam|iagne
Poaillense <piiiics sy/resfns, p. larlcio auêtriaca, p. pinoêier, p. êtro»
hmê)\ dans ces pineraics du terrain de craie, quelques espèces sopten*
trionales ont pu s'acclimater (p^rola unîjlora, gooJ^ra rtpênê, etc.).
i^oant aux plantes méridionales dont les exigences en fait de chaUor
•ont à peine satisfaites par le climat local, elles s« sont cantonnées
da |4iéférence sur les sok crayeux et découverts de la Champagne
Poailleuse, surcepUblet d'un écliauffement considérable et oii elles
••«t exposées à une forte insolation (*). OrAce aux découvertet. pa*
I. r rMtM. tfêê «v ic« smm m rjkaw •« s« nr«M« (n*^ 4« •• sw. mmd 49 rj«w. > têf^
« XlX.IM».r St^ II, «s, IS).
•*««»• l«r«l ^M U fn * n m i u»mt9 ém mU sfvflrttt •alM«r||r«MM fv«l4« •« «4 I»
f tlp ii iBl 0mU*ikrm M* fcaMiniJ M ••• C^Urkw WiHalM, prtailyl
S rr. rMTMa. i«#. ht . ^. ts sms. u r«
f>i Mf ll^»l«l l ii U H n y» n i»w w >,i^^«1tllf
LA FLORB CHAMPEXOISB *235
Iconto1o^quc8, il noutf est possible de saisir qaelqucs-unct des trans-
formât ions profondes qu*a subies la flore arborescente spontinée de
la région champenoise, antérieurement à l'époque actuelle, du fait
de mo<litîcations successives dans les conditions climatériques. Sans
remonter jusqu'à la flore palcoccne des travertins de Sézanne, dont
Tcnscmble des espèces est un mélange de formes subtropicales et
tomporées parmi lesquelles plusieurs appartiennent h des genres ac-
tuellement indigènes, aux végétaux fossiles trouvés dan s les en virons
de Va:$sy et de »Saint-Dizier qui révèlent, à la lisière de la formation
infracrétacée, la présence de fougères arburescenteS| d'araucariées,
probablement de cycadées, dénotant à l'époque barrémiennc un cli-
mat beaucoup plus chaud que le nôtre ('), les tufs de Resson (vallon
du Montois) contiennent une flore fossile oflrant, il est vrai, certaines
analogies avec la flore actuelle de la contrée, mais l'absence complète
de conifères des régions froides, la présence du buis et du noyer
laissent Buppo«er que le climat étiiit moins froid et plus régulier
qu*aujourd*hui ('). Par contre, dans les tourbières et les graviers des
vallées <le la Vanne, de la Seine et de ses aflluents cham|)enois,
M. Flichc a retrouvé de nombreux vestiges d'une flore ancienne dans
laquelle les conifères, et spécialement le pin sylvestre, tenaient une
place considérable ; ce qui prouverait que le pin a existé en Clmm-
]Kigne à l'état spontané au début do la période actuelle, jusqu'aux
premiers temps de l'emploi des métaux dans le pays (*). Pair suite
d'un réchaufTement général du climat, le pin sylvestre s'est trouvé
éliminé de la flore régionale; il est remonté dans les |)ays du nord,
ou sVst réfugié dans les régions montagneuses; si on le rencontre
encore par groupes sporadiqucs dans quelques forêts assises sur les
sables verts dans l'Yonne (forêt du thureau de Bar au nord-est
d'Auxcrre), dans le pays d'Othe, sur la gaize dans les Argonnelles
iiftto <1iint la ruinpotitlon du tnpiii xvgt'-iid «le U rontré*. Partul orll«« dont nadi/êaftl r«t l« pïmB
t.-tin, Il CD eat •lonf on oc K.inr<ilt admettre le transport à dUtanrc |Mirvol« natarrlle (ajeiite pkjaiqa^s
ou Aiiliuaux), l't II faut iiu|»|toter, |K>ar ox|>ll(|uer leur localisation aetui-llo, qa*«lli*s vreii|ial«iil aatrefo!*
dans le |>a\s nue >urface beaucoup pln« cun*id«'Tal*U, qu«* les radrolts uà Bon* l«« rvaroatront (pAitS-
ruli^irrtneni sur le terrain de rralci sont les veftl^es d'uB baUlUt prlmltlvcrovat plas «I«b4«, et
Tcnt être cunsid/Tés cwnime des • stations pr1viU-|{l«*es puor elles. (|«i lear ont fovral na abri dj
le lael «lies unt pa r6<i«ter aux chanKeineuts de climat, Intter aussi avec avanta^a coatra deaoarollaa
rt-nae*, mieux aIn|>icoa qu'illos aux con litioni aetaellcs da la r/*xéuUoa ■ {IMd., p. 45-4C).
1. Ci. DB S(i*«>ur A, l'nxirunie d'une flore fossile des travertias aaciana de Kéranna {Mém, dm la S*9.
fiolog , 2' série, t. VIII. 184'>S-l8t;0>; LAXur.a4ix, l'«uitribotion à l'êlado de la flora faaalla daMrvaaaa
{l'.ullrl. «/r r«i Sor. d'hi>l natmr. d'Autun, 1. Ml et XIII;; Kliciik, CvatrlbaliuB à la ivrefosalla 4a la
lUute-Mime {liullrl. de la Sût. dt* se. de .Via'^. f« s«:rle. t. XVI, lM»t, p. 40); !•., Étm4«ê»mr Im/Ure
foêêiU d* t'Àrgonn* (alblen-cèuoRianieu^, la-S", Nauey, 1IM€, p. ISS.
1. Klu hk, Élude >nr les tnfs de Rt sson (BnttH. dt fa .S*<>. fi^titg., y téff», I. XII, IMS, p.t '•SI).
S. Fliciik, Faoue at flora des tuartolùras de la Champaffae {C. M.' dt t'Âemd. d^êt^t. I.XXXII,
l%7â, p. 9til ; Id , l.« i*iu sylvestre dans les d«^pAts qnaieruairvs de Cléray {Mém. de Im J<M. ara^l. éê
rAuht, I. LXIII, IKt», p. HJK
•w^Si«pMw^pvNw^V«w^nwM^pi«mB«ai^^w«>*^vw-«^^n
236 Lk CHAMPAGNE
(boit lie Givry) et clans TArgonne, et ëurtout sur le terrain de craie
dans la Cliaiu|«agne Pouilleuse, il nVst pas spontané; il a été réintro«
duit |»ar les roWseiucnts des la fin du xviii' siècle et on peut affirmer
qu'en Cliain|Mi^e le pin eët pK*s do la limite do son aire actuelle ;
liivn «|ue lutt'tiit parfois avec succès contre les bois feuillus indigèneS|
il ne |iar.iît pas destine à former des forêts permanentes sans Tinter-
Tcntion de riiomme. Enfin, à une c|M>que plus récente que celle des
couiit res de rc|KH|UC (juntcrnaire, rbomnie, par son travail, a pu mo-
difier Taire de dévelop|K;nicnt de certniues espèces arborescentes (')•
I^ liétrc, par exemple, était Tessence dominante dans la foret d*Otlie
à ré|M>«|ue gallo romaine et dans les premier» siècles du Moyen Age,
ainsi «|U*en témoi;rnent les cbarlxms retrouves dans des amas de sco-
ries pnivenant d'antiques founicaux métallurgii^ues, et les multiples
dénominations de « (hvh » dans certains cantons forestiers. Or, le
hrtre c>t plutt'it rare aujourd'hui dans la forêt d'Otbe. Cette élimina-
tion du liêtrc semble duc à une exploitation intensive de la forêt nè-
ccs»it«'*e I ar rapprovisionnement do Paris et les besoins croissants de
la capitale en combustible dès le xir siècle. Cette exploitation exces-
sive étant défavorable au liêtrc, cet arbre s'est éliminé de lui-même
|ieu à |K*u d«*vant le chêne et le charme, essences se pK'tant plus vo-
lontiers k une exploitation en taillis à courte révolution Ç)»
Sans doute le naturali»te observant les plantes qui occu|>ent la sur-
face des plaines cultivées et |>euplent les forêts champenoises recueil-
lera une impression moins nette des inHuenccs locales que s'il obsenre
la flore des Vosges ou de i'Ardenne, où l'influence du milieu te tra-
duit par des signet plus frap|>ants. Cependant, il ne lui échappera pat
que les «lonnécs du sl>us-^ol, combinées avec cellct du climat, gou*
venicut la producti^m vé;;.'talo spontanée de la région, que la cultura
et raeclimalation elles-mêmes n'ont pu rompre le déterminisme géo*
grAphi<|ne. Si la flore de la Champagne lui paraît manquer d'origina-
lité, ainsi qu'il convient à un pays dont la personnalité physiques ett
peu accentuée, il conttatera du moint ta richesse relative et le grott-
liement as»ex tranché de set associations végétales, en rapport avee
les nuances climatériquct résultant de U situation géographique et
de U configuration de la contK* ;, ainti qu'avec la variété de art tob.
••r««i mm ém mt^mê 4m %^ «IIW4« ^— j— ^' — " - | — *- g- ni ti-nfi If j mifl Wttjftàt
l'A. t. II. p III «MK
S. r%jmm%{SimO€t.d0»mê0' ém m et Mmmff, %^ ^mlm ISIS^
CHAPITRE IV
La population.
L*étu(le <lc8 dilTéroiitcs unités naturelles Jont U coordination géo-
graphique constitue la région clianipenoise nous a déjà pemiis d'cs-
quis8er, dans le détail, le peuplement de la Cluimpagno, d*jr constater
un grou]>enicnt très inégal de la |K>pulation et dos formes dliabîtat
assez variées. Maintenant que nous di8|H>sons des éléments de com-
paraison essentiels, nous pouvons procéder à une étude dVnsemlile,
et expliquer les principaux pliénoméncs démographiques partica*
liors à la Champagne.
Le chiiïre de la population totale des 1 38C coiumunes appartenant
à la formation crétacée ou situées sur ses cuiifins (18271 kiloni. car-
rés) s'élevait en 11K)1 à 0.-)07.^4 habitants, soit une densité kilomé-
trique de 50,9, sensiblement inférieure à celle de rensembte do la
France (72); si Ton défalque la population des quinze centres urliains
champenois dont les effectifs individuels déliassent 5000 habitants
(au total : 305i)75 habitants i)our 318 kilom. carrés), et qui, entrant
en ligne de ^Qlpte, enflent démesurément les moyennes et faussent
les rapports naturels, la densité de la population se rédnit à S4|8.
La Champagne apparaît ainsi comme une des régions les nioina
peuplées de la France du nord.
Ce qu'il importe de faire ressortir ici, c*cst la réiiartition et le mole
do ^(roupcnient de la population à l'intérieur de la région, dans leur
rap|>ort avec les divers ])hénomc*nes géographiques. Nous savons déjà
que la distribution inégale des niveaux d'eau, des sources et des
rivières, les aptitudes agricoles variables du sol, Textension des
masses forestières, Tubondance ou la rareté des matériaux de cons^
truction ont régi le peuplement de la contrée, les influences ethni-
ques et historiques restant subordonnées h colles du milieu géogra-
phique. 1^ carte que nous avons dressée de la densité de la population
exprime avec une netteté saisissante et une approximation feufllsonte
i'AH LA CUAMPAGNK
ccrtaîiiCN |»iirUcu1aritcii «lu iieuplcnient('). Ce qui fnip|ie tout d*abord|
c'càt la faiMti dciittité de la |M>|>ulation «Inus toute la partie «lu {>av8
où aDlcure le terrain de craie. Si Fou fait al^tractioD des ceotrea
urlaiiu (Troyc», Chàlont, Ketliel) qui d<l*raii;^*iit les relations natu-
relleii eu cunMituant des anomalies^ quelques taches font ressortir
les a;j:çluiiK*rations exceptionnelles «lans les vailles pnnci|>alcs, où^
iii<1t'|Miid:i minent de c«»nditions naturelles plus favorables, la i^emui-
nencc de «|U«7lquos industries a concentré la |M)pulatiun: ralléj de la
Suip|»e et de la Retourne (industrie lainière), vallée de la S«*ine en
aval de Troves (lionneterie de Honiîlly), vallée supérieure de la Vanne
<U>nnetrrio d'Kstissac et Aix-en-Othe). Partout ailleurs, les liantes
plaines aridcM do la Clianipa;;ne Pouilleuse, où s*étendent les savarts
incult«'S, 1rs jncliéres et les bois do sapins, sont à peine |»euplées
(inoiiiH de 15 habitants au kiloinctre ra^ré). Le |Miys «l'Othe, où les
afHeurcnirnts «lu terrain de cmic s^uit limités aux {K^ntcs et aux val-
luni(, ci»t, nialfp^ le développement de ses forélK, relativement favorisé
sous le mp|iurt du |»euplement. L:i Chainpai^e llumiile, mal;^ Téten-
«lue considérable des buis et prairies maréca^uses, apparaît plus
|)euplée <^ue la Cham|»a*^c Séch.* ; elle présente des ^rou|>ements assez
coni|acts «lans les fertil«*s vallées de T.X nuance, de TAnnançon et du
^H*rein, où les industries forestières et a;;ricoles (sci(*ric:9, tanneries,
suen-riei», fromageries; M>nt assez nonibreuscrt. 11 en est de méroe
dans le Vallatce, zone mixte, à la fuis a;;rico]e, minière et métallur-
gi4|ue <|ui confine au Der, au iVrth«*is et au l^'im>is (vallées de la
Hlai^e et «le la Manie). Ck et là quelques taches indiquent les mi*
ninia de densité, sur remplac«*meut dos plux ;o^n«ls massifs forestiers
((oréts de Chaource, d'Orient, du Der) ou «les pins mauvaises terres
(plaine de llrienne, bas plateaux marécageux du ba>sin su|iérieur de
rAisne>.
Ia** princi|Kiles aires de peuplement sont situées sur les con6ns
■M al. •frM«jta.«'««at «*• rftMi««) •««• ««Aai |i«r<« Iii»MI*«dI(> |w«r m»Uur U t^f^mêtt ••tfv U mMmim
«N «wl rt U hmIh 4«< srw«^«r«Mral étt U |ii«»|>ttl««iwtt, mv— ««mm U-Mlr 4« S^m.-«r l« fWww»»^» 4r te
«ra»r« •f^fATlrwaal A U f««rwAl»w« crrUM^w €h»m^ ««m« •• »ll«»«« ••# «n flw*Sa« %mm» m*
mm»k f ftn-^fmtmt U tl#fMllr 4* U |«.»| n i l > m »« ra t k«My>ftinMr MlUaul k-« alfi* a«C«r«l|ir« é» !•
•••ir 9m» mmthmi» •••l««c«r à rvUr «W»l •**** t— , M» M 4« Mar«M«iii« fmm$ U Valavë** awr> M «4«<— r
f« «f» tttKmtfê f^frmpJktfm* à* f« f/M^^t—m #■ VmUeké^, la »\ I*ac1« |larM«p««, 19M X««« •«<
r«l»*llr r%^aito qal. •«Krt r« • t|»ria.aal lr« |»Sca*ia<^art arac aa« av«trl.> «1 a^a «1
!»««>•, MaUva ka aM«i»Siv« 4iAr«l«r« 4*«ia«aiwa X«a« a««tM rr | i » <—a > % %m 9«ta«lf«lf« t Ul«a
fmi 4r% 9^9v\m Saat •• 4Uai.«rr wU ra rf ifwW a«ar Wa rtf«««lf* 4c la faf«| -lia a, aâa
t rff. • |*r»lali y^ar la Ma««ffanlaa 4« la | |wiiiina aftalaa. U aaa* a | ara ailla 4» S(«rHr
fiaat %mm9* 4V«a. I, • UaiMca 4'«S i tMw r a n a» 4r« fc$acif«aa toftaïaa, W» ««A«a jiffèn •« vaaaat, •«••
r* 4**tir*»< la i to a 4m aaaaa* ^al ré|l t wal la gn a f iiiat 4a la
i
>
LX POPULATION 239
des deux furinatîous infraerétacéc et supracrétacée, et à la |»én|>1icne
de la contré 3, là où la présence de l'eau combinée avec une fertilité
plus grande du sol a attiré les hommes et les a fixés. C'est ainsi qu'à
la htise des collines do la craie blanche sous lesijuelles plongent les
assises î ni perméables de Tinfracrétacé, les centres habités s'accu-
mulent sur la ligne d*aiHourement d*un niveau d*eau abnndant, à
flanc do coteau kur les terrasses adossées au massif de la forêt d'Othe«
et le lun;^ de la convexité que dessinent les monts de Cham|>agne
entre Vitry-le-François et Attigny. Il en est de même dans le Vallage
d^Aîsne, en aval de Sainte-Menehould, riche district agricole qui
8*interi*ale entre TArgonne et la Cliamjiagne Pouilleuse. Mais c'est
dans la vallée d'Yonne, et plus particulièrement sur la bordure de la
nappe tertiaire, que le peuplement atteint son maximum d'intensité :
tout le long de la falaise de Champagne-Brie, bourgs et villages ^e
tiennent en vedette et se pressent à la base ou sur les déclivités des
protubérances qui festonnent les plaines crayeuses; là, le contact de
sols variés, une exposition et un terroir exceptionnellement favorables
à la viticulture, la proxi.nité de grandes forêts et l'abondan*c des
matériaux de construction (montagne de Reims) étiient destinés à
grouper fortement la }K)pulation.
Chaque formation géologique correspond donc, dans une certaine
mesure, à une aire de peu])lcnicnt distincte, et ce détemiinisiue
iin}K)sé au groupement des centres habités par la nature du terraio
ei<t d'autant plus ri;^ureux que les aflleureraents d'une même rocke
t<ont plus étendus : le terrain de craie en est un exemple frapiiant ('),
Indépendamment de la nature du sol, c'est la ré|Mirtition des in-
dustries qui régit la ré|>artition inégale de la population ; des arron-
dissements industriels sont plus peuplés que les arrondissements
agricoles (')•
C*est ainsi que se dessinent sur le territoire champenois des aires
1. Kii ]H73, Mi.ruT cr Nivoit attrihualunt à cbaquc formatlvn gwlugl'ine de rarruBdli«eaii«at 4«
Vouxicn \v* •leimltc* de popuUtioa cuivantM : smble* vrru et ffalxe, 51; m»r»«« cnijcate* «C MiUl**
Tvrtii, Wi craie, il ibtctiêt. agrvnom. dt l'arrpmd. dt VomzUrê, p. fSI).
t. DtnêiN de l« pcpntati»» #■ i9M.
ArrU-»nr-Aab« . . . 21 ,f CbAlona 39,9
Kalnte-Monchunld . . 11,8 Nu«'ont-iiiir-Seiu« 40 (bonneterie)
Vitr.vK-rrançcU . . 29,t Kftbel 4 1, f ;indttsirie lainière, Mer«rfc«)
Vontler* 35 j VaMy 45,S (niinec, mvUllar^e, carrièrM)
£|>emajr 45,4 (t1b« d«Cbiaip«f««)
Trore* 71 (bonnoterU)
Rrlnaa 1 1S,« (Ijdutritt Ulnlire, vin* d« i'baapajB*).
•^w«
i».B H. M W — !■ ■■! ^ ■ I* !■ ^»— ■■ ■ ■^■■P
940 LA CHAMPAGNE
de pcupleineiit plut ou moini iutense où la fertilité du sol, la coucen-
tratîou des niveaux de sources et la prcseoce des timtcriaux de cons-
truction ont dctcrininé la fixité des premiers établissements humninSi
les centres iudu^tricls qui se sont développés dans la suite ayant joué
à leur tour le rôle do foyers d'appel pour la i)opu1ation ; ailleurs la
pMpulation ko raréfie en quelque sorte par suite du dévcIop|)ement
considérable des masses forestières, de Tabsence «riudustries (Cham-
pagne Humide, Ar^nne), de Taridité irrémédiable et des médiocres
aptitudes agricoles du sol (Champagne Pouilleuse). Au c<vur même
de la K'gion champenoise, la zone du terrain de craie constitue donc
na véritable pôle répulsif sur la périphérie duquel la population s*est
a^loMiérée inégalement (').
Mais la notion de la densité e^t insuffisante puisqu'elle n'exprime
pas tous les caractères do la distribution des habitants d'une contrée,
tels que le grou|)ement partieulier des lieux habités, le mode d'assem-
blage des habitations toujours en relation étroite avec la nature du
sol et des habitudes de vie fortement localisées.
Pour préciser davantagt*, il nous faut consid«':rer succei^ivement:
1* le rap|iort de la |K>pul;itioii rurale à li |M>pulation urbaine ; 2* la
fréqueiKc des communes dé|»as»aut un chiffre détenninc de iK>pula-
lion et la localisation des princi|>aux centres urbains ; 3* la propirtion
de la |topulation agglomérée à la population disséminée, exprcfsion
la plus exacte des conditions du peuplement et de l'habitat dans une
région déterminée.
I. Xwn U Sa ém %» m sW* W. U r^frxktiêm r% U «UsAit» 4 ■ U |M»f>«UikMi n^i^niU**^! v« gi. • p«r
|r« arira U» 4rrl«a«l 4» U itatar* 4b mI La C'lMai|Mic«« •niicMiri***!* rt Ir* Arê^nwtf, ^%« 4»
f i a—» 4v MaijUlar.V n 4« t •rrWrrs, 4« miwm <|«« U 1 ba«|<A,;»« iwiri tt.««*U v)tw«ii«i«. Imrit 4N1«W«
tafti^ri ém ITwat»^ •« 4* •#« aMarata', f«| Vrmpvtt» par $m riehr»»e a^««4«, a««ftrM m— é^Màié Sa
y talatWa aa|M^rW«f« A r% llr 4a U y^arila crairala 4% U i'lM««|*ac»«« M*4aa Cir«*Ha*« •mmê la rmt»^9fi
ém a»l. iVai cr qmi réMUir 4*aiMr é« alaatft<i«. aalr» Ira aaa«T« lia • r< iTPf . 4« la »a|ialgtt— 4r t««a
raraaa Sfaraal •ms Ira frmUkf aMaaaava anaUaaarffft 4a U «aria 4a Caaaial t
9m%mtTà »• La rorvuaTwv mu» caura^aM. 4*
I* i%Mmr^mm •»*ar»trtaaala •« .Ultaaat
>• |*art«a raaVala 4a U e^aaifa^sa fynii^al i
ai a al aia, ««lata- MaaaèavM
k. t-k4V«M. Cp.^a.«, \'l%rj. Sate«-l>iaAar . .
r» Afvia, Tffv«aa. Ha r ■ ■ »Sa t »a
S* l*kaMp«4M ■i^rt4twala nwfwtl l
a Sr«a, Pfwlaa,
SiJalC^.
CY »#«. 4« rju^é i»a aa^ mmmim ITVS, p. 1l|, liS, fl*i •mmi* llfl, ».
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il
MS
Mi Ml
iétlItl^rSIlt
Par suîto de la prédominance de Ta^^riculture sur l'indutitrie dans
les occupations de la majorité de ses habitants, la rég'on cliami^enoise,
dans son ensenibli^ présonie une pro|K>rtion de population rurale
numcnquemcnt double de celle de la population urbaine ('), et le
nombre de ses contres urbains de quelque importance est très res-
treint. Sans doute, la réciprocité des besoins de pays à pays et les
facilités de circulation, germes du dévelop)»enicnt de la vie urbaine,
ne font point défaut en Champagne; cejMindant, les causes de forma-
tion dc8 grandes agglomérations agissent faiblement dans la contrée.
La Champagne est en eSTet éloignée à la fois des grands ports et des
bassins houillers, pourvoyeurs de matières premières et de combus-
tible nécessaires :i ses industries, éloignement qui nVst qu*cn |uirtie
atténué par le réseau de voies de transports assez complet mais iné-
galement utilisable dont disposent les centres manufacturiers cham-
penois. Les gisementb ferrugineux de la Champagne sont peu pro-
ductifs et le développement extraordinaire de la métallurgie lorraine
depuis vingt-cinq ans a fait tort aux industries similaires de la Haute-
Marne. Il est incontestable également que, |iar sa situation sur le«
confins de rile-de-France, la Champagne se trouve comprise dans le
]>éri mètre d'attraction de Paris, qui s*étend k plus de 150 kilomètres
dans toutes les directions; Tafllux incessant de la %*ie au cccur du
bassin parisien n'était guère favonible au développement de groa
centres urbains dans un rayon trop rapproché de la capitale. Reims
et Troycs, il est vrai, très spécialisés dans leurs industries, ont pu
grouper autour d'eux des agglomérations rt^lativcment fortes, mais
ni Chàlons, ni Sens ne sont parvenus à affirmer leur individualité en
s'élcvant au rang de gnindes villes. Il n'est pas non plus indifférent
de constater que les grands courants de circulation qui sillonnent
la Champagne en suivant les vallées principales, auiieu de se croiser
à l'intérieur de la contrée, se développent parallèlement, ou divergent
pour rayonner vers le nord, ou convergent pour se réunir seulement
dans le fond de la cuvette parisienne. £n somme, les conditions de
la dissémination l'emportent en Champagne sur celles de 1 1 concen-
tration ; les marchés, les lieux de rencontres périodiques pour les
transactions sont sans doute nombreux, mais très dispersés et, indivi-
duellement, d'importance, médiocre. C'est pourquoi, sur un total de
1. Noua cumptuns rouinie ccntm arbaioa tout reaz dont U popuUtluD 4<*p*a«« XOOOkabltanU,)
fumirment • la couvcntiun aduiitM* par Ira sUti^tlricn», une aKglonit ration d*aa molas XUUO haMtaiiU
ayatit <l<'jÀ «jnclquo cuhôtioo, dca tmditiunt, et exiTvaut «uavrnt auo actl«in éroiionil«|D« dans as aar»
tain rax un. 1^ mvjenue de la p««puUtioD d'une cvumiuue chanipeuwUv a'èleiraU, en lS»fl, à STl babl-
tania.
