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Full text of "La France protestante : ou, Vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l'histoire depuis les premiers temps de la réformation jusqu'à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par l'Assemblée Nationale ; ouvrage précéde d'une notice historique sur le protestantisme en France, suivi de pièces justificatives, et rédigé sur des documents en grand partie inédits"

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flatbatb  ^ibinitp  §^^ml 


ANDOVER-HARVARD  THEOLOGICAL 

LIBRARY 


MDCCCCX 


CAMBRIDGE,  MASSACHUSETTS 


LA  FRANCE 


PROTESTANTE 


TOME   VIIl 


Taiis.— Irrrnn-.i'  pr  E.  Tui'XOT  et  C"'.  v.t  Ut  lie,  iù. 


Al    0 


LA  FRANCE 

PROTESTANTE 

ou 
VIES  DES  PROTESTANTS  FRANÇAIS 

QUI    SE   SONT    FAIT    UN    NOM    DANS    L'HISTOIRE 


f 


DEPUIS  LES  PREMIERS  TEMPS  DE  LA  REFORMATION 
JL'SgU*A   LA  RECONNAISSANCE  DU   PRINCIPE   DE   LA  LIBERTE  DES  CULTES 

PAR   l'aSSEBIBLëE   NATIONALE 

onVRÀGB    PRBCÉDK 

D'UNE  NOTICE  HISTORIQUE  SUR  LE  PROTESTANTISME  EN  FRANCE 

BniVI  DB  PIÈCES  JUSTIFICATIVES 
ET  BÉDIOS  BCR  DES   00CD1U9ITS   KS  OBARDE  FABTIE  INÉDITS 

PAB 

MM.  EDG.  ET  ÉM.  HAAG 


TOME  VIII 

HAGEL  —  KOSEKtfTIEI. 

PARIS 

JOËL  CHERBULIEZ,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

10;   RUE  DE  LA  MONNAIE;   10 

GENÈVE,    MÊME    MAISON 
1858 


Rc^ 

3X 

^^8^-3 

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\^.8 

LA  FRANCE 


PROTESTANTE 


NAGEL  (Burcàrd)^  abbé  de  la  ri- 
che abbaye  de  Mùoster,  converti  aa 
protestantisme.  En  1536^  à  la  suite 
d^an  arrangement  concla  avec  ses 
moines^  Nagel  donna  sa  démission  et 
se  retira  à  Malhonse^  où  il  ne  larda 
pas  à  abjurer  publiquement  et  à  pren- 
dre femme.  Son  abjuration  irrita  les 
moines,  qui  refusèrent  de  lui  payer  la 
pension  qu'ils  lui  avaient  promise. 
Mulhouse,  qui  lui  avait  accordé  les 
droits  de  bourgeoisie,  ayant  pris  sa 
cause  en  main,  il  en  résulta  un  procès 
qui  se  termina,  après  la  mort  de  Nagel, 
par  une  sentence  arbitrale  du  magis- 
trat de  Colmar,  portant  que  le  couvent 
de  Munster  payerait  les  dettes  de  son 
ancien  abbé  et  donnerait  à  ses  héritiers 
une  somme  de  200  florins  comme  dé- 
dommagement. 

En  1543,  l'exemple  de  Nagel  fut 
suivi  par  le  curé  de  la  cathédrale  de 
Munster,  Thomas  Wiel,  qui  embrassa 
publiquement  la  Réforme   et  Tinlro- 

T.  Vlll. 


duisit  dans  cette  ville  sans  rencontrer 
de  résistance  de  la  part  des  magis- 
trats, mais  non  pas  sans  opposition  du 
côté  des  moines  [Voy.  LEGKDEIG). 

NARBONNE-GAYLUS   (Glaudb 
db),  baron  de  Fàugères,  Lunas,  etc., 
vaillant  chef  huguenot  et  un  des  fa- 
meux Vicomtes  du  Quercy,  était  fils  de 
Jean  de  Narborne  et  de  Béatrix  de 
Fàugères.  Dès  1 562,  le  baron  de  Fàu- 
gères mit  son  épée  au  service  de  la 
cause  protestante  {Voy.  IV,  p.  130); 
malheureusement  il  ternit  ses  exploits 
par  les  excès  qu'il  laissa  commettre  à 
ses  soldats.  En  1568,  les  Catholiques, 
proûtant  de  son  absence,  surprirent 
son  château.  Son  neveu,  Scânt-Pierre, 
les  en  chassa  bientôt  après  ;  mais  il  pré- 
tendit garder  ^a  conquête,  en  sorte  que 
Fàugères  indigné  appela  à  son  aide  le 
baron  de  Rieux,  dont  il  acheta  le  se- 
cours en  changeant  de  parti.  Dès  Tan- 
née suivante  cependant,  il  se  refit 
protestant,  et  soutenu  par  les  habi- 

1 


NAR 


—  2  — 


NAR 


tants  de  Castres^  il  réussit  à  expulser 
de  son  château  la  garnison  que  de 
Rieux  y  avait  mise.  Une  tentative  du 
gouverneur  de  Béziers  pour  le  re- 
prendre n'eut  aucun  succès  (Voy.  VI, 
p.  2i8).  En  1573,  Faugères,  ayant 
fait  reconnaître  Lodcve  par  Gressac  et 
ScUmon,  tous  deux  originaires  de  cette 
ville,  trouva  le  moyen  de  s'en  rendre 
maître  en  s'introduisant  dans  ses  murs 
par  un  aqueduc.  Les  habitants  se  dé- 
fendirent avec  courage  et  livrèrent  aux 
assaillants  un  rude  combat  dans  lequel 
Etienne  de  Beyne,  sieur  de  Gos,  reçut 
un  coup  d'arquebuse  qui  le  mutila 
d'un  bras;  mais  leur  bravoure  ne  ser- 
vit qu'à  irriter  les  soldats  hugue- 
nots, qui  souillèrent  leur  victoire  par 
de  terribles  vengeances.  Le  24  août 
1574,  le  baron  de  Faugères  assista  à 
l'assemblée  de  Montauban.  En  1575, 
il  exerça  le  commandement  en  chef 
dans  les  diocèses  de  Béziers,  de  Lo- 
dève  et  de  Narbonne.  En  1577,  il 
marcha  avec  ChûiiUon  au  secours  de 
llontpellier.  L'année  suivante,  les 
Catholiques  l'assassinèrent  dans  son 
château,  a  Sa  tète,  lit-on  dans  les 
Pièces  fugitives  d'Aubaïs,  fut  apportée 
à  Lodève,  oîi  l'on  s'en  joua  par  les 
mes.  » 

Claude  de  Narbonne-Caylus  avait 
épousé  à  Béziers,  en  1 544,  Marquise 
de  Gep,  dame  de  Rocozels,  dont  il  eut 
trois  enrants  :  1<>  Jean,  qui  suit;  — 
2»  Màrik,  femme,  en  1571,  de  Jean 
de  Roquefeuil,  puis  de  Jean  de  Fer- 
fier,  dit  le  capitaine  La  Peyre,  dont 
elle  était  veuve  en  1 610  ;  —  3«  Mar- 
quise, épouse,  en  1581,  de  Guillaume 
de  Ferroul,  sieur  de  Foussilion,  d'Ajac 
et  de  Laurens. 

Jean  de  Narbonne-Caylus,  baron  de 
Faugères,  Lunas  et  Rocozels,  s'allia, 
en  1589,  avec  Antoinette  Du  Caylar, 
fille  de  Guillaume ,  coselgneur  de 
S|;>ondillan  et  de  Puyserguier,  et  d' Isa- 
beau  de  Lort,  Il  mourut  avan.  1G40, 
laissant  cinq  enfants  :  !<>  GijILlaume, 
né  en  1597,  qui  eut  pour  parrain  An- 
toine Je  Grate^,  sieur  de  Saint-Martin, 
et  pour  marraine»  Marguerite  de  Gep  ; 


il  précéda  son  père  dans  la  tombe  ; 

—  2°  Henrt,  qui  suit  ;  —  3°  Jacques, 
baron  de  Lunas,  présenté  au  baptême 
dans  l'église  de  Bédaricux,  en  1607, 
par  Jacques  de  Vignolles,  président 
en  la  Chambre  de  Tcdit  de  Castres,  et 
par  Anne  de  Boyer  (Arch.  gén.  Tt. 
257).  Il  épousa,  en  i6ôô,  Marguerile 
MoreAon,  et  vivait  encore  en  1669; 

—  40  Isabelle,  née  en  1599  et  ma- 
riée, en  1614,  avec  Jean  de  Perrin, 
sieur  de  La  Bessière; — 5*»  MARQursE, 
née  en  1 600,  et  présentée  au  baptême 
par  Jean  de  Ferroul  et  Marie  de  Nar- 
bonne ;  elle  épousa,  en  1623,  Abel 
Des  Landes,  sieur  de  Saint-Palais. 

Henri  de  Narbonne-Caylus,  né  en 
1 604  et  présenté  au  baptême,  le  1 8 
octobre,  dans  l'église  de  Bédarieux 
par  Marc  de  Ferroul,  sieur  d'Ajac,  et 
Jacquettc  de  Ferroul  (Arch.  Tt.  257), 
mourut  le  27  septembre  1659,  ayant 
été  marié  deux  fois  :  la  première, 
avec  Isabeau  de  Vignolles,  fille  du 
président  de  la  Chambre  de  l'édit;  la 
seconde,  en  1641,  avec  Isabeau  de 
Bargeton,  fille  de  Louis,  sieur  de 
Cabnères.  Du  premier  lit  vinrent  : 
1»  Jean-Jacques,  mort  en  1648  ;  — 
2«  Antoinette,  mariée,  en  1 649,  à 
Louis  de  Ribes,  sieur  de  Lésignan,  et 
morte  en  1684.  Du  deuxième  sorti- 
rent :  50  Pierre,  baron  de  Faugères, 
qui  émigra  à  la  révocation  et  fut 
nommé  conseiller  d'ambassade  par 
Télecleur  de  Brandebourg  ;  il  mourut 
en  1694.  Sa  femme,  Louise  de  Moro- 
gués,  qui  avait  été  retenue  en  France, 
feignit  d'abjurer  en  1686;  mais  elle 
profita  de  la  première  occasion  favo- 
rable pour  aller  rejoindre  son  mari  à 
Berlin  (Voy,  Vil,  p.  543) ;  — 4*  Jean- 
Gabriel  ;  —  50  Henri,  sieur  de  Sour- 
lan,capitainedecavalerle,quifutmisen 
possession  de  la  baronnie  de  Faugères 
après  son  abjuration,  et  épousa,  en 
1705,  une  nouvelle  catholique  Marie- 
Anne  de  Pascal,  fille  de  Jacques,  sieur 
de  Saint-Félix,  et  de  Joachime  de  Moro- 
gués,  qu'il  laissa  veuve  sans  enfants, 
en  1706  ;— 5'»  Anne,  morte  à  Berlin, 
où  elle  s'était  réfugiée; — 6»  Isabeau, 


NAR 


3  - 


NAR 


mariée  à  Jacques  de  Rozel-Beaumonty 
conseiller  d'ambassade  en  Prasse^  et 
morte  sans  enrants  en  1 725. 

NARDIN  (  jEATf-FRÉDÉRtc  )^  pas- 
tenr^  né  à  Monlbéliard^  le  29  août 
1687^  et  mort  à  Blèmont^le  7  décem- 
bre 1728.  Sa  vie  a  été  écrite  par  le 
pasteur  J.-J,  Duvemoy;  elle  nous  ser- 
vira de  guide  pour  cette  notice.  Nardin 
était  le  douzième  enfant  du  pasteur 
Daniel  Nardin,  vice-surintendant  des 
églises  de  la  principauté  de  Montbé- 
liard  (mort  en  novembre  1707)  et  de 
Marie,  fllle  de  Charles  Duvemoy.  Ses 
parents  le  destinaient  à  la  magistra- 
ture; dès  l'âge  de  seize  ans,  ils  l'en- 
voyèrent à  l'université  de  Tubingue. 
Mais  les  Inclinations  du  jeune  homme 
n'avaient  pas  été  consultées  ;  un  cer- 
tain penchant  au  mysticisme  l'entraî- 
nait irrésistiblement  vers  l'étude  de  la 
théologie.  Dans  cette  disposition  d'es- 
prit^ tout  lui  était  pronostic  et  aver- 
tissement,  comme  si  le  Ciel  ne  se 
fût  occupé  que  de  sa  personne.  Noos 
sommes  tous  portés  plus  ou  moins  à 
nous  faire  le  centre  de  Tunivers.  Du- 
vernoy  nous  fournit  un  exemple  cu- 
rieux de  cette  sorte  d'hallucination 
qui  travaillait  le  jeune  Nardin.  En 
route  pour  Tubingue,  il  lui  arriva 
d'égarer  son  épée  (car  à  celte  époque 
jQsqn'aax  écoliers  portaient  l'habit  de 
coar),  et  au  lieu  de  s'en  prendre  à  sa 
négligence,  il  s'en  prit  au  destin  et 
écrivit  à  ses  parents  :  «  Que  la  Provi- 
dence ayant  permis  qu'il  perdit  son 
épée,  il  ne  pouvait  regarder  cette  perte 
que  comme  un  avertissement,  par 
lequel  Dieu  voulait  lui  faire  entendre 
qu'il  n'était  pas  appelé  à  porter  des 
armes  terrestres,  mais  l'épée  de  l'Es- 
prit, qui  est  la  Parole  de  Dieu;  et 
qu'en  conséquence  ils  ne  trouvassent 
pas  mauvais  qu'il  se  vouât  au  service 
de  l'Eglise.  ^  C'est  ainsi  que  nous  ra- 
petissons Dieu  en  le  faisant  à  notre 
taille.  L'orgueil  touche  de  près  à  l'hu- 
milité. Différentes  autres  petites  cir- 
constances, toutes  naturelles  et  insl- 
gniOantes,  lui  parurent  autant  d'aver- 
tlMemento  singuliers  qui  l'entretinrent 


de  plus  en  plus  dans  son  Idée,  et  ses 
parents  finirent  par  céder.  Heureuse- 
ment que,  dans  ce  cas,  les  présages 
n'avaienlpas  menti.  Aprèsavoir  achevé 
son  cours  de  théologie,  Nardin  accepta 
la  charge  dMnstituteur  dans  une  fa- 
mille particulière.  U  remplit  cette 
place  de  confiance  avec  le  plus  grand 
dévouement,  jusqu'à  ce  qu'en  1 7 1 4  le 
prince  de  Blontbéliard  le  rappela  dans 
sa  patrie  pour  le  pourvoir  du  diaconat 
de  l'église  d'Héricourt.  Il  entra  en 
fonctions  le  1 2  juin.  Son  zèle,  parfois 
inconsidéré,  ne  tarda  pas  à  lui  attirer 
des  ennemis.  «  On  publia,  écrit  Duver- 
noy,  que  Nardin  n'était  pas  de  la  reli- 
gion protestante;  on  exposa  un  certain 
nombre  d'articles  de  sa  doctrine  qu'on 
prétendait  y  être  contraires;  on  qua- 
lifia de  conventicules  suspects  et  pro- 
hibés les  entretiens  qu'il  avait  avec 
ses  amis,  et  les  instructions  qu'il  don- 
nait en  particulier  à  ses  auditeurs;  on 
le  traduisit  par-devant  les  Juges  civils 
et  ecclésiastiques;  Il  fut  obligé  de 
rendre  compte  de  ses  paroles  et  de  ses 
démarches,  et  comme  la  pluralité  des 
voix  se  réunit  rarement  en  faveur  des 
enfants  de  Dieu  quand  ils  ont  à  plaider 
devant  des  tribunaux  humains,  on  le 
jugea  dûment  atteint  de  singularisme 
et  suspect  d'hétérodoxie.  En  consé- 
quence, il  fut  suspendu  de  sa  charge 
et  privé  de  son  bénéfice.  »  En  lisant 
cette  appréciation,  on  ne  doit  pas  ou- 
blier que  l'auteur  était  lui-même  imbu 
des  doctrines  des  Plétistes  (1).  Laper- 

(1)  t  Depuis  le  commeDcement  du  siècle,  lit- 
on  dans  le  Précis  de  la  Réformation  dans  le  comlè 
de  Monlbéliard,  les  opinions  religieuses  des  chré- 
tiens designés  en  Allemagne  sous  le  nom  de 
Piélistea  et  de  Frèra  de  Punité,  s'étaient  répaa* 
dues  dans  le  pays  de  Monlbéliard.  /.-/.  PeUelier, 
ministre  à  Yandoncourt,  puis  à  Allanjoie,  fot 
parmi  nous  un  de  leurs  premiers  partisan)!,  et  il 
les  avait  propagées  avec  ardeur.  Son  fils,  Georgei' 
Léopold^  longtemps  son  Ticaire  arant  de  passer  à 
l'église  de  Montbéliard,  ne  déploya  pas  moins  dt 
zèle  à  répandre  ces  doctrines  qu'il  avait  pniséei 
à  l'école  du  célèbre  SpencVt  predirateur  à  Stras- 
bourg, homme  d'une  piété  exemplaire  et  d'une  foi 
profonde,  qui  avait  visité  Mootbéliard  en  1659. 
[Serait-ce  Inl  ou  un  do  ses  descendants  qui  eut  U 
gloire,  dès  1708,  de  préparer  les  voies  an  fameux 
OberUn,  au  Ban  de  La  Roche?  Le  nom  de  Pelle- 


NAR 


_  4  _ 


NAR 


socution  ne  s'arrêta  pas  là.  Cité  à 
comparaître  par-devant  l'intendant  de 
la  Franche-Comté  (car  alors  la  sei- 
gneurie d'Héricoart  relevait  da  roi  de 
France),  Nardin  se  rendit  à  Besançon 
(février  1717);  mais  l'intendant  se 
montra  plus  accommodant  que  mes- 
sieurs du  consistoire,  11  le  renvoya 
gracieusement  en  lui  disant  :  <c  Votre 
doctrine  me  parait  d'autant  meilleure, 
que  c'est  cela  même  qu'enseignent  les 
plus  zélés  de  nos  docteurs  catholiques. 
Je  prévois  que  vous  avez  des  ennemis 
que  votre  doctrine  effraie,  et  auxquels 
votre  exemple  donne  de  la  confusion; 
ainsi,  soyez  sur  vos  gardes,  et  comptez 
sur  ma  protection  aussi  longtemps 
que  vous  n'entreprendrez  rien  contre 
la  religion,  ni  contre  les  intérêts  de 
mon  maître.  »  Ce  jugement  bienveil- 
lant de  l'intendant  catholique  contribua 
peut-être  à  faire  revenir  les  compa- 
triotes de  Nardin  à  des  sentiments 
plus  charitables,  a  Après  que  ses  juges, 
écrit  Duvemoy,  l'eurent  examiné  de 
plus  près,  et  qu'ils  eurent  confronté 
son  apologie  avec  les  frivoles  accusa- 
tions intentées  contre  lui,  ils  ne  tar- 
dèrent pas  à  rendre  justice  à  la  pureté 
de  sa  doctrine  et  de  ses  mœurs.  Par 
on  jugement  absolutoire,  il  fut  reconnu 
et  déclaré  orthodoxe,  innocent  de  toutes 
les  mauvaises  pratiques  dont  on  l'a- 
vait soupçonné;  en  conséquence,  il 
fut  réhabilité  dans  toutes  les  fonctions 
du  ministère  et  établi  diacre  de  l'église 
de  Blàmont,  le  22  juin  1718.  »  L'in- 
tendant de  la  Franche-Comté  qui  avait 

lier  êft  resté  Ténéré  dans  la  commananté,  où  l'on 
ebante  encore  nn  canliqoede  sa  composition].  £n 
même  temps  que  les  pasienrs  nommés  plus  hant, 
le  diacre/.-F.  Nardin  et  le  ministre  J.-N.  YaUti- 
àet'Barre»  osaient  de  leur  influence  pour  en  mul- 
tiplier les  seclateurs  à  Héricourt,  à  Laire,à  Tavel 
el  dans  tout  le  Toisinage.  £n  plusieurs  endroits, 
OD  forma  des  réunions  particulières  ou  conven- 
fiMrfea,  dont  les  membres  se  livraient  à  des  pra- 
tiques d'une  austère  dévotion  ;  les  assemblées  de 
Ifootbéliard  avaient  à  leur  tête  le  ministre  alle- 
BMod  [c'est-à-dire  de  l'église  allemande]  J.^.Du- 
Mmoy.  Lee  pasteurs  Frie»  [destitué  en  1758,  il 
M  relira  en  Allemagne  chez  les  frères  Moraves], 
eGoiithenansya«9«tn,  de  Yandoncoort,  et  un  peu 
phis  tard,  Paur,  d'£tobon,  puis  de  Clairegontle, 
ii*bétilèrenl  point  à  s'y  rattacher.  • 


aussi  la  haute  main  dans  cette  sei- 
gneurie, ne  cessa  de  lui  témoigner  son 
estime  dans  toutes  les  occasions;  il 
allait  jusqu'à  prendre  son  avis  sur  le 
choix  des  fonctionnaires  qui  étaient  à 
sa  nomination.  Nardin  remplit  avec  le 
plus  grand  zèle  ses  fonctions  pasto- 
rales ;  il  y  avait  en  lui  les  qualités 
d'un  vrai  pasteur,  l'amour,  la  foi,  la 
charité,  mais  l'exaltation  offusquait 
parfois  son  jugement  :  aussi  son  ensei- 
gnement fut-il  moins  fructueux  qu'il 
n'aurait  pu  l'être.  La  population  à  la- 
quelle il  s'adressait  était  trop  franche- 
ment sociable  pour  se  repaître  de 
doctrines  antisociales.  Il  est  sans  doute 
beau  de  prêcher  le  renoncement  au 
monde,  mais  il  ne  faut  te  prêcher  que 
dans  de  certaines  limites  dont  la  raison 
est  Juge.  Ne  méconnaissons  pas  les 
conditions  de  notre  nature.  Le  plus 
saint  des  anachorètes  n'est  qu'un 
monstre  d'égoïsme.  Dieu  n'a  pas  créé 
l'homme  pour  une  vie  de  contempla- 
lion.  Ne  vivre  que  dans  la  prière  est 
une  mort  anticipée,  c'est  un  suicide. 
L'excès  du  bien  n'est  plus  un  bien. 
Voilà  ce  que  Nardin  n'a  pas  compris, 
a  II  était  né,  dit  Duvernoy,  avec  des  ta- 
lents naturels  assez  heureux,  et  ce 
qu'il  avait  acquis  par  l'éducation  et  le 
travail,  la  grâce  divine  l'avait  sanctiflé 
et  augmenté  de  ses  dons.  La  piété, 
dont  il  a  sincèrement  et  constamment 
fait  profession,  n'avait  point  cet  air 
sombre  et  dédaigneux  qu'affectent  les 
faux  dévots.  L'inclination  qu'il  avait 
à  vivre  dans  la  retraite  ne  le  rendait 
point  farouche,  et  sa  grande  applica- 
tion à  l'étude  n'empêchait  pas  que  son 
humeur  ne  fût  ouverte  et  même  en- 
jouée. Sa  gravité  était  accompagnée 
d'humilité  et  de  douceur.  Il  était  pré- 
venant, affable,  populaire,  obligeant 
et  libéral,  même  au  delà  de  ce  que  lui 
permettaient  ses  facultés Son  appli- 
cation à  la  prière  était  infatigable  ;  il 

y  vaquait  presque  continuellement 

A  ces  qualités  du  cœur,  H.  Nardin 
joignait  les  talents  de  l'esprit,  et  des 
connaissances  analogues  à  son  état.  Il 
est  vrai  qu'il  ne  faisait  pas,  non  plus 


NAS 


—  5  — 


NAT 


que  Saint-Paal^  grand  cas  de  la  scienca^ 
ni  de  l'éloquence  humaine;  mais  sans 
être  savant^  il  était  assez  versé  dans  la 
science  ecclésiastique.  Il  possédait 
l'allemand^  le  latin  et  le  grec,  et  en- 
tendait passablement  l'hébreu  et  l'an- 
glais  Dans  ses  sermons^  M.  Nardin 

tirait  moins  parti  de  son  savoir  que  des 
sentiments  de  son  cœur  ;  il  étudiait 
plus  dans  la  prière  que  dans  les  li- 
vres... A  la  réserve  des  Sermons  que 
sa  Camille  lui  avait  demandés,  et  qu'elle 
a  fait  ensuite  imprimer,  il  n'en  écri- 
vait aucun  en  entier  ;  il  se  contentait 
de  faire  une  courte  disposition  des 
principaux  points  sur  lesquels  il  devait 
parler.  »  Ces  sermons  ont  Joui  et  Jouis- 
sent encore  d'une  certaine  réputation 
parmi  les  Protestants.  Nardin  vécut 
dans  le  célibat.  Son  exaltation  reli- 
gieuse contribua  sans  doute  à  user  de 
bonne  heure  en  lui  les  ressorts  de  la 
vie,  il  mourut  à  l'âge  de  quarante  et  un 
ans.  Nardin  fut  le  dernier  diacre  de 
l'église  de  Blâment.  Cette  église  fut 
supprimée  après  sa  mort,  en  Janvier 
1729.  On  a  publié  de  lui: 

I.  Le  Prédicateur  évangéUque,  ou 
Sermons  pour  les  dimanches  et  les 
principaUs  fêtes ,  Bâle,  i  735  ;  Montbé- 
liard,  1750,  in-4<>;  nouv.  édit.,  revue 
et  retouchée,  précédée  de  la  Vie  de 
l'auteur,  par  J.-J.  Duvernoy,  Montb., 
1754,  in-4*;  4*  édit.,  Paris,  1821, 
4  vol.  in-8<». — La  Vie  de  Nardin,  par 
Duvernoy,  fut  réimpr.,  avec  des  aug- 
mentations, par  Choffin,  Halle,  1759, 
in-8*,  et  avec  quelques  retranchements, 
Strasb.,  Levrault,  1847,  in-12. 

II.  Psaumes  et  cantiques  spirituels, 
publ.  par  Choffln,  Halle,  I7i0;  nouv. 
édit.,  1755,  in-12.  —  Ces  cantiques 
sont  en  partie  trad.  de  l'allemand  ;  nous 
les  avons  attribués  à  tort  à  Choffin 
(Voy.  ce  nom),  sur  la  foi  de  Meusel. 

NASSER  (Barthélémy),  ministre 
protestant,  né  à  Strasbourg  en  i  560, 
fit  ses  études  dans  sa  ville  natale,  et 
alla  visiter  ensuite  les  principales  uni- 
versités de  l'Allemagne.  Diacre  de  la 
Cathédrale  en  1 590,  pasteur  de  Saint- 
TlMMdiaaen  1593,  H  obtint  plus  tard  la 


chaire  de  théologie  à  l'université  de 
Strasbourg,  où  il  remplit  aussi  les 
fonctions  de  recteur.  Il  mourut,  le 
21  avril  1614,  président  du  chapitre 
de  Saint-Thomas.  On  a  de  lui,  selon 
Rotermund  et  Lipenius  : 

I.  Geistlicher  Posaunenschall , 
Strab.,  1612,  1617  et  1623,  in-4*. 
—  Recueil  de  62  sermons. 

II.  ErkUirung  der  VU  Buss-Psal- 
men  in  XXV  Predigten,  Strab.  ,1612, 
in-4«.    '" 

III.  Predigten  [XXXIX]  iiberPass. 
Ext.  cum  PostiUâevangeUcd,  Strab., 
1621,  in-fol. 

lY.  EpisteUPostiUey  Leipz.,  1621, 
in-fol. 

y.  EvangeUcorPostUla ,  Frankf., 
162l,in-fol.;  Arg.,  1621,  1654,  fol. 

VI.  Leichenpredigten  Uber  das 
Alte  und  Neue  Testament,  Strab., 
1623,  ln-40.  —  Autre  recueil  de  85 
sermons. 

NATALIS,  nom  d'une  famille  d'o- 
rigine italienne,  établie  à  Montauban, 
où  Jean  de  Natalis,  docteur  en  droit 
et  avocat,  remplit  avec  honneur,  en 
1628,  les  fonctions  de  premier  con- 
sul. Un  de  ses  descendants,  nommé 
aussi  Jean,  suivit  la  carrière  des  ar- 
mes, s'éleva  au  grade  de  colonel,  et 
obtint^  lors  de  sa  retraite,  la  place  de 
trésorier  général.  A  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes,  il  resta  en  France, 
retenu  nous  ne  savons  par  quel  mo- 
tif (1);  mais  il  fit  passer  en  Suisse,  et 
de  là  en  Prusse,  son  fils,  qui  portait 
également  le  nom  de  Jean,  et  sa  fille, 
Marthe,  qui  épousa  Etienne  de  Cor- 
dier.  Plus  tard,  il  réussit  à  sortir,  à 
son  tour,  du  royaume,  et  se  réfugia  à 
Berlin.  Frédéric  I«r  lui  donna  le  titre 
de  conseiller  d'ambassade.  Il  mourut 
dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Aigle  pour 
y  chercher  sa  femme  Marthe  de  Co- 
lom. 

Né  à  Montauban,  en  1670,  le  Jeune 
Jean  de  Natalis  entra  dans  le  corps 
des  cadets ,  et  servit  avec  distinction 
daus  toutes  les  campagnes  de  Frédé- 

(1)  En  1686,  on  NaUlis,  qualifié  d'aTOCtt,  fut 
relégué  à  n<Hnrront  [Arth.  gin.  M.  671). 


NAl 


—  6 


NAU 


rie  l«^  Il  arriva  par  sa  valeur  au  grade 
de  lieutenant-colonel  dans  le  régiment 
4e  Varennes^  et  fut  nommée  en  1 71 9, 
commandant  de  Pillau.  Ëlevé,  en  i  721 , 
au  grade  de  colonel,  il  obtint^  en 
1727^  le  régiment  vacant  par  la  mort 
du  général  de  Sers.  En  1 742,  le  roi  de 
Prusse  le  nomma  gouverneur  de  Neu- 
cbàtel.  Natalis  mourut  dans  cette  ville, 
le  29  mars  1754.  il  avait  épousé,  en 
1720,  Susanne-Charlotte  de  Lafar- 
guty  fllle  d'un  conseiller  à  la«hambre 
de  commerce  de  Kdnigsberg.  Après  sa 
mort,  sa  veuve  retourna  à  Berlin,  où 
elle  finit  ses  jours  en  1779.  Trois  de 
ses  fils  ont  servi  avec  bonneur  sous 
les  drapeaux  prussiens.  L'alné,  nommé 
Paul,  né  à  Pillau  en  1721,  s'éleva  au 
grade  de  générai-major,  et  mérita  par 
ses  services  la  décoration  de  l'ordre 
du  Mérite.  Il  mourut  à  Crossen,  le 
4  avril  1789.  Le  second,  mort  en 
1784,  avait  le  grade  de  major;  et  le 
troisième  portait  déjà  les  épaulettcs 
de  capitaine,  lorsqu'il  mourut  de  ses 
blessuies.  Ils  avaient  une  sœur,  Annb- 
CHARLOTTB,  qui  S'établit  à  Crossen. 
NAUDÉ  (Philippe),  matbémati- 
cien,  né  à  Metz,  le  28  décembre  1 654, 
et  mort  à  Berlin,  le  7  mars  1729. 

A  l'âge  de  douze,  le  jeune  Naudé 
entra  comme  page  à  la  cour  de  Saxe- 
Eisenach.  Participant  aux  études  et 
aux  jeux  du  jeune  prince ,  qui  lui  té- 
moignait de  l'aOection,  il  voyait  s'ou- 
vrir devant  lui  une  belle  carrière, 
lorsque,  au  bout  de  quatre  ans,  son 
père,  on  ne  nous  apprend  pas  par 
quel  extravagant  caprice,  le  rappela 
auprès  de  lui.  Ses  parents  n'avaient 
ni  les  moyens  ni  la  volonté  de  le  pous- 
ser aux  études;  ils  ne  lui  firent  don- 
ner aucune  instruction;  tout  ce  qu*il 
savait,  et  il  savait  beaucoup  en  litté- 
rature latine,  en  mathématiques,  en 
théologie,  il  l'avait  appris  sans  maître. 
Zélé  pour  sa  religion,  il  ne  voulut 
point  rester  en  France,  après  que  le 
culte  protestant  y  eut  été  interdit.  Il 
partit  de  Metz  le  jour  même  où  le 
temple  fut  fermé,  emmenant  avec  lui 
sa  femme  et  son  fils.  Il  réussit  à  ga- 


gner Saarbruck,  puis  il  se  rendit  à 
Hanau,  où  il  séjourna  environ  deux 
ans.  De  Hanau,  il  alla  s'établir  à  Ber- 
lin, où  il  obtint,  en  1687,  la  place  de 
professeur  de  mathématiques  au  col- 
lège illustre  de  Joachim,  place  à  la- 
quelle il  joignit,  en  1690,  celle  de 
secrétaire  interprète.  En  1696,  il  fut 
nommé  informateur  des  pages  et  ma- 
thématicien de  la  cour,  et,  la  même 
année,  il  succéda  à  Langerfeld  dans  la 
chaire  de  professeur  de  mathémati- 
ques à  l'Académie  de  peinture.  En 
1701,  la  Société  des  sciences  se  l'as- 
socia, et  lorsque  le  roi  de  Prusse 
fonda,  en  1 704,  l'Académie  des  prin- 
ces, il  fut  chargé  d'y  donner  les  leçons 
de  mathématiques,  il  mourut  à  74  ans, 
père  d'une  nombreuse  famille.  Voici 
la  liste  de  ses  ouvrages  : 

I.  Méditations  saintes  sur  la  paix 
de  l'âme,  Berl.,  1690,  ln-12. 

II.  Histoire  abrégée  de  la  naissance 
et  des  progrès  du  kouakérisme,  Golog., 
1692,  in-12. — Cet  ouvrage  lui  est  at- 
tribué par  Barbier,  sur  la  foi  de  Mylins. 

m.  Morale  évangélique  opposée  à 
quelques  morales  philosophiques  pu- 
bliées dam  ce  siècle,  Berlin,  1699, 

2  voi.  in-8<». 

IV.  Geometria  zum  Gebrauch  der 
FUrstenakademie,Ber\.,  1704,  in-4*. 
—  Peut-être  le  Grilnde  derMesskunst, 
publié  à  Berlin,  1706,  in-4o,  n'en 
est-il  qu'une  réimpression. 

V.  La  souveraine  perfection  de  Dieu 
dans  ses  divins  attributs ,  et  la  par- 
faite  intégrité  de  V Ecriture  prise  au 
sens  des  anciens  Réformés  y  défendue 
par  la  droite  raison  contre  toutes  les 
(éjections  du  manichéisme  répandues 
dans  les  livres  de  Bayle,  Amst.,  1 708, 

3  tomes  en  2  vol.  In-l  2.  —  Dans  ce 
traité,  Naudé  s'attache  à  réluier  Bay le. 
Le  Clerc  et  Jaquelot  l'avaient  fait 
avant  lui;  mais,  dans  son  opinion^ 
avec  très-peu  de  succès  :  ils  venaient, 
dit-il,  d'être  écrasés  par  le  dernier 
ouvrage  du  philosophe  de  Rotterdam. 
Le  premier  volume  est  consacré  à  Tex- 
plicatlon  de  l'origine  du  mal  dans  le 
monde.  L'auteur  se  prononce  énergi- 


NAi: 


—  7  — 


NAU 


qnement  poar  le  système  des  supra- 
lapsaires^  et  son  inflexible  logique 
n'hésite  pas  à  tirer  de  certains  pas- 
sages de  l'Ecriture  pris  à  la  lettre  celte 
conclusion  révoltante  que  Dieu  est 
l'autgir  du  péché;  il  est  vrai  qu'il 
ajoute,  comme  correct tr,  qu'il  l'est 
saintement.  Dans  le  second  volume, 
notre  calviniste  rigide  expose  le  sys- 
tème des  supralapsaires  qu'il  prétend 
fonder  sur  la  Parole  de  Dieu,  et  répond 
aux  objections  de  Du  Moulin,  de 
DaiUéy  de  Claude  et  d'Autres  adver* 
saires  du  supralapsarisme. 

VI.  Recueil  des  objections  qui  ont 
été  faites  contre  le  traité  de  la  Souve- 
raine perfection  de  Dieu,  avec  les  ré* 
ponses,  Amst.,  1709,  in-l2. 

Vil.  Grundliche  Untersuchung  der 
mystischen  Théologie,  Zerbst.^  1713, 
in-8». 

VHI.  Examen  des  deux  traités  nou- 
vellement mis  au  jour  par  M-  de  La 
Placette,  Amst.,  1713,  2  vol.  in-12. 
—  Naudé,  qui,  selon  l'expression  de 
Chauffepié,  a  s'éloit  constitué  le  dé- 
fenseur des  systèmes  théologiques  les 
plus  durs  et  les  plus  outrés,  »  et  qui, 
dans  sa  polémique  violente,  ne  ména- 
geait pas  ses  adversaires,  accuse  La 
Placette  «  d'avoir  produit  contre  Dieu 
les  plus  horribles  blasphèmes  dont 
on  se  puisse  former  l'idée,  »  parce 
que  le  célèbre  moraliste  attribuait, 
dans  les  deux  traités  en  question,  une 
faible  part  à  l'homme  dans  l'œuvre  de 
son  salut. 

IX.  Theologische  Gedanken  uber 
den  Entwurf  der  Lehre,  von  der  Be- 
sehaffenheit  und  Ordnung  der  gôtili- 
chen  RathschlUsse,  1714,  in-4». 

X.  Anmerkungen  Uber  einige  Stel- 
len  des  Osterwaîdischen  Tractais  von 
den  QueUtn  des  Verderbens  und  sei- 
nes Katechismi,  Berl.,  1716,  in-S*». — 
Selon  Chauffepié,  ce  traité,  où  Naudé 
attaque  durement  Ostcrwald  au  point 
de  vue  des  décrets  absolus,  avait  déjà 
paru  en  français  à  la  suite  du  N^  VHI. 

XI.  Entretiens  solitaires,  Berlin, 
1717,  in-8«.  —  Traduits  en  partie  du 
hollandais  de  Teclinck. 


XII.  Réfutation  du  Commentaire 
philosophique,  Berlin,  1718,  In-S».— 
Quoique  victime  lui-même  de  la  per- 
sécution, Naudé  se  prononce  haute- 
ment contre  la  tolérance. 

XIII.  Traité  de  la  justification, 
Leyde,  1 756,  in-8«. — Ouv.  posthume. 

Naudé  a  publié,  en  outre,  dans  le 
T.  V.  du  Diarium  gallicum  de  La  Haye, 
Epistola  quà  mendacium  nunquam 
licitum  esse  demonstratur,  et  dans  le 
T.  III  des  Misccllanea  Berolinensia, 
un  mémoire  sous  ce  titre  :  Collectio 
quarundam  notarum  geometriœ  prac- 
ticœ  facilitatem  afferentium.  Il  avait 
composé  aussi  une  Apologie  de  VE* 
vangile,  des  Réflexions  sur  la  Théo- 
dicéede  Leibnitz,  et  d'antres  ouvrages 
qui  n'ont  point  vu  le  jour,  mais  dont 
les  copies  manuscrites  ont  été  dépo- 
sées, après  sa  mort,  dans  la  biblio* 
thèque  du  collège  de  Joachim. 

Des  nombreux  enfants  que  laissa 
Philippe  Naudé,  deux  seulement,  l'un 
appelé  Philippe,  comme  lui,  et  Tau- 
tre,  Roger-David,  ont  laissé  un  nom 
dans  Thistoire;  car  rien  ne  pronve 
positivement  que  Naudé,  réfugié  à 
Londres,  à  qui  Ton  doit,  selon  Bar- 
hier,  une  traduction  française  de 
VHistoire  du  Japon,  par  Kàmpfer  (La 
Haye,  1729,  2  vol.  In-fol.),  descen- 
dait de  lui. 

I.  Né  à  Metz,  le  18  octobre  1684, 
Philippe  Naudé  était  encore  an  ber- 
ceau, lorsque  ses  parents  sortirent  de 
France,  en  l'emportant  dans  leurs 
bras.  Son  père,  qui  le  destinait  au  mi- 
nistère évangélique,  le  flt  élever  sous 
ses  yeux  an  collège  de  Joachim.  Après 
avoir  terminé  sa  philosophie  sous  La 
Croze,  il  entra  en  théologie  ;  mais  un 
fonds  de  timidité  naturelle  et  une  pré- 
dilection très-grande  pour  les  mathé- 
matiques l'éloignèrent  de  la  carrière 
pastorale.  Dès  qu'il  fut  libre  de  se  li- 
vrer à  ses  goûts,  il  s'appliqua  avec 
ardeur  à  l'algèbre  et  à  la  géométrie, 
où  il  flt  de  rapides  progrès.  En  1707, 
il  fut  chargé  de  remplacer  son  père  à 
l'Académie  de  peinture.  L'année  sui- 
vante, il  lui  succéda  ao  collège  de 


NAU 


—  8  - 


NAU 


Joachim.  En  1714^  il  devint  membre 
de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin,  et 
en  1 738y  la  Société  royale  des  sciences 
de  Londres  l'admit  dans  son  sein.  Il 
mourut  le  1 7  janvier  1 745.  Sa  femme^ 
Anne  Jacob,  qn'il  avait  épousée  en 
1714^  lui  avait  donné  plusieurs  en- 
fantSy  dont  sept  lui  survécurent.  An 
témoignage  de  Nicéron^  c'était  un 
bomme  d'un  caractère  très-estimable 
et  d'une  probité  reconnue.  Son  hu- 
meur^ en  effety  était  douce  et  affable^ 
sa  piété  sincère^  ses  mœurs  irrépro- 
chables. Il  a  laissé  en  manuscrit  un 
Commentaire  sur  les  principes  de 
Newton  et  diverses  pièces  sur  toutes 
les  parties  des  mathématiques^  en  trois 
vol.  in-4«;  mais  il  n'a  rien  publié^ 
hormis  cinq  ou  six  mémoires,  insérés 
dans  les  Miscellan.  Berolin.,  sur  des 
problèmes  d'algèbre  ou  de  géométrie. 
En  voici  les  titres  :  T.  I  et  11,  Régula 
qud  inveniuntur  omnes  cujuslibet- 
cunque  producti  algebraici  divisores, 
dummodà  in  nullo  divisore  terminus 
sit  incommensurabilis  ;  —  T.  III,  De- 
monstratio  trium  theorematum;  — 
T.  y,  Conspectus  trigonoscopiœ  cujus^ 
dam  novœ  ;  —  T.  VI,  Problema  geth 
metr.  de  maximù  in  figuris  planis; 
—  T.  VII,  Conspectus  trigonoscopici 
continuatio,  cum  adjeciis  quibusdam 
probkmatis  algebraicis. 

Des  sept  enfants  de  Philippe  Naudé, 
les  noms  de  deux  seulement  sont  ar- 
rivés jusqu'à  nous,  si  toutefois  on  doit 
regarder,  comme  étant  du  nombre, 
Jean  Naudé,  de  Berlin,  professeur  de 
langue  française  à  l'université  de 
Halle,  qui  a  traduit  en  français  et  pu- 
blié à  Halle,  en  1794  et  1795,  deux 
vol.  ln-8»  de  Petites  comédies  pour  les 
enfants.  L'autre  se  nommait  Jacquis; 
il  naquit  à  Berlin^  le  25  février  1739. 
Son  beau-frère,  le  savant  mathémati- 
cien Kies,  se  chargea  de  lui  donner  la 
première  teinture  des  lettres.  On  l'en- 
voya ensuite  au  collège  de  Joachim, 
puis  à  l'université  de  Halle,  où  il  sui- 
vit les  cours  de  théologie.  Ses  études 
terminées,  il  entra  comme  précepteur 
dans  la  famille  du  célèbre  médecin 


Stabl,  dont  la  recommandation  con- 
tribua sans  doute  à  le  faire  admettre 
au  nombre  des  Domcandidalen.  C'est 
en  cette  qualité  qu'il  fit,  aux  frais  du 
roi,  un  voyage  en  Allemagne  et  en 
Hollande.  De  retour  à  Berlin,  en 
1770,  il  reçut  l'ordination,  et,  l'année 
suivante,  il  fut  nommé  à  la  chaire  de 
théologie  dans  le  collège  de  Joachim, 
place  qu'il  remplit  avec  un  zèle  infa- 
tigable Jusqu'à  sa  mort.  11  décéda  le 
30  décembre  1 799,  laissant  la  répu- 
tation d'un  chrétien  pieux  et  d'un  ex- 
cellent patriote. 

II.  Né  à  Berlin,  le  29  juin  1694, 
Roger-David  Naudé  étudia  la  théologie 
et  fut  placé,  en  1721,  à  Emmerick, 
d'où  il  fut  appelé,  en  1724,  à  Berlin, 
comme  pasteur  de  la  Fredericstadt. 
Au  rapport  d'Erman,  c'était  un  théo- 
logien  savant  et  un  littérateur  habile; 
nous  ne  croyons  pas  cependant  qu'il 
ait  rien  publié.  En  1745,  il  fut  nommé 
professeur  d'éloquence  et  principal  du 
collège  français,  en  remplacement  de 
Jean  Rossai.  Il  remplit  ces  fonctions 
Jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  30  Jan- 
vier 1766. 

NAUDIN  (Pierre),  apothicaire  à 
Paris  et  valet  de  chambre  du  roi, 
laissa  cinq  enfants  de  son  mariage 
avec  Louise  Gilbert ,  savoir  :  1»  Anne  , 
née  le  24  mai  1612  et  présentée  au 
baptême  par  Jean  Froment ,  apothi- 
caire, et  par  Marie  Lambert;  elle 
épousa,  en  1644,  Jean  de  GenneSj 
sieur  de  Boisguy,  négociant  à  Rennes, 
et  lui  donna  trois  enfants,  dont  un 
seul,  Jean,  né  en  1653,  arriva  à 
l'âge  viril  ; —  2<> Marguerite,  femme, 
en  1642,  de  Gilles  Du  Val,  sieur 
de  Vieuxpont,  fils  de  Thomas  Du  Val, 
sieur  du  Noyer,  et  de  Marthe  Bizeuil; 
— 3»  Théodore,  docteur  en  médecine, 
né  le  26  février  1616,  qui  épousa,  en 
1648,  Louise  Grostéte,  fille  de  Marin 
Grosléte,  sieur  du  Cbesnoy,  docteur  en 
médecine,  établi  à  Orléans,  et  de  Pri- 
scilleRegoumier.  11  était  mort  en  1675, 
lorsque  sa  fille  Louise,  née  en  1651, 
se  maria  avec  Philippe  Guide,  docteur 
en  médecine,  flis  de  Jean  Guide,  mar- 


NAD 


—  9  — 


NAV 


chand  à  Châlons-sar-SaAne  ^  et  de 
Jeanne  Riboudeault,  mariage  dont  na- 
quirent deux  fils^  Philippe,  baptisé  le 
4  décembre  1678,  ei  Jacques-Louis, 
né  le  7  Janvier  1680.  Outre  cette  flUe^ 
Théodore  Naudin  eut  un  fils,  Théo- 
dore, né  le  1 1  avril  1650,  et  une  se- 
conde fille,  Philothée-Esthsr,  qui 
devint  la  femme  de  l'avocat  Louis  de 
Rochebouet,  sieur  de  Launay,  fils  de 
Jacques  de  Rochebouet  et  é'Esther 
Stuart,  à  qui  elle  donna  Jacques» 
Louis,  né  le  1 S  Janvier  1 680,  autre 
Jacques-Louis,  baptisé  le  19  mars 
1681,  Marguerite'Philothée,  baptisée 
le  28  Juin  1682,  Esther,  baptisée  le 
28  novembre  1 683,  et  autre  Jacjues- 
LouiSy  baptisé  le  U  Janvier  1685; 
—  4«  Marie,  présentée  au  baptême, 
le  l*'  février  1626,  par  le  chirurgien 
Jean  Naudin  et  par  Marie  Gilbert, 
femme  du  peintre  Du  Gamier;  — 
5«  Paul,  né  le  2  Juin  1628. 

Le  chirurgien  Jean  Naudin,  que  nous 
venons  de  mentionner,  était  vraisem- 
blablement le  frère  de  l'apothicaire 
Pierre;  il  mourut  à  Paris  en  1665,  à 
l'âge  de  soixante-dix  ans,  ayant  eu  de 
son  mariage  avec  Marguerite  de  Saint- 
Germain,  trois  fils  :  Jean,  né  le  15 
mars  1615,  et  présenté  au  baptême 
par /ean  de  Valigny,  écuyer  du  duc 
de  Bouillon ,  et  par  Jeanne  MaUard  ; 
Pierre,  né  le  4  février  1616,  et 
Charles,  baptisé  le  24  mai  1618 
(Reg,  de  Charenton). 

La  famille  Naudin  tirait  apparem- 
ment son  origine  de  Loudun  ou  de 
Saumur.  Elle  professait  depuis  long- 
temps la  religion  réformée.  En  1 572, 
Michel  Naudin  épousa  dans  l'église 
protestante  de  Loudun  Anne  Bon- 
temps,  et  en  1578,  Toussaint  et 
Pierre  Naudin,  de  Saumur,  se  ma- 
rièrent dans  la  même  église,  le  pre- 
mier avec  Lucrèce  Andion,  le  second 
avec  Vincente  Dubois.  La  révocation 
de  redit  de  Nantes  la  dispersa.  Une 
partie  s'établit  en  Hollande,  une  autre 
en  Amérique.  En  1700,  la  veuve  iVau- 
din  fut  enfermée  avec  sa  fille  à  l'Union 
chrétienne  de  Paris  {Arch,  £.  5386). 


NAVIÈRES  (Charles  de),  poëte 
médiocre,  né  à  Sedan,  le  3  mai  1544, 
d'une  famille  noble,  mais  peu  aisée, 
et  mort  à  Paris,  le  15  novembre 
1616.  Après  avoir  terminé  son  édu- 
cation littéraire  à  l'université  de  Paris, 
Navières  suivit  la  carrière  des  armes 
et  devint  gentilhomme  servant  du 
prince  et  de  la  princesse  d'Orange. 
11  remplit  pendant  quelque  temps 
cette  place;  puis  il  passa  au  service 
de  Robert  de  La  Marck,  prince  sou- 
verain de  Sedan,  qui  le  nomma  son 
écuyer.  A  la  mort  de  ce  prince,  en 
1574,  il  continua  à  vivre  à  Sedan, 
avec  le  titre  de  capitaine  de  la  Jeu- 
nesse de  cette  ville.  Nous  ne  savons 
à  quoi  l'astreignait  cette  charge;  mais 
elle  ne  le  détourna  pas  de  son  pen- 
chant pour  les  lettres.  Il  cultivait  de 
préférence  un  genre  de  poésie  qui  a 
toujours  été  en  honneur  auprès  des 
poëtes,  nous  voulons  dire  la  poé- 
sie laudative  :  culture  ingrate  et  pleine 
de  dégoûts ,  mais  quelquefois  de  bon 
rapport.  En  1606,  il  fut  admis  en 
présence  de  Henri  IV  pour  lui  lire  des 
fragments  d'un  poème  héroïque  qu'il 
composait  à  sa  louange.  Le  monarque, 
qui  aimait  l'encens,  l'encouragea  à 
mener  son  épopée  à  bonne  fin.  Heu- 
reux de  cette  approbation,  Navières 
retourna  à  Sedan;  mais  il  n'y  fit  pas 
un  long  séjour;  il  pensa  qu'il  serait 
mieux  inspiré  par  la  présence  de  son 
héros,  en  même  temps  qu'il  serait 
plus  digne  de  ses  faveurs  si,  à  son 
exemple,  il  renonçait  à  sa  religion. 
U  alla  donc  à  Paris,  et  abjura  ;  mais 
soit  que  la  mort  de  Henri  IV  eût  dé- 
joué ses  calculs,  soit  pour  toute  autre 
cause  que  nous  ignorons,  il  vécut 
assez  misérablement,  retiré  dans  le 
collège  de  Reims,  où  son  compatriote 
et  ami,  Jean  Morel,  qui  en  était  le 
principal,  lui  donna  un  logement  et 
l'admit  à  sa  table.  «  Un  même  goût 
pour  l'étude  et  pour  les  mêmes  genres 
d'études,  une  conformité  plus  grande 
de  caractère,  dit  M.  l'abbé  Boulliot, 
produisirent  bientôt  entre  Jean  Morel 
et  Navières  une  liaison  étroite.  Con- 


NAV 


—  10  — 


NAV 


tent  de  son  sort  y  notre  poète  vécut  y 
presque  isolé,  au  collège  de  Reims^ 
dans  une  mélancolie  douce  et  tran- 
quille. Les  moments  qu'il  dérobait 
aux  Muses  étaient  consacrés  à  la  mu- 
sique et  à  des  exercices  de  religion.  » 
Il  mourut  dans  les  bras  de  son  ami. 
C'est  à  tort  que  La  Croix  du  Maine  en 
a  fait  une  des  victimes  de  la  Saint- 
Barthélémy.  Nous  terminerons  en  rap- 
portant le  jugement  que  Guill.  Colletet 
porte  sur  Navières  dans  ses  Vies  des 
poètes  français  (1);  nous  l'emprun- 
tons au  livre  de  M.  Boulliot.  «  Quel- 
que estime  que  je  fasse  de  la  beauté 
de  l'esprit  héroïque  de  Charles  de 
Navières,  dit-il,  je  ne  puis  me  ré- 
soudre à  donner  de  grands  éloges  à 
sa  poésie.  Il  n'y  a  point  de  louange 
qui  ne  se  trouve  au-dessus  du  mérite 
des  vers  de  ce  rustique  habitant  du 
Parnasse,  dont  les  défauts  ne  se  peu- 
vent mieux  connoltre  que  par  la  lec- 
ture de  ses  productions  extravagantes. 
Ce  n'est  pas  qu'il  n'eût  un  grand  génie 
de  notre  art,  et  que  son  esprit  ne  fût 
en  quelque  sorte  capable  de  produc- 
tions héroïques;  mais  sa  versification 
éloit  si  rustique  et  si  barbare,  qu'il 
paroissoit  bien  qu'elle  se  sentoit  du 
voisinage  de  cette  obscure  forêt  des 
Ardennes  où  il  avoit  pris  naissance. 
Il  étoit  tellement  superstitieux  dans 
le  mystère  de  la  ryme,  que,  pour  la 
rendre  toujours  riche,  il  appauvrit 
souvent  le  sens  de  ses  vers,  qui  sont 
pour  cela  ordinairement  durs,   con- 
traints, barbares  et  sans  grâce.  Néan- 
moins, parmi  la  rudesse  de  ses  ex- 
pressions,   on  peut  voir  dans   les 
fragmens  de  sa  Henriade  des  senti- 
mens  assez  héroïques  et  des  inven- 
tions assez  ingénieuses.  Il  entreprit 
de  traduire  Lucain  en  vers;  mais  il 
n'y  a  personne  qui  ne  croie  qu'il  n'est 
pas  fort  mal-aisé  de  mieux  faire.  » 
Navières  n'en  a  pas  moins  été  célébré 
de  son  temps  par  les  Ronsard,  les 
Dorât,  les  Jean  Morel,  comme  le  plus 
beau  génie.  Sic  transit  gloria  mundi. 

(1)  Ce  mannicritse  conserre  ï  la  bibliothèque 


On  doit  à  Navières  : 

I.  Cantique  de  la  Paix  y  Paris, 
1570,  pp.  12,  in-12,  avec  musique; 
dédié  au  comte  de  Maulevrier,  par- 
rain de  l'auteur. 

II.  La  Renommée  de  Charles  de 
Navières  y  G,  Sedanois,  sur  les  ré- 
ceptions  à  Sedan,  mariaqeà  Mézières, 
couronnement  à  Saint-Denis,  et  entrée 
à  Paris  du  Roy  [Charles  IX]  et  de  la 
Royne  [Elisabeth  d'Autriche] ,  poëme 
historial  divisé  en  V  chants  et  dédié 
à  leur  majesté  (sic),  Paris,  Malurin 
Prévost,  1571,  in-8«. 

III.  Les  Cantiqttes  saintSy  mis  en 
vers  françois,  partie  sur  chants  nou- 
veauXy  et  partie  sur  ceiux  d'aucuns 
pseaumeSy  Anvers,  Planlin,  1579,  in- 
8*  de  pp.  104,  précédé  d'une  Êpitre 
en  vers  adressée  au  prince  et  à  la 
princesse  d'Orange,  sous  la  date  d'An- 
vers, 1"  janvier  1579.  —  Telle  est 
l'indication  que  nous  puisons  dans 
l'estimable  Biographie  ardennaise  de 
Tabbé  Boulliot.  C'est  sans  doute  le 
même  livre  que  le  P.  Lelong  et  Ade- 
lung  citent  sous  ce  titre  :  Les  psalmes 
mis  en  vers  françoiSy  Anvers,  1 580, 
in-12.  Sous  cette  même  date,  le  bi- 
bliographe allemand  indique,  en  ou- 
tre, de  Navières  :  Premier  livre  des 
hymnes  anciens  y  mis  en  vers  françois, 
mais  c'est  probablement  un  double 

emploi. 

IV.  Poésies  pour  le  tombeau  de  très- 
illustre  et  pieuse  Madame  Charlotte  de 
la  Marcky  duchesse  de  Bouillony  etc., 
par  Ch,  de  Navières,  capitaine  de  la 
jeunesse  de  Sedan  y  Sedan,  Rivery, 
1594,  in-4«  de  24  pp.—  On  trouve 
dans  ce  recueil  quelques  pièces  qui  ne 
sont  pas  de  Navières. 

V.  Les  Douze  heures  du  jour  arti- 
ficiel, avec  annotations  y  Sedan,  Abel 
Rivery,  1595,  in-4o,  pp.  194;  Lan- 
gres,  Georges  Lombard,  1597,  in-4«», 
même  édit.  avec  un  nouv.  titre.  — 
Dans  une  Êptire  prélim.,  le  poète 
nous  apprend  qu'il  se  proposait  de 
publier  un  Art  poétique  y  une  Hen- 
riade et  un  Lucain  françois;  mais 
il  ne  fit  paraître  que  des  fragments 


NAV 


—  11  — 


iNAV 


de  ces  deux  derniers  poëmes.  Les  six 
premières  heures  renferment  558  qua- 
trains, pour  la  plupart  tirés  des  livres 
saints  ;  dans  les  six  autres  heures^  on 
trouve  quelques  hymnes  et  divers  pe- 
tits poëmes  sur  la  Nativité ,  sur  la 
Passion^  sur  la  Résurrection ,  sur  le 
Jugement  dernier  et  sur  la  Vie  éter- 
nelle. Dans  un  avertissement^  l'im- 
primeur annonçait  que  l'auteur  était 
sor  le  point  de  mettre  au  jour  les 
Douze  heures  de  la  nuity  ainsi  que  sa 
Henriade  et  son  Lucain  françois.  «  Les 
annotations  du  poète ,  ajoute  Tabbé 
Bouliiot,  prouvent  sa  grande  lecture. 
Son  but  est  d'ailleurs  très-louable, 
c'était  de  former  le  cœur  des  Jeunes 
gens  en  exerçant  leur  mémoire.  » 
Parmi  ses  quatrains,  Tabbé  n'en  a 
remarqué  que  deux  qui  lui  semblent 
mériter  quelque  indulgence.  Nous  nous 
contenterons  de  rapporter  celui-ci  : 

Solon  en  taluint  denx  curés,  clercs  les  nomme. 
Non  pu  clercs,  mais  curés,  ce  disent-ils,  bon- 

[bomme  ! 
Soloo  les  saloa  far  d'antres  termes  clairs  : 
Adiea,  curés,  dit-il,  qui  n'êtes  donc  pas  clercs. 

VI.  Vers  et  musique  de  Navières, 
G.  S.  P.  R.,  au  baptême  de  Mons, 
le  Dauphin  et  Mesdames,  fils  et  filles 
de  Henri  IV  et  de  Marie,  royne  de 
France,  avec  l'eschantiUon  de  sa  Hen- 
riade et  de  son  Lucain,  Paris,  George 
Lombard,  1606,  in-i2,  pp.  32.  -* 
Dans  son  Épltre  dédie,  à  Henri  IV, 
Navières  faisait  espérer  qu'aussitôt 
qu'il  aurait  publié  sa  traduction  en 
vers  du  poëme  de  Lucain ,  il  mettrait 
an  jour  sa  Henriade,  en  XXV  livres. 
Le  début  de  ce  dernier  poëme,  que 
nous  allons  rapporter,  consolera  le  lec- 
teur de  la  perte  du  reste  : 

Je  tone  de  Henri  les  armes  martiales, 
£t  sMie  du  lis-d'or  les  armes  partiales, 
A  la  charge  menant  oriQammes  pareils. 
Peuples,  princes,  parens  et  pareils  appareils. 
ProTidence  de  Diea,  princesse  sapernelle, 
Du  destin  enchataèe  de  la  main  éternelle, 
L'£mpérière  du  haut  et  du  bas  univers, 
Echanffe-moy  l'esprit  et  anime  le  ters. 

Tonner  de  la  sorte,  ce  n'est  plus 
tonner,  c'est  détonner,  qu'on  nous  per- 
mette ce  mauvais  jeu  de  mot.  An  lien 


de  demander  à  la  céleste  Empérlère  de 
lui  échauffer  l'esprit,  il  eût  été  plus  à 
propos,  ce  nous  semble,  que  le  poëte 
la  priât  de  lui  rafraîchir  le  sang  et  de 
calmer  sa  verve.  Navières  a  mis  ce 
précieux  début  en  musique.  Le  court 
fragment  de  son  Lucain  ne  promettait 
pas  davantage. 

VII.  Vers  pour  le  rappel  des  étu- 
diants en  f  Université  de  Paris,  oux 
villes  de  France,  Paris,  1606,  in-8». 

—  ((  On  voit  à  la  suite ,  dit  Boulliot, 
un  extrait  du  X«  livre  de  sa  Henriade, 
oîi  parmi  les  louanges  qu'il  donne  à 
l'Université  de  Paris,  il  lui  rend  grâces 
d'avoir  été  élevé  dans  son  sein ,  sous 
Jean  Dorât,  Pierre  Galland,  L'Escot, 
Marcel,  Jean  Passerai  et  Pierre  Ra- 
mus,  » 

VIII.  Mémorial  de  feu  Henri  de 
Bourbon,  duc  de  Montpensier,  prince 
de  Dombes,  décédé  à  Paris  le  dem.  de 
fév.  1603,  etc.,  Paris,  1608,  pp.  14, 
in-12. 

IX.  Mémorial  du  feu  père  Ange, 
duc  de  Joyeuse,  Paris,  1 608 ,  4n-8». 

X.  Poëme  funèbre  sur  la  mort  du 
grand  duc  de  Florence,  avec  quelques 
quatrains  sur  l'effigie  du  roy  Henry  IV, 
représenté  à  cheval  au-dessus  de  la 
porte  de  la  Maison-de^ville  de  Paris, 
Paris,  1609,  in-8«. 

XI.  L'heureuse  entrée  au  Ciel  du 
feu  roy  Henry-le-Grand;  noble  ha- 
rangue de  ses  louanges,  et  sacrée 
prière  des  François  pour  le  sacre  du 
roy  nouveau,  Paris,  1610,  in-12, 
pp.  50. —  A  la  fin  de  ce  petit  poème, 
se  trouvent  95  vers  de  la  Héroïque 
Henriade. 

XII.  Suite  des  quatrains  de  iVo- 
vières,  G.  S.,  vouez  à  l'effigie  royale 
levée  sur  le  pont  Henris,  le  25  du 
mois  Auguste  1614,  et  dédiées  au  re- 
tour des  Majestez  proclwxnes  (sic),  H. 
L.  i/.,  Paris,  1614,  in-12,  pp.  16. 

—  La  grandeur  du  cheval  a  surtout 
frappé  notre  poêle,  il  n'en  peut  re- 
venir. «  Aussi  a-t-il  (Henri  IV)  obtenu 
ceste  rémunération  de  ses  vertuz  in- 
comparables, d'avoir  la  plus  beUe 
statué  et  plus  grand  cheval  qu'autres  : 


NÉA 


—  12  — 


iNEA 


mérilant  bien  (qui  cusl  voulu  esgaller 
le  don  au  donataire)  un  cheval  d'or  de 
la  grandeur  du  Virgilian,  instar  mon" 
tis  equum,  une  figure  pareille  de 
grandeur  à  celle  de  la  vision  de  Na- 
bucbodonosor,  et  un  laurier  ou  oli- 
vier semblable  à  celui  du  château  de 
Priam^  admirable  de  grandeur  et  lar- 
geur,  d'artifice  et  matière^  d'or,  d'ar- 
gent^ perles  et  pierres  précieuses.  » 
Le  cheval  surtout  rentbousiasme^  il 
ne  tarit  pas,  la  plupart  de  ses  qua- 
trains célèbrent  sa  haute  taille  : 

Le  plof  beao  des  Gheiaoïi  II  uttreDostre  France. 
Le  plot  noble  des  Roys  est  esleiè  dessos  : 
Ce  plus  beau  des  préseos  esl  do  doc  de  Florence, 
nieo  qui  donna  Tesprlt  Ta  retiré  là  sus. 

Phœbns,  estimant  sien  ce  beau  cbeial,  s'escrie, 
IKoQ  Tient  ici,  dit-il,  ce  noble  Plambican? 
Non,  Soleil,  ee  coursier  n'est  de  ton  escorie  : 
Lt  grand  doc  ao  grand  Roy  donne  ce  Florican. 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de 
citer  encore  le  quatrain  suivant  : 

Af ise  ce  cbetal  et  Toy  qu'il  n'a  point  d'aifles 
Poor  soulefer  ce  Roy  dans  le  ciel  estoillè. 
Noitre  Henry  le  Grand  n'a  pu  aflaire  d'elles, 
Ayant  poor  y  Toler  le  eœor  assex  aislé. 

N'est-ce  pas  une  épigramme?  Les 
cœurs  allés  se  servent  de  leurs  ailes. 

M.  Boulliot  ne  nous  apprend  pas  si 
le  msc.  de  la  Henriade  s'est  conservé  ; 
oe  poëme,  au  dire  de  l'auteur,  ne  con- 
tenait pas  moins  de  trente  mille  vers. 
On  attribue,  en  outre,  à  Navières, 
d'après  La  Croix  du  Maine,  une  tra- 
gédie en  vers  alexandrins,  Philandre, 
qui  n'a  pas  été  imprimée. 

NÉAU  (Elib),  natif  de  Moëse,  sor- 
tit de  France  eu  1679  et  alla  s'éublir 
à  Boston,  où  plusieurs  Protestants 
français  avaient  déjà  formé  des  éta- 
blissements florissants.  Ses  aflaires 
l'ayant,  en  1692,  appelé  à  New-York, 
il  s'embarqua  sur  un  navire  qui  lui 
appartenait  ;  mais  il  fut  pris  dans  la 
traversée  par  un  corsaire  de  Saint- 
Halo,  qui  le  ramena  en  France.  Comme 
11  n'avait  point  obtenu  de  brevet  de 
permis  de  séjour  à  l'étranger,  forma- 
lité exigée,  dès  1670,  de  tous  les 
Français  établis  hors  du  royaume 
(Arch.  gén,  E.  3556),  il  serait  tombé 
8008  le  coup  de  la  déclaration  du  mois 


d'août  1669,  qui  défendait  de  sortir 
de  France  sous  peine  de  confiscation 
de  corps  et  de  biens,  s'il  avait  été 
sujet  de  Louis  XIV  ;  mais  comme  il 
avait  renoncé  à  sa  qualité  de  français 
en  se  faisant  naturaliser  anglais,  ce 
fut  une  souveraine  injustice  que  de 
lui  appliquer  la  loi  en  question.  Après 
avoir  ramé  quelques  mois  sur  la 
Vieille  Madame  et  la  Magnanime ,  se 
soumettant  à  son  sort  avec  une  con- 
stance admirable  et  exhortant  ses  com- 
pagnons d'infortune  à  la  persévérance, 
il  fut  détaché  de  la  chaîne,  en  1694, 
à  la  demande  de  l'aumônier  catho- 
lique, qui  refusa  de  dire  plus  long- 
temps la  messe  sur  une  galère  où  se 
trouvait  un  pareil  «  pestiféré,  »  et  fut 
plongé  dans  un  cachot  du  fort  Saint- 
Nicolas  à  Marseille.  11  y  resta  enfermé, 
privé  d'air,  de  soleil,  de  vêtements  et 
souvent  de  nourriture.  Jusqu'en  1697 
que  milord  Portland  obtint  enfin  son 
élargissement.  Il  est  vraisemblable  que 
Néau  retourna  en  Amérique;  cepen- 
dant nous  n'oserions  affirmer  qu'il 
fût  le  même  qu'Elie  Néau,  nommé,  le 
4  août  1 704,  catéchiste  des  nègres  et 
des  Indiens  à  New-York.  En  i  706,  ce 
dernier  fut  accusé,  ainsi  que  les  prin- 
cipaux membres  de  l'église  française, 
Etienne  de  Lancey,  Elie  Nezereau  , 
Abraham  Jouneau,  Thomas  Bayeux, 
Paul  DroUleiy  Auguste  Jay,  Jean 
Cazaky  Benjamin  Faneuil,  Daniel 
CrommeUn,  Jean  Auboyneau ,  Fran- 
çois  Vincent  y  Alexandre  AUairey  d'en- 
tretenir des  relations  criminelles  avec 
la  France.  Us  n'eurent  pas  de  peine 
à  prouver  l'absurdité  de  cette  accusa- 
tion (1). 

Sous  ce  titre  :  Account  of  the  suf- 
ferings  ofthe  French  Protestant  Sla- 
ves on  board  the  French  king's  gallies, 
Lond.,  1699,  in-4%  on  a  publié  une 
relation  des  aventures  d'Elie  Néau, 
trad.  en  français,  sous  ce  titre  iHis- 

(1)  A  cette  époque,  réglise  était  desserriepar 
Pierre  Peiret,  qui  eut  pour  successeur,  la  même 
année,  Jacque$  Lahorù,  et  noornt  laissant  une 
TOOTe  et  cinq  enfants.  Vers  le  même  temps,  le 
consistoire  se  composait  d*Elie  Boudinolf  Ga- 
briel Le  BinUttXf  Barberie  ei  DniUet, 


NËN 


—  13  — 


NÉR 


toire  abrégée  des  souffrances  du  sieur 
Elie  Néau  sur  les  galères  et  dans  les 
cachots  de  Marseille ,  RoU.,  1701. 
Jusqu'ici,  nous  n'avons  pa  nous  la 
procurer. 

NEEL  (Guillacxe)  ,  de  Normandie^ 
moine  augustin  converti  au  protestan- 
tisme et  martyr  en  1553.  Crespin  a 
inséré  dans  son  martyrologe  la  Con^ 
fession  de  foi  de  ce  vaillant  champion 
de  la  cause  de  rËvangiie^  qui  fut  dé- 
gradé et  brûlé  vif  à  Evreux,  par  sen- 
tence de  l'officialité,  confirmée  par  le 
parlement  de  Rouen.  —  Ce  martyr 
descendait-il  de  la  famille  noble  du 
même  nom  dont  plusieurs  branches 
paraissent  avoir  professé  la  religion 
réformée^  comme  celles  de  Sainte- 
Marie,  de  La  Caillerie  et  de  La  Bouil- 
lonnière?  Cette  dernière  branche  avait 
pour  chef,  à  Tépoque  de  la  révoca- 
tion, Michel  NeeU  gendre  du  célèbre 
pasteur  Du  Bos€,j  et  père  du  pasteur 
Philippe  Necly  mort  à  Amheim  en 
1744,  avec  qui  il  sortit  de  France,  en 
J685  (Arch.  gén.  M.  678),  comme  en 
sortirent  aussi /ocçtié'^  et  Robert  Neel, 
bourgeois  de  Dieppe  (Ibid.  Tt.  261), 
dont  la  postérité  subsiste  encore  dans 
l'Ile  de  Jersey.  La  Bouillonnière  eut  la 
douleur  de  laisser  en  France  sa  fille 
VAmis,  qui  abjura  en  1699,  après 
avoir  été  longtemps  enfermée  aux 
Nouvelles  Catholiques  de  Paris  (Ibid. 
£.  3585).  D'autres  Neel  restèrent  dans 
leur  patrie,  sans  abjurer  toutefois. 
Eq  1778,  Jacques  Neel,  âgé  de  onze 
ans,  fut  enlevé  à  ses  parents  et  en- 
fermé aux  Nouveaux  Catholiques  de 
Caen,  ob  il  était  encore  détenu  en 
1781  (/6iVf.  Tt.  302). 

NENTER  (GBORGES-PmLiPPB),  sa- 
vant professeur  de  médecine  à  l'uni- 
versité de  Strasbourg,  essaya  de  per- 
fectionner l'art  de  guérir  d'après  les 
principes  du  célèbre  Stabl,  et  publia^ 
dans  cette  intention,  une  physiologie 
et  une  pathologie  médicales,  où  il 
établit  un  corps  de  doctrine  qu'il 
développa  plus  tard,  sur  les  instances 
de  ses  élèves,  dans  ses  Fondements 
de  la  médecine  théorico-pratique.  Cet 


ouvrage  l'exposa  aux  mordantes  cri- 
tiques des  partisans  toujours  nom- 
breux de  la  routine  ;  on  lui  reprocha 
surtout  de  ne  pas  avoir  bien  compris 
les  principes  de  Stahi.  Voici  la  liste 
de  ses  publications. 

I.  De  generatione  viventium  uni-et 
œquivocâ,  Arg.,  1 706,in-4«. 

II.  De  usu  physicœ  in  medicindy 
Arg.,  1707,  in-4». 

III.  De  vesicatoriorum  usu,  Arg., 
1707,  in-4\ 

IV.  Specimina  eommentarii  in  Do' 
nielis  Ludovici  Pharmaciam  modemo 
scBCulo  appUcandaniy  Arg.,  1708,  4«. 

V.  Theoria  hominis  sani  seu  phy* 
siologia medicoy  krg,,  1714,  in-12; 
1723,  in-8<». 

VI.  Theoria  hominis  œgroti  sive 
pathologiamedica,  Arg.,  1716,  in-8*. 

Vil.  Fufêdamenta  medicinœ  theo- 
rico-praciicœ  secundum  StahUi  po- 
tissimùm  aliorumqiie  medicorum 
placita  conscripta,  in  formé  tabula- 
rum  exhibita,T,  I,  Arg.,  1718,  in-4*  ; 
T.  II,  Ibid.,  1721,  in-4*;  nouv.  édit., 
Venet.,  1753,  in-fol.  —  Dans  la  Pré- 
face, Nenter  fait  une  critique  très- 
Judicieuse  et  très-Juste  de  la  méde- 
cine de  son  temps. 

NÉR AG ,  dit  Mazàmst,  du  lieu  de 
sa  naissance,  capitaine  huguenot  qui 
a  Joué  un  certain  rôle  dans  le  Langue- 
doc après  la  Saint-Barthélémy.  En 
1572,  Mazamet  s'empara  d'Auxillon 
par  stratagème,  et  après  avoir  mis 
la  place  à  l'abri  d'un  coup  demain,  il 
marcha  sur  Mazamet,  dont  il  se  rendit 
maître  en  quelques  heures,  avec  le 
secours  de  Roulac,  qui  fut  tué,  peu 
de  temps  après,  dans  une  entreprise 
sur  Les  Ouïes  ;  puis  il  força  les  Ca- 
tholiques à  s'éloigner  de  Viiiemagne, 
qu'ils  attaquaient.  Au  mois  de  décem- 
bre de  la  même  année,  il  servit  sous 
Pouiifi  au  siège  du  château  de  Lombez, 
et  seconda  les  frères  Bouffard  dans 
leur  première  entreprise  sur  Castres. 
Dans  le  courant  de  l'année  suivante, 
Mazamet  non-seulement  se  signala 
dans  le  Haut-Languedoc,  sous  les 
ordres  de  Rocks  et  de  Castelrens,  à 


NET 


—  14  — 


NET 


la  prise  d'Alelh^  à  la  défaite  da  se- 
cours envoyé  par  Joyeuse^  et  sons 
ceux  ùe Paulin,  h\à  conquête  de  Saint- 
Albi,  dont  il  fut  nommé  gouverneur; 
mais  il  accompagna  le  célèbre  vicomte 
dans  le  Bas-Languedoc,  et  s'empara, 
le  25  octobre ,  assisté  par  le  capi- 
taine TremeSy  d'Uchau,  qui  fut  pillé 
et  saccagé,  malgré  la  trêve  conclue 
avec  Dam  ville.  De  retour  dans  le 
Castrais,  secondé  par  les  deoi  frères 
Tourenne,  neveux  ù' Etienne  de  Mo- 
linieTy  sieur  de  Tourenne,  qui  fut 
depuis  conseiller  de  la  Chambre  de 
justice  établie  à  Castres,  il  se  saisit 
de  Bize  près  de  Narbonne.  La  discorde 
s'étant  mise  entre  cu\  pour  le  com- 
mandement, les  deux  Tourenne  furent 
assassinés  par  les  soldats  de  Mazamet, 
qui,  poursuivant  le  cours  de  ses  suc- 
cès, s'empara,  le  8  mai  suivant,  du 
château  de  Saint-AfTrique. 

En  1575,  le  capitaine  Mazamet  fit 
une  nouvelle  campagne  dans  le  Bas- 
Languedoc.  Le  13  mai  1576,  il  prit 
Léslgnan  par  escalade;  ce  fut  son 
dernier  exploit.  Traîtreusement  arrêté 
près  de  La  Bniguière,  avec  le  capitaine 
Bousquet  y  qui  réussit  à  s'échapper, 
il  fut  égorgé  de  sang-froid  par  les 
Catholiques,  en  1577. 

NETTANCOURT,  nom  d'une  il- 
lustre famille  champenoise,  dont  une 
branche,  celle  de  BETTAncouRT,  em- 
brassa la  religion  protestante  dès 
1561,  année  où  Antoine  de  Nettan- 
court,  sieur  de  Bettancourt,  écrivit  à 
Genève  pour  demander  «  homme  ex- 
pert qui  sçache  et  veuille  dopter  du 
pain  spirituel  de  la  saincte  Parole  de 
Dieu  et  administrer  purement  les 
saincts  sacrements  [MSS.  de  Genève 
197^,  Cart.  1).  Cet  Antoine  était  le 
ûls  cadet  de  Mcolas  de  Nettancourt, 
sieur  de  Vaubecourt,  et  d'Anne  d'Es- 
pence.  Il  épousa  en  premières  noces 
Françoise  de  BotUillaCy  et  en  secondes, 
Lucrèce  de  Miremont.  Du  premier  lit 
vinrent:  i«  Georges,  sieur  de  Bet- 
tancourt, lieutenant  de  la  compagnie 
d'ordonnances  du  duc  de  BouiHon, 
qui  ne  parait  pas  avoir  persisté  dans 


la  profession  delà  religion  réformée; 

—  2»  Louis,  qui  suit;  —  3°  Claude, 
sieur  de  Villers,  mort  sans  postérité; 

—  40  Nathanael,  décédé  sans  al- 
liance ;  —  5«  Jérôme  ;  —  G»  Madb- 
lainb,  femme  de  J'jsias  de  Savigny, 
Du  second  lit  naquit  Marie,  qui 
épousa  Pierre  de  Condé,  sieur  de 
Vandières  (l). 

Louis  de  Neltancourt,  capitaine  de 
50  arquebusiers  à  cheval,  fut  laissé 
par  Henri  IV  pour  commander  dans  le 
château  de  Sedan,  après  la  soumis- 
sion du  duc  de  Bouillon  (Voy.  VI, 
p.  595);  nous  ne  savons  rien  de  plus 
sur  sa  vie.  Il  mourut  en  1 6 1 8.  Il  avait 
épousé,  en  1 58 1 ,  Françoise  de  Beau- 
veau ,  fille  d'AIoph  de  Beau  veau,  dont 
il  avait  eu  :  1«  Louis,  qui  suit;  — 
2»  Claude,  sieur  de  viiiers-le-Sec , 
mestre-de-camp  d'un  régiment  d'in- 
fanterie; —  3»  Madelaike;  — 4»  Eli- 
sabeth, femme,  en  secondes  noces,  de 
Jacques  d'Angennes, 

Louis  II  de  Netlancourt  entra,  en 
1615,  avec  le  brevet  de  capitaine, 
dans  le  régiment  de  Vaubecourt.  Il 
servit  contre  ses  coreligionnaires  au 
siège  de  La  Rochelle,  fin  1629,  il  leva 
un  régiment  de  son  nom,  à  la  tète 
duquel  il  prit  une  part  brillante  aux 
campagnes  de  1631  à  1636.  Rappelé 
de  Lorraine,  il  fut  employé  en  Flan- 
dres en  1637.  Après  la  prise  de  La 
Capelle,  Richelieu  écrivit  à  La  Va- 
lette que  personne  sans  doute  ne  mé- 
ritait mieux  que  Nettancourt  le  gou- 
vernement de  Landrecies,  mais  que  sa 
religion  s'opposait  à  ce  qu'on  le  lui 
donnât.  Ce  fut  peut-être  comme  com- 
pensation qu'on  lui  accorda,  en  163S, 
le  grade  de  maréchal  de  camp.  Net- 
tancourt  continua  à  servir  avec  dis- 
tinction aux  sièges  de  Lunéville,  de 
Brisacb,  de  Saint-Omer,  de  Uesdin, 
d'Arras,  etc.  En  1643,  il  fut  envoyé 
à  l'armée  de  Champagne,  et  se  si- 
gnala au  combat  de  Fribourg,  aux 
sièges  de  Philipsbourg,  de  Worms,  de 

(1)  £o  1686,  an  jeane  gentilhomme  de  ce  nom 
fut  arrëlé  sortant  da  royaame  et  enfermé  dans  on 
coavent  {Arvà.  gén.  E,  S573). 


NET 


15  — 


NEV 


Mayenee^  de  Landau^  de  Manhelm^  etc. 
Dans  la  campagne  de  1645^  il  prit 
part  an  combat  de  Blariendal,  à  la  ba- 
taille de  Nordlingen.y  aux  sièges  de 
Heilbronn  et  de  Trêves.  En  récom- 
pense de  ses  services,  il  fut  créé,  le 
7  mai  1650,  lieutenant  général;  mais 
il  ne  fut  plus  employé.  Il  mourut  en 
16" 3,  ayant  été  marié  deux  fois.  Sa 
première  femme,  Françoise  d'Aver^ 
houlty  Mlle  de  Claude,  sieur  de  Brienne^ 
et  de  Jeanne  de  Susanne,  lui  avait 
donné  un  fils,  qui  fut  tué  très-jeune 
au  service.  La  seconde,  Anne  de  La 
Marche-deS'Contes  y  fille  de  Henri, 
baron  de  L'Escbelle,  et  ù* Antoinette 
de  BeauDeau  ,  qu'il  avait  épousée 
en  1660  ,  lui  survécut.  En  1681, 
on  lui  chercha  chicane  pour  la  pri- 
ver du  droit  d'exercice  à  Nettan- 
court  (Arch.  gén.  Tt.  267).  Elle 
avait  donné  le  jour  à  cinq  enfants  : 
1*  Lonis^  qui  passa  dans  le  Brande- 
bourg à  la  révocation,  et  servit  dans 
les  troupes  de  rélecteur;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  rentrer  en  France,  et  ob- 
tint, en  1693,  de  Louis  XIV,  pour 
prix  de  son  apostasie,  une  pension  et 
une  lieutenance  dans  le  régiment  de 
Vaubecourt  ; — 2»  Hknri,  qui  se  réfu- 
gia également  en  Prusse^  s'éleva  par 
ses  services  au  grade  de  capitaine  des 
gardes  du  corps  de  Télecteur,  et  finit 
par  revenir  dans  sa  patrie,  oii  il  ab- 
jura aussi  en  1697  ;  —  S*»  Frédéric, 
mort  jeune  ;  —  4«  Françoise,  femme 
deLmUsAubery,  sieur  du  Maurier; — 
5«  Elisabeth. 

NETZ  (Philippe  de),  auditeur  en 
la  chambre  des  comptes  et  ancien  de 
l'église  de  Charenton,  laissa  deux  en- 
fants de  son  mariage  avec  Catherine 
Ledmite  :  1» Marie,  qui  fut  présentée 
au  baptême.,  le  5  juin  1611,  par  Dti 
Mauriety  secrétaire  du  roi,  et  Marie 
MarbauU,  et  qui  épousa,  en  1632, 
Paul  Gallandy  receveur  général  du 
union,  en  Touraine;  —  2'»  François, 
sieur  de  Frêne,  qui  prit  pour  femme, 
en  1639,  Françoise  idillet,  fille  d't/We 
MiUet,  conseiller  secrétaire  du  roi.  H 
mourut  en  1670,  à  l'âge  de  70  ans. 


et  fut  enterré,  le  15  octobre,  au  ci- 
metière des  SS.  Pères.  Ses  enfants 
furent  :  i»  Charlotte,  née  en  dé- 
cembre 1640,  présentée  au  baptême 
par  Charles  de  Netz,  son  grand-père 
(qui  mourut  en  1641  à  l'âge  de  69 
ans],  et  mariée,  en  1660,  avec  Jean 
Goret  ,  sieur  de  Genouillé  ,  fils  de 
Charles,  sieur  de  Grosbois,  et  de  Ma- 
rie Davesnes  ;  —  2«  François,  né  en 
1642,  mort  enfant;  —  3o  Philippe, 
baptiséle  29  mars  1 643;— 4<' Jacques, 
baptisé  le  li  avril  1644;-—  50URIE, 
né  le  5  octobre  1647;  —  6»  Marie, 
née  le  6  décembre  1 648  ;  —  7»  Mar- 
guerite, baptisée  le  6  février  1650, 
mariée  avec  Jacques  de  Latger,  con- 
seiller secrétaire  du  roi  ;  —  S*  Amé- 
lie, baptisée  le  !<'  mal  1631  ;  —-  9<» 
ISAAC,  né  le  22  juin  1 633  ;  —  10»  Ca- 
therine, baptisée  le  26  mars  1 655  ; — 
lloCHARLES,  baptisé  le  24  août  1657. 
Cette  famille  resta  attachée  à  la  re- 
ligion protestante,  même  après  la  ré- 
vocation. En  1686,  de  Netz,  intendant 
du  comte  de  Roye,  dont  la  femme  réus- 
sit à  passer  dans  les  pays  étrangers, 
fut  enfermé  à  la  Bastille.  (Arch,  E. 

3372). 

NED  (Jacques  de},  natif  de  La 
Beuvrière,  fut  condamné  par  le  Con- 
seil d'Artois,  le  10  novembre  1617,  à 
un  bannissement  de  vingt  ans  et  aux 
frais  du  procès,  comme  «véhémen- 
tement suspect  d'avoir  attiré  et  em- 
mené au  pays  de  Gulsncs,  Gilles  et 
Jean  de  Semelay,  ses  beaux-frères,  et 
de  les  avoir  pervertis,  en  sorte  qu'ils 
se  serolcnt  rendus  de  religion  re- 
prouvée, et  d'en  avoir  infecté  aussi 
Marie  de  Semelay  y  sa  femme,  avec 
un  autre  sien  beau -frère,  et  tenu 
plusieurs  propos  hérétiques  au  village 
de  Monlbemenchon  et  autres  lieux 
de  .l'obéissance  de  Leurs  Altesses, 
tellement  que  plusieurs  en  auroienl 
été  scandalisez  et  aucuns  esbranlez 
en  la  foy  »  [Fonds  de  Brienney  N*  21 1). 

NEVELET  (Pierre),  sieur  de 
Dosches,  en  Champagne,  et  avocat 
au  parlement  de  Paris,  selon  Bayle, 
fut  forcé  de  sortir  de  France  pour 


NEV 


—  16  — 


NEY 


cause  de  religion.  Il  se  retira  à  BÀle 
avec  sa  famille,  et  s'y  lia  d'une  étroite 
amitié  avec  le  célèbre  Hotnyjn,  dont 
il  a  publié  la  vie  sous  ce  titre  :  £/o- 
gium  Fr.  Holomanniy  jurisconsuUi , 
summà  mri  iUiiÂS  sœculorum  memorià 
dignissimif  vitœ  capita  continenSy 
Francof.y  1595,  in-8s  réimp.  en  tête 
des  Opéra  de  Hotman  (édit.  de  Gen., 
1599-1601),  puis  avec  sa  ConsolaUo 
è  sacris  litteris  (Hanov.,  1613).  On 
sait  qu'après  Tavénement  au  trône  de 
Henri  lY,  Nevelet  revint  dans  sa  pa- 
trie, et  l'on  doit  sans  doute  considé- 
rer son  opuscule  '  Basileœ  Helvetio- 
rum  ecphrasis y  frajïcot.,  1597^  in-4», 
comme  ses  adieux  à  la  ville  hospita- 
lière qui  lui  avait  offert  un  sûr  asile. 
Ancien  de  l'église  de  Vitry,  il  fut  dé- 
puté par  la  Champagne  au  XVI«  Sy- 
node national.  En  1 603,  il  fit  paraître 
à  Paris  une  réimpression  de  VAnti- 
Tribonian,  de  Hotman,  et  mit  au  Jour 
un  petit  poëme  latin  sous  ce  titre: 
Lacrymœ  Neveleti  Doschii  in  funere 
avuncuU  PithœifVSLTls.y  1603,  in-4o. 
On  a  encore  de  lui,  au  rapport  de  la 
Biogr.  Univ.,  quelques  pièces  de  vers 
latins  fort  élégants.  La  date  précise  de 
sa  mort  est  inconnue,  mais  on  croit 
qu'il  ne  vécut  pas  beaucoup  au  delà 
de  1610. 

Pierre  Nevelet  avait  épousé  Jeanne 
Guillemin,  qui  lui  donna  plusieurs 
enfants.  Les  Registres  de  l'église 
française  de  Bàle  font  mention  de  trois 
de  ses  fils  :  1«  Isaac,  qui  suit;  — 
2«  Loms,  baptisé  le  26  mars  1592; 
—  30  Philippe,  présenté  au  baptême, 
en  1S93,  par  Du  Fresne-Canaye, 
Perreite  Pithou,  veuve  du  sieur  de 
Vassan,  et  Bonaventure  Nevelet. 

Né  en  1590,  et  présenté  au  bap- 
tême, le  15  novembre,  par  Martin 
Pithou,  sieur  de  Chamgobert,  et  Bo- 
naventure Pithou,  dame  de  Dosches, 
sa  grand'mère,  Isaac  Nevelet  ne  nous 
est  connu  que  par  un  recueil  d'anciens 
fabulistes,  qu'il  publia,  avec  des  notes, 
sous  ce  titre  :  Mythologia  jEsopica 
seu  JEsopi  fabulœ  grœco-latinœ  ;  ac- 
cedunt  Aphthonii  et  Gabriœ  f(d)ulœ 


grœcè  et  latine,  nec-non  Phœdri, 
Avieni  et  Laur,  Abstemii  fabulœ,  cum 
notis,  Heidelb.,  1610,in-4«»;  Francof., 
1610,  in-8«.  Le  jeune  auteur  dédia  à 
son  père  ce  premier  fruit  de  ses  veilles. 
NEYRON  (Pierrb-Joseph),  doc- 
teur en  droit,  né  à  Alt-Brandenburg, 
en  1740,  et  mort  à  Brunswick,  le 
13  février  1806.  Resté  orphelin  de 
bonne  heure,  Neyron  alla  retrouver 
sa  famille  qui  habitait  Berlin.  C'est 
dans  cette  ville  qu'il  commença  ses 
éludes.  Il  s'appliqua  d'abord  à  la 
théologie  ;  mais  il  y  renonça  pour 
la  jurisprudence.  Son  peu  de  for- 
tune l'ayant  forcé  d'entrer  en  qualité 
de  précepteur  dans  la  maison  du  con- 
seiller privé  Uechtiz,  il  accompagna 
ses  fils  à  l'université  de  Gôttingue,  et 
sut  profiter  de  sa  position  pour  perfec- 
tionner ses  connaissances.  En  1775, 
il  obtint  la  permission  d'ouvrir  un 
cours  de  droit,  et  trois  ans  après,  il 
prit  le  grade  de  docteur.  La  réputation 
qu'il  acquit,  tant  par  ses  leçons  que 
par  ses  ouvrages,  s'étant  répandue  au 
loin,  il  fut  choisi,  en  1781,  pour  ac- 
compagner à  Londres  le  prince  héré- 
ditaire de  Brunswick.  Au  retour  de 
ce  voyage,  il  obtint  au  Carolinum  de 
Brunswick  la  chaire  de  droit  public, 
qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de 
lui: 

I.  Sur  la  contrefaçon  des  livres, 
Gott.,  1 774,  in-8«».— Trad.  de  l'allem. 
de  Piitter. 

II.  Plan  du  droit  de  la  nature  et 
des  gens. 

III.  Essai  historique  et  politique 
sur  les  garanties,  et  en  général  sur 
les  diverses  méthodes  des  anciens  et 
des  nations  modernes  de  l'Europe 
d'assurer  les  traités  publics,  GOtt., 
1777,  in-80. 

IV.  Dissert,  inauguralis  de  vi  fœ- 
derum  inter  génies,  Gôlt.,  1778,  4«. 

V.  Principes  du  droit  des  gens  eu- 
ropéen conventionnel  et  coutumier, 
Brounsvic,  1 783,  in-S». 

Neyron  a  été,  en  outre,  un  actif 
collaborateur  des  journaux  politiques 
publiés  à  Brunswick. 


NIC 


—  17  — 


NIC 


NICOLAS^  natif  de  Pas,  en  Artois, 
<c  homme  de  bon  esprit  et  bien  in- 
straict  aux  sainctes  lettres,  t>  exerçait 
à  Arras  la  profession  de  maître  d'é- 
criture, d'où  Ini  était  venu  le  surnom 
de  VEscrivent.  N'ayant  point  témoi- 
gné assez  de  respect  pour  la  chan- 
delle miraculeuse  d'Arras  qui  brûlait 
sans  se  consumer,  au  dire  des  bonnes 
gens,  il  fut  arrêté  comme  luthérien, 
avec  Jean  de  Pois,  d'Arras,  et  Etienne 
Bourlet,  couturier  de  Beuvry,  qui 
avaient  tous  deux  reçu  de  lui  grande 
instruction,  condamné  à  mort  et  exé- 
cuté avec  ses  disciples,  en  1534.  — 
Quinze  ans  plus  tard,  un  bûcher  s'é- 
leva dans  la  ville  de  Mons  pour  un 
autre  martyr  du  même  nom.  M.  Nico- 
las, 0  homme  de  sçavoir,  »  qui  s'était 
retiré  à  Genève  pour  cause  de  reli- 
gion, ayant  voulu  passer  en  Angle- 
terre, fut  arrêté  près  de  Toumay, 
reconduit  à  Mons.  où  il  eut  à  subir  de 
cruels  traitements,  et  brûlé  vif. 

NICOLAS  (abel),  d'une  famille 
ancienne  de  la  Bretagne,  sortit  de 
France  à  la  révocation  et  alla  s'établir 
à  East-Looe,  dans  le  comté  de  Cor- 
nouailles,  où  il  mourut  en  1712.  Trois 
enfants  naquirent  de  son  mariage  avec 
Anne  de  Pouldouran,  On  ne  sait  rien 
de  la  vie  de  son  second  fils,  nommé 
Jacques,  ni  de  celle  de  sa  flUe,  appe- 
lée Rei^éb.  Son  fils  aîné,  Paul,  fut 
deux  fois  maire  d'East-Looe.  11  épousa 
MartJie  Marris,  qui  lui  donna,  sans 
parler  de  plusieurs  enfants  morts 
jeunes,  trois  fils  :  P  Paul,  décédé  en 
1 788,  sans  enfants  d'Anne  Blake  ;  — 
2«  Nicolas,  major  dans  un  régiment 
de  dragons,  mort  en  1816,  sans  en- 
fants de  Phillis  Blake ;^  3°  Jean, 
capitaine  dans  la  marine  royale  et 
maire  d'East-Looe  ,  qui  prit  pour 
femme  Marguerite  Blake,  et  en  eut 
cinq  fils  :  !<>  JEAii,  capitaine  de  fré- 
gate, chevalier  de  Tordre  du  Bain, 
commandeur  de  Tordre  de  Saint-Fer- 
dinand et  du  Hérite  des  Deux-Siciles, 
né  en  1788;  —  2«  Paul,  lieutenant 
dans  la  marine  militaire,  né  en  1790 
et  marié  avec  Anne  Mar combes,  qui 

T.  Vlll. 


Ta  rendu  deux  fois  père;  —  3«  Gua- 
LAUHE,  lieutenant  de  vaisseau^  né  en 
1792;  —  4»  Nicolas,  lieutenant  de 
vaisseau,  né  en  1796;  —  S*  Charles- 
Henri,  né  en  1800.  Nous  n'avons  rien 
à  ajouter  à  cette  généalogie  que  nous 
empruntons  à  Saint-Allais.  Leu,  dans 
son  Lexikon,  parle  d'une  autre  fa- 
mille du  même  nom  et  également 
réfugiée,  mais  originaire  de  La  Ro- 
chelle. Il  nous  apprend  f\\i' Abraham 
Nicolas,  sieur  du  Gué-le-Roy,  fils 
û* Abraham  Nicolas,  greffier  au  prési- 
dial  de  La  Rochelle,  et  de  Jeanne  Bé- 
raud,  qui  fut  successivement  secré- 
taire de  Sully,  puis  secrétaire  de  la 
chambre  du  roi,  en  1610,  commis- 
saire de  l'artillerie,  en  1613,  com- 
missaire de  la  marine,  en  1617,  et 
enfin  conseiller  de  la  Chambre  des 
comptes  de  Montpellier,  en  1623,  se 
retira,  sur  la  fin  de  ses  Jours,  à  Lau- 
sanne, et  obtint,  en  1653,  les  droits 
de  bourgeoisie  à  Berne.  11  avait  épousé 
à  Paris,  en  1625,  Marie  de  Burges, 
fille  de  Barthélémy  de  Burges,  sieur 
de  Vaizières,  et  d'Anne  Le  Proust 
(Reg.  de  Charent.),  dont  il  avait  eu 
une  fille,  Marie,  née  en  1637,  et  un 
fils.  Ce  fils,  nommé  Jacob,  naquit  en 
Janvier  1641  et  fut  reçu  bourgeois  de 
Lausanne  en  1666;  il  mourut  pasteur 
à  Oron,  en  1 72 1 .  11  avait  fait,  en  1 697, 
l'acquisition  de  la  seigneurie  de  Trey- 
torrens,  que  ses  descendants  possé- 
daient encore  du  temps  de  Leu. 

NICOLAS  (Antoine),  pasteur  de 
Téglise  française  de  Winterthur,  ne 
nous  est  connu  que  par  un  sermon  qui 
a  été  publié  sous  ce  titre  :  L'agitation 
de  Vàme  de  Notre  Sauveur  ou  Sermon 
sur  Jean  Xll,  27,  sans  nom  de  lieu, 
1703,  in-8». 

NIGOLLE,  pasteur  à  Courcelles- 
Chaussy,  en  1569.  Charles  IX,  par 
son  édit  du  6  avril,  ayant  défendu 
tout  exercice  de  la  religion  protestante 
à  Metz,  les  Réformés  de  cette  ville  se 
donnèrent  de  grands  mouvements  pour 
faire  révoquer  ou  au  moins  modérer 
cette  défense;  mais  tout  ce  qu'ils  ob- 
tinrent fut  la  permission  de  célébrer 


NIE 


—  18  — 


NIG 


leurs  mariages  et  leurs  baptêmes  à 
Courcelles^'Gbaussy^  où  S.  M.  permit 
à  Nicolle  de  demeurer^  à  condition 
qu'il  n'y  exercerait  aucune  autre  fonc- 
tion de  son  ministère,  et  que  même 
pour  les  baptêmes  et  les  mariages,  il 
ne  se  trouverait  jamais  plus  de  dix 
personnes  ensemble,  sous  peine  de 
mort.  Après  la  conclusion  de  la  paix, 
le  roi  montra  moins  de  rigueur.  Par 
un  décret  en  date  du  25  avril  1571, 
il  accorda  aux  Protestants  de  Metz  le 
libre  exercice  de  leur  religion  à  Cour- 
cclles-Gbaussy;  il  est  vrai  que  le 
cardinal  de  Guise  fit  révoquer  le  décret 
dès  le  10  mai;  mais,  au  mois  d'oc- 
tobre, le  vent  de  la  Gour  tourna  de 
nouveau  à  la  tolérance,  et  on  leur 
permit  de  tenir  leurs  assemblées  à 
Montoy,  à  deux  lieues  de  Metz.  Encou- 
ragés par  ce  premier  succès ,  ils  de- 
mandèrent l'autorisation  de  célébrer 
leur  culte  dans  la  ville  même,  et  récla- 
mèrent en  même  temps  contre  l'exclu- 
sion des  charges  publiques  qui  pesait 
sur  les  Protestants.  La  seconde  de 
leur  demande  leur  fut  accordée  ;  mais 
quant  à  la  première,  ils  obtinrent 
seulement  d'avoir  à  Montoy  autant  de 
pasteurs  qu'ils  le  jugeraient  à  propos 
et  de  pouvoir  traverser  la  ville  en  se 
rendant  au  prêche.  Ils  ne  jouirent  pas 
longtemps  de  celte  liberté.  Après  la 
Saint-Barthélémy,  ordre  leur  fut  doimé 
de  cesser  leurs  assemblées  et  de  ren- 
voyer leurs  ministres,  puis  on  les 
força  d'assister  au  catéchisme  fait  par 
un  jésuite  ;  on  en  vint  même  à  arra- 
cher les  enfants  à  leurs  mères  pour 
les  rebaptiser.  L'histoire  ne  nous  ap- 
prend pas  ce  que  devint  Nicolle  pen- 
dant cette  persécution.  On  ne  le 
retrouve  qu'en  1568,  exerçant  son 
ministère  à  Burtoncourt,  église  qu'il 
desservait  encore  en  1579,  selon  une 
note  que  nous  a  communiquée  M.  Othon 
Cuvier. 

NIELLE  (Charles  de)  ,  pasteur  à 
Utrecht,  selon  le  P.  Lelong,  qui  le 
qualifie  de  «  gallus  arminianus,  »  a 
traduit  en  français  le  Ganlique  des 
cantiques^  traduct.  publiée  à  Genève 


par  P.  de  Sainl-Àndré,  1594,  in-S». 
Ge  Gharles  de  Nielle  n'étant  mort  que 
le  27  déc.  1G52,  il  ne  peut  être  le 
même  que  Charles  de  Nielles,  qui 
desservait,  en  1 594^  l'église  de  Wesel, 
étant  alors  dans  sa  55»  année,  et 
pasteur  depuis  trente-trois  ans;  mais 
peut-être  était-il  son  fils  (l).  Le  der- 
nier, vraisemblablement  d'origine  fla- 
mande (2),  nous  est  connu  par  une 
trad.  française  de  la  Recognoissance 
d'Ohbe  Philippe  par  laquelle  il  con» 
fesse  que  luy  et  ceux  qui  ont  enr 
seigné  et  enseignent  entre  les  Anabap- 
tistes n'ont  nulle  vocation  légitime, 
trad.  à  laquelle  il  a  joint  un  Dis- 
cours des  faicts  exécrables  du  nouveau 
roy  des  Anabaptistes  Jan  Wilhems  et 
de  ses  complices,  exécutez  à  Clèves, 
Wesel  et  autres  lieux  Van  1580, 
Leyde,  Ant.  Maire,  1595,  in-8*. 

NIGRIN  (Georges-Adam),  ministre 
à  Saint-Maurice  dans  le  comté  de  Mont- 
béllard,  et  surintendant  ecclésiastique, 
n'est  guère  connu  que  par  les  persé- 
cutions qu'il  eut  à  éprouver  de  la  part 
de  l'intendant  de  la  Franche-Gomté. 
Le  25  avril  1700,  le  village  où  il 
exerçait  ses  fonctions,  fut  envahi  par 
la  force  armée.  Le  lieutenant  au  bail- 
liage de  Beaumc,  ac<;ompagné  de  sept 
curés,  se  rendit  à  Téglise  et  y  fit  cé- 
lébrer la  messe;  puis  II  contraignit,  à 
force  de  menaces,  les  villageois  de 
s'engager  par  écrit  à  céder  le  chœur 
aux  Gatholiques  et  à  prendre  le  curé 
sous  leur  sauve-garde.  Un  mois  après, 
les  habitants  de  Saint-Maurice,  reve- 
nus de  leur  terreur  et  ne  se  croyant 
pas  obligés  de  tenir  une  promesse 
arrachée  par  la  violence,  refusèrent 
l'entrée  de  leur  église  au  curé.  Dès  le 
19  juin,  le  village  fut  envahi  de  nou- 
veau par  trois  compagnies  d'infante- 

(1)  Dans  ce  cas,  il  serait  frère  de  Jean  do 
Nielles,  né  ï  "Wesel  en  1571,  et  mort  en  1597, 
jurisconsulte  assez  distinguo,  à  qui  l'on  doit  dM 
traTaui  estimés  sur  le  droit  féodal  et  les  Insti- 
tules,  ainsi  qu'une  Grammaire  française,  impri- 
mée à  Leyde  en  1589. 

(2)  Nous  n'osons  l'affirmer,  car  nous  trouTons, 
en  1548,  un  Etprit  KieUe,  de  Manosqoe,  reça 
bourgeois  à  GenèTe. 


NIS 


-  19  — 


NIV 


rie,  qui  furent  logées  à  discrétion  chez 
les  paysans,  et  qui  ne  se  retirèrent, 
an  bout  de  dix- huit  jours,  qu'après 
avoir  arraché  à  leurs  hôtes  rengage- 
ment de  renoncer  au  cuite  réformé. 
Le  pasteur,  dont  la  présence  devenait 
inutile,  fut  conduit  dans  les  prisons 
de  Besançon,  d'où  il  ne  sortit,  au  bout 
de  plusieurs  semaines,  qu'au  prix  de 
tonte  sa  fortune  Rendu  à  la  liberté, 
Nigrin  reprit  ses  fonctions.  En  1757, 
il  fut  nommé  inspecteur  ecclésiastique, 
place  dans  laquelle  il  eut  pour  succes- 
seur, en  1744,  Jules-  Frédéric  M  acier, 
son  grand  âge  l'ayant  mis  dans  la 
nécessité  de  donner  sa  démission. 

NISSOLES  (Jean),  pasteur  à  Gi- 
gnac,  qui  assista,  en  1 611 ,  à  l'assem- 
blée de  Sommières  (Arch.  gén,  Tt. 
284),  est  surtout  connu  par  deux 
thèses  qu'il  soutint  à  l'académie  de 
Genève  et  qui  ont  été  publiées  dans 
les  Tbeses  genev.,  l'une  sous  le  titre 
De  fide  in  Spiritum  Sanctum,  l'autre 
sous  celui-ci  :  In  teriium  legis  prcB' 
cêptum, 

l^  famille  Nissolcs  n'occupait  point 
ma  rang  élevé  dans  le  Languedoc, 
mais  elle  était  zélée  pour  sa  religion. 
Aossi  a-t-elie  fourni  son  contingent 
an  Refuge.  Sorti  de  France  à  l'époque 
de  la  révocation,  Moise  Nissoles,  an- 
cien de  l'église  de  Sumène,  alla  se 
fixer  £n  Prusse  et  établit,  en  1 689,  à 
HAhleodamm  une  tannerie  qui  pros- 
péra singulièrement.  La  rapide  fortune 
qu'il  acquit  provoqua  la  concurrence, 
Jêttn  Hiany  Claude  WaU,  de  Metz, 
Barraud,  de  Contras,  Abraham  Remy, 
LtMgarde,  Jean  Marsaly  de  Metz,  Lo" 
vignêy  de  Blois,  élevèrent  des  fabriques 
de  cuir  à  Berlin  même,  tandis  que 
Pierre  Crégut ,  de  Saint-Ambroix , 
haac  Séchekaye,  Salingre,  Benjamin 
Hennequin,  Huguenel  en  établirent 
d'antres  à  Blagdebourg,  à  Prenzlow,  à 
Francfort-sur-l'Oder  et  à  Potsdam,  en 
îorte  qu'en  très-peu  d'années,  les 
tanneries  des  Réfugiés  suffirent  à  la 
consommation  intérieure  delaPrusse^ 
al  que  les  importations  de  l'étranger 
cessèrent  entièrement. 


NIVET   (Sainctin),   de  Meau&, 
martyr.  Compromis  dans  les  pour- 
suites qui  aboutirent  à  la  terrible 
exécution  du  mois  d'octobre   1546 
(Voy.  Pièces  jusliflc,  N<»VI),Nivet 
réussit  à  s'y  soustraire  et  se  retira 
à  Montbéliard  avec  sa  femme.  C'était 
un  homme  «  fort  débile  de  ses  mem- 
bres, »  et  hors  d'état  par  conséquent 
de  gagner  sa  vie.  Honteux  de  rester  k 
la  charge  de  l'église,  il  résolut  «  de 
retourner  au  combat ,  »  et  quelques 
remontrances  qu'on  lui  pût  faire,  il 
partit  pour  Meaux ,  oîi  il  ne  tarda  pas  à 
être  reconnu.  Traduit  devant  la  Cham- 
bre ardente,  il  fut  condamné  an  feu  et 
brûlé.  Son  martyre  est  le  seul ,  avec 
celui  d'Octavien  Blondel,  de  Tours, 
qui  se  trouve  inscrit  dans  le  Marty- 
rologe sous  la  date  de  1548;  mais — 
et  c'est  une  preuve  nouvelle  à  ajouter 
à  tant  d'autres  que,  loin  d'exagérer 
le  nombre  des  martyrs,  Crespin  est 
resté  au-dessous  de  la  vérité— les  re- 
gistres du  parlement  de  Paris  (dont 
M.    Taillandier  possède   un    extrait 
d'autant  plus  précieux  que  le  registre 
même,  où  se  trouvent  consignées  ces 
condamnations ,  ne  se  retrouve  plus) 
font  menliun  des  arrêts  rendus,  la 
même  année,  contre  plusieurs  autres 
religionnaires,  qui  furent  tous,  comme 
Ni  ver,  envoyés  au  bûcher.  Pierre  Bri- 
quet, de  Moulins,  fut  seul  excepté. 
Eu  égard  sans  doute  à  sa  rétracta- 
tion ,  il  fut  seulement  condamné  à 
l'amende  honorable,  aux  verges  et 
au   bannissement.    Pierre    Guyon, 
d'Auxerre,  eut  la  langue  coupée  et 
fut  brûlé  vif,  après  avoir  préala-* 
blement  subi  la  question,  le  26  mai. 
Pierre  Rémond,  fut  condamné  au  feu, 
le  2  juin,  et  exécuté  dans  la  rue  Sainte 
Antoine.  Pierre  Ganthaume  périt  éga- 
lement dans  les  flammes^  par  sentence 
du  26  juillet.  Robert  Le  Lièvre,  dit 
Séraphin,  Antoine  Descliamps,  Jean 
LhuUlier,  dit  le  Camus,  joueur  d'in- 
strument, Michel  Maréchal  et  Jean 
Camus,  éperonnier,  furent  pendus  et 
leurs  corps  réduits  en  cendres,  le 
!•'  août.  «  De  semblables  canduana^ 


NOB 


—  20  — 


NOE 


tions^  ajoute  M.  Taillandier,  avaient 
lien  non-seulement  à  Paris,  mais  en- 
core dans  un  très-grand  nombre  de 
villes  du  ressort  du  parlement.  » 

NOBLET  (Jacques),  de  Rouen, 
tailleur  de  pierres  de  son  métier,  ser- 
vait depuis  plusieurs  années  sous  les 
drapeaux ,  lorsqu'il  eut  le  malheur  de 
tomber  entre  les  mains  des  Algériens. 
Le  consistoire  de  Rouen,  touché  de 
son  infortune,  chargea  Thomas  Le 
Gendre,  un  de  ses  membres,  de  tra- 
vailler à  sa  délivrance,  et  Noblet  re- 
couvra la  liberté  par  l'intermédiaire 
des  moines  qui  s'employaient  au  ra- 
chat des  captifs.  En  apprenant  que 
ses  libérateurs  n'avaient  point  voulu 
accepter  le  remboursement  du  prix  de 
sa'  rançon  et  qu'ils  l'avaient  promené 
de  ville  en  ville  avec  d'autres  captifs, 
rachetés  comme  lui,  le  consistoire  dut 
croire  qu'il  avait  fait  abjuration  ;  mais 
Noblet  ayant  affirmé  par  serment  qu'il 
n'en  était  rien,  on  consentit  à  le  rece- 
voir dans  l'Église.  Le  clergé  catholique 
l'accusa,  en  conséquence,  du  crime  de 
relaps.  On  fit  comparaître  un  mathurin 
qui  déposa  tenir  du  père  Le  Vacher, 
missionnaire  à  Alger,  que  dans  une 
maladie,  l'ex-captif  avait  reçu  les  sa- 
crements de  l'Ëglise  romaine,  et  que 
pendant  la  traversée,  il  avait  assisté 
à  la  messe.  En  présence  des  dénéga- 
tions de  Noblet,  qui  en  appelait  au 
témoignage  de  tous  ses  compagnons 
de  captivité,  la  déposition  du  mathu- 
rin fondée  sur  un  simple  ouï-dire, 
était  de  peu  de  poids  ;  cependant  on 
Jeta  Noblet  en  prison,  les  fers  aux 
pieds,  et  on  l'y  retint  plusieurs  mois 
dans  l'espoir  de  l'amener  à  abjurer. 
Tous  les  moyens  mis  en  œuvre  pour 
l'y  décider,  échouèrent  contre  son  in- 
domptable fermeté.  Menacé  des  ga- 
lères par  les  juges  :  a  Tant  mieux, 
g'écria-t-il ,  elles  me  porteront  peut- 
être  sur  les  côtes  d'Afrique,  parmi  les 
barbares  et  les  ennemis  de  J.-Ch.,  où 
J'ai  trouvé  plus  d'humanité  que  parmi 
vous.  T»  Le  parlement  de  Rouen  le 
condamna  enfin ,  ainsi  que  Pierre 
Vastel,  Portrait  et  Judith  Le  Prévost, 


ces  trois  derniers  par  contumace, 
faire  amende  honorable  devant  le  por- 
tail de  la  cathédrale,  nu-pieds,  la  tor- 
che au  poing,  à  être  banni  à  perpétuité 
et  à  la  confiscation  de  ses  biens.  En 
entendant  celte  sentence,  Noblet  de- 
manda une  seule  chose  à  ses  juges, 
c'est  qu'on  avançât  le  jour  de  l'exé- 
cution, a  H  y  aura  plaisir,  disait-il , 
à  faire  amende  honorable  avec  une  si 
grosse  chandelle  ;  qu'on  me  prépare 
une  belle  chemise  blanche.  »  Sa 
femme  et  ses  sœurs  déclarèrent,  de 
leur  côté,  leur  intention  de  l'accom- 
pagner en  habits  de  fête.  Le  parle- 
ment, pour  éviter  un  scandale,  recula 
tant  qu'il  put  l'exécution  et  finit  par 
en  référer  au  Conseil,  qui  ordonna 
d'enfermer  Noblet  entre  quatre  mu- 
railles et  de  ne  lui  laisser  voir  per- 
sonne que  des  missionnaires.  Un  prê- 
tre, ému  de  compassion,  finit  par 
avertir  sa  femme  du  lieu  où  on 
l'avait  mis,  et  le  geôlier  s'étant 
laisser  gagner,  Noblet  réussit,  en 
1684,  à  se  sauver  en  Hollande  avec 
sa  femme  et  sa  fille  âgée  de  deux  ans. 
—  D'autres  Noblet  trouvèrent  égale- 
ment un  asile  dans  les  pays  étrangers 
(Arch.  gén,  Tt.  261),  entre  autres, 
Marie  Noblet,  née  en  mars  1645,  fille 
du  graveur  Matthieu  Noblet  et  de  Ma- 
rie Leclerc  (l),  qui  fut  d'abord  en- 
fermée aux  Nouvelles  Catholiques  ; 
puis,  sa  constance  ne  se  démentant 
pas,  expulsée  du  royaume,  en  1694 

{Jbid.  E.  3380). 

NOËL  (Jean),  dominicain  de  Rouen, 
condamné  comme  hérétique  par  la 
Sorbonne,  le  is  décembre  1553.  Au 
nombre  des  propositions  frappées 
d'anathème  par  la  docte  Faculté, 
comme  fausses,  scandaleuses,  témé- 
raires, pernicieuses,  dérogeant  à  l'au- 
torité de  l'Ëglise,  injurieuses  pour  le 
Christ  et  les  prélats  romains,  nous 

(i)  Les  Registres  de  Charenton  nous  font  con- 
nattre  un  de  ses  frères  Samuel,  bapt.  le  13  août 
1646.  On  doit  sans  doute  Toir  un  de  ses  oncles 
dans  la  personne  de  Michel  Noblet ,  grayeur  à 
Paris,  fils  de  PtVrre,  horloger  k  Génère,  et  de 
Marie  Zaeharie,  qui  cpottsa,  en  jnill.  1660,  £f- 
Iher  jRoyer. 


NOG 


—  î41  — 


NOG 


nous  contenterons  de  signaler  celles- 
el  :  Jamais  l'Ëvangile  n'a  été  si  bien 
prèchée  qu'elle  est  pour  le  présent 
qu'il  est  licite  à  an  chacun  et  con- 
▼enable  icelle  lire  pour  entendre  son 
salut. — Notre  SeigneurJ.-Cii.^lorsde 
sa  mort  et  passion  a  donné  liberté  de 
manger  toutes  viandes  et  en  tous  jours, 
pourvu  qu'il  n'y  eut  aucun  scandale. 
— Les  prélats  ne  sont  que  monstres,  et 
ont  tout  gâté  par  leurs  pompes,  ava- 
rice et  simonie.  —  L'Ëgiise  doit  être 
pauvre.  —  Puisque  les  prélats  ne 
prêchent  rËvanglie,  ne  parole  de 
Dieu  ;  à  cette  cause,  il  faut  que  les 
gens  mécaniques  prêchent  l'Ëvangile 
et  la  parole  de  Dieu.  —  II  est  néces- 
saire à  un  chacun  chrétien  pour  en- 
tendre son  salut,  avoir,  lire  et  enten- 
dre l^Ëcriture  sainte  et  TËvangile. 

Nous  ignorons  ce  que  cette  condam- 
nation attira  au  pauvre  frère  prêcheur, 
dont  Quétif  et  Echard  se  sont  bien 
gardés  de  parler  dans  leur  volumi- 
neuse Bibliothèque.  Nos  recherches 
ne  nous  ont  rien  appris  à  ce  sujet , 
car  nous  ne  supposons  pas  qu'il  soit 
identique  avec  Jean  No'él ,  de  Troyes 
en  Champagne,  qui  se  réfugia  à  Ge- 
nève et  eut  deux  fils,  Jean  et  Daniel, 
souches  d'une  famille  éteinte  dans  le 
siècle  passé. — Peut-être  Etienne  No'él, 
pasteur  à  Saint-Julien  dans  le  comté 
de  Vontbéliard  dès  1540,  appartenait- 
il  à  la  même  famille.  —  Un  peintre  du 
nom  de  Bernard  Noély  vivant  à  Paris 
aa  commencement  du  xvii«  siècle, 
professait  aussi  la  religion  réformée. 

NOGARET  (Henri  de),  duc  de 
Candals,  fils  aîné  du  fameux  duc 
d'Ëpemon,  gouverneur  de  l'Angou- 
mois,  de  la  Saintonge  et  du  Limousin, 
en  survivance  de  son  père,  ayant  quitté 
la  maison  paternelle,  en  1612,  pour 
échapper  aux  railleries  que  lui  atti- 
rait un  mariage  mal  assorti,  alla  offrir 
ses  services  à  l'Empereur,  puis  au 
grand-duc  de  Toscane,  qui  armait 
contre  les  Turcs.  11  fit  des  prodiges 
de  valeur  à  Tattaque  d'Agliman  ou 
plutôt  d'Aghaliman ,  port  de  Selefkeh, 
en  Caramanie,  et  contribua  plus  que 


personne  à  la  prise  de  cette  impor- 
tante forteresse.  De  retour  en  France, 
en  1614,  il  fut  nommé  premier  gen- 
tilhomme de  la  chambre  du  roi  ;  mais 
une  intrigue  de  cour  et  le  méconten- 
tement que  lui  causa  le  refus  de  l'hé- 
ritage de  sa  mère,  le  jeta,  bientôt 
après,  dans  le  parti  des  princes,  qui 
voulait  empêcher  les  mariages  es- 
pagnols. S'il  faut  en  croire  quelques 
écrivains,  il  était  irrité  surtout  de  la 
préférence  que  d'Ëpernon  témoignait 
à  son  second  frère,  et  ce  fut  par  dépit 
qu'il  embrassa  publiquement  la  reli- 
gion réformée.  Selon  d'autres,  il  se 
fit  protestant  par  amour  pour  la  du- 
chesse de  Rohan,  Ménage  rapporte 
dans  son  Dictionn.  étymologique,  ces 
vers  que  d'Aubigné  doit  avoir  fait' à 
ce  sujet  : 

Hé  quoi  donc,  petit  Sibllot, 
Poar  l'amour  de  dame  Liiette, 
Vous  Touf  êtes  fait  huguenot, 
A  ce  que  nous  dit  la  Gazette. 
Sans  ouTr  anciens  on  pasteurs, 
Vous  TOUS  êtes  donc  fait  des  nôtres  ; 
Vraiment  nous  en  Terrons  bien  d'autrea. 
Puisque  les  yeux  sont  nos  docteurs. 

Quel  que  ait  été  le  motif  de  sa  con- 
duite, de  Caudale  abjura  publiquement 
le  10  janvier  1616,  et  le  15,  il  prêta 
le  serment  d'union  dans  l'Assemblée 
deNismes  (Fonds  de  Brienne,  N»  223). 
Selon  l'usage,  il  publia  les  motifs  de 
sa  conversion ,  sous  ce  titre  :  Décla- 
ration et  confession  de  foy,  faicle  par 
Monseigneur  de  Candale  dans  le  sy- 
node  des  églises  réformées  des  Cevennes 
et  Gevauldan,  assemblé  en  Alez,  le  di- 
manche  i  0  janv,  1616.  Après  laqueUe 
il  fut  publiquement  reçu  dans  l'Église, 
à  la  fin  de  la  prédication,  Nismes,  J. 
Vaguenar,  1616,  in-12,  pp.  5.  Le 
néophyte  y  proteste  que  a  esclairé  et 
conduit  par  l'Esprit  de  Dieu,  qui  est 
le  Père  de  lumière,  duquel  vient  toute 
bonne  donation,  il  a  recogneu  depuis 
quelques  années  que  l'ËgUse  romaine 
est  toute  pleine  de  superstition,  d'ido- 
lâtries et  de  fausses  doctrines,  con- 
traires à  la  Parole  de  Dieu,  lesquelles 
il  déteste  et  abjure  de  tout  son  cœur.  » 
Il  proteste,  en  outre,  qu'il  sort  de 


NOG 


—  Î2  — 


NOG 


l'Église  romaine  >  «  la  Babylone  dont 
Dieu  commande  de  sortir^  »  qu'il  vent 
vivre  et  mourir  en  TËglise  réformée, 
et  que  sa  résolution  ne  lui  est  dictée 
ni  «  par  des  mouvemens  de  la  cliair 
et  du  sang  9  ni  par  des  considérations 
mondaines  (l).  d  Êtait-il  sincère?  Il 
est  impossible  de  se  le  persuader. 
Bans  notre  opinion,  il  voulait,  par 
cet  acte  hypocrite,  atteindre  un  but 
politique  qu'il  atteignit  en  effet.  Sa 
prétendue  conversion  lui  donna  tant 
d'Influence  sur  l'Assemblée  de  Nismes 
que,  ce  malgré  la  crolance  de  Chdtillon, 
que  la  vertu  de  ses  prédécesseurs  lui 
avoit  acquise  très- grande,  il  renversa, 
dit  Roban,  tout  son  crédit,  se  fit  re- 
connoitre  général  des  Sevenes,  et  for- 
tifia tellement  l'Asserobiée,  que  les 
oppositions  duditChàtillondans  icelle 
et  dans  le  Languedoc,  n'empêchèrent 
qu'elle  ne  fit  la  Jonction  avec  le 
prince.  »  Après  la  conclusion  de  la 
paix ,  de  Caudale  abandonna  à  la  fois 
le  parti  huguenot  et  la  religion  ré- 
formée pour  se  réconcilier  avec  son 
père  et  l'Église  romaine. 

NOGENTEL  (Isaac  de),  seigneur  de 
Nogentei  (2),  avait  fait  ses  études  en 
théologie  a  l'académie  de  Genève,  où  il 
étaitentréen  1619.  Ildesservait'comme 
pasteur  réglise  de  Nogentei  lorsqu'il 
mourut  à  la  fleur  de  Tàge,  en  1645. 
Sa  mort  fut  Toccaslon  d'une  de  ces 
nombreuses  entreprises  que  le  clergé 
catholique  et  les  tribunaux  se  permet- 
taient depuis  longtemps  (z)  contre  les 
privilèges  de  la  noblesse  protestante, 
privilèges  quelquefois  bien  vains,  mais 
auxquels  les  gentilshommes  huguenots 
devaient  attacher  d'autant  plus  de  prix 
qu'on  les  leur  disputait  avec  mauvaise 
foi.  On  sait  que  les  seigneurs  de  pa- 
roisse  avaient  le   droit,  lorsqu'un 

(1)  Le  parlement  de  Toulouse,  par  arrêt  do 
4  février,  condamna  cet  écrit  comme  diffamatoire, 
teandaleui,  contraire  à  l'èdit  de  Nantes  et  autres 
édita  de  pacification.  Par  représaillrts,  l'Assem- 
lHéb  de  La  Rochelle  fit  brûler  publiquement  cet 
arrêt  (Fond*  dt  Brienne^  N»  223). 

(S)  11  était  sans  doute  fils  de  Jacques  ds  No- 
fenlêt,  seigneur  de  No|entel,  à  qui  les  habitants 
de  Gbâieau-Thierry,  appayéa  par  le  chapitre  de 
Saint-^lfartin  de  Tours,   contestèrent  le   droit 


membre  de  leur  famille  venait  à  mou- 
rir, de  faire  peindre  autour  de  l'église 
un  litre  ou  ceinture  funèbre  avec  leurs 
armes  d'espace  en  espace.  Les  parents 
d'Isaac  de  Nogentei  voulurent  user  de 
leur  droit;  mais  l'évéque  de  Soissons 
s'y  opposa,  et  la  Chambre  de  l'édit  de 
Paris  lui  donna  gain  de  cause.  Il  parait 
que  notre  pasteur  ne  laissa  qu'un  fils, 
nommé  Jostas,  qui  mourut  à  Paris,  en 
1665,  à  l'âge  de  27  ans,  et  qu'il  avait 
une  sœur,  Susanne,  mariée  à  Phi- 
lippe Le  Cartier  (Reg.  de  Charenton). 
NOGUICR.  Trois  pasteurs  de  ce 
nom  desservaient  en  1678  des  églises 
dans  le  Bas-Languedoc;  ils  étaient 
frères.  Le  mieux  connu  des  trois  est 
l'alné,  nommé  David,  qui  remplissait 
alors  ses  fonctions  à  Bernis,  et  qui 
s'était  déjà  acquis  une  certaine  répu- 
tation par  sa  Réponse  au  livre  de 
M,  Vévéque  de  Condom,  intitulé  Expo- 
sition, etc.  Orange,  1673,  in-i8; 
2«  édit.,  Quévilly,  1673,  in-12.  Le 
synode  provincial  de  Nismes,  auquel 
il  assista,  en  1678,  avec  ses  deux  frè- 
res, pasteurs,  l'un  à  Saint-Chaptes,  le 
plus  Jeune  à  Boucairan,  le  chargea 
d'examiner,  avec  Du  Bourdieu  et  Be* 
sombeSy  V Apologie  pour  les  Iconoclas- 
tes, que  l'auteur^  Des  Gaillards,  lui 
avait  fait  présenter  par  son  beau- 
frère,  le  ministre  Paradez(Arch.  gén, 
Tt.  282).  A  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  David  Noguier  prit  toutes  ses 
dispositions  pour  suivre  ses  coUègues 
sur  la  terre  étrangère,  mais,  raconte 
M»*  Du  Noyer,  sa  nièce,  «  comme  on 
avoit  grande  envie  de  le  gagner,  on 
lui  chercha  une  querelle  d'allemand,  » 
et,  au  moment  où  il  allait  partir,  on 
l'arrêta.  Après  avoir  été  retenu  quelque 
temps  prisonnier  dans  la  citadelle  de 
Montpellier^  il  fut  remis  en  liberté  et 

d'eiercice  dans  sa  terre,  en  160S.  La  Chambre 
de  l'édit  de  Paris  les  débouta  de  leur  demande 
par  arrêt  du  10  juin  1605  {Fondi  dt  Briennt, 
N^SiO). 

(S)  hn  1609  déjk,  la  Chambre  de  Tédit  de 
Paris  prira  la  tcuvo  du  sieur  de  YieUle.Neige  de 
ses  droits  seigiieuriauxi  parce  que,  comme  pro- 
testante, elle  n'assistait  pu  à  l'église  catholique. 
G'eit  la  première  atteinte  portée  aux  droits  hono- 
riflques  desi  gentilshommes  protestants. 


NOG 


—  23  — 


NOR 


put  sortir  da  royaume  avec  sa  femme, 
mais  on  rednt  son  fils  et  sa  fille  qui 
avaient  passé  Tâge  porté  par  les  dé* 
clarations.  Il  se  retira  à  Genève,  d'où 
il  passa,  bientôt  après,  en  Hollande.  Il 
mourut,  en  1705,  pasteur  de  Téglise 
française  de  Groningue,  qu'il  desser- 
vait,'depuis  1686,  avec  Daniel  Cottin, 
de  Houdan,  et  d'autres  ministres  ré- 
fugiés. 

Le  frère  putné  de  David  Noguier  se 
nommait  JacqiÀes,  Il  desservait  l'église 
de  Saint-Âmbroix  en  1672,  c'est-à- 
dire  à  l'époque  du  jugement  définitif 
da  procès  soulevé  par  l'enlèvement  de 
la  jeune  Bonioîy  procès  qui  fit  beau- 
coup de  bruit.  Cette  enfant,  que  sa 
mère  élevait  dans  la  religion  protes- 
tante, ne  comptait  que  neuf  ans  lorsque 
l'évêque  d'Uzcs  la  ravit  à  ses  parents, 
en  1667,  pour  la  mettre  dans  un  cou- 
vent du  Pont-Saint-Esprit.  Pendant 
deux  ans,  elle  résista  avec  une  éton- 
nante fermeté  aux  séductions  comme 
aux  menaces  des  religieuses,  en  sorte 
que,  de  guerre  lasse,  on  finit  par  la 
rendre  à  son  père,  qui  professait  la 
religion  romaine.  Â  l'âge  de  douze  ans, 
elle  déclara  qu'elle  voulait  vivre,  dans 
l'église  réformée,  et,  en  conséquence, 
Noguier  l'admit  à  la  sainte  table.  L'é- 
vèque  la  fit  alors  enlever  de  nouveau; 
mais  l'intendant  la  rendit  à  ses  pa- 
rents, en  défendant  en  mémo  temps 
aux  minisires  de  recevoir  aucun  ca- 
tholique à  changer  de  religion  avant 
qu'il  eût  fait  sa  déclaration  devant 
quelque  juge.  A  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes,  Jacques  Noguier,  qui  était 
alors  pasteur  à  Saint-Chaptes,  se  re- 
tira dans  le  Pays  de  Vaud.  On  a  de  lui 
un  recueil  de  Sermons  divers,  Laus. 
et  Neufchâtel,  1689,  in-S».  Peut-être 
Henri  Noguier,  du  Languedoc,  qui  vi- 
vait à  Lausanne,  en  1740,  avec  ses 
sœurs  Espérance  et  C/iar/otfe,  descen- 
dait-il de  lui. 

Au  reste,  nous  avons  rencontré 
assez  fréquemment  ce  nom  de  Noguier 
dans  le  cours  de  nos  recherches.  Le 
capitaine,  à  qui  Condé,  en  se  sauvant 
à  La  Rochelle,  confia  la  garde  de  son 


château  de  Noyers,  le  portait.  Attaqué 
par  les  Catholiques,  il  ne  se  rendit 
qu'après  la  brèche  faite,  à  condition 
de  sortir  vie  et  bagues  sauves.  La  ca- 
pitulation fut  violée.  La  garnison  ftit 
dévalisée,  quelques  soldats  tués  et  le 
château  livré  au  pillage.  Quant  à  la 
ville,  qui  s'était  soumise  sans  résis- 
tance, elle  fut,  malgré  la  fol  promise, 
pillée  avec  meurtres  et  violemens  in- 
croyables, lit-on  dans  les  Mémoires  de 
Charles  IX. 

NORMAND,  vaillant  capitaine  hu- 
guenot, originaire  de  Rouen  (i),  parait 
pour  la  première  fois  dans  les  rangs 
de  l'armée  protestante,  en  1 568,  comme 
lieutenant  de  Mausonnière,  L'intrépi- 
dité qu'il  déploya  au  siège  de  Chartres 
{Voy.  II,  p.  458)  plut  tellement  kAn- 
deloty  que  l'illustre  gentilhomme  le 
décora  de  la  chaîne  d'or  qu'il  portait 
suspendue  à  son  cou.  En  1569,  Nor- 
mand, qui  commandait  alors  une  com- 
pagnie d'arquebusiers  à  cheval,  prit 
part  à  la  défense  de  Châtellerault,  sous 
La  Loue  (Voy.  III,  p.  390),  à  la  prise 
de  Moncontour,  et  depuis  1570,  à 
toutes  les  entreprises  de  La  A^otie  dans 
les  provinces  de  l'Ouest  [Voy.  VI, 
p.  283).  La  même  année,  il  servit 
au  siège  de  Brouage,  oii,  secondé  par 
La  Garde,  Chaudet  et  Vopergue,  il 
repoussa  bravement  une  sortie  des  as- 
siégés ;  puis  à  celui  de  Saintes,  sous 
les  ordres  de  Pontivy. 

A  la  Saint-Barthélémy,  il  se  trou- 
vait à  La  Rochelle,  et  fut  chargé  de  la 
défense  de  Marans.  La  faiblesse  de  sa 
garnison,  qui  ne  comptait  que  trois 
compagnies  d'infanterie  et  50  chevaux, 
ne  lui  permettait  pas  de  soutenir  un 
siège  ;  aussi,  à  l'approche  de  Blron, 
abandonna-t-il  la  place  pour  se  replier 
sur  La  Rochelle.  Il  fit  halte  à  La  Gre- 
menaudière,  où  11  se  défendit  vaillam- 
ment tout  un  jour,  et  il  profita  de 
l'obscurité  de  la  nuit  pour  gagner 
La  Rochelle  avec  son  lieutenant  La  Re- 
nolière,  sans  autre  perte  notable  que 

(1)  11  est  très-probable  que  son  nom  de  f«miUt 
était  Bretin^  et  que  Normtnd  n'était  qu'un  sur- 
nom (Foy.  Y,  p.  495). 


NOR 


—  24  — 


NOR 


celle  du  capitaine  Virolety  qui  s'ob- 
stina à  ne  pas  abandonner  les  chevaux 
et  fut  pris  par  les  Catholiques.  Pendant 
toute  la  durée  du  siège  de  La  Ro- 
chelle,  il  rendit  les  plus  importants 
services  commelieutenant  de  La  Noue, 
et  après  la  retraite  de  ce  chef  illustre^ 
comme  membre  du  conseil  de  guerre. 
Après  la  conclusion  de  la  paix,  il  ob- 
tint le  commandement  d'un  navire 
rochellois.  En  1574,  assisté  par  Sau- 
jon,  il  détruisit  une  bande  de  pirates 
qui  infestaient  les  parages  de  La  Ro- 
chelle^ sous  la  protection  du  roi  de 
France.  C'est  la  dernière  fois  que 
l'histoire  fasse  mention  de  lui. 

NORMANDIE  (Laurent  de),  doc- 
teur en  droit,  maître  des  requêtes  et 
lieutenant  du  roi  à  Noyon,  sa  ville  na- 
tale, s'étant  retiré  à  Genève,  en  1549, 
pour  cause  de  religion,  y  fut  reçu 
bourgeois,  le  8  sept.  1551,  moyen- 
nant 60  écus,  dont  40  lui  furent  lais- 
sés en  don  pour  les  services  qu'il  avait 
déjà  rendus  à  TÉtat.  Vers  le  même 
temps,  le  parlement  de  Paris  se  mita 
instruire  son  procès,  et  par  arrêt  du 
7  sept.  1552,  il  le  condamna,  ainsi 
que  Christophe  Le  Fèvre,  Lancelot  de 
Jdontigny,  Jacques  Bernardy,  Cor- 
neille de  Valette,  Nicolas Neret,  Pierre 
Labbé,  dit  le  Balafré,  Nicolas  Picot, 
Claude  Dupré,  à  être  traîné  sur  la 
claie  et  brûlé  sur  la  place  du  marché 
de  Noyon,  comme  coupable  d'être 
sorti  du  royaume (i4rc^.^ën.  X.  8946). 
Laurent  de  Normandie  pouvait,  heu- 
reusement pour  lui,  se  rire  des  arrêts 
des  parlements  de  France.  Le  25  avril 
1555,  il  se  fit  confirmer  les  droits  de 
bourgeoisie,  et  le  l«r  Juin  1556,  il  fut 
reçu  avocat  à  Genève.  Trois  ans  après, 
il  entra  dans  le  conseil  des  CC,  où  il 
continua  à  bien  mériter  de  sa  patrie 
d'adoption.  On  ignore  l'année  de  sa 
mort.  11  avait  été  marié  deux  fois.  Sa 
première  femme,  Anne  de  La  Vaque- 
rie,  qui  mourut  avant  son  émigration, 
le  rendit  père  de  deux  fils  :  Jean,  qui 
suit,  et  Salomon,  sieur  de  Beauiieu, 
qui  épousa  Susanne  Combet,  Il  eut  de 
la  seconde,  Anne  CoUadon,  trois  en- 


fants :  Marie,  femme  de  J.-F.  Pitard, 
puis  de  Pierre  de  La  Mare,  David  et 
Théodore,  dont  la  destinée  est  in- 
connue. 

Jean  de  Normandie,  né  à  Noyon,  en 
1545,  docteur  en  droit,  membre  du 
conseil  des  CC,  puis  des  LX,  fut  dé- 
puté, en  1589,  à  Henri  IV  pour  le  fé- 
liciter sur  son  avènement  au  trône.  11 
prit  pour  femme,  en  1573,  Marie 
Trie,  fille  de  Guillaume  Trie  (1)  et  de 
Marguerite  Budé,  qui  lui  donna  six 
enfants:  P  Joseph,  né  en  1574,  qui 
suit  ; — 20  Jean,  qui  fonda  une  branche 
cadette;— o""  Marie,  femme  de  Jean- 
Gaspard  de  Livron,  sieur  de  Bruel  ; — 
4°  Marguerite,  mariée  au  syndic  P. 
Lullin;—5<>  Judith,  épouse  du  procu- 
reur général  Michel  Roset  ;  —  6»  Ca- 
therine, femme  du  conseiller  Jacob 
de  La  Maisonneuve. 

I.  Conseiller  du  roi  en  l'élection  de 
Bresse,  en  1G08,  conseiller  d'Etat  à 
Genève,  en  1609,  syndic,  eu  1618, 
Joseph  de  Normandie  mourut  en  1 625, 
ne  laissant  de  son  union  avec  Doro- 
thée Vilain,  fille  du  baron  d'Aubonne, 
qu'un  fils  Michel,  né  en  1618,  lequel 
mourut  en  1697,  après  avoir  rempli 
les  fonctions  de  conseiller,  en  1658, 
et  de  syndic,  en  1667.  Du  mariage  de 
ce  Michel,  à  qui  Ton  doit  un  Réper- 
toire ou  Indice  raisonné  extrait  des 
registres  publics  (1535-1659),  avec 
Anne  Grenus,  célébré  en  1646,  na- 
quirent huit  enfants  :  1  ^  Jacob,  qui 
suit; —  2»  André,  qui  suivra;  — 
3«  Esaïe,  membre  du  CC,  à  qui  sa 
femme,  Catherine  Duhamel  ne  donna 
que  des  filles; — 4°  Jacques;— 5°  Jean- 
Antoine,  auditeur  du  CC,  qui  lais3a 
un  fils,  nommé  Robert,  et  une  fille, 
appelée  Françoise,  sur  le  sort  des- 
quels Galiffe  se  tait;  —  6°  Louis,  qui 
s'établit  à  Lyon,  en  J  676  ;  —  70  Ca- 
mille, femme  de  Jean  Roch,  lieute- 
nant du  château  de  Gex  ;  —  8»  Ma- 
rie, femme  de  Gédéon  de  Carro. 

Jacob  de  Normandie,  docteur  en 

(1)  Guillaume  Trie,  sieur  de  Varennes,  de 
Lyon,  fut  reçu  bourgeois  de  GeuéTe,  le  13  atril 
155.5. 


NOR 


—  25  — 


NOR 


droit,  conseiller  de  la  république  de 
Genève,  en  1703,  fut  appelé  à  Berlin 
par  ie  roi  de  Prusse,  qui  le  nomma 
conseiller  privé,  en  1 704,  et  le  char- 
gea de  régler  les  aflTaires  de  la  succes- 
sion du  roi  Guillaume,  il  mourut  à 
Berlin,  en  1 7 1 3,  ayant  eu  de  sa  femme 
Sara  Bonnet,  fille  de  Jacob  Bonnet 
et  (ï Olympe  Eyraud,  deux  filles  et  un 
fils.  Ce  dernier  se  nommait  Jacques. 
Uembre  du  CC  et  capitaine  au  service 
de  la  république,  il  mourut  en  1771 
sans  enfants.  En  lui  s'éteignit  à  Ge- 
nève la  famille  de  Normandie,  une  des 
plus  distinguées  du  Refuge. 

André  de  Normandie,  second  fils  de 
Michel,  quitta  sa  ville  natale  pour  al- 
ler se  fixera  Amsterdam  avec  sa  femme 
Charbtte  Le  Clerc  et  ses  nombreux 
enfants,  qui  s'établirent,  les  uns  en 
Hollande,  les  autres  en  Amérique. 
C'est  apparemment  de  Jeàn-Antodœ, 
l'un  de  ces  derniers,  juge  de  paix  du 
comté  de  Bush  en  Pensylvauie,  que 
descendait  le  docteur  Jean  de  Nor- 
mandiey  de  Bristol,  dont  nous  con- 
naissons une  dissert.  :  On  the  Chaly- 
béate  Watersof  Bristol  inPensylcaniay 
publiée  dans  le  T.  I  des  Transact.  of 
Society  of  Philadelpbia. 

II.  Né  en  1583,  Jean  de  Norman- 
die, entra,  en  1626,  dans  le  conseil 
et  devint  syndic  en  1634.  Il  mourut 
en  1646,  ayant  été  marié  deux  fois,  la 
première,  en  1617,  avec  Jeanne  Lui- 
lin,  la  seconde  avec  Camille  Calan' 
drini.  Du  1"  lit  vint  Marib  de  Nor- 
mandie, femme  du  conseiller  Jacob  de 
La  Rive,  et  du  second  :  Jean,  qui  suit  ; 
Marguerite,  qui  épousa  le  ministre 
Charles  Dufour,  et  Charlotte,  femme 
de  Michel  Trembley. 

Jean  de  Normandie  naquiteni646. 
Conseiller  en  1679,  syndioen  1083, 
puis  premier  syndic,  il  fut  chargé 
d'une  mission  auprès  de  la  cour  de 
France  en  1696.  Il  mourut  en  1711, 
laissant  de  sa  femme  Sara  de  Sève, 
qu'il  avait  épousée  en  1671,  un  fils, 
nommé  Jean- Louis,  qui  fut  major 
d'artillerie  en  Hesse,  puis  membre  du 
CC,  et  qui  mourut  sans  postérité. 


Cne  branche  de  la  famille  de  Nor- 
mandie resta  en  France,  bien  qu'elle 
professât  aussi  la  religion  réformée. 
Les  Registres  de  Charenton  font  men- 
tion de  quelques-uns  de  ses  membres, 
tels  queSusanne de  Normandie,  femme 
de  Moïse  Carré,  médecin  du  roi,  à  qui 
elle  donna  plusieurs  enfants,  entre 
autres,  Simon-Pierre,  baptisé  enl  614, 
Susanne,  née  le  11  déc.  1 61 6  et  pré- 
sentée au  baptême  par  Jacques  Fer- 
davaine  et  Susanne  de  Hautemlle, 
Henriette,  femme,  en  1637,  de  Corio- 
lan  de  Frère-de-Salluste-du-Bartas; 
—  Augustin  de  Normandie  y  fils  d'un 
chirurgien  du  même  nom  et  d'Anne 
d'Allemagne,  enterré,  à  l'âge  de  1 9  ans, 
dans  le  cimetière  des  SS.  Pères,  le 
23  avril  1670;  —  GeorgeS'Robert  de 
Normandie,  docteur  en  médecine, 
mort  à  Paris,  à  l'âge  de  22  ans,  et 
inhumé  le  4  nov.  1770,  au  cimetière 
du  Port-aux-Plâtres.  Ce  dernier  ne  se- 
rait-il pas  de  la  branche  genevoise, 
et  le  fils  de  l'auditeur  Jean-Antoine? 

NORT  (Odet  de),  né  à  Agen,  en 
1 540,  et  mort  à  La  Rochelle,  en  1593, 
est  célèbre  dans  Thistoire  de  nos 
guerres  civiles  par  le  rôle  important 
qu'il  joua  à  La  Rochelle  comme  pas- 
teur de  l'église  de  cette  puissante  cité. 

De  Nort  faisait  ses  éludes  à  Paris, 
lorsqu'il  apprit  que  son  père,  catho- 
lique très-bigot,  avait  résolu  de  le 
mettre  dans  les  ordres.  Il  est  probable 
qu'il  avait  conçu,  dès  cette  époque, 
des  opinions  favorables  à  la  Réforme; 
ce  qui  est  certain,  c'est  qu'à  cette  nou- 
velle, il  s'enfuit  à  Genève,  où  il  fut 
reçu  ministre.  Peu  de  temps  après, 
en  1501,  il  fut  envoyé  à  Castelmoron, 
où  il  organisa  l'église  protestante; 
puis  on  le  donna  pour  pasteur  aux 
Réformés  de  Villeneuve-d'Agénois,  et 
au  bout  de  quelques  mois,  il  fut  chargé 
avec  Cor  mère  (Voy.  IV,  p.  62)  de  des- 
servir l'église  déjà  très-nombreuse  de 
Toulouse,  sans  y  être  toutefois  défini- 
tivement attaché  {MSS.  de  Genève 
197",  Cari.  1).  Après  l'expulsion  des 
Protestants,  de  Nort  fut  assez  heureux 
pour  échapper  aux  sanglantes  ven- 


NOR 


—  26  - 


NOT 


geances  du  parlement  et  pour  rejoin- 
dre l'armée  de  Duras,  Fait  prisonnier 
à  la  déroute  de  Ver,  il  fut  mené  à  La 
Rochelle^  qui  ne  s'était  pas  encore  dé- 
clarée pour  le  parti  protestant;  mais  il 
ne  tarda  pas  à  être  remis  en  liberté 
an  prix  d'une  modique  rançon.  Il  se 
retira  à  Nieuil,  dont  l'église  le  de- 
manda pour  pasteur  au  Synode  na- 
tional de  Lyon.  De  Nort  lui  fut  accordé 
provisoirement  et  jusqu'à  la  tenue  du 
synode  provincial  de  la  Guienne,  qui 
pouvait  seul^  d'après  la  Discipline^  le 
décharger  de  ses  obligations  envers 
l'église  de  Villeneuve-d'Agénois.  Ce 
synode  consentit  sans  aucun  doute  à 
lui  rendre  la  liberté^  puisque  nous  le 
trouvons,  en  1 563^  exerçant  son  mi- 
nistère à  La  Rochelle^  oiî  les  Protes- 
tants étaient  déjà  si  nombreux  qu'ils 
réussirent  à  faire  nommer  pour  suc- 
cesseur du  maire  Pineau  un  bourgeois 
de  leur  religion,  Michel  Gui, 

a  De  Nort,  lit-on  dans  Arcère,  avait 
reçu  de  la  nature  une  grande  facilité 
de  s'énoncer  noblement,  et  l'heureux 
talent  de  persuader.  Il  avait  l'esprit 
souple  et  délié,  les  manières  douces 
et  liantes,  p  La  Popelinière,  de  son 
côté,  atteste  qu'il  était  «  le  premier  de 
la  ville  tant  en  sçavoir  qu'en  éloquence, 
animositéet  autres  parties  requises  au 
ministère,  »et  Barbot  le  qualifle  de 
«  grand  serviteur  de  Dieu  et  grand 
prescheur  autant  que  nul  autre  de  son 
temps.  D  On  ne  peut  s'étonner  qu'un 
homme  de  ce  mérite  ait  promptement 
acquis  sur  l'esprit  des  Rochellois  une 
autorité  si  grande  que  les  Catholiques 
lui  donnèrent  le  nom  de  Pape  de  La 
Rochelle;  ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable, c'est  qu'il  conserva  son  crédit 
Jusqu'à  sa  mort. 

De  Nort  n'usa  d'ailleurs  de  Tim- 
mense  ascendant  dont  ii  jouissait  que 
dans  l'intérêt  de  la  Cause.  Il  contribua 
puissamment,  ainsi  que  son  collègue 
La  Vallée,  à  livrer  La  Rochelle  aux 
Protestants^  en  1568.  Après  la  Saint- 
Barthélémy,  personne  n'agit  avec  plus 
d'énergie  et  de  succès  pour  déterminer 
les  Rochellois  à  soutenir  le  fameux 


siège  de  1 573.  Zélé  partisan  de  Condé, 
qu'il  considérait  avec  raison  comme 
le  moins  égoïste  des  princes  qui  sou- 
tenaient alors  la  Cause,  il  travailla  à 
dissiper  les  préventions  des  Rochellois 
contre  lui  et  réussit  à  lui  ouvrir  les 
portes  de  la  ville,  en  1576.  Il  avait 
été  moins  habile,  ou  moins  prévoyant, 
l'année  précédente,  lorsque,  malgré 
l'opposition  de  son  collègue  JUagnan, 
il  s'était  prononcé  pour  l'alliance  des 
Huguenots  avec  le  duc  d'Anjou. 
•  L'autorité  que  notre  pasteur  exer- 
çait dans  une  ville  aussi  importante 
que  La  Rochelle  devait  nécessairement 
répandre  sa  renommée  dans  les  églises 
et  lui  assurer  une  place  éminente  parmi 
leurs  guides  spirituels;  aussi  fut-il 
appelé  en  1 581 ,  à  présider  le  onzième 
synode  national  dont  nous  avons  pu- 
blié les  actes  généraux  (Voy.  Pièces 
justif.,  N»  XLVI).  Déjà  en  1570,  il 
avait  assisté  au  Synode  national  de 
La  Rochelle  et  en  avait  signé  les  pro- 
cès-verbaux comme  député  de  la  Sain- 
tonge.  En  1582,  il  fut  encore  député 
à  l'Assemblée  politique  de  Saint-Jean- 
d'Angély.  Une  fluxion  de  poitrine  l'en- 
leva au  mois  de  mars  1593,  à  l'âge 
de  53  ans.  «  11  a  laissé  un  tel  nom, 
écrivait  une  demi-siècle  plus  tard  Phi- 
lippe Vincent,  un  de  ses  successeurs, 
qu'encore  qu'il  y  ait  cinquante  ans  que 
Dieu  l'a  recueilli  en  sa  paix,  il  n'y  a 
ni  petit  ni  grand  à  qui  il  ne  soit  connu 
et  à  qui  sa  mémoire  ne  soit  hono- 
rable. »' 

NOTTER  (Jean-Georges),  né  à 
Strasbourg  au  mois  de  mai  1601,  fit 
ses  études  dans  sa  ville  natale,  où  il 
fut  reçu  maltre-ès-arts,  en  1621.  Il 
alla  visiter  ensuite  les  universités  d'Al- 
lemagne, pour  accroître  la  somme  de 
ses  connaissances,  et  à  son  retour,  il  fut 
nommé  professeur  en  théologie.  Ap- 
pelé, en  1 635,  comme  pasteur  à  Spire, 
il  accepta  cette  vocation  et  mourut 
dans  cette  ville,  le  21  mars  1639.  On 
a  de  lui  :  Exegesis  dicli  Davidici, 
Ps.  XXXllï,  6,  Arg.,  1633,  in-40. 
—  Nous  ignorons  quels  liens  de  pa- 
renté unissaient  notre  pasteur  à  Jean- 


OBE 


—  27  — 


0B£ 


Georges  Nolter  et  à  Jean^Frédério 
NotUty  médecins  strasboorgçois  coû- 
nos  dans  la  littérature  médicale  «  le 
premier  par  des  ttièses  De  dépurer 
tioM  sanguinis  par  renés,  Arg.,  1714, 
in-4%  le  second  par  une  dissertation 
De  actione  mercurii,  Arg.,  1 749,  in-4«. 
NUDIN6  (Georges),  né  à  Wissem- 
boorg  en  1558.  Fils  d'an  artisan,  Nu- 
ding  fréqnenta  l'école  de  sa  ville  na- 
tale jusqu'à  l'Âge  de  1 4  ans.  En  1573, 
il  fut  mis  au  gymnase  d'Augsbourg, 
où  il  passa  sept  années,  puis  il  alla 
terminer  ses  études  en  théologie  à 
l'université  d'Iéna.  Ayant  pris,  en 
1 583,  le  grade  de  mattre-ès-arts,  il  se 
mit  à  donner  des  leçons  de  grec  et  de 
latin  ;  mais  bientôt  on  lui  offrit  à  l'uni- 
versité de  Tùbingue  une  chaire  qu'il 
occupa  pendant  cinq  mois  seulement, 
ayant  été  rappelé  à  Wissembourg  en 
qualité  de  directeur  de  l'école,  ou  il 
avait  commencé  ses  études.  La  même 
amiée,  il  fut  nommé  diacre.  En  1593, 
il  obtint  la  place  de  pasteur  de  l'église 
de  Wissembourg,  qu'il  desservit  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  8  août  1624. 
Selon  Rotermund,  il  a  fait  imprimer 
quatre  Oraisons  funèbres.  Son  fils, 
Théophile,  né  à  Wissembourg  en 
1593,  passa  de  l'école  de  cette  ville  à 
l'université  d'Iéna  oîi  il  étudia  aussi 
la  théologie.  Ses  études  terminées,  il 
fit  un  voyage  en  Autriche,  où  il  sé- 
journa jusqu'en  1621,  qu'il  fut  appelé 
en  Franconie  comme  diacre  de  l'église 
évangéiique  de  Schwaningen.  Exilé 
avec  ses  collègues  en  1 627,  il  retourna 


à  Wissembourg,  où  il  fut  nommé  dia- 
cre en  i  629.  Arrêté  par  les  Impériau 
en  1632,  il  fut  mené  à  Ingolstadtet 
retenu  prisonnier  près  de  deux  ans. 
Lorsqu'il  eut  recouvré  la  liberté,  il 
reprit  sa  place  de  diacre  qu'il  remplit 
jusqu'à  sa  mort,  c'est-à-dire  jusqu'au 
16  janv.  1647.  On  a  de  lui  Davidica 
et  Christiana  aéris  et  cœli  mutatto^ 
oder  Leichenpredigt  aus  Ps.  LXXlllf 
23  folgg.y  Niirnb.,  sans  date,  in-4«. 
Il  laissa  un  Ûis^  nommé  Geoeges-Hi- 
CHEL,  que  les  désastres  de  la  guerre 
de  Trente  ans  empêchèrent  de  suivre 
les  cours  d'une  académie.  Après  avoir 
achevé  ses  humanités  au  gymnase  de 
Ratisbonne,  il  entra  comme  précep- 
teur dans  la  famille  de  Limbourg.  Plus 
tard,  il  devint  recteur  de  l'école  de  Wis- 
sembourg, où  ii  mourut,  le  20  mars 
1 703. 11  est  auteur  de  poésies  latines, 
entre  autres,  d'une  description  des 
bains  chauds  de  Wissembourg;  mais 
on  ne  nous  apprend  pas  si  ces  poésies 
ont  été  imprimées. 

NUI  (Jean),  bourgeois  d'Amai-Ie- 
Duc.  Sa  fille  était  entrée  dans  le  cou- 
vent des  Ursulines  de  cette  ville  ;  elle 
était  d'un  âge  qui  ne  permettait  pas  à 
son  père  de  la  réclamer  ;  mais  au  moins 
ii  prétendait  ne  pas  être  forcé  de  lui 
payer  une  pension.  Le  parlement  do 
Dijon  l'y  condamna,  par  arrêt  du  3  août 
1644.  C'est  le  premier  exemple  d'une 
iniquité  qui  se  renouvela  fréquemment 
dans  la  suite,  et  à  ce  titre,  il  méritait 
d'être  signalé. 


OBERKAMPF  (Chhistophb-Phi- 
lippe),  créateur  de  la  manufacture  de 
toiles  peintes  de  Jouy  et  de  la  filature 
de  coton  d'Essonne,  naquit  le  1 1  juin 
1 738 ,  à  Wiesenbach^  dans  le  margra- 
viat d'Anspach,  d'une  famille  honora- 
ble, mais  pauvre,  qui,  depuis  plusieurs 
générations,  exerçait  de  père  en  fils  Ut 


profession  de  teinturier.  En  1749,  son 
père  étant  allé  s'établir  en  Suisse,  ii 
Ty  suivit.  Ce  fut  à  Bàle  qu'il  commença 
son  apprentissage.  Doué  d'une  ardeur 
sans  égale,  il  passa  successivement 
par  tous  les  degrés  de  la  profession,  et 
acquit  tant  d'habileté  dans  les  différen- 
tes branches  de  l'art  du  teinturier  qu'à 


OBE 


—  28  — 


OBE 


TAge  de  19  ans^  il  fat  en  état  de  rem- 
plir la  place  de  contre-maître  dans  un 
petit  établissement  de  teintare  et  d'im- 
pression que  son  père  avait  formé  à  Aa- 
rau.  C'est  à  cette  époque  que  le  désir  ir- 
résistible de  perfectionner  les  connais- 
sances qu'il  possédait  déjà,  le  poussa  à 
abandonner  la  maison  paternelle  et  le 
conduisit  àMuIhouse,  où  il  entracomme 
graveur  dans  la  fabrique  de  Samuel 
Kœchlin.  Aubout  de  six  mois  pourtant^ 
il  consentit  à  retourner  à  Aaran,  mais 
il  n'y  resta  que  fort  peu  de  temps.  Dès 
le  mois  d'octobre  1758,  ilvint  à  Paris 
et  trouva  à  s'employer,  comme  gra- 
veur, dans  une  fabrique  de  toiles  pein- 
tes, qui  existait  alors,  par  privilège, 
dans  l'enceinte  de  l'Arsenal.  Il  y  tra- 
vailla Jusqu'en  1759,  qu'un  édit  auto- 
risa la  fabrication  des  toiles  peintes. 
Jusque-là  sévèrement  défendue,  excepté 
dans  un  petit  nombre  de  lieux  privilé- 
giés. Gomme  il  se  trouvait  à  la  tète 
d'un  pécule,  qu'il  devait  à  la  plus 
stricte  économie  et  à  une  chance  heu- 
reuse qu'il  avait  eue  à  la  loterie,  il 
voulut  tirer,  pour  son  propre  compte, 
parti  de  ses  talents.  Il  s'associa  avec 
le  suisse  du  contr61eur  général  des  fl- 
nances  et  établit  dans  une  chaumière 
du  vallon  de  Jouy  (l)  une  petite  fabri- 
que de  toiles  peintes.  Son  industrie 
prospéra,  malgré  les  obstacles  que  lui 
opposèrent  la  routine  de  l'administra- 
tion, le  bigotisme  du  clergé  et  la  Ja- 
lousie d'industries  rivales.  Secondé 
par  son  frère  £  tienne-Frédéric  et  par 
deux  de  ses  anciens  compagnons  d'ate- 
lier, il  imprima,  la  première  année, 
3,600  pièces  d'indienne ,  auxquelles 
la  solidité  et  l'éclat  des  couleurs,  Joints 
à  la  perfection  du  dessin,  procurè- 
rent un  rapide  écoulement.  Ses  pro- 
duits obtinrent  en  peu  de  temps  une 
grande  réputation  ;  les  demandes  se 
multiplièrent,  Oberkampf  se  vit  forcé 
d'agrandir  sa  fabrique.  Le  duc  de 
Beuvron,  seigneur  de  Jouy,  frappé  des 

(1)  Mue  par  on  plenx  respect  poar  la  mémoire 
de  ion  père,  M"«  JuUt  Mallet,  cette  chrétienne 
exemplaire,  enletée  récemment  à  l'Eglise  protes- 
tante, a  conterti  celte  maison  en  une  salle  d'agile. 


avantages  de  l'industrie  nouvelle,  lui 
vendit  successivement  le  terrain  né- 
cessaire, et  au  bout  de  trois  ans,  on  vit 
s'élever  dans  un  lieu  à  peu  près  désert 
la  magnifique  manufacture  de  Jouy, 
autour  de  laquelle  vint  se  grouper  ime 
population  de  1 ,500  âmes.  Grâce  à  l'é- 
nergique impulsion  du  Jeune  fabricant, 
à  sa  volonté  ferme,  à  son  activité  pro- 
digieuse, à  rascendant  qu'il  exerçait 
sur  ses  ouvriers,  le  pays  se  transforma. 
Les  marais  se  desséchèrent  et  firent 
place  à  des  champs  cultivés  soigneu- 
sement, le  vallon  et  les  coteaux  voisins 
se  couvrirent  de  maisons  proprement 
bâties,  et  le  misérable  hameau  de  Jouy 
prit  un  air  d'aisance  et  de  bien-être. 
Quelques  années  après,  lorsque  la  tem- 
pête révolutionnaire,  qui  lui  causa  des 
pertes  énormes  et  faillit  même  lui  coû- 
ter la  vie,  se  fut  apaisée,  Oberkampf, 
qui  désirait  que  son  industrie  se  suffit 
à  elle-même  dans  ses  propres  ateliers, 
fonda  à  Essonne  une  vaste  filature 
de  coton,  à  la  tête  de  laquelle  il  mit 
son  gendre  Louis  Feray.  Ges  impor- 
tants services  rendus  à  l'industrie  na- 
tionale ne  restèrent  pas  sans  récom- 
pense. Louis  XVI  anoblit  Oberkampf  et 
accorda  à  sa  fabrique  le  titre  de  manu- 
facture royale.  En  1790,  le  conseil 
général  du  département  lui  vota  une 
statue,  éclatant  témoignage  de  grati- 
tude que  sa  modestie  ne  lui  permit  pas 
d'accepter.  Napoléon  le  décora  de  la 
croix  de  la  Légion  d'honneur,  dans 
une  visite  qu'il  fit  à  Jouy.  Le  célèbre 
manufacturier  accepta  la  décoration 
que  le  grand  homme  détacha  de  sa 
propre  boutonnière;  mais  il  refusa 
d'entrer  dans  le  sénat  conservateur. 

La  prospérité  de  la  manufacture  de 
Jouy  atteignit  à  son  apogée  sous  l'Em- 
pire ;  l'invasion  lui  porta  le  coup  le  plus 
funeste.  Brisé  par  le  spectacle  des  mi- 
sères qu'il  avait  sous  les  yeux,  Ober- 
kampf succomba,  le  4  oct.  J  8 1 5,  re- 
gretté de  toute  la  population  de  la  vallée, 
qu'il  s'était  attachée  par  sa  bienfaisance 
aussi  ingénieuse  qu'éclairée.  L'opu- 
lence n'avait  en  rien  altéré  l'excellence 
de  son  cœur,  elle  ne  lui  avait  point  fait 


OBE 


—  29  - 


OBE 


oublier  non  pins  robscurité  de  son  ori- 
gine. Loin  de  rongir  de  sa  famille,  il 
se  plut  à  prodiguer  k  son  père  et  à  sa 
mère  les  marques  de  son  respect,  de  sa 
tendresse,  et  à  combler  de  bienfaits 
ses  parents  pauvres.  Il  flt  venir  en 
France  les  six  enfants  de  sa  sœur  So- 
phie- Dorothée,  lorsqu'ils  restèrent  or- 
phelins, et  les  plaça  tous  dans  ses  éta- 
blissements. L'un  d'eux  Samuel  Wid- 
mer  (Voy.  ce  nom)  paya  noblement  la 
dette  de  reconnaissance  contractée  par 
ses  frères  et  par  lui,  en  contribuant 
par  ses  belles  découverles  à  la  prospé- 
rité de  la  manuracture  de  son  oncle 
maternel. 

Oberkampf  avait  épousé,  en  1 774, 
devant  le  chapelain  de  l'ambassade  de 
Suède,  Marie-Louise  Petineau,  fllle  de 
P,-F,  Petineau  et  de  Marie-Anne  Le- 
guay,  de  Sancerre,  qui  le  laissa  veuf, 
en  1782,  après  lui  avoir  donné  quatre 
enfants  :  Nanwe,  Christophe,  Au- 
gustin, morts  jeunes,  et  Marib-Julub, 
née  en  1777  et  femme,  en  1797>  de 
Louis  Feray.  En  1785,  il  se  remaria, 
à  l'ambassade  de  Hollande,  avec  Eli- 
sabeth Massieuy  qui  mourut  à  Paris, 
le  9  déc.  1816.  De  ce  second  mariage 
naquirent  encore  quatre  enfants,  dont 
deux  fils  et  deux  filles.  L'ainédes  fils, 
Alphonse,  ne  vécut  que  jusqu'à  l'âge 
de  1 6  ans.  Le  cadet,  Emile,  né  en  1 787, 
n'hérita  ni  de  la  fermeté  de  caractère  ni 
de  la  simplicité  patriarcale  de  son  père. 
Sa  santé  débile  ne  lui  permettant  pas 
de  rester  à  la  tète  d'un  établissement 
aussi  considérable  que  celui  de  Jouy,  il 
le  vendit  àM .  Barbet,  de  Rouen,  donna 
sa  démission  de  maire  de  Jouy,  de 
chef  de  bataillon  de  la  garde  nationale, 
de  membre  du  conseil  général,  et  se 
retira  en  Picardie.  En  1827,  le  collège 
électoral  de  Versailles  le  choisit  pour 
député.  Quoiqu'il  siégeât  sur  les  bancs 
de  la  gauche,  Charles  X  le  décora  de 
la  croix  de  la  Légion  d'honneur,  en 
1828,  et  le  créa  baron,  l'année  sui- 
vante, à  l'occasion  de  l'exposition  des 
produits  de  l'industrie.  Il  mourut  d'une 
fièvre  cérébrale,  le  9  avr.  1837.  Sa 
femme,  JuUe  My-de-BammeviUe,  qu'il 


avait  épousée  en  1 81 3,  lui  avait  donné 
plusieurs  enfants,  entre  autres  une  fille 
mariée,  en  1 836,  au  fils  du  baron 
Portai.  Quant  aux  deux  filles,  l'ainée, 
Ehilie,  née  le  29  mai  1 794  et  mariée, 
en  1 81 2,  à  Louis-Jules  Mallet,  mourut 
à  Cauterets,  le  il  sept.  1856,  après 
une  vie  consacrée  tout  entière  aux 
œuvres  de  bienfaisance.  Sa  sœur, 
Laure,  née  le  30  janv.  179 7, a  épousé, 
en  1818,  Adolphe-Jacques  Mallet, 

OBERLIN  (Jéréhie-Jacques),  éga- 
lement distingué  comme  antiquaire  et 
philologue,  naquit  à  Strasbourg,  le  7 
^oût  1735.  Il  fit  ses  premières  études 
au  gymnase  de  sa  ville  natale,  où  son 
père  Jean-Georges  Oberlin  était  pro- 
fesseur (i).  Sorti  des  classes,  il  fut 
envoyé  à  Montbéliard  pour  y  appren- 
dre la  langue  française.  De  retour  à 
Strasbourg  au  bout  de  huit  mois,  il 
entra  à  l'université.  Frappé  de  son 
assiduité  à  ses  cours  et  de  ses  heu- 
reuses dispositions,  Sohcepflin  conçut 
pour  lui  de  l'amitié  et  mit  à  sa  dis- 
position sa  riche  bibliothèque.  Cette 
faveur  permit  au  jeune  Oberlin  d'ao- 
quérir  une  foule  de  connaissances  qui 
ne  faisaient  point  partie  du  programme 
de  l'enseignement  universitaire.  Après 
avoir  pris  le  grade  de  docteur  en  phi- 
losophie, en  1758,  Oberlin  se  fit  in- 
scrire au  nombre  des  étudiants  en 
théologie;  mais  entraîné  déjà  par  son 
goût  pour  l'archéologie,  il  sacrifia  un 
peu  la  dogmatique  à  l'exégèse  du  texte 
sacré. 

Dès  rage  de  20  ans,  Oberlin  avait 
été  adjoint  à  son  père.  Quelque  temps 
après,  Schœpflin,  toujours  rempli  de 
bienveillance  à  son  égard,  l'avait  choisi 
pour  diriger  les  études  des  nombreux 
élèves  que  sa  réputation  attirait  à 
Strasbourg  de  toutes  les  contrées  de 

(1)  Jean-Georges  Oberlin  aTtit  nenf  enfants, 
dont  sept  fils.  Deax  sealement  se  sont  reodos 
célèbres  à  dirers  titres  ;  les  aotres  sont  restés 
inconnus.  Il  est  probable  qne  l'an  d'eu  était 
Samuel  Oberlin,  maréchal  des  logis  de  la  caTa- 
lerie  légère,  qui  assisU,  le  19  mai  1681.  à  Vea- 
terrement  de  l'apothicaire  du  roi  Henri  de Luuan, 
son  bean-frèreiatec  Henri  de  HouÊt9WMinê,  docl. 
en  médecine ,  n«?e«  dn  défont  [Hag,  <•  Char.), 


OBË 


30  — 


OBE 


l'Europe.  En  1764,  il  obtint  la  place 
de  conservateur  adjoint  de  la  biblio- 
thèque de  Tuoiversité,  et  la  même 
année,  il  lui  fut  permis  d'ouvrir  un 
cours  public  sur  le  style  latin.  Enfin, 
en  1770,  il  (ut  appelé  à  remplacer 
son  père  au  gymnase,  et  nommé  pro- 
fesseur adjoint  d'éloquence  latine  à 
l'université.  11  accepta  ces  places  et 
les  remplit  avec  zèle,  sans  renoncer 
à  donner  en  même  temps  ses  leçons 
particulières  d'archéologie,  de  géo- 
graphie, de  diplomatique,  qui  étaient 
toujours  fort  suivies.  En  1776,  il  fit, 
aux  frais  du  magistrat  de  Strasbourg 
on  voyage  archéologique  dans  le  midi  de 
la  France.  Ce  voyage  ne  dura  que  quel- 
ques mois;  mais  le  temps  fut  bien  em- 
ployé. Oberlin  en  a  publié  une  rela- 
tion dans  le  Neuer  Briefwcchsel  de 
8chlôzer(Part.  IV  et  V),  sous  ce  titre  : 
Antiquarische  Reise  in  dos  siidliche 
Prankreich,  Quelque  temps  après  son 
retour,  en  1778,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur extraordinaire  de  philosophie 
à  l'université,  et  quatre  ans  plus  tard, 
il  obtint  la  chaire  de  logique  et  de 
métaphysique.  En  1787,  il  Joignit  à 
eette  place  celle  de  gymnaslarque  ou 
directeur  du  gymnase,  et  fut  pourvu 
d'un  canonicat  à  Saint-Thomas. 

Outre  les  nombreuses  occupations 
que  lui  donnaient  la  direction  du  gym- 
nase, l'entretien  de  la  bibliothèque, 
ses  cours  publics  et  ses  leçons  parti- 
eulièrcs,  le  laborieux  Oberlin  se  livrait 
à  des  recherches  multipliées  et  diffi- 
ciles pour  la  composition  de  ses  sa- 
vantes thèses  et  de  ses  autres  ou- 
vrages. La  Révolution  l'arracha  à  tant 
de  travaux,  en  le  Jetant  dans  la  poli- 
tique. L'estime  générale  dont  il  jouis- 
sait ne  le  garantit  pas  des  atteintes  de 
la  calomnie.  Arrêté,  en  1 795,  avec  la 
plupart  des  administrateurs  du  dépar- 
tement du  Bas-Rhin,  ses  collègues, 
sous  l'accusation  de  haute  trahison,  il 
fot  transféré  dans  les  prisons  de  Metz. 
On  le  traita  d'abord  avec  beaucoup 
de  dureté;  mais  au  bout  de  trois  mois, 
on  lui  donna  la  ville  pour  prison. 
Il  profila  de  cette  espèce  de  liberté 


pour  se  livrer  à  des  recherches  sur 
l'histoire  et  le  patois  du  Pays  Messin. 
Après  le  9  thermidor,  il  retourna  à 
Strasbourg,  oii  il  recommença  ses 
cours  d'archéologie  et  de  diplomatique. 
Lors  de  l'établissement  des  écoles  cen- 
trales, il  fut  nommé  bibliothécaire  de 
celle  du  Bas-Rhin,  formée  des  livres 
des  couvents  supprimés,  et  aussitét, 
il  ouvrit  un  cours  de  bibliographie 
qui  fut  très-suivi.  Une  attaque  d'apo- 
plexie l'enleva  le  10  oct.  1806.  As- 
socié, depuis  1772,  à  l'Académie  des 
inscriptions,  correspondant  de  l'In- 
stitut depuis  sa  fondation,  membre 
de  plusieurs  Académies  nationales  et 
étrangères,  entre  autres  de  celle  des 
Sciences,  lettres  et  arts  de  Strasbourg, 
dans  laquelle  il  lut  un  grand  nombre 
de  mémoires  intéressants ,  Oberlin 
entretenait  une  vaste  correspondance 
avec  les  savants  les  plus  distingués 
d'Allemagne,  de  France  et  d'Italie.  A 
l'amour  du  travail,  à  un  zèle  ardent 
pour  les  lettres,  à  une  érudition  pro- 
fonde et  variée,  il  unissait  un  esprit 
vif  et  pénétrant,  une  élocution  nette  et 
facile,  et  ses  talents  étaient  rehaussés 
par  une  humeur  douce,  gaie,  servia- 
ble,  une  simplicité  patriarcale,  une 
piété  vraie,  sans  ostentation,  une  vie 
irrépréhensible.  Les  lettres  lui  doivent 
beaucoup.  11  a  rendu  à  la  philologie, 
à  la  diplomatique,  à  l'archéologie,  à 
l'histoire  littéraire  des  services  nom- 
breux non-seulement  par  la  publica- 
tion d'excellentes  éditions  de  plusieurs 
auteurs  anciens  et  de  savants  mé- 
moires, insérés  en  partie  dans  le  Ma- 
gasin encyclopédique,  dont  il  fut  un 
dee  principaux  rédacteurs  (i),  mais 
aussi  par  la  composition  de  fort  bons 
manuels  ou  d'autres  ouvrages  scien- 
tiflques  dont  nous  donnerons  plus  bas 
la  liste. 

Oberlin  avait  été  marié  deux  fois. 
Sa  première  femme,  N,  Witter,  ne 
lui  donna  qu'un  flls,  mort  à  la  fleur  de 
l'âge.  De  son  second  mariage  naqui- 
rent deux  enfants,  dont  l'un  mourut 

(1)  Oberlin  coopéra  Muti  à  U  rédaction  à$  U 
Oasettê  nnivenéUê  de  Deni-FonU . 


OBE 


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OBE 


jeune^  eldoniraolre,  nommé  Georges- 
JÉRÉMiE,  après  avoir  servi  quelque 
temps  daus  les  armées  de  la  Républi- 
que, fut  nommé  vérificateur  de  Tar- 
pentage  du  département  du  Bas-Rhin, 
et  plus  tard  professeur  à  Tacadémie  de 
pharmacie  de  Strasbourg. 

Notice  bibliographique. 

I.  Diss.  phiklogica  de  KvraçiaaiiV* 
seu  de  veierum  ritu  condiendi  mor- 
tuos,  Arg.,  1 737,  in-4«. —  Thèse  sou- 
tenue sous  la  présidence  de  Scherer, 
professeur  d'hébreu  et  de  grec. 

II.  Jungendorum  marium  fluvio- 
rumque  omnis  œvi  molimina,  Arg., 
1770-75,  4  parties,  in-S».  —  Quatre 
thèses  formant  une  histoire  complète 
des  travaux  entrepris  dans  tous  les 
temps  pour  faciliter  la  navigation  in- 
térieure. 

m.  Musœum  SchœpfUniy  Arg.^ 
1770-75;  1775,  in-4<».  —Il  n'en  a 
para  que  ce  premier  volume,  faute 
d'encouragement  de  la  part  du  public. 

IV.  Miscellanea  htterariay  maxi' 
mcmi  partem  Argentoraiensia^  Arg.^ 
1710,  in-4». 

y.  Orbis  antiqui  monumentis  suis 
iUuétrati  prodromus,  Arg.,  1772,  in- 
4«.  —  Introduction,  en  forme  de  thèse 
académique,  à  son  manuel  de  géogra- 
phie ancienne. 

VI.  Diss.  de  linguœ  latinœ  medii 
œvi  mira  barbarie^  Arg.,  1 773,  in-4«. 

VII.  Rituum  Romanorum  tabulœ  in 
usum  auditorum,  Arg.,  1774;  nouv. 
édit.  augm.,  1784,  in-8».  —  Pro- 
gramme pour  son  cours  d'archéologie, 
enrichi  d'une  table  très-étendue  d'ou- 
vragés à  consulter. 

VIII.  Essai  sur  le  patois  lorrain  des 
environs  du  comté  du  Ban-de-La  Ro- 
che,  Strasb.,  1775,  in-8«.  —  11  avait 
étudié  ce  patois  pendant  une  visite 
qu'il  fit  à  son  frère. 

IX.  Orbis  antiqui  monumentis  suis 
iUustrati  primas  linecSy  Arg.^  1776; 
1790,  in-80.  —  Manuel  de  géographie 
ancienne  à  l'usage  de  ses  élèves,  avec 
une  liste  d'ouvrages  anciens  et  mo- 
dernes publiés  sur  la  matière. 


X.  Ovidii  Nasonis  Tristium  Ubri  V; 
ex  Ponto  lib.  IV  et  Ibis,  Arg.,  1778, 
in-80.  —  Les  Tristes  avaient  été  déjà 
publiés  séparément  en  1776,  in-8*. 

XI.  Vibius  Sequester  De  flumini- 
6m5,  etc.,  Arg.,  1778,  in-8o.  —  Très- 
bonne  édition  annotée  de  ce  géographe 
latin. 

XII.  Recherches  sur  Vancien  peuple 
finois,  Strasb.,  1778,  in-80. — Ouvrage 
d'Idman  publié  par  Obcrlin,  qui  y  ajouta 
des  notes  et  une  préface. 

Xill.  Lettre  à  M.  le  comte  de  Skaw' 
ronsky,  Strasb.,  1779,  in-8».  —  Au 
sujet  d'un  bijou  qu'Oberlin  croyait  être 
un  nimbus. 

XIV.  Almanac  de  Strasbourg, 
Strasb.,  1 780-8 i,in-8o;  remplacé  par 
ï'Almanac  d'Alsace,  Strasb.,  1 782-89, 
in-80,  auquel  succéda,  en  1792,  VAl' 
manac  du  dép.  du  Bas-Rhin,  dont 
Oberlln  ne  rédigea  que  le  premier  vo- 
lume. 

XV.  Scherzii  Glossarium  germani- 
cum  medii  œvi,  Arg.,  1781-84,  2  vol. 
In-fol. — Scherz  n'avait  pas  eu  le  temps 
de  mettre  la  dernière  main  à  ce  savant 
ouvrage.  Oberlin  le  publia  en  le  com- 
plétant et  en  y  ajoutant  des  éclaircis- 
sements. 

XVI.'  Alsatia  litterata  sub  Celtis, 
Romanis,  Francis,  Arg..  1782,  in-4«. 

XVII.  Diatribe  de  Conrado  herbipo- 
litd,krg.,  1782,  in-40. 

XVIII.  Bonerii  Gemma,  Arg.,  1 782, 
in-4«.  —  Recueil  de  fables. 

XiX.  Tentamen  pedagogicum,  Arg., 
1782,  in-40. 

XX.  Bihtebuoch  dabey  die  Bezeich* 
nunge  der  heil.  Messe,  Strasb.,  1784, 
in-80.— Livre  de  confession  écrit  dans 
le  XIV «  siècle. 

XXI.  De  J,  Tauleri  dictione  ver- 
naculâ  et  mysticâ,  Arg,,  1786,  in-4«. 

XXII.  Alsatia  literata  sub  Germa^ 
nis  sœo.  IX  et  X,  Arg.,  1786,  in-4«. 

XXI II.  De  /.  Geileri  cœsaremontani 
«cripiw  ^«rmamcw,  Arg.,  1 786,  in-4». 

XXIV.  Diss,  logica  de  vitio  subrep- 
tionis  in  omni  humand  vitd  obvio, 
Arg.,  1786,  in-4». 

XXV.  D.  L.  Apuleius  Sgyptiis  ter  . 


ê 


OBE 


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OBE 


mysteriisinitiatus,  Arg.,  1 786^  Jn-4o. 

XXVI.  De  po'éiis  Alsatiœ  eroticis 
medii  œci,  Arg.,  1786,  in-4o. 

XXVII.  Horatii  Carmina ,  Arg., 
1788,  in-4«.  —  Clief-d'œuvre  de  typo- 
graphie. 

XX VIII.  Artis  diplomalicœ  primœ 
UneŒyAvg.,  1788,  in-8«. 

XXIX.  Litterarum  omnis  œvifata  ta- 
huHs  synopticis  expositOy  Arg.,1789, 
in-80  et  in-40. 

XXX.  Diss,  Jac,  Tivingerum  re- 
gioviUanumsisiens,A\'g.,  1 789,  in-4*>. 

XXXI.  Mémoire  sur  la  motion  de 
M.  Matthieu  concernant  les  Protes- 
tons d'Alsace,  pour  servir  de  suite 
au  discours  de  M,  Koch  sur  ladite 
motion,  Strasb.,  1790,  in-8*. 

XXXII.  Observations  concernant  le 
patois  et  les  mœurs  des  gens  de  la 
campagne,  Strasb.,  1794,  in-S». 

XXXIII.  Liberté,  EgaUté,  Strasb., 
1796. 

XXXIV.  Exposé  d'une  découverte 
de  M,  le  chevalier  de  Fredenheim, 
Strasb.,  1796,  in-S«;  imp.  d'abord 
dans  le  T.  VI  du  Magasin  encyclop. 

XXXV.  Essais  d'annales  de  la  vie 
de  Guttemberg,  SiTàsb.,  1801;  1840, 
in-80.  —  Oberlin  défend  les  droits  de 
Strasbourg  à  Thonneur  de  la  décou- 
verte de  rimprimerie. 

XXXVI.  C.  Taciti  Opéra,  Lips., 
1801,  2  vol.  in-8». 

XXXVII.  Discours  prononcé  à  l'ou- 
verture de  l'académie  des  Protestans 
de  la  Conf,  d'Augsbourg,  /e  1 5  6ni- 
maire  an  XII,  Strasb.,  1804,  in-80. 
—  Histoire  succincte  du  gymnase  de 
Strasbourg. 

XXXVIII.  C.  J.  Cœsaris  Commen- 
tarit,  Lips.,  1805,  ln-8». 

Frère  puîné  de  Jérémie-Jacques , 
Jean-Frédéric  Oberlin,  le  célèbre  pas- 
teur du  Ban-de-La  Roche,  naquit  à 
Strasbourg,  le  51  août  1740.  Porté 
par  ses  goûts  et  par  une  piété  exaltée 
vers  la  carrière  ecclésiastique,  il  étu- 
dia la  théologie  et  se  ût  remarquer 
parmi  ses  condisciples  non-seulement 
par  son  intelligence,  son  application 
et  la  pureté  de  ses  mœurs,  mais  aussi 


par  un  enthousiasme  religieux  qui  se 
rencontre  rarement  chez  un  jeune 
homme  de  son  âge.  Ses  études  termi- 
nées, il  entra,  en  qualité  de  précep- 
teur, dans  la  maison  du  chirurgien 
Ziegenhagen,  où  il  passa  trois  années. 
Ce  fut  seulement  en  1767  qu'on  lui 
offrit  la  place  peu  recherchée  et  peu 
digne  d'envie  de  pasteur  au  6an-de- 
La  Roche ,  canton  alors  à  demi-sau- 
vage, sans  communications,  sans  cul- 
ture,  habité  par  une  centaine  de 
familles  plongées  dans  l'ignorance  et 
la  misère. 

Dès  le  xvii«  siècle,  quelques  pas- 
teurs ,  pénétrés  de  l'importance  de 
leur  mission,  comme  Nicolas  Marmet, 
Pelletier,  de  Monlbéliard,  et  surtout 
Jean  Stuber,  avaient  essayé  de  tirer 
cette  misérable  population  de  son  état 
de  barbarie;  mais  leurs  efforts  avaient 
presque  complètement  échoués  contre 
des  préjugés  enracinés.  Stuber  avait 
réussi  pourtant  à  établir  une  école  con- 
venable ,  et  grâce  à  ses  soins ,  grâce 
aussi  à  son  Alphabet  méthodique  pour 
faciliter  l'art  d'épeler  et  de  lire  en 
français,  la  plupart  de  ses  paroissiens 
lisaient  à  peu  près  couramment,  lors- 
qu'il quitta  son  église  pour  aller  des- 
servir celle  de  Saint-Thomas  à  Stras- 
bourg. Il  restait  donc  beaucoup  à 
faire  pour  civiliser  la  contrée;  Oberlin 
ne  recula  pas  devant  cette  rude  tâche. 

Il  s'attacha  d'abord  à  gagner  le 
cœur  des  habitants  par  sa  douceur  et 
sa  charité  ;  puis,  lorsqu'il  y  fut  par- 
venu, il  commença  par  leur  faire  sentir 
la  nécessité  de  rendre  praticables  les 
horribles  chemins  qui  reliaient  entre 
eux  les  cinq  villages  de  la  paroisse,  et 
de  les  rattacher  à  la  grande  route.  Il 
rencontra  une  résistance  qu'il  vain- 
quit, en  prenant  lui-même  la  pioche 
et  en  mettant  la  main  à  l'œuvre.  Il 
songea  ensuite  à  pourvoir  les  cultiva- 
teurs d'instruments  aratoires  et  de 
semences  appropriées  à  la  nature  du 
sol.  Avec  le  temps,  et  sous  son  intel- 
ligente direction,  le  cours  des  ruis- 
seaux fut  réglé,  les  marais  desséchés, 
des  prairies  artificielles  créées,  des 


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pépîDières  et  des  vergers  plantés  dans 
des  terrains  auparavant  stériles.  La 
culture  de  la  pomme  de  terre  et  c^lle 
dn  lin  firent  en  même  temps  de  si 
grands  progrès,  que  les  cultivateurs 
trouvèrent  bientôt  des  ressources  con- 
sidérables dans  Texportation  d'une 
partie  des  produits  de  leurs  champs. 
Une  société  d'agriculture ,  fondée  par 
Oberlin^  encouragea  Téducation  des 
bestiaux  par  la  distribution  de  prix 
annuels.  Une  caisse  d'emprunts  vint 
en  aide  aux  agriculteurs  en  leur  prê- 
tant sans  intérêts  de  petites  sommes, 
à  la  seule  condition  d'une  scrupuleuse 
exactitude  dans  le  remboursement. 
Une  caisse  d'amortissement,  créée  par 
des  souscriptions  volontaires,  contri- 
bua à  Textinction  des  dettes  qui  gre- 
vaient leurs  propriétés.  Et  comme 
aucun  métier^  même  les  plus  utiles, 
n'était  exercé  dans  la  paroisse,  Ober- 
lin  plaça  en  apprentissage  à  Strasbourg 
un  certain  nombre  de  Jeunes  gens,  pour 
leur  faire  apprendre  ceux  de  maçon, 
charpentier,  forgeron,  menuisier,  vi- 
trier. £nfln  il  fit  venir  des  sages- 
femmes  et  un  médecin^  et  ouvrit  une 
pharmacie. 

Avec  l'aisance  la  population  s'ac- 
crut. Afin  de  fournir  du  travail  à  tous 
les  bras ,  l'infatigable  pasteur  établit 
une  filature  de  colon,  à  laquelle  il  rat- 
tacha des  salles  d'asile  sous  la  direc- 
tion de  sa  femme  et  de  quelques  per- 
sonnes charitables.  Et  comme  l'homme 
ne  se  nourrit  pas  de  pain  seulement, 
il  fit  marcher  de  front  avec  les  établis- 
sements destinés  à  pourvoir  au  bien- 
être  matériel  de  ses  paroissiens,  les 
Institutions  propres  à  développer 
parmi  eux  Tinstruction  religieuse  et 
l'éducation  intellectuelle.  Une  biblio- 
thèque, fondée  par  Stubcr,  fut  consi- 
dérablement augmentée  à  ses  frais, 
des  Bibles  répandues  en  grand  nombre 
avant  même  la  fondation  de  la  Société 
biblique  de  Paris,  et  des  écoles  éta- 
blies dans  les  cinq  villages  de  la  pa- 
roisse. Les  pieux  travaux,  les  nobles 
efforts  du  ministre  de  l'Evangile  fiè- 
rent bénis.   Pas  une  commune  en 

T.  VIII. 


France  ne  peut  rivaliser  avec  le  Ban- 
de-La Roche  ni  en  moralité  ni  en  in- 
struction. 

Les  merveilles  opérées  par  Oberlin 
répandirent  sa  réputation  en  France 
et  à  l'étranger.  Plusieurs  sociétés  phi- 
lanthropiques crurent  s'honorer  en 
l'admettant  dans  leur  sein.  En  1S18, 
la  Société  centrale  d'agriculture  lui 
décerna  une  médaille  d'or.  En  1819, 
Louis  XVIII  le  nomma  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur.  Cependant  sa  plus 
douce  récompense  fut  l'amour  de  ses 
paroissiens,  qui  le  vénéraient  à  l'égal 
d'un  père.  Il  mourut  à  la  suite  d'une 
courte  maladie,  le  i*'  Juin  18 26, après 
un  ministère  de  59  ans.  Son  corps  fut 
porté  à  Fouday  au  milieu  d'un  im- 
mense concours  de  gens  de  toute  con- 
dition. Prolestants  et  Catholiques  dé- 
plorant à  l'envi  la  perte  de  cet  homme 
vénérable. 

Oberlin  était  un  admirateur  enthou- 
siaste de  Lavater  et  de  Gali.  Il  avait 
aussi  sur  le  monde  supérieur  des  idées 
singulières  assez  semblables  à  celles 
des  théosophes  modernes,  dont  il  se 
rapprochait  d'ailleurs  sur  d'autres 
points;  mais  les  théories  plus  ou 
moins  étranges  dont  il  aimait  à  s'oc- 
cuper n'eurent  d'autre  infiuence  sur 
lui  que  de  fournir  un  aliment  puissant 
aux  excellentes  qualités  de  son  cœur. 
Ami  de  la  liberté  et  de  la  justice,  il 
salua  avec  joie  la  Révolution  fran- 
çaise, tout  en  détestant  les  excès  qui 
furent  commis  en  son  nom.  Patriote 
sincère  et  partisan  du  gouvernement 
républicain,  il  ne  craignit  pas  de  bra- 
ver les  terroristes,  en  sauvant  le  plus 
de  proscrits  qu'il  put,  sans  distinction 
d'opinions  ou  de  culte,  mais  il  ne  crut 
pas  devoir  se  mettre  en  révolte  contre 
la  loi,  en  violant  ouvertement  le  dé- 
cret do  la  Convention  qui  ordonna  de 
suspendre  l'exercice  du  culte  ;  seule- 
ment, sous  le  nom  d'orateur  de  la 
Société  populaire,  il  continua  à  prê- 
cher l'Evangile  avec  autant  de  liberté 
qu'auparavant.  On  loue  encore  son 
désintéressement,  sa  tolérance,  sa 
philanthropie  qui  embrassait  tout  le 

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genre  humain  :  on  raconte  qu'il  vendit 
son  argenterie  pour  contribuer  à  l'œu- 
vre des  missions  ^  et  qu'ému  de  com- 
passion par  le  sort  des  nègres  escla- 
Tes^  il  renonça  à  l'usage  du  sucre  et 
du  caré^  qui  lui  semblaient  arrosés 
du  sang  de  ces  malheureux. 

Oberlin  n'a  rien  publié  à  notre 
connaissance;  mais  il  a  laissé  en 
mss.  des  Sermons,  écrits  d'un  style 
très-simple  et  très-familier,  les  Anna- 
les du  Ban-de-La  Roche  depuis  1770, 
une  Autobiographie  portant  la  date  de 
1784,  et  une  Réfutation  du  traité  de 
Cicéron  De  Senectute,  terminée  en 
1815. 

Sa  femme,  Madelaine-Saîomé  Wit- 
ter,  fille  d'un  professeur  à  l'univer- 
sité de  Strasbourg,  qu'il  avait  épou- 
sée le  6  Juillet  1768,  et  qu'il  perdit 
après  seize  années  de  la  plus  heureuse 
union,  l'avait  rendu  père  de  neuf  en- 
fants. Deux  avaient  précédé  leur  mère 
dans  la  tombe.  L'alné,  nommé  Fré- 
déric, périt  sur  les  bords  du  Rhin  en 
1793,  servant  comme  volontaire  dans 
Tarmée  de  la  République.  Le  second, 
Henri,  fut  victime  du  noble  dévoue- 
ment avec  lequel,  quoique  malade,  il 
travailla  à,  arrêter  les  progrès  d'un 
Incendie.  Un  troisième  Henri-Gott- 
FRiED,  docteur  en  médecine,  est  auteur 
d'un  livre  intitulé  Propositions  géolo- 
giques pour  servir  d'introduction  à 
un  ouvrage  sur  les  élémens  de  cho- 
rographie,  avec  l'exposé  de  leur  plan 
et  de  leur  application  à  la  description 
géognostiquBy  économique  et  médicale 
du  Ban-de-La  Roche,  Strasbourg  et 
paris,  1806,  in-8«. 

OBREGHT,  famille  originaire  de 
Schélcstadl,  mais  établie  à  Strasbourg 
dès  la  première  moitié  du  xvi*  siècle. 
C'est  dans  cette  dernière  ville  que  na- 
quit, le  25  mars  1 547,  du  syndic  Tho- 
mas Obrecht  et  ^'Elisabeth  Roth ,  le 
savant  jurisconsulte  Georges  Obrecht, 
ainsi  que  ses  trois  frères  :  Didyme, 
Henri  ei  Daniel  y  dont  le  second  sui- 
vit aussi  la  carrière  du  droit ,  et  les 
deux  autres,  celle  de  la  médecine. 
Georges  Obrecht  fit  d'excellentes 


études  à  Strasbourg  et  à  Tubingue. 
Avant  de  prendre  ses  degrés,  poussé 
par  le  désir  d'augmenter  ses  connais- 
sauces,  il  voulut  visiter  laFrance,donl 
les  écoles  de  droit  jetaient  alors  un 
vif  éclat,  et  il  suivit  pendant  quelque 
temps  les  cours  de  nos  grands  juris- 
consultes huguenots,  entre  autres,  du 
célèbre  Du  Moulin,  Le  24  avril  1 572, 
il  se  trouvait  à  Orléans.  Il  échappa, 
non  sans  peine,  aux  égorgeurs  de  la 
Sainl-Barthélemy  ;  mais  il  perdit  une 
belle  bibliothèque  qu'il  avait  formée 
à  force  de  soins  et  de  dépenses.  Quel- 
que sensible  que  lui  fût  cette  perte, 
il  s'en  consola  dans  l'espoir  de  s'en 
dédommager  à  Strasbourg,  où  ii  avait 
réuni  une  autre  collection  d'ouvrages 
rares  et  précieux.   Mais  quelle  ne 
fut  pas  sa  douleur,  lorsqu'à  son  ar- 
rivée ,  il  trouva  que  le  tout  avait 
disparu.  Il  en  conçut  tant  de  cha- 
grin qu'il  fut  sur  le  point  d'aban- 
donner la  jurisprudence  pour  se  faire 
soldat  dans  les  troupes  de  Beutrich  ; 
cependant   il    renonça   bientôt  à  ce 
projet  insensé,  et  partit  pour  Bâle, 
oii  il  prit  le  bonnet  de  docteur,  en 
1574.  L'année  suivante,  il  fut  choisi 
pour  remplir  la  chaire  de  droit  à  l'u- 
niversité de  Strasbourg.  Il  l'occupa 
avec  honneur  pendant  quarante  ans, 
sans  se  laisser  tenter  par  les  ofires 
avantageuses  qui  lui  furent  faites  de 
divers  côtés.   Ses  concitoyens  s'ef- 
forcèrent de  le  récompenser  de  son 
attachement  pour  sa  patrie.  Obrecht 
fut  nommé  successivement  chanoine, 
puis  doyen   du  chapitre  de    Saint- 
Thomas,  en  1589,  recteur  de  l'uni- 
versité, en  1595,  avocat  de  la  ville 
et  conseiller,  en  1598.  Six  ans  plus 
tard,  l'empereur  Rodolphe  l'anoblit, 
ainsi  que  son  fils  Jean-Thomas,  et, 
en  1607,  il  le  créa  comte  palatin. 
Obrecht  mourut,  comblé  d'honneurs, 
le  7  juin  1612,  àTÂge  de  66  ans, 
avec  la  réputation  d'un  homme  droit, 
sincère,  religieux  et  foncièrement  cha- 
ritable. Les  fonctions  de  l'enseigne- 
ment, qu'il  remplissait  avec  un  grand 
zèle,  ne  lui  laissèrent  pas  le  temps  de 


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beaucoup  publier.  Cependant  on  lui 
doit  d'excellents  ouvrages,  dont  voici 
la  liste. 

I.  CEconomia  lit,  Cod,  et  ff.  de 
transactionibus,  Arg.,  1579,  in-i». 

II.  CEconomia  tH.  Cod.  et  ff,  de 
procur.  etdefens.^  Arg.,  1580,  in-4». 

III.  Exerdtium  juris  antiqui  ro- 
manif  Francof.,  1582,  in-12;  Arg., 
1585,  in-40;  lense,  1692,  jn-l2; 
Hamb.,  1726.  Quelques  édit.  portent 
pour  titre  :  Adumbralio  processus  ro- 
mani, 

IV.  Propositiones  e  L,  2  C,  de  ju- 
dic,,  cum  appendice  e  L.  properan- 
dum  13  Cod,  de  judic,  Arg.,  1583, 
iii-4«». 

V.  Deprincipiis  belli,  Arg.,  1590, 
in-4». 

VI.  De  jurisdictione  et  imperio, 
Molh.^  1602,  in-40. 

VU.  Disp,  e  variis  juris  civilis  ma- 
ierOs,  Ursel.,  1603,  in-4».  —  On  en 
cite  une  édit.  de  Strasb.,  1579,  in-4o. 

VIII.  Disp,  de  regaUbus,  Argent., 
1604,  ill-4«. 

IX.  Disp.  de  concipiendis  et  for- 
mandû  libeUis^  Arg.,  1604,  in-40. 

X.  Ditp.  de  juramento  calumniœ, 
Arg.,  1604j  in-40. 

XI.  Disp,  de  Htis  contestaiione, 
Arg.,  1604,  in-i«. 

XII.  PoUtische  Bedenken,  Strasb., 

1606,  ia-80. 

XIII.  Cynosura  juris  feudcUis , 
Francof.,  1606,  in-8». 

XIV.  Tract,  de  jurisdictione ,  Arg., 

1607,  tn-4«. 

XV.  Politica  ordinatio,  i  608,  8«. 

XVI.  ErklUrung  iiber  dos  poîiti- 
sehê  Bedenken  von  den  LUbeckschen 
Stadl-EinkUnften,  1610,  ln-8». 

XVII.  Jus  feudale  enucleatum, 
Arg.,  1617,  in-4». 

XVIII.  Sécréta  politica,  Arg.  >  1 6 1 7, 
iil-4*;  1644,  ln-4«. 

XDL  Tract,  de  necessarià  defen- 
fiane,  Arg.,  1617,  ln-4». 

XX.  De  jurisdictione  imperio  et 
fofo  compétente,  Arg.,  1617,  in  40. 

XXI.  CEconomia  seu  dispasitio  ïn* 


stit,  Justinian,,  Holm.  Suec,  1617, 
ln-12. 

XXII.  Deprincipiis  juris  tractât., 
Arg.,  1619,  in-12. 

XXIII.  In  IV  libros  Digestorum, 
Arg.,  1622,  in-4«. 

XXIV.  Exerdtium  juris  antiqui 
ad  L,  de  pedaneis  judicibus,  Giesscn, 
1723,  in-8».  — Annoté  par  Weber. 

Les  bibliographes  JOcher  et  Roter- 
mond,  d'après  qui  nous  avons  dressé 
cette  liste,  y  ajoutent,  sans  autre  in- 
dication :  Topica  legalia,  Antithemata 
juris  notis  iUustrata,  Comment,  de 
probationibus,  Disput,  de  furto,  de 
patrimonio  mulierum ,  de  militari 
disciplina,  de  reivindicatione;  Tract, 
von  Anstellunq  guten  Policey  nnd 
von  biUiger  Erhôhung  der  jUhrlichen 
Gefàlle;  Strasburgische  Gedenkrede 
au f  die  Re formation,  le  mémo  ouvrage 
peut-être  que  le  Patriotische  Gedenk- 
rede, imp.  à  Strasbourg,  1659,  fn- 
fol.  et  appartenant  sans  doute  à  son 
flls  Georges,  ainsi  que  le  GlUcktvUn- 
schungsrede  an  E.  E.  Rath  der  Stadi 
Strasburg,  publié  aussi  à  Strasb., 
1665,  ln-4«;  Kurzes  Bedenken,  loet- 
chermassen  an  Stand  des  Reiches  so 
mit  grossen  Ausgaben  beladcn,  sich 
derselben  erledigen,  auch  seine  Gefàlle 
und  Einkommen  verbessern  mage, 
msc.  que  le  duc  de  Poméranie,  Phi- 
lippe II,  acheta  de  Jean-Thomas 
Obrecht  au  prix  de  200  ducats;  Epist, 
de  studio  juris,  msc.  qui  se  trouvait 
dans  la  bibliothèque  de  Griebner  à 
Leipzig. 

Georges  Obrecht  fut  marié  deux  fois, 
en  premières  noces  avec  Barbara, 
fille  de  Jean  Marbach,  et,  en  secon- 
des, avec  Ursule,  fille  û'Ulric  Chesius, 
médecin  de  la  ville  de  Strasbourg,  et 
veuve  de  Théobald  Winter.  Nous  ne 
connaissons  que  deux  de  ses  fils, 
Jban-Thom AS  et  Georges.  Ce  dernier 
s'est  acquis  une  Tàcheuse  célébrité. 

Docteur  en  droit ,  avocat ,  procu- 
reur général  du  Petit-Conseil,  Georges 
Obrecht  occupait  dans  la  république 
une  position  ém Inente  ;  mais  11  s'en 
montrait  Indigne  par  la  dépravation 


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de  ses  mœurs.  Ennemi  do  Duminique 
Dielrich,  qui  \alait  mieux  que  lui  à 
tous  égards,  il  s'attacha  à  le  perdre^ 
et  pour  y  réussir,  il  eut  recours  aux 
plus  odieux  moyens.  Pendant  long- 
temps, les  calomnies  qu'il  répandait 
sourdement,  les  pamphlets  anonymes 
où  il  peignait  cet  homme  honorable 
comme  un  traître  vendu  à  la  France, 
les  sociétés  secrètes  qu'il  avait  orga- 
nisées parmi  les  étudiants  allemands, 
entretinrent  dans  la  ville  une  violente 
agitation.  Toutes  ces  menées  tendaient 
à  provoquer  des  troubles  qui  fournis- 
sent un  motif  légitime  d'intervention 
aux  princes  d'Allemagne.  L'Empereur, 
qui  craignait  de  voir  tomber  Strasbourg 
sous  la  domination  française,  était 
entré  dans  ses  projets  et  lui  avait  pro- 
mis la  première  magistrature  en  ré- 
compense de  ses  honteux  services. 
Déjà  les  Impériaux  s'approchaient  de 
la  ville  pour  l'occuper,  lorsqu'un  ha- 
sard heureux  fit  découvrir  la  conspi- 
ration. Georges  Obrecbt  racheta  jus- 
qu'à un  certain  point  son  crime  par 
un  repentir  sincère  et  les  aveux  les 
plus  complets.  Il  fut  néanmoins  con- 
damné au  dernier  supplice  et  exécuté^ 
le  7  février  1672.  Ce  fut  peut-être  le 
désir  de  venger  sa  mort,  autant  que 
l'éloquence  de  Pélisson  et  les  brillan- 
tes promesses  de  Louvois,  qui  portè- 
rent son  fils  Ulrig  à  se  vendre  à  la 
France  et  à  introduire  traîtreusement 
dans  sa  ville  natale  les  troupes  de 
Louis  XIV,  le  30  septembre  1681. 

Ulric  Obrecht  naquit  à  Strasbourg, 
le  23  juillet  1646.  Il  commença  ses 
études  au  gymnase  de  Montbéliard^  et 
alla  les  continuer  à  l'université  d'Al- 
torf,  oh  il  se  fit  remarquer  par  ses 
rapides  progrès  dans  les  langues, 
l'histoire  et  la  jurisprudence.  Après 
avoir  pris  sa  licence,  il  se  chargea  de 
l'éducation  du  fils  de  l'ambassadeur 
russe  Kelerman,  qu'il  accompagna  à 
Vienne  et  à  Venise.  Tout  porte  à 
croire  qu'il  trempa  dans  les  projets 
subversifs  de  son  père,  ou  au  moins 
qu'il  en  eut  connaissance.  A  son  retour 
à  Strasbourg,  il  épousa  la  ÛUe  de 


l'illustre  J^-Henri  Bœcler,  à  qui  il 
succéda  dans  la  chaire  d'éloquence  et 
d'histoire,  en  1676.  Cinq  ans  plus 
tard,  lors  du  voyage  que  Louis  XIV  fit 
à  Strasbourg,  pour  visiter  sa  nouvelle 
conquête,  Pélisson,  qui  connaissait 
Obrecht  de  réputation,  entreprit  de  le 
convertir.  Le  prudent  professeur  n'eut 
garde  de  se  livrer  de  prime  abord.  Il 
feignit  des  scrupules;  mais  une  pen- 
sion qu'il  faillit  perdre,  parce  que  sa 
femme  refusait  de  suivre  son  exem- 
ple (1),  et  la  chaire  de  professeur  de 
droit,  à  laquelle  il  fut  nommé  en  1682, 
mirent  fin  à  tous  ses  doutes,  en  sorte 
qu'il  put  abjurer,  en  toute  sûreté  de 
conscience^  dans  un  voyage  qu'il  fit  à 
Paris  en  1684.  Bossnet,  entre  les 
mains  de  qui  il  renia  sa  foi,  fut  si 
charmé  de  cette  conquête,  qu'il  pro- 
clama Obrecht  un  Epitome  omnium 
scienliarum.  Les  éloges  de  l'illustre 
prélat  flattèrent  sans  doute  la  vanité  de 
l'apostat,  cependant  il  est  permis  de 
croire  que  la  place  de  préteur  royal, 
qui  lui  fut  donnée  l'année  suivante^ 
lui  fut  encore  plus  agréable.  Quelques 
années  plus  tard,  Louis  XIV  le  nomma 
son  commissaire  à  Francfort  pour  les 
affaires  de  la  succession  de  Madame. 
Il  ne  rentra  à  Strasbourg  que  pour  y 
mourir,  le  6  août  1701. 

On  a  dit  qu'Obrecht  parlait  de  tons 
les  personnages  de  l'histoire  comme 

(1)  Louis  XIV  menaça  également,  el  poir  le 
même  motif,  JeanrChrittophê  Gûnlzer,  hoof- 
geois  de  Strasboarg,  de  lui  retrancher  la  pen- 
sion qu'il  lui  faisait,  Tobstination  de  sa  femme 
donnant  des  doutes  sur  la  sinoéritè  de  sa  propre 
contersion.  Il  paraît  que  cette  menace  fit  pe« 
d'effet  sur  cette  sélée  luthérienne,  qui  réussit 
même  à  faire  sortir  ses  enfants  du  royaume. 
Ordre  fut  donné  à  Gilntxer  de  les  représenter,  ce 
que  n'ayant  pu  faire,  il  fut  jeté  dans  une  prisou, 
où  il  paissa  trois  mois.  Sa  mort,  qui  arriia  peu 
de  temps  après,  occasionna  un  procès  enta«  le 
tuteur  de  ses  enfants  et  Giintzer,  conseiller  à  la 
Chambre  des  XV,  qai  s'était  emparé  des  bleu 
du  défunt,  comme  étant  son  plus  proche  héritier 
catholi(^ae.  Consulté  k  ce  sujet,  le  ministre  Le 
Blanc  répondit  :  «  Comme  ils  [les  enfants]  se  soHk 
retirés  du  royaume  pour  exercer  la  religion  lu- 
thérienne, ils  sont  sans  difficulté  dans  le  cas  des 
défenses  générales  portées  par  les  édits  et  décla- 
rations contre  les  enfans  fugitifs  des  pères  mm- 
Teaux  oontertis.  »  £u  conséqueoce,  le  tiiew 
perdit  la  cause  (1737). 


OBR 


—  37  — 


ODE 


s'il  avait  été  leur  contemporain  ;  de 
tons  les  pays^  comme  s'il  y  avait  véco^ 
et  des  différentes  lois^  comme  s'il  les 
avait  établies.  Il  y  a  sans  doute  de 
l'exagération  dans  cette  appréciation 
de  son  mérite;  mais  on  ne  peut  lui 
eontester  les  titres  de  grand  juriscon- 
aolte  et  de  grand  philologue.  Ses 
ouvrages  prouvent  qu'il  en  était  di- 
gne. Nous  n'avons  à  mentionner  que 
ceux  qu'il  publia  avant  son  abjura- 
tion. 

I.  Schediasma  in  Cieeronis  Som- 
ntum  ScipUmis,  Arg.,  1665^  in-12. 

IL  De  fidei  commissorum  restitua 
tùme  et  imptitaiione  prœlegatorum 
in  IV  TrebelUanam,  Arg. ,  1667,  4». 

III.  Canis  sub  fustem  mù^sus,  i  669, 
in-4*.  —  Critique  des  Judicia  de  no- 
vlssimis  prudent  iae  ci  vilis  scriptor  i  bus . 

rv.   De  vexillo  imperiaU,  Arg., 

1673,  in-40. 

V.  Sacra  termim,  Arg.,  1 674,  in-4*». 

VI.  De  legibus  agrariis  popuU  ro- 
mani y  Arg.,  1674,  in-4«. 

VII.  Animadversiones  in  Disserl. 
de  ratione  status  in  Imperio,  Arg., 

1674,  in-4». 

VIII.  De  nummo  Domitiani  Isiaco 
EpistÏAay  Arg.,  1675,  in-4». 

IX.  De  reservato  ecclesiastioo,  Arg., 

1675,  in-4«>. 

X.  De  ratione  belli,  Arg.,  1675, 4». 

XI .  De  sponsors paciSfkTg. ,  i  6  7  5, 4». 

XII.  De  censuAugusti,  Arg.,  1675, 
in-40. 

XIII.  Dissertationum  selectarum 
quandam  in  academiâ  argent,  proposi- 
tarum  liber,  Arg.,  1676,  in-40.  — 
Outre  les  N»"  IV  et  V,  ce  recueil  con- 
tient une  dizaine  de  dissertations 
curieuses  sur  des  sujets  qui  intéres- 
sent surtout  l'histoire  d'Allemagne. 

XIV.  Hisioriœ  Augustœ  scriptores 
YI,  cum  notiSy  Arg.,  1677,  in-8». 

XV.  De  extraordinariis  populi  ro- 
fflam  imperiiSy  1677,  in-4». 

XVI.  De  hoste  dedititio,  1677, in-4». 

XVII.  J,'H,  Bœcleri  Notitia  Sacri 
Romani  Imperii  y  additameniis  ne- 
tissariis  per  U.  Obrechtum  aucta, 
Arg.,  1681,  in-8». 


XVIII.  Alsaticarum  rerum  prodro- 
mus,  Arg.,  1681,  in-4».  — Entraîné 
par  les  événements  dans  la  carrière 
diplomatique,  Obrecht  n'exécuta  pas 
le  grand  ouvrage  qu'il  méditait. 

XIX.  Panegyricus  Ludovico  XIV 
dictus,  Arg.,  1682,  in-fol.;  Lips., 
1682,  in-4». 

XX.  Severinus  de  Monzambano 
De  statu  Imperii  germanici  atÂCtior  et 
exercitationum  specimine  iUustratus, 
1684,  in-8». 

En  1671,  Obrecht  avait  aussi  donné 
une  nouv.  édit.  des  Institutions  de 
Locamer  (Strasb.,  1671,  in-8»). 

Ulric  Obrecht  avait  un  frère,  nommé 
ÉLiB,  professeur  d'éloquence  et  se- 
crétaire du  roi  de  Suède,  qui  avait 
entrepris  d'écrire  la  vie  de  Constan- 
tin; mais  la  mort  l'enleva  à  Stock- 
holm, le  16  janv.  1638,  à  l'âge  de 
44  ans,  avant  qu'il  eût  terminé  son 
ouvrage. 

ODET  (Isaac-François),  sieur  du 
Fouflloux,  gentilhomme  de  la  Sain- 
tonge,  laissa  cinq  enfants  de  son 
mariage  avec  Anne  de  Villemandy, 
savoir  :  1»  Susànnb,  femme  de  Sa- 
muel-François  de  Benezaud,  sieur  de 
Cressier,  qu'elle  rendit  père  d'un  flls 
nommé  Jean-François;  —  2»  Isàac- 
Feakçois  ;  —  5»  Catherine,  mariée 
à  Jean  Jourdan,  sieur  de  La  Prèze  ; 

—  4*  Marie,  qui  fut,  a  la  révocation, 
enfermée  à  l'Union  chrétienne  d'An- 
gouléme,  où  elle  vivait  encore  en  1 7 1 5; 

—  5»  CUARLES,  sieui^du  Fouilloux  et 
des  Houlières,  commissaire  pour 
l'exécution  des  édits  dans  la  Sain- 
tonge,  en  1681,  qui  mourut  en  1687, 
ne  laissant  de  son  mariage  îi\QcAnne 
Pasquet,  célébré  en  1679,  qu'une  fllle, 
nommée  Harie-Sara,  laquelle  réussit 
à  passer  dans  les  pays  étrangers 
(Arch.  gén.  Tt.  343). 

Nous  ignorons  si  Jacques  Du  Fouil- 
loux, l'auteur  bien  connu  de  La  Véne- 
rie, et  le  médecin  Antoine  Du  Fouil- 
loux, dont  le  Discours  sur  l'origine 
des  fontaines,  a  eu  aussi  plusieurs 
éditions,  appartenaient  à  la  même  fa- 
mille. Rien  n'indique  d'ailleurs  qu'ils 


ODI 


-  38  - 


ODI 


aient  fait  profession  de  la  religion  ré- 
formée. 

ODIER  (Philippe),  flis  ù' Antoine 
Odier,  de  Pont-de-Royans,  qui  s'était 
réfugié  à  Genève,  épousa,  le  4  avr. 
1698,  Susanne  Macaire  (1),  dont  il 
eut  :  loÀKTOiNE,  qui  suit;  -<  2oChàr- 
LES,  dont  la  011e  Jeànnb-Màrib  , 
épousa  le  ministre  Armand  de  La 
Porte;  —  3<»  Màdelàine,  femme  de 
Jacques  de  Cour,  —  40  Joseph,  mort 
sans  enfants,  en  1760. 

Antoine  Odier,  qui  fut  reçu  bour- 
geois en  1714,  et  testa  en  1774,  prit 
pour  femme,  en  1 756,  Louise  de  Villas, 
fiiie  de  Jacques  de  Villas,  de  Nismes, 
dont  il  eut,  entre  autres  enfants  : 
1*  JÀCQU£8-ANT0lf(E,  qui  suit;  —  2^ 
Jacques,  qui  suivra;— 30  Louis,  dont 
nous  parlerons  après  ses  frères;  — 
4«  Jean-Louis,  marié,  en  1775,  à 
Elisabeth  Lombard,  et  père  de  Ga- 
briel, mort  à  Paris  sans  enfants;  de 
jACQi'ES-ANTODiB,  auditeur,  marié 
à  Olympe  Baulacre^Morin ,  et  de 
Louise. 

I.  Jacques-Antoine  Odier,  né  le  12 
Janv.  1 738,  entra  dans  le  GG  en  1770, 
devint  auditeur  en  1 783,  et  laissa  six 
enfants  de  ses  deux  femmes,  Jeanne- 
Anne  Lombard,  et  Marie  Cazenove, 
savoir,  du  1*^  Ht  :  i»  Gabriellb- 
AufiB,  mariée,  en  1781,  à  Jacques 
Bidermann;  —  20  Louise,  femme 
de  Roman  (2);  et  du  2«  :  3*  Dayid- 
Charles,  qui  suit;  —  40  Antoine, 
souche  d'une  branche  établie  à  Paris; 
-«  50  Charles,  mort  sans  postérité  ; 
—  60  Jacques,  qui  fonda  un  nouveau 
rameau. 

David-Gharles,  né  en  1765,  con- 
seiller en  1814,  syndic  et  premier 
8yndicjusqu*en  1 835,  tpousa^  en  1 787, 
AUxandrine- Jeanne 'Antoinette  Du- 
nant-Martin,  et  en  secondes  noces,  Ca- 
roUne-Eynard  Màrikoffer,  dont  il  n'eut 

(1)  André  Macaire ^  de  Font-de-Boyans,  aTait 
été  reça  bourgeois  en  1668. 

(f  )  £n  1706,  David  Roman,  ministre,  de  l'Ai* 
MCf.  avait  été  reçu  bourgeois  avec  sou  flIs  Ga- 
briel. David  et  Jean  Bomau,  tous  deux  de  Bé- 
liers, le  furent  le  premier  en  1700,  et  le  second 
fD  17Si. 


point  d'enfants.  Sa  première  femme  U 
rendit  père  de  Jacques-Marc,  né  en 
1 7  9 1  ;  d' Antoinette-Louise,  femme  de 
Jacques-Louis  Odier  ;  de  Gabriel,  né  à 
Vevey,  le  23  mars  1796,  qui  s'établit 
à  Paris,  où  il  fonda,  avec  sou  cousin 
Jacques- Antoine,  une  maison  de  ban- 
que ;  il  mourut  à  Meudon,  le  22  juill. 
1851,  ayant  eu  de  sa  femme  Clémen- 
tine de  La  Rue,  trois  enfants  nommés 
Caroline,  femme  du  médecin  Auguste 
Brun,  Adrien  et  Adèle,  mariée  à 
G.  Brôlemann;  de  Jacques-Edouard, 
à  qui  sa  femme,  Caroline  de  Théhis- 
son-Biberstein,  ne  donna  que  des  Qiles. 
Antoine  Odier,  né  à  Genève,  en 
1766,  était  encore  fort  Jeuue,  lors- 
qu'il vint  habiter  la  France.  Il  entra, 
comme  associé,  dans  la  maison  d'un 
de  ses  parents,  qui  avait  joint  à  la 
fabrication  des  toiles  peintes  le  com- 
merce des  étoffes  de  colon  de  l'Inde. 
Ses  affaires  l'appelant  à  résider  tantôt 
dans  un  port,  tantôt  dans  un  autre, 
soit  en  France,  soit  à  l'étranger,  il  se 
trouvait  à  Lorient,  où  étaient  alors 
concentrées  les  opérations  de  la  Com- 
pagnie des  Indes, lorsque  la  révolu- 
tion éclata.  11  s'empressa  de  proOter 
du  bénéfice  de  la  loi  de  1790,  qui 
rendit  leur  qualité  de  Français  aux 
descendants  des  Réfugiés ,  et  bientôt 
après,  il  fut  nommé  membre  du  con- 
seil municipal  de  Lorient.  Gravement 
compromis  dans  le  mouvement  contre- 
révolutionnaire^  que  les  Girondins 
provoquèrent  en  Normandie  et  en  Bre- 
tagne, après  leur  proscription  par  le 
parti  des  Montagnards,  il  fut  arrêté  et 
retenu  en  prison  jusqu'à  la  chute  de 
Robespierre.  Dès  qu'il  eut  recouvré  la 
liberté,  il  partit  pour  Oslende,  où  les 
intérêts  de  sa  maison  réclamaient  sa 
présence  ;  de  là  il  se  rendit  à  Ham- 
bourg, où  il  épousa  Susanne  Boué^ 
descendant  comme  lui  de  Réfugiés.  A 
son  retour  en  France,  trouvant  le 
commerce  maritime  complètement 
ruiné  par  la  guerre  avec  l'Angleterre 
et  par  le  fameux  blocus  continental,  il 
dut,  dans  rimpossibilité  de  continuer 
son  commerce  de  toiles  étrangères. 


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-30  — 


ODI 


diriger  toate  son  activité  vers  le  dé- 
veloppement de  l'industrie  nationale. 
C'est  de  cette  époque  que  date  la 
grande  prospérité  de  la  fabrique  de 
toiles  peintes  de  Wesserling,  qui  oc- 
cupe aujourd'hui  une  population  de  5 
à  6^000  ouvriers^  et  répand  l'activité 
et  le  bien-être  dans  la  riante  vallée  de 
Saint- Amarin. 

La  direction  d'une  des  fabriques  les 
plus  considérables  de  France^  n'ab- 
sorba pas  Antoine  Odier  au  point  de 
le  tenir  éloigné  des  fonctions  publi- 
ques. Successivement  juge  au  tribunal 
de  commerce^  membre  de  la  Cliambre 
de  commerce  de  Paris^  qu'il  présida 
pendant  onze  ans,  et  censeur  de  la 
Banque  de  France,  il  fut  appelé  au 
conseil  supérieur  du  commerce  en 
1819^  et  au  conseil  général  du  dépar- 
tement de  la  Seine,  en  1831.  Député 
du  même  département  depuis  1827^ 
il  siégea  constamment  sur  les  bancs 
de  l'opposition,  excepté  pendant  le 
court  ministère  Martignac,  et  vola  la 
iàmeose  adresse  des  221 ,  comme  une 
réponse  au  défi  jeté  par  Charles  X  à 
Topinion  publique.  Il  était  loin  de 
prévoir  que  la  lutte  aboutirait  à  la  ré- 
volution de  1830,  qui  l'attrista  pro- 
fondément. Royaliste  par  principe,  il 
se  rallia  bien  vile  à  la  dynastie  d'Or- 
léans, et  ne  cessa  de  soutenir  le  gou- 
vernement de  Louis-Philippe,  tant  à 
la  chambre  des  députés,  aux  travaux 
de  laquelle  11  continua  à  prendre  part, 
qu'à  la  chambre  des  pairs,  où  il  entra 
en  1837.  La  révolution  de  février  fut 
pour  lui,  ainsi  que  pour  beaucoup 
d'autres,  un  coup  de  foudre.  Tout  ce 
qui  lui  restait  d'énergie  fut  mis  au 
service  de  la  Banque,  et  avec  le  con- 
cours de  quelques  collègues  dévoués 
comme  lui  aux  intérêts  du  commerce, 
il  s'appliqua  à  prendre  les  mesures 
qu'il  Jugea  les  plus  propres  à  prévenir 
les  perturbations  que  la  révolution  ne 
pouvait  manquer  de  jeter  dans  les 
transactions  commerciales  et  les  fi- 
nances de  l'Etat,  ou  à  en  amoindrir 
au  moins  les  désastreux  effets.  C'est 
dans   ces  utiles  travaux  qu'il  passa 


les  dernières  années  de  sa  vie.  Un 
instant  seulement,  après  le  2  déc. 
1851,  il  reparut  sur  la  scène  politique 
comme  membre  de  la  commission 
consultative  chargée  de  préparer  l'é- 
tablissement de  l'Empire.  11  mourut 
au  mois  d'août  1853.  Le  seul  avantage 
qu'il  relira  Jamais  d'une  position  que 
beaucoup  d'autres  auraient  voulu 
exploiter,  fut  la  croix  de  la  Légion 
d'honneur,  qu'il  obtint  en  I8i6. 

De  son  mariage  avec  Susanne  Boue 
sont  nés  huit  enfants  :  1»  Henriette, 
née  en  1796,  femme  de  Benjamin 
Brière-de-Lesmont ,  conseiller  d'Etat 
honoraire,  et  morte  en  I8i7;  — 
2«  JACQUES-ÀNTomE ,  né  en  1798, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  de- 
puis 1850,  successivement  Juge  an 
tribunal  de  commerce,  régent  de  la 
Banque  de  France,  et,  depuis  1853, 
membre  du  conseil  central  des  églises 
réformées,  qui,  de  son  mariage  avec 
Wiltielmine  StUem,  de  Hambourg,  a 
trois  enfants  :  Gustave,  né  en  1825; 
Adolphe,  né  en  1827,  et  Clairs- 
Louise,  née  à  Paris,  le  19  Janv.  1833, 
qui  épousa,  le  24  déc.  1851,  Louis- 
Eugène  Cavaignac,  général  de  divi- 
sion, célèbre  par  le  réle  qu'il  a  Joué 
sous  la  seconde  République;  — 
3»  Edouard-Alexandre,  né  en  1800, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  qui 
a  quitté  le  commerce  pour  s'adonner 
avec  succès  à  la  peinture,  et  dont  plu- 
sieurs tableaux  figurent  aux  Musées 
du  Luxembourg  et  de  Versailles;  — 
4«  Alfred-Auguste,  né  en  1802,  an- 
cien référendaire  à  la  Cour  des  comp- 
tes, que  sa  femme^  Nadeschda  Sillem, 
a  rendu  père  de  deux  enfants,  nom- 
més Alfred-Antoine  et  Marie-Su* 
8ANNE  (i); — 5»  Charles-Philippe, 
né  en  1804,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  qui  a  suivi  la  carrière 
commerciale  ;~6<>  Cécile,  morte  fille, 
ainsi  que  7»  Jennt; — 8»  Edmond- 
Louis,  associé  de  la  maison  de  Wes- 

(1)  M.  Auguste  Odier  a  bien  touIo  nous  four- 
nir sar  sa  famille,  et  en  parllcnlier  snr  son  père, 
des  renseignements  très-complets  dont  novt 
«Tons  eilrail  notre  notice. 


ODI 


—  40  — 


ODI 


serling^  né  en  isis^et  marié  à  Marie 
Pacardy  dont  il  a  deax  ÛUes^  Lucile 
et  Marthe. 

Pour  épuiser  nos  renseignements 
sar  cette  branche,  il  nous  reste  à  par- 
ler de  Jacques  ou  James  Odier,  6«  en- 
fant de  Jacques-Antoine.  Il  épousa 
Désirée  de  Lorthe,  de  Bordeaux,  et 
resté  veuf  sans  enfants,  il  se  remaria 
avec  Louise  Vieusseux-Clavière,  dont 
il  eut  deux  fils.  L'aîné,  Pierre,  juris- 
consulte éminent  et  professeur  de  droit 
à  l'académie  de  Genève,  a  publié  une 
Dissert,  sur  V application  des  lois 
étrangères  qui  règlent  la  capacité  de 
contracter,  Gen.,  1827,  in-S»;  un 
Traité  du  contrat  de  mariage,  Paris, 
1847,  3  vol.  in-8<>;  et  un  autre  traité 
Des  systèmes  hypothécaires,  Gen., 
1840,  in-12.  Il  est,  en  outre,  un  des 
auteurs  de  la  Loi  sur  la  procédure  ci- 
vile du  canton  de  Genève,  Gen.,  1827, 
in-8«.  Il  a  épousé  Adèle  Céard-Boin, 
Le  cadet  Charles,  eut  deux  enfants  : 
Clémentine  et  James,  de  son  mariage 
avec  Susanne  Céard-Boin. 

II.  Jacques  Odier,  du  CC  en  1782, 
épousa,  en  1773,  Anne- Marie  Che- 
vrier,  qui  le  rendit  père  de  trois  fils  : 
1*  Jacob,  marié  à  une  demoiselle 
Sautter-Voullaire,  dont  il  eut  Eugène 
et  Cécile;  —  2«  Antoine-Louis,  à 
qni  sa  femme,  N,  de  Roches-Chevrier, 
ne  donna  qu'une  fllle  ;  —  3»  Jean-Jac- 
ques, né  à  Bruxelles,  le  26  fév.  1784, 
et  marié  à  Catherine-Antoinette  Car 
zenove-Hogan,  dont  il  eut  deux  filles. 

m.  Louis  Odier,  docteur  en  méde- 
cine, membre  de  la  Société  de  méde- 
cine d'Edimbourg  et  correspondant 
de  rinstilut  de  France ,  naquit  à  Ge- 
nève, le  1 7  mars  1 748. 11  fit  avec  suc- 
cès ses  premières  études  dans  sa  ville 
natale,  et  y  commença  un  oours  de 
médecine  qu'il  alla  poursuivre  à  Edim- 
bourg, où  il  prit  le  grade  de  docteur, 
enl770,etoiiilseliad'amitiéavecplu- 
sieurs  hommes  de  grand  mérite.  Deux 
ans  plus  tard,  il  se  rendit  à  Londres 
pour  suivre  la  clinique  de  Thôpitai 
St-Thomas.  Il  retourna,  en  passant  par 
Lcyde  et  Paris,  dans  sa  patrie  où  il  dé- 


buta dans  la  carrière  médicale  en  1 7  73 . 
En  1788,  il  entra  dans  le  CC.  Agrégé 
à  l'Académie  de  Genève,  en  1799,  et 
nommé  professeur  honoraire  de  méde- 
cine, il  ouvrit  un  cours  gratuit  qui 
ftit  très-suivi,  principalement  par  les 
officiers  de  santé  du  département  du 
Léman.  Sans  avoir  contribué  directe- 
ment aux  progrès  des  sciences  médi- 
cales ,  il  a  cependant  rendu  des  ser- 
vices en  travaillant  de  tout  son  pou- 
voir à  propager  la  vaccine.  11  succomba 
à  une  angine  de  poitrine,  le  1 3  avr. 
1817.  Indépendamment  de  nombreux 
articles  publiés  dans  la  Bibliothèque 
britannique,  dont  il  fut  un  des  princi- 
paux rédacteurs  pour  la  partie  médi- 
cale, et  de  quelques  mémoires  insérés 
dans  divers  recueils  périodiques,  entre 
autres  dans  le  Journal  de  médecine, dans 
les  Mémoires  de  là  Société  des  arts  de 
Genève,  dans  ceux  de  la  Société  de 
médecine  et  dans  les  Mémoires  des  sa- 
vants étrangers  de  l'Institut ,  on  a  de 
lui  : 

I.  Epistolaphysiologica  inauguralis 
de  etementariismusicœsensationibus, 
Edimb.,  1770,  in-S». 

IL  PharmacopœaGenevensis,Geïi., 
1770,  in-8». 

III.  Observations  sur  les  morts  ap- 
parentes, trad.  de  l'anglais,  1 800. 

IV.  Réflexions  sur  V inoculation  de 
la  vaccine,  Gen.,  1800,  in-8o. 

,  V.  Mémoire  sur  l'inoculation  de  la 
vaccine  à  Genève,  Gen.,  an  IX,  in-8«. 

VI.  Instruction  sur  les  moyens  de 
purifier  l'air  et  d'arrêter  les  progrès 
de  la  contagion,  Gen.,  1801,  in-8o. 

Vil.  Observations  sur  la  fièvre  des 
prisons,  trad.  de  l'anglais,  Gen., 
1801,  in-8o. 

\lll.  Principes  d'hygiène,  extr.  du 
Code  de  santé  de  Sinclair,  Gen., 
1810,  in-S»;  2»  édil.  revue,  corr.  et 
augm.,  Gen.  et  Paris,  1823,  ïn-S"; 
2«édit.,  Gen.,  1830,  in-8o. 

IX.  Manuel  de  médecine  pratique, 
Paris  et  Gen.,  1811,  in-8o;  3«  édit., 
1821,  in-80.  — Sommaire  de  ses  le- 
çons. 


OGU 


—  M  — 


OGU 


X .  Grammaire  anglaise,  Gen.  ,iSîl, 
in-12. 

Il  a  laissé  en  msc.  un  Diarium  cli- 
nkum^  Journal  très-clair  et  très-concis 
de  sa  pratique  médicale. 

Louis  Odier  avait  épousé^  en  1773, 
Susanne  Baux  {{),  qui  le  laissa  veuf 
sans  enfants.  Il  se  remaria,  en  1 780, 
avec  Andrienne  LeCointe^  dont  il  eut, 
outre  deux  fllles,  un  fils,  nommé  Jàc- 
QUBS-Louis,  membre  du  conseil  re- 
présentatif de  Genève,  qui  a  publié  : 
Du  système  monétaire  actuel  du  can- 
ton de  Genève,  Gen.  et  Paris,  1825, 
in-8»,  et  Proposition  faite  au  Conseil 
représentatif  sur  la  signature  des  ar- 
ticles de  journaux,  Gen.,  1830,  in-8». 
Du  mariage  de  ce  Jacques -Louis  avec 
Louise  Odier-Dunant,  sont  nées  Amé- 
lie et  Anne-Louise,  femme  de  Nico- 
las Soret  (2). 

OGCIER  (Robert),  de  Lille  en 
Flandre,  martyr  en  1556,  avec  sa 
femme  et  ses  deux  fils  Baudechon  et 
Martin.  C'est  dans  le  logis  d'Oguier 
que  se  réunissait  secrètement  l'église 
de  Lille,  «  une  de  celles,  lit-on  dans 
le  Martyrologe,  ausquelles  le  Seigneur 
a  distribué  le  plus  de  ses  bénédictions 
et  de  ses  grâces  spirituelles.  »  Le 
6  mars  1556,  dans  l'espoir  de  sur- 
prendre une  de  ces  pieuses  assemblées, 
le  prévôt,  escorté  de  ses  sergents, 
envahit  la  maison;  mais  il  ne  trouva 
qu'Oguier  et  sa  famille,  qu'il  traîna 
en  prison,  à  l'exception  de  deux  Jeu- 
nes fllles.  Interrogé,  peu  de  jours  après, 
par  les  magistrats,  le  vieillard  avoua, 
sans  hésiter,  le  crime  dont  on  l'accu- 
sait. «  Je  Savoy  bien, dit-il,  que  l'em- 
pereur l'avoit  défendu  [de  tenir  des 
assemblées]  :  mais  quoy  ?  Je  savoy  de 
l'autre  costé  que  Jésus-Christ  l'avoit 
commandé  :  ainsi  je  ne  pouvoy  obéir 
à  l'un  sans  désobéir  à  l'autre.  J'ay 
mieux  aimé  obéir  en  cela  à  mon  Dieu 

(1)  En  1743,  les  droits  de  bourgeoisie  aralent 
été  accordés  gratuitement  à  Jean-Loui»  Baux, 
npiUine  au  serrice  de  France,  flls  de  Moite 
Baux,  de  Nismes. 

(9)  En  1668,  Barthélémy  Soret,  de  Blols, 
arait  été  reçu  bourgeois  avec  ses  flls  Jacqurê  et 
Frédéric. 


qu'à  un  homme.  »  Sur  la  demande  : 
Que  faisiez-vous  dans  ces  assemblées? 
Baudechon,  le  fils  atné,  s'empressa  de 
répondre  :  a  Quand  nous  sommes  là 
assemblez  au  nom  de  Nostre  Seigneur 
pour  ouyrsasaincte  parole,  nous  nous 
prosternons  là  tous  ensemble  à  deux 
genoux  en  terre  :  et  en  humilité  de 
cœur  nous  confessons  nos  péchez  de- 
vant la  majesté  de  Dieu.  Après,  nous 
tous  faisons  prière,  afin  que  la  parole 
de  Dieu  soit  droitement  annoncée  et 
purement  preschée.  Nous  faisons  aussi 
les  prières  pour  nostre  sire  l'empe- 
reur et  pour  tout  son  Conseil,  afin  que 
la  chose  publique  soit  gouvernée  en 
paix  à  la  gloire  de  Dieu  :  et  aussi  vous 
n'y  êtes  pas  oubliés.  Messieurs,  comme 
nos  supérieurs,  prians  nostre  bon  Dieu 
pour  vous  et  pour  toute  la  ville,  afin 
qu'il  vous  maintiene  en  tous  biens. 
Voilà  en  partie  ce  que  nous  y  faisions. 
Vous  semble-t-il  que  nous  ayons  com- 
mis un  si  grand  crime  en  nous  as- 
semblant ainsi?  »  Non,  certes,  ils 
n'avaient  pas  commis  de  crime,  les 
juges  eux-mêmes  le  savaient  bien; 
aussi  dit-on  que  plusieurs  d'entre  eux 
fondirent  en  larmes,  en  entendant  ce 
Jeune  homme  répéter  à  genoux,  avec 
une  ardeur  pleine  d'enthousiasme,  les 
prières  qu'il  avait  apprises  dans  ces 
assemblées.  Leur  émotion  toutefois  ne 
les  empêcha  pas  de  condamner  au  feu 
le  vieux  Oguier  et  son  flls  atné.  Ils 
marchèrent  au  supplice  avec  la  calme 
intrépidité  de  nos  martyrs,  méprisant 
les  insultes  et  les  malédictions  des 
moines  qui  les  accompagnaient,  et 
«joyeux  de  l'honneur  que  le  Seigneur 
leur  faisoit  d'estre  enrôliez  au  nom- 
bre des  martyrs,  d  Quant  au  fils  cadet 
et  à  sa  mère,  qui  avaient  reculé  d'a- 
bord devant  la  mort  aflfreuse  qui  les 
menaçait,  ils  ne  tardèrent  pas  à  se 
repentir  de  leur  faiblesse,  en  sorte  que 
huit  jours  plus  tard,  après  avoir  résisté 
à  tous  les  eflforts  des  convertisseurs, 
ils  périrent  à  leur  tour  dans  les  flam- 
mes. Crespin  a  publié  dans  son  Mar- 
tyrologe trois  lettres  des  flls  de  Ro- 
bert Oguier,  où  respire  un  parfum  de 


OIS 


—  42  - 


OIS 


piété  digne  des  premiers  temps  du 
christianisme. 

OISEAU  (François),  ou  Oyseau, 
sieur  de  Trevecar,  minisire  de  l'église 
réformée  de  Nantes  depuis  1S63  ou 
64,  avait  fait  ses  études  en  théologie 
à  Genève.  On  sait  peu  de  chose  sur  sa 
vie.  En  1577^  il  assista  au  synode 
provincial  de  Vitré,  et  Tannée  sui- 
vante, au  Synode  national  de  Sainte- 
Foy;  dans  Tun  et  dans  l'autre,  il  remplit 
les  fonctions  de  secrétaire.  Chassé  de 
son  église  par  l'édit  de  Juillet  1 585,  il 
se  réfugia  à  La  Rochelle  et  fut  donné 
pour  pasteur  à  l'église  de  Thouars.  Il 
parait  qu'il  ne  retourna  à  Nantes  qu'a- 
près 1596,  année  où  il  assista  au  Sy- 
node national  de  Saumur  comme  mi- 
nistre de  La  Trémoilie.  En  1603,  la 
Bretagne  le  députa  de  nouveau  au  Sy- 
node national  de  Gap.  Quelque  temps 
après  son  retour,  il  abandonna  sans 
congé  son  église,  qui  s'en  plaignit  au 
Synode  national  de  La  Rochelle,  en 
1607,  en  demandant  qu'on  le  lui  ren- 
voyât; mais  le  synode,  sur  les  obser- 
vations de  son  gendre  André  Rivet,  se 
contenta  de  blâmer  sa  conduite,  et  lui 
permit  d'exercer  son  ministère  dans 
le  Poitou,  où  il  s'était  retiré,  à  con- 
dition qu'il  se  ferait  remplacer  à  Nantes 
pendant  un  an.  En  1609,  le  Synode  de 
Saint-Haixent  le  donna  à  l'église  de 
Gien.  L'année  suivante,  il  fut  appelé 
à  présider  le  synode  provincial ,  qui 
s'assembla  à  Sancerre,  le  8  juillet  (i), 
synode  remarquable  par  le  vœu  qu'il 
exprima,  qu'on  diminuât  la  rigueur 
des  épreuves  exigées  des  candidats  au 
ministère  (  Fonds  S.  Gcrm.  franc. 

