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Full text of "La fauconnerie, ancienne et moderne"

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FAUCONNERIE 

ANCIENNE ET MODERNE 



^ PARIS; — llIP. SIMON RAÇON ET COUP., RUE u'eUFDRTH, 1. 



LA 



FAUCONNERIE 



ANCIENNE ET MODERNE 



J. C. CHENU ET 0. DES MURS 

1 



SlirPLÉUeNT «U TOME IIEDXIÊHB 
DES 

LEÇONS ÉLÉRENTtIRES SUR L'HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX 




PARIS 
LIBRAIRIE L. HACHETTE ET C" 

77. ROULEVARD SA 1 NT- C KRM Al N , 71 



1862 



C^ 



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FAUCONNERIE 



Le Faucon monle au ciel avec la rapidité de la prière, 
il en descend avec la rapidité d'un sort. 

Légende arabe. 



. L'histoire des animaux nous intéresse en proportion des services 
qu'ils peuvent rendre à l'homme ou des plaisirs qu'ils lui procu- 
rent. A ce point de vue, le Faucon a joué et peut jouer encore un 
rôle très-important, il y a iongtenjps qu'on a trouvé le moyen 
d'exploiter la force et l'instinct destructeur de diverses espèces de 
la famille des Falconidés. Les premiers essais n'ont pas tardé à 
constituer un art qu'on a toujours mais bien gratuitement consi- 
déré comme très-difficile. La fauconnerie a été la distraction favo- 
rite de la noblesse de tous les États d'Europe, et, de nos jours, 
elle est encore très-recherchée par les Orientaux et les Arabes. 

H n'est guère possible d'indiquer exactement l'épope àla- 

1 



[v^47317 



2 FAUCONNERIE, 

quelle remontent les premiers essais de chasse à Taide d'oiseaux 
de proie ; cependant comment parler de fauconnerie sans com- 
mencer par l'histoire de cet art, et, pour nous conformer à Tusage 
généralement établi, nous devrions à tout prix en découvrir l'o- 
rigine, perdue dans la nuit des temps. Nous n'entreprendrons pas 
des recherches si éloignées du but que nous nous proposons. 
Depuis des siècles les auteurs répètent ce qu'il ont trouvé d'écrit 
sur Torigine de la fauconnerie, et il serait bien difficile aujour- 
d'hui de rien dire de positif à ce sujet. Que F Asie ait donné les 
premiers fauconniers; qu'Ulysse, après la prise de Troie, ait ap- 
porté en Grèce Tusage de ce genre de chasse; que les Turcs aient 
appris aux Perses et aux Arabes à chasser .à l'aide du Faucon, 
comme on dit que les Chinois l'ont appris aux Japonais, le fait est 
que la fauconnerie a été en trop grand honneur pour que nous ne 
lui accordions pas une part dans nos leçons, puisque nous devons 
aborder toutes les questions qui peuvent intéresser les chasseurs. 
Messire Arthelouche de Alagona, dans la préface de son Traité 
de Fauconnerie^ donne à penser que la volerie était recomman- 
dée comme l'exercice le plus favorable aux enfants de bonne 
maison. « Combien, dit-il, que nul n'ignore que l'antiquité n'ayt 
eu cela de péculier pour la noblesse, que d'adresser les enlans 
de bonnes maisons à la chasse, tant pour leur donner cueur 
et accoustumer aux dangers, comme aussi pour les renforcer et 
rendre plus usitez au travail et leur oster ceste délicatesse qui 
suyt les grans maisons : veu, qu'à la suyte des bestes, les ruses 
de guerre y sont observées : car on y dresse un escardron d'ab- 
bayeurs, les Chiens courans sont aux flancs pour suyvre 1 en- 
nemy, et l'homme à cheval sert de luy donner la chasse lors 
qu'il se prent à brosser, les trompes n'y manquans pour somier 
le mot et donner cueur aux Cliiens qui sont en devoire : si bien 
qu'il semble que ce soit un camp de bataille dressé pour le plai- 
sir de ceste jeunesse. Si est-ce que de la chasse sont procédez de 



FAUCONNERIE. 5 

grands malheurs. Melcagtîr en perdit la vie, pour la victoire 
remportée sur le Sanglier de Callidoine. Le bel Adonis fut tué par 
un Sanglier. Acteoii fut dévoré de ses propres Chiens. Cephale y 
tua sa chère Pocris, et Acaste en fut interdit, ayant occis le fils 
du Roy qui luy avoit été donné en charge, comme fut Brutus 
pour avoir tué son père Sylvius. par mesgarde. Un empereur fut 
occis par la beste qu'il poursuivoit. Un roy en courant à la chasse 
se cassa le col en tombant de cheval. Que qui craindra ces dan- 
gereux effectz qu il s'adonne à la vollerie, où il trouvera sans 
douhte plus grand plaisir. » 

A n'en pas douter, l'usage de la volerie, tel est le mot consa- 
cré, s'est retrouvé dans toutes les parties du monde; mais, de 
nos jours, il ne s'est conservé, en Europe, qu'en Hollande, on 
Russie et en Angleterre. 

En France, jusqu'à l'abolition de la féodalité, les rois et les 
grands seigneurs entretenaient de grandes fauconneries ; une 
fauconnerie était une des principales dépendances d'un domaine, 
et l'on jugeait souvent de la valeur d'une terre seigneuriale par 
l'importance de l'équipage qui s'y trouvait. L'envoi de quelques 
beaux Faucons était un cadeau royal, et l'on sait que les rois de 
France en recevaient du Nord, du Midi et de l'Orient pour Ten- 
t retien de leur fauconnerie. 

« Le plaisir de la volerie, dit Lacurne de Sainte-Palaye, étant 
réservé à la noblesse, et les dames le. partageant avec les gentils- 
hommes, il ne pouvait manquer d'être en honneur. Les gentils- 
hommes y trouvaient sans cesse de nouvelles occasions d'exercer 
cette galanterie qui a toujours fait le caractère des Français. 
Chacun s'empressait de témoigner combien il était jaloux de 
plaire à sa dame, par les soins et les attentions qu'il avait pour 
son oiseau; il fallait savoir le lâcher à propos; if fallait le suivre 
à toute vitesse, ne le jamais perdre de vue, l'animer de la voix, 
aller promptement détacher de ses serres la proie dont il s'était 



4 FAUCONNERIE, 

saisi, le faire revenir au Jeurre, le rapporter triomphant, Fen- 
chaperonner, le présenter et enfin le replacer avec dextérité sur 
le poing de sa maîtresse. 

La fauconnerie subsista dans son éclat jusqu'au siècle dernier, 
et ne cessa d*être en faveur que depuis l'invention du menu 
plomb. Cette découverte rendit l'exercice de la chasse plus facile 
et plus commode, mais aussi elle le réduisit au seul plaisir de 
voir tomber le gibier sous les coups du chasseur. Elle en bannit 
ce qui autrefois en faisait le plus grand agrément, la présence des 
dames. En eflet, il ne s'en trouve maintenant qu'un très-petit 
nombre qui osent se familiariser avec le bruit des armes à feu et 
avec ridée des dangers auxquels leur usage expose quelquefois. 

La charge de grand fauconnier était très-recherchée; Jean de 
Beaune, grand maître de la fauconnerie du roi saint Louis, tou- 
chait pour sa charge 3 sols parisis par jour. Etienne Grange, sous 
Philippe le Hardi, vit bientôt augmenter ses émoluments; il 
touchait 4 sols parisis par jour, plus 100 sols pour manteaux à 
vie. Charles le Bel se montra plus généreux encore; il accordait à 
Etienne de Montguyard, son grand fauconnier, 5 sols parisis par 
jour, plus 12 hvres 10 sols par an, pour manteaux, à prélever 
sur la prévôté d'Orléans. Ne pouvant ici faire l'histoire des 
grands maîtres des fauconneries royales, nous arrivons à René 
de Cossé, qui eut cette charge pendant le règne de François l^^; 
il avait déjà de fort beaux émoluments et cinquante gentils- 
hommes appointés sous ses ordres, ainsi que cinquante fau- 
conniers, qui recevaient 200 livres par an et entretenaient trois 
cents oiseaux. Louis XIIÏ est, de tous nos rois, celui qui a eu le 
plus de passion pour la fauconnerie; il faisait des dépenses énor- 
mes pour le temps, et, comme nous le verrons bientôt, il chassait 
presque tous les jours avant d'aller à la messe. Le dernier capitoinc 
de fauconnerie, sous Louis XVI, fut le marquis de Forget, qui avait 
sous ses ordres un des plus habiles fauconniers de la Hollande, 






FAUCONNERIE. 




PiR. I. — Vol du Héron. 



6 FAUCONNERIE. 

Van den Heuvel, mais Louis XVI ne fit aucune dépense extraor- 
dinaire, et chercha même à réformer beaucoup d'abus. Le grand 
fauconnier avait certains privilèges ; il pouvait chasser en tout 
temps et en tous lieux; il nommait les chefs de vol et les gardes 
des aires des forêts royales. Sa juridiction s'étendait même sur 
les marchands oiseleurs. Lui seul avait le droit de présenter le 
Faucon au roi et de le lui mettre sur le poing. « Il n'y avait qu'un 
seul cas où le grand fauconnier ne jouissait pas de cette préroga- 
tive. C'était à l'occasion de la réception annuelle par le roi de 
douze oiseaux envoyés par le grand maître de Tordre de Saint- 
Jean de Jérusalem. Ces oiseaux étaient présentés au monarque 
par un chevalier français de Tordre, et ce chevalier recevait en 
cadeau la somme de 3,000 livres et les frais de son voyage. » 

Les goûts des rois sont généralement partagés par toute la no- 
blesse, aussi, « autrefois, tous les gentilshommes riches ou pau- 
vres chassaient au Faucon; ceux même pour qui la chasse n'était 
point un plaisir avaient des oiseaux pour entretenir noblesse. » 
C'est à cette occasion qu'on donna aux gentilshommes campa- 
gnards le surnom de hobereaux, « parce qu'ils voulaient faire 
montre de plus de moyens qu'ils n'avaient, et que, ne pouvant 
avoir de Faucons, qui coûtaient fort cher d'achat et d'entretien, 
ils chassaient avec le Hobereau, qu'ils se procuraient facilement, 
et qui amenait à leur cuisine Perdrix et Cailles. » 

' La jTauconnerie fut la passion des grands seigneurs du moyen 
âge et de la Renaissance. Elle était tellement en honneur autre- 
fois, dit Elzéare Blaze, qu'un gentilhomme et même une dame 
châtelaine ne paraissaient pas en public sans avoir le Faucon sur 
le poing. Beaucoup d'évêques et d'abbés les imitaient-: tous en- 
traient dans les églises avec leurs oiseaux, qu'ils déposaient pen- 
dant l'office divin sur les marches de l'autel. Les prélats les 
mettaient du côté de l'Évangile, s'attribuant ainsi la place d'hon- 
neur; les seigneurs laïques les plaçaient du côté de TÉpître. Dans 



FAUCONNERIE. 7 

les cérémonies publiques, dans les réceptions solennelles, les no- 
bles hommes portaient un Faucon sur le poing droit, comme ils 
portaient une épée sur la cuisse gauche. Les prélats eux-mêmes 
se délassaient de leurs graves occupations en chassant au Fau- 
con; mais, comme ils ne voulaient pas se donner la peine de 
dresser les oiseaux, certaines redevances leur accordaient des Fau- 
cons apprivoisés et exercés à la chasse. Ainsi la terre de Mainte- 
non devait, tous les ans, à l'évêque de Chartres, « un Espervier 
armé et prenant proye, » c'est-à-dire dressé à la chasse, garni 
de jets, de sonnettes, de cliaperon, etc. Denys, évoque de Senlis, 
et Philippe de Victri, évêque de Meaux, sont cités par Gace de 
la Vigne comme auteurs de traités sur la fauconnerie. Enfin, un 
homme dé qualité ne voyageait pas sans ses Faucons et ses Chiens. 
Dans son magnifique ouvrage sur la chasse au vol, Schlegel 
dit que la fauconnerie, après avoir fleuri, en Europe, depuis son 
introduction au quatrième siècle de notre èi*e jusque vers la lin 
du dix-huitième, commença, dans les dix dernières aimées de ce 
siècle, à tomber successivement en désuétude dans les différents 
États du continent; elle fut complètement oubliée pendant les 
guerres dans lesquelles presque toute l'Europe fut engagée de- 
puis la grande révolution française jusqu'à la paix générale, 
en 1845; et ce ne fut que de nos jours que Ton s'efforça de faire 
revivre, sUr quelques points de l'Europe, un art qui avait fait 
pendant tant de siècles les délices de nos ancêtres. Les auteurs 
modernes qui, dans leurs écrits, ont parlé de l'histoire de la fau- 
connerie, ont généralement attribué la décadence de cet art 
aux causes suivantes. Ce seraient, selon eux, la diminution du 
nombre, et par suite le prix élevé des Faucons, l'invention du 
petit plomb, ainsi que le goût universel de la chasse au fusil, et 
la culture toujours croissante des terrés. Pourtant il est facile de 
réfuter ces assertions. Les essais de fauconnerie faits de nos jours 
ont prouvé la possibilité de se procurer des Faucons en nombre 



8 FAtCONiNERIE. * 

suffisant pour exercer toutes sortes de chasses au vol. Il est vrai 
que rinvention du petit plomb, dans la dernière moitié du dix- 
septième siècle, a beaucoup contribué à rendre le goût de la 
chasse au fusil plus général qu'auparavant; mais nous avons vu 
que la fauconnerie florissait encore, pendant la plus grande partie 
du siècle passé, dans la plupart des pays de l'Europe. La culture 
plus étendue des terres enfin a pu contribuer à restreindre l'exer- 
cice de la chasse au vol, mais non pas influer de manière à le 
rendre tout à fait impossible. Nous ajouterons que la plus puis- 
sante de ces causes se trouve dans la ruine successive des privilèges 
seigneuriaux, dont le vol à l'oiseau tirait son principal éclat, et 
dans la division de la propriété qui en a été la conséquence, le 
dessèchement des marais, l'envahissement de la vigne sur tous 
les coteaux, et enfin le défrichement des forêts. 

On ne peut nier que le goût individuel des princes qui ont été 
successivement à la tête des différents États de l'Europe n'ait 
très-souvent contribué d'une manière sensible à faire fleurir ou 
languir la chasse au vol dans les pays qu'ils gouvernaient; mais 
ces sortes de fluctuations ont existé à diverses époques de l'his- 
toire, et elles sont demeurées sans effet hors des limites du pays 
où elles avaient lieu. Néanmoins, il fallait des circonstances plus 
puissantes que celles que nous venons d'énumérer, pour amener 
la décadence d'un art cuHivé par tant de peuples, avec tant d'a- 
mour, tant de délire, et pendant une si longue suite d'années. 

Le bouleversement général de l'ajicien ordre de choses, et 
plus de vingt ans de troubles tels que l'Europe n'en avait pas 
essuyé depuis des siècles, suffirent pour faire oublier un exer- 
cice qui rappelait trop ouvertement la somptuosité et les profu- 
sions des temps passés, pour ne pas encourir désormais la désappro- 
bation publique. Les fauconniers existant alors, ne trouvant plus 
d'emploi, se virent pour la plupart obligés'de chercher d'autres 
occupations; ils vieillirent ou mounirent, et leurs fils, n'ayant 



FAUCO'NNERIE. 9 

aucune perspective de gagner leur vie en se vouant à l'art de la 
fauconnerie, abandonnèrent le métier de leurs \)ères ou furent 
appelés sous les armes. 

Les derniers fauconniers habitaient, en Hollande, le village de 
Valkenswaard. Cependant on en trouve encore, et, tous les ans, 
une nombreuse société (Hawking-club) se réunit, du i5 mai au 
15 juillet, dans une dépendance du château royal de Loo, pour 
voler le Héron. La société est présidée par Sa Majesté le roi des 
Pays-Bas, et prend chaque année de cent à deux cents Hérons. 

Avant de parler de la fauconnerie moderne, il n'est pas sans 
intérêt de rappeler quelques-uns des usages établis autrefois, et 
d*Arcussia nous fera connaître, mieux que nous ne pourrions le 
dire, Tétat de la fauconnerie de ï^ouis XHI et des vols auxquels ce 
roi s'exerçait avec passion : 

Le Roy s'exerce à toutes sortes de vols; et se peut dire avec 
vérité qu'il n'y a fauconnier au monde qui luy puisse rien ap- 
prendre en cette science. J'en parle pour en avoir veu les effects. 
Et si je diray encore qu'il n'y a sorte d'oyseau que les siens ne 
prennent; les Aigles mesme ne s'en peuvent sauver. Je sçay 
bien qu'on me dira que pour s'attaquer au grand Aigle noir, il 
n'y a point d'oyseau qui entreprenne de le lier : mais de le met- 
tre bas à force de corps, les oyseaux du Roy le feront fort bien si 
on leur en fait voir, et moyennant le secours qu'on leur donnera, 
ils le feront mourir aussi facilement qu'ils prennent l'Aigle pes- 
chéur, la Buse et le Corbeau. Or j'ay estimé estre à propos de 
faire voir à combien de vols Sa Majesté s'exerce et la plus part de 
son invention; et quels oyseaux ont été pris par les siens. Je les 
mets icy par rang et premièrement. 

. Le vol du Millau, de l'Aigle pescheur, du Millau noir, de la 
Buse et autres semblables oyseaux, se faict avec des Gerfaux, 
Tiercelets de Gerfaut et Sacres. 



iO FAUCONNERIE. 

Le vol du Héron, avec des Gerfaux, Tiercelets de Gerfaut, Sa- 
cre, Sacrets et Faucons. 

Le Fauperdrieu (le Busard), le Jean-le-Blanc, Toyseau Sainet- 
Martin et le Chaliuan se prend avec les Faucons qui volent pour 
Corneilles. 

La Canne petière, le Courly, le Choucas, le Hobereau, le Cor- 
beau, la Corneille et TEsparvier, par Faucons. 

Le Canard, par Faucons; c'est le vol pour rivière. 

Le Gabereau, la Poule d'eau, la Chouette, TArondelle de mer, 
la Cresserelle et le Vaneau, par Tiercelets de Faucons. 

Le Butor, par Sacrets. 

La Perdrix, par Laniers, Sacres, Sacrets, Faucons et Tierce- 
lets, Autours et Tiercelets et Alethes. 

La Caille, par Esparviers et Emerillons. 

L'Estourneau, par Emerillons. 

Le Lièvre, par Gerfauts, Alpbanets, Sacres, Laniers, Faucons 
et Autours. 

Le Connin (Lapin), par Autours et Tiercelets. 

IjC vol de la Pie se faict par Tiercelets de Faucon et Esparviers 
en compaignie. 

La Huppe se prend avec deux Emerillons. 

Le Geay, le Pinson, la Gorge rouge, le Verdier, le Pescbe- 
Voron (Martin pescheur), la Mésange, le Rossignol, le Pivert ou 
Becbeboys, par Esparviers. 

La Pie griècbe, par trois Emerillons ou TEsparvier. 

Le Merle, par Emerillon ou l'Esparvier. 

L'Alouette légère et le Cochevy, par deux Emerillons. 

La Grive, par trois Emerillons. 

Le Balle d'eau et Balle des champs, par Esparviers. 

Le Moyneau, par Esparviers et Pigriesches. 

Le Burichon ou Boytelet, par Esparviers, Emerillons et Pi- 
griesches. 



FAUCONNEIUE. - 11 

Ordre de la fauconnerie du Roy. 

Le Roy se levé au point du jour, prie Dieu eu sou oratoire; 
puis desjeune : cela faict il monte au cabinet des ojseaux où il y 
a des Gerfaux blancs et d*autres, des Tiercelets de Gerfaut blancs 
et autres, des Laniers communs et Lanerets, des Alphanets qu'on 
dit Laniers de Tunis et Lanerets Tunissiens, des Sacres et Sa- 
crets, des Laniers de Russie et leurs Lanerets, des Faucons pele- 
grins, des Faucons gentils, des Faucons niais, des Faucons ante- 
naires, des Faucons muez des champs et des muez en main 
d'homme, des Faucons tagarots et leurs Tiercelets de toutes sor- 
tes; des Alethes, des Emerillons, des Autours et Tiercelets, des 
Esparviers et Mouchets, des Hobereaux, des Cresserelles, des 
Pigriesches, des Falquets : et généralement de toutes espèces 
d*oyseaux de proie; desquels ïe sieur de Luyne en a la charge, 
pour estre lesdits oyseaux du cabinet du Roy; et soubs le dit 
sieur de Luyne, le petit Buisson et son frère que Sa Majesté 
nomme Buissonnet. 

Monsieur le Baron de la Chastaigneraye est grand fauconnier 
de France, et en cette qualité tous ceux qui tiennent des oyseaux, 
portants les vervelles du Roy, le recognoissent comme a esté jugé 
par arrest du conseil : ledit sieur Baron m'a asseuré avoir ceste 
année sept vingts pièces d'oyseaux sous sa charge, pour laquelle 
il a payé cinquante mille escus à monsieur de la Vieville. 

Le sieur de Luyne a la charge du vol pour Millan, duquel le 
sieur de Cadenet son frère est ayde : pour ce vol, il y a dix hom* 
mes entretenus. Outre cela, il y a un vol pour Corneille et autre 
vol pour les champs et le vol des Emerillons. 

Le vol du Héron est sous la charge du sieur de Lignié. Il a 
douze oyseaux entretenus, bien qu'aprèsent il y en ayt plus : 
outre cela il a quatre Lévriers et quinze hommes. 

Pour le vol de Corneille, les sieurs de Ville et de la Roche, le 



12 FAUCONNERIE, 

tiennent à moitié. Us ont vingt-quatre pièces d'oyseaux entrete- 
nus et seize hommes. 

Le vol des champs est en la charge du sieur de Lasson, qui 
pour cest effect a certain nombre d'oyseaux entretenus, six 
iiommes et dix huit Épaigneux : il a aussi le vol pour Pie de la 
grande fauconnerie. 




Fig. 2. — Groupe de chiens, d'après une gravure du lemps. 



Le vol pour rivière a pour chef le sieur du Buisson. 11 a six 
hommes entretenus et huit oyseaux. Il faut noter que de chas- 
que volerie il y a double vol. 

11 y a un vol pour Héron et un autre pour Corneille sous le 
maistre de la garderobe, tenu par le sieur de Bay, où sont en- 
tretenus seize hommes et dix-huit oyseaux; les chefs sont, le 



FAUCONISERIE. 13 

comte de la Roche-Foucaut et le marquis de Rambouillet, itiais- 
tres alternati\ement de la dite garderobe. 

Plus à la chambre, soubs le premier gentilhomme, il y a un 
vol pour les champs tenu par le sieur de Rambure, de quatre 
oyseaux et dix-huit Epaigneux et trois hommes entretenus. 

Le sieur de Rouilly, tient un vol pour Pie, de quatre oyseaux 
et d'autant d'hommes. 

Monsieur de Pallaiseau a encore un vol pour rivière dont il a 
d'entretenement quatre cens escus par an. 

Comme le Roy va à la chasse et à quels jours. 

Les jours pour le plaisir de la chasse du Roy sont le lundy, le 
mercredy et le samedy : il y va aussi les autres jours, s* il n'y a 
affaires importans. Le dimanche il l'employé à servir Dieu, pour 
estre Sa Majesté le fils aisné de l'Église en effect comme de nom : 
et mesmes les jours de chasse il n'y va jamais en hyver qu'il 
n'ait ouy sa messe de grand matin : Puis il desjeune; et à dix 
heures, entre dans son carrosse et s'en va, ou vers le bois de Vin- 
ccnnes ou vers Sainct-Cloud, ou du costé de Sainct-Denys; estans 
les issues de Paris extrêmement belles et propres aux vols aux- 
quels le Roy se plaist le plus. Il a d'ordinaire, outre monsieur 
le Daron de la Chastaigneraye grand fauconnier de France, un 
bon nombre de seigneurs qui l'accompagnent et sa compagnie de 
chevaux-legers conduite par monsieur de la Curée. Monsieur de 
Luyne qui a les oyseaux du cabinet, le vol pour Milan et les 
Emerillons où Sa Majesté se plaist grandement est tousjours près 
de luy; comme sont aussi les sieurs de Cadenet et de la Drandes, 
ses frères; estants tous trois des plus accomplis gentilshommes de 
la cour, et dont Sa Majesté fait beaucoup de cas, tant pour leur 
mérite en toutes choses, que pour estre particulièrement très 
capables en cette science. Et je puis dire que jamais on ne vola 
si bien en France qu'on fait aujourd'huy. Jamais Roy n'eut tant 

2 



14 FAUCONNERIE, 

ne de si bons oyseaux que Sa Majesté a de présent. De toutes 
parts on les luy apporte sçachant comme il les ayme. Les Grecs 
lui apportent les Sacres, les Hollandais les Gerfauts : le présent 
annuel \ieiit de Malte, duquel Sa Majesté me donna de sa Grâce 
un Sacret le moys passé, que je chéris à l'esgal de ma vie, le 
nommant Real, parcequ'en me le donnant elle l'honora de ce 
nom, et me commanda de le nommer ainsi. Je dis aussi que ja- 
mais Roy n eut de personnes plus propres pour faire bien voler 
.que maintenant; et qu'on regarde depuis le premier vol jusques 
au dernier, tout y va par ordre. En ceste suite de chasse il fait 
beau voir tous ces chefs des vols suivis de cent ou six vingts fau- 
conniers portant les oyseaux, et tous vestus des livrées de Sa 
Majesté : Puis quatre autres portans les Ducs pour attirer le Mi- 
lan, les Corneilles, la Ruse, la Cresserelle, le Corbeau, le Faux 
Perdrieu et autres oyseaux qui viennent au Duc pour le bulïeter. 
Ces quatre, aussi tost que le Roy est à demye lieue des faubourgs 
de Paris, et en part où l'on puisse commencer à voler, vont deux 
deçà et deux delà des aisles du chemin que Sa Majesté fait : et 
faisant voler leurs Ducs, ils attirent de toutes sortes de ces oy- 
seaux : et aussi tost qu'on les voit venir on crie pour advertir : 
Milan Milan, Corneille Corneille, ainsi des autres. Et s'il se 
trouve quelque soupçon d'empeschement, soit de quelque bois, 
ou maison des champs, ou village trop proche, on jette un Duc 
à cinq cens pas de l'autre; et de Fun à l'autre on attire ces oy- 
seaux en lieu où se puisse voler commodément, esloignant par 
cette nise les Corneilles ou autres oyseaux de leurs retraittes. 
Alors sortant le Roy de son carrosse, il monte à cheval et incon- 
tinent on luy apporte tel oyseau qu'il demande, ou bien le grand 
fauconnier présente à Sa Majesté, l'oyseau le plus propre à ce 
qu'on prétend de voler. Et à ce point chacun s'arreste pour 
n'approcher trop le Roy et ne luy donner de l'empeschement à 
son vol. 



FAUCONNERIE. 15 

Un jour j accompagiiay le Roy à Ja chasse, où je vy voler ad- 
mirablement ses Emerillons. Ce fut entre Sainct-Denis et la Cha- 
pelle où va Sa Majesté le plus souvent pour estre l'endroit 
commode à trouver de quoy employer les Emerillons que le Roy 
prend jplaisir de voir voler. On ne fut lentement en chasse 
qu'on crie Cochevy-Cochevy. Lors le sieur de Luyne, qui a ce 
vol, présente à Sa Majesté un Emerillon nommé la damoyselle. 
Il en prend un autre dit le Moyiieau Tiercelet. On fait partir le 
Cochevy qu'on avait remarqué. Mais il ne vola guiere pour estre 
trop rudement poussé et fut pris sans se deffendre, dont les oy- 
seaux en furent puz. Sa Majesté qui veut tout voir voler, de- 
mande d'autres Emerillons. On lui apporte le Fousque qu'il 
prend sur son poing, et le sieur du Ruisson en avait un autre dit 
la Raronne. On crie : Sa Majesté s'en va ou était le Cochevy; on 
le faict partir par son commandement. Sa Majesté jette aussi 
tost : mais par malheur au mesme instant une trouppe d'A- 
louëttes légères partent que les Emerillons entreprennent; et les 
suyvent si haut que nostrc veuë nous défaillit à tous. Lors les pi- 
queurs, qui d'un costé, qui de l'autre, font telle diligence qu'en 
peu de temps ils furent de retour et presque aussi tost qu'on put 
trouver de quoy voler. Le Roy fut bien content d'avoir vu faire 
un si grand effort à ses Emerillons sans les perdre. Un peu après 
on voit un Cochevy. Le Roy averty, s'approche pour jettcr à 
jiropos : ce qu'il fit parfaictement bien : car les Emerillons l'a- 
veiient ensorte qu'ils ne le quiterent jamais, encore que le Co- 
chevy passast au milieu d'une trouppe d'Alouettes légères pour 
se sauver et donner le change. Après il monta d'extrême hau- 
teur : mais les Emerillons le ramenèrent à bas après plusieurs 
atteintes. En fin le Cochevy gaigne une vigne, où il fut aussi tost 
pris en vie par les laquais. Au même instant les Emerillons es- 
lans encores en aisle, part sous eux une Alouette légère que les 
Emerillons choisissent et les voila après, tantost haut tanlost 



iO FAUCONNERIE, 

bas; en fin ils la travaillent tant, que ceste pauvre beste se rendit 
d*où elle était partie, et l'ayant prise les oyseaux en eurent plai- 
sir et en furent puz, avec bonne chère qu'on leur en fit. Et 
m 'approchant de là. Sa Majesté me fit voir que c*estoit une 
Alouette légère, à quoy j'avois doute auparavant. ^ 

Un autre jour le Roy estant à la chasse vers le Bourget, les 
piqueurs qui estoient en queste, vindrent rapporter à monsieur 
le Baron de la Chastaigneraye, qu'ils avaient descouvert des Hé- 
rons. 11 le vint aussi tost dire à Sa Majesté. En mesme temps on 
descouvre une trouppe de gens de cheval; et fut jugé que c*es- 
toit la Reyne par les chevaux blancs qui tirent son carrosse : dont 
le Roy voulut l'attendre pour luy donner ce plaisir. La Reyne 
estant arrivée, on apporta au Roy un Gerfaut nommé la Perle, 
qui hormi les aisles, est blanc comme un Cygne, et fut présenté 
à Sa Majesté par monsieur le grand fauconnier, lequel après en 
porta un autre à la Reyne. Mais a cause que le temps estoit 
quelque peu humide, elle ne voulut quiter son carrosse; qui fut 
cause qu'il s'arresta près d'elle pour tenir son Gerfaut, et le jet- 
ter à point nommé. En après le Roy commanda d'attaquer le 
Héron. Le sieur de Ligné s'en va le faire partir et jette en queue 
un Tiercelet de Gerfaut nommé le Gentilhomme, oyseau bien 
dressé pour hausse pié. Alors on tira quelques coups d'escopette 
pour faire mieux monter le Héron. Le hausse pié le mena aussi 
haut que nostre veuë pouvait poçter. Ce que voyant Sa Majesté, 
qui avoit son Gerfaut sur son poing, les aisles ouvertes, s'appres- 
tant pour l'effet auquel. on le vouloit employer, commence à le 
descouvrir, l'ayant longuement tenu en patience, pour mieux 
faire voir la gaillardise de son oyseau par un admirable jet. Ce 
Gerfaut blanc ayant bien aveûé le Héron, part du poing du Roy; 
la Reyne fait jetter le sien partant presque aussi tost l'un que 
l'autre. Or à mesme dessin ces oyseaux vont par différente car- 
rière, et montant sur queue, font si bien qu'en peu de temps ils 



FAUCONNERIE. 



i7 








Fig. S. — Vol de la Pip. 



48 FAUCONNERIE, 

se trouvent de hauteur presque esgale. Et lors le hausse-pié qui 
void approcher son secours redouble sa diligence, ensorte que les 
trois assaillans se trouvent à qui donnerait le premier. Or voicy 
le combat qui commence : Le hausse-]pié donne la première at- 
teinte; chfi^cun des autres en fait sa part à son tour. Le Héron 
tient tousjours le bec droict de l'oyseau qui plus rapproche en 
tirant des estoquades. Les trois lui font chacun leur assaut, si 
bien qu'en fin le Héron print l'espouvante, et ne sçachiint comme 
résister, se laisse choir en bas, les aisles ouvertes, les pieds de- 
vant, et le col en haut. En cest estât, un des Gerfauts, nommé 
la Perle, le lia et mena à bas : Estant à terre aussi tost qu'il sertt 
approcher les Lévriers, il eschappe et repart, mais en vain; car 
la Perle le lia encore et le retint sans autre secours. Qui n'a veu 
à ce vol les Lévriers qui sont pour secourir les oyseaux, il ne' 
pourroit le croire, mesmes lorsqu'ils attendent la cheute du Hé- • 
ron; ils vont courant qui deçà, qui delà à toute leur force, ayant 
tousjours les yeux en haut pour aveûer les oyseaux et se trouver à 
la chtute pour avoir leur part à la victoire, et s'ils ont rencontre de 
quelque fossé; les voilà dedans sans y prendre garde. Or le Héron 
estant pris, on fit plaisir aux oyseaux; et comme on les vouloit 
paistre, on descouvre encore un autre Héron en ceste même 
prairie d'oii le premier estoit party, qui n'osoit se bouger, tant 
il avoit l'alarme d'avoir veu mal mener son compagnon. On le 
dit à Sa Majesté, En ceste attente les fauconniers tardent de 
paistre et amusent les oyseaux. Sa. Majesté mande qu'elle vouloit 
encores voir ce plaisir. Li Reyne qui estoit desja partie pour s'en 
retourner à Paris, revint encore au fnesme lieu d'où elle avoit 
veu voler l'autre Héron. Je vous diray que comme ces deux es- 
toient compagnons a'ux prairies, aussi leur vol fut tout sembla- 
ble, et firent mêmes deffenses : et ce en quoy ils furent seule- 
ment diftérents, ce fut que le dernier se jetta dans une basse 
cour parmy des Poulies pour donner le change aux oyseaux et 



FAUCONNERIE. 19 

sauver sa vie par ceste ruse. Ce jour nicsnie le Roy en revenant 
de sa chasse, vola en chemin quatre Corneilles, un Fauperdrieu, 
une Cresserelle et une Bnse; et deux Cochevys que Sa Majesté 
avoit pris en venant : de sorte qu'elle rapporta onze testes de sa 
volerie. 

Il semble que le Roy ait quelque secrette intelhgence sur les 
oyseaux çt une puissance incogneuë aux hommes. Et à la vérité 
outre une inclination grande dont il les aime, il a une inimitable 
adresse à les traiter, soit à les leurrer ou à les faire voler : ce qui 
ne se peut représenter par discours. Les inventions que Sa Ma- 
jesté trouve tous les jours de nouveau, le tesmoignent. Et.qui ouït 
jamais dire que des Faucons prinssent le Corbeau? Si tant de 
seigneurs qui le voyent aujourd'huy ne m'estoient garants, je 
n'oserois non plus Tescrire que le réciter. C'est en la présence de 
la Royne que ce faict arriva. Le mois de Janvier passé, comme 
elle alloit du costé d*Aubervilliers, estant à la promenade dans 
son carrosse, un Corbeau vint comme par bravade donner plaisir 
à Sa Majesté. Monsieur le baron de la Chastaigneraye fit jetter 
deux Faucons après luy, qui Tayaut longuement travaillé et luy 
ayant donné plusieurs coups tant à la montée qu'à la descente, 
en fin le Uerent et le menèrent à bas, le tuant à force de coups. 
Du depuis il s'en est pris plusieurs autres. Mais que se donne 
garde de ne paistre les Faucons de ce past : car à les continuer, 
les oyseaux en mourroient. Oïl doit croire que les oyseaux, qui 
volent le Corbeau, c'est par colère ou par exercice de courage et 
non par appétit. Donc on se conduira bien de ne les faire voiler 
guieres souvent à ce gibier et ne les paistre de telle prise. 

Lorsque le temps détourne le Roy d aller à la chasse. Dieu 
lui fournit de nouveaux plaisirs dans l'enclos du Louvre : car 
aussi tost que Sa Majesté sort pour aller au jardin ou aux Tuille- 
ries, les Burichons ou Roytelets, Gorge-rouges, Moyneaux et au- 
tres petits oyseaux, se viennent rendre dans les cyprez ou dans 



20 FAUCONNERIE 

les buis des allées, à Fenvy l'un de Tautre, comme s*il y avoit 
entre eux de l'émulation à qui tomberoit le premier entre ses 
mains. Sa Majesté les vole avec ses Pigriesches ou avec des Es- 
parviers; et cela se fait ordinairement en allant aux Feuillans ou 
aux Capucins. Une invention a esté trouvée par Sa Majesté qui 
est à remarquer : car avec des filets ou araignes qu'il a faict faire 
expressément, il fait couvrir les allées : puis faisant batre au long 
des bordures, se tenant au bout avec ses Pigriesches, on les luy 
amené; et comme ils veulent gaigner d'une allée à l'autre ou 
d'un cyprez à l'autre. Sa Majesté qui les attend, lasche si à pro- 
pos ses oyseaux qu'ils ne faillent jamais de prendre à trois pas de 
luy. Un jour l'accompagnant à ce plaisir après qu'il en eust pris 
demie douzaine, je luy dy que son plaisir ne seroit pas de durée 
s'il continuoit à'en prendre telle quantité. Et lors monsieur de la 
Vieville repartit et luy dit. Sire, il vous en parle en chasseur et 
vous dit vray. Lors Sa Majesté ouvrant sa main montra six testes 
de sa prise de ceste matinée, et cela faict il s'en alla ouyr sa messe 
aux Feuillans. 

Le Roy prend encores son plaisir à faire voler dans le jardin du 
Louvre des Allouëttes légères d'eschape : Et s'il avient qu'il s'en 
sauve quelqu'une. Sa Majesté ne s'en fasche point : ce qui n'ar- 
rive si les Erâeri lions les aveuent bien. \\ fait aussi voler à ses 
Pigriesches, des Moyneaux d'eschappe et de toutes sortes de 
petits oyseaux d'eschape, comme il fait encores avec des Espar- 
viers. 

Sa Majesté vole aussi dans le jardin, des Pigeons cillez, avec 
des Tiercelets de Faucon, qui ont été pincetez des serres, afin 
qu'ils donnent au Pigeon sans pouvoir le lier. Ce qui se fait en 
cette sorte. Le sieur de Luyne a des Pigeons cillez en Quantité, 
qu'il tient préparez pour le plaisir du Roy. 11 en prend un; et 
ayant Sa Majesté faict délonger les trois Tiercelets ordonnez pour 
jetter, le sieur de Luyne pousse en haut ce Pigeon; jequel étant 



FAUCONNERIE. 21 

cillé, vole droit vers le ciel; et quand il est de hauteur telle que 
Sa Majesté trouve raisonnable, elle commande de jetter. On des- 
couvre aussi tost. Lors on voit monter ses Tiercelets à qui plus 
fera diligence : et ayant atteint le Pigeon luy donnent tant de 
coups qu'ils le descendent à bas, ne pouvans le lier. Geste volerie 
donne beaucoup de plaisir à Sa Majesté, et fort souvent elle s'y 
exerce, quand le temps ou les affaires la retiennent d'aller pux 
champs. Sa Majesté a deux vols exprès pour le Pigeon cillé, de 
trois Tiercelets chacun : elle y employé aussi parfois des Eme- 
rillons. 

