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Full text of "La famille Taché"

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LA  FAMILLE  TACHE 


LA  FAMILLE  TACHÉ 


PAR 


PIERRE-GEORGES  ROY 


Il  n'est  pas  nécessaire  à  nn  homme 
d'être  premier  ministre,  et  d'avoir  sa 
part  de  la  gloire  humaine  ;  mais  ce 
qui  lui  est  nécessaire,  c'est  d'être  bon 
chrétien  et  honnête  homme. 

Sir  E.-P.  Taché 


LEVIS 
1904 


TIRE  A  200  EXEMPLAIRES 

No. 


J.-A.    K.-LAFLAMME 

IMPRIMEUR. 
QUEBEC 


PREFACE 


Tout  le  monde  connaît  l'œuvre  immense  accomplie 
par  Mgr  Tanguay,  je  veux  dire  son  Dictionnaire  gé- 
néalogique des  familles  canadiennes.  Comme  toutes  les 
grandes  œuvres,  celle-ci  n'a  pu  naître  toute  détermi- 
née dans  la  tête  d'un  seul  homme.  Il  y  a  des  impos- 
sibilités qui  empêchent  même  la  pensée  de  certains 
projets.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu  pour  le  Dictionnaire 
gé?iéalogique. 

Mgr  Tanguay,  dans  les  différentes  paroisses  où 
il  exerça  le  saint  ministère,  constata  les  difficultés  qui 
se  présentent  très  souvent  pour  la  détermination  des 
degrés  de  parenté  entre  futurs  époux.  Son  esprit 
méthodique  lui  eût  bientôt  fourni  le  moyen  de  remé- 
dier à  cet  embarras  dans  les  limites  de  sa  paroisse  et 
des  paroisses  environnantes,  en  faisant  un  catalogue 
alphabétique  sur  cartes  mobiles  de  tous  les  noms  qui 
étaient  consignés  dans  les  registres  paroissiaux  de  son 
voisinage.  Ami  intime  de  M.  Joseph- Charles  Taché 
pendant  que  tous  deux  habitaient  Rimouski,  il  eut 
souvent  occasion  de  lui  faire  voir  l'avantage  de  son 
dictionnaire  restreint  :  M.   Taché,    toujours  à  l'affût 


de  tout  ce  qui  pouvait  promouvoir  les  intérêts  de  son 
pays  et  de  ses  nationaux,  saisit  tout  de  suite  l'impor- 
tance qu'il  y  aurait  à  étendre  ce  travail  à  toute  la 
province  et  au  moins  à  tous  les  Canadiens-français. 
Mais  comme  Mgr  Tanguay,  il  comprit  que  c'était  là 
un  ouvrage  impossible  pour  un  seul  homme,  quelque 
compétent  qu'il  fût,  sans  l'appui  du  gouvernement, 
qui  seul  pouvait  permettre  l'accès  à  tous  les  registres 
des  greffes.  Or  comment  intéresser  le  gouvernement 
à  une  oeuvre  bemblable  ? 

L,es  choses  en  restèrent  donc  là,  à  l'état  de  projet 
latent  et  à  peu  près  inutile,  jusqu'à  1864,  où 
M.  Taché  fut  appelé  au  poste  de  sous-ministre  de 
l'agriculture  et  des  statistiques  à  Ottawa.  M.  Taché, 
que  les  circonstances  avaient  séparé  de  son  ami  depuis 
plusieurs  années,  n'avait  toutefois  jamais  perdu  de 
vue  le  projet  élaboré  à  Rimouski.  Avec  ce  désinté- 
ressement qui,  au  risque  de  tout  perdre  pour  soi- 
même,  veut  arriver  à  un  but  élevé,  M.  Taché  mit  à 
son  acceptation  du  poste  de  sous-ministre  la  condition 
formelle  que  l'abbé  Tanguay  serait  adjoint  comme 
agrégé  à  son  département.  C'était  le  moyen  de  faire 
le  Dictionnaire  tant  convoité.  Le  projet  réussit  :  avec 
l'assentiment  des  autorités  religieuses,  l'abbé  Tanguay 
alla  se  fixer  à  Ottawa,  où  il  put  travailler  avec  l'auto- 
rité voulue  à  préparer  les  matériaux  de  son  immense 
ouvrage.  Ce  travail  est  l'œuvre  personnelle  de  Mgr 
Tanguay,  que  le  Saint  Père  a  récompensé  par  un 
titre  qui   honore   et  couronne  la  belle  vieillesse   du 


vénéré  prélat.  Mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que, 
sans  l'énergique  initiative  de  Joseph-Charles  Taché, 
le  Dictionnaire  restait  indéfiniment  à  l'état  de  projet. 
Aussi  Mgr  Tanguay  n'a  jamais  oublié  la  part  qui 
revient  à  M.  Taché  dans  son  œuvre  du  Dictionnaire  ; 
et,  au  moment  d'en  publier  le  premier  volume,  il  vou- 
lut lui  témoigner  son  appréciation  du  mérite  qu'y 
avait  son  ami,  en  lui  en  faisant  la  dédicace  solennelle 
au  frontispice  de  son  ouvrage.  Il  écrivit  donc  à  M. 
Taché  pour  avoir  son  autorisation.  Mais  M.  Taché 
avait  bien  d'autres  soucis  que  ceux  de  la  gloire  hu- 
maine et  surtout  de  sa  gloire  personnelle.  L'ouvrage 
avait  à  ses  yeux  une  importance  bien  trop  grande,  bien 
trop  élevée,  pour  être  dédié  à  un  homme  et  en  parti- 
culier à  lui-même.  Voici  donc  la  noble  lettre  qu'il 
écrivit  à  l'auteur  du  Dictionnaire  : 

"  Mon  cher  monsieur, 

"  Vous  me  demandez,  par  votre  dernière  lettre, 
de  vous  permettre  de  me  dédier  votre  grand  ouvrage 
de  généalogie  canadienne  :  j'apprécie  l'honneur  qui 
serait  fait  à  mon  nom  d'être  inscrit,  à  ce  titre,  en  tête 
d'un  aussi  beau  travail,  d'un  édifice  qui  subsistera 
encore  alors  que  bien  des  choses  de  notre  temps  auront 
été  oubliées  ;  j'apprécie  également  le  motif  qui  vous 
a  poussé  à  m 'offrir  cet  honneur  ;  mais  à  cause  de  cela 
même,  je  me  crois  obligé  de  vous  demander  la  per- 
mission de  ne  pas  accepter  votre  offre  pour  la  raison 
que  je  vais  vous  donner,  et  que  je  vous  prie  de  bien 
vouloir  trouver  bonne. 


s 


"  Le  livre  que  vous  allez  publier  est  d'une  impor- 
tance trop  grande,  d'une  portée  trop  vaste,  il  se  lie 
d'ailleurs  à  des  souvenirs  et  à  des  intérêts  trop  géné- 
raux pour  pouvoir  être   dédié   à  un  individu. 

C'est  l'histoire  de  chacune  des  familles  qui  aujour- 
d'hui constituent  la  population  catholique  française 
du  pays,  c'est  le  registre  des  générations  qui  reposent 
dans  le  sein  de  notre  terre  canadienne  ou  se  meuvent 
à  sa  surface,  que  vous  avez  collectionnées,  arrangées 
et  ordonnées,  et  c'est  l'église  qui  vous  a  fourni  les 
sources  où  vous  avez  dû  puiser  vos  renseignements; 
j'ose  donc  vous  suggérer  la  dédicace  suivante  : 
"  A  l'Eglise  et  a  mon  pays." 

'•  Agréez  l'expression  de  mon  admiration  pour 
vos  travaux  et  de  mon  amitié  pour  vous. 

J.  C.  Taché,  D.  M.  de  F agriculture" 

Il  était  impossible  de  ne  pas  se  rendre  à  une 
demande  aussi  noblement  formulée  :  et  voilà  pourquoi 
Mgr  Tanguay  a  dédié  son  livre  à  l'Eglise  et  à  son 
pays.  Toutefois,  pour  que  le  nom  de  M.  Taché  parût 
au  commencement  du  Dietionnaite  sans  froisser  son 
illustre  ami,  ni  blesser  la  délicatesse  de  sa  suscepti- 
bilité, il  a  publié  sa  généalogie  complète  dans  le  pays, 
en  donnant  celle-ci  comme  modèle  que  chacun  pût 
imiter,  (i)  Mgr  Thos.-E.  Hamel 


(i)  Nous  avons  tenu  à  reproduire  ces  pages  pour  ren- 
dre justice  à  la  mémoire  de  Mgr  Tanguay  dont  l'arbre  généa- 
logique de  la  famille  Taché  placé  en  tête  du  premier  volume  de 
sou  Dictionnaire  nous  a  beaucoup  aidé  dans  notre  travail. 


LA    FAMILLE   TACHE 


La  famille  Taché  est  originaire  de  la  commune 
de  Garganvillars,  département  de  Tarn-et-Garonne, 
ancienne  Guienne,  diocèse  de  Montauban. 

Les  registres  de  Garganvillars,  antérieurs  à  1642, 
ont  été  dispersés  dans  la  Révolution,  nous  apprend 
Mgr  Tanguay.  Le  peu  qui  en  reste  a  été  sauvé  à 
grande  peine  des  mains  des  dévastateurs  de  1793, 
qu'on  appelle  encore  dans  le  pays  la  bande  noire. 

Le  premier  Taché  retracé  par  Mgr  Tanguay  est 
Roland  Taché  marié  à  Isabeau  Delzers.  Leur  fils, 
Jean,  naquit  à  Garganvillars,  le  23  décembre  1642. 

Jean  Taché  épousa  Françoise  Pérès,  et  en  eut, 
entre  autres  enfants,  un  fils  qui  fut  baptisé  à  Gargan- 
villars le  14  janvier  1666,  sous  le  prénom  de  Etienne, 
et  devint  commissaire  des  vivres  à  Saint-Malo. 

C'est  du  mariage  de  ce  dernier  avec  Marguerite 
D'Auzet  que  naquit  le  premier  Taché  qui  vint  s'éta- 
blir dans  la  Nouvelle- France. 

A  peu  près  vers  le  même  temps  où  Jean-Paschal 
Taché  ouvrait  un  comptoir  à  Québec,  un  autre  Taché 
venait  aussi  tenter  fortune  dans  le  pays.  Guillaume 
Taché  était  fils  de  Joseph  Taché  et  de  Catherine  Gué- 
naud,  et  était  originaire  de  Saint-Sauvan,  évêché  de 
Xaintes,  en  Saintonge.     Il   fut   tué  d'un   boulet   de 

2 


IO 


canon  le  28  avril  1760,  pendant  le  siège  de  Québec. 
Il  s'était  marié,  à  Québec,  à  Louise-Charlotte  Métivier, 
mais  il  ne  fit  pas  souche.  Nous  ignorons  si  Guillaume 
Taché  et  Jean-Paschal  Taché  étaient  parents. 

Pierre  de  Sales  Laterrière,  de  passage  à  La  Rochelle 
en  1764,  et  à  la  veille  de  s'embarquer  pour  le  Canada, 
eut  la  bonne  fortune  d'être  présenté  à  Mathieu  Mou- 
nier,  membre  de  l'Académie  française.  Ce  haut  per- 
sonnage s'intéressa  beaucoup  au  jeune  Laterrière  et 
l'admit  dans  son  intimité.  Avec  ses  parentes,  ma- 
dame de  Couagne  et  sa  fille,  mariée  à  un  M.  Taché, 
marchand  de  draps  de  la  même  ville,  il  alla  plusieurs 
fois  au  théâtre.  Toutes  deux  se  disaient  originaires 
du  Canada.  (1)  Nous  n'avons  pu  établir,  non  plus, 
si  ce  M.  Taché,  établi  à  La  Rochelle,  était  parent  de 
Jean-Paschal  Taché. 


•>  *>**<'   <' 


(1)  Mémoires  de  Pierre  de  Sales  Latemère  et  de  ses  tra- 
verses, p.  19. 


Première  génération  :  Jean-Paschal  Taché 


JEAN-PASCHAL  TACHE 


Né  à  Garganvillars  le  6  avril  1 697  (  1  ) . 

Après  avoir  fait  d'excellentes  études  à  Paris,  il 
s'établit  comme  marchand  dans  la  commune  où  il  avait 
vu  le  jour. 

Le  commerce  nécessairement  restreint  d'une  com- 
mune de  quelques  centaines  d'habitants  n'était  pas  suf- 
fisant pour  satisfaire  la  légitime  ambition  d'un  homme 
actif  et  entreprenant  comme  M.  Taché. 

Le  3  mai  1727,  il  formait  une  société  avec  Jean- 
Pierre  Lapeyre,  fils  aîné,  habitant  de  Montauban,  ville 
située  à  28  kilomètres  de  Garganvillars,  pour  faire  le 
commerce  du  Canada.  Lapeyre  devait  fournir  6000 
livres  et  une  certaine  quantité  de  marchandises.  La 
société  prit  le  nom  de  "Lapeyre  fils  aîné  et  Taché." 

M.  Taché  s'embarqua  à  LaRochelle  le  5  juin 
1727.  Dès  son  arrivée  dans  la  Nouvelle- France,  il 
ouvrit  un  comptoir  à  Québec.  Il  vendait,  à  moitié 
profit,  prenant  en  échange  des  pelleteries  qu'il  expé- 
diait immédiatement  à  LaRochelle. 

Le  15  décembre  1727,  il  était  de  retour  à  LaRo- 
chelle.    Son  voyage  n'avait  pas   été   fructueux.     Ne 


(1)  Bibaud  {Dictionnaire  historique  des  hommes  illustres 
du  Canada,  p.  311)  et  Huston  {Répertoire  national,  vol.  II,  p. 
361),  donnent  Toulouse  comme  lieu  de  naissance  de  M.  Taché. 
Nous  avons  vu  l'acte  de  naissance  même  de  M.  Taché  tiré  des 
registres  de  Garganvillars. 


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pouvant  vendre  ses  pelleteries  sur  le  champ,  il  prit  de 
l'emploi  dans  un  comptoir,  "vu  que,  dit-il,  les  profits 
n'étaient  pas  assez  forts  pour  soutenir  la  dépense  qu'il 
aurait  été  obligé  de  faire  dans  une  auberge  ou  dans 
une  maison  particulière". 

I/a  société  Lapeyre  fils  aîné  et  Taché  fut  dissoute 
l'année  suivante  à  la  demande  de  M.  Taché.  L,apeyrene 
lui  avait  pas  fait  de  remise  de  fond  ainsi  qu'il  s'y  était 
engagé.  Il  lui  avait  donné  des  marchandises  seule- 
ment. L,apeyre  était  donc  la  cause  de  l'insuccès  du 
voyage  de  son  associé  au  Canada  (i). 

En  1728,  M.  Taché  habite  L,aRochelle  où  il  s'oc- 
cupe de  commerce. 

C'est  deux  années  plus  tard,  en  1730,  que  M  Ta- 
ché passa  dans  la  Nouvelle- France  pour  y  faire  un 
établissement  permanent  (2). 

Il  s'établit  à  Québec,  et  devint  bientôt  un  des  né- 
gociants les  plus  en  vue  de  toute  la  colonie. 

Il  fut,  pendant  plusieurs  années,  syndic  des  mar- 
chands. On  sait  que,  sous  le  régime  français,  le  syndic 
des  marchands  était  celui  qui,  au  nom  de  tous,  faisait 
les  représentations  au  gouverneur  et  à  l'intendant  (3). 

En  1748,  M.  Hocquart  était  remplacé  comme  in- 
tendant de  la  Nouvelle- France  par  François  Bigot. 
Celui-ci  continua  à  Québec  les  manœuvres  plus  ou 
moins  honorables  qui  l'avaient  enrichi  à  L,ouisbourg. 
Ses  créatures  enlevaient,  à  vil  prix,   les   grains  et   les 


(1)  Les  renseignements  sur  les  premières  années  de  la  car- 
rière de  M.  Taché  nous  ont  été  fournis  par  M.  Philéas  Gagnon, 
^conservateur  des  archives  judiciaires  à  Québec. 

(2)  Nos  historiens  font  donc  erreur  de  neuf  années  en  le 
faisant  établir  au  Canada  en  1739. 

(3)  Sur  la  charge  de  syndic  des  marchands  voyez  le  Bul- 
letin des  Recherches  Histotiques,  vol.  neuvième,  p.  376. 


13 


bestiaux  qu'elles  revendaient  ensuite,  avec  des  béné- 
fices énormes,  aux  îles  françaises.  Les  denrées  devin- 
rent d'un  prix  excessif,  et  le  commerce  se  trouva  bien- 
tôt dans  le  marasme. 

M.  Taché  fut  député  auprès  du  Roi  par  les  com- 
merçants du  pays  pour  faire  des  représentations,  et 
demander  un  arrangement  de  commerce  pour  la  Nou- 
velle-France. 

Bigot  avait  à  la  Cour  des  affidés  puissants  qui 
firent  échouer  la  mission  de  l'intègre  M.  Taché  (i). 

Pendant  les  tristes  jours  qui  précédèrent  la  chute 
de  Québec  et  la  fin  de  la  domination  française  au  Ca- 
nada, M.  Taché  joua  un  rôle  important  dans  la  capi- 
tale. 

Le  10  juillet  1759,  les  citoyens  de  Québec  voyant 
les  Anglais  élever  une  batterie  à  Lévis  pour  bombarder 
Québec,  se  réunirent  et  résolurent  de  prier  M.  de  Vau. 
dreuil  d'envoyer  un  détachement  détruire  cette  batterie 
avant  qu'elle  pût  causer  des  dommages  à  la  capitale. 

M.  Taché,  au  nom  du  commerce,  et  M.  Daine,  au 
nom  du  peuple,  furent  chargés  de  présenter  ce  placet 
au  gouverneur.  C'est  ce  qu'ils  firent  le  lendemain. 
Mais  leur  requête  n'obtint  pas  de  succès  (2) . 

Lorsque,  le  lendemain  de  la  désastreuse  bataille  des 
Plaines  d' Abraham,  les  citoyens  de  Québec  constatèrent 
que  la  lutte  n'était  plus  possible,  les  principaux  d'entre 


(1  )  Mémoires  sur  les  affaires  du  Canada,  depuis  174c  jus- 
qu'à 1760,  p.  62.  Nos  historiens  disent  que  c'est  en  1759  que 
M.  Taché  fut  ainsi  envoyé  auprès  du  Roi.  Ils  font  erreur.  M. 
Taché  ne  s'absenta  pas  du  Canada  en  1759.  Nous  n'avons  pu 
établir  en  quelle  année  fut  fait  ce  voyage. 

(2)  Journal  du  curé  Récher,  Bulletin  des  Recherches  His- 
toriques, vol.  neuvième,  p.  337  ;  Lettres  du  tnatquis  de  Mont- 
calnt  au  chevalier  de  Lévis,  p.  185 . 


14 


eux  se  réunirent  chez  M.  Daine,  lieutenant-général  de 
police  et  maire  de  la  ville,  et  résolurent  de  prier  M.  de 
Raniezay  de  capituler  avant  que  l'assaut  ne  fut  donné. 
M.  Taché,  M.  Panet  et  quelques  autres  furent  chargés 
de  piésenter  une  requête  à  cet  effet  à  M.  de  Ramezay. 
Ils  lui  représentaient  qu'  un  bombardement  de  soixante- 
trois  jours  ne  les  avait  point  intimidés  ;  que  les  veilles 
et  un  service  fatiguant  ne  les  avaient  point  rebutés  ; 
que  la  perte  de  leur  bien  ne  les  touchait  point  ;  qu'ils 
étaient  insensibles  à  tout,  si  ce  n'est  au  désir  de  con- 
server la  ville.  Cette  flatteuse  espérance,  disaient-ils, 
était  soutenue  par  une  armée  qui  les  couvrait,  qui  leur 
laissait  le  passage  libre  et  qui  leur  assurait  la  commu- 
nication des  vivres.  Mais,  malheureusement  pour  eux, 
elle  ne  subsistait  plus,  et  ils  voyaient  que  les  trois  quarts 
de  leur  sang  répandu  n'empêcherait  point  l'autre 
quart  de  tomber  sous  le  joug  de  l'ennemi  pour  devenir 
les  victimes  de  leur  fureur.  Après  avoir  donné  de* 
raisons  péremptoires  en  faveur  de  la  capitulation,  ils 
concluaient  ainsi  :  '  'Jetez  donc  les  yeux  sur  le  reste  ; 
tâchez  de  les  conserver  pour  leurs  femmes  et  leurs  en- 
fants ;  conservez  même  ceux  ou  celles  qui  sont  renfer- 
més dans  cette  ville  ;  enfin,  sauvez  leur  le  peu  qui  leur 
reste  de  l'incendie  ;  il  n'est  point  honteux  de  céder 
quand  on  est  dans  l'impossibilité  de  vaincre"  (i). 

L,e  jour  suivant,  15  septembre,  M.  de  Ramezay 
réunissait  en  conseil  de  guerre  les  principaux  officiers 
de  sa  garnison,  et  tous,  à  l'exception  de  M.  de  Fied- 
mond,  furent  de  l'opinion  des  citoyens  de  Québec,  c'est- 


(1)  La  requête  présentée  à  M.  de  Ramezay  par  M.  Taché 
et  ses  amis  est  reproduite  au  long  dans  le  Mémoire  du  Sieur  de 
Ramezay,  publié  par  la  Société  Littéraire  et  Historique  de  Qué- 
bec en  1861. 


15 


à-dire  qu'il  fallait  capituler  immédiatement  aux  condi- 
tions les  plus  avantageuses. 

Le  siège  de  Québec  ruina  M.  Taché  entièrement. 
Il  était  alors  un  des  plus  riches  négociants  du  Canada. 
Il  valait  $120,000,  ce  qui  était  considéré  comme  une 
grosse  fortune  pour  l'époque.  Plusieurs  vaisseaux  fai- 
saient pour  lui  le  commerce  des  Iles.  Pendant  l'été 
de  1759,  sept  de  ses  navires  chargés  de  marchandises 
furent  pris  par  les  Anglais. 

Pour  comble  de  malheur,  en  apprenant,  au  mois 
de  mai  1759,  l'apparition  de  la  flotte  anglaise  dans  le 
fleuve  Saint-Laurent,  M.  Taché  avait  placé  dans  les 
voûtes  de  sa  maison  (1),  rue  Saint- Pierre,  tous  ses 
meubles,  livres  de  commerce,  billets,  comptes,  obliga- 
tions, titres,  créances,  et  généralement  tous  les  papiers 
qui  lui  appartenaient  et  à  plusieurs  autres.  Le  bom- 
bardement mit  le  feu  à  sa  maison  et  consuma  en  entier 
le  contenu  de  ses  voûtes  (2). 

Le  gouverneur  Carleton,  qui  avait  hérité  de  la 
sympathie  du  général  Murray  pour  les  Canadiens,  eut 
pitié  des  malheurs  de  M.  Taché,  et  lui  accorda  une 
commission  de  notaire  avec  juridiction  sur  toute  la 
province.  Elle  est  en  date  du  4  février  1768  (3). 

M.  Taché  n'en  profita  pas  longtemps.  Il  décéda 
à  Québec  moins  de  trois  mois  plus  tard,  le  iS  avril 
1768,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière,  près  de  l'église. 


(1)  Cette  maison  était  située  à  pue  près  où  se  trouve  au- 
jourd'hui l'hôtel  Neptune  Intl. 

(2)  Greffe  de  J.-C.  Panet,  15  novembre  1760.  Déclaration 
au  sujet  des  titres,  papiers  et  effets  appartenant  à  plusieurs  per- 
sonnes et  déposés  dans  les  voûtes  de  J.  Taché,  ces  effets  ayant 
été  détruits  par  le  feu  lors  du  bombardement  de  la  ville . 

(3)  Le  greffe  de  M.  Taché  comprend  neuf  pièces  déposées 
entre  les  mains  du  protonotaire  du  district  de  Québec. 


i6 


]Vî .  Taché  était  poète  à  ses  heures.  On  lui  doit 
un  joli  poème  :  Le  tableau  de  la  mer. 

"  Ce  petit  poème  didactique  n'est  point  sans 
mérite  ;  il  a  surtout  celui  de  la  difficulté  vaincue.  On 
y  trouve  tous  les  termes  de  marine  en  usage  alors,  les 
noms  de  toutes  les  parties  d'un  vaisseau,  accumulés 
comme  à  plaisir,  et  sous  ce  rapport  c'est  un  curieux 
et  précieux  travail. 

'  '  Avant  les  Gêorgiques  de  Virgile,  les  Romains 
avaient  eu  des  poèmes  sur  l'histoire  naturelle,  l'astro- 
nomie, l'ichthyologie,  l'agriculture,  la  chasse,  la 
médecine,  etc.  Il  n'est  point  de  sujet  dont  la  poésie 
ne  se  soit  emparé  ;  la  tentative  de  M.  Taché  n'était 
donc  pas  nouvelle.  Les  poèmes  didactiques  ont  été  en 
très-grande  vogue  au  commencement  du  dix-neuvième 
siècle  et  à  la  fin  du  siècle  précédent,  et  M.  Taché 
peut  être  regardé  comme  un  précurseur  d'Esménard 
qui  en  a  fait  un  très-remarquable  sur  la  Navigation 
(i8o5)»(i). 

M.  Taché  était  un  homme  d'une  grande  piété.  Nous 
avons  vu  plusieurs  de  ses  cahiers,  livres  de  comptes, 
brouillards,  etc,  etc.  Tous  portent  pour  épigraphe  : 
"Au  nom  de  Dieu  et  de  la  très  Sainte  Vierge." 

Ses  concitoyens  l'avaient  élu  marguillier  de 
l'œuvre  et  fabrique  de  Notre-Dame  de  Québec. 

M .  Taché  était  distrait,  mais  distrait  à  rendre  des 
points  au  fameux  Descartes. 

Un  de  ses  contemporains,  Nicolas-Gaspard  Bois- 
seau, qui  a  laissé  des  Mémoires  (inédits)  très  intéres- 
sants, relate  ainsi  quelques-unes  de  ses  distractions  : 


(I)  P-J-O.  Chauveau,  De  la  poésie  française  au  Canada — 
Mémoires  et  comptes  rendus  de  la  Société  Royale  du  Canada, 
t.  I,  p.  78. 


17 


"Quelque  temps  après  la  prise  de  Québec  (en 
1760),  M.  Murray,  gouverneur  du  Canada,  donna  un 
grand  bal  à  ses  officiers  et  aux  principaux  de  la  ville. 
A  minuit,  il  s'éleva  une  question  à  décider,  qui  était 
de  savoir  qui  était  le  père  du  mensonge.  Personne  ne 
put  le  satisfaire  là-dessus.  Le  gouverneur  envoya 
aussitôt  un  de  ses  sergents  d'ordre  chez  M.  Taché,  un 
des  marchands  français  établi  à  Québec,  qu'il  connais- 
sait pour  homme  d'esprit.  Le  sergent  avait  ordre  de 
l'amener  aussitôt.  M.  Taché  voyant,  à  minuit,  un 
ordre  du  gouverneur  de  se  rendre  subitement  chez  lui 
au  milieu  de  la  nuit,  fut  un  peu  saisi.  Il  se  leva,  et 
comme  il  était  distrait,  à  peine  s'habilla-t-il,  et  suivit 
le  sergent  au  château  Saint-Louis. 

"Dès  qu'il  fut  entré,  le  gouverneur  lui  dit  : 

" — Monsieur  Taché,  je  vous  ai  fait  venir  ici  pour 
savoir  de  vous  quel  était  le  père  du  mensonge. 

"  M.  Taché,  voyant  que  ce  n'était  que  cela, 
commença  alors  à  se  remettre,  et  se  grattant  l'oreille 
droite,  il  lui  répondit  ainsi  : 

'  '  — Le  père  du  mensonge le  père  du 

mensonge,  c'est  le  diable,  monsieur. 

"Toute  l'assemblée  se  prit  à  rire  ;  on  applaudit  à 
la  réponse.     Le  gouverneur  lui  dit  : 

" — Voilà  qui  est  bien,  monsieur,  vous  pouvez 
aller  dormir  à  présent. 

"  Le  même  M.  Taché  était,  un  dimanche,  à  la 
grand' messe,  et,  comme  c'est  la  coutume  du  pays  qu'- 
une demoiselle  quête  pendant  la  messe,  la  quêteuse 
vint  à  lui  et  lui  présenta  son  porte-argent.  M.  Taché, 
distrait  au-delà  de  ce  que  l'on  peut  dire,  crut  qu'on  lui 
présentait  du  tabac.  Il  prit  une  prise  d'argent.  La 
quêteuse  fut  obligée  de  lui  dire  à  l'oreille,    non  sans 

rire  : 

3 


" — C'est  de  l'argent  que  je  demande. 

" — Ah  !  dit- il,  je  n'y  pensais  pas." 

La  peinture  que  fait  M.  Boisseau  des  distractions 
de  M.  Taché  ressemble  un  peu  à  une  charge.  Une 
chose  certaine  c'est  qu'il  était  très  distrait,  car  la  tradi- 
tion s'en  est  conservée  absolument  nette  parmi  ses 
descendants. 

M.  Taché  avait  épousé,  à  Québec,  le  27  août  1742, 
Marie- Anne,  fille  de  feu  Jean  Joliet  de  Mingan  et  de 
Marie  Mars,  et  petite-fille  de  Louis  Joliet,  le  décou- 
vreur du  Mississipi. 

Elle  décéda  à  Québec,  le  22  avril  1776,  et  fut  inhu- 
mée dans  la  chapelle  Sainte-Anne  de  l'église  cathédrale. 
De  leur  mariage  étaient  nés  dix  enfants  : 

I 

JEAN-JACQUES  TACHÉ 

Né  à  Québec  le  29  septembre  1743. 
Décédé  à  Québec  le  19  août  1748,   il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  paroissial. 

II 

GUILLAUME  TACHÉ 

Né  à  Québec  le  11  décembre  1744. 

A  l'âge  de  vingt  ans,  il  prit  du  service  dans  la 
Compagnie  des  Indes. 

Il  se  noya  dans  un  voyage  aux  Indes  (  r  ) . 


(1)     Mgr  Tanguay,  Dictionnaire  généalogique  des  famil- 
les canadiennes,  vol.  septième,  p.  246.     Il  était  mort  en  1768. 


19 

m 

MARIE-ANNE   TACHÉ 

Née  à  Québec  le  13  mai  1746. 

Décédée  à  Beauport  le  25  juillet  1746,  elle  fut 
inhumée  le  lendemain  dans  le  cimetière  de  cette 
paroisse. 

IV 

MARIE-JOSEPHTE  TACHE  (i) 

Née  à  Québec  le  8  août  1747. 

Décédée  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  4  juil- 
let 1801,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

V 

PIERRE    TACHÉ 
Né  à  Québec  le  13  mars  1749  (2). 

VI 

IvOUIS-CHARIvES  TACHE  (3) 

Né  à  Québec  le  15  mai  1750. 

Décédé  à  Lorette  le  15  août  1750,  il  fut  inhumé 
le  lendemain  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 


(1)  Baptisée  sons  les  prénoms  de  Marie-Joseph. 

(2)  Mgr  Tanguay  {Dictionnaire  généalogique  des  familles 
canadiennes,  vol.  premier,  p.  557)  fait  erreur  à  son  sujet.  Il  le 
fait  mourir  le  lendemain  de  sa  naissance.  Le  3  août  1776,  son 
frère  Charles  est  élu,  par  ses  parents  et  amis,  curateur  à  ses  biens, 
à  cause  de  son  absence.  Il  vivait  encore  en  17S4. 

(3)  Baptisé  sous  le  prénom  de  Louis  seulement. 


20 


vn 

JOSEPH  TACHÉ 

Né  à  Québec  le  26  mai  1751. 
Décédé  à  Québec  le  20  mars  1753,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  paroissial. 

vm 

CHARLES  TACHÉ 
Le  continuateur  de  la  branche  aînée. 

IX 

ANGÉLIQUE  TACHÉ  (1) 

Née  à  Québec  le  4  septembre  1755. 

Décédée,  à  Saint-Joseph  de  Deschambault  le  28 
mai  18 19,  elle  fut  inhumée  le  lendemain  dans  l'église 
paroissiale  (2). 

X 

PASCHAL-JACQUES  TACHÉ 
L'auteur  de  la  branche  cadette. 


(1)  -  Dans  l'inventaire  de  la  succession  de  sa  mère  dressé 
par  Jean-Antoine  Panet,  notaire,  le  7  août  1776,  elle  est  dési- 
gnée erronément  sous  le  prénom  de  Marguerite. 

(2)  Mgr  Tanguay  (Dictionnaire  généalogique  des  familles 
canadiennes,  vol.  premier,  p.  557)  la  fait  mourir  le  jour  même 
de  sa  naissance. 


Première  génération  :  Jean-Paschal  Taché 
Deuxième  génération  :  Charles  Taché 


CHARLES  TACHE 

Né  à  Québec  le  29  août  1752. 

Il  fut  co-seigneur  de  Mingan. 

M.  Taché  fut,  en  outre,  pendant  plusieurs  années, 
bourgeois  de  la  Compagnie  des  Postes  du  Roi. 

L'immense  région  du  Saguenay  et  du  lac  Saint- 
Jean  portait,  sous  le  régime  français,  le  nom  de  domai- 
ne du  Roi,  et  était  concédée  à  la  Compagnie  des  Postes 
du  Roi.  L,e  domaine  du  Roi  fut  arpenté  en  1732  par 
Joseph-Laurent  Normandin .  L'année  suivante,  le  23 
mai,  ses  limites  furent  fixées  par  l'intendant  Hocquart. 

Après  la  conquête,  le  domaine  du  Roi  continua  à 
être  affermé.  La  Compagnie  des  Postes  du  Roi  avait 
dans  son  territoire  un  grand  nombre  d'établissements 
de  traite  on  postes,  entre  autres  ceux  de  Tadoussac, 
Malbaie,  Bondésir,  Papinachois,  Islets  de  Jérémie 
Betsiamis,  Lac  Saint-Jean,  Nekoubau,  Chomontchoua- 
ne,  Mistassin,  Chicoutimi. 

M.  Taché  fut  longtemps  bourgeois  du  poste  de  Chi- 
coutimi. 

M.  de  Gaspé  nous  apprend  que  M.  Taché  et  son 
frère  Paschal-Jacques,  seigneur  de  Kamouraska,  étaient 
les  deux  hommes  les  plus  distraits  qu'il  ait  connus. 
"  Une  discussion  s'engage,  ajoute-t-il  ;  un  des  mes- 
sieurs Taché  y  prend  d'abord  une  part  assez  vive  et 
puis  se  tait  tout-à-coup  :  les  arguments  continuent 
pendant  un  certain  temps  ;  on  change  de  sujets,  on 
parle  de  la  pluie   et  du  beau  temps   et  à   l'expiration 


22 


quelquefois  d'une  vingtaine  de  minutes,  M.  Taché, 
qui  n'a  rien  entendu,  reprend  la  discussion  au  point  où 
il  l'a  laissé  à  la  grande  surprise  ainsi  qu'à  l'amusement 
de  ses  amis.  On  racontait  mille  traits  de  la  distrac- 
tion des  deux  frères.  "  (i) 

M.  Taché  mourut  du  choléra-morbus.  après  qua- 
rante-huit heures  de  maladie,  à  Saint-Louis  de  Ka- 
mouraska,  le  7  août  1826.  Il  fut  inhumé  dans  l'église 
paroissiale. 

"Ce  respectable  monsieur,  doué  de  toutes  les  bel- 
les qualités  qui  caractérisent  l'homme  de  bien,  empor- 
ta avec  lui  l'estime  et  le  regret  de  tous  ceux  qui 
l'avaient  connu."  (2) 

Il  avait  épousé,  à  Saint-Thomas  de  Montmagny, 
le  22  juillet  1783,  Geneviève,  fille  de  Jean-Baptiste 
Michon  et  de  Marie- Elizabeth  Morissette. 

Ellle  décéda  à  Saint- I,ouis  de  Kamouraska  le  3  oc- 
tobre 1849,  et  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

De  leur  mariage  naquirent  dix  enfants  : 

I 
CHARLES  TACHÉ 

L,e  continuateur  de  la  branche  aînée. 

n 

JEAN-BAPTISTE  TACHE 

Né  à  Saint-Thomas  dé  Montmagny  le  12  juin  1786. 
I/e'26  août  181 1,  il  était  admis  à  la  profession  du 
notariat. 


(1)  Mémoires,  p.  538. 

(2)  Gazette  de  Québec,  10  août  1826. 


23 


Le  n  avril  1820,  il  était  élu  député  du  comté  de 
Cornwallis  à  1?  Chambre  d'Assemblée  du  Bas-Canada. 
Il  représenta  ce  comté  jusqu'au  6  juillet  1824. 

Dix  ans  plus  tard,  le  22  novembre  1834,  les  élec- 
teurs du  comté  de  Rimouski  l'envoyaient  de  nouveau 
siéger  à  la  Chambre  d'Assemblée.  Cette  fois  il  siégea 
jusqu'au  27  mars  1838. 

Le  30  septembre  1839,  M.  Taché  était  appelé  à 
faire  partie  du  Conseil  Spécial.  Il  ne  pouvait  résul- 
ter rien  de  bon  pour  les  Canadiens-français  des  déli- 
bérations de  ce  corps  public  créé  par  un  pouvoir  aux 
abois.    Aussi,  M.  Taché  refusa  d'en  faire  partie. 

Le  9  juin  1841,  il  était  fait  conseiller  législatif  de 
la  province  du  Canada. 

Le  1er  janvier  1842,  M.  Taché  recevait  sa  nomi- 
nation de  régistrateur  du  comté  de  Kamouraska. 

L'honorable  M.  Taché  décéda  à  Saint-Louis  de 
Kamouraska  le  24  août  1849,  et  fut  inhumé  dans  le 
cimetière  paroissial. 

Bibaud  dit  de  M.  Taché  : 

"  Homme  sans  fard,  honnête  et  aimable,  qui 
n'était  de  trop  nulle  part.  "  (1) 

"Parmi  les  notaires  de  l'époque  (1837-38),  qui  se 
firent  remarquer  par  leur  réserve  et  dont  les  conseils 
de  modération  ne  furent  pas  écoutés,  écrit  l'historien 
du  notariat  au  Canada,  nous  devons  citer  particuliè- 
rement les  honorables  Barthélemi  Joliette,  Joseph- 
Edouard  Faribault,  Louis  Panet  et  Jean-Baptiste  Taché. 
Ces  hommes,  qui  appartenaient  tous  à  d'anciennes  et 
illustres  familles  du  pa}rs  et  qui  jouissaient  d'un  carac- 
tère irréprochable,  crurent  mieux  servir   la  cause  de 


(  1  )     Dictionnaire  historique  des  hommes  illustres  du  Cana- 
da et  de  l'Amérique,  p.  312. 


24 


leur  patrie  et  leur  nationalité  en  prêtant  leurs  noms  et 
leur  prestige  au  parti  de  la  paix  et  de  la  concorde." (i) 

M.  F. -M.  Derome,  qui  avait  eu  l'occasion  d'ap- 
précier les  hautes  qualités  de  M.  Taché,  lui  rend  le 
bel  hommage  qui  suit  : 

"  M.  Taché  se  forma  presque  de  lui-même  et  de- 
vint, à  proprement  parler,  le  fils  de  ses  œuvres. 
Homme  droit  par  excellence,  il  semblait  qu'il  y  eut 
en  lui  comme  un  sentiment  inné  de  l'honneur.  Il  en 
était  même  jaloux  au  point  d'en  faire  la  règle  absolue 
de  ses  rapports  sociaux  et  de  sa  conduite  journalière  ; 
aussi,  la  malhonnêteté  sans  excuse,  la  bassesse  réflé- 
chie pouvaient-elles  exhaler  sa  colère  jusqu'au  paro- 
xysme. M.  Taché  ne  fut  pas  seulement  le  protecteur 
de  quelques  membres  intéressants  de  sa  famille  ;  il  don- 
na à  d'autres  des  marques  nombreuses  d'une  généro- 
sité qu'il  exerçait  de  la  manière  la  plus  noble,  et,  à 
cet  égard,  il  est  vrai  de  dire  que  toujours  la  main  gau- 
clie  igîiorait  ce  que  faisait  la  main  droite.  Il  avait  beau- 
coup de  lecture,  et  ses  études  particulières  suppléèrent 
à  celles  du  collège.  Il  était  de  plus  homme  de  loi  ca- 
pable. Des  consultations  importantes  qu'il  donna  lui 
méritèrent  considération  dans  le  barreau  de  Québec. 
Il  fit  preuve  d'une  modestie  rare,  accompagné  d'une 
défiance  excessive  de  lui-même.  On  sait  qu'il  était  le 
frère  de  sir  Etienne-Paschal  Taché.  Peut-être  eut-il 
partagé  la  fortune  politique  de  son  frère,  si  la  parité 
du  mérite  seule  décidait  de  la  position  des  hommes  ; 
mais  il  lui  manqua  d'être  orateur.  Tous  deux  four- 
nirent honorablement  la  carrière,  et  tous  deux  avaient 
eu  le  même  point  de  départ.  "  (2) 


(1)  J. -Edmond  Roy,  Histoire  du  notariat  au  Canada,  troi- 
sième volume,  p.  18. 

(2)  F. -M.  Derome,  Le  Foyer  canadien,  tome  IV,  p.  430. 


25 


L'honorable  M.  Taché  avait  épousé,  à  Québec,  le 
12  mars  1823,  Charlotte  Mure,  veuve  de  François  Pin- 
guet,  et  fille  de  l'honorable  John  Mure,  membre  du 
Conseil  Législatif  du  Bas-Canada. 

Madame  Taché  mourut  à  Saint-Paschal  le  10  juil- 
let 1857  d'une  attaque  de  paralysie,  et  fut  inhumée 
dans  le  cimetière  de  Saint-Louis  de  Kamouraska. 

Ils  avaient  eu  trois  enfants  : 

I.  Jean-Georges  Tache 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  20  janvier 
1824. 

Il  fut  admis  à  la  pratique  du  droit  le  18  septem- 
bre 1848. 

M.  Taché  s'établit  dans  sa  paroisse  natale,  et  ne 
tarda  pas  à  se  faire  une  position  enviable   au  barreau. 

En  1856,  le  Conseil  Législatif  devint  électif.  Il 
devait  se  former  par  élections  graduelles  tous  les  deux 
ans.  La  division  de  Grandville,  qui  comprenait  les 
comtés  de  Témiscouata,  Kamouraska  et  l'Islet,  fut 
appelée  à  élire  un  conseiller  législatif  en  1860. 

M.  Taché  fut  choisi  comme  candidat  conserva- 
teur. Les  libéraux  mirent  sur  les  rangs  M.  Letellier 
de  Saint-Just,  qui  devait  être  plus  tard  lieutenant- 
gouverneur  de  la  province  de  Québec . 

Après  une  lutte  acharnée,  M.  Letellier  de  Saint- 
Just  fut  élu,  le  31  octobre  1860,  par  une  majorité  de 
616  voix. 

Cette  rude  campagne  avait  épuisé  M.  Taché.  Il 
fut  enlevé  à  l'affection  des  siens  quelques  mois  après. 
Décédé  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  7  juin  1861, 
il  fut  inhumé  le  1 1  dans  le  cimetière  paroissial. 

Un  de  ses  amis  lui  consacrait  les  lignes  suivantes 
dans  le  Canadien  du  14  juin  1861  : 

4 


26 


"Vendredi,  le  7  du  courant,  vers  dix  heures  du 
soir,  Jean-Georges  Taché,  écuier,  avocat  de  Kamou- 
raska,  rendait  le  dernier  soupir,  après  une  courte  ma- 
ladie de  treize  jours. 

"Cette  fin  si  prompte  et  si  prématurée  a  produit 
dans  tout  le  comté  de  Kamouraska,  une  sensation  im- 
possible à  décrire.  A  la  nouvelle  de  sa  mort  encore 
inattendue,  l'anxiété  manifestée  durant  tout  le  cours 
de  la  maladie,  s'est  changée  en  une  morne  et  profonde 
stupeur.  Jamais  douleur  plus  sincère  et  plus  vive  ne 
s'est  exprimée  avec  une  éloquence  semblable. 

"Jeune,  il  avait  encore  devant  lui  une  longue 
suite  d'années  avant  de  dépasser  la  maturité.  Il 
pouvait  et  il  voulait  donner  à  son  pays  la  juste  part 
de  labeur  que  tout  bon  citoyen  est  tenu  de  lui  consacrer. 
Avec  des  talents  distingués, des  connaissances  étendues, 
des  habitudes  de  travail  peu  ordinaires,  une  heureuse 
aptitude  pour  les  affaires  et  un  patriotisme  aussi  sin- 
cère qu'éclairé  il  promettait  de  devenir  un  des  hommes 
publics  les  plus  précieux  et  les  plus  capables. . . . 

"  L,a  Providence  en  a  disposé  autrement,  et,  à  la 
fleur  de  l'âge,  au  milieu  d'une  carrière  pleine  d'utili- 
té et  de  succès,  la  mort  est  venue  le  retrancher  du  nom- 
bre des  vivants. 

"  Comme  avocat,  M.  Taché  était  déjà  l'honneur 
du  barreau.  A  son  début,  et  sans  transition,  il  s'était 
placé  au  premier  rang  parmi  ceux  de  sa  profession.  Il 
possédait,  à  juste  titre,  la  confiance  universelle,  et  sa 
clientèle,  beaucoup  trop  nombreuse  pour  un  homme 
seul,  l'astreignait,  lui,  faible  de  corps,  à  un  travail  ex- 
cédant les  limites  des  capacités  ordinaires.  Aussi 
l'inexplicable  maladie  qui  l'a  si  subitement  emporté 
l'a-t-elle  trouvé  sans  force  contre  ses  cruelles  attein- 
tes. 


27 


"Comme  homme,  il  possédait,  au  plus  haut  degré, 
les  qualités  de  l'esprit  et  du  coeur,  franc,  sincère  et 
loyal,  sa  parole  était  sacrée,  son  amitié  inaltérable,  sa 
probité  à  toute  épreuve.  Il  abhorrait  la  duplicité,  il 
ignorait  le  mensonge  et  sa  bouche  n'était  que  l'écho 
de  son  cœur. 

'  '  Religieux  sans  ostentation  comme  sans  timidi- 
té, il  avait  la  foi  du  chrétien  sincère,  la  foi  qui  se  ma- 
nifeste par  la  pratique  et  les  oeuvres.  Ses  derniers 
moments  ont  été  fortifiés  parles  sublimes  consolations 
de  la  religion.  Sa  mort  a  été  celle  du  juste  confiant 
dans  la  miséricordieuse  clémence  de  sou  créateur. 

"A  ses  funérailles,  qui  ont  eu  lui  hier  le  onze,  à 
Kamouraska,  assistait  une  foule  immense,  l'élite  de 
toutes  les  paroisses  des  comtés  de  Kamouraska,  l'Is- 
let  et  Témiscouata.  La  ville  de  Québec  y  était  aussi 
représentée  par  plusieurs  des  amis  du  défunt.  Plus 
de  vingt  membres  du  clergé  encombraient  le  choeur. 
La  sévère  tenue  et  la  profonde  tristesse  de  toute  cette 
multitude  attestaient  hautement  la  sincérité  et  l'éten- 
due des  regrets  causés  par  cette  perte  qu'on  peut  jus- 
tement dire  irréparable." 

M.  Taché  avait  épousé,  à  Saint- Paschal,  le  26 
novembre  1855,  Henriette-Euphémie,  troisième  fille  de 
feu  Louis  Casault  et  de  Marie- Françoise  Biais. 

Madame  Taché  décéda  à  Saint-Louis  de  Kamou- 
raska le  3  septembre  1871,  et  fut  inhumée  dans  le  ci- 
metière paroissial. 

Aucun  enfant  n'était  né  de  leur  mariage. 

II.  Marie-Charlottb-Louise-Euzabeth  Taché 

Née  à  Saint- Louis  de  Kamouraska  le  22  janvier 
1825. 


28 


Mariée,  à  Saint-Louis  de  [Kamouraska,  le  28  no- 
vembre 1848,  à  Jacques- Vinceslas  Taché  (1). 

III.  Charles  Taché 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  18  juin  1829. 
Décédé  à  Saint-Louis  de    Kamouraska  le  15  juin 
1830,  il  fut  inhumé  dans  l'église  paroissiale. 

m 

MARIE-GENEVIÈVE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  30  janvier 
1788. 

Décédée  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  9  mai 
18 13,  elle  fut  inhumée  dans  l'église  paroissiale. 

IV 

MARIE-ELIZABETH  TACHE 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  28  décem- 
bre 1789. 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  12  fé- 
vrier 1792,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

V 

MARIE-ROSE-ANGÈLE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  24  février 
1792. 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  19  fé- 
vrier 1808,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 


(1)    Voir  plus  loin. 


29 

VI 

MARIE-VICTOIRE-ELIZABETH  TACHÉ 

Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  30  octobre 

1793- 

Mariée,  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  17  jan- 
vier 1829,  à  Thomas  Casault,  notaire. 

Elle  décéda  à  Saint- Louis  de  Kamouraska  le  16 
mars  1830,  et  fut  inhumée  dans  l'église  paroissiale. 

M.  Casault  se  remaria  à  Luce  Drapeau. 

Il  décéda  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  1 2  sep- 
tembre 1837,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

"Membre  estimé  du  notariat  canadien,  Thomas 
Casault,  de  même  que  tant  d'autres  sujets  de  cette 
profession,  ne  dut  qu'à  sa  persévérance  et  à  ses  talents 
la  position  qu'ils  lui  firent  comme  praticien  et  homme 
de  loi  tout  ensemble.  Il  donnait  l'exemple  de  cette 
probité  antique  qui  sera  toujours,  on  ne  le  conteste 
pas,  l'apanage  essentiel  du  notaire.  Un  ordre  scrupu- 
leux présidait  aux  affaires  de  sa  clientèle  ainsi  qu'à  la 
tenue  de  sa  maison.  Il  parlait  bien  :  sa  phrase,  sobre 
et  précise,  s'inspiiait  de  la  politesse  de  l'homme  bien 
élevé.  On  disait  de  sa  manière  de  parler  qu'il  en 
avait  autant  de  soin  que  de  sa  personne"(i). 

vn 

ETIENNE-PASCHAL  TACHÉ 

"  Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  5  sep- 
tembre 1795. 

1  '  La  famille  Taché  dans  les  veines  de  laquelle 


(1)  F. -M.  Derome,  Le  Foyer  canadien,  tome  IV,  p.  432. 


3o 


coule  le  sang  de  Louis  Joliet,  découvreur  du  Missis- 
sipi,  jouissait  d'une  fortune  opulente  avant  la  con- 
quête qui  opéra  la  ruine  complète  de  sa  prospérité 
matérielle.  Voilà  pourquoi  sir  Etienne  et  ses  frères 
ne  purent  recevoir  qu'une  éducation  secondaire,  leur 
père  ayant  eu  à  élever  sa  famille  avec  de  très  faibles 
moyens. 

"  A  la  déclaration  de  guerre  de  1812,  sir  Etienne 
ayant  offert  spontanément  et  volontairement  ses  ser- 
vices, entra  comme  enseigne  dans  le  5ème  bataillon 
des  milices  incorporées  ;  il  n'avait  pas  encore  alors 
complété  sa  dix-septième  année.  Il  fut  bientôt  fait 
lieutenant  et  passa  dans  le  corps  des  Chasseurs  Cana- 
diens avec  lequel  il  fit  toutes  les  campagnes,  prenant 
part  à  plusieurs  engagements,  notamment  à  la  bataille 
de  Plattsburg  dans  laquelle  il  perdit  dix-huit  hommes 
de  sa  compagnie,  moissonnés  par  le  feu  de  l'ennemi.  (1) 

"  Le  jeune  soldat  profitait  des  rares  moments  de 
repos  que  le  service  lui  laissait  pour  s'instruire  lui- 
même,  et  ce  fut  dans  ces  heures  d'étude  qu'il  résolut 
de  s' adonner  à  la  médecine. 

"  Au  sortir  de  l'armée  à  la  conclusion  de  la  paix, 
il  continua  ses  études  médicales  (commencées  au  sein 
de  la  vie  des  camps  et  de  garnison)  sous  la  direction 
de  feu  M.  Pierre  de  Sales  Laterrière,  alors  médecin 
pratiquant  à  Québec. 