(1)  T  assistèrent  :  Gien,  Franc.  Oyieau  et 
ÎMoe  Maupin;  Gbilillon-sar-Loire,  Michel  Le 
Xoir  ti  Etienne  Det  Rochft;  Orléans,  Jofuhim 
Du  Moulin  et  Jtaac  Mariette:  Gbâlillon-sur- 
Loing,  Siméon  Jurieu  et  René  Dortel;  Sancerre, 
Adam  Dorival  aree  deox  anriens,  Abel  Dargent 
et  Jean  Androi;  Corbigny,  Etienne  de  Moman- 
glandf  éla  secrétaire,  et  Gédéon  Moêilier;  Ger- 
geao,  Daniel  Bourguignon  et  Jacq.  Morisset; 
ArgentOD,  Benott  Du  Rieux^  min.;  Issoadan, 
Etienne  Favon  et  Hercule  MicauU;  AubussoD, 
Pierre  Fal^l  et  P.  Foreiton;  Mer,  Daniel 
Bondéf  anc;  Romorantin,  Jacob  Brun  et  Jean 
Ledet  ;  La  Gb&tre,  Louiê  Seoffter  et  Léonard  Jw 
pille;  Ghllleiirs,  Benj,  de  Launay  et  de  Réau- 


914.16).  EnOn,  enl623,  le  Synode 
national  de  Gharenton  déchargea  Oi- 
seau etlui  permit  d'aller  finir  ses  jours 
dans  sa  province  (i). 

Il  faut  se  garder  de  confondre  Fran- 
çois Oiseau  avec  Olimer  Loyseau , 
sieur  de  La  Teillaye,  qui  remplissait 
dans  le  même  temps  les  fonctions  du 
ministère  sacré  en  Bretagne.  Pasteur 
de  l'église  de  Chateaubriand,  ce  der- 
nier fut  élu,  en  1563,  président  du 
synode  provincial  qui  se  tint  à  La 
Roche-Bernard.  Du  Gravier  y  ministre 
de  Rennes,  et  La  Perade,  ancien  de 
l'église  de  Nantes,  y  remplirent  les 
fonctions  de  secrétaires.  Ce  synode 
s'occupa  principalement  du  soin  de 
pourvoir  les  églises  de  pasteurs^  et 
travailla  à  apaiser  les  diiférends  sur- 
venus entre  le  ministre  Louveau  et 
son  troupeau.  En  1577,  Olivier  Loy- 
seau,  qui  avait  assisté  au  Synode  na- 
tional de  La  Rochelle,  en  1 57  i ,  comme 
député  de  la  Bretagne,  desservait  l'é- 
glise de  Vieille-Vigne.  11  mourut  vers 

1583. 

Les  Registres  de  Gharenton  nous 
font  connaître  deux  autres  Loiseau^ 
qui  appartenaient  peut-être  à  la  même 
famille.  L'un,  Etienne  Loiseau,  sieur 
du  Parc,  fit  baptiser,  en  1600^  à 
Gharenton,  un  fils  que  lui  avait  donné 
sa  femme  Marie  Portail,  et  qui  reçut 
le  nom  de  Josias,  de  son  parrain  Jo- 
sias  Mercier,  sieur  des  Bordes.  L'au- 
tre, Samuel  Loiseau,  orfèvre,  fils  de 
Pierre  Loiseau  et  h'Esther  Grion, 
épousa,  en  1669,  Catherine  Le  Juge, 
fille  du  peintre  Georges  Le  Juge  et  de 
Marie  Gobille,  Il  en  eut  un  fils,  Sa- 

vilU;  Saint- Amand,  Dan.  Jamet  et  Matth.  Ca- 
dot;  Blois,  A'tc.  Yignier  ei  Salomon  Che9non; 
CbÂteaudun,  Alexandre  Simpion  et  Duboi»  ; 
Moulins,  Jean  Decrou  et  do  La  Tour;  Beau- 
genc)',  F.  Guérin  et  Michel  Bothereau  ;  £s* 
penilles,  Benott  do  La  Roche^  anc;  Dangean, 
J,  Allix  et  Matth.  Chevillard  ;  Lorges,  S.  d# 
Chambaran^  élu  Tice-présidenl,  et  J.  Chevalier; 
Bazocbes,  Jérôme  Belon^  ministre. 

(1)  François  Oiseau  aiait  écrit  contre  Bour- 
guignon un  livre  qui  ne  nous  est  connu  que  par 
la  réplique  d'un  ami  do  cet  apostat,  sous  ce  titre: 
Response  au  libelle  diffamatoire  de  François  Oy- 
seau,  apostat  contre  toutes  les  religions  (Paris, 
1617,  in-8o). 


OIS 


—  43  - 


OIS 


«CBL-THOMàS^  Dé  le  29  OCt.   1671^  et 

mourut  a\ant  la  révocation.  Sa  veuve 
passa  dans  les  pays  étrangers^  aban* 
donnant  une  fortune  considérable 
(Arch.  gén.  E.  3373). 

OISÉL  (Jacques)  y  manufacturier 
établi  en  Hollande^  qui  descendait, 
dit-on^  de  l'illustre  famille  des  Loi^ 
sel  (1),  était  sorti  de  France  à  l'épo* 
que  de  la  Saint-Barthélémy^  et  s'était 
réfugjé  en  Flandre^  oii  ii  avait  acquis 
une  grande  fortune  dans  le  commerce. 
Les  atroces  cruautés  exercées  par  le 
duc  d'Albe  sur  les  Protestants  des 
Pays-Bas,  l'obligèrent  à  s'enfuir  à 
Leyde,  où  il  fonda  une  manufacture 
de  drap.  Ce  fut  sans  doute  après  sa 
mort  que  son  flls  Philippe,  à  qui  il 
avait  donné  une  excellente  éducation, 
alla  s'établir  à  Dantzig,  où  il  épousa 
Marie  Le  Noir.  De  ce  mariage  naqui- 
rent deux  enfants,  Jacques  et  Michel. 

I.  Né  à  Dantzig,  le  4  mai  1631, 
Jacques  Oisel,  dont  on  trouve  le  nom 
écrit  quelquefois  Loisel  et  plus  sou- 
vent Ousel  ou  Ouzel,  fut  envoyé  par 
ses  parents  en  Hollande  pour  y  appren- 
dre le  commerce.  Ses  goûts  ne  le  por- 
tant nullement  vers  cette  carrière,  il  fi- 
nit par  obtenir,  en  1 650,  la  permission 
de  suivre  les  cours  de  l'université  de 
Leyde.  11  fit  de  si  rapides  progrès  dans 
les  langues  anciennes,  Tbistoire  et  l'ar- 
chéologie, qu'à  l'âge  de  21  ans,  il  mit 
an  jour  une  fort  bonne  édition  de  Mi- 
nutins  Félix.  11  partit  ensuite  pour 
Utrecht,  où  il  commença  des  éludes  en 
droit  qu'il  acheva  à  Leyde.  Après 
avoir  pris,  en  1654,  le  grade  de  doc- 
teur, 11  voyagea,  pendant  deux  ans  en- 
viron^ en  Angleterre  et  en  France.  De 
retour  en  Hollande  en  1657,  il  vécut 
à  Leyde,  à  La  Haye  ou  à  Utrecht,  s'oc- 
cupant  de  travaux  littéraires,  —  entre 
autres,  d'une  édition  des  Institutions 
de  Catus,  pour  laquelle  il  pilla  sans 
scrupule  Jérôme  Aleander,  — jusqu'en 

(1)  Une  branche  de  celte  famille,  habitant  la 
France,  professa  aussi  le  protestantisme.  £d  1643, 
Michel  Loiielf  Qls  de  Marin  Loitel,  siear  Je 
La-Groii,  époasa  à  Charenton  Ann*  de  Cam- 
pion,  fille  de  J«an^  sieur  de  La  Ferronnière,  et  de 
Marguerite  Mancel. 


1667,  qu'il  tai  appelé  à  remplir  la 
chaire  du  droit  public  et  des  gens  à 
l'université  de  Groningue.  11  mourut 
d'hydropisie,  le  20  Juin  1686,  sans 
avoir  été  marié,  laissant  la  réputation 
d'un  homme  instruit,  mais  d'un  insi- 
gne plagiaire.  On  a  de  lui  ; 

I.  M.  Minuta  Felids  Ootavius, 
cum  integris  omnium  notis  et  com'» 
mentariiSf  novâque  recensione  J.  Ou* 
zelif  cujus  et  aceedunt  animadver' 
siones,  Accedit  prœterea  liber  JuUi 
Firmici  Matemi  De  errore  profana* 
rum  religionum,  Lugd.  Bat.,  1652, 
ln-4<>;  1672,  in-S*. 

II.  Disp,  inauguralis  de  obligation 
ne,  Lugd.  Bat.,  J  654,  in-40. 

m.  Caii ,  antiquissimi  juriscor^ 
sultiy  Imttiiutionum  fragmenta,  cum 
notis  perpetuis,  Accedit  insuper  Ania- 
ni  Epiiome,  Lugd.  Bat.,  1658,  8«. 

lY.  /.  A  .-Gellii  Nootes  atticœ,  cum 
Ant,  Thysii,  Ouzelietfariorumcom- 
mentariis,  Lugd.  Bat.,  1666,  in-8«. 

y.  Thésaurus  selectorum  numisma^ 
tum  antiquorum  à  Julio  Ccesare  ad 
Constantinum  Magnum,  Amst.  ,1677, 
2  vol.  in-4«.  —  Ouvrage  recherché, 
quoiqu'il  ne  soit,  au  fond,  qu'un  ex- 
trait de  celui  de  Joachim  Oudaan,  dont 
les  planches  ont  servi. 

VI.  Oratio  funebris  in  decessum 
Jac,  Altingii,  Gron.,  1680,  in-4». 

II.  Michel  Oisel  épousa  Esther  de 
Huysteen  et  en  eut  un  flls ,  nommé 
Philippk,  qu'il  laissa  de  bonne  heure 
orphelin.  Né  le  7  oct.  1671,  le  Jeune 
Oisel  fit  ses  humanités  à  Dantzig,  sa 
ville  natale,  et  sa  philosophleà  Brème  ; 
puis,  en  1691,  il  fut  envoyé  en  Hol- 
lande, où  il  suivit  avec  succès  les 
cours  des  universités  de  Groningue, 
de  Franeker  et  de  Leyde.  Ses  progrès 
furent  rapides,  surtout  dans  la  théo- 
logie et  la  critique  sacrée.  En  1697« 
il  fit  un  voyage  en  Angleterre  dans  la 
but  d'y  visiter  les  bibliothèques,  et 
après  y  avoir  passé  quelques  mois,  H 
retourna  à  Dantzig.  Ne  trouvant  point 
à  s'employer,  il  se  décida,  en  1706, 
à  étudier  la  médecine,  sans  abandon- 
ner toutefois  la  théologie,  et,  dans 


OLH 


—  44  — 


OLI 


cette  intention^  il  alla  de  nouveaa  en 
Hollande^  où  il  prit^  en  1709^  le 
bonnet  de  docteur  dans  l'aniverslté 
de  FranelLer.  Ce  ne  fut  pourtant  qu'en 
1711  qu'il  parvint  à  obtenir  une 
place;  il  fut  nommé  pasteur  de  l'é- 
glise allemande  deLeyde.  En  I7l7y0n 
lui  offrit  le  double  emploi  de  profes- 
seur de  théologie  et  de  pasteur  à  Franc- 
fort-sur-l'Oder; il  l'accepta^  après 
avoir  pris  le  titre  de  docteur  en  ftéo- 
logie  à  Leyde;  mais  la  prédication  usa 
promptement  ses  forces.  Il  mourut  le 
1 2  avril  1 724.  On  ne  nous  apprend  pas 
s'il  laissa  des  enfants  de  sa  femme 
Anne-Christine  Ring,  On  lui  doit  quel- 
ques dissertations  qui  sont  autant  de 
preuves  de  ses  profondes  connaissan- 
ces dans  la  littérature  orientale. 

I.  Disp.  inauguralis  de  leprd  cutis 
Ebrœorum,  Franeq.,  1709.  in-i»; 
réimp.  dans  le  Comentat.  de  leprâ^  de 
Schilling  (Lugd.  Bat.,  1778,  in-S"*). 

II.  Jntroductio  in  accentuationem 
Hebrceorum  metricam,  Lugd.  Bat., 
171 4,  in-4<». 

m.  Introd,  in  accentuationem  He- 
brœorum  prosaïcam ,  Ibid.,  1715, 
in-4*.  —  Oisel  défend  Tantiquité  des 
points-voyelles  et  des  accents. 

IV.  De  nominibus  Decalogi,  Ibid., 
1717,  in-40. 

V.  De  auctùre  Decalogi  dissert.  II, 
Francof.  ad  Viadr.,  1717-18,  in-4«. 

YI.  De  Decalogo  soli  Israéli  dato 
dissert.  III,  Ibid.,  1719,  in-4». 

VU.  De  denario  regni  cœlorum, 
seu  Parabola  Matth,  XX,  1-16  dis- 
sert.  II,  Ibid.,  1720-23,  in-40. 

VIII.  De  nâturâ  Decalogi  disser- 
tât. II,  Ibid.,  1723,  in-40. 

IX.  Encomium  tacitumitatis,  vi- 
tuperium  hquacitatis,  msc.  conservé 
au  British  Muséum,  selon  Watt. 

OLHAGARAY  (Pierre),  fils  ù'Ol- 
hagaray,  pasteur  à  Belloc,  exerçait 
lui-même  les  fonctions  pastorales  à 
Mazères,  lorsque  Henri  IV  lui  accorda 
le  titre  de  son  historiographe,  en  1 605. 
C'est  en  cette  qualité  qu'Olhagaray 
publia  son  Histoire  des  comtés  de  Foix, 
Béarn  et  Navarre,  diligemment  rc- 


cueillie  tant  des  précédens  historiens 
que  des  archives  desdites  maisons, 
Paris,  1609,  in-40,  ou  il  se  plut  à 
étaler  une  érudition  fort  grande,  mais 
du  plus  mauvais  goût,  dans  le  style 
le  plus  pédantesque.  Qu'on  en  juge 
par  le  début  de  sa  Dédicace  au  roi  : 
«  Voicy  un  tableau  de  vos  ayeuls,  qui, 
comme  pères  de  vos  sacrez  fleurons, 
de  leur  basylique  des  Pyrenes,  vous 
viennent  saluer  en  corps.  Ce  miroir 
qui,  par  sa  reflexion,  esclaire  tout  l'u- 
nivers enrichy  de  toute  sorte  de  pier- 
reries, pendant  sur  la  poictrine  d'Eu- 
terpe,  flUe  naturelle  de  vostre  Hélicon, 
est  l'essieu  du  chariot  appelle  l'hys- 
toire,  laquelle  ces  fllles  de  hauts  lieux 
vont  traîner  Jusqu'à  vous  pour  l'immo- 
ler à  vos  pieds.  »  Le  seul  bien  que 
l'on  puisse  dire.de  son  ouvrage,  c'est 
qu'on  y  trouve  de  précieux  renseigne- 
ments. Il  avait  le  projet  d'écrire  une 
histoire  détaillée  de  la  Navarre,  mais 
il  ne  l'a  pas  exécuté.  On  ne  sait  d'ail- 
leurs rien  de  sa  vie;  on  ignore  même 
la  date  de  sa  mort.  11  est  possible  que 
Bertrand  d'Olhagaray,  professeur  de 
philosophie  à  Die  en  1 664,  soit  son  fils. 
OLIVÉTAN  (Pierre-Rorert),  un 
des  premiers  traducteurs  de  la  Bible 
en  langue  française,  naquit  à  Noyon, 
d'une  famille  alliée  à  celle  de  Calvin, 
et  non  pas  dans  les  Vallées  du  Piémont, 
comme  Ancillon  le  dit  dans  ses  Mé- 
langes (1).  Sa  vie  est  peu  connue.  On 
sait  qu'en  1533,  il  remplissait  à  Ge- 
nève l'emploi  de  précepteur  dans  la 
maison  de  Jean  Chantemps,  et  qu'i 
cherchait  à  y  répandre  les  doctrines 
évangéliques  avec  un  zèle  parfois  in- 
considéré. Un  jour,  entre  autres,  qu'il 
assistait  au  prône,  il  osa  interrompre  le 
prédicateur  dans  ses  violentes  déclama- 
tions contre  les  Luthériens,  et  son  au- 
dace faillit  lui  coûter  la  vie.  Ses  amis 
parvinrent  à  le  soustraire  aux  fureurs 
de  la  populace,  en  le  faisant  évader; 
mais  le  Conseil  le  bannit  du  terri- 
toire de  Genève.  Il  se  retira  dans 

(1)  Selon  La  Monnoye,  son  TériUble  noin]de 
faiiiille  était  Olivéteau^  qa'il  traduisit  par  Oliveta- 
nviy  d'où  l'on  a  fait  Oiivétan. 


ou 


—  45  — 


OLI 


pays  de  Neacbâtel,  oh  il  s'occupa 
d'une  traduction  de  la  Bible^  proba- 
blement à  la  sollicitation  de  Farel, 
qvâ,  dès  Tépoque  de  son  voyage  dans 
les  Vallées  dn  Piémont,  avait  témoi- 
gné le  vif  désir ,  en  contemplant  avec 
vénération  les  manuscrits  du  V.  et  du 
N.  T.  en  langue  vulgaire  que  les  Vau- 
dois  possédaient,  a  qu'on  en  fit  une 
traduction  générale  en  français,  revue 
à  mesure  sur  les  textes  originaux  et 
imprimée  en  abondance.  9  Olivétan, 
qui  savait  moins  bien  l'bébreu  que 
Bèze  ne  l'affirme,  qui  n'était  que  mé- 
diocrement versé  dans  le  grec,  et  n'é- 
tait même  pas  très-fort  en  latin,  n'au- 
rait pas  été  à  la  hauteur  de  la  tâche, 
s'il  n'avait  eu  heureusement  pour  guide 
la  traduction  de  Lefèvre  d'Etaples, 
qui  venait  d'être  imprimée  à  Anvers. 
Qu'il  Tait  prise  pour  base  de  son  tra- 
vail, c'est  évident;  mais  qu'il  Tait 
suivie  servilement,  en  se  bornant 
à  remplacer  de  temps  en  temps  un 
mot  par  un  mot  synonyme  qui  lui 
semblait  plus  exact,  ceux  qui  l'en 
accusent,  tombent  dans  l'exagération; 
car  il  est  facile  de  voir  qu'il  a  comparé 
la  Bible  d'Anvers  avec  le  texte  hébreu 
et  les  Septante ,  d'après  lesquels  il  in- 
terprète certains  passages  d'une  ma- 
nière très-différente.  On  doit  recon- 
naître aussi  qu'il  donne  dans  sa  préface 
de  fort  bonnes  règles  d'herméneutique, 
et  Richard  Simon,  qui  se  montre  in- 
juste envers  lui,  ne  peut  se  dispenser 
de  rendre  justice  à  sa  bonne  foi.  On  ne 
doit  pas  oublier  d'ailleurs  que,  pressé 
par  les  circonstances,  Olivétanne  mit 
qu'un  an  à  ce  grand  travail,  qui  ne 
doit  donc  être  considéré  que  comme 
une  ébauche. 

La  Bible  d'Olivétan,  qui  fut  im- 
primée aux  frais  des  Vaudois,  sur  la 
copie,  dit-on,  que  Bonaventure  Des 
Périers  avait  écrite  de  sa  main,  leur 
coûta  1,500  écus  d'or;  et  pourtant  ce 
n'est  pas  un  chef-d'œuvre  de  typogra- 
phie. En  voici  le  titre  :  La  Bible  qui 
est  toute  la  saincte  escripture  en  la- 
quelle sont  contenus  le  vieil  Testament 
et  le  nouveau  translatez  en  françoys. 


Le  vieil  de  Lebrieu  :  et  le  nouveau  du 
grec,  Neufchâtel,  Pierre  de  Wiugle,  dict 
Pirot  Picard,  1535,  in-fol.  Ce  vol., 
non  paginé,  contient  environ  2000 
pages,  sans  les  pièces  liminaires,  com- 
prenant uneEpître  latine  de  Calvin  aux 
empereurs,  rois,  princes  et  peuples 
soumis  à  l'empire  de  Christ,  la  Dédi- 
cace d'Olivétan ,  l'humble  et  petit  trans- 
lateur, à  TËglise  de  J.-Ch.,  unOi^po^o- 
gie  du  translateur,  et  une  EpHre  au 
peuple  de  l'alliance  de  Sinaï;  et  sans 
compter  non  plus  une  Table  :  interpré- 
tation des  noms  hébreux,  chaldéens, 
grecs  et  latins,  ni  un  Indice  des  prin- 
cipales matières  contenues  en  la  sainte 
Bible. 

Après  avoir  terminé  'son  travail, 
Olivétan  se  rendit  en  Italie  en  passant 
par  les  Vallées  du  Piémont.  On  affirme 
qu'il  visita  Rome  et  qu'il  y  fut  em- 
poisonné. Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il 
ne  vécut  pas  longtemps  après  son  ar- 
rivée dans  la  péninsule.  Il  mourut  à 
Fenrare,  en  1538. 

OLIVIER  (Jban),  quatrième  fils  de 
Jacques  Olivier,  sieur  de  Leuville, 
premier  président  au  parlement  de 
Paris,  prit,  jeune  encore,  l'habit  reli- 
gieux, dans  un  couvent  de  Bénédic- 
tins, en  Poitou,  qu'il  quitta  pour  pas- 
ser dans  l'abbaye  de  Saint-Denis ,  oii 
il  remplit  pendant  quelque  temps  les 
fonctions  d'aumônier  et  de  vicaire-g^ 
néral.  Ëlu  abbé,  il  renonça  à  cette  di- 
gnité en  faveur  du  cardinal  de  Bour- 
bon, et  François  I«',  pour  le  récom- 
penser de  sa  déférence  à  sa  volonté, 
lui  donna  l'abbaye  de  Saint-Médard  de 
Soissons,  qu'il  permuta  avec  l'évéché 
d'Angers,  en  1532.  «Olivier,  lit-on 
dans  la  Biographie  universelle,  devini 
l'exemple  du  haut  clergé  par  sa  rési- 
dence rigoureuse,  par  son  application 
à  l'étude  de  l'Écriture,  par  l'assiduité 
de  ses  visites  pastorales  et  par  l'au- 
torité de  ses  prédications.  »  Son  con- 
temporain, le  poëte  Nicolas  Bourbon, 
a  fait  de  lui  cet  éloge  : 

£it  aliqaid  in  te  praRtantios  omnibas  aniiiD, 
Nempe  animas  rerA  religione  pius. 

Boctrinain  taceo,  qum  sanmaoi  et  pnesale  dignun, 
laUt  pwUieei  taaporia  hvju  liibit. 


OLI 


-  46  — 


OLI 


Olivier  cultivait  lui-même  les  muses 
latines;  Sainte-Marthe  le  qualifie  de 
magni  nominis  poëta,  CMitre  une  Odé 
adressée  à  Salmon  Macrin  et  une  Epi- 
taphe  de  Louis  XII,  on  a  de  lui  un 
poéme^  fort  goûté  dans  le  temps^  qui 
a  été  Imprimé  sous  ce  litre  :  Pandora 
Jani  Oliterii,  Paris,  1542,  In- 12,- 
Reims,  i6l8,ln-8%ettrad.  en  franc, 
en  1542.  Il  mourut, le  I2avr.  1540, 
vivement  regretté  de  ses  diocésains, 
dont  il  avait  gagné  les  cœurs  par  sa 
piété,  sa  douceur  et  sa  sagesse.  Il  fut 
inhumé  dans  la  cathédrale  d'Angers. 
Voici  répilaphe,  composée  par  lui- 
même,  qui  se  lisait  sur  son  tombeau  : 

Jnvs  OIlTerins  jaeeo  hîc  marmore  dura, 
btins  Kdis  eram  prssol  et  immeritai. 
FsccaTl,  fateorl  qaisenim  offendisse  negaTît  ? 
Al  teDfa  in  Ghiisto  spes  mihi  firma  fait, 
Qai  nostnim  gratis  aspersll  morte  reatnm. 
Et  iio#  non  nostria  justificat  mentis. 

Cette  épitaphe  suffit  pour  prouver 
que  Jean  Olivier  était  sectateur  des 
opinions  nouvelles,  et  les  règlements 
qu'il  fit  pour  la  correction  des  mœurs 
de  son  clergé,  règlements  qui  ont  été 
Insérés  dans  le  recueil  des  statuts  du 
diocèse  d'Angers,  ne  peuvent  laisser 
aucun  doute  sur  ses  sentiments  rela- 
tivement à  la  nécessité  de  la  Réforme. 
Aussi  Grespin,  qui  l'appelle  homme  de 
bon  savoir  et  de  gentil  esprit,  nous  ap- 
prend-il qu'il  favorisa  la  prédfcation 
de  l'Évangile  dans  sa  ville  épiscopale, 
oh  se  fonda  une  des  plus  anciennes 
églises  protestantes  de  France. 

Deux  neveux  de  notre  pieux  prélat 
8ê  montrèrent  comme  lui  favorables 
msx  doctrines  évangéllques.  L'un  d'eux, 
Antoine  Olivier  y  évèque  de  Lombez  et 
abbé  de  La  Valasse,  en  Normandie, 
embrassa  même  ouvertement  la  reli- 
gion réformée.  Il  accompagna  Renée 
de  France  à  Ferrare,  et  la  suivit  plus 
tard  à  Montargis,  où  il  fit  son  testa- 
ment, le  28  mai  J571.  L'autre,  le 
célèbre  chancelier  François  OUvier, 
ne  se  prononça  pas  aussi  franchement, 
mais  le  témoignage  de  l'historien  de 
Thou  nous  autorise  à  le  compter  au 
moins  parmi  les  partisans  secrets  de  la 


Réformation,  et  à  lui  donner,  en  cette 
qualité,  une  courte  notice  dans  notre 
ouvrage.  Nous  nous  bornerons  d'ail- 
leurs à  rapporter  les  principales  cir- 
constances de  sa  vie. 

Né  à  Paris,  en  1497,  de  Jacques 
Olivier,  sieur  de  Leuville,  frère  atné 
del'évéque  d'Angers,  François  Olivier 
s'éleva  par  son  mérite  à  la  plus  haute 
dignité  de  la  magislrature.  Sans  au- 
cun doute,  il  puisa  son  penchant  pour 
la  Réforme  à  la  cour  de  Marguerite , 
reine  de  Navarre,  dont  il  fut  chance- 
lier pour  son  duché  d'Alençon.  C'est 
par  la  protection  de  cette  aimable 
princesse  qu'il  fut  pourvu,  en  i543 , 
de  la  charge  de  président  au  parlement 
de  Paris,  charge  qu'il  méritait  d'ail- 
leurs par  ses  services  dans  diverses 
ambassades  considérables,  non  moins 
que  par  ses  vertus.  Dans  cette  place 
importante,  Olivier  se  montra  magis- 
trat habile,  docte,  intègre.  Judicieux, 
éloquent.  En  1545,  François  I«r  lui 
confia  les  sceaux  de  l'État  ;  mais  il  ne 
les  conserva  pas  longtemps.  Sa  résis- 
tance inflexible  aux  prodigalités  de  la 
Cour  irrita  la  trop  fameuse  Diane  de 
Poitiers,  et  ses  ennemis,  prenant  oc- 
casion d'une  fluxion  qui  lui  était  tom- 
bée sur  les  yeux,  le  forcèrent  en  quel- 
que sorte  à  donner  sa  démission,  en 
1550.  Il  se  retira  dans  sa  terre  de 
Leuville,  près  de  Hontlhéry,  où  il  vé- 
cut, loin  du  soin  des  affaires,  jusqu'en 
1559,  que,  rappelé  à  la  Cour  par 
François  II ,  il  consentit  à  reprendre 
les  sceaux,  dans  l'espoir,  dit-on,  de 
modérer  les  persécutions  religieuses. 
Si  tel  était  son  but,  il  se  lassa  bien- 
tôt de  le  poursuivre.  Dominé  par  le 
cardinal  de  Lorraine,  il  se  fit  le  ser- 
vile  instrument  des  actes  les  plus  il- 
légaux et  les  plus  tyranniques  des 
Guise.  Après  les  atroces  exécutions 
qui  suivirent  la  découverte  de  la  con- 
spiration d'Amboise ,  sa  conscience 
se  réveilla  (Voy,  I,  p.  272)  et  ses  re- 
mords le  plongèrent  dans  une  sombre 
mélancolie,  qui  le  condui^^lt  au  tom- 
beau, le  30  mars  1 560.  De  son  mariage 
avec  Antoinette  de  Cerisay  naquirent 


OLI 


—  47  — 


OLI 


cinq  enfants^  dont  deux  filles,  Jbaniix 
et  Madblaine^  qui  épousèrent  des  hu- 
guenots. 

OLIVIER  (Jorbàin),  ministre  de 
Pau,  <K  honnête  homme,  bon  chrétien 
et  fidèle  pasteur  »  ,  au  témoignage  de 
Benoit,  gémissait  depuis  longtemps  en 
prison,  ainsi  que  son  collègue  Daneau, 
lorsque  les  protestants  de  Pau,  ou  plu- 
tôt quelques-uns  d'entre  eux ,  qui 
étaient  disposés  à  se  convertir,  firent 
de  sa  mise  en  liberté  la  condition  de 
leur  abjuration  (1).  Le  traité  fut  ac- 
cepté par  i'évèque,  en  sorte  que  les 
deux  ministres  sortirent  de  leurs  ca- 
chots, mais  ils  furent  condamnés  à  un 
bannissement  de  cinq  ans  {Arch,  gén., 
Tt.  257).  On  ne  nous  apprend  pas 
de  quel  crime  ils  s'étaient  rendus  cou- 
pables ;  cependant  on  ne  risque  guère 
de  se  tromper  en  affirmant  qu'il  s'a- 
gissait encore  de  relaps  admis  dans 
le  temple  de  Pau.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Olivier  se  hâta  de  quitter  le  royaume 
et  se  retira  en  Hollande,  où  il  fut  placé 
comme  prédicateur  dans  l'église  wal- 
lonne de  Breda,  puis  dans  celle  de  La 
Haye,  où  il  mourut  en  1709.  Il  a  pu- 
blié Leçons  chrétiennes  d'un  père  à 
ses  enfaniSy  où  Von  établit  les  princi- 
pales vérités  de  la  religion  chrétienne, 
et  où  Von  explique  les  principaux 
devoirs,  La  Haye,  1706,  2  part.  in-s». 
Dans  la  première  partie,  l'auteur  éta- 
blit non  par  des  preuves  philosophi- 
ques, mais  par  des  arguments  à  la 
port^  des  jeunes  intelligences  aux- 
quelles il  s'adresse,  qu'il  y  a  une  re- 
ligion naturelle  et  une  religion  révé- 

(1)  L'«cte  de  leur  abjuration,  qui  a  été  publié 
dans  le  Mercure  galant  d'août  1685,  en  une 
pièce  carieoie.  lit  y  déclarent  que  l'obéissance 
aux  ordres  de  S.  M.  et  la  reconnaissance  qu'ils 
ont  de  ses  soins  paternels  ont  très-utilement  servi 
à  leur  détermination,  à  laquelle  n'ont  pas  pea 
coatribfié  aussi  les  sages  sollicitations  de  l'in- 
tendant Foucault.  Celle  pièce  est  signée  par  Ft- 
«teri,  député,  Faget,  arocat  et  doyen,  Laine , 
GruyeTf  DagoueiXf  Lanière,  Blair,  Périer, 
Jfîsfo»,  Coêêù,  tons  avocats,  Remy  Vignot,  Ca- 
tauhon,  médecin;  Mayoran^  De  Pertes,  Coie- 
nate,  Boitiwr,  Dufaur,  praticien,  Dargent,  La^ 
«Krr,  Du  Bote,  Dufau,  Dandoint,  Forgutt^ 
Touya,  chirurgien,  Ferrai»,  Bonnefont,  Craiey, 
Dabbadie,  Bat$aU,  Cauagne,  Lottau,  Souviran. 


lée,  et  que  celle-ci  n'est  pas  la  religion 
catholique  romaine.  Dans  la  2*  partie^ 
il  expose  les  principaux  devoirs  de  la 
Jeunesse,  qu'il  fait  consister  dans  la 
lecture  de  TÊcriture  Sainte,  l'amour  de 
Dieu,  la  prière,  l'amour  du  prochain, 
la  haine  de  soi-même,  le  bon  usage 
des  afiliclions,  la  fuite  des  louanges 
et  des  mauvais  exemples,  la  force,  un 
zèle  réglé ,  une  bonne  conscience ,  la 
repentance,  la  méditation  de  la  mort. 
Plusieurs  autres  pasteurs  du  nom 
d'Olivier  nous  sont  connus ,  mais 
comme  aucun  d'eux  n'a  joué  un  rôle 
un  peu  considérable  dans  les  affaires 
des  églises  ou  ne  mérite  une  mention 
particulière  par  quelque  publication, 
nous  nous  contenterons  de  les  citer  lors- 
que l'occasion  s'en  présentera.  Nous 
ajouterons  seulement  ici  que ,  selon 
l'Histoire  de  Libourne,  lenom  d'Olivier 
était  le  nom  de  guerre  que  le  pasteur 
du  désert  Jean-Baptiste  Loire  por- 
tait en  1745.  On  sait  par  l'Histoire 
des  églises  du  désert,  que  Loire  avait 
fait  ses  études  à  Lausanne,  et  qu'après 
y  avoir  reçu  l'imposition  des  mains j 
il  avait  exercé  successivement  le  mi- 
nistère sous  la  croix  dans  le  Poitou  et 
la  Guienne;  mais  ce  que  Ch.  Coquerel 
ne  dit  pas,  c'est  que  c'est  Loire  qui 
tint,  le  21  fév.  1745,  dans  la  plaine 
de  Fougua,  près  de  Sainte-Foy,  la 
fameuse  assemblée  au  sqjet  de  laquelle 
l'historien  adresse  à  l'intendant  de 
Tourny  des  éloges  qui  ne  sont  mérités 
qu'en  partie.  Il  est  bien  vrai  que  l'in- 
tendant n'appliqua  pas  à  la  rigueur 
les  ordonnances;  qu'il  se  contenta 
d'admonester  sévèrement  DuMarchet, 
Dupuy-Lagarde,  BricJieau  de  Credy, 
Rivoire-Yot,  La  Terrasse,  Lajunies- 
Jamac,  Meymat,  Maumont  et  la  de- 
moiselle Lacan,  c'est-à-dire  les  plus 
apparents  parmi  ceux  qui  avaient 
assisté  à  l'assemblée;  mais,  en  agis- 
sant ainsi,  il  ne  fit  que  se  conformer 
aux  ordres  du  secrétaire  d'État,  qui 
craignait  de  compromettre  l'autorité 
royale,  et  sa  prétendue  modération  ne 
l'empêcha  pas  de  pimir  par  des  loge- 
ments militaires  les  Protestants  de  Ber- 


OLI 


—  48  - 


OLL 


gerac^  Issigcac^  Aymet^  Daras^Gensac 
et  Castillon.  Seloù  une  note  que  nous 
devons  à  l'obligeance  de  M.  Arrhèn^ 
Loire  desservit  plus  tard  diverses  égli- 
ses de  la  Belgique  et  mourut  en  1794. 
OLIVIER-DESMONT  (Jacques), 
né  à  Durfort,  le  3i  janv.  1 744,  étudia 
la  théologie  à  Lausanne,  et  exerça  suc- 
cessivement les  fonctions  du  ministère 
sacré  à  Yalleraugues,  à  Anduze  et  à 
Bordeaux.  En  1802,  il  fut  appelé  à 
Nismes  comme  successeur  de  David 
Roux,  et  il  desservait  encore  cette  im- 
portante église  lors  des  massacres  de 

1815. 

Comme  dans  presque  toutela  France, 
la  chute  de  Napoléon  fut  accueillieà  Nis- 
mes  &ans  regret,sinon  avec  satisfaction, 
et  la  promulgation  delà  Charte consti- 
totionnelle  dissipa,  du  moins  en  partie, 
les  craintes  que  les  Nismois  auraient 
pu  concevoir  du  retour  des  descendants 
de  Louis  XIY  et  de  Louis  XY.  Sur  la 
demande  du  commissaire  du  roi,  le 
consistoire ,  bien  qu'il  eût  la  loi  pour 
lui,  n'apporta  aucune  entrave  au  réta- 
blissement du  culte  extérieur  du  catho- 
licisme; 11  se  contenta  de  demander 
qu'on  n'obligeât  pas  les  Protestants 
à  des  actes  qui  blessaient  leur  con- 
science. Le  clergé  catholique  donna 
on  exemple  tout  contraire  :  il  ne  laissa 
^happer  aucune  occasion  de  raviver 
des  haines  mal  éteintes.  Le  retour  de 
Napoléon  offrit  un  nouvel  aliment  à 
rirritation  croissante  des  esprits,  et  la 
seconde  restauration  devint  le  signal 
d'une  réaction  sanglante.  Exposés  aux 
injures,  aux  menaces,  aux  voies  de 
fait  des  Catholiques  fanatisés  parleurs 
prètres,lesProtestants  furent  pris  d'une 
grande  crainte  ;  beaucoup  s'enfuirent, 
les  temples  se  fermèrent,  le  consistoire 
se  dispersa.  Leducd'Angoulème,  qui, 
lors  d'une  première  visite  à  Nismes, 
'avait  décoré  Oiivier-Desmont  de  la 
croix  de  la  Légion  d'honneur,  retourna 
dans  cette  ville,  le  5  nov.,  et  chargea 
le  général  Lagarde  de  maintenir  la  tran- 
quillité publique  et  d'assurer  aux  Ré- 
formés le  libre  exercice  de  leur  culte. 
De  concert  avec  le  général,  le  consis- 


toire prit  la  résolution  de  rouvrir  le 
Petit  temple,  le  dimanche  12  nov.,  et 
d'y  célébrer  le  service  divin,  en  évitant 
soigneusement  tout  ce  qui  pourrait 
éveiller  l'attention,  comme  sonnerie 
des  cloches,  jeu  des  orgues,  chant  des 
psaumes.  Il  poussa  même  les  précau- 
tions jusqu'à  avancer  le  service  d'une 
heure.  Néanmoins  le  temple  fut  en- 
vahi, les  fidèles  maltraités,  et  le  géné- 
ral, qui  s'efforçait  de  réprimer  le  dés- 
ordre, tué  d'un  coup  de  pistolet  en 
pleine  poitrine.  Toute  la  journée,  l'é- 
meute régna  en  souveraine  dans  les 
rues.  Le  soir,  la  populace  catholique 
retourna  au  temple,  le.  dévasta  entiè- 
rement, força  le  tronc  des  aumônes, 
déchira  les  livres  des  psaumes.  Infor- 
mé de  ces  excès,  le  duc  d'Angouléme 
retourna  à  Nismes,  manda  auprès  de 
lui  Olivier-Desmontet  Rolland-Lacoste 
et  les  engagea  à  se  concerter  avec  les 
autorités  administratives  sur  les  me- 
sures à  prendre  pour  faire  respecter 
la  liberté  des  cuites  garantie  par  la 
Charte.  La  tranquillité  finit  par  se  ré- 
tablir. Le  19  déc,  sur  l'invitation  du 
maire  et  du  préfet,  le  consistoire  rou- 
vrit le  Petit  temple,  et  depuis  cette 
époque,  la  célébration  du  culte  pro- 
testant n'a  plus  été  interrompue  à 
Nismes. 

En  1824,  Olivier-Desmont,  qui, de- 
puis 1817,  s'était  déjà  déchargé  d'une 
partie  de  ses  fonctions  sur  un  suffra- 
gant,  J,'J.  Gardes,  fut  obligé,  parles 
infirmités  de  la  vieillesse,  de  donner 
sa  démission  de  président  du  consis- 
toire. Il  avait  été  pendant  23  ans  mem- 
bre du  conseil  municipal  de  Nismes  et 
du  conseil  général  du  Gard.  Il  mourut 
à  Nismes,  le  19  juill.  1825,  emportant 
les  regrets  de  tous  ses  concitoyens.  Il 
avait  épousé  une  demoiselle  Pelet,  On 
a  de  lui  : 

I.  Discours  moraux,  1766,  ln-12. 

II.  Réflexions  impartiales  d'un  phi- 
lanthrope sur  la  tolérance,  1 786,  in-8». 

III.  Discours  sur  les  devoirs  des 
pauvres,  relatif  aux  circonstances  ac- 
tuelles, Bordeaux,  1790,  in-S». 

OLLIER  (Pierre),  pasteur  d'An- 


OLU 


—  49  — 


OLU 


nonay.  Ayant  quitté  son  église  sans 
congé  pour  aller  en  desservir  une  au- 
tre dans  les  Cévennes^  le  Synode  na- 
tional de  Gap  lui  ordonna  de  retourner 
dans  le  Vivarais  ;  mais  Ollier  n'en  tint 
compte,  et  quoique  l'ordre  lui  en  eût 
été  réitéré  par  le  Synode  de  La  Ro- 
chelle, il  restaà  Alais,  où  nous  le  trou- 
vons encore  en  1620.  L'église  deMon- 
tauban  le  demanda  pour  pasteur  au 
Synode  national  d'Alais,  sans  pouvoir 
l'obtenir.  Elle  renouvela  plus  tard  sa 
demande  etavec  plus  de  succès,  comme 
nous  l'apprend  un  opuscule,  dont  il  est 
probablement  l'auteur,  et  qui  aété  imp. 
sous  ce  titre  :  Conférence  de  Saint- An- 
tonin  entre  P.  Ollier  y  pasteur  de  Moiv- 
taïUnn^  et  Pascaly  gardien  des  Capu- 
cins,  Montauban,  1624,  in-S^.  Ollier 
vivait  encore  en  1625.  Il  vit  avec  beau- 
coup de  mécontentement  l'entreprise 
de  Soubise,  parce  qu'elle  a  pouvoit 
destoumer  les  desseins  du  roy  en  Ita- 
lie, dont  tous  les  bons  François  dé- 
voient souhaiter  la  continuation;  » 
aussi  s'opposa-t-il  de  tout  son  pouvoir 
aux  partisans  de  Roban.  La  populace, 
irritée  de  son  opposition,  faillit  l'as- 
sassiner. Nous  ignorons  la  date  exacte 
de  la  mort  d'Ollier,  que  le  marquis  de 
La  Case,  dans  son  Verbal  sur  les  af- 
faires de  Montauban  (Fonds  S.  Germ. 
franc.  914.11)  appelle  «un  des  plus 
hommes  de  bien  qu'il  ait  connus.  )>  Il 
ne  figure  plus  sur  la  liste  des  pasteurs 
présentés  an  Synode  de  Castres  en 

1626. 

OUI  Y  (JEA?(),  ou  Olert,  fils  de 
Scmiuel  Olry,  conseiller  du  roi,  et 
û'Anne  Le  Duchat,  veuve  en  premières 
noces  de  Pierre  Bourdon,  était,  en 
1685,  avocat  au  parlement  de  Metz 
et  notaire  royal.  L'édit  révocaloire 
étant  arrivé  à  Metz  le  lundi  22  oct., 
le  parlement  s'empressa  de  l'enre- 
gistrer et  ordonna  la  démolition  du 
temple,  qui  avait  été  déjà  fermé  le 
samedi  précédent.  Olry  ne  s'étant  pas 
empressé  de  renier  sa  religion,  le  pré- 
sident Golbert  le  fit  venir  chez  lui, 
le  l«'nov.,  et  lui  signifia,  de  la  part  du 
roi^  défenaede  continuer  les  fonctions 

T.  Vin. 


de  sa  charge.  Olry  obéit  et  resta  ferme 
dans  sa  foi,  ainsi  que  la  grande  majo- 
rité des  Protestants  de  Metz.  Les  con- 
vertisseurs désappointés  eurent  alors 
recours  à  des  moyens  dont  l'efficacité 
leur  avait  été  démontrée  par  l'expé- 
rience ;  on  fit  venir  des  dragons,  et  le 
Jour  même  de  leur  arrivée,  l'intendant 
convoqua  tous  les  habitants  réformés 
à  l'hôtel-de-ville  pour  leur  déclarer 
que  rintention  du  roi  était  qu'ils  se  fis- 
sent catholiques  à  l'exemple  de  leurs 
frères  de  France.  Un  petit  nombre  seu- 
lement osèrent  refuser  de  signer  l'acte 
d'abjuration  qu'on  leur  présenta,  tant 
la  terreur  inspirée  par  les  mission- 
naires bottés  était  profonde.  De  ces 
zélés  fut  Olry,  qui,  pour  se  soustraire 
aux  mauvais  traitements  de  huit  dra- 
gons enragés  qu'on  logea  chez  lui, 
s'enfuit  avec  sa  famille,  laissant  sa 
maison  au  pouvoir  des  garni saires,  qui 
la  pillèrent  et  la  dévastèrent  entière- 
ment. Il  fallut  bien  pourtant  qu'il  cé- 
dât. Sans  pain,  sans  asile,  ne  pouvant 
sortir  de  la  ville  dont  les  portes 
étaient  gardées  avec  soin,  il  sentit 
qu'il  était  inutile  de  prolonger  une 
lutte  dans  laquelle  il  finirait  nécessai- 
rement par  succomber.  11  se  rendit 
donc  chez  l'évéque  et  signa  ;  puis  il 
se  mit  en  quête  de  sa  famille.  Après 
quatre  jours  de  recherches,  il  trouva  sa 
femme  et  sa  fille  cachées  dans  les  ma- 
sures de  la  citadelle,  et  les  ramena 
dans  son  logis,  où  les  dragons  n'a- 
vaient laissé  que  les  quatre  murs.  Quel- 
ques jours  après ,  menacées  d'être  en- 
fermées dans  des  couvents ,  elles  furent 
l'une  et  l'autre  également  forcées  d'ab- 
jurer. 

Olry  pouvait  donc  espérer  de  vivre 
tranquille  ;  mais  comme  il  remplissait 
assez  mal  ses  nouveaux  devoirs  de  ca- 
tholique, on  jugea  l'exemple  qu'il  don- 
nait très-dangereux,  et  on  résolut  de 
l'éloigner.  Il  fut  arrêté  au  milieu  de 
la  nuit,  le  20  déc.  1687,  et  conduit 
à  la  citadelle,  ainsi  que  MM.de  Main- 
viUierSy  de  Poiedaret  et  de  Roche  fort, 
capitaines  d'infanterie.  Deux  jours 
après,  on  les  transféra  dans  la  cita* 


OLR 


-  50  — 


ONF 


délie  de  Verdnn>  où  ils  trouvèrent  Ta- 
vocat  Charles  Gofjm  et  sa  femroe^  de 
La  Cloche,  de  Failly,  Marc,  Simon  et 
Guerse ,  tous  de  Metz ,  avec  qui ,  à 
la  fin  de  janvier ,  on  les  fil  monter^ 
les  fers  aux  pieds,  dans  des  voitures 
qui  les  transportèrent  à  La  Rochelle, 
où  se  trouvait  alors  Tévèque  de  Poi- 
tiers, ce  prélat  s'étant  chargé  de  les 
convertir.  A  La  Rochelle,  comme  sur 
toute  leur  route,  les  confesseurs  de  la 
foi  protestante  recueillirent  les  mar- 
ques les  moins  équivoques  de  sym- 
pathie. Elles  les  suivirent  jusqu'à  la 
Martinique,  où  ils  furent  finalement 
envoyés,  le  i«r  mars  1688,  après  une 
détention  de  trois  semaines  dans  la 
citadelle  de  rile  de  Rhé,  où  ils  avaient 
été  mis,  l'éloquence  de  Tévèque  n'ayant 
point  ébranlé  leur  foi.  Le  gouverneur 
de  la  Martinique,  touché  de  compas- 
sion, les  laissa  libres.  Rochefort  et 
Poiedaret  en  profitèrent  pour  se  sauver 
à  la  Barbade,  d'où  ils  passèrent  en 
Hollande  (i).  Quelque  temps  après,  le 
30  mai  1688,  Olry,  de  Mainviliiers, 
de  Failly,  de  La  Cloche  et  Guerse 
trouvèrent  les  moyens  de  s'échapper 
à  leur  tour,  et  gagnèrent  Tlle  de  Saint- 
Christophe^  en  sorte  que  des  1  i  trans- 
portés, il  ne  resta  à  la  Martinique  que 
Goffin  et  sa  femme,  qui  refusèrent  de 
suivre  leurs  compagnons  d'infortune, 
avec  Marc  et  Simon,  qui  s'étaient  pla- 
cés dans  des  maisons  de  commerce. 

Olry  et  de  Mainviliiers  ne  tardèrent 
pas  à  quitter  Saint-Christophe,  où  ils 
avaient  été  accueillis  comme  des  frères 
par  un  riche  négociant  du  nom  de 
Papin,  ils  passèrent  dans  l'Ile  de  Saint- 
Eustache,  où  ils  retrouvèrent  quelques 
compatriotes,  entre  autres,  le  pasteur 
Marsal,  de  Metz,  et  Vignon,  secrétaire 
du  gouverneur,  qui  facilitèrent  leur  dé- 
part pour  la  Hollande.  A  Utrecht  et 
à  La  Haye,  Oiry  rencontra  encore 
plusieurs  de  ses  concitoyens,  tels  que 
le  pasteur  Jennet ,  le  marchand  £r- 

(1)  n  paraît  que  Poiedaret  se  retira  plus  Urd 
à  Berlin.  £o  1690,  on  Poyedarh  fut  éla  membre 
dn  coDsislofre  de  cette  Tille  atcc  de  BeaumonL 


nehinyXe  colonel  du  génie  Le  Goutton, 
le  ministre  Du  Vivier;  néanmoins  il 
ne  voulut  point  se  fixer  en  Hollande, 
préférant  aller  s'établir  à  Cassel  au- 
près d'une  de  ses  filles,  mariée,  depuis 
le  1 8  nov.  1 682,  avec  Klaute,  conseil- 
ler de  guerre  du  landgrave,  et  de  son 
cousin  Samuel  Bourdon,  qui  y  jouis- 
sait d'une  haute  considération  et  d'un 
grand  crédit.  En  1698,  il  succéda  à 
Pierre  Fenquières-d* Aubigny ,  qui,  de 
puis  1688,  remplissait  à  Cassel  les 
fonctions  de  commissaire  ou  bailli  de 
la  colonie  fra^içaise,  charge  qui  répon- 
dait à  peu  près  à  celle  de  commissaire 
de  police  et  déjuge  de  paix.  On  ignore 
la  date  de  la  mort  de  notre  confesseur. 

Peu  de  temps  après  son  arrivée  à 
Cassel,  en  1 690,  Olry  y  avait  été  rejoint 
par  la  plus  jeune  de  ses  filles,  qu'il 
avait  confiée  à  une  famille  allemande, 
mais  il  n'^entendit  plus  jamais  parler 
de  sa  femme  ni  de  sa  troisième  fille, 
qui  avaient  aussi  été  enlevées  en  1 687 
et  envoyées  dans  des  couvents  de  la 
Franche- Comté. 

Les  détails  qui  précèdent  sont  tirés 
d'un  petit  livre  très- rare  publié  par 
Olry  après  son  retour  en  Europe,  sous 
ce  litre  :  La  pencécution  de  l'église  de 
Metz  descrite par  le  sieur L  Olry, etc., 
où  l'on  voit  en  même  tems  plttsieurs 
curiositez  que  l'auteur  a  remarquées 
pendant  son  exil  dans  l'Amérique, 
tant  à  l* égard  des  mœurs  et  coutumes 
de  ces  peuples  qu'à  l'égard  des  fruits 
et  autres  raretés,  Hanau,  1690,  in-12, 
pp.  182.  Cet  écrit  n'est  précieux  que 
par  les  faits  qu'il  renferme  sur  la  per- 
sécution de  l'église  de  Metz  et  sur  le 
sort  des  Protestants  transportés  aux 
Antilles. 

Nous  ne  savons  si  deux  juriscon- 
sultes strasbourgeois  du  nom  d'Olry 
étaient  de  la  même  famille  que  notre 
avocat  messin.  L'un,  nommé  Déodat, 
a  publié  :  Analysis  l,  4  C  de  his  qui 
veniam  œtatis  impetr.  et  C  i9  X  de 
jurepatronatûs,  Arg.,  1723;  l'autre, 
appelé  Joseph,  est  auteur  d'une  diss. 
De  mutuo  palliato,  Arg.,  1734. 

ONFROY  (Richàbd),  de  Fresne, 


ORF 


51  - 


OUF 


eollcctear  de  la  taille  en  Normandie, 
confesseur.  Le  7  avr.  169J,  ce  vieil- 
lard septuagénaire  avait  réani  dans 
sa  demeure  au  village  de  La  Queue,  ses 
deux  filles^  nommées  Giletteet  Louise  y 
nec  Gilles  Chrétien  ^  Jérémie   Yver, 
Pierre  Gallier,  Thomas  Sorel,  Adrien 
Guitton,  pour  célébrer  ensemble  le 
culte  domestique.  Malgré  toutes  ses 
précautions^  il  avait  été   dénoncé  à 
l'intendant  Foucault,  qui  le  condamna, 
par  sentence  du  18  déc.,  à  Tamende 
honorable  et  au  gibet  ;  ses  deux  fllles 
àètre  enfermées  dans  l'hôpital  deCaen, 
et  qui  ordonna  un  plus  ample  informé 
contre  les  autres  accusés,  ainsi  que 
contre  Marie  Le  Lièvre^  femme  d'On- 
froy.  Malgré  Topposition  de  l'intendant, 
qui  représentait  au  secrétaire  d'Etat 
le  pauvre  Onfroy  comme  un  religion- 
naire  opiniâtre  et  dangereux,  et  Tac* 
casait    d'avoir     maltraité    l'huissier 
chargé  de  constater  le  crime,  le  juge- 
ment fut  réformé  et  la  peine  de  mort 
commuée  en  celle  des  galères  perpé- 
tuelles, et  comme  Onfroy,  indépen- 
damment de  son  grand  âge,  était  af- 
fligé d^une  flPciatique  et  d'une  hernie 
qui  Tempéchaient  de  marcher,  on  le 
Jugea  hors  d'état  de  servir  S.  M.  sur 
ses  galères,  et  on  prit  le  parti  de  le 
laisser  mourir  en  prison  (Arch.  gén. 
M.  672). 

ORAISON  (André  d'),  seigneur 
de  Cadenet,  Soleillas  et  Boulbon,  et 
évéque  de  Riez  depuis  1576,  aban- 
donna son  siège  épiscopal,  sur  lequel 
fl  eut  pour  successeur  le  fameux  ii- 
gaear  Elzias  de  Rastelis,  pour  em- 
brasser la  religion  protestante  et  se 
Buu1er,en  1585. 

ORFEUILLE  (André  d'),  ou  Or- 
feuil,  sieur  de  Foncaud,  capitaine  de 
eent  hommes  d'armes,  épousa,  en  1 5  7 1 , 
sft  cousine  Isabeau  d*Orfeuilley  qui 
était  veuve  en  1576.  Ses  enfants  fu- 
rent :  PaRRB,  qui  suit,  et  Marc,  gou- 
verneur de  Courtrai,  en  1646,  mort 
sans  postérité.  Pierre,  sieur  de  Fou- 
caiid>  baron  de  Chizé,  capitaine  d'une 
compagnie  de  gens  de  pied,  comman- 
dant à  Chàtellerault  en  l'absence  du 


sieur  de  Boussac  (l),  fut,  selon  le  Dict. 
de  la  Noblesse,  élevé,  en  1 630,  au  grade 
demestre-de-camp.  11  épousa,  en  1595, 
Elisabeth  d'Alhoue,  ûlle  de  Pierre, 
sieur  de  Châteaurouet,  et  d'Anne  de 
Fontlebon.  La  famille  d'Alhoue  pro- 
fessait aussi,  et  même  depuis  long- 
temps, la  religion  réformée;  voici  nos 
preuves.  En  J573,  d'Alhoue,  sieur  de 
La  Thibaudière,  refusa  noblement  d'é- 
couter les  astucieuses  propositions  de 
Biron  (Voy,  V,  p.  499);  c'est  à  tort 
que  les  Mémoires  de  Charles  IX  Tac- 
cusent  de  trahison.  Un  de  ses  descen- 
dants nous  est  connu  par  un  Regis- 
tre de  baptêmes  et  mariages  célébrés 
dans   l'église  de  Chizé  (Arch,   gén. 
Tt.  313);  c'est  Charles   d'Alhoue, 
sieur  de  La   Thibaudière,    qui  eut 
plusieurs  enfants  de  sa  femme  Elisa- 
beth de  Xorigéy  savoir  :  Susanne,  bapt. 
en  1608,  parr.    Lsaac  de  La  Porte, 
sieur  de  FIcurac,  marr.  Christine  de 
La  Paye  ;  Jacques,  bapt.  en  1 6 1  o,  pré- 
senté par  Jacques  de  Saint-GeUus  et 
Anne  Gentil;  Abraham, bSL[i\.  en  \  G\  i  ^ 
qui  eut  pour  parrain  Abraham  Du  Ver- 
gier;  Espérance,  bapt.  en  16i5.  Le 
sieur  de  LaThibaudière  avait  une  sœur 
Anne,  qui  épousa,  en  1615,  Pierre 
Barbariny  sieur  de  Chaubon,  et  lui 
donna  une  fllle,  qui  fut  présentée  an 
baptême  par  Cfuirles  d'Alhoue,  sieur 
des  Ajots^  et  par  Anne  d*  Or  feuille. 
Cette  Anne  d'Orfeuille  était  011e  du  ba- 
ron de  Chizé  et  d'Elisabeth  d'Alhoue; 
elle  devint  la  femme  de  Jacques  Gigou, 
sieur  de  Vèsançay,  Elle  avait  deux 
sœurs  :  Louise,  mariée  à  Jacques  de 
Greaume,  sieur  de  Périgné,etSusANNB, 
épouse  de  Charles  Robert,  sieur  de  Li- 
zardière,  et  un  frère,  François,  sieur 
de  Foncaud,  qui  se  maria,  en  1 634,  avec 
Jacquette  Chapot,  fllle  de  Henri  Cha- 
pot,  sieur  de  La  Brossardière,  et  de 

(1)  D'one  fAmille  égmlement  protesUute.  En 
1686,  M»"  de  Boustac  fut  eofermée  à  la  Bastille 
(Arch.  gen.  £.  3373).  Son  mari,  le  marquis  de 
Boutêae^  colonel  de  dragons,  était  mort  à  Metz, 
en  1688.  PeodaDt  sa  maladie,  on  avait  placé  de«i 
aentioelles  à  sa  porte  avec  ordre  de  ne  laisiier 
entrer  ancoo  ministre.  l\  n'en  mouiut  pas  inoiu» 
prolMtaat. 


OUI 


—  52 


ORV 


Marie  Amault.  De  ce  mariage  naqui- 
rent trois  enfants^  François^  Pierre  et 
Anne.  Nous  n'avons  aucune  preuve 
qu'ils  aient  persisté  dans  la  profession 
de  la  religion  réformée. 

ORIGNY  (Pierre  d')^  sieur  de 
Sainte-Marie-sous-Bonrg ,  poêle  que 
l'abbé  Goujet  qualifle  de  sage  et  ver- 
tueux^ naquit  à  Reims  et  fut  attaché 
vraisemblablement  au  service  de  Fran- 
çois TI^  à  qui  il  a  dédié  le  Temple  de 
Mars  iout-piUssaniy  poëme  allégori- 
que contenant  de  très-bons  conseils  sur 
la  manière  dont  un  Jeune  gentilhomme 
doit  se  conduire  au  milieu  des  dou- 
ceurs de  la  paix  et  des  horreurs  de  la 
guerre.  Le  fragment  suivant^  qui  ex- 
prime une  fort  belle  pensée^  pourra 
donner  une  idée  de  son  génie. 

Gomme  on  n'apperçoit  point,  mais  on  sent  bien 

Zéphire, 
Lorsqn'ès  grandes  chaleurs  doacement  il  respire, 
Ainsi  le  Dien  caché  en  un  coeur  magnanime, 
Ne  se  Toit,  mais  se  sent  à  l'ardeur  qu'il  anime... 
Aussi  ne  demandez  en  quel  temple  il  habile, 
Car  son  temple,  pour  yray,  est  le  cœur  qu'il  incite 
A  Tenger  l'innocent,  l'orphelin,  l'oppressé. 
Quand  en  oppression  Ters  lui  s'est  adressé. 
Ge  cueur,  ce  temple  Tif,  est  l'autel  acceptable 
Et  le  Trai  sanctuaire  ou  ce  Dieu  redoutable 
Reçoit  l'humble  oraison  de  l'affligé  qui  crie,  etc. 

On  voit,  comme  le  fait  remarquer 
Goujet,  que  l'auteur  ne  se  met  nullement 
en  peine  d'observer  l'alternative  des 
rimes  masculines  et  féminines;  cette 
pierre  d'achoppement  ne  s'est  rencon- 
trée sous  le  pied  de  nos  poètes  que  plus 
tard.  Peu  de  temps  après  la  publication 
de  son  poëme ,  qui  parut  à  Reims  en 
1559,  in-8o,d'0rigny,  ayant  embrassé 
la  religion  protestante,  se  retira  avec 
son  père  à  Sedan,  où  il  mourut  en 
1587,  à  l'Age  d'environ  60  ans.  Outre 
son  Temple,  il  a  fait  imp.  un  ouvrage 
en  prose,  dédié  à  Henri  III,  sous  ce 
titre  :  Le  hérault  de  la  ru)blesse  de 
France,  1578,  in-8<»;  nouv.  édition^ 
1579,  in-80. 

Il  parait  qu'il  faut  distinguer  notre 
pocte  d'un  autre  Pierre  d'Origny, 
sieur  de  Gormont,  gentilhomme  pro- 
testant de  la  Champagne,  qui  épousa, 
en  1 560,  Marguerite  Le  Goùr,  et  en 
eut  trois  fils  :  J«  Claude,  qui  suit;— 


2«  Pierre,  3ieur  de  Saint-Rémy,  qui 
ne  laissa  qu'une  fille  nommée  Ak5e  ; 
—  3°  Samson,  sieur  deMeicorcol,  qui 
prit  pour  femme  Camille  Du  Moulin 
et  en  eut  aussi  une  fille. 

Claude,  sieur  de  Cormont,  homme 
d'armes  des  ordonnances ,  épousa,  en 
1599,  Marguerite  Colignon ,  fille  de 
Nicolas,  sieur  de  Chalelte,  et  de  Jeanne 
Preudhomme.  De  ce  mariage  naqui- 
rent deux  filles,  Esther  et  Marie,  et 
un  fils  Christophe,  qui  fut  élevé  page 
de  rélecteur  de  Brandebourg,  et  qui 
servit  plus  tard,  avec  le  grade  de  ca- 
pitaine, dans  le  régiment  de  Gassion, 
Il  se  maria  en  Allemagne^  en  1622, 
avec  Anne- Dorothée  de  Krugen,  qui 
lui  donna  4  enfants,  dont  3,  nommés 
Ferdinand,  Marguerite  et  Marib- 
SiDONiE ,  restèrent  dans  la  pairie  de 
leur  mère.  L'alné,  Claude,  revint  en 
France  et  épousa,  en  1 6i9,  Elisabeth 
d'Anneau,  qu'il  laissa  veuve  avec  on 
fils  unique,  nommé  Samuel.  Dans  une 
liste  de  Réfugiés,  dressée  en  1687 
(Supplém.  franc,  791.2),  nous  lisons 
les  noms  de  d'Origny  et  sa  femme  ;  se- 
rait-il le  même  que  Samuel  d'Origny? 

0RV1LLE(Jean  d'),  né,  le  16  mai 
1 588,  à  Aix  en  Provence,  et  mort,  le 
29  sept.  1660,  à  Hambourg,  où  il  était 
allé  s'établir,  eut  dix  enfants  de  son 
mariage  avec  Barbe  Hertsbecky  qui , 
restée  veuve,  se  retira  à  Amsterdam, 
où  elle  termina  ses  jours,  le  1 5  nov. 
1679.  De  ses  dix  enfants,  un  seul  est 
connu  ;  c'est  Jean,  né  à  Hambourg,  le 
23  août  1659,  qui  acquit  une  grande 
fortune  dans  le  commerce,  et  mourut 
fort  âgé,  le  2  mars  1751  (1).  Il  avait 
épousé  Catherine  Neys,  qui  l'avait 
rendu  père  de  dix  enfants,  entre  autres 
de  Jacques-Philippe  et  de  Pierre.  Ge 
dernier,  qui  avait  pris  le  grade  de 
docteur  en  droit,  quoiqu'il  se  destinât 

(1)  Guillaume  d'OrvUle^  auteur  d'un  Ostaiag 
van  een  vytmundent  kabinet^  Amst.,  16Si; 
17S6,  in>8o,  ne  saurait  être  un  frère  de  ce  né- 
gociant, niAis  peut-être  était-il  son  oncle.  Il  pa- 
rait qu'un  autre  fils  de  Jean  d'Orville  s'établit  à 
Francfort-sur-lo-Mein,  d'où  était  natif /fan-Do- 
niel  i'OrviUe^  immatriculé  à  l'académie  de  G^ 
nèTe,  en  1671. 


ORV 


53  — 


ORV 


à  la  carrière  commerciale,  courtisa 
avec  succès  les  Muses  latines.  Il  mou- 
rut en  1758.  Son  frère  devait  aussi 
eutrer  dans  le  commerce,  mais  les 
pressantes  instances  de  quelques  amis 
décidèrent  à  la  fin  son  père  à  lui  per- 
mettre de  suivre  ses  goûts.  Le  jeune 
d'Orville  s'inscrivit  donc,  en  1715, 
parmi  les  étudiants  de  l'université  de 
Leyde,  où  il  eut  pour  professeurs  des 
savants  du  premier  ordre,  Gronovius, 
Barman,  Heymann,  Schaaf.  Sous  la 
direction  de  Schulting  et  de  Noodt,  il 
s'appliqua  à  Tétude  de  la  jurispru- 
dence, sans  négliger  toutefois  les  lan- 
gues savantes,  et,  le  3  fév.  1721,  il 
prit  le  grade  de  docteur  en  droit.  Il 
se  rendit  ensuite  à  La  Haye  dans  l'in- 
tention de  suivre  le  barreau  ;  mais  il 
ne  tarda  pas  à  se  dégoûter  des  chi- 
canes do  palais.  Depuis  longtemps 
d'ailleurs  il  nourrissait  le  projet  d'un 
grand  voyage  littéraire  dans  les  pays 
les  plus  civilisés  de  l'Europe,  et  il 
était  impatient  de  le  mettre  à  exécu- 
tion. Il  partit  donc  pour  la  France, 
en  1 723^  et  y  passa  plus  d'un  an,  soit 
à  Paris,  à  La  Rochelle,  à  Nantes,  à 
Bordeaux  ou  dans  d'autres  villes  du 
royaume,  fouillant  les  bibliothèques, 
visitant  les  cabinets  d'antiquités  et  de 
médailles,  collationnant  les  manuscrits 
et  relevant  les  différentes  leçons,  des- 
sinant les  monuments  de  l'art  antique, 
nouant  des  liaisons  avec  les  hommes 
les  plus  distingués  dans  les  sciences 
et  dans  les  lettres,  en  un  mot,  ras- 
semblant partout  de  précieux  maté- 
riaux surla  littérature  et  l'histoiredes 
peuples  anciens.  De  retour  à  Amster- 
dam au  mois  d'août  1 724,  il  en  repartit 
bientôt  pour  Londres,  où  son  frère 
JBA5-LÉ0NARD  avait  établi  une  maison 
de  commerce.  En  Angleterre  comme 
en  France,  il  passa  presque  tout  son 
temps  au  milieu  des  livres,  et  se  lia 
avec  des  hommes  célèbres  dans  la 
république  des  lettres.  Il  revint  en 
Hollande  vers  la  fin  de  1725,  et  quel- 
ques mois  après,  il  se  mit  en  route 
pour  l'Italie,  où  il  n'eut  non  plus  qu'à 
se  louer  de  la  courtoisie  des  savants, 


qui,  dans  toutes  les  villesoù  il  s'arrêta, 
excepté  Turin,  se  firent  un  plaisir  de 
lui  faciliter  l'accès  des  bibliothèques 
et  des  musées.  11  retourna  en  Hollande 
par  l'Allemagne.  Son  intention  était  de 
se  retirer  à  la  campagne  pour  mettre 
en  œuvre  les  fruits  précieux  de  ses 
coûteuses  recherches;  mais  les  ma- 
gistrats d'Amsterdam  lui  ayant  offert 
la  chaire  de  professeur  d'histoire, 
d'éloquence  et  de  langue  grecque  dans 
leur  École  illustre ,  il  ne  crut  pas  de- 
voir la  refuser.  Il  en  prit  possession, 
le  22  mai  1730,  par  une  harangue 
De  felici  Mercurii  cum  Musis  contu- 
bemio.  Après  l'avoir  occupée  avec  éclat 
pendant  douze  années,  il  s'en  démit 
volontairement,  ne  se  réservant  que 
le  titre  et  les  honneurs  du  professo- 
rat, puis  il  se  retira  dans  sa  terre  de 
Gronendal,  afin  de  se  livrer  entiè- 
rement à  l'étude   et  travailler  avec 
plus  de  loisir  au  classement  et  à  la 
mise  en  œuvre  des  matériaux  qu'il 
avait  rapportés  de  ses  voyages.  Quoi- 
qu'il jouit  d'une  grande  fortune,  la  ri- 
chesse n'avait  point  étouffé  chez  lui 
l'amour  de  la  science,  et  il  aurait  sans 
aucun  doute  mis  à  exécution  les  pro- 
jets qu'il  avait  conçus,  si  sa  santé, 
fort  chancelante  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  et  la  mort,  qui  l'en- 
leva inopinément  dans  la  nuit  du  13 
au  14  sept.  1751,  le  lui  eussent  per- 
mis. Il  a  laissé  la  réputation  d'un  sa- 
vant profondément  versé  dans  la  cri- 
tique et  la  connaissance  de  l'antiquité, 
d'un  homme  doux,  aimable,  plein  de 
courtoisie  et  d'obligeance.  Les  ouvra- 
ges qu'il  a  publiés  ne  sont  pas  très- 
nombreux  ;  mais  il  serait  difiicile  do 
citer  une  édition  d'un  auteur  grec  ou 
latin,  donnée  de  son  temps,  à  laquelle 
il  n'ait  pris  une  part  considérable  en 
fournissant  libéralement  de  savantes 
notes  et  d'excellentes  variantes  aux 
éditeurs.  Il  avait  épousé,  en  1732, 
Elisabeth- Marie  van  Ryn,  qui  le  laissa 
veuf  en  1737,  après  lui  avoir  donné 
deux  fils  :  Jean,  né  le  7  sept.  1734, 
etN.,mort  âgé  de  quelques  mois.  Voici 
la  liste  de  ses  ouvrages  : 


ORV 


—  5i  - 


OTT 


I.  Disp,  ad  L,  65  c/e  acquit endo 
rerum  dominio,  Lugd.  Bat.,  1721, 
In -40. —  Thèse  pour  le  doctorat. 

II.  Oratio  in  centesimum  natalem 
illustris  Amstelod,  Ath^nœi,  Amst., 
1732,  in-fol.;  réimp.  avec  des  notes 
de  Lennep,  Amst.,  1832,  in  4®. 

III.  MisceUaneœ  Observationes  in 
auctores  veteres  ei  recentiores,  à  Bri' 
tannis  [Jortin]  cœptœ,  in  Batavis 
continuâtes,  cum  nolis  et  auctario  va» 
rioTum  virorum  doctorumy  Lond.  et 
Amst.,  1732-39,  10  vol.  ln-8«». —  Cet 
ouvrage,  d'anc  profonde  érudition  et 
d'une  critique  exacte,  avait  été  com- 
mencé en  Angleterre;  d'Orville  et  Bur- 
man  le  continuèrent  et  ils  ne  restèrent 
pas  au-dessous  des  savants  anglais. 

IV.  Crilica  vannus  in  inanes  J.-C. 
Pavonis  palcas,  Amst.,  1737,  in- S». 

* — Satire  mordante  contre  de  Pauw. 

V.  Miscêllaneœ  Observationes  et 
criticœ  novœ  in  auctores  veteres  ■  et 
recentiores,  in  Beljio  colkctœ  et  pro- 
ditœ,  Amst.,  1740-1751,  12  vol.  in- 
8*.  —  Suite  du  N<»  IIÏ. 

Vï.  Pétri  d'Orville  y  jurisconsulti, 
poemata,  XmsL,  1740,  in-S».  —  Ce 
vol.,  illustré  avec  beaucoup  de  soin, 
n'a  pas  été  mis  dans  le  commerce.  On 
y  trouve  quelques  vers  de  la  façon  de 
Jacques-Philippe  d'Orville,  qui  en  a 
soigné  l'impression. 

VII.  XapCttovoc  Àçpo3iar^o>ç  twv  tapi 
Xatpésv  xat  KaX\{^j)d7)v  ÉpcdTtxcbv  811^- 
fii;iaTcI)v  X&foi.  J.-P.  d'Orville  pubU- 
cavit  y  animadversionesque  adjecity 
Amst.,  1750,  in-4%-  réimp.  par  Beck, 
Lcipz.,  1 783,  in-80. — La  version  latine 
est  de  Reiske. 

VIII.  SiculOy  quibus  Siciliœveteris 
rudera  illustrantur,  Amstel.,  1762- 
1764,  2  vol.  in-fol.  avec  flg.  —  Ou- 
vrage posthume  dont  Burman  acheva 
l'impression. 

On  trouve,  en  outre,  quelques  Let- 
tres de  d'Orville  dans  le  Sylloge  nova 
eplstolarum  varii  argumenli.  Ses  pré- 
cieux manuscrits,  ouvrages  ébauchés, 
notes  recueillies  dans  ses  voyages, 
livres  imprimés,  annotés  de  sa  main, 
se  trouvent  aujoard'bui  à  la  Biblio- 


thèque Bodlélenne.  On  en  a  publié  le 
catalogue  sous  ce  titre  :  Codices  mss. 
et  impressi  cum  notis  mss.«  olim 
Dorvilliani,  qui  in  bibliothecà  Bod- 
leianà  apud  Oxonienses  adservantnr, 
1806,  in-4®. 

OSTERRIED  (Jbàn-Daniel),  né, 
en  1703,  à  Strasbourg,  fit  ses  études 
dans  cette  ville.  Il  s'appliqua  d'abord 
à  la  théologie,  qu'il  quitta  ensuite 
pour  la  Jurisprudence.  Après  avoir  sé- 
journé quelque  temps  à  Leipzig,  à  Wit- 
tenbcrg,  à  Halle ,  où  il  suivit  les  le- 
çons des  professeurs  les  plus  habiles, 
il  revint  dans  sa  ville  natale  et  entra 
comme  précepteur  dans  la  famille  de 
Wurmser.  En  1731,  il  fut  nommé  à  la 
chaire  de  poésie,  qu'il  échangea  bien- 
tôt contre  celle  de  philosophie  morale. 
En  1734,  il  prit  le  grade  de  docteur 
en  droit.  Une  mort  précoce  l'enleva 
le  17  déc.  1742.  Jôcherlui  attribue, 
sans  autre  indication,  Dissert,  de  his 
qui  impediuntur  contrahere  nuptias, 
et  De  concursu  juulicii  petitorii  et 
possessorii. 

OTTO  (Louis-Guillauhe),  habile 
diplomate  qui,  par  bes  services  sous  là 
République  et  l'Empire,  s'est  ac^iuis 
droit  de  cité  parmi  nous,  était  né  à 
Kork  (  1  ),  dans  le  grand-duché  de  Bade, 
en  1 754,  d'une  famille  originaire  de  la 
Hesse(2),  et  mourut  à  Paris  le  9  nov. 

1817. 

L'école  diplomatique  fondée  à  Stras- 
bourg pw  Schœpfliny  et  continuée  avec 
grande  réputation  par  ses  disciples 
Koch  et  Oberlin,  attirait  à  l'univer- 
sité protestante  de  cette  ville  une  foule 
déjeunes  gens  de  l'Allemagne.  Le  jeune 
Otto  y  fut  envoyé.  Son  application  et 
ses  succès  lui  valurent  l'estime  de  ses 
maîtres,  et  lorsqu'en  1776,  le  cheva- 
lier de  La  Luzerne,  se  rendant  à  Ma- 
li) La  Biographie  nouTelle  dei  Gontemporaiiu 
le  fait  aatlre  à  Strasbourg.  Nous  luivoos  de  pré- 
férence la  Bio^.  UDiY.,  dont  l'article  nouf  pa- 
raît rédigé  d'après  des  documents  de  famille. 

(9)  Il  est  très-Traisemblable  qu'il  éUit  le  petit- 
fils  de  Jean-Sébattien  Otto  dont  il  sera  parlé  plot 
bas  ;  son  grand-père  atait,  ainsi  que  ce  dernier, 
rempli  les  fonctions  de  cbaocelier  do  prince  de 
Héeee-Bannstadt. 


OTT 


—  5d  — 


OÏT 


Dich,  en  qualilé  de  ministre  plénipo- 
tentiaire^ désiras'entourerdes  lumières 
qui  lui  manquaient  sur  le  droit  public 
del'Aliemagneyle  savant  jurisconsulte 
Pfeffel  lui  recommanda  le  jeune  Otto 
qui  fut  agréé  et  devint  le  secrétaire 
particulier  du  ministre.  Ce  premier 
pas  dans  la  carrière  diplomatique  dé- 
cida de  son  avenir.  En  1 779,  Otto  sui- 
vit son  patron  dans  son  ambassade  aux 
Etats-Unis.  A  cette  époque,  il  n'avait 
pas  encore  de  position  officielle,  mais 
lorsque  Barbé-Marbois  fut  appelé  à 
l'intendance  de  Saint-Domingue,  il  lui 
succéda  comme  secrétaire  de  légation 
(i  785).  Nommé  deux  fois  chargé  d'af- 
faires par  intérim^  en  l'absence  de 
l'ambassadeur,  il  ne  revinl  en  France 
qu'en  1792.  Au  mois  de  fév.  1793,  il 
fut  nommé  cbef  de  la  première  division 
politique  des  relations  extérieures ,  en 
remplacement  du  citoyen  Maret  chargé 
d'une  mission  à  Londres  ;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  être  entraîné  dans  la  chute 
des  Girondins.  Enfermé  au  Luxem- 
bourg, il  ne  recouvra  la  liberté  qu'après 
le  9  thermidor.  Otto  se  retira  à  Les- 
ches,  près  de  Lagny,  où  il  vécut  dans 
la  retraite.  Jusqu'en  1798  (an  Yl)  qu'il 
SQlvit  l'abbé  Sieyès  à  Berlin  en  qualité 
de  secrétaire  de  légation.  Après  le  dé- 
part de  cet  ambassadeur  (1799),  il 
resta  à  ce  poste  comme  chargé  d'afifai- 
res,  et  il  en  remplit  les  fonctions  jus- 
qu'à répoque  (i  800)  où  il  fut  envoyé  à 
Londres  avec  le  titre  de  commissaire 
de  la  République.  Autorisé  à  entamer 
des  négociations  de  paix,  Otto  mit  toute 
sa  gloire  à  s'acquitter  dignement  de 
cette  honorable  et  difficile  mission. 
Plus  d'une  fois  les  brusqueries  du  pre- 
mier consul  furent  sur  le  point  de  tout 
rompre  :  les  coup«  de  tonnerre  entraient 
pour  beaucoup  dans  sa  politique.  Mais 
peu  à  peu  les  deux  parties  rabattirent 
de  leurs  exigences,  et  l'on  finit  par 
s'entendre.  La  lassitude,  après  dix  an- 
nées de  luttes,  n'était  pas  moins  grande 
an  delà  qu'en  deçà  du  détroit.  On  con- 
vint de  consigner  dans  des  préliminai- 
res de  paix  les  principales  clauses  du 
traité  et  de  renvoyer  les  difficultés  de 


détails  à  une  négociation  ultérieure. 
«  Les  deux  négociateurs,  M.  Otto  et 
lord  Hawkesbury,  étaient  d'honnêtes 
gens,  remarque  M.Thiers,  et  voulaient 
la  paix.  Ils  la  voulaient  pour  elle- 
même,  et  aussi  par  l'ambition  bien  na- 
turelle et  bien  légitime  de  placer  leur 
nom  au  bas  de  l'un  des  plus  grands 
traités  de  Thistoire  du  monde.  Aussi 
toutes  facilités  compatibles  avec  leurs 
instructions,  furent  par  eux  apportées 
dans  la  rédaction  des  préliminaires.  » 
Cet  acte  fut  signé  le  !•'  oct.  1801.  Il 
n'excita  pas  moins  d'enthousiasme  à 
Londres  qu'à  Paris.  Lorsqu'on  eut 
appris  la  ratification  du  premier  con- 
sul, la  joie  alla  jusqu'au  délire,  a  On 
court  chez  M.  Otto,  on  le  trouve  qui 
montait  en  voiture  avec  le  colonel  Lau- 
rlston,  pour  se  rendre  chez  lord  Haw- 
kesbury et  faire  l'échange  des  ratifi- 
cations. Le  peuple  dételle  les  chevaux 
et  traîne  ces  deux  Français  chez  lord 
Hawkesbury.  De  chez  lord  Hawkes- 
bury, les  deux  négociateurs  devaient 
se  rendre  chez  le  premier  ministre, 
M.  Addington,  et  ensuite  à  l'Amirauté, 
chez  lord  Saint-Vincent.  Le  peuple 
s'obstine;  on  veut  traîner  la  voiture 
d'un  ministre  chez  un  autre.  Enfin,  à 
l'hôtel  de  l'Amirauté,  la  foule  était 
devenue  telle,  la  confusion  si  étrange, 
que  lord  Saint-Vincent,  craignant 
quelque  accident,  se  mit  lui-même  à 
la  tête  du  cortège,  de  peur  que  la  voi- 
ture ne  fût  renversée,  et  qu'unaccident 
fâcheux  ne  fût  la  suite  involontaire  de 
cette  joie  convulsive.  Plusieurs  jours 
s'écoulèrent  en  transports  de  ce  genre, 
en  témoignages  d'un  contentement 
extraordinaire.  »  Ce  fut  un  météore 
dans  une  nuit  sombre.  Plus  le  rêve 
était  beau,  plus  le  réveil  devait  être 
pénible.  La  paix  définitive  fut  en  efifet 
signéeà  Amiens,le  25mars  1 802  ;  mais 
combien  de  temps  devait-elle  durer? 

Qaidquld  délirant  reges,  plectnntar  ÂcbiTi. 

Le  titre  de  ministre  plénipotentiaire 
fut  la  récompense  des  services  rendus 
par  le  commissaire  de  la  République. 
11  est  vraisemblable  que  sans  son  es- 


OTT 


OTT 


prit  conciliant,  sans  la  considération 
personnelle  dont  il  joaissait,  cette  ten- 
tative d'accommodement  eût  échoué. 
Néanmoins  la  reconnaissance  du  pre- 
mier consul  ne  tint  pas  contre  les  in- 
sinuations malveillantes  de  certains 
croupiers  de  son  entourage.  A  la  fin 
de  1802,  Otto  fut  remplacé  dans  son 
poste  d'ambassadeur  par  le  général 
Andréossy.  a  On  attribua,  dans  le 
temps,  lit-on  dans  la  Biogr.  univ.,  la 
cause  de  cette  espèce  de  défaveur  à 
un  personnage  considérable  qu'il  avait 
mécontenté  en  ne  se  prêtant  pas  à  des 
projets  de  spéculation  sur  les  fonds  pu- 
blics. »  Comme  compensation,  on  lui 
offrit  le  posle  de  ministre  plénipo- 
tentiaire aux  Etats-Unis;  mais  il  dut 
refuser ,  la  santé  délicate  de  sa  femme 
ne  lui  permettant  pas  d'accepter.  Un 
fait  à  noter,  parce  qu'il  n'est  pas  com- 
mun, c'est  qu'à  son  retour  de  Londres, 
après  avoir  heureusement  signé  l'acte 
qui  devait  donner  la  paix  au  monde, 
Otto  dut  se  défaire  de  son  équipage, 
et  vendre  les  bijoux  de  sa  femme  pour 
subvenir  à  ses  dépenses  pendant  le 
temps  qu'il  resta  sans  emploi.  En  pré- 
sence d'un  tel  fait,  pourrait-on  se 
croire  au  lendemain  du  Directoire? 
Cependant  le  jour  de  la  réparation  n'é- 
tait pas  loin  ;  de  nouveaux  services,  et 
des  services  plus  signalés  encore  par 
leurs  résultats,  vengèrent  Otto  de  la 
malveillance  de  ses  ennemis.  Envoyé 
comme  ambassadeur  à  la  cour  électo- 
rale de  Bavière  (1803),  il  sut  relever 
par  son  habileté  ce  poste  tout  à  fait 
inférieur.  A  l'instigation  de  l'Angle- 
terre, menacée  dans  ses  foyers  parles 
immenses  préparatifs  du  camp  de  Bou- 
logne, une  nouvelle  coalition  s'était 
forméesurle  continent  (8  sept.  1805). 
L'Autriche  cherchait  à  y  entraîner  la 
Bavière.  Otto  ayant  surpris  le  secret 
des  cabinets,  fit  sur-le-champ  partir 
son  secrétaire  de  légation  pourcn  don- 
ner avis  à  l'empereur.  Napoléon  com- 
prit le  danger;  les  colonnes  autri- 
chiennes s'ébranlaient  déjà;  il  leva 
aussitét  le  camp  de  Boulogne  et  porta 
son  armée  sur  le  Rhin.  Otto,  de  son 


c6té,  était  parvenu  à  retenir  la  Bavière 
dans   notre  alliance.  La  célérité  des 
mouvements  de  Napoléon  déconcerta 
les  projets  de  la  coalition.  Le  2  décem- 
bre, lavictoirc  d'Ansterlitz  terminait  la 
campagne  la  plus  brillante  dont  il  soit 
parlé  dans  les  fastes  de  l'histoire.  Na- 
poléon ne  fut  pas  ingrat;  il  créa  Otto 
comte  de  Mosloy,  il  le  nomma  conseil- 
ler d'Etat  et  grand  officier  de  la  Légion 
d'honneur.  Otto  continua  à  résider  à 
Munich,  jusqu'à  ce  qu'après  la  cam- 
pagne de  1809,  il  fut  envoyé  à  Vienne 
en  qualité  d'ambassadeur.  11  eut ,  au 
dire  de  la  Biogr.  univ.,  une  grande 
part  au  mariage  de  Napoléon  avec  l'ar- 
chiduchesse Marie-Louise;  ce  fut  au 
moins  lui  qui  en  échangea  les  con- 
ditions. Mais  nous  devons  dire  que 
M.  Thiers,  d'ailleurs   si   conscien- 
cieux, ne  fait  aucune  mention  des  ser- 
vices qu'a  pu  rendre  en  cette  occasion 
notre  ambassadeur.  Rappelé  le  2 1  mars 
1813,  pour  céder  la  place  au  comte  de 
Narbonne,  qu'on  jugea  plus  propre  à 
retenir  l'Autriche  dans  l'alliance  de  la 
France,  Otto  revint  à  Paris  et  fut  fait 
ministre  d'Etat.  La  catastrophe  appro- 
chait; c'était  le  retour  naturel  des  cho- 
ses de  ce  monde,  perpétuel  va-et-vient 
de  haut  en  bas  et  de  bas  en  haut;  les 
moins  clairvoyants  le  pressentaient, 
les  fanatiques  seuls  se  complaisaient 
encore  dans  leur  aveuglement.  Icare, 
dans  son  vol,  s'était  trop  élevé.  Otto 
fut  chargé  d'aller  réchauffer  Tesprit 
public  dans  la  11«  division  militaire, 
dont  le  chef-lieu  était  Mayence.  Mais 
les  routes  étaient  déjà  interceptées,  il 
ne  put  parvenir  à  sa  destination.  A  la 
Restauration,  l'amour  du  pays  enfanta 
en  France  des  prodiges  de  dévoue- 
ment :  tout  le  monde  se  fit  un  devoir 
de  rester  en  place.  Les  plus  fidèles  ser- 
viteurs de  l'Empire,  les  plus  comblés 
de  faveurs,  firent  taire  leurs  sympa- 
thies. A  voir  la  facilité  avec  laquelle 
nous  passions  d'un  régime  à  un  autre, 
on  aurait  pu  croire  qu'il  n'y  avait  rien 
de  changé.  Otto,  envoyé  comme  com- 
missaireextraordinaire  dans  la  21*  di- 
vision militaire,  publia  à  Limoges,  le 


OTT 


—  57  — 


OTT 


6  juin  18U^  une  proclamation  cba- 
leurcose  en  faveur  du  nouveau  gou- 
vernement. Néanmoins  ses  services 
furent  mal  reconnus.  Si  l'on  en  croit  la 
Biogr.  univ.  qui  f>aratt  bien  informée, 
le  même  personnage  qui  l'avait  des« 
servi  auprès  de  Bonaparte^  continuait 
à  lui  garder  rancune,  et  comme  il  avait 
voué  ses  services  au  gouvernement 
nouveau,  ce  fut  grâce  à  lui  qu'Otto  ne  . 
fut  pas  compris  dans  la  partie  active 
du  conseil  d'Etat.  11  fut  très-sensible  à 
cet  oubli,  dit  le  biographe;  aussi  lors 
du  retour  de  Bonaparte,  crut- il  pou- 
voir accepter  une  des  places  de  sous- 
secrétaire  d'Etat  au  ministère  des  af- 
faires étrangères.  Nous  aimerions  à 
nous  persuader  que  ce  fut  plutôt  par 
ses  principes  qu'il  dirigea  sa  conduite, 
car  11  est  dangereux  de  mettre  sa  ré- 
putation à  la  merci  d'une  rancune. 
Après  le  dénouement  du  grand  drame, 
Otto  fut  chargé  auprès  du  gouverne- 
ment anglais  d'une  mission  de  con- 
fiance, relative  à  la  sûreté  de  l'empe- 
reur, mais  il  ne  put  la  remplir,  des 
passe-ports  lui  ayant  été  refusés.  De- 
puis cette  époque,  Otto  vécut  dans  la 
retraite.  <x  A  beaucoup  d'instruction, 
dit  le  biographe  déjà  cité,  Olto  joi- 
gnait des  mœurs  et  des  formes  extrê- 
mement douces,  et  une  sorte  d'élé- 
gance dans  les  manières  et  de  dignité 
dans  le  langage,  que  peu  de  diploma- 
tes ont  possédées  à  un  aussi  hautdegré. 
Homme  aimable  dans  le  monde,  poli- 
tique profond  dans  le  cabinet,  il  était 
érudit  avec  les  savants,  et  joignait  à 
tous  ces  avantages  une  grande  modes- 
tie et  un  rare  désintéressement.  »  Otto 
fut  marié  deux  fois.  N.  Lemngston, 
qui  appartenait  à  une  des  familles  les 
plus  considérées  des  Etats- Unis,  ne  lui 
donna  point  d'enfants.  De  sa  seconde 
femme,  fllle  de  M.  de  Saint-John  Grève- 
cœur,  consul  de  France  à  New-York, 
qu'il  épousa  en  1782,  il  eut  une  fille 
qui  fut  unie  en  mariage  avec  M.  Pelet 
de  la  Lozère. 

OTTO  (Marc),  docteur  en  droit, 
né  à  Strasbourg,  le  20  octobre  1600, 
était  fils  d'un  bourgeois  de  cette  ville. 


qui  exerçait  la  profession  de  menui- 
sier. Ses  éludes  terminées,  il  ût,  en 
I62i,  un  voyage  en  Allemagne  dans 
le  but  de  perfectionner  ses  connais- 
sances, et  à  son  retour  à  Strasbourg, 
il  prit,  en  1629,  le  grade  de  docteur. 
Après  un  séjour  de  quelques  mois  à 
Spire,  où  il  suivit  les  audiences  de  la 
Chambre  impériale,  il  revint  dans  sa 
ville  natale  et  fut  agrégé  au  barreau. 
Nommé,  en  16!»2,  secrétaire  des  XIU 
et  adjoint  du  syndic,  il  obtint,  en  1633, 
la  charge  de  référendaire  au  Grand 
Conseil,  et  en  1 640,  celle  d'avocat  pri- 
vé du  Conseil.  En  1645,  il  fut  envoyé 
à  Munster  pour  assister,  comme  député 
de  Strasbourg ,  à  la  négociation  de  la 
paix,  et  en  1652,  il  fut  chargé  d'une 
nouvelle  mission  à  Ratisbonne.  Ce  fut 
en  vain  que  l'empereur,  qui  appréciait 
son  mérite,  lui  olïritun  poste  aussi  ho- 
norable qu'avantageux  à  saCour  ouàla 
Chambre  impériale,Otto  ne  voulut  point 
s'éloigner  de  sa  ville  natale,  où  il  mou- 
rut,le  5  novembre  1 674.  Il  s'était  formé 
une  belle  bibliothèque,  qu'il  légua  à 
l'université  de  Strasbourg.  Indépen- 
damment d'un  grand  nombre  de  Con- 
sultations, on  a  de  lui  une  dissertation 
De  repressaliiSy  imp.  à  Strasbourg, 
1629,  in-40. 

A  la  même  famille  appartenait  vrai- 
semblablement Jean-Sébastien  Otto, 
qui  naquit  aussi  à  Strasbourg  d'un 
bourgeois  de  celte  ville.  Il  fit  ses  étu- 
des à  Strasbourg  même  et  à  Giessen, 
où  11  prit,  en  1 708,  le  grade  de  licen- 
cié en  droit,  après  avoir  soutenu  une 
thèse  De  favore  defensionis  in  pro- 
cessu  criminali,  Otto  se  fixa  dans  la 
Uesse,  où  ii  remplit  successivement  di- 
vers emplois  importants.  La  première 
charge  à  laquelle  il  fut  appelé  fut  celle 
de  bailli  d'Umstadt;  ii  la  quitta  pour 
devenir  conseiller  à  la  régence  de 
Darmstadt,  puis,  en  1730,  conseiller 
privé  et  directeur  de  la  chancellerie  à 
Hanau.  Il  parait  qu'il  mourut  conseiller 
de  la  régence  de  Bouxwiller,  on  ne 
nous  apprend  pas  à  quelle  date.  Outre 
la  thèse  citée  plus  haut,  il  a  publié  un 
gros  in-fol.  imp.,  en  1736,  sous  ce 


OUD 


—  58  — 


OLD 


litre  :  Documentirte  facU  speeies,  pour 
défendre  certains  droits  de  la  maison 
de  Hesse-Darmstadt. 

OUDIN  (Rehi),  savant  critique  et 
historien^  né  à  Méziëres^  le  1 4  février 
xezSy  et  mort  à  Leyde,  au  mois  de 
septembre  1717. 

Malgré  le  vif  penchant  qu'Oudin 
montra,  dès  son  enfance,  pour  l'étude, 
son  père  voulait  lui  faire  apprendre 
son  métier  de  tisserand  ;  mais  la  pas- 
sion de  Tenfant  fut  plus  forte  que  la 
volonté  paternelle,  et  ses  parents  Uni- 
rent par  le  laisser  suivre  ses  goûts.  Il 
entra  donc  dans  le  collège  des  Jésuites 
de  Charlevilte,  en  qualité  de  précep- 
teur du  fils  aîné  de  M»*  Du  Han  de  Jan- 
dun.  Ses  classes  finies,  il  fut  admis  dans 
l'ordre  de  Prémontré,  où  il  prit  Tbabit 
en  1655,  en  même  temps  que  le  nom 
deCisnmi.  Deux  ans  après,  il  pronon- 
ça ses  vœux.  Il  fit  ensuite  sa  philoso- 
phie à  Sery  et  sa  théologie  à  Bucilly. 
En  1669,  il  fut  nommé  professeur  de 
théologie  à  l'abbaye  de  Mureau.  L'an- 
née suivante^  il  devint  grand  prieur  de 
ce  monastère,  et  en  1 675,  il  fut  pourvu 
de  la  cure  d'Epinay-sous-Gamaches, 
mais  il  résigna  ce  bénéfice,  en  1677, 
pour  rentrer  dans  le  cloître  et  se  livrer 
tout  entier  à  l'étude.  Après  un  court 
séjour  à  Etival,  il  demanda  et  obtint, 
en  1678,  une  obédience  pour  Tabbaye 
de  Bucilly. 

Depuis  plus  de  vingt  ans^  Oudin 
végétait  au  milieu  de  ses  livres,  sans 
avoir  trouvé  une  occasion  favorable 
pour  se  faire  connaître,  lorsque  le  ha- 
sard ou  un  caprice  conduisit  Louis  XIV 
dans  cette  abbaye,  en  1680.  Appelé 
par  son  rang,  en  l'absence  de  l'abbé  et 
du  prieur,  à  complimenter  le  prince, 
Oudin  s'en  acquitta  avec  toute  l'habi- 
leté du  plus  fin  courtisan.  Ses  flatte- 
ries charmèrent  le  grand  roi,  qui  dai- 
gna témoigner  son  étonnement  de  ce 
qu'un  homme  de  ce  mérite  restait  con- 
finé dans  un  désert  ;  malheureusement 
pour  sa  fortune,  Oudin  laissa  percer 
dans  la  suite  de  la  conversation  son 
dégoût  de  la  vie  monastique,  et  cette 
maladresse  le  perdit  dans  l'esprit  du 


bigot  Louis  XIV,  qui  lui  ordonna  de  se 
retirer.  Il  se  consola  d'autant  plus  faci- 
lement de  sa  disgrÀce,  que  l'abbé  de 
Prémontré,  Michel  Colbert,  le  mit,  peu 
de  temps  après,  à  même  de  satisfaire  sa 
passion  dominante,  en  le  chargeant  de 
visiter  les  archives  de  Tordre  et  d'en 
extraire  les  pièces  qui  pourraient  ser- 
vir à  une  histoire  littéraire  dont  il  s'oc- 
cupait. A  son  retour,  en  1682,  Oudin 
fut  fait  sous-prieur  de  l'abbaye  de  Cuis- 
sy.  L'année  suivante,  il  obtint  la  per- 
mission d'habiter  Paris,et  il  s'empressa 
d'entrer  en  relation  avec  les  savants 
Bénédictins  de  Saint-Maur,  qui  mirent 
à  sa  disposition  tous  les  documents 
recaeillis  parieurs  soins  dans  presque 
toute  l'Europe.  «  Oudin^  ditrabbcBoul- 
liot,  avait  jusqu'alors  joui  d'une  répu- 
tation intacte....,  on  le  citait  comme 
un  modèle  de  piété  et  de  régularité, 
. .  .mais  ayant  formé  une  étroite  liaison 
avec  le  fameux  ministre  Jurieu,  il  dé- 
chut insensiblement  dans  l'estime  pu- 
blique. »  Ses  supérieurs  alarmés  le 
reléguèrent  à  Tabbaye de  Ressons.Cette 
mesure,  qui  l'enlevait  à  ses  amis  et  à 
SCS  livres,  l'indigna  ;  la  sévérité  avec 
laquelle  on  le  traita,  acheva  de  l'exas- 
pérer ;  il  réussit  à  s'échapper  du  cou- 
vent où  on  le  détenait,  et  passa  en  Hol- 
lande en  1690.  Il  abjura  publiquement 
à  Leyde  et  fut  nommé  sous-bibliotbé- 
Caire  de  l'université,  place  qu'il  rem- 
plit jusqu'à  sa  mort. 

Quelques  écrivains  catholiques  nous 
peignent  Oudin  comme  un  homme  amé- 
chant,dur,  féroce,  sans  politesse  et  sans 
éducation,  comme  un  parricide  cruel 
et  un  ingrat  transfuge;  vmais  l'abbé 
Boulliot  fait  remarquer  judicieusement 
qu'on  ne  doit  voir  dans  ces  invectives 
que  l'expression  de  leurs  regrets.  Voici 
la  liste  de  ses  ouvrages. 

I.  Supplementum  de  scriptoribus 
vel  de  scriptis  ecclesiasticis  à  Bellar- 
mino  omissis  ad  ann,  \AQOvel  cui  ar- 
tem  typographi  am  inveniam,  Paris., 
1686,  in-8«.— Le  savant  Cave  affirme 
que  ce  livre,  plein  de  fautes  quelquefois 
grossières,  est  tiré  en  grande  partie 
des  ouvrages  de  Le  Mire,  Labbe^  Vos- 


OUD 


-59- 


OUD 


siQs,  etc.,  que  l'auteur  piile  sans  les 
citer. 

11.  Le  prémontré  défroqué^  Leyde^ 
1 692  y  in- 12.  —  Oudin  y  rend  compte 
des  motifs  de  sa  conversion. 

ni.  VelerumaliquotGalliœet  Belg» 
seriptorum  opuscula  sacra  nunquam 
editOy  jàm  vero  è  mss.  biblioihecarum 
GalUœ  in  lucem  prodeuntia,  cum  effi^ 
giebus  vitœque  eorum  compendio, 
Lugd.  Bat.,  1692,  in-80. 

lY.  Episiola  de  ratione  studiorum 
quorum,  Lagd.  Bat.,  1692,  in-4o. 

V.  Historia  abbaliœ  Calvi  Montis, 
pubi.  dans  le  T.  III  des  Acta  Saneto- 
rum(l701).  • 

VI.  Diss,  singularis  de  Colleclaneo, 
s€u  collectione  Ansclmi  Bandurii, imp. 
dans  l'Histoire  de  la  République  des 
lettres  par  Masson  (T.  VU  et  YIII). 

VII.  Tri<is  dissertationum  critica- 
rum  :  /.  De  codice  Alexandrino  Bod- 
leianœ  bibUothecœ;  IL  De  quœaiioni* 
bus  odAntiochumprincipem;  IIL  De 
cotlectione  antiquitatum  Constanti» 
nopol.  Bandurii,  Lugd.  Bat.,  1717^ 
in-8*.  —  Dans  la  l^*  de  ces  dis- 
sert., Oudin  prétend  que  le  codex 
Âlexandrinus  n'est  que  du  x«  siècle, 
et  dans  la  2«,  que  les  questions  à 
Anliochus,  imp.  dans  les  OEuvres  d'A- 
thanase,  ne  sont  pas  du  célèbre  adver- 
saire d'Arius,  mais  d'un  autre  Atba- 
nase  qui  vivait  dans  le  xv«  siècle.  La 
3*  n'est  que  la  reproduction  du  N*  VI. 
Oodin  y  soutient  que  le  m  se.  dont  s'est 
servi  Banduri,  est  un  ouvrage  de  Mi- 
chel Psellus. 

VIII.  Commentarius  de  scriptorthus 
Ecclesiœ  antiquis,ilbrumque8crtptiSy 
tàm  impressis  quàm  manuscriptis  ad' 
hue  extantibus  in  celebrioribus  Eu- 
ropœ  bibliothecis,  à  Bellarmino,  Pos- 
sevino,  Ph,  Labbe,  GuiL  Caveo,  Lud, 
Ellià  Du  Pin  omissis,  ad  ann.  1460, 
veladartem  typographicam  inventam  : 
cum  muUis  dissertai.,  in  quibusinsi- 
gniorum  Ecclesiœ  autorum  opuscula 
atque  alia  argumenta  notabiltora  accu- 
raté  et  prolixe  examinantur,  Lips., 
1 722. 3  vol.  in-fol.  -*  L'ouvrage  tient 
les  promesses  du  titre;  on  y  trouve 


tout  ce  qu'on  peut  désirer  dans  un  tra- 
vail de  ce  genre,  sur  la  vie  des  auteurs 
comme  sur  leurs  ouvrages.  Beaucoup 
d'erreurs  ont  sans  doute  été  commises 
par  Oudin,  mais  ceux  qui  se  sont 
occupés  de  recherches  analogues  se 
montreront  indulgents  pour  des  fau- 
tes inévitables,  et  le  loueront  grande- 
ment de  la  diligence  singulière  avec 
laquelle  il  a  recueilli  une  immense  quan- 
tité de  matériaux.  Il  est  possible  d'ail- 
leurs qu'une  partie  des  inexactitudes 
qu'on  lui  reproche  soit  du  fait  de  l'édi- 
teur, car  la  mort  ne  lui  laissa  pas 
le  temps  de  surveiller  lui-môme  l'im- 
pression de  son  ouvrage.. 

IX.  Acta  Beati  Luccb^  abbatis  Cuiê* 
siacencis,  pubi.  dans  le  T.  II  des  Anti- 
quitalismonnmentaduP.  Hugo  (Etival, 
1725-31,  2  vol.  in-fol.). 

X.  De  jurisdictione  quasi  episcopoH 
abbatis  Stivagiensis  exercitiumy  msc. 

C'est  aussi  de  la  Champagne  et  peut- 
être  d'une  branche  de  la  même  famille 
qu'étai  t  sort  i  César  Oudin,  ûis  du  grand 
prév6t  de  Bassigny,  qui  fut  élevé  à  la 
cour  du  prince  de  Navarre  et  qui  rendit 
à  Henri  IV  des  services  en  récompense 
desquels  le  roi  le  nomma,  en  1 597, 
son  secrétaire  et  son  interprète  pour  les 
langues  étrangères.  Grammairien  et 
lexicographe.  César  Oudin  a  laissé, 
ainsi  que  son  flls  Antoinb,  qui  lui 
succéda  dans  sa  charge,  quelques  ou- 
vrages en  partie  traduits  de  l'espagnol 
et  en  partie  originaux;  mais  nous  n'a- 
vons point  à  nous  eu  occuper,  tout  nous 
portant  à  croire  que,  quand  ils  les  pu- 
blièrent, ils  avaient  abjuré  la  religion 
réformée.  Il  est  très-vraisembiable  que 
Pierre  Oudin,  qui  prenait  aussi  le  titre 
d'interprète  pour  le  roi  des  langues 
étrangères,  était  un  frère  de  César. 
Celui-ci  resta  fidèlement  attaché  à  l'E- 
glise protestante.  Il  mourut  en  1 643, 
à  l'âge  de  79  ans,  et  fut  enterré  au  ci- 
metière des  SS.  Pères.  Son  fils,  nommé 
aussi  Pierre,  épousa,  en  1626,  Mar- 
guérite  Bruneau,  fille  du  mercier  i4ii- 
dréBruneau  et  de  Marie  Buisson,  de 
laquelle  il  eut  :  p  César,  né  les  mari 
1628  et  présenté  au  baptôme  parlt 


M 


ouv 


—  60  - 


OUV 


ministre  Charles  Drelincourt  et  par 
Roberte  de  Vézignier;  —  2«  Jacques, 
né  le  30  mars  1 630  et  marié  en  i  660, 
avec  Marie  Mignon  ;  —  3®  ësther, 
née  le  23  juill.  1631  ;  — -  4«  Marie, 
née  le  28  déc.  1632;  —  5»  Anne,  née 
le  2  avr.   163i  (Reg,  de  Charenton), 

OUGIER  (Benjamin),  conseiller, 
secrétaire  da  bureau  des  domaines  et 
archiviste  de  la  principauté  d'Orange, 
est  auteur  d'un  Chant  funèbre  sur  la 
mort  de  Louise-Dorothée-Sophie,  fille 
unique  de  Frédéric  /•',  mariée  au 
prince  de  Hesse-Cassel,  imp.  enl  705. 
Ougier  avait  abandonné  sa  patrie  lors 
de  roccupation  d'Orange  par  les  Fran- 
çais, et  s'était  réfugié  en  Prusse,  ainsi 
que  Jean  Ougier,  qui  était  peut-être 
son  fils.  Ce  dernier,  qui  fut  pourvu 
de  bonne  heure  du  double  emploi  de 
conseiller  au  consistoire  supérieur 
français  et  de  conseiller  à  la  justice 
supérieure,  mourut  en  1 746,  laissant 
de  son  mariage  avec  la  fille  du  conseil- 
ler Blisson,  d'Orange,  un  fils,  qui  fut 
conseiller  de  cour  et  de  révision,  et 
deux  filles  qui  épousèrent,  l'une  le 
capitaine  Daniel  Bastide,  l'autre  le 
conseiller  privé  Pajon-de-Moncets. 

OUVRIER  (Pierre),  moine  fran- 
ciscain d'Alsace,  qui,  après  avoir  cm  • 
brassé  la  religion  protestante,  se  relira 
à  Wittenberg,  où  il  étudia  la  théo- 
logie. Admis  au  ministère,  il  fut  placé 
comme  pasteur  dans  un  village  aux 
environs  de  Francfort-sur-l'Oder,  et 
plus  tard,  appelé  à  Elster  dans  la  Saxe 
électorale,  où  il  mourut  en  1671.  Il 
avait  épousé  la  fille  d'un  boulanger  de 
Wittenberg,  dont  il  eut  deux  fils  :  l'un 
s'établit  comme  épinglier  à  Prenzlow 
et  l'autre  fut  père  de  Jean-Gottlieb 
et  de  Christophe-Benjamin  Ouvrier. 

1.  Pasteur  à  Rackschiitzen  Silésie, 
Jean-Gottlieb  Ouvrier  mourut  le  21 
déc.  1757,  laissant,  entre  autres  en- 
fants, Charles  SiGiSMOND,  alors  âgé 
d'environ  6  ans,  qui  suivit  la  carrière 
de  l'enseignement  à  Dessau  d'abord, 
puis  à  Leipzig,  et  qui  fut  chargé,  après 
le  départ  d'Adelung,  de  la  rédaction 
de  la  Gazette  politique  qui  s'impri- 


mait dans  cette  dernière  ville.  Char- 
les-Sigismond  Ouvrier  est  auteur  d'une 
trad.  de  l'anglais  de  Locke,  imp.  avec 
des  additions  et  des  remarques,  sous 
ce  titre  :  Handbuch  fiir  Eltern  und 
Erzieher,  Leipzig,  1786,  in-8«,  ainsi 
que  d'une  dissertation  philosophique 
publiée  aussi  à  Leipzig,  1789,  in-4o, 
sous  celui-ci  ildealismisic  dicti  irons- 
cendentaUs  examen  accuraiius,  unà 
cum  nova  demonstraiionis  génère, 
quo  Deum  esse  docetur.  Nous  ne  con- 
naissons aucune  autre  circonstance  de 
sa  vie. 

II.  Nous  ne  savons  non  plus  que 
très-peu  de  chose  sur  Christophe-Ben- 
jamin Ouvrier  ;  il  s'établit  auprès  de 
son  oncle,  à  Prenzlow,  et  y  exerça  la 
profession  de  ferblantier.  Son  fils, 
Louis-Benjamin,  né  dans  celte  ville, 
le  7  mai  1735,  s'est  fait  un  nom  dans 
la  littérature  théologique.  Après  avoir 
terminé  ses  études  en  théologie  à  Halle, 
et  avoir  vainement  attendu  pendant 
deux  ans  une  place  de  pasteur,  il  dut  en- 
trer comme  instituteur  dans  une  fa- 
mille mecklembourgeoise.  Soit  que  la 
place  ne  lui  convint  pas  ou  pour  tout 
autre  motif,  il  ne  tarda  pas  à  retour- 
ner à  Prenzlow  et  se  mit  à  donner  des 
leçons  particulières.  Un  travail  excessif 
et  la  misère  ayant  altéré  sa  santé,  il  se 
rendit,  en  1757,  à  Rackschûtz,  au- 
près de  son  oncle  qu'il  aida  dans  ses 
fonctions  pastorales  avec  l'espoir  d'ê- 
tre appelé  à  lui  succéder;  mais  cet 
espoir  ne  se  réalisa  pas,  en  sorte  que, 
pressé  par  le  besoin,  il  était  sur  le 
point  d'accepter  une  place  dans  une 
école  de  Berlin,  lorsque  de  puissantes 
protections  le  firent  choisir,  en  1760, 
pour  le  précepteur  des  enfants  du 
prince  héréditaire  de  Darmstadt.  Dès 
lors  la  fortune  cessa  de  lui  être  con- 
traire. Ses  qualités  et  ses  talents  lui 
méritèrent  la  faveur  du  prince,  et  il  fit 
rapidement  son  chemin.  En  1765,  il 
fut  nommé  prédicateur  du  cabinet;  en 
1767,  prédicateur  de  la  Cour;  en 
17 70, assesseur consistorial;  en  1772^ 
troisième  surintendant,  prédicateur  de 
la  garnison  et  professeur  de  théologie 


ouv 


—  61  — 


OUV 


à  Giessen.  Le  grade  de  docteur  lui 
étant  nécessaire  pour  remplir  cette 
dernière  place,  il  le  prit  en  1 777,  et  en 
1 786,ilmonta  au  rang  de  second  surin- 
tendant. Il  termina  sa  laborieuse  car- 
rière le  !•'  oct.  1792.  On  lui  doit  un 
assez  grand  nombre  d'ouvrages,  sans 
parler  de  quelques  articles  de  théolo- 
gie dans  TEncyclopédie  de  Francfort. 

I.  Die  Freude  in  dem  Herrn  bey  der 
Geburt  der  Prinzen  Christian-Lud- 
tcigs  von  Hesseny  eine  Dankpredigt 
îiber  Ps.  CXLVIII,  12-14,  Pirma- 
sens,  1763,  in-80. 

II.  Tàglisches  Morgen-und  Abend- 
genchafte,  Frankf.  und  Lcipz.,  1764, 
in-8«.  —  Anonyme. 

m.  Sammlung  einiger  [XII]  Pre- 
digteny  Frankf.  amM.,  1767,  in-8<>. 

lY.  Dos  Glaubensbekenntniss,  wel- 
ches  FredericchA  melia,  Landgrâfin  zu 
Hessen  und  postulirte  Decanissin  des 
StifUs  zu  QuedlinbuTgy  am  lien  Sept. 
1767  abgeleget ,  nebst  einer  Rede, 
Darmst.  und  Frankf.,  1767,  in-8''. 

V.  Einsegnungsrede  bey  der  Ver» 
màhlung  der  Princessin  Frederike 
von  Hessen  mit  dem  Prinzen  von 
Preusseny  Darmst.,  1769,  in-8o. 

VI.  GÙiubensbekenntniss  des  Erb- 
jprinzen  von  Hesser^Darmstadt  nebst 
der  gehaltenen  Rede  von  Ouvrier, 
Berlin,  1771,  in-8o. 

YII.  Dos  Darmstàdtische  Gesang» 
buchy  Darmst.,  1772,  in-8o.— Publié 
sous  sa  direction. 

VIII.  Untersuchungen  Uber  die 
Lehrsàtze  des  Chris tenthums,  Berlin, 
1773,  in-8*.  —  Meusel,  qui  nous 
donne  le  titre  de  cet  ouvrage,  l'attri- 
bue ailleurs  à  Jean-Frédéric  Ouvrier, 
sans  doute  par  erreur. 

IX.  De  Théologie  populari,  Gissae, 
1775,  in-4». 

X.  Progr.  annotationes  quasdam 
ad  II  Pétri  II,  2,  Jud,  VI  eœhibenSy 
Glssae,  1776,  in-4*. 

X] .  Diss,  inaugurali^  de  necessitate 
satisfactionis  à  Paulo  Rom,  VIII ^  5, 
asserta,  Gissee,  1777,  in-4o. 

XII.  Anleitung  zum  Predigen  und 
Katechisiren,  Geissen,  1777,  in-8«. 


XIII.  Progr,  de  theologià  morali 
an  dici  possit  caput,  summa,  cen^ 
trum    totius  religionis   christianœ, 
Gissa;,  1779,  in-4». 

XIV.  Progr.  an  Actor.  IV,  24  Spt- 
ritus  Sanctus  dicatur  universi  créa- 
tor?  Gissae,  1780,  in-4». 

XV.  Progr.  de  iisdem  in  resurreC" 
tione  restituendis  corporibus,  Giss®, 
1781,  in-40. 

XVI.  Einsegnungsrede  bey  der 
Amtsjubelfeyer  des  Hm.  H.  Schwarz, 
Giessen,  1781,  in-80. 

XVII.  Geschichte  der  Religionen^ 
nebst  ihren  Griinden  und  Gegengriin- 
den,  Leipz.,  1781-83,  2  part.  in-8*. 

XVIII.  Meditatio  de  auctore  ano- 
nymo  der  freymUthigen  Betrachtun^ 
gen  iiber  dos  Christenthum  verœ  no- 
turœ  divinœ  J.-Ch,  et  S.S.  Triados 
adversario,  Gissae,  1785,  in-4». 

XIX.  Selbstpriifung  und  fromme 
Entschliessungen,  Giessen,  1789,  8*. 

XX.  Hinsichten  auf  die  Ewigkeit, 
Giessen,  1791,  2  part,  in-8»;  nouv. 
édit.,  augm.  de  la  Vie  de  l'auteur  par 
Senkenberg,  Giessen,  1793,  in-8»; 
Salzb.,  1794. 

XXI.  ReligionsunterrichtfùrdieJU' 
gend,  Giessen,  1792,  in-8». 

Jean-Frédéric  Ouvrier,  dont  nous 
avons  fait  mention  plus  haut,  appar- 
tenait évidemment  à  la  même  famille; 
mais  était-il  le  frère  de  Louis-Benja- 
min, ou  bien  son  cousin,  c'est  ce 
qu'il  nous  est  impossible  de  décider. 
Nous  savons  seulement  qu'il  naquit, 
en  1 74  6,  à  Prenzlow,  et  qu'après  avoir 
rempli,  de  1 770  à  1779,  les  fonctions 
d'auménier  dans  le  régiment  du  prince 
Henri  de  Prusse,  il  fut  appelé  comme 
pasteur  à  Bôtzow.  On  a  de  lui  : 

I .  Ueber  die  wirksamsten  Mittel  zur 
Befôrderung  des  Fleisses,  der  Be- 
triebsamkeit ,  der  Siiten  und  einer 
thatigen  Religion  des  Volks,  Berlin, 
1778,  in-8». 

II .  Communionsbuch  eines  christli" 
chen  Soldaten  im  Felde,  Leipz,  1779, 
in-8». 

III.  Leichenpredigt  iiber  Ps.  XCl, 
16,  Berlin,  1788,  in-8». 


PAC  —  62  — 

IV.  DerKomet,  oder  Erinnerungen 
iiher  den  Religionsprocess  des  Predi- 
gers  Schulze,  Berlin,  i  793,  in-S». 

Jean-Fréderic  Ouvrier  a  été,  en 
outre,  un  des  rédacteurs  des  Miscel- 
lanées  historiques  et  morales  (1778), 
et  a  eu  part  aussi  à  Touvrage  de  Mo- 
ritr.  Intitulé  Erfahrungsseelcnkunde. 

OZ  ANNE  (Claude  d')  ,  commissaire 
ordinaire  des  guerres,  dans  les  pre- 
mières années  du  xyii*  siècle^  eut  de 
sa  femme,  Sara  de  Cename,  deux 
filles  nommées  Màkib  et  Marguerite. 
L'aînée  naquit  en  1 609  et  fut  présentée 
au  baptême^  le  15  fév.,  par  Charles  de 
Lalouettey  avocat  an  parlement,  et  par 
Marie  Ozanne,  femme  de  Nicolas  Gau- 
thier, proposant  à  Sedan.  Elle  mourut 
en  1612.  La  cadette  vint  au  monde  le 
17  fév.  1614.  Resté  veuf  quelques 
années  après,  d'Ozannese  remaria  avec 
Sara  Le  Ck^nevix.  Il  nous  est  impos- 
sible de  dire  quel  lien  de  parenté  l'u- 
nissait à  Benjamin  d'Ozanne,  avocat 
à  Metz  en  1635,  qui  fut  reçu.  Tannée 
suivante,  premier  substitut  du  procu- 
reur générai,  et  fut  nommé,  en  1638, 
avocat  de  la  ville,  en  récompense  des 
services  qu'il  avait  rendus  à  la  cité. 
Il  mourut  en  1676,  selon  M.  Michel, 
qui  pense  que  Daniel  d'Ozanne,  sieur 
de  La  Hammardière,  lieutenant  géné- 
ral au  bailliage  et  siège  présidial  de 
Sedan  depuis  1644,  pouvait  être  son 
fils.  Nous  serions  plutôt  porté  à  croire, 
en  égard  aux  dates,  que  ce  Daniel  était 
on  fils  de  Claude;  mais  nos  renseigne- 
ments sur  cette  famille  sont  si  incom- 
plets que  nous  n'oserions  pas  l'afilr- 
mer.  Ce  qui  augmente  nos  Incertitudes^ 
c'est  que^  vers  le  même  temps ,  nous 


PAC 


trouvons  deux  autres  Daniel  d'Ozanne, 
l'un,  sieur  de  La  Haulonnerie  (et  non 
pas  de  La  Hammardière)  et  lieutenant 
général  criminel  à  Sedan,  l'autre  con- 
seiller au  parlement  de  Metz  depuis 
1671.  Celui-ci  mourut  en  1684,  lais- 
sant veuve  avec  deux  enfants,  nommés 
Daniel  et  Marie,  sa  femme  Marie 
Morel,  qui  se  convertit  à  la  révocation, 
à  ce  que  nous  lisons  dans  le  Mercure 
galant  de  janv.  1G86.  L'antre  mourut 
à  Paris,  le  4  juin  1 676,  kç^é  de  70  ans, 
comme  nous  l'apprennent  les  Reg.  de 
Charenton.  Il  fut  conduit  à  sa  dernière 
demeure  par  son  cousin  Daniel  de 
Guillony  circonstance  qui  constate  son 
identité  avec  Daniel  d'Ozanne,  con- 
seiller du  roi,  président  au  siège  pré- 
sidial de  Sedan,  et  époux,  depuis  1 638, 
de  Susanne  Le  Bachellé,  morte  elle- 
même  àLa  Hautonnerie  en  1 679.  Il  est 
évident,  d'après  ces  dates  fort  authen- 
tiques, que  les  auteurs  de  l'Histoire 
des  Réfugiés  en  Prusse  ont  commis 
une  erreur  en  affirmant  que  Jean-Gé- 
déon  d'Ozanne,  mort  lieutenant-colonel 
à  Potsdam,  en  1 741 ,  Daniel  d'Ozanne, 
marié,  en  1708,  k  Gabrielle  de  Bau- 
dan,  tante  du  lieutenant-colonel  La 
Baunie-de-Saini- Julien  (l),et  une  de- 
moiselle Ozanne,  femme,  en  1688,  de 
David  Auret-de-La  Grave,  de  Puy- 
Laurens,  ministre  de  l'église  française 
de  Swedt,  puis  de  l'hôpital  de  Berlin, 
étaient  les  enfants  de  Daniel  d'Ozanne 
et  de  Susanne  Le  Bachellé. 

(1)  Ce  gentilhomme  nismois  était  lieutenant- 
colonel  et  premier  ingénieur  du  roi  de  Prusse.  £n 
i7S0,  il  Tint  en  France  arec  un  passe-poii  de  œ 
prince,  maii  Roquelaure  le  fit  arrêter  et  conduire 
hors  du  LAnguedoc  par  an  de  ses  gardes  {Arch, 
9én.  M.  67'i). 


PAGARD  (Georges),  pasteur  de 
l'église  de  La  Rochefoucauld,  origi- 
naire du  Lyonnais.  Après  avoir  étu- 
dié la  théologie,  vraisemblablement  à 


Genève,  il  fut  donné  pour  ministre  à 
l'église  deLaRocbefoucauld.  A  la  Saint- 
Barthélémy,  il  se  sauvaàGenève,  d'oii 
il  revint  en  France  pour  desservir  l'é- 


PAC 


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PAG 


glls«  de  ChàtellerauU;  noQs  Ty  trou- 
Tons  installé  en  1 574.  Pins  tard^  il  re- 
tourna dans  son  église  de  La  Roche- 
foacauld^  qu'il  quitta^  vers  1 602^  pour 
celle  de  Saint-Claude.  Il  mourut  en 
1610^  selon  Quick. 

Pacard  parait  avoir  joui  parmi  ses 
collègues  d'un  haute  considération  et 
d'une  grande  influence.  Il  fut  député^ 
en  )  578^  au  Synode  national  de  Sainte- 
Foy.  En  1594^  celui  de  Montauban  l'é- 
lut membre  de  la  commission  chargée 
de  défendre  la  doctrine  protestante  con- 
tre les  docteurs  catholiques  (Voy,  Piè- 
ces justif.^  N°  LX).  Deuxans^  plus  tard, 
le  Synode  de  Saumur  le  nomma  vice- 
président,  et  en  1601,  celui  de  ber- 
geau,  auquel  il  assista  encore,  l'appela 
au  fauteuil  de  la  présidence.  Nous 
avons  publié  ailleurs  [Voy.  Pièces  Jus- 
tif.,  N«  LXVI)  les  Actes  généraux  de 
cette  dernière  assemblée.  Au  nombre 
des  matières  particulières  qui  y  furent 
traitées,  nous  signalerons  seulement  la 
défense  de  se  parer  de  chapeaux  de 
fleurs  aux  épousailles,  et  celle  de  faire 
porter  en  terre  les  Jeunes  fllles  décédées 
par  d'autres  jeunes  flllesornées  de  guir- 
landes. Ce  qui  recommande  davantage 
ce  synode  à  notre  attention,  c'est  le 
soin  qu'il  prit  des  écoles.  Il  ordonna 
d'employer  autant  que  possible  les 
39,500  écus  octroyés  par  le  roi  à  la 
fondation  et  à  l'entretien  d'établisse- 
ments d'instruction  publique,  et  afin 
que  les  académies  ne  manquassent 
jamais  de  bons  professeurs,  il  décida 
qu'on  prélèverait  leurs  traitements  sur 
les  deniers  royaux  avant  de  les  ré- 
partir entre  les  églises,  répartition  qui 
devait  se  faire  àl'avenir  non  par  église^ 
mais  en  proportion  du  nombre  des  pas- 
teurs dans  chaque  province.  En  1605, 
Pacard  fut  encore  une  fois  chargé  de 
représenter  la  Salntonge  à  l'Assemblée 
politique  de  Gh&tellerault,  où  il  rem- 
plit les  fonctions  de  vice-président. 

Pacard  a  laissé  quelques  traités  de 
polémique,  qui  sont  devenus  fort  rares. 
En  voici  les  titres. 

I.  Théologie natureUeouRecurileon» 
tenant  pltmeurs  argumens  contre  les 


Epicuriens  et  Athéistes  de  notre  temps^ 
La  Roch.,  P.  Haultin,  J579,  in-16; 
nouv.  édit.  augmentée,  Niort,  1606, 
in-8«.  Cette  seconde  édit.  ne  comprend 
pas  le  Traité  de  l' Ànte- Christ  ^  qui 
avaitdéjàété  rélmp.  séparément,  Niort, 
1604,  in-go.  —  L'auteur  a  divisé  son 
ouvrageenquatrelivres.Dansle  i*',  il 
combat  les  Epicuriens  et  les  Athées; 
dans  le  2*^  il  traite  de  lacréatiou;  dans 
le  3«,  de  l'immortalité  de  l'àme,  et 
dans  le  4%  de  l'autorité  de  l'Ecriture 
Sainte. 

il.  Réponse  à  la  confession  de  foy 
de  Claude  de  Saintes,  Niort^  Thomas 
Portau,  1594,  in-8». 

III.  Traité  contre  la  transstjéstan» 
tiation,  Niort,  Th.  Portau,  1 595,  ln-8*. 

IV.  Dispute  touchant  l'Ecriture, 
Niort,  1597,  in-80. 

V.  ylnft-Pant^arote,  Niort,  159  7,8». 

Georges  Pacard  laissa  plusieurs  en- 
fants, mais  on  ne  connaît  que  son  ÛIs 
atné,  Jean,  qui,  en  1603,  était  pas- 
teur à  Marsillac,  et  qui  succéda  à  l'é- 
cossais Thomas  Hog  dans  l'église  de  La 
Rochefoucauld. 

Selon  La  Monnoye,  Abraham  Pa- 
card, libraire  à  Paris,  où  il  mourat 
avant  1 630^  était  de  la  même  famille. 
Draudius,  qui  lui  attribue  lesSotnc^ 
prières,  méditcUions  et  actions  de  grd' 
ces  recueilUes  de  St. -Augustin  et  au- 
tres docteurs  de  l'Eglise,  Paris,  Abr. 
Pacard,  1615^  in-16,  le  classe  parmi 
les  écrivains  protestants.  Nous  nous 
croyons  donc  autorisés  à  lui  donner 
place  dans  notre  ouvrage,  en  faisant 
remarquer  cependant  que  nous  n'a- 
vons pas  trouvé  son  nom  dans  les 
Registres  de  Charenton. 

PAGES,  nom  d'une  des  plus  an- 
ciennes familles  du  Languedoc.  Deux 
frères  de  ce  nom,  Christophe  et  Hérail 
de  Pages,  fils  d'Antoine  de  Pages,  mort 
en  1553,  et  de  Jeanne  Pelegrin{i), 
embrassèrent  les  doctrines  évangéli- 
ques.  Le  premier^  sieur  de  Porquaires 


(1)  louit  de  Pelegrin  est  cité  dani  une  liste 
degentilshommeslangaedoeienfayantdroitd'exer- 
cice  en  1685  (Arch.  Tt.  33A). 


PAG 


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OQ  Porcairès  (i),  porta  les  armes  dès 
la  première  guerre  civile  (2).  Après  la 
prise  de  Beaucaire^  ses  coreligiomiai- 
rcs  lui  en  confièreut  la  défense;  mais 
les  Catholiques  mirent  sa  vigilance  en 
défaut.  11  perdit  son  enseigne  Lédiynan, 
et  fut  heureux  que  Tennemi  lui  laissa 
le  temps  de  s'enfermer  dans  le  château. 
£n  1569,  il  commandait  dans  Mey- 
rueispour  le  parti  huguenot^  et  mourut 
sans  alliance  en  1585.  Le  second,  qui 
avait  vaillamment  contribué  à  la  dé- 
fense de  Sommières,  en  1575  (Voy, 
IV,  p.  444),  fut  nommée  en  1579,  gou- 
verneur de  Lunel,  et  assista,  en  cette 
qualité^  Tannée  suivante,  à  rassem- 
blée de  Sommières,  où  il  vola  pour  la 
reprise  des  hostilités.  Le  roi  de  Na- 
varre lui  avait  donné,  par  brevet  du 
1 5  janv.  1 580>  le  titre  de  gentilhomme 
de  sa  chambre.  Nous  avons  parlé  ail- 
leurs (Voy,  VU,  p.  344)  de  l'expédition 
qu'il  fit,  quelque  temps  après,  dans  le 
Gévaudan.  £n  1 581 ,  le  Bas -Languedoc 
le  députa  de  nouveau  à  l'Assemblée 
politique  de  Montaubau.  Eu  1584,  nous 
le  trouvons  remplissant  les  fonctions 
de  commandant  de  l'artillerie  dans  le 
Languedoc.  L'année  suivante^  il  fut 
nommé  capitaine  de  50  hommes  d'ar- 
mes, en  récompense  de  ses  services. 
Les  généalogistes  ne  nous  font  pas 
connaître  l'année  de  sa  mort.  Il  avait 
épousé,  en  l  hSi  ,Su.sanne  de  La  Tour, 
qui  lui  donna  un  fllset  trois  filles.  Ce  dis, 
nommé  Jean,  assista,  en  1 6 1 5,  à  l'as- 
semblée de  Lunel  (Àrch.gén,  Tt.252)^ 
et  fut  nommé,  le  10  fév.  1617,  gou- 
verneur de  Meyrueis.  11  testa  en  1647. 
De  son  mariage  hyec  Jeanne  Blancard, 

(1)  On  troQte  ce  nom  écrit  encore  Porcarès, 
Pourcayrèsj  Porguerez^  etc. 

(3)  Il  Bât  difficile  de  le  distinguer  de  son  frère, 
qui  paraît  aroir  combattu  aussi  dans  les  rangs 
des  Huguenots  dès  1563.  Il  est  probable  que  c'est 
lui  qui  commandait  aToc  Paraloup  à  Montignac 
peu  de  temps  atant  le  combat  de  Pézenas,  et  qui 
rendit  la  Tille  à  Joyeuse  par  capitulation,  capitu- 
lation que  le  chef  catholique  Tiola,  en  faisant 
mettre  à  mort  quatre  hommes  de  la  garnison, 
entre  autres  Bomaïf;  mais  tout  nous  porte  à  croire 
que  c'est  son  frère  qui  est  cité  parmi  les  capi- 
taines serrant  à  Montpellier  sons  Befutdiné  (  Vov. 
IV,  p.  133). 


sœur  du  baron  de  Moissac^  et  flUe  de 
Pierre  Blancard,  docteur  en  droit,  juge 
au  siège  présidial  de  Montpellier,  et 
de  Violande  Boucaud,  qu'il  avait  épou- 
sée en  1605,  naquirent:  l»  Pierre, 
qui  suit  ;  —  2°  Hérail,  sieur  de  Férus- 
sac,  mort  en  1650;  —  3«  Jacques, 
sieur  de  Yillaret,  capitaine  de  cbevau- 
légers,  mort  en  1 653  ;  —  4»  N.,  femme 
de  N.  de  Bossugues,  sieur  d'£spinas- 
sous  ; — 50  Marguerite  ; — 6°  Jeanne  ; 
—  70  Anne;  —  8°  Susanne. 

Pierre  de  Pages,  sieur  de  Porquaires, 
capitaine  au  régiment  de  Tournel,  par 
commission  du  3  sept.  1635,  gouver- 
neur et  viguier  de  Meyrueis,  par  pro- 
vision du  7  oct.  16 47,  et  gentilhomme 
ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  ob- 
tint, au  mois  de  déc.  1647,  l'érection 
de  sa  terre  de  Porquaires  en  baronnie, 
comme  récompense  des  services  qu'il 
avait  rendus  dans  les  guerres  d'Italie 
et  en  Roussillon.  En  1652,  il  fut  nom- 
mé mestre-de-camp  d'un  régimentd'in- 
fanteric.  Il  vivait  encore  en  1671.  Sa 
.  femme  Sttsanne  de  Berger,  fille  d'£- 
tienne  de  Berger,  maître  de  la  Cham- 
bre des  comptes  en  Languedoc,  qu'il 
avait  épousée  en  1634,  lui  avait  donné 
onze  enfants,  savoir  :  i»  Etienne,  mort 
jeune;  —  2®  Jacques,  baron  de  Por- 
quaires, marié,  en  1671,  à  Susanne 
de  Bonniol,  fille  d*Etienne,  sieur  de 
La  Bastide,  et  de  Diane  de  Gabriac, 
dont  il  eut  Jean,  François  et  Claude- 
Louis;  —  3»  Jean  ;  —  4«  Pierre,  con- 
seiller du  roi  et  juge  à  Terrebasse 
dans  l'Albigeois.  Il  est  probablement 
identique  avec  Pierre  Pages,  sieur  de 
Margueron,  âgé  de  53  ans,  qui  fut 
condamné,  par  l'intendant  de  Guienne, 
à  être  pendu,  ainsi  que  Jean  Pauvert; 
sa  femme  Isabeau  Brugère,  âgée  de 
63  ans,  à  être  rasée  et  enfermée  pour 
le  reste  de  ses  jours;  sa  maison  de 
Margueron  à  être  rasée,  et  en  outre, 
à  1 ,500  livres  d'amende,  parce  qu'il 
avait  tenu  chez  lui  des  assemblées  re- 
ligieuses (Arch.  gén,  M.  672).  Il  est 
vrai  que  le  Dict.  de  la  Noblesse  ap- 
pelle sa  femme  Jeanne  de  Giscard;  mais 
Il  se  peut  qu'il  ait  été  marié  deux  fois. 


PAI 


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PAJ 


Quoi  qa'il  en  soit^son  flls  Pmu  ab- 
jura; —  5»  François;  —  €•  Jban- 
PiBRRB  ;  —  7«  Etienne^  sieur  de  Beau- 
fort,  né  en  1 657,  et  marié,  en  1 680, 
à  Françoise  de  Perrin,  fllie  de  François 
de  Perrin,  sienr  de  Mézières,  et  de 
Marie  SolomiaCy  dont  il  eut  Alexis, 
François  et  Jeanne  ;—  8«—  1 1  »  Anne, 
Kadelaine,  Marie  et  Susanne. 

Il  nous  a  été  impossible  de  décon- 
Trir  s'il  existait  un  lien  de  parenté 
entre  cette  famille  et  Jean  Pages,  de 
Monségur,  qui,  après  avoir  fait  ses 
études  à  Sanmur,  où  il  soutint,  sous 
la  présidence  û'AmyraMt,  une  thèse  De 
perseverantid  fidei,  ins.  dans  les  The^ 
ses  salm.,  fut  donné  pour  ministre  à 
l'église  de  Château-Thierry. 

PAIN  (N.),  ministre  de  Fontenay, 
était,  selon  le  témoignage  de  Benoit, 
fort  estimé  dans  sa  province  à  cause 
de  son  zèle,  de  sa  piété  et  de  sa  mo- 
destie. En  1680,  une  visite  pastorale 
qa'U  fit  an  relaps  Du  Chail  lui  attira 
on  châtiment  sévère.  Après  l'avoir  re- 
tenu quatre  mois  en  prison,  on  lui  rendit 
U  liberté,  mais  avec  défense  de  sortir 
de  la  maison  de  son  beau-frère,  le  mi- 
nistre GouM^t,  de  Poitiers.  L'année  sui- 
vante, il  fut  encore  soumis  à  de  plus 
rodes  épreuves.  Arrêté  avec  son  col- 
lègue Du  Soûl  et  les  deux  anciens  de 
Vienne  et  Giraudeau,  sous  Taccusa- 
tion  de  favoriser  l'émigration  des  Pro- 
testants, il  fut  emprisonné  à  Angou- 
léme.  Au  bout  d'un  an  et  plus  de  déten- 
tion, et  après  qu'on  l'eut  dépouillé  de 
tout  ce  qu'il  avait  emporté  en  quittant 
son  logis,  il  fut  conduit  par  la  maré- 
chaussée sur  les  frontières  du  Poitou 
avec  ordre  de  retourner  chez  lui.  Quel- 
que temps  après,  la  révocation  le 
eliassa  de  France.  En  1698,  Daniel 
Pain,  son  fils,  libraire  à  Amsterdam, 
publia,  en  l  vol.  in-8«.  Les  trois  der- 
niers sermons  du  sieur  Pain,  ministre 
réfugié  à  Amsterdam,  d'où  Ton  peut 
conclure  qu'il  mourut  vers  ce  temps. 

Painétaitfiisde Dam'el  Pam, du  Poi- 
tou, ministre  de  Châtellerault,  qui  était 
allé  faire  sesétudesàGenèveen  i  620,et 
qui  avait  épousé  Madelaine  de  La  Du- 

T.  vm. 


guie;  il  était  donc  aussi  le  frère  û'Elie 
Pain,  qui  donna  des  preuves  incon- 
testables de  son  attachement  à  la  rcli  - 
glon  réformée  à  l'époque  de  la  révoca- 
tion (Arch,  gén.  E.  3373).  Cet  Elic 
était  négociant  et  avait  épousé  à  Paris, 
en  1668,  étant  âgé  de  27  ans,  Marie 
Fouquier,  fille  de  Richard  Fouquier  et 
de  Susanne  Uédouin.  Il  réussit  à  pas- 
ser en  Angleterre  et  s'établit  à  Lon- 
dres. 

Parmi  les  pasteurs  de  l'église  fran- 
çaise de  Bristol,  M.  Burn  cite,  sous  la 
date  de  1726,  un  Pain,  à  qui  se  rat- 
tachaient sans  doute  par  d'étroits  liens 
de  parenté  Louis  Pain ,  auteur  de 
Short  view  offSpanish  A  merica,  Lond., 
1732,  in- 80,  et  Guillaume  Pain,  ar- 
chitecte, qui  a  publié  The  practical 
builder,  Lond.,  1 774-76,  2  vol.  in-40; 
British  Palladio,  Lond.,  1 797,in-fol.  ; 
The  carpenter's  pocket  directory,  en 
24  feuilles,  et  The  practical  house  car* 
penter,eii  148  feuilles  in-4«.  Faute  de 
renseignements,  nous  ne  saurions  dire 
si  cette  branche  anglaise  descendait  de 
la  famille  P^in  du  Poitou,  ou  d'une 
autre  famille  du  même  nom  qui  habitait 
Arvertet  qui  nous  est  connue  par  Pierre 
Pain,  capitaine  de  vaisseau  au  service 
delà  Compagnie  du  Sénégal,  marié,  en 
1661,  avec  Susanne  Jouberteau  {Arch . 
Tt.  258). 

PAJON,  nom  d'une  famille  duBlai- 
sois,  qui  embrassa  de  bonne  heure  les 
doctrines  de  la  Réforme,  comme  sem- 
blent le  prouver  l'alliance  de  Denis  Pa- 
jon,  sieur  des  Barres  et  de  Villaine, 
avec  Claudine  Bazin,  sœur  du  procu- 
reur du  roi  Jean  Bazin  (Voy.  ce  nom), 
et  celle  de  son  fils  Claude,  sieur  de 
Villaine,  avocat  au  parlement,  avec 
Louise  Brachet.  Du  mariage  de  ce 
Claude,célé6ré  en  1563,naquireDt  trois 
fils,  nommés  Je  AN,  MicnsLet  Claude. 

L  Jean  Pajon,  avocat  au  parlement, 
prit  pour  femme,  en  1593,  Esther  Eu- 
guet,  H  en  eut  deux  enfants.  Sa  fllle 
Esther,  née  à  Blois  en  1594,  épousa 
Pierre  Le  Clerc,  sieur  de  La  Chesnaye, 
qu'elle  renditpère  de  deux  fils  :  yacgik>«, 
sieur  des  Fourneaux,  et  Isaac,  sieur 

5 


PAJ 


66  — 


PAJ 


des  Places,  et  de  deux  filles.  Elisabeth  et 
i/ar^Mé»n7p.  Son  fils  Daniel,  ncàBlois, 
le  9  déc.  !o94,  fui  grellicr  en  chef  en 
Téleclion  de  sa  ville  nalalc.  Il  eut  de 
sa  femme  Marguerite  Belon,  fille  do 
Gaspard  Bdon,  secrélairedurol,  deux 
fils  nommes  Gaspard  et  Daniel.  L'al- 
né,  Gaspard,  né  le  12  juin  1642,  fut 
marié  deux  fois,  en  premières  noces 
avec  Sara  Chesmm,  en  secondes,  avec 
Catherine  Bellay, ci  il  fut  père  de  deux 
enfants,  nommés  Jacques  et  Anne,  qui 
paraissent  avoir  été  élevés  dans  la  re- 
ligion romaine  (1).  Le  cadet,  Daniel, 
docteur  en  médecine,  n'ayant  point 
abjuré  à  la  révocation  et  se  montrant, 
au  contraire,  disposé  h  accepter  les 
offres  de  l'électeur  do  Brandebourg, 
qui,  ayant  entendu  parler  de  son  mé- 
rite, rappelait  à  sa  Cour,  le  gouver- 
nement français,  pour  l'empêcher  d'é- 
migrer,  le  fit  jeter  dans  les  prisons  de 
Blois  {Arch.  gén.  E.  3372).  Une  cure 
difficile  qu'il  opéra  sur  la  femme  de 
riDtendant  de  Châlons,  lui  valut  sa  li- 
berté; mais  en  1699,  il  fut  incarcéré 
de  nouveau  comme  coupable  d'irrévé* 
rence  envers  le  Saint-Sacrement  (Ibid. 
E.  3385).  Il  est  probable  qu'il  resta 
huguenot  tout  aussi  zélé  jusqu'à  la  fin 
de  sa  vie.  De  son  mariage  avec  Margue- 
rite Horguelin  naquirent  deux  fils,  qui 
reçurent  les  noms  de  Gaspard  et  d'A- 
BRADAU.  Gaspard  passa  en  Angleterre, 
et  s'éleva  dans  les  troupes  anglaises 
au  grade  de  capitaine.  Il  épousa  Louise 
PavereaUy  dont  il  eut  Jean-Louis.  Ce 
dernier  prit  pour  femme  une  écossaise 
qui  lai  donna  trois  fils  et  une  fille.  L'un 
des  fils,  nommé  Jean-Claude,  rentra 
en  France  :  il  était,  en  1825,  curé  à 
Felletin.  Quant  à  Abraham,  second 
dis  de  Daniel,  et  docteur  en  médecine 
comme  son  père ,  il  épousa  Marie- 
Anne  Huetteau,  et  en  eut  deux  fils, 
Louis -Esaïe  et  Pierre- Abraham. 

(1)  Ces  renseignements  généalogiques  nous  ont 
été  communiqués  par  M.  Ernest  Vinel,  dernier  re- 
présentant do  celte  brancbe,  dont  il  descend  par 
ta  nère  Eugénie  Pajon,  née  à  Blois,  en  1780,  de 
Charles  Pajon  do  La  Cbambeaudière,  conseiller  à 
la  cour  de  cassation,  et  de  Marthe  Petit  de  La 
Halardlère. 


Tant  qu'il  eut  à  redouter  des  persé- 
cutions, n  cacha  soigneusement  sa  re- 
ligion ;  mais  lorsque  les  rigueurs  du 
gouvcrncmenls-adoucirenl,  il  ne  crai- 
gnit pas  de  laisser  partir  pour  Berlin 
son  fils  niné,  tout  en  gardant  auprès  de 
lui  le  cadet,  qui  parait  avoir  professé  le 
catholicisme,  tandis  que  son  frère  de- 
vint un  des  conducteurs  spirituels  de 
l'Eglise  réformée. 

Né  à  Paris,  le  21  mai  1725,  Loais- 
Esaïe  Pajon,  sieur  de  Moncels,  fit  ses 
études  au  collège  français  de  Berlin, 
et  s'appliqua  à  la  théologie.  Après 
avoir  été  admis  au  ministère,  Il  fat 
donné  pour  pasteur  à  Téglise  française 
de  Bernau,  d'où  il  fut  appelé,  en  J  753» 
à  Leipzig.  C'est  dans  cette  ville  qu'il 
se  lia  d'amitié  avec  Gellert.  Au  retour 
d'un  voyage  qu'il  fit  à  Paris  pour  voir 
ses  parents,  il  rentra  dans  son  église 
de  Bernau,  qu'il  quitta  pour  la  place 
de  pasteur  de  l'hôpital  Ào  Berlin,  en 
1 765.  Trois  ans  plus  tard,  il  fut  appelé 
à  succéder,  comme  ministre  de  la  pa* 
rols8edeBerlin,à/{o^erJ>ai;td  Naudé. 
Plus  tard  encore,  en  1783,  il  fut  nom- 
mé conseiller  du  consistoire  et  inspec- 
teur du  collège  français.  Il  mourut  le 
24  Juin.  1796,  laissant  un  fils  de  sa 
femme,  N.  Pormey,  On  a  de  lui  : 

I.  Leçons  de  morale  ou  Lectures  aca- 
démiques faites  dans  l'université  de 
Leipzig  par  feu  M,  Gellert,  trad,  de 
l'aUemand,  Utrecht  et  Leipz.,  1772, 
2  vol.  in-8»;  Utrecht,  1775,  2  vol. 
in-8o;Gen.,  1786, 2  part,  en  1  vol.  8». 

I I .  Léonard  et  Gertrudeou  les  mœurs 
villageoises,  trad.  de  l'allem.,  Berlin, 

1 783,  in-8<>,  avec  flgg.  ;  Laus.  et  Paris, 

1784,  2  vol.  ln-12. 

ni.  Sermon  d'actions  de  grâce  en 
mémoire  de  la  fondation  des  colonies 
françoises,  Berlin,  1785,  in-S^. 

IV.  Oraison  funèbre  de  Frédéric  H, 
roi  de  Prusse,  Berlin,  1786,  in-8o. 

Pajon  a  trad.,  en  outre,  mais  on 
ignore  si  son  travail  a  été  livré  à  l'im- 
pression, les  trois  premiers  vol.  du  Li- 
vre élémentaire  de  Basedow,  et  les  pre- 
miers vol.  de  la  Géographie  de  Bù- 
scbing.  Nous  savons  déjà  (Voy.  Il, 


PAJ 


—  67  - 


PAJ 


p.  137)9  qo'ii  aaassi  édile  V Histoire 
de  la  Réformation  par  Beaxksobre. 

II.  Michel  Pajon^  sieur  des  Places^ 
eoDseiller  du  roi,  contrôleur  au  gre- 
nier à  sel  et  élu  à  rélcclion  de  Romo- 
rantin,  prit  pour  femme  Marguerite 
Monceau, dont  il  eut:  1*  Michel,  sieur 
de  Villaine,  marié  à  Madelaine  Tru- 
meau,  dont  la  famille  resta  fldèle  à  la 
foi  protestante  au  moins  jusqu'à  l'é- 
poque de  la  révocation,  à  ce  qpe  nous 
apprennentles  Registres  deCharenton, 
où  nous  trouvons  inscrits,  sous  la  date 
de  1 68 1 ,  le  mariage  de  Louis  Trumeau, 
sieur  de  Ligny  et  avocat,  fils  i\' Etienne 
Trumeau,  docteur  en  médecine,  de 
La  Cbàtre,  et  de  Madelaine  Bourdin, 
avec  Madelaine  de  Mardeaux,  veuve 
de  Jean  Pemajon,  sieur  de  Coulanges, 
de  La  Rochelle;  —  2<*  Margueritb, 
femme,  en  1636,  de  Claude  Deiyne, 
djeur  de  Martignan;  — 3«  Louise,  mar 
fiée  à  Isaac  Guinet,  Nos  renseigne- 
ments sur  cette  branche  ne  s'étendent 
pas  plus  loin. 

IIL  Claude  Pajon,  sieur  de  Léjumeao, 
conseiller  du  roi  en  l'élection  de  Ro- 
morantin,  épousa  Madelaine  Lefèvre, 
Ûlle  de  Henri  Lefèvre,  apothicaire  et 
valet  de  chambre  de  la  reine-mère,  et 
de  Marie  Trumeau,  mariage  qui  con- 
féra à  ses  deseendants  le  privilège  d'ad- 
mission an  collège  de  Boissy,  fondé 
par  le  célèbre  Alain  Ghartier,  un  des 
ancêtres  de  sa  femme.  Ses  enfants  fu- 
rent :  i«  Claude,  qui  suit  ;— 2»  Henri, 
sieur  de  Léjumeau,  marié,  en  1 656,  à 
E$ther  Uger,  flUe  d'André  Liger  et  de 
Jacqueite  David,  laquelle  resta  veuve 
avec  deux  enfants  :  Uemri  et  Esther, 
femme,  en  iQlS,d* Isaac  Boesnier-du- 
Portail^  et  se  remaria,  en  167 1,  avec 
Jacques LeCUrc,  sieur  des  Fourneaux; 
—  3*  MADELAraB,  femme,  eu  1645, 
d' Isaac  Papin;  —  4°  Marie,  épouse 
d' Isaac  Le  Clerc,  sieur  des  Places. 

Claude  Pajon,  sieur  de  La  Dure, 
théologien  protestant,  naquit  à  Romo- 
rantin,  en  1626,  et  mourut  à  Carré 
près  d'Orléans,  le  27  sept.  1685. 

Pajen  fit  ses  études  à  l'académie  de 
8&nmiir,oiiilaoatintdeiixthè8esquiont 


été  ins.  dans  les  Thèses  salmur.,  l'une 
De  necessitate  baptisîni,  sous  la  pré- 
sidence d'Amyraut;  l'autre  Dcminis- 
terii  Verbi  diiini  necessitate,  sons  celle 
de  L.  Cappel.  A  24  ans,  c'est-à-dire 
en  1 650,  il  fut  donné  pour  pasteur  à 
l'église  de  Marchenoire,  comme  suc- 
cesseur de  Jean  i4r(ii//on,etilnetarda 
pas  à  se  faire  remarquer  par  la  péné- 
tration, la  justesse  et  la  netteté  de  son 
esprit.  Appelé,  en  1665,  à  prêcher 
devant  le  s>node  de  l'Anjou,  il  laissa 
percer  quelquesopinions qui  lui  étaient 
particulières  sur  la  prédcslination  et 
la  grâce.  Plusieurs  de  ses  collègues, 
calvinisteszélés,  s'en  montrèrent  scan- 
dalisés; leur  influence  toutefois  n'alla 
pas  jusqu'à  empocher  la  nomination 
de  Pajon  à  une  chaire  de  théologie  dans 
l'académie  de  Saumur,  en  1GG6;  mais 
Jurieu,  qui  débutait  dans  son  rùlc  de 
défenseur  oflicieux  de  rorthodoxic,  se 
donna  tant  de  mouvement  et  lit  tant 
de  bruit,  que,  dès  l'année  suivante,  le 
synode  de  l'Anjou  se  crut  obligé  de 
soumettre  à  un  examen  rigoureux  une 
doctrine  qui,  au  dire  de  ses  adversaires, 
mettait  en  péril  la  véritable  religion. 
Après  de  longs  débals,  les  principes 
de  Pajon  furent  reconnus  moins  dan- 
gereux qu'on  ne  le  prétendait,  et  il  fut 
maintenu  dans  son  poste;  mais  fati- 
gué de  ces  querelles  et  sachant  fort 
bien  qu'il  n'y  avait  pour  lui  ni  paix  ai 
trêve  à  attendre  des  orthodoxes,  li  sai- 
sit la  première  occasion  qui  s'otîrit 
de  quitter  sa  chaire.  La  mort  de  Per- 
reaux ,  ministre  d'Orléans,  dont  il 
épousa  plus  tard  la  iille,  lui  permit  de 
mettre  à  exécution  son  projet,  en  1 668  ; 
il  acceptala  vocation  qui  lui  fut  adres- 
sée par  celte  église. 

Pajon  espérait  jouir  de  plus  do  Iran- 
quillilé,  parce  qu'il  serait  moins  en 
évidence;  il  se  trompait.  Malgré  Tex- 
tréme  reserve  qu'il  mettait  dans  la  ma- 
nirestation  de  ses  sentiments,  malgré 
le  service  qu'il  rendit  à  l'Eglise  pro- 
testante en  réfutant  avec  une  grande 
supériorité  de  talent  un  écrit  du  célè- 
bre Nicole,  il  ne  put  se  soustraire  aux 
attaques  de  plus  en  plus  vives  des  dé- 


k 


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68  — 


PAJ 


tenseurs  de  la  prédestination  absolue^ 
exaspérés  par  les  progrès  du  pajonisme, 
dont  les  partisans  se  multipliaient  ra- 
pidement. En  Ifi77,  Jurieu  vint  à  Pa- 
ris pour  se  concerlcr  avec  Claude, 
Daillé  et  quelques  autres  Ihéologlens 
en  renom  sur  les  moyens  de  faire  con- 
damner sa  doctrine  (l).  Sous  leur  in- 
llucnce,  plusieurs  synodes  et  Tac^dé- 
mie  de  Sedan  rejetèrent  comme  enta- 
chées de  pélagianisme  et  d'arminianis- 
me  les  opinions  du  disciple  d'Amyraul 
sur  le  concours  de  la  volonté  humaine 
dans  l'œuvre  de  la  régénération,  sans 
nommer,  il  est  vrai,  Pajon,  mais  aussi 
sans  rcnlendre.  Et  ce  qu'il  y  a  encore 
de  plus  étrange,  c'est  que,  lorsque  Pa- 
jon voulut  expliquer  et  justifier  ses 
sentiments,  on  prétendit  le  lui  défen- 
dre, sous  prétexte  qu'il  cherchait  à  pro- 
pager son  hérésieT  «  Tel  est,  dit  judi- 
cieusement Chauflepié  à  ce  sujet,  tel 
est  le  malheureux  eflet  que  produisent 
ces  sortes  de  disputes,  qu'elles  enga- 
gent les  gens  les  plus  sages  en  des  dé- 
marches contraires  à  l'équité  et  à  la 
prudence.  » 

En  se  laissant  entraîner  par  l'auto- 
rité de  Claude,  de  Jurieu,  de  Du  Bosc, 
à  condamner  la  doctrine  de  Pajon^  les 
synodes  qui  la  réprouvèrent,  outrepas- 
sèrent d'ailleurs  leurs  pouvoirs.  Ce 
n'était  pas  à  eux  que  la  Discipline  re- 
connaissait le  droit  de  prendre  des  dé- 
cisions dogmatiques,  mais  aux  Synodes 
nationaux;  et  encore  moins  étaient-ils 
autorisés  à  faire  exécuter  leurs  sen- 
tences avec  la  rigueur  qu'on  y  apporta. 
Si  quelque  chose  nous  étonne,  c'est 
que  Pajon  ne  se  soit  pas  révolté  ouver- 
tement contre  celte  tyrannie,  et  qu'il 
ne  se  soit  pas  dit  qu'autorilé  pour  au- 
torité, il  préférait  encore  celle  du  Con- 
cile de  Trente  à  celle  du  Synode  de  La 
Rochelle.  Mais  il  était  si  sincèrement 
dévoué  à  la  cause  de  TEvangile,  que 
loin  de  songer  à  se  séparer  de  l'Eglise 
réformée,  il  se  fit  un  devoir  de  prendre 

(1)  Les  cnrieuK  tronvoronl  dans  le  T.  XIV 
de  la  Collection  Conrart,  sous  le  titre  de  Procé' 
dure  contre  Pajon  en  1667,  le  récit  de  tout  ce 
qni  (ul  macbinéen  cette  occasion. 


de  nouveau  sa  défense  en  1682,  en 
composant  sur  l'Avertissement  du  cler- 
gé des  remarques  aussi  fines  que  so- 
lides. Toutefois,  si  les  taquineries  aux- 
quelles il  fut  en  butte,  ne  purent  le 
jeter  dans  les  bras  du  clergé  romain, 
qui  raurait  accueilli  avec  une  joie  in- 
finie, oserait-on  affirmer  qu'elles  restè- 
rent sans  influence  sur  la  conversion 
de  ses  enfants,  lesquels  embrassèrent 
tous  le  catholicisme  après  la  révocation 
de  redit  de  Nantes ,  et  dont  un  se  fit 
même  prêtre  de  l'Oratoire? 

Claude  Pajon  avait  épousé,  en  pre- 
mières noces,  Catherine  Tcstard,  fille 
de  Paul  Tcstard,  ministre  de  Blois. 
Resté  veuf  sans  enfants,  il  se  remaria, 
en  1670,  avec  Esther  Perreaux,  fille 
de  Perreaux ,  ministre  d'Orléans ,  et 
û'Esthf^r  Dumas,  Il  avait  laissé  un  as- 
sez grand  nombre  d'ouvrages  qui  se 
distinguent  surtout  par  une  argumen- 
tation puissante.  «  Il  avoit,  dit  Baylc, 
une  grande  netteté  d'esprit  et  une 
adresse  merveilleuse  à  se  servir  de 
toutes  les  armes  de  la  logique ,  soit 
pour  démêler  le  foible  d'un  faux  rai- 
sonnement, soit  pour  bien  fortifier  une 
preuve.  »  Mais  des  cinquante  écrits 
et  plus  qu'il  avait  composés,  trois  seu- 
lement ont  vu  le  jour. 

l.  Sermon  sur  II  Cor.  111,  17,  Sau- 
mur,  1 666,  in-80. —  C'est  dans  ce  ser- 
mon, comme  nous  l'avons  dit,  qu'il 
laissa  percer  ses  sentiments.  Le  sys- 
tème dogmatique  de  Pajon  ou  le  pajo- 
nisme ne  niait  point  la  nécessité  delà 
grâce  de  Dieu  ni  son  efljcacité  dans 
l'œuvre  de  la  conversion,  il  essayait 
seulement  d'adoucir  ce  qu'il  y  a  de  dé- 
solant dans  le  dogme  calviniste  de  la 
prédestination  absolue;  de  donner  une 
explitcaion  rationnelle  des  eScts  de  la 
gr&ce,  et  de  relever  Tàme  humaine  de 
la  passiveté  où  la  plonge  la  théorie 
mystique  sanctionnée  à  Dordrechl, 
théorie  trcs-favorable  aux  révélations 
immédiates  dont  se  vantent  les  fana- 
tiques. Selon  Pajon,  la  grâce  n'agit 
qu'objectivement,  c'est-à-dire  que  l'Es- 
prit saint  présente  à  l'homme  dans  la 
Parole  de  Dieu  des  vérités  et  des  mo- 


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tifs  de  conversion  propres  à  porter  sa 
volonté  vers  le  bien;  c'est  h  rcsprit 
humain  à  se  laisser  convaincre  par  ces 
vérités  et  loucher  par  ces  motirs.  L'ac- 
tion de  la  grâce  est  donc  purement 
spirituelle  ;  elle  n'agit  pas  immédiatc- 
mcnl  sur  le  cœur  ni  d'une  manière  ir- 
résistible. Avec  ce  système,  que  Isaac 
Papin  formula  d'une  manière  plus  clai- 
re et  plus  précise,  Pajon  n'avait  pas 
besoin  de  rejeter  la  grâce  particulière, 
d'en  révoquer  en  doute  la  nécessité, 
et  il  pouvait,  en  toute  vérité,  afllrroer 
qu'il  n'était  ni  arminien  ni  socinien. 

II.  Examen  du  livre  qui  porte  pour 
titre  Préjugez  légitimes,  etc.,  Bionne, 
1673,  2  vol.  in-12;  CliarenL,  1673, 
2  vol.  in-12;  La  Haye,  1G83,  2  part. 
in-i2.  —  Ce  livre  acquit  à  Pajon  une 
réputation  très-grande  et  très-bien  mé- 
ritée. 

III.  Remarques  sur  l'Avertissement 
pastoraly  avec  une  relation  de  ce  qui 
se  passa  au  consistoire  d'Orléans,  as- 
semblé à  Bionne ,  quand  il  fut  signi- 
fié; une  Lettre  de  l'auteur  à  MM.  du 
clergé  de  France  et  une  Réponae  à 
quelques  difficultés  que  l'oii  fait  ordi- 
nairement aux  Protestansy  Amslerd., 
1685,  in-12. 

PALAIRET  (EUE),  ministre  pro- 
testant et  savant  philologue^  naquit  à 
Rotterdam,  en  1713,  d'une  famille  de 
Réfugiés,  il  reçut  àH  première  éduca- 
tion dans  sa  ville  natale  et  alla  ensuite 
étudier  la  théologie  à  l'uni vcrsi te  de 
l^yde.  Après  avoir  desservi  différen- 
tes églises,  celle  d'Aardcnburg,  en 
1741,  celle  de  Dornick,  en  1749,  en 
qualité  de  second  pasteur,  et  celle  de 
Tournay,  il  passa  en  Angleterre  et  fut 
nommé  ministre  de  Téglise  française 
dcGrecnwich.  En  1755,  il  reçut  voca- 
tion de  l'église  de  Saint-Jean  à  Lon- 
dres, à  la  recommandation  de  Jean  Des 
Champs,  qui  l'y  installa.  Plus  tard,  Té- 
véque  de  I^ngor,  qui  appréciait  ses 
talents,  le  choisit  pour  son  vicaire.  La 
date  précise  de  sa  mort  nous  est  in- 
connue; il  pardlt  qu'il  termina  ses 
jours  en  1765.  On  a  de  lui  : 

I.  Observationespkilologico-criticœ 


in  sacros  A'.  T.  Ubros,  quorum  plu- 
rima  loca  ex  auctoriirts  polLsimùm 
grœcis  exponanlur^  Leyilo,  1  '/Si?,  8°. 

11.  Propve  van  ccn  uorihdkundiij 
WoordiTïhock  over  de  hciUyi  B)'h:.i 
des  niufven  Verhonds,  Leydc,  1 7r»-i,  îi^. 

m.  Th'\saurus  ellipsium  la f inarum, 
site  KX)cum  qnœ  inscrmonclatino  suj)- 
pressœ  vindicantury  Lond.,  ITOO,  s». 

IV.  Spécimen  exercitationuin  in  N. 
r.,  Lond.,  1760,  in-8«. 

V.  Sppcimen  exercitationum  philo- 
logicO'Criticarum  in  sac  ros  xV.  Fœde- 
ris  libros,  Lond.,  1 760,  in- 8°.  —  Cet 
ouvrage,  cité  par  Walt,  n'est  peut-être 
qu'une  réimp.  du  N»  l. 

On  attribue  aussi  à  l'alairctune  édi- 
tion du  Testament  de  Wclstein. 

PALAIRET  (Jean),  maître  de  lan- 
gue française  de  leurs  A.  H.  le  prince 
Guillaume  et  les  princesses  Marie  et 
Louise  d' An^rlclcrre,  et  agent  des  Etals- 
Généraux  à  Londres,  naquit  h  MontaU' 
ban  en  16U7.  Il  ne  nous  est  d'ailleurs 
connu  que  par  ses  ouvrages,  dont  voici 
les  titres  : 

I.  Nouvelle  méthode  pour  appren- 
dre à  bien  lire  et  à  bien  orthographier, 
Lond.,  1727,  in-12;  12«édit.,  1758, 
in-12;  nouv.  édit.  donnée  par  For  m  ey, 
Berlin,  1775,  in-8». 

II.  A  short  treatise  upon  the  arts 
and  sciences,  in  Frcnch  and  English, 
1 736,  in-8«>. 

III.  New  royal  French  grammar, 
Lond.,  1758,  in-8<»;  8*  édit.  revue  par 
l'auteur,  Lond.,  1769,  in-l2. 

IV.  Nouvelle  introduction  à  la  géo- 
graphie moderne,  Lond.,  1754-1755, 
3  vol.  In- 12. 

V.  Allas  méthodique,  Lond.,  1754, 
in-fol.— Contenant  53  cartes. 

VI.  -1  concise  description  ofthe  En- 
glish  and  French  possessions  in  Nurtb 
America,  Lond.,  1755,  in-8o;  publie 
en  franc.,  t7n6. 

PALISSY  (Bernard),  un  des  plus 
beaux  génies  et  un  des  plus  nobles  ca- 
ractères des  temps  modernes,  naquit 
dans  le  diocèse  d'Agen  (l),  au  com- 

(1)  Â  la  Cbapelle-BiroD,  dans  le  F^rigordi  aii 
lèmoigpage  des  plis  rmenU  biographes  de  P«- 


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mencement  da  xyi«  siècle  (vers  1510^ 
d'après  d'Aubigné),  el  mourut,  au  rap- 
port de  L'Estoile,  en  1590,  à  la  Bas- 
tille (1589,  d'après  d'Aubigné). 

On  ne  connaît  sur  la  vie  de  Palissy 
que  le  peu  de  détails  qu'il  nous  a  don- 
nés lui-même  incidemment  dans  ses 
éfils;  c'est  à  peine  si  son  nom  se 
trouve  mentionné  par  ses  contempo- 
rains. Telle  fut  la  destinée  de  nos  plus 
éminents  artistes.  A  cette  époque, 
Tartiste  était  encore  confondu  avec 
l'artisan;  on  honorait  les  œuvres, 
et  on  méprisait  l'ouvrier.  Palissy  n'é- 
tait dans  Torigine  qu'un  homme  de 
métier,  il  élait  verrier  de  son  état; 
mais  la  nature  l'avait  doué  d'un  grand 
esprit  d'observation,  et  cet  esprit  lui 
tint  lieu  d'instruction.  Il  eut  ainsi  l'a- 
vantage inappréciable,  dans  un  siècle 
de  préjugés  et  de  superstition,  de  se- 
mer dans  un  terrain  vierge.  11  aborda 
le  champ  des  connaisfancessans  idées 
préconçues,  sans  système,  comme  un 
monde  nouveau  sortant  des  mains  du 
Créateur.  Ses  premiers  pas  furent  d'a- 
bord incertains,  mais  il  ne  tarda  pas 
à  s'orienter,  et  il  poursuivit  courageu- 
sement sa  route  sans  se  laisser  détour- 
ner par  les  difficultés  et  les  obstacles. 
Le  Ciel  et  la  Terre  furent  son  seul 
livre,  et  dans  «ce  beau  livre»  il  lut 
ce  que  nul  autre  n'avait  encore  lu  avant 
lui.  Aussi  peut-on  le  considérer  comme 
le  fondateur  en  France  de  la  philoso- 
phie expérimentale;  il  fut  le  précur- 
seur et  Kéraule  du  grand  Bacon.  Per- 
sonne n'était  plus  ennemi  que  lui  de 

lissy.—  M.  Henry  Morloy  (Tbe  life  of  B.  P.,  his 
labours  and  discoTcries  iii  art  and  scicure,  etc., 
Lond.,  1852,  2  vol.  in-S»)  el  M.  Ca/cnove  de 
Pradiiies  (Rapport  sur  le  concours  ouvert  par  la 
Société  d'agriculture ,  scienccii  et  arts  d'Agen, 
pour  une  étude  sur  Palissy,  en  1855)  élèvent  de» 
doutes  sur  ce  lieu  de  naissance.  Si,  en  eflet,  les 
biographes  se  sont  déterminés  par  celte  seule 
considération  qu'il  existe  en  cet  endroit  une  tuile- 
rie qui  a  été  la  propriété  d'une  famille  du  noiL 
de  Palissy,  ils  ont  pris  one  bien  faible  présomp- 
tion pour  une  preuve.  Un  des  descendants  de  notre 
potier  ou  tout  autre  membre  do  sa  famille  u'a-t-il 
pas  pu  se  ûxer  dans  ce  village,  de  même  que  lu! 
était  allé  se  fixer  à  Saintes*^  Il  paruît  à  peu  près 
certain  que  son  père  n'exerçait  pas  la  profession 
de  potier,  el  par  conséquent,  cette  tuilerie  ne  de- 
vait pas  être  on  héritage  de  famille.  —  Parmi  les 


Tautorité  aveugle.  Il  fut  pour  les 
sciences  naturelles,  ce  que  fut  Ramus 
pour  les  sciences  philosophiqfics.  a  h 
sçay,  disait-il,  que  toute  folie  accoas- 
tumée  est  prinse  comme  par  une  loy  et 
vertu  :  mais  à  ce  je  ne  m'arreste,  et  ne 
veux  aucunement  estre  imitateur  de 
mes  prédécesseurs  es  choses  spiri- 
tuelles et  temporelles  (i),  sinon  en  ce 
qu'ils  auront  bien  fait  selon  l'ordon- 
nance de  Dieu.  Je  voy  de  si  grands 
abus  et  ignorances  en  tous  les  arts, 
qu'il  semble  que  tout  ordre  soit  la 
plus  grande  part  perverti.  y>  Montaigne 
n'aurait  ni  mieux  pensé,  ni  mieux  dit. 
Après  avoir  acquis  la  théorie  de 
son  art  de  peintre-verrier,  Palissy  fit 
son  tour  de  France.  Il  passa  plusieurs 
années  en  voyage,  travaillant  do  son 
état  pour  vivre  et  cherchant  à  s'éclai- 
rer et  à  s'instruire  par  ses  observa- 
tions. Rienne  frappait  son  esprit,  qu'il 
ne  voulût  s'en  rendre  compte.  Les 
phénomènes  naturels  excitaient  sur- 
tout sa  curiosité.  Un  problème  le 
préoccupait-il?  il  ne  goûtait  de  repos 
qu'il  n'en  eût  trouvé  la  solution,  ou  du 
moins  une  CAplication  plus  ou  moins 
plausible,  y  consacrant,  s'il  le  fallait, 
des  années  de  méditation.  Les  natures 
molles,  qui  se  rebutent  facilement, 
n'arrivent  à  rien  de  grand.  Palissy 
avait  toute  la  persévérance  de  l'homme 
de  génie.  Après  avoir  parcouru  la  plus 
grande  partie  de  la  France,  du  midi 
au  nord  et  de  l'est  à  l'ouest  (-2),  il  alla, 
en  1559,  s'établira  Saintes,  oîi  il  se 
maria.  Sa  femme  lui  doima  de  nom- 


nombreux  travaux  sur  Palissy,  celui  de  M.  Mor- 
Icy  est  sans  contredit  un  des  plus  consciencieux, 
nous  n'y  avons  remarqué  aucune  erreur  de  fait 
ni  de  date;  mais  on  regrette  que  l'auteur  ail  cm 
devoir  appeler  la  Action  à  son  aide  pour  répandre 
plus  d'intérêt  sur  son  sujet.  L'histoire  qui  se 
pare  des  couleurs  du  roman,  compromet  son  ca- 
ractère et  perd  toute  autorité.  Gomment  le  lec- 
teur, à  moins  de  posséder  lui-même  à  food  la 
matière,  discemera-t-il  le  vrai  du  faux  ? 

(1)  Ces  mots  r$  chosft  spirxluelUs  et  timpo- 
rfUes  sont  omis  dans  l'édit.  des  Œuvres  de  Pa- 
lissy, par  .M.  Cap.  Nous  avons  suivi  rédilion  ori- 
ginale que  possède  la  Bibl.  Maiarine. 

(2)  11  parait  qu'il  ne  fit  quelque  séjour  qoa 
dans  le  Bigorre,  à  Tarbes,  et  peut-être  dans  le 
pays  des  Ardennes. 


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breai  enfants.  Dcnx de  ees  fils  piésu- 
mes  sont  connus  de  nom^  ce  Bont  Ni- 
colas et  Hàthurin  (1),' qu'il  initia 
dans  son  art  et  qui  le  secondcrcnl 
dans  les  travaux  qu'il  exécuta  ftlus 
tard  (157U)  dans  les  jardins  du  palais 
liez  le  Louvre  à  Raris.  » 

La  réputation  de  bon  dessinateur  que 
Palissy  s'était  acquise  dans  sa  pro- 
vince, lui  valait  d'être  fréquemment 
charité  de  dresser  le  plan  figuratif  de 
propriétés  en  litige.  «  L'on  pensoit  en 
nostre  pays,  dit-il  avec  modestie,  que 
je  fusse  plus  sçavant  en  l'art  de  pein- 
ture que  je  n'estois^  qui  cause it  que 
j'estols  souvent  appelle  pour  faire  des 
figures  po«r  les  prooèe.  n  Ces  travaux, 
qol  lui  étaient  bien  payés,  l'aidaient 
beaucoup  à  vivre,  et  Ils  lui  furent 
d'un  grand  secours  lorsque,  négligeant 
ses  occupations  de  peintre-verrier,  il 
s'appliqua  à  trouver  le  secret  de  la 
Itfence.  Il  parait  qu'il  se  livra  à  cette 
recberebe  bientôt  a4)rès  son  établisse- 
ment à  Saintes.  11  nous  raconte  lul- 
méine,  dans  son  traité  de  VArt  de 
terre,  les  déceptions  sans  nombre,  les 
dégoûts,  les  misères  qu'il  eut  àsouffrir 
avant  de  parvenir  au  terme  de  ses 
désirs.  «  Povreté  empêche  les  bons 
espritz  de  parvenir,  «  lelle  est  k  devise 
qu'il  prit;  mais,  loin  de  l'accabler,  la 
pauvreté  fut  pour  lui  comme  un  aiguil- 
lon. Où  les  Àflies  vulgaires  succom- 
bent, les  âmes  d'élite  triomphent,  et  la 
victoire  est  d'aulani  plus  éclatante 
qu'elle  a  été  ^«s  vivenent  disputée. 
C'est  un  beau  combat  que  celui  dugénie 
Mix  prises  avec  l'adversité.  Palissy 
nous  offre  un  des  plus  rares  exemples 
de  persévérance  dont  l'histoire  «it 
conservé  le  souvenir.  Écoulons-ie;  son 
fédt,  simple  et  naïf,  est  un  morceau 
plein  d'eloqoenee.  «  Sçaches^  taii-ii-à 
tmi  intertocuteur(en  i  580,  ou  au  moins 
après  1576),  qu'il  y  a  vingt  et  cinq  ans 
passez  qu'il  me  fut  monstre  une  coupe 

i\)  l\9  continuèrent  «ms  doite  rtRdastrte  de 
fcnr  père,  mais  Ht  restèrent  à  oM  gmndê  ^h- 
Ikiee.  C'est  II  eut  qne  1*on  aMiIbne  le  plut  eu 
Henri  IV  eiA  reçrétenA  Htëe  A  MrttflUe,  d'e|»i«s 
U  gnTare  de  Léonard  Gauibier. 


de  terre,  tournée  et  esmailléo  d'une 
telle  beauté  que  des  lors  j'enlray  en 
dispute  avec  ma  propre  pensée,  en  me 
rcmémorianl  plusieurs  propos  [évi- 
demment des  railleries  huguenollcs] , 
qu'aucuns  m'avoient  tenus  en  se  moo- 
quant  do  moy,  lorsque  je  pcindois  les 
images.  Or,  voyant  que  Ion  commcn- 
çoit  à  les  délaisser  au  pays  do  mon 
habitation,  aussi  que  la  vitrerie  n'a- 
voit  pas  grande  requcste,  je  pensoy  que 
si  j'avois  trouvé  l'invention  de  faire 
des  esmaux,  je  pourrois  faire  des  vais- 
seaux de  terre  et  autre  chose  de  belle 
ordonnance,  parce  que  Dieu  m'avoit 
donné  d'entendre  quelque  chose  de  la 
pourlraiture,  et  dès  lors,  sans  avoir 
esgard  que  je  n'avois  nulle  connois- 
sance  des  terres  argileuses,  je  me  mis 
à  chercher  les  esmaux,  comme  un 
homme  qui  taste  en  ténèbres.  »  Ses 
expériences  se  succèdent;  à  chaque 
nouvel  échec,  il  recommence  sur  nou- 
veaux frais.  Privé  de  tout,  il  est  obligé 
de  suffire  à  tout.  Il  fait  à  la  fois  le 
travail  du  maître  et  le  métier  du  ma- 
nœuvre. Après  avoir  «bastelé  plusieurs 
années  ainsi  imprudemment,  avec  tris- 
tesse et  soupirs,  à  cause  qu'il  ne  pou- 
voit  parvenir  à  rien  de  son  intention,» 
il  s'adressa  à  un  potier  qui  lui  permit 
de  faire  cuire  ses  épreuves  dans  son 
four.  Nouvelles  déceptions,  aucune 
de  ses  épreuves  ne  réussit.  Le  décou- 
ragement le  prit  alors  ;  il  retourna 
tristement  «  à  son  art  de  peinture  et 
4e  vitrerie,  et  se  mit  comme  en  non- 
chaloir  de  plus  chercher  les  secrets  des 
esmaux.  »  11  était  dans  celte  disposi- 
tion d'esprit,  lorsque  «  survindrent 
certains  commissaires,  députez  par  le 
Roy,  pour  ériger  la  gabelle  au  pays 
de  Xaintonge,  lesquels  l'appel lèrent 
pour  figurer  les  isles  et  pays  circon- 
v^isins  de  tous  les  marez  salans  dudit 
pays  (1).  »    En  possession  d'un  peu 

(1)  On  rapporte  cette  opération  à  l'année  4545, 
i'ia  fsQile  d'un  édit  royal  du  29  mai.  U»n  U  y  « 
èvidemoient  une  errear.  Nets  tenons  de  voir 
qn*aa  témoignage  de  Palissy  lui-mcme,  il  y  ftvait 
tS  ans,  Ters  1580,  que  l'idée  lui  était  tenue  de 
taire  ses  recberobea.  Or  cooraie  41  y  •«raii  plo- 
•leun  annéea  qu'il  s'en  occupait,  dani  le  teaps 


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d'argent^  à  la  suite  de  ce  travail ,  le 
cœnr  loi  revint^  et  il  se  remit  avec 
une  nouvelle  ardeur  à  la  poursuite  de 
son  rêve,  il  s'adressa  alors  à  un  ver- 
rier dont  les  fourneaux  lui  semblaient 
préférables  à  ceux  des  potiers  déterre. 
Parmi  des  milliers  d'épreuves  mal  ve- 
nues^ il  s'en  trouva  à  la  fin  une  «blan- 
che et  polie.  »  C'était  surtout  rémail 
blanc  qu'il  cherchait^  car  il  avait  oui 
dire  que  le  blanc  était  le  fondement  de 
tous  les  autres  émaux.  Le  malheureux 
se  crut  sauvé;  il  en  éprouva  une  telle 
joie  qu'il  pensait  «  estre  devenu  nou- 
velle créature.»  Mais  hélas!  il  n'était 
pas  encore  à  bout  de  peines.  «  Geste 
esprcuve,  dit-il^  estoit  fort  heureuse 
d'une  part^  mais  bien  mal-heureuse  de 
l'autre^  heureuse  en  ce  qu'elle  me 
donna  entrée  à  ce  que  Je  suis  parvenu^ 
et  mal-heureuse  en  ce  qu'elle  n'es- 
toit  mise  endoze  ou  mesure  requise; 
je  fus  si  grand  beste  en  ces  jours-là , 
que  soudain  que  j'eus  fait  ledit  blanc 
qui  estoit  singulièrement  beau^  je  me 
mis  à  faire  des  vaisseaux  de  terre^ 
combien  que  jamais  je  n'eusse  conneu 
terre,  et  ayant  employé  l'espace  de 
sept  ou  huit  mois  à  faire  lesdits  vais- 
seaux^ je  me  prins  à  ériger  un  four- 
neau semblable  à  ceux  des  verriers^ 
lequel  je  baslis  avec  un  labeur  indi- 
cible :  car  il  falloitqueje  maçonnasse 
tout  seul^  que  je  destrempasse  mon 
mortier,  que  je  tirasse  l'eau  pour  la 
destrempe  d'iceluy,  aussi  me  falloit 
moy-mesme  aller  quérir  la  brique  sur 
mon  dos,  à  cause  que  je  n'avois  nul 
moyen  d'entretenir  un  seul  homme 
pour  m'aydcr  en  cest  affaire.  »  La  cer- 
titude où  il  était  de  loucher  au  but,  le 
soutint  dans  ce  travail.  Mais  que  de 
souffrances,  tant  morales  que  physi- 
ques, n'avait-il  pas  encore  à  endurer  ! 
Que  de  génie  ne  devait-il  pas  encore 
dépenser;  par  combien  d'ingénieuses 

où  il  fut  chargé  de  la  carte  fignratiTe  des  maraft 
salants  d  *  la  Sainionge,  cette  date  de  1513  dous 
reporterait  à  une  époque  antérieure  à  son  éta- 
blUscment  à  Saintes.  D'un  autre  côté,  Palissj 
nous  apprend  quMl  tâtonna  pendant  15  ou  16  ans 
aTant  d'arriier  à  un  résultat  satisfaisant.  Or  fi 
l'on  admet,  comme  il  eal  prolMble,  «pi'il  y  élall 


Inventions  ne  devait-il  pas  marquer  le 
chemin  qu'il  se  frayait  si  péniblement 
sous  les  douloureuses  étreintes  de  Ut 
misère!  Chaque  fournée  mal  venue 
consommait  sa  ruine.  Les  poignants 
reproches  de  sa  femme^  les  lâches  rail- 
leries de  ses  voisins,  mettaient  le 
comble  à  son  infortune.  Un  jour  le 
bois  vient  à  lui  manquer  :  il  n'hésite 
pas,  tous  les  objets  en  bois  qu'il  trouve 
dans  sa  maison,  les  tables,  le  plancher 
même,  il  jette  tout  dans  son  fourneau. 
«  J'estois  en  une  telle  angoisse,  écrit- 
il,  que  je  ne  sçaorois  dire  :  car  j'estois 
tout  tari  et  déséché  à  cause  du  labeur 
et  de  la  chaleur  du  fourneau  ;  il  y  avoit 
plas  d'un  mois  que  ma  chemise  n'avoit 
seiche  sur  moy;  encores  pour  me  con- 
soler on  se  mocquoit  de  moy,  et  mesme 
ceux  qui  me  devoyent  secourir  alloyent 
crier  par  la  ville  que  je  faisois  brusler 
le  plancher,  et  par  tel  moyen  l'on  me 
faisoit  perdre  mon  crédit,  et  m'esti- 
moit-on  estre  fol.  Les  autres  disoyent 
que  je  cherchois  à  faire  la  fausse  mon- 
noye,  qui  estoit  un  mal  qui  me  faisoit 
seicher  sur  les  pieds;  et  m'en  aliois 
par  les  rues  tout  baissé,  comme  on 
homme  honteux  :  j'estois  endetté  en 
plusieurs  lieux,  etavois  ordinairement 
deux  enfans  aux  nourrices,  ne  pouvant 
payer  leurs  salaires  ;  personne  ne  me 
secouroit.  Mais  au  contraire  ils  se 
mocquoyent  de  moy,  en  disant  :  il  luy 
appartient  bien  de  mourir  de  faim , 
parce  qu'il  délaisse  son  mestier.  » 

Cependant  au  milieu  de  tant  de 
«  pauvretés  et  d'ennuis,»  il  ne  se 
laisse  pas  aller  au  découragement. 
«  Quand,  continue-t-il ,  je  me  fus  re- 
posé un  peu-de  temps  avec  regrets  de  ce 
que  nul  n'avoit  pitié  de  moy,  je  dis  à 
mon  ame  :  qu'est-ce  qui  te  triste^ 
puisque  tu  as  trouvé  ce  que  tu  cber- 
chois  ?  Travaille  à  présent  et  tu  rendras 
honteux  tes  détracteurs.    Mais  mon 

parrenn  à  l'époqne  où  il  fat  honoré  da  titre  d'in- 
Tenteor  des  rustiques  (igulines  da  roi,  c'esl-à- 
dire  en  1562  ou  1563,  la  date  de  ses  premiers 
essais  remonterait  à  l'an  1547.  Mais,  en  résume, 
il  y  a  beaucoup  d'incertitude  dans  ces  dates,  aux- 
quelles notre  artiste  n'attachait  sans  doute  pus 
plus  d'importance  qu'elles  ne  méritant. 


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-  73  — 


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esprit  dlsoit  d'antre  part  :  ta  n'as  rien 
de  qnoy  ponrsayvre  ton  affaire  :  com* 
ment  pourras-tn  nourrir  ta  famille  et 
acheter  les  choses  requises  pour  passer 
le  temps  de  quatre  ou  cinq  mois  qu'il 
faut  auparavant  que  tu  puisses  jouir  de 
ton  labeur?  »  Oh  !  heureux  du  siècle^ 
que  de  bien  vous  pourriez  faire  qui 
vous  coûterait  si  peu  !  Notre  artiste 
se  roidit  contre  l'adversité  ;  Dieu  n'a- 
bandonne pas  les  siens.  Aûn  de  gagner 
du  temps,  il  prend  à  son  service  un 
potier  de  terre.  Ne  pouvant  le  nourrir 
à  sa  table,  parce  que  lui-même  ne 
vivait  depuis  longtemps  que  de  priva- 
tions, il  l'entretient  à  crédit  dans  une 
taverne.  Après  six  longs  mois  de  tra- 
vail, ses  vaisseaux  étaient  préparés 
selon  son  ordonnance.  Il  congéidia  alors 
son  aide  «auquel,  par  faute  d'argent, 
il  fut  contraint  donner  de  ses  veste- 
mens  pour  son  salaire  ;  »  puis  il  se 
mit  à  démolir  son  ancien  (ourneaa 
dont  il  fit  servir  les  débris  à  la  con- 
struction d'un  nouveau.  Lui  seul  suffit 
atout,  il  est  àla  fois  architecte,  maçon, 
gâcheur.  La  première  cuisson  réussit. 
11  prépare  alors  ses  émaux,  il  pile,  il 
calcine  ses  matières,  il  les  broie,  il  est 
infatigable,  a  le  désir  qu'il  a  de  par- 
venir à  son  entreprise  lui  fait  faire 
des  choses  qu'il  eût  estimé  impossi- 
bles.» Enfin  il  applique  ses  couleurs  et 
met  le  tout  dans  son  fourneau.  Il  es- 
pérait retirer  de  sa  fournée  de  trois  à 
quatre  cents  livres.  Mais,  6  cruelle 
déception  !  un  accident  qu'il  n'avait 
pu  prévoir,  le  rejeta  plus  profondément 
dans  l'abîme ,  au  moment  même  où  il 
s'en  croyait  sorti.  De  petits  cailloux 
qui  se  trouvaient  dans  le  mortier  dont 
il  avait  maçonné  son  four,  avalent 
éclaté  sous  l'action  dn  feu,  et  les  éclats 
rejaillissant  sur  ses  émaux,  s'y  étaient  . 
incrustés.  Du  reste  «  la  fournée  se  • 
porioit  bien,  d  mais  elle  n'en  était  pas 
moins  perdue  pour  lui,  et  elle  lui  avait 
coûté  plus  de  six  vingts  écus.  a  J'avois 
emprunté  le  bols  et  les  estoffes,  nous 
raconte-t-il,  et  si  avois  emprunté  par- 
tie de  ma  nourriture  en  faisant  la 
dite  besongne.  J'avois  tenu  en  espé- 


rance mes  créditeurs  qu'ils  seroyent 
payez  de  l'argent  qui  proviendroit  des 
pièces  de  ladite  fournée,  qui  fut  cause 
que  plusieurs  accoururent  dès  le  matin 
quand  je  coromençois  de  déscnfour- 
ner.»  Ses  créditeurs  (gens  très-hu- 
mains!) le  pressaient  de  vendre  les 
pièces  le  moins  endommagées,  a  aucuns 
en  vouloyent  acheter  à  vil  pris,»  mais 
11  eut  assez  de  force  de  caractère  pour 
mettre  en  pièces  le  tout,  ne  voulant 
envendreà  aucun  prix,  dans  la  crainte 
très-légitime  que  ce  ne  fût  «  un  des- 
criement  et  rabaissement  de  son  hon- 
neur. »  Après  ce  sacriûce  fait  à  sa 
dignité  d'artiste,  il  n'y  eut  plus  qu'un 
cri  dans  tout  son  voisinage  :  Palissy 
était  bien  décidément  fou.  Toutes  ces 
contrariétés,  toutes  ces  luttes,  toutes 
ces  souffrances  finirent  par  l'abattre, 
11  dut  s'aliter;  mais  a  quand  il  eut 
demeuré  quelque  temps  au  lit,  et  qu'il 
eut  considéré  en   soi-même  qu'un 
bomme  qui  seroit  tombé  en  un  fossé, 
son  devoir  seroit  de  tascher  à  se  relever, 
en  cas  pareil  il  se  mit  à  faire  quelques 
peintures,  et  par  plusieurs  moyens  il 
prit  peine  de  recouvrer  un  peu  d'ar- 
gent. »  Nouvelles  tentatives, nouveaux 
revers.  Cette  fois  ce  sont  les  cendres 
que  la  violence  du  feu  a  chassées  sur 
ses  vases  et  qui  s'y  sont  attachées  (l). 
Le  malheureux  devait  se  croire  pré- 
destiné à  toulesleslnfortunes.  Apeine 
avait-il  appris  à  se  donner  de  garde 
d'un  danger,  qu'il  en  survenait  un 
autre  auquel  il  n'avait  pas  songé.  Mais 
11  s'éclaire,  il  s'instruit  par  ses  souf- 
frances mêmes.  Chaque  échec  qu'il 
éprouve,  lui  suggère  l'idée  d'une  in- 
vention nouvelle.  Sa  vie  fut  un  combat 
perpétuel  de  l'homme  de  génie  aux 
prises  avec  la  nature  pour  se  l'assu- 
jettir. «  Bref,  il  baslela  ainsi  l'espace 
de  quinze  ou  seize  ans.  »  Le  peu  d'ar- 
gent qu'il  gagnait,  était  employé  aà  pas- 
ser plus  outre,  comme  tu  sais,  dit-il, 
que  je  fais  encore  à  présent.  »  Aux  yeux 
de  l'artiste,  son  art  est  toujours  impar- 

(1)  Les  eazettêi  qu'U  imagina  peur  obiier  à 
OM  soitei  d'accidents,  sont  encore  en  tsage  an- 
josrd'hti. 


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—  74  ~ 


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fait,  S(.â  Iiorisons  ne  sont  pas  bornés. 
Lorsque  Palissy  eut  trouvé  le  tnoyen  de 
faire  des  «  pièces  rtisliques,  »  il  fat  en- 
core en  plus  grande  peine  qu'aupara- 
vant, a  Car  ayant  fait  un  certain  nom- 
bre de  bassins  rustiques^  et  les  ayant 
fait  cuire,  ses csmaux  se  Irouvoyenl  les 
uns  beaux  et  bien  fotiduz,  autres  mal 
fonduz,  autres  estoyent  braslez,à  causé 
qu'ils  cstoyetit  composez  de  diverses 
biûtières  qui  estoyent  1\]sible8  à  divers 
degrez  ;  le  vérd  des  lézards  éstolt  bruslé 
premier  que  lacouledt*  des  serpcns  fust 
fondue,  aussi  la  cotiteût*  d^s  serpéns^ 
escrevices,  torluôs  et  cancres,  cstoit 
fondue  auparavant  que  le  blanc  eust  re- 
ceu  aucune  beauté.  Toutes  ces  fautes 
m'ont  causé  un  tel  labeur  et  tristesse 
d'esprit ,  qu'auparavant  que  j'aye  eu 
rendu  mes  esmaux  rtisibles  à  un  mesme 
degré  de  feu,  j'ay  cuidé  entrer  Jusques 
à  la  porte  du  sépulchre  :  aussi  en  taie 
ti*avalllant  à  tels  affaires  je  me  sois 
trouvé  l'espace  de  plus  de  dix  ans  si  fort 
escoulé  en  ma  personne,  qu'il  n'y  avoit 
aucune  forme  ny  apparence  de  bosse 
aux  bras  ny  aux  jambes  :  ains  estoyent 
mesdites  jambes  toutes  d'Une  venue  : 
de  sorte  que  les  liens  de  quoy  j'atta- 
cbois  mes  bas  de  chausses  estoyent^ 
soudain  que  je  chemlnols,sur  les  talons 
avec  le  résida  de  mes  chausses.  »  L'i- 
gnorance où  il  était  de  la  manière  dont 
les  diverses  terres  se  comportent  au 
feu,  lui  causa  aussi  beaucoup  d'ennuis 
et  de  perles.  Son  expérience  lui  coûtait 
cher,  mais  elle  lui  profitait.  Cbaquepas 
qu'il  raisaitenavant  était  une  précieuse 
conquête.  A  mesure  que  «  sa  puissance 
s'augmentoit,  »  il  jetait  à  bas  pour  re- 
lever et  construire  sur  de  meillears 
plans,  «  qui  fai soit  qu'aucuns  artisans, 
comme chaussetiers,  cordonniers,  ser-  , 
gens  et  notaires^  un  tas  de  vieilles,  tous  * 
ceux-cy  sîlns  avoir  esgard  que  son  art 
ne  se  pouvoit  exercer  sans  ^and  logis, 
disoyent  qu'il  ne  faisoit  que  faire  et 
desfaire,  et  le  blasmoyent  de  ce  qui  les 
devoil  inciter  à  pitié,  attendu  qu'il  es- 
toit  contraint  d'employer  les  choses  né- 
cessaires à  sa  nourriture^  pour  ériger 
les  commoditez  requises  à  son  art.  Et 


qui  pis  est«  le  motif  desdites  mocque- 
ries  et  persécutions  sortolt  de  ceux  de 
sa  maison,  lesquels  estoyent  si  esloln- 
gnez  de  raison^  qu'ils  vouloyent  qu'il 
flct  la  bcsongne  sans  outis,  chose  plas 
que  déraisonnable.  Ord'autant  plus  que 
la  chose  estolt  déraisonnable,  de  tant 
plusrafDictionluiestoitextresme.ttOna 
beau  être  ph  ilosophe,  l'injustice  révolte 
toujours  l'honnête  homme,  do  même 
que  la  stupidité  révolte  le  bon  sens.  On 
n'en  est  pas  moins  en  paix  avec  soi- 
tnême,  sans  doutc^  mais  on  aime  bien 
aussi  être  en  paix  avec  les  autres.  «J'ay 
este  plusieurs  années,  continue  Palissy, 
que  n'ayant  rien  de  quoy  faire  couvrir 
tnes  fourneaux,  j'estois  toutes  les  nuits 
à  la  mercy  des  pluyes  et  vents ,  sans 
avoir  aucun  secours,  aide  ny  consola- 
tion, sinon  des  chatshuants  qui  chan- 
toyent  d'un  costé  elles  chiens  qui  hur- 
loyent  de  l'autre;  parfois  il  se  levoit 
des  vents  et  tempesles  qui  souffloyent 
de  telle  sorte  le  dessus  et  le  dessous  de 
mes  fourneaux ,  que  j'estois  contraint 
quitter  là  tout,  avec  perte  de  mon  la- 
beur^ et  me  suis  trouvé  plusieurs  fois 
qu'ayant  tout  quitté,  n'ayant  rien  de 
sec  sur  moy,  à  cause  des  pluyes  qui  es- 
toyent tombées,  je  m'en  allois  coucher 
à  la  minuit  ou  au  point  du  jour,  ac- 
coustréde  telle  sorte  comme  un  homme 
que  l'on  auroit  trainé  par  tous  les  bour- 
biers de  la  ville,  et  en  m'en  allant  ainsi 
retirer,  j'allois  bricoliant  sans  chan- 
delle, et  tombant  d'un  costé  et  d'autre, 
comme  un  homme  qui  seroit  yvre  de 
vin,  rempli  de  grandes  tristesses  :  d'au- 
tant qu'après  avoir  longuement  tra- 
vaillé je  voyois  mon  labeur  perdu.  Or 
en  me  retirant  ainsi  souillé  et  trempé^ 
Je  trou  vois  en  ma  chambre  une  seconde 
persécution  pire  que  la  première,  qai 
me  fait  à  présent  esmerveilier  que  Je 
ne  suis  consumé  de  tristesse,  v  Après 
un  récit  aussi  émouvant,  peut-on  s^é- 
tonner  avec  M.  Chevreul  (Journal  des 
savants,  1849)  ou  avec  M.  Brongniart 
(Traité  des  arts  céramiques)  quQ  Pa- 
lissy, dans  son  traité  de  l'Art  de  terre^ 
n'ait  pas  révélé  les  secrète  de  ses  è- 
maux?  Indépendamment  des  fort  bon- 


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—  76  — 


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068  raisons  qu'il  en  donne^  noas  pen- 
sons qu'il  n'eût  pas  été  sage  à  lui  de 
renoncer  à  son  gagne-pain^  à  une  pro- 
priété si  légitimement  et  si  laborieuse- 
ment acquise.  N'é(ail-ce  pas  d'ailleurs 
le  seul  héritage  qu'il  avait  à  laisser  à 
ses  enfants?  La  gloire  seule  ne  nourrit 
pas  ;  nos  savants  le  savent  bien.  Nous 
comprendrions  le  reproche  s'il  se  fût 
agi  d'une  découverte  d'une  utilité  pu- 
blique, a  11  n'est  pas  de  mon  art^  di- 
sait-il, ny  des  secrets  d'iceluy  comme 
de  plusieurs  autres.  Jesçay  bien  qu'un 
bon  remède  contre  une  peste,  ou  autre 
maladie  pernicieuse,  ne  doit  estrecélé. 
Les  secrets  de  l'agriculture  ne  doivent 
estre  celez.  Les  hazards  et  dangers  des 
navigations  ne  doivent  estre  celez.  La 
parole  de  Dieu  ne  doit  estre  celée.  Les 
sciences  qui  servent  communément  à 
toute  la  république  ne  doy  vent  estre  ce- 
\éé&.  Mais  de  mon  art  de  terre  et  de  plu- 
sieurs autres  arts  il  n'en  est  pas  ainsi .  » 
Aujourd'hui,  nos  brevets  d'invention 
garantissent  aux  inventeurs  leur  pro- 
priété, et  mieux  que  cela,  l'Etat,  s'il  y 
va  de  l'intérêt  général,  acquiert  Tin- 
vention  et  la  vulgarise.  Mais  rien  de 
semblable  n'existait  du  temps  de  Pa- 
Ilssy.  Notre  artiste  craignait  avec  quel- 
que raison  que  son  invention,  s'il  la  di- 
vulguait ,  ne  tombât  dans  le  mépris. 
Mieux  vaut,  pensait-il,  a  qu'un  homme 
ou  un  petit  nombre  facent  leur  profit  de 
quelque  art  en  vivant  honnestement, 
que  non  pas  un  si  grand  nombre  d'hom- 
mes, lesquels  s'endommageront  si  fort 
les  uns  les  antres,  qu'ils  n'auront  pas 
moyen  de  vivre,  sinon  en  profanant  les 
arts,  laissant  les  choses  à  demy  faites, 
comme  Ton  voit  communément  de  tous 
les  arts,  desquels  le  nombre  est  trop 
grand. p 

La  religion  soutint  Palissy  dans  ses 
rades  épreuves.  Il  était  au  plus  fort  de 
ses  tribulations  lorsqu'il  embrassa  le 
parti  de  l'Evangile.  11  fut  un  des  fon- 
dateurs de  Téglise  de  Saintes  (i).  Dans 

(1)  «  Pour  beaucoup,  dit  H.  Camille  Duples- 
•is,  d&DS  ton  Etude  sur  Palissy,  couronnée ,  en 
1865,  par  la  Société  d'«gricuilnre,  sciencet  et 
aiU  d'Âgen,  pour  beaucoup,  la  réforme  ne  s'an- 
■ODçait  q«e  eomme  une  proleetatloo  énergtqoe 


un  de  ses  livres,  il  raconte  l'origine  de 
cette  église.  Nous  avons  déjà  eu  l'occa- 
sion d'en  parler  à  nos  articles  HAME- 
LLN  et  LA  BOISSIÈRE;  nous  n'ajoute- 
rons que  quelques  détails.  Ce  fut  en 
i  546  que  les  premiers  germes  de  la  Ré- 
forme furent  répandus  dans  le  pays. 
Quelques  moines  dont  les  yeux  s'étaient 
dessillés,  avaient  eu  le  courage  de  s'é- 
lever contre  les  abus.  Or  «  soudain  que 
les  preslres  et  bénéflciers  entendirent 
qu'ils  délractoyent  de  leurs  coquilles, 
ils  incitèrent  les  juges  de  leur  courir 
sus  :  ce  qu'ils  fafsoyent  de  bien  bonne 
volonté,  à  cause  qu'aucuns  d'eux  pos- 
sédoyenl  quelque  morceau  de  bénéfice, 
qui  aidoit  à  faire  bouillir  le  pot.  tu  Les 
moines  prirent  la  fuite.  Quelques-uns 
se  retirèrent  dans  les  lies  a  d'Olleron, 
de  Marepnes  et  d'Alleverl,  v  où  ils  ré- 
pandirent leurs  doctrines,  d'abord  cou- 
verlement,  puis,  quand  ils  se  furent 
assurés  d'un  certain  nombre  de  prosé- 
lytes, ils  levèrent  ie  masque,  et  «  trou- 
vèrent moyen  d'obtenir  la  chaire,  parce 
qu'en  ces  jours-là,  il  y  avoit  un  grand 
vicaire  qui  les  favorisoit  tacitement.  » 
Leurprédicationportad'heureux  fruits, 
bien  que  par  ignorance  ils  ne  dccouv  ris- 
sent encore  les  abus  «  qu'assez  maigre- 
ment. »  Les  choses  en  étaient  là,  lors- 
qu'un nommé  Collardcau,  procureur 
fiscal,  ohomme  pervers  et  de  mauvaise 
vie,»  parvint  à  se  faire  donner  une  com- 

É 

co&lre  dMirrccusables  abus,  cl  pas  le  moins  du 
m(^He  comme  un  schisme.  Paiiysy  fut  pris  m 
piège,  ei  il  ne  paraît  pas  aTOir  soupçonné  que  der* 
rière  l'épurai  ion  du  clergé  se  cachait  le  renier- 
sèment  de  rorthodoxic.  Un  des  premiers  II  se  Gt 
prolestant,  et  bien  qu'il  ne  l'ail  pas  dit  expres- 
sément, tout  porte  à  croire  qu'il  fut  lui-même 
ministre  de  ce  nouveau  culte  [d'Aubigiié  lui 
donne  cette  qualité  dons  l'Index  qu'il  a  joint  à 
son  Histoire].  »  M.  Duplespis  s'abuse  lorsqu'il 
prétend  que,  dans  le  principe,  la  Réforme  ne 
t'attaqua  qu'aux  iriccs  du  cierge.  Tel  était  peut- 
être  le  scnliroent  de  la  foule  (quoique la  foule,  en 
France  du  moins,  soit  restée  de  préférence  dans 
lé  camp  opposé)  ;  mais  il  nous  permettra  de  ne 
pas  y  confondre  Palissy  ;  U  savait  fort  bien  où 
il  allait,  lui,  et  s'il  est  tombé  dans  le  piéget  c'est 
qu'il  a  bien  voulu  y  tomber.  Le  schisme  était 
flagrant,  lorsqu'il  préféra  le  martyre  h.  la  liberté 
et  aux  honneurs.  Palissy  est  uti  trop  fntmd  coa- 
pable,  pour  que  M.  Duplessis  puisse  espérer  d'ai- 
tirer  sur  lai  le  béuèflce  de  circooitanoes  aUé- 
Duaottt. 


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—  76  — 


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mission  pour  poursulvre.Troîsdes  pré- 
dicants  farent  arrêtés^  celai  de  l'Ile d'O- 
léron,  nommé  frèro  Robin,  celui  de 
«l'isle  d'Allevert,  »  nommé  Nicole,ei 
celui  de  Gimosac,dont  le  nom  n'est  pas 
coonn.  Comme  ils  persistèrent  coura* 
geusemenl  dans  leurs  convictions,  «  ils 
furent  condamnez  à  estre  desgraducz^ 
et  vestus  d'accoustremens  vcrds^  à  fm 
que  le  peuple  les  estimast  fols  ou  in- 
sensez  :  et  qui  plus  est,  parce  qu'ils 
souslenoyent  virilement  la  querelle  de 
Dieu,  ils  furent  bridez  comme  chevaux 
par  ledit  Gollardeau,  auparavant  que 
d'estre  menez  su r  l'eschafaul,  èsquei les 
brides  y  avoil  en  chacune  une  pomme 
de  fer^  qui  leur  emplissoit  tout  le  de- 
dans de  leurs  bouches,  chose  fort  hi- 
deuse à  voir  :  et  estans  ainsi  desgraduez, 
ils  les  retournèrent  en  prison,  pour 
lesmener  à  Bourdeaux,  à  Un  do  les  con- 
damner à  mourir.»  Mais  le  frère  Robin 
ayant  limé  les  fers  qu'il  avait  aux  jam- 
bes, parvint  à  échapper  à  ses  bour- 
reaux. Ses  deux  compagnons  d'infor- 
tune qui  avaient  refusé  de  suivre  son 
exemple,  furent  brûlés,  Tun  à  Saintes 
et  l'autre  à  Libourne,  au  mois  d'août 
1546.  Dix  ans  après  ces  événements, 
en  1557,  Philibert  frame/m(Voy.)  su- 
bit le  même  sort,  le  18  avril.  Ce  fut  en 
vainquePalissy,  qui  le  connaissait  par- 
ticulièrement depuis  plus  de  dix  ans,  a- 
vait  imploré  courageusement  pour  lui 
l'humanité  des  juges  en  leur  déclarant 
«  qu'ils  avoyent  emprisonné  un  Pro- 
phète, ou  Ange  de  Dieu,  envoyé  pour 
annoncer  sa  Parole,  et  jugement  de  con- 
damnation aux  hommes  sur  le  dernier 
temps.  »  C'est  à  la  sollicitation  de  ce 
«  saint  homme  »  que  quelques  artisans 
de  Saintes,  au  nombre  desquels  était 
Palissy.  avaient  commencé  à  se  réunir 
pour  prier  en  commun.  Ils  n'étaient  en- 
core qu'un  petit  nombre  de  prosélytes, 
lorsque  le  ministre  Mazières,  dit  La 
Place,  consentit  à  rester  au  milieu 
d'eux.  Ce  pasteur  leur  administra  la  pa- 
role de  Dieu  jusqu'à  l'arrivée  du  mi- 
nistre La  Boissière,  qui,  le  premier, 
osa  prêcher  publiquement  à  Saintes.  11 
édifiait  encore  son  petit  troupeau  en 


1 563, lorsque  Palissy  publia  son  livre. 
Depuis ,  l'église  profita  si  bien ,  écrit 
notre  Palissy,  que  les  fruits  d'icellede- 
meurcront  à  jamais.  Nous  avons  rap- 
porté ailleurs  (Voy,  YI.  p.  423)  la  sé- 
duisante peinture  qu'il  fait  du  change- 
ment des  mœurs.  Un  phénomène  assez 
curieux  se  présenta  ;  on  vit  des  curés, 
auxquels  leurs  ouailles  refusaient  de 
payer  la  dime^  recourir  aux  ministres 
pour  les  prier  de  faire  rentrer  leurs 
troupeaux  dans  le  devoir.  «  Plusieurs 
gens  des  villages  en  ces  jours  là  de- 
mandoyent  des  ministres  à  leurs  curez 
on  fermiers,  ou  autrement  ils  disoyent 
qu'ils  n'auroyenl  point  de  dismes  :ccla 
faschoit  plus  les  prestrcs  que  nulle  au- 
tre chose...  Ence  tempslà  furent  faits 
des  actes  assez  dignes  de  faire  rire  et 
pleurer  tout  à  un  coup  :  car  aucuns  fer- 
miers ennemis  de  la  Religion,  voyans 
telles  nouvelles,  s'en  alloyent  aux  mi- 
nistres, pour  les  prier  de  venir  exhorter 
le  peuple,  d'oii  ils  estoyent  fermiers  : 
et  ce  à  fîn  d'estre  payez  des  dismes.  d 
L'exemple  des  fldèles  de  la  petite  église 
avait  eu  cette  heureuse  influence  de 
contraindre  les  méchants  même  à  de- 
venir gens  de  bien.  Mais  à  la  suite  des 
malheurs  du  temps,  encouragés  par 
l'impunité,  ils  jetèrent  le  masque  et  re- 
prirent leur  nature  perverse.  «  Pour 
obvier  à  leurs  tyrannies  horribles  et 
exécrables,  dit  Palissy,  je  me  retiray 
secrettement  en  ma  maison ,  pour  ne 
voir  les  meurtres ,  reniemens  et  des- 
troussemens  qui  se  faisoyent  es  lieux 
champestres:etestantretiréenma  mai- 
son l'espace  de  deux  mois  [sans  doute 
pendant  la  première  guerre  civile,  en 
i  562],  ilm'cstoit  avis, que  l'enfer  avoit 
esté  desfonsé,  et  que  tous  les  esprits 
diaboliques  estoyent  entrez  en  la  ville 
deXaIntes  :car  au  lieu  que  j'entendois 
un  peu  auparavant  pseaumes,  canti- 
ques, et  toutes  paroles  honnestes  d'édi- 
ûcation  et  bon  exemple,  je  n'entendois 
que  blasphesmes,  baleries,  menaces, 
tumultes,  toutes  paroles  misérables, 
dissolution,  chansons  lubriques  et  dé- 
testables, en  telle  sorte,  qu'il  me  sem- 
bloit  que  toute  la  vertu  et  sainteté  de 


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la  terre  estoit  esloufféo  et  esteinte.  — 
Je  fDS  grandement  cspouvanté  Tcspace 
de  deux  mois,  voyant  que  les  porle-raU 
et  belistreaux  esloyent  devenus  sei- 
gneurs aux  dcspens  de  ceux  de  l'Eglise 
reformée:  je  n'avois  tous  les  jours  autre 
chose  que  rapports  des  cas  espouvanta- 
bles  qui  de  jour  en  jour  s'y  commet- 
toyent,  et  de  tout  ce  que  je  fus  le  plus 
desplaisant  en  moy-mesme^  ce  fut  de 
certains  pelis  enfans  de  la  ville,  qui  se 
venoyent  journellement  assembler  en 
une  place  près  du  lieu  oii  j'estois  caché 
(m'exerçant  toutes  fois  à  faire  quelque 
œuvre  de  mon  art),  qui  se  divisans  en 
deux  bandes,  et  jettans  des  pierres  les 
uns  contre  les  autres,  juroyent  et  blas- 
pbémoyent  le  plus  exécrablement,  que 
jamais  homme  ouyt  parler...  Il  me  pre- 
noit  souvent  envie  de  bazarder  ma  vie^ 
pour  en  faire  la  punition;  mais  je  di- 
sois  en  mon  cœur  le  pseaume  LXXIX, 
qui  se  commence  :  Les  gens  entrez  sont 
en  ton  héritage.  »  Palissy  termine  sou 
intéressant  récit  par  celte  réflexion, 
ft  Je  sçay  que  plusieurs  historiens  des- 
criront  les  choses  plus  au  long,  toutes 
foisj'ay  bien  vouludire ceci  en  passant, 
parce  que  durant  ces  jours  mauvais,  il 
Y  avoitbien  peu  de  gens  de  l'Eglise  ré- 
formée en  ceste  ville.  » 

Mal  lui  prit  de  ne  pas  suivre  l'exem- 
ple de  ceux  de  ses  coreligionnaires 
qui  cherchèrent  leur  sûreté  dans  la 
faite.  Arrêté  comme  hérétique,  il  fut 
livré  aux  tribunaux.  Heureusement 
pour  lui  qu'il  avait  été  chargé  de  di- 
vers travaux  par  le  connétable  de 
Montmorency.  Ce  fut  ce  qui  le  sauva. 
Palissy  raconte  lui-même  dans  une 
lettre  au  ducles  dangers  qu'il  courut. 
Le  seul  motif,  dit-il,  de  son  empri- 
sonnement, c'est  qu'il  avait  eu  ie 
courage  ^  en  plusieurs  occasions ,  de 
remontrer  à  ses  haineux  qu'il  est  écrit 
que  celui-là  est  maudit  qui  boit  le  lait 
et  vêtit  la  laine  de  la  brebis  sans  lui 
donner  pâture.  «  Jo  me  fusse  très  bien 
donné  garde  de  tomber  entre  leurs 
mains  sanguinaires  ,  continuc-t-il  , 
n'eust  esté  que  j'avois  espérance  qu'ils 
auroyent  esgard  à  vostre  œuvre,  et  à 


rincitation  de  monseigneur  le  duc  de 
Hontpensier,  lequel  me  donna  une 
sauve-garde,  leur  interdisant  de  non 
cognoistre  ny  entreprendre  sur  moy, 
ny  sur  ma  maison,  sachant  bien  que 
nul  homme  ne  pourroit  achever  vostre 
œuvre  que  moy.  Aussi  estant  entre 
leurs  mains  prisonnier,  le  seigneur  de 
Burie  et  le  seigneur  de  Jarnac  et  le 
seigneur  de  Ponts  prindrent  bonne 
peine  pour  me  faire  délivrer,  tendant 
à  fin  que  vostre  œuvre  fust  parachevée. 
Quoy  voyant,  mes  haineux  m'envoyè- 
rent de  nuit  à  Bourdeaux,  par  voyes 
obliques,  sans  avoir  esgard  ny  à  vostre 
grandeur,  ny  à  vostre  œuvre.  Ce  que 
Je  trouvay  fort  estrange,  veu  que  mon- 
sieur le  comte  de  La  Boche-Foucaut, 
combien  que  pour  lors  il  tcnoit  le 
parti  de  vos  adversaires,  ce  néant- 
moins,  il  porta  tel  honneur  à  vostre 
grandeur  qu'il  ne  voulut  jamais  qu'au- 
cune ouverture  fust  faite  à  mon  has- 
telier,  en  cause  de  vostre  œuvre  ;  mais 
les  susdits  de  ceste  ville  ne  firent  pas 
ainsi,  ains  au  contraire,  soudain  que 
je  fus  prisonnier,  ils  firent  ouverture 
et  lieu  public  de  partie  de  mon  haste- 
lier,  et  avoyent  conclu  en  leur  maison 
de  ville  de  jetter  mon  hastelier  à  bas, 
lequel  a  esté  partie  érigé  à  vos  despens, 
et  eust  esté  exécutée  une  telle  délibé- 
ration, n'eust  été  le  seigneur  et  dame 
de  Ponts  [Anne  de  Parthenay  ]  qui 
prièrent  les  susdits  de  n'exécuter  leur 
intention.  —  Je  vous  ay  escrit  toutes 
ces  choses,  ajoute  Palissy,  à  fin  que 
n'eussiez  opinion  que  j'eusse  esté  pri- 
sonnier comme  un  larron  ou  meur- 
trier. »  Nous  aimerions  à  nous  persua- 
der que  ce  fut  seulement  son  amour 
de  l'humanité  et  de  la  justice  qui  porta 
le  connétable  à  intercéder  pour  Palissy. 
A  sa  sollicitation,  Catherine  de  Médicis 
le  fit  remettre  en  liberté,  et  en  même 
temps  le  titre  dont  on  le  gratiûa, 
d'inventeur  des  rustiques  Ûgulines  (i) 

(1)  Figulus,  potier  de  terre  ;  figulihus^  fait  de 
terre.  — Nous  ne  savons  où  M.  Lesson  (Lettres 
sar  la  Sainlonge,  1842)  a  ^u  que  Palissy  prenait 
quelquefois  letitre  A'hydraulicien  du  roi  Henri  II? 
Il  tarait  dû  tassi  nous  indiqaer  ses  auloritéf 
lonqa'il  iT»DCequePiUity  c  qaiiU  Saintei  potr 


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du  roi  et  de  monseigneur  le  dnc  de 
Montmorency  ^  lai  ouvrit  le  ctiemin 
des  honneurs  et  de  la  gloire.  Le  repos 
forcé  qu'il  avait  dû  subir  en  prison, 
lui  suggéra  sans  doute  l'idée  de  sa 
première  publication.  Les  horreurs  de 
la  guerre  civile  l'avaient  profondément 
impressionné.  [*ar  reconnaissance  ,  il 
dédia  son  livre  au  fiis  du  connétable. 
En  voici  le  titre  :  Recepte  véritable , 
par  laquelle  tous  les  hommes  de  la 
France  pourront  apprendre  à  multi- 
plier et  augmenter  leurs  thrésors» 
Item,  ceux  qui  n'ont  jamais  eu  cog» 
naissance  des  lettres,  pourront  ap- 
prendre une  philosophie  nécessaire  à 
tous  les  habitans  de  la  terre»  Item  y 
en  ce  livre  est  contenu  le  dessein  d'un 
jardin  autant  délectable  et  d'utile 
invention,  qu'il  en  fut  oncques  veu. 
Item,  le  dessein  et  ordonnance  d'une 
ville  de  forteresse,  la  plus  imprenable 
qu'homme  ouyt  jamais  par  1er,  composé 
par  maistre  Bernard  Palissy,  ouvrier 
de  terre,  et  inventeur  des  rustiques 
figulines  du  Roy  et  de  monseigneur  le 
duc  de  Montmorancy,  pair  et  connes- 
table  de  France,  demeurant  en  la  ville 
de  Xaintes,  La  Rochelle,  Barthélémy 
Berton,  1563  et  1564  in-4%  seule  et 
même  édition  (i  ).  —  L'auteur  réclame 
riDdulgence,  attendu,  dit-il,  qu'il  n'est 
ni  grec,  ni  hébreu,  ni  poëte,  ni  rhé- 
toricien,  a  ains  un  simple  artisan  bien 

se  fiicr  à  La  Kochello.  »  An  rapport  da  même 
èeriTain,  beaucoup  de  productions  do  Palissy 
eiisleraient  encore  dans  la  Saintonge.  «  Le  plus 
gracieui  objcl  d*arl  que  j'aie  tu  de  Palissy,  dit- il, 
1  été  découvert  en  1840,  pendant  la  démolition 
da  pont  de  Saint-Jean-d'Angely.  C'est  une  Ggu- 
rine  représentant  Catherine  de  Medicis,  fort  res- 
lemblanle,  à  en  juger  par  les  portraits  qui  nous 
sont  restes  d'elle,  et  dont  l'email  coloré  et  ar- 
nnté,  est  d'une  excessive  pureté.  Cette  Ûgurine 
était  nn  vase  de  senteur,  car  la  coiffure  de  11 
reine  se  trouvait  prise  dans  le  bouchon  {sic).  • 
(i)  Dans  quelle  étrange  confusion  tombe  M.  de 
Lamartine  lorsqu'il  dit  que  Palissy  a  écrit  ce  livre 
à  la  Bastille  de  Paris,  •  où  le  maréchal  de  Mont- 
morency et  ses  autres  protecteurs  du  parti  opposé 
le  tenaient  enfermé  pour  sa  sûreté,  autant  que 
pour  le  contraindre  à  sa  conversion.  >  Le  grand 
poêle  paraît  même  ignorer  que  Palissy  ait  rien 
publié  lui-même.  ■  HelasI  s'orric-t-il,  c'était 
4aiM  les  murs  et  dans  les  fossés  d'une  prison, 
léparé  de  sa  femme  par  le  tombeau  et  de  ses  en- 
fwta  par  la  capUfitè  ;  det  horizons  de  la  Seine 


pauvrement  instruit  aux  lettres,  » 
néanmoins ,  ajoute-t-il,  «  la  chose  de 
8oy  n'a  pas  moins  de  vertu  que  si  elle 
estoit  tirée  d'un  homme  plus  éloquent  ; 
J'aime  mieux  dire  la  vérité  en  mon 
langage  rustique,  que  mensonge  en 
un  langage  rhétorique  (l).  n  Personne 
ne  lui  en  fera  un  reproche ,  il  n'eût 
pu  que  perdre  à  écrire  autrement.  Son 
bon  sens  le  sert  si  bien  que  l'on  ne  se 
doute  pas  que  l'on  s'entretient  avec 
un  écrivain  rustique.  Que  d'écrivains 
versés  dans  le  grec  et  dans  le  latin  lui 
envieraient  sa  plume  !  On  peut  sans 
hésiter  le  mettre  au  rang  des  meilleurs 
prosateurs  de  son  siècle.  «  Le  style  de 
ses  écrits,  dit  M.  Chevreul,  est  remar- 
quable par  la  naïveté  et  la  finesse.  Si 
quelquefois  les  aperçus  manquent  de 
Justesse,  l'expression  en  est  toujours 
ingénieuse  et  souvent  piquante.  »  Le 
savant  Béaumur,  qui  possédait  à  un 
si  haut  degré  les  qualités  propres  an 
génie  do  Palissy,  loue  également  son 
esprit  d'observation  et  la  netteté  de 
son  style  qu'il  «  aime,  dit-il,  extrême- 
ment. »  —  «  Nous  ne  connaissons 
point,  dit  M.  de  Lamartine,  de  [style] 
plus  biblique  et  plus  moderne  à  la  fois. 
On  y  sent  les  premiers  bouillonnements 
d'une  source  qui  va  Jaillir  :  c'est  une 
langue  qui  se  moule  sur  Tàme,  et  non 
sur  l'antiquité.»  —  «  11  est  impossible, 
dit-il  plus  loin,  après  les  [ses  écrits] 

par  la  proscription,  des  outils  et  du  trayail  de 
son  art  par  la  Tieillesse,  de  ses  frères  en  religion 
par  le  martyre,  qne  Palissy  écriTait  ces  choset, 
et  se  consolait  dans  sa  pensée  de  sa  ruine,  du  ca- 
chot, et  de  sa  mort  prochaine.  Ceg  feuiUe^éparte$, 
tonglempê  oubliéeiy  enfin  recwiUieSf  forment 
denx  volumes,  véritables  trésors  de  sagesse  ha- 
maine,  de  piété  divine,  de  génie  émioenl,  de 
naïveté,  de  force  et  de  couleur  do  style.  »  L'ima- 
gination n'est  pas  la  muse  de  l'histoire.  Dn 
reste,  la  fidélité  historique  n'est  pas  toujours  le 
bnt  que  se  propose  M.  de  Lamartine,  il  a  de  plus 
hautes  visées,  et  notre  remarque  est  hors  de  propos, 
(i)  M.  Delcclure  (Revue  française,  1838]  ta 
trop  loin  lorsqu'il  donne  à  entendre  que  Palissy 
tirait  Tauitéde  son  ignorance  du  grec  etdn  latin. 
Lui-même  explique  parfaitement  quel  était  IjS 
sentiment  de  Palissy,  c  Sentant  toute  la  supério- 
rité et  la  force  de  son  intelligence,  il  dut  nata- 
rellement,  dit-il,  supporter  avec  peine  le  reproche 
qu'on  lui  adressa  plus  d'une  fois,  d'ignorer  le 
grec  et  le  latin.  •  Ce  n'était  donc  pat  présomption 
niex  toi,  malB  mauTaise  humeur. 


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atoir  ins^  de  ne  pas  proclamer  ee 
paavre  MYrier  d'argile  un  des  plus 
grands  écrivains  de  la  langue  française. 
Montaigne  ne  le  dépasse  pas  en  liberté^ 
J.-J.  Rousseau  en  sève,  La  Fontaine 
en  grâce,  Bossuet  en  énergie  lyrique. 
Il  rêve,  il  médite,  il  pleure,  il  décrit 
et  il  chante  comme  eux.  »  Peut-être 
trouvera-t-on  qu'on  pourrait ,  sans 
diminuer  la  gloire  de  Palissy,  ra- 
battre quelque  chose   do  cet  éloge 
par  trop  dithyrambique.  Un  grain  de 
malice  se  mêle  volontiers  chez  Pa- 
llssy  à  la  bonhomie  gauloise.  C'est  un 
trait  de  son  caractère  que  Ton  ne  doit 
pas  omettre.  Nous  en   citerons   un 
exemple.  Un  débat  s'élève  entre  les 
divers  instruments  qui  servent  à  la 
géométrie  et  à  Tarchitecture  pour  sa- 
voir auquel  appartient   la  préémi- 
nence. Chacun  d'eux  la  réclame  en 
faisant  valoir  ses  titres.  Ne  pouvant 
s'entendre,  ils  élisent  Palissy  pour 
jQge.  Son  arrêt  qu'il  rend  en  faveur 
de  l'homme,  ne  satisfait  personne.  Il 
n'y  a  qu'une  voix  parmi  les  parties  dé- 
boutées :  Comment  reconnaître  Thom- 
me  pour  son  maître,  lui  si  plein  demé< 
chanceté  et  de  folie?  Cette  unanimité 
donne  àpenser  au  juge,  il  n'avait  pas  la 
prétention  d'être  infaillible.  Dans  l'in- 
tention de  s'éclairer,  il  soumet  donc  la 
tête  de  l'homme  à  l'analyse,  et  qu'ar- 
rive-t-il?  Il  tombe  quasi  à  la  ren- 
verse comme  pâmé,  à  cause  du  grand 
nombre  de  folles  qu'il  y  aperçoit.  De 
ces  folies,  les  unes  sont  plaisantes 
et  gaies ,  les  autres  sont  tristes  et 
affligeantes ,  la  plupart  sont  de  tous 
les  temps.  Plus  d'une  élégante  pourrait 
se  reconnaître  dans  la  femme  de  l'of- 
ficier royal  de  robe-longue  à  laquelle 
Palissy,  pensant  faire  devoir  de  chré- 
tien, dit  en  bonne  amitié  :  «  Mamie, 
pourquoy  est-ce  que  vous  contrefaites 
ainsi  vos  habiilemens?  Ne  sçavez-vous 
pas  bien  qne  les  robes  ne  sont  faites 
en  esté,  qne  pour  couvrir  la  dissolution 
de  la  chair?  et,  en  hyver,  pour  cela 
mesme,  et  pour  les  froidures?  Et  vous 
gçavez  que  tant  plus  les  habiilemens 
iont  proches  de  la  chair,  d'autant  pins 


ils  tiennent  la  chaleur,  aussi  de  tant 
mieux  ils  couvrent  les  parties  hontea- 
ses  :  Mais  au  contraire,  vousavez  prins 
une  verdugalc  [vertuffadin]  pour  dila- 
ter vos  robcs^  en  telle  sorte  que  peu  s'en 
faut,  que  vous  ne  monstriez  vos  hon- 
teuses parties.»  Au  lieu  de  le  remercier 
de  ce  bon  conseil,  que  fit  la  sénéchalef 
Elle  l'appela  u  huguenot,  n  comme  poof 
lui  dire  la  plus  grosse  injure.  Ce  qu'en- 
tendant, Palissy  l'abandonna  à  sa  folie 
incurable,  et  prit  la  tête  de  son  mari 
pour  l'examiner.  Que  de  folios,  et  que 
de  larcins  il  y  découvrit!  u  Pourquoy 
est-ce  que  tu  es  ainsi  fol,  lui  dit-il, 
de  chicaner  et  piller  les  uns  et  les  au- 
tres? »  Mais  l'ofllcier  do  robe-longue 
lui  répondit  bravement  a  que  c'cstoll 
pour  entretenir  ses  estais,  et  qu'il  ne 
pourroit  avoir  patience  avec  sa  femme, 
s'il  ne  lui  donnoit  souvent  des  accous- 
tremens  nouveaux;  et  qu'il  falloitdes- 
rober  pour  entretenir  ses  estats  et 
honneurs. — 0  fol ,  s'écrie  Palissy, 
lors  ta  femme  te  fera  elle  mordre  en 
la  pomme ,  comme  (Il  celle  de  nostre 
premier  père?»  Heureusement  que 
de  nos  jours  on  y  a  mis  ordre,  les  sé- 
néchaux sont  moins  communs  que  les 
sénéchales. 

Les  idées  de  Palissy  sont  générale- 
ment claires,  précises;  il  ne  pèchoqne 
par  leur  enchaînement,  défaut  si  com- 
mun de  son  temps  !  Encore  ce  défaut 
d'ordre  ne  se  remarque  guère  que  dans 
ses  premiers  écrits.  Le  séjour  de  la 
capitale,  le  commerce  d'hommes  lettrés 
et  surtout  l'habitude  de  parler  en  publie 
sur  des  matières  scientifiques  et  con- 
troversées devant  un  auditoire  d'élite, 
lui  apprirent  à  suivre  sans  embarras 
le  fil  de  son  discours,  la  génération  de 
ses  idées.  Palissy  nous  fait  connaître 
lui-même,  dans  sa  dédicace,  le  but  de 
son  livre.  «  Puisqu'il  a  pieu  à  monsei- 
gneur le  conneslable  voslre  père,  y 
lisons-nous,  me  faire  l'honneur  de 
m'employer  à  son  service,  à  l'édifica- 
lion  d'une  admirable  grotte  rustique 
de  nouvelle  invention,  je  n'ay  craint 
à  vous  adresser  partie  des  taleus  que 
i'ay  receus  de  Celui  qui  en  a  en  abon- 


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dance.  Monseigneur^  les  talens  qae  Je 
TOUS  envoyé ,  sont  en  premier  lien 
plusieurs  beaux  secrets  de  nature  et 
de  ragricuKure^  lesquels  J'ay  mis  en 
on  livre  ^  tendant  à  inciter  tous  les 
hommes  de  la  terre  à  les  rendre  ama- 
teurs de  vertu  et  juste  labeur^  et  sin- 
gulièrement en  Tari  d'agriculture^  sans 
lequel  nous  ne  saurions  vivre.  Et  parce 
que  Je  voy  que  ta  terre  est  cultivée  le 
plus  souvent  par  gens  ignorans^  qui 
ne  la  font  qu'avorterj'ay  mis  plusieurs 
ensetgncmens  en  celivre^  qui  pourront 
estre  le  moyen  qu'il  se  pourra  cueillir 
plus  de  quatre  millions  de  boisseaux 
de  grain^  par  chacun  an^  en  laFrance^ 
plus  que  de  coustume,  pourveu  qu'on 
veuille  suivre  mon  conseil.»  On  trouve 
dans  ce  livre  d'excellents  préceptes 
sur  l'agriculture  et  particulièrement 
sur  les  engrais.  Malheureusement^  la 
routine  est  puissante  en  France.  La 
plupart  de  nos  villages  ne  sont  encore^ 
comme  au  xyi*  siècle^  que  des  cloaques 
oh  les  fumiers  déversent  leurs  oaux 
noires  et  fangeuses^  et  avec  elles  toute 
leur  vertu  restaurante.  Récemment 
on  de  nos  plus  éminents  chimistes  a 
appliqué^  dans  sa  propriété,  les  idées 
de  Palissvy  et  l'on  a  pu  célébrer  cette 
innovation  comme  une  heureuse  ten- 
tative de  la  science  moderne.  Mais 
telle  est  la  lorpeur  de  nos  campagnes^ 
que  nous  n'oserions  nous  flatter  que 
aon  exemple  trouvât  beaucoup  d'imi- 
tateurs. Nous  ne  marchons  que  par 
contrainte  ;  nous  n'obéissons  qu'au 
Joug.  De  même  que  Sully,  et  bien 
avant  lui^  Palissy  voyait  dans  l'agri- 
culture la  principale  mamelle  du  pays. 
Aussi  déplore-t-il  qu'on  abandonne 
la  culture  des  champs  comme  un  travail 
servile.  «  Je  m'esmerveille ,  dit-il, 
d'un  tas  de  fols  laboureurs,  que  sou- 
dain qu'ils  ont  un  peu  de  bien,  qu'ils 
auront  gagné  avec  grand  labeur  en 
leur  jeunesse,  ils  auront  après  honte 
de  faire  leurs  enfans  de  leur  estât  de 
labourage,  ains  les  feront  du  premier 
Jour  plus  grands  qu'eux-mesmes^  les 
faisans  communément  de  la  pratique, 
et  ce  que  le  pauvre  homme  aura  gagné 


à  grande  peine  et  labeur,  11  en  despen- 
dra une  grand'partie  à  faire  son  flls 
Monsieur,  lequel  Monsieur  aura  en  fin 
honte  de  se  trouver  en  la  compagnie 
de  son  père,  et  sera  desplaisant  qu'on 
dira  qu'il  est  fils  d'un  laboureur.  Et  si 
de  cas  fortuit ,  le  bonhomme  a  certains 
autres  enfans ,  ce  sera  ce  Monsieur  là 
qui  mangera  les  autres ,  et  aura  la 
meilleure  part,  sans  avoir  esgard  qu'il 
a  beaucoup  cousté  aux  escholes  pen- 
dant que  ses  autres  frères  cuUîvoyent 
.  Ut  terre  avec  leur  père.  Et  en  cependant, 
Yoilà  qui  cause  que  la  terre  est  le  plus 
souvent  avortée,  et  mal  cultivée,  parce 
que  le  malheur  est  tel,  qu'un  chacun 
ne  demande  que  vivre  de  son  revenu, 
et  faire  cultiver  la  terre  par  les  plus 
ignorans,  chose  malheureuse.  A  la 
mienne  volonté,  disois-]e  lors,  que  les 
hommes  eussent  aussi  grand  zèle,et 
fussent  aussi  affectionnez  au  labeur 
de  la  terre,  comme  ils  sont  affectionnez 
pour  acheter  les  ofilces,  bénéfices  et 
grandeurs,  et  lors  la  terre  seroit  bénite, 
et  le  labeur  de  celuy  qui  la  cultiveroit, 
et  lors  elle  produiroit  ses  fruits  en  sa 
saison.  »  Ces  sages  conseils  ne  furent 
pas  entendus.  On  pourrait  adresser 
les  mêmes  reproches  à  notre  généra- 
tion ;  maisseulementdansunecertaine 
mesure,  car  de  nos  Jours  ceux  qui 
délaissent  le  travail  des  champs  n'y 
sont  pas  tous  poussés  par  l'ambition 
ou  par  l'amour  des  richesses.  La  né- 
cessité de  pourvoir  à  son  existence 
suffît  pour  dépeupler  les  campagnes. 
Le  morcellement  des  propriétéis,  suite 
fatale  de  l'augmentation  de  la  popula- 
tion, doit  nécessairement  amener  ce 
déplorable  résultat.  11  est  fâcheux  que 
l'intérêt  des  uns  ne  soit  pas^  aussi 
l'intérêt  des  autres,  que  ce  qui  nourrit 
l'un,  ne  nourrisse  pas  aussi  l'autre. 
La  perspective  de  quelques  journées 
de  travail,  dans  le  temps  des  semail- 
les ou  des  récoltes,  ne  saurait  attacher 
le  prolétaire  à  la  glèbe.  Tant  que  cet 
antagonisme  subsistera,  le  mal  ne  fera 
qu'empirer.  Pour  y  remédier,  il  fau- 
drait une  autre  organisation  de  la 
commune.  Du  temps  de  Palissy,  le 


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—  89  — 


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trop  plein  se  faisait  sans  doute  moins 
sentir^  mais  ce  qai  contribuait  sartont 
à  l'émigration^ c'était  ie  pende  sûreté 
des  campagnes. 

On  trouve  déjà  dans  ce  livre  de  Pa- 
Ussy  les  premiers  germes  de  ses  prin- 
cipales découvertes  en  physique,  en 
minéralogie,  en  chimie.  II  ne  fit  que 
les  mûrir  et  les  développer.  La  philo- 
sophie du  bon  sens  le  guide  dans  toutes 
ses  recherches.  Anjugementde  M.  Che- 
▼real,  «  Bernard  Palissy  est  tout  à  fait 
au-dessus  de  son  siècle  par  ses  obser- 
vations sur  l'agriculture  et  la  physique 
da  globe.  Leur  variété,  dit-il,  prouve 
la  fécondité  de  son  esprit,  en  même 
temps  que  la  manière  dont  il  envisage 
eertains  sujets,  montre  en  lui  la  faculté 
d'approfondir  la  connaissance  des  cho- 
ses; enfln^  la  nouveauté  de  la  plupart 
de  ses  observations  témoigne  de  Tori- 
gfnalité  de  sa  pensée.  »  Quant  à  Tor- 
donnance  de  son  jardin  «  autant  beau 
qu'il  en  fut  jamais  au  monde,  hormis 
eelay  du  Paradis  terrestre,  »  nous  ne 
pouvons  nous  empêcher  d'y  voir  un 
carieux  spécimen  de  la  naïveté  de  nos 
pères.  C'est  le  fruit  doré  d'une  ima- 
gination déjeune  homme.  Salomon  de 
Cauœ  devait  réaliser  un  jour,  par  une 
foule  de  gentilles  inventions,  une  par- 
tie du  fève  de  Palissy.  ((Je  veux  ériger 
mon  jardin,  dit  notre  pieux  artiste, 
sar  le  pseaume  CiV,  là  oh  le  Prophète 
descrit  les  œuvres  excellentes,  et  mer- 
veilleuses de  Dieu,  et  en  les  contem- 
plant, il  s'humilie  devant  luy,  et  com- 
mande à  son  amede  louer  le  Seigneur 
en  toutes  ses  merveilles.  Je  veux  aussi 
édifier  ce  jardin  admirable,  à  fln  de 
donner  occasion  aux  hommes  de  se 
rendre  amateurs  du  cullivcmenl  de  la 
terre^  et  de  laisser  toutes  occupations, 
on  délices  vicieux,  et  mauvais  tratics, 
pour  s'amuser  au  cuUivement  de  la 
terre.  »  Notre  bon  Palissy  tenait  par- 
ticulièrement à  ce  jardin  délectable. 
Non-seulement  il  propose  au  maréchal 
de  Montmorency  de  lui  en  construire 
un  sur  ce  modèle  ;  mais  dans  une  lettre 
à  Catherine  de  Médicis  (où  il  s'excuse 
de  ce  que  son  indigence  ne  lui  a  pas 

T.  VUi. 


permis  de  se  transporter  auprès  d'elle 
pour  la  remercier  de  l'avoir  arraché 
aux  mains  de  ses  ennemis),  il  lui  mar- 
que qu'il  y  a  dans  son  livre  des  cho- 
ses qui  pourront  beaucoup  servir  à 
«  l'édiûcation  »  de  son  jardin  de  Che- 
nonceaux,  «  et  quand  il  vous  plaira, 
ajoule-l-il,  me  commander  vous  y  fai- 
re service,  je  ne  fauldray  m'y  em- 
ployer (l).  » 

La  Forteresse  imprenable  qu'imagina 
Palissy  ne  nous  semble,  non  plus,  que 
le  jeu  d'un  poêle.  Témoin  des  horreurs 
de  la  guerre  civile,  son  imagination 
s'était  exaltée,  il  se  demanda  s'il  ne 
serait  pas  possible  ((  de  désigner  et 
pourtralre  l'ordonnapce  d'une  ville, 
en  laquelle  on  peust  cstre  asseuré  en 
temps  de  guerre,  »  de  construire  ((  un 
palais  ou  amphithéâtre  de  refuge,  pour 
recevoir  les  Chrestiens  exilez  en  temps 
de  persécution.  »  Après  avoir  pris  con- 
seil du  souverain  architecte,  il  se  per- 
suada que  la  chose  était  faisable.  Dieu 
ayant  eu  soin,  dans  sa  merveilleuse 
providence,  de  pourvoir  les  plus  faibles 
de  ses  créatures  de  la  plus  grande  in- 
dustrie, ce  fut  à  elles  qu'il  s'adressa 
pour  s'Instruire.  Un  coquillage  en  spi- 
rale lui  fournit  le  modèle  de  sa  forte- 
resse imprenable.  Palissy  ne  se  laisse 
pas  déconcerter  par  les  critiques  de 
ceux  qui  lui  objectent  qu'il  n'entend 
rien  à  l'art  militaire.  Si  Dieu,  répond- 
il,  ne  m'a  pas  rerusé  ses  dons  en  l'art 
de  terre,  où  j'ai  fait,  sans  que  personne 
ne  me  l'ait  appris,  ce  qu'aucun  autre 
n'avait  fait  avant  moi,  qui  niera  «  qu'il 
ne  soit  aussi  puissant  de  me  donner 
d'entendre  quelque  chose  en  l'art  mi- 
litaire, lequel  est  plus  apprins  par  na- 
ture, ou  sens  naturel,  que  non  pas  par 
pratique?  La  fortilication  d'une  ville 
consiste  principalement  en  traits  et  li- 
gnes de  géométrie,  et  on  sait  bien  que, 
grâces  à  Dieu,  je  ne  suis  point  du  tout 
despourvcu  de  ces  choses.  » 

(l)  On  prelcnd  qao  Ips  jardins  (!u  «hali an  de 
(ihaulncs,  en  Picniii?,  .'i\ aïeul  «'!o  oio.ulcs  d'a- 
près le  plan  du  Janliii  ddoctablc.  M  Lfuplessis 
Ta  même  jusqu'à  avancer,  nous  ne  savons  d'a- 
prèft  quelle  autorité,  qu'il  •  en  fut  tout  ensemble 
le  dessinateur  et  l'entrepreneur.  • 

6 


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«-  «0  — 


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«L  Si  je  cognois  ce  mien  second  livre 
68tre  approuvé  par  gens  à  ce  cognois- 
aans^  ajoute  Palissy  eà  terminant,  je 
mettray  en  lumière  le  trolsiesme  livre 
que  je  feray  cy  après,  le  quel  traiUera 
du  Palais  et  plate-forme  de  refuge  [il 
ne  parait  pas  que  cette  suite  ait  été  pu- 
bliée], de  diverses  espèces  de  terres, 
tant  des  argileuses ,  que  des  autres  : 
aussi  sera  parlé  de  la  merle  [marne],  qui 
sert  à  fumer  les  autres  terres.  Item, 
sera  parlé  de  la  mesure  des  vaisseaux 
antiques  [ce  traité  a-t-il  été  publiét] 
aussi  des  esmails,  des  feux,  des  acci- 
dens  qui  surviennent  par  le  feu,  de  la 
manière  de  calciner  et  sublimer  par  di- 
vers moyens,  dont  les  fourneaux  seront 
figurez  audit  livre  [ce  traité  n'existe 
pas  non  plus].  Après  que  j'auray  érigé 
mes  fourneaux  alchimistals,  je  pren- 
dray  la  cervelle  de  plusieurs  qualitez 
de  personnes,  pour  examiner  et  sça- 
voir  la  cause  d'un  si  grand  nombre  de 
folles  qu'ils  ont  en  la  teste,  à  fin  de 
faire  un  troisiesme  livre,  auquel  seront 
contenus  les  remèdes  et  receptes  potir 
guérir  leurs  pernicieuses  folies.  »  Cette 
analyse  akhimùtale,  nous  avons  vu 
qu'ili'avait  déjà  entreprise  dans  le  cours 
de  ce  livre,  et  il  l'a  si  bien  assaisonnée 
de  sel  attique  que  Lucien  n'aurait  pas 
fait  mieux.  On  ne  comprend  pas  qu'il 
ait  eu  le  courage  de  mettre  ce  livre  sous 
le  patronage  des  Montmorency.  Une 
petite  pièce  de  vers,  (18  quatrains),  à 
la  louange  de  l'auteur,  par  un  nommé 
Pierre  Sanxay,  termine  le  volume  (l). 