Le sieur de Ligné ayant eu congé du Roy d'aller voler pour 
Héron, estant Sa Majesté occupée aux affaires; comme chef de ce 
vol, il vint luy mesme de sa grâce me convier, m'asseurant qu'il 
sçavoit de quoy voler. Bien que je fusse indisposé, je me senty 
aussi tost gaillard, oyant qu'il me parlait de la chasse; et ne tar- 
day pas beaucoup d'estre.prest pour monter à cheval et me trou- 
ver au lieu assigné pour nous joindre, qui fut à la Chapelle; ou 
estant nous prismes le chemin de Saint-Denis. Or marchant 
d'affection nous fusmes tost au long des prairies proches de la 
Garenne où ses piqueurs descouvrent trois Hérons et le luy vien- 
nent aussi tost dire. Prenant résolution de les aller attaquer, le 
sieur de Ligné me fit la faveur de me donner un Gerfaut blanc, 
nommé la Perle, pour jetter; il en prit un autre qu'on nomme 
le Gentilhomme, et un des siens, ayde de ce vol, en print un au- 
tre appelé ïe Pinson. Comme les Hérons nous sentirent appro- 
cher, il partent de fort loing : ce que voyant, nous jetions les 
oyseaux, lesquels tardent longtemps à les aveûer. En fin un les 
void et s'y en va. Les deux le suyvent avec telle ardeur et dili- 
gence qu'en peu de temps ils furent à eux; et en attaquent un 
qui se deffendit assez; mais il fut si rudement mené qu'il ne peut 
rendre grande deffense, et fut pris. Pendant qu'on faisoit plaisir 
aux oiseaux, les autres Hérons espouvantez d'avoir veu si mal 



22 FAUCONNERIE. 

traicteFv leur compagnon, montoient tonsjonrs, et droit au soleil, 
pour se couvrir de la clairtc; mais on les découvre, dont monsieur 
de Ligné me djt, je voy là haut deux Hérons qui montent, je vous 
en \eux donner un. Sur quoy je respondy, les voyant de telle 
hauteur, que les oyseaux auroient bien de la peine d'y arriver. 
Alors il jette son Gerfaut. 'Nous jettons après luy, et les voilà 
monter à Tenvy avec telle diligence que bien tost nous les vismes 
pre que aussi haut que le Héron. Puis ayant fait cncores un ef- 
fort pour luy gaigner le dessus, les voilà qui commencent à le 
choquer et luy donner des coups si serrez qu'à un instant il s' es- 
tonne et le voyons fondre pour gaigner le bois. Nous picquons 
après pour mener les Lévriers au secours des oyseaux : ce qui 
ne fut pas mal à propos; car le Héron se jette dans un taillis, où 
nous le prismes en vie, bien qu'il fut osté de la gorge d'un ÏjC- 
vrier qui n'eut loisir de l'estrangler; et faisant plaisir du pre- 
mier, nous remontons après à cheval pour en voiler encores un 
autre. En marchant monsieur de Ligné donnait l'œil vers le so- 
leil, taschant de voir le troisiesme. En fin un des siens le des- 
couvre à la branloire, et nous le fait voir : dont monsieur de Ligné 
me dit, nous avons deux Hérons : l'un est pour vous et l'autre 
est pour moy : il faut bien que nos oyseaux aient le leur. Et en 
disant cela, il descouvre son ojseau, qui ouvre aussi tost ses 
aisles, regardant vers le ciel. H tarde toutes fois assez de temps 
de Taveûer : en fin il part. Lors nous jettons aussi les autres deux; 
ces trois oiseaux prennent différente carrière, se mettant à mon- 
ter. Je cuidoy remarquer leur action, mais je les perdy bien tost 
de veuë; et me résolus en fin de prendre garde au Héron, sça- 
chant bien que c'estoit là où il fallait regarder. Le col me faisait 
mal de tenir si longtemps les yeux en haut : mais le plaisir que 
j'avois, me donnoit ceste patience pour en voir la fin. Au bout de 
quelque temps je descouvre un des oyseaux qui ne paroissoit pas 
plus gros qu'un Moucheron. Bien tost après nous en dcscou- 



FAUCONNERIE. 23 

vrismes un autre et eu lin nous les vismes tous les trois. Le pre- 
- mier qui douna, le fit de telle rudesse qu'il ravala le Hérou de 
dix toises; et les deux autres firent leur devoir chacuu à sou 
tour, en sorte que le Héron en demeura estonné.et fut contraint 
d'aller en bas. En cest estât un le lie et le descend; les Levriei-s 
y accourent et le tuent. Nous arrivons aussi tost; chasque oy- 
seau se trouve à la curée de leur prise : et ainsi nous achevons 
nostre journée. 

Ce§ descriptions naïves des divers vols donnent bien l'idée des 
émotions que doivent éprouver les spectateurs. 11 y a, eu effet, 
indépendamment de l'intérêt de la lutte, la rapidité de l'attaque, 
les combinaisons souvent extraordinaires dans la direction du 
vol du Faucon au moment de son départ, et entin l'incertitude 
du résultat. 

Quoique notre intention ne soit pas de faire Thistoire de la 
i'auconnerie, nous ne pouvons nous dispenser de dire encore 
quelques mots des usages établis. 

D'après le docteur Franklin et la traduction de son ouvrage 
pr Esquiros, la fauconnerie fut introduite en Angleterre dans 
le huitième siècle, et elle devint le plaisir par excellence des 
nobles anglo-saxons. La noblesse se faisait représenter en pein- 
ture, en sculpture ou en tapisserie avec un Faucon sur le poing. 
Sur les murs en ruine de l'abbaye de Knockmoy, comté de Gal- 
vay, on voit encore des fresques à demi détniites et représentant 
trois rois irlandais portant chacun un Faucon sur le poing. 

On tirait ces oiseaux du Nord, mais surtout de l'Islande. Une 
ancienne loi danoise, dont l'esprit se maintint jusqu'en 1758, 
infligeait la peine de mort à quiconque aurait eu le malheur 
d'en tuer un. Les hommes dont le métier était de prendre ces 
oiseaux devaient être Islandais de naissance et munis d'un diplôme; 
ils étaient, en outre, tenus, sous des peines sévèi'es, de les re- 
mettre en mains propres au grand fauconnier du roi de Danemark» 



U FAUCONNERIE. 

La méthode en usage pour s'emparer du Gerfaut était fondée sur 
la coimaissance des mœurs de ce rapace. Eu Islande, on attachait 
un si grand prix à cette capture, que chaque aire était connue 
et surveillée avec le plus grand soin par les oiseleurs du voisi- 
nage. Lorsque les ménages de Gerfauts avaient couvé et élevé 
leurs petits, on attirait ces derniers dans un piège à Taide d'une 
Perdrix ou d'un Pigeon qu'on attachait à terre par la patte. IjC 
roi de Danemark envopit chaque année en Islande un fauconnier 
avec deux intendants. A peine débarqués, ces officiers se ren- 
daient à une maison appelée la Fauconnerie du roi. Là ils rece- 
vaient les oiseaux de la main des gens qui les avaient pris. G*est 
vers la moitié de l'été que ces gens arrivaient en grande cérémo- 
nie avec leurs Faucons chaperonnés. Le fauconnier examinait très- 
sérieusement ces oiseaux, rejetait ceux qui étaient jugés d'une 
qualité inférieure, et portait les autres au roi de Danemark. Les 
oiseleurs recevaient un certificat écrit et la valeur environ de 
quatre-vingts francs par oiseau. Les Gerfauts destinés à Sa Ma- 
jesté Danoise étaient ensuite expédiés sur des vaisseaux, et ils 
devenaient, pendant la traversée, l'objet de soins tout particu- 
liers. 

11 est i)robable que la chasse incessante qu'on faisait aux Ger- 
fauts islandais a fini par épuiser cette belle et précieuse race. 
[je fait est qu'ils sont devenus très-rares; mais, depuis bien des 
aimées, ils ont eu le temps de se reproduire. 

Le Faucon ordinaire, étant le plus facile à se procurer, était, 
de la part des fauconniers, l'objet de leurs plus constantes préoc- 
cupations. Dans les îles Orkney, un peu au nord de l'Ecosse, il 
y avait autrefois une excellente race de Faucons. Un acte du par- 
lement déclarait que ces oiseaux étaient réservés aux plaisirs de 
Sa Majesté Britannique et que les habitants étaient obligés de 
pourvoir à leur entretien. Dans quelques parties de ces îles, ou 
observe encore une ancienne coutume qui consiste à réclamer 



FAUCONNERIE. 25 

(iaiis chaque paroisse un certain nombre de poules, comme un 
tribut que les habitants doivent payer au grand fauconnier. Ces 
volailles étaient, dit-on, prélevées sur la basse-cour des paysans 
pour la nourriture des Faucons du roi. L*objet de l'impôt a dis- 
paru, maïs rimpôt est resté. 

La fauconnerie était une science ; elle avait des professeurs, 
des livres et une langue à elle. 

Il n'y a point d*amusement qui ait été poussé avec tant d'ar- 
deur que la chasse au Faucon, et cela dans toutes les contrées de 
l'Europe. En Angleterre, un tel exercice était, même avant le 
temps de Guillaume le Conquérant, l'occupation favorite des 
familles royales et de la noblesse. Les dames s'y livraient avec 
autant de plaisir que les gentilshommes. Cette chasse se prati- 
quait à pied ou à cheval, selon la nature du pays : à cheval quand 
on se trouvait dans les champs ou dans une campagne ouverte; 
à pied quand on marchait dans les bois et les lieux couverts. Dans 
ce dernier cas, le chasseur portait à la main une forte perche 
pour l'aider à sauter les petits ruisseaux et les fossés qui pouvaient 
l'embarrasser dans sa marche. Hall raconte que Henri VIII, pour- 
suivant son Faucon à pied à Hitchin, dans le Hertfordshire, es- 
saya, avec l'aide de. son bâton, de franchir mi fossé qui était 
rempli d'eau bourbeuse. La perche cassa, et le roi tomba, lu 
tète la première, dans l'eau, où il aurait été suffoqué si un valet 
de pied, nommé John Moody, qui avait vu de près Taccident, 
n'eûtw^auté dans le fossé et tiré d'un si mauvais pas Sa Majesté 
embourbée. 

Il faut au moins trois Faucons, Gerfauts, Pèlerins ou Sacres, 
pour lier le Héron, sans compter un Chien qui le lève. 11 y a le 
hausse-piedj qui attaque le Héron reposé et le force à pren- 
dre l'essor, le teneur ^ qui le suit, et le tombisseur^ qui lie. 
Chacun combat à son rang, mais veille au salut de ses frères 
d'armes. Un jour que le roi Louis XI H volait le Héron sous les 

3 



26 FAUCONNERIE, 

murs de Paris, il arriva que le hausse-pied reçut une blessure 
grave à l'attaque; « ce que voyant le second Faucon, ou Teneur, 
il donna à plomb si furieusement au Héi'on^ quil lui emporta 
la tête, dont le roi se trouva privé de son droit. » 

L'histoire des amitiés du Chien et de l'oiseau de chasse four- 
mille de traits piquants. 

Un Braque de caractère rassis, dit Toussenel, avait été conmiis 
à la surveillance d'un Alphanet de grand mérite, mais difficile 
à vivre, capricieux, boudeur, et découchant parfois. Au bout de 
quelques jours les deux bêtes s'étaient prises l'une pour l'autre 
d'une affection si vive qu'on ne les pouvait plus séparer. La 
première fois que l'Alphanet fit sa tête et annonça l'intention de 
passer la nuit à la belle étoile, le Braque commença par épuiser 
toute son éloquence pour tâcher de le ramener à des principes 
d'hygiène et de morale plus sains; puis, voyant sa peine inutile, 
il finit par s'établir en rond au pied de l'arbre que le mauvais 
coucheur avait choisi pour domicile, et veilla toute la nuit sur 
lui. Le jour venu, la bête intelligente se rendit au château pour 
y chercher le garde, et l'amena lui-même sur les lieux, dési- 
gnant de la voix et du geste l'arbre touffu où le vaurien se tenait 
caché. 

D'Esparron possédait un Lé\rier turc parfaitement élevé qui 
se faisait un plaisir de ramasser tous les Perdreaux que les Fau* 
cons avaient abattus, puis de leur tordre le cou et de les resti- 
tuer ensuite à ceux-ci avec une courtoisie exquise. 

Quant à la fidélité du Faucon, l'on n'est embarrassé que du 
nombre des preuves à choisir dans une foule d'écrits, d'annales, 
de légendes populaires oij il est redit à satiété que le Faucon 
tombe malade lorsqu'il change de maître, et surtout de maîtresse; 
qu'il languit de l'indifférence et de l'oubli de celle-ci, et meurt 
de son absence. Nous citerons seulement, d'après Toussenel, 
en témoignage de la constance et de la moralité du Faucon, la 



FAUCONNERIE. 27 

touchante mésaventure arrivée, du temps des croisades, à un 
Chabert quelconque des Hautes-Pyrénées. 

De retour en sa patrie après un séjour de dix ans en Palestine, 
où il avait subi quelques avaries et laissé quelques os, l'infortuné 
chevalier frappe, le soir, à la porte de son castel. Mais il s'an- 
nonce vainement comme le maître du logis; personne ne veut 
le reconnaître. Son épouse volage, qui s'est empressée de convo- 
ler en secondes noces sur le bruit de sa mort, est la première à 
le qualifier d'intrigant; ses anciens ser>'iteurs le bafouent et 
l'outragent; ses dogues même lui montrent les dents. Une seule 
voix ose s'élever au milieu de ce chœur de malédictions pour 
reconnaître l'identité du propriétaire légitime, un seul ami ose 
témoigner au châtelain délabré sa joie de le revoir : c'est son 
Gerfaut fidèle. 

Nous avons mieux que des légendes pour prouver la fidélité 
du Faucon à son maître et l'absoudre de ces accusations tendant 
à dire qu'il n'est pas susceptible d'attachement, qu'on ne peut 
le dompter que par la faim, qu'il n'est attiré que par le pât, et 
non par la personne qui le lui montre. C'est l'anecdote suivante, 
que nous empruntons à un digne émule de M. Saint-John. 

« Feu le colonel Johnson, de la brigade des carabiniers à pied, 
étant encore capitaine, fut envoyé au Canada avec son bataillon. 
Passionné pour l'art de la fauconnerie, auquel il consacrait beau- 
coup de temps et d'argent, il emporta avec lui, au delà de l'A- 
tlantique, deux de ses Pèlerins favoris. Tous les jours, pendant 
le voyage, il leur donnait la liberté, après leur avoir fait prendre 
bonne goiye de viande pour qu'ils ne fussent point tentés de 
poursuivre quelque Mouette isolée, ou de trop s'écarter du vais- 
seau. Tantôt ils s'éloignaient rapidement, tantôt ils s'élevaient 
à perte de vue, sans que les passagers, dont its charmaient l'en- 
nui pendant ce long vdjfage, habitués à les voir reparaître, con- 
çussent la moindre inquiétude. Enfin, un soir, après une absence 



28 FAUCONNERTE. 

plus longue que de coutume, un des Faucons revint seul. Après 
quelques jours d'attente, le capitaine Johnson se persuada qu'il 
ne reverrait plus son déserteur. 

(( Arrivé en Amérique, il lut avec surprise dans un journal 
d'Halifax que le capitaine d'une goélette américaine était en ce 
moment détenteur d'un Faucon qui, pendant sa traversée de 
IJverpool aux États-Unis, s'était abattu à bord de son navire. Le 
capitaine Johnson, persuadé que ce Faucon ne pouvait être que 
le sien, se rendit immédiatement à Halifax, et se présenta chez 
le capitaine de la goélette, lui racontant le motif de son voyage 
et le priant de lui faire voir l'oiseau; mais il avait compté sans 
son hôte. Jonathan n'était pas homme à se dessaisir de sa prise; 
il se refusa positivement à l'entrevue et déclara qu'il ne croyait 
pas un mot de cette histoire. 

« Le capitaine Johnson, qui avait bien autre chose à faire que 
de vider une querelle avec ce farouche Yankee, réprima sa colère 
et proposa de soumettre la possession de l'oiseau à l'épreuve d'une 
expérience, compromis que plusieurs Américains présents jugè- 
rent parfaitement raisonnable et obligèrent leur compatriote à 
accepter. Il fut donc convenu que le capitaine Jolmson verrait le 
Faucon (qui, par parenthèse, loin de témoigner aucun attache- 
ment pour personne depuis son arrivée dans le nouveau monde, 
s'était montré rebelle à toute espèce de familiarité), et que si, 
dans cette entrevue, le Faucon laissait échapper quelque signe 
irrécusable de reconnaissance et d'amitié de nature à convaincre 
les assistants qu'il* retrouvait son maître, mais surtout s'il jouait 
avec les boutons de son habit, il fut convenu, disons-nous, que 
l'Américain serait tenu d'abandonner toute prétention. L'épreuve 
commença immédiatement. Le Yankee sortit et revint bientôt 
avec le Faucon, qui, dès que la porte fut ouverte, s'élança de son 
bâton sur l'épaule de l'Anglais, qu'il regrettait depuis longtemps; 
il semblait ne pouvoir assez lui marquer sa joie de le revoir; il 



FAUCONNERIE. 29 

frottait sa tête contre ses joues et saississait dans son bec, les 
uns après les autres, tous les boutons de son vêtement. Ces 
preuves suffirent : le jury fut unanime et rendit son verdict en 
faveur du plaignant; il n*y eut pas jusqu'au cœur cuirassé du 
marin qui n*en fût attendri, et le Faucon fut remis entre les 
mains de son légitime possesseur. » 

Quoi qu'en dise Toussenel, il ne faut pias trop compter sur la 
fidélité des Faucons : il y a de nombreux exemples de leur fuite 
précipitée. Nous n en citerons que deux rapportés par d'Ar- 
cussia, et ils donneront en même temps l'idée de la rapidité de 
leur vol : 

« Du temps du roy Henry second, estant y iceluy à Fontaine- . 
bleau, un Sacret de sa fauconnerie s'escarta, suivant une cane- ' 
potière, lequel, le lendemain, jour de ^otre-Dame de Mars, fut 
reprins en Tîle de Malte, ainsi que le grand maître d'icelle, qui 
pour lors estait, Tescrivit au roy en le luy faisant tenir; et Tan- 
née passée, un Faucon que j'avais donné monta en essor à une 
lieue de Paris, et, le mesme jour, fut reprins à Clèves en Alle- 
magne et rapporté à Paris à Monseigneur de Guyse, à qui il ap- 
partenait. » 

A cette époque, on ne manquait pas de renvoyer à son projprié- 
taire, dont le nom était toujours gravé sur les vervelles, le Fau- 
con qui avait dérobé ses sonnettes, et les fauconniers avaient 
grand soin de ces oiseaux jusqu'au jour de leur départ. 

Quoique la chasse au Faucon ne soit plus depuis longtemps à 
la mode en Europe, il ne faut pas croire qu'il en soit de même 
dans les autres, contrées : en Asie et en Afrique, par exemple. 

On doit au général Daumas quelques détails sur l'éducation 
du Faucon et sur le parti qu'on en tire en Algérie. Ces détails 
sont d'autant plus curieux, que cet auteur les a obtenus de 
l'émir Abd-el-Kader, du kalifa Sid-Mohamrd'fl-Mokra'ny^ et 
d'autres veneurs africains. 

3. 



30 FAUCONNERIE. 

Les Arabes désignent le Faucon sous le nom générique de 
Taîr-el-Hoor, Toiseau de race; ils en connaissent quatre es- 
pèces, qu'ils emploient à la chasse; ce sont : El Terakel, El 
BeranUy El Nebala et ElBahara. Il est très-difïîcile de ra- 
mener ces espèces à leurs véritables types spécifiques, à- cause du 
laconisme des descriptions arabes. 

Le Terakely que nous supposons être le Sacre, est très- 
estimé : c'est le plus grand des oiseaux de race, et sa femelle 
atteint quelquefois la taille d'un Aigle ordinaire. Il a le dessus 
des ailes noir, le dessous gris, le ventre noir et blanc, la queue 
noire, la tête noire; dans son jeune âge, tiranl sur le gris, puis 
sur le blanc, à jiiesure qu'il vieillit. Son bec est très-dur et très- 
acéré, ses serres solides et vigoureuses. 

Le Beranay probablement le Faucon de Barbarie, est un peu 
moins fort et de moindre taille que le Terakel. Ses ailes sont 
d'un blanc grisâtre, sa poitrine est blanche, sa queue grise et 
blanche; sa tête est multicolore, mais le blanc est encore la cou- 
leur dominante. 

Le Nebala est sans doute le Faucon Pèlerin. La couleur grise 
domine; quelques teintes bjanches sous les ailes. Le Nebala a 
les pattes jaunes. 

Le Bahara^ qui nous paraît être une variété de la même es- 
pèce, est presque entièrement noir. « Cest un nègre^ disent les 
Arabes; il ne vaut pas grancT chose. » 

Tous ces oiseaux muent à la fin de l'été, et les Arabes savent fort 
bien que le Faucon ne se nourrit que des animaux qu'il a tués. 

C'est pendant l'été qu'on cherche à se procurer le Faucon, 
afin d'avoir le temps de le préparer pour les chasses, qui n'ont 
lieu que vers la fin de Tautomne. Pour le prendre, on met un 
Pigeon domestique dans une espèce de petit filet dont les mailles 
sont faites de poil de Cheval et de laine exubérante; un cavalier 
porteur de ce Pigeon va se promener dans les lieux déserts, et 



FAUCONNERIE. . 51 

le lance en l'air qnand il a \u un oiseau de race; puis il va se 
cacher. Le Faucon se précipite sur le Pigeon; mais ses serres 
s'embarrassent dans le filet; il ne peut ni les retirer ni s'envoler, 
et on s'en empare. -Quand le Faucon se voit pris, il ne donne 
aucun signe de colère ni de crainte. Il existe au désert un pro- 
verbe qu'on répète dans le malheur : « Thaïr-el-Hoor ila hasnel 
ma itkhbotchi : l'oiseau de race, quand il est pris, ne se tour- 
mente plus. » On dresse un perchoir dans sa tente, et on y at- 
tache l'oiseau aveu une élégante lanière de filali^ cuir travaillé 
à Tafilalet. Il n'est besoin de dire que l'entrave est mise avec les 
plus grandes précautions, pour ne pas blesser l'animal ou l'in- 
commoder à l'excès. C'est le maître de la tente lui-même qui, 
tous les jours, une seule fois, vers deux heures de l'après-midi, 
lui donne à manger. La nourriture habituelle est de la chair 
de Mouton crue, très-proprenjent et très-soigneusement cou- 
pée. L'oiseau peut manger à satiété; il doit même engraisser. 

Pour ébaucher son éducation, on procède de la manière sui- 
vante : On présente le morceau de chair tout entier, en faisant de 
la voix un appel trois fois répété, et qui peut être représenté par 
cette diphthongue prolongée : « ouye ! ouye ! ouye ! » L'oiseau se 
jette sur le morceau, qu'on ne lui abandonne pas, mais qu'il 
s'efibrce d'arracher; on s'éloigne progressivement, toujours en 
lui présentant la chair et en provoquant cette lutte infructueuse, 
puis enfin, avant qu'il soit tout à fait épuisé, on lui donne, sur le 
perchoir, sa pâture divisée en plusieurs morceaux. On l'a jus- 
qu'alors toujours gardé sous la tente; il est resté encapuchonné 
pendant le jour et pendant les premières nuits, jusqu'à ce qu'il 
fût familiariisé avec la femme, les enfants, les animaux et les 
chiens. Ce dernier point est difficile et n'est jamais atteint com- 
plètement. Quand l'oiseau de race en est là, quand il est habitué 
à recevoir sa nourriture sur le perchoir, le cercle de sa captivité 
s'élargit; on attache le Faucon à la patte avec une corde de poil 



32 FAUCONNERIE, 

de chameau douce et souple, d'une longueur de vingt ou trente 
coudées, qui lui permet de sortir, et c'est hors de la tente qu*on 
essaye et qu'on répète le manège des appels pour lui donner à 
manger, toujours avec une prudente gradation. 

On le soigne ainsi pendant longtemps sous la tente; il n'en 
sort que pour recevoir sa nourriture. Quand son maître est sûr 
de l'avoir habitué à lui, il l'emmène à une assez grande distance, 
le portant sur son poing, lui mettant, lui ôtant et lui remettant 
son capuchon; mais ce n'est pas sans difficultés, sans de grands 
débats que l'oiseau se &it au spectacle extérieur; néanmoins il 
s'y accoutume à la longue. A cette époque, on complète Tappri- 
voisementde l'oiseau de race, c'est-à-dire qu'avec les mêmes ap- 
pels, les mêmes alternatives, mais loin de la tente et du douar, 
sans capuchon ni lien, on hii donne la nourriture. Aussitôt qu'il 
est repu, on lui remet les entraves et le capuchon. Alors son maî- 
tre le conduit partout avec lui. L'oiseau ne tarde pas à le connaî- 
tre : le voilà tout à fait privé; mais il n'est que privé, il faut en- 
core le dresser à la chasse, et voici de quelle manière : 

On prend un Lièvre, on lui ouvre le cou en ayant soin d'é- 
loigner la peau et de bien découvrir la blessure, pour que la 
chair paraisse, puis on ôte le capuchon du Taïr-el-Hoor^ on l'ap- 
pelle : il vient et saute au cou de l'animal. On le laisse déchirer 
cette proie, pour qu'il y prenne goût; afin même de l'affriander 
davantage, ce jour-là, c'est avec cette chair qu'on le nourrit. On 
recommence cette opération sept ou huit jours de suite; mais 
alors le Lièvre est vivant. On lui tiraille les oreilles; il môle, aux 
ouyè ! ouye ! d'appel du maître, des cris de douleur. Le Faucon 
s'élance sur sa tète, s'acharne après lui, s'efforce de l'arracher 
aux mains qui le tiennent, et lui dévore les yeux et la langue. 
Après cette longue lutte, on ouvre le Lièvre et l'on donne la cu- 
rée. Cet exercice est répété plus ou moins souvent, selon le degré 
de facilité de l'oiseau à s'instruire. 



FAUCONNERIE. 53 

Le temps de la chasse approche : il faut éprouver l'oiseau, 
savoir s'il a profité de ces leçons si prudemment graduées, de 
cette éducation si laborieusement soignée, si bien appropriée à sa 
nature et au genre de plaisir auquel il est destiné. On sort donc 
à cheval, on emporte le Faucon encapuchonné, on se rend dans 
une plaine découverte ou sur un vaste plateau; on s*est muni de 
cinq ou six Lièvres vivants. Arrivé sur le terrain choisi, on prend 
un Lièvre et on lui casse les quatre pattes, puis on le lâche à la 
portée de Toeil de Toiseau; plaintif et criant, il court tant bien 
que mal. On décapuchonne alors le Faucon, et on le lâche en di- 
sant : Bessem Allah, Allah oii Kebeiir, au nom de Dieu, Dieu 
est le plus grand. Le Terakel, impatient, s'élance droit vers le 
ciel, et, de très-haut, se précipite sur le Lièvre, qu'il tue ou 
étourdit d'un coup de ses serres crispées, comme d'un coup de 
poing. On s'approche de la victime, on la saigne, on l'ouvre, et 
on donne les entrailles, le foie, le cœur, à l'oiseau, pour qu'il 
les mange sur place. 

Après plusieurs jours de cette épreuve, l'oiseau de race est 
complètement dressé s'il montre qu'il n'a aucune envie de fuii", 
s'il attend son maître près de sa proie, et si, malgré sa tendance 
naturelle à fuir avec elle, il répond à l'appel avant et après s'être 
emparé du gibier. Cette éducation s'est prolongée depuis Tété 
jusque vers la fin de l'automne. C'est la saison propice, car l'oi- 
seau ne chasse bien que pendant les temps brumeux, et même 
les temps froids. 11 ne saurait supporter ni les ardeurs du soleil, 
ni la soif; il quitterait son maître pour aller s'abreuver au loin, 
et ne reviendrait plus. 

A cette époque, on se met en route, après un léger déjeuner, 
vers onze heures du matin, le Faucon sur l'épaule ou sur le 
poing; on s'est approvisionné seulement de lait de chamelle en- 
fermé dans des peaux de bouc, de dattes (deglet ennour), de 
pain, et quelquefois de raisins secs. Mais la chasse ne commence 



34 FAUCONNERIE, 

qu'après une assez longue course, vers les trois heures de Taprès- 
midi. Les cavaliers sont nombreux; arrivés sur le terrain, ils se 
disséminent, battent les broussailles, les touffes d'alfa, pour faire 
lever un Lièvre, qu on s'efforce de rabattre vers celui qui tient 
le Faucon. Aussitôt qu'on aperçoit le gibier, on enlève le capu- 
chon de l'oiseau, et on le lâche en lui indiquant du doigt le 
Lièvre, et en lui disant : Ha hoti ! — Le voilà ! 

Pendant que son maître prononce le sacramentel Bessem Al- 
lah, Allah OM Kebeur, au nom de Dieu, Dieu est le plus grand, 
mots destinés à sanctifier la proie qui n'a pas été saignée, à faire 
que ce soit un mets permis pour le vrai croyant, l'oiseau part, 
fait une pointe à perte de vue, tout en suivant le Lièvre de son 
oeil perçant, puis s'abat sur lui et le frappe, soit à la tête, soit à 
l'épaule, d'un coup de ses serres fermées, assez violent pour l'é- 
tourdir ou même le tuer. Les cavaliers, qui l'ont \u descendre, 
accourent de tous côtés, l'entourent, et le trouvent ordinaire- 
ment occupé à manger les yeux de l'animal. Pour qu'il l'aban- 
donne, on tire du burnous une peau de Lièvre, qu'on jette un 
peu plus loin et sur laquelle il se précipite. 

Si le Faucon a mangé une partie du gibier, le reste, bien 
qu'entamé, est une nourriture permise au musulman, parce que 
cet oiseau de proie est dressé à retourner auprès de son maître 
quand il le rappelle, et non à ne pas manger le gibier. Ce n'est 
qu'une fois rentré au douar qu'on donne la curée. 

On comprend que, si la nourriture était abondante, excessive 
même, au moment où Ton voulait apprivoiser l'animal, et en 
quelque sorte s'en faire bien venir, elle est, au contraire, assez 
ménagée pendant toute la saison des chasses, afin de ne pas l'a- 
lourdir, de ne point le priver de ses moyens, de le rendre, en un 
mot, bon chasseur, c'est-à-dire ardent et alerte. 

Il n'est pas rare, avec deux ou trois Faucons, de tuer dix ou 
quinze Lièvres. L'oiseau de race peut voler le Lièvre, le I^apin, 



FAUCONNERIE. 35 

le petit de la Gazelle, FHabara (la Pintade), le Pigeon, la Per- 
drix, la Tourterelle. La chasse de THabara a lieu de la manière 
suivante : Ofi court à cheval jusqu'à ce qu'on ait rencontré des 
Habaras, qui se trouvent pas couples ou par compagnies de qua- 
tre, six ou davantage encore; on a le Faucon sur le poing, on lui 
ôte le capuchon, on lui montre les Habaras, on l'excite, puis on 
le lâche en prononçant l'invocation : Bessem Allah; il pointe, se 
précipite sur sa proie, dont il enferme la tête dans ses serres, où 
il la maintient impitoyablement, malgré les efforts désespérés de 
sa victime, jusqu'à ce que les cavaliers arrivent et la lui arra- 
chent. L'un d'eux la saigne et donne la curée. « Cette nourriture 
grise l'oiseau de race, » disent les Arabes, soit à cause de sa sa- 
veur parfumée, suit parce qu'il est fier de la capture d'un Ha- 
bara, qui est un morceau de sultan. Aussi, quand il est remis 
sur l'épaule, il se balance et se dandine, il fait sa fantasia. Si 
l'Habara s'envole, le Faucon s'élance à sa poursuite; tous deux 
montent ensemble. Le Faucon cherche à le dominer. Quand il y 
est parvenu, il tombe sur lui avec la rapidité de l'éclair, lui 
casse d'abord une aile; puis, précipitant sa chute en tournoyant, 
l'oiseau de race s'arrange de manière à mettre sa victime sous 
lui, afin que, seule, elle ressente le choc qui doit lui briser la 
poitrine. 

11 y a des Faucons qui ne chassent pas l'Habara. On les dresse 
rarement pour la chasse de la Perdrix : on craindrait, en les y 
habituant, de les amener à préférer chasser la plume plutôt que 
le poil. Quand un oiseau tarde à rejoindre son maître, un cava- 
lier, tenant à la main une peau de Lièvre garnie des oreilles et 
des pattes, et qu'on désigne sous le nom de Gachouche^ pousse 
un temps de galop dans sa direction, lui jette cette amorce en 
criant : ouye! Cette interjection est, si l'on peut s'exprimer ainsi, 
le vocatif de l'oiseau de race. Quand il est dressé, il ne trahit 
pas souvent son maître, c'est-à-dire qu'il est rare qu'il le quitte; 



36 FAUCONNERIE, 

cependant on en perd quelques-uns, par suite du goût très-pro- 
noncé qu'ils ont pour un oiseau du désert appelé Hamma, et 
qu'ils poursuivent avec acharnement. En dépit des appellations, 
des ouye! et du Gachouche^ ils ne reviennent plus. 

Le bia%^ c'est le nom du fauconnier, de celui qui est spéciale- 
ment chargé de soigner et de nourrir l'oiseau de race, a quel- 
quefois pour son élève une tendresse aveugle, funeste; il le choie, 
il le nourrit avec excès, et, quoi qu'en dise le proverbe : « L'a- 
mour-propre est son seul conseiller, le seul mobile de ses ac- 
tions, » s'il n'a pas faim, au lieu de chasser, le noble oiseau re- 
prend sa liberté. Il faut d'ailleurs qu'un Faucon soit bien renommé 
pour qu'on le garde plus d'une année; d'ordinaire, à moins de 
prouesses signalées, on le lâche après la saison des chasses, quitte 
à chercher à s'en procurer d'autres à l'époque favorable. On cite, 
comme des exemples exceptionnels, les oiseaux que Ton a con- 
servés pendant trois ans. 

Les tribus du Sahara qui chassent au Faucon sout : dans la 
province de Constantine, les Douaouda, Selmya, Oulad-Moulat, 
Oulad-ben-Aly, Sahari, Oulad-bou-Azid, Bahman et Oulad-Zid; 
dans la province d'Alger, les Bou-Ayche, Oulad-Mokhtar, Oulad- 
Chayb, Qulad-Ayade, Monidate, Zenakha, Abadlya et Oulad-Nayl; 
dans la province d'Orau, les Hassena, Rezayna, Oulad-Mehalla, 
Beni-Mathai-, Derraga, Harrar, Angades, Hamyane et Oulad- 
Sidi-Chikh. Tous les gens de l'A alfa enfin, c'est-à-dire des con- 
trées où cette plante croît en abondance. Cette chasse se fait (donc 
aussi dans les hauts plateaux, sur la lisière du Sahara. 

Quand les djouad (nobles) chassent au Faucon, ce sont des 
rendez-vous de vingt-cinq ou trente personnages, sans compter 
les serviteurs, et des paris sont souvent engagés. On paye un 
Faucon dressé d'un Chameau, de cent boudjous, quelquefois 
même d'un Cheval. Le Faucon fait partie de la famille; il vit 
dans la tente, oii il est l'objet des soins les plus attentifs. Il y a . 



FAUCO>NERIE. 37 

des chefs qui ne se séparent jamais de leur Faucon, et le portent 
partout avec eux. C'est une marque de distinction, de gentil- 
hommerie que d'avoir sur son burnous les traces des excréments 
de cet oiseau. 

Dans le Sahara, petit ou grand, riche ou pauvre, tout le 
monde aime donc et caresse Toiseau de race. « Et comment en 
serait-il autrement? disait au général Daumas un noble de la 
tente; nous estimons le faste, Féclat, la magnificence, et il fau- 
drait n'être pas Arabe pour ne pas se réjouir, s'exalter à la vue 
de nos guerriers revenant d'une chasse au Faucon. Le chef mar- 
che en avant; il porte deux Faucons, l'un sur l'épaule et l'autre 
sur le poing, revêtu du guetass (gant à la Crispin) . Le capu- 
chon de ces oiseaux, keiimbide^ est enrichi de soie, dé filnli 
(maroquin) d'or et de petites plumes d'autruche, tandis que 
leurs entraves (semaïd) sont brodées et ornées de grelots d'ar- 
gent {ledjerass). Les Chevaux hennissent, les Chameaux porteurs 
sont chargés de gibier, et leurs conducteurs murmurent sur un 
ton mélancolique l'un de ces chants d'amour ou de poudre qui 
savent si bien trouver le chemin de nos cœurs. Oui, je le jure 
par la tête du prophète, après un goum qui se niet en campa- 
gne, rien n'est splendide comme le départ ou le retour d'une 
cliasse au Faucon. Aussi on a beau être haletant, harassé, mort de 
fatigue, mieux encore que par le sommeil, on est bientôt reposé, 
guéri, par l'espoir et le désir de recommencer le lendemain. » 

A la suite de la publicité nouvelle que nous donnons à cet in- 
téressant article, communiqué par le général, en 1855, à la So- 
ciété zoologique d'acclimatation, nous espérons que de nouvelles 
tentatives pourront être faites par nos compatriotes algériens, 
et qu'ils rapporteront en France quelques Faucons dressés. 

Quant à nos lecteurs, ils nous sauront gré d'une communica- 
tion qui, sous la forme d'une réminiscence du moyen âge, leur 
montre cette chasse dans toute son actuaUté. 