'  '  Comme  le  Canada  offrait  alors  peu  de  moyens 
de  rendre  complètes  les  difficiles  études  de  la  méde- 
cine, il  alla  compléter  ses  cours  à  Philadelphie. 


(  1  )  Dans  une  lettre  au  lieutenant-colonel  James  Steven- 
son, datée  de  Montmagny  le  29  mai  1863,  sir  E.-P.  Taché  ra- 
conte la  part  qu'il  prit  à  la  guerre  de  1812.  Voir  Tra?isactions 
0/ the  Literary  and  Historical  Society  of  Québec;  Sessions  0/ 
187-8,  p.  14. 


3i 


'  '  De  retour  dans  son  pays  avec  le  titre  de  méde- 
cin (i),  il  alla,  en  1819,  s'établir  dans  sa  paroisse  na- 
tale, Saint-Thomas  de  Montmagny,  où  il  pratiqua  sans 
interruption  son  art  pendant  le  long  espace  de  vingt- 
deux  ans,  desservant  avec  un  zèle  et  une  habileté  qui  ne 
sont  point  encore  oubliés  une  immense  pratique,  com- 
posée des  habitants  de  sa  localité  et  des  paroisses  en- 
vironnantes. 

"  Le  docteur  Taché  sentait,  avec  tous  ses  compa- 
triotes, les  injustices  auxquelles  les  Canadiens-français 
étaient  soumis  pendant  cette  longue  période  de  luttes 
qui,  commencée  presqu'au  sortir  d'une  guerre  dans 
laquelle,  après  avoir  généreusement  et  sagement  re- 
poussé les  trompeuses  avances  du  peuple  américain, 
ils  avaient  versé  leur  sang  pour  la  mère-patrie,  se  ter- 
mina par  la  malheureuse  péripétie  de  1837  et  1838. 
Au  moment  du  soulèvement  qui  se  fit  dans  le  district 
de  Montréal,  le  docteur  Taché  était  partisan  de  la  po- 
litique de  M.  Papineau,  mais  on  pourrait  ranger  les 
opinions  qu'il  entretenait  alors  entre  celles  de  ceux 
de  nos  compatriotes  qui  poussaient  à  la  résistance 
armée  et  les  opinions  de  ceux  qui  ne  voyaient,  en 
cela,  de  possible  qu'une  épouvantable  catastrophe. 

"  Il  était,  pour  le  gouvernement  d' alors,  au  nom- 
bre des  suspects  et  lorsque  M.  A.-N.  Morin,  poursuivi 
par  les  autorités,  vint  chercher  refuge  au  sein  des  po- 
pulations de  la  Côte  du  Sud,  le  docteur  Taché  fut  un 
de  ceux  qui  le  reçurent  et  le  protégèrent.  Le  pouvoir 
en  eut  nouvelle  et,  dans  la  supposition  que  sa  maison 
servait  de  refuge,  de  salle  de  conseil  et  de  dépôt 
d'armes,  un  magistrat,  accompagné  d'une  forte  es- 
couade de  police,  eut  ordre  d'opérer  une  descente  chez 


(  1  )     Il  obtint  sa  licence  du  Bureau  médical  du  Canada-Est 
le  18  mars  1819. 


32 


lui,  avec  injonction  de  l'arrêter  si  l'on  réussissait  à 
constater  le  moindie  fait  à  sa  charge.  I,a  police,  des- 
cendue de  nuit  à  Saint- Thomas  de  Montmagny  et  ar- 
rivant inopinément  au  sein  de  la  famille  éplorée,  ne 
trouva  chez  le  docteur  Taché,  en  ce  moment  absent  de 
sa  maison,  qu'un  fusil  de  chasse,  une  paire  de  pistolets 
et  son  vieux  sabre  de  1812  ;  le  magistrat  et  ses 
hommes  se  retirèrent  en  hâte  après  ces  recherches  in- 
fructueuses. 

'  '  Aux  élections  qui  suivirent  la  promulgation  de 
l'acte  d'Union,  auquel  il  était  opposé  comme  tous  les 
Canadiens,  M.  Taché  fut  élu,  en  avril  1841,  député  à 
l'Assemblée  législative  par  le  comté  de  l'Islet  ;  il  fut 
réélu  en  novembre  1844  par  le  même  comté,  qu'il  re- 
présenta jusqu'au  1er  juillet  1846,  date  à  laquelle,  sur 
l' avis  de  ses  amis  et  collègues  les  chefs  du  parti  bas- 
canadien,  il  accepta  le  poste  d'adjudant-général  des 
milices  du  Bas-Canada.  Il  occupa  cette  charge  jus- 
qu'au 11  mars  1848. 

"  A  cette  dernière  date,  il  entra,  sur  les  pressantes 
instances  de  M.  L,afontaine,  appelé  par  Son  Excel- 
lence lord  Elgin  à  former  une  nouvelle  administration, 
dans  le  ministère  L,afontaine-Baldwin,  avec  le  porte- 
feuille de  commissaire  en  chef  des  Travaux  Publics, 
et  fut  nommé  conseiller  législatif  le  23  mai  1848. 

"  On  connait  les  violences  qui  eurent  lieu  à  Mont- 
réal durant  la  session  de  1849,  à  propos  de  l'Acte  d'in- 
demnité pour  les  pertes  de  1837-38.  L,esémeutiers,  non 
contents  d'avoir  brûlé  le  Parlement,  et,  avec  l'édifice, 
les  arôhives  du  pays  et  une  magnifique  bibliothèque, 
en  voulaient  à  la  vie  même  du  premier  ministre  d'alors, 
M.  L,afontaine.  Les  amis  de  l'éminent  homme  d'état 
veillaient  sur  ses  jours  et,  parmi  ceux-ci,  nul  ne  le 
faisait  avec  plus  de  soin  que  son  collègue  et  intime 
ami,  M.  Taché. 


Sir  Etienne- Paschal  Taché 


33 


"  La  session  de  1849  venait  d'être  close  et  il 
semblait  que  les  passions  étaient  sur  le  point  de  se 
calmer,  lorsqu'on  eut  vent  qu'on  méditait  une  attaque 
contre  la  maison  de  M.  Lafontaine.  Immédiatement 
M.  Taché  organisa  une  petite  troupe  d'élite  qui  alla 
sous  ses  ordres  s'installer  chez  le  premier  ministre,  dé- 
terminée à  le  défendre  ou  à  mourir  avec  lui.  La  mai- 
son fut  en  effet  attaquée  la  nuit  même  qui  suivit  ces 
dispositions  ;  mais  les  émeutiers  prirent  la  fuite,  en 
voyant  tomber  mort  un  des  leurs  au  premier  assaut. 

"  On  se  rappelle  la  fière  réponse  que  fit  M.  Taché 
à  l'enquête  qui  eut  lieu  sur  le  corps  de  la  malheureuse 
victime  de  cette  triste  affaire. 

"  —  Qui  a  tiré  dans  cette  occasion,  lui  demanda- 
t-on  ? 

"  —  L'honneur  me  défend  de  le  dire,  fut  la  ré- 
ponse. 

"  —  Etiez- vous  armé  et  avez- vous  tiré,  ajouta- 
t-on? 

"  —  J'étais  armé  jusqu'aux  dents.  Je  n'ai  pas 
tiré,  parce  que  je  réservais  tous  mes  coups  pour  les  dé- 
livrer à  bout  portant  ! 

"M.  Taché  fut  membre  de  toutes  les  administra- 
tions qui  se  succédèrent  de  1848  à  1856,  occupant  suc- 
cessivement les  charges  de  commissaire  des  Travaux 
Publics  et  de  Receveur  Général. 

"  En  avril  1856,  il  fut  appelé  par  Son  Excellence 
le  gouverneur-général  pour  reconstituer  l'administra- 
tion qui  prit,  sous  sa  direction,  le  nom  de  Taché- Mac- 
donald,  le  premier  ministre  occupant  le  fauteuil  d'ora- 
teur du  Conseil  législatif. 

"  En  juillet  1857,  Ie  premier  ministre,  déjà 
orateur  du  Conseil  législatif,  se  chargea  encore  de  la 
direction  du  ministère  des  Terres  de  la  Couronne.    Ce 

5 


34 


fut  alors  qu'il  imagina  et  mit  en  commencement  d'exé- 
cution, en  faveur  de  la  colonisation,  cette  magnifique 
idée  de  la  construction  du  grand  chemin  aujourd'hui 
connu  sous  le  nom  de  chemin  Taché. 

"  Dans  l'automne  de  1857,  M.  Taché,  fatigué  de 
sa  longue  cairière  politique,  résigna  sa  situation  de 
premier  ministre  de  la  Couronne,  sans  cependant  ces- 
ser d'occuper  son  siège  de  membre  à  vie  du  Conseil 
législatif. 

"  En  1858,  il  fut  appelé  en  Angleterre,  où  Sa 
Majesté  voulut  bien  lui  conférer  elle-même  le  titre  de 
chevalier  fknight) .  (1) 

"  Depuis  l'époque  de  sa  résignation,  sir  Etienne 
Tacbé  se  reposait  au  sein  de  sa  famille,  dans  sa  jolie 
résidence  de  Saint-Thomas  de  Montmagny,  qu'il  ne 
laissait  que  pendant  les  sessions  du  Parlement,  qui  le 
voyait  toujours  fidèle  à  son  poste  au  Conseil  législatif, 
ou  pour  assister  aux  séances  du  Conseil  de  l'Instruc- 
tion Publique  dont  il  était  le  président.  Il  a  encore  été 
membre  de  la  commission  des  chemins  de  fer,  en  je  851, 
et  directeur  du  chemin  de  fer  du  Grand  Tronc,  de  1852 
à  1855. 

"  Le  13  juillet  1860,  sir  Etienne  fut  nommé  aide 
de  camp  de  la  Reine  avec  le  grade  de  colonel  dans 
l'armée  régulière  :  ce  fut  en  cette  dernière  qualité 
qu'il  fit  partie  de  la  suite  officielle  du  prince  de  Galles, 
pendant  tout  le  cours  du  voyage  de  Son  Altesse  en 
Canada. 

"  Dans  le  cours  de   l'année    1862,   le   Souverain 


(1)  Dans  Canadiana,  vol.  I,  p.  190,  on  trouvera  un  inté- 
ressant récit  signé  W.  B.  h.  (Lamb)  de  l'investiture  de  sir  E. 
P.  Taché,  comme  chevalier  par  Sa  Majesté  la  reine  Victoria,  au 
château  de  Windsor,  le  13  novembre  1858. 


35 


Pontife  fit  à  sir  Etienne  Taché  l'insigne  honneur  de 
le  nommer  commandeur  de  l'Ordre  de  Saint-Grégoire 
le  Grand,  classe  militaire. 

"  Lors  de  l'affaire  du  Trent,  sir  Etienne  Taché 
prit  une  large  part  aux  travaux  de  la  réorganisation 
de  la  milice  et  fut  l'un  des  membres  les  plus  actifs  de 
la  commission  de  milice,  alors  instituée  sous  la  prési- 
dence du  colonel  Lyson. 

"  Lors  de  la  crise  politique  qui  accompagna  la 
chute  du  ministère  Macdonald-Dorion,  en  1864,  sir 
Etienne  Taché  fut  successivement  recherché  par  les 
deux  parties  qui  se  partageaient  les  chambres  ;  il  refusa 
d'entrer  en  négociations  avec  le  ministère  récemment 
déchu  pour  cause  de  divergence  absolue  d'opinions  ; 
son  refus  fit  échouer  toutes  les  tentatives  de  recons- 
truction. Le  gouverneur  le  fit  alors  appeler  pour  lui 
confier  le  soin  de  former  une  administration  ;  il  avoua 
à  Son  Excellence  qu'il  se  sentait  une  répugnance  bien 
grande  à  rentrer  dans  la  vie  publique  active  ;  cepen- 
dant, toutes  les  autres  ressources  étant  épuisées,  il 
consentit  enfin  et  l'administration  Taché- Macdonald 
fut  formée  (30  mars  1864),  sir  Etienne  occupant  les 
charges  de  ministre  de  la  milice  et  de  receveur-géné- 
ral. 

"L'état  des  partis  en  chambre  était  tel,  néan- 
moins, que  peu  de  mois  après  le  ministère  fut  battu. 
On  venait  presque  de  sortir  d'une  élection  générale, 
une  nouvelle  élection  devenait  nécessaire,  à  moins  d'en 
venir  à  un  accommodement  avec  la  majorité  adverse 
du  Haut-Canada  qui  causait  tout  l'embarras.  Cet  ac- 
commodement eut  lieu  sur  des  bases  tout  à  fait  nou- 
velles. Le  ministère,  devenu  par  l'adjonction  de  deux 
membres  de  l'opposition  haut-canadienne  un  ministère 
de  coalition,  reconnaissait  que  le  pays  en  était  venu  à 


36 


un  état  de  choses  qui  nécessitait  des  changements  ra- 
dicaux dans  la  constitution,  et  qus  le  seul  moyen  de 
tirer  le  Canada  de  l'imbroglio  où  il  se  trouvait  était 
l'adoption  d'un  plan  de  Confédération,  dont  les  détails 
étaient  laissés  à  de  futures  délibérations. 

"  Ce  fut  en  conformité  de  cet  arrangement 
qu'eurent  lieu  à  Québec,  en  octobre  1864,  les  célèbres 
conférences  des  délégués  de  toutes  les  provinces  de 
l'Amérique  Britannique  du  Nord.  Sir  Etienne  Taché 
fut  le  président  de  ces  conférences  dont  les  travaux 
ont  marqué  le  commencement  de  la  maladie  qui  l'a 
conduit  au  tombeau. 

"  C'est  après  avoir  passé  par  tous  ces  travaux, 
toutes  ces  charges  et  tous  ces  grades  que  sir  Etienne- 
Paschal  Taché,  âgé  de  70  ans,  est  mort  à  sa  résidence 
de  Saint-Thomas  de  Montmagny,  dans  les  bras  de  sa 
famille  et  muni  de  tous  les  secours  de  l'Eglise,  le  di- 
manche 30  juillet  1865,  à  deux  heures  moins  dix  mi- 
nutes de  l'après-midi. 

"  Ses  funérailles  eurent  lieu  le  mercredi,  2  août, 
au  milieu  d'un  immense  concours  de  citoyens  venus 
de  tous  les  points  du  pays.  Son  corps  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  de  Saint-Thomas  de  Montmagny.  (1) 

'  '  Ayant  ainsi  esquissé  à  grands  traits  les  princi- 
paux événements  de  la  vie  d'une  de  nos  plus  belles 
gloires  nationales,  disons  un  mot  de  l'homme  lui- 
même  et  de'ses  derniers  moments. 

"  Sir  Etienne- Paschal  Taché  était  avant  tout  un 
homme  de  foi,  aimant  l'Eglise  et  toujours  prêt  à  la 
servir.     Magnifiquement  doué  sous  le  rapport  de  l'in  - 


(1)  En  juin  1883,  le  corps  de  sir  E.-P.  Taché  fut  trans- 
porté dans  le  terrain  réservé  à  la  famille  Taché  dans  le  nou- 
veau cimetière  de  Saint-Thomas  de  Montmagny. 


37 


telligence,  et  il  l'était  encore  plus  sous  le  rapport 
du  caractère,  cette  qualité  aussi  précieuse  que  rare  et 
qui  n'est  donnée  eu  partage  qu'à  ceux  qui  croient  et 
qui  se  dévouent.  Faisant  assez  bon  marché  des  choses 
de  médiocre  importance,  dans  lesquelles  il  se  montrait 
plein  de  conciliation,  il  était  inflexible  dans  les  gran- 
des choses  et  immuable  dans  ses  principes,  en  faveur 
desquels  il  déployait  dans  l'occasion  une  énergie  qui 
ne  s'est  jamais  un  instant  démentie  dans  le  cours  de 
sa  longue  et  laborieuse  carrière. 

"  Sir  Etienne  Taché  a  été  un  des  orateurs  les 
plus  distingués  de  nos  chambres;  sobre  de  sa  parole,  il 
ne  parlait  pas  très  souvent,  mais  il  parlait  toujours  avec 
effet  ;  ses  discours,  dans  les  grandes  occasions,  étaient 
toujours  semés  de  quelques  unes  de  ces  phrases  qui 
restent,  parce  qu'elles  peignent  et  caractérisent  la 
chose,  la  personne,  ou  la  situation.  Sir  Etienne  Ta- 
ché savait  aussi  écrire,  comme  le  prouvent,  entre  au- 
tres, les  quelques  écrits  suivants  qui  restent  de  lui, 
savoir  :  une  étude  sur  l'éducation  physique  publiée 
dans  le  recueil  appelé  le  Répertoire  National  (i), 
un  mémoire  historique  sur  le  combat  de  Platts- 
burg,  publié  dans  le  recueil  de  la  Société  Historique 
de  Montréal  (2)  et  une  brochure  sur  la  milice  publiée 
à  Québec,  et  signée  Un  Vétéran.  (3). 


(1)  Première  édition,  vol.  iv,  p.  362;  seconde  édition, 
vol.  rv,  p.  364. 

(2)  Guerre  de  1812  à  181 5.  Bataille  navale  du  lac  Chatn- 
plain,  par  un  témoin  oculaire — Mémoires  et  documents  publiés 
par  la  Société  Historique  de  Montréal,  troisième  livraison,  p.  145. 

(3)  Quelques  réflexions  sur  l'organisation  des  volontaires 
et  de  la  milice  de  cette  province ;  par  un  Vétéran  de  1812 — Qué- 
bec :  des  presses  à  vapeur  de  A.  Coté  et  cie — 1863.45  p   p.    in 


38 


"Mais  ces  choses,  toutes  belles  et  bonnes  qu'elles 
soient  en  elles-mêmes,  ne  seraient,  après  tout,  que  des 
choses  bien  inutiles  pour  l'homme  qui  ne  couronnerait 
pas  son  existence  par  une  mort  chrétienne.  Savoir 
mourir,  voilà  le  savoir  par  excellence  :  bien  mourir, 
voilà  l'acte  par  excellence.  Sir  Etienne  Taché  n'avait 
pas  attendu  le  moment  de  la  mort  pour  y  penser  ; 
mais  à  mesure  que  le  mal  qui  le  minait  faisait  des  pro- 
grès, il  y  pensait  de  plus  en  plus  et,  plusieurs  jours 
avant  l'heure  fatale,  il  cessa  tout  à  fait  de  se  préoccu- 
per des  affaires  de  ce  monde,  pour  ne  plus  songer  qu'à 
paraître  devant  son  juge. 

"Sa  maladie  ne  semble  se  rattacher,  de  l'avis  des 
médecins  qui  l'ont  soigné,  à  aucune  affection  organi- 
que, mais  avoir  été  un  affaiblissement  graduel  des  for- 
ces vitales.  Pendant  les  huit  ou  neuf  mois  qu'il  s'est 
ainsi  senti  affaiblir  petit  à  petit,  sir  Etienne  Taché  n'a 
point  vu  son  intelligence  partager  les  faiblesses  du 
corps  et  n'a  point  perdu  le  sommeil,  excepté  dans  les 
derniers  jours  de  son  existence.  Pendant  les  deux  der- 
nières vingt-quatre  heures  qu'il  a  passé  sur  la  terre, 
sauf  la  dernière  heure  d' une  agonie  parfaitement  tran- 
quille, il  a  souffert  énormément,  mais  avec  calme,  de 
spasmes  dans  les  entrailles  et  dans  l'estomac  ;  il  avait 
heureusement  avant  ce  temps  reçu  la  Sainte  Commu- 
nion ;  car  il  fut  ensuite  tourmenté  de  vomissements 
presque  continuels.  An  milieu  de  ces  douleurs  il  res- 
tait composé,  se  recommandant  à  Dieu  et  se  conten- 
tant d'accorder  à  la  nature  des  gémissements  dans  les 
moments  des  plus  grandes  souffrances.  Ses  forces  di- 
minuant, il  reçut  l'extrême-onction,  après  laquelle  il 
se  faisait  dire  tout  haut  de  temps  à  autre,  par  sa  fille, 
qui  ne  l'a  pas  laissé  d'un  instant  depuis  ce  moment, 
les  actes  de  foi,  d'espérance,  de  charité  et   de  contri- 


39 


tiou,  qu'il  répétait   tout  bas.     Il   embrassait  souvent 
son  crucifix  avec  amour. 

'  ' — A  un  moment  où  il  paraissait  souffrir  horrible- 
ment et  où  ses  gémissements  arrachaient  des  larmes  à 
sa  famille  réunie  autour  cL  son  lit  de  douleur,  quel- 
qu'un de  la  famille  lui  dit  : 

" — Courage  !  Unissez  vos  souffrances  à  celles  du 
Sauveur  sur  la  croix  ;  dans  peu  vous  serez  dans  le  Ciel. 

" — Oui,  mes  chers  enfants,  répondit-il,  d'une 
voix  ferme,  j'ai  confiance  dans  la  miséricorde  de  mon 
Dieu,  je  devrais  peut-être  ne  pas  me  plaindre  ;  mais 
c'est  cette  pauvre  nature  qui  se  lamente  ainsi. 

"  C'est  dans  ces  sentiments  qu'il  est  arrivé  à  la 
dernière  phase  de  sa  vie  ;  vers  une  heure  de  l'après- 
midi,  il  a  semblé  s'endormir  d'un  sommeil  d'agonisant 
qui  termina,  une  heure  après,  paisiblement  sa  carrière 
terrestre. 

"Nous  avons  voulu  donner  ces  quelques  détails 
recueillis  par  ceux  qui  ont  assisté  aux  derniers  mo- 
ments de  sir  Etienne- Paschal  Taché  comme  sujet  d'é- 
dification. Ceux  que  les  desseins  de  la  Providence  ont 
appelé  aux  dignités  de  ce  monde  doivent  aux  autres 
l'exemple.  L,e  spectacle  d'une  mort  chrétienne  est  un 
grand  enseignement  dont  tous  peuvent  profiter  et 
dont  nous  voudrions  voir  surtout  profiter  les  malheu- 
reux qui  travaillent  à  affaiblir  chez  le  peuple  canadien 
cette  foi  vive  qui  fait  la  force  des  peuples,  cette  foi  et 
ces  œuvres  qui  font  le  salut  éternel  des  âmes."(i) 

"Sir  Etienne  Taché,  dit  M.  de  Gaspé,  était  ce 
que  les  Anglais  appellent  a  sel/  made  man,   que  je  tra- 


(i)  Le  Courrier  du  Canada,  g  août  1865  (article  de  M. 
Eugène  Renault).  Sur  sir  Etienne- Paschal  Taché  on  peut  con- 
sulter Henry-J.  Morgan,  Sketches  of  celebrated  Canadians,  p. 
680,  et  Courrier  du  livre,  vol.  IV,  p.  240. 


4° 


duirais  :  un  homme  qui  s'est  formé  lui-même.  Les 
deux  souches  de  la  famille  Taché  n'étaient  pas  égale- 
ment favorisées  de  la  fortune  :  le  seigneur  de  Kamou- 
raska  était  riche  et  n'avait  qu'un  seul  enfant,  tandis 
que  son  frère  peu  fortuné  était  en  outre  chargé  d'une 
nombreuse  famille  et  partant  empêché  de  lui  donner 
une  éducation  aussi  libérale  qu'il  l'aurait  désiré,  mais 
sir  Etienne  a  tout  ployé  sous  sa  volonté  de  fer,  et  bri- 
sé tous  les  obstacles.  Il  est  devenu  un  habile  médecin 
à  force  de  persévérance  et  d'énergie  ;  il  a  fait  plus:  ses 
amis  connaissant  la  violence  naturelle  de  son  caractère 
redoutaient  pour  lui  les  luttes  de  la  tribune,  mais  par 
un  effet  de  sa  volonté  d'airain,  il  réussit  à  dompter  sa 
nature  inflammable,  comme  le  salpêtre,  et  il  s'est  cons- 
tamment montré  calme,  froid  et  déférant  dans  ses 
rapports  politiques  avec  ses  concitoyens  et  dans  les  dé- 
bats parlementaires.  Se  vaincre  soi-même  me  parait 
le  plus  grand,  le  plus  noble  et  le  plus  difficile  des 
triomphes,  "(i) 

"  Sir  Etienne,  écrit  à  son  tour  l'honorable  M. 
Chauveau,  n'avait  reçu  qu'une  instruction  incomplète 
dans  son  jeune  âge  ;  il  a  dû  son  avancement  à  ses  ta- 
lents naturels,  aux  études  qu'il  sut  faire  de  lui-même, 
à  son  énergie  et  à  l'heureuse  combinaison  des  qualités 
qui  formaient  son  caractère  actif  et  courageux,  mais 
en  même  temps  prudent  et  persévérant.  Dans  les  rangs  de 
l'opposition  dans  l'Assemblée  législative,  il  fit  plusieurs 
excellents  discours,  pleins  de  feu  et  débités  avec  une 
grande  éloquence,  mais  aussi  bien  nourris  de  faits  et 
d'arguments.  Transporté  au  Conseil  législatif,  char- 
gé d'expliquer  les  mesures  du  gouvernements  à  un 
auditoire  difficile  à  passionner,  obligé  de  parler  le  plus 
souvent  une  langue  qui  lui  était   moins  familière,    il 


(i)    Mémoires,  p.  537. 


4i 

s'acquitta  de  cette  nouvelle  tâche  avec  tact  et  succès, 
mais  sans  pouvoir  y  déployer,  bien  souvent,  les  quali- 
tés oratoires  qui  lui  étaient  propres." (i) 

Sir  Etienne- Paschal  Taché  avait  épousé,  à  Qué- 
bec, le  18  juillet  1820,  Sophie,  fille  de  Joseph  Baucher 
dit  Morency,  navigateur,  et  de  Marie-Angélique 
Fraser. 

Lady  Taché  décéda  à  Saint- Thomas  de  Montma- 
gny  le  30  avril  1883,  et  fut  inhumée  dans  le  cimetière 
paroissial. 

"  Souffrant  depuis  deux  mois  d'une  maladie  du 
foie,  lady  Taché  vit  venir  lentement  la  mort,  et  dans 
les  derniers  jours  de  sa  vie,  lorsque  les  secours  de  l'art 
médical  furent  déclarés  impuissants  à  la  sauver,  elle 
avait  fait  généreusement  le  sacrifice  de  son  existence. 
Chrétienne  fervente,  elle  n'avait  pas  attendu  au  der- 
nier moment  pour  se  préparer  à  la  mort  et  lorsque  sa 
dernière  heure  a  sonné,  elle  était  prête  à  paraître  de- 
vant sou  Créateur.  Avant  de  rendre  le  dernier  sou- 
pir, elle  avait  eu  le  bonheur  de  recevoir  toutes  les  con- 
solations de  l'Eglise,  et  la  rare  jouissance  de  voir  au- 
tour de  son  lit  de  mort  les  cinq  enfants  qui  lui  survi- 
vaient :  double  bonheur  que  le  bon  Dieu  lui  avait  mé- 
nagé en  récompense  d'une  carrière  sans  reproche, 

"  Lady  Taché  avait  vu  le  jour  à  Québec,  le  t8 
janvier  1800,  et  lorsque,  en  ses  dernières  années,  des 
amis  de  la  famille  lui  demandaient  son  âge,  elle  se 
plaisait  à  dire  qu'elle  était  née  avec  le  siècle.  Son 
père,  Joseph  Morency,  était  capitaine  au  long  cours 
et  pilote  du  Roi,  et  sa  mère,  Angélique  Fraser,  était 
alliée  à  ces  héroïques  montagnards  écossais  qui  com- 
battirent si  vaillamment  sur  les  Plaines  d'Abraham 
contre  les  non  moins  héroïques  ancêtres  de  feu  sir  E.- 
P.  Taché. 


{1)  Journal  de  V 'instruction  publique,  juillet  et  août  1865,  p.  107. 

6 


42 


"  Toute  jeune  encore,  lady  Taché  fut  confiée  aux 
dames  Ursulines  de  Québec  et  c'est  dans  cette  sainte 
maison  qu'elle  puisa  cette  éducation  saine  qui  fait  la 
bonne  mère  de  famille  et  la  femme  forte  contre  les  tri- 
bulations de  la  vie.  En  feuilletant  les  intéressantes 
annales  des  Ursulines  de  Québec,  on  trouve  dans  la 
liste  des  élèves  de  1800  à  1820,  son  nom  mêlé  aux 
noms  d'une  foule  de  jeunes  filles  qui  occupèrent  plus 
tard,  les  plus  hautes  positions  dans  notre  monde  so- 
cial. Pour  ne  citer  que  quelques-uns  de  ces  noms, 
lady  Taché  avait  eu  pour  compagnes  de  couvent  :  lady 
L,afontaiue  (née  Adèle  Berthelot),  lady  Belleau  (née 
Josephte  Gauvreau),  lady  Routh  (née  Louise  Tasche- 
reau),  madame  Panet  (née  Josephte  Baby),  madame 
Charles  Taché  (née  Henriette  Boucher  de  la  Broque- 
rie),  madame  Polette  (née  Henriette  Dubuc),  ma- 
dame Duchesnay  (née  Suzanne  Taschereau),  madame 
Paschal  de  Sales  L,aterrière  (née  Eulalie  Dénéchaud), 
madame  L,etellier  de  Saint-Just  (née  Marie  Casgrain), 
etc.,  etc. 

"  Le  jour  même  de  son  mariage,  lady  Taché 
laissa  Québec  pour  Saint-Thomas  de  Montmagny  et 
depuis  cette  date,  malgré  les  absences  indispensables 
nécessitées  par  les  déplacements  forcés  de  son  digne 
époux,  elle  tint  à  honneur  de  se  compter  pour  une  en- 
fant de  cette  paroisse.  Comme  elle  était  heureuse 
quand  après  une  série  de  pérégrinations  imposées  par 
la  position  politique  de  feu  sir  E.-P.  Taché,  elle  se  dit 
qu'elle*  ne  laisserait  plus  son  Saint-Thomas  de  Mont- 
magny ! 

"  D'un  caractère  exceptionnellement  ferme,  lady 
Taché  lorsque  sir  Etienne  aborda  l'orageuse  mer  politi- 
que, porta  lestement  sa  large  part  des  fatigues  du  jour, 
et  dans  les  temps  difficiles  elle  se  montra  à  la  hauteur 


François-Jacques- Albert  Bender 


43 


de  sa  position.  Ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  surveiller 
avec  un  soin  scrupuleux  l'éducation  de  sa  nombreuse 
famille.  Ht  la  preuve  que  les  tribulations  politiques 
ne  lui  firent  pas  perdre  de  vue  ses  devoirs  de  mère, 
nous  la  trouvons  d'abord  dans  le  fait  que  tous  ses  en- 
fants lui  font  honneur,  et  ensuite  dans  le  fait  non 
moins  concluant  que  jamais  mère  n'a  été  plus  vénérée 
de  ses  enfants.  "  (  i  ) 

Du  mariage  de  sir  Btienne-Paschal  Taché  et  de 
Sophie  Baucher  dit  Morency  naquirent  quinze  enfants 
(2): 

I.    Marie-Sophie-Mathilde  Taché 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  6  juin  1821. 

Mariée,  à  Saint-Thomas  de  Montmagny,  le  10 
septembre  1844,  à  François-Jacques- Albert  Bender, 
avocat. 

Madame  Bender  décéda  à  Saint-Thomas  de  Mont- 
magny, le  20  février  1879,  et  fut  inhumée  dans  le  ci- 
metière paroissial. 

M.  Bender  se  remaria,  à  la  Pointe  Gatineau,  le 
29  septembre  1887,  à  Marie-Claire-Elizabeth,   fille  de 


(1)  Le  Courrier  du  Canada,  7  mai  1883.  Article  signé 
Laurent  (M.  Eugène  Renault). 

(2)  A  chacun  de  ses  voyages  à  Rome  Mgr  Taché  était 
reçu  par  Sa  Sainteté  le  Pape  Pie  IX  qui  avait  avec  l'évêque  ca- 
nadien de  longues  et  affectueuses  causeries.  Dans  ane  de  ces 
audiences,  après  avoir  questionné  Mgr  Taché  sur  les  affaires  du 
Canada,  Pie  IX  s'informa  de  sir  Etienne-Paschal  Taché,  alors 
premier  ministre  du  Canada.  Il  lui  demanda  combien  sir 
Etienne-Paschal  avait  eu  d'enfants. — Quinze,  Saiut-Père,  répon- 
dit Mgr  Taché. — Quinze  enfants,  répliqua  Pie  IX,  mais  c'est 
mieux  que  Jacob  ;  il  n'en  eut  que  douze  !  C'est  à  cette  même 
audience  que  Pie  IX  accorda  à  sir  Etienne-Paschal  Taché  et  à 
ses  descendants  jusqu'à  la  quatrième  génération,  une  indul- 
gence plénière,  à  l'article  de  la  mort. 


44 


Francis-Hubert  Ennis  et  de  Marie-Julie-Henriette 
Ansbrow.  (i) 

M.  Bender  décéda  à  Saint-Thomas  de  Montmagny 
le  5  avril  1899,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  pa- 
roissial. 

Né  à  Varennes  le  25  février  181 7  du  mariage  de 
Louis-Albert  Bender,  médecin,  et  de  Thérèse  Per- 
reault,  M.  Bender  étudia  le  droit  et  fut  reçu  avocat  à 
Québec  le  16  juillet  1840.  Il  pratiqua  quelques  an- 
nées à  Montmagny  puis  accepta  la  charge  de  greffier 
de  la  Cour  de  Circuit  établie  dans  cette  ville.  Le  6 
mars  1858,  lors  de  la  formation  du  district  judiciaire 
de  Montmagny,  il  fut  nommé  protonotaire  de  la  Cour 
Supérieure.  Il  occupa  cette  position  jusqu'à  sa  mort, 
c'est-à-dire  pendant  plus  de  quarante  ans.  En  1888, 
M.  Pierre-Raymond  Martineau  lui  fut  donné  comme 
conjoint,  et,  en  1896,  M.  Amédée  Beaubien  remplaçait 
M.  Martineau. 

"M.  Bender  s'est  toujours  fait  remarquer  par  sa 
grande  bonté,  sa  politesse.  Il  s'est  identifié  avec  son 
greffe,  il  l'aimait  et  le  chérissait  ;  tout  son  bonheur 
était  d'y  aller  travailler  sans  cesse. 

"Homme  d'une  santé  robuste,  il  n'a  jamais  été 
malade.  Sa  vie  s'est  écoulée  sans  peine  et  sans  dou- 
leurs physiques.  Il  est  mort  sans  agonie,  conservant 
jusqu'à  la  fin  la  plénitude  de  ses  facultés  intellectuel- 
les et  la  plus  parfaite  sérénité  en  face  de  la  mort. "(2) 

Du  mariage  de  François-Jacques-Albert  Bender 
et  de  Marie-Sophie-Mathilde  Taché  naquirent  huit  en- 
fants : 

i°  Marie-Sophie-Thérèse- Albertine  Bender  née  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  29  octobre  1845.    Dé- 


(1)  Voir  plus  loin. 

(2)  La  Sentinelle,  6  avril  1899. 


Joseph-Albert  Bender 


45 


cédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  24  mai  1887, 
elle  fut  iuhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

20  Iyouis-Albert-Etienne-Antoine  Bender  né  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  30  mai  1847.  Décédé 
à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  5  mars  1848,  il  fut 
inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

30  Joseph- Albert- Antoine  Bender  né  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  7  juillet  1848.  Décédé  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  19  juillet  1848,  il  fut  inhu- 
mé dans  le  cimetière  paroissial. 

40  Joseph- Albert  Bender  né  à  Saint-Thomas  de 
Montmagny  le  26  février  185 1.  Admis  au  barreau  à 
Québec  le  20  juillet  1874,  il  s'établit  immédiatement  à 
Montmagny.  Il  a  une  belle  et  lucrative  clientèle.  M. 
Bender  est  conseil  du  Roi  pour  la  puissance  du  Cana- 
da depuis  le  28  décembre  1889.  Il  a  été  candidat  dans 
le  comté  de  Montmagny  pour  la  Chambre  des  Com- 
munes aux  élections  générales  du  23  juin  1896. 
M.  Bender  a  épousé,  à  Saint-Thomas  de  Montma- 
gny, le  6  août  1878,  Marie-Anne-Marguerite,  fille  de 
Louis-Napoléon  Sasseville  et  de  Olive  Roy,  de  Sainte- 
Anne  des  Monts.  Enfants  : 

A.  Marie-Anne-Edwidge-Sophie  Bender  née  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  10  janvier  1881.  Elle 
a  des  aptitudes  remarquables  pour  la  musique  et  le 
chant.  Au  concert  Dessane,  à  Québec,  le  10  décembre 
1902,  elle  remporta  un  joli  succès  dans  la  Laitière  de 
Trianon.  Un  critique  écrivait  le  lendemain  de  cet  évé- 
nement musical:  "Mlle  Bender  est  une  toute  jeune 
personne,  musicienne  dans  l'âme,  si  vous  voulez;  mais 
enfin,  elle  n'a  étudié  que  chez  elle,  dans  les  livres  et 
dans  les  partitions  des  maîtres,  et  n'a  jamais  entendu 
les  grands  artistes,  ni  été  à  d'autres  théâtres  qu'aux 
représentations  données  dans  son  couvent  ;    et  cepen- 


46 


dant  j'ose,  sans  la  moindre  trépidation,  vous  la  pré- 
senter comme  une  artiste.  Si  c'est  un  jugement  témé- 
raire, j'en  appelle  à  l'avenir,  qui  le  confirmera."  (i) 

B.  Louis- Albert-Joseph-Michel  Bendernéà  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  6  décembre  1882. 

C.  Marie  -  Edwidge  -  Catherine  -  Albertine  Bender 
née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  26  novembre 
1887. 

50  Antoine-Eugène-Prosper  Bender  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  31  août  1853.  Ingénieur 
civil.  Il  a  été  à  l'emploi  du  gouvernement  du  Cana- 
da et  de  la  Compagnie  du  Pacifique  Canadien.  Il  a 
aussi  travaillé  à  la  construction  du  New- York  Elevated 
Road  aujourd'hui  le  Metropolitan.  M.  Bender  s'est 
beaucoup  occupé  de  la  formation  de  compagnies.  C'est 
lui  qui  a  lancé  dans  le  public  l'idée  de  la  construction 
d'un  chemin  de  fer  au  Labrador.  Aux  élections  gé- 
nérales du  5  mars  1891  pour  la  Chambre  des  Commu- 
nes du  Canada,  il  fut  candidat  dans  le  comté  de  Mont- 
magny contre  M.  P. -A.  Choquette,  aujourd'hui  juge 
de  la  Cour  Supérieure.  M.  Bender  avait  épousé,  à 
l'église  Saint-Joseph  d'Ottawa,  le  3  février  1880,  Ma- 
rie-Eugénie, fille  de  Augustin  Laperrière,  assistant- 
bibliothécaire  du  Parlement  du  Canada.  Elle  décéda 
à  Ottawa  le  27  mai  1881,  et  fut  inhumée  dans  le  ci- 
metière Notre-Dame.  En  secondes  noces,  à  Québec, 
le  12  septembre  1885,  M.  Bender  a  épousé  Kate,  fille 
du  lieutenant- colonel  William-Henry  Forrest,  surin- 
tendant des  magasins  militaires  du  7è.ne  district  mili- 
taire, et  de  Marianne  Tweeddle.  Il  a  eu  un  enfant 
de  son  premier  mariage  et  huit  de  sa  seconde  union: 

A.  Marie- Marguerite-Eugénie  Bender  née  à  Otta- 
wa le   18  avril  1881,  et  mariée  à  Saint- Thomas    de 

(1)     Le  Soleil,  11  décembre  1902. 


47 


Montmagny,  le  22  septembre  1903,   à  Joseph-Eugène 
Leblanc,  de  Montréal. 

B.  Marie-Isabel-Winifred  Bender  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  8  décembre  1886. 

C.  Eugène- Albert- William  Bender  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  21  décembre  1887. 

D.  Joseph-Hector  Bender  né  à  Saint-Thomas  de 
Montmagny  le  26  juin  1889. 

E.  Marie-Kate-Gretchen  Bender  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  9  décembre  1892. 

F.  Auguste-Cari  Bender  né  à  Saint-Thomas  de 
Montmagny  le  28  mai  1894. 

G.  Marie-Sophie-Dorothy  Bender  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  24  juin  1898. 

H.  Cécile-Irène- Violette  Bender  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  27  avril  1900.  Décédée  ?u 
même  endroit  le  16  juin  1900,  elle  fut  inhumée  au  ci- 
metière paroissial. 

I.  Edward-Forrest-Adolphe  Bender  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  16  janvier  1902. 

6°  Charles-Perreault  Bender  né  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  7  juin  1854.  Décédé  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  1er  octobre  1855,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  paroissial. 

70  Marie-Louise-Eulalie  Bender  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  9  juin  1858.  Décédée  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  20  avril  1859,  elle  fut  inhu- 
mée dans  le  cimetière  paroissial. 

8°  Marie-Eléonore-Eulalie-Henriette  Bender  née 
à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  12  mars  1860.  Ma- 
riée, à  Saint-Thomas  de  Montmagny,  le  29  août  1883, 
à  Philippe- Auguste  Choquette,  avocat.  "M.  Choquet- 
te  est  né  à  Belœil,  le  6  janvier  1854,  de  M.  Joseph 
Choquette,  cultivateur,  et  de  Marie-T.  Audet.      Il  fit 


48 


ses  premières  études  au  collège  de  Saint-Hyacinthe, 
et  quitta  ce  collège  pour  entrer,  en  qualité  de  compta- 
ble, chez  M  M.  Louis  Côté  et  frères,  fabricants  de  chaus- 
sures, à  Saint-Hyacinthe;  puis,  durant  deux  ans,  voya- 
gea pour  cette  maison  en  même  temps  que  pour  la 
maison  Alphonse  Racine  et  cie,  faisant  l'importation 
des  tissus  à  Montréal.  Malgré  ses  nombreuses  occu- 
pations, il  ne  négligea  pas  ses  études.  En  août  1877, 
il  était  admis  à  l'étude  du  droit,  et  faisait  son  stage 
dans  les  bureaux  de  MM.  François  et  Charles  Lange- 
lier.  Doué  d'une  très  grande  activité,  il  trouva  mo- 
yen, sans  nuire  à  ses  études,  de  rompre  plus  d'une  lan. 
ce  dans  l'arène  politique,  et  de  collaborer  à  divers 
journaux.  L'honorable  M.  Mercier,  alors  solliciteur 
général  dans  le  gouvernement  Joly,  se  l'attacha  en 
qualité  de  secrétaire.  En  juillet  1880,  il  était  reçu 
avocat.  Il  s'établit  immédiatement  à  Montmagny,  où 
il  exerça  sa  profession  en  société  avec  feu  M.  Charles 
Pacaud.  En  juin  1882,  il  se  présentait  dans  le  comté 
de  Montmagny,  contre  M.  Philippe  Landry,  mais  était 
battu  à  une  centaine  de  voix  de  majorité.  En  1883, 
il  fondait  la  Sentinelle,  de  Montmagny,  qui,  plus  tard, 
se  fusionnait  avec  V  Union  Libérale,  de  Québec.  Ce 
dernier  journal  ayant  lui-même  disparu,  M.  Choquette 
créa  VEcho  de  Montmagny.  Aux  élections  générales 
du  22  février  1887  pour  la  Chambre  des  Communes, 
s' étant  mis  de  nouveau  sur  les  rangs  contre  M.  Lan- 
dry, il  fut  élu  par  environ  deux  cents  voix  de  majori- 
té. 'Il  fut  réélu  le  5  mars  1891  et  le  23  juin  1896,  à 
de  frès  fortes  majorités.  Mêlé  à  toutes  les  luttes  poli- 
tiques, il  accompagna  sir  Wilfrid  Laurier  dans  ses 
campagnes  électorales,  de  l'île  du  Prince- Edouard  à  la 
Colombie  Anglaise."      (1)   Le  7  juillet  1898,  M.  Cho- 


(1)     Firmia  Picard,  L,e  Monde  Illustré,  16  juillet  \ï 


Hon.  Philippe- Auguste  Choquttte 


49 


quette  a  été  nommé  juge  de  la  Cour  Supérieure  du 
district  d'Arthabaska,  en  remplacement  de  M.  F.  X. 
Lemieux,  transféré  à  Sherbrooke.  L'honorable  juge 
Choquette  réside  à  Québec.  Enfants: 

A.  Marie-May-Etiennette  Choquette  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  25  août  1884.  Décédée  au 
même  endroit  le  11  septembre  1884,  elle  fut  inhumée 
au  cimetière  paroissial. 

B.  Marie-May  Choquette  née  à  Saint-Thomas  de 
Montmagny  le  22  octobre  1885.  Décédée  au  même 
endroit  le  19  mars  1892,  elle  fut  inhumée  au  cimetière 
paroissial. 

C.  Marie-Alberte-Ritha  Choquette  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  8  janvier  1887.  Décédée  au 
même  endroit  le  25  septembre  1887,  elle  fut  inhumée 
au  cimetière  paroissial. 

D.  Philippe-Eugène  Choquette  né  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  22  août  1888.  Décédé  au  mê- 
me endroit  le  même  jour,  il  fut  inhumé  au  cime- 
tière paroissial. 

E.  Marie- Joséphine  Choquette  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  15  août  1889. 

F.  Joseph-Prosper- Auguste  Choquette  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  27  janvier  1891. 

G.  Marie-Ritha  Choquette  née  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  15  juillet  1892. 

H.  Fernand-L,éopold  Choquette  né  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  27  octobre  1895. 

I.  Marie- Catherine- Yvonne  Choquette  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  25  novembre  1896.  Décé- 
dée au  même  endroit  le  10  août  1897,  e^e  fut  inhumée 
au  cimetière  paroissial. 

J.  Jean- Albert-Rodrigue  Choquette  né  à  Saint - 
Thomas  de  Montmagy  le  23  octobre  1899. 

7 


5° 


II.  Catherine  Tache 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montinagny  le  ier  juin 
1822. 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  même 
jour,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

III.   Anonyme 

Né  et  décédé  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le 
....  1823.     Inhumé  dans  le  cimetière  paroissial.  (1) 

IV.   Claire-Genevieve-Euzabeth  Tache 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  22  mars 
1824. 

Mariée,  à  Saint-Thomas  de  Montmagny,  le  14  fé- 
vrier 1843,  au  docteur  Joseph  Marmette. 

Elle  décéda  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  16 
août  1863,  et  fut  inhumée  dans  l'église  paroissiale. 

L,e  docteur  Marmette  se  remaria,  à  Ottawa,  lé  27 
novembre  1866,  à  Marie-Geneviève- Emilie,  fille  de 
Thomas  Ansbrow  et  de  Marie-Claire  Taché.  (2) 

Le  docteur  Marmette  décéda  à  Saint-Thomas  de 
Montmagny  le  20  mars  1896,  et  fut  inhumé  dans  le  ci- 
metière paroissial. 

"Homme  d'une  haute  probité,  d'une  urbanité 
sans  égale,  d'une  exquise  politesse,  dans  la  maison  du- 
quel il  y  avait  toujours  place  pour  le  malheureux  com- 
me pour  l'ami,  il  a  coulé  au  milieu  de  ses  concitoyens 
des  jours  heureux  et  bien  remplis."  (3) 


(1)  Vacte  de  sépulture  de  cet  enfant  n'a  pas  été  entré  au 
registre  paroissial. 

(2)  Voir  plus  loin. 

(3)  I^e  Courrier  du  Canada,  24  mars  1896. 


5i 


Du  mariage  Marmette-Taché  étaient  nés  quinze 
enfants  : 

i  °  Joseph-Etienne-Eugène  Marmette  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  25  octobre  1844.  Après 
avoir  suivi  les  cours  de  droit  de  l'Université  L,aval,  à 
Québec,  M.  Marmette  entra  à  l'emploi  du  gouverne- 
ment comme  commis  au  département  du  trésor.  En 
1882,  il  fut  envoyé  à  Paris  en  qualité  d'adjoint  à  M. 
Hector  Fabre,  commissaire  du  Canada  en  France.  A 
son  retour,  en  novembre  1883,  il  fut  fait  adjoint  du 
directeur  des  Archives  du  Canada,  à  Ottawa.  Il  re- 
tourna presque  aussitôt  à  Paris  pour  y  faire  des  re- 
cherches dans  les  archives  des  ministères  des  affaires 
étrangères  et  de  la  marine.  En  1885,  envoyé  comme 
représentant  de  la  puissance  du  Canada  à  l'exposition 
des  colonies  à  L,ondres,  il  fut  reçu  par  le  marquis  de 
I^orne  qui  lui  manifesta  une  grande  amitié.  En  1887, 
il  passa  de  nouveau  en  France  toujours  à  la  recherche 
de  documents  historiques  sur  le  Canada.  M.  Mar- 
mette mourut  à  Ottawa  le  7  mai  1895,  et  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  de  Saint-Thomas  de  Montmagny.  Il 
a  publié  Charles  et  Eva  (1866)  (1);  François  de  Bien- 
ville  (1870)  (2);  L'intendant  Bigot' '(187 2)  (3);  Le  che- 
valier de  Mornac   (1873)    (4);    La  fiancée  du   rebelle 


(1)  Revue  Canadienne,  tome  troisième,  p.  703;  tome  qua- 
trième, pp.  62,  98,  319. 

(2)  Québec,  chez  Léger  Brousseau,  imprimeur-éditeur. 
299  pp.  in-8.  Montréal,  Beauchemin  et  Valois,  libraires-impri- 
meurs, 256  et  258,  rue  St-Paul.     1883.  441  pp.  in-12. 

(3)  Montréal  :  George-E.  Desbarats,  éditeur.  94  pp. 
in-12. 

(4)  Montréal:  typographie  de  1'" Opinion  Publique",  No 
319,  rue  Saint-Antoine.  100  pp.  in-8. 


52 


(1875)  (J);  Le  tomahawk  et  V êpêe  (1877)  (2);  Les  Ma- 
chabêes  de  la  Nouvelle- France  (1878)  (3);  Héroïsme  et 
trahison  (1878)  (4);  Récits  et  souvenirs  (1891)  (5);  A 
travers  la  vie  (1895)  (6).  "1/ ensemble  de  l'œuvre 
de  M.  Marmette  avait  pour  but  de  populariser 
l'étude  de  notre  passé,  en  dramatisant  les  hauts 
faits  de  nos  ancêtres.  L'intrigue  qui,  dans  ses  ro- 
mans, côtoie  les  narrations  de  nos  annalistes,  respecte 
la  vérité  historique,  assez  belle  par  elle-même  pour  se 
passer  des  attraits  de  la  fiction.  L'important,  c'était 
d'attirer  l'attention  de  la  foule  de  ce  côté  et  c'était  un 
but  patriotique  à  poursuivre.  Ces  romans  historiques, 
écrits  avec  une  grande  conscience  littéraire,  consti- 
tuent son  titre  le  plus  sérieux  à  l'estime  de  ses  conci- 
toyens, et  seront  consultés  avec  profit  par  quiconque 
voudra  se  rendre  compte  de  la  vie  courante  des  pre- 
miers Canadiens.  On  serait  étonné  de  connaître  la 
somme  de  travail  qu'ils  représentent  ;  l'étude  non  seu- 
lement de  nos  annales,  mais  de  tous  les  ouvrages  du 
dix-septième  et  du  dix-huitième  siècles  de  nature 
à  faire  connaître  les  mœurs,  les  usages  de  l'époque,  en 
France  et   au   Canada.     Ce  sont  des  peintures  fidèles 


(1)  Revue  Canadienne,'  tome  douzième,  pp.  8,  82,  162, 
241,  321,  405,  644,  722,  804. 

(2)  Québec,  imprimerie  de  Léger  Brousseau.  207  pp. 
in-8. 

(3)  Québec,  imprimerie  de  Léger  Brousseau,  180  pp.  in-12. 

(4)  Québec,  typographie  de  C.  Darveau.  204  pp.  in-12. 
Une  autre  édition  a  été  publiée  en  1880  par  le  même  éditeur. 

(5)  Q'uébec,  typographie  de  C.  Darveau,  80  à  84,  rue  de  la 
Montagne.  259  pp .  in-8. 