Le  connétable  ne  tarda  pas  à  attirer 
Palissy  à  Paris.  Notre  artiste  travailla, 
pendant  plusieurs  années,  à  la  déco- 
ration de  son  château  d'Ecouen.  Hais 
de  tous  les  travaux  qu'il  y  exécnta,  il 
ne  reste  plus  en  place  aujourd'hui  qu'un 
pavé  en  faïence  (2).  Dans  le  siècle  der- 

(1)  G'esl  à  ton  que  M.  Cap  croit  poutoir  at- 
trlboer  à  François  Béroalde  reloge  eo  bait  Tert, 
ligné  FB.,  qui  se  lit  en  tête  da  litre.  En  1563, 
Béroalde  ataii  à  peine  sept  ans  et  n'était  pas  le 
tingiitier  et  parfait  ami  de  Palissy. 

(S)  Le  savant  Peircsc,  qai  tisila  le  cb&leaa 
d*Ecoaeo,  en  1606,  et  qui  en  donne  une  descrip- 
tion (MSC.  cité  dans  les  (CuTres  de  Palissy,  par 
faqjat  de  Saint-Fond  et  Gobet)  n'attribue  à  Fa^ 


nier,  on  n'apercevait  déjà  plus  aucune 

l|My  qœ  le  pttè  ea  faïence  des  (taleriea.  •  Lu 
literies  et  le  château  reofermeDl,  dit-il,  ploaieuf 
marbres  prècieui  et  de  ces  b^les  poteries  invea- 
lées  par  Maître  Bernard  des  Thnilleries.  —  Ali 
▼errieres,  les  Fables  qai  y  soel  le  mleox  repré- 
sentées, c'est  celle  de  Proserpioe,  à  l'ene,  et  celle 
do  banqoet  des  Dieai  ;  celle  de  Psycbè,  à  l'antre; 
le  paré  d'icelles  est  aossi  de  l'IoTenlIon  dn  sni- 
dit  Mattre  Bernard.  •  Cet  auiii,  dans  la  peniée 
de  Peiresc,  ne  se  rapporte  éTideBment  pas  mi 
Terrières,  mais  avx  belles  poteries  menlioDoées 
pins  haut,  t  Les  âmis  de<  arts,  dit  M.  Scboil- 
eber  (ReYoe  de  Paris,  18S4)  reyretienl  là  gmi- 
dement  nœ  salle  tonte  pafée  de  carreani  noi 
armes  da  connétable,  qoe  l'Empire»  avec  sa  bm* 
taillé  ordinaire,  a  fait  briser  et  boafêterser  ponr 
planter  an  beau  milien  nn  de  ees  énormes  N  dent 
U  marqaait  impitoyablement  tons  les  neonmesli 
de  la  France,  comme  an  bourgeois  marqoe  ses 
eoayerts.  »  —  On  a  attribaé  en  outre  à  noire  ar- 
lisfe  :  l*»  Une  marqueterie  en  faïence,  appliquée 
•tr  les  parois  de  la  chapelle,  et  repréeentaDt  la 
Passion,  en  seize  tableani  réunis  en  un  leal 
cadre,  d'après  Albert  Durer  ;  —  S«  Deu  Ubleaaz 
eo  (alence  représentant  des  batailles,  dessiaét  et 
eiéeutét  en  1549,  «  cet  deoi  moroenax  ualqses 
et  préeleu  »  au  jugement  d'Alex.  Leneir,  eer- 
▼aient  de  paToment  dans  la  chapelle;  •r-S*'  Om* 
rante-clnq  sujeU  t<rés  de  la  fable  de  Cupidon  m 
de  Psyehé,  d'après  les  d^ins  dé  Hapbaël,  tt- 
iranx  exécutés  de  lUl  à  41  ;  la  suite  en  a  été 

J;raTée  au  trait  pour  le  Blasée  des  monuments 
rançais.  H.  de  Lasteyrie  a  reproduit  la  Toilette 
de  nyehé  dans  son  splendide  crutrftge  Amsacrè  à 
l'histoire  de  la  peinture  sur  terre }  —  4«  Le  Goo- 
oétable  au  milieu  de  ses  enfants  à  genoux,  de 
grandeur  natorelle,  tiirail  peini  en  1544  ;  M.\^'U- 
lemin,  dans  ses  Monumeiits  français,  reproduit  le 
portrait  des  filles  du  Connétable*  -^  La  date  de 
ees  différents  titraux  ne  permet  pas,  selon  nous, 
de  les  attribuer  i  Palissy  ;  en  1544^  et  à  plus 
forte  raison  en  1549,  Il  n'éuft  encore  qu'ù»  pautre 
terrier  de  protince  sans  aucune  ré^ataCion.  Cette 
hypothèse,  qae  ces  tiiraux  sont  dns  à  notre  ar- 
tiste, hypothèse  tonte  gratuite,  nous  dit  M.  Ba- 
plessis,*  «  serait  démontrée  par  des  doeuments 
Irréeasables,  qu'elle  n'en  apparaîtrait  pas  moins 
dans  l'histoire  des  travaux  esthétiques  de  Palissy 
comme  une  exception  isolée,  sans  antécédents 
comme  sans  suiie.  •>  M.  Alex,  tenoir  lui-même 
ne  se  prononce  pas  sans  restrietion.  «  Geftendatil, 
dit-Il,  nous  n'osons  pu  affirmer  que  les  Tilraax 
dont  nous  parlons  soient  sortis  de  son  pinceau; 
mais  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  dit  lui- 
même,  dans  ses  oarrages,  qu'il  a  peint  des  titres, 
sur  les  dessins  de  Rapiiaël,  pour  le  château  d'E- 
couen. »  Nous  n'atons  rien  lu  de  semblable  daw 
les  écrits  de  Palissy,  et  nous  ne  pensons  pas 
qu'une  aussi  précieuse  indication  nous  eîlt  échappé. 
—  M.  Lenoir  atlribue  encore  à  Palissy  qMtie 
petits  médaillons  en  terre  cuite,  protenani  da 
cbAieaa  de  Saint-Germain  On  trente  reproduits 
dans  le  bel  outrage  de  M.Willemin  le  portrait  de 
Palissy  par  lui-même  (cibioet  de  M.  Flrâtol^  à 
Brelles),  et  ni  nagniittàe  plat  repiéierttDIaae 
an  Tipee  (eoUeet.  de  M.  BaaffatMt),  Me.,  elf . 


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—  91  — 


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Iraee  de  la  grotte  nistlqne  qa'll  avait 
eonstniUe  avec  grand  artiûce  dans  une 
dM  allées  des  Jardins. 

Lorsque  Catherine  de  Médicis  eut 
entrepris,  vers  i  566,  la  construction  da 
paiaisdesTuileries^  elle  chargea  Palissy 
de  l'embellissement  des  Jardins.  On 
sait  que  ce  palais  s'éleva  dans  le  voi- 
sinage d'une  tuilerie.  Pour  se  livrer  à 
ses  travani>  Palissy  y  établit  son  lo- 
i«me&t>  ce  qui  lui  fit  donner  le  sur* 
nom  de  Bernard  des  Tuileries.  On 
ignore  combien  de  temps  il  passa  à  ce 
Invail  (I).  L'on  suppose  qu'il  y  était 
nieore  occupé  lorsqu'éciata  la  Saint- 
Bartbélemy.  Dans  sa  sanglante  orgie, 
Médieis  ne  perdit  pas  de  vue  le  soin  de 
•es  Jardins  et  bâtiments;  elle  épargna 
Palissy,  de  même  qu'elle  épargna  Paré^ 
non  par  bienveillance,  mais  par  inté- 
rêt. Si  le  secret  de  ses  émaux  avait  été 
connu,  il  est  certain  qu'il  n'eut  pas 
éprouvé  un  meilleur  sort  que  Jean  Gou» 
/on.  Ses  rustiques  flgulines  devinrent 
l'ornement  obligé  des  Jardinset  deschà- 
leanz  royanx;  elles  servaient  à  Tem- 
bellissement  de  la  demeure  royale  de 
la  favorite,  le  château  d'Anet.  A  Timl- 
tation  du  souverain,  les  principam 
seignears  de  la  cour  en  ornèrent  leurs 
habitations.  Ces  rustiques  flgulines 
élaienl  alMsi  appelées,  dit  M.  Gap  dans 
la  notice  dont  il  a  fait  précéder  son 
édition  des  Œuvres  de  Palissy^  parce 
qa'eiies représentaient  «  des  objets  rus- 
tlqoos,  dM  rochers,  des  grottes,  des 
arbres,  des  animaux  et  quelquefois 
des  personnages,  le  tout  en  relief  ou 
en  roode-bosse  et  recouvert  d'un  émail 
coloré.  Il  reste  à  peineaujourd'hoi  quel- 
ques traces  des  pièces  de  cette  classe. 
Bieft  ornaient  dans  le  temps  les  châ- 
teau de  Gbaulnes  et  de  Nesle  en  Pi- 
eardle>  de  Reux  en  Normandie,  de  Ma* 
drid  (S)âttbois  de  Boulogne  et  surtout 

ti)  jî.  GlMBB^IOBrFiKeae  *  publié,  en  1849, 
Mi  \$  CflliiMt  dt  l'âiSAtevr^  quelques  arliojet 
l'u  eonplê  reUtif  à  r»c^vf0ient  d'one  iroite 
4|  |tiMti«»il|êd  fve  «^enurd,  Nicolas  el  Ma- 
WsXMMi»iipmira  M  liens  >.i^Taieni  «  et- 
i|BÎMMi»«Mr..ia.nfS»  «a  itti  yellais  lèi  le 


lechâteand'Ecouen.»  <x  Ses  ouvrages  de 
moyenne  et  de  petite  dimension^  ajoute 
le  biographe,  ornaient  lesappartements 
et  figuraient  sur  les  dressoirs ,  les 
buffets^  les  tables  et  les  consoles.  Ce 
sont  des  vases,  des  aiguières  avec  leurs 
bassins,  des  statuettes,  des  groupes 
pleins  de  grâce  et  de  mouvement,  des 
coupes,  des  vidercomcs,  des  salières, 
des  écritoires,  des  flambeaux,  des  cor- 
beilles, de  grands  et  de  petits  plats 
sculptés,  enUn  des  ba^im  rustiques 
chargés  de  fruits,  de  coquillages,  de 
poissons  et  de  reptiles,  représentés 
avec  une  vérité  de  formes  et  de  coloris 
qui  font  Tadmi ration  des  hommes  de 
l'art.  D'autres  plats  présentent  des  bas- 
reliefs  d'un  fini  remarquable,  des  su- 
Jets  tirés  de  la  mythologie  ou  de  l'his- 
toire sainte.  Los  ouvrages  de  cette  série 
sont  moins  rares  que  les  précédents. 
Le  Musée  de  Paris,  [le  musée  de  Cluny], 
le  Musée  céramique  de  Sèvres  et  leè 
collections  particulières  de  quelques 
amateurs  éclairés  (1  ),  en  renferment  de 
très-belles  épreuves.  Toutesccs  pièces 
sont  remarquables  par  l'harmonie  des 
sujets,  l'élégance  des  formes,  le  flnl 
de  l'exécution,  et  sont  enrichies  d'or- 
nements pleins  d'imagination  et  de 
goût.  Leur  rareté  n'ajoute  donc  rien  à 
leur  mérite  réel,  qui  justifle  seul  l'em* 
pressement  avec  lequel  elles  sont  rer 
cherchées.  »  Mais  comme  elles  ne  sont 
pas  signées  (2),  on  doit  se  déflcr  do  la 
fraude.  Dans  des  questions  d'art,  lee 
plus  habiles  se  laissent  tromper;  leur 
conflance  même  les  dupe. 

«  Les  faïences  de  Bernard  Palissy, 
dit  M.  Brongniarl  (Trailé  des  arts  cé*> 
ramiques),  sont  caractérisées  par  un 
style  particulier  et  plusieurs  qualités 
qui  leur  sont  tout  à  (ait  propres.  Les 

s'éUieni-«llefl  ^m  l'auTt^  (h  IMUiHen  Glrolat&b 
délia  Robbia? 

(1)  Oq  ciie  surtout  les  belles  collection!  de 
Mm.  tlous<!el,  Saùvagéot,  Hallier,  Koibschild, 
SeilièreR,  et  du  prince  russe  Sollikof. 

(2)  On  ne  cite  de  signée  que  la  fifinrlne,  a^^ie^ 
lée  à  tort  la  nourrice  de  Framçois  I^j^Yoycx  M 
Description  toélhodique  du  Éluièe  céramique  JA 
SèTreir,  pàx  MM.  BironKliiait  et  Rioeretix,  18^, 
IihM. 


i-     afi 


■^■^:. 


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—  92  — 


PAL 


formes  du  nn  sont  en  général  assez 
pures.  Il  n'y  a  point  ou  presque  point 
de  peinture  proprement  dite,  c'est-à- 
dire  de  peinture  à  plat^  à  couleurs 
nuancées.  Quecesoient  des  ornements, 
des  représentations  d'objets  naturels, 
ou  même  des  sujets  historiques,  my- 
thologiques et  allégoriques,  ce  sont 
toujours  des  reliefs  coloriés.  L'émail 
est  dur  et  a  beaucoup  d'éclat;  mais  on 
y  remarque  souvent  une  multitude  de 
petites  tressaillures...  Les  couleurs 
sont  généralement  vives,  mais  peu  va- 
rlfées;  elles  se  bornent  au  blanc  jau- 
nàtre«  il  n'est  jamais  arrivé  à  la  blan- 
cheur éclatante  de  l'émail  de  Luca  délia 
Robbia.  C'est  ce  blanc  qui  a  été  l'objet 
de  ses  plus  persévérantes  recherches. 
Les  pièces  à  fond  blanc  qu'il  a  faites, 
sont  rares.  —  Les  objets  naturels  qui 
sont  placés  sur  les  pièces  sont  très- 
vrais  de  forme  et  de  couleur;  car, 
à  Texception  de  certaines  feuilles,  ils 
ont  été  moulés  sur  nature.  On  voit, 
par  le  choix  qu'il  en  fait  que  ce  Potier 
était  naturaliste.  »  Les  mêmes  sujets 
ont  été  fréquemment  répétés;  aussi 
«  les  amateurs  ne  comptent-ils  guère 
qu'une  trentaine  de  pièces  qu'on  puisse 
caractériser  par  leurs  formes,  leurs 
8i]0ets  ou  leurs  ornements.  »  Il  n'y  a 
qu'une  voix  parmi  les  connaisseurs 
pour  admirer  le  mérite  des  œuvres  de 
Palissy .  Nous  rapporterons  encore  l'ap- 
préciation de  M.  Alfred  Dumesnil,  dans 
la  notice  qu'il  a  consacrée  à  notre  ex- 
cellent artiste,  a  Palissy,  dit-il,  a  repro- 
duit mieux  que  des  plantes  et  des  ani- 
maux... Un  siècle  avant  Rembrandt, 
en  France,  il  prend  les  pauvres,  les 
misérables,  les  mendiants  des  campa- 
gnes, Joueurs  de  vielle  et  de  cornemuse, 
aux  vêtements  bariolés,  au  visage 
rougi  parles  intempéries, et  leur  donne 
on  air  de  moralité  si  touchant,  que 
dans  ces  flgures  Je  vois  le  reflet  de 
l'ftme  de  l'artiste...  Quelques-unes  de 
ses  statuettes  sont  des  chefs-d'œuvre  ; 
telle  est  la  nourrice  qu'on  voit  au  Mu- 
sée du  Louvre  [de  Sèvres],  jeune  pay- 
sanne qui  allaite  son  enfant,  une  des 
plus  naïves  figurines  de  la  statuaire 


française...  Je  citerai  aussi  ce  jeane 
garçon  qui  enlève  des  petits  chiens  nou- 
veau-nés à  leur  mère,  et  que  la  chienne 
retient  par  le  pan  de  sa  veste  (1).  Rien 
de  plus  varié  que  son  œuvre.  A  cha- 
que épreuve  il  changeait  la  couleur  des 
émaux,  en  sorte  que  la  même  compo- 
sition n'est  plus  reconnaissable  dans 
chacun  de  ses  exemplaires,  et  qu'elle 
peut  suivre,  par  la  variété  de  colorar 
tion,  la  saison,  le  Jour  ou  le  caprice 
du  maître.  » 

Pour  se  distraire  de  ses  travaux 
d'artiste,  Palissy  se  livrait  à  des  études 
sur  le  monde  physique.  Il  était  arrivé 
par  ses  propres  observations  à  des  no- 
tions plus  saines  que  celles  qui  avalent 
cours,  sur  une  foule  de  phénomènes 
naturels.  Il  voulut,  suivant  le  comman- 
dement de  Dieu,  exhiber  à  un  chacun 
les  dons  qu'il  avait  reçus.  A  cet  effet, 
il  ouvrit  un  cours  public  dans  le  carême 
de  1575  et  il  le  continua  l'année  sui- 
vante (2).  Ses  leçons  furent  suivies  par 
nombre  de  personnes  notables;  il  en 
donne  une  liste  où  Ton  remarque  parmi 
les  premiers  médecins  du  temps,  le  cé- 
lèbre Ambroise  Paré,  qui,  comme  lui, 
n'était  ni  grec  ni  latin,  mais  le  fils  de 
ses  œuvres.  Cependant,  malgré  ce  suc- 
cès flatteur,  il  lui  restait  un  scrupule. 
Les  auteurs  par  lesquels  les  savants 
juraient,  lui  étaient  inconnus,  et  il  se 
pouvait  qu'ils  eussent  mieux  observé 
que  lui.  Je  n'ai  voulu  me  hasarder, 
écrit-il,  de  mettre  en  lumière  mes  dé- 
couvertes, a  que  premièrement  Je 
n'eusse  senti  si  les  Latins  en  avoyent 
plus  deconnoissance  que  moy.  Et  j'es- 

(1)  Ce  jeane  garçon  derienl  sons  la  plnme  de 
M.  de  Lamartine,  dans  8a  notice  snr  Palisiy,  une 
jeune  fille  qui  emporte  dans  on  pan  de  son  tiJ>lier 
nne  nichée  de  petits  chiens;  t  leors  petites  têiai 
étonnées  débordent  des  fentes  de  la  toile,  el  la 
mère,  tendre  inquiète,  mordille,  en  laivaot  Mi 
petits,  les  plis  de  la  robe  de  la  jeune  flUe.  Gella- 
ei  la  regarde  et  la  rassure  par  un  sourire.  »  Sê- 
raient-ce  deai  sujets  jumeaui?  D*apH»  IL  Ps- 
plessis,  ce  dernier,  signalé  par  M.  de  Ijimartiae, 
se  voit  au  Musée  du  Louvre. 

(S)  Jusqu'en  1584,  d'après  M.  Gap,  détemiaè 
sans  doute  par  la  date  de  la  publication  de  U  Bf- 
bliothèque  de  La  Croix  du  Maine,  oà  on  ttl  qw 
Palissy  fait  à  Paris  des  laçons  da  sa  seléMt  m 
ViofasBion. 


PAL 


—  9^  — 


PAL 


lois  en  graïuf  peine^  parce  que  je  n'a- 
YOis  Jamais  vea  l'opinion  des  pbiloso- 
phes,  pour  sçavoir  s'ils  avoyent  escrit 
des  choses  sasdictes.  J'eusse  eslé  fort 
aise  d'entendre  le  iatin^  et  lire  les  11- 
Yres  desdits  philosophes^  ponr  appren- 
dre des  ans  et  contredire  anx  autres. 
fit  estant  en  ce  débat  d'esprit,  je  m'a- 
Yisay  de  Caire  mettre  des  aflQches  par 
lia  carrefours  de  Paris,  afin  d'assem- 
bler les  plus  doctes  médecins  et  autres^ 
ansquels  je  promettois  monstrer  en 
trois  leçons  tout  ce  que  j'avois  conça 
des  fontaines,  pierres,  métaux  et  au- 
tres natures.  »  Son  appel  fut  entendu; 
des  médecins,  des  chirurgiens,  des 
apothicaires,  des  jurisconsultes,  des 
ecclésiastiques,  la  plupart  élevés  en  di- 
gnité, y  répondirent  avec  empresse- 
ment. L'épreuve  tourna  à  l'avantage 
de  notre  modeste  savant,  a  grâces  à 
mon  Dieu,  dit-il,  jamais  homme  ne  me 
contredit  d'un  seul  mot.  »  Pour  servir 
à  ses  démonstrations,  Palissy  avait  for- 
mé on  cabinet  de  curiosités,  où  il  avait 
mis  «  plusieurs  choses  admirables  et 
monatroeuses  tirées  de  la  matrice  de  la 
terre.  »  Il  les  avait  classées  a  par  ordre 
et  parestages,  avec  certains  eôcrileaux 
an  dessouz,  afin  que  chacun  se  peust 
instruire  soy-mesme.  »  C'est  vraisem- 
blablement là  le  premier  cabinet  d'his- 
toire naturelle  qui  ait  été  formé  en 
France. 

Fort  du  consentement  de  tant 
dliommes  éminents,  Palissy  résolut 
de  faire  profiter  le  public  de  ses  dé- 
couvertes. L'âge  lui  conseillait  de  ne 
plus  tarder.  Il  resta  fidèle  à  la  forme 
du  dialogue  qu'il  avait  employée  dans 
ses  premiers  écrits;  le  jour  se  fait  par 
la  contradiction.  Il  met  aux  prises  la 
Fratique  avec  la  Théorique,  l'œuvre 
de  Diea  avec  l'œuvre  des  hommes.  Les 
sciences  naturelles  étaient  encore  dans 
fenlance.  11  semblait  qu'elles  fussent 
sorties  tout  armées  du  cerveau  des  poè- 
tes ou  des  mystagognes.  Aux  préjugés 
anciens  s'étaient  ajoutés  des  préjugés 
Qoaveanx.  Palissy  porta  dans  ce  chaos 
le  flamhean  de  l'observation.  Il  substi- 
tna  le  principe  fécond  de  l'expérience 


au  principe  stérile  de  l'autorité.  Dans 
toutes  les  matières  dont  il  s'occupa,  il  fit 
faire  des  progrès  notables  à  la  science. 
Ses  erreurs  mêmes  étaient  déjà  des 
progrès.  Cependant  nous  devons  dire 
que  le  savant  M.  Brongniart,  juge  très- 
compétent  dans  la  matière,  prétend 
que  tout  ce  que  Palissy  «  a  écrit  sur 
les  argiles,  les  pierres,  les  marnes,  les 
sels,  les  eaux,  a  peu  de  fond,  »  tout  en 
indiquant  cependant  un  esprit  obser- 
vateur; il  lui  reproche  d'avoir  <t  dé- 
layé le  peu  d'observations  qu'il  a  faites 
dans  des  théories  qui  ont  tous  les  dé- 
fauts de  celles  dont  il  parle  avec  on  si 
juste  dédain.  »  Ce  jugement  est  sans 
doute  sévère.  Mais  c'est  la  contre-par- 
tie des  éloges  exagérés  qui  ont  été 
prodigués,  dans  ces  derniers  temps,  à 
notre  modeste  savant.  Les  enthou- 
siastes ne  sauraient  rendre  un  plus 
mauvais  service  aux  grands  houmies 
qu'en  les  divinisant.  Un  excès  de 
louange  appelle  toujours  un  excès  de 
blâme,  il  serait  plus  juste,  selon  nous, 
de  dire  avec  Fontenelle  que  Palissy  fut 
a  un  aussi  grand  physicien  que  la  na- 
ture seule  en  pouvait  former  un  »  Le 
savant  M.  Dumas  en  juge  de  même  dans 
ses  Leçons  sur  la  philosophie  chimi- 
que. 

Le  nouveau  livre  de  Palissy  parut 
sous  ce  titre  :  Discours  admirables  de 
la  nature  des  eaux  et  fontaines,  tant 
naturelles  qu'artificielles, des  métaux, 
des  sels  et  salines,  des  pierres,  des 
terres,  du  feu  et  des  émaux;  avec 
plusieurs  autres  excellents  secrets  des 
choses  naturelles.  Plus,  un  traité  de  la 
marne,  fort  utile  et  nécessaire  à  ceux 
qui  se  mellenide  l'agriculture.  Le  tout 
dressé  par  dialogues,  èsquels  sont  in- 
troduits la  théorique  et  la  practique. 
Par  M,  Bernard  Palissy,  inventeur 
des  rustiques  figulines du  Roy  et  de  la 
Royne  sa  mère,  Paris,  Martin  le  jeune, 
1 580,  in-8«.  Palissy  dédia  son  ouvrage 
au  seigneur  Antoine  dti  Pons.  Nous 
avons  vu  plus  haut  qu'il  lui  avait  de 
grandes  obligations,  n  Le  nombre  de 
mes  ans,  lui  dit-il  dans  son  épitre  dè- 
dicatoire,  m'a  incité  de  prendre  la  har- 


PAL 


94  — 


PAL 


diesse  de  vods  dire  qu'un  de  ces  Jonrs 
Je  considérois  la  conleur  de  ma  barbe^ 
qui  me  causa  penser  an  peu  de  Jours 
qui  me  restent  pour  flnir  ma  course  : 
et  cela  m'a  fait  admirer  les  lis  et  bleds 
des  campagnes,  et  plusieurs  espèces  de 
plantes^  lesquels  changent  leurs  cou- 
leurs verdes  en  blanches,  lorsqu'elles 
sont  prestes  de  rendre  leurs  fruits. 
Aussi  plusieurs  arbres  se  hâtent  de 
fleurir  quand  ils  sentent  cesser  leur 
vertu  végétative  et  naturelle.  Une  telle 
oonsidération  m'a  fait  souvenir  qu'il 
est  escrit  :  que  l'on  se  donne  garde  d'a- 
buser des  dons  de  Dieu,  et  de  cacher 
le  talent  en  terre  :  aussi  est  escrit  que 
le  fol  celant  sa  folie  vaut  mieux  que  le 
sage  celant  son  sçavoir.  C'est  donques 
chose  Juste  et  raisonnable  quechascun 
s'efforce  de  multiplier  le  talent  qu'il  a 
receu  de  Dieu,  suyvant  son  comman- 
dement. P^rqnoy  Je  me  suis  efforcé 
de  mettre  en  lumière  les  choses  qu'il 
a  pieu  à  Dieu  me  faire  entendre,  selon 
la  mesure  qu'il  luy  a  pieu  me  départir, 
afin  de  profiter  à  la  postérité.  » 

On  trouve  dans  cet  ouvrage  les  trai- 
tés suivants  :  \*  Des  eaux  et  fontaines, 
Palissy  y  réfute  les  idées  erronées  que 
Tantlquilé  nous  avait  transmises  sur 
la  formation  des  fontaines  et  des  ri- 
▼ières,  et  expose  avec  une  grande  net- 
teté la  théorie  adoptée  par  la  science 
moderne;  il  indique  un  moyen  simple 
et  facile  de  faire  sourdre  des  sources 
d'eau  vive  dans  les  terrains  les  plus 
arides,  «  en  ensuyvant  le  formulaire 
du  souverain  fontalnier;  »  il  pressent 
même  nos  puits  artésiens,  et  l'on  pour- 
rait presque  lui  en  attribuer  la  dé- 
couverte. 

2»  Du  mascaret  qui  s*engendre  au 
fleuve  de  Dourdongne,  en  la  Guienne, 
L'explication  que  Palissy  donne  de  ce 
phénomène  n'est  sans  doute  pas  heu- 
reuse, mais,  dans  Tétat  des  connais- 
sances, elle  semblait  la  plus  plausible. 

Z^Des  métaux  et  alchimie.  Ce  traité 
est  dirigé  contre  ceux  qui  cherchent 
»  la  multiplication,  génération  et  aug- 
mentation f  des  métaux.  »  Palissy  ne 
donna  Jamais  dans  les  billevesées  des 


alehimistes.  11  en  avait  trop  appris, 
non  dans  les  livres^  ni  à  la  hâte,  mats 
avec  un  grand  labeur,  en  anatomisant 
la  matrice  de  la  terre,  pour  se  laisser 
prendre  à  des  chimères.  Selon  loi,  dès 
lors  que  Dieu  créa  la  terre,  «  Il  mist  en 
icelle  toutes  les  substances  qui  y  sont 
et  qui  y  seront.  Les  matières  miné- 
rales ne  sont  pas  tellement  mortes, 
dit-il,  qu'ellesn'enfantentet  prodolsenl 
de  degré  en  degré  choses  plus  excel- 
lentes, c'est-à-dire  que  les  matières 
minérales  sont  entremeslées  et  Incon- 
nues parmy  les  eaux,  en  la  matrice  de 
la  terre,  ainsi  que  toute  humaine  créa- 
ture et  brutale  est  engendrée  sous  es- 
pèce d'eau  en  sa  formation  :  et  estant 
entremeslées  parmy  les  eaux,  il  y  a 
quelque  matière  supresme  qui  attire 
les  autres  qui  sont  de  sa  nature  pour 
se  former.  »  Le  principe  de  l'attraction 
universelle,  que  Newton  formula  un 
siècle  plus  tard,  ne  pouvait  être  plus 
clairement  énoncé.  Palissy  a,  en  outre, 
presque  devancé  le  grand  physicien 
dans  sa  théorie  des  couleurs,  il  n'avait 
plus  qu'un  pas  à  faire.  «  J'ay  plusieurs 
fois  admiré,  dit-il,  les  couleurs  qui  sont 
esdites  coquilles,  et  n'ay  peu  compren- 
dre la  cause  d'icelles  :  toutefois  enfin 
J'ay  considéré  que  la  cause  de  l'arc  cé- 
leste n'estoit  sinon  d'autant  que  le  so- 
leil passe  directement  au  travers  des 
piuyes  qui  sont  opposites  de  l'aspect 
du  soleil,  etc.  »  Pour  expliquer  la  for- 
mation des  corps  en  général,  tant  or- 
ganiques qu'inorganiques,  il  imagina 
un  cinquième  élément  qu'il  appelle 
eau  de  sel,  eau  essencive,  congela tive 
et  générative.  Le  rôle  de  cet  élément 
dans  la  nature  lui  assignerait,  selon 
iui,la  première  place.  «  Quand  tu  auras 
bien  examiné  toutes  choses  par  les  ef- 
fets du  feu  [c'est-à-dire  du  destructeur 
par  excellence,  comme  il  l'appelle]  ta 
trouveras  mon  dire  véritable,  et  me 
confesseras  que  le  commencement  et 
origine  de  toutes  choses  naturelles  est 
eau  :  l'eau  générative  de  la  semence 
humaine  et  brutale  n'est  pas  eau  com- 
mune; l'eau  qui  cause  la  germination 
de  tons  arbres  et  plantes,  n'est  pas 


PAL 


—  m 


PAL 


eau  commone,  et  combien  que  nal  ar- 
bre,  ny  plante^  ny  nature  humaine,  ny 
brutale,  ne  sçauroit  vivre  sans  i'ayde 
de  Teau  commune,  si  est-ce  que  parmy 
ioeUe,  il  y  en  a  une  autre  germ {native, 
qpngélative,  sans  laquelle  nulle  chose 
ne  pourroit  dire  Je  suis.  »  La  science 
n'a  pas  confirmé  cette  ingénieuse  sup- 
position; mais  en  rompant  avec  la 
▼teille  erreur  des  quatre  éléments,  Pa- 
Ifssy  n'ouvrait-il  pas  le  chemin  à  la 
▼érité?  Le  principe  de  l'attraction  mo- 
léculaire ne  se  dégage-t-il  pas  naturel- 
lement de  ce  cinquième  élément  dont 
les  fonctions  semblent  identiques  ?  Pa- 
Ussy  émet,  en  outre,  dans  ce  traité, 
des  Idées  très-saines  sur  la  formation 
des  cristaux,  sur  les  pétrifications,  et 
enfin  sur  le^  tremblements  de  terre 
qu'il  attribue  à  la  force  expansive  de 
la  vapeur,  etc.,  etc. 

A^Del'or potable.  Dans  ce  petit  traité, 
fauteur  réfiite  l'opinion  des  alchimis- 
tes qui  prétendent  que  l'or  est  «  le  plus 
parfait  de  tous  les  alimens.  »  11  avait 
déjà  abordé  cette  question  dans  son  pre- 
mier ouvrée,  en  1563. 

5»  Du  mitridat,  ou  thériaque.  Pa- 
llssy  prouve  par  les  meilleures  raisons 
rincertitude  d'un  remède  composé  de 
300  simples,  et  l'impossibilité  radicale 
d'en  connaître  les  effets.  La  médecine 
n'a  été  que  trop  longtemps  infatuée  de 
ees  erreurs. 

ۥ  Des  glaces.  Contre  l'opinion  de 
ceux  qui  prétendent  que  les  glaces  que 
charrient  les  rivières ,  se  formept  au 
fond  de  leur  lit;  question  encore  dé- 
battue de  nos  Jours. 

T  Des  sels  divers.  Palissy  prend  la 
dénomination  de  sel  dans  le  sens  le  plus 
étendu.  Il  le  définit  «  un  corps  fi^e^  pal- 
pable etconnen  en  son  particulier,  con- 
servateur et  générateur  de  toutes  cho- 
ses, et  en  autruy,  comme  es  bois  et  en 
toutesespèces  déplantes  etminéraux  ;  » 
Il  y  a  autafit  de  diverses  espèces  de  sels 
qifU  y  en  a  de  saveurs  et  d'odeurs;  il 
décrit  le  rôle  des  sels  d^ns  la  nature 
et  dans  les  arts  ;  il  établit  que  les  cen- 
dres, les  ftumiers,  les  marne?,  les  cal- 
caires ne  sont  engtals  que  par  les  sels 


qu'ils  contiennent.  L'expérience  acon- 
flrmé  la  plupart  de  ses  assertions. 

%*Dusel  commun.  Exposition  claire 
et  méthodique  des  procédés  usités  aux 
Iles  delà  Saintongepour  obtenir  le  sel. 

<)•  Des  pierres.  Dans  ce  traité,  Pa- 
lissy prouve  que  «  ceux  qui  disent  que 
les  pierres  sont  formées  dès  la  création 
du  monde  errent,  et  que  ceux  qui  disent 
qu'elles  croissent  errent,  »  car,ajoute- 
t-il  plus  loin,  «  les  pierres  n'ont  point 
d'ame  végétative,  mais  insensible  ;  par 
quoy  elles  ne  peuvent  croistre  par  ac- 
tion végétative,  mais  par  une  augmen- 
tation congélative  [Juxtaposition].»  Il 
émet  des  idées  neuves  sur  la  cristalli- 
sation, sur  les  pétrifications,  et  au  sen- 
timent du  grand  Cuvier,  il  pose  le  pre- 
mier fondement  de  la  géologie  moderne 
par  son  explication  Judicieuse  des  fos- 
siles, devançant  ainsi  la  science  de  plus 
de  deux  siècles! 

1 0»  Des  terres  d'argile.  Y  a-t-il  un 
moyen  de  reconnaître  leurs  diverses 
qualités?  Au  témoignage  de  notre  ar- 
tiste, a  l'homme  qui  besongne  de  l'art 
de  terre,  est  toujours  apprentif.  d 

1 1»  De  l'art  de  terre,  de  son  utilité, 
des  esmaucp  et  du  feu.  On  espérerait 
trouver  dans  ce  traité  des  renseigne- 
ments précieux  sur  l'art  que  notre  ar- 
tiste a,  pour  ainsi  dire,  porté  à  la  per- 
fection; mais  il  n'en  est  rien  :  il  se  con- 
tente de  nous  raconter  les  nombreuses 
déceptions  qui  l'ont  assailli  dans  le 
cours  de  ses  recherches.  La  nécessité 
de  pourvoir  à  son  existence  et  à  celle 
de  sa  famille  lui  faisait  un  devoir  de  ne 
pas  divulguer  de^  secrets  qu'il  avait 
poursuivis  à  travers  tant  de  ipisère.  De 
nos  jours,  on  est  parvenu  à  imiter  sa 
vaissellerusliqueavec  un  rare  bonheur. 

12»  Pour  trouver  et  connoistre  la 
terre  nommée  marne,  de  laquelle  l'on 
fume  les  champs  infertiles,  es  pays  et 
régions  pu  elle  est  connue  :  chose  de 
grand  poids  et  nécessaire  à  tous  ceuas 
qui  possèdent  héritages.  Dans  ce  traité, 
Palissy  émet  d'eAcellen^es  idées  sur  le 
sondage  des  terres.  On  y  trouve,  entre 
autres,  cet  énoncé  qui  implique  la  théo- 
rie des  puits  artésiens.  Par  tel  moyen. 


PAl. 


—  96  — 


PAL 


dit-il  à  son  interlocuieur^  eu  forant  la 
coQCbe  deroc^  (conpourroit  trouver  des 
terres  de  marne^  voire  des  eaux  pour 
faire  puils,  lesquelles  bien  souvent 
pourroient  monter  plus  haut  que  le 
lieu  où  la  pointe  de  la  tarière  les  aura 
trouvées  :  et  cela  se  pourra  faire  moyen- 
nant qu'elles  viennent  de  plus  haut  que 
le  fond  du  trou  que  lu  auras  fait.  » 

Suivent  ces  trois  pièces:  !<>  Coppie 
des  escrits  qui  sont  mis  au  dessouz 
des  choses  merveilleuses  que  Tautcur 
de  ce  livre  a  préparées,  et  mises  par 
ordre  en  son  cabinet,  pour  prouver 
toutes  les  choses  contenues  en  ce  livre  : 
parce  qu'aucuns  ne  voudroyent  croire, 
afin  d'asscurer  ceux  qui  voudront  pren- 
dre la  peine  de  les  venir  voir  en  son 
cabinet,  et  les  ayant  veu,  s'en  iront 
certains  de  toutes  choses  escritcs  en  ce 
livre. — 2^*  Extrait  des  sentences  prin- 
cipales contenues  au  présent  livre,  — 
5»  Explication  des  mots  plus  difficiles. 

Les  OEuvres  de  Palissy  ont  eu  plu- 
sieurs éditions.  Celle  de  Robert  Fouet, 
1636,  2  vol.  in-80,  sous  ce  litre  ;  Le 
moyen  de  devenir  riche,  etc. ,  ne  mérite 
pas  qu'on  s'y  arrête.  L'édition  la  plus 
estimée  et  la  plus  eslimable  est  celle 
que  donnèrent  Faujas  de  Saint-Fond  et 
Gobet,  Paris,  1777,  in-4,  enrichie  de 
notes  et  de  documents.  M.  P.-A.  Cap, 
dans  sa  nouvelle  édit.  des  CEuvres  com- 
plètes de  Bernard  Palissy,  accomp.  de 
notes  et  précéd.  d'une  notice  histori- 
que, Paris,  Dubochet,  1844,  in-8«(l), 
reproche  à  ces  éditeursd'avoirattribué 
à  tort  à  Palissy  un  opuscule  publié  à 
Lyon,  en  i557,parPierre  Brailller(2), 
marchand  apoth  icaire,  sous  le  titre  :  Dé- 
claration des  abus  et  ignorances  des 
médecins.  Nous  sommes  tout  à  fait  de 
son  sentiment.  Un  autre  reproche  qu'il 
leur  adresse,  c'est  d'avoir  interverti 

(1)  M.  Charles  Read,  dans  ano  intéressnnte  é- 
tade  sur  Palissy,  considéré  romme  éTangéliste  et 
comne  ècrîTain  (Bullelin  dcTIiist.  du  prolesUn- 
tiiiM,  T.  I  et  II),  reproche  à  celte  édition  de  n'ê- 
tre pas  toujours  correcte. 

(3)  Barbier  croit  reconnaître  sons  re  pseudo- 
nyme un  Pierre  Palissy,  écrivain  qui  nous  est 
d'Ailleurs  inconna.  Ne  serait-ce  pas  une  erreur  de 
Dom  qui  Mira  échiqipê  au  saTanl  bibliographe? 


l'ordre  des  divers  traités  dont  se  com- 
posent les  œuvres  authentiques  de  Pa- 
lissy. 

Les  dernières  années  de  Palissy  fu- 
rent contristées  par  nos  malheurs  pu- 
blics. Sincèrement  religieux^  il  n'était 
pas  homme  à  chercher,  comme  tant 
d'autres,  sa  sûreté  à  l'abri  d'une  capi- 
tulation de  conscience.  Quand  la  Ligue 
se  fut  emparée  de  Paris,  il  fut  arrêté 
et  Jeté  à  la  Bastille  (l  588).  Sa  vertu  of- 
fusquait un  ancien  ministre  apostat, 
Matthieu  de  Launoy,  devenu  un  des 
plus  fougueux  prédicateurs  delà  Ligue. 
D'Aubigné,  dans  son  Histoire,  en  rend 
compte  en  ces  termes.  «  Il  y  avoit  lors 
quelques  prisonniers  pour  le  fait  de  la 
religion,  desquels  on  voulut  que  [le  duc 
de  Mayenne]  solicitast  la  mort,  comme 
avolt  fait  lors  des  baricades  le  duc  de 
Guise  son  frère,  en  la  personne  des  deux 
sœurs  filles  de  Sureau  (Voy.  Rade- 
GONDB  FOUCAULT), mais  il  refusa  cet 
ofOce,  tant  selon  son  naturel,  que  pour 
avoir  veu  la  réputation  de  son  frère  en 
avoir  esté  tachée  en  un  siècle  désacous- 
tumé  aux  bruslemens;  pour  marque  de 
quoi  llestoitavenuàla  mort  de  ces  deux 
que  le  peuple  les  trouvaut  belles^  et  on 
vieillard  tout  blancaiant  monté  sur  une 
boutique  pour  s'escrier.  Elles  vont  de- 
vant Dieu,  le  peuple,  au  lieu  de  sauter 
au  colet  de  cet  homme,  respondit  quel- 
ques gémissemens.  Launai,  autrefois 
ministre,  et  maintenant  des  Seize^so- 
licltoit  qu'on  menast  au  spectacle  pu- 
blic le  vieux  Bernard,  premier  inven- 
teur des  potries  excellentes  ;  mais  le 
duc  fit  prolonger  son  procès,  et  l'aage 
de  90  ans  qu'il  avoit  en  fit  l'office  à  la 
bastille  :  encor  ne  puis-Je  laisser  aller 
ce  personnage  sans  vous  dire  comment 
le  Roi  dernier  mort  lui  aiant  dit.  Mon 
bon  homme,  si  vous  ne  vous  accom- 
modez pour  le  fait  de  la  religion,  je 
suis  contraint  de  vous  laisser  entre  les 
mains  de  mes  ennemis;  la  response  fut. 
Sire,  J'estois  bien  tout  prest  de  donner 
ma  vie  pour  la  gloire  de  Dieu;  si  c'eust 
esté  avec  quelque  regret,  certes  il  se- 
roit  esteint  en  aiant  oui  prononcer  à 
mon  grand  Roi,  Je  suis  contraint  ;  c'est 


PAL 


—  \n  - 


1>AL 


ce  qoe  vous  et  cenx  qui  vous  contrai- 
gnent ne  pourrez  jamais  snrmoi,  pour- 
ce  que  je  sai  mourir  (l).  »  Qui  mort 
scitf  cogi  nescit. 

La  mort  arriva  fort  à  propos  pour 
épargner  un  crime  de  plus  à  VEglise 
triomphante.  La  noble  vie  de  Palissy 
s'éteignit^  dit-on,  naturellement  dans 
les  cachots  de  la  Bastille.  a£n  ce  mesme 
an  (1590),  lit-on  dans  le  Journal  de 
L'Estoile  (qu'aucun  des  nombreux  bio- 
graphes de  Palissy  n'a  eu  soin  de  con- 
sulter), mourust  aux  cachots  de  la  bas- 
tille de  Bussi  [Bussi-Leclerc,  un  des 
Seize],  maistre  Bernard  Palissi,  pri- 
sonnier pour  la  religion,  aagé  de  qua- 
tre-vingts ans;  et  mourust  de  misère, 
nécessité  et  mauvais  traitement,  et  avec 
lui  trois  autres  pauvres  femmes  dé- 
tenues prisonnières  pour  la  mesme 
cause  de  religion,  que  la  faim  et  la  ver- 
mine estranglèrent.  Ce  bon  homme  en 
mourant  me  laissa  une  pierre  qu'il 
apeloit  sa  pierre  philosophale,  qu'il 
assuroit  estrc  une  teste  de  mort  que 
la  longueur  du  temps  a  voit  conver- 
tie en  pierre,  avec  une  autre  qui  lui 
servoit  à  travailler  en  ses  ouvrages  : 
lesquelles  deux  pierres  sont  en  mon  ca- 
binet, que  J'aime  et  garde  soigneuse- 
ment eu  mémoire  de  ce  bon  vieillard, 
que  j'ai  aimé  et  soulagé  en  sa  néces- 
sité, non  comme  j'eusse  bien  voulu, 
mais  comme  j'ai  peu.  La  tante  dece  bon 
homme,  qui  m'apportalesdites  pierres, 
s'estant  retournée  le  lendemain  voir 
comme  11  seportoit,  trouva  qu'il  estoit 
mort;  et  lui  dilBus^i  que  si  elle  le  vou- 

• 

Jl)  n^Aablgnè  reproduit  le  fait,  arec  de  légèrei 
iantee,  duu  sa  Gonression  de  Sancy.  «  Bfala 
«Mcooler  les  hardiesses  de  ceax  qui  en  fontpro» 
fesriOB,  qae  direx-tous  da  paorre  potier,  M«Ber- 
■ard,  à  qal  le  vesme  Roy  [Henri  III,  dans  une 
visite  à  la  Bastille,  le  Si  janT.  1588],  parla  m 
joer  en  ceUe  sorte  :  Mon  bon  homme,  il  y  a  45 
os  qie  vo«s  estes  an  serrice  de  la  reine  ma 
■èreel  de  moy  (1545?)  ;  nous  atons  enduré  que 
WDsajei  tasca  en  tostre  religion  parmy  les  feux 
4t  les  maqsaeres  :  maintenant  je  suis  tellement 
fNtti  par  oeoi  de  Guise  et  mon  peuple,  qu'il 
■^a  fiUn  nalgrè  moy  meUre  en  prison  ces  deux 
fntret  femmes  et  tous;  elles  seront  demain 
bnslèes  («nés  furent  exécutées  le  S8  juin]  et  tous 
i«ri,  il  ton  06  'vonseontertlssei.  —  Sire,  ret- 
pini  Bmivd,  lo  codIô  de  Maoletrier  tint  hier 


loit  voir,  qu'elle  le  trouverolt  avec  ses 
chiens  sur  le  rempart,  où  il  Tavollfait 
traisncr  comme  un  chien  qu'il  estoit.  » 

Telle  fut  la  fln  de  Palissy  —  dans  la 
capitale  du  monde  civilisé,  alors  que 
Rome  y  régnait  en  souveraine  ! 

Palissy  n'a  pas  joui  de  sa  gloire;  son 
nom  fut  à  peine  connu  de  ses  contem- 
porains. Les  erreurs  qu'il  avait  com- 
battues, lui  survécurent  et  restèrent, 
pendant  près  de  deux  siècles  encore, 
maltresses  du  terrain.  Ce  fut  seulement 
lorsque  le  Jour  se  fit  dans  le  chaos  des 
sciences  physiques,  que  son  nom  repa- 
rut avec  éclat  dans  le  monde.  A  la  voix 
des  Fonlenelle,  des  Buffon,  des  Réau- 
mur,  des  Gueltard,  et  en  général  des 
hommes  les  plus  éminents  du  dernier 
siècle  (Voltaire  excepté,  qui  a  jugé  Pa- 
lissy sans  le  connaître),  le  savant,  cou- 
ronné de  gloire,  sortit  de  sa  tombe. 
L'âge  moderne  a  fait  revivre  le  grand 
artiste.  Mais  Thomme  dans  Palissy  est 
encore  plus  estimable  que  l'artiste  et 
le  savant.  Au  sentiment  de  M.  Bron- 
gniart,  si  Palissy  fut  remarquable  en 
science  pour  son  temps,  il  le  fut  en  cou- 
rage pour  tous  les  temps.  «  Je  crois^ 
dit  rillustre  historien  des  arts  cérami- 
ques, que  Palissy,  par  son  travail  per- 
sévérant, par  son  courage  moral  qui 
l'attache  à  sa  religion  et  lui  fait  sup- 
porter la  persécution  et  mépriser  la 
mort,  qui  l'attache  à  ses  recherches, 
quoiqu'elles  exigent  de  lui  jusqu'au  sa- 
criflce  de  ses  derniers  meubles  et  de  ses 
vêtements,  mérite  d'être  regardé  com- 
me le  héros  de  notre  art.  »  il  fut  plus 
encore,  il  fut  le  martyr  de  sa  foi. 

de  tostre  part  pour  promettre  la  tie  à  ces  deux 
SQBors,  si  elles  touloient  tous  donner  chacune  une 
nuict.  Elles  ont  respondn  qu'encoreelles  seroient 
martyres  de  leur  honneur  commedeceini  de  Dieu. 
Tous  m'atex  dit  plusieurs  fois  que  tous  aties 
pitié  de  moy,  mais  moy  j'ay  pitié  de  tous,  qal 
atex  prononcé  ces  mots  :  j'y  suis  contraint  :  ee 
n'est  pas  parler  en  roy.  Ces  filles  et  moy  qui 
avons  part  au  royaume  des  Gienx,  nous  tous  ap- 
prendrons celangage  royal,  que  lesGuisarls,  tout 
tosire  peuple  ny  tous  ne  sauriex  contraindre  un 


ce  ters  de  Sénéque:On  ne  peut  contraindre  celui 
qui  sait  mourir  :  Qui  wtoriêoit,  cogi  nêtrU. 


PAN 


—  98  — 


1»AN 


PALMENTIER,  de  la  Tille-Dieu- 
d'Aunay  en  Poitou,  victime  des  dra- 
gonnades. Jarieu  raconte  dans  ses 
Lettres  pastorales^  et  il  était  générale- 
ment bien  informé,  que  ce  généreux 
confesseur  résistait  encore  aux  tour- 
ments que  les  convertisseurs  bottés  lui 
faisaient  sonfifrlr,  lorsque  Tarchevéque 
de  Bordeaux,  retournant  de  l'assemblée 
générale  du  clergé  et  passant  par  là,  y  iut 
redoubler  leur  fureur  en  leur  repro- 
chât de  manquer  de  zèle.  «N'y  a-t-il 
donc  pas  de  feu  dans  la  maison  pour 
chauffer  ce  vieux  gofitteux?  »  s'écria- 1- 
il.  Ainsi  stimulés,  (es  <}ragons  arrachè- 
rent de  son  lit  le  vieillard  infirme  et  lui 
appliquèrent  une  pelle  rougie  au  feu 
sous  les  pieds  et  sur  les  mains.  Jurien 
affirme,  peut-on  le  croire?  que  l'arche- 
vêque confortablement  état)li  dans  la 
maison  du  patient,  riait  de  ses  cris  la- 
mentables. La  femme  de  Palmentier 
voulut  essayer  de  l'arracher  d'entre  les 
mains  des  bourreaux,  mais  elle  fut  frap- 
pée à  coups  de  crosse  de  pistolet  avec 
tant  de  violence ,  qu'elle  tomba  éva- 
nouie. Le  pauvre  vieillard  promit  à  la 
fln  de  se  faire  instruire;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  se  rétracter,  et  la  mort  l'en- 
leva, peu  de  Jours  après,  à  des  tor- 
tures d'un  autre  genre. 

PANDIN,  nom  d'une  ancienne  fa- 
mille du  Poitou,  dont  plusieurs  bran- 
ches professèrent  la  religion  réformée. 

L  Branche  de  Beauregard.  Jean 
Pandin,  sieur  de  Beauregard  et  des 
Paillandières,  mort  vers  1609,  laissa 
trois  flis  de  son  mariage  avec  Marie  Du 
Jau,  savoir  :  Jean,  qui  suit  ;  Josias, 
mort  avant  1 636,  et  Gaspard,  souche 
de  la  branche  des  Jarriges. 

JeanPandin,  sieur  des  Paillandières, 
pais  de  Beauregard,  épousa,  en  1591, 
Marie  Barhade,  Il  vivait  encore  en 
1633  et  était  père  de  quatre  flls,  nom- 
més Jean,  Josu<,  Gaspard  et  Josias. 
Ce  dernier  mourut  Jeune.  On  ne  con- 
naît pas  la  destinée  du  troisième,  qui 
était  sieur  des  Loges.  Josué  fut  l'au- 
teur de  la  branche  de  Lussaudière. 
Quant  à  Jean,  U  prit  pour  feoune,  en 
1628,  Hilène  U  Coq,  fille  de  Pateai 


Le  Coq  et  de  Françoise  de  Saint-Ver- 
tunien,  et  mourut  avant  1670.  Ses  en- 
fants furent  :  Pascal,  qui  suit;  Jean, 
sieurde  Romefort,  qui  fonda  la  branche 
de  Narcillac  ;  Gaspard,  sieur  des  Vaux  ; 
THÉODORE,  sieur  des  Tessonnières, 
tué  h  Sénef  en  1674;  François,  sieur 
des  Martres,  lieutenant  au  régiment 
de  la  reine,  et  père  de  Jean,  conseil- 
ler au  présidial  de  La  Rochelle,  qui 
obtint,  en  1 685,  la  permission  dépas- 
ser quelque  temps  à  Paris,  quoique 
huguenot;  Marie, femme  de Dav^iVi de 
Béckety  sieur  des  Forgettes,  dont  elle 
était  veuve  en  1674. 

Pascal  Pandin,  sieur  des  Paillan- 
dières, puis  de  Beauregard,  fut  élu,  en 
1674,  par  le  synode  de  Marennes  pour 
député  de  la  Saintonge  au  prochain  sy- 
node national,  synode  qui  ne  s'assem- 
bla Jamais  (iîrc^.^én.TT.  247).  Ilépou- 
sa,  en  i  663,  Louise  Le  Masson,  fille  de 
Jean  Le  Masson,  sieur  de  Bessé,  et  de 
Catherine  Le  Coq,  qui  était  âgée  d'une 
cinquantaine  d'années  et  veuve,  lors- 
qu'elle fut  enfermée,  en  1698,  dans 
le  château  d'Angoulème,  non-seule- 
ment pour  avoir  refusé  obstinément 
d'abjurer,  mais  parce  qu'elle  entre- 
tenait une  correspondance  avec  Jacob 
Roussier,  ancien  ministre  de  Ville- 
fagnan,  qui  desservait  à  cette  époque 
l'église  française  de  Bommel  {Itkd.U. 
673).  Pascal  Pandin  avait  trouvé  les 
moyens  de  passer  dans  les  pays  étran- 
gers (Ibid.  Tt.  258);  mais  il  avait  dû 
laisser  en  France  sa  femme  et  ses  trois 
flls,  Jean,  Alphéb  et  Gaspard,  qui 
moururent  tous  trois  sans  postérité. 

IL  Branche  de  Narcillac.  Jean 
Pandin,  sieur  de  Boisgrand  et  de  Ro- 
mefort, épousa  à  Saint-Jean-d'Angély, 
en  1670,  QuéziaDu  Sauvage,  fille  de 
àamson,  sieur  de  Romefort,  et  û'EU^ 
sabeth  Gourlatier,  Ses  deux  flis,  Gas- 
pard et  Charles,  ne  quittèrent  pas  la 
France  à  la  révocation,  mais  ils  res- 
tèrent protestants,  et  protestants  télés  ; 
en  voici  les  preuves.  En  1 745,  un  des 
flls  de  Charles,  nommé  Jeau-Gas- 
PARD  (i)>  fut  exilé,  aiRSt  quê  le  sieur 

(t)  Ji8u-6upÉ)rd  Pudta  triU  fhaÉkmn  fierai. 


PAN 


—  99  — 


PAN 


Du  Deffèndfk  isiienesdesademenre^ 
parce  qn'il  avait  assisté  à  des  assem- 
blées au  désert  {Arch,  E.  5580)^  et 
sonflls^  CHÂi^LBs-PiBRRBPandln,  sieur 
de  Romefort,  lieutenant  colonel  da  ré- 
giment d'Agéuois,  fit  célébrer  dans  la 
chapelle  de  Hollande^  en  1786,  soii 
fluu'iage  avec  Marie-Adélaïde  Pku- 
fiau,  d'une  famille  protestante  du  Poi- 
tim  (l)y  qui  avait  donné  des  gages  de 
son  attachement  an  protestantisme 
{EtaicivH  dePariSfChèp.  de  Hollande^ 
N»  97). 

m.  BRARCHB  BB  LUSSAUDlftBB.  Joiué 

Pandfn^  sieur  de  Lussaudière^  épousa^ 
en  1 640^  Gabrielle  d'Auzy^  puis ,  en 
I  fiJ^^yAnneDesFrancSy  fllledM&ra^m 
Des  Francs,  sieur  de  Repeyroux^  et  de 
Crispe  Chabot.  Il  mourut  en  1672^ 
laissant  du  premier  llt^  Gaspard,  qui 
soit,  et  PiBRRB,  sieur  de  Peux.  Ce 
dernier  eut  de  son  mariage  avec  Marie 
Le  Coq,  deux  fils,  Pierrb  et  Frarçois, 
qui  abjurèrent,  et  une  fille,  Marib- 
JEAim b,  qui  fut  élevée  dans  un  couvent 
parordredu  roi,  etqui  devint,  en  1 753, 
la  femme  de  Louis-César  de  Cler- 
vanx,  sieur  de  Saint-Christophe  (2). 
ihi  second  lit  sortit  Josoé,  qui  épousa, 
en  1680,  Anne- Aimée  Tagot. 

Gaspard  Pandin,  sieur  Du  Chail  et 
de  Lnssaudière,  épousa,  en  1674,  à 
La  Rochelle,  Anne  Brunet^  fille  de  Ni- 
e(das  Brunet,  sieur  de  Lussaudière, 

fhn  foniBBM  porté  ï  cfoire  que  c'est  l'on  d'eux 

Si  ifçnt,  en  17S5,  tar  U  dèDoncialion  de  Vhè- 
e  40  MUen.  l'ordre  de  renvoyer  l'iostftntrlee 
iii  tnlànu  (qiuliflée  de  prëdicanle),  Hée\e$ 
dire  élever  daif  lecaihoHciime [A rch.'B. 356S) . 

(1)  En  1701,  U  TeoYO  FUunau  et  Catherine 
fkmirië*  firent  enfeméet  dans  dei  eoereili  de 
Pftrtlienay  et  de  Peitien  {Arek.  B.  U87). 

(S)  La  famille  de  Cl^'rvaux  profeiM  auti  la 
rerifion  protettante.  Elle  possédait  les  terres  de 
L'Hoonelière  et  dn  Breoil-Garthays;  or  nou 
tfmnMis,  en  1701,  une  denoiselle  de  L'Bomu- 
kk*  el  une  dame  Du  Brtuil-C^rlhayt  enlénnéei 
Mir  lettres  de  eaebet:  la  première  aux  N.  G.  de 
IMtiert,  la  seconde  à  rU.  G.  de  Loçon  [Areh, 
B.SBSl)  ;  et  in  demi-siècle  encore  pins  tard,  en 
1759,  Auguttinf  Ckarlts  et  Jctué  de  CUr^euÊ^- 
ii'VBoumelifre  étaieni  releons  an  collèfe  de 
Saint-Maixent  pour  y  être  élevés  dans  le  cmioII- 
eiSflM.  Lenrt  4enx  sœurs  avaient  passé  huit  an- 
«Np  tant  à  ru.  G.  de  Poitiers  qu'à  TEnfanl^ 
séi  4a  8ai])t-M|isent.  et  avaient  fini  par  le  eo»- 
v«Wj[JMf .  tTsSM). 


en  partie,  et  ù'Anne  Btoussard.  En 
1681,  il  ftit  arrêté  avec  si^  femme, 
Benjaminde  Chauffepié,s\em  de  L'Isle, 
ministre  à  La  Motte- Saint-Héraye, 
EUe  Priokauj^  son  collègue,  PtVrre  Ba- 
din, ancien  de  la  même  église,  comme 
coupable  du  cfime  de  séduction  et 
d'induction  exercé  sur  sa  servante 
Lottise  Méhée,  Le  t|6utenant-général 
de  Saint-Malxent  condamna  les  deux 
époux  solidairement  à  1 50  livres  d'a- 
mende, interdit  Chauflèpiéet  ordonna 
la  démolition  du  temple.  Les  accusés 
interjetèrent  appel  de  ce  Jugement, 
ainsi  que  l'Eglise  représentée  par  I^ooc 
Ferrugau,  et  de  son  côté,  le  procureur 
général  en  appela  à  minimâ.  Le  par- 
lement, réformant  la  sentence,  con- 
damna Louise  Méhée,  pour  contraven- 
tion à  l'édit  du  25  Juin  1 680 ,  à  l'a- 
mende honorable  et  au  bannissement 
perpétuel,  réduisit  l'amende  dont  Du 
Chail  avait  été  frappé,  à  50  liv.;  ren- 
voya Prioleau  de  la  plainte,  et  sursit 
au  Jugement  de  Chauffepié  Jusqu'à  sa 
comparution  aux  pieds  de  la  cour.  La 
démolition  du  temple  fut  naturellement 
maintenue.  Il  parait  qu'à  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes,  Du  Chail  faibUt 
comme  tant  d'autres,  mais  que  le  re- 
mords se  fit  sentir  plus  tard,  et  qu'il 
se  disposait  à  fuir  dans  les  pays  étran- 
gers, lorsqu'il  fut  arrêté  avec  toute  sa 
famille  au  commencement  de  1700(1). 

(1)  Celte  date  suffit  pour  le  distinguer  d'un  ti- 
tre Du  Chailf  de  Fontenay,  dont  Benoft  raeonte 
ahisl  la  fkote  et  la  réparation.  Dn  Gbati  aval! 
ehangé  de  religion  pour  obtenir  la  main  d'ineri* 
ebe  héritière,  nommée  |fart«  Cardia.  Lemariaoe 
eonsommé,  comme  il  n*avait  abjuré  que  des  lè- 
vres, il  s'appliqua  ï,  convertir  sa  femme  et  il  y 
réussit  ;  mais  la  crainte  des  peines  portées  oontre 
les  relaps  l'empècba  longtemps  de  rentrer  ouver- 
tement dans  l'Eglise  protestante.  Etant  tombé  ma- 
lade en  1678,  il  n'hésita  plus.  H  manda  le  pai- 
teur  Painy  de  Fontenay,  abjura  entre  ses  mains  el 
fit  sa  déclaration  au  ju^dn  lien.  Cette  démàrehe 
l'exposa  à  de  grandes  tracasseries,  el  lorsqu'il 
mourut,  en  16S0,  peu  s*en  laliutqu'on  ne  lut  ap- 
pliquit  les  dispositions  delà  déclaration  du  ISmais 
1679.  Sa  femme,  qui  l'avait  soigné  avec  un  admi- 
rable dévouement  pendant  sa  maladie,  abjura  Uea- 
tôt  après  sa  morl.  Oq  lui  enleva  ses  enfants,  q«i 
furent  mis  entre  les  mains  des  Jésuites,  el  sa  aèra^ 
lélée  eaUiolique,  ladésbériu.  On  finit  méoie  Mr 
la  jeter  en  prison;  mais  elleréusii  à  en  foMDr 
Meoldl  après.  Une  impradenee  la  conpiMiil  II 


PAJN 


—  100 


PAN 


Ifut  enfermé  dans  lechftteau  de  Nantes, 
son  fils  Jean  fut  envoyé  an  collège  de 
Poitiers, et  ses  deux  filles,  A.nnb-Marib 
et  ANGÉLIQUE,  mises  à  TUnlon  chré-  ' 
tienne  de  Poitiers  {Arch,  E.  3586). 
L'une  d'elles  était  convertie  en  1704 
{Ibid.E.  3555).  Sa  sœur  suivit  peut- 
être  son  exemple  ;  mais  leur  frère  réus- 
sit à  passer  en  Hollande  et  entra  au 
service  des  Etats-Généraux.  En  1722, 
il  épousa  à  Haëstricht  Marie  de  La 
Vierre,  fille  d'Abraham  de  La  VierrCy 
du  pays  de  Gex,  capitaine  au  service 
du  roi  de  Prusse,  et  de  Judith  Bas- 
senge  ;  mais  quelque  temps  après,  il 
rentra  en  France,  et  fut  mis  en  posses- 
sion de  ses  biens,  après  avoir  abjuré. 
Il  mourut  à  Lussaudièreenl7'Sl,père 
de  sept  enfants,  qui  furent  probable- 
ment élevés  dans  la  religion  romaine. 

lY.  Branche  des  Jarriges.  Gaspard 
Pandin,  sieur  des  Marlots,  laissa  un 
fils,  nommé  Josias,  qui  épousa,  en 
1625,  Esther  Picquet.  De  ce  mariage 
naquit  Joseph  Pandin,  sieur  des  Jar- 
riges, qui  appr(l  le  métier  des  armes 
sous  Turenne  et  qui  s'était  élevé  au 
grade  de  capitaine,  lorsque  l'édit  de 
Nantes  fut  révoqué.  Il  alla  olTrlr  son 
épée  à  rélecteur  de  Brandebourg  qui 
l'admit  dans  ses  troupes  en  lui  conser- 
vant son  grade.  Les  services  qu'il  ren- 
dit lui  méritèrent  le  brevet  de  colonel  en 
1704.  Ilfutmariédeuxfois,lapremière 
avec  Françoise  Boileau,  la  seconde 
avec  Marie  de  Motel,  de  Metz.  C'est 
de  son  second  mariage  que  naquit  à 
Berlin,  le  13  nov.  1706,  Philippe- 
Joseph  Pandin,  grand  chancelier  du 
roi  de  Prusse  et  ministre  d'état. 

Le  Jeune  Pandin  fit  ses  humanités 

QOnTeaa.  Un  de  ses  parents,  gagné  par  les  Catho- 
liques, ayant  feint  de  Tooloir  se  contertir,  elle 
Itti  fit  donner  par  Lorite  des  lettres  de  recom- 
mandation poar  la  Hollande  et  lui  obtint  d'une 
demoiselle  Geherl  l'argent  nécessaire  pour  son 
Toyage  ;  mais  le  misérable  les  dénonça  tous  trois, 
etil"**  Du  Gbail,  décrétée  de  prise  de  corps,  n'eut 
qM  le  temps  de  fuir  en  Angleterre,  en  1681.  Elle 
fil  assez  heureuse  pour  pouvoir  emmener  avec 
elle  cinq  de  ses  enfants.  L'atné  resta  en  France. 
n  aat  peut-être  le  même  que  Uiohel-Elie'Genay 
D»  Chail,  de  Fonteiiay,qui  fut  enfermé  à  la  Bas- 
tille «a  1711. 


au  collège  de  Joachim,  qa  il  quitta,  en 
1722,  pour  aller  suivre  les  cours  de 
droit  à  l'université  de  Halle.  Ses  études 
terminées^  il  aspira  aux  emplois  pu- 
blics, et  il  obtint,  en  1727,  la  place 
d'assesseur  au  tribunal  criminel.  Le  9 
mai  de  l'année  suivante,  il  épousa  la 
fllle  d'un  ministre  réfugié,  Marie- Anne 
de  VignoUsy  qui  ne  lui  apporta  en  dot 
que  sa  beauté  et  son  esprit;  néanmoins 
ce  mariage  Ût  sa  fortune,  car  sa  jeune 
femme  lui  gagna  la  protection  du  se- 
crétaire intime  Eichel,  le  favori  du  roi 
de  Prusse.  Son  avancement  fut  rapide. 
Conseiller  au  tribunal  français  de  ré- 
vision, en  1729;  conseiller  du  consis- 
toire supérieur  français,  en  1735; 
directeur  de  la  justice  supérieure  fran- 
çaise, en  1740;  conseiller  privé  de 
cour,  en  1748,  Des  Jarriges  fut  enfin 
élevé,  en  1 755,  à  la  dignité  de  grand 
chancelier  et  nommé,  en  même  temps, 
ministre  d'état  et  de  la  guerre.  Il  se 
montra  digne  de  cette  haute  fortune, 
en  poursuivant  avec  succès  l'œuvre 
difficile  de  la  réforme  de  la  justice  en- 
treprise par  son  prédécesseur  Coccéji. 
Il  mourut  le  9  nov.  1770,  avec  la  ré- 
putation d'un  homme  profondément 
versé  dans  la  science  du  droit,  singu- 
lièrement habile  dans  le  maniement 
desalTaires,  et  d'une  intégrité  parfaite. 
En  1 73 1 ,  bien  qu'il  n'eût  à  cet  honneur 
aucun  titre  sérieux,  la  Société  royale 
de  Berlin  se  l'élait  associé  et  l'avait 
nommé  son  secrétaire.  Médiocre  phi- 
losophe et  plus  médiocre  littérateur,  il 
n'a  publié  qu'un  Examen  du  spino- 
sisme  et  des  objections  de  Bayle  contre 
ce  système,  ins.  dans  les  Mémoires  de 
l'Acad.  de  Berlin  (1745). 

On  sait  que  Des  Jarriges  laissa 
des  enfants;  il  est  donc  permis  de 
regarder  comme  un  de  ses  descendants 
Charles  Pandin,  rédacteur  de  divers 
journaux  lillérairesct  auteur  ûeBruch- 
stUch  einer  Reise  durch  das  sudliche 
Frankreich,  Spanien  und  Portugal, 
Leipz.,  1810  [1809],  in-80. 

PANIER  (Paris),  docte  juriscon- 
sulte et  avocat  au  parlement  de  Dole^ 
natif  de  Cornière  près  de  Salins,  mar- 


PAN 


—  101  — 


PAP 


tyr  en  1554.  La  publication  des  pla* 
cards  de  Gliarles-Quint  ayant  amené 
an  redoublement  de  la  persécution  en 
Francbe-Comf  é,  beaucoup  de  gens  sus- 
pects de  luthéranisme  s'enruirent;  un 
plus  grand  nombre  fureni  emprisonnés. 
Parmi  ces  derniers  se  faisait  remarquer 
l'avocat  Panier  qui^  à  peine  âgé  de  23 
ans ,  «  estoit  parvenu  non  seulement 
d'estre  au  rang  des  premiers  hommes 
de  lettres  de  son  pays,  mais  aussi  entre 
les  jurisconsultes  renommez  à  cause  de 
sa  science  et  éloquence.  »  Ses  juges  au- 
raient voulu  le  sauver^  mais  Tintrépide 
jeune  homme  refusa  «  de  fleschir  en  la 
vérité  »>  et  le  parlement  le  condamna 
à  mort.  11  eut  la  tête  tranchée^  après 
avoir  vu  brûler  ses  livres  sous  ses  yeux^ 
le  7  avr.  1554. — Deux  ans  plus  tard, 
on  Antoine  Panier,  d'Uzès,  réfugié  à 
Genève,  y  obtint  les  droits  de  bour- 
geoisie. 

PANISSAULT  (Jean  de),  gentil- 
homme  des  environs  de  Bergerac,  pa- 
rait pour  la  première  fois  sur  la  scène 
de  Tbistoire  en  1584;  il  servait  alors 
sous  Langoiran,  En  1 593,  nous  le  re- 
trouvons, sous  les  ordres  de  Matignon, 
an  siège  de  Blaye,  commandant  un  ré- 
giment. Comme  c'était  un  homme  actif, 
courageux  et  entreprenant,  La  Force 
Jeta  les  yeux  sur  lui,  lorsque  le  gouver- 
nement français  eut  besoin  d'un  agent 
auprès  des  Maures  d'Espagne.  Panis- 
sauit  se  rendit  à  Valence,  en  1 603,  dé- 
guisé en  marchand,  et  assista  à  l'as- 
semblée de  Toga,  où  se  réunirent  les 
principaux  chefs  des  Morisques,  qui 
s'engagèrent  à  mettre  sur  pied  quatre- 
vingt  mille  hommes,  à  livrer  à  La  Force 
trois  villes,  dont  un  port,  et  à  lui  payer 
120,000  ducats.  Muni  de  cette  pro- 
messe et  des  plans  de  tous  les  passages 
par  oh  Tarmée  devait  passer  et  qu'il 
avait  eu  soin  de  lever,  Panissault  re- 
vint en  France,  mais  Henri  IV  renonça 
à  ses  projets. 

Depuis  cette  époque  jusqu'à  l'année 
t62l  ,nous  ne  nous  souvenons  pas  d'a- 
voir rencontré  le  nom  de  Pan  1  ssault  dans 
le  cours  de  nos  recherches.  A  cette  der- 
nière date,  il  était  maréchal  de  camp 


dans  les  troupes  du  duc  de  La  Force, 
qui,  pensant  l'attacher  par  la  reconnais- 
sance à  la  Cause,  lui  donna  la  lieute- 
nance  générale  de  la  Basse-Guienne. 
Panissault  ne  se  servit  du  pouvoir  qui 
lui  fut  confié,  que  pour  trahir  son  parti. 
Il  fit  tout  ce  qui  dépendait  de  lui  pour 
décourager  les  habitants  de  Bergerac 
et  les  détourner  de  se  défendre.  Il  y 
réussit,  et  lorsque  ses  menées  curent 
contraint  La  Force  à  sortir  de  la  ville, 
il  poussa  la  perfidie  jusqu'à  avertir  le 
roi  du  chemin  qu'il  avait  pris.  Le  vieux 
guerrier  n'échappa  qu'avec  peine  à  la 
poursuite  des  royalistes. 

PANTIN(N.),  orfèvre  de  Rouen,  s'é- 
tant  présenté  pour  faire  chef-d'œuvre, 
en  1665,  le  parlement  défendit  de  le 
recevoir, lui  ou  tout  autre  de  la  R.  P.  R. 
Même  défense  fut  faite,  dans  le  même 
temps,  au  corps  des  merciers  au  sujet 
d'un  nommé  Maillard.  C'était  violer 
ouvertement  un  arrêt  du  Conseil,  rendu 
le  28  juin  de  la  même  année,  à  la  sol- 
licitation de  Colbert,  qui  voyait  avec 
chagrin  l'industrie  française  déchoir 
rapidement  par  suite  de  l'émigration 
des  meilleurs  ouvriers.  Mais  les  par- 
lements se  souciaient  médiocrement  de 
la  prospérité  des  manufactures,  pourvu 
qu'ils  fissent  leur  cour  au  roi  en  l'ai- 
dant à  extirper  l'hérésie.  Cette  fois 
pourtant  Colbert  l'emporta.  Pantin  s'é- 
tant  pourvu  au  Conseil,  y  obtint  un  ar- 
rêt qui  cassa  celui  du  parlement,  en 
lui  ordonnant  de  juger  conformément 
aux  ordonnances. 

PAPE  (Gaspard),  sieur  de  Saint- 
AuBAN,  appelé  par  quelques  historiens 
Albert ,  s'était  déjà  distingué  par  sa 
bravoure  dans  les  guerres  d'Italie,  oh 
il  avait  servi  sous  Montluc,  et  il  venait 
d'être  nommé  par  le  comte  de  Tende 
gouverneur  de  Barcelonne,  lorsqu'il 
embrassa  la  religion  réformée  pour  la- 
quelle il  montra  un  grand  zèle.  11  sou- 
tint de  tout  son  pouvoir  François  de 
Saifit'Paul,  l'apélre  de  la  Réforme  à 
Montélimar.  En  1562,  il  contribua 
plus  que  personne  à  la  prise  de  Barjols, 
qui  se  rendit,  le  7  mars,  aux  comtes 
de  CruisoleX  de  Tende.  Bientôt  après. 


I 


PAP 


—  loa  — 


PAP 


à  rapp«l  de  Gondé,  il  se  mit  en  route 
pour  Orléans  avec  les  forces  du  Lan- 
guedoc et  de  la  Provence.  Arrêté  un 
instant  devant  YiHefrancbe,  il  emporta 
la  ville  avec  le  secours  des  capitaines 
Moreau ,  Baron  et  Vertis ,  que  Des 
Adrets  lui  envoya  à  la  tête  de  quelques 
troupes.  Arrivé  dans  le  Bourbonnais^ 
après  une  inutile  tentative  pour  se 
saisir  de  Moulins,  il  fut  rejoint  par  le 
sieur  de  Follet  ei  l'avocat  Claude  Bris- 
sotif  qui  payèrent  de  leur  vie  leur 
courte  campagne.  Au  mois  de  décem- 
bre>  Condé^  à  qui  on  ne  cessait  de 
représenter  combien  les  cruautés  dé 
Des  Adrets  faisaient  de  tort  an  partf^ 
choisit  Saint-Auban^  pour  le  remplacer 
dans  le  commandement  en  chef  du 
Dauphiné.  Nous  avons  raconté  ailleurs 
{Voy,  II,  p.  117)  comment  Gaspard 
Pape  fut  fait  prisonnier  prèstie  Tarare; 
et  comment  ses  provisions  de  gouyef- 
l^eur-général  envoyées  à  Des  Adrets 
déterminèrent  la  défection  dece  fameux 
capitaine. 

Sainl-Aubannetardapasàétremlsen 
liberté,  mais  il  dutlaisser  sonfllsen  oti^ 
ge.llestprobablequ^onlui  imposa  com- 
mecondilion  de  ne  plus  porter  les  armes 
contrôle  roi  ;  c'est  ainsi  que  nous  nous 
expliquons  le  silence  gardé  par  les  his- 
toriens sur  son  compte  jusqu'à  la  iOp 
de  la  guerre.  Après  la  conclusion  de 
la  paix,  Grussol  le  mit  pour  gouver^ 
neur  à  Orangé,  avec  ordre  de  contrain- 
dre par  la  force  des  armes  les  Catho- 
liques duComtat  Venaissii^  à  respecter 
l'édit  de  pacification.  Saint-Aubanleur 
enleva  coup  sur  coup  Gigondas,  Saint- 
André-des-Ramères ,  Malaucène,  Le 
Barroux,  Bédouin,  où  il  mit  pour  gour 
vemeur  Jean  Stoard^e4jheminadeSf 
Mormoiron,  Kontaux  ,  Entraigues, 
Villedleu  et  soixante-dix  ou  quatre- 
vingts  villes  ou  villages  clos  de  mo- 
railles,  en  sorte  que  les  protestants  se 
virent  un  instant  les  maîtres  de  tout  le 
Comtat,  Avignon,  Carpentras,  L'Ile 
et  Yaison  exceptés.  Sainl-Aubaii  re* 
tourna  ensuite  à  Orange  pour  complé- 
ter le  parlement  en  rempiaçapt  lé  p^é- 
sMeat  PsÊtfMk,  ^i  avait  été  déoa- 


Site,  les  conseillers  Gabfid  Ssnard  et 
ean  Pelet  et  l'avocat-général  Sspr%t 
Baussenc,  qui  s'étalent  faits  minis- 
tres (ce  dernier  moo^nt,  en  1 597,  pas^ 
teur  a  Courtezon).  Après  avoir  pour- 
vu à  leur  reiQplacement,  il  fit  enregis- 
trer l'édit  de  pacification  donnée. a 
Bruxelles,  le  26  août  1563,  par  Guil^ 
iâume  d'OrangCi  et  passa  dans  le  Dao- 
phiné,  mais  il  en  revint,  peu  de  temps 
après,  pour  relever  lés  fortifloatloôs 
d'Orange. 

En  1 565 ,  il  était  de  nouveau  daop 
le  Dauphiné;  nous  supposons  au  moins 
que  c'est  lulqui bani^it,  àçette  époque^ 
lamesse  de.Nions.  Etapt  allé,  en  1567, 
au  secours  des  habitants  de  Mpntpellief, 
il  fut  tué  à  l'attaque  du  fort  Saint- 
Pierre.  De  son  o^arlage  avec  Blanche 
de  Poitiers^  célébré  en  1545,  étaiei|t 
nés  qufitre  fils  nommés  Hector  ,  Ja^ 
QUES,  Pierre  et  Georges,  et  au  moinn 
une  fille,  mariée  ap  sieur  de  Brous- 
salkes ,  dont  les  généaiogistes  ne  pai»> 
lent  pas.  Ils  ne  nous  apprennent  neâ 
plus  aucune  circonstance  de  la  yiedef 
deux  fils  cadets;  selonAubaïs,  l'un  d'eu 
Ijnt  tué,  le  2  fév.  1 574,  près  d^  Sérir 
gnan.  Qnf^nt  à  l'alné,  ils  se  contentf^l 
de  rapporter  qu'il  fut  capitaine  de  oai^ 
cbevau-légfirs,  et  mourut  sans  enfanif. 
Ne  serait-il  pas  i46|Btique  avec  le  ^i^ 
gneur  de  Saini-Aubany  gouverneurs^ 
Viviers,  qui,  à  la  conclusion  de. If 
paix  de  1568,  ayant  refusé  de  ren4ce 
la  place —  en  se  fondant  sur  ce  quel| 
garnison  d'Aniane  venait  d'égoiifér 
le  ministre  du  lieu  avec  sa  femme  ef 
ses  enfants,  et  celle  du  PontrSaiaIr 
Esprit  de  chasser  les  Prote^tanis  4» 
la  ville,  au  mépris  de  l'édit  de  paçi(|t 
cation, — fut  assiégé,  pris  le  i  7  maitOt 
livré  au  parlement  de  Toulouse,  qui  lui 
fltirancberlatéte? 

Jacques,  appelé  Jean  dans  le  Diot^df 
la  Noblesse,  est  mieux  connu.  L^ 
meilleurs  historiens  l'ont  confondii 
avec  son  père,  erreur  que  nous  avons 
évitée;  mais  il.  n'esi  pas  aussi  faejile 
de  le  distii^guer  de  ses  frères.  Il  fut 
élevé  page  dans  la  nuison  de,  î'ainlril 
de  (iMi§ni^g  sous  qiil  il  apprit  le 


PAP 


—  103  — 


PAP 


kier  des  armes,  il  était  près  do  béros^ 
lorsqu'il  fat  blessé  par  Haarevel.  Un 
des  premiers^  il  se  précipita  pour  ar- 
rêter l'assassin^  qui  eut  le  temps  de 
s'échapper,  pendant  qu'on  enfonçait  la 
porte.  Averti  que  Maurevel  fnyait  du 
eôté  de  la  porte  Saint- Antoine^  il  se 
mit  à  sa  poursuite  avec  le  sieur  de 
Seré;  mais  il  dut  s'arrêter  à  Corbeil^ 
ie  meurtrier  ayant  trouvé  un  asile  dans 
un  château  fort  du  voisinage.  Il  revint 
donc  à  Paris  auprès  de  l'amiral.  Dans 
la  nuit  de  la  Sainl-Barthélemy ,  il  fut, 
arrêté^  mené  à  la  Conciergerie^  inter- 
rogé sur  le  prétendu  complot  de  Coli- 
gny,  et  il  ne  racheta  sa  vie  que  par  une 
al^uration  feinte. 

lis  en  liberté^  il  se  hâta  de  retour- 
ner dans  le  Dauphiné,  où  nous  le  re- 
tronvons,  dès  1 573,  guerroyant  sous 
les  ordres  de  Montbrun.  En  1574,  il 
s'empara  du  château  de  La  Roche-sur- 
lê-Bols^  que  son  frère^  qui  y  fut  bles- 
séj  avait  manqué  l'année  précédente^ 
par  la  lenteur  du  capitaine  Marin  Vi- 
tal. Par  commission  du  12  sept.  1577^ 
le  roi  de  Navarre  le  nomma  gouver- 
neur du  Comtat  Venaissin.  C'est  en 
celte  qualité  qu'il  déposa  le  capitaine 
ferrier,  gouverneur  de  Menerbes,  dont 
Il  déjoua  ainsi  les  projets  de  trahison 
(Voy.  V,  p.  93),  et  qu'il  fit  arrêter  son 
secrétaire  Fustéri,  de  Grignan,  qui 
aijora  bient6t  après.  Les  Catholiques 
déeonœrtés  par  ces  mesures  énergi- 
qnes  et  désespérant  d'emporter  la  ville 
de  vive  force,  convertirent  le  siège  en 
Mocus.  Menerbes  pourtant  ne  se  ren- 
dit que  le  9  déc.  1578,  après  une  hé- 
roïque défense  de  quinze  mois  et  demi. 
Saint-AntMin  et  la  garnison  se  retirè- 
rent avec  tous  les  honneurs  de  la  guerre. 
L'année  suivante,  il  fut,  du  côté  des 
Huguenots,  un  des  négociateurs  du 
tnité  de  paix  conclu  avec  les  sujets 
du  pape.  Tranquille  de  ce  côté,  il  alla 
combattre  dans  le  Dauphiné,  où  il  pa- 
ndt  être  resté  Jusqu'en  1586,  époque 
oh  ChdtiUon,  nommé  gouverneur  du 
Bouergue^  l'emmena  dans  celte  pro- 
viDce  et  lui  donna  le  commandement 
de  llilliaa.  Henacédans  cette  ville  par 


Joyeuse,  Sainl-Auban  ^ui  fit  dire  qu'41 
ne  s'embarrassât  pas  d'artillerie,  qu^il 
lui  ferait  la  brèche  aussi  large  qu'il 
pourrait  la  désirer.  Le  chef  ligueur 
passa  outre.  Peu  de  temps  après,  les 
habitants,  mécontents  de   Cbâtiilôn 

SVoy.  m,  p.  407),  résolurent  de  se 
ébarrasser  de  son  lieutenant.  S'il  faut 
en  croire  Saint-Auban,  ils  avaient  com- 
ploté de  l'égorger  pendant  qu'il  assis- 
terait au  prêche,  mais  le  jour  même  où 
le  complot  devait  éclater,  une  entre- 
prise militaire  l'appela  hors  de  îa  ville. 
A  son  retour,  il  en  trouva  les  por^s 
fermées.  Il  alla  donc  rejoindre  Chàtiî- 
lon,  qu'il  accompagna  dans  son  voyage 
en  Lorraine  et  dans  sa  brillante  re- 
traite après  la  capitulation  de  l'armée 
étrangère.  Il  se  retira  ensuite  en  Dau- 
phiné. Depuis  celte  époque,  les  histo- 
riens ne  donnent  plus  sur  lui  aucun 
détail,  mais  les  généalogistes  not^s  ap- 
prennent qu'il  fit  son  testament,  le  15 
janv.  1594.  Il  avait  épousé,  en  1573, 
Lucrèce  de  Perèa  ou  Perets^  fille  aînée 
de  la  princesse  de  Saleme  (i),  et  en 
avait  eu  un  fils.  Ce  fils,  nommé  Gut, 
sieur  de  Saint-Auban  et  baron  de  Sa- 
hune,  n'a  Joué,  à  notre  connaissance, 
aucun  rôle  important  dans  les  affaires 
des  églises  (2).  £n  1613,  il  était  gei^ 
tllhomme  ordinaire  de  la  chambre  4u 
roi,  qui  lui  donna  une  pension  de 
2,000  liv.  U  testa  en  1650.  De  son  ma- 
riage, contracté  en  1604,  avec  Mobile 
ou  Marie  Des  Massues-d'Urre,  fille  de 
François  Des  Massues-d'Urre,  sieur 

(i)  Françoite  iê  PUmen,  née  tn  lft41,  «l?ft^ 
Tant  encore  en  15S6,  était  Teave  de  Philippe  de 
Perett,  dont  elle  aTaitdeax  fliles,  Lucrèce  et  N., 
mariée,  en  1586,  à  Françoit  d'Airihaudautt, 
lonqa'elleépoosa  en  secondes  nocei  Ferdinand  de 
San-Severino,  prince  de  Salerne. 

(3)  Noos  n'atons  rencontré  son  nom  que  deai 
fois.  En  1619,  il  appnja  la  deinâride  prèienléeato 
Synode  de  PriTat  ^Archinard  aonom  das  Prtf- 
iMtantfl  da  Comtat,  tendant  à  leur  permettre  4b 
former  une  assemblée  provinciale  distincte,  le  Sy- 
node les  renvoya  k  nne  assemblée  politique,  (|(of 
avait  setile  le  poavoir  de  prononcer  dans  ce  eti . 
En  1615,  il  porta,  ayee  le  ministre  de  Nit  ns  Per- 
riUf  devant  rAssemi)léepolitiqae de  Greooble,  les 
plaintes  des  Protestants  d'Orange  an  sujet  «  des 
Oppressions*  qn'ils  snbfssaientdepàisquelaprin» 
elpanié  avait  été  remise  entre  les  mains  dnpriote 
d'Orange  (Fofula  de  Brientu,  N<>  9SS). 


PAP 


—  104  — 


PAP 


de  Vercoiran^  et  de  Justine  Du  Ptiy- 
Monibrun,  naquirent  François,  mort 
jeune  ;  Jbàn-Louis^  sieur  de  A'ercoi- 
ran,  mestre-de-camp  d'an  régiment 
d'infanterie,  qui  ne  fut  point  marié; 
GuTy  sieur  de  Sahnne,  capitaine,  en 
1628,  mestrede-camp,  en  1632,  qui 
fil  les  guerres  d'Italie  en  1635,  et 
mourut  célibataire;  Gaspard,  sieur  de 
Saint-Auban  et  de  Sainte-Eupbémie, 
qui  commanda  les  régiments  de  Snliy 
et  de  Lesdiguières,  et  testa  en  1 658, 
ayant  eu  de  son  union  (1644)  avec 
Blanche  de  Périssol,  fille  de  Samson  de 
Périssol,  président  au  parlement  du 
Daupbiné,  quatre  fils,  nommés  Got, 
Samson,  Jacques  et  Laurent.  Guy  et 
Laurent  moururent  sans  avoir  été  ma- 
riés. Samson,  sieur  de  Saint-Auban, 
épousa,  en  1 67 1,  dans  l'église  de  Cha- 
renton,  Elisabeth  de  Massanes,  qui  le 
rendit  père  de  Gut-Antoine,  souche 
de  la  branche  française  et  catholique 
éteinte  en  1752.  Jacques  sortit  de 
France  à  la  révocation  et  entra  avec 
le  grade  de  lieutenant-colonel  au  ser- 
vice d'Angleterre.  Il  épousa  en  Hol- 
hinde  Marie  Anne  de  Âfassanes,  dont 
il  eut  Gut,  marié  à  La  Haye  avec  Char- 
lotte de  Wassenaer,  et  mort  à  la  fleur 
de  l'âge,  le  9  juill.  1727,  ayant  une 
fille  unique,  Marianne-Sophib-Théo- 
DORB,  née  le  9  juill.  1724,  et  femme 
de  Philippe-Maurice  Didier-de-Bon- 
eourt,  capitaine  de  cavalerie  au  ser- 
vice de  Hollande,  qui  mourut,  à  l'âge 
d'environ  37  ans,  le  22  déc.  1749,  la 
laissant  veuve  avec  deux  filles. 

Afin  de  ne  point  couper  cette  généa- 
logie, nous  avons  difTéré  de  parler  des 
Mémoires  que  Jacques  Pape  a  laissés. 
0  ne  parait  pas  qu'ils  soient  arrivés 
complets  jusqu'à  nous.  Dans  ses  Preu- 
ves de  l'histoire  de  l'illustre  maison 
de  Coligny  (Paris,  1662,  in-fol.).  Du 
Bouchet  en  a  publié  deux  fragments 
qui  contiennent  des  particularités  in- 
téressantes sur  les  dangers  que  Saint- 
Auban  courut  à  la  Saint-Barthélémy, 
et  des  détails  très-circonstanciés  et 
très-curieux  sur  les  entreprises  mi- 
litaires et  la  retraite  hardie  de  ChA- 


tlUon  pendant  les  années  1586  et  87. 
Ces  deux  fragments  ont  été  réimpr. 
dans  la  collection  Petitot  (T.  43,  1" 
série),  et  dans  le  Panthéon  littéraire. 
On  en  trouve  un  troisième  morceau 
dans  le  T.  II  desMémoiresdela  Ligue, 
sous  ce  titre  :  Mémoires  de  ce  qui  s'est 
passé  en  Dauphiné  depuis  le  mois  d^a- 
vril  jusqu'au  vingtièrme  de  décembre 
1587.  C'est  là,  croyons-nous,  tout  ce 
qui  en  a  été  publié. 

PAPILLON  (Antoine),  ou  Papi- 
&on,  homme  instruit  et  ami  d'Erasme, 
fut,  avec  Michel  d'Arande,  aumônier 
de  Marguerite  de  Valois,  et  deux  né- 
gociants de  Lyon,  Antoine  Du  Blet  et 
Vaugris,  un  des  premiers  et  des  plus 
actifs  propagateurs  de  la  Réforme  non- 
seulement  dans  le  Lyonnais,  mais  dans 
le  Dauphiné,  où  il  se  rendit  sur  les  in- 
stances de  Maigret.  La  reine  Margue- 
rite, à  la  demande  de  qui  il  traduisit 
l'ouvrage  de  Luther  Sur  les  vœux  mo- 
nastiques, le  protégea  efficacement  con- 
tre les  attaques  de  la  Sorbonne  et  lai 
fit  obtenir  la  charge  de  maître  des  re- 
quêtes du  dauphin.  Nous  ne  connais- 
sons aucune  autre  particularité  de  sa 
vie.  Serait-il  le  même  qiï Antoine  Pa- 
pillon, du  Bourbonnais,  reçu  bourgeois 
de  Genève,  le  I3janv.  1556? En  tout 
cas,  on  ne  saurait  le  confondre  avec  An- 
toine Papillon,  sieur  de  Sources,  se- 
cond fils  de  Nicolas  Papillon,  sieur  de 
Vauberant  en  Touraine,  et  de  Marie 
Prévost,  qui  épousa,  selon  une  généa- 
logie msc.  faisant  partie  du  vol.  39  du 
Fonds  St-Magloire,  Jeanne  de  Forquiè- 
res,  et  en  secondes  noces,  Anne  de 
L'Escale,  fille  de  Sylvius- César  de 
L'Escale,  et  bien  moins  encore  avec  ce 
valet  de  chambre  de  Henri  lY  dont  L'Es- 
telle parle  comme  d'un  homme  a  de 
discours  et  d'entendement,  mais  très- 
avare,  »  qui  mourut,  le  21  nov.  1608, 
du  chagrin  que  lui  causa  le  refus  du 
roi  de  lui  racheter  dcuxcofTresde  cris- 
tal dont  il  avait  fait  emplette  à  Venise 
avec  l'espoir  de  les  lui  revendre,  non 
sans  un  beau  bénéfice.  Ce  dernier,  né 
vers  1552,  s'appelait  Thomas  et  était 
avocat  au  parlement  de  Paris.  Il  M 


PAP 


—  105  - 


PAP 


enlerré  aa  cimetière  des  SS.  Pères 
(Reg.  de  Charenton), 

Selon  la  généalogie  en  question^  An- 
toine Papillon,  sieur  de  Sources,  n'eut 
ga'un  fils,  nommé  Samuel,  de  son  pre- 
mier mariage  ;  mais  sa  seconde  femme 
lui  donna  quatre  enfants,  dont  deux 
fliles  :  SusANNB,  mariée  à  Pierre  de  La 
Taste,  et  Jeannb,  femme  d'Antoine  de 
CarbovcU,  en  Gascogne,  et  deux  fils  : 
Jean  et  Joseph,  sur  qui  elle  ne  nous 
fournit  aucun  renseignement  (l). 

Samuel  Papillon,  sieur  de  Sources, 
pais  de  Vaui>erant,  par  son  mariage 
avec  Polyxène  Papillon,  sa  cousine, 
qu'il  prit  pour  femme  en  J  608>  épousa 
en  secondes  noces  Marie  de  Coutance^ 
fllle  de  Jeande  Coulance^  sieur  de  Mail- 
lârdiëre,  et  de  Marie  Du  Plcssis,  Du 
premier  lit  vinrent  Nicolas  et  Susan- 
ne;  do  second,  Marie,  née  en  1630; 
ScsANNB,  née  en  1 631  ;  Renée,  née  en 
1632;  Françoise  et  ANi>(E,nées  jumel- 
les eni  653;  Catherine,  née  en  1 634  ; 
Samuel^  né  en  1635. 

Peut-être  pourrait-on  rattacher  à 
eelte  famille  Tavocat  Papillon,  ancien 
de  réglise  de  Paris,  «homme  pétulant 
et  en  réputation  d'ètrechaud  et  brouil- 
ton,  p  selon  le  rapport  d'un  agent  de 
la  police  (Suppl.  franc.  791.  l).  Tel 
notre  avocat  se  montra,  en  effet,  lors 
delà  déplorable  querelle  entre  Alexan- 
dre Morus  et  le  consistoire  deCharen- 
ton.  En  1679,  le  synode  provincial  de 
nie-de-France  l'avait  choisi  pour  re- 
ceveur de  la  province  en  remplacement 
de  Le  Noble  décédé.  Le  1 0  nov.  1 685, 
il  fut  exilé  comme  tous  ses  collègues  et 
envoyé  à  Avranches.  Il  mourut  peu  de 
temps  après,  âgé  d'environ  70  ans.  Sa 
veuve  réussit  à  passer  dans  les  pays 
étrangers  avec  ses  enfants  (SuppL 
franc.  791.  2).  En  1689,  Anne-Marie 
Papillon,  sa  fille  sans  doute,  épousa 
W.  Turner  dans  l'église  française  de 
Londres.  Depuis  longtemps  la  Grande- 
Bretagne  avait  déjà  offert  un  asile  à  une 


(1)  NoDs  eonoaissoDS  bien  an  Jean  PapiltoUf 
«iear  des  Roches,  qai  fut  ministre  à  Dieppe  ^ers 
1860  ;  mtis  éridemmeat  il  n'es!  pas  le  fils  d'An- 
BifUloo. 

T.  VIIL 


autre  famille  du  même  nom,  dont  des- 
cendait David  Papillon,  auteur  de  The 
vanity  of  the  lives  and  passions  of 
men,  Lond.,  1651,  in-8«>. 

PAPIN  (Anne),  demoiselle  de  Pons, 
enfermée  dans  le  couvent  de  celle  ville, 
avec  Marianne  Dangirard,  et  deux 
autres  jeunes  filles,  nommées  Bollon 
et  Rabotteau,  pour  y  être  élevées  dans 
les  doctrines  de  TEglise  romaine.  Après 
avoir  épuisé  les  promesses,  les  me- 
naces, les  récompenses  et  tous  les 
genres  de  séduction,  les  religieuses 
eurent  recours  aux  plus  odieux  iraile- 
ments,  se  flattant  de  vaincre  à  la  fin 
ce  qu'elles  appelaient  l'opiniâtreté  de 
ces  obstinées  hérétiques.  Résolues  de 
persévérer  à  tout  prix  dans  leur  re- 
ligion, les  quatre  victimes  d'un  impi- 
toyable fanatisme,  voulurent  essayer 
de  se  soustraire  par  la  fuite  à  ces 
persécutrices  acharnées.  L'entreprise 
était  difficile;  voici  comment  elles  s'y 
prirent  pour  la  mettre  à  exécution. 
Le  18  nov.  1716,  Marianne  Dangirard 
feignit ,  en  se  promenant  le  soir  dans 
la  cour  du  couvent,  d'éprouver  un  vio- 
lent mai  de  dents.  Elle  alla  dans  la 
cuisine  demander  du  sel  à  une  sœur 
converse,  et  s'empara  adroitement  du 
trousseau  de  clefs  qui  pendait  à  un 
chenet.  Elle  le  remit  à  Anne  Papin 
qui,  plus  courageuse,  s'était  chargée 
de  diriger  Tévasion.  La  nuit  était  des 
plus  sombres.  A  peine  hors  du  cou- 
vent, les  quatre  fugitives  s'égarèrent. 
Ay£^t  erré  pendant  près  de  trois  heu- 
res dans  les  champs,  elles  arrivèrent 
à  un  village  dont  toutes  les  portes  se 
fermèrent  devant  elles.  Cependant,  à 
force  de  prières,  elles  obtinrent  d'un 
paysan  un  asile  pour  le  reste  de  la 
nuit.  Le  lendemain  elles  se  séparè- 
rent. Tandis  que  ses  trois  amies  se  fi- 
rent conduire  chez  le  sieur  Faure,  qui 
demeurait  à  Thézac,  Anne  Papin  se 
rendit  chez  sa  mère  à  Saint-Sorbier- 
de-Conac.  Peu  de  temps  après,  elle  se 
maria,  ainsi  que  Marianne  Dangirard^ 
l'une  au  lieutenant  Elie  Merlal,  l'au- 
tre à  Louis  Basset,  riche  marchand 
de  Ghadenac.  Mais  les  religieuses  de 


PAP 


—  406  — 


PAP 


Pons  n'entendaient  pas  abandonner 
leur  proie.  Elles  accusèrent  de  séduc- 
tion et  d'enlèvement  les  deux  époux. 
Le  8  mars  1717^  les  deux  malheu- 
reuses femmes  furent  réintégrées  dans 
le  couvent,  quoiqu'elles  fussent  en- 
ceintes, et  l'intendant  de  La  Rochelle 
fut  chargé  d'Informer.  L'affaire  pafnt 
assez  grave  pour  être  portée  devant  le 
roi  ;  mais  le  régent  la  renvoya  au  par- 
lement de  Bordeaux.  Le  chagrin  d'être 
séparée  de  son  mari  et  les  mauvais 
traitements  qu'eiie  eut  à  essuyer^  dé- 
terminèrent une  fausse  couche  chez 
Anne  Papin,  ce  qui  n'empêcha  pas 
les  gens  du  roi  de  la  faire  transférer  k 
Bordeaux  avec  sa  compagne.  Cette 
dernière,  alors  enceinte  de  huit  moisi, 
obtint  cependant  la  permission  de  de- 
meurer dans  une  maison  particulièfe. 
Enes  furent  acquittées  Tune  et  l'autre 
et  rendues  à  leurs  époux.  Quelques 
années  plus  tard,  elles  n'auraient  pas 
trouvé  la  même  indulgence. 

PAiPtN  (Denis),  savant  physicien, 
à  qui  Ton  doit  la  première  application 
utile  qui  ait  été  faite  de  la  force  mo- 
trice de  la  vapetir,  naquit  à  Blois^  le 
22  août  1647,  et  mourut,  vraisembla- 
blement en  Allemagne,  vers  1714. 

Sa  famille  était  protestante.  S6n 
père,  Denis  Papin ,  receveur  général, 
et  ancien  de  Tégllse,  est  auteur  d'im 
Ecrit  publié,  en  1660,  chez  Fr.  de  La 
Saugère.  Le  jeune  Papin  fut  destiné  à 
suivre  la  cûrricre  que  son  oncle  Ni- 
colas Papm avait  parcourue  avccfiuel- 
que  réputation.  A  cette  époiiue,  l'art 
de  guérir  ne  formait  pas  .<cul  le  do- 
maine de  la  médecine;  les  sciences 
physiques  en  faisaieût  partie,  et  ce  fut 
de  ce  côté  que  Papin  dirigea  de  pré- 
férence ses  éludes.  Il  prit  le  gi  ade  de 
docteur.  Dès  ses  premiers  pas,  la  for- 
tune parut  lui  sourire.  Le  célèbre 
Huyghenji,  que  Colbcrf  avait  attiré  à 
Paris,  se  livrait  à  des  expériences  de 
physique  dans  les  bdtiments  de  la  Bi- 
bliothèque du  roi,  où  il  avait  été  logé. 
Papin  lui  fut  présenté  pour  l'aider 
dans  ses  travaux^  et  le  savant  boltan- 
itais  Vlàgf^.  «  J'avais  ai<n^  fhotmeikr^ 


écrit  Papin  (ActaEruditorum,  1688), 
de  vivre  dans  la  Bibliothèque  du  roi  et 
d'aider  M.  Huyghens  dans  un  grand 
nombre  de  ses  otpérlences.  J'avalB 
beaucoup  à  faire  avec  la  machine  des- 
tinée à  lever  des  poids  considérables 
au  moyen  de  la  poudre  à  canon.  J'en 
fis  l'essai,  quand  on  la  présenta  à 
H.  Colbert.  »  Un  pareil  début  semblait 
promettre  quelque  avenir,  mais  les 
misères  de  l'exil,  auxquelles  Papin  ^ 
condamna  par  attachement  à  sa  reli- 
gion, firent  évanouir  ces  belles  espé- 
rances. En  1674,  prarui  le  premier  de 
ses  écrits.  L'auteur  apportait  quelques 
perfectionnements  à  la  machine  pneo- 
matlque  d'Otto  de  Guericke.  Ce  livre 
fut,  dit-on,  bien  accueilli  dans  te 
monde  savant.  L'anftée  suivante,  Pâ- 
pln  passa  en  Angleterre.  L'illustre 
Bobert  Boyié,  chez  qui  il  se  présenta^ 
rend  compte,  dans  un  de  ses  ouvrages, 
des  relatlônè  qu'il  eui  aVec  lui.  Paptn 
lui  ayant  téhioigné  \t  désrr  de  se  livrer 
à  quelques  expériences ,  Boyle  s'em- 
pressa de  mettre  son  laboratoire  à  sa 
disposition.  Sa  conflance  ne  fut  pas 
troinpée.  Il  reconnaît  que  plusieurs  de 
ses  expériéhees  lui  appartiennent  en 
(>ropre.  «  Plusieurs  des  machines  dont 
nous  faisions  usagé,  telles  que  la  ma- 
chine pneumatique  à  dèh^  corps  de 
pompe  et  le  fusil  à  vent^  étalent,  dit-il, 
de  son  Invention  et  en  partie  fabri- 
quées pat*  lui.  »  Ce  fut  sur  la  proposi- 
tion de  rilluslrc  savant  que  Papin  fut 
reçu  membre  de  la  Société  royale  de 
Londres,  le  16  déc.  1680.  Il  reconntil 
cet  honneur  en  dédiant  à  ses  nouveaux 
collègues,  h  la  date  du  20  Janvier 
1681,  son  livre  intlt.  Nouveau  Di- 
'jesleur.  Celle  machine  de  son  inven- 
tion est  plus  connue  sous  ic  nom  de 
mrtrm/fce/c/*«pm.Elleconsislaitenun 
vaisseau  dé  cuivre  ou  de  fer,  hermé- 
tiquement fermé  par  un  couvercle  de 
métal  fixé  par  des  via  de  pression  et 
munid'unesoupTtpe.  Comme  11  n'y  avait 
aucune  perte  de  calorique,  les  viandes 
étaient  cuites  prouiptcmenl  et  à  peu 
de  frais.  De  nos  jours,  en  a  ciierelié 
à  faire  revivre  cette  machiitë,  sdus  le 


PAP 


—  107  — 


PAP 


nom  d'autoclave,  en  y  apportant  quel- 
ques perrectionnements.  On  voit  dans 
te  marmite  de  Papin  ia  première  ap- 
plication qni  ait  été  faite  d'une  sou- 
pape de  sûreté.  L'auteur,  il  est  vrai  ^ 
n'en  comprenait  pas  encore  toute  l'im- 
portance; il  ne  l'avait  imaginée  que 
pour  se  rendre  compte  de  la  manière 
dont  son  pot-au-feu  se  comportait^ 
e'est-A-dire  du  degré  approximatif  de 
ctttsson;  mais  ce  n'en  était  pas  moins 
une  idée  ingénieuse^  destinée  à  Jouer 
mi  rôle  très-important  dans  d'autres 
oonditions. 

Appelé  à  Venise  par  le  chevalier 
Sarotti,  fondateur  de  l'Acad.  des  scien- 
ces naturelles  de  cette  ville,  Papin 
accepta  ses  offres  et  quitta  l'Angleterre 
ters  la  fin  d'avril  1681.  Il  revit,  en 
passant  par  Paris ,  son  premier  pro- 
tecteur Huyghens,  qne  les  persécu- 
tions religieuses  devaient  bientôt  éloi- 
gner de  France.  A  celte  époque,  notre 
savant  compatriote  n'avait  pas  encore 
perdu  son  droit  de  cité  dans  sa  patrie, 
et  l'Académie  des  sciences  put  lui  faire 
cette  gracieuseté  de  rendre  compte, 
(lendant  son  séjour,  d'expériences  fai- 
tes avec  le  Digesteur.  Quelques  années 
plus  tard ,  elle  n'osa  même  plus  pro- 
noncer le  nom  de  i'illustre  coupable. 
«On  peut  regarder  comme  une  singu- 
tarlté,  remarque  H.  Arago,  que  l'Acad. 
dès  sciences  de  Paris  n'ait  point  nom- 
mé Papin  l'un  de  ses  associés.  »  Mais 
bien  loin  d'être  une  singularité,  c'é- 
tait plutôt  la  règle  quand  il  s'agissaitde 
Réfugiés ,  et  je  ne  sache  pas  une  seule 
exception,  tant  que  vécut  Louis  MV. 
Cependant  nous  devons  dire  que,  le 
4  mars  1699,  l'abbé  Gallois  le  choisit 
pour  son  correspondant  (l). 

A  l'époque  de  son  départ  pour  l'Ita- 
lie remonterait  —  si  nos  renseigne- 

(1)  S'U  faolen  croire  l'abbé  Rozier. — Le  litre 
4e  eomsspondunt  de  rAcadémie  des  sciences  n'a 
élè  établi  que  p^iT  une  ordonnance  de  1753.  A. 
répoque  dont  nous  parlons,  chaque  membre  choi- 
ibsaitHOn  correspondant,  et  le  choix  était  con- 
tniè  par  l' Académie.  Cet»!  par  erreur  que  Tau- 
km  de  l'article  du  ilaga>in  pittoresque  fait  mourir 
fabbé  Gallois  ea  avril  1699^  il  ne  mourut  que 
Ib  19  aTTÎl  170f ,  et  l'on  à  lieu  de  s'éton.cr que, 
'  ^  te  loiif  Mp«ce  de  léMi^,  le  nMi  de  ^a« 


ments  sont  exacts  —  un  traité  msc. 
de  Papin ,  Des  opérations  sans  douleur, 
1681,  récemment  découvert  en  Alle- 
magne. Ce  traité  prouverait  que  notre 
savant  physicien  n'avait  pas  complè- 
tement renoncé  aux  sciences  médica- 
les proprement  dites.  Après  trois  an- 
nées environ  passées  à  Venise,  Papin 
se  décida  à  retourner  à  Londres ,  en 
1684.  Son  départ  lui  avait  fait  perdre 
le  titre  de  membre  titulaire  de  la  So- 
ciété royale;  mais,  par  une  décision 
du  8  mars  1681,  il  en  était  resté 
membre  honoraire.  Ses  anciens  collè- 
gues lui  Ûrent  bon  accueil  et  ratta- 
chèrent à  leur  corps  en  qualité  de 
praticien.  Ils  le  chargèrent  en  même 
temps  de  tenir  au  net  leur  correspon- 
dance, en  lui  allouant  pour  ce  travail 
une  modique  rétribution  de  750  fr.  (l ). 
Ce  n'était  guère  généreux;  mais  l'a- 
mour de  la  science  est  en  soi  une  ri- 
chesse qui  peutcompenser  bien  des  pri- 
vations. Papin  poursuivit  avec  ardeur 
le  cours  de  ses  travaux.  Notre  notice 
bibliographique  fera  connaître  celles  de 
ses  expériences  dont  il  a  consigné  les 
résultats  dans  les  journaux  savants  de 
l'époque.  En  1687,  il  présenta  à  la 
Société  royale  le  modèle  d'une  ma- 
chine destinée  à  transporter  au  loin 
la  force  des  rivières  au  moyen  d'un 
appareil  à  deux  corps  de  pompe,  dont 
les  pistons,  mis  en  mouvement  par 
une  chute  d'eau,  faisaient  le  vide  dans 
un  long  tube  métallique,  a  C'était,  dit 
M.  Cap,  à  qui  nous  empruntons  ces 
détails  (L'illustration,  1852),  la  pre- 
mière application  industrielle  de  la 
machine  pneumatique  à  double  effet 
dont  il  était  l'inventeur.  Celte  idée 
portait  en  germe  le  prmcipe  de  nos 
chemins  atmosphériques  actuels.  » 
Cependant  le  résultat  ne  répondit  pas 
à  son  attente  ;  les  calculs  de  la  théorie 

pin  ne  soit  pt^s  même  mentionné,  a  Depuis  l'an- 
née 1686,  dit  .M.  Reber  (Le<;  hommes  illustres  de 
rOrleanais) ,  l'Académie  des  sciences,  qui  jus- 
que-là avait  suivi  atec  intérêt  les  traTanx  de 
Papin,  avait  ceiisé  de  s'en  occuper,  et  l'on  ne 
trouve  plus  qu'une  fois  le  nom  de  Papin  daus  le 
Journal  de    Savants.  > 

(1)  Seaen  poumdi  Un  ghiUingtj  pftr  irimes^e. 
Séance  du  23  juin  1684.  >' 


PAP 


108  — 


PAP 


sont  le  plus  souvent  déjoués  dans  l'ap- 
plication ;  nos  plus  précieuses  décou- 
vertes ne  sont  dues  qu'à  d'beureux 
hasards. 

Quoique  entouré  de  la  considération 
des  premiers  savants  de  l'Angleterre^ 
Papin  n'était  pas  heureux^  il  avait 
souvent  à  lutter  avec  Tindigence.  Etre 
embrasé  du  feu  sacré  et  se  sentir  at- 
taché au  sol  par  les  dures  nécessités 
de  la  vie,  n'est-ce  pas  le  supplice  de 
Tantale?  Le  landgrave  Charles  de 
Hesse^  prince  éciairé,  lui  fit  offrir  la 
chaire  de  mathématiques  et  de  physi- 
que expérimentale  à  l'université  de 
Marbourg.  11  l'accepta.  Le  23  nov. 
1687^  il  informa  la  Société  royale  de 
sa  résolution.  Comme  témoignage  de 
gratitude^  la  Société  décida,  à  la  date 
du  14  déc.  qu'on  lui  ferait  hom- 
mage de  quatre  exemplaires  de  l'His- 
toire des  Poissons. 

Papin  arriva  à  Marbourg  au  com- 
mencement de  l'année  1688  (i).  Les 
exigences  de  son  cours  —  qu'il  faisait 
quatre  fois  par  semaine^  «  ce  qui  est 
beaucoup^  dit-il  dans  une  lettre  à  ses 
anciens  collègues  de  la  Société  royale 
(29  août),  pour  quelqu'un  qui  n'est  pas 
habitué  à  de  semblables  occupations,  » 
—  ne  lui  permirent  pas  de  se  livrer, 
comme  il  l'aurait  voulu^  à  ses  expé- 
riences. Cependantii  ne  resta  pas  inac- 
tif;  les  Actes  de  Leipzig  en  font  foi. 
Non-seulement  l'électeur  encourageait 
ses  travaux,  mais  il  y  prenait  une  part 
active.  On  appliqua  avec  succès  à  Cas- 
sel  la  machine  hydraulique  de  son  in- 
vention, connue  sous  le  nom  de  Pompe 
de  Hesse,et  dont  il  a  donné  la  descrip- 
tion dans  les  Actes  de  Leipzig  de  1 689, 

(1)  Cette  date,  adoptée  par  tons  les  biographes 
de  Papin,  ne  t'accorde  pas  avec  ce  que  dit  M.  le 
conseiller  de  Rommel,  dans  sa  brochure  Zar  6es- 
ehiehte  der  (ranzôsischen  Colonien  inHessen-Cas- 
lel  (Gassei,  1857,  io-8o).  Lenis  Papin  se  serait 
rendu  à  Hesse-Gassel  avec  sa  famille  dès  1685. 
et  c'est  dès  l'année  suivante  qu'il  aurait  été 
Bommé  professeur  à  runîversité  de  Marbourg. 
Son  beau-frère  Paul  Papin  ^tl  sa  lanie,  la  reuve 
de  NieoUu  Papin j  aura  ent  vécu  avec  lui.  Les 
IrtTaux  de  Papin,  dont  il  est  parlé  dans  les 
Transactionf  philosophiques,  ne  permettent  pas 
fedopter  cet  dates. 


sons  le  titre  :  Rotatilis  suctor  et  pres- 
sor  hassiacus.  Cette  machine  était  de^ 
tinée  à  alimenter  un  canal  entre  Cassel 
et  Carlshaven  sur  le  Weser.  On  parle 
aussi  d'une  expérience  qu'il  fit  sur  la 
Fulda  avec  un  bateau  plongeant.  La 
paternité  ne  l'aveuglait  pas.  11  sentait 
mieux  que  personne  l'imperfection  des 
résultats  auxquels  il  était  arrivé.  Il  était 
sans  cesse  à  la  recherche  de  nouveaux 
moyens  pour  opérer  le  vide.  Tout  à 
coup  la  lumière  se  fit  dans  son  esprit, 
il  venait  de  comprendre  toute  la  puis- 
sance d'expansion  de  la  vapeur  :  cette 
simple  idée  allait  changer  le  monde. 
Nous  rapporterons  ses  propres  paroles. 
Après  avoir  parlé  de  ses  essais,  jus- 
qu'alors impuissants,  pour  produire  le 
vide  dans  un  corps  de  pompe  au  moyen 
delà  poudre  à  canon,  «  aliâ  igitur  via, 
continue-t-il,  Ûnem  eumdem  assequi 
conatus  sum  :  quumque  ea  sit  aquœ 
proprietaSy  ut  exigua  ipsius  quantilas 
vi  coloris  in  vapores  conversa  vim  Aa- 
beat  elasticam  instar  ae^ris,  superve- 
niente  autem  frigore^in  aquam  iterum 
ita  resolvatur,  ut  nuUum  dictœ  vis 
elasticœ  vestigium  remaneat  :  facile 
credidi  construi  posse  machinas,  in 
(]uibus,  aquà  mediante,  calore  non 
valde  intense,  levibusque  sumptibas, 
perfectum  illud  vacuum  efficeret,  quod 
pulveris  pyrii  ope  nequaquam  poterat 
obtineri.  »  Après  un  énoncé  aussi  clair 
et  explicite,  nos  voisins  d'outre-Man- 
chc  auraient  bien  mauvaise  grâce  de 
réclamer  la  priorité  de  l'invention  pour 
leurs  nationaux. 

La  découverte  de  Papin  est  consi- 
gnée dans  les  Actes  de  Leipzig  de  1 690, 
sous  le  titre: iVot;a  methodus  ad  vires 
motrices  levipretio  comparaudas.  Voi- 
ci quelle  était  la  machine  qu'il  propo- 
sait. Un  cylindre  fermé  par  le  bas  et 
ouvert  par  le  haut  est  muni  d'un  pis- 
ton qui  peut  se  mouvoir  dans  toute  sa 
hauteur.  On  n'introduit  ce  piston  dans 
le  cylindre  qu'après  y  avoir  versé  une 
petite  quantité  d'eau.  Une  ouverture 
pratiquée  sur  un  de  ses  côtés  permet 
à  l'air  intérieur  de  s'échapper.  Lorsque 
le  piston  touche  l'eau  par  sa  face  in- 


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—  109  — 


PAP 


férienre,  on  ferme  cette  ouvertare  au 
moyen  d'une  tige  et  Ton  met  le  Feu  sons 
le  cylindre.  L'eau  arrive  bientôt  à  une 
température  telle  que  la  tension  maxi- 
mum delà  vapeur  surmonte  la  pression 
atmosphérique  ;  et  alors  le  piston,  plus 
fortement  pressé  sur  sa  face  inférieure 
que  sur  sa  face  supérieure,  monte  jus- 
qu'au haut  du  cylindre.  Si  Ton  retient 
le  piston  dans  cette  position  au  moyen 
d'un  cliquet  que  l'on  introduit  dans  une 
échancrure  de  la  tige  dont  il  est  parlé 
plus  haut,  et  qu'en  même  temps  on 
éloigne  le  feu,  la  vapeur  se  condensera 
par  le  refroidissement,  et  lorsqu'on  re- 
tirera le  cliquet,  le  piston  redescendra 
sous  Taction  de  la  pression  atmosphé- 
rique. Une  corde  flxée  au  piston  et  glis- 
sant sur  des  poulies,  transmettra  le 
mouvement  obtenu,  et  pourra  soule- 
ver des  poids  considérables.  La  même 
quantité  d'eau  permettrait  de  renouve- 
ler l'opération  autant  de  fois  que  l'on 
voudrait.  Cette  machine  fut  essayée  en 
petit  par  Papin  (i);  elle  était  sans  doute 
bien  imparfaite;  mais  l'idée  n'en  a  pas 
moins  été  l'idée  mère  de  toutes  les  mer- 
veilles enfantées  depuis.  Papin  lui- 
même  en  comprit  toute  l'importance; 
c  il  avait  parfaitement  bien  vu,  comme 
le  constate  M.  Arago,  que  le  mouve- 
ment de  va-et-vient  du  piston  dans  le 
corps  de  pompe  pouvait  recevoir  d'au- 
tres applications  et  devenir  un  moteur 
universel.  »  Dansl'article  citéplus  haut, 
Papin  expose  sommairement  queiques- 
mis  des  services  qu'on  pourrait  obtenir 
de  la  force  nouvelle.  «  Il  serait  trop 

(1)  La  machine  atmosphériqoe  de  Neweomen 
(1705)  n'éUit  qae  la  realigalion  de  l'idée  de 
npin.  Loi-même  l'appliqaa  à  Cassel  sur  ane 
inade  échelle.  C'est  ce  que  l'on  Toit  par  une 
leMie  au  S'  Fr.  Slare,  du  collège  des  médecins, 
fii  est  reprodttiie  dans  les  Transactions  philo- 
MfhJques  de  1705.  c  Je  tous  dirai,  lui  marqae- 
l-Ûy  que  noosavonsfait  ici  atanirhiter  [par  con- 
léqMot  en  1704]  de  très- belles  expériences  sar 
cette  matière  [la  force  d'expansion  de  la  Tapeur]. 
Une  aTonsèleTé  l'eau  k  une  hauteur  de  70  pieds, 
far  nn  moyen  très-facile,  et  qui  cependant  peut 
•More  être  beaucoup  perfectionné.  Gomme  Son 
SxeeUence  désirait  assister  à  de  noutelles  expé- 
riiDees,  on  laissa  trop  longtemps  séjourner  la  ma- 
cUm  dans  la  riTière,  de  sorte  qu'elle  fut  brisée 
ptf  toi  sUees.  • 


long,  dit-il,  d'énumérer  ici  comment  on 
pourrait  employer  cette  force  pour  ti- 
rer des  minières  l'eau  et  le  minerai, 
pour  lancer  des  globes  de  fer  à  une 
très-grande  distance,  pour  diriger  les 
vaisseaux  contre  le  vent,  et  faire  une 
foule  d'autres  applications.  — Je  ferai 
observer  cependant,  en  passant,  à  com- 
bien de  titres  une  force  motrice  de  cette 
nature  serait  préférable  à  l'emploi  des 
rameurs  ordinaires  pour  mouvoir  les 
vaisseaux  en  mer...  Mais  comme  des 
rames  ordinaires  seraient  mues  avee 
moins  de  facilité  par  de  semblables  tu- 
bes, il  faudrait  employer  des  rames 
tournantes...  11  serait  nécessaire  seu- 
lement que  l'on  adaptât  trois  ou  qua- 
tre tubes  au  même  axe  pour  que  son 
mouvement  fût  continu.  —  Du  reste, 
un  seul  fourneau  et  un  feu  médiocre 
suffiraient  pour  élever  successivement 
tous  les  pistons.  »  On  ne  pouvait  être 
plus  explicite.  Cette  solution  du  plus 
important  des  problèmes  parut  dans 
un  recueil  connu  de  tous  les  savants, 
et  cependant  la  routine  n'en  continua 
pas  moins  à  trôner  encore  pendant  plui 
de  trois  quarts  de  siècle,  c'est-à-dire 
Jusqu'à  l'immortel  James  Watt.  Faire 
entrer  dans  le  monde  des  Idées  nou- 
velles^ c'est  vouloir,  disait  Fontenelle, 
enfoncer  un  coin  par  le  gros  bout. 
«  L'homme  de  génie,  remarque  M.  Ara- 
go, est  toujours  méconnu  quand  il  de- 
vance trop  son  siècle,  dans  quelque 
genre  que  ce  soit.  »  Quand  la  préven- 
tion nous  aveugle,  le  jour  ne  saurait 
se  faire  à  nos  yeux,  ou  si  nous  voyons, 
nous  voyons  trouble.  Voici  quelle  est, 
d'après  riUustre  académicien,  la  part 
qui  revient  à  Papin  dans  la  découverte 
de  la  machine  à  vapeur  :  c'est  lui,  dit- 
il,  qui  a  imaginé  la  première  machine 
à  piston;  c'est  lui  qui  le  premier  a  vu 
que  la  vapeur  d'eau  fournit  un  moyen 
simple  de  faire  rapidement  le  vide 
dans  la  capacité  du  corps  de  pompe, 
et  finalement  c'est  lui  qui  songea  le 
premier  à  combiner,  dans  une  même 
machine  à  feu,  l'action  de  la  force 
élastique  de  la  vapeur  avec  la  pro- 
priété dont  cette  vapeur  Jouit  et  qu'il 


PAP 


—  110  — 


PAP 


a  signalée,  de  se  condenser  par  refroi- 
dissement (Œuvres,  Notices  scientif. 
T.  II,  ln-8o).  Ajoulons  que  l'idée  de 
la  i^oupape  de  sûreté  lai  appartient 
également  en  propre,  et  que  c'est  lui 
le  premier  qui  (avant  1695),  plus  de 
oèntans  avant Fulton,  appliqua  la  force 
motrice  de  la  vapeur  à  la  navigation. 
En  un  mot^  Papin  fit  jaillir  la  source 
de  ce  fleuve  majestueux^  qui,  en  des- 
cendant le  cours  des  âges,  ira  fertili- 
ser le  monde  entier,  voilà  quels  sont 
ses  titres,  voilà  sa  gloire  ! 

Notre  savant  eut  un  moment  la  pen- 
sée d'abandonner  le  port  oîi  il  venait 
detrouver  unasile.En  1 692,  il  retourna 
à  Londres  où  la  Société  royale  lui  avait 
offert,  dit- on,  une  position  plus  avan- 
tageuse; mais  le  landgrave  ne  tarda  pas 
à  le  rappeler  en  lui  augmentant  son 
traitement  ;  c'est  ce  que  prouve  une  let- 
tre de  Papin  conservée  à  la  Bibl.  de 
i'univ.  de  Marbourg.  Entouré  de  l'es- 
time de  ses  collègues  et  honoré  des  en- 
couragements du  prince,  l'illustre  phy- 
sicien aurait  pu  vivre  heureux,  quoique 
sur  la  terre  d'exil,  car  les  savants  ont 
une  patrie  supérieure  d'où  ils  défient 
la  tyrannie;  mais  il  éprouva  des  per- 
sécutions d'autant  plus  pénibles  qu'el- 
les lui  vinrent  de  ceux-là  mêmes  de  qui 
il  aurait  dû  attendre  des  consolations. 
Les  ministres  de  la  religion  seront-ils 
toujours  les  derniers  à  comprendre  la 
charité,  cette  première  vertu  du  chris- 
tianisme? M.  de  Rommel  nous  apprend 
qu'en  1 694  Papin  fut  frappé  d'excom- 
munication par  le  pr(*sbytenujn  avec 
toute  sa  famille.  Quel  était  son  crime? 
On  ne  nous  le  dit  pas  (l  ).  Quoi  qu'il  on 
soit,  il  fut  très-sensible  à  cet  anathè- 
me  fulminé  contre  lui,  et  il  en  appela 
au  Souverain.  Déjà,  dit-on,  il  avait  pris 
le  parti  de  s'éloigner;  il  avait  écrll 
dans  ce  sens  au  Sénat  académique  en 
le  remerciant  des  bienfaits  qu'il  en  a- 
vait  reçus  et  en  sollicitant  la  restitu- 
tion des  sommes  qu'il  avait  déposées  à 

(1)  T>an<  une  lellre  adressée  par  une  commU- 
sion  extraordinaire  du  prenb^fterium  aux  membres 
«eelési&itiqoef  Marti»  el  Fonlaiiw,  Papin  était 
•ccosè  d'être  un  homme  départi.  Le  Dresbylerium 
était  préside  par  le  professeur  vanoofs  Gaatler. 


la  caisse  des  veuves  (l).  Le  marfrtiF» 
s'intéressa  à  cetteaffaire  et  recommanda 
la  concorde.  De  son  côté,  le  Sénat  aear 
démlque,  sous  le  rectorat  de  l'orienta- 
liste Otto,nomma  une  commission  char^ 
gée  de  réconcilier  les  deux  parties.  A  la 
fln,  la  réconciliation  eut  lieu  et  Papin 
put  participer  à  la  communion ,  sans 
être  tenu  de  se  rétracter. 

Cette  bourrasque  heureusement  pas- 
sée, Papin  reprit  le  cours  de  ses  travaui 
et  de  ses  publications.  En  1696,  leland- 
grave  lui  témoigna  sa  satisfaction  en  le 
nommant  conseiller  ordinaire.  «Denis 
Papin,  lit-on  dans  unenote  intéressante 
communiquée  au  Bulletin  de  l'hist.  da 
protost.  franç.(i  '«année),  était  souvent 
appelé  à  Cassel  par  ses  fonctions  de  con- 
seiller, et  le  prince  assistait  habituel- 
lement à  ses  expériences  de  physique 
et  do  mécanique.  Cela  explique  com- 
ment, malgré  l'élolgnement  de  son  do- 
micile ofBciel ,  il  se  trouvait  l'un  des 
membres  actifs  de  son  église.  »  Voioi 
en  eCTet  ce  qu'on  lit  dans  le  prooès-Yerr 
bal  de  la  Compagnie  des  Anciens,  rén- 
nie  sous  la  présidence  du  pasteur  /ojy^ 
le  1 1  janv.  17  Oi,  procès- verbal  écrit  et 
signé  de  la  main  de  Papin  :  a  Le  sleor 
D.  Papin  a  représenté  que  son  beau-frè- 
re, le  sieur  Paul  Papin,  qui  était  secré- 
taire de  la  Compagnie,  ayant  eu  des 
raisons  très-fortes  pour  se  retirer  dans 
les  pay^  étrangers,  il  avait  laissé  ladite 
charge  vacante,  et  qu'ainsi  il  était  né- 
cessaire d'élire  on  autre  secrétaire. •«-«• 
La  Compagnie  a  procédé  à  rélectlon, 
et  la  pluralité  des  voix  est  tombée  ssr 
ledit  sieur  DenisPapin,  qui  cxerçaitdé- 
jh  la  charge  par  intérim.  »  — A  partir 
de  ce  jour,  ajoute  l'auteur  de  la  note^ 

(1)  Tiré  des  Ai'chiT.  de  l'univ.  de  MarbMrg, 
où  existent  plusieurs  lettres  autographes  d«  Pa- 
pin, en  latin.  I>ans  sa  lettre  de  démission.  Papin 
fait  obserter  \  ses  rollègucs,  nous  apprend  M.  de 
Rommel,  qu'il  emmène  arec  lui  une  famille  |Nii- 
vre  que  1* Académie  avait  déjk  eu  Tintentioi  de 
tecoarir  avant  son  mariage  [ce  qqi  semble  fn41- 
quer  quMI  avait  épousé,  depuis  son  arrivée  à  Mar- 
bourg, une  Teuve  chargée  de  famille],  et  qn^m 
outre,  son  départ  le  pnvera  de  la  pension  ateor- 
dée  à  la  fi!le  de  feu  M.  de  Ifa/tv^mf,  dont  il 
avait  été  nommé  curateur.  Par  t^  motifs,  il  prtftit 
l'Académie  de  loi  venfr  en  aide  poor  les  IMa 
de  son  voyage. 


PAP 


—  i\\  — 


PAP 


Jusqu'en  oct.  1 706,  les  procè^rverbau^ 
sont  aUernativement  rédigés  par  Denis 
Papin  et  par  le  D^  Ferry, 

Papin  continua  à  remplir  sa  chaire 
ï  Uarbourg  jusqu'en  1 707.  La  date  de 
1708,  généralement  adoptée,  csl  en 
coulradiclion  avec  les  faits  que  nous  al- 
lons rapporter.  Une  expérience  mal- 
heureuse qui  coûta  la  vie  à  plusieurs 
personnes,  le  força,  dit-on,  de  donner 
sa  démission.  Au  fond,  il  était  bien  in- 
Docent  du  malheur  qui  était  arrivé.  Le 
margrave  avait  manifesté  le  désir  d'as- 
sister à  répreuve  qu'il  devait  faire  d'un 
canon  à  vapeur  de  son  invention.  Mal- 
heureusement il  ne  se  présenta  pas  à 
l'heure  fiiée  pour  l'expérience,  et  la 
machine  trop  fortement  cbauiïée  fit  ex- 
plosion. Qui  était  le  coupable  ?  N'était- 
ce  pas  le  margrave?  Non,  on  s'en  prit 
à  Papin  et  il  fut  sacrifié.  Ecoutons  l'é- 
chevin  de  Francfort,  UlTenbach,  rendre 
compte  de  cet  événement  dans  une  re- 
lation de  Voyage,  en  1709.  Il  est  vrai 
qu'il  ne  fait  que  rapporter  les  paroles 
de  son  cicérone,  et  que  ce  cicérone  était 
un  des  régents  du  collège  Carolin,  où 
se  faisaient  les  expériences  de  Papin. 
«  J'appris  avec  étonnement,  écrit  Uf- 
fenbacb,que  Papin  était  parti  d'ici  en 
mauvaise  renommée.  Qn  me  le  repré- 
senta comme  un  hâbleur,  un  aventu- 
rier, entreprenant  sans  expérience  et 
par  pure  spéculation  cent  choses  di- 
verses, au  péril  de  sa  propre  existence 
aussi  bien  que  des  jours  du  souverain. 
Ses  deux  dernières  entreprises,  qui 
l'ont  fait  partir  de  Cassel,  étaient  les 
suivantes  :  d'abord  il  a  prétendu  navi- 
guer avec  un  vaisseau  sans  rames,  ni 
voiles,  et  pourvu  uniquement  de  roues, 
non-seûlement  sur  la  Fulda,  mais  en- 
core sur  la  haute  mer,  car  il  voulait 
se  rendre  ainsi  en  Angleterre;  l'autre 
etiapire,  est  qu'en  voulant  chargerûes 
canons  avec  de  l'eau  au  lieu  de  poudre, 
U  a  failli  causer  un  grand  malheur  :  les 
machines  préparées  à  cet  effet  ayant  fait 
explosion,  une  grande  partie  del'ateller 
aéié  détruit,  plusieurs  hommes  ont  été 
mortellement  blessés,  et  S.  A.  elle-mê- 
me, qui,  seigneur  très-curieux,  vou- 


lait toujourstout  voir  dans  leplus  ^ran4 
détail,  aurait  immanquablement  péri, 
8|  par  hasard  elle  n'avait  été  retenue 
pour  affaires.  »  L'ignorante  outrecui- 
dance de  M.  le  régent  nous  remet  en 
mémoire  cet  adage  : 

Si  des  rangs  sortent  qMiqaes  bomnM, 
Tous  nous  crions  :  A  bas  les  fous  i 
On  les  persécute,  on  les  lue, 
Sauf,  après  un  lent  examen, 
A  leur  dresser  une  statue. 
Pour  la  gloire  du  genre  hnmain. 

Tel  fut  le  sort  de  Papin,  et  il  est  proba- 
ble qu'aujourd'hui  Cassel  tient  à  grand 
honneur  d'avoir  vu  les  premiers  essais 
de  ce  fou  illustre.  Quant  à  la  statue, 
c'est  sa  ville  natale  qui  s'est  chargée 
de  la  lui  ériger  (1851  ),  et  nous  ne  dou- 
tons pas  que  l'évoque  lui-méuie  n'ait 
présidé  à  la  cérémonie.  Les  lumières 
finissent  toujours  par  percer  les  ténè- 
bres, et  la  tolérance  religieuse  est  aussi 
une  lumière  !  Cette  statue  est  due  au 
ciseau  de  M.  Calmcls;  ellea  été  exécu- 
tée d'après  un  très-bon  portrait  à  l'huile 
qui  appartient  à  l'université  de  Mar- 
bourg,  et  qui  a  été  grave  par  les  soins 
de  11.  de  La  Saussaye. 

Il  nous  reste  à  donner  quelques  dé- 
tails sur  la  seconde  des  folies  de  notre 
maître' fou,  celle  de  faire  marcher  des 
vaisseaux  sans  le  secours  de  voiles  et 
de  rames.  Celte  folie  eut  un  plein  suc- 
cès. Quelques  lettres  de  Papin  (i),  ré- 
cemment découvertes  en  Allemagne 
par  M.  le  professeurKuhlmann,  ne  per- 
mettent aucun  doute  à  ce  sujet.  Sous 
la  date  de  Cassel,  7  juill.  1707,  notre 
savant  écrivait  à  Leibnitz:« Monsieur, 
vous  savez  qu'il  y  a  longtemps  que  je 
me  plains  d'avoir  ici  beaucoup  d'enne- 
mis trop  puissants.  Je  prenais  pour- 
tant patience  ;  mais  depuis  peu  j'ai 
éprouvé  leur  animosité  de  telle  manière 
qu'il  y  aurait  eu  trop  de  témérité  à  moi 
à  oser  vouloir  demeurer  plus  longtemps 
exposé  à  de  tels  dangers.  Je  suis  per- 
suadé pourtant  que  j'aurais  obtenu  jus- 
tice si  j'avais  voulu  faire  un  procès  ; 
mais  je  n'ai  déjà  fait  perdre  que  trop 

(1)  Ces  lettres  ont  été  communiquées  à  TAcad. 
des  sciences  par  M.  Arago,  dans  la  séance  da  «• 
mars  iS53. 


PAP 


—  H2  — 


PAP 


de  temps  à  S.  A.  pour  mes  petites  af- 
faires, et  il  vaut  bien  mieux  céder  et 
quitter  la  place  que  d'être  trop  souvent 
obligé  d'importuner  un  si  grand  prince. 
Je  lui  ai  doncprésenté  une  requête  pour 
le  supplier  très-humblement  de  m'ac- 
corder  la  permission  de  me  retirer  en 
Angleterre,  et  S.  A.  y  a  consenti  avec 
des  circonstances  qui  font  croire  qu'elle 
a  encore,  comme  elle  a  toujours  eu, 
beaucoup  plus  de  bonté  pour  moi  que 
je  ne  mérite.  Une  des  raisons  que  j'ai 
alléguées  dans  ma  requête,  c'est  qu'il 
est  important  que  ma  nouvelle  con- 
struction de  bateaux  soit  mise  à  l'épreu- 
ve dans  un  port  de  mer,  comme  Lon- 
dres, où  on  pourra  lui  donner  assez  de 
profondeurpour  y  appliquerla  nouvelle 
invention,  qui,  par  le  moyen  du  feu, 
rendra  un  ou  deux  hommes  capables 
de  faire  plus  d'etTet  que  plusieurs  cen- 
taines de  rameurs.  En  effet,  mon  des- 
sein est  de  faire  le  voyage  dans  ce  même 
bateau,  dont  j'ai  déjà  eu  Thonneur  de 
vous  parler  autrefois,  et  l'on  verra  d'a- 
bord que  sur  ce  modèle  il  sera  facile 
d'en  Taire  d'autres,  où  la  machine  à  feu 
s'appliquera  fort  commodément.  Mais 
il  se  trouve  une  difficulté,  c'est  que  ce 
ne  sont  point  les  bateaux  deCdssel  qui 
vont  à  Brème,  et  quand  les  marchan- 
dises de  Casscl  sont  arrivées  à  Mûn- 
den,  il  faut  les  décharger  dans  des  ba- 
teaux qui  descendent  à  Brème.  J'en  ai 
été  assuré  par  un  batelier  de  Mùnden, 
qui  m'a  dit  qu'il  Taut  une  permission 
expresse  pour  faire  parvenir  un  bateau 
de  la  Fulda  dans  le  Weser.  Cela  m*a 
fait  résoudre,  monsieur,  de  prendre  la 
liberté  d'avoir  recours  à  vous  pour  cela. 
Comme  ceci  est  une  affaire  particulière 
et  sans  conséquence  pour  le  négoce,  Je 
suis  persuadé  que  vous  aurez  la  bonté 
de  me  procurer  ce  qu'il  faut  pour  faire 
passer  mon  bateau  à  Mùnden,  vu  sur- 
tout que  vous  m'avez  déjà  fait  connaître 
combien  vous  espérez  de  la  machine  à 
feu  pour  les  voilures  par  eau,  etc.  » — 
Leibnitz,  qui  depuis  des  années  était 
en  relation  d'amitié  avec  Papin,  s'em- 
pressa de  faire  les  démarches  néces- 
saires; mais  par  suite  des  lenteurs  de 


l'administration,  l'autorisation  se  fit 
attendre.  Le  i^^  août,  Papin  adressait 
une  nouvelle  lettre  au  savant  allemand 
pour  se  plaindre  de  ces  retards.  En  at- 
tendant, il  fit  sur  la  Fulda  l'essai  de  son 
bateau.  A  la  date  du  1 5  sept .,  il  écrivait 
à  Leibnitz  :  «  L'expérience  de  mon  ba- 
teau a  été  faite,  et  elle  a  réussi  de  la 
manière  que  je  l'espérais;  la  force  da 
courant  de  la  rivière  était  si  peu  de 
chose  en  comparaison  de  la  force  de 
mes  rames,  qu'on  avait  de  la  peine  à 
reconnaître  qu'il  allât  plus  vite  en  des- 
cendant qu'en  montai^.  Monseigneur 
eut  la  bonté  de  me  témoigner  de  la  sa- 
tisfaction d'avoir  vu  un  si  bon  effet,  et 
je  suis  persuadé  que  si  Dieu  me  fait  la 
grâce  d'arriver  heureusement  à  Lon- 
dres, et  d'y  faire  des  vaisseaux  de  cette 
construction  qui  aient  assez  de  profon- 
deur pour  appliquer  la  machine  à  feu 
à  donner  le  mouvement  aux  rames.  Je 
suis  persuadé,  dis-je,  que  nous  pour- 
rons produire  des  effets  qui  paraîtront 
incroyables  à  ceux  qui  ne  les  ont  pas 
vus  (i  ).  »  Il  ajoutait  par  post-scriptum  : 
«JeviensderecevoirunelettredeMûQ- 
den,  d'une  personne  qui  a  parlé  au  ba\\\\ 
pour  la  permission  de  passer  mon  ba- 
teau dans  le  Weser.  Elle  a  eu  pour  ré- 
ponse que  c'est  une  chose  impossible; 
que  les  bateliers  ne  le  veulent  plus,  par- 
ce qu'ils  ont  payé  une  amende  de  cent 
écus,  et  que  la  permission  de  Son  Al- 
tesse Electorale  est  nécessaire  pour  ce- 
la.— Enfln  je  me  vois  en  grand  danger 
qu  après  tant  de  peines  et  de  dépenses 
qui  m'ont  été  causées  par  ce  bateau, 
il  faudra  que  je  l'abandonne  et  que  le 
public  soit  privé  des  avantages  que 

(1)  M.  Figuier  (Hist.  des  princ.  <îéc.  scient. 
mod.,  1851)  avance,  nous  ne  savons  sur  quel 
fondement,  que  Papin  exécuta  la  machine  de  mm 
bateau  à  vapeur  d'après  les  idées  (jju'il  atail 
èmiseî'  dans  son  dernier  écrit  intitule  Manière 
pour  lever  Veau  par  la  force  du  feu.  Mais,  se- 
lon nous,  rien  ne  le  prouve,  et  dans  rincertitode 
il  nous  semble  plus  rationnel  d'admetro  qu'il  ré- 
solut le  problème  qu'il  s'était  proposé  dii-sepl 
ans  auparavant,  c'est-à-di.e  qu'il  demanda  au  jea 
successif  de  pistons  dans  des  cylindres  le  oioa- 
vement  de  rotation  dont  il  nvait  besoin:  neeesêê 
foret  ul  Ira  vel  qualuor  tuhi  eidem  axi  a|»plt- 
"arenlurf  quo  poêtet  iptiui  fnotus  «l'ne  tnter- 
ruptione  contitiuari. 


PAP 


—  113  — 


PAP 


J'aurais  pa^  Dieu  aidant^  iai  procurer 
par  ce  moyen.  Je  m'en  consolerai  pour- 
tant^ voyant  qu'il  n'y  a  point  demafau- 
tC;,  car  je  ne  pourrais  jamais  imaginer 
qu'un  dessein  comme  celui-là  dût 
échouer,  faute  de  permission.  y>  Ce  fut 
cependant  ce  qui  arriva.  Ne  recevant 
pas  de  réponse  à  sa  requête,  Papin  se 
décida  à  passer  outre.  Le  25  sept.  1 707^ 
il  s'embarqua  à  Cassel  et  arriva  à  Miin- 
dcn  le  même  jour.  Le  Weser,  formé  de 
la  réunion  de  la  Werra  et  de  la  Fulda^ 
devait  le  conduire  à  Brème  où  il  se  se- 
rait embarqué  avec  son  petit  bâtiment. 
Mais  il  avait  trop  bien  auguré  des  hom- 
mes grossiers  auxquels  il  allait  avoir 
affaire.  Les  monopoles  sont  partout 
sans  c<£ur  et  sans  entrailles  ;  que  leur 
importe  l'intérêt  général  ?  avant  tout^ 
Ils  \ealenl  vivre,  et  l'amour  du  pro- 
chain les  tuerait.  Un  certain  pressen- 
timent de  l'avenir  entra  sans  doute  pour 
quelque  chose  dans  la  brutalité  des  ma- 
riniers. Ils  se  demandèrent  ce  qu'allait 
devenir  leur  industrie  si  les  bateaux 
marchaient  tout  seuls.  Les  mauvaises 
passions  ne  sont  jamais  à  court  d'ar- 
guments. Le  bailli  deMiinden,  Zeuner, 
écrivit  à  Leibnitz,  sous  la  date  du  27 
sept.  1707,  pour  lui  annoncer  que  «  ce 
pau\re  homme  de  médecin  »  Papin 
a  avait  eu  le  malheur  de  perdre  sa  pe- 
tite machine  d'un  vaisseau  à  roues,  les 
bateliers  ayant  eu  l'insolence  de  l'ar- 
rêter et  de  le  priver  du  fruit  de  ses  pei- 
nes, par  lesquelles  il  pensait  s'intro- 
duire auprcsde  la  reine  d'Angleterre.  » 
«  Comme  l'on  ne  m'avertit  de  cette  vio- 
lence, ajoute  le  bailli,  qu'après  que  le 
bonhomme  fut  parti,  et  qu'il  ne  s'était 
point  adressé  à  nous,  mais  au  magis- 
trat de  la  ville  pour  s'en  plaindre,  quoi- 
que cette  affaire  fût  de  ma  juridiction, 
Yous  voyez,  Monsieur,  qu'il  n'était  pas 
en  mon  pouvoir  d'y  remédier.  C'est 
pourquoi  je  prends  la  liberté  de  vous 
informer  de  ce  fait,  en  cas  que  si  cet 
homme  en  voulût  faire  des  plaintes  à 
Hanovre  et  à  Cassel,  vous  soyez  per- 
suadé de  la  vérité,  et  de  la  brutalité  de 
ces  gens-ci.  »  Peut-être  jugera-t-on 
avec  nous  que  dans  cette  affaire  l'élec- 


teur de  Hanovre  fut  encore  plus  cou- 
pable que  les  bateliers  de  Miinden,  car, 
il  n'avait  pas,  lui,  de  monopole  à  dé- 
fendre, et  ses  devoirs  de  souverain,  il 
ne  les  a  pas  remplis.  Rien  ne  prouve 
que  le  malheureux  exilé  ait  obtenu  la 
moindre  réparation  du  dommage  qui 
lui  avait  été  causé.  Les  petits  ont  rare- 
ment raison,  et  à  cette  époque  moins 
que  jamais.  Papin  se  retira  d'abord  en 
Hollande.  C'est  ce  qui  semble  résulter 
d'une  lettre  de  Leibnitz  :  «  Il  y  avait 
dans  votre  cour,  y  lit-on,  un  savant  ma- 
thématicien et  machiniste  français, 
nommé  Papin,  avec  lequel  j'échangeais 
des  lettres  de  temps  en  temps.  Mais  il 
alla  en  Hollande  et  peut-être  plus  loin, 
l'année  passée.  J'ai  souhaité  d'appren- 
dre s'il  est  revenu  ou  s'il  a  quitté  le 
service,  et  s'est  transporté  en  Angle- 
terre comme  il  en  avait  le  dessein.  »Il 
s'y  rendit  en  effet,  et  retrouva  proba-  * 
blement  auprès  de  la  Société  royale  son 
ancienne  position.  La  Société  se  mon- 
tra-t-elle  plus  généreuse?  Il  ne  parait 
pas.  Dans  une  lettre  au  secrétaire  de  la 
Société,  Sloane,  qui  lui  avait  demandé 
le  détail  de  ce  qu'il  avait  fait  depuis  qu'il 
avait  été  attaché  à  ce  corps  savant  com- 
me expérimenteuT  y  il  répondait:  «J'ai 
résolu  de  négliger  tous  les  autres 
moyens  de  pourvoir  à  ma  subsistance, 
étant  persuadé  qu'il  ne  peut  y  avoir  de 
meilleure  occupation  que  de  travailler 
pour  la  Société  royale,  puisque  c'est  la 
même  chose  que  de  travailler  pour  le 
bien  public.  Je  vous  en  prie.  Monsieur, 
permettez-moi  d'ajouter  ici  que,  dans 
l'Académie  royale  de  Paris,  il  y  a  trois 
pensionnaires  pour  la  mécanique  qui 
ont  chacun  un  très-bon  salaire  annuel; 
et  en  outre  qu'il  y  a  d'habiles  ouvriers 
de  toutes  sortes,  payés  par  le  roi,  qui 
sont  prêts,  en  tous  temps,  à  exécuter 
tout  ceque  ces  pensionnaires  comman- 
dent. Prenez,  s'il  vous  plaît,  les  Mé- 
moires de  l'Acad.  roy.  des  sciences,  et 
voyez  ce  que  ces  trois  pensionnaires 
font  chaque  année,  et  comparez-le  avec 
ce  que  j'ai  fait  depuis  sept  mois.  J'es- 
père que  vous  trouverez  que  j'ai  raison 
de  dire  que  j'ai  fait  autant  qu'on  peut 


PAP 


-  H4 


PAP 


attendre  da  plus  boimète  bomme,  avec 
meë  petites  capacités  et  ma  pénurie 
d'argent  (1 }.  »  Dans  une  autre  lettre  au 
fnême,  sous  la  date  du  23iai>v.  17i2« 
il  lui  disait  ;  a  Certainement,  Monsieur^ 
je  suis  dans  une  triste  position,  puis* 
que,  même  f)n  Taisant  bien^  je  soulève 
des  ennemis  contre  moi  ;  cependant, 
malgré  tout  cela,  je  ne  crains  rien,  parce 
que  jemeconQeau  Dieu  tout-puissant.» 
tl'o^scuriié  la  plus  complète  couvre  les 
dernières  années  de  i^otre  illustre  sa- 
vant. Son  indigence  ne  lui  permit  sans 
doute  pas  de  renouveler  son  expérience 
de  n^vigatiopàl^v^p^ur.  ;il.Bannis(er 
(Denis  Papin,  sa  vie  et  ses  écrits,  Blois, 
1 847,  in-8o)  suppose  qu'il  mourut  vers 
1714,  en  se  foqdaût  sur  une  lettre  de 
Leibnitz  sans  date,  mais  postérieure  à 
l'avènement  de  Georges  l«r  (\^'  août 
1714),  dans  laquelle  le  savant  allemand 
s'informe  de  lui  (2).  Mais  il  n'y  a  rien 
de  certain,  tout  ce  qu'on  peut  ^mrmer, 
o'est  que  ceui^  de  ses  biographes  qui 
adoptent  la  date  de  1 7 1 0,  sont  dans  l'er- 
reur. Papin  n'a  malheureusement  pas 
joui  de  sa  gloire;  quelques  savants,  tels 
queBoyle,  Leihniiz,  opt  seuls  su  l'ap- 
précier de  son  vivant.  Son  nom  sem- 
blait devoir  être  enseveli,  comme  tant 
d'autres,  dans  l'oubli,  lorsque  M.  Arago 
eut  la  gloire  de  le  faire  revivre ,  non 
pas,  je  suppose,  par  un  esprit  de  per- 
sonnalité nationale — la  science  voit  de 
plus  haut^ — mais  par  un  esprit  de  jus- 

(i)  Lettres  inédites  de  Papin,  Dublièes  par 
M.  Bansen,  prof,  de  physique  k  Vvmir.  de  Bur- 

bODfg. 

(3)  «  Y  a-t-U  donc  longtemps  que  U.  Papin  est 
de  retour  chez  tous?  J'avais  pensé  qu'il  eut  tout 
à  fait  quitté,  car  je  lo  trouvais  un  peu  rhaucelant; 
et,  encore  K  présent,  sa  lettre  me  parati  être  de  ce 
caractère,  quoique  eatrëroemeat  générale.  Il  a  un 
mérite  qui  certainement  n'est  pas  ordinaire;  tous 
le  trouTerez,  Monsieur,  en  le  pratiquant,  et  ce  ne 
serait  peut-être  pas  mal  de  le  faire,  pour  toir  m 
peu  à  quoi  il  s'occupe,  car  il  ne  m'en  dit  mot.  » 
Si  cette  lettre  date  de  1714,  U  ne  peut  y  avoir 
de  doute  que  Leibnilz  ne  parie  du  retour  de  Papin 
en  Allemagne.  Ce  serait  donc  dans  la  Hesse,  et 
non  pas  en  Angleterre,  comme  oo  l'adntet  géié- 
ralero<}nt,  que  Papin  aurait  flni  ses  jours.  La 
question  nous  semble  facile  àéclaircir  au  moyen 
des  registres  de  l'église  de  Gassel.  Espérons  que 
le  monanent  qu'une  réunion  de  saTants  se  prè- 
piratl  à  tlff«r  à  ruioilre  pbyiicifn,  ne  len  pat 


tjce.  La  France  dans  sa  reconnaissance 
as^ciera  leurs  noms.  Pour  juger  sai- 
nement Papin,  il  ne  faut  pas  le  séparer 
des  circonstances  au  milieu  desquelles 
il  a  vécu.  C'est  ce  que  remarque  avec 
raison  M*  Figuier.  Apres  avoir  iouécoD- 
venablement  l'homme  de  génie,  «11  est 
juste  néanmoins,  ajoute- t-il,  de  recon- 
naître que>  dans  ses  travaux,  Papin  a 
souvent  manqué  de  suite.  Son  esprit 
procédait  par  sauts  et  comme  par  bou- 
tades. U  découvrait  des  faits  épars  d'une 
haute  importance  et  ne  savait  pas  trou- 
ver le  lien  propre  à  les  rattacher  en  fais- 
ceau ;  il  établissait  de  grands  principes 
et  se  montrait  inhabile  à  en  déduire  les 
conséquences,  même  les  plus  rappro- 
chées. . .  Cependant  les  circonstances  de 
la  viede Papin  expliquent  suffisamment 
ce  défaut.  Si  son  existence  se  fût  écou- 
lée calme  et  honorée  dans  sa  patrie,  s'il 
eût  vécu  entouré  d'aides  intelligents, de 
constructeurs  et  d'ouvriers,  s'il  eût 
goûté  quelque  temps  les  loisirs  et  la  li- 
berté d'esprit  qui  sont  nécessaires  à 
l'exécution  des  longs  travaux  scienti- 
fiques, il  est  probable  que  l'on  n'au- 
rait pits  à  défendre  sa  mémoire  contre 
de  tels  reproches;  la  postérité  qui  ne 
connaît  qu*un  coin  de  son  génie,aurait 
alors  possédé  Papin  tout  entier.  » 

On  doit  à  Papin  : 

1.  Expériences  du  vuide,  avec  la 
description  des  mcichines  servant  à  les 
faire,  Paris,  1674,  in-4o.  —  Expé- 
riences faites  eous  la  direction  de 

indéfiniment  ajourné.  On  lit  dans  le  Magasla  pit- 
toresque :  «  Vers  la  fin  de  1847,  on  ayalt  va- 
Doncé  une  publication  qui,  sous  le  titre  :  La  vie 
et  les  écrits  de  Denis  Papin,  devait  rendre  à  ta 
mémoire  l'hommage  le  pins  complet  et  le  phit 
digne.  Bile  dcTait  se  composer  de  deux  partiM, 
repférmaat,  la  première,  une  nouvelle  édition  de 
tontes  ses  œuvres  imprimées,  devenues  aujour- 
d'hui si  rares  ;  la  seconde,  ses  écrits  encore  iné- 
dits et  sa  biographie.  Les  documents  tout  à  fait 
peuveaux,  destinés  à  cette  seconde  partie,  aTaienl 
été  recueillis  en  Angleterre,  en  Bollande,  en  Al- 
lemagne en  France  et  en  Italie^  par  les  soins  de 
MM.  Bannister,ei-procureur  géneralde  la  NoaT«l- 
le-Cralles  du  sud  ;  Bunsen,  qui  occupe  à  Marbosrg 
la  chaire  illustrée  par  Papin  ;  £nke,  et  de  ^ 
Saussaye,  membre  de  TAcad.  des  Inscriptions. 
La  première  partie  était  déjà  sous  presse,  lorsque 
survinrent  UÂ  èvéDements  de  1848  :  on  eesM  de 
tr»Taill«r  à  cette  ttUle  pubUeeMoa.  » 


PAP 


—  H5  — 


PAP 


flnygtaens.  Il  en  ett  rendu  compte  dans 

les  Transactions  pbilos.  de  1675^  et 
dans  le  Journal  des  savants  de  1 676. 

II.  The  new  Digestor,  or  Engine 
for  the  softeràng  of  bones,  with  a 
Description  of  its  make  and  use  , 
Lond.,  1681,  in-40;  et  en  franc,  sons 
ce  titre  :  La  manière  d'amollir  les  os^ 
et  de  faire  cuire  toutes  sortes  de 
viandes  en  peu  de  temps  et  à  peu  de 
frais,  avec  une  description  de  la  ma- 
ekine  dont  il  faut  se  serinrà  cet  effet, 
Paris,  Estienne  Michallet,  1 682,  in-l  2, 
pp.  175;  angm.,Anist.,  1688, in-i2; 
réirapr.  dans  le  N»  VI.  —  a  L'on  trou- 
vera dans  ce  petit  livre,  lit-on  dans  le 
Journal  des  savants,  une  infinité  de 
remarques  curieuses  et  singulières  : 
on  fit  à  l'Aead.  des  sciences  de  Paris, 
en  1681,  l'épreuve  de  la  machine  de 
M.  Papin,  et  en  moins  de  deux  heures 
les  os  furent  amollis  et  le  suc  qui  en 
était  sorti  se  convertit  en  gelée.  »  Dans 
Pédlt.  d'Amsterdam,  Papin  donne  dee 
détails  sur  son  séjour  à  Venise. 

m.  A  continuation  ofthe  new  Di" 
gestor  of  bones,  etc.,  Lond.,  1687, 
iD-i<>.  —  Description  de  perfectionne- 
ments apportés  au  Digesteur. 

IV.  Argumenta  quceéam  et  expéri- 
menta nova  circa  antliam  pneumati- 
eam  facta  partim  in  AngUâ,  partira 
m  Italiâ,  Lond.,  1687,  in-40. 

V.  Dissertatio  matkem,  de  mathe- 
Sêos  objeeto,  divisione,  modo  versmndi 
circa  oèjectum  ae  fine,  Marburg. ,  1 680, 
ln-4». 

VI.  Recueil  de  diverses  pièces  tou- 
chant quelques  nouvelles  machines, 
Cassel,  J.  Estienne,  1695,  in-12,  pp. 
160,  flgg.;  trad.  en  latin  sous  ce  titre: 
Fasciculus  dissert ationum  de  ruwis 
quihusdam  machinis  àtque  aliis  ar- 
gumentisphilosophids,  Marburgii  Got- 
tomm,  1695,  pet.  in-8*,  flg.  —  On 
trouve,  entre  autres,  dans  ce  recueil  la 
description  de  la  Pompe  de  Hesse, 
destinée  à  alimenter  d'eau  le  canal  qui 
devait  unir  Cassel  à  Garlshaven,  et  la 
description  d'un  bateau  à  vapeur  brisé 
par  la  maladresse  des  ouvriers  on  vou- 
bnl  le  lancer  sur  la  Fulda. 


VII.  Manière  powr  lever  t$au  p&r 
la  force  du  feu,  Cassel,  1 707,  pet.  in» 
80,  fig.;  et  en  latin  sous  ce  titre  :  Ars 
nova  ad  aquam  ignis  adminicuh  effi- 
eacissimè  etevandam,  Francof.,  1 707, 
in- 80.  —  «  La  nouvelle  machine  à  va* 
peur  que  Papin  décrit  dans  ce  mé- 
moire ,  n  'est  autre  chose,  au  témoi  gnage 
de  M.  Figuier,  bien  qu'il  essaie  de  s'en 
défendre,  qu'une  imitation  de  la  ma^ 
chine  de  Savery,  inférieure  sous  tous 
les  rapports  à  ceile  de  son  rival.  »  Ce- 
pendant on  trouve  dans  la  machine 
que  Papin  propose  la  première  appli- 
cation de  la  soupape  de  sûreté  dont  il 
est  l'inventeur  ;  et  en  outre,  comme  le 
remarque  M.  Delaunay  (Cours  élémen- 
taire de  mécanique)  «  Papin  ne  s'est 
pas  contenté  d'ajouter  un  piston  flot- 
tant à  la  machine  de  Savery,  il  a  voulu 
que  sa  machine,  au  lieu  de  servir 
uniquement  à  élever  de  l'eau,  pût  de- 
venir un  moteur  capable  de  faire  mou- 
voir tels  mécanismes  qu'on  voudrait.» 
A  cet  effet,  il  fait  retomber  l'eau, 
élevée  dans  un  réservoir,  sur  les  au- 
gets  d'une  roue  hydraulique.  11  y  avait 
donc  un  sensible  progrès.  Bien  plus, 
ce  qui  semble  prouver  jusqu'à  l'évi- 
dence que  Papin  n'a  été  ni  le  contre- 
Cacteur,  ni  l'imitateur  de  la  machine 
de  Savery,  c'est  qu'avant  que  cette 
machine  fût  connue,  c'est-à-dire  en 
1 704  (les  mémoires  de  la  Société  royale 
deLondres  en  font  foi),  il  était  parvenu, 
an  moyen  d'une  machine  à  feu,  à  éle- 
ver une  colonne  d'eau  à  une  hauteur 
de  70  pieds,  et  cette  machine  était 
susceptible,  selon  lui,  de  beaucoup  de 
perfectionnements.  Remarquons,  en 
outre,  que,  de  l'aveu  de  M.  Figuier,  la 
seconde  machine  à  feu  proposée  par 
Papin  était  de  tout  point  inférieure  à 
la  première;  or  qui  peut  le  plus,  peut 
le  moins,  et  il  n'avait  pour  cela  besoin 
de  piller  personne. 

VIII.  Traité  des  opérations  sans 
douleur,  msc.  découvert  récemm.  en 
Allemagne  et  acquis  pour  la  biblio- 
thèque du  grand-duc  de  Hesse.  Il  porte, 
dit-on,  la  date  de  1681.  L'auteur  exa- 
miie  les  différents  moyens  qu'on  pour- 


PAP 


—  116 


PAP 


rait  employer  pour  endormir  la  sensi- 
bilité des  malades. 
On  trouve  en  outre  de  Papin  : 

1 .  Lettre  contenant  une  expérience 
nouvelle  fort  curieuse  faite  à  Venise 
avec  la  machine  duvuide  (Journal  des 
savans  de  1684). 

2.  The  description  of  a  siphon  per^ 
forming  thesame  things  with  the  sipho 
Wurtembergicus,  invente d  by  Dr.  Pch 
pin,  fellnw  of  the  Roy.  Society  (Tran- 
sacl.  philos.  1685).  — A  new  way  of 
raising  water  (Ibid.)  —  Observations 
on  a  French  paper  concerning  a  per^ 
petual  motion  [{h\A.  et  Journal  des  sa- 
vans de  1 686,  oiiTon  trouve  la  réponse 
aux  objections). 

5 .  Expérience  singulière  concernant 
l'agriculture;  moyen  de  hàler  la  ger- 
mination des  plantes  (Journal  des  sa- 
vans, 1 685).  —  Baromètre  insensible 
aux  variations  de  la  température  y 
obtenu  en  épurant  d'air  le  vif -argent; 
l'ambre  ne  perd  pas  dans  le  vide  sa 
vertu  attractive  (Ibid), 

4.  An  account  of  an  experiment 
shewn  before  the  Roy,  Society,  of 
shooting  by  the  raréfaction  of  ihe  air 
(Trans.  pbilos.  1686,  et  Acta  enidit., 
même  année) . — Some  fur ther  remarks 
on  the  instrument  proposed  by  an  ano- 
nymous  French  author,  for  effecting 
a  perpétuai  motion  (Ibid).  —  A  Dé- 
monstration ofthevelocity  wherewith 
the  air  rushes  intoan  exlMusted  recei- 
ver,  lately  produccd  before  the  Roy, 
Soc.  (Ibid.,  et  Acta  erudit.  1688). 

5.  Anstver  to  several  objections 
made  by  M.  Nuis  against  his  engine 
for  raising  water  by  the  raréfaction 
of  the  atr  (Trans.  philos.  1687). 

6.  Descriptio  torcularis  cujusdam 
(Acta  erudit.  1689).  —  De  gravitatis 
causé  et  proprietatibus  observationes 
(Ibid.).  —  Examen  machinœ  D.  Per* 
rault  (Ibid.).  —  Rotatilis  suctor  et 
pressor  hassiacus  (Ibid.). —  Observa- 
tiones in  J.  B.  appendicem  tertiam  ad 
perpetuum  mobile  (Ibid. ) . — De  instru- 
mentis  ad  flammam  sub  aquâ  conser- 
vandam  (Ibid.). 

7.  Nova  methodus  ad  vires  moirt- 


ces  levipretio  comparandas  (Acta  eru- 
dit. 1G90). 

8.  Mechanicorum  de  viribus  motri- 
cibus  sententia,  asserta  adversùs  CL 
G.  G.  Leibnitii  ohjecliones  (Acta.  emdit. 
1691)  —  Observationes  qucedam  cir- 
ca  materias  ad  hydraulicam  spectan- 
tes  (Ibid.). 

9.  Part  ofa letter  concerning anim- 
provement  of  the  Hessian  bellows,elc, 
(Trans.  philos.  1705). 

C'est  à  tort  que  le  bibliographe  Watt 
attribue  à  notre  Papin  :  Some  obser- 
vations on  the  mechanic  arts  and  physic 
of  the  Indians,  qui  parurent  dans  les 
Trans.  philos,  de  1715:  ces  Observa- 
tions sont  dues  à  un  Père  jésuite,  son 
homonyme. 

PAPIN  (ISAAC),  célèbre  ministre 
apostat,  né  à  Blols,  le  27  mars  1657, 
û'Isaac  Papin,  receveur  général  des 
domaines  de  Blois,  et  de  MadeUUne 
Pajon,  sœur  du  fameux' G/aude  Pajon, 
D'une  constitution  faible  et  maladive, 
Papin  resta,  jusqu'à  l'âge  de  puberté^ 
si  chétif  et  délicat,  que  ses  parents  ne 
voulurent  pas  permettre  qu'il  commen- 
çât ses  études  avant  l'âge  de  1 7  ans. 
Destiné  à  la  carrière  ecclésiastiqne,  11 
alla  suivre  les  cours  de  l'académie  de 
Genève  au  moment  même  où  la  que- 
relle des  universalistes  et  des  particn- 
laristes,  provoquée  pûrAmyraut,  était 
dans  toute  sa  force.  Les  débats  pleins 
d'aigreur  de  ces  deux  sectes  l'étonnè- 
rent;  l'intolérance  des  orthodoxes  le 
révolta.  Amené  naturellement  à  se  de- 
mander si  une  religion,  fondée  sur  le 
libre  examen ,  avait  le  droit  de  pro- 
scrire les  dissidences  d'opinions,  il  con- 
clut pour  la  négative,  et  son  oncle  Pa- 
jon^ auprès  de  qui  il  alla  continuer  ses 
études,  non-seulement  le  confirma  dans 
ces  sentiments^  mais  il  lui  inculqua,  en 
outre,  ses  propres  opinions  sur  la  co- 
opération de  la  volonté  humaine  dans 
l'œuvre  delà  régénération,  sur  la  grâce 
efficace  et  sur  le  libre  arbitre.  Papin 
était  donc  fortement  imbu  des  idées 
pajonisles  et  ardent  partisan  de  la  to- 
lérance, lorsqu'il  se  rendit,  en  1 683, 
à  Saïunur  pour  y  terminer  ses  études^ 


PAP 


—  H7  — 


PAP 


el  en  particulier,  pour  se  perfection- 
ner dans  la  langue  hébraïque;  aussi^ 
quand  on  voulut  exiger  de  lui  qu'il 
souscrivit  à  la  condamnation  du  pajo- 
Disme,  il  s'y  refusa  y  en  sorte  qu'il  ne 
put  obtenir  les  témoignages  ordinaires. 
S'étant  ainsi  fermé  la  carrière  pasto- 
rsUe,  il  songea  à  entrer  dans  le  com- 
merce et  partit  pour  Bordeaux^  où  il 
travailla  quelques  mois  dans  le  comp- 
toir d'un  négociant  anglais  ;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  sentir  qu'il  s'élait  mépris 
sur  sa  vocation^  et  il  passa  en  Angle- 
terre, en  1 686.  Moins  exclusif  que  les 
pasteurs  calvinistes^  Tévéque  d'Èly 
loi  conféra,  sans  hésiter^  les  ordres  du 
diaconat  et  de  la  prêtrise. 

Dans  une  lettre  écrite  après  son  re- 
tour en  France,  et  quelques  jours  seu- 
lement avant  son  abjuration,  Papin 
affirme  que,  sans  la  considération  qu'il 
avait  pour  ses  proches,  il  se  serait  fait 
un  devoir  de  rentrer  dans  l'Eglise  ro- 
maine, au  lieu  de  quitter  sa  patrie. 
Pour  son  honneur^  nous  voulons  croire 
qu'il  mentait.  On  a  imprimé  un  écrit 
qu'il  composa  à  Bordeaux  et  qu'on  s'est 
bien  gardé  de  reproduire  dans  le  Re- 
cueil de  ses  œuvres.  Or  dans  cet  écrit, 
rejetant  en  matière  de  foi  toute  autre 
autorité  que  celle  de  la  Bible,  il  se 
contente  d'établir  que  la  tolérance  doit 
s'étendre  à  toutes  les  sectes  qui  posent 
l'Ecriture  sainte  pour  base  de  leur  foi, 
sans  en  excepter  l'Eglise  romaine,  mal- 
gré ses  erreurs,  pourvu  qu'elle  renonce 
à  son  orgueil  intolérable,  et  qu'elle  con- 
sente à  révoquer  ses  anathèmes,  échan- 
ger ses  décrets  en  simples  conseils.  Il 
était  donc  tolérant,  à  celle  époque,  et 
rien  de  plus.  S'il  se  rapprocha  plus  tard 
du  catholicisme,  ce  fut  lorsque  les 
persécutions  de  Jurieu  le  mirent  dans 
la  nécessité  d'opter  entre  la  soumis- 
sion aux  décrets  d'un  synode  wallon 
et  l'acquiescement  aux  canons  du  con- 
cile de  Trente.  C'est  le  rigorisme  in- 
qulsitorial  des  Calvinistes  orthodoxes 
qui  le  jeta  entre  les  bras  du  clergé  ro- 
main. Puisqu'il  lui  fallait  faire  vio- 
lence à  sa  conscience,  ne  valait-il  pas 
mieux  subir  le  joug  de  l'Eglise  caibo- 


lique,  qui  lui  offrait  au  moins  en  échan- 
ge de  la  liberté  d'examen  des  avanta- 
ges matériels?  Telle  fut  la  question 
qu'il  se  posa,  nous  verrons  comment 
il  y  répondit. 

Après  son  ordination,  Pjapin  passa 
en  Hollande,  en  16S7.  Peu  de  temps 
après  son  arrivée  parurent,  sous  le 
voile  de  l'anonyme,  les  Essais  de  théo- 
logie sur  la  providence  et  la  grâce,  où 
le  pajonisme  était  formulé  d'une  ma- 
nière plus  claire  et  plus  précise  que 
dans  les  écrits  de  Pajon  lui-même.  Les 
facultés  naturelles  de  l'homme,  disait 
l'auteur,  sont  plus  que  suffisantes  pour 
le  conduire  à  la  connaissance  de  la  vé- 
rité divine.  Il  suffit,  pour  produire  cet 
amendement  de  cœur  qu'on  appelle  ré- 
génération, de  guérir  le  corps  des  mau- 
vaises habitudes  par  le  moyen  de  la 
médecine,  de  présenter  à  l'entende- 
ment la  vérité  et  le  mensonge,  et  à  la 
volonté  la  vertu  et  le  vice  sous  leurs 
véritables  couleurs,  de  manière  qu'on 
en  connaisse  clairement  et  distincte- 
ment la  nature  et  les  qualités.  Jurieu, 
qui  était  traité  dans  ce  livre  sans  mé- 
nagement, en  connut  bientôt  l'auteur. 
Il  s'indigna  a  qu'un  étudiant  se  crût 
en  état  de  réfuter  un  homme  à  qui  on 
avoit  bien  voulu  donner  le  titre  de  maî- 
tre depuis  tant  d'années,  »  et  sans  dai- 
gner lui  répondre,  abandonnant  ce  soin 
à  Arbussiy  il  dénonça  Papin  comme 
pajonisle  et  socinien  au  synode  de 
Bois-le-Duc,  qui  s'assembla  au  mois 
de  septembre  de  la  même  année.  Le 
synode  condamna  le  livre,  et  Papin, 
convaincu  qu'il  ne  pourrait  trouver  à 
se  placer  en  Hollande,  partit  pour 
Hambourg  au  mois  de  décembre,  après 
avoir  inutilement  cherché  à  calmer  le 
ressentiment  de  l'irascible  pasteur  par 
d'humbles  excuses  «de n'avoir  pas  ob- 
servé à  son  égard  les  mesures  qu'un 
jeune  homme  doit  observer  en  écrivant 
contre  une  personne  de  son  âge,  de  son 
savoir  et  de  son  rang.  »  11  prêchait  de- 
puis six  mois  dans  l'église  française 
d'Altona,  et  comme  il  n'y  avait  per- 
sonne «qui  ne  témoignât  être  édifié  de 
sa  doctrine  et  de  sa  conduite,  »  il  élait 


PAP 


—  118  — 


PAP 


snr  le  point  d'être  nommé  pasteor  or- 
dinaire, à  la  recommandation  de  la 
Conseillère^  lorsqne  la  haine  de  Jnrieu 
irint  encore  nne  fois  se  jeter  à  la  tra- 
verse. Les  réfugiés  derégllsed'Altona, 
qni  ne  s'éiaient  point  donlésjasque-ià 
dn  danger  que  lear  foi  courait,  ne  voa- 
lurent  point  pour  leur  pasteur  d'nn 
homme  qui  leur  était  dénoncé  comme 
hérétique. 

Papin  quitta  donc  Hambourg  et  se 
rendit  à  Dantzig,  où  il  prêcha  pendant 
quelque  temps;  mais  l'implacable  Jn- 
rieu alla  le  poursuivre  jusque-là.  S'il 
est  vrai,  comme  le  raconte  l'auteur  du 
Recueil  de  ses  œuvres,  qu'il  était  ré- 
solu de  rentrer  dans  le  sein  de  l'Eglise 
romaine  avant  son  départ  de  Ham- 
bourg, son  hypocrisie  ne  pourrait  être 
frappée  d'un  blâme  trop  sévère.  Hais 
le  témoignage  de  cet  écrivain  ne  nous 
semble  pas  devoir  être  admis  sans  exa- 
men. La  sincérité  de  la  conversion  de 
H»«  Papin,  sous  le  nom  de  qui  ce  Re- 
cneil  a  été  publié,  était  suspecte  \  elle 
passait  même  pour  si  mauvaise  catho- 
lique, qu'en  1697,  on  lui  enleva  ses 
enfants  afin  de  confier  leur  éducation 
à  Bernoriy  ministre  apostat  qui  habi- 
tait Marennes  (Arch.  gén.  E.  3383). 
Afin  de  détruire  un  soupçon  qui  pou- 
vait non-seulement  entraîner  la  sup- 
pression définitive  d'une  pension  de 
300  livres  qu'on  lui  avait  rendue  en 
1710  (76{Vf.  E.  3396).  mais  avoir  des 
conséquences  encore  plus  graves  pour 
elle,  il  était  donc  de  l'intérêt  de  la 
veuve  de  Papin  de  faire  remonter  le 
plus  haut  possible  rattachement  de  son 
mari  et  d'elle-même  aux  dogmes  catho- 
liques. Peut-être  la  sympathie  que  l'on 
éprouve  pour  le  faible  persécuté  nous 
dispose-t-elie  à  envisager  sous  un  jour 
trop  favorable  la  conduite  de  Papin  ; 
car  il  est  certain  que  ce  fut  de  Dantzig 
qu'il  écrivit  àBossuet  pour  l'informer 
de  son  dessein  de  rentrer  en  France, 
et  il  n'abandonna  la  chaire  protestante 
qu'après  avoir  reçu  la  réponse  de  l'é- 
vêquede  Meaux,  qui  l'encouragea  dans 
cette  résolution.  Dès  lors  aussi,  on  doit 
lereoeiiiiittie,PapiB6oavrit8Mi9Mi!jet 


d'une  dissimulation  que  rien  ne  néces- 
sitait, que  rien  ne  Justifie,  il  quitte 
Dantzig,  en  annonçant  qu'il  retourne 
en  Angleterre,  où  disait-il,  on  était 
beaucoup  moins  intolérant.  En  passant 
par  Hambourg,  il  y  épouse,  dans  Té- 
glise  réformée,  M^^*  Viard,  de  Ghàlons- 
8ur-Marne,  qui,  après  avoir  échoué 
dans  trois  tentatives  pour  sortir  de 
France,  avait  enfin  réussi  à  gagner 
Hdinbourg,  où  s'était  établi  un  de  ses 
frères.  Arrivé  à  Londres,  en  1689,  il 
persiste  dans  son  hypocrisie.  A  Dou- 
vres, il  trompe  le  pasteur  de  l'église 
française  pour  qu'il  l'aide  à  obtenir 
on  passe-port;  il  llii  laisse  entendre 
qu'il  rentre  en  France  pour  prêcher 
sous  la  croix,  et  la  veille  même  de  son 
embarquement.  Il  ne  rougit  pas  de 
monter  en  chaire  dans  le  temple  ré- 
formé. Qui  ne  flétrirait  une  condoite 
aussi  jésuitique? 

En  débarquant  à  Calais,  Papin  y  fut 
arrêté  comme  ministre;  mais  des  let- 
tres venues  de  la  Cour  le  firent  bien- 
têt  remettre  en  liberté.  Quelques  Jours 
après,  il  fut  rejoint  par  sa  femme,  et 
ils  partirent  totis  deux  pour  Paris,  où 
ils  abjurèrent  publiquement,  le  1 5  janv. 
1690,  dans  l'église  des  prêtres  de  l'O- 
ratoire; après  qooi,  il  alla  s'établir  à 
Rlois,  où  il  passa  les  dernières  années 
de  sa  vie  à  combattre  la  tolérance  qo'il 
avait  défendue  avec  tant  de  force  avant 
son  abjuration,  il  mourut  à  Paris,  le 
19  Juin  1709. 

Nous  ne  connaissons  que  trois  ou- 
vrages publiés  par  lui  avant  sa  conver- 
sion; ce  sont  :  1.  Lafoy  réduite  à  $es 
véritables  principes  et  renfermée  dans 
ses  justes  bornes,  Rott.,  1687,  in-12; 
c'est  l'ouvrage  qu'il  composa  à  Bor- 
deaux; —  II.  Essais  de  théologie  sur 
la  providence  et  la  grâce,  où  l'on  tâ- 
che de  délivrer  M,  Jurieu  de  toutes 
Us  difficultés  accablantes  qu'il  rtn- 
':ontredans  son  système ,  Francf.  [Rot- 
terd.},  1687,  in-8»;  réfutés  par  Ant. 
Arbussi; — III.  La  vanité  des  sciences 
ou  réflexions  d'un  philosophe  chrétien 
sur  ù  véritcU)le  bonheur,  1 688.  Après 
«acoBfORiKÉKi^  il  mit  a«  Jotir  :  jbk  Mé- 


PAP 


—  119  — 


PAP 


rance  des  Protestans  et  Tautorité  de 
l'Église,  Paris,  1692,  in-12;  réimp. 
sons  ce  titre  :  Les  deax  \oyes  oppo- 
sées en  matière  de  religion,  l'examen 
particulier  et  l'autorité,  Liège,  n  1 3, 
in-12.  Cet  ouvrage,  dont  les  Catholi- 
ques se  promettaient  merveilles,  n'est 
que  le  développement  de  ce  syllogis- 
me :  La  liberté  d'examen  proclamée 
par  les  Protestants  conduit  nécessai- 
rement à  la  tolérance  de  toutes  les 
sectes  ;  or  la  tolérance  universelle  tend 
à  Tanéantissement  du  christianisme; 
donc  c'est  à  l'anéantissement  du  chris- 
tianisme que  mènent  nécessairement 
les  principes  de  la  Réforme.  Qui  ne 
sera  frappé  du  vice  de  ce  raisonne- 
ment? L'exemple  de  la  Hollande,  de 
l'Angleterre,  des  États-Unis  d'Améri- 
que prouve  jusqu'à  l'évidence  la  faus- 
seté de  la  mineure  :  La  tolérance  uni- 
verselle tend  à  l'anéantissement  du 
christianisme,  ce  qui  reviendrait  à  dire 
que  le  christianisme  doit  nécessaire- 
ment être  persécuteur.  L'auteur  mon- 
tre d'ailleurs  fort  bien  que  les  Protes- 
tants n'agissent  que  trop  souvent  con- 
trairement à  leurs  principes  ;  c'est  à  ce 
point  de  vue  que  son  livre  est  intéres- 
sant. Après  sa  mort,  sa  veuve  ou  plu- 
tôt son  cousin  Pajon,  prêtre  de  l'Ora- 
toire^ publia  un  Recueil  des  ouvrages 
composés  par  feu  M.  Papin  en  faveur 
delà  religion  (Paris,  1723,  5  vol. in- 
12],  en  tète  duquel  ligure. la  Vie  de 
l'auteur.  On  y  trouve  également  une 
lettre  adressée  par  Papin  à  ses  sœurs 
pour  les  exhorter  à  suivre  son  exem- 
ple; mais  elles  fermèrent  roreille  à 
ses  sophismes.  L'aînée,  Madelaine, 
née  le  27  fév.  1648,  avait  épousé 
Lmis  Scoffiery  ministre  à  Mer,  et  s'é- 
tait réfugiée  en  Angleterre  (Arch.  E. 
3378).  La  seconde,  appelée  Marie,  née 
le  14  fév.  1649,  avait  cherché  un  asile 
à  Amsterdam,  puis  à  Berlin.  Une  troi- 
sième, nommée  Charlotte,  avait  été 
arrêtée  dans  sa  fuite  avec  Elisabeth 
Picquety  sa  compagne,  et  enfermée 
dans  le  château  de  Péronne  (Jbid.  £. 
3373).  ftous  n'oserions  affirmer  que 
Jwkih  Papin,  qui  épousa  à  Londres, 


en  1 688,  Jean  de  La  Salle,  ministre 
de  l'église  française  de  Wandsworth, 
était  de  la  même  famille.  Il  existait, 
en  eCTet,  une  autre  famille  du  nom  de 
Papin  à  La  Rochelle.  En  1615,  un  de 
ses  membres  fut  député  à  l'Assemblée 
politique  de  Grenoble,  et  en  1623, 
envoyé  en  Hollande  pour  porter  aux 
Etats-Généraux  les  plaintes  dés  Rochel- 
lois  au  sujet  de  la  flotte  qu'ils  avalent 
envoyée  au  secours  de  Louis  Xltl 
[Fonds  de  Brienne,  N»  212).  tJn  au- 
tre, qui  était  ministre,  passa  en  An- 
gleterre avec  sa  femme  à  la  révocation 
(Arch,  Tt.  247).  Les  Thèses  de  Sedan 
et  de  Saumur  nous  font,  en  outre,  con- 
naître deux  étudiants  du  même  nom. 
L'un,  appelé  Jacques,  était  de  la  Sain- 
tonge,  et  soutint,  sous  ta  présidence 
d'Amyraut,  une  thèse  De  spiritu  set- 
vitutis.  L'autre,  appelé  Samuel  et  na- 
tif du  Poitou,  soutint  à  Sedan,  ^ous 
la  présidence  de  Du  Moulin,  une  dis- 
sert. De  duplici  testamento,  seu  de 
fœdere  legaU  et  evangelico,  et  à  Sail- 
roor,  sous  celle  de  La  Place,  une  thèse 
De  Deo  immenso. 

PAPIN  (Nicolas),  docteur  en  iiiê- 
decine,  de  la  ville  de  Blols,  oncle  de 
Denis  Papin  (1).  On  ne  sait  rien  sur  sa 
vie.  Il  parait  qu'après  avoir  exercé 
quelque  temps  la  médecine  à  Blols,  il 
alla  s'établir  à  Alençon.  A  en  juger  par 
ses  écrits,  il  unissait  beaucoup  de  pré- 
somption à  beaucoup  de  faux  savoir. 
Il  ne  fit  sans  doute  pas  une  longue  car- 
rière :  c'est  ce  qu'on  peut  présumer  de 
son  silence  après  1653.  Sa  veuve  se 
retira  en  Allemagne,  et  mourut  à  Cas- 
sel  en  1703,  à  l'âge  de  77  ans. 

I .  Raisonnemens  philosophiques  tou- 
chant la  salure,  flux  et  reflux  de  la 
mer,  et  l'origine  des  sources,  tant  des 
fleuves  que  des  fontaines,  par  Nie.  Pa- 
pin, médecin  de  la  ville  de  Blois;  aux- 
quels est  adjousté  un  traie  té  de  la  lu- 
mière de  la  mer,  composé  par  le  mesme 
autheur,  Blois,  Franc,  de  La  Saugère, 
1647,  in-B»,  pp.  156.— Si  l'on  en  juge 

(1)  C'est  par  errear  qu'Bloy,  la  Biogr.  médi- 
cale, Wallj  etc.,  le  uonuntiAt  fère  de  lienît.  La 
notice  dabtbliogr.  anglais  esi  pleine  de  conrnsiôn. 


PAP 


—  <20  — 


PAP 


par  ce  livre,  les  sciences  physiques  n'a- 
vaient fait  que  rétrograder  depuis  un 
siècle.  Personne  n'avait  profité  des  le- 
çons de  Palissy.  La  première  partie  du 
livre  est  dédiée  à  M.  Durour^ conseiller 
et  médecin  ordinaire  du  duc  de  Ven- 
dôme, que  Tauleur  appelle  son  oncle 
et  qu'il  reconnaît  pour  u  père  et  direc- 
teur de  ses  études,  pour  pilote  et  vray 
Mécénas  des  travaux  qu'il  a  entrepris.» 
Ce  médecin  ne  serait- il  pas  le  même 
que  Henri  Dufour,  docteur  en  méde- 
cine, qui  assista  au  synode  de  Cliàlil- 
lon-sur-Loing,en  1 629, comme  ancien 
de  Blois?La  deuxième  partie,  sous  le 
litre  :  La  mer  lumineuse  ou  Traie  té  de 
la  lumière  de  la  mer,  est  dédiée,  sous 
la  date  de  Blois,  20  mai  1647,  à  M.  de 
CahaigneSy  sieur  de  Trotevai,  conseil- 
ler du  roi,  médecin  et  prof,  en  Tuniv. 
deCaen,  que  Papin  appelle  son  cousin. 

II.  DEPl  TUi:  KrWEAlAOL,  site  de 
aurium  ceruminum  usu,  navis  expe- 
rimentis  inventa ,  resolutio  medica, 
Salm.,  1648,  in-12. 

III.  Nie,  Papini  blesensis  de  pulvere 
sympathico  dissertaliOy  Par.  1651,  in- 
8%  pp.  40;  trad.  en  franc,  par  Rault, 
et  impr.  à  la  suite  d'un  Discours  du 
chev.  Digby,  chancelier  de  la  reine  de 
la  Gr.  Bret.,  louchant  la  guérison  des 
playes  par  la  poudre  de  sympathie , 
Par.,  1681,  pet.  in-12.— allsuffit,dit 
le  traducteur,  que  ce  petit  traitté  a  esté 
si  bien  receu  de  tout  le  monde  que  les 
plus  sçavans  mcsmes  de  toute  TEurope 
l'ont  admiré,  mais  un  chacun  n'en  a 
pu  profiter,  aussi  est-ce  en  partie  le 
dessein  qui  m'a  porté  à  en  donner  la 
traduction.  »  Oii  éiait  le  temps  d'Am- 
broise  Paré?  Alors,  on  ignorait  le  se- 
cret merveilleux  de  la  guérison  des 
plaies  par  la  poudre  de  sympathie.  La 
barbarie  est  sans  cesse  à  notre  porte  ; 
dès  qu'elle  entrevoit  la  possibilité  d'en- 
trer, elle  entre.  La  dissertation  de  Pa- 
pin était  dirigée  contre  Isaac  Cattier 
(son  nom  d'haac  semblerait  indiquer 
une  origine  huguenoUe),  qui,  au  juge- 
ment d'Eloy,«  avoit  assez  mal  mené 
les  partisans  de  la  poudre  de  sympa- 
thie, il  avoit  même  traité  leur  opinion 


d'erronée,  de  folle  et  d'extravagante.» 
Si  Ton  devait  en  croire  les  bibliogra- 
phes, cette  dissertation  de  Papin  aurait 
été  traduite  en  français,  dès  l'année  de 
sa  publication. 

IV.  Considérations  sur  le  traité  de 
M.  DeS'Cartes,  dés  Passions  de  l'ame^ 
Paris,  Siraéon  Piget,  1652,  in-S%pp. 
172;  dédiées,  sous  la  date  d'Alençon, 
21  avr.  1652,  à  MM.  Sohard  et  Lau- 
dier,ses  collègues.  Dans  un  avant-pro- 
pos, Papin  fait  connaître  le  but  de  son 
livre,  a  Pour  dire  le  vray,  je  n'ay  pas 
trouvé,  dit-il,  que  M.  Des-Cartes  m'ait 
plus  satisfait  que  les  autres,  et  quoy 
qu'il  mette  en  avant  plusieurs  choses 
nouvelles,  et  qui  sont  de  son  invention, 
il  est  certain  néantmoins  qu'en  cho- 
quant les  sentiments  des  Anciens,  il 
n'en  a  pas  avancé  d'autres  qui  méri- 
tent beaucoup  plus  de  foy.  —  Ce  me 
soit  un  cliamp  ouvert  pour  découvrir 
mes  pensées  sur  le  mesme  sujet,  les- 
quelles, si  elles  n'ont  l'avantage  de 
mieux  plaire  aux  sçavans  que  celles  qui 
ont  esté  avancées  depuis  tant  de  siè- 
cles, feront  voir  au  moins  que  celte 
matière  n'est  pas  épuisée,  et  qu'il  reste 
toujours  de  la  place  à  chacun  d'y  faire 
une  ample  moisson  selon  la  portée  de 
son  esprit.  En  quoy  si  je  suis  plus  suc- 
cint  que  la  matière  ne  semble  le  requé- 
rir :  Je  ne  manqueray  point  d'excuse 
envers  ceux  qui  sçavent  assez  que  c'est 
une  des  foiblesses  de  mon  esprit,  ou 
pour  parler  plus  convenablement  à  no- 
tre sujet,  une  des  pai^sions  de  mon  ame, 
que  de  ne  pouvoir  apporter  grande  as- 
siduité à  quelque  dessein  que  ce  soit, 
et  de  me  lasser  aussitôt  moy-mesme 
des  ouvrages  que  j'ay  commencez  avec 
plus  de  chaleur  :  ce  qui  m'oblige  quasi 
partout,  ou  de  précipiter  la  fln  de  la 
besongne,  ou  de  la  laisser  imparfaite 
au  fond  de  mon  cabinet.  » 

V.  Paraphrase  sur  le  livre  d*Hip- 
pocrate  de  l'Ancienne  médecine, 

VI.  Apparatus  physicus  et  hippocra- 
Hcus  in  magni  Hippocratis  librum  de 
Prisai  medicinû.  —  Ces  deux  derniers 
ouvrages  parurent  chez  Siméon  Piget 
avant  1652. 


PAP 


—  121  — 


PAP 


vil.  Cordis  diastole  adoersus  Her- 
veiariy  innovationem  defensa,  Alenc.^ 
1 653,  ln-4%  elle  par  Eloy .  —  Ce  n'est 
pas  sans  lottes,  sans  opposition  de  la 
part  des  savants,des  doctears,qne  cette 
idée,  si  familière  aujourd'hui,  de  lacir- 
CQlation  du  sang  entra  dans  le  domaine 
de  la  science.  11  y  eut  de  part  et  d'autre 
des  morts  et  des  blessés,  et  le  combat 
dura  plus  d'un  siècle.  Le  malheureux 
Servet  avait  le  premier  entrevu  la  vé- 
rité; Harvey  recueillit  l'honneur  de  la 
découverte.  Quant  aux  détractenrs, 
l'histoire  a  oublié  leurs  noms. 

PAPPUS  (JBAïf),  docteur  en  théo- 
logie, professeur  d'hébreu  et  pasteur 
à  Strasbourg,  naquit  à  Lindau,  le  16 
janv.  1549.  11  fit  ses  études  à  Stras- 
bourg et  à  Tubingue.  Après  les  avoir 
terminées  et  avoir  rempli,  pendant 
quelque  temps,  la  place  de  précepteur 
do  Jeune  comte  de  Falkenstein,  il  ob- 
tint, en  1 569,  la  cure  de  Reichenao^ 
d'oïl  il  fut,  dès  l'année  suivante,  ap- 
pelé à  Strasbourg  en  qualité  de  pro- 
fesseor  d'hébreu  et  de  prédicateur. 
Comme  son  prédécesseur  Marbach, 
Pappos  était  on  luthérien  fanatique  ; 
il  travailla  avec  plus  d'emportement 
qu'aucun  de  ses  collègues  à  chasser 
le  calvinisme  de  Strasbourg,  et  il  y 
réussit.  En  1 573,  il  alla  à  Tubingue 
prendre  le  grade  de  docteur  en  théo- 
logie. En  1575,  il  entra  dans  le  cha- 
pitre de  SaintrThomas  ;  en  1578,  il 
fut  pourvu  de  la  chaire  de  théologie, 
et  Tannée  suivante,  nommé  pasteur 
de  la  Cathédrale.  En  1582,  enfin, 
il  fut  appelé  à  la  présidence  de  l'As- 
semblée des  pasteurs.  11  mourut,  le 
1 3  Juill.  1610,  avec  la  réputation  d'un 
théologien  instruit,  mais  fort  intolé- 
rant. 11  avait,  dit-on,  une  mémoire 
si  prodigieuse  qu'il  lui  suffisait  de  lire 
ou  d'entendre  lire  une  seule  fois  une 
page  entière  pour  la  retenir.  On  ne 
nous  apprend  pas  s'il  eut  des  enfants  ; 
mais  nous  avons  lieu  de  croire  que 
Gaspard  Pappus,  ministre  àDettweiler, 
puis  pasteur  de  Saint-Nicolas  à  Stras- 
bourg, et  mort  en  1612,  était  son  fils. 
Jean  Pappus  a  laissé  un  assez  grand 

T.  vm. 


nombre  d'ouvrages,  qui  eurent  de  la 
vogue  dans  le  temps;  nous  en  donnons 
la  liste,  sans  affirmer  qu'elle  soit  com- 
plète. 

I.  Homiliœ  in  passionem  et  resur^ 
rectionem  Christi,  Arg.,  1567,  in-8». 

II.  Annales  regum  et  prophetarum 
populi  juda'tci  et  israelitici,  Arg., 
1572,  in-40.  —  Cité  par  Lelong,  q^jt 
ajoute  que  l'ouvrage  est  en  allemand. 
Selon  Iselin,  la  !'«  édit.  parut  à  Stras- 
bourg en  1586,  et  fut  réimp.  à  Franc- 
fort en  1 592. 

III .  Defensùmes  duœ  quibus  J,  Stur- 
mii  Antipappis  respondetur  :  de  chan- 
tate  et  condemnatione  christiand,  se- 
cunda  :  de  libro  Concordiœ  et  de 
Confessione  ecclesiœ  Argentinensis 
tertia,  Tûb.,  1580,  in-4o. 

IV.  Defensionis  quartœ  partes  très 
priores  pro  ecclesiis  August.  Confes- 
sion, et  pro  libro  Concordiœ ^  Tiib., 
1581,  in-4». 

V.  Wamung  der  Kirchen  zu  Stras^ 
burg  die  Confession,  und  die  Formu- 
lam  Concordiœ  heireffend,  Tùb. ,  1581, 
in-4». 

VI.  Epitome  histor,  eccles.  de  con- 
versionibus  gentium^  persecutionibits 
Eccleûœ,  hœresibus  et  conciliis  œcU" 
meniciSy  Arg.,  1584;  2«  édit.,  1596, 
in-80. —  Cette  histoire,  qui  ne  s'étend 
que  Jusqu'au  vu»  siècle,  a  été  succes- 
sivement augmentée  et  conduite  jus- 
qu'au milieu  du  xvii«,  depuis  l'édit. 
de  Wiltenberg,  1612,  in- 12. 

VII.  De  monarchiiSy  sive  IV  sum- 
mis  imperiis,  Arg.,  1586,  in-40. 

VIII.  Historia  biblica  in  libris  Chro- 
nicorum,  Samuelis  et  Regum  conci- 
liandis,  Arg.,  1586,  in-4«. — Cité  par 
Lelong,  qui  dit  qu'il  a  été  publié  en 
allemand. 

IX.  Bericht  von  der  Ziveybr'ikki- 
schen  Erklarung  des  Catechismi,T\ïh,y 
1588,  in-4*. 

X .  Commentar,  in  Confess .  A  ttgust» 
etejusdemApologiamyFmnc.yi  589,4». 

XI.  Confessionis  Augustanœ  et  Au- 
gustinianœ  parallela,  Franc.  ,1501,4*. 

XII.  Articuli  prcecipui  Augustanœ 
Confessionis  et  Formulœ  Conc(»rdiœ 

8 


PAP 


^  m^ 


PAP 


m  thèses  digesti,  Arg.,  1591^  in-4<». 
X|U*  DisputQtiones  in  Augustanoum 
Confessionem  el  Formulam  Concor^ 
diœ,  Arg.,  J591,  in-40. 

XIV.  Descripiiones  Germaniœ  ve- 
teriSy  Arg.,  1591,  in-80. 

XV.  Leichenpredigt  in  funere  C. 
Raw^ovii^  Strasb.,  1 591 . 

XVI.  Predigt  von  dem  Amte,  Tu- 
genden  und  WafU  eines  chrisilichfn 
Bisohoffs,  SIragb.,  1592,  in-4». 

XVII.  Schollœ  in  Jeremiamy  Eze^ 
chielem,  Danielem  et  proptietas  wi- 
nores,  Francof.,  1593,  in-fol, 

XVIII.  Contradictiones  doctorum 
nunc  romanœ  EcclesicByindice  et  teste 
fiob,  BellarminOy  Arg.,  1597,  in^4o. 

XIX.  Index  expurgatorius  à  F. 
Junio  editus,  cum  ejtts  et  /.  JPuppi 
prœfat.j  Arg.,  1599,  in-12. 

XX.  Quœstiones  de  Ecclesi4  calho- 
liod,  Arg.,  1600,  in-4«. 

XXI.  LuvoSixdv,  seu  libellfAS  synûdi- 
cuSy  omnes  synodos  brevi  compendio 
continent f  gXŒC,  et  lat,,  ex  versions 
et  cum  notis  /.  Pappi;  accedit  Bav. 
ChytrcBiCatalogus  conct/iorum,  Arg,, 
1601,  in-40.  —  Ce  recueil  comprend 
les  synodes  orthodoxes  et  les  bôréti- 
ques  jusqu'au  temps  de  Pbotius. 

XXII.  LeichschriftenaufdenChur- 
fUrstenGebhardzu  Côln,  1601,  in-4*. 

XXIII.  Disp.  de  discrimine  pecoQti 
mortalis  et  vemoUi^  Arg.,  1 602,  in-40. 

XXIV.  Homiliœ  in  perioopas  evm- 
gelicas,  Arg.,  Part,  l  el  II,  1^03; 
Pars  m,  1607,  in-80. 

XXV.  Diss.  de  sacrœ  Scripturw 
auctoritate,  Arg.,  1605,  in-4«. 

XXVI.  Auslegung  der  VII  Busspsal- 
men  Davîds,  Slrasb.,  1608,  in-S». 

XXVU.  Widerlegung  des  univahr- 
haftcn  Berichts  so  wider  die  Stras- 
burg,  an.  1598  ausgegangene  Hir- 
chenordnung  zu  Zweybriicken  (^, 
1 603  gedruckt  xcorden,  Slrasb.,  1611, 

\XVIII.  Parva  Biblia^  seu  Synop- 
sis biblictty  summam  totius  S.  Scrip- 
turœ  r.  et  X,  T,  continens,  Arg., 
1615;  1620,  in-12;  Rostock,  1627, 
in-12;  Uafn.|  i630,  in-U;  trad.  en 
allam.j  Wittenb.j  1648^  iu-i?. 


XXiX.  Hypothesis  doctrinœ  ekris- 
fifffMP,  sive  institutio  ehristianca  r^U- 
(jfipnû  de  prœoipws  quibusdom  ar/i- 
çulis  praUcta,  Arg.,  1619,  ia-*12. 

XXX.  Pissertationes  cçntra  conci' 
Hum  Trid^ntinum^ 

Pans  sa  BibUolbèqne  de^anteur^  «4- 
parésdeBûoe,  DuPiooite,  enouirax***- 
loais  quelle  conQauce  ajouter  au  lémoi- 
gnage  isolé  do  cet  écrivain  gtoérale- 
menlpeuexaGt?*^Con/clfenceae  lacên- 
«ur^  sur  ksglQses  du  droit  canonique, 
imprimée  par  l'ordre  de  Pie  V  çum 
celles  qui  ont  été  impritnées  par  or^re 
d$  GrégùiH  XIII ,  Slrasb.  lî>80j  — 
Mamélies  sur  ks  ckap.  UI  et  f^UI 
4'Isate,  Strasb,,  1 607  ;  -^tioméU^  sur 
l  Cor.  JTK,  Fraïuîf.,  $615;  — J^ua? 
questions  sur  la  charité  chrétienn0, 
fi(rasb.>  1578;  —  Du  libre  arbitra, 
Sirapb.   1582« 

PAPU8,  dit  Olitner  al  jLa  Rouvière, 
Pistear  4u  désort»  ué  à  Bergorae  oi 
exécuté  à  ManlpaUiqr.  A  U  révocaliou 

4e  r^dii  da  NaQtesji  p«pas  i^énsaii  à 
pftsser  on  HoUanda.  U  y  vit  Vivent,  mi 
16(^7,  «t  son  sèia  s'apflaiumaiit  à  la 
p«roi9  ardente  du  prophète»  il  résolut 
de  rentrer  en  Friuice  avec  lui.  Man 
Court  (Af5«f  ^<»39),  il  possédait  surtout 
le  don  de  la  prière  et  savait  adresser 
M  peuple  les  eihortailons  les  plus  tou- 
(Âtntes  et  les  plus  pathétiques.  Depuis 
deu^  ans  déjii,  il  e^icrçaii  sou  dange- 

reui^  qiinistèpe,  lorsque,  le  7  fév.  1 6959 
sortant  de  la  maison  des  demoiselles 
Poupes,  ou  il  avait  fait  1^  prière  en 
présence  de  ciuq  ou  sif  personnes,  il 
f^i  saisi  et  ooncluit  dans  la  çiiadeUo  de 
yonipellier.  Ses  geôliers  le  traitèrent 
d'abord  avec  humanité,  et  Ton  nnrait 
vraisemblablement  flni  par  le  remettre 
enliberlésans  deux  lettres  qu'on  trouva 
sur  lui.  Tune  de  son  pèr^,  l'autre  du 
prédicanl  La  /eune^^e.  Il  Tut  condamné 
à  être  rompu  vif,  après  avoir  subi  ta 
question  ordinaire  el  extraordinaire, 
qu'il  endura  avec  un  courage  héroïque  ; 
oafermeléne  se  démentit  pas  un  instant. 
11  marcha  au  supplice  en  chantant  on 
psunine,  et  repoussa  avec  indignation 
l9«  instances  des  prêtres  catboliqoes 


FAR 


—  193  — 


PiH 


qoj  l'engageaient  à  racbeter  $a  vie  par 
um  aUuration.  L'exécuteur  Tétrangla, 
comme  il  en  avait  reç«  l'ordre^  avant 
de  lui  briser  les  membres.  Le  martyr 
renditsonàmeàDieu^leSmars  J695. 
Son  cadavre  fut  enterré  dans  le  fossé 
de  U  eitadelle;  mais  à  la  faveur  de  U 
nuit,  quelques  Protestants  renlevèrent 
el  allèrent  l'ensevelir  ailleurs. 

Kous  avons  rencontré  plusieurs  fois 
la  nom  de  Papus^  mais  aucun  de  ceux 
qpii  le  portèrent  ne  se  signala  par  sa 
constance.  Ainsi  Jean  de  Papus,  sieur 
de  Grossignal  en  Périgord.  abjura,  en 
oot.  1685^  avec  sa  femme  Jeanne  Sor- 
hier  (Arcb*  M.  671);  un  autre  Papus, 
enfermé  au  château  de  Vincennes,  en 
1693^  puis  transféré^  en  1 697,  au cou^ 
v«lit  de  riolre-Dame-des-Ycrtus,  renia, 
la  même  année^  sa  foi  et  fut  gratifié 
d'une  pension  de  300  liv.  {Ilnd,  £. 
J^95)  ;  enfin unjeune  bomme  de  26  ans> 
baac  Papus,  arrêté  près  de  Sarlat^ 
comme  il  était  en  route  pour  sortir  du 
royaume  avec  quarante-^eux  autres 
(totestants^  se  convertit  également 
pour  échapper  aux  douleurs  de  la  tor- 
ture à  laquelle  il  avait  été  condamné 
CM,  Tt.  242).  11  paraît  que  ses  com^ 
pagnons,  qui  presque  tous  étaient  à  la 
floor  de  r^ge^  suivirent  son  exemple. 
PARDAILLAN  (FRA^çols•.JBAN- 
ClUBtES  PB) ,  baron  de  Pardaillan  et 
oomte  de  Pamjas,  conseiller  privé, 
fibambellan^  capitaine  de  cinquante 
JlUNPQmes  d'armes,  mestre-de-camp  du 
r^iment  de  Guienne,  gouverneur  de 
l'Armagnac  et  chevalier  de  Tordre  du 
roi.  V^ita-t^il  toutes  ces  distinctions 
par  d'honorables  services?  11  est  diffi- 
cile de  se  le  persuader^  si  Ton  s'en 
tient  à  ce  que  les  historiens  racontent  de 
savie.llestvrai  que  comme  Iroisfrères 
de  la  maison  de  Ségur,  portant  aussi 
le  nom  de  Pardaillan,  servirent,  à  peu 
près  dans  le  même  temps  que  lui,  sous 
le  drapeau  huguenot,  il  est  presque 
impossible  de  les  distinguer.  Tout  nous 
engage  à  croire  cependai\^  que  Pardail- 
liU-PanJas  ne  prit  les  armes  pour  la 
défense  de  la  cause  protestante^  ou 
XltoMbi  des  intérêts  de  Henri  de  Navarre, 


qu'après  son  mariage  avec  Jeanne  Du 
iionceau-de-TignonvUle,  fille  de  Mar- 
guerite de  Selve  ou  de  Selua^  gouver* 
nante  de  Catherine  de  Xavarre.  La 
Jeune  Tignon  ville  était  elle-même  dame 
d'honneur  de  la  princesse.  On  sait  que 
Henri  de  Navarre  essaya  inutilement  de 
la  séduire;  «  elle  fut  imprenable  avant 
d'être  mariée,  »  lit-on  dans  la  Confes- 
sion  de  Sancy,  Le  mariage  eut  lieu  en 
1581,  et  c'est  seulement  en  1587  que 
Pardaillan-Panjas  (([ue  pourtant  Mor- 
nay  citait  dès  1 583  parmi  les  chefs 
huguenots)  parait  à  Contras  dans  les 
rangs  protestants,  désigne  assez  clai- 
rement pour  qu'on  ne  puisse  pas  le 
confondre  avec  ses  homon)ines.  £n 
1588^  il  servit  à  la  reprise  de  Marans, 
où  il  commanda  les  arquebusiers  à 
cheval  a>oc  Jean  liobert  La  LimaiUe. 
£n  161 1,  la  Bassc-Guicnne  le  députa  à 
l'Assemblée  de  Saumur.  C'est  la  der- 
nière fois  que  nous  ayons  rencontré 
son  nom.  Ses  enfants  furent  :  i  <>  Hjbnri^ 
né  à  Pau,  le  28  mars  1582,  présenté 
au  baptême  par  le  roi  de  Navarre  et  sa 
sœur  Catherine ,  et  mort  à  Paris  sans 
alliance  -,  —  20  Louis,  né  à  Nérac,  le 
6  Juin  1583,  qui  eut  pour  parrain  le 
prince  de  Çondé  et  pour  marraine 
jUme  la  baronne  de  TignonvUle,  sa 
grand'mère,  mort  à  Paris,  le  1 4  oct. 
1607  et  enterré  dans  le  cimetière  des 
SS.  Pères  ;  —  30  Henri,  né  à  Navar- 
reius,  le  5  oct.  1587,  et  mort  jeune  à 
Blancastel;  —  4°  Henhiettb,  née  le 
27  mars  1590,  demoiselle  d'honneur 
de  la  princesse  Catherine,  morte  à  Pa- 
ris, le 27  fév.  1 609,  et  eulcrrée  aux  SS. 
Pères;  —  5°  Catherine,  née  le  12  avr. 
1592,  et  mariôe  à  Gédéon  d'Astarac, 
puis,  en  secondes  noces,  à  Jean  de 
Baudéan  ;  —  6*  Jeanne,  née  à  La  For- 
telle  en  Hrie,  en  1599. 

PAllDIEU  (François  de),  baron  de 
BocDEViLLE,  fils  de  Nicolas  de  Pardieu, 
et  d'Anne  de  Cleré,  chevalier  de  l'or- 
dre du  roi,  ayant  embrassé  la  religion 
protestante,  nous  ne  pouvons  dire  à 
quelle  époque,  fut  obligé  de  se  réfugier 
à  Dieppe,  en  1588,  ainsi  queiessieurs 
de  LongueUf  Bavelot,  Soyer^d'lntra- 


PAR 


~  124  — 


PAR 


ville  et  Rufosse,  qai  fat  tné^  l'année  8ai- 
vante,  en  combattant  les  Ligueurs.  Se- 
lon le  Dictionnaire  de  la  Noblesse,  Bou- 
deville  mourut  le  il  oct.  1590  (i).  Il 
avait  été  marié  deux  fois,  la  première, 
en  1550,  avec  Marie  Le  Lieur;  la  se- 
conde, avec  Jeanne  de  Pellevé,  fille  de 
Charles  de  Pellevé,  sieur  de  Jouy,  et 
d'Hélène  Du  Fay.  Du  premier  lit  na- 
quit, entre  autres  enfants,  Centurion 
de  Pardieu,  baron  de  Boudeville,  qui 
prêta  le  serment  d'union  à  l'Assemblée 
politique  de  Vendôme,  et  assista,  en 
1597,  comme  député  de  la  Normandie, 
à  celle  de  Châtellerault.  Centurion  de 
Pardieu  était  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi.  Il  fut  tué  en  duel, 
àràge  de  45  ans,  en  1614,  ayant  eu 
de  son  mariage  avec  Judith,  fille  de 
Georges  de  ClermonU-d'Amboise,  mar- 
quis de  Gallerande,  trois  enfants,  sa- 
voir: 10  François,  tué  en  duel  en  1 633; 
—  20LÉ0N0R,  baron  d'Ecotigny,  mort 
Jeune;  —  et  3»  Jourdaine,  morte  fille 
en  1622. 

PARÉ  (avbroisb),  le  père  de  la 
chirurgie  moderne. 

M.  Malgaigne  a  récemment  élevé  à 
la  mémoire  d'Ambroise  Paré  le  plus 
magnifique  monument  que  puisse  am- 
bitionner un  savant.  Son  édition  des 
OEuvrcs  du  grand  chirurgien  laisse 
peu  de  chose  à  désirer  (2).  Nous  profi- 
terons de  ses  travaux  et  de  ses  re^ 
cherches,  auxquels  nous  n'avons  à 
ajouter  que  des  détails  peu  importants. 
Paré  naquit  à  Laval,  en  1516  ou  plu- 
tôt en  1517  (3).  Cette  dernière  date  se 
lit  dans  un  msc.  autographe  de  Paré 
que  possède  M.  Begin,  de  Metz.  Son 
père  était  cofi'retier  de  son  état  ;  il  avait 

(i)  Une  de  ses  sœurs,  nommée  Claude ^  àjàil 
époasé  Franroù  de  Qui^^rcmontf  sieur  de  Heu- 
dreTîlle,  qui  se  réfugia  de  son  côté  à  Sedan  (  Voy. 
TI,  0.254). 

(â)  Nom  ne  serons  sans  doute  pas  le  seul  à 
regretter  que  M.  Malgaigne  n'ait  pas  donné  suite 
au  projet  quMl  avait  d'abord  «  de  signaler  les 
principales  découTertes  de  Paré,  de  les  mettre  en 
ragard  des  doctrines  régnantes,  seul  moyen,  se- 
lon lui,  d'en  bien  apprécier  Timpo.  tance  ;  de  dire 
qoelt  obstacles  elles  eurent  à  renverser,  et  com- 
bioi  il  fallut  de  temps  et  d'efforts  pour  les  faire 
pènêlrer  dans  la  pratique  générale.  » 

(8)  Sairant  me  tradition  da  pays,  t  Ambroiit 


plusieurs  frères,  sur  lesquels  on  man- 
que de  renseignements.  Sa  vocation 
le  porta  vers  Tétude  de  la  chirurgie. 
Aprèsavoirétudié  en  province  pendant 
plusieurs  années,  peut-être  sous  la 
direction  de  son  frère  Jean ,  qui  était 
chirurgien  à  Vitré ,  Paré  vint  à  Paris 
et  eut  le  bonheur  d'être  admis  à 
l'Hôtel-Dieu,  probablement  en  qualité 
d'aide-chirurgien.  «Faut  sçavoir, écrit- 
il,  que,  par  l'espace  de  trois  ans,  j*ay 
résidé  en  THostel-Dieu  de  Paris,  où 
j'ay  eu  le  moyen  de  veoir  et  connoistre 
(eu  esgard  à  la  grande  diversité  de 
malades  y  gisans  ordinairement)  tout 
ce  qui  peut  estre  d'altération  et  maladie 
au  corps  humain  :  et  ensemble  y  ap- 
prendre sur  une  infinité  de  corps  morts 
tout  ce  qui  se  peut  dire  et  considérer 
sur  Tanatomie,  ainsy  que  souvent  j'en 
ay  fait  preuve  très  suffisante,  et  cela 
publiquement  à  Paris  aux  escholes  de 
médecine.  »  Ce  fut  probablement  vers 
1536  que  Paré  se  fit  recevoir  maître 
barbier  chirurgien.  Cette  même  année^ 
il  suivit,  à  l'armée  du  Piémont,  le 
colonel  général  des  gens  de  pied ,  de 
Montejan,  enqualilé  de  chirurgien,  pla- 
ce bien  haute  si  Ton  considère  le  bas 
aage  qu'il  avait.  La  fortune  le  servit  à 
souhait.  Lui-même  nous  rend  compte 
de  son  coup  d'essai,  qui  allait  lui  ou- 
vrir les  portes  de  la  célébrité.  Encore 
novice  dans  son  art,  et  se  défiant  de 
lui-même ,  il  attendait  que  les  autres 
chirurgiens,  ses  confrères,  eussent  mis 
la  main  à  l'œuvre  pour  se  régler  sur 
eux.  Il  est  bien  vrai  qu'il  avait  appris 
dans  Jean  de  Yigo  «  que  les  playes 
faites  par  basions  à  feu  participent  de 
venenosité,  à  cause  de  la  poudre  :  et 
pour  leur  curation  [qu'il]  commande  les 
cautériser  avec  huile  de  Sambuc  toute 
bouillante ,  en  laquelle  soit  meslé  un 
peu  de  thériaque.  »  Mais  il  était  hn- 

Paré  serait  né  vers  l'année  1509  au  petit  village 
de  Bourg-Hersent  près  Laral,  dans  une  dépen- 
dance de  la  maison  seigneuriale  du  comte  de  La- 
Tal  et  dans  la  domesticité  de  ce  seigneur,  dont 
•on  père  aurait  été  Talet  de  chambre  barbier  » 
(Disoonn  du  doct.  Hubert,  secrétaire  de  la  com- 
mission poor  l'éraction  da  monomant  d'Ambrois* 
PuiàUTsl). 


PAR 


-  4«5  - 


PAR 


main^  et  il  lui  répagnait  d'user  d'an 
trmitement  aassi  héroïque.  Cependant 
Tainca  par  l'exemple^  «  il  prit  la  har- 
diesse de  faire  comme  les  autres.  » 
Heureusement  que  l'huile  vint  à  lui 
manquer.  Dans  l'impossibilité  de  s'en 
procurer^  il  y  supplée  du  mieux  qn'il 
peut,  par  des  cataplasmes  émollients. 
Sa  conscience  aurait  certainement  pu 
èlre  en  repos^  il  n'avait  rien  à  se  re- 
procher. Néanmoins  il  ne  dormit  pas 
de  toute  la  nuit.  De  grand  matin  il  se 
lève,  court  à  l'ambulance  en  tremblant; 
U  était  bien  certain  «  de  trouver  les 
blessés  où  il  avoit  railli  à  mettre  de 
ladite  huile^  morts  empoisonnés.»  Mais 
6  prodige  !  6  miracle  !  ô  ignorance  de 
la  science  !  ceux  que,  dans  sa  convic- 
tion, il  allait  trouver  agonisans,  se  por- 
tent bien,etceux  qu'il  espérait  trouver 
en  bon  état,  sont  «  febricitans,  avec 
grande  douleur  et  tumeur  aux  environs 
de  leurs  playes.  »  Ce  fut  pour  lui  un 
trait  de  lumière;  «  adonc  il  se  déli- 
béra de  ne  jamais  plus  brusler  ainsi 
croellement  les  pauvres  blessés  des 
harquebusades.  »  Le  hasard  se  charge 
flonvent  de  nous  instruire;  mais  ce 
qui,  dans  ce  cas-ci,  n'était  pas  dû  au 
hasard,  comme  le  remarque  fort  bien 
1.  Malgaigne,  «  c'est  cette  rapidité  et 
eette  profondeur  de  jugement,  c'est 
cette  hardiesse  de  résolution  qui  le 
portèrent  immédiatement,  lui,  jeune 
liomme,  sans  nom  et  sans  autorité, 
bien  plus,  sans  lettres  et  sans  études 
philosophiques,  à  reconnaître,  à  si- 
gnaler, à  combattre  une  doctrine  uni- 
Tersellement  admise  et  soutenue  par 
te  plus  haute  renommée  chirurgicale 
de  répoque.  »  Que  d'autres  se  seraient 
contentés  de  traiter  dans  les  règles, 
mettant  le  repos  de  leur  conscience 
sous  la  sauve-garde  de  la  Faculté  !  Un 
premier  pas,  le  plus  difficile  sans  doute, 
éiait  fait;  restait  à  établir  un  traite- 
ment rationnel.  Mais  ici  Paré,  qui 
s'était  nn  moment  élevé  au-dessus 
de  son  siècle,  y  retombe.  Il  y  avait  à 
Tarin  un  chirurgien  en  renom  pour 
le  traitement  des  plaies  faites  par  ar- 
mes à  feu.  Paré  convoitait  son  baume  ; 


mais  c'était  un  secret  soigneusement 
gardé.  Pendant  deux  ans,  il  fait  sa 
cour  à  ce  chirurgien  pour  s'insinuer 
dans  ses  bonnes  grâces.  A  la  fin,  «par 
dons  et  présens,  »  il  réussit.  Ce  bau- 
me merveilleux  s'obtenait  en  faisant 
«  bouillir  dans  de  l'huile  de  lys  des 
petits  chiens  nouvellement  nés,  et  des 
vers  de  terre  préparés  avec  de  la  té- 
rébenthine de  Venise.  »  Quand  Paré 
fut  en  possession  de  ce  secret,  il  res- 
sentit une  bien  vive  Joie,  «  et  son  cœur 
fut  assouvi  d'avoir  entendu  ce  remède 
qui  se  rapportait  au  sien  qu'il  avait 
trouvé  par  cas  fortuit,  n   Que  fit-il 
alors?  Garda-t-il  le  secret  pour  l'ex- 
ploiter à  son  profit?  Non,  l'amour  de 
l'humanité  et  de  la  science  était  son 
dieu  Plutus  à  lui!  il  avait,  il  est  vrai, 
promis  le  secret,  mais  c'était  une  ruse 
de  guerre,  comme  il  en  convient,  un 
mensonge  honnête,  «  parce  que,  dit-il, 
de  tels  secrets  ne  doivent  être  ense- 
velis en  la  terre.  »  Il  est  fâcheux  sans 
doute  que  cette  trahison,  de  la  part 
d'un  des  hommes  les  plus  moraux  de 
son  siècle,  n'ait  abouti  qu'à  enrichir 
la  pharmaceutique  d'une  huile  de  pe- 
tits chiens,  huile  dont  il  ne  tarda  pas 
à  reconnaître  lui-même  l'inefficacité. 
Dans  cette  première  campagne.  Paré  eut 
l'occasion  de  faire  une  riche  moisson 
d'observations.   c(  S'il  y  avoit  quatre 
blessés,  dit-il,  j'en  avois  toujours  les 
trois,  et  s'il  estoit  question  de  couper 
nn  bras  et  une  jambe,  ou  trépaner,  ou 
réduire  une  fraction  ou  dislocation. 
J'en  venois  bien  à  bout.  Mondit  sei- 
gneur le  mareschal  m'envoyoit  tantost 
d'un  costé,  tantost  de  l'autre,  pour 
penser  les  soldats  signalés  qui  s'es- 
toient  battus  tant  aux  autres  villes 
qu'à  Thurin,  de  sorte  que  j'estols 
tousjours  par  les  champs  d'un  costé 
et  d'autre.  »  Et  dans  les  cas  graves, 
lorsque,  à  la  suite  de  consultations, 
on  avait  résolu  «  de  faire  quelque  œu- 
vre sérieuse  de  la  chirurgie,  c'estoit 
Ambroise  Paré  qui  y  mettoit  la  main,  o 
Les  plus  habiles  Tadmiraieul  «d'eslre 
si  adextre  aux  opérations.  »  Cette  gran- 
de dextérité  de  main,  jointe  au  traite- 


Pa^ 


-  446  - 


PAR 


ment  nonveati  qu'il  avait  introduit^ 
lui  avait  gagné  rafifection  des  soldatil 
et  des  chefs.  Sa  réputation  allait  cha- 
que jour  s'étendant.  Et  néanmoins  il 
n'était  pas  vain  de  ses  succès  ;  dans  sa 
piété  il  en  rapportait  tout  le  mérite  à 
Bleu.  On  connaît  cet  adage  qui  revient 
sous  sa  plume  à  chaque  nouvelle  cure 
heureuse  dont  il  raconte  l'histoire:  Je 
le  pensayy  et  bien  le  guarist.  Le  ma- 
réchal de  Montejan  étant  mort  en  i  539^ 
son  successeur  au  commandement^  le 
maréchal  d'Ânnebaut^  ((  Ûi  cest  hon- 
neur à  Paré  de  le  prier  de  demeurer 
avec  luy^  »  en  Itil  faisant  dite  a  qu'il 
le  traiteroit  autant  bien  ou  mieul  quë 
monsieur  le  mareschal  de  MontéJan.  )i 
Mais  il  refusa  ses  offres  et  revint  à 
Paris  à  la  suite  dô  la  VedVe  du  Inaré- 
chal.  En  )  541^  il  épousa  Jeanne  Màs-* 
sel  in  (1).  La  guerre  s'étant  rallumée  « 
Il  s^afrachaaux  bras  de  sa  jeune  épouàô 
pour  s'exposer  de  nouveau  aux  hasarda 
des  camps.  11  s'attacha  au  vicomte 
dé  i^ohan.  Après  chaque  campagne,  tl 
venait  se  reposer  de  ses  fatigues  à 
Paris.  Le  bruit  de  ses  succès  ayant 
excité  la  curiosité  de  Sylvlus^  «  doût 
les  leçons  attiraient  plus  d'auditeûrd 
que  celles  de  Kernel  mème^  »  il  Invita, 
raconte  M.  Malgaigne,  «  le  Jeune  chl- 
'  rurgieu  à  dlncr ,  écouta  avec  une 
gran(ie  attentioii  les  observations  et 
les  expériences  sur  lesquelles  Pâté 
avait  établi  sa  doctrine  sur  les  plaled 
d'arqiiëbtises,  et  6n  fut  tellelhent  frappé 

(i)  M.  Malfftigiie  qui  ignorait  son  notn,  Isiit 
fille  du  Talet  ebauffe-cire  de  la  chancelleri*  éê 
l^'raace.  Voici  les  noms  des  enfants  qu'elle  donna 
à  Paré,  avec  leurs  alliances:  1°  Jeanne;  wariée 
à  Glabde  Vlart,  chimrçien  juré  à  Paris,  pdls  M 
lecondes  noces,  le  11  jant.  1S88,  à  François  FtH 
resl,  clerc  du  lieutonaul  civil  au  Obâtelet  de  Pa- 
ris ;  —  2°  Anne,  mariée,  le  8  iuill.  1596,  à 
Henry  Simon,  consoillct  du  roi,  trésorier  pMii- 
cif al' de  l'eitradrdinairé  en  Bourbonnaii  ;  •"* 
5*"  François,  bapl.  le  4  juill.  1545  :  parrains, 
iTraurois  de  Yillemou^seux ,  médecin,  et  Louis 
Drotaât,  batbièr;  marraine  Susanne  de  Pigttiet; 
—  4«  Isaac)  bopt.  le  11  août  1559  :  parrains,  An- 
toine Masseliil,  clerc  suivant  les  Qoances,  et  Ni- 
cole Lambert,  chirurg.  ord.  du  roi;  marraine, 
Anne  Du  Tillet,  Temme  d'Êstienne  Lallemanl, 
conseiller  du  roi  et  mattrto  des  requêtes  ;  ihoft  M 
«  tftril  1B60  ;  -^  0*  Gttkerlne,  bâpt.  le  M  Aoêt 
1560  et  morte  le  31  sept.  1616;  de  son  nutriaft 


qu'il  le  pria,  de  otande  affection,  de 
la  mettre  par  écrit  et  de  la  communi- 
quer au  public.  T>  Paré  s'empressa  de 
suivre  ce  conseil.  Son  premier  traité 
parut  en  1545.  Cette  même  année.  11 
assista  au  siège  de  Boulogne  ;  mais  c  est 
sans  doute  à  tort  qu'on  lui  a  fait  taon-' 
neur  de  la  belle  cure  qui  sauva  les  Jotirâ 
dd  duc  de  Guise.  Personne  plus  que  IttJ 
n'aurait  eu  intérêt  à  en  conserver  le 
convenir,  et  il  n'en  eût  pas  laissé  le 
^bih  à  un  romancier.  M.  Malgalgne  at- 
tache plus  d'importance  qu'il  ne  hai 
AUX  imaginations  de  Sandras  de  CoW- 
tllz,  ce  n'est  pas  un  historien.  Lés 
quelques  années  de  repos  qui  sui- 
virent, Paré  les  consacra  à  des  dis- 
sections, et  il  consigna  dans  un  petit 
livre  le  résultat  de  ses  observatiotiâ. 
(i  Je  ne  veux  m'arroger,  disait-il  dans 
sa  préface,  que  J'aye  leu  Galien  par- 
lant gtec,  ou  latin  :  car  n'a  ptett  à 
Dieu  tant  faire  de  grâce  à  ma  jeunesse^ 
qu'elle  aye  esté  en  l'une  et  l'autre  in- 
stituée; mais  aussi  ne  voudfoys  aticù- 
nément  dissimuler  que  j'aye  aprls  léft 
dict2  documens  de  Galien  par  i'intef- 
prétatlon  françoise  de  monsieur  mals- 
tre  Jehan  canapé,  docteur  régent  éft 
la  faculté  de  médecine  faisant  sa  de- 
meurance  à  Lyon.  Vous  asseurant  qlie 
tant  s'en  fault  que  le  disciple  vueille 
desrober  l'honneur  deu  à  son  maistre, 
({ue  maintenant  Je  proteste  que  nous 
sommes  touts  à  luy  grandement  obli- 
gés :  pource  que  nous  a  traduit  etk 

ateo  Fhmçois  Rousselet,  contrôleur  gêoêrtl  dé 
la  maison  de  la  reine  de  NaTarre,  fils  de  GUMdê 
Rousselet,  doyen  do  la  Faculté  de  médecîM  éê 
Paris  en  1577,mariago  célébré  en  1581,  naqui- 
rent plusieurs  entants  :  Nicolas,  bapt.  le  5  oél. 
1688  ;  Charles,  le  4iaat.  1590;  Etteitue,  l«  «S 
août  1594;  Marguerite,  lo  83  janv.  1596;  Ca- 
therine, le  32  juill.  1598;  Benys,  né  le  14  oct. 
1601  ;  Henry,  bapt.  le  14  mars  1605.  £nfia,  mt 
Catherine  Paré,  que  nous  M  savons  à  qui  Hii- 
tacher,  épousa,  le  29  sept.  1603,  Claude  H«it- 
lyn,  conseiller  du  roi  en  la  chambre  de  sou  tré- 
sor. Nous  doTohs  la  communication  de  ces  reik- 
seignements,  tirés  des  registres  de  l'églieo  èk 
fil- André-des- Arcs,  à  robligeanoe  de  M.  Gharllt 
Read.  Ajoutons,  pour  ceux  de  nos  lecteurs  q« 
tiennent  à  ces  petits  détails,  oue  Paré  îiabitalt  Ik 
rue  de  l'Arondelle  ou  Hirondelle,  abotititsant  i 
la  plMS  U  pont  Sl-Hk^el»  qui  tieil  l'éuv  m 
partie  démolie. 


PkH 


—  «7  — 


PAR 


flrancoys  plosietirs  libyres  exquid  et 
nécessaires  à  lacoiisommatiotldeiiotre 
art  :  c'est  à  dire  les  nous  a  rendue  fa* 
ûiiliers  et  privez^  qai,  non  sans  grand 
dommaige  public,  pardevant  nous  es*^ 
toyent  inaccessibles.  9  Quand  on  sent 
Éh  force,  on  ne  craint  pas  d'avouer  oii 
est  sa  faiblesse.  Le  grand  succès  que 
son  traité  sur  les  plaies  d'arquebuses 
avait  obtenu^  l'engagea  à  en  donner 
nné  nouvelle  édition  que,  d'après  le 
conseil  de  son  protecteur,  le  vicomte 
de  ftoban,  il  dédia  au  roi.  Ce  fut  un 
(lireinier  pas  vers  la  faveur  royale.  Ses 
èéniees  ne  devaient  pas  tarder  à  lui 
en  ouvrir  tout  à  fait  l'accès.  Tel  était 
lé  btit  de  toutes  les  ambitions  dans  ces 
tnalhetireux  temps  où  l'on  n'était  rien 

£e  t>ttr  la  faveur  du  prince.  Un  re- 
nblement  de  persécutions  contre  les 
Mrétiques  venait  dé  préparer  les  es- 
prits des  bons  catholiques  à  l'alliance 
que  Henri  méditait  dvéc  les  princes 
protestatits  de  l'Allemagne.  Il  fallait, 
èo  odtre,  s6  faire  pardonner  de  ne  pas 
avoir  ponr  soi  le  chef  de  rËglise;  car 
Charies-Quint  s'en  était  empai'é,  de 
gré  ou  de  force,  et  ils  marchaient 
éotlB  là  même  bannière.  Henri  chercha 
tm  contre-poids  en  s'alilant  avec  le 
turc  j  c'est  ainsi  que  tout  va  pour  le 
mieux  dans  le  meilleur  des  mondés, 
t^OrthodoXie  n'y  perdit  rien,  les  ftéfor- 
ïDés  seuls  de  France  en  drentles  frais. 
La  campagne  s'ouvrit  dès  lejprintemps 
de  1552  par  de  prompts  et  faciles  suc- 
ées. Paré  suivait  l'armée.  On  raconte 
de  lui  un  beau  trait  d'humanité.  Un 
soldat  de  la  compagnie  de  tt.  de  Rohan, 
Surprts  à  la  maraude,  avait  été  très- 
dangereusement  blessé;  outre  sept 
coups  d'épéeàla  téie,  dont  le  moindre 
pénétrait  la  seconde  table  du  crâne,  il 
en  avait  quatre  autres  sur  les  bras  et 
un  stir  l'épaule  droite,  qui  coupait  plus 
de  la  moitié  de  l'omoplate.  Son  état 
étant  désespéré,  et  la  compagnie  étant 
an  moment  de  partir,  on  fit  «caver 
ttne  fosse  »  et  l'on  se  disposait  à  l'y 
Jeter,  lorsque  Paré  a  meu  de  pitié  » 
dèfflaîida  comme  une  faveur  qu'on  lui 
pétmi  de  lé  pahsef.  Sa  demande  lui 


ayant  été  acoordée ,  il  le  fit  mettre  en 
une  charrette,  sur  un  lit  bien  couvert 
et  bien  accommodé,  et  lui-même  il  lui 
fit  offico  de  médecin,  d'apothicaire,  de 
chirurgien  et  de  cuisinier.  «  Je  le  pen- 
say,  continue-t-il,  Jusques  à  ia  fin  de 
la  cure,  et  Dieu  le  guari9t.  )>  Par  re- 
connaissance, <x  les  hommes  d'armes 
de  la  compagnie  de  monsieur  de  Ro- 
han, la  première  montre  qui  se  fit,  loi 
donnèrent  chacun  un  escu ,  et  les  ar- 
chers demy  escu.  »  Cette  campagne  de 
1552  marque  particulièrement  dans 
la  vie  de  Paré.  Ce  fut  au  siège  de  Dan- 
villiers  que  pour  la  première  fois,  dans 
les  cas  d'amputation,  il  renonça  à  la 
cautérisation,  alors  en  usage,  pour  y 
substituer  la  ligature  des  artères.  «La 
découverte  de  la  ligature  des  artères^ 
comme  moyen  d'arrêter  Thémorragio, 
suffirait  seule,  au  jugement  du  baron 
Richerand  (Galerie  française,  1)  pour 
immortaliser  le  nom  de  son  auteur,  et 
le  placer  au  premier  rang  des  bienfai- 
teurs de  l'humanité.  Jusqu'au  temps 
d'Amhroise  Paré,  continuc-t-il ,  les 
chirurgiens  ne  connaissaient  d'autre 
moyen  de  se  rendre  maître  du  cours 
du  sang,  qu'en  brûlant  la  partie  bles- 
sée ,  opération  aussi  peu  sûre  qu'elle 
était  cruelle  et  fatale  au  plus  grand 
nombre  de  ceux  pour  lesquels  on  y 
avait  recours.  Depuis  Gaiien,  plu- 
sieurs médecins  avaient,  il  est  vrai, 
conseillé  de  lier  les  vaisseaux  pour 
remédier  aux  hémorragies  ;  mais  il  y 
a  bien  loin  d'une  indication  vague  et 
générale,  aune  pratique  réelle  Justifiée 
par  de  nombreux  succès.  » 

Après  la  campagne  du  Luxembourg, 
Paré  revint  à  Paris.  Il  y  était  à  peine 
de  retour,  qu'Antoine  de  Bourbon  le 
pria  de  le  suivre  en  Picardie.  Paré 
essaya  d'abord  de  s'excuser  sur  ce  que 
«  sa  femme  étoit  au  lit  malade.»  Mais 
le  prince  ne  voulut  par  recevoir  cette 
excuse,  il  lui  répondit  «  qu'il  y  avoit 
des  médecins  à  Paris  pour  la  traiter  » 
et  que,  quant  à  lui,  il  laissait  bien  la 
'  sienne,  qui  était  d'aussi  bonne  maison 
que  M»'  Paré.  «  Voyant  cesle  grande 
afitotlon  qu'il  avoit  de  le  mener  avec 


PAR 


—  128  — 


PAR 


luy^  »  Paré  ne  l'osa  refoser  davantage. 
Sa  condescendance  lai  porta  bonheur. 
Le  duc  de  Vendôme  qui  avait  vu  Tha- 
bile  chirurgien  à  l'œuvre^  rapporta  au 
roi  comment  Paré  «  avait  grandement 
fait  son  devoir.  »  Le  roi  séduit  voulut 
l'avoir  à  son  service;  il  lui  fit  donc 
écrire  de  venir  le  trouver  à  Reims^  ce 
qu'il  fit^  et  il  lui  commanda  de  de- 
meurer auprès  de  lui  en  qualité  de 
chirurgien  ordinaire,  l'assurant  «  qu'il 
lui  feroit  du  bien.  »  L'occasion  se  pré- 
senta bientôt  de  Justifier  cette  faveur. 
Charles-Quint  avait  mis  le  siège  devant 
Metz  (20  oct.  1552).  Le  duc  de  Guise 
était  chargé  de  la  défense  de  la  place. 
L'acharnement  élait  égal  de  part  et 
d'autre.  Les  attaques  se  succédaient 
sans  interruption,  et  les  blessés  étaient 
nombreux.  Cependant  les  soins  ne  leur 
manquaient  pas,  mais  soit  incapacité 
de  la  part  des  chirurgiens,  soit  pour 
tout  autre  cause,  a  nos  gens  blessés 
mouroient  quasi  tous,  et  pensoit-on  que 
les  drogues  fussent  empoisonnées.  » 
Dans  cet  état  de  choses,  monsieur  de 
Guise  et  messieurs  les  princes  qui  é- 
taient  avec  lui,  demandèrent  au  roi 
qu'il  voulût  bien  leur  envoyer  Paré 
avec  de  nouveaux  médicaments.  Le 
roi  y  consentit.  Mais  il  s'agissait  de 
trouver  un  moyen  pour  Tintroduire 
dans  la  place.  Le  roi  en  fil  écrire  an 
maréchal  de  Saint-André,  son  lieute- 
nant à  Verdun.  Moyennant  une  somme 
de  quinze  cents  écus,  on  parvint  à  ga- 
gner un  capitaine  italien.  Ils  se  mirent 
en  roule,  ce  capitaine,  notre  chirur- 
gien et  un  domestique.  L'entreprise 
était  hardie,  u  Lors  qu'estions  à  huit 
ou  dix  lieues  près  de  Metz,  raconte  Pa- 
ré, n'allions  que  de  nuit  :  où  estant 
près  du  camp  je  vis  à  plus  d'une  lieué 
et  demie  des  feux  allumés  autour  de  la 
ville,  ressemblant  quasi  que  toute  la 
terre  ardoit,  et  m'estoit  advis  que  nous 
ne  poumons  jamais  passer  au  travers 
de  ces  feux  sans  eslre  descouverts,  et 
par  conséquent  estre  pendus  et  estran- 
glés,  ou  mis  en  pièces,  ou  payer  grosse 
rançon.  Pour  vray  dire,  j'eusse  bien  et 
volontiers  voulu  esire  encore  à  Paris, 


pour  le  danger  éminent  que  je  pré- 
voyois.  »  Cependant  Dieu  les  conduisit 
à  bon  port;  à  minuit  ils  entrèrent  dans 
la  ville.  On  y  reçut  Paré  comme  un 
sauveur.  Les  princes,  les  seigneurs, 
les  capitaines,  tous  «  le  receurent  avec 
une  grande  joye,  lui  faisans  cest  hon- 
neur de  l'embrasser,  et  lui  dire  qu'il 
estoit  le  bien  venu  :  adjoustans  qu'ils 
n'avoient  plus  de  peur  de  mourir  s'il 
advenoit  qu'ils  fussent  blessés.  »  Paré, 
dans  son  Apologie,  donne  quelques  dé- 
tails intéressants  sur  ce  siège  mémo- 
rable; il  en  raconte  les  péripéties  avec 
une  verve  et  une  bonne  humeur  toute 
gauloise.  Lorsque  le  camp  fut  entière- 
ment rompu.  Paré  prit  congé  de  mon- 
sieur de  Guise  et  vint  retrouver  le  roi 
à  Paris.  Ce  prince  le  reçut  avec  bon 
visage  et  lui  fit  donner  une  gratification 
de  deux  cents  écus,  en  sus  des  cent 
qu'il  avait  eus  au  partir. 