4 



58 FAUCONNERIE. 

Eli Egypte et eii Perse, ou se bcrt encore des Faucons couuue 
auxiliaires pour la chasse aux gazelles. Voici ce qu*eii rapporte 










n^\ 



Fig. 4. — Chasse des Persans à l.t Gazelle, d'après M.Yves. 

un voyageur, acteur et témoin d'une de ces chasses. « Je me 



FAUCONNERIE 30 

levai, dit-il, quand le désert était déjà radieux; le soleil avait- 
bu la rosée de la nuit ; on fit les préparatifs; chacun regarda 
si son fusil était en bon état; les Chevaux étaient sellés. On 
monta vivement à cheval quand on entendit des cris dans tou- 
tes les directions : c'étaient les domestiques qui revenaient; un 
grand troupeau de gazelles, traqué de toutes parts, arriva près 
des tentes; ce fut le signal du massacre. Les Faucons furent lâ- 
chés; ils s'élevèrent dans l'air, planèrent un instant comme pour 
choisir chacun leur victime, et tombèrent perpendiculairement, 
ainsi que ferait une pierre, sur la tête des Gazelles. C'était pitié 
de les voir se débattre et faire des bonds prodigieux; le Faucon 
se tenait cramponné entre les deux cornes, et chaque effort du 
pauvre animal ne faisait qu'enfoncer les serres cruelles plus 
avant dans sa tête; ses petits cris plaintifs, lorsque le Faucon lui 
mangeait les yeux, me brisaient l'âme. Les lévriers furent lan- 
cés à la poursuite des fuyards, et les chasseurs les achevaient à 
coups de lance ou de fusil. Le colonel Hussein-Bey, l'ordonna- 
teur de la chasse, et qui était très-adroit tireur, en tua deux, au 
grand galop de son Cheval. Pour moi, je pouvais à bon droit me 
laver les mains de tout ce sang innocent. Avec sa courtoisie or- 
dinaire, Hussein m'offrit deux Gazelles, et j'eus la barbarie de 
trouver leur chair délicate. 

En retournant au Caire avec un Chameau chargé des dé- 
pouilles opimes, je m'enquis auprès d' Hussein-Bey des moyens 
employés pour apprivoiser le Faucon, u 11 faut les prendre jeu- 
nes, me dit-il, leur donner peu à manger, et introduire des 
Moutons dans le lieu oii ils sont renfermés; les Faucons affamés 
se jettent sur eux et leur mangent les yeux. Quand on les a exer- 
cés quelque temps de cette manière, on peut s'en servir à la 
chasse de la Gazelle. » 

La chasse au Faucon est aussi un plaisir très-recherché dans 
le haut Hindoustan, surtout pour les indigènes. On sait que 



40 FAUCONNERIE, 

les Hindous ont une aversion profonde pour le sang. Aussi pren- 
nent-ils un soin extréme'de l'éducation des Faucons, qu'ils dres- 
sent «1 saisir et à retenir leur proie sans la tuer. Une des plus 




Fig. 5. — Faucon sur une Gazelle, d'après une ancienne gravure. 



curieuses de ces chasses est celle des Oies sauvages, dont le vol 
élevé et rapide défie souvent Taile aventureuse du Faucon. Les 



FAUCONNERIE, 41 

oiseaux plus petits, tels que les Perdrix, ne sauraient lui échap- 
per; on se plaît à les voir raser la terre d'une aile timide, cher- 
chant un asile dans l'épaisseur des bruyères, tandis que leur en- 
nemi plane perpendiculairement sur leurs têtes, suit de Tœil 
tous leurs mouvements, et s*abat comme la foudre sur la proie, 
qu'il rapporte à son maître dans ses serres victorieuses. Dans cer- 
taines parties, on élève de gros Faucons pour la chasse de TAnti- 
lope ou du Daim. On voit Timpétueux oiseau tourbillonner au- 
tour de la tête de son ennemi, battre de Taile ses yeux aveuglés, 
le déchirer du bec et des ongles, et ne le quitter que privé 
de vie. 

Les mêmes habitudes existent aujourd'hui, parmi les ladies, 
dans les gorges de THimalaya. Souvent, dans les journées fraî- 
ches, on voit de jolies femmes de Sinela monter sur des Élé- 
phants et s'élancer dans les jungles, comme des châtelaines du 
moyen âge, avec des Faucons dressés que des cipayes de leur es- 
corte portent sur le poing; ces oiseaux de carnage sont toujours 
destinés à la pauvre et gracieuse Antilope bleue (Nyl-Ghaut)^ 
décrite par Hodgson, et à la Chitkara aux quatre cornes. Le Fau- 
con, armé d'éperons de fer, se précipite sur ces Gazelles timides 
de rinde, et leur crève sans pitié ces beaux yeux qui rivalisent, 
dans le divan des poëtes orientaux, avec les douces pnmelles des 
femmes de Kaschmyr et de Lahore. C'est un tableau cruel, mais 
singulièrement romantique, et miss Emma Robert, dans ses 
Lettres sur VEindostan^ a pris soin de nous le peindre en ter- 
mes qui excusent la passion de ses compatriotes pour cette chasse 
féodale. 

Nous empruntons à Schlegel la description d'une chasse du 
Héron en Hollande : 

(( Les fauconniers et leurs aides, montés à cheval et accompa- 
gnés des porte-cages, se rendent d'avance sur les lieux pour at- 
tacher les Faucons à l'aide de la longe à des fourchettes 4e bois 

4. 



2 FAUCONNERIE, 

fichées dans le sol, et ^ur faire, en général, tous les prépara- 
tifs nécessaires à la chasse. 

« Dès que la société des chasseurs est arrivée, un aide-faucon- 
nier ou piqueur s'avance et se place en vedette, sous le vent, à 
la distance d'un bon quart de lieue, sur un point élevé où il est 
en vue et d'où il peut découvrir de loin tous les Hérons qui ar- 
rivent dans cette direction. Deux fauconniers à Cheval, Toiseau 
sur le poing, se postent en même temps, le plus souvent dans la 
direction de la héronnière, à quelques centaines de pas de la so- 
ciété des chasseurs. Aussitôt que le piqueur sous le vent aperçoit 
un Héron qu'il juge susceptible d'être volé, il en avertit la so- 
ciété en mettant pied à terre et en tournant la tète de son Cheval 
dans la direction que prend le Héron. A ce signal, le cri géné- 
ral àe a à la vol ! àla vol! » se fait entendre; tous les yeux se 
dirigent vers la région du ciel que doit franchir le Héron pour 
s'approcher; on monte à cheval; on accourt de tous côtés, et l'on 
tâche de gagner le lieu le plus favorable pour jouir du spectacle 
de la chasse, évitant toutefois d'effaroucher le Héron par un trop 
grand bruit. Les fauconniers, observant le moment propice, 
cherchent à s'approcher du Héron sans le détourner de la di- 
rection qu'il suit. Après y avoir réussi, ils laissent passer le Hé- 
ron, et, lorsqu'il a parcouru une centaine de mètres, ils décha- 
peronnent et jettent les Faucons. Les Faucons volent au com- 
mencement en rasant la terre, se dirigent à droite -et à gauche, 
s'éloignent l'un de l'autre et ne semblent guère s'approcher du 
Héron. Celui-ci cependant s'aperçoit de suite que c'est à lui 
qu'on en veut, et dès ce moment il allonge le cou, et, pour se 
rendre plus léger, il rejette les poissons dont il s'est repu, et 
cherche à gagner la héronnière ou quelque bois voisin. 

« De leur côté, les Faucons ne tardent pas à monter à l'essor 
en tournoyant, afin de s'approcher du Héron, qui, dans l'im- 
possibilité de gagner les devants, et sachant que les Faucons ne 



FAUCONNERIE. 43 

peuvent i'ondre sur lui que de haut en bas, n'a d'autres moyens 
d'échapper aux poursuites de ses ennemis qu'en s' élevant dans 
les airs. Dans l'impossibilité d'exécuter en même temps ce mou- 
vement et de voler contre le vent, le Héron se voit obligé de re- 
brousser chemin et de voler à la rencontre des Faucons, de sorte 
que l'avance qu'on lui avait laissé prendre en ne jetant les oi- 
seaux de chasse que lorsqu'il avait déjà fait du chemin tourne 
à l'avantage des Faucons : aussi voit-on dès ce moment les trois 
oiseaux, qui volaient d'abord dans différentes directions, se rap- 
procher avec une vitesse presque incroyable. C'est alors que l'at- 
tention des spectateurs est fixée par l'intérêt, et que chacun 
s'empresse, les yeux dirigés vers les oiseaux, de suivre la chasse 
d'aussi près que possible. Le Héron, poussant parfois des cris 
plaintifs, ne cesse de faire tdus ses efforts pour s'élever autant 
que possible et pour s'éloigner à la faveur dii vent, afin d'échap- 
per à la poursuite active des Faucons. 

« Dès qu'un des Faucons a atteint le Héron, il fait aussitôt une 
première attaque, à laquelle le Héron cherche à se soustraire par 
un écart latéral très-prompt. S'il réussit à éviter les serres du 
Faucon, il est souvent entraîné par la violence du coup, au point 
de descendre de vingt mètres et même davantage au-dessous du 
Faucon; mais en même temps l'autre Faucon, dont le vol n'a 
pas éprouvé de retard par cette première attaque, est ordinai- 
rement parvenu à hauteur du Héron, sur lequel il ne tarde pas 
à se précipiter également. S'il manque sa victime, c'est alors au 
premier Faucon de revenir à la charge, et ces attaques alterna- 
tives, plus ou moins régulières, se répètent jusqu'à ce que l'un 
des Faucons parvienne à lier le Héron en le saisissant générale- 
ment au cou ou quelquefois aussi à l'une des ailes. A ce moment, 
l'autre Faucon rejoint son camarade, et l'on voit descendre plus ou 
moins lentement les* trois oiseaux, qui ne paraissent plus former 
qu'un seul corps. Avant de toucher terre, l'un des Faucons la- 



44 



FAUCONNERIE. 





l'ig. 6. — Chasse du Héron. 



FAUCONNERIE. 45 

che ordinairement sa proie, et l'autre Faucon imite son exemple 
s'il court danger de se heurter contre le sol, en se jetant toute- 
fois derechef sur le Héron au moment oii celui.-ci est tombé à 
terre ou dans le cas oii il chercherait à s'échapper. 

« Les fauconniers tâchent de suivre le vol à bride abattue et 
d'arriver au moment où les oiseaux ont jeté à terre leur victime. 
Ils descendent vivement de Cheval, et l'un d'eux leurre avec 
un Pigeon le Faucon qui a lâché la proie, tandis que l'autre 
présente un Pigeon à l'autre Faucon, qui le déchire sur le Hé- 
ron même. 

« Les Faucons repus sont chaperonnés et rapportés au ren- 
dez-vous des chasseurs. Si le Héron n'a pas été tué ou s'il n'a 
pas reçu de blessure mortelle, on lui rend ordinairement la li- 
berté, après lui avoir attaché au pied une plaque commémora- 
tive, ou bien on le garde pour l'affaitage, et, dans ce cas, on le 
chaperonne ou on le sille, et l'on garnit son bec d'étuis. Deux 
autres fauconniers, avec des Faucons frais, recommencent, et 
l'on peut prendre ainsi plusieurs Hérons dans la journée. 

« Quelquefois le Héron n'a pas mangé, et, plus léger, il dis- 
paraît dans les nues et échappe à la poursuite. 

« S'il est gorgé de poisson, un seul Faucon suffit souvent pour 
le prendre. Le chasseur qui arrive le premier à la chute en- 
lève une partie de l'aigrette noire du Héron et la conserve. » 

« On croit généralement que le Héron présente son bec à l'en- 
nemi pour le transpercer lorsqu'il fond sur lui; c'est là une de 
ces erreurs démenties par les faits. Si le Héron était tenté de se 
défendre dans cette crise, son. arme redoutable serait complète- 
ment neutralisée par ses mouvements maladroits et lourds au- 
tant que par l'attaque rapide de son vif et vigoureux adversaire. 
A terre, il n'en est plus de même ; dès que le Héron sent ses 
pieds affermis, il s'enhardit et cherche à se débarrasser de ses 
persécuteurs par les coups répétés et souvent bien dirigés de son 



4G FAUCONNERIE, 

bec, dont il se sert comme d'un poignard. Si le fauconnier ne 
se hâte pas d'accourir, les Faucons courent grand risque de la 
vie : une blessure mortelle, ou tout au moins la perte de la vue, 
sera le fruit de leur glorieuse victoire. Le Héron vise toujours 
aux yeux. Un de mes amis a perdu un des siens pour avoir saisi 
sans procaution un oiseau de cette espèce après l'avoir blessé ; 
pareille aventure m'est presque arrivée à moi-même, et j'ai, 
jKîndant deux ans, chassé en Irlande avec un vieux Chien bor- 
gne, dont l'infirmité datait d'une bataille que, dans soii impni- 
dente jeunesse, il n'avait pas craint d'engager avec un Héron 
écloppé. 

« Les ornithologistes ne sont point d'accord sur la manière 
dont le Faucon porte le coup fatal. Les uns prétendent qu'il 
étreint de ses serres; d'autres croient que le choc de son ster- 
num, protégé par de solides muscles pectoraux, suffit pour tuer 
son adversaire sans l'offenser lui-même. Pour moi, je partage 
entièrement l'avis de mon ami le colonel Bonham, du 10® hus- 
sards, l'un de ceux qui, de nos jours déchus, ont tenté de faire 
revivre le noble exercice de la fauconnerie, et je crois que le 
Faucon se sert de son éperon. Si l'on examine une Gelinotte, un 
Canard, une Bécasse tués par un Pèlerin, on leur trouvera les 
reins et les épaules profondément labourés, le dos et le cou dé- 
chirés, ou même le crâne entaillé par cette arme formidable. » 







DESCRIPTION DKS FAUCONS 



EMPLOYES AUX DIVERS VOLS- 



Le plumage des Faucons, depuis la naissance jusqu a la vieil- 
lesse, subit tant de variations, dit M. Degland, observateur scru- 
puleux et précis, qu'il n'est pas facile de faire disparaître tous 
les doubles emplois qui existent dans les auteui-s. 

En général, ce plumage est marqué en dessous, chez les 
adultes, dans la plupart des espèces, de taches cordiformes ou 
de barres transversales, et, chez les jeunes sujets, de taches Ion* 
gitudinales, brunes et roussâtres. Ce n est qu'à l'âge de deux 
ou trois ans que leur livrée est parfaite, encore est-elle suscep- 
tible de varier accidentellement. La mue est simple. Tous ont la 
tête aplatie, les sourcils saillants, Toeil moyen et les paupières 
nues. 

Les faucons supportent de très-longues diètes et vivent, dit- 
on, fort longtemps. On assure quen 1797, on tua, au cap de 
Bonne-Espérance, un faucon d'Islande qui s'était échappé de la 
fauconnerie royale d*Angleterre, et qui portait une vervelle en 



48 FAUCONNEIIIE. 

or, avec cette devise : au roi Jacques, 16io. li était encore plein 
de force et de vigueur. Soiuiini parle aussi d'un autre faucon dont 
Tâge constaté était de cent quatre-vingt-deux ans, et qui avait 
conservé beaucoup de vigueur et de vivacité. 




Fig. 7. — Fuucoiî blanc au puing. 



FAUCONNERIE. 



49 



FAUCON BLANC. 

Gerfaut blanc, Buffoii. Falco candicans, Guielin. Falco Groerilandicvs, Brelim. 
WhiteJerfalcon. Weisser Falke. Hparviere bianco di Moscovia. 

Diagnose : Tarses vêtus dans leurs deux tiers supérieurs; 
leur partie nue et doigts livides ou bleuâtres; moustaches nulles 
ou presque nulles; fond du plumage blanc pur, avec des taches 




Fig. 8. — F.-iucon blanc adulte. 



gris brun sous forme de cœur ou de bandes transversales impar- 
faites aux parties supérieures, et les deux pennes médianes de lu 
queue marquées de brun (l'adulte). Fond du plumage brun, 

5 



50 FAUCONNERIK. 

avec des taches ou mèches longitudinales en dessous, et le plus 
souvent des barres transversales sur les deux rectrices médianes 
^ jeune). 

Taille: 0«s53à0%59. 

Le Faucon blanc mâle adulte a le plumage d'un blanc éclatant, 
avec des stries longitudinales au centre des plumes du sommet de 
la tête, des joues et du cou; des taches de même couleur en forme 
de cœur ou de flèche au milieu ou à l'extrémilé des plumes du 
, dos, du croupion et des petites couvertures des ailes; des taches 
brisées en barres sur les pennes des grandes et des moyennes cou- 
vertures des ailes; un grand espace noir à l'extrémité des ré- 
miges; de petites taches brun grisâtre en forme de pinceau sur 
la poitrine et l'abdomen; pennes latérales de la queue entière- 
ment blanches, ombrées de grisâtre en dehors; les médianes 
barrées, de chaque côté, de brun, avec une ligne de cette cou- 
leur le long de la tige; bec jaunâtre, avec la pointe brune; cire, 
tour des yeux et pieds d'un jaune livide, tirant sur le bleuâtre* 
A un âge plus avancé, la tête, le cou, le dessous du corps et les 
pennes de la queue, à l'exception des deux médianes, sont d'un 
blanc pur; les taches des parties supérieures sont petites, en 
forme de cœur ou de bandes imparfaites; les rectrices ijiédianes 
offrent des vestiges de barres brunâtres; le bec est d'un jaunâtre 
uniforme, et les pieds sont jaune pâle tirant sur le bleuâtre. 

La femelle a des taches brunes plus étendues et plus nom- 
breuses, et elle est un peu plus forte que le mâle. 

Les jeunes de Tannée ont les parties supérieures brunes; des 
taches ou mèches longitudinales en dessous; des barres trans- 
versales, le plus souvent continues, sur les deux rectrices mé- 
dianes; bec, cire, tour des yeux et pieds bleuâtres. Degland. 

Le Faucon blanc habite le Groenland, la Sibérie, l'Amérique 
boréale, et se montre en Islande pendant les hivers rigoureux, 
mais il ne s'y reproduit pas. On le voit accidentellement en 



FAUCONNEHIE. 51 

Suède, en Angleterre. On connaît peu ses habitudes. Cependant 
on a constaté qu'il suit les migrations de Ptarmigans (Tetrao 
Lagopus, Linné). 

Le Faucon blanc est le plus recherché des oiseaux employés 
pour la fauconnerie; c'est le chasseur par excellence. Indépen- 
damment de la beauté de son plumage et de sa force, propor- 
tionnée à sa taille, il est facilement éducable, courageux et fi- 
dèle; malheureusement il est très-rare : l'envoi de quelques 
Faucons blancs était un cadeau royal. 

FAUCON D'ISLANDE. 

Gerfaut (fhlande, BufTon. Falco Islandicus, Brehm. Gyrfalco hlandicus, Brisson. 
Iceland Falcon, Collorei Fulcon. hlandischer Falke, 

Diagnose : Tarses vêtus dans leurs deux tiers supérieurs; 
tiers inférieur et doigts jaunes; moustaches petites; fond du plu- 
mage brun en dessus, barré et taché de blanc; des taches cordi- 
formes sur fond blanc en dessous et des bandes alternes claires 
et foncées sur la queue (l'adulte). Brun unicolore en dessus ou 
avec des bordures blanc roussâtre et des taches brunes longitu- 
dinales en dessous (jeune). 

Taille : du mâle, 0'»,53; de la femelle, 0«»,58. 

Le Faucon d'Islande mâle adulte a le dessus et les côtés de la 
tête et du cou d'un blanc pur, mais chaque plume est rayée lon- 
gitudinalement de gris sombre au centre; le dessus du corps 
est d'un brun ardoisé, avec des taches et de nombreuses barres 
transversales blanches, plus ou moins complètes et ombrées de 
grisâtre, les plumes suscaudales d'un blanc bleuâtre; les côtés 
du croupion gris cendré; les parties inférieures d'un blanc plus 
ou moins pur, assez souvent roussâtre, marqué de lignes longi- 
tudinales et de stries sur le cou, de taches brunes en forme de 
cœur sur la poitrine, l'abdomen, et de barres transversales de 



52 FAUCONNERIE, 

même couieur sur les flancs, les suscaudales, les cuisses et les 
jambes; bas des joues avec un petit trait brun allongé sous forme 
de moustache; pennes alaires brunes; les primaires variées de 
taches irrégulières blanches; queue de la couleur du dos, et 
marquée sur chaque penne de barres transversales et alternes 
d un blanc ombré de grisâtre; bec brun de plomb, plus foncé à 
la pointe, souvent avec deux dents à la mandibule supérieure; 
iris brun foncé; cire, tour des yeux et pieds d'un beau jaune. 




Fjg. 9. — Faucon d'Islande. 



La femelle est un peu plus forte que le mâle; plus foncée en 
dessus, avec plus de taches en dessous. Les moustaches, non ap- 
parentes, sont confondues avec les stries brunes des joues. 



FAUCONNERIE. 53 

Les jeunes, avant la première mue, ont un plumage brun uni- 
colore en dessous. Après la mue, qui a lieu en automne, le plu- 
mage est également brun, mais avec des bordures d'un blanc 
roussâtre; les parties inférieures sont d'un blanc plus ou moins 
roussâtre et marquées de taches longitudinales brunes, plus lar- 
ges sur les flancs et le ventre; les pennes médianes de la queue 
ont des bandes transversales cendrées alternes, moins étendues 
que dans les adultes et en nombre variable; la cire et le tour des 
yeux sont bleuâtres; les pieds bleu foncé. 

Ce Faucon habite l'Islande; on assure qu'il ne descend *pas 
plus bas que le 60*^ de latitude nord (Degland). 11 suit aussi les 
migrations de Ptarmigans. Autrefois on le considérait comme 
une simple variété du faucon blanc, et il était aussi estimé que 
ce dernier pour la volerie. 

FAUCON GERFAUT. 

Gerfaut de Norvège, Bufron. Falco Gyrfaleo, Schlegel. Groenland Faleon, 
Gierfalke, 

Diagnose : Tarses vêtus dans leur moitié supérieure; l'autre 
moitié et doigts jaune verdâtre; moustaches très-petites; fond du 
plumage brun bleuâtre en dessus, blanc en dessous, tacheté au 
ventre et rayé sur les flancs et les soi^s-caudales (l'adulte). Sem- 
blable aux jeunes des Faucons blancs et dislande, mais un peu 
plus petit (jeune). 

Taille : 0°»,50 à O^SS. 

Le Faucon Gerfaut mâle adulte est brun en dessus, nuancé de 
cendré au croupion et aux suscaudales, avec les plumes bordées 
étroitement de blanc roussâtre à la tête, et de blanchâtre au cou, 
au dos et sur les ailes; blanc en dessous, avec un peu de roussâ- 
tre et des raies longitudinales brunes sur le bas du cou; des ta- 
ches noirâtres à la poitrine et à Tabdomen, formant, par leur 

5. 



54 FAUCONNERIE, 

réunion, des raies transversales sur les flancs seulement; sous- 
caudales traversées de bandes brunes; moustaches peu étendues; 
bec cendré bleuâtre, avec la pointe noire; pieds d'un jaune ver- 
(lâtre. 




Fig. 10. — Faucon Gerfaut a'après, SchlegtI. 



D'après Schlegel, le dessus et les côtés de la tète et du cou 
sont d'un gris noir bleuâtre, plus foncé vers le centre de chaque 
plume. De chaque côté de la nuque, une ligne transversale blan- 
che, formant un collier incomplet. Les prties supérieures du 
corps et des ailes sont de couleur de schiste foncé, les plumes 
présentant une ligne longitudinale noire avec bordures et taches 
transversales d'un gris bleuâtre. Quatorze ou quinze bandes blan- 
ches et brunes à la queue, avec de petites taches confluentes. Les 
parties inférieures du corps sont blanches avec des taches bru- 
nâtres, longitudinales, étroites sous le menton, la gorge et le 



FAUCONNERIE. 55 

jabot, s élargissant en larmes sur la poitrine, plus foncées sur les 
flancs, où elles se présentent en forme de cœur. 

La femelle ne diffère du mâle que' par une taille plus forte et 
des teintes plus sombres. 

• Les jeunes, avant la première mue, ressemblent, par les teintes, 
à ceux du Faucon d'Islande. En avançant en âge, ils oflrent de la 
ressemblance avec le Faucon Pèlerin adulte; mais les pieds sont 
verdâtres au lieu d'être jaunes. Les jeunes mâles se distinguent 
toujours du Faucon d'Islande par la taille moins forte; les jeunes 
femelles ressemblent, sous tous les rapports, aux jeunes mâles de 
ce même Faucon. En livrée parfaite, il n'est plus possible de con- 
fondre ces espèces entre elles. 

Le Gerfaut habite les hautes montagnes de la Norvège et de la 
Suède. Les jeunes seulement se montrent accidentellement en 
Allemagne, en Hollande et en France. Degland. 

Comme les précédents, il suit, pour chasser, les migrations 
de Ptarmigans. Le Gerfaut n'est pas toujours docile; il est par- 
fois quinteux, méchant, querelleur; il lui arrive quelquefois, 
pendant le vol, de chercher querelle au Faucon qui l'accompa- 
gne, au lieu d'attaquer franchement le gibier. 

De tous les oiseaux de proie, dit Sonnini, le Gerfaut est, après 
l'Aigle, le plus fort, le plus vigoureux et le plus liardi; il ne 
craint pas même de se mesurer avec le tyran des airs, et, dans 
un engagement en apparence inégal, il prouve, par ses victoires, 
ce que peut la valeur contre les avantages de la taille et des 
armes. (Sonnini comprend, sous le nom de Gerfaut, les Faucons 
d'Islande,'de Norvège, Gerfaut et Sacre.) A des qualités nécessai- 
res à un être que la nature a destiné aux combats et au carnage, 
cet oiseau joint la promptitude dans les mouvements, la célérité 
dans Texécution et l'activité qui enchaîne le succès. Aussi Fart 
de la fauconnerie s'est-il emparé de celte espèce puissante. Le 
Gerfaut tient le premier rang parmi les oiseaux de haute volerie; 



ee FAUCONNERIE, 

il est bon à toutes les sortes de chasse, il n en refuse aucune. Il 
a bientôt fatigué et pris les grands oiseaux d'eau, tels que le 
Héron, la Grue, la Cigogne. Il est aussi très-propre au vol du 
Milan, et si on remploie à des expéditions moins brillantes, mais 
plus productives pour la table, il réussit mieux qu aucun autre^ 
et avec tant d'avantages, qu'après Tavoir vu chasser, on ap- 
précie moins les autres oiseaux de vol. Si une Perdrix, que les 
Chiens font lever, cherche à remonter un coteau, elle n'a pas 
fait la moitié du chemin, qu'elle est déjà dans les serres du 
Gerfaut. 

Mais ce bel oiseau est aussi fier que courageux; son éducation 
demande des ménagements; il veut être traité avec douceur, avec 
patience; il exige des soins particuliers, et si on les lui épargne, 
il se rebute, s'impatiente et devient indomptable. 

FAUCON SACRE. 
Falco sacer, Schlegel. Brown Gerfalcon. Sakerfulke. Sparviere sacro moro. 

Diagnose : Moustaches très-étroites, presque nulles; queue 
longue ; pieds bleuâtres; doigt médian plus court que le tarse ; 
des taches blanches, ovoïdes et rondes à la queue. 

Taille : 0«»,50 le mâle; 0'^,b'5 la femelle. 

Le Faucon Sacre mâle adulte, qu'on confond souvent avec le 
Faucon Lanier, a le sommet de la tête roux clair, avec des ta- 
ches longitudinales et oblongues brunes; dessus du cou et du 
corps d'un brun cendré, avec toutes les plumes frangées de roux 
clair ; dessous du corps blanc, avec des taches lancéolées d'un 
brun clair, plus larges et plus longues sur les cuisses; gorge et 
sous-caudales d'un blanc pur; sourcils blancs, rayés de brun; 
moustaches étroites et peu marquées à la base du bec; rectrices 
portant des taches d'un blanc roussâtre, rondes sur les médianes 



FAUCOINlSEiaE. 



57 



et ovoïdes sur Jes autres; bec et pieds bleuâtres; tour des yeux 
et cire jaunes; iris brun. 

La femelle, plus forte que le mâle, a le bnm de la tête plus 
foncé; les franges rousses du manteau et des ailes plus étroites; 
des taches plus larges sous les parties inférieures, et des stries 
brunes à la gorge et sur les sous-caudales. 

Les jeunes de Tannée ressemblent à ceux du Faucon Pèlerin, 
mais leur taille est plus grande et leur queue proportionnelle- 
ment plus longue. 

Le Sacre vit dans les régions tempérées et méridionales de 
l'Europe orientale. On le trouve en Hongrie et en Tartarie. 




Fiïî. 11. — F.-iucoh Sacre. 



58 



FAUCONNERIE 




Fi;j[. 12. — Faucon Lanier d'après SchlejïPl 



FAUCON LANIER. 

Lviler des fauconniers, Biilïon. Falco Lamrius^ Sclilegcl. Harry FiiLconr. 
Lannerfalke. 

Diagnose : Moustaches étroites; queue longue; doigts courts; 
le médian moins long que le tarse ; la nuque d'un brun rouge. 

Taille : 0^57 à O-^jSO. 

On donne souvent le nom de Lanier à plusieurs oiseaux de 
proie qui n'ont aucun rapport avec le vrai Lanier. 

Le Lanier mâle a les parties supérieures et les ailes colorées 
comme celles du Faucon Pèlerin adulte, avec l'occiput et la 
nuque roux rougeâtre ; parties inférieures tachées longitudina- 
lement de noirâtre sur fond blane; rémiges noires, queue en 
dessous, semblable aux ailes; bec et pieds bleus; iris brun. 

La femelle, un p3u plus forte que le mâle, n'en diffère par 
aucun caractère notable. 



FAUCOlNiSEniE. 50 

Le Laiiier habite la Dalmatie et la Grèce, accideiitellemeiit 
l'Europe centrale ; il est très-rare. 

Le Lanier diffère du Faucon Pèlerin par la queue plus lon- 
gue, les doigts plus courts, par les moustaches qui sont étroites, 
et par l'absence de bandes transversales noirâtres sur le ventre 
et les culottes. 

Une variété du Faucon Lanier vient de Grèce, d'Egypte et du 
nord de l'Afrique; c'est probablement le Lanier alphanet, tuni- 
sien, thunisian ou punicien des anciens auteurs. 




Fig. J3. — Faucon Aiphunet. 



00 



FAliCONNKIUE. 




>-^. ■-" l ■: iiliJi!!' / - 

Fig. 14. — Faucon Pèlerin. 



FAUCON PELERIN. 

Falco peregrinus^ Brisson. Faucon commun, Faucon passager. The blueblack 
Falcon. Yearling Falcon.' Barbary Fakon. Schlechtfalke. Wander Falke. 
Sparvierep llegrino. 

Diagnose : Moustaches larges et longues; pieds robustes, jau- 
nes, vêtus seulement dans le tiers supérieur; doigt médian sen- 
siblement plus long que le tarse; queue ne dépassant pas le 
bout des ailes; première rémige plus longue que la troisième. 

Taille : 0'",38 le mâle, 0»^,46 la femelle. 

Le mâle adulte a les parties supérieures d'un cendré bleuâtre 
plus foncé à la tête, à la nuque, avec les tiges des plumes et des 
bandes transversales noires sur le dos, les scapulaires et les sus- 



FAUCO.NNEUIB. 61 

caudales; gorge, devant et cotés du cou blancs; poitrine blanc 
roussâtre tirant sur le rose, marquée de petites stries longitudi- 
nales noires; abdomen, culottes et sous-caudales rayées en tra- 
vers de brun noir sur un fond cendré; les raies plus larges et 
plus foncées aux flancs et au milieu du ventre; joues noires; 
larges moustaches de cette couleur se prolongeant sur les côtés 
du cou; couvertures alaires semblables au manteau; rémiges 
d'un brun nuancé de cendré noirâtre, terminées par un léger 
liséré cendré clair ; queue cendré bleuâtre, marquée de bandes 
transversales noires, terminée de cendré blanchâtre; bec noir 
bleuâtre; iris brun; paupières, cire et pieds jaunes. 

La femelle, beaucoup plus forte que le mâle, est plus brune 
en dessus, avec les taches et la couleur roussâtre de la poitrine 
plus étendues. 

Les jeunes de Tannée ont les plumes des parties supérieures 
brunes, bordées de roussâtre ; celles des parties inférieures plus 
ou moins rousses, tachetées longitudinalement de brunâtre; 
queue barrée et terminée de roussâtre; iris brun plus foncé que 
dans les adultes. A Tautomne de Tannée suivante, la livrée 
change. On trouve pendant la mue des individus avec des plu- 
mes de jeune âge et des plumes nouvelles de Tétat adulte. Après 
la mue, les plumes sont brunes en dessus et bordées d une teinte 
plus claire grisâtre; d'un blanc plus ou moias nuancé de rous- 
sâtre en dessous, avec des taches brunes en larmes sur la poi- 
trine, arrondies ou semi-lunaires sur Tabdomen, en barres sur 
les flancs, et en fer de lance sur le bas-ventre et les jambes. 

Le plumage du Faucon Pèlerin varie non-seulement suivant 
Vàge et le sexe, mais encore suivant les saisons et les cHmats; 
aussi en trouve- t-on peu qui soient entièrement semblables. Les 
nuances des couleurs sont, chez les uns, pFus foncées sur les par- 
ties supérieures; chez d'autres, elles sont plus claires sur les 
partiei inférieures; tantôt les taches ont la forme de larmes. 



02 



rAUCONNEKlE. 



d'autres fois elles sont en fer de lance. Ce n'est guère qu'à la 
troisième année que la livrée devient stable ou moins variable. 

Buffon indique le mâle adulte de Tespèce sous le nom de 
Faucon ; le jeune mâle, sous celui de Faucon noir ou passager ; 
la femelle adulte est pour lui un Lanier; enfln, sous le nom de 
Faucon sors, il désigne le jeune avant la première mue. 

On rencontre le Faucon Pèlerin dans les contrées monta- 
gneuses de TEurope. 11 n'est pas rare en France; de passage 
annuel aux environs de Lille, en automne, quelquefois en hiver, 
mais toujours isolément. 11 se reproduit en France, notamment 
eu Provence, dans les Hautes-Pyrénées, et dans les falaises élevées 
des environs de Dieppe. 




Fig. 15. — Faucon de Barbarie. 



Le Faucon Pèlerin est Tespèce qu'on emploie le plus commu- 
nément en fauconnerie. Il est assez docile et peut être dressé 



FAUCONNERIE. 03 

pour le lièvre. Cet oiseau a reçu des fauconniers plusieurs noms, 
suivant sa provenance. Ainsi celui des cotes d'Afrique est appelé 
Faucon de Barbarie; celui de passage en Afrique, Faucon de Tar- 
tarie ou Tartaret ; celui pris dans les Alpes et les Pyrénées, Fau- 
con de montagne; enfin sa noblesse, proclamée par les faucon- 
niers, lui a valu le nom de Faucon gentil (gentilis) . « Cestuy 
Faucon est dit Pèlerin, pour ce qu'il est oiseau de passage et 
va de région en autre comme qui fait un pèlerinage, et encore 
dit-on de luy que jamais ne se rencontra bomme, fust chrétien 
ou infidèle, qui ait pu dire avoir vu ou trouvé ou sçu où le Fau- 
con fait ses petits ny son aire. Ains se prend tous les ans environ, 
le mois de septembre, en la saison qu'il fait son passage. Le 
Tartaret est aussi de passage, et il a bien rapport avec le Pèlerin. 
Cestuy Faucon se dit Tartaret, pourceque communément il fait 
son passage par le pays de Barbarie, où il s'en prend plus grand 
nombre qu'en aucune autre contrée. » Defranchières. 

FAUCON ÉMERILLON. 

Rochier et Èmerillon, Buffou. Falco xsalon, Brisson. Falco Hthofalco, y ieïWot. 
Merlin. Jach. Stone Falcon. Smellekens, èJerlinfalke. Sparviere smeriglio. 

Diagnose : Moustaches faibles, nulles à la base du bec; doigts 
allongés, le médian égalant le tarse; ongles allongés, ailes abou- 
tissant aux deux tiers de la queue; première rémige plus longue 
que la quatrième et plus courte que la seconde et la troisième, 
qui sont égales ou presque égales. 

Taille : le mâle, 0'»,26; la femelle, 0'",31. 

Le mâle adulte est cendré bleu en dessus, avec la tête et le 
haut du dos nuancés de brunâtre; la tige des plumes noire et des 
taches rousses derrière le cou ; gorge blanche; devant du cou 
blanc nuancé de roussâtre, avçc des stries brunes; poitrine, ab- 
domen, sous-caudales et jambes roux, avec des taches oblongues 



64 FAUCONNERIE 

brunes; joues et côtés du cou variés de roux brun sur un fond 
blanc; couvertures alaires semblables au manteau; rémiges bru- 
nes, la première bordée de blanc en dehors et toutes terminées 
de blanchâtre; queue variée de cendré bleuâtre et de brun en 




Pig. 16. — Eraerillon. — Falco Msalon. 



dessus, avec une large bande transversale vers le bout, suivie 
d'une autre bande blanche très-étroite; cendrée et pointillée de 
brunâtre en dessous, avec des barres noirâtres; bec bleuâtre; iris 
brun; cire, paupières et pieds jaunes. A un âge plus avancé, le 
bleu des parties supérieures et le roux des parties inférieures 
sont plus purs et plus prononcés. 

La femelle adulte, beaucoup plus forte que le mâle, a les par- 
ties supérieures d*un brun gris, avec la tige des plumes noire et 
les barbes bordées de roux; queue barrée de brun et de gris sur 



FAUCONNERIE. 65 

les pennes médianes, de roux et de brun sur les latérales; gorge 
et cou blancs, légèrement striés de brun ; poitrine et les autres 
parties inférieures tachetées comme chez le mâle, mais sur nn 
fond blanc tirant sur le roussâtre. 




[{Fig. 17. — Faucon Émcrillon, d'après Scblegel. 

Les jeunes, avant la première mue, sont d'un brun plus foncé, 
avec des taches plus larges en dessus; moins de blanc en dessous, 
et les pennes médianes de la queue de même couleur que les la- 
térales. A cet âge, la taille seule fait distinguer les mâles des fe- 
melles. 

L'Émerillon habite pendant l'été les parties les plus septen- 
trionales de l'Europe, et se répand en automne et en hiver ans 

tJ. 



66 FAUCONNERIE, 

les régions méridionales. H n*est pas rare en France. On le 
prend souvent au fdet aux environs de Lille, et presque toujours 
les sujets capturés sont des jeunes ou des femelles. Les vieux 
mâles paraissent plus rares ou voyagent isolément. 

L'Émerillon, quoique de petite taille, est courageux, jusqu'à 
la témérité. Extraordinairement doux, docile et éducable. On 
Taffaite très-promptement, très-facilement, et l'on n'a pas be- 
soin de lui mettre de chaperon, si ce n'est pour le transporter 
de la maison au lieu de chasse et pour le retour. U vole la Caille, 
l'Alouette, la Bécassine et tous les oiseaux de petite taille. 