(6)  Revue  nationale,  vol.  I,  pp.  70,  161,  271,  372,  467; 
vol.  II,  p.  25.  M.  Marmette  écrivait  son  roman  chapitre  par 
chapitre,  au  fur  et  à  mesure  que  chacun  d'eux  s'imprimait 
dans  la  Revue  Nationale.  Lorsque  la  mort  l'a  enlevé  trois  cha- 
pitres seulement  avaient  été  publiés. 


53 


où  revivent  les  soldats  français,  les  coureurs  de  bois, 
les  colons  de  la  Nouvelle- France  avec  les  traits  parti- 
culiers à  chacun.  M.  Marmette  avait  des  qualités 
d'esprit  et  du  cœur  qui  lui  valurent  un  bon  nombre 
d'amis.  D'une  exquise  sensibilité,  qui  le  rendait  in- 
capable de  faire  la  moindre  indélicatesse  et  aussi  d'en 
supporter  une  avec  indifférence,  il  représentait  ces 
bonnes  traditions  d'honneur  et  de  politesse  qui  s'affai- 
blissent dans  notre  siècle  positif.  C'était  une  nature 
d'artiste  qui  vibrait  aux  moindres  émotions  et  un 
homme  de  goût  épris  du  beau  sous  toutes  ses  formes. 
Son  amitié  signifiait  dévouement  absolu  à  ceux  qui 
l'avaient  gagnée  ;  elle  ne  savait  rien  leur  refuser,  pas 
'même  des  services  d'argent,  pas  même  le  partage  de 
ce  qui  restait  au  fond  d'une  bourse  qu'on  ne  vit  ja- 
mais souffrir  de  pléthore."  (i).  M.  Marmette  avait 
épousé,  à  Québec,  le  7  juillet  1868,  Marie- Esther- Jo- 
séphine, fille  de  François-Xavier  Garneau,  notre  his- 
torien national,  et  de  Esther  Bilodeau.  Madame  Mar- 
mette demeure  aujourd'hui  à  Montréal.     Enfants  : 

A.  Marie-L,ouise-Joséphine-Eugéuie- Esther- Eliza 
Marmette  née  à  Québec  le  29  mars  1870.  Mariée,  à 
Ottawa,  le  6  juillet  1892,  à  Donat  Brodeur,  avocat, 
de  Montréal.  M.  Brodeur  fait  partie  de  la  société  lé- 
gale Bérard,  Brodeur  et  Bérard.  Enfants  :  A.  Hen- 
riette Brodeur  née  à  Beloeil  le  1er  août  1893.  &•  Mau- 
rice Brodeur  née  à  Montréal  le  13  juillet  1894.  £*• 
Pauline  Brodeur  née  à  Montréal  le  15  août  1895.  D. 
Etienne  Brodeur  né  à  Montréal  le  7  janvier  1897.  £• 
Roger  Brodeur  né  à  Montréal   le    26  décembre   iJ 


(1)  A.-D.  DeCelles,  Revue  nationale,  volume  I,  p.  576. 
Dans  les  Hommes  du  jour  de  M.  l^ouis-H.  Taché  (vingt-hui- 
tième série),  on  trouvera  une  belle  biographie  de  M.  Marmette 
écrite  par  son  ami,  M.  Henry  de  Puyjalon. 


54 


h.  Marguerite  Brodeur  née  à  Montréal  le   15  octobre 
1900. 

B.  Joseph-Emile-Robert-François-Xavier  Mar- 
mette  né  à  Québec  le  25  août  1872.  Décédé  au  même 
endroit  le  15  juillet  1874,  il  fut  inhumé  au  cimetière 
Belmont. 

C.  L,ouis-Honoré-Joseph  Marmette  né  à  Québec 
le  22  décembre  1877.  Décédé  à  Québec  le  1er  décem- 
bre 1878,  il  fut  inhumé  au  cimetière  Belmont. 

D.  Marie-Joseph-Pierre-Olivier  Marmette  né  à 
Québec  le  27  juin  1879.  Décédé  à  Québec  le  14  juil- 
let 1879,  il  fut  inhumé  au  cimetière  Belmont. 

20  Charles- Arthur  Marmette  né  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  29  décembre  1835.  Décédé  au  mê- 
me endroit  le  14  octobre  1846,  il  fut  inhumé  dans  le 
cimetière  paroissial. 

30  Marie-Thérèse-Elise  Marmette  née  â  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  2  mai  1847.  Décédée  au 
même  endroit  le  25  septembre  1847,  e^e  ^ut  inhumée 
dans  le  cimetière  paroissial. 

40  Marie-Louise-Elizabeth  Marmette  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  18  juin  1848.  Décédée  au 
même  endroit  le  24  mars  1849,  elle  fut  inhumée  dans 
le  cimetière  paroissial. 

50  Marie- Juliette-L,éontine  Marmette  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  1er  juillet  1849.  Décédée 
au  même  endroit  le  13  décembre  1852,  elle  fut  inhu- 
mée dans  le  cimetière  paroissial. 

6°  Marie- Amélie- Régine  Marmette  née  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  7  janvier  1851.  Elle  de- 
meure à  Montmagny. 

70  Marie- Alexandrine-Elizabeth  Marmette  née  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  16  février  1852.     Dé- 


55 


cédée  au  même  endroit  le  18  décembre  1852,  elle  fut 
inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

8°  Paschal-David-IyUcien  Marmette  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  9  mai  1853.  Il  est  en  Aus- 
tralie depuis  plusieurs  années, 

90  Pierre-Marcel-Alphonse  Marmette  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  29  juin  1854.  Il  est  un  des 
principaux  employés  de  l'importante  maison  Holt,  Ren- 
frew  &  cie,  à  Québec.  M.  Marmette  a  épousé,  à  Sainte- 
Pétronille  de  Beaulieu,  île  d'Orléans,  le  16  octobre 
1889,  Marie- Mal vina,  fille  de  Louis-Isaïe  Ferland  et  de 
Rachelle  Clark.     Enfants  : 

A.  Joseph-I,ouis-Alphonse  Marmette  né  à  Qué- 
bec le  5  août  1891. 

B.  Joseph-Emile- Albert  Marmette  né  à  Québec 
le  2  juin  1893.  Décédé  à  Sainte- Pétronille  de  Beau- 
lieu  le  7  août  1893,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de 
cette  paroisse. 

C.  Joseph-Etienne-Paschal  Marmette  né  à  Qué- 
bec le  13  août  1894. 

io°  Marie-Zoé-Denise  Marmette  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  22  août  1855.  Elle  demeure 
à  Montmagny. 

ii°  Marie- Adèle  Alexandrine  Marmette  née  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  1er  décembre  1856. 
Décédée  au  même  endroit  le  13  avril  1881,  elle  fut  in- 
humée dans  le  cimetière  paroissial. 

12°  Paul-Emile- Wenceslas  Marmette  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  24  janvier  1858.  Décédé 
au  même  endroit  le  20  mai  1858,  il  fut  inhumé  dans 
le  cimetière  paroissial. 

130  Louis-Paul-François-Xavier  Marmette  né  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  19  mars  1859.  Il  est 
le  chef  des  ingénieurs  de  la  compagnie  du  Pacifique 
Canadien,  à  Vancouver,  Colombie  Anglaise. 


56 


14°  Charles-Léonce-Jean-Baptiste  Marmette  né  à 
Saint- Thomas  de  Monttnagny  le  ier  septembre  1860. 
Décédé  au  même  endroit  le  3  octobre  1861,  il  fut  in- 
humé dans  le  cimetière  paroissial. 

150  Joseph-Octave-Léon  Marmette  né  à  Saint- 
Thomas  de  Montmagny  le  6  mars  1862.  Il  est  phar- 
macien à  Central  Falls,  Rhode-Island,  Etats-Unis. 

V.    Catherine- Adeune    (Adèle)    Taché 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  17  juin 
1826. 

Elle  demeure  à  l' Hôtel-Dieu  du  Précieux -Sang,  à 
Québec. 

Nous  lisons  dans  V  Evénement  du  26  juin  1902  : 

"Mlle  Taché,  fille  de  feu  sir  Etienne-P.  Taché, 
avait  tenu,  malgré  son  grand  âge,  à  se  rendre,  hier 
soir,  à  la  superbe  réception  de  l'université  Laval,  et  elle 
rappelait  avec  émotion  que  cinquante  ans  auparavant, 
à  la  même  date,  elle  était  au  même  endroit,  accompa- 
gnant son  père,  sir  Etienne,  lors  de  la  fondation  de 
l'Université.  Mlle  Taché  était  au  bras  de  l'honora- 
ble juge  Choquette,  son  parent,  et  Monseigneur  La- 
flamme  leur  a  fait  les  honneurs  de  la  maison.  Que  de 
souvenirs  la  présence  de  Mlle  Taché  rappelait  à  tous, 
inutile  de  le  dire.  '  ' 

VI.    Charubs-Joseph-Octave  Tache 

Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny tle  4  juin  1828. 
'Décédé  au  même  endroit  le  13  juillet  1828,  il   fut 
inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

VII.  Emiue-Heuîne-Henriette  Taché 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  4  mai 
1829. 


Hon.  Michel-Joseph-Charles  Coursol 


57 

Mariée,  à  Montréal,  le  16  janvier  1849,  à  Michel- 
Joseph-Charles  Coursol,  avocat  et  coroner  du  district 
de  Montréal. 

"M.  Coursol,  fils  de  Michel  Coursol,  officier  de  la 
Compagnie  de  la  Baie  d'Hudson,  fut,  par  sa  mère,  le 
petit-fils  de  Joseph  Quesnel,  le  populaire  chansonnier 
canadien.  Né  à  Amherstburg,  province  d'Ontario,. le 
3  octobre  18 19,  il  prit  son  éducation  au  collège  de 
Montréal  et  fut  admis  au  barreau  de  la  province  de 
Québec  le  24  février  1841.  Par  un  second  mariage  de 
sa  mère,  il  devint  le  beau-fils  de  Mtre  Côme-Séraphin 
Cherrier,  C.  R.,  sous  la  direction  de  qui  il  avait  fait 
son  droit. 

"A  partir  du  27  juin  1848,  lorsqu'il  fut  nommé 
coroner- conjoint  pour  le  district  de  Montréal,  jusqu'au 
17  septembre  1878,  où  il  se  fit  élire  pour  représenter 
la  populeuse  division  de  Montréal-Est,  au  parlement 
fédéral,  M.  Coursol  remplit  diverses  charges  impor- 
tantes :  citons,  entre  autres,  celles  de  surintendant  et 
inspecteur  de  la  police  de  Montréal,  1856  ;  de  juge 
des  sessions  de  la  Paix,  à  Montréal,  1870.  Il  fut  prié 
d'agir  comme  commissaire  en  diverses  causes,  aux 
dates  respectives  de  1850  et  1869.  C'est  en  1873  qu'il 
reçut  sa  commission  de  conseiller  de  la  Reine  (C.  R.). 
Membre  distingué  de  l'Association  Saint-Jean-Baptiste 
de  Montréal,  il  se  vit  élevé  par  elle  aux  honneurs  de 
la  présidence.  Il  fonda  lui-même  le  si  beau  et  si  popu- 
laire régiment  des  Chasseurs  Canadiens,  à  la  tête  du- 
quel il  marchait  vaillamment  à  la  frontière  pour  re- 
pousser l'invasion  fénienne,  en  1866.  Quand  vint  187 1, 
il  fut  élu  maire  de  Montréal  et  réélu  par  acclamation 
en  1872.  Cette  même  année,  pendant  son  temps  d'of- 
fice, il  fut  créé  chevalier  de  l'ordre  de  Charles  III 
d'Espagne,  distinction  d'autant  plus  flatteuse  qu'elle 
est  plus  rarement  accordée  à  nos  compatriotes. 

8 


58 


"  Après  avoir,  en  1873,  décliné  l'honneur  d'une 
nouvelle  réélection  à  la  mairie,  il  résigna  ses  fonctions 
de  juge  pour  se  porter  candidat  dans  Montréal-Est,  sur 
les  sollicitations  pressantes  de  la  masse  des  électeurs 
de  ce  collège  électoral,,  le  plus  grand  de  la  Confédéra- 
tion. Et,  de  fait,  le  17  septembre  187 8,  il  obtint  le  man- 
dat par  l'écrasante  majorité  de  2,000  voix.  De  nou- 
veau, en  1882  et  en  1887,  ses  constituants  l'acclamèrent 
leur  représentant  à  l'unanimité.  En  Chambre,  comme 
partout  ailleurs,  sa  conduite  révèle  toujours  le  même 
caractère  loyal,  le  même  esprit  indépendant  et  droit. 

"  L,e  15  août  1886,  à  sa  résidence  d'été  de  Saint- 
Thomas  de  Montmagny,  madame  Coursol  rendait  à 
Dieu  son  âme  si  chrétienne.  Elle  fut  inhumée  le  20, 
dans  le  caveau  de  la  famille  Coursol  au  cimetière  de 
la  Côte  des  Neiges,  Montréal. 

"  L/amer  chagrin  dont  cette  douloureuse  sépara- 
tion avait  jeté  le  germe  dans  le  cœur  de  son  époux  ne 
contribua  pas  peu  à  abréger  ses  jours  ;  il  expirait  à 
son  tour,  le  4  août  1888,  dans  cette  même  résidence  de 
Saint- Thomas  de  Montmagny,  à  deux  années  d'inter- 
valle. Il  fut  inhumé  dans  le  caveau  de  sa  famille, 
au  cimetière  de  la  Côte  des  Neiges,  Montréal. 

"La  mort  de  M.  Coursol,  comme  toute  sa  vie,  du 
reste,  fut  celle  d'un  vrai  croyant.  Il  vit  s'approcher 
sa  dernière  heure  avec  cette  aimable  tranquillité  d'âme 
du  fidèle  serviteur  qui  n'a  pas  à  porter  au  tribunal  de 
Dieu  un  seul  reproche  de  sa  conscience.  Puisse-t-il  y 
avoir  trouvé  miséricorde  ! 

"Parmi  les  nombreuses  qualités  qui  enrichissaient 
son  grand  coeur,  M.  Coursol  en  possédait  quelques- 
unes  qui  brillèrent  toujours  d'un  éclat  plus  vif  et  l'ho- 
norèrent plus  ouvertement. 

"Il  est  inutile  dt  parler  de  sa  bravoure,  elle  était 


Robert  Kane 


59 


devenue  proverbiale.  I/on  raconte  encore,  avec  plai- 
sir, ses  actes  de  courage,  lorsqu'en  un  jour  mémora- 
ble de  1849,  sous  le  gouvernement  de  sir  1,-H.  L,afon- 
taine,  on  le  vit,  au  beau  milieu  d'une  échafourée,  fen  • 
dre  â  cheval,  la  foule  ameutée,  saisir,  un  dans  chaque 
main,  deux  des  principaux  meneurs  et  s'imposer  au 
respect  de  cette  populace  en  fureur  en  traînant  lui- 
même,  hors  de  la  bagarre,  ces  deux  fieffées  canailles. 

"C'est  encore  lui  qui  disait  à  ses  amis,  lorsqu'il 
ramena  dans  leurs  foyers  ses  braves  Chasseurs  Cana- 
diens, après  la  courte  campagne  de  1866  :  "Mes  Chas- 
seurs et  moi  nous  ne  sommes  pas  contents  de  notre  ex- 
pédition :  nous  pensions  avoir  affaire,  un  contre  dix, 
à  d'enragés  fanatiques  auxquels  nous  réservions  une 
raclée  d'importance,  et  nous  n'avons  rencontré  qu'une 
poignée  de  lâches  indisciplinés  qui  se  sont  sauvés 
comme  des  moutons  à  notre  aspect." 

"Comme  c'est  ordinairement  le  cas,  l'honorable 
M.  Coursol  avait  le  défaut  de  cette  qualité,  il  était  ex- 
trêmement prompt  ;  il  n'était  pas  homme,  comme  on 
dit,  à  laisser  longtemps  marcher  sur  ses  pieds.  Les 
députés  se  rappellent  encore  une  provocation  à  la  fois 
digne  et  résolue  qu'il  fit  à  un  de  ses  collègues  des 
Communes,  en  pleine  séance,  parce  que  ce  député,  un 
Anglais,  s'était  permis  d'objecter  un  "ce  n'est  pas  le 
cas",  à  l'une  de  ses  remarques.  "A  la  porte  même  de 
cette  enceinte,  dit  M.  Coursol,  l'honorable  député  ne 
me  répéterait  pas  ces  mots-là  ;  je  l'y  attends.  '  '  Là- 
dessus,  il  sortit;  l'autre  ne  bougea  pas  et  l'incident  fut 
clos.  Autant  il  était  prompt  à  s'emporter  autant  il 
était  vif  à  revenir  à  de  meilleurs  sentiments. 

"Patriote  à  premier  titre,  il  ne  souffrait  rien  con- 
tre sa  nationalité.  On  n'a  pas  oublié  dans  certains 
cercles,  à  Montréal,  l'altercation  qu'il  eut  avec  uncito- 


6o 


yen  d'une  autre  origine  sur  ee  brûlant  su jet-lâ  :  c'était 
après  l'affaire  Riel.  On  craignit  même  pour  une  ren- 
contre sur  le  champ  ;  heureusement,  hs  choses  n'en 
vinrent  pas  à  ce  point. 

"Généreux,  il  le  fut  à  un  degré  éminent  :  sans 
compter  plusieurs  particuliers,  diverses  institutions  de 
Montréal,  avant  que  la  mauvaise  fortune  n'eût  jeté  le 
désarroi  dans  ces  affaires,  apprirent  à  bénir  son  nom 
et  ses  largesses. 

"L,a  probité  et  l'honnêteté  n'étaient  pas  les  moin- 
dres de  ses  vertus.  Une  fois,  ayant  reçu  à  son  bureau 
la  visite  d'une  jeune  veuve  de  bonne  famille,  mais 
pauvre,  et,  voyant  qu'elle  devrait  le  rencontrer  encore 
pour  ses  affaires,  il  lui  paya  lui-même  une  voiture  et 
lui  donna  rendez- vous  à  sa  résidence  privée  :  "Vous 
viendrez  chez  moi,  lui  dit  ce  respectable  avocat,  vous 
ne  savez  pas  tout  ce  qu'on  peut  dire  en  vous  voyant, 
vous,  jeune  et  jolie,  monter  à  plusieurs  reprises  jus- 
qu'à mon  bureau." 

"Bel  exemple  de  probité  ! 

"Généralement  sérieux  l'honorable  M.  Coursol 
avait  ses  heures  de  franche  expansion  ;  il  aimait  à  rire 
parfois.  Les  mots  d'esprit,  les  petits  tours  montés, 
c'était  son  fort,  il  y  eut  une  fois,  sur  une  importante 
question  de  subsides,  scission  absolue  entre  les  deux 
groupes,  français  et  anglais,  des  députés  fédéraux  : 
les  Canadiens-français  de  la  province  de  Québec,  con- 
servateurs et  libéraux,  étaient  rentrés  sous  la  tente, 
n'assistant  plus  aux  séances  de  la  chambre  et  siégeant 
à  part,  dans  une  salle  de  comité.  Naturellement,  la 
situation  était  des  plus  tendue  et  ces  différents  mes- 
sieurs ne  se  voyaient  pas  d'un  très  bon  oeil.  Un  jour 
que  ce  petit  schisme  durait  encore,  l'honorable  député 
de  Montréal-Est  fait,  tout  à   coup,  irruption   dans   la 


Rodrick-Auguste-Coursol  Kane 


6i 


salle  où  délibéraient  les  récalcitrants,  dans  la  plus  pro- 
fonde préoccupation  :  '"Mes  amis,  clame-t-il  d'un 
ton  sérieux,  ces  gens-là  nous  en  veulent  ;  je  viens  d'en 
rencontrer  trois,  et  sapristi  si  vous  les  aviez  entendus! 
.  .Hein,  que  disaient-ils,  s'écrie  à  son  tour  un  des  déli- 
bérants ? Ah  !  juste  ciel  ! Mais  qu'est-ce   donc 

qu'ils  disaient,  allons  ? . . . .  Oh  !  Dieu  de  Dieu ....  En- 
core que  disaient-ils  donc?  et  l'interrogateur  s'emporte; 
voyons,  juge,— il  aimait  toujours  qu'on  lui  rappelât 
son  ancien  titre — allez-vous  parler,    enfin  ?    Eh  !    bien 

ils  ne  disaient  rien  du  tout  !. .  ..On  juge  du  dépit 

dont  l'autre  se  trouva  pris  et  de  ses  récriminations. 
Mais  le  but  était  atteint,  et  les  rieurs  ne  furent  pas  de 
son  côté.  L,'  honorable  député  a  ri  bien  longtemps  de 
cette  aventure  avec  ses  amis.  "  (i) 

M.  et  madame  Coursol  avaient  eu  quatre  enfants: 
i  °  Marie-Henriette  Coursol  née  à  Montréal  le  7 
mai  1850.  Mariée,  à  Montréal,  le  23  janvier  1869,  à 
Robert  Kane,  capitaine  au  iôème  régiment.  Il  est 
mort  à  Southsea,  Angleterre,  le  29  avril  1900,  et  a  été 
inhumé  dans  le  cimetière  de  Staunton.     Enfants: 

A.  Marie-Eva- Henriette  Kane  née  à  Montréal  le 
10  juin  1870. 

B.  Robert- Joseph-Willis  Kane  né  à  Montréal  le  9 
août  1871.  Décédé  au  même  endroit  le  4  janvier  1877, 
il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  la  Côte  des  Neiges. 

C.  Marie- Alice-Claire  Kane  née  à  Montréal  le  10 
novembre  1872. 

D.  Rodrick  Auguste-Coursol  Kane  né  à  Mont- 
réal le  1er  septembre  1875. 

2.  Charles- Joseph-Taché  Coursol  né  à  Montréal 
le  8  septembre  1851.  Décédé  à  la  Côte  Saint- Antoine, 


(1)     Jules  Saint-Elme  (J.-M.-Amédée  Denault),   Le  Monde 
Illustré,  14  septembre  1889. 


62 


près  Montréal,  le  2  août  1853,  il  fut  inhumé  dans  le 
caveau  de  la  famille  Coursol  au  cimetière  de  la  Côte 
des  Neiges. 

3.  Marie- Alexandrine-Heva  Coursol  née  à  Mon- 
tréal le  21  février  1854.  Mariée,  à  Montréal,  le  6  avril 
1875,  à  Damase  Sincennes.  Décédée  à  Montréal  le 
27  août  1877,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  de  la  Côte 
des  Neiges.  "Madame  Sincennes  était  une  de  ces  per- 
sonnes qui  sont  l'amabilité  même  et  chez  lesquelles  les 
vertus  chrétiennes  rehaussent  les  qualités  de  l'esprit. 
Elle  est  morte  à  la  fleur  de  l'âge,  à  23  ans,  lorsque 
tout  lui  souriait  dans  la  vie  et  lui  promettait  le  bon- 
heur aussi  complet  qu'on  peut  l'espérer  sur  la  terre.  "(1) 
Pas  d'enfants.  M.  Sincennes  s'est  remarié,  à  Montréal, 
le  3  juin  1885,  à  Louise- Amélie,  fille  de  Jean-Philippe 
Juchereau  Duchesnay  et  de  Margaret  Wilson. 

4.  Charles-Joseph-Quesnel  Coursol  né  à  Montréal 
le  17  août  1857.  Il  fit,  pendant  plusieurs  années,  par- 
tie de  la  milice  active  du  Canada.  Le  major  Coursol 
mourut  à  Montréal  le  8  février  1897,  et  Iu*  inhumé 
dans  le  caveau  de  sa  famille  au  cimetière  de  la  Côte 
des  Neiges.  Il  avait  épousé,  à  Québec,  le  18  octobre 
1882,  Georgina-Elizabeth-Francis,  fille  de  Walter- 
Pearse  Serocold  et  de  Amélie  Duval.  Madame  Cour- 
sol réside  maintenant  à  Ottawa.     Enfants  : 

A.  Héva-Marie- Amélie  Coursol  née  à  Saint- Jean 
d'Iberville  le  5  décembre  1885. 

B.  Charles-Walter  Coursol  né  à  Saint-Jean  d  I- 
berville  le  5  juin  1887. 

C.  Marie- Hélène  Coursol  née  à  Saint-Jean  d'Iber- 
ville le  12  juillet  1889. 


(1)    La  Minerve,  28  août  1877. 


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Charles-Joseph  Coursol 


63 


VIII.  L,ouise-Elêonore  Taché 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  30  mai 
1830. 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  1 2  oc- 
tobre 1831,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

IX.  Marie-Louise-Eulalib  Tache 

Née  à  Saint- Thomas  de  Montmagny,  le  1 1  avril 
1832. 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  23 
janvier  1857,  elle  fut  inhumée  dans  l'église  parois- 
siale. 

X.  Eugène-Gaspard-Etibnne  Tache 

Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  6  juillet 

1835. 

Décédé  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  30  mai 
1836,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

XI.  Eugène-Etienne  Tache 

Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  25  octobre 
1836. 

Il  a  fait  ses  études  au  séminaire  de  Québec  et  au 
Upper  Canada  Collège,  de  Toronto. 

M.  Taché  est  ingénieur  civil  et  arpenteur  pour  les 
provinces  de  Québec  et  d'Ontario. 

En  1862,  il  reçut  le  brevet  de  capitaine  dans  les 
Chasseurs  Canadiens,  de  Québec.  Il  fit  aussi  partie, 
quelques  années  plus  tard,  du  Civil  Set  vice  Rifle  Corps, 
à  Ottawa. 

Le  20  septembre  1869,  M.  Taché  était  nommé 
sous-ministre  du  département  des  Terres  de  la  Cou- 


64 


tonne  de  la  province-  de  Québec,  Ce  département 
connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  département  des 
terres,  forêts  et  pêcheries  a  pris  une  importance  énor- 
me depuis  quelques  années. 

Comme  arpenteur,  M.  Taché  a  une  grande  expé- 
rience. Il  fut  un  de  ceux  qui  travaillèrent  à  la  loca- 
lisation du  canal  d'Ottawa.  Ses  cartes  de  la  province 
de  Québec  sont  citées  partout  comme  des  modèles 
d'exactitude  et  de  clarté. 

Nous  devons  aux  plans  de  M.  Taché  le  palais  lé- 
gislatif, le  manège  militaire  et  le  palais  de  justice  de 
Québec.  L,a  façade  de  ce  dernier  édifice,  au  dire  d'ar- 
chitectes étrangers  très  distingués,  ne  serait  pas  dé- 
savouée par  les  grands  architectes  dont  s'enorgueillit 
la  vieille  Europe  (i). 

Le  roi  Edouard  VII  a  reconnu  le  mérite  de  M. 
Taché,  en  le  créant,  en  1903,  compagnon  de  l'Ordre 
du  Service  Impérial  (Impérial  Service  Order,). 

"  M.  Taché,  il  faut  le  dire,  est  un  modeste,  un 
modeste  sincère.  Dans  l'administration  provinciale, 
après  tant  d'années  de  bons  et  loyaux  services  rendus 
à  l'Etat,  il  est  le  seul  à  ne  pas  croire  à  tous  ses  mérites. 
Lorsqu'on  le  loue,  il  prend  d'instinct  l'attitude  d'un 
jeune  employé  à  qui  on  anrionce  un  avancement  qu'il 
n'a  pas  sollicité  :  il  est  surpris  et  confus.  C'est  un 
travailleur  consciencieux  et  assidu,  appliqué  à  remplir 
tous  ses  devoirs,  les  moindres  comme  les  plus  impor- 
tants. Même  au  début  de  sa  carrière,  on  ne  l'a  ja- 
mais vu  hors  de  son  bureau,  dans  les  heures  occupées, 
guère,  dans  les  heures  inoccupées.  Dans  les  rues  de 
Québec,  ici  animées  comme  les  rues  d'une  grande  ville, 

(1)  M.  Taché  est  l'auteur  de  la  belle  et  patriotique  devise: 
"Je  me  souviens"  qui  accompagne  les  armoiries  de  la  province 
de  Québec. 


Eugène  Etienne  Taché 


65 


là  silencieuses  comme  les  rues  d'une  ville  de  province 
française,  on  le  rencontre  pressé  toujours  de  se  rendre 
à  son  bureau.  Heureusement  que,  par  une  grâce  par- 
ticulière, la  Providence  lui  a  toujours  donné  des  chefs 
laborieux  comme  lui,  jadis  M.  Flynn,  aujourd'hui  M. 
Parent  (i)." 

M.  Taché  épousa,  à  Québec,  le  18  juillet  1859, 
Olympe-Eléonore,  fille  de  feu  Louis- Albert  Bender  et 
de  feue  Thérèse  Perrault. 

Elle  décéda  à  Québec  le  13  mai  1878,  et  fut  inhu- 
mée dans  l'église  de  Saint-Thomas  de  Montmagny. 

Elle  avait  eu  deux  enfants  : 

1.  Anonyme  né  et  décédé  à  Québec  le  23  mai 
1861.     Inhumé  au  cimetière  Belmont. 

2.  Joséphine-  Eugénie-  Espérance  Taché  née  à 
Ottawa  le  12  février  1866.  Décédée  au  même  endroit 
le  16  avril  1866,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  Notre- 
Dame  d'Ottawa. 

En  secondes  noces,  à  Québec,  le  22  octobre  1879, 
M.  Taché  a  épousé,  Maria-Clara,  fille  de  l'honorable 
Edouard  -Eouis-  Antoine- Charles  Juchereau  Duchesnay 
et  de  Elizabeth  Levallée. 

Enfants  nés  de  ce  mariage  : 

3.  Marie-Antoinette-Claire-Eléonore  Taché  née 
à  Québec  le  1er  août  1880.  Décédée  au  même  en- 
droit le  19  mars  1882,  elle  fut  inhumée  dans  le  cime- 
tière de  Saint-Thomas  de  Montmagny. 

4. eMarie-Eugène- Alexandre  -  Juchereau  Taché 
né  à  Québec  le  17  février  1882.  Décédé  au  même 
endroit  le  17  mars  1892,  il  fut  inhumé  dans  le  cime- 
tière de  Sainte-Catherine  de  Fossembault. 


(1)  Le  Canada,  de  Paris,  juin  1903.  Article  de  M.  Hec- 
tor Fabre.  On  trouvera  une  biographie  de  M.  Taché  dans  le 
Canadian  Biographical  Dictionary  publié  en  1881. 

9 


66 


5 .  Marie-Louise  Taché  née  à  Québec  le  1 2  dé- 
cembre 1883. 

6.  Jean-Antoine- Alphonse  de  Rodriguez  Taché 
né  à  Québec  le  21  février  1886.  Décédé  au  même  en- 
droit le  25  mars  1901,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière 
de  Sainte-Catherine  de  Fossembault. 

7 .  Marguerite  -  Marie  -  Elizabeth  Taché  née  à 
Québec  le  21  février  1886. 

8 .  Marie-Joseph-Paschal  Taché  né  à  Québec  le 
7  avril  1887.  Décédé  au  même  endroit  le  1er  mars 
1892,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  Sainte-Cathe- 
rine de  Fossembault. 

9.  Roland-Etienne-Adolphe  Taché  né  à  Québec 
le  10  mars  1889.  Décédé  à  Sainte-Catherine  de  Fos- 
sembault le  10  juillet  1889,  il  fut  inhumé  dans  le  ci- 
metière de  cette  paroisse. 

10.  Anne-Marie-Claire  Taché  née  à  Québec  le  9 
août  1890.  Décédée  au  même  endroit  le  17  décem- 
bre 1900,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  Sainte- 
Catherine  de  Fossembault. 

11.  Marie-Clara- Hélène  Taché  née  à  Québec  le 
30  août  1892. 

12.  Anonyme  née  et  décédée  à  Québec  le  10  mai 
1894,  et  inhumée  dans  le  cimetière  Belmont. 

XII.  Joséphine- Philomène  Tache 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  25  juin 
1838. 

"Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  26 
juin  1840,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

XIII.  Marie-Anne-Alexandrine  Taché 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  14  avril 
1840. 


François-Narcisse-Odilon  Gauthier 


67 


Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  8  oc- 
bre  1840,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

XIV.  Marie-Joséphine-Laure  Taché 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  17  juin 
1841. 

Mariée,  à  Saint-Thomas  de  Montmagny,  le  6  juin 
1865,  à  François-Narcisse-Odilon  Gauthier,  notaire, 
fils  de  l'honorable  juge  Gauthier  et  de  Sophie  La- 
parre. 

M.  Gauthier  demeure  à  Nicolet  depuis  le  14  août 
1902. 

Knfants  : 

1 .  Marie-Joseph-Etienne-Narcisse-Odilon  Gau- 
thier né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  4   janvier 

1867.  Décédé  au  même  endroit  le  19  mai  1867,  il  fut 
inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

2 .  Marie-Joséphine-Laure-Eulalie-Sophie  Gau- 
thier née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le   1er  mars 

1868.  Décédée  au  même  endroit  le  4  mars  1872,  elle 
fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

3 .  Marie-Joseph-Narcisse-Eugène  Gauthier  né  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  27  février  1870.  Dé- 
cédé au  même  endroit  le  7  février  1872,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  paroissial. 

4.  Marie-Joseph- Félix- Albert  Gauthier  né  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  11  août  1871.  Il  est 
gérant  de  la  banque  Nationale  à  Nicolet.  Il  a  épousé, 
à  Québec,  le  21  février  1898,  Marie-Louise,  fille  de 
Augustin  Laperrière,  assistant  -  bibliothécaire  de  la 
Bibliothèque  du  Parlement,  à  Ottawa,  et  de  Chris* 
tine  Paris.     Pas  d'enfants. 

5 .  Marie  -  Joséphine  -  Yvonne  Gauthier  née  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  19  mars  1873.     Décé- 


68 


dée  au  même  endroit  le  31  mars  1873,    elle   fut  inhu- 
mée dans  le  cimetière  paroissial. 

6.  Marie-Joseph-Narcisse-Eugène  Gauthier  né 
à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  1er  juillet  1875.  Il 
est  aux  Etats-Unis. 

7.  Marie- Joseph-Charles-Paschal  Gauthier  né  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny  le  17  mai  1882.  Décé- 
dé au  même  endroit  le  18  décembre  1894,  il  fut  inhu- 
mé dans  le  cimetière  paroissial. 

XV.    IyOUIS-JULBS-EMILE  TACHE 

Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  30  mai 
1844. 

Il  fit  ses  études  classiques,  partie  au  séminaire  de 
Québec,  partie  au  collège  des  Jésuites,  à  Montréal. 

En  1868,  il  entrait  au  département  des  Terres  de 
la  Couronne  de  la  province  de  Québec.  Il  y  resta 
jusqu'à  sa  mort 

M.  Taché  décéda  à  Québec  le  19  mars  ,1897,  et 
fut  inhumé  au  cimetière  de  Saint-Thomas  de  Mont- 
magny. 

"  Laborieux  jusque  dans  ses  loisirs,  M.  Taché 
étudia  la  peinture  sans  le  secours  des  maîtres.  L,e  ta- 
lent dont  il  fit  preuve  et  l'éclatant  succès  qu'il  rem- 
porta dans  sa  carrière,  font  présumer  la  perfection  à 
laquelle  il  eut  atteint,  si,  partageant  la  bonne  fortune 
de  confrères  plus  heureux  que  lui,  il  eût  fait  son  tour 
d'Europe,  travaillé  sous  le  regard  des  maîtres  italiens 
ou  français.  Un  petit  incident  de  sa  vie  d'atelier  met- 
tra bien  en  relief  la  vérité  de  cette  assertion.  Plu- 
sieurs connaissent  l'œuvre  remarquable  du  peintre 
Dumont  :  Les  Mousquetaires,  autrefois  propriété  de 
M.  Dubail,  consul  de  France  à  Québec  et  dont  Mon- 
seigneur   C.-O.    Gagnon  est   actuellement   l'heureux 


Marie-Joseph-Félix  Albert  Gauthier 


69 


possesseur.  L'honorable  M.  Angers  ayant  exprimé 
le  désir  d'en  avoir  une  belle  copie,  chargea  M.  Jules 
Taché  de  l'exécuter.  Celui-ci  se  mit  à  l'œuvre.  Son 
travail  achevé,  il  invita  le  lieutenant-gouverneur  à  ve- 
nir lui-même  choisir  ses  copies  qu'il  avait  exposées  en 
regard  des  originaux.  L'honorable  M.  Angers  se 
trompa  !  ce  qui  fit  le  plus  grand  honneur  au  talent  de 
M.  Taché  ! 

"  Entre  autres  excellentes  copies  d'œuvres  de 
maîtres,  on  signale  encore  de  lui  une  Scène  arabe,  de 
Lévy,  une  Scène  norvéyiemie,  de  Bourgeois,  les  Mous- 
quetaires, de  Dumont,  le  Danube,  etc. 

"  A  l'exposition  provinciale  de  Québec  de  1887, 
deux  de  ses  peintures  remportèrent  le  premier  prix  ; 
Le  Goûter  et  Les  Carafes.  L'œuvre  complète  de  M. 
Jules  Taché  se  compose  d'au-delà  de  cinquante  petits 
tableaux,  natures  mortes,  paysages,  marines  et  por- 
traits. Les  paysages  appartiennent  presque  tous  à 
Saint-Thomas  de  Montmagny,  sa  paroisse  natale.  L'un 
d'eux  cependant  rappelle  un  site  du  Cap  Saint-Ignace: 
Le  Moulin  des  Bosse  à  l'anse  à  Gilles. 

'  '  Quant  aux  marines  elles  sont,  pour  une  bonne 
moitié,  des  réminiscences  d'une  course  en  yacht  dans 
la  Gaspésie.  Les  autres  représentent  des  lacs  et 
des  rivières  aimés  de  l'auteur,  le  lac  Bleu,  le  bras  Saint- 
Nicolas,\z.  rivière  du  Sud,  etc.,  etc.  Je  me  suis  laissé 
raconter  qu'une  scène  d'hiver,  Le  Havre  de  Québec, 
qui  se  trouve  aujourd'hui  à  Marseille  et  qu'un  Fran- 
çais connaisseur  lui  avait  acheté  au  prix  coûtant  d'un 
morceau  d'art,  était  bien  son  œuvre  capitale. 

"M.  Jules  Taché  était  encore  plus  modeste  qu'ha- 
bile, et  voilà  comment  il  se  fait  que  tant  de  gens  igno- 
rent son  talent  inné  pour  la  peinture. 

"L'on  eût  bien  étonné  cet  homme  de  bien  en   lui 


yo 


prophétisant,  l'année  dernière,  que  le  jour  où  l'oa 
chanterait  dans  l'église  de  Saint-Thomas  de  Montma- 
gny  le  service  anniversaire  de  son  beau-frère,  serait 
celui  de  ses  funérailles.  C'est  pourtant  ce  qui  est  ar- 
rivé ce  matin,  et  entre  le  Requiem  du  bout  de  l'an  réci- 
té pour  le  repos  de  l'âme  du  regretté  docteur  Marmet- 
te,  et  la  messe  des  morts  célébrée  sur  son  propre  cer- 
cueil, il  ne  s'est  pas  écoulé  une  heure.  Etonné,  cer- 
tes, il  l'eut  été,  cet  excellent  chrétien,  qui  paraissait 
alors  jouir  d'une  santé  exhubérante,  mais  effrayé? 
Nullement.  Il  était  de  ces  catholiques  admirables 
qui  fixent  la  mort  et  la  regardent  comme  une  lumière, 
qui  voient  en  elle  une  aurore  qui  grandit  et  non  plus 
des  ténèbres  qui  s'amoncellent  ;  au  lieu  d'une  tombe 
qui  se  ferme,  un  portique  qui  s'ouvre  et  Dieu  qui  ap- 
parait  pour  être  à  jamais  contemplé. 

"Un  événement  grave,  qui  fit  époque  dans  la  vie 
de  cette  âme  d'élite,  m'en  explique  la  sérénité.  C'é- 
tait le  29  juillet  1865.  Là-bas,  à  Saint-Thomas  de 
Moutmagny,  sir  Etienne-Paschal  Taché  agonisant, 
assis  dans  un  fauteuil,  regardait,  de  la  fenêtre  de  sa 
priucière  demeure,  se  coucher  le  soleil.  Près  de  lui, 
Jules  Taché,  le  Benjamin  de  ses  enfants — il  avait  alors 
vingt  ans — se  tenait  silencieux,  n'osant  pas  interroger 
la  méditation  suprême  de  son  père,  tout  à  l'extase  de 
l'incomparable  spectacle.  Seulement,  quand  l'astre 
eut  disparu  derrière  les  L,aurentides,  devant  la  splen- 
deur de  ce  ciel  et  la  féerie  de  ce  panorama  tout  ruisse- 
lant de  rayons,  sir  Etienne  s'écria  d'une  voix  na- 
vrée : 

" — Comme  c'est  beau  !     Si  le  bon  Dieu   voulait, 
mon  petit  Jules,  on  vivrait  bien  encore  ". 

"Puis,  brusquement,  avec  cette  fausse  rudesse  de 
la  voix  qu'affectent  tous  ceux-là  qui   se   surprennent, 


Louis-Jules-Emile  Taché 


7ï 


devant  témoins,  à  s'attendrir  sur  eux-mêmes,  le  pre- 
mier ministre  ajouta  : 

" — Non,  mon  petit  Jules,  pas  de  regrets  à  mon 
âge,  disons  lui  plutôt  tous  les  deux  ensemble  :  "Que 
votre  volonté  soit  faite." 

"L,e  lendemain  matin,  à  l'église,  les  cloches  son- 
naient le  glas  de  sir  Etienne. 

"M.  Jules  Taché,  qui  m'a  souvent  raconté  ce  so- 
lennel épisode  en  était  encore,  à  trente  ans  de  distan- 
ce, remué  jusqu'aux  larmes.  Pour  lui  la  pensée  de 
la  mort,  toujours  présente,  s'identifiait  avec  le  souve- 
nir de  cette  apothéose  de  lumière  et  loin  de  s'émous- 
ser  avec  l'âge  cette  radieuse  impression  s'accentuait 
en  lui  de  plus  en  plus. 

"  Car  il  était  fervent  chrétien,  dévot  même  au 
strict  sens  de  ce  mot-là.  Congréganiste,  tertiaire,  il 
appartenait  je  crois  à  toutes  les  confréries  de  la  ville 
et  participait  à  toutes  les  bonnes  œuvres.  Ce  qui  ne 
l'empêch?it  pas  d'être  homme  du  monde  et  de  com- 
merce absolument  aimable.  Il  se  rappelait  sans  doute 
ce  que  François  de  Sales  disait  :  un  saint  triste  est  un 
triste  saint,  et  savait  le  dommage  que  causent  à  la  re- 
ligion même  les  bigots  et  les  grincheux.  Aussi  quel 
charmant  caractère  que  ce  Jules  Taché  et  comme  il 
faisait  bon  s'appuyer  sur  une  amitié  aussi  sûre.  Ses 
confrères  de  bureau  au  Département  des  Terres  de  la 
Couronne  en  savent  quelque  chose  je  crois.  Et  quel 
boute-en-train  en  vacances  !  Malgré  les  soucis  et  la 
fatigue  inévitable  de  l'âge  mûr,  son  coeur  et  son  visa- 
ge avaient  conservé  l'inestimable  jeunesse  de  leur 
vingt-cinq  ans.  C'était  avec  une  joie  presque  qu'il 
me  racontait  un  jour  :  "  Si  vous  saviez  comme  mes 
garçons  me  font  plaisir  quand  ils  disent  à  leurs  cama- 
rades que  je  suis  leur  meilleur  ami  !" 


72 


'  '  Le  meilleur  ami,  il  le  fut  de  plusieurs  ce  sym- 
pathique Jules  Taché.  Ils  étaient  nombreux  et  diffi- 
ciles à  compter  dans  cet  imposant  cortège  qui  descen- 
dait hier  la  rue  Saint-Louis  à  la  suite  de  son  cercueil. 
Et  ce  matin  combien  sont-ils  encore  à  Montmagny  les 
autres  intimes  avec  qui  les  absents  de  Québec  parta- 
gent leur  deuil  et  leurs  prières  ? 

"  Il  est  parti  hélas!  oui,  bien  parti  cette  fois  pour 
Saint-Thomas  de  Montmagny;  il  va,  au  milieu  de  ses 
chers  morts,  endormi  comme  eux  dans  le  Seigneur,  re- 
poser dans  le  cimetière  de  sa  paroisse  natale,  bcatam 
resiirrectionem  expectans.  "Il  ne  viendra  plus  vers  nous, 
mais  un  jour  nous  irons  vers  lui,' 'comme  il  nous  fut 
promis  au  Livre  des  Rois. 

"  Et  que  nous  importe  qu'il  soit  allé  si  loin  !  Eût- 
il  été  plub  près  de  nous  à  Belmont  qu'à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  ?  Fénelon  consolait  les  pires  douleurs 
lorsqu'il  disait  avec  une  suavité  supérieure  encore  à 
son  merveilleux  langage:  "Ceux-là  que  nous  avons 
aimés  et  que  nous  avons  perdus  ne  sont  plus  là  où  ils 
étaient,  mais  partout  et  toujours  où  nous  sommes."(i) 

M.  Taché  avait  épousé,  à  Saint-Jean-Baptiste  de 
Québec,  le  2  septembre  1867,  Marie- Anne-Jeanne,  fil- 
le de  Prosper  Bender,  avocat,  député-greffier  de  la 
Couronne  et  de  la  Paix,  et  de  Mary-Ann-Jane  McMil- 
lan. 

Enfants  : 
,  1.  Etienne-Jean-Paschal  Taché  né  à  Québec  le  3 
juillet  1868.  Employé  civil.  Il  a  épousé,  à  Sher- 
brooke, le  6  avril  1896,  Laura-Rebecca,  fille  de  feu 
Ferdinand  Fraser  et  de  Caroline  Saint  -  Germain. 
Enfants  : 

(1)     Ernest.Myrand,  Courrier  du  Canada,  23  mars  1897. 


Prosper-Jules-Gaspard  Taché 


73 


Antoine  -  Etienne  -  Eugène  -  Maurice  Taché  né  à 
Québec  le  29  août  1900. 

2.  Prosper- Jules- Gaspard  Taché  né  à  Québec  le 
18  septembre  1869.  Banquier  à  Québec.  Il  a  épou- 
sé, à  Québec,  le  12  août  1901,  Marguerite-Eléonore, 
fille  de  Joseph  Burke  et  de  Mary  Wilson.  Enfants  : 

A.  Marie-Mathilde-Gabrielle  Taché  née  à  Qué- 
bec le  10  juin  1902. 

B.  Jules-Edouard-Alexandre-Joliet  Taché  né  à 
Québec  le  23  août  1903. 

3.  Jules-Louis- Alexandre-Michel  Taché  né  à  Qué- 
bec le  29  septembre  1871.  Dessinateur  géographe  au 
département  des  Terres,  Mines,  Forêts  et  Pêcheries  de 
la  province  de  Québec.  Il  a  épousé,  à  Québec,  le  18 
octobre  1897, Rosalie- Virginie,  fille  de  P.-B.  Casgrain, 
avocat,  ancien  député  de  l'Islet,  et  de  Mathilde  Per- 
reault.     Enfants  : 

A.  Jules-Guy-Casgrain  Taché  né  à  Québec  le  30 
août  1898. 

B.  Marie-Mathilde-Rita  Taché  née  à  Québec  le 
15  décembre  1899. 

C.  Marie-Rosalie-Esther-Jeanne  Taché  née  à 
Québec  le  5  mai  1902  . 

D.  Clara-Marielle-Marguerite  Taché  née  à  Qué- 
bec le  5  avril  1904. 

4.  Marie-Anne-Eulalie-Sophie  Taché  née  à  Qué- 
bec le  31  mars  1878. 

5.  Marie  -  Gabrielle  -  Sophie  -  Laure  Taché  née  à 
Québec  le  28  janvier  1883.  Décédée  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  1er  août  1883,  elle  fut  inhumée  dans 
le  cimetière  de  cette  paroisse. 

10 


74 

vm 

MARIE-CLAIRE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  3  juillet 
1797. 

Mariée,  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  11  juil- 
let 1825,  à  Thomas  Ansbrow,  originaire  de  Galway, 
Irlande,  maître  d'école  à  Kamouraska. 

M.  Ansbrow  enseigna  à  Kamouraska,  puis  à 
Saint-Roch  des  Aulnaies,  à  Chambly,  et  enfin  à  la 
Pointe  aux  Trembles  de  Montréal. 

Il  mourut  en  ce  dernier  endroit  le  t8  mars  1846.  à 
l'âge  de  46  ans,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de 
cette  paroisse. 

Madame  Ansbrow  mourut  à  Ottawa,  chez  son 
gendre,  M.  Ennis,  le  20  avril  1880,  et  fut  inhumée 
dans  le  cimetière  de  la  paroisse  de  Saint-Joseph  d'Ot- 
tawa. 

Ils  avaient  eu  quatre  enfants  : 

I.    MARIE-GENEVIEVE-EmIUE  ANSBROW 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  3  octobre 
1826. 

Mariée,  à  Ottawa,  le  27  novembre  1866,  au  doc- 
teur Joseph  Marmette,  de  Montmagny,  veuf  de  Claire- 
Geneviève-Elizabeth  Taché.  (1) 

Pas  d'enfants. 

IL  Thomas-Michel-Charles  Ansbrow 

Né  à  Saint-Roch  des  Aulnaies  le  16  juin  1828. 
Décédé  à  Saint-Joseph  de  Chambly  le  25  octobre 
1842,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

(1)    Voir  p.  50. 


Jules-Louis-Alexandre-Michel  Taché 


75 


III.  Marie-Charlottb-Euzabeth  Ansbrow 

Née  à  Saint-Roch  des  Aulnaies  le  17  mars    1831. 

Elle  entra  chez  les  Sœurs  de  la  Charité,  à  Qué- 
bec. 

Décédée  novice  à  Québec  le  23  décembre  1851, 
elle  fut  inhumée  dans  la  chapelle  de  la  Sainte  Vierge 
de  l'église  du  faubourg  Saint- Jean. 

I  '  Cette  fervente  religieuse,  qui  avait  renoncé  aux 
avantages  du  monde  pour  se  vouer  au  service  des  pau- 
vres, succomba,  après  dix  jours  de  maladie,  à  une  at- 
taque de  fièvre  typhoïde."  (1). 

IV.  Marie- Juije-Henriette  Ansbrow 

Née  à  Saint- Joseph  de   Chambly  le   23   octobre 

1835. 

Mariée,  à  Ottawa,  le  10  janvier  1859,  à  Francis- 
Hubert  Ennis. 

M.  Ennis  succomba  à  une  attaque  d'apoplexie  à 
Ottawa  dans  la  nuit  du  13  janvier  1885. 

II  était  à  sa  mort  secrétaire  du  département  des 
travaux  publics. 

"M.  Ennis  habitait  Ottawa  depuis  1866,  et  son 
caractère  affable,  son  esprit  de  justice,  la  droiture  de 
son  coeur  lui  avaient  valu  une  haute  considération  de 
la  part  de  ses  chefs  et  de  tous  ceux  qui  le  connais- 
saient."  (2) 

Madame  Ennis  demeure  aujourd'hui  à  Jersey 
City. 

Enfants  : 

1.  Marie-Claire-Elizabeth  Ennis  née  à  Saint-Pas- 


(1)  Minerve,  30  décembre  1851. 

(2)  Le  Canada,  14  janvier  1885. 


76 


chai  le  19  janvier  1860.  Mariée,  à  la  Pointe  Gatineau, 
le  29  septembre  1887,  à  Albert  Bender,  protonotaire 
de  Montmagny,  veuf  de  Marie-Sophie-Mathilde  Ta- 
ché. (1)  Pas  d'enfants.  Madame  Bender  réside  à  l'île 
du  Calumet,   Pontiac. 