L'année  suivante  (1 555],  le  roi  l'en- 
voya à  Hesdin.  La  place  ne  tarda  pas 
à  être  assiégée  par  les  Impériaux  com- 
mandés par  le  duc  de  Savoie.  Rien 
n'avait  été  préparé  pour  soutenir  un 
siège.  Paré  ne  pouvait  suflQre  à  sa  tâ- 
che. «  Je  ne  dormois  ne  nuict  ne  jour^ 
pour  la  grande  quantité  des  blessés, 
qui  pouvoient  estre  en  nombre  de  deux 
cens.  Les  morts  rende ient  une  grande 
putréfaction,  estans  entassés  les  uns 
sur  les  autres  comme  fagots,  n'es- 
tans  point  couverts  de  terre,  à  cause 
que  nous  n'en  avions  pas.  Et  si  J 'en- 
tre i  s  en  un  logis,  il  y  a  voit  des  sol- 
dats qui  m'attendoient  à  la  porte  lors- 
que j'en  sortirois,  pour  en  penser 
d'autres  :  c'estoit  à  qui  m'auroit,  et 
me  portoient  comme  un  corps  sainct, 
ne  touchant  du  pied  en  terre,  malgré 
les  uns  des  autres,  et  ne  pouvois  sa- 
tisfaire à  ce  grand  nombre  de  blessés  : 
joint  que  je  n'avois  ce  qui  m'estoit  né- 
cessaire pour  les  médicamenter.  »  La 
place  n'était  pas  tenable.  On  convoqua 
un  conseil  de  guerre;  Paré  y  fut  appelé, 
et  il  opina,  comme  les  autres,  pour 
une  prompte  reddition,  il  avait  hâte 
«  d'estre  hors  de  cest  enfer  et  grand 
tourment.  »  Mais  comme  il  savait  sa 


PAR 


—  <29  — 


PAR 


valeur  et  ne  \oulaU  pas  que  sa  rançon 
y  fut  proportionnée^  il  songea  à  se  dé- 
guiser. Il  raconte  naïvement  son  tra- 
vestissement. «Depeurd'estreconneu^ 
dit-il^  je  donnay  une  saye  de  velours, 
un  pourpoint  de  salin,  un  manteau  d'un 
fln  drap,  paré  de  velours,  h  un  soldat 
qui  me  donna  un  meschant  pourpoint 
tout  deschiré  et  descliiqueté  d'usure, 
et  un  collet  de  cuir  bien  examiné,  et 
un  mesctiant  ctiappeau,  et  un  petit  man- 
teau :  }e  barboiiillay  le  collet  de  ma 
chemise  avec  de  l'eau  où  J'avois  des- 
trempé un  peu  de  suye.  Pareillement 
j'usay  mes  chausses  avec  une  pierre  à 
l'endroit  des  genoùils  et  au  dessus  des 
talions,  comme  si  elles  eussent  long- 
temps esté  portées  :  j'en  fis  autant  à 
mes  souliers,  de  façon  qu'on  m'eust 
ptustost  prins  pour  un  ramonneur  de 
cheminée  que  pour  un  chirurgien  de 
roy.  »  Dans  ce  bizarre  accoutrement. 
Paré  se  rendit  auprès  de  M.  de  Marti- 
goes  qui  avait  été  mortellement  blessé, 
et  sollicita  la  faveur  de  demeurer  au- 
près de  lui  pour  le  panser.  Mais  cette 
faveur  que  le  blessé  s'empressa  de  lui 
accorder,  faillit  le  jeter  dans  les  plus 
grands  embarras.  Martigues  était  un 
prisonnier  de  marque  que  le  duc  de 
Savoie  tenait  à  conserver.  Le  masque 
que  Paré  avait  pris  n'était  pas  à  son 
avantage,  on  s'imagina  quelque  char- 
latan de  bas  étage.  Survinrent,  ac- 
compagnés de  plusieurs  gentilshom- 
mes, un  médecin  et  un  chirurgien  de 
Tempereur.  Un  moment  Paré  balança 
s'il  ne  ferait  pas  «  le  niais,  »  mais  à 
la  fin  l'amour-propre  l'emporta,  et  il 
étala  avec  une  certaine  complaisance 
tout  son  savoir  devant  ces  messieurs. 
Ils  en  demeurèrent  ébaubis.  Aussi  ren- 
dirent-ils au  duc  de  Savoie  le  compte 
le  plus  favorable  de  la  manière  dont 
M.  de  Martigues  avait  été  traité.  No- 
tre capitaine  étant  mort  deux  jours 
après,  les  médecins  et  les  chirurgiens 
de  l'empereur,  accompagnés  d'une 
nombreuse  suite  de  gentilshommes  et 
de  capitaines,  vinrent  pour  embaumer 
le  corps.  «  Le  chirurgien  de  l'empe- 
reur, raconte  Paré,  s'approcha  de  moy 


et  me  pria  bien  affectueusement  d'en 
faire  l'ouverture.  »  Paré  s'en  excusa 
humblement  ;  le  chirurgien  insista,  en 
le  priant  de  le  faire  «  pour  l'amour  de 
lui.  »  Paré  crut  devoir  persister  dans 
son  refus  ;  le  chirurgien  menaça.  A  la 
fln,  vaincu  par  tant  d'insistance,  Paré 
prit  «  le  rasoir,  »  se  proposant  de  leur 
montrer  qu'il  était  anatomiste.  Le 
vaillant  Achille  venait  d'être  reconnu. 
Après  l'opération,  «  le  chirurgien  de 
l'empereur  le  tira  à  part,  et  lui  dit  que 
s'il  vouloit  demeurer  avec  luy,  il  le 
traiteroit  bien,  et  qu'il  l'habilleroit  tout 
à  neuf  :  aussi  qu'il  le  feroit  aller  à 
cheval.»  L'offre  était  tentante  ;  cepen- 
dant Paré  le  remercia  en  lui  disant 
«  qu'il  n'avoit  aucune  envie  de  faire 
service  aux  estrangers  de  sa  patrie.  » 
Brave  response  î  remarque-t-il  en 
note.  Le  chirurgien  lui  objecta  que 
c'était  une  folie  à  lui,  «  et  que  s'il  étoit 
prisonnier  comme  lui,  il  serviroit  un 
diable  pour  être  mis  en  liberté.  »  Mais 
Paré  persista  dans  son  refus.  Il  ne  se 
montra  pas  plus  accommodant  avec  le 
duc  de  Savoie,  qui,  sur  le  bien  que  lui 
en  avait  dit  son  médecin,  voulut  le  re- 
tenir à  son  service,  en  lui  promettant 
de  le  bien  traiter.  C'était  jouer  gros 
jeu.  Le  prince  se  coléra  et  dit  qu'il  le 
fallait  envoyer  aux  galères.  Heureuse- 
ment que  le  colonel  de  Vaudeville  qui 
était  présent,  souffrait  d'un  vieil  ul- 
cère à  une  jambe  ;  il  demanda  qu'on 
lui  accorda  le  prisonnier,  et  le  duc  y 
consentit.  Un  traité  s'ensuivit  entre 
le  chirurgien  et  le  patient.  Le  colonel 
lui  donna  la  promesse  de  le  remettre 
en  liberté  sans  rançon  sitôt  que  son 
ulcère  serait  en  bonne  voie  de  guéri- 
son.  Au  bout  de  quinze  jours,  le  mal 
avait  presque  disparu.  Le  colonel  tint 
parole  ;  il  fit  reconduire  Paré  par  un 
trompette  jusqu'à  Abbeville.  Là  notre 
chirurgien  prit  la  poste  et  alla  trouver 
le  roi  à  Auflmon.  Ce  prince  le  reçut 
«  avec  allégresse,  »  et  lui  fit  donner 
deux  cents  écus  pour  se  retirer  en  sa 
maison.  N'oublions  pas  de  dire  qu'a- 
près la  prise  d'Hesdin,  le  bruit  de  la 
mort  de  Paré  s'étant  répandu,  Henri 


PAR 


~  130 


PAR 


fit  écrire  à  madame  Paré  pour  la  ras- 
surer, et  lui  faire  savoir  qu'il  payerait 
la  rançon  de  son  mari.  De  pareils  traits 
sont  trop  rares  dans  la  vie  des  souve- 
rains pour  qu'il  soit  permis  de  les  pas- 
ser sous  silence. 

Le  collège  deSaint-Gôme,  sans  cesse 
en  rivalité  avec  laFaculté  de  médecine, 
avait  intérêt  à  s'attacher  ub  homme  de 
l'Importance  de  Paré.  Aussi  au  mépris 
des  ordonnances  et  des  statuts  qui 
exigeaient  que  le  candidat  fôt  en  état 
de  subir  son  examen  en  latin,  on  lui 
décerna  les  honneurs  d'une  réception 
gratuite.  Le  25  août  1554,  il  fut  reçu 
bachelier;  le  8  octobre,  licencié,  et  le 
18  décembre,  il  prit  le  bonnet  de  maî- 
tre. Quelques  années  de  repos  lui  per- 
mirent de  continuer  ses  éludes  anato- 
miques.  Ayant  obtenu  du  lieutenant 
criminel,  eu  1 555,lecorps  d'un  suppli- 
eiéf  «  lien  disséqua  toute  la  partie  déx- 
tre>  laissant  la  senestre  intacte,  à  M, 
dit-il,  que  lorsque  je  veux  faire  quelques 
Incisions  à  quelque  malade,  voyant  les 
parties  de  récente  mémoire.  Je  sois 
plusasseuréenmes  œuvres.  «Premlè|e 
tentative  bien  remarquable  d'anatomie 
chirurgicale,  »  observe  M.  Malgaigne. 
Après  vingt-sept  ans,  ce  cadavre  était 
encore  dans  un  parfait  état  de  conserva- 
tion* 

Henri  II  étant  mort  (l  559),  Paré  con- 
«enr|L  sa  place  de  chirurgien  ordi- 
naire auprès  du  nouveau  roi.  Hien  de 
notable  ne  signala  cette  période  de  sa 
carrière.  Ce  serait  faire  injure  à  sa 
mémoire,  comme  le  remarque  fort  bien 
M.  Malgaigne,  que  de  chercher  à  re- 
pousser des  bruits  d'empoisonnement 
qui  circulèrent  à  lamort  de  François  il, 
et  qui  n'outragent  pas  moins  la  nature 
que  la  science.  Le  jeune  prince  mort, 
Paré  garda  sa  position  de  chirurgien 
auprès  de  son  successeur.  A  quelque 
temps  de  là,  un  accident  faillit  lui 
coûter  la  vie.  Il  allait,  en  compagnie 
de  deux  médecins  en  renom,  visiter 
quelque  malade  au  village  des  Bons- 
Hommes,  près  Paris  (4  mai  1561), 
lorsque  a  voulant  passer  l'eau  et  tas- 
cher  à  faire  entrer  son  cheval  en  m\ 


bateau,  il  lui  donna  d^nne  boussine 
sur  la  croupe,  dont  la  beste  stimulée 
lui  rua  un  tel  coup  de  pied,  qu'elle  lut 
brisa  entièrement  les  deux  os  de  la 
Jambe  senestre,  à  quatre  doigts  au- 
dessus  de  la  jointure  du  pied.  Ayant 
reçu  le  coup,  et  craignant  que  le  cheval 
ne  lui  ruast  de  rechef,  il  démarcha  un 

fias  :  mais  soudain  tombant  en  terre, 
es  os  jà  fracturés  sortirent  hors,  et 
rompirent  la  chair,  la  chausse  et  la 
botte,  dont  il  sentit  telle  douleur,  qu'il 
est  possible  à  Thomme  d'etidurer.  «> 
Lui-même  dirigea  sacureet  après  trois 
mois  de  traitement,  il  put  reprendre 
ses  travaux. 

Pendant  la  première  guerre  de  reli- 
gion. Paré  continua  son  service  auprès 
de  Charles  IX.  Ce  prince  l.'envoya  ati 
siège  de  Houen  (1562).  La  mortalité  y 
était  grande,  c(  de  façon  qu'aucuns  es- 
timolent  que  [les  assiégés]  avoient  em- 
poisonné leurs  balles;  ceux  du  dedans 
dtsoient  le  semblable  de  Aoûs.  »  Ce 
siège  de  Houen  forme,  au  Jugement  de 
M.  Malgaigne,  Une  troisième  époque 
très-remarquable  dans  la  vie  chirur- 
gicale de  Paré,  a  Jusque-là,  dit-il,  il 
avait  bien  détruit  la  doctrine  qui  at- 
tribuait au  poison  et  à  la  brûlure  les 
accidents  des  plaies  par  armes  à  feu; 
mais  toute  sa  thérapeutique  était  limi- 
tée aux  topiques  onctueux  et  principa- 
lement à  son  huile  de  petits  chiens.  » 
Le  peu  d'effet  qu'il  obtint  devant  Rouen 
avec  cette  huile,  l'engagea  à  modifier 
son  traitement.  Un  fait  4ui  Jusqu'ici 
avait  échappé  à  tous  les  biographes,  et 
que  M.  Malgaigne  a  pu  signaler  dans 
une  note  rectificative  en  tète  du  III< 
vol.  des  OEuvres  de  Paré,  c'est  qu'à 
cette  époque  notre  grand  chirurgien 
faillit  être  victime  du  fanatisme  catho- 
lique à  cause  de  sa  religion.  Yoici 
comme  il  raconte  le  fait  dans  son  livre 
des  Rapports  (Edit.  de  ses  OEuvres  de 
1575),  histoire  retranchée  dans  les  édi- 
tions postérieures,  a  Après  la  prise  de 
Rouen  me  trouvoy  à  disner  en  quelque 
compaignie,  où  en  avoit  quelques  uns 
qfUme  hayoyefil  à  mort  pouf  la  Beli- 
gion  :  on  md  présenta  des  chdilit  où 


PAtt 


-  «31  - 


PAR 


il  y  avoit  du  snblimô  ou  arsenic  :  de 
la  première  bouchée  n'en  apperceu 
rien  :  la  seconde^  je  senti  une  grande 
chaleur  et  cuiseur,  et  grande  astrlction 
en  labouche^et  principalement  au  go- 
sier^ et  saveur  puante  de  la  bonne 
drogue  :  et  l'ayant  appcrceuc^  subit 
je  pris  un  verre  d'eau  et  de  vin,  et  la- 
vay  ma  bouche,  aussi  en  avallay  bonne 
quantité,  et  promptement  allay  chez  le 
proche  apoticaire  :  subit  que  je  fus 
parti,  le  plat  aux  choux  fut  jeté  en 
terre,  p  M.  Malgaigne  a  raison  de  con- 
venir que  cette  histoire  a  semble  tran- 
cher d'une  manière  décisive  la  question 
de  savoir  si,  du  moins  à  une  époquede 
sa  vie  [de  1 562  à  1 57  5  pour  le  moins], 
Paré  avait  été  huguenot.  »  Pour  nous^ 
nous  n'avions  pas  besoinde  cette  preuve 
pour  asseoir  notre  conviction  ;  il  nous 
avait  suffi  de  parcourir  les  écrits  dtt 
Paré  ;  à  tout  moment  on  sent  dans  cette 
âme  honnête,  pieuse,  charitable, pleine 
de  confiance  en  Dieu,  palpiter  le  hu- 
guenot. Les  grands  ménagements  dont 
il  use  envers  ceux  du  camp  opposé» 
ne  les  traitant  jamais  ni  d'hérétiques» 
ni  de  rebelles  —  bien  mauvais  moyen 
sans  doute  de  faire  sa  cour  au  Souve- 
rain !  —  les  nombreuses  citations  bi- 
bliques (d'après  la  trad.  huguenotte] 
dont  il  remplit  ses  livres,  aune  époque 
où  la  Bible  était  en  très-mauvais  pré- 
dicament  ;  le  nom  même  d'Jsaac  qu'il 
donne  à  son  fils,  —  autre  signe  de  ré- 
probation !  —  toutes  ces  raisons,  et 
beaucoup  d'autres  qu'il  serait  trop  long 
de  déduire  ici,  sont  faites  pour  forcer 
la    conviction   des  plus  incrédules. 
H.  Malgaigne  suppose  que  c'est  vers 
cette  époque,  et  probablement  en  ré- 
compense de  ses  services  au  siège  de 
Rouen,  que  Paré  fut  nommé  premier 
chirurgien  du  roi.  Ce  fut  en  cette  qua- 
lité qu'il  suivit  la  cour  au  voyage  de 
Bayonne  (1564)  «  ou  nous  avons  esté» 
dit-il,  deux  ans  et  plus  à  circuir  pres- 
que tout  ce  royaume.  »  Dans  ses  voya- 
ges, il  ne  manquait  jamais  de  s'enqué- 
rirauprès  des  chirurgiens aveclesquels 
il  étaitmis  en  rapport,  «  s'ils avoient  re- 
marqué quelque  chose  rare  en  leurs  pra- 


tiques, à  fin  d'apprendre  quelque  chose 
de  nouveau.  »  La  peste  ravageait  alors 
une  grandepartiedela  France.  Lui-mê- 
me fut  atteint  du  fléau,  car  il  ne  s'épar- 
gnait pas  auprès  des  malades.  Il  n'était 
pas  de  ces  médecins  prudents  qui,  dans 
les  épidémies,  fuient  le  danger.  Ecou- 
tons le  huguenot,  le  maître  chirurgien» 
en  face  du  fléau  :  il  prêche,  on  dirait  le 
sermon ,  et  l'éloquent  sermon ,  d'un 
prédicant.  «  Concluons  donc  que  la 
peste  et  autres  maladies  dangereuses» 
sont  tesmoignage  de  la  fureur  divine 
sur  les  péchés,  idolâtries  et  supersti- 
tions qui  régnent  en  la  terre,  comme 
mesmes  un  autheur  profane  (Uippo- 
crate)  est  contraint  de.  confesser  qu'il 
y  a  quelque  chose  de  divin  aux  mala- 
dies. Et  pour  tant,  lorsqu'il  plaist  aa 
Seigneur  des  Seigneurs,  et  Créateur 
de  toutes  choses ,  user  de  ses  justes 
jugemens,  nulle  de  ses  créatures  ne 
peut  éviter  sa  fureur  espouvantable  : 
voire mesme ciel  et  terre  en  tremblent» 
ainsi  que  David  nous  enseigne  (Ps.  68» 
trad.  de  Th.  de  Bèze}. 

Les  Gieax  foDdireol  ca  inear  : 
La  terre  trembla  de  la  peur 
De  ta  face  terrible. 

Que  sera-ce  donc  de  nous»  pauvres 
humains,  qui  nous  escoulons  comme  la 
neige  1  Comment  pourrons-nous  sub- 
sister devant  le  feu  de  l'ire  de  Dieu» 
veu  que  nous  sommes  foin  et  paille,  et 
que  nos  jours  s'évanouissent  comme 
vapeur  de  fumée?  Apprenons  de  nous 
convertir  de  nos  voyes  mauvaises  à  la 
pureté  du  service  de  Dieu,  et  ne  sui- 
vons point  l'exemple  des  fols  malades» 
qui  se  plaignent  de  la  chaleur  et  alté- 
ration de  la  flèvre,  et  cependant  rejet- 
tent la  médecine  qui  leur  est  représen- 
tée pour  les  guarir  de  la  cause  de  la 
maladie.  »  —  a  Voilà,  continue-t-il» 
la  première  et  principale  considération 
que  tous  chrestiens  doivent  connoistre» 
en  recherchant  les  causes  divines  de 
la  peste,  et  lé  préparatif  qu'il  faut 
prendre  pour  la  guarlson  de  telle  ma- 
ladie. Et  outre  coi  je  conseille  au  chi- 
rurgien ne  vouloir  aussi  négliger  les 
remèdes  approuvés  par  les  médecins 


PAR 


—  132  — 


PAR 


ancieDs  et  modernes  :  car  combien  que 
par  la  volonté  de  Dieu,  telle  maladie 
soit  envoyée  aux  hommes,  si  est-ce  que 
par  sa  saincte  volonté  les  moyens  et 
secours  nous  sont  donnés  pareillement 
de  luy,  pour  en  user  comme  d'instru- 
mens  à  sa  gloire,  clierclians  remèdes 
en  nos  maux,  mesmes  en  ses  créatures, 
auxquelles  il  a  donné  certaines  pro- 
priétés et  vertus  pour  le  soulagement 
des  pauvres  malades  :  et  veut  que  nous 
usions  des  causes  secondes  et  natu- 
relles, comme  dMnstrumens  de  sa  bé- 
nédiction :  autrement  nous  serions  bien 
ingrats,  et  mesprlserions  sa  bénéfi- 
cence.  »  Dansson  opinion,  les  fonctions 
médicales  étaient  un  saint  apostolat. 
Considérez,  disait-il  auxjeunes  chirur- 
giens, que  vous  estes  appelles  de  Dieu 
en  cette  vocation  et  partant  allez  d'un 
franc  courage  sans  aucune  crainte, 
ayant  ferme  foi  que  Dieu  nous  conserve 
et  oste  la  vie  ainsi  et  quand  il  lui  plaist. 
Toutefois,  ajoutait-il,  «  ne  faut  négliger 
et  mespriser  les  remèdes  préservatifs, 
ou  autrement  nous  serions  accusés 
d'ingratitude,  veu  que  Dieu  nous  les 
a  donnés,  ayant  tout  fait  pour  le  bien 
de  l'homme,  p  Ce  fut  à  la  demande  de 
Catherine  de  Médicis  qu'à  son  retour  à 
Paris,  Paré  publia  ce  traité  sur  la 
Peste,  M.  Malgaigne  prévenant  l'ob- 
jection qui  pourrait  être  faite  au  sujet 
de  rincompétence  du  chirurgien  dans 
des  questions  purement  médicales,  y 
répond  en  renvoyant  aux  circonstances 
de  sa  vie.  «  Paré,  dit-il,  écrivait  ce 
qu'il  avait  vu,  ce  qu'il  avait  mieux  vu 
que  la  plupart  des  médecins  de  l'épo- 
que, et  ce  qui  fatigue  dans  la  lecture 
de  son  ouvrage,  c'est  uniquement  l'ex- 
position des  théories  nauséabondes 
qu'il  avait  puisées  aux  cours  de  la  Fa- 
culté de  Paris.  »  Du  reste,  il  est  tou- 
jours plein  de  déférence  pour  la  haute 
Faculté.  Un  passage  de  son  livre  rela- 
tif à  l'antimoine,  drogue  condamnée 
par  censure  de  TEcole,  avait  déplu;  ii 
le  supprima  dans  une  seconde  édition, 
se  contentant  de  dire  que  quelques-uns 
préconisent  ce  remède,  mais  qu'il  s'abs- 
tient d'en  parler  en  cet  endroit,  parce 


qu'il  est  réprouvé  par  messieurs  de  la 
Faculté.  Par  amour  de  la  paix,  il  était 
toujours  prêt  à  faire  de  ces  petites 
concessions.  Il  portait  la  modération 
jusque  dans  ses  réponses  à  des  invec- 
tives :  exception  presque  unique  dans 
ce  siècle  ! 

La  guerre  civile  recommença.  Après 
la  bataille  de  Moncontour,  le  roi  en- 
voya Paré  au  comte  de  Mansfeld,  qui  a- 
vait  été  dangereusement  blessé,et  il  eut 
le  bonheur  de  le  sauver.  Cette  cure  lui 
flt  une  réputation  dans  les  Flandres.  Le 
marquis  d'Avret,  frèredu  ducd'Ascot, 
souffrait  depuis  plusieurs  mois  d'un 
coup  de  feu  au  genou,  il  flt  solliciter  le 
roi  deluiprétersonpremier  chirurgien. 
Le  roi  y  ayant  consenti.  Paré  se  rendit 
donc  au  château  d'Avret,  à  une  lieue 
et  demie  de  Mons.  Le  cas  était  à  peu 
près  désespéré.  Mais  «  Dieu  et  nature 
font  quelquefois  des  choses  qui  sem- 
blent aux  médecins  et  chirurgiens  estre 
impossibles.  »  Après  deux  mois  de 
traitement.  Paré  avait  remis  son  ma- 
lade sur  pied.  Le  marquis  était  aimé 
dans  le  pays.  On  fit  à  Paré  les  ovations 
les  plus  chaleureuses,  à  Mons,  à  Bruxel- 
les, à  Matines,  à  Anvers.  «  Jamais  dans 
l'âge  moderne,  dit  M.  Malgaigne,  ja- 
mais même  dans  les  plus  beaux  temps 
de  l'antiquité,  aucun  médecin  ou  chi- 
rurgien n'avait  été  l'objet  d'un  pareil 
triomphe  ;  mais  aussi  par  quelle  vie 
de  labeur  et  de  probité  et  de  génie 
l'ancien  maître  barbier  avait-il  mérité 
de  recevoir  un  jour  unaccueil  jusqu'a- 
lors réservé  aux  grands  capitaines  et 
aux  souverains  !  » 

Nous  arrivons  àla  Saint-Barthélémy. 
Rapportons  d'abord  les  autorités  de 
l'Histoire.  Brantôme  raconte  dans  son 
Discours  sur  Charles  IX  que,  lors  des 
massacres,  ce  prince  «  incessamment 
crioit  :  tuezytuez,  et  n'en  voulut  jamais 
sauver  aucun,  sinon  maistre  Ambroise 
Paré,  son  premier  chirurgien  et  le  pre- 
mier de  la  chrétienté  :  et  l'envoya 
quérir  et  venir  le  soir  dans  sa  chambre 
et  garde-robe,  lui  commandant  de  n'en 
bouger,  et  disoit  qu'il  n'étoit  raison- 
nable qu'un  qui  pouvoit  servir  à  tout 


PAR 


—  133  — 


PAR 


an  petit  monde  fat  ainsi  massacré,  et 
si  ne  le  pressa  point  de  clianger  de  re- 
ligion, non  plus  que  sa  nourrice.  » 
Aillenrs,  dans  son  Discours  sur  l'ami- 
ral de  Coligny,  il  rapporte  que  «  Tad- 
mirai  estant  blessé  fut  fort  bien  se- 
couru des  médecins  et  chirurgiens  du 
roy,  et  mesme  de  ce  grand  personnage 
maistre  Ambroise  Paré,  son  premier 
chirurgien,  qui  estoit  fort  huguenot,  » 

D'un  autre  c6té,  on  lit  dans  les  Eco- 
nomies royales  de  Sully  :  a  De  tous 
ceux  qui  approche ient  ce  prince,  il  n'y 
avoit  personne  qui  eût  tant  de  part  à 
sa  conflance  qu' Ambroise  Paré.  Cet 
honmie,  quin'étoit  que  son  chirurgien, 
avoit  pris  avec  lui  une  si  grande  fami- 
liarité, quoiqu'il  fût  huguenot,  que  ce 
prince  lui  ayant  dit  le  Jour  du  massacre 
que  c'étoitàcette  heure  qu'il  falloitque 
tout  le  monde  se  fil  catholique.  Paré  lui 
répondit  sans  s'étonner  :  Par  lalumière 
de  Dieu,sire,  Je  cro is  qu'il  vous  souv  ient 
m'avoir  promis  de  ne  me  commander 
jamais  quatre  choses,  savoir  :  de  ren- 
trer dans  le  ventre  de  ma  mère,  de  me 
trouver  à  un  Jour  de  bataille,  de  quit- 
ter votre  service,  et  d'aller  à  la  messe. 
Le  roi  le  prit  à  part,  et  s'ouvrit  à  lui 
sur  le  trouble  dont  il  se  sentoit  agité  : 
Ambroise,  lui  dit-il.  Je  ne  sais  ce  qui 
m'est  survenu  depuis  deux  ou  trois 
Jours,  mais  Je  me  trouve  l'esprit  et  le 
corps  tout  aussi  émus  que  si  J'avois  la 
fièvre.  Il  me  semble  à  tout  moment, 
aassi  bien  veillant  que  dormant,  que 
ces  corps  massacrés  se  présentent  à 
moi  les  faces  hideuses  et  couvertes  de 
sang.  Je  voudrois  bien  qu'on  n'y  eût 
pas  compris  les  imbéciles  et  les  inno- 
cents. L'ordre  qui  fut  publié  les  Jours 
suivants  de  faire  cesser  la  tuerie  fut 
le  fruit  de  cette  conversation.  » 

Voilà  deux  témoignages  bien  précis  ; 
H.  Malgaigneatorld'y  associer,  on  ne 
sait  pourquoi ,  le  témoignage  de  San- 
dras  de  Courtilz ,  auteur  de  romans 
historiques,  qui  écrivait  au  moins  cent 
ans  plus  tard.  Brantôme  et  Sully  étaient- 
ils  en  position  de  connaître  la  vérité , 
et  dans  ce  cas,  auraient-ils  été  sous 
l'influence  de  quelque  passion  qui  les 


eût  portés  à  dissimuler?  L'un  était  ca- 
tholique,uncalholiquetiède,ilestvrai, 
quoique  abbé  commendataire  ;  l'autre 
était  protestant,  un  protestant  sincère 
sans  doute,mais  sans  zèle;  l'un  était  gen- 
tilhomme de  la  chambre  de  Charles  IX 
et  frayait  avec  tout  ce  qui  tenait  à  la 
Cour;  l'autre ,  il  est  vrai,  n'était  en- 
core qu'un  adolescent  à  la  St-Barthé- 
lemy,  mais  il  était  attaché  en  qualité 
de  page  à  la  maison  de  Henri  de  Na- 
varre ;  il  accompagna  ce  prince  lors  de 
son  évasion,  et  tel  que  le  fidèle  Acbate, 
il  ne  le  quitta  plus.  Nul  n'était  donc  en 
meilleure  position  qu'eux  pour  savoir 
la  vérité.  Elever  des  doutes,  ce  serait 
nier  l'histoire.  La  plupart  des  faits  de 
nos  Annales  sont  admis  sur  des  témoi- 
gnages moins  imposants. Aussi  M.  Hal- 
gaigne  avait  raison  de  dire  qu'il  ten- 
tait presque  l'impossible.  11  nous  serait 
facile  de  répondre  à  ses  objections,  qui 
ont  peu  de  poids;  mais  comme  il  a  fini 
par  reconnaître,  au  moins  en  partie, 
son  erreur  (1)  —  erreur  dans  laquelle 
il  a  été  entraîné,  nous  nous  plaisons  à 
le  constater,  par  un  pur  amour  de  la 
vérité,  ses  tendances  philosophiques 
nous  en  sont  garantes, — nous  ne  nous 
y  arrêterons  pas  plus  longtemps.  Seu- 
lement nous  aurons  à  examiner  plus 
loin  la  valeur  de  ses  dernières  objec- 
tions, qui.  Je  pense,  ne  résisteront  pas 
davantage. 

Paré  perdit  sa  femme,  Jeanne  Mas* 
selin  ou  Mazelin,  le  4  nov.  1 573.  Nous 
avons  vu  qu'elle  lui  donna  plusieurs 
enfants,  dont  trois  filles  Jeànne,Annb 
et  Catherine  qui  firent,  ces  deux  der- 
nières au  moins,  de  grands  partis.  Nous 
ne  savons  pas  si  le  fils,  François, 
vécut  assez  pour  continuer  la  lignée  (2). 

(i)  li  est  fAcbeux  que  cette  rectification  se  troate 
comme  perdue  dans  une  préface  ajoutée  au  3«  to- 
lume  -,  les  plus  intrépides  iront  difficilement  la  cher- 
cher jusque-là.  Aussi  Toyons-nons  que  M.  Pariset, 
une  des  lumières  de  la  science,  dans  son  discours 
prononcé  au  nom  de  l'Acad.  royale  de  médecine, 
lors  de  l'inauguration  de  la  statue  de  Paré  à  Laral, 
s'en  est  tenu  à  la  première  appréciation  de  M.  Mal- 
gaigne.  Beaucoup  d'antres  en  feront  de  même  et 
cette  erreur  fera  son  chemin. 

(9)  «  Je  ne  pourrais  taire  sans  injustice,  dit 
M.  Hubert  (disconn  cité),  qu'une  famille  Paré, 


PAR 


i34  — 


PAH 


Selon  M.  Malgaigne^  Paré  ae  serait  re- 
marlé^  cette  même  année  de  1 575,  avec 
Jacqueline  Rousselet,  fllle  d'nn  cheva- 
lier ordinaire  de  l'écurie  dn  roi.  Mais 
il  n'est  pas  possible  de  l'admettre.  Il 
devait  an  moins  laisser  s'écouler  Tan- 
née de  deuil.  Ce  mariage  ne  se  trou- 
vant pas  consigné,  d'après  nos  rensei- 
gnements particuliers,  sur  les  registres 
de  l'église  de  S.  André  des  Arcs^  nous 
ne  pouvons  en  préciser  la  date.  Si  Ton 
devait  en  croire  une  communication 
de  M.  E.  Begin,  faite  h  M.  Halgaigne, 
deux  fllles,  dont  on  ne  nous  dit  pas  les 
noms,  seraient  nées  de  ce  mariage 
avant  1575.  Autre  impossibilité;  en 
outre,  nous  ferons  remarquer  qu'il  se- 
rait étrange  que  ces  deux  naissances 
ne  fussent  pas  portées  sur  les  registres 
de  la  paroisse.  N'oublions  pas,  non 
plus,  qu'à  cette  époque  Paré  devait 
avoir  près  de  soixante  ans.  Jl  y  a  sans 
doute  quelque  confusion  dans  ces  ren- 
seignements, et  cela  pourrait  faire 
naître  des  doutes  sur  l'authenticité  du 
mémoire  que  possède  M.  Begin. 

Le  grand  chirurgien  ne  s'endormait 
pas  sur  ses  lauriers.  L'intérêt  de  la 
science,  c'est-à-dire  de  l'humanité,  le 
préoccupait  encore  plus  que  sa  propre 
gloire.  Notre  notice  bibliographique 
fera  connaître  ses  différentes  publica* 

qu'on  retrouTO  à  Laval  depuis  1740,  et  dont  le» 
descendants  portent  pour  prénom  habituel  le  nom 
d'Àmbroise,  sans  pouvoir  établir  aujourd'hui  une 
filittUon  plus  dlreol»,  étikit  sous  les  aociets  Hoîs 
exempte  de  capitation  et  de  r impôt  de  gabelle, 
comme  issue  do  notre s:rand  chirurgien.  *  Et  plus 
loin  dans  une  note  :  •  La  commission  avait  espéré 
«B  moment  pouvoir  publiar  des  reoseignements 
inédits  sur  la  famille  d'Ambroise  Paré,  et  sur  les 

Îreroières  années  de  sa  vie  ;  elle  avait  découvert 
Amsterdam  un  sieur  Paré,  ferblantier,  qui  se 
lUl  descendant  direct  d'Ambroiso  Pari  et  posses» 
saur  de  tous  les  papiers  de  famille }  mais  comme 
il  a  refusé  d'y  laisser  fouiller  sans  recevoir  par 
aiance  «ne  somme  d'argent,  nous  n'avons  pas  cru 

Îonvoir  engager  les  fonds  de  la  souscription,  etc.  ■ 
lOe  pareille  conduite  dément  une  aussi  illustre 
origine  ;  la  famille  d'Ambroi^e  Paré  ne  pouvait 
dégénérer  à  ce  point.  £n  1804,  Napoléon  donna 
mission  au  professeur  Lassus  de  rechercher  à 
l^val  les  descendants  d'Ambroiso  Paré,  qu'il  vou- 
lait honorer  de  ses  bienfaits;  mais  il  paraît  que 
ces  recherches  restèrent  sans  résultat.— Un  Char- 
Ug  Paré  était  régent  à  Sedan,  en  1650,  et  une 
(«mille protestwte  de  ce  nome&if  taitàL»  àocbelle 
«A  iB7tt  ià^rck.  Tl.  516). 


tiens.  £n  i  575,  parut  la  i^'  édition  de 
ses  Œuvres,  Il  prend  au  titre  la  qua- 
lité de  conseiller  et  premier  chirurgien 
du  roi.  Après  la  mort  de  Charles  IX, 
Henri  III  l'avait,  en  effet,  pris  à  son 
service,  en  ajoutant  à  son  titre  de  pre- 
mier chirurgien  (i)  celui  de  valet  de 
chambre  ordinaire  et  conseiller,  a  L'on 
vrage  de  Paré  avait  ce  grand  mérite, 
au  Jugement  de  M.  Malgai^,  de  pa- 
raître à  temps,  de  satisfaireàunbesoin 
de  l'époque;  et  par  la  manière  dont  iJ 
était  conçu  et  par  la  vaste  renommée 
de  son  auteor,  il  devait  être  et  il  fut 
dès  son  apparition  le  code  de  la  chirur- 
gie.—Jamais^  depuis  le  livre  de  Guy 
de  ChauUac,  un  aussi  beau  et  aussi 
vaste  monument  n'avait  été  élevé  à  la 
chirurgie.  Anciens  et  modernes,  autant 
qu'il  avait  pu  en  découvrir  et  en  lire. 
Paré  les  avait  tous  fait  comparaître, 
triant  avec  soin  les  doctrines,  les  mé- 
thodes, les  procédés,  et  sur  une  foule 
de  questions,  ajoutant  les  résultats  de 
sa  longue  expérience.  »  Cet  ouvrage  oU 
le  chirurgien  se  place  si  haut,  porta 
ombrage  à  la  Faculté.  On  accusa  l'au- 
teur d'avoir  eu  la  témérité  d'aborder 
des  questions  qui  n'étaient  pas  de  sa 
compétence.  L'affaire  alla  même  Jus- 
qu'au Parlement.  Mais  soit  que  la  Fa- 
culté ait  compris  après  couple  ridicule 
de  ses  prétentions,  soit,  ce  qui  est  plus 
probable,  qu'un  ordre  supérieur  soit 
intervenu,  on  abandonna  la  poursuite 
et  le  livre  put  paraître.  Un  des  princi- 
paux griefs  de  la  Faculté,  c'est  que 
l'ouvrage  était  écriten  langue  vulgaire. 
Quel  crime  affreux  de  vouloir  être  com- 

(1)  Sur  un  état  de  la  maison  dn  roi,  en  1987, 
Faré  est  porté  comme  premier  chirurgien  au  trai- 
tement de  666  liv.  12  sols.  Sur  cette  même  liste 
se  trouvenideuiantrescbirurgiens/»a<K  Bruns  (?) 
et  Jsma'él  Lambert  [sans  doute  fils  de  Nicole  Lam- 
bert, ehir.ord.  du  roi  en  1550],  que  M.  Malgaigne, 
peu  familiarisé  avec  les  petites  faiblesses  de  nos 
encètres  les  Huguenots,  prend  pour  des  juifs  et 
qu'il  s'étonne  de  voir  en  si  bonne  compagnie. 
M.  Malgaigne  a  graml  tort  de  croire  qu'un  pro- 
testant n'eût  pu  être  admis  au  service  de  Heori  UI. 
Jious  ne  lui  en  citerons  qu'un  exemple,  Pal%$$y 
a-t-il  jamais  dissimulé  sa  religion?  Les  médecins 
surtout,  et  les  financiers,  ont  toujours  joui  de  cer> 
talne  prlTiléges  de  tolèmBCO  auprès  de  oei  soi- 
Tr#raiwt»m«neief  pi^e  ieMtiquee. 


PAU 


-^  135  — 


PAK 


pris  de  ceux  à  qui  Ton  s'adresse  !  La 
Médecine  devait  en  être  tenue  à  mes- 
pris,  a  Ce  qui  me  semble  le  con- 
traire >  répond  Paré^  car  ce  que  j'en 
ay  fait  est  pluslost  pour  la  magni- 
Oer  et  honorer.  — •  An  reste ,  estant 
François  et  sçacliant  bien  que  pen  de 
livres  de  la  chirurgie  composés  par  les 
Grecs,  Latins  et  Arabes,  sont  à  pré- 
sent traduits  en  nostre  langue^  qui  fait 
ipe  d'une  infinité  de  chirurgiens,  la 
plaspart  n'apprend  ceste  science  qu'en 
son  vulgaire,  l'oyant  par  les  docteurs 
médecins  traiter  et  interpréter  en  fran- 
çols,  dont  nous  voyons  pour  un  chi- 
rurgien latin,  qu'il  s'en  trouve  mille 
(rançois  et  plus,  bien  exerçans  la  chi- 
rnrgie  :  Je  n'ay  voulu  aussi  Tescrire 
«a  autre  langage  que  le  vulgaire  de 
QOStre  nation,  ne  voulant  estre  de  ces 
curieux,  et  par  trop  superstitieux,  qui 
feulent  cabaliser  les  arts,  et  les  serrer 
MUS  les  loix  de  quelque  langue  parti- 
culière.» En  outre,  aux  yeux  de  mes- 
aieors  do  la  Faculté,  Paré  avait  le  tort 
liràatssible  d'avoir  relevé  l'art  de  la 
ÂIrnrgie  de  son  avilissement,  de  l'a- 
voir replacé  aux  c6lés  de  sa  sœur  at- 
née,  bien  plus  d'avoir  osé  proclamer, 
M  ex'barbier,  h  la  face  de  graves  doc- 
teurs cfûs^  el  mitres  qne  la  chirur- 
gie pour  sa  certitude  outrepasse  lamé- 
decine  interne,  ^'était-ce  pas  lecomble 
de  l'insolence?  Cependant  ne  craignez 
pas  quelepuissantalhlètefasse  amende 
honorable  et  s'humilie  ;  il  a  le  senti- 
inent  de  son  bon  droit  et  de  sa  force. 
Êcoutons^le  et  admirons  cette  àme  gé- 
néreuse :  «  L'homme  n'estant  point 
|iay  pour  soy  seulement,  ny  pour  son 
seul  profit,  Nature  luy  a  donné  un  in- 
stinct et  inclination  naturelle  à  aimer 
ion  semblable,  et  en  l'aimant,  tascher 
de  le  secourir  en  ses  alTaires  :  telle- 
ment que  de  cette  mutuelle  affection 
est  venue  ceste  loy  non  escrlte,  mais 
gravée  en  nos  cœurs.  Sois  tel  envers 
wutruy,  qtie  iu  voudrais  qu^on  fust  m 
Um  endroit,  —  C'est  pourquoy  je  suis 
niré  et  recogneu  par  dessus  ceux  de 
ma  vacation,  et  respecté  par  ceux  mes- 
mei  (jui  ne  me  cognoissent  (car  il  m'est 


loisible  de  parler  ainsi,  estant  à  Taage 
ou  Je  suis)  veu  que  tousjonrs  j'ay  eu 
ceste  charité  gravée  en  mon  ame,quc 
la  commodité  de  mon  frère  et  mon  pro- 
chain m'a  esté  agréable,  et  qu'en  toutes 
mes  actions  je  me  suis  efforcé  de  servir 
au  public,  et  tesmoigner  à  chacun  quel 
je  suis,  ce  que  je  sçay,  comme  je  l'en- 
tends, d'oh  je  l'ay  puisé,  et  en  quelle 
sorte  je  le  practlque.  »  Enfin  dans  sa 
dédicace,  dédicace  intéressée  et  par 
conséquent  trop  louangeuse,  il  disait 
&  Henri  III  :  <(Car  (Dieu  m'est  témoin, 
Sire,  et  les  hommes  ne  l'ignorent  point) 
il  y  a  plus  de  quarante  ans  que  je  tra- 
vaiUe  et  me  peine  à  l'esclairclssemcnt 
et  perfection  de  la  chirurgie....  —  En 
tout  cccy  ay-je  esté  sf  prodigue  de  moy- 
mesme,  de  mon  labeur,  et  de  mes  fa- 
cultés, que  n'y  cspargnant  le  temps 
pour  le  travail  par  moy  fait  nuict  et 
Jour,  ny  les  frais,  y  ayant  employé  une 
grande  somme  de  deniers  pour  satis- 
faire et  au  devoir  requis  par  un  œuvre 
si  pénible  et  important,  et  au  désir  des 
pauvres  escholiers,  lesquels  estans  in- 
struicts  en  la  tliéorique,  se  fassent  re- 
fk*oidis,  ne  voyans  ni  les  moyens,  ni 
la  voye  pour  effectuer  et  pracllquer  la 
science  :  les  préceptes  de  laqu^le  ils 
auroient  appris  en  l'eschole.  C'a  esté 
la  cause,  que  postposant  tout  gain,  et 
ayant  csgard  au  seul  profit  de  la  posté- 
rité, et  à  l'ornement  de  l'Empire  Fran- 
çois, sujet  à  vostre  Majesté,  j'ai  par 
tous  moyens  possibles  mis  la  Chirurgie 
plus  au  net  que  jadis,  soit  pour  la  ru- 
desse des  siècles  passés,  ou  envie  de 
ceux  qui  en  Taisolent  profession.  »  Plu- 
sieurs mêmes  des  confrères  de  Paré 
passèrent  dans  le  camp  ennemi.  Mais 
l'envie  et  l'intérêt  expliquent  bien  des 
aberrations  de  jugement. 

Après  cette  œuvre  capitale,  qui  con- 
tient le  résumé  de  tous  ses  travaux. 
Paré  ne  publia  plus  rien  d'important; 
il  se  contenta  de  revoir  son  ouvrage  et 
de  l'améliorer  dans  les  quatre  éditions 
qui  en  parurent  de  son  vivant.  Sa 
grande  Apologie  en  réponse  aux  atta- 
ques passionnées  de  Gourmelen,  fut 
son  dernier  écrit;  il  l'inséra  dans  la 


PAR 


—  136  — 


PAR 


4«édit.  de  sesOEavres^le  I3a\r.  i  585. 

Lorsque  la  Ligue  triomphante  eut 
chassé  Henri  III  de  sa  capitale.  Paré 
ne  suivit  pas  ce  prince;  son  grand  âge 
ne  lui  permettait  plus  de  prendre  part 
à  la  mêlée.  Mais  on  aurait  tort  d'en 
conclure  la  moindre  affection  de  sa  part 
pour  le  parti  des  Guises,  non  plus  que 
pour  la  religion  que  ce  parti  repré- 
sentail.Dans  les  temps  de  bouleverse- 
ments politiques,  les  plus  honnêtes  gens 
doivent  subir  le  Pouvoir,  quel  qu'il 
soit,  qui  s'impose.  Le  philosophe  qui 
porte  tout  avec  lui  pourrait  seul  s'y 
soustraire  ;  mais,  dans  l'état  de  société, 
ces  philosophes  sans  patrie  et  sans  fa- 
mille sont  heureusement  peu  communs. 

On  lit,  dans  le  Journal  de  L'Estoile, 
un  trait  de  courage  et  d'humanité  qui 
couronne  bien  la  noble  vie  de  Paré. 
Après  avoir  poussé  à  la  guerre  civile, 
à  l'instigation  de  ses  prêtres  et  de  ses 
moines,  le  peuple  de  Paris  portait  la 
peine  de  son  aveuglement.  La  famine 
hurlait  dans  les  rues.  Le  fanatisme  ne 
nourrit  que  tant  que  brûle  le  bûcher. 
«  Le  jeudi  20  de  déc.  1590,  veuille  de 
la  Saint-Thomas,  mourut  à  Paris  en 
sa  maison  maistre  Ambroise  Paré,  chi- 
rurgien du  roy,  âgé  de  80  ans,  homme 
docte  et  des  premiers  de  son  art;  qui, 
nonobstant  les  temps,  avoit  tousjours 
parlé  et  parloit  librement  pour  la  paix 
et  pour  le  bien  du  peuple,  ce  qui  le 
faisoit  autant  aimer  des  bons,  comme 
mal  vouloir  et  haïr  des  meschans,  le 
nombre  desquels  surpassoit  de  beau- 
coup l'autre,  principalement  à  Paris, 
où  les  mutins  avoient  toute  l'aucto- 
rité  :  nonobstant  lesquels  ce  bon-hom- 
me, se  fiant  possible  à  ses  vieux  ans 
comme  Solon,  ne  laissoit  à  leur  dire  la 
vérité.  Et  mesouviens  qu'environ  huict 
à  dix  jours  au  plus  avant  la  levée  du 
siège  [29  août  1590],  M.  de  Lyon  pas- 
sant au  bout  du  ponts.  Michel,  comme 
il  se  trouva  assiégé  d'une  fouie  de  menu 
peuple  mourant  de  faim,  qui  lui  crioil 
et  lui  demandoit  du  pain  ou  la  mort, 
et  ne  s'en  sachant  comment  dépeslrer, 
maistre  Ambroise  Paré,  qui  se  rencon- 
tra là,  va  itti  dire  tout  haut  :  a  Monsei- 


gneur, ce  pauvre  peuple  que  vous  voyés 
icy  autour  de  vous  meurt  de  maie  rage 
de  faim,  et  vous  demande  miséricorde. 
Pour  Dieu,  Monsieur,  faites-la  lui,  si 
vous  voulez  que  Dieu  vous  la  face;  et 
songez  un  peu  en  la  dignité  en  laquelle 
Dieu  vous  a  constitué,  et  que  les  cris 
de  ces  pauvres  gens,  qui  montent  Jus- 
qu'au ciel,  sont  autant  d'ajournemens 
que  Dieu  vous  envoyé  pour  penser  au 
deu  de  vostre  charge,  de  laquelle  vous 
lui  estes  responsable.  Et  pourtant,  se- 
lon icelle  et  la  puissance  que  nous  sça- 
vons  tous  que  vous  y  avés,  procurés- 
nous  la  paix,  et  donnés-nous  de  quoy 
vivre,  car  le  pauvre  monde  n'en  penll 
plus.  Voiés-vous  pas  que  Paris  périt  au 
gré  des  meschans  qui  veulent  empes- 
cher  l'œuvre  de  Dieu,  qui  est  la  paix? 
Opposés-vous  y  fermement.  Monsieur, 
prenant  en  main  la  cause  de  ce  pauvre 
peuple  affligé,  et  Dieu  vous  bénira  et 
vous  le  rendra.  »  M.  de  Lyon  ne  res- 
pondit  rien  ou  quasi  rien,  sinon  que, 
contre  sa  coustume,  s'estant  donné  la 
patience  de  l'ouïr  tout  du  long  sans 
l'interrompre,  il  dit  après  que  ce  bon- 
homme l'avoit  tout  estonné,  et  qu'en- 
cores  que  ce  fust  un  langage  de  politi- 
que que  le  sien,  toutesfois  qu'il  l'avoit 
resveillé  et  fait  penser  à  beaucoup  de 
choses.  »  L'histoire  de  la  Grèce  et  de 
Rome,  remarque  M.  Richerand,  qui  le 
premier  a  fait  connaître  ce  passage  de 
L'Estoile  dans  une  lecture  à  l'Acad.  de 
médecine,  ne  nous  offre  rien  de  plus 
beau,  rien  de  plus  véritablement  an- 
tique! Le  22  déc.  Paré  fut  enterré 
dans  l'église  de  S.  André  des  Arcs,  sa 
paroisse ,  «  au  bas  de  la  nef  près  la 
cloche  (1).  »  M.  le  docteur  Bégin  ap- 

(1)  M.  Malgaigne  s'en  prévaut  pour  maintenir 
^ue  Paré,  dans  les  dernières  années  de  sa  Tie, 
était  retourné  an  catholicisme.  Mais  nous  ne  lai 
ferons  que  celte  objection  :  Si  Paré  était  mort  en 
1575 ,  alors  qu'il  était  bien  incontestablement 
protestant,  où  aurait-il  été  enterré?  La  réponse 
est  facile,  si  les  faits  font  autorité.  Pour  ne  citer 
qu'un  fait  entre  mille,  où  Marol  a-t-il  été  enterré? 
Pourquoi  ces  nombreux  arrêts  des  parlements  or- 
donnant l'exhumation  d'hérétiques?  A  cette  épo- 
que, où  il  n'existait  à  Paris  ni  église  ni  cimet^re 
protestant,  les  Huguenots  ne  pouvaient  être  en- 
terrés que  dans  les  cimetières  catholiques  et  par 
des  prêtres  catholiques.  Si  le  bon  Paliêsy  était 


PAR 


—  137  — 


PAR 


préeie  ainsi,  dans  laBiogr.  médicale, 
les  services  rendus  à  la  science  par 
Paré,  c  Plas  praticien  qa'érndit,  dit- 
Il^  Tarmée  devint  sa  principale  école^ 
6l  le  premier  tiièàtre  de  ses  saccès.  11 
y  appliqua  aux  opérations  lesconnais- 
sances  qu'il  avait  acqalses  dans  les  am- 
phithéâtres, ety  recueillit  le  plus  grand 
nombre  des  observations  qui  ornent 
ses  écrits  et  les  rendent  encore  si  in- 
stractifs.  Cette  marche  expérimentale, 
61  l'attention  d'appuyer  toujours  les 
préceptes  sur  les  faits,  forme  le  cachet 
de  ses  œuvres  et  en  constitue  le  prin- 
elpal  mérite.  Lorsque  Paré  a  voulu  trai- 
ter des  sujets  étrangers  à  son  art,  tels 
qioe  Teicellence  des  animaux,  la  géné- 
ration, ou  l'histoire  des  monstres,  il 
l'est  montré  d'une  crédulité  simple  et 
facile,  qui  atteste  sa  bonhomie,  mais 
tpA  avait  sa  source  dans  l'enfance  de 
lliistoire  naturelle  et  de  la  physiologie 
à  répoque  ou  U  écrivait.  On  n'apres- 
qioe  rien  ajouté  à  ses  préceptes  sur  le 
traitement  des  plaies  en  général.  Il  a 
introduit  la  réforme  la  plus  salutaire 
dans  le  pansement  des  plaies  d'armes 
à  feu.  Il  a  le  premier  décrit  le  trépan 
eifoiiatif.  On  lui  doit,  sinon  la  décou- 
verte, du  moins  la  démonstration  des 
avantages  de  la  ligature  des  artères  et 
k  préceptes  les  plus  judicieux  concer- 
nant l'emploi  de  ce  moyen.  Il  est  peu 
de  sujets  de  chirurgie,  en  un  mot,  que 
l'on  ne  trouve  indiqués  ou  même  ap- 
profondisdansles  ouvrages  dece  grand 
homme.  »  M.  Malgaigne  remarque  avec 
raison  que  le  trait  le  plus  saillant  du 
caractère  de  Paré  était  une  profonde 
piété,  c  il  n'est  pas  un  seul  de  ses  ou- 
vrages, dit-il,  où  il  ne  cherche  l'occa- 
lion  de  rendre  gloire  à  son  Créateur. 
Avant  comme  après  la  St.-Barthélemy, 
ion  langage  demeura  le  même  ;  il  n'ef- 

■ort  éaas  m»  domicile,  croyez-Toas  qu'on  l'efll 
jtté  aux  chiens?  Pu  plus  qoe  Paré,  il  eàl  gans 
«ara  doate  été  enterre  avec  hMinenr  comme  lai, 
Hpent-être  comme  lai,  an  prix  de  quelque  saeri- 
iee  d'argeni  propre  à  apaiser  de  légitimes  sera- 
files.  Le  ramena  d'or  est  puissant  partout.  La 
I  d'konnear  qui  (ut  donnée  à  Paré  dans  l'é- 


diiô  bÂm  semblerait  indiquer  que  le  droit  avait 
Se  acnis  à  beaai  deniers  comptanU.  C'était  le 
flM  tar  sejen  d'ériler  dee  leaadnles. 

T.  VUl. 


faça  Jamais  une  ligne  de  ce  que  lui  avai  t 
dicté  ce  sentiment  religieux;  et  com- 
me je  l'ai  fait  remarquer^  on  n'y  trouve 
pas  un  mot  qui  mette  en  péril  son  or- 
thodoxie, x)  Nous  en  demeurons  d'ac- 
cord avec  M.  Malgaigne;  aussi  ses  livres 
n'étaient-ils  pas  des  livres  de  contro- 
verse; il  ne  pouvait  avoir  la  prétention 
de  convertir  Henri  III  à  qui  il  les  dé- 
diait ;  néanmoins,  nous  n'affirmerions 
pas  qu'un  auteur  qui  citait  les  livres 
saints  (de  la  trad.  huguenotte)  avec  tant 
de  complaisance;  qui,  dans  un  passage 
ajouté  à  ses  OEuvres  en  1585  (De  la 
Génération,  ch.  XI),  s'appuyaitde  l'au- 
torité de  Philippe  de  Mornay,  dans  son 
traité  De  la  religion  chrestlenne,  livre 
condamné  au  feu  et  par  conséquent  en 
abomination  à  tous  les  gens  de  bien, 
nous  n'affirmerions  pas  que  cet  auteur 
eût  paru  à  la  Sorbonne  pur  de  toute 
macule  et  souillure  (l).  Si  nous  con- 
sultons l'histoire,  nous  verrons  que  les 
purs,  les  immaculés  évitaient  jusqu'au 
soupçon  et  se  rejetaient  plutôt  dans  les 
déclamations  du  fanatisme.  Paré  eût 
été  une  bien  honorable  exception.  En 
outre,  nous  voyons,  par  un  autre  pas- 
sage du  traité  déjà  cité,  qu'il  abondait, 
avec  Calvin,  dans  les  idées  de  S.  Au- 
gustin sur  la  prédestination,  c  Or,  dit- 
il.  Dieu  a  distribué,  après  la  création  et 
infusion  d'icelle  [l'àme],  certains  dons 
particuliers  à  un  chacun,  à  mesure  et 
proportion  (1.  Cor.  12 — 2  Cor.  2)  :  ù 
l'un  de  prophétie,  à  l'autrerexposition 
des  Escritures  saintes,  aux  autres  d'es- 
tre  constitués  Roys,  Princes, et  grands 
Seigneurs  :  aux  uns  de  suivre  la  mé- 
decine, aux  autres  d'embrasser  lesloix: 
à  quelques-uns  de  naviguer  sur  la  mer, 
aux  autres  de  labourer  la  terre,  les  au- 
tres servans  d'aidesaux  maçons,  autres 
à  autres  choses  :  de  sorte  que  les  uns 
sont  subtils,  les  autres  grossiers,  et 
s'adonnent  à  choses  diverses  :  ainsi  ont 
les  autres  animaux  leurs  diverses  pro- 
priétés et  nature,  selon  que  sa  saplence 
infinie  ordonne  et  qu'il  iuy  plaist  :  et 
ne  faut  que  nul  conteste  contre  son 

(1)  Ces  livres  troaTéi  ebes  lui  auraient  suffi 
foar  le  faire  bràler. 

9 


PAR 


—  138  — 


PAR 


Créateur.  »  Il  nous  répusnerait'donc 
d'admettre  que  Paré  eût  pu  renier  sur 
la  fin  de  ses  jours  des  doctrines  qu'il 
avait  adoptées  librement  et  proressées 
pendant  de  longues  années;  la  peur 
seule  aurdit  pu  l'y  déterminer^  et  ses 
amis  9  même  catholiques ,  ne  doivent 
pas  jeter  cette  tache  sur  une  aussi  belle 
vie.  La  religion  de  Paré  était  une  de 
ces  religions  que  l'on  n'abjure  pas  une 
fois  que  Ton  s'en  est  pénétré.  Ecoutons 
M.  Pariset  :  a  AmbroiseParé  était  sou- 
verainement religieux;  mais  il  l'élait 
à  sa  manière^  à  la  manière  de  Fénelon^ 
à  la  manière  des  plus  rares  esprits  qui 
aient  honoré  notre  espèce.  Il  pensait 
comme  euj,  ou  plutôt  ii  sentait  qu'une 
religion  n'est  toute  divine  qu'autant 
qu'elle  est  toute  humaine,  et  que  nous 
n'adorons  Dieu  qu'en  servant  nos  sem- 
blables. »  Cette  religion  est  sans  doute 
la  bonne.  Paré  laissait  à  d'autres  les 
religions  d'apparat  et  de  formules.  Il 
était  «  d'ailleurs,  continue  M.  Malgai- 
gne,  plein  de  tolérance  pour  les  autres, 
donnant  ses  soins  également  aux  Hu» 
guenots  et  aux  Catholiques,  et  comme 
le  Samaritain  de  l'Evangile,  versant  du 
baume  sur  toutes  les  plaies. — Ennemi 
des  luttes  et  des  querelles,  vousne  trou- 
verez pas  qu'il  ait  jamais  attaqué  per- 
sonne ;  et  vous  avez  vu  qu'il  laissait 
volontiers  à  ses  adversaires  le  dernier 
mot.  Il  est  monté  plus  haut  que  jamais 
aucun  homme  de  sa  profession  ;  il  n'ou- 
blie point  pour  cela  le  point  d'où  il  est 
parti  ;  il  fraie  volontiers  avec  les  bar- 
biers, ses  anciens  confrères,  et  il  ne 
rougit  point  de  rappeler  qu'il  doit  tout 
ce  qu'il  sait  à  messieurs  les  médecins. 
-*-Âvec  quelle  franchise  trop  peu  imi- 
tée il  vante  les  jeunes  chirurgiens  qu'il 
a  formés,  sans  jamais  en  prendre  om- 
brage! —  Après  Dieu,  il  a  un  autre 
amour,  un  autre  dévouement  au  cœur  : 
c'est  celui  de  la  science.  Il  commence  à 
écrire  à  28  ans;  jusqu'à  75,  il  ne  quit- 
tera pas  la  plume.  Il  ne  sait  pas  assez 
bien  écrire  peut-être  :  il  aura  des  cor- 
recteurs; il  ne  peut  lire  les  livres  la- 
tia^  :  il  prendra  des  traducteurs;  lui, 
premier  chirurgien  du  roi  de  France, 


et  recevant  comme  tel  des  appointe- 
ments de  600  livres,  il  en  dépensera 
3,000  pour  faire  graver  les  planches 
de  ses  instruments  ;  il  mettra  à  l'en- 
chère et  achètera  de  ses  propres  deniers 
les  secrets  des  charlatans  qu'il  s'em- 
pressera de  divulguer.  »  En  un  mot. 
Paré  est  aussi  grand  par  son  caractère 
que  par  son  génie,  et  par  son  caractère 
il  appartient  tout  entier  à  la  religion 
évangélique.  En  1 840,  une  statue  en 
bronze  (i)  lui  fut  érigée  sur  une  des 
places  de  Laval. 

Notice  bibliographtqub. 

I.  La  méthode  de  traie  ter  lesplayes 
faictes  par  hacquebutes  et  atUtres  baS" 
tons  à  feu  :  et  de  celles  qui  sont  faic- 
tes par  flèches,  dardzy  et  semUables  : 
aussi  des  combustions  spécialement 
faictes  par  la  pouldre  à  canon.  Corn- 
jDOsée  par  Ambroyse  Paré,  maistre 
oarbier,  chirurgien  à  Paris,  Paris, 
Vivant  Gaulterot,  1545,  pet.  in-8% 
de  ff.  61,  sans  la  table  des  matières, 
41  figg.;  dédié  à  René  de  Rohan. — 
Dans  un  avant-propos,  adressé  «  aux 
jeunes  chirurgiens  de  bon  vouloir,  » 
Paré  réclame  l'indulgence.  S'il  a  écrit 
ce  petit  traité,  ce  n'est  pas  qu'ilaitpré- 
sumé  (lui  qui  bien  plutôt  aurait  besoin 
d'instruction)  avoir  capacité  pour  en- 
seigner, mais  parce  qu'on  l'en  a  prié, 
et  aussi  pour  stimuler  quelque  plus 
haut  esprit  d'écrire  sur  cette  matière. 
11  termine  par  cette  invocation  qui  dé- 
cèle déjà  le  huguenot.  «A  tant  Je  sup- 
plie le  Créateur,  frères  et  amys,  heu- 
reusement conduyre  nos  œuvres  soubz 
sa  grâce,  augmentant  tousjours  noz 
bonnes  affections,  de  sorte  qu'il  en 
puisse  sortir  quelque  fruict  et  utilité, 
au  support  de  l'infirmité  de  la  vie 
humaine ,  et  à  l'honneur  de  celuy  en 
qui  sont  cachés  tous  les  thrésors  de 
science,  qui  est  le  Dieu  étemel.  »  Sans 
doute  que,  de  nos  jours,  cette  Invoca- 
tion serait  aussi  bien  placée  dans  la 
bouche  d'un  catholique,  que  dans  celle 

i)  La  modèle  en  Ml  dû  «i  laliBi  et  à  U  gè- 
■èroiilè  de  M.  David  d'Angen  :  noUe  et  pe- 
triotiqme  ambition  d'aisoeier  ion  nom  d'arUale  a 
celui  dei  grands  hommee  dont  legknrlSt  le  peife! 


PAR 


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PAR 


d'an  protestant;  mais  ne  confondons 
IKis  les  temps. 

II.  Briefve  oolleetion  de  VadvfU'* 
miration  anatomique  :  Avec  la  ma- 
fdère  de  conjoindre  lesos  :  Et  ^extraire 
k$  enfans  tant  morts  que  vivans  du 
ventre  de  la  mère,  lorsque  nature 
de  $oy  ne  peult  venir  à  son  effet, 
Paris,  Gnill.  Gavellat,  1550^  pet.  in-S» 
de  ff.  96,  sans  compter  les  pièces  pré- 
liminaires ;  privilège  daté  da  6  Juill. 
S  549;  dédié  au  vicomte  de  Roban.*- 
Paré  s'excnse  de  n'avoir  pu  surveiller 
l'Impression,  ayant  dû  se  rendre  «  an 
eamp  de  Bonlongne  pour  le  service  de 
son  seigneur  et  maistre.  »  Dans  un 
avis  aux  lecteurs  il  prévlentle  reproche 
qu'on  aurait  pu  lui  adresser  de  se  pa- 
nr  des  plumes  du  paon  comme  «  la 
eomille.  »  Il  ne  nie  pas  qu'il  no 
doive  beaucoup  à  Galien,  mais  non- 
itetant  «  n'y  a  rien  en  ce  libvret , 
ajoute-l-il,  que  u'ay  gaigné  par  mon 
libenr,  et  lequel  ne  soyt  faict  myen. 
Tellement  que  ces  grands  personnages 
de  biens,  desquels  me  suys  enricby, 
ne  pouroyent  à  lencontre  de  moy  éle- 
ver procès^  qui  ne  leurs  ay  non  plus 
ftdel  de  tort  qu'une  chandelle  faict  à 
n  sœur  d^elle  prenant  sa  lumière.  » 

ni.  La  manière  de  traicter  les 
filages  faictes  tant  par  hacquebutes 
que  par  pèches  :  et  les  accidentz  d'i- 
eeUêSj  comme  fractures  et  caries  des 
os,  gangrène  et  mortification  :  avec  les 
pcurtraictz  des  instrumentz  nécessai' 
res  pour  leur  curation.  Et  la  méthode  de 
curer  les  combustions  principalement 
faictes  par  la  pouldre  à  canon,  Paris, 
▲moul  l'Angelié,  15S2,  in-S»  de  80 
feaiilets,  sans  les  pièces  prélim.;  dé- 
dié à  Henri  II.  —  Nouvelle  édition  de 
8on  premier  traité  «  reveu  et  grande- 
ment enrichy,  tellement  qu'il  peult 
eslre  dict  nouvel  œuvre.  » 

IV.  Xa  méthode  curative  des  playes, 
et  fractures  de  la  teste  humaine,  avec 
ies  pourtraits  des  instruments  néces- 
saires pour  la  curation  d'icelles,  par 
M.AmbroiseParé,  chirurgien  ordinai- 
re du  roy  et  juré  à  Paris,  Par.,  Jehan 
Le  Rayer,  1561,  in-8«de  2S6  feuillets. 


sans  les  pièces  prélim.  et  la  table;  le 
privilège  accordé  à  Paré,  chirurgien 
ordln.  du  roy  et  Juré  à  Paris,  sous 
la  date  de  Biois,  8  oct.  1559,  pour 
toutes  ses  œuvres  pendant  neuf  ans; 
portrait  sur  bois.  Paré  représenté  à 
l'âge  de  45  ans,  avec  la  devise  :  la- 
bor  improbus  omnia  vincit,  —  Cet  ou- 
vrage est  dédié  au  premier  médecin  du 
roi,  Chapelain.  «Je  n'estime  point,  dit 
fauteur  dans  sa  dédicace,  qu'on  doive 
trouver  mauvais  si  J'ay  suivi  un  ordre 
de  practiquer  autre  que  celuy  d'Hyp- 
pocras,  lequel  (ainsi  que  luy  mesme  a 
confessé)  n'a  voulu  tenir  tel  moyen 
d'escrire,  pource  qu'il  addressoit  et 
deslinoit  ses  œuvres  à  ceux  qui  es- 
toient  ]a  avancez,  et  par  exercice  pro- 
meuz  en  cest  art  et  discipline.  Car  qui 
voudra  prendre  garde  à  ses  sentences, 
il  trouvera  qu'elles  sont  quasi  comme 
certains  arrestz  et  résolutions  plustost 
que  discours  familiers  et  communs  : 
aussi  qu'il  a  tousjours  usé  de  brfcfve 
et  aphorismattque  manière  de  parler, 
de  sorte  qu'en  polsant  les  mots,  nous 
trouvons  qu'ils  sont  comme  oracles , 
requérants  d'estre  expliquez  et  enlen- 
duz  avec  plus  ample  et  plus  longue  dé- 
duction de  parolles.  Ce  que  J'ay  fait , 
discourant  le  plus  clerement  qu'il  m'a 
esté  possible  selon  ma  mode  simple, 
commune  et  familière  :  à  fin  de  m'ac- 
commoder,  et  communiquer  mon  in- 
telligence aux  Jeunes  cscoiliers  et  ap- 
prentifz  en  ceste  pratique,  p 

V.  Anatomie  universelle  du  corps 
humain,  composée  par  A.  Paré,  chirur- 
gien ordinaire  du  roy  et  juré  à  Paris  : 
reveuë  et  augmentée  par  ledit  au- 
teur,  avec  /.  Bostaing  du  Bignosc  pro- 
vençal, aussi  chirurgien  juré  à  Paris, 
Par.,  Jehan  le  Royer,  1561,  in-s»  de 
277  feuillets,  sans  les  pièces  prélimi- 
naires et  la  table,  très-bon  portrait  sur 
cuivre,  même  âge  et  même  devise  que 
dans  le  portrait  déjà  cité.  L'ouvrage 
est  dédié  au  roi  de  Navarre,  Antoine 
de  Bourbon.  — •  Dans  un  avis  au  lec- 
teur, Paré  explique  quelle  est  la  part 
qui  revient  à  Binosque  dans  son  ou- 
vrage. «  Ne  me  voulant  du  tout  ap- 


PAR 


—  140  — 


PAR 


pvyer^  dit-il  ^  sur  les  espreaves  et  dé- 
moDstrationsanatomiques  quej'ay  faic- 
tes,  ny  pleinement  confier  à  mon  seol 
esprit^  j'ay,  pour  bastir  cest  œavre 
sur  on  fondement  non  vermoulu,  sou- 
ventes  fois  conféré  ce  que  j'en  avoy 
desja  fait  avecques  Rostan  de  Binosc^ 
bomme  très  expérimenté  aux  dissec- 
tions anatomiques,  et  par  son  moyen 
avons  de  plusieurs  choses  augmenté 
ce  présent  livre.  Car  pour  ce  que  par 
la  diversité  des  corps  qu'il  pouvoit 
avoir  veu  en  un  costé,  et  de  ceux  qu'en 
un  autre  lieu  J'avois  anatomisé,  il 
monstroit  quelquesfois  ne  consentir  à 
mon  opinion,  afin  de  nous  arrester  en 
une  résolution  bien  seure,  nous  avons 
esté  forcez  plus  souvent  que  touls  les 
Jours,  de  rechercher  nouvellement  en 
des  corps  morts  ce  qui  nous  faisoit 
ainsi  différemment  opiner  en  la  ma- 
tière anatomiqne.  Desquelles  reveuë3 
(  grâce  à  Dieu  )  sommes  sortiz  avec 
une  unanime  conclusion  des  points 
arrestez  en  ce  mien  œuvre.  »  A  la 
suite  des  poésies  louangeuses ,  de  ri- 
gueur, que  l'auteur  se  fait  adresser 
pour  satisfaire  au  goût  du  public,  on 
trouve  quelques  vers  de  Paré ,  un 
peu  prosaïques  sans  doute,  mais  ri- 
mes avec  beaucoup  de  facilité,  et  tels 
que  les  meilleurs  poètes  français  du 
temps  eussent  pu  les  lui  envier,  car 
ils  n'étaient  pas  riches.  Les  voici; 
Paré  les  adresse  au  chirurgien  Caron, 
qui  avait  surveillé  l'impression  de  son 
ouvrage  ; 

Tavois,  longUmps  y  a,  ce  labeur  eonmencè 
Et  en  plusieurs  endroits  depuis  rèajancé, 
Augmenté  et  reteu  par  l'ayde  et  moyen 
De  Binosque,  duquel  il  est  autant  que  mien: 
Mais  Toulant  ce  traitté  mettre  dessus  la  presse 
Binosque  qui  jamais  sa  lecture  ne  laisse 
Ne  pouToil  bonnement  vaquer  au  résidu  : 
Et  moi  qui  ça  et  là  suis  toujours  attendu 
Pour  le  doToir  de  Kart  que  Dieu  m'a  départy. 
Impossible  m'estoil  ranger  à  re  party  : 
Mais  pour  afoir,  Garon,  en  la  dissection 
Anatomique  teu  ton  érudition, 
Sçacbant  qu'au  Tray  amy  la  prière  n'est  Taine, 
Je  te  requis  pour  moy  de  prendre  tant  de  peine, 
Que  d'assister  pendant  que  l'on  l'imprimeroit 
Pour  corriger  en  mieux  ce  qui  te  sembleroit  : 
A  oBoy  tu  as  tacqué  de  telle  diligence 
0■^BU6  fait  apparoir  aussi  de  la  science  : 
Si  doDcqoes  le  Lecteur  y  troore  quelque  chose 


Dont  11  soit  satisfait,  sur  luy  je  me  repose 
De  le  donner  louange,  ainsi  qu'ont  mérité 
Ceux  qui  ont  truTailié  pour  la  postérité. 

VI.  Dix  livres  de  la  chirurgie,  avec 
le  metgasin  des  instrumens  nécesscd' 
res  à  icelle,  par  A,  Paré,  premier  chi- 
rurgien du  roy  et  juré  à  Paris,  Par., 
Jean  le  Royer,  1564,  in-S»  de  234  ff., 
sans  les  pièces  prélimin.  et  la  table, 
reproduction  du  portrait  publié  dans 
l'ouvr.  précédent,  le  5  de  l'âge  a  été 
gratté  et  remplacé  par  un  8.  Ouvrage 
dédié  au  roy  très-chrestien.  On  y  voit 
une  longue  pièce  de  vers,  que  M.  Mal- 
gaigne  suppose  sortie  de  la  plume, 
pour  ne  pas  dire  de  la  verve,  de  notre 
grand  chirurgien. 

Yll.  Traicté  de  la  peste,  de  la  petite 
vérolle  et  rougeolle:  avec  une  briefoe 
description  de  la  lèpre,  Paris,  André 
Wechel,  1568,  in-8«  de  pp.  235  ;  dé- 
dié au  médecin  du  roi  et  de  la  reine- 
mère,  Gastellan. — Paré  écrivit  ce  traité 
de  la  peste  à  la  demande  de  la  reine- 
mère  qui,  lors  du  voyage  de  Lyon  oh 
il  suivait  la  cour,  en  1564,  lui  «  corn* 
manda,  pour  l'amour  et  soucy  du  bien 
de  ses  subjects,  mettre  par  escrit  et 
faire  imprimer  ce  qu'il  avoit  peu  sça* 
voir  et  cognoistre  des  remèdes  à  oe 
propres  par  la  longue  practique  qu'il 
en  avoit  faicte.  »  Paré  lui-même  avait 
été  «  touché  de  ce  mal  et  souffert  l'a- 
postume  et  pestilent  souz  l'aisseUe 
dextre,  et  le  charbon  au  ventre.  » 

VIII.  Cinq  livres  de  chirurgie,  I. 
Des  Bandages, — II, Des  Fracteures,— 
III.  Des  Luxations,  avec  une  Apologie 
touchant  les  harquebousades,  — Vf, Des 
Morsures  et  picqueures  venimeuses. 
—V.  Des  Goustes,  Paris,  i  571,  in-8«. 
Tel  est  le  titre  que  nous  fournit  le  bi- 
bliographe Draudius.  M.  Halgaigne 
qui  n'avait  connaissance  de  ce  livre 
que  par  son  faux  titre  que  reproduit 
Haller,  avec  la  date  de  1 572,  supposait 
à  tort  qu'aucun  autre  bibliographe  n'en 
avait  soupçonné  l'existence.  Le  Paul- 
mier  avaii  vivement  attaqué  Paré  dans 
son  Traité  de  la  nature  et  curation  des 
plaies  de  pistolle,  etc.,  comme  s'il  eût 
voulu  déguiser  parla  lesemprimlsqitll 


PAR 


—  441  — 


PAR 


loi  av&it  faits  et  détoarner  le  soupçon. 
<  Il  copiait  Paré  etMaggi^  dit  M.  Mal- 
gaigne^  sans  nommer  l'on  ni  Taatre  ; 
et  à  l'occasion  da  traitement^  il  criti- 
quait sans  ménagement  celai  que  Paré 
avait  conseillé^et  lui  attribuait  ia  mor- 
talité qui  avait  sévi  sur  les  blessés  de 
Dreux  et  de  Saint-Denis^  comme  sur 
ceux  du  siège  de  Rouen.  »  Paré  lui 
répondit  par  son  Apologie  touchant 
les  harqiiebousades  qu'il  inséra  dans 
ses  Cinq  livres  de  chirurgie,  a  Je  pro- 
teste^ disait-il^  que  quand  il  n'y  auroit 
autre  mal^  et  que  je  ne  verrois  autre 
intérest  en  cecy  que  le  mespris  de  moy 
et  de  mon  livre^  je  laisserois  couler 
les  choses  doucement  et  les  passerois 
sous  silence  :  sçacbant  bien  que  les 
responses  et  répliques^  dont  nous  vou- 
lons aider  à  clorre  la  bouche  des  mé- 
disans^  bien  souvent  servent  plustost 
à  les  faire  parler  d'avantage  qu'autre- 
ment^ et  qu'il  n'y  a  meilleur  moyen 
d'assoupir  telles  noises^  que  de  ne  dire 
mot  :  comme  nous  voyons  que  le  feu 
s'estelnt,  cessant  sa  matière  combus- 
tible, et  lui  estant  le  bois.  Hais  quand 
J'ay  bien  considéré  le  danger  évident 
auquel  plusieurs  se  fourreront  s'ils 
viennent  à  suivre  les  reigles  et  ensei- 
gnemens  que  donne  ledit  médecin  pour 
la  cure  desdites  playes,  j'ay  pensé  que 
mon  devoir  estoit  d'aller  au  devant  de 
ce  mal^  et  d'empescher  autant  que  je 
pourrois,  eu  esgard  à  ma  profession^ 
laquelle,  outre  l'affection  commune  que 
tous  doivent  au  bien  public,  m'oblige 
particulièrement  à  cecy,  tellement  que 
Je  ne  pourrois  en  bonne  conscience 
faire  le  sourd  et  le  muet,  où  le  devoir 
général  et  particulier  m'obligent  et 
contraignentà parler.»  Naturellement, 
la  polémique  n'en  resta  pas  là.  «  Le 
Paulmier,  4it  M.  Malgaigne,  ne  voulut 
pas  se  compromettre  jusqu'à  signer  sa 
réponse  ;  mais  sous  le  masque  d'un 
compagnon  barbier  anonyme,  il  se 
donna  une  ample  satisfaction.  »  Voici 
le  titre  de  son  libelle  :  Discours  des 
harquebousades  en  forme  d'épistre, 
Dour  répondre  à  certaine  apologie  pu" 
wiée  par  Ambroyse  Paré,  par  J.  M., 


compagnon  barbier, Lyon,  1572. Paré 
eut  le  bon  esprit  de  laisser  tomber  une 
discussion  qui  avait  tourné  à  l'invec- 
tive. 

IX.  Deux  livres  de  chirurgie.  1.  De 
la  génération  de  l'homme,  et  manière 
d'extraire  les  enfans  hors  du  ventre 
de  la  mère,  ensemble  ce  qu'il  faut 
faire  pour  la  faire  mieux  et  plitëtost 
accoucher,  avec  la  cure  de  plusieurs 
maladies  qui  luy  peuvent  survenir, — 
II.  Des  monstres  tant  terrestres  que 
marins  avec  leurs  portraits. ^^Plus un 
petit  traité  des  plaies  faites  aux  par- 
ties nerveuses,  Paris,  André  Wechel, 
1573,  in-80  de  519  pp.  ;  dédié  au  duc 
dIJzès,  pair  de  France.  C'était  à  la 
demande  du  duc,  qu'à  la  suite  d'une 
conversation  qu'il  avait  eue  avec  lui 
sur  ce  sujet.  Paré  avait  composé  son 
traité  de  la  Génération.  Portrait  de 
Paré  à  Tâge  de  55  ans,  ce  qui  reporte- 
rait l'année  de  sa  naissance  en  1518. 
Hais  il  est  très-vraisemblable  que  ce 
livre  était  destiné  à  paraître  dès  l'an- 
née précédente,  car  en  1573,  le  li- 
braire Wechel  était  en  fuite,  heureux 
d'avoir  pu  échapper,  par  la  protection 
é'Hubert  Languet,  aux  massacres  de 
la  Saint-Barlhélemy.  Le  privilège  est 
du  4  juin.  1572. 

X.  Les  Œuvres  de  M.  Ambroise 
Paré,  conseiller  et  premier  c?drurgien 
du  roy,  avec  les  figures  et  portraicts 
tant  de  l'anatomie  que  des  instrumens 
de  chirurgie  et  de  plusieurs  monstres. 
Le  tout  dvAsé  en  vingt-six  Vrres, 
comme  il  est  contenu  en  la  page  sut- 
vante,  Paris,  Gabriel  Buon,  I575,in- 
fol.  de  pp.  945,  non  compris  la  table, 
les  préfaces  et  la  dédicace.  Privilège 
daté  d'Avignon,  dernier  jour  de  nov. 
1574  ;  Paré  y  est  désigné  avec  la  qua- 
lité de  premier  chirurgien  et  valet  de 
chambre  ordinaire  du  roi.  Portraitsur 
bois  sans  indication  d'âge; — 2«  édit. 
revue  etaugm.  par  l'auteur  (vingt-sept 
livres),  1579,  in-fol.  de  pp.  1105,re- 
prod.  du  portrait  précédent  avec  l'âge 
de  63  ans; —  4«  édit.  revue  et  augm. 
par  l'auteur  (vingt-huit  livres),  1585, 
in-fol.  de  pp.  1245  :  «  Cette  édition. 


PAR 


—  142  — 


PAR 


dit  M.  Halgafgne,  est  estimée  et  mé- 
rite de  l'être;  c'est  la  dernière  édition 
originale^  et  la  première  où  se  lise  la 
grande  Apologie;  »—  5«  édil.,  revue 
et  augm.  par  Tautear  peu  auparavant 
son  décès  (vingt -neuf  livres),  1598, 
in-fol.  de  pp.  1228  :  «  Cette  édition, 
au  témoignage  de  M.  Malgaigne,  est 
plus  complète  que  la  précédente^  et  à 
ce  titre  elle  est  préférable;  mais  11 
faut  se  méfier  de  certaines  additions 
qui  proviennent  évidemment  des  édi- 
teurs posthumes,  et  non  point  d'A. 
Paré;  »  — 8«édit.,  augm.  «  d'un  fort 
ample  Traictédes  /iebvres,tant  en  gé- 
néral qu'en  particulier,  et  de  la  cura- 
tiondHcelles,  nouvellement  trouvé  dans 
les  manuscrits  de  l'auteur,  Paris,  1 628, 
m-fol.  de  1320  pp.  «C'est  dit  H.  Mal- 
galgne,  la  dernière  des  édit.  de  Paris, 
la  plus  belle  et  la  plus  complète  ;  mal- 
heureusement le  texte  n'y  a  pas  été 
mieux  respecté  que  dans  les  deux  pr^ 
cédentes,  et,  sous  ce  rapport,  elle  est 
au-dessous  de  la  cinquième,  mais  sur- 
tout de  la  quatrième.  »  Les  OEuvres 
de  Paré  ont  encore  eu  plusieurs  édi- 
tions, M.  Malgalgneenénumère  treixe, 
sans  compter  la  sienne,  qui  est  au- 
dessus  de  tout  éloge;  en  voici  le  titre  : 
OEuvres  complètes  d'A.  P.,  revues  et 
collationnées  sur  toutes  les  éditions, 
avec  les  variantes  ;  ornées  de  21 7  plan- 
ches et  du  portrait  de  l'auteur  ;  accom- 
pagnées de  notes  historiques  et  criti- 
ques, et  précédées  d'une  introduction 
sur  Torigine  et  les  progrès  de  la  chi- 
rurgie en  Occident  duVI»  au  XVI«  siè- 
cle, et  sur  la  vie  et  les  ouvrages  d'A. 
P.,  Paris,  Baillière,  1840,  3  vol.  gr. 
ln-8o.  Les  OEuvres  de  Paré  ont  été 
traduites  en  latin,  en  anglais,  en  hol- 
landais, en  allemand,  et  elles  ont  en, 
dans  chacune  de  ces  langues,  de  4  à 
5  éditions,  preuve  incontestable  de  la 
grande  influence  que  les  doctrines  de 
Paré  ont  exercée  sur  la  chirurgie  en 
Europe. —  Voici  le  sommaire  des  ma- 
tières contenues  dans  l'ouvrage  :  Dé- 
dicace à  Henri  III  ;  Au  Lecteur  ;  Pré- 
face, Introduction,  on  entrée  pour  par* 
venir  à  la  vraye  cognoisaanee  de  la 


chirurgie;  —  I.  De  l'anatomle  de  tont 
le  corps  humain.— II.  Des  parties  vi- 
tales contenues  dans  le  thorax. —  III. 
Des  parties  animales  situées  en  la  tes- 
te.—  IV.  Des  muscles  et  os  de  tout  le 
corps,  avec  description  de  toutes  les 
autres  parties  des  extrémités.  —  V. 
Des  tumeurs  contre  nature  en  général. 

—  VL  Des  tumeurs  contre  nature  en 
particulier.— VII.  Des  playes  récentes 
et  sanglantes  en  générai.—  VIII.  Des 
playes  récentes  et  sanglantes  en  par- 
ticulier. —  Préface  sur  le  livre  des 
playes  faites  par  harquebuses;  Dis- 
cours premier  sur  le  fait  des  harque- 
bosades  ;  autre  Discours  sur  le  même 
sujet.— IX.  Des  playes  faites  par  har- 
quebuses et  austres  basions  à  feu,  flè- 
ches, dards  et  des  accidens  d'icelles. 

—  X.  Des  contusions,  combustions  et 
gangrènes.— XI.  Des  ulcères,  flstuta 
ethémorrhoïdes.— XII.  Des  bandages. 

—  XIII.  Des  fractures  des  os.—  XIT. 
Des  luxations.—  XV.  De  plusieurs  in- 
dispositions et  opérations  particulières. 
— XVI.  De  la  grosse  vérolle,  dltemala^ 
die  vénérienne.  —  XVII.  Des  moyens 
et  artifices  d'adjouster  ce  qui  défaut 
naturellement  ou  par  accident.  —La 
manière  d'extraire  les  enfans  tant  mors 
que  vivans,  etc; —  XVIII.  De  la  géné- 
ration de  l'homme.— XIX.  Des  mons- 
tres et  prodiges. — XX.  Des  fièvres  en 
général  et  en  particulier.— XXI.  De  la 
maladie  arthritique,  vulgairement  ap- 
pellée  goule.  —  XXII.  De  la  petite  vé- 
rolle, rougeolle,  et  vers  des  petits  en- 
fans,  et  de  la  lèpre.  —  XXIII.  Des  ve- 
nins et  morsures  des  chiens  enragés, 
et  autres  morsures  et  piqueures  des 
bestes  vénéneuses.— XXI  v.  De  la  pes- 
te. Chap.  complém.  De  l'usage  de  Tan- 
timoine. — Discours  de  la  mumie  et  de 
la  licorne.  —  Réplique  à  la  response 
faite  contre  son  discours  de  la  licorne. 
— XXV.  De  la  faculté  et  vertu  des  mé- 
dicamens  simples ,  ensemble  de  la 
composition  et  usage  d'iceux. — XXVI. 
Des  distillations. — Aphorismes  d'Hip- 
pocrates.  —  Canons  cl  reigles  chlror- 
giques  de  l'auteur.— XX VII.  Des  rap»- 
ports,  et  du  moyen  d'embaumer  les 


PAR 


—  143  — 


PAR 


corps  morts.— Apologie  et  traité  con- 
tenant les  Toyages  faits  en  diverslienz 
par  Ambroise  Paré. — Le  livre  des  ani* 
maux  et  de  rexcelience  de  Thomme. 
—  Appendice  aa  livre  des  monstres. 

XI.  Discours  d' Ambroise  ParéyCor^ 
seOUr  et  premier  chirurgien  du  roy, 
à  sçavoir,  de  la  mumie,  des  veniru, 
delalicome  et  de  lapeste^Vhrïs,  1 582^ 
in-4«  de  75  fenillets^  sans  les  pièces 
préllmin.  ;  très*  bon  portrait  sur  cul- 
TTOy  où  Tartiste  donne  à  Paré  l'âge  de 
7S  ans.  Ce  livre  est  dédié  à  Gbristo* 
pbie  des  Ursains  qui^  à  la  suite  de  con- 
versations que  Paré  avaient  eues  avec 
Ini;  l'avait  prié  de  mettre  ces  matières 
par  écrit  «  à  fin  d'envoyer  les  abus  à 
vao  Teau.  »  Y a-t-il  réussi? Nous  n'o- 
serions affirmer  que  la  momie  et  la 
corne  de  licorne  ne  sont  plus  en  usage 
a^joardlmiy  tant  les  préjugés  ont  de 
profondes  racines. 

XII.  RepUque  d' Ambroise  Paré,  pre» 
mier  chirurgien  du  roy,  à  la  response 
fmcte  contreson  discours  de  la  licorne, 
Paris^  1584,  in-4*  de  7  feuillets. 

PARENT  (ANTomit),  conseiller  au 
présidlal  de  Senlls.  Arrêté^  le  22  Juin 
iSôSypendantune  émeute  quiavaitdéjà 
coûté  la  vie  à  la  femme  de  Jacques  de 
Bwerant,  il  fut  traîné  en  prison  par  la 
populace^  ainsi  que  sa  femme,  Jean 
Greffin,  lieutenant  particulier  au  bail- 
liage, et  sa  femme,  Nicolas  de  Cor^ 
nouaiUes,  un  des  plus  riches  marchands 
de  la  ville,  et  plusieurs  autres  (Voy.  V, 
p.  325).  11  fut  assez  heureux  pour  s'é- 
ehapper,  le  12  juillet,  en  descendant 
par  la  fenêtre  de  son  cachot  au  moyen 
de  ses  draps  de  lit  et  en  sautant  du 
haut  des  remparts.  Ses  compagnons  fu- 
rent conduits  à  Paris  par  ordre  du  Par- 
lement qui  évoqua  Taffalre.  Greffln,  un 
des  Juges  les  plus  intègres  de  ce  temps, 
tai  condamné,  le  1 3  août,  à  être  pendu 
anx  Halles  et  brûlé.  Sa  tèle,  envoyée  à 
Seniis,  resta  longtemps  exposée  sur  le 
Port-au-pain.  Après  amende  honorable 
au  parvis  Notre-Dame,  sa  femme  fut 
enfermée  aux  Filles-Dieu.  Le  17,  An^ 
Unne  Trapier  subit  la  même  sentence 
que  Greffin.  Le  22,  le  président,  le  lieu- 


tenant civil,  le  lieutenant  criminel,  le 
prévêt  de  Seniis,  l'avocat  du  roi,  plu- 
sieurs avocats  et  conseillers  du  siège 
présidiai  et  d'autres  personnes  de  tou- 
tes qualités,  qui  étaient  parvenues  à 
s'enfùlr,  furent  cités  à  comparaître  à 
bref  délai.  Le  27,  la  femme  d'Antoine 
Parent  fit  amende  honorable  à  Sentis  et 
futenfermée  dans  le  couvent  des  Filles 
Saint-Remy.Le28,  pareil  arrêt,  quant 
à  l'amende  honorable^  fut  rendu  contre 
Nicolas  de  Gornouailles.  Nous  avons 
parié  déjà  du  supplice  de  JeanGoujon, 
qui  fut  exécuté  le  5  décembre.  Le  25 
Janv  .1563,  Pierre  Hanneguine  et  Con» 
stantin  Bedeau  firent  amende  honora- 
ble et  furent  envoyés  aux  galères.  Le 
23  février,  Louisi.Chauvin,  découvert 
dans  une  maison  du  faubourg,  fut  mas- 
sacré, ainsi  que  Jean  Des  Jardins,  L'é- 
dit  de  pacification  du  mois  de  mars 
suspendit  ces  barbaries. 

PARENTEAU  (Philippe  nB),  sieur 
de  Sàintk-Maison,  fils  de  Philippe  de 
Parenteauei  d'Anne  Du  7ay, avait  en- 
core en  1 68 1  ledroit  d'exercice  à  Grand- 
Rozoy,  qu'il  possédait  par  Indivis  avec 
Anne  et  Madelame  d'i  La  Garde,  ses 
sœurs  utérines  (sa  mère  s'étant  ma- 
riée en  secondes  noces,  en  J640,  à 
Charles  de  La  Garde,  capitaine  au  ré- 
giment de  Piémont,  fils  di* Antoine  de 
La  Garde  et  d'Anne  Germain),  et  avec 
les  trois  filles  û'Isaac  Du  Jay,  sieur  de 
Grand-Ro2oy,etdéC/kïr/otfc-i/^enrïc(tc 
de  Parenteau,  ses  nièces  (Arch.  gén., 
Tt.  284).  Sa  femme,  Madelaine  de 
Dompierre,  lui  avait  donné  deux  fils  ; 
(l'un  d'eux  avait  été  tué  au  siège  de 
Luxembourg,  et  l'autre,  nommé  Jac- 
ques, était  alors  au  service),  et  quatre 
filles.  Comme  II  était  zélé  pour  sa  re- 
ligion, et  qu'il  ne  voulut  point  la  re- 
nier àla  révocation  de  Tédit  de  Nantes, 
on  le  jeta  dans  les  prisons  de  Laon, 
d'où  on  le  transféra,  en  1687,  dans 
l'abbaye  de  Saint-Vincent  de  la  même 
ville  (Ibid,  £.  3373).  Il  en  sortit  quel- 
que temps  après,  sans  aucun  doute  au 
prix  d'une  abjuration,  et  vint  s'établir 
à  Paris.  N'y  trouvant  pas  aussi  aisé- 
ment qu'il  l'avait  espéré  les  moyens  de 


PAR 


—  144  — 


PAR 


sortir  da  royaume^  il  partit  pourToor- 
irille^  en  1688^  sous  prétexte  de  mon- 
trer la  mer  à  ses  filles  et  à  one  de  ses 
nièces  ;  mais  on  se  doala  de  son  véri- 
table dessein.  On  arrêta  toute  la  fa- 
mille et  on  renferma  dans  les  prisons 
de  Dieppe  (Ibid.  Tt.  314).  En  1692, 
Agnès-Françoise  de  Parenteau,  de  Pi- 
cardie^ habitait  La  Haye  (Arch,  de  l'é- 
gtise  wallonne);  nous  ne  savons  rien 
de  plus  sur  le  sort  de  cette  famille. 

PARISOT  (Jean),  dit  le  capitaine 
LiziER,  gouverneur  du  château  deBar- 
bazan-Dessus,  soutiQt  énergiquement 
la  cause  protestante  dans  leBéarn,  sous 
les  ordres  du  baron  ù'Arros,  en  1 573. 
A  la  tôte  de  sa  compagnie  d'arquebu- 
siers,  il  se  saisit  d^  Saint-Sever-de- 
Rustan,  livra  la  ville  au  pillage  et  brûla 
le  couvent  des  Bénédictinst  L'année 
suivante,  il  s'empara  par  stratagème 
de  Tarbes  et  s'y  cantonna.  De  là  il  ran- 
çonnait tous  les  villages  des  environs. 
Dans  une  de  ses  expéditions^  il  tomba, 
le  28  avril,  au  milieu  d'un  parti  de 
Catholiques  de  beaucoup  supérieur  en 
nombre.  Mis  hors  de  combat  par  une 
blessure  au  genou,'  après  une  vaillante 
défense,  il  voulut  essayer  de  regagner 
Tarbes  ;  mais  son  cheval  s'étant  abattu 
dans  un  marécage,  il  fut  atteint  et  per- 
cé de  coups.  Son  lieutenant  Brun,  qui 
accourait  à  son  secours,  arriva  pour 
voir  les  Catholiques  se  retirer  en  triom- 
phe, emportant  en 'guise  de  trophée 
les  oreilles  et  la  perruque  du  malheu- 
reux Lizier. 

PARMENTIER  (Jacques),  peintre 
d'histoire  et  de  portraits,  élève  de  son 
oncle  Sébastien  Bourdon  (l),  naquit  en 
1 658  et  mourut  à  Londres,  le  2  déc. 
1730.  En  1676,  Parmentier  passa  en 
Angleterre  et  fut  d'abord  employé  par 
La  Fosse  à  la  décoration  de  Thôtel  Mon- 
tagne à  Londres  (aujourd'hui  British 
Muséum).  Plus  tard,  le  roi  Guillaume 
le  chargea  des  travaux  de  peinture  à 
exécuter  dans  son  nouveau  palais  de 
Loo,  en  Hollande;  mais  Parmentier 

(1)  DenouToaai  renseignements  noas  mettront 
à  même  de  compléter  dans  notre  Sapplêment  la 
notice  de  cet  artiste  célèbre. 


ne  put  s'accorder  avec  le  directeur 
des  bâtiments  du  prince,  Daniel  Ma- 
rot,  et  après  avoir  terminé  trois  pla- 
fonds, il  quitta  La  Haye,  et  retourna  à 
Londres.  N'y  trouvant  pas  d'occupa- 
tions, il  se  rendit  dans  le  comté  de 
York,  ou  il  passa  plusieurs  années,  oc- 
cupé de  portraits  et  de  peintures  his- 
toriques. Le  tableau  qui  orne  le  reta- 
ble dans  l'église  de  Hull,  et  celui  dans 
l'église  de  Saint-Pierre  à  Leeds  :  Moïse 
recevant  la  loi,  sont  tous  deux  de  sa 
composition.  «  Ce  dernier,  dit  Wal- 
pole,  est  très-estlmé  par  Thoresby.  » 
Le  meilleur  ouvrage  de  Parmentier,  au 
jugement  du  même  Walpole,  se  voit  à 
Worksop  ;  ce  sont  les  peintures  d'an 
escalier.  On  cite  en  outre  de  lui,  à  la 
Salle  des  Peintres  (Painters'Hall)  à 
Londres,  l'histoire  de  Diane  et  d'En- 
dymion,  A  la  mort  de  Louis  Laguerre, 
en  1721,  Parmentier  se  rendit  à  Lon- 
dres, dans  l'espoir  de  lui  succéder  dans 
ses  travaux;  mais  il  échoua.  L'âge,  da 
reste,  lui  conseillait  le  repos.  Il  se  dis- 
posait à  partir  pour  Amsterdam,  où  il 
devait  retrouver  des  parents,  lorsqae 
la  mort  le  surprit  dans  sa  soixante- 
douzième  année.  Il  fut  enterré  dans  le 
cimetière  de  S.  Paul's  Covent-Garden. 
P.  van  Gunst  et  B.  Audran  ont  gravé 
d'après  lui  le  Portrait  de  S.  Ef)remont, 
et  J.  Gole,  celui  de  l'architecte  Daniel 
Marot. 

PARPAILLE  (PERRiNET)(l),  doc- 
teur endroit  de  l'université  d'Avignon 
et  chevalier  de  l'ordre  du  pape,  a  per- 
sonnage doué,  lit-on  dans  La  Pise^ 
d'une  singulière  probité  et  suffisance,» 
avait  rendu  à  sa  ville  natale  des  ser- 
vices importants  dans  une  mission  dont 
il  avait  été  chargé  àRome  ;  aussi  jouis- 
sait-il auprès  de  ses  concitoyens  d'une 
estime  que  son  zèle  ardent  pour  la  re- 
ligion catholique  devait  encore  forti- 
fier. Appelé,  en  1560,  parle  prince 
d'Orange  à  la  charge  de  président  da 

(1)  Grespin  et  de  Thon  l'appellent  Perrim, 
sieur  de  Farpaille,  et  M.  BaijaTel,  dans  son  DicL 
hist.  do  départ,  de  Vancluse,  Jean-Perrin  Par^ 
pailUf  fils  de  Perrinet  Farpaille.  Nous  saiTOoi 
La  Pise,  qni  devait  être  bien  informé  de  sod  — ' 


PAR 


—  148  — 


PAR 


piiiement,  son  premier  soin  tai  défai- 
re défendre  les  prêches  par  les  Etats  de 
laprincipaaté.  Les  Protestants  étalent 
déjà  assez  nombreux  pour  braver  ses 
défenses^  en  sorte  qae le  ministre  Geor- 
ges  Gilles  n'en  continua  pas  moins  ses 
fonctions  en  présence  d'un  nombre  tou- 
jours croissant  de  fidèles.  Parpaille 
Youlut  sévir;  mais  il  rencontra  une 
vive  résistance  dans  les  consuls,  l'un 
desquels  était  Jean  de  Langes,  Ils  s'a- 
dressèrent au  prince  pour  se  plaindre 
«  des  actions  et  violons  déportemens 
du  président^  qui  venant  tout  fraische- 
ment  de  Rome^  estoit  créature  du  Pape, 
chevalier  de  son  ordre^  et  conséqoem- 
ment  ennemy  Juré  des  subjects  de  Son 
Excellence,  notamment  de  ceux  qui 
avoient  quitté  la  papauté^  lesquels  il 
menaçoit  d'exterminer.  »  Le  prince  ne 
tint  compte  de  ces  représentations;  il 
maintint  Parpaille  en  place  et  rendit, 
le  6  Juin.  1 561,  un  édit  pour  Interdire 
à  Orange  l'exercice  de  la  religion  ré- 
formée et  en  chasser  tous  les  Hugue- 
nots qui  y  avaient  cherché  un  asile.  Se 
sentant  soutenu,  Parpaille  redoubla  de 
lèle  ;  il  dénonça  le  conseiller Pe/et,  avec 
qui  il  avait  eu  de  fréquentes  querelles 
au  sujet  de  la  religion,  et  le  fit  arrêter 
à  Avignon.  Ses  violences  n'eurent  d'au- 
tre effet  que  d'irriter  les  Protestants, 
qui  se  saisirentde  Téglise  des  Jacobins^ 
où  le  ministre  La  Combe,  chassé  de 
Romans,  célébra  la  Cène,  après  que 
toutes  les  Images  eurent  été  détruites. 
Spectacle  inattendu  !  Un  des  premiers 
qui  se  présenta  pour  participer  au  re- 
pas eucharistique,  ce  fut  Parpaille! 

Une  conversion  aussi  brusque  est  à 
bon  droit  suspecte;  nous  croyons  qu'elle 
fut  dictée  par  la  politique  plus  que  par 
la  conviction.  Quoi  qu'il  en  soit,  Par- 
paille apporta  au  service  de  la  cause 
protestante  toute  l'ardeur  qu'il  avait 
d'abord  déployée  contre  les  sectateurs 
des  opinions  nouvelles.  A  la  tête  d'un 
petit  corps  de  troupes,  il  fit  sur  Ghà- 
teauneuf-du-Pape  une  entreprise  qui 
échoua.  Quelques  Jours  après,  il  tenta 
avec  plus  de  succès  de  s'emparer  de 
Saint-Laurent- des-Arbres.  Le  batin 


qu'il  y  fit  Joint  aux  richesses  des  églises 
d'Orange,  lui  servit  à  acheter  des  ar- 
mes à  Lyon,  où  il  se  rendit  lui-même. 
A  son  retour,  il  fut  reconnu  et  arrêté 
au  Bourg-Saint-Andéol,  au  mois  de  Juin 
1 562.  Livré  à  Sommerive,  il  fut,  sur 
la  demande  du  vice-légat,  mené  à  Avi- 
gnon, exposé  dans  une  cage  de  bois  aux 
insultes  de  la  populace,  et  finalement 
décapité,  le  15  août,  selon  La  Pise,  le 
9  sept.,  selon  le  P.  Justin,  qui  affirme 
qu'il  abjura  à  ses  derniers  moments. 
Ce  qui  est  certain,  c'est  que  sa  mort 
n'est  point  relatée  dans  le  Martyrologe 
protestant,  et  que  sa  famille  obtint  la 
permission  de  lui  élever  un  mausolée 
dansl'églisede  Saint-Pierre  d'Avignon. 
Mais  qu'importe  dans  quelle  religion  il 
mourut;  son  exécution  n'en  fut  pas 
moins  un  assassinat  Juridique.  «  L'exé- 
cution de  Parpaille,  dit  avec  raison  La 
Pise,  ne  se  peut  colorer  ny  comme 
d'un  prisonnier  de  guerre  :  car  il  y 
avolt  paix  entre  le  pape  et  le  prince  ; 
ny  comme  originaire  d'Avignon  :  il 
avoit  changé  de  domicile  et  d'habita- 
tion, estant  devenu  chef  de  la  Justice 
souveraine  d'un  autre  prince.  Action 
donques  inhumaine  qui  viola  le  droict 
des  gens  sacro-saint  entre  toutes  na- 
tions. 9  La  maison  que  Parpaille  pos- 
sédait à  Avignon  fut  rasée  et  convertie 
en  une  place  à  laquelle  on  donna  le 
nom  de  Pie,  le  pape  régnant. 

PARROT,  famille  originaire  de 
Montbéliard,  dont  plusieurs  membres, 
établis  en  Allemagne  et  en  Russie,  se 
sont  fait  un  nom  dans  les  sciences. 

L  Christophe-Frédéric  Parrot,  doc- 
teur en  philosophie,  professeur  extra* 
ordinaire  de  mathématiques  et  des 
sciences  économiques  à  l'université 
d'Erlangen,  né  à  Montbéliard,  le  27 
Juin.  1751,  et  mort  dans  le  Wurtem- 
berg, où  il  remplissait  des  fonctions 
administratives  d'un  ordre  élevé.  On  a 
de  lui  : 

LDissJIIphysicœde  aqtidf  Erlang. , 
1781-83,  ln-40. 

II.  Ànwendung  der  vomehmsten 
Theileder  MathematikyArithmetikyAl' 
geber,  Géométrie  und  Trigonométrie, 


PAR 


—  146  — 


PAR 


auf  aUerky  im  mensehlichen  L^)en 
vorkommendeFàlley  fUralleGattungen 
von  Leser^  Erl.^  1782^  2  vol.  in  8o. 

m.  Progr,de  vi  aUris  elasticdy  née 
non  ejus  grauitate  notabilior^us  suf- 
fuUaexperimentiSfEsL,  1785^  in-4». 

IV.  Recueil  de  diverses  pièces  choi- 
sieSy  où  l'on  traite  de  la  physique^ 
tnéchanique,  géographie,  astronomie 
et  architecture  civile,  de  Vhi$t,  nattP- 
relie,  de  la  politique,  de  la  paix  et  de 
laguerre^  etc.,  dont  une  partie  est  ti- 
rée des  meillears  auteurs,  tant  anciens 
que  modernes^  et  l'autre  est  de  la  com- 
position de  l'auteur,  Erl.,  1783-84, 
2  vol.  in-8<». 

Y.  GemeinnUtzige  ôkonomisch-kch 
tneraUstische  Abhandlung  ilber  die 
Frage  :  ob  es  Umstànde  geben  kônne, 
da  man  um  des  gemeinen  Bestenunl- 
len  diesen  oder  jenen  Zweig  des  Land- 
und  Feldbaues  einschrànken  miisse? 
£rl.,  1786,  iu-80. 

VI.  Gemeinniitziges  Handbuch  der 
Stadt-und  Landwirthschaft,  Polizei- 
undKameralwissenschaft,  mit  mehre^ 
ren  wichtigen  ganz  neuen  Entdec^ 
kungen  versehen,  Niirnb.,  1790,  S  v. 
in-8o,  avec  pi.;  1798,  Ibld.,  sous  le 
nouv.  titre  :  AUgem.  Grundsàtze  der 
PoUzei-und  Kameralwissenschaft, 

Vil.  Versuch  einer  voUstàndigen, 
gemeinfasslichen  und  populàren  Ein- 
leitung  in  die  mathematisch^hysische 
Stern-und  Erdkunde,  Bayreuth,l  792, 
iD-8«  avec  12  pi. 

VIII.  De  l'esprit  de  l'éducation,  ou 
Catéchisme  des  pères  et  des  institu- 
teurs, Francf.  s.  M.,  1793,  in-8o.  — 
Attribué  par  Meusel  et  par  Kayser  à 
G.-F.  Parrot. 

IX.  Versuch  einer  populàren  Ein- 
leitung  in  die  Stern-und  Erdkunde, 
Hof,  1792,  in-8«  avec  12  pi.;  nouv. 
édit.  sous  ce  titre  :  Neue  vollstàndige 
und  gemeinfassliche  Einleitung  in  die 
mathematùtch-physische  Astronomie 
und  Géographie,  Ibid.,  1797,  in-8% 
avec  12  tabl.  et  6  pi. 

X.  VoUstàndAheoret.-prakt.Rechen- 
kunst,  mit  ganz  besond.  Anwendung 
tmf  WiêêêmeKafien,  Kiintte,  Profes- 


iionen  und  Htmdel,  Bayr.,  1797,  S*; 
avec  un  nouv.  titre  et  l'ann.  181  S, 
Leipzig. 

XI.  AbhandL  ôkonom^-kameraUst. 
/fiÂô/ts,  nebst  Anmerkk.  iiber  vermi- 
ichte  Ge^ens(arufe,Nûmb.,1800,in-8* 
avec  planches. 

U.  Georges-Frédéric  Parrot,  frère 
du  précédent,  naquit  à  Montbôliard, 
le  5  juillet  1767,  et  mourut  à  St-Pé- 
tersbonrg,  en  1841.  Uflt  ses  études  à 
Tubingue  et  se  voua  de  préférence  aux 
sciences  physiques.  Après  avoir  rem- 
pli, pendant  peu  de  temps,  la  place  de 
pédagogue  dans  la  maison  du  comte 
û'Héricy,  en  Normandie,  place  dans 
laquelle  il  eut  pour  successeur,  en 
i  788,  son  ami  et  compatriote  Georges 
Cuvier,  il  se  rendit  en  Allemagne,  ou 
U  donna  des  leçons  de  mathématiques, 
d'abord  à  Carlsruhe,  puisa  Offenbach. 
Il  passa  ensuite  en  Russie,  et  fut  nom- 
mé professeur  ordinaire  de  physique 
à  l'université  de  Dorpat.  Il  fut  le  pre- 
mier recteur  de  cette  université  que 
Alexandre  venait  de  rétablir  (1802). 
Le  titre  de  conseiller  actuel  d'Etat, 
qui  lui  fut  conféré  en  1840,  fut  la  ré- 
eompense  de  ses  longs  et  honorables 
services.  Depuis  quatorze  ans,  il  était 
membre  de  l'Acad.  impériale  des  scien- 
ces de  St-Pétersbourg,  lorsque,  le  14 
déc.  1840,  il  donnasa démission;  l'A- 
cad. le  nomma  membre  honoraire.  Une 
partie  de  ses  travaux  ont  été  dissémi- 
nés dans  les  Journaux  scientifiques  du 
temps,  tels  que  le  Magasin  de  Voigt, 
les  Annales  de  physique  de  Gilbert, 
les  Mémoires  de  la  Soc.  économique  de 
Livonie,  le  Journal  de  GôUingue,  etc.; 
nous  nous  contenterons  de  citer,  d'a- 
près M.  Quérard,  ceux  de  ses  écrits 
qui  ont  paru  dans  les  Mémoires  de 
l'Acad.  de  Sl-Pétersbourg. 

Voici,  d'après  les  bibliographes  alle- 
mands, la  liste  de  ses  ouvrages  : 

I.  Theoretische  und  praktische  An^ 
weisung  zur  Verwandlung  einer  je- 
den  Art  von  Licht  in  eines,  dos  dem 
Tageslichtàhnlichist,yfien,  il9i,  in- 
8«;  trad.  en  franc,  sous  ce  titre  : 
Traité  sur  la  manière  de  changer  no^ 


PAR 


—  147  — 


PAR 


$rê  lumiire  artifleieUe,  etc.^  Strasb.j 
1792,  in-8». 

II.  Der  ElUpsograph,  ein  Instrtk- 
ment  zur  Beschreibuny  von  Ellipsen 
verschied,  Ordnungen,  zum  Gebr,  in 
d.  Baukunst,  1792.  — Cité  parle  bi- 
bliographe Kayser. 

ill.  Ztoeckmàssiger  Luftreiniger, 
theoretisch  und  prakiisch  beschrieben. 
Franc,  a.  M.,  1793,  in-8o. 

rv.  Theoretischrpraktische  Abhand- 
hing  iiber  die  Besserung  der  àfilhlrà- 
der  ;  von  dem  Verfasser  der  Zweck' 
mSssigen  Luftreimger,fiurh.,  1795, 
in-8»  av.  3  pi. 

V.  Robinson  rfer  JUngste.  Ein  Lèse' 
huch  fur  Kinder,  Riga,  1797,  in-S». 

VI.  Ueber  den  Einfluss  der  Physik 
und  Chemie  auf  die  Arzneikunde, 
nebst  ein,  physikal, Théorie  des  Fiebers 
und  der  Schioindsucht, horp.  y  1 802,4<». 

vil.  Uebersicht  des  Systems  der 
theoret.  Physik,  Dorpat,  1 806,  in-8<>. 

VIII.  Grundriss  der  iheoret,  PAy- 
9ik,  T.  I  et  II,  Dorpat,  1 809-1 1 ,  ln-8o, 
avec  11  pi.  —T.  III,  soas  ce  tilre  : 
Grundriss  der  Physik  der  Erde  und 
Géologie,  Riga  et  Leipz.  1815,  in-S», 
avec  2  pi. 

IX.  Ansicht  der  Gegenwart  und  der 
nàchsten  Zukunft.Zwei  akademisch. 
Reden,  Dorpat,  1814,  in-8o. 

X.  Anfangsgrilnde  der  Maihema- 
tik  und  Naturlehre  fur  die  Kreisschu- 
Un  der  Ostsee-Provinzen  des  Rus- 
siichenReichs,  Mitau»  1815,  av.  7  pi. 

XI.  Coup  d'œil  sur 'le  magnétisme 
animal,  Brunsw^  Plachart,  1816,  8<». 

XII.  Ueber  die  Capillaritàt.  Eine 
Kritik  der  Théorie  des  Grafen  de  La- 
place  iiber  die  Kraft  welche  in  den 
Haarrôhren  undbeiàhnlichen  Erschei- 
nungen  wirkt,  Dorpat,  1817,  in-8». 

XIII.  Entretiens  sur  la  physique, 
Dorpat,  1819-24,  6  vol.  av.  is  pi. 

XIV.  Die  Bibelaus  dem  Standpunk- 
te  des  Weltmannes  betrachtet.  Eine 
Rede,  Milau,  1823,  ln-8<'. 

XV.  Mémoire  sur  les  points  fixes 
du  thermomètre,  Sl.-Pélersb.  1828, 
in-4*av.  2  pi. 

XVI.  Mémoire  concernant  de  nou- 


veaux moyens  de  prévenir  tous  les  ac- 
cidents qui  ont  lieu  dans  les  macM- 
nés  à  vapeur,  etc.,  St.-Pétersb.  1 829, 
in-4»  av.  1  pi. 

En  1827,  Parrot  publia  à  Berlin, 
ln-8o,  av.  flgg.  et  cariejPhysikal.  Beob- 
achtungen  wàhrend  seiner  Reisen  auf 
demEismeere  ind,  /.  1 821-23,  du  ba- 
ron de  Wrangel.  —Peut-être  doit-on 
aussi  lui  attribuer  Anfangsgrilnde  der 
franzôs.  Sprache  und  Dichtkunst,  4* 
édlt..  Halle,  1791,  in-8%  que  Kayser 
cite  sous  le  nom  de  Georges  Parrot. 

On  trouve,  en  outre,  de  G.-F.  Par- 
rot,  dans  le  T.  I  de  la  6»  série  des  Mé- 
moires de  l'Acad.  de  St-Pétersbonrg  : 

1 .  Description  d'un  nouveau  pantO" 
graphe,  av.  l  pi.  — -  2.  Mémoire  sur 
une  nouv.  cotistruction  pour  les  mdU 
de  vaisseaux,  av.  I  pi.  —  3.  Descrip* 
tion  théorique  d'un  alkoolmètre  adapté 
aux  eaux^e-vie  normales  de  Russie, 
av.  1  pi.  —  4.  Considérations  sur  Us 
température  du  globe  terrestre,  av.  1 
pi.  —  5.  Considérations  sur  divers  o6- 
jets  de  géologie  et  de  géognosie,  — 
Ajoutons-y  :  Recherches  physiques  sur 
les  pierres  d'Imatra,pvLhï.  à  part,  St.- 
Pétersb.,  1840,  in-4*. 

Georges-Frédéric  Parrot  a  laissé  mi 
fils,  Frédéric  (l),  professeur  de  mé- 
decine à  l'université  de  Dorpat,  qui  est 
surtout  connu  par  ses  voyages  scienti- 
fiques. On  a  de  lui  : 

I.  Diss,  inaug,  de  motu  sanguinis 
in  cor  pore  humano,  Dorpat,  i  8 1 4,  8<». 

II.  Ueber  Gasometrie,  nebst  einigen 
Versuchen  iiber  die  Verschiebbarkeit 
der  Gase.  Eine  gekrônte  Preisschrift, 
Dorp.  (I814),in-8%av.  5  pi. 

III.  Reise  durch  dieKrimmundden 
Kaukasus,  Berlin,  1815,  2  vol.  in-8% 
av.  cart.  et  flgg.  —  Publié  avec  Engel- 
bardt. 

IV.  Ansichten  iiber  die  allgemcine 
Krankheitslehre,  Mitau,  1820,  in-8». 

V.  Abhandlung  iiber  die  Unterbin- 
dung  der  bedeutenden  Schlagadem  der 
Gliedmassen,  etc.,  Berlin,  1 821 ,  in-8«, 
traduit  de  Titalien  de  Scarpa. 

(1)  Le  bIbliogrADhe  Kayser  l'eppelle  Jean-Jat' 
fUêê-FrédériC'ùuiUnumg . 


PAS 


—  148 


PAS 


VI.  Reise  in  die  Pyrenàen,  Berl.^ 
1824,  in-80. 

VII.  Ueber  die  Emâhrung  neuge^ 
homer  Kinder  mit  Kuhmilch,  Hitau, 
1826,  in-80. 

VIII.  Reise  zumArarat,  Berl.,  1 834, 
ln-80. 

m.  Jean-Léonard  Parrot,  membre 
da  Conseil  de  régence  à  Montbéliard, 
suivit  le  prince  Frédéric-Eugène  dans 
sa  retraite  en  Allemagne^  en  1 793,  lors- 
que Bernard  de  Saintes  alla  prendre 
possession  du  pays  au  nom  de  la  Répu- 
blique française.  Sa  fidélité  fut  récom- 
pensée. 11  fut  nommé  directeur  de  la 
Chambre  à  Erlangen^  dès  1802,  puis 
directeur  du  domaine  privé  du  roi  de 
Wurtemberg,  dès  1806,  commandeur 
de  Tordre  du  Mérite  civil,  et  anobli  (l) 
pour  ses  services.  Il  est  auteur  des  ou- 
vrages suivants  : 

I.  VeviiUch  einer  allgem,  Entwicke- 
lung  der  staatswirthschaftL  Verord- 
nungen  SUUy*s,  Slutt.,  1779,  in-4o. 

II.  Theoretisch'praktische  Abhand- 
lung  ilber  die  Arl^  voie  die  franzôsische 
KriegS'Kontribution  umgelegty  und 
Uber  die  Mit  tel,  wie  einige  Zweige  der 
Slaatswirthschaft  in  WUrtemb.  zu  ei- 
ner grôssem  Vollkommenheit  gebracht 
werden  /c(]inn^en(Stuttg.),  1797,  in-8«. 

m.  Versuch  einer  Entivickelung  der 
Sprache,  Abstammung  ^  Geschichte, 
Mythologie  und  bilrgerl.  Verhaltnisse 
der  lÀwen,  Latten,  Esten;  mit  Hin- 
blick  auf  einigebenachbarte  Ostseevôl- 
kerjDon  d.  àltesten  Zeiten  bis  zur  Ein- 
fiihrung  des  Christenthums ,  Stutt., 
1828,  2  vol.  In-d»,  av.  cart.;  nouv. 
édit.,  Berlin,  1839,  in-S». 

On  lui  doit,  en  outre,  Statistik  von 
Mompelgard,  qui  parut  en  1796,  dans 
le  Neueste  Staatsanzeige  (T.  I). 

IV.  Enfin  un  Louis  Parrot  est  auteur 
d'une  trad.  en  allemand  des  Mille  et  une 
nuits, Berl.,  1843,  4  vol.  in-l2. 

PAS,  seigneurie  de  TArtois,  qui  a 

(i)  C'est  ponrqaoi  les  bibliographes  allemands 
raf)pelleni  de  Parrot;  mais  en  France,  les  noms 
boargeois  souffrent  difficilement  le  de,  il  serait 
rtdicnle  de  dire  M.  de  Serrurier,  M.  de  Lesage, 
M.  de  Rousseau;  la  particule  ne  s'ayoute  con- 
TtBablemenl  qu'à  un  non  de  terre. 


donné  son  nom  à  une  des  familles  les 
plus  anciennes  du  pays,  celle  des  mar- 
quis de  Feuquières. 

Trois  descendants  de  cette  maison 
illustre  embrassèrent  d'assez  bonne 
heure  les  opinions  nouvelles.  L'un 
d'eux,  nommé  Philippe,  ne  nous  est 
connu  que  par  son  admission  au  nom- 
bre des  diacres  de  l'église  de  Genève, 
au  mois  de  février  1573  {Arch,  de  la 
Comp,  des  pasteurs  y  KQg,  A).  Les  deux 
autres  étaient  frères  :  ils  s'appelaient 
Louis  et  Jean,  Le  dernier  surtout  a 
Joué  un  rôle  considérable  dans  le  parti 
protestant  pendant  les  premières  guer- 
res civiles. 

I.  Louis  de  Pas-Feuquières,  maître 
d'bôtel  du  roi,  épousa,  en  1 533, ilnne 
de  Mazancourt,  qui  lui  donna  six  en- 
fants :  1» François,  qui  suit;— 2*  Da- 
niel, tué  devant  Parie; —  3»  Gédéon, 
sieur  de  Bozières,  capitaine  au  régi- 
ment de  Picardie,  tué  devant  Dourlens, 
en  1595;  —  4»  Susànne,  femme  de 
Gédéon  de  Boitel,  sieur  de  Maricourt; 
— 5«  Marie,  alliée  à  Nicolas  de  Sains, 
sieur  de  Viilars;  —  6oElisareth,  fille 
d'bonneur  de  Catherine  de  Bourbon, 
mariée  à  Gabriel  Prévost,  sieur  de 
Charbonnières. 

François  de  Pas,  seigneur  de  Feu- 
quières, servit  à  l'attaque  de  Fonte- 
nay-le-Comte,  en  1587,  ou  il  se  si- 
gnala, ainsi  que  dans  d'autres  rencon- 
tres. Il  fut  tué  à  Ivry,  aux  côtés  de 
Philippe  de  Momay^  son  oncle,  à  l'âge 
de  33  ans.  Pour  le  récompenser  de  ses 
services,  le  roi  de  Navarre  l'avait 
nommé  gouverneur  de  l'IIe-Bouchard, 
et  devenu  roi  de  France,  il  lui  avait 
donné  le  titre  de  son  premier  cham- 
bellan. De  son  mariage  avec  Made^ 
laine  de  La  Fayette  étaient  nés  trois 
enfants  :  l<>  Manassé,  qui  suit;  —  2* 
Anne,  dame  de  Bozières,  qui  épousa 
Daniel  (\)  de  Hardoncourt  et  le  ren- 
dit père  de  Henri,  sieur  de  Bozières^ 
maréchal  de  camp  et  gouverneur  de 
Toulon  J 637  {Coll.  DuChesne,  vol.  6), 

(1)  Et  non  Henri^  comme  nous  TaToni  dit 
d'âpres  I)u  Ghesne  {Yoy.  UI,  p.  550).  Noni  rèl»- 
blisaoBs  aoBsiladale  eiaete  do  mariace  desalUto. 


PAS 


—  149  — 


PAS 


et  àbMadeUUnBy  femme^  en  1623,  de 
Henri  de  Chartres  (Reg.  de  Gharent.); 
—  3*  CoàRLOTTB^  époQse  de  Charles 
de  ViUiers,  sieur  de  Saint-Forget  (ap- 
peléde  WeUeSy  par  Sainte-Marlhe^dans 
son  Histoire  généal.  de  la  maison  de 
France)^  capitaine  de  cavalerie  et  gon- 
verneur  de  Chàlean-Porcien,  laquelle 
moarot  en  1640^  et  fat  enterrée^  le  27 
septembre,  dans  le  cimetière  de  Gba- 
renton. 

Mauassé  de  Pas-Feuqoières,  con- 
seiller du  roi  en  ses  conseils  d'Etat  et 
privé,  capitaine  de  cent  hommes  d'ar- 
mes, général  de  Tarmée  d'Allemagne, 
goavemeur  de  Metz,  Toul  et  Verdon, 
fut  un  des  meilleurs  capitaines  et  un 
des  plus  habiles  négociateurs  de  son 
temps.  Il  naquit  posthume  à  Saumur,  le 
J  «^  Juin  1 590.  Dès  l'âge  de  treize  ans, 
U  prit  le  mousquet  comme  volontaire. 
Son  courage  et  ses  lalents  militaires 
lui  firent  rapidement  parcourir  les  gra- 
des Inférieurs,  et  l'élevèrent,  jeune  en- 
core, à  celui  de  mestre-de-camp.  En 
1626,  il  fut  chargé  de  ramener  en 
France  les  troupes  qui  occupaient  en- 
core la  Valteiine.  En  1627,  il  com- 
manda les  pétardiers  au  siège  de  La 
Rochelle  et  fut  fait  prisonnier  par  les 
Rocbellois.  En  1629,  il  servit  comme 
maréchal-de-camp  en  Bresse  et  en  Ita- 
lie. En  1 651,  il  fut  nommé  lieutenant- 
général  au  Pays  Messin,  gouverneur  de 
Vie,  Moyenvic  et  Tonl.  Après  la  mort 
de  Gustave-Adolphe,  il  fut  envoyé  en 
Allemagne  en  qualité  d'ambassadeur 
extraordinaire,  et  il  resserra  l'alliance 
entre  la  France  et  la  Suède,  en  signant 
un  traité  avec  Oxenstiem.  Il  élait  sur 
le  point  d'en  conclure  un  autre  avec 
l'ambitieux  Wallenstein,  lorsque  ce  gé- 
néral fut  assassiné.  Toute  l'année  sui- 
vante se  passa  pour  l'actif  agent  de 
Richelieu  en  négociations  avec  les 
princes  de  l'Empire  (i);  il  ne  revint 
en  France,  en  1 635,  que  pour  prendre 
le  conunandement  en  chef  de  12,000 

(i)  VM»  FéraQ  a  publia  set  Lettres  etnégo- 
eialioiii  eA  Allemagne  (Amsl.  el  Parii,  f  75S» 
S  Ttri.  in-iS).  Od  trouTe  au t1  daos  les  Mémoires 
4e  Kiclielieo  une  Relation  de  soo  voyage  en  Al- 
1e«e|ei  «a  iSSS. 


Allemands,  qu'il  avait  levés  en  partie 
et  qui  devaient  appuyer  les  opérations 
de  Bernard  de  Saxe-Weimar.  En  1 636, 
il  fut  pourvu  du  gouvernement  de  Ver- 
dun. Gréé  lieutenant-général  en  1 637, 
il  assista,  sous  les  ordres  du  maréchal 
de  ChdttUon,  aux  sièges  d'Yvoy,  de 
Damvilliers  et  d'autres  petites  places. 
En  1 638,  il  fut  employé  à  l'armée  du 
duc  de  Longueville.  En  1639,  il  eut  le 
commandement  en  chef  de  l'armée  du 
Luxembourg,  et  reçut  ordre  d'investir 
Thionville.  Il  n'avait  que  7,500  hom- 
mes et  ses  lignes  n'étaient  point  ache- 
vées, lorsque  Piccolomini  Tattaqua 
avec  des  forces  supérieures,  enleva  un 
de  ses  quartiers,  entra  dans  la  ville,  et 
le  soir  même,  dans  une  sanglante  sor* 
tie,  tailla  en  pièces  toute  son  infante* 
rie,  que  la  cavalerie  avait  honteuse 
ment  abandonnée.  Blessé  de  deux 
coups  de  feu,  dont  l'un  lui  avait  frsr 
cassé  le  bras,  Feuquières  fut  fait  pri- 
sonnier et  emporté  à  Thionville,  où  11 
mourut  le  13  mars  1640. 

Plusieurs  écrivains  affirment  que 
Manassé  de  Pas-Feuquières  abjura  la 
religion  réformée  au  commencement 
du  règne  de  Louis  XIII.  Nous  n'affir- 
merons pas  qu'il  soit  mort  protestant, 
parce  que  nous  n'en  avons  aucune 
preuve;  mais  nous  savons  par  les  re- 
gistres de  Gharenton,  que  plusieurs 
de  ses  enfants  furent  baptisés  dans 
l'église  calviniste,  et  que  sa  femme, 
au  moins,  persista  Jusqu'à  la  fin  de 
ses  Jours  dans  la  profession  de  la  re- 
ligion évangélique.  Gette  dame  se 
nommait  Anne  ;  elle  était  fille  d'Isaae 
Amauld,  sieur  de  Corbeville,  contrô- 
leur générai  des  finances,  et  de  Marie 
Perrin.  Elle  mourut  peu  de  temps 
après  son  mari  et  fut  enterrée,  le  8 
nov.  1640,  au  cimetière  des  Saints- 
Pères.  De  son  mariage,  célébré  vers 
1612,  étaient  nés  douze  enfants,  dont 
sept  fils  et  cinq  filles.  Les  fils,  qui  pro- 
fessèrent la  religion  romaine  et  sur  qui 
la  France  protestante  n'a,  par  consé- 
quent, que  de  très-faibles  droits,  (ti- 
rent :i»GTiiD8,mortjeune;— 2»I8AAC, 
né  le  10  mai  I6J8  et  baptisé  à  Cba- 


PAS 


—  480  — 


PAS 


rentOD^  gaerrier  aussi  brave  et  négo- 
ciateur QOD  moins  babile  qae  son  père; 

—  5»  FRÀifÇois,  baptisé  à  Cbarenton, 
le  12  mai  1619^  qui  entra  dans  les 
ordres;  — 4°Ghàrles9  dit  le  comte  de 
PaS;  né  en  1620^  qai  s'éleva  an  grade 
de  maréchal  de  camp  en  1649  ;  —  5« 
HsifRiy  Sieur  d'Harbonnière^  conseiller 
d'honneur  au  parlement  de  Metz^  à  ce 
qu'affirme  le  Dict.  de  la  Noblesse  ;  — 
6*  Louis^  chevalier  deMalte.  Les  filles^ 
an  contraire^  furent  élevées  dans  la  re- 
ligion rérormée.  Elles  se  nommaient  : 
7»  Harie^  née  le  24  avr.  1614^  pré- 
sentée au  baptême  par  son  grand-père 
Isaac  ArnaïUd  et  sa  grand'mère  Mode" 
laine  de  La  Fayette,  et  enterrée  au  ci- 
metière des  SS.  Pères,  le  6  oct.  1618; 
— 8«  Anne,  née  le  9  mai  1620;  —  9» 
Madelàii! B,  femme,  en  1 64  i ,  de  Jean- 
Louis  DorUy  sieur  de  Fontaine,  Ûls  de 
Matthias  Dorte,  sieur  de  Falaise,  et  de 
Susanne  Des  Champs;^i  0»  Susai^e, 
qui  épousa  Antoine  Lebey  de  Batilly; 

—  110  jbànhe,  alliée  à  Louis  d'Au- 
maie,  puis,  en  1671,  à  Jean  de  Mont^ 
tnorency. 

II.  Jean  de  Pas-Feuquières,  dit  le 
Jenne  Fbuquières,  pour  le  distinguer 
de  son  frère  Louis,  fut  élevé  page  du 
duc  d'Orléans,  et  entra,  après  la  mort 
de  ce  prince,  comme  gentilhomme  ser- 
vant dans  la  maison  de  François  I«', 
qui  le  donna  au  jeune  dauphin,  depuis 
François  IL  Âpeine  sorti  de  l'enfance, 
il  obtint  une  compagnie  de  chevau-lé- 
gers  et  fut  pourvu  du  gouvernement 
de  Roye.  Il  fit  les  guerres  de  Picardie 
sous  Coligny,  avec  le  grade  de  marô- 
âial  de  camp.  «  Là,  raconte  M»»  de 
Momay,  il  ouyt  souvent  ung  corde- 
Uer,  qui,  sous  son  habit,  preschoit  la 
vérité,  et  dès  lors  y  prinst  goust,  et 
commencea  à  cognoistre  les  abus  de 
fSgllse  romaine.  »  Il  se  confirma  de 
plus  en  plus  dans  ses  nouveaux  senti- 
ments pendant  le  voyage  d'Italie  qu'il 
fit  avec  le  duc  de  Guise  ;  mais  «  d'aultre 
part,  il  se  voyoit  avancé  en  une  court, 
et  sur  le  poincl  de  recevoir  des  biens 
et  honneurs,  iesquelz  il  ne  pouvoit 
avoir  ny  espérer  s'il  faisoit  profession 


de  la  vérité;  mais  bien  au  contraire, 
estre  banny  de  France,  oit  les  feus  es- 
toient  allumés.  Je  luy  ai  ouy  souvent 
dire,  ajoute  H"»»  de  Mornay,  que,  sur 
ces  difficultez  et  sur  le  choix  qu'il  de- 
voit  faire  des  deux,  il  en  avoitesté  ma- 
lade, p  La  lecture  du  psaume  II  mit  un 
terme  à  ses  combats  intérieurs.  «  Il  se 
rézolut  de  quitter  la  messe  et  ses  abus, 
et  faire  profession  de  la  vérité,  et  n'a- 
bandonna pas  toutesfoys  la  court;  et 
souvent,  luy  et  quelques  aultres  zéiés, 
faisoient  faire  le  prescbe  eu  la  cham- 
bre de  la  royne,  mère  du  roy,  pendant 
son  disner,  estans  aydés  à  ce  faire  par 
ses  femmes  de  chambre  qui  estoient 
de  la  relligion.  » 

Le  jeune  Feuquières  entra  dans  la 
cohjurationd'Amboise;  mais  il  se  con- 
duisit avec  tant  de  prudence  qu'il  fut 
impossible  aux  Guise  de  trouver  des 
charges  contre  lui.  Après  l'arrestation 
de  Coudé  à  Orléans,  il  se  retira  à  Pa- 
ris, où  il  resta  jusqu'à  la  mort  de  Fran- 
çois II.  La  reine-mère,  devenue  ré- 
gente, le  chargea  d'une  mission  en 
Lorraine  et  en  Savoie.  A  son  retour,  Q 
apprit  que  Coudé  s'était  saisi  d'Or- 
léâns,  et  il  alla  le  trouver,  de  la  part 
de  Catherine,  pour  rassurer  de  sa  bonne 
volonté  et  le  prier  de  protéger  la  mère 
et  l'enfant  contre  les  princes  lorrains. 
Coudé  le  nomma  maréchal  de  camp  et 
renvoya  à  Tours  avec  ordre  d'en  ra- 
mener quelques  petites  pièces  d'artil- 
lerie qui  s'y  trouvaient,  n  suivit  l'ar- 
mée huguenotle  sous  les  murs  de  Paris, 
dont,  en  sa  qualité  d'habile  ingénieur 
militaire,  il  fut  chargé  de  reconnaître 
l'état  des  fortifications.  Après  la  ba- 
taille de  Dreux,  Coligny  le  laissa  au- 
près de  son  frère  Andehty  qu'il  devait 
seconder  dans  la  défense  d'Orléans.  La 
paix  conclue,  Feuquières  s'attacha  an 
prince  Porcien,  qui  lui  donna  la  lieu- 
tenance  de  sa  compagnie  de  gens  d'ar- 
mes, et  lui  confia  le  soin  de  fortifier 
Clinchamps  en  Champagne.  En  1564, 
il  fut  envoyé  à  Genève,  où  l'on  avait 
rintentlon  de  bâtir  une  citadelle,  pro- 
jet qui  ne  reçut  point  d'exécution.  A- 
prèa  la  mort  do  prince  PorcieD^  il 


PAS 


~  451  - 


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vint  à  Pari 8^  oh  il  épooea  CharhHê  Ar- 
baUste.  Peu  de  temps  après,  la  guerre 
g'étant  rallamée,  Feuqaières  alla  re- 
joindre Condé  et  Coligny,  qui  lui  don* 
nèrent  une  compagnie  de  gens  d'afknes 
et  le  nommèrent  maréchal  de  camp. 
Aux  troisièmes  troubles,  il  accompli 
gna  GerUis  dans  le  camp  du  prince 
d'Orange,  et  lorsque  le  duc  de  Deux- 
Ponts  entra  en  France,  il  Tut  chargé 
des  fonctions  de  maréchal  de  camp 
dans  son  armée,  fonctions  qu'il  rem- 
plit avec  talent  jusqu'après  la  prise  de 
LaCbarité.  Une  fièvre,  suite  d'une  bles- 
sure qu'il  reçut  à  la  jambe  d'un  coup 
de  pied  de  cheval,  l'enleva  à  la  fleur 
de  Kâge,  le  23  mai  1569.  Les  Pro- 
testants le  regrettèrent  vivement  com- 
me «  un  excellent  maréchal  de  camp,  i» 
et  un  officier  doué  d'une  «  merveilleuse 
dextérité  d'esprit,  nommément  à  re- 
eomiQigtre  les  places,  b  Sa  femme,  qui 
s'était  j-etirée  à  Sedan,  où  elle  était 
aeQ0iichée,le29  déc.  1568,  d'une  fllie, 
nommée  SusÀinfE,  mariée  plus  tard  au 
sieur  de  La  Vairiey  gentilhomme  du 
Haine^  ne  revint  à  Paris  Qu'après  la 
oondoslon  de  la  paix.  Â  la  Saint-Bar- 
thélémy, elle  dut  la  vie  à  M.  de  Pei^ 
reuse,  inaltre  des  requêtes  de  rh6tel 
du  roi,  qui  la  tint  cachée  chez  lui  pen- 
dant plusieurs  jours,  ainsi  qu'une  quar 
rantaine  d'autres  huguenots,  comme 
M.  Des  Londres,  MUe  J)u  Plessis-Bour- 
deht,  MU*  de  Chanfreau,  H.  deMatho. 
Lorsque  le  plus  grand  danger  fut  pas- 
sé, H>**  de  Feuquières  quitta  son  asile 
sons  un  déguisement,  et,  n'ayant  point 
voulu  céder  aux  supplications  de  sa 
Bière,quilaoonjuraitd'allerà  lamesse, 
comme  le  faisaient  ses  frères,  elle  réuf- 
sit,  à  travers  des  dangers  sans  cesse 
renaissants,  à  sortir  de  Paris  et  à  ga- 
gner Sedan,  où  elle  arriva  le  l*'  no- 
vembre. Nous  avons  déjà  dit  que  c'est 
dans  cette  ville  qu'elle  épousa  en  se- 
eondes  noces  le  célèbre  Du  Pleêsiê^ 
Momay  (Voy.  ce  nom). 

PASCAL  (Aenàud),  conseiller  du 
roi  et  général  en  la  Cour  des  aides  de 
Montpellier,  en  1 515,  laissa  deux  fils, 
uoniiéa  Dasul  et  Puu.  L'atné  lui 


succéda  dans  sa  charge,  dont  11  s'était 
démis  en  1589,  et  Ait  père  de  trois 
fils,  PIERRE,  Pierre- Jean  et  Louis, 
sur  qui  nous  ne  possédons  aucun  ren- 
seignement. Lecadetqui  testa  en  \  645, 
avait  pris  pour  femme,  en  i  636,  Anne 
de  Maistre,  dont  il  eut  Jacques,  Louis, 
capitaine  au  régiment  de  Picardie ,  et 
Antoixe.  Jacques,  sieur  de  Saint-Félix^ 
né  en  i  634,  épousa  à  Paris,  en  1 674^ 
Joachine  de  Morogues,  Il  alla  s'établir 
à  Grenoble  ;  nous  ignorons  s'il  y  oc- 
cupait quelque  emploi,  mais  nous  sa- 
vons qu'en  1697,  il  était  toujours  un 
huguenot  très-opiniàtre  ;  aussi  l'inten- 
dant Bouchu  proposa- t-il  au  ministre^ 
comme  a  du  meilleur  effet  pour  la  re- 
ligion, »  de  l'exiler  à  Montpellier,  ainsi 
que  sa  femme,  ses  deux  fils  et  sa  fille 
(Arch,  gén.  M.  672). 

Une  famille  dauphinoise  du  même 
nom  professa  aussi  la  religion  réfor- 
mée. Elle  avait  pour  chef,  en  1629, 
Zacharie  Pascal^  sieur  de  Merins  et 
du  Roure,maUreordinaireenlaCham- 
bre  des  comptes,  qui  mourut  vers 
1650,  laissant  trois  fils  de  son  mariage 
avec  ifarguerite  de  Renarde  A  vançon, 
savoir  :  Florent,  sieur  de  Merins; 
Alexandre^  sieur  du  Roure,  conseiller 
à  la  Chambre  de  l'édit,  qui  abjura  à 
la  révocation,  mais  qui,  en  1 686,  était^ 
signalé  par  Bouchu  comme  «  très-mé- 
chant huguenot^  »  ainsi  que  sa  femme; 
Zacharie,  sieur  de  Fontrenard^  qui  se 
convertit  également. 

PASQUET,  vaiUant  capitaine  hu- 
guenot dans  le  Castrais,  fut  nommé^ 
en  1568,  gouverneur  de  la  ville  de 
Gaillac,  à  la  prise  de  laquelle  il  avait 
contribué.  En  1572,  il  assista  à  l'as- 
semblée de  Pierres^de  et  à  celle  de 
Réalmont.  Gouverneur  de  cette  der- 
nière ville,  il  aida,  en  1574,  les  frères 
Bouffard  à  s'emparer  de  Castres.  Peu 
de  temps  après,  il  eut  le  malheur  de 
tomber  entre  les  mains  des  Catholiques. 
Le  parlement  de  Toulouse  le  fit  pendre^ 
malgré  les  menaces  de  Pauliny  qui,  par 
représailles,  envoya  au  gibet  deux  pri- 
sonniers catholiques. 

PASSAVANTj  fàmUla  très-Mn- 


PAS 


—  182  — 


PAS 


brause,  originaire  de  ia  Lorraine^  d'a- 
près leLexilLon  de  Lea,  ou  de  la  Bourgo- 
gne^ d'après  les  Reg.  de  l'égiise  fran- 
çaise, de  Bàle^  où  se  trouve  mentionné, 
sous  la  date  de  1 5S9,  le  mariage  de  Di- 
dier Passavant  ayecJacquette  Tinet  de 
Montbéliard.  Que  ce  mariage  soit  resté 
stérile,  ou,  ce  qui  est  plus  probable, 
que  Didier  Passavant  soit  allé  s'établir 
ailleurs,  il  n'est  plus  question  de  lui 
dans  les  registres  de  cette  église  que 
nous  avons  compulsés  avec  soin;  mais 
à  peu  près  vers  le  même  temps  vivait 
à  B&le  un  autre  Passavant ,  son  frère 
peut-être,  dont  la  postérité  s'est  ré- 
pandue dans  presque  toute  r£urope  et 
Jusqu'en  Amérique. 

Né  en  Bourgogne  en  1559,  d'après 
des  documents  malheureusement  fort 
incomplets  qui  nous  ont  été  fournis 
par  la  famille,  Nicolas  Passavant  se 
retira  à  Bàle  en  1594,  pour  cause  de 
religion,  et  y  fut  reçu  bourgeois  en 
1596. 11  était  ancien  de  l'église  françai- 
se ,  lorsqu'il  mourut  en  1 633 ,  lais- 
sant de  Nicole  Marteleur,  sa  femme, 
cinq  enfants,  dont  deux  feulement  sont 
connus.  Ils  se  nommaient  Claude  et 
Rbgnârd,  et  firent  souche. 

I.  Brakche  aînée.  Né  en  Bourgogne 
en  1 593  et  mort  en  1 653,  Claude  Passa- 
vant suivit  la  carrière  commerciale.  Il 
ftat  père,  entre  autres  enfants,de  trois 
flls: 

!•  RoDOLPHE-EMHAinjEL,  né  à  Stras- 
bourg, en  1 64 1 ,  fonda  à  Francfort-sur- 
le  Mein  une  maison  de  commerce,  qui 
a  singulièrement  prospéré.  Nous  sa- 
vons qu'il  épousa  Jeanne  de  Bassoni'- 
pierre;  mais  les  documents  nous  man- 
quent pour  établir  la  généalogie  de  ce 
rameau.  De  nos  Jours,  cette  famille  a 
compté  et  compte  encore  parmi  ses 
membres,  plusieurs  négociants  nota- 
bles, un  médecin  renommé,  Jean- 
Charles  Passavant,  un  artiste  d'un 
grand  mérite,  Jean-David  Passavant, 
etdeux  pasteurs,  Jean-LouisetC^Wes- 
GuUlaume  Passavant,  sans  parler  d'un 
ministre  de  i'Ëvangile  qui  dessert  au- 
jourd'hui l'église  de  Pittsburg  aux 
Ktato-Unls,  et  dont  le  zèle  s'est  ùUt 


connaître  par  la  fondation  de  plusieurs 
établissements  de  charité. 

Charles-Guillaume  Passavant  était 
pasteur  à  Detmold,  lorsqu'il  publia 
Darstellung  und  Priifung  der  Pejtta- 
lozzischen  Méthode,  Lemgo,  1804, 
ln-80.  Jean-Louis,  mort  en  1827,  ne 
nous  est  connu  que  par  un  sermon 
qu'il  a  fait  impr.  sous  ce  titre  :  Predigt 
iiber  Ps.  CIII,  13,  gehalten  in  dem 
Bethhaus  der  reformirten  Gemeinde 
zu  Frank furi,  Essen,  1791,  in-8». 
Nous  ne  possédons  non  plus  que  très- 
peu  de  renseignements  sur  le  médecin 
Jean-Charles  Passavant.  Tout  ce  que 
nos  recherches  nous  ont  appris,  c'est 
qu'il  a  fait  pendant  des  années  un 
cours  sur  le  magnétisme  animal,  et 
qu'il  est  auteur  de  deux  ouvrages  es- 
timés, dont  voici  les  titres:  I.  Unter- 
suchungen  iiber  den  Lehensmagne^ 
tistnus  und  das  Hellsehen  Frankf.  a. 
Main,  1821,  in-8<»;  2«  édit.  revue, 
Frankf.,  1837,  in-8»;  — II.  Von^der 
Freiheit  des  Willens  und  dem  Entwio- 
kelungsgesetze  desMenschen,  Fraîbkf.^ 
1835,  in-80.  Mais,  grâce  au  laborieux 
Nagler,  il  nous  est  possible  de  donner 
à  nos  lecteurs  des  détails  plus  satis- 
faisants sur  la  vie  de  Jean-David  Pas- 
savant, qui  est  placé  aujourd'hui  à  la 
tète  de  l'Institut  de  sa  ville  natale. 

Né  en  1787,  et  frère  du  médecin 
Jean-Charles,  Jean-David  Passavant  fut 
destiné  par  son  père  au  commerce. 
11  se  soumit  à  la  volonté  paternelle, 
quoique  ses  goûts  le  portassent  vers 
la  peinture.  Ce  fut  seulement  lorsqu'il 
vint  à  Paris  avec  les  armées  alliées, 
en  1814,  qu'il  renonça  définitivement 
au  négoce  pour  suivre  son  penchant. 
Après  avoir  travaillé  quelque  temps 
sous  la  direction  de  David  et  de  Gros, 
il  partit  pour  l'Italie,  où,  s'efforçaut 
d'oublier  les  leçons  de  ses  premiers 
maîtres,  il  devint,  à  la  suite  de  Kocb, 
de  Cornélius,  d'Overbeck,un  des  adep- 
tes les  plus  enthousiastes  de  la  nou- 
velle école  allemande.  Après  une  ab- 
sence de  sept  années,  il  retourna  à 
Francfort  et  se  mit  à  peindre  des  sa- 
Jets  d'bistoire.  L'établissement  d'im 


PAS 


—  153  — 


PAS 


nouveau  cimetière  lui  ayant  suggéré 
l'idée  de  s'essayer  dans  rarchitecture^ 
il  abandonna  dès  lors  presque  enliè- 
rement  la  peinture  ;  ce  ne  fut  plus 
que  de  loin  en  loin  que  Ton  vit  pa- 
raître quelqu'une  de  ses  toiles  dans 
les  expositions  ou  chez  les  marchands. 
Rarement  aussi  il  consentit  à  se  char- 
ger de  travaux  pour  le  compte  du 
gouvernement  :  on  cite  pourtant  son 
portrait  de  Henri  II  qui  décore  la 
salle  des  Empereurs.  On  peut  dire  que 
depuis  1850,  il  a  manié  la  plume  plus 
que  le  pinceau,  et  que  sa  réputation 
comme  écrivain  a  presque  fait  oublier 
celle  qu'il  s'était  acquise  comme  pein- 
tre. On  a  de  lui  : 

I.  Ansichtén  Ubei'  die  hildenden 
Kilnste  und  Darstellung  des  Ganges 
derselben  in  Toscana,  Heidelb.,  1820^ 
iii-80. 

II.  EntivUrfe  zu  GrabdenkmcUen, 
Frankf.,  1829^  in-fol. 

III.  Kunstreise  durch  England  und 
Belgien,  Frankf.^  J833,  in-8»,  avec 
grav.;  trad.  en  angi.,  1836^  in-i2. — 
Précieux  renseignements  sur  les  col- 
lections publiqueset  particulières,  ainsi 
que  sur  l'état  des  bcaux-arls,  en  An- 
gleterre. 

IV.  Rafaël  von  Urbino  und  sein  Fia- 
ter  Giovanni  Santi,  Leipz.^  5839, 
in-8«»,  avec  grav.  —  Passavant,  pour 
rendre  ce  travail  aussi  exact  et  aussi 
complet  que  possible,  fit  exprès  un 
voyage  en  France,  en  Italie  et  en  Alle- 
magne. 

2<»GUL17DB,  néen  1 650,  à  Strasbourg, 
membre  du  Grand-Conseil  de  Bâle  en 
J  GS7,  fut  marié  deux  fois,  la  première 
avec  Anne-Marie  Faltet,  la  seconde 
dLYec  Anne-Catherine  Lâcher  ;  il  laissa 
une  postérité  nombreuse.  Trois  seule- 
ment de  ses  enfants  sont  connus.  Un 
de  ses  fils,  Jbân-Ulric,  né  en  1678, 
alla  se  fixer  en  Angleterre.  Il  y  acheta 
la  manufacture  de  tapisseries  à  l'instar 
des  Gobelins,  qui  y  avait  été  établie 
par  un  moine  converti  nommé  Parisot, 
la  transporta  à  Exeter  et  réussit  à  la 
faire  prospérer  avec  le  secours  de 
quelques  ouvriers  des  Gobelins  que 

T.  Vin. 


son  prédécesseur  avait  attirés  en  An- 
gleterre. Il  est  très-probable  que  Luc 
Passavant ,  ancien  de  l'église  de  la 
Nouvelle-Patente,  en  J  786,  descendait 
de  lui. 

Un  des  frères  de  Jean-Ulric  Passa- 
vant, nommé  Claude  ,  fit  ses  éludes 
en  médecine  à  Bâle  et  s'appliqua  par- 
ticulièrement à  la  chirurgie.  Après 
avoir  pratiqué  son  art  pendant  cinq 
ans  à  Kônigsberg,  il  retourna  dans  sa 
patrie,  y  prit,  en  1705,  le  grade  de 
docteur,  fut  nommé,  en  1724,  méde- 
cin do  la  ville,  entra,  en  1726,  dans 
le  Grand-Conseil,  et  devint  sénateur 
en  1755.  11  a  publié  : 

I.  Disp.  de  dysenteriâ,  Regiomonl., 
1704,in-4«. 

II.  Disput,  duœ  de  perforatione 
ca/vancp,  Basil.,  1705,  in-40. 

III.  Thèses  medicœ,  l721,in-4«. 
Deux  de  ses  fils  ont  obtenu  un  certain 

renom,  Tun,  François,  comme  juris- 
consulte; l'autre,  Claude,  comme 
médecin.  Le  premier,  qui  prit,  en 
1729,  le  grade  de  licencié  en  droit, 
remplit  les  fonctions  d'assesseur  à  la 
chancellerie,  en  1 729,  puis  de  secré- 
taire de  la  ville.  Kn  i'<57,  il  subit  les 
épreuves  prescrites  pour  le  doctorat,  ot 
mourut  le  29  sept.  1 785.  On  a  de  lui  : 

I.  Diss.  de  castitate,  Basil.,  1727, 
in-4*. 

II.  Diss.  inaug,  de  medico  ejusque 
jure  et  privilegiis,  Basil.,  1729,  4». 

III.  Farrago  thesium  juridicarum, 
Basil.,  173J,  ln-40. 

IV.  Thèses  ex  jure  naturœ  et  phi- 
losophid  morali,  1734,  in-4«. 

V.  Disquisitio  dicersas  quasdam 
juris  naturœ  quœsiiones  inter  Puffen- 
dorfium  et  Ilobbesium  agitatas  exami- 
nant, Basil.,  1740,  in-4«. 

VI.  Disp,  de  oratore  forensi  sive 
advocato  perfecto  ejiÂsqite  requisilis, 
1741,  in-40. 

Le  second  dis  de  Claude  Pass<ivant, 
né  à  Bâle,  le  1 7  dcc.  1 709,  fit  ses  élu- 
des en  médecine  à  Neuchâtel;  mais 
c'est  à  Bâle,  qu'il  se  fit  recevoir  doc- 
teur en  médecine,  en  1733.  Sa  réputa- 
tion, fondée  sur  des  cures  remarqua- 

10 


PAS 


—  Itt4 


PAS 


bles^  «ngagea  le  margrave  de  Bade- 
Darlach  à  rattacher  à  sa  personne  en 
qualité  do  médecin.  Il  mourut  le  Si 
août  1778.  Voici  les  titres  deeespa^ 
blications  : 

I.  Disp,  deinêentibUi  pêrspiratione 
ganctoriand  et  structura  Qutis,  Baalio 
1 733,  in-4». 

II.  Thêêes  anatomicœ  et  hotaniew, 
Basil.,  1753,  in-4«. 

IIL  Thèses  hisioricœ  de  observantid 
teligionis  Romanorum  atque  GrtBCO- 
mm,  Basil.,  J737,  ln-4«. 

IV.  Spécimen  r1ietoricum,quo,pr(B' 
eunte  Causino,  varia  ad  singulas  or  tes 
dicendi  monita  eœponuntur,  Basil., 
1741,  ln-4». 

Sans  avoir  des  titres  aussi  valables 
au  souvenir  de  la  postérité,  un  antre 
fils  de  Claude  Passavant  mérite  pour* 
tant  une  mention  particulière,  nous 
voulons  parler  de  Luc,  riche  négociant^ 
qui  fut  élu,  en  1 750,  membre  du  Grand- 
Conseil,  et  mourut  le  20  janv.  1797. 

Le  troisième  frère  de  Jean^Ulric 
Passavant,  nommé  Nicolas,  eut  pour 
flis  Daniel,  docteur  en  médecine,  que 
la  Société  royale  des  sciences  de  Ber^ 
lin  admit  dans  son  sein  en  1747,  et 
qui  prit  àMarbourg,  en  1748,  le  grade 
de  licencié,  après  avoir  soutenu  une 
thèse  De  vi  cordis,  imp.  à  Bàle,  1748, 
in-40. 

Le  dernier  descendant  de  ce  rameau 
est  mort  à  Bâle,  en  181 2. 

30  iEAN-ULRic,  né  à  Strasbourg, 
en  1G52,  fut  l'auteur  du  rameau  qui 
subsiste  aujourd'hui  à  Bàle.  En  1 071 , 
il  entra  au  service  des  Provinces-t'nies, 
et  pendant  quatre  ans.  Il  combattit 
avec  distinction  sous  le  drapeau  hol- 
landais ,  notamment  à  la  bataille  de 
Sénef,  en  1674.  De  retour  à  Bàle,  11 
fut  élu  membre  du  Grand-Conseil,  en 
1683,  puis  maire  du  Petit-Bàle,  en 
1700,  et  l'année  suivante,  sénateur. 
Il  mourut  en  1709  et  laissa  une  très- 
nombreuse  postérité.  L'ainé  de  ses  fils, 
Jeax-Ulkic,  élu  sénateur  en  1733, 
devint,  en  175:*,  membre  du  conseil 
des  Mil;  il  laissa  deux  fils,  Eiva- 
KU9L  et  Jkax-IIknri,  qui  entrèrent  à 


leur  tour  dans  le  Grand-Conseil  >  oh 
leur  oncle,  Jian-Rodolphe,  siégea 
aussi.  D'autres  descendants  de  Jean- 
Ulric  Passavant  quittèrent  leur  ville 
natale  et  se  dispersèrent ,  pour  ainsi 
dire,  dans  toutes  les  parties  du  monde. 
Un  d'entre  eux  alla  s'établir  à  Copoi- 
bague  où  il  se  maria,  et  ou  11  eut  das 
enfants,  dont  plusieurs  passèrent  dans 
rile  de  Sainte-Croix,  une  des  Antilles 
danoises.  Un  autre,  après  avoir  coam 
le  monde  pendant  trente  ans,  se  fixa 
à  Pétersbourg  ;  son  dernier  descendant 
mâle  est  mort  à  Vienne.  Un  troisième 
alla  terminer  ses  Jours  dans  le  Maroc; 
sa  famille  nombreuse  existe  à  Bâle. 
Un  quatrième  fut  père  de  Jean-Frak- 
çois  Passavant,  né  en  1751  et  mort  à 
Bàle  en  1834,  père  de  trois  fils,  dont 
l'un,  THÊOFHaE,  né  en  1787,  s'est 
voué  au  ministère  évangélique  et  s'eèt 
fait  un  nom  dans  la  littérature  théolo- 
gique par  plusieurs  publications.  Voici 
celles  que  nous  connaissons  : 

I.  Versuch  einer  prakiisch,  Auslè- 
gung  des  Briefes  Pauli  an  die  PhH^ 
|)er,  Basel,  1834,  in-8^ 

II.  Versuch  einer  prakiisch.  Àush- 
gung  des  Briefes  Pauli  an  die  Ephô^ 
sicVy  Bascl,  1830,  2  vol.  in-8». 

III.  Naeman  oder  Allés  und  Neues, 
Basel,  1841,  in-12;  2«  édit.,  Basel, 
1844,  in-12. 

W.Aus  Venedig,  Basel,  185^54, 
2  vol.  ln-8<». 

Pour  épuiser  nos  renseignements 
sur  ce  rameau  de  la  famille  Passavant, 
ajoutons  qu'un  cousin  de  Théophile, 
Jean-Hodolphb,  né  en  1777  et  mort 
en  1848,  a  été  un  des  plus  zélés  mis- 
sionnaires protestants  dans  les  Indes 
hollandaises.  Il  était  membre  de  la 
Société  des  Frères  Moraves. 

II.  Branche  Cadette.  Regnard  Pas- 
savant, marchand  à  Strasbourg  el  à 
Bàle,  mourut  en  1676,  ayant  en  de  sa 
femme  Sara  Dauphin,  onze  enfants 
dont  deux  seulement  sont  connus.  Us 
se  nommaient  NicoLAsetJEAPi.  Ce  der- 
nier épousa  Marie  Seignetiret,  dont  U 
eut:  10  Judith-Marguerite,  baptisée 
dans  l'église  française  le  iSjuilLieei; 


Pki 


-  m 


VA9 


—  S«RtKt,  baflldé  )é  18  avr.  1669; 
--  3«  SuftAK.^È-SAHA^  baiit.  le  86  }ânv. 

26  J«riV.  1679.  on  ne  «ait  flen  de  plas 
sur  Jean  l^assâvant  et  êea  descendants. 
Son  frère  Nicolas  edt  beadeont»  tnfetix 
èonitti.  IH>cteiir  en  droit,  profèsscinr  à 
rtmiterdité  de  Bàle  et  aneifttt  de  Té- 
gtiee  française^  Ni(M>]as  PasMitaiit  éiaft 
né  le  3  aVr.  f  62S.  Après  atoir  te^dtt- 
lié  ses  iramahités  dilns  sa  tille  hilfile, 
Il  fot  envoyé  à  Strasbourg  pour  sairre 
les  eonrs  de  philosophie  61  de  jarl^m- 
deiM.  Avant  de  retoomër  dans  sa  pa- 
Irlej  11  vlâlU  la  France  et  la  Belgique. 
Il  revint  à  Bâle  en  1 654,  cl  le  1 5  dé- 
eenibre  de  la  raénie  année.  Il  épousa 
Judith  âhrht,  dofM  il  tCèdt  pas  d'èn- 
tents.  L'année  snlvantOi  11  M  fit  reed- 
tdir  doelenr  uiHusquë  jittiè.  f^mnthê, 
en  1 660,  syndic  dé  la  vlile,  tl  ne  vonhn 
Jamais  cdnsehttr  à  s'éloigner  de  Bftlè. 
malgré  les  offres  avahtagèdses  qn'dà 
lai  flt  tfe  divers  c6tés.  Son  dmoal'  tioor 
et  patrie  fat  enAn  récompensé.  Il  ob« 
tint,  en  1667,  ta  chaire  des  InstUnleS^, 
dt  l'échangea,  en  1677,  contre  èelle 
ded  PandMes,  <|d'il  remplit  jnscfn'à 
Éè,  mort.  Beyen  de  la  Facalté  de  droit 
ê%  dêax  fols  recteur,  en  1674  et  en 
1682,  il  fat  chargé  à  phislearS  reprl- 
i^  ]Mtf  ses  concitoyens  de  missions 
IMmortbles;  ce  flit  lai  qtfon  envoya, 
en  1 673,  k  Brisacfa  ponr  complimenter 
LonlsXIT.  llmourdtle  31  mai  1695. 
Hoas  ne  croyons  pas  qu'il  ait  fait  im- 
pHtner  autre  chose  que  da  thèse  pow 
le  doctorat,  qui  a  paru  sons  ce  titre  : 
Diss,  de  adqttirefûio  pet  éxtranewriy 
Basil.,  1655,  in-l«,  et  une  Disp,  de 
OfUipelargid  von  hindi.  Pflegung  ar- 
mer Eltem,  Basil.,  1672,  ln-4«. 

Les  derniers  descendants  de  cette 
branche  cadette  sont  morts  au  com- 
mencement du  siècle  passé. 

Nous  ne  savons  si  quelque  lien  de 
fiarenté  unissait  aux  Passavant  de  B&le 
lés  Passavant  de  Genève,  qui  descen- 
dilent  aussi  d'un  réfugié  français.  £n 
1637,  Nicolas  Passavant,  de  Paris,  flis 
de  Lomé  Passavant  et  de  ^art^e;  Bruntl, 
fUtt  reça  bourgeois  de  Genève,  arec 


son  flls  lACQUal.  Ottlre  cd  Qls,  dont 
Galiffb  no  parle  pas,  il  laissa  cinq  en- 
làfits  3  1»  GLimlibNDS^  femme  db  Jo- 
seph Bu  Commuri  ;  —  2«  ALGCStiif, 
qui  soit  \  —  5<»  LotitSE,  mariée  à  Pierre 
Quainier;  —  4*  LOuisE-IrtAiilE;  —  5» 

BnioN,  né  en  l648j  du  CG  en  1677, 
à  oui  sa  femme>  Anne  Pictet-Càtati- 
ifftnl,  donna  On  flls  nommé  Pierre. 

Atigustin,  né  en  1640,  épousa  C/ef- 
monde  de  Quainier-Musêard  ^  dont  H 
éui  :  loAiGUSTiN,  qui  soit; — 2«Clsr- 
1I0N0B,  femme  de  Jean^Loms  Ptévosi  ; 
—  S«  ELtSARBTO,  fefflhie  de  Jean  Le^ 
niepê,  descendant  de  Nicolas  Uniepê, 
menuisier,  de  Bourgogne^  rcen  bour- 
geois en  1573;—  4«  Jùurrn,  épodse 
de  Jùtoh  Morin;  —  5*  HadèLainb, 
unie  à  Jacob  Picot i-^-B^MàinÈ,  iûbtto 
flUeOli  1748. 

Augustin  ne  laissa  qu'hne  fine,  ma- 
riée à  Pierre  Gourlet ,  de  son  mariage 
ftvec  Jeanne^Marie  Èrechtèl,  d'snè  fa- 
mille originaire  do  Montpellier. 

PASTOR  (Batiiel]^  de  Vaicluson, 
fit  séd  études  à  l'académie  de  Genève, 
Oh  ii  fut  immatriculé  en  leio.Blxans 
pins  tard.  Il  desservait  Kégliâe  de  Pra- 
getas.  On  a  de  lui,  contre  le  ministre 
apostat  Baleet,  le  Manuel  dit  vray 
ehrestien  opposé  au  Diurnal  du  sieur 
Jean  Balcet,  enseignant  la  manière  de 
la  droite  intxnsation  du  pur  service  de 
Dieu,  Gen.,  1652,  ln-8». 

P  ASTRE  (SAiiUEL),auteur  desiVotf- 
telles  lumières  chrétiennes yextraittes 
du  Triomphe  de  la  simplicité  sur  trois 
points  fondamentaux  de  la  foi  et  de 
la  religion  chrétienne,  Amst.,  1731, 
ln-8«.  Ces  trois  points  sont  la  Prédes- 
tination et  le  libre  arbitre.  Dieu  en  trois 
personnes  qui  ne  sont  qu'une  seule  et 
inéme  essence  divine ,  la  Création  de 
Thomme  à  l'image  de  Dieu.  Le  but  do 
l'auteur  est  d'expliquer  ces  grandes 
vérités  d'une  manière  claire  pour  touf , 
«  d'éclaircir,  comme  il  dit,  la  vérité 
par  la  simplicité,  le  tout  à  la  gloire  de 
Bleu,  de  poriûer  et  de  réunir  les  dif- 
férents partis  dans  un  même  sentl- 
mdRe ,  if  et  pour  arriver  à  ce  magnifl- 
querésultat,  lesdivergeucesd'opinlons 


PAT 


—  156  — 


PAU 


n'ayant 9  selon  lai,  leur  source  que 
«  dans  les  explications  d'un  sens  mal 
entendu,  »  il  propose  de  prendre  à  la 
lettre  les  expressions  même  le  plus 
évidemment  antbropomorphiques  des 
livres  saints.  0  sancta  simplicitas  ! 
Mais  qui  était  donc  cet  auteur  à  idées 
si  étranges  ;  une  note  manuscrite  pla- 
cée en  tête  de  rexomplaire,  peut-être 
unique  en  France,  que  possède  la 
Biblioth.  nationale,  nous  l'apprend. 
C'était  un  poupetier  réfugié  à  Amster- 
dam, impotent  depuis  des  années,  qui 
mourut  des  suites  d'une  chute  au  mois 
de  juin  J736,  plus  opiniâtrement  at- 
taché que  jamais  à  son  singulier  sys- 
tème, quoique  les  synodes  wallons 
eussent  condamné  son  livre  et  que  les 
Étals  de  Hollande  lui  eussent  imposé 
silence,  comme  à  une  espèce  de  fou. 
—D'autres  Réfugiés  du  nom  de  Pastre 
s'établirent  en  Angleterre. 

PATR AS  (N.),  sieur  de  Mar^lly  et 
de  Gimbrois,  ofOcier  de  la  compagnie 
du  connétable ,  ne  parait  dans  les  rangs 
des  Huguenots  qu'en  1567.  A  l'appel 
de  Gondé,  il  prit  les  armes  avec  Be- 
sancourt,  SamtSimon ,  Sapincouri, 
Lansouef  Prinsault,  Du  Buat,  Vim" 
bré  ou  UmbréCy  Thibault  Trumeau, 
Nicolas  de  Ville,  avocat,  Nicolas  et 
Claude  Barengeon,  EuUaclis  d'Aul" 
nay,  conseiller  au  présidial,  Boyer  et 
Garnon,procareurs,L^n  Goiiarrf,pro- 
curcur,  et  un  grand  nombre  de  gens 
de  métier,  habitant  Provins  ou  les 
environs.  Son  ardeur  toutefois  ne  se 
soutint  pas  longtemps.  II  s'empressa 
de  profiter  du  bénéfice  de  l'ordonnance 
de  janv.  1568,  et  se  retira  dans  sa 
maison,  après  avoir  pris  des  lettres 
d'abolition  et  promis  de  ne  plus  por- 
ter les  armes  contre  le  roi.  Peu  s'en 
fallut  néanmoins  que  la  populace  de 
Provins  ne  le  massacrât,  lorsqu'il  ren- 
t4ra  dans  la  ville.  A  la  Saint-Barthé- 
lémy, Palras  ne  devait  pas  hésiter,  il 
se  convertit;  mais  sa  conversion  était 
si  sincère  qu'en  1575,  Hatton,  dans 
sa  chronique,  que  M.  Bourquelot  vient 
de  publier,  nous  le  montre  servant  de 
guide  aux  retires. 


Patras  n'étant  devenu  seigneur  de 
Marcilly  et  de  Gimbrois  que  par  son 
mariage  avec  la  veuve  de  Nicole  Jan- 
vier, avocat  du  roi  à  Provins,  il  serait 
possible  qu'il  descendit  de  la  famille 
poitevine  de  Patras,  qui  professa  la 
religion  protestante  au  moins  depuis 
le  commencement  du  xvii«  siècle, 
comme  nous  l'apprennent  les  Registres 
deGharenton,  où  se  trouve  inscrit^ 
sous  la  date  de  1631,-  le  mariage  de 
Jeanne  de  Palras ,  fille  de  Félix  de 
Patras,  sieur  de  La  Roche-Patras,  et 
ùeGabriellc  Du  Bouchet,  avec  Jacques 
Du  Fresne,  avocat  au  parlement  de 
Rouen.  A  la  révocation,  le  sieur  de 
La  Roche-Patras  réussit  à  sortir  du 
royaume,  abandonnant  tous  ses  biens, 
qui  furent  donnés,  en  1 701,  à  sa  fille, 
Mme  Du  Poiroux,  sincèrement  con- 
vertie {Arch.  gén,  E.  3552).  Joachim 
Patras,  sieur  de  Thé  val ,  fut  moins 
heureux  :  U  fut  arrêté  et  jeté  dans  là 
Bastille,  en  1692  {Ibid,  E.  3378).  Pour 
en  sortir,  il  feignit  d'abjurer  et  joua 
si  bien  son  rôlequel'évêquede  Meanx 
le  fit  mettre  en  liberté.  Mais  on  s'a- 
perçut, au  bout  de  quelque  temps, 
qu'il  n'était  rien  moins  que  bon  ca- 
tholique, et  on  l'expulsa  de  France 
avec  sa  femme,  en  i  699. 

PAUL  (Louis),  consul  de  Salon  an 
1560.  Nostradamus  raconte  que  oa( 
honorable  marchand  fut  ainsi  que  son 
frère,  Janon  Paul,  a  homme  de  bien 
et  paisible  »  jeté  en  prison  comme  hu- 
guenot, après  avoir  vu  sa  maison  sac- 
cagée et  sa  boulique  pillée  par  la  po- 
pulace. On  ne  tarda  pas,  il  est  vrai, 
à  leur  rendre  la  liberté,  mais  on  ne 
leur  restitua  pas  ce  qui  leur  avait  été 
volé.  L'un  et  l'autre  mounircnt  protes- 
tants. 

Une  famille  de  ce  nom,  habitant  la 
Languedoc,  embrassa  aussi  les  doc- 
trines évangéllques.  Nous  trouvons  on 
Paul,  ancien  conseiller  au  présidial  da 
Toulouse,  dans  la  Gbambre  de  justice 
instituée  à  Castres,  en  1575  {Voy,  VII, 
p.  68).  Un  siècle  plus  tard,  le  27  JnlIL 
1 670,  Louis  de  Paul,  contrôleur  ^ 
néral  des  renIcsconsUluécsenLaDgaa» 


PAU 


—  157  — 


PAU 


doc,  présenta  au  bapf  ème  dans  l'église 
deCharenton^la  fiile  de  Jean-François 
de  Paul,  slc»ir  de  Sardan,  et  de  Mar^ 
guérite  Du  Bourg-de-La  Hofissaye. 
Yersia  même  époqae^  Jacques  Paul  sié- 
geait comme conseillerau  parlement  de 
Toulouse.  Pour  ne  pas  perdre  sa  place^ 
il  abjura  à  la  révocation  ;  sa  femme^  an 
contraire,donnaun  remarquable  exem- 
ple de  constance.  Mise,  en  \  687,  aux 
Nouvelles-Catboliques  de  Paris, elle  en 
sortit^nous  ne  savons  par  quel  moyen; 
mais  elle  fut  arrêtée  de  nouveau  à  Me- 
Inn,  le  8  mai  1 690,  et  conduite  au  châ« 
teaa  de  Loches.  Comme  elle  élait  trës- 
opiniàtre,  son  geôlier  reçut  l'ordre  de 
l'y  garder  «trës-étroitement  »  (Arch. 
gén.  E.  3376). Malgré  les  ri^curs  de 
sa  prison,  elle  tint  bon  pendant  trois 
ans,  cependant  elle  finit  par  succomber 
et  on  lui  permit  de  retourner  auprès 
de  son  mari  (/6td.  E.  3579).  Quelle 
gloire  de  pareilles  conversions  ne  ré- 
pandent-elles pas  sur  TEgiise  ro- 
maine! 

PACLET  (GuiLLAvaiE) ,  ministre 
apostat,  pensionné  par  le  clergé  de 
France.  Guillaume  Paulet  était  né  à 
Anduze  ;  il  descendait  vraisemblable- 
ment de  ce  ministre  de  Yézenobres  que 
ses  sympatbies  trop  ardentes  pour  le 
duc  de  Rohan  avaient  fait  chasser  de 
son  église,  en  1625.  Lui-même  avait 
desservi  différentes égli9es,entreautre8 
celle  d'Usés, qu'il  quitta,  à  la  suite  de 
contestations  avec  le  consistoire,  pour 
accepter  la  place  de  pasteur  aux  Vans, 
dans  laquelle  il  fut  confirmé,  en  1660, 
par  le  Synode  national  de  Loudun.  Tou- 
tefois, il  ne  la  garda  pas  longtemps. 
Deux  ans  plus  tard,  il  était  ministre  à 
Lussan,  et  lorsqu'il  abjura,  vers  1664, 
pour  éviter,  à  ce  qu'afiirme  Benoit, 
la  punition  d'une  conduite  peu  régu- 
lière, il  remplissait  les  fonctions  du 
ministère  à  Montpellier.  Sa  conversion 
lui  valut  une  pension  de  600  livres, 
que  le  prince  de  Gonti  lui  obtint  du 
dergé,  et  qu'il  employa  à  l'achat  d'une 
charge  de  conseiller  au  sénéchal. 

Les  fils  de  Paulet  et  sa  fille  aînée, 
nommée  Màdblains,  le  suivirent  à  la 


messe,  tandis  que  sa  femme  Madelaine 
Daniel,  d'Uzès,  continua  à  fréquenter 
le  prêche  avec  la  cadette  Isabbau. 
Pendant  longtemps,  le  père  n'y  mit  au- 
cune opposition;  mais  le  20avr.  i  674, 
pressé  sans  doute  par  le  clergé,  il  en- 
leva la  jeune  fille  à  sa  mère  et  la  mit 
dans  le  couvent  de  Teirargues.  Selon 
Benoit,  Isabeau  résista  à  toutes  les  ob- 
sessions des  nonnes  qui,  de  guerre  las- 
se, larenvoyèrent  à  ses  parents  au  bout 
d'un  an.  Les  écrivains  catholiques,  en- 
tre autres  d'Aigrefeuille,  affirment,  au 
contraire,  qu'elle  ne  quitta  le  couvent 
qu'après  avoir  abjuré,  le  2  ]anv.  167S 
[Arch.  gén.  M.  67 i)  ou  selon  une  au- 
tre version,  le  i  2  mars  (Jacobins  St.- 
Honoré,  No  30).  En  la  supposant  prou- 
vée, cette  abjuration  était-elle  valable? 
La  question  serait  tranchée,  s'il  était 
démontrée  qu'Isabeau  Paulet  était  ve- 
nue au  monde  au  mois  de  déc.  1662, 
ainsi  que  le  prétendait  le  procureurgé- 
néraldu  parlement  de  Toulouse;  mais 
son  père  lui-même  soutenait  qu'elle 
n'avait  pas  encore  accompli  sa  douziè- 
me année  à  l'époque  de  sa  sortie  du 
couvent;  or,  la  déclaration  de  1669 
était  toujours  en  vigueur.  L'acte  de 
baptême  aurait  levé  toute  difficulté;  il 
est  étrange  qu'il  n'ait  pas  été  produit. 
L'obscurité  que  le  parlement  a  laissé 
planer  sur  celte  alTaire,  lorsqu'il  lui 
était  si  facile  de  la  dissiper,  nous  rend 
sa  conduite  fort  suspecte. 

De  retour  auprès  de  sa  mère,  Isabeau 
reprit  sous  sa  direction  le  chemin  du 
temple.  La  Déclaration  du  mois  d'avr. 
1663  (Voy.  Pièces  justif.  N»  XCI)  non- 
seulementsubsistailtoujours,  mais  elle 
était  fréquemment  renouvelée  et  confir- 
mée. Cependant— n'a-t- on  pas  lieu  d'ê- 
tre étonné  de  cette  apathie? — ce  ne  fut 
qu'an  bout  de  cinq  ans,  qu'on  arrêta 
de  nouveau  la  jeune  Paulet  pour  l'en- 
fermer dans  le  couvent  de  Saint-Char- 
les à  Montpellier,  d'où  elle  sortit,  un 
mois  après,  aussi  dévouée  que  jamais 
à  la  religion  protestante,  au  rapport  dé 
Benoit,  et  bien  qu'elle  continuât  à  fcé- 
quenter  les  assemblées  religieuses  des 
Protestants,  on  la  laissa  quelque  temps 


nvi 


-m-^ 


PAU 


1)0  redit  de  Juif)  1680,  le  cloreô  c^tl^q? 
liquc  flt  signifier  au  paslcur  Pu  SouT' 
dieu  son  acte  d'abjuration,  avccdéfen* 
se  de  l'admettre  (jans  l'église.  Lp  coi>- 
sislpiro  s'assembla  et  fut  d'^yis  de  pa9r: 
ser  outre  {JacMnsSt.'Hontiré,  N<^3Q), 
On  De  pept  s'pipliquercetl^  résplqtion 
du  consistoirQ  qu'en  ^dmeftant  qu'il 
regardai)  l'abjuration  pomm^  nulle,  oi| 
bien  qu'il  crq( reconnaîtra  d^s  cetacle 
des  traces  4e  falsiOçaMon.  BenqU  afi^Rr 
me^  en  effet,  qu'il  avait  été  fabriqué  p^r 
Charles  Marsai\  qui  de  n^oine  r^jet 
s'était  fait  protestant,  puis  s'^û>^  1^ 
fait  catbolique,et  remplissait  alors  1^!| 
fonctions  de  directeur  d^is  le  couveai 
de  Tcirargues.lsabeauPauletretojum 
donc  au  tf»mple,  et  le  syp^jc  du  p}erg^ 
portaplalnte  au  parleipent  de  TouIqÙ96j 
qui, par  ^rrétdu  ii  nov.  i682^dé(éi^ 
dit  l'exercice  du  cuità  prp(f çtani  dans 
le  Grand  temple  de  Mpptpelljer  ei  en 
prdonna  la  dtoolition. 

Le  coosisipire  se  bà(a  (l'en  appeler 
au  Conseil.  Il  députa  k  Paris  Planchui 
avec  une  requête  fort  humble  ;  iqais  \ 
peine  arrivé,  piancbptftit  arrêté  et  en- 
fermé à  là  Bastille.  De  leur  côté,  Utk 
pasteurs  allèrent  trouver  le  duo  de 
NÔailles^  et  lui  déclarèrent  avco  fer^ 
meté  qu'ils  continueraient  k  remplir, 
au  péril  de  leur  vie,  la  mission  qn'il3 
avaient  reçue  de  Dieu,  {.e  gonverpiaur 
leur  répondit  eu  Ip^  fai«<(nt  CQp4Qif6  k 
la  citadelle,  et  ei^  mettant  iipmédiàte- 
ipent  à  l'œuyrp  les  démoUs^urs  aou^ 
U  protection  de  la  forc^  arfpée.  i^  On 
peut  dire,  lit-on  4itnsl'bis(olredeGsyair 
bplive,  qu'on  abattit  on  templp  diant  le 
copyert  élait  pprté  par  un  arc  d'une 
longueur  exUn^ordinalre,  fort  dégagé* 
que  tons  les  étrangers  admiraient  et 
disaient  ^tre  le  plus  bp^tu  de  l'Europe. 
èi  ia  pierre,  qui  était  au  milieu,  qu'oa 
appelait  clef,  il  y  avait  les  armoiriee 
de  l'amiral  de  ChÂtillon  çt  la  ditte 
de  la  cou^truciion ,  1585;  dn  c6l 
de  H  grande  porto,  une  galerie  con- 
slrifilc  «^ux  dépens  du  prince  {Hl^r. 
tin,  avec  ses  armpirU'î»,  cl^  du  qù^ 
4ft  la  cl)ff|rç^  ^  U]m  ^:9'^}^j  W  À 


vitres,  celles  di^  prince  de  Condé.  » 
Cependant  le  propos  se  poursuivait 
contre  Jsaheaù  Pat|/e<,qui  s'clait  coor 
slifqéeprisonniërp.EUe  se  défendit  en 
soutenant  qu'elle  n'avait  j^piais  signé 
fi'af.te  A'^binralion  pt  qu'pn  tp75,elj« 
lîe  çavj^it  mêq^e  p^s  ^rirp.  Son  pèjfi 
alQrmaït  égalemenique  là  signatnroep* 
posée  an  bas  dp  l'acte  qu'on  présenMd 
n'était  pas  de  son  écriture  (Arch.  lU 
671).  On  lui  opposa  le  téniQîgnage  4m 
religipuses  de  Teirargucs,  mais  on  iei 
garda  bien  d'appeler  des  experts.  Qn 
s'adressa  i  deux  procureurs,  qui  rocoi^ 
purent  que  les  signatures  olflraient  de 
la  ressemblance  en  quelques  lettrée* 
Gpla  sutBt  an  parlpmept  pour  déplfwef 
l'accusée  relapse  et  la  condamner  àl'ar 
piende  honorable  et  au  bannissement; 
toutefois  conune  cette  jeune  fille  âyeU 
montré  jusque-là  beaucoup  de  ferm^ 
on  n'osa  pas  exécutef  la  sentence, con^ 
me  nous  l'apprend  nne  lettre  du  chettr 
celier  au  président  du  parlement,  mmf 
lui  commander  de  ia  part  du  roi  ^  1% 
laisser  sortirdu  roy^upo^confonnéqenl 
\  l'arrêt  repdu  {Arck.  V.  67i).  &'q 
faut  en  croire  Benoit,  pn  H  retep^Ùe^ 
prison,  parce  qu'on  craignait  qi)  ni^ 
fois  en  sAreté  dêps  les  pays  étrangenii 
e|la  ne  çonvrlt  ses  persécuteurs  de  hv^ 
te.  Npus  croirions  plutôt  que  l'on  fi»T 
perait  que  l'affreuse  perspective  pour 
npe  Jeune  fille  d'une  vingtaine  d'eniiéev 
de  passer  sa  vie  entière  entre  les  mim 
d'une  prison,  la  déciderait  à  abjura, 
Telle  est  au  moins  la  raison  que  \'^ 
fit  V4k>irauprèi  c|e  LouisXIV  pour  reprs 
•gager  à  aggraver  la  peine  pn  coniHN^r 
tissant  le  bannissenient  en  une  dêleiiî 
tlon  perpétuelle.  Ce  jésuitique  cfi^ll 
n'auraitpput-ètrepas  réusei,si  l'epuMI 
ne  s'était  mis  de  la  partie.  On  pervii| 
à  un  jeune  homme  catholique  dé  vish 
ter  Isabei^u  dans  sa  prison,  et  dés  q^'m 
s'aperçut  qu'il  avait  gagné  son  aiJbQ? 
lion,  on  accabla  la  prisonnière  de  t^m 
de  caresses,  de  Muitdepromesses,qa'o4 
Vamena  à  adresser  une  sppplique  W 
roi  pour  lui  deniandcr  grâce,  c'est-)h 
dire  qu'on  l'amena  à  se  Fcconnaltrec^u- 


PAU 


—  189  — 


PAU 


)Qratien>loi  aoeorda  dos  Ici  Ires  d'abo* 
lition  et  peu  de  temps  après^  une  pen- 
sion dd  3000  livres, qui  fut,  ii  est  vrai, 
rédoite  à  looo,  dès  le  10  juill.  1685 
[Arch.  Tt.  252). 

PAULHAN  (Pierre)  ou  Paulian, 
ministre  apostat.  Paulban  était  natif  de 
Niâmes  et  avait  fait  ses  études  à  Ge- 
nève, où  il  avait  été  immatriculé  en 
1660.  Quoiqu'il  eût  peu  de  talents,  à 
ee  qu'affirme  Benoit,  il  fut  choisi,  en 
1671 ,  pour  pasteur  de  l'importante  é- 
gliaedeNismes  ;  il desservaitalprs celle 
d'Aigues-Mortes.  Comme  son  collègue 
Cheirony  il  s'opposa  de  tout  son  pou- 
voir au  projet  de  Brousson,  en  repré- 
sentant qu'il  était  du  devoir  et  de  la 
prndence  de  se  soumettre,  puisqu'on 
n'avait  pas  les  moyens  de  résister  avec 
sneoès,  et  de  tâctier,  par  une  soumis- 
sion absolue,  de  conserver  les  temples 
qui  n'avaient  point  encore  été  démolis. 
Avec  de  pareils  principes,  Paulban  ne 
devait  pas  bésiter  à  abjurer  en  1 685  ; 
n'était-ce  pas  obéir  aux  ordres  de  l'oint 
daS6igneur?Moinsd'empressement  lui 
eût  sans  doute  été  plus  profitable.  Ce 
fM  6A  vain  qu'il  fit  le  voyage  de  Paris 
pour  solliciter  la  récompense  de  son 
apostasie;  il  tut  éconduit.  11  eut  alors 
la  inmineuse  idée  de  s'ériger  en  con- 
vertisseur, et  publia  à  Lyon,  en  1 688, 
in-12,  un  Discours  sur  l'ancienne  dis- 
cipline de  l'église  de  Nismes,  tendant 
à  convaincre  les  Protestants  du  crime 
qu'ils  avaient  commis  en  se  séparant 
d'une  église  où  la  foi  s'était  conser- 
vée dans  toute  sa  pureté.  Ce  pauvre  li- 
vre loi  valut  ^ûn,  en  1689,  roffice  do 
conseiller  honoraire  au  présidial  de 
Nismes.  Barbier  lui  attribue  aussi  deux 
broehures  publ.  à  Lyon,  1 696,  in-i  2, 
sons  ce  titre  :  Apparitions  anglaises,  le 
siège  de  Namur  et  les  bombardemens 
Buritimes.  Il  mourut  en  1699. 

PAUMIER  (PiBRRE),Pom26r  ouPo- 
miè9,  de  Gascogne,  ministre  de  Par- 
thenay.  Ayant  osé,  en  1666,  prêcher 
sur  les  ruines  de  son  temple,  qui  avait 
été  démoli,  ainsi  que  la  plupart  des 
temples  du  Poitou,  en  vertu  du  fameux 
arrêt  4a  Conseil  du  6  août  (Voy,  Pièces 


justif.,  N»  LXXXVIII),  Panmler  fût  ar* 
rété  et  conduit  dans  les  prisons  de  Poi- 
tiers, tandis  que  ses  collègues  Toto  /{o- 
cheteau  et  PoiteuindeLa  Gmllarderie  , 
non  moins  coupables  que  lui,  étaient 
enfermés  dans  celles  de  Fontenay.  Ce* 
pendant  on  n'usa  pas  de  rigueur  h  leur 
égard;  on  se  contenta  de  leur  promesse 
de  ne  plus  exercer  leur   ministère 
dans  des  lieux  interdits,  et  on  les  re- 
mit en  liberté.  Poitevin  fut  assez  pru- 
dent pour  sortir,  quelque  temps  après, 
du  royaume;  en  1671,  il  fut  placé  h 
Maëstricht.  Paumier  fut  donné  pour 
ministre  à  l'église  à  Sainl-Maixent. 
Cette  église  ayant  été  interdite  à  son 
tour  (Vtnj.  Vil,  p.  452),  il  se  décida 
à  passer  à  l'étranger,  et  obtint  sans 
peine  un  passe-port  ;  mais,  arrivé  à 
Niort,  il  changea  de  résolution  et  se 
convertit,  le  1 0  nov.  1685.  Le  fameux 
Foucault  rend  cet  honorable  témoigna* 
ge  aux  pasteurs  du  Poitou,  que  deux 
seulement  d'entre  eux  abjurèrent  la 
religion  qu'ils  avaient  préchée,  savoir 
Paumier  et  Rocas,  ministre  du  Breuil. 
Une  fois  converti,  l'ex-mlnlstre  se  fit 
convertisseur,  et  il  déploya  un  si  beau 
zèle,  qu'il  reçut,  comme  récompense 
de  ses  efforts,  une  charge  de  conseiller 
au  présidial  de  Poitiers,  et  une  pen- 
sion de  400  liv.,  qui  (tit  portée,  en 
1 688,  à  1 ,500  écus.  Paumier  avait  ac- 
quis de  la  réputation  comme  prédica- 
teur; mais  sa  vie  n'était  pas  sans  tache. 
On  raconte  qu'ayant  fait  une  promesso 
de  mariage  par  écrit  à  une  demoiselle 
JùTtiriy  de  Saumur,  et  ne  voulant  pas 
la  tenir,  il  commit  une  efliraction  pour 
s'emparerde  cet  écrit,  mais  que  le  frère 
de  la  demoiselle  le  força  de  le  rendre. 
PAUR  (Jian-Jacqubs),  ministre  de 
l'église  d'Etobon,  né  à  Honlbéliard, 
le  12  mars  1737,  de  Frédéric-Nicolcts 
PauTy  tonnelier,  et  de  Clémence-Anne 
Surleau,  Paur  reçut  sa  première  in- 
struction dans  le  gymnase  de  sa  ville 
natale.  En  1755,  il  partit  pourTubin- 
guc,  où  il  étudia  la  théologie.  Ses  élu- 
des terminées,  il  obtint  une  chaire  de 
profeaseur  àrunlversiléde  Halle;  mais 
la  mort  de  son  père  le  rappela  bientôt 


PAU 


—  ♦«)  — 


PAU 


à  Montbéliard,  et  les  instances  de  sa 
mère  rayant  décidé  à  ne  pas  retourner 
en  Allemagne,  il  accepta  la  place  de  vi- 
caire de  Pierre-Frédéric  Dieny,  pas- 
teur à  Etobon.  Deux  ans  après^  Dieny 
étant  mort,  et  Pierre-Christophe  Mu- 
rel  lui  ayant  été  donné  pour  succes- 
seur contre  le  vœu  des  fidèles  d'Eto- 
bon,  dont  il  avait  gagné  l'affection  par 
sa  charité,  son  zèle  et  son  dévouement, 
Paur  fut  nommé  pasteur  sufflragant  do 
l'église  Saint-Georges  à  Montbéliard, 
et  en  même  temps,  régent  d'une  des 
classes  de  récole  française  (  1  )  .En  1 7  7  9 , 
la  cure  d'Etobon  étant  de  nouveau  va- 
cante, il  en  fut  pourvu.  Disciple  de  Ph.- 
Jac,  Spener  (Voy.  p.  4),  et  partisan  des 
doctrines  des  Frères  Moraves,  il  s'ap- 
pliqua avec  ardeur  à  réveiller  le  zèle 
religieux  dans  sa  paroisse.  Ses  loua- 
bles efforts,  dirigés  par  une  piété  fer- 
vente et  vraie,  furent  couronnés  de  suc- 
cès. Après  avoir  desservi,  pendant  en- 
viron huit  ans,  l'église  d'Etobon,  où 
son  nom  n'est,  encore  aujourd'hui, 
prononcé  qu'avec  vénération,  Paur  fut 
appelé  à  Clairegoutte  comme  succes- 
seur de  Jacques-Christophe  Tuefferd, 
Il  fut  installé  dans  cette  nouvelle  cure, 
le  19  fév.   1787,  par  le  surintendant 
ecclésiastique  >an-yac7ue5  i)ui;cr7iot/. 
Il  y  poursuivit  paisiblement  ses  pieux 
travaux  Jusqu'à  la  réunion  du  comté 
de  Montbéliard  à  la  Franco,  au  mois 
d'oct.  1793.  Les  alarmes  continuelles 
au  milieu  desquelles  il  vécut  pendant 
tout  le  règne  de  la  Terreur,  réagirent 
fortement  sur  sa  constitntion  déjà  af- 
faiblie parrâge;  une  émotion  très-vive 
causée  par  les  menaces  brutales  d'un 
Jacobin  forcené,  provoqua  une  attaque 
d'apoplexie  qui  le  conduisit  aux  portes 
du  tombeau;  le  chagrin  qu'il  éprouva 
de  la  dépossession  du  prince  de  Mont- 
béliard, la  douleur  qu'il  ressentit  de 
l'interdiction  du  culte  public,  la  gène 
que  la  saisie  des  revenus  des  églises 
introduisit  dans  son  ménage,  aggra- 

(1)  Le  prince  Frédéric-Eagènele  chargea  aussi 
de  donner  des  leçons  i  ses  enfants  dont  l'une,  So- 
phie-Dorothée-Auguste  Louise,  derint  iropcra- 
triœ  do  Russie. 


vèrent  son  état;  néanmoins  U  i 
dèle  à  son  poste,  réunissant  t 
son  troupeau  dans  son  presbyte 
lui  prêcher  la  parole  de  Dieu,  b 
les  enfants,  bénir  les  mariages, 
quittant,  au  péril  même  de  sa  vl 
seulement  des  devoirs  que  lui 
sait  sa  profession,  mais  de  ee 
lui  prescrivait  la  charité  chrétii 
la  simple  humanité.  Plus  d'an< 
lui  arriva,  avant  roccupatioi 
principauté  par  les  Français,  d'< 
lir  dans  sa  cure  des  proscrits, 
des  prêtres,  de  les  y  cacher  et  < 
liter  leur  fuite  dans  les  pays  étr. 

Lorsque  la  célébration  ducal 
tien  cessa  d'être  interdite,  Paai 
ses  fonctions  avec  une  ardeur 
fut  fatale.  Le  1 4  oct.  1 798,  il  fut 
d'une  seconde  attaque  d'apople: 
la  chaire  même  de  Téglise  de 
goutte. 

Paur  n'était  pas  seulement  i 
leur  pieux,  zélé,  charitable,  p 
le  désintéressement  jusqu'à  se 
mes  limites;  il  possédait  des  c 
sances  assez  étendues,  surto 
l'histoire  ecclésiastique.  On  \ 
une  traduction  de  VHisloire  d 
formationde  l'Eglise  chrétienfi 
lemagne,  écrite  par  le  baron 
kendorfy  abrégée  par  Junius  e 
Basle  [Berlin],  1784,  4  vol.  in 
tête  de  laquelle  il  a  mis,  en  ( 
préface,  nn  aperçu  sur  l'Etat 
glise  chrétienne  avant  la  Réfor 
Un  5»  vol.,  publié  en  1 785  et  | 
servir  d'introduction,  offre  un 
de  rhistoire  des  églises  esclavi 
vaudoises,  par  /.-/.  Duvemc 
IV,  p.  526).  On  lui  doit,  en  ou 
Irad.  française  de  la  Confessio 
chrétienne  des  chrétiens  sans  < 
qui  est  encore  aujourd'hui  ei 
chez  les  Anabaptistes  établis  df 
cienneprincipautéde  Montbélii 
On  il  doit  avoir  travaillé  au  rec 
nuel  publié  à  Ncuwied  parla  ! 
Frères  Moraves,  dont  il  était  n 

Du  mariage  de  J.-J.  Paurav^ 
nore  Scharffensteiny  fille  da  i 
de    Clairegoutte   L^opold-En 


PAU 


—  161  — 


PAV 


Seharffenstein,  célébré  en  1782,  na- 
quirent six  enfants  :  l«  Bénédicte- 
Elisabeth,  morte  enfant; — 2°  Jean- 
Emmanuel,  né  à  Etobon,  le  12  août 

1 784,  qai  a  bien  voulu  nous  commu- 
niquer une  notices  biographique  sur 
son  père,  rédigée  par  M.  F.  Beurlin, 
pasteur  à  Etobon  ;  —  5»  Jacques- 
Emmanuel,  né  à  Etobon,  le  30  déc. 

1785,  et  mort  à  Audincourtcn  1854, 
dont  le  fils,  pasteur  à  Montécheroux, 
marche  dignement  sur  les  traces  de  son 
grand-père;  —  4<»  Hedwige- Elisa- 
beth, morte  jeune; — 5»  Asne-Eléo- 
NORE,  née  à  Clairegoutte  en  1789,  et 
morte  en  1832;  —  6»  Catherine- 
Elisabeth,  morte  en  bas-àge. 

P AU VANT  (Jacques),  ou  Pavanes, 
du  Boulenois,  disciple  de  Le  Fèvre 
d'EiapleSy  suivit  son  maître  à  Meaux, 
lorsqu'il  y  fut  appelé  par  l'évéque  Bri- 
çonnet(roî/.  VI,  p.  506).  Emprisonné, 
en  1524,  en  même  temps  que  3/ar /ta/ 
Mazurier,  qui,  dans  un  acc^s  incon- 
sidéré de  zèle,  avait  renversé  une  sta- 
tue de  saint  François,  placée  sur  la 
porte  du  couvent  des  Cordcliers,  il 
flnit  par  céder  aux  obsessions  de  Ma- 
zurier,  qui  avait  acheté  sa  liberté,  et 
sans  doute  sa  vie,  au  prix  de  lâches 
concessions,  et  se  décida  à  faire  amende 
honorable  le  lendemain  de  Noël.  Mais, 
depuis  ce  moment,  lit-on  dans  le  Mar- 
tyrologe, K  il  n'eut  que  regrets  et 
soupirs.»  Aussi  lorsque  la  persécution 
se  renouvela  au  commencement  de 
l'année  suivante,  voulut-il  rôparcr  cet 
acte  de  faiblesse.  11  se  présenta  avec 
fermeté  devant  ses  juges  et  leur  remit 
par  écrit  une  profession  de  foi ,  qui 
suffisait  et  au  delà  pour  le  faire  con- 
damner à  mort  comme  hérétique.  Il 
fut  brûlé  vif  sur  la  place  de  Grève, 
«  au  grand  honneur  de  la  doctrine  de 
l'Évangile  et  édillcation  de  plusieurs 
fidèles.  »  Matthieu  Saulnier,  empri- 
sonné en  même  temps  que  lui,  avait 
composé  pour  leur  défense  commune 
un  livre  qui  fut  condamné  par  la  Sor^ 
bonne  et  livré  aux  flammes,  le  9  déc. 
1525.  On  ignore  ce  qu'il  devint  lui- 
même;  mais  Orespin  nous  apprend 


que  le  martyre  de  Pauvant  fut  suivi , 
peu  de  temps  après,  de  celui  de 
LUermxte  de  Livry,  qui  périt  dans 
les  flammes  au  parvis  Notre-Dame,  la 
grosse  cloche  de  la  cathédrale  sonnant 
à  toute  volée. 

PAVÉE  (Frakçois),  sieur  de  Ser- 
VAS,  un  des  principanx  chefs  des  Hu- 
guenots dans  le  Bas-Languedoc,  était 
vraisemblablement  originaire  de  Nis- 
mos  ou  des  environs.  11  embrassa  avec 
ardeur  la  cause  protestante.  En  1 561 , 
ses  concitoyens  l'élurent  colonel  de  la 
milice  bourgeoise,  en  lui  donnant  iran 
Michel  pour  sergent-major.  Lorsque 
la  guerre  éclata,  ils  l'envoyèrent,  avec 
Saint-Véran,  Beauvoisin  et  BouiUaf' 
gués  y  au  secours  de  Beaucaire.  Les 
Protestants  nismois  s'assurèrent  de  la 
ville  et  du  château,  brisèrent  les  ima- 
ges, et  se  retirèrent  en  laissant  dans 
la  place  une  compagnie  de  gens  do 
pied  pour  garnison.  A  peine  s'étaient- 
ils  éloignés  que  les  Catholiques  de 
Tarascon  reprirent  Beaucaire  qu'ils 
mirent  à  sac  cl  à  sang.  Les  habitants 
qui  professaient  la  religion  réformée 
réussirent  en  partie  à  gagner  le  châ- 
teau et  se  hâtèrent  de  rappeler  leurs 
coreligionnaires.  Revenant  en  toute 
hâte  sur  ses  pas,  Servas  s'introduisit 
dans  le  château,  surprit  l'ennemi  tout 
occupé  du  pillage,  en  flt  un  grand 
massacre  cl  assura  îiux  Protestants  la 
possession  de  la  ville  jusqu'à  redit  de 
pacification  (1). 

Sorvas  se  signala  encore,  dans  cette 
première  guerre  civile,  en  plusieurs 
rencontres,  notamment  au  combat  de 
Pézenas,  sons  les  ordres  de  Beaudinéy 
et  surtout  à  la  bataille  de  Saint-Gilles; 
mais  dans  la  seconde,  il  ternit  sa  gloire 
par  la  part  qu'il  prit  à  Thorrible  mas- 
sacre de  la  Michelade.  Nesnard  affirme 
que  c'est  lui  qui  en  conçut  le  projet 
avec  BoHtllargues  et  Poldo  d'Albenas 
(Voy.  I,  p.  26). 

En  1569,  la  guerre  ayant  éclaté 

(1)  Dans  non  InTenUiro,  do  Serres  appelle  Aa<. 
ma»  le  capitaine  nismois  qui  chassa  les  Catho- 
liqaes  de  Beaucaire.  Tous  les  autres  liistorieni 
le  Dommenl  Serrai. 


PAV 


—  t6î  — 


PEC 


pour  la  troisième  foig,  Servas,  à  qnl 
8'appliquo  parfaitement  oe  qae  Serres 
dit  de  DalmaSy  «qu'il  rouloit  toujours 
quantité  d'entreprises  dans  sou  es- 
prit,  »  voulut  tenter  de  rentrer  dans 
Nisnics ,  d'oii  il  avait  dû  s'éloigner, 
vraisemblablement  pour  échapper  ^ux 
poursuites  du  parlement  de  Toulouse. 
Nous  avons  déjà  raoonté  comment  la 
surprise  réqssit  [Voy,  Ul,  p.  107). 
Scrvas,  aocouru  de  Gauvisson  aveo 
500  soldats,  com^nandés  par  les  ca- 
pitaines Chaissy  et  Minge'lle,  contri- 
bua puissamment  au  succès. 

Apres  la  Saint-Barlbéiemy^  Servas 
continua  ^  servir  la  Cause,  moins,  U 
est  vrai,  do  son  épée  que  de  ses  cour 
seils.  En  1573,  il  fut  député  à  l'as- 
semblée d'Anduze,  et,  à  son  retour, 
élu  capitaine  d'une  compagnie  de  gens 
de  pied  que  les  IS'ismois  levèrent  pour 
leur  défense.  En  1S77,  il  ût  partie, 
aveo  les  consuls  de  Clairan,  Deiron, 
Jean  Bagard  et  Etienne  Paussuc,  du 
conseil  chargé  de  régler  les  affaires 
secrètes  de  la  cité,  en  qualité  de  comr 
mandant  do  la  ville.  EnOn ,  en  1 580, 
il  entra  avec  François  Barrière,  sieur 
de  Nages,  dans  le  comité  auquel  ou 
conda  le  soin  de  pourvoir  prompte^ 
ment  aux  afifaires  urgentes.  C'est  la 
dernière  fois  que  nous  ayons  rencontré 
son  nom.  U  avait  épousé,  en  1556, 
Isabeau  d*Aird)audouse,  dont  il  eut 
un  fils,  Fràivçois,  sieur  do  Ville- 
vieille,  marié,  en  1585,  avec  Jeanne 
Pellegrin,  Ce  Ois,  qui  testa  en  1614, 
laissa  trois  enfants  mâles  :  !<>  Pierre, 
sieur  de  La  Gondamine,  dont  le  sort 
nous  est  inconnu;  —  2°  Abuus,  qui 
suit;  —  3»  GuiTAR,  qui  épousa,  en 
t635,  Louise  Caissade^  et  testa  en 
1661,  ayant  quatre  fils  :  Raixond, 
François  ,  lieutenant  au  régiment  de 
Hontpezat,  Louis  et  ÉTiEaiNE. 

Abdias  Pavée,  sieur  de  Villevieille, 
mourut  dans  la  force  de  l'âge.  De  son 
mariage  avec  Diane  Tréinolet-de- 
Afontpezat,  célébré  en  1631,  naqui- 
rent :  l«  Haimond,  baron  de  Mont- 
rcdon,  capitaine  de  cavalerie,  mariée 
en  1 6C0,  avec  Gabriellc  Fons  et  père 


de  Jean-François,  etdeJogBPH-PiÀii- 
çois,  qui  furent  élevés  sans  doute 
dans  la  religion  catholique  ;— 2<*  Jban-> 
François,  qui  entra  dans  les  ordrei  ; 
—  3»  Aknibal;  —  40  Abdias,  sieur 
deMontrcdon,  major  au  gouverncmonl 
de  Sommières;  —  5<>  Michel,  capi- 
taine au  régiment  de  Montpozat.  Noag 
ignorons  à  quelle  époque  cette  famitto 
abjura. 

PËGHEL8  (N.),  sieur  de  La  Buis- 
sonade,  confesseur  do  TEglise  protes- 
tante. Pecbels  de  La  Buissonade  ap- 
partenait à  une  des  meilleures  famillefl 
de  Montauban.  A  Tépoque  des  guerres 
de  religion,un  capitaine  La  ^u?,s5(>ff(uie 
servit  avec  distinction  sous  Saint-An'» 
dré-Monthrun,  et  vers  le  même  temps, 
Pcckela^-La  Buissonade ,  premier 
consul  de  Montauban,  se  fit  expulser 
de  la  ville  à  cause  de  sa  résistance 
énergique  aux  projets  de  Rohan  et  de 
son  dévouement  à  l'autorité  royale.  U 
est  vraisemblable  que  notre  confessear 
ne  professait  pas  pour  le  trône  une 
moins  grande  vénération  que  son  anoà* 
tre  et  que  tous  les  Protestant  s  en  géné- 
ral, qui  étaient  instruits, dès  l'enfanoe, 
àrespecterlechefderEtat  comme  l'oinl 
du  Seigneur  ;  cependant  à  ce  respect  il 
y  avait  des  bornes  dans  Topinion  des 
Réformés  animés  de  quelque  zèle  pour 
leur  religion,  et  Pecbels  étaitdec^  nom- 
bre. U  ne  se  crut  donc  pas  obligé  de  re- 
nier son  Dieu,  parce  que  tel  était  le  bon 
plaisir  du  despote  qui  régnait  alors  sur 
la  France,  et  saidésohéissance  atl ira  sur 
lui  et  sur  sa  famille  les  épreuves  les 
plus  cruelles.  Trente-huit  dragons  foi- 
rent logés  chez  lui,  le  26  août  1685. 8e 
maison  fut  mise  au  pillage,  ses  appar- 
tements convertis  en  écuries,  sa  fem- 
me. Marquise  deSabonnières,  qui  étall 
sur  le  point  d'accoucher,  obligée  de  se 
sauver  avec  ses  quatre  enfants,  dont 
Tatné  avait  7  ans.  Pechels  avait  fui  de 
son  côté;  mais  l'intendant  lui  donna 
Tordre  de  retourner  chez  lui  pour  re-^ 
ce  voir  les  gamisaires  dont  le  nombre 
s'accrut  d'heure  en  heure.  Pendant  ce 
temps,  U">e  de  La  Buissonade  errait 
dans  les  rues,  personne  n'osant  lui  don-* 


PEC 


-  168  - 


PÉG 


nflf  t»itoi  iMi  U  UirrmiP  était  protonda. 
}ft\\ù  doit  ppurlant  par  trouver  aa  abri 
c\^Q%  uno  (la  998  aœurs;  mais  à  peine 
«ptHilie  apcpuché^  que  la  maison  se 
femplit  de  soldats,  et  qu'elle  dut  fuir, 
avec  «on  entant  dans  ses  bras ,  pour 
éohfipp^r  a)ix  mauvais  traitements  des 
terribles  oqnvertissears.  Ne  sachant  où 
aller,  elle  s'adressa  à  l'intendant  qui 
reconduisit  brutalement  en  lui  repro- 
client  son  opiniâtreté.  A  la  fln,  une  dame 
eatbplique  obtint  la  permissionde  lare- 
coeillir.  ^n  mari  cependant  avait  été 
incarcéré.  Après  avoir  été  promené  de 
prison  e\\  prison  pendant  18  roois^  il 
fat  transporté  dans  l'Ile  de  Saint-Do- 
mlngno,  d'où  il  ft\xi  le  bonheur  de  s'é- 
cbapper.  41  gagna  la  Jamaïque  et  s'em- 
barqua pour  l'Angleterre,  où  sa  femme 
alla  le  rejoindre  plus  tard,  mais  sans 
ses  enfants;  qui  avaient  été  enfermés 
daps  das  coq  vents  et  qui  n'en  sortirent 
san»  doute  que  convertis.  11  est  vrai- 
semblable pourtant  que  i'un  d'eux  au 
moins  rentra  dans  le  giron  de  r£glise 
protestante  et  trouva  les  moyens  de 
paasier  en  Angleterre.  Nous  lisons,  en 
effet,  dans  nne  liste  des  directeurs  de 
|'l|6pital  français  de  Londres,  les  noms 
de  Sçimuft  Pechel,  maître  de  la  chan- 
^ll^rie,  ^  sir  Paul  Pechel  et  de  sir 
Thomas  P^hely  sous  les  datesdo  1752, 
1773  et  1801. 

D'antres  membres  de  cette  famille 
dpnnèrent  des  preuves  do  leur  amour 
pour  l'évangile.  £n  1689,  Jeanne  <k 
P€€àel8,  veuve  Benech,  fut  enfermée 
dans  l'bépitai  de  Rhodes,  et  sa  maison, 
pu  s'était  tenue  une  assemblée  reli- 
gieuse, fot  r^ée.  Elle  avait  anprèa 
d'eU^nnade  se9  SUes,  nommée  Jeanne, 
dont  le  fWèSïySamuelAcéré^^ieuvûQ  La 
pplumbière,  avait  passé  dans  les  pays 
étrangère  {Ar^h.  9é^  M-  673).  Ver^ 
le  luéffiâ  teipps,  Jérôme  ^PechelêfWBk- 
eien  ministre  de  Bruniquel  rérugiédans 
te  Prandebourg,  fut  placé  comme  au- 
Ulénlcr  dans  le  corps  des  Grands-Mous- 
qBetjHn^s  (i);  pais  il  ua  rcmpiii  pas 

(1)  ErroanelKécUm  ont  publié  la  iislosuivs^nle 
4ei  (lran4»-Moai(qiieUlres:l/a/ift(i'i4rrtVu,  6'At- 


longtemps  cette  place,  ayant  été  appe- 
lé, en  i  690,  à  succéder  à  La  Gacherie, 
comme  pasteur  d'Emmerick. 

PEDELABAT  (Jbàm),  de  Garlln, 
accusé  et  convaincu  d'avoir  engagé  pu- 
bliquement et  en  particnlier  ses  core- 
ligionnaires à  demeurer  fermes  dans 
leur  foi,  en  1 685,  fut  condamné  parle 
parlement  de  Pau  à  vingt  ans  de  ban- 
nissement hors  du  royaume  et  à  600 
livres  d'amende.  Semblables  condam- 
nations ne  sont  pas  rares  à  cette  épo- 
que de  notre  histoire  ;  ce  qui  l'est  da- 
vantage, c'est  la  faiblesse  de  Pedelabat 
qui,  six  jours  après  sa  condamnation, 
se  convertit  avec  toute  sa  famille.  Na- 
turellement le  roi  lui  flt  grâce. 

PÉGORIER  (CÉSAR),  natif  de  Rou- 
Jan  dans  le  Languedoc,  flt  ses  études 
en  théologie  à  l'académie  de  Genève, 
où  il  (tit  immatriculé  en  1666,  et  après 
les  avoir  terminées.  Il  fut  placé  comme 
ministre  à  Sénitot  dans  la  Normandie. 
Obligé  de  quitter  son  église,  en  \  682, 
il  obtint  du  synode  de  Quévilly  l'attes- 
tation la*  plus  honorable  (Arch.  gén. 
Tt.  358)  et  se  retira  en  Angleterre, 
où  il  desservit  les  églises  de  l'Artille- 

la^/.-P.  CoM^aniin  d«6«{/o«f,d'OrUiftc,deilo- 
nafoutf  do  fiony,  de  firt^ny,8icar  deMalbos,inQri 
on  1700,  La  Calbreiie,  mort  en  1688,  BalsaU- 
ie-Cattilkon,  Puul  Caleuau^  de  Yitry,  de  La 
Ctaverie^  ^  Maxères,  mort  en  1609,  J.-kalt.  do 
AMon-|lauer(,  G.  de  Laly^  Duèoti,  de  McU,  éê 
Vurantf  Jacq.  d'Etienne ^  sieur  de  Garloncas,  de 
Fonl-Juliane,  de  llonlèlimarl,  Claude  Formey, 
Jacq,  de  Fouquet,  de  SainWllippoiyto,  mort  à 
PrenzloWf  en  1740;  Henri  Fournier,  de  Cahorf , 
mort  on  1714;  Barthélémy  de  Gaultier ^  Jean 
de  Grimaudelf  tfuy,  d'Hélix,  de  Marcoue  ,  Du 
Uatz-de^Mmi^aH^ût  Montredênf  norten  1691, 

ganiei  OuUt,  de  Castres,  mort  en  1707,  Pau^my, 
harlet  de  Péricard,  de  Sedan,  de  la  même  fa- 
mille «{ne  lo  pasteur  de  Magdebonrg  Salomon  de 
Pericard,  Planehi^,  Bu  Càyla,  François  de  A»- 
vaiet,  noUihommelireton,  Du  Breuil-Renouard^ 
Jean  noyer ,  fils  d'un  avocat  do  Paris,  mort  en 
1709  (qu'il  ne  tant  pas  confondre  atec  Pierre 
Royer,  de  Grenoble,  rapilaine  des  ingénieurs, 

Îni  épousa,  «n  1700,  If  art*  Mcrcha^4)%  Suint- 
ulien,  Alixandre  Trémolet-de-MontaigUt  Jea» 
de  Yalenlin  (parent  sans  aucun  doule  du  savant 
paslcur  Jacquee  Vakntin,  qui  doéservit,  depuis 
l^S,  l  egliflo  (caaçi^iio  de  ^gdeboncic  avoc  Juht 
i' Etienne,  sx^^T  de  ClcHes),  Pierre  Vidal,  mort 
en  1730,  Théophil'i  Du  Péricr^  Jean  Oervaise, 
chirurgien,  Pechels,  Daniel  Mosscn,  Cabril  et 
ij^nri  Eelèvc^  Mniiiiifirs. 


PÉJ 


—  164  — 


PEL 


rie  et  da  Tabernacle.  Noos  ne  connais- 
sons pas  la  date  de  sa  mort.  Il  parait 
qu'il  laissa  une  fille,  nommée  Madb- 
LAiNB,  qui  épousa, en  l  i2S,Jean  Sau- 
vage dans  Téglise  française  de  Riders- 
Court,  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  une  autre  Madelaine  Pégorier, 
veuve  du  ministre  Rouxûe  Bédarieax, 
qui  réussit  à  passer  dans  les  pays  é- 
trangers  après  la  révocation  (Ibid.Tr, 
350).  César  Pégorier  a  publié  : 

I.  Exposition  de  la  religion  chré- 
tienne en  forme  d'entretiens,  Utrecbt, 
171 4|  in-8o;  rélmp.  sous  le  titre  de 
Théologie  chrétienney  Amst.,  1726, 4». 

II.  Système  de  la  religion  protes- 
tante, Lond.f  l7l7;2eédit.,anonyme^ 
Rolt.,  1718,  ln-4«. 

III.  Maximes  de  la  religion  chré- 
tienne, où  Von  donne  le  précis  des 
preuves  qui  en  montrent  la  vérité,  où 
l'on  répondaux  difficultés  qu'on  lui  op- 
pose, et  où  l'on  réfute  les  principales 
erreurs  quivontàlarenvcrser,Loïkd., 
1722,  in-8®.  —  Les  trois  premiers 
chap.  sont  consacrés  à  la  réfutation 
des  Pyrrboniens,  des  Athées  et  des 
Déistes.  Dans  le  4%  l'auteur  prouve 
Torigine  divine  du  mosaïsme  ;  dans  le 
5«,  la  vérité  de  la  religion  clirétienne. 
Le  6«  offre  la  solution  de  diverses  dif- 
ficultés. Les  deux  suivants  contiennent 
une  réfutation  du  socinianisme  et  de 
Tarianisme.  Dans  le  9«  et  dernier,  Pé- 
gorier irailedc  l'indifférence,  de  l'in- 
dépendance et  de  la  tolérance  en  ma- 
tière de  religion. 

PEIGRE,  capitainehuguenot.  Char- 
gé, en  1562,  de  conduire  vingt-cinq  ou 
trente  hommes  deMilhau  au  secours  de 
Compeyre,  que  Yezins  assiégeait,  Pei- 
gre  fut  fait  prisonnier  et  envoyé  à 
Toulouse.  Sur  les  instances  du  cardi- 
nal d'Armagnac,  le  parlement  le  fit 
écarteler  tout  vif. 

PÉJD  (Elie),  pasteur  à  Mer  depuis 
1614,  eut  avec  son  église,  au  sujet  de 
son  traitement,  des  difficultés  qui  fu- 
rent portées  devant  le  Synode  natio- 
nal de  Castres.  Le  synode  l'exhorta 
à  ne  pas  s'écarter  de  la  modération 
convenable  à  son  âgeet  à  sa  profession. 


et  renvoya  l'affaire  an  synode  provin- 
cial de  l'Anjou  qui  lui  donna  tort.  La 
sentence  fut  confirmée  parle  Synode  na- 
tional deCharenton  en  1 652  ;  mais  sur 
l'appel  de  Péju,  appuyé  par  Jacque$ 
Martineau,  au  nom  de  quelques-ons 
des  membres  de  son  église,  celui  d'A- 
lençon  ordonna  de  biffer  la  censaro 
qui  lui  avait  été  infligée  par  le  synode 
provincial,  et  le  donna  pour  pasteur  à 
l'église  d'Argenton.  Il  parait  que  le 
ministre  ne  se  trouva  pas  mieux  de  oe 
changement,  puisque  le  Synode  natio- 
nal de  Charenton  lui  permit,  en  1645, 
dese  pourvoir  ailleurs,  si  l'églised'Ar^ 
gentonnelui  payait  pas  son  traitement. 
On  a  de  lui  l'Antidote  contre  les  vains 
prétextes  des  apostats ,  ou  bien  In- 
struction sur  les  principales  controver- 
ses de  ce  temps,  Saumur,  1650,  in-8*. 

PELET,  famille  illustre  du  Langue- 
doc, dont  une  branche,  celle  de  La  Cah- 
RiÈRB,  embrassa  le  protestantisme. 

Claude  Pelet,  sieur  d'Arbousse,  fils 
d'Isaac,  sieur  de  La  Carrière,  et  d'^i nne 
C^pe/otn,  et  capitaine  au  régimentdes 
Cevenncs,  devint  seigneur  de  Saïgas 
et  de  Recoules  par  le  mariage  qa'il 
contracta,  en  1645,  avec  Anne  de  La 
Mare.  Il  vivait  encore  en  1671,  année 
où  il  fut  maintenu  dans  sa  noblesse 
avec  ses  quatre  fils,  Fra?9Çois,  Antoi- 
ne, Jacques  et  Hector.  Le  second  el 
le  quatrième  furent  tués,  quelque  temps 
après,  dans  les  guerres  de  Louis  XIV. 
Le  troisième,  sieur  de  REC0ULBs(aIià8 
Rocoulle),  sortit  do  France  à  la  révo- 
cation (Arch.  gén,  Tt.  236),  et  se  re- 
tira à  Berlin,  ou  il  mourut,  en  1 698, 
colonel  de  cavalerie,  à  l'âge  do  46  ans, 
sans  laisser  d'enfants,  à  ce  qu'il  sem- 
ble, de  Marthe  Du  Val,  veuve  d'Esaïe 
•  Du  Matz-de-Montbail  et  dame  d'un 
grand  esprit,  d'une  vertu  sévère,  d'une 
instruction  solide,  qui  fut  gouvernante 
du  prince  royal  de  Prusse  et  mounit 
en  1741.  Quant  à  l'atné,  qui  portait 
le  titre  de  baron  de  Salgas,  c'était  ua 
homme  pacifique,  de  mœurs  douces, 
d'un  caractère  timide  ;  aussi  renonça- 
t-il  de  bonne  heure  au  service  militaire 
pour  se  retirer  dans  sa  province  nata- 


PEL 


—  1(55- 


PEL 


le,  où  il  épousa,  le  2  sept.  1694,  Lu- 
crèce de  Brignac,  Cette  date  saffit  poar 
noas  apprendre  qn'il  abjura  du  moins 
des  lèvres,  car  au  fond  du  cœur  il  resta 
attaché  à  la  foi  protestante.  Sa  femme 
suivit  vraisemblablement  son  exemple 
sous  le  coup  de  la  première  terreur; 
mais  tourmentée  par  les  remords,  elle 
finit  par  surmonter  toute  crainte,  et  un 
Jour  que  son  mari  était  à  la  chasse, 
die  partit  furtivement  pour  Genève, 
qu'elle  atteignit  heureusement. 

Dès  qu'il  fut  instruit  de  son  arrivée 
dans  la  cité  hospitalière,  le  baron  de 
Saïgas,  afin  d'éloigner  de  lui  tout  soup- 
çon de.connivence,  alla  dénoncer  son 
évasion  à  Basville,  et  cette  précaution 
prise,  il  retourna  dans  son  château,  où 
il  menait  une  vie  retirée  et  paisible, 
quand  la  guerre  des  Camisards  éclata. 

Connaissant  ses  sentiments  secrets, 
les  révoltés  cévenols  lui  témoignèrent 
des  égards,  tout  en  blâmant  son  hy- 
pocrisie. Indigne  à  leurs  yeux  d'un 
bon  chrétien.  Un  Jour  Castanet  le  fit 
inviter  à  assister  à  une  assemblée  qui 
devait  se  tenir,  le  i  l  fév.  1 703,  à  Yé- 
bron.  Soit  de  gré,  soit  de  force,  le  ba- 
ron s'y  vendit  ;  mais  à  son  retour,  il 
s'empressa  de  prévenir  Basville  de  la 
violence  qui  lui  avait  été  faite.  Le  ter- 
rible intendant,  qui  avait  de  rafTection 
pour  lui,  se  contenta  de  l'engager  à 
être  plus  prudent  à  l'avenir,  en  se  pro- 
mettant toutefois  de  le  surveiller  de 
près.  Saïgas  s'aperçut  sans  peine  qu'il 
était  suspect.  Dans  l'espoir  de  dissi- 
per les  soupçons,  il  eut  la  lâcheté  d'al- 
ler offrir  ses  services  à  Montrevel; 
mais  le  maréchal  les  refusa,  en  l'invi- 
tant à  retourner  dans  ses  terres  et  à 
travailler  à  ramener  les  Camisards 
dans  le  devoir.  Le  pusillanime  gentil- 
bomme  obéit  et  fut  assez  heureux  pour 
décider  deux  des  insurgés  à  déposer 
les  armes.  Hontrevel  parut  satisfait  et 
rappela  à  Nismes.  Effrayé  peut-être  du 
sort  de  Cabiron,  nouveau  converti  et 
ardent  persécuteur,  que  les  Camisards 
avaient  poignardé.  Saïgas  s'excusa  et 
réveilla  par  ce  refus  les  soupçons  du 
maréchal,  qui  le  fit  arrêter  et  enfer- 


mer dans  le  fort  de  Saint-Hippolytc,  le 
1 2  mai  1703,  d'où,  après  une  instruc- 
tion très-longue,  on  le  transféra  au  fort 
d'Alais(l). 

Uue  fois  en  présence  de  ses  persé- 
cuteurs, Saïgas  se  montra  un  tout  au- 
tre homme.  Ses  incertitudes,  sa  timi- 
dité, tirent  place  à  une  résolution  et 
à  un  courage  étonnants.  Il  convint  qu'il 
avait  assisté  à  l'assemblée  de  Vébron 
et  qu'il  était  resté  deux  heures  avec 
Castanet;  mais  la  torture  même  ne  put 
lui  arracher  d'autres  aveux.  Basville 
rendit,  le  27  Juin,  sa  sentence,  qui  le 
condamna  aux  galères  perpétuelles,  dé- 
clara ignobles  lui  cl  ses  descendants, 
confisqua  ses  biens,  ordonna  la  démo- 
lition des  tours  de  Saïgas  et  le  rase- 
ment  du  château  des  Rousses.  Brueys 
lui-même  avoue  que  ce  jugement  ré- 
volta l'opinion  publique;  cependant  il 
n'en  fut  pas  moins  exécuté  en  ce  qui 
concernait  le  baron  de  Saïgas  person- 
nellement. Couduit  à  Marseille,  ii  fut 
enchaîné  sur  la  galère  du  chevalier  de 
Roannais,  et  soumis  aux  mêmes  trai- 
tements que  les  plus  vils  scélérats  :  on 
loi  permit  seulement  de  porter  des  bas 
et  de  dormir  sur  un  strapontin.  Les 
évéques  de  Montpellier  et  de  Lodève 
ayant  voulu  se  donner  le  plaisir  de 
contempler  le  vieillard  sur  le  banc  des 
forçais,  le  chevalier  de  Roannais  s'em- 
pressa de  leur  procurer  ce  divertisse- 
ment. Dans  son  affreuse  position,  le 
baron  conserva  toute  la  sérénité  de  son 
âme.  Vainement  on  lui  offrit  à  plusieurs 
reprises,  selon  le  témoignage  de  Bion, 
la  liberté  et  la  restitution  de  ses  biens, 
s'il  voulait  redevenir  catholique.  Court 
affirme  que  Louis  XIV  refusa  sa  liberté 
aux  sollicitations  de  la  reine  Anne,  et 
que  c'est  le  régent  qui,  sur  les  instan- 
ces de  sa  mère,  rompit  enfin  ses  fers,  le 
26  oct.  1716,  après  quatorze  années  de 
souffrances.  L'illustre  forçat  se  retira  à 

(1)  Selon  Goart,  il  entraîna  dans  sa  per(0|  non- 
seiùement  Ayguilùm  el  P(m/t>r(Voy.  ces  noms), 
mais  Saumade  de  Massataqae  et  Aurês  des  Abla- 
tas,  qui  forent  condamnés  aax  galères.  U  paratt 
qoe  ce  dernier  n'y  fat  pas  envoyé,  puisqu'il  no 
figure  dans  aucune  des  nombreuses  listes  de  ga- 
lériens que  nous  atons  eues  entre  les  mains. 


PEL 


—  186- 


PEL 


Genève  aaprëd  de  sa  renuné  ;  il  y  mou- 
lui  sepluagénaire^  le  14  août  17I7. 

Du  mariage  du  baron  de  Saïgas  avec 
Lucrèce  de  Brignac  naquirent  six  en- 
fants, à  ce  que  rapporte  M.  Peyrat.  Le 
Dictionnaire  de  la  Noblesse  ne  parle 
que  de  quatre,  et  le  dernier  seul^  nom- 
mé Pierre,  intéresse  la  France  pro- 
testante. Court  nous  apprend  qu'il  se 
retira  dans  le  pays  deYaud,  et  La  Clies- 
naye-des-Bols,  qu'il  y  contracta  une 
union  dont  sont  issus  un  fils  et  trois 
fllies.  Selon  H.  Peyrat,  le  dernier  des- 
cendant mâle  du  baron  de  Salgtts  est 
mort  au  commencement  de  ce  siècle. 
11  était  chambellan  de  S.  M.  britanni- 
que et  babitait  ordinairement  GenèTc. 

D'autres  Pelet,  étrangers,  à  ce  qu'il 
semble,  à  la  noble  famille  dont  nous  ve- 
nons de  parler,  habitaientOrange,  d'oh 
sortirent  Jean  Pelet,  reçu  bourgeois  h 
Genève  en  1 706,  et  André  Pelet,  mort 
à  Berlin,  en  1717,  à  Tàge  de  76  ans, 
dont  les  petites-filles  furent  gouver- 
nantes dans  les  malsons  de  Horrien  et 
de  Haack. 

Dans  la  liste  des  pastetirs  présentée, 
en  1637,  au  Synode  national  d'Alen- 
çon  (Voy.  Pièces  justlf.  N*  LXXXl)  fi- 
gure, comme  ministre  de  Saint-Julien, 
un  Pelet^de-La  Carrière,  qui  desservit 
successivement  plusieurs  églises  des 
Cevennes.  C'était  sans  doute  un  frère 
cadet  de  Claude  ;  en  tout  cas,  il  était 
de  la  même  famille. 

PELET  (Jeak),  dit  de  la  Lozère, 
pour  le  distinguer  de  ses  homonymes, 
naquità  Salnt-Jean-du-0ard,le23fév. 
1 759,  et  mourut  à  Paris,  le  26  }anv. 
1812. 

Peletsuivaitaveoquelqaedlstlnctlon 
la  carrière  du  barreau— que  par  indul- 
gence, aux  approches  de  la  Révolution, 
on  n'Interdisait  plus  aux  Protestants 
dans  la  Juridiction  de  certains  parle- 
ments, — lorsque  les  suffrages  de  ses 
concitoyens  rappclèrentàlaprésidenco 
du  directoire  du  départ,  de  la  Lozère, 
et  Tannée  suivante,  renvoyèrent  siéger 
comme  un  de  leurs  représentants  à  la 
Convention  nationale.  Les  Protestants 
avaient  une  vieille  querelle  à  vider  avec 


la  royauté,  et  l'on  comptait  I 
plus  sdr  leur  dévouement  aix  I 
de  la  nation  et  sur  leur  indépel 
Pelet  ne  trahit  pas  son  maiMM 
Joua  d'abord  qu'un  rôle  très-séol 
et  l'on  doit  presque  l'en  loiier. 
la  tempête  est  déchaînée^  M  t 
seuls  marquent  leur  pâssani» 
l'impossible  f\B  philosophe  s'ifr 
de  son  manteau  et  se  résigné: 
ment  il  s'agit  de  ne  pas  toir  I 
sible  dans  toute  entreprisé  fiA 
Si  Cam6on(i)  avait  courbé  la  tel 
que  Robespierre  le  signala  poai 
fond,  nous  n'aurions  pas  «ni  le 
mldor  :  le  tyran,  lui  anssi^  iit  I 
dynastie. 

Lors  dtt  jugement  de  Lovàê  1 

let  étaitabsent.  «  On  a  dit^  IUh 

la  Biogr.  univ.,  qu'il  érrltlt  ai 

dent  qu'il  ne  se  regardait  pm 

Juge  ,*  mais  sa  lettre  n'a  pas  été| 

Ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'est  qtt'^ 

retour,  il  montra  des  clpliiiai 

modérées  que  le  temps  pmihA 

mettre,  et  qu'il  s'opposa  k  ^ 

des  mesures  révolntionnaireâ 

renl  adoptées,  n  Ses  opinion 

ques  le  rapprochaient  du  fà. 

Gironde.  11  était  républicaMi 

constance,  mais  de  très-boni! 

fut  des  premiers  à  applaudir  à 

de  Robespierre.  Quelques  Jovi 

que  l'assemblée  nationale  eoEl  t 

son  indépendance,  le  1 9  tbermi 

let  émit  à  la  tribune  son  opink 

nécessité  et  les  moyens  depeife 

les  formes  du  gonvernementrèl 

uaire.Tout  en  blâmant  les  fauto 

nait  dosages  conseils  pour  Vtt 

réclamait  surtout  une  justice  ti 

ble  contre  les  misérables  q«l 

trahi  laeausede  laRévolutioft  i 

honorant.  Les  Robespierre,  le 

les  Danton,  furent  les  Valolsdc 

té  ;  ceux-ci  ont  avili  lamonar^i 

me  ceux-là  ontavili  la  républkj 

(1)  On  nous  a  objecté  qne  Gambofl 
protestant.  Cela  se  peut;  mais  dobi 
marquer  qu'il  descendait  au  metn  (I 
convertis  et  c^uc  sa  famille  est  rentrétt 
do  rEglise  eTangclique.  Ngtre  err 
bien  pardonnable. 


PEL 


—  167  — 


PEL 


BDS  et  les  aalres  resteront  dans  l'his- 
loLre  comme  une  éternelle  menace  et 
one  éternelle  honte  !  Après  avoir  re- 
commandé Tanion^  «  N'aliei  pas^  ci- 
toyens, s'écrie  Toratenr,  inférer  de  là 
qae  Je  prècbe  le  modérantisme;  loin 
de  moi  tonte  proposition,  toute  mesure 
qui  rendrait  Tombre  de  Tespoir  à  nos 
tonemis  cacbés,  et  ranimerait  leur 
malveillance  coupable;  loin  de  sus- 
pendre le  coars  des  Justes  punitions 
que  provoquent  leurs  crimes^  je  serai 
toujours  un  des  premiers  à  appeler  sur 
la  léte  des  hommes  perfides  toute  la 
rlgnemr  de  la  Justice  :  leur  supplice 
Importe  au  bien  public,  au  salut  de  l'É- 
tat, etc.  »— Puis  11  nétrissaitces  hom- 
mes qui,  au  lieu  d'être  les  organes  de 
la  loi,  s'étaient  faits  les  vils  instru- 
ments de  la  vengeance  et  de  Tatroci- 
té  de  ceui  dont  le  crédit  les  effrayait. 
«Les  proscriptions  arbitraires  qu'ils 
secondent,  continue-t-il,  sont  Iccomble 
4e  la  plus  affreuse  tyrannie  ;  c'était 
l'arme  du  monstre  dont  vous  avez  purgé 
la  terre,  et  vouant  à  Thorreur  son  exé- 
crable mémoire,  vous  avez  déjà  fait 
traîner,  et  vous  réservez  au  même 
supplice  les  hommes  pervers,  cruels, 
abominables  qui  servaient  sa  rage,  et 
ceux  qui  tenteraient  d'imiter  un  exem- 
ple aussi  révoltant.  »  Aussi  Pelet  s'é- 
leva-i-il  avec  force  contre  la  proposi- 
tion de  continuer  leurs  pouvoirs  aux 
membres  survivants  de  l'ancien  comité 
de  salut  public.  L'expérience  ne  devait- 
elle  servir  à  rien  ?  N'avail-on  pas  assez 
longtemps  tourné  dans  le  même  cercle? 
H'étail-on  pas  encore  las  de  celte  ad- 
ministration à  la  turque,  de  cette  jus- 
tice de  grands  inquisiteurs?  N'était-il 
pas  temps  de  balayer  ces  ordures?  Le 
té  mars  1 795,  Pelet  fût  appelé  au  fau- 
teuil delà  présidence,  qu'il  occupa  jus- 
qu'au 5  avril;  Boissy  d'Anylas  lui  suc- 
céda. La  confiance  de  l'assemblée^  dans 
ces  circonstances  difficiles  où  une  foule 
d'ambitieux,  prêts  à  tout  et  servis  par 
la  trahison  et  par  la  famine,  se  dispu- 
taient les  dépouilles  de  Robespierre, 
cette  confianceanx  yeux  delà  postérité 
est  on  double  titre  de  gloire.  Il  ne 


fallait  pas  un  courage  vulgaire  pour 
tenir  tête  à  Témeute  dans  les  journées 
du  il  et  du  12  germinal.  Dans  cette 
dernière  journée,  le  président,  brisé 
par  la  douleur  autant  que  par  la  fati- 
gue, avait  dû  céder  le  fadteuil  à  André 
Dumont.  On  sait  quelle  fut  l'héroTque 
contenance  de  Boissy  d'Anglas?  L'é- 
meute avait  envahi  la  salle  de  la  re- 
présentation nationale  an  cri  de  rallie- 
ment :  du  pain  et  la  constitution  de  95  ! 
Quelques  jours  après,  Pèlet  présenta 
à  la  tribune  le  tableau  de  la  situation 
de  la  République  et  fit  la  critique  de 
cette  constitution,  en  en  proposant  la 
révision.  Dans  ces  malheureux  temps, 
tout  acte  d'indépendance  était  déjà  un 
acte  de  courage  ;  son  discours  honore 
trop  son  caractère,  pour  que  nous  n'en 
reproduisions  pas  quelques  passages. 
«  Mon  dessein,  disait-il,  n'est  pas 
d'examiner  dans  tous  ses  détails  la  si- 
tuation de  la  République,  de  remonter 
à  chacune  des  causes  qui  nous  ont  Jetés 
dans  l'état  de  confusion  où  nous  som- 
mes, de  signaler  en  particulier  et  de 
nommer  pour  ainsi  dire  chacun  des 
vices  qui  nous  dévorent.  Mon  intention 
n'est  pas  non  plus  de  porter  le  décou- 
ragement dans  les  âmes  des  citoyens, 
d'ébranler  le  crédit  public  et  d'accrot- 
tre  nos  inquiétudes  :  non,  je  voudrais 
bien  plutôt  raviver  le  courage  des  amis 
de  la  patrie,  raffermir  la  confiance  sur 
ses  véritables  bases,  et  loin  de  resser- 
rer nos  espérances,  en  agrandir  le 
cercle  :  dût  rinjnsltcc  calomnier  la  pu- 
reté de  mes  motifs  et  la  malveillancie 
dénaturer  le  sens  de  mon  discours  ; 
dût-on  me  prodiguer  les  outrages  et 
les  noms  odieux,  m'accuser  d'être  l'a- 
mi de  l'Angleterre  ou  de  l'Autriche; 
dussé-je  enfin,  victime  de  ma  franchi- 
se, porter  ma  tête  sur  Téchafaud  ou 
voir  mon  sang  versé  parles  poignards 
assassins,  je  ne  tairai  rien  de  ce  que 
Je  crois  utile  à  mon  pays. 