« L'Émerillon veut être leurré et assuré comme les autres oi- 
seaux; il faut lui faire curée du gibier auquel on veut le mettre. 
Il vole pour le Pigeon, pour le Perdreau, la Caille, l'Alouette, 
le Merle. On le tient l'hiver dans un lieu chaud, et on lui met 
une peau de Lièvre sur le bloc, crainte que le froid ne lui en- 
dommage les mains. » 

« L'Émerillon, dit Toussenel, a de la noblesse. Il loge un grand 
cœur dans un petit corps; il est vif, intelligent, docile et coura- 
geux. Les vieux fauconniers ne tarissent pas en considérations 
élogieuses sur le nombre de ses mérites et les charmes de son 
caractère. Il se dresse en huit jours, vole tout ce qu'on veut, 
chasse avec qui Ton veut, et ne se trouve jamais déplacé nulle 
part. ]] a longtemps volé la Caille, de compte à demi avec l'É- 
pervier, et il n'a pas cru déroger en s'associant avec la Pie- 
Grièche pour voler le Moineau-Franc et le Roitelet dans les jar- 
dins du Louvre sous le règne de Louis le Juste, ainsi nommé, 
parce qu'il était né sous le signe de la Balance. » 

On a vu plus d'une fois l'Émerillon abandonné à lui-même, 
rÉmerillon qui n'est pas gros en tout comme une caille, atta- 
quer la Perdrix et la prendre, et livrer à la Pie, au Geai et au 
Choucas des assauts formidables. Il vole naturellement aussi la 
Pie-Grièche, la Huppe, l'Étourneau, le Merle, la Grive; mais son 



FAUCONISERIE. G7 

vol de prédilection est, comme pour le Hobereau, celui de l'A- 
louette. L'Émerillon a été créé et mis au monde pour assister 
l'homme dans la chasse à l'Alouette, et c'est surtout en sa qua- 
lité de voleur d'Alouettes que les fauconniers de France l'em- 
ployaient autrefois. 

L'habitude était de donner trois Émerillons à la Pie-Grièche 
et à la Grive; deux seulement à TAlouette, au Cochevis, à la 
Huppe. On adjoignait l'Émerillon à l'Épervier pour le vol de la 
Caille, du Merle, du Râle d'eau, du Râle de genêts, etc. 



FAUCON HOBEREAU. • . • 

Falco subbttleo, Linné. Tagarot, vulgairement dans le Midi. Hobby Fakon. 
Baumfalke. Falco barlella e ciamalo. Boomwalk et Molliet. 



Diagnose : Moustaches étroites et pointues; pieds grêles; 
doigts allongés; le médian plus long que le tarse ; ailes dépas- 
sant le bout de la queue; première rémige de la longueur de la 
troisième ou plus longue. 

Taille : le mâle, 0"*,30; la femelle, 0»»,32. 

L^ Hobereau mâle, en été, a les parties supérieures d'un cen- 
dré bleuâtre, varié de roussâtre au front et au vertex, avec deux 
taches rousses à la nuque, et la tige des plumes d'une nuance 
noire; gorge, devant et côtés du cou blancs; poitrine, abdomen 
d'un blanc lavé de roussâtre; marqué de taches noirâtres, larges 
et longitudinales; bas-ventre, sous-caudales et jambes d'un roux 
très-vif, quelquefois avec des taches sur les culottes; joues et 
moustaches noires, ces dernières se prolongeant du bec aux par- 
ties latérales du cou; couvertures alaires semblables au manteau; 
rémiges bnmes, terminées par un léger liséré grisâtre; queue 
de même couleur, avec des bandes transversales d'un cendré 
roussâtre sur les barbes internes des dix pennes latérales en 



68 FAUCONNERIE. 

dessus, œndrées en dessous*; bec bleuâtre; iris couleur noisette; 

paupières, cire et pieds jaunes. 

La femelle, plus forte que le mâle, est d*une teinte plus 
brune en dessus, avec le roux des parties inférieures moins vif. 




Fig. 18. — Faucon Hobereau. 



Les jeunes de Tannée sont d'un noir fuligineux en dessus, 
avec plumes bordées de- jaune roussâtre, surtout à la tête et 
aux ailes, et d'un roux plus obscur au ventre, aux sous-cau- 
dales et aux jambes ; ces dernières portent des taches bnmes; 
iris gris bnm. 

Le Hobereau habite toute l'Europe et l'Afrique. 11 est com^ 
mun en France et en Allemagne. Il se nourrit de petits oiseaux. 



FAUCONNERIE. 69 

principalement d'alouettes, et il mange aussi des insectes. De- 
gland. 

Quoique le Hobereau ait les doigts courts et moins liants que 
ceux des autres Faucons, on l'emploie cependant pour le vol des 
petits oiseaux. 11 est doux, docile, bien éducable et même très- 
familier. Je trouve néanmoins dans mes notes un renseigne- 
ment peu favorable sur ce petit Faucon ; je le transcris sans 
pouvoir indiquer son origine. « De tous les oiseaux de proie, 
il n'y en a point qui soit plus libertin ni plus volontaire que le 
Hobereau; c'est ce qui rend son affaitage plus difficile que celuy 
des autres Faucons, quoiqu*en Taffaitant on suive les mêmes 
principes. » 

On considérait aussi le Hobereau comme un oiseau de haut 
vol, et on Tavait surnommé le Hardi. On s'en servait surtout 
pour faire la chasse aux Alouettes. Les pauvres créatures sont 
tellement effarées à la vue de cet ennemi, qu'elles préfèrent être 
prises par la main de l'homme plutôt que de courir les chances 
d'une fuite. 

Le Hobereau, d'après Toussenel, est de sa nature encore plus 
ami de l'homme que tous ses congénères. Il fait semblant de ne 
pas croire à la rupture de l'alliance qui fut entre son seigneur 
et lui. Il vous accompagne à la chasse en plaine malgré vous, 
observe avec un intérêt palpitant les évolutions de votre braque 
en quête d'un Râle de genêts ou d'une Caille, prend quelque- 
fois la pièce au départ avant que vous ne l'ayez tirée, mais at- 
tend plus volontiers néanmoins, pour jouer son coup, que vous 
l'ayez manquée. Une preuve remarquable que donne le Hobe 
reau de sa perspicacité est de préférer la compagnie d'un chas- 
seur novice, d'un collégien qui débute, à celle du chasseur ex- 
périmenté qui n'use pas de poudre aux moineaux. Il ne cache 
pas non plus sa prédilection pour les choupilles qui bourrent 
et qui s'écartent, et il témoigne de l'éloignement pour le poin 



70 FAUCONNERIE. 

1er et le braque trop solides à l'arrêt. On prend fréquemment 
cet oiseau au filet d'Alouettes, ainsi qu'à la pipée, où il accourt 
à l'appeau de la Chouette. Il est arrivé plus d'une fois à Tousse- 
nel, comme à tout le monde, de se méprendre sur les motifs qui 
décidaient le Hobereau à lui faire cortège et de le châtier de sa 
témérité. Il y a bien des années qu'il avait remarqué la préfé- 
rence de ce rapace pour les chasseurs dont le plomb arrête 
peu et dont les Chiens n'arrêtent guère. Le Hobereau attend 
l'ouverture de la chasse avec la même impatience que les chas- 
seurs. Les Perdrix et les Cailles sont souvent victimes de son cou- 
rage et de sa rapacité. 



FAUCON CRESSERELLE. 

Falco tinnunculus, Linné, vulgairement Mougtiet et Émouchet. Kestril Falcon. 
Turmfalke. Falco acerlello o d't tore, Cernkalo. Zwemmer. 

Diagnose: Moustaches peu apparentes; pieds grêles; doigts 
courts, le médian de la longueur du tarse, qui est emphimé 
dans son tiers supérieur; ailes arrivant aux trois quarts de la 
queue; première rémige égalant la quatrième, et plus courte 
que la deuxième et la troisième, qui sont les plus longues; on- 
gles noirs. 

Taille : 0^35. 

Le Faucon Cresserelle mâle adulte a le dessus de la tête et du 
cou d'un cendré bleuâtre; le dessus du corps et des ailes d'un 
bi*un rouge, varié de taches angulaires noires; dessous du coi-ps 
roussâtre, avec des raies longitudinales à la poitrine et des taches 
arrondies ou ovalaires à Tabdomen et sur les' flancs; devant des 
yeux blanc jaunâtre; joues d'un cendré bleuâtre; rémiges brunes, 
terminées et bordées en dehors de gris roussâtre; queue très- 
étagée, cendré bleuâtre, avec une large bande noire et une autre 



FAUCONNERIE. 71 

blanche, plus petite à rextrémité; bec bleuâtre; paupières, cire 
et pieds jaunes; iris brun noisette. 

La femelle adulte est un peu plus forte que le mâle. Parties 
supérieures d'un brun rouge, avec des taches longitudinales 
brunes sur la tète et le cou, angulaires sur le manteau, et des 
barrés de même couleur à la queue, qui est rousse; les taches du 
corps sont très-nombreuses, et forment, par leur disposition, des 
espèces de bandes transversales; parties inférieures d*un roux 
plus foncé; bandes terminales de la queue moins pures. 




Faucon Cresseï elle. 



Les jeunes, avant la première mue, ressemblent à la femelle; 
seulement ils ont les teintes des parties supérieures plus som- 
bres. Nouvellement nés, ils sont couverts d'un duvet blanc. 



72 FAUCONNERIE. 

La Cresserelle est très-répandue en Europe, et c'est loiseau 
de proie le plus commun en France. Elle niche sur les vieilles 
tours, dans les châteaux abandonnés, dans les crevasses des mu- 
railles, sur les clochers, dans les creux des rochers et sur les ar- 
bres. Elle se noun'it de petits oiseaux et de petits mammifères, et 
ce n'est que pressée par la faim qu elle se jette sur les insectes et 
les reptiles. Degland. 

On l'emploie peu en fauconnerie; cependant on s'en est servi 
pour le vol du petit gibier. Elle est, comme le Hobereau, douce, 
éducable et familière. 

La Cresserelle est également facile à instruire : les fauconniers 
lui apprennent à poursuivre des Alouettes, des Merles, des Bé- 
cassines. Toutefois ce Faucon occupe une place plus bizarre 
qu'importante dans les fastes de la fauconnerie. A la cour du roi 
Louis XIII, on T'employait au vol de la Chauve-Souris. 

Faire le Saint-Esprit, faire la Cresserelle, est tout un langage 
de chasse : c'est avoir l'air d'être suspendu par un fil invisible^à 
un point fixe de l'espace, et déployer sa queue et agiter ses ailes, 
afin de garder quelque temps cette position gracieuse. L'oiseau de 
proie fait la Cresserelle lorsqu'il se tient au-dessus du Chien qui 
Veut lever une Perdrix, lorsqu'il bloque ou lorsqu'il épie la sor- 
tie du Mulot Toussenel. 

AUTOUR, Buffon. 

Falco (Astur) palumbarius, Linné, vulgairement Chasserot, en Lorraine, où 
l'on donne aussi ce nom à YÉpervier. Goshawk. Hunerhahilch. Sparviere 
(ta Colombi. A^tore. Taubenhabicht. Havik. 

Diagnose : Tarses robustes, vêtus au tiers supérieur; doigt 
interne atteignant le bout de la seconde phalange du médian; 
queue arrondie. 

Taille : du mâle, 0™,52; de la femelle, 0'»,60. 



FAUCONNERIE. 73 

b'Âiitour a les parties supérieures d'un cendré bleuâtre; au- 
dessus des yeux un large sourcil blanc; les parties inférieures, 
sur un fond blanc, portent des raies transversales et des bandes 
étroites, longitudinales, d'un brun foncé; la queue est cendrée, 
rayée de quatre ou cinq bandes d'un brun noirâtre; le bec noir 
bleuâtre; la cire vert jaunâtre; iris et pieds jaunes. 




Fig, îO. — Autour, d'après Gould. 



Les parties supérieures de la femelle sont d'un cendré brun, 
légèrement bleuâtre, et les petites bandes biunes de la gorge 
sont plus nombreuses que chez le mâle. 



74 FAUCONNERIE. 

Variétés. La tète plus ou moins blanche; les parties supéneu- 
res variées de brun ou de blanc jaunâtre; les bandes de la queue 
quelquefois peu ou pas apparentes. 

Les jeunes de Tannée diffèrent considérablement des adultes : 
la cire et les pieds d'un jaune livide; Firis d*un gris blanchâtre; 
la tête, les côtés et le cou roussâtres, avec des taches longitudi- 
nales d'un brun foncé; la nuque variée de taches de la même 
couleur; parties inférieures d'un roux blanchâtre, varié de lon- 
gues taches lancéolées d'un brun foncé; queue d'un gris brun, 
avec quatre bandes très-larges d'un brun plus foncé, et toutes 
les pennes terminées de blanc. 

L'Autour se trouve dan^ presque toutes les parties de l'Europe; 
il est commun en France, en Suisse, en Allemagne et en Russie. 
Il descend vers les parties méridionales du continent en hiver, et 
remonte dans le nord en été. Il habite les forêts, et particuliè- 
rement les bois de sapins, où il niche sur les arbres les plus éle- 
vés. Sa ponte est de quatre œufs, d*un gris bleuâtre, à peu près 
de la grosseur de ceux d'une poule moyenne. L'Autour se nour- 
rit de menu gibier : oiseaux, lièvres, lapins, et il ne dédaigne 
ni les rnulots, ni les taupes. 

Cet oiseau de basse volerie est très-bon chasseur. En faucon- 
nerie, on lui donne le nom de cuisinier, soit parce qu'il profite à 
la cuisine, soit parce qu'on le garde généralement à la cuisine, où 
il voit continuellement du monde; sa docilité le rend d'un affai- 
tage très-facile. Il est employé avec succès pour le vol de la Per- 
drix, du Faisan, et pour le vol des oiseaux de rivière. Méchant 
pour les autres oiseaux de vol, il convient de l'en tenir éloigné, 
si l'on veut éviter des combats souvent meurtriers, L'Autour est 
trcs-estimé chez les Orientaux; 



FAUCONNERIE. 75 



EPERVIBR. 

Astur nisnsy Schlegel. Falco nisus, Linné. Aceipiter nisus, Accipiler fringilla- 
rius, Ch. Bonaparte. Sparvius nisus, Vieillot. Sparrow Hawk. Sperwer. Die 
Sperher. Finkenhabilch. Sparviere da Fringuelli. 

--> 

Diagnose : Tarses grêles, à peine vêtus supérieurement; doigt 
interne de la longueur de la première phalange du doigt médian; 
queue carrée, très-longue, dépassant de moitié et plus le bout 
dès ailes. 

Taille : le mâle, O'^jS^; la femelle, 0'",37. 

Le mâle adulte a les parties supérieures d'un cendré ardoise, 
avec mie tache blanche à la nuque; parties inférieures blanches, 
rayées transversalement de roux ef de brun, avec un trait de 
cette dernière couleur sur la tige des plumes, à la poitrine et à 
l'abdomen; du roux vif sur les côtés du cou, et des stries longi- 
tudinales brunes à la face antérieure de cette partie; sous-caudales 
d'un blanc pur; joues, comme le vertex, nuancées de blanchâtre 
au devant des yeux, et de roussâtre en dessous; couvertures des 
ailes et rémiges pareilles au manteau, les dernières barrées trans- 
versalement sur leurs barbes internes; queue de la même teinte 
en dessus, cendré bleuâtre en dessous, terminée de blanc cl 
coupée par cinq bandes transversales noirâtres, plus foncées sur 
les barbes internes; bec noir bleuâtre à sa base; cire verdâtre; 
iris et pieds jaune citron. Chez les vieux sujets, Tiris est quel- 
quefois jaune orange. Quelques individus ont les parties inférieu- 
res lavées de roux vif; mais les souscaudales sont toujours d'un 
Wanc pur. 

La femelle adulte, beaucoup plus grosse que le mâle^ est d'un 
brun cendré moins ardoisé en dessus, blanc lavé de cendré très- 
clair en dessous, ondulé transversalement de brun au bas du 
cx)u, à la poitrine, à l'abdomen et aux jambes, avec un trait de 



76 FAUCONNERIE, 

brun de plomb foncé sur la tige des plumes; gorge et devant du 
cou blanc pur, avec des stries brun de plomb; sous-caudales 
d'un blanc parfait; joues variées, de brun et de blanc; raie surci- 
lière blanche, variée de brun, se perdant avec le blanc de la 
nuque; côtés du cou blancs, striés de brun et de roussâtre; cou- 
vertures alaires comme le dos, avec leur tige d'une teinte plus 
foncée; rémiges brunes, portant des bandes transversales d'une 
nuance plus foncée sur les barbes internes; queue, comme celle 
du mâle, d'une teinte générale plus cendrée. 




Fig. 21. — Épervier, d'après Schlegel. 



Les jeunes de l'année ont les parties supérieures brunes, avec 
les bordures des plumes rousses; parties inférieures roussâtres, 



FAUCONNERIE. 77 

avec des taches roux foncé sous forme de fer de lance à la poi- 
trine, à i*abdoraen et aux jambes; sous-caudales blanches, tein- 
tées de roux ocreux à l'extrémité; devant et côtés du cou striés 
de brun; joues variées de brun et de roussâtre; raie surcilière 
roux blanchâtre; ailes de même nuance que le dos; les rémiges 
primaires terminées de blanchâtre, et les secondaires de roussâ- 
tre; queue cendrée à l'extrémité; les pennes bordées de roussâ- 
tre, et portant cinq ou six bandes transversales, suivant le sexe, 
qui se distingue facilement par la taille. 

L'Épervier est répandu dans toute TEurope. On le trouve 
aussi en Afrique; il est sédentaire en Dauphiné et dans beaucoup 
d'autres localités de la France. Degland. 

Cet oiseau de basse volerie reçoit la même éducation que 
l'Autour; il vole avec succès le Perdreau, la Caille, le Râle, etc. 
Le mâle est plus faible et moins courageux que la femelle. On 
dit qu'il n'est pas très-fidèle. 




Fig. 24. — Rappel du Faucon. 



ÉDUCATION DES OISEAUX DE VOL 



La fauconnerie a, comme la vénerie, son langage consacré, et 
il nous faudra bien employer quelquefois .certaines expressions 
plus ou moins heureuses, mais techniques, dont nous donnons, 
en terminaiit, le répertoire et l'explication par ordre alphabéti- 
que, afin de ne pas être obligé d'ouvrir à chaque instant une 
parenthèse qui nuirait à nos descriptions, souvent empruntées 
aux anciens auteurs. 

Nous ne pouvions parler de fauconnerie sans rappeler les an- 
ciens usages, mais le but que nous nous proposons est de faire 
revivre un moyen de distraction qu'il est plus simple et plus 
facile qu'on ne pense de se procurer ; Fart du fauconnier ne 
demande que de l'intelligence et de la patience : c'est ce que 
nous allons démontrer. 

On demande au Faucon, ainsi qu'au Chien destinés à la chasse, 
l'application, au profit ou à l'agrément du maître, des instincts 
qu'ils exploitent naturellement à J'état sauvage. Mais pour.obte- 



80 FAUCONNERIE, 

nir ce résultat chez des animaux dont l'organisation est si diffé- 
rente à tous les points de vue, dont les instincts, le caractère et la 
condition sont si peu comparables, il faut employer Ses moyens 
en rapport avec leur naturel, leurs aptitudes et leurs sens. Il faut 
réduire le Faucon à abdiquer Texercice de sa volonté et à perdre 
toute confiance en ses propres ressources, lui faire voir dans 
l'homme l'arbitre suprême de son repos et de son bien-être ; en 
un mot, l'assujettir par la privation de sommeil et la faim, et le 
fixer par l'espérance ; il faut augmenter ses besoins pour don- 
ner plus de prix à leur satisfaction. 

On est parvenu à dresser un assez grand nombre d'oiseaux de 
proie, et même la Pie-Griècbe, mais ce n'est pas sans raisons 
qu'aux beaux temps de la fauconnerie, on s'est arrêté seulement 
à quelques espèces qui réunissent ïes qualités essentielles. Les 
Faucons de chasse doivent être forts, vigoureux et proportionnés 
au gibier qu'ils doivent entreprendre; leur vol doit être puissant, 
rapide, et leurs serres organisées pour être liantes, c'est-à-dire à 
doigts longs, surtout celui du milieu, bien contractiles, ner\'eux 
et à ongles acérés. Ainsi, en Europe, on repousse les Aigles parce 
qu'ils sont trop lourds à porter sur le poing, trop indociles, et 
qu'ils pourraient blesser les fauconniers ; les Buses et les Milans, 
parce que leurs serres ne sont pas assez liantes et que leur ca- 
ractère n'est pas assez souple, ni assez régulier ; les Busards, 
parce que leur vol est trop lent, etc. Les vrais Faucons, les Au- 
tours et les Éperviers sont les chasseurs par excellence. On dis- 
tinguait autrefois la fauconnerie, ars falconaria, et l'autourse- 
rie, axs accipitraria, qui correspondent assez à la division en 
haute et basse volerie, comme nous le verrons plus loin. Les fau- 
conniers n'employaient que les Faucons, tandis que les autour- 
siers se senaient de plusieurs oiseaux, mais surtout de l'Autour 
et de rÉpervier. « Je m'amuseroy un peu à parler de TEspervier, 
dit G. Tardif, dans son Traité de fauconnerie, pour autant 



FAUCONNERIE. 81 

qu'il est fort noble et fort usité en France : et aussi que qui 
sçaural)ien voler, gouverner et affaiter l'Espervier, il sçaura ai- 
sément tout le traictement et la volerie des autres : joint qu'on 
s'en peut ayder hyver et esté, et avec grand plaisir pour les 
beaux vols qu'il fait : car chacun a endroit soy de quoi voler : et 
aussi qu'on en peut voler à toutes manières d'oiseaux, car il 
est commun à tout, plus que tous les autres Faucons et oiseaux.» 
Si nous comparons Foiseau de volerie au Chien de chasse, nous 
trouvons des différences énormes et qui ne man(iuent pas d'inté- 
rêt. « La perfection de l'animal, dit Buffon, dépend de la per- 
fection du sentiment; plus il est étendu, plus l'animal a de fa- 
cultés et de ressources ; et lorsque le sentiment est délicat, 
exquis, lorsqu'il peut encore être perfectionné par l'éducation, 
comme chez le Chien, l'animal devient digne d'entrer en société 
avec l'homme ; il sait concourir à ses desseins, veiller à sa sûreté, 
l'aider, le défendre, le flatter ; il sait, par des services assidus, 
par des caresses réitérées, se concilier son maître, le captiver, et 
de son 4;yran se faire un protecteur. Le Chien a par excellence 
toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards 
de l'homme. Un naturel ardent, colère, même féroce et sangui- 
naire, rend le Chien sauvage redoutable à tous les animaux, et 
cède dans le Chien domestique aux sentiments les plus doux, au 
plaisir de s'attacher et au désir de plaire ; il vient en rampant 
mettre aux pieds de son maître son courage, sa force, ses talents; 
il attend ses ordres pour en faire usage; il le consulte, il l'inter- 
roge, il le supplie ; un coup d'oeil suffit, il entend les signes de 
sa volonté. Sans avoir, comme l'homme, la lumière de la pen- 
sée, il a toute la chaleur du^ sentiment ; il a de plus que lui la 
fidélité, la constance dans ses affections : nulle ambition, nul 
intérêt, nul désir de vengeance, nulle crainte que celle de dé- 
plaire ; il est tout zèle, tout ardeur et tou obéissance, plus sen- 
sible au souvenir des bienfaits qu'à celui des outrages; lesmau- 



82 FAUCONNEniE 

vais traitements ne le rebutent pas, il les subit, les oublie, ou 
ne s'en souvient que pour s'attacher davantage. Loin de s'irriter 
ou de fuir, il s'expose de lui-même à de nouvelles épreuves ; il 
lèche cette main, instrument de douleur, qui vient de le frapper; 
il ne lui oppose que la plainte et il la désarme par la patience et 
la soumission. » 

A ce tableau vrai du caractère du Chien, nous ajouterons seu- 
lem^t quelques mots : Le Chien, même sauvage, est naturelle- 
ment sociable, il vit en troupes plus ou moins nombreuses, prend 
un soin extrême et longtemps prolongé de ses petits. Le Chien 
de chasse est choisi, il est vrai, parmi de nombreuses races qui 
n'ont pas toutes les mêmes aptitudes cynégétiques, et qu'on 
dresse pour tel ou tel genre de chasse, mais, le choix une fois 
fait, ce Chien devient Tesclave de son maître. L'exquise fineése de 
son nez, l'organe le plus parfait de ses sens, le besoin qu'il 
éprouve de plaire, la crainte d'une punition, ou même d'un re- 
proche^ en font un élève aussi soumis qu'intelligent et que ne 
. décourage même pas la brutalité trop fréquente de maîtres qui 
n'ont ni sa patience, ni ses qualités affectives, et ne comprennent 
pas la vivacité et l'ardeur qui l'excitent. Le Chien est d'ailleurs 
rempli de bon vouloir : c'est spontanément qu'il met ses services 
à la discrétion de l'homme, et il se dresse souvent sans difficultés; 
il comprend ce que veut son maître, et il est satisfait de la caresse 
qui récompense sa docilité, de même qu'il se montre sensible à 
une simple louange. Le désir d'une nouvelle caresse, l'espoir 
d'une autre louange l'encouragent, et chaque leçon se grave dans 
son cerveau. Il conserve le souvenir de ce qu'il a appris, et six 
mois de repos, sans chasser, ne portent aucune atteinte à son 
savoir-faire. S'il se trompe, ou si son ardeur l'emporte, une cor- 
rection qu'il sait mériter, puisqu'il la prévoit et qu'il subit par- 
fois avec une résignation qui se distingue au milieu de ses plain- 
tes, lui inspire, pour quelque temps du moins, la crainte de 



FAUCONINERIE. 83 

retomber dans la même faute et lui donnerait plus de prudence, 
si la violence de ses instincts chasseurs ne lui faisait pa§ de temps 
à autre oublier qu'il travaille non pour lui, mais pour son maî^ 
tre. L'éducation du Chien est donc généralement facile ; sa do- 
mestication est plus complète, plus franche que celle de tout autre 
animal. Il est heureux de son esclavage ; sa soumission et son 
intelligence permettent de modifier ses instincts au profit de 
r homme auquel il s'attache, près duquel il revient toujours et 
qu'il reconnaît même après une longue absence. Le logis de son 
maître* est son logis, et, s'il s'égare, l'intonation de ses plaintes 
indique probablement autant ses regrets que l'espérance d'un 
appel qui le remettra sur le bon chemin. 

Le Faucon est sauvage, naturellement indocile, insensible à la 
louange, aux caresses, aux corrections. Ses instincts l'éloignent 
de l'homme; il n'aspire qu'à la liberté et ne demande que l'iso- 
lement et l'espace. 11 hait la main qui le nourrit, ne se soumet 
qu'à la faim et n'a même pas la reconnaissance de l'estomac, car 
dès qu'il n'a plus faim il cesse d'être soumis et n'a plus la 
moindre excitation pour la chasse. Il est si sauvage et si peu 
propre à la domestication que malgré des tentatives nombreuses 
et les soins les plus intéressés, on n'est jamais parvenu à faire 
reproduire en captivité ces belles ^pèces que, depuis des siècles, 
les fauconniers font venir à grand frais des pays privilégiés qui 
les fournissent. La faciHté de l'affaitage des Faucons niais ou 
branchiers et n'ayant pas connu la liberté, comparée aux diffi- 
cultés que présente l'affaitage des oiseaux adultes, suffisait pour 
ne négliger aucun des moyens d'obtenir, dans tous les pays où 
la fauconnerie était en honneur, l'acclimatation et la reproduc- 
tion d'oiseaux si recherchés. Toutes les tentatives sont res- 
tées infructueuses. Le Faucon n'est même pas sociable, et, 
dans les lieux qu'il habite, forêts, montagnes ou falaises^ il 
vit solitaire, ne cherchant compagnie que pour obéir à Timpé- 



84 FAUCONNERIE, 

rieuse loi de la reproduction, encore n'est-ce souvent que pour 
le temps strictement nécessaire à l'accomplissement de cette loi. 
11 ne semble goûter les joies de la famille que par devoir, et il 
s'y soustrait avec empressement dès que ses petits commencent à 
pourvoir seuls à leur subsistance. La première proie que ces 
petits saisissent dans le voisinage de Taire éteint même le sen- 
timent maternel, éveille la rivalité et l'égoïsme. Dès lors, le 
père et la mère poursuivent leurs nourrissons avec acharnement 
et comme des ennemis qui chasseraient sur leurs domaines et 
leur déroberaient une part de butin. Chez ces oiseaux, ce ne 
sont pas les jeunes qui, jaloux de leur indépendance et avides 
de liberté, abandonnent leurs parents, ce sont ces derniers qui 
les repoussent et qui se disputeront bientôt entre eux l'espace 
dans lequel ils ont vécu pendant quelque temps en bonne intel- 
ligence. 

Avec une si grande sauvagerie, on comprend que le Faucon 
ne s'attache point à l'homme. C'est un esclave toujours prêt à 
s'affranchir, à se révolter, et dont la servitude n'a qu'un prétexte, 
la faim. Aussi Verrons-nous bientôt que les fauconniers tiennent 
sans cesse leurs oiseaux en appétit et qu'ils renouvellent et entre- 
tiennent le besoin de manger par des cures ou purgations. Cette 
sauvagerie n'est assouplie que» momentanément et en apparence 
par l'éducation. Quelques jours de liberté ou de repos laissent 
promptement dominer les instincts du Faucon, et lui font oublier 
tout ce qu'il avait appris. U faut l'exercer sans interruption, 
sinon l'éducation est toujours à refaire. Le sens le plus fin chez 
l'oiseau de proie est la vue. U aperçoit les plus petits objets à des 
distances incroyables, et en planant au plus haut des airs il sur- 
veille ses victimes qui se promènent dans les champs. 

Cet exposé des conditions cynégétiques du Faucon et de son 
caractère farouche semble faire prévoir. des difficultés insur- 
montables pour son éducation. Il n'en est rien le plus souvent. 



FAUCONNERIE. 85 

et, pour dresser un oiseau, dominer Ses instincts, tirer parti de 
la finesse de sa vue, de la rapidité de son vol, de la force de ses 
mains et de son courage, il ne faut, comme nous Favons dit, que 
de la patience et de F intelligence. 

Les besoins matériels sont la bîise de sa dépendaiice ; on ne le 
dompte que par des privations de toutes sortes. Les moyens de 
répression sont nuls; en effet, trop fier et d'une organisation 
très-inférieure si on la compare à celle du Chien, le FauQon ne 
peut comprendre une coiTection;- son intelligence ou, si Ton 
veut, ses instincts, ont une autre direction ; n'étant destiné qu*à 
Tétat sauvage, il n'a que des aptitudes qui sont en rapport avec 
cet état. H ne comprend pas mieux une caresse qu'une punition : 
lune rirrite, Tautre le révolte. 

Le principe de l'éducation du Faucon diffère donc essentielle- 
ment de celui de l'éducation du Chien ; et nous allons voir que 
les moyens à employer sont aussi bien différents. 

Parmi toutes les espèces d'oiseaux employés au vol, il est des 
individus si fiers et si fidèles aux vues de la nature à leur égard, 
que tous les procédés, tous les expédients, toutes les ruses et 
toute la patience des maîtres en fauconnerie n'ont jamais pu les 
dompter, bien moins encore les familiariser; si l'on s'obstine, 
ils crèvent de faim et de fierté. On a, en effet, remarqué que ces 
sujets si réfractaires, loin de s'adoucir avec le temps, se roidis- 
sent de jour en jour davantage, qu'ils s'aigrissent, et que leur 
indocilité et leur méchanceté augmentent en proportion des 
soins qu'on leur .donne. Quand on a des élèves aussi intraitables, 
il faut les détruire, et ne conserver d'eux que les ailes et la 
queue, qui peuvent trouver leur emploi pour enter leurs pennes 
sur des pennes cassées. 

Le succès de l'éducation et les qualités qu'on exige d'un oi- 
seau bien dressé dépendent donc du choix qu'on fait des sujets, 
et, quoiqu'il soit impossible de préciser les caractères qui, à 

8 



86 FAUCONNERIE, 

première vue, peuvent déterminer ce choix, il existe cependant 
quelques signes qui permettent de reconnaître les aptitudes des 
Faucons. On ne connaît réellement leurs qualités ou leurs dé- 
fauts que pendant Taffaitage. 

« Un bon Faucon doit atoir Tœil fier et assuré, le bec 
court et gros, le cou fort, gros, la poitrine bien musclée, les 
mahutes larges, les cuisses longues, les jambes courtes, la main 
large, les doigts déKés, allongés et nerveux aux articulations; 
les ongles fermes et recourbés; les ailes longues; le pennage 
foncé et sans mouchetures. La bonne couleur des mains et du 
bec est le jaune verdâtre. Placé sur le poing et exposé au vent, 
le bon Faucon doit se tenir ferme. Les oiseaux trop fiers et 
obstinés qui s'irritent contre les moyens employés pour les 
dompter doivent être aussi promptement abandonnés que ceux * 
qui sont paresseux, lourds et peu courageux ; on perdrait son 
temps à élever les uns ou les autres. Les Faucons de passage, 
jeunes de Tannée, Faucons sors^ sont préférés par quelques 
faucoimiers, même à ceux pris au nid ou niais., 

« . Il faut dans ce choix avoir égard d'abord au pays d où ils 
viennent, car il est des contrées où ils naissent bien plus aisés à 
affaiter que dans d'autres. Ceux qu'on apporte de Suisse sont 
fort estimés. Il nous en vient encore de la Russie; leur affaitagc 
est aussi très-facile, et généralement on dit que les oiseaux de 
ces climats sont toujours de meilleure afiaire et plus gracieux 
que ceux qu'on envoie d'ailleurs. On fait encore cas de ceux 
qu'on tire des Alpes du côté dé Vérone et de Trente. Cette re- 
marque faite, on a égard au pennage, qui est de deux sortes, le 
blond et le noir. Celui-là est garni d'égalures, et l'autre tout 
d'une pièce ; mais, comme dans l'un et l'autre def ces pennages 
on peut être trompé, il faut toujours choisir l'oiseau qui a le plus 
large devant et derrière, dont les mahutes sont relevées, de 
manière qu'il semble que cet oiseau ait la tête entre les deux 



FAUCONNERIE. 87 

épaules. Son vol doit être affilé, et prendre garde quil ne 
croise point. 11 doit avoir le balai fort court, les mains déliées et 
les serres fort longues et fermes. 

« L'oiseau le plus pesant sur le poing est toujours le meilleur, 
c'est-à-dire celui qui, parmi les oiseaux de son espèce, pèse le 
plus; car, par exemple, un lanier est plus lourd que son la- 
neret : ainsi du reste. L'oiseau de proie doit être plein, car cette 
plénitude est une marque de son bon tempérament. » 

Dans les beaux temps de la fauconnerie, en Europe, le Da- 
nemark, la Suède et la Norvège faisaient le commerce des grands 
Faucons, assez communs dans le Nord et fort recherchés à 
cause de leur force et de leurs qualités. On expédiait des Fau- 
cons sur tous les points du continent, et ils s'achetaient à des 
prix assez élevés pour l'époque. Les Faucons Pèlerins étaient 
rapportés des cotes d'Afrique, des îles de la Méditerranée et de 
rOrient. On en prenait beaucoup en France, en Suisse et en 
Italie; ils étaient l'objet d'un commerce fort étendu. 

Ainsi on se procurait des Faucons 1** en les achetant tout éle- 
vés; 2° en les élevant* après les avoir pris dans l'aire, niais ^ ou 
à leur sortie de l'aire, branckiers; S'* en les prenant au piège 
ou au filet aux époques du passage, passagers. 

On n'achetait un Faucon qu'après un examen bien minu- 
tieux : il fallait le déchaperonner pour voir si ses yeux étaient 
beaux et sains; s'assurer de la couleur rouge de l'intérieur du 
bec et de l'intégrité de la langue, quelquefois chancreuse ; tàter 
la mulette, qui ne devait pas être empelotée ; porter l'oiseau au 
vent, et reconnaître qu'il s'y tient ferme et le chevauche opiniâ- 
trement. 

On reconnaît qu'un Faucon est d'un bon tempérament lorsque 
ses émeus sont réglés, qu'ils ne sont point épais, et qu'après la 
digestion il rend son pat gluant et non pas sec. Si les émeus 
cfu'il rend sont verts ou bleus, on ne doit point le prendre, car 



88 FAUCONNERIE, 

il ne peut vivre longtemps. Cet oiseau donne une preuve de santé 
parfaite lorsqu'on le voit se tenir tranquillement sur le bloc, ou 
bien lorsqu'à l'aide du bec il nettoie les pennes de ses ailes, qui 
doivent être luisantes. Il ne doit point hérisser ses plumes, 
frissonner, fermer les yeux, ni lever alternativement les mains. 

FAUCONS NIAIS. 

Quand les fauconniers ont connaissance d'une aire, ils la sur- 
veillent et ne s'en emparent que lorsque les petits niais, déjà 
emplumés, ont encore du duvet sur la tête, ou seulement lors- 
que ces niais, ayant quitté Taire, ne peuvent encore voler, ni 
pourvoir eux-mêmes à leur nourriture, et passent branchiers. 

Aussitôt qu'on reçoit une nichée de niais, quelle qu'en soit l'es- 
pèce,, on leur attache le grelot, et on les laisse en liberté dans 
Taire artificielle qu'on leur a préparée à la fauconnerie, jusqu'au 
moment oii, devenus brancbiers, ils commencent à voler. Il faut 
alors les élever avec grand soin, et de cette première éducation 
dépendent souvent les qualités ou les défauts qu'ils auront par 
la suite. Il convient de les laisser libres dans la fauconnerie. La 
contrainte et l'esclavage ne manqueraient pas d'amollir leur ca- 
ractère et d'altérer le principe de leurs facultés, qui alors, ne se 
développant plus que très-imparfaitement, ne donneraient qu'un 
élève dégradé et indigne du rôle qu'il doit jouer. 

L'aire artificielle consiste en un tonneau défoncé d'un côté, 
couché, et dont Touverture est dirigée au levant, ou en une hutte 
de paille tressée. On garnit l'intérieur d'une poignée de paille, 
qu'il faut renouveler souvent, et Ton place le tonneau ou la 
hutte, soit sur un mur bas, soit sur la fourche d'un arbre peu 
élevé et à portée de la main; on leur donne régulièrement à 
manger deux fois par jour, mais dès qu'ils peuvent prendre eux- 
mêmes leur nourriture sur une planche ajustée au niveau de 



FAUCONNERIE. 89 

l'ouverture du tonneau ou de la hutte, comme la passerelle d'un 
colombier, on dépose deux fois par jour, à sept heures du matin 
et à cinq heures après midi, les petits morceaux de viande de 
bœuf ou de mouton destinés à la nourriture des élèves, et, à 
chaque repas, on doit les avertir par un bruit de bouche quel- 
conque, mais toujours le même, afin de les habituer à connaître 
ce bruit, qui, par la suite, servira de rappel. 