2.  Thomas  Ennis  né  à  Saint- Paschal  le  7  sep- 
tembre 1861.  Après  avoir  fait  ses  études  classiques 
au  collège  de  Sainte- Anne  de  la  Pocatière  et  ses  étu- 
des médicales  à  l'université  McGill,  à  Montréal,  il  se 
fit  recevoir  médecin.  En  1889,  il  allait  s'établir  à  la 
Grande-Rivière,  comté  de  Gaspé.  Il  ne  tarda  pas  à  se 
créer  une  bonne  clientèle  dans  cette  paroisse  et  les  pa- 
roisses voisines  Cave  Cove,  Pabos  et  New- Port.  Aux 
élections  générales  de  T896  pour  le  parlement  fédéral 
il  fut  candidat  conservateur  dans  le  comté  de  Gaspé. 
Il  fut  battu  par  M.  Rodolphe  Lemieux.  M.  Ennis 
mourut  d'une  maladie  de  cœur,  à  la  suite  d'une  atta- 
que de  paralysie,  â  la  Grande-Rivière  le  15  novembre 
1899,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  pa- 
roisse. "L,e  docteur  Ennis  ne  tenait  pas  de  livres  et 
les  malades  le  payaient  quand  ils  le  voulaient.  Pour 
lui,  l'argent  n'avait  pas  d'attrait,  et  il  s'occupait  de  sa 
profession  plutôt  par  devoir  que  par  nécessité.  "(2)  M. 
Ennis  ne  s'était  pas  marié. 

3.  Marie- Jeanne-Caroline  Ennis  née  à  Saint-Pas- 
chal  le  8  septembre  1863.  Décédée  à  Québec  le  14 
janvier  1864,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  Bel- 
mont. 

4.  Marie-Jeanne-Emilie  Ennis  née  à  Québec  le  30 
juillet  1865.  Elle  fit  profession  au  monastère  du 
Précieux  Sang,  à  Ottawa,  le  15  septembre  1892,  sous 
les  noms  de  Marie-Thérèse  du  Calvaire. 

(1)  Voir  p.  43. 

(2)  Courrier  du  Canada,  15  novembre  1899. 


Francis-Hubert  Ennis 


77 


5.  Marie-Eulalie-Eléonore  Ennis  née  à  Ottawa  le 
ier  août  1867.  Mariée,  à  l'église  Sainte- Rose  de  Li- 
ma, à  Roseville,  Newark,  New-Jersey,  E.-U.,  le  4  jan- 
vier 1897,  à  James-Woodward  Burke,  de  Jersey  City. 
Enfants  : 

A.  Francis-Edward-Henry-Joseph-L,uke  Burke 
né  à  Roseville,  Newark,  le  14  juin  1898. 

B.  Edward-Emile-Ennis  Burke  né  à  Jersey  City 
le  17  novembre  1900. 

6.  Francis- Joseph- Alexandre  Ennis  né  à  Ottawa 
le  10  juin  1869.  Décédé  au  même  endroit  le  2  décem- 
bre 1871,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  Notre-Dame 
d'Ottawa. 

7.  Edward-Gerald-Ansbrow  Ennis  né  à  Ottawa 
le  15  janvier  1871.     Non  marié. 

8.  Marie-Emilie-Octavie  Ennis  née  à  Ottawa  le 
7  septembre  1872. 

9.  Marie-Blanche-Elizabeth  Ennis  née  à  Ottawa 
le  9  octobre  1874. 

IX 

MADELEINE-EMMÉLIE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  12  juillet 
1799. 

Mariée,  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  17  sep- 
tembre 1822,  à  Edouard  Chamberland,  marchand,  de 
la  Rivière-du-Loup  (en  bas). 

Elle  décéda  à  la  Rivière-du-Loup  (en  bas)  le  24 
janvier  1826,  et  fut  inhumée  dans  le  cimetière  de 
cette  paroisse. 

Nous  lisons  dans  la  Gazette  de  Québec,  publiée  par 
autorité,  du  9  février  1826  : 

"  Par  la  mort  de  cette  aimable  dame,  ses  enfants 
ont  à  déplorer  la  perte   d'une   mère   affectionnée.  Ses 


78 


amis  et  ses  connaissances  déploreront  longtemps  l'ab- 
sence d'un  si  aimable  caractère,  d'une  personne  si  re- 
marquable par  ses  qualités  domestiques  et  son  esprit 
délicat." 

M.  Chamberland  se  remaria  avec  Radegonde 
Ouellet,  veuve  de  M-  Bonenfant. 

Il  mourut  à  la  Rivière- du-Loup  (en  bas)  le  3  fé- 
vrier 1831,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

De  son  premier  mariage  il  avait  eu  deux  enfants  : 

I.  Jean-Charles-Luc-Edouard  Chamberland 

Né  à  la  Rivière  du  L,oup  (en  bas)  le  21  octobre 
1823. 

Il  s'enrôla  dans  l'armée  américaine  pendant  la 
guerre  de  Sécession.  Grièvement  blessé  au  cours  d'u- 
ne bataille  il  fut  transporté  dans  un  hôpital  où  il  mou- 
rut bientôt. 

Il  s'était  marié  mais  il  n'eut  pas  d'enfant. 

II.  Geneviève  Josephte-Ltjce  Chamberland 

Née  à  la  Rivière-du-Loup  (en  bas)  le  21  juillet 
Ï825. 

Mariée,  à  l'Islet,  le  1er  juin  1846,  à  François-Clo- 
Vis  Caron,  caltivateur. 

M.  Caron  fut  maire  de  l'Islet  pendant  plusieurs 
années.  Il  fut  aussi  juge  de  paix  et  commissaire  des 
petites  causes. 

'  Il  est  décédé  au  Cap  Saint-Ignace  le  1er  mars 
1895,  e*  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  l'Islet. 

Aucun  enfant  n'était  né  de  leur  mariage. 

Madme  Caron  réside  avec  une  de  ses  nièces,  ma- 
dame Liguori  Saint-Pierre,  à  Woonsoket,  Rhode- 
Island,  M.-U. 


Thomas  Ennis 


79 

X 

VICTOIRE-SOPHIE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  24  avril 
1801. 

Décédée  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  15 
juin  de  la  même  année,  elle  fut  inhumée  dans  le  cime- 
tière paroissial. 


p??r^? 


Charles  Taché 


Première    génération  :  Jean-Paschat  Taché 
Deuxième  génération  :  Charles  Taché 
Troisième  génération  :  Charles  Taché 


CHARLES  TACHE 


Né  à  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  20  juin 
1784. 

Il  s'engagea  dans  le  commerce  à  Saint- Joseph  de 
Deschambault,  comté  de  Portneuf. 

Ayant  éprouvé  des  malheurs  et  des  pertes  consi- 
dérables, il  abandonna  son  commerce  et  s'en  vint,  dans 
l'automne  de  181 1,  demeurer  à  Saint-Louis  de  Kamou- 
raska. 

Il  se  décida  à  étudier  le  notariat,  et  passa  brevet 
avec  son  frère  Jean-Baptiste  en  qualité  de  clerc-no- 
taire (1). 

Le  18  juin  181 2,  la  guerre  était  déclarée  entre  les 
Etats-Unis  et  l'Angleterre.  M.  Taché  fit  toute  la 
campagne  d'abord  comme  capitaine  au  quatrième  ba- 
taillon de  milice  d'élite  et  incorporée  puis,  à  partir  du 
11  avril  18 14,  comme  capitaine  dans  le  corps  des  Vol- 
tigeurs Canadiens. 

Le  24  décembre  18 14,  la  paix  ayant  été  conclue 
entre  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis,  M.  Taché  quitta 
le  service,  et  retourna  à  Saint-Louis  de   Kamouraska. 


(1)  Dans  l'acte  de  sépulture  de  madame  Taché,  Mgr  La- 
flèche,  trompé  sans  doute  par  M.  l'abbé  Daniel  {Histoire  des 
grandes  familles  françaises  du  Canada,  p.  240),  qualifie  M.  Ta- 
ché de  docteur  en  médecine.  M.  Taché  n'a  pas  été  médecin 
ni  notaire.  n 


82 


Sa  campagne  lui  avait  enlevé  son  inclination  pour 
la  vie  trop  tranquille  du  notaire.  Il  se  remit  dans  le 
commerce,  et  forma  avec  son  frère  Jean- Baptiste  une 
société  commerciale  qui  dura  jusqu'à  sa  mort. 

Le  27  août  1823,  par  commission  signée  par  lord 
Dalhousie,  M.  Taché  était  nommé  commissaire  pour 
la  confection  et  la  réparation  de  certaines  parties  du 
chemin  de  Témiscouata  qui  mène  au  Nouveau-Bruns- 
wick. 

Le  10  juillet  1824,  sir  Francis  Burton  choisissait 
M.  Taché  comme  officier-rapporteur  aux  élections  qui 
devaient  avoir  lieu  dans  le  comté  de  Cornwallis  pour 
élire  deux  députés  à  la  Chambre  d'Assemblée. 

M.  Taché  décéda  à  Saint-Louis  de  Kamouraska 
le  16  janvier  1826,  et  fut  inhumé  dans  l'église  parois- 
siale. 

Il  avait  épousé,  à  Boucherville,  le  2  février  1820, 
Louise- Henriette,  fille  de  Joseph-Ignace  Boucher  de 
la  Broquerie  et  de  Charlotte  Boucher  de  Niverville  de 
Moutizambert. 

Madame  Taché  décéda  à  Boucherville  le  23  juil- 
let 187 1,  et  fut  inhumée  sous  les  voûtes  de  l'église 
paroissiale  le  surlendemain. 

"De  madame  Taché,  comme  de  la  mère  de  Mgr 
Parisis,  on  a  pu  affirmer  qu'elle  avait  le  sang  qui  en- 
gendre les  successeurs  des  apôtres."  Comme  de  l'hum- 
ble mère  du  cardinal-évêque  de  Poitiers,  l'illustre 
Louis- Edouard  Pie,  on  a  pu  dire  d'elle  encore,  que  "la 
qualité  qui  devait  être  le  trait  caractéristique  de  toute 
son  existence,  c'est-à-dire  la  disposition,  le  désir,  le 
besoin  de  se  dévouer  pour  les  autres,  sans  aucun  re- 
tour sur  soi-même,  éclata  de  bonne  heure  en  elle,  et 
dans  de  telles  proportions  qu'elle  était  vraiment  au 
service  de  tous." 


83 


"La  vertu  native  de  madame  Taché,  perfection- 
née dans  le  malheur,  s'éleva  à  une  hauteur  où  ne 
monte  pas  ordinairement  celle  des  femmes  du  monde. 
Portant  encore  sur  son  front  la  double  auréole  de  la 
jeunesse  et  de  la  beauté,  douée  d'autant  d'esprit  que 
de  générosité,  de  noblesse  et  de  gaîté  de  coeur,  ma- 
dame Taché  eut  pu  voir  de  nouveau  le  monde  lui  sou- 
rir,  l'admirer,  lui  apporter  ses  amitiés  et  ses  joies. 
Elle  en  fit  volontiers  le  sacrifice,  de  même  qu'elle  s'é- 
tait résignée  à  celui  que  Dieu  venait  d'exiger  d'elle, 
en  lui  enlevant  son  époux. 

"  L,e  jour  où  son  frère  se  (i)  vouait  à  son  bonheur 
et  à  celui  de  ses  enfants,  elle,  en  secret,  promettait  à 
Dieu  de  rester  à  jamais  dans  son  veuvage,  de  porter 
toute  sa  vie  des  vêtements  de  deuil,  de  s' abstenir  de 
toutes  soirées  et  amusements  mondains. 

"Comme  son  frère,  elle  vivait  modestement,  reti- 
rée, connaissant  surtout  la  route  de  l'église  et  celle  des 
pauvres  logis,  où  elle  apportait  l'aumône  et  les  conso- 
lations ;  elle  passait  ses  loisirs  à  cultiver  des  fleurs,  ou 
dans  de  doux  entretiens  avec  ses  deux  enfants.  (2) 

"  Après  les  soins  donnés  à  sa  famille  et  pendant 
ses  longues  soirées  solitaires,  quand  ses  fils  étaient  au 
collège,  elle  aimait  aussi  à  consacrer  des  heures  à  l'é- 
tude.    Elle   n'était   pas  seulement   douée  des  talents 


(1)  "Après  la  mort  de  son  mari  madame  Taché  quitta  Ka- 
mouraska  pour  revenir  chez  son  père  à  Boucherville,  avec  ses 
orphelins.  Au  moment  où  il  les  vit  arriver,  M.  Joseph-Antonin 
de  la  Broquerie,  frère  de  madame  Taché,  ému  de  pitié,  se  sen- 
tit inspiré  à  faire  en  leur  faveur  un  acte  d'héroïque  vertu.  Il 
promit  dès  lors  à  Dieu  de  dévouer  toute  sa  vie  au  bonheur  de  sa 
soeur  et  à  l'éducation  de  ses  neveux.  Admirable  générosité, 
continuée  avec  une  constance  plus  admirable  encore  !" 

(2)  L'aîné  de  ses  fils,  Joseph-Charles,  fut  élevé  à  Kamou- 
raska,  par  sa  grand'  mère  Taché. 


84 


d'agrément;  elle  avait  une  intelligence  supérieure; 
c'était,  au  sens  éminent  du  mot,  une  femme  savante. 
Elle  s'était  livrée  depuis  ses  années  de  couvent,  à  des 
études  constantes  d'histoire,  de  philosophie,  de  litté- 
rature, de  botanique  et  même  d'astronomie  ;  "elle  y 
avait  acquis,  nous  avouait  un  jour  Mgr  Taché,  une 
science  qui  mitonnait." 

"  Humble  néanmoins,  elle  le  fut  toute  sa  vie. 
L'acquisition  d'une  nouvelle  connaissance  lui  était  une. 
nouvelle  occasion  de  louer  Dieu.  Oh  !  que  ne  nous 
est-il  donné  de  réunir  toute  l'admirable  correspon- 
dance entre  elle  et  ses  fils  :  sincère  épanchement  d'un 
noble  coeur,  où  l'on  verrait  briller  sous  l'élégant  aban- 
don de  style  d'une  Sévigné,  les  pieux  sentiments  d'une 
Blanche  de  Castille  "  (i). 

Charles  Taché  et  Louise-Henriette  Boucher  de  la 
Broquerie  eurent  cinq  enfants  : 

I. 

JOSEPH-CHARLES  TACHÉ 
Le  continuateur  de  la  lignée . 

n 

ANTOINE-LOUIS-JEAN-ETIENNE   TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraskale  25  avril  1822. 

1}  fit  son  cours  d'études  au  collège  de  Saint-Hya- 
cinthe. 

Il  étudia  ensuite  le  notariat  sous  le  notaire  Louis 
Lacoste,  à  Boucherville. 


(1)     R.  P.  Iyalande,  Une  vieille  seigneurie,   Boucherville, 
p.  328. 


Antoine-Louis-Jean-Etienue  Taché 


85 


Il  fut  admis  à  la  pratique  du  notariat  à  Montréal 
le  28  mars  1845. 

Il  s'établit  d'abord  à  Beloeil  où  il  fut  maître  de 
poste  en  même  temps  qu'il  exerçait  sa  profession. 

En  1848,  il  transporta  son  étude  à  Saint-Hyacin- 
the. Il  se  fit  bientôt  une  jolie  clientèle. 

En  1854,  M.  Taché  était  choisi  comme  secrétaire 
du  conseil  de  comté  de  Saint-  Hyacinthe.  Il  garda  cet- 
te position  pendant  dix  ans. 

Le  26  avril  1858,  il  était  nommé  percepteur  du  re- 
venu pour  le  district  de  Saint-Hyacinthe. 

A  la  mort  de  M.  Ovide  Désilets,  M.  Taché  fut 
appelé  à  le  remplacer  comme  shérif  du  district  de 
Saint-Hyacinthe.  Sa  commission  est  en  date  du  8 
octobre  1864. 

M.  Taché  fut  honoré,  pendant  toute  sa  carrière, 
de  la  confiance  de  ses  concitoyens.  Il  fut  conseiller  de 
ville,  lieutenant  et  adjudant  dans  la  milice  sédentaire, 
député-greffier  de  la  Cour  de  Circuit,  commissaire  d'é- 
coles, juge  de  paix,  président  de  la  Société  Saint- Jean- 
Baptiste  de  Saint-Hyacinthe,  président  de  la  Société 
d'agriculture  du  comté  de  Saint- Hyacinthe,  président 
de  la  Société  de  Tempérance.  Il  fut  aussi  le  fondateur 
et  le  président  de  la  Société  de  colonisation  des  Can- 
tons de  l'Est.  On  le  pria  plusieurs  fois  de  se  laisser 
porter  candidat  à  la  Chambre  des  Communes.  On 
lui  offrit  également  un  siègb  au  Conseil  législatif  de 
Québec.  Mais  la  politique  n'avait  aucun  charme 
pour  lui. 

M.  Taché  mourut  à  Saint-Hyacinthe  le  1er  avril 
1881,  et  fut  inhumé  au  cimetière  paroissial  de  Saint- 
Hyacinthe-le-  Confesseur. 

1,'honorable  M.  Boucher  de  la  Bruère,  qui  avait 
été  pendant  un  grand  nombre  d'années  l'ami  intime  de 


86 


M.  Taché,  écrivait  dins  le  Courrier  de    Samt- Hyacin- 
the le -lendemain  de  son  trépas  : 

"L,a  mort  vient  de  frapper  un  homme  de  bien,  et 
la  ville  de  Saint-Hyacinthe  déplore  aujourd'hui  la  per- 
te d'un  de  ses  citoyens  les  plus  marquants  et  les  plus 
respectés.  Hier,  ier  avril,  à  3.30  heures  du  matin,  M. 
Louis  Taché,  notaire  et  shérif  du  district  de  Saint-Hya- 
cinthe, rendait  son  âme  à  Dieu,  entouré  des  membres 
de  sa  famille  en  pleurs  et  emportant  avec  lui  dans  la  ' 
tombe  les  regrets  sincères  de  ses  nombreux  amis.  Fer- 
vent chrétien  et  catholique  plein  de  foi,  il  vit  arriver 
sa  dernière  heure  avec  calme  et  confiance  en  la  bonté 
de  Dieu,  et  trouva  dans  les  secours  de  la  religion  la 
force  dont  il  avait  besoin  pour  franchir  le  seuil  de  l'é- 
ternité. 

'  'Frappé  de  paralysie  il  y  a  deux  ans,  il  pressentait 
depuis  cette  époque  que  sa  santé  chancelante  ne  pour- 
rait pas  supporter  longtemps  le  poids  de  la  vie,  il  se 
prépara  à  la  mort  avec  un  courage  et  une  résignation 
qu'il  puisait  dans  la  force  de  ses  sentiments  religieux. 

"Lorsqu'il  y  a  dix-huit  jours,  il  se  sentit  atteint 
de  nouveau  par  la  maladie,  il  était  prêt  à  mourir  et 
son  sacrifice  était  déjà  fait. 

"Doué  de  talents  remarquables,  le  défunt  exerça 
la  profession  de  notaire  avec  beaucoup  de  distinction. 
Ses  connaissances  légales  et  son  jugement  sûr  faisaient 
rechercher  ses  conseils,  et  sa  droiture  d'esprit  unie  à 
une  grande  bienveillance  sut  prévenir  bien  des  procès 
et  régler  paisiblement  bien  des  difficultés.  Comme 
notaire  il  exerça  une  heureuse  influence  dans  le  dis- 
trict de  Saint-Hyacinthe  et  ses  confrères  savaient  re- 
connaître en  lui  de  précieuses  qualités. 

"M.  Taché  occupa  successivement  les  importan- 
tes fonctions  de  percepteur  du  revenu  de   l'intérieur 


87 


et  de  shérif,  et  remplit  les  charges  qui  lui  furent  con- 
fiées avec  une  parfaite  honnêteté  et  beaucoup  d'intelli- 
gence. 

"A  plusieurs  reprises,  il  refusa  la  candidature 
que  lui  offrirent  les  conservateurs  du  comté  de  Saint- 
Hyacinthe. 

"L,es  pauvres  perdent  en  M.  Taché  un  protecteur 
qui  ne  leur  refusa  jamais  l'aumône  du  chrétien  ;  com- 
me membre  de  la  Société  de  Saint- Vincent  de  Paul,  il 
put  exercer  son  zèle  avec  beaucoup  d'efficacité  et,  dans 
l'autre  vie,  Dieu  saura  lui  tenir  compte  des  abondan- 
tes charités  qu'il  a  faites. 

"Parfaitement  connu  de  tous,  il  sera  vivement 
regretté,  et  sa  mort  cause  un  vide  au  milieu  de  ses 
amis  qui  se  rappelleront  la  droiture  et  la  fermeté  de 
ses  principes,  son  amour  du  bien  et  sa  conduite  exem- 
plaire." (i) 

M.  Taché  avait  épousé,  à  Saint-Ignace  du  Co- 
teau du  Lac,  le  17  janvier  1855,  Marie-Charlotte-Odile, 
fille  de  Godfroi  Beaudet,  marchand,  et  de  Marie- 
Zoé  L,emaire  -  Saint  -  Germain,  et  veuve  de  Robert 
Cartier,   M.-D. 

Madame  Taché  est  décédée  à  Saint- Hyacinthe  le 
3  octobre  1899,  et  a  été  inhumée  au  cimetière  parois- 
sial de  Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. 

"Depuis  quelques  années,  madame  Taché  ne  sur- 
montait qu'à  force  d'énergie  et  de  résignation  absolu- 
ment chrétienne  un  état  habituel  de  souffrances,  quand 
tout  à  coup  sa  maladie  fut  aggravée  par  une  chute  et 
la  conduisit  en  peu  de  jours  au  tombeau.  Sa  très 
grande  distinction  et  ses  qualités  du  coeur  et  de  l'es- 
prit lui  avaient  attiré  le  respect  et  l'affection  de   tous 


(1)     Courrier  de  Saint-Hyacinthe,  2  avril  1881. 


88 


ceux  qui  l'ont  connue, — spécialement  à  Saint-Hyacin- 
the et  dans  les  nombreuses  ramifications  qui  la  liaient 
aux  grandes  familles  du  pays  ;  et  le  précieux  souve- 
nir de  sa  vie  exemplaire,  est  un  bel  héritage  laissé  aux 
siens."   (i) 

De  leur  mariage  naquirent  sept  enfants  : 

I.  Marie-Henriette-Blanche-Odile  Tache 

Née  à  Saint-Hyacinthe  le  8  janvier  1857. 
Décédée  au  même  endroit  le  26  juin  1857,  e^e  Iut 
inhumée  dans  la  cathédrale  de  Saint-Hyacinthe. 

II.  Ch.-God.-Pierre-Joseph  de  la  Broquerie'TachÊ 

Né  à  Saint-Hyacinthe  le  22  mars  1858. 

Il  a  reçu  son  instruction  au  séminaire  de  Saint- 
Hyacinthe. 

Il  fit  sa  cléricature  sous  son  père  et  sous  le  notaire 
Charlebois,  à  Québec.  Il  agit  en  même  temps  comme 
secrétaire  privé  de  l'honorable  M.  Chapleau,  premier 
ministre  de  la  province  de  Québec. 

Admis  à  la  pratique  du  notariat  aux  examens  de 
mai  1881,  il  s'établit  dans  sa  ville  natale  à  l'automne 
de  la  même  année. 

En  octobre  1887,  l'honorable  M.  Angers,  nommé 
lieutenant-gouverneur  de  la  province  de  Québec,  offrit 
à  M.  Taché  les  fonctions  de  secrétaire  privé.  Celui-ci 
accepta  et  remplit  cette  charge  jusqu'à  l'expiration  du 
terme  d'office  de  M.  Angers,  en  1892. 

jYI.  Taché  revint  à  Saint- Hyacinthe  pour  s'occu- 
per de  sa  profession  et  d'industrie. 

Par  ordre  en  conseil  du  17  septembre  1892,  M. 
Taché  était  nommé  membre  du  Conseil  d'agriculture 
de  la  province  de  Québec. 

(i)Courriet  de  Saint-Hyacinthe,  5  octobre  1899 


Charles-Goiefroi-  Pierre- Joseph  de  la  Broqutrie  Taché 


8.9 


M.  Taché  avait  été  le  premier  secrétaire  de  la  So- 
ciété d'industrie  laitière  de  la  province  de  Québec  fon- 
dée à  Saint-Hyacinthe  en  1882.  On  sait  l'élan  consi- 
dérable que  cette  société  a  donné  à  l'industrie  laitière 
dans  notre  Province.  M.  Taché  a  été  l'artisan  des 
succès  remportés  par  elle.  Aussi,  en  1892,  lorsqu'il 
abandonna  sa  charge  de  secrétaire,  après  onze  années 
de  bons  et  utiles  services,  les  directeurs  de  la  Société 
d'industrie  laitière  se  firent  les  interprètes  de  tous 
ceux  qui  ont  à  coeur  l'avancement  agricole  de  notre 
Province,  en  offrant  à  M.  Taché,  à  Saint-Hyacinthe 
même,  un  banquet  de  224  couverts.  Tous  les  convi- 
ves, évêques,  ministres,  hommes  politiques,  membres 
du  clergé,  etc.,  etc.,  rendirent  à  M.  Taché,  en  cette  oc- 
casion, un  indéniable  témoignage  de  reconnaissance.  (1) 

M.  Taché  a  été  capitaine  au  84ème  Bataillon  d'in- 
fanterie de  Saint-Hyacinthe. 

Outre  sa  profession,  M.  Taché  s'occupe  aujour- 
d'hui d'industrie  et  de  journalisme.  Il  est,  depuis  no- 
vembre 1902,  propriétaire  du  Courrier  de  Saint-Hya- 
cinthe. 

A  l'élection  du  16  février  1904,  dans  le  comté  de 
Saint-Hyacinthe,  nécessitée  par  la  nomination  de  l'ho- 
norable M.  Bernier,  libéral,  comme  membre  de  la  com- 
mission des  chemins  de  fer  du  Canada,  M.  Taché  a  été 
candidat  conservateur  protectionniste.  Son  adversaire, 
M.  Blanchet,  l'a  emporté  par  196  voix.  1/ honorable 
M.  Bernier  avait  été  élu,  aux  élections  générales  de 
1900,  par  11 11  voix  de  majorité. 

(1)  Voyez  la  brochure  Banquet  offert  comme  témoignage 
d'estime  et  de  reconnaissance  à  M.  J.  de  la  Broquerie  Taché \  se- 
crétaire-trésorier de  la  Société  d'industrie  laitière  de  1882  à  1892, 
par  les  membres  de  la  Société  et  ses  amis .  —  Montréal.  Eusèbe 
Senécal  &  Fils,  imprimeurs,  20,  rue  Saint- Vincent,  1894.  39  pp. 
in-4.  12 


go 


M.  Taché  a  épousé,  dans  la  chapelle  de  V  Hôtel-Dieu 
du  Précieux  Sang,  à  Québec,  le  26  mai  1885,  Marie- 
Louise,  fille  de  Alfred-Edouard  Langevin  et  de  Marie- 
Anne  Lytle. 

Enfants  : 

1.  Anne-Marie- Alexandrine  Henriette  Taché  née 
à  Saint-Hyacinthe  le  24  août  1886. 

2.  Louis- Alfred- Boucher  de  la  Broquerie  Taché 
né  à  Saint-Hyacinthe  le  23  octobre  1887.  Décédé  au 
même  endroit  le  30  octobre  1887,  il  fut  inhumé  au  ci- 
metière paroissial  de  Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. 

3.  Marie-Elizabeth  -  Odile  -  Jeanne  Taché  née  à 
Québec  le  8  novembre  1888. 

4.  Pierre- Joseph- Boucher  de  la  Broquerie  Taché 
ué  à  Québec  le  14  décembre  1890. 

5.  Marie-Louise-Joséphine- Marguerite  Taché  née 
à  Québec  le  10  octobre   1892. 

6.  Marie- Robertine-Henriette  Taché  née  à  Saint- 
Hyacinthe  le  27  novembre  1893. 

7.  Louise-Léa  Taché  née  à  Saint-Hyacinthe  le  23 
septembre  1895.  Décédée  au  même  endroit  le  25  no- 
vembre 1895,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  paroissial 
de  Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. 

8.  Marie- Joséphine  Taché  née  à  Scott  Junction  le 
21  août  1896.  Décédée  au  même  endroit  le  1er  octo- 
bre 1896,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  paroissial  de 
Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. 

g.  Louis-Joseph-Alexandre-Hyacinthe  Taché  né 
à  Saint-Hyacinthe  le  17  août  1899. 

10.  Joseph- Alfred-Etienne  Taché  né  à  Saint-Hya- 
cinthe le  8  décembre  1900.  Décédé  au  même  en- 
droit le  3  mai  1901,  il  fnt  inhumé  au  cimetière  parois- 
sial de  Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. 


X 


Louis-Joseph-Charles  Hippolyte  Taché 


9i 


ii.  Bernard -Charles  Taché  né  à  Saint-Hyacinthe 
le  13  décembre  1902. 

III.  LOv, is- Joseph- Charles-Hyppoi,yte  Tache 

Né  à  Saint-Hyacinthe  le  30  août  1859. 

Il  a  été  admis  au  barreau  le  12  juillet  1883. 

M.  Taché  avait  remplacé,  en  1881,  son  frère  aî- 
né comme  secrétaire  de  l'honorable  M.  Chapleau,  pre- 
mier ministre  de  la  province  de  Québec.  Lorsque  ce 
dernier  accepta  le  poste  de  secrétaire  d'état  dans  le  ca- 
binet de  sir  John-A.  Macdonald,  M.  Taché  le  suivit  à 
Ottawa,  où  il  remplit  ses  fonctions  de  secrétaire  jus- 
qu'en 1892. 

Le  7  décembre  1892,  M.  Chapleau  était  nommé 
lieutenant-gouverneur  de  la  province  de  Québec,  et 
choisissait  M.  Taché  comme  son  aide  de  camp  hono- 
raire à  Montréal. 

Aux  élections  provinciales  de  1900,  il  fut  le  can- 
didat du  parti  conservateur  dans  le  comté  de  Téniis- 
couata. 

M.  Taché  a  publié  les  Nouvelles  Soirées  Canadien- 
nes, de  1882  à  1888,  Les  Hommes  du  Jour,  de  1891  à 
1892,  et  V  Opinion  Publique,  à  Montréal,  en  1892. 

Nous  lui  devons,  en  outre,  La  poésie  franco-cana- 
dienne, Biographie  de  Faucher  de  Saint- Maurice ,  Légal 
and  Parliamentary  Hand  Book,  Lïile  oV  Anticosti,  etc,  etc. 

En  1887,  le  gouvernement  français  décernait  à  M. 
Taché  le  titre  d'officier  d'Académie. 

M.  Taché  a  été  le  promoteur  et  il  est  aujour- 
d'hui l' administrateur-délégué  du  Crédit  Municipal 
Canadien,  société  franco-canadienne  constituée  à  Qué- 
bec en  1903,  et  organisée  en  France  en  1904  à  l'aide 
de  capitaux  français. 

M.  Taché  a  épousé,  à  Ottawa,  le  11  janvier  1887, 


92 


Marie-Iyouise-Hémédine,  fille  désir  Henry- Elzéar  Tas- 
chereau,  aujourd'hui  juge  en  chef  de  la  Cour  Suprê- 
me du  Canada,  et  de  Marie-Antoinette  Harwood. 

Enfants  : 

i .  Anonyme  née  et  décédée  à  Ottawa  le  8  mai 
1888.     Inhumée  dans  le  cimetière  Notre-Dame. 

2.  Marie-Henriette- Alice  Taché  née  à  Ottawa  le 
16  mai  1889. 

IV.  Joseph-Antoine-Henri-Oscar  Tache 

Né  à  Saint-Hyacinthe  le  22  avril  186*. 
Cultivateur. 

Il  a  épousé,  à  Saint- Janvier  de  Weedon,  le  1er  août 
1894,  L,éa,  fille  de  Siméon  Fontaine  et  de  Julie  Gauthier. 
Enfants  : 

1.  Marie- Henriette-Blanche  Taché  née  à  Notre- 
Dame  de  Saint- Hyacinthe  le  26  mai  1895. 

2.  Joseph-Louis- Henri-Arthur  Taché  né  à  Notre- 
Dame  de  Saint-Hyacinthe  le  11  août  1896. 

3.  Joseph- Alfred-Oscar- Maurice  Taché  né  à  No- 
tre-Dame de  Saint-Hyacinthe  le  25  octobre  1897.  Dé- 
cédé au  même  endroit  le  27  mai  1898,  il  fut  inhumé 
au  cimetière  paroissial  de  Saint-Hyacinthe- le-Confes- 
seur. 

4.  Marie  -Jeanne  -  Robertine  -  Alexandrine  Taché 
née  à  Notre-Dame  de  Saint-Hyacinthe  le  1er  mars 
1899.  ■ 

5.  Marie- Juliette-Simonne  Taché  née  à  Notre-Da- 
me de  Saint-Hyacinthe  le  2  juin  1900. 

6.  Joseph-Charles-Roland  Taché  né  à  Notre-Da- 
me de  Saint- Hyacinthe  le  21  juin  1901. 

7.  Marie- Cécile- Rose- Aimée  Taché  née  à  Notre- 
Dame  de  Saint- Hyacinthe  le  7  janvier  1903. 


Joseph- Antoine- Henri-Oscar  Taché 


93 


V.  Joseph-Alexandre  Tache 

Né  à  Saint-Hyacinthe  le  19  mai  1862. 
Décédé  au  même  endroit  le  28  avril   1863,   il    fut 
inhumé  dans  la  cathédrale  de  Saint-Hyacinthe. 

VI.  Marie-Blanche-Henriette  tache 

Née  à  Saint-Hyacinthe  le  31  décembre  1863. 

Mariée,  à  Saint- Hyacinthe,  le  14  juin  1887,  à 
Joseph-O'Callaghan  Mignault,  ingénieur  civil  et  ar- 
penteur. 

Enfants  : 

1.  Pierre-Louis- Alexandre-O'Callaghan  Mignault 
né  à  Montréal  le  6  avril  1888. 

2.  Marie-Catherine-Henriette-Antonine  Mignault 
née  à  Montréal  le  16  juin  1889.  Décédée  à  Montréal  le 
29' avril  1890,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  de  la  Côte 
des  Neiges. 

3.  Marie-  Eugénie  -  Blanche  -  Henriette  Mignault 
née  à  la  Baie  Saint-Paul  le  22  août  1890. 

4.  Joseph  -  Daniel-Charles  de  la  Broquerie  Mi- 
gnault née  à  Montréal  le  14  janvier  1893. 

5.  Marie-Jeanne- Béatrice  Mignault  née  à  Mon- 
tréal le  10  février  1896.  Décédée  à  Montréal  le  12 
février  1896,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  de  la  Côte 
des  Neiges. 

6.  Marie-Béatrice-Anne  Mignault  née  à  Mon- 
tréal le  18  juillet  1897.  Décédée  à  Montréal  le  25  dé- 
cembre 1897,  e^e  fut  inhumée  au  cimetière  de  la  Côte 
des  Neiges. 

7.  François-Xavier- Joseph- Alexandre  Mignault 
né  à  Montréal  le  3  août  1899. 

8.  Marie-Odile-Paule-Eliza  Mignault  née  à  Mon- 
tréal le  21  mars  1901. 


94 


VII.  Joseph-Jean-Paschai,  Taché: 

Né  à  Saint-Hyacinthe  le  22  février  1866. 

Après  avoir  reçu  une  éducation  commerciale,  il 
entra  au  service  de  la  banque  Jacques-Cartier,  à  Mont- 
réal. 

En  1890,  il  passait  à  l'emploi  de  la  Peuplé1  s  Bank 
of  Halifax.  Il  fut  successivement  gérant  des  succur- 
sales de  cette  banque  à  Edmundston,  Nouveau-Bruns- 
wick,  à  Fraserville,  à  Iyévis  et  à  Québec. 

En  1897,  M.  Taché  résignait  sa  position  pour  ou- 
vrir à  Montréal  un  bureau  de  courtier,  où  il  s'occupa 
de  l'achat  et  de  la  vente  des  débentures  municipales 
et  de  chemins  de  fer. 

M.  Taché  est  depuis  1902,  le  secrétaire  et  gérant 
de  la  Provinciale,  compagnie  d'assurance  mutuelle  con- 
tre le  feu,  dont  il  est  un  des  principaux  fondateurs. 

Il  a  épousé,  à  Montréal,  le  7  juin  1893,  Marie- 
Anne- Adine,  fille  de  Martin  Honan,  avocat,  et  de  An- 
nabella  Stein. 

Enfant  : 

Marie-Blanche- Adine  Taché  née  à  la  Rivière-du- 
L,oup  (en  bas)  le  5  avril  1894. 

m 

ALEXANDRE-ANTONIN  TACHÉ 

'  "  Né  à  Saint-Patrice  de  la  Rivière-du-Loup  (en 
bas)  le  23  juillet  1823. 

"  Il  n'avait  pas  encore  trois  ans  lorsqu'il  perdit 
son  père.  Après  la  mort  de  son  époux,  madame  Ta- 
ché alla  résider  à  Boucherville  avec  sa  jeune  famille, 
chez  M.  de  la  Broquerie,  son  père. 

'  '  Madame  Taché  était  une  mère  admirable.    Elle 


Joseph-Jean  Paschal  Taché 


95 


remarqua  les  bonnes  dispositions  de  son  fils  Alexandre- 
Antonin  et  s'empressa  de  faire  pénétrer  dans  son  âme, 
avec  les  premières  lueurs  de  la  raison,  les  vertus  et  les 
nobles  sentiments  qui  ornaient  la  sienne. 

"A  l'école  comme  au  collège,  Alexandre- Antonin 
Taché  se  fit  remarquer  par  la  douceur  de  son  caractère, 
sa  naïve  et  franche  gaieté  et  la  vivacité  de  son  intelli- 
gence. Le  collège  de  Saint-Hyacinthe  eut  l'honneur 
de  former  cet  élève  destiné  à  de  si  grandes  choses. 

"  Son  cours  terminé,  il  prit  l'habit  ecclésiastique, 
passa  quelques  mois  au  grand  séminaire  de  Montréal 
et  au  collège  de  Chambly,  et  retourna  à  Saint-Hya- 
cinthe, où  il  enseigna  les  mathématiques. 

"  Mais  sa  vocation  religieuse  l'appelait  ailleurs  ; 
il  fallait  un  autre  champ,  des  horizons  plus  vastes  à 
son  zèle  apostolique.  La  Providence  avait  mis  dans 
son  âme  le  sentiment  des  grands  sacrifices,  la  soif  du 
salut  des  âmes.  C'est  sous  l'empire  de  cette  vocation 
irrésistible  qu'il  entra  au  noviciat  des  RR.  PP.  Oblats 
à  Longueuil.  C'est  là  que  la  Providence  l'attendait 
pour  lui  faire  connaître  sa  vocation. 

"  C'était  en  1845.  Le  Saint-Siège  venait  de  dé- 
tacher du  diocèse  de  Québec  le  territoire  de  la  baie 
d'Hudson  et  du  Nord-Ouest,  et  de  l'ériger  en  vicariat 
apostolique.  Ce  vicariat,  devenu  depuis  le  diocèse  de 
Saiut-Boniface,  fut  confié  au  zèle  apostolique  de  Mgr 
Provencher,  l' un  des  plus  illustres  et  des  plus  dévoués 
missionnaires  de  la  Rivière-Rouge. 

"  Ce  saint  évêque  voulant  assurer  à  son  vicariat 
les  services  d'un  ordre  religieux,  avait  jeté  les  yeux  sur 
les  RR.  PP.  Oblats,  établis  au  Canada  depuis  trois 
ans.  Ceux-ci,  ayant  accepté  l'offre  libérale  qu'on 
leur  faisait  d'aller  pour  convertir  les  sauvages,  se  con- 
sacrer à  une  vie  de  peines,  de  souffrances  et  de  priva- 


96 


tions  de  toutes  sortes,  le  frère  Taché  eut  la  pensée 
d'offrir  ses  services  à  Mgr  Provencher. 

''Cette  pensée  l'effraya  d'abord,  et  il  y  avait  de 
quoi.  Il  avait  21  ans.  Il  était  à  cet  âge  où  les  fibres 
qui  attachent  l'homme  au  sol  natal,  aux  amis  de  son 
enfance,  aux  personnes  qui  l'ont  aimé,  sont  si  diffici- 
les à  briser.  L,'  arbre  dont  le  temps  a  desséché  les  ra- 
cines, que  la  tempête  a  courbé  vers  la  terre,  est  plus 
facile  à  déraciner  que  la  jeune  plante  pleine  de  sève  et 
de  vigueur.  Mgr  Taché  n'avait  pas  éprouvé  encore 
ces  désenchantements  et  ces  misères  de  la  vie  qui  ai- 
dent le  sacrifice.  Il  n'avait  connu  que  les  joies  naïves 
de  la  famille,  les  soins  et  les  sollicitudes  d'une  mère 
adorée  ;  il  avait  grandi  au  milieu  des  affections  les 
plus  douces  et  les  plus  délicates. 

"Mais  l'amour  qu'il  portait  à  sa  mère  fut  le  mo- 
yen dont  la  Providence  se  servit  pour  le  décider  à  ac- 
complir le  grand  projet  qui  fermentait  dans  son  âme. 
Madame  Taché  était  bien  malade,  il  demanda  à  Dieu 
la  guérison  de  sa  mère  en  retour  du  sacrifice  que  le 
ciel  exigeait  de  lui.  Ce  dévouement  fut  agréable  à 
Dieu,  car  madame  Taché  recouvra  la  santé  et  vécut 
encore  vingt  ans. 

"Le  24  juin  1845,  tout  était  consommé  :  le  frère 
Taché  partait  de  Montréal  avec  le  R  P.  Aubert,  pour 
sa  pénible  mais  glorieuse  mission.  C'était  le  jour  de  la 
Saint- Jean-Baptiste,  un  mauvais  jour  pour  se  séparer 
de  la  patrie.  Partout  sur  son  passage,  il  vit  des  si- 
gnes de  joie,  des  drapeaux,  des  arcs  de  verdure,  il  en- 
tendit les  chants  joyeux  de  la  patrie,  ces  airs  natio- 
naux que  l'exilé  canadien  ne  peut  entendre  sans  pleu- 
rer.    Qu'il  dut  souffrir  ! 

"Il  a  écrit  lui-même,  dans  une  page  sublime,  les 
sentiments  qu'il  éprouva  lorsqu'il  quitta  le  sol  cana- 
dien.    Laissons-le  parler  : 


Mgr  Alexandre- Anton  in  Taché 


97 


"Nous  arrivions  à  l'une  des  sources  du  Saint- 
Laurent  ;  nous  allions  laisser  le  grand  fleuve  sur  les 
bords  duquel  la  Providence  a  placé  mon  berceau,  sur 
les  eaux  duquel  j'eus  la  première  pensée  de  me  faire 
missionnaire  de  la  Rivière-Rouge.  Je  bus  de  cette 
eau  pour  la  dernière  fois  ;  j'y  mêlai  quelques  lar- 
mes et  lui  confiai  quelques-unes  de  mes  pensées  les  plus 
intimes,  de  mes  sentiments  les  plus  affectueux. 

"Il  me  semblait  que  quelques  gouttes  de  cette 
onde  limpide,  après  avoir  traversé  la  chaîne  de  nos 
grands  lacs,  iraient  battre  la  plage  près  de  laquelle 
une  mère  bien-aimée  priait  pour  son  fils,  pour  qu'il 
fût  un  bon  Oblat,  un  saint  missionnaire. 

' 'Je  savais  que,  toute  préoccupée  du  bonheur  de 
ce  fils,  elle  écoutait  le  moindre  murmure  du  nord- 
ouest,  jusqu'au  moindre  murmure  de  la  vague,  com- 
me pour  y  découvrir  l'écho'de  sa  voix  demandant  une 
prière,  promettant  un  souvenir.  J'exprime  ce  senti- 
ment parce  que,  depuis  vingt  ans,  le  souvenir  de  l'é- 
motion qu'il  m'a  causée  me  permet  de  mieux  appré- 
cier le  généreux  dévouement  de  ceux  qui  consacrent 
ici  leur  vie  au  salut  de  leurs  semblables. 

1  '  La  hauteur  des  terres  était  comme  le  seuil  de 
la  porte  qui  nous  laissait  pénétrer  dans  notre  nouveau 
séjour  ;  c'était  comme  la  barrière  qui  allait  se  fermer 
derrière  nous.  Quand  le  coeur  est  en  proie  à  une  vive 
émotion,  il  a  besoin  d'un  aliment  plus  fort. 

"Pour  calmer  le  mien,  je  lui  dis  de  considérer 
tout  ce  qu'il  y  a  d'inculte  et  de  sauvage  dans  la  na- 
ture du  sol  qu'il  foulait  aux  pieds.  Je  lui  dis  surtout 
de  se  rappeler  tout  ce  qu'il  y  a  de  misères  à  soulager 
dans  un  grand  nombre  des  habitants  de  ce  sol.  Je 
compris  alors  toute  la  grandeur  du  sacrifice  imposé  au 
missionnaire  ;  j'en  calculai  ou  du  moins  j'en   acceptai 

*3 


98 


toutes  les  conséquences.  Je  fis  à  ma  patrie  un  adieu 
que  je  croyais  éternel,  et  je  vouai  à  mon  pays  adoptif 
un  amour  et  un  attachement  auxquels  je  ne  voulais  et 
ne  veux  donner  d'autre  terme  que  celui  de  ma  vie. 
Dieu  accepta,  j'espère,  le  sacrifice  qu'il  m'inspira,  la 
prière  que  je  lui  adressai." 

"Mgr  Taché  arriva  à  Saint-Boniface,  le  25  août, 
après  soizante et  deux  jours  d'un  voyage  pénible.  Dans 
ce  temps-là,  le  canot  d'écorce  était  le  seul  moyen  de 
transport  de  Montréal  à  la  Rivière-Rouge  ;  les  porta- 
ges étaient  longs  ;  il  fallait  faire  souvent  plusieurs 
milles  à  pied,  à  travers  des  bois,  des  marais  et  des  ro- 
chers. Le  voyage  fut  rude  pour  le  jeune  missionnaire 
si  peu  habitué  à  de  pareilles  fatigues. 

"L,e  premier  dimanche  après  son  arrivée  à  Saint- 
Boniface,  le  frère  Taché  fut  ordonné  diacre,  et,  le  12 
octobre  de  la  même  année,  il  était  fait  prêtre  par  Mgr 
Provencher,  et  Oblat  par  le  R.  P.   Aubert.  , 

"  C'était  la  première  fois  que  des  voeux  étaient 
prononcés  sur  les  bords  de  la  Rivière-Rouge,  et, 
chose  digne  de  remarque,  le  jeune  Oblat  qui  les  faisait 
était  le  descendant  de  celui  qui  le  premier  arbora  le 
drapeau  de  la  France  dans  ces  régions  lointaines,  sa- 
voir :  l'illustre  Varennes  de  la  Vérandrye,  parent  par 
sa  mère  des  de  la  Broquerie. 

"  Au  mois  de  juillet  de  l'année  suivante,  le  P. 
Taché  commença  sérieusement  cette  vie  de  voyages 
fatigants,  d'aventures  émouvantes  et  de  dévouements 
sublimes  que  les  Annales  de  la  propagation  de  la  foi  of- 
frent à  notre  admiration.  Il  partait  pour  l'Ile-à-la 
Crosse,  où  le  P.  Thibault  avait  fondé  une  mission 
l'année  précédente.  Il  avait  pour  compagnon  cet  il- 
lustre apôtre  de  la  Rivière-Rouge  qui  porta  plus  tard 
le  nom  de  Mgr  L,afièche.     Nos   deux   héroïques   mis- 


99 


sionnaires  prirent  deux  mois  pour  faire  les  trois  cents 
lieues  qui  séparaient  l' Ile-à-la-Crosse  de  Saint- 
Boniface. 

"  Le  P.  Taché  n'avait  encore  voyagé  qu'en  été, 
il  avait  beaucoup  marché,  sillonné  bien  des  lacs  et  des 
rivières  en  canot  d'écorce,  mais  il  n'avait  pas  encore 
éprouvé  les  douceurs  d'un  voyage  en  hiver  à  travers 
ces  régions  glaciales  où  le  froid  descend  si  facilement 
à  25  ou  30  degrés  au-dessous  de  zéro.  Il  connut  ces 
douceurs,  car  de  l'Ile-à-la-Crosse  il  reçut  ordre  de  se 
rendre  au  lac  Vert  pour  baptiser  un  vieux  chef  sau- 
vage qui  avait  toujours  refusé  de  se  faire  chrétien, 
mais  que  la  grâce  avait  touché  à  la  fin,  et  de  là  il  par- 
tit pour  le  lac  Caribou,  à  une  centaine  de  lieues  au 
nord-est  de  l'Ile-à-la-Crosse. 

"  Il  faudrait  un  volume  pour  dire  tout  ce  que 
Mgr  Taché  a  fait  dans  le  Nord-Ouest,  pour  célébrer 
ses  actes  de  vertu  et  de  dévouement.  Il  n'y  a  pas  un 
arbre,  en  quelque  sorte,  pas  une  rivière  qui  ne  chante 
les  grandes  actions  de  l'apôtre  de  la  Rivière-Rouge. 
Comment  rendre  justice  à  une  vie  dont  chaque  instant 
a  été  marqué  par  un  sacrifice  ?  On  transmet  à  la  pos- 
térité le  nom  du  soldat  qui,  dans  l'enivrement  de  la 
bataille,  s'est  exposé  à  la  mort  pour  sauver  son  géné- 
ral, que  dire  alors  de  celui  qui,  pour  sauver  des  âmes, 
s'expose  tous  les  jours  pendant  vingt  ans  au  même 
danger,  sans  aucun  espoir  de  récompense  humaine  ? 
D'ailleurs,  il  est  quelque  chose  qui  l'emporte,  à  notre 
point  de  vue,  sur  ces  actions  brillantes  accomplies 
dans  un  moment  d'enthousiasme,  sous  l'empire  d'une 
grande  surexcitation  ;  c'est  une  vie  entière  consacrée 
à  s'humilier,  à  endurer  toute  espèce  de  souffrances 
physiques  et  morales,  c'est  le  sacrifice  obscur  et  conti- 
nuel, sans  trêve  ni  repos,  l'immolation  de  soi-même 
passée  à  l'état  d'habitude. 


IOO 


'  'Les  vertus  et  les  bonnes  oeuvres  de  Mgr  Taché 
l'avaient  rendu  aussi  populaire  sur  les  bords  de  la  Ri- 
vière-Rouge que  sur  les  rives  du  Saint-Laurent,  et  ses 
supérieurs  n'avaient  pas  tardé  à  admirer  son  zèle  et 
ses  talents.  Aussi,  lorsque  Mgr  Laneche  refusa,  en 
1850,  à  cause  de  ses  infirmités,  la  place  de  coadjuteur 
auprès  de  Mgr  Provencher,  le  vénérable  évêque  de 
Saint  -  Boniface  s'adressa  au  P.  Taché.  Celui-ci 
n'avait  que  vingt-six  ans,  il  ne  put  croire  d'abord  qu'- 
on l'appelait  sérieusement  à  l'épiscopat,  mais  il  com- 
prit, en  arrivant  à  la  Rivière-Rouge,  que  la  chose  était 
sérieuse.  Une  lettre  du  fondateur  de  l'ordre  des  Oblats, 
Mgr  de  Mazenod,  lui  commandait  de  se  rendre  à  Mar- 
seille. 

"Il  s'y  rendit  aussitôt,  se  jeta  aux  genoux  de  son 
supérieur  et  le  supplia  de  le  soustraire  au  fardeau  qui 
le  menaçait. 

"Laissons  Mgr  Taché  raconter  l'entretien  intéres- 
sant qu'il  eut  à  ce  sujet  avec  Mgr  de  Mazenod  : 

" — Tu  seras  évêque,  lui  dit  Mgr  de  Mazenod. 

M — Mais,  monseigneur,  mon  âge,  mes  défauts, 
telle  et  telle  raison 

" — Le  Souverain  Pontife  t'a  nommé,  et  quand  le 
Pape  parle,  c'est  Dieu  qui  parle. 

" — Monseigneur,  je  veux  rester  Oblat. 

" — Certes,  c'est  bien  ainsi  que  je  l'entends. 

" — Mais  la  dignité  épiscopale  semble  incompati- 
ble avec  la  vie  religieuse  ! 

'' — Comment!  la  plénitude  du  sacerdoce  exclu- 
rait la  perfection  à  laquelle  doit  tendre  un  religieux  ! 