LA CBAMPAOflB 16
\
■i^wi«B»^w^iii^«w»i^i""**«*P'^^W^^""«*^^"^*ii««|^rwPii^"fi"w^^»^rT«"W'«p«w^^
24Î LA CIIAMPAGNB
1 3SG coiiiiiiuocf y la Cliampngnc n'en compte que 36 ayant cliacunc
un i^fTcctif déliassant 2000 habitants, et pouvant ctre considérées
tliéoriqucnicnt comme des agj^loniérations urliaines ; 14 Tilles seule-
ment ont plus de 5 000 habitants (').
Ce qu'il ini|)orte de considérer ici, indépendamment de la propor-
tion des unités communales suivant leurs efTcctifs de iM)pulatîon, c'est
la localisation des centres habités qui peuvent fî«^rer8ous In rubrique
villes. On remarque que ces agglomérations urbaines, petites ou
'grandes, sont situées de préférence aux princi|»aux lieux de passage,
le Itmg des voies naturelles qui hillunnent la Champagne en suivant
les jprandes vallées, aux conilAient» des riviéns et aux étapes de la
batrllerie, aux points do croisement des voies de circulation générale
qui traversent la contrée : danë la vallée de TArmançon, Brienon et
5^int'Flon*ntin (confluent de TArmance) ; dans eolle de rVunne, Joi-
;^y, Villeneuve-sur- Yonne, Sens (confluent de la Vanne), Monten*au
(cunHaent de la Seine); sur Ifs rives de la Seine, Troyci, Komiily,
Xogfnt, Bray; Arcis dans la valléi* d'Aube; Saint-Dizier, Vitrv,
Cliâltms, K|)ernay le long de la Marne ; Ueims dam* la vallée do
Veslo, sur la route qui conduit dans la Picardie et les Flandres;
Sainte-Mencliould, Vouzien», Uethel dan» la vallée d'Aisne ; Provins
<lans le vallon do la Vouizic, voie natur.*llc entre la Champa<:;ne et la
ré*non |iarisiennc. La zone do contict entre des pays dilTcrents p.ir
la nature du sol, les productions, et entre Icsqueli dei échanges
continu. *ls s'imposent, est ré;;ulii-rement jalonnée par des centres
urliains plus ou moins importante. Les villes du Vignoble : Sézannc,
Vertus, Avize, Ay, Verzenay, etc., se trouvent sur la ligne d'afllen-
rcment des dépôts tertiaires au-drssus du terrain de craie. Dans les
p^ainc^s de la Seine, Troyes confine k la fois a la Champagne Pouil-
leuse, k la Chanipa^n ^ Humide et au pay» d'Othe ; Vitry-le-Fran^is
est à l'issne des plaines du Perthois et k la litière du terrain de craie ;
dans le Vallago d'Aisne, Sainte-Menehould et Vouziers commandent
1rs voies transversales dci cK'tes boiséc^s de l'.Xrgonne, à proximité
de« plaines de la Cltaropaf^e Pouilleuse. Le contact de la looe infru*
crétacée forestière et agricole arec les plateaux oolithiqaes, région
de vignobles, de carrières, de mines de fer, est également fcttCMinè
cVagglomératioiis urbaines, échelonnées depuis la vallée d'Voona
jusqu'aux Ardennes; mais, à part Vassj dans le val de Biaise, et
I. t^« f««t«tt# frltt«lf«»« MMfv* «rWli»* S« to «1mi«i|«j«# rimmm ««Aiwa, •• tSSI, «• 99mi
LA rOPULATlOX 213
Saînt-Dîzîor aux portos du Perthois, du Valla^ et du Barroîit, les
principales villes sont situées en dehors de U Chauiiiagne et bâties
à flanc de coteaux dans les vallons étroits do la Bourgogne , du Val-
lage et du Barrois: telles sont Auxerre (vallée d'Yonne), Chablis (%'ûI-
Ice du Soroin), Tonnerre (vallée de TAnnançon), Bar-sur-Seinc, Bar-
sur-AubC| Joinville (val de Marne), Bar-sur-Ornain. Enfin, dans la
seconde moitié du \i\* siècle, le développement de la grande indus-
trie a constitué quelques agglomérations plus ou moins fortes, telles
que Rf»niîlly-sur-Sv'îne (bonneterie), Aix-en-Othe (bonneterie), War-
meriville (industrie lainière) dans la vallée de la Suipps. Quant à
Mourmi'lon-le-Grand, au cœur de la Champagne Pouilleuse, c'est un
centre artificiel, surtout militaire, dû k la proximité du camp de
Châlons.
Le nombre des villes proprement dites e^t donc très restreint dans
la région champenoise et cependant la proportion de la population
occupée dans les diverses industries est relativement forte; TAube et
la Marne figurent }»anui 1rs départements ayant plus de 40 p. 100 de
leurs habitants du sexe masculin occupés dans Tindustrie ('). C'est
que les industries restent encore en Champagne disséminées dans un
grand nombre de centres plutôt ruraux qu'urbains. Ce sont les indus-
tries textiles qui occupent le premier rang (*) : la bonneterie dans
TAube, l'industrie lainière dans la Marne et les Ardennes; quanta
la métallurgie, concentrée dans l'arrondissement de Vassy (Ilauto-
Marue), et aux industries alimentaires, dont la principale, celle des
vins de Cltampagne, est groupée exclusivement dans la partie cham-
penoise du département de la Marne, leur imiK>rtancc est secondaire
en ce qui concerne le nombre des individus qui y sont employés (*).
1. Ré»Hlt0tj êtntitti/HtJ du rertmMfinemt dta pro/c««i»«M *n itM. t. IV, p. xxi. PVprrs U Slmtiêti^u9
nfrieole de iKti (p. 37 'J. le rapport «le la |>opalatioii ^piVUK-meat agrlewla à U popalaUvB total* aVfo-
rait a Sa.^7 p. luu dnns U Marne et 41. .VU p. lliU «laot TAobr, prvportioa Isfriieiira à U Mo.rcaMt gé-
nérale de la Kranrt- (i\M p. \w), à relie de la llrie ^<<•in«^«t•3larve). de U lW«rgoff»e (CSl*-dX>r,
VoBBo), lualu «D'H riciire à ct-Uc de la IleAnlIo fAUuc), d«-a .\rJeBB«« et de U LorraiBe (>lt^fibe-«|.
>Io*ell«, Vw»«e«) o j la )*opuLitlun Indactrlellc cal plea aoaibrease.
S Ku ie>:. la pru;H>rtlun p uir lUOUO habltaats dra per*oan«* artirre oec B p*« i dBni Ira priBr|p<Ue«
iBliutriei ttait la «oivautc : iDJuntriis d'alimeiilatiua : Maroe, 217; Aahe, M; iB-imtrira Icxillee i
ADl>e.9ll; Marnf. 111 'rai.n'sle Urcm-fm^mt 4e» im'tmttriet et pru/eêaitm», t. IV, p. XXXIT).
S. Kn UOS, TAobv ruoipiali 47 p lUO de piT»uD»el ocenpv à U bonaetcrie prvprcBK^Bt dite dBsa Ib
France entière: !•• d. partctornt do U Marne eoniptuit ti p. IW da pertoanel oecnpê ae eardagr, b«
peirfB ^Ke vt à la filature de la laine, liant KAnbe, la bvunetcrle et U*a iBdaatrIe* auavxA* «fllature 4a
ciel un, telntiuvrle, apprit, etc.;, qai suât cvnecatrëe* daa« la partie chauipeaolae da dèparteiMeat,
^^palent plus de Hinm p«r»wnm« {HTWH homme*, fcnimtt et enfaatt , tvlt pris de I/& de la pepB-
latioa aetiTe XvtAe, anx'iaelie* il fjo'lrait ajuutrr le peraonael dea atelier* de bvnnitezla dUsémlaéB
«M Iva arruuditftom. ut« d Kpcruaj et de IS4n». «oit ua total d« «4 UUU pervoanea, chiffra roud. I»ana
^Jf*"**' '* |H»polatl«n iadattrlvlle •Vlc%ait à pKa de SJMTI pervonaes (ladattrie Ululàre, lêAOl {
rBbr^ion dctyint nioa««eax, iluU; verrtfiet à bouteillea, an iuillUr>. Linduatrie inéUllur){iq««
ST*!?* ***"' *'*''"^'»«****«^»en» de V»a»y, 7 l«9 iadlridua (J^eerwacMcBl de» imdtutriêê «f /r*/«M<*aa»
re»aJiato r^nt-raax, p. xxx%^xxzvuJ).
tlcmcnt dan. le. .rroi><lî«e».«ito d« Twre. et de >'»^
ne l'on wn.Ute hd excérteat de k p«|»l«t»« ■■dwtr.dW
.) snr b popflbUoD .gricole ; d«n. le. Mmmiim*maa> de
nil do U laine, indnrtrie. d'idimeatatiw) et de Vai»T
n), U iroporUM «t il peu p«, égale j dwia U»*I«»^r«»
Beau champenû., U pcçoUtiwi q>écûleMeat agrieale d
itMiuIUe.
iitpae<>«i «""«»= ^^ **■* '"'** *' ** ^'**"» *• PfT*"
tùntli-ineul trè. ■;:giinoérè« ; U proportkw de b pof b **—
• le. hameaux, fennw et écart, au altmtamn dm Atf-htm
MT MM «« U p.prf»U« iihau .tartU. <**«. ««f» « *• »•
M ta4Mln.lte ftiatiflM l**.lriMi . la
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artiBlectcsl d<«tiwe..i.rtrari.U«>4« !«*•> )•*•, l«B*t
«■aiae, dsM b ^mx et Tamia^faÊ^M. 4t «w k^Uu«,
k de* bàa «powe* par b mIm* ^f i v|t.iy»
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a^Moéré, comme trpe et r^tiUmcmeat rvral ea Clampo^iw Çp.
Il exUlenûl «ne corr^tioa étroite eatre le mode de gro«peme«t
de la popalatioa cliimpf imite et la prorevuK- des «Ureri élémeatt
etlini«|aes fixée nKcemiremrat dass la c^oatrée, le* popslaiioas primi-
lîires t'iiiftlaUaBt arec des ibrmes d*at^i€r rard ea rapfnrt arec lean
babitodes sociale». Les Cehes ^mi peaplêrest y^îmitiTc mcn t la Cbam-
pi^e aaraicot été çnmpé« par petites a*;^lomcrafieBa dû^éminèes,
cliaqae dvmaine iaolé ^) ctaat eativré des daamns caltirés par le
pro|>riétdre. 3Iais les peuplades d*ori«;ÎAe i^ermaai^ae qai coTakirnit
à diUcrentes reprises le pajs po«r s*j ixer, les Francs •«^^Hlt, rem-
placèrent les exploitatinns rvralcs isolées par la Ujrmc ^€rmani«]«e
da TÎ liage a;r.^luiitéré qae comportaient les contâmes sr<tales des
Germiins, lorticaliénrmr'nt le rê^me de la propriété en ttsa;re ckra
cax. Ontre qn'il est doatenx qne rélément pmBani<|ne tntrrïdnft en
(1iam|a^i* par les inrasioDS ait été assez nomljci-ax poor imposer
aux popttlations préexistantes des cooditiatts dliabitat aljsoloment
nonrtrlles Ç}^ les sim|4es cwnsiJératkms empruntées â la ^r«>;p-apliie
n>as pjniissent suffisantes pomr explîqni-r le mode de ^^xmp -ment des
populations cliampenoises.
Anssi bien, Tori^ne ctboiqne des ft^mes pré lominantes de I1ia-
bitat rural en Champagne peut être oombattœ k Taide d'antres argu-
ments. :;>• Tua consulte la toponrmîe locale, on constate <|u« la très
punde majorité des centres Habités ckampenois sont, ou ant«'-rieuri,
ou tK*s postérieurs à la périole des inrasiofis germaniques. Ainsi 1rs
mims de lieux formés d*un nom dliomme d'origine jccrmanique eom*
biné arec un sulfixe latin itiUm^ r«Z2a#e, roritg, mêomg, wallîê, etc.) sont
en n^mibre très restreint, tsndis que les noms f«irmés a Taidu de
terme* et de suffixes latins sont beaucoup plus nombreux. (Tcrst asseï
tardircmcnt, semble- 1- il, au début de Tépoque féodale, que la popu-
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«Si ZàlIIHLïSkt» ' . S«*iv
LA POPCfJlTlON 351
Marne, Aube) oscillait entre 30 et 45 habitants par kilomètre carré (')•
Dans le cours du xix* sièclci la population de la région cliampcnoite
a subi un mouvement ascendant presque continu jusqu'en 1891, et
cet accroissement qui a profité exclusivement aux centres urbains est
dû au développement de la grande industrie ; la tendance au fléchit-
scment est manifeste depuis 1891. Les variations constatées cbins la
densité de population de chacun des arrondissements champenois,
entre 1801 et 1901 , sont particulièrement significatives: elles mettent
en relief ce double phénoménCi d'accroissement dans les arroudîsse-
mcnts industriels, de stagnation ou de diminution progressive dans
les autres arrondissements moins favorisés sous le rapport de Tindus-
trie : les pertes les plus élevées ont affecté ceux de Vitr\'| Sainte-
^lenehould et Vouziers qui sont presque exclusivement agricoles;
l'arrondissement de llethel où Tindustne lainière a décliné au profit
des centres du Kord (Fourmies)| des Ardennes (Sedan), de la vallée
de la Suîppc et do Keims (*) ; l'arrondissement de Vassy où la métal-
lurgie a été fortement éprouvée \ïùt la concurrence de Meurthe-et-
Moselle ; la perte la plus faible constatée dans l'arrondissement de
Xo;^ont-sur- Seine doit être attribuée au dévelop|>ement continu de
l'industrie bonnetière à Komilly.
Lcb divers phénomènes de la natalité et de la mortalité, de la nup-
tialité, de l'émigration et de l'immigration étant les régulateurs es-
sentiels des mouvements de la population, nous devons en considérer
les phases caractéristiques dans la région champenoise. Pour déter-
miner l'intensité relative et variable de tous ces phénomènes démogra-
non «omiiti'o) uiiu drntltû d* lOI.C hxMiJUiU |*«r lijae carrB«. Cf. E«mI poar ««sMiltr» U p«|»a1aiSo«
dn royaoin« par MM. uo SiUoib, vz Coxo<»iicbt «» dk la Puack fMémuiê eÂtmd, d«ê f., mmmém
V'tf*'; p. 711, 713, 715).
1. LcrAitHBiK, l'opHtalion /ramfmUrp ft. I, p. ttf.
S. rmrimtton* dt tn pofuJmtiom (dentUi damé ttâ arfnéié^emtmtê rkmi^amai».
1801. ISM. lS7t int. ISfS.^ ItSl.
ArrundlMtf 1 llclins fil.* 7t 1«,«J lU llt.f 111,1
menu / TrovM M.t «0 «l,t CS,t Tl ÎO,t
iiidattrkls. ^£p«rna]r .t«,J éi 45,1 4€ 42,4 45,S
ArrondUte. l ****'•*"• '*•* ^ *'•' ^*^ ••»* "•»
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Arrondi..- 1 i'"»"^ *«•» » *••» *^ ««•* «.•
•tfricvie. )^*'*'^ **•' »* »»•* » *••« «.4
^ I S«lni*-Men«hoal4. . . >7.4 Si 17,S M t4,S SS.ft
<'f. Jadakt, I^ ropaUtioo d« r«rroodU«etiicttl «le Itoiliel de llîiO k l%79 (»9timlUm frmmçmim^
lUims, iMO.p. ll«4M|q.).
\
i^*^"^"^^i«^^^*^*r«w^.*«B
ihi L\ CHAMPAGNE
pliiques, cssentivllenient coraplexe«| noui D*aTons k notre dispotiUon
que des données statistiques portant sur les circonscriptions adminis*
tratires et un nombre restreint de communes; toutefois, si imparfaits
que soient ces éléments d'information, ils nous permettent de serrer
d*asscz près les lois de la population et do nous arrêter à des évalua-
tions sans doute très approximatives, mais dont le sens indicatif n'est
pas négligeable.
La uatilité est généralement faible en Cliampagne : d'après les
résultats statistiques du dénombrement do 1896 (p. 89-90), la propor-
tion |K>ur 1 000 des familles n'ayant pas d*enfants était : dans le dé-
|Nirtcmeut de l'Aube, de 193; dans la Marne, de 180, supérieure à la
moyenne de la France ^106) ; par contre le nombre des familles ayant
cinq enfants ne dépassait |)as : dans l'Aube, G6; dans la Marne, 79
(Franco 111), pro|K>rtion notablement inférieure à celle que présen-
taient les départements plus proli6ques des Ardennes (99) et de la
Lorraine (Meuse, 96; Meurtlic-et-MosoIle, 115; Vosges, 119)[']. Les
décès remportent normalement sur les naissances dans les départe-
ments champenois, et ces excédents de la mortalité contrastent avec
la forte natalité des départements de Lorraine (*).
Les courbes qui figurent les vicissitudes de la natalité et de la
mortalité champenoises révèlent la subordination des phénomènes
démographiques aux éyénements de Tordre économique, en même
tcm]»s qu'elles accusent une tendance vers la dé|>opulaticm qui sembla
s'accentuer dans la seconde moitié du xix* siècle. I^ natalité paraît
avoir été ai^sex f«)rte en Champagne vers la fin de l'ancien régime (');
I Lt S^|.«n«iM>iil <• VAm\>0 t«l •« 4r« mUm |m«IIS<|M« <• U rrmMS Cf. !•• X %t «««^ La IH^^
pmlmtimm d» U /V«»>v. l»-*^, r«rt», lr>*.«, p. in). 11 ri^mUm rw# #4«4« 4« W 4i^«4«tW« ■■ tait
<!•• W* tsrrrMWaa *■ |lga« 4lr»n« l«« Mwliit BoaiMmaM m r— f t r > 1 là vé W« faalIlM mmH te
M«li»« IrewMr*. Or, <!•■• l'AaW, ««r lut ••rrr^i<>s«, U i^r^wtl** 4r% tm n ^tt j mm» mm !!#•« êlPMl*
«'•M i|«« <• «tf à ;•; «11* • VUt* 4« 7t à TI émm» U Hmr— (Tt MCaI, Krmtmmtimu dmH/tr^m p Htéê
«• rvmmt9, Im-ê^, PvU, t:wi, p. lU'tUy.
t $lml,»tifm» m%mmmli0 Àt 1% rr«mem, t. Y XVII, tlUT, p. |ft O» rr«arf»r ««fc»4««l %%9 W ■•HlUé
OWfiilaM «^ i«Uil«rw«iii fofW ra iliAM^Ac** vé «n* rM«li« «MM émmm ém •«•■ tl »y Ibanrt paviw
ffttl»#« t'àlrralt 4a»a I*A«Im 4 !•,!•, Am— 1* Matm 4 t,4S, M^rWMV 4 U — y t — St U rrasM
. ^Mi {Ktrmt 4» w«r«#f»«««, t III, p. Ii6»\. l«*Brff4« TrMV'AS, t'«« Smm U ItorM ««^m w t—l f Im
il W a M^ f . < Im Hm >«u«« (i;«r«« M4r«l*>f««. «• m«««, t. IV. lfS«, p IfS^
S. IVf«f U pmrimàm I7:»-|7#:, Sam U «•^McaUt* 4» 1* % !!■■■, W ■— >w é— ■t h i f w ■ f— r ISIS
4««4« «'^WvaH 4 leif (LcTAMSt ■, Lm tm^mlttmm /rmmçmU^, 1. 1, p. tt^tM^
d9 r« fpmlmifm émm» H pimtfimê 4*
4SSÉM» lAlMAftl
I1SI-I1S4 . . . lSé«M II1MS S4M
(Cl JmJ. 4*4 M . Wmaktm, M«4»ê II»S, ^ ISt) i:S«, ^ iSS} IlSS» S^SSl)
Moyenne des Décès de OàI an pour 1000 Naissances Vivantes
Aube
Marne
2S4
2$4
Périodes 184(H9 18S7-66 1879-83 1894-98
220
2f7
201
1
«40-49 18S7-88 18/9-83 1894-t8
Dâprèz le D'Jêcques Bertilhn (Recueil trimestriel d» SUtist municip éelê
Ville de Paris ^ 2* trimestre 1901 p.WS'fîlL Les moyennes dek Prênee entière pour
les périodes considérées ont été successivement 160j/BJ67ât6t,
\
• •
Variations de la Natalité et delà Mortalité
( Proportion p.lOOO habitants )
parPêriodcK dans fe Cours du XIXTSiêcla
DÊPARTCmENT DE L'AUBE ~
iMt-H tci-« ns-M naa va-a mr-n wt-n ttn-n mm bv9i «hi «h
DÉPARTEMEIIT DELA fflARNE
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(tê PopuUUon rrgnçais9 t.ll.p 23 tqq.fSS): eelht 4* 1852 à 1896 i l'Album
d* M' Csaderlier : lois de là populëtion en France. f^n:l$02.-C*Jh*d»lit
i J9Û0 pretitnutitt dt tlêtûti^iin snautU*» .
LA FOPCLATIOX 953
mais si les statistiques attestent une diininntîoii légère de la mortalité,
depuis le début du xix* siècle, elles déDonceut, par eontre, an flé-
chissement supérieur de la natalité. Les Tariationa de la fécondité
légitime (nombre des naissances pour 100 femmes mariées de qainze
à quarante- cinq ans) mettent en pleine lumière le phénomène de
la natalité et son évolution dans les départements champenois vers la
lin du xix' siècle (*) : elles manifestent une tendance à Ui diminution.
Dans l'Aube et la MamCi les coefficients de fécondité légitime les
plus élevés se rapportent k la période consécutive de la guerre franco-
allemande (1871-1881 à 188U1886) qui correspond à Tcssor de la
ville de Koims, à la plus grande prospérité de la bonneterie à Trojes
et dans son rayon industriel. La baisse do la fécondité qui caractérise,
dans les deux mCmes départements, les époques suivantes, coïncide
à la fois avec les effets de la crise agricole, rinvatdon du phylloxéra
dans le vî;;noble cham|)enois, le malaise résultant, pour la population
ouvrière, de la concurrence industrielle, du resserrement par le pro-
tectionnisme des débouchés ouverts aux produits des grandes indus-
tries textiles champenoises.
La mortalité infantile, bien que décroissant sensiblement dans la
Champagne, se maintient encore à un taux assex élevé, supérieur à
la moyenne de la France, qu'elle doit k la forte proportion des décès
de cette catégorie fournie par les granles agglomérations urbaines
de Troyos et de Reims, ou la mortalité sévit sur les enfants en bas
û^e dans la classe ouvrière (*) : c'est ainsi qa*est entravé raccroisse-
nient de la population en Champagne.
On remarque que l'excédent de la mortalité Kur la natalité est,
dans la région champenoise, en rapport avec une nuptialité asses
faible, affectant une tendance à la décroissance (*)• Les statistiques
départementales n'ont qu'une valeur documentaire d'ensemble ;
celles qui portent sur les arrondissements, les cantons et les comma-
ncs, si incomplètes et si disparates qu'en soient les séries, permettent
de saisir de plus près les phénomènes démographiques, notamment
leurs rapports étroits avec les conditions variables du milieu géogra*
]:liique et économique; elles ont l'avantage de faire ressortir des
t. i't. à r«i.p«n«lic« l« Ublea« noia«riq«« de U naUliU «t d« la «orulllr duM l«a 4r|«Ttuf»ts ém
la rt>^oD rbafii|trouU« dans )c eoon da xix* aièele (profioiti«« pvwr I UUU kaMtaaU dt« ■•!!
drt âvcè»). [Tableaa C.)
S. A Heiiof, la mortalité infantlla tend à difubider; d*apr«*» 1« !>' Gcu.li(>t, la
lUUO nalMance* des dt^'>t d'cafanu a éti par pôrlodea : 1KÎ6>IM0, tUS; IHSMSSi, S7f ; tUtS-Û
iei; 1891-1 g:*i. :î54H|N.KTBriii. L'ieonQwtit tPciaU âmnt It diparttmemt 4« f« Mmrif, p, |J»>tSl).
S. Puur la pV-rlodc dcceaaaU lMH-1897. la proportl«B d «t marlag«« poar lUUO kaMfauiU diall :
TAdIm. 7,t; dans la yarna, <,«, lafértoara à U nojrcBM d« la FraoM, T,l (fyaftefifv* gimirmU 4t la
\
•mmmmi^mm^m^^mmm'
25 i hk CliAMPAGNB
con traites assez sensibles entre les difTcrcntes parties de la région
champenoittO. C'est ainsi que d'aprè» les tableaux dressés par le doc-
teur Antuny pour les arrondliiscments, c^intons et communes de la
Marne (')i le Vignoble de la montagne de Reims et les centres urbains
où le dévelop|)cment de la grande industrie a contribué à Textcn-
sîon du bien-être parmi la population ouTrièrci se distinguent par
une natniité relativement forte; entre les périodes 1830-1838 et
1.87G-1S85, le fléchissement de la natilité apiaraît moindre dans
les deux arrondissements vinicoles et industriels d*K|>emay et de
Reluis, les plus riches de la Marne , que dans ceux de ChùlonSi
Sainte-Menehuuld et Vitry, plus s|>écia1ement agricoles et moins for*
tunés Ç). Dans l'arrondissement de ReimS| les cantons de Reims et
du Vignoble (Ay, Verzy) ont une natalité plus forte que ceux de
Cliâtillon, Bourgogne et Beinci moins favorisés sous le rap|K>rt de la
richesse.
Les statistiques démographiques urbaines con6nnent, en les pré-
cisant, les moyennes réalisées pour les arrondissements et les can-
tons. Iji natalité est supérieure à la mi^rtalité dans quelques localités
industrielles d'importance moyenne ou médiocre , plutôt rurales
f\mmi^, i. XXVII, I«f7, f. Nf. Lm varUtUM Se U malrtaMfaUUU (bmbHt* 4« marUcrs fmM iWttw
l'«r<««é«M éf Ut mmtHmttimMti.
l«7tlS74 t.<4 tt.SS
ItniStI »,•• S.M
ItniS^ f.M ••iS
IMM«9I S.«S T,S>
l»:«ltiS •»!• ••«§
tfm ^r tm r*t »caurm. t#« L»iê ê9 l« ^fmMmîfm t% rrmme», gr Im-^, rarte. I1W. •▼•' ••
4MMxra|iWW »UiW|a« •« 4v«*«I^m. it 4 r»t^>rm'Uem !«• uM«mm nUlÊU 4 U MiftUlllé ém
U «lMMf«B*U. (Tal4rM I*.)