Les oiseaux doivent manger cette viande sur pkce, et s'ils 
tendent à s'éloigner à quelque distance avec le morceau qu'ils 
ont saisi, il faut, pour ne pas leur laisser prendre cette habitude, 
fixer les morceaux de viande à la planche à l'aide d'une petite 
ficelle tenue par un clou enfoncé jusqu'à la tête. Ce soin, pen- 
dant la première éducation des oiseaux, est important, et, par 
la suite, quand ils auront abattu ou saisi une pièce de gibier, 
ils ne chercheront pas à la charrier. 

Niais ou branchiers, ils doivent être apportés avec soin et 
sans délai à la fauconnerie et immédiatement armés. Quand ils 
sont assez forts pour voler, on les place dans une chambre à deux 
fenêtres garnies de grillage et disposées de manière à recevoir 
beaucoup de soleil. Devant chacune de ces fenêtres on place un 
perchoir monté sur un gazon, et, près de là, un baquet conte- 
nant de l'eau bien propre et entouré de sable de rivière et de 
petites pierres. Cette eau, renouvelée tous les jours, est destinée 
au bain, et ne doit s'élever qu'à la hauteur de huit ou dix cen- 
timètres dans le baquet. Il faut prendre grand soin de les paître 
tous les jours aux mêmes heures, et de leur donner le pât sur le 
poing, afin de les accoutumer à s'y placer. Leur nourriture doit 
être de la chair de petits Chiens de lait, de petits Chats, de Pi- 
geonneaux et de Poulets, qu'il faudra leur donner hachée. A dé- 
faut de cette chair tendre, on leur donnera de la viande de Bœuf 
ou de Mouton hachée avec un œuf dur; leur plumage deviendra 
net et brillant. 

8. 



90 FAUCONNERIE. 

Si les Faucons niais ont été élevés dans la volière de la fau- 
connerie, il est facile de les prendre pour commencer leur affai- 
tage; mais si on les a laissés libres, comme cela se fait souvent, 
jusqu'au moment où, confiants dans leurs forces et surtout dans 
leurs ailes, ils peuvent s'échapper, on doit éviter de leur laisser 
goûter plus longtemps une liberté dont la jouissance trop pro- 
longée augmenterait, comme nous le verrons, les difficultés de 
l'affaitage. 11^ faut alors les prendre avec un filet ou un piège, 
qui ne les expose pas à se blesser. Pour réussir, on attire les oi- 
seaux aux heures du pât, à lendroit même où ils ont Thabitude 
de venir le prendre chaque jour; ils ne sont pas encore assez 
sauvages pour éviter le piège qu'on leur tend; beaucoup sont 
même assez familiers et se laissent facilement approcher. 11 
n'est donc pas nécessaire d'insister davantage sur une opération 
qui ne demande qu'un peu d'adresse et d'intelligence. Tous les 
Faucons niais, au moment où on les prive de la liberté, ne sont 
pas également dociles; aussi traite-t-on les plus rétifs comme s'ils 
avaient été pris sauvages à l'état de branchiers, et les moyens que 
nous indiquerons en son lieu et qui sont employés pour ces der- 
niers, leur sont applicables. 

Le Faucon niais étant assez fort pour recevoir les premières 
leçons, il faut : 1** lui mettre les jets qui servent à le tenir à la 
main, l'habituer graduellement à la vue des hommes, des chiens, 
des chevaux, des voitures, aux bruits divers qu'il pourra enten- 
dre, et les porter souvent sur le poing. Il faut, dans tous les 
exercices qui vont suivre, éviter les mouvements trop brusques, 
les impatiences, et ne pas oublier d'approcher l'oiseau toujours 
doucement, en avant, et en lui parlant; 2° le forcer à sauter 
lui-même du bloc sur le poing, à l'appel qu'on lui fait. Pour ob- 
tenir ce résultat, on profite de sa faim, et on lui fait faire cet 
exercice au moment des repas. On se place d^abord très-près du 
bloc sur lequel l'oiseau est attaché par sa longe, on lui présente 



FAUCONNERIE. 9i 

le poing gauche garni du gant, et, avec la main droite élevée à 
dix ou douze centimètres au-dessus de la gauche, on lui montre 
une beccade, qu*on ne lui donne que lorsqu'il est venu au poing. 
Quand la beccade est avalée, on le replace doucement sur le bloc, 
et pendant tout le repas on recommence le même exercice. L'é- 
lève est-il docile et vient-il facilement au poing, on s'éloigne 
successivement du bloc, jusqu'à la longueur de la longe d*abord, 
puis bientôt onlui fait faire cet exercice en liberté,. mais toujours 
avec les jets, qu'il ne doit jamais quitter, même quand il volera 
pour bon, et on s'éloigne chaque jour davantage suivant les pro- 
grès de l'élève. Il apprend bientôt à connaître la voix, à venir à 
l'appel; l'habitude est facilement prise. Ces exercices demandent 
un temps plus ou moins long, suivant le caractère de l'élève et 
aussi suivant la douceur ou mieux l'aptitude du maître. Quand 
tout va bien, que l'oiseau vient bien au poing et s'y maintient 
sans hésitation j on se sert du leurre ou du tiroir approprié au 
genre de chasse auquel on destine l'oiseau; il le connaît en peu 
de temps, et les leçons continuent à blanc, c'est-à-dire sans 
viande et sans leurre et seulement à la voix; le repas se donne 
immédiatement après. 3** Il faut montrer à l'élève le gibier qu'il 
doit chasser. On se sert d'abord d'un leurre représentant ce gi- 
bier et garni d'un morceau de viande qu'on laisse manger sur 
place quand l'exercice a été bien exécuté. Puis on le leurre à vif 
avec ce même gibier vivant et maintenu à l'aide d'une filière 
progressivement plus longue. Quand l'élève lie bien le gibier 
captif, on ne le lui laisse pas tuer, pour qu'il serve à plusieurs 
leçons, on l'approche avec douceur, on le lui enlève adroitement, 
et on le remplace subtilement par un leurre de même espèce 
garni d'un morceau de viande, et sur lequel il s'acharne. 4** Ar- 
rive le moment oii l'oiseau commence à être assuré; la filière a 
été considérablement allongée, l'élève ne cherche pas à dérober 
ses sonnettes; il faut essayer de le jeter sur un gibier qu'on es- 



92 FAUCONNERIE, 

cape, c'est-à-dire qu on met en liberté. Si l'élève se comporte 
bien, il ne faut que quelques épreuves avant de le laisser voler 
pour bon. 




Fig. 25. -- Faucon leurré à la lilière. 



FAUCONS BRÂINGHIERS. 



Les Faucons désignés sous le nom de Branchiers, sans dis- 
tinction d'espèce, sont ceux qui ne sont pris que lorsqu'ils ont 
quitté l'aire et commencent à voleter assez pour se promener 
sur les branches en attendant la pâture que leurs pairons leur 
apportent. Ces oiseaux, qui n'ont encore reçu aucun soin de 
l'homme, sont naturellement plus sauvages, plus indociles que les 
niais, et il faut immédiatement les soumettre par la privation de 
mouvement et de lumière. Voici les moyens employés : 1° leur 
mettre le linge ou chemise de force pour les transporter à la 
fauconnerie; 2*^ arrivés au logis, leur desserrer le linge; '5^ les 
couvrir du chaperon de rust; 4® les armer de grelots et leur 
mettre les entraves; b^ les brancher dans une chambre obscure, 






FAUCONNERIE.. 95 

sur un bloc entouré de paille, et les y attacher à Faide de la 
longe. La paille doit former litière pour que, si les oiseaux se 
défendent, s'abattent et cherchent à quitter le bloc, ils ne puis- 
sent se blesser. 

Quelquefois ces moyens suffisent pour être maître en quelques 
jours des plus doux; mais il est souvent nécessaire de traiter les 
plus indociles comme on traite les oiseaux de passage, qui n'ou- 
blient pas aussi facilement la liberté dont ils ont joui jusqu'au 
moment où ils ont été pris. Cette première éducation, indispen- 
sable avant de songer à Taffaitage, étant à peu près la même pour 
tous les oiseaux rétifs, nous en donnerons les règles en parlant 
des Faucons de passage. 



FADCONS PASSAGERS. 

On peut prendre les Faucons de passage à l'aide du filet à 
alouettes, et voici dans quelles conditions cette chasse se fait avec 
succès. Faisons d'abord observer que les Faucons éducables, no- 
bles, ne chassent que les animaux qui volent ou courent, et ne 
s'élancent pas sur une proie immobile, comme les oiseaux dits 
ignobles, et qu'on ne peut -dresser à la chasse. L'oiseleur tend 
son filet comme pour toute autre chasse, mais il se cache avec 
grand soin et à distance, sous une cabane de feuillage. Au centre 
de l'espace libre qui sépare les deux panneaux du filet, il a 
placé une petite poulie montée sur un pieu, solidement et pres- 
que complètement enfoncé en terre. Dans cette poulie se trouve 
engagée une ficelle, longue de trois fois la distance de la poulie 
au chasseur. Les deux bouts et un tiers de la longueur supé- 
rieure de cette ficelle sont dans la cabane. Au tiers environ de la 
longueur de la ficelle et à son chef supérieur, l'oiseleur attache 
par les'pattes un Pigeon vivant, et le retient dans un panier jus- 



94 .FAUCONNERIE, 

qu'au moment où il faudra le laisser voler. A un mètre environ 
en avant de la cabane, on plante un petit perchoir, haut de 
cinquante ou soixante centimètres, et sur lequel un Hibou, ou 
tout autre rapace nocturne, est attaché par une patte de manière 
à ne pouvoir voler. Ce Hibou n'est nécessaire qu'autant que les 
Faucons sont rares et passent assez haut pour ne pas être facile- 
ment aperçus par le chasseur *, quij dans ce cas, est prévenu de 
la présence d'un Faucon par les mouvements inquiets du Hibou; 
ce dernier baisse la tête et tourne l'œil vers le ciel. L'oiseleur 
lâche alors le pigeon, qui vole' au-dessus du filet et qu'il fait 
descendre en tirant le chef inférieur de la ficelle. Le Faucon l'a 
aperçu et décrit de grands cercles en se rapprochant de terre. 
Mais comme il dédaigne une proie immobile, et que le Pi- 
geon l'aperçoit aussi et n'ose voler, le chasseur retire ce dernier 
jusque dans la cabane, à l'aide de la ficelle dont les deux extré- 
mités restent fixées sous sa main, et dont deux tiers seulement 
dé la longueur sont en mouvement, soit en avant, soit en retraite. 
Le Faucon s'est sensiblement rapproché de terre ; il aperçoit le 
Hibou, il attend le Pigeon ; les deux proies lui font envie, mais 
par des motifs bien différents ; le Hibou lui est antipathique, et il 
aime le pigeon. L'oiseleur saisit alors le moment favorable et 
lâche une seconde fois le Pigeon. Le -Faucon fond sur la victime 
et la saisit ; l'oiseleur a retiré le chef inférieur de la ficelle et 
fait îiescendre le Pigeon presque jusqu'à la poulie, et n'a plus 

* Comme le Faucon est quelquefois si élevé qu'il échapperait aux regards 
du chasseur; ce dernier peut aussi être averti du passage d'un Faucon par 
une Pie-Grièche qui est retenue captive près de la cabane à l'aide d'une 
ficelle attachée au corset. Ce petit oiseau, par ses mouvements et son genre 
d'agitation indique l'espèce d'oiseau de proie qui passe. Est-ce une Buse ou 
tout autre ennemi lourd et peu dangereux, la Pie-Grièche ne se remue 
qu'assez mollement; mais si elle cherche à se précipiter dans la loge et à 
s'y cacher, elle annonce, par cette démonstration, un oiseau d'iyi genre 
noble. Sonnini. 



FAUCONKERIE. . 95 

qu'à faire jouer les panneaux du filet pour couvrir le Faucon, qui 
ne lâche pas sa proie. Les ouvrages de fauconnerie contiennent 
d'autres procédés pour prendre les Faucons de passage, mais ils 
sont tous fondés sur le même principe : la voracité et Tappât 
d'une proie en mouvement, ou l'antipathie pour les oiseaux de 
nuit. Ainsi, dans le nord de l'Europe, les fauconniers emploient 
le Hibou grand-duc et les filets connus sous le nom d'araignes, 
pour prendre les grands Faucons, si estimés pour le vol. Dans 
tous les pays, on obtient de bons résultats de Tusage de brins 
de bouleau garnis de glu et répandus sur le sol autour d'un 
oiseau captif, et qu'on peut faire voler à volonté à l'aide d'une 
iilière. 

On vante encore le procédé suivant : Prendre un Pigeon, lui 
attacher à la patte une ficelle, longue de vingt mètres, engluée 
seulement à ses deux tiers, et dont l'extrémité est garnie d'un 
poids assez lourd pour que f oiseau ne puisse l'emporter trop 
loin, assez léger pour qu'il ne puisse Tempécher de voler. On 
met discrètement de la glu sur les mahutes et sur la tête du 
Pigeon, on le lâche en plaine sur le passage de l'oiseau qu'on 
veut prendre, et on le surveille. Le Faucon fond sur le Pigeon, 
qui gagne terre, et tous deux restent empêtrés dans la ficelle. 
On se sert aussi d'un lièvre empaillé et englué, que deux oise- 
leurs, placés à dislance l'un de l'autre, font mouvoir sans cesse, 
dans une raie de champ, garnie de gluaux à droite et à gauche 
de la piste. 

La méthode de traitement est à peu près la même, dans son 
ensemble, pour tous les oiseaux chasseurs-, mais quelques espèces 
exigent des soins particuliers que nous ferons connaître. 

Un Faucon passager vient d'être pris, il est mis immédiate- 
ment en linge, et chaperoimé de rust, avec toutes les précau- 
tions nécessaires pour l'empêcher de se blesser en se défendant, 
et il est a[)porté à la fauconnerie. 



96 ^ FAUCONNERIE. 

Là, on lui met les grelots et les jets, on attache la longe et 
Ton place Toiseau sur un bloc garni de gazon. On a grand soin de 
lui ôter le chaperon pour la première nuit, afin de lui permettre 
de rejeter sa pelote, qui se compose des plumes ou des poils, 
d'une partie des os et même d'une partie de la peau des animaux 
qu'il a mangés avant d'être pris. S'il restait chaperonné, il ne 
rendrait pas cette pelote, qu'il rejette toujours en liberté, parce 
qu'il ne peut la digérer comme la chair: L'oiseau est alors aban- 
donné dans l'obscurité la plus complète. 

Le lendemain, le fauconnier, la main couverte du gant, prend 
l'oiseau sur le poing, et partageant nécessairement lui-même une 
grande partie des fatigues auxquelles il va soumettre son élève, 
pour raffaibliretle dompter, illepoiie continuellement, jour et 
nuit, sans lui permettre un seul instant de repos ou de sommeil. 
C'est par épuisement qu'il obtiendra un commencement de sou- 
mission, un peu moins de fierté. Le fauconnier fatigué, est rem- 
placé par un aide, car cette première épreuve dure ordinaire- 
ment trois fois vingt-quatre heures sans relâche pour l'oiseau. Si 
l'élève s'agite ou se défend trop violemment, on tempère son 
ardeur par des jets d'eau froide sur tout le corps, on lui plonge 
même la tête dans Feau fraîche, et ce moyen, très-efficace, le 
calme aussitôt; il reste comme stupide, immobile et vaincu. Il 
faut profiter de cette situation pour lui couvrir la tête du chape- 
ron de rust. A la privation du repos, du sommeil, de la nourri- 
ture, vient s'ajouter celle de la lumière, et l'élève, abattu, oublie 
bientôt son indépendance. 

La leçon qui doit amener la docilité se prolonge rarement au 
delà de trois jours ; souvent Toiseau est soumis en moins de 
temps, et dès qu'il donne des signes de docilité, c'est-à-dire dès 
qu'il est plus calme, qu'il se laisse couvrir et découvrir la têle 
avec une sorte d'indiflércnce, mais toujours tenu sur le poing, on 
lui donne (juelques petits morceaux de bonne viande coupée eu 



FAUCONNERIE 97 

petites lanières longues et étroites, qu'il puisse avaler facilement, 
et Ton exige qu'il prenne ce pât tranquillement, à la main du 
fauconnier, qui le lui présente de temps à autre et en quantité 
suffisante pour le soutenir, sans lui rendre ses forces. 

L'oiseau est-il soumis, on lui accorde du repos, on ne le veille 
plus, on lui laisse passer la nuit au bloc, on augmente sa nourri- 
ture, on la varie en lui donnant du vif, mais, dans ce dernier 
cas seulement, il ne faut pas négliger de lui ôter le chaperon 
pour la nuit, afin de lui laisser rejeter la pelote. 

Pendant le jour, l'élève est chaperonné et remis au poing ; il 
faut le promener au moins deux fois pendant une ou deux heures 
dans le jardin d'abord, où il ne voit que le fauconnier et ses 
aides ; puis, progressivement, dans des lieux fréqu^lés, car il est 
nécessaire de l'habituer au bruit, au mouvement extérieur, et ne 
lui ôter par moments le chaperon qu'autant qu'il est docile, ne 
s'effraye pas, ne se tourmente pas du bruit des voix étrangères, 
du mouvement qui se fait autour de lui, du passage des chevaux 
et des chiens. Chaque fois qu'on le déchaperonne, il faut lui 
donner unebeccade. Le fauconnier doit souvent parler à son oi- 
seau, lui bien faire connaître sa voix, et lorsqu'il lui accorde une 
beccade, il doit la lui donner en lui faisant un appel de langue 
ou.en sifflant, mais toujours de la même manière, afin d'habituer 
son élève à ce signal. Ces exercices ne sont pas encore l'affaitagc, 
qui ne peut commencer que lorsque l'élève est complètement 
introduitj soumis; ce sont des préliminaires importants, et leur 
durée dépend du caractère plus ou moins farouche de l'oiseau 
qu'il faut, en quelque sorte, apprivoiser. Elles ne demandent, 
dans les cas les plus favorables, que deux à cinq jours, mais 
quelquefois aussi elles exigent huit ou dix jours. Quand l'élève 
est difficile à soumettre, on peut augmenter ou renouveler son 
appétit en lui doimant des cures ; il est plus désireux de paître, 
et la vue du pat, la satisfaction qu'il a à le prendre assouplissent 





98 FAUCONNERIE. 

SOU naturel sauvage. Nous dirons en son lieu comment on pré- 
pare ces cures et l'effet qu'elles produisent. 




Fig. S4 — Déparl pour la chasse au F.iucm. 



FAUCOIS'NERIE im 



AFFAITAGES DES FAUCONS 



Nous supposons l'élève complètement familiarisé et docile, et 
nous allons faire connaître les divers exercices auxquels il sera 
successivement soumis pour l'amener à voler pour bon. Chacun 
de ces exercices demande souvent plusieurs jours, et l'on ne 
passe à l'exercice suivant que lorsque l'élève exécute bien les 
précédents. 

1*''' EXERCICE. — On se propose d'habituer Toiseau à sauter 
spontanément sur le poing du fauconnier qui lui en donne le 
signal. • 

Dès le matki, l'oiseau, étant à jeun, est porté sur la perche, 
sa longe attachée aux jets. Le fauconnier tient la longe de la 
main gantée, il déchaperonne l'oiseau ; de l'autre main il tient 
inie beccade; il se rapproche de l'élève à la distance de quinze 
h vingt centimètres, lui présente le poing de manière à ce qu'il 
puisse facilement y sauter, et, de l'autre main qu'il tient au- 
dessus du gant, il montre une beccade et fait un appel. L'oi- 
seau hésite-t-il, il rapproche insensiblement le poing de la per- 
che, et la beccade n'est livrée que lorsque l'élève a compris et 
obéi. 11 est replace doucement sur la perche, et cet exercice se 
répèle pendant toute la durée du déjeuner. La leçon terminée, 
le chaperon est replacé et l'oiseau remis au bloc. 

Le dîner permet la répétition des mêmes manœuvres. La dis- 
tance à laquelle se place le fauconnier augmente progressive- 
ment à chaque leçon jusqu'à la longueur de la longe, et cet 
exercice doit se faire pendant quelques jours jusqu'au moment 



100 FAUCONNERIE. 

OÙ l'élève obéit à Fappel sans qu'il soit nécessaire de l'affriander 
par une beccade même à d'autres heures qu'à celles du pat. Cette 
leçon est une de celles qui se prolongent indéfiniment, même 
après que les oiseaux sont parfaitement assurés. 

2« EXERCICE. — Cet exercice est une répétition du premier, 
mais dans de nouvelles conditions : le fauconnier détache la longe 
et excite Félève à sauter du bloc sur le poing; il le porte ainsi en 
plein air, remplace la longe par une filière, dépose Toiseau sur 
un gazon, le déchaperonne, s'éloigne à distance d'abord courte 
et toujours progressive, tenant la filière de la main gantée et de 
l'autre un leurre armé, qu'il agite pour le faire voir, en faisant 
un appel. Cet appel est ordinairement le mot hallOy répété deux 
ou trois fois et toujours avec la même intonation. Le pât se trou- 
vant sur le leurre, l'oiseau le connaît en peu temps; il s'habitue 
à recevt)ir ainsi ses repas, il y prend même plaisir, et, dans la 
suite, on verra que cette leçon sert non-seulement pour le mo- 
ment à appeler l'oiseau au poing, mais encore à préparer son 
rappel à plus grande distance quand il volera pour bon. Le fau- 
comiier a appelé l'élève d'abord à la distance de quelques pas, 
puis successivement à celle d'un quart de filière, de demi-filière 
et enfin de toute filière; et, chaque fuis qu'il est revenu au 
poing, il a été affriandé. Cet exercice permet de reconnaître si 
l'élève cherche à dérober ses sonnettes, car il peut, avec la lon- 
gueur de là filière, se croire en pleine liberté. 

5^ EXERCICE. — Les exercices de cette leçon doivent se faire 
dans une orangerie, un manège, si la fauconnerie n'a pas une 
grande pièce close; car, si l'élève n'est pas suffisamment assuré, 
on risquerait de le perdre, puisqu'il va travailler en liberté. Le 
fauconnier procède comme il l'a fait à la leçon précédente : l'oi- 
seau est sur le poing, tenu seulement par les jets, sans longe ; 



. FAUCONNERIE. 101 

un pigeon vif est attaché aune filière et lâché à petite distance de 
l'élève, qu on excite à voler. Si Félève se montre entreprenant 
et lie bien le pigeon, on lui laisse prendre plaisir pendant quel- 
ques instants, et on s approche doucement de lui, toujours par 
devant ; on lui soustrait adroitement sa proie morte en lui sub- 
stituant le leurre. Le fauconnier s'éloigne avec le leurre après 
que rélève a mangé la viande qu'il portait, et il le réclame. Un 
autre pigeon est mis à la filière, et, après quelques instants de 
repos, l'élève se livre de nouveau au même exercice. Il est re- 
porté à son bloc ; mais, comme il est probable qu'il a avalé 
quelques plumes, il ne faut pas oublier de le déchaperonner 
pour la nuit. 

Les exercices d'une leçon préparent ceux de la leçon suivante 
et permettent au maître de prendre confiance dans son élève en 
lui laissant prévoir Tépoque à laquelle il sera complètement 
assuré. 

L'élève a appris à connaître le leurre; il sait qu'à, ce leurre 
est attaché un morceau de viande qu'il prend lorsque, rappelé, 
il est revenu au signal. Quelques jours sont employés alors à la 
répétition de toutes les leçons et à des exercices à plus grande 
distance, et l'élève, indépendamment du plaisir qu'on lui laisse 
prendre sur les pigeons, reçoit bonne gorge et se repose jusqu'au 
lendemain. 

4® EXERCICE. — L'oiseau est supposé de bonne créance, car il 
va voler comme dans la leçon précédente, mais en liberté com- 
plète. Ce sont encore des Pigeons attachés à la filière qui font en 
partie les frais de cet exercice; seulement on augmenté progres- 
sivement les distances en allongeant la filière. 

Si l'élève travaille à la satisfaction du mdtre, il est temps de 
lui faire oublier les Pigeons et de lui faire connaître le gibier au 
vol duquel on le destine. Je suppose que c'est la Perdrix : dans 

9. 



102 FAUCONNERIE. . 

ce cas, on a en volière quelques-uns de ces oiseaux, qui vont 
servir d'abord à la filière, puis en liberté. On a soin de rempla- 
cer le preioier leurre couvert d'ailes de Pigeon par un nouveau 
couvert d'ailes de Perdrix. L'exercice est donc toujours le 
même; toujours suivi de bonne gorge quand il est terminé; et 
enfin, quand l'élève se comporte bien, on lui fait plaisir avec la 
proie qu'il a liée et qu'on lui abandonne. 

5® EXERCICE. — Cet exercice devient plus intéressant; il laisse 
une part à l'émulation : c'est ainsi que le fauconnier traduit le 
mot voracité. En effet, deux élèves prennent part à la leçon et 
volent en même temps sur le même oiseau de filière d'abord, 
puis sur un oiseau d'escape. Le plus habile profite de tous les 
avantages de la situation ; l'autre reçoit néanmoins, s'il a bien 
volé et pour ne pas le décourager, une part de pât, une conso- 
lation. Mais le premier seul jouit de son droit de courtoisie. Il est 
important que les deux oiseaux chasseurs ne se cherchent pas 
querelle. On répète cet exercice à des distances progressives, 
jusqu'au moment où l'oiseau sera jugé assez assuré pour voler 
pour bon. 

6« EXERCICE. — Cette leçon n'est que l'application de toute la 
série des exercices auxquels l'élève a été soumis. Le fauconnier, 
avant de faire voler ses oiseaux devant témoins, doit les essayer 
en plaine au vol pour bon, et s'éloigner des curieux tant qu'il 
n'est pas sûr que ses élèves lui feront honneur. La critique est 
aisée, Tart est difficile. Il faut donc que les oiseaux volent pour 
bon assez longtemps pour que le maître ne soit pas exposé aux 
risées, soit parce qu'im élève dérobera ses sonnettes, soit parce 
qu'il prendra change sur un Pigeon, soit parce qu'il refusera 
de voler ou ne volera pas d'assurance, soit enfin parce qu'il 
charriera sa proie. 



FAUCONNERIE. 103 

Telle est, en général, la marche à suivre pour Taffaitage des 
oiseaux. Ces principes généraux établis, il faut aborder quelques 
questions de détail qui se rattachent à l'espèce qu'on affaite, à son 
caractère plus ou moins souple, quelquefois trop fier, trop ar- 
dent, au pays d'où elle est apportée, au vol auquel on la des- 
tine, etc., etc. 




Eig. S5. — Retour de la chasse au Faucon, 



AFFAITAGE DES GRANDES ESPÈCES DE FAUCONS DÉSIGNÉS GÉNÉRA- 
LEMENT sous LE NOM DE GERFAUTS , FAUCON BLANC , FAUCON 
d'lSLANDE, FAUCON DE NORVEGE. 



Lorsque ces oiseaux de l'extrême nord étaient un objet de 
commerce, ou de cadeaux royaux ou princiers, on a remarqué 
que plus ils étaient grands, forts et âgés, plus leur affaitage était 



104 FAUCONNERIE, 

difficile. On a constaté aussi que plus la température du pays 
natal était froide et plus les élèves offraient de résistance aux 
fauconniers. Enfin on dit que les Tiercelets hagards de ces 
grandes espèces étaient de tous les plus réfractaires. 

Les soins qu'il faut donner â ces oiseaux, à leur arrivée, sont 
ainsi indiqués : Il faut d'abord les essimer, mais, pour le faire 
sans danger, il est indispensable de tenir compte du degré de 
force de leur constitution ; du temps qui s'est écoulé depuis 
qu'ils sont pris, de l'inaction dans laquelle ils ont vécu et de la 
qualité des viandes plus ou moins nourrissantes qu'on leur a 
données. Il faut surtout se bien garder dô rien exagérer : un 
jeûne poussé à Texcès ne produirait qu'un effet momentané ; 
moins rigoureux, mais trop prolongé, il serait suivi de marasme. 
Que Ton se tienne donc dans un juste milieu, et, en cherchant à 
amaigrir l'oiseau pour le dompter, il faut tout combiner, de ma- 
. nière à ce qu'en l'abaissant momentanément, ce soit sans altérer 
ses facultés naturelles, qu'il faut ménager, et qu'il soit possi- 
ble de le relever en peu de temps. L'expérience a appris que l'on 
atteint ce but en ne donnant à l'oiseau que la moitié de la nour- 
riture qu'on lui laisserait prendre, si l'on voulait le tenir dans 
toute sa force. On a le soin de filtrer l'eau qu'il doit boire et de 
laver la viande du pât pour la rendre moins nourrissante et un 
peu laxative. Ce régime ne suffit cependant pas toujours pour 
réduire ses forces et le rendre docile ; il faut parfois avoir re- 
cours au pât de cœur de veau pilé, mis en boulettes et qu'on 
donne à l'oiseau pendant quelques jours, de manière à ce qu'il 
fasse gorge d'une boulette entière. L'effet produit, on revient à 
la première nourriture de chair lavée, à demi-gorge seulement, 
et quelques jours suffisent pour arriver au but désiré. On profite 
de ce temps perdu pour habituer l'élève au chaperon, puisque, 
jusqu'à ce moment, c'est le seul exercice possible. Mais cette 
manœuvre particulière exige quelques détails, à l'égard des plus 



FAUCONNERIE. 105 

indociles. Vers les quinze derniers jours du régime qui vient 
d'être indiqué, on bride une des ailes du Gerfaut ; on lui mouille 
le dessus du dos, les côtés et le devant du corps, en lui jetant 
de Teau avec une éponge. Puis, sans ôter ni relâcher le chape- 
ron, on lui passe une main devant et derrière la tête qu on ma- 
nie, et avec l'autre, munie du frist-frast, on le frotte en appuyant 
sur le dos, sur les côtés et entre les jambes. Si les mouvements 
de la tête sont souples, dociles à la pression de la main, on relâche 
le chaperon pour découvrir à moitié un des yeux. Le chaperon 
est maintenu ainsi ou resserré plus ou moins promptement, sui- 
vant la conduite de Toiseau. On renouvelle les frictions à l'aide 
du frist-frast ; on découvre un œil, on le recouvre alternative- 
ment, et bientôt les deux yeux peuvent être démasqués, mais, 
sans ôter entièrement le chaperon, dans lequel le bec reste tou- 
jours engagé. Ces manœuvres, qui se font d'abord dans le si- 
lence, risolement et une demi-obscurité, ont un succès tel, que, 
si on les commence le matin, et si elles sont répétées dans la 
journée, il est assez ordinaire de voir le Gerfaut, ainsi tourmenté 
sans relâche, s'adoucir assez dans la soirée, quoique découvert, 
pour lui laisser voir compagnie. Si l'on juge l'élève assez dé- 
primé, ou assoupli, pour faire cesser son isolement, il faudra 
éviter tout ce qui pourrait l'intimider, l'effrayer, éveiller sa dé- 
fiance. Les personnes qui entreront dans la fauconnerie seront 
placées de manière à le voir en face, et se garderont de passer 
derrière lui : si l'oiseau prend peur, la souplesse acquise est 
perdue et il faut revenir aux premières épreuves. Si rien ne le 
dérange, on continue le régime indiqué jusqu'ici, et l'exercice 
fréquent du chaperon. On le veille, et on se sert du frist-frast 
jusqu'à une heure avancée de la nuit ; alors on lui laisse prendre 
un repos dont il a grand besoin. 

Un Gerfaut est rarement introduit avant un mois de séques- 
tration et quinze ou vingt jours de demi-régime. Mais, dès que 



106 FAUCONNERIE, 

cette première éducation est assurée, on peut commencer à 
éprouver sa docilité. Les dix premiers jours sont employés à la 
fréquente répétition des exercices précédents, qui commencent, 
chaque jour, dès le matin, et se prolongent jusqu'au milieu de 
la nuit. Mais on laisse peu à peu l'oiseau plus longtemps décou- 
vert, pour qu'il s'accoutume au bruit, au mouvement, aux 
chiens qu*on tient d'abord à distance, en laisse, et qui doivent, 
eux aussi, être habitués au faucon. . 

A cette époque de l'initiation, l'oiseau, à demi découvert, 
reçoit quelques beccades, puis progressivement on en permet un 
plus grand nombre sans mettre le chaperon, et Ton arrive à lui 
donner sa ration entière sans être couvert. L'introduction s'avance 
lorsque Télève se montre empressé à prendre sa nourriture, do- 
cile aux autres exercices et paisible à la vue des hommes et des 
Chiens. L'élève est porté chaperonné dans une pièce où n'entrent 
que le maître et ses aides, et où se trouve une table sur laquelle 
est attachée une queue de Bœuf dépouillée. Les aides sont placés 
de manière à faire face à l'oiseau lorsqu'il sera déchajperonné. 

Le maître, ayant à la main ime aile de Pigeon sanglante, et en- 
core chaude, s'approche de l'oiseau, la lui fait sentir, et, au mo- 
ment où le Gerfaut s'acharne sur ce pât presque vif, et en a déta- 
ché une ou deux beccades, on le découvre et l'on tire doucement 
* l'aile sur la queue de Bœuf; l'oiseau suit, se jette sur la queue ; 
l'aile est enlevée, pour être représentée quelques instants après 
dans le creux de la main : à mesure que l'oiseau pose sur cette 
aile l'une, ou l'autre de ses serres, on élève doucement la main 
en faisant, à voix basse d'abord y le cri du leurre hallo-hallo, et 
tandis qu'il s'acharne de nouveau sur l'aile, on le chaperonne 
aussi légèrement que possible. Un moment après on retire l'aile, 
et l'exercice recommence. L'oiseau découvert re^irend la queue 
de Bœuf; on le relève en lui présentant une nouvelle aile de Pi- 
geon, avec laquelle on le leurre. Un des aides lui donne, dans sa 



FAUCONNERIE. lOT 

main, le complément delà ration : pendant qu'il mange et lors* 
qu'il arrive aux dernières beccades, on le recouvre ; on l'achariie 
encore quelques instants sur Taile, et l'exercice finit par la fric- 
tion du frist-frast. Le lendemain on recommence, en attirant 
Foiseau vers la table par un appât dont on le tient un peu plus 
éloigné, en haussant la voix par le cri du leurre, en même temps 
qu'on Tacharne. Dans la soirée du même jour, Foiseau étant 
placé sur sa perche et découvert, on passe devant, et à quelques 
pas de lui, avec une lumière; on la promène doucement, en 
ayant soin d'éviter d'abord que Fombre qui sera j^oduite passe 
derrière lui; on F y habitue ensuite peu à peu, et lorsqu'on s'a- 
perçoit que les divei's mouvements qu'on répète autour de lui 
ne lui font plus d'impression, ou emporte la lumière, après la 
lui avoir montrée pendant une ou deux heures. 

Les quatorzième et quinzième jours sont consacrés aux mêmes 
exercices en plein air, sur le gazon, et en augmentant progressi- 
vement les distances. On tient d'abord Foiseau fort court et on le 
leurre de près ; on lâche la longe insensiblement, on la remplace 
par la filière, et on le leurre de plus loin, en sorte que le sei- 
zième jour le leurre soit présenté de cinquante à deux cents 
mètres. On ne manque pas, à chacun de ces exercices, de l'ac- 
coutumer au cri du leurre, dans tout son éclat, et tel qu'il l'en- 
tendra les jours de chasse. 

Pendant toute la durée de ces exercices, la ration journalièie 
diminue d'autant plus qu'on approche davantage du terme des 
quinze jours, pendant lesquels l'oiseau a reçu deux ou trois fois 
une cure d'ail et d'absinthe. Chaque soir, on le couche à la lu^ 
mière et on cherche à le fortifier dans l'habitude des objets qu'il 
doit voir et des mouvements qu'il voit faire. 

Pendant les deux jours qui suivent cette laborieuse quinzaine ^ 
on acharne le Gerfaut sur une Poute. Le premier jour^ on ne lui 
ote le chaperon que loi-squ'on le voit acharné. Le second, on 



108 FAUCONNERIE, 

commence par le découvrir; la Poule lui est montrée à cinq ou 
six pas, en l'avertissant par le cri du leurre. Pendant les exer- 
cices, la Poule reste complètement à la disposition du Faucon, et 
il s*en repaît avec grand plaisir. Il ne faut pas manquer de pro- 
fiter de ce moment pour affecter de se mouvoii' autour de lui, de 
parler, de crier, afin de l'habituer du plus en plus au bruit et à 
l'agitation. 

Le jour suivant on le tient ferme, pour le mieux disposer à 
l'épreuve décisive du lendemain, et qui consiste à le leurrer à 
grande distagce, de cent à quatre cents mètres, sans filière. 

Les différents exercices dont nous venons de parler forment 
la première partie de l'éducation du Gerfaut ; le but qu'on se 
proposait était d'oitenir la docilité de l'élève en l'abaissant, de 
Thabituer à recevoir sa nourriture au lieu de la chercher lui- 
même, et de le façonner au bruit et à l'intervention du fau- 
coimier. Il faut maintenant aborder la partie sérieuse de l'affai- 
tage et lui faire poursuivre une proie qui cherche à s'échapper et 
qu'il doit atteindre et saisir. Ces derniers exercices demandent 
im temps plus ou moins long, suivant les dispositions et le ca? 
ractère de l'oiseau. 

Le premier jour, on enferme dans une peau de Lièvre, prépa- 
rée en forme de sac, un Poulet dont la tête peut sortir par une 
ouverture pratiquée à la partie supérieure du sac ; cette peau est 
déposée sur le sol, et représente plus ou moins bien un Lièvre au 
repos. On donne à ce leurre le nom de traîneau. L'élève est dé- 
chaperonné à quelques pas de la peau, le Poulet ayant la tête 
hors du sac; le Gerfaut se dirige sur ce leurre, aussitôt le Poulet 
rentre sa tête et cherche à se cac.her ; mais les mouvements qu'il 
imprime au sac et ses cris animent le Gerfaut, qui s' acharne sur 
la peau. On Texcite en lui présentant sur le poil du Lièvre quel- 
ques beccades ensanglantées, puis on le relève et on le chape- 
ronne. Après une pause de quelques minutes, on répète le même 



FAUCONNERIE. 109 

exercice à des distances plus grandes de plusieurs pas et en fai- 
sant faire, à l*aide d'une longue filière, quelques mouvements 
au traîneau qui, jusque-là, avait été présenté immobile. 

Dix jours sont consacrés au même exercice, en augmentant les 
distances et en précipitant les mouvements du traîneau. Un aide 
qui le tirait d'abord fort doucement, le tire un peu plus vite, 
puis rapidement en courant à toutes jambes, puis enfin il l'en- 
traîne au galop d'un cheval. 11 est important que l'homme et le 
cheval qui servent à l'exercice soient à une grande longueur 
de filière du traîneau, afin de ne pas détourner la vue de l'oiseau 
de l'objet qu'il doit saisir. Dans les premiers jours de cet exercice, 
on peut, pour mettre la peau en mouvement sans donner de dis- 
traction à l'oiseau, se servir d'une petite poulie montée vertica- 
lement sur un piquet qu'on fixe à cent pas en avant au plus 
du point de départ de l'oiseau ; la filière est engagée sur la 
poulie, et l'aide qui la tire en ieus opposé peut être placé der- 
rière le fauconnier, qui lui donne des ordres à volonté. 