«C'est  à  vous,  représentants  do  peu- 
ple, qu'il  appartient  de  finir  dans  l'in- 
térieur la  révolution,  d'assurer  à  la  na- 
tion entière  le  fruit  de  ses  triomphes  : 
pins  d'obstacles  à  surmonter,  phas  if  en- 


PEL 


—  168 


PEL 


nemis  dangereux  à  vaincre  que  nos  pas- 
sions^ nos  préjugés  et  nos  erreurs.  Res- 
tituer aux  Français  l'exercice  de  leurs 
droits  que  leur  avaient  ravis  d'inso- 
lents usurpateurs^  réformer  les  abus 
propagés  par  la  tyrannie^  assurer  à  tous 
les  citoyens  leur  liberté  personnelle  et 
leurs  propriétés,  tel  était  le  but  de  la 
Révolution  :  près  de  l'atteindre,  crain- 
driez-vous  de  le  manquer?  Après  avoir 
su  vaincre^  serions -nous  inhabiles  à 
gouverner?  Vous  êtes  arrivés  à  ce  point 
de  la  Révolution  où  il  ne  vous  est  plus 
permis  de  vous  écarter  du  cbemiu  de 
la  sagesse  :  ce  ne  serait  plus  seulement 
les  hommes  que  vous  auriez  à  combat- 
tre, vous  seriez  aux  prises  avec  les  be- 
soins^ vous  lutteriez  avec  la  nature. 
Que  servirait  d'avoir  détruit  la  tyran- 
nie, si  vous  ne  saviez  pas  user  de  la 
liberté?  Ne  vous  resterait-il  de  tant 
d'efforts  généreux  que  l'épuisement  et 
l'horrible  crainte  de  retomber  sous  le 
despotisme?  Établissons,   il  en   est 
temps,  notre  République;  réalisons  ces 
vœux,  ces  espérances  de  bonheur  et  de 
liberté;  depuis  cinq  ans,  des  factions 
impies  ont  nourri  de  vaines  promesses 
notre  facile  crédulité  ;  depuis  cinq  ans, 
on  trompe  avec  des  mots  le  peuple  qui 
demande  à  être  heureux  ;  depuis  cinq 
ans,  on  l'opprime  et  il  souffre.  Âh  ! 
qu'il  proûte  enfin  de  tous  les  avantages 
de  la  révolution  du  9  thermidor  el  du 
1 2  germinal  I  M'ajournons  plus  nos  de- 
YOirs  et  ses  droits,  car  l'ambition  et  le 
crime, l'ignorance  et  la  famine  n'ajour- 
neraient pas  leurs  ravages,  d  L'orateur 
terminait  son  discours,  au  milieu  des 
murmures  de  la  Montagne,  par  un  pro- 
jet de  décret  dont  l'assemblée  ordonna 
le  renvoi  à  la  commission  des  lois  or- 
ganiques. Pelet  ne  se  laissa  pas  détour- 
ner de  la  ligne  de  modération  qu'il  s'é- 
tait tracée  par  les  dangers  de  l'impo- 
pularité. Ses  collègues  lui  en  témoi- 
gnèrent leur  estime  en  le  chargeant  de 
diverses  missions  de  conflance.  Envoyé 
en  Catalogne  pour  apaiser  un  mouve- 
ment dans  l'armée,  il  entama  avec  l'Es- 
pagne des  négociations  de  paix  qui 
aboutirent  an  traité  signé  à  Bàle,  le  22 


juillet.  Lors  de  la  révolte  des  sections 
(13  vendémiaire),  ses  ennemis  le  dé- 
noncèrent, de  môme  que  Boissy  d'An- 
glas,  comme  un  des  chefs  du  parti  roya- 
liste, mais  il  n'eut  pas  de  peine  à  se 
justifier.  Les  Jacobins,  et  en  général 
les  fanatiques^  conspiraient  plus  que 
lui  pour  le  rétablissement  de  la  royau- 
té. La  Convention  était  enfin  arrivée  aa 
terme  de  son  laborieux  enfantement. 
En  vertu  de  la  nouvelle  constitution,  le 
tiers  des  membres  de  l'assemblée  de- 
vait être  renouvelé.  Les  suffrages  de  71 
départements,  c'est-à-dire  la  nation 
presque  tout  entière,  envoyèrent  Pelel 
au  conseil  des  Cinq-Cents.  Quelle  plus 
belle  récompense  aurait-il  pu  ambi- 
tionner? Quel  magnifique  encourage- 
ment !  Mais  tous  les  efforts  humains 
étaient  impuissants  pour  fonder  on 
gouvernement  régulier  au  milieu  de  la 
confusion  générale.  Les  grands  mots  ne 
nous  manquaient  pas,  mais  rien  ne  se 
fonde  avec  des  phrases,  le  vent  seul  en 
sort.  La  France  pouvait  déjà  pressentir 
son  maître,  a  Croyez-vous  que  ce  soit 
pour  faire  la  grandeur  des  avocats  du 
Directoire,  desCarnot,  des  Barras,  que 
je  triomphe  en  Italie?  disait  Bonaparte 
au  comte  M  lot  de  Melito  ;  croyez-voos 
aussi  que  ce  soit  pour  fonder  une  ré- 
publique? Quelles  idées  !  une  républi- 
que de  30  millions  d'hommes  !  avec  nos 
mœurs,  nos  vices  !  Où  en  est  la  possi- 
bilité? C'est  une  chimère  dont  les  Fran- 
çais sont  engoués,  mais  qui  passera 
comme  tant  d'autres.  Il  leur  faut  de  la 
gloire,  les  satisfactions  de  la  vanité  ; 
mais  de  la  liberté  ?  ils  n'y  entendent 
rien,  p  Ce  qui  revenait  à  dire  qu'en 
France  les   tambours-majors  (selon 
l'heureuse  expression  du  poète,  notre 
ami)  auront  toujours  chance  d'arriver. 
Le  Directoire  ne  tarda  pas  à  se  mettre 
lui-même  à  l'œuvre  pour  préparer  les 
voies  à  l'usurpation. 

Le  19  juin  1796,  le  conseil  appela 
Pelet  au  fauteuil  de  la  présidence.  On 
lui  fait  honneur  de  deux  décrets  répa- 
rateurs,  l'un  portant  que  des  secours 
seraient  accordés  à  tous  les  enfants  d'é- 
migrés et  de  condamnés,  et  l'antre  que 


PEL 


—  169 


PEL 


les  pensionnaires  de  l'Etat,  tant  civils 
qu'ecclésiastiques  ou  militaires,  se- 
raient payés  sans  délai.  La  liberté  do  la 
presse  eut  aussi  en  lui  un  zélé  défen- 
senr.  Après  la  session,  c'est-à-dire  lors 
du  renouvellement  du  tiers  du  corps  lé- 
gislatif, Pelet  se  retira  dans  son  dépar- 
tement. En  1800,  le  premier  consul  le 
Dommaà  lapréfecture  deVaucluse.  Son 
administration  à  la  fois  ferme  et  con- 
ciliante parvint  à  apaiser  les  factions 
qui  déchiraient  encore  ce  département. 
Bonaparte  sut  apprécier  ses  qualités 
d'administrateur.  Lors  du  voyage  qu'il 
it  à  Lyon,  en  1802^  notre  préfetélant 
allé  lui  faire  sa  cour,  il  le  distingua 
parmi  la  foule  de  ses  courtisans,  et  l'ap- 
pela au  conseil  d'État;  bientôt  après, 
Il  lui  confia  la  2«  division  du  départe- 
ment de  la  police  de  l'Empire  qui  com- 
prenait toutlemididelaFrance,  a  poste 
délicat,  dit  le  Moniteur  dans  un  article 
nécrologique,  dont  il  sut  tempérer  ce 
qu'il  pouvait  présenter  de  didicile  et  de 
pénible  par  la  droiture  et  la  bienveil- 
lance de  son  caractère.  »  Âu  moins  eut- 
Il  l'honnêteté  et  la  fidélité  qui  man- 
quèrent à  son  collègue,  le  célèbre  Fou- 
cbé.   Pelet  remplit  ces  importantes 
fonctions  pendant  toute  la  durée  du  rè- 
gne. Napoléon  reconnut  son  attache- 
ment et  son  zèle  par  toute  sorte  de  dis- 
tinctions; il  le  nomma  commandeur  de 
la  Légion  d'honneur  et  le  créa  comte 
d'empire.  Après  la  chute,  Pelet  s'éloi- 
gna des  affaires  ;  mais  au  retour  de  l'Ile 
d^lbe,  il  accourut  àParis.  Il  fut  nommé 
pair  de  France  et  chargé  provisoire- 
ment de  la  police  générale  de  l'empire. 
La  seconde  restauration  le  renvoya  dans 
ses  foyers.  Il  était  convenable  de  lais- 
ser passer  aumoins  Tannée  de  deuil,  ce 
quetantd'autresnefirentpas.Enl8l9, 
sons  le  ministère  Decazcs,  Louis  XVIU 
l'appela  à  la  chambre  des  pairs,  et 
lui  accorda  une  pension  de  4,000  fr. 
Nul  ne  méritait  mieux  cette  distinc- 
tion. «  Il  apporta,  lit-on  dans  le  Jour- 
nal des  Débats,  son  tribut  de  lumièrc:<, 
d'expérience  des  alTaircs,  de  palriolis- 
I  me,  dans  les  délibérations  do  cette 
chambre,  oh  il  a  toujours  été  entouré 

T.  Mil. 


de  l'estime  et  de  la  considération  gé- 
nérales. —  Il  s'associa  à  la  révolution 
de  Juillet;  il  la  suivit  de  tous  ses  vœux, 
de  toutes  ses  espérances;  mais  déjà 
i'affaibl  i  ssement  de  ses  forces  physiques 
se  faisait  sentir,  et  il  dut  renoncer  peu 
à  peu  à  assister  aux  séances  de  la 
chambre  oii  il  avait  retrouvé  succes- 
sivement tant  d'amis,  tant  de  compa- 
gnons avec  lesquels  il  avait  traversé  les 
Jours  diCBciles  de  la  révolution,  de  l'em- 
pire, de  la  restauration.  Depuis  sept 
ans,  il  ne  lui  était  plus  possible  d'as- 
sister aux  délibérations  delà  chambre. 
— Enfin,  il  s'est  éteint  sans  souffrance 
avec  une  complète  résignation  à  la  vo- 
lonté divine,  avec  cette  foi  chrétienne 
qui  l'a  constamment  soutenu  dans  ses 
derniers  moments,  et  au  milieu  des 
tendres  soins  de  sa  famille,  de  son 
épouse,  de  son  fils  héritier  de  ses  ver- 
tus et  de  son  amour  pour  son  pays,  v 
Le  baron  Meunier  prononça  son  éloge 
,  funèbre  à  la  chambre  des  pairs.  Le 
*  comte  Pelet  a  laissé  un  fils,  le  baron 
Pelet  de  la  Lozère,  né  en  1785,  qui  a 
Joué  un  rôle  politique  sous  le  gouver- 
nement de  Louis-Philippe.  II  débutn 
dans  la  carrière,  en  1 806,  comme  au- 
diteur au  conseil  d'Ëtat,  puis  il  fut 
nommé  administrateur  général  des  fo- 
rêts de  la  Couronne,  place  qu'il  occupa 
Jusqu'à  la  chute  de  l'empire.  Sous  la 
Restauration,  il  fut  appelé  à  la  préfec- 
ture de  Loir-et-Cher;  mais  lorsque,  sur 
la  fin  du  règne  de  Louis  XVIII,  la  réac- 
tion contre  les  idées  libérales  amena 
le  ministère  Villèle,  on  le  remercia  de 
ses  services.  Membre  de  la  chambre 
des  députés,  pnis  pair  de  France, sous 
Louis-Philippe,  il  fut  appelé  deux  fois 
au  ministère,  le  22  fév.  1836  comme 
ministre  de  l'Instruction  publique,  et 
le  i^'mars  1840,  comme  ministre  des 
finances. 

Outre  quelques  discours  prononcés 
dans  les  assemblées  politiques  dont  il 
fit  partie,  et  publiés  à  part,  on  doit  au 
comte  Pelet  :  Opinions  de  Napoléon 
sur  divers  sujets  de  politique  et  d'ad- 
miniatrûtion,  recueillies  par  un  mem- 
bre de  son  conseil  d'Etat,  rt  Récit  de 

11 


PÉL 


—  170  — 


PÉL 


quelques  événementt  de  l*  époque, Vtxrii^ 
1833,  in-80. 

PÉLISSON  (1),  famille  de  robe, 
dont  plasieurs  membres  ont  occupé 
des  postes  importants  dans  la  magis- 
tratare. 

Lagénéalogiedecette  famillen'ayant 
Jamais  été  dressée  >  à  notre  connais- 
sancci  nous  ne  pourrons  que  proposer 
nos  conjectures.  Le  Laboureur  (Addi- 
tions aux  Mémoires  de  Castelnan)  sup" 
pose  que  Raimond  Pélisson,  ambassa- 
deur de  France  en  Portugal,  président 
au  conseil  souverain  de  Charobéry^par 
lettres  de  provision  du  mois  de  fév. 
1537,  confirmé  en  la  charge  de  garde 
des  sceaux  de  la  chancellerie  de  Savoie 
unie  à  celle  de  premier  président,  le 
27  janv.  1 547,  fut  l'auteur  de  la  bran- 
che principale,  celle  à  laquelle  se  ratta- 
che le  célèbre  Pélisson-Fontanier,  Se- 
lon lui,  11  n'aurait  eu  qu'un  fils,  Pierre 
Pélisson  (2),  conseiller,  maître  des 
requêtes  du  roi  de  Navarre,  par  pro- 
visions du  16  fév.  1582;  mais  comme' 
nous  le  trouvons  désigné  avec  la  qua- 
lification de  Pierre  Pélisson  l'ainé,  on 
devrai  l  en  conclure  qu'il  avait  au  moins 
un  f rère. Peut-être  c^  frère  était-il  Isaac 
Pélisson  (mort  avant  I64i)  auteur  de 
la  branche  de  LaFerrassière,  dont  nous 
connaissons  Jacques,  sieur  de  La  Fer- 
rassière,néâumariaged'Isaac  Pélisson 
avec  Marie  Gâches,  de  Castres,  lequel 
épousa,  en  Juin  1 644,  Marguerite  Fau- 
vel,  fille  de  François  Fauvel,  sieur  de 
Bocberave,  contrôleur  ordinaire  des 
guerres  en  Limousin,  et  d'Ann$  de 
Rocquidor.  De  ce  mariage  naquit  une 
fille,  Marguerite,  qui  fut  présentée  au 
baptême,  le  19  nov.  1645,  par  Louis 
de  Bourbon-Malauze  ei  Marguerite  de 
Rohan,  Ce  Jacques  Pélisson  n'aurait-ii 
pas  été  le  gouverneur  de  Josselln  et  de 
Blain,  dont  la  veuve  fut  enterrée  aux 
SS.  PP.  le  8  Janv.  1663? 

Pierre  Pélisson  avait  épousé  Jeanne 

(i)  D'Olivet  BayIe,La  Monooye,  etc.,  écrivent 
ce  nom  avec  deax  U  ;  maii  M.  mjTal,  dans  la 
Uiograpbie  Castraisc,  prouve  par  do  fort  bonoes 
raifons  qu'ili  sont  dans  l'erreur. 

(3)  Serait-ce  le  Pierre  Pélisson  que  Borel  men- 
tionne comme  second  président  à  Ghambèry? 


Du  Bourg,  de  la  famille  de  Tillastre 
martyr  Anne  Du  Bourg  (i  ).  Le  Labou- 
reur ne  lui  donne  qu'un  fils,  Jean- 
Jacques,  né  k  Castres,  le  1 1  Juin  1 589. 
Mais  peut-être  doit-on  voir  deux  autres 
de  ses  fils,  dans  Claude  PéUsnon,  qui 
mourut,  à  rêge  de  39  ans,  le  25  JalU. 
1 63S,  secrétaire  de  la  chambre  du  roi, 
et  dans  Paul  Pélisson,  procureur  au 
parlement,  que  les  Registres  de  Gha- 
renton  disent  fils  de  Pierre  Pélisson 
i'atné,  et  de  Susanne  Fourneau,  do 
Loudun  (3).  Si  cette  supposition  eit 
fondée,  Pierre  Pélisson  aurait  été  ma- 
rié deux  fois.  Ce  Paul  Pélisson  époust, 
en  1 659,  FrançoiieOlivier,  deLoudon, 
et  en  eut  plusieurs  entants,  dont  non» 
connaissons  quatre  :  Louise  et  PiEtmi, 
morts  jeunes;  Paul,  bapt.  le  84  mars 
1647,  et  Jacob,  que  son  père,  aprèe 
avoir  changé  de  religion,  voulut  faire 
entrer  dans  les  ordres;  dès  qu'il  eut 
atteint  Tàge  de  13  ans,  il  lui  fit  pren- 
dre la  simple  tonsure.  Mats,  malgré  la 
tonsure,  le  jeune  enfant  qui,  dans  la 
candeur  de  son  âme,  ne  comprenait 
rien  à  ces  revirements  subits  dans  loa 
oroyances  paternelles,  retourna  à  la  re- 
ligion réformée.  Le  père  qui,  désirant 
avancer  sa  fortune,  tenait  à  faire  preuve 
de  zèle,  dénonça  lui-même  son  fils  et  le 
poursuivit  avec  acharnement  jusqu'à 
ce  que  le  parlement  l'eût  condamné,  le 
29  août  1672,  aux  peines  portées  con- 
tre les  relaps.  C'est  ainsi  que  la  cupi- 
dité avait  fini  par  se  substituer  aux  plus 
nobles  sentiments  de  la  nature.  On  no 
se  joue  pas  impunément  de  sa  conscien- 
ce, c'estla  vie  de  Tàme  ;  unefois  éteinte, 
l'homme  moral  meurt.  Aux  yeux  du 
moraliste,  Louis  XIV  est  encore  plus 
coupable  que  Charles  IX. 

(i)  Selon  Borel,  les  Pélisson  étalent  antii  al-   • 
liés  à  la  famille  de  Tinfortanè  Cavagn9,  dont 
même,  dit-il,  ils  ont  hérité. 

(S)  n  se  pourrait  aussi  qu'il  y  eût  eo  lue  f«- 
mille  du  nom  do  Pélisson  établie  a  Loudan.  Eb 
1634,  nous  trouvons  un  Matlhieu  Péliuon  an 
nombre  des  chefs  de  fnmille  do  celte  tille.  — 
Nou^  ne  sarons,  non  plus,  à  qui  rattacher  Sm- 
fnufl  Véliston-de'}fonttgny  ou  MiHitigné,  da 
Tours,  Tieilhrd  dgè  de  72  ans,  qui,  en  1695, gé- 
missait depuis  4  ans  dans  les  prisons  do  celte 
tille  (Areh.  M.  67S). 


PÉL 


-  m  - 


PÉI. 


Pierre  Pélisson  était  xélô  pour  sa 
religion.  Nous  connaissons  de  lui  un 
ouvrage  de  controverse  :  Propositions 
du  sieur  Du  Perron,  évêque  d'Evreux 
sur  les  marques  et  auikorités  de  VE' 

^e,  etc.,  avec  la  réponse  du  sieur 
Isson,  conseiller  du  roy  et  maître 
4»  requêtes  de  l'hôtel  de  Navarre, 
Sedan,  Jean  Lefebure,  1617.  A  l'art. 
IIAGE,  nous  avons  parié  d'une  médi- 
tilloii  de  ce  poëtc  sur  le  ps.  CXXVII, 
imitée  denotrePélisson.  Quelques-uns 
\ê  disent  aussi  auteur  du  Mémoire  ou 
$ÊCueH  de  l'origine ,  alliance  et  suc- 
eesfûm  de  la  royale  famille  de  Bour- 
6^,  etc.;  La  Kocb.y  1587,  in-so,  qao 
i'iatres  attribuent  à  P.  de  Bclloy,  avo- 
cat général  an  parlement  do  Toulouse. 
pals  ce  qui;  au  dire  de  Borel,  lui  avait 
ftill  surtout  une  réputation^  c'était  sa 
grande  habileté  au  Jeu  d'échecs. 

Jean-Jacques  Pélisson  (i)  marcha 
mt  les  traces  de  son  père.  Par  provi- 
si0D8  du  14  sept.  1614;  il  fut  nommé 
eonseiller  en  la  Chambre  de  Tédit  de 
Castres.  Il  testa  le  26  mai  1 620  ;  et 
mourut  à  Castres  dans  le  mois  d'août 
de  l'année  suivante.  Au  Jugement  de 
M.  Ifayral;  Jean-Jacques  Pélisson  pos- 
aMalt  de  vastes  connaissances  en  droit 
imbllC;  et  était  de  plus  réputé  un  ex- 
exSûxsA  littérateur.  On  a  de  lui  un  A- 
hrégié  du  volume  d'arrêts  de  Géraud 
Maynard;  contenant  toute  la  Jurispru- 
ience  du  Languedoc,  a  Nous  avons  dé- 
coavert  une  circonstance  peu  connue^ 
4oQte  V .  Nayral.  Ce  volume  d'arrêts 
appartenait  presque  en  entier  à  Pélis- 
son,  qui  l'avait  lui-même  rédigé  et 
publié.  Géraud  Maynard  eut  seulement 
le  mérite  de  recueillir  les  matériaux. 
Ge  livre  fut  ti*aduit  en  plusieurs  ian- 
foes.  »  De  son  mariage  avec  Jeanne 
de  Ponianier,  d'une  illustre  famille  du 
Languedoc  (morte  à  Paris  dans  la  re- 
ligion protestante;  et  enterrée  le  1 7 
avril  1675;  à  l'âge  de  70  ans),  lui  na- 
quirent quatre  enfants  :  deux  ûlleS;  dont 

(1)  Uo  aalre  Jacquet  Pélistorif  siear  de  Boa- 
flheiaigna,  est  signale  dans  une  Remoolrance  en- 
^•yceaa  roi  Charles  IX,  en  1565,  par  la  noblesse 
fntortaiiIddiilUlDe  [Yoy,  Pièc  jnstif.  N»XX1II). 


l'une  épousa  RapinThoyras,  le  père  de 
l'iiislorico  (I),  et  deux  fils,  Georges 
et  Paul,  dont  nous  allons  cequlsier  la 
vie. 

I.  Georges  Pélisson  naquit  à  Castres 
en  1620.  Jeanne  de  Fontanier^  sa  mè- 
re^ dirigea  elle-même  sa  première  é- 
ducation.  C'était  une  o  femme  de  beau- 
coup d'esprit  y  mais  fort  entêtée  du 
calvinisme^»  selon l'iieureuse  expres- 
sion de  l'abbé  d'Olivet^  c'est-à-dire, 
qu'elle  était  très-pieuse,  et  qu'elle  per- 
sista jusqu'à  la  fin  dans  son  entêtement^ 
malgré  toutes  les  séductions  qu'on  mit 
en  œuvre  pour  l'en  guérir. 

Les  Réformés  avaient  à  Castres  un 
collège  très-eatimé.  Le  Jeune  Pélisson 
y  flt  ses  humanités  (2),  puis  ilallaétu- 
dier  le  droit  à  l'université  do  Cahors, 
011,  dit-on,  il  prit  ses  degrés  dès  l'âge 
de  i4ans.  aOn  prétend,  dltM.  Nayral, 
qu'il  avait  plus  d'esprit  que  son  Trèrc.  » 
Il  fut  un  des  fondateurs  de  rAcadémie 
de  Castres.  De  1648  à  1656,  il  lut 
devant  cette  société  différentes  pièces 
de  sa  composition,  tant  en  prose  qu'en 
vers.  On  cite  aussi  des  Remarques  sur 
l'art  d'aimer  d'Ovide,  et  unetrad.des 
Êpitres  de  Sénéque,  Mais  de  tout  cela 
il  ne  reste  que  les  titres.  «  Il  se  serait 
certainement  distingué  parmi  les  beaux 
esprits,  dit  l'abbé  Faur-Ferriés  dans 
ses  Mémoires,  si  son  extrême  bizar- 
rerie n'avait  gâté  toutes  ses  belles  qua- 
lités; il  était  toujours  brouillé  avec  sa 
mère  et  son  frère  ;  il  menait  à  Paris 
une  vie  fort  obscure  et  il  ne  voyait  que 
très-peu  de  personnes.  11  travaillait 
beaucoup;  mais  tous  ses  ouvrages  n'é- 
taient que  des  brouillons  en  feuilles 
volantes,  que  lui  seul  pouvait  déchif- 

(1)  El  non  pas  l'historien,  eomme  le  dit  M.  Nay- 
ral. —  La  seconde  ne  serait-elle  pas  Sutanne  Pe- 
litionf  femme  de  Loride-dei-GaUtnièret,  avocat 
AU  parlement,  qui  fat  enterrée  aux  SS.  Pères,  le 
Savrilieso? 

(2)  C'est  par  erreur  que  M.  Nayral  dit  qoe 
«  Jeanne  de  Fontanier  ronfla  ses  deux  fils  aux 
lolos  ù*AUxandre  Morutf  alors  ministre  À  Cas- 
Ires.  ■  Morus,  étant  né  snr  la  On  de  ISIC,  était 
presque  leur  condisciple,  et  il  n'a  d'ailleurs  ja- 
mais rempli  les  fonctions  de  pasteur  à  Castres. 
Peut-être  le  biographe  a-t-il  voulu  parler  du  père 
de  Mbrns,  qui  ctaU principal  du  collège? 


PÉL 


—  172  — 


PÉL 


frçr,  et  qu'il  jetait  souvent  au  feu,  lors- 
qu'il éts^it  de  mauvaise  humeur;  aussi 
le  public  n'a  presque  rien  de  sa  façon.» 
Le  10  mars  1659,  il  fut  pourvu  d'une 
charge  de  conseiller  au  parlement  de 
Metz.  Il  mourut  le  9  déc.  1676  (1).  On 
n'a  de  lui  qu'un  livre  de  peu  de  va- 
leur :  Mélange  de  divers  problèmes,  où 
sont  contenues  de  nouvelles  raisons  sur 
plusieurs  choses  morales  ou  sur  d'au- 
très  sujets,  Paris,  1647,  fn-12  de  pp. 
336  sans  la  préface. 

II.  Paul  Pélisson-Fontanier  (ainsi  ap- 
pelé du  nom  de  sa  mère  qu'il  ajouta  à 
son  nom  patronymique,  sans  doute 
pour  se  distinguer  de  son  homonyme 
Paul  Pé1isson,procureur  au  parlement), 
naquit  en  1 624.  Béziers  et  Castres  se 
disputent  l'honneur  de  l'avoir  vu  naî- 
tre. Pendant  plus  d'un  siècle,  Béziers 
a  joui  de  cette  gloire  sans  conteste; 
mais  dans  ces  derniers  temps,  la  ville 
de  Castres  semble  avoir  réussi  à  la  frus- 
trer de  cet  honneur.  M.  de  Labouïsse- 
Rochefort  a  publié  là-dessus,  en  1 826^ 
une  savante  dissertation,  que  tout  ha- 
bitant de  Castres  doit  tenir  pour  con- 
cluante. Nous  ne  déciderons  pas,  quant 
à  nous  ;  c'est  aux  registres  de  l'égilse^ 
soit  de  Béziers,  soit  de  Castres,  qje 
cette  décision  appartient  ;  mais  nous 
ferons  observer  qu'une  prétention  telle 
que  celle  de  Béziers  n'aurait  pu  se  pro- 
duire sans  quelque  espèce  do  fonde- 
ment (2).  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  ville 
n'aurait  guère  eu  que  les  premiers  va- 
gissements de  l'enfant  ;  ce  fut  à  Cas- 
tres que  le  jeune  Pélisson  passa  son 
enfance  et  fit  ses  premières  études.  Son 
esprit  était  extrêmement  précoce,  et 
l'on  pourrait  le  citer  parmi  les  enfants- 
prodiges.  Il  avait  à  peine  accompli  sa 

(1)  Signèrent  sur  le  registre  do  l'église,  comme 
témoins,  Paul  de  Février  (Faur-Ferrics?)  sieur 
du  Terrai,  cousin  germain  du  défont,  cl  An- 
toine de  Thomasy  conseilleren  lacour  de^  compte! 
de  Montpellier. 

(2)  Selon  M.  Martaré,  dans  son  Hûtoire  du  pays 
Castrais,  Félissou  serait  né  à  Béziers,  en  1694, 
•  pendant  que  la  Chambre  de  TEdit  était  dans 
cette  Tille  ;  il  n'avait  que  5  ans,  eontinue-t-il, 
lorsque  $a  famille  revint  à  Castres,  en  1629,  après 
lo  relaLli&ioment  de  la  Chambre  do  l'édit  parmi 
nous.  • 


onzième  année^  qu'il  avait  déjà  terminé 
ses  humanités.  Après  un  cours  de  phi- 
losophie à  Montauban,  Il  alla  faire  son 
droit  àToulouse.  «A  peine  eut-il  donné 
quelques  mois  à  l'étude,  rapporte  son 
panégyriste  d'Olivet,  qu'il  entreprit  de 
paraphraser  les  Institutesde  Justinien. 
A  la  vérité,  il  n'en  publia  que  le  pre- 
mier livre;  mais  ce  premier  livre  suf- 
fi roit  pour  nous  faire  douter  que  ce  pût 
être  l'ouvrage  d'un  jeune  homme,  si  la 
date  de  l'Impression  n'en  faisoit  pas 
foi .  »  Pélisson  ne  s'était  pas  borné  à  l'é- 
tude des  langues  savantes,  Il  possédait 
parfaitement  l'italien  et  l'espagnol.  Au 
dire  de  son  neveu  (1),  le  célèbre  Rapln- 
Thoyras,  dont  nous  aurons  plus  d'une 
fois  l'occasion  de  rapporter  le  témoi- 
gnage dans  le  cours  de  c^ttenotice^all 
excellait  surtout  dans  la  connaissance 
de  la  langue  grecque,  qui  lui  était  très- 
familière,  quoiqu'il  n'affectât  de  se  fai- 
re valoir  par  là.  d  II  recherchait  plutM 
la  vaine  gloire  du  bel  esprit  ;  il  tour- 
nait très-galamment  de  petits  vers.  Ses 
études  terminées,  il  eut  la  curiosité  de 
voir  Paris.  Conrart,  à  qui  il  avait  été 
recommandé,  fut  son  introducteur  dans 
le  monde  lettré  ;  il  ne  pouvait  choisir 
un  meilleur  guide.  Ce  fut  sans  douto 
cette  fréquentation  des  beaux  esprits 
de  la  capitale  qui  lui  donna  l'idée  d'é- 
crire son  Histoire  de  l'Académie  (2), 
Rappelé  par  ses  parenis.  Polisson  dut 
retourner  à  Castres,  ets'attachaau  bar- 
reau.Déjà  de  brillants  succès  lui  avaient 
ouvert  la  carrière,  lorsqu'une  affreuse 
malad  ie,  la  petite  vérole,  qui  «  non-seu- 
lement lui  déchiqueta  les  joues,  el  lui 
déplaça  presque  les  yeux,  mais  aflbîblU 

(1)  Voyez  l'inlcrcssanle  leUre  de  Ilapin>Tb<^y« 
ras  à  Ae  Duchat  que  SI.  Jean  de  Dompierre'ie' 
Jonquièretf  chef  do  division  au  ministère  det 
cultes  k  Copenhagtte,et  descendant  par  les  femnef 
de  la  famille  de  notre  historien,  dont  il  poasèd« 
les  papiers,  a  communiquée  au  Bulletin  de  l'hiat. 
du  proleslanlismo,  T.  VI.  p.  71. 

(2)  Ancillon,  dans  sa  Vie  de  Conrart,  aoeate 
Pélisson  d'ingratitude.  Il  devait  à  Conrart  la  com- 
munication de  ses  Registres  d'où  il  tira  •  la  meil- 
leure cl  la  pins  grande  partie  de  son  [listoira,  ■ 
et  il  le  mentionne  à  peine.  Au  lien  de  lui  con- 
sacrer un  éloge  comme  à  ses  rollcgu»»,  il  se  bonii 
à  citer  son  nom  avec  sa  qualité  do  conseiller,  le- 
erétaire  du  roi,  et  il  pa^sc  outre. 


PÉL 


—  173  - 


PÉL 


cl  rnfna  pour  toujours  son  tempéra- 
ment^ »  le  Torça  à  y  renoncer.  Il  se 
iroua  tout  entier  aux  lettres.  11  fut  un 
des  fondateurs  de  l'Académie  de  Cas- 
tres. Entre  autres  pièces  qu'il  lut  dans 
ses  réunions^  on  cite  des  poésies  et  la 
trad.  en  prose  des  quatre  premiers  li- 
Tres  de  l'Odyssée,  o  Dès  son  enfance^ 
remarque  Fénelon  dans  son  Éloge,  il 
apprit  d'Homère,  en  le  traduisant  près- 
^  toutentier,  à  mettre  dans  les  moin- 
dres peintures  et  de  la  vie  et  de  la  grà- 
ee.  0  Quelque  temps  auparavant,  il  a- 
vait  déjà  tenté  de  fonder  à  Toulouse, 
avec  le  concours  de  ses  amis,  une  sem- 
blable société,  mais  elle  n'eut  qu'une 
existence  éphémère.  Depuis  sa  disgrâ- 
ce, le  séjour  de  la  province  lui  était  de- 
venu odieux;  il  éprouvait  le  besoin  de 
se  dlstraire,de  rencontrer  dans  le  mon- 
de de  nouveaux  visages  qui  ne  lai  rap- 
pelassent pas  toujours  ce  qu'il  avait 
perdu. 

En  J652,  il  retourna  donc  à  Paris 
et  acheta  une  charge  de  secrétaire  du 
roi.  Les  personnes  avec  lesquelles  il 
avait  été  en  relation  lors  de  son  pre- 
mier voyage,  eurent  de  la  peine  à  le 
reconnaître.  Suivant  l'expression  du 
président  Guilleragues ,  répétée  par 
]f»«  de  Sévigné,  il  abusait  de  la  per- 
mission qu'ont  les  hommesd'ètre  laids, 
mais  ajoutons,  avec  d'Olivet,  qu'avec 
toute  sa  laideur  il  n'avait  qu'à  parler 
pour  plaire  ;  a  une  certaine  éloquence 
de  conversation,  un  enjouement  déli- 
cat, des  manières  douces  et  liantes  » 
lai  gagnaient  bientôt  les  cœurs.  Aussi, 
malgré  tous  les  désavantages  de  sa  fl- 
gore,  fit-il  une  passion,  et  une  passion 
sincère  qui  causa  le  désespoir  de  bien 
des  rivaux.  On  dit  même  que  Conrart 
n'eut  pas  à  se  louer  d'avoir  introduit 
le  loup  dans  la  bergerie. 

Enfin  Aeânthe(l),  il  se  faat  rendre, 
Votre  esprit  a  charmé  le  mien  ; 
Je  TOUS  fais  citoyen  de  Tendre, 
Mais  de  grâce  n'en  dites  rien. 

Renfermer  son  triomphe?  cela  n'é- 
tait guère  possible;  le  secret  fut  bien- 
Ci)  C'est  sons  ce  nom  et  sous  celai  d'Uerminins 
f«e  Pélisson  est  mis  en  scène  dans  les  romans  de 
de  Scodéry. 


t6t  le  bruit  de  la  ville  et  de  la  cour,  il 
y  eut,  à  la  suite  de  cette  déclaration 
inattendue,  une  explosion  de  petits  vers 
que  l'on  a  réunis  sous  le  titre  de  la 
Journée  des  madrigaux.  Heureux  temps 
des  petites  choses  !  «  Parmi  les  person- 
nes qu'il  cultiva,  et  que  son  mérite  lui 
avoit  données  pour  amies.  M"»  de  Scu- 
dery,ditd'01ivet,tientiepremlerrang: 
une  parfaite  conformité  de  génie,  de 
goût  et  de  sentimens,  les  avoit  faits 
l'un  pour  l'autre.  Jamais  peut-être  liai- 
son si  tendre,  ni  si  constante.  Ou  ils 
se  virent ,  ou  ils  s'écrivirent  tous  les 
Jours,  durant  près  de  cinquante  ans, 
hors  une  partie  du  temps  que  M.  Pel- 
lisson  fut  à  la  Bastille...  Un  autre  fa- 
vori des  Muses,  le  célèbre  Sarasin,  étoit 
de  leur  société.  Le  recueil  de  ses  œu- 
vres fut  dédié  à  M"«  de  Scudery,  et 
accompagné  d'une  préface  où  le  bon 
cœur  de  M.  Pellisson  ne  se  fait  pas 
moins  sentir  que  la  justesse  de  son  es- 
prit. »  Une  petite  anecdote  que  raconte 
le  panégyriste,  et  qui  lui  semble  très- 
singulière,  mais  qui  nous  semble  à  nous 
toute  naturelle,  c'est  que  passant  à  Pé- 
zenas  ou  son  ami  était  mort,  il  alla  ré- 
pandre des  pleurs  sur  sa  tombe  et  fit 
célébrer  un  service  à  son  intention. 
Qui  oserait  le  condamner?  L'ami  entrait 
dans  les  sentiments  de  son  ami.  L'ami- 
tié est  une  religion  devant  laquelle  tous 
les  dissentiments  s'effacent.  M>>«  de 
Sévigné  avait  bien  raison  dé  dire  de 
Pélisson  que,  si  on  le  dédoublait,  on 
trouverait  au-dessous  de  sa  laideur  une 
belle  âme.  Sensibleetaffectueux,  il  était 
capable  de  forts  attachements.  Il  y  a 
dans  sa  vie  une  foule  de  traits  qui  lui 
font  le  plus  grand  honneur.  Mais  n'an- 
ticipons pas. 

Pélisson  aborda  la  carrière  littéraire 
par  un  triomphe  jusqu'alors  inouï,  et 
où  l'on  doit  faire  une  large  part  aux  ca- 
prices de  la  fortune.  L'Académie,  à  qui 
11  présenta  le  manuscrit  de  son  Histoire 
de  cette  compagnie,  fut  si  flattée  de  cet 
hommage  qu'elle  reçut  l'auteur  par  ac- 
clamation au  nombre  de  ses  membres  en 
déclarant  que  a  la  même  grâce  ne  pour- 
rait plus  être  faiteà  personne  sous  quel- 


PÉL 


-  in  - 


PEL 


que  considération  que  ce  fût.  »  Comme 
l'honorable  compagnie  était  au  com* 
plct^  Pélisson  ne  fut  d'abord  admis  aux 
séances  qu'en  qualité  de  surnuméraire; 
il  remercia  l'assemblée  de  l'honneur 
qu'elle  lui  avait  fait,  le  50  déc.  1652, 
L'année  suivante,  la  mort  de  M.  Ceri- 
say  ayant  laissé  un  fauteuil  vacant,  il 
en  prit  possession  et  prononça  son 
discours  de  réception,  le  J  7  nov.  1 653. 
11  était  né  chanceux.  Après  être  entré 
àl'Académied'unemanièresi  brillante. 
Il  devait  y  avoir  pour  successeur  et  pour 
panégyriste  l'illustre  Fénelon(en  1693)* 
Une  fois  dans  la  place,  l'auteur  de  l'His- 
toire de  l'Académie  sembla  s'endormir 
sur  ses  lauriers.  Mais  il  espérait  bieu 
se  pousser  par  d'autres  moyens,  car  U 
avait  l'ambition  des  grandeurs.  Il  se 
joignitàConrartetàBezonspourfonder 
un  prix  de  poésie  en  l'honneur  du  ouh 
narque,  et  après  la  mort  de  ses  collé* 
gués,  il  supporta  seul  les  frais  de  cette 
fondation. 

«  Au  reste,  il  n'avoit  pas  moins,  aq 
Jugement  de  d'OUvet,  l'esprit  des  af- 
faires que  celui  des  lettres,  et  lorsméme 
qu'il  avoit  paru  faire  son  capital  de  la 
poésie  et  d'autres  semblables  amuse- 
mens,  il  n'avoit  pas  laissé  de  travail- 
ler en  même  temps  à  se  faire  un  fonds 
de  connoissances  utiles,  qui  le  ren- 
doient  propre  à  toulesorte  d'emplois.» 
Le  surintendant  des  finances,  Fouquet, 
le  distingua,  et,  en  1657,  il  le  nomma 
son  premier  commis.  Le  commis  ne 
tarda  pas  à  devenir  le  confident  du 
maître.  En  1659, 11  fut  pourvu  d'une 
charge  de  maître  des  comptes  à  Mont» 
peliier,  puis,  en  1 660,  nommé  conseil- 
ler du  roi  en  ses  conseils.  Sa  faveur 
était  grande,  et  il  en  usait  libérale- 
ment, a  Quatre  années  tranquillement 
passées  dans  cet  emploi  [de  premier 
commis],  lui  firent  goûter,  dit  d'OU- 
vet, le  plus  doux  plaisir  d'une  grande 
âme,  le  plaisir  de  pouvoir  faire  du 
birn.»  La  veuve  de  Scarron,  entre  au- 
tres, lui  dut  la  pension  qu'elle  obtint 
tie  la  libéralilé  du  roi,  mais,  dans  la 
suite,  M*B«de  Mainicnon  ne  voulut  pas 
s'en  souvenir.  Nous  approchons  de  la 


catastrophe.  L'orgueil  du  surintendant 
osa  se  heurter  à  un  orgueil  plus  fort 
que  le  sien.  La  fête  splendide  qu'il 
donna  à  Louis  XIV  dans  sa  terre  de 
Vaux  (1)  annonça  sa  chute.  Dans  cette 
fête,  on  avait  joué  les  Fâcheux  de  Mo- 
lière, et  Pélisson  y  avait  ajouté  un  pro- 
logue àla  louange  du  monarque.  «Com- 
me il  avoit  eu  part  à  la  faveur  de  Foo- 
quet,  écrit  Rapin-Tboyras,  il  eut  aussi 
part  à  sa  disgrâce,  et  il  fut  arrêté  avee 
lui  à  Nantes  [5  sept,  i  66 1],  et  conduit 
à  la  Bastille,  ou  il  fut  détenu  quatre 
ans,  parce  qu'il  ne  voulut  jamais  aban- 
donner les  Intérêts  de  son  bienfaiteur. 
Cette  longue  prison  ne  fut  pas  le  seul 
effet  de  son  attachement  à  M.  Fooquet. 
Comme  il  passa  toute  sa  vie  dans  lee 
sentiments  de  reconnoissance  pour  sou 
patron,  il  s'attira  par  là  l'inimitié  de 
MM.  Le  Tellier,  Louvois  etColbert,qui 
ne  lui  pardonnèrent  jamais  cet  atta- 
chement invincible  aux  intérêts  de 
M.  Fouquet,  non  plus  qu'une  certaine 
satire  en  vers  qu'il  fit  étant  à  la  Bas- 
tille, dans  laquelle  MM.  Le  TeUieretCol- 
bertétoient  trop  bien  désignés,  et  que 
ses  amis  eurent  l'imprudence  de  Csire 
imprimer.  Comme  il  n'avoit  ni  tourne, 
ni  papier,  ni  encre,  il  4crivit  celte 
satire  sur  la  marge  des  livres  qu'il  U* 
soit  avec  de  petits  crayons  qu'il  faiseU 
du  plomb  qu'il  détachoit  des  vitres  de 
sa  chambre,  n  On  connaît  les  Mémoires 
qu'il  composa  eu  Caveur  du  suriutei^ 
dant,  et  qui  sont  sans  contredit  les 
meilleurs  de  ses  écrits.  L'éloquence  du 
barreau  était  surtout  propre  à  sou  g4- 
nie.  On  sent  qu'il  avait  fait  une  étude 
sérieuse  de  l'orateur  romain*  «Teui  y 
[dans  ces  Mémoires]  va  au  but,  dit  la 
Harpe,  et  rien  ue  sort  du  sujet;  on  f 
admire  la  noblesse  du  style,  des  sen- 
timents et  des  idées,  l'encbalnement 
des  preuves,  leur  exposition  tunineu- 
se,  la  force  des  raisonnements,  etl'art 
d'y  mêler,  sjins  disparate,  une  sorte 
d'ironie  aussi  oenvaineanteqoe  les  rai- 
sons. C'est  cequc  l'éioquenccjudfciairs 


(1)  Il  y  Afait  4cpcpsé,d'aprr6  yollali«,4ic-1 

milliunc  ;  on  li<:<iit  f arUNit  sw*  lo# 
Tiie  ambiticuio  Quo  non  atcmiam  r 


PÉL 


—  178  — 


PÉL 


a  prodalt  de  plus  beau  dans  le  dernier 
siècle^  et  le  fruit  d'un  vrai  talent  ont* 
toire^  animé  par  le  zèle  d'une  amitié 
eoarageusc.  »  C'était  mieux  encore 
qu'an  morceau  d'éloquence^  c'était  une 
bonnète  et  courageuse  action.  Cepen- 
dant ses  efforts  furent  vains  pour  sau- 
ver le  grand  dissipa(eur(l);  LouisXlV 
y  mit  tout  l'acharnement  d'un  cœur 
blessé.  Quant  à  Pélisson,  il  fut  mal 
payé  de  son  dévouement^  on  redoubla 
de  rigueur  envers  lui;  on  lui  retira 
Vencre  et  le  papier  ;  on  plaça  un  espion 
dans  sa  ebambre.  Mais  cet  espion^  11  le 
gagna  et  il  s'en  servit  pour  correspon- 
dre avec  M^i«  de  Scudéry.  Cette  bonne 
demoiselle  s'employa  de  tout  son  pou- 
TOir  à  adoucir  la  triste  position  de  son 
ami.  L'amour  est  ingénieux,  il  lui  sug- 
géra mille  petites  ruses.  On  sait  que 
pour  rompre  I^  monotonie  de  sa  soli- 
tude, qu'un  demi-sauvage^  basque  d'o- 
rigine ,  mis  auprès  de  lui  comme  do- 
mestique, n'était  pas  fait  pour  égayer, 
Pélisson  eut  l'idée  d'apprivoiser  une 
araignée.  Delllie  en  a  immortalisé  le 
souvenir  dans  son  poëme  de  la  Pitié. 

Bani  ces  lieux  ennemis, 
Vn  inteete  enx  longs  bns,  de  ({ni  les  doigts  tgilet 
TapiisoleDt  eesTiettimarsde  leurs  toiles  frsglles, 
f  ffaM6  ses  yeux  :  soadain,  que  ne  peut  le  malliear  t 
ToUa  son  compagnon  et  son  consolateur  ! 
n  Talme,  il  soit  de  l'œil  les  réseaux  qu'il  déploie, 
Lii-nène,  il  va  chercher,  va  lui  porter  sa  proie. 
U  l'appalie,  il  accourt,  et  jusque  dans  sa  main, 
L'iaiioal  familier  Tient  chercher  son  festin. 

Le  procès  dura  plus  do  trois  aûs. 
L'aflhtire  se  termina  par  une  sentence 
te  bannissement,  peine  que  le  roi  dans 
sa  clémence  commua  en  une  prison 
perpétuelle.  Pélisson  était  donc  bien 
Bial  avisé,  lorsque,  redoutant  la  sévé- 
rité d'une  commission^  il  implorait 

(1)  On  raconte,  d'après  le  Mercure  de  France, 
Il  10  aoèt  178S,  qne  Pélisson  désirant  être  con- 
drwHè  aiec  Fouquet  dans  l'intention  de  lui  don- 
MT  cna?ertement  quelque  bon  conseil,  ne  crai- 
gnit pas  de  paraître  l'abandonner  pour  se  ranger 
Il  celé  de  ses  ennemis   L'entretue  eut  lieu  en 
piisenre  des  commissaires.  Il  soutint  son  rôle 
aTse  habileté  ;  mais,  au  milieu  de  ses  dépositions, 
il  eut  l'art  de  faire  entendre  à  son  ami  al)usé,  que 
eertains  papiers  compromettants  avaient  été  dé- 
Iraiis.  Fouquet  comprit  et  son  ressentiment  se 
changea  en  admiration.  IV'ost-ce  pas  là  le  sublime 
Il  dêtonement? 


pour  le  surinicndant  la  justice  du  roi. 
«  Mais,  Sire,  lui  disait-il,  quelque  ré 
solution  qu'il  plaise  à  Dieu  inspirer 
à  Votre  Majesté  sur  ce  sujet,  ce  que  je 
ne  puis  m'empécher  d'espérer,  c'est 
que,  si  Votre  Majesténe  renvoie  point 
M.  Fouquetà  ses  juges  naturels  ;  si  elle 
n'accorde  point  ce  que  la  sage  et  ver- 
tueuse mère,  ce  que  la  famille  désolée 
de  cet  infortuné  lui  ont  déjà  demandé 
avec  tant  de  larmes,  qui  est  de  ne  lui 
point  donner  d'autres  juges  que  Votre 
Majesté  même,  suivant  les  clauses 
expresses  de  ses  lettres  de  surinten- 
dant, qui  l'affranchissent  de  toute  au- 
tre juridiction;  s'il  faut  que  le  pre- 
mier et  le  plus  malheureux  des  surin- 
tendants subisse  effectivement  le  juge- 
ment d'ime  chambre  de  justice  comme 
un  simple  et  misérable  homme  d'affai- 
res, an  moins  Votre  Majesté  lui  réser- 
vera-t-eile  en  sa  personne  une  justice 
supérieure  à  la  chambre  de  justice, 
une  justice  où  Votre  Majesté  n'appel- 
lera point  seulement  sa  sévérité,  mais 
aussi  sabonté,  saclémenceetsoncœur 
vraiment  royal  pour  y  venir  donner 
leur  suffrage.»  Aucune  charge  spéciale 
ne  pesait  sur  le  premier  commis.  Aussi 
ne  fut-il  jamais  question  de  lui  faire 
son  procès.  Il  ne  parut  dans  cette  af- 
faire que  comme  témoin,  mais  on  jugea 
bon  de  le  laisser  en  prison,  a  On  l'au- 
roit  donc  laissé  peut-être  toute  sa  vie 
à  la  Bastille,  écrit  Rapin-Thoyras,  si  le 
roi  lui-même  n'avoit  témoigné  quelque 
bienveillance  pour  lui.  Mais  on  trouva 
le  moyen  d'opposerà  la  bonne  volonté 
du  roi  la  religion  du  prisonnier.  Cela 
fut  cause  que  le  roi  souhaita  qu'il  se 
rendltdignede  ses  grâces  en  changeant 
de  religion.  Mon  père,  qui  connaissoit 
parfaitement  M.  Pélisson,  son  beau- 
frère,  ne  doutait  nullement  que  ce  té- 
moignage de  la  bienveillance  du  roi  ne 
fûtlaprincipale  [cause]  du  changement 
de  M.  Pélisson.  Dès  lors,  il  commença 
à  étudier  fort  exactement  les  contro- 
verses, mais  certainement  avec  un  désir 
secret  de  trouver  cause  à  se  satisfaire 
dans  la  religion  romaine.  11  y  a  beau- 
coup d'apparence  qu'Use  laissa  éblouir 


PÉL 


—  «6  — 


PÉL 


par  le  dogme  de  l'aatorité  de  l'ÉglUe, 
si  rebattu  depuis  par  B1M.  de  Meaus^, 
Arnaud  et  Nicole.  Quoi  qu'il  en  soit^  il 
sortit  de  la  Bastille  sans  avoir  changé 
de  religion;  mais  peu  de  temps  aprcs^ 
il  fit  abjuration.  Comme  il  sentoit  bien 
qu'il  y  avoit  quelque  chose  d'odieux 
dans  un  changement  fait  par  des  motifs 
humains,  il  affecta  toute  sa  vie  de  té- 
moigner qu'il  étoit  véritablement  con- 
verti. 0  Nous  avons  parlé  plus  haut  de 
ses  dispositions  àobliger.  Dans  le  temp.<< 
de  sa  prospérité,  il  mettait  volontiers 
son  crédit  au  service  des  hommes  de 
lettres,  et  souvent  même  il  les  secou- 
rut de  ses  deniers.  Nous  rapporterons 
un  fait  qui  lui  fait  honneur. 

Non  content  d'avoir  fait  exempter  de 
tailles  Tannegui  Le  Fèvre ,  le  père  de 
M»«Dacter,  il  lui  faisait  remettre  cha- 
que année,  par  l'entremise  de  Ménage^ 
une  somme  de  i  00  écus.  Ménage  avait 
ordre  de  taire  le  nom  du  bienraitcur. 
Le  savant  helléniste  ignorait  donc  d'où 
lui  venait  ce  secours;  mais  après  l'em- 
prisonnement de  Pélisson,  cette  pen- 
sion ayant  été  forcément  supprimée, 
Ménage  crut  devoir  lui  révéler  le  secret. 
Le  Fèvre  paya  dignement  sa  dette  de 
reconnaissance.  Il  ne  craignit  pas  d'of- 
fenser le  souverain  en  dédiant  à  son 
bienfaiteur  dans  la  disgrâce  deux  de  ses 
savants  ouvrages,  son  Lucrèce  et  le  trai- 
té de  la  Superstition  de  Plutarque. C'est 
ainsi  que  le  désastre  du  surintendant 
Fouquet  suscita  plusieurs  traits  de  fi- 
délité au  malheur  qui  font  honneur 
h  l'humanité.  Disons  encore  qu'a- 
vant de  s'enfoncer  dans  les  subtilités 
de  la  controverse,  Pélisson  avait  re- 
cherché des  consolations  plus  douces 
dans  le  commerce  des  Muses.  Outre  la 
Satire  dont  nous  avons  parlé,  il  com- 
posa une  Elégie  sur  la  disgrâce  de  son 
protecteur, et  le  pocmc ùEurimédon, 
Peu  à  peu,  on  se  relâcha  de  la  grande 
rigueur  dont  on  en  usait  envers  lui  ;  on 
lui  permit  des  livres,  la  Bible  et  les 
Pères  de  l'Eglise;  «  il  lut  particulière- 
ment les  grecs,  qui  lui  parurent,  dit 
d'Olivet,  si  fort  opposés  au  dogme  af- 
freux de  Calvin  sur  la  prédestination. 


que  l'évidente  fausseté  de  ce  dogme  ca- 
pital suffit  pour  troubler  sa  conscience, 
et  pour  lui  rendre  suspects  les  autres 
points  du  calvinisme.  Plus  il  les  exa- 
mina, plus  il  en  reconnut  l'erreur.  »  H 
avait  de  trop  bonnes  raisons  pour  cela; 
il  n'avait  pas  l'abnégation  du  martyr. 
«  Après  quatre  ans  et  quelques  mois  de 
prison,  continue  le  panégyriste,  il  fut 
élargi  (  1  ) .  Mais  quoique  catholique  dans 
l'âme,  il  différa  encore  de  quatre  autres 
années  son  abjuration,  par  des  motifs 
que  le  monde  appelle  principes  d'hon- 
neur, mais  que  les  casuistes  nomment 
foiblesse  et  mauvaise  honte.  Tout  son 
bien  s'étoit  dissipé  pendant  sa  prison, 
il  ne  vouloit  pas  que  l'on  pût  le  soup- 
çonner de  s'être  converti  par  des  vues 
de  politique  et  d'intérêt.  Telle  étoit  son 
inquiétude,  quand  le  roi  touché  de  la 
fermeté  qu'il  avoit  mapquce  dans  ce 
qu'il  avoit  cru  son  devoir,  voulut  s'at- 
tacher un  si  fidèle  serviteur,lui  assura 
deux  mille  écus  de  pension  et  lui  or- 
donna de  se  tenir  à  la  Cour.  Alors  sa  for- 
tune n'étant  plus  dans  son  idée  un  ob- 
stacle à  son  changement  de  religion,  il 
se  déroba  pour  en  aller  faire  la  céré- 
monie dans  l'église  souterraine  de  Chai^ 
très,  et  il  la  fit  le  8  d'octobre  1670.  » 
Quelle  comédie!  Voltaire  résume  par- 
faitement en  deux  mots  toute  cette  scè- 
ne :  «Beaucoup  plus  courtisan  que  phi- 
losophe, dit-il,  Pélisson  changea  de 
religion,  et  fit  fortune.»  Les  honneurs 
n'avaient  pas  attendu  cette  conversion, 
ce  qui  prouve  que,  dès  Tcpoque  de  son 
élargissement,  l'homme  était  bien  sin- 
cèrement gagné  aux  yeux  du  monarque, 
qui  n'égarait  pas  ses  faveurs.  11  le  nom- 
ma son  historiographe.  Pélisson  le  sui- 
vit en  cette  qualité  dans  la  campagne 
de  la  Franche-Comté,  dont  il  écrivit  la 
relation.  On  dit  même  qu'il  obtint  la 
faveur  de  coucher  plusieurs  fois  dans 
la  chambre  du  monarque  et  qu'il  en  fut 
extrêmement  honoré .  Plus  tard ,  le  grand 
roi  lui  associa,  dans  ses  fonctionsd'his- 
toriographe,  Racine  et  Boileau.  C'était, 
à  bien  voir  les  choses,  un  grand  hon- 

(1)  En  souvenir  de  sa  sortie  de  la  BAStUle,  U 
dèliTTiit  chaque  année  un  prisonnier. 


PÉL 


—  177  — 


PÉL 


nrari  mais  il  ne  le  prit  pas  ainsi,  il 
s'en  formalisa^  et  de  dépit  il  laissa  in- 
achevée l'histoire  qu'il  avait  commen- 
cée. De  nouvelles  grâces  purent  le  dé- 
dommager. En  1671  Je  roi  lui  fournit 
pins  de  la  moitié  de  l'argent  nécessaire 
pour  acheter  une  charge  de  maître  des 
requêtes;  il  lui  donna  un  brevet  pour 
assister  au  petit  coucher  et  au  petit 
lever  :  faveur  très-part iculicrc  en  ce 
temps-là^ditRapin-Thoyras;puisayant 
pris  le  petit  collet,  Pélisson  fut  gratifié 
d'un  prieuré  et  d'une  abbaye  d'un  re- 
venu de  10,000  livres  (20,000  d'après 
d'Olivet),  et  Hnalement,  en  1 676,  il  fut 
chargé  de  l'administration  du  tiers  des 
économats  et  plus  tard  des  biens  des 
Réfugiés.  En  cette  dernière  qualité,  il 
avait  la  haute  main  sur  toutes  les  con- 
Tersions  à  prix  d'argent.  C'était l'évé- 
qac  de  Grenoble,  Le  Camus,  depuis 
cardinal ,  qui ,  dans  son  mépris  de  la 
créature  humaine,  avait  imaginé  ce 
moyen  de  persuasion.  Atf  moins  était- 
Il  plus  doux  que  les  dragonnades  et  les 
gibets.  Louis  XlVavail  consacré  à  cette 
œuvre  pie,  par  laquelle  il  espérait  ra- 
cheter bien  des  péchés,  les  revenus  des 
abbayes  de  Saint-Germain-dcs-Prés  et 
de  Cluni,  et  le  tiers  des  économats, 
c'est-à-dire  le  tiers  du  revenu  des  bé- 
néfices qui  tombaient  en  régaie  et  dont 
le  roi  jouissait  pendant  la  vacance.  La 
demande  étant  considérable,  ces  reve- 
nus étaient  insuffisants,  et  il  fallait  y 
apporter  la  plus  stricte  économie.  Dans 
an  mémoire  adressé  aux  évoques,  Pé- 
lisson  leur  marquait  que,  dans  dos  rus 
exceptionnels,  ils  pourraient  aller  jus- 
qu'à cent  francs.  Mais  généralement  le 
prix  d'une  conscience  n'était  pas  aussi 
élevé,  et  l'on  a  calculé  que,  en  moyenne, 
il  n'allait  guère  au-dessus  d'un  écu  de 
six  livres  (1).  C'est  dans  ces  dégradan- 

(i)  Voici,  d'aprcs  les  cartons  Ralhières  [Suppl, 
franc.  4096. 1),  un  tarif  des  contcrsionsen  Aa- 
nis  et  Saintonge:  En  1681,  convenions  1503; 
frais,  11,6S9  Ut.;  taux  moyen,  par  dragonnade, 
7  fr.  75  c— En  1682  (jant.  et  fév.),  conTersioni 
189;  frais,  2,347  lit.  10  sons;  taux  moyen, 
IS  fr.  50  c. —  (Mars — au  15  juin),  contersions 
957;  frais,  2,580li?.;  taux  moyen,  10  fr.— (I)a9 
Bai— 10aoùt),rnnTcrsions,110;frai!i,  1,400  iÎT.; 
taux  moyen,  19  fr.  70  caot.  —  (4  août — 19  cet.), 


tes  occupations  que  Tantenr  des  Mé- 
moires pour  Fouquet  passa  une  partie 
de  sa  vie.  0  divine  Clio,  pourquoi  nous 
as-tu  abandonné? 

Reconnaissons  cependant  que  cette 
fièvre  de  conversion  avait  ses  intermit- 
tences. Rapin-Thoyras  nous  en  fournit 
la  preuve,  a  II  auroit  fallu  avoir  des 
yeux  bien  perçants,  dit-il,  pour  démê- 
ler ses  sentiments  secrets  parmi  ses 
actions  extérieures,  par  lesquelles  il 
alTectoit  sans  cesse  de  témoigner  une 
persuasion  très  sincère  de  son  attache- 
ment à  la  religion  romaine,  et  de  quel- 
ques-unes desquelles  vous  avez  été  le 
témoin.  La  seule  chose  qui  auroit  pu 
causer  quelque  soupçon,  mais  qui  n'é- 
toit  pas  publique,  c'est  que  depuis  son 
changementjusqu'autempsdela  grande 
persécution,  il  ne  fit  Jamais  aucun  ef- 
fort pour  pervertir  ni  ma  mère,  sa 
sœur,  ni  mon  père,  ni  mon  frère  atné, 
ni  moi.  Mon  frère  et  moi  demeurâmes 
deux  mois  avec  lui  à  Paris  en  allant 
étudier  à  Saumur,  sans  qu'il  nous  dit 
Jamais  un  seul  mot  sur  la  religion.  Je 
passai  seul  avec  lui  une  autre  fois  en- 
viron deux  ou  trois  mois,  sans  qu'il  me 
pariât  sur  ce  sujet.  Dans  le  temps  mémo 
de  la  persécution,  il  rendit  de  si  grands 
services  à  notre  famille  par  ses  recom- 
mandations auprès  de  M.  le  duc  de 
Noailles,  de  M.  de  Bàville,  deTévéque 
de  Saint-Papoul,  que  nous  Tûmes  peut- 
être  les  seuls  dans  la  province  de  Lan- 
guedoc qui,  sans  vouloir  changer  de 
religion,  niî  fûmes  point  persécutais  et 
n'eûmes  pas  mémo  de  logement.  Mais 
depuis  que  je  fus  arrive  à  Londres,  je 
me  vis  obligé  à  soutenir  de  terribles 
assauts  contre  lui.  Il  me  tenta  par  tou- 
tes sortes  de  voies.  ..  .Mon  obstination, 
c'est  ainsi  qu'il  Tappeloit,  le  dégoûta 
enfin  de  moi,  et  lui  fit  perdre  l'espé- 
rance qu'il  avoit  conçue  de  me  persua- 
der. Deux  choses,  entre  autres,  contri- 
buèrent à  me  faire  perdre  ses  bonnes 
grâces.  La  première  fut  que,  comme  il 
s'eflTorçoit  dans  ses  lettres  de  me  per- 
suader par  son  exemple,  je  lui  répon- 

eonfersions,  80;  frais,  1,535  liv.;  taux  moyen, 
19  fr.  10  cent. 


PÉL 


—  178  — 


PÉL 


dis  naïvement  que  ]e  Irouvofs  fort 
étrange  que  lui,  qui  avoit  fait  prores- 
sion  ouverte  de  n'avoir  changé  de  re- 
ligion qu'avec  connolssance  de  cause^ 
voulût  me  persuader  de  changer  par 
d'autres  motifs.  11  fut  piqué  de  ce  re- 
proche, mais  encore  plus  d'une  raille- 
rie, quoique  très-innocente  de  ma  part. 
Il  avoit  fait  un  livre  intitulé:  Réflexions 
sur  les  différends  de  religion  (i)  dans 
lequel  il  prétendoit  avoir  battu  les  Ré- 
formés eux-mêmes.  11  me  fit  donner  ce 
livre  par  M.  de  Bonrepos  [leur  parent 
commun],  et  m'écrivit  en  même  temps 
qu'il  me  priolt  de  lire  ce  livre  avec 
exactitude  et  de  lui  en  dire  mon  sen- 
timent comme  Je  me  le  dirois  à  moi- 
même,  sans  consulter  qui  que  ce  fût. 
J'obéis  exactement  à  son  ordre.  Je 
ne  sais  si  vous  avez  lu  ce  livre,  mais 
quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  respire  que  la 
douceur  et  la  charité,  et  il  établit  pour 
maxime  qu'on  ne  convertit  point  les 
gens  en  leur  disant  des  injures  et  par  la 
violence,etc. Comme  il  ne  m'avoit  point 
averti  qu'il  fût  l'auteur  de  ce  livre  et 
que  M.  de  Bonrepos  ne  me  l'avoitpas 
dit,je  ne  le  crus  point  de  lui.  Ainsi  entre 
plusieurs  choses,JeluidisqueJ'approu- 
vois  beaucoup  les  maximes  de  douceur 
que  l'auteur  élablissoit  ;  mais  qu'il  me 
sembloit  qu'elles  venoient  assez  mal  à 
propos  dans  un  temps  oii  manifeste- 
menton  suivoit  en  France  des  maximes 
toutes  contraires;  qu'il  me  sembloit  en- 
tendre Sganarelle  écrire  à  sa  femme  : 
Mon  cher  cœur,  je  vous  rosserai.  Doux 
objet  de  mes  yeux,  je  vous  assommerai. 
Depuis  ce  temps- là,  il  cessa  peu  à  peu 
ses  sollicitations,  et  je  n'eus  pas  beau- 
coup de  peine  à  m'apercevoir  qu'il  n'a. 

(i)  GetooTrage  contient  4  toI.  in-12f  qnipa- 
nirenl  sacrescitement.  Le  premier  soui  ce  litre, 
1686  ;  —La  8"  :  Hépotue  aujtr  objeetiont  d'An- 
gleterre  et  de  Hollande  ^  ou  de  l'autorilé  dit 
grand  nombre  dan$  la  religion ^  1687  ;  —  le  3«  : 
Let  ehimèreê  de  M.  Jurieu ,  Réponte  générale  à 
iet  iMlree  pailoralei^  1690  ;  —  le  4*  <i«  (a  7*0* 
lérance  des  RêUgiom;  LeUret  de  M.  de  LeibnilM 
et  Réponses  de  M.  PcHiMon,1692.  Le  principal 
argument  de  Pélisson  est  rinfaillibilité  de  l'E- 
glise. Tenter  la  counilialioo,  celait  tenter  l'im- 
possible. Comment  concilier  dcai  principes  qui 
s'esclocnt,  l'autorilé  et  la  liberté? 


voit  plus  pour  moi  les  sentiments  qu'il 
avoit  eus  auparavant.  Cependant  quel- 
ques années  après,  M.  de  La  Bastide 
me  procura  de  sa  part  un  présent  de  50 
pistoles,  pour  m'aider  à  supporter  les 
frais  d'une  grande  blessure  que  j'avois 
reçue  au  siège  de  Limerickcn  Irlande, 
Yoilà,Monsicur,les  contrastes  qui  don- 
nent quelque  lieu  de  douter  de  ses  sen- 
timents intérieurs  par  rapport  à  la  re- 
ligion. »  Après  sa  conversion,  Pélisson 
ne  s'occupa  plus  que  de  matières  théo- 
logiques, «  il  n'eut  dès  lors  que  ces  deux 
objets  devant  les  yeux,  dit  d'Olivel, 
l'avancement  de  la  religion  et  la  gloire 
du  Roi.  »  11  travaillait  à  uu  traité  sur 
l'Eucharistie  —  sujet  déjà  si  souvent 
épuisé, — lorsqu'il  tomba  malade  à  Ver- 
sailles, a  Quoique  indisposé,  raconte 
M.  Nayral,il  voulut  aller  à  Téglise,  c'é- 
tait le  jour  anniversaire  de  son  abjura- 
tion. Cette  sortie  lui  devintfuneste.  Le 
roi, informé  de  sonétat, lui  envoya Bos- 
suet, l'abbé  de  Fénelon  (i)  et  le  P.  Lâ- 
chai se.  Pélisson  leur  déclara  qu'il  se 
confesserait  le  lendemain  à  onze  heures. 
Après  le  départ  de  ces  Messieurs,  il  se 
trouva  fort  abattu.  La  mort  ne  tarda 
pas  à  le  surprendre.  C'était  le  7  fév, 
1693,  sur  les  sept  heures  du  matin.  » 
L'abbé  Faur-Ferriés,  dans  ses  Mémoi- 
res, rapporte  ainsi  ses  derniers  mo- 
ments :  «  Quelques  heures  avant  sa 
mort,  il  écrivit  de  sa  main  à  M«"«  de 
Scudéry  de  ne  se  point  alarmer  de  son 
mal,  qui  n'étoit  point  si  grand  qu'on 
le  croyoit.  Il  se  promena  le  soir  un 
peu  dans  sa  chambre;  il  se  mit  tout 
habillé  sur  son  lit,  il  s'endormit.,  et  il 
fut  trouvé  mort  lorsque  M.  l'abbé  de 
Ferries,  trouvant  son  sommeil  trop 
long,  voulut  le  faire  éveiller.  Ainsi,  a- 
joute  l'abbé,  les  bruits  que  les  protes- 
tants ont  fait  courir,  qu'il  n'avoit  pas 
voulu  recevoir  les  sacremens  et  qu'il 

(1)  •  Oui,  je  l'ai  tq  les  larmes  aux  yeui,  je 
l'ai  entendu,  il  m'a  dit  tout  ee  qu'un  calholiqse 
nourri  depuis  tant  d'années  des  paroles  de  la  foi, 
peut  dire,  pour  se  préparer  à  recevoir  les  sacre- 
ments avec  ferveur.  La  mort,  il  est  vrai,  le  tur- 
prit  >eDant  sous  l'apparence  du  sommeil;  mais 
elle  le  trouva  dans  la  préparation  des  Trais  fidè- 
les. •  (Eloge  de  Fénelon.) 


PÉL 


—  179 


PÉL 


éioit  mort  calviniste ,  ne  sont  qu'une 
pure  calomnie,  qui  n'a  pas  le  moindre 
fondement.  C'est  de  quoi  Tilluslre  6- 
vèque  de  Meaux,  BI.  Bossdet^  son  in- 
time ami,  et  qui  connoissoit  mieux  que 
personne  ses  véritables  sentimcns,  a 
rendu  témoignage  dans  sa  lettre  àM^^i* 
deScudéry,  quia  été  rendue  publique.» 
Pour  Thonneur  de  l'humanité,  nous 
souhaitons  qu'il  ait  été  sincère  dans  sa 
conversion,  et  nous  sommes  tout  dis- 
posé à  Tadmettre,  tant  Thypocrisie 
nous  fait  horreur.  Rapin-Thoyras  a 
aussi  cherché,  de  son  côté,  à  pénétrer 
le  mystère,  a  Lorsque  j'accompagnai^ 
dit-il,  mylord  Portland  dans  son  am- 
bassade de  France  en  1698,  je  fis  tout 
mon  possible  pour  découvrir  si  le  bruit 
qui  avoit  couru  que  M.  Pélisson  étoit 
mort  huguenot  avoit  quelque  fonde- 
ment; mais  pour  dire  la  vérité,  Je  ne 
découvris  rien  de  positif.  Quelques- 
ans  me  dirent  qu'absolument  il  n'avoit 
pas  voulu  communier.  D'autres  me  di- 
rent qu'on  lui  avoit  proposé  de  rece- 
voir la  communion  sar-le-champ,mais 
qu'il  l'avoit  refusé  en  disant  qu'il  a- 
Yoit  accoutumé  de  ne  pas  communier 
sans  préparation;  qu'il  avoit  pris  jour 
avec  M.  Tévéque  de  Mcaux  pour  com- 
munier, mais  qu'il  fut  prévenu  par  la 
mort.  Cela  paroît  assez  naturel,  mais 
aussi  il  peut  avoir  été  inventé  pour 
couvrir  son  refus.  Je  trouvai  à  Paris 
on  de  ses  valets  de  chambre  qui  avoit 
quelque  emploi  à  la  Cour,  mais  il  me 
parut  si  réservé  quand  Je  voulus  lui 
toucher  cette  corde,  qu'il  me  fit  soup- 
çonner qu'il  y  avoit  quelque  chose  qu'il 
n'étoit  pas  à  propos  de  me  découvrir. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  lo 
curé  de  Versailles  se  plaignit  au  roi, 
même  avant  sa  mort,  et  qu'immédia-i 
tement  après  qu'il  eut  expiré,  le  roi 
flt  mettre  le  scellé  dans  sa  maison  de 
Versailles  et  de  Paris,  Je  ne  sais  sous 
quel  prétexte.  Quoi  qu'il  en  soit,  au- 
cun de  ses  neveux  ou  nièces  n'a  pro- 
fité d'un  sou  de  sa  succession,  cl  j'I- 
gnore encore  de  quelle  manière  le  roi 
dispose  de  ses  effets  (l).  »  En  résumé, 

(1)  H.  Ch,  Read,  direcicnr  da  Bulletin,  ajoute 


on  en  est  réduit  aux  conjectures  et  la 
charité  chrétienne  veut  qu'on  prenne 
les  clioscs  pour  le  mieux.  Cependant 
cette  charité  gouverne  rarement  le 
monde.  On  fit  courir  toute  sorte  d'épi- 
grammes.  Celle  du  poëte  Linière  est 
restée  : 

Ne  jigeoiis  jamaifl  d'ane  Tie 
Que  son  flambeau  ne  soit  éteint. 
Pélisson  est  mort  en  impie. 
Et  La  Fontaine  comme  on  saint. 

Pélisson ,  au  Jugement  de  Voltaire, 
n'était  qu'un  poëte  médiocre  (i);  mais 
Il  a  passé  et  il  passe  encore  de  nos 
Jours  pour  un  de  nos  bons  écrivains, 
ft  Dans  ses  plaidoyers  pour  le  surin- 
tendantFouquet,  il  s'éleva,  dit  Chénier^ 
Jusqu'à  l'éloquence.  »  L'auteur  du  Siè- 
cle de  Louis  XIY  faisait  cas  de  son 
Histoire  de  la  conquête  de  la  Franche- 
Comté;  mais  Chénier  nous  semble  être 
dans  le  vrai  lorsqu'il  prétend  que  dans 
cet  écrit,  «  d'ailleurs  si  correct,  »  Pé- 
lisson est  moins  historien  que  pané- 
gyriste. 

Voici  laliste  des  ouvrages  qu'il  com- 
posa avant  sa  conversion  : 

I.  Paraphrase  des  Institutions  de 
l'empereur  Justinien,  Paris,  1645^  8». 

H.  Relation  contenant  V Histoire  de 
V Académie  françoise ,  Paris ^  1663, 
ln-8».  —  a  Aurions-nous  cru ,  écrit 
d'Olivet,  si  ce  n'étoit  pas  un  fait  attesté 
par  l*auteur  [dans  sa  préface]  que  son 
Histoire  de  l'Âcadémie,  un  ouvrage  re- 
gardé aujourd'hui  comme  unchef-d'œu- 

«s  oete  :  «  To«i  les  papiers  conceniant  les  scien- 
ces et  la  littérature  furent  remis,  par  ordre  da 
roi»  à  M.  l'abbé  de  Faur-Ferriés,  cousin  germain 
de  Pélisson.  Le  roi  lui  atait  accordé  de  rentrer 
daM  sea  biiss,  qui  avaient  été  cooliqués.  Un 
ministre  éluda  l'exécution  de  cet  ordre.  Un  an- 
tise  ordre  ût  défense aui  porteurs  decerlains  billets 
sooscrits  par  Pélisson  dans  rinlérêt  de  Fouquet, 
lersqu'M  était  son  premiM'  eomniii,  de  rien  de« 
■aniier  peadaAi  sa  fie  ;  nais  ces  enéancien  eu- 
rent bj'potbèqne  ser  les  biens  qu'il  laissa.  • 

(1)  Le  méchant  auteur  de  Candide  a  fait  retle 
courte  énumèration  des  pitres  du  hafage  littéraire 
de  l'aulear  de  TUist.  de  l'Académie.  •  Oo  a  de 
Ini  beaucoup  d'ourragcs,  des  Prières  pendant  (9 
mest/'t  un  liecufU  dv'  pifccg  galantetf  un  Traité 
9ur  Cetuhariétie,  beaucoup  do  vers  amovreux  k 
OUmpc.  Celle  (fUmpe  était  nadeoioiaelle  Ik»- 
VùuXf  qu'on  oréteud  aroir  épousé  le  céièlm  fioe- 
snet  a?anl  qu^il  entr&t  dans  l'EgHie,  etc.  • 


PEL 


—  180  — 


PEL 


vre  par  tout  ce  qa'ily  a  de  personnes 
qui  ont  du  goût^  ail  pu  cependant  n'ê- 
tre pas  bien  reçue  à  sa  naissance? 
Pour  moi,  Je  ne  saurois  me  persuader 
que  les  roécontens  en  aient  voulu  à  la 
forme  de  cette  Histoire,  car  que  voit- 
on  en  ce  genre  de  plus  achevé?  Peut- 
on  mieux  narrer  que  M.  Pellisson? 
Queile  naïveté.  Jointe  à  un  art  infini  ! 
Quels  tours  ingénieux,  sans  que  la 
simplicilé  en  souffre!  Mais  surtout,  et 
c'est  par  où  M.  Pellisson  se  distingue 
de  ces  écrivains  qui  ne  parlent  qu'à 
l'esprit,  et  dont  l'élégance  aride  n'a 
rien  qui  nourrisse  l'imagination  du 
lecteur,  il  a  le  secret  de  mettre  dans 
les  moindres  peintures  et  de  la  vie  et 
de  la  grâce,  » 

m.  Discours  y  en  forme  de  Préface  y 
sur  les  Œuvtesde  M,  Sarasin,  Paris, 
1655,  in-40,  et  en  tête  du  recueil  des 
OEuvres  du  poêle  par  Ménage. 

IV.  Discours  au  Roi  par  un  de  ses 
fidèles  sujets  sur  le  procès  de  M.  Fou- 
quet,  avec  divers  autres  écrits  sur  le 
même  procès,  Paris,  1661,  in-40. 

V.  Histoire  de  la  conquête  de  la 
Franche-Comlé,  en  1 668,  impr.  dans 
le  T.  Vil  des  Mémoires  de  littéral,  et 
d'hist.^  Paris,  1729. 

Quant  à  ses  poésies,  elles  ont  paru, 
pour  la  plupart,  dans  le  Recueil  des 
pièces  galantes  de  la  galante  comtesse 
ûcLaSuze  (Paris,  1678,  in-1 2). 

PÉLISSOIV  (Jacob-Philippe),  con- 
seiller du  Collège  de  médecine,  membre 
de  la  Société  de  physique  à  Berlin, 
premier  médecin  de  la  colonie  fran- 
çaise, inspedcur  du  Collège  français, 
naquit  à  Brème,  le  18  Juill.  1743. 
Outre  la  thèse  De  œtiologiœ  variola- 
Tum  per  hypothesin  tentata  explica- 
tione,  qu'il  soutint  en  1764,  les  bi- 
bliographes ne  mentionnent  de  lui  que 
quatre  mémoires  sur  des  questions  de 
physique  qu'il  publia  dans  le  recueil 
des  Curieux  de  la  nature  de  Berlin. 

PELLETIER  (Gàspàbd),  né  à  Mid- 
delbourg,  docteur  en  médecine  de  la 
Faculté  de  Montpellier,  est  connu  par 
son  Plantarum  tum  patriarum,  tum 
exoticarum ,  m  Walachriâ  Zelandiœ 


insuld  nascentium  synonymiaf  Mid- 
delb.,  1610,  in-8«.  Il  mourut  en  1 639, 
laissant  un  fils,  Adrien,  qui  lui  suc- 
céda dans  la  place  de  médecin  de  l'hê- 
pital  de  Middelbourg. 

Nous  avons  quelque  raison  de  sup- 
poser que  nos  deux  médecins,  dont  le 
nom  indique  sufDsamment  l'origine 
française,  descendaient  de  Guillaume 
Pelletier,  docteur  en  médecine,  qui 
épousa  à  Loudun,  en  i}i6B, Renée  Ri- 
bay  (Arch.  gén.  Tt.  232).  Il  serait 
possible  que  l'apostat  Pelletier,  dont 
nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  par- 
ler au  sujet  des  désagréments  que  son 
livre  :  La  conversion  du  sieur  Pelle^ 
lier  à  la  foy  catholique,  en  laquelle  il 
représente  au  naïf  les  vrayes  et  infail^ 
libles  marques  de  VEglise  contre  les 
opinions  des  Calvinistes,  Paris,  1 609, 
in-80,  attira  à  son  imprimeur  Jannon, 
eût  appartenu  aussi  à  celte  famille 
loudunoise,  qui  était,  à  ce  qu'il  parait, 
assez  nombreuse,  et  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  celle  des  Le  Pelletier 
de  l'Alençonois.  Cette  dernière  pro- 
fessait encore  la  religion  protestante 
en  1685,  à  ce  que  nous  apprend  une 
liste  des  Huguenots  de  l'éleclion  d'A- 
lençon,  où  nous  trouvons  cités  LePel- 
letier-de-La  Garencière  avec  ses  deux 
sœurs,  et  l'avocat  Nicolas  Le  Pelletier 
avec  ses  cinq  enfants  (Ibid,  Tt.  270). 

PELLiCAN.Voy.  KURSCHNER. 

PELLOUTIER  (Simon),  conseiller 
ecclésiastique  du  roi  de  Prusse,  pas- 
teur du  Werder,  éphore  du  Collège 
français,  membre  de  TAcadéraie  des 
sciences  de  Berlin  et  son  bibliothé- 
caire, né  à  Leipzig,  le  27  oct.  1694, 
et  mort  à  Berlin,  le  3  oct.  1 757. 

La  famille  Pelloutier  était  originaire 
des  Vallées  vaudoises  du  Piémont;  mais 
Il  l'époque  où  ces  vallées  étaient  ren- 
trées sous  la  domination  du  duc  de 
Savoie,  elle  était  allée  habiter  Lyon 
pour  échapper  aux  persécutions  exer- 
cées contre  les  Vaudois.  En  1663,  le 
consistoire  de  l'église  de  Lyon  comp- 
tait un  Pelloutier  parmi  ses  membres 
(Arch,  de  Genève,  K*  3436).  Le  père 
de  notre  Simon  était  négociant  3  il  se 


PEL 


—  iH\  — 


PEL 


nommait  Jean,  et  sa  mère  Françoise 
Claparède.  Chassés  de  France  par  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes,  ses  pa- 
rents allèrent  s'établir  à  Leipzig.  Ayant 
perdu  son  père  à  Tâge  de  trois  ans,  le 
Jeune  Pelloutier  fut  élevé  par  sa  mère, 
dont  il  récompensa  les  tendres  soins 
par  ses  rapides  progrès.  Eni  701 ,  lors- 
qu'il eut  atteint  Tâgc  d'entrer  au  col- 
lège, elle  le  conduisit  elle-même  à 
Halle,  où  il  fll  ses  humanités  et  sa  phi- 
losophie sous  Thomasius,  Grundling, 
Rûdiger.  En  1710,  il  se  rendit  à  Ber- 
lin pour  suivre  les  leçons  de  Vignolles, 
Lenfant  et  La  Croze,  Cultivées  par  de 
tels  maîtres  et  favorisées  par  une  ex- 
cellente mémoire  et  un  ardent  désir  de 
s'Instruire,  les  heureuses  dispositions 
dePelloutier  prirent  on  développement 
qni  permit  de  prévoir  qu'il  se  place- 
rait un  Jour  parmi  les  savants  dignes 
de  leur  réputation.  En  I7i2f  ii  partit 
pour  Genève.  A  peine  y  fol-il  arrivé, 
que  le  prince  deWùrlemberg-Montbé- 
llard  le  choisit,  malgré  sa  Jeunesse, 
pour  le  gouverneur  de  ses  flls,  avec  qui 
il  suivit  pendant  deux  années  les  cours 
deracadémie,  s'appliquant,  en  son  par- 
ticulier, à  l'étude  de  la  théologie  sous 
la  direction  d'Alphonse  Turretin  et  de 
Bénédict  Piclcl.  En  1714,  il  retourna 
à  Berlin  pour  solliciter  une  place  de 
pasteur.  En  attendant  qu'il  s'en  pré- 
sentât une,  il  assista  assidûment  au\ 
leçons  que  Lenfant  donnait  à  quelques 
Jeunes  théologiens  dans  la  bienveil- 
lante intention  de  perfectionner  leurs 
connaissances  et  de  leur  Inculquerplos 
profondément  le  sentiment  des  devoirs 
du  pastoral.  L'année  suivante,  le  dé- 
part de  Charles-Louis  de  Beausobre 
pour  Hambourg  ayant  laissé  vacante 
la  chaire  de  l'église  française  de  Buch- 
boltz,  Pelloutier  fut  appelé  à  la  rem- 
plir. En  1 7  i  9,  il  reçut  vocation  de  l'é- 
glise de  Magdebourg,  et  en  1 725  enfin, 
il  devint,  comme  successeur  de  Fran- 
çois de  Repey,  le  collègue  de  son  an- 
cien maître  Jacques  Lenfant. 

Tous  ses  souhaits  se  trouvant  ac- 
complis, rcîlonticr  ne  songea,  pendant 
quelques  années,  qu'à  remplir  con- 


sciencieusement ses  fonctions,  et  il  y 
apporta  on  soin,  une  exactitude,  une 
ardeur,  qui  lui  gagnèrent  l'estime,  en 
même  temps  que  l'aménité  de  son  ca- 
ractère lui  concilia  l'afTection  de  son 
troupeau.  Chacun  applaudit  donc  au 
choix  du  roi,  lorsque  ce  prince  le  nom- 
ma, en  1 738,  conseiller  ecclésiastique 
et  assesseur  du  consistoire  supérieur, 
et  on  le  vit  avec  non  moins  de  satisfac- 
tion placé  à  la  tète  du  Collège  français. 

Pelloutier  se  délassait  de  ses  travaux 
de  la  Journée,  en  parcourant  le  soir 
quelques  pages  d'un  historien  de  l'an- 
tiquité. Ces  lectures,  faites  d'abord 
sans  plan  arrêté,  ne  laissèrent  pas 
déporter  leurs  fruits. En  réfléchissant 
à  ce  qu'il  avait  lu,  en  comparant  les  té- 
moignages des  écrivains,  il  se  persua- 
da qu'il  avait  existé  dans  les  temps 
reculés  un  peuple  puissant  dont  des- 
cendent la  plupart  des  nations  euro- 
péennes, et  que  ce  peuple  était  les 
Celtes.  Dès  lors  ses  lectures  cessèrent 
d'être  pour  lui  un  simple  délassement; 
elles  eurent  un  but  vers  lequel  se  di- 
rigèrent toutes  ses  études,  toutes  ses 
recherches  :  ce  but  était  d'accumuler 
assez  de  preuves  pour  faire  partager 
aux  autres  sa  conviction. 

L'entreprise  était  difficile.  Recon- 
struire l'histoire  d'un  peuple,  qui, 
comme  les  anciens  Celtes,  a  disparu, 
ne  laissant  d'autres  monuments  de  son 
existence  que  quelques  pierres  isolées 
et  nues,  d'autres  traditions  que  quel- 
ques chants  populaires  d'une  authen- 
ticité peut-être  douteuse,  sans  autre 
guide  que  les  récits  vagues,  incom- 
plets, incertains,  contradictoires,  sus- 
pects d'historiens  étrangers  et  d'un  âge 
postérieur,  cette  tâche  demande  chez 
l'historien  qui  ose  l'entreprendre  une 
immense  lecture^  beaucoup  de  saga- 
cité, une  saine  critique,  un  esprit  libre 
de  préjugés,  pour  discerner  le  vrai  du 
vraisemblable  et  du  faux,  peser  les 
témoignages,  déterminer  les  degrés  do 
probabilité  de  chaque  assertion,  et  dé- 
gager le  fait  historique  d'une  multi- 
tude d'accessoires  fabuleux.  Les  diffi- 
cultés n'arrêtèrent  pas  Peliouiicr  ;  scu- 


PEL 


—  182  - 


PEL 


lement  avant  de  se  mettre  à  l'œuvre, 
il  voulut  sonder  Topinionct  pressentir 
le  jugement  des  savants.  A  cet  cQcl,  il 
publia,  en  guise  de  prospectus,  trois 
JLet/re^ qui  furent  imp.  dans  la Biblioth. 
germ.  (T.  XXVIII,  XXIX  et  XXXVII), 
par  Beausobre,  à  qui  elles  étaient  a- 
dressées.  Les  encouragements  ne  lui 
manquèrent  pas.  Il  prit  donc  des  ar- 
rangements avec  Isaac  Beauregard^ 
libraire  de  La  Haye;  mais  ce  libraire 
apporta  tant  de  négligence  et  de  len- 
leur  dans  l'impression,  que  Pelloutier, 
Justement  Irrité,  renonça  à  poursuivre 
la  publication  de  son  ouvrage. 

Les  éloges  des  Juges  les  plus  compé- 
tents, le  prix  décerné,  en  1 742,  à  son 
Discours  sur  les  Galates  par  TAcadé- 
mie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
de  Paris,  sa  nomination,  en  1745,  à 
un  des  fauteuils  de  TAcadcmie  royale 
des  sciences  de  Berlin,  qui  lui  conûa, 
en  \  745,  le  soin  de  sa  bibliolbèc^ue, 
dédommagèrent  Pelloutier  des  désa- 
gréments qu'il  avait  à  essuyer  de  la 
part  de  son  libraire.  Il  continua  donc 
à  se  livrer  à  ses  nombreuses  occupa- 
tions avec  son  ardeur  ordinaire  ;  mais 
ses  amis  s'aperçurent  bientôt  avec  in- 
quiétude que  Texcès  du  travail  minait 
sa  santé.  Il  tomba  dans  un  marasme, 
qui  le  conduisit  au  tombeau  après  plu- 
sieurs années  de  soufTrances.  Il  avait 
épousé,  en  1727,  Françoise  Jassoy,ei 
en  avait  eu  trois  ûiles  et  un  fils,  qui 
suivit  la  carrière  médicale. 

L'ouvrage  capital  de  Pelloutier  est 
son  Histoire  des  Celles.  Dans  l'édition 
qu'il  en  a  donnée,  Cbiniac  de  La  Bas- 
tide, avocat  au  parlement  de  Paris,  a 
fait  entrer  ceux  de  ses  autres  écrits 
qui  roulent  sur  le  même  sujet.  En  voici 
le  titre  :  Histoire  des  Celtes,  et  parti- 
culièrement  des  Gaulois  et  des  Ger^ 
mains,  depuis  les  tems  fabuleux  juS' 
qu'à  la  prise  de  Rome  par  les  Gau- 
lois, T.  I,  La  Haye,  1740;  T.  II,  La 
Haye,  1750,  in-l2.  Cette  édition  est 
pleine  de  fautes.  La  2%  plus  complète, 
plus  correcte  et  augm.  d'un  4»  livre^ 
parut  à  Paris,  1771,  2  vol.  in-4o,  ou 
8  vol.  in  12.  C'est  sur  celte  édit.  que 


Purmann  en  a  fait  une  trad.  ^llem., 
Fraukf.  a.  M.,  1777-84,  3  vol  in-8s 
Le  i«'  vol.  de  l'édit.  in-4o  contient  la 
matière  des  quatre  premiers  de  l'édit. 
in- 12,  c'est-à-dire  les  deux  premiers 
livres  de  l'histoire  des  Celtes  et  plu- 
sieurs dissertations.  L'auteur  y  recher- 
che l'origine  des  Celtes,  qui,  selon  lui, 
étaient  des  Scythes  hyperboréens,  et 
les  pays  qu'ils  ont  habités.  Il  leur  as- 
signe pour  demeures  presque  toute 
l'Europe,  à  l'exception  de  la  partie 
orientale  occupée  par  les  Sarmates,  et 
plusieurs  contrées  de  l'Asie  occiden- 
tale, les  Perses  ayant,  selon  lui,  la  mê- 
me origine.  Il  décrit,  dans  le  second 
livre,  les  mœurs  et  les  coutumes  des 
Celtes,  qu'il  nous  peint  comme  un  peu- 
ple barbare  et  nomade,  sans  industrie, 
sans  culture,  sans  cesse  en  guerre  avec 
ses  voisins.  Le  reste  du  vol.  comprend 
le  Discours  sur  les  G<dates,  un  Dis- 
cours sur  V expédition  de  Cyrus  contre 
les  Scythes,  imp.,  en  1754,  dans  les 
Mémoires  de  l'Acad.  de  Berlin,  une 
Dissertationsur  l'origine  des  Romains, 
déjà  publiée,  en  1751,  dans  le  même 
recueil,  un  Extrait  des  Mémoires  de  M. 
Gibert,  dont  les  objections  donnèrent 
lieu  aux  trois  Lettres  à  M.  Jordan, 
publiées  par  Pelloutier  dans  les  T.  XL 
et  XLI  de  la  Bibliothèque  française  de 
Sauzet;  une  Diss,  sur  l'origine  despeu- 
pies  Celtes,  qui  n'est,  à  proprement 
parler,  qu'une  trad.  des  Vindicis  Cel- 
ticœ  de  SchôpfUn,  et  une  Réponse  aux 
objections  de  Schôpflin,  reproduite  d'a- 
près la  Nouv.  Bibl.  germanique  (T. 
XXIV  et  XXV).  Le  2«  vol.,  comprenant 
le  3«  et  le  4»  livres  de  l'histoire  des 
Celtes,  traite  de  leur  religion,  qui  était 
monothéiste^  et  de  leur  morale,  qui  se 
réduisait  à  ces  trois  points:  adorer  les 
dieux,  ne  faire  de  mal  à  personne  et 
être  brave.  L'éditeur  y  a  Joint  deux 
Dissertations,  l'une  Sur  les  temps  sa- 
crés des  Gaulois  et  des  Germains,  l'au- 
tre Sur  l^aboUtion  des  druides  et  des 
sacrifices  humains,  déjà  imp.  dans  les 
T.  XXIII  et  XXV  de  la  Nouv.  Bibl.  ger- 
manique. Chiniac  n'a  point  reproduit, 
comme  étant  étrangers  au  sujet,  une 


PEL 


—  183  - 


PEL 


Disserlationsurles  Annales  de  Bavière 
de  Jean  Àuentiny  imp.  dans  les  T.  VI 
etVlil  de  la  Nouv.  Bibl.  germ.;  un 
Discours  lu  à  rAcadémIe  le  1^'  juin 
1752,  Imp.  par  Formey  dans  le  T.  XII 
da  même  recueil  péri odique,  deux  D/£5. 
sur  un  passage  de  Pomponius  Mêla  et 
Itir  un  passage  des  Comment,  de  César 
De  hellogallieOy  insérées  dans  les  Mém . 
d6  l'Acad.  de  Berlin  (1745  et  1749)  et 
on  Abrégé  de  la  vie  de  Bogi&lasX,  pu- 
blié dans  les  mêmes  Mémoires  (l  753). 
L'Ecole  de  charité  de  Berlin  a,  en  ou- 
tre^ publié  à  ses  frais  deux  vol.  de 
Sermons  de  Pelloutier;  nous  n'en  a- 
TOUS  trouvé  aucune  mention  dans  les 
Jliibliographies  allemandes. 

Tous  les  écrits  de  Pelloutier,  mais 
surtout  son  histoire  des  Celles,  portent 
le  cachet  d'une  vaste  érudition.  oCet 
ouvrage,  lit-on  dans  le  Journal  des  sa- 
vans,  est  infiniment  curieux  et  agréa- 
ble à  bien  des  égards,  il  est  plein  d'une 
érudition  extrêmement  variée.  L'au- 
teur ne  se  contente  pas  de  prouver  ce 
qu'il  avance,  il  accompagne  toi^ours 
ses  preuves  de  réflexions  judicieuses, 
d'où  il  tire  ensuite  des  conséquences 
très-étendues  et  très-propres  à  éclai- 
rer l'histoire  et  les  antiquités  de  tous 
les  diirérens  peuples  de  l'Europe.  »  Il 
n*y  a  rien  d'eiagéré  dans  cet  éloge; 
on  peut  dire  que  l'auteur  a  rassemblé 
tout  ce  qui  avait  jamais  été  publié  sur 
une  nationalité  éteinte  depuis  des  siè- 
cles ;  cependant,  tout  en  rendant  justice 
à  rétendue  de  ses  connaissances,  à 
l'exactitude  de  ses  recherches,  à  sa 
méthode  de  classer  les  faits,  on  doit 
reconnaître  que  l'auteur  s'est  laissé 
quelquefois  aller  à  des  hypothèses  tout 
à  lait  arbitraires.  Quelques  analogies 
dans  les  coutumes,  les  mœurs,  les  idées 
religieuses,  la  constitution  civile,  une 
ressemblance  plus  ou  moins  grande 
dans  quelques  noms  propres  ne  suffi- 
sent pas,  croyons-nous,  pour  qu'on 
puisse  en  déduire  la  communauté  d'o- 
rigine de  deux  peuples. 

Simon  Pelloutier  avait  un  frère  qui 
liabitait  Berlin  et  qui  fut  père  de  Bar- 
thélémy Pelloutier,  marié  à  Charlotte 


Jassoy.  De  ce  mariage  naquit  Jsan- 
Ulric,  qui  remplissait,  à  la  fin  du  siè- 
cle passé,  les  fonctions  de  consul  de 
Prusse  à  Nantes.  Son  caractère  officiel 
ne  le  dispensa  pas  de  la  néceasité  de 
faire  célébrer  son  union  avec  Angéli- 
que Taille  fer  dans  l'Eglise  catholique; 
mais,  en  1782,  il  obtint  du  roi  laper- 
mission  de  le  faire  bénir  de  nouveau 
par  le  chapelain  de  l'ambassade  de  Hol- 
lande. Il  était  alors  père  de  deux  en- 
fants: Charlotte-Marguerite,  née 
en  1765,  et  Ulric-Augustb,  né  en 
1768  (Etat  civil  de  Paris,  Chap.  de 
Hollande,  N»  97). 

PELOQUIN,  nom  d'une  bonne  fa- 
mille de  la  bourgeoisie  de  Biols.  Deux 
frères  de  ce  nom  subirent  le  martyre 
pour  la  cause  de  l'Evangile;  ils  se 
nommaient  Etienne  et  Dents.  Tous 
deux  s'étaient  réfugiés  à  Genève.  L'al- 
né  étant  revenu  en  France,  en  1549, 
pour  servir  de  guide  à  plusieurs  fidè- 
les de  Blois  et  d'Orléans  qui  désiraient 
se  retirer,  à  leur  exemple,  dans  cette 
ville  hospitalière,  il  fut  arrêté  à  Châ- 
teau-Renard, conduit  à  Paris,  livré  à  la 
Chambre  ardente  et  condamné  à  être 
brûlé  à  petit  feu,  après  avoir  eu  la 
langue  coupée.  Le  bûcher  fut  dressé 
an  cimetière  Saint-Jean.  De  tous  ses 
compagnons  de  route,  un  seul  osa  con- 
fesser avec  lui  Jésus-Christ;  c'était 
une  jeune  veuve  d'Orléans  nommée 
Anne  Audebert.  Elle  fut  brûlée  à  Or- 
léans, le  28  sept.  1549,  et  subit  le 
supplice  avec  une  admirable  fermeté. 

Le  frère  cadet  d'Etienne  Peloquin 
avait  été  moine.  Il  fut  arrêté,  le  1 9  oct. 
1552,  près  de  Belleville  sur  la  Saône, 
conduisant  à  Genève  sa  sœur  et  quel- 
ques autres  personnes;  ces  dernières 
éniitïnt  par  être  remises  en  liberté  à 
la  suite  d'une  abjuration.  Peloquin  de- 
meura inébranlable.  Crespin  a  publié 
une  relation,  écrite  par  le  martyr  lui- 
même,  de  ses  interrogatoires  à  Ville- 
franche  et  à  Lyon,  ainsi  que  plusieurs 
lettres  adressées  par  lui  à  sa  femme, 
à  ses  parents,  à  ses  amis,  touchants 
monuments  de  sa  foi,  de  sa  pieté,  de 
ses  espérances.  Après  dix  mois  de  dé- 


PEN 


—  18i  — 


PÉR 


tention,  Peloquin  ftit  enfin  dégradé,  le 
5  sept.  155Ô,  et  envoyé  au  bûcher  six 
jours  après.  L'exécution  se  fit  à  Ville- 
franche. 

PENAVAIRE,  capitaine  huguenot 
connu,  dès  1 586,  dansrhistoire  de  nos 
guerres  de  religion,  par  sa  vaillante 
défense  du  château  de  Salvagnac,  qu'il 
ne  rendit  aux  Ligueurs,  sous  les  con- 
ditions les  plus  honorables,  qu'après 
avoir  perdu  tout  espoir  d'èlre  secou- 
ru. En  récompense  de  ses  services, 
Henri  IV  lui  accorda  une  pension  de 
2,000  livres,  mais  elle  lui  était  si  mal 
payée,  que  l'Assemblée  politique  de 
Saumur  dut  charger  les  députés  géné- 
raux d'en  poursuivre  le  payement,  et 
en  attendant  le  résultat  de  leurs  dé- 
marches, on  lui  accorda  un  subside  de 
300  livres.  En  l614,Penavaire  assista 
comme  député  de  Saint- Antonin,  à  l'as- 
semblée de  Pamiers  {Arch,  gén,  Tt. 
235).  Il  est  vraisemblable  qu'il  était 
déjà  gouverneur  de  cette  ville,  où  il 
commandait  encore  en  J621.  S'étant 
laissé  gagner  par  les  royalistes,  il  s'en- 
gagea, dit-on,  à  leur  livrer  la  place  au 
prix  de  2,000  écus.  Un  heureux  ha- 
sard fit  découvrir  sa  trahison  ;  les  con- 
suls prirent  de  si  bonnes  mesures  que 
Mayenne  dut  se  retirer  sans  rien  oser 
entreprendre.  Celte  anecdocte  nous  est 
suspecte,  car,  la  même  année,  nous 
voyons  Penavaire  marcher  avec  Beau- 
fort  au  secours  de  Montauban.  et  il  est 
difilcile  de  croire  que  Rohan  eût  con- 
fié une  entreprise  de  cette  importance 
à  un  capitaine  qui  venait  de  le  trahir. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Penavaire  fut  pris 
et  conduit  à  Toulouse.  Dès  lors  il  n'est 
plus  Tait  mention  de  lu!,  mais  ses  des- 
cendants continuèrent  à  professer  la  re- 
ligion réformée,  tant  qu'elle  fut  tolérée 
en  France,  et  après  la  révocation,  une 
partie  au  moins  d'entre  eux  passèrent 
dans  les  paysétrangers  [Arch,  M.  G67). 
D*e  ce  nombre  fut  Pierre  PenavairCy 
docteur  en  droit  et  professeur  de  lan- 
gue grecque  au  Collège  français  de 
Berlin,  qui  a  publié  Diss,  criiica  in 
notas  Clerici  in  Hesiodi  Theogoniam, 
Berlin,  1703,  in-4^ 


PENOT  (Bbrnakd-Geokgbs),  sa- 
vant médecin  et  chimiste,  né  au  Port- 
Sainte-Marie  en  Guienne.  Ayant  fait  ses 
études  à  l'université  de  Bâle,  où  il  se  pé- 
nétra des  doctrines  de  Paracelse,  il  se 
livra  avec  tant  de  passion  à  l'alchimie, 
qu'il  se  ruina  complètement.  Lorsque 
la  misère  se  fil  sentir,  il  renonça  à  sa 
chimère,  et  il  se  mit  à  déconseiller  la 
recherche  du  grand  œuvre  avec  autant 
d'ardeur  qu'il  en  avait  mis  à  la  pour- 
suivre, disant  que  s'il  avait  on  enne- 
mi dont  il  voulût  se  venger,  il  le  pous- 
serait à  s'occuper  du  travail  auquel  il 
avait  passé  la  moitiédesa  vie.  Malheu- 
reusement la  raison  lui  revint  trop 
tard  ;  il  mourut  pauvre  et  aveugle  à 
l'hôpital  d'Yvcrdun,  âgé  de  98  ans.  On 
a  de  lui  : 

I.  Tractatus  varii  de  verâ  prœpara- 
tione  et  vsu  medicamentorum  cÀymt- 
corum,  Francof.,  1 594,  in-S».,  réimp. 
dans  le  Theatrum  chemicum  (Basil., 
1616,  in-8°.),  avec  deux  ou  trois  au- 
tres traités  encore  inédits  du  même 
auteur. 

ll.Apoîogia,  Francof.,  1600,  in-3«. 

III.  Tractatus  de  quarumdam  her- 
barum  salibus,eorumprœparatione  et 
varia  administratione,  Ursel .  1 60 1 ,8«. 

IV.  Libellus  de  sale  nitro  et  ejus 
prœparatîone,  Basil.,  1606,  in-8o. 

V .  Tractatus  de  denario  medico,  quo 
decem  medicaminibus  omnibus  morbis 
internis  medendi  via  docetur,  Bern., 
1608,  in-8^ 

PÉR ACHON  (Pierre)  ,  ou  Perra- 
chon,  riche  orfèvre  de  Lyon,  vivant 
sous  le  règne  de  Henri  IV,  laissa,  de 
son  mariage  avec  Anne  Perrot,  deux 
fils  :  Marc  ,  qui  continua  la  branche 
aînée,  et  Jean,  qui  fonda  une  branche 
cadette. 

I.  Branche  aînée.  Du  mariage  de 
Marc  Pérachon  avec  Jeanne  de  Mont  fer- 
rand  naquirent  quatre  enranls  :  Marc^ 
qui  suit  ;  Marie,  femme  de  Jean  deMti- 
cet  ;  Louise,  mariée  à  l'avocat  Daniel 
Livache  (i);  et  Jacques,  un  des  plus 

(!)  Elle  lui  donna  quatre  enfanls  :  Daniel^  Gat" 
pardf  Judithf  fcmine  do  Pierre  d«  lîcauforl^  et 
iîari^^  ôpca.c  do   Fra'tçoi»  d'  Le  MoUc.  Ainai 


PÉR 


-«5- 


PÉR 


l8  et  des  plus  célèbres  avocats  du 
nent  de  Grenoble,  qui  laissa  six 
te  de  son  mariage  avec  Dorothée 
rd,  savoir  :  !<>  Màec^  conseiller 
:  ei  trésorier  général  de  France  en 
linéy  qui  épousa  àLyon^en  1675^ 
I  de  33  ans,  Clermonde  Sarrasin, 
le  César  Sarrasin,  drapier,  et 
16  Favin  (Mss.  de^ Genève  69^).  Il 
ut  avant  la  révocation.  Sa  femme 
a  le  moyen  d'envoyer  ses  trois 
à  Genève^  auprès  de  leur  grand- 
et  sur  son  refus  de  les  faire  reve- 
01  renferma  dans  un  couvent;— 
jOiçoiSy  avocat^  qui  se  convertit, 
remplissait  assez  mal  les  devoirs 
tholique;— 30  Marguerite,  fem- 
3  François  Matthieu,  avocat,  dont 
ayons  parlé  ailleurs;— 40 Louise, 
e  maria  avec  Jacques  de  Durand, 
de  La  Garde  ;  l'un  et  Tautre  abju*- 
it  à  la  révocation,  ainsi  que  trois 
ira  fils  ;  le  4]uatrième  avait  passé 
ranger  avec  sa  sœur;— soFran- 
ty  épouse  de  Louis  Gassaud,  sieur 
Murepaire; — 6°  ânke,  femme  de 
"0  de  Ferron,  sieur  de  Félines. 
irc  Pérachon,  bourgeois  de  Gre- 
i,  eut  trois  fils  de  son  mariage  avec 
hne  Boulioud  (aliàs  Bouvillon), 
Tun  avocat  au  parlement  de  Paris. 
ï  nommaient  Màrc^  Guillaume  et 
OES.  On  ne  sait  rien  du  second.  Le 
lème  remplit  la  charge  de  visi- 
Sénéral  des  gabelles  du  Maçonnais. 
il  à  Marc,  né  à  Lyon  vers  1 636,  il 
RTOcat  au  parlement  de  Grenoble, 
[a'il épousa^  en  i  675,  dans  le  tem- 
e  Cbarenton,  Judith  Girardot,  fille 
ean  Girardot  et  de  Susanne  Le 
re.  De  ce  mariage  naquirent ,  en 
1676,  Jean-xMarc,  et,  en  1678, 
'DES,  qui  fut  présenté  au  baptême 
ion  oncle  Jacques  (Rey,  de  Charen- 
,  11  parait  donc  qu'après  son  roa- 
I  Marc  Pérachon  s'était  fixé  à  Pa- 
C'est  lui  qui  a  trad.  le  poëmc  de 
us  sur  la  naissance  de  J.-Ch.  (Pa- 
0.  de  Varennes,  1669,  in-12).  11 

inpposilion  an  sujet  du  degrc  de  parcniû  qui 
lit  Gaspard  à  Daniel  Livacbo  (Voy.  \'il, 
l)èUit  juste. 

T.  Vlll. 


abjura  à  la  révocation.  Le  Mercure  ga- 
lant de  Janv.  1686,  en  annonçant  son 
retour  dans  le  sein  de  la  vraie  Eglise, 
fait  un  magnifique  éloge  de  son  zèle 
pour  la  conversion  de  ses  anciens  co- 
religionnaires. Cette  ardeur  de  prosé- 
lytisme fut  récompensée,  en  1687,  par 
une  pension  de  1 ,200  liv.,  dont,  après 
sa  mort,  le  roi  conserva  la  moitié  à  sa 
veuve  (Arch,  gén,  E.  3386). 

11.  lean  Péracbon  suivit  la  carrière 
commerciale  et  acquit  une  grande  for- 
tune. U  portait  les  titres  de  conseiller 
du  roi,.reoeveur  général  des  consigna- 
tions de  Lyon,  et  deseigneur  de  Gorges. 
Sa  (emme,Françûise  Thomée,  lui  don- 
na cinq  enfants  :  I^Marc,  qui  suit;— 
20  PBiuamiT,  sieur  de  Saou,  conseiller 
du  roi  en  ses  conseils,  mort  célibataire; 
—3*  Marc-Amtoine,  sieur  de  Senozan, 
secrétaire  du  roi ,  qui  ne  parait  pas 
avoir  persisté  dans  la  profession  de  la 
religion  réformée,  et  qui  d'ailleurs  ne 
laissa  que  des  filles; — 4»  Pierre,  sieur 
de  Saint^Maarice,  secrétaire  du  roi,  qui 
prit  pour  femme  Marie  d'Urre  et  en 
eut  six  enfants,  lesquels  rentrèrent  tous 
dans  le  giron  de  l'Eglise  romaine,  à  ce 
que  nous  appprennent  les  notes  re^ 
cueillies  par  notre  ami  M.  Rocbas  pour 
sa  Bibliothèque  du  Daupbiné,  et  qu'il  a 
libéralement  mises  à  notre  disposition; 
— 5<»  Louise,  femme  d'Etienne  Cocbar- 
det,  échevin  de  Lyon  en  1654. 

Marc  Pérachon,  sieur  de  Ponthais, 
conseiller  en  la  Chambre  de  l'édit  de 
Grenoble,  en  1639,  mourut  en  1664, 
et  légua  par  son  testament  une  maison 
à  l'église  réformée  de  Lyon ,  «  à  la 
charge  que  les  anciens  choisiroient  dix 
filles  auxquelles  ils  donneroient  à  cha- 
cune 300  livres,  quand  elles  se  marie- 
roient.  »  Il  avait  épousé  Françoise  Vul- 
son,  fille  de  Marc  Vulson,  conseiller  à 
la  Chambre  de  Tédit.  Outre  une  fille, 
appelée  Louise,  qui  se  maria  avec  Jac- 
ques d*Yzti,  sieur  de  Salcon,  conseiller 
au  pailemeiil ,  et  qui  devint  folle  do 
chagrin  et  de  terreur  à  la  révocation, 
Marc  Pérachon  laissa  deux  fils,  nommés 
Jean,  sieur  du  Collet,  et  Philibert, 
sieurde  Montecroix(aliùs  Saiute-Croix) . 

12 


PAR 


IM 


PUA 


Gelni^ol  (16  même  sans  dotité  que  ttië^ 
Grotx^  018  d'tin  condellldr  aa  parlement 
de  Ortnobli^  cjui  fut  arrêté^  eemmè  11 
lortait  de  France^  et  enfermé  à  PierNl^ 
Encise^  en  1686)  fut  gratifléi  en  1 699» 
dea  droits  de  bonrgeelale  à  Genète. 
particularité  qnl  anffit  ponr  prévenir 
tonte  confusion  entre  loi  ei  le  libraire 
Philibert  Péncfum^  de  LVon^  fe^n 
bourgeois  de  la  nlème  ville^  le  7  dée. 
1703.  Quant  an  slenr  du  Collet^  il  é- 
ponsa  en  seeondea  nocee^  en  1698^  à 
Hassel  f  où  11  remplisèati  la  obarge  de 
conseiller  et  eommiasaire  pottr  les  a^ 
falres  des  Français  réfugiés ,  MàtiB 
Ferry ^dê^usty,  qui  ht!  donna»  entre 
autres  enfants,  lAtackitTS»  HAnii^ 
LOcisi,  JBAK  et  probablement  DoM 
(Yoy.  V»  p.  t07).  Sa  première  fémmé» 
morte  en  1690»  se  nommait  Ësiher 
8arraHfi^e-La  Pierre,  fille  était  fltte 
de  Philibert  Sarraiirè,  slenr  dé  Là 
Pierre  >  et  de  iuUetif^Madelaine  dB 
Drtkftghên, 

PÉRARD  (lACQtJBS  l»}»né  à  Parlé» 
en  i7fs»  d'une  tamiile  protestante» 
alla  faire  ses  études  en  théologie  à 
Berlin  et  se  fixa  en  Prusse.  Il  était 
pasteur  à  Gramsow»  lorsque  Forméy 
lui  offrit  une  part  de  collaborafion  danë 
la  rédaction  du  Journal  littéraire  d'Al- 
lemagne» et»  plus  tard»  dans  celle  de  la 
MouT.  Bibliotb.  germanfqtte.  Les  arti- 
cles qu'il  ptiblia  dans  ces  deux  recueils 
périodiques  loi  acquirent  une  répota- 
tion  surprenante.  Il  fut  agrégé  succès^ 
eUement  à  presque  toutes  les  Aeadé*- 
nles  de  l'Enrope»  et  le  roi  le  nomma 
prédicateur  de  la  cour  à  Stettin.  Pé^ 
rardalmaitle  luxe  et  la  représentation  ; 
sa  maison  était  ouverte  ft  tous  les 
élrangers  de  quelque  distinction»  et 
comme  11  dépensait  sans  compter»  sa 
fastueuse  hospitalité  nuisit  beaucoup 
à  son  bonheur.  Le  désordre  qui  régnait 
dans  ses  affiiires  était  tel  que  des  douâ- 
tes s'élevèrent  sursaprobité.  En  1755» 
un  déficit  ayant  été  découyert  dans  la 
caisse  d'une  loterie  au  profit  de  l'église 
française  de  Stettin^  on  le  soupçonna 
de  détournements  frauduleux  et  on  le 
Jeta  en  prison;  mais»  après  une  sévère 


^qnête»  qui  dura  quatre  liiéls»  en  re^- 
eonhot  son  ihnècence  et  ëh  itti  rendit 
la  liberté.  Il  moili*nt  donc  ehai*gé  de 
tiires  hoboriflqnes  et  de  dettes  »  le  29 
Juin  1766. 8ë  belle  bibliothèque»  êeM 
Il  avait  pttbUé  le  OUtidôguê  atineté 
(Stettin  ^  1767»  in<*6»)»  fui  vendue  ^dr 
•es  eréiAOterS. 

Pérard  évalt  été  marié  iéot  fèfé. 
sa  première  femme  ne  ini  ayant  pas 
donné  d'enfants»  il  éponsa  en  seconde^ 
itoees  une  Anglaise»  dont  II  eut  uU  dis 
éi  dettk  dues.  L'une  de  ces  dërDiëres 
devint  la  femme  de  Pêpin^  profféssen- 
è  l'université  de  oeHmgoe»  qu'elle  ren- 
dit père  d'un  flls  et  è'mie  fille.  L'atf- 
tre  fut  célèbre»  dans  la  seconde  mol- 
iiê  dn  ëièeie  passé»  par  tes  charmes 
dé^pigMonhe  et  dé  sa  voti;  QUant  ah 
4Âê,  nommé  Fttvftnfd^  qui  était  né  à 
Stéttitt»  le  28  adèt  i  742»  U  moiktrà»  dès 
son  enfance»  lee  pins  grandes  dlsposl- 
Hons  (Hfdr  la  ttmslqné.  On  assure  qft^à 
rftge  de  12  âne»  ii  s'exerçait  déjà  avec 
ëuecès  dans  la  composition  de  inui^ 
ëeaux  de  chant.  A  1 4  ans»  Il  enti^ 
dans  l'armée  comme  enseigne;  mais» 
dès  1757^  Il  fut  blessé  et  fait  prison- 
nier à  la  bataiile  de  Breslau.  il  mou- 
rut de  ses  blessures  à  Schlottaii  en 
Moravie,  le  4  janv.  1758. 

PËRDRiAtJ  (JACQUES)»  de  Tcmr^» 
fabricant  de  taffetas,  reçu  bourgeois  à 
Genève  eh  1572»  eut  de  son  mariai 
a?ec  Jedrmé  Bozon  plusieurs  filles  et 
deut  fils  t  io  PiBRae»  qui  épousa»  eh 

1  (194»  à  l'âge  de  S2  ans»  ÀHne  Tkê- 
héssàti,  TOUyé  dé  Pcnêl  de  PonkdWh 

fimise,  et  eh  eut  lAdi^eig»  iniHAÈ  dt 
^iSAliETfl  ;  «^  2»  JACQutti»  à  qnl  sa 
femme»  J\Mih  Fontbtmné,  de  Lyo6» 
donna  nn  dis»  nommé  Piberb»  et  deux 
filles  :  JcnitR»  mariée  k  Jacqueê  Vm^ 
nier,  de  Lyon,  puis  à  ïsaae  Bordier, 
et  Aim2»  épouse  de  Qttbriel  Ctuin  (11» 
qui  desservait,  en  1 606»  l'église  oe 
Grenoble.  Pierre»  né  en  1613  et  mort 
en  1641»  laissa  de  son  mariage  avec 
Elisabeth  Baulacre-Pellissari,  célébré 
en  1657»  un  fils  nommé  aussi  Pi£rrb, 

(l)  Charlei  Cutin,  htftioger  d'Aatou.  fbt  SUh 
tifîè  des  droits  de  bonrgeoisia,  en  1587. 


PÈR 


-^lfe7  - 


PER 


4itl  «niFÂ>  en  1 06  5y  ékiiê  k  êtmsëil  déè 
CGy  et  TmjfWi  éHëeesi\\tiaAliiiïî  lés 
fondions  d'âldtfuetir  en  i9È:i,  de  êion- 
selller  en  1687;  et  de  syndic  éU  lëès. 
II  Éiflfùrdt  en  Hoô/dyànt  et  &Àh^ 
drièHHe  de  Ld  FKte-^AifebmtdoUsè, 
qf  II  àtâit  «^'dtisée  M  têl64;  (^Is  fis 
et  dètii  tfnes^  Éatofr  i  i^^'lilK-Dlicrfti^ 
Al  ce  en  les^i  ë<»nsèlllef  eà  1 702  et 
iiiort«fl  I7îf9;  qnt  fttt  père  tfè  tfolè 
enfants  fnortd  sans  aTliaUcèj-^2»Aii^ 
^Qlstlit;— S»  PiÊtiKÈ^  dh  ce  éfh  i70^ 
ttiMé  à  Sàrâ  Htiber^Ubt  ;^4«  MA  ilii, 
tmm  d'Aitif  Lullin,  pois  dÉ  procnrèiir 
«énéfàa  Jèftn  Ùti  PaM;^J)*£LiSABET0^ 
épouse  da  procureur  général  Jèdh^ 
Mcquëè  Trèmhley, 

Adn  PèhIrM  éHtrà^  éflf  lO$P0y  Ifaf!» 
le  ce,  ël  maumî  ed  1719:  Sit  remi(xrè^ 
Promise  CdldriâriHi'HéttHèr^lvtl  dcm- 
na  cjtiâKfe  flts  :  t*  Jbàn-Lôc»^  6âpf- 
tAne  dé  là  ^rniêori^  i^ofî  eh  H04; 
-^  2«  Piktfinf^  qnf  stiit;  -^  3«  Alic^ 
iHBkÉj  etipfttAhë  ta  serttee  de  9af^- 
4fetgM^  itort  en  f77âl;  -^  4o  JiijtT^, 
dcnït  noni  p^iefons  après  sàH  trhriS. 

I.  Pierre  Pérdriao>  capitaine  de  là 
èKMson^époftea^fMè  MartiHi  et  Ml 
edt  AiÉMrirÉo^RTLK^  qdi  servit  atec 
dlÀtâction  en  J^rsincè.  De  retour  dans 
SB  ffatrie,  il  fat  noriimé  fhembre  du  CC 
en  1764,  àudiicar  en  nés^  chàtelafn 
eài  im.  ^  femtae,  Marié'Michèe 
ÈttièsoH'BeTlraHdf  le  rendit  père  d'nn 
dis,  môfrt  sans  pôstérité>  et  d'une  flile. 

Il;  Né  éh  1712;  Jeitn  Perdrlàû  s6 
destina  k  la  carrière  paistorale  et  M 
reçQ  ministre  en  1738.  Placé'  dPabord 
à  la  camjifagnfé,  il  fût  apprélé  en  vilie^ 
en  1 750,  édmme  pttstcur  et  professeri^ 
de  bâleè-lettres.  Il  résigfila  cette  der- 
nière placé,  en  <775,  pour  devenir  un 
d^  pasteurs  de  la  cathédrale,  et  mou- 
rat  en  1780,  estimé  conïme  lè  modèle 
d'un  eicellent  pasteur.  On  a  de  lui  : 

!.  DUS.  de  génie  iogaiây  Gen.,1 774, 
fa-8*. 

n.  AHis  eriUcœ  spécimen,  Gen., 
1774,  in-4«. 

ni.  Carmen  semi-secuiare  obîatum 
Jùc.  Vemeto,  1780,  in-4«. 

lY.  Eloge  W«ioriçue  de  Décappet, 


pdàteitr  d'Aigle:  VfeVet,  1  •'«S,  \Mi: 
éénel)ié^  Inf  mmi\i,  ëtf  (riftrë,  s^ 
âtffrë  indfcâHJbtt,  d\i  Bloi^  histUHqiik 
dk  Prançdis  de  Kbcfieéj  On  jtutre  d'î 
Fffr/^ff  AbOuèit  et  ditéfs  SèHhoHs, 

H  ne  ifkràH  pkî  qd^àti  diflte  Tàiii^ 
Mit  k  cette  fitmllle  iéén-ttàptisiè^ 
tlUiUdmè  PeririaÛ,  rfo  La  liocffelté; 
(|(ùifntadmisauiàlnis(èfe  darisrégfiâ 
fhmçài^è  dé  ftftlè,  lè  4  ëept.  1 740,  â 
rééti  bpti^géois  à  Génère,  en  l'tio,  éa 
ètffièldérétfcm  dé  ses  Jîtfents,  de  ses 
Ralliés  et  Ai  stfS  scffviccs.  Il  mourut 
ta  ïiifiy  tiivLt  eu  tfo  son  mariàM 
INrec  SùsanHe  CHâticèl  (f),  dedx  ûm 
«t  un  nit;  màtmê  kkiaink;  (fi\  k 
léfsàa;  dé  son  union  avec  Sttsénn^  dé 
td  mk-BûàffrOfl,  (Jif  une  flliê;  Sti- 
OÀN^it,-  ifiiHtë  au  pastètir  Jèàn-Léàte 
Êlaoâl'ède 

PEROÎH feft  (n.)  où  PerdrieL  siédf 
ée  ftAUBtëNT.  était  ^flièr,  cliafgc  du- 
éëiàns  de  là^Oclfé,  dit  de  Tlièn,  il  bk 
voultrt  Jamais  s^éleVdf,  (|(Oolqû'il  pos- 
sédât une  belle  fortuné^  et  dont  fi 
éixèf^  16s  fôàctfdns  jadqtl'à  Sat  nfort. 
tfè  son  miàrlagè  avec  Jeanne  Le  Coq, 
Il  éd  quatre  enfants,  savoir  :  l^  Hâè, 
iifSdr  dé  lllézlèrés;  —  2*  ÈfiitlAtiaiB, 
èiOur  dé  Bâubi^:  —  3«  Ren*,  sieur 
éle  Cervot;— et4»  «ANNB  {Arch,gén,j 
Ê.  1272).  a  Voulant,  continue  de  Thou, 
é^âcqtiéHr  de  la  protection  pour  con- 
sétver  sa  fortune,  et  ayant  plusieurs 
éAfànts,  (Imit  MizfÈRSs,  son  flis  aîné, 
daffs  h  inaison  dd  maréchal  de  Sâint- 
Andf^é,  et  p(mr  obtenir  les  bonnes  grâ- 
ces d'art  seigneur  qui  était  en  si  grande 
faveur  aiïprèsdiï  roi,  il  loi  servit  sou- 
vent de  caution.  Mais  yoys^i  que  Sàiiït- 
Atidréne  mettait  pôlùt  dé  bo'rftes  à  ses 
dépenses  et  qu'il  s'àblmalt  dé  dettes, 
éi  craignant  d'être  stussi  rulfré,  il  lié 
voulut  plus  fc  cautionner.  Le  tnaréchâl 
n'ayant  plus  rien  à  espérer  difTamltté 
de  ce  bourgeois^  se  voyariftau  coiitrijtré 
pressé  parBaubigny,  qui  mettait  Saini^ 
AMré  en'  cause  dans  tous  lés  procès 
^  Ses  créanciers  lut  faisaient  d'abord, 
cdinto  caulfon,  crui  qu'il  n'avait  pas 

lOBn  1795,  Henri  ÇUncr ^^^epbâUllon en 
Dtèp&ihè',  ublinl  los  droîiB  ae  boorgeoisfo'. 


PER 


188  — 


PER 


d'autre  moyen  de  se  tirer  d'affaires 
que  de  rendre  le  mal  pour  le  bien  à  tm 
bomme  qai  loi  avait  rendu  tant  de  ser- 
vices,  et  de  chasser  de  sa  maison, 
même  avec  outrage,  Mézières,  son  flia, 
qu'il  regardait  comme  un  demandeur 
importun.  Pour  exécuter  ce  dessein, 
Saint-Sernln  [appelé  Saint-Sornin  par 
d'Âubigné],  allié  de  Saint-André  et  de 
concert  avec  lui,  suscita  à  Mézières  une 
querelle,  et  lui  fit  un  grand  aflVont. 
Mézières  s'en  étant  plaint  àSaint-André 
et  lui  ayant  demandé  satisfaction,  le 
maréchal  lui  répondit  seulement  qu'il 
en  était  fÀché;  mais  qu'il  y  avait  une 
3i  grande  différence  de  condition  entre 
Saint-Sernin  et  lui,  qu'il  ne  lui  était 
pas  permis  d'en  espérer  la  satisraction 
qu'on  exige  d'ordinaire  entre  gentils- 
hommes. Mézières,  qui  n'était  pas 
bomme  à  souffrir  la  plus  légère  injure, 
plus  Irrité  qu'auparavant,  sortit  de  la 
maison  de  Saint- André,  et  ayant  trouvé 
une  occasion  favorable,   il  attaqua 
Saint-Sernin  et  le  tua.  Le  maréchal  fut 
très-mortiflé  de  cet  accident  ;  mais  pour 
en  profiter,  il  fit  assigner  Mézières 
devant  les  juges  de  cour.  On  le  cita 
trois  fois,  et  ne  comparaissant  pas,  il 
fut  jugé  par  contumace  et  condamné  à 
mort  ;  ses  biens  furent  confisqués,  et 
Saint-André  obtint  du  roi  la  confisca- 
tion. Mézières  ayant  ainsi  reçu  une 
double  injure  de  la  part  du  maréchal, 
perdit  ses  biens,  mais  il  ne  perdit  rien 
de  son  courage  :  bien  résolu  de  s'en 
venger,  dès  qu'il  en  trouverait  l'occa- 
sion. }>  Cette  occasion  se  fit  attendre, 
mais  elle  se  présenta  enfin  à  la  bataille 
de  Dreux,  où  Mézières  combattit  avec 
ses  ft-ères  dans  les  rangs  huguenots, 
a  Le  mareschal  S.-André,  lit-on  dans 
d'Aubigné,  lequel avoit  mené  ses  troop- 
pes  en  espérance  de  délivrer  le  connes- 
table,  fut  pris  et  tué  par  Baubigni. 
Cettui-ci  avoit  juré  sa  mort,  pour  ce 
qu'ayant  mis  au  service  du  mareschal 
son  fils  appelé  Mézières,  et  de  plus 
s'estant  engagé  de  grandes  sommes, 
desquelles  Mézières  faisoit  souvenir 
quelques  fois  son  maislre;  pour  se  dé- 
mesler  du  reproche  et  de  la  debte,  il 


forma  une  querelle  entre  Mézières  et 
S.-Sornin,  eschauffe  l'un  et  l'autre,  et 
puis  Mézières  ayant  tué  St.-Somin, 
il  fit  faire  son  procès  et  eut  sa  confia 
cation.  »  Les  deux  écrivains,  comme 
on  le  voit,  sont  parfaitement  d'accord, 
seulement  de  Thou  affirme,  ce  qui  est 
plus  vraisemblable,  que  c'est  Mézières 
qui  cassa  la  tète  à  Saint- André  d'un 
coup  de  pistolet.  Quelques  mois  plus 
tard,  de  Cervoy,  qui  avait  suivi  dy- 
ligny  en  Normandie,  reprit  par  mae 
le  château  de  Mézières,  dont  son  frère 
avait  été  dépouillé.  Nos  renseignements 
sur  cette  famille  ne  s'étendent  pas  plus 
loin. 

PERDRIX  (Jean-Gbobgbs),  con- 
seiller du  prince  de  Montbéliard,  au- 
teur d'un  Journal ,  ou  il  raconte  les 
événements  qui  se  passèrent  sous  ses 
yeux,del659  à  1689.  «  Ses  récits,  au 
témoignage  de  M.  Gh.  Duvemoy,  ne 
sont  pas  sans  intérêt  pour  l'histoire  des 
mœu  rs  et  des  usages  de  son  temps  ;  plu- 
sieurs même  se  rattachent  aux  grands 
événements  dont  Louis  XIV  a  été  le  hé- 
ros. »  Ce  msc.  qui  forme  un  volume  de 
plus  de  300  pages  in-l2,  se  conserve 
dans  la  bibliothèque  de  Montbéliard. 

Un  artiste  du  nom  de  Perdrix  florla- 
sait  à  Paris  sous  le  règne  de  Louis  XIU. 
Michel  Perdrix,  ou  Michée  Laperdrix, 
sculpteur  et  peintre,  était  fils  de  iVtco* 
las  Perdrix,  bourgeois  de  Rouen.  A 
défaut  d'autres  renseignements,  nous 
devons  nous  contenter  de  rapporter  ce 
que  nous  apprennent  les  Registres  de 
Charcnton.  Michel  Perdrix  fut  marié 
deux  fois.  Sa  première  femme,  Tabitha 
de  Quingey,  qu'il  épousa  dans  l'église 
de  Charcnton,  en  fév.  1624,  loi  donna 
doux  fils  :  Jacques,  bapt.  le  27  sept, 
i  625 ,  pàTràïn,  Jacques  Dupré,  peintre 
du  roi  ;  et  Jean,  bapt.  le  5  mars  1627, 
parrain,  Jean  Jannon,  impr.  à  Paris^ 
(leoieurant  à  Sedan ,  marraine,  Marie 
Aignan,  femme  de  l'impr.  Pierre  Des 
Hayes.  Perdrix  épousa,  en  secondes  no- 
ces, en  avr.  1651,  Marie  Baudouin, 
fille  de  feu  Jean  Baudouin,  menuisier 
de  la  chambre  du  roi.  Paul  de  Laper^ 
drix,  sculpteur,  géographcct  ingénieur 


PÉR 


—  189  — 


PÉR 


da  rof ,  en  1675^  était  peut-être  issa 
de  ce  second  mariage? 

PÉREZ  (âhtoinb),  on  Pérès,  en 
latin  Peresius,  natif  do  Montaaban^  se 
fit  inscrire^  en  1649^  an  nombre  des 
étudiants  de  Tacadémle  de  Genève.  En 
1661^  le^  synode  de  la  Haate-Gnienne 
tenn  à  Saint-Antonin^  le  24  nov.^  con- 
firma sa  nomination  à  la  chaire  de 
professeur  des  langues  orientales,  qu'il 
avait  remplie  pendant  la  suspension 
d'j^r&tust.Lorsquel'académiefuttrans- 
.  férée  de  Montauban  à  Poy-Laurens, 
Pérez  Vy  suivit^  et  quelques  années 
après^  en  1674,  il  ftit  désigné  pour  la 
place  de  professeur  de  théologie.  C'est 
à  cette  occasion  qu'il  soutint  des  thèses 
De  connexione  sanctificationis  cum 
justificatûmey  Pediol.,  1674,  in-4o,Ie 
seul  écrit  de  lui  qui  ait  été  publié,  sauf 
une  autre  diss.  De  pœnâ  quœ  debetur 
peceato,  Pediol.,   1680,  in- 4».  A  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes,  il  sortit 
de  France  (Àrch,  gén.,  Tt.  325),  et  se 
retira  à  Londres,  où  il  mourut  en  1 686. 
Deux  frères  Pérez,  ses  fils  peut-être, 
tous  deux  proposants,  essayèrent  de 
sortir  du  royaume  par  mer;  mais  ils 
eurent  le  malheur  de  tomber  entre  les 
mains  de  corsaires  algériens,  ainsi  que 
Brassard,  pasteur  de  Montauban,  et  le 
ministre  La  Motte, 

PÉRIS  (PiBRRB),  appelé  aussi,  et, 
croyons-nous,  plus  exactement  Pé- 
risse, fit  ses  études  en  théologie  aux 
frais  de  l'église  de  Verteuii  et  contracta 
ainsi,  envers  cette  église,  des  obliga- 
tions dont  il  ne  tint  compte,  en  accep- 
tant la  vocation  que  lui  adressa  celle 
de  Pons.  Le  Synode  national  de  Saint- 
Maixent  consentit  toutefois  à  ie  laisser 
à  Pons,  à  condition  que  le  consistoire 
de  cette  ville  rembourserait  à  celui  de 
Verteuii  la  somme  de  300  livres.  Quel- 
ques années  plus  tard,  Péris  devint 
ministre  à  Aitré.  Le  synode  provincial 
de  la  Saintongc  l'ayant  destitué  «  à 
cause  de  sa  vie  scandaleuse  et  de  sa 
mauvaise  doctrine ,  »  il  en  appela  au 
Synode  national  de  Castres.  Après 
enquête,  ce  dernier  le  déclara  atteint 
et  convaincu  d'avoir  abandonné  le  mi- 


nistère, d'avoir  f^quentédes  apostats, 
des  catholiques  et  des  excommuniés , 
d'êtreun  profanateur,  un  homme  d'une 
vanité  insupportable,  un  menteur,  un 
calomniateur;  et  comme  on  avait  saiàl 
sur  lui  un  libelle  fort  violent,  qu'il  avait 
tait  imprimer,  sans  nom  de  lien,  en 
1615,  in-8«,  sous  le  titre  de  La  sanr 
glarUe  chemise  de  Henri-le-Grand ,  le 
synode  ne  se  contenta  pas  de  confir- 
mer le  Jugement,  il  le  frappa  d'excom- 
munication; bien  plus ,  il  chargea  le 
commissaire  GaUand  de  poursuivre 
Péris  devantle  lieutenant  général  àCas- 
tres.  Ce  dernier,  par  sentence  du  6  oct. 
1626,  condamna  le  libelle  au  feu  et  dé- 
créta de  prise  de  corps  le  ministre  dé- 
posé. Péris  échappa,  à  ce  qu'il  semble, 
à  une  condamnation  certaine  par  une 
abjuration,  et  même  il  obtint  du  clergé 
une  pension  de  300  livres  (Voy.  Vil, 
p.  552).  Voilà  l'homme  qu'Arcère,  qui 
l'appelle  Pérez,  et  qui  dit  à  tort  qu'il 
était  ministre  de  La  Rochelle,  nous 
présente  comme  une  victime  intéres^ 
rante  de  son  dévouement  à  la  cause 
royale,  trompé  qu'il  a  été  par  les 
faussetés  d'un  moine. 

Ce  Péris  ou  Périsse  était  provençal 
de  naissance  (i)  et  Âgé  d'une  soixan- 
taine d'années,  à  l'époque  de  sa  con- 
damnation. Comme  on  trouve  son  nom 
écrit  quelquefois  Paris,  il  est  bon  d'a- 
vertir qu'il  fiant  le  distinguer  d'un 
Pierre  Paris,  prêtre  catholique  qui  se 
convertit,  vers  1 608,  avec  JeanDoude- 
man,  curé  du  Bourguet,  et  fut  pasteur 
àPontorsonen  1620. 

PÉRISSOL  (Samsonde),  président 
au  parlement  de  Grenoble,  Chambre 
de  l'édit,  était  seigneur  d'Allières,  oh 
il  possédait  le  droit  d'exercice  qu'on 
lui  contesta  en  1664  (Arch,  gén.  Tt. 
270).  11  eut  pour  successeur  dans  sa 
charge  son  fils  LÀURSirr,  qui  nous  est 
dépeint  dans  les  Notes  secrètes  sur  le 
personnel  des  parlements,  comme  un 
homme  peu  habile  et  peu  considéré, 
rude  et  sévère  dans  son  intérieur,  me- 

(1)  Bans  la  sentence  da  lientenant  général,  po* 
kliee  par  le  Uercure  français,  il  est  dil  natir  de 
Marseille. 


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)|,  ne  pquva|l  pt^s  (ligueiiieDl  rcmptjE 
)p  Plfice  de  iiréeitlci)^  au  »aT|«ffi4)it.  M! 
jE  oct.  IG8S,  c'esl-^'difp  quplqnw 
jours  avant  1^  révocation  de  t'édlt  4* 
flanles,  Latirfot  4p  PËrlEfiil  et  simIt 
inié^ijn^  dl^  eef  c(»pl|f^angHl|«$  d^ 
UflBèrent  ei)(ré  1^  in^iRG  4s  l'iyé^ 
(Je  GreftoWe  lenrgtie  fl'^bjqrftfifti»  PBlf- 
unf  CR  r^sBipé  :  Pw^veï»  EHDW9 
Le  Çjiinu,  éyèqpe  et  prlope  de  fîr*Wr 
ble,  ont  roispiiFti '«4  Alenr*  d«  péFt3»{f 
président  an  pirlmsnti  Àkçpwdrè  of 
Pqscai,  Frifnfoù  <l'}>«i  MDsqjUerft 
Sam^on  KûJ,Ja4ie  trésorier  ileFr^)^^ 
Chorfcf  4'Yft,  slBiy  4fi  L'Esl^g, 

vel,  fravfqii  de  l't^iflrd,  liA}t">4ts  ft* 
Cap,  2wii4F<'B  1^  Pa^iHttt  alftlir  4* 
Foptreur)!,  /acqu*^  d«  Bicmlt  [i], 
ayocat  m  pAileqignl,  It^nM  (*<  *l^ 
àpfi^,  iiAt)il«|it  df!  fiap,  potir  dÉeljHW 
(IH'tJe  4f|r#iuUf»»lMàl'Eel'^<»t)|PllT 
ttm  f  de  1»  manière  qu'en  qic  l'ÇsVtf 
gatlicarie;  a  qu'Ut  crQï)ileH|  Iqps  |ei 
VliclM  de  [oi  feofléa  sur  la  P«rQ)p  de 
Qléu,  el  les  râytialions  divines  ^(o* 
4P4  prophbtes  etivaogtiiftesi  m'i\f 
ppndsmnalenl  toutes  les  héréalw  MR- 
tcvires  à  la  P^le  de  Diep  qw.  UAlIfl 
J^llse  condamne,  et  goe,  quoiflo-ils 
eussent  exIrApieiHiil  4éairé  le  Fét*r 

tinsBoment  de  i«  rainiBmiiait  nw  m 
dcu  espècM  et  quelques  i^fonoM 
dans  la  discipline,  eepefidiiat  Ronr  H; 
nolgnec  leur  sofinissjan<iiir^|,  11^  se 
fituâs^ent  sans  ret«rdeiiienl  G^y»- 
^m-  frmv.  191.  G).  Rien  nç  prouve 
nieux  fpu  Gflte  ptàcç  avec  qgellf>  r^ 
^gnaaF^  If»  yroteatant^cédidiftnt  *  1* 
violpftf^  4141  leUT  était  faite,  pérlssol, 
diï^ffVI.  flaai  tm'IaacttfÇh^Tiètef, 
»fi\j&  ^Itpst4l, second pTésiifeptaapaiv 
Vjfocpt  du  I)4Hptiln£]  allait  donc  ^  I4 
mesBP,  et  i(  y  iqcna|l  m,  fcpqip.,  nitçf^ 

huo-lm»  ilg  titur  dt  tanj-»,  rienilà  ptf  Boa- 
luIlBcillon. 


son  flls,H.  do  £qt'nl''4n9F,  elsit  pilg; 
fl^f  is,  de  l'aveu  (je  Dppchu,  on  ng  les 
PPTBJtPae  inelUeurg  catl)Qliquce  tjpnr 
cela. 


■F«tiforiB(n9ire''t!fP*srrp.  où  iàh|i 

aient,  i  )a  Qn  du  ivi''  ^i^l^t  (^<K(m 


filrvjol  et  |e  capji^ifte  firi^ol  , 
fa  femme  Marthe  Ckaix  (i  ses  je| 


â 


PEURAULT  (PiEBUi  BE),  4-nM 
~)i|JË  notable  de  Kouf-gagne,  a'^taqf  '- 


fptlré  il  Genève,  en  ir.33,  pour  cmuq 
fie  relieJo[|,  y  épousa,  eo  fS^i,  CUpti 
dm  Cribaliii,  dont  il  pilt  (rpis  Ql;  : 
l'ABËL,  qui  suit  i—î'  pfBftsp,  tn((rt 
aan?  poslfirilÉ  dans  le  pays  d(!  T^tfj 
S*  ELËAun,  qui  tut  ministre k  (^r^Wf. 
Tégeqtde  v  i  Cenive,  en  158),  pu; 
(enr  par  prât  %  îs-sùr-Tbil,  en  ISQ^, 
fpInlBfre  h  Rnssin,  ep  iqas,  et  epQ^ 
pruI^^Bii)'  de  philpso[|bie  a  Qeneve^ 
eu  iqq^.  11  monrfit  aussi  ^fiia  posli; 
ri:^  Eu  I  &S4,  il  avait  ifé  fflÇlt  «flfTT 
^ois  de  pen^ve. 

Abel  Perrault,  pitRlsMï  ^Pl^  Mit 
(leVaiid,  prit  poqrrejDBip,  en  ^i^, 
4ttpn  de.  Gflfilqd.  S*^  ep(4!»l3  furen*  j 
)•  4ii()«i  fflpft  pn  SoIjisFsansepfwMi 
—  30  Jbah,  qui  roslf  céllb^tjfirpj  -r^ 
T,i  Ft4iGO)i,  sjaqr  i}ç  lotwPf  fH" 
«inii)))i»  I4  deaceqilfnce. 

Né  i  Bnitï  pQ  1512,  on,  ftm 

A'Wreu,  4>  GoF  pD  1^".  FrenpBJI 
PMWlt  M  yoit*  ■<>  fecvjM'  de  le^qnr 
Christ,  et  desservit  sucCËESJV^nÇU 
plosieprs  églises  de  I4  bimfgaffif  u 
diipays  de  Gex.  Eii  tèi4,  qf|(H' B 
trouvpns  ^t  Ponl-rde-Vaifi  ;  ep  I^Sl).! 
Uicon,  où  i|  s'^qifitt^jt  jisftx  fi|^^ 
geqit^ient  de  ses  devoirs  ;  eu  ]  62Q,  j^ 
Yersoiï,  ft  il  Était  D|ii)i9(re^  TIJAW* 
lorsqu'il  publji!  ^  fameuse  Wmfq)^ 
(t)(/ie  ou  iToifi  dei  démotts  et  iorcifTgf 
ds  lei^r  pumance  ft  inijinjiudmce  f  «gr 

/ttstoire  pqrlieuf*''^''  «'  Irés-vérilabif 
4f  çf  qu'ifn  i^fiion  fl  fffi'i  e(  rfiiij  J//i^ 
fion.  »'  ï  ff  «JM|?uf*  aii;>^.«,  4m  k 


PËR 


—  m  - 


PEU 


ejh  ladite  pille  pour  lors,  opposée  à 
plusieurs  faussetés  qui  en  ont  couru, 
Q^n.y  16509  in-12;  Irad.  en  boUanUaia 
par  Gillis  vauBreen^  Amst.,  1658.  \n^ 
\2,  et  en  angl,^  par  P.  Du  Moulin , 
0xr.jl6539  iu-$o;  féjmp.jffiaU  sea- 
lement  la  seconde  partie ,  c'esUVdira 
l'Anti-Dcmon,  Paris,  Dumouliny  1853. 
Iss  pastenr$  Conmn,  de  Beauno,  et 
fegnand^e-Mépillat,  do  Màcon,  que 
to  synode  do  i^ourgogne  avait  chargés 
d«  t'eiamen  de  ce  livre,  firent  preuve 
de  bon  sens  en  refusant  leur  approl^* 
lion;  mais  l'auteur  ne  se  tipt  pas  pour 
^tUi  il  envoya  le  manuscrit  à  son  ami 
0  ministre  Du  Pan  do  Genèv^^  qui  le  fit 
Imprimer. 

François  Perrault  mourut  h  Gcx  en 
I6$7.  tl  avait  épousé^  en  i6U,4nfi^ 
Farcy,  dont  il  eut  trois  fils  :  Josifii 
IDoien  de  l'église  do  Sergy,  mort  cé- 
Ul^aiaire;  Daihisl, médecin  liabiie^qui 
19  maria  dans  le  pays  de  Vaud  avec 
pne  demoiselle  de  La  Cour,  et  mourut 
oncore  ji^une  vers  i  665;  Laxare,  sieur 
de  Prlngin  et  de  Jotemps^  qui  formait 
evee  le  pasteur  LouwAocÀetles  anciens 
Benri  de  ifartèney  Jean-François  de 
BonSfJacques  de  Choudens  et  Jâan-Jtf*- 
cJkêl  koupne  le  oonsistoire  de  Sergy^  à 
l'époque  de  la  signification  de  l'Avertis- 
aemoat  du  clergé^  c'est-Mlre  eu  1 683 . 

Une  autre  branciic  de  celte  famille 
iMmrguignonne,  celle  de  Mo«t^evûst> 
professa  aussi  les  doctrines  évangé- 
Uques.  Charles  de  Perrault,  sieur  de 
^iUy,  Ois  aîné  de  Phiimrt  Perrault 

fiMlisabeth  Gravier,  sortit  de  France 
la  révocation  et  alla  s'établir  h  Cas- 
sel^  oii  il  fit  baptiser^  en  ItiSO^son  fils 
]^M^jnéde  son  mariage  avec /eanne 
(U  La  Corne,  Son  frère  Isaag^  passa 
aa  AngteterrOi  mais  après  avoir  servi 
evec  le  grade  de  capitaine  dans  le 
régiment  de  Miremont,  Il  rentra  en 
fraoce  et  abjura  à  ûijon^  en  1695. 
Un  troisième  frère  ^  nommé  Lazabs- 
ttuiqigaTj  fut  retenu  en  France  et  e^ 
tonné  dans  un  couvent.  £n  1688^ 
comme  on  le  supposait  bien  converti, 
ep  lemitenpossessiondes  biens  de  son 
(rèr^  alné|  mais^  en  leQs^  il  s'euNt 


è  son  tour  on  Hollande.  Après  avoir 
servi  pendant  deux  ans  dans  le  régi^ 
ment  de  Miremont^  il  se  rendit  à  Rome 
où  il  rentra  dans  le  sein  de  TEglise 
calboiique  (Àrch.  gén,  M.  674).  Phi- 
libert Perrault  avait  aussi  laissé  qua- 
tre filles  dont  deux  s'établireiK  à 
fienève,  tandis  que  leurs  sœurs  se 
marièrent  en  Bourgogne. 

Comme  on  trouve  le  nom  do  cette 
famille  écrit  assez  souvent  Perreau, 
il  serait  possible  que  les  Perreaux  de 
Barif  ^n  fussent  une  branche.  Ceux-ci 
descendaient  de  Florimond  Perreaux, 
avocat  au  parlement  de  Paris  ^  que 
Théodore  de  fièze  voulut  faire  nommer 
professeur  d'hébreu  à  Genève^  en  1 506. 
Ils  ne  nous.sont  d'ailleurs  connus  que 
par  l'inscription  de  Jean  Perreaux, 
de  Paris^  «ur  les  registres  de  l'aca- 
démie de  Genève,  en  1618  (i)>  et  par 
le  mariage  de  Daniel  Perreauœ,  avo- 
cat au  parlement,  avec  Madelaine  So- 
lomeau,  fille  ûq  Pierre  Solomeau,  pas- 
teur à  Vendôme,  et  de  Marie  Girard, 
célébré  dans  le  temple  de  Gbarenton, 
en  1649. 

Il  est  évident  que  c'est  aux  Perrault 
de  Bourgogne  qu'on  doit  rattacher 
Abraham  Perrault,  banquier,  qui  se 
Ji^fugia  de  MAoon  à  Genève,  oii  il  fut 
c^çu  bourgeois^  en  1710;  Charles 
fwrreault,  ministre  è  Beaune^  à  Pa- 
.fay-le-Moniai^  puis  à  La  Node,  mort  à 
Berljn^  en  1 728,  à  l'Age  de  92  ans, 
dont  le  petjt-flls,  nommé  Ghaili8, 
fut  pasteur  de  Téglise  française  à  Ber- 
lin ^  depuis  1740  Jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  en  1 764  ;  comme  aussi  d'au- 
tres Perrault,  ministres  ou  anciens,  qui 
ne  nous  sont  connus  que  de  nom.  Le 
^oute  n'est  possible  à  cet  égard  qu'au 
sujet  de  Perrault,  minisire  à  Paizay  en 
.ppltou,  qui  se  réfugia  en  Hollande  et 
(ut  placé  à  Leuwarden.  Ce  dernier  est 
pept-étre  le  même  que  Simon  Per- 
rault, dont  les  biens  furent  donnés  en 
louissance,  eu  1699,  à  Paul  Granier, 

(1)  Un  autre  Jean  PerreauXf  d'Orléans,  y  fot 
iBiorit  an  1658.  —  Le  11  jaiiT.  1642,  fat  enter- 
f4,  dani  la  cimaiièra  prolasUunt  dai  SS.  Vertu, 
Sérari  PtrreaUf  de  Eeins,  orfévra  el  gcaftnc  à 
la  Manittie,  Agée  da  4S  aM. 


PER 


—  m 


PER 


slenr  de  Saint-Aubin^  nouveau  con- 
verti (Arch.  gén,  E.  3385)  el  finale- 
ment partagés^  en  1714^  entre  les 
enfants  de  cet  apostat  et  cinq  neveux 
de'  Jeanne  Rigault,  femme  du  ministre 
réfugié  (/&td.  E.  3400). 

PERKIN  (JEiLN-PAUL),ministrepfo- 
testant  à  Nyons(j)  et  historien  qui' a 
joui  et  jouit  encore  d'une  certaine  ré- 
putation^ naquit  à  Lyon.  Sur  le  refus  de 
Charnier  et  de  Cresson,  il  entreprit 
de  mettre  en  œuvre  un  très-grand  nom- 
bre de  documents  précieux  sur  Thfs- 
toire  des  Albigeois  et  des  Vaudois^  ràs-,  ^ 
semblés  par  les  pasteurs  des  Vallées 
vaudoises  et  du  Dauphiné^  conformé- 
ment aux  ordres  des  synodes  de  Gre- 
noble et  d'Embrun^corroborés  par  ceux 
du  Synode  national  de  Saint-Maixent^ 
qui  promit  au  pasteur  de  Nyons  qu'il 
serait  remboursé  de  ses  dépenses  et 
récompensé  de  son  travail.  Ce  fut  seu- 
lement en  i  6 1 2  quePerrin  présenta  son 
Histoire  an  Synode  national  do  Privas^ 
qui  lui  alloua  300  liv.  d'indemnité,  et 
ehargea  Roussel,  Cumlle,  Baux,  Pe- 
tit et  Joly  d'examiner  son  ouvrage.  Il 
parait  que  le  rapport  des  censeurs  fut 
favorable^  puisque  l'impression  en  ftit 
permise.  En  161 4,  le  Synode  de  Ton- 
neins  ordonna  qu'un  exemplaire  du  li- 
vre de  Perrin  serait  envoyé  à  chaque 
province  ;  mais^  faute  d'argent^  plu- 
sieurs années  s'écoulèrent  encore  avant 
que  l'ouvrage  fût  mis  sous  presse.  Pét- 
rin s:'adressa  denouveau^  en  161 7^  au 
Synode  national  de  Vitré^  qui  décida 
que  la  province  du  Dauphiné  ferait  les 
fralsd'lmpresslon^etqu'elle  seraitrem- 
boursée  de  ses  avances  sur  les  deniers 
octroyés  par  le  roi.  Un  éditeur  se  pré- 
senta enfln^  et^  dès  l'année  suivante,  pa- 
rut l'Histoire  des  chrétiens  Albigeois ^ 
conteruint  les  longues  guerres  et  per- 
sécutions qu'ils  ont  souffertes  à  cauée 
de  la  doctrine  de  l'Evangile,  Gen.^  Bet- 

(1)  U  figure  en  celte  qualité  sur  la  liste  d^s 
pa<<icurâ  dressée  en  1603.  Ne  seiaît-il  pas  le 
même  que  Perriny  ministre  de  Gap,  qui  remplit 
les  fonctions  de  secréUire,  avec  Pierre  Maillard, 
diacre  de  Puymore,  dans  un  synode  tenn  à  Gap, 
le  Snl  mai  1S79,  sons  la  présidence  dn  minU^ 
de  Fra^lM  Perron  (Arch.  gén.  Tt.  S8«)? 


Jon,  1618,  in-S»,  suivie  bientM  après 
de  l'Histoire  des  Vaudois,  Gen. ,  1619, 
in-8»;  irad.  l'une  et  l'autre  en  angl.  par 
Samson  Lennard,  Lond.  1624,  in-4*; 
nouv.  trad.  par  Th.  Bray,  imprimée  àia 
suite  du  Papal  usurpation  and  persécu- 
tion, etc.  (Lond.,  1711,  in-fol.).  L'au- 
teur remonte  à  l'origine  de  ces  deux 
sectes,  expose  leurs  croyances,  raconte 
toutes  les  persécutions  qu'elles  souffri- 
rent pour  leur  fol,  fait  ressortir  les  con- 
formités qu'offrent  leurs  doctrines  et 
leur  discipline,  et  réfute  les  accusations 
de  leurs  ennemis.  Selon  M.  Muston, 
Perrin  n'a  pas  su  profiter  des  riches 
matériaux  qui  lui  avaient  été  remis;  il 
n'a,  comme  écrivain,  qu'un  talent  très- 
contestable,  et  son  ouvrage  n'est  pré- 
cieux que  par  les  fragments  des  anciens 
traités  vaudois  qui  terminent  le  volume. 
'Nous  croyons  que  son  livre  a  d'autres 
mérites  encore,  tout  en  reconnaissant 
d'ailleurs  que  Perrin  n'était  peut-être 
pas  l'homme  qu'on  aurait  dû  charger 
d'un  semblable  travail.  Aussi  éprou- 
vons-nous peu  de  regret  qu'il  ait  re- 
noncé à  son  projet  d'écrire  une  Histoire 
universelle,  comme  il  en  avait  annoncé 
rintention  au  Synode  national  d'Alais. 
Deux  imprimeurs  du  nom  de  Perrin 
se  réfugièrent  à  Genève.  L'un,  nommé 
François,  y  fut  reçu  bourgeois  en  1 562; 
l'autre,  Pierre,  en  1568.  Nous  ne  sa- 
vons si  c'est  de  l'un  d'eux  que  descefV- 
daitPterrc  Perrtn,  qui  publia,  en  1 635, 
in-8»,  une  Histoire  de  Genève,  suppri- 
mée par  arrêt  du  Conseil  avec  tant  de 
soin  que  nous  n'en  avons  trouvé  aaeim 
exemplaire,  pas  même  à  la  bibliothè- 
que publique  de  Genève. 

A  la  même  famille  que  le  ministre 
Jean-Paul  Perrin,  appartenait  Samuel 
Pemn,né  dans  le  Dauphiné,  qui,  après 
avoir  terminé  ses  études  en  théologie  à 
l'académie  de  Genève,  où  il  fut  imma- 
triculé en  1662,  fut  placé  dans  le  Cas- 
trais. Il  sortit  de  France  à  la  révoca- 
tion ;  mais  sa  femme,  Marie  de  Malzae, 
ne  le  suivit  pas  dans  son  exil  {Areh. 
gén,  Tt.  290). 

PERRINET  (François),  d'une  fa- 
mille noble,  du  Dauphiné,  fit^  en  1 560^ 


PER 


—  193  — 


PER 


son  testament  par  le({ac1  II  institua  pour 
ses  héritiers  ses  deux  fils  Parceyal  et 
Laurekt.  La  destinée  du  premier  est 
inconnue^  et  tout  ce  que  l'on  sait  de 
Laurent^  qui  testa  en  1574,  c'est  qu'il 
eut  cinq  enfants  :  4»  Jean,  trésorier  de 
Textraordinaire  des  guerres  enProYen- 
ce  et  en  Bresse,  mort  en  i  625,  laissant 
on  fils,  ANDRÉ,  qui  fut  avocat  à  Die. 
De  cet  André  naquit  Jean,  également 
avocat  à  Die,  qui  très-probablement 
embrassa  la  religion  romaine;  —  2« 
André,  sieur  de  Chftteauvieux  et  lieu- 
tenant d'artillerie,  mort  à  Paris  vers 
1615,  laissant  deux  filles:  Olympe, 
femme  du  sieur  û^Aspremont,  et  Ma- 
DELAiNE,  mariée  au  sieur  de  Sainte- 
Margueritey  de  Gap  ;  —  3®  Gaspard, 
qui  suit;  —  4®  Madelaine,  qui  épousa 
Jordan  Chion  y  qu'elle  rendit  père  de 
plusieurs  enfants; — 50  Jeanne,  épouse 
de  Daniel  (tAutard-de-Bragard,  à  qui 
elle  donna,  outre  un  fils  nommé  Cyrus 
(Voy.  II,  p.  498),  trois  filles  :  Isabeau, 
femme  de  Murât,  pasteuv  ^  Grenoble; 
Hélèney  épouse  de  César  Margaillan, 
de  Yaidrome,et  O/ymp^,  mariée  à  Pé- 
Ux,  ministre  à  I^ivron. 

Gaspard  Perrinet,  sieur  de  Barsac 
(sAoti  d'autres,  de  Barsa  ou  de  Bal- 
zac), fut  pourvu,  en  1609,  de  la  charge 
de  président  en  la  Chambre  des  comp- 
tes du  Dauphiné.  Il  mourut  en  1654. 
De  son  mariage  avec  Madeîaine  Didier- 
i^AUéouà  naquirent,  outre  une  fille, 
nommée  Isabeau,  qui  épousa  Alexan- 
dre de  Bérangery  deux  fils,  nommés 
Alexandre  et  Charles.  Celui-ci,  sieur 
de  Renel,  fut  conseiller  en  la  Chambre 
de  rédit,et  ne  laissa  pas  de  postérité. 
L'atné,  baron  d'Arzilliers,  ou  plutôt 
d'ARZELiERS,  suivit  la  carrière  des  ar- 
mes. Guidon  des  gendarmes  de  Lesdi- 
galères  en  1625,  lieutenant  dans  la 
eompagnie  de  gendarmes  du  maréchal 
de  Créquy,  puis  capitaine  de  chevau- 
légers,  il  leva,  par  commission  du  24 
janv.  1 638,  un  régiment  de  dragons  de 
son  nom,  qu'il  commanda  dans  les 
guerres  d'Italie  de  1 638  à  1 644.  Ce  ré- 
giment ayant  été  licencié  en  1648,  il 
passa  capitaine-lieutenant  de  la  com- 


pagnie des  gendarmes  do  Vendôme. 
Créé  maréchal  de  camp  un  1 65  i ,  il  tint 
le  parti  delà  Cour  contre  les  Frondeurs. 
Selon  Pinard,  il  quitta  le  service  en 
1655,  et  suivant  une  lettre  d'Allard, 
publiée  dans  le  Mercure  galant  de  nov. 
1685,  il  serait  entré  comme  conseiller 
dans  la  Chambre  de  l'édit  de  Grenoble; 
mais  nous  sommes  porté  à  croire  qu'Ai- 
lard  l'a  confondu  avec  son  frère.  De- 
puis 1644,  il  remplissait  les  fonctions 
de  député  générai  des  églises,  auxquel- 
les Hazarin,  contrairement  a  l'usage, 
l'avait  appelé  sans  le  consentement  do 
ceux  dont  il  était  chargé  de  défendre 
les  intérêts.  A  peine  le  Synode  national 
de  Charenton  osa-t-il  supplier  S.  M. 
do  rétablir  l'ancienne  pratique.  Le  roi 
n'eut  aucun  égard  à  son  humble  re- 
quête ;  car  lorsque  d'Arzeliers  cessa  ses 
fonctions,  en  1653,  il  nomma  de  sa 
seule  autorité  Ruvigny  pour  le  rem- 
placer. 

D'Arzeliers  avait  épousé,  en  1 628, 
Susanne  de  Launay ,  fille  de  Daniel 
de  Launay  et  de  Marguerite  Phely^ 
peaux,  dont  il  eut  :  l"  Daniel,  mort 
Jeune;— 2°  Charles,  mort  jeune; — 
3«  Gaspard,  qui  suif;  —  4»  Marie, 
femme  de  Charles  Arbalestier,  sieur 
de  Montclar  ;  —  5»  Marguerite,  née 
le  !•'  nov.  1629  et  mariée,  en  1647, 
à  François  deCalvière,  baron  de  Saint- 
Cosme. 

Gaspard  Perrinet,  marquis  d'Arze- 
liers, naquit  en  1645.  fi  servilcomme 
capitaine  dans  le  régiment  de  Sault,  et 
remplissait,  en  1685,  les  fonctions  de 
commissaire  de  l'édit  dans  le  Dauphi- 
né. Il  parait  qu'il  se  convertit  à  la  ré- 
vocation avec  sa  femme  Marie  Hardy, 
fille  de  Thomas  Hardy,  sieur  de  Yic- 
qucs,  et  de  Marie  de  Massanes,  qu'il 
avait  épousée  en  1672  [Reg.  de  Cha- 
renton); car  nous  le  trouvons  inscrit 
pour  une  somme  de  2,000  liv.,  qui  lui 
fut  allouée  le  18  mars  1686  (ïbid.  Tt. 
252),  sur  une  liste  de  nouveaux  conver- 
tis pensionnés  par  le  gouvernement. 
Dès  Tannée  suivante,  il  réussit  à  sor- 
tir du  royaume  [Jbid.  Tt.  314),  et  se 
retira  avec  sa  femme  à  La  Haye,  où  ils 


PËR 


-  m- 


PER 


SQ  réçonctlièrjSQt  avep  rCiglis^  (Arçh, 
4e  V église  u)alLdfiLq^aye),ï^n  \10^, 
il  foteQYoyéà  Genève  pour  servir  4'in- 
tcrmédji^lre  entre  \ps  goifverncmeQU 
dp  ia(:;^4nd^rB^e^^ept()^$Provi^ce9 
Upieset  les  CéyepQls  ingprgéfi.  ]\  était 
plqsspécialemeDtc^argédpfairp  passer 
dps  sommes^  génér^lçme^^  mipimes^ 
apx  Caiois4r4s4  à  qi}i  i\  portait  beau- 
coup 4'mlérèt.  M  mourM^  i  Çpnèyo,  iQ 
24  mars  1 7 1 0  «etfiit  eQterré  au  Cloilre, 

f^ERRlNPTCQuil^t'^i^M^Ji  procu- 
reur f;énéral  03P4l  des  dpcsdeNeverSi 
fl'Pflp  fwWle  ftrigin^fre  du  Pour^on- 
pais^  qui  3'é^ab)ft  li  ^ancorrp  lorsque 
|a  ville  de  ^^i^t-^mand  passa  dans  1^ 
ioaispn  de  BpqriM)u^  If^jss^  quatre  en- 
f^ts  de  son  mariage  avec  Ptqnçoise 
CJienilley  saYpIr  :  PJpçM.s,  qui  éppqs^ 
Marie  de  Afonvqiiin  et  ei^  epl  ËTi^Ki«i«, 
paarié  à  une  4Pmoi selle  Jouin,  et  Ani^^. 
femme  de  Pierre  PTéws^^  médecin  ^ 
issoudun^  à  qui  elle  donna  deux  eu- 
fantS|  nommée  Anne  et  Pierre;  —  2» 
DAYjp,  qui  suit  ;—;(<' ANNEy  femme  de 
ffuberl  04  Mamlloc'^  —  4»  Ucques, 
qui  époqsa  Susanne  Dorival  et  eu  eut 
ADAM,  avocat  à  Sully  et  secrétaire  or- 
dipaire  de  Marie  de  Médicis,  marié  à 
Jf,  Graver,  et  JiÇQu^s,  à  qui  sfi  femwp 
iffirie  Foi^  donna  trois  enfanù  dont  le 
sort  est  inconnu* 

Davif)  Perr  ipet,  sieur  de  peauregard, 
avocat  au  parlement,  lieutenant  au 
bailliage  pt  échevin  de  Sancerre,  assis- 
ta, en  1613,  au  synode  de  la  province 
comme  aupieuderéglise  de  cette  ville. 
Mous  avons  parlé  ailleurs  du  service 
qu'il  rendit  au  prince  de  Gopdé,  en 
retenant  prisonpier  V^kville  jusqu'a- 
près la  signature  de  la  capitulation  de 
Sancerre  (Voy,  VU,  jp.  464).  Par  re- 
equu^ssance.  Coude  le  nomma  son 
conseiller  ordinaire,  Déjà  eu  1616, 
lorsque  ce  prince  avaU  pris  possession 
du  gouvprncmcnt  du  Berry:i  Perrluet 
lui  avait  fait  bommage  d'uu  ouvrage 
4e  sa  façon  iutitulé  Ravissement  de 
i'ame,  Bourges»  162Q.  Au  jugement  de 
Ponsard,  pet  écrit  est  rempli  d'érudi- 
tion ;  on  voit  qup  l'auteur  connaissait 
les  moraU^te^  grecs  et  romains,  et  Ips 


Ëpritqrps  saintes.  DavidP/^rrlD^  mou- 
rut à  Sancerre  en  1 640,  ayant  été  ma- 
rié deux  fois.  Sa  première  Cemmi9>  Af^ 
ne  ArT\auldy  dame  de  Lodève.  Ql)e  (f(^ 
Claude  Arnauld  et  de  Marie  Leredde^ 
veuve  de  N.Biyot,\vL\  donna  troj^fi)^; 
jo  D^yiD,  qui  suit;  —•  2°  Jeaw,  ?ienf 
de  peauregard  eq  Bourbonu^i?,  qui 
épousa  MQvic  J)u  Boû-,  fille  de  Pifirra 
DuB(4s%  con^illpr  un  prés^dîal  diç 
^auperre  et  PU  eut  deu^^  enfants  :  }fj^^ 
gieur  de  Seaurpgard,  piarié  à  Susmn^ 
Qfirnier,  et  HAUiii,  feiiume  de  Jgcques 
iif^tioxJHvrd'  Sa  veuve  sfi  remania  avec 
MicM  Gmnellon,  médeciu  à  Sancer^ 
rp  ;-^  30  PiSER^,  sipur  de  La  l^rrée, 
qui  prit  pour  femme  Elief^netie  Garr 
njçr^  fille  de  Jean  Garnier  et  de  Su- 
Hmne  Dargent^  Pt  PU  eut  :  ETlfLRKsr- 
TE,  épousp  4e  Jacques  Tricot,  avocat 
i  Gicn,  p(  PiBRUK}  sieur  de  La  Serrée, 

Ïui  se  maria  avec  Si^anne  Fau/oi^. 
n  secondes  noces,  David  Perrluet  (- 
pousa  Marip  Dorivah  011e  de  Dori^ 
avocat  à  Gbâti)lon-sur-Loing,  doul  il 
eut  encore  sept  enfants;  —  4»  £ti«i- 
KK,  qui  suivit  la  carrière  ecc|ji^ia3ii- 
que  ;— 5»  Mari?  ,•— 6°  ftACUBi,,  femm^ 
de  Pierre  Clément  ;  —  7*  JAPQUfs , 
sieur  4'Oizy,  qui  pr|t  alliance  doua  la 
famillp  Mariette;—  S*»  Cuarlss;  -— 
90  Annb  ,•  —  1 00  JPAKNB. 

David,  $ieur  de  Lodève,  avocat  ap 
parlement,  fut  aussi  marié  deux  (oi«, 
la  première  avec  Marguefit^Garmir, 
dUedo  JeanGaru^pr  et  dp  Susauue  Par- 
gent,  la  deuxième  aypc  Jeanne  Pariai. 
Du  premier  lit  Yfurept  :  1°  A,^Tp;:^*v, 
sieur  de  Lodève,  qui  épousa  eu  I6$l^ 
Philippe  Rousseau,  fille  de  Pierre,  sieur 
4P  La  Motte,  et  ^*£tienne^te  ^arriett^, 
et  eneut:  PisaRs^imort  jeune, ^(juitb^ 

J|E4N,  JACQVBS,  M4Rt£,  GUAI^LOTTK  , 
ÈTl^MiETTE,  GATPER1N|I,   ANTÛ|S|1  fit 

tûUiSB  :—  20  A^NE,  femme  de  Pierre 
J)uBora,  sieur  de  Grenetin; — 3oiEAM, 
marié  à  Judith  Odry,  qui  lui  douua 
4eux  QUes,  JvpiTU  et  Marie  :  puis  à 
Marie  Guischard,  fille  de  Jacques, 
sieur  de  Gormainvillo,  dont  il  eut  trois 
Qls  ;-^  4P  Daviu,  sieur  de  La  Serrée> 
qui  éppusa^^r^n^  Paris^  ftllp  46  Pierre 


|)£R 


las 


ft"TïPf(l*-lP^<  QtttnouiHe,  Q^  en  eut 
4pui  q)^  et  deux  f|tles,  aommép;  M*- 
il»  Cl  HUTRE.  L'un  fies  nU  Claude, 
gleuc  ifcs  francties,  Tut,  en  c|}D!i<)éra' 
Uon4t)Prç|l!>^r3yii<lip  B.  Turretfn,  son 
b^rp^i^,  refu  gralDlleipeal  bouf- 
^is  i]p  Gep^ve,  en  n2f ,  en  mËifie 
t^ps  floesiin  f!)$,  nui  rendit  plli^  l4rd 
de  gnnffi  ^pWicet  au  Conseil  ;'  —  s? 
}«CQ|i^,  à  qnj  sa  Temme  Jacqueliiie 
^dutert, (lonna  cinq  ef^fants.doiitdeiiT 
Ollës,  Jacqueline  et  H'ahi^A.'ikb,  et 
Ifols  Qls,  le  aeçond  desquels,  nommé 
ElKicfE,  éppiisa,  eu  1732,  dans  la 
Chapelle  de  Hollande,  Ant\e  ^edeuil 
[BMI  civil  de  Paris.  Ctiqp.  do  IIoU., 
N*97].  Du  second  lit  sortirent  encore 
Irois  enf^t^  :— G°  Jeakhe,  femme  de 
Âipi(/our()Ùat,  sieurdcV4ufreIan(l); 
—  70  ptf  RK2,  avpc.it,  marié  à  Anne 
lÂtxûfé,  ai)c  dp  lean  Léveillé,  deïa 
ËbwitA,  et  dé  4fan>  Berthaull  ;  — 
8«  Claude,  sieur  de  Benellcs,  négq- 
f^(,(lQ'^I)QusaàÇ)iarcnton,cnt681, 
A«i^f  Grèiié.  Plie  da  Jean  Grcnc,  sieur 
(le  p^étDn^^)e,  conlrftlear  au  grenier 
)j  gel  ()e  Saucerre,  et  d'.inne  4finuï. 

Ifpns  ne  savons  comment  faire  en- 
ber  ^ans  peUe  gËnéalogic,  que  nous 
espions  dans  |o  vol.  24  de  la  CoHecl. 
A|f  0esiiQ,  le  pastcifr  Jeait-Elienne 
Permet,  ^ls  de  Salomonj  do  Sancerre, 
qo)  fallut,  en  f  T27j  les  droitii  do  bour- 
SSOisie  à  fien^yc,  pi  Etienne  Pèrrinet, 
dp  $atn(-C^re,  qui  y'  alla  faire  sps 
UDd^BDi  théologie  en  I66f,  ni  f^er- 
f^elof  FatmiWiSul  a  publié  un  Éxa- 
tffàn  iet  ima!  pointes  ie  làviifeiït- 
vénbn  i^  les  Hémoiffis  et  o))seT- 
yat)iiD4  ifi  I9  Société  ^noinique  dp 
Jêriiçiop*}. 

B  i  II  rtTecMlw  ■  _. 

MAMIt'CalinH.  llHtélOBDUlt  ll*TOillll 

IW  IMat  «•  Bi(u|>M  qfi  nom  oatfwii  so 


MtM«l«iiital,  mTKii-.l'raiiHiiêlI'ipMt.  Itanift 
Sinin,  Dnnirl  de  Treri,  h  Ebdi'iki  Ki.-i.i\fUi 
.Ymw  Onlllo  l-™>M,  /«™.  Cunfcdf-i  et  H 

tam,  TmUA,  /hoc  TAMjjfl,  ^^1  Butchir. 


'  PE^BODET  (SiliLE^),  du  pays  de 
Gex,  se  rit  recevoir  ministre  à  Bile  le 
SSiulo  \e,^ù[ATC.kiv.  dii(ûnsistoin-), 
élfut  chargé,  en  1699,  do  desservir 
l'Ëglise  de  piedendorf,  fondée  par  des 
n^rilglcs  frifnçais.  Le  23  aqâ^  f  TOQ, 
te  pa^teor  Bey,  de  Strasbourg,  (il  la 
dédicace  du  leinple,  4ans  leqnel  Per- 
rodet  exerça  les  fonctions  do  son  mi- 
nistère jusqu'en  I74S.  Il  mourut  10 
^3  jafivler  de  cette  année,  h  l'Age  de 
81  ans,  et  eut  poar  successeur  Jcai^- 
Henri  fin^ s,  remplacé  à  son  tour,  en 
i78G,  par  Phiwpe-i'rançois  Efâen. 
PE)inQT  (CBi^LEs),  pis  dQ  Mlles 
perrol, conseiller  ùiiparlemeol  do  pa- 
ris, s'étant  retJréh  Genève  pour  caQse 
de  religion,  y  fut  graliQé,  en  15B7, 
des  droits  de  bourgeoisie,  ^ I  pourvu, 
la  m&me  année,  d'une  place  de  pasteur, 
qu'il  occupajuéqu'à  sa  mort-  DeuAfolj 
recteur  do  l'académie,  en  1S70  pt  en 
)S8S,  lecteur  en  ibéologlc,  pn  1572, 
et  professeur  de  ibéologiecnl  598  ()}, 
pprro)  rempiitces  diiTércntcsfoncliDQS 
avecantanl  de  talent  que  deièle; 'mais 
ce  gui  lo  rend  surtout  recqq^oianilabla 
'k  DOS  yeux,  c'est  qu'eu  plein  seizième 
siècle  et  dans  la  ylllc  de  Calvin,  11  eut 
io  prcinler  le  conrage  de  parjcr  de  to- 
IPrànce  rpligipHso,  en  propos^pt ,  en 
lS7ti,  l'abolilign  du  seriqent  qpe  Von 
faisait  prêter  aux  éti^dianis,  de  rester 
pbles  à  i'orlbodoxje  calviniste.  «  Ce 
t|iéologlen  instruit  et  judicieux,  dit 
^'nebjpr,  ne  s'occupait  qu'îk  fairevolr 
que  lé  christianisme  bjeu  entendu  de- 
voit  nàcessairemcnlrendrij  les  hommes 
Iplérups;  jErcgardoit  la  tolcratice  com- 
me une  briiQClie  de  la  cbarilé;  il  la 
préclioil  avec  zèle.  i>  De  si  qobles 
Jentimenls  né|i|lenl pas  bitapour être 
pompfis  Bar  dps  lliéolqgiens  torpÉs  4 
r^cplc  do  Çal^iq  ei  (le  ^èze,  et  ses 
c«llugi(c^  ^^^.ppv^enl  approuver  oofi 
plus  ^csidécssiirlaiuïllQcat  Ion,  parce 

SÙcllfS  s  éloignaient  du  s^iiliincut  de 
au'u-  Sur  ce  dernier  polnl,  Perrot, 
qui  èlaiL  (^'liuQieur  ddui'o  ut  çÔDCijW- 

(1)  Ndu  itnia  fuiie  oStenar  qu«  n<  l.oo  ni 
FittL  ii«  la  ciUmconiM  grufesssur  daUifultSifti 


PER 


—  IM- 


PER 


le^  consentit  avec  asse?  de  facilité  à 
sacrifier  son  opinion  à  celle  des  antres 
ministres^  mais  rien  ne  fut  capable  de 
l'amener  à  renier  le  principe  de  la  to- 
lérance; Jusqu'à  la  fin  de  ses  Jours^  il 
resta  fidèle  à  sa  devise  :  Bienheureux 
sont  ceux  qui  procurent  la  paix^  car  ils 
seront  appelés  enfants  de  Dieu.  Il  mou- 
rut le  15  oct.  1608^  à  rage  de  67  ans. 

Perrot  avait  composé  divers  ouvra- 
ges^ entre  autres  un  Traité  de  la  foi 
et  un  antre  De  extremis  in  ecclesiâ 
vitandis,  dont  Timpression  fut  dé- 
fendue parce  que^  dans  le  premier^ 
tout  en  condamnant  les  abus  de  l'E- 
glise romaine,  il  semblait  blâmer  le 
schisme  opéré  par  les  réformateurs, 
et  que,  dans  le  second,  il  donnait  à 
entendre  qu'il  vaut  mieux  supporter 
les  hérétiques  que  de  les  brûler.  11  pa- 
rait qu'à  défaut  des  presses  de  Genève, 
Perrot  songea  un  moment,  en  i607, 
à  faire  imprimer  ce  dernier  traité  à 
Paris  avec  le  concours  de  L'Étoile,  qui, 
de  son  côté,  a  alTectoit  fort  aussi  la 
réunion  des  deux  Églises;  »  mais  ce 
projet  n'eut  pas  de  suite.  Dans  son 
Hist.  de  l'église  de  Genève,  M.  Gabe- 
rel  dit  qu'après  sa  mort,  le  Conseil  en 
fit  détruire  les  manuscrits.  Il  n'est  pas 
probable  que  la  proscription  se  soit 
étendue  Jusqu'aux  Adagia  sacra,  au 
Catéchisme  et  aux  Notes  sur  la  Bible 
grecqucy  cités  par  Sénebier.  A  ces 
écrits,  nous  pouvons  ajouter  les  Obser^ 
votions  de  Perrot  sur  la  réponse  de 
Du  Jon  à  Haren^  qui  font  partie  du 
vol.  268  de  la  CoUect.  Dupuy. 

Des  deux  mariages  de  Charles  Per- 
rot avecSara  Cop,  fille  du  ministre  Mi- 
chel Cop,  qu'il  avait  épousée  en  1566, 
et  avec  Jeanne  Gaillard,  fille  de  Simon 
Gaillard,  de  Paris,  naquirent  deux  fils  : 
10  Denis,  du  CG  en  1610,  mort  en 
1621,  que  sa  femme,  Gut7lauma  Tho^ 
meguex,  rendit  père  de  Charles, 
mort  sans  enfants,  et  de  Hadelâinb, 
femme  de  Paul  Minutoll;  —  2»  Tmo- 
TBÊB,  du  ce  en  1603,  auditeur  en 
1604,  conseiller  en  1631,  mort  le  18 
Juin.  1648,  à  rage  de  77  ans,  ayant 
été  marié  deux  fois,  en  premières  no- 


ces avec  Marie  de  Ghapeaurouge,  et 
en  secondes  avec  Françoise  Bellot,  U 
avait  eu  deux  fils  de  la  première.  Le 
cadet,  nommé  Cbàrles,  du  CG  en 
1651,  mourut,  en  1678,  sans  enfants 
de  sa  femme  Elisabeth  Saladin-Beck. 
L'alné,  appelé  Danhel,  dnCC  en  1633, 
mort  en  1647^  épousa  Anne  RiUiet" 
Favre,  dont  il  eut,  Etienne,  qui  suit; 
Rosine,  femme  de  Jean-Jacques  GuU- 
lermet,  et  Catherine,  mariée  à  Ro- 
bert Gar délie, 

Etienne  eut  sept  enfants  de  son  ma- 
riage avecSara  Cussin  (t),  savoir  Da- 
niel ,  Théodore  ,  ETIENNE,  Jeanne, 
femme  de  Daniel  Gardelle,  Octavib, 
Jeanne-Renée  et  Sophie. 

Le  vénérable  ministre  Charles  Per- 
rot avait  trois  frères.  L'alné,  Denis, 
qui  se  réfugia  aussi  à  Genève  et  des- 
servit quelque  temps  l'église  de  Moins^ 
fut  une  des  victimes  de  la  Saint-Bar- 
thélcmy.  Le  troisième  frère,  Cyprien, 
conseiller  en  la  Grand'Chambre  du 
parlement  de  Paris,  resta  catholique. 
Nous  n'avons  aucune  preuve  que  le 
plus  Jeune,  Nicolas,  également  conseil- 
ler en  la  Grand'Chambre,  ait  abjuré  ; 
mais  sa  femme  Glaude  Goyet,  morte 
veuve  le  2  fév.  1 61 1  (Reg.de  Charen- 
ton)  était  protestante,  et  elle  éleva  dans 
sa  religion  son  fils,  Paul,  sieur  de  La 
Salle,  qu'elle  envoya  faire  ses  études 
à  Oxford,  a  Ce  fut  là,  dit  Patru,  qu'il 
prit  les  premières  impressions  de  la 
doctrine  de  Luther  et  de  Calvin;  et 
cette  malheureuse  semence  Jetta  des 
racines  si  profondes  dans  son  esprit, 
qu'enfin  il  abandonna  l'Ëglise  qui  Ta- 
voit  Jusques-là  nourri  dans  son  sein.» 
A  son  retour  en  France,  il  se  rendit 
en  Champagne  auprès  de  son  frère  Cy- 
prien, qui  avait  suivi  le  parlement  à 
Chàlons.  11  fit  dans  cette  ville  connais- 
sance û'Anne  Des  Forges,  demoiselle 
«  d'une  des  plus  nobles  maisons  de  la 
province,  »  et  il  l'épousa.  De  ce  ma- 
riage naquit,  entre  autres  enfants , 

(i)  En  1579,  Pierre  Cuitin,  Uonenr  de  Mob- 
Uab&D,  aiail  été  rocu  bonrgeois.  Uu  de  ses  des- 
cendAoU,  Gabriel  CuMtn,  dQSSorTit  l'église  diO 
CenèTe  de  1003  i  1017. 


PER 


—  497  — 


PER 


Nicolas  Perrot^  dont  nous  parlerons 
pltLS  bas.  Paul  Perrot  est  auteur  de 
plusieurs  ouvrages^  en  vers  et  en  pro- 
se^ qui  témoignent  de  sa  grande  piété. 

I.  La  Gigantomachie,  ou  combat  de 
iousles  arts  et  sciences ^avec  la  louange 
âe  VasnSy  Midelbourg^  1593^  pet.  8». 

II.  TaUeaus  sacrez  qui  sont  toutes 
les  histoires duVieil  Testament repré- 
senties  et  exposées  selon  leur  sens^  en 
poésie  françoiscy  Francf.  1594,  in-8% 
de  pp.  229,  sans  ia  table,  ûgg.  en  bois. 

lÛ.  Le  Thrésor  de  Salomon,  tiré  de 
ses  Proverbes  et  de  son  Ecclésiastique, 
réduits  en  quatrains  et  sonnets  (  en 
flrançois  et  en  bollandois  ),  Rotterd., 
1594^  in-12;  (en  Trançois),  Paris,  de 
lontr'œil,  1595,  in-l2. 

IV.  L'Exercice  spirituel ,  en  vers 
et  en  prose,  contenant  plusieurs  mé- 
ditations et  tableaux  mystiques  sur 
la  considération  des  mystères  de  N,  S. 
/.-C.^  es  histoires  du  VieilTestament, 
Sanmor,  Portan,  1 606/ in-s».— Selon 
Bayle^  Paul  Perrot  aurait  eu  part  au 
fameux  Cathollcon  d'Espagne. 

A  la  même  époque  vivait  François 
Perrot,  sieur  de  Mézières,  que  nous 
ipOQYons  qualifié  de  cousin  de  Denis, 
et  qui  a  déjà  été  cité  dans  la  France 
protestante  comme  le  traducteur  du 
traité  do  Momay  :  De  la  vérité  de  la 

religion  cbréticnne (Fbv*  ^^^  P*  ^^^)* 
Outre  cette  traduction,  on  a  de  Fran- 
çois Perrot:  i4mo  piacevole  dato  glla 
heUa  ItaUa,  oii  il  combat  la  bulle  ful- 
minée par  Sixte-Quint  contre  le  roi  de 
Navarre, et  une  trad.  italienne,  d'après 
la  version  française,  des  Psaumes  de 
Ihivid^  sous  ce  titre  :  Psalmi  in  rith- 
mos  etruscos  conversi,  Gen.,  de  Tour- 
nes, 1603,  in-12.  François  Perrot  vé- 
cut longtemps  à  Venise,  où  il  se  lia 
d'amitié  avec  Fra  Paolo  Sarpi  (i). 

(1)  FlofieiiTt  «aires  Perrot,  qui  ont  professé  la 
rdifion  èTangélique,  nous  soni  connus  do  nom. 
Ce  font  :  Matthieu  Perrot,  de  Senriac  en  Quercy, 
reçu  boargeois  à  Genève  en  1555  \-^aeguei  Per- 
rot, sieur  de  Piedefer,  marié  à  Loudun,  en  1578, 
KWC  Françoiic  Martin  (Àrcli.Tr.  S3S);.— Denû 
Perrot  f  sienrde  I^aTour,  enterré  h  Paris  au  ci- 
«elière  de  laTrinité,  le  2SaTr.  1605;— /«on 
Perrot  y  sienr  do  Genevraye,  qui  épousa,  en  1643, 
dans  U»  Usoçlo  de  Gliaruuton,  Ùmbe  iV/.o^uii, 


Nicolas  Perrot,  sieur  d'Âblancourt, 
«  l'un  des  bons^t  des  beaux  esprits  de 
son  siècle,  »  au  Jugement  de  Bayle,  na- 
quitàCbâlons-8ur-Marne,le5avr.  i  606. 
Son  ami,  le  célèbre  avocat  Patru,  lui  a 
consacré,  dans  ses  OEuvres,  une  notice 
très-détaillée,  qui  nous  servira  de  gui- 
de. Dès  son  enfance,  le  Jeune  Perrot 
«  donna  des  marques  d'un  esprit  vif; 
et  son  père  qui  lui  portoit  d'autant  plus 
d'amour  qu'il  n'avoit  que  lui  de  flls, 
prit  im  soin  tout  particulier  de  son  édu- 
cation.» On  l'envoya  étudier  au  collège 
de  Sedan,  où  «  il  eut  pour  maistre 
M.  Roussel  qui,  par  diverses  avantures 
presque  incroyables,  dit  Patru,  fut  am- 
bassadeur deplusieursprinces,  et  mou- 
rut en  cette  qualité  àla  Porte  du  Grand 
Seigneur.  Ilprit  tant  de  plaisirà  former 
ce  jeune  esprit  qu'à  1 3  ans,  M.  d'Ablan- 
court avoit  faithenreusement  toutes  ses 
bumanitez.  »  Son  père  le  rappela  alors 
auprès  de  lui,  a  et  lui  donna  un  habile 
homme,  non-seulement  pour  repasser 
toutes  ses  estudes,  mais  aussi  pour  lui 
donner  quelqueleinturede  philosophie. 
Au  bout  de  trois  ans  ou  environ  que  du- 
rèrent ces  exercices,  ou  l'amena  à  Pa- 
ris, oii  pendant  cinq  ou  six  mois  il  cs- 
tudia  en  droit.  »  A  18  ans,  il  fut  reçu 
avocat  au  parlement.  Son  père  étant 
mort,  on  songea  aie  marier  «avec une 
demoiselle  de  Champagne  qui  esloit 
Jeune,  belle,  riche  et  sa  parente.»  Ce 
mariage  lui  souriait  de  toutes  les  fa- 
çons; mais  11  y  avait  un  obstacle,  l'aïeul 
de  qui  dépendait  une  partie  du  bien  de 
la  jeune  personne,  y  mettait  opposi- 
tion. Tandis  que  l'on  travaillait  à  lever 
les  difficultés,  Perrot,  «empaumé» 
par  son  oncle  Cyprien,  pour  nous  ser- 
vir de  l'expression  de  Tallemani  des 

fille  de  fen  NieoUu  Peloquinf  slear  des  Landes, 
et  de  Marie  Mérite; — Jerémie  Perrot,  d'Issou- 
dnn,  immatriculé  à  la  Faealté  de  théologie  de  Ge- 
nève en  1646,  qai  abjura  en  1683  ;  l'intendant 
du  Berrylui  servit  do  parrain;  —  Philippe  Per- 
rot, de  Ghinon,  immatriculé  à  GeoèTO  en  16.11  ; 
—  Samuel  Perrot,  d'Issoudun,  ministre  à  Sa- 
tigny,  reçu  bourgeois  gratis  à  Genève,  en  même 
temps  qae  Pierre  Préoott,  en  récompense  des  se r- 
Tices  qu'ils  rendaient  h  TËglise  dans  leur  minis- 
tère;— Jean-Henri  Perrot,  re^o  bourgeois  gratis 
en  1741,  en  considération  do  son  beau-pôre,  le 
premier  syndic  Marting. 


PÈR 


—  m  — 


vM 


RÇàtix,  litijtiràtep/i'otesfiinilsftte^d  (ont 
fdl  ronfim.  Dèptiî*  lori^empî?  le  èort- 
seiller  dé  la  Gt*aftd'Ëhaidbfe,  dài  ché- 
rissait son  nevëd  côitifnè  titi  ftls,  k  \k 
preèsdit  fort  stîr  sa  fellgioh:  M  cette 
victoire  le  combla  de  ]olè.  voyad^  16 
pen  d'inclinatiott  que  son  nevcftf  âvàtt 
podr  la  Ro1>e,  k  il  VottTdt  (è  Jetef  daM 
rÈgHse,  %Tt^  l^espérancd  d'en  fairé^  dh 
Jodr  nn  très-gfand  prédicatèn^.  »'  \\ 
comptait  fui  Obtenir  avant  peu  dèf  très- 
beaux  bénéfices.  Mais  efi  renonçant  à*à 
barreau,  ï^efrdf  n'entendait  pas Vëftôri- 
tftt  an  moqde.  Bfeh  au  èdtitraftà^  il  Èk 
livra  àfèC  un  cèrtefn  emportement^ 
pendàiit  s  ou  6  ans,  <t  aux  divertisse- 
mens  d'une  ^ersodhe  de  sott  âgé.  » 
toutefois  il  ne  dégagea  f/as  entiète- 
ment  les  lettres.  La  préface  ((n'II  mit 
éullvré  de  sonamile  P.  DdBosc^  fHon- 
nêle  fetame  (faris,  lesî,  In-40),  est, 
an  sentiment  de  Patrn,  «  un  des  cheffâ- 
d'œùvre  de  notre  langue.  »  Ce  fût  à 
éétte  époque,  au  milieu  des  dlstrac- 
tfons  du  Aïonde,  qu'il  se  lia  d'amîtié 
avec  le  célèbre  avocat.  A  Quoiqu'ils  tifé 
fussent  pas  toutàfaitde  même  humeuf^ 
Ils  avoicnt  pourtant  tous  deux  un  mémo 
amour  pour  les  Lettres  et  pour  la  vertu, 
lis  ont  toujours  vécu  en  frères,  sànS 
que  Jamais  il  y  ait  eu  entré  eux  la  inoini- 
dre  aigreur,  ni  le  moindre  refroidisse- 
ment, a  TalDt  il  est  vrai  que  les  hon- 
tiétes  gens  peuvent  vivre  en  parfai- 
te amitié,  tout  en  ditTérant  de  scnti- 
t6cnt  sur  certains  dogmes  de  la  reli- 
^on  ;  it  ^éuf-  suffit  pour  cela:  de  mettre 
en  pfati(]fne  Tés  dlvifis  préceptes  dé 
l'Evangile.  A  Tâge  de  Sl5  oÏÏ  26  ans^ 
t^er^ot  éprouva  le  besoin  de  reprendre 
la  religion  qu'il  avait  quittée.  «  Il  n'I- 
gnorolt  pas,  dit  Patru,  que  cette  légè- 
reté seroitgénéralement  èondamnéede 
tout  le  monde  :  mais  U  avoit  la  con- 
science st  tendre,  qu'à  cet  égard,  il 
comptoit  pour  rien  tous  les  jugemens 
du  monde.  Néanmoins  pour  ne  rien 
faire  qu'avec  connoissance ,  il  se  mit 
à  étudier  premièrement  la  philosophie, 
et  ensuite  la  théologie,  et  prit  pour 
maître  H.  Sluart,écossois  et  luthérien, 
mais  du  reste  très  sçavant  homme.  11 


ffavàlitditâVtffetant  d'afdkrqfi'ir  ddil- 
noit  12  à  15  heures  pat^Jôàr  SPétùdë, 
sads  rleh  dire  de  son  de^^éin  à  (iof  t^ 
cèsoit,èt[fâssaLatAsl  iirèsdetrèiâdnê.if 
LôHqu'tt  rtir  tout  à  fatt  ^i^dx  tAsà  sa 
^é^dlutlon,  \\  se  rendit  éh  cknfi^âgtie. 
et  fit  son  abjuratidit  dans  le  téU^lèdù 

^iitefce  d^eldie  pfès  de  tftfy.  ptfts  u 

partit  pottr  la  âollândè,  i^ftn  de  faf^séf 
tombët  les  premières  rdihédrs.  fî  ^ 
Jourha  près  d'oh  âtn  k  Leyde,  ôh  i(  a^ 
prit  la  langue  bébrâdque  et  se  iiatàvdé 
rè  fandeux  SaUmàisé.  Hè  Hotlàiïdè,  U 
pÉsèà  etr  Angtetèrre,  oii  fl  tit  coùd«ftf^ 
iddce  de  milord  j>èrrdt .  son  |;fafèh(. 
qui,  vidtix  et  s^h^  bérlller.  S^tk  n 
feteiiir auprès  délai.  Jtais  fl  était (rd^ 
Jaloux  de  son  indépcfn'dàhc^  pour  A 
cèi)ler  ses  ofTre'â  j  il  réif(nt  ft  Paris  re- 
tr6uve^  ses  ùombreù]^  amfs.  d  &éiblL 
dit  tallemant  des  Aêdlx,  ut£  .^str^fl 
d'honheufetde  vertu,  et  teplu^fttiiibtii 
qu'on  sauroit  trouver.  »  Il  M  Veuf  r  âc^ 
près  de  lui  les  deux  Jeiiné^  F^iiÛm 
d'Abîandifnrt,  flts  de  sa  sa^  ^nétr .èl 
donna  ses  soins  à  leur  éddôàtidtf.  «(ra- 
mais eiïfans,  dit  Pàtru,  nfeàrent  ùoe 
éducation  plus  heuredse.  i  tepêhéàA 
Perrotne iaissâitpas  dé  Vdi^letùotid^. 
((  II  vôyôit  les  dames  et  tout  ce  qu'il 
^avoit^Parfs  d'hommes  iiiastrés  pottf 
les  lettres.  U  ne  se  passoii  ffuères  dé 
Journées  qu'il  n'allât  cher  Vè^sfèarft 
Dupuy,  à  ce  célèbre  réduit  où  touà  léB 
curieux  et touslessçàvanSâbofdofenS.** 
U  lia  avec  C6nrarf  une  étroite  aWitif. 
«  Ce  fut  ce  nouvel  ami,  ^îf  il  a  ioùlè  âà 
vie  chèrement  aimé ,  qui  l'dbUgea  II& 
/aire  la  traductîondèMinuéiùsl^elIx.  » 
Ce  premier  essai  lui  révéra  sa  >^éri(âbtA 
vocation,  celle  dô  traducteur,  enmèîDè 
temps  qnf elle  lufi  thérita  les  ifon'njèùri 
du  fauteuil  académique  (23  sept.  1  è37)f. 
Sa  fortune  était  modique.  Bientôt  II 86 
vit  contraint  d'aller  se  eonOnér  dans  la 
province,  a  II  rompit  donc  son  ménage 
et  se  retira  avec  sa  sœur  à  sa  terre  à'A-> 
blancourt  [près  de  Vitry],  oïl  Jusqu'à 
Sa  mort  il  est  toujours  demeuré.  »DatMl 
les  premiers  temps,  il  venait  assèx 
souvent  passer  l'hiver  à  Paris  ;  mais 
lorsque  ses  habitudes  furent  prises^  il 


PER 


—  19d  — 


PEfl 


ti^  tint  p\\a  (faê  àe  loin  en  loin  four 
faire  littprfiner  ses  onvrages;  il  des- 
cendait d'ordinaire  che2  son  atùi  Con- 
hul.  Sa  réputation  comme  écilvatn 
grandissait  chaque  Jour.  £n  1 662,  Col- 
bert  le  choisit  pour  écrire  l'histoire  de 
Locrts  XIY^  mais  lorsque  ce  monarque 
stit  que  Ferrot  était  protestant^  il  se 
récria  en  disant  qu'il  ne  voulait  point 
d'an  historien  qui  était  d'une  autre  re- 
ligion que  la  sienne.  Cependanf,  en 
èonsidération  de  son  mérite^  il  vonhit 
qu'on  lut  consenrÀt  la  pension  de  mille 
écm  qui  lui  avait  été  assignée  (<)• 
Pérrot  ne  Jouit  pas  longtemps  de  cette 
faveur  royale.  «  Toute  sa  vie  il  avoit 
ététraraïlié  de  la  gravelle.  »  L'air  de 
fit  campagne  et  Texercice  le  soulagè- 
rent d'abord;  mais  avec  fâge,  le  mal 
empira  et  il  mourut  dans  de  cnicUes 
Muffirances^  le  f  t  nov.  1664.  11  fut 
assisté^  durant  sa  maladie,  par  le  mi- 
nistre de  Yitry  et  par  le  pasteur  Du 
Boic,  alors  relégué  à  Châlons.  Son  ami 
hil  rend  ce  témoignage  tt  qu'il  étoît 
fort  bien  fnstruiC  de  sa  religion,  et  plus 
testruit ,  à]oute-t-il  naïvement^  qu'il 
t'thi  été  à  désirer  pour  son  saîut.  SUr 
1è  déclin  de  ses  Jours,  Une  lisoit  pres- 
que plus  que  TÉcriture  sainte,  les  Èc- 
hdlons  et  fes  ffistoires  du  nouveau 
monde*,  mais  surtout  l'Ecriture  sainte 
qu'on  peut  appeller  ses  plus  tendres  et 
ses  dernières  amours.  Il  en  avoit  tous 
les  bons  comméntateurs,âoit  généraux, 
soit  particuliers.  Il  n'y  avoit  difficulté 
en  toute  la  Bible  qu'il  n'eût  pénétrée 
et  dont  n  ne  sentit  le  fort  et  le  foible.» 
Perrotajoui  d'une  grande  réputation 
comme  traducteur;  mais  aujourd'hui 
9^bellesir^èlesne  séduisent  plus  per- 
sonne. L'élégance  du  langage  n'a  pu 
même  les  sauver  de  Toubli.  L'auteur, 
il  est  vrai,  prenait  de  telles  libertés  que, 
de  son  propre  aveu,  ses  traductions  n'é- 
taient plus  des  traductions;  il  pensait 
qu'elles  valaient  mieux,  u  Comme  dans 
les  beaux  visages,  il  y  a  toujours  quel- 
que chose,  disait-il  dans  la  préface  de 
sou  Lucien,  qu'on  voudroit  qu'il  n'y  lust 

(1)  Ces  déUUs  font  tires  des  lettrCK  manuscri- 
teide  Chapelain. 


λas  ;-au?sfi,  dans  lêfs  meilleurs  auteurs^ 
(  y  a  des  endroits  qit^fl  faut  tohchèr  où 
écialrcir,  particulièrement  qùahd  lès 
choses  ne  soUt  faites  que  t>our  pldiré  : 
car  alors  on  ife  peut  soùifffr  lé  moindre 
défaut,  et  pour  peu  qu'on  inanqùë  de 
délicatesse,  au  lieu  de  divertir  on  eh- 
nuye.  Je  ne  m'attache  donc  pas  toujotirs 
aux  paroles^  ni  aux  pensées  de  cet  àd- 
teur,  et,  derrreurant  dans  son  but,  j'a- 
gence les  choses  à  nostre  air  et  à  nos- 
tre  façon.  —  Je  scay  bien  pourtant, 
continue-f-ll,  que  cela  ne  plaira  pas  à 
tout  le  monde,  et  principalement  à  ceux 
qui  sont  IdofÀtres  de  toutes  les  paroles 
et  de  toutes  les  pensées  des  Anciens, 
et  qui  necroyent  pas  qu'un  ouVrage  soit 
bon,  dont  l'auteur  est  encore  en  vie.  » 
On  ne  doit  donc  pas  demander  à  Per- 
rot  plus  qu'il  n'a  voulu  nous  donner. 
Ses  traductions  ne  s'adressaient  qu'aux 
gens  du  monde,  qu'une  légère  teinture 
satisfait.  Sa  manière  de  traduire,  au 
témoignage  de  Patrn,  n'a  pas  plu  à  (ôut 
le  monde,  «quoiqu'elle  ait  été  admirée 
de  fous  le^  illustres  de  notre  siècle, 
dit-il.  Il  est  vrai  qUe  quelquefois  n 
prend  quelque  liberté,  et  c'est  ce  qui 
lui  donna  le  nom  de  Hardi  d'Ablan- 
àoutt  dans  la  Requeste  des  Diction- 
naires. Néanmoins  11  ne  prend  ces  li- 
bériez qu'aux  endroits  où  il  les  faut 

prendre Ses  expressions  vives  et 

hardies  sont  si  éloignées  de  toute  ser- 
vitude, qu'en  lisant  ses  traductions,  on 

pense  lire  des  originaux Dans  ied 

commencements,  il  n'avoit  point  d'au- 
tre conseil  que  M.  Patru.  Hais  depuis 
qu'il  connut  M.  Conrart  et  M.  Chape- 
lain, il  prenoit  aussi  leurs  avis,  mais 
surtout  de  H.  Conrart,  avec  fequel  il 
revoyoit  tous  ses  ouvragés,  et  Sautant 
plus  voionf  fers,  que  ne  sçacbantni  grec 
ni  laliu,il  lui  donnoit  moins  de  peine.» 
Quand  ses  amis  lui  laisaienf  des  ob- 
jections, «  il  s'en  défcndoit  avec  beau- 
coup de  chaleur,  et  comme  en  colère,» 
parce  qu'elles  lui  donnaient  à  travail- 
ler et  qu'il  avait  hâte  de  s'en  retourner 
dans  sa  maison.  11  était  plus  coulant 
pour  une  seconde  édition.  «  Son  génie^ 
au  témoignage  de  Patru,  approchoit 


PER 


—  200  - 


PËR 


fort  da  génie  de  Montagne^  et  s'il  eût 
Youla  travailler  de  loi-mème^  11  ne  lui 
manquoit  rien  de  tout  ce  qu'il  faut  pour 
cela.Ilavoitrimagination  très  féconde, 
et  l'esprit  rempli  de  toutes  les  belles 
connoissances.»RuIblères  lui  rend  celle 
Justice  qu'il  est  un  de  nos  écrivains 
a  qui  ont  le  plus  contribué  à  donner  à 
notre  langue  ce  caractère  de  raison  et 
de  pureté  qui  la  distingue.  »  Outre  les 
langues  anciennes^  il  possédait  l'espa- 
gnol et  l'italien. 

Voici  la  liste  des  traductions  qu'on 
lui  doit  ;  elles  sont  toutes  accompagnées 
de  Préfaces  et  de  Remarques. 

I.  VOctaviusde  Minucius  FeliXy  Pa- 
ris,  1637,  in-S»;  1646;  1660;  166i, 
in-i2;  Amst.,  1683,  in-12;  Leipz., 
avec  le  latin,  1689,  in-l2;  dédié  à 
Conrart  sous  le  nom  de  Philandre. 

II.  Quatre  Oraisons  de  Cicéron  (1 
pour  Qulnlus  ;  —  2  pour  la  loi  Manilla; 
—  3  pour  Ligarius;  -—  4  pour  Mar- 
cellus)  dans  un  Recueil  publ.  à  Paris, 
1 638,  ln-4». 

III.  Les  Annales  de  Tacite,  Paris, 
1640-44,  et  VHisioire,  1651,  3  vol. 
in-80  ;  les  Œuvres,  Paris,  1 658,  in-4«; 
1672,  3  vol.  in-i2  ;  dédié  aucard.  de 
Richelieu.  Celte  trad.  a  eu  plus  de  dix 
éditions. 

IV.  Les  guerres  d'Alexandre  par 
Arrian,  Paris,  1646;  1652;  1664, 
in-8<».  —  Vaugelas  appréciait,  dit^on, 
tellement  cette  traduction  qu'il  se  la 
proposa  pour  modèle  dans  sa  version 
de  Quinte-Curce. 

V.  La  Retraite  des  Dix  mille,  de 
Xénophon,  Paris,  1048,  in-S»;  1665, 
in-12. 

VI.  Les  Commentaires  de  César, 
Paris,  1650;  1652;  1 658,  in-4o;  1665, 
in-12;  Amst.,  1678,  in-12;  1708,  in- 
12;  Lyon,  J700,  in-12. 

Vil.  Les  Œuvres  de  Lucien,  Paris, 

1654-5,  2  vol.  in-4»;  1664,  3  VOl. 
in-J2;  Colog.,  1670,  4  vol.  in-12; 
Amst.,  1697,  2  vol.  in-8o;  dédié  à 
Conrart.  «Il  étoit  juste, lui  disait  l'au- 
teur, de  consacrer  la  fin  de  mes  tra- 
ductions à  celui  qui  en  avoit  eu  les 
prémices;  et  Minucius  Félix  ayant  don- 


né naissance  à  notre  amitié,  Lucien  en 
devoit  faire  comme  l'accomplissement. 
D'ailleurs  il  falloit  mettre  au  frontis- 
pice de  cet  ouvrage  un  nom  qui  banntt 
toute  la  mauvaise  opinion  que  l'on  en 
pourroit  avoir;  et  que  le  libertinage 
de  cet  auteur  fût  effacé  par  la  vertu  de 
M.  Conrart.  Ajoutez  à  cela  que  le  livre 
ne  pouvoit  bonnètemcnt  parollre  en 
public  sous  d'autres  auspices  que  de 
celui  de  qui  les  soins  ont  tant  contri* 
bué  à  sa  production,  et  de  qui  les  bouB 
avis  font  maintenant  qu'il  se  montre  an 
jour  en  un  état  plus  parfait.  »  Dans 
l'édit.  de  Paris,  1 707, 3  vol.  pet.  in-8% 
on  trouve  deux  morceaux  de  la  com- 
position ûiiFrémont  d'Ablancourt.  L'é- 
dit. d'Amsl.,  1709,  2  vol.  pet.  in-8^^ 
est  recherchée  pour  ses  gravures. 

VIII.  Histoire  de  la  guerre  du  Pékh 
ponnèse  par  Thucydide,  continuée  par 
Xénctphon,Vàr[s,  1662,  in-fol.;  1671; 
1724, 3  vol.  in-12;  Amst.,  1662;  1713. 
3  vol.  in-1 2.  L'ouvrage  que  nous  troih 
vous  indiqué  dans  le  Catdl.  de  la  BlbL 
de  Grenoble  sous  ce  titre  :  L'hist,  greo^ 
que  de  Xénophon  ou  la  suite  de  TÀu- 
cydide,  Amst.,  1713,  in-1 2,  n'est  sans 
doute  qu'une  partie  du  précédent.  — 
Au  jugement  de  Cbénier,  cette  tradoo- 
tion  est  inexacte,  incomplète,  et  écrite 
dans  un  style  tout  à  fait  contraire  an 
génie  de  l'original. 

IX.  Les  apophtegmes  des  Anciens, 
tirés  de  Plutarque,  de  Diogène  Lcûfrce, 
d'Elien,  d'Athénée,  de  Stobée,  deMor 
crohe  et  de  quelques  autres  :  et  les  Stra- 
tagèmes de  Frontin,  Paris,  1 664,  in-4* 
etln-l2;Amst.,  J695;l730,in-12. — 
On  trouve  à  la  suite  de  la  trad.  de  Fron- 
tin, qui  parait  avoir  été  publiée  sépa- 
rément, même  année,  un  Traité  de  la 
bataille  des  Romains,  de  la  composi- 
tion de  l'auteur. 

X.  La  Description  de  V  Afrique, af^ec 
Vhist,  de  ce  qui  s'y  est  passé  de  remoT" 
quable  depuis  Tan  Gi:^  jusqu'en  1571, 
trad,  de  l'espagnol  de  Marmol,  Paris, 
lC67,3vol.in-4o.— Gombervilleet/ti#- 
tel  avaient  sollicité  Perrot  de  faire  cette 
traduction.  11  mourut  avant  d'y  avoir 
mis  la  dernière  main.  Par  son  testa- 


PËR 


—  201  — 


PER 


ment»  il  chargea  Rlchelet^  avocat  au 
parlement^  de  la  revoir  et  de  la  faire 
imprimer^  «  ce  qu'il  fit  avec  M.  Gon- 
rart  et  autres.  M.  Patru  a  revu  exacte- 
meot  tout  l'ouvrage^  et  l'on  peut  dire 
que  jamais  homme  ne  fut  servi  de  ses 
amis  après  sa  mort  avec  plus  de  zèle 
et  plus  de  soin.  » 

On  trouve^  en  outre^  de  Perrot  un 
Discours  sur  l'immortalité  de  l'âme, 
et  six  lettres  adressées  à  Patru ,  à  la 
fin  des  OEuvres  de  ce  dernier;  et  Dia- 
logue entre  MM.  Patru  etd'Ablancourt 
sttr  les  plaisirs,  Amst.^  1714,2  part,  in- 
1 2.  C'est  à  tort  que  Colomiès  lui  attribue 
latrad.  des  sermons  italiens  du  P.  Nami^ 
impr.  sous  le  nom  du  P.  Du  Bosc.  m  II  est 
Trai^  lit-on  dans  l'Hist.  de  l'Académie, 
qu'à  l'âge  de  20  ans^  se  destinante 
prêcher^  il  traduisit  quelques  beaux 
endroits  de  ces  sermons^  mais  ayant 
embrassé  le  calvinisme^  il  donna  le  peu 
qu'il  en  avoit  traduit  au  P.  Du  Bosc^ 
qni  par  là  fut  déterminé  à  faire  le  res- 
te. »  Enfin  Watt  indique  une  traduc- 
tion en  anglais  de  Mémoires  sur  sa 
vie,  Lond.,  1783,  iu-s»;  mais  nous 
soupçonnons  quelque  méprise  :  ce  bi- 
bliographe est  coutumier  du  fait. 

PERRUQVET  (Nobl),  sieur  de  U 
Mnlonnière,  fut,  en  1 563,  à  la  demande 
de  GuiUaume  Le  Foumier,  ancien  de 
réglise,  installé  dans  les  fonctions  du 
ministère  sacré  à  Piriac,  en  Bretagne, 
par  Loyseau,  accompagne  des  anciens 
Saint-Germain,  Pontuel,  Bonabé  et 
û'Agault.  Forcé  de  quitter  la  France 
aux  troisièmes  troubles,  il  se  retira  en 
Angleterre,  d'où  il  ne  revint  qu'après 
la  conclusion  de  la  paix.  A  la  Saint- 
Barthélémy,  il  se  sauva  de  nouveau 
en  Angleterre,  où  il  resta  deux  années. 
C'est  encore  comme  pasteur  de  l'église 
de  Piriac  qu'il  assista,  en  1577,  au 
synode  de  Vitré,  mais  plus  tard,  il  fut 
diiargéde  desservir  l'église  du  Groisic, 
où  il  fut  remplacé,  en  1583,  par  Mat- 
thieu Bihan,  pais  celle  de  Vitré,  d'où 
la  persécution  le  chassa  en  1585.  il 
passa  dans  l'Ile  de  Guernesey  et  ne 
revint  dans  son  église  qu'en  1590.  il 
moural  le  9  avril  1591,  et  eut  pour 

T.  Viii. 


successeur  /.  Parent,  sieur  de  Préau, 
qui  fut  assassiné  vers  1625. 

PERSODE  (N.  de),  major  de  la 
ville  de  Verdun  et  commandant  de  la 
ciladelle,  destitué  pour  cause  de  reli- 
gion en  1661.  De Persode  était  un  zélé 
protestant  ;  il  avait  auprès  de  lui,  com- 
me chapelain,  un  ministre  nommé  La 
Fargue,  au  grand  dépit  du  clergé  ca- 
tholique, qui  sollicita  le  gouverneur 
de  Pas'Feuquières,  de  mettre  hors  de 
la  citadelle  non-seulement  le  ministre, 
mais  Persode,  Dupuis  et  tous  les  au- 
tres officiers  hérétiques.  Feuquières 
s'y  refusa.  Les  prêtres  eurent  alors 
recours  au  roi,  et  obtinrent  un  arrêt 
du  Gonseil  ordonnant  aux  Prétendus 
Réformés  de  vider  et  la  citadelle  et  la 
ville.  Get  arrêt  cependant  ne  fut  pas 
expédié,  le  maréchal  de  Grammont 
ayant  fortement  représenté  combien  il 
serait  injuste  de  priver  un  excellent 
officier,  comme  Persode,  qui  avait  été 
estropié  sous  les  drapeaux  de  Sa  Ma- 
jesté, de  la  seule  récompense  qu'il  eût 
reçue  de  ses  services.  Une  semblable 
considération  ne  pouvait  arrêter  un 
clergé  fanatique.  Ordre  fut  donné  aux 
curés  d'exhorter  du  haut  de  la  chaire 
le  peuple  à  prier  Dieu  pour  la  religion 
en  danger  ;  on  prescrivit  des  neu vai- 
nes dans  toutes  les  églises,  on  chanta 
leslitanies  delà  Vierge  comme  dans  une 
calamité  publique.  En  même  temps, 
une  nouvelle  requête  fut  adressée  au 
roi,  qui  rendit,  le  2  juin  1661,  une 
déclaration  portant  que  tous  les  offi- 
ciers huguenots  sortiraient  de  la  ville 
et  de  la  citadelle  de  Verdun,  s'ils  n'ai- 
maient mieux  se  convertir.  Aucun  d'eux 
n'accepta  ce  pis-aller.  Pour  célébrer 
son  triomphe,  le  clergé  ordonna  de 
rendre  à  Dieu  des  actions  de  grâces  so- 
lennelles. 

Nous  ne  savons  quel  lien  de  parenté 
unissait  notre  vieux  commandant  à 
Charles  de  Persode,  sieur  de  Laislre, 
avocat  au  parlement  de  Paris,  conseil- 
ler d'État  et  secrétaire  des  comman- 
dements du  roi,  fils  de  Pierre  de  Per- 
sode, sieur  de  Mézery,  interprète  du 
roi  en  langue  germanique,  et  de  Su- 

15 


PER 


—  iC»2  — 


PES 


saune  de  Saint-AHlnn.  Ce  Charles  de 
Persode  épousa,  le  18  oct.  1668,  Êli- 
sabelh  Rousseau,  sœur  du  célèbre 
peintre  de  ce  nom^  et  veuve  d'AbrO' 
ham  Du  Maistre ,  qu'il  laissa  veuve 
pour  la  seconde  fois  en  1 678.  Les  Re- 
gistres de  Cbarenton  qui  nous  font 
connaître  les  dates  de  son  mariage  et 
de  sa  mort,  ne  nous  apprennent  pas 
s'il  eut  des  enfants^  en  sorte  que  nous 
ne  pouvons  dire  si  Afidré,  Louis  e\ 
Jean-Louis  de  Persode  y  qui  rempli- 
rent des  places  de  judicature  en  Prusse 
(Voxf,  VU,  p.  44),  et  Jean  de  Persode, 
qui  fut  successivement  ministre  à 
Francfort  et  en  Angleterre,  descen- 
daient de  lui  ou  de  quelque  autre  mem- 
bre de  la  même  famille. 

PÉRUSSEL  (François),  religieux 
cordelier,  bachelier  en  théologie  et 
maître  des  novices,  fut  gagné  à  la 
cause  de  la  Réforme,  dès  1 542,  par  les 
sermons  de  Landri  ;  mais  il  dissimula 
ses  sentiments  avec  tant  de  soin  que  la 
Sorbonne  ne  prit  Talarme  qu'en  1545, 
Elle  lui  interdit  la  chaire,  le  4  février. 
Pérussel,  que  d'Argentré  appelle /eon 
Pemocelle  (tout  nous  prouve  que  c'est 
le  même  individu),  promit  de  se  sou- 
mettre; mais  lorsqu'il  fut  question 
d'une  rétractation  publique,  il  refusa 
avec  emportement  de  subir  cette  humi- 
liation. La  Sorbonne  l'exclut  donc  delà 
Faculté,  le  1 2  mai,  tanquam  membrum 
mdum.  Le  cardinal  Du  Bellay  et  le 
Dauphin  intervinrent  en  sa  faveur. 
Lui-même  en  appela  comme  d'abus,  et 
un  arrêt  du  Conseil  du  19  janv.  1546 
le  renvoya  devant  le  parlement.  Pérus- 
sel ne  crut  pas  prudent  d'attendre  le 
jugement;  avant  qu'il  fût  rendu,  il 
sortit  du  royaume  et  se  retira  à  Bâle, 
puis  en  Angleterre,  où  nous  le  trou  vous, 
en  1550,  pasteur  de  l'église  française 
de  Londres,  sous  le  nom  de  Là  Rivière. 
Lorsque  les  sanglantes  persécutions 
exercées  par  la  reine  Marie  forcèrent 
les  Réfugiés  français  à  chercher  ailleurs 
on  asile,  Pérussel  accompagna  son 
troupeau  à  Wesel  d'abord,  puisàFranc- 
fort-sur-le  Mein.  Les  relations  qu'il  a* 
vait  nonéesavecCasto/ûm  pendant  son 


séjour  à  fiàle  et  qu'il  continuait  k  en- 
tretenir avec  l'odieux  «  parti  acadé- 
mique, »  les  querelles  qu'il  eut  avec 
son  collègue  Olbrac  au  sujet  de  la 
Discipline  ecclésiastique  qu'il  ne  vou- 
lait pas  aussi  rigoureuse  qu'à  Genève  ; 
enfin  des  soupçons  plus  ou  moins  bien 
fondés  relai  iveraent  à  l'hétérodoxie  de 
ses  opinions  sur  la  prédestination  ab- 
solue, ne  devaient  pas  le  mettre  en 
bonne  renommée  auprès  de  Calvin^  de 
Bèze,  ni  de  leurs  disciples.  Uest  donc 
probable  qu'ils  le  virent  avec  déplai- 
sir se  présenter,  sans  doute  comme 
député  de  l'église  de  Francfort,  au  col- 
loque do  Poissy,  où  il  joua  pourtant 
un  rôle,  car  c'était  un  théologien  in- 
struit ;  mais  leur  mécontentement  fui 
grand  surtout  lorsque  Corufë  le  choisit 
pour  son  chapelain.  Us  n'osèrent  tou- 
tefois le  manifester  trop  hautement. 
Pérussel  d'ailleurs,  flatté  apparemmeal 
du  choix  du  prinoe,  non-seulement  9i« 
gna  tout  ce  que  l'on  voulut.  Confession 
de  foi  et  Discipline  ;  mais  il  poussa 
l'hypocrisie  jusqu'à  condamner  «  les 
blasphèmes  »  de  son  ami  Castalioa. 
Lorsque  la  guerre  éclata,  il  sui  vitCondé 
à  l'armée.  Nous  avons  raconté  ailleura 
ses  prouesses  à  la  bataille  de  Dreux 
(Voy.  H,  p.  452).  On  peut  supposer 
qu'après  la  conclusion  de  la  paix,  il 
rentra  dans  la  maison  de  Condé,  et  que 
ce  fut  en  qualité  de  chapelain  du  prinoe 
qu'il  prêcha  à  Nantes  en  i  565  (Voy.  11^ 
p.  454).  Depuis  cette  époque,  nous  n'a- 
vons plus  rencontré  son  nom.  La  Croii 
du  Maine  affirme  qu'il  est  auteur  de 
plusieurs  Œuvres  latins  et  françois, 
mais  desquels,  à  ce  qu'il  i^oute,  il  n'a- 
vait pas  connaissance. 

PESCHIER.  Trois  Français  de  ce 
nom  trouvèrent  un  asile  à  Genève  eon- 
tre  les  persécutions,  et  y  obtinrent  )m 
droits  de  bourgeoisie  :  Antoine,  de  Niâ- 
mes, en  i  7 1 6  ;  Pierre,  pharmacien  de 
Bagnols,  en  1 7 1 8,  et  François,  de  Va* 
lence,  en  1725.  Faute  de  renseigne* 
ments,  nous  ne  pouvons  dire  duquel 
des  trois  descendait  le  ministre /ocguei 
Peschier,  pasteur  de  l'église  de  Genëye 
depuis  1759^  mort  en  1795^  et  auteur 


PES 


—  203  — 


PET 


d'une  Diss.  de  trajeciione  maris  Ru- 
bri,  réimpr.  dans  le  Hussum  Uaga- 
nnm  (T.  iv),  non  plus  qu'on  autre  Jac- 
ques Pescbier,  qui  ne  noas  est  connu 
que  par  une  dissertation  De  irritabili' 
taie  animalium  et  vegetabilium,  imp. 
à  Edimbourg,  1797,  in-S».  —  De  nos 
Jours,  deux  membres  de  celte  famille 
86  sont  fait  un  nom  dans  les  lettres  et 
dans  les  sciences.  L'un,  nommé  Adol- 
p/b«,  professeur  delittératnre  française^ 
a  débuté  dans  la  carrière  littéraire  par 
WikEssai  sur  cette  question  :  D'où  vient 
que  les  sciences  et  les  arts  sont  cuUp' 
vis  à  Genève  avec  plus  de  succès  que 
laUttérature?Gen,  et  Paris,  1827,in- 
8*.  De  ses  autres  publications ,  nous 
eoimaissons  un  Discours  prononcé  à 
fow)eriureducoursdelittératurefran- 
foîia,Francf.-sur-leMein^  l852,in-8o, 
«ne  Histoire  de  la  littérature  alleman- 
lif,  Paris  et  Gen.,  1856,  2  vol.  in-S», 
et  un  Cours  de  littérature  française, 
Sloattgart,  1859,  in-s».  L'autre  por- 
tail le  nom  de  Cfuirles-Gaspard.  Né  à 
Genève,  le  i  o  mars  1 782,  il  fit  ses  bu- 
manités  et  sa  philosophie  au  collège  de 
la  ville  natale  ;  puis  il  vintà  Paris  dans 
If  intention  de  suivre  les  cours  de  mé- 
decine et  de  chirurgie.  Il  y  soutint  une 
flièse  remarquable  sur  le  croup  pour 
le  grade  de  docteur,  et  retourna  dans 
ea  patrie ,  précédé  d'une  réputation 
que  ses  succès  au  lit  des  malades  éten- 
daient de  jour  en  jour,  lorsque  des 
malheurs  domestiques  le  forcèrent  à 
s'éloigner.  Il  s'établit  àAubonne  dans 
le  canton  de  Vaud;  mais  au  bout  de 
trois  ans,  prenant  congé  de  la  nom- 
breuse elientelle  qu'il  s'y  était  formée. 
Il  revint  à  Genève ,  où  l'homœopathie 
comptait  déjà  un  certain  nombre  de 
partisans.  11  voulut  connaître  les  prin- 
cipes de  la  nouvelle  école,  et  l'étude 
térieuse  qu'il  en  fit  lui  inspira  un  tel 
«itliousiasme,  que  dès  lors  il  fut  un 
des  plus  zélés  disciples  de  Hahnemann 
et  un  des  plus  ardents  défenseurs  de 
ea  doctrine ,  même  dans  ses  plus  évi- 
dentes exagérations. 

A  en  juger  par  le  ton  dur^  acerbe^ 
de  M  polémique,  qui  descendait  quel- 


quefois jusqu'aux  personnalités  les  plus 
blessantes ,  on  se  ferait  une  idée  peu 
avantageuse  du  caractère  de  Peschier; 
cependant  les  personnes  qui  l'ont  con- 
nu le  mieux  affirment  qu'il  cachait 
sous  des  dehors  peu  attrayants  un  cœur 
bon  jusqu'à  la  faiblesse,  une  humeur 
gaie^  une  piété  sincère.  U  était  d'ail- 
leurs un  médecin  habile  et  très-in- 
struit.Travailleur  infatigable,  il  se  mit, 
à  l'âge  de  60  ans,  à  l'étude  de  l'hébreu, 
et  il  s'y  rendit  assez  habile  pour  lire 
facilement  le  texte  sacré  dans  la  langue 
originale.  Son  but ,  en  commençant 
cette  étude  tardive,  était  surtout  d'ac- 
quérir une  connaissance  approfondie 
de  TA.  T.,  et  il  le  poursuivit  sans  re- 
lâche jusqu'à  la  fin  de  ses  jours,  comme 
le  prouvent  plusieursdissertations  iné- 
dites sur  le  temple  de  Salomon,  le  culte 
des  anciens  Hébreux,  le  nombre  VTI, 
etc.,  qui  se  trouvent  aujourd'hui  entre 
les  mains  d'un  de  ses  amis. 

Peschier  mourut  d'hYdroplsio,  le  21 
mai  1855,  à  l'âge  de  71  ans.  On  a  de 
lui  des  Rechercltes  sur  le  titane,  Gen. 
et  Paris,  1825,  in-8«>,  eides  Notices  et 
documents  sur  le  choléra,  2»  éd.,  Gen.^ 
1851,  in-80.  Il  a  trad.  de  l'allemand  de 
Weber  une  Exposition  systématique 
des  effets  pathologiques,  et  de  l'anglais. 
L'art  de  faire  le  pain.  Il  fut  aussi  un 
des  colraducteurs  des  Mélanges  de  chi- 
rurgie étrangère,  qui  se  publient  à  Ge- 
nève, et,  si  nous  ne  nous  trompons,  le 
directeur  et  principal  rédacteur  de  la 
Bibliothèque  homcBOpathique  de  Ge- 
nève,  1855-42,  18  vol.  in-8». 

PETIT,  nom  d'une  famille  noble^ 
originaire  de  Paris,  dont  la  branche 
aînée  se  trouva  transplantée  dans  le 
Languedoc  à  la  suite  des  événements 
politiques  et  religieux  de  xvp  siècle. 

Chassé  de  France  par  la  Saint-Bar- 
tbélemy,  à  laquelle  il  eut  le  bonheur 
d'échapper,  FrançoisVeiïi,  docteur  en 
droit,  se  sauva  en  Allemagne,  d'où  il 
se  rendit  plus  tard  en  Suisse.  Après  sa 
mort,  son  fils  unique,  nommé  aussi 
François,  qui  l'avait  accompagné  dans 
sa  fuite,  alla  habiter  Genève,  ou  il  se 
fit  admettre  an  ministère.  C'est  du 


PET 


—  204  — 


PET 


mariage  de  ce  fils  avec  Noemi  Olivier 
que  naquit  à  Nismes^  le  Jour  de  Noël 
1 594^  Samuel  Petite  le  savant  orienta- 
liste. 

François  Petite  qai  exerçait  les  fonc- 
tions pastorales  à  Saint-Ambroix^  ne 
négligea  rien  pour  l'éducation  de  son 
flls^  elles  progrès  surprenants  de  Ten- 
fant  répondirent  à  ses  soins.  A  Tàge 
de  7  ans,  le  jeune  Samuel  aurait  pu 
être  compté  parmi  les  enfants  célèbres. 
Sa  philosophie  terminée^  comme  son 
père  le  destinailà  la  carrière  ecclésias- 
tique, il  se  rendit  à  Genève  pour  y  étu- 
dier la  théologiesouslesavantDiodati. 
Yersé  déjà,  comme  pas  un  de  ses  con- 
disciples, dans  la  connaissance  de  la 
langue  latine,  il  s'appliqua  avec  une 
ardeur  extrême  à  apprendre  le  grec  et 
les  langues  orientales,  l'hébreu,  le 
chaldéen ,  le  syriaque,  le  samaritain, 
l'arabe,  le  copte  même  ;  l'hébreu  sur- 
tout lui  devint  bientôt  aussi  familier 
que  le  français.  Son  père,  averti  qu'il 
passait  ses  nuits  à  l'étude,  craignit 
pour  sa  santé  et  le  rappela  auprès  de 
lui.  Peu  de  temps  après,  en  1614,  le 
synode  du  Bas-Languedoc  l'admit  au 
ministère,  quoiqu'il  n'eût  que  dix-sept 
ans,  et  l'attacha  à  l'église  de  sa  ville 
natale.  L'année  suivante,  Samuel  Petit 
fut  nommé  professeur  de  grec  au  Col- 
lège des  arts  de  Nismes.  Cette  chaire 
ayant  été  supprimée,  en  1623,  par  le 
Synode  national  de  Charenton ,  il  fut 
choisi  pour  remplacer  Codurc,  et  eu 
J627,  on  le  donna  pour  successeur 
dans  le  principalat  à  l'Ecossais  Adam 
Abrenétbée,  qui  était  suspect  au  duc 
de  Rohan. 

Petit  s'était  déjà  acquis,  dans  la  ré- 
publique des  lettres,  la  réputation  d'mi 
savant  distingué  et  il  jouissait,  en 
outre,  parmi  ses  concitoyens  d'une  in- 
fluence fort  grande,  que  lui  avaient 
méritée  ses  vertus,  sa  piété  et  ses  ta- 
lents, lorsque  Richelieu  mit  en  avant 
son  fameux  projet  de  réunion.  Il  était 
trop  en  évidence  pour  que  le  cardinal  ne 
tentât  pas  de  le  gagner.  D'un  caractère 
doux  et  tolérant,  le  pasteur  de  Nismes 
se  prêta  de  bonne  grâce  aux  vues  du 


tout-puissant  ministre  de  Louis  XUl, 
et  il  composa,  à  son  instigation^  un 
discours  qui  fut  peu  goûté  des  Catholi- 
ques ;  aussi  Richelieu  ne  lui  témoigna- 
t-il  aucune  reconnaissance  d'une  dé- 
marche qui  pouvait  compromettre  gra- 
vement sa  position.  Lorsque  Petit  fut 
député  à  Paris,  en  1633,  pour  déjouer 
les  intrigues  des  Jésuites  qui  voulaient 
s'emparer  du  collège  de  Nismes,  il  ne 
put  rien  obtenir  et  ne  rapporta  que 
l'arrêt  du  Conseil  qui  attribuait  aux 
Catholiques  les  places  de  principal, 
de  professeur  de  physique  et  de  ré- 
gents de  première,  troisième  et  cin- 
quième classe. 

Petit  était  en  correspondance  suivie 
avec  la  plupart  des  savants  de  son 
siècle,  qui,  presque  tous,  rendaient 
justice  à  sa  vaste  et  profonde  êradition . 
On  assure  que  le  cardinal  Bagni,  dans 
quelques  entretiens  qu'il  eut  avec  lui, 
fut  si  charmé  de  son  savoir,  qu'il  lui 
proposa  de  l'emmener  à  Rome,  en  lai 
promettant,  de  la  part  du  pape,  qu'il 
n'y  serait  nullement  inquiété  an  sujet 
de  la  religion.  Petit  ne  voulut  point  se 
rendre  aux  instances  du  cardinal.  Il 
refusa  aussi ,  en  1 638,  la  place  de 
professeur  en  théologie  dans  l'onlTer- 
sité  de  Franeker,  qui  lui  était  offerte 
sur  la  recommandation  de  Saumaise, 
et  il  remercia  également  de  ses  bonnes 
intentions  à  son  égard  le  Père  Petit, 
général  des  Trinitaires  et  son  cousin, 
qui  cherchait  à  l'attirer  à  Paris,  en 
s'engageant  à  le  faire  rentrer  par  son 
crédit  dans  la  possession  des  biens  de 
son  aïeul  François,  qui  avaient  été 
conflsqués  après  sa  sortie  du  royaume. 
Petit  avait  trop  peu  d'ambition  pour  se 
laisser  séduire  par  les  offres  les  plus 
brillantes.  Il  était,  en  outre,  désinté- 
ressé au  point  de  s'attirer  les  repro- 
ches de  sa  femme,  qui  ne  poussait  pas 
aussi  loin  que  lui  le  mépris  des  riches- 
ses. «H  faisoit de  l'étude,  ditlfesnard, 
ses  plus  précieuses  délices .  La  tranquil- 
lité dontil  jouissoitdans  le  seindesafa- 
mille ,  à  laquelle  il  étoit  extrêmement 
attaché,  augmentoit  son  bonheur.  11 
aimoitlapaix  et  avoit  le  caractère  doux 


PET 


—  205  — 


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et  paisible.  Charitable  envers  les  pau- 
vreset  envers  lesmalades  qu'il  aimoità 
visiter^  il  consoloit  les  uns  et  les  antres 
par  des  entretiens  pathétiques  et  les 
engageoit  à  supporter  chrétiennement 
rétat  de  l'adversité.  » 

Quoiqu'il  eût  reçu  de  la  nature  un 
tempérament  robuste  ^  sa  trop  con- 
stante application  à  l'étude  le  jeta  dans 
un  épuisement  qui  dégénéra  prompte- 
4àent  en  fièvre  étique.  11  mourut,  à 
l'âge  de  49  ans,  le  12  déc.  1643,  ne 
laissant  de  tous  les  enfants  issus  de 
son  mariage  avec  Catherine  Cheiron, 
fille  d'Isaac  Cheiron,  docteur  en  droit 
et  principal  du  collège  de  Nismes, 
qu'une  fille,  nommée  Antoinette,  ma- 
riée à  Pierre  Formyy  docteur  en  mé- 
decine de  la  Faculté  de  Montpellier. 

Malgré  sa  grande  réputation,  Sa- 
muel Petit  n'a  pas  joué  un  rôle  consi- 
dérable dans  les  affaires  des  églises. 
11  ne  fut  député  qu'à  un  seul  Synode 
nallODal,àceluid'Alençon,  en  1637(1). 

Nous  l'avons  déjà  dit,  on  a  générale- 
ment rendu  justice  au  mérite  de  Samuel 
Petit.  Saunuasey  que  l'on  a  accusé  à 
tort  d'une  basse  jalousie  à  son  égard,  le 
qualifie  de  Vir  eruditinsimus  lingua- 
rum  Orientalium,  in  omni  antiquitate 
ecelesiasUcd  versatissimus,  ne  de  theo- 
logid  et  philosophiâ  dicam,  i^oute-t-il, 
cttjftts  est  periiissimus,  Colomiès  con- 
firme cet  éloge.  Selon  Gassendi,  il  u- 
nissait  à  une  rare  vertu  une  rare  éru- 
dition. A  ces  témoignages,  joignons 
encore  celui  de  Tannegui  Le  Fèvre, 
qui  rappelle  Vir  doclus,  sed  haud  du- 
bie  minus  felix  in  emendandis  Vête- 
rum  scriptis. 

(1)  On  •  prétendDy  en  s'appoyant  sur  une  lettre 
de  i'npofUt  Sorbier e,  «pie  Samuel  Petit  n'annit 
DM  éle  Soigné  de  se  convertir  an  catholicisme. 
Pour  réfuter  cette  calomnie,  il  suffit  de  citer  ce  que 
le  sème  Sorbtère  écriTait  de  L'Escluse,  le  Si 
déc.  164S  :  «  Je  tous  envoyé  dii  de  ses  lettres... 
Yens  y  remarqnerés  aussi  sa  piété  et  l'attache- 
nenl  qv'il  a  à  la  religion  réformée,  jnsques  à  se 
mettre  eo  colère  contre  moy  de  ce  que  je  luy  pro- 
poioifl  les  raisons  desquelles  M.  Biondel  combat 
l'histoire  de  la  papesse  Jebanne.  Vous  verres 
coone  lui  plaisent  les  subtilités  de  Ssumnr  et 
tes  Gritica  sacra  de  M.  Cappel  que  tous  les  mi- 
Bisties  de  Paris  approuvent.  »  Nous  crovons  celte 
lettre  inédite. 


Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  : 

I.  Miscellaneorum  lib,  IX,  Paris., 
1630,  in-40. 

II.  Ecîogœ  chronologicœ,  in  quibus 
de  variisJudcBorum,Samttritanorumy 
Grœcorum,  Macedonum,  Syro-Mace- 
donum,  Romanorum  typis,  cyclisque 
veterum  Christianorum  fMschaUbus 
(^ûputo(tir,  Paris., 1 632»  in-4o;réimp. 
en  partie  dans  leThesaurus  deGraevius 
(T.  VIII),  dans  celui  de  Gronovius  (T. 
IX),  et  par  Fabricius  dans  les  Opéra 
S.  Hippolyti  (Hamb.,  1718,  in-fol.). 
La  Biographie  universelle  mentionna 
Discours  chronologiques,  contenant 
l'intention,  l'ordre  et  les  maximes  des 
parfaites  chronologies  pour  les  discer^ 
ner  des  mauvaises,  Paris,  i  636,  in-i». 
C'est  apparemment  la  traid.  d'une  por- 
tion des  Eclogœ. 