1^1. p iS-n. •• Âmmmmirt éém^frmpMfm» £t l« rUU ê» ktim*, |»«t •• |S»S. (!*•• iftlHlf
mr In |i^ua«« lt30-iU4, |» .»^i»:f rt IPIS-I»!^ ) «t 4 fm^inUf U» UMmsa B, F, w
4 U MUllir *l à U MMtAlliâ 4«a« le* a yf iU f — U w% %m €%■<■■!
t. Umi* rrttsrwbto ém ééf«n«-«»r«i 4« U Xavw tpétUêê l»;«-lf«>V te ••ilUUli ■!»■!■ i (f JM|
éttm*^ U B«H^li« mflm i4.!«r. U fWt* pt wf wetlmm <• te MytUIM Sm* Im
■H«é «c S*Cf«nMj < w r w i f M»S 4 »• ra«v4r«« 0j««««l4a» 4c U ■■lalti «av to ■■nallii.
Xm^imtM émmê l« ««»«• (y#HaS»
4*1
t.«
I
OlUH>PCiATIQX DES CAMPAGNES 353
qu'urbaines (Uoniilly*tur-Seine| WaniicrÎTillC| Suippot), dans Ict
principaux centres du Vignoble (Epemay , Ay, Avize) ['], tindis que
les grands centres industriels| Trojet, ReimSi Saint- Dizicr, où les
conditions sanitaires résultant de Taggloménition do U population et
surtout de l*a1inientation en eau potable sont plus ou moins défec-
tueuses, la natalité, assez forto, no compense pas toujours les pertes
dues à Li mortalité. Partout ou l'activité industrielle e«t faible ou dé-
cline (CliAlons, Sens, ProvinS| Rctliel, Arcis-sur-AubOi Pont-Paver-
ger), dans toutes les |)etites villes qui ne sont plus guère que des mar-
chés agricoles où le |)etit commerce local n'est alimenté que par des
garnisons (Saîntc-Menehould, MontereaU| Sézanne, Vertus, Vouziersi
Mourmelon, Joigny, Vitry), les décès l'emportent sur lot naissances
dans dos proportions variables ; les circonstaness économiques expli*
quent, dans tous les cas, les variations de la fécondité. Quant à la
baisse générale de la mortalité, résultant d'une amélioration des eon*
ditiuns hygiéniques, elle parait entravée par les progrès de l'alcoo-
lisme (•).
Ce qui ressort nettement de tous ces phénomènes démographiques,
c*cst riiifcriorité des centres ruraux sur les agglomérations arbaines
sous le rapport de l.i natalité et de la nuptialité (*). Cette infériorité
I. cr. 1« tabUau G A rappondiM.
i. (>a conçut*, m cffft, Atn» !«• 4e«s dé|Nirt«a>rata 4« l*A»b« et 4e U VarBA, «m dlmlastloa en
numKredetvarriTJuiU luâlct d« K>l««utc »m «nf I OWde rimgi — • e«tr>te« p é f Vi J w H*Sl«IS<S et It9l^
HM (Aube, — lUU; MariM, — 1H>). 11 jr a «ne corréUlIva eatre celte mer;«Hlé BMecaUMe eivIseMile,
»ai»viifore à U rovrtaUtê féminine rurirciivadante, rtle* prefrèt 4e l 'a leeo l b a ie ; la « e — ■■inUea
de l'alcoul par litrvs et par tcte d*bahtiant t'«t relallTemcat rlevée «a ClMai|«2ae : «Ile 4«|>aMe IS Uuea
(Aabc, I6.fl ; Morae, iO,t*). Cf. i'AfOKaUKa, Allas drMogra; klqae, eartM ■•• fSS, tM, SSS.
3. reMaiBM« rnraU : Lkmltrê («eafee de Ummêruft, J«l«).
piatdDB». xi*m%UTA. jcaTâiori. MosTauré.
1791*1 «> &,t fJ,4 IS.S
iMMf» f«7 S,l 10,1
(As^Kaa-TuéraxoT, itom^rapkh U LkuUrt {ÀuU\, to-S-, àM:U^ ItOS, p. 44.)
Ctntre inimêtrM : Meim».
réajoDKt. XOmaMTé. UATAUTà. MOtTAUrA.
l97M8t9 7,lt tt,lt SH.a
1881-1890 7.90 tO,M IS.H
189I-18M 8,S3 tt.a t<,SS
(n*aprii« r.4aa««ir« dtmofmpkifm* àf tm rUU ê* Uêimê.)
Sar la dopopulatloa dans le P«Ttlu>l« (canton d« TblébleiaoatX cf. la Sttêmtê cerfelc, 1. 1, ^ 4S|-ISi.
I»*a|>rva In r.ilralt da I»» Avtosv pear 1« départeoBcnt de la Marae, al Ict inariafet eeat «s f«« Botea
aitmliiras dana le* ville* qoe daua les canipafnes, pe«r la prHode 18VI A lëTf , U «aUlM «et ^«a
eoutidvra»iIe pour ua uéute nombr* dladivldut et n^me par «tarlafe ceotradA, car IV»« — yf
Ira rUlrs 3,9U nalsaaacca Ivg lil«i«t par nartage et f^ daaa lec caaipafMa (fee. tUf p. IS..
\
^^^«
956 LX CIIAMPAGNB
•*expUf|aey comme nous le TeiT0D8 pliu loio, par Texode croisant et
déânitif d'une grande partie de la population active ruraloi notam-
ment des traTailleun jeunes et rigoureux, rcn lot rille* industriellea ;
il y M là un phénomène de capillarité sociale qui n'est nulle part
austti intente que dans la région champenoise. D'autre part, les éco-
nomistes ont constaté une coïncidence significatire entre la faible
natalité des populations rurale» et le régime de la propriété caracté-
ri»é en Champagne par un morcellement poussé à l'extK'me, et peu
fiTorablc au dévclojipemcnt des nombreuses familles. L'esprit de
Ikinrimonie et l'ardeur à acc|uêrir des parcelles de. terre exagère ici
une forme particulière de la prévoyance : la stérilité systématique.
« Ces paysans (c1inmps.*noi8) ont peu d'enfants; ils en ont générale-
ment d'autant moins qu'ils pocsèdont un plus piind nombre de par-
celles, montrant ainsi clairement qu'ils voudraient soustraire au par-
tage le bien si péniblement acquis (*). »
La décrois^nce continue de la |M)pu1ation rurale et l'augmentation
corres|*(>ndante des ctfcctif* urbain», constatées en Champagne, arec
une intensité particulière, dans la seconde moitié du XIX* siècle Ot
semblent donc résulter tout d*abord de la faible natalité di*s com-
munes rurales par rapport à celle des agglomérations urbaines. Ce
dépeuplement progrcè^if des campagnes a été encore accentué de nos
j«»nrs |iar les effets de la crise agricole, la ditjuiritio.i totale d'anciennes
inJustries rurales telles que la filature et le tissa;70 du lin et dn
chanvre, et surtout |»ar la concentration du travail industriel qui s'est
o|»érée, dès l'époque du second Kmpire, au profit d'un petit nombre de
centres urbains pourvus d*un outillage mécanique perfectionné et
d*nn ré»ean de voies de transport de plus en plus complet. L'avène*
ment de la grande industrie a entraîné la dis|iarit!on d'un grand
nombre de petites usines (*) et ruiné les ateliers de famille ainsi que
le travail à la main dans les villages : ainsi s'explique Tafflux de la
I |>« M'*tj««, La Srér*^ ««#^«1*. t V. ^ SM|. Ct. La PkAV. U^itmrHfrw tw nyrf »— . i V. f>
l*;», ^ iSi,9ê U lUf^^mê •€t*0l0 «• #>••#«. t 11. «U^ XX&IV, • II. La iMiUtt
Bm-s. L*K|«rc«^ émm» •■ vUtetf* efctwj*— !■ SHrwv ««H*!*, t. XXXIII, ^ lll|.
1 Cl. TiB^t »s. UMM««vr«M»ulai.rW«né»U|>«f«UtlMMirrsM«*a^^r««M«4«l«.4«IS|W>
virf ^»\p l^i. t*9 ftê 4 IlSI. U 4rii>Hr 4> U fti < Urt i> f%»W >V<I ■>■ ! ■■ ; ♦ St <iJ 4 SIJ
rS«W : «• KJt 4 »l émm» Im Matm . Mt i m*^. Im Âtff*mé^^—m0 «péat— . p Ml) OHM
«• U Sr^^sUilM «• I* C4««4XW. U lOf 4 ive:. Sam Mém. é9l**m 4<»^ f i i f> ^flatr.«f#SlA«
t Xri. Ittf». p 1. 1, lilf • V0 yli iA Ni»— M« wêmènk «• rr«M« '««. mmà LAVAiASa, Ia MfCfnl^
«M émm» k« *9mt^f0* (S'#«rM •.«rMl#. M* wpt IW4. p, U^-Uèt^
^ Vm»^ W* rmim m mmmmu 4» |#»: Iffff »« Itt^ ItifS, U — % »■ éf ■lÉiM • StailM* S» ISâ tMS
f WMA— k><4r|i«r<n>r»ta4> rA»W rt é» im ^•0mm \ BftmhM^ 4^ ê9 fwtmtiPi niiiinéiiPWOwwt
é^pf^itêt* M#4m^ fr. I•^^ r»«K t«M, «ww wt\^
Centres Urbains
DE LA Champagne
dontb population dépassait
5000 habitants en 190t.
=: 5 -^ « «
AcCROISSEMCItT PROPORTIONNEL DELA PoPUlATION(PiioroRi.p.ioo)
dans chacun des neuf principaux centres urbains delà Champagne
mn liSI M »D/.
I
ÉMIGRATIOX BT IMMIGRATION 257
|)opulation active rurale dans let centres mannfactarier*. Le nombre
des ouvriers employés dans les filatures et ateliers de bonneterie, à
Troyes et dans son rayon industriel (forêt d'Othe, Romilly, etc.), s'est
élevé de 10402 vers 1845 à 15424 en 1865 et 24022 en 18960-
£ntre les mêmes années, dans la ]Mame, le nombre des usines lai-
nières (peignerioi filaturCi tissage, teinturerie) s'est abaissé successi-
vement de 255 à 169 et 141 : ces grandes usines sont reparties entre
Reims et les petits centres de la vallée de la Suippe. Si les deux
arrondissements ardennais de Retliel et Vouziers apparaissent comme
particulièrement éprouvés par la dépopulation rurale, e*est que l'in-
dustrie lainière y a décliné dans toutes les petites localités ouvrières :
le nombre de leurs usines est tombé de 73 (7 426 ouvriers) à 41 (2 704)
et 12 (1 445 ouvriers). Enfin, dans l'arrondissement de Vassy, siège
de l'industrie métallurgique, le nombre des ateliers traitant le fer
a passé de 4S vers 1845 à 26 en 1896, tandis que le chiffre correspon-
<1antde la population ouvrière spécialement consacrée à cette industrie
s'est élevé de 2 093 à 7 465 ('). Telle est la part qui revient au déve-
lop|)ement de la grande industrie dans le phénomène du dépeuple-
ment des campagnes champenoises.
La déchéance des petites agglomérations urbaines a été encore
activée par la multiplication des voies ferrées qui, en facilitant les
rapports des populations villageoises avec les grandes villes pour-
voyeuses de tous les objets de consommation, ont contribué à la dé-
cadence rapide du commerce local. Depuis la création des lignes
stratégiques, le réseau ferré est tellement serré en Champagne, qu'il
n'existe plus guère de petit centre urbain isolé, tendant à se suffire,
et où toutes les formes de l'activité économique se trouvent représen-
tées pour subvenir aux divers besoins des populations circonvoiaines.
C'est pourquoi Taccroissement total de la population urbaine en
Champagne ayant été de 162 350 habitants entre les années 1851 et
1901, la part d'accroissement qui revient aux neuf principaux cen-
tres urbains s'élève à 134262 habitants.
Ce sont donc les petites bourgades et les agglomérations urUainea
1. Kb isoe, 1« nombre des n«loe« et dlren atelier* ;.ffeeté« à Hadutrle de U b o — e trt e Sabc Ire
dcpartrmeuU de TAabe et de U Slarae •'cleralt à 13M doMt S I en^jraleat pl«a Se IQO
4 pla« de SOO.
S. Toatea ces données sUtlftlques ont étrf rèall«ies à l*alde des éralnatioas ■■«érl^aee eu«t«»i
dans la Staiiêtiquê de ta Framrt (Indutrle', In-fol., Paris, ItlT, p. «T-f i, lit, SJt, Sll, SI4; lee Méaml-.
tatê dt VtHquHe dé JUi-téCS (Indnstrie), gr. Ia-4«, Naarj, IflS, p. 51-5S, M, MSS; U«f«lisfif«e ém
r^rmêtmet dtê induttriêê et fr^fuêiont t% t$^, t. I, p. 6M-GC7, Mâ-iSS, «1 1. 1 V (a4ealUt«
LA tMAMTAOXE 17
\
258
LA CHÂ3IPAGN8
it faible impiirUnce qui ont le plus souffert du dépeuplement (') :
ainsi se manifesto l'influence prépondérante exercée par la concen-
tration de l'industrie sur les mouvements et le groupement de la po-
pulation.
La déperdition de la population en Champagne ne dérive pas seu-
lement de l'insuffisance de la natalité, elle est due, partiellement, à
l'émigration des Champenois hors de leur pays d'origine. Si l'émigra-
tion vers l'étranger et les pays d'outre-mer peut être considérée
comme une quantité négligeable ('), il n'en est pas de même de celle
dont bénéficient les départements limitrophes de la Champagne. Au
recensement de 1896, le nombre des individus originaires de l'Aube
et de la ]^lame domiciliés dans d'autres départements s'élevait à
93 608. C'est surtout vers Paris et sa banlieue que se porte Témigra-
tion cliampenoise (*) ; les populations rurales du nord de la Champagne
sont plutôt attirées vers les centres industriels de la Picanlie, des
Ardennes ; enfin un contingent assez fort de Champenois est fixé en
Mcurthe-et Moselle.
Les vides laissés par les excédents de la mortalité et par l'émigra-
tion sont comblés dans une certaine mesure |>ar les immigrants venus
des départements voisins et de l'étranger. Cette immigration, crois-
sante {*) dans la seconde moitié du xix* siècle, et qui s'est portée
I.
Â%%émM
««•««•ca Ml k4 Bik«i«v ciiAarftsotaa
l«^i.
lOi
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IKIélTttWb.) UCaMfTftkaS.)
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AIwi M vvriêr, «• Ckmmpmg—, U M ««ItasI Im«^(>* ^^ «^trM «rWkM •*«
à k«r «MM (Xbi BMT. Lm A§tl0mérmlUm v««éaM, p, M-MV
S. L» Mi»w total 4rc ««itfr*«to rU«W« •■ «MtrAl« *m IS«l«r»llM, 4» lAit à ia9| (mm4m
•mW<«^ •'mm M*vé à laSI pMf Im éèpf%9mmwiu témm ï ê *m TAbW «t S« te JtorM (4MM4r«
tifm* *• l« #VM«r. t. XV. p. t1>.
S Lm «ff^lMlffw *m fAaW r« 4« I* MarM 4iMimmi i— k l IK t é»m» W* éifmtttmtm» wli— n i
IMm, 4lS7li AIm». OI*; Mnw«k«-r«-MMHW. SM4 i A«lM-M-SUnw. Sff7i| Arifti, 4ni|
êêiài IWI— «t-Oto», SiHl, f . L» r%k€f rrUUri
M*«ftli#^««^1lM«ll« ftmU «Vt^Mf ««r f«r !• ftmm •••%«• 4» >— ■■ gVM wf^mtàim 4» TAsto «I 4«
4. l' r ^Brffa» fMr M» à <m — f 4m
. • • . .
(Cf. Mb«,-mm>v, 1m
ir<4— "aé» Wy 4« l««r éipmrHk
ASBÉM
■r«f4«
IMl. Mit.
U 14^
It SS
r-iit-uu
MSt.
ts^
«M LA CHkttPiBTCK
I\i«r oonplèter cette était de* dîvMvmoavetBentodeUpofMlatioe
Cfi CbuajMgBC, Boaa dcT-ona menlMnaer l«« ini;;TatiMii tetapofain»,
]«• échu^ de tnrailleiin ^sî m fn^InÎM^t cluiiac «bbV^ à ris-
téfieu- d« U région, d'nn paji i l'autre, âïoci ^D'eatre UChampaga*
et lc« payi T«Uîii>. Ce* d«jJace)Dcata iDtimcment MMaoâè» k ûtn ia
•ttp|>téincn( et d*appriitit aux accB|atîona onlinairet et aai rmonreca
ici popvUti'int raraln, et conibiDis arec la manivre de vivre daD«
nn certain nombre de locatiléa, ont penûtê depni* de long» ailles,
m ■'adaptant au nooreanx modes de tnniport. Ce*l ainti qne les
bûrlieront et le* •àenn da ni de BieMoe (Argonne) vont traTailIcr
dani lc« conpo dct roréti de Trou- Fontaines, dn Der et jnsqM dan*
celles de U Brie, on il* campent I« |Ja* sonrent arec lenr famille ;
K-a ownera agricoles de la Clianipagne lliunide et de l'Ar^Mne
vont faire la tnoiiMm et b fenaÎM-n dins le Ftrtbmp, •Un* le Valla^
d'AÎHi* et dans U Clianipa;;ne l'waillciue, les rendan^'e* dans le
Vi;n)oUc >t I* montagne de Iteiuis. Dan* la Cliiupa^e inéridianale,
les ruranx des dcnx kcsc* ronl TvndAn^vr en Bvur;;ogne. Pendant
U belle saiiHin, le* ètaiocurs cl les fondeurs nomade* de l'Ar^nu*
poussent leurs toumC-i-s jiuc|ne dans la tnaliene de Ptfis; dau*
les forêts de l'Yonoc «fliamiwgne Humide, iwvt d'Othe) rm reo-
cnntrc le* bftctiiTnns du Morran \ en septernlve et octobre, des oa-
Tricn originaires An l'arTomlistemcnt de ( 'am lirai, les ■ Camberlots»,
Tiennent arracher les bettersTos dans la région de lletmi oh la mais-
d'ccurre e*t insnffisaate.
Le problcrae de l'orijpne et des cu-âctt-re* ethniques de la pap«l«-
tïitn en Clianipagne e*l antrement complexe que ceux dont le* dÏTor»
|>hétiomènc* démograi^iiiines non* ont Impo*é l'examen. Vvvr le ré-
soudre, la science anthropologique nous fournit on cvrtain nombre d«
donnée*, d'une |irécisîon relative, concernant l'indice céphaliqne, la
taille, la coolenr des veux et des cheveux \ ces éléments d'inforau-
tiuQ, comiilètés par cenx qn'un peut empmnter à l'arcbéolo;;i« pté-
hi*toriqae, à U toponrmie locale atnû qu'à l'étude physique dn f»y»,
nous permettent de délenuiner approximativement la compaattio«
ethnique des popnlatioas rimmpeaoiset.
C>n remarque tout d'ahonl que U popnblioo des dépkrtamoats
champenois appartient à un tjrpe dont U Imchrcrphalte «si mojenac,
int«nncdiaire entre U brachveéphalia aecentné* des WUtaata dts
pays de l'est et U dolichocéphaUe variable qai canctMat !<• dipnr>
tements «'ctcBdant dn Dord-eal an lud-one*! à tnven b parti* Ma*
traie dn bassin parisien; dans les départements dmapenvis, la UwM**
lA RACB C'HAVPBNOISE 363
de la race sont assez inégales en Champa|pie; on a remarqué que,
dans le département de la ^lamOi le chiffre des exemptions pour dé-
faut de taille croisi^it régulièrement de Test à l'ouest; dans les Ar-
dcnnesy rarrondis^ement d^ Vouziers est 1er seul qui soit nettement
caractérisé par des tailles relativement basses; partout ailleurs, la
taille apparaît distribuée sans régularité, au hasard des croise-
ments (*). CTest dans ces variations do la taille que nous saisissons la
}>art des influences topographiqueSi professionnelles et socialeai les-
quelles sont indépendantes de celles delà race, sur le développement
corjK)rcl et les aptitudes physiques des inflividus. Ainsi les habitants
des masâifa boisés ar^nniens et ardennais, qui vivent la plu|iart dea
pénibles travaux forestiers et de l'exploitation des carriéres,dont l'ai-
sance et Talimcntation sont médiocres ; ceux de la vallée d'Aisne aux
environs de Vouziers, qui exercent la profession sédentaire de van-
niers, ont une stature généralement moins élevée que les cultivateurs
de la Champagne Pouilleuse et une constitution moins robuste, par-
ticularité à laquelle les conditions générales de l'existence ne sont
pas étrangères. De même, dans le Vignoble (montagne de Reims) et
dans les cantons urbains de Reims, où le travail est plus rude que
dans la plaine crayeuse, la proportion des exemptés pour défaut de
taille est relativement plus considérable. Au sud-ouest du pays d'Othe,
dans le Vignoble des environs de Joigny, on a constaté également
une prédominance niai^quée des petites tailles. C'est ainsi que semble
se vérifier, en Champagne, rinflucnce du milieu géographique et
social sur le développement de la taille (*).
L'insalubrité de certains cantons de la Champagne Humide, où.lca
fièvres intermittentes ducs à la présence des étangs et des marécages
sont assez fréquentes, a eu sa répercussion sur le tempérament et le
caractère des habitants : le tempérament souffreteux et le caractère
apathique des populations du Bocage, au nord du Der, s'explique-
raient surtout par les conditions spéciales du milieu physique (').
Si nous considérons un autre caractère anthropologique, la c #uleur
des cheveux et des yeux, qui a moins de fixité que l'indice cépha-
1. 8ar les TariatioDa.d« la Uillc daai la Marne rt lei Ar1«nne«, cf. rbOxqcvT, EM»mi êmr U ttptfr,
médir. dmeantoH d'Aji, f parti*, p.&5.br. In-b», l'aria, ISJ6; I»» Astoxt, f«e. rif ., p. fC, 30; I|r Lamt,
tôt. cit., p. 6^; I»' (;lki.li.>t. Mr. eit., p. *>SI, 6i»-i», 74--$, 71-19, 10t. Ul»lea« ii*f. t^. U prvpvrtiM
de« exempt*^ puar «Iffaat «l« uill« dans les cantons da département d« l'roBM, pvar U pâMod* |«40-
l«i9, dans Ica M^m. de mêd^. milU., 3» ««ri*, t. IX, 1I»GS, p. ISI.
S. Rociox, ÏUeet lucalos oksenrêoa dans la France (BnlUt. d4lm Sec. d*mmthropat., >• aMs, t. IZ«
1S74, p. <:»l-ï^i. (T la proportion des exemptés |io«r dêfant d« Utile daaa les canteaa êm «ynrf»
nient de l'Yonne (période lSi(M8M), dans Mém. d* médee. milU., S* sérto, t. IX, p. ItS.
». l>r Valtuv, Êinde snr la topographie et l'hygiène d« eantOA de Sat«t'Re»y»-B— fe»t
(Marne) (il««ee. /r«»f r lleims, IMO, p. fti).
jmm Xe^ f. H», h» àaaÙK à^ p>v CJt ^ S«. ks VMS
reax UcM «■ glB^■e^ c W t»»» Uiad* «« t««x. Or, puai b fm-
pilitiiM rt i M y t^ Mi » , il ■' t>î *i 5«*i«c McrcbtJMi tm rdatÎT*
frtKkW ffcj i r i if lw Tit .bteai f i j i^ i •■ pciitc, et le t*pc fcrM
f RM r«t: b «■GcWnêfhaBe, k MBte* élcr^ et le ç^ Ue^ 4«
DwM le a«4 i* k CVaMfa;**, «taCc i p ^ci » le» e rt k« poùt 4«
TM ■i itW« f a« gi T« r , k fi f It iw, fartcMcal sëtiiaèe, «embU Îmm
4« Mcka^ 4« 4a«x ncc«; c'a* p» c»drati icxlencat ^■'clk »
i »— tr ré piM ^ ■ ■— »«*lw « t l« canctina prédoMtiiMitt d«
rxae «« t'aatn 4cs r iw |nwln . Ea gèmtnl^ om cauuta pixtftt ■■•
■nitiintin». iwrfiM mïs* ne tnaapOMtioa dcm onctèm prùaitifa,
UBtût émat k MM 4« k taîDc, UalBl dua c«Imi de riadk* eiplM-
Lk RACE CHAMPBXOISB 265
lîque ou de la couleur ('). Lo type champenoiti particaltcremcnt dans
le nordy serait donc hybride : celte pour la forme du crâne, k}*nirîque
pour la taille et la couleur; rélément kymrique dolicbocépliale au-
rait imposé sa haute taille et sa couleur claire à félément indigène
primitif caractérisé surtout par sa brachycépbalie. Telle est l'hypo-
thèse à laquelle nous nous arrêterons, faute d'une documentation plus
abondante et plus sûre (*)•
Les nombreux vestiges des civilisations préhistoriques retrouvés à la
surface et à l'intérieur du sol de la Champagne (*)| les traces laîsaées
dans la toponymie locale par les différents groupes de peuples qui se
sont en quelque sorte superposés dans le pays, nous aident à élucider
le problème de la race. On remarque que Tindustrie de l'âge de
pierre (dolmens, polissoirs, silex taillés, etc.) et l'industrie raétallor-
gique avaient leurs centres localisés plutôt dans le pays d'Othe, au
nord de la Vanne, sur les pentes des plateaux de Brie et sur les co-
teaux qui environnent les plaines de Reims, c'est-à-dire là oii la pré-
sence des matériaux, blocs de grès, silex, minerai de fer, et proximité
du combustible végétal, étalent exceptionnellement favorables ao
travail de la pierre et du métal (*). Les outils, armes, objets d'habil-
lement et de parure retrouvés en abondance dans les nécropoles
champenoises, par leur diversité même nous permettent de supposer
que plusieurs éléments de population se sont juxtaposés et par la
suite plus ou moins mêlés en Champagne, et, notamment, que les
tribus guerrières qui ont apporté l'usage du fer devaient être asses
nombreuses, Mallieureusement les vestiges humains proprement dits,
les crânes et les ossements retrouvés sont beaucoup moins nombreux ;
les crânes exhumés jusqu'ici, disséminés dans les musées et les col-
lections particulières, n'ont pas été tous l'objet d'une mensuratioD
méthodique. Les fouilles pratiquées dans diverses localités des dépar-
tements des Ardennes et de la Marne ont mis à jour des ossements et
un certain nombre de crânes remontant aux époques préhistoriques,
dont les indices céphaliques se rapportent à une race plus ou moins
1. D' La BIT, f«e. eii., p. «4^-647.
X. Aux CDTlroDi de Jolgny (Yonu*), on a obcerré nn type broa à UUle petite et à Cftee evate (HaNel.
de le .Sec. antkropiU., t* série, t. IX, 1874, p. tftM6S). Xa Lorrmlae, <m trevve bb type bree>yeépfceto
blond rt ffrand, Imo d'on rrwUement de reeet (L'Amtkr^polfiêt t. I, p. tiS).