"Puis,  se  dressant  avec  la  noble  fierté  et  la  reli- 
gieuse grandeur  qui  le  caractérisaient,  il  ajouta: 

" — Personne  n'est  plus  évêque  que  moi  et  per- 
sonne   n'est    plus    Oblat  non   plus.     Est-ce   que    je 


TOI 


ne  connais  pas  l'esprit  que  j'ai  voulu  inspirer  à 
ma  congrégation  ?  Tu  seras  évêque,  je  le  veux  ;  ne 
m'oblige  pas  d'en  écrire  au  Pape,  et  tu  n'en  seras  que 
plus  Oblatpour  tout  cela,  puisque,  dès  aujourd'hui,  je 
te  nomme  supérieur  régulier  de  tous  ceux  des  nôtres 
qui  sont  dans  les  missions  de  la  Rivière-Rouge." 

"L,e  P.  Taché  eut  beau  plaider,  il  lui  fallut  obéir. 
Le  23  novembre  1851,  il  recevait,  dans  la  cathédrale 
de  Viviers,  la  consécration  épiscopale,  des  mains  de 
Mgr  de  Mazenod. 

"Après  son  sacre,  Mgr  Taché  alla  à  Rome,  où  il 
trouva,  auprès  du  Souverain  Pontife  et  sur  les  tom- 
beaux des  martyrs,  la  force  dont  il  avait  besoin  pour 
accomplir  ses  glorieuses  mais  pénibles  destinées.  Il 
partit  de  Rome,  dans  le  mois  de  février,  pour  le  siège 
lointain  de  son  épiscopat,  et  s'arrêta  quelque  temps  au 
Canada,  où  les  plus  vives  sympathies  lui  furent  prodi- 
guées. On  ne  pouvait  se  lasser  de  voir  et  d'entendre 
le  jeune  et  populaire  évêque  de  la  Rivière- Rouge  ;  on 
le  contemplait  avec  un  sentiment  d'admiration  et  d'or- 
gueil national  ;  ou  aurait  voulu  le  garder  parmi  nous, 
et  il  lui  fallut  faire  un  effort  encore  pour  s'arracher 
aux  affections  les  plus  sincères,  aux  séductions  les 
plus  puissantes. 

"Il  partit  au  mois  de  mai,  passa  quelques  jours  à 
Saint-Boniface,  auprès  de  Mgr  Provencher,  et  arriva  à 
l'Ile-à-la-Crosse,  le  siège  de  sa  mission,  le  10  septem- 
bre. La  joie  fut  grande  parmi  les  sauvages,  lorsqu'ils 
virent  revenir  évêque  leur  bien-aimé  P.  Taché.  Mgr 
Taché  se  remit  à  l'oeuvre  en  arrivant  et  s'occupa  im- 
médiatement d'agrandir  le  royaume  de  Jésus-Christ 
en  jetant  partout  les  fondements  de  nouvelles  missions. 
Son  élévation  à  la  dignité  épiscopale  loin  d'adoucir 
son  sort  ne  fit  qu'augmenter  son  zèle  et  redoubler  ses 


IOZ 


fatigues.  Il  se  multiplia  pour  être  partout  à  la  fois,, 
pour  porter  aux  extrémités  du  Nord-Ouest  le  flam- 
beau de  la  foi. 

"A  son  appel,  d'héroïques  missionnaires  et  de- 
saintes  religieuses  sont  allés  partager  ses  travaux  et 
l'aider  à  accomplir  sa  glorieuse  mission.  On  a  vu, 
sous  le  souffle  de  son  dévouement,  surgir  des  écoles, 
des  collèges  et  des  couvents,  dans  ces  forêts  séculaires 
livrées  jusqu'alors  à  la  barbarie,  et  presque  partout,  à 
l'heure  qu'il  est,  le  clocher  d'une  chapelle  catholique 
fait  voir  que  le  nom  de  Dieu  est  honoré  dans  ces  loin- 
taines régions. 

"Citons  quelques-unes  de  ses  principales  fonda- 
tions :  l'orphelinat  et  l'hôpital  de  Saint-Boniface,  les 
couvents  de  Saint-Norbert,  de  Saint- Vital,  l'Académie 
Sainte- Marie  et  l'Institut  des  Frères,  à  Winnipeg,  les 
couvents  de  Saint-Albert,  de  l'Ile-à-la-Crosse  et  du  lac 
LaBiche.  L,e  collège  et  le  couvent  ou  pensionnat  de 
Saint-Boniface,  fondés  par  son  illustre  prédécesseur 
Mgr  Provencher,  ont  toujours  été  l'objet  de  sa  protec- 
tion et  de  sa  sollicitude.  Il  a  tout  fait  pour  assurer 
l'avenir  de  ces  deux  institutions  et  les  mettre  en  état 
d'accomplir  leur  bienfaisante  mission.  Il  a  compris 
que  dans  un  pays  si  jeune,  ce  qu'il  fallait  aux  enfants 
d'une  population  de  défricheurs,  c'était  une  instruc- 
tion pratique.  On  ne  peut  trop  louer  les  efforts  qu'il 
a  faits  pour  donner  à  l'enseignement  cette  direction 
salutaire.  Sacrifier  l'agréable  à  l'utile,  l'idéal  au  réel: 
tel  a  été  son  principe, sa  devise. 

"L'oeuvre  de  Mgr  Taché,  à  la  Rivière-Rouge, 
n'est  pas  seulement  religieuse,  elle  est  de  plus  éminem- 
ment nationale.  Fidèle  aux  traditions  de  ses  ancê- 
tres, il  a  toujours  mené  de  front  le  triomphe  de  l'Evan- 
gile et  la  gloire  de   sa   patrie.     Créer   dans  le   Nord- 


io3 


Ouest  un  peuple  français  et  catholique,  faire  de  ce  peu- 
ple l'avant-garde  de  la  nationalité  canadienne-françai- 
se dans  l'Amérique  du  Nord,  était  le  but  de  ses  nobles 
efforts,  l'objet  de  ses  pensées. 

"Il  s'est  attaché  au  sort  de  ce  pauvre  petit  peuple 
de  la  Rivière-Rouge,  il  s'est  appliqué  à  élever  son  in- 
telligence, à  ennoblir  ses  sentiments  par  le  culte  de  la 
religion  et  de  la  patrie. 

'  '  On  peut  se  faire  une  idée  des  angoisses  qui  sai- 
sirent Mgr  Taché,  lorsqu'il  vit  l'orage  à  la  veille  de 
fondre  sur  la  colonie  du  Manitoba  et  de  détruire,  peut- 
être,  le  fruit  de  vingt  années  de  travaux  et  de  sacrifi- 
ces. Il  voulut  conjurer  cet  orage  et  vint  au  Canada 
pour  exposer  aux  autorités  les  griefs  des  Métis,  et  en- 
gager notre  gouvernement  à  ne  pas  les  exaspérer  en 
changeant,  sans  les  consulter,  leur  état  politique. 
Malheureusement  on  sut  fort  peu  apprécier  les  motifs 
patriotiques  qui  l'avaient  amené  au  milieu  de  nous, 
on  ne  tint  pas  compte  de  ses  sages  conseils . 

"  Mgr  Taché,  se  voyant  repoussé,  partit,  l'esprit 
inquiet,  pour  le  Concile  œcuménique  qui  était  à  la 
veille  de  s'ouvrir  à  Rome,  et  l'honorable  M.  McDou- 
gall  se  mit  en  route  pour  la  Rivière  -Rouge. 

"  On  sait  ce  qui  ai  riva.  Les  Métis  indignés  ne 
voulurent  passe  laisser  imposer  un  gouvernement  dont 
ils  redoutaient  les  projets,  et  la  crise  qu'avait  prévue 
Mgr  Taché  éclata.  Les  ministres  canadiens  compri- 
rent, mais  trop  tard,  qu'il  aurait  été  plus  sage  d'écou- 
ter les  conseils  de  Mgr  Taché.  Effrayés  de  l'attitude 
énergique  des  Métis,  ils  s'adressèrent  à  Sa  Grandeur 
et  lui  demandèrent  de  venir  à  leur  secours. 

"  Mgr  Taché,  oubliant  les  justes  susceptibilités 
qu'il  aurait  pu  faire  valoir,  quitta  le  concile  et  se  ren- 
dit à  la  Rivière-Rouge.     Les  Métis,  toujours  dociles  à 


ïo4 


la  voix  de  leur  évêque  bien-aimé,  se  soumirent  â  tou- 
tes les  idées  de  conciliation  qu'il  leur  suggéra.  Mgr 
Taché  joua  un  rôle  important  dans  les  négociations 
qui  eurent  lieu  entre  les  Métis  et  le  gouvernement  ca- 
nadien. Ses  conseils  contribuèrent  puissamment  à 
inspirer  aux  habitants  ds  la  Rivière-Rouge  une  con- 
fiance entière  dans  les  promesses  d'amnistie  qui  leur 
furent  faites  par  les  ministres  canadiens. 

'  '  Inutile  de  dire  combien  Mgr  Taché  a  été  sensi- 
ble à  la  violation  des  promesses  dont  il  s'était  jusqu'à  un 
certain  point  porté  garant,  combien  il  a  ressenti  dou- 
loureusement les  justes  mécontentements  des  habitants 
de  la  Rivière-Rouge.  Mgr  Taché  s'est  trouvé  dans  une 
des  situations  les  plus  difficiles  qu'on  puisse  imaginer. 
Obligé  de  concilier  ses  sympathies  pour  une  popula- 
tion dont  il  était  le  protecteur  avec  les  exigences  poli- 
tiques et  ses  devoirs  envers  le  gouvernement,  il  n'a  pu 
satisfaire  tout  le  monde.  Mais  s'il  a  péché,  c'est  pour 
avoir  montré  trop  de  modération  et  de  confiance  dans 
un  temps  où  les  droits  et  les  intérêts  des  Métis  auraient 
exigé  plus  de  défiance.  I,e  désir  d'éviter  des  troubles 
qui  menaçaient  d'éclater  à  tous  moments  eut  naturel- 
lement un  grand  effet  sur  sa  conduite.  Sans  ses  con- 
seils les  Métis  n'auraient  pas  probablement  déposé  les 
armes  avant  d'être  amnistiés."  (i). 

En  1872,  le  Saint-Siège,  se  rendant  aux  voeux  du 
quatrième  concile  provincial  de  Québec,  avait  érigé  le 
diocèse  de  Saint-Boniface  en  province  ecclésiastique, 
et  Mgr  Taché  en  avait  été  préconisé  archevêque.  Le 
pallium  lui  fut  remis  le  22  septembre  de  la  même  an- 
née. 

(1  )     L.-O.  David,  Monseigneur  Alexandre^Antonin  Taché, 
archevêque  de  Saint-Boniface,  pp.  7  et  seq. 


io5 

Mgr  Taché  décéda  à  Saint-Boniface  le  22  juin 
1894. 

Le  Maniioba  du  28  juin  1894  nous  donne  de  pré- 
cieux renseignements  sur  les  derniers  moments  de  Mgr 
Taché  : 

"La  semaine  du  10  juin  au  17  fut  une  semaine  de 
souffrances  très  intenses  pour  notre  bien-aimé  arche- 
vêque et  père.  Il  avoua  qu'il  avait  passé  trois  nuits 
la  tête  appuyée  sur  une  table  sans  pouvoir  dormir  un 
seul  instant.  Depuis  longtemps  les  médecins  et  les 
prêtres  de  son  entourage  le  suppliaient  de  consentir  à 
subir  l'opération  de  l'extraction  de  la  pierre.  Une  pa- 
role de  son  savant  frère,  le  docteur  Joseph- Charles 
Taché,  lui  avait  toujours  fait  redouter  cette  opération. 
Enfin,  vaincu  par  la  douleur,  et  prévoyant  qu'il  ne 
s'agissait  guère  que  de  quelques  semaines  ou  de  tout 
au  plus  quelques  mois  de  vie  à  prolonger,  il  consentit 
à  subir  l'opération  de  la  lithotritie.  Avant  de  se 
mettre  à  la  disposition  de  l'éminent  chirurgien  le  doc- 
teur Ferguson  aidé  du  docteur  Lambert,  son  médecin 
ordinaire,  et  du  docteur  Dame,  qu'il  avait  demandé  ex- 
pressément, il  s'agenouilla  et  récita  le  Veni  Sancte  et 
Y  Ave  Maria  avec  ses  prêtres,  lesRR.  PP.  Langevin  et 
Poitras,  et  M.  Messier,  curé  de  la  cathédrale.  Il  se  cou- 
cha bravement  sur  la  table  d'opération,  et  les  méde- 
cins remarquèrent  que  le  coeur  battait  fort  régulière- 
ment, tant  était  grande  la  puissance  de  la  volonté  sur 
l'organisme  du  vénérable  patient.  La  chloroformisa- 
tion  fut  facile,  le  malade  s'endormit  bientôt  d'un  som- 
meil fort  paisible.  L'opération  dura  trois  heures,  On 
retira  près  de  deux  onces  de  pierre  broyée. 

"Quand  il  se  réveilla,  il  dit  qu'il  souffrait  moins 
qu'auparavant.     L'espoir  était  au  coeur  de  tous.     Il 


io6 


reprit  même  sa  jovialité  ordinaire.  Entendant  tom- 
ber un  objet  sur  la  plancher  :  "  Sont-ce  mes  pierres 
qui  tombent?  "demanda-t-il.  Depuis  ce  moment  jus- 
qu'à sa  mort,  ce  furent  des  prêtres  oblats  et  séculiers 
qui  se  constituèrent  ses  garde-malades. 

"L,a  nuit  qui  suivit  l'opération  fut  bonne;  mais 
le  lendemain,  mardi,  19,  il  y  eut  fièvre  et  le  cher  ma- 
lade se  sentit  plus  faible.  L,e  docteur  Ferguson  était 
inquiet.  Vers  5^2  heures,  il  dit  à  M.  Messier,  curé 
de  la  cathédrale  :  "Donnez -lui  tout  ce  que  vous  avez 
à  lui  donner." 

"Il  voulait  parler  des  sacrements.  Nous  ne  pou- 
vons nous  empêcher  d'admirer  cette  conduite  si  cons- 
ciencieuse chez  un  médecin  protestant.  Il  est  juste 
d'ajouter  à  sa  louange  qu'il  eut  pour  notre  vénérable 
seigneur  et  père  les  attentions  délicates  et  affectueuses 
d'un  fils. 

"Il  appartenait  à  Mgr  Grandin,  son  collègue  dans 
l'épiscopat,  son  frère  d'armes  et  son  frère  en  religion, 
de  prévenir  le  bien-aimé  malade  de  sa  fin  prochaine. 
L,a  nouvelle  fut  reçue  avec  calme.  Mgr  Taché  reçut 
l' Extrême-Onction  en  pleine  connaissance,  ce  n'est 
que  vers  la  fin  qu'il  parut  s'assoupir.  On  lui  présen- 
ta tout  d'abord  sa  croix  d'Oblat  qu'il  baisa  avec  amour, 
puis  sa  croix  épiscopale  en  lui  disant  :  "Monseigneur, 
il  faut  mourir  en  évêque."  Il  la  porta  à  ses  lèvres 
avec  empressement. 

".La  nuit  du  19  au  20  fut  meilleure.  "Vous  avez 
de  grandes  espérances  ?'  '  demanda-t-on  au  médecin. 
"Non,  dit-il,  pas  de  grandes,  mais  de  meilleures  espé- 
rances. '  ' 

"Le  mercredi,  20,  à  7  heures  du  soir,  Mgr  Gran- 
din, accompagné  d'un  grand  nombre  de  prêtres  et  de 
religieuses  accourus  pour  célébrer  l'anniversaire  semi- 


io7 


séculaire  de  l'arrivée  des  RR.  SS.  Grises  de  Montréal 
àSaint-Boniface,  administra  le  Saint- Viatique  au  vieil 
archevêque  revêtu  de  l'étole.  Il  reçut  d'abord  l'ab- 
solution et  fit  un  grand  signe  de  croix  ;  puis,  prome- 
nant un  regard  calme  et  inquisiteur  autour  de  lui,  com- 
me pour  reconnaître  chacun  des  prêtres,  chacune  des 
religieuses  présentes,  il  dit  à  haute  voix  :  '  'Je  deman- 
de pardon  à  tous  ceux  qui  sont  ici  présents,  et  en  leur 
personne,  au  clergé  et  aux  fidèles  de  mon  diocèse  des 
scandales  que  j'ai  pu  leur  donner  et  de  la  peine  que  je 
leur  aurais  causée,  et  je  me  recommande  aux  prières 
de  tous."  Il  y  eut  alors  bien  des  larmes  versées,  lui 
seul  était  calme  et  ne  pleurait  pas.  Après  lui  avoir 
donné  la  sainte  communion  pour  la  dernière  fois,  Mgr 
Grandin  lui  adressa  quelques  paroles  d'encourage- 
ment et  d'espoir,  tout  en  l'engageant  à  faire  son  sacri- 
fice. I,a  nuit  fut  assez  bonne.  Mgr  Taché  se  sentait 
mieux  :  '  'Vous  me  voyez  dans  une  singulière  posi- 
tion, dit-il,  mais  dans  huit  jours,  je  serai  beaucoup 
mieux."  Hélas!  un  jour  et  demi  plus  tard,  il  n'é- 
tait plus. 

"  Il  était  grandement  préoccupé  des  préparatifs 
de  la  fête  des  bonnes  Sœurs  Grises.  Quelques  jours 
auparavant,  les  Sœurs  lui  ayant  dit  que  le  fait  de  le 
voir  si  souffrant  leur  ôtait  tout  courage  et  tout  enthou- 
siasme. 

"  Je  vous  commande,  dit-il,  d'avoir  de  l'enthou- 
siasme. Le  soir  du  jour  où  il  reçut  le  Saint  Viatique, 
il  demanda  à  deux  de  ses  prêtres  s'ils  allaient  assister 
à  la  séance  préliminaire.  "Vous  ne  manquerez  pas, 
dit-il,  de  me  dire  si  tout  s'est  bien  passé."  Lorsqu'on 
lui  annonça  que  le  sermon  était  supprimé  et  que  les 
fêtes  étaient  remises  à  plus  tard,  il  parut  très  affligé . 
Cependant  il  se  consola  par  l'espoir  de  leur  donner  en- 
suite plus  d'éclat. 


io8 


"  La  journée.du  21,  jeudi,  fut  tellement  bonne 
que  chacun  se  flattait  de  l'espoir  de  voir  bientôt  le 
saint  évêque  reparaître  au  milieu  d'eux  plein  de  vie. 
Le  docteur  Ferguson  annonça  même  son  dessein  de 
qnitter  la  ville  pour  retourner  à  Chicago.  Il  retardait 
ce  voyage  depuis  6  jours  à  cause  de  Mgr  Taché. 

"  Tout  alla  bien  jusqu'à  minuit.  Il  y  eut  alors 
un  changement  qui  prit  la  tournure  d'une  faiblesse 
inquiétante. 

"  Quelqu'un  téléphona  à  Sainte-Marie  de  Win- 
nipeg  au  "R .  P.  Langevin,  pour  lui  dire  que  Mgr  Taché 
faiblissait. 

"  Il  accourut  en  toute  hâte.  Il  était  alors  4.30 
heures.  On  manda  aussitôt  le  R.  P.  Allard  qui  exhor- 
ta le  cher  malade  à  faire  son  sacrifice.  "Dieu,  dit-il, 
est  le  maître  de  la  vie  et  de  la  mort,  il  faut  nous  sou- 
mettre à  sa  sainte  volonté  s'il  veut  nous  appeler  à  Lui. 
Monseigneur,  renouvelez  vos  sentiments  de  contrition 
pour  toutes  vos  fautes,  je  m'en  vais  vous  donner  la 
sainte  absolution."  Mgr  Taché  fit  alors  le  signe  de 
la  croix  et  parut  absorbé  dans  une  prière  fervente,  il 
baisa  à  plusieurs  reprises  sa  croix  d'oblat  et  il  fit  le 
signe  de  la  croix  avec  de  l'eau  bénite.  C'est  alors 
qu'il  dit  :  "Si  c'est  la  volonté  de  Dieu,  je  veux  bien 
mourir.  Adieu!  Adieu!  Au  revoir,  au  ciel."  Le  R.  P. 
Allard,  vicaire-général,  commença  alors  la  récitation 
des  prières  des  agonisants,  le  bien-aimé  mourant  ré- 
pondait à  chaque  invocation  et  il  se  frappa  la  poitrine 
à  ptopitius  esto  et  à  Agnus  Dei. 

"Lorsqu'il  en  vint  aux  mots  proûciscere  anima 
christiana,  "Partez  âme  chrétienne,"  il  jeta  un  regard 
très  vif  sur  son  vicaire-général,  comme  pour  lui  dire, 
"  je  comprends,  je  suis  prêt." 

"A  5%  heures,  Mgr  Grandin  arrive  et  il   dit   en 


io9 


sanglotant:  "Monseigneur,  recueillez- vous,  je  m'en 
vais  vous  donner  l'absolution."  Le  cher  malade  fit 
un  signe  de  tête  et  un  grand  signe  de  croix.  Puis 
quelqu'un  lui  demanda  de  bénir  le  clergé,  les  fidèles, 
les  Sœurs  Grises,  les  vSœurs  de  Jésus-Marie,  et  sa  fa- 
mille, particulièrement  mademoiselle  Adèle  Taché  ; 
chaque  fois  Mgr  Taché  fit  un  effort  pour  bénir. 

1  '  Sa  respiration  devenait  de  plus  en  plus  pénible. 
Cependant  on  pensa  qu'il  durerait  encore  une  heure 
ou  deux,  et  Mgr  Grandin,  le  R.  P.  Allard  et  M.  Clou- 
tier  allèrent  dire  leur  messe.  "Pourquoi  partez-vous, 
dit-il."  "Nous  allons  dire  la  messe  pour  vous,  Mon- 
seigneur," lui  dirent-ils.  Il  parut  content-  Le  R.  P. 
Langevin,  M.  Messier,  le  plus  dévoué  de  ses  garde- 
malades,  et  le  Frère  Boisramée  demeurèrent  près  de  lui. 
Lorsqu'on  lui  suggéra  les  actes  de  foi,  d'espérance  et 
de  charité,  les  saints  noms  de  Jésus,  Marie,  Joseph,  il 
comprit  parfaitement  et  fit  des  efforts  pour  tout  répé- 
ter. On  entendait  un  faible  son.  Il  baisa  encore  sa 
croix  d'oblat,  puis  il  fit  quelques  efforts  comme  pour 
expectorer,  ses  traits  se  contractèrent  légèrement, 
après  deux  ou  trois  mouvements  suivis  de  quelques 
spasmes  ses  yeux  se  fixèrent  immobiles.  Mgr  Alexan- 
dre-Antonin  Tachée  archevêque  de  Saint-Boniface, 
oblat  de  Marie  Immaculée,  venait  d'expirer.  Il  était 
6  heures  et  10  minutes  du  matin,  vendredi,  22  juin 
1894-" 

Les  funérailles  de  Mgr  Taché  eurent  lieu  le  27 
juin  avec  une  solennité  extraordinaire  et  •  au  milieu 
d'un  immense  concours  de  peuple. 

La  veille  des  obsèques,  à  7  heures  du  soir,  le  corps 
fut  transporté  dans  la  cathédrale  de  Saint-Boniface. 
Le  clergé  récita  les  vêpres,  Mgr  Grandin  chanta  le 
libéra,  puis  Mgr  Duhamel,  archevêque  d'Ottawa,  fit  en 


IIO 


anglais  l' oraison  funèbre  du  défunt.  Il  fit  voir  eu 
Mgr  Taché  un  grand  chrétien,  un  grand  citoyen,  un 
grand  missionnaire  et  un  grand  évêque. 

Iye  lendemain,  à  10  heures,  la  cathédrale  de  Saint- 
Boniface  était  remplie  d'une  foule  émue,  désireuse  de 
rendre  les  derniers  hommages  au  grand  évêque  dispa- 
ru. Mgr  Grandin  chanta  la  messe.  Après  les  cinq 
absoutes  prescrites  par  la  liturgie  pour  un  évêque,  on 
transporta  le  cadavre  devant  le  portique  de  la  cathé- 
drale, et  là,  Mgr  L,aflèche  fit  l'oraison  funèbre  de 
celui  qui  avait  été  son  compagnon  d'armes  dans  les 
rudes  missions  du  Nord-Ouest. 

Après  ce  discours  qui  avait  fortement  émotionné 
l'assistance,  le  cercueil  fut  descendu  dans  la  crypte  de 
la  cathédrale  de  Saint-Bonif  ace,  où  Mgr  Taché  repose 
maintenant  auprès  des  restes  de  Mgr  Provencher,  pre- 
mier évêque  de  Saint-Boniface. 

"Mgr  Taché  était  un  lettré  et  un  savant,"  écri- 
vait en  1894  M.  le  juge  Prendergast.  Ses  Vingt  an- 
nées de  missions,  un  simple  rapport  qu'il  fait  de  ses 
travaux  au  supérieur  de  son  Ordre,  sont  remplies  de 
choses  toujours  élevées  et  tour  à  tour  édifiantes,  spiri- 
tuelles, profondes  et  charmantes.  Son  Esquisse  sur  le 
Nord- Ouest  de  V  Amérique,  publiée  en  1868,  est  une 
mine  incroyable  de  renseignements.  Les  nomenclatu- 
res qu'on  y  trouve  de  la  faune  et  de  la  flore  de  ces  pa- 
rages, frappent  à  elles  seules  le  lecteur  d'étonnement. 
Ce  nomade  a  tout  lu.  Ce  voyageur  a  tout  étudié.  Il 
connait  tous  les  livres  et  toutes  les  découvertes.  Il  se 
sert  de  l'astrolabe,  il  mesure  les  cours  d'eau.  Il  a  été 
professeur  de  mathématiques,  et  a  écrit  entre  deux 
missions  une  étude  sur  les  Méridiennes.  Il  connait  6 
langues  sauvages  dont  deux  offrent  d'incroyables  dif- 
ficultés.    Il  parle  culture  et   construction,    développe 


III 


ses  théories  sur  les  ciments  et  les  bois.  Il  cause  de 
■chimie  et  de  médecine,  d'hypnotisme  et  d'électricité, 
et  c'est  ma  foi  tant  mieux  si  la  science  n'a  pas  tort. 
Tout  ce  qu'il  sait,  il  ne  le  sait  d'ailleurs  pas  à  la  ma- 
nière des  autres.  En  tout,  et  même  dans  le  domaine 
scientifique,  ce  ne  sont  pas  des  aperçus,  de  simples 
connaissances,  des  opinions  qu'il  exprime  :  ce  sont 
des  convictions  inentamables  assises  sur  le  granit  le 
plus  ferme.  Ceux  qui  les  ont  ébranlées  sont  rares, 
comme   son   exceptionnel  mérite."  (i) 

'  '  On  ne  comprendrait  que  très  superficiellement 
le  caractère  de  Mgr  Taché,  dit  M.  L.-A.  Prud'homme, 
si  l'on  s'en  tenait  exclusivement  au  récit  de  ses 
pénibles  voyages  et  des  diverses  œuvres  sorties  de 
ses  mains  bienfaisantes.  Tout  ceci  n'est  pour 
ainsi  dire  que  le  côté  extérieur  de  ce  grand  évêque, 
tel  que  ses  contemporains  ont  pu  le  saisir, 

'  '  Pour  retrouver  et  réunir  dans  un  harmonieux 
ensemble  les  traits  épars  de  sa  physionomie,  il  faut 
chercher  ailleurs  et  pénétrer  jusque  dans  la  partie  la 
plus  intime  de  son  âme,  pour  y  découvrir  tout  ce 
qu'elle  contenait  de  grandeur  et  de  bonté.  Dieu  avait 
déposé  de  riches  trésors  dans  ce  cœur  d'élite,  qui  le 
faisait  gémir  sur  toutes  les  douleurs  et  s'intéresser  à 
toutes  les  infortunes.  Ces  nobles  sentiments  ont  ceci 
de  particulier  qu'au  lieu  de  s'épuiser  par  les  aumônes 
qu'on  en  fait,  ils  s'augmentent  au  contraire  d'autant. 
Aussi,  Mgr  Taché  sut  les  multiplier  en  les  déversant 
avec  surabondance  sur  tous  ceux  qui  lui  étaient  con- 
fiés. Sensible  à  l'excès,  le  moindre  heurt  le  blessait 
douloureusement  et  était  pour  lui  une  cause  de  grande 
souffrance.  Son  âme  se  meurtrissait  à  toutes  les   aspé- 


(i)  Manitoba,  28  juin  1894. 


\11 


rites  de  la  vie,  à  un  tel  point,  qu'on  serait  presque  ten- 
té de  croire  que  son  organisme  si  délicat  se  fût  mieux 
accommodé  aux  calmes  douceurs  d'un  cloître,  qu'aux 
froissements  nombreux  inhérents  à  une  carrière  épis- 
copale. 

'  '  Cette  tendresse  si  touchante  était  relevée  cepen- 
dant par  un  esprit  vigoureux  et  qui  ne  connaissait  pas 
les  lassitudes  de  la  lutte.  Aussi  il  tint  ferme  le  gou- 
vernement de  son  église  pendant  les  tempêtes  qui  l'a- 
gitèrent. Comme  les  Macchabées  des  Israélites,  il  de- 
meura sur  la  brèche,  combattant  pour  les  siens,  ré- 
clamant avec  des  accents  émus  et  une  éloquence  virile, 
les  droits  imprescriptibles  de  la  vérité  et  de  la  justice. 

"A  certains  moments,  quand  des  événements  gra- 
ves se  produisirent,  sa  parole  autorisée  ébranla  tout  le 
pays  et  fut  répercutée  par  toute  la  Confédération. 
Qu'il  faisait  beau  de  le  voir  au  milieu  de  ces  jours 
tourmentés,  calme  et  serein,  conservant  toujours  son 
même  état  d'âme  et  un  merveilleux  tact  des  circons- 
tances. L'adversité  ne  put  rien  contre  sa  douceur, 
tout  comme  la  prospérité  n'avait  pu  altérer  sa  modes- 
tie. 

"A  côté  de  ce  grand  évêque,  homme  de  lutte, 
placé  au  siège  d'une  province  qui  a  connu  bien  des 
orages  auxquels  il  fut  intimement  mêlé,  il  existe  un 
homme  affectueux,  tendre,  timide  parfois,  qui  se  ré- 
pand avec  ses  amis  en  un  flot  de  paroles  caressantes. 
C'était  là  surtout  qu'il  se  révélait  entièrement.  On 
sentait  qu'il  éprouvait  une  excessive  jouissance  dans 
ce  commerce  intime  où  il  semblait  pour  ainsi  dire  vous 
mendier  une  parole  d'affection. 

"Il  a  moins  connu  que  qui  que  ce  soit,  cette  peti- 
te passion  qui  s'appelle  la  vanité. 


H3 


"Il  a  pu  aimer  la  gloire,  je  veux  dire  celle  qui 
consiste  à  faire  triompher  la  vérité  ;  mais  il  a  dédaigné 
le  bruit.  On  ne  saurait  avoir  l'âme  plus  haute  que 
la  sienne.  Les  consolations  banales  et  les  joies  éphé- 
mères n'avaient  aucun  charme  pour  lui.  Il  préférait 
goûter  les  douceurs  du  renoncement  chrétien."  (i) 

IV 

ANNE-CHARLOTTE-HENRIETTE  TACHE 

Née  à  Saint-Patrice  de  la  Rivière-du-Loup  (en 
bas)  le  8  décembre  1824. 

Décédée  au  même  endroit  le  7  janvier  1825,  elle 
fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 


(1)  Revue  canadienne,  tome  XXXVIe,  p.  35.  Dom  Paul 
Benoit,  supérieur  des  chanoines  réguliers  de  l'Immaculée  Con- 
ception, de  Notre-Dame  de  Lourdes,  Manitoba,  est  à  mettre  la 
dernière  main  à  une  Vie  de  Mgr  Taché.  En  attendant  que 
l'ouvrage  du  distingué  chanoine  soit  publié,  on  peut  consulter 
sur  Mgr  Taché,  outre  la  brochure  de  M.  L.-O.  David  que  nous 
venons  de  citer  :  Une  vieille  seigneurie,  Boucherville,  par  le  R. 
P.  Lalande,  pp.  298  et  seq  ;  Nouvelles  Soirées  Canadiennes, 
volume  sixième,  p,  347,  article  de  M.  J.-Hermas  Charland  ; 
Revue  canadienne,  année  1895,  p.  154,  et  année  1899,  p.  31, 
articles  de  M.  L.-A.  Prud'homme  ;  Semaine  Religieuse  de  Mon- 
tréal, 30  juin  1894  et  7  juillet  1894  ;  La  Nouvelle-France,  tome 
deuxième,  p.  113,  article  de  M.  L.-A.  Prud'homme  ;  Vingt- 
cinquième  anniversaire  de  Vépiscopat  de  Sa  Grandeur  monsei- 
gneur Taché,  archevêque  de  Saint-Boniface,  brochure  publiée  à 
Montréal  en  1875  ;  Le  Manitoba,  28  juin  1894,  article  de  M.  J.- 
E.-P.  Prendergast  etc.,  etc.  Dans  les  Cloches  de  Saint-Boniface 
on  trouvera  un  grand  nombre  de  lettres  de  Mgr  Taché  à  sa  mère. 

15 


ii4 

V 

HENRIETTE-GENEVIÈVE-EMILIE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  15  juillet 
1826.  (1). 

Décédée  à  Boucherville  le  13  août  1827,  elle  fut 
inhumée  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 


(1)     Posthume. 


Première    génération  :  Jean-Paschal  Taché 
Deuxième  génération  :  Charles  Taché 
Troisième  génération  :  Charles  Taché 
Quatrième  génération  :  Joseph-Charles  Taché 


JOSEPH-CHARLES  TACHE 


"  Né  à  Saint- Louis  de  Kamouraska  le  24  décem- 
bre 1820. 

"  Il  fit  ses  études  au  séminaire  de  Québec,  pen- 
dant que  ses  frères  Louis  et  Alexandre  étudiaient  au 
collège  de  Saint-Hyacinthe. 

'  '  Son  cours  terminé,  il  étudia  la  médecine  et  fut 
reçu  médecin  le  16  novembre  1844. 

'  '  Après  avoir  été  attaché  pendant  quelque  temps 
à  l'Hôpital  de  la  marine  à  Québec,  il  alla  s'établir  à 
Rimouski  où  il  pratiqua  sa  profession. 

"  Ses  grands  talents  le  firent  bientôt  connaître 
avec  avantage  et,  le  24  janvier  1848,  à  l'âge  de  27  ans, 
il  fut  élu  député  du  comté  de  Rimouski  qu'il  repré- 
senta pendant  dix  ans  en  parlement. 

"  Doué  d'une  mémoire  prodigieuse,  d'un  juge- 
ment sûr  et  d'un  talent  hors  ligne,  il  se  livra  avec 
acharnement  à  l'étude  et  acquit  en  peu  d'années  la  ré- 
putation d'un  érudit. 

"  Il  n'avait  que  35  ans  lorsque  le  gouvernement 
jeta  les  yeux  sur  lui  pour  représenter  le  Canada  à 
l'exposition  universelle  de  Paris  en  1855.  Il  se  distin- 
gua et  réussit  par  ses  écrits  et  son  intelligente  activité 
à  faire  connaître  notre  pays  à  la  France  qui  nous  avait 
pour  ainsi  dire  oubliés.     C'est  alors  qu'il  publia  son 


n6 


Esquisse  sur  le  Canada  considéré  ati  point  de   vue  écono- 
miste, ouvrage  qui  fut  fort  apprécié. 

"M.  Charles  Robin,  dans  son  Histoite  de  F  Expo- 
sition universelle,  lui  rend  le  témoignage  qui  suit: 

"  M.  J.-C.  Taché  a  déployé  dans  l'accomplisse- 
ment de  son  mandat  un  zèle  et  une  activité  vraiment 
méritoires;  on  peut  dire  qu'il  a  popularisé  le  Canada  en 
France,  qu'il  l'a  fait  aimer  en  le  faisant  connaître  par 
les  publications  pleines  d'à  propos  qui  ont  été  répan- 
dues par  ses  soins.  Son  Esquisse  sur  le  Canada  est  une 
de  ces  oeuvres  qui,  dans  un  pays  comme  le  nôtre, 
atteignent  leur  but.  C'est  un  ouvrage  concis,  nourri 
de  faits  substantiels,  un  tableau  animé  de  ces  contrées 
fertiles,  pittoresques,  où  battent  bien  des  cœurs  fran- 
çais. M.  Taché  aime  la  France  comme  ses  compatrio- 
tes ;  cela  se  sent  à  chaque  ligne  de  son  remarquable 
opuscule,  et  c'est  sans  amertume  qu'il  nous  rappelle 
que  800,000  habitants  d'origine  française  se  souvien- 
nent toujours  au  Canada  que  leur  mère  patrie  c'est  la 
France.  Au  point  de  vue  commercial,  il  a  fait  très  ha- 
bilement ressortir  les  avantages  que  les  deux  pays  peu- 
vent retirer  de  transactions  suivies  et  cette  propagande 
portera  des  fruits,  la  beauté  des  produits  du  Canada 
nous  en  est  un  sûr  garant." 

"  En  effet,  cette  propagande  porta  ses  fruits, 
car,  la  même  année,  arriva  dans  le  port  de  Québec  la 
corvette  La  Capricieuse,  commandée  par  M.  de  Belvèze 
qui  était  chargé  d'établir  des  relations  commerciales 
entre  la  France  et  le  Canada. 

"  Cette  corvette  était  le  premier  vaisseau  de 
guerre  français  venu  au  Canada  depuis  1760. 

"  C'est  à  l'occasion  de  l'exposition  de  Paris  que 
M.  J.-C.  Taché  reçut  de  l'empereur  Napoléon  III  la 
croix  de  chevalier  de  la  L,égion  d'Honneur. 


ii7 


*  'Le  représentant  du  Canada  fit  un  rapport  dé- 
taillé et  très  intéressant  de  sa  mission  en  France. 

"  M.  Taché  quitta  Rimouski  en  1857  pour  venir 
résider  à  Québec  et  fonder  le  Courrier  du  Canada. 
Il  en  devint  le  rédacteur  conjointement  avec  sir 
Hector  Langevin.  Pendant  deux  ans  qu'il  resta 
attaché  à  la  rédaction,  il  se  distingua  tout  particuliè- 
rement comme  polémiste,  et  les  hommes  de  cette  épo- 
que se  rappellent  les  luttes  ardentes  qu'il  soutint  dans 
son  journal  contre  l'honorable  M.  Cauchon,  alors  ré- 
dacteur du  Journal  de  Québec,  et  contre  MM.  Fournier 
et  Marc-Aurèle  Plamondon,  rédacteur  du  National. 

"  Le  2  décembre  1859,  sir  Georges- Etienne  Car- 
tier nomma  M.  Taché  membre  du  bureau  des  Inspec- 
teurs des  Asiles  et  Prisons. 

"  Le  13  août  1864,  il  fut  appelé  au  ministère  de 
l'agiiculture  et  des  statistiques  en  qualité  de  sous-mi- 
nistre. 

'  '  Durant  sa  carrière  dans  le  service  civil  il  rendit 
au  pays  les  services  les  plus  précieux.  Il  ne  se  con- 
tentait pas  de  travailler  le  jour  ;  il  consacrait  à  l'exé- 
cution de  ses  devoirs  et  à  l'étude  des  questions  les  plus 
ardues  une  grande  partie  de  ses  nuits. 

"  Lorsque  le  gouvernement  avait  un  travail  im- 
portant et  difficile  à  faire,  c'est  à  M.  Taché  que  reve- 
nait la  tâche  de  le  rédiger.  Que  de  fois  sir  John- A. 
Macdonald  (1)  lui  confia  la  préparation  de  mémoires 
d'état  que  d'autres  n'auraient  pu  préparer  aussi  promp- 
tement  et  avec  autant  de  savoir.  M.  Taché  acceptait 
ces  nouveaux  devoirs  pour  rendre  service  non  seule- 
ment à  ses  chefs,  mais  surtout  à  son  pays  qu'il  aimait 
d'un  amour  profond  et  sincère. 


(1)     Aussi  bien  que  M.  McKenzie. 


n8 


"Dans  l'exécution  de  la  tâche  que  sa  position  lui 
imposait,  on  ne  le  trouva  jamais  au  dépourvu.  Il  con- 
naissait le  chemin  de  la  bibliothèque  du  Parlement  et 
plus  que  tout  autre  il  savait  où  trouver  l'auteur  dont 
il  avait  besoin. 

"I,e  recensement  de  187 1  auquel  il  consacra  tant 
de  veillées  et  d'études,  restera  comme  une  oeuvre  di- 
gne de  son  talent  et  de  ses  connaissances  en  statisti- 
ques. Cet  ouvrage  fit  l'admiration  des  gouvernements 
étrangers.  C'est  M.  Taché  aussi  qui  prépara  celui  de 
1881. 

"L,e  30  juin  1888,  il  prenait  sa  retraite. 

"M.  Taché  mourut  le  16  avril  1894,  à  l'Hôpital 
des  Soeurs  Grises  d'Ottawa  où  il  résidait  depuis  plu- 
sieurs années.  Il  fut  inhumé  dans-  le  cimetière  Notre- 
Dame. 

"M.  Taché  fut  un  de  nos  écrivains  les  plus  ins- 
truits et  les  quelques  ouvrages  qu'il  a  publiés  à  tra- 
vers ses  nombreuses  occupations  attestent  un  talent 
très  relevé.     Citons  les  principaux  : 

'  'De  la  tenure  seigneuriale  en  Canada  et  projet  de 
commutation  —  1854. 

"La  Pléiade  Rouge  —  1855. 

'  'Esquisse  sur  le  Canada  —  1855. 

"Le  Canada  et  T  Exposition  Uîiiverselle —  1856. 

" Des  Provinces  de  V Amérique  du  Nord  et  d'une 
union  fédérale  — *  1858. 

"  Notice  historiographique  sut  la  fête  célébrée  à  Qué- 
bec le  16  juin  i£jç,jom  du  200  ième  anniversaire  de 
V  arrivée  de  Mgr  de  Montmorency- Laval  en  Canada  — 
1859. 

'  lLe  défricheur  de  langues,  tragédie  bouffe  en  vers — 
1859. 

"Trois  légendes  de  mon  pays  —  1861. 


ii9 


** Forestiers  et  voyageurs  —   1863. 

l 'Le  braillard  de  la  montagne,  légende  en  vers  — 
1864. 

"Mémoire  sur  le  choléra  —  1866. 

"La  mouche  ou  la  chrysomele  et  le  -moyen  d 'en  com- 
battre les  ravages  —  1877. 

"Les  histoires  de  M .   Suite  —  1883. 

"Les  Asiles  d'aliénés  de  la  province  de  Québec  et 
leurs  détracteurs —  1885. 

" Les  Sablons  et  F  île  Saint- Barnabe — 1885.   (1) 

Quoiqu'il  ne  fut  pas  un  des  pères  de  la  Confédé- 
ration, qu'il  ne  fut  pas  mrne  député  depuis  plusieurs 
années,  M.  Taché  a  pris  à  ce  grand  oeuvre  une  part 
importante  et  qu'on  a  essayé  de  méconnaître  en  cer- 
tains quartiers. 

M.  Taché  publia  dans  le  Courrier  du  Canada,  en 
1857,  une  série  d'articles  remarquables  préconisant  la 
confédération  des  provinces  anglaises  de  l'Amérique 
du  Nord.  Ces  articles  furent  ensuite  réunis  en  bro- 
chure sous  le  titre  :  Des  provinces  de  F  Amérique  du 
Nord  et  d'une  Union  fédérale. 

"L,es  idées  émises  par  M.  Taché  dans  sa  brochure, 
écrivait  feu  le  sénateur  Tassé  en  1883,  n'ont  pas  toutes 
été  mises  à  exécution  ;  mais  les  lignes  principales  ont 
été  adoptées  par  ceux  qui  ont  fait  la  Confédération, 
sous  la  direction  d'un  autre  Taché — le  noble  et  regret- 
té sir  Etienne- Pasch al  Taché —  dont  le  mérite  politi- 
que est  aussi  insuffisamment  apprécié.  Quiconque  au- 
ra étudié  avec  soin  le  vaste  projet  exposé  dans  cette 
brochure,  ne  pourra  s'empêcher  de  constater  que  l'acte 
d'union  en  renferme  les  pièces  essentielles  et  porte  à 
un  haut  degré  l'empreinte  d'un  homme  aussi  modeste 


(1)    Courrier  de  Saint- Hyacinthe,  19   avril    1894.     Article 
de  M.  Bouclier  de  la  Bruère. 


120 


que  remarquable,  l'un  des  esprits  les  plus  cultivés  et 
les  plus  complets  de  l'Amérique. 

Puis  M.  Tassé  énumérait  les  idées  émises  par  M. 
Taché  et  qui  furent  incorporées  subséquemment  dans 
notre  acte  constitutionnel  ou  dans  notre  législation. 

"  Si  remarquable  que  soit  l'étude  que  nous  ve- 
nons d'esquisser  à  grands  traits,  déclarait-il  en  termi- 
nant, il  est  certain  qu'on  n'a  pas  décerné  à  l'auteur 
tous  les  éloges  qu'elle  lui  mérite.  Dans  le  débat  qui 
s'engagea  dans  nos  chambres,  en  1865,  sur  le  projet 
de  la  Confédération,  et  qui  se  prolongea  pendant  plu- 
sieurs semaines,  l'honorable  M.  J.-G.  Blanchet  fut 
seul  à  signaler  cet  important  travail,  quoiqu'il  eût  été 
incorporé  presque  en  entier  dans  la  nouvelle  constitu- 
tion. Pareil  oubli  ne  s'explique  guère  que  par  les  gra- 
ves préoccupations  qui  absorbaient  les  esprits  à  cette 
époque. 

"  Si  l'injustice  dure  depuis  longtemps,  il  n'est 
pas  désirable  de  la  perpétuer,  et  nous  sommes  heureux 
de  pouvoir  contribuer  à  restituer  à  cet  homme  éminent 
la  grande  part  qui  lui  appartient  dans  l'élaboration  de 
notre  système  politique. 

"  On  ne  saurait  exagérer  la  gloire  qui  lui  revient 
de  droit,  car  notre  constitution  est  probablement  la 
plus  sage,  la  plus  libre,  la  mieux  équilibrée  de  toutes 
celles  qui  ont  jamais  existé.  Elle  forme  un  heureux 
mélange  de  constitutions  anglaise  et  américaine,  tout 
en  étant  parfaitement  adapté  aux  besoins  politiques, 
nationaux  et  religieux  d'une  des  plus  belles  et  des 
plus  vastes  portions  du  nouveau  monde.  "  (1) 

M.    Rameau   de  Saint-Père,    l' éminent   écrivain 


(1)    Minerve,  12  mars  1885, 


Joseph-Charles  Taché 


121 


français  si  sympathique  à  notre  pays,  écrivait,  en  1883, 
à  un  de  ses  amis  canadiens  : 

"Transmettez  à  M.  Taché  mes  compliments  non 
seulement  pour  cette  étude  si  intéressante  sur  les  cen- 
tenaires, mais  pour  ses  recensements,  surtout  celui  de 
1871,  que  je  considère,  avec  beaucoup  d' autres  person- 
nes, comme  un  des  plus  excellents  travaux  de  statisti- 
que de  ce  siècle.  La  méthode,  la  science,  la  hauteur 
des  aperçus,  rien  n'y  fait  défaut  ;  joignez-y  une  ri- 
chesse de  documents  qui  honore  le  nom  et  le  génie 
français,  car  je  ne  sache  pas  qu'aucun  peuple  puisse 
établir  sa  filiation  et  les  lois  de  sa  progression  d'une 
manière  si  saisissante  et  si  certaine."  (1) 

Dans  Y  Opinion  publique  du  15  février  1872;  Placi- 
de Lépine  traçait  une  silhouette  assez  fidèle  de  M.  Ta- 
ché : 

"L'  homme  impossible  ;  étonnant  par  ses  qualités 
supérieures  et  par  ses  défauts.  Beau  caractère,  mais 
étrange,  pittoresque  jusque  dans  ses  défauts.  Le 
meilleur  des  hommes  et  le  plus  impraticable. 

"Droit  jusqu'à  l'héroïsme,  généreux  jusqu'à  la 
prodigalité,  admirable  de  désintéressement,  de  charité 
inépuisable,  prêt  à  donner  sa  dernière  chemise  au  der- 
nier des  mendiants. 

"Avec  cela,  d'un  commerce  difficile  même  pour 
ses  amis,  intolérant,  frondeur,  entier  dans  ses  idées, 
contradicteur  aussi  habile  qu'impitoyable,  esprit  sys- 
tématique, retranché  dans  ses  lubies  et  plus  imprena- 
ble que  la  citadelle  de  Québec,  vivant  dans  un  monde 
à  part,  isolé  comme  Robinson  dans  son  île. 

"  Homme  charmant  et  détestable  ;  qu'on  aime  et 
qu'on  fuit  :  en  deux  mots,  cœur  d'or,  tête   de   mulet. 


(1)  Revue  canadienne,  tome  XIXe,  p.  14. 

16 


122 


<(  Savant,  très  savant  ;  connu  pour  le  plus  uni- 
versellement érudit  des  Canadiens.  Prêt  à  discuter  et 
à  écrire  pertinemment  sur  tous  les  sujets.  Il  connaît 
son  Canada  sur  le  bout  de  son  doigt,  sait  tout,  même 
ce  qu'il  y  a  de  plus  caché  dans  son  pays.  Avec  M.  de 
Gaspé  le  plus  canadien  de  nos  littérateurs. 

11  Caractère  scabreux,  mais  intègre,  franc  comme 
l'épée  du  roi.  Diamant  superbe,  mais  pas  entière- 
ment taillé. 

"  Au  demeurant,  grand  cœur,  grand  esprit,  l'un 
des  plus  nobles  types  qu'ait  encore  produit  la  race  ca- 
nadienne." (i) 

A  son  tour,  Mgr  Thomas-E.  Hamel,  dans  une 
circonstance  solennelle,  disait,  entres  autres  choses  de 
M.  Taché  : 

"  Joseph-Charles-Taché  n'a  jamais  perdu  une  mi- 
nute de  son  temps.  Serviteur  consciencieux  de  son 
pays,  il  s'est  livré  avec  ardeur  à  tous  les  travaux,  à 
toutes  les  études  que  nécessitaient  ses  fonctions.  Sur 
son  chemin  se  sont  rencontrées  une  foule  de  questions 
intéressantes,  comme  cela  arrive  nécessairement,  à 
tout  le  monde  du  reste  ;  mais  pendant  que,  pour  la 
plupart,  ces  questions  passent  inapperçues  ou  dédai- 
gnées, lui  a  cru  devoir  y  employer  ses  loisirs,  afin 
qu'aucune  partie  de  son  temps  ne  fut  perdue.  Grâce 
à  une  heureuse  mémoire,  il  se  fit  ainsi  dans  sa  tête  une 
véritable  encyclopédie  de  connaissances  sur  toute  es- 
pèce de  sujets.  Naturellement,  tout  ne  pouvait  pas 
être  également  approfondi.  Quelques-unes  de  ses 
études,  plus  superficielles,  ont  pu  se  ressentir  de  ses 
préoccupations  et  de  ses   aspirations.     Ainsi  je  ne  ga- 


(i)  Dans  ses  Guêpes  canadiennes,  vol.  I,  p.  205,  M.  Augus- 
tin Laperrière  a  reproduit  au  long  cette  silhouette  littéraire  de 
M.  Joseph-Charles  Taché. 


123 


rantirais  pas  qne  toutes  ses  idées  astronomiques  se- 
raient admises  par  tous.  De  même,  en  fait  de  cons- 
truction navale,  on  a  beaucoup  parlé  de  son  vaisseau 
à  trois  quilles  ;  mais  je  crois  qu'à  cet  égard  on  a  été 
injuste  envers  lui,  et  que  le  sarcasme  plus  ou  moins 
envieux  d'adversaires  politiques  ou  autres  a  eu  plus 
de  part  que  la  stricte  vérité  dans  l'appréciation  qu'on 
en  a  faite.  La  tendance  un  peu  paradoxale  de  ses  af- 
firmations a  pu  aussi  faire  juger  d'une  manière  défa- 
vorable des  assertions  qui  étaient  loin  d'être  dénuées 
de  fondement.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  petites  taches 
(il  y  en  a  tant  qui  en  ont  de  plus  grandes),  il  n'en 
restera  pas  moins  à  Joseph-Charles  Taché  d'avoir  été 
un  des  hommes  les  plus  érudits  de  notre  pays. 