Tant que le Gerfaut attaque la peau immobile, il n'a pas de 
fatigue, mais, quand il vole sur le leurre en mouvement, il sem- 
ble étonné, il ne l'atteint d'abord que le bec ouvert et un peu ha- 
letant; mais un peu d'habitude le met bientôt en haleine, et la 
leçon se répète jusqu'à ce qu'il arrive sur le traîneau le bec serré 
et sans haleter. 

Cet exercice sert, non-seulement à faire connaître le Lièvre au 
Gerfaut, mais à le fortifier par l'exercice même et à le mettre en 
haleine, ce qui est absolument indispensable, à quelque vol qu'on 
le destine. Il faut, chaque fois que l'oiseau lie bien le leurre, et 
s'y acharne vivement, piquer après la sonnette, pour arriver 
promptement à lui faire courtoisie, et lui donner quelques bec- 
cades diaudes sur les poils de la peau. 

L'affaitage est presque terminé, si l'oiseau est destiné au vol 
du lièvre, il ne reste en effet que l'exercice sur des lièvres vi- 

iO 



110 FAUCONNERIE, 

vants, d'abord captifs et puis libres, pour clore la leçoii. Mais si 
l'on se propose de lui faire voler le Héron, la Grue et le Milan, il 
reste encore quelques exercices particuliers en rapport avec les 
habitudes de ces espèces diverses. 

Quand le Gerfaut est en haleine par l'exercice du traîneau, on 
lui fait connaître le gibier au vol duquel on le destine. On rem- 
place le traîneau, par exemple, par une peau de Héron ; on la 
lui jette à quelques pas et progressivement de plus loin en plus 
loin. On établit à la plus grande hauteur possible une corde qui 
passe d'un arbre à un autre, et au milieu de laquelle on attache 
une petite poulie montée. On obtient ainsi une filière verticale à 
l'aide de laquelle on enlève la peau de Héron, pour habituer le- 
Icve à lier sa proie en Fair, et en mouvement ascendant ou des- 
cendant. Quand le Faucon a bien lié sa proie, il faut lui donner 
dans les plumes de la peau quelques beccades chaudes pour Ta- 
chainer. Cette leçon, comme toutes les autres, est toujours sui- 
vie par des exercices avec le vif captif et le vif libre. Quand on 
emploie le vif captif, on déchaperonne le Gerfaut au moment où 
le Héron s'enlève, on le jette quand le gibier est à hauteur vou- 
lue, d'abord faible, puis successivement plus grande. On sait que 
le Gerfaut qui a lié une fois sa proie à ulie élévation de dix mè- 
tres la lie bientôt à cinquante, puis à cent, enfin à quelque hau- 
teur qu'elle monte, et Taffaitage est complet et ne demande que 
de la pratique. 

AFFAITAGE DU SACRE* 

L'éducation du Sacre demande un régime plus sévère encore 
que celui en usage pour les Gerfauts. Cet oiseau est plus fier^ 
et il n'est possible de le réduire que par des privations et un 
jeûne poussé presque à l'excès. Lorsqu'un Sacre est suffisamment 
abaissé, on commence à le faire venir au pohig et à lui faire la 



FAUCONNEIUE. 111 

tête. Le régime d'abaissement continue néanmoins jusqu'au point 
où il semble ne plus pouvoir soutenir ses ailes. Alorà commence 
une éducation dont la durée est d'environ quarante ou quarante- 
cinq jours. 

Les exercices sont jusque-là les mêmes que pour les Gerfauts, 
et ils sont faits dans les mêmes conditions. Seulement, quand le 
Sacre commence à sauter au poing, à sup[>orter la manœuvre du 
chaperon, et qu'il se montre docile, on le remonte, mais il ne 
faut Je faire qu'autant qu'on est sûr de sa docilité. Du cinquième 
au vingtième jour, les exercices du leurre ont lieu en plein air, 
en augmentant progressivement les distances jusqu'à celle do 
cent à deux cents mètres. 

Le vingtième jour, l'exercice se fait à, vif, à petite distance, 
avec un Pigeon vivant captif et au piquet, c'est-à-dire attaché à 
deux ou trois pas de l'élève. Il ne faut pas s'inquiéter si le Sacre 
hésite à s'y acharner, comme s'il ne connaissait plus le vif; 
bientôt il se remet et s'élance sur le Pigeon. 

Les jours suivants, selon le vol auquel on le destine. Lièvre, 
Buse ou Milan, les exercices se font avec le traîneau de peau ou 
avec une Poule d'un plumage brun ou roussâtre. Quand le Sacre 
lie bien sa proie cîtptivé, on met à la filière une Buse ou un 
Milan vivants auxquels on a émoussé le bec et les ongles, ou on 
le jette sur un Lièvre d'escape. Les derniers exercices consistent, 
si le Sacre doit voler le Lièvre, à faire lever un Lièvre p«ir un 
Chien auquel on met des entraves, puis par deux Chiens, et on 
habitue ainsi Toiseau à voler en même temps que les Chiens 
courent le Lièvre. S'il doit voler la Buse ou le Milan, on se sert 
d'un leurre fait avec les ailes de ces espèces d'oiseaux, et les 
exercices se font, comme pour les Gerfauts, à des hauteurs plus 
ou moins grandes. En délinitive, on le jette sur Buse ou Milan 
libres quand il est suffisamment assuré. 



iJ2 FAUCONNERIE. 



FAUCON PELERIN. 

L'éducation des Faucons est moins longue et moins laborieuse 
que celle des Gerfauts et des Sacres ; le régime est moins rigou- 
reux, et la durée de Taflaitage ne dépasse guère un mois. Le 
faucon niais est même quelquefois dressé en quinze jours, puis- 
qu'il est presque apprivoisé lorsqu'on le met à l'exercice. Le 
Faucon sors demande, on le comprend, un peu plus de temps; 
le Faucon hagard en exige aussi un peu plus que le précédent, 
et le Faucon plus âgé est le plus réfractaire. 

Il faut abaisser le Faucon et en même temps lui faire la tête. 
Le vingtième jour on l'exerce à la petite escape, le Pigeon tenu 
à la filière. Le vingt-troisième jour, suivant le vol auquel on le 
destine, on lui donne au piquet une petite Poule noire pour 
représetiter la Corneille, une Poule rousse comme leurre de Mi- 
lan, une Poule grise comme leurre de Héron, et on lui laisse 
prendre plaisir et manger une partie de sa victime.. Le lendemain 
on le tient très-ferme. Le vingt-cinquième jour on Uii donne au 
piquet une Corneille, un Milan ou un Héron, en ayant soin d'é- 
mousser les ongles et le bec de ces oiseaux, ou de mettre l'étui 
au bec du Héron. Les deux jours suivants on met ces oiseaux à 
la filière, en augmentant les distances et les hauteurs, et le tren- 
tième jour on les escape. 

Quelques Faucons, naturellement actifs et courageux, se mon- 
trent franchement dès le commencement de l'escape du Héron, 
et à la vue de cet oiseau ils s'animent et laissent paraître dans 
leurs yeux et leurs mouvements les dispositions hostiles qui les 
portent à le combattre sans hésitation. Les Faucons ne font pas 
d'abord paraître un grand courage en Mie d'un Milan, soit qu'ils 
craignent cet oiseau avant d'avoir bien éprouvé leurs propres 
ressources et essayé leurs forces, soit que l'antipathie réciproque 



FAUCONNERIE. 113 

soit moins marquée. Généralement il ne faut pas perdre patience 
lorsque le Faucon semble paresseux ou lent à s'animer pendant 
les exercices. On a souvent remarqué que les plus tardifs de- 
viennent par la suite plus ardents et plus assurés que ceux qui 
ont lait paraître d'abord une ardeur précoce. 11 faut ne pas se 
rebuter dans le cours de l'éducation de ces oiseaux tardifs, mais 
leur donner plus de soins et multiplier ou continuer plus long- 
temps, à leur égard, les moyens d'excitation. Le Faucon qui se 
jette précipitamment sur toute espèce de volaille, dès qu'il est 
déchaperonné, est un pillard et un oiseau sans valeur. Car on 
doit craindre que, se livrant toujours à cette chasse sans noblesse, 
il préfère cette proie facile et commune au gibier qu'il doit 
voler. 

AFFAITAGE DE LÉMERILLON. 

L'Émerillon est le plus docile et le plus sociable des oiseaux 
employés pour le vol ; il se familiarise en peu de jours, aussi 
son éducation est-elle courte et facile. Il n'est pas nécessaire de 
le chaperonner, ni de lui faire subir de longues privations pour 
le réduire ou le faire venir au poing; on ne lui met de chaperon 
que pour le transporter. Il suffit de l'abaisser un peu, de le faire 
venir au poing, en Taffriandant comme les autres oiseaux, d'a- 
bord à petite distance, et progressivement à de plus longues: il 
devient, en deux ou trois joure, si docile, qu'il semble pressé de 
voler au premier appel sur le gant qu'on lui tend. Les niais et 
les branchiers s'habituent facilement à la personne qui en prend 
soin ; les Émerillons sors et hagards n'exigent que quatre ou cinq 
jours d'abstinence pour être assouplis ; les vieux mêmes ne ré- 
sistent guère plus longtemps. L'éducation est donc à peu près la 
même pour tous, sauf quelques dispositions de détail qu'il est 
facile de comprendre quand on s'est bien pénétré des principes 
généraux d'affaitage. 

10. 



f14 FAUCONNERIE: 

L'Érnerillon est le plus comnaun de tous les Faucons; il est 
assez facile de se le procurer; sa petite taille ne le rend pas em- 
barrassant, tout chasseur intelligent et doué d'un peu de patience 
peut le dresser et en faire un objet d'amusement; il n'occasionne 
aucune dépense; il vole avec ardeur et courage la Caille, le Râle, 
le Perdreau, le Pluvier, et surtout l'Alouette, aussi pensons-nous 
qu'il peut être agréable d'avoir à sa disposition un moyen de 
distraction nouvelle, à laquelle toute une société peut prendre 
part sans fatigue, presque sans dérangement, et comme but de 
promenade. 

Voici comment on procède à l'éducation et à Taffaitage de 
l'Émerillon. L'Émerillon pris, niais ou brancbier, sors, hagard 
ou vieux, est armé de grelots et de jets; il est placé immédiater 
ment dans une chambre doiït les fenêtres ne seront bouchées 
que par un grillage ou simplement par une toile ajustée sur un 
cadre. On disposera un bloc ou perche pour que Toiseau ne reste 
ps sur le sol, mais on le laissera en pleine liberté. Un abreuvoir 
et un petit baqiTct contenant du sable et quatre ou cinq centi- 
mètres d'eau seront mis près de la perche. 

Ces niais et les branchiers sont famiharisés naturellement par 
les soins qu'on leur a donnés ; nous ne parlerons donc que de 
l'oiseau qui a été pris après avoir joui pendant quelque temps 
de la liberté. Le lendemain de son entrée en chambre, premier 
jour de l'enti-aînement, on lui servira, le matin à sept heures, 
line ou deux beccades de viande quelconque, et on lui fera corii- 
pagnie, pour l'habituer. Le soir, à cinq heures, on lui servira 
do nouveau une beecade en essayant de la lui faire prendre à la 
main, on ne lui en donnera une seconde, et toujours à la main, 
qu'autant qu'il aura pris la première avec un commencement de 
docihté. 

Les mêmes dispositions seront prises pendant quelques jours, 
trois à six, suivant le caractère plus ou moins souple de l'élève, 



FAUCONNERIE. 115 

et il aura été exercé pendant ce temps à venir sur le poing. Dès 
qu'on aura obtenu de lui cette marque de soumission, on Taf- 
friandera à petite et progressivenjent à plus grande distance, en 
lieu clos d'abord, à Tair et à la filière ensuite. A partir de ce 
moment, il faut renoncer au pat continu de viande de boucherie 
et lui donner souvent les petits oiseaux qu'il sera facile de se 
procurer morts ou vifs. Les exercices du vol commencent à la 
filière pour l'élève et l'oiseau d'escape; il est rare que dès le 
premier essai l'élève ne lie pas immédiatement le gibier qui lui 
est présenté, et après plusieurs exercices du même genre, il est 
assuré, surtout si le maître a su être doux, patient, soigneux, 
plein d'attention pour son élève, et qu'il ait mis l'intelligence 
indispensable pour bien tenir compte de son caractère. 

Avec toutes ses qualités, l'Émerillon a ce que le chasseur ap- 
pelle un défaut, il veut chasser pour lui et jouir de son droit. 
En effet, dès qu'il a lié une Alouette, il la prend dans le bec, 
puis dans les serres, et il la charrie pour en faire curée. On le 
corrige de ce défaut, dès les exercices à la fifière d'abord, en 
donnant un petit coup sec sur la filière de l'Alouette au moment 
où l'cHseau la lient dans le bec. Dans ce cas, la victime laisse 
quelquefois sa tête à l'Émerillon, qui en fait curée, ou bien elle 
tombe sur le sol sous l'impulsion de la filière, et l'élève la suit; 
elle est subtilement remplacée par le leurre acharné, et, pendant 
que l'Émerillon s'occupe du leurre, le maître fixe promptement 
l'Alouette à terre à l'aide d'une brochette en T. Le Faucon revient 
sur sa proie avec acharnement, mais, ne pouvant plus l'enlever 
ni la déplacer, il prend l'habitude de faire curée sur place. 
Quand il volera pour bon, on lui retirera doucement, mais ha- 
bilement l'Alouette, en présentant à l'oiseau le leurre acharné. 
Après les exercices d'affaitage, et lorsque l'oiseau a fait preuve 
d'une docilité qui ne faillira pas, il faut lui faire bonne gorge de 
gibier. 



i16 FAUCONNERIE. 



AFFAITAGE DE L AUTOUR. 

L'Autour niais ne doit être enlevé de l'aire que lorsque ses 
plumes commencent à noircir et que les pennes de la queue sont 
à demi-longueur; plus ces oiseaux sont avancés, plus ils sont 
estimés. Il faut les tenir dans un local sec et chaud, les bien 
traiter et les nourrir de bonne viande, en ayant soin de ne leur 
laisser avaler de plumes ni de poils que lorsqu'ils sont assez forts 
pour dégager leur mulette. On les habituera facilement au poing 
en les tenant souvent. 

L'Autour branchier est très-recherché, cependant il a déjà 
de la malice, et les premiers temps de son éducation exigent 
beaucoup de patience. 11 faut, pour les familiariser plus facile- 
ment, les nourrir à la main, leur donner du vit, consistant en 
petits oiseaux préalablement plumés. 

L'Autour passager ne doit pas être abaissé autant que les 
Faucons; il s'élève bien quand il n'a pas plus de deux ans, mais 
on lui préfère le niais et le branchier, qui, mieux familiarisés 
et n'ayant.pas connu la liberté, suivent mieux leur maître. 

Il n'y a pas d'oiseaux plus propres à prendre beaucoup de Per- 
drix, et pour faire cette chasse avec plus de succès, il faut leur 
donner en volant tout l'avantage possible. On prend deux Au- 
tours qu'on tient séparément' aux deux ailes de la quête, à cin- 
quante ou cent pas de celui qui la conduit, de manière à les 
avoir à portée des Perdrix qui partent. S'ils volent tous deux sur 
la même perdrix, il faut arriver promptement à la chute pour 
éviter une lutte souvent dangereuse. 

On ne jette pas l'Autour comme le Faucon, il vole le plus sou- 
vent d'amont au-dessus du chien et du chasseur, pu se branche 
sur quelque arbre du voisinage pour attendre le départ du gibier. 
Il ne faut jamais perdre TAutour de vue, car s'il empiète un 



FAUCONNERIE. 117 

Perdreau et le mange à la dérobée, il recommencera à la pre- 
mière occasion et deviendra indocile. Il aime le tiroir et il faut 
le lui donner tous les matins et le jardiner au soleil au moins 
pendant une heure. En le rentrant, il mangera volontiers un ou 
deux petits morceaux de viande baignée dans de Teau légère- 
ment sucrée; cette friandise est recommandée pour lui permettre 
de se laver le bec et de nettoyer ses narines ; il est aussi néces- 
saire qu'il se baigne une fois par semaine, et il le fait avec grand 
plaisir. L*Autour qui commence à chasser a besoin de grands 
ménagements; il ne doit d'abord voler qu'un Perdreau par 
jour, et quand il en volera un second, ce ne sera qu'après un 
repos d'au moins une demi-heure. Supportant mal la forte cha- 
leur et rhumidité, il chasse mieux en automne et en hiver 
qu'en été, et s'il rencontre de la rosée, il va se brancher au lieu 
de chasser. 

Si la Perdrix chassée a pu se réfugier dans un buisson, il se 
met à son avantage pour la bloquer et attend que le chasseur 
vienne la relever. S'il l'a empiétée, il faut l'aborder doucement 
pour le secourir et lui prendre la Perdrix plus doucement encore. 
Dans le cas où l'Autour resterait branché et sourd au rappel, il 
faut atoir recours au tiroir ou à une Perdrix à la filière. 

« A ceux qui tiennent des oyseaux, plastost pour fournir leur 
table que pour plaisir, tels oyseaux leur seront plus agréables 
que nuls des autres. Parquoy j'ay pensé de leur donner les in- 
structions et addresses qu'ils doivent tenir lorsqu'ils recouvre- 
ront des Autours, soient niais, branchiers ou passagers, et ce 
pour les eslever, pour les dresser, pour les faire voler et pour 
les panser en leurs maladies. Il y sera dit aussi comme on les 
doit muer. Je vous diray bien encores que si les Autours avaient 
la créance et le courage des Faucons qu'il n'y aurait pas de 
meilleurs oyseaux, tant pour n'estre sujets d'aller au change ou 
de s'escorter que pour leur juste arrest. Ils sont bons oyseaux 



118 FAUCONNERIE, 

soit eii là plaine, soit aux coteaux et mesme jusque dans l^s fo- 
rests, pourveu que le vent ne les destourne. La volerie des Au- 
tours est commode à trois qualités de personnes. Premièrement 
à gens qui aiment l'espargne; car, faisant Yoler tels oyseaux, ils 
les peuvent faire secourir pair des valets à pied, et espagrgner par 
ce moyen leurs Chevaux. Secondement, pource qu'ils peuvent 
aller à leur aise à la chasse et à la remise sur le traquenart, ou 
bien sur la mulle. Tiercement, à ceux qui ignorent Tart de fau- 
connerie; car avec peu de science ils feront voler ces oyseaux, 
d'autant que ceste volerié consiste toute en ruses. Si vous voulez 
tenir de tels oyseaux, il leur faut donner çn volant tout l'advan- 
tage qu'il se pourra; jusques à les tenir du costé auquel vous 
jugerez que les Perdrix doivent passer, ce qui se fait aisément 
en pays de coteaux. Qui voudra prendre grande quantité de Per- 
drix en plaine ou en coteaux, il le fera avec deux Autours ou 
Tiercelets, en les tenant un à chasque bout des aisles de la queste, 
à trois ou quatre cens pas loing de.celuy qui la meine. Et, par 
ce moyen, en quelque part que les Perdrix prennent retraicte, 
elles trouveront un oyseau en teste sur la fin de leur force. Mais 
aussi il se faudrait donner garde qu'ils ne fussent pillarts; car 
si, par mal-heur, ils se rencontroient sur une Perdrix, ils se 
pourroient tuer l'un l'autre, comme autrefois il est advenu. On 
tient communément l'Autour à la cuisine, et plusieurs parlans 
des oyseaux, ils le nomment Cuisinier : ce n'est pas qu'il prenne 
plus de Perdrix qu'un Lanier ou un Sacre, mais pour la raison 
susdite, ou bien c'est qu'aucuns qui veulent aller serrez don- 
nent la charge de le traicter au cuisinier, qui fait trois offices, 
de cuisinier, de chasseur et de pourvoyeur. Raison qui les fait 
tenir à la cuisine : c'est pour lés assurer au bruit des gens et de 
Chiens. D'Arcussia. 



FAUCONNERIE. 119 



AFFAITAGE DE L EPERVIER. 



L'éducation de l'Épervier est plus difficile que celle de l'Au- 
tour, et cet oiseau présente des différences individuelles de ca* 
ractère plus grandes que celles observées chez tous les autres 
oiseaux employés au vol. Aussi tel de ces oiseaux sera soumis en 
six ou huit jours, et la soumis^on de tel autre ne sera obtenue 
. qu'après douze ou vingt jours déjeune et d'épreuves. 

Avant de faire voler l'Épervier pour bon, il est important de 
lui faire répéter ses leçons dans un verger et de ne le croire as- 
suré que lorsque, réclamé, il cherchera de lui-même son maître, 
qui affectera de se cacher. L'Épei-vier est généralement un oiseau 
courageux et de bon travail ; mais on sait par expérience qu'il 
faut presque continuellement le tenir en haleine; l'inaction laisse 
prendre le dessus à sa fierté et à son indocilité, il a besoin d'être 
entretenu et comme vol et comme familiarité. 

SOINS GÉMÉRAUX. 

Les livres de fauconnerie sont remplis de recettes plus ou 
moins fantastiques pour guérir les maladies des oiseaux. En réa- 
lité, ces maladies sont peu nombreuses, presque toujours les 
mêmes, et dépendent des mêmes causes, la captivité, La vraie 
science du fauconnier médecin consiste à bien traiter ses oiseaux, 
à les bien nourrir et à ne les pas fatiguer au delà de leurs forces. 
11 est difficile d'obtenir la guérison de la plupart des maladies des 
• oiseaux ; le meilleur remède consiste, dans la grande majorité 
des cas, à les placer dans des conditions qui ressemblent à la 
liberté et à leur donner du vif de leur goût. Tous les autres 
moyens sont sans valeur, aussi n'en parlerons-nous pas. 

La qualité de la nourriture, sa distribution intelligente, des 



120 FAUCONNERIE, 

soins hygiéniques bien entendus entretiendront parfaitement la 
santé des oiseaux. Il faut au moins une fois par semaine ne don- 
ner qu'une petite quantité de nourriture aux oiseaux de vol. Ce 
quart de ration correspondra au jeûne auquel ils sont acciden- 
tellement soumis à Tétat sauvage, car leur chasse est parfois 
improductive et leur régime très-irrégulier. On leur donnera 
aussi quelquefois du vif poil ou plume pour qu'ils puissent rendre 
naturellement leui* pelote, comme ils le font lorsqu'ils sont en 
liherté. 

11 y a, chaque année, une époque à laquelle les oiseaux sont 
souffrants, c'est celle de la mue; il convient alors de leur donner 
une grande liherté, de leur ôter.les entraves, le chaperon et de 
les laisser voler librement dans la fauconnerie, qui sera garnie 
de plusieurs hlocs sur lesquels ils se poseront à Taise. Leur nour- 
riture sera plus abondante et plus soignée; ils pourront, comme 
toujours mais surtout pendant la mue, se baigner à leur conve- 
nance, et on les laissera dans le repos le plus absolu. 

Les oiseaux de travail, surtout les grandes espèces, ne peuvent 
être employés tous les jours. On leur donne bonne gorge après la 
chasse, demi-gorge le lendemain, pour chasser le surlendemain. 
Quelques accidents surviennent aux oiseaux pendant le vol ou 
même à la fauconnerie; une aile, une cuisse, une patte cassées; 
un coup, la perte de plumes, etc.; le degré de gravité de Tac- 
cident indiquera le parti à prendre, mais le plus souvent il faut 
renoncer à F oiseau, ou le soigner sans espoir de Tutiliser et par 
reconnaissance des services qu'il a pu rendre. 

On donnait à chaque oiseau un nom particulier; ce nom était 
inscrit sur le bloc, comme le sont ceux des chevaux dans les 
grandes écuries, et cet usage s'est consené dans les rares fau- 
conneries d'aujourd'hui. Nous citerons quelques-uns de ces 
noms : Sultan, César, Marquis, Baron, Gentilhomme, Bijou, 
Rapide, le Corse, l'Africain, Zoé, la Perle, Coquette, Fidèle, etc. 



OBSERVATIONS 

Ê 

SUR LE VOL DES OISEAUX 



Georges Cuvier, préoccupé avec juste raison de la valeur rela- 
tive des types zoologiques par rapport à leurs aptitudes, avait 
placé les Faucons à la tête des rapaces nobles. Ce sont, en effet, 
parmi les oiseaux de proie diurnes, les meilleurs voiliers et les 
plus courageux. 11 leur faut une proie vivante qu'ils saisissent 
au vol. Ils suivent, pendant leurs migrations, les bandes de cer- 
tains oiseaux voyageurs au milieu desquels ils choisissent cha- 
que jour leurs victimes, se mettant ainsi à leur poursuite et les 
accompagnant comme plusieurs cétacés et certains gros poissons 
accompagnent les bandes de harengs. 

Le vol des Faucons est soutenu, rapide, et se plie à toutes les 
exigences des diverses circonstances dans lesquelles ils se trou- 
vent. Ainsi, le plus souvent, ils planent longtemps et décrivent 
des cercles du haut des airs au-dessus de la victime objet de leur 
convoitise; ils la forcent à s'abaisser graduellement, rétrécissant 
insensiblement le cercle de leurs spirales jusqu'à ce que l'ani- 

11 



122 . FAUCONNEniE. 

mal, étourdi et fasciné, se réfugie timidement vers la terre ou 
se blottisse. Ils s'abattent alors comme un trait sur lui et l'en- 
lèvent. 

Ce n est cependant pas toujours ainsi que chassent tous les 
Faucons à l'état sauvage. M. le comte de Riocourt a communi- 
qué au naturaliste Sonnini les observations suivantes, que nous 
reproduisons textuellement : « Les Faucons arrivent dans les 
plaines de la Champagne vers la fin d'août. Ils chassent seuls ou 
quelquefois deux ensemble. Le Faucon se tient sur une motte 
de terre ou sur une branche basse, d'où il part avec la rapidité 
de l'éclair dès qu'il aperçoit une compagnie de Perdrix à quel- 
que distance que ce soit. Il la suit ou la croise, l'atteint, et, en 
la traversant, tâche d'en saisir une avec ses serres; s'il ne réussit 
pas de cette manière, il lui donne, en passant, un coup si vio- 
lent avec sa poitrine, qu'il l'étourdit, s'il ne la tue. Il revient 
alors sur elle, et son agilité est telle qu'il l'enlève souvent avant 
qu'elle soit à terre. Alors il la dévore sur la place même ou il la 
porte derrière un buisson. Le Faucon ne suit pas à pied les Per- 
drix, comme font la Soubuse et l'Autour, et ne se jette pas non 
plus d'aplomb sur elles; c'est en passant et repassant au-dessus 
d'elles qu'il cherche à les faire lever. Il vole bas lorsqu'il chasse 
en rasant la terre un peu au-dessus de sa proie, et fait alors un 
bruit semblable au siffïeaient d'une balle. Il fait sa pâture de 
tous les oiseaux, Alouettes, Grives, Pigeons, Canards; ceux-ci 
plongent aussitôt qu'ils l'aperçoivent; les Perdrix se jettent à 
terre et se cachent dans les buissons, d'oii il est difficile de les 
faire sortir. C'est presque toujours dans le même endroit que le 
Faucon passe la nuit. Il s'y rend peu de temps après le coucher 
du soleil et se blottit sur une grosse branche d'arbre, près du 
tronc. Son sommeil n'est pas aussi profond que celui de la buse; 
aussi l'approche-t-on plus difficilement. Le moyen le plus sûr 
pour le tuer, quand on a découvert l'arbre sur lequel il couche, 



FAUCONNERIE. 123 

ast de se rendre sur les lieux une demi-lieufe avant le lever ou 
le coucher du soleil et de le tirer au départ ou à Tarrivée. Il 
quitte les plaines de la Champagne vers la fin de février, et il ne 
revient qu*après la récolte des céréales. » 

Nous croyons devoir extraire d'un livre rare aujourd'hui et 
fort intéressant, quelques observations sur le vol des oiseaux. 
Ce livre a été publié à Genève en 1784, par Huber, alors que la 
fauconnerie était encore en vigueur. 

Dans une sorte d'avis au lecteur, Huber dit que pour se faire 
une idée nette et précise du vol des oiseaux de proie, qui sont, 
de tous les oiseaux, ceux que la nature a le plus favorisés à l'é- 
gard du vol, il faut considérer leurs alhires diverses d'une 
(nanière propre à simplifier* ces tours et détours capables d'éga- 
rer tout spectateur qu'on n'aurait pas averti de l'essentiel. Cette 
manière ne peut être qu'abstraite et pourrait par là déplaire à 
beaucoup de gens, si on ne les rassurait en leur disant d'avance 
que le ton méthodique ne durera qu'autant qu'il sera indispen- 
sable à la précision et à la clarté de l'exposition. 11 établira des 
divisions, sans prétendre par là fixer des limites à l'infini, c'est- 
à-dire à la nature, qui, phis elle est observée, moins elle pré- 
sente de limites absolues. 11 prie donc de considérer ces limites 
comme aussi idéales, mais aussi nécessaires à l'observateur que 
le sont au dessinateur ces lignes d'attente qu'il trace sur ses 
figures pour asseoir son coup d'oeil et bien assurer son ensemble, 
et qu'il efface quand il a fini son ouvrage. Tout s'effacera de 
même dans l'ouvrage quand il sera parvenu à son terme, sauf 
ce que la nature a fixé dle-même de la manière la plus décidée. 
Telle est la division toute naturelle de l'ordre des oiseaux de proie 
en deux sections bien déterminées. Cette division existe dans la 
configuration des ailes, dont on verra deux types parfaitement 
distincts et les seuls qu'on ait pu apercevoir dans tout cet ordre 
d'oiseaux. 



124 FAUCONNERIE. 

Huber exprime le vol de ces oiseaux par des lignes qu'il ne 
donne pas comme absolument rigoureuses, mais qui signifient 
cependant assez, dit-il, pour que l'on soit certain que moins les 
oiseaux s*en écartent, mieux ils remplissent l'objet de leur des- 
tination. 

Nous reproduisons le texte d'Huber avec quelques additions 
intéressantes, mais nous avons cru devoir négliger ses divisions 
par chapitres et supprimer quelques détails inutiles. 

L*auteur étalilit deux sections d'oiseaux de proie : les rameurs 
et les voiliers. La nature elle-même, dit-il, a établi cette division. 
Deux ailes totalement différentes sont les deux types que pré- 
sentent les oiseaux de proie. Les passages d'une forme à l'autre 
ne se trouvent que dans les autres ordres, et ils varient à l'infini. 

Si l'on osait indiquer une cause finale à cette disposition, l'on 
en proposerait une qui n'est peut-être pas indigne de l'esprit de 
la nature. Chez les oiseaux de proie, les moyens limités par la 
conformation paraissent déterminer avec simplicité les défenses 
des oiseaux qui sont en but à leurs entreprises. A la vue d'un 
oiseau de proie de l'une ou de F autre section, les espèces timides 
sont décidées à s'élever ou à rester à terre ; ce qui n'arriverait 
pas, c'est-à-dire qu'elles resteraient indécises, s'il y avait des 
nuances entre les moyens des oiseaux de proie; car la vigilance 
perpétuelle qu'exigeraient les distinctions à faire à chaque appa- 
rition d*un rapace absorberait le temps nécessaire aux besoins et 
aux convenances des espèces timides. D'un autre côté, les espèces 
timides, dont les moyens de défense sont variés autant que leur 
conformation, obligent leurs ennemis à varier et multiplier leurs 
mesures; ce qui est peut-être une compensation suffisante pour 
entretenir l'équilibre entre la destruction et la trop grande mul- 
tiplication des espèces. 

Quoi qu'il en soit de cette conjecture, voici les faits. L'ailo 
désignée sous le nom d'aile rameuse (i\g. 26) présente une forme 



FAtîCONNERIK. 125 

découpée et propre à frapper l'air avec force et fréquence. L'aiJo 
voilière (fig. 27) présente une forme large et émoussée, impropre 




FiîT 13. — Aile rameuse de Faucon. 



à frapper Tair conmie la précédente, mais propre, en raison de 
sa surface, à remplir l'office d'une voile. Les battements dont 




Fig. 17. — Aile voilière de Milan. 



elle est capable imitent, mais trop faiblement, les battements de 
la première pour qu'on lui attribue d'autre faculté que celle 
d'agir comme voile. 

11 



126 FAUCONNERIE. 

L'efifet de Taile rameuse est de vaincre la résistance du fluide 
élastique sur lequel elle agit. L'air, élastique dans le plus grand 
calme, devient plus élastique dans un sens quand le vent le 
chasse, et moins élastique dans un autre sens. L*aile rameuse 
frappant contre le vent rencontre une résistance qui élève l'oi- 
seau à mesure qu'il avance; mais l'oiseau avance et par son poids 
spécifique et par la faculté qu'a une aile aiguë de couper le vent. 
Quand l'aile rameuse agit vent arrière, elle ne rencontre aucune 
résistance capable de hausser l'oiseau ; elle en rencontre même 
beaucoup moins que lorsque l'air est calme; son effet, en ce cas, 
est de soutenir l'oiseau dans la direction horizontale et de favo- 
riser sa diligence, soit par ses propres forces, soit par le secours 
du vent, qui agit sur elle selon que l'individu sait la disposer. 
11 y a cette différence entre la rame volante et la rame naviga- 
trice> que l'une frappe, droit sous elle et l'autre de l'avant à 
l'arrière. 

Pour faire comprendre comment il se peut qu'en frappant 
droit à plomb ou verticalement sous elle-même, l'aiîe rameuse 
porte l'oiseau en avant, il faut observer que le dessous de l'aile 
forme une voûte dont la partie la plus inclinée prend de l'avant 
de l'aile à la naissance des peimes et vanneaux. Si peu sensible 
que soit cette voûte quand l'aile est immobile, elle apparaît lorsque 
l'aile frappe l'air avec force. Alors la partie solide qui forme le " 
• bord antérieur de l'aile coupe l'air pendant que le reste cède en 
raison de la force du coup, et ce peu de surface inclinée chassant 
l'air en arrière plus qu'en dessous est cause de la progression, 
qui n'aurait pas lieu si l'aile était parfaitement plate et également 
IJurme sur toute sa surface. Les papillons, en effet, volent en cul- 
butant ou par saccades, parce que leurs ailes sont plates. 

Toutes les parties de l'aile concourent à la progression, et les 
luîmes élastiques cédant et se remettant aussitôt, portent néces- 
sairement en avant le corps qu'elles accompagnent. Le ressort de 



FAUCONNERIE. i27 

l'àile réagissant avec plus de force encore, doublé les moyens de 
projection; car, cédant avec résistance pendant le fort du coup 
qui le frappe, il agit à son tour pendant les intervalles des batte- 
ments avec la force d*un ressort qui se détend après avoir été 
forcé en sens contraire. 

« 11 résulte de la disposition des rémiges des Faucons, dit 
G. Cuvier, des habitudes particulières. La longueur des pennes de 
leurs ailes en affaiblit l'effort vertical, et rend leur vol, dans un 
air tranquille, très-oblique en avant, ce qui les contraint, quand 
ils veulent s'élever directement, de voler contre le vent. » 

Par les mêmes raisons, l'aile voilière forme aussi la voûte qui 
est nécessaire à la projection; mais cette projection est ralentie, 
parce que les battements sont moins forts, moins fréquents, et 
les pennes plus molles. Elle ne peut même projeter l'oiseau hori- 
zontalement que vent arrière. « Les ailes sont le gouvernail des 
oiseaux; pour tourner à droite, l'aile gauche bat avec force, la 
droite se meut d autant moins que le tour est plus court et plus 
entier; elle reste presque immobile quand Toiseau tourne sur 
lui-même. Quand l'oiseau plane, il tourne sans faire aucun mou- 
vement sensible des ailes; dans ce cas, c'est en baissant un peu 
Taile sur laquelle il tourne, et en levant proportionnellement 
l'autre, qu'il décrit des cercles et des spirales à circonvolutions 
plus ou moins distantes. » 

En examinant les deux types d'ailes figurées page 125, on 
remarquera que les pennes de l'aile rameuse sont médiocrement 
larges dans leur partie moyenne, qu'elles ne sont point éehan- 
crées, et qu'elles se terminent en pointe adoucie; tandis que les 
pennes de l'aile voilière sont très-larges dans leur milieu, que les 
cinq principales sont fortement écbancrées, et se rétrécissent su- 
bitement à partir de l'écbancrure. La disposition de l'aile ra- 
rameuse permet de couper l'air en le comprimant avec force; les 
pointes des pennes ne laissent de vides entre elles qu'à leurs ext- 



128 FAUCONNERIE, 

trémités, et l'air est comprimé dans toute l'étendue de l'aile. La 
disposition de l'aile voilière, au contraire, laisse passer l'air li- 
brement dès l'échancrure par les intervalles qui existent entre 
les cinq pointes longues et effilées. Enfin les pennes de l'aile ra- 
meuse sont en général plus fermes que celles de l'ailé voifière. 
Ces deux sortes d'ailes présentent naturellement, dans les deux 
sections, des degrés^qui s'éloignent plus ou moins du type prin- 
cipal. 

Un signe visible de la fermeté des pennes chez les oiseaux de 
proie se trouve dans les taches ou la bigarrure vive et tranchée 
qui règne d'un bout à l'autre de chaque penne. Les pennes 
molles, au contraire, sont comme lavées uniformément de noir, 
de l'échancrure à la pointe, et d'un blanc presque uniforme dans 
le reste de leur surface. 

L'auteur, comme il le dit lui-même, ne s'est proposé de par- 
ler que de ce qui influe le plus sensiblement sur le vol des oi- 
seaux de proie; et la disposition des ailes suffît pour expliquer 
les différences que présente leur vol. 

Les oiseaux rameurs ont constamment les yeux noirs et les 
becs dentelés vers la pointe, tandis que les voiliers ont les yeux 
clairs et les becs sans dentelures. Quant aux mains, serres et 
griffes des oiseaux de proie, elles présentent des nuances qui 
empêchent de généraliser, comme on le peut faire à l'égard des 
ailes, des yeux et des becs. En général, les oiseaux rameurs ont 
les doigts longs et déliés, et leurs pouces sont aussi allongés et 
déliés que le plus court des doigts. Les voiliers ont les doigts 
plus courts, moins déliés, et les pouces sont plus courts et plus 
renfoncés que le plus court des autres doigts. Mais, comme il se 
trouve dans les deux sections des degrés de noblesse, il y a beau- 
coup de distinctions à faire par rapport à la longueur des doigts. 
Les oiseaux les plus nobles ont les doigts les plus longs. Tous les 
ignobles ont les doigts courts et gros. Tout est noble dans la na- 



FAUCONNERIE. 129 

ture, ex<^pté ce qui s*en écarte (ce cpii est monstrueux). Ainsi 





Fig. 38. — Griffjp d'Ignoble. 