S. Il e»t pee de pays qal aient ronrni à la s«ieiiee arehéolofl(|ae aaUat de decvaeatt %mê la TTib»
pairne; la littrratare prêbUtori(|ae ebampenolte est irèe aboadaaie.
«. Cf. Pb. 8ALMUX {Mém. et f .Vee. acmà.ÀM VÂnht, l|8t, t. XLVI, p. It-IOX Lee dolaMve «1 Im
menblrt, si abondante dans la. France occidentale, atteignent en Cbanpafue la limite «ztrr-me 4m Immt
extension vers l'est. Dans la Cbampagne PonUlenee, entre les ralMee 4e la Seine et de l'AleM, eè ton
niat«riana manquaient poor la construction dce dolmens, on euastale nne fonne pMllemlMre de
tnre à iabnmation : ce «ont les • boves », grottes erensées dans le terrain de <
263 Lk CHAMPAONR
dolichocéphale et même à deux races plus ou moins nictissées; ces
dccouTcrtcs concordent par leurs résultats avec les observations con-
temporaines (') : les vestiges des civilisations préhistoriques trouvés
dans la MamCi et étudiés par un archéologue champenois, M. Bos-
tcaux-Paris, semblent attester que les rives de la Suippe, en pleine
Cliami>.igne Pouilleuse, séparaient deux races distinctes dès Tépoque
gauloise ('). Ainsi se trouve vérifiée, en Champagne, Thypothése de
Hroca et de I^agncau d'après laquelle la population française, même
aux époques préhistoriques, ne présentait déjà plus d'unité ethnique(').
Quel a été le plus ancien peuple connu ayant habité la région
cliampcnoise? M. d*Arbois de Jubninvîlle s'est efforcé de démontrer,
contrairement à Topinion d'Alexandre Uertrand, que les Ligures ont
précédé les Celtes et les Germains en Champagne, comme dans la
plus grande partie do TEurope occidentale. Or ces Ligures paraissent
«voir été des brachycéphales à la taille peu élevée et au type brun.
A défaut do documents anthro]K>lugiqucs certains, on retrouverait
des traces de la civilisation ligure dans la nomenclature géographique
de la région champenoise : les suffixes ligures aêro ou a$ca, u$co on
Ms^, osctij, figurent dans les noms des villages de Clérey <.\ube, Cla*
roê^a'êifiva, Claraêcenêiê)^ }fatougtê (Marne, au x' siècle, Maluiguê
ou J/al/tffCMf), Cltamplost ( Yonne, Caiitbloêcuê\ Villy (Yonne, Fi/iios-
eus), Vitry (Marne, Ftctoriofctis), Neuvy (Yonne, Xovioêcuê)\ le nom
de la Seine {Sequann) aurait également une racine ligure; de même
Sens {A*f<ndicum) ^ les fculTixes aiifio et ono, le radical aZisa se retrou*
vent dans les noms de pluvieurs rivières ch impenoises, TAmance,
TAnnance, T.Visne (Axotia\ la Marne {,}fatrona\ rilosain (^/isanos).
I. t^ liKlteM •^flMll<|»M ém 4ras cria** tfw«Tf« m Itll fmr I» H* Hk»««»t Sj— T— ■■Iw éê
IJtj ' JU4r«M« t tvut tf p9 tM wrmrml 7S.«i rt «1 ^. Ui«crw^4lalr«« Mtrr U braelijre» pkai%9 «• I* SaM-
te rar* 4» r«rf<M« q«l ksMuU ra Ik-t^l^M». sar U* bar4s S* U Umm U* lr«iW<jr«M 4»
êmn t àm m K lirrr l«>«r« stlrs à» U ClM«|»a(nia. L*«a4»*« <^|^U^a« 4r« cràar* tfwvé* 4aa« la Wfalrap»
•MlUM^a* SaUvr/ «ar-V**!* (raataa é» SalpfM. Mar»*^ «m 1S,S; Il a;'paftWat à aaa •r«to aa«a>4all>
•har«t4ialr;aif«a4« ll.M<>MfMAa««l.4aa«UaBl/«l 4»Utt i#*a»fA'^pW.. aaa^ l»tt.tM*.t.9bli^
IS*). lit rràa» irwarr ra !•'•« aat ra« Ir^Mis 4a RalaM a aa Ia4laa a#M#ai*al aaaa I ■>■%■»■ pliait (IS,tt»
IIM O. «It ri.M«*T, JU«r« «ar Ira •aM>aM>aU pr^hUtari^aca tf«ar4a à lUIaaa (f'a^^a tt i ét t mt» êm Xt^
lut, ift avrU lS<«i1. I^a ^aaira «ràaaa p«v klai#Hia«a 4a Taa«»-««f^Varaa CMaraa, U
BMyaa 4a ;i.!» rraa#Wmral 4«llrlii«e»phala «IH Ot-Bi.M<«T. lat. «éf ) Laa la4Waa
rrè»^ tr«ia««a à Vrrarall (Varar) Mal Tt et Tf ; c#at 4a« •rkmf 4a Salat-Qaralto-awH^laala (Mafva)
varWaI raira 17 c« M ( M. • 4# fa .«^. ^apH» 4# la Jiarw. f* Ofla,! I. I«:«'l««, pL Ifl, ISf>
laa ^aaraMto-^aalfa crAaM tfaavva 4*aa laa g ra M ^ a 4a la van«a4a l>Ml«-Mafla,lf «aat'
aa Maa-l«ark«#«pkaW* ; IP ■■ ■ati replia l»< ; it 4allaka«i^pMka aa mai liUrfctn't^alai.Ct.
««i.aw«. I«rfaâ«4«r«aaf H lppa« 4ra rrila** a^W<fSif<M« 4» la «•««#. te<«». PafK li^ p- lS.MktS«ti^
f«« f*. ». U. «S. Ta rf4ii#UaaT^à Irtfalraart, p«w« 4a VWfy la ^ aa f als •« Piwtlilàl
•««I iM^aa, Itfarall aa Ia4l<a a^pëalkiaa 4a 99^{Wém. 4a la «aa, 4a* «a. •• af«i
•. XXI. IPM. p. %U\.
S Ja«ar«aâ|>aA«M"i^. • Baalapaa. I Vf. pL Sêt, SU.
S. *afla(.4a U i^. 4*a*fA rayai , I» aéffla, I. I, p. S-M. Slê-Slt| t |l« ^ ««S 1 1. T, pw iSl 1 1. VI,
p. S4i t pi «Ma, I. VIII, p tSk
UL RACB CHAMPENOISE 267
rAazon {AUonum)^ etc.('). Au ix'siècley Serbonnet (Yonne) était en-
core désigné sons le nom de Silhona(*)^ le terme de Olonna qui était
au IX* siècle le nom d'une petite rivière du Perthois et peat-être le
nom primitif de la ville de Saint-Dizier, aurait pour origine le thème
ligure ote(*).
Les conquérants Celtes venus de la Germanie vers le vu* siècle
avant Jésus- Christ étaient des dolichocéphales à la haute stature,
au type blond, mais ils ne paraissent pas avoir été très nombreux (^);
les Belges (Kyinris, Cimbrcs ou Galatos), qui suivirent les premiers
Celtes et s'établirent au m' siècle avant Jésus-C^hrist entre le Rhin
et la Seine, étaient de même race. La Marne qui, au temps de César,
bé parait en Champagne les Celtes des Belges, ne paraît pas avoir
été une frontière ethnique. Les conquérants Celtes et Belges for-
maient sans doute, au temps de César, une aristocratie qui fut en
{Kirtie décimée par la conquête. César ne nomme que trois peuplades
gauloises occupant la région champenoise : les Rèmcs (Reims), les
Senons (Sens) et les Lingons f Langres). Les Celto-Belges ont certai-
ncinent contribué, quel que fût leur nombre, à modifier par des erpi*
semcnts le type primitif autochtone; ils ont d'ailleurs laissé des
traces nombreuses de l'idiome celtique dans la toponymie locale. Les
mots gaulois durum ou dunum (forteresse), hriga (pont), catUM (ba-
taille), magus (champ); les noms d'hommes Eburos, Vindos, etc., oa
de dieu {Camulos\ etc., sont entrés dans la composition d'un certain
nombre de noms de lieux en Champagne. On peut également consi-
dérer coin me celtiques, au moins par leurs finales, les noms terminés
par les suffixes avo$, oialoB, acoB{*)\ enfin des noms de pays, comme
le Der (derv, chêne), le Perthois (iVf A, buisson?), l'Argonne (altéra-
tion d'Ardeune); des noms de rivières, de villages, sont immédiate-
ment dérivés de termes celtiques.
Si roccupation romaine a laissé des traces encore plus nombreuses
1. 1>'Ak»<>im i>r. Ji-aAis%-iLi.r. !.*$ Prtmier$ kakitmmt» de tKurûpt, t. Il, la*^, PaHs l^tl. ^ 4« C,
45. 19, y9, 105-IUl, 10?. 111-1 lî. 131-133, 16C-167, U9, S1&, SAS-2»t, S9I; LccoMTE. K««« sv ^«elqvM
Donii de Ut>az des dé)>artf mcata de rVooo* et d« Seino-et Marne {Bmltet. ée /« 80e. «rrà^al. d* Mena,
i. Xin. 1895, p. 9f).
t. QiAXTix, Diet. topofr. dt Vï'ommt, «a mot 5^rboaii«a.
3. Cf. Mim. de la Suc. étt lettre» de Saimt'DizUr, t. Vlll, Iê9>l8n«, p. SIS. A remar^Mr la TlUac*
d« SommcIODC, aaz toorre* da l'Ornai.
4. D'AKBOia, loe. rit., p. xtiii, 7-10.
5. Kxempics : Uttro-eortorMw» (nom primitif de. Keinii) ; #>Nra-«afMr«ltawa« (aaa priaiiiif 4a CkÂ>
lon«,i ; Ehuro-lHgn (Avrollet. Yunoe). Vinio-krifa I Vandearrp, .%ab«), et«. Itacall (Aabe, Baaafainm) |
Marcail (Mamr, Maroialnm) ; NanMail (Marne, Xautointmm), ete. Cf. Ie« ll*tM dr»Mé«« par D*Aaaou
(L*t Première habitante de l'Europe, t. 11, pa»»im, et Hethtrthr* sur Varigi»* da !• prfriété / • matè rm
et deê nomê de lUux hnhiti», Pari«, \n-»\ \9'J0) et par M. I^ixoxok {Vent* eatUftta, t. XIU, p. SSl-JCÎ,
H Diet. topCfr. de la i/arne, iotrodactiaa).
268 LA CHAMPAGNE
«Liiu la nomencUture des looilités champenoises (*); si les noms â
finales en ay, ej, y^ is, ix, je, etc., ceux qui sont fonuês d'un gen-
tiUcê ou d*un cognomen d'origine latine et des suffixes acu9 ou iacut,
o-onii, aria-arioM, etam, etc., ou qui proviennent de la combinaison
de mots empruntés au vocabulaire latin, sont particulièrement fré-
quents en Champagne ('), il ne s'ensuit pas que la colonisation ro-
maine ait eu pour effet de modifier sensiblement les éléments ethni-
ques primordiaux de la population. La Cham)iagne, comme tous les
jiays du nord de la France, a été transformée beaucoup plus par la
civilisation romaine, dont les principaux foyers étaient à Sens et h
Itetms, que par le sang romain.
Les infiltrations réitérées et les invasions des barbares germains
ont exercé dans ce sens une influence autrement profonde. L'infiltra-
tion des barbares genn.iins, de même race que les Celtes et les
Belges, commencée en Gaule dès les premiers siècles de la domina-
tion romaine, et transformée depuis le iv* siècle en une véritable
invasion, |uiraît avoir largement contribué à la prédominance de la
dolicliocéplialie, des liantes tailles et du type clair dans la région
cliampenoise. I^ présence et le séjour prolongé de plusieurs groupes
do colons d'on;;ine germanique sur le sol de la Champagne sont ré-
vélés par la toponymie locale. La yoUtiadignltalum mentionne l'exis-
tence, aux envir\>ns de Hcinis, d'une station de Germains désignés
sous le nom de Laeti gênttle$ ; une ancienne voie, qui longe la mon-
tagne de Heims sur un parcours d'une dizaine de lieues, est signalée
ao IX* siècle par l'arclicvêque llincmar sous le nom significatif de
« Chemin de barbarie », et le long de cette route, les noms des villages
de Gueux {Gothî)j Scrmiers {SarmaUt) ont perpétué le souvenir de
cantonnements germaniques. Plusieurs localités de la ^lame ont
conservé le nom de peuplades barbares, corome Allemanche (Alamaiè'
aiVii), .\11emant (Alamanni)^ Aumenancourt (Alamanmorum cotiiê)^
Sennaize (Sarmaîia)^ Bourgogne (BmynjNfia), Vi liera -Franque us
( Villart Francorum [*]); dans l'Aube, Montgneax {XfamB Oifikormmh.
Tous ces noms indiquent la présence de sokUts auxiliaires et de cdona
d'origine étrangère. L'invasion franqae, auccédant à dea infiltrmtioM
germaniques antérieures, s'étendit rspidenent à toute la Champaf ;
en 495 Troyes obéis»ait déjà à Cloris 0), et Gréguicf de Tomrt attaata
I. C^ Ttêm», M C«ruAMU, VJUt^m 0t h ém
9. Cf. %m IlilM 4 r »iii n p^ X. LtfMMB Sms
a tHtê. êf§^. et U V«rw, IsIpMwMm, fw ■
4. L»««s««, t« 9— y m aUéimÊ têi$h, fw 1S»
LX RACB CHAMPKXOISB 269
Toccupation de Reims par let Franci dès 496. Ces Francs, oomme
leurs congénères germains, étaient des hommes de haute taille,
franchement dolichocéphales, aux yeux et aux chereax clairs (*). Les
noms de Tillages empruntés à la langue des Francs sont, il est vrai,
en nombre fort restreint ; dans la ^lame, M. Longnon a relevé les
noms de Brébant (6nicA&anf : territoire en friche), Fcre- Champe-
noise {fara : famille), Ilanê (forme altérée de ham, village, qu'on re-
trouve dans hameau >, Oyei {augia, forme latine de au, prairie),
Heihz (fonue franyaise d*un nom de lieu germanique de Tordre fo-
restier) [']. Kn revanche, un assez grand nombre de noms propres de
personne d'origine germanique se sont combinés, à Tépoque méro-
vingienne, avec le suffixe latin aau, les mots cairfif ou vUla, pour
désigner des noms de lieux (*). ^lais leur nombre, relativement res-
treint, ne pcrraet pas d'évaluer, même approximativement, Timpor-
Uincc numérique de la population franque fi:Lkt sur le sol de la
Champagne (') ; et, en général, nous devons nous garder de croire
que la fréquence de ces noms d'origine barbare soit absolument Tin-
dice de l'afiluence des populations d'origine germanique dans notre
pays ; cette fréquence prouve seulement, scmble-t-il, que les conqué-
rants francs, qui ont dû constituer une aristocratie de grands proprié-
taires^ ont imposé souvent leurs noms à leurs domaines dont le plus
grand nombre ont donné naissance k des villages. Quoi qu'il en soit,
l'intrusion de cet élément gennanique nouveau au milieu des plus
anciennes populations ne doit pas être considérée comme une quan-
tité négligeable.
£n résumé, les données de toute sorte nous permettant de déter-
miner les éléments ethniques de la population champenoise sont
trop incomplètes et trop disparates pour qu'il nous soit possible de
reconstituer, avec une rigoureuse exactitude, la succession des dlSt-
rentes races qui se sont superposées et mélangées dans des proportions
vraisemblablement inégales sur le territoire de la Champagne ; nous
constatons seulement que la population champenoise est loin d'être
caractérisée par la prédominance d'un type spécial et homogine. D
ne pouvait d'ailleurs en être autrement : la Cliampagne, par sa sitnm-
I. I.AOXKAr, Ethoo!ocle de U Franc* {Butltt. â« Im f^e. é'mntkro^^ t. H, IICI, fw Mt, S7S-t74).
i. Cf. itttroiuetion an fUt-t. tûp>fr, d^ la Jf«nM. L>« «lialectc des Darfoadca, •• ■• i«lév« amtmm9
trmmt tn Chain|*a^e ; d'ailleor», il bVxUU ii«e«n& |*reav« qae la itwiaf i— b wflg — ■< m a^
^to«dM «or 1m cit«^s d'Anxeirr, de Trejrs et de ChAïone (Losiwsoy, Lm Qmmie •• ttsUm^êtétU,
S. Vf. Introtlurtioa •• IHct. Utfofr. de U JVbnw.
*. FcerBL i>K Cari,A!(uKe adoMt q«e lee lavaeloae et le rèjae des reU fcrmalaa aWl fM •• ysor
•ffet de changer lee nenu de terres {L'ÂU€m «I le deiMiae rmrmi, f^ tSS lfS>.
ilO IX CBAMPAONB
tion géographique, par la disposition des grandes voies naturelles qui
sillonnent ses plaincsi a été essentiellement un Heu de passage o& m
sont rencontrés et tn^Iés des peuples de provenance diverse, donl
l'arrivée successive a dû altérer plus ou moins et varier, suivant \m
conditions locales de Thabitati les caractères antliroj>ologiques des
populations primitives. Ainsi s'explique , malgré la prédominance
constatée des hautes tailles, Tabsenco, dans la région champenois6|
d'un type très caractérisé : la Champagne n'a pas et ne pouvait |wu
avoir d'individualité etlinique.
CHAPITRE V
Divisions historiques et naturelles du soL
Dans ce chapitre consacré à l'étude comjNirée des divisions histo-
riques et naturi'lles de la région cbanipenoise| nous nous proposons de
reclicrchcr l'origine de chacun des pays de la' Champagne et de déter-
miner la valeur géographique des dénominations locales anciennes
qui ont persisté jusqu'à nos jours.
Nous avons vu que la région vaguement définie qu*ont mentionnée
les chroniqueurs de réjx>que franque sous le nom do CampBnia (com-
panîa maunacensiê, arciaientis, caialaunen$i$, renuntiê)^ correspon-
dait, dans son ensemble, à la plus grande partie de la zone crayeuse,
et avait une signification géographique parfaitement justifiée. Par-
tagée au temps de César entre deux groupes de peuples que séparait
la vallée de la Marne ('), la Campanîa se trouvait, sous la domination
romaine, divisée en quatre ehitateê d'étendue inégale, dont Reims,
Chillons, Troycs et Sens étaient les chefs-lieux. A l'époque gallo-
romaine, la région champenoise, telle que nous l'avons définie, était
partagée entre les six diocèses de Reims, Châlons, Troycs, Sens,
Auxerre et Langres qui empruntaient à peu prés exactement les
limites des civUates gallo-romaines. Ces diocèses primitifs, qui sont
les plus vieilles circonscri|)tions dont les contours puissent être fixés
avec quelque précision, étaient loin de se modeler sur les divisions
naturelles du sol. C'e^t ainsi que les trois diocèses de Reims, Châlons
et Trovcs débordaient à la fois sur les terrasses du massif tertiaîru
( Brie-Tardenoîs) et sur les plateaux de la formation jurassique (Bour-
gogne, Vallage, etc.).
Le diocèse de Reims, le plus considérable par l'étendue, se déve-
loppait au nord jusqu^à l'Ardenne, où il confinait aux diocèses de
1. CAtAK, I>e Htito gattieo, I, 1). Cf. l'hllibvit XOKKT, G<illl« fc0frmpkim rtttriê rte€mti»fm«, l».|t.
KniplaBi. MDXXXIV, p. Si^-O'j; ; U dUtiafVC !«• Cmmpamt Htlfiei «en Bemtnêt dr* CmmfmmA C^lliej,
«vpar^a par U Tal]«f« de la Mars*.
\
/
272 LJL CHJLMPÀGNB
I^on et de Liège ; à l'etti il dépasMÎt lucme U vallée de la Meuse (*)•
Lo diocèse de Châlons englobait, da côté de l'e«t, une partie du
maMÎf d'Argonnc partagé avec le diocèsô dô Vôrdun; au sud-eat il
8e prolongeait à travers le Perthois et le Vallage, où il touchait au
diocèse dô TouL Celui-ci comprenait une portion de la zone infracré*
tacée au sud de l'Argoune (^^iilotte, Louppy au doyenné de Bar), la
plaine de Révigny et un coin de la Forêt de Trois -Fontaines (Révi*
gny, Coutrisson, Andemay au doyenné de Robert- Espagne), et il
atteignait la vallée de la Biaise (doyenné de la Rivière de Biaise). Le
diocèse de Troyes, qui chevauchait sur les trois formations infracré-
tacéc» (doyenné de Margcrie), crayeuse et tertiaire (doyennés de Pont-
sur Seine et de Suzanne), partageait le pays d*Otlie avec le diocèse
de Sens. A ce dernier se rattachait tout le sud-ouest de la Cham-
pagne. Enfin les deux diocèses de Langres et d*Auxerre, qui cou-
vraient les plateaux oolithi<|ues do la basse Bourgogne et du Bassigny,
empiétaient plus ou moins sur la Champagne Humide (').
Les limites des anciens diocèses ne coïncidaient donc nullement
avec les divisions naturelles du sol; les évoques aimaient à se partager
les grands massifs forestiers (Argonne, Der, forêt d'Othe) qu'ils
livraient à la colonisation monastique; leur intérêt les poussait à
réunir, cliacun dans son domaine, des portions de pays très diffé-
rents, ayant entre eux des rap))orts économiques nécessaires et se
complétint pour ainsi dire les uns par les autres.
Lors4|u*il fut procédé à des partages do territoire entre les fils de
Clotaîrc l'^(r>61), Sigebert, roi de Metz, qui avait reçu Reims et Châ-
Ion», tinJis que Troycs échut à Contran, roi d*Orléans, confia au duc
Lupus le gouvernement du « ducâtus Campânim (*) ». Les moines
de Saint-Denis citent un certain Orimoldus qui, au viii* siècle, « Du-
catum accepit in Campania (') ». Mais le mot âH/caîuê Q*a pas id un
sens topographique précis ; il semble s'appliquer non pas à une ctr»
conscription territoriale définie, mais plutôt à une fonction (*). Il en
est de même du « Regnum Csmpânim » mentionné par Qréfoire de
I. S«r IVU«4m Sm mmt^m» 4t— e u t, tt. !<•«•«•■, t»mé» •mtUffm0ié9êkmèméêWÊimm{Ê$'
yi0ih dt l'tfrWc é*i Umttê ^rW#«. teM. XI, vw«r«), « IniuptsMlM M tU^. tof«fr. 4t !• V«rM |
■•'Ab»u«« mm JcttAïaiiM^ t^mtOé ém êUtéH et Frft», !• S-, l*»rM. ISIS, «w«»| p« MunwàUÊÊn,
U iH.tf4M a«#MB éa C%AI»^, t «•! !•«•. i'kàlMM, l«l | (Um«M, L» IM»s*m éè ClSllMI •• IMS
( ««« étUUt l'mgHt. 40 !• M^fma, •••«• IMI. t II, cMM) | AMA Kocmu, U MmSm^v U^pw.
kiH0t^ H fiAiAiNfM. 4 v«l 1»^. Laactm, is:s-l»lf i asm X*bt»s, Mt i li i M ém êUmàm éê Tm^k II,
f %rt, IB^, MftMf , ltS>ISM, mm^Êk,
t ItorrMT BT SocAM», l>if«. I« y f». Sf r JsW. f M^ USl
S <lBA«M»»a« 9m T«tM, tfte#«i»« 4m /V«m, t. IX, fw 14.
i rkBTS. S>H ^ »r«^ L IX, fk lia.
^ l'i «Ymi. mm C4K-kAS«st, Lm ihaf iSii ftmm^mêt ^ SMk
LEOESDE
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\^ Csvlommitrt -i. Y ^..- -^Ç j l PerlftOIS V
AuxepFpiÊ Tonnerroi^'
DIVISIONS ANCIUNNES DB LÀ CHAMPAGNE 273
Tours ('). La dénoniination géographique de Caïupania 8*appliquait
donc, à Tépoque mérovingienne, à une portion du royaume dea
Francs aux contours indécis, comme l'Austrasie, la Neustrie et la ^
Bourgogne (*).