III.  Variarum  lectionum  lib.  IV,  in 
quibus  Ecclesiœ  utriusque  Fœderis  tv 
tus  moresque  antiqui^  sacri  item  ejuS" 
dem  atque  ecclesiastici  scriptores  t(- 
lustrantur,  explicantur,  emendantur, 
Paris.,  1633,  in-40;  réimp.  dans  le  T. 
IX  des  Critici  sacri  (Amst.,  1698, 
in-fol.). 

IV.  Leges  Atticœ,  Paris.,  1635,  ln« 
fol;  1642,  in-4». 

V.  Observationum  lib.  III,  Paris., 
1642,  in-4». 

VI.  Diatribe  de  jure  principum 
edictis  Ecclesiœ  quœsito,  nec  amUs 
vindicato,  Amst.,  1649,  in-S». 

VII.  Traité  touchant  la  réunion  des 
Chrétiens,  Avec  quelques  observations 
qui  ont  été  faites  sur  un  livre  latin 
du  sieur  Gaussen,  Paris,  1670,  in-i2. 
— L'original  latin  n'a  jamais  vu  le  jour. 
La  traduction  a  probablement  été  faite 
par  d'Huisseau. 

Petit  n'a  pas  eu  le  temps  de  mettre 
la  dernière  main  à  des  Animadversions 
sur  Josèphe,  dont  le  msc.  se  trouve 
aujourd'hui  dans  la  Bibl.  d'Oxford. 

PETIT  (Anne -Marguerite  de), 
plus  connue  sous  le  nom  de  M">«  Du 
Noyer,  naquit  à  Nismes,  le  12  juin 
1 663,  de  Jacques  de  Petit  et  de  Ca- 
therine Cotton,  de  Montpellier,  qui  des- 
cendait de  la  même  famille  que  le  fa- 


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meux  confesseur  de  Henri  IV.  Elle  fat 
présentée  au  baptême  par  le  sieur  de 
Moniagnac,  au  lieu  et  place  de  Pierre 
Petit,  capitaine  de  cavalerie,  son  on- 
cle (l),  et  par  Marguerite  Cotton,  é- 
pouse  du  sieur  de  Saporta,  sa  tante 
du  côté  maternel.  Sa  mère  étant  morte 
peu  de  temps  après  lui  avoir  donné  le 
jour^  M">*  de  Saporta,  «  femme  qui 
]oignoit  à  une  grande  beauté^  à  un 
esprit  et  un  génie  supérieur,  un  cœur 
et  des  sentimens  héroïques,  en  un 
mot,  une  vertu  et  une  piété  exemplai- 
res, »  la  prit  chez  elle,  à  Orange,  et  se 
chargea  de  son  éducation.  Au  bout  de 
six  ans,  elles  allèrent  toutes  deux  ha- 
biter Nismes,  oii  elles  se  trouvaient 
lorsque  Tédit  de  Nantes  fut  révoqué. 

La  protection  du  maréchal  de  Lor- 
ges  épargna  à  W^  Petit  les  odieuses 
violences  des  missionnaires  bottés; 
mais  si  elle  ne  subit  point  les  brutales 
insolences  des  dragons,  elle  eut  à  sou- 
tenir les  efforts  des  convertisseurs,  qui 
la  trouvèrent  inébranlable.  De  guerre 
lasse,  on  lui  accorda,  sur  sa  demande, 
un  passe-port  pour  Paris,  oii  demeu- 
rait son  oncle  Gaspard  Cotton,  qui  y 
avait  fait  son  chemin  par  le  crédit  des 
maisons  de  Cbàllllon  et  de  Duras.  Cet 
oncle  venait  d'abjurer  et  Ton  espérait 
que  son  influence,  fortiflée  par  la  per- 
spective de  sa  riche  succession,  déter- 
minerait sa  nièceà  suivre  son  exemple. 
M>^«  Petit  se  mit  donc  en  route  avec  sa 
tante  Saporla,  le  l«'  déc.  1685,  fer- 
mement résolue  à  sortir  du  royaume 
à  la  première  occasion  favorable.  Ar- 
rivée à  Lyon,  elle  trouva,  après  beau- 
coup de  démarches  inutiles,  un  caba- 
retier  de  Seyssel  qui  se  chargea  de  la 
conduire,  déguisée  en  marmiton,  à  Ge- 
nève, où  elle  parvint  saine  et  sauve, 
mais  peu  contente  de  son  guide,  qui 

(1)  Ce  Pierre  Petit  ne  doit  pas  être  confonda, 
CTOyons-nouSy  avec  Pierre  Petite  maréchal  des 
logis  général  do  la  caTalerio  légère,  qui  épousa 
Susanm  Le  Monnierelen  eut  :  1^  TSAAC-FnAN- 
çois,  né  le  35  sept.  1674,  présenté  au  baptême 
par  Jiaac  Lt  Monnitr^  secrétaire  des  commande- 
ments du  duc  d'Orléans,  et  par  Judith  de  Gorrit, 
So  Plbrrb,  baptisé  le  21  juin  1676  [Rcg.  de 
Charenton). 


Tavait  maltraitée  et  volée  sans  pUiô. 
Sa  tante  continua  sa  route  vers  Paris. 
De  Genève,  où  elle  ne  s'arrêta  que  peu 
de  temps,  M"»  Petit  alla  rejoindre  à 
Lausanne  son  oncle  Noguier,  qu'elle 
suivit  en  Hollande,  où  Pierre  Petit  s'À- 
talt  établi  avec  sa  famille,  même  avant 
la  révocation.  Mais  elle  ne  tarda  pas  à 
sentir  le  lourd  poids  de  la  dépendance  ; 
son  oncle,  de  son  côté,  se  fatigua  bien- 
tôt de  sa  présence.  Il  l'engagea  à  en- 
trer dans  la  Société,  espèce  d'hospice 
fondé  par  la  princesse  d'Orange  et  di- 
rigé par  M^^*  Du  Moulin.  La  proposi- 
tion était  peu  attrayante  pour  unejenne 
fille  de  23  ans  ;  aussi  M"«  Petit  préféra- 
t-elle  revenir  en  France  auprès  de  sa 
tante  Saporta  et  de  son  onde  Cotton, 
qui  depuis  longtemps  pressaient  son 
retour  avec  les  plus  vives  instances,  en 
lui  promettant  qu'elle  ne  serait  point 
inquiétée  au  sujet  de  la  religion.  Elle 
partit  de  La  Haye,  au  moisd'oct.  1686. 
A  son  arrivée  à  Paris,  le  22  déc., elle 
trouva  sa  tante  convertie  ou  soi-disant 
telle.  Cotton,  malgré  sa  promesse,  ne 
négligea  rien  pour  l'amener  elle-même 
au  même  point;  mais  elle  résista  à 
tous  ses  arguments,  en  sorte  qu'au 
commencement  de  1687,  une  lettre  de 
cachet  l'envoya  avec  sa  tante  dans  un 
couvent  (Arch,  gén,  E.  5373).  Au  bout 
de  dix  jours  cependant,  Cotton  obtint 
leur  liberté,  en  s'engageant  à  les  faire 
instruire,    engagement  auquel  elles 
'souscrivirent,  mais  avec  la  ferme  ré- 
solution de  ne  pas  le  tenir,  s'il  était 
possible.  A  peine,  en  effet,  furent-elles 
hors  du  couvent,  qu'elles  cherchèrent 
activement  les  moyens  de  fuir.  Ce  ne 
fut  toutefois  qu'après  plusieurs  mois 
d'attente  qu'elles  réussirent  à  s'évader, 
mais  elles  furent  poursuivies,  rattra- 
pées à  Dieppe,  ramenées  à  Paris  et  en- 
fermées, le  8  fév.  1688,  aux  Filles  de 
l'Union  chrétienne  (Ibid,  E.   3374). 
Leur  constance  ne  se  démentit  pas. 
Ordre  futdonc  donné  de  les  expulserda 
royaume  comme  hérétiques  opiniâtres. 
Soit  queM»«=  Petit  ne  put  supporter  l'I- 
dée de  retourner  vivre  en  Hollande, 
soit  que  l'amour  se  mit  de  la  partie. 


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207 


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elle  finit  par  succomber,  et  accepta 
poar  époux  Guillaume  Du  Noyer,  capi- 
taine au  régiment  de  Toulouse.  Le  ma- 
riage eut  lieu  le  18  mai  1G88,  sans 
qu'on  exigeât  d'elle  ni  confession  ni 
abjuration;  on  permit  même  à  M»*  de 
Saporta^  quoiqu'elle  fût  restée  ferme 
dans  sa  foi,  d'aller  vivre  auprès  de 
sa  nièce,  chez  qui  elle  demeura  jus- 
qu'à sa  mort, arrivée  en  1693  (i)  ;  et, 
comme  témoignage  de  sa  satisfaction, 
Louis  XIY  accorda  à  la  Jeune  épouse 
une  pension  de  600 liv.,  qui  fut  portée, 
l'année  suivante,à900  [Ibid.  E.  3375). 
n  est  inutile  d'ajouter  qu'elle  rentra 
dans  les  biens  de  sa  famille,  qui  étaient 
considérables,  ce  qui  mit  son  mari  en 
état  d'acheter  plus  tard  la  charge  de 
grand-maître  des  eaux  et  forêts  du  Lan- 
guedoc. 

Rien  ne  troubla  d'un  manière  grave 
l'harmonie  entre  les  deux  époux  jus- 
qu'en 1699,  que  des  désagréments 
éprouvés  dans  sa  charge  engagèrent  Du 
Noyer  à  la  vendre  pour  venir  vivre  à 
Paris.  Au  sein  des  plaisirs  coûteux  de 
la  capitale,  l'ex-capitaine  donna  à  sa 
femme  de  fréquents  sujets  de  plaintes  ; 
ramour  de  M««  Du  Noyer  pour  son 
mari  se  refroidit,  et  à  mesure  qu'il  di- 
minua, la  voix  de  la  conscience,  qu'il 
avait  étouffée,  recommença  à  se  faire 
entendre.  La  mort  héroïque  de  Brous- 
son  éveilla  le  remords  dans  son  cœur, 
et  il  y  prit  tant  d'empire,  qu'elle  ré- 
solut de  sortir  de  France  et  de  rentrer 
dans  l^lise  réformée.  Sous  prétexte 
de  faire  un  voyage  àNismes,  elle  par- 
tit de  Paris,  à  la  fin  d'avril  1701,  ac- 
compagnée de  ses  deux  filles,  qui  en- 
traient, l'une  dans  sa  l2o  et  l'autre 
dans  sa  9«  année,  et  emportant  ce  qui 
lui  restait  de  plus  précieux  ;  mais  ar- 
rivée à  Lyon,  elle  changea  d'itinéraire 
et  gagna  Genève,  d'où  elle  se  hâta  de 
passer  dans  le  Pays  de  Vaud,  de  peur 
que  le  résident  français  ne  lui  Jou&t 
quelque  mauvais  tour.  De  là  elle  se 

(1)  Elle  fit  la  mort  la  plas  chrétlenoe,  dit  sa 
dIm«.  Qvoiqa'elle  n'eût  fait  aacan  acte  de  calho- 
Ueisma,  elle  fut  eoterrée  dans  l'église  de  3alot- 
Etienne,  à  Toalouse. 


rendit  en  Hollande,  désirant,  dit-elle, 
réparer  le  scandale  qu'avait  donné  son 
premier  départ.  Elle  y  trouva  dans 
M»"  de  La  Guerche  et  de  Dangeau, 
et  dans  M"«  de  Béringhen  des  protec- 
trices zélées.  M.  Her:arl  la  présenta 
au  grand-pensionnaire  qui  lui  promit 
d'appuyer  une  requête  qu'elle  avait 
adressée  aux  États-Généraux  dans  le 
but  d'en  obtenir  une  pension.  Les  cir- 
constances ne  permirent  pas,  il  est  vrai, 
de  lui  accorder  sa  demande  ;  mais  elle 
reçut  à  diverses  reprises  des  gratifi- 
cations assez  importantes,  qui  la  mi- 
rent en  état  de  vivre  dans  une  sorte 
d'aisance  à  la  Société  de  Scheidam, 
oit  elle  se  retira  par  le  conseil  de  ses 
amis,  et  où  elle  fut  admise  sans  diffi- 
culté par  la  directrice,  M^^*  de  La  Bou' 
telière,  sur  la  recommandation  de 
M^i«  de  Dangeau,  Elle  y  passa  environ 
six  mois  dans  une  retraite  profonde,  ne 
s'occupant  que  de  ses  enfants.  Ce  fut 
sur  ces  entrefaites  que  Guillaume  d'O- 
range monta  sur  le  trône  d'Angleterre. 
L'espoir  que  lui  donnait  son  cousin 
germain  L,  Petit-des- Etangs  d'obtenir 
du  nouveau  roi  une  pension  fixe,  la 
décida  à  passer  à  Londres,  en  1 70Î; 
mais  à  son  arrivée,  le  roi  Guillaume 
était  mort.  Après  avoir  attendu  long- 
temps, voyant  que  ses  affaires  ne  pre- 
naient pas  une  tournure  favorable,  elle 
revint  à  La  Haye  avec  ses  deux  filles. 
L'aînée,  nommée  Annc-Margueritb. 
épousa,  quelque  temps  après,  Jacob 
Constantiriy  capitaine  de  cavalerie,  et 
non  pas  Cavalier,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons dit  par  erreur  (Voy,  111,  p.  292). 
Comme  elle  n'avait  quitté  qu'avec  ré- 
pugnance sa  patrie  et  la  religion  ca- 
tholique dans  laquelle  elle  était  née,  elle 
finit  par  céder  aux  sollicitations  de  son 
père,  et  abandonnant  secrètement  son 
mari  et  sa  mère,  elle  revint  en  France,  à 
la  fin  de  fév.  1708.  Cette  fuite  causa  une 
vive  douleur  à  M»«  Du  Noyer,  qui  con- 
centra dès  lors  toute  son  affection  sur 
sa  fille  cadette,  Charlotte-Olthpc^ 
née  le  1 2  mars  1692.  Après  avoir  reçu 
les  hommages  de  Voltaire,  pendant  son 
voyage  en  Hollande,  en  1713,  et  ceux 


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de  Cavalier,  le  célèbre  chef  des  Ca- 
misards^  cette  demoiselle^  que  par  mi- 
gnardise on  appelait  Pimpette^  épousa 
plus  tard  M.  de  Winterfeld. 

Après  Tévasion  de  sa  fille  aînée, 
l^nie  Du  Noyer  quitta  La  Haye  pour 
s'établir  dans  le  village  de  Voorburg. 
Obligée  de  se  créer  des  moyens  d'exis- 
tence^ elle  eut  recours  à  sa  plume  et 
fonda  ou^  selon  d'autres^  continua  une 
espèce  de  gazette  en  vers  sous  le  titre 
de  Quintessence.  La  vogue  de  cette  p\i- 
blication  lui  procura  des  moyens  de 
vivre  honnêtement  et  lui  valut  même 
des  marques  d'estime  de  la  part  de 
très-grands  personnages  ;  mais^  d'un 
autre  côté^  elle  se  fit  des  ennemis  qui  ^ 
par  vengeance^  la  tournèrent  en  ridi- 
culedansle  Mariage  précipité^  comédie 
satirique  dont  elle  ne  put  empêcher  la 
représentation  sur  le  théâtre  d'Utrecht. 
Outre  sa  Gazette,  M°»«  Du  Noyer  a  pu- 
blié un  autre  ouvrage  plus  important, 
dont  le  succès  s'est  soutenu  jusqu'à 
nos  jours.  Nous  voulons  parler  de  ses 
Lettres  historiques  et  galantes,  relation 
des  principaux  événements  arrivés  de- 
puis le  commencement  du  siècle,  sous 
la  forme  d'une  correspondance  entre 
deux  dames  de  condition^  habitant  l'une 
Paris,  l'autre  la  province.  Ces  lettres 
sont  bien  écrites ,  sans  affectation  et 
avec  élégance.  On  y  trouve,  outre  deux 
historiettes  d'une  moralité  irréprocha- 
ble, un  grand  nombre  d'anecdotes  in- 
téressantes et  curieuses,dontquelques- 
unes,  cela  se  comprend,  sont  d'une  au- 
thenticité douteuse,  n'étant  racontées 
que  suroui-dire.  Elles  ont  eu  au  moins 
cinq  ou  six  édit.  depuis  la  première 
qui  parut  à  Cologne  en  1704.  Celle  de 
Londres,  J  757, 8  tomes  en  9  vol.  in-i  2, 
passe  pour  la  meilleure.  Les  six  pre- 
miers volumes  contiennent  les  Lettres, 
le  septième  les  Mémoires  de  M.  Du 
Noyer,  où  sa  femme  et  ses  filles  sont 
indignement  vilipendées,  et  le  Mariage 
précipité;  le  huitième  et  le  neuvième 
les  Mémoires,  que  M"»  Du  Noyer  pu- 
blia, dès  1710^  pour  se  justifier  des 
turpitudes  qu'on  lui  imputait.  Cette 
femme  célèbre  mourut  à  Voorburg,  le 


28  mai  1719,  opposant,  jusqu'à  la  fin 
de  ses  jours,  à  la  fortune  adverse  et  à 
la  calomnie  une  grande  sérénité  d'es- 
prit et  une  remarquable  force  d'âme. 
Hesuard  a  donc  eu  raison  de  dire,  dans 
son  Histoire  de  Nismes,  qu'elle  a  fait 
honneur  à  sa  patrie  ;  mais  il  s'est 
trompé  en  vantant  sa  beauté.  M»»  Da 
Noyer  n'était  pas  belle  ;  elle  était,  par 
contre,  très-spirituelle  et  pleine  de  vi- 
vacité et  d'enjouement. 

PETIT  (Etienne  deI,  ministre  à 
Saint-Rome-de-Tarn,  né  à|Lectoure,en 
16G1,  du  pasteur  François  de  Petit, 
qui  desservit  successivement  plusieurs 
églises  du  Haut-Languedoc ,  et  de  sa 
femme  Madelaine  Chavanon,  de  Lédi- 
gnan,  qu'il  avait  épousée,  en  1659, 
sortit  de  France  à  la  révocation,  avec  sa 
mère,  qui  mourutà  Stargard,en  1 729, 
âgée  de  91  ans,  son  frère  Louis,  sou- 
che de  la  branche  hollandaise  de  cette 
famille,  et  trois  sœurs,  dont  Tune, 
nommée  Espérance,  devint  la  gouver- 
nante des  enfants  du  margrave  Albert 
et  mourut  à  Berlin,  le  29  août  1 747, 
veuve  d'un  officier  prussien,  Walter 
de  Hillcnsberg,  tué  à  Malplaquet. 

Donné  pour  pasteur  à  la  colonie 
française  de  Prentzlow,  en  1 686,Etien- 
ne  de  Petit  desservit  cette  église  jus- 
qu'en 1697,  qu'il  fut  appelé  à  rem- 
placer le  ministre  Jordan  à  Stargard 
en  Poméranie^  où  il  mourut  en  1737, 
après  y  avoir  rempli  pendant  40  ans 
les  fonctions  du  ministère,  avec  autant 
d'assiduité  que  de  zèle.  De  son  mariage 
avec  Susanne  Sadier,  qu'il  avait  épou- 
sée en  ]  686,  naquirent  deux  fils.  Le 
cadet,  nommé  Isààc,  né  en  1690,  en- 
tra au  service  de  TAutriche,  parvint 
au  grade  de  colonel  et  mourut,en  1 764, 
commandant  de  Roveredo  dans  le  Ty- 
rol.  L'alné,  ANTOroB-Louis,né  à  Prentz- 
low en  1688,  s'éleva,  au  service  da 
roi  de  Prusse,  au  grade  de  lieutenant- 
colonel  et  fut  commandant  de  Spandau. 
Il  mourut  en  1737,  ayant  eu  de  son 
mariage  ayecMarguerite-A  mélie  Cleyn 
(Klein?)  quatre  enfants,  savoir  :  !<> 
Charles-Louis,  enseigne  dans  l'armée 
prussienne,  mort  en  1742,  à  Brannaa 


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en  Bohême^  sans  avoir  été  marié  ;  — 
2*  ISAÀC,  mort  en  1773,  à  Brieg  en 
Silésie^  maior  dans  le  régiment  de  Za- 
remba  et  père  de  deux  flls,  Chaelbs- 
Louis  et  Frédéric,  issus  de  son  allian- 
ce avec  Julienne-Hélène^CaroUne  von 
Schreibersdorfy  lesquels  suivirent  la 
carrière  des  armes  ;  —  3»  Màrib-Mà- 
DBLAniiE^  née  en  17 22,  qui  épousa,  en 
1749,  son  cousin  Antoine-Frédéric- 
Théophile,  etmourutàBerg-op*Zoom, 
en  1783;  —  4»  Espéràncb-Amélir, 
née  en  1 727,Iectrice  de  la  reinedouai- 
rlère  de  Prusse. 

La  branche  cadette  ou  de  Hollande, 
fondée  par  Louis  de  Petit,  nous  est  beau- 
coup mieux  connue  quelabrancbe  atnée 
ou  de  Prusse,  grâces  aux  renseigne- 
ments que  M.  Guillaume  de  Petit  a  bien 
voolu  nous  communiquer  sur  ses  an- 
cêtres. 

Né  en  1667  à  Saint-Rome-de-Tarn, 
Louis  de  Petit  fut,  après  son  arrivée 
dans  le  Brandebourg,  incorporé  dans 
les  Grands-Mousquetaires.  Lieutenant 
dans  un  régiment  de  cavalerie,  en  1 705, 
capitaine  en  1716,  il  mourut  à  Berlin 
en  1 749,  n'ayant  eu  qu'un  fils  de  sa 
femme  Elisabeth  Chavanon,  qu'il  avait 
éponsée  en  1708.  Ge  fils,  nommé  An- 
toine-Frédéric-Théophilb,  vint  au 
monde  en  1710.  A  l'âge  de  17  ans,  il 
entra  dans  le  corps  des  cadets;  mais 
trois  ans  après,  il  prit  du  service  dans 
f armée  hollandaise.  11  était  arrivé, 
en  passant  par  tous  les  grades  subal- 
ternes, à  celui  de  lieutenant-colonel, 
lorsque  le  stathouder  Guillaume  V  le 
nomma,  le  !«'  nov.  1769,  grand-ma- 
jor du  château,  et  en  i  776,  grand-ma- 
jor 'du  château  et  de  la  ville  de  Na- 
mnr,  place  qu'il  remplit  durant  six  ans. 
Après  la  mort  du  comte  de  Maillebois, 
Petit  obtint  le  commandement  de  son 
régiment,  le  20  déc.  1 79 1 ,  elle  1 8  juill. 
1 793,  le  prince  d'Orange^qui  avait  pour 
Ini  beaucoup  d'estime,  l'éleva  au  grade 
de  général  major  de  l'infanterie.  Fidèle 
à  son  souverain,  le  général  Petit  émi- 
gra,  en  1 797,  dans  le  Hanovre  avec  ses 
deux  dis,  et  mourut  à  Lingen,  le  29 
nov.  1 801 .  Il  avait  épousé  à  Berlin,  en 


1 749,  Marie'Madelaine  de  Petit  y  qui 
le  rendit  père  de  cinq  enfants,  dont  trois 
fils  :  I*  Louis-Frédéric,  né  en  1752, 
major  dans  le  régiment  de  son  père, 
qu'il  suivit  dans  son  émigration  ;  mais 
à  la  paix  d'Amiens,  il  retourna  en  Hol- 
lande avec  son  frère  sans  vouloir  tou- 
tefois accepter  d'emploi  dans  le  nouveau 
gouvernement.  U  mourut,  en  1839, 
lieutenant-colonel  d'infanterie,  n'ayant 
point  été  marié;  —  2»  Antoinb-Guil- 
làumb,  qui  continua  la  descendance; — 
30CHÀRLBS-HBNR1,  né  le  8  mai  1760, 
mort,  en  1 785,  lieutenant  d'infanterie. 
Né  en  1756,  Antoine-Guillaume  de 
Petit  entra  dans  le  génie.  Il  avait  obte- 
nu déjà  le  brevet  de  capitaine,  lorsqu'il 
émigra  avec  son  père.  Après  la  restau- 
ration de  1814,  il  reprit  du  service  et 
s'éleva  au  grade  de  major.  11  mourut  le 
1 4  mars  1 823,  ayant  eu  sept  fils  de  son 
union  avec  Adèlaide  -  Catherine-  Lucie 
Hesselberg^qu'il  avait  épousée  en  1 788: 
1»  Antoinb -Frédéric-  Marie,  né  en 
1789,  tué  à  Eylau,  en  1807,  servant 
dans  Tarmée  russe  avec  le  grade  de  lieu- 
tenant de  chasseurs  à  cheval  ;  —  2« 
Louis-Jàcqubs,  né  en  1790,  qui  fut 
placé,  en  1804,  à  l'Ecole  des  cadets  de 
Berlin.  En  1 808,  il  entra  au  service  de 
Russie  dans  le  régiment  où  son  frère 
aîné  avait  laissé  les  meilleurs  souve- 
nirs, et  fit  la  campagne  de  Finlande  sous 
les  ordres  de  Wittgenstein.  Nommé  lieu- 
tenant, il  fut  chargé  de  travailler  à  la 
carte  topographique  de  la  province  de 
Wilna.  Dans  la  sanglante  campagne  de 
1812,  oii  il  donna  en  vingt  rencontres 
des  preuves  brillantes  de  sa  valeur,  et 
reçut  plusieurs  blessures  graves,  il  ob- 
tint, comme  récompense  de  ses  servi- 
ces, le  brevet  de  capitaine  d'état-major 
et  la  décoration  de  l'ordre  de  Sainte- 
Anne.  En  1 81 3,  il  continua  à  se  signa- 
ler parmi  les  plus  braves,  à  Tôplitz,  à 
Halle,  à  Dresde,  à  Culm,  etc.,  jusqu'à 
la  bataille  de  Leipzig,  où  il  fut  de  nou- 
veau blessé  à  la  jambe  d'un  coup  de  feu. 
Cette  campagne  lui  valut  la  décoration 
de  Saint-Vladimir.  En  1815,  quoique 
soufflant  encore  de  ses  blessures,  il  en- 
tra dans  Paris  avec  le  corps  de  Witt- 


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genstein,  auquel  il  était  attaché  ;  mais 
il  ne  voulut  point  retourner  en  Russie.  Il 
donna  sa  démission  le  1 4  octobre^  et 
rentra  dans  sa  patrie,  pour  prendre  do 
service  dans  l'armée  néerlandaise.  De 
J  820  à  1 826  Jl  fut  un  des  commissaires 
pour  la  délimitation  des  frontières.  De 
i87;o  à  1839^  il  fut  employé  comme 
lieutenant-colonel  et  chef  d'état-msjor 
d'une  division  d'infanterie  dansl'armée 
mobile.  En  1849^  II  fut  nommé  colonel 
et  directeur  des  reconnaissances  mili- 
taires. En  1 852^  le  roi  Téleva  au  grade 
de  général  major  d'une  brigade  d'in- 
fanterie et  l'appela  au  commandement 
de  la  province  de  Gueldre;  mais  il  ne 
jouit  pas  longtemps  de  son  nouveau 
grade^  étant  mort^  le  26  fév.  1 853.  De- 
puis 1831^  il  était  décoré  de  l'ordre  de 
Guillaume,  et  depuis  1847,  de  l'ordre 
du  Lion  néerlandais.  Il  avait  épousé, 
en  1828,  une  demoiselle  van  de  WaUe 
qui  lui  donna  trois  flls.-— 3»  Gharlbs- 
Elis,  né  en  1 792,  tué  à  la  bataille  de 
Culm,  en  1812,  servant  comme  volon- 
taire dans  les  lanciers  polonais  au  ser- 
vice de  France;  —  4»  Frédéeic-Au- 
GU8TB,mort  enfant,  en  1795;— 5<>Gfi- 
RÀRD-GuiLLÀUiiE-Lucis,  né  en  1 799, 
capitaine  d'infanterie  et  chevalier  de 
l'ordre  du  Chêne,  mort  en  1851,  lais- 
sant deux  fils  de  sa  femme  Jokanna- 
Marie  Hanssen,  qu'il  avait  épousée  en 
1839;  —  6»  GuaLACHE,  né  en  1800, 
élève  de  l'Ecole  militaire  de  Delft,  au- 
jourd'hui lieutenant-colonel  pensionné 
de  rétat-major  général ,  chevalier  de 
Tordre  de  Guillaume  et  du  Lion  néer- 
landais, à  qui  sa  femme,  Henriette- 
Christophe-Johanna  Uytermark, morXQ 
en  1 844,  a  donné  un  fils  et  deux  flUes  ; 
— 7»ALEXANDiffi-(}uiRiN,  né  en  1807, 
lieutenant  d'infanterie,  h  qui  sa  belle 
conduite  pendant  le  siège  d'Anvers,  en 
1832,  mérita  la  décoration  de  l'ordre 
de  Guillaume.  Il  mourut  en  1848,  sans 
avoir  été  marié. 

François  de  Petit,  de  c(Ai  descendent 
par  une  Oiiaiion  non  interrompue  les 
Petit  de  Prusse  et  de  Hollande,  était 
très-vraisemblablement  le  fllsde  Daniel 
de  Petit  y  sieur  de  Montbrison,  qui 


épousa,  en  1631,  Armoise  de  Lupé. 
Tout  nous  porte  à  croire  que  cette  fa- 
mille était  originaire  du  Languedoc,  et 
qu'il  n'y  avait  point  de  lien  de  parenté, 
an  moins  immédiat,  entre  elle  et  la  fk- 
mille  parisienne  du  même  nom  ;  mais 
peut-être  pourrait-on  rattacher  à  cette 
dernière  Jonathas  Petit-de-Bretigm/y 
auteur  de  L'anti-hermaphrodite  ou  le 
secret  tant  désiré  de  beaucoup,  de  l'ch 
vis  proposé  au  roy  pour  réparer  les 
désordres,  impiétés,  injustices,  abus, 
méchancetés  et  corruptions  qui  sont  en 
ce  royaume, Paris,  J.  Berjon,  1606,  In- 
8*;  ainsi  que  Thomas  Petit,  sieur  de 
Claux-Hardi,  avocat  au  parlement  de 
Paris,  qui  fut  député,  en  I599,à  l'As- 
semblée politique  de  Saumur  par  l'Ile- 
de-France  (Fonrfs  de  Brienne,  N»  221). 
Ce  dernier  eut  de  son  mariage  avec 
MariePicherel,ùen%  fils,  nommés  EsAii 
et  Jonathas.  L'atné,  né  en  1 594,  ftit 
présenté  au  baptême  par  Paul  Le  Mais- 
tre,  médecin  du  roi,  et  par  Marie  de  la 
Rougerayî,  veuve  Perrin.  Le  cadet, 
sieur  de  Claux-Hardi,  né  en  1599,  et 
enterré  au  cimetière  des  SS.  PP.,  le  S8 
août  1 652,  fut  contrôleur  général  des 
bois  et  forêts;  il  ne  laissa,  à  ce  qu'il 
parait,  de  son  mariage  avec  Jeanne 
Muisson,  qu'une  fliie,  Madelainb,  qui 
épousa,  en  1647^  Gaspard  MascUni. 
Peut-être  devrait-on,  si  la  généalogie 
de  cette  famille  était  Jamais  dressée,  y 
donner  aussi  place  à  IHerre  Petit,  sieur 
du  Chesnoy,  avocat  au  parlement  (iL 
flls  de  Pierre  Petit,  procureur,  et  de 
SusanncDawrf,  lequel  épousa,  en  1 637, 
dans  l'égiise  deCharenton,  Marie  àwl- 
lemard,f[\]o  de  Daniel  Guillemard,  pro- 
cureur au  parlement,  et  de  Madelaine 
Gobelin,  et  à  la  sœur  de  ce  Pierre^  nom- 
mée Claude,  qui  devint,  en  1 632,  la 
femme  de  Jacques  deSaumcdse.Ce  sont 
là,  on  le  comprend,  des  hypothèses 
peut-être  sans  fondement;  car  le  nom 
de  Petit  est  commun  en  France;  il  se 

{i)  C'est  lui  sans  doute  qui  abjura  trois  joors 
ataul  sa  mort,  comme  le  raconte  le  Mercure  ga- 
lant du  mois  de  mai  1680.  Nous  ne  prendront 
pas  sur  nous  d'affirmer  qu'il  soit  identique  ATee 
l'atocat  Petit,  auteur  d'une  traduction  de  Lettrée 
choisies  de  St. -Jérôme,  Paris,  Goutcrot,  1675,  t*. 


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rencontre  très*fréquemment  dans  les 
Annales  de  nos  églises.  Ainsi  à  Paris 
même  tivaient,  dans  la  première  moi- 
tié dn  xvn«  siècle  :  Samuel  Petit,  li- 
braire-éditeur de  quelques-uns  des  ou- 
trages du  savant  Daillé,  Il  mourut  an 
mois  de  sept,  i  650^  ayant  eu  de  son 
mariage  avec  Marie  Augier,  cinq  flis  : 
Elie^  né  le  14  juin  1620;  N.  baptisé 
le  26  mars  1623;  Philippe,  né  le  12 
sept.  1 627  ;  Jean,  né  le  20  Juin  1 631  ; 
Sàxuel^  né  le  23  juiU.  1633.  Y  vivait 
aussi ,  dans  le  même  temps ,  Adrien 
Petit  y  architecte  du  duc  d'Orléans,  en- 
terré au  SS.  PP.^  le  28  ]uill.  1658^  à 
f&ge  de  72  ans  ;  il  avait  eu  de  sa  fem- 
me^ Marie  Du  Ry,  plusieurs  enfants  : 
ÉLISABKTH^  bapt.  le  1 0  oct.  1 632  ;  Mà- 
tXE,  bapt.  le  1 5  mai  1 635,  qui  eut  pour 
parrain  son  oncle  Sébastien  Petit  ;  An- 
ne, bapt.  le  13  Juin  1638;  ADRIEN,  en- 
terré le  5  sept.  1 644  ;  Jean,  mort  Jeune, 
en  1 644,  et  finalement  Isaac,  maître 
maçon,  marié,  en  mars  1 662,  avec  /?a- 
chel  /lûvotr,  fille  de  Pierre  Ravoir  y  sieur 
de  Lafleur,  lieutenant-général  des  mi- 
neurs de  Tartillerie  ,  et  d*Elisabeth 
Beaufeys. — Enl  625,  le  maire  de  La  Ro- 
chelle se  nommait  Jacques  Petite  et  ses 
enfants  professaient  encore  le  protes- 
tantisme en  i  68 1 .  C'est  d'eux  sans  dou- 
te quedescendent  les  Petit  d'Angleterre, 
dont  trois,  Jean-Louis,  Louis-Hayes  et 
LomS'Pierre, ont  rempli  les  fonctions  de 
directeurs  de  l'hôpital  français  à  Lon- 
dres, en  1773, en  1829  et  en  1845,  et 
dont  un  quatrième,  Pierre,  s'est  fait 
connaître  par  une  grammaire  hébraï- 
que, publiée  sous  le  titre  de  The  he- 
brew  guide,  Lond.,  1752,  in-4«.  — 
Dans  le  Bas- Languedoc,'  indépendam- 
ment du  professeur  Samuel  Petit  et  de 
M««  Du  Noyer,  nous  trouvons  un  Au- 
bin Petit,  sieur  de  Boisset,  et  un  Jean 
Petit,  sieur  du  Gravier,  qui  assistèrent 
tous  deux  à  rassemblée  politique  de 
Lunel  (Arch.  Tt.  232);  un  François 
Petit,  docteur  en  droit  civil  et  avocat, 
qui  fut  député,  comme  ancien  de  l'é- 
glise de  Nismes,  au  Synode  national  de 
Castres,  où  il  Joua  un  rôle  assez  im- 
portant, et  deux  demoiselles  Petit, 


ïsabeau  et  Charlotte,  qui  sortirent  de 
France  à  la  révocation  (Ibid.Tr,  282). 
*-  Parmi  les  réfugiés  d'Orange  figure 
le  pasteur  Charles  Petit,  qui  avait  été 
admis  au  ministère,  en  1678,  parle 
synode  provincial  tenu  à  Nismes,  et  qui, 
de  1 704  à  1 7 1 6,  date  de  sa  mort,  des- 
servit l'église  française  de  Berlin.  C'est 
aussi  du  Languedoc  qu'était  originaire 
Pierre  Petit,  ministre  à  Choulex,  en 
1596,  un  des  convertis  de  François  de 
Sales.  Les  écrivains  catholiques^  qui 
célèbrent  cette  conversion  comme  un 
triomphe,  se  gardent  bien  de  dire  que 
le  misérable  apostat  avait  été  déposé 
a  pour  ses  malversations,  scandales, 
ivrogneries,  violences  à  l'égard  de  sa 
femme,  cruautés  contre  ses  propres  en- 
fants, »  et  que  peu  s'en  était  fallu  qu'il 
ne  fût  pendu  à  Genève  «  à  cause  de 
ses  larcins  et  faussetés.»  On  a  publié, 
selon  l'usage,  La  volontaire  conversion 
de  P.  Petitycy-devant  ministre  de  Ge- 
nève, à  nostre  saincle  foy  et  religion 
catholique,  Paris,   1599,   in-S»,  où, 
comme  bien  l'on  pense,  l'auteur  a  passé 
prudemment  sous  silence  ses  antécé- 
dents. Enfin,  sans  parler  d'un  prêtre 
converti,  nommé  Petit,  qui  eut  à  Genè- 
ve, en  1 665,  avec  un  autre  prêtre  aussi 
converti,  appelé  Clerville,  de  grands 
différends  relatés  dans  onze  pièces  mss. 
qui  se  conservent  à  la  Bibliothèque  de 
cette  ville,  ni  d'autres  Petit  dont  nous 
ne  connaissons  guère  que  le  nom,  nous 
mentionnerons  encore  Jacob  Petit,  de 
Buxy  en  Bourgogne,  qui  se  réfugia  à 
Genève,  où  son  fils,  Jean-Philippe,  in- 
dienneur,  fut  reçu  bourgeois,  en  1726, 
avec  ses  enfants'  Jean,  Daniel-Louis, 
Alexandre-Samuel  et  Jean-Marc.  Ses 
descendants  n'ayant  rien  fait  qui  les 
recommande  à  l'attention  de  la  pos- 
térité, nous  ne  reproduirons  pas  la  gé- 
néalogie publiée  par  Galiffe,  qui  la  con- 
duit Jusqu'à  Jean-Antoine  Petit,  rédac- 
teur du  Fantasque. 

PETITOT(Jban),  excellent  peintre 
en  émail,  né  à  Genève,  le  12  juill. 
1607,  et  mort  à  Vevay,  en  1691. 

Son  père,  SaUl  Petitot  (l  ),  sculpteur 

(1)  M.  J.-J .  Rig&od  (Mèmoirei  de  la  Soe.  d'hiit. 


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et  architecte,  le  plaça  en  apprentissage 
dans  Tatelier  de  joaillerie  de  Pierre 
Bordier.  Bordier^qni  peignaiten  émail, 
reconnut  tant  d'intelligence  dans  son 
jeune  apprenti  qu'il  lui  conseilla  de 
s'adonner  à  la  peinture.  Petitot  ayant 
profité  de  ses  conseils,  il  s'ensuivit,  en- 
tre le  maître  et  rélëve,une  étroite  liaison 
qui  dura  autant  que  leur  vie,  sans  que 
jamais  la  moindre  jalousie  ni  le  moindre 
refroidissement  \inssent  en  relAcber 
les  nœuds.  Us  s'associèrent  pour  leurs 
travaux.  Leurs  premiers  essais  furent 
bien  accueillis.  Dans  le  portrait,  ils  se 
partageaient  la  tÀche  :  Petitot  peignait 
les  tètes  et  les  mains  où  l'on  exige 
plus  de  fini,  et  Bordier  se  réservait  les 
cheveux,  les  draperies  et  les  fonds. 
L'élève  avait,  pour  ainsi  dire,  débuté 
par  surpasser  le  maître,  et  le  maître  le 
reconnaissait  sans  amertume  et  sans 
envie.  Dans  Tlntention  de  se  perfec- 
tionner dans  leur  art,  les  deux  amis  se 
rendirent  en  Italie.  Après  un  séjour 
de  quelques  années  dans  ce  pays,  ils 
passèrent  en  Angleterre.  Ils  trouvèrent 
à  Londres  leur  compatriote  Théodore 
Turquet-de-Mayeme.  Mayeme  était 
encore  meilleur  chimiste  que  bon  mé- 
decin. 11  les  aida  de  ses  conseils,  et 
avec  son  secours  ils  firent,  pour  lapré- 
paration  de  leurs  émaux,  de  précieu- 
ses découvertes  ;  leurs  couleurs  sur- 
passaient en  éclat  tout  ce  que  Venise 
et  Limoges  avaient  jamais  produit  de 
plus  beau.  Charles  I*',  qui  favorisait 
les  arts,  sut  apprécier  le  talent  de  Peti- 
tot, il  le  créa  chevalier  et  lui  donna  un 
logement  à  White-Hall.  Il  aimait  à  le 
voir  travailler  dans  son  atelier.  Les 
principaux  personnages  de  la  Courtin- 

de  Genète,  T.  Y)  l'Appelle  FavA»  PeUtot.  On  le 
trouTe  Mssi  déii^  ions  le  Dom  de  PauL  Nom 
salToni  de  préférence  Grenat.  Petitot  fut  reçu 
bonrgeoii  de  Genève  gratis,  le  96  juin  1615,  «  en 
égard  an  lerrice  que  l'on  attendoit  de  lai  en  ton 
art  pour  les  bâtiments  pablict.  •  /moc  et  Jotepk 
PeHtotf  toai  deai  tcnlptean  (tert  16S1)  étaient 
MU  doate  deai  antrei  de  set  fils.  Noas  ignoront 
d'oà  cette  famille  tirait  ton  o  igine.  Vert  le  même 
temps,  noas  trooTont  an  EUe  Pititot,  de  Perii- 
gny  (Pressigny  ?)  arqnebotier,  dont  la  fille  Mar%9 
époosa  à  Parla,  en  1646,  Mien  LaUem«Ht,  Mais 
on  n'en  peat  rien  conclnre,  lea  noms  de  la  boar* 
geoisie  étant  le  patrimoine  de  tons. 


rent  à  honneur  d'être  peints  par  lui. 
On  cite  comme  son  chef-d'œuvre  le 
portrait  qu'il  flt,en  1642,  d'après Yan 
Dyck,  delà  comtesse  de  Southampton, 
Rachel  de  Ruvigny.  Le  célèbre  Van 
Dyck  fut  un  de  ses  patrons  auprès  du 
monarque.  Après  la  mort  de  cet  infor- 
tuné prince(l  649),  Petitot  se  retira  en 
France.  Sa  réputation  l'y  avait  précé- 
dé. Louis  XIV  aimait  à  entourer  son 
trône  de  tout  ce  qu'il  y  avait  d'émi- 
nent  dans  les  arts  et  dans  les  lettres, 
espérant  bien  que  la  flatterie  y  verrait 
comme  le  rayonnement  de  sa  propre 
gloire.  Il  donna  à  Petitot  le  titre  de 
peintre  du  roi  et  le  logea  aux  galeries 
du  Louvre.  Pendant  la  période  de  36 
ans  qu'il  vécut  en  France,  notre  labo- 
rieux artiste  exécuta  un  nombre  consi- 
dérable de  travaux.  Le  Musée  du  Lou- 
vre possède  de  lui  une  collection  de  56 
portraits.  11  ne  s'occupa  pas  seulement 
de  portraits;  mais  il  fut  chargé  par  le 
roi  de  copier  les  tableaux  de  Mignard 
et  de  Lebrun. 

A  la  suite  du  mariage  que  Petitot 
contracta,  en  1651,  avec  Marguerite 
Cuper,  mariage  par  lequel  il  devint  le 
beau-frère  de  Bordier,  les  deux  artis- 
tes rompirent  amiablement  leur  asso- 
ciation. La  fortune  qu'ils  eurent  à  se 
partager,  s'élevait  à  plus  d'un  million. 
Cet  état  prospère  de  leurs  affaires  té- 
moigne de  leur  vie  laborieuse  et  réglée, 
car  leurs  prix  étaient  extrêmement  mo- 
dérés. Ayant  perdu  sa  première  femme, 
Petitot  se  remaria  ayecMagdelaine  Bor- 
dier^ nièce  de  son  ami,  et  fille  de  Jac- 
ques  Bordier,  agent  (depuis  1664)  de 
la  république  de  Genève  à  Paris.  Ces 
deux  femmes  lui  donnèrent  1 7  enfants. 
En  1 684,  son  beau-père  étantmort,  Pe- 
titot le  remplaça  dans  son  poste,  sans 
renoncer  à  son  titre  de  peintre  du  roi. 
Après  la  Révocation,  il  sollicita  la  per- 
mission de  se  retirer  à  Genève,  mais  on 
la  lui  refusa,  S. M.  trouvant  bien  étrange 
«qu'il  voulût  être  le  seul  de  son  royau- 
me qui  fût  exempté,  ce  que  les  longues 
années  de  son  séjour  en  France  ne  pou- 
voient  permettre»,  et  comme  il  insis- 
tait, on  l'arrêta  et  on  l'emprisonna  au 


PET 


—  213  — 


PET 


Fort-l'Evèque,  où  le  grand  Bossaet  loi 
fat  envoyé  pour  le  persuader.  La  ri- 
gnenr  des  moyens  ne  pouvait  qu'ajou- 
ter à  la  force  des  arguments^  et  cepen- 
dant le  prélat  échoua.  Pour  vaincre 
son  opiniâtreté,  on  l'enferma  dans  un 
couvent  oh  il  fut  tenu  au  secret  {Arch, 
£.  3372).  Ces  nouveaux  moyens  de 
persuasion  eurent  tout  reffèt  qu'on  en 
attendait.  Sous  la  date  de  Paris^  31 
mai  l686,MB«Petitot  écrivait  à  MM.  du 
Petit-Conseil  de  Genève^  que  son  mari 
avait  été  contraint  «  de  signer  comme 
les  autres  pour  sortir  de  Tafl^eux  lieu 
ou  il  avoit  été  un  mois  sans  voir  per- 
sonne de  sa  famille;  »  elle  espérait 
«  qu'avec  le  temps  le  Roi,  voyant  l'o- 
béissance qu'il  avoit  eue  pour  ses  or- 
dres^ feroit  quelque  considération  de 
la  demande  qu'ils  avoient  eu  la  bonté 
de  lui  faire  d'un  pauvre  homme  qui 
ne  se  consolera  Jamais  d'avoir  été  con- 
traint par  les  accès  de  fièvre  qu'il  a 
eus  dans  le  couvent  (appréhendant  d'y 
demeurer]  d'y  faire  ce  qu'il  a  fait,  en  dé- 
clarant que  ce  n'étoit  que  par  force.  » 
Tant  d'émotions  avaient  conduit  le 
malheureux  vieillard  octogénaire  aux 
portes  du  tombeau.  Désormais  il  n'y 
avait  plus  lieu  à  rigueur,  l'hérétique 
était  converti;  le  monarque  usa  donc 
d'indulgence  envers  son  vieux  servi- 
teur, il  lui  permit  de  sortir  du  cou- 
vent. Dès  qu'il  eut  recouvré  sa  liberté, 
Petitot  n'eut  plus  qu'une  pensée,  celle 
de  ftiir  un  pays  ou  les  caprices  d'un 
despote  faisaient  l'unique  loi  de  l'Etat. 
Après  bien  des  dangers,  il  réus^t  à 
gagner  Genève  avec  une  partie  de  sa 
famille  (1687).  Avec  quel  bonheur  ne 
datait  pas  fouler  le  sol  natal? L'air  de 
la  liberté  est  salutaire  à  toutes  les  âmes 
généreuses.  Il  lui  sembla  renaître  à  la 
vie.  Dans  une  lettre  adressée  au  Petit- 
Conseil,  Petitot  s'excuse  de  sa  pré* 
tendue  abjuration  sur  le  refus  du  roi 
de  lui  permettre  de  sortir  du  royaume, 
refus  qui  Tavait  «  porté,  dit-il,  à  la 
résolution  de  sortir  d'entre  les  mains 
des  personnes  chez  lesquelles  on  l'a- 
voit  relégué,  pour  revenir  en  sa  fa- 
mille, et  avec  elle  chercher  le  pardon 


d'en  haut  et  les  consolations,  et  le 
moyen  d'y  vivre  éloigné  de  ce  qui  s'op- 
pose à  la  pureté  du  Christianisme  (i).» 
On  lit  dans  les  Notes  extr.  des  Regist. 
du  Consistoire  par  Cramer,  sous  la 
date  du  22  mars  i  687  :  «  A  été  repré- 
senté que  M.  Petitot  de  retour  depuis 
peu  de  jours  en  cette  ville  avec  partie 
de  sa  famille,  et  comme  ils  ont  été 
obligés  par  la  force  de  la  persécution 
de  signer  une  forme  d'abjuration:  s'il 
ne  suffisoit  pas  qu'ils  en  fissent  la  ré- 
paration par-devant  M.  le  pasteur  du 
quartier,  sans  les  obliger  de  venir  céans 
comme  citoyens?  Advisé  de  se  conten- 
ter de  la  voie  particulière  à  son  égard, 
parce  qu'il  conste  qu'il  n'a  point  été 
à  la  messe.  »  On  dit  que  les  enfants  de 
Petitot  restés  à  Paris  allèrent  se  jeter 
aux  pieds  du  roi  pour  implorer  le  par- 
don de  leur  père,  et  que  le  roi^  dans 
sa  magnanimité,  le  leur  accorda  en  di- 
sant qu'il  pardonnait  à  un  vieillard  qui 
avait  voulu  être  enseveli  auprès  de  ses 
pères. 

Petitot  se  sentait  rajeuni.  Il  reprit 
ses  travaux  avec  l'ardeur  d'un  jeune 
homme.  Le  portrait  qu'il  fit  alors  du 
roi  et  de  la  reine  de  Pologne^  est,  dit- 
on,  comparable  à  tout  ce  qu'il  avait 
fait  de  mieux.  Il  travaillait  à  un  por- 
trait de  sa  femme^  lorsqu'une  attaque 
d'apoplexie  l'enleva,  à  Yevay  où  il  s'é- 
tait retiré,  dans  la  84*  année  de  son 
âge.  Aucun  de  ses  nombreux  enfants 
ne  s'est  fait  connaître.  François,  l'un 
d'eux,  l'accompagna  dans  sa  fuite  à 
Genève  avec  ses  sœurs.  Un  autre  de 
ses  fils,  qui  se  livrait  à  la  peinture  sur 
émail,  alla  s'établir  à  Londres;  il  ne 
vivait  plus  en  1752,  sa  Dstmille  s'était 
fixée  à  Dublin  (2). 

Dezallier,  dans  ses  Yies  des  plus 
fameux  peintres,  appelle  Petitot  le  Ra- 
phaël de  la  peinture  en  émail.  Petitot 
porta  en  eflét  son  art  à  un  haut  degré 
de  perfection,  et  laissa  bien  loin  der- 

(1)  Cet  deux  leUm  lont  reproduites  in  extento 
par  M.  RIgMd. 

(S)  Jtan  Pilitoty  de  Bloii ,  èUnt  torti  do  royra- 
me,  MS  bieos  forent  dooiMi,  en  i68S,  à  wn  fllt 
Jean  {Areh,  £.  5374).  S*aglrait-tl  de  notre  «:• 
lifte,  on  d'oïl  de  les  flii? 


PEy 


—  214  — 


PEY 


ricre  lui  tous  ceux  qui  l'avaient  pré- 
cédé. «  Si  Petitot»  dit  M.  Rigaud,  ne 
fut  points  à  proprement  parler.  Tin- 
ventcur  de  ce  genre  [de  peinture  en 
émail,  dû  à  Jean  Toutin,]  il  perfec- 
tionna tellement  remploi  des  couleurs, 
et  porta  l'exécution  de  ses  ouvrages  à 
un  tel  degré  de  mérite,  que  la  pre- 
mière place  lui  est  assignée  par  les 
contemporains,  et  que  la  postérité  la 
lui  a  maintenue.  —  Ses  émaux  sup- 
portent l'examen  aux  plus  fortes  lou- 
pes, sans  que  rcffet  général  y  perde 
rien;  aussi  sont-ils  regardés  comme 
des  ouvrages  inimitables.»  Cependant 
toute  chose  a  son  revers.  Au  jugement 
de  M.  Dussieux  (Recb.  sur  l'iiisl.  de  la 
peint,  sur  émail,  I84t),  aPetitot  avait 
donné  au  portrait  en  émail  une  per- 
fection extrême,  mais  en  même  temps 
il  avait  porté  à  la  peinture  sur  émail 
un  conp  funeste.  En  effet,  en  se  livrant 
exclusivement  au  genre  du  portrait,  il 
entraînait  avec  lui  tous  les  autres  é- 
mailleurs  à  ne  plus  faire  que  des  por- 
traits :  c'est  peut-être  là  une  des  cau- 
ses réelles  de  la  chute  de  la  grande 
peinture  sur  émail  et  de  la  manufac- 
ture de  Limoges.  » 

L'Angleterre  et  la  France  possèdent 
les  principales  productions  de  Petitot. 
On  ne  cite  de  lui  au  Musée  de  Genève 
que  la  Tente  de  Darius,  d'après  Le- 
brun, beau  morceau  qui  n'est,  pas  en- 
tièrement achevé.  On  voit  dans  ce 
même  Musée  un  portrait  de  Petitot  que 
l'on  attribue  au  peintre  Mignard. 

P£YRARÈDË(Jbamde),  assez  bon 
poëte  latin,  mort  vers  1660,  était  un 
pauvre  gentilhomme  gascon,  natif  de 
Bergerac.  On  sait  peu  de  chose  de  sa 
vie;  il  n'est  guère  connu  que  par  ses 
poésies  qui  ont  été  admirées  par  Gro- 
tius,  Balzac,  Costar,  Huet.  Outre  des 
hémistiches  qu'il  avait  composés  pour 
compléter  les  vers  Imparfaits  de  l'E- 
néide, et  qu'il  avait  dédiés  à  la  reine 
Christine,  en  y  joignant  quelques  vers 
de  sa  façon,  il  a  laissé  des  Remarques 
sur  Térencê  et  des  Commentaires  sur 
Plorus,  qui  sont  cités  avec  éloge  par 
La  Mothe-Le  Vayer.  Il  avait  un  fils, 


qui  prit  du  service  dans  l'armée  des 
Provinces-Unies. 

PEYROL  (Damibl),  ou  P£ROt,  se 
présenta,  en  i  598,  devant  le  Synode 
national  de  Montpellier  pour  demander 
à  être  admis  au  ministère,  mais  le 
Synode  ne  jugeant  pas  qu'il  fût  déjà 
capable  d'être  placé  à  la  tête  d'une 
église,  l'exhorta  à  lire  l'Ecriture  sainte 
et  les  bons  autours  des  derniers  temps, 
et  le  renvoya  au  synode  provincial 
pour  y  être  examiné  plus  tard.  La  se- 
conde épreuve  lui  fut  plus  favorable 
que  la  première;  dès  1605,  il  figure 
sur  la  liste  des  pasleurs  présentée  au 
Synode  de  Gap  comme  ministre  de 
l'église  de  Montpellier.  En  1 61 1,  il  eut 
à  soutenir,  avec  son  collègue  Faucher, 
contre  deux  jésuites  une  dispute  dont 
les  actes  ont  été  publiés  sous  ce  ti* 
tre  :  Conférence  touchant  la  foi  entre 
les  ministres  D.  Perd  et  /.  Faucher  et 
les  prêtres  jésuites  L.  Patornay  et  P. 
Granger  répondans,  Montp.,  1611, 
in-8».  En  1626,  le  Synode  national  de 
Castres  le  déposa,  on  ne  nous  dit  pas 
pour  quelle  faute.  Peyrol  abjura  (Fends 
St-Magloire,  N«  45)  ;  mais  il  ne  tarda 
pas  à  se  repentir  de  son  apostasie. 
Dès  le  18  avril  i  627,  il  fit  dresser  par 
Philippe  de  Bornier,  conseiller  du  roi 
et  lieutenant  particulier  à  Montpellier, 
un  acte  en  forme  de  sa  rétractation, 
et  il  fut,  bientôt  après,  rétabli  dans  son 
office  pastoral.  En  1 650,  il  fut  appelé 
à  Nismes  en  qualité  de  pasteur  el  de 
professeur,  doubles  fonctions  qu'U 
remplit  jusqu'en  1654. 

PEYROL  (Jacques),  de  la  mtoie 
famille  que  le  précédent,  naquit  à 
Montpellier  et  alla  Caire  ses  éludes  en 
théologie  à  Genève,  en  1665.  11  fut 
d'abord  placé  à  Sommières;  mais  en 
1678,  le  viguier  û'Âlbenas,  les  consuls 
Martin  et  Meironnet,  l'avocat  Guiran 
et  le  marchand  Claparède,  au  nom  de 
l'église  de  Nismes,  le  demandèrent 
pour  pasteur  au  synode  provincial,  qui 
consentit  à  sa  translation  (Àrch,  gét^ 
Tt.  282).  Conmie  son  collègue  I(^»d, 
Peyrol  entra  avec  ardeur  dans  les  pro- 
jets de  Brousson  (Voy.  ce  nom).  Rô* 


PEY 


—  215  — 


PEY 


oliercbé  avec  activité  dans  Nismcsy  il  dut 
la  vie  à  on  prêtre  catholique,  nommé 
Eozely  qui  le  cacha  chez  lui  et  lai  four- 
nit un  déguisement  sous  lequel  il  par- 
vint à  sortir  de  la  ville.  D'Aguesseau 
le  condamna  par  contumace  à  être 
pendu  (/6tJ.  Tt.  244).  Peyrol  se  retira 
d'al>ord  à  Berne,  où  M»«  Du  Noyer  le 
vit  au  mois  de  mars  i  686  ;  mais,  plus 
tard,  il  se  flxa  à  Genève.  Un  jour  qu'il 
devait  prêcher  à  Saint-Pierre,  il  reçut, 
en  montant  en  chaire,  la  nouvelle  de 
la  mort  de  Brousson,  il  l'annonça  à 
son  auditoire,  en  célébrant  la  gloire 
da  martyr  et  en  s'accusant  lui-même 
de  ne  pas  avoir  eu  le  courage  de  Timi- 
ler.  Son  émotion  et  sa  douleur  furent 
si  violentes,  qu'en  rentrant  chez  lui, 
il  se  mit  au  lit  pour  ne  plus  se  relever. 

En  1701,  le  frère  de  Peyrol  était 
secrétaire  de  renvoyébritanniquelfer- 
vari.  Nous  pourrions  supposer  avec 
quelque  vraisemblance  que  c'était  Pey- 
nd,  ministre  à  Salnt-Hippolyte,  qui 
aortit  de  France  à  la  révocation,  sans 
emmenersa  femme  ni  ses  trois  enfants, 
si  dans  la  liste  de  réfugiés  ou  nous 
trouvons  son  nom  (Ibid,  Tt.  322), 
BOUS  ne  rencontrions  aussi  ceux  de 
Théophile,  Jean  et  JeanScipion  Pet- 
roi.  Ce  dernier,  originaire  de  Mont- 
pellier, était  conseiller  de  cour  du  roi 
de  Prusse  en  1707,  c'est-à-dire  à  l'é- 
poque où  il  reçut  gratuitement  à  Neu- 
cbtol  les  droits  de  bourgeoisie. 

Une  fiamille  du  même  nom,  mais 
établie  dans  le  Haut-Languedoc,  nous 
eti  connue  par  le  capitaine  Peirol,  de 
Broniqnel,  qui  défendit  la  Cause  les 
armeeàla  main  dès  la  troisième  guerre 
eiYile.  Le  25  mai  1574,  il  surprit  Cor- 
des^ mais  les  Catholiques  rassurés 
blentêt  en  voyant  le  petit  nombre  des 
assaillants,  à  qui  ils  avaient  affaire, 
te  rendirent  maîtres  du  château.  Pei- 
roi  fut  tué  en  voulant  le  reprendre  et 
•as  gens  se  retirèrent. 

PEYROT  (Pieire),  ou  Pxibot, 
pasteur  du  désert  dans  le  Vivarais, 
était  élève  du  séminaire  de  Lausanne. 
Nous  ne  parlerions  pas  de  lui  plus  spé- 
cialement que  d'un  grand  nombre  de 


ses  collègues,  sur  qui  nous  no  possé- 
dons aucun  renseignement,  s'il  n'a- 
vait présidé  des  Synodes  nationaux  et 
surtout  s'il  n'avait  laissé  en  msc, 
outre  un  Sermon  de  consécration,  pro- 
noncé en  1 752,  des  Lettres  pastorales 
aux  Protestants  de  la  ville  dAnno- 
fuiy,  au  sujet  du  baptême  de  leurs 
enfants  dai^  V église  romaine,  1761. 
«  Ces  lettres,  dit  Ch.  Coquerel,  en  la 
possession  de  qui  elles  avaient  passé, 
sont  un  ouvrage  considérable,  où  la 
question  est  traitée  sous  toutes  ses 
faces.  Elles  ont  perdu  toute  applica- 
tion aujourd'hui;  mais  elles  sont  en- 
core instructives  à  lire  à  cause  de  la 
logique  de  l'auteur,  et  surtout  à  cause 
de  la  discussion  des  prétextes  que  les 
gens  portés  aux  accommodements  of- 
fraient à  leurs  pasteurs.  » 

PEYRUSSE  (Antoine  de),  sieur  de 
BoissEsoN,  «  homme,  au  rapport  de 
Bèze  qui  l'appelle  Boisseron,  vraiment 
craignant  Dieu,  ennemi  d'avarice  etde 
tout  pillage,  »  aida  les  habitants  pro- 
teetants  de  Castres  à  se  saisir  de  la 
ville,  en  1562,  et  reçut  le  commande- 
ment d'une  des  trois  compagnies  de 
cavalerie  levées  dans  le  Castrais  pour 
secourir  le  prince  deComié.  Marchas* 
tel,  sous  les  ordres  de  qui  il  marchait, 
le  laissa  à  Montauban,  en  se  retirant 
à  Yillemur  (Voy.  lll,  p.  213).  Aprèsla 
retraite  de  Montluc,  Boisseson  se  mit  en 
campagne  et  se  rendit  maître  de  Yille* 
neuve  enRouergue.  Les  capitaines  La 
Manne,  Soupets,  Savignac  et  Belfort 
lui  amenèrent  des  secours  qui  lui  per« 
mirent  de  repousser  toutes  les  tentati- 
ves des  Catholiques  pour  l'en  déloger. 
En  1563,  Il  mit  le  siège  devant  Saix, 
mais  ne  put  s'en  emparer.  Aux  troisiè- 
mes troubles,  Boisseson  fut,  selon  Ga- 
ehes,  adjoint  à  Ferrières  comme  gou- 
verneur de  Castres,  sur  la  demande 
des  Huguenots  du  Castrais.  D'après 
FaurUi,  son  élection  eut  lien  le  i  0  sept. 
1568;  mais  l'année  suivante,  il  donna 
sa  démission.  Il  est  très- vraisemblable 
qu'il  mourut  vers  ce  temps,  et  que 
c'est  Pierre  (ie  Peyru«9e,sieur  de  Bois- 
seson (son  fils  sans  doute),  qui  partit, 


PEZ 


—  216  — 


PFE 


en  1577^  comme  volontaire  dans  le 
corps  de  troupes  que  Paulin  mena  au 
secours  de  Montpellier.  En  1 583,  ce 
Pierre  de  Peyrusse  servait  dans  le  Bas- 
Languedoc  sous  Châtillon,  En  1 584^  il 
se  rendit  maître d'Olargues,  où  il  laissa 
Maitaret  et  Alison  avec  leurs  compa- 
gnies ;  puis  il  suivit^  au  mois  de  no- 
vembre, Mouimorency  au  siège  de  Gler- 
mont.  En  1585^  onle  retrouve  dans  le 
Rouergue,occupéau  siège  de  Verrières, 
que  les  Ligueurs  le  forcèrent  de  lever. 
L'année  suivante,  Montgommery  lui 
donna  la  iieutenance  de  ses  gendarmes. 
Voulant  venger  l'échec  qu'il  avait  é- 
prouvé  devant  Verrières,  il  alla  l'assié- 
ger de  nouveau;  mais  cette  place  devait 
lui  être  funeste  :  il  fut  tué  sous  ses 
remparts^  le  16  octobre.  Quoique  jeune 
encore,  il  passait  pour  un  des  meilleurs 
capitaines  huguenots,  et  il  était  très- 
zélé  pour  la  religion.  Comme  il  ne 
laissa  pas  d'enfants  et  qu'il  semble 
n'avoir  eu  qu'une  sœur,  mariée  àSotnt- 
Amans,  nous  ne  savons  si  Ton  doit 
rattacher  à  la  même  famille  le  capitaine 
Peyrusse,  qui  se  signala  à  Montauban 
pendant  le  siège  de  i  62 1 ,  et  plus  tard, 
sous  les  ordres  deSaint-Michel-^-La 
Roche^hakUs. 

PEZÉ  (PiBRRB),8ieur  des  Gallinières 
ou  des  Gallesnières,  admis  au  ministère 
par  le  synode  de  la  Touraine  en  1679, 
fut  d'abord  placé  dans  l'église  d'Ailliè- 
res  comme  successeur  de  Souvermn,  à 
qui  son  congé  fut  accordé  (Arch.  gén, 
Tt.  350);  mais,  quelque  temps  après,  il 
reçut  vocation  de  l'église  du  Mans,  dont 
il  fut  le  dernier  ministre.  SelonM.Burn, 
il  aurait  déjà  desservi  en  1680  l'église 
de  Hungersford;  il  y  a  évidemment 
une  faute  typographique ,  il  faut  lire 
1 686.  Plus  tard,  en  1697,  il  était  minis- 
tre de  l'église  française  du  Quarré.  Ses 
sœur8,Lout6'e  eiMadelcUney  essayèrent 
aussi  de  sortir  du  royaume;  mais  leur 
tentative  fut  malheureuse.  Elles  furent 
arrêtées  en  chemin  et  condanmées  par 
les  Juges  de  Saint-Lô  à  faire  amende 
honorable  en  chemise,  pieds  nus,  à 
genoux,  la  torche  au  poing,  conduites 
INir  le  bourreau  ;  à  demander  pardon 


à  Dieu,  au  roi  et  à  la  justice,  disant 
que  par  opiniâtreté  elles  avaient  voahi 
professer  une  prétendue  religion,  dé- 
fendue par  les  déclarations  de  S.  M., 
après  quoi  elles  devaient  être  rasées  et 
enfermées  chacune  dans  une  prison  sé- 
parée. Elles  appelèrent  de  celte  ainrmi- 
se  sentence  et  furent  transférées  dans 
les  prisonsdelaconciergeriede  Rouen, 
en  1686  (Ibid.  M.  674).  Après  avoir 
hésitélongtemps,  le  parlement  confirma 
enfin  le  jugement,  en  i  688.  Pour  échap- 
per à  l'ignominieux  traitement  que  les 
servilcs  Instruments  du  despotisme 
leur  préparaient,  les  deux  sœurs  abju- 
rèrent (/6ûi.  M.  674),  et  leur  exemple 
fut  suivi  par  leur  sœur  Jkfarta,  qui, 
enfermée,  en  1686,  aux  Nouvelles- 
Catholiques  d'Alençon  {Ibid,  M.  673), 
avait  lutté  des  années  contre  les  eiTorts 
des  convertisseurs.  Leur  père,  René 
Pezéy  chirurgien,  était  mortà  Paris,  en 
i  686,  comme  nous  l'apprend  une  r^ 
quête  d'un  cocher  de  Madame  qui  de- 
mandait au  roi  la  confiscation  de  ses 
biens  (Ibid.  Tt.  252). 

PFEFFEL  (  Jbàn-Gonrad  ),  juris- 
consulte, né  à  Moundinger,  dans  le 
pays  de  Bade,  en  1684,  etfnortàCol- 
mar,  le  14  mars  1738. 

PfelTel  est  personnellement  peu  con- 
nu, mais  ses  fils  ont  illustré  son  nom. 
Du  reste,  il  n'appartient  à  la  France 
que  depuis  1722,  époque  où  il  fut  al- 
tachéau  départ,  des  affaires  étrangères 
avec  le  titre  de  jurisconsulte  du  roi.  En 
cette  qualité,  il  était  appelé  à  donner 
son  avis  sur  toutes  les  affaires  qui  con- 
cernaient les  rapports  de  la  France  avec 
l'empire  d'Allemagne.  Quelques-uns  de 
ses  mémoires  au  ministre  ont  été  pu- 
bliés dans  les  recueils  dlploniatique9 
du  temps.  Pfeff^el  résidait  alternative- 
ment à  Versailles  et  à  Colmar.  Eni727, 
il  {niTiommé  stattmeistre  de  cette  der- 
nière ville.  La  survivance  de  sa  place 
de  jurisconsulte  du  roi  lui  avait  étéio- 
cordée  pour  son  fils  aîné;  mais  une 
mort  prématurée  renversa  ses  projeta. 
Il  laissa  deux  fils,  CHaisTiAN-FRÉDfiAic 
et  Théophile-Conrad. 

1.  Christian-Frédéric  Pfcffel^  pnbli- 


PFE 


—  217  — 


PFE 


ciste,  nacpiit  à  Golmar,  le  3  oct.  1 726. 
Le  savant  M.Gaérard  lui  acoosacré  dans 
la  Biogr.  nniv.  une  notice  très-circon- 
stanciée dans  laquelle  nous  puiserons 
nos  principaux  renseignements.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  études  en  liistoire  et 
en  droit  public  sous  le  célèbre  Schôpflin 
à  Strasbourg,  PfelTel  s'attacha  au  comte 
de  Loss,  alors  ambassadeur  de  Saxe  en 
France.  Il  arriva  à  Paris  en  1749.  Il 
comptait  profiter  de  sa  position  pour 
làire  valoir  auprès  du  gouvernement 
de  Louis  XY  ses  titres  à  la  survivance 
de  la  place  qu'avait  remplie  son  père. 
Mais  le  moment  était  mal  choisi  ;  les 
fonctions  et  les  émoluments  de  cette 
place  se  trouvaient  pour  lors  partagés 
entre  plusieurs  titulaires  qui  n'étaient 
nullement  disposés  à  s'en  dessaisir. 
Ayant  donc  échoué  dans  ses  démarches, 
a  consentit  à  entrer  au  service  de  la 
cour  de  Saxe  en  qualité  de  secrétaire 
d'ambassade.  Ce  fut  pendant  qu'il  rem- 
plissait ces  fonctions  à  Paris  qu'il  pu- 
blia son  premier  ouvrage  sur  le  droit 
public  de  TAllemagne,  dont  plusieurs 
éditions  attestent  le  succès.  En  1754, 
il  se  rendit  à  Dresde.  La  protection  du 
comte  de  Briihl  lui  fit  obtenir  le  grade 
de  conseiller  d'ambassade,  avec  la  per- 
spective de  la  place  de  directeur  des 
allkiresétrangères  que  remplissait  alors 
M.  de  Saiil.  Lors  de  la  guerre  de  sept 
ans  (1756),  il  obtint  l'autorisation  d'al- 
ler attendre  en  France  des  temps  meil- 
leurs. U  n'était  entré  au  service  de  la 
Saie  qu'avec  l'agrément  du  roi  de  Fran- 
ce, et  à  la  condition  d'y  renoncer  dès 
que  S.  M.  l'ordonnerait.  En  1758,  le 
cardinal  de  Bemis  le  rappela  et  l'en- 
voya à  Ratisbonne  en  qualité  de  con- 
seiller de  légation,  puis  de  chargé  d'af- 
iliires  ad  intérim  auprès  de  la  Diète. 
Hais  dès  1761,  à  la  suited'une  intrigue, 
on  le  remercia  de  ses  services,  en  lui 
laissant  toutefois  la  liberté  de  chercher 
de  l'emploi  auprès  de  toute  puissance 
amie.  Il  accepta  donc,  en  1763,  la 
place  de  résident  du  duc  de  Deux-Ponts 
à  la  cour  de  Bavière.  PfeflTel  jouissait  en 
Allemagne  d'une  considérationméritée. 
Nommé  membre  de  l'Académie  de  Mu- 

T.  VIU. 


nich,  puis  directeur  de  la  classe  d'his- 
toire, il  fut  le  fondateur,  en  1763,  du 
recueil  connu  sous  le  nom  de  Monu- 
menta  Boïca,  que  publia  cette  société 
savante,  et  dans  lequel  il  inséra  un 
grand  nombre  d'articles  sur  des  ques- 
tions intéressant  l'histoire  de  Baviè- 
re (1).  Le  temps  de  la  réparation  était 
venu.  En  1768,  Pfeffel  fut  «rappelé à 
Versailles,  pour  y  exercer  auprès  du 
ministère  des  aflfaires  étrangères  les 
fonctions  de  Jurisconsulte  du  roi,  dont 
le  duc  de  Prasiin  lui  avait  accordé  l'ex- 
pectative en  1763.  D  Sans  parler  de 
dilTérentes  missions  dont  il  fut  chargé 
pour  le  règlement  de  nos  frontières  du 
nord  et  de  l'est,  «  il  y  a  peu  eu,  dit 
M.  Guérard,  depuis  1 768ju8qu'en  i  792, 
d'actes  diplomatiques  importants  à  la 
rédaction  desquels  il  n'ait  concouru, 
ou  sur  lesquels  il  n'ait  été  consulté  par 
les  ministres  successifs,  et  souvent  sur 
l'ordre  exprès  du  roi.  »  On  raconte  que 
Louis  XVI,  lorsque  son  ministre,  M.  de 
Vergennes,  lui  faisait  le  rapport  de 
quelque  affaire  importante,  manquait 
rarement  de  lui  demander  :  Qu'en  pense 
PfefTel?  £n  récompense  de  ses  loyaux 
services,  notre  publiciste  obtint  «  une 
place  de  stattmeistre  à  Golmar  et  l'ad- 
jonction de  son  fils,  dont  les  brillantes 
dispositions  promettoient,  au  témoi- 
gnage de  H.  Guérard,  une  troisième 
génération  de  jurisconsultes  digne  des 
deux  premières.»  Sincèrement  dévoué 
aux  idées  monarchiques,  Pfeffel  voulut 
se  retirer  des  affaires  lorsqu'il  vit  la 
royauté  à  la  merci  de  la  Révolution  ; 
mais  à  deux  reprises  sa  démission  ne 
fut  pas  acceptée.  Il  était  à  Deux-Ponts, 
chargé  de  régler  les  indemnités  à  ac- 
corder aux  princes  allemands  dépossé- 
dés eu  Alsace,  lorsqu'il  reçut  la  nou- 
velle de  sa  réforme,  en  avril  1 792.  De- 
venu libre,  il  s'attacha  au  service  du 
duc  Charles  de  Deux-Ponts  avec  le  titre 
de  conseiller  intime  d'État,  démarche, 
selon  M.  Guérard,  d'autant  plus  natu- 
relle qu'en  1787,  le  duc  lui  avait  ac- 

(1)  Onérard  attribue,  en  oatre,  à  notre  publi- 
ciste :  Origififs  Boica  iomtUf  Norimb.,  1769, 
a  tom.  iii-4<>. 

14 


PFB 


—  tia  — 


PFB 


cord6  un  flef  avec  des  lettres  de  nata«- 
ralité.  Mais  il  nous  semble  qae  dans 
les  circonstances  politiques  où  Ton  se 
trouvait^  une  telle  conduite  était  plus 
qu'imprudente.  Aussi  Pfeffelfut-il  porté 
sur  la  liste  des  émigrés  et  ses  biens, 
situés  en  Alsace,  confisqués  et  vendus. 
Ala  mort  du  duc,  en  1 795,  il  se  retira 
à  Nuremberg.il  vivait  depuis  quelques 
années  dans  cette  retraite  lorsque,  en 
1800,  il  céda  aux  sollicitations  de  ses 
amis  et  rentra  en  France,  a  Son  patri- 
moine ne  lui  fut  pas  rendu;  mais  M.  de 
Talleyrand,  alors  ministre  des  relations 
extérieures,  répandit  sur  les  derniers 
Jours  de  ce  vieux  serviteur  de  la  mo- 
narchie toutes  les  consolations  en  son 
pouvoir.  »  Il  fut  compris  dans  la  pre- 
mière promotion  de  la  légion-d'hon- 
neur,  et  nommé  membre  delà  commis- 
sion mixte  de  l'octroi  du  Rhin,  place 
qu'il  occupa  Jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  1 9  mars  1 807 .  Pfeffel  laissa  plusieurs 
enfants.  Son  fils  GuBÉTiBif-HUBERT  qui 
lui  avait  été  adjoint  en  1 786,  alla  le 
rejoindre  en  Allemagne,  en  J792,  et 
resta  depuis  au  service  do  la  Bavière. 
11  suivit  la  carrière  diplomatique.  On 
a  de  lui  :  Commentairiide  limite  Galliœ, 
Argent.,  1785,  in-4«,  et  Umeê  Fran- 
ciœ.  Pars  prior^  Limes  Franciœ  ab 
Oceano  ad  Rhenum,  Argent.,  1785, 
in-40.  Sans  doute  qu'une  seconde  par- 
tie, que  les  bibliographes  ne  nous  font 
pas  connaître,  traitait  des  limites  do  là 
France  au  nord  et  au  midi. 

Outre  un  grand  nombre  d'articles 
sur  des  questions  d'économie  politique, 
de  diplomatique,  d'histoire,  publiés 
dans  les  Monumenta  Boica  (1764-08, 
10  vol.  in-40),  dans  les  recueils  de 
Schlœtzer,  de  Wostenrieder,  etc.,  on 
doit  à  Christian-Frédéric  PfeflTel  les  pu- 
blications suivantes  : 

I.  Abrégé  chronologique  de  V histoire 
et  du  droit  public  d'Allemagne  y  par 
M.  P.  S.  D.  etc.  (Pfeffel,  secret,  d'am- 
bass.  de  S.  M.  le  roi  de  Pologne,  élec- 
teur de  Saxe),  Paris,  1 754,  in-s»;  2^6- 
dit.  revuepar  l'auteur,  Manheim,!  758, 
in-40,  et  plus,  fois  depuis.  Les  meil- 


leures édit«  sont  celles  de  Paris,  1 77a> 
Svohin-4%eti777,ivol.pet.8«|trad. 
en  aliem.parJ.-Ph.8chulin,Baniberi, 
1761 3  in-40.— a  L'Abrégé  chronologi- 
que, qui  acquit  dès  sa  naissance  hm 
grande  réputation,  obtint  surtout^  dit 
M.  Guérard,  les  éloges  des  Protestants» 
Robertson  le  cite  souvent  comme  auto- 
rité dans  l'histoire  de  Charles-Qufnt, 
et  il  a  fréquemment  servi  de  guide aiii 
auteurs  de  l'Art  de  vérifier  les  dates.» 
Au  jugement  du  même  critique,  «  Vêr*- 
ticle  publié  dans  la  correspondance  de 
Grimm,  à  l'occasion  de  la  3«  édit.,  est 
un  tissu  de  faussetés  et  de  calomniai, 
dont  la  meilleure  réfutation  est  l'estbne 
générale  dont  Pfeffel  n'acessé  de  Jonir«« 

II.  Mémoires  sur  le  gouvememmU 
de  la  Pologne f  Paris,  1759,  in-8«î  •* 
Ibid.,  1770,  in-is  sous  ce  titre  :  EkA 
de  la  Pologne,  avec  un  abrégé  de  $on 
droit  pubUOf  et  Us  nouvelles  cotistilt»- 
îions. 

m.  Rede  vom  Nutzen  der  hdsMTé 
KenntnissdermittlernZeiien,Miiû6ké^ 
1763,  in-40. 

IV .  Rede  von  dem  ehemaligen  rêchi* 
lichen  Gebrauch  des  Sohioabenspiegeli 
in  Baiern,  Milnch.,  1764,  in-404 

Y.  Rede  von  dem  àltesten  Lehnwê* 
sen  in  Baiern,  Miinch.,  1766,  ln-4». 

YI.  Rede  von  dem  Ursprungwidiêr 
àchten  Bcschaffenheit  der  bairi$chen 
Dienstleute  in  den  mittlern  Jahthm^ 
derien,  Munch.,  1767,  in-4». 

Yll.  Khronologische  Einleitung  iH 
dieKirchengeschichte,  1  <*•  part.  ,lliiiielL 
1767,  in-80.  —  Le  bibliogr.  allem. 
n'indique  pas  de  suite  à  cet  ouvrage^ 

YIll.  Recherches  historiques  concet' 
nant  les  droits  du  pape  sur  la  viUe  et 
VEtat  d'Avignon^  at>cc  pièces  justifé, 
Paris,  1768,  in-8«».  —  Ouvr.  composé 
à  la  demande  du  ministère  français. 
L'abbé  de  Gaveirac  ayant  cherché, 
nom  de  la  cour  pontificale,  à  réfuter 
mémoire,  Pfefl^i  lui  répondit  par 
Défense  des  recherches  histor»,  etc.^ 
qui  fut  publiée  à  la  suite  d'une  réiii- 
pression  de  la  réfutation  de  l'abbé,  Pa« 
ris,  1 769,  in-8». 

IX.  Mémoire  histor.  concernant  kê 


PFE 


M9- 


PME 


éniiè  dm  roi  iUt  ks  bour§é  dé  Fù- 
4iay  ei  de  Revin,  1769^  in-^fdl. 

X»  Sendsclvreiben  eines  tidgiHÔë- 
êàxhen  katholischenRcUhêgliedêi)on,é» 
SA  ein  évangeliêcheê  Rathgglied  von*  « . 
die  franxôsiëche  Bundeëemêtierung 
beireffend.y  sans  nom  de  liea^  1176^ 
iB^«^  et  en  français^  même  année. 

XI.  Uistor,  reriàmpubHté  Helvetiw 
mtqué  Belgii  fMemii^  pr(Ê9unUbus 
Jhif^endorfio  atque  Schcepflino,  mM. 
iii-409  cité  dans  la  Bibl.  Franidana, 

T*  II,NM0948. 

Oq  trouve^  en  outre^  au  rapport  de 
M.  Guérard^  au  dépôt  des  affaires  étran- 
tjtnà  à  Parl8>  <s  une  quantité  de  Mé- 
noires  et  autres  manuscrit!  de  Pfeflbl> 
qui  attestent  Tactivité  et  les  talents  de 
06  publioiste.  » 

II.  Tbéophile-Gonrad  Pfefltol^  poëte 
et  littérateur  allemand^  naquit  à  Col» 
niar^  le  ^8  Juin  1 736.  Après  avoir  fait 
ses  premières  éludes  au  gymnase  de  sa 
tille  natale^  il  ftit  envoyé^  dès  Tàge  de 
!•  ans,  à  l'université  de  Halle  pour  y 
étudier  le  droit.  Mais  la  faiblesse  de  sa 
Vue  le  força  bientét  d'interrompre  ses 
oeors.  Il  se  rendit  à  Dresde  auprès  de 
son  frère,  et  après  le  départ  de  ce  der-* 
uidr,  qui  dut  suivre  Télecteur  daas  ses 
Blats  de  Pologne,  il  retourna  dans  sa 
pttrie^  Ni  les  soins^  ni  les  ménage- 
MentB  ne  purent  le  garantir  de  perdre 
la  vue.  A  si  ans,  il  était  aveugle.  Mais 
en  perdant  la  vue,  il  bo  perdit  pas  la 
sér&ité  de  sa  belle  éme*  Dans  une 
lettre  à  sou  frère,  le  poëte  Georges  Ja« 
cobi  raconte  ainsi  sa  première  entre-* 
vue  avec  son  ami .  «  J'avais  le  cœur 
bton  gros,  dit-il,  en  faisant mapremière 
visite  à  cet  excellent  bommc.  Mais  la 
sérénité  qui  paraissait  sur  son  front  au- 
deseos  de  ses  yeux  éteiuts>  le  ton  en-^ 
Joué  avec  lequel  il  m'accueillit,  Tair  de 
eonlentemeut,  ou  plutôt  de  galté,  qui 
était  répandu  sur  tous  ses  traits,  me 
nesurèreut  bientôt.  Il  arriva  ce  dont 
en  m'avait  prévenu,  c'est  qu'après  un 
BWDent  d'entretien  j'avais  oublié  qu'il 
était  aveugle,  et  lui-même  ne  paraissait 
pas  e^en  souvenir.  »  Son  imagination 
vive  et  féconde  lui  ieaait  lieu  de  ce 


9i*f  1  àvail  perdu  ;  ei  même  il  lui  arriva 
ûê  dfi^  à  son  àmi  que  s'il  en  avait  le 
(ttidljt^  il  préférerait  de  beaucoup  être 
guéri  déS  douleurs  névralgiques  qu'il 
fessentait  de  tetups  eu  temps  dans  la 
tété  que  de  recouvrer  la  vue.  Son  a- 
ttour  des  lettres  lui  était  uué  douce 
Mftpaguie  dans  son  infortuné,  elle  le 
dédommageait  de  bien  des  privations. 
Les  Joies  de  le  famille  ne  lui  manqué- 
nmt  pas  non  plus.  En  1 7!(9,  la  femme 
qu'il  avait  célébrée  dans  ses  poésies 
smié  le  nom  de  Doris,  unit  son  sort  an 
«Itti  et  elle  l'entoura  toute  sa  vie  des 
lOlUs  les  plus  afllsctneux.  On  peut  dire 
qu'il  ne  connut  pas  son  malheur.  Ge  fut 
peu  de  temps  après  son  mariage  que  pa- 
rarent  ses  premiers  écrits.  H  écrivit  d'a- 
bord pour  le  théâtre,  mais  il  y  renonça 
bientôt  >  peut-être  à  la  suite  du  juge- 
ment sévère  que  Lessing  porta  sur  ses 
eesalSé  il  est  plus  estimé  pour  ses  poé- 
sies, ses  contes  et  ses  nouvelles.  En 
1T78,  il  obtint  du  gouvernement  Tan- 
lérisation  de  fonder  à  Golmar  une  in- 
stitution pour  la  Jeunesse  protestante, 
BOUS  le  nom  d'Ecole  militaire,  dont  il 
partagea  la  direction  avec  son  ami  Ler- 
sé^  Cet  établissement  prospéra;  plu- 
sieurs hommes  distingués  en  sont  sor- 
tis. Mais  la  Révolution  lui  porta  un  coup 
ftmeste;  il  fut  fermé  en  1792.  Cepen- 
dant Pfeflél  était  loin  d'être  hostile  à  la 
Révolution  ;  il  avait  salué  l'aurore  de 
la  liberté  dans  une  Epitre  au  comte 
Maurice  de  Briihl  ;  mais  il  n'identi- 
fiait pas  la  liberté  avec  l'anarchie. 

Dès  1 7B8,  sur  la  proposition  du  phi- 
losophe Jacobi,  il  avait  été  nommé 
membre  honoraire  de  l'Académie  de 
Berlin.  Après  la  fermeture  de  son  pen- 
sionnat, il  se  livra  exclusivement  à  ses 
travaux  littéraires.  «  C'est  en  chan- 
tant, écrit  Jacobi,  qu'il  accomplit  son 
pénible  pèlerinage.  Le  chagrin  n'avait 
pvlnt  sillonné  son  ft*ont,  ni  voûté  son 
cerps,  ses  joues  seules  portaient  Tem- 
preinte  de  ses  souffrances.  La  puis- 
sance invisible  qui  sème  des  soleils 
dans  l'espace,  avait  mis  dans  son  ber- 
ceau cette  sérénité  d'âme,  cette  bonne 
humeur  Inaltérable  qui  ne  le  quittèrettt 


PFE 


—  MO  — 


PFE 


pas  un  moment.  C'est  elle  aussi  qui  lui 
avait  donné  un  frère  dévoué,  une  tendre 
compagne,  d'aimables  enfants  et  des  a- 
mis  dignes  de  ce  nom.  N'oublions  pas 
non  plus  la  Muse  qui  l'avait  comblé  de 
ses  dons,  source  féconde  des  plus  dou- 
ces consolations.  A  la  gravité  d'un  es- 
prit sérieux  habitué  à  traiter  les  ques- 
tions de  Tordre  le  plus  élevé,  il  joi- 
gnait cette  ironie  socratique  qui  cepen- 
dant n'ôtait  rien  à  la  bienveillance  na- 
turelle de  son  caractère.  On  peut  dire 
de  lui  que  si  son  esprit  le  faisait  re- 
marquer, les  qualités  de  son  cœur  le 
faisaient  aimer.  C'est  dans  ce  cœur 
qu'il  puisait  cette  constance  au  milieu 
des  revers,  cet  amour  passionné  de  la 
vérité,  de  la  liberté,  et  le  courage  avec 
lequel  il  défendait  ces  deux  grands 
principes  de  la  société.  »  Il  mourut  à 
Colmar,  le  l«'mai  1809.  Depuis  quel- 
ques années,  il  remplissait  les  modes- 
tes fonctions  de  secrétaire-interprète 
de  la  préfecture  du  départ,  du  Haut- 
Rhin.  En  1803,  il  avait  été  appelé  à  la 
présidence  du  consistoire  évangéiique. 
Le  conseil  municipal  de  sa  ville  natale 
vient  de  lui  voter  une  statue. 

Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  (i). 

I.  Der  Schatz,  Ein  Schaferspiel , 
Francf.,  176l,in-8o. 

IL  Gedichte,  Francf.,  1761,  in-8o. 

III.  Versuch  in  einigen  Gedichten, 
Francf.,  1762,  in-8». 

IV.  Der  Einsiedler.  Ein  Trauer- 
spiel,  Karlsr.,  1763,  in-8o. 

V.  Phileinon  und  Baucis,  Ein 
SchaxAspiel,  Slrasb.,  1763,  in-8». 

VI.  FabUs  nouvelles,  trad.  libre  en 
prose  de  l'allem.  deLichiwer,Strasb., 
1763,  pet.  in-80. 

VU.  Theatralische  Belustigungen, 
Francf.,  1765,  66,  67,  70,74,  5  vol. 

in-80. — Plusieurs  des  pièces  que  con- 
tient ce  recueil  ont  été  impr.  séparé- 
ment. La  plupart  sont  trad.  ou  plu- 
tôt imitées  du  français.  On  y  trouve, 
nous  apprend  M.  Duvau,  la  Veuve,  de 

(1)  Selon  M.  DaTaa,  dans  la  Biogr.  univ.,  le 
premier  recueil  de  poésies  de  Pfeffel  aarait  para 
en  175â  ;  mais  les  bibliogr.  allemands  ne  Tindi- 
q  «enl  pas. 


Collé;  la  jeune  Indienne,  de  Cham- 
fort  ;  Zelmire,  de  Belloy  ;  Eugénie,  de 
Beaumarchais;  les  Moissonneurs,  de 
Favart  (publ .  à  part  en  1 7  7  i  )  ;  le  Phi- 
losophe sans  le  savoir  (publ.  à  part 
en  1776)  et  le  Roi  et  le  fermier,  de 
Sedaine. 

VIII.  Dramatùiche  Kinder spiele  , 
Strasb.,  1769,  in-8o. 

IX.  Historisches  Magazin  fur  den 
Ver  stand  und  dos  Uerz,  nouv.  édit., 
1771  ;  Strasb.,  1774;  en  franc,  et  en 
allem.,  Slrasb.,  1788;  1792,  2  vol. 
in-8»;  8«  édit.,  Ibid.,  1823,  3  part., 
in-8». 

X.  DerTriumphderehelichen  Liebe, 
coméd.  trad. du  franc..  Francf.,  1774, 
in-80. 

XI.  Der  Triumph  d^s  guten  Her- 
zens,  coméd.  trad.  du  franc.,  Francf., 
1774,  in-80. 

XII.  Arête,  Ein  Trauerspiel,  Francf., 
1774,  in-80. 

XIII.  lieder  fur  die  Colmarische 
Kriegschule,  Colog,,  1778,  16  pp., 
in-8*. 

XIV.  Principes  du  droit  naturel,  â 
l'usage  de  l'École  militaire  de  Colmar , 
Colm.,  1781,  in-80. 

XV.  Fabeln,  der  Helvetischen  Ge* 
seUschaft  gewidmety  Basel,  1783,  S; 

XVI.  Description  de  la  Crimée  par 
Thounmann,  prof,  à  Halle,  trad.  de 
l'allem.  (par  Pfeffel  et  de  Rayneval), 
Strasb.,  1786,  in-8°. 

XVIi.  Poetische  Versuche,  Basel, 
1789-90,  3  part..in-8o;  Francf.  et 
Leipz.,  1 796;  5«  édit.,  consid.  augm:, 
Tubing.,  J816,  10  vol.  pet.  in-8o. — 
On  trouve  dans  ce  recueil  desépigram- 
mes,  des  fables,  des  contes,  des  odes, 
des  épttres.  M.  Duvau  accorde  la  pré- 
férence à  ces  dernières.  Les  quatre 
épttres  suivantes  :  l'Amitié,  à  Zoé; 
Epttre  à  Schlosser;  à  Phœbé,  ou  VE^ 
cueil  du  sentiment  ;  un  Bouquet  à 
Zoé,  suffisent,  selon  lui,  pour  lui  as- 
surer une  place  honorable  dans  la 
classe  si  nombreuse  des  poètes  alle- 
mands du  2«  et  du  3«  ordre. 

XVIII.  Prosaische  Versuche,  Tub., 
1810,  10  vol.  in-80. 


PFE 


—  221  — 


PFE 


XÎX.  Contes,  Nouvelles ,  et  autres 
pièces  posthumes,  trad.  de  Vallem. 
par  Méhée  de  Latouche,  Paris,  1815, 
2  vol.  in-12. 

\X.GeistesBluth€nPoesien,SirJish,y 
1817,  m-12. 

XXI.  Collection  de  Contes  et  Nou- 
velles, trad.  de  Vallem.,  Paris,  1825, 
7  vol.  in-12.  Les  trois  premiers  vo- 
lâmes de  cette  collection,  trad.  par 
A.  G.  A.  Pf.,  fils  de  l'auteur,  furent 
mis  en  vente  chez  le  libr.  Brière,  en 

1822. 

XXII.  Lettres  à  Bettina  sur  la  reli- 
gion,  trad.  de  Vallem,  par  le  prof. 
Wilm,  Slrasb.,  1825,  in-12. 

XXIII.  Dix-huit  Nouvelles,  trad.de 
Vallem.,  Paris,  1826,  4  vol.  in-12. 

XX lY.  Anleitung  zum  ersten  Un- 
terricht  in  der  christlichen  Religion, 
Mûlhausen,  1829,  pet.  in-S»  depp.60. 

XXV.  Fables  et  poésies  choisies  de 
ff effet,  trad.  de  Vallem.  par  Paul  Lehr, 
Strasb.  et  Par.,  1840,gr.in-8o,  Ogg.; 
2«édit.,  Paris,  1850,  in-12. 

Enfin  Pfeffel  a  eu  part  (avec  Gérard 
Ray  ne  val  et  Bourgoing)  à  la  trad.  de 
la  Géographie  universelle  deBiisching, 
Strasb.,  1768-79,  14  vol.  in-80.  Les 
journaux  et  les  recueils  du  temps  con- 
tiennent aussi  un  grand  nombre  de 
morceaux  de  sa  composition,  soit  en 
prose,  soit  en  vers. 

PFEFFII^GER  (Daniel),  fils  de  Da- 
niel Pfeffinger,  tanneur  à  Strasbourg, 
était,lorsqu'il  mourut  d'apoplexie  dans 
cette  ville,  le  2i  nov.  1 724,  docteur  en 
théologie,  professeur  de  théologie  et  des 
languesorienlales,  et  chanoine  de  Saint- 
Tbomas.  Il  a  publié  un  assez  grand  nom- 
bre de  Dissertations  et  de  Programmes, 
dont  les  bibliographes  allemands  se 
contentent  de  donner  les  titres,  sans  y 
ajouter  d'autres  indications.  £n  voici 
la  liste  d'après  Jôcher  :  Disp.  de  malo. 
De  Cretensium  vitiis,  ad  Tit.  I,  12, 
De  viroperfecto,ad  Ephes.  IV,  1 3-1 4, 
De  restitutione  diabolorum,  ad  Act. 
m,  2i,  De  cultu  angelorum,  ad  Col. 
//,  18,  De  pomit^ntiâ  Dei,  adGen.  VJ, 
6,  7,  De  visitatione  apostolicâ  Pauli 
opudEphesios  institutd,  De  arctissimo 


credendorum  et  agendorum  nexu,  ad 
Mich.  XIII,  M,  De  ecclesOs  Christia- 
norum.  De  Michaële  angelorum  auxi- 
liatore,  Diss.  II  de  nuptiis  mixtis,  où 
il  condamne  énergiquement  les  maria- 
ges mixtes,  même  entre  Luthériens  et 
"  Calvinistes;  imp.  Argent.,  1 708,  in-4«, 
Diss.  II  de  Christo  pro  nobis  exciso, 
ad  Dan.  IX,  26,  Diss.  II  de  propheta- 
ftww  falsorum  furtis,  ad  Jer.  XXIII, 
30,  In  Episiol.  Pauli  ad  Ephesios.  A 
cette  liste  nous  ajouterons,  d'après 
Lelong,  Diss.  II  inHaggceiprophetiam 
et  Diss.  de  Xethinceis,  ad  Jos.  IX,  27 
etEsd.  VIII,  20,  imp.,  Arg.,  1703, 40. 
Daniel  Pfeffinger  avait  un  frère,  dont 
la  vie  est  un  peu  mieux  connue.  11  se 
nommait  Jean- Frédéric  et  naquit  à 
Strasbourg,  le  5  mai  1 667.  Il  alla  ter- 
miner à  l'université  de  Leipzig  les  é- 
tudes  qu'il  avait  commencées  au  gym- 
nase et  à  l'académie  de  sa  ville  natale, 
et  après  avoir  pris  ses  degrés,  il  se  ren- 
dit à  Wiltemberg,  attiré  par  la  réputa- 
tion de  Schurzfleisch.  Peu  de  temps 
après  son  arrivée  dans  cette  ville,  il 
consentit  à  se  charger  de  l'éducation 
du  fils  du  conseiller  privé  Fabricius. 
En  1693,  il  fut  appelé,  comme  profes- 
seur de  mathématiques,  à  l'académie 
noble  de  Liinebourg.  En  1708,  il  fut 
nommé  inspecteur.  En  1724,  on  lui 
offrit  la  place  de  bibliothécaire  à  Ha- 
novre; mais  il  la  refusa.  En  1729, 
11  se  vil  forcé,  par  une  affection  grave, 
la  gravelle,  de  se  démettre  de  tous 
ses  emplois.  Le  roi  d'Angleterre  lui 
accorda  une  pension,  comme  récom- 
pense de  ses  services,  et  lui  conféra 
le  titre  de  conseiller.  Pfeffinger  mourut 
le  27  août  1730.  On  a  de  lui,  sans 
parler  d'un  grand  nombre  d'écrits  qui 
n'ont  point  vu  le  jour  : 

I.  Elementa  geometriœ,  Lipsiœ, 
1688,  in-12. 

II.  Problèmes  mathématiques , 
Leipz.,  1688,  in-80. 

III.  Geographia  curiosa,  Lipsiae, 
1690,  in-80. 

IV.  Manière  de  fortifier  à  la  Vau- 
banne,  Amst.,  1690,  in-S»*  publ.  en 
allem.  la  même  année. 


PHI 


-2»- 


PHI 


V.  Pf<mv0ll^  forti^ation  ou  reoueil 
dc  diffénntfiSfmtMeres  de  foffifiefêi^ 
Europe^  Amsif^  1  eas^  in-8<>  ;  l^aQi^ye^ 

Vif  VUriarius  iUustr^ttuê^  hoo  ^«Ij 
Ph.  Reinh,  Vitriurii  IniMutiofifi$  jmr 

ris  publici  ronurQ^^''^*»  ^\o,j  MlllP 
correctior^  Fribnrgij  1691,  in-^^j 
nouVf  édit.  coït.,  C^tha^  1698x89,  i 
vol.  ijirii  nouv.  édit.  mm*»  (^otJiA, 
1 7 1 2-5 1 ,  i  vol.  in'A^.T'Jean'FrédériQ 
Pfeffingery  (ioenoiô  en  droit,  flis  (|i| 
professeur  46  théologie  Daniel  Pfe^iv- 
g^v,  e(  par  conséquent  ^eve^  de  V^nv 
tear,  qui  Tinstitua  son  héritier,  ^  i^ 
digé,  pour  sa  thèse,  m  4hrégé  4^  oet 
ouvrage,  qui  a  été  impri|né  h  Str^Ss 
bourg  en  1728,  in-4<, 

VII.  MerkwUrdigkeiten  des XVI f^- 
Jahrhunderts,  Hamb.,  noq,  in-4«, 

VIII.  Principes  de  la  géotiiiétrie  pvth 
tiqu0i\j\xwe\).,  1708,  }n-8«, 

IX.  Historié  des  BraunschweigT 
LUneburg,  Hi^uses,  Hamb.i  n^l-^lj 
3  vol.  in-80.— Ouvrage  posthume,  pu? 
blié  par  Jean-Frédéric  pfefflnger,  qui, 
après  la  mort  de  son  oncle,  s'était  r^r 
tiré  à  HainbouFg,  où  il  mourut  phlhi- 
sique  à  la  fle^r  de  Tàge,  le  2  juill, 
1 754,  en  sorte  que  cet  ouvrée  n'a  paa 
été  achevé. 

X.  fiistoricfi'gen€alogis0herBefic^(i 
vom  Herm  von  Thune  ^  ii|8.  dans  le^ 
Ungedruokt.  Urkunde  zur  Çrlauter. 
der  niedersiiçhs.  Geschichte  qnd  ^Ir 
terthùm.  (n&l). 

Il  est  vraisemblable  que  Jean  Pfeffiih 
ger,  docteur  en  médecine,  professeur  k 
i'acad.  de  Strasbourg  depuis  i?6û,  e( 
chanoine  de  Saint-Thomas,  mort  le  16 
janv.  1782,  et  auteur  d'une  diss.  De 
vimusculariy  Arg.  1754,  in-4»,  npr 
partenait  à  la  même  famille. 

PmLBERT  ou  PHi(.»BaT',  famille 
célèbre  dans  les  fastes  du  commerce 
lyonBftis»  dont  une  branche  au  moins 
professa  la  religion  réformée. 

Clette  broche  était  représentée  à 
Lyon,  dans  la  seconde  moitié  du  i^yif^ 
siècle  (1)  par4^«aMZA(/râPhi|hert,dQut 

(1)  A  la  SaiDUBarU^m,  dm^hnm^^  ^ih 


la  fille  CATiqntnfB  épousa  le  ministre 
Graverol,  en  1676;  par  Pierre  Phih 
bert,  épouK  de  Jeanne  Péroehonei  pèfa 
de  Jeanne,  mariée,  en  167S,  à  FroiH 
(xn'n  jlandin,  dQ  Great^  et  par  Çl(mfe 
Philberty  riche  banquier  et  aQPien  île 
Téglise,  qui  se  convertit  à  la  révoeit- 
tioQ.  ^on  abjuration  n'ayaii  ea  pour 

but  que  de  sapver  sa  forlpne;  il  n'en 
rendait  pas  moins  à  la  cause  protes* 
tante  tpus  les  servipes  possihlesi  :  ç'tnH 
lui  qui  i^vfiit  c^ché  le  ministre  M^zm 
à  son  passage  à  Lyon,  et  il  n'avait  pua 
craiQt  d'assister  aui  réunions  religiflo- 
ses  qpe  le  jeune  pasteur  avait  présl^ 
dées.  Il  avait  d'ailleurs  fait  passer  dav 
tes  pays  étrangers  jes  enfants  qq'U  ^- 
vait  eus  de  son  mariage  avee  Su^anm 
Spofi.  Nous  ne  connaissons  les  nQpjis 
que  de  ses  trois  fils.  L'alné,  G(i)i<HI^ 
avait  été  présenté  au  baptême,  eni  674» 
par  Gédéon  Philbert,  d'Embrnn,  et  mir 
MqrieSpon  (MSS.  de  Genève,  N»  68^). 
Son  pér6  l'enypya  à  Amsterdam ,  tm 
i687.  Sept  ans  après,  traversant  I* 
France  dans  Tintention  de  se  rendre  à 
Livourne,  oii  sa  sœur,  mariée  à  Maihé, 
de  Marseille,  s'était  réfugiée,  il  ta\ 
arrêté  au  moment  de  s'embarquer  à 
Marseille  (Aroh.  gén,  E.  3580),  et  eih 
fermé  à  la  Btistille,  «  comme  une  ea^f 
pèce  d'otage  à  l'égard  de  toute  sa  fên 
mille,  pour  la  contenir  tout  entièra 
dans  le  devoir.  »  Il  finit  par  sortir  fit 
la  redoutable  prison  d'fitat  et  se  FeMn 
à  (Genève,  où  il  obtint  les  drpils  ^ 
bourgeoisie, en  1 705.  Son  frère  putné> 
GuiLLAum,  avait  eu  pour  parrain^  en 
1675,  Guillaume  Pérachon  et  pQm 
marraine  Anne  Fernwnty  veuve  d'4r 
lexandre  Philberl;  sa  destinée  nopi 
est  inconnue.  Le  troisième  Pivanib 
présenté  au  baptême*  en  1676,  pa^ 
Antoine  P/i»76eri,  avocat  au  parlefaen^ 
de  Dijon  (i),  et  par  Jeanne  Philbert^ 
femme  da  François  Jandin,  fut  envoyé, 
comme  son  frère  iàtné,  en  Hollande,  oti 

bert^  (Il  lyqi^,  praUciûB,  ^l^\i  trouté  ni\  |ii|^  ^ 

(1)  Fils  apparemment  de  Philbert^  grocal  m 
partemânt  dé  Dijon,  mort  à  Paris,  en  16^1,  fi 
^\mft  Ift  ^?  •«t-,  W  PiWIti^r»  <K)I  fis.  "^-" 


PHI 


—  M3  — 


PHI 


il  parait  qu'il  se  fixa,  ainsi  qoe  deux 
d6  ses  oncles^  qui  établirent  à  Amster- 
'éêm  d'importantes  maisons  de  com- 
fluerce. 

Foncai^lt  parle^  dans  ses  Mémoires^ 
d%n  gentilliomme  du  Poitou  portant 
oa  nom  à  peu  près  semblable^  le  sieur 
de  Saini'Philbert,  lequel  se  eonvertit^ 
ea  1 686,  avec  une  dame  de  JLa  Locarie. 

PHILIPOT  (Jacques),  descendant 
da  Léonard  Philipoi  ou  Philippot, 
af ocat  à  Bordeaux,  qui  représenta  les 
églises  de  la  Basse-Guienne  à  l'As- 
semblée politique  de  Sainte-Foy,  en 
1901 ,  fit  ses  éludes  en  théologie  à  l-a-; 
Mdémie  de  Montauban,  où  il  soutint, 
soos  la  présidence  de  Garissolles,  une 
thèse  De  libris  apocryplUs  in  specie,  et 
mt  autre  De  novis  argutiis  çirca  ver- 
mines y  inierpretationes  et  consequerh 
tm  Scripiurarum.  Depuis  plusieurs 
aînées,  il  desservait  régi! se  de  Glairac, 
savilie  natale,  lorsqu'il  futappeléàpré;* 
lidsr le  synode  provincial  qui  s'y  tint  le 
Seept.  1 6ie,  en  présence  de  Pierre  de 
Sticriste,  sieur  de  Malevirade,commi8r 
saire  du  roi.  Soixante-quatorze  égli- 
ses y  envoyèrent  des  députés.  Seize  en 
envoyèrent  trois  ou  quatre,  savoir  : 
Bordeaux,  Goi/on,  min. ,  Benech  et  Lan- 
drêâu,  anc;  Miramont,  Afathurir^ 
jtone,  min.,  Bessé  et  Marbotin,  anc; 
La  Galivie,  Roy  ère  y  min.,  Grenier  et 
MowrgueSyàïic;  Limeuil,  Biva^sonei 
Jarlan,  min.;  iume^,  anc;  Galonges, 
Jaye,  min.,  de  Jouy  et  BrusiiSy  anc; 
Saint-Justin,  Muratel,  min..  Campa- 
gne et  Saint'Orens,  anc;  Clairac, 
Phdlipot  et  Brocas,  min.,  Salomon  et 
Ihmiehely  anc;  Montilanquin,  Ver- 
gmd,  min.,  lyma  et  de  La-Tour-de- 
Percy,  anc;  Tournon,  Valade,  min., 
ÛBGmlkem  et  Saint-Preuil,  anc;  Ton- 
Bêins-Dessous,  Ricotier  et  Reinawiy 
min.,  Massac  et  Benezet,  anc;  Ton- 
nains-Dessus,  Latané^  min.,  Massac 
al  Duprat,  anc;  Monsempron,  Eymer, 
min.,  deMonbeau  et  Rabon,  anc;  La 
Fitte,  Tifftmd,  min . ,  Lartigue  et  Poma- 
rède,  anc;  Gaslelmoron,  Fenè$,min., 
de  BUlon  et  Maury,  anc;  La  Parade, 
!ter,  min*,  Dubosc  et  Debou^t, 


ane.;  La  Garde,  La  Motte,  min.^  La- 
ville  et  Pénètres,  anc  Trente  et  un 
autres  députèrent  un  ministre  et  un  an- 
cien, savoir  :  Sainte-Foy,  Darroyaei 
Qùulard;  Duras,  Betoule  et  Monde- 
nis;  Montcaret,  Marcou  et  Audigny; 
Gastillon,  Labat  et  le  médecin  Lafar- 
gue;  Gensac,  Mizaubin  et  Nogaret  ; 
Pnjols-de-Rauzan,  Denis  et  A  nthoine; 
La  Sauvetat,  Tostée  et  Bertrand;  Le 
Salesot  (?),  Boucherie  et  Gaumat  ;  Gi- 
rende,  Béraud  et  Ducla;  Savignac,  Pe- 
tit et  Blanchardon;  Bergerac,  Des- 
oayrac  ei  Dechamps;  Lanquais,  Mets- 
sonnié  et  Sirven;  Salagnac,  de  Penna 
et  Marchand  ;  Nérac,  Viguier  et  Du- 
tour;  Gasteljaioux,  Mallide  et  de  ^oc- 
calan'f  Puch,  La  fitte  et  J/ûiift>r;  La- 
vardac,  Sénilhei  La  RochsTGajan; 
Gaumont,  Ducasse  et  de  La  Vessière; 
Bpiens,  Brinhol  et  Nolibé;  Fieux,  C^or* 
dier  et  Dupuy  ;  Calignac,  Dupa^r^e  et 
^fun0(;  Mdlevirade,  iéztfnont  et  Du- 
bourg;  Agen,  ^oriM  et  Laporte,  tous 
deux  ministres  ;  Gontaud,  Canolle  et 
l^atM/ouin;  Lacépède,  Farges  et  l?ra- 
manc;  Puymirol,  Testas  et  Bragerac  ; 
Gavaudun,  G^t^^et  Daniau;  Pujols, 
A'Aubuz  et  Sallettes;  Gastelnau-de- 
Grattecambe,  Brejou  et  Bellot  ;  La  Ra- 
mière,  Chardevenne  et  de  LaRamière  ; 
Lustrac,  Geneste  et  Saint-Aignan-de- 
Larl. Les  égUsesdeCoutras,Pellegrue^ 
Rasac,  Fleix,  Villeneuve-de-Puycha- 
gut,  Tbéobon,  Monbeton,  La  Mongie, 
Monbazillac ,    Gastelnau-de-Mirande , 
Doissat,  Berbières,  Scieurac,  Argen- 
tal.  Mon  heur,  Meillan,  Eause,  Feugue- 
roUes,  Montréal,  Yic-Fezensac,  Mon- 
taut,  Born  et  Roquefère  ne  furent  re- 
présentées que   par  leurs  ministres 
Royère,  Célerier^  Duval,  Cartier,  Ti- 
nel,  Rivasson  jeune,  Bourrée,  Gom- 
marc,  Pichot,  Superiori,  Dorde,  de 
Guilhem,  de  Grand- Bos,  Costebadie, 
Dupuy,  La  Coste,  Meulh,  Dubois,  Bra- 
gerac, Boulhard,  Védrines,  Landreau 
et  Gros.  Celles  de  Mucidan,  Badefol, 
Sigoulès  etDade  députèrent  les  anciens 
Latané,  avocat,  Martin,  Raymond  et 
Uon,  Y  assistèrent  aussi,  pour  Tan- 
ciemia  Chambre  de  l'édit  :  le  ministre 


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—  584  — 


PHI 


Mathurin,  et  les  anclensGrerumillaud, 
avocat  au  parlement^  Sylvestre  et  La- 
forgue y  procureurs  ;  pour  la  maison  de 
La  Force^  le  ministre  La  Bonneille,  et 
pour  celle  de  Gabillou^  le  ministre  At- 
cotier.  Philipot  eut  pour  adjoint  La- 
fitte^  et  pour  secrétaires  Tiffaut  et  De- 
mlcbel  dans  ce  synode^  dont  ies  actes 
n'offrent  rien  de  particulièrement  re- 
marquable (Arch,  gén,  Tt.  313).  A  la 
révocation^  il  se  retira  en  Hollande^ 
avec  sa  femme  et  trois  enfants  au-des- 
sous de  six  ans  (Ibid,  Tt.  287);  mais 
on  ne  voulut  pas  lui  permettre  d'em- 
mener les  deux  aînés  qui  avaient  dé- 
passé cet  âge  [ibid,  Tt.  270).  On  ignore 
la  date  de  sa  mort.  Il  a  publié  : 

I.  Èclaircissemens  sur  l'Apaca- 
lypse,  où  l'on  fait  voir  l'an  où  a  corn- 
mencé  l'empirepapal,  et  celuy  où  ildoit 
finir  y  le  tems  du  rétablissement  de  la 
réformation  en  France,  et  une  expli- 
cation sommaire  du  règne  de  miUe  ans, 
Amst.^  i687^in-12. 

II.  Défense  des  èclaircissemens  sur 
l'Apocalypse,  au  sujet  de  Veffusiondes 
phioles,  contre  l'Apologie  pour  l'ac- 
complissement des  prophéties,  Amst.^ 
Dan.  Du  Fresne,  1687^  in-i2. 

III.  Les  justes  bornes  de  la  tolé- 
rance avec  la  défense  des  mystères  du 
christianisme,  Amst.,  1691^  in-i2. 

EUsée  Philippot,  fabricant  de  savon 
établi  à  Norwich^  en  Angleterre^  dès 
1672^  qui  a  rempli  avec  honneur  la 
charge  de  haut  shérif  de  Norfolk,  ap- 
partenait très-vraisemblablement  à  la 
même  famille  que  notre  pasteur. 

PHILIPPi  (Jean),  né  à  Montpellier 
en  1518^  succéda  à  son  père  Eustache 
Philippi  dans  la  charge  de  conseiller  à 
la  cour  des  aides  en  1548,  et  devint 
président  de  la  même  cour  en  1572. 
Protestant  zélé,  mais  sans  fanatisme, 
et  magistrat  renommé  autant  par  son 
intégrité  que  par  ses  connaissances,  il 
fut,  en  diverses  occasions,  chargé  par 
ses  coreligionnaires  des  missions  les 
plushonorables. Le  connétable  deMont- 
morcncy  lui  donna  aussi  une  preuve  de 
son  estime  en  le  nommant  intendant  de 
justice  dans  le  Languedoc.  Jean  Philip- 


pi, qui  vivait  encore  en  1 608,  ne  laissa 
qu'un  fils,  Louis,  qui  lui  succéda  dans 
sa  charge  de  président,  et  qui  mounit 
sans  enfants  en  1635,  en  sorte  que  la 
famille  s'éteignit  en  GuilUmme  Phi- 
lippi, son  frère,  docteur  en  droit  et  pro- 
cureur du  roi  à  la  cour  des  aides,  qui 
n'eut  paspnon  plus  de  postérité. 

Philippi  a  laissé  deux  ouvrages  éga- 
lement utiles,  dit  d'Aigrefeuille,  aux 
jurisconsultes  et  aux  officiers  de  la  cour 
des  aides.  L'un  est  un  recueil,  par  or- 
dre chronologique,  de  tous  les  édits  et 
ordonnances  touchant  les  cours  des  ai- 
des, publié  sous  François  II  et  réimp. 
sous  ce  titre  :  Édits  et  ordonnances  du 
roi  concernant  l'autorité  etjuridictûm 
touchant  le  règlement  des  aydes  et 
très  finances  ;  avec  un  rectUeU  des 
rets  de  ladite  cour,  Montp.,  1597,  in- 
fol.;  Gen.,  1629,  in-4*.  L'autre,  sous 
ce  titre  :  Responsajuris,  2«éd.,  Montis- 
pes.,  1603,  in-fol.,  offre  un  recueil  de 
toutes  les  décisions  qu'il  avait  données 
lui-même  sur  toute  sorte  de  matières 
de  droit.  A  ces  deux  ouvrages,  il  faut 
en  ajouter  un  troisième  plus  intéres- 
sant à  notre  point  de  vue.  C'est  une 
Histoire  de  la  guerre  civile  en  Lan- 
guedoc  pour  le  fait  de  la  religion  jus- 
qu'en l'année  1 598,  qui  est  restée  iné- 
dite ;  seulement  d'Aubaïs  en  a  fait  im- 
primer, d'après  ie  msc.  existant  alors 
dans  la  bibliothèque  de  Golbert,  évéqne 
de  Montpellier,  un  extrait  très-sec,  qui 
a  été  reproduit  dans  leT.  XLVI  des  Mé- 
moires pour  l'histoire  de  France.  «Cet 
ouvrage,  dit  dom  Vaissète,  s'étend  de- 
puis Tan  1560  jusqu'en  1608.  11  y  a 
peu  d'événemens  intéressans  arrivés 
dans  le  Languedoc  durant  cet  intervalle 
qui  n'y  soient  décrits  avec  autant 
d'exactitude  que  de  détail.  L'auteur  é- 
toit  à  la  vérité  de  la  religion ,  mais  sa 
partialité  se  fait  peu  sentir.  » 

En  1520,  l'église  de  Saint-Pierre- 
le-Vieux  à  Strasbourg  avait  pour  curé 
Pierre  Philippi,  tout  à  fait  étranger 
à  cette  famille.  Soupçonné  de  luthéra- 
nisme, il  fut  destitué  par  le  chapi- 
tre. Peut-être  est-il  le  même  que  Phi- 
lippi, ministre  de  l'église  française 


PHI 


PHI 


AOfort-sur-le-Mein^  en  1563. 
EUPPONNËAU  (HsiOLi),  sieur 
ilecour^  fils  atné  de  Jean  Phi- 
neau,  sieor  de  Montargier,  et 
U>eth  Bazin,  naquit  à  Dncé  en 
ndie^  le  5  sept.  1646.  Lorsqu'il 
eintràge  de  neuf  ans^  ses  parents 
f èrent  à  Saumur^  où  il  fit  ses 
lités  sous  le  savant  Tannegui  Le 
.  En  1662,  il  suivit  les  cours  de 
ipbie  d* Etienne  Gaussen  et  de 
.  Ayant  pris,  en  1664,  le  grade 
tre-ès-arts,  il  fut,  bientôt  après^ 
pour  remplacer  Chouet  dans  sa 
.  Le  temps  que  ses  leçons  loi 
eut;  il  l'employa  à  l'étude  des 
18  orientales  et  de  la  théologie^ 
teotion  étant  de  suivre  la  car- 
lastorale  plutôt  que  celle  de  i'en- 
ment.  Nommé  ministre  à  San- 
6  22  nov.  1671,  il  exerça  ses 
MIS  Jusqu'en  1677,  qu'on  le  donna 
ollègueà  £ttenf)e  de  Brcns,  com- 
ofesseur  de  théologie.  Il  fut  re- 
rois fois  de  la  dignité  de  recteur 
radémie;  la  dernière  en  1682. 
la  révocation  de  l'édit  de  Nan- 
86  retira  en  Hollande,  où  il  ar- 
)  7  fév.  1686.  On  lui  offrit  pres- 
ms  le  même  temps  une  place  de 
re  à  Devenler  ou  à  Middelbourg, 
antre  de  professeur  de  tbéolo- 
Pranecker;  il  préféra  cette  der- 
6t  prit  le  bonnet  de  docteur  au 
le  Juin,  pour  se  mettre  en  état 
ïcaper.  Philipponneau  succomba 
attaque  d'apoplexie,  le  30  oct. 
Il  avait  été  marié  deux  fois.  Sa 
ère  femme,  Hélène  Perroteau, 
on  avocat  au  parlement  de  Paris, 
^usa  en  1675,  et  dont  il  resta 
Q 1689,  lui  avait  donné  plusieurs 
S'y  mais  une  fille  seulement  sur- 
:  elle  devint,  en  1 709,  la  femme 
c  Lawigue,  ministre  de  Téglise 
ine  de  Lecuwarden.  La  seconde, 
i'Mauricette  L*HuilUer,dasùe  de 
idos,  qu'il  avait  épouséeen  1 696, 
it  le  27  mars  1711,  après  l'avoir 
père  d'une  fille,  qui  reçut  le  nom 

imUnTESUSANNB. 

a  de  Henri  Philipponneau  quel- 


ques dissertations  théologiques  qui  té- 
moignent de  son  érudition. 

I.  Diss.demysteriopietatis  adloc, 
I  Tim.  Illy  16,  Franeq.,  1689,  in-4». 

II.  Diss.  ad  oraculum  Gen,  III,  1 5, 
Franeq.,  1689,  in-4». 

III.  Dissertationes  de  Symbolo  apo- 
sto/ico,Franeq.,l  691 -92,in-4o;  réimp. 
sous  ce  titre  :  Disquisitio  de  Symbolo 
apost.y  Amst.,  1702,  in-4«. 

IV.  Diss.  de  peccato  in  Spiritum 
sanctfÂfn  ad  if  arc  ./7/,28-50;  Franeq. , 
1697,  in-4»;  1702,  in-4«. 

Y.  Diss.  ad  historiam  dcnnoniaci  à 
Christo  sanaii,  Marc.  VI,  1-20,  Fra- 
neq., 1704,  ln-40. 

YI.  Diss.  de  Lege  et  Evangelio,  ad 
/ofc.  7,1 7,  Franeq.,  1706;!  71 0,in-4». 

VII.  Cantroversiarum  de  religione 
brevissima  synopsis,  Franeq.,  1709, 
in-12. 

Henri  Philipponneau  avait  trois  frè- 
res et  une  sœur,  qui  se  réfugièrent 
comme  lui  à  l'étranger.  La  dernière, 
nommée  Elisabeth,  épousa  dans  le  Ha- 
novre Siméon  de  La  Chevallerie .  Quant 
à  ses  frères,  François,  sieur  de  La 
Motte,  s'éleva  au  grade  de  colonel  au 
service  d'Angleterre;  Jban,  sieur  de 
Boispré,  combattit  aussi  sons  le  dra- 
peau anglais,  et  devint  lieutenant-co- 
lonel; Gasiubl,  sieur  de  Belet,  servit 
comme  capitaine  dans  le  régiment  de 
Ruvigny. 

PHIUPPSON  (iEAif),  célèbre  his- 
torien du  xvi«  siècle,  connu  sous  le  nom 
de  Sleidan,  né  à  Schleiden,  en  1506, 
et  mort  à  Strasbourg,  le  31  oct.  1556. 

Les  parents  de  Philippson  n'occu- 
paient point  un  rang  élevé  dans  la  so- 
ciété ;  son  père  se  nommait  P/ifitp/)e  tout 
court,  et  sa  mère  Elisabeth  Vanhelter; 
mais,  malgré  l'obscurité  de  son  origi- 
ne, il  reçut  une  fort  bonne  éducation. 
11  fit  ses  premières  études  à  l'école  de 
Schleiden  et  alla  les  poursuivre,  à  l'Age 
de  1 3  ans,  aux  g^jmnases  de  Liège  et 
de  Cologne.  C'est  pendant  son  séjour 
dans  cette  dernière  ville  que,  se  con- 
formant à  un  usage  reçu,  il  quitta  le 
nom  de  Philippson  (ou  fils  de  Philippe), 
pour  prendre  celui  de  Sleidan,  du  lieu 


PHI 


—  M6  — 


PHI 


de  sa  naissance  (en  latin  Sleida) .  Etant 
tombé  malade ,  il  se  laissa  persuader 
par  Jean  Siurm,  son  compatriote^  de 
l'accompagner  à  Louvain,  où  il  gaérit. 
Sa  santé  rétablie,  il  obtint,  à  la  recom- 
mandation de  son  ami,  la  place  de  gon- 
vernenr  du  fils  atné  du  seigneur  de 
Schleiden.  Après  avoir  terminé  l'édu- 
cation du  jeune  comte,  il  vint  à  Paris, 
où  il  vécut  dans  la  société  de  Jean  Sturm, 
de  Jean  Guintier  et  d'autres  savant^ 
jusqu'en  1531  ou  32,  qu'il  se  décida  à 
partir  pour  Orléans  afin  d'y  suivre  on 
cours  de  droit.  Admis  h  la  licence,  au 
bont  de  trois  ans,  il  revint  à  Paris,  et 
fut  placé  par  Sturm  dans  la  maison  du 
cardinal  Du  Bellay,  qui  conçut  pour  lui 
beaucoup  d'estime  et  d'afTection.  Il  ac- 
compagna son  patron  à  la  diète  de  Ha- 
guenau,  en  i  540,  et  l'année  suivante, 
il  fut  chargé  d'une  mission  auprès  de 
celle  de  Ratisbonne.  L'habileté,  la  sa- 
gesse, la  prudence  dont  il  fit  preuve 
dans  le  maniement  des  affaires  qui  lut 
furent  confiées,  jointes  à  la  protection 
des  frères  Du  Bellay,  l'auraient,  sans 
aucun  doute,  porté  aux  plus  hauts  em- 
plois à  la  cour  de  France,  s'il  n'avait 
pas  été  un  zéLé  sectateur  des  opinions 
nouvelles  ;  mais  les  horribles  persécu- 
tions exercées  contre  les  Luthériens  le 
forcèrent  à  fuir,  en  1542.  Il  se  retira 
à  Strasbourg  auprès  de  Jean  Stunn,qui 
lui  fit  obtenir  une  chaire  de  professeur 
de  droit.  Son  savoir  et lapoiitesse  de  ses 
mœurs  ne  tardèrent  pas  à  lui  mériter 
l'amitié  des  personnages  les  plus  dis- 
tingués de  la  République,  entre  autres, 
de  Jacques  Sturm,  préteur  de  la  ville, 
qui  lui  fit  donner,  eu  1 545,  une  mission 
auprès  fiu  roi  d'Angleterre,  et  dont  la 
recommandation  contribua  sans  doute 
à  lui  procurer  la  charge  d'historiogra- 
phe de  la  Ligue  de  Smalcalde.  En  1551^ 
le  magistrat  de  Strasbourg  l'attacha , 
en  qualité  de  jurisconsulte,  à  la  dépu- 
tation  qu'il  envoya aq  concile  de  Trente 
(Voy,  m,  p.  212).  Quelques  mois  plus 
tard,  il  fut  de  nouveau  chargé  de  se 
rendre,  avec  Pierre  Sturm  et  Henri  de 
Gottesheimy  auprès  du  roi  de  France 
Henri  11^  qoi^  après  la  prise  de  pqsse»; 


sjon  de  Metz,  Tout  et  Verdun,  s'était 
avancé  jusqu'à  Saarbourg;  il  devait  lui 
notifier  le  refus  des  habitants  de  Stras- 
bourg de  le  laisser  entrer  avec  un  corps 
de  troupes  dans  leurs  murs.  Trop  fai- 
ble pour  employer  la  force,  Henri  dut 
se  contenter  de  jeter  de  loin  un  regard 
de  convoitise  déçue  sur  une  conquête 
qu'il  croyait  tenir  et  qui  lui  échappait. 
En  1554,  Sleidan  assista  encore,  com- 
me député  de  Strasbourg,  aux  confé- 
rences de  Naumburg.  A  son  retour,  il 
eut  la  douleur  de  perdre  sa  femme,  foie, 
ille  de  Jean  Braun  de  Niedbruck,  qu'il 
avait  épousée  en  1 546,  et  qui  l'avait 
rendu  père  de  trois  filles.  Son  déses* 
poir  fut  tel  que,  dès  cet  instant,  il  ne 
fit  plus  que  languir  et  qu'il  la  soivit, 
peu  de  mois  après,  dans  la  tombe. 

Quoique  borgnede  l'œil  gaucbe,Slei- 
dan  avait  un  extérieur  imposant,  beau- 
coup de  dignité  dans  sa  personne,  une 
voix  sonore  et  harmonieuse;  il  était 
regardé  comme  un  excellent  orateur. 
Ses  connaissances  étaient  étendues  et 
variées.  Varillas,  et  d'après  lui  pres- 
que tous  les  écrivains  catholiques,  y 
compris  naturellement  l'abbé  Feller,  et 
ce  qui  nous  surprend  davantage,  M.  le 
bibliothécaire  VVeis3  de  Besançon,  Tout 
accusé  d'avoir  violé  le  premier  devoir 
de  l'historien,  c'est-à-dire,  d'avoir  fal- 
sifié Thistoire  dans  un  intérêt  de  parti. 
Il  suffit  d'opposer  à  cette  accusation  va- 
gue, à  l'appui  de  laquelle  on  n'apporte 
aucune  preuve,  le  témoignage,  non  pas 
des  écrivains  protestants,  qui  rendent 
presque  tous  justice  à  la  bonne  foi  et  à 
l'impartialité  de  Sleidan,  mais  celui  de 
l'illustre  de  Thou,  qui  loue  sa  fidélité 
et  son  exactitude.  Il  n'est  pas  impos- 
sible sans  doute  de  relever  quelques 
erreurs  dans  ses  ouvrages,  mais  ces 
erreurs  sont-elles  volontaires? Sleidan, 
on  le  sait ,  n'a  rien  négligé  pour  dé- 
couvrir la  vérité.  Il  a  non-seulement 
puisé  dans  les  sources  imprimées,  maie 
il  a  compulsé  les  archives  de  Strasbourg 
et  d'autres  villes  d'Allemagne;  il  s'est 
appuyé  sur  les  actes  officiels  que  plu- 
sieurs princes  protestants  lui  fourni- 
rent, il  a  consiûté  ses  propres  souve- 


PHI 


a»  — 


PHI 


a  fait  appel  à  ceux  des  bommes 
yac  qui  il  élai(  en  relation  ;  il  » 
pop  llYFe  au  jugement  4e  Sturm 
»rnonce  Yergerius,  avant  de  le 
l'impression,  et  quand  il  s'esl 
possession  de  la  vérité,  il  \% 
ipl^ent,  naïvement,  dans  un 
lir^  aisé,  poli,  dont  ses  détr^ 
l^-B^émes  admirent  Télégance. 

rotêçirdus  in  brsvem  historia- 
ttfiqfKtbilium  epiiomen  contruc- 
Tîil.,  1537,  in-soj  réimp.  plu- 
fois^  |d  plus  souvent  avec  les 
pi  IN.  —  Dédié  h  Du  Bellay. 
H'tflipne^  ducB,  una  ad  Caro- 
CiB9aremy  altéra  ad  Germani(9 
fi  $t  prc/inf*  Imperiiy  Arg., 
I|M^  «^  Ces  deui^  dispours  a- 
iM  déjà  publiés  en  allefpand, 
l|Si4a,  l'autre  en  1 544,  sous  le 
i^yme  de  Baptiste  fMsdei\, 
fkUippi  Cominœi  de  gestis  Lu* 
IJ  latine,  Arg.  ,1545,  in-4o,  et 
Fsfois  depuis,  t-  Traduction  li- 
I  six  premiers  livres  de  Tédit. 
9€!.  La  trad.  des  deux  autres  li- 
f^t  pli^s  tard  sous  ce  titre  :  Ph. 
pomm^ntariorun}  de  bello  nea* 
»,0Uï.,Arg.,l  548,in-4»jréimp. 

n  fois. 

CUnidii  Sesselii  de  feifiubliçœ 
#1  regum  officiis  lib»  Û,  è  galz 
.   kttin,  sermonem  eonv^si , 

îimma  dacirinœ  Platonis  de  r«- 
i  et  kgibusy  Arg.,  1548,  in'8o. 
Pe  statu  religionis  et  reipubli- 
Hpplo  V  CcBsare,  commeniarii, 

555,  in-fol. ,  édit.  princeps  très- 
ifi  ^ntenanl  que  25  livres  §( 
ôani  Thistoiro  des  troubles  reli- 
m  Allemagne  depuis  1517  jus- 
UQis  0e  fév.  1 5!i5  ^  réimp.  deux 
)8  la  même  année;  nouY.  édit., 

556,  in-80,  contrefaite  aussitôt 
e| à  Anvers;  nouv.édit.  angm. 
0*  livre  qui  finit  h  la  mort  de 
r,  Arg.,  1  r>59,  in-fol.  Celte  bis- 
iont  la  meilleure  édit.  est  cellf^ 
ilpï.,  |78:i-86,  3  vol.  ip-8%  ^ 
np.  très-souvent;  ella  a  été^  an 


outra,  trad.  an  allem.,  Bàle,  1557,  in- 
fol.,*  Strasb.,  1570  et  1589,  In-fol.; 
Strasb.,  1 6S5,  in-fol.;  en  anglais,  Lon- 
dres, 1560,  tn-fol.;  en  Italien,  s.  1., 
1557,  in-4«;  en  franc.,  s.  1.,  1557, 
inr8<«;  Strasb.,  1 558,  in-8«;  Gen.,  1 56 1 , 
1565,  1574,  in-fol.;  puis,  en  dernier 
lieu,  par  Le  Courrayer,  La  Haye,  1767- 
69,  3  vol.  in-4<<.  Elle  abonde  en  faits 
curieux  et  intéressants.  Justin  Gobler, 
Henri  Pantaléon,  Michel  BeutherfibeT' 
tus  Gifanitts^  Osée  Schadoeus  et  Lun- 
dorp,  Tont  successivement  continuée 
jusqu'en  1610*  Varilias  accuse  Sleidan 
d'avoir  ratrancbé  de  son  histoire,  dès 
la  seconda  édition,  tous  les  faits  qui 
favorisaient  les  Catholiques.  Nicéron, 
qui  s'est  4onné  la  peine  de  vérifier, 
déclare  nettement  qu'il  est  faux  que 
rien  ait  été  retranché ,  ce  qui  n'a  pas 
empêché  l'abbé  Feller  et  M.  Welss  de 
répéter  Taecnsation. 

VII.  De  quatuor  summis  imperHs, 
BabyloniûOy  Persico,Grœco  et  Romano 
lib.  III,  Arg.,  1 556,  in-8«.  —  Moins 
important  que  le  précédent,  cet  ouvrage 
de  Sleidan  n'a  pas  eu  moins  de  succès  ; 
on  en  connaît  une  soixantaine  d'édi- 
tions. Celle  de  Hanau,  1586,  in-s*, 
contient,  mi  outre,  les  N»*  II,  lY  et  V. 
Celle  de  Francf .,  1711,  in-8<^,comprend 
les  suppléments  de  Strauch,  Schurtz- 
fleisch  et  Junker.  Robert  Le  Prévost 
(Gen.,  1557,in-8o;  Strasb.,  1558, in- 
8»),  Ant.  Teissier,  (Berlin,  1700,  in- 
12)  et  Hornot  (Amst.  et  Paris,  1757, 
in-12;  1766,  in-8o)  en  ont  donné  des 
traductions  françaises. 

VIII.  Opuscula,  Hanov.,  1608,  8». 
— Réimpression  des  N»M1>  IV,  V  et  VU. 

Teissier  ajoute  h  cette  liste  De  capta 
Buda  à  ScAimanno  an.  1542,  sans  an- 
tre indication.  Sleidan  doit  avoir  aussi 
trad.  en  latin  le  catéchisme  de  Bucer 
et  des  épigrammes  grecques. 

PHILLOT  (Jean),  en  latin  Philotus 
ou  PolHtus,  réfugié  français,  fit  sas 
études  en  itrolt  à  Paris,  à  Strasbourg 
et  à  Heidalberg,  où  il  prit  la  bonnet  de 
docteur.  II  sut  gagner  la  confiance  de 
George-Jpan  de  Veldenz,  qui  lui  confia 
l'éducation  de  son  fils  al  le  nomma 


PIB 


—  228  — 


PIC 


conseiller  de  cour  et  administrateur 
du  comté  de LaPetite-Pierre.  Dès  1 555^ 
sur  le  désir  manifesté  par  ce  prince^ 
Phillol  écrivit  à  son  ami  Conrad  Hu- 
bert pour  lui  demander  un  pasteur  é- 
vangélique  et  des  instituteurs;  mais 
son  désir  ne  put  être  satisfait  qu'en 
1560.  Joseph  Ketztr  fut  établi  comme 
pasteur  à  La  Petite-Pierre,  où  une  éco- 
le latine  fut  fondée  la  même  année.  En 
1570,  tous  les  villages  du  comté,  en- 
tre autres  le  Ban-de-La  Roche,  étaient 
pourvus  de  ministres  réformés.  Cette 
même  année,  le  comte  George-Jean  é- 
tablit  un  pasteur  françaisàPhalsbourg, 
où  les  Huguenots  réfugiés  étaient  en 
grand  nombre.  Cette  église  française 
subsista  jusqu'en  1583,  que  Phals- 
bonrg  fut  vendu  à  la  Lorraine.  Les 
Réfugiés,  forcés  de  quitter  leur  asile, 
se  retirèrent  à  Bisch\viller,  où  exis- 
tait déjà  une  église  de  leur  communion. 
PIBALLEAU  (Marin),  sieur  de  La 
Bédouère,  capitaine  huguenot  dans  la 
Touraine.  En  ]562,PibaUeause  saisit 
du  couvent  des  Minimes  du  Plessis  et 
en  chassa  les  moines.  L'église  et  le 
monastère  furent  pillés,  les  autels  ren- 
versés, les  tombeaux  violés,  les  reli- 
ques brûlées.  Après  la  reprise  de  Tours 
par  les  Catholiques,  Montpensier  char- 
gea deux  conseillers  du  parlement  d'in- 
former sur  ces  excès.  Piballeau  et  sa 
femme,  Falaiseau,  Séguin ,  Jacques 
Salbert,  dit  le  petit  Jacques,  furent 
ajournés,  ainsi  que  leurs  complices, 
et  bientôt  intervint  la  sentence  qui 
condamna  Piballeau  et  vingt-sept  au- 
tres huguenots  à  être  pendus.  Tous 
ceux  que  Ton  put  saisir  furent  exécu- 
tés sur-le-champ.  Quelques-uns^  qui 
avaient  réussi  à  se  soustraire  aux  pour- 
suites exercées  contre  eux,  rentrèrent 
à  Tours  après  la  paix.  De  ce  nombre 
fut  Salbert,  qui  fut  pris  et  exécuté, 
«  attendu  que  son  fait  n'était  pas 
compris  dans  l'édit  de  pacification.  » 
L'inique  arrêt,  qui  l'envoya  à  la  po- 
tence, avait  été  confirmé  par  le  Con- 
seil privé,  et  pourtant  il  violait  l'art. 
YllI  de  l'édit  d'Amboise  (Voy.  Pièces 
justif..  No  XXI). 


PICART  (Etienne),  dit  le  Ro- 
main (i),  graveur  du  roi,  né  à  Paris, 
enl  631  ,et  mort  à  Amsterdam,  en  1721. 
Après  avoir  fait  un  long  séjour  en  Ita- 
lie, il  revint  en  France  et  participa  à 
la  gravure  des  estampes  de  la  grande 
collection  connue  sous  le  nom  de  Ca- 
binet du  roi.  Tl  fut  nommé  membre  de 
l'Académie  de  peinture,  le  19  juill. 
1664.  On  a  de  lui  des  portraits  et  des 
sujets  historiques  d'après  les  grands 
maîtres  de  l'Italie  et  de  la  France.  On 
lui  reproche  un  peu  de  dureté.  Au  ju- 
gement de  Huber  (Notices  générales 
des  graveurs),  «  son  travail  off're  de  la 
propreté,  et  il  entendoit  très-bien  la 
coupe  du  cuivre;  [mais]  les  connois- 
seurs  désircroient  quelquefois  plus  de 
correction  dans  les  parties  et  un  accord 
plus  harmonieux  dans  l'ensemble.  » 
Si  l'on  devait  en  croireM.  Périés,  dans 
la  Biogr.  univ.,  c'eût  été  «  l'espoir 
de  s'enrichir  par  des  travaux  plus  lu- 
cratifs, qui  l'auroit  engagé,  en  1710, 
à  se  rendre  en  Hollande  avec  son  fils.» 
Mais  M.  Périés  oublie,  qu'à  cette  épo- 
que, Picart  avait  ses  80  ans,  et  ce  n'est 
pas  à  cet  âge  que,  dans  l'intention  de 
s'enrichir,  on  quitte  le  certain  pour 
l'incertain,  la  proie  pour  l'ombre.  Rési- 
gnons-nous donc  à  admettre,  pour  être 
vrais,  ou  que  Picart  éprouva  le  besoin 
de  se  réconcilier  à  l'Eglise  que,  par 
contrainte,  11  avait  reniée  des  lèvres, 
ou  qu'avant  de  mourir  il  voulut  abju- 
rer la  religion  dans  laquelle  il  avait 
vécu  (2).  On  ne  connaît  d'Etienne  Pi- 

(1)  n  prit,  dit-OD,  ce  saraom  pour  m  disiin- 
giier  d'un  autre  graTenr,  son  homonyme  (peat> 
être  Jean  Picart),  qui  TÏTait  alors  à  Paris. 

(3)  Son  nom,  non  plus  que  celui  de  son  fils,  ne 
se  trouve  pas  porté  sur  les  registres  de  Charenton. 
Mais  on  y  Toit  figurer  de  nombreux  Picart  doDl 
qnelques-uns  tenaient  peut-être  à  la  même  famUlo. 
Louit  Picart^  orfèvre,  eut  de  sa  femme  Anne  Pu- 
ri»ot  :  i<*  PlERDE,  né  le  14iuinl618;— 2<>Na- 
THAKAEL,  né  le  19  juin  1621  ;  —  S»  Louis,  né 
le  8  déc.  1626,  qui  eut  pour  parrain  Pierre  Fi- 
ret^  diamantaire  ;  —  4»  Louise,  bapt.  le  27  fèr. 
16S0;  —  50  Constance,  bapt.  le  18  avr.  16Si  : 
parrain,  François  £«r Aa/^ard,  baron  de  Gandolan  ; 
marr.,  Louise  de  Constant.  •—  Isaac  Piearty  fûê 
de  Toussaint  et  de  Barbe  Martin^  bapt.le25oct. 
i^iS.^JeanPicartf  fils  AeGuiltaumt  et  doiVi- 
cole  Le  Maçon j  bapt.  le  10  avr.  1628.  —  Pierrt 
Picart,  flls  de  Thomas  el  de  Jeawu  d'OrUanê^ 


PIC 


—  229  — 


PIC 


cart  qa'un  flls^  BEnifARD,  cpie  lui  donna 
Angélique  Tournant^  et  dont  la  répu- 
tation comme  graveur  et  dessinateur^ 
surpassa  de  beaucoup  celle  de  son 
père. 

Bernard  Picart  naquit  à  Paris^  le 
11  Juin  1673  (i).  Son  père  fut  çon 
premier  maître.  «En  1689^  il  fut  en- 
voyé à  TAcadémie  de  peinture  pour 
apprendre  le  dessin  d'après  nature;  il 
y  apprit  aussi  la  perspective  et  Tar- 
chitecture  sous  le  célèbre  Sébastien 
Le  Clerc.»  Deux  ans  après>  il  remporta 
le  prix  de  l'Académie.  Ses  goûts  le 
portaient  de  préférence  vers  la  pein- 
ture^ mais  pour  répoudre  aux  Inten- 
tions de  son  père,  il  s'attacha  à  la  gra- 
yai*e.  La  première  estampe  à  laquelle 
Omit  son  nom,  est  l'fTennap^rotfite  d'a- 
près Nie.  Poussin,  qu'il  grava  en  1 693. 
Parti  de  Paris  sur  la  fin  de  sept,  i  696, 
il  passa  l'hiver  à  Anvers,  ou  il  obtint 
le  prix  du  dessin  à  l'Académie  des 
beaiu-arts  de  cette  ville.  La  mort  de 
sa  mère  le  rappela  en  déc.  i  698.  Bien- 
tôt après,  il  se  maria,  le  23  avr.  1 702, 
avec  Claudine  Prost.  Les  enfants  qu'il 
en  eut  moururent  en  bas  âge.  Sa  ré- 
patation  était  déjà  faite  lorsqu'il  ac- 
compagna son  père  en  Hollande.  Il 
partit  de  Paris,  le  7  janv.  1710.  Il  se 
fixa  d^abord  à  La  Haye,  puis,  après 
une  année  de  séjour,  il  alla  s'établir 
à  Amsterdam,  en  mai  1711.  Il  s'y  re- 
maria, le  25  sept.  1712,  avec  Anne 
Vincent  (2),  fille  d'un  marchand  de 
papier  ;  sa  première  femme  était  morte 

Dé  le  30  août  1647. — Jacob  Picart,  ÛU  de  Jacob 
el  de  Racket  Lerminier,  baptisé  le  9  mai  1655. 
—  YaUnlin  Picart  f  fils  de  Jean  et  de  Marguerite 
thmjonf  l»apt.  le  5  juin  1656. — André  Picart,  fils 
de  Valentin  et  de  Quentine  de  Larue,  bapt.  le 
15  sept.  1658.  —  Daniel  Picart  j  fils  de  Charleêf 
bapi.  le  STjanv.  1664.— Enfin  la  reuTeda  pein- 
tre Louis  Tettelin,  Marie  Picarty  abjura  le  17 
dée.  1685,  à  l'âge  de  63  ans. 

(i)  Noos  suiTons  la  notice  sar  B.  Picart,  qui 
le  troQte  à  la  suite  du  Discours  sur  les  préjugés 
de  certains  cnrieui  touchant  la  gravure^  et  dont 
le  Hercare  de  France  de  1735  a  donne  un  ex- 
trait. La  date  de  1663  qui  se  lit  dans  Huber  et 
Boit,  et  que  plusieurs  reproduisent,  est  une  er- 
iwr  typographique. 

(S)  Nagler  suppose  que  c'est  VAnna  Picart 
dent  MiroUei  indique  une  graTiire. 


deux  ans  avant  son  départ  de  France. 
Picart  était  très-laborieux,  et  il  avait 
le  travail  très-facile.  Les  commandes 
lui  arrivèrent  en  foule  ;  mais  sa  ré- 
putation en  souffrit.  Pour  se  conformer 
aux  exigences  des  libraires,  il  dut  se 
plier  aux  caprices  de  la  mode.  Aussi 
ses  premiers  ouvrages  sont-ils  placés 
bien  au-dessus  des  travaux  qu'il  exé- 
cuta par  la  suite,  a  Ses  premières  gra- 
vures, au  sentiment  de  Uuber^  sont 
pleines  d'esprit  et  se  ressentent  du 
goût  de  Le  Clerc,  son  maître.  Mais 
dans  la  suite  il  altéra  Tàme  et  l'ex- 
pression de  ses  tètes  à  force  de  les 
couvrir  de  petits  points,  et  il  chargea 
ses  draperies  de  tailles  roides  et  unies 
qui  produisent  un  fini  froid  et  insi- 
pide, n  Le  talent  d'imiter  les  différents 
maîtres,  qui  distinguait  à  un  si  haut 
degré  Sébastien  Bourdon  dans  la  pein- 
ture, il  le  possédait,  lui,  dans  la  gra- 
vure, et  ses  estampes,  en  ce  genre, 
réunies  plus  tard  sous  le  titre  d'/m- 
postures  innocentes,  ont  trompé  plus 
d'un  connaisseur.  Les  dessins  étaient 
le  plus  souvent  de  sa  composition.  Il 
grava  le  portrait  et  l'histoire.  Parmi 
ses  portraits,  nous  citerons  celui  de 
son  père  et  ceux  des  ministres  Jacq. 
Saurin  et  Isaac  Jaquellot  (J715). 
Parmi  les  sujets  historiques  qu'il  trai- 
ta, le  Massacre  des  innocents,  dont  le 
dessin  est  de  sa  composition,  est  re- 
gardé comme  son  chef-d'œuvre. 

n  venait  de  terminer  un  beau  titre 
pour  le  Rei  rustlcse  scriptores  (Leipz., 
1734,  2  vol.  in-4»),  lorsqu'il  tomba 
dangereusement  malade,  le  8  nov. 
1732.  Il  ne  fit  que  languir  pendant 
tout  l'hiver,  et  mourut  à  Amsterdam, 
le  8  mai  1 733,  âgé  de  près  de  GO  ans. 
Bernard  Picard,  «  homme  de  mœurs 
très-réglées,  d'un  caractère  doux  et 
sociable,  uniquement  occupé  de  son 
étude  et  de  ses  devoirs ,  »  était  au 
témoignage  de  son  panégyriste,  «  un 
parfaitement  honnête  homme,  plus  di- 
gne encore  de  l'estime  des  honnêtes 
gens,  que  de  l'approbation  des  con- 
noisseurs.  )>  Son  fils  Nicolas  n'a  pas 
répondu  à  l'attente  que  quelques  por- 


PIC 


—  i80  — 


PIC 


traili  avaienl  fait  eoncevoir  de  lui» 

Nous  ne  savons  si  l'on  doit  rattacher 
à  notre  artiste  le  graveur  Pierre  ou 
Pieier  Pioart,  qui  avait  déjà  acquit 
quelque  réputation  à  Amsterdam^  iore* 
qu'au  commencement  duxvm*  siècle^ 
il  alla  se  fixer  en  Russie.  Entre  autres 
gravures  de  lui^  on  cite  la  BataiUe  de 
Pultawa  (1). 

Nous  nous  bornerons  à  faire  con-^ 
naître  les  principaux  recueils  d'es- 
tampes de  Bernard  Picart^  en  ren* 
voyant  pour  le  détail  au  Catalogue  gé- 
néral de  son  Œuvre  >  qui  ne  compte 
pas  moins  de  1300  pièoesé 

L  Œuvres  de  Boileau^  édit*  enri- 
chie de  figures^  vignettes  et  culs-de- 
lampe  gravés  en  taille-douce  par  Ber- 
nard Picart>  iUnst.^  David  Hortier^ 
1718^  2  vol.  in-fol.$  fl«  édit.^  1729  j 
petite  édit.  égalem»  ornée  de  graVurea 
par  Pipart,  La  Haye^  Isaac  Vaillant^ 
1722^  4  vol.  in-12. 

II*  Cérémonies  et  coutumes  reli* 
gieusee  de  Ums  les  peuples  du  monde^ 
représentées  par  des  figures  dessinées 
de  la  main  de  Bernard  Picart,  aveu 
une  eœplioat,  hist,  et  quelques  diseer» 
tations  curieuses  [par  Bruzen  de  La 
Martinière  et  autres,  et  rédigées  par 
J.'F,  Bernard),  Amst.^  J.-F. Bernard, 
1725  etsuiv.^in-fol.  ;enangl.>  Lond.i 
1 733,  6  vol.  in-fol.—  Cet  ouvrage  cu- 
rieux a  eu  plusieurs  éditions.  Picart 
n'a  eu  part  qu'aux  premiers  volumes 
de  cette  collection,  continuée  jusqu'en 
1743,  11  vol.  in-fol. 

III.  Recueil  de  10  pierres  antiques^ 

1724. 

IVi  Œuvres  de  Fontenelle,  magni- 
fique éditi  ornée  de  gravures  en  taille- 

(1)  M.  (ih.  'Weiu,  dans  non  Histoire  des  réfo- 
giéti  mtDliobue  un  nommé  Picard,  migor  de  ce- 
Taierie  dans  les  troupes  de  Ouillanme  d'Orange. 
->  Un  Jean  Picart  établit  en  Hollande  nne  fa- 
brique de  broearty  qui  rivalisa  btcc  celle  fondée 
par  /muic  Roger,  •—  Enfin,  penr  épuiser  nos  ren- 
seignements, nous  mentionnerons  encore  AbrO' 
kam  Pitardf  dit  de  L'Escolav,  atocat  du  roi  au 
sléfte  de  Freenay,  qui  reçut  ordre  de  se  défaire  de 
sa  eharge  et  fat  mis,  en  1693,  à  Saint-Vincent 
du  Mans,  et  sa  fille  à  la  Propagation  de  Tours.  La 
séquestration  fut  le  meillear  argument  pour  lui 
prtmter  retcelleoee  de  li  foi  cathoUque,  U  i^y 
rëUâ.  (Anh.  M.  e74.) 


donoè  iMir  Bemi  Pieart^  La  May«,  QoaM, 

1728,  9  voli  in-fol. 

Yi  Recueil  des  lion»  denrinet  é^Hh 
près  riature  par  divers  maîtres  et  grit- 
vez  par  Bern.  Picart,  Amst.,  1729, 
66  pièces  avec  pp.  e  dd  teite>  iil-40, 
obi. 

VI.  L*Hôtel  du  président  Laml^êH, 

59  ff.  -^Ën  1732^  lit^oa  dans  1  éloge 
de  notre  artiste^  Picaft  s'oocupait  à 
mettre  en  ordre  les  30  pi.  de  son  grand 
ouvr»  de  la  Maison  du  président  Lam- 
bert. 0  C'était  son  ouvrage  favol*i,  et 
il  se  flattait  de  le  publier  inoessam- 
ment  lui-même,  n'attendant  pour  oêla 
que  la  description  de  cette  belle  mai'- 
son  qu'on  avait  promis  de  lui  ehvoyer 
de  Paris,  et  qu'on  attend  encore.  » 

Yllé  Le  Temple  des  Muses^  orné  de 

60  tableaux  où  sont  représentés  les 
événements  les  plus  remarquablei  de 
l'antiquité  fabuleuse,  dessinés  et  gré^ 
vés  par  Bem^  Picart  le  Romain  (sie) 
et  autres  habiles  maîtres  et  aceomfih 

nés  d'explications  et  de  remar^jm 
par  La  Barrede  Beaumarchais], ett*^ 

Amst», 8aoharieChateiain,l  733^1 7Sft^ 

in-fol. 

VIII.  Impostures  innocentes^  ou  Ito- 
eueil  d' estampes  gravées  dans  le  jgoéi 
de  différents  maîtres  célèbres  des  ifxri9 
écoles,  avec  l'Éloge  de  Bem^  Picart^ 
et  le  Catalogue  de  ses  ouvrages^  Amsl^i 
1734,  79  fr.|  pet.  in*fol. 

IX.  Suite  de  douze  pièces  inventéê$ 
et  gravées  pour  des  Èpilhahmee  |Mf 
Bern^  Picart,  in-fol. — Très-estimée. 

X.  LespeinturesdeCfiarlesLeBrun 
et  d*E,  Le  Sueur  qui  sont  dans  Vh4i^ 
du  Châtelet,  Paris,  1740,  gr.  in-fbl. 
^En  partie  dessin,  etgrav.  par  Berâ. 
Picart. 

PICARD  (F.)  nous  est  connu coai- 
me  l'auteur  de  l'Enchiridion  delà  do^ 
trine  orthodoxe,  Saumur,  1611,  in- 
12.  Peut-être  est-ce  Fiacre  Picard, 
ministre  à  Ch&tellerault,  qui  ftit  sus^ 
pendu  par  le  synode  du  Poitou,  Juge- 
ment confirmé  pour  un  an  par  le  Sy- 
node national  de  Saint-Maixent,  ma 

1669. 

PIGHEH£L(PnE&E)^tbéoUgieado 


î 


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-aw  - 


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JLV1«  sièclei  versé  dans  le  latin^le  grec 
•t  l'liébreu>  naquit  près  de  La  Ferté- 
•OBS-iouarre^  et  mourut,  en  1 590,  dans 
Qo  petit  prieuré  dépendant  de  l'abbaye 
d'£ssonnes.  Picherel  assista,  comme 
cbampion  de  TEgUse  romaineiau  col- 
loque de  Poissy,  et  gagna,  par  sa  mo- 
dérationet  son  savoir,  Testime  de  Théo- 
dore de  Bèze^a.yGC  qui  il  resta  en  cor- 
respondance. Nous  avons  vu  à  la  Bi- 
bâiotbèque  publique  de  Genève  (AISS. 
de  Genève  1 97*%  Gart.  1)  une  lettre  de 
lui  datée  de  Paris  7  des  ides  d'août 
1567,  et  portant  au  dos  ces  mots  de 
i^écriture  du  célèbre  ré  rormateur  :  aLet- 
tre  de  Picherel  escrite  de  sa  main  pour 
ne  délivrer  de  la  calumnie  que  quel- 
qaes-nns  m'imposoient  disansquej'a- 
Toiedesrobé  à  Picherel  mes  annotations 
mv  le  N.  T.  » 

Picherel  cultiva  avec  succès  plu- 
•iBiirs  branches  de  la  théologie.  On  a 
éè  lui  des  traités  De  cœnâDomini,De 
miêsœ  eacrificio,  De  igné  purgatorio, 
L9  imaginum  usu,  qui  ont  été  publiés 
ou  réimprimés,  plusieurs  années  après 
m  mort,  par  André  Rivet ysous  le  titre 
éîOpusoula  theologicay  Lugd.  Batav., 
1S29,  in-12.  Il  suffit  de  lire  ces  opus- 
CBiee  pour  rester  convaincu,  quoi  qu'en 
4i8eMoréri,  que  Tauteur  penchait  for- 
iMMnt  vers  la  Reforme.  Aussi  la  Sor- 
bonne,  par  décret  du  1«^  sept.  1629, 
U»  condamna-t-ello,  notamment  le 
traité  de  la  Gène  du  Seigneur,  «  tanquam 
oilviDismo  et  nefarià  haereseos  leprà 
lotus  commaculatus,  »  et  en  défendit- 
elto  la  lecture,  «  ne  quls  incautus  im- 
pingat  et  iilidat  quasi  in  procellà  na- 
vim  sua)  conscientias,  et  circumvenia- 
liir  errore  in  astutià  et  nequitià  au- 
IJioris.  p 

Si  Picherel  ne  se  prononça  pas  ou- 
tertement,  d'autres  membres  de  sa  fa- 
mille furent  moins  timides.  Les  Regis*- 
ins  deGharenton  font  mention  de  Ma- 
rie Picherel,  qui  épousa  en  premières 
B0C68  Simon  Le  liumêurf  secrétaire 
da  prince  de  Gondé,  et  lui  donna  un  flls, 
Tkiodore,  baptisé  dans  le  temple  pro- 
tMtant,  en  1602.  Restée  veuve^  elle  se 
naaria  avec  Thomcut  Petit,  sieur  de 


Ciaoï-Hardi,  qui  professait  comme  elle 
la  religion  réformée. 

PICOT  (Jbàm),  sieur  de  La  Mein- 
taye,  mort  à  Paris,  le  8  janv.  1680,  et 
enterré  le  lendemain  au  cimetière  pro- 
testant des  Saints-Pères  (Heg.  de  Cha- 
rênt,)f  laissa  veuve  avec  plusieurs  en- 
fants Renée  Loyseau,  dame  de  La  Mein- 
taye,  flUe  de  René  Loyseau^  sieur  de 
Heurier,  et  de  Françoise  Amprouanie- 
La-Afassayes,  qu'il  avait  épousée  en 
1 649 .  A  la  révocation  de  redit  de  Nan- 
tes, cette  dame  se  réfugia  à  Berlin^  où 
elle  mourut  en  1700. 

Le  nombre  des  enfants  de  Jean  Pi- 
cot n'est  pas  exactement  connu.  Dans 
ses  Archives  de  la  noblesse  de  France, 
Laine  a  publié  une  généalogie  qui  lui 
en  donne  cinq,  savoir  :  p  Adrien, 
comte  de  La  Heintaye;  —  2o  Henri, 
sieur  de  Trémar; — 50  N.,  sieur  de  La 
Boissière; — 4oN.,sieurdesFaroulais; 
— 50  Marie  (1  ).  Mais  Erman  etRéclam, 
dans  leur  Histoire  des  Réfugiés,  parlent 
pour  le  moins  de  deux  demoiselles  de 
La  Meintaye,  qui  accompagnèrent  leur 
mère  en  Allemagne,  et  nous  verrons 
plus  bas  que  trois  autres  se  converti- 
rent. Ge  n'est  pas  le  seul  point  sur  le- 
quel nos  notes  sur  cette  famille  con- 
tredisent la  généalogie  en  question,  à 
laquelle  nous  ne  croyons  devoir  accor> 
der  que  très-peu  de  conflance.  Gepen- 
dant,  en  l'absence  de  documents  plus 
authentiques,  nous  sommes  forcé  de 
nous  en  tenir  à  celui-là. 

Occupons-nous  d'abord  desdeux  flis 
de  Jean  Picot,  dont  le  généalogiste  ne 
connaissait  pas  les  noms^et  qui,  selon 
Réclam,  s'appelaient  Gabriel  et  A- 
DRiBN.  Ils  ne  passèrent  pas  en  Angle- 
terre, conune  on  le  lit  dans  l'ouvrage 
de  Laine,  mais  dans  le  Danemark,  d'où 
ils  se  rendirent  à  Berlin.  Le  dernier  fut 
tué  au  siège  de  Lille,  en  1708.  Après 
sa  mort,  sa  femme,  fille  de  M'»^  de/2o- 
coulle,  dame  d'honneur  des  princesses 
de  Prusse,  revint  en  France,  poussée 
par  l'amour  de  la  patrie  ;  et  son  fils, 

(1)  En  1688,  une  Marie  Picot  fat  enfermée  à 
U  Gonclergtrio  (Ar4h.  gin.  £.  3974)  ;  lenit-ee 
lanftnst 


PIC 


—  238  — 


PIC 


lieutenant-colonel  an  service  dnHano- 
vre^  imita  ^  quelque  temps  après^  son 
exemple.  Gabriel^  qui  des  cadets  de  Cor- 
nuaud  était  passé  dans  le  régiment  de 
Varennes^  flt^  a\ec  le  grade  de  lieute- 
nant-colonel^ les  guerres  d'Italie  et  de 
la  succession  d'Espagne.  De  son  ma- 
riageavec  Su«ann«^er£ram{^  deSaint- 
Fulgent^  morte  en  1748,  naquit  Fré- 
déric Picot-de-La-Meintaye^  qui  rem- 
plit les  fonctions  pastorales  à  Stendal 
et  fut  père  de  deux  flls  (  l'un  tué  à 
Landshut,  l'autre  mort  prisonnier  en 
Autriche)9et  d'une  flUe,  mariée  kHugo, 
pasteur  àFrancfort-sur-l'Oder. 

Il  nous  reste  à  parler  du  flls  atné  de 
Jean  Picot,  le  second  ne  nous  intéres- 
sant pas,  puisqu'il  se  convertit.  Qu'il 
se  soit  appelé  Adrien  ou  d'un  autre 
nom ,  c'est  là  une  question  que  nous  ne 
pouvons  décider.  Une  imprudence  le 
força  à  sortir  du  royaume  vingt  ans 
avant  la  révocation.  Lorsque  le  temple 
de  Blain  fut  démoli  en  1665,  il  se 
permit  de  parler  avec  irrévérence  du 
Saint-Sacrement  et  de  Saint-Clair,  et 
malgré  sa  Jeunesse,  il  fut  condamné 
aux  galères  ;  heureusement  il  parvint 
à  se  soustraire  à  cette  condamnation 
et  passa  en  Danemark,  où  deux  de 
ses  frères  allèrent  le  rejoindre,  dès 
1684,  en  sorte  que  tous  les  biens  de  la 
famille  échurent  en  partage  à  Henri, 
qui  se  convertit  avec  trois  de  ses  sœurs 
{Arch.  gén.  M.  673).  A  l'arrivée  de 
leur  mère  à  Berlin,  les  trois  frères  se 
rendirent  auprès  d'elle,  et  l'atné  entra 
comme  officier  dans  les  cadets  de  Cor- 
nuaud.  11  a  laissé,  dit-on,  des  Mémoi- 
tes,  qui  se  conservent  dans  sa  famille. 
On  ne  nous  apprend  pas  la  date  de  sa 
mort;  ne  serait-ce  pas  lui  qui  fut  tué 
au  siège  de  Lille?Oubien,aurait-ilflni 
par  rentrer  dans  sa  patrie?  La  généa- 
logie publiée  par  Laine  affirme  qu'il 
était  lieutenant-colonel  de  dragons, 
lorsqu'il  épousa,  en  1 695,  Marguerite- 
Françoise  Du  Matz-de-Montmartin^ 
et  ce  qui  est  certain,  c'est  que  cette 
dame  était  en  France,  en  1715.  Cette 
année  même,  on  lui  enleva  8afllle,qui 
fat  mise  au  couvent  de  Sainte-Claire  de 


Thouars,  et  son  fils,  qui  fut  envoyé  an 
collège  de  Poitiers  ;  puis  on  l'enferma 
elle-même  à  l'Union  chrétienne  de  cette 
dernière  ville  (Arch.  E.  3401).  Elle 
n'en  sortit  vraisemblablement  qu'ensi- 
gnant  une  abjuration  ;  maissaconvei^ 
sion  était  si  peu  sincère,  qu'en  1 749, 
le  curé  dePouzauges  la  dénonça  com- 
me tenant  un  prêche  dans  sa  demeure 
(Ibid.  TT.325).  Son  extrême  vieillesse 
empêcha  de  sévir  contre  elle.  On  la 
laissa  donc  mourir  dans  la  religion  pro- 
testante, au  mois  de  février  1 750.  Son 
fils  Benjamin, qui,  au  sortir  du  collège 
où  on  l'avait  placé,  avait  trouvé  les 
moyens  de  passer  dans  le  Hanovre,  où 
il  servait  commeofficier(f6ûJ.E.  3581), 
étant  inapte  à  lui  succéder,  le  comte 
de  LaHassayes,  le  sieur  Des  Noubes, 
la  dame  Du  Matz,  femme  de  Le  Sueur-de- 
Petiville,  tousdescendantsde  nouveaux 
convertis,  s'empressèrent  de  demander 
le  don  de  ses  biens  au  roi  qui  le  leur 
accorda  (Ibid.  E.  3511).  Mais  bientôt, 
quelle  déception  amère  !  Benjamin  Pi- 
cot revint  dans  sa  patrie,  et  il  fallnl 
renoncera  une  si  bonne  aubaine,  n 
est  vrai  que,  dès  l'année  suivante,  il 
passa  en  Angleterre,  où  il  devint  co- 
lonel de  cavalerie  et  gentilhomme  de 
la  chambre  du  roi,  et  où  il  mourut,  en 
1797,  presque  centenaire  sans  laisser 
de  postérité.  Ses  biens  furent  donc  sai- 
sis de  nouveau  (Ibid.  E.  3512);  il  est 
probable  toutefois  qu'il  avait  trouvé  is 
moyen  d'en  soustraire  une  partie  à  la 
rapacité  de  ses  collatéraux. 

PICOT  (Nicolas),  de  Noyon,  réfu- 
gié à  Genève,  où  il  fut  reçu  bourgeois 
en  1547,  était  le  beau-frère  d*AnMn$ 
Calvin  par  sa  femme  Catherine  de  Fer 
ou  Lefert.  En  1 560,  il  fut  élu  membre 
du  ce.  Resté  veuf,  il  se  remaria,  en 
1571,  avec  Françoise  de  Châteauneuf' 
d'Orsières,  etmourut  le  1 9  mars  1 575, 
ayant  eu  six  enfants  do  sa  première 
femme,  savoir.:  !<>  Jean,  qui  suit;  — 
2*  Anne,  femme  de  Philibert  Humbert; 
—  30  Marie,  qui  épousa  Arnaud  Du" 
puis;  —  40  Marthe,  qui  fut  mariés 
trois  fois,  avec  Jean  Jessé,  Luc  Harl* 
man  et  Antoine  Chopin  ;  —  5*  Sàêà, 


PIC 


—  233  — 


PIC 


femme  de  MarceUin  de  Ville  (i);  — 
6«  Pierre^  qui  s'anità  Madelaine  Lau- 
rent, et  en  eut  deux  flUes^  Tune  des- 
quelles, nommée  Jeanne,  épousa  Do- 
fÊiel  Châtel,  de  Montbéliard,  et  l'autre, 
appelée  Susànne,  le  célèbre  Simon 
Goulart. 

Jean  Picot,  né  en  1 556,  entra  dans 
le  ce,  en  1589,  et  mourut  en  1616, 
ayant  été  marié  deux  fois  :  la  l'%  en 
1580,  avec  Marie  Malain  ;  la  2%  en 
1588,  avec  Anne  Quaglia.  Du  premier 
lit  Tinrent  Marie,  femme  de  Jacques 
Clément,  puis  de  Jean  Komey,  et  Jean, 
marié  à  Françoise  TalUmani  ;  du  se- 
ooDd,  Nicolas,  Pierre,  Phiuberte, 
IRAAC,  Jeanne,  femme  de  Daniel  Chà- 
M  (2),  SUSANNE,  épouse  de  David 
Blanc  et  Abraham.  Ce  dernier,  né  en 
1 606  »  prit  pour  femme,  en  1 6  4  0,  Doro- 
thée Simonin,  dont  il  eut  :  J  »  Jean,  qui 
suit; — 2»  Aimé, né  en  1657, qui  laissa 
six  enfants  de  son  union  avec  Mar- 
guérite  Piaget,  savoir:  François,  Su- 
8ANNE,  mariée  à  G.  de  Luc;  Jeanne- 
FiARÇoiSE,  femme  d'Auguste  Dehors; 
BSTHSR,  alliée  à  Jacques  Dupuis; 
Dorothée,  épouse  de  Jacques  Yernay  ; 
PmRS,  qui  épousa  Jeanne  BarilUet 
et  en  eut  Anne,  femme  de  Jean-Fran- 
çois de  Choudensy  et  Jean. 

Le  fils  atné  d'Abraham  Picot,  né  en 
l642etmort  en  1697,  épousa,  en  1665, 
Judith  Goudely  qui  lui  donna  Jérémie 
61  SusANNB,  mariée  à  Jean  Gharton. 
Keeté  veuf,  il  convola  en  secondes  no- 
ces avec  Judith  Barilliet,  dont  il  eut 
encore  deux  flls,  Jacques  et  Pierre, 
morts  sans  postérité. 

Né  en  1672,  Jérémie  Picot  eut  sept 
enfants  de  son  mariage  avec  Aimée 
Pemessin  :  1  •  Louis-Tobie  ; — 2°  Je  an- 
Danisl,  qui  suit;  —  S»  André,  né  en 
1709  et  mort  en  1791,  laissant  de  sa 
Cemme  Jeanne-Catherine  Pemessin,  un 

(1)  £a  1577,  Marlin  de  Ville,  de  Saint- 
Étknne,  aTait  obtena  les  droits  de  bourgeoisie. 

(S)  En  1565,  furent  reçus  bourgeois  Pierre 
Kme,  bonlanger  d'Arles,  avec  ses  fils  Abraham 
H  lêoac,  Tingt  ans  plus  tard,  Antoine  Blane, 
Iflf  rimaur  de  Lyon,  obtint  la  même  faveur. — LM- 
talllè  du  nom  des  époux  des  filles  de  Pierre  et  de 
iMiPleDi  Dou  fait  wwpçonner  une  erreur  dans 
kpisiilUfadwiiée  pw  Galiflé. 

T.  VUi. 


flis  nommé  Pierre  ; — 4«  Jacques  ;  — 
5«  Anne-Elisabeth,  femme  de  Jean- 
Jacques  Girod  (I);  —  6*  Lucrèce, 
épouse  de  Robert  Covellc;— 7°  Judith, 
alliée  à  Antoine  de  Cerve,  de  Saint- 
Rome-du-Tam,  flls  d'un  avocat  au  par- 
lement de  Toulouse,  qui  avait  obtenu, 
en  1718,  les  droits  de  bourgeoisie  à 
Genève. 

fean-Daniei,  né  en  1705  et  mort  en 
1799,  eutcinq  enfants  de  Jeanne-Per- 
nette  Patron-VoulkUre^sa,  femme.  Une 
de  ses  fllles,  Louise,  épousa  Jacques- 
Charles  Bardin.  Son  flls  cadet,  Jean- 
GÉDÉON,  entra  dans  le  GC  en  1 782,  et 
mourut  deux  ans  plus  tard.  L'alné, 
Pierre,  né  en  1746,  suivit  la  car- 
rière ecclésiastique.  Ses  études  ter- 
minées, il  voyagea,  pendant  Tannée 
1 7  7 1 ,  en  France,  en  Hollande  et  en  An> 
gleterre,  où  il  fit  la  connaissance  du 
célèbre  Franklin,  qui  lui  conseilla 
d'accompagner  Gook  dans  son  second 
voyage.  Picot  ne  put  s'y  résoudre,  et 
retourna  à  Genève.  Bientét  après,  il 
fut  chargé  de  desservir  Téglise  de  Sat- 
tigny.  En  1783,  il  fut  appelé  comme 
pasteur  dans  la  ville.  En  1 787,  il  fut 
nommé  professeur  honoraire  de  théo- 
logie, a  en  considération  de  son  mérite, 
de  ses  talents  et  de  ses  connaissances.» 
Une  attaque  d'apoplexie  l'enleva  le  28 
mars  1822.  On  a  de  lui: 

I.  De  multiplici  montium  utilitate, 
Gen.,  1790,  in-80. 

II.  Eloge  historique  de  J,-A,  Màl- 
lety  publié  dans  le  Guide  astronomi- 
que (1791). 

III.  Mémoire  et  projet  de  règlement 
pour  taré  forme  du  coliége,  Gen.,  1791, 
in-4<>. 

IV.  Sermon  d'actions  de  grâces  pour 
la  restauration  de  la  république  de 
Genève,  Gen.,  1815,  in-S». 

V.  Sermons,  Gen.,  1823,  in-8<». — 
Ces  sermons,  publiés  par  le  pasteur 
Chenevière  (2),  qui  y  a  joint  une  pré- 

(1)  En  17S5,  Barthélémy f  Jaequegf  leaaa  et 
Pierre  Girod,  de  Ghftlon»-sur-Saône,  furent  re- 
çus bourgeois. 

(3)  En  1631,  Laurent  Chenevière^  des  envi- 
rons de  Lyon,  fui  reçu  bourgeois  avec  son  fllt 
Jérémitm 

15 


PlU 


—  aa4  - 


PIÉ 


face  et  une  nolice  biographique  sur 
l'auteur^  donnent  une  idée  trè«-avmi-> 
tageuse  du  talent  de  Picot  comme  ora- 
teur de  la  chaire. 

Pierre  Picot  avait  épousé  Mari^ 
Elisabeth  Trembley-Massé,  ^t  en  avait 
eu  trois  fils.  GaliCTe  ne  noua  fait  con^ 
naître  que  le  nom  du  plus  jeune^  Ai.- 

BERT-GÉDÉON.  LC  SCCOnd^  DàM£L,    a 

put}liérf  X(jfm6n  des  consomniationi  çn 
gétiéral,  et  en  particulier  de  celles  de 
la  ville  de  Genève,  Gen.^  1822^  in-S». 
L'alné,  JEÀK,  né  le  6  avril  1777,  pro- 
fesseur d'histoire  et  d^  stf^tistique  h 
Genève,  est  auteur  40  plusieurs  ou- 
vrages estimés. 
£n  voici  les  titres  : 

I.  Histoire  des  Gaulois,  defiuis  leur 
origine  jusqWà  leur  mélange  avec  Iw 
Frams,  Gen.,  1804,  3  vol.  in-go. 

II .  Tablettes  chronologiques  de  l'hii^ 
toire  universelle,  sacrée  e(  profane, 
ecclésiastique  et  civile,  depuis  la  créa" 
tion  du  monde  jusqu*à  l'année  1 808, 
Gen.  et  Paris,  1808,  3  Yol.in-8<». 

III.  Histoire  de  Genève,  accompch 
gnée  de  détails  sur  les  antiquités  de 
la  ^nlle  et  de  son  territoire,  sur  les 
mœurs,  les  usages,  etc,  Gen.,  1811, 
3  vol.  in-8'. 

IV.  Essai  statistique  du  canton  de 
Ganèt^e,  Zurich,  1817,  in-12,ftvecc«r-* 
tes  et  vues. 

V.  Statistique  de  la  Suisse,  ou  état 
de  ce  pays  et  des  22  cantons  dont  il 
se  compose,  Gen.,  1 8 1 9,  in- J  3  ;  2«  édit., 
Paris,  1830,  in-l 2. 

Du  mariage  de  Jean  Picot  avec  Con- 
stance-Gabrielle-Sara  J^iaUet-de-Tour- 
nés  sont  ués  trois  enfants  :  doux  (ila, 
en  1805,  Pierre-Eugène^  ministre  de 
TEvangile,  dont  nous  connaissons  on 
seul  ouvrage,  les  Recherches  sur  i'aur 
thenticité  de  la  2«  Epitre  de  Saintr 
Pierre,  imp.  à  Genève,  1829,  in-12; 
en  1807,  Jeàn-Apeubm;  et  unefille^ 
Susann^-Albbetinr  . 

PIDOUX  (Pierre),  sieur  de  Nesde, 
fils  de  François  Pidoux ,  médecin  de 
Henri  III,  embrassa  le  protestantisme, 
on  ignore  à  quelle  époque;  mais  on  le 
trouve^  dès  1580,  dans  le  corps  de 


troupes  que  C houppes  conduisit  au 
cours  du  roi  de  Navarre  enfermé  dani 
Cabors.  En  1688,  étant  déjà  capitaine 
de  carabiniers  à  cheval,  il  servit  soua 
les  ordres  û' Hector  de  Préauœ.  Après 
la  campagne,  il  fut  nommé  mestro  <!# 
camp.  C'est  avec  ce  grade  qu'il  con- 
tinua à  servir  vaillamment  la  cause  de 
Henri  IV,  qui  lui  confia,  en  1591,  la 
gouvernement  de  Chauvigny.  En  1 596, 
il  signa  l'union  à  l'Assemblée  politique 
de  Loudun,  et  Tannée  suivante,  H  sa 
joignit  avec  son  régiment  aux  troupes 
que  La  Trémoille  assembla  ponr  pro- 
téger l'Assemblée  séant  alors  à  Ghi- 
teUerauU.  En  1599,  Henri  IV  lui  or- 
donna  de  remettre  la  place  de  Chauvi» 
gny  à  l'évéque  de  Poitiers  ;  mais  l'At- 
l^mblée  de  Saumur  lui  défendit  d'obéir 
et  l'autorisa  à  saisir  les  deniers  des 
tailles,  si  le  roi  refusait  de  payer  sa 
ganUson  (Fonds  de  Briennê,  N»  221). 
Lorsque  les  Genevois  demandèrent  à 
Henri  IV,  après  l'Escalade,  un  capi- 
taine expérimenté  pour  conduine  la 
guerre  contre  la  Savoie,  ce  prince  loor 
envoya  Nesde,  qui  fut  tué,  peu  de  Jouta 
après  son  arrivée,  avec  ua  de  ses  ne* 
veux,  dans  une  escarmouche  près  de 
Saint-Gemar,  le  9  avr.  I603.  il  avait 
épousé  Françoise  Chevalier,  fille  du 
capitaine  François  Chevalier  et  de  N. 
de  Grimouard. 

Selo^  une  note  que  M.  Fillon  a  au 
l'obligeance  de  nous  conmiuniqoep,  la 
mère  de  notre  grand  fabuliste  LaFouv 
taine  étaitunenièoe  du  capitaine  Nesda* 

FIÉLAT  (Bàrthélbuy),  d'Orangai» 
alla  faire  ses  études  en  théologie  à  G** 
nève  en  1 659,  et  lorsqu'il  les  eut  ter- 
minées, il  fut,  à  ce  qu'il  parait,  placé 
comme  ministre  à  Meaux.  Dans  le  même 
temps,  c'est-à-dire  en  1665,  Phiniê^ 
Piélat,  également  natif  d'Orange,  ae 
fit  inscrire  parmi  les  étudiants  entbéO" 
logie  de  la  même  académie.  C'est  ce 
Phinée  apparemùient  qui  fut  chargé  de 
desservir  l'église  de  La  Gorce,  où  il  (at 
remplacé,  en  1669,  par  Crégut.  Ré- 
fugié en  Hollande  après  la  révocation^ 
il  fut  donné  pour  pasteur  à  l'église 
wallonne  de  Rotterdam.  Nous  m  potf-r 


m 


-m- 


PIË 


vonsdiretij  PUme^è^liUili^rt  PitUU^ 
niinUiro  de  U  garnison  do  Saint-Gai- 
\$ïUf  qui  remplaça  le  pasteur  Sudr^ 
4II9IS  l'église  française  de  Saint-Jean  à 
Lopdros.en  i7i(>y  était  le  fils  de  Tun 
ba  (le  Tautre  de  ces  ministres^  don|  l0 
prsniier  a  ppbiié  : 

l.  Sermon  smr  Genèse  J,  1  >  Saumur^ 
ifi04^  ia-8«. 

|I.  S#nnofi  con^enan^  cfc  solides  çon- 
êqhUans  contre  la  mort,  Lond.^  s.  d.,' 
|||-|2.  —  Présenté  au  roi  Charles  il. 

Jil.  La  vie  et  les  actions  mémoror 
Hps  de  Ruyler^  Amst.^  1677^  3  tomes 
m  1  vol.  in-|2. 

BJous  avons  quelques  raisons  decroi- 
l«  qpe  Barthélémy  Piélat  était  le  QU 
d^pn  ipédecin  du  même  nom  qui  vivait 
à  Paris  Yars  1 670^  et  à  qui  on  attribue 
Ipa  oqvTages  suivants  : 

I»  Le  secrétaire  inconnu^  avec  50 
tmêmpks  méthodiques,  trad.  en  ailem.« 
SolUbaob^  1674. 

il.  Lettres  nouvelles, 

11|.  fnsulœ  Ceyloniœ  thesaurtàs  me- 
4icM9>  9eu  laboratorium  chemicum, 
Àwat.i  1679,  m-)2. 

PÎEPPPNT  (iQm),  poëte  estima- 
lHl>^a<|uit,en  i785,àNewbaven^dans 
le  Conneçticut,  ou  son  père  e:(erçait 
les  fonctions  du  ministère  sacré  (i). 
Bistiné  au  barreau»  il  commença  «es 
études  en  droite  mais  il  ne  tarda  pas  ^ 
fl#  dégoûter  de  la  jurisprudence,  qu'il 
quitta  pour  le  commerce.  N'ayant  pas 
réossi  dans  cette  nouvelle  carrièrej  il 
s'appliqua  à  la  théologie.  La  répi)ta- 
lim  qu'il  acquit  comme  prédicateur,  la 
m  çboisir,  en  1  a  I  e ,  pour  pasteur  d  une 
4m  nombreuses  congrégations  de  9os- 
lÀq.  Absorbé  par  ses  devoirs  pasto- 
|P|iu,  à  l'accomplissement  desquels  il 
apporta  une  activité  et  un  zèle  dignes 
tf'^ges,  il  dut  renoncer  presque  en- 
tl^mentau  culte  des  Uuses;  ce  n'élait 
fp'aotant  qu'une  circonstance  impor- 

(1)  An  nombre  des  poëlei  amcrirains  d'origine 
frMçaise,  Qtt  doil  eil«r  aussi  Pkilipi>e  Fretneau^ 
tNTttaire  de  Jefferaon.  Il  nous  a  été  imposiibl* 
4f  IrpuTer  dans  les  bibliographies  que  nous  avonf 
l  BOire  disposition,  les  titres  de  ses  poésies, plus 
riiiq^ablM,  ditHWi  par  la  q«aaUtê  que  par  ta 


tan^iPpnMue  l'anniversaire  ou  la  iun- 
dation  de  quelque  institution  charita- 
ble^ ou  bien  encore  un  grand  événe- 
ment politique  Ty  invitait,  qu'il  sentait 
la  passion  de  la  poésie  se  réveiller  en 
lui;  et  qu'il  s'y  abandonnait  avec  dé- 
lices. Outre  un  poème  qu'il  publia, 
en  1 8 1 6,  sous  ce  titre  :  Tl^e  airs  of  Pa- 
lestine, et  qui  eut  du  succès,  on  a  de 
lui  un  recueil  de  pièces  de  vers,  dont 
Tune,  Sur  la  mort  de  Mapoléon,  passe 
pour  la  meilleure.  Nous  en  citerons 
quelques  strophes. 

Hère  sleeps  he  now  alone  :  not  one 
Of  aU  thé  kings  wbose  cronns  be  gare, 

Nor  sire,  nor  brotber,  wife,  nor  son, 
Uath  ever  seen  or  sooght  his  grare. 

{{ère  lieepB  he  now  alone  :  thc  «lar 
That  led  hlm  on  from  crown  to  crown 

Hath  sunk  ;  the  nations  (rom  afar 
Gozed  ai  it  faded  and  wcni  dowo. 

He  sleeps  alone  :  the  mouotain  cloud 
That  oi^ht  bangs  round  bim,  and  IbebteatU 

or  moming  scallers,  is  the  sbroud 
That  wraps  hismortalfonn  in  death. 

11  est  assas  probable,  malgré  l'alté- 
ration du  nom,  que  John  Pierpont  des- 
cendait d'une  famille  noble  de  la  Nor- 
mandie, nommée  Pierreponf, dont  deux 
frères,  Antoine  et  Etienne  de  Pierre" 
pont,  cherchèrent  un  asile  en  Angle- 
terre, à  la  révocation  de  l'édit  de  Nan- 
tes. Cette  famille  professait  depuis 
longtemps  la  religion  réformée.  Dès 
)a  première  guerre  civile,  nous  trou- 
vons un  capitaine  Pierve^tont  servant 
an  Normandie  sous  CoUyny,  et  le  même 
sans  doute  que  Louis  de  Pierreponi, 
sieur  de  Lambeilles,  qui,  dans  la  troi- 
sième guerre,  en  juin  15(>9,  quitta  La 
Hochelle  pour  rentrer  dans  ses  terres, 
après  avoir  fait  sa  soumission  {CaUeci . 
Fontanieu,  N»  518-519).  Par  uu  re- 
gistre des  baptêmes  et  mariages  cc- 
|é|)rés  dans  le  temple  de  Saiule-iUè- 
re-&glise,  que  nous  avons  eu  entre 
les  mains  (.4rc/».  yen.  Tt.  51  (),  nous 
voyons  qu'une  dizaine  d'années  avant 
la  révocation,  cette  famille  était  divi- 
sée au  moins  en  deux  branches,  ayant 
pour  chefs,  l'une  LouiadePierrepont^ 
sieur  de  Saint-Uarcouf,  l'autre  Antoine 
de  Pierrepont,  sieur  de  Gravllle.  Louis 


PIE 


—  236  - 


PIE 


avait  époasé  Marguerite  de  Varignies, 
qui  le  rendit  père,  entre  antres  enfants^ 
d'ANNE'MABGUERiTE^  née  en  1669^  et 
de  LÉONOR-ArrromB.  Ce  dernier^  pré- 
senté au  baptême,  en  1674,  par  Léo- 
nor- Antoine  de  Saint-Simony  et  Mar- 
guerite-Judith de  Pierrepont,  sa  sœur, 
fut,  en  1687,  enfermé  dans  le  collège 
des  Jésuites  de  Gaen  avec  un  Richer, 
un  ù'Héricy,  un  Cahaignea,  un  Gla- 
tignyy  un  Ronceray  et  d'autres  en- 
fants protestants  (Arch.  Tt.  317). 
Antoine  s'était  allié  à  Judith  de  Vir- 
ville,  qui  lui  donna,  en  1669,  Judith, 
présentée  au  baptême  par  ClaudeCham- 
pion,  sieur  de  Crespigny,  et  Judith  de 
Gascoin,  veuve  de  Pierre  de  Virville, 
sagrand'mère;  en  1670,  Jacques,  qui 
eut  pour  parrain /ocçue^  de  Bescheval, 
sieur  de  Saint-Hartin-Blagny,  et  pour 
marraine  Judith  de  Méhérenc  ;  en  1 6  73, 
Claude,  et  en  1675,  Jean-Framçois, 
présenté  au  baptême  par  François -de 
MéhérenCy  sieur  de  Rotot,  et  Jeanne 
de  Gascoiny  femme  de  Pierre  Saint, 
sieur  de  Saint-Pierre. 

PIERRE,  curé  d'une  des  paroisses 
de  la  ville  de  Douai,  converti  au  pro- 
testantisme. Pendant  quelque  temps, 
notre  curé  répandit  secrètement  ses 
opinions,  mais  il  finit  par  être  soup- 
çonné d'hérésie,  et  fut  en  conséquence 
mis  en  Jugement,  en  1558. 11  fut  con- 
damné à  être  dégradé  de  la  prêtrise  et 
livré  au  bras  séculier.  La  dégradation 
se  fit  avec  grande  pompe.  Pendant 
qu'elle  s'accomplissait,  «M.  Pierre  de 
cœur  alaigre  commença  à  louer  le  Sei- 
gneur, de  ce  qu'il  lui  faisoit  cest  hon- 
neur, avant  mourir^  de  le  devestir 
d'une  robe  si  sale,  laquelle  jusqu'à 
présent  Tavoit  tellement  chargé,  que, 
sans  la  miséricorde  de  Dieu,  il  eust 
esté  accablé  sous  un  tel  habit.  )>  La 
cérémonie  achevée,  on  le  revêtit  d'un 
habit  séculier  et  on  lui  lut  sa  sentence 
portant  qu'il  serait  brûlé  ;  puis  on  le 
conduisit  sur-le-champ  au  supplice. 

PIERRE-BRUNE  (N.  de),  sieur  de 
Saint-Orse,  commandait  à  Glairac,  en 
1 621 ,  pour  le  duc  de  La  Force,  qui  en 
était  gouverneur.  Les  royalistes  vou- 


laient se  saisir  de  cette  ville,  et  ils  es- 
péraient réussir  d'autant  plus  facile- 
ment que  Le$c/t^uiéfe5  y  entretenait  des 
intelligences.  Le  roi  s'approcha  donc 
de  la  place  et  en  flt  commencer  le  siège, 
le  23  juillet,  après  avoir  rejeté  les  pro- 
positions des  habitants,  qui  offraient 
de  lui  ouvrir  leurs  portes  à  la  seule  con- 
dition qu'on  laisserait  subsister  leurs 
murailles  dans  l'état  où  elles  se  trou- 
vaient. Saint-Orse  défendit  vaillam- 
ment les  approches  de  la  ville,  et  flt 
éprouver  à  l'ennemi  des  pertes  consi- 
dérables ;  néanmoins  le  feu  s'ouvrit, 
le  30,  sur  trois  points  différents,  et 
dès  le  4  août,  la  brèche  fut  praticable. 
Bon  nombre  d'habitants,  leur  ministre 
en  tête,  allèrent  alors  trouver  Lesdi- 
guières  et  le  supplièrent  d'intercéder 
pour  eux  auprès  du  roi  ;  mais  le  ma- 
réchal exigea  -qu'ils  se  rendissent  à 
discrétion.  Le  5,  les  troupes  catholi- 
ques prirent  donc  possession  de  la  ville. 
Le  commandant  Saint-Orse  obtint  la 
vie  sauve,  mais  Louis  Xlll  voulut  a  qae 
la  peine  des  plus  coupables  servit  de 
terreur  aux  autres.  »  En  conséquen- 
ce ,  le  consul  Denys  fut  pendu ,  seib 
chaperon  sur  la  tête,  ainsi  que  LaFar- 
gue,  procureur  à  la  Chambre  de  Nérac^ 
et  son  fils,  qui  était  ministre  de  Clal- 
rac.  Le  médecin  Le  Poy,  qui  avait  déjà 
la  corde  au  cou,  fut  sauvé  par  une  per- 
sonne de  qualité.  Quanta  la  garnison, 
la  moitié  au  moins  fut  noyée  dans  une 
bagarre. 

PIERRE-BUFFIÈRE,  nom  d'une 
des  plus  illustres  familles  du  Limou- 
sin, dont  plusieurs  branches  embras- 
sèrent de  bonne  heure  les  doctrines 
évangéliques.  En  1569,  le  parlement 
de  Bordeaux  comprit  dans  son  fameux 
arrêt  un  Pierre-Buffière,  sieur  de  Gé- 
nissac,  lemêmeapparemment  que  Jean 
de  Pierre-Buffière,  qui, en  1572,  flt  la 
campagne  de  Flandres  avec  Genlis,éL 
qui,  en  1577,  après  des  prodiges  de 
valeur  à  l'assaut  de  Saint-Macaire  sur 
la  Garonne,  tomba  entre  les  mains  des 
Catholiques,  gravement  blessé  d'un 
coup  de  feu.  Peu  de  temps  après,  à  la 
suite  sans  doute  d'unmécontentement, 


PIE 


~  237  — 


PIE 


il  changea  de  parti  et  fut  tué  dans  les 
rangs  de  Tannée  commandée  parHay  en- 
ne.  De  son  mariage  avec  Henriette  de 
Téligny,  sœnr  du  célèbre  Téligny,  na- 
quit Odet  de  Pierre-Buffière^  dont  la 
destinéeest  inconnue,  car  il  n'est  guère 
possible  de  Tidentifler  avec  le  jeune 
Gérmsacy  tué  en  1 568^  au  siège  d'An- 
%ù\k\kmQ{CoUect,DuChesney  vol.  68). 
Deux  autres  branches,  celle  de  Cbâ- 
teauneuf  et  celle  de  Chambret  ou  Gham- 
berel,  ont  joué  un  rôle  plus  considérable 
dans  le  parti  huguenot. 

I.BlUNCHB  DE  CHÀTEàUNEUP.  Louis 

de  Pierre-Buffière,  qui  testa  en  1548, 
eut  quatre  enfants,  dont  trois  fils,  nom- 
més François  y  Louis  et  Gabriely  et  une 
fille,  Marguerite  y  mariée  au  sieur  de 
Bourzolles.  François,  sieur  de  Cham- 
bret, du  chef  de  sa  femme  Jeanne  de 
Pierre- Bu ffière,  porta  les  armes  dans 
la  première  guerre  civile  et  fut  tué  au 
siège  de  Lusignan,  en  1574.  Il  laissa 
trois  enfants  :  Charles,  qui  continua 
la  descendance^  Madelàine  et  Jeanne^ 
dont  la  destinée  est  inconnue.  Charles 
testa  en  1588,  et  fut  père  de  Charles, 
qui  suit,  de  Jean,  de  Gabriel,  mort 
en  1621,  et  de  Jean-Charles. 

Charles  de  Pierre-Buffière,  seigneur 
de  Chàteauneuf,  maréchal  de  camp  en 
1 598,  servit  sous  Biron  dans  la  Picar- 
die. L'année  suivante,  Jean  de  Gon- 
tout  y  baron  de  Salagnac,  s'étant  démis 
de  la  lieutenance  générale  du  Limousin, 
il  fut  appelé  à  le  remplacer,  et  il  com- 
manda dans  la  province  jusqu'à  sa 
mort.  De  son  mariage  avec  Philiberte 
de  Gontauty  sœur  de  la  duchesse  de 
Caumont'La  Force  y  naquit  Charles 
de  Pierre-Buffière,  baron  de  Chàteau- 
Beof^qui  prit  une  part  très-activedans 
les  troubles  de  la  Minorité.  La  Note 
secrète  (Fonds  de  Béthunc,  N®  9344), 
le  qualiûe  de  gentilhomme  «  fort  hardi 
et  courageux.  »  En  1619,  la  Basse- 
Guienne  le  députa  à  T Assemblée  poli- 
tique de  Loudun,  et  en  1 620,  à  celle 
de  La  Rochelle,  qui  l'élut  président, 
te  25  janv.  1621,  en  lui  donnant  pour 
adjoint  La  Chapellière  et  pour  secrétai- 
res La  Grande  et  La  Gou^e .  Sous  sa  pré- 


sidence d'un  mois,  l'assemblée,  qui  se 
posait  en  face  du  gouvernement  com- 
me représentant  le  parti  huguenot  tout 
entier,  prit  des  mesures  pour  centra- 
liser l'autorité  entre  ses  mainsetpour 
assurer  la  garde  des  places  de  sûreté. 
Seâ  ordres  ne  rencontrèrent  pas  par- 
tout la  même  obéissance.  Un  certain 
nombre  de  gentilshommes ,  comme 
Boësse-Pardaillany  MiramheaUy  Lou- 
drièrcy  La  Foret,  gouverneur  de  Cas- 
tillon,  Bacalany  Pivotz,  promirent  de 
s'y  soumettre,  mais  parmi  les  grands 
seigneurs  du  parti,  il  n'y  eut  que  La 
TrémoiUey  Rohanei  La  Force  qui  vou- 
lurent prendre  l'engagement  de  faire 
exécuter  ses  résolutions  ;  Sully,  CM- 
tilkm  et  Lesdiguières ,  à  qui  elle  dé- 
puta Saint-Bonnet  y  ne  répondirent  que 
par  de  vagues  promesses.  Néanmoins, 
le  gouvernement  effrayé  se  hâta,  dans 
le  but  de  rassurer  les  Protestants  et  de 
prévenir  un  soulèvement  général  du 
parti,  en  satisfaisant  les  moins  exi- 
geants, de  publier  le  brevet  qui  pro- 
longeait pour  cinq  ans  la  garde  des 
places  de  sûreté  (brevet  qui  était  signé 
depuis  le  12  mai  1620,  mais  dont  on 
n'avait  pu  obtenir  jusque-là  l'expédi- 
tion) et  en  même  temps  un  second  bre- 
vet portant  allocation,  pour  trois  ans, 
d'une  somme  de  45,000  liv.  destinée 
aux  affaires  secrètes  des  églises,  c'est- 
à-dire  au  payement  des  gages  des  mi- 
nistres et  à  l'entretien  des  écoles.  D'un 
autre  côté,  te  parlement  de  Bordeaux 
mit  le  président  de  l'assemblée  en  ju- 
gement et  le  condamna  au  de.  :iier  sup- 
plice par  contumace. 

Le  25  avril,  Chàteauneuf,  qui  parait 
avoir  exercé  une  grande  et  fatale  in- 
fluence sur  ses  collègues,  fut  appelé 
de  nouveau  au  fauteuil  de  la  présiden- 
ce. C'est  en  cette  qualité  qu'il  signa 
avec  Basnagey  comme  adjoint,  Rodil 
et  Riffaulty  comme  secrétaires,  la  Dé^ 
clarationdes  églises  réforméesde  Fran- 
ce et  de  la  souveraineté  de  Béam  de 
l'injuste  persécution  qui  leur  est  faicte 
par  les  ennemis  de  l'Etat  et  de  leur 
religion,  et  de  leur  légitime  et  néces- 
saire défense  y  LaRoch.^  1621^  in-4% 


PIE 


—  «38  — 


PfB 


libellé  qti«  l'on  peut  regarder  comme 
la  réponse  de  l'Assemblée  aux  conseils 
pacifiques  de  Lesdiguières  et  de  Du 
Pksm-Momay.  Encouragés  par  Tac- 
ceptation  que  Rohan  et  La  Trémoillê 
firent  de$  commandements  à  eux  assi- 
gnés, les  députés  des  églises  s'occupè- 
rent dès  lors  avec  énergie  des  moyens 
de  soutenir  une  lutte  devenue  immi^ 
nentc.  Us  adoptèrent,  dans  la  séance 
du  1 0  mai,  un  règlement  général  cotl* 
c«rnant  le  département  des  provinces^ 
la  nomination  des  chefs  et  généraux^ 
la  discipline  militaire, Tadministration 
des  finances  ;  puis,  dans  celle  du  20, 
un  autre  règlement  pour  la  marine. 
Lorsqu'on  lit,  dans  les  procès-verbaux 
desséances,  certains  de  leurs  voles^  on 
dirait  qu'ils  disposaient  à  leur  gré  des 
ressources  du  parti  liuguenot  tout  en^ 
tier,  et  que  ces  ressources  étaient  a- 
boudantes;  mais  en  poursuivant  la  lec- 
ture, on  reste  surpris  de  les  voir,  dès 
qu'il  faut  agir^  recourir  aux  plus  misé- 
rables expédients,  à  de  pauvres  petits 
emprunts,  à  des  quêtes  dans  les  pays 
étrangers^  pour  se  procurer  de  quoi 
aciieter  quelques  boulets  et  un  peu  de 
poudre,  ou  soudoyer  quelques  centai- 
nes de  soldats.  Certes, si  quelque  grand 
principe  eût  été  en  jeu,  cette  détresse 
même  aurait  Jeté  un  feflet  d'héroïsme 
antique  sur  la  lutte  de  l'Assemblée  de 
La  Rochelle  contre  les  envahissements 
de  la  royauté;  mais,  il  faut  bien  le  re- 
connaître) les  motifs  qu'elle  fit  valoir 
pour  allumer  la  guerre  civile  étaient 
peu  graves,  nous  pourrions  dire  peu 
sérieux.  Malheureusement  elle  se  iais- 
sair  diriger  par  quelques  meneurs  qui 
n'avaient  en  vue  que  leur  intérêt  per- 
sonnel. Tel  était  Ghàteauneuf.  Quelque 
temps  après  l'expiration  de  sa  prési- 
dence, lors  d'une  entrevue  qu'il  eut  à 
Niort  avec  Rohan,  Soubise  et  La  Tri- 
moitié^  refusant  d'écouter  les  raisons 
que  ces  trois  seigneurs  faisaient  valoir 
contre  là  prolongation  de  la  guerre,  il 
leur  répondit  fièrement  que  s'ils  ne  vou- 
laient pas  souteniri'assemblée,elle  sau- 
rait se  défendre  sans  eux.  Ses  collègues 
applaudirent  à  sa  fermeté  toute  romai- 


ne, mais  peu  de  Jours  après,  Ut  dareilt 
déclarer  déchu  de  l'union  des  églisM  m 
même  Ghàteauneuf,  qui  avait  lftcb«« 
ment  vendu  à  beaux  deniers  comptant! 
la  ville  de  Pons,  ob  il  commandait,  m 
était  passé  dans  le  camp  royal  (Fùniê 
de  Briênne^  N»  2Î5). 

II.  BRANCHE  DK  CfiAMitBT.  LOqU 

de  Pierre-Buflière,  éecond  Hls  de  Lottlt 
de  Pierre^BufDère,  seigneur  de  Ghà- 
teauneuf) est  qualifié  d'excellent  guèr** 
rier  par  de  Thou,  qui  nous  appreoi 
qu'il  fut  mis,  en  1 566)  pour  commiil^ 
dant  dans  la  citadelle  de  LyoU)  circon- 
stance qui  nous  porte  à  croire  qu'à  cellt 
époque  il  ne  faisait  pas  encore  profès^ 
sion  ouverte  du  protestantisme.  Au  Wh 
te,  qu'il  ait  ou  non  embrassé  les  opt^ 
nions  nouvelles,  il  est  certain  que  aéi 
fils  furent  huguenots.  Nous  en  eoii^ 
naissons  deux,  l'un  appelé  Abkl,  ttéttr 
de  BeaUmont)  l'autre  Louts,  sleor  êk 
Ghambret  (i).  En  1590,  Abel  de  Pl«^ 
re-Bufflère  commandait  dans  Maasaré; 
on  ne  connaît  d'ailleurs  aucune  parti*- 
cularité  de  sa  carrière  militaire.  Wà 
1588,  il  avait  épousé  Antte  de  Ptmt, 
fille  de  Jean  de  Pons,  sieur  de  Plaa^ie^ 
et  veuve  de  Philippe  de  Herre'^B^ 
fière  (2),  à  qui  elle  avait  donné  tme 

(1)  Selon  d'autres  rettiteigtiemefiUi.  \éà  lielh 
dé  Beautnonl  et  de  Cliambret  élateat  oll  dé  i 


çoii  de  Plerre-Buffière»  La  généalogie  de  éeUtH- 
mille  n'ayant  jamais  été  dressée,  qom  n*aiwi 
d'autre  guide  qu'un  dossier  qui  noiu  à  élè  eoï- 
Moiilqué  au  département  dés  mss.  dé  Id  BlHHdll. 
oationale^  et  il  rèfne  une  telle  cénfaiiott,  dé  MUII 
contradictions  dans  les  pièces  dont  il  se  eoasMm 
que  nous  craignons  fort  de  commettre  plusd'uié 
erreur. 

(9)  Selon  une  généalogie  iiisc.  de  M  litoilléll 
Pont  (Fonds  SL-Magloire^N»  161),  AniM.d«fill» 
épousa  en  troisièmes  noces  JV.  ie  Pierre 'Bp$irt^ 
sieur  de  Lottange.  Nous  ne  possédons  abcaii  tH- 
léignement  sur  cette  branche,  qui  préfèisa  iMii 
Vi  religion  réformée  pendant  au  meini  an  li^gH. 
En  1580,  un  Lottange  servit  sons  Twtnnt  faM 
le  Bttut-Languedoc.  Eii  16S5,  Ctavit  ît  P\èîS' 
BufflèrCf  marquis  de  Lestangè  et  sa  femme  ■  ie 
sentant  poosses  par  la  vérité  de  la  R.  G.,  eomme 
dit  le  Mercure,  abjurèrent  sans  attendre  la  rèvo- 
cation.  »  Le  frère  du  marquis,  Chérlet  de  Lm- 
tange^  ne  suivit  pas  l'eiemple  de  ton  étnè.  Il  le 
réfugia  en  Fruste,  servit  comme  tnajet  à  la  li- 
taille  de  Mollxviti,  où  il  fut  blessé,  et  «'éleva  m 
grade  de  lieutenant  colonel,  puis,  en  1703,  il  at 
tint  uiit-égiment  de  cuihtssiers.  tl  motiHit  èH  IfOt. 
navaitépousè  MnHt-Chttrhltf  de  Ihfttk&utOttk 


PIE 


—  MO- 


ME 


flUe  anique,  mariée  à  son  eonif  n  Char- 
iêê  de  Fierre-Boffière,  baron  de  Cbà« 
Manêtif.  De  ce  mariage  naquit  Char<> 
Lt»,  siour  de  Prunget  (Prugné?),  qui 
prit  pour  femme,  en  1619 5  Jeanne 
d'Sarambure^  et  en  eut  :  !•  Charles  ; 
—  S^  GABRiELLE.  Charles,  baron  de 
i^milgety  épousa,  en  1644,  Marie  Lé 
Breton,  flUe  û' Enoch  Le  Breton  et  de 
MaïUtaine  Bazin  >  qui  le  rendit  père 
4'Abil^Chàrles  ,  baron  de  Prunget. 
C«lili-ci  s'allia^  en  1675,  avec  Cathe-- 
rki9  CouratiU'^U'Portaily  fille  de  Ben- 
jamin Courault  et  û'Anne  Drouin.  Il 
«à  eut  un  fils,  Charles-Benjamin,  ba- 
fon  de  Prunget,  qui  épousa,  en  1695, 
Anne-Marthe  Renard,  fille  d'Antoine, 
iieur  de  La  Motteraye  et  de  Louise  Du 
Bols-de*Menetou,  noutelle  catholique 
comme  lui,  selon  toute  vraisemblance, 
et  en  eut,  en  i696,Anne-Catherinede 
Fierre-BufBère,  placée  à  Saint-Cyr  en 
1703  (Arch.  gén,  K.  1575). 

Louis  de  Pierre*Buffière,  sieur  de 
Cbambret,  est  mieux  connu  que  son 
frère.  Dès  1 586,  il  se  fit  remarquer  par 
ioii  courage  à  la  belle  défense  de  CaS" 
tilion.  En  1 590,  il  combattit  bravement 
à  Ivrvi  ainsi  que  son  cousin,  le  sieur 
de  ChAteauneuf.  En  159 1,  il  était  gou- 
^raeur  de  Sainl-Yrlex-la-Perche.  Ce- 
(Ult  alors,  au  rapport  de  rhistorien  de 
Tbou,  un  adolescent  doué  de  tous  les 
avantages  du  corps  et  de  Tesprit.  Selon 
Tantear  des  Remarques  sur  la  Confes- 
aion  de  Sancy,  «  il  étoit  très-bel  homme, 
•I4es  mieux  faits  qu'on  pût  voir,  mais 
encore  sans  comparaison  plus  spiri- 
Uiel,  d'une  conversation  charmante, 
ntrèmement  brave,  et  qui,  par  une  pré- 
aence  d'esprit  peu  commune,  avoit  su 
se  tirer  admirablement  bien  de  tous  les 
mauvais  pas  où  s'étoient  engagez  plu- 
fieurs  autres  seigneurs  de  la  cour  du 
ret  Henri  111.  »11  parait,  en  effet,  que 
la  bravoure  qu'il  avait  déployée  à  la 
défense  de  Tours  contre  Mayenne  avait 
cliarmé  Henri  111,  qui  l'avait  pris  en 

■ 

InuBclM  desceadait  peal-êlre  de  Gabriel  de  Pierre- 
fitflière.  3*  fils  de  Louis,  lequel  eut  quatre  en- 
ttbU  :  JtAM,  GÂBRIKL,  DANIRL  «(  GASUtBLLll, 

ttviateneoreM  tais. 


grande  affection.  En  1590,  Chambret 
apprenant  que  son  frère  était  assiégé 
par  les  Ligueurs  dans  Masseré,  vou- 
Iht  lui  porter  secours,  mais  il  fut  battu 
et  dut  se  replier  sur  Limoges.  Quelques 
Jours  après,  11  prit  une  éclatante  rc- 
vatiche.  Assiégé  à  son  tour  dans  Saint- 
Yriex-la-Perche,  il  força  les  Catholiques 
à  ee  retirer  honteusement, a  après  a- 
votr,  dit  d'Aubigné,  enduré  1 600  coups 
de  eanon  en  une  bicoque  qui  n'avoit 
Jamais  esté  estimée  en  devoir  sonfTï'lr 
un.  1»  La  même  année ,  il  fit  lever  le 
etége  de  Dorât.  En  1592,  il  prit  part  à 
la  brillante  défense  de  Yillemur  contre 
Joyeuse.  En  1 593,  il  commanda  un  ré- 
giment au  siège  de  Dreux.  En  1594, 
nommé  lieutenant  général  du  Limou- 
sin, il  combattit  avec  succès  les  pay- 
sans révoltés.  Tels  senties  états  de  ser- 
vices de  Louis  de  Pierre-Buffière,  qui 
avait  été  surnommé  le  brave  Chambret. 
H  resta,  à  ce  qu'il  semble,  complète- 
ment étranger  aux  aflSaires  des  églises, 
quoiqu'il  Itit  gouverneur  de  Figeac, 
nne  des  places  de  sûreté.  En  I6II,  Il 
épousa  Marie  de  La  iVoue,Àgée  de  13 
ans.  11  en  avait  lui-même  55.  S'il  faut 
•n  croire  Tallemant  des  Réanx,  c'était 
alors  un  vieux  gentilhomme  peu  riche, 
maladif,  de  méchante  humeur,  brutal. 
(Jn  mariage  aussi  disproportionné  sur- 
prit tout  le  mondé,  il  en  naquit  plu- 
sieurs enfants,  entre  autres  :  i  *  Elisa- 
beth, femme,  en  1 652,  de  Samuel  d'A' 
pelVoisin,  vicomte  de  Fercé  (alias  Far- 
ce) ;  -^  S*  Olivier,  mort  sans  alliance  ; 
'^  3»  Jban,  marquis  de  Chambret,  qui 
épousa  Marie  de  Caslelnau,  en  1642; 
—  4«  Benjamin,  marquis  de  Chambret, 
né  en  1617  et  mort  le  11  mai  1684 
(Rég,  de  Charenton).  Sa  femme  Louise 
Aubery,  lui  avait  donné  six  enfants, 
dont  deux,  nommés  Benjabuiic  et  Loui- 
ai-£HiLiB,parvinrentà8ortir  de  France 
à  la  révocation,  à  ce  qu'on  lit  dans  les 
Pièces  de  La  Reynie  (Supplém.  franc, 

791.  2). 

PIëRHES  ou  La  Pierre,  famille 
de  l'Anjou,  divisée  en  plusieurs  bran- 
ches, dont  deux  au  moins  embrassè- 
rent les  doctrines  de  la  Réforme.  Nous 


PIE 


—  240  — 


PIÈ 


n'avons  rien  à  ajouter  k  co  que  nous 
avons  dit  (Voy.  IV,  p.  498)  de  Pierre 
de  La  Pierre,  chef  de  la  branche  Dn 
Plessis-Baudouin,  laquelle  ne  paraît 
pas  avoir  persisté  dans  la  profession 
du  protestantisme.  Il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  seconde,  celle  de  La  Bo- 

NINIÈRB. 

Jean  Pierres,  sieur  du  Poirier,  de  La 
Boninière,  de  Beaurepaire  et  de  La  Bi- 
gottière,  écuyer  de  Renée  de  France, 
eut  cinq  enfants  de  son  mariage  avec 
Charlotte  Clavurier,  savoir:  l«  Gcy, 
qui  continua  la  descendance; — 2»  An- 
toine, sieur  de  Fontenailles,  marié,  en 
1 565,  à  Marguerite  de  Mons,  et  père  de 
René,  sieur  d'Epigny,  et  d'ANTOiNS; 
— 30MÀEC; — 40  Charles;— 5<»LouiSB, 
femme  de  Guy  d'Aurillé,  sieur  de  La 
Coursaye. 

Guy  Pierres,  gentilhomme  de  la 
chambre  du  prince  de  Condé  et  maître 
d'hôtel  du  prince  de  Conti,  épousa, 
en  1565,  Jeanne  de  Montléony  et  en 
secondes  noces,  Louise  de  Saint- Jouin, 
Du  premier  lit  vinrent  :  1»  Josias,  qui 
suit;  —  2°  Henri,  sieur  de  Prinçay, 
mort  sans  enfants  de  son  mariage  avec 
N.  Du  Puy  ;  —  3«  Marie,  fenmie  de 
Pierre  D%  Drac,  sieur  de  LaClairbau- 
dière. 

Josias  Pierres  prit  pour  femme,  en 
1 599,  Gabriellede  Bustan,  Resté  veuf 
sans  enfants,  il  se  remaria,  en  1610, 
par  contrat  passé  devant  Verroneau, 
notaire  à  La  Rochelle,  avec  Nérée  Cou- 
raulty  fille  ù' Antoine  Courault,  baron 
de  Chàteliaillon.  Deux  fils  naquirent 
du  premier  lit  :  Hector,  qui  suit,  et 
MAXiBiaiEN,  à  qui  sa  femme,  Marie 
Du  Pont,  donna  un  Ois,  Josus,  mort 
sans  postérité.  Du  second  vinrent  encore 
trois  enfants  :  Josus,  sieur  de  Péri- 
gny,  marié  à  Susanne  Carrey-de  Bel- 
lemare  ;  Daniel,  qui  continua  la  des- 
cendance, et  Gassandre,  fenune  de 
Messeméf  sieur  de  Talivois. 

1.  Hector  Pierres,  sieur  de  La  Boni- 
nière, épousa,  en  1 650,  Clattde  de 
Villiers,  fille  du  sieur  de  La  Boisson^- 
nièrcy  dont  il  eut:  Josias-Louis  et 
HoRAGB,morts  sans  postérité;  Claude, 


femme  de  Henri  de  Brusse,  slear  de 
La  Boninière,  à  qui  elle  donna,  entre 
autres  enfants,  un  fils  nommé  Daniel- 
CharleSy  qui  épousa,  en  1676,  dans 
l'église  de  Charenton,  Catherine  Fa- 
laiseauy  fille  du  banquier  Samuel  Fa- 
laiseau  et  de  Madelaine  Du  Four; 
Gabrielle,  mariée  à  Prosper  de  La 
Motte-Montbrard, 

II.  Daniel  Pierres,  sieur  de  Narsay 
et  des  Epaux,  major  de  la  ville  de 
Carcassonne,  épousa,  en  1 662,  Marie 
de  Refuge,  fille  de  Jean,  comte  de 
Couesmes,  et  ae  Susanne  de  Meaussé. 
En  16*73,  il  assista  encore  au  synode 
de  l'Anjou,  tenu  à  Bellesme  ;  mais  il 
abjura  à  la  révocation,  et  son  apostasie 
lui  valut,  le  l«'  avril  1686,  une  pen- 
sion de  200  livres  (Arch.  gén.  Tt. 
252).  Se9  enfants  au  nombre  de  six, 
suivirent  son  exemple. 

PIERRES  (Jean),  Uentenant-géné- 
ral  en  la  sénéchaussée  de  La  RocbeUe 
depuis  1544,  magistrat  aussi  intègre 
qu'éclairé,  mais  d'un  caractère  impé- 
tueux, et  très-zélé  pour  la  Réforme, 
fut  élu  maire  en  1565.  Le  roi  ne  con- 
firma pas  l'élection  et  nonuna  Michel 
Gui,  que  le  parti  modéré  portait 
Pierres  a  donné  des  preuves  de  son 
savoir  dans  son  Commentaire  sur  té- 
dit  des  arbitres,  La  Rochelle,  1 564, 
in-8»,  qu'il  dédia  à  Charles  IX.  La 
dédicace  est  suivie  d'une  Epître  à 
L'Hospital,  en  assez  mauvais  vers  la- 
tins. Cet  ouvrage  est  divisé  en  trelie 
sections,  dans  lesquelles  l'auteur  cher- 
che à  prouver  le  droit  qu'ont  le  soa- 
verain  et  les  magistrats  de  faire  les 
lois,  et  le  devoir  pour  le  peuple  d'y 
obéir.  Jean  Pierres  mourut  en  1588. 

PIÈTRE  (Simon),  médecin  célèbre, 
né  vers  1525,  au  viUage  de  Varède, 
près  de  Meaux,  et  mort  à  Paris,  le 
25  juin  1584.  Piètre  était  fils  d'un 
riche  fermier.  Il  fit  d'excellentes  étu- 
des et  ftit  reçu  docteur  à  Paris,  en 
1 549.  Professeur  de  médecine  et  doyen 
de  la  Faculté  en  1564  et  1565,  il  au- 
rait été  enveloppé  dans  le  massacre  de 
la  Saint-Barthélémy  avec  son  ami  ito- 
mus,  si  son  gendre  Riolan  ne  l'avait 


PIE 


—  241  — 


PIE 


eacbé  dans  le  couvent  de  Saint-Victor. 
Sa  réputation  d'habilelé  était  si  bien 
établie,  que  la  reine-mère  le  fit  appe- 
ler auprès  de  son  fils  Charles  W  dans 
sa  dernière  maladie.  Il  est  possible 
qu'il  ait  abjuré  avant  sa  mort,  ce  qui 
paraît  certain,  c'est  que  de  ses  nom- 
breux enfants,  pas  un  seul  ne  professa 
la  religion  réformée.  On  trouve  dans 
les  œuvres  de  Fernel,  six  Consul- 
tationSy  qui  appartiennent  a  Simon 
Piètre. 

PIEYRE  (Alexandre),  poëte  dra- 
matique, né  à  Nismes,  en  1 752,  et  mort 
en  Juillet  18:^0. 

H.  Nicolas  a  consacré  une  longue 
notice  à  cet  écrivain  dans  son  Histoire 
littéraire  de  Nismes,  nous  nous  conten- 
terons d'en  donner  un  court  extrait. 
Pieyre  suivit  d'abord  la  carrière  du 
commerce,  la  seule  ouverte  en  France 
aux  Protestants.  Mais  Téducatiou  libé* 
raie  qu'il  avait  reçue,  était  un  écueil 
pour  l'homme  d'affaires.  L'amour  des 
lettres  ne  tarda  pas  à  l'enlever  aux  a- 
rides  travaux  du  comptoir.  En  1 782, 
il  fit  représenter  sur  les  théâtres  de 
Mismes  et  de  Montpellier  une  comédie, 
en  5  actes  et  en  vers,  intitulée  l'Ecole 
des  pères.  Elle  fut  favorablement  ac- 
cueillie, ce  qui  l'encouragea  à  la  pro- 
duire sur  les  théâtres  de  Paris.  Reçue 
au  Théâtre  Français,  elle  fut  jouée  à 
la  fin  de  mai  1787,  et  le  jugement  de 
la  capitale  confirma  celui  de  la  provin- 
ce. Quarante  représentations  dans  le 
courant  de  l'année  témoignent  d'un 
beau  succès,  on  pourrait  presque  dire 
un  succès  d'entraînement.  Et  cepen- 
dant, à  en  juger  par  l'analyse  qu'en 
donne  M.  Nicolas,  l'auteur  est  très- 
sobre  de  moyens  :  il  ne  fait  appel  ni 
aux  passions  politiques  (on  était  à  la 
veille  de  89),  ni  aux  émotions  de  cours 
d'assises  ;  à  peine  laisse-t-ll  entrevoir, 
dans  on  coin  de  la  scène,  une  appari- 
tion du  demi-monde,  en  un  mot,  il  est 
très-modeste,  et  le  titre  même  de  sa 
pièce  nous  semble  trop  ambitieux.  Une 
comédie  purement  d'intrigue  n'est  pas 
une  école,  mais  une  récréation,  un 
passe-temps,  a  Les  deux  premiers  ac- 


tes, dit  un  critique  du  temps  (Mémoires 
secrets  de  Bachaumont,  T.  XXXV),pro- 
mettaient  peu  ;  le  troisième  annonçait 
une  horreur  effrayante  ;  mais  le  qua- 
trième, delà  plus  grande  beauté,  d'une 
énergie  rare,  a  fait  voir  combien  l'au- 
teur avait  de  ressources  dans  le  gé- 
nie, pour  se  tirer  d'un  mauvais  pas  et 
tourner  à  sa  gloire  ce  qu'on  croyait 
devoir  être  son  écueil.  Le  cinquième 
ne  pouvait  pas  être  aussi  beau,  mais 
le  dénoûment  très-moral  a  complété  le 
succès.  »  Ce  succès  fut  si  réel,  que 
Louis  XYI,  en  témoignage  de  sa  satis- 
faction, fit  remettre  à  notre  poëte  une 
épée  de  parade  avec  ces  mots  gravés 
autour  delà  poignée  :  «  Don  du  Roi  à 
M.  Pieyre,  auteur  de  l'Ecole  des  Pères, 
l«r  fév.  1788.  »  De  son  côté,  le  duc 
d'Orléans  le  choisit  pour  précepteur 
de  son  fils  atné,  le  duc  de  Chartres, 
sous  la  direction  de  M»«  de  Genlis, 
nommée  comme  on  sait,  gouverneur 
des  enfants  du  prince.  Pieyre  occupa 
ce  poste  de  confiance  jusqu'à  l'épo- 
que où  le  jeune  duc  fut  contraint  de 
chercher  sa  sûreté  dans  Texil  (1793). 
Alors  il  se  retira  dans  sa  province,  où 
il  laissa  passer  Torage.  En  1800,  il 
revint  se  fixera  Paris.  M.  Nicolas  cite 
de  lui  de  beaux  traits  de  désintéresse- 
ment. Jaloux  de  son  indépendance,  il 
ne  voulut  jamais  accepter  aucune  place 
du  gouvernement.  N'ayant  point  eu 
d'enfants  de  sa  femme,  morte  en  i  8(j6, 
il  partageait  son  temps  entre  Paris  et 
Orléans,  où  son  frèreétait  préfet.  Après 
la  Restauration,  «  il  reprit,  dit  M.  Ni- 
colas, ses  anciennes  relations  avec  la 
famille  d'Orléans,  qui  lui  montra  lamé- 
me  bienveillance  qu'avant  la  révolution, 
et  dont  il  resta  l'ami  le  plus  dévoué  et, 
il  faut  ajouter,  le  plus  désintéressé.  Le 
dpc  d'Orléans  lui  proposant  on  jour  de 
le  faire  nommer  membre  de  la  légion- 
d'honueur,  «  Ne  me  parlez  pas  de  croix, 
lui  répondit-il,  je  vous  suis  assez  atta- 
ché pour  ne  pas  avoir  besoin  d'être  lié 
par  un  cordon  de  plus.  »  Bien  plus, 
lorsqu'il  fut  nommé  secrétairedes  com- 
mandements de  la  princesse  Adélaïde, 
il  refusa  tout  traitement.  Quel  heureux 


PIL 


—  «41  — 


PIN 


Miltrtétidansrhidtolre  de  notre  t«iiipt! 
Pieyre  mourut  quelques  Joui  s  avant  la 
révolution  de  Juillet. 

Le  Théâtre  de  Pieyre  (Orléans  et  Pa- 
ris, 1808  et  1811 5  2Yol.in-8o)  contient 
i«  les  Amis  à  l'épreuve,  com.  en  un  acte 
et  en  vers  croisés^  publ.  séparém.,  Pa- 
ris, 1788  in-8«; — a»  le  Garçonde cin- 
quante anSf  com.  en  5  act.  et  en  vers, 
reçue  au  ThéàtreFrançais  enl  800,  puis 
rayée  du  tableau  au  moment  d'ètremise 
à  l'élude  ;  elle  fut  impr.  à  Paris,  an  vu, 
ln-8o,  sous  son  premier  titre  la  Mai' 
son  de  l'oncle  i — 5»  T  Intrigue  anglaise, 
com.  en  r>  act«  et  en  vers ,  jouée,  en 
1809,  à  rodéon  et  impr.  sous  le  titre 
laFamille  anglaise,  Paris^  1 809,  in-S»; 
—4'»  Orgueil  et  vanité,  com.  en  5 act. 
e(  en  vers  ; — 5<»  le  Dépit  amoureux,  et 
Iq  Princesse  d'Elide,  de  Molière^  et  U 
Philosophe  amoureux,  de  Destouches, 
qu'il  a  arrangés.  Enfin,  le  dernier  en- 
fant de  sa  muse,  la  Veuve  mèrê^  com> 
en  un  acte  et  en  vers,  a  été  impr.  à 
Paris,  I825j  in-8*.  Mous  ne  parlons 
pas  de  quelques  poésies  de  circonstance 
qnl  n'ajoutent  rien  à  la  gloire  de  l'an^ 
leur* 

PILOTY  (Jbàn),  capitaine  hugue- 
not. En  1578,  secondé  par  Jaille, 
Nauguiéf  Àlison,  Matelet  et  les  Pro- 
testants chassés  de  Béziers  et  de  Péze- 
nas>  Piloty  se  saisit  de  Saint>Nazaire; 
mais  le  baron  de  Pnjol  ne  tarda  pas  à 
l'en  déloger.  Nauguié,  qui  tomba  entre 
les  mains  des  Catholiques,  eut  la  tête 
tranchée.  Par  représailles,  les  Hugue- 
nots poignardèrent  le  frère  du  baron. 
Piloty  entra  ensuite,  avec  le  grade 
d'enseigne,  dans  la  compagnie  de  gens 
d'armes  de  Montmorency,  qui  le  nomma 
gouverneur  d'Aubenas.  La  nécessité  de 
mettre  cette  ville  en  état  de  soutenir 
Un  siège  et  l'entretien  de  la  garnison, 
de  1596  jusqu'à  la  fin  de  1598,  c'e'st- 
à-dire  pendant  près  de  trois  ans,  Ten- 
tratnèrent  dans  des  dépenses  considéra- 
bles^ dont  il  lui  fut  impossible  de  se  faire 
rembourser,  malgré  Tînlervention  de 
TAssemblée  politique  de  Grenoble,  qui 
ordonna  aux  députés  généraux  «  de 
i'assister  à  la  poursuite  dudit  rembouN 


Mmest,  9  et  lai  aeoorda,  #n  attendant, 

un  secours  de  600  livres,  «  attendu 
aes  grandes  pertes  et  la  nécessité  où  II 
étolt  réduit  après  avoir  dignement 
nervy  »  (Fonds  de  Brienne,  N»  223). 
Le  Synode  national  de  Vitré  consentit 
anssi  à  lui  accorder  une  indemnité  ; 
mais  celui  de  Gharenton,  auquel  il  s'a- 
dressa pour  obtenir  un  nouveau  se- 
cours, rerusa  de  faire  droità sa  requête^ 
bien  qu'elle  fut  appuyée  par  les  dépu- 
tés des  Gevennes,  les  deniers  des  égli- 
ses ne  devant  être  employés  qu'à  l'en- 
tretien du  ministère.  Piloty  testa  en 
1627.  Depuis  1 Q24,  il  était  devenu  co- 
seigneurdeLézan.  De  son  mariage  avec 
Félice  de  Bossugues,  célébré  en  1596, 
naquit  Robert,  coseigneur  de  Lésan, 
qui  épousa,  en  1 634,  Françoise  d^A^ 
vessens^de-Saint-Rome,  dont  il  eut 
Jbàn-Antoine,  coseigneur  de  Lézan, 
marié,  en  1 657>  à  Françoise  Guyoi,  et 
condamné  aux  galères  en  1 686,  pour 
cause  de  religion;  Louis,  sieur  de  Vil- 
leneuve, et  PiBRRB,  sieur  de  La  Grou- 
9ette.  A  la  révocation^  un  Charles  de 
Piloty,  peut-être  fils  de  Jean-Antoine, 
se  réfugia  à  La  Uaye^  où  il  habitait  en 

1687. 

Pl^AULT  (JBATi),  fils  de  Jacquts 
Pinaîut,  de  Poitiers,  et  ministre  de 
l'Evangile,  desservait  depuis  deux  ans 
l'église  de  Jussy,  lorsque  le  Gonseil 
de  Genève  lui  accorda  gratuitement  les 
droits  de  bourgeoisie,  le  10  déc.  1 562. 
En  1566,  il  fut  appelé,  comme  pas- 
teur, dans  la  .ville,  et  en  1572,  il  fut 
chargé  des  fonctions  de  recteur,  il 
mourut  le  8  sept.  1606  (Arch.  de  im 
Comp.  des  pasteurs,  Reg.  G.),  et  fut 
enseveli  au  cloître  Saint-Pierre. 

Jean  Pinault  n'est  pas  le  seul  pro- 
testant français  qui  ait  cherché  un 
asile  à  Genève  contre  les  persécutions. 
Le  Registre  des  bourgeois  mentionne, 
sous  la  date  du  il  mai  1559,  Guil- 
laume Pinault,  de  l'Anjou,  et  sous  celle 
du  25  août  1 625,  Melchisédec  Pinault, 
de  Saint-Maixent ,  qui  fut  peut-être 
le  père  du  pasteur  Melch,  Pinaldus, 
dont  la  thèse  De  sotisfactionis  Christi 
verikUe,  a  été  imp.  à  Gen.,  1657,  in- 


PIN 


—  248  — 


PIN 


4*.  Ce  dernier  mourut  en  i  707,  après 
avoir  desservi  Téglise  de  Goncbee,  en 
Bourgogne,  depuis  1058,  et  celle  de 
Genève,  depuis  1679.  C'est  apparem- 
ment de  lui  que  descendaient  Piem 
PinauH^  ministre  à  Genève,  de  1707 
à  1731,  date  de  sa  mort,  et  Melchiaé- 
dec  PinauU,  qui  était,  en  i  735,  un 
des  pasteurs  de  la  colonie  française  de 
Scbwabach. 

PINEAU  (Pierre),  dit  Desaigues, 
ministre  à  Tours,  en  1603,  avait  pu- 
blié contre  le  dogme  de  la  transsub- 
filantiation  un  ouvrage  qui  ne  nous  est 
connu  que  par  la  réfutation  de  Tapos- 
lai  de  Launuy  (Yoy.  ce  nom).  C'était 
on  théologien  instruit,  comme  le  proa- 
ve  le  choix  que  deux  synodes  natio- 
naux (Irentde  lui,en  1 594  et  en  1 597, 
le  premier  pour  répondre  aux  adver- 
saires, le  second  pour  réviser  la  Dis^ 
cipiine.  Nous  n*avons  aucune  preuve 
qni  nous  autorise  à  rattacher  à  ce  pas- 
teur par  un  lien  de  parenté  quelcon- 
que Charles  Pineau,  auteur  de  Com- 
mentaires 9ur  les  Actes  des  Apôtres, 
qui  se  conservent  en  msc.  au  British 
Moseum  (Z^i6/.  Harleian.,  N«  4393), 
non  plus  que  le  médecin  Benjamin  Pi- 
neau, connu  par  une  dissert.  De  ar^ 
Ihritide,  Lugd.  Bat.,  1691,  in-i».  Ce 
dernier  ne  saurait  être  confondu  avec 
Benjamin  Pineau,  avocat  à  Vendôme 
et  historiographe  de  Monsieur,  qui, 
compromis  par  les  lettres  saisies  sur 
Brousson,  ainsi  que  Galleran,  d'Or- 
léans, M°*«  Brunier,  de  Blois,  et  La 
Primaudaye,  de  Montaigu,  fut  arrêté 
en  1699,  et  jeté  en  prison  (Arch.  gén, 

E.  3385). 

Plusieurs  autres  Protestants  du  nom 
de  Pineau  figurent  dans  les  Annales  du 
protestantisme  en  France;  nous  avons 
déjà  eu  ou  nous  aurons  l'occasion  de 
parler  de  quelques-uns  d'entre  eux  ; 
qoant  aux  autres,  noue  ne  connaissons 
de  leur  vie  aucune  particularité  assez 
notable  pour  que  nous  en  fassions  spé- 
cialement mention  ici.  Nous  ne  ferons 
une  exception  que  pour  deux  avocats  du 
parlement  de  Parib,  dont  les  noms  se 
trouvent  inscrits  plus  d'une  fois  dans 


lesRegistresdeGharenton.  L'nnd'eaxi 
nommé  Pau/Pineau,  sieur  de  Champ- 
fort,  fils  de  Pierre  Pineau,  avocat,  et 
de  Judith  Béranger,  épousa,  en  1 64 1 , 
Susanne  Elle,  fille  du  oélèbre  peintre 
Ferdinand  Elle,  L'autre,  Isaac  Pineau p 
baitlideRouflignacetde  Champagnac, 
en  Saintonge,  fils  û'Abel  Pineau,  sé- 
néchal de  Gourpignac,et  de  Marie  Ros" 
signal,  prit  pour  femme,  en  1 660,  Ma- 
rie Carré,  fille  de  Pierre  Carré,  séné- 
chal de  Joniac,  et  de  Jeanne  Robin,  En 
1678,  il  exerçait  la  charge  de  Juge 
royal  à  Jonzac,  et  assista,  comme  an- 
cien de  l'église  de  cette  ville,  au  sy- 
node provincial  qui  s'y  tint  cette  an- 
née, et  où  il  remplit  les  fonctions  de 
secrétaire. 

PINETON  (Jacques),  sieur  de 
ChambHun,  fils  aîné  de  Jean  Pineton, 
qui  testa  en  1529,  selon  les  Jugemens 
de  la  Noblesse,  embrassa  les  doctrines 
évangéliques ,  vraisemblablement  en 
1 5G0.  bans  sa  ferveur  de  néophyte, 
renonçant  aux  avantages  qui  l'atten- 
daient dans  le  monde,  Chambran  se 
voua  au  ministère  sacré,  il  alla  faire 
ses  études  en  théologie  à  Genève,  où 
il  reçut  là  consécration  des  mains  de 
Calvin  lui-même,  et  peu  de  temps 
après,  au  mois  de  mars  1562,  il  fut 
donné  pour  second  pasteur  k  l'église 
de  Nismes,  où  les  progrès  de  la  Ré- 
forme furent  si  rapides,  que  Tannée 
même,  les  deux  ministres  ne  pouvant 
plus  suffire  k  leur  tàch0|  il  fallut  leur 
adjoindre  A,  Banc,  dit  La  Source. 
Dès  le  mois  de  mai  suivant,  le  consis- 
toire se  vit  dans  l'heureuse  nécessité 
de  demander  à  Genève  deux  nouveaux 
pasteurs  (MSS,  de  Genève,  197««); 
mais  la  disette  des  ouvriers  évangéli- 
ques était  si  grande,  que  l'on  ne  put 
leur  envoyer  que  Pierre  d*Aspéres, 
C'est  Chambrun  qui  fit,  le  27  jànv. 
1566,  la  dédicace  du  Grand  temple  de 
Nismes.  Après  la  Michelade,  à  laquelle 
il  s'opposade  toutes  ses  torcesi  il  crut 
prudent  de  fuir  avec  son  collègue 
Mauget,  et  il  ne  retourna  dans  son 
église  qu'à  la  conclusion  de  la  paix. 
En  1572,  il  assista  au  Synode  natio- 


PfN 


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P!N 


nal  de  Nismes.  En  1567^  le  synode 
provincial^  tena  à  Sommières^  loi 
donna  ponr  collègues  ScUnt-Ferréol  et 
Claude  de  Falgiierolles,En\  588^Gham- 
brun  se  rendit,  comme  député  de  l'é- 
glise de  Nlsmes^  à  TÂssemblée  politi- 
que de  Montauban,  et  la  même  année, 
avec  Pierre  Maltrait  on  Maltrei,  à 
l'assemblée  provinciale  d'Alais.  Quoi- 
que son  testament  porte  la  date  du  5  juin 
1594,  il  vécut  jusqu'en  1601.  Le  seul 
ouvrage  qu'ii  ait  publié,  à  notre  con- 
naissance, parut  à  Nismes,  1 584,  in- 
4«,  sous  ce  titre  :  L'esprit  et  con" 
science  jésuitique.  Pour  expresse  des- 
couverte  de  l'esprit  de  calomnie  et  sa 
suite,  ez  blasphèmes  imposez  aux  é- 
glises  reformées,  en  la  personne  de  feu 
/.  Calvin,  par  J.  Hay,  moyne  jésuite, 
au  libelle  de  6es  Demandes,  Dédicace 
au  roi  de  Navarre.  Jacques  Pineton  de 
Chambrun  laissa,  entre  autres  enfants, 
Pierre,  sieur  de  Lempéri,  qui  conti- 
nua la  branche  aînée,  et  Jacques,  qui 
fonda  une  branche  cadette. 

1.  Branche  aikée.  Pierre  Pineton, 
conseiileret  médecin  ordinaire  du  roi, 
gouverneur  de  La  Canourgue,  mort 
vers  1626,  eut  de  son  mariage  avec 
Marcelline  de  Orangers,  fille  de  Jean 
de  Grangers,  sieur  de  Larcis  en  Gé- 
vaudan,  qu'il  avait  épousée  en  1599, 
trois  fils  nommés  Pierre,  Charles  et 
Aldbbbrt.  La  destinée  des  deux  der- 
niers nous  est  inconnue.  Pierre,  sieur 
de  Larcis  et  de  Récolétes,  bailli  et  gou- 
verneur de  La  Canourgue,  suivit  la 
carrière  des  armes,  et  testa  en  1642, 
au  moment  de  partir  pour  le  siège  de 
Perpignan.  Il  épousa,  en  1 631 ,  Jeanne 
de  Seguin,  flUe  ù* Etienne  de  Seguin, 
sieur  de  Rochevallier,  et  d'Anne  Fa- 
bri.  De  ce  mariage  naquirent  deux  flls  : 
Charles,  sieur  de  Larcis,  né  en  \  636, 
qui  épousa  à  Charenlon,  au  mois  de 
mars  1676,  Suzanne  Combel,  fille  de 
de  Pierre  Combel,  conseiller  secré- 
taire du  roi,  et  d'Anne  Bellettes,  ma- 
riage auquel  assistèrent  comme  té- 
moins, du  côté  du  mari.  César  de  La 
Tour-Seguin  et  Marc-Antoine  de  Cro- 
sat,  sieur  de  La  Bastide,  ses  cousins 


germains,  et  du  côté  de  réponse,  Jean 
Combel,  son  frère,  avocat  au  parle- 
ment, et  Jean  BeUettes,  son  oncle^  se- 
crétaire du  feu  duc  d'Orléans  (Reg,  de 
Charenton).  Le  sieur  de  Larcis  abjura 
à  Paris,  le  13  déc.  1685.  Sa  femme 
suivit  son  exemple,  en  1686,  ainsi  que 
son  frère,  Aldebert,  sieur  de  Pom- 
miers, capitaine  d'infanterie,  qui  avait 
épousé,  en  1679,  Marie  Guiot, 

II.  Branche  cadette.  Jacques  Pi- 
neton, sieur  de  Chambrun,  suivit, 
comme  son  père,  la  carrière  ecclésias- 
tique. En  1609,  il  fut  nommé  pasteur 
de  l'église  de  Nismes,  qui  l'envoya, 
en  1612,  au  Synode  de  Privas  sollici- 
ter la  révocation  du  décret  rendu  con- 
tre Ferrier  (Voy.  V,  p.  95).  En  1617, 
11  assista,  comme  député  du  Bas-Lan- 
guedoc, au  Synode  national  de  Vitré. 
En  1620,  les  magistrats  d'Orange  le 
demandèrent  pour  ministre,  et  le  Sy- 
node national  d'Alais  le  leur  accorda. 
En  1 623^  il  fut  député  de  nouveau  an 
Synode  national  de  Charenton,  qui  le 
choisit  pour  porter  au  roi  l'assurance 
de  la  fidélité  inviolable  des  églises  de 
France.  Il  était  accompagné  de  Mes- 
trezat  fLoriol-de-Gerland  et  Rabotteau, 
Louis  XIII  leur  répondit  o  que  si  ses 
sujets  delà  R.  R.  se  comportaient  bien 
et  qu'ils  vécussent  dans  le  devoir  et 
l'obéissance  que  Dieu  et  la  nature  exi- 
geaient d'eux,  il  leur  continuerait  la 
jouissance  des  privilèges  des  édita.  » 
Le  chancelier  ajouta  que  S.  M.  était 
très-satisfaite  de  la  conduite  du  syno- 
de ;  mais  qu'elle  ne  voulait  plus  souf- 
frir de  ministres  étrangers  et  qu'elle 
voyait  avec  déplaisir  que  le  Synode  d'A- 
lais eût  obligé  les  pasteurs  à  jurer  de  se 
conformer  aux  décisions  du  synode  de 
Dordrecht.  Sur  les  instances  de  Cham- 
brun et  de  ses  collègues,  Louis  XIII 
consentit  à  laisser  en  place  les  minis- 
tres étrangers  alors  en  fonctions,  mais 
il  défendit  d'en  admettre  d'autres  à 
l'avenir. 