"Dans  ses  fonctions  de  sous-ministre  de  l'agricul- 
ture et  des  statistiques,  il  est  une  oeuvre  à  laquelle  on 
ne  pourra  se  défendre  d'attacher  son  nom  de  la  maniè- 
re la  plus  honorable  :  je  veux  parler  du  recensement 
de  la  puissance  du  Canada  de  187 1.  Il  a  donné  à  ce 
travail,  par  les  tableaux  statistiques  qu'il  en  a  déduits, 
un  caractère  de  précision  et  d'utilité  générale  qui  ne 
pourra  pas  être  dépassé.  Je  ne  crois  pas  me  tromper 
en  disant  que  le  dernier  recensement,  auquel  il  n'a  pu 
prendre  part,  s'est  ressenti  de  son  absence. 

"Une  autre  oeuvre  qu'on  pourrait  dire  la  préoc- 
cupation de  sa  vie  officielle  à  Ottawa,  c'est  l'établisse- 
ment de  la  Léproserie  de  Tracadie.  L,'  étude  de  la 
terrible  maladie  de  la  lèpre  a  été  un  de  ses  grands  sou- 
cis, et  on  dit  qu'au  moment  où  la  mort  l'a  surpris,  il 
était  à  mettre  la  dernière  main  à  un  grand  ouvrage 
sur  cette  question  difficile. 

"  Je  laisse  de  côté  sa  carrière  de  député,  son  pas- 
sage comme  journaliste  au  Courrier  du  Canada,  la  part 
qu'il  a  prise  aux  expositions  universelles  de  Paris,  ses 


124 


travaux  littéraires,  historiques  et  autres ....  Je  crois 
en  avoir  dit  assez  pour  faire  voir  quel  rôle  éminem- 
ment utile  a  joué  notre  illustre  professeur. 

"  Je  termine  en  disant  que  le  docteur  Taché  a 
couronné  toutes  ces  belles  qualités  par  une  vie  sans 
reproche.  Chrétien  convaincu,  catholique  de  fait 
comme  de  nom,  il  a  mis  la  pratique  en  harmonie  par- 
faite avec  ses  croyances. 

"  Consciencieux  jusqu'à  un  point  inconnu  de  no- 
tre temps,  ce  fut  de  lui-même  qu'il  se  mit  à  la  retraite, 
comme  député- ministre,  donnant  pour  raison  que,  vu 
ses  infirmités,  il  n'était  plus  capable  de  gagner  son  sa- 
laire. . .  .en  conscience!  je  crois  qu'il  y  en  a  peu  qui 
aient  ce  souci. 

"  Sa  charité  était  proverbiale.  A  Ottawa,  on  l'ap- 
pelait le  père  des  orphelins,  de  même  que  madame  Ta- 
ché en  était  la  mère.  Au  reste  sa  charité  se  manifes- 
tait sous  une  foule  de  formes.  En  voici  deux  exem- 
ples, pris  entre  cent  autres. 

"  Un  jour, -c'était  le  jour  de  l'an,-au  moment  où 
le  docteur  allait  se  mettre  à  table  pour  dîner,  une  pau- 
vre femme  frappe  à  sa  porte  et  lui  demande  à  manger: 
"Tiens,  dit-il  à  sa  vieille  servante,  porte  ceci  à  la  pau- 
vre femme."  C'était  son  dîner.  Puis  il  ajouta  en  sou- 
riant :  "Ce  sera  toujours  un  bon  repas  qu'elle  fera. 
Quant  à  moi,  j'en  ferai  bien  d'autres  !" 

"  Dans  l'automne  de  1852  ou  1853,  après  la  Tous- 
saint, ,une  goélette  chargée  de  provisions,  venant  de 
Québec,  était  arrivée  à  Rimouski  à  l'endroit  appelé 
Pointe-à-Pouliot.  L,e  docteur  était  à  bord.  L,a  glace 
qui  entourait  la  goélette  l'empêchait  de  se  rendre  au 
rivage,  mais  n'était  pas  assez  solide  pour  porter  les 
gens  de  l'équipage  ;  or  la  goélette  faisait  eau.  Alors 
pour  utiliser  le  plus  possible   la   faible   solidité   de   la 


125 


glace,  on  établit,  de  la  goélette  au  rivage,  une  espèce 
de  pont  en  posant  des  planches  sur  la  glace.  Les  pas- 
sagers voulaient  tous  que  le  docteur  débarquât  le  pre- 
mier.— "Non,  non,  dit  le  généreux  M.  Taché,  des- 
cendez et  tâchez  de  gagner  le  rivage  :  vous  avez  des 
femmes,  des  enfants,  des  familles  qui  vous  attendent 
et  qui  ont  besoin  de  vous.  Moi,  je  descendrai  le  der- 
nier avec  le  capitaine."  Tous  purent  échapper  au  nau- 
frage, et  l'on  peut  se  figurer  les  acclamations  qui  ac- 
cueillirent le  "bon  docteur"  quand  il  arriva  au  rivage! 

"  Après  une  telle  vie,  rien  de  ^surprenant  que  Jo- 
seph-Charles Taché  ait  vu  venir  la  mort  sans  trouble  ; 
muni  de  tous  les  secours  de  la  religion,  il  a  accepté 
avec  une  résignation  parfaite  le  sacrifice  de  ses  travaux 
et  de  sa  carrière  ici-bas.  Il  a  eu  la  consolation  et  le 
bonheur,  à  sa  mort,  d'avoir  à  son  chevet  Mgr  Duha- 
mel, son  archevêque,  qui  se  rendit  auprès  de  lui  aus- 
sitôt qu'il  apprit  que  la  fin  approchait.  Sa  Grandeur 
fit  elle-même  les  prières  des  agonisants,  auxquelles  le 
mourant  répondit  avec  la  ferveur  d'un  saint.  "  Mon 
cher  docteur,  lui  dit  l'archevêque,  vous  avez  édifié  vos 
concitoyens  par  votre  vie  vraiment  chrétienne,  vous 
avez  fait  beaucoup  d'aumônes,  vous  avez  toujours 
beaucoup  aimé  votre  patrie  terrestre  ;  allez  avec  con- 
fiance jouir  du  bonheur  de  la  patrie  céleste.  " 

"  La  mort  de  Joseph-Charles  Taché  a  donc  été 
vraiment  l'écho  de  sa  vie  ;  et  il  a  laissé  à  sa  digne 
compagne  ainsi  qu'à  6es  enfants  et  à  ses  amis,  la  plus 
solide  de  toutes  les  consolations,  celle  qui  s' appuie  sur 
la  promesse  faite  par  Notre  Seigneur  au  serviteur  bon 
et  fidèle,  qui  attend  avec  confiance  la  récompense  de 
son  juste  Juge,  (i) 


(i)  MgrThos.-E.  Hamel,   Annuaire  de  V  Université  Laval 
pour  Vannée  académique  1894-95,  P-  io2- 


126 


M.  Taché  avait  épousé,  à  Rimouski,  le  ier  juil- 
let 1847,  Françoise  L,epage,  fille  de  Macaire  Lepage  et 
de  Cordule  Côté. 

Madame  Taché  décéda  chez  son  fils,  à  la  Pointe 
Gatineau,  le  25  novembre  1897,  et  fut  inhumée  dans 
le  cimetière  Notre-Dame,  à  Ottawa,  le  29  du  même 
mois. 

Elle  avait  eu  six  enfants  : 

I 

ANONYME 

Né  et  décédé  à  Rimouski  le  4  août  1848.  Inhu- 
mé dans  le  cimetière  paroissial. 

n 

JOSEPH-CHARLES  TACHE 
î,e  continuateur  de  la  lignée. 

in 

tOUIS-JEAN-BAPTISTE  TACHÉ 

Né  à  Rimouski  le  26  juillet  1852. 
Décédé  à  Rimouski  le  22  août  1852.il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  paroissial. 

IV 

IvOUIS-JEAN^BAPTISTE  TACHÉ 

Né  à  Rimouski  le  29  août  1854. 
Il  a  étudié  aux  collèges  de  Sainte-Anne  de  la  Po- 
catière  et  de  Sainte-Marie,  â  Montréal. 


127 


En  juillet  1 88 1,  il  était  admis  à  la  pratique  du 
droit  après  avoir  suivi  avec  succès  les  cours  de  l'uni- 
sité  Laval,  à  Montréal. 

M.  Taché  fréquenta  ensuite  pendant  six  mois  les 
cours  de  droit  de  l'université  de  Toronto  afin  de  con- 
naître plus  parfaitement  la  loi  de  la  province  d'Onta- 
rio. 

En  1882,  après  un  voyage  en  Europe,  il  ouvrit 
son  bureau  à  Québec.  Il  a  pratiqué  depuis,  à  la  Ri- 
vière du  Eoup  (en  bas),  en  société  avec  son  cousin  et 
beau-frère  M.  Paschal-Vinceslas  Taché,  puis  à  Ri- 
mouski,  où  il  s'est  établi  en  1887. 

M.  Taché  est  maire  de  Saint-Germain  de  Rimous- 
ki  depuis  1895. 

Il  a  été  candidat  conservateur  dans  le  comté  de 
Rimouski  pour  la  Chambre  des  Communes  aux  élec- 
tions générales  de  1887,  pour  l'Assemblée  législative 
aux  élections  générales  de  1892,  puis  encore  pour  la 
Chambre  des  Communes  aux  élections  générales  de 
1896  et  de  1900. 

M.  Taché  est  célibataire. 

V 

LUCE-HENRIETTE-FRANÇOISE  TACHÉ 

Née  à  Québec  le  5  avril  1858. 

Mariée,  à  Ottawa,  le  12  janvier  1881,  à  son  cou- 
sin, Paschal-Vinceslas  Taché. 

Elle  est  décédée  à  la  Rivière-du-Loup  (en  bas)  le 
5  novembre  1886,  et  a  été  inhumée  dans  le  cimetière 
de  Saint-L,ouis  de  Kamouraska.  Elle  laissait  deux  en- 
fants. (1) 


(1)  Voir  plus  loin. 


128 

f 

VI 

ALEXANDRE-ETIENNE  TACHÉ 

Né  à  Québec  le  2  novembre  1860. 
Décédé  à  Ottawa  le  31  décembre   1873,  il  fut  in- 
humé dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 


'??r^? 


Louis- Jean  Baptiste  Taché 


Première    génération  :  Jean-Paschat  Taché 
Deuxième  génération  :  Charles  Taché 
Troisième  génération:  Charles  Taché 
Quatrième  génération  :  Joseph-Charles  Taché 
Cinquième  génération  ;  Joseph-Charles  Taché 


JOSEPH-CHARLES  TACHE 


Né  à  Rimouski  le  25  mars  1850.  \ 

îl  a  fait  ses  études  au  séminaire  de  Québec  et  au 
collège  de  Sainte- Anne  de  la  Pocatière. 

Au  mois  de  février  1871,  M.  Taché  entrait  à  l'em- 
ploi du  département  des  travaux  publics,  à  Ottawa, 
en  qualité  de  dessinateur. 

Il  étudia  le  génie  civil  sous  M.  G. -F.  Baillargé, 
assistant-ingénieur  en  chef  du  département  des  tra- 
vaux publics. 

Il  fut  ensuite  employé  à  l'exploration  du  canal 
Soulanges  et  il  aida  à  la  préparation  des  plans  du  ca- 
nal de  la  Baie  Verte. 

De  1880  à  1899,  M.  Taché  a  conduit  de  grauds 
travaux  dans  les  provinces  de  Québec  et  d'Ontario. 
Il  agissait  en  même  temps  comme  dessinateur  en  chef 
du  département  des  travaux  publics. 

En  février  1899,  M.  Taché  recevait  instruction 
d'aller  au  Yukon  conduire  et  surveiller  les  travaux 
d' amélioration  des  rivières  et  la  construction  des  che- 
mins, ponts,  etc.,  etc.  Il  resta  au  Yukon  jusqu'en 
novembre  1901. 

Dans  l'hiver  de  1902,  M.  Taché  a  été  chargé  de 
faire  l'examen  du  havre  de  Québec  et  il  a  soumis  un 

17 


I30 


projet  dont  une  partie  est  maintenant  à  s'exécuter. 

Depuis  juillet  1902,  M.  Taché  a  la  direction  des 
travaux  publics  des  districts  de  Saguenay  et  Chicouti- 
mi  qui  comprennent  le  lac  Saint-Jean,  la  rivière  Sague- 
nay et  la  côte  Nord.  Il  a  établi  sa  résidence  à  Rober- 
val. 

M.  Taché  a  épousé,  à  Ottawa,  le  10  septembre 
1875,  Marie-Léda,  fille  de  Stanislas  Drapeau  et  de  Ca- 
roline Drolet. 

De  ce  mariage  sont  nés  trois  enfants  : 

I 

ROLAND-CHARLES  TACHÉ 

Né  à  Ottawa  le  9  février  1878. 
Décédé   à   Ottawa   le   même  jour,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

II 

MARIE-LOUISE  TACHÉ 

Née  à  Ottawa  le  10  juillet  188 1. 

Mariée,  à  White-Horse,  Territoire  du  Yukon,  le 
29  juin  1900,  à  Paul-Emile  Mercier,  ingénieur  civil, 
fils  de  feu  l'honorable  Honoré  Mercier,  premier  minis- 
tre de  la  province  de  Québec. 

Pas  d'enfants. 

ni 

YVONNE  TACHÉ 
Née  à  Ottawa  le  10  octobre  ii 


BRANCHE  CADETTE  (i) 

Première    génération  :  Jean-Paschal  Taché 
Deuxième  génération  :  Paschal-  Jacques  Taché 


PASCHAL- JACQUES  TACHE 


Né  à  Québec  le  30  août  1757. 

Comme  son  frère  Charles,  il  fut  bourgeois  de  la 
Compagnie  des  Postes  du  Roi.   (2) 

Il  fut  élu  député  de  Cornwallis  à  la  Chambre 
d'Assemblée  de  la  province  du  Bas-Canada  le  20  mars 
1798.     Il  siégea  jusqu'au  4  juin  1800. 

M.  Taché  décéda  à  Saint-Louis  de  Kamouraska 
le  5  juin  1830,  et  fut  inhumé  dans  l'église  paroissiale, 
sous  le  banc  seigneurial. 

Il  avait  épousé,  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le 
26  septembre  1785,  Marie-Louise-Renée  de  Charnay, 
veuve  de  Jean- Baptiste  Magnan,  co-seigneuresse  de 
Kamouraska. 

C'est  elle  qui  mit  la  seigneurie  de  Kamouraska  en 
possession  de  la  famille  Taché. 

Madame  Taché  décéda  à  Saint-Louis  de  Kamou- 
raska le  15  novembre  181 3,  à  l'âge  de  55  ans  et  11 
mois,  et  fut  inhumée  dans  l'église  paroissiale. 

L'aimable  auteur  des  Anciens  Canadiens,  M.  Au- 
bert  de  Gaspé,  rend  un  délicat  hommage  à  la  bonté  de 
madame  Taché. 

"J'ai  souvent  accompagné,  dit-il,  avec  son  fils,  ma- 


(1)  Voir  p.  20. 

(2)  Voir  p.  21. 


132 


dame  Taché  dans  les  fréquentes  visites  qu'elle  faisait 
aux  pauvres  et  aux  malades  de  sa  seigneurie,  chez 
lesquels  elle  était  accueillie  comme  une  divinité  bien- 
faisante. Outre  les  aumônes  abondantes  qu'elle  dis- 
tribuait aux  familles  pauvres,  elle  portait  à  ceux  de  ses 
censitaires  malades,  qui  n'auraient  pu  se  les  procurer, 
les  vins,  les  cordiaux,  les  biscuits,  propres  à  accélérer 
leur  convalescence,  et  toutes  les  douceurs  que  sa  gé- 
nérosité ingénieuse  lui  suggérait.  Aussi  régnait-elle 
en  souveraine  dans  sa  seigneurie  par  les  liens  bien 
chers  de  l'amour  et  de  la  gratitude. 

"Lorsque  madame  Taché  sortait  de  l'église  à  l'is- 
sue des  offices,  les  habitants  prêts  à  partir  arrêtaient 
tout  à  coup  leurs  chevaux  et  une  longue  suite  de  voi- 
tures, réglant  leur  marche  sur  la  sienne,  la  suivaient 
jusqu'à  ce  qu'elle  débouchât  dans  l'avenue  qui  con- 
duit au  manoir  seigneurial.  Et  quoi  qu'elle  eût  en- 
suite le  dos  tourné  à  ceux  qui  poursuivaient  leur  rou- 
te ils  n'en  ôtaient  pas  moins  leurs  chapeaux  en  pas- 
sant devant  l'avenue,  que  si  elle  eût  pu  avoir  connais- 
sance de  cette  courtoisie.  Je  fus  cependant  témoin 
un  jour  d'une  infraction  à  cette  déférence  universelle. 

"C'était  le  jour  de  la  Saint- Louis,  fête  de  la  pa- 
roisse de  Kamouraska  :  madame  Taché  précédait  à 
l'ordinaire,  à  l'issue  de  la  messe,  une  longue  escorte 
de  ses  censitaires,  lorsqu'un  jeune  gars  échauffé  pas 
de  fréquentes  libations  dont  plusieurs  d'entre  eux 
étaient  coutumiers  pendant  les  fêtes  de  paroisses  à  la 
campagne,  lorsqu'un  jeune  gars,  dis-je,  se  détachant 
du  cortège,  passa  la  voiture  de  sa  sêigneuresse  de  toute 
la  vitesse  de  son  cheval.  Madame  Taché  fit  arrêter  sa 
voiture  et  se  retournant  du  côté  de  ceux  qui  l'accom- 
pagnaient s'écria  d'une  voix  forte  : 

" — Quel  est  l'insolent  qui  a  passé  devant  moi  ? 


133 


"  Un  vieillard  s'avança  vers  elle  chapeau  bas  et 
lui  dit  avec  des  larmes  dans  la  voix  : 

" — C'est  mon  fils,  madame,  qui  est  malheureuse- 
ment pris  de  boisson,  mais  soyez  certaine  que  je  l'amè- 
nerai vous  faire  des  excuses  et  en  attendant  je  vous 
prie  de  vouloir  bien  recevoir  les  miennes  pour  sa  gros- 
sièreté. 

"  Je  dois  ajouter  que  toute  la  paroisse  ne  parlait 
ensuite  qu'avec  indignation  de  la  conduite  de  ce  jeune 
homme.  Il  y  avait  en  effet  double  offense  de  la  part 
du  délinquant  :  d'abord  manque  d'égards  envers  leur 
bienfaitrice,  et  ensuite,  d'après  les  mœurs,  insolence 
de  passer  une  voiture  sans  en  demander  la  permis- 
sion, (i)" 

Paschal-Jacques  Taché  et  Marie-Louise-Renée  de 
Charnay  n'eurent  qu'un  enfant  :     Paschal. 


(i)  Mémoires,  p.  532.  C'est  encore  la  belle  coutume, 
dans  nos  campagnes,  de  ne  jamais  passer  devant  une  voiture 
sans  s'excuser  ou  demander  la  permission.  Conservons  tou- 
jours ces  vieilles  et  touchantes  traditions,  cette  belle  politesse 
française,  que  nous  ont  léguées  nos  pères,  les  plus  polis  des 
hommes. 


BRANCHE  CADETTE 

Première    génération  :  Jean-Paschal  Taché 
Deuxième  génération  :  Paschal-Jacques  Taché 
Troisième  génération  :  Paschal  Taché 


PASCHAL  TACHE 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  3  juillet 
1786. 

Il  hérita  de  la  seigneurie  de  Kamouraska. 

Il  se  fit  recevoir  notaire  le  19  septembre  1809.  (1) 

M.  Taché  décéda  à  Saint-Louis  de  Kamouraska 
le  3  janvier  1833,  et  fut  inhumé  dans  l'église  parois- 
siale, sous  le  banc  seigneurial. 

"Une  bonté  de  coeur  peu  commune,  une  disposi- 
tion des  plus  entières  à  obliger  tout  le  monde  de  son 
crédit,  de  ses  services  et  de  sa  bourse,  étaient  ses  pen- 
chants caractéristiques.  Ses  propensités  à  la  bienfai- 
sance respiraient  d'ailleurs  dans  sa  physionomie,  em- 
preinte de  douceur  et  de  bienveillance.  La  nature 
l'avait  ainsi  fait  que  ses  propres  contentements  dépen- 
daient en  quelque  sorte  de  ceux  qu'il  trouvait  le  mo- 
yen de  procurer  aux  autres. 

"M.  Taché,  de  l'aveu  de  tous,  était  bon  compa- 
gnon, rempli  d'anecdotes  de  genre  ;  il  savait  plaire 
dans  un  cercle  par  la  manière  dont  il  les  racontait.  Sa 
mémoire  à  cet  égard  était  une  mosaïque  toujours  plei- 


(1)  Il  pratiqua  très  peu.  Son  greffe  déposé  au  bureau  du 
protonotaire  du  district  de  Kamouraska  ne  contient  que  214 
pièces. 


136 


ne,  d'où  sortait  à  point  nommé  le  trait  ou  le  mot  de 
circonstance. 

"Il  quitta  ce  monde  sans  avoir  dépassé  la  période 
de  l'âge  mûr."    (1) 

Il  avait  épousé,  à  Québec,  le  14  mai  1810,  Julie, 
fille  de  Jean-Baptiste  Larue,  arpenteur,  et  de  Gene- 
viève Clesse. 

Elle  décéda  à  Nicolet  le  10  septembre  1852,  et  fut 
inhumée  dans  l'église  de  cette  paroisse. 

"  Madame  Taché,  à  titre  d'usufruitière  de  la  sei- 
gneurie de  Kamouraska,  sut  accroître  les  ressources 
de  sa  maison  par  sa  gestion  habile  eu  affaires  et  par  une 
culture  soignée  de  ses  domaines.  L,es  habitudes  d'é- 
conomie et  d'ordre  de  cette  femme  d'élite  facilitaient 
de  sa  part,  loin  d'y  faire  obstacle,  les  libéralités  d'oc- 
casion et  ses  bons  offices  envers  les  malheureux.  Des 
lettres  que  l'on  a  d'elle  rendent  un  éloquent  témoi- 
gnage à  sa  générosité.  Ses  traits,  calmes  et  d'une  no- 
ble dignité,  imposaient  au  premier  abord.  Ils  reflé- 
taient une  sérénité  d'âme  qui  devait  être  égale  à  sa 
piété.  L,a  religion,  pour  elle,  était  plus  qu'un  devoir, 
c'était  une  affaire  de  cœur.  On  la  vit  partout  allier 
le  caractère  d'une  grande  dame  à  la  simplicité  des  ma- 
nières. (2)" 

Enfants  : 

I 

1     LOUIS-PASCHAL-ACHIIXE  TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  5  mars  181 2. 
Décédé  au  même  endroit  le  17  novembre  181 2,    il 
fut  inhumé  dans  l'église  paroissiale. 

(1)  F. -M.  Derome,  Foyer  canadien,  tome  IV,  p.  427. 
(a)    Idem,  p.  428. 


137 

n 

LOUIS-PASCHAL-ACHILLE  TACHÉ 
Le  continuateur  de  la  branche  cadette. 

m 

LOUISE-HÉLÈNE  TACHÉ 

-     Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  13  mai  1817. 

Mariée,  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  16  août 
1842,  à  Nazaire  Têtu,  négociant. 

Elle  décéda  à  Trois-Pistoles,  le  13  juin  1890,  et 
fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

M.  Têtu  mourut  moins  d'une  année  après  sa  fem- 
me, à  Trois-Pistoles,  le  16  février  1891,  et  fut  inhu- 
mé dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

"M.  Nazaire  Têtu  né  à  Saint-Thomas  de  Montma- 
gny  fut  baptisé  le  17  octobre  18 14.  Il  partit  à  onze 
ans  de  Saint-Thomas  de  Montmagny,  pour  aller  de- 
meurer chez  son  frère  Charles,  établi  à  la  Rivière- 
Ouelle.  Il  y  remplit  l'office  de  commis  jusqu'à  l'âge 
de  vingt  ans,  et  alla  ouvrir  aux  Trois-Pistoles  une 
maison  d'affaires  qui  fut  longtemps  florissante  et  finit, 
comme  bien  d'autres,  par  disparaître.  Il  avait  des 
moulins,  faisait  le  commerce  de  bois  et  de  marchandi- 
ses de  toutes  sortes.  C  était  un  homme  très  entrepre- 
nant, grand  bâtisseur,  aimable,  bon,  hospitalier,  cha- 
ritable, et  ne  manquant  certes  pas  d'esprit.  Il  abon- 
dait en  fines  reparties,  et  dans  la  discussion,  tout  en 
gardant  parfaitement  son  sang-froid  et  sa  belle  hu- 
meur, il  vous  décochait  de  petits  traits  qui  faisaient 
rire  et  touchaient  en  même  temps  l'adversaire  au  point 
vulnérable.     Il  avait  brigué  les  suffrages  des  électeurs 

18 


138 


du  comté  de  Témiscouata,  mais  sans  succès.  M.  Têtu 
n'avait  fait  que  céder  aux  instances  de  ses  amis,  sur- 
tout de  l'honorable  Luc  Letellier  de  Saint- Just,  dont 
il  était  l'un  des  plus  dévoués  partisans,  car  il  n'était 
pas  un  homme  de  lutte  et  n'avait  aucune  am- 
bition personnelle.  Aussi  profita-t-il  de  sa  défaite, 
d'ailleurs  très  honorable,  pour  ne  plus  reparaître  sur 
les  hustings,  se  contentant,  comme  auparavant,  de 
jouer  un  rôle  plus  modeste,  mais  plus  efficace.  Excel- 
lent catholique,  il  supporta  avec  patience  la  longue  et 
dernière  maladie  qui  le  conduisit  au  tombeau."  (i) 

Du  mariage  de  Nazaire  Têtu  et  de  Louise-Hélène 
Taché  naquirent  onze  enfants  : 

I.    GÉRALDINE   TÊTU 

Née  à  Trois- Pistoles  le  26  décembre  1843. 

Mariée,  à  Trois- Pistoles,  le  13  février  1860,  â  Da- 
vid Bertrand,  marchand  et  propriétaire  de  moulins  à 
farine,  de  Trois-Pistoles. 

Elle  mourut  à  Trois-Pistoles,  le  12  janvier  1872, 
et  fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

Elle  n'avait  pas  eu  d'enfants. 

M.  Bertrand  se  remaria,  à  la  Rivière-du-L,oup  (en 
bas),  le  30  septembre  1874,  àFanny-Hermine-Juliana, 
fille  du  docteur  Joseph-Eusèbe  Hudon  et  de  Françoise- 
Julie-Hermine  Blanchet. 

II.  Louis  Têtu 

Né  à  Trois-Pistoles  le  6  juillet  1845. 

Il  s'est  d'abord  occupé  de  commerce  et  de  culture. 


(1)  Mgr  Henri  Têtu,  Histoire   des  familles   Têtu,    Bonen- 
fant,  Dionne  et  Perrault,  p.  216. 


139 


Il  est  maintenant  employé  au  greffe  de  la  Cour  Supé- 
rieure, à  Québec. 

M.  Têtu  a  épousé,  à  Winnipeg,  le  6  mai  1878, 
Marie-Reine- Georgiana,  fille  de  Onésime  L'Heureux 
dit  L'Hérault  et  de  Lucie  Rivard. 

Knfants  : 

1 .  Joseph-Arthur  Têtu  né  à  la  Rivière-au-Marais 
(Manitoba)  le  28  mars  1879. 

2.  Nazaire  Têtu  né  à  la  Rivière-aux-Prunes  (Ma- 
nitoba) le  22  juin  1880. 

3.  Marie-Léa  Têtu  née  à  Trois- Pistoles  le  8  octo- 
bre 1881. 

4.  Joseph- Wilfrid  Têtu  né  à  Saint- Fabien  le  1 1 
août  1883. 

5.  Marie- Amanda  Têtu  née  à  Sainte-Cécile  du  Bic 
le  11  juin  1885. 

6.  Joseph- Alphonse  Têtu  né  à  la  Rivière- Pente- 
côte le  21  avril  1887. 

7.  Joseph-Louis-Léopold  Têtu  né  à  la  Rivière-du- 
Loup  (en  bas)  le  21  novembre  1888. 

8.  Marie- Elzéar -Alexandre  Têtu  né  à  Saint- Jean- 
Baptiste  de  Québec  le  16  novembre  1890. 

9.  Marie-Joseph- Edouard  Têtu  né  à  Saint-Roch 
de  Québec  le  15  mars  1893.  Décédé  au  même  endroit 
le  15  juin  1893,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  Saint- 
Charles. 

10.  Marie- Joseph-Prudent  Têtu  né  à  Saint-Roch 
de  Québec  le  1er  septembre  1894.  Décédé  à  Saint-Roch 
de  Québec  le  6  décembre  1894,  il  fut  inhumé  dans  le 
cimetière  Saint-Charles. 

11.  Joseph- Jules  Têtu  né  à  Saint-Roch  de  Qué- 
bec le  12  janvier  1896.  Décédé  à  Saint-Roch  de  Qué- 
bec le  2  février  1896,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière 
Saint- Charles. 


140 


12.  Joseph- Philippe  Têtu  né  à  Saint-Roch  de  Qué- 
bec le  12  janvier  1896.  Décédé  à  Saint-Roch  de  Qué- 
bec le  2  février  1896,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière 
Saint-Charles. 

III,    MARlE-HêLÈNE-AMÉUE   TÊT^ 

Née  à  Trois- Pistoles  le  11  septembre  1846. 

Mariée,  à  Trois- Pistoles,  le  20  juin  1871,  à  Char- 
les L,eBoutillier,  négociant. 

M.  LeBoutillier  qui  était  à  la  tête  d'un  important 
établissement  de  pêche  à  la  morue  â  Gaspé,  a  été  for- 
cé par  des  revers  de  fortune  d'abandonner  ses  biens  à 
ses  créanciers.  Il  demeure  maintenant  à  Montréal 
avec  sa  famille. 

Knfants  : 

1 .  Marie-Hélène-Elizabeth  DeBoutillier  née  à  Gas- 
pé le  15  mai  1872.  "Aucune  chanteuse  n'est  si  avan- 
tageusement connue  à  Montréal  que  Mlle  Hélène  L,e- 
Boutillier.  Souvent  au  Parc  Sohmer,  dans  des  salles 
de  concerts,  le  public  l'a  chaleureusement  applaudie 
et  son  succès  toujours  grandissant  est,  aux  yeux  de 
tous,  le  plus  éloquent  témoignage  de  son  taleut  artis- 
tique et  musical.  Dès  son  bas  âge,  l'enfant  se  révéla 
l'artiste  qu'elle  devint  plus  tard  et  ceux  qui  l'entendirent 
alors  purent  deviner  quelle  richesse  de  sons  mélodieux 
étaient  renfermés  dans  son  gosier  d'oiseau.  Au  cou- 
vent de  Jésus-Marie,  à  Sillery,  où  Mlle  I^eBoutillier 
termina  son  cours  d'études,  la  médaille  de  chant  offer- 
te par  cette  institution  et  présentée  par  le  gouverneur 
général  lui  fut  décernée  à  l'unanimité.  Un  talent  si 
remarquable  avait  besoin  de  se  développer  dans  un 
milieu  plus  en  rapport  avec  ses  légitimes  aspirations 
et  les  parents  de  la  jeune  artiste  se  préparaient  à  l'en- 
voyer étudier  au  Conservatoire  de  Paris,   lorsque  sou- 


Hi 


dain,  nu  terrible  revers  de  fortune  vint  renverser  ses 
plus  chers  projets  et  mettre  un  terme,  pour  le  moment 
du  moins,  à  la  brillante  carrière  qui  l'attendait  chez 
nos  compatriotes  d'outre- mer.  Mlle  LeBoutillier  dut 
se  contenter  d'aller  aux  Etats-Unis,  à  Boston,  croyons- 
nous,  étudier  léchant,  où  d'ailleurs  ses  progrès  furent 
si  rapides  qu'elle  obtint  bientôt  l'emploi  de  premier 
soprano  dans  une  église.  Deux  ans  plus  tard,  la  jeu- 
ne canadienne  revint  au  pays  et  se  fixa  à  Montréal  où 
elle  s'acquit  rapidement  une  enviable  position  dans  les 
cercles  artistiques  de  cette  ville.  Sa  voix,  puissante  et 
douce,  et  naturellement  sympathique,  va  droit  au  coeur 
et  charme  tous  ceux  qui  l'entendent.  Elle  excelle  sur- 
tout dans  le  genre  à  grands  effets  et  ceux  qui  l'ont  en- 
tendu dans  les  partitions  d'opéras  de  grands  maîtres 
chantées  devant  le  public  montréalais  se  rappellent 
aussi  les  applaudissements  enthousiastes  et  les  rappels 
chaleureux  qui  l'ont  saluée."  (i)  Mlle  LeBoutillier 
s'est  mariée,  à  Montréal,  le  15  janvier  1902,  au  doc- 
teur Arthur  Lavoie,  de  Sillery.   Enfant  : 

Eva-Thérèse  Lavoie  née  à  Sillery  le  15  octobre 
1902. 

2.  Marie-Louise-Eva  LeBoutillier  née  à  Gaspé  le 
5  août  1874. 

3.  Marie- Jeanne-Alice  LeBoutillier  née  à  Gaspé 
le  29  octobre  1877.  Mariée,  à  l'Anse-au-Griffon,  com- 
té de  Gaspé,  le  3  août  1902,  à  Olivar  Asselin,  journa- 
liste, de  Montréal.     Enfant  : 

Olivar-Claude- Roger  Asselin  né  à  Montréal  le  7 
juillet  1903. 

4.  Jean-Charles-Joseph  LeBoutillier  né  à  Gaspé 
le  7  août  1879.  Il  est  assistant-gérant  d'une  compa- 
gnie d'assurance  contre  le  feu,  à  Montréal. 


(1)  Passe-Temps,  15  juin  1895. 


142 

5.  Elizabeth  LeBoutillier  née  à  Gaspé  le  7  mars 
î88i. 

6.  Marie-Thérèse-Hermine  LeBoutillier  née  à 
Gaspé  le  15  octobre  1885.  Décédée  au  même  endroit 
le  16  août  1892,  elle  fut  inhumée  au  cimetière  parois- 
sial. 

IV.  Ernest  Têtu 

Né  à  Trois-Pistoles  le  2  novembre  1847. 
Décédé  à  Gaspé  le  5  novembre  1881,  et  inhumé 
dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

Il  était  à  sa  mort  collecteur  des  douanes  à  Gaspé. 
Il  ne  s'était  pas  marié. 

V.  Marie-Juanita  Têtu 

Née  à  Trois-Pistoles  le  6  janvier  1849. 

Mariée,  à  Trois- Pîstoles,  le  1er  octobre  1873,  à 
Henry- William  French,  né  à  L,iverpool,  en  Angle- 
terre. 

M  French  fut  pendant  plusieurs  années  employé 
dans  le  commerce  de  bois.  Il  abandonna  ensuite  ce 
genre  d'affaires  pour  se  livrer  à  la  culture  améliorée 
à  Trois-Pistoles. 

M.  French  décéda  à  Trois-Pistoles  le  30  octobre 
1901,  à  l'âge  de  60  ans,  et  fut  inhumé  dans  le  cime- 
tière paroissial. 

Enfants  : 

1.  Harry-William  French  né  à  Québec  le  14  sep- 
tembre 1876.     Cultivateur. 

2.  Géraldine-Gertrude  French  née  à  Québec  le 
25  octobre  1877. 

3.  Joseph  French  né  à  Québec  le  9  février    1879. 


H3 


Décédé  à  Trois-Pistoles  le  27  juillet  1879,  il  fut    inhu- 
mé dans  le  cimetière  paroissial. 

4.  Joseph-Luc  French  né  à  Québec  le  16  octobre 
1880.     Etabli  à  la  Nouvelle-Orléans. 

5.  Joséphine- Norah  French  née  à  Québec  le  20 
mars  1882.  Décédée  à  Trois-Pistoles  le  11  août  1897, 
elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

6.  Maria-Juanita  French  née  à  Québec  le  1er 
août  1883. 

7.  Marguerite-Marie  French  née  à  Québec  le  29 
août  1888.  Décédée  à  Trois-Pistoles  le  29  août  1890, 
elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

VI.  Jean  Têtu 

Né  à  Trois-Pistoles  le  26  décembre  1849. 

Il  partit  avec  le  premier  détachement  des  zouaves 
canadiens  qui  volèrent  à  la  défense  du  Pape.  Il  revint 
au  Canada  après  la  prise  de  Rome. 

En  1876,  il  fut  nommé  agent  d'émigration  au 
Nord-Ouest. 

M.  Têtu  mourut  à  Saint-Boniface,  Manitoba,  le  2 
mars  1892. 

Il  s'était  marié,  à  Saint-Paul,  Minnesota,  E.-U.,  le 
25  mai  1870,  à  Francisca-Carmina,  fille  de  Louis  Tur-> 
geon,  seigneur  de  Joliette,  et  de  Jane  Gordon. 

Elle  décéda  à  West-Lynne  (Emerson),  Manitoba, 
le  14  juillet  1882,  et  fut  inhumée  au  cimetière  de 
Saint-Boniface.     Elle  laissait  deux  enfants  : 

1 .  Marie-Carmina  Têtu  née  à  West-Lynne  (Emer- 
son), Manitoba,  le  4  juin  1881. 

2.  Joseph-Carmen  Têtu  né  à  West-Lynne  (Emer- 
son), Manitoba,  le  4  juillet  1882.  Décédé  à  Winnipeg 
le  12  novembre  1890. 


144 


En  secondes  noces,  à  Montréal,  le  26  décembre 
1884,  M.  Têtu  épousa  Fabiola,  fille  de  Joseph-Ful- 
gence  Pellant  et  de  Marie-Marguerite  Prendergast.  De 
ce  mariage  naquirent  : 

3.  Alexandre-Joseph- Ernest  Têtu  né  à  West- 
I^ynne  (Emerson),  Manitoba,  le  20  octobre  1885.  Dé- 
cédé à  Winnipeg  le  22  avril  1890,  il  fut  inhumé  au  ci- 
metière de  Saint-Boniface. 

4.  Jean  Têtu  né  à  Montréal  le  12  avril  1892.  Dé- 
cédé à  la  Rivière-du-I,oup  (en  bas)  le  28  mai  1895. 

VU.    LJ)A  TÊTU 

Née  à  Trois-Pistoles  le  25  janvier  1851. 
Demeure  à  Québec. 
Non  mariée. 

VIII.  Daniel  Têtu 

Né  à  Trois-Pistoles  le  19  janvier  1852. 
Il  réside  à  Montmagny. 
Célibataire. 

IX.  Eva  TÊTU 

Née  à  Trois-Pistoles  le  24  juin  1853. 

Mariée,  à  Trois-Pistoles,  le  15  octobre  1878,  à 
Henri  Garneau,  fils  du  docteur  Jean-Baptiste  Garneau 
et  de  Nathalie  Rinfret. 

M.  Garneau  a  fait  partie  de  l'expédition  des  zoua- 
ves canadiens  à  Rome.  C'est  lui  qui  a  fondé  la  mai- 
son Beaudet,  I^efebvre  et  Garneau,  qui  fit  le  commer- 
ce de  ferronneries,  mais  ne  put  tenir  longtemps,  faute 
de  capitaux.  M.  Garneau  est  aujourd'hui  voyageur 
pour  la  Rock  City  Tobacco  Co. 

Enfants  : 


Henri  Garneau 


145 


i.  Evangéline  Garneau  née  à  Trois- Pistoles  le  10 
août  1879. 

2.  Paméla  Garneau  née  à  Québec  le  7  janvier 
1881. 

3.  Fleurange  Garneau  née  à  Québec  le  12  janvier 
1882.  Décédée  à  Québec  le  18  décembre  1896,  elle  fut 
inhumée  dans  le  cimetière  Belmont. 

4.  Henri  Garneau  né  à  Québec  le  7  avril  1883. 
Décédé  à  Québec  le  6  novembre  1901,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  Belmont. 

5.  Thérésa  Garneau  née  à  Québec  le  18  mai  1884. 
Décédée  à  Québec  le  3  janvier  1898,  elle  fut  inhumée 
dans  le  cimetière  Belmont. 

6.  Léo  Garneau  né  à  Québec  le  21  juin  1885. 

7.  Blanche  Garneau  née  à  Québec  le  20  septembre 
1886.  Décédée  à  Québec  le  12  mars  1893,  e^e  ^llt  in" 
humée  dans  le  cimetière  Belmont. 

8.  Georges  Garneau  né  à  Québec  le  5  novembre 
1887. 

9.  Juliette  Garneau  née  â  Québec  le  24  décembre 
1888.  Décédée  à  Trois- Pistoles  le  7  avril  1893,  elle 
fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

10.  Charles  Garneau  né  à  Québec  le  8  mars  1890. 
Décédé  à  Trois- Pistoles  le  28  mars  1893,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

1 1 .  Yvonne  Garneau  née  à  Trois-Pistoles  le  13 
septembre  189 1.  Décédée  à  Trois-Pistoles  le   24   mars 

1893,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  cette  pa- 
roisse. 

12.  Raymond  Garneau  né  à  Trois-Pistoles  le  15 
février  1893. 

13.  Paul  Garneau  né  à  Trois-Pistoles  le  27  juillet 

1894.  Décédé  à  Trois-Pistoles  le  3  août   1894,    il    fut 
inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

19 


146 


14.  Joseph  Garneau  né  à  Trois-Pistoles  le  30  jan- 
vier 1896.  Décédé  au  même  endroit  le  même  jour,  il 
fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse. 

X.  Joseph  Têtu 

Né  à  Trois-Pistoles  le  25  novembre  1855. 

Il  a  hérité  de  la  terre  paternelle  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny.  Il  est  aussi  seigneur  du  fief  de  Saint- 
Luc. 

M.  Têtu  a  épousé,  à  Saint-Thomas  de  Montma- 
gny, le  23  avril  1895,  Marie-Eugénie,  fille  de  Jean- 
Baptiste  Côté  et  de  Virginie  Bernier. 

Enfants  : 

1.  Anna-Marie  Têtu  née  à  Saint- Thomas  de 
Montmagny  le  26  avril  1896. 

2.  Marie-Eugénie- Yvonne  Têtu  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  24  juin  1897. 

3.  Marie- Jeanne- Aimée  Têtu  née  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  18  août  1898. 

4.  Marie-Louise-Hélène  Têtu  née  à  Saint-Tho- 
mas de  Montmagny  le  16  septembre  1899. 

5.  Joseph -Luc-Edgar  Têtu  né  à  Saint-Thomas  de 
Montmagny  le  24  octobre  1900. 

6.  Marie-Agnès-Lucie  Têtu  née  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  15  janvier  1902. 

7.  Joseph- Jean-Dutilly  Têtu  née  à  Saint-Thomas 
de  Montmagny  le  10  janvier  1903. 

XL  Alice  Têtu 

Née  à  Trois-Pistoles  le  17  mai  1857. 

Décédée  à  Saint-Roch  des  Aulnaies  le  6  septem- 
bre 1864,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  de  cette 
paroisse. 


147 

IV 

JULIE-  ARTHÉMISE-TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  13  août 
1822. 

Mariée,  à  Saint -Louis  de  Kamouraska,  le  20  avril 
1846,  à  Charles-Barthélemi- Gaspard  Tarieu  deLanau- 
dière. 

M.  de  Lanaudière  était  fils  de  Pierre-Paul  Tarieu 
de  Lanaudière  et  de  Véronique  Gordon.  Il  naquit  au 
manoir  de  Lavaltrie  le  16  novembre  1821.  Ses  études 
commencées  au  collège  de  Nicolet  furent  terminées  au 
collège  des  Jésuites  de  Georgetown,  près  de  Washing- 
ton. Le  jeune  de  Lanaudière  se  fixa  ensuite  à  l'Indus- 
trie, chez  son  oncle  et  tuteur,  l'honorable  Barthélemi 
Joliette,  afin  d'y  étudier  la  loi. 

M.  de  Lanaudière  qui  avait  de  la  fortune  aida 
beaucoup  M.  Joliette  dans  la  fondation  de  l'Industrie. 
Aussi  lorsque  le  village  de  l'Industrie  fut  érigé  en  ville 
en  1864  sous  le  nom  de  Joliette  il  en  fut  choisi  à  l'una- 
nimité comme  le  premier  maire.  En  1872,  il  aban- 
donna ce  poste  de  confiance,  mais,  en  1874,  on  le  réé- 
lisait malgré  lui  pour  ainsi  dire. 

M.  de  Lanaudière  mourut  à  Joliette  le  25  juillet 
1875,  et  fut  inhumé  dans  l'église  paroissiale.   (1) 

"Bon  chrétien,  vrai  type  du  bon  citoyen,  M.  de 
Lanaudière  emporta  avec  lui  dans  la  tombe  les  regrets 
de  tous  ceux  qui  l'avaient  connu."   (2) 


(1)  Lors  de  la  démolition  de  cette  vieille  église,  les  corps 
de  M .  et  Mme  de  Lanaudière,  de  même  que  ceux  de  leurs 
enfants,  furent  inhumés  dans  un  terrain  choisi  par  la  Fabrique 
dans  le  cimetière  de  Joliette. 

(2)  Minerve,  27  juillet  1875. 


148 


Madame  de  Lanaudière  décéda   à  Joliette   le   23 
janvier  1888,  et  fut  inhumée  dans  l'église   paroissiale. 
De  leur  mariage  étaient  nés  onze  enfants  : 

I.  Chs.-Barth.-P.-Pasc.-Gasp.  T.  de  Lanaudière 

Né  à  Joliette  le  3  mars  1847. 
Décédé  à  Joliette  le  10  juillet  1847,  il  ^ut  inhumé 
dans  l'église  paroissiale. 

II.  Utichanne-Arthémise  T.  de  Lanaudière 

Née  à  Joliette  le  2  mai  1848. 
Décédée  à  Joliette  le  9  octobre  1849,   elle  fut  in- 
humée dans  l'église  paroissiale. 

III.  Antonine- Hélène  T.  de  Lanaudière 

Née  à  Joliette  le  10  septembre  1849. 
Décédée  à  Joliette  le  29  mai  1853,  e^e   fut   inhu- 
mée dans  l'église  paroissiale. 

IV.  Joseph- Antoine- Alphonse  T.  de  Lanaudière 

Né  à  Joliette  le  12  janvier  185 1 . 
Décédé  à  Joliette  le  1er  décembre  1853,  il  fut  in- 
humé dans  l'église  paroissiale. 

V.  Joseph-Edouard-Gaspard  T.  de   Lanaudière 

,  Né  à  Joliette  le  6  juillet  1853. 
Décédé  à  Joliette  le  22  juillet  1853,  il  fut  inhumé 
dans  l'église  paroissiale. 

VI.  Josephte-Antonine  T.  de  Lanaudière 

Née  à  Joliette  le  n  décembre  1855. 


149 


Mariée,  à  Joliette,  leio  juillet  1878,  à  Louis-Ar- 
thur McConville,  avocat. 

Né  à  Saint- Paul  de  Joliette  le  20  décembre  1849 
de  parents  irlandais,  M.  McConville  fut  admis  au  bar- 
reau le  12  janvier  1871. 

En  1875,  il  fut  un  des  rédacteurs  du  Nouveau-Mon- 
de qu'il  laissa,  en  1876,  pour  aller  se  fixer  à  Joliette  où 
il  fonda  V  Industrie,  tout  en  se  livrant  à  la  pratique  de 
sa  profession. 

Après  la  résignation  de  l'honorable  M.  Baby 
comme  ministre  de  l'Intérieur,  et  sa  nomination 
à  la  Cour  du  Banc  de  la  Reine,  M.  McConville 
fut  choisi  par  les  électeurs  du  comté  de  Joliette  pour 
remplacer  M.  Baby  à  la  Chambre  des  Communes.  Il 
fut  élu,  le  9  décembre  1880,  par  une  majorité    de  444 

voix. 

M.  McConville  mourut  à  Joliette  le  9  mai  1882, 
après  une  maladie  de  quelques  jours  seulement,  et  fut 
inhumé  dans  le  cimetière  paroissial. 

'  '  Doué  de  toutes  les  qualités  du  coeur  et  de  l'es- 
prit, il  avait  su  conquérir  l'estime  et  le  respect  de  tous 
ses  concitoyens,  qui  n'attendirent  pas  le  nombre  des 
années  pour  lui  accorder  la  confiance  qu'il  méritait  à 
tant  de  titres .  (  1  )  " 

Il  laissait  deux  enfants  : 

i°  Marie-Anne-Julie  McConville  née  à  Joliette  le 
9  décembre  1880.  Décédée  au  même  endroit  le  5  fé- 
vrier 1883,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

2.  Marie-Joseph- Alice  McConville  née  à  Joliette 
le  22  mars  1882.  Décédée  au  même  endroit  le  13 
juillet  1882,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 


(1)  Gazette  de  Joliette,  12  mai  1882. 


15° 


Après  avoir  perdu  ses  enfants,  madame  McCon- 
ville  renonça  au  monde  et  entra,  le  9  mai  1884,  au  mo- 
nastère du  Précieux-Sang  à  Saint-Hyacinthe.  Bile  y 
fit  profession  le  14  septembre  1886,  sous  le  nom  de 
soeur  Marie  de  la  Croix.  Elle  exerce  en  ce  moment 
la  charge  d'assistante-supérieure  au  monastère  du 
Précieux-Sang,  de  Nicolet. 

VIL  Anne-  Caroline- Josephte-T.  de  Lanaudière 

Née  à  Joliette  le  3  décembre  1856. 
Décédée  à  Saint- Antoine  de  Lavaltrie  le  30  juillet 
1857,  elle  fut  inhumée  dans  l'église  paroissiale. 

VIII.  Joseph-Jean-Gaspard-T.  de  Lanaudière 

Né  à  Joliette  le  23  décembre  1857. 
Décédé  à  Joliette  le  5  février  1858,  il  fut  inhumé 
dans  l'église  paroissiale. 

IX.  J.-B.-Antoine-Joseph-T.  de  Lanaudière 

Né  à  Joliette  le  23  juin  185g. 
Décédé  à   Joliette  le  8    août  1859,    il  fut  inhumé 
dans  l'église  paroissiale. 

X.  Marie  des  Anges  Alice  de  Lanaudière 

Née  à  Joliette  le  2  octobre  1860. 

Mariée,  à  Joliette,  le  16  février  1885,  à  Norman- 
Johti-Rieutord  Neilson,  fils  de  John  Neilson  et  de  Lau- 
ra-Caroline  Moorhead,  et  petit-fils  de  l'honorable  John 
Neilson,  l'ami  et  le  défenseur  des   Canadiens-français. 

M.  Neilson  fait  le  commerce  de  bois  dans  la  pro- 
vince de  Québec  et  dans  l'île  de  Terre-Neuve.  Il  ha- 
bite Domald,  Neilsonville,  près  de  Québec. 


i5i 


Enfants  : 

i.  Norman- John-Moorhead  de  Lanaudière  Neil- 
son  né  à  Trois- Rivières  le  14  novembre  1885.  Décé- 
dé à  Neilson ville  le  16  juillet  1886,  il  fut  inhumé  dans 
le  cimetière  de  Sainte- Foy. 

2.  Marie- A  lice  Neilson  née  à  Trois- Rivières  le  14 
février  1887. 

3.  Joseph-Nathanaël-Moorhead  Neilson  né  à 
Trois- Rivières  le  22  février  1888.  Décédé  à  Trois-Ri- 
vières  le  27  octobre  1888,  il  fut  inhumé  dans  le  cime- 
tière de  Sainte-Foy. 

4.  Robert- Moorhead  Neilson  né  à  Trois- Rivières 
le  11  août  1890. 

5.  Marguerite  de  Verchères  Neilson  née  à  Bot- 
woodville,  Baie  des  Exploits,  Terre-Neuve,  le  19  juin 
1892. 

6.  Amédée  de  Lanaudière  Neilson  né  à  Botwood- 
ville,  Baie  des  Exploits,  Terre-Neuve,  le  24  septembre 
1893. 

7.  John- Gordon  Neilson  né  à  Nicolet  le  6  avril 
1897.  Décédé  à  Joliette  le  19  décembre  1898,  il  fut  in- 
humé dans  le  cimetière  de  Sainte-Foy. 