La première circonscription, qui réunit dans des limites communes
la totalité des anciennes campanîœ avec la plus grande partie de la
région naturelle que nous avons définie, a été le comté de Trove«,
devenu le comté de Champagne. Cet Était féoilal se forma par la
réunion successive des comtés de Meaux, de Troyes, de Vitry et de
Har-sur- Aube (1077). Les nombreux fiefs dont le groupement consti-
tuait l'individualité artificielle du comté de Champagne, sous le goa-
vemement d'Henri le Libéral (1152-1181), étaient disséminés sur un
territoire aux confins bizarrement découpés. Création arbitraire de la
féodalité, le comté de Champagne manquait complètement d* unité
géographique ; il laissait en dehors de ses limites deux importantes
principautés ecclésiastiques, le ChAlunnais et le Rémois, c*est-à-dire
le cœur même de Tancicnne Campanta, une partie de la Champagne
Humide et du pays.d'Othe ; par contre il se développait sur une par-
tie de la Brie, empiétait au sud-ouest sur la Puisaye (comté de Joi-
gny), au sud sur la Bourgogne et le Vallage, à l'est sur le Harruis;
par ses annexes au nord (comtés de Porcien et do Rethel), il confinait
à l'Ardenne; en un mot, la désignation do Champagne n'était que
partiellement appropriée à cet ensemble hétérogène (')•
Les groupements historiques qui s'étaient formés au Moyen Age
dans la région champenoise, le comté de Troyes dans la partie méri-
dionale, au centre et au nord les principautés ecclésiastiques de Châ-
lons et de Reims, furent réunis au xvi* siècle, avec la plus grande
partie de l'ancien diocèse de Lingres, dans une circonscription uni*
que, le gouvernement de Champagne. Organisé dès la fin du règne
de François I*^, le gouvernement de Champagne était amputé de la
partie méridionale de la région naturelle (Sénonaii*, partie du pays
d'Othe et de la Champagne Humide) rattachée au gouvernement de
rilc-de-Francc, mais il englobait les plateaux tertiaires de la Brie,
débordait sur les terrasses oolithiques de la basse Bourgogne et pous-
sait ses limites septentrionales jusqu'au massif schisteux d'Ardenne(*).
l. irUtor. Frant^t, t. IX, p. t.
t. Fl.oi>oâu>, h têt. de ViglUt à* Beimu (I*kkts, Feriftore; t. XIII, p. 450).
9. Sar l'étcndoe rt Ici HmitM de ranci«B eooiié da Chani|>afQ«, cf. K>*AKaoia db JvUAnxitAMf
Hiêt. des tornte* iie Chtimpcgne, t. II, p. ICft, 4it; t. III, p. 170; LosoiruB, latrvdaetk»» «• Hief.
top^r. d$ la JfariM et DoeumtnU relnti/ê aux camiia é€ Chmmpagmt «f da BrU, t. I, p. itvi «1 «mlT^ i
lai», Imprim. nation., 1901, catM. ^
4. Lc« villes de Givet, Cbarlemoat, Marleubonrf, PhllippCTlIU d« fAlMleal pM pAft:«d«1a<
LA CaAMJ'AG5l IS
\
97 i LX CHAMPAGNE
Cotumc toutes les provinces, le {^ouveraeiuent de Champagne, œuvre
hybride de concentration artificielle plutôt qu'expression naturelle et
spontanée de rapports issus du sol, a été coo^titué avec des limites
arliitraires et flottantes ('), sans conformité avec les divisions natu-
relles da sol ; Tavanta^C^i qui ]H>uvait résulter de la juxtaposition dans
mn même cadre de |»ays différents, i»olidaircs les uns des autres, for-
■Mot une combinaison de la forêt, du vignoble, des plaines culti-
Tces, semble avoir été la préoccupation dominante de Tadminis-
tration royale qui s*e«t efforcée, en même tempe, de tenir compte
«les limites historiques et de ne |)as déranger des rapports sécu-
laires de |iays à pays. C'cf^t pourquoi rideutification des anciennes
|>rovince< avec les régions naturelle» ne peut se justifier qu'avec des
conreetifs {•).
Quant k la généralité de Champagne, circonscription financière
et a Imiuistrative issue, dans le courant du xvi* siècle, du démero-
Ijrement d'une plus vaste circonscription, la généralité d'outre-Seine,
subdivisée en généralité de Paris et généralité do ChAlons, elle ne
correspondait pas exactement, par Téteiidue, au grand gouvernement
militaire, c'est-â-dire à la province de Champagne proprement dite (').
Tout le sud-ouest do la région champenoise relevait do l'intendant
<Ie IViris ; vîogt-neuf coumuncs appartenant aujourd'hui au départe-
sucot de l'Aube faisaient partie de la généralité de Paris (onze dans
l'élection de Sens, dix-huit dans celle de S;iint-Florentin). La géné-
ralité de Ciiiilonsse trouvait ainsi rotreinte aux deux tiers environ de
; lr« |ir(Mrl|Ml«i^ éU K<«L*a, MtfViu* rt Caii^pia* M ralUrbalrnl as (vaTeruvatent 4r MrU H
t« Jl r«»«r»|, Wc I1mI|*« 4r U ('kan«|*a^i»r fumt lun^Wm^ flwtUniM f*4 •«birml ^*a* 4*«a r»«a«-
>la»i»l La Sri* (nmçmUe Mrlaa, l»vua«*aiarir<-.-»->|«nUila, rte ) rat»aii parti* 4a ril»-4»>|*ratoe#.
LraCr.VaC'tM 4» la 5rW ckaM|<«nwia*. e'e^t-àA rv la tn^-ara i^^nia «i« Ta'ic «a Wlllla^a 4« Mcaam
*hmm* tWW I M^aaa ; Wa— lUia : l*rwvtna, ^i%mn^, AM^'.ara ; ltri# l*vatltraM> : «'kiiaaa TSkrrrv,
Ml— toail-, fal cmiI'^I^ f'm» 4*aav t*»'» aa ^uatcrtirar «1« l'Hai«|>\jn>^ ; aaa vnlaaaaara 4a Ti t*^
thtm I43d r^^ 4Mativ«Mi«at r«-tlc r«»nl«-alat «i •••raîair* va favrar 4a fn^wrm^mtrmt 4» i^êm-
•LiitaMMS, L*ll»4vl*raM^-. —m • t^;!»^. •«« liaiila* [W,m. et US^«> <rà««f 4* rmris. t. I.p uy.
Il «■ a •«» 4i» BM^aM fvar le Kri>«aa>a Mai. blet «|a« raiUrSr lé^lk-rvai -al a rila-4r Traaea, a ^^U
—aail^f J yar U |4*l**'* ^* ran<»i(ra^lM*« 4r raa#i««a« Kranev «s>nai«> |Mjra ebaiyr a aia. L*Mm4imt9
Af m'jf <cra atirlSaatt à la l kAaifia^a* | <;i lie«<r« ram-r c : !«•• carira 4«*|t«ll«la, I fit i erlW 4a IUn
•te. IftM: «vlW 4a D» rer. tOkM ; eelle 4« :UM.*n, il»f rt V*i aaa. La i»l«t r^pmh, «411. 4a tSM,
^ Il7> l*Maai««L Ml lA rva« a iaa «et 4lBMaaiMka a 14 ièraaa 4a Taavat aa M»4*««t, 4»^l« Lagay-a»*
IMr>aafa*4 W iw tf Wa a a ra- n^^igmf ; 54 4a a«*r4 aa aa4. 4e lUrmi 4aat le lUtSé'^la à MavéraaSaa*
le A^*e«a4a l»*a^«4« BaWfft im UKa«i.u, C i lirMra 4a aar4 a« «a I. M 4e l*a ia«l à l'aai « IhH. mmértfttt
et f« Ttaa^, ia-S-, Iî:i, r I^^V.
t. M )l«*u«i»a a éê»»atré ^ae la |iravlaer 4r La«c tel«e a*rUU • «la'aae cvaaHaaia 4a ialia 4«
#— ti a — 4e fafaar* 4a r^^r • \04*ft. dm Lmmft4m«, 4* im.h Vaiaaai s, t. XIU, p l$M)- M l'SAft'v^
•aa a f«M aae f aa« < a <aM aa aaaia.'ae fi-ar la Tearala» {HmlM. 4* fafe. Ua#«e. et éttH^ « iMi^
r SS*. ^ >*^ P ti^h M llAaa«i-l»taHH* r^ar ladaaea^aa ^Serae 4rafaA«ie àMar . avfftf Itii^
p laVIM. Laaeiraaa Iteargucaa rtalt «aa auliè poltil^ae H««^ «|a'«M r^glaa aalafvlW.Cff.KaA*»»
to A*4r j««aa (Sera* 4e •ya.'A'.e à^^..Jala IJMt, r- SK^i^t}- Cf LM^tST, Kia4a 9«;«k^
4a U l'raara i/lrffw 4e ««aiA^ae Siafae.. i 11, ii««, p. tS tt).
S. »« la le««M«*M 4« U g4a. rallié 4v i*%AlMa, ef »*AaaoM M Jl •aiavn.ta, 1*J
41e« éatt«4a«la. €m^m lea aertilvaa 4a r A«W, 1*^, Darta, IMS.
LES PATS DB L4 CHAMPAGXB 275
la province de Cbampagno, arec une superficie de 1 2i26 lieuèt cairèea
et quart (Necker).
11 nous re<te à examiner la valeur géographique dea diverses snb- •
divisions historiques de rancienne Champagne, et à déterminer l'ori-
gine dos dénominations attribuées aux pays champenois. Nous Uisse-
rons de côté les truis grands bailliiges ^Troycs, Vitiy et Chaumont)
subdivisés en cinquante et une prévôtés, entre lesquels fut démembré,
au commencement du xiv* sièclei le comté de Champagne annexé au
domaine royal, ainsi que les huit bailliages, subdivisions du gouver-
nement de Champagne, et les douze élections, subdivisions de la
généralité de Châlons (') : ce sont des créations arbitraires de Tadmi-
nistration royale, sans rapport avec la nature du sol. Il n*en est pas
do môme d*autre4 divisions, mentionnées par les géographes et les
historiens provinciaux de Tancienne France, et dont les noms ont
survécu jusqn*à nos jour^.
Les divisions eu quoique sorte classiques do la province do Cliam-
pagne, celles que tous les géographes des xvil* et xvill* siècles (*)
ont fait prévaloir, étaient au nombre de huit: 1* la Champagne prth
prement dite (Troycs, ( imlons, Sainte-Menehould, Kpemay, Vertus) ;
2* le liéniois (Reims, Fismcs, Château-rorcien, Uocroi) ; 3* le Rethéloit
(Uetliel, Mézicrcs, Cliarleville, Donchery); 4* le Perthois (Vitry-le-
François, Saiiit-Dîzier) ; 5* le Vallage (Arcis-sur-Aube, Bar-sur-Aube,^
Vassy, Joiuvillo) ; 6" le Bassigny (Langres, Chaumont, Montigny-le-
Roi, Andolot); 7* le Sénonais (Sens, Joigny, Pont-sur-Seine, Ton-
nerre, Chablis); S* la Brie champenoise (Meaux, Coulommiers, Châ-
teau-Thierry, Montereau, Provins, Sézanne). Les géographes, comme
Robert ('), ont même dressé des cartes indiquant les limites précises
de ces divisions traditionnelles de la province, purement convention-
ncUcs et inconnues de l'administration, puisqu'elles ne coTncidaient
cxa 'tcnient ni avec les bailliages, ni avec les élections. Toutes ces
divisions, absolument factices, proviennent d'une combinaison sans
1. Cf. le ta1i!«>aa «le cet «liv-tiim^ dam Ilot'TAKic, Philippe U Bel, a|>p^Bdf«c, p. 459-M9.
Lia rho.'t-livQi ûtê hait l>aillia.{ra ûuient : Troyct, C'kaiiBDOot, Sent, ViCrj, Mra«x, CkâtcAa-ThlMVj,
rrvvinr, Suzanne ; coni des doaie «lert'ona : I^of ren, Chaamunt, JolsTillv, Uar «ar-Aabc, Trajw,
Chilont, Sainic^M«ii<>liuuM, Vitry, Kvthel, Iteima, Sctaonc, ÊpcniAy.
S. n%i-<iir.it, t. 1, p. }Jl-f3.'i ; l*i<iA>i«)L DK LA Fo«cK, Dtfriplion 4* Im Frmme*, t. III, p. IfMtt {
Dirt. d*- Trtromx, an mot Chanipa^i* ; Hubert i>B lluMrLX, Difi. «aivertel d* Im JV«ac«, l»-S*, Pwto,
1771, t. II, p. i:fi-l77.
S. RtiMrBT, ((«'•otp'aphe ordinaire dn roi, Cmrtt dn $nu9«Tium*%t §inirml d* Chmwkp*i§ff t Umllf^
1761, <'t nne carte italieune : Li gor^mi di Sfimmpagm» « /IrW, 4i aiiAra pr«/e:|«M«, Vvaeslft, ITIT«
^Q-fulio plau, prvffo .Vnionio Zaiu ^Hibl. de Tru>e«, portrf. lo«. n* 103). Cea dlrialoB« aoat 4gal««Mat
'*ivê sur la Carié dm ffomrermtm:nl dt Ckampfifu\ •uirant U-» nooTrllM oba«nrallMM éê MM. 4«
kdt-roia df« «eiriirra, tngmrntàcê d« noarcaa. A Lride, rbes Tierr* Vas dnr .\a, •. S.; m» «é^Md*
jm l'm* aîlOi, de Ciaillanme I>klisi^ (171S).
\
■*■■' "'— .,. . - ,.. . I 1^ — -» — *..
276 LÀ CHAMPAGNE
criU(|ue d'aucicnnea dîviftîons féodales, ecclésiastiques, administra-
tives; seules, la Champagne, le Pt-rtliois et le Vallagc répondent, dans
une certaine mesure, à des divisions naturelles du sol.
Quant aux dénominations loiuiles que les géographes et cartographes
ont conservées jusqu'à nos jours, a ces anciens pays de la Champagne
dont les géologues se sont efforcés de dégager l'individualité, en leur
constituant une sorte d'état civil baiié «ur la nature du sol, leur valeur
géographique est très inégale et leur persistance dans la nomencla-
ture régionale, en dépit de la précision des contours, e>t parfois très
artificielle. Le Rethélois, par exemple, qui figurt) sur les anciennes
cartes, tant«it au nord, tantôt au sud de la vallée d'Aisne, est men-
tionné par les géologues, sans que son individualité et scê limites
soient nettement définies ('). Or, si au nord de TAihne, ou s'arrête U
Cliaui|iagne Pouilleuse proprement dite, le faciès du terrain de craie
se modifie sensiblement par suite de la préilominanco caractéristique
des aHleurcments marneux, un observateur un peu attentif remarque
que l'ensemble de cette contrée aux contours indécis, qualifiée de
Uetliélois, et dont la dénomination n*a jamais figuré dans le vocaba-
taire |)«>pulairi*, ne présente pas une pliv^ionomio très tranchée ('). Le
Uethélois pourrait donc, sans inconvénient, être rayé de la nomen-
clature des pays champenois.
La même observation peut s'appliquer au Clermontoit, c'est-à-dire
à l'ancien comté de Cicrniont, qui fut successivement la propriété
des évêques de Verdun et des comtes de Bar, avant d'être acquis p ir
le roi de France (1G32). Ce Clermontois, qui comprenait la |)ortion
de la forêt d*Argonno située à Test du val de Biesme, arec une partie
des plateaux oolithiques compris entre les valléei de l'Aire et de U
Meuse, n'est plus qu'un souvenir historique.
La plupart des autres noms de pays en Champagne dérirent dea
y^ plus anciennes circonscriptions administratives, les pagi de l'époque
franque, qui no sont eux-mêmes que des succédanés de la cité gallo-
n>niaine, et qui ont persisté plus ou moins intégralement dans lea
divisions eccKsiastiques appelées archidiaconét et doyenné». Cea
pogi, qui ont été l'objet d'études approfoodies ('), et dont l'étendtta
1. V» Umtkè Mé Ml mMt%n* •• m4 «• MHh^ mé»rjdmê m» U
•MTf •«••*• 4tmréf4U, t^;tf iHtWttvlS. M tl— ., Mk 4m »
Mis, r«rf« 4m pmu 4* MtHUéê, Itti, JkmtmUêêm
MmHm é9 M*émê, m^M U émfk* et jr<«S#Maw ISU.
S. aM-TK»r« titmdt* et i<g f »< f 4«> mmtifmmt mf^i^méM
LES PATS DE Lk CBAMPAGXB 277
p«at ctne recoi»tîtaé« à pe« prè« cxadement, ool Uiu#é des traces
noml*rea»os «laiu Is ni*iiienclatiire géognphiqae de la ré^km clismpe-
D^Ue : sin»i le /M>y«j Porcem»U {Porcien : Châteiia-PorcieB, Kerioo-
Porcien », le pagnê Didcom^ièsh !•« IMm^Juiê (DorOHM : Cemsj-en-
IXinuoU, FiAtainc-en-Domiow, la riricreDonooice), lepa^puPtrUmsi»
iPerthois : Ptrrrhe», Aulnois-en-Perthois, Savonnières-en-Perthois^
Juvi^v-en-Pertlioîs). Cette persistance reiiian|iial4e ne s*explii|ae-
niît-elle pas par ane conformité singulière arec les divisions nata-
relles «lu »ol, et ne «luit ou pas identifier les pars ^êograpliiqacs arec
le^ .inclcns pagi f Cette identification a été faîte |iar un certain nom-
bre d'Iiiit^rivns et de topographes ('), et elle a été adoptée pins
rcceuiiueiit jar les génlo^es. <^uelle en est Texactitude en Cham-
pa^e ? Nous coDstati>ns tout d'abofd que le gUlgUS PorcettS i s, nn des
plus considêralil*:^ du diocè:M! de Hcims par l'étendaei dont le nom a
|a>sC* au COU) te féodal de Pitrcion, qai fut démembré an xtll* siècle an
profit du coiuté de Kethi-1 \^ et éri«;é an XYi' siècle en principauté,
ne coïncide, au n<Y«l de la rallée d* Aisne, avec ancnne diviiùon spé-
ciale du sol {*),
Le Dormois, qui sVtondait à travers TArgonne jusqu'à la vallée
de la ^Ieu»e tDoulcon), a été érigé abusivement en pavs géogra*
phique {*).
Le pagus Pertensis (archîJiaconé ckâlonnais de Pertlic»is) s'éten-
dait bivn au delà des plaines de la Marne, en aval de Saint-Diaer,
où il avait pris nais^fance i village de Perthes) et ne présente qn*nne
analogie de tenues avec le Perthois que les géologues ont défini (*)
et dont le nom subsiste dans le vocabulaire populaire, e'esl-à-dire cet
iminense bassin où les vallées du Barrois et du Valla;re viennent
s*é|>anouir en une plaine d'allurions sous lesquelles plongent les
a:^«i$es du gault et des sables verts, en amont de Vitij-le-François.
V*i DIS. VJlmàt tsr !• paxa »^aoa%ia DnttH dt U .<m. S^-« «e 4a rr*n', t. XXZV, tSU);
Um r»i* '• ''«^«^ ** '•>*«• (BiSbotk. 4m ka«W« rca Sr«, Cmc. ZI) et AMm et ta H— i», f nvr.
texte, p. W7 «Ti. ; )l*\E-Vcai.T. lUcSe tar U% pmfi ém narr»te m i« rtirl* {Mim, 4r le Sm. ém M
trtê et }-*' U-lfmr, AbD^ !•>:» ; AtoW K.mg. Uxmrt%, HisUin 4*» d.»e4m»étT^ml,St
t.Up 111 »q| ; C 11,^ 307. U-f. N&a«j. 190»-I»>|.
I. «:i LKàBD, I*ro«-iaret et pv« de Krmaee •Ammmmir* Ae U Sec: d%ii€. et ^•■er, ItV, t. I, fb
i» ; Ch» «l «l^ ltft>»mm^ir* dtê i««fU«ft.r««, t. II, p. %^ >« ««t p*J%\ ; Alfr«4
4e «;rrxj4re 4« Teor» . TrmJurt. Gm^^t. t. II, p. iti) ; tUfvrurt »t SuCab»^ tMirt. îf§t. éa FÀt
p. XI, et B<H ri«*r. HiaUirt d* rreyee. 1, I, p. |î, M*^ fil.
S. Sar le roreica an Mojea Age, cf. P. i\>i.uxcr, La l*u|»alatl«B 4« la iffrjialMla S» f^nlM ^
ras l»JO '!?»>■« 4*4rtfraa« tt «rjrfeeee. eepl. I90I, p^ t»|>.
S L« l>»re'M eerait, 4*aprèe M. ba L*rr Aaarr 'L« B«M.'B^«rMM>a. p. ÎUv, le p^ja «4 Sm^i
Im ■iraM taroaieaaee repMaat «ar le« arfilee lafraerftae^ee, oae eorle 4e fnfiM 4e U
« mtOm Sèaoalaatioa aia«i eatralae fet lacvaaae 4e« kakltaata 4a peja,
•lx»i««Mlre« .le vaUa;*. terrre de iVarlie eeat aealee faallS4n».
*4«T. Veye^ e« l>«a«v. f !• ««rie, p. J©7, SI«>SI7, Si4.
S BeMia ^rUitm, p. lûJ-lSS, tJS.
ils LA CHAMPAGNE
I^s limites hii$toriqu''« d*autre8 7>a</t ont été rcctiâées et adaptées
|kar les ^éolo^uef h de prétendues divi^ion8 naturelles do sol : c'est
ainsi qu'ont été conservées les dénominations do Sénonais et de M-
mois (*), qui n'ont plus cours parmi les |K>puIations rurales et qui
ont été c<*pendant appliquées à des pays dont les contours restent
indéterminés.
En seconcl lieu, nous remarquons que les noms du plus <^and
nonilirc de ces j^igî ont complètement disparu de la toponymie locale :
tel* le pays de Voncq (p. Voiigenits)^ le Chalonge ou Châîonnais (/>.
CatalatinicuM)^ le pays de Vertus (p, Virtuden$U)^ le pays de Changy
(p, CnmêiacfnêU)^ VArcesais (p. Arctacensii\ le pays de QueudeM
(p. Cuptâumît ou Covtdenilê)^ le Tricassin (p, Tricasiinus}^ le Brien-
nois(p. BrronenêU)^ le Pruvinois (p. Pructnensîs). VAstenoit (p.
StmlunensU)^ devenu un comté féo<lal dont les détenteurs furent qua-
lifîéi» ftucee««ivement do c comtes de Stadeneis » et de « comtes de
nanipierrcMUi-Kstenoîs » (*), n*a pas laissé d'autres traces. Le nom du
Worvo/f (pnijus }[auripen$i$) i tait encore porté nu \\\i* siècle fiar le
uiont Mor\*ois, colline boisée qui domine le bourg de Pont-sur-Seine ;
on écrivait encore Ponz-en-Morvois en 1 245 (*) ; nous voyons Pont-sur-
Svinc fî^rt-r sur des cartes du \vi* siècle sous le nom de « Pontmoiro »
ou « Pontmoyvo » {*), Puur justifier le maintien de cette dénomina-
tion de MorvoiiK, ou c>t :illé juKqu'ïk lui attribuer un sons ^*o;^pliique
b.t>é sur une étymulo;;ie au moins douteuse: le ^(urrois serait lo pays
des marais de la Seine et du conHuent de TAube, depuis Mér}*-sur*
Seine et Ton flans jusqu'à Xogent -sur-Seine (*).
Cette di^|larition progressive «le la plupart des dénoniinati«»ns do
/Kf«;i cl la survivance toute conventionnelle de quelques-une» dVntre
elles attestent le cara'*t«-re artiâciel de ces anciennes circonscriptions
dont les populations n'ont pas retenu les noms. Il importe d'ailleurs
de ne pas oublier que les patji n'ont pas conservé des limites fixes, que
leurs contours ont été soumis aux vicissitudes des conventions poil*
t. !•• 1.«rr«Br«r. !•«. Hf^ ^ Ci, «<, :4?. S*>; tll%, r»t 1^ SM*liW« «■ S*fc ■_ . . .... , ,-,
•ifgéfér%% |>ar la v^th^ Jkm \% V«aa« • (Qi *«ti«, iH^ f* yf » é9 tTmmme, iMfwt., p iv. et L«t*
S l<«*m«*s*«, L« Ht»*U ( V#» de l« lU« et» m%té^m •«<«• et A«w«. L XXtl, p. lf»>tSS. «I lMW»L
S. lh»CT«*T «V ICiCftMS l>^. Uj^f' ém éifH. et tÀm^, f. BVI, ISl CS ABX W IHM iMl b
DIOCÈSES ANCIENS ET PAQ DE LA I^GION CHAMf>eH(MSC
LES PAYS DE LA. CHAMPAGNE 279
tiques et Admmî«trativcs, ce qui atténue sin^lîèrement leur confor-
mité avec des divisions uaturcllds du sol. En réalitC| Icspo^iou pajt ^
de la CliainpagnCi comme ceux des autres rôgions (*), ne présentent
aucune liomogénéité géographique ; un simple regard jet^ sur une
carte suffit pour s*cn convaincre.
Nous pouvons donc conclure que, si le mot pays dérive du tenue
pagus, l*assimilation du pagut à une région naturelle, à un pays, est
inadinibbilile et repose sur une simple analogie d'étyroologie ; que le '"
mot |>ayt> vbX susceptible d*êtro interprété diversement (*), que bien
[Kru de y^.y^y en Cham; agnc comme ailleurs, ont un caractère nette-
meut géographique ; que certains noms de p<tgi ayant survécu doivent
aux anciens géographes et aux géologues une existence pureniont
traditionnelle, ou une valeur gétigraphique trci relative.
Nous consultons enfin que les petits pays de la Cliamiiagne qui
siibsibtcnt dau.«« la nomcuchiturc populaire n*ont jamais été des jm^i;
à aucune époque nous ne les voyons élevés à la personnalité d'unités
a iuiinibtratives, mais au contraire morcelés entre plusieurs circon-
scriptions, sans souci do leur homogénéité naturelle. Ainsi le J^ays
^ore^tier d'Othe, Uttast^lva, partagé entre les diocèses de Sens (ardii- ^
diac.iuê de Sens) et de Troyes (doyenné de Villemaur), entre le
ptujuê Senoneinis et le paguê Trica$sinui (*). WArgonne fut partagée
entre le pagus Stadunemis, le pagui Virâtmensis, la pagtiê Dulcomen»
sis; et, si clic est parfois désignée comme un/>a<^iis, le tenue de /ni^iu
a, dans ce cas, un sens géographique très vague et ne s'applique nul-
lement à une circonscription administrati^'c précise (*); pendant pla-
sieurs siècles, lo grand sillon du val de Hiesme qui cou|)e longito-
dinalementlc massif argonnien fut considéré comme la limite entre
le royaume de France et Tempire d'Allemagne. Le Der, Dervuêsgha,
massif forestier qui repose sur les suis argileux et humides du gault,
entre le val de Biaise et la plaine de Brienne, était partagé entre le
diocèse de Troyes {pagm DrioncntU) et le diocèse de Chûlons (|Hi^ifa
1. M. Moi.iMF.K a dômontrt- qae \e pagu» f ^or»«4>i tu (loulonsain) éuUeoiiipo«é4'^l^mc«U «Wo**-
iiuot Ji«i^r*lci «a point de vue jf«^o<rnphlqae (i><»n VAiftfKTK, Or»yr. àm ijmm§ue4t, t. XII, p. %9^
>ar U vaVur jr'-ographlqnc dei paji, et. LoK<)t-r.T. ÉtaU pijcholo^qiM d« U FraBM(ir«nM et •*••
lA.-r kêtor., I. II, fcvr. lî«OI, p. ti »qq.).