Pineton-de-Chambrun  fut  député  en- 
core au  Synode  national  de  1631.  Ces 
fréquentes  missions  sont  autant  de 
preuves  de  l'estime  dont  ii  jouissait^ 


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en  sorte  que  Ton  nefloit  pas  regarder 
seulement  comme  un  élan  de  piété  fi- 
liale ce  témoignage  que  lui  rend  son 
fils  :  «  Feu  mon  père,  par  sa  rare  ver- 
tu, son  grand  savoir  et  son  génie  ex- 
traordinaire dans  toute  sorte  d'affaires, 
s'étoit  acquis  un  grand  nom  dans  le 
monde  et  particulièrement  dans  nos 
églises....  J'ose  dire  que  sa  prudence 
exquise  avoit  beaucoup  contribué  à 
rendre  l'église  d'Orange  florissante.  Il 
avoit  eu  la  consolation  de  la  voir  mul- 
tiplier à  merveille.  Il  y  avoit  peu  de 
Jours  qu'il  ne  passât  des  prosélytes  par 
ses  mains,  de  sorte  que,  dans  moins 
de  vingt  ans,  il  vit  augmenter  son  é- 
glise  de  la  moitié.  Je  n'ai  pas  eu  le 
même  bonheur  que  lui.  » 

Le  sort  de  ce  fils,  qui  se  nommait 
aussi  Jacques,  fut  effectivement  tout 
différent.  Sa  vie  presque  entière  s'écoula 
dans  les  tribulations,  les  luttes,  les  an- 
goisses et  les  tortures. 

Jacques  Pineton-de-Chambrun,  pas- 
teur et  professeur  de  théologie  à  0- 
range,  commença  ses  études  à  l'aca- 
démie de  Die  sous  Crégut,  puis  il  alla 
les  terminer  à  Saumur,  où  il  soutint, 
sous  la  présidence  à'Amyrauty  une 
thèse  De /t6erfa(e  c^nsttandl,  lus.  dans 
lesTheses  salmur.  Il  remplissait,depui8 
quelques  années,  la  place  de  pasteur 
dans  l'église  d'Orange,  lorsque  eut 
lieu,  en  1660,  l'occupation  de  la  prin- 
cipauté par  les  troupes  de  Louis  XIV, 
occupation  qui  dura  cinq  ans  et  pendant 
laquelle  il  se  passa  peu  de  jours  qu'il 
ne  fût  aux  prises  pour  défendre  son 
troupeau,  soit  contre  les  exactions  des 
conmiandants  militaires,  soit  contre 
les  sopbismes  des  Jésuites  ou  d'autres 
moines.  Dans  ces  circonstances  diffici- 
les, il  fit  preuve  d'autant  de  fermeté 
que  de  tact  et  de  prudence.  Orange 
étant  rentrée,  en  1 665,  sous  l'autorité 
de  son  prince  légitime,  il  vécut  assez 
tranquille  jusqu'en  1674,  c'est-à-dire 
jusqu'à  la  mort  de  l'évèque  Fabri,avec 
qui  il  était  en  de  très-bons  termes,  et 
rintronisation  de  son  successeur  d'O- 
beilh,  homme  d'un  tout  autre  caractère. 
Cette  année-là  même,  sous  le  préteite 


de  punir  un  attentat  commis  contre  une 
croix,  qui  avait  été  plantée  sur  les 
ruines  des  fortifications  de  la  ville  (l), 
Louis  XIV,  qui  convoitaitlaprincipauté 
et  qui  était,  on  le  sait,  assez  peu  scru- 
puleux sur  les  moyens  de  s'agrandir, 
fit  envahir  de  nouveau  Orange ,  au 
mépris  du  traité  de  paix  de  Nimègue. 
LesOrangeois,et  Pineton-de-Chambrun 
en  particulier,  eurent  à  supporter  des 
outrages  de  toute  espèce;  cependant  ce 
qu'ils  souffrirent  alors  ne  peut  se  com- 
parera l'horrible  persécution  de  1 685. 

L'immense  affluence  des  Protestants 
français  qui,  pour  échapper  aux  mis- 
sionnaires bottés,  cherchaient  un  asile 
dans  la  principauté,  fournit  au  grand 
roi  un  prétexte  d'intervention.  Ce  fut 
en  vain  que  le  parlement,  effrayé  des 
menaces  des  commandants  français, 
rendit  un  arrêt  pour  chasser  d'Orange 
tous  les  réfugiés .  Cette  làcheconcession 
n'arrêta  pas  la  marche  du  comte  de 
Tessé,  «  l'homme  à  tout  faire  de  Lou- 
vois,  »  comme  l'appelle  Saint-Simon. 
Il  entra  dans  Orange  le  25  octobre,  et 
commença  par  faire  arrêter  les  trois 
ministres  Gondrandy  Chion  et  Petit, 
avec  leurs  collègues  Aunet,  de  Cour- 
tezon,  Rainaud,  du  Dauphiné,  et  de 
Vignolles,  du  Languedoc,  qui  furent 
tous  transférés,  peu  après,  dans  les  pri- 
sons de  Valence  (Vay.  V,  p.  302). 
Chambrun,  qui  était  perclus  de  goutte 
depuis  longtemps  et  qu'une  fracture 
de  la  cuisse  très-douloureuse  retenait 
au  lit  dansrimpos&ibilité  de  se  mouvoir 
sans  l'aide  de  deux  domestiques,  ne 
fut  point  incarcéré  avec  les  autres 
pasteurs;  Tessé  se  contenta  d'abord  de 
le  faire  garder  à  vue. 

A  Orange,  la  dragonnade  eut  autant 
de  succès  que  partout  ailleurs,  les  mê- 
mes causes  produisantles  mêmes  effets. 
Frappés  de  terreur  par  l'arrestation  des 
pasteurs  et  la  démolition  des  temples, 
accablés  de  gamisaires,  pillés,  ruinés, 
succombant  sous  les  mauvais  traite- 

(1)  Les  fortiflcations  d'OraDg*  farent  démolies 
peodtnl  )t  première  occupation,  sauf  le  chàlean, 
rasé  à  son  tour  pendant  une  nouTelie  occapation, 
qni  eut  lien  en  1S7S,  mais  ne  dnra  que  qvel- 
qoMmoli. 


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ments^  les  habitants  réformés  finirent 
par  se  réunir  à  TÉglise  romaine^  non 
pas  toutefois  avant  d'avoir  obtenu  de 
Tévéque  la  promesse  qu'ils  ne  seraient 
point  obligés  d'adorer  les  saints  ni  de 
fléchir  les  genoux  devant  les  Images^ 
et  qu'on  leur  donnerait  la  communion 
sous  les  deux  espèces.  Les  pasteurs  ré- 
sistèrent avec  un  courage  intrépide^ 
ainsi  qu'un  petit  nombre  de  fldèles, 
qui  furent  surchargés  de  dragons.  Pour 
sa  part  Chambrun  eut  à  en  loger  qua* 
rante-deux^  non  compris  quatre  tam- 
bours chargés  de  battre  jour  et  nuit 
la  caisse  autour  de  la  chambre  où  il  gi- 
sait sur  son  lit  de  douleur.  «  Dans  peu 
d'heures ,  raconte-t-il^  ma  maison  ftat 
toute  bouleversée  ;  toutes  les  provisions 
ne  suffirent  pas  pour  un  repas^  ils  en- 
foneolent  les  portes  de  tout  ce  qui  étoit 
sous  la  clef,  et  faisolent  un  dégât  de 
tout  ce  qui  leur  tomboit  en  main... 
Mon  épouse  essuya  toutes  les  violences 
qu'on  se  peut  imaginer...  La  nuit  ne 
liit  pas  venue^  que  les  dragons  allumè- 
rentdeschandellespartoutemamaison. 
Dans  mabasse-cour^dans  mes  chambres 
en  y  voyoit  comme  en  plein  midi^  et 
Pexercice  ordinaire  de  ces  malhonnêtes 
gens  étoit  de  manger,  de  boire  et  de 
fumer  toute  la  nuit.  Cela  eût  été  sup< 
portable^  s'ils  ne  fussent  venus  fumer 
dans  ma  chambre  pour  m'étourdir  ou 
m'étoufl^r  par  la  fumée  du  tabac^  et 
si  les  tambours  avoient  fait  cesser  leur 
bruit  importun^  pour  me  laisser  pren- 
dre quelque  repos.  » 

Après  une  nuit  de  cruelle  insomnie^ 
Chambrun  reçut  le  lendemain^  de  la 
part  de  Tessé^  une  sommation  d'obéir 
au  roi.  Sur  son  refus,  Tordre  fut  donné 
de  loger  chei  lui  tout  le  régiment  et 
de  le  tourmenter  avec  plus  de  violence. 
«Le  désordre,  raconte-t-ll,  fut  furieux 
pendant  tout  ce  jour  et  lanuitsuivante. 
Les  tambonrsvinrent  dans  ma  chambre, 
les  dragons  venoient  fumer  à  mon  nez  ; 
mon  esprit  se  troubloit  par  cette  fumée 
infernale,  par  la  substraction  des  ali- 
mens,  par  mes  douleurs  et  par  mes 
insooiples.  »  Le  lendeioaiQ,  nouvelle 
sommation  et  nouveau  refus.  Les  boiir«r 


reaux  continuèrent  donc  leur  œuvra 
jusqu^au  mardi  i  s  novembre,  que  le 
patient  tomba  dans  une  syncope  qui 
dura  quatre  heures.  Le  bruit  de  sa  mort 
se  répandit.  Tessé,  craignant  d'être 
blàméénhautlieu,flt  retirer  les  dragons 
et  donna  l'ordre  de  transporter  Cham- 
brun àPierre-Encise. 

Le  triste  cortège  se  mit  en  route  an 
milieu  des  prières  et  des  sanglots  de  la 
population  entière.  Pineton  a  tracé  on 
tableau  navrant decequ'ileutàsouflfrir 
jusqu'à  Valence,  où  le  prévôt,  chargé  de 
sa  garde,  décida^  après  uneconférenea 
avec  Tévéque,que  Ton  s'arrêterait  quil< 
ques  Jours. Dès  le  lendemain,  il  reçut  la 
visite  de  Cosnac,  le  plus  intrigant  ei  !• 
plusambitieuxVeut-étrede  tous  les  pré- 
lats de  France. L'évêque  essaya  de  l'ef- 
frayer par  la  peinture  des  maux  qui  l'ai» 
tendaient  à  Pierre-Encise,et  s'attacha  à 
le  séduire  par  de  magnifiques  promes- 
ses de  pensionsetd'honneurs;mal8  la 
vaillant  confesseur  resta  inébranlable. 
Pour  dompter  une  résolution  aussi  f«r- 
me,  on  n'imagina  rien  de  plus  effioaee 
que  d'éloigner  de  lui  non-seulement  sa 
femme  et  son  neveu  Jean  de  Ccnvtnaniy 
mais  les  deux  domestiques  qui  avaient 
Thabitude  de  le  soigner.  En  apprena»! 
cett«  résolution  inhumaine ,  «  Je  vit 
bien,  dit  Pineton,  qu'on  n'en  usoit  M 
la  sorte,  que  pour  me  mettre  dans  lea 
dernières  extrémités  et  pour  me  jeter 
dans  des  douleurs  mille  fois  pires  que 
celles  de  la  géhenne;  car  si  les  valats, 
qui  étoient  accoutumés  à  mes  misères, 
ne  pou  volent  me  loucher  sans  me  causer 
d'extrêmes  douleurs,  que  pouvoit-j^ 
attendre  de  la  main  des  dragons  et  des 
archers,  gens  sans  pitié  et  sans  misé- 
ricorde? J'eus  mon  recours  à  la  priera 
et  aux  larmes  pour  demander  à  luen 
Dieu  qu'il  eût  pitié  de  moi;  mais  naea 
péchés  étoient  trop  grands  pour  rece- 
voir de  son  bon  secours  ce  que  je  lui 
demandois.  Me  voulaui  faire  babiller 
pour  essayer  si  je  les  pourrois souffrir 
lorsqu'  il  mo  faudro  i  t  parti  r  pour  P  ierre- 
Cise,  comme  on  m'avoit  averti  de  m^s 
tenir  prêt  pour  cela,  je  souffris  tani  4t 
deaieari  f|ue  j'allai  iàoher  cette 


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dite  parole  :  Kh  bien  1  je  me  lAunirai  I  » 
Averti  sur-le-champ  9  revèqae  se 
bâta  d'accoarir^accompagnéde  témoins 
•i  tenant  en  main  l'acte  d'abjuration 
pour  le  faire  signer  à  Pineton  qui  s'y 
refusa  cnergiquement,  comme  il  refusa 
plus  tard  de  faire  aucun  acte  de  catho- 
licité. Nous  savons  très-bien  que  Da- 
niel de  Cognac  affirmele  contraire  dans 
S6S  Mémoires;  mais  comme  il  était  in- 
trigant au  suprême  degré,  peu  scru- 
puleux^ extrêmement  ambitieux,  d'a- 
près le  portrait  que  Saint-Simon  nous 
a  tracé  de  lui,  comme  il  avait,  en  outre, 
on  intérêt  évident  à  se  faire  honneur 
«après  du  bigot  Louis  XIV  de  la  con- 
version de  celui  qu'il  appelle  lepatriar- 
ehe  des  Huguenots,  et  comme,  d'un 
autre  côté,  il  nous  est  impossible  d'i- 
maginer quel  motif  Chambrun  aurait 
en  de  dissimuler  une  partie  de  la  vé- 
rité, puisque,  loin  de  chercher  à  atté- 
iiiier  sa  faute,  il  s'applique  à  l'exagérer, 
l'estimant  moins  pardonnable  que  le 
ralliement  de  Saint*  Pierre  ou.  ia  chute 
deS(iint-Cypricn,s'enaccu8ant  comme 
de  la  plus  honteuse  apostasie,  se  plai-» 
saut  à  nourrir  le  désespoiroiisoncrime 
1^  Jeta,  nous  n'hésitons  pas  à  donner 
ta  récit  du  pasteur  persécuté  ia  préfé- 
nmee  sur  la  relation  de  l'évêque  per- 
•éoateur. 

Au  bout  de  deux  mois  et  demi,  qu'il 
ptisa  à  Valence,  disputant  avec  l'évê- 
que, qui  le  visitait  assez  souvent,  sur 
dta  points  de  controverse,  exhortant 
im  nouveaux  convertis  qu'il  voyait  à  se 
relever  de  leur  chute,  priant  avec  eux, 
chantant  à  haute  voix  les  psaumes  de 
IMtvid,  se  livrant,  en  un  mot,  à  tous 
seeexercicesurdiuairesdeplétéyCbam- 
bnin  fut  interné  àRomcyer,  espèce  de 
désert  où  il  demeura  cinq  mois,  sans 
que  Ton  pût  jamais  le  contraindre  à  la 
fieindre  démarche  contre  sa  conscien- 
ce' Enfin,  sous  prétexte  de  se  faire 
£aire  l'opération  de  la  taille,  il  obtint 
la  permission  d'aller  à  Lyon,  où  il 
arriva  le  5  aoîit  1686,  bien  décidé  à 
tout  mettre  en  œuvre  pour  se  procurer 
leemoyeus  de  sortir  du  royaume .  Malgré 
la  surveilianoe  dont  il  était  l'objet^  U 


réussit,  avec  le  secours  d  un  ami,  à 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour 
son  évasion.  Le  8  septembre,  à  sept 
heures  du  soir,  vêtu  d'un  habit  magni- 
flque,perruque  blonde  et  chapeau  brodé 
sur  la  tête,  il  se  ût  placer  ou  plutôt 
attacher  dans  une  chaise  de  poste,  tra- 
versa la  ville  sans  être  reconnu,  et  prit 
la  route  de  Savoie,préoédé  d'un  courrier 
qni  préparait  les  relais.  Sur  toute  sa 
route,  on  le  prit,  au  ton  impérieux  qu'il 
affectait,  à  ses  manières  hautaines,  à  sa 
libéralité,  pour  un  officier  supérieur 
en  mission,  et  personne  n'osa  inter- 
rompre son  voyage.  U  arriva  donc  sans 
mésaventure  à  Genève  en  deux  jours. 
Son  premier  soin  fut  de  se  réconcilier 
à  l'Eglise,  après  quoi  il  se  fit  réta- 
blir dans  le  ministère  par  une  assem- 
blée de  dix-huit  pasteurs  réfugiés,  le 
12  sept.  1086  (1).  Sa  conscience  mise 
en  repos,  Chambrun  songea  à  faire 
vffliir  sa  femme  auprès  de  lui.  Elle  se 
nommait  L(mi50  de  Chavanon,  Sur  les 
pressantes  instances  de  son  mari,  elle 
consentit,  pendant  roccupation  de  son 
logis,  à  se  retirer  chez  son  père  pour 
éobapper  aux  grossières  iAjures  des 
dragons.  Quelques  jours  après,  Tessé 
la'flt  enlever  et  ordonna  qu'on  ia  traînât 
dans  sa  maison  pour  y  servir  la  solda- 
tesque effrénée  qui  tortoiaitson  époux. 
Un  moine  eut  pitié  de  sa  détresse.  Sans 
exiger  d'elle  ni  signature  ni  abjuration, 
il  alla  dire  au  comte  qu'elle  avait  fait 
son  devoir,  etlui  procura  ia  liberté  par 
cet  oûicieux  mensonge.  11  lui  fut  même 
permis  de  rejoindre  son  mari  qu'elle 
ne  quitta  qu'à  Lyon,  où  elle  courut  le 
danger  d'être  arrêtée,  après  sa  fuite. 
«Je  n'oubliai  rien,  raconte  Chambrun, 
pour  la  tirer  du  danger  où  elle  étoit  ; 
et  croyant  d'avoir  trouvé  un  bon  parti 
pour  la  conduire  à  Genève,  elle  tomba 

(1)  Voici  leur!  noms  ;  Théodore  de  La  Faye, 
de  Loriol,  Rally^  de  Grenoble,  MejanexyûeCêft' 
iïtifif  G.  Marchant f  de  Beauvois,  Icard,  de  Nis- 
mes,  F.  Ifuraf,  de  Marseilleyi4.  Via/a.deFDns, 
ChavanoHf  des  ueTennes,  La  Portê^  dn  Gollei-de- 
Dèse,  La  Roguètê^  de  Maoobiet,  Frawinet,  de 
Gardei,  Sarratiny  de  Lyon,  Janvier, de  VeJs,  d< 
Vtriay,daViTarais,  Maurice,  d'Eiguyères^^Iaur, 
de  Mani^ols,  Portai,  de  La  StUe,  Pa§m,  de 


PIN 


—  248  — 


PIO 


entre  les  mains  de  malhonnêtes  gens 
qui  faillirent  la  perdre.  Ses  guides 
l'abandonnèrent  dans  la  nuit  à  deux 
heures  de  Lyon^  avec  trois  demoiselles 
qui  étoient  dans  le  même  parti.  Ces 
pauvres  créatures  demeurèrent  neuf 
Jours  de  Lyon  à  Genève^  exposées  à  la 
rigueur  de  l'hiver^  errantes  dans  les 
neiges,  les  glaces  et  les  montagnes, 
attendues  par  trente  paysans  armés  sur 
les  passages,  et  poursuivies  par  un 
prévôt  qui  étoit  à  leurs  trousses.  Les 
compagnes  de  mon  épouse,  se  voyant 
ainsi  exposées,  vouloient  revenir  sur 
leors  pas  k  Lyon;  elle  s'y  opposa  cou- 
rageusement, leur  déclarant  qu'elleai- 
moit  mieux  périr  que  de  reprendre 
cette  route,  ce  qui  lui  attiramille  louan- 
ges et  mille  remerciemens  de  la  part 
de  ces  demoiselles,  lorsqu'elles  furent 
arrivées  à  Genève,  p 

La  joie  de  Ghambrun  fut  grande  en 
revoyant  sa  femme  qu'il  croyait  perdue 
pour  lui.  Peu  de  jours  après  son  ar- 
rivée, il  partit  avec  elle  pour  la  Hol- 
lande. Le  prince  d'Orange  l'accueillit 
avec  distinction,  ainsi  que  la  princesse 
Marie,  qui  le  nomma  son  chapelain. 
Après  son  avènement  au  trône  d'An- 
gletGrre,Guillaume  pourvut  le  généreux 
confesseur  d'un  canonicat  à  Windsor; 
mais  Pineton-de-Chambron  n'en  jouit 
pas  longtemps;  il  mourut  à  Londres 
en  1689.  On  a  de  lui  : 

L  Deux  prières  publiques  et  extra' 
ordinaires  prononcées  en  l'église  d'O- 
range^ Orange,  1666,  in-4». — La  pre- 
mière fut  prononcée,  le  3  oct.  1664, 
au  sqjet  de  la  peste  ;  la  seconde,  le  25 
mars  1665,  à  l'occasion  de  la  restitu- 
tion d'Orange  à  son  légitime  souverain. 

n.  Relation  de  ce  qui  s' est  passé  au 
rétablissement  de  la  principauté  d'O- 
range, Orange,  Raban,  1666,  in-4«; 
trad.  en  allem.  par  Hayer,  Herbom, 
1690. 

III .  Réponse  au  Z*  chapitre  du  Traité 
de  la  politique  de  France,  Amst. ,  1 6  7  0, 
ln-12.  —  Publiée  sous  le  pseudonyme 
de  Mélanchthon,  masque  ou  plutôt 
traduction  du  nom  do  Ghambrun. 

IV.  PosteriMiJ.-Aug.  Thuanipoë* 


matium,  ^  quo  arguticis  qw)rumdam 
importunorum  criticorum  in  ip^ius 
historias  propalatas  refelUi  ;  opus  e- 
ditum  notisque  perpetuis  illustratum 
operdJ.Melanchthonis,Am&i,,  Elzev., 
1678,  in-12. 

V.  Les  larmes  de  J,  Pineton-dê- 
Chambrun,  qui  contiennent  les  persé- 
cutions arrivées  aux  églises  de  la  prin- 
cipauté d'Orange,  depuis  l'an  1660; 
la  chute  et  le  relèvement  de  fauteur 
avec  le  Rétablissement  de  S. -Pierre  en 
son  apostolat  ou  sermon  sur  Jean  XXI, 
15,  La  Haye,  1688,  in-12;  1739,  in-12; 
réimp.  et  annotée  par  Ad,  Schœffer, 
Paris,  1854,  in-12;  trad.  en  anglais, 
Lond.,  1687,  iu-40.  —  G'est  dans  cet 
ouvrage  que  nous  avons  puisé  tout  ce 
nous  avons  rapporté  de  la  chute  et  dn 
repentir  de  Ghambrun. 

PIOZET  (Pierre),  ministre  du 
Mans,  présida  le  synode  provincial  qui 
se  tint,  le  6  juill.  1679,  à  Bellesme, 
en  présence  de  Samuel  de  Tascher, 
sieur  de  Bellesme,  commissaire  royal, 
dont  le  procès-verbal  est  arrivé  jusqu'à 
nous  (Arch.  gén.  Tt.  330).  Y  assistè- 
rent :  Tours,  François  Du  Vidal,  min., 
élu  vice-président,  Georges  Guille, 
anc;  Saumur,  Jean  Audoin,  anc.  ;  Loa- 
dun,  Jacques  Guiraut,  min.,  Charles 
Montant,  anc;  Preuilly,  Isaacde  Bris- 
sac,  sieur  de  Grand-Ghamp,  min.;  Bel- 
lesme, Jean  Du  Moustier,  min.,  SO" 
muel  Chédieu,  avocat,  élu  secrétaire, 
et  Antoine  Brou  ;  Vendôme,  Jacquet 
Quartier,  min.,  élu  secrétaire;  Gh4- 
teau-du-Loir;  Christophe  de  La  Cour, 
min.;  Angers,  Jean  Lombart, min,, 
Jean  Vinève,  anc;  Le  Mans,  P.  Piozet 
ei  Jacques  Pous^et,  anc  ;  Saint-Aignan, 
Pierre  Fleury,  min.,  et  Pezé-des-Gair 
lesnières,  marchand;  Beaugé,  David 
Gillis,  min.;  Aillières,  de  La  Monne^ 
rie,  anc,  et  le  marquis  d'Ardenay; 
Gb&tillon-sur-Indre,  Philippe  Le  Roy, 
min.  Y  assistèrent  aussi  Moïse  Péril' 
lau-de-Laudebonnière ,  Jacob    Mar^ 
chand  et  Daniel  Botidet,  tous  trois 
ministresde  flefs,  et  François  de  Farcy, 
ancien.  Dans  la  liste  que  M.  Bum  donne 
des  ministres  de  l'église  wallonne  à 


PIS 


—  240  — 


PIS 


8^  nous  trouvons  un  Charles 

et  parmi  les  signataires^  d'une 

lUon  faite  par  les  pasteurs  réfu- 

>  leurs  sentiments^  un  A.  Pio- 

Mans.  Etaient-ils  fils  de  Pierre 

onplutôt  n'y  auralt-il  pas  quel- 

■eur  dans  les  prénoms? 

CASS ARY  (  Sara  de  ),  d'une 

notable  de  La  Rochelle^  avait 

en  1652^  une  somme  de  cinq 

vres  pour  l'entretien  des  minis- 

des  proposants^  et  pour  t'assis- 

les  pauvres  de  la  religion  réfor- 

^  tout  temps  cet  usage  avait 

dans  KEglise  protestante^  et 

les  legs  étaient  non-seulement 

tmbreux,  mais  quelquefois  assez 

M)les^  ilsexcitaient  singulière- 

a  convoitise  du  clergé  romain. 

lYant  de  prime  saut  s'emparer 

talité  des  sommes  léguées,  parce 

lit  de  Nantes  validait  ces  sortes 

oations   (  Voy.  Pièces  justif.^ 

(Il);  les  prêtres  et  les  moines 

ont, en  attendant  mieuï,  essayer 

ne  d'en  prendre  une  partie.  Les 

ires  tentatives  de  ce  genre  pa- 

nl  remonter  à  une  vingtaine  d'an- 

rant  la  révocation.  Les  moines^ 

I  la  Charité,  ouvrirent  la  campa- 

rétendant  que  puisqu'ils  se  mè- 

d'assister  les  pauvres  et  les  ma- 

one  portion  des  legs  destinés  au 

Bment  des  malheureux,  leur  re- 

dedroit.  Les  tribunaux,convain- 

r  la  force  de  ce  raisonnement^ 

'eMèrentdeviolerl'éditdeNantes 

endre  des  arrêts  conformes  aux 

tlons  du  clergé.  Dans  lecas  dont 

il,  le  consistoire  de  La  Rochelle 

idamné  à  donner  aux  moines  de 

rite  le  quart  du  legs  de  Sara  de 

sary.  On  ne  peut,  du  reste,qu'ad- 

la  modération  des  juges  de  La 

le,  quand  on  voit,  quelque  temps 

le  parlement  de  Rouen^  casser 

ent  et  simplement  une  donation 

ans  un  but  pieux  par  Françoise 

its,  et  celui  de  Toulouse  mettre 

al  de  Montpellier  en  possession 

18  les  biens  légués  aux  pauvres 

tants  de  cette  ville. 

T.  VIÏl. 


PISCATOR.   Foy.  FISCHER. 
PISSELEU  (Aims  de),  duchesse 
d'Etampes  (l),  née  vers  1508. 

Notre  intention  n'est  pas  de  raconter 
ici  l'origine  de  la  faveur  de  cette  mat- 
tresse  de  François  !«',  les  péripéties 
de  sa  domination  sur  l'esprit  du  roi, 
ses  intrigues,  ses  rivalités  avec  Diane 
de  Poitiers,  ni  de  chercher  à  la  justi- 
fier des  imputations  plus  ou  moins  ha- 
sardées de  certains  écrivains;  nous  te- 
nons seulement  à  constater,  d'après 
des  sources  très-dignes  de  foi,  qu'elle 
se  montra  favorable  au  protestantisme. 
Les  Protestants  et  les  Catholiques  ad- 
mettent également  le  fait.  Mais  le  ju- 
dicieux Bayle  élève  des  doutes,  en  se 
fondant  sur  ce  que  l'Histoire  des  égli- 
ses de  Th.  de  Bèze,  «  où  l'on  trouve 
tant  de  choses  de  beaucoup  moindre 
importance,  ne  contient  rien  touchant 
cette  dame,  p  La  raison  de  ce  silence 
est  sans  aucun  doute  celle  qu'il  sup- 
pose lui-même,  c'est  que  Bèze  aura 
«  cru  que  l'on  feroit  quelque  deshon- 
neur à  la  Réforme,  si  l'on  avouoit  que 
cette  dame,  actueUement  plongée  dans 
un  adultère  public,  favorisoit  la  nou- 
velle religion.  »  Nous  voyons  que 
Crespin  n'eut  pas  les  mêmes  scru- 
pules; U  dit  positivement,  dans  son 
Martyrologe,  que  la  duchesse  fut  favo- 
rable à  la  Réforme,  et  l'on  sait  que  le 
Martyrologe  est  la  principale  et  la 
meilleure  source  où  puisa  Bèze  pour 
son  Histoire.  Quant  à  Florimond  de 
Rcemondy  il  cite  aussi  notre  duchesse, 
avec  la  dame  de  Pisseku,  sa  sœur,  et 
la  dame  de  Cani,  au  nombre  des  da- 
mes de  la  cour  que  les  Luthériens  «  at- 
tirèrent à  leur  cordèle.  »  Enfin,  Mar- 
guerite de  Navarre  lui  témoigna  en 
toutes  occasions  de  la  confiance  et  de 
l'amitié.  Le  doute  n'est  donc  guère  pos- 
sible. Après  la  mort  de  François  !«', 
Diane  de  Poitiers  inaugura  son  règne 
par  un  acte  de  magnanimité,  elle  pér- 
il) Son  père,  GniUtmne  de  Pisselea,  siear  de 
Heilly,  fat  marié  trois  fois  et  n'eut  pas  moins  de 
30  enfanta.  Antu  naquit  de  son  second  mariage 
ayec  Anne  Sangnin,  fille  d'Antoine,  seif^eur  de 
Ueudon. 

16 


PIT 


-350- 


PIT 


mit  à  sa  rivale  de  jouir  paisiblement 
dans  la  retraite  des  grands  biens  qu'elle 
avait  amassés,  a  Pour  la  dame  d'Etam- 
pes;  dit  Mézeray^  elle  se  retira  dans 
une  de  ses  maisons,  méprisée  de  tout 
le  monde^  et  de  son  mari  même,  quj 
était  Jean  de  Brosse  [il  serait  difficile 
de  décider  qui  des  deux  était  le  plus 
méprisable].,  ou  elle  vécut  encore  quel- 
ques années  dans  l'exercice  secret  do 
la  religion  réformée^  corrompant  beau- 
coup d'autres  personnes  par  son  exem- 
ple. »  Pour  notre  part^  nous  devons 
lui  tenir  compte  de  cette  corruption 
qu'elle  répandit  autour  d'elle^  c'était 
un  bon  signe  d'amendement. 

En  1 590^  une  Charlotte  ie  Pisse- 
leu,  veuve  du  sieur  de  Lisy,  faisait  par- 
tie de  réglise  française  de  Bftle. 

PITHOU  (Pierre),  savantjuriscon- 
suite  et  bon  orateur^  né  à  Erv^',  ea 
1496^  mais  établi  à  Troyes^  oh  il  exer- 
çait avec  succès  la  profession  d'avocat. 
Pithou  allia  aux  travaux  du  barreau  la 
culture  des  lettres.  C'est  à  son  goût 
éclairé  pour  la  littérature  ancienne  et 
à  sa  passion  pour  le  droit  romain  que 
nous  devons  la  conservation  du  traité 
de  Salvien  De  Provident ià^  et  d'une 
quarantaine  de  Constituttona  ou  de  No- 
velles ,  qui^  sans  lui^  seraient  vraisem- 
blablement restés  enfouis  dans  la 
poussière  des  cloîtres  et  auraient  été 
perdus  pour  nous.  Gomme  la  plupart 
des  savants  du  xvi*  siècle^  Pithou  ar- 
riva par  la  Renaissance  à  la  Réforme, 
dont  pourtant  il  ne  professa  pas  ouver- 
tement les  doctrines  (l).Tant  qu'il  vé- 
cut, il  continua^  par  prudence,  à  aller 
à  la  messe,  mais  sur  son  lit  de  mort, 
il  refusa  de  recevoir  les  sacrements  de 
l'Eglise  romaine  et  rendit  le  dernier 
soupir  enlre  les  bras  ùe  Michel  Ponce- 
let.  Dans  son  Uist.  msc.  de  l'église  de 
Troyes,  son  flls  raconte  ses  derniers 

(1)  Qa'il  ait  été  partisan  secret  des  opinions 
uoQTeUes,  c'est  ce  qae  prouTe  le  soin  qu'il  prit 
d'ouTrir  les  yeax  sur  les  abus  de  l'Eglise  romaioe 
à  Pierre  Morel^  cordelier  de  Troyes  et  docteur 
de  Sorbonne,  qui  après  aToirprccbé  quelque  temps 
la  Réronne,  se  laissa  séduire  par  Tespoir  d'èlrt 
élu  provincial  de  son  ordre,  «  se  réTolta  »  et  dé- 
tint le  plus  ardent  adversaire  de  Caraecioli  et 
des  Réformés. 


moments  en  ces  termes  ;  a  Dèç  incoo-* 
tineutque  Michel  eustmis  le  pied  en  U 
chambre^  le  malade  le  recogaeust,  qqoy 
qu'il  feust  desguisé,  aûu  de  n'e^trv 
descouvert  et  remarqué  4es  papist^. 
et  luy  tendant  la  main  de  toot  loing  il 
s'escria  :  Mon  amy  !  Et  après  qae  Içi 
parents  du  malade  qui  estoieul  d#  la 
religion  romaine  se  furent  retirer  de  U 
chambre^,  Michel  s'approcha  du  lit,  Pi 
prosteroé  à  deux  genoux,  commeQCftk 
prier  et  invoquer  Dieu.  Gela  faic(,  U 
admonesta  le  malade  comme  il  )e  sç^ 
voit  bien  fayre>  lequel  acquiesça  4n 
tout  à  la  saincle  doctrlpe  qu'il  luy  «b 
nonça.  Enfin  Michel  le  voyant  fort  oIni- 
tu  6(  comme  prest  à  rendre  l'esprlti 
luy  demanda  s'il  avoit  pas  vrays  i^ 
pentance  de  ses  fautes,  s  il  eu  4enmb 
doit  pardon  à  Dieu,  et  surtout  s'iUvgU 
sa  ûanceeu  samiséricorde^  s'UcroyoU 
pas  que  parle  ^eui  sacrifice  de  U  mort 
et  passion  d§  J.-Gh,,  il  serait  sauvé 
sans  aucun  mérite  sien?  A  ea  propoi 
ce  bon  personnage  joignaut  les  mftiuf 
etesievaut  lesyeuit  au  ciel,  tout  dél»Ue 
et  atténué  qu  il  estolt,  s'escria  fort 
promptement  :  Hélas!  qui  est  le  ml- 
heureux  qui  vouldroit  croyre  le  CQft" 
traire.  Puisque  ainsy  estdQiicquea,  dM 
Michel,  Je  vous  annonce  par  la  ParoUo 
de  Dieu  que  vos  péchez  vous  août  ilh 
jourd'buy  remis  et  pardonne;  par  ico* 
luy  N,  S.  JrGh,  Là-dessus  le  oMtodo 
esleva  de  rechef  les  yeux  et  lea  mÀiM 
Joinctes  au  ciel  etàTinstant  les  treioto 
de  la  mort  le  saisirent,  et  rendit  paUi« 
blement  l'ame  k  Dieu^  le  n  du  moyi 
d'avril  1554,  non  sans  grande  soupi-» 
tion  de  poison,  n 

Ainsi  mourut  Pierre  Pithou^  dontson 
fils  nous  a  tracé  ce  portrait:  «  U  estoU 
des  premiers  hommes  de  la  ville  ea 
vertu  et  en  réputation,  et  autant  re- 
nommé par  sa  sagesse  que  pour  son 
éminent  et  rare  sçavoir,  »  Sa  seconde 
femme,  qui  professait  la  religion  ro- 
maine, le  fit  enterrer  aux  Cordelière 
a  avec  toutes  les  cérémonies  accoua^ 
tuméesenla  papauté.» Cette indulgea- 
cèdes  Catholiques étonneravocatGroe* 
ley,  qui  y  trouve  la  preuve  non  éqoiYO* 


PÏT 


—  251  — 


PIT 


que  de  la  considération  dont  le  défunt 
jouissait.  Peut-ôlre,  ajoulo-l-il  naïve- 
ment^  penscrent-iU  qu'il  tenait  à  leur 
rpllgion  par  les  vertus  dont illeur  avait 
donné  l'exemple. 

Pierre Pitjiûu,  sieur  de  Chaoïgobert, 
de  Luyères  et  de  Savoye,  avait  été  ma- 
rié deu2^  fois ,  et  laissa  do  ses  deux 
fommes  dix  enfants^  «  à  tous  lesquels 
if  bon  t)ieu  se  Qt  cognoislre  et  leur  fit 
Û^ràce  de  s'adjôindreauxsainctesas- 
flemblées  de  la  religion  réformée.  Que 
H  bon  plaisir  de  sa  sainote  Majesté  soyt 
de  les  conserver^  et  leur  donner  per- 
sévérance,  et  ne  permettre  qu'ils  se 
de^Yoyent  du  bon  cbemin  auquel  il  les 
k  Wis,  »  Le  pieux  soubait  de  Nicolas 
PUbou>  Tun  d'entre  euX|  ne  fut  pas 
exaucé}  comme  nous  le  verrons  plus 
Itrd.  Du  premier  lit  naquirent  :  l^Ni^ 
ÇOI.is,sieurdeCbamgobert,et2*'JBAN, 
Bieur  de  Cbamgobert^  frères  jumeaux» 
969  en  1 5243qui  suivent  ;  etdu  second  ; 
j(* Pierre^  sieur  de  Savoye,  qui  suivra; 
-!-  40  François^  sieur  de  Bieme^  dont 
nous  parlerons  après  ses  frères; —  5<> 
AktoinE}  sieur  de  Luyères^  commis- 
Hire  ordinaire  des  guerres^  qui  avait 
déjà  abjuré,  à  ce  qu'il  semble,  lorsqu'il 
épousa  Jeanne  Du  Haulti  dame  de  Pue^ 
lemontier  ;— 6°  Bonayenturk,  femme 
de  Jean  Nevelet^&lenv  de  Doscbes^élu 
pour  le  roi  h  Troyes;— 7*  Ambroisk, 
prarlée  à  Claude  de  Maris\^,  sieur  de 
Ylllentigny  ;— 8<»  Perrette,  épousede 
Christophe  de  Vassan,  Le  Nobiliairede 
Cbaïupagne  ne  parle  pas  des  deux  au- 
tres enfants  de  Pierre  Pitbou  et  de  sa 
leconde  femme  Bonaventure  de  Cban- 
tldoé.  Peut-être  Tun  d'eux  est-jl  Mar^ 
tin  Pithou,  sieur  de  Cbamgobert,  dont 
nous  avons  trouvé  le  nom  sur  les  re- 
gistres de  l'église  française  de  Bàle^à 
la  date  de  1590. 

1.  Nicolas  et  Jean  Pitbou  étaient  ju- 
meaux. Ils  se  ressemblaient  si  parfai- 
tement de  taille  et  de  figure  qu'il  était 
impossible  de  les  distinguer,  et  la  res- 
semblance n'était  pas  moins  frappante 
au  moral  qu'au  physique  :  il  y  avait 
entre  eux  conformité  absolue  de  goûtSj 
d'esprit^  de  caractère^  de  volonté.  C'é- 


taient deux  éh'cscomplétument  identi- 
ques^ semblant  n'avoir  qu'un  cœur  el 
qu'une  àme;  aussi  leur  union  fut-cUc 
intime.  Bien  qu'ils  suivissent  des  car- 
rières différentes,  Nicolas  celle  du  bar- 
reau, et  Jean  celle  delà  médecine,  tout 
était  en  commun  entre  eux,  leurs  oc- 
cupations, leurs  plaisirs,  leurs  peines  ; 
pendant  74  ans,  ils  vécurent  toujours 
ensemble,  la  mort  seule  put  les  séparer. 
Imbus,  jusqu'à  un  certain  point,  de« 
opinions  nouvelles  par  leur  père,  les 
deux  frères  Pitbou,  à  mesure  qu'ils 
avancèrent  en  âge,  s'aCfermirent  dans 
les  sentiments  qu'il  leur  avait  inspirés. 
Longtemps  cependant,  «  postposant  la 
crainte  de  Dieu  à  celle  des  hommes  et  à 
la  perte  de  leurs  biens,  »  ils  suivirent 
j'exempte  que  tant  d'autres  leur  don- 
naient, en  se  couvrant  d'un  masque 
hypocrite,  a  Quoi  qu'il  eut  cognoissance 
de  la  pure  Parolle  de  Dieu,  raconte 
Nicolas  en  parlant  de  lui-même,  si  ne 
désistoit-il  point  toutefoys  de  se  pol- 
luer et  vautrer  par  foya,  contre  sa  pro- 
pre conscience,  parmy  les  abomina- 
tions et  ordures  de  la  papauté.  Bien  est 
vrayquec'estoitle  moins  qu'il  luy  es- 
toit  possible  et  avec  un  regret  mer- 
veilleusement angoisseux .  »  Ses  angois- 
ses redoublèrent  pendant  une  grave 
maiadiedont  il  fut  atteint  en  i  559.  S'i- 
maginant  que  c'était  un  châtiment  de 
Pieu,  irrité  de  sa  dissimulation,  il  ré- 
solut de  sortir  de  cet  état  d'hypocrisie 
et  Qt  prier  le  ministre  Çourlieu  de  ve- 
nir le  visiter.  Les  exhortations  du  pas- 
teur rassurèrent  sa  conscience  trou- 
blée, «Adonc  le  malade  se  mit  à  invo- 
quer Dieu  plus  vifvement  et  ardemment 
qu'il  n'avoit  oncques  faict,  luy  vouant 
et  promettant  que  si  son  bon  plaisir  es- 
toit  de  le  retirer  de  c^ste  maladie,  il 
s'abstiendroit  de  là  en  advant  du  tout 
de  ces  maudites  et  malheureuses  abo- 
minations de  la  papauté  et  se  rengeroit 
en  lieu  où  il  luy  seroit  permis  de  l'in- 
voquer, servir  et  adorer  en  toute  pu- 
reté et  liberté  de  conscience.»  Aussitôt 
que  sa  santé  lui  permit  d'accomplir  son 
vœu,  il  se  mit,  en  eiTet,  en  route  pour 
Genève,  accompagné  de  sa  femme  et 


PIT 


—  252  — 


PIT 


de  son  frère^  «  laissant  la  plaspart  de 
son  bien  en  la  garde  de  Dieu,  d  II  ne 
revint  dans  sa  patrie  qu'après  ta  pu- 
blication de  redit  de  Janvier.  Sa  joie 
fut  grande  de  trouver  Téglise  prodi- 
gieusementaccrue  en  quelques  mois(  1  )  ^ 
et  surtout  de  remarquer  un  merveilleux 
amendement  dans  les  mœurs.  «  Il  se 
voyoit  en  la  jeunesse  touchée  par  la 
prédication  de  la  Parolle  de  Dieu^  qui 
auparavant  estoit  sidespravéequerien 
plus^  un  changement  si  subit  et  estrange 
que  les  Catholiques  mesme  en  demou- 
roient  tout  estonnez.  Car  telz  qui  au 
précédent  se  laissoient  aller  du  tout  à 
leurs  voluptez  et  se  dédioient  et  s'es- 
toient  plongez  en  gourmandises^  yvro- 
gneries  et  jeux  deffendus^  tellement 
qu'ils  y  passoient  la  plus  grande  et 
meilleure  partie  du  temps^  et  faisoient 
un  fort  mauvais  mesnage^  depuis  qu'ils 
estoient  entrez  en  TEglise^  quittoient 
du  tout  leur  vie  passée  et  la  détestoienl, 
se  rangeans  et  sousmetlant  allaigre- 
ment  à  la  discipline  ecclésiastique^  ce 
qui  estoit  si  agréable  aux  parents  de 
tels  personnages  que^  quoiqu'ils  fus- 
sent catholiques,  ils  en  louoient  Dieu.  ' 
Et  mesme  toutes  et  quantes  foy  s  qu'ils 
voyoient  quelque  défault  en  leurs  en- 
fans  ou  qu'ils  estoient  en  mauvais 
mesnageavec  leurs  femmes,  ilsavofent 
recours  aux  surveillans  qu'ils  coniiois- 
soient  et  les  en  advertissoient  pour  y 
mettre  ordre.  Brief,  nostre  bon  Dieu 
demeura  par  ce  moyen  glorifié,  voyre 
mesme  entre  les  ennemys  de  son  Evan- 
gile. » 

Quelques  mois  après,  quel  change- 
ment !  Le  massacre  de  Vassy  a  donné 
le  signal  de  la  guerre  civile^  et  les  Ca- 
tholiques, de  connivence  avec  le  duc 
de  A  eversy  ont  repris  la  prépondérance 
dans  la  ville.  Laissons  encore  parler 
Pithou  :  «  Les  inhumanitez,  pilleries, 
meurtres  et  cruautez  qui  furent  com- 
mises et  exercées  par  ces  brutaux  Ca- 
tholiques, durant  ces  troubles,surceux 
de  la  Religion,  sans  respect  d'aucun 
sexe  et  qui  pis  est,  à  Tadveu  du  mayre 

(1)  En  1562,  dix  mille  personneg  assistèrent 
à  la  cclchration  de  la  CènC' 


Pinetteetde  la  pluspart  des  eschevins 
et  conseillers  de  ville,  et  pour  dire  en 
un  mot,  des  chefs  de  la  justice,  toutes 
ces  malheurtez,  dy-je,  furent  si  gran- 
des, horribles  et  exécrables  que  les 
barbares  mesme  auroient  horreur  de 
les  ouyr  réciter.  Tout  ordre  et  poUice 
estoit  confuse.  La  Force  estoit  mais- 
tresse,  la  Justice  endormie  usoit  de  si- 
lence ou  plustot  de  connivence  pour  at- 
Iraire  la  faveur  d'une  populace  enra- 
gée. Et  pour  comble  de  tous  ces  mal- 
heurs, les  chefs  et  principaux  d'icelle 
attisoient  sanscesse  la  fureur  qui  desja 
n'estoitque  trop  embrasée  en  ces  meur- 
triers.» Il  est  probable  que  Nicolas  Pi- 
thou se  tint  éloigné  deTroyes,  comme 
un  grand  nombre  de  ses  coreligionnai- 
res, tant  que  la  ville  fut  au  pouvoirde 
la  populace  catholique,  et  que^  plus 
prudent  que  Nicolas  Mugart,  Yvon 
Honnet,  sergent  royal,  eiRegnauldJor 
queloty  qui  payèrent  de  la  vie  leur  im- 
patience de  rentrer  dans  leurs  foyers, 
après  la  promulgation  de  l'édit  de  pa- 
cification, il  attendit  que  l'arrivée  da 
duc  d'Aumale  eût  rétabli  une  cspècede 
tranquillité.  Le  frère  de  François  de 
Guise  ne  pouvait  être  bien  disposé  en 
faveur  des  Huguenots.  Il  leur  donna  one 
preuve  de  son  mauvais  vouloir  en  as- 
signant pour  lieu  d'exercice  aux  Ré- 
formés de  Troyes  la  petite  ville  de 
Céant-en-Othe,  «  eslongnée  de  la  ville 
de  Troyes  de  sept  ou  huict  grandes 
lieues,  le  chemin  poury  aller  fort  fas- 
cheux,  montueuxet  deboys,avoisinée 
de  gensdenéantet  fort  mal  affectionnée 
à  ceux  de  la  religion.  El  avec  ce,  le  liea 
estoit  tellement  désert  et  ruiné  qu'il 
n'y  avoit  pas  pour  loger  la  troysième 
partie  de  ceux  de  l'église.  »  Ce  fut  en 
vain  que  les  Protestants  réclamèrent. 
N'obtenant  rien  du  duc,  ils  résolurent 
de  porter  leurs  plaintes  au  roi  lui-mê- 
me, qui  devait  passer  par  Troyes,  en  se 
rendant  aux  fameuses  conférences  de 
Bayonne.  Nicolas  Pithou,  qu'on  regar- 
dait conmie  la  colonne  de  l'église,  fut 
chargé  de  lui  présenlerlour  requête,  et 
de  lui  demander  en  même  temps  la  pa- 
nilion  des  mcurlrcs  commis  à  Troyes 


PIT 


—  253  — 


PIT 


et  depuis  la  publication  de  l'édit; 
malgré  l'appui  que  lui  prêtèrent 
!o*,  Esternay,  le  prince  ûeCondé 
Dtres  seigneurs  huguenots^  il  fut 
ait^  et  la  Cour  partit  sans  que 
eût  été  fait  aux  plaintes  des  hé- 

168. 

Catholiques  manifestèrent  une 
6  Joie  de  l'inutilité  de  leurs  dé- 
nes.lls  espéraient  que  la  longueur^ 
4)mmodités  et  les  dangers  du  che- 
efroidiraient  le  zèle  des  Hugue- 
t  que  réglise  se  ruinerait  d'elle- 
.  Les  Protestants  devinèrent  sans 
où  tendaient  toutes  leurs  menées^ 
se  décidèrent  à  accepter  le  lieu 
cice  qui  leur  avait  été  assigné^ 
ddans  qu'il  pleust  à  Dieu  leur  en- 
myeux^  »  plutôt  que  de  demeurer 
61ébration  de  leur  culte  «  au  grand 
Ijce  de  leurs  âmes  et  contente- 
de  leurs  adversaires.  »  Ils  rap- 
nt  donc  Jacques  Sorel  de  Ge- 
et  lui  donnèrent  pour  collègue 

015  Bourgoin,  qui  prêcha  pour  la 
ère  fois  à  Géant-en-Othe  le  50 
1564^  en  présence  d'une  nom- 
3  assemblée. 

rendant  il  s  en  fallait  de  beaucoup 
tranquillité  fût  parfaitement  ré- 
.  De  temps  en  temps  il  éclatait 
meute  accompagnée  de  pillage^ 
U  et  d'autres  excès  ;  de  temps  en 
on  huguenot  tombait  victime  du 
ïine  d'une  populace  déchaînée^ 
I  de  jours  se  passaient  sans  que 
bitants  de  la  Religion  fussent  en 
aux    plus   grossières  insultes. 

16  il  n'y  avait  à  attendre  aucune 
)  des  magistrats,  tous  vendus  au 
les  Guise^  les  principaux  chefs 
lille  huguenots  résolurent  d'en- 
Pithou  en  Cour  «  pour  advertir 
de  ce  que  dessus^  se  plaindre  de 
nivence  et  dissimulation  des  ju- 
la  licence  que  le  peuple  prenoit 
ttrela  main  aux  armes^  qu'aussy 
•revenir  par  un  récit  véritable  du 
emeurtred'un  nommé  liembaut] 
guisementque  leurs  adversaires 
sent  pu  fayre  à  S.  M.  »  Pithou  se 
route  au  commencement  de  sept. 


1565.  (l  atteignit  la  Cour  à  Oiron  en 
Poitou  ;  mais  quelque  diligence  qu'il  eût 
faite,  il  avait  déjà  été  prévenu.  Dans 
une  audience  que  lui  accorda  la  reine- 
mère^  il  réussit  à  la  désabuser  et  reçut 
ordre  de  déposer  entre  les  mains  de 
Morvilliers  les  informations  qu'il  avait 
apportées.  Tel  fut  Tunique  résultat  de 
son  voyage  :  le  meurtre  resta  impuni. 

Malgré  les  transes  continuelles  dans 
lesquelles  les  Protestants  vivaient,  leur 
zèle  ne  se  refroidissait  pas.  L'église 
prospérait,  et  l'on  venait  d'établir  à 
Céant-en-Othe  une  école  dont  la  di- 
rection avait  été  confiée  à  Julien  Pin- 
got,  lorsque  la  seconde  guerre  civile 
éclata.  Pithou  s'empressa  de  sortir  de 
Troyes,  «  laissant  sa  maison  fort  bien 
munie  en  bled,  vin,  foin  et  boys.»  Le 
tout  devint  la  proie  des  bons  Catholi- 
ques, qui  pillèrent  ou  brûlèrent  Jusqu'à 
sa  bibliothèque,  et  ne  laissèrent  guère 
subsister  que  les  quatre  murs  de  sa 
demeure. 

Dix -huit  années  s'écoulèrent  avant 
que  Nicolas  Pithou  revit  sa  ville  na- 
tale. 11  nous  semble  bien  difficile  de 
concilier  cette  assertion  de  Pithou  lui- 
même  avec  ce  que  ditGrosley,  que  Ni- 
cole (c'est  ainsi  qu'il  l'appelle)  et  Jean 
Pithou  se  donnèrent  tout  entiers  à  leur 
profession,  et  qu'ils  y  acquirent  beau- 
coup de  réputation.  Grosley  n'a  sans 
doute  entendu  parler  que  de  l'espace 
de  temps  qui  s'écoula  entre  la  première 
et  la  seconde  guerre  civile.  En  1572, 
Pithou  n'avait  point  encore  quitté 
Brienne,  où  il  avait  trouvé  un  asile, 
lorsque  Antoine  de  Crussol  le  nomma 
bailli  de  Tonnerre  et  gouverneur  du 
comté.  11  venait  de  prendre  possession 
de  cette  charge  et  était  en  route  pour 
retourner  à  Brienne,  lorsqu'il  apprit 
les  massacres  de  Paris,  «ce  qui  luy  fit 
doubler  le  pas  et  s'advancer  pour,  si 
possible  estoit,  en  tirer  sa  femme  et 
mettre  tel  ordre  qu'il  pourroit  à  ses  af- 
fayres.  )>  Laissons-le  nous  raconter  lui- 
même  les  dangers  qu'il  eut  à  courir 
dans  sa  fuite.  «Estant  arrivé  à  la  roide 
nuict  près  de  sa  maison,  sa  femme  luy 
manda parson  serviteur  qui  restoitaiié 


PIT 


—  Î64  — 


PIT 


trouver  pour  Iny  faire  savoir  son  ar« 
rivée  au  lieu  où  H  estoit  pour  sonder  le 
gué,  qu'il  se  retirast  au  plus  tost,  (pie 
le  sieur  comte  de  Brienne^  Charles  de 
Luxembourg^  duquel  ledict  sieur  dé 
Chamgobert  avoit  cest  honneur  d'eslre 
aymé^  estoit  tout  à  l'heure  retnotistôetl 
sonchasteau,  d'où  il  estoit  dévalléavM 
des  Tallois  pour  dire  quon  advertist  au 
plus  tost  ledict  sieur  de  Chamgobert 
qu'il  se  retitast  incontinent  et  se  don** 
nast  bien  garde  de  tomber  entre  les 
mains  de  ses  serviteurs^  ce  que  Je  ne 
vouldrois,  disoil  ce  bon  phnce,  eslre 
advenu  poUx  dix  mil  escus.  Car^  par 
la  verquin  (tel  estoit  son  serment)^  il 
n'en  seroit  pas  maistre  et  ne  le  pour^ 
roitgarantlr^lantestmisérablDletetnpS 
qai  court.  Pour  tout  cela,  Icdici  sieur 
deChamgobert  ne  difléra  d'entrer  en  sa 
maison  où  il  séjourna  enviroh  troyd 
jours  pour  reposer  l'un  do  ses  chevaux 
de  la  longue  traicte  qu'il  avoit  Taicté. 
Sur  la  minuit,  il  s'en  part  avec  ses  deulc 
frères  et  lire  droict  à  Mohsiler  en  Der 
chezunsienbeau-frèrequiraimoittkni* 
quement.ll  arriva  audict  lieu  aupoinci 
du  joui*.  A  peine  estoit  il  arrivé  qu'on 
commence  à  sonner  le  toxin,  tant  aU'- 
dict  lieu  que  autres  circonvolsins  pour 
courir  sus  aux  capitaine^  Potâtnont, 
nommé  Pampelune,  et  Saligmc,  les*- 
quels  avec  quelques  troupes  qu'ils  a^- 
voient  levées,  par  le  commandement  du 
roy,  pour  aller  en  Flandre,  la  compagnie 
d'hommes  d'armes  du  sieur  de  Guyseet 
les  communes  du  pays  tenoient  investife 
et  arrestez  en  un  boys  proche  dudict 
MonsliereilDcr,  où  ayant  esté  prins  le 
capitaine  Poiemont  et  mené  es  prisons 
de  Chaalons  en  Champagne^  mourut  de 
mort  violônlc.  » 

Pendant  cette  alarme ,  Pilhou  avee 
ses  frères  gagna  la  roule  de  Bar-le-Duc, 
sous  la  conduite  de  quelques  guides^ 
que  son  beau-frère  leur  avait  donnés. 
Les  rugitlfs  s'égarèrent  au  milieu  des 
ténèbres,  t  ce  qui  advint  par  une  sin- 
gulière providence  de  Dieu;  car  s'ils 
eussent  prihs  le  chemin  de  Bar^'ie-Duc^ 
Comme  lis  avolent  délibéré,  Us  s'en  al- 
loieni  eubartttitsr  en  m^  compagnie  û» 


gens  de  pied  catholiques  ifUi  estoie&l 
loges  en  un  village  Au  travers  duqtliA 
il  falloit  passer,  lesquels  avolent  lottt 
fraischement  assassiné  et  volé  quel» 
ques-uns  de  la  Religion  qui  tiroient  I 
Bar-le-DQc.D  Aprèsavoirprisqueittttél 

instants  de  repos  dans  un  village  noifr* 

mé  Danointres,  la  petite  troupe  se  re- 
mit en  route  à  minuit,  sans  sa  douiéf 
de  l'imminent  péril  qui  la  knenaçail.  t)i 
capitaine  Péré,  qui  guettait  les  tittgue* 
nots  au  passage,  avait  eu  veni  du  d^ 
part  du  sieur  de  Chamgobert^  et  il  ê« 
tait  prêt  à  se  mettre  à  sa  poursuite 
lorsque  Bèsme,  l'assassin  de  Gollgnyï 
le  inanda  auphès  de  lui  pour  une  ta* 
ireprise  de  grande  iUiporlancé.n  Cette 
entreprinse,  comme  oh  sceut  depuis, 
estoit  pour  aller  à  Victry-le^Prançoyi 
prendre  ceux  de  la  religion  qui  estolêlll 
restez  audict  lieu  et  piller  leurs  vivrali 
Péré,  avec  ses  troupes,  quittant  saprè» 
mière  entreprinse^  s'en  va  tout  de  el 
pas  trouver  Besme  où  il  estoil.  Aprfel 
avoir  raccompté  àBesme  eeste  pretniM 
entreprinse  et  le  prouflt  que  Péré  Vtu^ 
seuroiten  debvoir  tirer  et  qu'elle  eiloil 
encore  facille  à  exécuter,  Ils  s'acbeinl* 
nent  tous  de  compagnie  et  se  rendent 
en  toute  diligence  audict  lien  de  Dft« 
nointres.  Mays  Ils  trouvèrent  que  le§ 
oyseaux  s'en  estolent  voles  t  de  sôrM 
(Qu'ils  n'y  trouvèrent  plus  tftle  le  liil 
fit  après  avoir  entendu  de  l'hostessedA 
logis  que  ceux  qu'Us  certboietit  ël« 
toient  desja  fort  advanceS)  fort  bidll 
montez,  et  à  son  jugement  proche  de 
Ligny,  ils  rebroussèrent  chemin.  Oe^ 
pendant  la  plusparl  de  ceux  de  VIcttf 
de  la  religion  eurent  loisir  de  iiiettM 
quelque  ordre  à  leurs  affAyres  et  sa  se^ 
rer.  De  sorte  que,  quand  ils  arrivère&t 
à  Vlclry,  ils  ne  trouvèreut  pas  tout  eè 
qu'ils  pensoient  y  trouver.  Voilà  codt^ 
me  par  des  moyens  inespérez  ce  bon 
Dieu  gatentltde  la  patte  de  ces  tygres 
et  harpies  ceux  de  Vlctry  et  tous  les 
personnages  susdicts.  b 

S'il  faut  en  croire  Grosley^  les  dem 
frèresPilhou  rentrèrentenFranceaprêl 
la  publication  de  l'édlt  de  i  Slî.  flotti 

croyons  itue  e'est  tiue  ttmkt^  if  etis  iil^ 


PIT 


—  «85  — 


PIT 


V6A9  (rOQvé  aucune  (race  dé  eé  pré- 
imida  retour  dans  l'histoire  lUanttscHte 
do  sieur  de  Ctiamgobert.  Tout  nous 
JJOt-le  donc  à  supposer  qu'ils  ne  quit- 
tèrent plus  Genève  et  Lausanne,  oii  ils 
s'établirent  dans  la  iiuite,  si  Ce  n'est 
prat-ètre  pour  faire  de  loin  en  loin  un 
irtOyage  dans  leur  ville  natale^  lorsque 
les  circonstances  ic  permettaient.  C'est 
dtns  un  de  ces  voyages  que  Nicolas  Pi- 
lliou  mourut  à  Troyes^  au  mois  dô  juin 
1 1198)  sans  laisser  d'enfants  de  sa  fem<- 
nie  Perret  te  de  Vassan,  sœui"  de  Chris- 
tophe  de  Vaasan,  négociant  à  Troyes, 
6l|  tomme  Itii^  convertie  aux  doctrines 
évangéliqueSé  Son  frère  Jean,  qui  ne 
M  point  marié,  lui  survécut  quatre 
•db;  il  décéda  à  Lausanne,  le  18  févi 
1602. 

En  leur  qualité  d'aînés  de  la  famille, 
Nicolas  et  Jean  Pithou  avaient  liérité 
dM  trésors  littéraires  amassés  par  leur 
père;  mais  les  terribles  événements 
an  milieu  desquels  leur  vie  s'écoula 
presque  tout  entière,  ne  leur  permi- 
rent pas  de  mettre  en  œuvre  ces  riches 
maiériaux.  Le  seul  ouvrage  que  Nico- 
les  ait  publié  est  un  recueil  des  plus 
lleatijt  morceaux  de  saint  Bernard,  sous 
ce  titré  :  Thesdurus  à  montimentis  D, 
Semardi  Clarcev,  abbatis  primi,  non 
pttfUfictorièy  sed  summd  curâ.  dili- 
gefitiâ  et  fide  erutus,  Lugd.,  Le  Preux, 
1669^  ln-80.  H  le  dédia  à  son  frère 
letn  et  à  son  neveu  Pierre  Nevelet, 
Dntudins  lui  attribue  aussi  Vlnstitu- 
tion  du  mariatie  chrestien,  Lyon,  1565, 
fii-80;  mais  c'est  l'œuvre  commune  des 
deux  frères.  On  doit  particulièrement  à 
Jean  un  Traité  de  la  police  et  du  gou- 
vernement des  républiques,  qui,  selon 
(}H>8ley,  a  été  imprimé  à  Lyon. 

Nous  avons  tiré  la  plupaft  des  faits 
qoi  précèdent  d'un  vol.  msc.  qui  a  pas- 
sé de  la  bibliothèque  de  Joly  de  Fleury 
k  la  Bibiioth.  nationale,  et  qui  fait 
partie  de  la  Collection  Dupuy,  sous  le 
!!•  698.  En  voici  le  titre  :  Histoire  ec- 
eiésiastique  de  l'église  réformée  de  la 
ville  de  Troyes  dès  la  restauration  du 
pur  service  de  Dieu  et  de  i*ancien  mi- 
nistère  en  ladicte  église,  contenant 


*tt.  renaissance  et  son  accroissement, 
Us  troubles,  persécutions  et  autres 
choses  remarcables  advenues  en  ladicte 
église  jusques  en  Van  1594.  Cet  ou- 
vrage de  Nicolas  Pithou  est  un  des  plus 
curieux  documents  qui  nous  restent  con- 
cernant les  origines  des  églises  protes- 
tantes de  France;  l'auteur  entre  dans 
des  détails  pleins  d'intérêt  sur  le  sort 
lamentable  des  fidèles  de  Troyes,  qui, 
pendant  une  période  de  plus  de  trente 
ans,  se  virent  exposés  aux  insultes, 
aux  avanies,  aux  pillages,  aux  massa- 
cres, de  la  part  d'une  populace  fanati- 
sée par  ses  prêtres  et  encouragée  au 
meurtre  par  ses  magistrats  eux-mêmes. 
La  Société  de  l'histoire  du  protestan- 
tisme fl*ançais  a  l'intention  de  publier 
cette  émouvante  histoire;  nous  ne  sau- 
rions la  trop  encourager  dans  ce  projet. 

II.  La  vie  de  Pierre  Pithou,  le  Var- 
fon  de  la  France,  comme  on  l'a  sur- 
nommé à  Juste  titre,  est  t)eaucoup 
mieux  Connue  que  celle  de  ses  frères 
aines  ;  mais  elle  ne  rentre  pas  d'une 
manière  aussi  directe  dansnotre  cadre, 
riliustre  jurisconsulte  ayant  abjuré  dès 
rftge  de  ^4  ans.  Pierre  Pithou  naquit 
à  Troyes,  le  l«'nov.  1539.  Une  santé 
extrêmement  délicate  fit  longtemps 
crattldrepour  ses  Jours.  Son  père  vou- 
Itit  se  charger  lui-même  de  sa  première 
éducation.  L'enfant  possédait  déjà  les 
éléments  du  latin,  du  grec  et  même  de 
l'hébreu,  lorsqu'il  entra  au  collège  de 
Troyes,  qu'il  quitta  pour  venir  achever 
se^  études  à  Paris,  au  collège  de  Bon- 
court,  sous  le  célèbre  Adrien  Tumèbe 
et  t^ierre  Galand.  be  Paris  il  passa  à 
l'université  de  Bourges,  les  conseils  de 
son  père  et  sa  propre  inclination  l'ayant 
déterminé  pour  la  carrière  du  barreau. 
Il  eut  le  bonheur  d'y  profiter  des  leçons 
du  grand  Jurisconsulte  Cujas,  dont  il 
suivit  les  cours  pendant  cinq  ans,  tant 
à  Bourges  qu'à  Valence,  et  à  qui  il 
Inspira  une  amitié  fondée  sur  l'estime 
et  l'admiration. 

Ses  études  terminées,  Pithou  se  pré- 
senta, en  1560,  au  barreau  de  Paris. 
Gomme  il  avait  une  grande  timidité 
naturelle}  quatre  années  s'écoulèrent 


PIT 


—  256  — 


PU 


avant  qn'ii  se  décidât  à  plaider.  Enfla 
ses  amis  obtinrent  qu'il  se  chargerait 
d'une  cause;  il  la  gagna;  mais  il  s'en 
tint  à  ce  coup  d'essai^  et  renonçant  à 
une  profession  qui  demande  plus  de 
présence  d'esprit  et  de  hardiesse  qu'il 
n'en  possédait^  il  se  donna  tout  entier 
au  travail  du  cabinet. 

Il  ne  parait  pas  que  Pithou  ait  aban- 
donné Paris  pendant  la  première  guer- 
re civile;  mais  lorsque  les  seconds 
troubles  éclatèrent^  il  fut  forcé  de  fuir^ 
pour  se  dérober  à  l'orage  qui  menaçait 
les  Huguenots.  On  prétend  qu'il  cher- 
cha un  refuge  dans  sa  ville  natale; 
c'eût  été  se  jeter  de  Charybde  en  Scyl- 
la.  Nous  pensons  plutôt  qu'il  se  réfu- 
gia à  Sedan.  Ce  qui  nous  porte  à  le 
croire,  c'est  la  date  de  la  publication 
de  l'Ordonnance  du  duc  de  Bouillon 
{Voy,  VI,  p.  235)  ;  on  affirme,  en  effet, 
que  c'est  Pithou  qui,  sur  l'ordre  du 
prince,  rédigea  les  coutumes  de  la  prin- 
cipauté de  Sedan  imp.  à  la  suite  de 
cette  ordonnance.  11  se  rendit  ensuite 
à  Bâle,  où  il  s'occupa  de  travaux  lit- 
téraires jusqu'en  1570,  que  l'édit  de 
Saint-Germain  le  ramena  dans  sa  pa- 
trie. Il  était  à  Paris  lors  des  massacres 
de  la  Saint-Barthélémy.  Tous  les  reli- 
gionnaires  qui   habitaient  la  même 
maison  que  lui  furent  impitoyablement 
égorgés.  Seul  il  eut  le  bonheur  de  se 
sauver  en  chemisepar-dessusles  toits. 
Nicolas  Le  Fèvre,  son  ami,  le  recueillit 
et  le  garda  chez  lui  quelques  jours,  au 
bout  desquels  Pithou  se  retira  chez 
Antoine  Loisel,  où  il  se  tint  caché  pen- 
dant plusieurs  mois.  L'année  suivante, 
il  abjura  la  religion  réformée  entre  les 
mains  de  Simon  Vigor,  alors  curé  de 
Saint-Paul.  On  prétend  qu'il  se  fltcatho- 
lique  de  bonne.foi ,  nous  n'avons  aucune 
preuve  du  contraire  ;  mais  sa  réponse  an 
bref  de  Grégoire  Xlll  touchant  le  con- 
cile de  Trente,  la  part  qu'il  prit  à  la  fa- 
meuse Satire  Ménippée  (1)  et  surtout 

(1)  La  première  idée  de  celle  salire  ingénienBê 
appartient  à  Le  Roy,  aumônier  du  jeune  cardinal 
de  Bourbon,  qui,  dans  le  Gatholicon  d'Espagne 
(Tonnant  la  lr«  partie  de  cette  satire  et  publié 
d'abord  séparément,  en  1593),  avait  tourné  en 
ridicule  lea  pernicieux  desseins  de  U  Sainle-Li- 


son  célèbre  Traité  des  libertés  de  l'é- 
glise gallicane,  prouvent  avec  la  de^ 
nière  évidence  que  s'il  fut  catholique, 
il  ne  fut  du  moins  jamais  romain.  Voici 
la  liste  des  ouvrages  qu'il  composa 
avant  sa  conversion: 

I.  Catonis  Distica,  Trecis,  1564, 
in-i2;  1 576.  —  Dédié  aux  enfants  de 
Loisel,  son  ami. 

II.  Adversariorum  subsecivorum, 
lib.  II,  Paris.,  1565,  in-12;  1575,iD• 
8o;  réimp.  dans  le  Thésaurus  critic.  de 
Gniter  (T.  Il)  et  dans  le  recueil  de 
Labbe. 

îll.  Othonis  FrinnyensisChronicom 
ah  orbe  condito  ad  ann,  Ckristi  1 1 46, 
et  de  gestis  Friderici  Barbarossœ,  Ba- 
sil., 1569,  in-fol.;  nouv.  édit.  plus 
complète,  1586. 

IV.  Pauli  Diaconi  Historia  mit- 
celkiy  Basil.,  1569,  in-S».  —  Pithou 
y  a  joint  une  préface  où  il  montre  com- 
bien le  culte  des  images  est  récent, 
tant  en  France  qu'en  Allemagne. 

V.  Imp,  Theodosti,  Valentiniam, 
Majoriani  et  Anthemii  nox^ellœ  consU" 


gue.  L'idée  était  heureuse  ;  Pithou  s'en 
Il  s'associa  deux  catholiques  éclairés,  GUloC  et 
Rapin  ,  le  huguenot  Florent  Ckreslien  el  PiMe 
rat, politiqneaux  tendances  libérales  (que  M.  Vimti 
Biartin  a  cru  pouvoir  compter  parmi  les  éertTaiM 
protestants  de  son  siècle),  et  ils  ponrsaiTirem m 
commun  l'œuvre  commencée.  Cette  seconde  par- 
tie, qui  est  la  principale,  comprend  T Abrège  4e 
la  farce  des  EsUts  de  la  Ligne,  quelques  pièeee  4e 
Ters  et  le  Discours  de  l'imprimeur  sur  l'explie»* 
tion  du  mot  de  Higuiero  d'Inûerno.  Elle  parut  ei 
1594,  sous  la  date  de  1593.  «  Tout  ce  quiprêlait 
au  ridicule  dans  la  Ligue,  dit  M.  Henri  Biartin,  lee 
superstitions  puériles,  les  exagérations  bnitaJeeet 
folles,  tout  est  saisi,  buriné  avec  une  sagaeilé 
impitoyable,  rude  revanche  de  l'esprit  de  R^li*- 
lais  contre  l'esprit  de  Loyola.  •  Quant  à  la  peit 
qui  revient  à  chacun  des  cinq  collaborateurs,  m 
attribue  i  Passerai  les  vers  semés  dans  ronvrafe, 
àGillot  la  harangue  du  légat,  àChrestien  celle  4i 
cardinal  de  Pellevé,  à  Nicolas  Rapin  celles  4e 
Pierre  d'Espinac,  archevêque  de  Lyon,  et  do  rec- 
teur Rose,  enfin  à  Pithou  le  discours  de  Bai- 
bray.  Selon  Bayle,  Paul  Perrol  aurait  eu  peit 
au  Gatholicon  d'Espagne.  Mais  c'est  sans  4eiile 
une  erreur  à  laquelle  a  pu  donner  lieu  le  Diêcomn 
contenant  le$  moyens  de  délivrer  la  France  éê 
la  tyrannie  d'Eipagne,  1594,  in-4o,  qui  loi  est 
allribué.  La  sanglante  satire,  dont  plusieurs  ee- 
pies  manuscrites  se  répandirent  promplement,  ne 
fut  imprimée  qu'après  la  reddition  de  Paris.  EUt 
obtint  un  succès  immense. 


PIT 


—  257  — 


PIT 


iutiones  XUI,  Paris.,  i 57i,  in-4».— 
Dédié  à  Cujas. 

VI.  Le  premier  livre  des  Mémoires 
des  comtes  héréditaires  de  Champa- 
gne et  de  Brie,  Paris,  1572,  in-4»,  et 
dans  plasieurs  recueils. 

VII.  Mosaïcarum  et  Romanarum 
legum  collatio,  Paris.,  1573,  in-12; 
Basil.,  1574,  in-4«;  Heidelb.,  1656, 
in-8o;Lond,  1660;  réimp.  dans  les 
Critiques  sacrés  d'Angieterre,  ainsi 
que  l'opuscule  De  latinis  Bihl.  inter- 
pretibus  (Amst. ,  1 698),  dans  le  recueil 
de  Labbe,  etc. 

III.  Né  à  Troyes,  le  7  sept.  1543, 
François  Pitbou  profita,  comme  son 
frère  Pierre,  des  leçons  de  Cujas.  Pré- 
férant l'exil  à  Tapostasie,  il  sortit  de 
France,  vraisemblablement  à  Tépoque 
de  la  Saint-Barthélémy  (1),  et  se  fixa 
àHeidelberg,  oùil  passa  quelque  temps. 
Ji  visita  ensuite  Augsbourg,  Venise  et 
une  partie  de  l'Italie,  non  pas  dans  un 
but  de  simple  curiosité,  mais  dans  l'in- 
térêt de  la  science,  et  après  avoir  re- 
cueilli de  riches  matériaux,  tant  dans 
les  bibliothèques  publiques  que  dans 
les  archives  des  monastères,  il  alla 
8'établir  à  Bàle,  où  il  s'occupa  à  la 
fois  de  diverses  publications  et  de  l'é- 
tude de  la  langue  hébraïque,  dans  la- 
quelle il  fit  de  remarquables  progrès .  On 
sait  qu'il  habitait  encore  Bàle  en  1 576, 
année  où  il  publia  Imperatoris  Jus- 
tiniani  novellœ  constitutiones  per  Jti- 
Uanum  Antecessorem  de  grœco  trans- 
latcBy  Basil.,  1576,  in-fol.,  et  jEthici 
Cosmographia,  Antonii  Augusti  Itine- 
rarium,  Basil.,  1576,  in-l6.  Plus 
tard,  il  rentra  en  France  et  suivit 
l'exemple  de  son  frère  en  se  conver- 
tissant (2). 

(1)  C'est  ce  dont  on  peot  à  peine  donter,  s'il 
est  Tantenr  de  ronvrage  pablié  à  Paris,  1573, 
in-4«,  sous  ce  titre  De  Uge  salicd  ;  et  l'on  peut 
supposer  aussi  avec  yraisemblance  qu'il  fut  un 
des  compagnons  de  Nicolas  Pitbou  dans  sa  fuite. 

(2)  On  ne  connaît  pas  la  date  précise  de  son 
apostasie.  Dans  sa  Vie  de  Pitbou,  Grosley  donne 
à  entendre  qu'il  était  déjà  converti,  lorsqu'il  fut 
admis  dans  le  barreau  de  Paris  en  iS80.  Mais, 
s'il  avait  été  catholique,  les  assemblées  politiques 
qui  négocièrent  l'édit  de  Nantes,  auraient-elles 
stipolè  en  sa  faveur  «qu'Userait  pourvu  de  ToIKm 


Détournons  nos  regards  des  tristes 
défaillances  de  deux  esprits  d'élite  pour 
les  porter  sur  un  spectacle  digne  des 
sympathies  de  tous  les  cœurs  géné- 
reux :  celui  de  l'énergie  morale  aux 
prises  avec  la  force  brutale  et  sortant 
victorieuse  de  la  lutte. 

A  l'époque  des  massacres  qui  en- 
sanglantèrent la  ville  de  Troyes,  en 
.  1562,  Claude  de  Marisy  s'était  sauvé 
dans  les  pays  étrangers.  Sa  femme  Am- 
broise  Pithon,  étant  enceinte  et  n'ayant 
pu  le  suivre,  se  retira  à  la  campagne 
chez  un  de  ses  beaux-frères,  qui  l'ac- 
cueillit avec  bonté,  bien  qu'il  professât 
la  religion  romaine  Le  temps  de  sa 
délivrance  approchant,  elle  désira  ren- 
trer dans  la  ville  pour  y  chercher  les 
secours  nécessaires  à  son  état,  et  se  ren- 
dit chez  sa  mère,  «  qui  avoit  quelque 
sentimentdelareligion.  »  Pendant  plu- 
sieurs jours,  elle  y  vécut  sans  être  in- 
quiétée; mais  ensuite,  cédant  aux  con- 
seils alarmants  d'un  de  ses  voisins,  Bo- 
naventure  de  Chantaloé  signifia  à  sa 
fille  qu'elle  eût  à  la  suivre  à  la  messe 
ou  à  s'éloigner.  La  jeune  femme  prit 
ce  dernier  parti.  Elle  se  retira  chez  une 
veuve  catholique,  qui  lui  était  affec- 
tionnée; malheureusement  elle  y  fut 
bientôt  découverte  et  dut  chercher  un 
autre  asile.  Ne  sachant  à  qui  s'adres- 
ser, elle  se  décida  à  rentrer  dans  la 
maison  de  son  mari.  S'y  étant  intro- 
duite secrètement,  elle  s'y  établit  du 
mieux  qu'il  lui  fut  possible  avec  ses 
deux  petites  filles  et  une  jeune  servante. 
Au  bout  de  huit  jours,  elle  fut  prise 
par  les  douleurs  de  l'enfantement.  Sa 
mère,prévenue  en  toute  hâte,  accourut, 
accompagnée  d'une  sage-femme,  qui 
s'empressa  de  révéler  le  secret  à  quel- 
ques soldats  de  la  foi  catholique.  Le 
nouveau-né  fut  brutalement  enlevé  à 
sa  mère,  et  porté  à  un  prêtre  qui  le 
baptisa.  Bedoutant  quelque  nouveau 
malheur,  M»«  de  Marisy  feignitde quit- 
ter sa  maison;  mais,  la  nuit  venue,  elle 

de  substitut  du  procureur  général  en  la  cour  du 
parlement  de  Paris?(  Voy.  Pièces  justlf.,  N«LXnï.) 
On  doit  conclure  de  là,  pour  le  moins,  que  les 
Huguenots  ne  le  regardaient  pas  comme  un  ad- 
Tenaire. 


PIT 


—  268  — 


PIT 


y  rentra  ii  la  dérobée^  avec  ses  filles 
et  son  fils  qu'elle  allaitait.  Cependant 
il  ne  lui  suffisait  pas  d'avoir  un  lieu 
pour  reposer  sa  tète;  il  fallait  vivre, 
et  elle  était  dénuée  de  toute  ressource^ 
sa  mère  elle-même  lui  ayant  fait  ré-^ 
pondre  qu'elle  n'avait  aucun  secours  à 
attendre  d'elle,  tant  qu'elle  n'irait  pas 
à  la  messe.  Elle  résolut  de  gagner  par 
son  travail  son  pain  et  celui  de  ses  en- 
fants. Quoiqu'elle  ne  sortit  Jamais,  on 
flhit  par  découvrir  son  asile,  et  ie 
ihairô  lui  ordonna  de  vider  la  Ville  ou 
d'embrasser  la  religion  romaihe.  Vaiti- 
ciie  à  la  fin  par  les  prières  de  sa  mère 
et  de  ses  parents  catholiques  qui  lui 
faisaient  entrevoir  le  sort  le  plus  af- 
freux, elle  promit  d'assister  le  lendé- 
ment  au  pr6ne;  mais  elle  se  repentit 
bientôt  de  sa  faiblesse,  en  sorte  que, 
à  l'entrée  de  la  nuit,  malgré  les  gardôâ 
qui  veillaient  sur  la  maison,  elle  réus- 
sit à  en  sortir,  emportant  son  enfant 
dand  ses  bras,  et  alla  se  cacher  chel 
une  pauvre  femme  catholique,  qui  avait 
favorisé  son  évasion,  et  qui,  son  lait 
s'étant  tari  à  la  suite  de  tant  d'émo- 
tions et  de  misères,  allaita  son  flls  avee 
lô  sien.  Peu  de  temps  après,  tine  de- 
moiselle, qui  professait  également  la 
religion  romaine,  lui  procura  leâ 
moyens  de  sortir  de  la  ville,  sans  être 
reconnue.  A  la  Saint -Barthélémy, 
Mtti«  de  Marisy  se  décida  à  fbir  à  l'é- 
tranger. Elle  se  rendit  à  Llgny  en  Bar- 
rois  avec  ses  deux  filles,  dans  l'inten- 
tion de  passer  en  Allemagne  ;  mais  l'au- 
mônier de  la  dame  suzeraine  du  iietl 
l'en  fit  expulser.  Elle  partit  dans  une 
charrette  avec  la  plus  Jeune  de  ses 
filles,  laissant  l'autre  à  la  garde  d'un 
de  ses  amis.  A  peine  eut-elle  fait  un 
quart  dé  ileue,  qu'elle  fut  arrêtée  et 
entraînée  dans  un  bois  par  cinq  ou  sit 
soldats,  qui  lui  signifièrent  que  par  la 
mort  !  11  fallait  qu'elle  mourût.  «  Elle 
leur  répondit  qu'il  leur  tournerolt  à 
peu  d'honneur  de  tuer  une  femme.  Et 
que  feriez-votis,  dit-elle,  de  ma  peau? 
^ar  la  mort  !  nous  la  ferons  tanner, 
respundirent-ils.  Vrayement,  répliqua 
ceste  damoiselle,  elle  est  assez  tannée 


d'ennuys  et  de  fascberies...  P&t  la 
mort!  respond  Herbelay,  si  fault-ll 
que  vous  mouriez,  car  il  nous  est  ainsi 
commandé,  ou  bien  que  nous  autres 
mourions  tous.  Il  vault  donc  myeux, 
respond  la  damoiselle,  qu'une  femme 
meure  que  deux  hommes  ;  mays  Je  vous 
prie  de  me  dire  pourquoy  vous  me  vou- 
lez fayre  mourir?  Et  qui  sont  mes  par- 
ties? A  qui  ai-Je  oncques  mefl^lct  pouf 
estre  traitée  d'une  telle  façon?»  Les 
soldats  lui  avouèrent  qu'ils  agissaient 
par  ordre  de  Guillemette  de  La  Marche, 
dame  de  Brienne,  qui  avait  eu  «quel- 
que sentiment  de  la  religion  9  avant 
son  mariage,  mais  qtli  était  devenue 
depuis  une  catholique  très-bigote.  Or 
M<°«  de  Marisy  avait  eu  l'Imprudence 
de  fkire  en  sa  présence  «  comme  une 
anathomie  de  la  messe,  ))  et  la  grande 
dtime  voulait  la  punir  de  ses  blasphè- 
mes. c(  Ainsy  doncques  ceste  damoi- 
selle, ayantouy  tenir  ce  langage  à  Her- 
belay, eslevant  les  yeui^  et  les  mainS 
Joinctesversle  ciel,  s'escria  d'une  voix 
fort  haulte  et  dist  :  Si  cela  est  la  cause 
de  ma  mort,  Je  me  sens  bien  heureuse  ! 
Et  loué  soyt  ce  bon  Dieu  qui  me  faict 
cet  honneur,  qu'aujourd'huy  Je  signe 
de  mon  sang  sa  saincte  vérité.  Laissez-^ 
moy  donc  prier  mon  Dieu,  et  puis, 
disposez  de  ma  vie  comme  vous  vouU 
drez,  messieurs.  Si  vous  aviez  un  en- 
nemi qui  vous  eust  faict  autant  de  mal 
quelamessem'enafaict(car,àcequeje 
puis  comprendre  par  vos  propos,  c'est 
pour  avoir  dict  qu'elle  ne  valioit  rien 
et  que  Je  n'y  irois  de  ma  vie,  que  vous 
me  voulez  fayre  mourir),  Je  m'asseure 
que  vous  nel'aymeriezjamays.  Croyei 
(]tië  Je  la  hais  encores  davantage  et  l'ay 
en  trop  plus  grande  horreur  que  Je 
n'avois- lorsque  j  ay  parlé  à  ma  dame.» 
-^  a  Et  que  vous  a  faict  la  messe?  lui 
demandèrent-ils.  Du  mal,  tant  et  tant, 
respond-elle,  et  trop  plus  que  Je  ne 
sçaurois  raccompter.  Elle  me  prive 
de  la  compagnie  de  mon  mari,  de  la 
présence  de  ma  fille,  qne<je  suis  con- 
trainte d'habandonner,  et  tout  ce  qui 
est  mien.  Quand  elle  me  rend  entre 
vos  mains  peur  me  tner,  encores  qu'il 


PIT 


-  S89  - 


PIT 


n'y  enst  que  cela^  comment  me  seroit- 
II  (losslble  de  Taymer?  d 

Tant  de  présence  d'esprit  et  décou- 
rage en  face  de  la  mort  émurent  le  ca- 
pitaine Dfiguet^  QUi  s'écria  :  «Mort! 
<|Ueile  constance  est*ce  là  !  Cela  vient- 
il  d'une  femme?  Mort!  voy^t  si  elle 
en  Jette  une  seule  larme  !»  —  «  Non  ! 
non!  messieurs,  respondit-elle^  cela 
voyrement  ne  vient  pas  d'une  femmé^ 
mays  de  la  pare  grâce  de  mon  t)teu^ 
4ui  me  fàict  àitisy  parler.  »  ^  «  Par 
la  mort!  dist  Driguet,  si  Je  debvôlsestre 
pendu  Je  ne  souilleray  polntmôs  mains 
du  sang  de  ceste  damoisclle.»  —  «Je 
loue  donc  et  remercie  ce  grand  Dieu^ 
dict  alors  ccste  damoiselle^  qui  se  sert 
âujourd'huy  dé  Vous  pour  me  garentir 
dé  la  mort  prochaine.  Messieurs^  il 
me  déplalst  que  Je  n'ay  le  moyen  de 
recongnoistre  promptemeut  la  gr&ce 
()tte  Je  reçoy  de  vous.  Mays  voilà^dict- 
elle^  monstrant  environ  60  écus^  tout 
6è  que  J'ay  pour  l'heure,  oue  Je  vous 
offre  de  bon  cœur.  Prenei-lc,  s'il  voUs 
platst,  et  me  laissez  seulement  pour 
rayre  mon  voyage.  Driguet  les  refusa, 
et  tirant  de  sa  boUrse  100  écus,  les 
présenta  à  la  damoiseUè,  la  pressant 
de  les  prendre,  a  Cependant  le  comte 
de  Brienne,  averti  de  ce  que  sa  mère 
et  l'aumônier  avaient  tramé  contre 
H"»*  de  Marisy,  dépécha  en  toute  hâte 
après  elle  un  de  ses  serviteurs,  avec 
ordre  de  la  garantir  du  danger  et  de 
lUi  remettre  sa  fllle  atnée.  L'émissaire 
du  comte  trouva  la  pauvre  femme  qui 
remontait  dans  sa  charrette.  Driguet 
lui  donna  même  deux  soldats  pour  l'es* 
corter  jusqu'à  Saint-Aubin. 

PITHOYS  (Claude)  ,né,  versl  58 1, 
dans  IaprincipaulédeSedan,entra  dans 
l'ordre  des  Minimes.  H  s'était  déjà  ac- 
quis une  grande  rénommée  comme 
prédicateur,  lorsqu'il  quitta  le  froc  et 
se  retira  à  Sedan,  en  1632.  Après  a- 
volr  solennellement  abjuré  la  religion 
romaine,  il  se  fit  recevoir  avocat  et  ne 
réussit  pas  moins  bien  au  barreau  que 
dans  la  chaire.  Dès  1633,  on  lô  nom- 
ma professeur  de  philosophie.En  i  637, 
te  dUc  de  Bouillon  lui  confia  Ui  garde 


de  la  bibliothèque  publique,  place  dànâ 
laquelle  il  fut  remplacé  par  Baylè,  en 
i  615,  son  grand  âge  ne  lui  permettant 
plus  de  la  remplir.  En  1676,  il  obtint, 
comme  récompense  de  ses  services, 
une  pension  de  i,ooo  livres,  mais  II 
n'en  jouit  pas  longtemps,  étant  mort 
la  même  année.  On  a  de  lui  : 

î .  La  déctmverte  des  faux  possédés, 
ifès-^tile  pour  rtconnottreet  discerner 
les  simulations  etfeintises  et  illusions 
if  avec  les  i)raiês  et  réelles  possessions 
diaboliques  ;  at)ec  une  briève  instruc- 
tion gu  t7  ne  faut  croire  aux  diables 
possédons  ;  ensemble  la  conférence  te- 
nue entte  M.  l*évéque  de  Toul  et  le 
P.  Piihoys,  minime,  touchant  la  pré- 
tendue possédée  de  Nancy,  Chaalons, 
I6ii,  in-8». 

II.  L'horoscope  de  bonne  a\)enture 
dei  prédestinés, 

III.  V amorce  des  âmes  déwtes  et 
teUgieuses,  Paris,  1627.  in-t2. 

IV.  Traité  curieux  ae  V astrologie 
judiciaire,  Sedan,  J.  Jannon,  l64i, 
in-8«,*Montbelliard,J.Foylet,l  646,8». 

V.  Cosmographie  ou  doctrine  de  la 
sphère,  avec  un  traité  de  la  géogror 
phie,  Paris  [Sedan],  1641,  In-s*». 

Vt.  L'Apocalypse  de  Méliton  ou  ré- 
vélations des  mystères  cénobitiaues, 
Saiht'Léger  [Sedan],  1662,  in-b  et 
In-I6;'l665,  ln-12;  1668,  in-i2; 
réimp.  avec  le  Moine  sécularisé,  Ville^ 
franche,  1668,  in-i 2. -^Voltaire  s'est 
trompé  en  attribuant  cet  ouvrage  à  J.- 
P.  Camus,  évéque  de  fielley. 

VU.  Mémoire,  supprimé  comme  In- 
jurieux par  les  modérateurs  de  l'aca- 
démie de  Sedan. 

L'abbé  Bouiiliot,  à  qui  nous  emprun- 
tons cet  article,  ne  nous  apprend  pas 
si  Claude  Pithoys  laissa  des  enfants; 
tout  porte  à  croire  cependant  que  Jo- 
seph Pithoys,  de  Sedan,  qUl  soutint, 
en  1652  et  en  1654,  sous  la  pré- 
sidence de  Le  Blanc  ^  deux  thèses, 
VtmeDeauctoritate  Scrtph<rrt,ràUtre 
Deimmensitate  et  omniprœsentiâ  Déi, 
ins.  dans  les  Thèses  sedan..  était  son 
fils.  AprèsavoirprofesséquelqUe  temps 

la  théologie  à  s«dan^  Jdseph  Pithots 


PLA 


—  260  — 


PLA 


se  retira  en  Hollande  etfut  placécomme 
ministre  à  Leeuwarden  ;  mais  il  fut  dé- 
posé et  1 669^  nous  ne  savons  pour 
qael  motif. 

PLAIX  (CÉSAR  de)^  appelé  aussi 
Dupleix^  sieur  de  Lormoy  et  de  Ghilly, 
naquit  à  Orléans  dans  la  seconde  moi- 
tié du  xvie  siècle.  Après  avoir  terminé 
ses  études  dans  sa  ville  natale,  il  vint 
se  flxer  à  Paris ,  où  il  se  fit  recevoir 
avocat  au  parlement.  On  s'accorde  as- 
sez généralement  aujourd'hui  à  le  re- 
garder comme  l'auteur  de  UAnti-Cot- 
ion  ou  Réfutation  de  la  Lettre  décla- 
ratoire  du  P,  Cotton,  où  il  est  prouvé 
que  les  Jésuites  sont  coupelles  et  aU' 
teurs  du  parricide  exécrable  commis 
en  la  personne  du  roi  très -chrétien 
Henri  IV  d'heureuse  mémoire  y  sans 
nom  de  lieu  ni  d'imprimeur^  1610; 
réimp.  plusieurs  fois^  entre  autres  à 
La  Haye^  1738,  in-8«.  Ce  pamphlet,  le 
meilleur  qui  ait  paru  depuis  la  Satire 
Ménippée,  et  en  même  temps^  la  satire 
la  plus  amère  qui  ait  été  publiée  contre 
les  Jésuites,  a  été  attribué  longtemps 
par  les  uns  à  Pierre  Du  Moulin  ou  à 
TilenuSy  par  d'autres  à  Augustin  Ca- 
saubon;  mais  les  plus  savants  biblio- 
graphes n'hésitent  plus  aujourd'hui  à 
reconnaître  dans  la  signature  P.  D.  C. 
les  lettres  initiales  renversées  du  nom 
de  César  De  Plaix.  Les  Jésuites  ne  man- 
quèrent pas  de  répondre  à  ce  livre ^ 
curieux  mélange  de  raisonnements  et 
de  sarcasmes,  et  leur  réplique  donna 
lieu  à  une  guerre  de  plume  très-vive  à 
laquelle  de  Plaix,  qui  ne  mourut  pour- 
tant qu'en  1641,  semble  être  resté  é- 
tranger.  Le  seul  ouvrage  en  effet  qu'on 
lui  attribue^  outre  l'Anti  Cotton  est  un 
plaidoyer  en  faveur  d'un  prêtre  (sans 
doute  converti  au  protestantisme),  qui 
avait  pris  femme. 

César  de  Plaix  avait  été  marié  deux 
fois,  il  eut  de  sa  première  femme,  Mar- 
guerite Verdin,  cinq  enfants,  savoir  : 
10  Catherine,  née  en  1 609  et  présen- 
tée au  baptême,  le  25  février,  par  P/erre 
de  La  Primaudaye  et  Yolande  Petau, 
veuve  Verdin;  elle  épousa,  en  1629, 
Charles  de  La  TaiUe  ;  —  2^  Margue- 


rite, née  en  1610,  présentée  au  bap- 
tême, le  1 0  octobre,  par  Jean  Verdin, 
secrétaire  du  roi,  et  Geneviève  Verdin, 
et  femme,  en  1 64 1 ,  de  Jean  de  La  Tail- 
le; — 3«  Auguste,  baptisé,  le  1 6  sept. 
1 6 1 1 ,  ayant  pour  parrain  A  ugus  te  Gai- 
land,  avocat  au  parlement  ; — 4»  Henri, 
né  le  16  fév.  1614,  qui  eut  pour  par- 
rain l'avocat  Stuart  et  pour  marraine 
Marie  Peiau,  veuve  du  sieur  de  Mon- 
voisin;  —  4°  Olympe,  baptisée  le  31 
janv.  1619,  présentée  par  isaac  Le 
Maistrcy  conseiller  en  la  Chambre  des 
comptes,  et  Olympe  de  Lorme.  Resté 
veuf,  de  Plaix  se  remaria,  en  1627, 
avec  Marie  Falaiseau,  veuve  de  l'avo- 
cat/acquêt  de  Verdavayne, qui  lui  don- 
na encore  une  fille,  Marie,  baptisée  le 
1 4  déc.  1628,  et  un  fils,  César,  né  en 
1 630  et  mort  à  l'âge  de  1 2  ans  [Reg, 
de  Charenton). 

Nous  ne  savons  à  quel  degré  César 
de  Plaix  était  parent  de  Charles  de 
PlaiXy  sieur  de  Boislandry,  contrôleur 
ordinaire  des  guerres,  né  en  1 603  et 
mort  en  1658,  qui  eut  de  sa  seconde 
femme  Yvonne  Chreslien,  quatre  en- 
fants :  1»  Charlotte,  enterrée  au  ci- 
metière des  SS.  Pères,  le  23  août  1 651; 

—  20  Charles,  né  le  12  oct.  1652; 

—  3°  EsAïE,  né  en  1654,  et  présenté 
au  baptême,le  2  7  septembre,  par  Pierre 
Boule  et  Sara  de  Im  Barre  ;  —  40  Ma- 
rie-Anne, baptisée  le  13  oct.  1658. 
£n  premières  noces,  Charles  de  Plaix 
avait  épousé,  en  1  ^2H,Mad€laine  Mar- 
bault;  mais  les  Registres  de  Charenton 
ne  nous  apprennent  pas  s'il  naquit  des 
enfants  de  ce  mariage. — En  1 700,  une 
Susanne  Dupleix  obtint,  comme  nou- 
velle catholique,  une  pension  de  500 
liv.  {Arch.  gén,  E.  3386). 

PLANTÀVIT  (Jean),  sieur  de  La 
Pause,  né,  en  1576,  au  château  de 
Marcassargues  dans  le  Gévaudan,  fut 
élevé  dans  la  religion  prolestante,  que 
sa  famille  professait  et  dont  son  père 
était  un  des  ministres.  Destiné  à  la  car- 
rière ecclésiastique,  il  commença  au 
collège  de  Nismes  ses  études,  qu'il  alla 
terminer  à  Genève.  Dans  une  lettre  à 
Bongars,  Casaubon  affirme  qu'il  ne 


PLA 


—  261  — 


PLE 


possédait  alors  qu'une  légère  instruc- 
tion jointe  à  une  grande  opinion  de 
Ini-méme.  A  son  retour  de  Genève^  il 
s'arrêta  à  Montpellier  pour  se  faire  ad- 
mettre au  ministère.  Quoique  son  or- 
thodoxie fût  suspecte^  on  lui  donna 
l'ordination  par  respect  pour  la  mé- 
moire de  son  père  et  à  cause  de  la  di- 
sette de  pasteurs.  Placé  à  Béziers,  où 
son  père  avait  exercé  son  ministère 
avec  édification^  le  jeune  ministre  ne 
tarda  pas  à  être  harcelé  par  les  Jésuites, 
qui  avaient  un  collège  dans  cette  ville. 
Il  se  défendit  mal^  se  laissa  battre,  et 
finit  par  passer  dans  le  camp  de  ses 
adversaires.  A  la  nouvelle  de  sa  dé- 
fection^ Gigord  et  les  autres  ministres 
deMontpellicr  coururent  à  Bézicrs  dans 
Tespoir  de  le  ramener  au  bercail  ;  mais 
les  Jésuites  ne  voulurent  point  permet- 
Ire  l'entrevue  qu'ils  sollicitaient.  Après 
avoir  publié  une  Déclaration  catholi- 
que, datée  du  1 1  avr.  1 604  et  Imp.  la 
même  année  à  Paris  in- 12,  La  Pause 
partit  pour  Rome,  où  il  s'appliqua  avec 
ardeur  aux  langues  orientales,  dans 
lesquelles  il  devint  fort  habile.  A  son 
retour  en  France,  il  fut  nommé  aumô- 
nier de  Marie  de  Médicis,  puis  il  suivit, 
en  la  mèmequalité,  Elisabeth  de  France 
en  Espagne,  et  le  crédit  de  cette  prin- 
cesse lui  fit  obtenir,  en  1625,  l'évèché 
de  Lodève.  Il  est  auteur  de  savants  ou- 
vrages, mais  aucun  n'a  été  publié  avant 
sa  conversion. 

La  famille  Plantavit  était  originaire 
des  environs  de  Béziers.  Vers  le  temps 
de  la  conversion  de  Jean,  c'est-à-dire 
en  1605,  David  Plantavit,  sieur  de  La 
Pause,  fils  de  Christophe  Plantavit  et 
û'Isabeau  d*A$sas,  épousa  Louise  Dot- 
toman,  dont  il  eut  François.  Cette 
branche  se  convertit  aussi,  mais  nous 
ne  savons  à  quelle  époque.  Dans  une 
liste  de  Réfugiés  du  Languedoc  (Arch, 
gén.  Tt.  522),  nous  lisons  le  nom  de 
René  Plantavit,  preuve  que  quelques 
membres  au  moins  de  la  famille  per- 
sistèrent dans  la  religion  réformée. 

PLANTIEPt  (Jacques),  d'AIais,  re- 
çu bourgeois  à  Genève  en  1 723,  est  au- 
teur de  Réflexions  sur  Vhistoire  des 


Juifs  pour  servir  de  preuves  à  la  reli- 
gion chrétienne,  Gen.,  1721,  2  vol. 
in-12;  des  Véritez  capitales  de  la  re- 
ligion établies  par  la  raison  et  par 
V Ecriture,  Gen,,  1734,  in-S»;  1748, 
ln-8*;  trad.  enallem.  avec  une  préface 
deTeller,  Leipz.,  1748,  in-8o^et  d'un 
Discours  sur  lacalomnie,  in- 1 2.  On  lui 
attribue  aussi  un  Catéchisme,  imp.  à 
Genève,  1773,  in-8». 

PLEURS  (Jean  de),  dit  û'Espoir, 
fondateùrderéglise  réformée  d'Angers, 
en  1555.  Les  doctrines  évangéliques, 
prèchées  dans  cette  ville,  sous  la  pro- 
tection de  l'évéque  Jean  Olivier,  y 
avaientété  reçues  avec  avidité,  et  il  s'y 
était  bientôt  formé  des  assemblées  re- 
ligieuses, dont  plusieurs  furent  décou- 
vertes. Le  supplice  de  François  Far- 
deau, Simon  Le  Royer,  Jean  de  La 
Vignole,  Denis  Saureau,  Guillaume 
de  Reu,  en  1547,  loin  d'effrayer  les  fi- 
dèles, redoubla  leur  zèle,  «  et  de  leur 
sang,  comme  d'une  saincte  semence, 
procédèrent  tost  après  plusieurs  cen- 
taines de  fidèles.  »  Cependant,  ce  fut 
en  1555  seulement,  qu'une  église  fut 
organisée  par  Jean  de  Pleurs,  deTroyes 
en  Champagne,  alors  ministre  à  Dar- 
dagny.  Les  apôtres  de  la  Réforme  ne 
séjournaient  jamais  longtemps  dans 
une  même  ville  ;  ils  auraient  bientôt  été 
découverts  et  mis  à  mort.  En  1556, 
de  Pleurs  était  déjà  de  retour  à  Ge- 
nève, où  il  fut  reçu  bourgeois  avec  son 
fils  Jean,  le  27  août.  Il  eut  pour  suc- 
cesseur à  Angers  le  neuchâtelois  Gas- 
pard ou  Jean  Carmel,  dit  Fleury,  qui 
fut  bientôt  remplacé  à  son  tour  par  Ni- 
colas Goré,  dit  Daniel. 

Au  mois  de  mars  1557,  de  Pleurs 
fut  envoyé  à  Rouen,  et  lamème  année, 
au  mois  d'octobre,  il  fut  donné  pour 
ministre  à  l'église  de  Bossey^  qu'il 
quitta,  en  1558,  pour  devenir  pasteur 
à  Genève.  11  mourut  en  1570. 

Il  ne  faut  pas  confondre  Jean  de 
Pleurs  avec  Pierre  Durdès  ou  ^'Urdez, 
ministre  d'Amiens  réfugié  en  Angle- 
terre à  la  Saint-Barthélémy,  qui  avait 
pris  aussi  le  surnom  d'Espoir.  Plus 
tard^  Durdès  devint  pasteur  de  l'église 


PIO 


—  262  — 


PLO 


d9  BolbçCj  qu'il  quitta  pour  ceU«i  4^ 
Pa^liçrs.  Les  Protestants  de  Bolbec 
s'adressèrent,  en  1596,  au  Synode  na- 
tional de  Saumur  pour  depiander  ou 
qu'il  reprit  ses  fonctions  ou  qu'il  rem^^ 
boursàt  les  sommes  qu'ils  lui  avaiei)( 
avancées  pendant  qu'il étaitréfugié  eu 
Angleterre  à  l'époque  des  ferres  delà 
Ligue.  Le  Synode  trouva  leurs  récla- 
mations bien  fondées  ;  cependant  celui 
de  Montpellier,  ayant  égard  h  sonàge>à 
sanombreusefaipilleet  k  a  sescommo* 
dites,  0  lui  permit  de  rester  à  Pamiersj, 
à  condition  que  la  prpvincedela  Haqte- 
Guienne  pourvoirait  l'église  de  Bolbec 
d'un  pasteur.  Sur  la  Qn  de  ses  jour^i 
Durdës  perdit  la  vue,  Nous  ne  CQU- 
naissons  pas  la  date  de  sa  mort. 

PLOUCQUET  (GoDBFROi),  profes- 
seur de  logique  et  de  métapbysiqqç  |i 
l'université  de  Tubingue^  membre  d^ 

l'Académie  des  sciences  de  Bçrlinei  (ad- 
ministrateur des  fondations  pieuses  de 
Tubingue,  né  à  Stuttgard^  le  25  août 
1716^  d'une  famille  sortie  de  France 
pour  cause  de  religion^  et  mort  le  1  ;| 
sept.  1790. 

Ploucquet  commença  ses  études  au 
gymnase  de  sa  ville  natale.  Elu  17^2, 
il  se  rendit  à  Tubingue  pour  y  suivre 
les  cours  de  tbéologie.  La  lecture  des 
écrits  de  Wolf^  l'illustre  philosophe 
qui  le  premier  réduisit  en  uq  système 
de  métaphysique  dogmatiqueles  gran- 
des idées  émises  par  Descartes,  Locke 
et  Lelbnitz^  le  séduisit^  tel  point  quOi 
sans  renoncer  absolument  à  la  théolo- 
gie, il  s'appliqua  avec  ardeur  à  la  phi- 
losophie et  aux  mathématiques.  Cette 
double  direction  de  ses  études  se  révèle 
dans  la  thèse  qu'il  soutint  en  1 740;  on 
y  remarque  déjà  son  désir  de  concilier 
les  principes  de  la  philosophie  wolflen- 
ne,  dont  il  fut  toute  sa  vie  l'ardent 
disciple,  avec  les  enseignements  da  la 
religion  chrétienne. 

A  mesure  qu'il  avança  en  âge  et 
qu'il  s'enfonça  dans  de  plus  profondes 
spéculations,  Ploucquet  s'attacha,  avec 
un  redoublement  de  zèle,  à  défendre 
les  Intérêts  de  la  religion  et  de  la  mo- 
ale^  san^  sacrifier  toutefois  audogmo 


içs  légitimes  postulats  H^  U  ntUon, 
Champion  du  spiritualisme .  U  com* 
battit  avec  autant  de  sagacité  que  d'é^ 
ruditlon  les  doctrines  matéri«^liste« 
prônées  parles  philosophes  du  xvim« 
siècle,  n  ne  crajgpit  même  pas  de  96 
mesurer  avec  Kanl,  eu  coqteslant  U 
vérité  de  ce  que  le  cél^brç  philosophe 
de  Konigsberg  avait  avancé,  que  la 
preuvecosmologiaueestlaseulcpreuve 
possible  de  rexi^teuce  de  Dieu.  Puis, 
remontant  le  cours  des  siècles,  en 
même  temps  qu'il  démontrait  les  vices 
des  doctrines  philosophiques  moder^' 
nés,  il  soumit  à  une  sévère  analyse  les 
systèmes  de  la  philosophie  aucieuuQi 
qu'il  essaya  de  recoustruire  daus  des 
essais  historiques  digues  eucore  au- 
jourd'hui d'attention. 

Après  avoir  critiqué  les  théories  do 
^es  devanciers  et  de  ses  coutemporaluf 
avec  une  science  et  une  perspicacité 
qui  lui  ont  mérité  le  rcuom  d'un  des 
plus  profonds  penseurs  de  sou  sièclei 
Ploucquet  voulut  ei^poser  sou  propre 
système,  ou  plutôt  le  système  qui  M 
semblait  concilier  le  mieux  la  révéU* 
tlon  et  la  raison^  la  religion  et  U  pbi- 
ipsophie;  car  lui-même  n'a  pas  fondé 
d'école.  U  s'est  attaché  surtout  ^  sim- 
plifier la  logique,  en  représeutaut  les 
divers  éléments  de  la  propositiou  par 
desformules  mathématiques.  l4QmlHrt^ 
on  le  sait,  avait  aussi  tenté  d'appliqoer 
la  géométrie  à  l'art  de  raisonner  (Foy, 
YI,  p.  ^46).  L'une  et  l'autre  méthode, 
pansêtre  d'une  grande  utilité  pratiquât 
présentent  néanmoins  des  avantagea. 
Celle  de  Ploucquet,  connue  sous  le  uom 
de  calcul  /o^tqu6,consi8te  ii  représenter 
par  des  lettres  capitales  les  propositions 
universelles,  par  de  petites  lettres  les 
propositions  particulières,  par  le  signe 
—  l'afllrmalion.parlalettreZ  la  néga- 
tion. Ce  système  n'a  pas  été  générale- 
ment approuvé  ;  il  oflre  l'inconvénient 
de  ne  pouvoir  reproduire  des  phrases 
un  peu  compliquées;  mais  il  aide  sans 
aucun  doute  à  juger  sainement. 

Nous  n'avons  parlé  jusqu'ici  que  des 
travaux  de  Ploucquet,  il  est  temps  de 
raconter  ce  que  l'on  sait  de  sa  vle^  qui 


PLO 


-263  - 


PLO 


pfTre  d  ailleurs  pen  d  incidents  remar- 
quables. Après  avoir  desservi^  comme 
vicaire^  différentes  cures,  selon  l'usage 
4\1  P(^ys>  II  entra  en  qualité  de  précep- 
teur dans  la  maison  du  baron  de  HlUer  ; 
puis  il  obtint  la  place  de  pasteur  à 
ROtenbcrg,  et  en  1746,  il  fut  nommé 
diacre  àFreudenstadt.  Une  dissertation 
^ur  les  monades,  qu'il  envoya  au  con- 
cours sur  les  Instances  de  son  ami 
Kies,  et  qui  lui  ouvrit,  en  1749,  les 
portes  de  r  Académie  de  Berlin,  fit  assez 
de  bruit  dans  le  monde  savant  pour 
attirer  sur  l'humble  pasteur  de  village 
l'attention  du  ministre  d'Etat  Harten- 
berg.  Le  duc  Charles,  étonné  et  charmé 
à  la  fois  d'apprendre  qu'il  existait  dans 
Bes  Etats  un  philosophe  renommé,  lui 
fit  donner,  en  1 750,  la  chaire  de  logique 
et  de  métaphysique  à  l'université  de 
Tubingue.  IMoucquct  fit  honneur  au 
choix  du  prince.  Esprit  clair  et  métho- 
dique, il  savait,  dans  ses  cours,  mettre 
à  la  portée  de  l'intelligence  de  ses  é- 
lèves  les  propositions  les  plus  abstru- 
ses. Outre  la  philosophie,  il  fut  chargé 
d'enseigner  l'économie  politique.  En 
1778,  il  fut  appelé  àStuttgard  pour  y 
donner  des  leçons  à  l'Ecole  militaire. 
En  1782,  une  attaque  d'apoplexie  af- 
faiblit ses  facultés  intellectuelles  au 
point  qu'il  dut  renoncer  à  paraître 
dans  sa  chaire.  Quelque  temps  après, 
un  incendie,  qui  réduisit  en  cendres  sa 
b|l)liothèque  et  ses  manuscrits,  faillit 
l6  dévorer  lui-même.  Quoique  impotent 
de  corps  et  (('esprit,  il  continua.  Jus- 
qu'à son  dernier  jour,  à  travailler  et 
à  lire,  surtout  la  Bible.  Son  extérieur 
ne  prévenait  pas  en  sa  faveur;  mais 
ses  ami  s  louaient  sa  bienveiUanoe,  sa 
loyauté  et  sa  franchise. 

Ploucquet  a  laissé  un  nombre  con- 
sidérable d'ouvrages,  presque  tous  é- 
erits  en  latin,  et  imp.  à  Tubingue.  8on 
style  est  pur,  mais  souvent  trop  concis. 

Notice  bibliographique. 

I.  Diss.  theologica  qud  CL  Vari- 
gnonii  demomtratio  geometrica  pos- 
aihiUtatis  transsubstantionis  énerva^ 
mr,  1740,  ln-4*. 


II.  Priinaria  monadologiçB  ÇQpila 
accessionibus  quibusdam  confirmala  et 
ab  objeciionibus  fortioribus  vindicata, 
publ.  en  franc,  et  en  allem.  dans  le  re- 
cueil des  Dissertations  qui  ont  remporté 
|e  prix  s^r  le  système  des  moqades 
(Berlin,  1748,  in-4»). 

III.  Methodus  tractandi  infinita  in 
metaphysiciSy  1748,  in-4«». 

IV.  De  corporum  organisatorum  ge- 
nerationedisquisitio,  Stuttg.,  i  749, 4». 

V.  Diss.  de  materialismo,  1 750,  4»; 
réimp.  avec  la  réfulation  de  l'Homme- 
Machine  [de  La  Mélrie],  1751,  in-i». 

VI.  Dis8.deliberoarbitrio,\  752,4*. 
Vil.  Diss.  metaphysica  de  naturd 

ajfectuum,  1755,  ln-40. 

VIII.  Disp.  de  perfectè  similibus, 
1755,  in-4*. 

IX.  Principia  de  substantiis  et  phœ- 
nomenis,  Francof.  etLips.,  1758,  8*; 
réimp.  avec  le  N»XXVI,Ibid.,1764,8«. 

X.  Diss .  de  forma  corporis,  1 754, 4». 

XI.  Diss.  de  cosmogonid  Epicuriy 
1755,  in-4», 

XII.  Diss.  de  miraculifrum  indole^ 
eriterio  et  fine,  1755,  in-4». 

XIII.  De  principio mundi^  1  «r56, 4». 

XIV.  Diss.  de  speculationibus  Py^ 
thagorœ,  1758,  in-4». 

XV.  Diss.  anti-Bayliana,  qud  cum 
ided  boniiatis  absolutœ  malum  oum 
iuis  effectibus  non  pugnare  evincitur, 
1758,  ln-4». 

XVI.  Diss.  de  Pyrrhonis  epoehd, 

1758,  in-4*. 

XVII.  Solulio  problematis  Lugdu- 
nensis,  qud  ex  und  kâc  nropositione 
concessd  :  Existit  cdiqtÀd^  existentia 
entis  realissimi  oum  suis  attributis 
eruitur,  1758,  in-4<». 

XVI II.  Pundamenta  philosophiœ 
spéculatives^  1759,  in-8*;  réimp.  plu- 
sieurs fois,  avec  correct,  et  addit.  — 
Exposition  claire  et  précise  de  la  mo- 
nadologie  de  Leibnitt. 

XIX.  Animadversiones  in  prinoipia 
Helvetii,  quœ  de  naturd  mentis  hu- 
manœ  eœposuit  in  libro  De  l'Esprit, 

1759,  in-4». 

XX.  Examen  meletematum  Lockii 
d$  peri(malitate,  1760,  ln-4«. 


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XXI.  Diss.  de  lege  continuitatis  seu 
gradationiSy  1761,  in-40. 

XXIi.  Providentiadivina  ressingu- 
lares  curans  è  naturd  Dei  et  mundi 
adstructa,  1761,  in-4«. 

XXIII.  De  dogmatibus  Thaletis  et 
Anaxagorœ,  1763,  in-40. 

XXIV.  Observationes  ad  commentch 
tionem  D,  Cant  de  uno  jiossibiU  fundch 
mento  demonstrationis  existentiœDei, 
1763,  in-4». 

XXV.  Methodus  tam  demonstrandi 
directe  omnes  syllogisnwrum  species, 
quamvitia  formas  detegendiyOpeunius 
regulcBy  1763,  in'4«. 

XXVI.  Methodus  calculandi  in  logi- 
cis  ;  prœmittitur  commentatio  de  arte 
characteristicâ  universaliy  1763,  8*; 
réimp.,  Francof.,  i  764,  avec  le  N^IX; 
insér.  par  A. -F.  Bok  dans  le  SammluDg 
der  Scbriften  welche  den  logischen  Cal- 
cal  betreffen,  Franc,  et  Lips.,  1766, 
in-80. 

XXVII.  Untersuchung  und  Aban- 
derung  der  logikalischen  Konstruktio- 
nendes  Hm  Prof,  Lambert,  1765,  8». 
—  Réponse  aux  critiques  de  Lambert 
touchant  le  Calcul  logique. 

XXVIII.  Sententia  Dn.  Robineti  de 
œquilibrio  boni  et  mcdi  paradoxa, 
1765,  in-4». 

XXIX.  Eocamen  theoriœ  Dn.  Robinet 
de  physicâ  spirituum,  1 765,  ln-4<». 

XXX.  Propositiones  Dn.  Robinet  de 
incompreftensibilitate  Dei  sub  examen 
tXKatœ,  1765,  in-4». 

XXXI.  Problematade  naturd  homi- 
nis  ante  etpost  mortem,  1766,  in-4«. 

XXX II.  De  placitis  Democriti  Abde- 
ritœ,  1767,  in-4». 

XXXIII.  Rede  uber  die  Frage  :  Obes 
môglich  sey  dass  eine  Welt  von  Ewig- 
keit  her  existire?  1767,  in-40. 

XXXIV.  Examen  rationum  à  Sexto 
Empirico  tam  adpropugnandam  quàm 
impugnandam  Dei  existentiam  collée- 
tarum,  i  768,  in-4*. 

XXXV. Der  Lumpcfwptec/el,  1 768,8». 

XXXVI.  Cogitationes  Robineti  de  ori- 
gine naturœ  expensœ,  1769,  in-4«. 

XXXVII.  De  origine  sermonis,  1770, 
m-4*. 


XXXVIII.  De  naturâ  et  menmrd 
quantitatum,  1771,  in-4«. 

XXXIX.  Institutiones  pkHosophiœ 
theoreticœ,  1772,  in-8»;  1782,  in-8». 

XL.  Creatio  mundi  è  naturd  rerum 
mundanarum  intellecta,  1772,  in-i». 

XLI.  De  prœdpuis  animœ  humanœ 
symptomatibus^  1773,  in-4<». 

XLII.  De  rerum  or  tu,  duratione^  crf- 
teratione  et  interitu,  1774,  in-4«. 

XLIII.  Memoria  amicorum,  qui, 
ipsomet  prœside,  disputationes  defenr 
derunt,  1774,  in-40. 

XLIV.  Diss.  de  hylozoismo  veterum 
et  recentiorum,  1775,  in-4'». 

XLV.  De  viribusprinUtitiSy  1 776,4«. 

XL VI .  De  naturâ  boni  et  mali,  1777, 
in-4». 

XLVII.  De  momentis  philosophiœ 
contemplativœ  in  practicis,  Stuttg., 
1778,  in-4». 

XL VIII.  Elementa  philosophiœ  con- 
templativœ, sive  de  scientid  ratiod- 
nandi,  notionibus  disdplinarum  fun- 
damentalibus,  Deo,  universo  et  specich 
tim  de  homine,  1778,  in-4». 

XLIX.  Disq.  rationum  quœ  tam  ad 
stabiliendam  quàm  ad  infrigendam 
animi  humani  immortalitatem  afferri 
possunt,  1779,  in-4». 

L.  DeprincipiisdynamiciSjSiniig^, 

1780,  in-4». 

LI.  De  naturâ  et  mensurâ  virium 
derivativarum,  1781,  ln-4». 

LU.  Commentationes  philosophiœ 
selectiores,  antea  seorsim  editœ,  nunc 
ab  ipso  auctore  recognitœ  et  passim 
emendatœ,  Ultra],  ad  Rhen.,  1 781 ,  4». 

LUI.  Vertheidigung  dieser  Samm- 
lung,  1781,  in-8». 

LIV.  Expositiones philosophiœ  theo- 
reticœ, Stultg.,  1782,  in-8».  —  C'est 
une  réimpression  du  N*  XXXIX. 

LV.  Variœ  quœstiones  metaphysicœ 
cum  subjunctis  responsionibus,  i  782, 
in-4». 

Godefroi  Ploucquet  avait  éponsé,  é- 
tant  pasteur  à  Rôtenberg,  Christine- 
Madelaine  Ebel,  fllle  du  pasteur  de 
Frauenzimmer.  De  ce  mariage  naqui- 
rent sept  enfants,  dont  trois  survécu- 
rent, savoir  une  fllle  et  deux  flls.  Le 


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cadet  se  nommait  Christophe-Mat- 
thieu ;  sa  destinée  DODS  est  inconnae. 
L'atné,  Guillàume-Godefroi,  fut  nn 
médecin  renommé.  Né  à  Rdtenberg,  le 
20  déc.  1744>  il  étndia  la  médecine  à 
Tnblngue,  oh  il  prit,  en  1766,  le  grade 
de  doctear,  et  obtint,  en  1782,  nne 
diaire  de  médecine.  Il  monmt  le  12 
Janv.  181 4.  Ses  nombreux  ouvrages 
ont  tons  été  publiés  à  Tubingue,  à  deux 
ou  trois  exceptions  près. 

NOTICE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

I.  Dis8.  de  vi  corporum  organisa^ 
t€Tum  assimilatricij  1766,  in-4^ 

II.  Anweisung  wie  manihne  Frilch- 
te,  mit  geringen  Kosten  sich  dennoch 
emàhren  kônne,  1771,  4«;  1777,  4». 

III.  Abhandlung  Uber  die  gewaUsa- 
men  Todesarten^  nebst  einem  Anhang 
von  dem  geflissentlichen  Missgebàh' 
ren,  als  ein  Beytrag  zu  der  medici- 
nischen  Rechtsgelahrtheit,  i  infin- 
ie; 1788,  in-8». 

lY.  Diss.  sistens  CBtates  humanas 
tarumque  jura,  1778,  iiv-4»;  en  al- 
lem.j  1779,  in-8«. 

V.  Ueber  die  physischen  ErfordeV' 
nisse  der  Erbfàhigkeit  bei  Kindern, 
1779,  in-8». 

VI.  VollstàndigerRossarztyOderUn' 
terricht  die  KrankheitenderPferde  zu 
erkennen  und  zu  curiren,  1780; 
1792;  1803,  in-80. 

VII.  Ueber  den  Holzmangel  und  die 
Mittelihmabzuhelfcn,ilSO;  1790,8^. 

VIII.  Wamung  an  dos  Publikum 
vor  einem  in  manchem  Branntwein 
ênthaltenen  Gifte,  sammt  den  Mit- 
te/n,  e$  zu  entdeckenundauszuschei' 
den*  1780,  ln-8o. 

IX.  Unterricht  fût  die  Barbirer 
und  Bader  der  zur  Grafschaft  Ober- 
undNiederhohenberg  gehorigen  Herr^ 
schaften  und  Orte,  wie  dieselben  sich 
zu  verhalten  haben,  wenn  zu  jemand 
berufen  werden^  welcher  von  einem 
toUenodersogenanntenwUthigen  Hun- 
de  oder  einem  andem  dergleichen 
Thiere  bescfiadiget  worden  ist,  1780, 
in-fol. 

X.  Nova  pulmonum   dodmasiaf 

T.  VIII. 


1782,  in-4«.— La  nouvelle  expérience 
de  Ploucquet  consiste  à  peser  le  corps 
du  fœtus  avant  de  l'ouvrir,  puis  à  pe- 
ser les  poumons  seuls,  et  à  comparer 
les  deux  poids.  Selon  lui,  dans  l'en- 
fant qui  n'a  pas  respiré,  le  rapport 
est  comme  l  :  70,  et  dans  l'enfant  qui 
a  respiré,  comme  2  :  70  ou  l  :  35. 

X  l.  Skizze  der  Lehre  von  der  mensch- 
lichen  Natur,  1782,  in-8*. 

XII.  Diss,  de  vertigine,  1 783,  in-8o. 

XIII.  Diss .  an  febris  putrida  sit  con- 
tagiosa,  1783,  in-4<». 

XIV.  Noch  eine  Meinung  iiber  die 
Frage  :  WeUhes  sind  die  besten  aus^ 
fUhrbaren  Mitteln  dem  Kindermord 
Einhalt  zu  thun,  1 783,  8<»  ;  1 785,  8». 

XV.  Diss.    de  morbis   periodicis, 

1783,  in-8«. 

XVI.  Frenz  Lana  und  Philipp  Loh- 
meiervonder  Lusichiffkunst^  1 784,8». 

XVII.  Diss,  de  gonorrhed  masculinâ 
syphiliticdy  1T85,  in-4». 

XVIII.  Fundamenta  therapiœ  ca- 
tholicœ:  subjungitur  catalogus  corpo- 
rum medicamentosorum  usitatiorum, 

1785,  in-40. 

XIX.  Von  der  Veredlung  der  Wolle 
und  Verbesserung  des  Schaafstandesy 

1785,  in-8». 

XX.  Diss,  de  signis  mortis  dia- 
gnosticiSy  1785,  in-4<». 

XXI.  Diss,  acquisitionem  variolœ  op- 
portunam  denuo  commendansy  1785, 
in-80. 

XXII.  Diss.  de  amputatione  in- 
cruentây  i785^ln-4<»;  trad.  enallem., 

1786,  in-80. 

XXIII.  Diss.  deanthrace  venenato, 
1786,  in-4». 

XXIV.  Diss.  de  virtutibus  violœ 
tricoloriSy  1786,  in-4*. 

XXV.  Diss,  de  unicd  verà  mortis 
causa  proximâ,  1 786,  in-4o. 

XXVI.  Kommentar  Uber  dos  Pro- 
jekte  einer  Kirchenvereinigung,  1 786, 
in-4». 

XXVII.  Diss,  de  bubonibus  ingui- 
nalibus  syphUitids,  1 786,  in-8<». 

XXVIII.  Vertrauliche  Erzàhlung 
einer  Schweizerreise  im  Jahr  1786, 
in  Briefen,  1787,  in-80. 

17 


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XXIX.  Commentarius  medicus  in 
processus  criminales  supra  homicidio, 
infanticidio  et  embryoctonidf  Strasb., 
1787,  in-80. 

XXX.  Triga  observationum  medtco- 
practicarurriy  1787,  in-4». 

XXXI.  Cephalalgia,methodon(Uurœ 
aecommodata^  J787,  in-4^ 

XXXII.  Diss.  de  febribus  nervids, 
i  788,  in-4'. 

XXXIII.  Diss.  de  eœtantiori  frequen- 
tiâ  et  detmatione  morborum  inter 
vulgus,  1788,  in-40. 

XXXIV.  Diss,  cur  stimuU  morbosi 
quandoque  sileant^  1 789,  iii-4<>. 

XXXV.  Sciayraphia  phthiseos  noso- 
loyica^  1789,  in-40. 

XXXVI.  Diss.  deamourosi,!  789, 4*. 

XXXVII.  Thèses  medicœ,  1789,  4». 

XXXVIII.  Ueber  einige  Gegensmnde 
in  der  Schweiz,  1 789,  in-8». 

XXXIX.  Porphyrisma  in  Heîvetià 
observatum,  1789,  in-4». 

XL.  Ueber  die  Hauptmàngel  der 
Pferde,  1790,  ln-8». 

XLI.  Casus  morbi  scrofulosi^  cum 
epicrisi,  1790,  in-40. 

XLII.  Diss.  de  ischurid  cysticd, 
l790,ln-8». 

XLIII.  Diss.  de  myositide  et  nevri' 
tide,  prœsertim  rheumatiody  per  his- 
toriam  œgrœ  iUustratdy  1790,  iQ-4*. 

XLIV.  Diss,  de  morbisnevricis,  prœ- 
sertim  ex  infàroUbus  abdominaUbus, 
1790,  in-4*'. 

XLV.  Unfehibares  Mittel  der  BU- 
chemachdruck  zu  verhindem,  1790^ 
in-4«. 

XLVI.  Mettel  Hàuser  und  andere 
Gebàude  unverbrennHch  zu  machen, 

179l,in'4o. 

XLVII.  Momenta  quadam  drca 
atolechtymdy  179S>  in-4«. 

XLVllI.  Diss.  deemesidy  1791,  4«. 

XLIX.  Delineatio  systematis  nas<h 
logici  naturœ  accommodaUy  1 79 1-93, 
4  vol.  ln-40. 

L.  Diss.  expérimenta  eircavimbUis 
chylificam,  1792,  in<^4»* 

LI.  Diss.  de  metroloxidj  prœsertim 
dé  causis  et  signis  ilUus,  1 793,  4«. 

LU.  Diss.  quà  dy$catabroHi  phch 


ryngo-ctsophagea  thliptiea  chœradiea 
casu  illustratur,  1792,  in-4<>. 

LUI.  Onomatopœœ  nasologica  fun- 
damentQy  1793,  in-40. 

LIV.  Diss.  de  bemicis  succinatœ  vi 
eximid  in  sanandis  ambttstùmibus, 

1793,  in-40. 
LV.  Initia  bibliothecœmedicchpraC'' 

ticœ  et  chirurgicœ  realis,  sii^  reper- 
torium  medicinœ  praot.  et  chirurg., 
T.  I-XIÎ,  1793-1800,  in-40. 

LVI.  Observationes  in  hepatitidis 
et  metritidis  consolidationem  fistukh 
rum  ani  secutarum^  1 794,  in*4o. 

LVII.  Diss.  de  chUocace^  1 794,  A: 

LVIIl.  Thèses  primas  Uneas  odon- 
HtidiSy  sive  inflammationis  ipsorvm 
dentium  sistentes,  1794,  in-4*. 

LIX.  Diss.  de  lœsionibus  mechtmi' 
eis  eimulacrisque  lœsionum  fœtuiin 
utero  contento  accidentibus,  ad  iUns^ 
trandas  causas  infantieidii,  1 794j  in- 
40. 

LX.  Briefwechsel  xweyer  Schul- 
meister  Uber  ein  schôn  Gedicht,frBXik,, 

1794,  in-80. 
LXI.  Diss.  de  perfidendâ  re  medioày 

1795,  in-4». 
LXII.  Reflexionen  il6er  di$  Art  4m 

Entrichtung  der  von  Wurtemberg  en 
die  Franzosen  %u  bezahlenden  £on<iv 
butioneny  1796,  in-8». 

LXIII.  BelehrungiiberdieHoTimiri^ 
seuchCy  1796,  in-8\ 

LXIV.  Diss.  de  naturd  et  usu  aeris, 
ovis  avium  inclusi,  1796,  in*4o. 

LXV.  Aufmunterung  zu  Verêuùhen 
wirksamer  Mittel  gegen  die  herrsc^^eth 
de  Homviehseuche^  1 796,  in-8^ 

LXVI.  Diss.  de  vivitali  ejusque  mm* 
tationibus  inapoplexid,  1796,  iiHI^ 

LXVIl.  System  der  Nosologie  im 
Umrissey  1797,  ln-8». 

LXVIIl.  Ueber  die  Aushldw^g , 
PfUcht  und  KlugheitdeêArties,  i79t, 
in-8«. 

LXIX.  Momenta  quœdam  phifiiol^ 
giea  drca  visum,  1797,  in-4*. 

LXX.  Memorabile  etcemnlum  éf9' 
pnœœ  et  dyscatabroêeos  hyperùie», 
1797,in-4«». 

LXXI.  Progr.  drea  unitmêàliiÊiinmr- 


PLO 


—  t67  — 


POI 


Ugis  quâ  corpora  vim  ad  êtimuloi 
ipecificos  reagunt,  1797,  in-4^. 

LXXil.  Pathologie  mit  cUlgemeiner 
Heilkunde  in   Verbindung  gesetzt, 

1797,  in-8». 

LXXIII.  Dos  Wasserbett,  etn  Vor- 
sehlay  zu  einer  bequemen  und  siche^ 
nn  Badeanstali  in  FlUssen  und  Bà- 
cken,  1798,  in-so. 

LXXIY.  Dis8.  de  talipedibui  varie, 

1798,  in.4». 

LXXV.  Memorabile  physeoniœ  car" 
ckuB,  necnon  osieogeniœ  et  odontoge- 
may  anomatœ  exemplumy  S  798^  4*. 

LXXVI.  Progr,  de  rite  formandd  in- 
Ocatione  antisthenicây  1798,  iQ-4». 

LXXVIl.  Progr.  de  commodis  et 
noœis  quibusdam  ex  cultu  corporisre^ 
imulantibtASy  1798,  in-i». 

LXXVIII.  Sylhge  observât,  mixtor 
rum,  1799,111-40. 

LXXIX.  Obs,  pathologico-therapeu- 
Heœ  circaphotorexin,  1799,  in-40. 

LXXX.  Thèses  medicŒy  1799,  in-4*. 

LXXXI.  Animadv.  quœdam  in  stor 
(um  et  therapiam  submersorum,  1799, 
te-40. 

LXXXII.  Neue  Erfàhrungen  Uber 
aie  Homviehseiichey  1800,  in-8«. 

LKWlll.  Thèses  medicœ,  1800,4». 

LXXXIY.  Expoaitio  nosologica  ty- 
phiy  1 800,  in-80. 

LXXXV.  Vorschlag  su  einer  schÂck" 
Ueheren  und  allgemein  annehmbaren 
Zêitrechnungy  1800,  !n-8». 

LXXX VI.  Anmerkungen  Uber  die 
Sekrift  des  Hm.  Cadet  de  Vaux  :  Die 
Qallerte  aus  Knochen,  1 804,  in-8«. 

LXXX  VU.  Beschreibung  eines  si' 
ehem ,  bequemen  und  eleganten 
SchwimmgiirtelSy  1805,  ln-8«. 

LXXXVni.  Literatura  medica  di- 
gestOy  1808,  4  vol.  in-8».  —  Ce  n'est 
à  proprement  parler,  qu'une  réimp. 
renrue  et  corrig.  dn  N^LV.  On  y  ajonla 
VD  Supplément,  1814, 1  vol.  in-8^ 

LXXXIX.  Mittel  dem  Mangel  eines 
tttfGerberey  erforderUchen  Materials 
ûbzuhelfeny  1810,  in-8«. 

XC.  Etwas  su  einiger  Holzerspar* 
niêêy  1810,  in-8*. 

XCL  Séries  formularum  medicarum 


tecundùmindieat.  therapeut,  disposi- 
iarum,  1811,  ln-8«. 

PLUQUET  (Nicolas),  ministre  de 
l'Évangile,  prêchait  depuis  sept  ans  la 
Parole  de  Dieu  dans  la  ctiàtellenie  de 
Lille,  lorsqu'il  fut  arrêté  au  Quesnoy ,  en 
1573.  On  le  conduisit  à  Lille,  où  il  fût 
soumis  à  un  interrogatoire,  à  la  suite 
duquel  on  le  transféra  à  Bruxelles;  il 
y  subit  le  dernier  supplice.  Sa  femme 
et  ses  enfants  en  bas  Âge  réussirent  à 
passer  en  Angleterre. 

POCHELON  (Bernabd),  directeur 
delamanufacturedeglacesdeNeustadt, 
mort  dans  les  dernières  années  du  siè^ 
de  passé.  Cette  manufacture,  fondée 
par  Henri  de  Moor,  un  de  ces  habiles 
fabricants  hollandais  que  Colbert  avait 
attirés  en  France,  mais  que  la  révoca- 
tion de  redit  de  Nantes  en  chassa,  prit 
un  grand  développement  sous  la  direc- 
tion de  leanrHenri  de  Colom  et  de  Po- 
chelon.  Ses  glaces  rivalisaient  avec 
celles  de  Venise.  Ce  ne  fut  pas  la  seule 
fabrique  de  ce  genre  que  les  Réfugiés 
français  élablirenten  Prusse.  Quelques 
gentilshommes  verriers,  Pierre  et 
Louis  de  Condéy  Louis  de  Condé'dU' 
Jardinet  y  Jacques  de  Baunay^de-Beau- 
champ  et  Louis  de  Houx,  en  fondèrent 
une  autre  à  Pynnow;  mais  elle  ne  put 
soutenir  la  concurrence  avec  celle  de 
Neustadt.  N'oublions  pas  de  dire  que 
ce  furent  aussi  des  Réfugiés,  Félix 
Brouety  ÀrbaUtiery  etc.,  qui  portè- 
rent en  Allemagne  le  secret  de  faire  la 
soude  pour  les  glaces. 

POINOT  (N.),  ministre  de  l'église 
réformée  de  Monségur.  Cette  place, 
qu'un  heureux  coup  de  main,  exécuté 
par  Gac^on,  jeune  homme  à  peine  sorti 
de  l'adolescence,  et  par  le  capitaine 
JUelony  avait  mise  au  pouvoir  des  Pro- 
testants, fut  assiégée  par  Mayenne,  en 
1586,  et  forcée  de  se  rendre  après  une 
brillante  défense.  La  capitulation  fût 
violée  à  l'iDstigation  d'un  jésuite,  qui 
se  réserva  le  ministre  pour  sa  part  du 
butin.  11  empoigna  lui-même  Poinotet 
se  mit  en  devoir  de  le  traîner  hors  de 
la  ville  «  pour  le  faire  mourir  à  sa 
mode.  »  Béjà  ils  approchaient  de  la 


POI 


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POI 


porte  9  lorsqu'ils  rencontrèrent  des 
Suisses  se  livrant  au  meurtre  et  au  pil- 
lage. Par  une  inspiration  soudaine , 
Poinot  précipita  le  jésuite  dans  une 
cave  qui  s'ouvrait  béante  sur  leur  che- 
min, et  se  mit  à  crier  :  Au  ministre , 
au  ministre!  En  voyant  un  homme  vêtu 
de  noir  disparaître  dans  une  cave^  les 
Suisses  s'imaginèrent  que  c'était  un 
pasteur  huguenot  qui  voulait  se  cacher. 
Ils  se  jetèrent  sur  lui  et  l'égorgèrent^ 
tandis  que  Poinot  sortait  tranquille- 
ment de  la  ville  et  se  retirait  en  lieu 
sûr.  Plus  tard;  il  reprit  ses  fonctions 
à  Monségur. 

POIRET  (Pierre);  théologien  pro- 
testant, mystique  et  philosophe,  né  à 
Metz,  le  15  avril  1646,  et  mort  à 
îlheinsbourg,  le  21  mai  1719. 

A  l'âge  de  6  ans,  Poiret  perdit  son 
père,  fourbisseur  de  son  état,  et  fut 
mis  en  apprentissage  chez  un  sculp- 
teur, qui  lui  apprit  les  éléments  du 
dessin.  Il  acquit  un  certain  degré  d'ha- 
bileté dans  cet  art;  mais  ses  goûts 
l'entraînant  dans  une  autre  voie,  dès 
l'âge  de  13  anS;  il  quitta  l'atelier  de 
son  maître  pour  s'appliquer  à  Tétude. 
Il  commença  ses  humanités  dans  sa 
ville  natale.  En  1661,  de  Kirchheim, 
gouverneur  de  la  seigneurie  de  Loch- 
tenstein  appartenant  au  comté  de  Ha- 
nau;  le  fit  venir  à  Bouxwiller  pour 
donner  des  leçons  de  français  à  ses 
enfants.  Poiret  passa  trois  ans  dans  la 
famille  de  ce  seigneur,  qu'il  quitta  pour 
aller  continuer  ses  études  à  l'univer- 
sité deBàlc,  où  il  fit  sa  philosophie. Le 
cartésianisme  le  charma^  et  son  génie 
le  portant  verslesabstractions,  il  s'at- 
tacha de  préférence  à  la  métaphysi- 
que. C'est  aussi  pendant  son  séjour  à 
Bâle  qu'il  commença  un  cours  de  théo- 
logie qu'il  alla;  en  1667;  poursuivre 
à  HanaU;  autant  que  le  lui  permit  sa 
santé  languissante.  Au  mois  d'avril  de 
la  même  année;  il  fut  appelé  à  Heidel- 
berg  comme  vicaire  du  pasteur  Cré- 
gtU  (1).  Quoiqu'il  eût  reçu  la  consé- 
cration dès  1670;  et  qu'il  eût  déjà 

(1)  Noiu  lonpçonnoni  ici  quelque  erniar.  Ne 
(ftQdnit-U  pu  lire  qu'il  aU»  ooDtioaer  tes  études 


acquis  la  réputation  d'un  bon  orateur 
de  la  chaire  par  des  prédications  fré- 
quentes à  Otterberg;  à  Frankenlbal,  à 
Uannheim  et  en  d'autres  lieux  ;  Il  ne 
put  obtenir  laconduite  spirltuelled'nne 
église  qu'en  1672.  Il  fut  placé  à  An- 
weiler,  dans  le  duché  de  Deux-Ponts. 
L'accomplissement  de  ses  devoirs  pas- 
toraux lui  laissant  des  loisirs  ;  il  les 
employa  à  lire  les  écrits  de  Thomas  à 
Kempis,  de  Tauler  et  d'autres  mysti- 
ques en  renom.  Séduit  par  leurs  doc- 
trines, il  se  sentit  saisi  d'un  ardent 
désir  de  la  perfection,  et  une  grave 
maladie  dont  il  fut  attaqué  en  1 673^ 
acheva  de  tourner  toutes  ses  pensées 
vers  la  vie  intérieure.  A  mesure  qu'il 
s'enfonça  dans  le  mysticisme,  il  s'é- 
loigna de  la  philosophie  de  Descartes 
et  de  celle  de  Locke,  qu'il  finit  par 
combattre,  en  opposant  aux  idées  in- 
nées du  premier  et  aux  idées  acquise:; 
de  l'autre,  sa  propre  théorie  des  idées 
infuses,  inspirées  par  une  lumière  di- 
vine. 

La  guerre  de  1676  l'arracha  à  ses 
méditations  et  à  ses  paisibles  travaux. 
Il  se  réfugia  en  Hollande.  Un  instant 
il  eut  l'idée  de  se  retirer  dans  la  Friae 
auprès  des  disciples  de  Labadie;  mais 
un  écrit  de  Pierre  Yvon  contre  Antoi- 
nette Bourignon  lui  étant  tombé  entre 
les  mains  ;  il  éprouva  une  si  vive  in- 
dignation à  cette  lecture;  qu'il  renonça 
à  son  voyage  et  partit  pour  Hambourg; 
où  il  eut  enfin  la  joie  de  s'entretenir 
avec  cette  mystique  célèbre,  pour  qui 
il  avait  conçu,  depuis  longtemps,  des 
sentiments  d'admiration  et  d'estime 
dont  il  ne  se  départit  jamais. 

Poiret  passa  environ  trois  ans  à 
Hambourg;  menant  une  vie  exemplaire 
et  uniquement  occupé  de  pratiques  de 
dévotion.  Le  départ  de  la  Bourignon 
pour  Franeker;  en  1680;  le  détermina 
à  retourner  en  Hollande.  Il  s'établit 
d'abord  à  Amsterdam  ;  où  il  demeura 
huit  ans,  fuyant,  selon  l'expression  de 
BaylO;  tout  commerce  avec  la  terra 
pour  songer  mieux  aux  choses  du  ciel. 

k  Heidelberg  et  qa'U  fut  troelé  à  Haom?  (Toy. 
IV,  p.  116.) 


POI 


-889  — 


POI 


En  1688  enOn^  il  alla  se  fixer  àRbeins- 
bourg,  dans  les  environs  de  Leyde^ 
où  il  vécut  encore  plus  de  trente  ans^ 
partageant  son  temp3  entre  les  exer- 
cices de  piété  et  la  composition,  la 
traduction,  la  compilation  ou  la  repro- 
duction d'ouvrages  de  tiiéologie  mys- 
tique. 

Poiret  n'est  point  un  chef  de  secte; 
il  n'établit  point  de  conventicules , 
parce  qu'il  n'attachait  aucune  impor- 
tance aux  questions  dogmatiques  qui 
divisent  les  diverses  communions  chré- 
tieimes,  et  bien  moins  encore  aux  dif- 
férences des  rites  qu'elles  ont  adoptés  : 
pour  lui,  l'essence  de  la  religion  con- 
sislait  dans  la  morale;  aussi  jamais  ne 
vit-on  de  théologien  plus  tolérant.  11 
,  vivait  dans  une  solitude  presque  com- 
plète ,  parce  qu'il  regardait  le  monde 
comme  si  corrompu  qu'il  croyait  im- 
possible de  s'y  mêler  et  de  conserver 
l'intégrité  de  sa  conscience;  il  évitait 
même  les  assemblées  religieuses  ;  mais 
il  ne  s'opposait  nullement  à  ce  que  ses 
alentours  suivissent  le  culte  qu'ils  pré- 
féraient. Ce  serait  se  tromper  que  de 
croire  qu'avec  ses  principes  de  tolé- 
rance universelle,  Poiret  était  indiffé- 
rent; il  était  plein  de  zèle,  au  contraire, 
pour  la  religion  chrétienne,  qu'il  dé- 
fendit en  plusieurs  circonstances,  no- 
tamment contre  Spinosa.  Tous  ceux 
qui  le  connurent  s'ac-cordent  aussi  à 
louer  son  humilité  et  sa  modestie,  la 
pureté  de  ses  mœurs,  l'excellence  de 
son  cœur,  sa  bienveillance  envers  tous 
les  hommes,  sa  modération,  dont  Une 
s'écarta  que  dans  sa  polémique;  et 
tous  s'accordent  également  à  regretter 
qu'un  homme  de  ce  mérite  ait  donné 
tète  baissée  dans  les  folies  du  mysti- 
cisme le  plus  exagéré.  A  moins  d'être 
injuste  envers  lui,  on  doit  reconnaître, 
en  effet,  qu'à  côté  de  beaucoup  d'ex- 
travagances, les  ouvrages  de  Poiret 
renferment  d'excellentes  choses.  On  est 
étonné  de  sa  perspicacité  à  découvrir 
Terreur  ou  à  trouver  le  côté  faible  de 
ses  adversaires;  de  son  habileté  à  ré- 
soudre les  questions  les  plus  subtiles 
de  la  métaphysique;  de  son  talent  à 


édaircir  les  principes  les  plus  obscurs 
de  la  théosophie.  Sous  une  apparence 
de  désordre  et  de  confusion,  on  re- 
marque dans  ses  écrits  un  esprit  de 
méthode,  dont  il  était  redevable,  sans 
aucun  doute,  à  la  philosophie  carté- 
sienne, et  quiconque  aura  le  courage 
de  lire  avec  attention  ses  ouvrages, 
s'apercevra  qu'ils  exposent  un  système 
très-bien  lié  et  très-bien  suivi. 

NOTICE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

I.  Cogitatîones  rationales  de  Deo, 
anima  et  malOy  Amst.,  1677,  in-4»  ; 
nouv.  cdit.augm.,  Amst.,  1 685,  in-4o  ; 
3«  édit.  revue  et  augm.,  sous  ce  titre  : 
Cogitationumnaiuralium  deDeo,  ani- 
ma et  malo  lib.  IV.  Accedit  diss.  ubi 
de  duplici  discendi  methodo,  deque  si» 
mulato  Pétri  Bœlii  contra  Spinosœ 
athcismum  certamine  agitur,  Amst., 
1715,  in-4». 

II.  Toutes  les  œuvres  de  W^*  Antoi- 
nette Bonrignon,kmsX.,  I679etsuiv., 
19  vol,  in-i  2.  On  trouve  dans  le  second 
volume  la  Vie  continuée  de  J/"*  A . 
Bourignon  reprise  depuis  sa  naissance 
et  suivie  jusqu'à  sa  mort,  dont  Poiret 
est  l'auteur;  réimp.,  Amst.,  1683,  2 
vol.  in-12. 

m.  Kempis  commun,  ou  les  quatre 
Uures  de  V Imitation  de  J.-Ch,,  partie 
traduits,  partie  paraphrasés  selon  le 
sens  intérieur  et  mystique,  Amst., 
1683,  in-12;  nouv.  éditions  retou- 
chées, Amst.,  1 70 1  ;  1 7 1 0,  in-1 2  ;  Ba- 
ie, 1733.  —  Poiret  qui,  comme  nous 
l'avons  dit,  se  préoccupait  peu  des  con- 
troverses religieuses,  regardait  cet  ou- 
vrage comme  un  des  plus  propres  k 
conduire  l'homme,  par  la  voie  du  cœur, 
à  la  pratique  des  vertus  chrétiennes. 

IV.  Mémoire  touchant  la  vie  et  les 
sentim^ns  de  il/"*  Antoinette  Bouri- 
gnon, publ.  dans  les  Nouvelles  de  la 
rép.  des  lettres  (1685). 

V.  Monitum  necessarium  ad  Acta 
erudtïorum  Lips,  anni  1686  mensis 
januariispecians,  [Amst.]  1 686,  in-4", 
— Contre  Seclicndorf,  qui  avait  attaqué 
la  Bourignon. 

VI.  Vo'conomie  dimne  ou  système 


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—  270  — 


POI 


universel  $1  démontré  des  ouvres  et  des 
desseins  de  Dieu  envers  les  hommes  ; 
où  l'on  explique  avec  une  certitude 
métaphysique  les  principes  et  les  véri^ 
tez  de  la  nature  et  de  la  grâce,  de  la 
philosophie  et  de  la  théologie^  de  la  rai» 
son  et  de  la  foy,  de  la  morale  et  de  la 
religion  chrestienne;  où  l'on  résoudles 
difficultez  sur  la  prédestination,  sur 
la  liberté,  sur  l'universalité  de  la  ré" 
demption  et  sur  la  Providence,  Amst. , 
1687^  7  vol.  iD-8o;  trad.  en  latin^ 
Francof.,  1705,2  vol.  in-4o;enallem., 
Berlenburg,  1737-42,  7  vol.  in-8». 

Vil.  La  paix  des  bonnes  âmes  dans 
tous  les  partis  du  christianisme,Xmsi,, 
1687,  in-12.  —  Bien  loin  de  vouloir 
fonder  une  secte  dissidente,  Poiret  ne 
croyait  même  pas  nécessairede  changer 
de  religion,  puisqu'on  restant  dans  !'£- 
glise  où  l'on  est  né,  chacun  peut  en  évi- 
ter les  abus,  et  ne  prendre  que  ce  qu'il 
y  a  de  bon.  En  cas  de  nécessité,  on 
peut  même  s'accommoder  aux  rites 
d'une  autre  communion  et  en  faire  un 
bon  usage.  L'essentiel  est  d'aller  à 
Dieu  par  J.-Ch.,  de  vivre  clirélienne- 
ment  ;  le  reste  n'est  qu'accessoire. 

VUl.  Idœa  iheologiœ  christianœ 
juxta  principia  J,  Bohemi  brevis  et 
methodica,  Accedunt  Sexti  Pythago- 
rœi  Sententiœ,  ob  argumenti  prœstan- 
tiam  verè  divinœ,  Amst.,  1 687,  in-1 2. 
—  Poiret  convient  franchement  qu'il 
n'est  guère  possible  de  comprendre 
BOhme,  et  conseille  de  s'en  tenir  à  ce 
qu'il  y  a  de  pratique  dans  ses  ouvrages. 

IX.  Les  principes  solides  de  la  reli- 
gion et  de  la  vie  chrestienne  appliquez 
à  l'éducation  des  enfans  et  applicables 
à  toutes  sortes  de  personnes;  opposez 
aux  idées  sèches  etpélagiennes  que  l'on 
fait  courir  sur  de  semblables  sujets, 
Amst.,  Henri  Des  Bordes,  1 705,  in-12. 
La  première  édit.  de  cet  ouvrage,  qui  a 
été  trad.  en  allem.,  en  flamand,  en  an- 
glais et  en  latin,  parut  en  1 690  sous  la 
forme  d'une  lettre  à  un  gentilhomme, 
réimp.  avec  leNoXUI,  en  1697.  Nous 
avons  parlé  ailleurs  de  la  trad.  alle- 
mande, qui  fut  faite  par  Horb  (Voy.V^ 
p.  523).  La  trad.  latine  parut  sous  ce 


titre  :  De  christiand  Uberarum  è  verit 
principiis  éducations  libellus,  Amst.^ 
1694,  in-12.  L'éditeur  y  a  Joint  le  Ju- 
gement des  ministres  de  Hamboorg 
contre  ce  livre. 

X.  La  théologie  de  l'amour  ou  la  vie 
et  les  oeuvres  de  Sainte  Catherine  de 
Gênes,  trad.  nouvelle,  Cologne,  1691, 
iQ-12. 

XI.  De  eruditione  triplici  solidà,  su- 
perficiariâ  et  falsâ  lib.  III,  in  quihus 
ostensd  veritatum  solidarum  vid  et 
origine,  cognitionum  scientiarumque 
humanarum  et  inspecie  Cartesianismi 
fundamenta,  valor,  defectus  et  errores 
deteguntur.  Prœmittitur  tractalus  de 
verâ  methodo  inveniendx  verum,  con" 
futationem  fundamentorum  libri  bel-' 
gid  De  mundo  fascinato  in  fine  obiter 
exhibens,  Subnectuntur  nonnulla  apo- 
logetica,  Amst.,  1692,  in-12;  nouv. 
édit.  Accedit  DefensioinG.-G,  Titium, 
Amst.,  1707,  in-4».  —  Le  contenu  de 
ce  livre  peut  se  résumer  en  deux  mots: 
Pas  de  véritable  savant  sans  une  illo- 
mination  d'en  haut.  Selon  l'auteur,  les 
mathématiques  mêmes  ne  sont  propres 
qu'à  conduire  à  l'impiété. 

XII.  La  théologie  de  la  croix  de  I," 
Ch,,  ou  les  ceutjres  et  la  vie  de  la  B, 
Anyéle  de  Foligny,  trad.  du  latin^  Co- 
logne, 1696,  in-12. 

XIII .  La  théologie  du  cceur  ou  recueU 
de  quelques  traités  qui  contiennent  les 
lumières  les  plus  divines  des  âmessin^ 
pks  et  pures,  Cologne,  1696^  in-16; 
2*  édit.  augm.,  Cologne  [Uoll.]^.i697> 
in-24. 

XIV.  Recueil  de  divers  traités  de 
théologie  mystique,  Cologne  [Amst.], 
1699,  in-12. 

XV.  La  théologie  réelle,  vulgaire- 
ment  dite  la  théologie  germanique.  Avec 
quelques  autres  traités  de  même  natu- 
re, Amst.,  1 700,  in-12. — Cet  ouvrage 
célèbre  avait  déjà  été  trad.  par  Costa- 
lion  (Voy.  III,  p.  366).  Poiret  y  a  Joint 
un  catalogue  des  écrivains  mystiques 
avec  des  détails  sur  leurs  principes  et 
leur  caractère,  sur  leur  vie  et  leurs  ou- 
vrages. 

XVI.  Le  chrétien  réel,  nouy.  édit., 


POI 


—  «71  - 


POI 


Cologne^  1101-1702^  2  vol.  in-iS.— 
Eéimp.  de  la  Vie  da  marquis  de  Renty 
par  Saint-Jare,  et  de  celle  d'Elisabeth 
de  l'Enfant  Jésus. 

XVII.  Le  saint  réfugié  ou  la  vie  et 
la  mort  édifiante  de  Wemerus^  Colo- 
gne^ 170),  in-12. 

XVII!.  Theologiœpacîficœ^itemque 
mysticœ,  ac  hujus  auctorum  idea  bre^ 
vior^  Amsl.,  1702,  in-12. 

XIX.  Le  catéchisme  chrétien  pour  la 
vie  intérieure  y  par  J.'J,  Olier^curéde 
S.Su/pYce,nouv.  édit.,  Cologne,  1 703, 
in-12. 

XX.  Opuscules  spirituels  de  M^ 
Jeanne-Marie  Bouviers  de  La  Mothe- 
Goyon,  nouv.  édit.,  Cologne,  1704,  4 
tomes  in-12.  —  Avec  une  préface  de 
PQiret. 

XXI.  L'école  du  pur  amour  de  Dieu 
ouverte  aux  sçavans  et  aux  ignorans^ 
dans  la  vie  merveilleuse  d'une  pauvre 
fUle  idiote  [Armelle  Nicolas],  nouv. 
édit.,  Cologne  [Holl.],  1704,  in-12.— 
Réimp.  du  Triomphe  de  l'amour  divin, 
à  laquelle  Poiret  a  Joint  une  préface 
poHr  en  recommander  1|l  lecture. 

XXII.  Virtutumchristianaruminsi- 
nuatio  facilis  et  quibusvis  accommo^ 
iota,  Amsi.,  1705,  in-S»;  nouv.  édit. 
|dus  correcte,  Cologne,  I7ll,in-i3. 
—Recueil  de  26  lettres  dont  le  but  est 
de  réunir  tous  les  Chrétiens.  Préface 
de  l'éditeur. 

XXIII.  De  éruditions  solidà  specia- 
l$ord  tribus  tractatibus:  1»  De  educor 
Uone  liberorum  christiand;  2«  De  irû' 
tdcouniversali;  z^  Theologiœ  mysticœ 
e jusque  auctorum  idea  generalis,  cum 
suis  contra  varias  defensionibus,  par- 
Om  denuoy  partim  recens  excusa^ 
Amst.,  1707,  in-4*. 

XXIV.  Fides  et  ratio  collatœ  acsuo 
utraqueloco  redditœ  adv.principiaJ, 
Lockii,  Amst.,  1707,  in-12.— Poiret  a 
réimp.,  avec  une  préface,  cet  écrit  du 
mysticisme  le  plus  abstrait. 

XXY.  Bibliotheca  mysticorum  selec- 
ta,  Amst.,  1708,  in-8*. 

XXYI.  Pratique  de  la  vraye  théolo- 
gie mystique, Cologne,  1 709,  in-l  2.— 


Reeueil  d'opuscules  de  Malaval  et  d'au- 
tres écrivains  mystiques^ 

XXVII.  La  théologie delaprésence  de 
Dieu,  contenant  :  i^  La  vie  et  les  eni- 
vre* du  F,  Laurent  de  la  Résurrection  ; 
2*  Un  traité  de  l'importance  de  la  pré' 
sence  de  Dieu,  Cologne,  1710,  in- 12. 

XXVIII.  Sacra  orationis  theologia^ 
Cologne,  1711,  jn-12.  —  Recueil  de 
trois  opuscules  de  La  Combe,  Geriac  et 
Blaqueme. 

XXIX.  Le  N,  Testament  de  N.  S. 
J.'Ch.,  avec  des  explications  et  ré- 
flexions qui  regardent  la  vieintérieure, 
Cologne,  17 15, 8  vol.  In-l  2. — Ouvrage 
deMn*  Goyon,  comme  le  suivant. 

XXX.  Les  livres  de  l'A,  T.  avec  des 
explications,  etc.,  Cologne,  1715,  12 
tomes  in-12. 

XXXI.  Vera  et  cognita  omnium  pri- 
ma, sive  de  naiurd  idearum  ex  ori- 
gine sud  repetita,  asserta  et  adv.  C- 
A,Pungelerum  defensa,  Amst.,  1715, 
in-l  2. 

XXXII.  Le  saint  solitaire  des  Indes 
ou  la  vie  de  Grégoire  Lopez,  Cologne, 
1717,  in-l  2.— Trad.  faite  par  Arnaud, 
réimp.  avec  une  préface  par  Poiret. 

XXXIII.  L'amante  de  son  Dieu,  re- 
présentée dans  les  Emblèmes  de  E.  Eu- 
go  sur  les  Pieux  désirs,  et  dans  ceux 
d'Othon  Vosnius  sur  l'Amour  divin. 
Avec  des  figg.  nouvelles,  Cologne, 
1717,in-12. 

XXXIV.  Lettres  chrétiennes  et  spi- 
rituelles [par  M"«  Goyon],  Cologne, 
1717-18,  4  vol.  in-12. 

XXXV.  La  vie  de  W^  de  La  Mothe- 
Goyon  écrite  par  elle-même,  Cologne, 
1720,3  vol.  in-12.— Avec  une  préface. 

XXXVI.  Posthuma:  1©  Socinianis- 
mus  repressus  ;  2^  DefensioMethodi  in- 
veniendiverum;  Z*  Vindiciœ  veritatis 
et  innocentiœ,  Amst.,  1721,  in-4«.- 
En  tête,  une  vie  très-détaiilée  de  l'au- 
teur. 

XXXVII.  Poésies  et  cantiques  spirt 
tuels,  par  !/"»•  Goyon,  Cologne,  1 722, 
in-12. 

Dans  sa  jeunesse,  Poiret  avait  com- 
posé un  traité  Du  souverain  bien,  qu  i 
n'a  pas  été  imprimé. 


POI 


—  272  — 


POI 


POIRIER  (Eue)  ne  noas  est  connu 
que  par  sa  traduction  d'un  ouvrage  de 
G.  Hotton^publ.  sous  ce  titre  :  De  Tu- 
nion  et  réconciliation  des  églises  éoan- 
géliques  de  V  Europe ,  ou  des  moyens 
d'établir  entre  elles  une  tolérance  en 
charité, Kmsi.^  1647,  in-8«.  Cetécri- 
vain  était  peut-être  de  la  même  famille 
qn'Ètienne  Poirier,  prévôt  de  Beau- 
gency,  qui  fut,  comme  huguenot,  dé- 
pouillé de  son  office  au  mois  de  sept. 
1570  (Arch.  gén.  Dd.  5). 

POITEVIN  (ISAÀC),  sieur  de  Mau- 
reillan,  d'une  famille  originaire  de 
Blois  qui  avait  embrassé  de  bonne  heu- 
re la  religion  évangélique,  sortit,  dit- 
on,  de  sa  ville  natale,  en  1572,  pour 
échapper  aux  massacres  de  la  Saint- 
Barthélémy,  et  se  réfugia  à  Montpel- 
lier, où  il  fut  nommé,  en  1606,  rece- 
veur des  tailles  et  conseiller  à  la  cour 
des  comptes.  De  son  mariage  avec 
Jeanne  de  Solignac,  naquirent  sept 
enfants,  entre  autres,  Jacques,  sieur 
de  Maureillan  et  procureur  général  à 
la  cour  des  aides,  qui  épousa  Gaôn'e/^ 
Delpuech  et  en  eut  Isaàc,  sieur  de 
Maureillan.  Cet  Isaac  prit  pour  femme 
Marguerite  Eustache,  qui  le  rendit  pè- 
re d'ALEXANDRE-EUSTACHB-DURÀND, 

conseiller  du  roi  en  la  cour  des  comp- 
tes de  Montpellier  (1),  marié  à  Anne 
de  Falguerolles. 

Il  est  vraisemblable  que  cette  fa- 
mille, comme  tant  d'autres,  embrassa 
extérieurement  la  religion  romaine  à 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  et 
qu'elle  continua  à  professer  en  secret 
la  religion  réformée,  se  tenant  à  l'é- 
cart, évitant  de  se  compromettre  et 
attendant  des  temps  plus  heureux.  Ce 
qui  est  certain,  c'est  que  Jacques  Poi- 
tevin, sieur  de  Maureillan,  qui  naquit 
le  6  oct.  1 742,  fut  élevé  dans  le  pro- 
testantisme par  sa  mère,  qui  prit  un 
soin  extrême  de  son  éducation.  Après 

(1)  S'il  a  rempli  relte  charge,  il  doit  être  mort 
aTBDt  1682,  paiiqu'à  cette  date,  les  seuJs  offi- 
ciers huguenots  à  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier étaient  François  Ricardf  Jean-Anloine 
Thomaa  f  Jean  Clautel-^e-Fonfroide ,  conseil- 
lers, et  /ran  Capon,  aadlteur  (Àrch.  gén.  Tr., 


avoir  hésité  un  instant  entre  la  culture 
des  lettres  ou  des  sciences ,  le  Jeune 
Poitevin  se  décida  pour  ces  dernières 
vers  lesquelles  le  portait  un  goût  na* 
turel,  et  il  y  fit  de  si  grands  progrès 
qu'à  l'âge  de  23  ans,  il  fut  reçu  mem- 
bre de  la  Société  royale  des  sciences 
de  Montpellier.  La  fortune  considéra- 
ble dont  il  jouissait  lui  permit  de  se 
former  une  belle  bibliothèque  et  de 
faire  venir  d'Angleterre  d'excellents 
instruments  d'astronomie,  qui  facili- 
tèrent beaucoup  ses  travaux.  Le  ré- 
sultat de  ses  observations  se  trouve 
consigné  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Paris,  dans  la 
Connaissance  des  temps,  dans  les  Re- 
cueils de  la  Société  royale  de  Montpel- 
lier, ou  ion  trouve  notamment  les  È- 
loges  de  Marcot,  de  Montet,  de  Batte, 
dont  il  est  l'auteur.  Le  seul  ouvrage 
qu'il  ait  publié  séparément  est  un£f- 
sai  sur  le  climat  de  Montpellier,  con- 
tenant des  vues  générales  sur  la  na- 
ture et  la  formation  des  météores  et 
les  principaux  résultats  des  observa- 
tions faites  à  Montpellier  depuis  l'é- 
tablissement de  la  ci-devant  Acadé- 
mie des  sciences  de  cet  te  ville,  ouvrage 
qui  peut  servir  de  smte  aux  Mémoires 
publiés  par  cette  compagnie,  Montp.^ 
an  XI,  in-40.  Cet  Essai  est  divisé  en 
trois  parties.  La  première  contient  des 
recherches  sur  la  nature  du  sol,  des 
eaux,  et  leurs  prodoits  ;  sur  la  popu- 
lation, les  mœurs  des  habitants,  leurs 
affections  morales  et  physiques.  La 
deuxième  traite  des  vents,  des  météo- 
res aqueux,  lumineux  et  ignés,  de  la 
température,  du  poids  de  l'atmosphè- 
re. La  troisième  est  consacrée  aui 
phénomènes  extraordinaires,  et  l'ou- 
vrage se  termine  par  une  dissertation 
concernant  l'influence  des  astres  sur 
l'atmosphère  terrestre.  Poitevin  non- 
seulement  s'y  montre  physicien  et  as- 
tronome habile,  mais  il  y  fait  preuve 
de  connaissances  étendues  en  écono- 
mie rurale. 

A  différentes  époques,  Poitevin  fut 
revêtu  de  charges  municipales  :  il  fut 
président  de  l'administration  centrale 


POI 


—  273  — 


POI 


da  département  de  THéraiilt,  et  lors 
de  la  création  des  préfeclares,  conseil- 
ler de  préfecture  dans  le  même  dépar- 
tagent. Ces  fonctions  ne  le  détoarnè- 
rent  pas  de  ses  études  favorites.  Il 
était  membre  de  pioslenrs  sociétés  sa- 
vantes et  en  correspondance  avec  les 
savants  les  pins  distingués  de  son 
temps.  Il  mourut  à  Montpellier^  en 
1807.  Sa  femme  y  Susanne  de  Pradels, 
loi  avait  donné  trois  enfants  :  1*  Vic- 
tor^ sieur  de  Saint-Nazaire^  capitaine 
du  génie^  tué  au  siège  du  fort  L'Êclu- 
se,  le  S  août  1794,4  Tàge  de  23  ans; 
—  20  Casimir,  vicomte  de  Maureillan, 
lieutenant  général,  grand  officier  de  la 
Légion  d'honneur,  chevalier  de  Tordre 
du  Mérite  militaire,  chevalier  de  l'or- 
dre de  la  Couronne  de  fer,  comman- 
deur de  Tordre  militaire  de  Guillaume, 
inspecteur  général  des  forti  flcations,  né 
à  Montpellier,  en  1 772,  et  mort  à  Metz, 
le  1er  Qiai  1829;  —30  Màrgubrite- 
Jeanne-Gabrielle,  née  en  1773,  et 
morte  en  1845,  veuve  du  lieutenant 
général  Jacques^David  Martin,  baron 
de  Campredon,  pair  de  France. 

Nos  renseignements  sur  celte  famille 
languedocienne  sont  trop  incomplets, 
pour  que  nous  puissions  dire  s'il  fau- 
drait y  rattacher  François- Charles 
Poitevin,  régent  au  collège  de  Lau- 
sanne et  auteur  d'un  Nouveau-Dic- 
tionnaire suisse  françaiS'oHemand  et 
allemand-français,  B&le,  1754,in-4«*; 
ainsi  que  Jean-Jacques  Poitevin,  doc- 
teur en  médecine  de  ia  Faculté  deMont- 
pellier,  qui,  sans  parler  d'une  brochure 
contenant  des  Observations  sur  les 
bains  et  douches,  imp.  en  1 766,  a  pu- 
blié contre  Tronchin  un  écrit  violent 
sons  ce  titre  :  Oratio  de  colicâ  Picto- 
num  dicté,  Paris.,  1760,  in-i2.  Nous 
ne  sommes  même  pas  persuadé  que  ce 
dernier  appartienne  à  la  France  pro- 
testante. Il  ne  peut,  par  contre,  exis- 
ter le  moindre  doute  relativement  à 
L.-D.  Poitevin,  auteur  d'un  Chant  na- 
tional pour  les  défenseurs  de  la  patrie, 
Groning.,  1830-31,  2  vol.  in-S»;  à 
Marie  Poitevin,  qui  épousa,  en  1716, 
Pierre  Le  Court,  dans  l'église  de  la 


Nouvelle-Patente  à  Londres;  à  Samuel 
Poitevin^  qui  fut  incarcéré  à  Dieppe, 
en  1688  (Arch.  gén,  Tt.  314)  ;  à  Jac- 
ques et  Isabeau  Poitevin^  de  Condom, 
cités  dans  une  liste  de  Réfugiés  (Ibid. 
M.  66  7),  et  à  plusieurs  autres  person- 
nes de  ce  nom  que  nous  aurons  Toc- 
caslon  de  mentionner  ailleurs. 

POIX  (Jean  de),  seigneur  de  Sé- 
CHELLES,  gentilhomme  picard  de  la 
suite  de  la  princesse  de  Condé,  se  trou- 
vait de  service  auprès  de  cette  dame, 
lorsqu'au  commencement  du  carême 
de  1560,  la  Sorbonne  lui  députa  deux 
de  ses  membres  pour  lui  représenter 
quel  péché  elle  commettait  enne  faisant 
pas  maigre.  Avertie  de  leur  présence, 
la  princesse  s'informa  auprès  de  Sé- 
chelles,  qui  se  tenait  dans  son  anti- 
chambre, dubut  de  leur  visite.  aMM.  de 
Sorbonne,  lui  répondit-il,  onteu crainte 
que  vous  fussiez  en  peine  de  recouvrer 
de  la  chair  ce  caresme,  et  sur  ce,  voici 
deux  gras  et  gros  veaux  qu'ils  vous 
envoient.  «Cette  grossière  plaisanterie 
fit  battre  en  retraite  les  deux  docteurs 
tout  confus.  Lorsque  la  guerre  civile 
éclata,  Séchelles  suivit  Condé  à  Or- 
léans. Aux  seconds  troubles,  il  com- 
battit à  Saint-Denis.  En  1573,  nous  le 
trouvons  auprès  de  Tévèque  Montluc 
en  Allemagne.  On  ignore  la  date  de  sa 
mort;  mais  il  vivait  encore  en  1587. 
Il  avait  été  marié  deux  fois.  SA  pre- 
mière femme,  Jacqwline  de  Proisy, 
qu'il  avait  épousée  en  1551,  lui  avait 
donné  sept  enfants  :  i«  Abdus,  mort 
Jeune,  ainsi  que  2»  Daniel;  —  3«  Jo- 
nathan, sieur  de  Montigny,  mort  sans 
alliance;  —  4»  Marie,  que  son  père 
déshérita  parce  qu'elleépousa,en  1 574, 
Jean  deBeaumont,  qui  avait  apostasie  ; 
—  5«Elisabbth,  morte  jeune;  —6oSd- 
8ANNE,  femme,  en  1563,  de  Christo- 
phe de  Mazancourt,  vicomte  de  Cour- 
vel,  et  en  1596,  de  Galois  de  Borrat, 
sieur  de  Chanseaux;  —  7«  £sther, 
mariée  à  François  Le  Borgne,  sieur  de 
Yiilette,  puis  à  Pierre  de  Vieux-Pont, 
sieur  de  Fatouville.  En  secondes  noces, 
Jean  de  Poix  épousa,  en  1574,  Cathe- 
rine de  Dàmpierre,  allé  de  François, 


POL 


—  274  — 


POL 


Bienr  de  Liramont^  et  de  Madelaine  dt 
Lannoy.  Il  en  eut  encore  nn  fils  et  deai 
filles.  Le  tlls,  nommé  Dàtid^  abjura^ 
à  ce  qn'il  semble,  et  monrat  sans  en- 
fants en  1612.  Ses  deux  sœurs  épon* 
sèrenty  au  contraire,  de  zélés  bugue- 
nots  :  MABBLAnfE,  Claude  de  La  Ves- 
pière,  sieur  de  Llembmne,  en  1602, 
et  Eve,  Pierre  Du  Perthuis,  sieur  d'E- 
ràgtïf. 

POUER,  nom  d'une  famille  noble 
du  Rouergue  réfugiée  en  Suisse.  Ce 
fut,  dit-on,  pour  écbapper  aux  persécu- 
tions exercées  contre  les  Protestants (l) 
que  Jean  Poiier  sortit  de  France  et  se 
retira  à  Genève,  ob  il  épousa,  en  1 554, 
Catherinede  LaBoutière,  fille  de  Fran- 
çois de  La  Boutière,  de  Cluny  en  Ma- 
çonnais, et  de  Françoise  Caveau,  Sui- 
vant une  autre  version,  Poiier,  conseil- 
ler secrétaire  du  roi,  aurait  été  envoyé 
enSuisse,en  i  553,avecle  titre  de  secré- 
taire d'ambassade  et  d'interprète  de 
S.  M.  auprès  des  Ligues  suisses  et  gri- 
sonnes. Cette  dernière  version  nous 
semble  plus  probable^  parce  qu'elle 
nous  explique  pourquoi,  après  son  ma- 
riage (qui  coïncida  très-vralsemblable- 
ment  avec  sa  conversion), Poiier  quitta 
Genève  pour  aller  offrir  ses  services  à 
l'électeur  palatin,  qui  le  nomma,  en 
1557,  conseiller  d'Etat.  Plus  tard,  il 
retourna  en  Suisse  et  rentra  dans  sa 
cbarge  de  secrétaire  de  l'ambassade 
française,  où  il  trouva  l'occasion  de 
rendre  à  la  république  de  Genève  des 
bons  offices  en  récompense  desquels  le 
Conseil  lui  accorda  une  somme  de  1 ,500 
écus  à  partager  entre  lui  et  son  col- 
lègue Baithasar  de  Grisach,  de  Soleure. 
Il  mourut,  en  1602,  àLausam\e,  où  il 
avait  acquis,  le  9  avr.  1575,  le  droit 
de  bourgeoisie.  De  son  mariage  étaient 
nés  cinq  enfants  :  i^Paul,  conseiller 
à  Lausanne,  qui  épousa,  en  1 590,  Clau- 

{i)  Tel  est  le  sentiment  de  M.  Dnmont,  le  con- 
serritenr  de  la  bibliothèque  de  LauMnne,  dont 
nous  avons,  eneore  une  fois,  mis  à  contribution 
le  savoir  très-varié  et  l'inépuisable  obligeance.  U 
nous  a  euToyé  sur  la  famille  Poiier  une  notice  si 
détaillée,  que  notre  travail  s'est  borné,  k  peu  près, 
à  réduirt  le  sien  aux  proportions  exigées  par  notre 
ouvrage. 


dine  de  Combes,  dame  de  Vesaney  dans 
le  pays  de  Gex,  et  en  eut  deux  fliles, 
jEAimE-SURiE  et  Jeanne  ;  -»  2*  Marie, 
femme,  en  premières  noces,  de  Jean 
Trembletf  professeur  de  philosophie 
à  Lausanne,  et  en  secondes,  de  Jean 
Hayor,  de  Romainmotier  ;  —  s*  Jac- 
ques, qui  suit;  —  4«  Sara,  mariée  à 
Bernard  Thormann,deBerne;^5*JBAif- 
Baptiste,  né  à  Lausanne,  le  17  mal 
1 575,  mort  jeune  au  service  de  France. 

Jacques  Poiier  eut  de  son  mariage 
avec  Françoise  Loi/5,contracté  en  1 59 1 , 
une  fllle,  ANNE,  femme  de  Jean  Le  Mar- 
letf  d'une  famille  réfugiée  de  Bourgo- 
gne, puis  d'Abraham  Grinsoz,  sienr  de 
Cottens,  et  trois  fils  :  1»  Jban-Pibbrb, 
qui  fonda  la  branche  de  Bottens;  — 
2«  Etienne,  dont  la  destinée  est  incon- 
nue, et — 30  Jean,  souche  de  la  bran- 
che de  Bretigny. 

I.  Branche  de  Bottens. 

Jean-Pierre  Poiier,  sieur  de  Bottens, 
lieutenant-colonel  des  milices  du  Pays 
de  Vaud,  bourgmestre  de  Lausanne, 
en  1655,  mort  en  1 672,  est  auteur  de 
quelques  ouvrages  où  une  piété  sincère 
se  cache  sous  une  certaine  teinte  de 
mysiicismeetd'eiallation.  En  voici  les 
titres  : 

L  Le  restablîssement  du  royaume, 
Part.  I  etII,Gen.,  S.  Chouet,  1662-63, 
Part.  III,  Gen.,  Jacq.  de  La  Pierre, 
1665,  3  vol.  in-40.  —  Commentaire 
sur  l'Apocalypse. 

IL  La  venue  du  Messie  pour  rapeler 
les  Juifs ypour  rétablir  la  terre  et  met- 
tre les  siens  en  possession  de  l'héritage 
et  du  royaume  qui  leur  a  été  promis, 
Laus  ,  Clément  Gentil,  1666,  in-8». 

ni.  La  chute  de  Babylon  (sic)  et  de 
son  roy,  Laus.,  C.  Gentil,  1668,  in-8«. 

—  En  tète  du  vol.  se  trouve  une  Ex- 
hortation à  MM.  de  V Eglise  romaine. 

Jean-Pierre  Poiier  fût  marié  deux 
fois  :  en  premières  noces,  ^yec  Anne  Le 
Marlet  ;  en  secondes,  avec  Bénigne  Sau- 
maise.hu  premier  lit  naquirent  :  l»  An- 
ne, femme  de  François  de  Trey  torrens, 
générai  dans  Tarmée  du  roi  de  Suède; 

—  2<>  Etienne,  qui  entra  au  service 
de  rélecteur  palatin  Charles-Louis,  eC 


POL 


—  f75  — 


POL 


qni  devint^  plus  tarjd,  premier  écnyer 
de  la  princesse  palatine  Cbarlotle-Elf- 
Mbetii^  dont  il  avait  négocié  le  mariage 
airec  le  duc  d'Orléans;  il  monmt  à  Pa« 
ris,  en  1 711  ;  —  3»  François,  tué  en 
doel  en  Hollande,  en  1644.  Dn  second 
lit  sortirent  :  4»  Louise,  femme  de  Sé- 
bastien de  Praroman,  puis  de  Paul  de 
Chandieu  ;  — 5«  SusAifNE-BÊNiGins^qnl 
épousa  Berne-Théodore  Crool,puis2)a- 
niel  de  Chandieu;  —  6»  Scsannb,  ma- 
riée, en  1658,  avec  Sébastien  Loys; 
—  70  Jacques,  mort  Jeune,  ainsi  que 
8»  Sébastien  et  9»  Paul-Etienne;  — 

iO«JEAN-PlERRE,qui  suit;— 1  IoGeor- 

GB8,  sieur  de  Vemand,  né  en  1639, 
professeur  de  philosophie  à  l'académie 
et  minisire  de  l'église  de  Lausanne,  en 
1 673,  puis  professeur  de  théologie,  en 
1680,  qui  mourut,  le  19  avril  1700, 
ayant  eu  trois  enfants  de  sa  femme 
Louise  de  CoucauU,  fliie  de  Jacques  de 
Coucault  (et  non  Concaut),  sieur  d'E- 
loy,  et  de  Marie  de  Chandieu  (Voy. 
m,  p.  334),  savoir:  deux  fliles, nom- 
mées Susanne-Marie  et  Pauline,  et 
un  fils.  Ceflis,  Etienne-Bénigne,  sieur 
de  Vernand,  conseiller  à  Lausanne,  é- 
pousa,  en  1710,  Françoise  de  Tavely 
flile  de  Jean-Rodolphe  de  Tavel,  bailli 
de  Nyon,  et  de  Louise-Marianne  de 
Chandieu,  qui  le  rendit  père  de  Jean- 
Henri,  né  le  4  mal  1715  et  mort  à 
Lausanne  le  10  juin  1791,  lieutenant 
balllivalet  président  de  la  Société  éco- 
nomique de  cette  ville  ;  et  de  Georges- 
Louis,  né  ie  1 6  Janv.  1718,  colonel  des 
gardes  suisses  au  service  des  Etats- 
Généraux,  en  1 766,  générai  major^  en 
1779,  mort  à  La  Haye,  en  1793. 

Jean-Pierre  Polier,  sieur  de  Bottens^ 
contrôleur  général  à  Lausanne  pour 
les  seigneurs  de  Berne,  mourut  en  1677. 
Il  avait  épousé,  en  1661,  Jeanne  Loys 
et  en  avait  eu  deux  fils  et  deux  filles. 
L'ahiée  de  ces  dernières,  nommée  Jean- 
ne, se  maria  avec  Louis  Rosset,  sieur 
d'Echandens,  et  mourut  en  1725;  la 
cadette,  appelée  Jeanne-Marie,  devint 
la  femme  de  Joseph  de  Saussure^  fils 
û' Antoine,  sieur  de  Boussens,  et  de 
Catherine  de  Gingins.  Le  fils  aîné. 


1iân*Jacqub8,  continua  la  descendan- 
ce; le  cadet,  Georges,  fonda  nn  nou- 
veau rameau. 

I.  Né  au  mois  de  Juin  1670,  Jean- 
Jacques  Polier,  sieur  de  Bottens,  fut 
éeuyer  de  la  reine  de  Prusse,  premier 
banneret  de  Lausanne  et  colonel  des 
vieilles  élections  du  Pays  de  Yaud.  Il 
se  signala  par  sa  bravoure  dans  la 
guerre  que  les  Cantons  évangéliques 
soutinrent,  en  1712,  contre  les  Can- 
tons catholiques.  Il  avait  entrepris  d'é- 
crire ses  Mémoires,  mais  il  ne  les  a 
continués  Jiue  jusqu'à  l'année  de  son 
mariage,  c'est-à-dire  Jusqu'en  1696. 
Ils  se  conservent  en  manuscrit  à  la 
bibliothèque  de  Lausanne  [MSS.  J. 
1210).  Il  mourut  le  il  mars  1747.  Sa 
femme  Sahmé  Quisard^lnï  avait  don- 
né 25  enfants,  dont  douze  seulement 
sont  connus,  savoir  :  1»  Jacques-Hen- 
ri-Etienne, qui  suit;  —  20  Georges, 
qui  suivra;  —  3»  Jean-Daniel, né  en 
1703,  capitaine  au  service  de  France 
et  d'Espagne,  qui  épousa,  en  1 730,  Su- 
sanne  de  Saussure,  fille  de  Benjamin 
de  Saussure  et  ^'Emilie  Gaudard,  et 
en  eut  deux  fils:  l'un  Jean-Benjamin, 
né  en  1731,  était,  en  1780,  major 
dans  les  troupes  hanovriennes;  l'autre 
mourut  dans  leslndes;  —  4*  Etienne- 
Louis,  décédé  en  Espagne,  où  il  s'é- 
tait établi,  sanslaisser  d'enfants  de  sa 
femme  Catherine  Allen;  ^  5©  Paul- 
Philippe,  né  en  1712,  capitaine  dans 
l'armée  sarde,  puis  major  dans  les 
troupes  bernoises,  qui  entra,  plus  tard, 
au  service  de  la  Compagnie  anglaise 
des  Indes,  s'éleva,  en  1756,  au  grade 
de  général  major  et  fut  nommé  gouver- 
neur du  fort  Saint-Georges,  sur  la  c6te 
de  Coromandel;  il  mourut,  sans  avoir 
été  marié,  au  mois  d'août  1759,  des 
suites  des  blessures  qu'il  avait  reçues 
au  siège  de  Madras  ;  —  6»  Benjamin- 
GODEFROY,  capitaine  d'infanterie  dans 
les  troupes  hanovriennes,  à  qui  sa  fem- 
me, N,  de  Zastrow,  ne  donna  pas  d'en- 
fants ;  —  7*  David,  capitaine  au  ser- 
vice d'Espagne;  —8»  Bénigne-Elisa- 
beth, femme  du  lieutenant- colonel 
Jean-François  Hugonln;— 9«  Jeakiib, 


POL 


—  276  — 


POL 


morte  flUe  en  1788;  —  iO«  Càthi- 

mUfB-HSRCULINB-FRÀNÇOISB;  —  1  !•£- 
LISABBTH-MàRIB  ;— 1 2«  ANT01NB-N0fi> 

qui  fonda  un  nouveau  rameau. 

1»  Jacques-Henri-Etienne  Polier^  né 
en  1700,  conseiller  et  Justicier  à  Lau- 
sanne,  épousa,  en  1721,  Françoise* 
MoreaUy  dont  il  eut,  sans  parler  de 
deux  filles,  Jeanne  et  Louise,  mortes 
dans  le  célibat,  un  fils,  Antoinb-Louis- 
Henri,  né  à  Lausanne  au  mois  de  fév. 
1741.  Dès  l'âge  de  quinze  ans  le  Jeune 
Polier  s'embarqua  pour  les  Indes.  A 
son  arrivée,  il  apprit  la  mort  de  son 
oncle,  sur  la  protection  duquel  il  fon- 
dait sans  doute  de  grandes  espérances, 
et  réduit  à  faire  son  chemin  tout  seul, 
il  entra  comme  cadet  dans  les  troupes 
de  la  Compagnie  anglaise.  Ses  con- 
naissances assez  étendues  en  mathé- 
matiques lui  firent  obtenir  prompte- 
ment  une  place  d'ingénieur.  En  1 762, 
il  fut  élevé  au  grade  d'ingénieur  en 
chef,  mais  au  bout  de  deux  ans,  cet 
emploi  lui  fut  enlevé  par  un  oflScier  an- 
glais fraîchement  arrivé  d'Europe.  Une 
aussi  flagrante  injustice  ne  le  rebuta 
pas;  il  continua  à  servir  avec  zèle  et 
mérita  la  confiance  de  lord  Clive,  qui, 
non  content  de  lui  rendre  son  ancien 
grade,' le  nomma  commandant  de  Cal- 
cutta. Mais  les  directeurs  de  la  Com- 
pagnie des  Indes,  voyant  avec  méfiance 
un  étranger  occuper  une  position  aussi 
élevée  dans  les  possessions  anglaises, 
refusèrent  à  Polier  le  brevet  de  lieute- 
nant-colonel qu'il  attendait,  et  enjoi- 
gnirent même  au  général  en  chef  de 
retarder  sonavancement.  Ce  fut  en  vain 
que  le  gouverneur  Hastingset  le  conseil 
du  Bengale  firent  en  faveur  de  cet  ex- 
cellent officier  les  représentations  les 
plus  pressantes.  Tout  ce  que  Polier  put 
obtenir^  en  1 776,  fut  un  congé  illimité. 
Il  en  profita  pour  offrir  ses  services 
au  nabab  SouJa-oul-Doula,  devenu  l'al- 
lié des  Anglais.  Les  services  qu'il  ren- 
dit à  ce  prince,  ainsi  qu'à  son  succes- 
seur Azef-oul-Doula,  lui  gagnèrent  leur 
bienveillance  ;  mais  la  faveur  dont  il 
jouissait  excita  les  ombrages  du  conseil 
du  Bengale,  qui  le  rappela,  sans  lui  rien 


offrir  en  compensation  des  avantages 
qu'il  lui  faisait  perdre.  Tant  d'ingra- 
titude irrita  à  bon  droit  Polier  qui,  ne 
pouvant  obtenir  le  grade  qu'ilambition- 
nait,  finit  par  quitter  le  service  anglais 
et  retourna  dans  le  royaume  d'Aoudh. 
Il  n'y  trouva  plus  le  même  accueil  ;  bien- 
tét  même,  le  nabab,  circonvenu  par  les 
Anglais,  le  dépouilla  de  tous  ses  emplois 
et  lui  ordonna  de  sortir  de  ses  Ëtats.  Il 
se  retira  auprès  de  l'empereur  mogol 
Chah-Aalum,qui  lui  confia  le  comman- 
dement d'un  corps  de  7,000  hommes,  a- 
vec  le  titre  d'omrah  et  la  propriété  du 
territoire  deKaïr.  La  faveur  du  prince 
excitalajalousie  des  courtisans.En  butte 
aux  intrigues  du  sérail,  Polier  crut  pru- 
dent de  s'éloigner,  et  le  conseil  du  Ben- 
gale ayant  été  renouvelé  en  entier  sur 
ces  entrefaites,  il  rentra  au  service  de  la 
Compagnie.  Hastings,  toujours  bien- 
veillant pour  lui,  lui  fit  donner  le 
brevet  de  lieutenant-colonel  avec  une 
exemption  du  service.  Vers  le  même 
temps,  il  fut  nommé  membre  de  la  So- 
ciété asiatique  de  Calcutta.  Il  alla  s'é- 
tablir à  Lucknow,  où  il  employa  ses 
loisirs  à  composer  des  mémoires  d'une 
grande  exactitude  sur  l'histoire  et  la 
mythologie  des  Hindous.  Le  désir  de 
revoir  sa  patrie  le  ramena  en  Europe 
en  1 789.  Il  rapporta  une  riche  et  pré- 
cieuse collection  de  manuscrits  orien- 
taux, entre  autres  une  copie  complète 
des  Védas,  en  onze  volumes  in-fol.,  la 
première  qu'on  ait  vue  en  Europe  ;  il 
en  fit  hommage  au  British  Muséum  àia 
seule  cond  i  tion  que  cesvolumes  seraient 
reliés  en  soie  ou  en  velours ,  comme 
les  Brahmines  en  avaient  exigé  de  lui 
la  promesse.  A  son  passage  par  Paris, 
U  céda,  par  échange,  à  Langlès  le  ma- 
nuscrit des  Inslitules  de  l'empereur 
Akbar,  connu  sous  le  nomd'Ayeen  Ak- 
bery,  et  à  son  arrivée  à  Lausanne,  il 
fit  cadeau  à  la  bibliothèque  de  la  ville 
d'un  magnifique  exemplaire  du  Coran 
(MSS.  de  Lausanne  G.  295).  Quelque 
temps  après  le  mariage  qu'il  contracta, 
le  20  Janv.  1791,  avec  Anne-Rose- 
Louise  Berthoud,  fille  de  Jacob,  baron 
de  Berchem,  Polier  quitta  le  Pays  de 


POL 


—  277  — 


POL 


Vaady  poar  s'établir  dans  la  terre  de 
Rosetti  près  d'Avignon.  L'étalage  im- 
prudent  qu'il  fit  de  ses  richesses,  amena 
oneaflfreusecatastropbe.LeS  fév.i  795, 
il  tomba  sous  les  coups  d'une  bande 
d'assassins,  dont  plusieurs  avaient 
Joui  de  son  hospitalité  fastueuse.  Son 
fils  et  sa  femme,  alors  enceinte,  échap- 
pèrent comme  par  miracle  au  danger. 

Après  la  mort  du  colonel  Poller, 
une  belle  collection  de  peintures  in- 
diennes qu'il  avait  rapportée  en  Eu- 
rope, fut  vendue  à  William  Beckford, 
et  quelques  années  plus  tard,  la  Biblio- 
thèque royale  de  Paris  acquit  de  ses 
héritiers  quarante-deux  manuscrits  a- 
rabes,  persans  et  sanscrits.  Ses  fils 
n'ont  gardé  en  leur  possession  que  les 
notes  recueillies  par  lui,  toutes  écrites 
de  sa  main  et  formant  plusieurs  volu- 
mes in-folio  (i).  Quant  à  ses  Mémoires 
sur  Thistoireetla  mythologie  des  Hin- 
dous, on  ne  peut  regretter  trop  vive- 
ment que  l'offre  faite  par  le  célèbre 
Gibbon,  de  se  charger  de  la  rédaction 
de  cet  important  ouvrage,  n'ait  pas 
été  acceptée.  La  chanoinesse  Polier 
qui  l'entreprit,  n'avait  ni  le  talent 
ni  les  connaissances  nécessaires  pour 
mener  à  bien  un  pareil  travail. 

Le  fils  atné  du  colonel  Polier  senom- 

malt  GEORGES-MAUmN-JACQUES-HKlf- 

11;  il  éUit  né  le  18  juill.  1793,  et 
mourut  à  Bumplitz,  près  de  Berne,  le 
3  août  1842.  Il  fut  marié  deux  fois. 
Sa  première  femme,  Anne'-WHhel' 
mine-Eugénie  Berthoudrde-Berchem, 
qu'il  épousa  en  1828,  ne  lui  donna 

qu'une  fille,  ADOLPHUIE-BilATHlLDB- 

Barbe,  née  le  27  avr.  1830  et  ma- 
riée à  Genève,  le  25  janv.  1853,  avec 
Alexandre-Louis-Albert  de  Tavel.  La 
seconde,  Marie  de  Zeppelin ,  fille  du 
comte  de  Zeppelin,  ministre  d'état  et 
grand  chambellan  du  roi  de  Wurtem- 
berg, et  de  la  comtesse  de  Mauderc, 
avec  qui  il  s'unit  en  1837,  le  rendit 
père  de  deux  fils  :  l«  Claudk-Fbrdi- 
rahd-Pàul-Augusti,  né  à  Genève,  le 

(i)  Li  bibliolh.  de  LutaiiDe  possède  pooTtent 
vu  Catalogne  de  190  osTragei  orientaux,  annoté 
par  le  colonel  Polier. 


1 1  janv.  1 838 ,  officier  de  c^irassier^« 
an  service  de  l'Autriche,  —  2«  Char- 
LBS-GoiLLÀUMB-M  AXiMiLiBN,né  à  Gcnc- 
ve,le  30oct.  1 839,  cadet  àrscolemili- 
tairedeLouisbourg.  Quant  au  fils  dont 
M»*  Polier  étaitenceinte,lorsde  Tassas 
sinat  de  son  mari,  il  vint  au  monde  le 
IBJuin  l795etreçutlesnomsdePiER- 

RB  -  AMÉDÊB  -CHARLES-GuaLAUHE-A- 

DOLPHE.  Il  embrassa  la  carrière  des 
armes  et  fit  les  dernières  campagnes 
de  l'Empire  comme  officier  d'état-ma- 
Jor.  Napoléon  le  décora  de  la  Légion 
d'honneur  et  Charles  X  le  créa  comte 
en  1827.  Ayant  épousé  la  princesse 
Barbe  Schakowskoyy  veuve  du  comte 
Schuwalof ,  il  alla  s'établir  en  Bussie 
et  gagna  la  faveur  du  czar,  qui  le  nom- 
ma successivement  chambellan,  che- 
valier de  Tordre  de  Sainte-Anne  et 
maître  des  cérémonies  de  la  cour.  C'est 
lui  qui  découvrit  le  premier  des  mines 
de  diamant  dans  TOural,  découverte 
qu'il  dut  à  ses  connaissances  étendues 
en  minéralogie.  Il  est  mort  à  Péters- 
bourg,  en  1830,  sans  laisser  de  pos- 
térité. 

2«  Frère  cadet  de  Jacques-Henri-K- 
tiernie,  Georges  Poller  fit  ses  premiè- 
res armes  sous  le  drapeau  de  la  France, 
mais  il  passa  plus  tard  au  service  de 
l'électeur  de  Hanovre,  qui  le  nomma 
colonel  en  second  de  ses  gardes  et  com- 
mandant de  Mœllen.  il  mourut  dans 
cette  place  forte,  le  9  mai  1 752,  laissant 
de  son  union,  célébrée  en  1737,  avec 
Jearme-Françoise  GignilUU,  un  fils, 
GÉDÉON,  mort  sans  alliance,  et  trois 
filles,  JBAififB-LouisB-AirromBTTB, 
Marie -Elisabeth,  et  CiÉHEimiiB. 
Cette  dernière  épousa  François-Ber^ 
nardln  de  La  Chesnaye.  Ses  deux  sœurs 
ont  Joui  d'im  certain  renom  dans  la 
république  des  lettres. 

Jeanne-Louise-Antolnette,  appelée 
plus  ordinairement  £/Àmofe,  naquit  à 
Altona,  en  I738,et  mourut  à  Paris,  le 
15  mars  1807.  Elle  avait  épousé,  en 
1761,  Cbarles-Baimond-Alexandre  de 
CérenviUe,  lorrain  d'origine,  mais  na- 
turalisé bernois,  qui  prenait  le  titre  de 
gàiéral  aide-de-camp  du  roi  de  Polo- 


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—  278  — 


POL 


gne.  Outre  on  ouvrage  historique,  La 
vie  du  prince  Potemkin,  feld-maréchal 
€ÊU  service  de  la  Russie  sous  le  règne 
de  Catherine  H,  rédigé,  dès  17 99,  sur 
les  mémoires  qui  avaient  été  fournis  à 
M»*  de  Gérenvilie  par  l'ancien  ambas- 
sadeur, M.  de  Ségur,  mais  publié  à 
Paris,  en  1 808,  in-S»,  par  Tranchant 
de  Laverne  sous  son  propre  nom,  on 
doit  à  cette  dame,  aussi  distinguée  par 
son  instruction  que  par  son  amour 
pour  les  arts ,  cinq  traductions  de  ro- 
mans SiWQmsiXkds'.WaUerdeMonbarry, 
grand-maitre  des  Templiers,  Paris, 
1 799,4  vol.  in-125 — Hermannd'Una 
ou  Aventures  arrivées  au  commence-* 
ment'  du  iv«  siècle,  au  temps  du  tri* 
bunal  secret^  Paris,  1801,  2  vol.  in- 
12;  -*  Les  aveux  d'un  prisonnier  ou 
Anecdotes  de  la  cour  de  Philippe  de 
Souabe,  Paris,  1804,  -♦  vol.  in-12;— 
l/e  baron  de  Flemming  ou  la  Manie  des 
tUres,  Paris,  1803,  3  vol.  in-12;  — 
Flemming  fils  ou  la  Manie  des  systè- 
mes, Paris,  1804,  3  vol.  in-12.  Les 
deux  derniers  sont  d'Augiiste  La  Fon* 
taine,  les  trois  autres  de  M»« Bénédicte 
Naubert,  et  non  du  baron  de  Bock, 
comme  le  croyait  VL^^  de  Gérenvilie. 

Marie-Elisabeth,  née  à  Lausanne  le 
12  mai  1742,  cbanoinesse  de  Tordre 
réformé  du  Saint-Sépulcre  en  Prusse, 
dame  d'honneur  à  la  cour  de  Saxe« 
Meiningen,  et  morte  à  Rudolstadt  ea 
181 7,débuta,iongtempsavant8a  sœur, 
dans  la  carrière  littéraire.  Dès  1785» 
elle  publia  à  Lausanne,  en  1  vol.  in-i  2> 
Antoine,  anecdoteaUemande,parAnt. 
Wall,  qu'elle  fit  suivre,  quelques  an- 
nées après,  de  la  trad.  d'une  comédie 
de  Kotzebue,  sous  ce  titre  :  Le  clubjth 
oobin  ou  V Amour  de  la  patrie,  Paris, 
l792,in-8«.  Ou  lui  doit,  enoutre,£ti- 
génie  ou  la  Résignation,  Laus.,  1795 
ou  97,  in-12,  trad.  de  Tallem.  de  So- 
phiede La  Roche  i-^Lepauvre  aveugle, 
1801  et  1805,  in-12;  -^  Thécla  de 
Thurm  ouScènes  de  la  guerre  de  trente 
ans,  trad.  de  ll>«  Bénédicte  Naubert, 
Paris,  1815,  3voLiii-l2.Sonouvragé 
principal  est  pourtant  la  Mythologie 
des  Indous,  trovmUée  sw  des  mamh 


écrits  authentiques  apportés  de  Vlndi 
par  le  colonel  de  Polier,  Vhri»  et  Rudol- 
stadt, 1809,  2  vol.  in-8«.  Comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  en  entreprenant  ce 
travail,  la  chanoinesse  Polier  se  char- 
gea d'une  tâche  au-dessus  de  ses  forces. 
S'imaginant  qu'une  mythologie  pou- 
vait être  traitée  à  la  façon  d'un  roman, 
elle  ne  se  fit  aucun  scrupule  de  retran- 
cher, de  changer,  de  modifier  à  sa 
guise,  sans  choix  et  sans  critique,  ne 
paraissant  pas  se  douter  qu'elle  amoin- 
drissait par  là  la  valeur  de  l'ouvrage, 
si  même  elle  ne  lui  enlevait  tonte  au- 
torité. Néanmoins,  la  Mythologie  des 
Indous,  dont  un  incendie  a  détruit 
presque  toute  l'édition,  est  louée  par 
Heeren  et  souvent  citée  par  CreuxereC 
sontraducteur  Guigniaut.  Indépendam- 
ment des  ouvrages  dont  nous  venons 
de  parler,  Marie-Elisabeth  Polier  adi- 
rigé  pendant  sept  années,  de  1793  à 
1800,  le  Journal  littéraire  de  Lau^ 
sanne;  elle  a  pris  une  part  active  à  la 
rédaction  de  deux  autres  journaux  qui 
n'ont  eu  qu'une  existence  éphémère.  Le 
Nord  industrieux,  savant,  moral  et 
littéraire  et  Le  Midi  industrieux,  sa- 
vant,  moral  et  littéraire,  tieWe  a  four- 
ni des  articles  aux  trois  premiers  nu- 
méros de  la  Bibliothèque  germanique, 
au  témoignage  de  M.  Dumont  (1). 

30  Né  le  27  déc.  1 7 1 3,  Antoine-Ndé 
Polier,  sieur  de  Bottons,  fit  ses  études 
en  théologie  à  l'université  de  Leyde, 
ou  il  soutint,  sous  la  présidence  de 
Schultens,  une  thèse  qui  a  été  Imp. 
8OU8  ce  titre  :  Diss.  quâ  disq^ûriturde 
puritate  dialecti  arabicœ  comparaià 
cum  puritate  dialecti  hebrœœ,  Lugd. 
Bat.,  1739,  in-40.  Premier  pasteur  à 
Lausanne,  en  1 754,  doyen  de  la  chisse, 
en  1766,  membre  de  l'Académie  des 
sciences  de  Mannheim,  en  1770,  il 
mourut  le  9  août  1 783.  Il  avait  acquis, 
cinq  ans  auparavant,  pour  lui  et  ses 
deux  fils,  les  droits  de  bourgeoisie  à 
Genève.  G'est  lui  qui  engagea  Voltaire, 
dont  il  avait  fait  la  connaissance  en 

(i)  Btns  fA  France  liUértiits  Emh  Ui  aUri- 
Iroe  la  trad.  des  Awnluret  d'fidoiMni  Bamtlon^ 
par  de  Werthes,  Laos,  et  Paris,  1999,  !&-<•• 


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agne^à  aller  s'établir  à  Lansanne. 
ilin  philosophe  se  flt  an  plaisir 
lire  le  pastcar  trop  candide  à 

I  dans  rEncyclopédic,  et  sa  joie 
inde  lorsqu'il  Ty  ent  décidé.  «  Les 
Babandonnent l'arche,»  s'écriait- 
D  transport.  En  public,  Voltaire 
suait  les  éloges  à  son  ami,  «  le 
)  savant  et  philosophe;  »  mais 
sa  correspondance  intime,  il  par- 
)  ses  articles  avec  mépris.  «Voici 
e,  écrivait-il  à  d'Alcmbert,  de  la 
ne  de  mon  prêtre....  Si  mon  pré- 
as  ennuie,  brûlez  ces  guenilles. .. . 
commande  à  mon  prêtre  moins 
raïsme  et  plus  de  philosophie; 
il  est  plus  dise  do  copier  le  Tar- 
que  de  penser.  Je  lui  ai  donné 
6  à  faire;  nous  verrons  comment 
ï  tirera.  »  Il  parait  que  Polier  s'en 
le  manière  à  satisfaire  Voltaire, 
lans  son  Dict.  philosophique,  où 
produitrarticlo,  s'exprime  ainsi  : 

article  est  do  M.  Polier  de  Bot« 

II  est  premier  pasteur  de  Lau- 
I.  Sa  science  égale  sa  piété.  Il 
osa  cet  article  pour  le  grand  Die- 
lire  encyclopédique,  dans  lequel 
nséré.  On  en  supprima  seulement 
nés  endroits  dont  les  examina- 
crurent  que  des  catholiques  moins 
ts  et  moins  pieux  que  Tauteur 
aient  abuser.  Il  fut  reçu  avec  l'ap- 
îssement  de  tous  les  sages.»  Hor- 
.  thèse  citée  plus  haut,  et  les  quel- 
irticles  qu'il  composa  pour  l'En- 
;)édie,  tels  que  Liturgie,  Mages, 
oierif  Magie  y  Messie^  etc.,  An- 
>Noé  Polier  n'a  rien  publié.  Il  fut 
\  deux  fois,  la  première,  en  1744, 
Elisabeth 'Antoinet  te- Stisanne  y 
e  Paul-Alexandre  de  Lagier-Plu' 
,  gentilhomroedeDie,etde/eanne 
ier;  la  seconde,  en  1779,  avec 
lique  de  La  Fléchère,  qui  ne  lui 
i  pas  d'enfants.  Du  premier  lit 
rent  deux  fils  et  deux  filles,  sa- 
JBAnNE-ISABBLLB-PAULirfB,  née 

aai  1751;  —  20  Chàrlbs-Godb- 
-Etibiinb,  né  à  Lausanne,  le  1 1 

753  ;— 30  HBNRI-ETlBIflfB-GBOR- 

^m-RoasE,  né  le  27  Juin  1 754  ; 


—  4»  JBAHHi-FRiirçoiSB,  née  à  Lau- 
sanne, en  1 761 .  Tous  quatre  ont  droit 
à  une  courte  notice  soit  pour  leurs  tra- 
vaux littéraires,  soit  pour  les  emplois 
qu'ils  ont  occupés. 

Jeanne-lsabelle-Paulinemanifestade 
bonne  heure  un  goût  très-vif  pour  la 
littérature;  elle  aurait  certainement 
pris  place  parmi  les  bons  écrivains  de 
l'époque,  si  une  main  habile  l'avait  gui- 
dée dans  ses  études  et  que  le  séjour 
dans  une  capitale  eût  perfectionné  son 
talent.  Emportée  par  son  ardente  ima- 
gination, elle  se  mit  malheureusement 
à  écrire  sans  connaître  suflisamment 
les  règles  du  style;  aussi  dut-elle  avoir 
recours,  pour  retoucher,  corriger,  re- 
fondre ses  ouvrages,  à  divers  littéra- 
teurs de  ses  amis,  en  sorte  qu'à  vrai 
dire,  le  fonds  seul  lui  en  appartient. 
Du  reste,  ses  écrits  originaux  sont  en 
petit  nombre.  Quant  à  ses  traductions 
on  imitations  de  l'anglais  et  de  l'alle- 
mand, on  a  remarqué  avec  raison  que 
le  charme  répandu  par  elle  sur  tous  ses 
écrits  fait  pardonner  l'infidélité  de  ses 
versions,  d'autant  plus  aisément  qu'il 
ne  s'agit  pas  d'ouvrages  sérieux .  Après 
avoir  consacré  la  plus  grande  partie  de 
sa  vie  à  des  travaux  littéraires,  notre 
célèbre  romancière  fut  atteinte  dans  sa 
vieillessed'infirmitésasscz  graves  pour 
la  condamner  au  repos.  Elle  mourut, 
le  29  déc.  1 832,  à  Vennes  près  de  Lau- 
sanne. D'un  premier  mariage,  con- 
tracté en  1769,  avec  Benjamin-Adolphe 
de  Grousaz,  elle  avait  eu  un  fils,  nom- 
mé Henri,  qui  ne  lui  survécut  que 
quelques  heures.  En  secondes  noces , 
elle  avait  épousé  Louis  de  Montolieu, 
deNismes,  qui  était  veuf  ùe  Françoise 
d' Aliénas.  C'est  sous  le  nom  de  ce  se- 
cond mari  qu'elle  est  surtout  connue 
dans  le  monde  littéraire.  Voici  la  liste 
de  ses  publications. 

L  Caroline  de  Lichtfield,  Lans.^ 
1786,  2  vol.  in-8o.  —  Ce  roman,  le 
meilleur,  sans  contredit,  de  Ceux  de 
Hbo  de  Montolieu,  eut  un  tel  succès  qu'il 
fut  réimp.  la  même  année  et  souvent 
depuls,avecde8oonrectioa8  etdesmo- 
dificatloDS. 


1 


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POL 


II.  Tableau  de  famille  ou  Journal 
de  Ch.  Engelmann,  1801,  2  vol.  in- 
8«;  1802,  2  vol.  in-12.— Trad.  ù'A. 
La  Fontaine. 

m.  Nouveau  tableau  de  famille, ou 
Vie  d'un  pauvre  ministre  aans  un  vil- 
lage allemand  et  de  ses  enfants,  1 802, 
5  vol.  in-12. — ^^Trad.  dn  même. 

IV.  Le  village  de  Lobenstein  ou  le 
Souvel  enfant  trouvé,  1802,  5  vol.  in- 
12. — Trad.  libre  du  même. 

V.  La  rencontre  au  GarigUano  ou 
les  Quatre  femmes,  1803,  in-12.  — 
Trad.  de  l'allemand. 

VI .  A  mour  et  coquetterie  ou  l'Enfant 
d'adoption,  1 803, 3  vol.  ln-1 2  .—Trad. 
de  La  Fontaine. 

VII.  Recueilde contes, Gen,eiVBT\B, 
1804,  3  vol.  ln-1 2.  —  Quatre  contes 
dont  deux  sont  originaux  et  deux  trad. 
de  l'allemand. 

VIII.  Aristomène,  1804;  1811,  2 
vol.  ln-1 2.— Trad.  de  La  Fontaine. 

IX.  Marie  Menzicoff  et  Fédor  Dol» 
gorouki,  1804,  2voL  in-12.  — Trad. 
du  même. 

X .  Corisandrede  BeauviUiers,  i  806, 
2  vol.  In-t2. — Trad.  de  l'anglais. 

XI.  La  princesse  de  Wolfenbtlttel, 
1807, 2vol.in-i2. — Trad.  del'allem. 

XII.  Saint'Clair  des  iUs,  1808; 
1809,  4  vol.  in-12.  — Trad.  libre  de 
l'anglais. 

XIII. fmmmcA,  1810^  6  vol.  ln-1 2. 

XIV.  Lenécromancien,  1811,2vol. 
in-12.— Trad.  de  Schiller. 

XV.il^cU^(ès,1812;  1813;  1817, 
4  vol.  in-12.— Trad.  de  l'allemand. 

XVI.  Douze  Nouvelles,  Gen.  et  P«* 
ris^  1812,  4  vol.  ln-1 2.  —  En  partie, 
imitées  de  l'allemand,  ainsi  que  les 
suivantes. 

XVII.  Suite  des  Nouvelles,  Paris, 
1815,  3  vol.  ln-1 2. 

XVm.  Dim  Nouvelles,  Gen.  et  Paris, 
1815,  3  vol.  ln-1 2. 

XIX.  Falkenberg,  1812,  2  vol.  in- 
12.  —  Imitation  de  l'allemand. 

XX.  Le  comude  Waldheim,  1812, 
4  vol.  in-12.  —  Trad.  de  Tallemand. 

XXI.  Le  Chalet  des  Hautes-Alpes, 
Paris,  1813;  1829, 3  vol.  in-12. — On 


trouve  à  la  suite  plusieurs  Nouvelles 
trad.  de  l'allemand. 

XXIl.  Le  Robinson  suisse,  1813,  2 
vol.  in-12.  —  Trad.  de  Tallemand. 

X\ll\.LaFermeauxabeilles,\SiA, 
2  vol.  in-1 2.  —  Imité  deLa  Fontaine. 

XXIV.  Charles  et  Hélène  de  Mol- 
dorf,  1 81 4,  in-1 2. — Trad.  de  l'allem. 

XXV.  Raison  et  sensibilité,  1815, 
4  vol.  in-12. — Trad.  libre  de  l'anglais. 

XXVI.  Les  Châteaux  suisses,  Vàr\8, 

1816,  3  vol.  in-12;  3«  édit.  angm. de 
quatre  Nouvelles,  Paris,  1824-27,  3 
vol.  in-12.  —  En  partie  original,  en 
partie  trad.  de  l'allemand.  Description 
attrayante  des  mœurs  des  anciens 
Suisses. 

XXVII.LtKfotncoou  le  Fils^unhom' 
me  de  génie,  1816,  2  vol.  in-12.— 
Trad.  de  l'anglais. 

XXVIII.  Les    Châteaux  suisses, 

1817,  4  vol.  in-8«.— Seconde  édition 
augm.  du  N»  XXVI. 

XXIX.  Histoire  du  comte  Roderi- 
go  de  W.,  Paris,  181 7;  1829,  in-12. 

—  Imitation  de  l'allemand,  suivie  de 
deux  Nouvelles  originales. 

XXX.  Eocaltation  et  piété,  Paris, 

1818,  in-1 2.— Quatre  Nouvelles,  dont 
deux  imitées  de  l'allem.,  une  trad.  de 
l'anglais  et  une  originale. 

XXXI.  Voyage  en  Allemagne,  dans 
le  Tyrol  et  en  ItaUe,  1818.  —  Trad. 
de  l'allemand. 

XXXII.  Ondine,  iSi9.  —  Trad.  éd 
La  Motte-Fouqaé. 

XXXIII.  La  rose  de  Jéricho,  1819. 

—  Imité  de  l'allemand. 

XXXIV.  Amabel  ou  Mémoiresd^nmb 
jeune  femme,  1820.— Trad.  del'angl. 

XXXV.  Un  an  et  un  jour,  1820. 

—  Imité  de  l'anglais. 

XXXVI.  La  famille  ElUot,  1821  .— 
Trad.  de  l'an^^ais. 

XXXVII.  Vingt-un  ans  ou  U  Pri- 
sonnier, 1822.  —  Trad.  de  La  Motte- 
Fouqué. 

XXXVIII.  Olivier,  1823.  —  Tnd. 
de  l'allemand. 

XXXIX.  Les  Chevaliers  de  la  Cuil- 
lère, Paris,  I823,ln-12.  —  Suite  du 
N«  XXVI.—  On  trouve  dans  ce  vol.  le 


POL 


—  281  — 


POL 


Château  4es  clefs,  imité  de  Tallemand. 

XL.  Dudley  et  Claudy,  1824.  — 
Trad.  de  l'anglais. 

XLI.  Le  Robinson  suisse,  Paris^ 
1824,  3  vol.  in-12;  1829^  2  vol.  in- 
12.  —  Suite  du  N»  XXII. 

XLIi.  La  Tante  et  la  nièce,  1825. 
—  Trad.  de  rallemand. 

XLIII.  Le  Siège  de  Vienne,  1826. 
— •  Trad.  de  rallemand. 

LXIV.  Constantin  ou  le  Muet  sup- 
posé, 1827.  —  Imit.  de  l'allemand. 

LXV.  Mina.  —  Nouvelle  publiée 
dans  les  Heures  du  soir  (T.  IV). 

La  sœur  de  M»»  de  Montolieu,  Jean- 
ne-Françoise, plus  connue  sous  le  nom 
de  M""  de  Botlens,  morte  à  Lausanne, 
le  11  mars  1839,  n'a  pas  joui  de  la 
même  réputation;  aussi  ne  s'est-elle 
pas  distinguée,  comme  auteur^  par  la 
même  Técondité.  Les  quelques  romans 
qu'elle  a  publiés,  sous  le  voile  de  l'a- 
nonYme,  ne  sont  pas  pourtant  sans 
mérite  ;  en  voici  les  titres  : 

1.  Lettres  d'Horteme  de  Valsin  à 
Eugénie  de  Saint-Firmin,  Paris,  1 7  88, 
3  vol.  in-12. 

ILMémoires  et  voyages  d'une  famille 
émigrée ,  publiés  par  J.'N,  Belin  de 
BaUuy  Paris,  an  IX,  3  vol.  in-1 2;  Ham- 
bourg, Fauche,  1809,  3  vol.  in-12. 

III.  Félicie  et  Florestine,  Gen.  et 
Paris,  1803,  3  voL  in-12. 

IV.  La  veuve  anglaise  ou  la  retraite 
de  Lesley  Wood,  Gen.  et  Paris,  1812, 
2  vol.  in-l  2. 

V.  Anastase  et  Nephtalie  ou  les 
Amis,  Paris,  1815,  4  vol.  in-12. 

U  nous  reste  à  parler  des  deux  fils 
d'Antoine-Noé  Polier.  L'alné,Charleâ- 
Godefroy-Etienne,  gouverneur  des  en- 
fants de  lord  Tyrone,  s'est  fait  connaî- 
tre, dès  l'âge  de  18  ans,  c'est-à-dire 
dès  le  temps  où  il  suivait  les  cours  de 
Toniversitéde  Marbourg^  par  nnetrad. 
du  Traité  de  Palœphate  touchant  les 
histoires  incroyables,  avec  une  préface 
etdes  notes,  Laus.,  1771,  in-1 2, qu'il 
dédia  aux  seigneurs  de  Berne,  et  plus 
tard,  par  d'excellents  mémoires,  ins. 
dans  les  Transact.  de  la  Société  de 
Manchester^  dont  il  était  le  secrétaire; 

T.  VIII. 


nous  citerons  plus  particulièrement  son 
Essai  sur  le  plaisir  que  V esprit  reçoit 
de  r exercice  de  ses  facultés.  Il  mourut 
dans  une  terre  de  lord  Tyrone,  près  de 
Waterford.  Le  cadet,  qui  exerça,  en 
1798,  les  fonctions  de  préfet  du  can- 
ton de  Vaud,  termina  sa  carrière  à 
Lausanne,  le  1 2  juin  1821,  laissant  de 
son  mariage  avec  Sophie  de  Loys,  trois 
enfants,  savoir  :  i»  Jeàn-NoéGode- 
FROT^  gouverneur  du  prince  Gustave 
Wasa,  chambellan  de  l'empereur  d'Au- 
triche, chevalier  de  Malte,  comte  de 
l'Empire,  mort  à  Vienne  en  1 833,  sans 
avoir  été  marié; — 2»  Juliette  Jean- 
ne-Pauline, femme  de  Jean-Henri  de 
Blonay  ;  —  3o  Louise-Angélique-An- 
TOINETTE,  épouse  de  Louis-Philippe- 
Auguste  de  Constant,  fils  de  David- 
Louis,  sieur  d'Hermenches. 

IT.  Georges  Polier,  fils  cadet  de  Jean- 
Pierre  et  de  Jeanne  Loys,  naquit  le  1 5 
déc.  1675.  Destinée  la  carrière  ecclé- 
siastique, il  se  fit  recevoir  ministre  en 
1700,  et  deux  ans  après,  il  obtint  à 
l'académie  de  Lausanne  la  cliaire  de 
grec  et  de  morale,  qu'il  échangea,  en 
1 705,  contre  celle  d'hébreu  et  de  caté- 
chèse. En  1718,  il  fut  admis  au  nom- 
bre des  membres  de  la  Société  anglaise 
pour  la  propagation  de  l'Evangile  par- 
mi les  païens.  En  1722,  cédant  aux 
injonctions  réitérées  du  gouvernement 
bernois,  il  signa  la  Formula  consen- 
sus ;  il  le  fil  avec  répugnance  et  sous 
toutes  réserves;  mais  il  eût  été  plus 
honorable  pour  lui  de  ne  pas  sacri- 
fier ses  convictions  au  désir  de  con- 
server sa  place.  Ou  peut  lui  pardon- 
ner sa  faiblesse,  en  ayant  égard  aux 
services  qu'il  rendit  à  sa  patrie,  no- 
tamment, en  1 726,  par  la  fondation 
des  écoles  de  charité,  d'où  sont  sortis, 
durant  près  d'un  siècle,  la  plupart  des 
Instituteurs  primaires  du  Pays  de  Vaud. 
U  mourut  à  Lausanne,  le  28  oct.  1 759. 
Outre  un  Examen  du  Consensus,  pu- 
blié par  Gniner  dans  un  recueil  de  piè- 
ces relatives  à  la  fameuse  formule 
(1719,  4«),  on  a  de  lui,  d'après  Leu  : 

\.SermonsparfeuM,TiUotson,trad. 
de  l'anglais,  AmsL,  1 729, 6  vol.  in-S». 

18 


POL 


—  282  — 


POL 


li.  Grammahea  hebrcBa  cum  syn^ 
taxi. 

III.  Bhetorica  iocra. 

IV.  Systema  antiquitattm  hebrai- 

V.  Explicatio  catechismi  heidelher- 
gensis, 

VI.  Pensées  chrétiennes  mises  en 
parallèle  ou  en  opposition  avec  les 
Pensées  philosophiques  de  M.  Diderot, 
La  Haye,  1746,  in-8o. 

VII.  La  Liturgie  des  écoles  de  cha- 
rité de  Lausanne,  ou  le  service  divin 
qui  s'y  fait  chaque  jour,  Laos.,  1 747  ; 
1 789,  iD-8». 

VIII.  Le  Nouveati'Testament  mis 
en  catéchisme  par  demandes  et  ré- 
ponses, avec  des  ea^pUcations  et  anno* 
talions,  Laas.  et  Amst.^  M.-M.  Rey, 
1756,6vol.  ln-8«;  AmsL,  1766,2vol. 
iQ-8o,  selon  M.  Quérard. 

Georges  Polier  avait  époasé,  en 
nOi,Anne  Daliès,  fille  d'Antoine, 
baron  de  Gaussade,  qai  le  laissa  venf 
avec  an  fils.  Il  se  remaria  avec  Su- 
sonne  de  Monlbrun-de-CasteUane-de- 
Caille,  qui  loi  donna  une  fille,  Marie- 
ÀNifB,  femme  de  Paul  de  Loys.  Son 
fils,  nommé  Antoihb,  seiRnear  de 
Saint-Germain,  naquit  le  1 5  Juin  1 705. 
Il  fut  élu  bourgmestre  de  Lausanne, 
en  1766,  et  remplit  cette  cliarge  pen* 
dant  trente  ans.  Il  mourut  en  1 797^ 
ayant  eu  de  sa  femme  Henriette-Fran- 
çoise de  Chandieu,  fille  de  Paul,  sieur 
de  Gorceiles,  et  d'Anne  de  PelUssary, 
qu'il  avait  épousée  en  1 750,  une  fille, 
Marianne,  morte  sans  alliance,  et 
deux  fils  :  i  •  Jonathan,  né  le  18  déc. 
1735,  assesseur  baillival  à  Lausanne, 
marié  en  1767,  avec  Louise  de  Saus-* 
sure  et  mort  sans  postérité; — 2oLijg, 
Dé  en  1740,  qui  épousa,  en  1770, 
Elèonore-ArUûinette  Hardi,  fille  d'i4r« 
mand  Hardi,  colonel  au  service  de 
Hollande,  et  deSophie-Wilhelmine  Du 
Portail;  mort  aussi  sans  postérité. 
On  attribue  à  Antoine  Polier  : 
I.  La  Sainte-Ecriture  de  l'A.^T. 
éelaircie  par  demandes  et  par  répon- 
ses, Laus.,  1764-66, 11  vol.  in*8».— 


Complément  de  l'ouvrage  de  son  përe 
sur  le  Nouveau-Testament. 

II.  Du  gouvernement  des  mœurs, 
Laus.,  1 784,  in-8«;  trad.  en  allemand, 
Francf.  und  Leipz.,  1785,  in-8o. 

III.  Essai  sur  le  projet  de  paix  per- 
pétuelle [de  Bernardin  de  Saint-Pierre], 
Laus.,  1788,  in-8». 

IV.  Coup  d'odl  sur  ma  patrie  ou 
Lettres  d'un  habitant  du  Pays  de  Vaud 
à  son  ami  [le  colonel  Polier]  revenu 
depuis  peu  des  Indes  àLohdres,  [Laus.] 
1795,  in-12. 

II.  Branche  de  Brettgnt. 
Le  fondateur  de  cette  branche,  Jean 
Polier,  sieur  de  Vemand-Dessous  et 
de  Gumoëns-le-Ghàtel  (aujourd'hui 
Bretigny),  eut  six  enfants  de  sa  pre- 
mière femme  Claudine  Qmsard,  sa- 
voir: 1»  Françoise,  femme  de  Jéiréme 
de  Treylorrens,  doyen  de  la  classe 
d'Yverdon  ;  —  2»  Jean-Pierrb-Ber- 
NARD,  mort  jeune,  amsi  que  3»  Jac- 
ques ;— 40  Urbaine,  femme  de  G«)r(7« 
de  Saussure  ;  —  5®  Marc,  marié,  en 
1661,  avec  Louise  Seigneux  et  mort 
sans  postérité;  —  6»  Sêbastienne, 
alliée  à  Sébastien  de  Senarclens,  capi- 
taine au  service  de  France.  Resté  veuf, 
Polier  épousa  en  secondes  noces  Do- 
rothée Du  Gard,  qai  lui  donna  encors 
trois  enfants  :  —  ?•  Théodore,  sieur 
de  Bretigny,  capitaine  au  service  de 
France,  qui  fut  marié  deux  fois,  avec 
Sara  de  MoUn,  puis  avec  Marie-C&- 
therine  Chemilleret,  fille  d'^^aic  Che- 
milleret,  de  Montbéliard,  et  de  Made- 
leine Lavisé,  de  Dijon.  Du  second  Ut 
naquit  Jean-Abrahax,  sieur  de  Bre- 
tiguy^  qui  n'eut  qu'une  fille,  Esthbr, 
de  son  union  avec  Charlotte  Loys  ;  — • 
8«  Marthe-Louise,  femme  de  Nicolas 
Manlich;  —  9»  JeaxN-Franço»  ,  qui 
prit  le  parti  des  armes  et  entra  comme 
capitaine  dans  le  régiment  de  Vatto* 
ville  au  service  de  France,  pais,  en 
1678,  dans  celui  de  Salis,  dont  il  de* 
vint  colonel,  en  1690.  Nommé  brigi* 
dier  en  1691,  il  assista,  la  même 
année,  au  siège  de  Mons.  En  1692,  fl 
servit  au  siège  de  Namur  et  combattit 
avec  une  rare  intrépidité  à  la  bataille 


POL 


de  SteiDkdrqne,  oh  il  resta  parmi  les 
morts.  Sa  femme  Anna  Locher  ne  lui 
avait  donné  qu'une  fille,  qai  épousa 
Jean  de  Martlgny^  bourgeois  de  Lau- 
sanne. 

POLIGNAC  famUle  noble  de  U 
fiâintonge,  divisée  en  deux  branches^ 
qui  toutes  deux  ont  professé  pendant 
quelque  temps  la  religion  réformée. 

I.  Brài^chb  des  Fontaines. 

Le  premier  de  cette  branche  qui  em- 
brassa le  protestantisme  est  EUe  de 
Polignac,  que  le  parlement  de  Bor- 
deaux comprit  dans  son  arrêt  de  1 569^ 
avec  Antoine  de  Polignac^  sieur  de 
Donzac^  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Benott.  Elie  de  Pollgoac  avait  épousé, 
en  1559,  MadeUnne  de  La  Porte,  et 
en  avait  eu  six  enfants  (CoUect»  Du 
Chesne,  vol.  24),  savoir  :  1  •  François, 
sieur  desFontaines,quisuit; — 2""  Pier- 
re ;  —  5o  Françoise,  femme  de  Jean 
Stuart-de-Caussadey  sieur  de  Saint- 
Mégrin,  dont  le  nom  figure^  à  cété  de 
eelui  de  son  beau-père,  dans  l'arrêt  du 
parlement  de  Bordeaux;  —  4*  Cathe- 
rine, femme  de  Joseph  de  Ranconnet, 
sieur  d'Escoire,  et  en  secondes  noces^ 
û'Annet  de  Bonnevin,  sieur  du  Pont; 
«-  5*>  Louise,  mariée  à  Nicolas  de 
Bonnefoi,  baron  de  Bretauville,  gou- 
verneur de  Pons  ;  —  6»  autre  Louise, 
épouse  de  Jean  de  La  Porte,  sieur  de 
Yleilleville  en  Angoumols. 

François  de  Polignac  prit  pour  fem- 
me, en  1 580,  Louise  de  Lanes,  OUe  de 
Jeannot  de  Lanes  et  ù'Anne Bouchard^ 
d^Aubeterre,  qui  le  rendit  père  de  six 
enfants  :  1«  Léonor,  qui  suit;  —  2^ 
Charles,  mort  sans  alliance;  —  3* 
François,  qui  épousa  Elisabeth  Martel 
et  en  eut  une  ûlle  morte  en  bas  âge; 
—  4«Anne,  femme  A'Abednagode  La 
Boche-Chandry,  sieur  de  Clan,  fils  de 
Jean  de  La  Roche-Chandry,  bâtard  de 
Clan  ;  ensecondesnoces,  de  Jean-Louis 
de  LignièreSy  gentilhomme  d'Auver- 
gne, et  en  troisièmes,  de  Jacques  de 
BlûiSf  sieur  de  Rouss{llon;--5'' Elisa- 
beth, alitée,  en  1 607,  à  Elie  de  Sairir 
(«•ffermine, sieur  du  Fa;— e^EsTHER^ 


—  POL 

mariée  à  Birard  de  Ségur,  aieor  do 
Grand-Puch; 

Léonor  de  Polignac,  sieur  des  Fon- 
taines, épousa,  en  ien,  Léade  Bon- 
nefoiy  fille  de  Jean  de  Bonnefoi,  gou- 
verneur de  Pons.  De  ce  mariage  naqui- 
rent, outre  trois  filles  :  lo  François, 
qui  suit;  —  2»  Charles,  marquis  de 
Polignac,  mort  Jeune;  —  3«  Léonor^ 
vicomte  de  Polignac,  mort  au  service^ 
ainsi  que  4»  CfiSAR,  chevalier  de  Po- 
lignac. 

François,  comte  de  Polignac,  se  ma- 
ria, en  1640,  avec  Marie  Labbé,  flUe 
de  Jean  Labbé,  sieur  de  Sorlut,  qui  lui 
donna  deux  enfants  :  1»  François, 
comte  de  Polignac,  et  2^  Anne.  Nous 
ne  savons  à  quelle  époque  il  se  con- 
vertit, mais  il  est  très-probable  qu'il 
ne  professait  plus  la  religion  réformée 
en  1 648,  lorsqu'il  se  remaria  avec  Ma- 
rie de  La  Chetardie,  sœur  du  curé  de 
Saint-Sulpice,  qui  lui  donna  encore  cinq 
enfants. 

II.  Branche  de  Saint-Germain. 

François  de  Polignac,  pannetier  du 
roi,  prit  pourfemme,le  I2janv.  1560, 
Marie  d'Angliers,  dame  de  Monroy,  et 
en  eut,  outre  une  fille,  Rachel,  qui 
épousa  François  de  Grimaldi,  sieur 
d'Escros,  et  lui  donna  une  fille  mariée 
dans  la  famille  de  Satn^-SlVmm,  unflls^ 
nommé  Gabriel,  qui  Joua  un  rôle  très- 
considérable  dans  le  parti  huguenot. 

Gabriel  de  Polignac,  sieur  de  Saint- 
Germain-de-Clan,  de  Monroy  et  de  Com- 
porté, gentilhomme  ordinaire  de  la 
chambre  du  roi,  conseiller  en  ses  con- 
seils d'Etat  et  privé,  se  montra,  tant 
qu'il  vécut,  un  défenseur  ardent  de  la 
cause  protestante.  Il  était  entré,  très- 
Jeune,  en  qualité  d'enseigne  dans  la 
compagnie  de  gendarmes  de  Henri  de 
Condé;  mais  à  la  mort  de  ce  prince, 
il  avait,  à  ce  qu'il  semble,  renoncé  à 
la  carrière  militaire.  En  1597, 11  fut 
député  parla  Saintonge  à  l'Assemblée 
de  Chàtellerault,  qui  le  chargea  d'une 
mission  en  Angleterre.  A  son  retour, 
le  6  Janv.  j  598,  il  fut  élu  président  de 
l'assemblée;  mais,  dès  le  25^  11  futen- 
voyé  dans  le  Dauphiné  avec  ordre  de 


POL 


—  284- 


POL 


prendre,  conjointement  avec  Lesdi" 
guières,  Gouvernet,  Le  Poét,  Marges^ 
Montbrufiy  Saint- Sauveur  et  le  syndic 
des  églises  û'Almères,  les  mesures  né- 
cessaires à  la  sûreté  des  villes  d'Ai- 
gues-Morteset  d'Aubenas.  Nommé  par 
l'Assemblée  de  Sainte-Foy  député  gé- 
néral des  églises  avec  Des  Bordes- 
Mercier,  il  usa  de  toute  son  influence 
pour  empêcher  le  Synode  de  Gap  d'a- 
dopter le  fameux  article  de  l'Antéchrist; 
mais  ses  efforts  furent  vains.   11  ne 
réussit  pas  mieux  dans  ses  tentatives 
pour  détourner  Henri  IV  d'entrepren- 
dre l'expédition  de  Sedan.  C'est  eucore 
en  <iualité  de  député  général  qu'il  as- 
sista, en  1605,  à  l'Assemblée  de  Ghà- 
tellerault,  qui  le  maintint  sur  la  liste 
des  candidats  à  la  députation  ;  mais  la 
Cour  lui  préféra  La  Noue,  En  1 61 1 ,  il 
assista  de  nouveau  à  l'Assemblée  de 
Saumur,  et  fut  choisi  pour  un  des  com- 
missaires chargés  de  faire  exécuter  re- 
dit de  pacification  (Fonds  de  Brienne, 
No  !2iO).  En  1616,  Saint-Germain  fut 
employé  par  la  reine-mère  à  négocier 
la  paix  avec  Condé.  Comme  il  n'est 
plus  parlé  de  lui,  à  partir  de  cette  épo- 
que, on  peut  en  conclure  qu'il  mourut 
vers  ce  temps.  Il  avait  été  marié  deux 
fois,  la  première^  en  1 590,  avec  Léa 
Boutaut,  dame  de  Laubouinière  ;  la 
deuxième,  en  1597,  avec  Anne  d'Aï- 
hin-de-ValzcrgueSy  fille  de  Louis ,  sieur 
de  Seré,  lieutenant-général  de  l'artil- 
lerie de  France,  et  de  Renée  de  Chaba- 
nais  y  et  veuve  de  Jean  de  La  Roche  fa- 
ton  y  sieur  de  Saveilles,  dont  elle  avait 
une  fille,  Jeanne  de  La  Rochefaton, 
mariée  plus  tard  dans  la  maison  de 
CaumonM^-Forcc.  Du  premier  lit  na- 
quirent Gaspard,  sieur  de  Lauboui- 
nière, mort  sans  enfants  en  1615,  et 
Louise,  femme  de  Henri  Poussarty  ba- 
ron de  Fors  et  du  Vigean^  puisde  Henri 
deClermont'Gallerande.  Du  second  ne 
sortit  qu'nne  fille,  Ai<cns^  qui  épousa 
Gaspard  de  ChâtUlon, 

POLIGNAG  (Claude- Armand  de), 
d'une  famille  d'Auvergne  différente  de 
la  précédente,  se  fit  prolestant  par  es- 
prit de  vengeance  plutôt  que  par  con- 


viction. Quoiqu'il  fût  l'aîné  de  la  fa- 
mille, son  père,  François-Armand  de 
Polignac,  voulut  le  contraindre  à  em- 
brasser l'état  ecclésiastique,  dans  la 
vue  de  laisser  son  vicomte  à  un  autre 
fils,  qu'il  avait  eu  d'un  second  mariage, 
contracté,  en  1554,  avec  Gilibertede 
Clermont-Tallard,  Claude-Armand  re- 
fusa d'obéir  et  se  jeta  dans  les  rangs 
huguenots,  sous  le  nom  de  seigneur 
de  Chalançon.  A  la  mort  de  son  père, 
en  1 562,  il  s'empara  de  tout  son  héri- 
tage, mais  il  n'en  jouit  pas  longtemps; 
il  mourut  sans  enfants  en  1564. 

POLIGNY  (Jacques  de),  vaillant 
capitaine  huguenot,  dans  le  Danphiné. 
Nous  ne  nous  souvenons  pas  d'avoir 
rencontré  son  nom  avant  1572.  Les 
historiens  du  Dauphiné racontent  qu'a- 
près la  Saint-Barthélémy,  Gordes  es- 
saya inutilement  de  le  convertir,  et 
que  Poligny  ne  montra  pas  moins  de 
répugnance  à  embrasser  la  religion 
romaine  que  Lesdiguières ,  Champo- 
léon  et  ù*Ancelle.  On  peut  conclure  de 
là  que  Poligny  occupait,  dèscetteépo- 
que,  une  place  distinguée  sinon  parmi 
les  guerriers,  au  moins  parmi  les 
gentilshommes  protestants  de  la  pro- 
vince. Plus  tard,  il  se  signala  parmi 
les  plus  intrépides  lieutenants  de  Les- 
diguières. En  1580,  il  fut  envoyé  an 
secours  de  La  Mure  (Voy,  1,  p.  216). 
En  1 587,  il  battit  la  garnison  de  Saolt, 
secondé  par  le  catholique  Rosset  ou 
Rousset,  et  par  Montrond.  En  1 588^ 
Lesdiguières  lui  confia  la  défense  de 
Puymore.  En  1591,  il  commanda  la  ca- 
valerie française  à  la  bataille  de  Pont- 
charra.  Nommé  gouverneur  de  Gap, 
il  suivit,  la  même  année,  Lesdiguières 
dans  son  expédition  de  Provence,  et 
fut  tué,  en  1592,  au  siège  de  Beyne. 
En  1625,  nous  trouvons  encore  un 
Poligny  parmi  les  officiers  de  Lesdi- 
guières; était-ce  un  de  ses  fils? 

Une  autre  famille  noble  du  nom  de 
Poligny,  et  également  protestante,  ha- 
bitait aux  environs  de  Paris.  En  1 660, 
le  parlement  condamna  le  seigneur  de 
Poligny  à  faire  effacer  les  litres  funè- 
bres posés,  par  ses  ordres,  dans  fé- 


POL 


—  M»  — 


POL 


glise  paroissiale  du  lieu  à  l'occasion  de 
la  mort  d'un  de  ses  parents^  et  eu  1 685^ 
quatre  mois  seulement  avant  la  révo- 
cation ,  Diane  de  Poligny ,  femme  de 
Jacques  Du  Bois^  sieur  de  Saint- 
Handé^  fut  enterré  au  cimetière  de  Gha- 
rentouy  accompagnée  à  sa  dernière 
demeure  par  Casimir  Prévost,  sieur  de 
Lllo^  qui  devait^  bientôt  après,  renier 
sa  religion  (Reg,  de  Charenton). 