8.  Anthony- Gordon  Neilson  né  à  Neilson  ville  le 
17  juillet  1901. 

XI.  Joseph-Gaspard-Charles-T.  de  Lanaudière 

Né  à  Joliette  le  10  septembre  1862. 

Il  a  été  admis  à  la  pratique  du  droit  le  10  juillet 
1883. 

Il  s'occupe  de  l'exploitation  des  carrières  de  pier- 
re de  Joliette  dont  il  est  propriétaire. 

M.  de  Lanaudière  est  célibataire. 


152 


JACQUES- VINCESLAS  TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  3  octobre 
1823. 

M.  Taché  fut  nommé,  le  16  septembre  1865,  shé- 
rif du  district  de  Kamouraska,  en  remplacement  de  M. 
Ovide  Martineau. 

M.  Taché  s'occupa  activement  de  milice.  C'est 
lui  qui  organisa  le  88e  bataillon  d'infanterie  du  comté 
de  Kamouraska  dont  il  fut  le  lieutenant-colonel  du  9 
avril  1874  à  sa  mort. 

Il  mourut  à  Saint- Louis  de  Kamouraska  le  1 1 
janvier  1879,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 

Il  était  à  sa  mort  seigneur  de  Saint-Paschal. 

M.  Taché  avait  épousé,  à  Saint-Louis  de  Kamou- 
raska, le  28  novembre  1848,  Marie-Charlotte-Louise- 
Elizabeth,  fille  de  l'honorable  Jean-Baptiste  Taché 
et   de    Charlotte  Mure.    (1) 

Madame  Taché  demeure  à  Saint- Louis  de  Ka- 
mouraska. 

De  leur  mariage  naquirent  six  enfants  : 

I.  Jean-Baptiste-Paschal  Tache 

Né  à  Saint-Paschal  le  5  août  1850.  (2) 
M.  Taché  a  beaucoup  aidé  à   l'établissement   des 
beurreries  dans  la  province  de  Québec.     Il  est,  depuis 
1879,  chef  des  commis  de  langue  française  â  la  Cham- 
bre des  Communes,  à  Ottawa. 


(1)     Voir  p.  28 


(i)     voir  p.  2». 

(2)  Baptisé  à  Saint-Loais  de  Kamouraska. 


Jacques-Vinceslas  Taché 


153 


Il  a  épousé,  à  MonteBello,  le  14  février  1888,  Eli- 
zabeth,  fille  de  Charles  Major,  marchand,  et  de  Odile 
Fournier. 

Elle  décéda  à  MonteBello,  le  2  mai  1896,  à  l'âge 
de  28  ans,  lui  laissant  quatre  enfants  : 

1.  Charles- Vinceslas-Roland  Taché  né  à  Saint- 
Louis  de  Kamouraska  le  1er  novembre  1889. 

2.  Henri-David  Taché  né  à  MonteBello  le  2  no- 
vembre 1891. 

3.  Jean-Baptiste-Paschal  Taché  né  à  MonteBello 
le  6  janvier  1893. 

4.  Joseph- Adolphe- Léon  Taché  né  à  MonteBello 
le  26  avril  1896. 

II.  Paschal-Vinceslas  Taché; 

Né  à  Saint-Paschal  le  28  janvier  1853. 

Admis  à  la  pratique  du  droit  le  11  juillet  1876. 

Il  a  pratiqué  à  Kamouraska,  puis  à  la  Rivière-du- 
Loup  (en  bas). 

En  1877,  M.  Charles-F.  Roy  ayant  remis  son  man- 
dat de  député  de  Kamouraska  à  la  législature  de  Qué- 
beo,  M.  Taché  se  présenta  pour  le  remplacer.  Le  19 
mars  1877,  il  était  battu  par  M.  Joseph  Dumont,  à  la 
majorité  de  3  voix. 

L'élection  dt  M.  Dumont  ayant  été  annulée,  M. 
Taché  fut  de  nouveau  candidat.  Cette  fois,  le  1er 
mai  1878,  après  une  lutte  acharnée,  il  fut  battu  par 
M.  C.-A.-E.  Gagnon. 

M.  Taché  fut  nommé,  en  1880,  avocat  de  la  Cou- 
ronne, pour  le  district  de  Kamouraska. 

En  octobre  1885,  il  acceptait  la  charge  de  réviseur 
des  listes  électorales  pour  le  comté  de  Kamouraska. 

Le    18   février    1887,    il   était   fait   conseil  de  la 

Reine. 

20 


154 


Par  arrêté  en  Conseil,  en  date  du  22  avril  1901, 
MM.  Joseph-Gabriel  Pelletier  et  Paschal-Vinceslas  Ta- 
ché étaient  nommés  grenier  conjoint  de  la  paix  et 
greffier  conjoint  de  la  Couronne  pour  le  district  de  Ka- 
mouraska,  et  protonotaire  conjoint  de  la  Cour  Supé- 
rieure pour  le  même  district. 

M.  Taché  a  épousé,  en  premières  noces,  à  Ottawa, 
le  12  janvier  1881,  sa  cousine  Euce- Henriette- Françoi- 
se, fille  du  docteur  Joseph-Charles  Taché  et  de  Fran- 
çoise Eepage.  (1) 

Elle  décéda  à  la  Rivière-du-Eoup  (en  bas)  le  5 
novembre  1886,  et  fut  inhumée  dans  le  cimetière  de 
Saint-Eouis  de  Kamouraska. 

Elle  lui  laissait  deux  enfants  : 

1.  jVI  arie-Henriette-Adine  Taché  née  à  Saint- 
Louis  de  Kamouraska  le  14  janvier  1882.  Décédée  au 
même  endroit  le  7  avril  1892,  elle  fut  inhumée  dans  le 
cimetière  paroissial. 

2 .  Marie- Anne-Amanda  Taché  née  à  Saint-Eouis 
de  Kamouraska  le  17  juin  1883. 

En  secondes  noces,  à  la  Rivière-du-Eoup  (en  bas) , 
le  24  novembre  1890,  il  épousait  Isabelle,  fille  du  doc- 
teur Joseph- Alexandre  Hamel  et  de  Marie-Caroline 
Marquis. 

Madame  Taché  est  morte  à  la  Rivière-du-Eoup 
(en  bas)  le  26  février  1903,  et  a  été  inhumée  dans  le 
cimetière  paroissial. 

,"  Ea  regrettée  défunte  n'était  âgée  que  de  31  ans, 
et  se  voyait  depuis  assez  longtemps  déjà  minée  par 
cette  terrible  maladie  qui  ne  pardonne  jamais  :  la  con- 
somption. Sa  mort  crée  un  vide  sensible  parmi  la 
bonne  société  fraservillienne."  (2) 

Aucun  enfant  n'était  né  de  ce  mariage. 

(1)  Voir  p.  127. 

(-2\    Saint-Laurent,  27  février  1903. 


155 


III.  Charles- Georges-Etienne  Tache 

Né  à  Saint-Paschal  le  16  mars  1854. 

Comme  son  père,  il  s'est  toujours  intéressé  aux 
choses  de  la  milice.  Il  a  été  lieutenant-colonel  du  88e 
bataillon. 

Il  demeure  à  Kamouraska. 

IV.  Marie- Julie-Charlotte-Amanda  Tache 

Née  à  Saint-Paschal  le  26  janvier  1856. 

Mariée,  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  14  jan- 
vier 1884,  à  Simon  Cimon,  ingénieur  civil. 

M.  Cimon  est  décédé  à  Saint-Etienne  de  la  Mal- 
baie le  22  mars  1903,  et  a  été  inhumé  dans  le  cimetiè- 
re paroissial. 

"  Encore  un  qui  vient  de  disparaître  !  La  pha- 
lange des  lutteurs  de  1878  voit  ses  rangs  s'éclaircir. 
Un  à  un,  ils  partent  pour  le  voyage  d'où  l'on  ne  re- 
vient plus,  allant  grossir  la  majorité  de  ceux  qui  nous 
attendent. 

"  Simon  Cimon  qui  ne  s'était  jamais  lassé  de  com- 
battre, s'est  éteint  bien  doucement,  dimanche  matin, 
le  22  mars,  sans  presque  d'agonie.  La  veille,  il  avait, 
selon  son  habitude,  lu  ses  journaux  et  conversé  avec 
ses  amis,  éloignant  ainsi  la  pensée  qu'il  devait  mourir  à 
brève  échéance.  Malade  depuis  des  années,  sentant 
parfois  ses  veines  se  figer  et  le  peu  de  sang  qui  lui  res- 
tait, lui  refluer  au  coeur,  il  faisait  contenance,  se  rai- 
dissait contre  le  destin  fatal,  n'avouant  jamais  qu'il 
fut  en  danger  et  ne  voulant  pas  s'en  convaincre. 

"  Il  a  souffert  cependant,  beaucoup  souffert,  et  il 
était  bien  trop  intelligent  pour  ne  pas  soupçonner  qu'il 
n'entendrait  pas  chanter  les  oiseaux  du  printemps,  ni 
ne  verrait  les  fleurs  s'ouvrir.  Mais  après  une  faiblesse, 


156 


un  affaiblissement  qui  le  laissait  inerte,  sa  nature  d'a- 
cier reprenait  le  dessus.  —  Je  ne  mourrai  pas,  —  et  il 
partait  chancelant,  visiter  ses  vieux  amis,  leur  dire 
bonjour  et  les  rassurer  sur  l'état  de  sa  santé.  Huit 
jours  avant  sa  mort,  épuisé,  n'ayant  plus  qu'un  souf- 
fle, mais  souriant  encore,  il  montait  en  voiture,  par  de 
mauvais  chemins  et  un  temps  humide  pour  aller  sur- 
veiller des  travaux  d'arpentage  à  Saint-Irénée. 

1  '  Les  ressorts  qui  font  mouvoir  la  machine  hu- 
maine ne  sont  pas  tous  fait  du  même  métal.  Il  y  a  des 
hommes  qui  étonnent  et  renversent  toutes  les  données 
de  la  science  et  les  prévisions  des  médecins.  L'élastici- 
té de  leur  tempérament  est  telle  qu'au  moment  même 
où  on  les  croit  perdus, — par  un  simple  effort  de  vo- 
lonté, ils  commandent  au  sang  de  circuler  plus  vite  et 
de  ranimer  l'organisme  un  instant  vaincu  par  la  dou- 
leur. Ceux  qui  ont  connu  sir  Adolphe  Chapleau  sa- 
vent le  nombre  de  fois  qu'il  a  ainsi  trompé  ses  méde- 
cins et  ses  amis.  Mourant  le  soir,  il  enthousiasmait  la 
foule  le  lendemain  sans  que  sa  figure  trahit  aucune 
trace  de  malaise.  Jules  Faucher,  le  gai  censeur,  le 
boute-en-train  de  la  demi-bohême  d'autrefois,  dont  les 
bons  mots  couraient  la  ville,  commandait  son  cercueil, 
le  matin,  et  trouvait  encore  le  soir,  assez  de  force  pour 
traîner  sa  charpente,  comme  il  disait,  sur  la  terrasse 
Frontenac  et  fredonner  un  air  d'opéra  à  ses  compa- 
gnons que  l'émotion  suffoquait.  Simon  Cimon  était  de 
cette  trempe,  mais  il  lui  a  fallu,  lui  aussi,  succomber 
comme  les  autres  et  subir  la  grande  et  juste  loi  de  la 
mort  qui  nivelle  toutes  les  ambitions  et  à  laquelle  per- 
sonne ne  peut  se  soustraire.  La  source  de  la  vie  était 
tarie. 

"Toujours  prêt  à  rendre  un  service,  sans  regar- 
der si  c'était  à  un  partisan  ou  à  un  adversaire,    Simon 


157 


Cimon  a  joui,  un  jour,  dans  le  comté  de  Charlevoix, 
d'une  popularité  fort  enviable.  Il  fut  élu  en  1887  à 
la  Chambre  des  Communes,  à  la  mort  de  son  père  feu 
Xavier  Cimon,  et  siégea  jusqu'en  1891.  De  1891  à 
1900  il  se  présenta  quatre  fois  et  fut  battu  par  des  ma- 
jorités variant  de  175  à  90.  Ces  revers  successifs  ne 
l'abattaient  pas.  A  chaque  nouvelle  lutte  il  se  relevait 
plus  courageux,  plus  décidé,  plus  confiant. 

"I^a  capricieuse  politique  a  parfois  de  bien  tristes 
et  singuliers  revers  pour  ceux  qui  se  donnent  à  elle, 
sans  réserve.  C'est  beau  de  sercir  son  pays  et  de  se 
dévouer  pour  ses  concitoyens,  mais  aussi  que  de  dé- 
ception !  que  d'ingratitudes  poignantes  à  dévorer  en 
silence,  avec  un  sourire  aux  lèvres  lorsqu'on  a  du 
coeur.  Quand  un  homme  a  sacrifié  sa  fortune,  son 
avenir,  les  joies  si  douces  de  la  famille  ;  que  tous  les 
serpents  ont  sifflé  l'injure  à  ses  oreilles  et  sali  sa  répu- 
tation et  son  caractère  ;  qu'il  a  tout  enduré  stoïque- 
ment pour  son  parti,  enveloppant  dans  son  manteau 
troué  de  philosophe,  sa  pauvreté  ridiculisée  par  ceux 
qui  se  sont  servi  de  son  influence  pour  tirer  les  mar- 
rons du  feu,  et  qu'il  jette,  autour  de  lui, les  yeux  pour 
chercher  un  appui,  un  consolateur,  quelqu'un  qui  lui 
dise  un  mot  d'espoir,  le  plus  souvent,  il  ne  rencontre 
que  des  donneurs  de  conseils  quand  ce  ne  sont  pas  des 
faiseurs  de  reproches.  Qui  dira,  alors,  ce  qui  doit  se 
passer  dans  cette  âme  ulcérée  ? 

"Et  ils  sont  nombreux,  ceux  à  qui  l'on  a  rendu 
la  vie  amère  sur  la  fin  de  leur  carrière  et  qui  dorment 
maintenant  de  leur  dernier  sommeil,  après  avoir  par- 
donné à  leurs  persécuteurs.  Prenons  les  hommes  pu- 
blics depuis  vingt-cinq  ans.  A  partir  du  gouverneur 
L,uc  Letellier  qui  est  mort  du  coup  qu'on  lui  avait 
porté  et  que  l'on  poursuivit  jusque  dans  son  cercueil, 


158 


combien  sont  tombés  épuisés  par  la  lutte,  trahis  par 
leurs  amis,  bafoués  par  leurs  adversaires  ?  On  peut 
différer  d'opinion  sur  les  mérites  d'un  homme.  Au 
cours  de  la  discussion,  dans  l'emportement  d'une  in- 
vective, l'accuser  d'une  intention  qu'il  n'a  pas  ;  mais 
l'histoire  calme  et  juste  n'admettra  jamais  que  s'il  a 
pu  se  tromper,  il  n'agissait  pas  avec  sincérité  et  con- 
viction, comme  bien  d'autres  qui  ont  commis  des  er- 
reurs, tout  eu  poursuivant  un  but  digne  et   avouable. 

"IV  ami  qui  vient  de  nous  quitter  a  bu,  lui  aussi, 
le  calice  des  amertumes  ;  mais  il  avait  du  caractère  et 
une  confiance  sans  borne  en  l'avènement  du  parti  pour 
lequel  il  avait  si  vaillamment  combattu  ;  c'est  pour- 
quoi, il  a  pu  tout  supporter  avec  l'imperturbable  aplomb 
d'un  stoïcien,  et  voir  sans  broncher  la  grande  débâcle 
emportant  dans  ses  débris,  ce  qui  lui  restait  d'avenir 
et  de  fortune.  Est-ce  qu'il  n'est  pas  permis  aux  sol- 
dats du  camp  opposé,  d'admirer  une  telle  persévéran- 
ce d'opinion,  une  pareille  énergie  de  volonté  ? 

"  Il  en  faut  de  ces  vaillants  dans  un  pays  comme 
le  nôtre  où  les  institutions  et  les  garanties  de  bonne 
administration  reposent  sur  la  divergence  de  principes 
des  partis  politiques.  Si,  à  un  moment  donné,  tous  se 
concertaient  pour  proclamer  une  suspension  d'armes 
indéfinie,  l'équilibre  serait  rompu  et  les  admirables 
remparts  qui  nous  protègent  tomberaient  d'eux-mê- 
mes. 

1  "  Sans  affectation  comme  sans  mépris  pour  ceux 
qui  ne  partageaient  pas  ses  principes  religieux,  Simon 
Cimon  était  un  ferme  croyant.  Elevé  par  une  mère 
chrétienne,  il  avait  foi  au  Christ  qui  pardonne  et  con- 
sole en  promettant  la  paix  aux  hommes  de  bonne  vo- 
lonté. Jamais  de  sa  vie,  il  n'a  jugé  personne  et  rien 
ne  l'ennuyait  comme  ces    fanatiques   du    pharisaïsme, 


159 


vouant  sans  merci,  au  feu  éternel,  quiconque  ne 
dit  pas  "amen,"  à  tous  les  refrains  de  leur  casuistique 
perfide.  Il  accomplissait  ses  devoirs,  sans  bruit,  à  la 
manière  de  tout  catholique  convaincu  que  l'ostenta- 
tion n'est  pas  la  religion.  Il  aimait  son  Dieu,  son  pays, 
sa  famille  :  ses  deux  chers  petits  enfants  surtout  qui 
ne  se  réalisent  pas  encore  qu'ils  n'ont  plus  de  père  et 
son  épouse  qui  a  toujours  été  son  plus  solide  appui,  sa 
suprême  consolation. 

"  Sa  mort  si  soudaine  a  jeté  un  deuil  général  dans 
tout  le  comté  de  Charlevoix .  On  savait  bien  que  sa 
maladie  serait  fatale  ;  mais  personne  ne  s'attendait  à 
un  dénouement  aussi  prompt.  Ceux  qui  ont  assisté  à 
ses  funérailles  peuvent  maintenant  apprécier  combien 
il  était  estimé  et  nous,  ses  amis,  ses  camarades  qui 
avons  connu  son  bon  coeur  et  l'avons  tant  de  fois 
éprouvé,  nous  ne  pouvons  que  le  regretter  et  garder 
de  ce  citoyen,  un  souvenir  durable."  (i) 
Du  mariage  Cimon-Taché  naquirent  : 
i.  Charles- Vinceslas- Roland  Cimon  né  à  Saint- 
Etienne  de  la  Malbaie  le  28  mai  1885.  Décédé  au  mê- 
me endroit  le  5  août  1885,  il  fut  inhumé  au  cimetière 
paroissial. 

2.  Marie-Louise- Aima- Amanda  Cimon  née  à  Saint- 
Etienne  de  la  Malbaie  le  9  septembre  1887.  Décé.dée 
à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  30  avril  1892,  elle  fut 
inhumée  au  cimetière  de  cette  paroisse. 

3.  Marie-Claire-Adine  Cimon  née  à  Saint-Etienne 
de  la  Malbaie  le  28  septembre  1888.  Décédée  à  Saint- 
Louis  de  Kamouraska  le  31  mai  1892,  elle  fut  inhu- 
mée au  cimetière  de  cette  paroisse. 

4!  Joseph- Arthur  Cimon  né  à  la  Rivière-du-Loup 
(en  bas)  le  20  mars  1 890 .     Décédé  à  Saint-Louis   de 

(1)    Soleil,  31  mars  1903.     Article  de  M.  Alfred  Cloutier. 


i6o 


Kamouraska  le  7  mai  1892,  il  fut  inhumé  au   cimetiè- 
re de  cette  paroisse. 

5.  Marie- Aima  Cimon  née  à  Saint-Etienne  de  la 
Malbaie  le  18  février  1894. 

6.  Antoine-Alexandre  Cimon  né  à  Saint-Etienne 
de  la  Malbaie  le  26  février  1898. 

V.  Pascha^-Henri  -Alexandre  Tache 

Né  à  Saint-Paschal  le  8  novembre  1858. 
Il  demeure  avec  sa  mère  à  Saint-Louis  de  Kamou- 
raska. 

Célibataire. 

VI.  Marie-Jeanne-Adine  Tache 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  28  novem- 
bre 1860. 

Décédée  au  même  endroit  le  4  juillet  1870,  elle 
fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

VI 

Marie-Anne-Aglaé-Lêontine  Taché 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  10  avril 
1826. 

Décédée  au  même  endroit  le  1er  novembre  1829, 
elle  fut  inhumée  dans  l'église  paroissiale. 


BRANCHE  CADETTE 


Première    génération  :  Jean-Paschal  Taché 
Deuxième  génération  :  Paschal- Jacques  Taché 
Troisième  génération  :  Paschal  Taché 
Quatrième  génération  :  Ls-Paschal-Achille  Taché 


LOUIS-PASCHAL-ACHILLE  TACHE 


Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  22  juin  18 13. 

Il  épousa,  à  Québec,  le  16  juillet  1834,  Josephte- 
Joséphine-Eléonore,  fille  de  feu  Jean-Baptiste-Philippe 
D'Estimauville  et  de  Marie- Josephte  Drapeau. 

M.  Taché  fut  assassiné  dans  la  nuit  du  31  janvier 
au  1er  février  1839  par  le  docteur  Holmes,    de   Sorel. 

Le  Canadien  du  20  février  1839  donne  des  rensei- 
gnements assez  véridiques  sur  ce  meurtre  horrible  : 

"Vers  les  quatre  heures  de  l'après-midi,  le  31  jan- 
vier dernier,  un  étranger  venant  d'en  haut  arrêta  à 
l'auberge  de  Wood,  à  quelques  arpents  au-dessus  de 
l'église  de  Kamouraska,  fit  dételer  son  cheval  et  or- 
donna qu'on  lui  prépara  à  manger.  Il  ôta  son  capot 
et  descendit  à  pied  quelque  distance  plus  bas  que  l'é- 
glise, tandis  que  la  femme  de  l'auberge  lui  préparait 
son  repas.  Il  s'informa  d'un  jeune  homme  qu'il  ren- 
contra en  chemin  où  demeurait  madame  Taché,  la 
seigneuresse  du  lieu,  et  si  son  fils,  M.  Achille,  était  à 
la  maison.  Le  jeune  homme  lui  indiqua  le  manoir  et 
lui  dit  qu'il  pensait  que  M.  Achille  y  était.  Il  revint 
ensuite  à  son  auberge. 


IÔ2 


"  Vers  six  heures  et  demie  il  fit  mettre  son  che- 
val sur  sa  voiture  et  dit  à  la  femme  de  l'auberge  qu'il 
allait  à  Saint-Paschal,  qu'il  descendrait  par  Saint-An- 
dré et  reviendrait  dans  deux  ou  trois  jours.  Il  prit  le 
côté  d'en  bas.  Arrivé  à  quelques  arpents  de  la  route 
qui  conduit  à  la  maison  de  madame  Taché,  qui  est  à 
quelque  distance  du  chemin  et  qu'il  s'était  fait  indi- 
quer un  instant  auparavant,  il  fit  rencontre  d'une  des 
voitures  de  madame  Taché  dans  laquelle  se  trouvait 
M.  Achille  Taché,  qui  venait  voir  un  de  ses  amis  ma- 
lade près  de  l'église.  Il  reconnut  M.  Taché,  lui  dit 
qu'il  venait  de  Sorel,  qu'il  avait  des  nouvelles  de  sa 
famille  à  lui  donner,  (i)  Sur  quoi  M.  Taché  tout 
joyeux  passa  de  la  voiture  de  sa  mère  dans  celle  de 
cet  étranger  qui  rebroussa  chemin  et  prit  le  côté  d'en 
haut. 

"M.  Taché  n'ayant  point  retourné  le  soir  chez  sa 
mère,  celle-ci  s' informa  du  domestique  de  ce  qu'il  était 
devenu.  Il  lui  rendit  compte  de  ce  qui  s'était  passé, 
et  madame  Taché  demeura  sans  inquiétude  jusqu'au 
lendemain,  vendredi  premier  février  courant,  où  elle 
fit  faire  des  perquisitions  qui  amenèrent  à  supposer 
qu'il  s'était  rendu  à  la  Rivière -Ouel le  chez  un  de  ses 
compagnons  de  collège  où  il  allait  assez  fréquemment. 
L,e  samedi,  M.  Taché  n'ayant  point  reparu  et  des  ha- 
bitants de  Kamouraska,  venant  de  Sainte-Anne,  ayant 
dit  qu'un  étranger  avait  couché  dans  la  nuit  du  31 
janvier  au  1er  de  février,  dans  une  auberge  â  Sainte- 
Anne',  que  sa  voiture  était  pleine  de  sang,  qu'ils 
avaient  vu  des  traces  de  sang  dans  l'anse  de  Kamou- 
raska jusqu'à  une  petite  distance  d'une  maison  que 
M.  Achille  Taché  avait  au-dessus  de  l'église,  l'alarme 


(1)    Madame  Taché  et  ses  deux  enfants  étaient  en  prome- 
nade à  Sorel. 


163 


se  répandit,  et  on  se  mit  à  la  recherche  du  jeune  hom- 
me qu'on  ne  douta  plus  avoir  été  assassiné. 

'  'Le  dimanche  matin  son  corps  fut  trouvé  sur  la 
batture  de  Kamouraska  portant  des  marques  à  la  tête. 
Lors  de  l'examen  du  corps  fait  par  le  docteur  Dou- 
glass,  deux  balles  furent  trouvées  dans  la  tête  de  l'in- 
fortuné jeune  homme. 

"D'après  le  signalement  donné  de  la  personne 
que  l'on  supposait  avoir  commis  le  crime  et  avec  qui 
M.  Taché  s'était  embarqué,  les  soupçons  se  portèrent 
sur  le  docteur  Holmes,  de  Sorel,  compagnon  de  collège 
de  M.  Taché.  On  a  donné  à  sa  poursuite  d'abord 
jusqu'à  Sorel  où  on  est  arrivé  le  7  du  courant.  Là,  ou 
apprit  que  le  docteur  Holmes  s'était  absenté  du  villa- 
ge, où  il  demeurait,  depuis  le  22  janvier  jusqu'au  5 
février,  et  que  dans  la  nuit  du  5  au  6  du  courant,  à 
l'arrivée  de  la  poste,  il  s'était  enfui  en  toute  hâte,  pre- 
nant la  route  qui  conduit  aux  Etats-Unis.  La  pour- 
suite a  été  continuée  jusqu'à  Saint-Ours  où  on  a  trou- 
vé son  cheval,  sa  carriole  et  ses  peaux  encore  teintes  du 
sang  de  sa  victime.  Le  docteur  avait  pris  un  cheval 
frais  pour  aller  plus  vite." 

Le  docteur  Holmes  fut  arrêté  à  Burlington,  dans 
l'état  de  Vermont,  mais  le  gouvernement  canadien  ne 
put  obtenir  son  extradition.  On  n'en  a  plus  entendu 
parler  depuis. 

Madame  Taché  se  remaria,  à  Québec,  le  18  mai 
1843,  à  Léon-Charles  Clément,  notaire,  de  la  paroisse 
des   Ebaulements. 

Elle  est  décédée  à  Montréal  le  24  juin  1893,  e*  a 
été  inhumée  au  cimetière  des  Eboulements. 

Deux  enfants  étaient  nés  de  son  premier  maria- 
ge :  (1) 


(1)     Elle  en  eut  six  de  sa  seconde  union. 


164 

I 

J .  -B. -JOSEPH- P ASCH AIv-I V ANHOE  TACHÉ 

Le  continuateur  de  la  branche  cadette. 

II 

LUCIEN-ELZÊAR-ISIDORE  TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska,  le  ier  octobre 
1836. 

Il  épousa,  à  Saint-Romuald  d'Etchemin,  le  22 
avril  1879,  Mary- Jane  Ahern. 

M.  Taché  décéda  le  29  avril  1888,  et  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  Belmont,  à  Québec. 

Sa  veuve  s'est  remariée  à  Gaudiose  Lambert. 

Pas  d'enfant  de  son  mariage  avec  M.  Taché. 


BRANCHE  CADETTE 


Première    génération  :  Jean-Paschal  Taché 
Deuxième  génération  :  Paschal- Jacques  Taché 
Troisième  génération:  Paschal  Taché 
Quatrième  génération  î  Ls.-Paschal- Achille  Taché 
Cinquième  génération  :    J.-B.-J.-Pasc.-Ivaûhœ  Taché 


J.-B.-J,-PASŒAL-rVrANHOE  TACHE  (1) 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le   4   novembre 

1835- 

Il  fut  greffier    des  journaux   français   et   député 

sergent  d'armes  du  Sénat  de  la  puissance  du  Canada. 
M    Taché  décéda  à  la  suite  d'une  attaque  de   pa- 
ralysie, à  Ottawa,  le  20  avril  1887,  et  fut  inhumé  dans 

le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

Il  avait  épousé,  à  Québec,  le  25  novembre  1856, 

Thérèse-Catherine,  fille  de  l'honorable  juge   William 

Power  et  de  Suzanne  Aubert  de  Gaspé. 

Madame  Taché  mourut  à  Ottawa  le  24  septembre 

1890,  et  fut  inhumée   dans   le   cimetière  Notre-Dame 

d'Ottawa- 
Treize  enfants  naquirent  de  leur  mariage  : 

I 

WILLIAM-ARTHUR  TACHÉ 

Né  à  Québec  le  23  décembre  1857. 

Employé  au  département  de  l'Agriculture,  à  Otta- 


wa. 


Célibataire. 


(1}  Connu  sous  les  orénoms  de  Louis-Ivanhoe. 


i66 


n 

MARIE-SUZANNE-CÉCILE-(CECY)   TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  3  avril  1859. 

Mariée,  à  Ottawa,  le  16  juin  1891,  à  Jude- Alfred 
Chassé,  greffier  en  loi  au  ministère  des  travaux  pu- 
blics, à  Ottawa. 

Enfants  : 

I.  Marie-Juue-Thérèse  Chassé 

Née  à  Ottawa  le  2  novembre  1892. 

II.  Marie-Marguerite  Chassé 

Née  à  Ottawa  le  16  janvier  1894. 

III.  Joseph- Alphonse- Ivanhoe  Chassé 

Né  à  Ottawa  le  7  octobre  1895. 
Décédé  à  Ottawa  le  23  juin  1896,    il    fut   inhumé 
dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

IV.  Joseph-Ivanhoe-Alfred  Chassé 

Né  à  Ottawa  le  11  février  1897. 

V.    JOSEPH-LOUIS-HORACE   CHASSÉ 

Né  Ottawa  le  11  juin  1899. 

Décédé  à  Ottawa  le  16  août  1900,  il  fut  inhumé 
dans" le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

m 

CATHERINE-THÉRÈSE-JOSÉPHINE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  1er  août 
1860. 


167 


Mariée,  à  Ottawa,  le  31  août  1885,  â  Louis- Amé- 
dée  DesRosiers,  ingénieur  civil,  à  l'emploi  du  départe- 
ment des  travaux  publics  du  Canada. 

Enfants  : 

I.  Louis  DesRosiers 
Né  à  Ottawa  le  4  juillet  1886. 
Décédé  à  Ottawa   le   31    mars    1893,    et   inhumé 
dans  le  cimetière   Notre-Dame  d' Ottawa. 

II.  Ivanhoe  DesRosiers 
Né  à  Ottawa  le  18  août  1888. 

III.  Arthur  DesRosiers 

Né  à  Ottawa  le  7  juillet  1890. 

IV.  Ivonne  DesRosiers 

Née  à  Ottawa  le  15  février  1892. 
Décédée  à  Ottawa  le  7  octobre  1892,  et   inhumée 
dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

V.  Emma  DesRosiers 

Née  à  Ottawa  le  30  août  1893. 

VI.  Gustave  DesRosiers 
Né  à  Ottawa  le  22  décembre  1895. 

VII.  Joseph  DesRosiers 
Né  à  Ottawa  le  25  août  1898. 

VIII.  Paul  DesRosiers 

Né  à  Ottawa  le  20  novembre  1900. 
Décédé  à  Ottawa  le  30  juin  1901,  et  inhumé  dans 
le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 


i63 


IX.  Pauline  DesRosiers 

Née  à  Ottawa  le  20  novembre  1900. 
Décédée  à  Ottawa  le  31  juillet  1901,   et  inhumée 
dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

X.  Noël  DesRosiers 

Né  à  Ottawa  le  24  décembre  1901. 
Décédé  à  Ottawa  le  5  mars  1903,  et  inhumé  dans 
le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

IV 

EMMA-LUCE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  24  mars 
1862. 

Elle  réside  à  Ottawa. 

V 

LOUIS-JOSEPH-IVANHOE    TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  2  novembre 
1863. 

Décédé  à  la  Pointe  Gatineau  le  12  août  1887,  il 
fut  inhumé  dans  le  cimetière  Notre-Dame,  à   Ottawa. 

VI 

ULRIC-HENRY  TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  4  juillet 
1865. 

Décédé  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  29  dé- 
cembre 1865,  il  fut  inhumé  dans  le  cimetière  parois- 
sial. 


169 

vn 

BLANCHE-ALICE  TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  6  octobre 
1866. 

Décédée  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  2  avril 
1871,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

vra 

HARLINE-GEORGIANA-ISABELLA  TACHÉ 

Née  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  20  juillet 
1868. 

Décédée  à  Ottawa  le  6  décembre  1879,  elle  fut  in- 
humée dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

IX 

MARIE-LAURE-WILHELMINE  TACHÉ 

Née  à  Saint- Louis  de  Kamouraska  le  17  mars 
1870. 

Décédée  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  30  juil- 
let 1871,  elle  fut  inhumée  dans  le  cimetière  paroissial. 

X 

HENRI-PASCHAL-ACHILLE  TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  20  octobre 
1871. 

Employé  au  département  du  revenu  de  l'Intérieur, 

à  Ottawa. 

Non  maiié. 

22 


170 


XI 

ACHILXE-GEORGE-GUSTAVE   TACHÉ 

Né  à  Saint-Louis  de  Kamouraska  le  25  mai  1873. 
Décédé  à  Ottawa  le  28  juillet  1879,  il  fut  inhumé 
dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

XII 

EUGÈNE-ERNEST-ETIENNE  TACHÉ 

Né  à  Saint-I^ouis  de   Kamouraska  le    12    février 

1875. 

Décédé  à  Ottawa  le  2  décembre  1879,  il  fut  inhu- 
mé dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 

XIII 

MARIE-LOUISE-LAURETTE   TACHÉ 

Née  à  Ottawa  le  27  avril  1879. 
Décédée  à  Ottawa  le  29  novembre  1879,    elle   fut 
inhumée  dans  le  cimetière  Notre-Dame  d'Ottawa. 


APPENDICE 


-oo- 


LA    FAMILLE    TACHE 

(  Bihliograph  ie  ) 


Taché,  Mgr  Alexandrb-Antonin  ; 

Vingt  années  de  missions  dans  le  Nord-Ouest  de 
V Amérique. — Montréal,  Eusèbe  Senécal,  imprimeur- 
éditeur,  rue  St- Vincent,  Nos  6,  8  et  10 — 1866.245  pp. 
in-8.  (1) 

Esquisse  sur  le  Nord-Ouest  de  V  Amérique. — Mont- 
réal, typographie  du  "Nouveau- Monde",  23,  rue  St- 
Vincent — 1869.    146  pp.  in-8. 

Sketch  of  the  North- West  of  America,  by  Mgr  Ta- 
ché, bishop  of  St-Boniface.  Translated  from  the  french, 
by  captain  D.  R.  Cameron,  Royal  Artillery  —  Mont- 
réal :  printed  by  John  Lovell,  St-Nicholas  street — 
1870.  216  pp.  in-8. 

Discours  de  Mgr  Taché  aux  noces  d'or  du  Révérend 
Messire  Pépin — Presse  à  vapeur  du  '  'Franc- Parleur'  ' — - 
1874. 

D  amnistie.  Montréal  :  imprimée  par  le  journal 
"Le  Nouveau  Monde",  30,  rue  St-Gabriel — 1874 — 72 
pp.  in- 16. 

Encore  r  amnistie.  Imprimerie  du  journal  "Le  Mé- 
tis", Winnipeg — 1875.  42  PP«  in- 16. 

Denominational  or  free  Christian  schools  in  Manito- 
ba — Winnipeg  :  "Standard"  Book  and  Job  Printing 
Establishment — 1877.  126  pp.  in-8. 

La  Situation.   1885. 


(  1  )     Une  seconde  édition  a  été  publiée  en    18S8  par  la  li- 
brairie Saint- Joseph,  Cadieux  &Derome.  «39  pp.  in-8. 


172 


Two  letlers  or  archbishop  Taché  on  the  school  ques- 
tion.  1889.  9  pp.  in-8. 

Ecoles  séparées  :  partie  des  négociations  à  Ottawa. — 
(Traduction  d'une  lettre  adressée  au  "Free  Press," 
Wirmipeg,  27  décembre  1889,  d'une  autre  lettre  pu- 
bliée le  15  janvier  dans  le  "Free  Press,"  datée  le  13 
juillet  1890,  et  d'une  troisième  lettre  datée  du  24  jan- 
vier 1890) — "Le  Manitoba",  Saint-Boniface.   1890. 

Une  page  de  V  histoire  des  Ecoles  du  Manitoba.  Etu- 
de des  cinq  phases  d'une  période  de  75  années  :  18 18- 
1868,     1868-1870,     1870-1888,     1888-1890,     1890  à  ce 
jour — Imprimerie  "Le   Manitoba",    Saint-Boniface. 
1893. 

Mémoire  de  Monseigneur  Taché  sur  la  question  des 
écoles  en  réponse  au  rapport  du  comité  de  V  honorable  Con- 
seil Privé  du  Canada. — Montréal,  C.  O.  Beauchemin  & 
Fils,  libraires-imprimeurs,  256  et  258,  rue  Saint-Paul. 
1894.   64  pp.  iu-8. 

Taché,  Sir  Etienne- Pasch ai,  : 

Du  développement  de  la  force  physique  chez  P  homme, 
discours  prononcé  à  l'Institut  Canadien  de  Montréal. 
(J.  Huston,  "Répertoire  national",  éd.  1848-50,  vol. 
IV,  p.  362;  éd.  1893,  vol.   IV.,  p.  364). 

Guerre  de  181 2  à  181  5.  Bataille  navale  du  lac 
Champlain,  par  un  témoin  oculaire  ("Mémoires  et  do- 
cuments publiés  par  la  Société  Historique  de  Mon- 
tréal", troisième  livraison,  p.   T45). 

Discours  prononcé  par  P  honorable  colonel  Taché,  à 
P  inhumation  des  restes  des  braves  tombés  en  1760  sur  les 
Plaines  d' Abraham.     ("Le  Canadien,"  9  juin  1854.) 

Lettre  de  Sir  E.-P.  Taché  au,  lieutenant-colonel  Ste- 
venson, datée  de  Montréal  le  20  mai  1863.  —  (Transac- 
tions of  the  Literary  and  Historical  Society  of  Québec, 
Sessions  of  187-8,  p.  14). 

Quelques  réflexions  sur  P  organisation  des  volontaires 
et  de  la  milice  de  cette  province,  par  un  Vétéran  de  181 2. 
Québec  :  des  presses  à  vapeur  de  A.  Côté  et  Cie — 
1863.  45  pp.  in-8. 


i73 


Taché,  Eugène-Etienne  : 

Carte  de  la  provi?ice  de  Québec — 1870. 
Carte  de  la  province  de  Québec — 1880. 
Carte  de  la  province  de  Québec — 1893- 
Carte  de  la  province  de  Québec — 1898. 

Taché,  Joseph-Charles  : 

Rapport  du  comité  spécial  de  l' 'Assemblée  Législative 
sur  l'état  de  V agriculture — Imprimerie  Louis  Perreault. 
1850. 

De  la  tenure  seigneuriale  en  Canada  et  projet  de 
commutatio?i. — Québec  :  imprimé  parLovellet  Lainou- 
reux,  à  leur  établissement  à  vapeur,  rue  Lamontagne. 
1854.  63  + XIX  pp.  iu-8. 

The  seigniorial  tenure  in  Canada  and  plan  of  com- 
mutation.— Priuted  by  order  of  the  Législative  Assem- 
bly.  (Translatée!  from  the  French) — Québec  :  printed 
by  Lovell  and  Lamoureux,  at  their  steani-printing 
establishment,  Mountain  street — 1854.   53  pp.  in-8. 

La  Pléiade  Rouge,  par  Gaspard  Le  M  âge.  Mon- 
tréal :  imprimerie  de  "La  Minerve" — 1855.  24  pp. 
in-8.    (1) 

Esquisse  su?  le  Canada  considéré  sous  le  point  de  vue 
économiste.  Publié  par  ordre  du  Comité  exécutif  char- 
gé de  l'exposition  canadienne  siégeant  à  Québec — Pa- 
ris, Hector  Bossange  et  fils,  quai  Voltaire,  25 — 1855. 
180  pp.  petit  in-8. 

Catalogue  raisonné  des  produits  canadiens  exposés   à 


(1)  "La  Pléiade  Rouge  est  une  oeuvre  commune  à  un  ami, 
que  je  ne  suis  pas  .autorisé  à  vous  nommer  et  à  moi.  L'idée 
première,  le  titre,  l'ordonnance  et  la  moitié  de  l'exécution  sont 
de  moi,  l'autre  moitié  et  le  pseudonyme  de  Gaspard  Lemage 
sont  de  mon  collaborateur.  Je  vous  dirai  que  chacun  de  nous 
deux  a  fait  sa  part  sans  le  concours  de  l'autre,  en  sorte  que  le 
fond  et  la  forme  de  ce  qui  appartient  à  l'un  lui  appartient  tout 
entier.  Mon  ami  et  moi  passons,  dans  notre  petit  monde  des 
lettres  canadiennes,  pour  avoir  des  qualités  et  des  défauts  dia- 
métralement opposés  et  très  saillants  :  cependant,  personne  de 
ceux  qui  ont  parlé  de  cet  écrit  n'a  encore  découvert,  de  lui-mê- 
me, aucun  signe  de  la  dualité  que  je  vous  indique." —  Lettre 
de  M.  Joseph-Charles  Taché  à  Placide  Lépine,  Ottawa,  16  fé- 
vrier 1872.  L' Opinion  Publique,  29  février  1872. 


174 


Paris  en  1855 — Paris,  imprimerie  G.  A.  Pinard — Den- 
tan  et  Cie,  9,  Cour  des  Miracles.   118  pp.  petit  in-8. 

Le  Canada  et  V exposition  universelle  de  1835. — Im- 
primé par  ordre  de  l'Assemblée  législative — Toronto: 
des  presses  à  vapeur  de  John  Lovell,  rue  Yonge — 
1856.  477  pp,  in-8. 

Canada  at  the  universal  exhibition  of  1835. 

Des  provinces  de  V Amérique  du  Nord  et  d'une  union 
fédérale.  —  Québec  :  des  presses  à  vapeur  de  J .  T. 
Brousseau,  7,  rue  Buade,  Haute- Ville.  1858.  252  pp. 
in-8. 

Notice  historiographique  sur  la  fête  célébrée  à  Qué- 
bec le  16  juin  183g,  jour  du  deux-centième  anniversaire 
de  l'arrivée  de  Monseigneur  de  Montmorency- Laval 
en  Canada. — Publié  avec  l'autorisation  de  M.  l'abbé 
L  -J .  Casault,  docteur  en  théologie  et  recteur  de  l'u- 
niversité Laval — Québec  :  imprimerie  de  J.-T.  Brous- 
seau, 7,  rue  Buade,  Haute- Ville. — 1859.   73  pp.  in-8. 

Le  défric/ieur  de  langue,  tragédie-bouffe  en  trois 
actes  et  en  trois  tableaux,  par  Isidore  de  Méplats. — 
1859.   8  pp.  in-8. 

1 rois  légendes  de  mon  pays  ou  l'Evangile  ignoré, 
l'Evangile  prêché,  l'Evangile  accepté — ("Les  Soirées 
Canadiennes",  1861,  p.    11).    (1) 

Forestiers  et  voyageurs  ("Les  Soirées  Canadien- 
nes",  1863,  p.   r3". )  (2)    - 

The  Board  oj  Inspectors  of  Asylums,  prisons 
and  hospitals  and  ils  accusers.  Letter  of  Mr.  J. 
C.  Taché,  chairman  of  the  Board — Reprinted  from 
the"M^—*  Chronicle." — Québec:  printed  at  the 
office  „i  aie  "Morning  Chronicle",  foot  of   Mountain 

— 1864,  20  pp.  iu-16. 

Le  braillard  de  la  Montagne.   (3) 

'("Les  Soirées  Canadiennes",  1864,  p.   97). 

Mémoire  sur  le  choléra.  Publié  par  autorité.  Im- 
primé par  le  bureau  d'agriculture  et  des  statistiques — 
1866.   52  pp.  in-8. 

(1)  Publiée  en  brochure  chez  A.  Côté  et  Cie,  Québec,  en 
1876.    162  pp.  in-16. 

(2)  Une  édition  populaire  a  été  publiée  par  la  librairie 
Saint-Joseph,  Cadieux  et  Derome,  en  1884.   239  pp.  in-8. 

(3)  Légen.le  en  vers. 


175 


Le  recensement  du  Canada,  i8ji.+  Remarques  sur 
un  écrit  publié  par  M.  Harvey  dans  le  numéro  de  fé- 
vrier du  "Canadian  Monthly".   1871 — 8  pp.  in-8. 

La  mouche  vu  la  chrysomèle  des  patates  {Chrysomela 
Decemlineatà)  et  le  moyen  d'en  combattre  les  ravages. 
Province  de  Québec,  Montréal  :  la  compagnie  de  litho- 
graphie Burland-Desbarats — 1877.  38  pp.  in-8. 

Les  histoires  de  M.  Suite.  Protestation.  Montréal, 
librairie  Saint- Joseph,  Cadieux  et  Derome —  1883.  32 
pp.  in-8. 

The  third  volume  of  the  census  of  188 1  and  ils  cri- 
tics. — Ottawa — 1883.  13  pp.  in-8. 

Les  asiles  d  aliénés  de  la  province  de  Québec  et  leurs 
détracteurs — Hull,  imprimé  à  "L,a  Vallée  d'Ottawa" — 
1885.  51  pp.  in-8. 

Les  Sablons  (L' Lie  de  Sable)  et  Vile  Saint- Barnabe . 
Montréal,  librairie  Saint-Joseph,  Cadieux  et  Derome — 
!885.   155  pp.  in- 12. 

Taché,  Jean-Paschal  : 

Le  tableau  de  la  mer. — (J.  Huston,  "Répertoire  Na- 
tional", éd.  1848-50,  vol  II,  p.  353  ;  éd.  1893,  vol.  I., 
P-  3- 

Tache,  Joseph  de  la  Broquerie  : 

Les  conservateurs  et  la  politique  nationale  de  /8y8  à 
1882.  Saint-Hyacinthe,  des  presses  à  moteur  hydrau- 
lique du  "  Courrier  " — 1882.  96  pp.  in-8. 

Rappot  t  annuel  de  la  Société  d' industrie  laitière  de 
la  province  de  Québec — 1882.  Des  presses  à  moteur 
hydraulique  du  "  Courrier  de  St-Hyacinthe  " — 1883. 

77  PP-  in-8- 

Deuxième  rapport  de  la  Société  d  industrie  laitière  de 
la  province  de  Québec — 1883.  Des  presses  à  moteur  hy- 
draulique du  "  Courrier  de  St-Hyacinthe  " — 1884. 
152  pp.  in-8. 

Troisième  rapport  de  la  Société  d  industrie  laitière 
de  la  province  de  Québec.  Extrait  du  rapport  de  l'ho- 
norable commissaire  de  l'agriculture  et  des  travaux 
publics.  1884.  Imprimé  par  ordre  de  la  Législature. 
Québec  :  Imprimé  par  Charles-François  Tyanglois,  im- 


r76 


primeur  de  Sa   Très    Gracieuse   Majesté  la   Reine — 

1885.  91  pp.  in-8. 

Supplément  au  troisième  rapport  de  la  Société  d'in- 
dustrie laitière  de  \la  province  de  Québec. — Rappot  de 
l' Assemblée  tenue  à  Québec  le  11  mars  1885.  Saint- 
Hyacinthe,  des  presses  à  moteur  hydraulique  du 
"Courrier   de  Saint-Hycinthe" — 1885.  64  pp.  in-8. 

Quatrième  rapport  de  la  Société  d' industrie  laitière 
de  la  province  de  Québec. — Extrait  du  rapport  de  l'ho- 
norable commissaire  de  l'agriculture  et  des  travaux 
publics.  1885.  '■  Imprimé  par  ordre  de  la  Législature. 
Québec  :  Imprimé  par  Charles- François  Langlois,  im- 
primeur de   Sa   Très- Gracieuse    Majesté   la   Reine — 

1886.  133  pp.  in-8. 

Cinquième  rapport  de  la  Société  d'industrie  laitière 
de  la  province  de  Québec.  Appendice  au  rapport  de 
l'honorable  commissaire  de  l'agriculture  et  des  tra- 
ivaux  publics.  1886.  Imprimé  par  ordre  de  la  Légis- 
lature. Québec  :  Imprimé  par  Charles-François  Lan- 
glois, imprimeur  de  Sa  Très  Gracieuse  Majesté  la 
Reine — 1887.   199  pp.   in-8. 

Sixième  rapport  de  la  Société  d'industrie  laitière  de 
la  province  de  Québec.  Extrait  du  rapport  de  l'honora- 
ble commissaire  de  l'agriculture  et  des  travaux  pu- 
bliées. 1887.  Imprimé  par  Charles-François  Langlois, 
imprimeur  de  Sa  Très  Gracieuse  Majesté  la    Reine — 

1888.  153  pp.   in-8. 

Septième  rapport  de  la  Société  d'industrie  laitière  de 
la  province  de  Québec.  Annexe  et  rapport  de  l'hono- 
rable c.;:iiaiiààaire  de  l'agriculture  et  de  la  colonisa- 
tion— 1888.  Imprimé  par  ordre  de  la  Législature, 
Québec  :  Imprimé  par  Charles-François  Langlois, 
imprimeur  de  Sa  Très  Gracieuse  Majesté  la  Reine — 
1889 — 199  pp.  in-8. 

Huitième  rapport  de  la  Société  d'industrie  laitière  de 
la  province  de  Québec.  Annexe  au  rapport  de  l'hono- 
rable commissaire  de  l'agriculture  et  de  la  colonisation. 

1889.  Imprimé  par  Charles-François  Langlois,  impri- 
meur de  Sa  Très  Gracieuse  Majesté  la  Reine — 1890. 
196  pp.  in-8. 

Neuvième  rapport  de  la  Société  d' indtistrie  laitière  de 


177 


la  province  de  Québec.  Supplément  au  rapport  de  l'ho- 
norable commissaire  de  l'agriculture  et  de  la  coloni- 
sation. 1890.  Imprimé  par  ordre  de  la  Législature. 
Québec  :  Imprimé  par  Charles- François  Langlois, 
imprimeur  de  Sa  Très   Gracieuse   Majesté   la  Reine. 

1891.  184  pp.  in-8. 

Dixième  rapport  de  la  Société  d'industrie  laitière  de 
la  province  de  Québec.  Supplément  au  rapport  de  l'ho- 
norable commissaire  de  l'agriculture  et  de  la  coloni- 
sation. 1891.  Imprimé  par  ordre  de  la  Législature. 
Québec  :  Imprimé  par  Charles- François  Langlois, 
imprimeur  de  Sa   Très   Gracieuse   Majesté  la  Reine. 

1892.  244  pp.  in-8. 

Courrier  de  Saint- Hyacinthe.   1902- 1903- 1904. 

Taché;,  Jules  : 

Carte  régionale  du  lac  Saint-Jean. 
Carte  régionale  du  bas  Saint- Laurent. 
Carte  régionale  de  la  Gaspésie. 

Taché,  Louis- H  : 

La  poésie  française  au  Canada  .  Précédée  d'un 
article  de  revue  historique  sur  la  littérature  cana- 
dienne-française. Compilation  par  Louis-H.  Taché — 
St- Hyacinthe  :  imprimerie  du  "  Courrier  de  St- 
Hyacinthe  " — 1881.   288  pp.  in-8. 

Nouvelles  Soirées  Canadiemies,  recueil  de  littératu- 
re nationale. — Québec,  typographie  de  P.-G.  Delisle. 
1882.   571  pp.  in-8. 