î. **..«iiji (IU9',« de i'nn; t. V, 15 »Trtl I8Î>S, p. 75«).
3. M. L«>SG!(ox a déiouutré {Àtlaê kittor., texte, t» Ilrr, p. ÎI) qne 1« p«js 4*Otli« a^i jaMaU 4«4
nn pogHê et ne duit pm être i]eatlrt« «vce le jmtjm Otwum»i* (OmoU), conime l**Talt f M. 4*Aft»OM'
i.r, Ji >Ai«% iLUC {Uut. dtê to.^Uê de Champagne, t. I, p. IM, boU).
1 L'emploi dn terme jm^im dam le sens vagae de paya, aant rapport aree «n* a«bdlrUI«B a4«>
Il airatirc •laclcoii'iae, c«t a«*ci rré<|ncnt ehei lei éerivaiaa de répo<|ue franqoe. 31. Gai.U>is r» «•••-
tat.- pour m |<tU pays de U lA>rraiDe, la WoCvre (pagms Va^rtmsi») [Âmmmte* d« §4tr., H mal IfM.
p. SUJ. ' ^ ^^
\
-a»-*.^.
88U Là CHAMPAGNE
iVrff-iMM) [*]. Sur les confins du Der et du Pcrthois, le Bocage cham*
fyenois (*), constitué par une bande étroite et sinueuse do terrains
plats et humides, s'étalant parallèlement aux escarpements crayeux
de la Champagne Pouilleuse, aux environs de Vitry, porte une déno-
mination toute moderne. Le Montais (*), dénomination appliquée à la
bordure disloquée, ravinée et montucuse des platc.iux tertiaires de U
Brie, au-dessus des plaines alluviales de la Seine et de TAube, de-
puis Montereau jusqu'à Funtaino-Di^nis, était partagé entre le pagtiê
AîiU'fHnensiê (Melun) et \epaju$ Pruvinemi» (Provins), et n*a jamais
constitué qu*unc seigneurie champenoise dont l'extension est loin de
concorder avec la petite région naturelle dont le nom s'e^t maintenu
dans la contrée. La dénomination de Vallage qui est, commo celle
de Muntois, d*origino purem -nt topographique et toute mo<leme, a
été et reste appliquée en Champagne à des piys qui présentent, il
c*»t vrai, une ciTtaine analogie de configuiation, mais qui sont géolo-
giquonient trî*s différents. Elle caractérise très bien, au su'l*cst de la
diampagne, cette senne de plateaux cal&iires, rocailleux, entrecoupés
de vallées étroites et encaissées (Aube, Aujon, Biaise, Marne, etc.),
qui s'intercalent à la limite des deux formations jurassique et infra-
crétacée, entre les cruupes boisée» du Der et les plaines du Perthois
d'une part, et de l'autre les hautes terrasses du Bamûs et du Ikissi-
gny. On retrouve la dénomination de Vallage dans la vallée supé-
rieure de TAisne, entre la trouée de Villers-en-Argonne et le coude
d'.Xttigny, où elle est encore en usage. La contrée boisée et mon*
tueuse qui prolonge l'.Vrgonne au nord du défilé de Orand|>ré jus-
qu'au |>ays des Quatre -Vallées, porte sur certaines cartes anciennes
le nom de Vallage {*). Hnfin un ancien dicton anlf*nnais désigne les
habitants du canton do Novion-Porcien avec l'épitlicte de « Valla-
giers » (*) ; et, de fait, le terme de Vallage s'appliqae bien aux pU-
tenux ondulés, tour k tour argileux et crayeux, coupés de ▼allona aux
4 \n^9r» U fl*rM*il«« l«fïMré«*ré« ••tra Hftoa»* vf Ttmj—. L*»b%«}« M %mmtkmr*ÊÊ€f ••? Ift
r«i émé%g»v 4aM «•« «lurW à» Ck«rWé !• Cluavs — ■• '**a* tUmi» • M f«f» H <• «ytr
étetttr é'^rn» • tlk>|-noT, Ktmt^* et f**^- ••rw«M. ^ Jt, Mt» i »*AwMM »« Ji»At»f liX««l«*. '
t I. f 4JS. liS ; M*i« Wl 9ftm U mtH p»§m» ■*« f •*•■ •«•• tmv». l ai h if I«S.
t !>■ L«rr*BK«T, Lt Sm«4« pm^iêéf, p. lit.
S «f Cmm LUS», ll«M 9t W )l«Btol« («Vf. et C % mmf» § »» •« *» BHê, •» mtK t l« VÊÊê, p.
4 IT u CmrU et Chtm^tfmt H et» ^•f rtUktt, ^f OvUteMM DsbMUB, l>M«t, lîia
B« ur •Uck, r«fvlM««^M 4« IUIm* L» T«ntot ««4mMa !• «^«mS S» CMMM, ■
%trtm r% X«rW»>l*«tvl#«. IT !»• 0«t. Qgiimi?.
S. AlWrt !!■«■«<•, Tr^éaUmt, wiJiMii. . ém êip m i . et* Àtê$mt^ p, |SI.
LES PAYS DE L4 CHAMPAGNE 281
pentes nipidet| qui s'étendent du sud-est an nord-ouest entre Rethel
et Hozoj-sur-Serre.
Il nous reste à expliquer, pour être complet, quelques dénonûna-
tions secondaires usitées jadis ou encore employées en Cham|iagne,
et qui n'ont aucun rapport aVec les anciens ftays. Ainsi VErvioîs,
nom donné au xV siècle au petit bassin que forme la vallée d'Ar-
niance, à la hauteur du bour^ d'Ervjr (Aube) ['] ; Villf^n-Trodes
(canton de Bnr-sur-Seine), qui tire son surnom de la ntmuê de Tro-
hi)u<Ia, forêt située sur les confins de la asone infracrétacée (*); Perthes^'
en-Rothières (canton de Brîcnne, Aube), où l'on retrouve le mot
Rosten'a àésigtuint les parties gréveuses et arides de la plaine de
nricnnc ('). Ces unités minuscules n'ont jamais constitué des pays.
En résumé, on ne peut conserver dans la nomenclature géogra-
phique de la région champenoise qu'un nombre relativement restreint
do noms de pays correspondant réellement à des unités naturelles
que Tctude du sol pcnuet seule de définir, et dont la valeur géogra-
phiquo s'exprime, encore aujounrhui, par leur survivance dans le
vocabulaire populaire.
Ce sont tout d'abord les deux grandes divisions fondamentales i
du sol qui ressortent dans l'ensemble des plaines cham|ienoi>es : la \
Champagne crayeuse ou Sèche, la Champagne infracrétacée on ;
Humide; la première aiTosée par de rares et maigres ruisseaux, très ,
dénudée, relativement pauvre au point de vue agricole, avec une •
population peu dense, fortement agglomérée dans un nombre res- !
treint de villages et quelques grands centres urbains, Reims, Châlona| !
Troyes, .Sens, groupés dans les vallées principales ; la seconde, par- j
semée d'étangs, sillonnée d'innombrables ruisseaux, caractérisée par I
le développement des massifs boisés, des prairies naturelles, arec de
riches cultures dans les bassins d'alluvions, une population asses
dense et en général très disséminée ; point de grandes villeS| mais
un certain nombre de gros bourgs, agglomérés, les uns au sud -ouest
dans les fertiles vallées de l'Yonne et de ses affluents, les autres^ à
l'est, dans les cantons métallurgiques.
A l'intérieur et sur la lisière de chacune de ces deux grandes
zones de la form :tion crétacée, les variations du faciès géologique
d'un étage à l'autre, les formes particulières du relief et les condi*
1. DM. topoçr. df VAmUf p. tt.
t. Lot, eit t au mot ViUjr-eo>Trod««.
S. £n ll5t, P«rthea-«B-IUtbiàrei éult déai^é «on* le non de Perim êttem {DiH. Uff r. éê rAuè0,
p. 1S«>;. IT le TllU^c de U Rotbl^re, prêt de I>ienrill<s dans ertte même phAmm d« Brtoaa*.
\
ly»»- I ■ .11 ■■ ■ I I 1. — ■ m-^-r^m^-^ I I ■! ■ I ^
iSî Là CHAMPAGNE
tioDs Bpéciales à% l'économie rurale 80 manifestent parfois avec une
netteté aingalière.
Au centre de la zone infracrétacéc, le Der avec set forêts, ses her*
lia*^s et ses étangs est le pays le plus caractéristique de la Cham-
pagne Humide ; entre Saint-Dizier et Vitry-lc-François, le Perthois
réalise le ty|:e do la plaine champenoise ; le VâllBge, qui chevauche
sur les deux furuiations infracrétacéo et jurasfique, englobant une
])«rtie du Der, du Barrois et du Perthois, n'a pas dliomogénéité géo»
;;mphique proprement dite, mais forme cependant un tout et possède
une réelle individualité au })oint de vue économique; le inassif d'Ar^
gonne <|ui, au nord du Witin de Triaucourt, se prolonge par des
transitions insensibles jusqu'aux plateaux ardennais, constitue, par
les fonnes tourmentées de son relief, renchevétrcmcnt do ses crêtes
aiguës et les conditions spéciales de son climat, un pays absolument
original sur les confins de la Champagne et de la Lorraine. Au pied
des tnlus )»arfois escarpés que dessinent \ travers toute la Champagne
les affleurements du terrain de craie, on voit tour à tour dvs terrasses
comme celles qui »ont adossées aux flancs du massif d'Otlie entre
r Von ne et la Seine, des plaines entrecoupées de ruisseaux et de 1k>u-
quets de bois, comme celles du BoCtige, aux environs de Vitry-le-
François, des vallons humides sé|>arés |4ir dos promontoires crayeux
anx pentes ariiles, au Pied^des-MontS de Champagne, entre les val-
lées de ^larno et d'Aisne, de Vîtry à Attigny.
Au sud-ouest des plaines du terrain de craie, le massif de la forêt
d'Othe, nettement délimité par les vallées de l'Yonne, de la Vanne
et les plaines de la Seine, fonne, avec ses plateaux recouverts de
dé|>Mts tertiaires, et ueB frais vallons, la transition entre la Cliam|tagiie
Humide et la Cham|iagnc Sèche. Celle-ci, à son tour, offre un con-
traste saisissant entre l'aridité do ses liautes plaines, où les landes,
les pincraics alt:'rnent avec de maigres cultures justifiant la dénomi-
nation de Pouilleuse, et ses vallées où les sources cl les eaux couranlea
ont favorisé la concentration do la population et le dévclupperoenl
des cultures. An nord de la vallée d'AUne, où Ica diffcrcnlea aasisea
de la formation crétacée se superposent sana régularité, les terras^ea
vallonnées constituent une tono luixta; là, l'efface gradaellemenl la
Champagne Pouilleuse pour faire plaça à des payi plita fortunéa: la
Pf cardia, la Thiérêchû, /es Ârdênn^. Enfin, du Wké de Tottesl, sur
la Uinlure du massif tertiaire, au pied duquel se déreloppeal dee
plaines marécageuses (plaines de la Seine el de l'Attbe, niaraia de
S.tint-Qond, bassin de Reims), les edeaux dtt Mofifoîat dtt VigMbh
DIMSIOXS ACTUELLES I»E LÀ CHAMPAGNE '283
et de la Montagne de Reims forment entre les hantes plaines de la
Charapa^e Ponillense et les plateaux de la Brie, du Tardenois et
dn SoissonnBÎS nn pays de carrières et de vignobles, exceptionnelle-
ment riche et populeux, et dont TindiTidualité est très nette.
Les contours de ces petits pays ne se décèlent pas toujours exté-
rieurement au point que Fœil puisse facilement les saisir. Si les
;rrandes lignes géologiques qui déterminent, en quelque sorte, le
i»quclette de In régîou champenoise sont très apparentes, les linéa-
ments sect.nJaires qui figurent, à rintérienr de chaque grande zone,
les couipartimenU que nous avons signalés sont plus difficiles à saisir
lorsque les caractères distînctifs des pays s'atténuent progressivement
à la périphérie de chacun d'eux. Comme l'ont fait très judicieusement
reniarr|ucr Élie de Beaumont et Dufirénoy ('), les lois naturelles sui-
vant lesquelles ces petites unités géographiques se lient et s'enchaînent
sont < plus siniplt.'S en grand qu'en |)ctit » ; l'individualité des pays
est d'autant plus frappante, qu'on descend moins dans les détails
locaux, et que l'on s'en tient davantage c à l'intention générale de la
nature, dans la distrihution des substances minérales, et à la conti-
nuité de leur masse, plus encore qu'à leur homogénéité ». C'est pour*
quoi nous nous sommes gardé d'attribuer systématiquement des
limites en quelque sorte géométriques aux diverses unités naturelles
qui se dégagent d'une étude détnillée du sol champenois; pour éviter
cette < segmentation inflnitcsimalo », cet c atomisme géographique »
reproché avec quelque jubte&»e aux études de géographie régionale,
nous avons résolument simplifié la nomenclature des pays champe-
nois et rejeté des dénominations inutiles qu'une tradition surannée
ne justifiait pas suffisamment. ^
Lorsque TAssemblée constituante procéda, en quelque sorte géomé-
triquement, au démembrement de la province de Champagne (*), avec
1- Espfirmtiom *l« /« rmrte fiologifur dt U Frmnet, p. ||.
2. IK'crct da 15 janvier 1790. On reiuar<|ntra qar dan* les proj«t«, rapporlt «t dlaeovn 4 1
Mve conriia«nie, rt latif* «a dvoKmbnnivut des a>irlriiDei proviacM et à r«r«clloB S« •«•▼cTIm SItI*
•ioaaaduilnUlraiiTft, il oVtt jamais fait in<-otlun dra diTi»iuns natnrdlea da iX, 4«s pava. U ■*•«
i|ncstioo que «le jasict propwrtiuu» à ub»4*rviT, dVqaiTalcncvs l«-rriturialra à ri^^J^V, «laaa la kmX ém
rapprvcb^r !«• xi'ytstm <!•' leura a Iruiniairairar*. de faeililrr lc« dt'plaeeaieiiU dva caipag— à l««n
rli«ra-licax. I.a (uaecptiuo est donc tua c ^■cvim'iriqoe tt elle u'a ^té atirnat^. daai rappi:ca t tw, ^aa
|.ar la nrccMitr dr do pa^ bri»cr de* rvlatioo* K^alairef ; elle a dû dtrc ae€«>tuaM»dée avec dca tra4itWM
diiBci'e» à di-rarlner, d* • n'Ten<1iriiiuu* et de» a invar*- propre» l«»eaaa qa'il fallait aatlafali«. La rrpar>
tiilon d«fluiti\r «In terriioirr de i'aurleuue Ibampa^cna emre doq dé|tartcia«uta a*a rtr faka qa*laprè«
aac série de titouaeinriiti |.K-4lable«. Sur la • earie de Kraoae diri«.'-« »iiiraat la plaa prupaaJ à TAa-
trnblê« nationale par tun eumité da euottitution :c r.* sopteiabra 1789, par L». Heaae^ala, saeaaaaaar
da M. lli>t»«rt de llifl.i-ln, tu)K>^'ra|>be da rui •, on voit tout le pays «itaé au Dwrd de U Vaaaa, JaaqaU
Nwfaol-»ai^S Ine. aitribat- an d«|>arteiaeot de rVonne; le d/parteneot de l'Aulia m» dvYcloppa daaals
dirccliou de lest jnt luà U Itlaiêe aujoard bai dan* la llaatc-Mame, enfloUatit la toUlItêda pajra d«
Urrj &i^i%nr.e *nr la Wrdure da luai»!/ lertiairv e«t attribué à rAlaoa, flrroioat'an-Ar^wasc iX> ma»)
\
'■■ > I II I ■■ w I I II ■»^^^'-— 11— ^i— I ■ \m i-»^— ^M ». ■ i— »—^^^^w<BgMpi
28i LÀ CHJIMPAONK
•
le dèftir de sauvegarder, autant que possible, les intérêts locaux et
de respecter des habitudes séculaires, elle créa les cinq départements
des Ardennes, de la Marne, de la llaute-Mamc, de TAube et de
l'Yonne, divUions sans valeur géo<;rapliique, dans lesquelles furent
confondues et luorcelécs les diverses circonscriptions de l'ancien
régime, en dehors de toute considération basée sur la nature da sol.
C'est ainsi que, par exemple, le dé|>Artement de la Marne, dont Tan-
cien Ikémois et la Champa;;ne Pouilleuse constituent la partie essen-
tielle (terrain de craie), comprend é;^alcuieat une portion de l'auréole
infracrétacée, c'est-à-dire du Valla^^c dWisne, de TArgonne jusqu'au
val de Biesmc et du Porthois, plus une partie des plateaux tertiaires
de la Urie et du Tardenois. I^ manque d'liomogcn«''ité des antres dé-
partcments formés de rancienne Champagne n'est pas moins frappant
sur une carte. Quant aux (»uUli vivions «les départements, les di«tricts
étint devenus les arrondissements, elles ne t^nt pas plus en rapport
avec les divisions naturelles du s«>l (*). Une identification de ram>n-
dis^cment avec le pay» ne sup|>orto pas le simple examen d'une carte,
à moins que l'on se contente, et dans certains cas seulement, d'une
identification très approximative. L'arrondissement de Sainte-Mene*
hould, |>ar exemple, comprend des portions de la Champagne Pouil-
leuse, du Pied-des-Monts, du Vallage d'Aisne et de l'ArgonnepI en est
de uicme de rarrondisscment de Vouziers ; on retrouve dans Tarron-
dissement de Vassy une partie du Der, du Perthois et du Vallage ;
les arrondissements de Heims, Vitry-le-Fmn^is, £|»eroaj, Troyet,
etc., ont une com|>osition qui n'est pas moins hétérogène. Les pays
champenois dont rindividunlité géographique est la plus apparent*,
le pays d'Oth *, le Der, le Perthois, TArgonne, ont été morcelés entra
plusieurs arnmdisseiiicnts : le pays d'Otlie est partagé entre les quatre
arrondissements de Truyes, Sens, Joigny et Tonnerre. Oo ne tattrait
donc prétendre que « l'arrondissement n'est pas d'une forroatioo arti-
ficielle..... qu'il réunit des habitants de même type physique, de
même dialecte, autour des centres de marché dont l'importaoe* éeo-
nomique est considérable (*) ». Sans doute, l'arrondissemenl, par Me
dimeuftions mêmes, est la division territoriale la plus voisioa du ft^y%
en Champagne comme ailleurs ; mais c'est, dans la plupart dea caa,
S«l«»-l>U|rr Ml
IHM. i'«tW M««Um rrvélr l'l»4ér|a4M •« Im
t S^f U wUmt ti94ffki^mm êm mnwm U ■■■■■■la. <t »<^m» ii liNw » tStHl. n,» tSI, ItS
•M :S»ftrr««.t. %'llf,p It-ff I mtfm0éÊrm*iB,t, V, U MÉIlSlSk »> US §««.
t er. xmmwU0 «#»•«. I. xcvi, %m\ p- itt.
DIVISIONS ACTUELLES DE LÀ CHAMPAGNE 285
un pays tellement défonné ou agrandi, que son unité géographique
est nulle. Les seuls arrondissements d'Arcis-sur-Aube et de ChAlons
appartiennent à un pays unique : la Champagne Pouilleuse.
La même démonstration pourrait s'appliquer aux cantons, tout
au&si artificiels que les départements et les arrondissements, dont les
confins ont été tracés en vue d'obtenir des équivalences d'étendue,
et avec la préoccupation générale de donner satisfaction à des intérêts
liKMUX le plus souvent contiadictoires, et à des rivalités de clocher.
En résumé, dans la région champenoise, les circonscriptions admi-
nistratives sont de pures entités, de simples rouages artificiela destinés
h transmettre au cor|)S social le mouvement centralisateur; leur valeur
géograpliique est nulle, ou à peu prés.
\
)
iSS Lk CHAMPAGNE
On chercherait donc vainement, au cœur de la Champagne, des
pajtagCB aux profils vigoureusement accusés : les formes du relief,
presque partout atténuées, sont commandées par la plasticité des as-
sises du sol et Tinsignifiance des accidents tectoniques; çà et là seu-
lement, quelques talus surmontes de corniches, des lambeaux de
crêtes résultant de la saillie de roches ass.z résistantes émergent
plus ou moins régulicremout au-dessus des ondulations confuses, des
collines aux contours indécis qui caractérisent la topographie de la
contrée. Les reliefs un peu mouvementés sont relégués à la périphérie,
sur les confins de la na)>pe tertiaire, ou dans les massifs de la forêt
d*Othe et de l'Argonne.
Circonscrite par les afHeurements de la formation crétacée, la ré-
gion champenoise constitue une contrée à part, dont l'individualité
dérive d'un ensemble do caractcres topographiques qui la dilfércn*
cient nettement des régions circonvoisines. Au |)oint de vue clima-
ti-rique, son originalité est moindre, car elle marque une transition
progressive entre la partie centrale du bassin de Paris où prédomine
l'influence adoucissante de la mer, avec des pluies médiocrement
abondantes, et les régions ardcnnaise et lorraine, oit les influences
continentales qui prévalent s'aflîrment par la rudesse du climit ac-
compagnée d'une recrudescence des précipitations atmosphériques
due à une altitude supérieure.
La diversité relative des aspe.'ts et les contrastes de détail qu'ex*
priment les dénominations locales de Champagne Humide, Der, Bo-
cage, Vallage , Perthois , Argoune , pays d*Othe, Chamjiagne IV>uil*
leuse, Montois, etc., en relations avec les variations du faciès crétacé,
ne détruisent pas l'homogénéité et la tonalité générale do la région :
en Cliam]Kigne, l'homogénéité se dégage de la simplicité structurale
de la contrée, du développement uniforme de grandes masses miné-
rales, de l'identité des conditions générales de l'existence et dea
formes typiques de Thabitat, et, on peut dire que l'unité de la régloa
repose sur un fonds très ancien d'habitudes agricoles contractées par
les habitants eu conformité avec la nator* du sol. KnlU part oa n%
rencontre en Champagne de petites unités cantooalas isolées par U
nature, communiquant difficilement les unes areo les antret| rl^aai
d'une vie propre et correspoodant à dea fronpea de population Irèi
définis; d'autre part, la concentratiott dea habitants en ▼iUagoa •§•
gloroérés donnait prise aux influencea extérienras; oatra tontoa coi
petites sociétés villageoises, plus on moins rappro eh A ss les nnss àm
autres, les échanges ont tonjonis été tris aetib ol favorisés par In
\
CONGLÛ6IÛ3I 289
difsémination de minuscalcs centre* urbains jouant le rôle d'inter-
médiaires et d'agents de cohésion*
Par suite de sa situation géographique et de sa structure en terrasses
à pentes convergentes très articulées, coupées de grandes Talléea
transversales, artcres de la vie généraIC| la Champagne a une physio*
nomic propre : lieu de rencontre de peuples, croisement d'influences ^
venues de toutes les directions, telle est la marque de la contrée, et
on peut encore saisir dans la composition de sa population les traces
de courants très lointains et très divers. C'est pourquoi la Champagne,',
si on la compare à quelques-unes de nos anciennes provinces, présente -
une individualité dont les traits sembleront peu saillants, d'autant '
plus que les liens politiques et administratifs qui l'ont rattachée de
bonne heure au reste de la nation ont contribué à émousser prêmata-
réraent sa personnalité.
Cependant, s'il n'existe ]>as plus de type ethnique que de dialecte
champenois, on ne saurait nier qu*il y ait eu jadis une Champagne ^
qu'on peut reconnaître encore aujourd'hui à un certain nombre de
survivances.
. Pour toutes les raisons que nous avons précédemment exposées,
vv. Tancienne Champagne n'a jamais constitué une région fortement ca- :_
ractcrisée, vivant d'une vie propre, comme un petit monde à part
dans le grand corps do la nation; mais, entre tous ces petits pays
champenois où les particularités de la vie locale dérivant de l'in- ,
flucnce du sol avaient été accentuées pendant de longs necles par ■
Tinsuffisancc des voies et moyens de communication, entre ces unités
naturelles groupées dans le cadre artificiel de la provinee, il s'était
formé, à la longue, des liens solides reposant sur d'antiques traditions,
sur une continuité séculaire d'échanges et de rapports, sur la com-
munauté de privilèges provinciaux et municipaux. La Champagne ,.
qui eut ses assises judiciaires, les « Grands Jours de Troycs », et ses
coutumes particulières, ne fut jamais pourvue d'assemblées régulières
d'États; mais la plupart des villes champenoises ont joui, au Moyen
Age, d'un régime municipal à peu près identique, modelé sur la
charte communale de Beaumont-en-Argonne, qui était considérée
comme la c loi de la Champagne (') ». La solidarité économique avait
1. Ia Cbanipa^* fat, d^a !• Moran Ax«t » P*y^ '• boargcobi*. La frodalItS j 4cak pc«
p«« opprc«tiTe. Un rvximc «pécial 7 r^pprochmit, plu q«*AUI««n, !•• ooblM 4m rMarters.
paît, TaMf» l'^iait établi qoe la« cnfanis de p^ra rotoilcr at da ni-ra uétUm tmamem saMaa. C^H
qa'aipriniaU eett« luaxlma : • Ea Chamiiacne, le Teatre aBoblli. • D'aaUa paît, la eaaiaaM àt
panncf lait aax nobles de raca, s'iU venaient à tanber dan* la mb«-ra, da falra la eawaw aaaa
à laar qaaliié ; ll« reatalent det uwbles • rlTaal ■arcbaadaa«Bt ».