Fijf. î9. — Serre comprimante de l'Anlour. 




les mots noble ou ignoble sont 
relatifs aux fantaisies ou aux 
convenances des personnes qui 
les emploient; celles qui, par 
exemple, désireraient par-des- 
sus toute chose la destruction 
des reptiles, des Souris, etc., 
trouveraient la Buse et la 
Chouette plus nobles que le 
Faucon. 

On sera fort surpris qu'il ne soit pas question ici des queues 
des oiseaux de proie. Plusieurs raisons ont empêché d'en faire 
mention dans cet exposé : 1° la queue varie avec les espèces, et 
il faudrait établir trop de distinctions ; 2** on a observé que la 
queue ne sert pas, comme on l'a cru sur la parole de quelques 
anciens, de gouvernail à l'oiseau pour se tourner de côté on 



Fig. 30. — Main liante du Faucon. 



150 FAUCONNEniE. 

d'autre, mais seulement de secours pour monter et descendre. 
En effet, les oiseaux, privés accidentellement de leur queue, exé- 
cutent néanmoins tous les mouvements pour lesquels on avait 
cru la queue nécessaire; on croit donc pouvoir la regarder plu- 
tôt comnie une surabohdance de moyens que comme d'absolue 
nécessité. Nous ne partageons pas complètement l'opinion d'Hu- 
ber, et nous pensons que la queue des oiseaux joue un rôle assez 
spécial pour que la perte de cet organe nuise considérablement 
au vol des oiseaux, et nous renvoyons le lecteur à ce que nous 
avons dit à ce sujet dans notre neuvième leçon. 

Huber divisa les oiseaux de proie diurnes en rameurs et en 
voiliers : les premiers sont les oise^iux de haute volefie, tels que 
le Gerfaut, le wSacre, le Faucon, l'Alèthe, le Hobereau et l'Éme- 
rillon. Les seconds, ou voiliers, forment deux sections, qu'il dé- 
signe sous les noms de voiliers saillants et de vo;iliers communs. 
Les voiliers saillants sont les oiseaux de basse voler ie; tels sont : 
l'Autour et l'Épervier. Les voiliers communs ne sont pas em- 
ployés par les fauconniers, si ce n'est l'Aigle, dit-on, et sont dits 
ignobles. Cette section comprend donc : les Aigles, les Vautours, 
les Orfraies, les Balbuzards, les Milans, les Buses, les Har- 
pyes, etc. 

Dn vol. — Les oiseaux rameurs pèsent plus dans l'air que 
les oiseaux voiliers, spécifiquement et relativement à la di- 
mension des ailes. Aussi les rameurs sont-ils les seuls qui 
puissent voler en s' élevant de droit fil contre le vent; c'est à ce 
point d'appui dans l'espace ou à cette sorte de lest qu'ils doivent 
la faculté de ramer avec fermeté et fréquence. C'est aussi à leur 
poids qu'ils doivent leur vitesse; mais il y a certaines conditions 
qui modèrent leurs avantages sur les oiseaux voiliers. La légè- 
reté spécifique ou relative aux dimensions donne aux voiliers 
la fîCculté de se hausser avec une aisance supérieure; ils peuvent, 



FAUCONNERIE. 151 

eii ne faisant que se prêter au vent, g*élever aux plus grandes 
hauteurs sans autre travail que le soin de disposer leui-s voiles 
selon le besoin ; mais ils ne peuvent ni voler de droit fil en se 
haussant contre le vent, ni fendre les airs avec une vitesse com- 
parable à celle des rameurs. 

Vol des rameurs. — Si Ic point auquel un rameur veut 
parvenir dans les airs se trouve à son zénith, le rameur est obligé 
de prendre sa route dans le vent et de la suivre jusqu'à ce qu'il 
soit au niveau du pohit désiré (fig. 31). Alors seulement il devra 




Fig. 31. — A B Carrière. — B G Degré que l'oiseau parcourt vent arrière et d'une vitesse uu 
moins triple de la carrière. — C Point donné au zénith du point A, la flèche indique la 
direction du vent. 



tourner queue et viser en droiture au but. Ce n'est pas qu'à de 
très-petites distances les rameurs ne puissent se hausser vent ar- 
rière; mais c'est au prix d'un tel effort, qu'il leur serait impos- 
sible d'y tenir longtemps. Aussi, plus l'espace à parcourir est 
étendu, moins les oiseaux s'écartent de la règle, et l'on y voit 
bien vite rentrer ceux qui s'en étaient écartés d'abord, dès que 
l'entreprise est de plus longue haleine qu'il? ne F avaient supposé 
au départ. 

Si, au lieu d'être au zénith, le but se trouve être au-dessus 
du veut du zénith, assez pour que la montée ne soit pas trop ra- 



132 FAUCONNERIE. 

pide, ce but supposé fixe, comme serait le sommet d*uii roc, le 

rameur parviendra en droiture à ce point (fig. 32). 




Fig. 58. — A B Carrière du Rameur. — B Point fixe supposé le sommet d'un solide. 



Si le but n*est pas fixe, si, par exemple, le rameur entreprend 
d'atteindre un voilier ; comme le voilier fait sa diligence vent 
arrière, s'il n'est déjà sous le vent du zénith, mais pouvant y 
être en peu temps, le rameur poussera sa carrière dans le vent 
jusqu'à ce qu'il ait atteint non-seulement le niveau du voilier, 
mais qu'il se soit même élevé au-dessus de ce niveau. Son in- 
stinct le guide et lui apprend que la vitesse en descendant, si 
peu sensiblement que ce soit, vent arrière, lui fera regagner et 
au delà le temps employé à monter dans un sens du vent pen- 
dant que la proie s'éloigne dans le sens contraire (fig. 33). 
Huber estime la vitesse du vol horizontal du rameur, vent ar- 
rière, triple de celle que. cet oiseau emploie à distance égale en 
faisant sa carrière dans le vent. Si la ligne à parcourir vent ar- 
rière est tant soit peu inclinée, la vitesse est double de celle de 
la ligne horizontale. On pourrait ainsi graduer les vitesses de- 
puis celle de la ligne horizontale jusqu'à celle de la descente ver- 
ticale. Cette dernière, nommée avec raison foudroyante, exige 
environ cent fois moins de temps que la carrière poussée jus- 
qu'à la hauteur d'où elle part. Ainsi, si la carrière ascendante, 



FAUCONNERIE. 133 

OU espace parcouru eu montant dans le vent, a demandé cent 
secondes, la descente verticale n'en exige qu'une. 




Fig. S8. — G Point donné mobile, soit la proie s'éloignant toujours plus du zénith sous le 
vent. — B Terme de la carrière du rameur plus élevée que le niveau actuel de la proie. 
— B G Pescente peu rapide, mais dont la vitesse est au moins double de celle du vol 
horizontal à vau le vent. 



La carrière est plus ou moins oblique, mais elle n'excède guère 
l'inclinaison de 45**, et ce n'est même que pour une entreprise 
de très- courte haleine qu'un rameur la fait à cet angle. Plus 
elle doit être étendue, plus le rameur en modère la pente. Ainsi 
l'angle de 30** est généralement celui des entreprises de longue 
haleine. Encore faut-il que, par un calme parfait en apparence, 
le mouvement de Tair soit passablement fort, et que l'oiseau soit 
solide des reins et de longue haleine. La carrièie ordinaire sera 
de 15 à 20** au plus. L'on a dit en parlant du calme, parfait en 
apparence-^ parce que, si parfait qu'il nous paraisse, lés oiseaux 
y distinguent une direction de l'air qui échappe à nos sens et 
qu'ils nous font reconnaître par le parti qu'ils prennent de voler 
dans un sens plutôt que dans un autre. On serait bien plus con- 
vaincu de cette vérité si on lâchait dans le même instant plusieurs 
oiseaux rameurs; fussent-ils au nombre de mille, tous prendraient 
la même direction. 

On appelle degré l'espèce de repos, sous le vent, que prend le 
rameur avant de commencer une autre carrière. Pour se repo- 

12 



151 l'AUCONNERlE. 

ser, Toiseau vole horizontalement, le vent en queue, pendant un 
temps plus oïL moins long, selon les circonstances, et, selon 
l'exigence du cas, il recommence une autre carrière. Ainsi, de 
carrière en degré et de degré en carrière, le rameur s'élève à des 
hauteurs où les meilleures limettes ne peuvent le suivre (fig. 54). 




^i i >*8*^il|< ^ pU'ÎJaM,,'il i ^n?N '«jM g yff» j^ m -'"i ^ 



Fig. 34. ^ A B Carrière. — B C Degré. — CD Carrière. — DE Degré. — E F Carrière. 
F G Degré. — G H Carrière. 



On a déjà dit que le rameur pourrait, en faisait mi effort consi- 
dérable, monter ayant le vent arrière, mais que, ne pouvant 
soutenir longtemps un tel effort, il n'essaye de déroger à la rè- 
gle que lorsqu'il s'agit d'une surprise à bout touchant; à part 
cette espèce de saut, il rentre dans la règle et s'en écarte d'au- 
tant moins que l'entreprise est de plus longue haleine. 11 est des 
rameurs qui font toute l'expédition d'une seule carrière; ceux-là 
sont les plus avisés, par les raisons qu'on exposera phis tard. 

Vol des Toiliers. — Quand un voilier doit atteindre un point 
fixe au-dessus du vent, le vent lui est contraire, parce qu'il n'a 
pas les moyens du rameur pour le parer de droit fil en montant* 
Aussi, au lieu de parcourir en ligne droite, comme le fait le ra-^ 



FAUCONNERIE. 1.^5 

meur (fig. 34), l'espace qui le sépare du but, il y arrive par 
bordées. (Fig. 35.) Sa légèreté spécifique et relative le rend in- 
habile à forcer le vent. Ses voiles déployées, le vent le pousse en 




Fig. 53. — B Point fixe. — A C Roule par borilves. 



arrière tout en le haussant et l'éloigneiait toujoui*s plus du but 
s'il ne fermait les ailes pour donner tête baissée dans le vent, 




Fi<». 53. — C Dtîgré de hauteur auquel se porte le voilier avec aisance et sans trop dériver 
si le temps est calme. — C B Plongée au point donné. 



dans lequel ce qu'il a de poids spécifique suffit pour le faire pé- 
nétrer en plongeant. En alternant ainsi Texpansion et lé resser- 



136 FAUCONNERIE, 

rement de ses voiles, il parvient au but, mais plus lentement 
que n'a fait le rameur, qui a suivi la route la plus courte. Le 
voilier a un autre parti à prendre et qui revient à peu près au 
même : c'est de se laisser aller au vent, qui, en le faisant déri- 
ver, le hausse à tel point qu'il n'ait plus qu'à plonger pour at- 
teindre en droiture le point donné (fig. 36). On est parvenu 
par artifice à faire entreprendre certains oiseaux de proie voi- 
liers par des oiseaux de proie rameurs, et c'est ainsi qu'on a pu 
comparer les facultés des uns et des autres. 

PREMIÈRES DISPOSITIONS d'uNE ENTREPRISE d'uN OISEAU DE PROIE 
RAMEUR SOR UN OISEAU DE PROIE VOILIER. 

Pendant que l'oiseau de proie voilier, aidé par le vent, se 
hausse avec aisance, le rameur parcourt avec effort et de droit 
fil des carrières dans le vent. Ces carrières haussent l'oiseau 
beaucoup plus qu'en sens oblique, et ce n'est que lorsqu'il n'a 




Fig. 37. — E Premier temps du voilier. — F Second temps. — A B Carrière mesurée sur le 
premier temps. — CD Carrière mesurée sur le second temps. 



pas le choix qu'un rameur fait sa carrière à mi-vent, quart de 



/ 



FAUCONNERIE. 157 

vent, etc., etc., et s'éloigne du voilier, qui, de son coté, détale 
à vau le vent. Le temps que le rameur paraît perdre en s*éloi- 
gnant ainsi de son objet est racheté avec usure par la vitesse avec 
laquelle il parcourt l'espace dès qu'il n'a plus à faire qu'à se lâ- 
cher au vent. Cependant, si le voilier s'avise de se hausser à me- 
sure qu'il voit le rameur monter au-dessous de lui, les forces et 
rhaleine du rameur pourraient ne pas suffire à mettre l'entre- 
prise à bonne fin (fig. 37). Si l'on pouvait s'étendre ici sur le 
moral comme sur le physique, op. donnerait des^ exemples de 
tous les expédients qu'emploient les rameurs en pareilles occa- 
sions. On se contentera de faire voir comment un rameur, de- 
venu routé par l'expérience, sait prévenir ces sortes d'incidents. 
En attendant, on expliquera ce que c'est que l'avantage néces- 
saire dans toute entreprise d'un oiseau de proie sur quel genre 
d'oiseaux que ce soit. Il consiste : 1** à gagner le dessus du vent; 
2° la hauteur. 

Dans le cas d'une entreprise d'un rameur sur un voilier, la 
première condition est aisément remplie, puisque le voilier, en 
détalant comme il le fait à vau le vent, donne le dessus du vent 
à son ennemi. Mais la seconde condition, la hauteur, fait la 
grande difficulté. Car le voilier n'est obligé à aucun travail pour 
se hausser, tandis que le rameur fait les plus grands frais eh 
haleine et en forces. Le rameur peut être mis à bout de forces 
par le voilier qui le voit venir, si ce dernier, en se haussant, oblige 
le rameur à monter par carrières multipliées. Le rameur, mieux 
routé par expérience, au lieu de monter par carrières successives 
au-dessous du voilier, va d'une seule carrière chercher au plus haut 
des airs une telle surabondance de hauteur, qu'il commande, pour 
ainsi dire, toute la sphère des incidents possibles, et, dans ce cas, 
le voilier, i^ssuré par la feinte retraite du rameur, continue sa 
route sans trop se hausser; mais la distance prodigieuse à laquelle 
il peut se trouver de son adversaire ne le garantit pas de ses at- 

12. 



158 FAUCONNERIE, 

teintes, parce que l'excessive hauteur d'où part alors le rameur 
rend sa descente rapide au point de largement compenser cette 
distance {ûg. 58). 



'is è ui u tm ta 




Fig. 58. — C Esquivadé du voilier. — A Point de départ de la descente. — B Point où l'oiseau 
est descendu à faux, et d'où il tenterait peut-être vainement de reprendre avantage. 



De» n^ssources. — A cette première atteinte, l'entreprise 
peut être teiminée, et c'est ce qui arrive quand le voilier est sans 
défense; le rameur le lie, puis l'amène en culbutant avec lui jus^ 
qu'à terre, où il achève de le mettre hors de combat. Mais le 
plus souvent le voilier, voyant porter sur lui avec furie, esquive 



./■ 



-^- 



Fig. û9. — A Point d'où part la descente. — A B Ressource. — C Esquivade. — L'oiseau est 
reporléen B sans effort, et si promplement, qu'en récidivani, il trouvera sa proie à peu 
prè3 au point où il l'a laissée. 



par un léger mouvement de côté, et le rameur, emporté par sa 
propre vitesse, irait toucher terre et s'y fracasser, s'il n'usait de 



FAUCONNERIE. 139 

certaine faculté qu'il a de s'arrêter au plus fort de sa Titesse et 
de se porter droit en haut, au degré nécessaire pour être à por- 
tée de faire une seconde descente. C'est ce qu'il exécute en rou- 
vrant tout à coup ses ailes, qu'il tenait serrées pendant sa des- 
cente. Ce mouvement suffit, non-seulement pour arrêter sa 
descente, mais encore pour le porter, sans qu'il fasse aucun ef- 
fort, aussi haut que le niveau d'où il est parti. On appelle cette 
montée passive une ressource^ du latin resurgef^e. Le tout en- 
semble, c'est-à-dire la descente et la ressource, s'appelle une pas- 
sade; ce qui fait à l'œil à peu près l'effet du balancement de l'escar- 
polette (fig, 39). II faut quelquefois plusieurs passades, et souvent 
même plus d'une centaine de passades, avant d'obtenir le succès. 
Dans ce cas, il n'est pas si étonnant qu'on pourrait le croire que 
le rameur soutienne un travail aussi long. Car, fùt-il prêt à être 
hors d'haleine avant de faire la première passade, il est remis 
en haleine par ce mouvement, au point de pouvoir le répéter 
sans cesse une heure durant, sans se fatiguer autant qu'en fai- 
sant une carrière de médiocre étendue. Le voilier, d'un autre 
côté, cherche à prendre son temps pour gagner un nouveau de- 
gré de hauteur au-dessus de la portée des ressources, et il on 
vient à bout, si le rameur ne presse les passades coup sur coup. 
Alors il faut que le rameur entreprenne de nouvelles carrières, 
ce qui, quelquefois, le rebute, en sorte qu'il quitte la partie pour 
n'y plus revenir, et le voiUer détale à son aise, libéré de toute 
poursuite, au moins pour cette fois. Une autre ruse du voilier, 
consiste à faire durer le combat jusqu'à l'approche de lieux pro- 
pres à lui servir d'asile; dans ce cas, il prend son temps et s'y 
jette soudain, ce qui déconcerte sans retour les mesures du ra- 
meur. On est étonné de la promptitude avec laquelle un voilier 
dont le vol ordinaire est lâche, comparé à celui du rameur, es- 
quive les passades. C'est précisément la mollesse de son vol qui 
In rçnd maître de ses mouvements. On verra qu'il y a des ra- 



140 FAUCONNERIE. 

meurs, non de proie^ que leur vitesse extrême rend incapables 

d'esquiver les passades. 

ENTREPRISES d'dM RAMEDR OISEAU DE PROIE SUR RAMEURS 
NON DE PROIE. 

On a vu que, dans les entreprises d'un rameur sur un voilier, 
l'avantage du dessus du vent se trouve acquis en grande partie 
parce que le voilier le cède tout naturellement. Ici, c'est tout le 
contraire; et, pour peu que le rameur, non de proie, ait d'avance 
au-dessus du vent, il ne tient qu'à lui de conserver l'avantage et 
de se libérer de la poursuite actuelle. Huber prend le Pigeon 
pour exemple du rameur non de proie, et le Faucon comme type 
du rameur oiseau de proie. Le Pigeon, dit-il, pour peu qu'il ait 
d'avantage au-dessus du vent, n'a donc qu'à suivre constamment 
sa route dans le vent, sans avoir même besoin de se hausser da- 
vantage, pour échapper à tous les efforts du Faucon parti du 




Fig. 40. —Le Pigeon se trouvera enD, son second lemps, alors que le Faucon, parli de A 
sera à peine pai*venu en B e( perdra du temps s'il veut gagner le dessus au point favo- 
rable, par une carrière pénible, pendant que le Pigeon détalera de nouveau. 



point A {fig. 40). Les Pigeons sont excellents rameurs, et ils vo- 
lent même en plusieurs sens mieux que nul autre oiseau. Ils se- 
raient imprenables, s'ils n'étaient sujets à perdre courage. Les 
oiseaux de proie sont avertis par leur instinct de cette disposi- 



FAUCONNERIE. 141 

tion naturelle des Pigeons; aussi le Faucon, au départ/ aperce- 
vant quelque asile sur la route que prend le Pigeon, s'attend à 
le voir s'y réfugier; et voici une manœuvre dont on a eu de fré- 
quents exemples : Il renonce à l'impossible, qui serait de gagner 
le vent au Pigeon; il ne cherche pas même à atteindre le niveau 
de sa route; mais il s'élève autant qu'il le faut pour n'avoir plus 




Fig. 41. — Le Faucon, parvenu en B, ménage sa descente pour couper en C le Pigeon, qui 
parti de D, cherche à atteindre l*arbre E. 



qu'à suivre une route inclinée, ce qui double au moins sa vitesse, 
et lui fait devancer le Pigeon, qui s'efforce en sens horizontal . 




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Fig. 48. — Le Pigeon parvenu en X, son second temps, ne filant pas encore. —Le Faucon 
feint de fondre sur un autre objet Sa descente produit la ressource en E, d'où il se re- 
tourna pour descendre soudain et couper le Pigeon en C. 



Maître de le devancer en volant ainsi à la descente, il se retient 
un peu en arrière pour voir filer le Pigeon sur l'asile et le couper 



142 FAUCONNERIE, 

à rentrée (fig. 4'i). Il arrive quelquefois qu'un Pigeon, plus futé 
que d'autres, ne file sur l'asile qu'après s'être vu dépassé par 
l'oiseau de proie. Mais le Faucon, futé aussi, feint, en dépassant 
l'asile, de descendre sur quelque autre proie. Le Pigeon, trompé 
par celte feinte, file en assurance, pendant que le Faucon achève 
sa passade, et, du sommet E de sa ressource, coupe le Pigeon en 
C par un coup de revers (fig. 42). 

Il est d'autres cas où le Faucon se trouve posté avec un avan- 
tage considérable; par exemple, à soixante ou cent toises au-des- 
sus de la traversée "des Pigeons. Il peut alors faire avec succès 
une belle descente; mais, s'il porte à faux, il est rare qu'il soit à 
même de récidiver. 11 n'en est pas de même si des Canards sau- 
vages, rameurs par excellence, mais si vites qu'ils ne peuvent 
esquiver, viennent à passer à cinquante ou soixante toises au- 
dessous du Faucon; car alors une descente, pour peu qu'elle tou- 
che, met le Canard hors d'état de continuer sa route. 11 suffit 
même qu'il veuille esquiver pour déranger ou rompre son mou- 
vement. 



OISEAUX DE PROIE VOILIERS, MAIS DISTINGUES SOUS LE TITRE 
DE VOILIERS SAILLANTS. 

On a choisi ce nom de voiliers saillants pour l'appliquer à cer- 
tains oiseaux (Autours, Éperviers), distingués des autres voiliers 
par la faculté que leur donne une conformation particulière, de 
faire, dans un court espace, une diligence extraordinaire, par 
une espèce de saut, dont les voiliers communs sont absolument 
incapables. Les ailes de ces oiseaux, quoique parfeitement voi- 
lières par leur coupe, sont cependant beaucoup plus fortes que 
les voilières communes, et cette force est due aux muscles des 
individus et à la consistance des pennes, qui sont bigarrées, con^ 



FAUCONNERIE. 143 

tre Tordinaire des pennes voilières. Toute Thabitude du corps de 
ces oiseaux annonce la promptitude dont ils sont capables. Ils 
sont très-élancés, et cependant membres très-fortement. Ils ont 
la tête petite et le col effilé, les épaules et les reins larges, quoi- 
que ramassés. Leurs ailes sont très-courtes, leur queue passa- 
blement longue; leurs cuisses longues et charnues, ainsi que 
leurs jambes hautes et nerveuses; leurs serres sont ouvertes, 
fortes et déliées. Chez eux tout annonce l'aptitude au saut. Leur 
corps a plus de consistance au toucher que celui des voiliei-s 
communs, quoiqu'il en ait moins que celui des rameurs. Leurs 
mouvements sont brusques, vigoureux et lestes; ils se remettent 
adroitement, étant attachés sur le poing ou sur la perche, au 
lieu que les voiliers communs pendent à la perche et se débat- 
lent avec la mollesse des oiseaux mouillés. Aussi leur départ au 
saut est-il aussi prompt que Téclair. Le saut paraît composé 
d'un élancement qui part de la plante des pieds, et d'une forte 
et brusque contraction des ailes; son effet paraît dépendre, pour 
l'ordinaire, de la position. Il s'effectue de plusieurs manières, de 
bas en haut, de niveau et de haut en bas. Le saut montant exige 
le plus d'effort, et ne porte qu'à six ou sept toises. Le saut de 
niveau, en avant, n'exige guère moins d'efforts et ne porte guère 
plus loin. Le saut plongeant, qui est le plus ordinaire, exige 
moins d'efforts que les précédents, parce que l'oiseau s'aban- 
donne en partie à son poids et au ressort qui le relève, comme on 
l'a vu aux passades des rameurs. La diflérence qu'il y a cepen- 
dant du saut à la passade est très-grande par son intention, ainsi 
que par son résultat. On a vu que la passade reporte à sa hauteur 
le rameur qui vient de manquer son coup en effleurant sa proie. 
Le saut porte l'oiseau, en remontant, droit à sa proie, qu'il prend 
alors par-dessous, et c'est ce qui s'appelle trousseï*. Le saut 
montant a lieu quand la proie vient passer par-dessus l'oiseau, 
à la portée de son ressort. Il en est de même du saut en avant. 



144 FAUCONNERIE. 

Mais le saut plongeant est le plus ordinaire, et il porte plus ou 
moins loin, selon la hauteur d'où il part. La courbe qu'il décrit 
a presque toujours la même figure, et ne diffère que par reten- 
due. Ainsi la courbe qui part du haut d'un arbre est semblable, 
sans être égale, à celle qui part du poing d'un homme à pied. 




Fig. 43. — 1 Saut montant si prompt, qu'il échappe à la vue. — s Saut horizontal de même. 
— S Saut plongeant d'une station peu élevée, le poing d'un homme à cheval. Ce saut porte 
plus loin que les deux premiers; il est aussi plus assuré. Sa vitesse est due à la des- 
cente 3 0, d'où naît la ressource X, qui, si elle fût partie du point M supposé le milieu 
d une courbe régulière, eût été moins vive, attendu qu'il n'y eût pas eu de 3 en M autant 
de force accumulée qu'il y en a de 5 en 0. Ainsi, du saut 3 X,' qui, partant de plus haut, 
par exemple d'un petit arbre, porte plus loin que le précédent. Le saut plongeant peut 
porter plus haut que le point d'où il part, et cela dépend de In somme de forces accu- 
mulées dans la partie de li courbe qui plonge. 



Du haut d'une montagne escarpée, le saut peut porter à un demi- 
mille. Ce serait trop charger la mémoire des lecteurs que de 
parler à présent de toutes les variantes que la pratique fait aper- 
cevoir, et qui ne sont sensibles, chez les oiseaux asservis, que 
lorsque les sujets ont des qualités extraordinaires. Le saut, fait 
ou sans succès, l'aile rendue à son état de voilière, n'est plus ca- 
pable d'aucune vitesse, et ne sert qu'à planer. 

11 est encore un moyen que les voiliers saillants n'emploient 
que dans certains cas, c'est le vol à tire-d'aile en droite ligne. 
Ces oiseaux entreprennent à tire-d'aile le gibier qu'ils jugent 
assez faible pour ne pouvoir leur échapper de cette manière. Us 
entreprennent aussi à tire-d'aile, de haut en bas, et sont alors 



FAUCONNERIE. 145 

d'une vitesse extrême tant que dure la descente en Jigne droite; 
mais, pour peu que la proie s'élève en tournoyant, ils renoncent 
à Tentreprise. Dans le cas où ni le saut, ni lé vol à tire-d'aile ne 
peuvent avoir lieu, ces oiseaux s'élèvent, comme les Voiliers com- 
muns, pour revoir la proie qui est partie hors de leur portée. 
De certaine hauteur ils la revoient au loin, marquent sa remise, 
et s'y portent à leur aise, se plaçant alors à portée d'employer 
leur grand moyen, le saut. Les meilleurs postes sont les arbres 
les plus voisins de la remise; à leur défaut, ce sont les pointes 
des buissons, et enfin le sol; mais ce doit être de si près du corps 
de la proie, qu'il puisse la saisir au moindre mouvement et 
avant qu'elle ouvre les ailes. 

SUPPLÉMENT AUX MOYENS DES RAMEURS. 

On a vu ce que c'est qu'une passade, et l'on se souvient que ce 
mot exprime tout à la fois la descente et la ressource. Il reste h 
compléter ce qu'on a dit des ressources. Elles portent plus ou 




i r.'j i ^njLuR jy »'i^^..jkJife>04g* »» »agj tttfj 






Fig. 44. — Les chiffres aideront ù suivre le conllil. — La prise est exprimée par P ot par la 
cliute. — Les esquivades sout exprimées par les petits signes. 



moins Imut, selon la hauteur d'où sont* parties les descentes, et 

15 



146 FAUCOiNNEUlE. 

aussi selon la force du mouvement imprimé eu tlesceadaiit 

(fig. U). 

On a uonmié improprement pointe cette partie des passades 
qui retourne en hauteur et qu'on a mieux nommée ressource, 
parce que le mot resurgei'e suppose une descente antérieure. On 
appliquera mieux le mot pointe quand il s'agira d'exprimer cet 
élan machinal en hauteur qui suit une carrière véhémente, ou 
même une simple course horizontale. On comprendra plus faci- 
lement comment un vol horizontal rapide peut être terminé par 
une pointe, qu'on ne comprendrait qu'une pointe succède à une 
carrière. Une carrière n'aboutit effectivement à une pointe que 
lorsqu'elle a été de si courte haleine que l'oiseau a pu y employer 
toutes ses forces. Il n'eij est plus ainsi après des carrières de 
longue haleine, parce qu'en pareil cas l'oiseau, guidé par im 
instinct toujours infaillible, ménage ses forces et son haleine, en 
ne donnant à ses ailes qu'un mouvement régulier par oscillations 
égales, et qui ne détermine pas une projection assez surabon- 
dante pour produire un pareil élan. Tandis que s'il ne s'agit 
(|ue d'une entreprise de courte haleine et, pour ainsi dire, d'un 
coup fourré, il met en activité tout ce qu'il possède de forces, et, 
au lieu de manier ses ailes par oscillations réguhères, il leur 
donne tout le jeu dont elles sont susceptibles. Chaque battement 
projette l'oiseau, par un double ressort, à d'assez grandes dis- 
tances pour qu'un petit nombre de battements fournisse sura- 
l)ondamment «à la carrière. L'aile, pendant ces élans, est plus 
arquée que pendant les oscillations régulières. On la voit même 
alterner peu sensiblement du plus au moins de repliement. C'est 
de la suppression soudaine du mouvement imprimé que résulte 
la pointe, qui sera plus ou moins relevée suivant que. la projec- 
tion aura été plus forte (fig. 45). 

Cette manière de voler par élans oii saccades a lieu quand le 
rameur se propose de faire une espèce de surprise, dans un coUrt 



FAUCONNERIE. 147 

espace, sur des oiseaux qui traversent horizontalement les airs 
et ne sont pas enclins à monter verticalement ou à s'éleyer 
comme des voiliers. 



Fig. 45. — A B fan ière fournie par élans ou saccades. — B X Pointe. — On voit que quatre 
saccades ont suffî pour projeter l'oiseau jusqu'en B, point où il arrête sur coup, sup- 
prime ou comprime les forces mises en activité, pour les employer de B en X. 

On a vu jusqu'ici quels sont les moyens des oiseaux pour at- 
teindre leur objet. Il va être question des moyens qu'ils ont pour 
le saisir, l'abattre, le contenir et le mettre à mort. 

Mojenm des Rameurs. — Ils saisissent, ou, pour parler 
le langage de l'art, ils lient ou mettent à la main la proie qui 
est plus légère que vite. Ils frappent la proie qui est plus vite 
que légère; par ce moyen ils l'affaiblissent, la ravalent ou l'as- 
somment. Les mains fines et déliées des rameurs ont bien assez 
de force pour retenir les plus grands oiseaux; mais elles ne sont 
pas faites pour tuer la proie par compression. On a vu que les 
pouces de la main liante ne diffèrent pas bien sensiblement des 
autres doigts, soit en épaisseur, soit en longueur. C'est dans le 
bec que réside le moyen de tuer promptement une proie trop 
forte pour être longtemps contenue vivante. Ce bec est dentelé. 
hi dentelure embrasse et assujettit les vertèbres des victimes, la 



148 FAUCONNERIE, 

force du bec les brise, et peut même casser les os des plus grands 
oiseaux. Certaine adresse instinctive fait que ces oiseaux attaquent 
à l'instant la place fatale, qui, chez les volatiles, est au creux de 
Toccipût, et, chez les quadrupèdes, entre l'épaule et les côtes. 
Les plus petits des rameurs sont ceux qui tuent le plus vite, 
probablement parce que la proie, proportionnellement trop forte, - 
pourrait leur échapper ou leur donner trop de peine à la con- 
tenir en vie. Les Émerillons touchent à peine à la place fatale 
que la mort s'ensuit dans l'instant. Peut-être en est-il le plus 
souvent de même pour tous les rapaces libres. Le rameur frappe 
non-seulement quand la proie est vite, mais encore quand elle 
lui paraît trop forte pour être contenue par ses mains liantes. 
Pour frapper ou assommer, sa main se dispose de manière à n'a- 
gir que par la direction et l'impulsion du corps entier de l'oiseau . 
C'est comme agissait la faux des chars armés en guerre. L'ongle 
du talon, qui est la faux dans ce cas, est passivement dirigé sur 
la partie fatale, autant que faire se peut, et il déchire, brise et 
meurtrit tout ce qu'il atteint. Un accident qui arrive quelquefois 
aux oiseaux en frappant le lièvre a fait connaître quel est l'organe 
frappeur. L'ongle du talon s' accrochant à la peau du quadru- 
pède, la passade est rompue et Poiseau culbute, au risque de se 
blesser, de se tuer même assez souvent. On prévient cet incon- 
vénient en émoussant les ongles des pouces aux oiseaux pour 
Lièvre. Dès lors plus d'accident pareil. Averti par cette épreuve 
que l'ongle du pouce est l'organe frappeur, on a pu, malgré la 
rapidité des passades, voir les deux mains de l'oiseau ouvertes 
ot adossées aux côtés charnus du poitrail qui remplissent alors 
les fonctions de coussinets destinés à amortir le coup, et le Fau- 
con, ainsi disposé, se porter sur sa proie avec toute l'adresse dont 
il est capable, c'est-à-dire en faisant ses passades rasantes et 
aplaties; trop arrondies ou trop plongeantes, il risquerait de s'é- 
craser lui-même contre terre en portant à faux. 



FATJCONKERIE. 149 

^ Moyens des Toiliers saillants. — Ces oiseaux sont re- 
marquables par leur adresse à saisir leur proie ; ils ne frappent 
pas, si ce n est accidentellement. Leur grand moyen c'est de 
saisir et d'offenser ensuite leur proie par compression jusqu'à la 
mort. Quand ils ont saisi un lièvre, ils gagnent vite le cou, 
qu'ils embrassent tout entier dans une de leurs serres, et ils 
l'étouffent à force de serrer. Le bec n'est pas leur organe meur- 
trier; la pointe, sans crochets, déchire la peau et les chairs, 
mais ne casse les os que lorsque, bien découverts, elle les assu- 
jettit dans sa courbure. Dans le fourré le plus épais, ces oiseaux 
saisissent leur proie avec une adresse dont on ne saurait se faire 
une idée, même après en avoir été plusieurs fois témoin. La 
longueur de leurs cuisses et de leurs jambes leur donne dans ce 
cas une grande supériorité. 



13. 



LISTE ALPHABÉTIQUE 

DES TERMES DE FAUCONNERIE 



ABAISSER. — Rationner les oiseaux trop gras pour les entraîner; 
on dit aussi essimer et tenir ferme. 

ABANDONNER. — Rcnoncer à un oiseau vicieux, peu éducable, ma- 
lade ou trop vieux. 

ABATTRE. — Le faucounier abat un oiseau quand il le tient im- 
mobile entre ses mains pour Tobserver, lui mettre les entra- 
ves, le poivrer, ou lui faire une opération quelconcpie. 

ABÉCHER Toiseau. — Lui donner une partie du pât ordinaire, 
pour le tenir en appétit quand on doit le faire voler. 

ABORDER. — On aborde la remise sous le vent pour relever un 
gibier qui s*y tient caché. 

ACHARNER le Icurrc. — To bite the lure^ angl. — Garnir le 
leurre de petits morceaux de viande pour affaiter un élève. 

ADOUÉE. — Synonyme d'appariée; une Perdrix est adouée. 

AFFAIRE. — Un oiseau est dit de bonne afljnre quand il est docile 
et courageux. Dans le cas contraire, il est de mauvaise affaire. 



152 FAUCONNERIE. 

AFFAiTAGE, AFFAiTER. — Dresser UH oiseau de chasse. — To 

train, angl. — Treinen^ holl. — Affaitage se dit aussi du 

temps consacré au dressage et des soins qu'exigent les élèves. 
AFFRiANDER. — Faire revenir l'oiseau en lui présentant un pât de 

gibier ou de Pigeon. 
AiGLUREs. — Taches rousses ou de couleur claire que présente le 

pennage des oiseaux. 




l!âjj i# 





AIGUILLE A ENTER. — Ce|sont des aiguilles plates, de quatre a 
cinq centimètres de longueur, à trois arêtes, et effilées aux 
deux extrémités pour enter une plume. Quand un oiseau a une 
penne de Faile cassée, il faut, pour combler le vide qui nui- 
rait au vol, remplacer la partie cassée. On conserve pour cela 
les pennes des oiseaux qui meurent; on en choisit une de 
xnême grosseur que celle à remplacer, on taille à hauteur con- 



FAUCONNERIE. 153 

venable, en biseau double formant coin, la penne qu*on veut 
compléter, et on biseau double rentrant la penne à ajuster. 
Ces pennes, ainsi taillées, s'ajustent bout à bout, et, pour les 
fixer, on introduit une moitié de l'aiguille dans la moelle de 
la penne cassée et au milieu du biseau; Tautre moitié s'engage 
de la même manière dans la moelle de la penne morte. Mais, 
avant d'employer une aiguille, il faut avoir soin de la tremper 
dans du vinaigre fort, pour favoriser son oxydation, dont le 
développement augmente la solidité de l'opération. 

AIGUILLE. — Mot employé par les fauconniers pour désigner une 
maladie assez fréquente chez les Faucons, et produite par la 
présence de petits vers qui se logent dans la chair, et qu'on 
détnnt avec des lotions d'eau de tabac et de la fumée de tabac 
introduite sôus les plumes, m 

AILERONS. — On nomme ainsi les petites pennes de l'extrémité 
de l'aile. ^— Pinions, angl. — Mesken, holl. 

AIR. — Prendre l'air : se dit d'un oiseau qui s'élève beaucoup 
pendant le vol. 

AIRE. — Nid des oiseaux de proie. — Airy, angl. — Horst, 
holl. — Un oiseau aire sur un rocher, veut dire : fait son nid 
sur un rocher. On dit aussi : un oiseau est de bonne aire, 
quand il est de bonne race et courageux . 

ALBREKÉ. — Un oiseau est albrené quand sa plume est jeune, 
gâtée ou en désordre. 

ALPHANET.— Nom douué au Faucon tunisien, qui n'est qu'une 
variété du Faucon Lanier. 

Aii.E. — Monter sur l'aile, se dit de l'oiseau qui s'incline sur une 
aile et s'élève par le mouvement précipité de l'autre. 

Af,ÈTiiE. — Nom employé autrefois pour désigner un Faucon de 
passage qu'on supposait d'une race distincte de celle du Fau- 
con Pèlerin. 

AMONT. — Tenir amont, voler amont : se dit de l'o'seau qui se 



m FAUCONNERIE, 

soutient en Tair, contre le vent, en attendant la proie qnil 
doit voler. Jeter amont. Voye% ce mot, 

AMTANAiRE OU ANTÉNAiRE. — Ou désigue aiusi l*oiseau qui a man- 
qué sa mue et gardé le plumage de Tannée précédente. — 
Lentiner^ angl.' — Lcntenier, holl. 