Nouvelles  Soirées  Cayiadiennes ,  recueil  de  littératu- 
re nationale.  Deuxième  volume — Québec,  typographie 
de  L-  J.   Demers  et  frère — 1883.   576  pp.  in-8. 

Nouvelles  Soirées  Canadiennes,  recueil  de  littératu- 
re nationale.  Troisième  volume.  Montréal,  typogra- 
phie de  la  "Gazette" — 1884.  575  pp.  in-8. 

Nouvelles  Soirées  Canadiennes ,  recueil  de  littératu- 
re nationale.  Quatrième  volume — Montréal,  typogra- 
phie   Imprimerie  générale — 1885.288  +  284    pp.  in-8. 

Nouvelles  Soirées  Canadiennes,  recueil  de  littératu- 
re nationale.  Cinquième  volume.  Montréal,  typogra- 
phie   Imprimerie    générale — 1886.     576  pp.  in-8. 

23 


i78 


Nouvelles  Soirées  Canadiennes,  recueil  de  littérature 
nationale.  Sixième  volume.  Montréal,  typographie 
Imprimerie  générale — 1887.   574  pp.  in-8. 

Nouvelles  Soirées  Canadiennes ,  recueil  de  littératu- 
re nationale.  Septième  volume.  Montréal,  typogra- 
phie Imprimerie  générale — 1888.  384  pp.  in-8. 

L'île  d'Anticosti. 

Jhaucher  de  Si-Maurice. — Montréal  :  Eusèbe  Sené- 

&  Fils,  imprimeurs-éditeurs — 1886  —  VIII  +  143 
pp.  in- 16. 

A  légal  hand-book  and  law-list  for  Dominion  of  Ca- 
nada and  a  book  of  Parliamentary  and  gênerai  information. 
Toronto  :  Carswell  &  Co,  law  publishers —  1888.  486 
pp.  in-8. 

Les  Aommes  du  Jour,  galerie  des  portraits  contempo- 
rains.— Monument  érigé  à  la  gloire  de  la  Confédéra- 
tion du  Canada.  Sous  la  direction  de  L,ouis-H.  Taché. 
Editeurs:  Mortimer  et  Cie,  Ottawa  —  1890.  230  pp. 
petit  in-folio.  (1) 

Men  of  theday,  a  ca?iadian portrait g allery \ — Edited 
by  Louis-H.  Taché. — Ottawa:  Mortimer  &  Co.,  pu- 
blishers— 1890.    237  pp.  petit  in-folio.  (2) 

L?  Opinion  publique,  i8ç2-çj. 

The  Montréal  Citizen1  s  Directory.  18ÇJ-Ç4. — Mont- 
réal, 809,  New- York  Life  Building,  P.  O.  Box  1579. 
814  pp.  in-8. 


-00 


ELOGE  FUNEBRE  DE  SIR  E.-R  TACÔE  (3) 


Mes  frères, 
JLa  mort  vient  de  porter  le  deuil  et  la  tristesse  dans 
tous  les  coeurs.     Une  de  nos  plus  grandes  gloires  ca- 
nadiennes, l'honorable  Augustin-Norbert  Morin,  tom- 


(1)  Une  édition  populaire  a  été  publiée  la  même  année. 
507  pp.  in-8.  Editeurs:  L,a  Compagnie  de  Moulins  à  papier 
de  Montréal,  No.  588,  rue  Craig,  Montréal. 

(2)  Edition  populaire.  507  pp.  in-8.  1890.  Mêmes  édi- 
teurs que  l'édition  populaire  française. 

(3)  Prononcé  par  le  grand  vicaire  Cazeau  dans  l'église  pa- 
roissiale de  Saint-Thomas  de  Montmagny  le  2  août  1865. 


179 


bait,  il  y  a  six  jours,  sous  ses  coups,  après  une  vie 
pleine  de  services  et  de  mérites.  Deux  jours  après, 
elle  frappait  également  un  homme  qui  faisait  honneur 
à  sa  race,  l'honorable  Saveuse  de  Beaujeu,  dont  les 
ancêtres  se  sont  signalés,  par  leur  bravoure,  dans  les 
armées  qui  volaient  autrefois  à  la  défense  du  pays. 
Aujourd'hui  elle  vient  encore  enlever  une  de  nos  gloi- 
res les  plus  pures,  une  des  vies  les  plus  précieuses  aux 
yeux  de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  dans  la  personne  de  l'ho- 
norable sir  Etienne- Paschal  Taché,  premier  ministre 
de  notre  gouvernement  provincial,  aide  de  camp  de 
la  Reine,  commandeur  de  la  classe  militaire  de  l'ordre 
de  Saint-Grégoire-le-Grand.  Appelé,  en  l'absence  du 
premier  pasteur,  à  rendre  les  derniers  devoirs  à  cet 
homme  é minent  pour  qui  il  professait  la  plus  grande 
estime,  je  ne  puis  me  dispenser  de  payer  un  faible  tri- 
but d'éloge  à  sa  mémoire,  au  moment  où  la  tombe  va 
s'ouvrir  pour  recevoir  ses  restes  mortels. 

Nous  lisons  dans  le  premier  livre  des  Machabées 
que,  lorsque  Judas,  général  d'Israël,  mourut  en  com- 
battant contre  les  ennemis  de  la  religion  et  du  pays  de 
ses  pères,  le  peuple  rempli  de  douleurs,  fit  un  grand 
deuil  et  le  pleura  pendant  plusieurs  jours,  en  disant  : 
"Comment  cet  homme  invincible  est-il  tombé,  lui  qui 
sauvait  le  peuple  d'Israël  !  Quomodo  cecidit  poiens  qui 
salvum  faciebat populum  Israël '."  Eh!  bien,  mes  frères, 
nous  aussi,  dans  notre  juste  douleur,  nous  pouvons 
nous  écrier,  avec  le  peuple  d'Israël  :  "Comment  est-il 
tombé  cet  homme  puissant  qui,  dans  sa  longue  mais 
trop  courte  carrière,  a  travaillé  constamment,  jusqu'à 
la  dernière  heure,  à  sauver  son  peuple  du  naufrage 
et  à  lui  conserver  ses  droits  et  ses  privilèges."  En  effet, 
suivons-le  un  instant,  depuis  sou  adolescence  jusqu'à 
sa  mort,  et  nous  verrons  que,  comme  le  grand  général 
d'Israël,  il  a  un  droit  bien  mérité  à  nos  regrets  et  à 
nos  larmes. 

A  peine  est-il  arrivé  à  l'âge  de  16  ans,  qu'il  coure 
à  la  frontière,  pour  défendre  la  patrie  contre  un  enne- 
mi puissant,  et  il  est  du  nombre  de  ces  héros  canadiens 
qui  contribuent  à  la  sauver  du  danger  qui.  la  menaçait. 
Plus  tard,  revenu  du  champ  de  bataille,  il  s'ap- 
plique à  l'exercice  de  la  médecine,  après  en  avoir   fait 


i8o 


une  étude  sérieuse,  et  il  y  acquiert  une  habileté  peu 
commune.  Dévoué  à  sa  profession,  il  est  toujours 
prêt  nuit  et  jour  à  voler  au  secours  des  patients  qui 
réclament  ses  soins.  J'aime  à  dire  ici  que  bien  sou- 
vent il  se  rencontrait  au  chevet  des  malades,  avec  son 
digne  curé  et  constant  ami,  le  vénérable  M.  Beaubien, 
dont  la  paroisse  de  Saint-Thomas  déplorait,  il  n'y  a 
pas  longtemps,  la  perte.  Tous  deux  rivalisaient  de 
zèle,  l'un  en  prodiguant  les  soins  spirituels,  l'autre 
les  secours  corporels,  pour  sauver  la  vie  de  l'âme  et  la 
vie  du  corps. 

Cependant  voici  que  se  présente  une  des  époques 
les  plus  critiques  de  notre  histoire.  Une  mesure  ini- 
que, tramée  pour  le  malheur  du  pays,  nous  est  impo- 
sée par  la  métropole  que  l'on  était  parvenu  à  égarer. 
Pour  empêcher  le  succès  de  cette  mesure  funeste,  on 
appelle  à  la  lutte  tous  les  hommes  qu'anime  le  feu  sa- 
cré de  la  religion  et  du  patriotisme.  Le  docteur  Ta- 
ché, élu  pour  représenter  le  comté  de  l'Islet  dans  l'As- 
semblée Législative,  est  au  premier  rang  des  combat- 
tants. Heureusement  il  n'y  avait  pas  alors  de  division 
parmi  les  hommes  politiques  chargés  de  la  défense  de 
nos  intérêts  ;  ils  n'avaient  tous  qu'un  coeur  et  qu'une 
âme  pour  faire  face  à  l'ennemi.  Grâce  à  la  Divine 
Providence,  dont  la  protection  nous  fut  toujours  si  fa- 
vorable, les  projets  formés  dans  l'ombre  furent  déjoués 
et  le  pays  fut  sauvé. 

Je  ne  parlerai  pas  ici  des  travaux  du  regretté  dé- 
funt, soit  dans  l'assemblée  populaire,  soit  dans  leCony 
seil  législatif,  soit  encore  dans  les  conseils  du  gouver- 
nement. Qu'il  me  suffise  de  dire  que,  dans  toutes  les 
situations,  il  se  distingua  toujours  par  la  sincérité  de 
son  patriotisme  et  par  son  amour  de  la  justice,  et  que  . 
dans  toutes  les  luttes  qu'il  eut  à  soutenir,  il  sut  allier 
la  modération  à  l'énergie,  et  tempérer  par  une  exqui- 
se politesse  l'expression  souvent  ardente  de  ses  con- 
victions. Aussi  il  ne  faut  pas  être  surpris  s'il  s'était 
acquis  l'estime  de  ses  adversaires  aussi  bien  que  de  ses 
amis  :  tous  respectaient  en  lui  l'homme  d'honneur  et 
de  probité,  le  citoyen  dévoué  à  son  pays. 

C'est  sans  doute  cette  confiance  générale  qui   lui 


181 


a  mérité  la  plus  haute  distinction  à  laquelle  un  Cana- 
dien puisse  aspirer.  Comblé  d'honneurs  par  notre  Au- 
guste Souveraine,  qui  avait  voulu  récompenser  de  la 
sorte  ses  nombreux  services,  son  coeur  ne  s'est  jamais 
élevé  ;  il  appréciait  sans  doute  les  honneurs  qui  lui 
venaient  de  si  haut,  mais  seulement  parce  qu'ils  étaient 
un  hommage  rendu  au  pays  dans  la  personne  d'un  de 
ses  citoyens. 

Mais  c'est  surtout  comme  chrétien,  que  je  dois 
vous  le  présenter,  en  ce  moment,  où  la  tombe  nous 
prêche  si  éloquemment  la  vanité  et  le  néant  de  toute 
la  gloire  de  ce„monde.  Vous  pouvez  nous  le  dire,  vous, 
mes  frères,  qui  avez  été  si  souvent  témoins  de  sa  foi  et 
de  sa  fidélité  à  remplir  les  devoirs  du  christianisme. 
Quel  n'était  pas  son  amour  pour  la  sainte  Eglise  Ca- 
tholique, et  son  attachement  pour  le  Pontife  qui  la 
gouverne  au  nom  de  son  divin  Fondateur  ?  Avec 
quelle  vigueur  il  défendait,  en  toute  occasion,  dans 
nos  chambres  législatives,  les  intérêts  de  la  religion  et 
de  la  morale  !  C'est  en  souvenir  de  son  zèle  pour  tout 
ce  qui  est  sacré,  que  Sa  Sainteté  le  pape  Pie  IX  lui  a 
décerné  la  croix  de  commandeur  de  l'ordre  de  Saint- 
Grégoire.  Cette  distinction,  le  vénérable  défunt  y 
attachait  le  plus  haut  prix,  parcequ'elle  lui  venait  de 
la  main  bénie  du  représentant  de  Jésus-Christ  sur  la 
terre. 

Vous  savez,  mes  frères,  qu'en  1857,  se  sentant 
fatigué  et  avancé  en  âge,  il  lui  avait  été  permis  de  se 
retirer  de  la  vie  active  de  la  politique,  pour  qu'il  pût 
se  livrer  à  un  repos  que  ses  longs  services  lui  avaient 
justement  mérités.  Mais  il  n'était  pas  encore  rendu 
au  bout  de  sa  tâche  ;  la  Divine  Providence  voulait 
qu'il  se  sacrifiât  de  nouveau  pour  le  salut  de  son  peu- 
ple. Choisi,  il  y  a  seize  mois,  par  le  représentant  de 
Sa  Majesté,  comme  l'homme  d'état  le  plus  qualifié 
pour  former  une  nouvelle  administration,  dans  les  cir- 
constances difficiles  où  se  trouvait  alors  le  pays,  il  ac- 
cepta ce  fardeau  avec  un  dévouement  religieux,  ne  se 
dissimulant  point  toutefois  que  le  travail  qui  lui  était 
imposé  ne  tarderait  pas  à  le  conduire  ?u  tombeau. 
Hélas  !  ses  prévisions  ne  se  sont   que   trop  vérifiées  : 


r§2 


malgré  une  santé  qui  devenait  chaque  jour  de  plus  en 
plus  chancelante,  il  a  employé  tous  ses  moments,  jus- 
qu'à la  dernière  heure,  à  travailler  pour  le  salut  de  son 
pays.  C'est  donc  avec  raison  que  nous  pouvons  nous 
écrier,  en  pleurant,  comme  le  peuple  d'Israël,  à  la 
mort  de  sou  chef  Judas  Machabée  :  "Comment  cet 
homme  invincible  est-il  tombé  lui  qui  combattait  avec 
une  si  noble  ardeur,  pour  sauver  son  peuple.  '  ' 

En  finissant,  mes  frères,  je  ne  puis  mieux  faire 
que  de  vous  répéter  quelques  paroles  qu'il  prononçait 
en  présence  de  deux  prêtres,  qui  étaient  allés  lui  ren- 
dre visite,  avant  que  sa  maladie  n'inspirât  de  sérieuses 
inquiétudes.  Convaincu  qu'il  ne  lui  restait  que  peu 
de  temps  à  passer  sur  la  terre,  et  désirant  mettre  ces 
courts  moments  à  profit,  il  leur  disait  :  "Il  n'est  pas 
nécessaire  à  un  homme  d'être  premier  ministre,  et  d'a- 
voir sa  part  de  la  gloire  humaine  ;  mais  ce  qui  lui 
est  nécessaire,  c'est  d'être  bon  chrétien  et  honnête 
homme.  '  ' 

C'est  dans  ces  sentiments  que  le  vénérable  malade 
a  vu  venir  la  mort,  entouré  des  soins  empressés  d'une 
famille  digne  de  lui,  et  consolé  par  tous  les  secours  que 
la  religion  multiplie  en  faveur  de  ses  fidèles  enfants. 
11  est  mort,  étant  comme  Moïse,  chéri  de  Dieu  et  des 
hommes,  Dilectus  Deo  et  hominibus  ;  chéri  de  Dieu, 
par  sa  foi  et  par  ses  mérites  ;  chéri  des  hommes,  par 
l'élévation  et  la  loyauté  de  son  caractère  ;  il  est  sans 
doute  allé  recevoir  sa  récompense  dans  le  ciel,  et  sa 
mémoire  sera  en  bénédiction  sur  la  terre  du  Canada, 
cujus  memoria  in  be?iediciione  est. 

Mes  frères,  l'homme  illustre  dont  nous  déplorons 
aujourd'hui  la  perte,  laisse  ses  vertus  et  ses  exemples 
pour  héritage  à  ceux  qui  le  suivront  dans  les  diffé- 
rentes carrières  qu'il  a  parcourues.  Daigne  le  Sei- 
gneur lui  susciter  un  grand  nombre  d'imitateurs,  et  le 
Canada  marchera  dans  la  voie  du  progrès  véritable,  de 
ce  progrès  solide,  qui,  tout  en  développant  ses  riches- 
ses matérielles,  peut  seul  procurer  à  ses  habitants  des 
richesses  d'un  ordre  bien  supérieur,  en  les  conduisant 
sûrement  vers  leurs  immortelles  destinées. 


*«3 

HONNÊTE  HOMME  ET  CHRETIEN 


Hommage  à  la  mémoire  de   V  Iwnorable  sir  E.-P.  Taché 

Un  vieux  soldat,  soucieux  de  sa  gloire, 
Disait  :  "Le  ciel  me  donne  un  beau  trépas  !  " 

Il  est  tombé !  Vénérons  sa  mémoire, 

Mais  que  le  deuil  ne  nous  abatte  pas  ! 

Dans  les  travaux  de  sa  longue  carrière, 

Toujours  guidé  par  l'Honneur  et  le  Bien, 

De  son  grand  coeur  sortit  cette  prière  : 

"Dieu,  fais  moi  vivre  honnête  homme  et  chrétien  !  " 

Chercher  ailleurs  le  secret  du  courage, 

Qui,  dès  l'enfance,  aux  combats  l'animait, 

Erreur,  erreur  qui  serait  un  outrage 

A  son  cercueil !  !  Plus  tard,  il  exprimait, 

Dans  ses  conseils  toujours  pleins  de  sagesse, 
La  Loyauté  dont  il  fut  le  soutien  : 
Jamais  son  coeur  ne  connut  la  faiblesse, 
Car  il  sut  vivre  honnête  homme  et  chrétien  ! 
Parents,  amis,  le  héros  qui  succombe 
Riche  d'honneurs,  de  gloire  et  de  vertus, 
Peut-il  laisser,  au-delà  de  sa  tombe, 
Le  désespoir  en  vos  coeurs  abattus  ? 

Oh  !  non  ! Sa  vie  est  un  auguste  exemple, 

Son  souvenir  est  un  doux  entretien  : 

Que,  près  de  Dieu,  votre  âme  le  contemple, 

Car  il  estmort  honnête  homme  et  chrétien  ! 

Emm.  Blain  de  Saint-Aubin 


UNE  PAROLE  DE  SIR  E.-P.  TACHE 


La  deuxième  session  du  deuxième  parlement, 
sous  l'Union,  fut  ouverte  à  Montréal  par  lord  Cath- 
cart,  le  20  mars  1846. 

C'est  à  cette  session  que  le  gouvernement  propo- 
sa une  loi  de  milice  qui  passa  sans  opposition,  les  deux 
côtés  de  la  Chambre  étant  unanimes  à  vouloir  mettre 
la  milice  sur   un   pied   efficace.     Sir   Etienne- Paschal 


184 


Taché  fit  à  cette  occasion  un  discours  rempli  de  pa- 
triotisme. Après  avoir  rappelé  les  exploits  de  ses  com- 
patriotes en  1812,  il  assura,  la  Chambre  qu'ils  étaient 
prêts  à  tenir  une  conduite  aussi  héroïque  lorsque  l'oc- 
casion s'en  présenterait. 

"  Ce  que  nos  pères  ont  fait,  disait-il,  ce  que  nous 
avons  fait  nous-mêmes  pour  la  défense  de  cette  colonie 
nos  enfants  seraient  encore  prêts  aie  faire,  si  l'on  vou- 
lait rendre  justice  au  pays.  Notre  loyauté  à  nous  n'est 
pas  une  loyauté  de  spéculation,  de  louis,  schellings  et 
deniers,  nous  l'avons  pas  constamment  sur  les  lèvres, 
nous  n'en  faisons  pas  un  trafic.  Nous  sommes  dans 
nos  habitudes,  par  nos  lois,  par  notre  religion,  comme 
l'a  très  bien  remarqué  mon  honorable  ami  de  la  cité 
de  Québec,  monarchistes  et  conservateurs.  Tout  ce 
que  nous  demandons,  c'est  que  justice  nous  soit  faite; 
et  si  un  ennemi  se  présente,  vous  verrez  nos  légers  et 
joyeux  bataillons  voler  à  sa  rencontre  comme  à  un 
jour  de  fête  et  présenter  hardiment  leurs  poitrines  au 
fer  de  l'assaillant.  Mais,  diront  nos  détracteurs,  vous 
êtes  des  mécontents  ;  un  député  qui  n'est  pas  à  sa 
place  nous  disait,  il  y  a  quelques  jours,  vous  êtes  in- 
traitables ;  vous  êtes  des  rebelles,  nous  diront  les  ultra; 
nous  possédons  seuls  la  loyauté  par  excellence  !  Mille 
et  mille  pardons,  messieurs,  traitez-nous  comme  les  en- 
fants d'une  même  mère  et  non  comme  des  bâtards  ;  un 
peu  plus  de  justice  égale,  non  dans  les  mots  mais  dans 
les  actes  ;  je  réponds  que  si  jamais  ce  pays  cesse  un 
jour  d'être  britannique,  le  dernier  coup  de  canon  tiré 
pour  le  maintien  de  la  puissance  anglaise  en  Amérique  le 
sera  par  un  bras  canadiefi . . . .  " 


^ORAISON  FUNEBRE  DE  MGR  TACHE 


L'oraison  funèbre  de  Mgr  Alexandre-Antonin 
Taché,  archevêque  de  Saint-Bonifaee,  prononcée  dans 
la  cathédrale  de  Saint-Boniface,  le  27  juin  1894,  par 
Mgr  L,aflèche,  évêque  de  Trois-Rivières,  a  été  publiée 
dans  le  Manitoba  des  21  et  28  novembre  et  5  et  12  dé- 
cembre 1894. 


i85 
LA  SEIGNEURIE  DE  KAMOURASKA 


Le  15  juillet  1674,1e  gouverneur  de  Frontenac 
concédait  à  Olivier  Morel  de  la  Durantaye,  "  en  con- 
sidération des  services  qu'il  avait  rendus  à  Sa  Majesté 
en  ce  pays,  où  il  était  venu  capitaine  d'une  compagnie 
dans  le  régiment  de  Carignan,  "  la  consistance  de 
trois  lieues  de  terre  de  front  le  long  du  fleuve  Saint- 
Laurent,  savoir  :  deux  lieues  au-dessus  de  la  rivière 
appelée  Kamouraska,  et  une  lieue  au-dessous  icelle 
comprise,  avec  deux  lieues  de  profondeur  dans  les  djtes 
terres,  ensemble  les  îlets  étant,  au-devant  des  dites 
trois  lieues,  et  le  droit  de  chas?e  et  de  pêche  dans 
l'étendue  des  dits  lieux.  "  (1) 

Cette  concession  était  faite  en  fief,  seigneurie, 
haute,  moyenne  et  basse  justice,  à  la  charge  de  la  foi 
et  hommage  au  château  Saint- Louis  de  Québec. 

Le  5  novembre  1680,  par  acte  passé  à  Québec  par 
Maître  Duquet,  Olivier  Morel  de  la  Durantaye  et  sa 
femme  Françoise  Duquet,  vendent,  cèdent,  transpor- 
tent et  laissent  à  Charles  Aubert  de  la  Chesnaye,  la 
terre,  fief,  seigneurie  et  justice  de  Kamouraska,  "à  la 
charge  des  droits  et  autres  redevances  mentionnés  à 
l'acte  de  concession  et  en  outre  moyennant  le  prix  et 
somme  de  douze  cents  livres  laquelle  le  dit  acquéreur 
a  présentement  passée  au  compte  des  dits  sieur  et  da- 
me vendeurs  qui  lui  en  étaient  redevables  et  les  ac- 
quitte et  décharge   au  moyen  de  la  présente  vente.  '  ' 

Le  18  octobre  1700,  Louis  Aubert  du  Forillon  et 
Barbe  LeNeuf  de  la  Vallière,  sa  femme,  acquièrent 
de  Charles  Aubert  de  la  Chesnaye,  par  acte  passé  de- 
vant Maître  Chambalon,  la  terre,  fief  et  seigneurie  de 
Kamouraska.  Cette  acquisition  était  faite  en  retour 
de  l'abandon  par  Louis  Aubert  du  Forillon  de  tous  ses 
droits  dans  la  succession  de  sa  mère,  Marie-Louise 
Juchereau  de  la  Ferté. 

Le  20  juillet  17 13,  par  acte  passé   à   Québec   par 


(1)  Pièces  et  documents  relatifs  à  la  te  mire  seigneuriale,  p. 

23- 

24 


i86 


Maître  Chambalon,  Louis  Aubert  du  Forillonet  Barbe 
LeNeuf  de  la  Vallière  donnent  par  donation  pure  et 
simple  entre  vifs,  à  Henry  Hiché,  marchand,  de  Qué- 
bec, la  terre,  fief  et  seigneurie  de  Kamouraska.  "Cette 
donation  était  faite  à  la  charge  par  le  dit  donataire  de 
porter  la  foi  et  hommage  au  château  de  Saint-Louis, 
de  payer  les  droits  au  domaine  du  roi,  et  outre  ce  pour 
la  bonne  amitié  que  le  dit  sieur  et  dame  du  Forillon, 
donateurs,  ont  toujours  porté  et  portent  au  dit  sieur 
Hiché  et  à  condition  que  le  dit  sieur  donataire  promet- 
te et  s'oblige  d'épouser  demoiselle  Marguerite  LeGar- 
deur,  leur  nièce,  fille  de  Jean-  Paul  LeGardeur,  sieur 
de  Saint-Pierre,  et  de  défunte  Marie-Joseph  LeNeuf 
de  la  Vallière." 

Le  15  septembre  1723,  par  acte  passé  devant  de 
la  Cetière,  notaire  à  Québec,  Henry  Hiché  et  Marie 
LeGardeur  de  Saint-Pierre,  son  épouse,  vendent,  cè- 
dent, quittent  et  transportent  à  Louis-Joseph  Morel  de 
la  Durantaye  et  à  Elizabeth  Becard,  son  épouse,  la 
seigneurie  de  Kamouraska,  pour  le  prix  et  somme  de 
quinze  mille  livres.  (1) 

A  la  mort  de  Louis-Joseph  Morel  de  la  Duranta- 
ye, la  seigneurie  de  Kamouraska  passa  à  ses  enfants. 
Louis-Joseph  Morel  de  la  Durantaye,  l'aîné,  en  eut  la 
moitié.  Les  autres  enfants,  Marie-Catherine  de  la 
Durantaye,  André  Morel  de  la  Durantaye,  Charles 
Morel  de  la  Durantaye,  Brigitte  Morel  de  la  Duranta- 
ye se  partagèrent  l'autre  moitié. 

Le  22  novembre  1757,  par  acte  devant  Dionne, 
notaire  à  Sainte-Anne  de  la  Pocatière,  Marie-Cathe- 
rine Morel  de  la  Durantaye  et  son  mari  François  Ga- 
gnon,  vendent  à  Jean- Baptiste  de  Charnay,  pour  le 
prix  de  2773  livres  et  14  sols,  un  cinquième  de  la  sei- 
gneurie de  Kamouraska  à  eux  appartenant. 

Le  20  janvier  1758,  par  acte  passé  devant  le  mê- 
me  notaire    Dionne,  André  Morel   de  la   Durantaye 


(1)  Louis-Joseph  Morel  de  la  Durantaye  venait  de  vendre  à 
l' Hôpital-Général  de  Québec,  au  prix  de  trente  mille  livres,  la 
moitié  de  sa  seigneurie  de  la  Durantaye.  C'est  le  domaine  qui 
prit  dès  lors  le  nom  de  seigneurie  de  St-Vallier.  Voir  Monsei- 
gneur de  Saint-  Vallier  et  f  Hôpital-Général  de  Québec,  p.  253. 


i87 


vend  à  Jean-Baptiste  de  Charnay  un  cinquième  de  la 
seigneurie  de  Kamouraska  pour  la  somme  de  3843  li- 
vres et  14  sols. 

Le  20  janvier  1758,  par  acte  devant  le  même  no- 
taire Dionne,  Charles  Morel  de  la  Durautaye  vend  à 
Jean-Baptiste  de  Charnay  un  cinquième  de  la  seigneu- 
rie de  Kamouraska  pour  la  somme  de  2773  livres  et  14 
sols. 

Le  8  mai  1765,  par  acte  devant  Dionne,  notaire  à 
Sainte-Anne  de  la  Pocatière,  Brigitte  Morel  de  la  Du- 
rantaye  et  François  LaChaussée,  sieur  de  la  Durauta- 
ye, vendent  à  Marie- Louise  Quercy,  veuve  de  Jean- 
Baptiste  de  Charnay,  leurs  parts  et  portions  dans  le 
fief  de  Kamouraska  pour  la  somme  de  800  livres. 

Le  9  mars  1770,  par  acte  devant  Saint- Aubin,  no- 
taire à  Kamouraska,  Ignace  Noël  vend  à  Marie-Louise 
Quercy,  veuve  de  Jean- Baptiste  de  Charnay,  ses  parts 
et  portions  dans  la  seigneurie  de  Kamouraska  pour  la 
somme  de  1000  livres. 

Madame  de  Charnay  étant  commune  en  biens  avec 
feu  son  mari  avait  hérité  de  la  moitié  de  la  seigneurie 
de  Kamouraska.  Marie- Louise  de  Charnay,  mariée  à 
Jean-Baptiste  Magnan,  et  Marie- Louise- Renée  de  Char- 
nay de  Varville,  ses  enfants,  avaient  hérité  de  l'autre 
partie  chacune  pour  un  quart. 

Marie-Louise  de  Charnay,  épouse  de  Jean -Baptis- 
te Magnan,  devint  veuve  après  quelques  années  de 
mariage.  Le  26  septembre  1785,  elle  se  remariait  à 
Paschal- Jacques  Taché.  C'est  par  elle  que  la  seigneu- 
rie de  Kamouraska  passa  à  la  famille  Taché . 

Le  22  janvier  1790,  par  acte  de  cession  et  trans- 
port devant'Charles  Voyer,  notaire  à  Québec,  Louise 
Quercy,  veuve  de  M.  de  Charnay,  en  son  vivant  notaire 
et  avocat,  en  considération  de  l'estime  qu'elle  a  tou- 
jours eu  pour  M.  Paschal-Jacques  Taché,  devenu  son 
gendre  par  son  mariage  avec  Marie-Louise  de  Charnay 
sa  fille  unique,  veuve  en  premières  noces  de  Jean-Bap- 
tiste Magnan,  duquel  mariage  il  n'est  resté  aucun  en- 
fant vivant  et  seule  héritière  de  la  dite  veuve  de  Char- 
nay sa  mère,  et  voulant  leur  assurer  un  établissement 
honorable,  les  constitue  les   héritiers  da  sa  part  affé- 


rente  dans  le  fief  et  seigneurie  de  Saint- Louis  de  Ka- 
mouraska.  Paschal -Jacques  Taché,  pour  remercier 
madame  de  Cliarnay  et  lui  donner  des  marques  de  sa 
gratitude,  s'engage  à  lui  payer  une  rente  viagère  de 
trois  mille  livres  de  vingt  coppes  égale  à  cent-vingt- 
cinq  livres  argent  courant  de  la  province. 


A  MONSIEUR  ET  MADAME  IVANHOE  TACHÉ(i) 


A  /'occasion  de  la  mort  de  quatre  de  leurs  enfants 


Le  sacrifice  dd  juste  est  bien 
reçu  de  Dieu,  et  le  Seigneur 
n'en  perdra  point  le  souvenir. 

Ecclês.,  XXXV,  v.  9 

Le  sort  de  ces  enfants  qui  vont,  avec  les  anges, 
Orner  du  Saint-des-Saints  les  célestes  phalanges, 

Ne  devrait  point  nous  attrister  ; 
Car  ceux  que  nous  pleurons,  incessamment  peut-être, 
S'ils  pouvaient  sur  la  terre  un  moment  reparaître, 

Viendraient  nous  dire  de  chanter. 

Us  ne  sont  point  perdus,  ces  êtres  chers  à  l'âme 
Des  parents,  des  amis  ;  au  ciel  Dieu  les  réclame 

Pour  en  former  son  plus  doux  choeur. 
L,à,  priant  pour  tous  ceux  qu'ils  aimaient  dans   la  vie 
Leur  joie  est  pure,  entière,  et  n'est  jamais  suivie 

D'aucune  affliction  du  coeur. 

De  ceux  dont  Dieu  vous  prive,  ô  famille  affligée, 
Isabelle-Marie  était  la  plus  âgée 

Et  la  mieux  faite  pour  charmer. 
Son  douzième  printemps  fleurissait  sur  sa  joue  ; 
Ce  n'était  déjà  plus  l'enfant  qui  rit  et  joue  ; 

Sa  jeunesse  allait  se  former. 

(i)  Voir  p.  165. 


189 


Douée,  au  plus  haut  point,  des  vertus  qu'on   admire, 
Et  qui  font  d'une  élève  un  brillant  point  de  mire, 

Ou  le  bon  exemple  vivant, 
Isabelle-Marie  eut  un  droit  légitime 
A  l'admiration  de  même  qu'à  l'estime 

De  ses  maîtresses  du  couvent. 

Ses  maîtresses  l'aimaient.     Sa  figure  angélique 
Plaisait,  de  prime  abord,  à  la  plus  apathique, 

Qui  dès  lors  devenait  sa  soeur. 
Ayant  reçu  du  ciel  tous  les  dons  en  partage, 
Elle  semblait  charmer  chaque  jour  davantage 

En  donnant  cours  à  sa  douceur. 

Vous  l'aimiez,  frères,  soeurs  ;  vous  l'aimiez  père,  mère. 
Sa  mort  empreint  vos  traits  d'une  souffrance  amère, 

Vos  coeurs  sont  abreuvés  de  fiel .... 
Vous  l'aimiez.  .  Mais  l'église,  aux  funèbres  offices, 
Vous  dit  combien  à  Dieu  plaident  les  sacrifices  : 

Offrez  tous  les  vôtres  au  ciel. 

Amis,  votre  douleur  n'est  pas  seulement  vôtre  ; 
Elle  est  si  grande,  hélas  !  qu'elle  devient  la  nôtre 

Et  que  nous  pleurons  aussi,  nous 

A  défaut  de  bonheur,  à  défaut  d'espérance, 
L,a  sympathie  apporte  un  baume  à  la  souffrance 

Où  l'on  prie  et  pleure  à  genoux. 

Mais  le  sort  des  enfants  qui  vont  avec  les  anges, 
Orner  du  Saint  -des-Saints  les  célestes  phalanges, 

Ne  devrait  point  nous  attrister  ; 
Car  ceux  que  nous  pleurons,  incessamment  peut-être 
S'ils  pouvaient  sur  la  terre  un  moment  reparaître, 

Viendraient  nous  dire  de  chanter. 

J.   A.   BÉLANGER,    (i) 


(i)  Foyer  domestique,  ier  janvier  1880. 


INDEX  DES  PRINCIPAUX  NOMS  CITES 
DANS  CET  OUVRAGE 


Ahearn,     Mary-Jane 1 64 

Angers,      L'hon.  A.-R 69,  88 

Ansbrow,  Marie-Charlotte-Elizabeth 75 

—  Marie-Geneviève-Emilie 50,   74 

—  Marie-Julie-Henriette 44,   75 

—  Thomas 50,  74 

—  Thomas-Michel- Charles 74 

Asselin,     Olivar 141 

Aubert,     R.  P 96,  98 

Audet,      Marie-T 47 

Auzet,       Marguerite  d' 9 

Baby,        Josephte 42 

—  L'hon 149 

Baillargé,  G. -F 129 

Baldwin,    Robert 32 

Beaubien,  Amédée 44 

Beaudet,    Godfroi 87 

—  Marie-Charlotte-Odile 87 

Belleau,     Lady 42 

Belvèze,     M.  de 116 

Bender,     Antoine-Eugène-Prosper 46 

—  François- Jacques- Albert 43,   76 

—  Joseph- Albert 45 

—  Louis- Albert 44,  65 

—  Louis- Albert- Joseph-Michel 46 

—  Marie-  Anne-  Edwidge-Sophie 45 

—  Marie- Anne- Jeanne 72 

—  Marie-Edwidge-Catherine-Albertine.  .  .     46 

—  Marie-Eléonore-Eulalie- Henriette 47 

—  Marie-Marguerite-Eugénie 46 

—  Marie-Sophie-Thérèse- Albertine 44 

—  Prosper 72 

Benoit,      Dom  Paul 113 

Bernier,     L'hon 89 

Bernier,     Marie-Eugénie 146 

Berthelot,     Adèle 42 

Bertrand,     Françoise-Julie- Hermine 138 

Bibaud,     L'historien 23 

Bigot,     François 12 

Bilodeau,     Esther 53 


192 


Biais,     Marie- Françoise 27 

Blanchet,     Françoise- Julie-Hermine 138 

Boisseau,     Nicolas-Gaspard 16 

Bonenfant,     M. 78 

Boucher  de  la  Broquerie,     Joseph-Antonin 83 

—  —  —        Joseph-Ignace 82 

—  —  —        Louise-Henriette....  42,   82 

Boucher  de  la  Bruère,  I/hon 85,   119 

Boucher  de  Niverville,       Charlotte 82 

Brodeur,     Donat 53 

Burke,     James- Woodward •  • 77 

Marguerite-Eléonore 73 

Burton,     Sir  Francis 82 

Carleton,   Le  gouverneur 15 

Caron,     François-Clovis 78 

Cartier,     Robert 87 

—  Sir  Georges-Etienne 117 

Casault,     Henriette-Euphémie 27 

—  Thomas. 29 

Casgrain,     Marie 42 

P.-B 73 

—  Rosalie-Virginie 73 

Chamberlaud,     Geneviève-Josephte-Luce 78 

—  Jean-Charles-Luc- Edouard 78 

—  Edouard -. 77 

Chapleau,     Sir  Adolphe 88,  91.    156 

Charland,     J.-Hermas 113 

Charnay,     Marie-Louise-Reuée  de 131 

Chassé,     Jude- Alfred 166 

Chauveau.     L'hon.   P-J.-0 16,  40 

Cherrier,     Côme-Séraphin 57 

Choquette,     Joseph 47 

—             L/hon.   Philippe-Auguste. ..  .46,  47,   56 
Cimon,     Simon 155 

—  Xavier 157 

Clark,        Rachelle 55 

Clément,   Léon-Charles 163 

Clesse,       Geneviève , 136 

Cloutier,    Alfred 159 

Côté,  Cordule 126 

—  Marie-Eugénie 146 


193 


Cousgne,   Madame  de 10 

Coursol,    Charles- Joseph-Quesnel  '  '  '  ' 62 

—  Marie- Alexandrine-Heva 62 

—  Marie-Henriette 61 

—  Michel 57 

—  Michel-Joseph-Charles 57 

Daine,        M „  13 

Dalhousie,  Lord 82 

Daniel,       L'abbé 8î 

David,      L'hon.  L.-O 104 

De  Celles,  A.-D 53 

Delzers,     Isabeau 9 

Denault,    J.-M.-Amédée 61 

Dénéchaud,  Etilalie 42 

Derome,     F.-M 24,  29,  136 

Désilets,    Ovide 85 

DesRosiers,  Louis- Amédée 167 

D'Et>timauville,  Josephte- Joséphine -Eléonore. ...  161 

Drapeau,    Luce 29 

—  Marie-Josephte 161 

—  Marie-Léda 130 

Drolet,       Caroline 1 30 

Dubail,       M 68 

Dubuc,      Henriette 42 

Duchesnay,  Jean-Philippe  Juchereau 62 

—  L'hon.  Ed. -Ls.-Ant.-Chs.  Juchereau. .  65 

—  Louise- Amélie  Juchereau 62 

—  Marie-Clara  Juchereau 65 

Duhamel,  Mgr 109 

Dumont,    Joseph 153 

Duval,       Amélie 62 

Elgin,        Lord 32 

Ennis,       Francis-Hubert 44,   74,   75 

—  Marie-Claire-Elizabeth 43,  75 

—  Marie-Eulalie-Eléonore , 77 

—  Marie-Jeanne-Emilie 76 

—  Thomas 76 

Fabre,        L'hon.  Hector 51,  65 

Faribault,  L'hon.  Joseph-Edouard 23 

Faucher,  Jules . . . ., 1 56 

Ferland,    Marie-Malvina ^5 

25 


i94 


Fiedmond,  M.  de 14 

Flynn,  L'hon.  E.-J 65 

Fontaine,  Léa 92 

Forrest,     Kate 46 

Fournier,  M 117 

Fraser,      Laura-Rebecca 72 

—  Marie- Angélique 41 

French,     Henry-William 142 

Gagnon,    L'hon.  C.-A.-E 153 

—  Mgr.  C.-0 68 

—  Philéas 12 

Garneau,  Evangéline 145 

—  François-Xavier 53 

—  Henri ^ 144,    145 

—  M  arie-Esther-  Joséphine 53 

Gaspé,     Aubert  de 21,  39,   131 

—  Suzanne  Aubert  de 165 

Gauthier,     François-Narcisse-Odilon 67 

—  Julie 92 

—  L'hon.  juge 67 

—  Marie-Joseph-Félix- Albert 67 

Gauvreau,     Josephte 42 

Gordon,     Jane 143 

—  Véronique 147 

Grandin,     Mgr 106 

Guénard,     Catherine 9 

Hamel,     Isabelle 154 

—  Mgr  Thos.-E 8,   122 

Harwood,     Marie-Antoinette 92 

Hocquart,     L'intendant   12,   21 

Holmes,     Le  docteur 161 

Honan,     Marie-Anne- Adine 94 

Hudon,     Joseph-Eusèbe 138 

Jolièt,     L'hon.   Barthélemi 23,   147 

—  Louis 30 

Joliet  de  Mingan,     Marie- Anne 18 

Kane,     Marie- Alice-Claire 61 

—  Marie- Eva-Henriette 61 

—  Robert 61 

—  Rodrick- Auguste- Coursol 6i 

Lacoste,     Louis 84 


195 


Laflamme,     Mgr 56 

Laflèche,     Mgr 81,  98,   100,   110 

Lafontaine,     Lady 42 

—  SirL.-H 32,  59 

Lalande,     R.-P 84,   113 

Lamb,     W .  -B 34 

Lambert,     Gaudiose 1 64 

Lanaudière,  Charles-Barthélemi-Gaspard  T.  de..   147 

—  Jean -Gaspard-Charles  T.  de 150 

—  Josephte-Antonine  Tarieu  de 148 

—  Marie-des- Anges- Alice  T.  de 150 

—  Pierre-Paul  Tarieu  de 147 

Landry,     L'hon.   P 48 

Langelier,     L'hon.  Charles 48 

—  L'hon.  François 48 

Langevin,     Alfred-Edouard 90 

—  Marie-Louise 90 

—  Sir  Hector 117 

Laparre,     Sophie 67 

Laperrière,     Augustin 46,  67,   122 

—  Marie-Eugénie 46 

—  Marie-Louise 67 

Lapeyre,     Jean-Pierre 11 

Larue,     Julie 136 

Laterrière,     Madame  Paschal  de  Sales 42 

—  Pierre  de  Sales 10,  30 

Laurier,     Sir  Wilfrid 48 

Lavoie,     Arthur 141 

Leblanc,     Joseph-Eugène 47 

LeBoutillier,     Charles 140 

—  Jean-Charles-Joseph 141 

—  Marie-Hélène-Elizabeth 140 

—  Marie- Jeanne -Alice 141 

—  Marie-Louise-Eva 141 

LeMaire  Saint-Germain,     Marie-Zoé 87 

Lemieux,     L'hon.  F.-X 49 

—  L'hon.  Rodolphe 76 

Lepage,     Françoise 126 

Lepine,     Placide 121 

Letellier  de  Saint-Just,     L'hon 25,   138,   157 

—  —  —         Madame 42 

Levallée,     Elisabeth 65 


196 


L'Heureux,     Marie- Reine- Georgiana 139 

Lytle,     Marie-Anne 90 

MacDonald,     Sir  John- A 33,  35,  91,  117 

Magnan,     Jean-Baptiste ,.  131 

Major,     Elizabeth 1 53 

Marmette,     Charles-Arthur , 54 

Joseph.... 50,  70,  74 

Joseph-Etienne-Eugène 51 

—  Joseph-  Octave-Léon 56 

—  Louis- Paul-François-Xavier 55 

—  Marie-Adèle-Alexandrine 55 

—  Marie-Amélie- Régine 54 

—  Marie-L,s-Joséphine-Eug-Esther-Eliza.     53 

—  Marie-Zoé -Denise 55 

—  Paschal-David-Lucien 55 

—  Pierre- Marcel- Alphonse 55 

Marquis,     Marie-Caroline 1 54 

Mars,     Marie 18 

Martineau,     Pierre-Raymond 44 

McConville,     Louis- Arthur 149 

.McDougall,     L'hon. 103 

McKenzie,     L'hon . ..  117 

McMillan,     Mary- Anne-Jane 72 

Mercier,     L'hon.    Honoré 48,  130 

—  Paul-Emile 130 

.  Métivier,  Louise-Charlotte 10 

Michon,    Geneviève 22 

Mignault,  Joseph-O' Callaghau 93 

.Moorhead,   Laura-Caroline . .... > 150 

Morency,  Sophie  Baucher  dit 41 

Moriu,       L'hon.  A. -N 31 

Morgan,    Henry-J 39 

Morissette,  Marie-Elizabeth 22 

Mure,       Charlotte 25,  152 

L' hon.  John 25 

Murray,    Le  général 15,  17 

Myrand,     Ernest 72 

Neilson,     L'hon.  John 150 

—  Norman-John-Rieutord...* 150 

Normandin,  Joseph-Laurent 21 

Ouellet,     Radegonde 78 

Pacaud,     Charles 48 


i97 


Panet,        J.-C , 15 

—  Jean- Antoine 20 

—  L'hon.  Louis 23 

—  Madame 42 

Papineau,  L'hon 31 

Parent,      L'hon.  S.-N 65 

Paris,         Christine 67 

Pellant,      Fabiola 144 

Pelletier,    Joseph-Gabriel 154 

Pérès,        Françoise 9 

Perreault,  Mathilde 73 

—  Thérèse 44,  65 

Pinguet,    François 25 

Plamondon,  L'hon.  Marc-Aurèle 117 

Polette,     Madame 42 

Power,       L'hon.  juge  William 165 

—  Thérèse-Catherine 165 

Prendergast,  L'hon.  juge no,  113 

—  Marie-Marguerite 144 

Provencher,  Mgr 98 

Prud'homme,  L'hon.  L.-A m,  113 

Puyjalon,    Henry  de 53 

Quesnel,    Joseph 57 

Rameau  de  Saint- Père,  M »...  1 20 

Ramezay,  M.  de 14 

Récher,     Le  curé 13 

Renault,    Eugène  , .- 39,  43 

Rinfret,    Nathalie 144 

Rivard,     Lucie 1 39 

Robin,      Charles 116 

Routh,      Lady 42 

Roy,         Charles-F 153 

—  J. -Edmond.' 24 

—  Olive , 45 

Saint- Germain,  Caroline , 72 

Saint- Pierre,  Liguori 78 

Sasseville,  Marie- Anne- Marguerite 45 

Serocold,    Georgiana-Elizabeth- Francis 62 

—  Walter-Pearse 62 

Sincennes,  ûamase , 62 

Stein,         Annabella , 94 

Stephenson,  James 30 


rg8 


Taché,  MgrAlexandre-Antonin. .   43,  94,   171,    184 

—  Alexandre-Etienne , 128 

—  Angélique 20 

—  Anne-Charlotte-Henriette 113 

—  Anne-Marie- Alexandrine-Henriette 90 

—  Antoine-Louis- Jean- Etienne 84 

—  Blanche- Alice 169 

- —         Catherine . , 50 

—  Catherine- Adeline  (Adèle)    56 

—  Catherine-Thérèse- Joséphine 166 

—  Charles,  sr 20,   21 

—  Charles,  jr 22,  81 

—  Charles-Georges-Etienne 155 

—  Chs-God-P-Joseph  de  la  Broquerie..   88,    175 

—  Charles  Joseph-Octave 56 

- —         Claire- Geneviève-Elizabeth 50,    74 

—  Emilie-Hélène-Henriette 56 

—  Emma-Luce 168 

—  Ernest 142 

—  Etienne 9 

—  Etienne-Jean-Paschal 72 

—  SirEtienne-Paschal  29,  43,  56,  70,  172,  178,183 

—  Eugène- Ernest-Etienne 170 

—  Eugène-Etienne 63,   173 

—  Eûgène-Gaspard-Etienne 63 

—  Guillaume 9,    18 

*—         Harline-Georgiana-Isabella 169 

—  Henri-Paschal- Achille 169 

—  Henriette- Geneviève- Emilie 114 

—  Jacques  Vinceslas 28,    152 

—  Jean ,.       9 

—  Jean- Antoine- Alphonse  de  Rodriguez...     66 
— :         L'hon.  Jean-Baptiste 22,  81,   152 

—  J.-Bte.-Joseph-Paschal-Ivanhoe 164,    165 

Jean-Baptiste-Paschal .    152 

—  Jean-Georges 25 

—  Jean-Jacques 18 

—  Jean-Paschal 9,    n,    175 

Joseph - 20 

Joseph- Alexandre 93 

—  Joseph-Antoine-Henri-Ôscar 92 

Joseph-Charles,     sr 5,  83,  84,   115,    173 


199 


Taché,    Joseph-Charles,     jr 126,   129 

—  Joseph- Jean- Paschal 94 

—  Joséphine- Philomène 66 

—  Jules- Louis- Alexandre-Michel , 73 

—  Julie-Arthémise 147 

—  Louis-Charles 19 

—  Louis- Jean-Baptiste 1 26 

—  Louis-  Joseph-Charles-Hyppoly  te . ...  91,    177 

—  Louis-Joseph- Ivanhoe 168 

—  Louis-Jules-Emile 68,    177 

—  Louis-Paschal- Achille 12>7j   J6i 

—  Louise-Eléonore 63 

—  Louise-Hélène 137 

—  Luce-Henriette- Françoise ...127,    154 

—  Lucien-Elzéar- Isidore 1 64 

—  Madeleine-Emmélie   77 

—  Marguerite-Marie-Elizabeth 66 

—  Marie- Anne 19 

'  —         Marie- Anne-Aglaé-Léontine 160 

Marie- Anne- Alexandrine 66 

—  Marie-Anne- Amanda  .."..*••• 1 54 

—  Marie-Blanche- Adine 94 

—  Marie-Blanche-Henriette 93 

—  Marie-Charlotte-Louise-Elizabeth. . .  .27,  152 

—  Marie-Claire 50,  74 

—  Marie-Clara-Hélène 66 

—  Marie-Elizabeth 28 

—  Marie-Elizabeth-Odile-Jeanne 90 

—  Marie-Eugène- Alexandre-Juchereau. .. .      65 
Marie-Geneviève 28 

—  Marie-Henriette-Alice 92 

—  Marh-Jeanne-Adine 160 

—  Marie-Joséphine- Laure 67 

—  Marie-Josephte 19 

—  Marie-Julie-Charlotte-Amanda 155 

—  Marie-Laure-Wilhelmine. 169 

—  Maiie-Louise 66,   130 

—  Marie-Louise-Eulalie 63 

—  Marie-Louise-Laurette 170 

Marie-Rose-Angèle 28 

—  Marie-Sophie- M athilde . .  43,  76 

Marie-Suzanne-Cécile  (Cecy) 166 


200 


Taché,     Marie- Victoire-Elizabeth 29 

—  Pasclial 135 

—  Paschal-Henri-  Alexandre 160 

—  Paschal-Jacques 20,   21,  131 

—  Paschal-Vinceslas 127,  153 

—  Pierre , 19 

—  Pierre-Joseph-Boucher  de  la  Broquerie. .  90 

—  Prosper- Jules- Gaspard 73 

—  Roland 9 

—  Roland-Charles ', 1 30 

—  Ulric-Henry .* . .  1 68 

—  Victoire-Sophie 79 

—  William- Arthur 165 

—  Yvonne 13» 

Tanguay,   Mgr  Cyprien 5,   18,    19,   20 

Taschereau,  Sir  Henry-Elzéar 92 

—  Louise 42 

—  Marie-Louise-Hémédine 92 

—  Suzanne 42 

Tassé,     L'hon.  M 119 

Têtu,      Alice 146 

—  Daniel 144 

—  Eva 144 

Géraldine 138 

—  Mgr  Henri 138 

—  Jean 143 

—  Joseph 146 

—  Léa 144 

—  Louis '. 138 

—  Ma;  ie-Hélène- Amélie 140 

—  Marie-Juanita 142 

—  Nazaire 137,  139 

Thibault,  R.  P 98 

Turgeon,  Francisca-Carmina 143 

Tweddle,  Marianne 46 

Vaudreuil,  M.   de 13 

Wilson,     Margaret 62 

—  Mary 73 


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