LA aiAuraon 19
■•^•Vi
?(X) LA CHAMPAGNE
rapproché lei pays champenois, si différents par leurs productions : ht
Bric, tributaire de U Champagne |K>ur ses vins, loi fournissait en
écliangc des matériaux de construction ; la Champagne Pouilleuse
tirait de la Cliampagne Humide et du Vallage des bois et des fers;
ces pays s'approvisionnaient à leur tour dans la zone oolithique bour-
guignonne et barroîse de vins et de pierres à bâtir.
Sans doute la prompte assimilation de la Champagne à la France dé-
termina l'effacement rapide de ses ]>articularitc'S provinciales, au point
que les Champenois ne parleront pas un autre idiome et n'écrivirent
]ias dans une autre langue que les populations do la région parisienne.
Cependant, si la littérature cham|>enoiso se confond avec la littéra-
ture française à son berceau, la Cham|mgne, comme la plupart des
autri's provinces, a eu son folk-lore ; les archéologues et les socio-
logues épris de provincialisme ont recueilli ses chroniques rimées,
81^ ra|)sodics (K)pulaircs vulgarisées par les imprimeurs troyens, ses
citants patriotiques, ses su)»erstitions, ses légt*ndes et ses dictons (').
Le costume champenois lui-mr*me se distinguait par son originalité,
et, il y a une soixantaine d*annéoM, on reconnaissait encore lé paysan
de la Pouilleuse à son grand chapeau à larges U>rds, de cuir ciré, à
sa blouse blanche et aux housscttes qui enserraient ses jambes (*).
Enfin, lo Champenois se distinguait encore de ses voitins bourgui-
gnons, lorrains et ardcnnais |>ar une tournure spéciale de l'esprit et
certains traits de caractère, qui ne sont pas complètement oblitéK*s.
Los écrivains de Tancienne France, et ceux qui, de nos jouri| ont
essayé d*esquisser la psychologie des populations de la Champagne,
abondent en témoignages souvent hyperboliques sur les qualités et
les défauts du Champenois (^), Le paysan de la Champagne est repré-
senté comme laborieux, ménager, doux de caract4*re; il avait la ré-
putation d'être le plus disciplinable des provinciaux ; sa simplicité
apparente était môme passée dans un dicton cruel, inspiré par la
malignité poj>ulaire (*), et la « nience » de ChAloos était proverbiaU.
I. Cf T«aaft, It0mmmetf é» C%mmf*§9m, C V, p. ITt. fl4S a^. | SlWM lUtBAT,
U 4«t«nri«rai 4« n'*«M {^mitH. d* l« $0*. été M. dtr r^mm», mim« ISM, p. 9H)t A»SN LBrS««C«
te^MliUM n «nUciM Se U L'hmmfm^— •« 4« U Bêim (SvIM. dt U JW. ^'•mÊ k mwpêt « «• •#««•• I. III,
f If 1.^ Lt*«i« Mwaia, trrtrl^ê #1 éttê^t rtrmttitts Sa«« h éfpmrfmtmt Sf tàmè», ht. !•-••, TN f »i^
•■ S«r W* pmf*^r^^%tUr^ «la c«HaM« •• Ckaai^a^aa, H. jUWm Mat^AC, la*. «#■« P- tel HcMBVt
Céfrm^ét 4#« Ardnmt», p. 91 { jUV. tiàmmé9, Lm !'•• ni»«l« UmttttU^nt /^ •■ H, ». K ta 1
Umrl M«i>. 4UM U l^fi^mM «artal*. t. XlXllt, p, Ill-|?t.
I BAitiita, riém, Àê €%^m^fm».x, \^p Mt i a ncfcaiatiuu^a, É»êê éê ta F^— ■■, 1.111,». SSI|
«;a«acaff, kpKém^rUêê, %.Up IS-lt ; T*aaA, Êtmmmmtt^ et Chm t§w$i u 1 11, » •) M*0.
U Ckmm^mté; 41*rMf» yraaa— < 4 U i— a*a M^Haa é» TAraSasIa Sa Bilaiib Sj
4. • ^laif-^imgt-éU'mmmt a n a H at al «a CSaMfiaitt fcal aaM Miaa» • Ma
CONCLUSION 39 1
Mais, 61 le Champenois a eu set détracteurs, il a rencontré pins d'un
apologiste (') . Quoique débonnaire et un pea naïf, le Champenois
passait, comme le ncard, pour -avoir la tête un peu chaude, et U ne
le fallait point pousser k bout :
Tête de Cliampenois n*ert qae bonne.
Maïs ne la ehoque point peisonns.
La ruse et la finesse ne lui faisaient point défaut (*)• Taine, qui
était originaire de Vouziers, remarquait « l'œil allumé, la bouche
narquoise, le ton goguenard, le grand nez vulgaire, irrégulier » des
habitants de la Champagne Pouilleuse (')• Michelct a signalé « le
tour ironique de niaiserie maligne » particulier à Tesprit champenois;
il a remarqué que la satire est, avec l'histoire, la vocation de cette
Champagne, c pajs des bons contes, des facétieux récits sur le noble
chevalier, sur l'honnête et débonnaire mari, sur M. le curé et sa
servante ». Deux Troyens, Passerat et Pithou, ont collaboré à la
Satire Ménîppêe ; le Troven Pierre Larrivey est un précurseur de
Molière. A Tcloquence ot à la rhétorique bourguignonnes, Michclet
oppose la grâce et l'irouie rêveuse de la Champagne, « Pesprit de
saillies pétillant comme le vin du cru, qui stimulait U verve de nos
joyeux conteurs de fabliaux, jusqu'à \a Fontaine (*) ». Par ces traits
du caractère, le Champenois ressemble plus à l'habitant de l'Ile-de-
France qu'à celui du nord de la France, des Ardennes ou de la Lor-
raine.
Le Champenois du type populaire est ouvert, accueillant (*), ex-
pansif jusqu'au bavardage, ironique, plaisant et gouailleur jusqu'à la
vulg:irité. L'Ardennais, moins jovial et moins ouvert, est plus réfléchi,
plus méthodique, plus opiniâtre dans ses résolutions, plus tenace qae
le Champenois ; le Lorrain est plutôt réservé et froid, madré fOus les
apparences de la bonhomie (*).
•r ftont ln;;énlè« i fonmir Hr cr prorcrbe 1«« explIcatlOB* le« plan fkataUIites. Cf. T. I>r»cv«
Mondt, anni'-o 184^1, t. I, p. 311 ; J^tlt-ODC Cir.OKnr.«, La Chmmpafne tt Us Ch^mpmaU, Hr. I»S*, Tr*j«a,
189t, p. 8; A. DAoriv, Blason po.->aUlr« de U liaat«>>Uni« {terme de Ck<mfm§m» H dt Jric, f» térfo,
1. 11, p. 685).
I. Cf. 1.1 ballade d'Ea«larhc DK^'MAMrv, I>ec Mocan et couJUIobb des Cbwnpeaolf {CMtHIm
nncient tertt», t. I, p. 11' ji Alexandre IttMA^, La tomUde Vmremms», p. |00>I0!2; Vkl*r Bcvo,
VMm, t. I. p. 36-41 (ëdit. ll<rtxcKt«antIa).
S. Gsoffi.r.T, poar «zpli'iaer ce trUt da rarxrtfrr ebampenoU ri tn>7ea, ▼« J««|a*A Imaftecr ^«a !•
mot trlra««e nlKnifle • troU foU pradmi, troU fols rusé ! • {Èfkiwdrid—f 1. 11, ^ 44|.
S. Cernct d* m^a^, p. tSl.
4. Sotrt France, p. 198.
5. Cf. »ar ce poiot ane Joli< anerdote rapporta par an tovrbte allcmaBd trarerMsl la C%aaipafB«
en 1811 : Sciii-ltka, rtric/e ûher FrankrtUh, ma/ eimer rm»arei$eim Jakrr têtt, t. I, Laipslf, ISIS,
p. 417-4<<.
\ B«r-l«-nae, la dcriac loeale est : Plu prmMrr q«« dlrtl
, . , . , ,,mm ■ I ,,
/
/
392 UL CHAMPAGNB
La Cbampa^e Cèt an des jmyt de France avant subi les plus im-
porUntes tranbfonuation», surtout dans le cours du MX* sîccle : Tef-
furt de l'activité humaine s*y révèle par de multiples et curieuses
adaptations. Les landes du terrain de < raie vouées |iar U nature à
une stérilité prciK|Ue absolue sont aujourd'hui couvertes en grande
partie par drs plantitions de résineux figurant sur les cartes des
taches vertes «lui donnent Tillusion d'une région assez boisét*, et le
ten))»s n*cst plus où l'on jiouvait dire avec le proverbe, à propos de la
Ch«'iinp.i;;ne Pouilleuse, que le pavsan peut y marcher tout le jour
sans y trouver d'autre abri que l'oreille de son âne. La viabilité a été
;^iidetnent |>crfectionnée dans la zone longtemps peu accessible de
l'infracrétncé, dans la Champagne Humide, dans l'Argonne, où Tex*
ploitation forestière est devenue plus facile^où le domaine de la foK*l
a reculé deiant les cultures et l'extension du peuplement. Les pro-
grès réalifés dans l'agriculture chauipi*noise par l'emploi des engraia
chimiques et des méthodes culturales appropriées aux difTérents ^ola
se manifestent )»ar l'accroissement des rendements (')» |iar la déchéance
ou la di»|)arition complète d'anciennes cultures indigènes insuflisam-
ment réinunénitrices, telles que celles du sarrasin, du méteil, des
graines oléagineuses (navette, colza\ du dianvre ; par le développe-
ment de la culture du fmment, de l'avoine, des fourrages artificiels, des
cultures maraîchères dans la banlieue des grandes villes, par raccroia-
sèment relativement récent de la culture de la betterave dans les
plaines du Perthoi», les vallées de la Marne, de la Vesie et de l'Aisne (*).
Malgré les ravages du phylloxéra, la superficie des vignobles n*a pat
sensiblement diminué. Les conditions de réle%*age du mouton ont été
I. Il» IMS è li«0, W rr«4«M««i mf^ 4a ft <i » M 4 rWv«wv «'Mt élvvv 4» U^^ST 4 II^jISSmm li
SlarsTi *r ll^<.;S 4 I» Wri«UUy« 4am riaW. Cm 4r«a éipmnrmtmt» >«if<«m fml f««a «é ré»>
tmrfmmê t9ltéw4f été éé^^rUmmê» éê rAmkê H éê 9%
SAffTMitt. sns
MH«a. ssis —
f SM —
COXCLOSIOX 291
Mais, 81 le Champenois a ea set détracteurs, 9 a rencootré plos d'an
apologiste (') . Quoique débonnaire et un peu naïf, le Champenois
passait, comme le I^card, pour -avoir la tête an peu chaade, et il ne
le fallait point pousser k boat :
T^te de Cliampenois ii*ert qne bonae.
Mais ne la eho<|ue point personse.
La ruse et la finesse ne lui faisaient point défaut (*)• Taine, qui
était originaire de Vouziers, remarquait « l'œil allumé, la boudie
narquoise, le ton goguenard, le grand nez Tulgaîre, irrêgulicr » des
habitants de la Champagne Pouilleuse ('). Michelct a signalé « le
tour ironique de niaiserie maligne » particulier à Tcsprit champenois;
il a remarqué que la satire est, avec l'histoire, la vocation de cette
Champagne, « pajs des bons contes, des facétieux récits sur le noble
chevalier, sur Thonnéte et débonnaire mari, sur ^L le cnré et aa
servante ». Deux Troyens, Passerat et Pithou, ont collaboré à Im
Satire Minlppée ; le Troycn Pierre Larrivcy est un précurseur de
Molière. A l'éloquence ot à la rhétorique bourguignonnes, Michclet
oppose la grâce et l'ironie rêveuse de la Champagne, « Pesprit de
saillies pétillant comme le vin du cru, qui stimulait la verve de nos
joyeux conteurs de fabliaux, jusqu'à \a Fontaine (*) ». Par ces traita
du caractère, le Champenois ressemble plus à l'habitant de l'Ile-de-
France qu'à celui du nord de la France, des Ardennes ou de la Lor»
raine.
Le Champenois du type populaire est ouvert, accueillant (*), ez-
pansif jusqu'au bavanlage, ironique, plaisant et gouailleur jusqu'à la
vulgarité. L'Anlcnnais, moins jovial et moins ouvert, est plus réfléchi,
plus méthodique, plus opiniâtre dans ses résolutions, plus tenace qne
le Champenois ; le Lorrain est plutôt réservé et froid, madré sous les
apparences de la bonhomie (*).
wf M>Dt In^rnlèt à fonmir de r« prorerbe 1«« explltatloas lec phu fkataUktes. Cf. ▼. I>r»cv«
Mondt, ann«o 18C1, t. f^p. 311 ; J^iIroDC <ir.OKnr.«, La Ckmmpttfne tt Us CkmmpewU» Kr. !»#•, Tf«j«a,
I89t, p. 8; A. Daociv, BU*on po.->aUlr« de U liaat«>>Uni« (Ifcrv* ie Ckampagm* H et Jr««,t» térfo,
t. II, p. b»&).
I. Cf. 1.1 ballade d'EartJKhe DK^-MAMrv, I>ec M«zan et eoudlCioB* de* Ck«mpea(»lt (C^tU^U^i
anciemê terte*, t. I, p. 177;; Alexandre IHMA^, La UomUds Vartmmf, p. 100>IOtS; Vietor ttc^Ov
nhim, t. 1. |>. 36-11 (èdit. Hetxcl-QttaniU).
S. Gboni.kt, poar «zpll'iaer ce trUt da rariHfre ebampenoU ri ttuyca, ▼« J««|a*A Imaftecr ^«a !•
mot trlrA«Mi nljcnlfl* • troU fnU prudent, troU fols raté! • {ÉfkéwUridt*, 1. 11, ^ 44|.
S. CmrH€t dt mi/afr, p. tSl.
4. JCotrê Framrt^ p. 19S.
5. Cf. »ttr ce point ane Jolie anerdo«« rappnrl^ par «a tovritt* atlcmand trarersaat la C%aaipafB«
m 1811 : SciiCLTKK, ttrie/t ûhtr FramkrtUk, maj •iner Ptuêrtittim Jmkrt têtt, U I, Laipslf, ItlSt
p. 4S7-4<<.
6. A Bar-1«-Dne, la deriac locale est : Plu pester qma dirai
a,i*y
n^apiv^Byv^pv^MW
7
292 UL CHAMPAGNB
La Cliatnpagoe eut un des pajt de Franco avant subi lea plus im*
portantes tranbfonuntîons, surtout dans le cours du xix* siècle : l'ef-
fort de l'activité humaine s'y révèle par de multiples et curieuses
adaptations. Les landes du terrain de < raie vouées par la nature à
une stérilité prciK|ue absolue sont aujourd'hui couvertes en grande
partie par di*s plantations de résineux figurant sur les cartes des
taches vertes 4ui donnent l'illusion d'une région assez boisét*, et le
tcm)»s n'est plus où l'on jiouvait dire avec le proverl>e, à propos de la
Chanip.i;;ne Pouillcube, que le pavsan peut y marcher tout le jour
sans y trouver d'autre abri que l'oreille de son âne. La viabilité a été
;p*nndctnent |R'rfectionnée dans la zone longtemps peu accessible de
l'infracrétacé, dans la Champagne Humide, daiu l'Argonne, où l'ex-
ploitation forestière est devenue plus facile, où le domaine de la foK't
a reculé devant les cultures et l'extension du peuplement. Les pro-
grès réalisés dans l'agriculture champenoise par l'emploi des engrais
chimiques et des méthodes culturales appropriées aux différents »oU
se manifestent |»ar l'accroissement des rendements ('), par la déchéance
ou la ditf|Kirition complète d'anciennes cultures indigènes insuflisam-
ment rémunératrices, telles que celles du sariasin, du méteil, des
graines oléagineuses (navette, colxa\ du clianvre; par le développe-
ment de la culture du fn>ment, de l'avoine, des fourrages artificiels, des
cultures maraiobèrcs dans la banlieue des grandes villes, parraccroi*-
S4*ment relativement récent de la culture de la betterave dans les
plaines du Perthoin, les vallées de la Marne, de la Vesle et de rAisne(*).
Malgré les ravages du phylloxéra, la superficie des vignobles n*a pat
sensiblement diminué. Les conditions de l'élevage du mouton ont été
I. I»« IMS è ItiOO, W rr«4«M««l »«jrr« 4a ft <i » M à t\rrt9Ê9 a'Mt cWr* é» l>l.«: 4 tl^IjISSMM li
3Urari é* 19^'^ 4 l> kr<-i«UUy« 4am risW. Cm 4r«t éèpmn^mtmm e*««f«Mt fml f««a «é tm^
mWtfr A^rir*!* «'rat W H** r«yM«i«««l ■■ S»H Sm»» I» tmmm é« &■«• *tè *% 9.
saitmIa. sns
MH«a. SSM —
X>y>« W — I m f SM —
t fà m H imm êm
** «#«»««^i«Mapi
CONCLUSIOX 293
modifiées : les éleveurs cliampcnoisi impaissants contre U concurrence
des laines exotiques, ont dû restreindre les effectifs de leurs trou])caux
et s'attacher à la protluction de la viande, do préférence à celle de la
laine. Ces améliorations et ces adaptations n*ont pas préservé U Cliam-
]»agne des atteintes de la crise accole, dont le^ effets, combinés avec
ceux de la concentration croissante du travail industriel, ont déterminé
la dépréciation continue de la propriété foncière (') et la désertion
conK«:ciitive des campagnes. Les populations rurales do la Clianipa^e
rouillcuse, rendues ingénieuses pnr la pauvreté du sol, avaient réussi
non seulement à suppléer à l'abondance par la variété des produits,
niait» encore à joindre aux nmigres ressources provenant de la petite
culture les bénéfices tirés d'industries locales traditionnelles. Or, par-
tout les ateliers de famille et les usines de moindre importance ont
été ruinés et une ])artie de la population active s'est trouvée dans
robligation d'émigrer vers un petit nombre de centres urbains manu-
facturiers tels que Troyes, Uomilly, Cliâlons, Reims, ou vers les villes
industrielles du Nord et des Arilenne8. Nous avons essayé d'évaluer
l'intensité relntivc de ce pliénoméne de dépopulation des campagnes
et nous avons constaté qu'en Champagne, comme ailleun*, le déve-
loppement de la grande industrie avait fait tort à ragriculture et
dérangé dans une certaine mesure les grou]>ements de la ]K>palation.
Par contre, raccroissenient anormal des grandes agglomérations jnJua-
trielles a contribué à l'amélioration et à l'exploitation intensive du
sol dans leur banlieue, tout foyer urbain dévclopjuint son rayon d'ap-
]»rovi8ionnement en proportion de ses besoins. C'est ainsi qu'aux en-
virons de Troycs et de Hoims, le sol a été défriché et peuplé, les
marécages partiellement desséchés et transformés en jardins maraS-
cliers fécondés par les amendements que les villes mettent au service
de l'agriculture; la vie urbaine a stimulé dans son rayon sans cesse
élargi l'activité de la vie rurale et compensé la dépréciation qu'elle
1. Variation* de l.i Tal«ur 4f U pr^prirté foucivri dao* ud* conmane 4« U Cbampacw* PoslUeaM,
J Jiaitre (rant «n de Katucnipi, Anbe).
Ttrrtê d€ fremîirt eU*$; : \*ê metUturtê.
WàUtcm
TrDAle.
▼AUBCa rcBMAorn
àriircura.
IW4 «SJOrnara M fraais
i«»s isoo— 10 —
I»W 1400— 10 —
(.tr . TNàvKzoT, Monographie l» Lknitrt, f. 77-7S.)
\
294 LA CHAMPAGNB
faÎMit «ubir aux contrées plus éloignées qui ne pouvaient bénéficier
de son influence immédiate.
Il est permis cependant de constitcr que la Champagne, à travers
les vicinsitudes do son histoire, et malgré les transformations qu'elle
vr doit au travail de Thomme, n'a pas renoncé aux traditions essentielles
de sa vie économique, indissolublement associées aux particularités
de son sol et de son climat. L'industrie humaine s*cst pliée aux exi-
gences de la configuration et de la nature du sol, et les moyens
qu'elle a cnrployés pour l'exploiter ne font que rendre plus appa-
rentes ses aptitudes non modifiables. Les principales voies mo<leniC8
, de transports, chemins de fer et canaux, dont quelques-unes doublent
ou triplent les anciennes voies de circulation, ont un tracé subor-
donné aux princi|>ales lignes du relief; elles empruntent Ick grandes
vallées de l'Yonne, du Serein, de TAnnauçon, de la Vanne, de la
Seine, de la >ranie, de TAisne, de la Vcsle, ou elles longent les
talus qui marquent les affleurements de chacune des fonnations
crayeuse et tertiaire : ainsi la voie ferrée do Saint- Florentin (Yonne)
à Amagnc (Ardcnnes) qui culoie les terrasses adossées aux massifs de
la forêt d*Othe et les n.onts de Cham|)agne, par Troyes, Drienno,
Vîtry, Sainte-Menehould, Vouziers et Atti;;ny ; c.dle de Montcrcau
a Laon qui contourne la fulaise de Champagne -Brie ]Kir Flaniboin,
Komilly, Sézanne, Kpernay et Reims. La Charo|)ague Humide et
TArgonne, aux terres oxceptionnelleuient fortes ou profondément ra-
vinées, colonisées et (>ouplées jadis par les moines, ont conservé en
grande partie leur {larure de forêU et de prairies et sont toujours des
contrées e«>scntiellcment forestières et herbagéres('). Ce qui a per-
sisté dans la Cham{^gne Pouilleuse, c'est un type d'agriculture fondé
sur la nécessité de jachères ]>ériodiques et de fumures intenses, pour
rendre à un sol exceptionnellement maigre et aride ses éléments
fertilisants, et trouvant un auxiliaire dans l'exploitation de pâtures
communales et les plantations de résineux : la rotation traditionnelle
des cultures et la distribution géométrique des cham|is cultivés aux
alentours des villages marque d'une empreinte ineffaçable la physt^
noroie du pays. La multi)ilication des voies ferrées et le développe-
ment sporadique de quelques centres industriels qui ont aspiré la
population rurale, de plus en plus raréfiée, n'ont pn qu'affaiblir les
agglomérations humaines localisées |iar la natoro : la popalatloa est
I. Oa • miSm»» f««««^ 4 Sm rwlnlnaria SftM — <m — < |imw S* to ClM»f«fa« ■•■ii*. Ot
* -. 'VrvA^^HBMI
CQNCLUSIOK 295
restée groupée en confonuité arec les fMurticuIaritét hjdndogîque* et
les aptitudes agricoles spéciales à chaque formation géologique, c*est^
À-dire extrêineiuent concentrée sur les liautcs plaines du terrain de
craie, plutôt iHspersée dans le pays d*Othe et la Champagne Humide ;
mais, en général, le village aggloméré est en Champagne l'unité
essentielle et la forme indélébile de la vie rurale ; partout les formes
de riiabitat restent subordonnées aux nécessités de l'économie rurale,
et les transformations introduites |»ar le travail humain n*ont pu
p»mpre le déterminisme géographique. Ainsi la Cliani pagne a con-
servé avec son nom Tempreinte de son individualité.
(^ue subfrit>te-t-il encore de l'ancienne Champagne ? Si l'on met à
|iart le genre de vie des populations rurales et la persistance des
fonnes |>articulières de l'habitat, les survivances du passé paraissent
se réduire à peu de chose. Le costume si longtemps classique dans
^a varicté a fait place à des accoutrements plus uniformes et moins
pittoresques; la blouse blanche ou bleue traditionnelle ainsi que la
casquette en peau seront bientôt légendaires |>armî les populations
rurales de la Champagne. Le dé|>euplemeut des campagnes au profit
des villes, le service militaire obligatoire et la diffusion de l'infftruc-
tion primaire ont singulièrement restreint l'uttage des patois locaux,
et les ruraux champenois ne se distinguent guère de leurs voisins,
^ous le rapport du langage, que par un léger accent et certaines in-
tonations (').
Ainsi, la couleur locale s'efface de plus en plus en Clianipagne,
comme ailleurs; les particularités du langage s'atténuent; chaque
jour voit disparaître un mot du terroir, une coutume, une originalité
du co>tume ; seuls quelques traits de caractère sont encore rccon*
Haïssables, et c'est là qu'on peut saisir l'influence permanente du
milieu géographique. X'a-t-on |)oiut remarqué que le cultivateur de
la Champagne Pouilleuse, si laborieux et si sobre, est d'un caractère
moins ouvert et moins hospitalier que l'habitant du riche Vallage
d'Aisne, où la vie est plus plantureuse ; que, dans les villages vini*
1. .SarU-« patuU de U Cha'npa(rD<'i rr !• vorabalalrc trorra d« GK<t«ijcT, daa« «ea Épkéméridtê^
t. II, p. ItiU; l*ro«iK'r Takbk, lietktrehtê «ur VkMoir* ém Imigttft et àemfnfiê êe Ckm mpm g m e, !»••-,
lUiiut, IHOl; J. DiKTTC, (iloA-Miin- du piioit de Itooln^efl (Aul««) [Mém. d* Im 8«e. même. é9 VJmhe,
t. LVII, p. lîGS-fC:*]: Alph. Bai-i»oi«. Glo«Mire da petuia de U forêt de CUIrraas (ihid.,t. XlAX, L»
Ll); CoBBAT, Moif do patui* tbamponoU rmployit daiia les rBoloa» de Lloj '' ^ >^l<a«l»J (Taaae)
[Hmltet. d« la 8vt. mrehiol. de Sens, L VI]; I^ l;a:oifl de CouitImU (M«rae>[lf<«. et ta 8me. Jrt •■!»>
9H«<rr«, I. V, p. 5M; t. VI, p. SS>J, et IfrM. d« Im Sec. à'a§rù. de l« Mmrm€, t* «rrle, t. I, p. lOl]; Lm
l^iiiTAfe de K.ilDt-ï:tirDnu-i*Arnt-« ^ArUennra). [Trmm. de l'Aend dt Ueim», t. CVI, |9ilt, p. 4M aq^.].
y. HooKQur.LOT, Tatoit «lu paya de TroTioa (Jlmtlet. d* la bot. tirehéot. d* Stime-ehUarme, t. V, IIM).