APOLTRONiR. — Émousscr les ongles des pouces d un oiseau. 

APPuivoisER. — Habituer Toiseau au poing, le familiariser. — 
SpinneHy holl. 

ARMER. — On arme un oiseau quand on lui met les entraves et 
le grelot. On arme les cures {voyez ce mot)^ quand on les 
garnit de viande hachée, pour engager les oiseaux à les 
prendre. 

ASSURANCE, ASSURER. — Uu oiscau cst assuré quand il est hors 
de filière, c'est-à-dire quand dh peut compter sur son retour 
au rappel. Il vole d'assurance quand il vole bien et sans hési- 
tation. On dit encore qu*il est assuré quand il se tient tran- 
quille sur le poing, sans se débattre. 

ATTOMHissEUR ou TOMBissEUR. — C*est le sccoud oiscau qui, jeté 
sur le Héi*on, le harcèle. Il y a aussi le hausse-pied, qui le 
premier commence Tattaque et le fait monter; le teneur est 
le troisième. 

AvitLON. — Ongle du pouce ou doigt postérieur. 

AViLLONNER. — Sc dit du Faucou qui se sert vigoureusement de 
ses avillons. 

AUTOURSERiE. — Avs accipUrario y art de dresser et de gouver- 
ner r Autour et TÉpervier. Chasse à Taide de ces oiseaux de 
basse volerie. 

ACTOURSiER. — Chasscur et éleveur chargé des soins à donner à 
FAutour. 

AVEUER. — Suivre un gibier de Tœil, le garfer à vue. 

BAGUETTE OU CHASSoiRE. — Bâtou miucc et long que portent les 
autoursiers pour fouiller les buissons. 



i 



FAUCONiNElUE. 156 

BAIGNER. — Les oiseaux de vol ont besoin de bains fréquents; il 
importe de leur donner de Teau fraîcbe dans un baquet en- 
touré de sable. Ils ne se baignent généralement pas et boi- 
vent encore moins en présence de Thomme. Pour boire, ils 
plongent la tête dansTeau jusqu'au dessus des yeux, et n'ont 
point assez de confiance pour le faire devant un témoin qu'ils 
redoutent. Aussi, on les porte quelquefois au bord d'un ruis- 
seau et on les attache à la filière, de manière à pouvoir les 
abandonner sans craindre qu'ils se dérobent; on s'éloigne, et 
ils se baignent alors à l'eau courante. 

BALAI. — Queue des oiseaux de chasse. — The train^ angl. — 
Quelques fauconniers disent que ce terme n'est employé que 
pour les oiseaux de bas vol. 

BALANCER, SE BALANCER. — Se dit d'uu oiscau qui paraît rester 
à la même place en observant sa proie. On dit plus vulgaire- 
ment dans ce cas, qu'il fait la cresserelle. 

BARRES. — Bandes transversales de la queue des oiseaux de vol. 

BAS VOL. — Vol du Faisan, de la Perdrix, de la Caillé, de la Pie, 
du Geai, etc. 

BEC — Donner du bec et des pennes, se dit de l'oiseau qui, 
pour augmenter la rapidité de son vol, le soutient par l'agita- 
tion de la tête et des ailes. 

BECCADE. — Petit mprceau de viande qu'on donne à la main aux 
oiseaux. On donne une, deux ou trois beccades. 

BlSaAUNE. — Oiseau jeune et non affaité. Quelquefois ternie de 
mépris en parlant d'un oiseau mal affaité ou paresseux. Ce 
mot représente bec jaune^ parce que les commissures du bec 
des jeunes oiseaux sont pendant longtemps jaunes. 

BIGARRURES. — Taches ou mouchetures des ailes et du dos des 
oiseaux. On emploie dans le même sens les mots : aiglures, 
égalures, émailltitesj tavelures. 



156 FAUCONNEHIE. 

BOITE AU PAt. — Boîte en fer-blanc dans laquelle on met la viande 
hachée destinée aux oiseaux de chasse. — Aasbiis^ holl. 

BLOC. — Pied massif en bois ou motte de gazon sur lesquels on 
place les oiseaux dans la chambre pendant les premiers temps 
de leur éducation. Quand plusieurs oiseaux sont réunis dans 
h même chambre, les blocs doivent être assez éloignés les uns 
des autres pour que les oiseaux ne puissent s'atteindre à lon- 
gueur de longe. 

BLOQUER. — Se dit de l'oiseau qui arrête un gibier par la crainte. 
Il bloque une Perdrix, c'est-à-dire la tient à son avantage en 
planant au-dessus. On dit aussi qu'un oiseau se bloque quand 
il se branche. 

BKANCHiER. — Lcsoiscaux dits Branchiers, — Taklingen^ holl., 
— sont ceux qui ont été pris à la sortie de l'aire sur les bran- 
ches, où ils suivent la mère, ne pouvant pas encore voler ni 
s'élancer sur une proie. Ceux pris dans l'aire sont désignés 

. sous le nom de Niais. 

BRAYER. — Bas-ventre; région inférieure et postérieure du cprps 
des oiseaux de proie. — Broek^ holl. 

BRIDE. — Bande de cuir, fendue dans le milieu de sa longueur, 
pour recevoir l'aile pliée des oiseaux et la retenir au repos 
pendant le transport. — Brail^ angl. — Breil, holl. 

BRIDER. — Mettre une bride à Taile de l'oiseau. On dit aussi bri- 
der les serres; c'est lier ensemble deux serres de chaque 
main, pour empêcher un oiseau de charrier sa proie. 

BUFFETER. — L'oiseau buffete quand, en volant, il heurte sa 
sa proie. Il prend coup quand il souffre du choc. 

CAGE. — Civière montée sur quatre pieds, au centre de laquelle 
se place le fauconnier porte-cage, et qu'il soutient à l'aide de 
deux bretelles pour la transporter. Les oiseaux chaperonnés 
sont rangés autour de cette civière. — Cage, angl. — Cagie, 
holl. 



FAUCONNERIE. 157 

CAGiER. — On nommait ainsi autrefois les marchands de Fau- 
cons. 




CANNELDDE. — Préparation composée de sucre, de cannelle et de 
moelle de Héron, que les fauconniers donnent aux oiseaux 
destinés au vol du Héron, pour les exciter à cette chasse. 

CARRIÈRE. — Temps du vol; vol oblique, vent debout, précé- 
dant le degré. 

CERCEAUX. — Pemies des ailes qui précèdent la plus longue. — 
Ciseel^ holl. — Celles qui suivent la longue sont désignées 
comme quatrième, cinquième, etc. Les Faucons et lesLaniers 

14 



w 



158 FAUCONÎSEIUE. 

n'ont qu'un cerceau à chaque aile; les Éperviers en ont 
trois. Voyez fig. 26. 

CHARGE. — Prendre change : se dit de l'oiseau qui quitte un 
gibier pour un autre non chassé, ou pour un Pigeon de pas- 
sage. 




CHAPERON. — Coiffe ornée dont on couvre la tête des oiseaux de 
vol. Le chaperon, — Hood^ angl. — Kap ou Huif^ holl., se 
compose d'œillères ajustées sur des formes en bois, taillées 
sur la tête de Toiseau. Le chaperon, ^lus ou moins riche ou 
coquet, se fait avec des cuirs de couleur vive; il doit être bien 
proportionné à la tête de l'oiseau : trop large, il ne tient pas; 
trop étroit, il blesse ou froisse les plumes. On désigne sous le 
nom de chaperon de nist, c^lui qui est sans ornements et qui 
sert à couvrir la tête des oiseaux de proie sauvages qu'on 
prend au moment du passage pour les dresser. — - Hufthood^ 
angl. — Reushnify holl. 

CHAPERONNER. — Mettre le chaperon. — To hood^ angl. — 
Ophuiven jhoW, 



FAUCONNERIE. iÔO 

CHAPERONNiER. — Un oiscau est bon chaperonnier quand, habi- 
tué au chaperon, il le porte patiemment et se le laisse mettre 
ou ôter sans se défendre. 

CHARRIER. — L'oiseau charrie sa proie quand, après Favoir prise, 
il remporte au loin et ne revient qu'après qu*on Ta réclamé. 
11 charrie encore sa proie quand il s'emporte trop loin à la 
poursuite du gibier. — Carri/twgf, angl. — Trosseriy hoU. 

CHASsoiR. — Baguette des autoursiers. 

CHAUSSER. — On chausse la grande serre d'un oiseau quand on 
enveloppe Fongle de ce doigt d'un mwceau de peau pour di- 
minuer son action. 

CHEMISE ou LINGE. — Toilo dcstinéc à envelopper les oiseaux de 
proie sauvages qu'on prend au passage. — Valkenzak, holl. 
— C'est un morceau de toile dont deux extrémités repliées 
forment des poches dans lesquelles se placent les ailes de l'oi- 
seau, et dont le reste sert à l'emmaillotter, à Taide de deux 
rubans dont on enveloppe les serres. Avant de lui mettre la 
chemise, on le chaperoime et on lui bride les serres; il est trans- 
porté ainsi à la fauconnerie. On désigne aussi le duvet de l'oi- 
seau sous le nom de chemise, 

CHEVAUCHER. — Uu Faucou chevauchc quand il résiste au vent 
ou s'élève par secousses contre le vent. 

CILLER, siLLER OU cHiLLER. — Sealitiç^ augl. — Breeuveti, 
holl.— Relever à l'aide d'un lil les paupières inférieures d'un 
oiseau. On passe avec une aiguille un fil au bord du tiers pos- 
térieur de la paupière inférieure de chaque œil; les bouts du 
fil sont réunis sur la tête et tordus. L'oiseau ne voit alors 
qu'en avant. 

CIRE. — Membrane jaune ou jaune bleuâtre qui couvre la base 
du bec des oiseaux de proie. 

CLATIR. — Un Chien clatit quand il poursuit une Perdrix de con- 
cert avec l'oiseau de vol et qu'il aboie pour avertir le chasseur. 



160 FAUCONNERIE. 

CLEFS. -— Ongles des doigts des Faucons. 

r.LEV. — Alêne en bois qui sert à ouvrir la boutonnière des entraves 
et assujettir le nœud. — Schoenpen, holl. — On se sert aussi 
d'une petite tige de fer terminée en honde pour fixer les nœuds 
des grelots; ce petit instrument est désigné par les faucon- 
niers hollandais sous le nom de Bel -ijzer. 

GLOSER. — Le fauconnier cluse une Perdrix quand, par un cri 
particulier, il excite les Chiens à la levée de la remise. 

COINS. — Côtés de la queue des oiseaux. On dit la première, la 
deuxième penne du coin droit, du coin gauche. 

CORNETTE. — Omcments de la partie supérieure du chaperon. 

COUP. — Prendre coup se dit de Toiseau qui heurte sa proie trop 
fortement et se blesse. 

COURONNE. — La couronne du bec n*est autre chose que la cire; 
d'après quelques auteurs, elle est seulement formée par les 
plumes sétiformes qui se trouvent à la base de la cire. 

COURTOISIE* — Faire courtoisie, faire plaisir à un Autour ou à 
un Épervier, c'est leur permettre de plumer Toiseau qu'ils 
viennent de prendre. 




couRTRiER. — Petite lanière de cuir longue de 5 centimètres, 
employée pour l'Autour seulement, et qui se place entre les 
jets et les vervelles. Cetto pièce supplémentaire est indispen- 
sable pour un oiseau qui se débat volontiers et serait sans cela 



FAUCONNERIE. 161 

exposé à tordre sa longe. — Shortleash, àngl. — Kortveter\ 
holl. 

COUVERTES OU COUVERTURES. — Ce sont les deux pennes mé- 
dianes de la queue des oiseaux de vol! — Dekvederen^ holl. 

CRÉANCE. — Un oiseau est de peu de créance quand il est sujet 
à se perdre. Voy. filière. 

CROLER. — Se dit du bruit que font les oiseaux en se vidant par 
le bas. 

CURES. — Pilules de plumes, d'étoupes ou de poils, mélangés 
d'ail et d' absinthe, qu'on donne aux oiseaux pour favoriser la 
digestion, et qu ils rejettent pendant la nuit. Jl ne faut point 
paître un oiseau qu'il n'ait rendu sa cure. On dit curer un 
oiseau, lui faire prendre cure. La cure se cottipose aussi, dans 
certains cas, de viande, dans laquelle on met un petit mor- 
ceau de manne ou d'aloès. 

DAGUER. — Un oiseau dague quand il fond vite sur sa proie. 

DÉCHAPERONNER. — Otcr le chaperon. — To unhoody angl. — 
Afhuiven^ holl. 

DEGRÉ. — On désigne sous ce nom le vol horizontal vent arrière 
que parcourt un oiseau qui tend à s'élever après une carrière. 

DÉLONGER. — Otor la longe à un Faucon. 

DÉROBER. — Un Faucon dérobe ses sonnettes quand il reprend 
sa liberté sans permission et ne revient pas au rappel. Il n*est 
pas de bonne cx)mpagnie. « Quand l'oiseau est esgaré, ou on 
ne peut ouyr ses sonnettes, c'est pour ce que les oiseaux de 
proye, par leur astuce, portent souvent leur proye es cavernes 
ou près des eaux, parquoy on ne peut ouyr les sonnettes : lors 
regarde où verras les oiseaux voiler et crier, car là doit être 
le tien, qui est cause du cry des autres. » {Fauconnerie de 
G. Tardif, p. 71, verso.) 

dérociTer. — Se dit du gibier à poil qui, près d'être saisi par 
un Faucon, .se précipite d'un rocher pour éviter d'être pris. 

14. 



162 FAUCONNEHIE. 

DÉROMPRE. — L biseau a dérompu sa proie quand son choc a 

rompu son vol et qu'il Ta jetée à terre 
DESCENTE. — Mouvemcnt rapide de l'oiseau qui du haut des airs 

plonge sur sa proie. 
DÉsEMPELOTOiR. — Petite tige de fer avec laquelle on retire de 

la mulette la viande que le Faucon ne peut digérer. 
DEVOIR ou DROIT. — Portion du gibier due à Foiseau qui Ta 

pris. Ce droit se compose du cœur, du foie, quelquefcris de la 

cuisse ou de l'aile. 
DOIGTS. — Ce sont les serres des Faucons. 
DuiRE. — S'emploie par quelques-uns comme synonyme d'aflaiter . 
ÉMEUTS, ÉMEUTiR. — Ficutcr. Émcuts, fientes des oiseaux de 

chasse. — Mutes, angl. — Smettsel, holl. — Les éraeuts 

doivent être blancs et clairs. Les émeuts bleus ou verts sont 

un signe de maladie et de mort prochaine. 
EMPELOTÉ. — Un oiseau est empeloté quand il ne peut digérer 

ce qu'il a avalé. On emploie le désempelotoir. 
EMPIÉTER SA PROIE. — Sc dit de Toiscau de bas vol qui saisit 

bien son gibier. 
ENDUIRE. — On dit qu*un oiseau enduit bien quand il digère bien. 
ENTER UNE PENNE. — Faire, à l'aide d'une aiguille, tenir une 

portion de penne sur ce qui reste d'une penne cassée. — /m- 

ping, angl. — Eene veder aansteken, holl. — Voy. aiguille. 




ENTRAVES. — Liens qu'on met aux pattes des oiseaux. Ils corn- 



FAUCONNERIE. 165 

prennent le^ jets, les vervelles, la longe, et une quatrième 
pièce pour TAutour seulement, c'est le courtrier. 

ESCAPER. — Mettre en liberté. Le fauconnier escape un Héron, 
une Perdrix, un Pigeon, pour faire voler le Faucon qu'on veut 
dresser. Mettre à l'escape un Pigeon ou tout autre oiseau, c'est 
aussi le mettre à la filière pour la leçon. 

ESCLASE. — Faucon bien proportionné et présentant toutes les 
qualités pour un beau vol. Terme opposé à celui de Goussaut, 
qui signifie trop court, mal proportionné. 

EscuMER. — Un Faucon escumè sa proie quand il passe sur elle 
sans la saisir. On dit qu'il escume la remise quand il passe sur 
une proie qui s'est rasée ou retranchée dans un buisson. Il 
escume les chiens quand il vole en suivant ces derniers à la 
poursuite d'un gibier. 

EssiMER. — Rationner les oiseaux trop gras pour les entraîner. 

ESSOR. — Monter à Tessor, monter d'essor : s'élever dans l'air. 
Ce mouvement doit être fait sans hésitation, mais sans trop de 
vivacité. 

ÉTUI. — Roseaux préparés pour couvrir les pointes du bec d'un 
Héron ou d'une Grue qu'on met au piquet ou qu'on esc-ape 
pour dresser un Faucon. — Reigerpijpen^ holl. 

FAîRE LA TÊTE. — Habituer l'oiseau au chaperon. 

FAUCON ROïAL. — Ou dit Faucou royal un Faucon niais bien 
dressé. 

FAUCON PELERIN. — Faucoii pris au passage; terme vague s'appli- 
quant aussi spécialement à une espèce : Falco Peregrimis, 

FAUCON GENTIL. — Faucou dc passagc qu'on prend en août et 
septembre, généralement d'un affaitage facile. 

FAUCON SORS. VoyCZ SORS. 

FAUCON HAGARD. VoyeZ HAGARD. 

FAUCONNERIE. — Art de dresser et de gouverner les oiseaux de 
haut ou bas vol {Ars Falconaria), -^ Équipage de Faucons et 



164 FAUCONNERIE. 

tout ce qui en fait partie. — Volière destinée, aux oiseaux 
de vol. 

FAUCONNIER. — Chasseur et éleveur attaché à la fauconnerie. Se 
dit aussi du maître de l'équipage ou de l'officier chargé de le 
diriger. Dans les beaux temps de la fauconnerie, la charge de 
fauconnier du roi n'était confiée qu'à un grand officier. 

FAUcoNNiÈnE. — Gibecière du fauconnier. — Hawkingbag, angl. 
— Valkenierstaschy holl. Elle a deux poches : Tune pour lo- 
ger les instruments du métier, l'autre pour recevoir les oi- 
seaux vivants destinés à l'éducation des Faucons en plaine. 

FILANDRES. — Vcrs intestiuaux des oiseaux de proie. 

FILIÈRE. — On dit aussi créance et tïens-le-bien. -^ Ficelle de 
dix à quarante mètres de longueur qui s'attache aux jets pour 
permettre à l'élève une certaine étendue de vol, tout en le te- 
nant captif, ou qui sert à laisser voltiger un gibier destiné aux 
leçons. — Créance, angl. — Vliegdraad, holl. 

formes. — On désigne sous ce nom les femelles des oiseaux de 
proie; les mâles sont des Tiercelets. 

frapper sa proie. — Se dit du Faucon seulement qui heurte 
vigoureusement son gibier. — Le Faucon lie sa proie ; T Au- 
tour empiète la sienne. 

frelon. — Petit bouton qui se voit au centre des narines des oi- 
seaux de chasse. 

PRiST-FRAST. — Aile dcsséchéc et montée d'un Pigeon ou d'une 
Poule pour frictionner les oiseaux de chasse qui n'aiment pas le 
contact de la main. 

fuite. — Un Faucon qui s'écarte beaucoup en volant est, dit-on, 
sujet à de grandes fuites. 

fusteh. — Un gibier a fusté quand il s'est échappé après avoir 
été pris; on dit qu'un Faucon sauvage fuste quand il évite le 
piège qui lui est tendu. 

gorge. — Ronne gorge. • — A gorge, angl. — Een goede krop, 



FAUCONNERIE. 165 

holl. — Demi-gorge. — Een halve kropy holl. — Quart de 
gorge. C'est-à-dire indication de la quantité de nourriture 
donnée. Gorge chaude, nourriture vivante. 

GODssADT. — Faucon mal proportionné, trop court. Terme de 
mépris. 

Grelot. — L'oiseau de vol a toujours un grelot attaché à la main 
gauche, au-dessus du nœud des jets. Ce grelot, désigné aussi 
sous le nom de sonnette, est fixé autour du tarse à l'aide d'un 
petit anneau ou jarretière de cuir. — Bell^ angl. — Bel, holl. 

GRUYbiR. — Oiseau dressé pour le vol de la Grue. 

cuiKDER. — L'oiseau se guindé quand il s'élève au-dessus des 
nues^ 

HAGARD. — Sauvage. Un Faucon hagard est l'oiseau pris sauvage 
à la fin de sa première année et en livrée complète. 11 est gé- 
néralement plus difficile à dresser que les Faucons niais ou les 
Faucons branchiers. — Haggard, angl. — Brisson dit, en par- 
lant de la signification de ce mot, que c'est ainsi qu'on dé- 
signe les Faucons adultes, et qu'on les appelle aussi bossus. 
« Lorsque le Faucon est avancé en âge, ajoute-t-il, il con- 
tourne parfois son cou de manière à le cacher complètement 
entre les épaules, ce qui le fait paraître beaucoup plus court, 
de sorte qu'à peine la tête paraît-elle au-dessus des ailes lors- 
qu'elles sont pliées, et alors il semble être bossu. » 

iiAussE-PiED. — On désigne ainsi le Faucon qu'on jette le pre- 
mier sur un Héron pour le faire monter; le second est le tom- 
bisseur, et le troisième le teneur. 

HAUT VOL ou VOL ROYAL. — Vol du Hérou, de la Grue, du Milan. 

HÉRissoNNER. — Uu oiscau hérissonue quand ses plumes se re- 
lèvent et que ses yeux sont enfoncés et couverts. Cette maladie 
exige l'emploi de fumigations faites avec du vin chaud. 

HERONNER. — Voler le Héron. 



I 



166 FAUCONNERIE. 

HÉRONNiER. — Faucou drcssé pour le vol du Héron. 

HÉROXNiÈRE. — Étang fréquenté par les Hérons. — Lieu où Ton 
élève des Hérons. — Lieu où les Hérons déposent leurs œufs 
et couvent. — Lieu où les Hérons se retirent chaque soir pour 
passer la nuit. 

INTRODUIRE. — Un Faucou est introduit quand, après les pre- 
mières leçons, il se montre docile et qu'il répond aux soins 
qu'on lui donne. 

JABOT. — Voyez molette. 

JARDIN. — Cour de la fauconnerie, destinée à l'exposition des oi- 
seaux au soleil. 

jardiner. — Faire prendre l'air à un oiseau; l'exposer sur un 

- bloc au soleil. — Weathenng, angl. 

jets. — Partie supérieure des entraves, composée de deux pièces 
semblables en cuir souple et passées autour des tarses à l'aide 
d'un nœud bouclé. — J esses, angl. — Schoenen, holl. — 
Voyez p. 160. 

jeter amont le fadcon. — Laisser voler librement et contre le 
vent le Faucon au-dessus des chasseurs qui quêtent le gibier. 

JETER. — On jette un oiseau de haut vol quand on le fait partir 
du poing sur une proie. Lâcher ne se dit que des oiseaux do 
bas vol. Ouvrir la main pour lâcher les jets ou entraves. 

LANERET. — Mâle du Faucon Lanier. 

LARGE. — L'oiseau fait large quand il écarte ses ailes au repos; 
c'est un signe de santé. 

LÉGER. — Un Faucon est léger quand il soutient bien son vol. 

LEURRE ou RAPPEL. — Luve^ angl. — LoeVj holl. Planchette re- 
couverte sur ses deux côtés par les ailes et le manteau d'un 
Pigeon pour rappeler les oiseaux. Le leurre est garni, entre 
la bifurcation des ailes, d'un petit ruban destiné à nouer au 
besoin un morceau de viande. A sa prtie supérieure est fixé 



FAUCONNERIE. 107 

un anneau qui reçoit une ficelle permettant de l'agiter en l'air 
pour le faire voir de loin par Toiseau qu'on leurre. 




LÈVE -CUL. — Vol du Faucon au départ de l'oiseau qu on fait lever 
devant lui. 

LEURBER A VIF. — Moutrcr uu Pigcou attaché à une ficelle pour 
rappeler les oiseaux de haut vol. L'oiseau de bas vol revient à 
la voix ou à l'aide du tiroir. 

UER SA PROIE. — To bifidy aiigl. — Binden^ holl. Se dit du 
Faucon qui, à l'aide de ses serres, arrête le gibier qu'il chasse 
ou le tient à terre. L* Autour empiète sa proie; le Faucon 
la lie. 

LiNGK. — Quelques fauconniers emploient ce itiot comme syno- 
nyme de chemise. 

LOiNGE. — Lanière en cuir, longue de près d'un mètre, et qui 
sert à attacher les oiseaux à la perche ou à la cage. — Leash^ 
angl. — Langveter^ holl. 



168 FAUCONNERIE. 

MADRÉS. — Faucons communs dressés et de deux ou plusieui-s 
mues. 

MAiiUTES. — Partie supérieure des ailes de Toiseau près de 1 e- 
paule du côté qui touche le corps. 

MONTER EN FAUCONNIER. — Ycut dire moutcr à cheval du côté 
droit ou du pied droit; c'est ainsi que montent les fauconniers 
qui portent le Faucon sur le poing gauche. 

MAIN. — Serres des oiseaux.de haut vol. On dit qu'un Faucon a 
la main habile, fine, bonne^ gluante, bien onglée, quand il ne 
manque pas sa proie et la lie avec assurance. Les serres des 
oiseaux de bas vol conservent le nom de pieds. Main de Fau- 
con, pied d'Autour . — Poot^ holl. 

MANTEAU. — Partie supérieure du corps, des épaules, au milieu 
du dos des oiseaux. 

MONTÉE. — Vol par carrières et degrés sur une proie qui fuit ou 
qui passe. 

MUÉ. — Oiseau de plus d'un an, mais pris sauvage dans le cours 
de sa première année et avant sa première mue, qui s'est faite 
en captivité. — Intermiewed^ angl. — "Muiters^ holl. 

MUE. — L'âge des oiseaux de chasse est indiqué par le nombre 
des mues annuelles. On dit Faucon d'une, deux ou trois 
mues. 

MULETTE. — Partie du tube digestif désignée chez les autres oi- 
seaux sous le nom de jabot. 

MUTiR. — Fienter. 

NIAIS. — On désigne sous ce nom les Faucons qui ont été pris 
dans l'aire et encore couverts de duvet, au moins sur la tête, 
et élevés à la feuconnerie. Un Faucon niais, bien élevé, est 
désigné aussi sous le nom de Faucon royal. — Eyesses, angl. 
— Nestling, holl. 

NOUER LA LONGE. — Ou dit iioucr la longe d'un Faucon quand 



FAUCONNEIUE. 169 

011 lui fait quitter la volerie pour quelque temps, soit au mo- 
ment de sa mue, soit pour le reposer ou le soigner. 
OISEAU D ECHAPPE OU d'escape. — C'cst un oiseau dressé qui a 
dérobé ses sonnettes ou s'est perdu, et qui, appartenant à un 
autre équipage, est trouvé par un faucomiier ou vient se ren- 
dre à son rappel. On désigne aussi sous le nom d'oiseaux d'é- 
chappé ou d'escape les oiseaux vivants. Pigeons, Perdrix, Hé- 
rons, qu'on lâche devant un Faucon pour le dresser. (Voyez 

ESCAPE.) 

OISEAU DE LEURRE. — Lcs oiscaux de leurre sont les Faucons; ils 

sont dressés à revenir au leurre. Haut vol. 
OISEAU DE POING. — Se dit des oiseaux qui, comme l'Autour et 

l'Épervier, reviennent au poing. Bas vol. 

OISEAU DE TRAVAIL, DE GRAND TRAVAIL. — C'cst le FaUCOU bicU 

dressé, courageux, toujours prêt à voler, et qui ne se rebute 

pas. 
PAiRONs. — Père et mère de l'oiseau. 
PAÎTRE LES FAUCONS. — Donucr le repas aux oiseaux. — Azen^ 

holl. 
PANTOIS. — Asthme des Faucons. Un oiseau pantoise quand sa 

respiration est gênée. 
PAREMENT. — Diversité des couleui^ qui parent les ailes d'un 

oiseau de proie. 
PASSAGER. — Oiseau adulte pris au passage pendant une migra- 
tion. 
PAT. — Nourriture particulière des oiseaux de fauconnerie. — 

AaSy holl. 
PÈLERIN. — Faucon commun de passage. — Passage-Hawk^ 

angl. — Pelgrim^ holl. 
. l'ELOTE. — Détritus de plumes, de poils, d'os, etc., que Toiseau 

ne peut digérer et qu'il rejette. 
PENNES. — Ijongues plumes des ailes et de la queue. Les pennes 

15 



170 FAUGONNEUIE. 

des ailes ne sont pas de même longueur; la plus lougue est dé- 
signée sous le nom : la longue. 

PENNES AFFAMÉES. — Lcs oisBaux niais dont la nutrition ne s'est 
pas bien faite ont quelques pennes dont le développement est 
retardé phis ou moins, et qui laissent des vides entre les pen- 
nes développées. Ces pennes, arrêtées dans leur accroissement, 
sont dites pennes affamées. Les oiseaux adultes ont aussi quel- 
quefois des pennes affamées, soit au moment de la mue, soit 
après la chute accidentelle d une penne. — Htmgertrax:ey 
angl. — Hongermalie^ holl. 

PERCHOIR. — Se dit du local où logent les Faucons. — Valken- 
kamer^ holl. 

PERCHE. — Support préparé pour reposer les Faucons introduits. 
La partie postérieure et transversale de la perche ne doit être 
ni' trop grosse ni trop mince; il faut qu'elle puisse remplir les 
mains de l'oiseau, et que les avillons viennent s'opposer aux 
ongles des doigts. On garnit souvent le dessous de cette pièce 
transversale, jusqu'au sol, d'un rideau en paille tressée, pour 
que l'oiseau ne roule pas sa longe autour de la perche. 

PIQUER. — Le fauconni.er pique après fa sonnette quand il suit le 
vol pour arriver à la chute. 

PIQUET. — On met un oiseau vivant au piquet, quand on l'atta- 
che à un piquet à peu de distance de l'élève qui doit le con- 
naître et finit par le dévorer. 

PLAISIR. — Faire plaisir, faire courtoisie, faire jeu à l'oiseau, 
c'est lui laisser plumer son gibier ou lui permettre de lui 
donner quelques coups de bec. 

POIL. — Mettre à poil. Dresser un oiseau à la chasse du gibier a 
poil. 

toiNG, — Un oiseau de poing est celui qui, réclamé, revient sur 
le poing sans leurre* 



FAUCONNERIE. 171 

POINTE. — Un oiseau fait iine pointe quand il file loin droit de- 
vant lui sans se détourner. 

POINTER. — Un oiseau pointe quand il monte ou descend rapide- 
ment pendant le vol. 

PôiVRÇR. — un Faucon : c'est le mouiller pour l'assurer quand 
il est indocile, ou bien c'est le laver avec de l'eau et du poivre 
pour le débarrasser de la vermine. On le poivre aussi dans le 
même cas avec une infusion de tabac ou en lui soufflant de la 
fumée de tabac entre les plumes. 

PORTE-CAGE. — Aide-faucoimier chargé du transport -des Fau- 
cons. Hawkcarriery angl. — Cagiedrager, holl. 

PORTE-GRELOT. — Petite lanière de cuir qui enveloppe le tarse de 
l'oiseau et supporte le grelot. 

PRENDRE MOTTE. — Se dit de l'oiseau de chasse qui se pose à 
' terre. 

RAMER. — Se dit de Toiseau qui vole en agitant gfes ailes comme 
des rames. 

RAMEDPs. — Faucons, ils ont les ailes vigoureuses et serrées de 
manière à frapper l'air avec force. 

RAMOLLIR. — On ramollît, à Taide d'une éponge mouillée et 
maintenue par uiie bande, les plumes froissées d'un oiseau 
pour lès redresser. 

RAPPEL. — Synonyme de leurre. 

RASER l'air. — Se dit de l'oiseau de vol qui plane. 

REBUTÉ. — Un oiseau qui ne veut plus voler. 

RÉCLAMER. — Rappeler un oiseau pour le faire revenir au poing 

REDONNER. — Uu Faucou redounô quand il poursuit de nouveau 
yn gibier pris et qui s'échappe. 

REJOINDRE. — Se dit des oiseaux qu'on jette en second ou en 
troisième, et vont aider le premier. — To join, îingl. — In- 
koppelen^ holl. , , 



' 



172 FAUCONNERIE. 

REMARQUEUR. — Aide-faiiconiiier qui se poste à distance pour 

faire des signaux ou pour suivre à vue les oiseaux. 
REMONTER. — Donucr plus de nourriture aux oiseaux de vol 

maigres. 
ROCHiER. — Voyez la description du Faucon Émerillon. 
SACRET. — Mâle du Faucon Sacre. 

SONNETTE. — VoyeZ GRELOT et DÉROBER. 

SORS ou soR. — Surnom des oiseaux de vol qui sont dans leur 
première année avant la mue. En Angleterre et généralement 
à Tétranger, on désigne ces oiseaux sous le nom de rouges. — 
The red Falcoriy angl. — Rood Valky holl. 

TAQDET. — Morceau de bois sur lequel on frappe pour faire re- 
venir un oiseau en le rappelant. 

TARTARET. — Voycz la dcscriptiou du Faucon Pèlerin. 

TENEUR. — On désigne ainsi le Faucon jeté le troisième sur un 
Héron, vol royal. 

TÊTE. — Faire la tête. Habituer Toiseau au chaperon. 

TENIR FERME. — Rationner les oiseaux pour les entraîner. 

TENIR LA CURE. — Uu Faucou tient la cure quand la cure a pro- 
duit son effet. 

TENIR A MONT. — Se dit de Toiseau qui se soutient en Tair pour 
découvrir le gibier qu'il doit voler au cul levé. 

TRAÎNEAU. — Peau de lapin empaillée pour affaiter les oiseaux. 

TRAVAIL. — On dit qu'un oiseau est de bon ou de grand travail 
quand il est fort, courageux et bien dressé. 

TiENs-LE-BiEN . — Syuouymc de filière ou de créance. 

TIERCELET. — Mâles dc quelques oiseaux de chasse : Gerfaut, 
Faucon, Autour, Émerillon. Le mâle du Faucon Sacre est ap- 
pelé Sacret. — Sackerely angl. — Celui duLanier, Laneret.— - 
Ijinnerety angl., — et celui de TÉpervier, Mouchet ou Émou- 
chet. — Miisket, angl. Les femelles seules portent le nom de 
Tespèce. Suivant les uns, le nom- de Tiercelet a été donné 



FAUCOISNERIE. 175 

parce qu'il n y a qu un seul mâle dans une nichée de trois* 
Suivant d'autres, parce que le mâle est le plus petit de la ni- 
chée. On dit aussi que c'est parce que l'éclosion de son œuf 
s'est faite après celle des deux autres. Enfin il paraît aussi 
probable que le nom de Tiercelet tient à ce que les mâles des 
oiseaux de proie en général sont de près d'un tiers plus pe- 
tits que les femelles. — Tiercelj angl. — Talekeriy holl. — 
Terzel^ allem. 
TinER. — Laisser tirer. Permettre au Faucon de prendre quel- 
ques heccades au tiroir. 
TIROIR. — Aileron frais ou sec de volaille préparé pour Taffaitage 

et employé pour rappeler l'oiseau au poing. 
TRAIN . — Faire le train à un Faucon élevé, c'est lui donner un 

oiseau tout dressé pour exemple. 
TUNISIEN, THDNisiAN OU PDNiciEN. — Voyez la description du Fau- 
con Lanier. 
VANNEAUX. — Les faucoimicrs désignent sous ce nom les pennes 

adhérentes à Tavant-bras. 
VAU LE VENT. — Vol daus la direction du vent. 
VEILLER. — On veille un Faucon pour Tempêcher de dormir et 

le dompter. 
VERVELLES. — Pctits auueaux de cuivre réunis à un point de leur 
circonférence par un clou rivé qui leur permet de toumeV 
lun sur Fautre, de façon à empêcher l'enroulement de la 
longe. Ces anneaux sont aplatis sur les côtés et placés à l'ex- 
trémité des jets. D'un côté est gravé le nom du propriétaire; 
de l'autre celui du chef fauconnier . — Smvel^ angl. — Draa!^ 
holl. Ces anneaux reçoivent le porte-mousqueton de longe. 
VIF. — Donner du vif, c'est donner une nourriture vivante. 
VOL. — Chasse à l'aide de Faucons. Équipage d'oiseaux pour la 
chasse, avec tout ce qui s'y rattache, fauconniers. Chevaux, 
Chiens, etc. 



174 FAUCONNERIE. 

VOL ROYAL. — Se dit du vol du Héron, de la Grue, du Milan, etc. 

VOLER. — Chasser avec des oiseaux dressés. 

VOLER POUR BON. — Un oisoau vole pour bon quand son éduca- 
tion est complète. Voler de pdîng en fort, lâcher les oiseaux 
de bas vol . 

VOLER D* AMOUR OU d'amont. — Exprcssiou employée par quelques 
auteurs pour les Faucons jetés amont et qui volent librement 
au-dessus des Chiens et devant les chasseurs. — Waiting on, 
angl. — Aanwachteriy holl. 

voLERiE ou VOL. — Chassc avec les oiseaux de proie. La haute 
volerie est celle du Faucon sur le Héron, la Grue; du Gerfaut 
et du Sacre sur le Milan. La basse volerie est celle de F Autour, 
du Lanier et du Tiercelet de Faucon sur le Faisan, la Perdrix, 
la Caille, la Pie, la Corneille, le Lièvre et le Canard. 

VOL POUR LES CHAMPS. — Petit équipage pour le vol de la Per- 
drix, etc. 

VOL POUR RIVIÈRE. — Petit équipage pour le vol du Canard et des 
oiseaux d'eau . 



FIN. 



TABLE 



Aperçu historique 1 

Description des Faucons 47 

Faucon blnnc 40 

Faucon d'Islande 51 

Faucon Gerfaut 53 

Faucon Sacre 5C 

Faucon Lanier 58 

Faucon Pèlerin 60 

Faucon Émerillon 65 

Faucon Hobereau 67 

Faucon Gresserelle , . , 70 

Autour 72 

Epervier 75 

Éducation des Oiseaux de vol / . . 79 

Faucons niais S8 

Faucons branchiers. . * 92 

Faucons passagers ■ 03 



176 TABLE. 

Âffaitage des Faucons 99 

Âffaitage des grandes es|)èces 103 

ÂfTaitage du Sacre 110 

Affaitage des Faucons Lanier et Pèlerin 112 

Affaitage de rÉmerillon 113 

Aflaitage de l'Autour 116 

Affaitage de l'Épervier 119 

Soins généraux 119 

Observations sur le vol des Oiseaux 121 

Liste alphabétique des termes de Fauconnerie .. 151 



l'AHIs. — IMP. SIMO!» RAÇOX ET COUP., RUE D*EnFURTn, I. 



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