J^tnd.'fl patoUea tur rarrouilla»ein<-nt de VI rjr-lc-l'raiifoia {BmOtt. d» ta Soc. iice «cieacee d9 Vilru.
V XllI, IfMi.
\
396 ix cbuipàgnk
oolct cchelonnét aa-dessua de la vallée d'Aisne, aux environt de
Vouziers, le payun est en général plut gai, pliu fociable que le culti-
rateur des maigres terres crajease« du canton de Macliault où la
TÎgne ne pousse pas (') ? Mais, indcpendamment de ces variétés locales
et, pour ainsi dire, de ces nuances de |vivs à pays qui traduisent l'in-
fluence du sol, ce qui distingue par-desi^us tout le paysan champenois
qui vit sur un sol plutôt ingrat, c'est son esprit d'économie et de
prévoyance. Le morcellement extrême de la pro{)riété en Chamjmgne
facilite le mouvement ascensionnel du paysan qui peut acquérir le
sol, parcelle par jiarcellc : il y a là une puissante excitation à l'é^iar-
gne qui entretient une endurance au travail, une sobriété, uneÂpreté
au gain très caractéribtique panui les |K>pulatious rurale» de la Cham*
pagne (*). Cea solides et rudcH qualités, qui sont le produit du terroir,
sont de nature à atténuer l'impression fâcheuse <|ui se dégage do la
description asses noire que nous ont tracée ecrtiins sociologues de
l'individualité morale et de la condition sociale du paysan champe*
nois. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner «i la Cham|)agne, bien qu'elle
soit restée une région surtout agricole où la deubité do la population
est assez faible, vaut mieux que sa réputation : les améliorations con*
sidérablcs apportées à l'exploitation du sol et surtout l'essor de la
grande industrie dans les princî|>au\ centres urbains ont contribué,
au cours du siècle dernier, au dévelop(>ement croissant de la fortune
|»rivée. L'Aube et la Marne figurent panni les dé]>artenients où le
montint pro|K>rtionnel de la fortune par tête d*habit:iut et par mé-
nage déjiasse la moyenne générale de la France et la richesse acquise
s'y révèle par le taux comparativement élevé des déclarations sncee**
S4>ralcs. Nulle part les progrès de l'éi^argne n'ont été plus rapides et
les bâtiments luxueux construits pour les caisses d*é|kargne a Troyea,
à Châlons, à SainteMenchould, attestent le haut degré de |>rutpénlé
de ces institutions locales en même temps que l'esprit de prévoyance
et l'aisance générale des populations champeuoisee (').
I^ dénomination de Champagne exprime donc encore an genre
t Lm>€i*net—timU,t.Y,p ?1>-J«i l. IXlllt, r IM, |S»-ISI.
S Ur« 4l*-|>ikn< «irais rk%Mifeao4« Scv^*** f^i >•• K***' ** '*** ^ t % àw m mt m» ê^mpf** l\ai|
4#« «««Htnr* |«.«rii«>« ••f !•• livrt-i* 4« ralMr* 4*r|Mrv«# r« 4l« U rmUm •atl
pnÊ rk^aa «IVai; Il »• »•! 4« mfmtr p—r Vtmf^*rt»mtm éf ■ — a r ^a»— Mtf t« vW ^MaééMM ^ri
à Is fWlaar 4« rkMaa (It Tt-«^t *•, Érmlm4»ti— 4* !«/»»«••# pr%r*^ tm ^ •■*»» 1*^. faH»» ••••.
p 11*. ISI ; Mo«vraftr«« Sr« r«U*M 4'rf«r.-a« 4«o« U lUrm», 4«»« ISMtmtn, t*<r#MMM «MM» 4«a»
tm M««« . .\mmr%^, p f I «f^ l»aa« pf\-^a« ••a* !•• a / r>a4t»«— wmt» thmmpt^ÊÊm, I» ftSfMl ém
••«b#v 4r« împm^ {rmf frfMaa^lW r« aMMlUrv) as «««Wv 4a* S*MiMt« m« »m pê t %§m9 kUp- %tê
M 4. ^aM# U MaT^iiM *r U I r»a«« (««Mlfaf é^ U p *rm é *99 >»* ■ <•••• S< w » h ém ffvWM mÊtêêêm
prmp^tété Mr<«. gr. !••••. ParU, IHSI, cMl* Sfl>.
Vf érpmttrm»mt S» U Hnrm» f rlM^Ah as traUUtM raafl 4rSfri«
CONCLUSION 397
de vie lié à uno contrée bien déterminée : il existe dans U région
cliainpenoisc, en dépit de roUitéraUon des originalités locales résul-
tant d'une centralisation séculaire, des groupes homogènes d'hommes
soumis à des conditions identiques d'existence en rapport avec la na-
ture du sol, rapprochés par des liens de solidarité économique, et
ayant contracté graduellement certaines affinités de mœurs, d*idéet
et de sentiment. Cette Champagne peut-elle servir de hase à au ra-^
jeunisscnicnt de nos circonscriptions administratives destiné à donner
satisfaction aux tendances décentralisatrices qui sont, pour ainsi dire, ■
à l'ordre du jour? *
Il est bien évident qu'il ne p^ut être question de ressusciter, dans
son intégrité territoriale, cette entité factice qu'était l'ancienne pro-
vince, dont les limites ne concordent plus avec les intérêts connexes
qu'ont créés les facilites nouvelles des communications, et qui n'est
plus qu'un souvenir entretenu dans la mémoire des hommes par le
zcle des historieni» locaux. La reconstitution de raneienne province, .
tulle que la proposaient jadis les économistes et jurisconsultes auteurs
du programme déccntriilisateur dit « do Nancy » ('), est une concep-
tion réactionnaire et archéologique, une pure utopie*
Nous savons, d'autre part, que les départements, « ces enfants illé-
gitimes de l'ancien régime et de la Révolution » nés d'une équivoque,
ne sont que des morceaux «irbitraircs de provinces et des assemblages
incomplets do pays, ne constituant ni des unités régionales, ni des
unités locales ('), et il nous semble qu'il y a quelque exagération à
prétendre que « la division en départements paraît, pour la Cham-
pagne, en accord avec la nature des lieux et conforme aux sentiments
actuels des populations {*) ». Depuis que les voies et moyens de trans- \
])orts se sont multiplies, le département, dans ses dimensions actuelles,
est devenu un cadre trop étroit.
Quant aux arrondissements, ils ont pu avoir primitivement leur
•n rjOS (M>it «13 .151 9^0 tr.) [itronomUU /rmmç^i», 13 M>ût 1901, p. 217]. Le drTcloppenieBt de l^toeaec
f^m-ralc est ou rapport ercc 1a proipvMiott du talalre laojren dee ovTilen :
i»»>ABTEMBm. I8e0-18«5. IStt-lAIS.
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Marae SI» 4 10
(irapr« • VAnmMmirt ftatUl. dt U Frmnttf t. XVIII, IRM, p. Îît-S<».)
1. 1>K MrTZ-NuiiL4T,Lcsl>«^rtciueDtiotlv«pruTluoe«,dausr«W«,U>lt,P«rU,lMI,p.A&,il,7S-7J.
t. 1*. FoNcisr, lUginn» et payt, la-lt, Toulou««, IWS, p. Sl>tt.
S. AllM'rt Uahkai-, dan» la Uéformu êtiaie, JalUet 1901, p. 70.
I^ 11 Dorcmbre 1789, lo dt-paté T«rKei, JortiflAnt, deraal U Coa»UtaaBtr, la aovTeUe dlvialoa da
Tt»yauiu«, d«rUrali : « Voiri r« qac noa« avons ronla : cVat qne de tona le» polata d'aa dêperte an et,
ou |iuiii«c arrlrer au contre de radnitul«traiien ea uae Jouraée de rojafe. • (MaviDAb ar Lal'BBST,
Atxkirt» parlem^-ntairt», t. IX, p. 741, <ol. t.) Cet arfuni«>al a*a plna dtt râleur a^uenl*hal.
998 Là CHAMPAGNE
rmbon d*être, ayant été délimitéi de telle sorte qu'on pût « aller et
venir au chef-lieu du district dans une journée (') », mais aujour-
d'hui leur abolition ou rélar«^isscnicnt de leurs limites ne saurait
provoquer l'opposition ou les regrets des régionaltstes. En effet, leur
valeur administrative est très contestable depuis que la multiplication
des voies ferrées a transformé, un peu partout, les conditions écono-
miques, Ijouleversé, dans bien des cas, les rap|H>rts de pays à pays ;
les limites des arrondis&i*ments pourraient donc être avantageusement
remaniées, quelques-uns de ceux-ci même supprimés sans dommage.
C'est ainsi que Drienne et une grande partie des villages de li^n canton
ont, depuis Touvorture de la voie ferrée de Saint- Dîzier a Troycs,
plus de rapports avec Troyes qu'avec Bar-bur-Aube, chef- lieu d'arron-
dissement. Le rayon d'attraction exercé par Troyes dépasse de beau-
coup les limites de rarrondisbcmcnt, |>ar suite de la convergence de
nombreuses voies ferrées vers ve centre industriel important, métro-
pole de la bonneterie; il s'étend jusqu'au àvlii do Uar-bur-Seine, grâce
à la voie ferrée do Troyes à Cliâtillon qui ap|K>rte à la cité troycnne
les matériaux de construction et les vins de la Bourgogne ; une grande
partie de la vallée d'Aube, en aval do Hrienno jusqu'au confluent
avec la Seine, où rimlustrie de la bonneterie s'est maintenue dans
quelques centres, se rattache étroitement h la ville de Troyes, depuis
la création de la voie ferrée Châlons-Troyes par Arcis ; l'arrondisse-
ment d'Arcis pourrait donc être i»artagé entre ceux de Troyes et de
Ciiâlons. 11 en est de même de l'arrondissement de Xogi*nt- sur-Seine
où le centre industriel de Homilly (bonneterie) se rattache également
au groupe troyen ; l'arrondissement de Kogent pourrait être i^artagé
entre les arrondissements de Sens, Provins et Troyes. Le rayon in-
dustriel de la vill^ de Reims, doté d'un réseau de voies de trans|><Mt
très complet, dépasse également les limites étroites de l'arrondisse-
ment : une partie des arrondissements de Chiliens (vallée de U
Suip|)e), de Vou/.iers et de Hethel (vallées de la Retourne et de
l'Aisne), où s*cst développée l'industrie lainière, ont avec Reims dee
ni|»|K>rts économiques qui les lient à la métropole rénoise. En déniant
toute valeur à la limite historique que formait U vallée de Biesme,
toute la partie orientale du massif d'Argonne jusqu'à U vallé* d'Aire
pourrait être détachée de l'arrondissenient de Verdun, pour être
réunie aux arrondissements de Sainte-Menehould et Vouaîers, doot
les chefs-lieux sont plus rapprochée.
t. 1M.«.*MP» ém ééfU MmmhékàU Cmm^Uwài^ {ArtUw^ p^t hm mimimÊ, 1. 1» f. 1^
■ ■ ^ » — MP^Ii^l— ^>^PiP
300 LA CHAMPAGNE
plua étroiU avec lea groupes industriels de U Picardie (AmîenSi
^^aint•QueDtin) ou du Nord (Fourmies) qu'avec le groupe rémois. De
iii(5uie la partie septentrionale du département des Ardcnnes, en
dépit des traditions liistoriqucsi constitue un groupe industriel ( in-
dustries cxtractivcs, métallurgie, quincaillerie, lainages) parfaite-
ment homogène, de chaque côté de la vallée de la Meuse, digne de
former à lui seul une unité administrative indépendante avec Char-
levillc pour centre, et à laquelle la dénomination d'Ardcnne resterait
encore très appropriée. Dans la Ilauto-Marnc, Tarrondissement de
\:n6y^ formé d'une partie du Dcr, du Pcrthois et du VallagCi et au-
quel le plateau du Valtiermont (Ancerville), dépendant de Bar-le-
Duc, pourrait être rattaché, constitue, malgré sa diversité géologique,
une petite région industrielle très coliéreute ^métallurgie, carrières),
qu'on peut considérer comme une dépendance naturelle de la Chain-
|»ague. Iats arrondissements do Chaumont et de Langres, dont la
situation est déjà plus excentrique, et qui n'ont d'ailleurs rien de
champenois, pourraient plutôt, réunis à une |>ortion des arrondisse-
ments de Xeufchâteau, Gray, Ve«oul et Dijon, former une région da
plateau de I^ingrcs, intermédiaire entre les plateaux lorrains et U
haute Bourgogne Quant au dé|)artement de l'Yonne, il n'appartient
que luirtiellemcnt à la Champagne : Kn exceptant l'extrémité mé-
ridionale, partie intégrante du Mor^'an, toute la portion jurassique
(Auxerro, Chablis, Tonnerre), réunie aux arrondissements de Châtil-
lon-sur Seine et Senmr, formerait une région de basse Bourgogne
qui tire à la fois son unité et sa valeur économique do ses vignobles,
de SOS carrières et de ses usines métallurgiques.
La vallée d'Yonne, d'Auxerre à Montereau, sépare nettement U
région champenoise du Câlinais et de la Puii^ye, pays se rattachant
au bassin tertiaire parisien.
Toutes ces observations nous montrent que la plupart des cadrée
administratifs, dans la |}é limitât ion desquels une intransigeante géo*
métrie a prévalu, pourraient être avantageusement remaniée et ra-
jeunis en Cham|)agne, pour se conformer aux exigences de le Tie
moderne. Dans cette simplification des circonscriptions admiaistrm-
tives, il ne suffirait pas de prendre en considération la nature dn sel
et ces lignes géologiques qui déterminent les contours dee msisre
minérales, devinant en quelque sorte le squelette de U co n trée; de
revenir purement et simplement à ces nnités natnrellee en peje, kl
Champagne Humide, le Vallage, le PerthoU| PArgonnei la
pagne Pouilleuse, le pajs d'Othe, le Vignoble, dont les nene s*i
CONCLUSION 30 1
cieut dans resprit dct population» à des modes dliabiUtion et à des
conditions d'existence qui en sont inséparables ; il faudrait également
tenir compte de i*aire d'extension des groupements actuels de Im po-
pulation, de la direction des grandes voies de communicaUon, des
principaux courants commerciaux, des intérêts économiques qui out
créé, entre les centres de population les plus importants, des liens
nouveaux ne concordant plus avec les délimitations des départements
et des arrondissements. C'est en s'inspirant de ces préoccupations
qu'une enquête géographique pourrait alx>utir à déterminer en
Champagne les limites d'une région suffisamment étendue et cohé-
rente pouvant servir de cadre à une nouvelle circonscription admi-
ni»trative dans laquelle seraient groupées rationnellement les unités
naturelles qui s'expriment encore aujourd'hui avec persistance dans
le langage populaire.
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APPENDICE
Tableau A
HAUTEUR AHHUELLB DES PLUIES
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304
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1 tins- 1901)
306
UL CHAMPAGNE
Tableau B
RÉPARTITION DES PLUIES SUIVANT LA SAISON
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Hojcnnai portint )ur la ptrloda décanaaia 11931903 ; proportion ponr 1 000 ba-
biliDti; écart eo laisnT da la natalit* (4-) en do la mortalité (— |.
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|i>f J 4'aK.« DV C«>«u /'•^'l'^f >*' I* St d'mmtkf^p^Uft. |»0< p. 7«2 ^H94« l»90-|l«; é*»fré«
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Kp«mBv 43 MoatiiiÏT>îl
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(T™ lellra de rU-irerrilf de Parit,
Le Viec-lteelevr dt lÀeadimit
Je PonV,
L. l.IAltD
INDEX ANALYTIQUE
I>1{[NC1PALES DÉNOMINATIONS UEOGRAPIIIQUBS
r«), 323.
AÛHt (rivière, \«Vfr d), 68, 71, 95,
98-99, I53-I5iJ, 228.
Aix-n-Othe, 112.
AiKeriilIt, 61.
Aoat (mr>ut; 170.
Aj'rtnoHt, Hi.
Ate!È-,ur-Aub«, Itl,
ArJt„vt,, G, 37, 8tJ ; (eniiol <Ici), 91.
ATgaH»', G. 2l-i-2, 37, 11, 73 .-t lui*.,
l-IS. IBS, 192-193, 199, 502-303,
230, 233, 21.'i. 2C(1, 261, 279.
Aryomietta, 73-71.
^r«.r««(rivi;rc), W, 4T-«.
Armatt^n (ny'Arv), 46.
AHigny-mr-Aane, I&4.
.J«yc< (m dci), 169.
.lu>'<{l>lHteaail'), 211.
Az-Ht (ou ïiilliV d'Aieiie), E53.
A;,. 183.
iVoit (.'latig de), 89, 91.
ir (rallie de la), 68-89.
irroï», 9. 17,22-23.53,60,
rnc (iivièr«), 47, 321.
iM'jiiy, 274.
«Kcï. (torres du), 59 note.
"«/..rt.Sl.
B-a.joime, T3, 76 n
eS.
BonwooiT, 51.
iJc/oc; (forSt d«), 3S.
Ocrnon (noDl), 173.
/)<iTK (mont), 31, 117.
ItiihtH^ (nae rue du village), 1S5.
7t(<rr>iiiVaiirt (Ivpe d'babitatira m), ISS-
IM.
Bivmi (rivii-n: et Titlk^). 77, 79, 81,
62, 86, 87 ; (c6te de) 78.
Z»aw-(vnll^«deU),63-,(ririère),836,
272.
Bocage ehamptHoU, 88, 53, 280.
Bcurcq (vallûe de), 30, 102.
Bourgogne, 9, 17, &B.
lirU, 6, 9, 16, 273 iioU 1 ; IJrïe Pooil-
leuie, 119; DrieCliauipenviM, 975.
ArtVnnc, 44, 58, 59.
BritnoK, 59.
Briment (colUne de), 31, 147.
CanpagHt d'AI»ii{aQ, de Caen, 4a
Xeubourg, 3; de Rein*, Troyea,
Cbllona, SI.
Camjiania rcmcniis, calalaouiodii,
ari'iarioaia, mauriaceniii, 3, 371 ;
duiatua, reguum C, 37S.
Ca'a/eiNU, 11, 140.
Ch&to«-iur-Mane, 13, 14, 140-141 ;
(camp de), 12M26; (diociie de).
272.
7>iampagnt tourangelle, Witiclionne,
graudE et petite, maDcella, 3-S ;
ét}^molo(pe, 3 ; individualité gio-
grai'liiquB, 6, 285 ; peuplrmeot.
314
LNDKX ANALYTIQUB
T^ttige* de* civilUatioDS préhitto-
riqaei», 11, 265; voiet d« circula-
tion aux diver5«t cpoquet, 12-13;
%-ue grnémle du »ol, 17 ; climatolo-
gie, 183; hjrdrofrraphie, 19, 208;
population, 237, 290, 295 ; langage
populaire, 15, 295 ; caqultae d'un
remanieiiiciit dea divisiona territo-
riales, 299. — Falaise de Cham-
pa^'ue-Hrie, 30-32, 37, 163, 186,
191, 233, 239; Champagne Sècbe
ou roailieuse, 35, 103, 116, 186-
187, 192-193, 201, 203, 209, 251,
238, 215, 248, 261, 266, 298. —
Moi ti de Chanipague, 19, 208. —
C*bampagne Humide, 7, 9, 35, 36,
42. 1>7, 192, 201-202. 229, 238,
2lî* 249. 263, 272, 298.
Chaource (forêt de), 50; (bourg), 59.
Cf>àteaw-Pom'en, 155.
CUliUoH (-i^Tial de), 100-101.
Chesf^-rojsulcux (Le) [défilé do], 91 ;
(bourg), 92, 119.
Cttrmftut-tti-Àrgotmt (col de), 79;
(bourg), 85.
CUrmoufoh, 87, 276.
CraoMNc (cot« aux de), 164, 177.
CVr*/r# (cbaiue de»), 158, 203.
Croix itmjr^Uoii (dt^filé de la), 91.
Ocr(lr), fi, 36, 50-51, 279.
Dormoù, 277.
Kpfmajf, 182.
/>vjr (bourg), 48, 56, 59; Eirioit,
281.
Florrmt, 83.
/o«rNc//c {rarin de la), 89, 90, 91.
Gâiimaéê, 6, 9, 82, IM.
Givijf-e«- JryoaM (forêt dt), 7i ;
(boorg), 74 aoU.
Gr«iNl|»<84, S5.
HeUtt-it-Mauruittt 69, 70 nota.
iferbutê (terras dites), 53.
Ifeêêt (forvt de), 76, 83, 84.
ilotaim, 228.
hUttes (les) [bassin et défilé], 78, 79,
84 ; (bourg), 83, 86.
Joi^ay, 113-114.
Lachatadt (défilé de), 79.
Laram (type de cbaamièra à), 132.
UnjfonM,' II, 267.
Tjomgtt^, 92-93.
MoiVf (camp de), 126.
.Udme, 14, 46, 68; (vallée de la), 137;
(régime et uaYtgabilité de la), 226-
228.
3/afAoajr, 58.
M<mt4,gne dt Btim», 172-176, 17$,
179, 209, 268.
Monte rt€im, 166, 168.
Montfatom d'Argommt, 76, $1, 87
note 2.
Xtont/ejf (Aube) [coottruatloa da trpa
aacîea à], 65.
Momifutmx (cota de), 26.
Monthiéntmit (Aabe) [exploiUdoa r«-
raie da tjrpa aodarva à], 67.
àiomtkitn (forêt da), 7i.
A/aalarr-ea-Ofr, 64, 69.
A/oair%ay-««r> Vcelf (raQott da), 176.
Momioiê, 37, 165 et aalT., fSO.
Xtorm (la gnmà), U9-I70; paCH )!•-
Ha, 171.
Mormtmaikn (aolllaat da), 81, 148.
Mof^0éÊ, 14f, 178.
Jlaarairlaa (lagraad atla falil), ISt,
«48.
A ^afa9"Mi^s9aaBa, ivw.
INDEX ANALYTIQUE
315
S«ie (rallon de li), k Nu1r-I>-K«'
poite, 165.
Or.e»f (forèt d'), 4Ï, 61.
Omain (ririèn), -JS. 36, 22l-2â&.
OlAt (fon't il'), fi, 30, 378 ; (crrte du
pnvi d'), S&-3G ; (ile>eri|itioa da
)>av<i d'). ah, 101 «qq.; climatolo-
gie, 1K7,I!)2,3UI :livilr»lu~{«,Sll :
flnre, 333--.'J3; )iopii1ation, 23(4.
PeTihùi,. 20, 3C, (
'.G7,7û,21fi,250,
r.V'.r.f.>, 3e. 131, 135; (tcire» do>,
lûS, Kil.
JVtJ-^<'«..Won'», :18. 101.
/^>rr,>«, IÔS-I59. 27T.
/Voctt., M, 168.169.
rui>ny«, G, 9, M.
le-MtHtlinJi, S9.
SaN/r (vaille et riritre), 33-23, M,
67. Sâfi.
Stigaaag, 59.
&iW (vii1é« de U), 141-113, 313;
coun, '.'16; régime et Dari«b)lil<,
220-SÎ4.
SiueBait, 13. 102, 110, 174, S!8.
SiiuMu, 11, SGT.
StM, 13. H, 114, âl8-3t9; (.Hoe^
d»), 373,
erain (TAllèet, 59.
Srrg (monta di-), 157, 160.
Semait*, 62, Tl, 268.
Serre (la) fcnIliuM âr], lOU.
S/tanut, 170.
Somuie-Sowlt. 134, lïl.
Soiitmevcirt, 63.
S>M/iu<«(jiIatt'Bade), 130.
.S'oHrifuN (Aiiitaiuc du), 172.
Snin»! (valK'e dr la), 187.
Sui'erlie ou rn di'« An;[e*, 169-170.
.Çorne/m, I7i.
lUIi^rffherr. bH:
Beim,, 13, 14. 36: (I'a9«ia<'«). 1^6
fin-, I86;(MnuMg.ieii.o, 14;,--~
17fi, 178. 179, Ï09, 2G»; (ville
Je), U9.1,'.2, 185. 255, 259; (di«
c.'».' de), 271-272.
Ilimf,, 11, U, 267.
IU:ioU, 275, 378.
iUihtl, 154-155.
Stelhileii, 1%B-I5!>, 375-37G.
Ileloiirnt (rail.-.- do la), 137.
le,^
<3«y,
es, ■
un •j-la-Monlngne, 32, 17*.
IfomiVy-ivr-Seine, 145.
Itoll-iirt; 51,381.
(iii!irni9dï),170, 171-172.
■r-la-Poj'ulaiit, 119.
TAiVracAc, 3e, 42, 151, 158, 160.
Triaucourt, 74.
Trica-tM, 11, 143.
Treif'F-mIama (toHt d<), 63, 20C-
207, 3Î3.
rroj,«, 13, 11. 143-144, 194, 30e,
231, 35<»;(diuGi''aede),373.
Fol (forêt do), 61.
Valloge, 35, 38", «0, 88, 338, 374,
27» ; vallage d'Aisne on Talla^s
argouiioi», 95, 239, Ït8,3e3; val-
la;;e au unrd de rAîane, 160.
YallUrmoul (iniaiif et forï-l du), 61.
Vanne, 108-109, 218.
yar,nHe;85.
Vaabtcourt, 72, 73, 74.
. aufu<
r, 80.
rai.x|la)[nvilre]. 160.
Veiideni-re-nr-BiiTie, 58, 69.
Ver:g lie* fnai uu I.Ctrei de), 175.
\\,h (vnllic de la), 146-147; (riTière
de), 150.
Vèvra (Icrtei dilei), 5S,
316
INDEX ANALYTIQUE
VienuC'U'ChAUam, 79, 85.
Viguoble, 37, 173 et soiv., 245, 268.
VillcMauxt, 166-167, 169.
ViVerÊ-^n-Argonme, 22, 74.
Viftieri-^n-Litu, 62 nota.
Vaiy^n-Troàtê, 281.
Vitry-U' François, 71.
Voire (rivière), 45, 47, 221.
VomixU, 167.
Vouziert, 100.
Yonne (TaUée de 1*), 112 m^,, 215;
rivière, régime et navigablUté, 219*
229.
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