POLTROT  (Jean),  sieur  de  Méré 
ou  de  Mérey^  gentiltiomme  de  TAngou- 
mois,  avait  été  éievé  comme  page  dans 
la  maison  de  François  Bouchard^  ba- 
ron d'Aubeterre.  Une  partie  de  sa  jeu- 
nesse s'était  écoulée  en  Espagne.  Pen- 
dant son  séjour  dans  ce  pays  y  il  en 
avait  appris  la  langue  qu'il  parlait  avec 
pureté,  en  sorte  que,  sa  petite  taille  et 
son  teint  ba<^né  y  aidant,  il  pouvait 
facilement  passer  pour  un  espagnol. 
A  son  retour  en  France,  il  avait  été 
employé  en  qualité  d'espion  dans  la  Pi- 
cardie pendant  la  guerre  contre  l'Espa- 
gne. Plus  tard,  il  avait  embrassé  là  Ré- 
forme, était  entré  dans  la  conjuration 
d'Amboise  et  avait  été  emprisonné 
comme  complice  de  La  Renaudie,  son 
parent. 

D'après  le  portrait  que  La  Popeli- 
nlère  trace  de  lui,  PoUrot  était  n  un 
petit  bomme ,  mais  d'esprit  fort  vif, 
tenant  de  Tesventé  néantmoins,  du 
téméraire  et  indiscret  jusques  à  ne 
trouver  rien  impossible.  »  D'Aubignô 
le  qualifie  aussi  a  d'bomme  hasardeux 
et  vantard.  »  On  conçoit  qu'une  tète 
ardente  et  légère  comme  la  sienne  se 
soit  exaltée  à  la  lecture  des  éloges 
prodigués  dans  l'Ancien-Testament 
aux  libérateurs  du  peuple  de  Dieu,  et 
que  le  jeune  fanatique  ait  pu  se  croire 
appelé  à  Jouer  le  rôle  des  Aod,  des 
Jabel  et  des  Judith ,  en  délivrant  ses 
coreligionnaires  du  duc  de  Guise,  ob- 
jet de  leur  haine  implacable  depuis  le 
massacre  de  Vassy.  Dans  une  des  con- 
férences qui  eurent  lieu  en  Dauphiné 
entre  Des  Adrets  et  Nemours,  la  con- 
versation étant  tombée  sur  la  mort  du 
roi  de  Navarre,  on  l'entendit  s'écrier, 
en  agitant  le  bras  droit  :  Gela  ne  met- 


tra pas  fin  à  la  guerre  ;  mais  il  faut 
avoir  le  chien  au  grand  collier.  Inter- 
togé  de  qui  il  entendait  parler  :  G'est 
du  grand  Guisard,  répondit-il  ;  voilà 
le  bras  qui  fera  le  coup.  Gette  anec- 
dote, rapportée  par  Bèze,  prouve  que 
PoUrot  méditait  l'assassinat  du  duc  de 
Guise  avant  d'être  mis  en  rapport  avec 
CoUgny,  D'Aubigné  raconte  également 
qu'il  c(  disoit  à  qui  vouloit  l'ouïr  son 
dessein  de  tuer  le  Guisard,  montroit 
des  balles  fondues  exprès,  et  par  là  se 
rendoit  ridicule.  » 

A  celte  date,  Pollrot  servait  dans 
les  chevau-légers  de  Soubise,  qui  com- 
mandait à  Lyon  pour  le  parti  protes- 
tant. Sans  prêter  une  grande  attention 
à  ses  propos,  dont  chacun  riait  comme 
de  pures  fanfaronnades ,  dans  la  per- 
suasion que  s'il  avait  réellement  formé 
le  projet  de  tuer  Guise,  il  ne  l'aurait 
pas  publié  sur  les  toits,  le  gouver- 
neur de  Lyon  envoya  le  sieur  de  Méré 
à  Orléans,  porteur  d'une  dépèche  pour 
l'amiral.  Ayant  entendu  vanter  son 
adresse  comme  espion  par  Pas-Feu- 
quières,  Goligny  accepta  les  services 
de  Poltrot,  lui  donna  de  l'argent  pour 
acheter  un  bon  cheval,  et  le  laissa  à 
Ândelot,  lorsqu'il  prit  la  route  de  la 
Normandie.  Vers  la  fin  de  janvier,  Pol- 
trot se  rendit  au  camp  catholique  et 
se  fit  présenter  au  ducde  Guise^  comme 
un  transfuge.  Accueilli  sans  défiance, 
il  commença  sur-le-champ  son  métier 
d'espion. 

Malgré  l'énergie  et  l'activité  admi- 
rables qu' Andelot  déployait,  Orléans 
était  sur  le  point  de  succomber.  Guise 
allait  enfin  recevoir  la  grosse  artillerie 
qu'il  attendait  avec  impatience ,  et  il 
se  tenait  pour  si  certain  du  succès 
qu'il  avait  déjà  fait  part  à  la  reine- 
mère  de  son  intention  a  de  tout  tuer 
dans  la  ville  et  de  la  raser  jusqu'à  y 
semer  du  sel.  »  L'attaque  des  lies  de 
la  Loire  devait  avoir  lieu  dans  la  nuit 
du  1 8  au  1 9  février.  Poltrot  le  savait  ; 
il  crut  qu'il  était  temps  d'agir.  Dans 
la  journée  du  18  fév.,  il  se  prépara  à 
l'assassinat  par  la  prière,  suppliant 
Dieu  «  de  changer  son  vouloir  si  ce 


POL 


-M6- 


PON 


qu'il  vonloit  faire  Ini  étoit  désaeréa- 
ble,  OQ  si  non^  de  lai  donner  force  et^ 
constance,  n  Le  soir  venu,  persnad6* 
qn'll  était  l'instrument  de  la  volonté 
divine^  il  alla  attendre  le  duc  de  Guise 
ao  carrefour  d'Olivet^  lui  tira  à  six  pas 
un  coup  de  pistolet  chargé  de  trois 
balles  9  l'atteignit  près  de  l'aisselle^ 
au  défaut  de  la  cuirasse,  et  s'enfuit  à 
toute  bride  à  travers  les  bois,  a  Trou- 
blé par  la  grandeur  du  fait  qu'il  ve- 
noit  de  commettre  ^  d  il  courut  toute 
la  nuit,  et  le  lendemain  matin,  il  se 
retrouva  presque  au  point  d'où  il  était 
parti.  Son  cheval  était  harassé.  Force 
lui  fut  de  s'arrêter  pour  prendre  un 
peu  de  repos.  Il  se  retira  donc  dans 
une  grange  où  il  s'endormit.  Décou- 
vert par  quelques  soldats,  son  air  in- 
quiet et  effaré  leur  inspira  des  soup- 
çons ;  ils  l'arrêtèrent  et  le  conduisi- 
rent au  camp  catholique.  Dès  le  21, 
la  reine-mère  le  fit  interroger  en  sa 
présence.  Il  dit  ou  on  lui  fit  dire  tout 
ce  qu'on  voulut.  11  accusa  de  compli- 
cité non-seulement  Goligny  et  Bèze, 
mais  La  Rochefoucauld^  Soubise  et 
d'autres  chers  huguenots.  Dès  le  len- 
demain, il  fut  livré  au  parlement  de 
Paris  qui,  malgré  les  instances  de  l'a- 
miral, se  hAta  de  lui  faire  son  procès. 
Dans  ses  derniers  interrogatoires ,  il 
démentit  en  partie  ce  qu'il  avait  affir- 
mé^ et  varia  au  point  d'ôter  tonte  va- 
leur à  ses  premières  allégations.  Après 
avoir  subi  une  question  effroyable^  il 
fut  condamné,  par  arrêt  du  1 8  mars,  à 
être  tenaillé  et  tiré  à  quatre  chevaux. 
La  sentence  fut  exécutée  le  jour  même. 
«  Il  souffrit  beaucoup  avant  que  de 
mourir,  lit-on  dans  un  écrit  contem- 
porain :  car  d'autant  qu'il  avoit  varié 
en  la  aéposition,  après  avoir  enduré 
les  tenailles  ardentes  et  la  dure  se- 
cousse des  chevaux,  il  fut  détaché  et 
relevé  pour  l'examiner  de  nouveau.  » 
Après  un  nouvel  interrogatoire^  le 
malheureux  fut  abandonné  au  bour- 
reau. Et  comme  les  chevaux  ne  pou- 
voienl  le  démembrer,  parce  qu'il  avoit 
les  membres  gros,  nerveux  et  for- 
tement attachés^  on  lui  donna  plu- 


sieurs coups  de  coutelas  sur  les  Jam- 
bes et  les  bras  pour  les  détacher  du 
tronc;  puis  on  lui  coupa  la  tête,  et  le 
corps  mutilé  fut  réduit  en  cendres. 

Poltrot  mourut  a  avec  une  merveil- 
leuse constance,  étant  bien  assisté  de 
Dieu,  »  lit-on  dans  un  écrit  huguenot. 
Convaincus,  par  l'autorité  de  la  Bible^ 
que  le  tyrannicide  inspiré  du  Ciel  est 
un  acte  légitime  et  glorieux,  les  Hu- 
guenots acceptèrent  le  fait  accompli 
comme  un  Juste  Jugement  de  Dieu; 
quelques-uns  allèrent  Jusqu'à  célébrer 
la  mort  de  Poltrot  à  l'égal  de  celle  d'un 
martyr.  Peut-on  les  en  blâmer  bien  sé- 
vèrement^ lorsqu'on  voit,  à  peu  près 
vers  le  même  temps,  la  cour  de  France 
offrir,  par  la  main  de  la  Justice,  une 
prime  à  l'assassinat  politique,  et  le 
pape  Pie  V  pousser  au  meurtre  de  la 
reine  Elisabeth  et  s'écrier  qu'il  ven- 
drait les  calices  des  églises  et  Jusqu'à 
ses  habits  pour  faire  réussir  une  en- 
treprise si  sainte  et  d'une  si  haute  im- 
portance «  pour  le  service  de  Dieu  et 
le  bien  de  son  Eglise.  »  Le  fanatisme 
est  également  dangereux  dans  tous  les 
partis;  il  affaiblit  le  sentiment  mond, 
et  bouleverse  toutes  les  notions  du  droit 
et  du  devoir. 

POLYANDER.  Voy,  KERCKHO- 
VEN. 

POXAT  (A!n)BÉ),  conseillerau  par- 
lement de  Grenoble,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre,  à  ce  qu'il  parait,  avec  îlii- 
toine  Ponat,  conseiller  au  même  par- 
lement ,  qui  accompagna  Crussol  en 
Provence  (Voy,  IV,  p.  128),  était,  se- 
lon Choricr,  le  second  fils  de  Pierre 
Ponat,  sieur  de  Vif,  conseiller  au  par- 
lement du  Dauphiné  (l).  Il  embrassa 
de  bonne  heure  les  doctrines  évangéli- 
ques,  ainsi  que  son  frère  cadet  Jean, 
et  devint,  en  quelque  sorte,  le  chef  du 
parlihuguenotàGrenobie.  LorsqueDef 
Adrets  reprit  cette  ville  sur  les  Catholi- 
ques (Foy.Il,p.i  11),  il  l'en  nomma  gott- 

(1)  Ghorier  ne  parle  pas  d'ÂntoloePontt,  niii 
bien  de  Pierre  Ponat,  frère  atnè  d'André,  qui  UX 
aussi  conseiller  an  parlemenl  de  GreDoble,  et  qil 
resta  attaché,  loot  Nnhlele  pr9«iir«à  la  nlifiai 
caUMliqae. 


PON 


-«87  - 


PON 


verneur  en  remplacement  de  Jean  Des 
Vieux,  siear  de  Brion.  D'antres  écri- 
Yains  affirment  qne  ce  fut  non  pas  à  An- 
dré^ mais  à  Jean  Ponat^  qu'il  confia  la 
défense  de  cette  place  Importante  ;  du 
reste ,  tous  s'accordent  à  reconnaître 
que  le  choix  du  baron  pouvait  être  plus 
Judicieux.  Ponat  n'était  pas  capable  de 
remplir  une  charge  militaire  qui  exi- 
geait autant  de  fermeté  et  de  courage 
que  de  prudence  et  de  vigilance.  Il  lais- 
sa prendre  le  château  de  La  Busslère, 
cil  commandait  Cassard,  et  sans  le  va- 
leureux La  Coc/i«^  Grenoble  serait  cer- 
tainement retombé  au  pouvoir  de  Mau- 
giron.  Son  incapacité  notoire  décida 
Des  Adrets  à  lui  éter  le  commande- 
ment; il  mourut  peu  de  temps  après^ 
sans  laisser  d'enfants  de  sa  femme  i4n- 
toinelle  de  Salvatng.  Son  frère  Jean, 
qui  seconda  vaillamment  La  Coche  dans 
la  défense  de  Grenoble,  ainsi  que  son 
cousin,  le  trésorier  François  Ponat,  eut 
un  fils  de  son  union  avec  Marguerite 
de  Colonge,  Ce  fils,  nommé  Louis,  épou- 
sa Françoise  de  Vienne,  qui  le  rendit 
père  de  deux  enfants,  Abel  et  Jacques, 
sieur  d'Argondières ,  sur  qui  nous  ne 
possédons  aucun  renseignement.  L'un 
d'eux  (sinon  tous  les  deux)  n'aurait-il 
pas  quitté  la  France,  et  ne  faudrait-il 
pas  regarder  comme  un  de  ses  descen- 
dants Georges-Guillaume  Ponat,  né,  le 
29  sept.  1647,  à  Hanovre,  recteur  de 
l'école  d'Osnabruck,  connu  par  diver- 
ses publications,  ainsi  que  son  fils 
Georges-Léopold,  né  en  1686  à  Oster- 
rode  et  corecteur  de  la  même  école?  Le 
nom  de  ces  deux  professeurs  semble  In- 
diquer une  origine  française. 

PONS,  nom  d'une  des  plus  grandes 
maisons  de  la  Saintonge,  aussi  illustre 
par  son  ancienneté  que  par  l'étendue 
de  ses  possessions. 

Antoine  de  Pons ,  comte  de  Maron- 
nes, baron  d'Oléron,  conseiller  d'Etat 
et  privé,  chambellan  du  roi,  gouver- 
neur de  la  Saintonge,  né  en  1510,  se 
distingua  dans  les  guerres  d'Italie  sous 
François  I.  Nommé  chevalier  d'hon- 
neur de  Renée  de  France,  il  accompa- 
gna cette  princesse  à  Ferrare,  et  ce  fut 


à  sa  cour  qu'il  s'unit,  en  i  HS3,  par  les 
liens  du  mariage  avec  Anne  de  Par- 
ihenay  (Voy.  VI,  p.  340).  De  retour  en 
Saintonge,  les  deux  époux,  que  Calvin 
avait  convertis  aux  doctrines  évangé- 
Ilques,  s'appliquèrent  à  propager  les 
opinions  nouvelles  parmi  leurs  vas- 
saux. Le  sire  de  Pons  surtout  déploya 
on  zèle  admirable,  tant  que  sa  femme 
vécut  ;  mais  après  sa  mort,  son  ardeur 
se  refroidit  considérablement,  et  une 
nouvelle  alliance  qu'il  contracta,  en 
1 556,  avec  Marie  de  Montchenu,  «  une 
des  plus  dilTaméesdamoisellesdeFran- 
ce,  n  au  rapport  de  Bèze ,  changea 
complètement  ses  sentiments  :  il  pro- 
scrivit la  religion  protestante  avec  au- 
tant de  rigueur  qu'il  avait  mis  d'acti- 
vité à  la  répandre.  Lorsque  la  guerre 
civile  éclata,  Antoine  de  Pons  s'étant 
naturellement  déclaré  pour  les  trium- 
virs ,  La  Rochefoucauld  lui  enleva  sa 
ville ,  le  2  oct.  1 562  ;  mais  les  revers 
du  parti  huguenot  l'ayant  bientôt  re- 
mise en  son  pouvoir,  le  sort  des  Pro- 
testants de  Pons  devint  plus  misérable 
que  jamais  :  leur  seigneur  fit  retomber 
sur  eux  tout  le  poids  de  sa  colère.  Le 
châtelain  Vincent  Matthieu  n'échappa 
à  la  mort  qne  par  une  prompte  fuite. 
Les  ministres  Otrand,  de  Pons,  Jean 
Sauses,  de  Saintes ,  Henri  Morel,  de 
Saujon ,  réussirent  pareillement  à  se 
soustraire  à  sa  fureur  ;  mais  d'autres 
furent  moins  heureux.  Tant  que  leur 
terrible  seigneur  vécut ,  la  condition 
des  Protestants  de  Pons  fut  si  triste, 
que  les  Catholiques  les  appelaient  les 
«  Huguenots  soufifrants,  »  à  ce  que  rap- 
porte M.  Crottet.  De  son  premier  ma- 
riage, Antoine  de  Pons  eut  cinq  en- 
fants, mais  une  seule,  An?(e,  parait 
avoir  persisté  dans  la  religion  réfor- 
mée. Elle  épousa,  en  1559,  François 
Martel,  sieur  de  Lindebeuf. 

Antoine  de  Pons  était  fils  de  Fran- 
çois de  Pons  et  de  Marguerite  de  Coë- 
tlvy.  Son  frère,  Jacques,  baron  de  Mi- 
rambeau,  fut  marié  trois  fois;  mais  il 
n'eut  pas  d'enfants  de  sa  première  fem- 
me, qui  était  de  la  maison  de  Beileviile. 
La  seconde,  Jacquette  de  Lansac,  lui 


PON 


—  288  - 


PON 


donna  trois  fils  :  i  »  François,  qui  con- 
tinua la  branche  de  Mirambeao;  -* 
2f*  Gabriel  9  chevalier  de  l'ordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  ;— 3* Pontus» 
auteur  de  la  branche  des  seigneurs  de 
La  Case  ou  La  Gaze.  De  la  troisième, 
Jeanne  de  Gontaut,  qu'il  avait  épousée 
en  1 534,  naquirent  :  4<>  Jean,  sieur  de 
Pla8sac,qui  fit  souche;  — 5«  Antoine, 
sieur  de  Bemeuil,  qui  Tut  quelque  temps 
gouverneur  de  Bourg-sur-Dordogne , 
en  1 562,  et  de  Pons,  en  1568,  pour  le 
parti  protestant ,  et  qui  mourut  sans 
postérité;  —  6»  Anne,  mariée  dans  la 
famille  de  Pierre- Bu ffière  ; — 7°  Antoi- 
nette, femme,  en  1 553,  deFoucaud  de 
Gaing,  baron  de  Linars. 

I.  Branche  de  Mirambbau. 
François  de  Pons,  baron  de  Miram- 
beau,  seigneur  de  Mortagne,  fut  nom- 
mé, eu  1562,  lieutenant  de  La  Roche- 
foucauld en  Sainlonge.  Dans  le  but  de 
seconder  les  opérations  de  Duras,  il  fit 
enlever  Talmont  par  son  lieutenant  For- 
teauy  de  Soubise,et  lui-même  se  ren- 
dit maître,  par  intelligence,  de  Bourg- 
sor-Dordogne,  où  il  laissa  pour  gou- 
verneur son  frère  Antoine ,  qui ,  peu 
de  temps  après,  fut  battu  par  les  Ca- 
tholiques, pris  et  conduit  à  Bordeaux. 
Ayant  échoué  dans  une  tenlative  pour 
s'emparer  de  Blaye,  Mirambeau  reprit 
le  chemin  de  sa  province  natale,  défit 
près  de  Sansac  une  bande  de  paysans 
qui  espéraient  de  lui  couper  la  retrai- 
te, et  rentra  heureusement  en  Sain- 
tonge ,  sans  essayer  de  pousser  plus 
loin  ses  succès.  Il  ne  parait  pas  qu'il 
ait  exercé  aucun  commandement  dans 
la  seconde  guerre;  mais  il  Joua  un  rôle 
actif,  sinon  glorieux,  dans  la  troisième; 
aussi  le  parlement  de  Bordeaux  ne 
manqua-t-il  pas  de  le  comprendre  dans 
son  fameux  arrêt.  Après  avoir  assuré 
au  parti  huguenot  la  possession  de 
Saintes,  dont  les  habitants  réformés 
lui  ouvrirent  les  portes,  il  alla  rejoin- 
dre Coligny ,  qui,  au  mois  de  juillet 
1569,  lui  confia  la  défense  de  Lusi- 
gnan.  Mirambeau  répondit  assez  mal 
à  la  confiance  de  l'amiral.  11  rendit, 
sans  coup  férir,  cette  place  qui  était 


regardée  presque  comme  imprenable, 
alléguant  pour  sa  Justification  qu'il 
manquait  de  munitions  de  guerre  et 
qu'il  ne  pouvait  attendre  de  secours 
d'aucun  côté,  après  le  désastre  deMoo- 
contour.  Lorsque  l'armée  protestante 
passa  dans  le  Languedoc,  il  resta  en 
Saintonge,  sous  les  ordres  ûe  La  Noue, 
qu'il  suivit  à  la  levée  du  siège  de  Ro- 
chefort. 

Nous  avons  parlé  ailleurs  (Voy.  Yl, 
p.  288)  de  la  part  que  Mirambeau  prit 
à  la  levée  de  boucliers  de  1574.  Dépu- 
té en  Cour,  l'année  suivante,  pour  tra- 
vailler à  la  paix,  il  remplit  fidèlement 
sa  mission  et  ferma  l'oreille  à  toutes 
les  propositions  de  la  reine-mère,  qui 
espérait  l'induire  à  signer  un  traité  par- 
ticulier. A  son  retour  à  La  Rochelle, 
sans  témoigner  de  ressentiment  de  l'at- 
teinte qui  avait  été  portée,  pendant  son 
absence,  à  ses  droits  sur  Brouage,  il 
se  joignit  franchement  à  Condé  pour 
entraîner  les  Rocbellois  dans  la  confé* 
dération.  Néanmoins  le  prince,  qui  n'i- 
gnorait pas  que  le  roi  lui  avait  proposé 
déjà  plusieurs  fois  de  lui  vendre Brou»- 
ge,  conçut  des  soupçons,  et  il  força  en 
quelque  sorte  Mirambeau  à  lui  remet- 
tre entre  les  mains  cette  place  impor- 
tante pour  trois  mois.  Les  trois  mois 
expirés,  il  lui  rendit  loyalement  sa 
ville  ;  mais  lorsque  François  de  Pons 
partit  de  nouveau  pour  les  Etats  de 
Blois,  auxquels  il  avait  été  député  avec 
Bénac  et  Chaumn,  ses  craintes  le  re- 
prirent. Il  se  saisit  de  Brouage  et  y  mit 
Balsac  pour  gouverneur.  Celte  espèce 
de  spoliation  indigna  Mirambeau,  qui, 
dans  le  même  temps, donnait  à  la  Cau- 
se des  gages  incontestables  de  son  dé- 
vouement, en  protestant  avec  énergie 
devant  les  Etats,  au  risque  de  sa  liber- 
té ou  même  de  sa  vie,  contre  la  révo- 
cation du  traité  de  paix ,  dit  de  Mon- 
sieur, et  l'abolition  du  culte  réformé. 
Il  voulut  reprendre  sa  ville  par  la  for- 
ce. 11  avait  pour  lui  le  bon  droit,  et 
personne,  surtout  dans  ces  temps  de 
désordres  et  de  violences,  n'aurait  son- 
gé à  le  blâmer,  s'il  n'avait  pas  sollicité 
le  secours  des  Ligueurs.  Comptant  sur 


PON 


—  «89  — 


PON 


on  mouvement  en  sa  favearde  la  part 
des  habitants  qui  l'aimaient  beaucoup^ 
11  s'approcba  de  Brouage  à  la  tète  de 
quelques  troupes;  mais  if on/^ommery 
déjoua  ses  projets  par  sa  vigilance.Yi- 
vement  poursuivi  par  Coiui<^^  il  fut  ré- 
duit à  s'enfermer  dans  le  château  de 
Hirambeau^  où  il  aurait  été  pris^  sans 
l'arrivée  deMayenne,  qui  força  le  prin- 
ce à  battre  en  retraite.  Dès  iors,  il  n'est 
plus  question  dans  l'histoire  du  baron 
de  Mirdmbeau^qui  prolongea  pourtant 
ses  jours  au-delà  de  1581 .  Il  avait  été 
marié  quatre  fois  :  en  premières  no- 
ces ,  avec  Françoise  Geoffroy ,  de  la 
maison  de  Dampierre  près  de  La  Ro- 
chelle; en  secondes^  avec  MadekUne 
Du  Fou  ;  en  troisièmes,  avec  Françoise 
de  Chabanais,  et  en  quatrièmes,  avec 
Marguerite  de  Pierre-Buffière^  veuve 
du  sieur  de  BourzoUes  (l).  Du  premier 
lit  naquirent  Jacques,  qui  continua  la 
descendance,  et  Louisb,  femme  de  Jean 
deRabaine,  sieur  d'Usson;  du  second, 
GtDÉON,  baron  du  Vigean,  tué  à  l'en- 
treprise d'Anvers  en  1583,  sans  avoir 
été  marié,  et  Esther,  dame  du  Vigean, 
qui  épousa  CAor^^Pou^^ar^,  sieur  de 
Fors. 

Jacques  de  Pons,  baron  de  Miram- 
beau,  que  le  père  Gotton  essaya  vaine- 
ment de  séduire,  en  1609,  n'a  Joué 
aucun  réle  dans  les  affaires  des  égli- 
ses. Il  était  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi,  et  depuis  quatre 
ans,  conseiller  d'Etat  et  privé,  lors- 
qa'ilmouruten  1618. 11  fut  marié  deux 
fols,  avec  Marie  de  La  Porte,  de  la 
maison  de  Cbampniers  en  Périgord , 
puis  avec  Jeanne  Bouchard^d' Aube- 
terre,  veuve  de  Louis  de  La  Rochefou- 
cauld, Il  n'eut  pas  d'enfants  de  sa  se- 
conde femme,  et  la  première  ne  lui 
donna  que  des  filles  :  !<>  Màdblàinb, 
femme,  en  1600,  de  Gabriel  de  Saint- 
Georges,  baron  de  Couhé,  puis  eu  1 6 1 6, 
û' Armand  d'Escodéca,  qui  devint 
marquis  de  Mirambeau  par  ce  mariage; 

(i)  £d  1682,  la  famille  des  Bourzolleê,  mai" 
^vÀ»  de  Carias,  professait  encore  la  religioo  ré- 
foimèe.  £Ue  atail  droit  d'eiercice  an  chiteao  de 
Berbièra  {Areh.  $én,  Tt.  987). 


—  2«  Louise,  mariée  à  N.  de  Chas- 
tiUon,  sieur  de  La  Porte,  en  Angou- 
mois;  —  3»  Mahib,  baptisée  à  Pons, 
en  1 588  :  parr.,  François  de  PoUgnac, 
sieur  des  Fontaines,  marr.,  Isabeau 
de  Sotnte-lfaure,  dame  deJonzac;  et 
mariée  successivement  à  Paul  d'Espa- 
gne, sieur  de  Yénevelle,  puis,  en  i  s  1 8, 
à  Gédéon  de  Preissac,  sieur  de  Llon- 
cel;—  4«  Jbànnk,  présentée  au  bap- 
tême, en  1589,  par  BretauvUle  et 
M"*  de  Rioux;  —  5«  Esthbr  ,  née  en 
1592,  qui  eut  pour  parrain  Gabriel  de 
Polignac,  sieur  de  Saint-Germain,  et 
pour  marraine  Esther  de  Pons,  et  qui 
épousa  Raphaël  de  Foumel,  sieur  de 
Grateioup;  —  6«  Hbnbibttb,  femme, 
en  1611,  de  René  Du  Lau,  sieur  de 
Sellettes,  fils  de  Josias,  sieur  de  La 
C6te,  et  d' Esther  Goumard. 
II.  Bràiichb  de  La  Gaze. 
Pontus  de  Pons,  sénéchal  des  Lan- 
des et  de  Marsan,  fit  ses  premières  ar- 
mes, comme  porte-enseigne,  dans  une 
compagnie  de  lansquenets.  Il  s'atta- 
cha à  Antoine  de  Bourbon  et  mérita 
l'estime  et  la  confiance  de /eanne<i'il/- 
brel,  qui  le  choisit  pour  gouverneur 
de  son  fils  ;  mais  la  Jalousie  des  cour- 
tisans lui  causa  tant  de  désagréments, 
qu'il  donna  sa  démission,  dès  1 566, 
et  se  retira  dans  son  cb&teaude  Sain- 
tonge  (1).  M.  Masslou  prétend  qu'il  y 
finit  tranquillement  ses  Jours  au  sein 
du  bonheur  domestique;  c'est  une  er- 
reur. La  Gaze  prit  une  part  active  à 
la  troisième  guerre  de  religion  (Foy. 
ni,  p.  393).  G'est  lui  qui  fut  chargé 
de  discuter  avec  Biron,  l'envoyé  du 
roi,  les  premières  bases  d'un  traité  de 
paix  après  la  bataille  de  Moncontour. 
Laissé  en  qualité  de  gouverneur  dans 
le  Languedoc  par  CoUgny,  il  fit  son 
entrée  à  Gastres,  le  17  juill.  1570. 
Après  la  Saini-Barthélemy ,  nous  le 
trouvons  à  la  tète  du  parti  protes- 
tant dans  le  Béam  (Voy,  I,  p.  134), 
terrifiant  la  Gascogne  par  de  sanglan- 
tes représailles.  En  1574,  secondépar 

(i)  n  fat  remplacé  anptèi  da  jeue  prisée  de 
Béarn  par  le  siew  da  Btamoir,  qoi  fat  ans  des 
prentèrei  fieUnii  de  la  Sl^BerOièlear. 


PON 


—  «90  — 


PON 


SOD  frère  Plassac ,  par  Monguyon, 
d'IlBson,  Bretauvilû,  Pontlevin  (aliàs 
Poulevoin) ,  Saujon,  Il  se  saisit  de 
PonSy  Royan^  Toniiay-Gharente,  Ta)- 
mont^  Sairit-Jean-d' Angle,  Rocbefort, 
et  de  quelques  autres  \illes  de  la 
SalntoDge,  pais  il  marcba^  avec  La 
Noue,àa  secoarsdeFontenay-le-Gomte, 
que  Saint-Etienne  défendait  vaillam- 
ment. Peu  de  temps  après,  il  fat  tué, 
dit  d'Aubigné,  «  par  des  canailles  qui 
parlementoientenunemescbante  mai- 
son de  vilageet  lesquels  il  vouloit  sau- 
ver, s  Le  même  écrivain,  qui  l'appelle 
le  plus  excellent  de  ses  capitaines,  af- 
firme que  personne  ne  le  surpassait  en 
probité,  en  savoir,  en  sagesse  natu- 
relle, en  expérience  et  en  valeur.  Dans 
son  Histoire  de  Rocbefort,  Théodore 
de  Blois  lui  rend  ce  témoignage,  a  qu'il 
Joignoit  à  un  grand  courage  un  esprit 
cultivé  par  les  belles  lettres.  »  On 
trouva  sur  lui  cette  épitaphe,  qu'il  s'é- 
tait faite  à  lui-même  : 

DeslDA  migremem  logere,  Tiator  et  bofpei, 
Non  careo  patriâ,  me  Cârel  illa  magis. 

D'Aubigné  l'a  traduite  ainsi  : 

Pasfant,  ne  plenre  qae  ponr  toi, 
Si  je  pasieen  meilleare  tie; 
Je  n'ay  besoin  de  ma  patrie, 
Mais  elle  anra  faute  de  moi. 

Pontus  de  Pons  avait  épousé  Frari' 
çoise  de  Marsan,  qui  lui  donna  cinq 
enfants  :  1»  Jacques,  qui  suit  ;  — 
2»  Jean,  sieur  de  Montgaillard,  mort 
sans  postérilé;— 30ANNB;— 40  Jkan- 

NB;—  50  SUSANNB. 

Jacques  de  Pons,  marquis  de  La 
Caze,  a  Joué  un  grand  réle  dans  les 
assemblées  politiques  des  Huguenots. 
U  fut  député,  en  1595,  à  celle  de  Sau- 
mur,  et  en  1 597,  à  celle  de  Chàtelle- 
rault,  qui  le  chargea  de  poursuivre  la 
vérification  de  l'édit  de  Nantes,  pen- 
santpeut-étre  ne  pouvoir  faire  uncboix 
plus  agréable  au  roi  que  celui  d'un 
seigneur  qui,  en  1594,  lui  avait  porté, 
au  nom  de  l'assemblée  de  Jamac,  le 
serment  de  fidélité  de  la  noblesse  pro- 
testante de  la  Saintonge,  de  l'Aunis  et 
de  l'Angoumois  (Voy.  III,  p.  308).  En 
1605,  La  Caze  (iit  député  de  nouveau 


par  la  Saintonge  à  l'Assemblée  poUti- 
que  de  Cbâtellerault,  qui  l'élut  prési- 
dent, en  lui  donnant  Pacard,  ministre 
de  La  Rochefoucauld^  pour  adjoint,  et 
Des  Fontaines,  pour  secrétaire.  Le  but 
apparent  de  la  convocation  de  cette 
assemblée  était  l'élection  des  députés 
généraux;  mais  les  méfiance  s  récipro- 
ques des  Huguenots  et  de  la  Cour, 
surexcitées  par  Taflàire  du  dac  de 
Bouillon,  compliquaient  beaucoup  la 
situation.  La  question  des  places  de 
sûreté  surtout  était  grave  et  exigeait 
une  prompte  solution.  D'un  côté,  le 
Conseil  du  roi ,  voulant  en  diminuer 
le  nombre,  se  disposait  à  en  retran- 
cher d'un  seul  coup  toutes  les  places 
des  particuliers,  et  par  conséquent 
Sedan;  de  l'autre,  les  Réformés,  loin 
de  se  montrer  disposés  à  céder  sur  ce 
point^prétendaient  non-seulement  con- 
server, pendant  quelques  années  en- 
core,  toutes  les  places  qu'ils  tenaient, 
mais  faire  comprendre,  parmi  les  pla- 
ces de  sûreté,  celles  où  le  roi  avait 
placé  des  gouverneurs  protestants  ^ 
celles  qui  appartenaient  à  des  néophy- 
tes. Concilier  des  prétentions  aussi 
opposées,  n'était  pas  facile;  ce  ftat 
Rosny  qui  se  chargea  de  la  négocia- 
tion (Voy.  II,  p.  249). 

La  première  séance,  qui  eut  lieu  le 
26  Juillet,  fut  consacrée  à  la  vérifica- 
tion des  pouvoirs.  Furent  admis, com- 
me représentants  du  Bas-Languedoe  : 
Gasques,  min.  du  Yigan,  Tristan  de 
Brueys,  sieur  de  Saint-Chaptes,  de 
Poux,  premier  consul  de  Montpellier, 
elferrier,  min.deNismes; — du  Haut- 
Languedoc  :  Lupé-de-Maravat ,  gou- 
verneur de  Mauvesin,  de  Castelfranc, 
ministre,  et  Rotolp^e-La  Devèze,  a- 
vocat  à  la  Chambre  de  l'édit;—  de  U 
Basse-Guienne  :  de  Vivans,  de  Maspa- 
raut,  min.  deNérac,  et  Maniald^ayo- 
cat  au  parlement  de  Bordeaux  ; — de  li 
Saintonge  :  de  Jarnac ,  de  La  Caze, 
de  Rioux,  Pacard  et  Du  Vigier,  tous 
deux  ministres,  et  Roy,  avocat  au  pré- 
sidial  de  Saintes.  La  Rochelle  avait 
envoyé  Mirande,  échevin,  et  BorM, 
un  de  ses  pairs.  Les  députes  du  FoiM 


PON 


—  2M  — 


PON 


fttrent  :  de  Vérae,  baron  de  Conhé^ 
La  Tabarière,  baron  de  Sainte-Her- 
mine^ de  Bessay,  gouverneur  de  Tal- 
mont^  û'Aubigné,  gouverneur  de  Mail- 
lezais,  Suzannet,  sieur  de  La  Forèt^ 
La  Muletière,  maître  des  requêtes  de 
l^ôtel  de  Navarre,  Des  Fontaines  ou 
'ée  Fontaines,  Rivet,  min.  à  Thouars, 
et  Chauffepié,  ministre  V^iort; — ceux 
de  i'Anjou  :  Du  Pont  ou  de  Ponts,  ba- 
ron de  MoDtfort)  Fleury,  min.  de  Bau- 
eéf  et  A*Haumont,  conseiller  du  roi  et 
son  avocat  à  Saumur  ;  —  ceux  de  la 
Bretagne  :  Jean  de  La  Rochère,  sieur 
deLaMorinaye,  ei  Jacques  Le  Maistre, 
sieur  de  Gherhal  ;  —  ceux  de  la  Nor- 
mandie :  Courtomer  et  Du  Hamel, 
sieur  du  Parc,  conseiller  du  roi  au  siè- 
ge présidial  d'Alençon;— ceux  de  l'Or- 
léanais :  Du  Faut,  gouverneur  de  Ger- 
geau,  et  Dorival,  ministre  àSancerre; 
—  ceux  de  Tisle-de-France  :  Pierre 
Du  Moulin ,  min,  à  Paris,  et  S^d^, 
sieur  de  La  Gormandière,  avocat  au 
parlement; —  ceux  de  la  Bourgogne  : 
le  baron  de  Conforgien,  Armel,  avo- 
cat au  parlement,  Du  Noyer,  sieur  de 
Joncy.  Enfin  le  Vivarais  se  ût  repré- 
senter par  de  Sergat  (aliàs  Sarjat  et 
Sergas),  et  de  La  Motte,  min.  de  Vil- 
leneuve;—  le  Danphlnô  par  AeComps 
et  Du  Gros,  et  la  Provence  par  le  ca- 
det de  Putmtc/i^/,  Codur,  min.  de  Riez, 
et  Ressent  ou  Récent,  min.  de  Mérin- 
dol.  Leurs  pouvoirs  vérifiés,  tous  les 
députés  prêtèrent  le  serment  d'union, 
puis  l'assemblée  envoya  complimenter 
Rosny,  qui  répondit  «qu'il  este  il  venu 
de  la  part  de  S.  M.  pour  donner  auxé- 
glises  rérormées  le  contentement  qu'el- 
les sauroient  désirer  sur  les  demandes 
qu'elles  auroieut  à  faire,  d  Sur  cette 
assurance ,  on  vota ,  séance  tenante , 
une  demande  de  prorogation  pourbuit 
ans,  relative  à  la  garde  des  places  de 
sûreté.  Le  lendemain,  Rosny  se  rendit 
à  l'assemblée  et  l'invita ,  au  nom  du 
rot,  à  procéder  sans  délai  à  l'élection 
de  six  candidats,  parmi  lesquels  S.  M. 
en  clioisirait  deux  pour  députés  géné- 
raux, en  ajoutant  que,  bien  que  la  ré- 
sidence des  dépntés  en  Cour  ne  fût 


portée  ni  par  Tédlt,  ni  par  les  articles 
secrets,  ni  par  les  brevets,  le  roi  ac- 
corderait cette  résidence,  si  l'assem- 
blée se  conformait  à  ses  intentions. 
Le  28,  après  avoir  voté  des  remerct- 
ments  aux  députés-généraux,  qui  fu- 
rent a  grandement  loués  de  leur  fidé- 
lité et  diligence,  »  l'assemblée  consi- 
dérant le  préjudice  qu'éprouveraient 
les  églises^  «si  elles  n'estolent  en  plei- 
ne liberté  soit  pour  le  nombre,  soit 
pour  le  choix  des  personnes,  9  char- 
gées de  la  députation  générale,  envoya 
de  Poux,  d'Aubigné  et  de  Vivans  faire 
des  représentations  à  Rosny;  cepen- 
dant sur  la  promesse  réitérée  du  mi- 
nistre de  Henri  IV  «  qu'il  avoit  chargé 
de  donner  tout  contentement,  »  elle 
céda,  mais  sous  la  condition  que  les 
pouvoirs  des  députés  généraux  ne  du- 
reraient qu'un  an,  que  les  quatre  sur 
qui  le  choix  du  roi  ne  se  porterait  pas 
n'auraient  aucun  droit  à  intervenir 
dans  les  aflîaires  des  églises,  et  qu'une 
assemblée  politique  serait  convoquée, 
au  bout  d'un  an,  pour  procéder  à  l'é- 
lection directe  de  deux  députés  seule- 
ment. Rosny  ayant  souscrit  à  ces  con- 
ditions et  s'étant  engagé  à  les  faire 
accepter  par  le  roi,  la  liste  des  six 
candidats  fut  votée  le  1»^  août.  Ceux 
qui  réunirent  le  plus  de  suffrages  fu- 
rent La  Caze,  La  Noue,  Saint-Ger^ 
main,  Des  Bordes,  Roy  et  Mirande  ; 
mais  ce  dernier  s'étant  excusé,  on  lui 
substitua  Du  Gros.  Sur  la  demande 
des  députés  de  La  Rochelle,  l'assem- 
blée promit  de  Joindre  ses  prières 
aux  leurs  pour  qu'atteinte  ne  fût  plus 
portée  aux  privilèges  de  la  ville  par 
l'établissement  de  nouveaux  impôts; 
c'est  le  seul  de  ses  votes  qui  soit  é- 
tranger  aux  affaires  des  églises  (i). 
Enfin,  après  avoir  fortement  recom- 

(1)  n  fot  8êQ8  donle  proToqnè  par  La  Caxe^  qoi 
prit  une  parlplas  oa  moios  directe  an  soalèTement 
dés  Croquants,  à  ce  qu'on  pent  conclure  d'une 
lettre  de  Momay,  datée  de  1595  :  «  Ceux  de  la 
Saintonge  d'une  et  d'autre  religion  lont  en  armea 
contre  M.  du  Massais  [lieutenant  du  roi  en  An- 
loumois]...  Four  ia  direction  de  ce  remuement 
•ont  nommés,  de  la  part  de  oeui  de  la  Religion, 
les  sieuri  de  Monguion,  de  laCoit,  de  La  Choite 
el  de  Sotnl-Surm.  • 


PON 


—  293  — 


PON 


mandé  aux  provinces  de  veiller  sor  les 
places  de  sûreté  «  qui  sont  pour  ceux 
de  la  religion  de  telle  importance  qu'il 
leur  est  humainement  presque  impos- 
sible de  subsister  en  paix  sans  icel- 
les,  »  et  décidé  qu'en  cas  que  le  roi  ne 
juge&t  pas  à  propos  de  convoquer  une 
assemblée  politique  dans  un  an ,  le 
synode  national  continuerait  les  dépu- 
tés généraux  dans  leurs  fonctions  ou 
en  élirait  d'autres,  rassemblée  se  se- 
para,  le  8  ao&t,  emportant  dans  les 
provinces  le  brevet  qui  prorogeait  la 
garde  des  places  de  sûreté  pour  qua- 
tre années. 

La  Gaze  assista  encore,  en  1611,  à 
TAssemblée  politique  de  Saumur,  qui 
l'envoya,  avec  Caurtomer,  Ferrier, 
Mirande  et  Armel,  porter  en  Cour  le 
cahier  des  plaintes.  La  reine-mère  re- 
çut très-gracieusement  les  députés, 
mais  elle  rerusa  de  répondre  au  cahier 
avant  la  dissolution  de  l'assemblée. 
L'année  suivante,  il  remplit  les  fonc- 
tions de  commissaire  pour  l'exécution 
de  redit  dans  la  Guienne  (Arck,  Tt. 
242).  C'est  la  dernière  fois  qu'il  in- 
tervint d'une  manière  active  dans  les 
affaires  des  églises.  Lorsque  l'Assem- 
blée de  La  Rochelle  ralluma  la  guerre 
civile,  en  1621,  11  s'empressa  de  lui 
écrire  pour  protester  de  son  zèle  et 
demandera  être  employé  dans  l'occa- 
sion ;  cependant  quand  il  vit  que,  mal- 
gré ses  pressantes  instances,  il  n'en 
recevait  aucun  secours,  il  ne  voulut 
point  s'exposer  à  la  honte  de  rendre 
sans  résistance  la  ville  ou  11  comman- 
dait, et  il  quitta  Pons,  dont  la  défense 
toi  confiée  au  marquis  de  Châteauneuf 
(Voy.  VIII,  p.  238).  La  date  de  sa  mort 
ne  nous  est  pas  connue.  De  son  mariage 
avec  Jiêdith  de  Montberon  étaient  nés 
six  enfants:  l«  Jean-Jacques,  qui  suit; 
^  2»  Louis,  baron  de  Montgaillard, 
qui  servit  en  Hollande  et  en  France,  et 
mourut  en  1635  (i);  —  3«  Julie, 

(1)  Ne  lerftiMl  pai  IdeoUqne  aiee  Louit  àe 
Poni,  baron  de  Flex,  qui  eot,  de  son  onion  iTee 
SaraiePottier^  nne  fille,  SâBA,  nuriée,  en  1655, 
svee  Jaeguei  dg  Umà^,  najor  d'an  régimenl  de 
cavalerie,  fils  de  Danûl  d§  Lotidy  fli  de  Haekêi 
Rmumam?  (Reg.  deCbaienlon). 


femme  de  Pierre  de  La  Tour,  baron  de 
Regniès;  —  4«  Jeanne,  mariée,  en 
1 605,  à  haac  de  La  Rochefoucauld, 
sieur  de  Rolssac  ; — 5«  Sylvie,  épousa 
de  François  de  Famel,  baron  de  Mon- 
talgu;  —  6«  GABRnsLLE,  mariée,  en 
1 6  i  8,  à  Gui  de  Bénac,  premier  baron 
du  Périgord. 

Jean-Jacques  de  Pons,  marquis  de 
La  Gaze,  n'était  encore,  en  161 9,  que 
capitaine  de  chevau-légers  ;  mais  plus 
tard,  il  s'éleva  au  grade  de  mestre-de- 
camp  d'un  régiment  d'infanterie  et  de 
capitaine  de  50  hommes  d'armes,  et 
devint  conseiller  d'Etat.  Quoique  at- 
taché à  sa  religion,  il  ne  prit  part  que 
pendant  peu  de  temps  aux  dernières 
guerresciviles.Ila  raconté  lui-mème(l) 
les  motifs  qu'il  eut  de  s'éloigner  de 
Rohan,  sur  l'invitation  de  qui  il  s'était 
rendu  à  Hontauban,  au  mois  de  mars 
1625,  avec  l'assurance  du  commande- 
ment de  la  cavalerie  légère  et  du  gou- 
vernement de  la  ville.  Son  zèle  com- 
mença à  se  refroidir,  lorsqu'il  vit,  au 
bout  d'un  mois,  «  que  nul  homme  de 
condition  ne  s'était  Joint  au  parti  »  et 
que,  d'un  autre  côté,  la  bourgeoisie 
était  opposée  à  la  guerre.  Non-seule- 
ment OiUer  et  ses  collègues,  CharU$ 
et  Delon, prêchaient  contrôla  reprise 
des  hostilités  ;  mais  les  magistrats  de 
Montauban  venaient  d'envoyer  de  Rou- 
geroux,  avocat  du  roi,  à  Rohan,  pour 
l'inviter  à  suivre  autant  que  possible 
la  voie  des  négociations.  Le  traité  que 
Rohan  conclut  avec  l'Espagne ,  aug- 
menta encore  son  mécontentement,  qui 
fut  au  comble,  lorsqu'il  apprit  que 
Saint'André'Montbrun  avait  plus  de 
chances  que  lui  pour  obtenir  le  gouver- 
nement de  Montauban.  Il  se  hÀta  de  se 
rendre  à  Castres  où  Rohan  était  alors; 
mais  il  ne  put  tirer  du  duc  aucune 
promesse  positive.  Il  retourna  donc  à 
Montauban  fort  irrité;  bientôt  même, 
craignant  d'être  arrêté,  il  en  sortit 
secrètement.  Il  rentra  pourtant  dans  la 

(1)  Dans  son  Verbal  tur  Ui  affaim  dé  Mot^ 
tauban  et  mouvemene  en  16S5,  pièce  mse.  qai  (UI 

rrtie  da  toL  914. 11  dn  Fonds  S.  Germain  fianç. 
U  Bibliolh.  nationale. 


PON 


—  Î93  — 


PON 


ville,  lorsqu'elle  se  fat  déclarée,  ayant 
bonté,  dit-il,  de  se  retirer  à  la  veille 
de  la  goerre.  Lors  de  Témeate  qui 
mit  Montauban  an  pouvoir  de  Saint" 
André-Montbrun  (Voy.  IV,  p.  467), 
La  Caze  fut  retenu  prisonnier  ;  mais 
on  lui  rendit  la  liberté  au  bout  de 
quelques  Jours.  Il  alla  rejoindre  Roban, 
qu'il  suivit  dans  quelques-unes  de  ses 
expéditions;  puis  n'obtenant  pasdelui 
le  commandement  qu'il  désirait,  il  fi- 
nit par  prendre  le  parti  de  déposer  les 
armes,  et  il  resta  dès  lors  étranger  aux 
affaires  des  églises;  au  moins  n'avons- 
nous  plus  rencontré  son  nom.  Il  avait 
épousé,  en  1608,  Anne-Charlotte  de 
Parthenay^  dame  de  Genouillé,  fille 
unique  û'Arthus  de  Parthenatfy  mort 
en  1625,  et  de  Sttsanne  de  Saint- 
Georges,  qui  lui  donna  cinq  enfants  : 
I  •  ISAAC-Rsif ÀUD,  qui  suit  ; — 2«  Pons, 
auteur  de  la  brancbe  de  Roquefort,  qui 
ne  parait  pas  être  restée  fidèle  à  la  re- 
ligion réformée  ; — 3»  Susànive,  femme 
de  Philippe  de  Loubie^  sieur  de  La 
Gastevine;  —  4<»  Renaud,  marquis  de 
Thors,  dont  nous  parlerons  après  son 
frère  ;  —  5*  Bonne,  appelée  aussi  Ju- 
dith, qui,  introduite  à  la  Cour  par  la 
ducbesse  d'Aiguillon,  cbangea  de  re- 
ligion et  devint  fameuse  par  ses  ga- 
lanteries à  la  Cour  du  jeune  LouisXiV. 
Elle  mourut  fille  en  1664. 

Isaac-Renaud  de  Pons,  marquis  de 
La  Caze,  mourut  à  Paris  et  fut  enterré 
au  cimetière  des  Saints-Pères,  le  29 
oct.  i  652  (Reg.  de  Charenton).  De  son 
mariage,  célébré  en  1645,  avec  if ane 
de  La  Madelaine,  veuve  de  Cyrus- 
Antcine  de  Saint-Simon,  marquis  de 
Courtomer,  naquirent,  selon  le  Mer- 
eure  de  France  :  1*  Isaac-Renaud, 
marquis  de  La  Caze,  mort  le  6  nov. 
1721  ;  —  2«  Emard,  comte  d'Aunay, 
capitaine  de  vaisseau,  mort  sans  pos- 
térité; —  S»  Jacques-Henbi,  marquis 
de  La  Caze,  gouverneur  de  Cognac, 
mort  en  1 701 .  D'après  les  Reg.  de  Cha- 
renton, qui  l'appellent  Renaud,  tout 
court,  l'atné  était  venu  au  monde  le 
3  déc.  1646.  Ne  serait-ce  pas  lui,  plu- 
tôt que  son  oncle  Renaud  (en  admet- 


tant que  ce  Renaud  ait  existé),  qui  au- 
rait épousé,  en  1670,  Judith  de  La 
Rochefoucauld,  veuve  dtCharlesPous- 
iart,  sieur  de  Linières,  et  donné,  ainsi 
que  sa  femme  {Voy.  VI,  p.  357),  un 
bel  exemple  de  constance  à  la  révoca- 
tion? Une  généalogie  msc.  {Fonds  St.- 
Magloire,^^  161),  qui  parait  dressée 
avec  soin,  ne  donne,  en  effet,  que  deux 
fils  à  Jean-Jacques  de  Pons  ;  elle  ne 
parle  pas  du  troisième,  Renaud,  que 
nous  avons  mentionné  d'après  Cour- 
oeUes;  or  Courcelles  a  commis  de  si 
étranges  confusions  dans  sa  notice  sur 
la  famille  de  Pons,  qu'une  erreur  de 
plus  ne  nous  surprendrait  pas.  Quoi 
qu'il  en  soit,  le  marquis  de  Tbors, 
qu'on  avait  chicané  sur  le  droit  d'exer- 
cice à  Douhet  dès  1 682  {Arch,  gén.TT. 
287)  (1),  fut  enfermé  à  la  Bastille,  en 
l686,comme  huguenot(/&t(i.E.3372). 
Le  convertisseur  Gerbais,  désespérant 
de  le  convertir,  «  ses  préjugés  Taveu- 
^ant  à  ne  pouvoir  s'en  guérir,  »  à  ce 
qu'il  écrivaitàLa  Reynie  (Supp/.  franc. 
791. 3),onvoulutessayer8i  d'autres  ne 
seraient  pas  plus  habiles,  et  Ton  trans- 
féra successivement  M.  de  Thors  au 
couvent  de  Saint-Magloire  et  à  Saint- 
Lazare  {Arch.  E.  3373)  ;  puis,  son  opi- 
niâtreté persistant,  on  l'expulsa  en 
1688  (Ibid.  E.  3374).  NOUS  avons  déjà 
dit  que  sa  femme  fut  également  con- 
duite à  la  frontière.  On  exila  aussi  sa 
fille,  qui  fut  chassée  de  France  avec 
une  demoiselle  Fradin,  le  24  sept. 
1688  {Ibid.  E.  3374);  elle  se  nommait 
Henriette.  Quant  à  ses  deux  fils,  ils 
montrèrent  apparemment  moins  û'en- 
téiement.  L'ainé,  Loni8-GuT,  devint 
colonel  du  régiment  de  Flandres.  Son 
frère  s'appelait  Auguste-François. 
m.  Branche  DE  Plassac. 
Jean  de  Pons,  sieur  de  Plassac  et 
du  Langon,  ne  commença  à  porter  les 
armes  pour  la  Cause  qu'en  1574.  Il 

(i)  La  mine  année,  on  ehereba  chicane  à  Eli- 
taheth  de  Poim,  damedeBoarg-Cbarente,  qni  atait 
éponaè  le  eonle  de  Mioaseu,  maii  était  renée 
y TOleeUoie.  GeUe  dame  éui(-elle  iinie  de  la  même 
famille,  alnii  qne  plasieen  aalres  demoiiellea  dn 
nom  de  Pons,  qui  lont  citéei  dans  noire  oniiaie, 
mail  dont  GonrceUes  ne  parle  pas? 


PON 


~  «04  — 


PON 


contribua  à  la  prise  de  différentes  viUes 
de  la  Saintonge,  entre  autres  de  Pons, 
ou  il  fut  établi  comme  gouverneur.  La 
même  année,  il  s'empara  du  château 
de  Safnt-Maigrin.  En  1575,  les  habi- 
tants  de  Brouage,  mécontents  de  ce  que^ 
en  l'absence  de  leur  seigneur,  FronU' 
nay-Rohan  ayaii  remplacé  Cymandière 
par  Saint-Gelais,  s'adressèrent  à  lui 
pour  le  prier  de  les  débarrasser  de 
leur  nouveau  gouverneur.  A  la  faveur 
des  intelligences  qu'il  avait  dans  la 
ville,.  Plassac  y  entra  sans  résistance 
et  força  Saint-Gelais  à  se  retirer.  Roban 
fut  irrité  d'une  action  qu'il  regardait  à 
la  fois,  et  comme  une  insulte  à  sa  per- 
sonne, et  comme  une  atteinte  à  son  au- 
torité. Cependant  l'intérêt  de  la  Cause 
rengagea  à  étouffer  son  ressentiment  : 
par  ses  soins,  la  querelle  s'apaisa,  et, 
du  consentement  des  deux  partis,  Vé' 
TOC  prit  le  commandement  de  Brouage. 
En  1 582,  Plassac  était  membre  du  con- 
seil du  roi  de  Navarre.  En  1586,  le 
85  fév.,  secondé  par  Candelay,  La  Li" 
maiHe  et  Pontdemillê,  il  prit  par  esca- 
lade Royan,  conquête  importante  en  ce 
que  la  place  commandait  le  cours  de  la 
Gironde;  elle  fut  depuis  fort  utile  aux 
Protestants.  Il  suivit  ensuite  Latxz/  à  la 
prise  de  Soubise.  L'année  suivante,  il 
combattit  à  Contras,  et  en  1588,  il  ser- 
vit au  siège  de  Marans.  C'est  la  dernière 
fois  que  nous  ayons  rencontré  son  nom. 
U  avait  été  marié  deux  fois.  Sa  pre- 
mière femme,  Jeanne  de  Gontaut-Bi- 
ton,  fille  de  Jean  de  Contant  et  d'Anne 
de  Bonneval,  ne  lui  donna  qu'une  fllle^ 
qui  épousa  Jacques  de  La  Roche-Chcm- 
dry,  et  fut  mère  é'isaac  de  La  Roche- 
Chandry,  né  en  1586  {Arch.  gin.  Tt. 
285).  La  seconde,  Jeanne  de  Villiers, 
veuve  de  Jean  Chastaignier,  sieur  de 
Saint-Georges,  le  rendit  père  d'un  flis, 
lEAN,  baptisé  en  1586  !  parr.  Jean  de 
Èabaine,  sieur  dtîsson,  marr.  Rachel 
de  Pdignac  (Ibid.  Tt.  285),  et  d'une 
fille,  Airni,  qui  épousa  successivement 
trois  cousins  du  nom  de  Fierre-Buf- 
fière  (Voy.  VIII,  p.  238). 

PONS  (Gui  db),  sieur  de  Saint-Mau- 
rice^ d'une  des  plus  anciennes  familles 


du  Périgord,  professait  probablemusnt 
la  religion  réformée,  lorsqu'il  épousa, 
en  1575,  Antoinette  d'Abzae,  dont  11 
eut  Bertrand  et  Jeànni.  Cette  der- 
nière devint,  en  1594,  la  femme  de 
Henri  de  Gontaut-de^Saint-Geniès. 
Bertrand,  sieur  de  Saint-Maurice,  qui 
fut  gratifié,  en  1 62 1 ,  d'une  pension  de 
2000  livres,  épousa,  en  1600,  Marie 
GourjauUf  qui  était  veuve,  en  1 645, 
avec  quatre  enfants  :  l«  Pierre,  qui 
suit;  —  2°  Gabriel,  sieur  de  La  Mo- 
tbe,  marié,  en  1648,  à  Marie  de  Lh 
vennes,  fille  de  Jean,  sieur  de  Lan- 
mont-les-Rlvières,  et  de  Marie  de  ïa 
Paye;  —  3*  Marie,  épouse,  en  1645, 
deJeandeLidon,  sieur  de  Saint-Léger; 

—  4°  Madelawb,  qui  s'a  lia,  la  même 
année,  avec  François  Du  Puy,  sieur  de 
Baral. 

Pierre  de  Pons,  baron  de  Saint-Man- 
rice,  épousa,  en  1638,  Louise  de  Se- 
gur.  Me  de  Bérard  de  Ségur,  vicomte 
de  Cabanac,  et  ù'Esther  de  PoUgnaCy 
dont  il  eut  sept  enfants  :  i*  GABRiEt, 
mortjeune;— 2«FRÀNÇ0i8qui,en  1682, 
faisait  faire  encore  Texercice  du  culte 
protestant  dans  son  château  de  Saint» 
Maurice,  mais  qui  abjura  à  la  révocft> 
tion;  —  s«  Henri;  —  4»  Irâac,  aieur 
de  Lidrouie  [Ladouxe?]  ;  --•  6*  Esthh; 

—  6«  Maris;  —  ?<>  autre  HÀRiB,dool 
la  destinée  est  Inconnue. 

PONSARD  (François),  arobitacte 
du  roi,  doyen  des  maîtres  jurés  èi 
œuvres  de  maçonnerie,  enterré  le  21 
janv.  1 670.  On  ne  sait  rien  sur  sa  vie. 
non  plus  que  sur  ses  travaux.  Qu'A 
nous  suffise  de  le  signaler  aux  reeher* 
cbes  de  ceux  de  nos  confrères  qui  oal 
pris  à  tâche  de  réparer,  envers  nos 
artistes  des  trois  derniers  siècles,  Tlii- 
gratitude  de  leurs  contemporains.  Sa 
femme,  Geneviève  Lejeune,  lui  doimi 
plusieurs  enfants  :  i»  Charles,  bapi. 
le  4  déc.  1636  :  parrain,  Charles  Ih 
Ry,  architecte;  marraine,  Marie  Loi' 
seteur  (l),  femme  de  Saloman  de  Le- 

(i)  £11e  ètaU  fllle  d7«r«ll  Loiiêhur  Miemh 
ieUdm$  dt  Brone^  •(  atait  potr  frèrt  Emwiiwf 
LoiuUwr^  matlre  naçon,  qui  éponaa,  ei  oel. 
16S4,  Uarii  Cowlier.  EUe  6Qi  piasieort  aofMrii 
de  MA  miriise  itec  MoMon  4«  £«/m  (U/ta, 


PON 


~«rt — 


PON 


ftmdy  mattre  maçon  ;  —  a*  Judith^ 
bapt.  le  S4  fév.  1638:  pair.,  Jacquet 
Androuè'i-Du  Cerceau;  marr.^  iinfo»- 
neite  Drelincourt;  <—  3»  Gensyièyb^ 
bap|.  le  16  fév.  1640;  —  4»  Dbhis- 
Auguste,  reça  avocat,  bapt.  le  4  avr. 
1641  ;  -*  50  PiERRB,  bapt.  le  4  sept. 
1642;  —  6<»  Jean-François,  bapt.  le 
ift  oct.  1643;  —  7»  Jean,  bapt.  le  10 
mai  1 646  ;  -*  8«  Eusabeth,  mariée, 
m  mai  1668,  avec  Robert  Lejeune, 
avocat,  fils  de  Nicolas  Lejeune  et  d'An" 
Unnette  Drelincourt. 

PONTARD  (François),  sienr  de 
Tmeil-Charays,  et  non  de  Trucharès, 
comme  écrit  La  Popelinière,  est  célèbre, 
dans  l'bistoire  de  nos  guerres  de  reli- 
gion, poar  avoir  mis  La  Rochelle,  dont 
Il  était  maire,  an  pouvoir  des  Hagae- 
nots.  Son  phre^  Muguet  Pontard,  exer- 
çait la  charge  de  procureur  du  roi  dans 
cette  ville.  Etant  mort  de  la  peste  en 
1564,  il  avait  été  porté  en  terre  par 
les  diacres  de  l'église  réformée,  pre- 
mier exemple  d'honneurs  publics  ren- 
dus à  La  Rochelle  à  la  dépouille  mor- 
telle d'un  protestant.  Dès  lors,  le  nom- 

lAlfonton  La^(m<i«), architecte  des  bâtiments  An 
roi  (mort  afant  1646):  i«  SAL0M05,  ég&lemeot 
irehltecte  des  bÂtimeots  da  roi ,  né  à  Parig  le 
%k  oct.  1619  :  parrain.  Paul  de  Brouef  archit. 
4a  roi  ;  marr.,  Ètlher  Du  Moulin;  leqnel  éponsa, 
m  wuA  1641,  Florence  Metliviert  fliie  à* Antoine 
M$9lwier  et  de  Madelaine  Du  ùmrtil^  et  ea  eut 
imt  filles  :  Mârib-Madklainb,  mariée,  en  atr. 
1666,  avec  Pierre  Baume,  orfèvre,  fils  de  Céiar 
Bmtme,  mattre  maçon  et  de  Franfoiie  Marais^ 
•I  wkn  de  Charki-Céiar  présenté  au  bapt.,  le 
&•*'  BOT.  1668,  par  le  peintre  Itaae  Baume  ;  — 
el  Joui,  mariée,  en  net.  1669,  atec  Jean  Juda, 
aégodant  en  tins.  =  S»  M ADBLAiifK,  mariée,  en 
i«IT.  1646,  atec  Antoine  Du  Houx,  sieir  du  Bois- 
It-Conte,  fils  de  B«n>amtn,  sienr  dn  Jardin,  et  de 
Françoiee  de  ProuvUle  ;  =.  S**  Jacques,  mattre 
d'hôtel  dn  roi,  bapt.  le  S3  mars  1637  :  parrain, 
/•  Androluil'Du  Cerceau,  areh.  dn  roi;  marié, 
m  lepi.  1666,  atec  Sueannê  Thevenet,  Tente  de 
PkiUppe  Giraud,  gentilli.  ordin.  de  la  chambre 
4a  roi  ;  =  4»  Louis,  bapt.  le  1"  fét.  16S2  ;=; 
!•  TnÊOPHiLB,  bapt.  le  90  not.  16S8  :  parr., 
teparii  A  ndrouit-  DuC9reeau;=:&>  Jbak  ,  maltr» 
maçon,  bapt.  le  S2  mars  1637,  qni  enl  de  son 
mariage  atec  Marie  Tâcheron  :  Jban-JacQUBS, 
Wpl.  le  96  atr.  1655;  Amnb-Mabib,  bap(.  le 
fl  dèc.  1656;  ETUtnNB,  bapt.  le  94  mars  166tt 
DàMUL,  bapt.  le  4  mai  1659;  PUBOB,  bapt.  le 
ftO  jnia  1660  ;  =  et  pent-être  7"  /aum,  qui  eat, 
èb  Mm  mariage  atec  E$ther  Bocqutt,  vànaty 
Wpl*liiimaiie56. 


bre  des  secUtenrs  de  la  Réforme  s'é- 
tait considérablement  augmenté,  et  ils 
avaient  fini  par  acquérir  une  prépon- 
dérance décidée,  au  point  qu'en  1567, 
malgré  les  intrigues  du  maire  en  fonc« 
Uons ,  ils  réussirent  à  le  remplacer 
par  François  Pontard,  zélé  huguenot, 
mais  Jeune  homme  bouillant,  auda- 
cieux et  de  mœurs  assez  licencieuses. 
L'élection  fut  confirmée  par  Charles  IX, 
sur  la  recommandation  deJamae.  Pon- 
tard entra  en  fonctions  à  Pâques,  il 
maintint  d'abord  La  Rochelle  dans  une 
sévère  neutralité,  jusqu'à  ce  que, ayant 
été  informé  que  Jamac  avait  reçu  l'or- 
dre d'occuper  la  ville,  il  n'hésita  plus 
à  y  recevoir,  le  1 0  fév.  1 568,  son  cou- 
sin Saint-Hermine  en  qualité  de  lieu- 
tenant gouverneur  pour  le  prince  de 
Condé.  Gomme  toutes  les  révolu- 
tions, celle-ci  fut  accompagnée  d'ex- 
cès odieux;  la  populace  se  rua  sur  les 
églises  et  les  dévasta;  ses  chefs  frap- 
pèrent sur  les  principaux  habitants  ca- 
tholiques de  fortes  contributions,  dont 
Pontard  est  accusé  par  Barbot  de  s'être 
approprié  une  partie  ;  bien  plus,  une 
foule  de  maisons  recommandabies  fu- 
rent pillées,  et,  au  rapport  d'Arcère, 
trente  prêtres  précipités  du  haut  des 
murs  dans  la  mer  ou  dans  les  fossés  de 
la  ville.  A  la  conclusion  de  la  paix,  La 
Rochelle  rentra  sous  l'autorité  du  roi, 
et  Jamac,  qui  en  prit  possession,  ban- 
nit Pontard,  dont,  à  dater  de  cette  épo- 
que, nous  n'avons  plus  rencontré  le 
nom,  quoique  sa  famille  paraisse  avoir 
persisté  dans  la  profession  de  la  reli- 
gion réformée.  Nous  avons,  en  eflet, 
remarqué  unCharles-Henri  de  Pontard 
au  nombre  des  Réfugiés  de  La  Rochelle 
(Arch.  r;ën.TT.  259). 

PONTAYMERI  (ALEXANDRE  DE), 

Migneur  de  Foucheran,  poète  français 
de  la  fin  du  xri*  siècle,  né  à  Montéli- 
mart  ou  dans  ses  environs.  On  ne  Mit 
rien  sor  sa  vie,  et  son  nom  et  ses  écrits, 
tant  en  vers  qu'en  prose,  sont  depuis 
longtemps  tombés  dans  le  plus  parfait 
oubli.  Tout  ce  qu'il  nous  apprend  sur 
lui-même,  c'est  qu'il  voua  ses  servloei 
à  Henri  lY  et  assista  à  pinsteurs  ei* 


PON 


-296  — 


PON 


faires  dans  le  parti  buguenot,  notam- 
mentau  combat  dePontchaiTa(i  9  sept. 
1 59 1  ))  soas Lesdiguières.  Ses  écrits^  an 
témoignage  de  M.  Jales  OUivIer  (Revue 
du  Danphiné,  T.  UlJ^le  montrent  fort 
attaché  à  la  religion  réformée.  Il  avait 
passé  près  de  deux  années  en  Italie^ 
et  en  était  revenu  tout  scandalisé  des 
mœurs  de  ses  habitants  :  près  de  Té- 
glise  et  loin  de  Dieu.  Voici  les  titres  de 
ses  publications  : 

1.  La  Cité  du  Montélimar,  ou  les 
trois  prinses  d'icelle,  composées  et  ré- 
digées en  sept  livres  par  A,  de  Pon- 
taymeri,  seigneur  de  Foucherany  1591, 
sans  nom  de  ville  et  d'imprimeur^  p. 
1-23  7. — Le  Triomphe  des  victoires  o6- 
tenuespar  le  sieur Desdiguièr es  en  tou- 
tes les  provinces  du  Daulphiné .  A  Mon- 
sieur de  CtUignon,  conseiller  du  roy, 
et  son  président  en  la  souveraine  court 
de  Daulphinéy  1591^  p.  258-252^  pet. 
in-4*.  —  Les  quatre  premiers  chants 
du  premier  de  ces  poëmes  sont  dédiés 
à  Lesdiguièresy  les  deux  suivants  au 
capitaine  Le  Poet,  et  le  dernier  kHeC" 
tor  de  Mirabely  seigneur  de  Blacons. 
Le  sujet  du  poëme  est  la  reprise  de 
Montélimart  sur  les  Catholiques ,  en 
1 58 7,  par  les  capitaines  Blacons  et  Le 
Poët.  La  ville  avait  d'abord  été  prise 
par  Lesdiguières,  en  i  585,  qui  y  avait 
laissé  Le  Poët  commegouvernenr.  «Ami 
lecteur,  dit  l'auteur  dans  sa  préface, 
si  Je  te  communique  ce  mien  ouvrage, 
esbauché  parmy  les  feus  des  guerres 
civiles,  le  brazier  des  assauts  et  la  san* 
glante  poussière  des  combats,  je  te  prie 
de  croire  que  ce  n'a  point  esté  pour  me 
faire  voir  au  théâtre  de  ce  monde,  on 
ceux  qui  Jouent  les  plus  hauts  person- 
nages sont  le  plus  souvent  le  Jouet  des 
calomnies  populaires;  mais  que  seu- 
lement la  vérité,  princesse  unique  de 
mes  affections,  m'a  dicté ceste  histoire, 
marque  éternelle  de  la  valeur  de  ceux 
an  service  desquels  J'honore  Testât  de 
ma  vie,  sans  rien  adjouter  aux  divers 
événemens  de  la  guerre  qui  est  com- 
prise en  ce  cayer,  où  je  suis  totalement 
historien,  contre  la  nature  de  tous  les 
poètes  :  Je  dy  en  ce  qui  est  des  princi- 


pales matières.  »  Tous  les  critiques 
s'accordent  à  dire  que  Pontaymeri  n'é- 
tait qu'un  misérable  versificateur  de 
l'école  de  Ronsard.  L'auteur  seul  a  la 
plus  haute  opinion  de  son  mérite,  il 
est,  on  ne  peut  plos,  satisfait  de  soi, 
il  se  trouve  «  tousjoors  semblable  à 
soy  mesme,  c'est-à-dire  grave,  doux, 
hardy,  copieux,  senlenlieux,  disert  sur- 
tout, ayant  la  plus  belle  invention  et  la 
vertu  Imaginative  plus  grande  qu'autre 
qui  ait  esté  Jusqu'à  ce  jour.  »  S'il  re- 
venait au  monde,  ne  serait-il  pas  bien 
étonné  du  silence  qui  s'est  fait,  de- 
puis bientôt  trois  siècles,  autour  de 
son  nom? 

II .  Le  Roy  triomphant  y  où  sont  con- 
tenues les  merveilles  du  très  illustre  et 
très  invincible  Henry  IV y  par  la  grâce 
de  Dieu  Roy  de  France  et  de  Navarre, 
dédié  à  Sa  Majestéy  Lyon,  Thibaut  An- 
celin,  1594,  in-40;  Cambrai,  1594, 
in-8*. — Alasuitevientunautre  poëme, 
sous  ce  titre  :  Les  Pilliers  d'estat  dé- 
diez au  Roy,  par  E.  D.  B.,  oii  il  est 
clairement  montré  que  la  piété  et  Jus- 
tice sont  les  vrais  fondemens  des  em- 
pires, et  que  sans  elles  ils  ne  peuvent 
longuement  subsister. 

III.  Paradoxe  apologétique ,  oùil  est 
fidellement  démonstré  que  la  femme  est 
beaucoup  plus  parfaicte  çue  Vhommey 
Paris,  L'Angelier,  1 594,  in-i  2;  Lyon, 
Michel  Beublin,  1598,  in-l2. 

IV.  Discours  d'estat  d'A  lex.  de  Pov^ 
taymeri  sur  la  blessure  du  Roy  [pari. 
Chàtel],  Paris,  1595,  in-S»,  dédié  à 
Achille  de  Barlay,  «  prince  du  sénat 
et  premier  Juge  du  royaume;  »  réimp. 
dans  le  T.  VI  des  Mémoires  de  la  Liguei 
et  même  Tome  des  Hémoires  de  Coudé. 

V.  Discours  d'estat  d'Alex,  de  PaO' 
taymeriyou  la  Nécessité  et  les  moyens 
de  faire  la  guerre  à  l'Espagne,  Paris, 
Métayer,  1595,  in-8«;  adressé  à  M.  de 
Soissons  ;  réimp.  dans  le  T.  VI  des  Mé- 
moires de  la  Ligue. 

VI.  Œuvres  en  prose,  Paris,  1 599; 
Jean  Richer,  1609,  in-12.  Outre  la 
réimp.  des  N<»*  III  et  IV,  ou  y  trouve 
des  poésies,  et  les  trois  opuscules  sni» 
vants  :L  Académie  ou  l'instiMùmde 


PON 


—  »7  — 


POR 


la  Noblesse^  Le  Litre  de  la  parfatcte 
vaillance,  et  Vimage  du  grand  capi- 
taine, 

PONTIER  (Jacques),  camisard, 
natif  des  Rousses,  arrêté  ^\'QcAnUnne 
Ayguillon,  et  sous  la  même  accQsation 
{Voy,  ly  p.  201),  Tut  condamné  à  ia 
roae,  tandis  que  son  compagnon  d*iQ« 
fortune  l'était  au  gibet.  Louvreleui1,nn 
des  ecclésiastiques  cliargés  de  le  rame- 
ner dans  le  giron  de  l'Ëglise  romaine, 
raconte  en  ces  termes  l'inutilité  de  ses 
efforts  :  uComme  Je  m'approchai  de  lui, 
Il  me  rejeta  et  me  dit  :  Arrière  de  moi, 
▼ous  m'êtes  un  Satan,  retirés-vous.  Je 
Ini  répondis  :  Mon  très-cher  Trère,  Je 
-Tiens  au  nom  de  Dieu,  par  un  principe 
de  charité,  vous  consoler  dans  votre 
affliction,  et  vous  donner  secours  con- 
tre l'horreur  d'une  mort  violente  ;  il 
me  répliqua  :  Je  n'ai  nullement  besoin 
de  vous  ;  ce  n'est  pas  dans  les  hommes 
que  Je  dois  mettre  ma  conflauce  dans 
mon  malheur,  mais  en  Dieu  seul.  Eu- 
faite,  levant  les  yeux  au  ciel,  il  s'é- 
cria :  C'est  à  toi,  Sauveur  in  monde, 
que  J'ai  recours;  regarde- moi  avec  pi- 
tié en  ce  Jour  de  tribulation.  Tu  ne 
m'as  point  commandé  de  m'adresser  à 
aucun  minii'tre,  mais  tu  m'as  dit  et  à 
les  fidèles  enrans,  Yenés  à  moi,  vous 
qui  êtes  chargés  et  oprimés,ct  je  vous 
soulagerai.  Use  donc  à  cette  heure. 
Christ  débonnaire,  fils  de  David,  de  ta 
plus  grande  miséricorde  envers  moi. 
Dèi»  qu'il  eut  fini  ces  premières  excla- 
Buttions,  ajoute  le  prêtre  historien.  Je 
voulus  prendre  la  parole  ;  aussitôt  il 
m'interrompit  par  ia  répétition  d'un 
pseaume  entier,  qu'il  prononça  les  yeux 
filés  en  haut,  avec  une  gravité  stoï- 
cienne. Après  l'avoir  écouté  une  heure, 
sans  avoir  pu  en  être  écouté.  Je  fis  sem- 
blant de  prendre  congé,  et  je  lui  dis 
que,  puisque  Je  lui  étois  inutile  pour 
te  salut  de  son  âme,  je  lui  effrois  mes 
soins  pour  l'assistance  de  sa  Tamille  : 
Il  fut  attendri  et  me  répondit  :  Vous 
savés  que  noire  Seigneur  a  dit,  Ce  que 
vous  fcrés  au  moindre  des  miens.  Je 
le  tiens  pour  fait  à  moi-même;  je  veux 
croire  que  vous  exécuterez  votre  pro- 

T.  VIII. 


mespe,  ain^i  écrives,  s'il  vous  plaît,  ce 
que  je  vais  vous  dicter.  »  Louvnlcull 
écrivit  en  efftt,  et  le  Juge  approuva  le 
testamentdii  malheureux  Pontier;mais, 
ajoute  noire  historien,  «  il  ne  fut  pas  pos- 
sible à  ce  magistrat  d'obliger  le  patient 
à  avouer  les  faits  pour  lesquels  il  l'avoit 
condamné,  ni  à  moi  de  lui  persuader 
qu'il  seroit  hors  du  paradis,  s'il  mou- 
roit  hors  du  sein  de  l'Ëglise  catholique  : 
il  persista  dans  son  entêtement  jus- 
qu'à la  mort.  » 

POPELLIÈRE  (Jean),  théologien, 
dont  le  nom  révèle  l'origine  française, 
a  publié,  selon  Rotermund,  Chrislia- 
norum  militia  et  acioriay  eine  Lei- 
chenpredigt  au8  I  Joh.  V,  4,  Fraukf., 
1668,  in-i». 

PORRÉE  (JONAs),  écrivain  esti- 
mable, qui  mériterait  d'être  mieux  con- 
nu, est  auteur  du  Traité  des  anciennes 
cérémonies  ou  Histoire  contenant  leur 
naissance  et  accroissement,  leur  entrée 
en  l'Église,  et  par  quels  degrés  elles 
ont  passé  jusqu'à  la  superstition, 
Amst.  1646,  ln-8o;  Qnévilly,  1673, 
ln-12;  réimp.  plusieurs  fois,  et  entre 
autres  par  J.-F,  B>*mard  sous  ce  ti- 
tre :  Histoire  des  cérémonies  et  des  su- 
perstitions quise  sont  introduites  dans 
l'Église,  Amst.,  1717,  in-i2,  avec 
quelques  changements  et  addition  d'au- 
tres traités  devenus  rares,  mais  sans 
le  nom  de  l'auteur.  Porrée  était  vrai- 
semblablement originaire  de  Rouen, 
où  habitait,  au  milieu  du  xvii«  siècle, 
une  famille  du  même  nom,  qui  nous  est 
connue  par  le  mariage  de  Jan  Porrée, 
docteur  en  médecine,  fils  de  Jean-Bap- 
tiste, docteur  en  médecine,  agrégi^  au 
collège  de  Rouen,  et  de  Françoise  Tin" 
dal,  avec  Marie  Fnrand,  célébré,  en 
1666,  dans  l'églisedeCharenton.  Nous 
ne  connaissons  d'ailleurs  aucune  cir- 
constance de  la  vie  de  Jonas  Porrée. 
On  affirme  qu'il  a  eu  part  aussi  à  la 
trad.  de  VEtkon  BasiLke,  donnée  par 
Cailloué.  —  Le  bibliographe  Roter- 
mund fait  mention  d'une  Description 
du  couronnement  du  roi  Frédéric  de 
Prusse,  publiée,  en  noi,  in-foL,  par 
Jean  de  Porrée;  mais  nous  ne  pouvons 

19 


POR 


—  »8  — 


POR 


dire  s'fl  s'agit  da  médecin  rouennais 
cité  plus  haut. 

PORTA  L,  famille  très- ancienne, 
originaire  du  comté  de  Toulouse  et  di- 
Viséei  dès  la  première  moitié  du  ivi« 
fiècle^  en  plusieurs  branches,  dont  les 
deux  principales  résidaient  à  Revel  et 
à  Bagnols. 

I.  Beànche  pe  Revel  Frère  de  J^an 
Portai,  viguier  de  Toulouse —  que  le 
parlement  (Il  (>xécuter,  en  J562^  quoi- 
qu'il n'eût  pris  aucune  part  active, 
comme Tatiesie  de  Thou,  à  la  tentative 
de  ses  coreligionnaires  pour  se  rendre 
mallres  de  la  ville,  —  Antoine  Portai, 
bailli  de  Revel,  laissa  un  flls,  nommé 
Jean,  qui  Tut  un  des  plus  vaillants  ca- 
pitaines huguenots  dans  le  Castrais. 
Placé,  en  J580  à  la  tète  d'une  des  huit 
compagnies  d'inranterie  le\ées  parles 
hahitanls  de  Castres,  le  capitaine  Por- 
tai se  forma  au  métier  des  armes  sous 
les  ordres  de  Tnretwe;  mais  il  ne  trouva 
aucune  occasion  de  se  signaler  jusqu'en 
1586,  c'est-à-dire,  jusqu'au  si(^ge  du 
Mas-Saint-Anlonin,  où  il  monta  le  pre- 
mier sur  la  brèche.  Il  se  distingua  plus 
particulièrement  encore  à  celui  du  Mas- 
Saintes-Puclles,  place  qu'il  se  chargea 
de  défendre,  avec  Pdras  et  Sabaut, 
contre  l'armée  des  Ligueurs,  comman- 
dée par  Juteuse.  Les  Catholiques, flcrs 
de  la  prise  de  Montesquieu,  se  présen- 
tèrent devant  cette  méchante  bicoque, 
le  «Ojuill.  «586.  Lefeus'ouvritleil, 
et  le  canon  eut  bientôt  renversé  la  mu- 
raille sur  une  largeur  de  1 70  pas.  Le 
13,  un  rurieux  assaut  fut  livré.  Déjà 
les  assiégeants  avaient  gagné  le  haut 
de  la  brèche,  lorsque  Portai  accourut. 
Après  un  combat  acharné,  dans  lequel 
les  femmes  rivalisèrent  d'intrépidité 
avec  les  plus  vaillanls  soldats,  1  enne- 
mi fut  précipité  dans  les  fossés,  et  ren- 
tra dans  son  camp,  laissant  près  de 
800  hommes  sur  la  place  Abattus  par 
ce  sanglant  échec,  les  Ligueurs  n'en- 
treprirent rien  pendant  quelques  jours. 
Dans  la  nuit  du  21,  le  capitaine  La 
Roque,  de  Caraman,  réussit  à  s'intro- 
duire dansiavllleavecl  ou  soldats.  Dès 
le  lendemain.  Portai  flt  une  sortie  qui 


acheva  de  Jeter  le  décoarageinent4ai)f 
les  rangs  catholiques.  Le  23,  Jo)eai9 
leva  honteusement  le  siège.  En  consi- 
dération de  sa  belle  conduite,  Poilal 
fut  nommé  gouverneur  de  la  ville  qat) 
avait  si  bien  défendue.  La  valeur  qa*tt 
déploya,  l'année  suivante,  au  siég^  ^ 
Brugairolles  (Voy.  lY,  p.  376),  ajouti 
un  nouveau  lustre  à  sa  réputation.  Ef 
1588  il  fut  envoyé  avec  le  capital^ 
Franc,  dans  le  Rouergue,  ou  coounaâ- 
dail  Tanus,  qui  fut  tué  en  15}<2,  danf 
la  fatale  entreprise  sur  Laulrec.  Apr^l 
la  mort  de  son  clief^  Portai  se  retira, 
avec  les  débris  de  l'infanterie  protêt* 
tante,  dans  la  maison  de  Du  Perria, 
que  les  Catholiques  bloquèrent  étrôt 
tement.  Instruits  du  danger  qu'il  coi^ 
rait,  les  habitants  de  Castres  s'emprei- 
sèrcnt  d'envoyer  à  son  secours  500ar* 
qupbusiers commandés  par  LaGrangtp 
mais  cette  troupe  étant  trop  faible  pouf 
rien  entreprendre.  Portai  dut  serend^f 
la  vie  sauve.  11  fut  envoyé  à  Touloiui 
avec  les  capitaiiies /V/ras,  de  Puy-Lau^ 
rens  (1),  La  Bouv'etie,  de  Maxamat, 
Gra  vairol,  Puj  olas  e  t  La  Barre,  de  Loa- 
bers.  Quelque  tempsaprès,  il  fut  échan- 
gé contre  le  corps  de  Joyeuse,  qui  a'4» 
tait  noyé  dans  le  Tarn.  Trois  an^  pbn 
tard,  le  16  juin  1 595,  Portai  prit  Salol- 
Papoul  sans  effusion  de  sang.  C'est  U 
dernier  de  ses  exploits  dont  il  soit  faS 
mention  parleschroniqueurs^du  tempf. 
11  laissa  trois  enfants.  L'aînée  de  9^ 
filles,  Jeanne,  épousa,  le  12oct.  160S» 
Thomas  de  Dur  fort;  la  cadette,  le  Û 
oct.  1620,  Hugues  de  Villeneuve,  ba- 
ron de  Crousille.  Son  fils  fut  consul  de 
Re\el.  £n  J617,  il  assista  à  Tassefli- 
blée  provinciale  de  la  Haute-GuieojM. 
On  ne  sait  rien  de  plus  sursavie.fitf 
deux  fils,  Miguel,  sieur  de  Fonc4)ih 
netz,  et  Abel,  sieur  de  Saint-Aui>i% 
habitaient  Revel  en  1 697. 11  est  éviaeot 

(t)  La  famille  Pelra»  a  fourni  son  contingcn 
aaHefuge.  Selon  l'Ulster  Journal, £.ottw  Gëmn^ 
PelrM  passa  en  Hollande  à  la  rcTocation,  «rta 
au  service  de  Guillaume  d'Orange,  combaUil  à  M 
bataille  de  la  Boyiie  el  s'établit  à  Li  bnm  afte 
ses  fils  Louit  et  Daniel  et  sa  fille  MargmirUt, 
Plus  tard,  ton  fils  Louis  aUa  sa  flier  daoa  rîît  éi 
Uau. 


PÔR 


—  ^  — 


POR 


poiar  nous  qu'ils  s'étaif'nt  convertis. 

11.  Brai^ch^oe  Bagmols.  Troi$  frè- 
|res  de  eetlo  branche  Jfan^  Guillaume 
et  Simon,  eiiibra:)»crcnl  i(*8  doctrines 
^Yangi'liques.TdUS  I  rois  flreiit  souche; 
ipais  les  descendants  c|e  Siaion  ren- 
)jrèrent  de  bonne  heure  dan»  le  giron 
4f  l'Eglise  romaine.  Guilhiumo  épousa, 
Op  1 588,  Marie  de  Mirmaniy  dont  i| 
ff  t  un  fils  et  une  fille.  Celle  dernière^ 
9pnimoe  Mabik,  devint  la  Tenime  d'^- 
milian  Maynier^  qui  était  fils  de  Jean 
|loy/4t/r,  pasteur  de  l'église  de  Nis- 
fies  en  158b,  recleur  de  l'aradémie 
an  i590,  professeur  de  théologie  en 
1 60 2,  mort  à  l'âge  de  7  ian.s  en  Ibio. 
^n  Trère,  qui  avait  reçu  le  nom  d'Ë- 
ZUKKE,  s'unitypn  i632>à  Lucrèce  de 
frrrolel,  d'Orange,  et  Tut  père  de  qua- 
tre enfants:  1  »  Guillaume,  né  le  9  dcc. 
J659,  qui  alla  s'ciahlir  à  Bourges,  et 
ipousa,  en  1677,  £s:hf*r  Marguerite ^ 
irorléans;  —  2«  Jean-François,  né  le 
9  pov.  1 642,  capitaine  au  régiment  de 
la  marine,  qui  se  convertit  très-vrai-^ 
semhlablemenl  avec  ses  trois  fils;  — 
S*  Laure;  —  et  4°  Pauline.  Nous  ne 
ttvons  rien  de  plus  sur  ce  raopeau. 
Quant  à  Jean,  Talné  des  trois  Ttères, 
iJ  eut  pour  enfants  :  Jean,  qui  suit, 
Pierre,  conseiller  du  roi,  et  Cbar- 
IX>TT£,  femme,  en  I6I7,  ûe  Jacques 
Hf/obin,  sieur  de  Beaulieu. 

Jean  Portai,  docteur  en  droit, éoousa 
Lctuise  de  Situer  t,  fille  d'André  de  Si- 
kfffê,  siei^r  deMonliëres,  procureui  gé- 
aiiralau  parlement  d'Orange,  et  d'O- 
ïjjimpe de  Lange,  ÛWeûeLowsdeLangpy 
siear  de  &lontmiral ,  et  de  Louise  de 
Quilkomon.  Il  en  eut  deux  fils,  Hector 
et  LoutS.  Ce  dernier,  sieur  de  la  Por- 
tflière,  prit  pour  femme /ean/i«  de  La 
pcrte,qui  fut  massacréeaveclui,parlcs 
dragons  de  Sainl-Ruth,  au  mois  d'oct. 
t683.  Sa  maison  fut  incendiée  et  rasée, 
et  ses  enfants  obligés  de  fuir.  L'alné 
^e  ses  fils  se  réfugia  dans  le  Brande- 
bourg avec  sa  sœur  Marie,  qui  fut  gou- 
vernante des  comtesses  de  Finken- 
«tein  (l)  et  épousa  plus  tard  Le  Nor- 

(i)  ttike  à  l'iottraolion  %u  ^  ProttsUalB 
éiDiiaitol  à  laort  fUlM,  beaucoap  de  ieous  réfi- 


mant,  d'Amsterdam.  Deux  antres, 
Bbnri  el  Guillaume,  trouvèrent  un  a- 
silo  en  Angleterre,  où  le  premier  fonda 
une  nouvelle  branche.  Tout  porte  à 
croire  que  le  plusjeune  fut  égorgé  avec 
H^s  parents.  Le  cinquièi^e,  nommé 
PiVRRB,  cqntinua  la  desccndanv<e  en 
Fri^nce.  Il  avait  voulu  accompagner  ses 
frères  et  sa  sœur  dans  leur  fuite,  mail 
il  n'avait  pu  résister  aux  fatigues  da 
la  roule.  Arrivé  à  Blontauban,  il  étai| 
tombé  épuisé  à  la  porte  d'un  honnête 
boulanger,  qui  l'avait  recueilli  e| 
élev  comme  son  ûls.  Le  8  juin  lt>98. 
11  épousa  LsabeQud'Astorg,ù\\e  de  Sh 
mon  d'Astitrgtiide  Raimonde  de  Mon- 
tai (I),  qui  n'avait  pas  eu  à  souff.ir 
moins  que  lui  de  la  persécution.  t)ece 
mariage  naquirent  tiois  fi'S  :  1»  N., 
connu  soub  le  nom  d'abbé  de  Portai,  qui 
fut  enlevé  à  ses  parents  et  élevé  d.ins 
le  catholicisme;—  2«  Pall.  qui  suit; 
—3»  N.,  sieur  d'Haurioles.  Le  fils  de 
ce  dernier  lut  jeté,  en  1 7  i9,  dans  les 
prisons  de  Yillefranche,  tandis  que  sa 
femme,  Marie  Mazel  (allas  Masar^], 
était  enfermée  dans  celles  de  Rhodex 
(Arch.  gén.  E.  ô5 1  u),  parce  qu'ils  s'é- 
talent mariés  au  désert.  Au  bout  d'un 
an,  on  les  remit  en  liberté,  en  leur  dé- 
fendant toute  cohabitation.  Us  prirent 
le  parti  d'aller  s'établir  en  Bretagne. 
Né  à  Monlauban,en  1 70J^  Paul  Por- 
tai entra  comme  cadet  dans  le  régiment 
de  Provence,  mais  il  quitta  le  service 
dès  l'âge  de  20  ans.  il  mourut  le  22 
avril  1767,  ayant  eu  de  son  mariage 
avec.4^i7/eîeiVua//tac,  célébré  en  1724^ 
cinq  fils  et  une  fille.  Son  fils  putné, 
Pierre,  sieur  de  Pénardières,  né  à 

Montaui)an,ie29janv.  1732,  et  baptisé 
dans  réglise  catholique,  épousa  UjU^ 
lemette  Dflfau,  qui  lui  donna  six  en- 
fants, savoir  :  i  »  Jean-Pierre,  né  le  1 5 
janv.  1761  et  baptisé  le  jour  même  de 

gif^  trouTèrenl  dans  leart  UlenU  d'honorables 
poyen»  d'existence.  Telles  (ureoi  tes  «ieiiioiset)«i 
Borbot-d^'la  PorU,  >!»••  Poyade-d.-^Ln  Ter» 
roMf,  de  Boiê-Tijréf  de  Cwvry,  ei<'-.,  ele. 

(1)  Selon  les  notes  que  M.  le  baron  Po<Ul  a  ti 
l'obligeance  de  iioas  fournir,  Simên  dL'Ailorg  'ni 
l«  dernier  mAle  de  œue  famiU6,et  BaimQiid«  4$ 
Montel  est  la  même  i|Qe  la  dane  d'Astorg-j 
bartier  dont  Beooti  parle  (  Voy.  I,  p.  iA6). 


POR 


—  300  — 


POR 


sa  naissance  par  Tinrorfun^.  pastenrda 
d<^?erl  François  Rocket  te.  Il  suivit  la 
ca^^i^^e  des  armes^s'i^levaau  grade  de 
gt^Qéraletmourul  en  1 856; — 2o|Merre^ 
qui  fut  enlevé  et  baptisé  dans  une  église 
catholique;— TioAnihe;  —4»  Pierrk- 
BARTBÊLRHT,qni  suit;  — 5»  Jean,  qui 
épousa  une  catholique  et  consentit  à  ce 
que  ses  enfants  fussent  élevés  dans  la 
religion  romaine;  —  6®  Paul,  ancien 
ofRcier  d'artillerie,  membre  du  conseil 
général  de  la  Gironde. 

Pierre-Barthélémy  Portai,  né  à  Al- 
barrdes,  le  31  oct.  1765,  et  baptisé, le 
!•'  nov.,  par  Jean  de  Grenier  y  reçut  sa 
première  éducation  dans  le  collège  ca- 
tholique de  Montauban;  à  cette  époque, 
quoique  la  persécution  se  fût  considé- 
rablement ralentie,  Il  n'était  point  en- 
core permis  aux  Protestants  de  tenir 
même  des  écoles  primaires  (i  ).  Le  mo- 
ment venu  de  choisir  une  profession, 
li  se  décida  pour  le  commerce.  Il  alla 
donc  s'établir  à  Bordeaux  et  plaçji  quel- 
ques capitaux  dans  les  armements  ma- 
ritimes. Tout  semblait  lui  sourire, 
lorsque  la  Révolution  le  dépouilla  de  ce 
qu'il  avait  acquis  par  son  activité  et 
son  travail.  Après  la  chute  de  Robes- 
pierre ,  Portai  recommença  sur  non- 
veaux  frais  l'édifice  de  sa  fortune.  En 
1802,  il  était  membre  du  conseil  de 
commerce  de  Bordeaux.  Ses  collègues, 
qui  rendaient  Justice  à  son  mérite,  le 
chargèrent  de  rédiger  un  Mémoire  au 
premier  consul  sur  le  traité  de  com- 
merce conclu  en  1 786  avec  l'Angle- 
terre.  Nommé  adjoint  du  maire,  il 
chercha  à  rétablir  le  crédit  de  la  place 
de  Bordeaux  en  prêtant  à  la  ville,  sans 
intérêts,  des  sommes  considérables. 
En  1811,  le  conseil  de  commerce  le 
députa  à  Paris.  Napoléon,  qui  se  con- 
naissait en  hommes,  l'attacha,  avec  le 
titre  de  maître  des  requêtes,  au  comité 

(!)  £d  1771,  par  exemple,  l'inutilateur  Hattel 
fut  mis  dans  les  prisons  de  Sl-Affriquc,  au  pain 
da  roi,  atec  défense  expresse  an  geôlier  de  loi 
penneUre  de  reieTOir  anrnn  secours  de  ses  core- 
ligionnaires. \\  promit  de  ne  pins  tenir  école,  et 
•D  le  remit  en  liberté  qoelqnes  mois  après  [Areh. 
ytfn  E.  S5$i).  NoQS  ponrrioos  citer  vingt  faits 


de  l'intérieur.  Deux  ans  après.  Portai 
fut  renvoyé  à  Bordeaux,  comme  com- 
missaire civil,  pour  coopérer  aux  me- 
sures de  salut  public  qu'exigeait  la 
gravité  des  circonstances. 

A  la  restauration.  Portai  prêta 
sans  hésitation  serment  d^  fidélité  à 
Louis  XYilI,  qui  le  maintint  dans  aei 
emplois.  Un  serment  n'étant  pointpov 
lui  une  vaine  formule,  il  refusa,  pen- 
dant les  Cent  Jours,  de  faire  partie  di 
conseil  d'Etat,  en  déclarant  que  tant 
que  Louis  XVtii  n'aurait  pas  abdiqué;, 
il  lui  resterait  fidèle.  Cet  exemple  trop 
rare  de  loyauté  aurait  dû  lui  attirer  le 
respect;  il  lui  valut  un  ordre  d'exlL 
C'est  dans  sa  terre  de  Pénardièrei 
près  de  Montauban,  où  il  s'était  retir^ 
que  Portai  apprit  la  seconde  reslaurar 
t  on,  et  en  même  temps,  sa  nominatiot 
à  la  place  de  conseiller  d'Etat  en  ser* 
vice  ordinaire,  attaché  au  comité  de  II 
marine.  Peu  de  temps  après,  il  reçut  II 
croix  de  la  Légion-d'honncur  avec  le 
titre  de  baron,  et  fut  chargé  de  tra- 
vailler aux  négociations  de  la  paii  gé> 
nérale. 

Commissaire  du  roi  dans  la  sessiei 
de  1816^  il  soutint  à  la  chambre  dei 
députés  le  projet  de  loi  des  finances  it 
proposa  la  création  d'une  caisse  des 
dépôts  et  consignations.  Lamémeaur 
née,  il  signa  avec  le  sénat  de  Ham- 
bourg une  convention,  par  laquelle  la 
France  s'engagea  à  payer  à  cette  ville 
une  indemnité  de  dix  millions. 

En  récompense  de  ses  services^  P<N^ 
tal  fut  élevé,  en  1817,  aux  fonctions 
de  directeur  des  colonies  et  an  grade 
d'ofOcier  de  la  Légion-d'bonneor, 

Elu  député  par  le  département  de 
Tarn-et-Garonne,  en  1 8  i  8,  il  fut  char- 
gé, le  I9déc.  du  portefeuille  de  lama- 
rine,  qu'il  céda^  trois  ans  plus  tard, 
au  marquis  de  Clermont-Tonnerre.  Le 
temps  lui  avait  manqué  pour  opérer 
dans  ce  département  toutes  les  réfo^ 
mes  qu'il  avait  en  vue  ;  cependant  il 
avait  rendu  des  services  importants. 
C'est  de  son  ministère  que  date  la  réor- 
ganisation de  la  marine.  Le  mal  avait 
fait  des  progrès  effrayants  :  avant  dix 


POR 


—  301  - 


POR 


ans^la  France  se  serait  trouvée  sans  nn 
$eul  vaisseau  de  guerre,  si  Porial  n'y 
avait  apporté  des  remèdes  énergiques. 
n  déclara  nettement  aux  chambres 
qu'il  fallait  ou  retrancher  une  d(^pense 
Inutile  et  supprimer  la  marine  mili- 
taire^ ou  porter  le  budget  de  ce  dépar- 
lement de  44  à  65  millions.  Les  Tonds 
qa'W  réclamait  lui  furent  successive- 
inent  alloués,  et  pendant  longtemps, 
le  budget  de  1 820  fut  considéré  comme 
le  budget  normal  de  la  marine. 

En  quittant  le  ministère,  Portai  fut 
eréé  ministre  d'E'at  et  pair  de  France. 
Fendant  son  administration  même,  il 
avait  été  élevé  au  grade  de  grand  of- 
ficier de  laLégion-d'bonneur.  En  1828, 
il  ftat  promu  à  celui  de  grand'croix, 
en  récompense  des  nouveaux  services 
qu'il  rendit  dans  la  chambre  des  Pairs, 
dans  le  conseil  supérieur  de  commerce 
et  dans  la  commission  des  travaux  pu- 
blics, qu'il  présida.  Les  inflrmités  de 
Il  vieillesse  Tuyant  obligé,  en  1857,  à 
renoncer  à  la  vie  publique,  il  se  retira 
à  Bordeaux,  où  II  mourut,  le  il  Janv. 
1845.  Son  éloge  fut  prononcé  à  la 
Chambre  des  pairs  par  M.  de  Portails, 
le  27  juin  1846.  11  laissa  trois  enfants 
de  son  mariage,  célébré  ie  1 6  fév.  1 792, 
avec  ÊUsabeik  de  Berg  s  y  savoir  :  1°  A- 
AfeLE-GuiLLEVfcTTE ,  quI  épousa,  en 
1822,  le  marquis  d'Escayrac-Laulure; 
— 2oMarik-Pa(jline,  femme,  en  1 825, 
du  marquis  d'AudiflTret  ;  —  4»  Pierrb- 
Pàul-Frédêric,  conseiller  d'Etat  ho- 
Boraire,  qui  est  auteur  de  deux  ouvra- 
fes  estimés  sur  les  Couleurs  symboli- 
ques (Paris,  1 87)7)  et  sur  les  Symboles 
des  Égyptiens  (Paris,  1840),  et  qui  a 
publié  des  Mémoires  (Paris,  1846), 
laissés  par  son  père.  11  a  épousé,  le  1 1 
août  1856,  Elibe  Oberkampf,  dont  il 
a  des  enfants. 

m.  Branche  d'Angleterre.  Plus 
heureux  que  leur  Jeune  frère,  Henri  et 
Guillaume  Portai, accompagnés  de  leur 
sœur  Marie,  réussirent  à  atteindre  Bor- 
deaux, où  Ils  s'embarquèrent  sur  un 
navire  marchand,  dont  le  capitaine  les 
Ht  cacher  dans  des  barriques  vides.  Ils 
arrivèrent  heureusement  en  Hollande. 


Les  deux  garçons  passèrent  en  Angle- 
terre, à  la  ^uit'ede  Guillaume  d'Orange, 
et  la  fille  en  Allemagne.  Guillaume  en- 
tra dans  les  ordres,  et  devint  plus  tard 
gouverneur  du  jeune  prince  qui  cei- 
gnit la  couronne  sous  le  nom  de  Geor- 
ge m.  Ses  Jours  se  prolongèrent  Jus- 
qu'en 1 760,  tandis  que  son  frère  Henri 
mourut  le  50  sept.  17  45.  Celui-ci  s'é- 
tait tourné  vers  l'Industrie,  et  avait 
fondé,  avec  le  concours  d'ouvriers  ré- 
fugiés comme  lui,  une  fabrique  de  pa- 
pier dont  les  produits  se  distinguaient 
par  une  supériorité  si  bien  reconnue 
que  la  Banque  d'Angleterre  lui  accorda 
le  privilège  (dont  ses  descendants  Jouis- 
sent encore)  de  la  fabrication  des 
bank-notes.  11  laissa  cinq  enfants  : 
!•  Joseph,  qui  suit  ;  —  2»  Priscilla, 
femme  de  William  Bridges;— 5»  Eli- 
sabeth, épouse  de  William  Peacb>  ; — 
4»  Dorothée,  mariée  à  sir  John  An- 
dersen; —  50  Charlotte,  femme  de 
John  Slade.  Joseph,  né  en  1719,  Juge 
de  paix  dans  le  Hampshire,  puis,  en 
1775,  haut  scbérif  du  comté,  épousa, 
en  1750,  Sara  Peachy,  et  mourut  le 
14  déc.  1792.  Ses  enfants  furent  :  i» 
Henri,  né  en  1752  et  mort,  en  1801, 
capitaine  de  dragons;  —  2«  William, 
né  le  1 2  fév.  1 755,  qui  prit  ses  degrés, 
comme  Jurisconsulte,  à  Tuniversité  de 
Cambridge,  et  ne  laissa  qu'une  fllle  de 
son  mariage  avec  Sophie  Slade;  —  3* 
John,  qui  suit;  —  4»  Charlotte, 
femme  de  sir  John  Filmer;  —  5«  Eli- 
sabeth mariée  au  révérend  Stivard 
Jenkins. 

Né  le  29  avril  1 764,  John  Portai,  Ju- 
gedepaixetdéputélieuteiiant  du  comté 
df"  Hauts,  prit  pour  femme,  en  1794, 
Jlfitry  Corne,  dont  il  eut:  l«  John,  mort 
Jeune,  ainsi  que  —  S^  Richard;  —  5» 
William,  qui  resta  célibataire  ; —  4* 
Harriet;— b»  Mart  :— 60  Caroline, 
femme  du  révérend  William  Knight  ; — 
70  Charlotte,  épouse  de  VLaunce-Cte- 
ly  Tre\illlaii  ;  —  8"  Franges,  alliée  au 
révérend  Da\  id-Rodiiey  Alurray.  fin  se- 
condes noces,  John  Portai  épousa,  en 
1815,  Elisabeth  Urummond,  qui  lui 
donnaencoresept  enfanta  :— 9«BEKftT- 


PQR 


-308- 


POR 


JOB!^,  mort  Jeune;  —  !  O^Mblyille,  né 
ié  31  JQill.  1819,  «tadué  d'Oxford, 
tnembre  du  parlement,  qui  a  i^punsé, 
le  9  ocl.  isns,  lady  Chariot te-Maria 
ÈUhf,  fllledu  comte  de  Ninto,  et  qui 
est  devenu  par  celle  alliance  te  beau- 
frère  de  lord  John  Bussel;  —  j  |o  t\o- 
BERT,  né  en  l  S20,  officier  d'infanlerje; 
— 12oWT>DHAH-Sp£>CER,néenls22; 
—1S«  George-Raymond,  né  en  1827; 
—  U»  Auela  née  en  1828,  femme 
d'Edward  Knight;—  i5«  Jake-Eliza, 
née  en  1829. 

Aussi  nombreuse  qu'elle  est  an- 
cienne, la  famille  Portai  parait  s'être 
divisée  de  bonne  beure  m  beaucoup  de 
rameaux,  dont  il  est  impossible  au- 
jourd'hui de  retrouver  la  filiation.  Peul- 
étre  faut; il  regarder  comme  apiiarle- 
nant  à  la  branche  anglaise  le  poêle 
Abraham  Portai,  à  gui  Wall  atlrihue: 
Olhido  and  Sojhroway  a  tragedy^ 
tond.,  1 758,  in-8';  Jnnocencfy  a  poe^ 
iical  fssay^  Lond.,  \  762,  in-8'  ;  TVar, 
an  ode,  Lond.,  1764,  in-4»;  The  ir^ 
discret  lovrr,  a  comedy^  Lond.,  1 768, 
ln-8%  et  Vor limer ^  or  Ihe  true  pa- 
triote a  tragedy^lànû.,  1 796,în-8»; 
mais  nous  ne  voyons  pas  les  moyens 
de  rattacher  soit  è  la  branche  de  Re- 
Vel,  soit  à  celle  de  Bagnols,  Louis  Por- 
tai, ministre  de  Villefranche  en  Rouer- 
gue,  qui  se  nfugia  à  Genève  à  la  Saint- 
Barlbélemy  (Wg,  des  habitavs);  — 
Moïse  Portai,  pasteur  de  La  Sulie  (l)  ; 

(1)  n  préHda,  au  mois  de  juin  1672»  le  synode 
d6<«  Cevennes,  qui  sp  lint  h  La  S.ille,  en  pf<*seDre 
du  roTnmii(>>aire  PItiUftpe  Bornier^  li«iile<i«nl  par- 
tirulier  au  siège  prMidial  de  Mcintpeijier,  doiitld 
pro(*è»-verbal se  lrou\eaa\  Anilines (Tr.  S43). 
Y  ansi^lërent  :  Anduze,  Malplath  el  La  Fanll,.'; 
Àlais,  O'utan  et  Roehe;  8t-Jean-dê-Oardormen- 
qee,  Comft  «el  Latat  ;La  ;5alle,  Forfa/, avec  deei 
•I  fiens:de  Ui  Hooui  et  de  VignoU  «,  ce  dernier 
(iil  élo secréiaire; nUlel. Sauvage  putnèei  Pag'g; 
Léd i gnan,  6'a6rir  atne  et  Béchnrd;  Aieremonl, 
Dautun^  nin.;  CenraKnoled,  Dumas  et  Ttiêtier; 
Vêitnobrf,  Dumas  putie,  min.;  Lezan.  Cabril 
patn<'  et  Fînùl;  Turnac,  Radier ^  min  , élu  rire- 
préridenf,  el  ('arbusse  ;  rhoiras,  Jourdan  et  Ré" 
gii  :  B^gard»,  Fraiêtinel  el  Cabanet  ;  St-Chrinli  I, 
Baitid  ,min.;ât-Seba  tien, PrJf, min  \6i  Paul- 
Ja*Cni>lt.  û'Otimii  «,  min.;  Cjinauies,  Boyfr  el 
ilaiU;  SooKleiIe,  il'O/im/Hc»,  min  :  CaHpl ,  Motte 
en  Arnauon;  Soiidotgiieg,  harvi  u  ft  Cvérin; 
Sl-tieiBiain,  Ihurot  t\K^\ntÂur;  Flnrac,  Blah« 
ei  C«»M0Kiw ;  âlFjitUfUMe,  Cron^Aci  avec  4ei|9 


qui  épousa  à  Montpellier  en  1 675  Mot- 
guérite  Co^/orn/Aoc,  et  qui,  coropromls 
dans  l'entreprise  de  Brousson  (Voy, 
in,p.  32),  se  relira  en  Suisse;— Por- 
ial,  de  Saint-Àlby,  sieur  de  t'oi^tcod- 
verte  (peut-être  Fonconnetz],  enfemié 
au  château  de  Ferrières,  en  1 7  4  4 ,  paroé 
qu'il  avait  assisté  à  une  assemblée  re- 
ligieuse, mais  remis  en  liberté, Tannée 
suivante^avecSicard,  de  Castres  (Arck» 
E.  ô.noG),—  non  plus  que  Jean  Portai, 
d'An  ton  lac,  Pierre  Portai,  de  Saint-FÎ* 
lix-de-Sorgues,  dont  un  descendant  fat 
inlernéy  en  1 690,  à  Soui  lac  {fbid.  Tt. 
289),  et  quelques  autres^  dont  on  ni 
connaît  guère  que  le  nom. 

PORTC  (Jacques-andbê),  fils  di 
Joaillier  Antoine  Porte,  de  Die  (1)>  na- 
quit à  Genève  en  f  7 1 5,  et  non  pis  eo 

anciens:  de  La  Bagtiie  et  de  Fielaoux:  Bam^ 
Barjon  et  de  La  Roque;  Tebron,  L'Aarawm  fl 
Bragnute;  CaalNgnotn,  Aniib  ri  et  ArfmH*n; 
S(-Andre-de-Yalborgne,  Sauvag*  et  deL«iy> 
koh:  Si -Marcel,  Roux  elliulac;  Bfartiéjii|t,4| 
La  Roqu  tt''  et  S'vène;  Si  User,  Btaiu  el  rè- 
ehsrg;  Le  C«llel,  Laporte,  mlii  ;  Sl-Prittf,  f* 
«ter  et  Choêol;  Knigèret,  A  ftonfi^r  el  Ermumin 
Sauniana,  Camèr«,  anc.  St-2ilartiDHle-€e«rMM^ 
de  La  Coste,  élu  sécrétai  e,  et  de  La  BurtUf; 
Si- Romans  de-Touisque.  Rownèrs  et  BmAtk; 
Valfraneeikque,  Calmel  et  de  La  Hougutîtê;^ 
briac,  Clémeul^  aoc  ;  '^1  Mirtie  dr  fitnwéaflij 
Ma$tanei  el  £/t^nnc  de  La  Pierre;  St-Hilâiif* 
de-Larit.  de  Caioynej  anc;  Fralsjthiet,  llowt, 
min  :  Sie-Groik-de>VairranceiiquA,  CêmèeM  pew 
el  Mam.H;  Montleaon,  de  Caettlboue^  raio  ;  II- 
Flour-de-Pnmpidoa ,  Dap  itly  cl  de  Sabl.t;  $1- 
Jolien-d'Arpjton,  Alm  ras  tl  S.*rrière;  Satie, 
Vincent,  élu  seciéuire,  ei  AlLb-rt;  St-H«pp^ 
lyie.  Mal  t  avec  deux  anciens  :  Sogui^r  tA  Ckêsih 
b  rliii;  Quissac,  VedA,xac.;  liurr«tr(,  Dumas  lA 
Tretfonn;  Jtfnnolilol.  DurrosHChabal:  Si-Felii- 
de  Pdlière^de.SoKW'ir  el  Rou^u  lie  ;€*(», B^ 
el  Povgt;  Gange»,  Fiai  el  G^rvais;  S«mèM^ 
à'AigUi^in  el  Ihtcros;  St-Rnmans-de-Gf^dîèrM. 
Grohgnet  KIs  ;  Yallcrangue,  Ffuryel  Mvk.l;  U- 
Laoreiil-le-Minier  Pt«f(>ry,min.;  L.e  VinaQ,jia«^ 
set  el  Dissartines  ;  Aulas,  Cmehard  avee  étn 
anciens  :  de  La  Nuêjols  el  de  La  BKUièrê;  Al- 
mes>aR,  Vincent  putiic,  min.;  (Jolognar,  Veriitr 
et  FéretU:  Avèze,  Cuibal  rtls  et  TrttU  s;  IMiè> 
re«,  de  Montdardi  r  el  CacaiUae;  Moiildartfierf 
Guibttl  père  el  Sauveplane  ;  lletruei»,  (Xmà^rc 
el  Martin.  Ta^sihla  ausiti, avec  voix  déliberatifi^ 
Fournier,  chapelain  de  la  famille  d«*  St-Theoio^ 
rit.  Le  Kvnnde  n^ul  mini^treii  David  Vimcsmi^ 
Etienne  tro.'gntl,  François  />  b  uetA  J<tLmP^ 
g  zy^tK  il  clittriiea  Antoine  di  Claris^  de  Saivi. 
de  piuir>ui\ie  «'eux  «{ui  refuï-aleul  de  coutrlbier  1 
Teniretien  du  ministère 

(1)  En  1713,  Jacques  Par(#,  cbarpeaUer  il 
GrefioUe,  (ni  reçu  lM>Vf ^ii  à  Geof  ve. 


POR 


-  303  - 


FOR 


1 682,  comme  ie  dit  Sénebier.  Il  étudia 
fa  théologie  et  fut  admis  aa  ministère 
etk  i  731 .  Aucune  place  de  pasteur  n*é' 
lant  alors  vacante,  il  postula  et  obtint 
due  chaire  de  proresseur  au  cotli^ge,  en 
1736.  Il  eut  pour  ^lève  le  célèbre  Nec- 
lèr,  <\\i\  épousa  plus  tard  une  nièce  de 
ââ  femme.  Au  bout  de  sept  ans,  il  re- 

S' it  vocation  de  l'église  française  de 
arbourg.  Trois  ans  après,  Il  fui  ap- 
g  Blé  à  Maèslricht;  mais  le  landgrave 
uillaume  ne  voulut  point  lui  accorder 
ion  congé,  et  pour  le  retenir  dans  ses 
ËtatS)  il  augmenta  son  traitement  et  le 
fiomma  professeur  de  langue  françaiseà 
l'université.  En  1 753  cependant,  Porte 
tentant  sa  santé  s'altérer  par  l'excès  de 
la  fatigue,  se  décida  à  accepter  la  plac€ 
ie  pasteur  français  à  Frederichsdorf, 
|o'il  occupa  deux  ans  et  qu'il  quitta 
»ur  celle  de  ministre  de  l'église  d'Of- 
mbach,à  la  sollicilatlon  du  prince d'I- 
•enburg.  En  1757,  cédant  aux  inslan- 
èes  de  son  ami  Pellouiier,  d'autant  plus 

i' olontiersqu'ilcroyaits'apercevoirque 
i  climat  d'Ofifenbach  ne  lui  convenait 
pas,  il  échangea  sa  cure  contre  celle  de 
purg  près  de  Magdebourg.  Cinq  ans 
après, son  vieux  père^qui  désirait  qu'il 
loi  fermât  les  yeux,  le  pressa  de  reve- 
fiir  à  Genove.  Il  se  mit  donc  en  roule, 
inâis  le  landgrave  Frédéric,  que  l'in- 
vasion fraiiyaise  avait  chassé  de  ses 
£tais ,  rt  <iui  s'rtait  retiré  dans  le  Druns- 
Wirk,  ('in\itii  d'une  manière  si  pres- 
sante à  entrer  à  son  service,  qu'il  ne 
put  s'y  refuser.  11  futnomiiiéàluchaire 
dé  littérature  française  à  Umtt'ln,  et 
alla  en  prendre  possession  en  1702. 11 
itiôunit  dans  celte  ville,  le  8  juin  1787. 
On  a  de  lui  : 

I.  Grœcœ  tinguœ  radices  prœcfpuœ 
Sirdiiu!  alphabe  t  ico  diges  tœ,  Gen  •>  1 7  4 1 , 
lii-80. 

II.  Racines  latines,  choisies  et  ran- 
bie^Sflon  tfurs  terminaisons,  selon  tes 
parties  du  d  scouts  et  selon  les  régies 
aela  grammaire,  Gen.,  l74*i,  ln-8». 

lit.  Introduction  simple  et  aisée  à 
fil  grammaire  latine,  trad,  de  l'angl., 
Çcn.,  17-4  2,  in-8«».  —  Sénebier  cite  : 
inIroducUon  à  la iyntoxe latine,  trad. 


de  l'anglais,  Gen.,  i  745,  in-8«.  Est-ce 
une  réimpression  ou  une  suite  t 

IV.  Sermon  funèbre  sur  la  mort  de 
Frédéric  /,  roi  de  Suède,  landgrave  de 
ife.v5c, Francf.-sur-lo  Mein,  1751,  4». 

V.  Supplément  aux  lettres  de  rot' 
respundance  de  feu  M.  À  bbt,  1 7  7  2, 8»  ; 
enallem  ,  1772,  in-8«. 

VI.  Nouvelles  lettres  concemani 
ceUes  du  feu  professeur  et  conseillet 
Abbt,  1773,in-8o. 

Une  famille  noble  du  Castrais  por- 
tait un  nom  identique,  à  Une  légère  dif- 
férence \iTh%.  Sébastien  Portes,  qui  tèi- 
ta  en  1565,  fut  pèfe  de  Denis,  mort 
vers  1621  et  pore,  à  son  tour,  de  deux 
flls,  nommés  Pierre  et  Jean.  Ce  der- 
nier, qui  testa  en  163i,  eut  pour  fils^ 
Jacques,  sieur  de  La  tourcnque,  dont 
nous  voyons  le  nom  figurer,  à  côté  de 
ceux  de  Samson  de  Portes,  ^'Antoine 
de  Portes,  sieur  de  La  Plaine,  de  Jean 
de  Portes  et  d'habeau  de  Portes,  dans 
une  liste  de  protestants  de  Castres  ra^ 
menés  dans  le  giron  de  l'Eglise  par  leé 
dragons,  en  1685. Nous  n'y  remarquoni 
pas  celui  de  François  de  Parler,  fils  de 
Pierre  et  de  Susantie  de  La  Roque,  qui 
vivait  encore  en  1 67 1 ,  anuée  où  il  fut 
maintenu  dans  sa  noblesse.  Faut-il  en 
conclure  qu'il  était  mort  ou  qu'il  avait 
émgré?  Et  dans  ce  dernier  ca^,  >  au* 
rail-ll  (lU'Iquo  Lendc  parenté  enire  lui 
et  Louis  do  Purins,  comte  de  Verrier, 
seigneur  de  CniSHleret  deGi*nollit'r,né 
en  li>G6  colonel,  en  1703,  d'un  régi- 
ment de  Français  réfugies;  gén'Mal,  en 
1720, au  service  de  Victor-Amédee,  au 
nom  de  qui  il  pi  il  possession  de  la  Sar- 
daigne,  et  mort  en  173:),  dont  le  fils 
Louis,  c^mle  de  Porics-Genollier,  s'é- 
leva, sous  le  drapeau  hollandais,  au 
grade  de  général-major?  Nous  savons 
que  cette  ramille  habitait  le  Pa\s  de 
Vaud,  mais  nous  Ignorons  si  elle  était 
d'origine  française.  Ajoutons  qu'à  la 
Saint-Barihclemy,  un  Nicolas  de  Por- 
tes, imprimeur  de  Normandie  s'était 
réfugie  à  G»»nève  [Reg,  des  habitans), 

POUTKFAIX  (Pierre),  médecin  et 
apothicaire,  de  Die,  réfugié  à  Y\erdon 
avec  868  flls  CHARLES  et  Pnaai,  y  ob- 


POR 


—  304- 


POT 


Ifnt,  le  25  août  1621,  la  pennissfon 
d'exercer  son  art,  et  fut  reçu  bour- 
geois, te  2  mars  de  l'année  suivante. 
Ce  fut  sans  aucun  doule  pour  témoi- 
gner sa  reconnaissance  au  magistrat 
de  cette  ville  qu'il  lui  dédia,  en  1623, 
un  recueil  de  poésies,  plus  que  médio- 
cres, au  Jugement  de  l'abbé  Gonjet. 
Ce  recueil,  imp  à  Genève,  en  1623^ 
in-8«,  contient  une  Méditation  sur  la 
pénitence  en  vers  héroïques,  un  Hymne 
de  la  patience  y  des  Cantiqups,  la  Pa- 
raphrase des  Ps.  AU  et  C  A' VI  etd'au- 
tres  poésies  religieuses.  L'auteur  en  a 
donné  à  G<>nève,  I646,in-I2,p{).  181, 
sans  la  table,  une  seconde  édit.  revue 
et  augm.,  sous  ce  titre  :  Méditations, 
paraphrases,  cantiques,  pnères  et  ver- 
sions  chrestiennes.  Voii-i  le  début  de 
sa  Méditation  sur  le  saint  sot  renient 
de  l'Eucharistie,  Ce  fragment  donnera 
une  idée  du  talent  du  poète  ;  on  trou- 
vera peut  être  que  le  Jugement  de  Gou- 
Jet  est  sévère. 

Doncques,  ôTonl-poirsant  !  6  grand  Diea  des  mer* 

[teilles! 
Après  Isnl  de  bienfaits,  de  fiiTearsnoinparoilles, 
Boni  jusqnes  h  ce  jour  il  l'a  pieu  me  combler, 
Atfc  les  cbe  s  esleus  tu  daignes  nrasscn.bler, 
£t  me  semondre  encor  par  la  i:r&  -e  ineffable 
A  m'asfetfir  avec  eux  k  ta  Ka  rt*e  table, 
Pour  y  communiquer  aux  mets  dellieui, 
Offerts  en  tun  banquet  divin  et  précieux. 

Ah  !  que  n'ayi***  <'l>^l^  1»  poretë  des  Anges, 
Qui «élèbrent  ton  nom  d'immortelles  louanges  ! 
Ou  des  l'ropbeles  saincis  l'excellente  rerveor, 
Des  Aposlres  xêles  la  charitable  ardeur, 
Des  bienheureux  Martyrs  Tadmirable  constaoce, 
Du  brigand  converti  J*heureu»e  repentaoce, 
Du  pauvre  péager  la  douce  humilité. 
On  de  la  pécheresse  au  pleur  illimité. 

Aftf  ces  omemens  de  prix  inestimable. 
Je  me  prèseuterois  baitiiment  k  ta  table»  ete. 

Le  RoUe  des  bourgeois  de  la  ville 
d'Yverdon  nous  fait  connaître  deux  fils 
de  Charles  Portefatx,  Alexandre  et 
Maxihilien^  l'un  et  l'autre  membres 
du  conseil,  et  un  flls  de  Pierre,  nom- 
mé Joseph,  membre  du  conseil  et  du 
consistoire  et  juge  deBelmont. 

FORTESAIN  (Claude),  orfèvre  de 
Troyes,  victime  du  fanatisme  du  clergé 
et  de  la  populace  de  cette  ville,  en 
1558.  Passant  un  Jour  devant  l'église 


Notre-Dame  sans  se  découvrir,  ^ort^ 
sain  fut  aperçu  par  des  prêtres  qui 
l'injurièrent,  en  lui  ordonnant  d*ô(er 
sonbonnet.  Il  leur  réponditque  l'Eglise 
ne  consistait  pas  en  un  monceau  de 
pierres,  irrités  de  cette  réponse,  ils  le 
poursuivirent  jusqu'à  son  logis,  qui 
heureusement  n'était  pas  loin,  et  leurs 
vociférations  ne  lardèrent  pas  à  ameo- 
ter  une  de  ces  bandes  de  vagabonds 
qui  ne  vivent  que  de  désordre.  La  porte 
de  la  maison  fut  enfoncée,  Portesain 
saisi  et  traîné  par  les  pieds  Jusque  sar 
le  pont  de  la  Salle,  du  haut  duquel  on 
se  disposait  à  le  précipiter,  lorsque 
l'armuriiT  Mchel  C^W^5,  son  vQisini 
accourut  à  la  tète  de  quelques  artisans, 
dispersa  la  populace  à  coups  de  bâton 
et  ramena  dans  son  logis  Portesain  ï 
demi  murt.  Les  prêtres  se  plaignirent 
au  lieutenant  criminel,  qui  se  trans- 
porta à  minuit  dans  la  maison  du  hu- 
guenot, le  fit  enlever  et  conduire  en 
prison.  «  Tout  le  temps  qu'il  fut  pri- 
sonnier, raconte  Pithun,  il  se  comporta 
fort  constamment  et  sans  qu  il  fût  pos- 
sible de  le  pouvoir  fayre aller  une  seule 
foys  à  la  messe,  ce  qui  aigrit  si  fort 
les  autres  prisonniers  qu'ils  le  bâti- 
rent et  outragèrent  si  \illainementque 
peu  de  jours  après  il  décéda.  »  Le  geê- 
licr  Jeta  le  corps  à  la  voirie.  «  Les  ad- 
versaires, continue  Pithou,  n'oubliaos 
rien  de  ce  qui  appartient  à  uuecruaulé 
plus  que  barbare,  exercèrent  contre  le 
mort  roosme  Taigreur  de  leur  furie, 
picquanis  et  déchiquetans  les  Jambes 
de  ce  pau\re  corps  mort  à  coups  de 
canivels  et  de  cousleaux.»  La  nuit  sui- 
vante, Michel  Charles,  aidé  par  quel- 
ques fidèles,  enleva  le  cadavre  et  Tal- 
la  déposer  dans  une  fosse  qui  n'é- 
tait occupée  que  depuis  peu  de  jours; 
mais  la  crainte  d'être  surpris  ne  lui 
laissant  pas  le  temps  de  creuser  asses 
profondément,  des  chiens  en  grattant 
la  terre  découvrirent  le  cadavre  et  ré- 
vélèrent le  pieux  stratagème.  Le  corps 
fut  promptement  enlevé  ei  Jeté  sur  on 
tas  d'immondices. 

POTERAT(JEAif),pasteurà  Isson- 
dun  en  1561.  Dans  son  Histoire  d« 


POU 


—  305  — 


POU 


Berry,  M.  Raynal  raconte  que  les  Pro- 
testants de  cette  ville  s'étant  réunis  se- 
crètement le  mercredi  avant  Pàqoes, 
pour  faire  la  Cène,  le  lieaienant  par- 
ticulier) François  de  Valenciennfs ,  et 
leprocnreurdu  roi,  François  Arthuys, 
qui  embrassèrent  plus  tard  ouverte- 
Bient  les  doctrines  évangéliques,  se 
rendirent  sur  les  lieu^,  forcèrent  les 
assistants  à  se  retirer,  et  arrêtèrent  Po- 
terat.  S'il  s'agit,  comme  nous  le  soup- 
çonnons, de  la  persécution  dont  nous 
avons  parlé  ailleurs  (Voy.  \,  p.  136), 
les  choses  ne  se  passèrent  pas  aussi 
doucement,  selon  le  rapport  de  Bèze. 
Quoiqu'il  en  soit, on  exigea  de Poterat 
qu*il  remit  aux  officiers  du  roi  son  ser- 
mon par  écrit.  Pendant  sa  prison,  a- 
Joute  M.  Raynal,  les  ministres  du  voi- 
sinage continuèrent  ses  fonctions.  On 
t'assemblait  dans  des  jardins,  on  prê- 
chait, on  chantait  les  psaumes.  Bien- 
tôt même  Poterat  fut  remis  en  liberté 
par  ordre  de  Charles  IX  qui  défendit 
de  rechercher  personne  en  sa  maison. 
POUCIIET  (Louis-EzficHifcL),  ha- 
bile manufacturier,  né  à  Gruchet  près 
de  Buibcc,  passa  sa  Jeunesse  à  voyager 
en  Espagne,  en  Italie  et  en  Angleterre. 
11  profita  de  ses  fréquents  voyages  dans 
ee  dernier  pays  pour  étudier  les  pro- 
cédés de  fabrication  auxquels  les  ma- 
nufactuies  anglaises  devaient,  à  cette 
époque,  leur  incontestable  supériorité. 
Frappé  des  nombreux  avantages  de  la 
machine  d'Arkwright  pour  le  filage  du 
coton  aux  laminoirs,  il  l'importa  en 
France,  mais  en  y  faisant  diverses  mo- 
difications qui  la  perfectionnèrent  au 
point  de  tripler  le  produit  du  travail. 
Pouchet contribua  beaucbup aussi,  tant 
par  ses  écrits  que  par  ses  inventions, 
à  populariser  le  système  décimal  des 
poids  et  mesures.  Ses  utiles  travaux 
ne  restèrent  pas  sans  récompenses,  in- 
dépendamment de  plusieurs  médailles 
que  le  gouvernement  lui  décerna,  il 
fut  nommé  membre  de  la  Société  d'é- 
mulation de  Rouen,  de  l'Athénée  de 
Paris  et  du  bureau  consultatif  des  arts 
et  métiers  près  le  ministre  de  l'inté- 
rieur. Il  mourut  à  Rouen,  le  30  mai 


1809,  après  une  longue  et  douloureuse 
maladie.  On  a  de  lui  : 

I.  Clef  de  la  langue  espagnole,  i  787, 
S  feuilles  in-8<». 

II.  Traité  de  la  fabricationdes étof- 
fes, Rouen,  1788,  in-8*. 

ni.  Tabieau  de  la  durée  de  l'année. 
—Méthode  ingénieuse  pour  reconnaî- 
tre, au  moyen  de  lignes  diversement 
combinées,  les  saisons ,  îes  mois,  tes 
Jours,  la  durée  même  des  crépuscules. 

IV.  Echelles  graphiques  des  fiou- 
veaux  poids,  mesures  et  monnaies 
françaises  et  des  villes  et  pays  les  plus 
commerciaux  de  l'Europe,  Rouen, 
1795,  in-8o;  2«édit.augm.  d'un  Traité 
sur  les  changea  et  d'un  Traité  d'arith- 
métique linéaire,  f^ouen,  1796,  in-8% 
avec  planches;  5«  édit.  sous  le  titre  de 
Métrologie  terrestre  ou  Traité  des  nou- 
veaux poids,  etc., Rouen,  i797,ln-8»; 
4*  édit.,  Rouen,  1798,  in-8*.  —  Les 
fréquentes  réimp.  de  celivreen  prou- 
vent ie  succès;  cependant  il  faut  recon- 
naître que  si  ie  système  de  Pouchet  est 
ingénieux,  it  est  en  même  temps  d'une 
application  peu  commode.  Le  traité 
.d'arithmétique  linéaire,  qui  n'est,  à 
vrai  dire,  qu'une  curieuse  récréation 
mathématique,  a  été  réimp.  séparé- 
ment sous  ce  titre  :  Arithmétique  li- 
néaire ou  nouvelle  méthode  abrégée  de 
calculer,  que  l'on  peut  pratiquer  sans 
savoir  rJ  lire  ni  écrire,  Paris,  an  IV,  8». 

y.  Mémoire  sur  le  nouveau  titre  des 
matières  d'or  et  d'argent,  comparé  à 
l'ancien,  Rouen,  1 798,  in-8o. 

VI.  Mémoire  sur  la  mesure  des  su- 
perficies, 1800,  in-80. — On  trouve,  à 
la  suite  de  ce  mémoire,  des  considé- 
rations sur  le  sol  des  différents  cantons 
du  dép.  de  la  Seine-Inférieure. 

Vil.  Mémoire  6ur  la  finesse  du  coton, 
la  à  la  Société  d'émulation  de  Rouen, 
en  1801. 

Vill.  Numérotage  des  cotons  filés  et 
des  autres  fils,  publ.  dans  les  Annales 
des  arts  et  manufactures  (T.  XXX VI). 

IX.  Projet  d*un  Journal  universe 
du  commerce, 

POUDREL  (Jean),  sieur  de  Cor- 
■IÈRB8,  ministre  de  l'église  deLoar- 


POU 


-  306  — 


POU 


marin,  la  desservit  Josqn'en  I663j 
c'est-à-dire  jusqu'à  ce  que  rexrrcice  do 
cnlte  y  fût  interdit  {Voy.  Pièces Jostff., 
No  LXXXVIIl).  Coi  bières  se  mil  alors 
à  parcourir  l'Angleterre,  la  Hollande  et 
la  Suisse,  où  il  recueillit  d'abondantes 
aumônes  pour  les  églises  de  Proven- 
ce(i).  On  Tarcusade  s'être  approprié 
ane  partie  de  la  collecte  qu'il  avait  Tai- 
le  ;  la  fraude  Tut  prouvée  ;  cependant^ 
comme  le  parleroenl  d'Aix  se  disposait 
à  évoquer  Taffàire,  le  synode  provin- 
cial, par  égard  pour  lui ,  se  contrnta  de 
le  congédier,  sans  lui  donner  Taltesta- 
|ion  ordinaire  de  bonne  vie  et  mœurs. 
Corblères  pourtant  s'y  prit  si  bien  qu'il 
en  obtint  une  de  son  ancienne  église, 
et  qu'il  réussit  à  se  placeràSaint-For« 
tonat  dans  le  Vivarais.  Pendant  les 
troubles  excités  par  Roure,  en  t670j 
loin  de  s'unir  à  ses  collègues  dans  le 
but  d'empècberla  révolte  de  s'étendre, 
il  envo)a  son  fils  aîné  rejoindre  les  iQ« 
surgés.  L'intendant  voulut  le  Taire  ar- 
rêter; mais  ses  amis  parvinrent  à  le 
tirer  encore  de  ce  danger,  et  le  synode 
do  Vivarais  l'envoya  à  Bail.  Sa  con* 
duite  n'y  fut  ni  plus  sage  ni  plus  régu- 
lière. Dénoncé  par  Henri  de  La  Tour'' 
Guuvemei  et  Jean  de  Vors^  docteur  en 
mt^decine,  il  lut  cité  par  le  synode  de 
DessHignes  à  comparaître  devant  lui, 
en  1675.  Il  s'en  excusa  sur  la  rigueur 
de  la  saison  vX  le  peu  de  tejnps  qui 
restait  jusqu'à  la  clôture  du  s)iiude, 
en  priant  l'assemblée  d'envoyer  sur  les 
lieux  des  couim>ssaii-espf»ur  informer. 
Le  s>node  contia  celte  mission  déliea- 
le  à  deux  pasteurs,  Pierre  Jam  ier  et 
Atitoint'  Thomas  y  et  à  deux  anciens, 
Jacques  Chion  et  Jacques  Mkhelon 
(Arch.  gén.  Tt.  514),  avec  pouvoir  de 
Jugerdefinitivement.  Les  commissaires 
députés  se  rendirent  à  Baix,  et  après 
enquête,  le  25  janv.  i«7i»,  sans  s'ar- 
rêter à  la  récusation  formée  par  Cor- 
bières,  ils  le  suspendirent  de  ses  fonc- 
tions jusqu'au  prochain  sxnode  et  or- 
donnèrent que,  en  al  tendant,  l'rgllse 
de  Baix  serait  desservie  parles  minis- 

(1)  n  ne  fkQt  pàs  le  fonfondre  avec  Antpins 
nri,  4*  rèieot  «a  eoUege  à%  Die  ea  i6^. 


JM 


très  du  voisinage.  Leur  sentence  étaH 
motivée  par  un  parjure  manifeste  dont 
l'accusé  s'était  rendu  coupable,  la  dé- 
sertion de  scm  église  de  SaintFurlo- 
nat  qu'il  avait  quittée  sans  congé  (l), 
et  son  refus  de  reconnaître  les  com- 
missaires du  synode.  Pour  se  venger, 
Corbicres  se  jeta  entre  les  bras  dd 
clergé  romain,  qui  saisit  avec  joie  l'oc- 
casion d'inquiéter  les  ministres.  Le 
syndic  du  clergé  accusa  les  quatre 
commissaires  d'avoir  tenu  un  colloque, 
sans  qu'un  commissaire  du  roi  y  as- 
sistât. Chargé  d'informer,  d'Aguessean 
répondit  :  a  Ayant  examiné  le  sujet  de 
ces  deux  assemblées  (2;,)e  ne  crois  pas 
qu'elles  doivent  être  considérées  com- 
me vicieuses,  ny  que  la  présence  d'an 
commissaire  du  roy  y  fust  nécessaire, 
ainsy  que  ledit  svndic  le  prétend.» 
Mais  ce  en  quoi  les  commissaires  a- 
vaient  violé  les  ordonnances,  seloii 
l'intendant,  c'est  qu'ils  avaient  ordon- 
né que  réglise  de  Baix  serait  desser- 
vie par  les  ministres  du  voisinage,  n 

(1)  Sur  ce  (^bef,  l'aceosatioti  fie  neoi  teoble 
iMs  jastiflée.  Le  synode  Iran  i  Bail,  le  19  aoêt 
1071,  soQs  la  présidence  de  Gorbières  loi-mèniè, 
ordonna  d'écrire  en  Provence  pour  obtenir  toù 
tongé  et  ane  alle^tation  de  bonne  vie  et  rnoonj 
tl  n'est  nullement  question  dans  les  actes,  ^v*3 
ait  abandonne  Fans  corgé  l'église  de  Sainl-Far- 
lunat.  Ce  synode,  où  Jean  de  Sabouria  remplit 
les  fondions  de  rnmniissaire  du  roi,  plul  Corbiétes 
ponr  présidoni,  Janvier  pour  vire- président.  Le 
VaL'tte  el  Mfital  pour  serrclaireit.  Y  M$si«J(Mviil: 
Baik,  de  Corbit-rcs  cl  Henri  de  La  Tour-Gouvtr' 
n</;  Lr  Pnuzin,  l'iois  el  lîlischou,  anriens; 
Saint-Vinreni,  A'Albiac  el  Charl'$  de  CAtfn- 
laui;  ChomerMC,  Htboul  l  el  Habambi:  Pierre- 
gfturde,  Blanc^  min.;  Saiiil-Korliinal,  Bruni^r  el 
Duc;  Suiiil-Alban,  Dauphin^  min.,  Jfaurtcaet 
Boision^  ane,  Saint-Pierreville,  Trrratton  el 
Sél  ry;  hsamnuirne,  La  Valette^  min.;  Gluirag, 
Hotntl  el  La  Rouvi're;  Le  Obeyiard,  Rieharà^ 
ane  ;  Ajoui,  RcbouUt  el  Charrier;  he  Gua,yay, 
ane  ;  MdTCohf  Bernunid  el  fhtbris;  Vallon,  TIa- 
mai,  min.;  La  Gone,  Janei  r  et  SabatH  r;  Sé> 
lavas,  Béraudf  an-.:  Villeneuve,  Aaoïil,  ane,; 
Vais,  Laborief  min.;  Annonay,  Cregut  el  Jfa»- 
tilhois;  SNinl-Voy,  Coite  et  Mac  home  ;  Cbais- 
bnn,  Fottchi-r  et  Feydenu;  r<h»lançrin,  BUne  ^ 
Lapra ;  Châleanneur,  R  b'Ul  tel  Lapra ;  B<*0V«, 
Ihtrand  el  Mi.li}re;  Vernouk,  Blanc  et  Crig.-tac; 
Sovoiis,  Lagt  el  Daudé;  Maysse,  Centenœ.^uù. 
{Arch.  Tt.  3J^. 

(i)  Les  quatre  commissaires  avaient  proliè  de 
leur  pasMige  à  Saint-Vinoent-des-Barree  pour  â^ 
corder  rimposilioa  dei  maina  an  proposât  fijnm. 


POU 


—  »07  — 


POU 


ijTopoMJt  donc  d'abandonner  le  pre« 
nier  chef  d'aocusalion  et  de  les  poar- 
èoivre  sur  le  second.  11  paialtque  d'A- 
gnesseau  n'avait  pas  connaissance  do 
là  permission  générale  que  Bezons  et 
Pçlremaies  avaient  accordée,  le  5  juin 
J664,  à  tous  les  consistoires,  portant 
qu'en  cas  de  nior(,de  maladie  ou  d'ab- 
sence prolongée,  les  pasteurs  du  voi- 
sinage pourraient  desservir  les  églises 
dépourvues, ou  bien  qu'il  la  regardait 
comme  abolie  parla  Déclaration  du  l«r 
fév.  1 669.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  syndic 
porta  son  accusation  devant  le  Conseil 
et  obtint  un  arrêt,  en  date  du  4  mars 
1676,  qui  cassa  la  sentence  des  com- 
missaires, leur  interdit  les  fonctions  de 
ministres  et  d'anciens  et  les  condamna 
chacun  à  dix  livres  d'aumônes,  malgré 
tout  ce  que  put  faire  Homel,  ministre 
de  Soyons,  agent  des  églises  du  Viva- 
rais  (Ibid.  Tt.  328).  Les  ministres 
Blanc  de  Pierregourde,  Bruniety  de 
Saint-Forlunal,  Dt^jean^  du  Pouzin,  Re- 
boulet  f  de  Champeyracbe,  Rfboulet,  de 
Çbomerac,  Lagety  de  Pradelles,  et 
tyonsy  de  Saint-Vincent,  furent  éga- 
lement frappés  d'une  amende  de  dix  li- 
bres pour  avoir  obéi  aux  ordres  des 
commissaires.  S.  M., du  reste,  daigna 
permet  tre  aux  ôgl  iscs  de  Baix,  du  Chey- 
lard  et  de  Vallon  de  se  pourvoir  d'au- 
tre^  pastrurs. 

POU. 4 DE  (Joseph),  de  Montpel- 
lier, professeur  de  philosophioau  col- 
lège Maurice  de  Casscl,  oblint  l'autori- 
sation de  célébrer  le  culte  divin  selon 
le  rite  de  Genève  pour  une  colonie  wal- 
lonne qui  s'était  établie,  en  tel  G,  à 
Cassel,  avec  la  permission  de  l'électeur, 
permission  qui  ne  lui  fut  accordée  qu'à 
lacondilion  de  ne  point  former  d'église 
séparée.  En  1625,  Poujade  fut  appelé 
comme  pasteur  à  Brème, oii  il  séjourna 
sixans,  puis  il  passa  en  AngIcttTre,  où 
nous  le  trouvons,  en  i63H,  desser- 
vant l'église  wallonne  de  Cantorbéry. 
M.  Burn  nous  apprend  qu'il  fut  sus- 
pendu de  ses  rouctions,  en  1 647;  mais 
il  ne  nous  en  Tait  pas  connaître  la  rai- 
ton.  Ces  dales,  que  nous  devons  croire 
exactes»  suflisent  poar  distinguer  ce 


pasteur  d'un  autre  Joseph  PoujatU^ 
ministre  de  Saint-Uippolyte  dans  les 
Cevennes,  qui  appela,  en  1657,  au 
Synode  national  d'Alençon  d'une  cen- 
sure dont  il  avait  été  frappé  par  le  sy> 
node  provincial  d'Âlais.  La  sentence 
fot  confirmée,  et  l'église  de  Salnt-Hip- 
pol>te  s'étant  adressée  au  Synode  na- 
tional de  Gbarenlon,  en  1645,  pour 
demander  qu'on  le  nélabllt  dans  son 
ministère,  sa  requête  fut  rejetéc. 

Joseph  Poujade  a  publié,  pendant 
son  séjour  en  Allemagne,  quelques 
ouvrages  dont  voici  les  titres  : 

I.  La  consolation  et  conduite  du 
chrestien,  Cassel,  1617^  ln-12. 

II.  Thfses ethUcBy Cassel,  1 6 1 8, 4». 

III.  Diftp,  ethica  /.  Disp,  II  de  àya- 
6o^a,  Cassel.,  1618,  in-4*.— Di>p. 
m  de  virtute  moraU^  Cassel.,  1618^ 
in-4«.  —  Disput,  IV  de  dceToXovto  in 
«pec»«,  Cassel.,  1618,  in-4«. — Disput, 
Vde  vÀrtutum  principiis  et  intitrumen- 
tis,  Cassel.,  16l8Jn-4o. 

IV.  Disp.  politic,  I  de  republicdejus- 
que  txtriis  formis,  Cassel.,  1619,  4«». 
—  Dispp.  II'IV  de  magistratu  togato 
tam  summo  quàm  subalternoy  Cassel. , 

1619,  in-4». 

V.  Prières  chrestiennes  et  extraor- 
dinaires pour  tous  tes  jours  de  la  se- 
maine,  Cassel,  1620,  in-12. 

VI.  Deux  sermons  solennels  y  Vun 
sur  la  re formation  de  l  Eglise ,  l'autre 
sur  la  nativité  de  N.  S.  J.-Ch,,  Cassel, 

1620,  ln-12. 

VU.  Q'iatre  sermons  sur  diverses 
doctrines  nécessaires,  Cassel,  1621, 
in-1 2. 

VIII.  Pericles  MauritianuSy  oratio 
8ub  ejns  autoritutt  habita  per  Fr.  Thés- 
seniuma  Parsaw,  Cassel.,  1625,  40. 

IX.  Sermons  sur  diverses  matières 
nécessaires  au  teins  présent  y  Brème  j 
1627,  in^».— Au  nombre  de  ces  ser- 
mons s'en  trouve  un  ctmire  l'arminia- 
nismequi  aététraiî.  etpubliéenaliem., 
Ëuibdi'n,  1627,  in-40. 

Une  famille  du  môme  nom,  qui  pa- 
rait avoir  habité  le  Haut-Languedoc, 
nous  est  connue  par  I  héroïque  bra* 
voure  d'un  simple  soldat  qui  défendit 


POU 


-  308  - 


POU 


tout  MV/iy  en  1574.16 château  d'Arifat 
et  ne  se  rendit  qa  à  condition  d'avoir 
Ut  vie  sanve,  ce  qui  n'empéclia  pas  les 
Catholiques  de  Castres  de  le  poignar- 
der. 

POULAIN  DE  LA  BARRE  (FRAN- 
ÇOIS), prosélyte ,  né  à  Paris  en  juillet 
1647,  et  mort  à  Genève,  en  mai  i  723. 
Poulain  se  destina  à  rËglise  ;  mais  tout 
enpo'irsuivantsesétudosthéologiques, 
il  se  iaissacapti  ver  parla  philoi^ophie  de 
Descartes  et  s'y  adonna  avec  passion. 
Il  était  à  prévoir  que  le  doute  philoso- 
phique finirait  par  l'éloigner  du  dogme 
catholique,  auquel  la  lecture  assidue 
des  Saintes-Ëcritures  ne  devait  pas 
contribuer  à  le  ramener.  C'était  un 
premier  pas  vers  le  principe  du  libre 
examen  en  matière  de  foi  proclamé 
par  les  Protestants.  Néanmoins  il  ac- 
cepta, en  1  tiSO,  la  cure  de  La  Flaman- 
grie  dans  le  diocèse  de  Laon.  Après 
quelques  années  d'exercice,  il  renonça 
à  ses  fonctions,  et  se  réfugia  à  Genève 
(1 6K8)  oii  il  abjura.  Il  se  maria  en  1 690. 
il  vécut  d'abord  en  donnant  des  leçons 
particulières,  puis,  en  1698,  il  fut  at- 
taché à  rEco?e  latine  c^mme  professeur 
de  langue  française,  et  en  1 7*'8,  com- 
me régent  de  seconde.  Poulain  s'ac- 
quitta de  ses  fonctions  avec  zèle  et  in- 
telligence. Pour  lui  en  témoigner  sa  sa- 
tisfaction, le  magistrat  le  reçut  bour- 
geois gratis,  en  1 7 1 6,  «  en  considéra- 
tion de  ses  lumières,  de  sa  boime  con- 
duite et  de  ses  longs  services  en  qua- 
lité de  régent  de  seconde.  »  Il  mourut 
à  l'âge  de  76  ans.  On  lui  doit  quelques 
publications,  dont  les  bibliographes 
nous  ont  conservé  les  titres. 

I.  Les  rai'ports  de  la  tangue  latine 
avec  ta  française,  avec  un  recueil  éty^ 
mologique  de  ciuq  mille  mots  françois 
tirés  du  latin,  Paris,  1672,  in-12. 

II.  De  l'égalité  dfs  deux  sexes,  dis- 
cours moral  et  physique  où  l'on  voit 
^importance  de  se  défaire  des  préjugés 
(par  Fr.  Poulain-de-La  Barre  et  Fretin), 
Paris,  1673,  In-I2. 

II  i .  De  l'excellence  des  hommes  con- 
tre l'égalité  des  sexes,  Paris,  1675,  in- 
12.  —  Dans  ce  traité^  l'auteur  se  ré- 


tracte, mais  d'un  excès  il  tombe  dans 
un  autre.  Il  nous  semble  à  nous  que, 
entre  les  deux  sexes,  il  n'y  a  ni  haut, 
ni  bas,  ni  supérieur,  ni  inférieur,  lU 
sont  l'un  et  l'autre  sui  generis,  et  tous 
deux  excellents  en  soi,  comme  tout  ce 
qui  sort  des  mains  de  Dieu. 

IV.  Dé;  l'éducation  des  dames  pour  la 
conduite  de  l'esprit  dans  les  scieru>eset 
dans  les  moeurs,  Paris,  1679,  in-12. 

Ces  quatre  ouvrages  parurent  ano- 
nymes. Sénebier  y  ajoute,  sans  autre 
indication  :  le  Catalogue  des  mauvais 
termes  communs  au  peuple  de  Genève, 
et  Leu,sous  la  date  de  Genève,  1720: 
la  Doctrine  dts  Protestants  sur  la  U^ 
berté  et  le  droit  de  lire  l'Ecriture  Sain- 
te; sur  le  Service  dimn  en  langue  en- 
tendue; sur  l'Invocation  des  saints; 
sur  le  Sacrement  de  l'Eucharistie,  jus- 
tifié par  le  missel  romain  et  par  des 
réfleonons,  etc. 

François  Poulain  laissa  un  fils,  Jbaii- 
Jacques,  qui  étudia  la  théologie  et  ftit 
placé  comme  pasteur  à  Bossey,  près  de 
Genève.  11  fut  reçu  bourgeois  en  même 
temps  que  son  père,  mais  au  prix  de 
1500  florins.  On  lit,  sous  la  date  du 
9  mars  1 731 ,  dans  les  Extraits  des  re- 
gistres du  conseil  d'Etal  de  Genève  : 
a  Les  députés  de  la  Vénérable  Compa- 
gnie ont  rendu  justice  aux  talents  dis- 
tingués de  feu  spectable  Jean-Jacques 
de  La  Barre,  pasteur  de  Bossey,  à  sa 
piété,  à  sa  grande  connoissance  dans 
les  affaires  et  aux  services  essentiels 
qu'il  a  rendus.  »  En  1 7  U,  il  avait  sou- 
tenu, sous  la  présidence  du  professeur 
de  philosophie  Jean-Antoine  Gautier, 
une  thèse,  Cogitationes  philosophicœ 
(1 7 1 4,  Gen. ,  in-foi.),  qu'il  traduisit  en 
français  en  l'augmentant,  et  publia 
l'année  suivante. 

l'OULLAlN  (Valérand),  en  latin 
Potanus,  premier  pasteur  de  l'église 
française  de  Francfort- sur- le  Mein, 
descendait  d'une  famille  noble  de  Lille 
ou  des  environs.  Chassé  de  sa  patrie 
par  la  persécution,  il  se  retira  à  Stras- 
bourg, en  1543.  11  y  habitait  encore 
en  1547;  mais  l'année  suivante,  il 
passa  en  Angleterre.  Après  avoir  ter- 


POU 


—  809  — 


POU 


miné  l'éducation  da  jeune  comte  de 
Derby,  il  obtint,  en  1550,  la  place  de 
pasteur  de  la  colonie  Tondco  à  Glaston- 
bury  par  des  Français  et  des  Wallons 
réfugiés,  et  se  flt  naturaliser  anglais. 
Nommé  surintendant  de  tontes  les  égli- 
ses étrangères,  il  assista,  en  1 553,  aux 
eonférences  qui  se  tinrent  à  Londres, 
et  en  publia  un  compte-rendu.  A  Ta- 
irénement  au  tr6ne  de  la  reine  Marie, 
il  se  sauva,  avec  une  partie  des  mem- 
bres de  son  église,  à  Francfort-sur-le 
Mein,  où  il  obtint,  au  mois  de  mars 
1554,  1  autorisation  de  fonder  une  é- 
glis^  française.  D'un  caractère  bautain 
et  d'une  humeur  bizarre,  il  ne  vécut 
pas  longtemps  en  bonne  harmonie  avec 
les  pasieurs  luthériens,  qui  ne  savaient 
guère,  de  leur  côté,  ce  que  c'est  que  le 
support  et  la  tolérance.  Par  amour  pour 
la  paix,  il  donna  sa  démission  au  mois 
d'oct.  1 556.  11  mourut  sans  emploi  à  ' 
Francfort,  à  la  fin  de  1 558  ou  au  com- 
mencement de  l'année  suivante.  On  a 
de  lui  : 

I.  Traité  très-utile  du  saint  sacre- 
ment de  la  Cène  y  avec  response  aux 
principaux  argumens  des  anciens  et 
modernes  contre  ce  saint  sacrement, 
Strasb.,  1547. 

II.  Liturgia  sacra,  seu  ritus  minis- 
terii  in  ecclesiâ  peregrinorum  profu- 
garum  propter  Eoangelium  Chriàti, 
cum  apologiâ  pro  hâc  liturgiâ.  Ar- 
gent., 1551;  Francof.,  1554.  — Dédi- 
cace au  roi  Edouard. 

lli.  Expositio  disputationis  Londi- 
nensis,  Francof.,  1554,  in-S»;  réimp. 
dansleScrinium  de  Gerdesius  (T.  lUj. 

IV.  Anlidolus  adv.Joachim.  West- 
phalipestilensconsiliumyS.  l.,i  55  7, 8^. 

V.  Quelques  Lettres  à  Calvin,  con- 
servées à  la  Bibliothèque  de  Gotha. 

POULLIOT  (ËTIEN^B),  martyr  en 
1546.  Poulliot  était  normand  de  nais- 
sance, mais  il  avait  quitté  Auberville, 
son  lieu  natal,  pour  s'établir  à  Meaux, 
où  il  ne  demeura  pas  longtemps  sans 
être  exposé  à  des  persécutions.  11  se 
relira  à  La  Fère-en-Tardcnois,  où  il 
fut  arrêté.  Amené  dans  les  priions  de 
Paris,  il  y  fut  a  longuement  détenu  en 


grande  misère,  »  et  Onalement  con« 
damné  au  feu,  après  avoir  eu  la  lan- 
gue coupée.  On  le  conduisit  à  la  place 
Maubert,  portant  sur  ses  épaules  une 
charge  de  livres  qui  furent  jetés  avec 
lui  dans  le  bûcher. 

POUPAKD  (Olivier),  né  à  Saint- 
Malxent,  s'établit  comme  médecin  à 
La  Rochelle  et  y  obtint  les  droits  de 
bourgeoisie.  Sa  réputation  d'habileté 
était  si  bien  établie,  quels  roi  de  Na- 
varre eut  recours  à  ses  lumières  dans 
la  dangereuse  maladie  dont  il  fut  at- 
teint sur  les  confins  du  Poitou.  On  a 
d^lui  : 

1.  Traité  de  la  saignée  contre  Us 
nouveaux  Erasistratiens  qui  sont  en 
Guyenne,  La  Roch.,  1576,  in-12. 

IL  Trad.  latine  des  Aphorismei 
d'Hippocrate,  La  Roch.,  P.  Uaultin, 
1580. 

III.  GaUni  De  methodo  medendiUb. 
XIV  in  compendium  coacti,  La  Roch., 
1581,  in-12. 

IV.  Le  conseil  divin  touchant  la  ma- 
ladie divine  et  peste  en  la  ville  de  La 
Rochelle,  fait  premièrement  latin,  puis 
français,  La  Roch.,  J.  Porteau,  1585, 
In- 12. 

Au  jugement  d'Arcère,  les  ouvrages 
de  Poupard  sont  remarquables  surtout 
par  un  grand  étalage  d'érudition. 

Nous  ne  savons  s'il  existait  quelque 
parenté  entre  notre  médecin  et  Istutc 
Poupard,  secrétaire  de  la  duchesse  de 
Bar,  qui,  de  son  union  avec  Françoise 
de  Laffeinas,  laissa  :  1*  Isaac,  docteur 
en  médecine,  né  en  1 602  et  marié  à 
Anne  Fénelon;  —  2*  Françoise,  fem- 
me, en  1 645,  ieJoachim  Prondre,  Ois 
de  Jean  Prom/re,  Joaillier  du  duc  d'Or- 
léans, et  de  Suzanne  Béliard  Les  Re- 
gistres de  Chareuton  nous  apprennent 
que  du  mariage  d'Isaac  Poupard  et 
d'Anne  Fénelon  naquit  un  fils,  baptisé 
sous  le  nom  d'ISAAC,  dans  le  temple 
de  Charenton,  le  il  sept.  1639;  et  les 
Registres  du  secrétariat  (Arch.  gén. 
E.  3585),  qu'en  1699,  un  protestant 
du  nom  de  Poupard  fut  enfermé  à  Bl- 
cêtre,  une  de  ses  filles  aux  Nouvelles- 
Catholiques  de  Paris,  et  une  autre  dans 


P0U 


—  SiO  — 


POU 


mie  communauté  de  Claye.  S'agit-fl  de 
It  m  Ame  porsonne? 

POUPIN  (Abbl),  appelé  anssf  Po- 
pin  el  même  Ppptn^  ministre  de  l'église 
de  G<*nôve  depuis  1 5  i5,  était  un  ancien 
cordelier,  naiir  de  Seiches  en  Agépols. 
fin  )  547,  il  rentra  en  France  et  prèctia 
avec  succès  la  Réforme  à  Issoudan. 
Obligé  de  Tuir,  il  retourna  à  Genève, 
6ii  il  fut  reçu  bourgeois  gratis,  le  8  avr. 
1548.  Il  mourut  dans  cette  ville  le  5 
mars  1556  (Archiv,  de  la  Comp.  de^ 
pasteurs,  Reg.  B).  Selon  La  Croix  dii 
^âme^  il  avait  écrit  quelques  ouvrages 
de  théologie. 

P0URTALE9  (JÉRfiHiE),  né  à  La 
Salle,  le  1 1  janv.  1 70| ,  ûeJran  Pour'- 
talés  et  de  Susanne  Molle,  et  baptisé, 
le  1 4,  dansféglisecaiholique,  sortit  de 
France,  vraisemblablement  avccLo'/ts 
PourtalèSy  qui  s'établit  à  Genève,  oii  il 
fut  reçu  bourgeois  en  1716.  Pour  lui, 
11  alla  se  flxer,  en  1720,  à  NeuchÂtel, 
où  il  épousa  Ësthn-Marguerite  Dc- 
luze.  De  ce  mariage  naquit,  entre  au- 
tres enfants  (l),  le  9  août  1722,  JaC" 
ques-Low's ,  qui  commença  rillustra- 
tion  de  sa  famille. 

Voué  au  négoce  dès  son  enfance, 
Jacques-Louis  Pourtalès  déploya  dans 
cette  carrière,  |)our  laquelle  il  semblait 
être  né,  tant  de  droiture,  de  probité, 
d'activité,  qu'il  se  vit  bientôt  à  la  tète 
d'une  vaste  maison  de  commerce,  qui 
avaitdes  comptoirs  non-seulementdans 
les  prlnci  |>aU* s  places  de  l'Europe,  mais 
jusque  dans  les  pays  les  plus  lointains. 
Il  acquit  une  fortune  immense,  et  chose 
presque  inouïe  !  le  bonheur  qui  l'ac- 
compagna dans  toutes  ses  spéculations 

(1)  NoQB  MTons  que  Jéréniie  Pourlalès  eot  un 
autre  fils,  et  qu'il  est  rancilre  des  Pourtatèi- 
Boyve  et  des  Pourtalèt-Cuiberlt  deux  (amilles 
nombreusM  répandues  aujourd'hui  dans  presque 
toute  la  Suisse.  Nous  regiellons  que  M.  Felii  Bo- 
Tet»  cooservaleur  de  la  bibliothèque  de  Neuchâ* 
lelf  ail  oublié  la  promesse  qu'il  nous  avait  faile, 
de  la  manière  la  plus  aimable,  de  nous  corn- 
msuiquer  une  gènéaiugie  delaillèe  de  la  famille 
Pourtalès.  Promelire  est  bien,  tenir  vaut  en- 
core mieux.  Si  nouii  n'avions  pas  eu  autant  de 
eonûanceen  sa  parole,  nous  aurions  pu,  en  nou 
adressant  à  de  moins  tblig  ants^  nous  procarer 
Ita  rensei|neaieata  qui  nosi  foat  aojourd'bBi  dê> 

fiJMt. 


ne  souleva  pas  contre  lui  les  dange- 
reuses rancunes  de  M  Jalousie  ;  le  no- 
ble emploi  qu'il  fit  de  ses  richesses, 
désarma  l'envie  elle-même.  Non-seu- 
lement il  employa  des  sommes  consi- 
dérables au  développement  de  l'iodus- 
trie  du  pays;  mais  il  consacra  une 
partie  de  sa  fortune  à  la  fondation  d'oii 
magnifique  hôpital,  oii  les  malades  spid 
admis  sans  distinction  de  nalionallUf 
ou  de  religion  (I).  Ce  vrai  chrétien, c^ 
généreux  patriote  mourut  le  20  mari 
1814,  laissant  trois  flis  de  son  Qiar 
riage  avec  Rose-AuytÂàt'ne  Delu^'.JjÀ 
récompense  de  ses  i^er vices,  le  toi  4é 
Prusse,  Frédéric  II,  lu!  avait  açcord| 
des  lettres  de  noblesse,  le  1 4  fév.  1 750. 
et  lorsque  la  principapté  de  Neucli|Ue| 
rentra  SOU;*  la  domination  prussieunej 
Fi  édéric-Guillaume,jalou\  d'honorer  14 
mémoire  d'un  excellent  citoyen,  condt- 
raàses  trois  flIs  Iç  tiire  de  comte.  Ilf 
se  nommaient  Louis,  James* Alexan- 
dre et  JCLES-HENRI-CUARLÊS-FRiDl- 

Ric  ;  tous  trois  ont  fait  souche. 

1.  Louis  de  Pourtalès,  né  le  1 4  mai 
1773,  grand'croix  de  l'Aigle  rouf[e(te 
Prusse,  président  du  conseil  d'Elat 
dans  la  principauté  de  Neuchâtel,  et 
colonel-inspecteur  de  l'artitlerie  de  là 
Confédération  suisse,  épousa,  en  1 795, 
Sophie  Guy-d'Audamjer^  qui  lui  don- 
na quatre  enfants,  savoir  :  !•  Louid- 
AUGUSTE,  né  le  17  mars  1796,  sei- 
gneur d'Ogrosen  et  de  Cransdorir  ea 
Lusace,  lieutenant-colonel  d'artillerie 
et  conseiller  d'Etat  dans  la  principauté 
de  Neuchùiel,  qui  épousa,  le  6  mai 
I  S22yElûiabethFrédériquedeSandoz- 
RoUin.  Il  en  a  huit  enfants  :  Locis- 
Fraisçois,  né  le  4  mars  1823;  AL* 
FRED,  né  le  18  mars  1824,  marié,  en^ 
1850,  avec  Anne  de  Paschwitz;  Eli- 
sabeth, née  le  18  avr.  182G,  femme, 
en  1843,  d'Eugène  d'£rlach  :  EuGl- 
RB,  né  le  5  jauv.  1828,  lieutenant 
de  chasseurs  dans  la  garde  du  roi  de 
Prusse;  ER^BST,  né  le  30  sept.  1829, 
lieutenant  dans  le  même  corps;  Ma- 
TDiLDE,  née  le  5  avril  1832,  mariée, 

(1)  La  maison  des  Orphelins  a  été  fondée  nv 
■a  catni  tnaoH  réfiigiè,  nowné  ikU^mMéfr 


P013 


-  nu  - 


POU 


en  1851^  à  Frédéric  de  Waflenwyl; 
Maurice,  né  ie  26  mars  1837;  So- 
phie, née  le  ijUill.  1841.— 2•CHAR- 
lBS  FHÉDÉRIC,  né  le  lOJain  1799, 
colonel-inspecteur  des  milice?  du  can- 
ton de  Ncuchùtel,  qu'on  dévouement 
ebevaleresque  au  rui  de  Prusse  donna 
pour  chef  au  mouvement  royaliste  de 
185G  si  promptemenl  comprimé;  — 
%•  Sophie,  née  le  1 1  juill.  1807^  fem- 
mt,  en  1 826,  ù' Alfred  de  Rougemont  ; 
—  4^  Alexandre  Joseph^  né  le  9  oct. 
1810,  seigneur  de  Hlubosch  et  d'autres 
lieux  en  Bohême ,  major  d'artillerie  dans 
ie  canton  de  Neuchâtel,  qui  a  huit 
enfants  de  son  mariage  avec  Augusia- 
Morif'Èliaabeth  Saladin,  ce  h  b  ré  en 
1835^  savoir:  Sophie-Blanche  (née 
le  15  sept.  1850)^  Louise  Elisabeth 
(25  sept.  1831),  Auguste-Frédéric 

(20  fév.  1840),  LOUIS-ARTHUR-LÉO- 
POLD  (5  d(^e.    1842),     MaXIMIN    (23 

mars  1 8  i7),  Hersiann-Alexandre  (31 
mars  1847),  Cécile-Elisabeth  (29 
déc.  1848),  Augusta-Alexandrine 
(12  oct.  i8:»o). 

II.  Né  à  ^euehâtel,  le  28  nov.  1776 
et  mort  à  Paris,  le  24  mars  1855,  Ja- 
mes-Alexandre de  Pourtalès^  seigneur 
de  Gorgier,  fief  noble  relevant  direc- 
tement de  la  couronne,  et  chambellan 
da  roi  de  Prusse,  s'est  fait  connaître 
surtout  par  son  goût  éclairé  pour  les 
sciences  et  les  arls.  il  a  réuni,  dans 
âon  b6tel  à  l^aris,  une  belle  collection 
de  tableaux  et  d'antiquités  que,  par 
respect  pour  la  mémoire  de  leur  père, 
ses  enfants  se  sont  bien  gardés  de  dis- 
perser. Sa  femme,  Anne- H ftir telle  de 
Palaizieua:  Falconnet ,  qu'il  avait  è- 
pousée  en  1809,  le  rendit  père  d'une 
fille  et  de  quatre  fils  :  l  <>  Elisa-C  aliste, 
née  le  27  mars  1 8 1 0,  mariée,  en  1 831 , 
avec  le  marquis  deGanay  ;  -  2«  Henri, 
seigneur  de  Gorgier,  né  le  5  fév.  1815, 
qui  d  épousé,  en  1840,  Anne  Marie 
iEacherny^  et  en  a  eu  Marie,  Emi- 
lie, Arthur  et  Louise  ;— -30  Charles, 
seigneur  de  Glumbowitz  en  Silésie, 
conseiller  de  légation,  et.  pendant  un 
certain  temps,  chargé  d'affaires  de  la 
Prusse  auprès  delà  cour  de  Lisbonne, 


qui  est  né  le  3  mai  1 8 1 6 .  Marié  depuis 
!B49,  avec  Agnès-Lowse-Frédérique 
de  Wylich  et  LoUum,  il  est  père  de 
trois  enfants,  nommés  Max,  James  et 
Malte;—  4»  Jacques-Robert,  mem- 
bre du  consistoire  de  l'église  réformée 
de  Paris,  et  le  seul  des  descendants  de 
Jérémie  de  Pourtalès  qui  ait  réclamé 
(en  1 847)  les  droits  de  citoyen  français 
comme  issu  d'un  rérugié.  Né  à  Paris 
ie  15  avril  1821,  il  a  épousé,  en  1846, 
Anne  Hagermann,  fille  du  consul  de 
Suède  à  Paris,  dont  il  a  trois  enfants  : 
Jacques  ALBERT ,  CÊLESTii^-CÈcrui 
et  Hathilde  Jeanne;  — -  5»  Edmond, 
né  le  6  avril  1828,  et  marié,  en  1857, 
avec  Mêlante  de  Bussierre ,  fille  do 
baron  Alfred  Renouard-de- Bussierre, 
oui  l'a  rendu  père  d'un  fils,  Jacoubs- 
Alfred-Edmond. 

111.  Le  troisième  fils  de  Jacquejs- 
Louis  de  Pourtalès,  Jules-Henri-Char- 
les-Frédéric, seigneur  de  Tlosicau  et 
de  Liscbna  en  Bohème,  naquit  le  23 
fév.  1779.  11  fit  avec  distinction  les 
campagnes  de  l'Empire  comme  alde- 
de-camp  du  maréchal  Berthier,  et  tant 
que  la  principauté  de  NeuchAtel  fut 
réunie  à  la  France,  H  resta  attaché  à 
la  maison  de  Timpéralrice  Joséphine. 
Après  la  chute  de  Napoléon,  il  retour- 
na dans  son  pays  natal,  fut  décoré  par 
le  roi  de  Prusse  des  titres  de  cham- 
bellan, de  grand  maître  des  cérémo- 
nies et  de  conseiller  privé,  et  nommé 
grand'croiv  de  l'Aigle  rouge.  H  a\ait 
épousé,  en  1 8 1 1 ,  Marie-Louise- Elisa- 
beth de  Castellane-Norante  y  qui  lui 
donna  deux  fils,  nommés  Albebt- 
Alexandre  et  Guillaume.  L'ainé,  né 
le  10  sept.  1812,  a  rempli  avec  habi- 
leté plusieurs  missions  diplomatiques 
dans  des  circonstances  difficiles,  et  a 
été  chargé,  pendant  un  temps,  des  fonc- 
tions de  ministre  plénipotentiaire  à 
Gonstantinople.  Il  n'a  que  deux  filles, 
ELISABETH  et  HÉLÈNE,  dcsou  mariage, 
conclu  en  I84U,  avec  Anne  de  Beth- 
mann-HuUweg,  Son  frère  cadet,  né  le 
7  juin  1815,  a  quatre  enfants,  nom- 
més Louise,  Jeanne,  Frédéric  et 
Margcbbite,  de  son  aaioii(i  848) avec 


POU 


—  314  — 


POU 


la  comlesse  Charlotte  de  Maltzan. 

Une  branche  delà  famille  Pourtalès 
resta  en  France,elconlinua  à  professer 
la  religion  prolcstanle  Jusqu'à  ces  der- 
nières années.  Au  commencement  de 
ce  siècle,  elle  n'était  plus  représentée 
que  par  Jean  Pour/a/é5,  ancien  capi  lai- 
ne au  service  de  Hollande^  et  par  saOUe 
unique,  Hbkriettb  née  en  1 779.  Cette 
fille  épousa,  le  4  floréal  an  X,  Annibal 
Jknvieuy  de  Gangcs,  qui  avait  renoncé 
à  la  théologie  pour  le  négoce  et  qui 
sacriOca  sans  scrupule  sa  religion,  eo 
181 5,  au  désir  d'obtenir  des  lettres  de 
noblesse,  qu'il  pensait  avoir  méritées 
en  professant  les  opinions  royalistes 
les  plus  exaltées.  Sa  femme  suivit  son 
exemple,  mais  son  fils  aîné,  Jules ^ 
resta  protestant. 

POLSSART  ou  PocssARDy  nom 
d'une  famille  protestante  du  Poitou, 
dont  deux  branches  professèrent  la  re- 
ligion prolestante. 

1.  Bràkchkdb  Vai^drê.  Cette  bran- 
che était  divisée  en  deux  rameaux. 
Celui  du  Haut-Vandré  s'éteignit  en 
Jean  Poussai  t,  qui  ne  laissa ,  de  son 
mariage  avec  Hélène  de  Culant,  que 
deux  filles: EsTHER,  femme, en  1599, 
d'£/i>  de  Céris,  sieur  de  Ghàleau-Cou- 
vert ,  et  Lêa  ,  mariée  au  sieur  de  La 
Joliverie.  L'autre  ou  le  rameau  du  Bas- 
Vandré,  reconnaissait  pour  chef^  en 
1566,  Jean  Poussart,  à  qui  sa  femme, 
Anne  de  La  Jaille,  donna  quatre  en- 
fants :  1»  Charles,  sieur  de  Saint- 
Mdrc,  ttié  sous  les  drapeaux;— 20  JOA- 
CBtM,  qui  suit; — V  Marguerite;  — 
4»Antoi>ette,  femme  de  Pierre  d*Au- 
//ion.  Joachim  Poussartassisla  au  siège 
d'Amiens,  oii  il  fut  blessé.  De  son  union 
avec  Suzanne  Goulard-de-Samt-Di- 
sant,  il  n'eut  que  deux  filles,  nommées 
ËLiSARETH  et  Jacqueline.  L'aînée  é- 
pousa/â^oaci/aWe/.steurdeLindebeuf. 
Serait-elle  par  hasard  identique  avec 
Elisabeth  Puchot  (Voy.  VU,  p.  289), 
qu'une  généalogie msc. donne  pour  feoâ- 
me  à  Isaac  Mai  tel  ?  La  cadette  devint 
la  femme  û' Alexandre  Desmier, 

11.  fiRANCHEDUVlGEAN.Néen]504, 

CW/e^  Poussart,  sieur  de  Fors,  maî- 


tre d'hôtel  du  roi,  vice-amiral  des 
côtes  de  Normandie  et  gouverneur  de 
Dieppe,  adopta,  en  1560,  les  doctri- 
nes de  la  Réforme,  qui  avaient  été  se- 
mées dans  cette  ville  par  Jean  VenabU 
et  qui  s'y  étaient  répandues  rapide- 
ment. Son  exemple  entraîna  le  bailli 
et  plusieurs  notables  bourgeois,  qui 
participèrent  avec  lui  à  la  Cène,  célé- 
brée publiquement  le  26  mai.  Instruit 
de  cette  violation  des  ordonnances  en 
vigueur,  le  roi  commanda  au  gouver- 
neur de  faire  cesser  tout  exercice  da 
culte  huguenot  ;  mais  de  Fors  répondit 
que  ni  lui^ni  les  bourgeois  de  Dieppe 
n'étant  athées,  ils  ne  pouvaient  vivre 
sans  religion.  Cette  réponse  pleine  de 
fermeté  irrita  la  Cour.  Le  Conseil  da 
roi  arrêta  que  Dieppe  serait  démante- 
lée, et  chargea  le  duc  de  Bouillon  de 
destituer  le  gouverneur  et  d'abattre  ta 
Grande-Cour,  où  les  Protestants  s'as- 
semblaient. L'issue  du  procès  qui  fat 
intenté  à.  cette  occasion  à  de  Fors  n'é- 
tait pas  douteuse;  il  aurait  porté  si 
tête  sur  l'échafaud  sans  la  mort  de  Fran- 
çois II.  Cet  événement,  qui  fit  perdre 
aux  Guise  une  partie  de  leur  influence, 
permit  aux  Protestants  de  recommen- 
cer, dès  le  22  déc,  leurs  assemblées 
dans  le  cimetière  Sainl-Remy,  et  ren- 
dit à  de  Fors  sa  place  de  gouverneur, 
le  26  déc. 

Lorsque  Condé  prit  les  armes,  lei 
triumvirs,  sentant  l'importance  du  port 
de  Dieppe,  envoyèrent  le  duc  de  Botàt' 
Ion  pour  s'en  saisir;  mais  la  réception 
qui  lui  fut  faite  par  les  habitants  ra)aDt 
déconcerté,  il  se  retira,  dès  le  lende- 
main, à  Arques  d'où  les  Catholiques 
chassèrent  les  Protestants,  après  avoir 
brûlé  leurs  maisons.  De  Fors  qui  en- 
treprit de  venger  ses  coreligionnaires, 
échoua  et  fut  même  blessé  à  l'attaqua 
de  l'église.  Restés  maîtres  de  leur  ville, 
les  Protestants  dieppois  le  confirmè- 
rent dans  sa  place  de  gouverneur,  en 
lui  adjoignant  un  conseil  de  seize  no- 
tables, puis  ils  travaillèrent  avec  acti- 
vité à  relever  leurs  fortifications,  spus 
la  direction  d'un  habile  ofiicier,  nom- 
mé Du  Coudray,  qui  leur  avait  été  en- 


POU 


—  313  - 


POU 


)ar  Sénarpont.  Jeunes  gens  et 
rds, femmes  cl  enfants,  toute  Té- 
06  population  de  Dieppe  se  mit 
vre.  «  Si  quelqu'un,  lit^n  dans 
ige  msc.  d'Asscline,  qui  secon- 
à  la  Bibliothèque  publique  de 
\y  étoit  trouvé  dans  la  rue  pen- 
*s  heures  de  travail,  on  lui  en- 
une  quenouille.  »  La  citadelle 
uronnait  la  Talaise  sur  laquelle 
ilechàteau,ruttiTminéeen  moins 
nze  Jours,  et  un  mois  après,  le 
I  Polet  Tut  achevé.  Ce  Tut  sur  ces 
Bitcs  qu'arriva  la  nouvelle  du 
le  Rouen  par  les  Catholiques.  De 
(convoqua  sur-le  champ  une  as- 
ée  des  principaux  habitants  pour 
aux  mesures  à  prendre.  11  fut 
qu'on  prierai!  Elisabdh  de  prê- 
Dieppe  une  somme  d'argent  Fur 
de  marchandises,  et  d'accueillir, 
)  de  revers,  les  rugitiTs.  La  reine 
teterre  répondit  en  envoyant  un 
de  800  hommes  et  un  convoi  de 
! .  Ce  secours  arri  va  à  propos  pour 
'cer  la  g.irnison  de  Dieppe  affal- 
es deux  compagnies  de  Roavray 
Valfrenièrc  qui  avaient  élé  en- 
8  à  Rouen;  il  permit  même  de 
partir  les  deux  compagnies  non- 
aenl  formées  de  Du  Coudray  et 
(mlandrin  (appelé  par  d'autres 
ry);  mais  elles  n'arrivèrent  point 
r  destination.  Attaquées  près  de 
y,  elles  furent  entièrement  dé- 
.  Des  trois  ministres  qui  les  ac- 
agnaient,  un, seul  se  sauva;  Tau- 
1  tué,  et  le  troisième,  Dtbrard, 
ivait  rempli  successivement  les 
ions  pastorales  ti  Londres  et  à  A- 
ï,  fut  noyé.  La  cavalerie,  com- 
éd  par  Grosmenily  n'essuya  que 
le  perte. 

ttedéfaite  effraya  les  Dieppois,qui 
}ntrèrent  des  lors  moins  disposés 
léfendre.  Catherine  de  Médicis  les 
,  invités  il  suixre  l'exemple  de 
n  qui  allait  capilulor,  ils  lui  dé- 
ent  le  s\iidic  Jean  L'vas.yeur  et 
[a«i4oM*an,  sieur  de Sainl-Picrre, 
négocicrieursoumission. Les  plus 
iromis,  comme  de  Fors,  le  capi- 

T.  Vin. 


taine  Ribaut,  le  ministre  François  de 
Sainf'Paul  et  une  centaine  d'autres, 
n'osant  pas  se  Oer  aux  promesses  de 
la  Cour,  se  retirèrent  en  Angleterre. 

Vers  la  mi-décembre,  de  Fors  rentra 
k  Dieppe  sous  un  déguisement.  Il  y  eut 
quelques  entrevues  secrètes  avec  le  ca- 
pitaine Gascouy  le  sieur  de  Cattemlle^ 
Maldéréei  d'autres  gentilshommes  des 
environs;  puis  il  se  rendit  au  Havre. 
Les  intelligences  qu'il  avait  nouées 
dans  le  château,  en  facilitèrent  ta  sur- 
prise, le  21  déc.  1562.  Depuis  cette 
époque,  il  disparaît  de  la  scène  de  l'his- 
toire, quoiqu'il  ait  vécu,  selon  lesgé* 
néalogistes,  jusqu'au  10  sept.  1584. 
De  son  mariage  avec  Marguerite  Gi* 
rardy  dame  de  Bazauges,  célébré  eo 
1545,  étaient  nés  six  enfants  :  1  »  Char- 
les, qui  suit  ;  —  2»  Paul,  sieur  de  Mo- 
ricq,  qui  épousa  Renée  GourdeaUy  et 
n'en  eut  pas  d'enfants;  -—  5»  Isaâc, 
mort  célibataire  ;  —  i^  Daniel,  sieur 
de  Saint- Bris,  qui  prit  pour  femme 
Charlotte  de  Beaupoil;  —  50  Margu£* 
RITE,  femme,  en  1570,  de  René  Gou» 
lard,  sieur  du  Breuil-Milon;  —  6^  Su- 
SA.NNB,  dame  de  Saini-Trojean,  épouse 
de  Louis  Docok,  sieur  de  Couvrelles. 
Charles  Poussart,  sieur  de  Fors, 
Bazauges,  Anquilard  et  Linières,  fut 
élevé  à  la  coiir  de  Jeanne  d'Albret 
comme  enfant  d'honneur  du  prince  de 
Bcarn,  qui  le  nomma  plus  tard  gentil- 
homme de  sa  chambre,  il  suivit  Aleii- 
çon  en  Flandres  et  fut  fait  prisonnier 
à  Anvers,  en  t5K3.  On  ne  connaît  au- 
cune autre  particularité  de  sa  vie.  Il 
épousa,  en  1 581 ,  Esiher  de  Pons,  dame 
du  Vigean,  qui  mourut  en  161 8,  après 
lui  avoirdonné  sept  enfants:  loLouis, 
mort  jeune  à  Paris,eul609  ; — 2»  Hen- 
ri, baron  du  Vigean,  qui  assista  aux 
Etats  de  1615  (Fut/.  IV,  p.  464)  et 
mourut  peu  de  temps  après,  sans  lais- 
ser de  postérité  de  sa  femme  Louise  de 
Polignac  ;  —  S»  François,  conseiller 
du  roi  en  ses  conseils,  gentilhomme 
de  la  chambre  depuis  161 8,  en  faveur 
de  qui  la  terre  de  Fors  fut  érigée  en 
marquisat  en  1G40.  Nous  savons  qu'il 
persista  dans  la  religion  protestante 

20 


poy 


—  314  — 


POY 


jnsqn'à  sa  mort,  arrivée  en  1657;  et 
nous  savons  aussi  que  ses  quatre  en- 
fonts  furent  de  très -fervents  catholi- 
ques; ~4<'Jban,  sieur  d'Anquitard , 
qui  suit  ;  —  5«  CH4RLES,  sieur  de  Li- 
nières,  qui  épousa  Marguerite  Acarie, 
dame  du  Bourdet,  et  en  eut,  outre  une 
fille,  nommée  Charlotte,  un  flis,  ap- 
pelé François  ,  qui  abjura  à  Paris  ep 
1655,  à  r&ge  de  13  ou  1 4  ans;  — 
6»  Anne,  femme,  en  1605,  Û^Charles 
de  La  Forêt  y  sieur  de  Vaudoré,  puis, 
en  1610,  de  JosiLé  de  Saint  Gelais  ;  — 
7»  Jeanne,  mariée  à  Gabriel  Foucault  y 
sieur  de  Saint-Gcrmain-Beaupré. 

Jean  Poussard ,  sieur  d'Anquitard, 
pritpour  femme, le  9  avril  1618,  Avne 
Arnoul  (/é»-Sam( -Simon,  fi  lie  d'Andréy 
sieur  de  Millescu,  et  de  Livtp  Grirnaldiy 
dontTallemant  des  Réaux  nous  a  lais- 
sé ce  portrait  :  «Ça  été  une  personne 
tout  à  fait  extraordinaire  ;  jamais  fem- 
me n'a  plus  fait  la  fée  que  celle-ci.  Elle 
étoit  belle  et  avoit  beaucoup  d'esprit; 
elle  se  piquoit  même  de  bien  écrire.  » 
Jean  Poussard  fut  tué  en  duel.  Il  était 
père  de  quatre  filles,  nommées  Livie, 
Angélique,  Virginie  et  Anne,  cl  d'un 
fils,  Auguste,  marquis  d'Anquitard, 
qui  épousa,  en  m^l,  Jeanne  de  Suint- 
Gelais.  De  ce  mariage  naquirent  Fran- 
çoise-Angélique, Elisabeth  el  Au- 
guste. Ce  dernier  ab  ura  à  Paris,  le 
20  mars  1 681 ,  et  son  exemple,  au  dire 
du  Mercure  galant ,  enlraina  loule  sa 
famille.  Sa  mère  seule  sembla  éprouver 
quelques  scrupules;  mais  bicnlôl  elle 
les  ni  (aire,  et  si  bien  qu'elle  se  mit  à 
travailler  à  son  tour  aux  conversions. 
Son  zèle  obtint  sa  récompense.  Le  roi 
lui  accorda,  ainsi  qu'à  son  mari,  en 
1689,  une  pension  de  l,000  livres 
{Arch.  (jén.  E.  3375). 

POYI.T  (N.),  capitaine  huguenot. 
Braiilôme  qualifie  Poyet  de  «  lieute- 
nant brave  el  fortadvisé  capitaine  » 
en  ajoulatit  :  (^  Tant  qu'il  vécut,  il  a 
tousjours  fait  de  très-belles  preuves  de 
sa  vertu  cl  valeur.  »  Dès  la  première 
guerre  civile,  eu  effet,  ce  bra\e  guer- 
rier se  distingua  dans  plusieurs  ren- 
contres, mais  les  b  istoriens  l'on  t  si  bien 


confondu  avec  le  capitaine  Payel,  qu'il 
nous  est  absolument  impossible  de  lef 
distinguer.  Selon  d'Aubigné,  les  V^ 
moiresdeCon(}éet  de  Thou,Povet,  lieu- 
tenant de  l'enseigne  colonelle  ù'J^%- 
delot,  se  signala  au  siège  do  HAvri 
parmi  |es  plus  intrépides.  Selon  là 
Popelinière et  de  Thou, Payet,  capitt|r 
ne  de  la  compagnie  colonelle  d'And^ 
lot,  se  saisit,  avec  Alonein,  de  Nogen) 
dans  la  seconde  guerre  civile.  D'4ii|Kr 
gné  et  La  Popelinière  s'accordent  àfjiri 
que  Poyet  alla  rej  indrè  le  prince  d'O- 
range avec  les  Huguenots  picards,  ki 
1 568.  D'après  d'Aubigné,  c*esl  Poyëti 
mais  d'après  de  Tbou,  c'est  Payet,qn| 
servit,  en  1570, dans lePoilousousl^ 
Noue,  avec  le  grade  de  colonel  de  i'ifk' 
fanlerie,  assista  à  la  prise  de  Maraos^ 
des  Sables  d'Olonne,  au  secours  de  Bp? 
chefort,  au  combat  de  Sainte-Gem^^ 
passa  ensuite  sous  les  ordres  de  Pôi^ 
tif^y  et  continua  à  servir  glorieusem^ot 
la  Cause  à  la  prise  de  Marennes,àcel^ 
de  Bronage,  dont  il  fut  nommé  gouverr 
neur  (1)  et  au  siège  de  Saintes.  Aprif 
la  conclusion  de  la  paix,  Payet,  seli^i 
La  Popelinière,  alla  combattre  dan^Ief 
Pays-Bas  sous  les  ordres  du  prince fJb 
dovic,  qui  le  nomma  gouverneur  de 
Mons  en  son  absence;  mais d'Aubi^ 
appelle  Poyet  le  capitaine  français  q^ 
défendit  bravement  celle  ville  contrf 
les  Espagnols  en  1572,  et  de  Thoueaf 
d'accord  avec  lui  sur  ce  point.  EnÙj^ 
au  rapport  de  La  Popelinière,  le  capir 
laine  Poyet  commandait  à  Aul>emu^ 
en  1 573,  tandis  que  Payet  se  trouvai^ 
à  cette  époque,  &ur  la  Hotte  de  MatU- 
gonimfiry ^àprhs  le  licenciement  de  ji^ 
quelle  il  retourna  servir  dans  lesFay^ 
Bas.  Selon  Brantôme,  au  conirairêy 
c'est  Poycl  qui  servit  sous  Monlgom- 
mery.  Ce  seul  écbanlillon  des  contrfi- 
dictions  de  nos  historiens  doit  suffira 
pour  donner  une  idée  des  diflScuUéf 
que  le  biographe  rencontre,  et  lui  faire 
pardonner  bien  des  erreurs. 

POYET  (René),  enfant  naturel  da 
chancelier  Poyel.  Ayant  eu  connais- 
sance des  doctrines  évangéliqoes,  il  ae 

(1)  Bô  Thoa  r»ppAU6  ici  Poyat. 


NU 


—  8II{-^ 


fU 


ir^ra  à  Genève^  où  il  apprit  I0  piélier 
^e  cordonnier  pour  gagper  aa  vie.  Au 
))OQ((k  que}(|uetco)ps,  f'anopur  du  paya 
palai  le  rw^na  dans  rAnlQU,  maf^  jl 
(p^  l)p^  c(  brûlévir^  $Qunmr,'^n  1 55?. 

Pfi^PAICÙ  (Pi?pi>«),  appelé  firff- 
^c/i  d^ns  ijç  prf^cis  l^ist.  dç  la  Bérpfjn^- 
lipi)dans  le  pon)lé()e|fonib6|j||rd,  éiait 
originaire  de  la  Vétj^ravje.  ^ompné,  ftn 
|6Q5,  8urinlcudanljdes égUs^i»(|u  p^^s 
^e  lionlbéliard,  il  en  exerça  les  fonc- 
tions jusqu'en  i^H^  du^e  de  sapiorf. 
pn  a  de  lui  Kircf^weihpr^â'gt,  l|iim- 
pelpart ,  1 6O8,  ln-4%  serpipu  prpnopcé, 
le  J8oct.  1607^^  l'occfisiQpderinau- 
guratiop  du  nouveau  teînpie  de  Sain^- 
ilarlin^  construit,  apx  frai  s  du  4MC  Fré- 
déric, parrarcbilecle  Henri  Scbickard, 
sur  remplacement  de  rancienne  église. 

PR  ADIEU  (Jaues),  une  des  gloires 
de  la  statuaire  moderne,  naquit  à  Ge- 
nève le  23  mai  1 792,  et  mourut  à  Pa- 
ris, le  7  juin  J852. 

Ses  parents  le  destinaient  à  la  pro- 
fession de  graveur  en  médailles.  Nais 
le  maître,  dans  l'atelier  duquel  on  l'a- 
vait placé,  reconnut  en  lui  une  autre 
vocation  et  il  conseilla  à  sa  famille  de 
ne  pas  la  conlraHer.  11  fut  donc  misa 
l'étude  du  n^odelé.  Ses  progrès  rapi- 
clea  faisant  bien  augurer  de  son  avepir, 
ses  parents,  qui  étaient  pep  aisés,  fi- 
rent le  sacrifice  de  l'envoyer  cji^nfpléler 
ses  éludes  à  Paris.  11  étudia  le  dessin 
cbezle  peintre  Aleyi^ier,  etlascplplure 
dans  l'atelier  de  Le  Uot.  Ses  heureu- 
ses dispositions  lui  gagnèrent  rafTec- 
tion  de  ses  mallres.  «  Apprenant  la  gè- 
ne pécuniaire  de  son  favori, M.  Le  }\qU 
raconte  ^ .  Gaberel  dans  une  Notice  sur 
Pradier  (Bibl.  univ.  de  Genève,  1 838), 
sollicita  pour  lui  une  pension  du  mi- 
nistre de  l'intérieur;  elle  fut  accordée 
•aussitôt,  et  ce  brevet  est  un  des  der- 
niers que  l'Empereur  ait  signés  avant 
(^catastrophe de  1814  (i).  Fier decette 
distinction,  Pradier  devança  bientôt 
tous  les  élèves  plus  Agés  que  lui.  Un 

(1)  D'après  M.  relécluxe  (Jourtial  des  Débals, 
juin  1859)  Pradier  ne  serait  venu  à  Paris  qn*a* 
près  atoir  oblena,  en  1809,  nne  pension  sur  la 
faitdtt  4e  l'empereur. 


Jour,  pendant  que  Le  Mot  ^avitill^it  #s 
frpntpo  di|  Louvre,  l'^pipjç^eur  visita 
les  ^teljer^*  Les  Jeunes  f^ens  ^e  rptir^ 
f(gp^  re>p.eptueuçem,en|.  Bopaparlç  voq- 
iu^  les  voir.  ^Molfpiipdiqui^Pradipr 
01^  4i?anl  :  Sjrê,  vpjci  pp  4^p  ppfits 
pjçnî?(ppnair^j?  dp  y.  ^J.-rr  4b  l  rfH  «4" 
ppléoq,  yoypnf.— L'eqfaots#pproclia 
trpp^^lant  ;  l'Emperpur  pqsi^  la  ipaip 

SMP  ^^  ^^^9  ci;  ftprè?  r^yoir  iixé  :  Maj- 
^rp  [.eMot,  soignez-p^oi  pela .  il  y  abien 
f^s  choses  dans  pe  frop(.  Qn  s#it  quel 
prix  on  att^clmit  à  pes  pr^dictipps  de 
Bpppp^rte  ;  ap^si  pei|è  ci.rcpp()lanc6  fpjt 
i^padier  ep  grand  bonppur  auprès  de 
ses  cap^arades,  et,  quand  vjnl  le  mo- 
poen^  des  concours,  ses  apois  lui  dop- 
nèrept  jd'avance  Ip  grand  prix.  Cette 
attenle  fut  Irpnipée.  Le  sujet  proposé 
était  Arislée  pleurant  la  perte  de  sesa- 
beilles.  La  grandeur  de  la  figure  était 
limitée,  et  les  estais  qui  dépasseraient 
la  ligne  prescrite  devaient  être  mis  bors 
de  concours.  Pradier  pe  se  souniit  pas 
^  cette  condition ,  il  manqua  le  prix  ; 
mais  on  lui  donna  une  médaille  d'or  et 
on  l'exempia  de  la  copscription.  L'ap- 
née suivante  (I8I5),  il  eut  le  prix,  et 
il  partit  pour  l'Italie.  »  Le  sujet  du  cop- 
cpurs  él^it  Nê(^tolème  retenant  phi- 
loctète  prêt  à  percer  Ulysse  de  ses  fy- 
ches.  Ce  bas-relief  fuit  aujourd'hui  par- 
tie du  Musée  de  Genève.  Après  l'expf- 
ration  4e  sa  pension,  Pradier  revint  à 
Paris,  apportant  avec  lui  deux  ouvra- 
ges repiai-quablcs  qui  commencèrent 
sa  réputation,  le  Cefitaurt  et  la  Bac- 
chante (salpp  de  1 8 1 9) ,  groupe  en  mar- 
bre que  possède  le  Musée  de  Bouen  et 
dont  il  fit  une  copie  ppur  M.  Ternau^, 
è  Auteuil,  et  un  des  JFils  de  NiM  ar- 
rachant le  trait  dont  Apollon  l'apercé, 
à  l'épaule  (salon  de  1822),  actuelle- 
mjcnt  au  Musée  du  Louvre. 

£n  1821,  Pradier  retourna  ^  Rome 
et  y  séjourna  environ  deux  ans.  Il  rap- 
porta à  Paris  un  de  ses  meilleurs  ou- 
vrages^ la  statue  de  Psyché  (actuellp- 
ment  au  Musée  du  Louvre)  .Celte  statue, 
a  outre  son  rare  mérite,  a  eocorp  cela 
de  singulier,  dit  M.  Peléciuze,  qip'elfe 
a  été  taillée  dans  ig  fût  d'^p  <2^SS9* 


PRA 


-^  316  — 


PRA 


de  marbre  antique  trouvée  dans  les  dé- 
bris de  l'ancienne  vlliede  Veïes.MElle 
parai  au  salon  de  1824,  avec  un  buste 
de  Louis  XVUI,  qui  lui  valut  les  bon- 
nes grâces  du  roi  On  rapporte  que  le 
monarque  charmé  s'écria  :  «  Voilà  le 
seul  artiste  qui  m'a  compris!  n  La  croix 
de  la  Légion  d'honneur  fut  sa  récom- 
pense. Le  23  Juin  1827,  il  fut  nommé 
membre  de  l'Académie  desbeaux-aris; 
il  succéda  à  son  maître  Le  Mot.  Depuis, 
il  sut  se  maintenir  au  rangéminent  où 
il  s'était  tout  d'abord  placé.  Les  criti- 
ques allemands  eux- mêmes,  8i  peu  pro- 
digues d'éloges  envers  nos  artistes, 
sont  forcés  de  reconnaître  son  mérite. 
Il  ne  se  passait  pas  d'année  qu'il  ne 
produisit  quelque  œuvre  remarquable. 
Outre  ceux  de  ses  ouvrages  déjà  men- 
tionnés, nous  indiquerons:  i»  Vénus^ 
en  marbre  des  Pv  rénées  (salon  de  18  27), 
qui  se  trouvait,  du  vivant  de  l'auteur, 
au  Musée  du  Luxembourg. — 2°  Protée. 
— 3*  Les  trois  Grâces  (iSôO);  ce  char- 
mant groupe  a  été  placé  dans  un  des 
salons  du  Musée  de  Versailles  ;  c'est, 
dit-on,  le  seul  morceau élrangerà  l'his- 
toire qui  a  mérité  cet  hcmneur.  «  La 
crainte  d'être  accusé  d'avoir  iinité  Ca- 
Dova,  arrêta  longtemps  notre  artiste, 
au  témoignage  de  M.  Gaberel.  Cepen- 
dant il  se  mit  à  l'œuvre  et  représenta 
les  sœurs  au  moment  où,  fatiguées  de 
la  danse  elles  enlacent  leurs  bras,  et 
cherchent  la  pose  la  plus  commode  pour 
le  repos.  Pradier  a  mis  tant  d'origina- 
lité dans  ce  groupe,  que  personne  n'a 
songea  l'accuser  de  réminiscence.  »  Ce 
beau  travail  lui  valut  lacioix  d'ofTicier 
de  la  Légion  d  honneur.-— 40  Le  monti- 
ment  funèbre  du  duc  de  Berry,  groupe 
plus  grand  que  naiure,  reprc"  sentant  le 
duc  mourant  dans  ii  s  bra^  delà  religion, 
dans  unechapelle  de  Saint-Louis,  à  Ver- 
sailles. —  b'*  Le  dui  d'An  gouleme  con- 
gédiant les  envoyés  de  Cadix  :  ce  bas- 
relief,  commandé  en  1825,  était  un  de 
ceux  destinés  à  éterniser,  sur  l'arc  de 
triomphe  du  Carrousel,  les  hauts  faits 
de  la  guerre  d'Espagne^  en  remplace- 
ment de»  bas-reliefs  représentant  les 
liauts  faits  de  l'Empire.  Que  sont-ils 


devenus,  à  leur  tour,  après  1 830?  on 
rignore.  Triste  retour  des  choses  de  ce 
monde  !  leur  éternité  a  à  peine  duré  na 
jour.  Malheureux  les  artistes  condam- 
nés à  la  décoration  de  ces  monuments 
qn  i  font  peau  non  vel  le  à  chaque  nou  veaa 
règne.  —  7»  Cyparisse  avec  son  cerf. 

—  8«  Chasseresse  au  repos.  —  9»  Bac^ 
chante  couchée.  —  1 0»  Vénus  après  te 
jugement  de  Paris.  —  J  I©  Statue  de 
J  'J.  Rousseau  (1830),  en  bronze,  re- 
présenté assis,  dans  l'Ile  de  Rousseau 
à  G«»ncve.  —  t  S*»  Statue  du  maréchal 
Som/^— I5«  Prnméthée(\H2't)ei  Phi^ 
dias  (1835),  dans  le  Jardin  des  Tuile- 
ries. —  1  ♦•  L^  Faune  et  la  Ba^-chan* 
<<?,  Galerie  Demi dolf.  —  15»  Bas-re» 
liefs  de  la  Chambre  des  députes  (l). 

—  16«  Quatre  Benon^mées ,  Arc  de 
triomi>he  de  l'Etoile,  «  œuvre,  au  ju- 
gement de  M.  Delécluze,qui  sufliraità 
la  gloire  d'un  grand  statuaire,  a  Le 
biographe  allemand  Nagler  en  porte  le 
même  jugement,  «  travail  admirable, 
dit-il,  où  rafTectatlon,  si  commune  aux 
œuvres  de  l'Ecole  française,  ne  se  fait 
point  sentir  » — X":^  Les  quatre  Apôtres 
de  la  3e  coupole  de  la  Madeleine,  ter- 
minés en  1 836,  et  quatre  Renommées, 
chacune  de  1 8  pii'ds  de  haut. — 18*  Le 
mariage  de  la  Vierge,  dans  la  même 
église.— 19«  Une  Vierge,  pour  la  ville 
d'Avignon.  —  20<>  Les  villes  de  Stras» 
bourg  et  de  Lille  ,  sur  la  plac<*.  de  la 
Concorde. — 21»  La  statue  de  V Indus* 
trie,  devant  le  palais  de  la  Bourse.» 
22'  Mars  et  Vénus  (salon  de  1 836).— 


(i)  M.  Gflberel  parle,  en  outre,  d'an  groupe 
lossal  que  Pradier  eiécuuit  en  lh38,  et  qui  était 
destiné  à  la  décoration  do  péristyle  da  palab. 
«  Pendant  le  concours,  dit-il,  on  lui  fit  eniendn 
que  l'on  désirerait  voir  dans  sa  composition  qtel- 
ques  traits  de  l'époque  actuelle;  maix  l'artiste le 
refusa  à  toute  concession  do  ce  cenre ,  et  déelm 
que  son  dcs!>cin  était  de  fRÎ'e  un  ouvrage  qui  pli 
rester  inlRct,  quel  que  fût  le  pirti  inatire  delà 
France.  11  choisit  la  royauté  publiant  lamnistle. 
Aux  pieds  de  la  fipurc  rouronnce  est  une  remoH 
qui  implore  la  démence  souveraine  ;  elle  liest 
dans  ses  bras  un  petit  enfant  Le  roi  arrête  la  mais 
de  la  Justice  qui,  avec  une  eipression  setère  el 
iiifletible,  ordunne  le  supplice  d'un  condamné  po- 
litique. Ct  dernier,  à  gennui  devant  le  fatal  bil- 
lot, écoule  avec  égarement  les  paroles  du  ministn 
delà  religion  qui  lui  annonce  la  clémence  royale,  t 
CetteouTre  est  sans  doute  restée  à  l'étal  de  projet. 


PKA 


—  317  — 


PRE 


23<>  Le  comte  de  BeaujolaiSy  exécuté 
en  18:^9.  Le  comte  est  représenté  «  à 
demi  couché  sur  le  gazon,  ia  télé  ap- 
puyée sur  la  main  et  lisant  la  dernière 
lettre  qu'il  reçut  de  sa  mcre.  La  mai- 
greur et  l'alanguissement  de  cette  no- 
ble et  touchante  figure  Tout  présager 
une  fin  prochaine. — Quand  Louis-Phi- 
lippe vit  pour  la  première  fois  cette 
image  de  son  frère,  ajoute  M.  Gaberel, 
il  Tut  saisi  d'un  attendrissement  pro- 
fond; il  ne  pouvait  revenir  de  sa  sur- 
prise, tant  la  ressemblance  était  gran- 
de... Aussi  une  place  d'honneur  a-t-elle 
été  réservée  pour  cette  statue  dans  une 
des  grandes  galeries  de  Versailles.  » 
Elle  a  été  reproduite,  ainsi  que  la  sui- 
vante ,  dans  l'ouvrage  de  M.  Gavard. 
— 24»»  Le  général Damrémont  fl8ô9). 
Musée  de  Versailles. — 25»  Les  Heures, 
demi-relicr  plein  de  goût,  qui  décore 
l'horloge  du  Luxembourg  duc6lédu 
jardin.  —  26»  Les  dehx  Muses,  en 
marbre,  de  la  fontaine  Molière.  —  27» 
Une  Odalhque, khyon, — 28»  Phryné, 
Collection  Delessert. — 29«  Vénus  qui 
gronde  l'Amour,  acheté  par  le  duc 
d'Orléans. — 50*  F.ore,  «  que  Pradier 
estimait  l'un  de  ses  meilleurs  ouvra- 
ges. »  —  31  o  La  toilette  d'Atalante, 
au  Musée  du  Louvre. — 32»  Sapho. — 
33»  La  Poésie  légère,  à  Nismes.  — 
34»  Le  duc  de  Moutpensier, — 35»  La 
fontaine  de  Nismes, — et  36»  Le  tom- 
beau de  l'empereur  Napoléon  ;  ces  deux 
derniers  mentionnés  par  M.  Delécluze 
sans  autres  indications.  On  doit  aussi 
à  Pradier  un  certain  nombre  de  bustes. 
On  ci  te  ceux  ûeCharles  Bonnet  (l  822), 
ûeJ.'J.  Rousseau,  du  peintre  Gérard^ 
do  roi  Charles  X,  brisé  en  1 83o,  de 
Louis  Philippe,  n  Quand  on  pense,  dit 
^.«Delécluze,  à  la  délicatesse  d'exé- 
cution de  la  plus  grande  partie  de  ces 
beaux  ouvrages,  on  a  peine  à  se  faire 
une  idée  de  l'énergie  et  de  la  facilité 
dont  il  a  fallu  que  Pradier  fût  doué 
pour  les  produire  en  si  peu  de  temps; 
et  encore  faut-il  tenir  compte  des  mar- 
bres qui  restent  aujourd'hui  dans  son 
atelier  à  l'élat  d'ébauche,  tels  qu'une 
Nymphe,  une  Pandore  et  on  Soldat 


mourant  qu'il  se  promettait  de  termi- 
ner pour  l'exposilion  de  1853.  Eli 
bien  !  malgré  toute  cette  peuplade  de 
statues,  on  trouve  encore  dans  cet  a- 
telier,  espèce  d'océan  de  sculpture,  les 
oindMes  en  pl&tre  d'un  Polyph^me^ 
4'Ulyssp  entraînant  te  corps  dA^  ht  e> 
d'un  Homère  et  d'un  groupe  de  VA- 
mouret  Psyché  que  Pradier  pétrissait 
dans  ses  duigis  comme  les  enfants 
jouent  avec  les  fleurs.  »  Pradier  a  formé 
un  grand  nombre  d'élèves  La  mort  le 
surprit  au  milieu  de  ses  travaux.  De- 
puis quelques  jours  il  avait  projeté  une 
partie  de  campagne,  il  s'en  faisait  une 
fête.  Le  jour  venu,  il  se  mit  en  route, 
avec  sa  fille  et  quelques  amis.  Sa  belle 
humeur  habituelle  neJ'avait  pas  quitté. 
Arrivé  près  de  Bongival,  il  se  trouva 
mal,  sa  parole  s'embarrassa,  ses  idées 
se  troublèrent  :  un  épanchement  au 
cerveau  venait  de  se  déclarer.  Tous  les 
secours  furent  inutiles.  Pradier  n'avait 
pas  été  heureux  en  ménage.  Sa  femme, 
dont  il  s'était  séparé,  ne  lai  donna 
qu'une  fille. 

PRÉAUX  (Hector  de]  ou  Préau, 
sieur  de  Chastillon  fils  de  Charles  de 
Préaux,  gentilhomme  d'Antoine  de 
Bourbon  (le  même  peut-être  que  Préaux, 
tué  à  Jarnac),  et  d'Elisabeth  de  Chas-- 
tillon,  fut  élevé  à  la  cour  de  Jeanne 
d'Atbret  et  s'attacha  au  roi  de  Navarre, 
qu'il  servit  avec  distinction  jusqu'à  son 
avènement  au  trône  de  France.  C'est 
en  1587  qu'il  parait  pour  la  première 
fois  dans  les  rangs  de  l'armée  hugue- 
notte  ;  il  commandait  déjà  un  régiment. 
Il  fut  envoyé  au  secours  de  Marans  que 
Joyeuse  menaçait,  combattit  vaillam- 
ment à  Centras,  et  assista,  sous  Tu- 
renne,  au  siège  de  Sarlat.  En  1 588, 
secondé  par  les  capitaines  Ferrand, 
Loumeau  et  Pidoux-de-Ntsde,  il  con- 
tribua beaucoup  à  la  reprise  de  Marans. 
La  même  année,  il  remporta  un  avan- 
tageassezconsiJérablesurlesLigueurs 
auprès  de  Poitiers.  Envoyé  par  le  roi 
de  Navarre  au  secours  de  Montaigu,  il 
s'y  comporta  avec  sa  bravoure  ordi- 
naire; mais  il  ne  put  empêcher  Co* 
hmbières  de  rendre  la  place  à  Nevera. 


PRE 


—  3!è  — 


PRÈ 


n  éèrVit  ensuite  à  la  pri^e  dé  Ntort,  et 
en  1589^  à  celle  de  fchâtèllëraait,  dont 
fà  gardé  tàf  fut  conflué.  C'oét  comme 

Sopverriènf  de  celte  ville,  qdl  fat  com- 
Hse  pfris  tard  àd  nombre  Àêà  pldceà 
de  sûrëtë,  qu'Use  rehdlt,  ërl  t:$96,  l 
l'Aèsemblée  de  Lodddri  ^àhh  y  pl-èlër* 
lë  serdjent  d'nbidri.  Ofi  Igiîdrë  l'àrilîée 
préMsë  de  H  Mort,  â'il  fâdl  fen  croi^ë 
Ife  tHict.  de  Ja  Noblesse,  q|dt  Idi  ddtiUë 
lé  Me  de  itcdtenant  ^^iiértil;  ii  fdt  éti- 
^à)é  £n  ambài»iildë  ëii  fetdliândé^  eti 
lJJd7. 

ttebibr  de  t'rèànx  fUl  iiittffë  dcdx 
fol/^.Sâ  prémlëfë  fëJîitnë,  ÀUni- Hû 
BèC'CfésiAH,  né  liii  donna  qu'une  fllle^ 
()al  raoûrdi  Jëdhç.  Là  i^ebôniië,  Mûrie 
Ciiichàrd,  qnl  était  veu^ë  en  1 61  iy  le 
fëddii  efiboi-e  |iër^  d'uri  flts  et  d'uiië 
dlle^t  nidhe  sah^  âiltdiicë.  Lé  dis;  nord- 
iiië  Hicf dit,  fbl  mestre-dë-camb  d'dd 
fé^fttient  d'IdfàrileHe  et  tnd^éehdl  de 
Abtàllté.  Il  ët)bd^â;  èh  Je;$:i,  Marié 
^cftirH^  sd  cousine,  é(  en  eut  kit- 
itik,  i|ui  Servit  cH  Àllënia^rié,  ëh  Hol- 
lande et  en  Flandres.  ISous  ti'àvpn$  pd 
dï^éddvrlfàqiicllë  éiibl}uë  teltëmdijlle 
§ë  cdh^ëKlt  dii  céthôilëiâmé. 

pMÈISS Ac^  nnilllë  hdble  du  Haui: 
tiinfeoeddc^  qiii  i)2ir^U  à'ëlrë  rangée  de 
bbiihé  Hëdië  sou^  m  banntërë  de  là 
ftëfdfnie  :  le  prënilef  mIHUtrë  de  Ne* 
:fëîlëilS^e,  ob  lë  brdiësiiliiliédle  avait 
té  ^tiéU  j^àt'GmMrHe Rôdeur,  teaii 
:hàhelté  et  Antom  VàlHlls.  fût  dd 
Èmài^Û  de  Prèls^c;  tidi  ^e  rëtifa  8 
MBUtâbbdn.  eh  lii62.  Lëâ  retiscigiie- 
fliëhlii  ()de  hbn$  àiMk  (id  l*bcdcilllj-rië 
ttUtiâ  bërhibtteiii  i|dï  de  dit ë  si  te  paâ- 
féiir  eiàit  liafëHt  de  Frié  de  t>rels5Âb^ 
slêdrdeCadeill&h.qdtépdùâà  en  t5d^> 
JlHfièdfIup^,t]llëdëtdf6bh^/UeLtii)ë, 
siéùriiëMaraldl,ëi  ëh  sëhdhdeâilbbefl, 
MMb  à'ethir.m  de  Lbdis  tic  Léf  Ir: 
slfeor  de  SàlBchbii.  kn  Iî5^7,  FrU  dé 
PrëJFàâc  àâsisià,  comriic  dëpiilë  de  Id 
hdiilësse  dii  ttordelais^  à  rassemblée 
Bë  âàintb-bt  [Anh.  (j'en,  tt.  513). 
Il  itioUi-ul  en  iGÔS,  et  but  irolâ  cit- 
rkdis  :  l«>  Jo:çATnAN,  ijul  sdît;— 2<»I- 
kiftELtÊ,  fémmë  dAn'toinip^BerMM 


siivNË ,  mariée  à  Jean  de  Umozin^  sieur 
de  Gebra.  Jonathan  de  Preissac  épôa- 
sa  eîi  1603,  îsabi»audeSallusteyMé 
de  GuUlaninpdeSaUusie,  sicur  du  Bar- 
tas,  et  db  Catherine  Hè  Manas,  De  ce 
niâriHgb  nâqdlrent  :  !<>  pIÉrre,  (jal 
sdllî—  2°  JpÈL,  tjdl  suKil  ia  carriëfé 
des  ai-tdëâ  et  ilë  iàisea  i)âs  de  posIéH- 
të;  —  :>»  CATfefeiiiNE,  femme  de  Bt&- 
naM db Gorgues  \flo\irg\i^f),  slouHti 
Casterd;— ioAiNiîfe,  épouse  de  Philip- 
pe de  t^dgHy  siéur  dé  Lahbilt.  Reste 
velif,  JdHlithan  de  Pi-elssdc  se  remaria, 
eh  1624.  avcci/drfp  d'Èscorbîac,  qdl 
liii  ddrifia  encore  Irbls  ferifafils;  — 
5»  CÈ^Àtt,  lleutcnadldans  le  i-égllnedi 
de  La  Vàlilère  ;— i)0  SL'èÂNXE,  femdië 
de  Hefre  de  Guarripuy,  sieur  de  La4- 
clotes; —  70  1^àèeAu. 

Pierre  de  t^reissac,  sieur  de  Cadell- 
lah,  éërVlt  avec  honneur  dans  la  cadl- 
pâgtië  du  Piémont ,  et  remplit  plds 
tard;  en  1052.  les  fonctions  de  cdid- 
ihandant  diidà  le  pays  de  Coinrainges. 
11  testd  le  i«r  mars  i6fJ2.  Sa  redidie^ 
Persidedè  Lttpéy  Tavàll  reiida  përedij 
së|U  eHfatils,  sa\olr;  i^PiùL,  comettî 
àh  réginicnt  de  Plmàrcon; — 2'  JBÂîii 
^l^dr  de  La  Salle,  qdl  cpoQsa,cnl69Sj 
Gàbrihile  de  Soûlas  ;  —  3»  AltftAHAi; 
qdl  bdbtihua  là  deâcëUdanee;.-^4«Mi' 
NÉE,  liëdlënaht  ati  réglnicdi  de  Pfé^ 
inonl;—  îi»  m^^  ddnt  là  dcitliiée  est 
iricdndde(l);— GoCATttEliiNÈ;— 7*SB- 

SitNNE. 

Abraham  de  Prbl^sae,  sieu^  de  tïï- 
dëlllhd  et  de  Lh  Tastë,  Suivit  là  ëàr- 
rlcrë  mljllairc,  et  épousa,  Phînée  rfS 
Lupéy  qui  lui  doniid  qùàlrc  enfanta, 
nddiirié^  Pacl,  Prikëè,  Ëkkï^  H  Cl- 
tbBRiN'É  Tout  nous  porté  à  croii-eaiië 
ses  enrants  coUtinùëreut  â  pfpfessëh  li 
religion  réformée,  et  qde,  àlis  àbjhrè^ 
ferit  pour  échatij^ër  mi  persécutions, 
ëe  fut  des  lèvres  seulement.  Il  est  vni 
que  sur  les  neuf  enfants  issus  du  mâ- 

(1)  SainUAlUts  n'aarail-il  pas  commis  ici  mf 
erreur,  el  ce  ciuquicmc  enfant  ne  serall-il  paf 
CharLi  de  /Vr^ifac,  sieur  de  Payrènaoll,  dontlt 
femme,  Marié  de  Sautage^  de  rtif-Lsiarens,  M 
Tonliil  poini  imiier  L'exemple  eo  abjonnt,  ei  tM 
uferiDoe  àrbdtel-de-vUle  de  Bord«au&t(ir(a. 
gin,  Tt.  lit.) 


PRE 


—  3lè  — 


PRE 


riflge  de  t^àul  de  Preissac  avec  Anne 
de  Lapé,  nous  en  voyons  cinq  décorés 
de  la  croix  de  Saint-Louis,  distinction 
4ti'on  ne  pouvait  obtenir  sans  Taire 
acte  de  catholicisme;  mais  d'un  autre 
eôt^,  nous  voyons  aussi  i'ainé  de  tous, 
JEA.N,  comte  de  Preissac,  prendre  al- 
liance, en  1748,  dans  îa  famille  de 
Labat-de-Vi vans,  ci  nous  savons,  par 
des  pièces  conservées  aux  Archives 
(H.  675),  que,  encore  à  cetle  époque, 
tette  ramillepersisiail  courageusement 
dans  la  foi  de  ses  pères.  M.  de  Labat 
lùourut  protestant  en  1 733,  ainsi  que 
êon  fils  aîné  et  son  fils  cadet,  dont  les 
trois  jeunes  tilles  Turent  enTermées,  en 
1733,  aux  Nouvelles-Catholiques  de 
Clairac,  d'ouonlestrahsTéra,en  1735, 
an  couvent  de  la  Visilation  d'Agen. 
Quant  au  troisième  fils,  resté  cheT  de 
la  Tarn i Ile  par  la  mort  de  son  père«  il 
avait  Teint  de  se  convertir  pour  pou- 
voir se  marier,  mais  depuis  son  ma- 
Mage,  il  ne  mettait  plus  le  pied  dans 
iine  église  catholique. 

C'est  aussi  dans  une  liasse  des  Ar- 
({tiives  (Tt.  333),  que  nous  avons  trou- 
vé le  peu  de  i-enseignemeiits  que  nous 
possédons  sur  les  Preissac-de-Lioncel, 
du  Poilou,  dont  Saint-Allais  ne  Tait  pas 
mention  dans  sa  généalogie. 

Michel  de  Preissac,  sieurde  LaChai- 
se,  épousa,  en  i  ^6l ,  Isabeau  GuHUm, 
dbini  il  eut  Gédêon,  sieùrde  Preissac. 
Celui-ci  prit  pour  Temme,  en  I5lil, 
Gàhrielle  de  L'oncel,  dame  de  L'isle, 
et  fut  père  de  tÊDfiON  de  Preissac-de- 
Lloncel,  baî-on  de  L'isle,  qui  s'allia, 
en  16^(1,  avec  Marie  de  Pons,  veuve 
HePaul  d'Espagne,  et  fut  père  dé  deux 
Ais ,  nommés  Hector  et  Daniel  .  Ce 
éttn\e\r,  qui  assista,  èti  1678,  au  sy- 
node de  la  Sainlonge,  comme  ancien 
2b  régi  i  se  de  VilleTagnan,  épousa  Es^ 
ther  d'Espagne  et  en  eut  Henri,  itia- 
rlé,  en  1G57,  âvccCa(^<>ie  d*î-raëL 
Và\nk  contracta,  en  1 649,  avec  Claude 
de  Noritjé  ou  Nourrigier,  nue  alliance 
dont  naquit  François-Hector  ,  mar- 
quis de  L'isic.  Le pèreet  le  Ûls  vivaient 
encore  dans  le  château  de  La  Chaise, 
en  1 693,  surveillés  de  près  par  les  a- 


gentsdugouvememenl(i4rc/i.E.S578); 
plus  tard  cependant,  François-Hector 
réussite  sortir  du  royaume  et  ses  biens 
furent  séquestrés. 

Nos  renseignements  sur  celte  bran- 
che, issue  apparemment  de  la  même 
souche  que  celle  des  Preissac  du  Lan- 
guedoc, ne  s'étendent  pas  plus  loin; 
mais  Saiat-Allais  a  continué  jusqu'à 
DOS  jours  la  généalogie  de  ces  derniers^ 
dont  une  partie,  si  nous  sommes  bien 
renseignés,  proTessent  encore  la  reli- 
gion prolestante.  —  Nous  ne  connais- 
sonsaucunTailquinousautoriseà  ratta- 
cher à  l'une  ou  l'autre  de  ces  Tamilles, 
ni  même  à  compter  parmi  les  écrivains 
protestants,  un  sieur  de  Praissac,  qui 
s'est  Tait  connaître,  vers  1620,  par  la 
publication  de  plusieurs  écrits  sur  l'art 
militaire. 

PRELLECJR  (Pierre)  ,  compositeur 
de  musique,  né  à  Londres  d'une  Taraille 
de  réTugiés.  On  sait  irès-peu  de  chose 
sur  sa  vie.  11  commença  par  être  maître 
d'écriture  à  Spilalfield  ;  puis,  obéissant 
à  sa  vocation,  il  s'appliqua  exclusive- 
mentàlamusique,Btildevint,enl728, 
organiste  dans  l'église  de  Saint-Albao 
à  Londres.  Vers  le  même  temps,  il  Tut 
attaché  à  l'orchestredu  théâtre  de  Good- 
mansfleld,  pour  lequel  il  composa  des 
ballets  et  des  Intermèdes.  En  J  731,  H 
pablia  The  modem  music  masler,  con*_ 
tcUning  an  instruction  to  singing,  and 
instructions  for  mosi  of  ihe  instru- 
ments in  use, Lond.,  1731,  in-8o,  avec 
un  abrégé  de  Thisloire  de  la  musique 
extrait  de  l'ouvrage  de  Bontempi.  Cinq 
ans  plus  tard,  il  obtint  la  place  d'or- 
ganiste de  l'église  de  Christ  à  Mid« 
dlesex.  On  ignore  la  date  de  sa  mort, 
de  même  que  celle  de  sa  naissance. 

PliESTR CAU  (N.),  régent  de  4«  au 
collège  de  Genève,  était  natiTde  Nismes. 
Après  une  jeu  nesse  très-orageuse,  saisi 
d'un  accès  de  repentir,  il  se  fit  char- 
treux ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  avoir  as- 
sez de  la  vie  du  cloître.  Étant  parvenu  à 
se  sauver  de  son  couvent,  il  se  réTugia 
à  Genève,  rentra  dans  l'Eglise  protes- 
tante et  se  voua  à  l'enseignement.  On 
a  de  lai  on  ouvrage  estimé,  les  Prin- 


PRÉ 


3140  — 


PKË 


cipes  raisonnes  de  la  langtAe  grecque 
par  demandes  et  par  réponses,  Gen., 
1767,  in-80. 

PiiEUNLIN  (ANDRfi),  appelé  pins 
ordinairement  PrunuluSy  premier  pas- 
(eurdelVglisedeDorlilzheim.En  1 523, 
les  habitants  de  ce  village  adressèrent 
an  magistrat  de  Strasbourg  une  re- 
quête portant  :  que  leur  curé  ne  prê- 
chant ni  de  bonne  grâce  ni  avec  talent 
la  Parole  de  Dieu  ;  qu'eux-mêmes  ne 
pouvant  plus  souiïrir  qu'il  vécôl  pu- 
bliquement avec  une  concubine,  et  que 
le  Conseil  ayant  tout  récemment  or- 
donné de  prêcher  le  pur  Evangile,  ils 
priaient  qu'on  les  aidât  à  devenir  ci- 
toyens des  deux.  On  leur  envoya  donc 
Preunlin  pour  ministre.  Bientôt  après, 
la  guerredes  Paysans  vint  jeter  le  désor- 
dre dans  la  commune.  Fidèle  à  sa  vo- 
cation, le  pasteur  essa>a  de  s'opposer 
à  rinsurrection;  mais  il  Tut  arrêté  par 
une  bande  de  révoltés  et  pendu.  Lors- 
que la  tranquillité  Tut  rétablie,  tout  le 
village  eut  de  nouveau  recours  au  ma- 
gistrat de  Strasbourg,  qui  chargea 
If u«cti'fi5  d'aller  y  prêcher  TE^anglIe. 
PnÉVEItAUD  (Jean)  sieur  de  La 
Piterue,  juge  à  Monlagnac,  fut  doputé, 
en  1617,  par  la  Saintonge,  au  Synode 
national  de  Vitré,  et  en  1619,  à  l'As- 
temblée  politique  de  Loudun.  En  1 620, 
11  représenta  la  même  province  à  l'As- 
semblée de  La  Rochelle,  qui  lui  donna, 
à  plusieurs  reprises ,  des  preuves  de 
confiance  et  d'estime.  Ses  descendants 
persistèrent  courageusement  dans  lonr 
religion,  malgré  les  mesures  de  rigueur 
dont  plusieurs  d'entre  eux  Turent  vic- 
times, à  l'instigation  du  clergé  catholi- 
que. En  1 71 8,  Louise  Préveraud,  Hlle 
de  Jacques,  sieur  de  Beaumont,  et  6* A  n- 
ne  Seguin,  jeune  fille  de  25  ans.  Tut  si- 
gnalée au  gouvernement  comme  pro- 
testante opiniâtre  par  le  curé  de  Ville- 
Tagnan,  nommé  Degennes  (  i  ) .  En  i  7  29, 

(1)  L&  dénonciation  de  ce  curé,  que  noosaTons 
relrouTéeaai  Archive.'^  dans  une  liasse  coU'eTr. 
388,  comprend,  outre  Louise  Préferaud  et  trois 
demoiselles  Girardtn,  dont  noa«  aTons  parlé  ail- 
leurs, vingt-cinq  autres  jeunes  UUes  protestantea  : 
Anne  PoiUvin,  10  ans,  fille  du  sieur  de  Lon- 
^anx;  Marie  PoUeviti^  sa  soqr  cadette  ;  Jeanne 


Marie  Préveraud,  de  Jamac,  fut  en- 
fermée dans  le  couvent  de  Notre-Dame 
à  Saintes  ,  à  la  demande  du  fameux 
persécuteur  La  Corée,  qni  sollicilalt 
aussi  l'arrestation  de  M"«  Sabourit; 
mais  cette  demoiselle  étant  âgée  déjà 
de  27  ans,  «  et  n'ayant  pas  de  bien,  » 
le  secrétaire  d'Etat  refusa  d'envoyer  la 
lettre  de  cachet  (Arch.  gén.  E.  5566). 
En  1746  encore,  des  ordres  furent  don- 
nés pour  enlever  Jean  Prévnaud  et 
le  mettre  au  collège  des  Jésuites  de  La 
Rochelle.  Avertie  à  temps,  sa  mère  le 
fit  disparaître.  On  l'incarcéra  elle-mê- 
me, comme  rebelle  aux  ordres  du  roi, 
et  on  la  retint  en  prison  jusqu'à  ce 
qu'on  eût  appris  que  son  fils  était  heu- 
reusement arrivé  à  Hambourg  et  par 
conséquent  hors  de  l'atteinte  des  con- 
vertisseurs. {Ibid.  E.  3581). 

PHÉVOST,  famille  d'Issoudon, 
qui  entra  de  bonne  heure  dans  l'Eglise 
protestante.  Claude  Prévost,  profes- 
seur de  bel  les- lettres  à  l'académie  de 
Lausanne  en  1 545,  en  desrendait.  Plus 
tard^  abandonnant  sa  chaire  pour  se 
faire  ministre,  il  remplit  les  fonctions 
pastorales  dans  sa  ville  natale  jusqu'à 
la  Saint- Barthélémy.  Il  fut  assez  heu- 
reux pour  échapper  aux  massacres  et 
se  relira  à  Genève,  oii  Gmllaume  Pré- 
vost, de  Paris  et  d'auircb  Prévost  de 
la  Picardie  avaient  déjà  trouvé  un  i- 
sile.  On  a  de  Claude  Prévost:  Commets 
larius  de  magistralibus  populi  romani, 
Imp.  à  Lausanne,  en  1579,  in-8*.Son 
fils,  nommé  Pierre,  né  à  Issoudun^ 
étudia  la  théologie  Ministre  à  Russin^ 
en  1597,  puis  à  Vitry-le-Français,  en 
1 598,  il  fut  rappelé  à  Genhve,  en  i  601, 
et  gratifié,  la  même  année,  des  droits 

Bruneauy  12  ans,  fille  du  sieur  des  HoQUièflt; 
Marthe  Bruneau^  11  ans,  sa  snur  ;  Marie-Cm' 
therine  Cottlurier,  12  ans,  fille  «  do  plus  rklit 
de  la  paroisM;  ■>  Maria  Pow/aud^  10  ans;  Aimm 
Boumard^  17  ans;  Marie  Vetaud^  13  ans,  61  ta 
sœur;  Marie  Talonneau^  12  ans;  Marie  Mourgt^ 
17  ans;  Anne  Mourge^  15 ans;  Susanne Mourg$, 
11  ans;  Marie  LevtauU^  12  ans;  deui  demoi- 
selles Pa»cauU;  Marie  (lanle,  19  ans,  et  m 
quatre  sœurs,  âgées  de  11  à  17  ans  ;  Anne  BmU- 
louXj  10  ans,  fille  du  sieur  de  CbesoeTert;  Ckw» 
htte  Poinsont  25  ans;  Marguerite  Pouyeutd  it 
ans;  Marie-Anne  Pùuyaud,  20  ans.  Chaque BMl 
est  accompagné  de  curleosea  obserratiouf. 


PRE 


—  321  — 


PRE 


de  bourgeoisie,  ainsi  qae  son  collègue 
et  compatriote  SamuH  Perrot ,  «  eu 
égard  aux  services  qu'ils  Taisoient  à 
TEglise.  ))  Il  mourut  en  1639,  en  de- 
mandant d'être  enlerré,comme  Calvin, 
dans  le  cimetière  dePlainpalais.— Une 
autre  branche  de  cette  ramille,  qui  con- 
tinua à  habiter  Issoudun,  nous  eslcon- 
Due  par  le  singulier  procès  auquel  la 
mort  à' Anne  Prévost,  Temme  de  Sa-^ 
muel  RegnauU,  donna  lieu.  Anne  Pré- 
Tost  s'était  convertie  à  la  révocation  ; 
mais  sur  son  lit  de  mort,  en  1690, elle 
rerusa  absolument  de  recevoir  les  sa- 
crements de  TEglise  romaine,  en  dé- 
clarant au  curé  de  Siiint-Cyr  qu'elle  se 
repentait  d'avoir  abjuré  et  qu'elle  vou- 
lait mourir  dansla  religion  piolestante. 
Une  procédure  criminelle  Tut,  en  con- 
séquence, dirigée,  pourra-t-on  lecroi- 
re!  contre  son  mari  i  comme  curateur 
au  cadavre  de  sa  Temme,»  qu'on  avait 
enlevé  de  la  maison  mortuaire  pour  le 
donner  en  garde  au  geôlier.  Le  1 1  déc, 
le  lieutenant  criminel  rendit  sa  sen- 
tence où  l'odieux  le  dispute  à  l'ab- 
surde. Il  0  donna  que  la  mémoire 
d'Anne  Prévost  sera  il  éteinte  et  suppri- 
mée, ses  biens  conflsqués,son  cadavre 
placé  sur  une  claie,  la  face  contre  terre, 
et  traîné  ainsi  derrière  une  charrette 
par  les  rues  de  la  ville,  puis  jeté  à  la 
voirie. Surappel,  le  parlementde  Paris, 
pararrèl  du  5  janv.  1 69 1  ,ordonnaqu'il 
serait  plus  amplement  informé  et  que, 
par  provision,  le  cadavre  serait  remis  à 
Samuel  Regnault,qui  le  ferait  inhumer. 

Plusieurs  réfugiés  du  nom  de  Pré- 
vost cherchèrent  aussi  un  asile  en  An- 
gleterre. C'est  apparemment  de  l'un 
d'eux  que  descendait  le  révérend  F, 
Prévost  (son  nom  indique  assez  une 
origine  française),  qui  a  publié,  en 
collaboration  avec  Blagdon,  les  trois  ou- 
vrages suivants  :  Beautics  ofDr.  John 
Moorej  Lond.  1803,  in-8«;  Mooriana 
or  Sélections  from  the  moral  philoso- 
phical  Works  of  sir  JJm  Moore,  Lond. 
1803,  2  vol.  in-8<»  et  Flowers  of  lite- 
rature  for  1801-1803,  Lond,  1804,2 
vol.  in-12. 

PREVOST  ou  Prévôt,  famiUe  no- 


ble du  Poitou,  qui  a  donné  à  la  cause 
protestante  de  vaillants  capitaines  et 
d'illustres  confesseurs. 

l.  Branche  ddChastelier-Portault. 

Du  mariage  de  }  ouis  Prévost,  sieur 
du  Chasielier-Portaultavec  Paule  Cha- 
bot, dame  de  Pressigny,  étaient  nés 
cinq  enfants  :  PN.,  tué  en  Piémont  par 
Charri,  en  1 55 1  ;  —  2«  Antoine,  sieur 
du  Chaslelier-Portault,  qui  suit;  — 
3»  Honorât,  sieur  de  La  Tour,  qui  sui- 
vra;—  40  Jean,  mort  jeune;  —  5o  Ca- 
therine, femme  de  Guy  Jourdain,  sieur 
d'Ambleville. 

I.  Antoine  Prévost  n'a  joué  qu'un  rôle 
insignifiant  dans  les  affaires  des  égli- 
ses. On  pourrait  douter  qu'il  eût  em- 
brassé la  religion  protestante,  si  l'on 
ne  savait  par  son  contrat  de  mariage, 
dont  H.  Fillon  possède  l'original,  qu'il 
épousa,  en  1560,  Marguerite  Fumée, 
fille  du  conseiller  Antoine  Funwe  (Voy. 
ce  nom),  qui,  après  son  acquittement, 
avait  cru  sage  de  quitter  Paris,  et  s'é- 
tait retiré  au  Parc-Soubize,  chez /ean 
L  Archevêque.  De  ce  mariage,  qui  se 
conclut  sous  les  auspices  de  la  zélée 
huguenoltCi^  nlo.netle  Bouchard-d*  Au- 
beterre,  naquirent  trois  enfants  :  Ho- 
NORAT,mort,en  1 592,sans  poslérilé(  1  ); 
SusANNE,  femme  dePterre  Hétics,  sieur 
de  La  Roehe-Esnard,  et  Madelaine, 
épouse  de  Charles  Chenu,  baron  d'Au- 
try  en  Berry. 

II.  Né  vers  1522,  Honorât  Prévost, 
sieur  de  La  Tour  ,  désigné  ordinai- 
rement par  les  historiens  sous  le  nom 
de  Chastelicr-PortautySG  montra  ani- 
mé du  plus  grand  zèle  pour  la  Cause, 
et  il  s'acquit  dans  le  parti  huguenot 
le  renom  «  d'un  gentilhomme  signalé 
pour  sa  vaillance,  rare  savoir  et  non 
commune  dextérité  en  toutes  choses,  » 
comme  nous  l'atteste  La  Popelinière. 
Attaché  depuis  son  enfance  à  la  mai- 
son de  Châliilon,  La  Tour  suivit  Co- 
ligny  et  Andelot  à  Orléans,  lorsque 

(1)  llaTailèpou$ié,  en  1584,  Anne  Du  Pral,do 
la  maison  de  NAntouilleif  demoiselle  d'honneur  de 
Catherine  de  Mcdiris.  La  Croii  du  Mai  edil  que 
ceUe  dame  écrifaii  afec  beaucoup  de  politesae, 
•0  proie,  en  ven,  en  français  et  en  laAin. 


PRE 


-  32«- 


PRE 


la  première  guerre  civile  éclata.  Ûoel- 
qne  temps  après,  sous  les  murs  de  Pa- 
ris, Il  fut  dangereusement  blessé  par 
des  retires  qui  le  prirent  pour  un  en- 
nemi ;  le  capilainc  gascon  La  Porte, 
qui  raccompdgnalt^  Tut  tué  dans  cette 
alerte.  Après  la  conclusion  de  la  paix, 
La  Tour  resta  auprès  d'Andrlot,  et  ce 
Tut  autant  pour  venger  soti  patron  dès 
bravades  de  Charri  (Voy.  Ill,  p.  ils) 
que  pour  tirer  satisfaction  du  meurtre 
dé  $on  Trère  atné,  qu'il  attaqua  le  co- 
lonel des  gardes  à  pied  sur  le  pont  Saint- 
Michel  et  le  tiia,  le  50  déc.  1563.  S'il 
faut  en  croire  d'Aubigné,  la  rencontre 
fut  fortuite.  En  se  troiivaht  ëh  face  de 
son  ennemi,  Chastelier-Porlault,  qui 
était  accompagné  de  Moucans  etdc  Bri- 
quemaulty  ou,  d'après  Brantôme,  d'un 
soldat  d'Andelol,  nommé  Constantiny 
mit  répéeà  la  main  ;  ses  seconds  l'imi- 
tèrent, et  Charri,  qui  était  aussi  accom- 
pagné de  deux  amis,  suivit  leur  exem- 
ple La  lutte  fut  courte.  Au  cliquetis 
des  épées,  le  peuple  s'émut,  le  cri  :  au 
huguenot!  se  fll  entendre;  mais,  sans 
se  Iai8!^er  intimider,  les  trois  officiers 
prolestants  percèrent  la  foule,  gagnè- 
rent la  porte  de  Nesle,  ou  leurs  chevaux 
le^  attendaient,  et  s  éloignèrent  rapide- 
ment de  Paris. 

Lorsque  Condé  résolut  de  prendre  de 
nouveau  les  armes,  en  1567,  Ghaste- 
ller-Portaull  fui  chargé  de  se  rendre  se- 
crètement en  Allemagne  avec  Fran- 
court,  pour  demander  du  secours  aux 
princes  protestants.  Dans  la  troisième 
guerre,  il  rendit  des  services  plus  im- 
portants encore  comme  vice-amiral  de 
la  fidlie  rochellOise.  Au  mois  d'oct. 
1568^  il  alla  croiser  avec  neuf  vais- 
seaujt  sur  les  côtes  de  la  Bretagne,  où 
sa  présence  jeta  l'épouvante  :  puis,  lon- 
geant les  côtes  d'Angleterre,  il  se  saisit 
d'un  grand  nombre  de  navires  Ilamands, 
bretons  et  normands  frétés  par  des  ar- 
mateurs catholiques.  Il  conduisit  ses 
prises  à  Plymouth,  obtint,  par  l'entre- 
mise d  Odet  de  Châtillon,  la  permission 
de  les  y  vendre  se  hâta  de  reprendre 
la  mer  pour  continuer  sa  croisière,  et 
rentra^  chargé  de  baiin,  dans  le  port 


de  La  Rochelle,  au  commencement  an 
mois  de  mars  suivahL  Instruit  de  sod 
retour,  Condé  l'appela  à  Cognac.  Quel- 
ques jours  après  se  livra  la  bataille  de 
Jarnac,  oîi  La  Tour  se  comporta  vail- 
lamment. Son  cheval  s'étant  abattu  soos 
lui,  il  fut  pris,  et,  le  soir  même,  tué  de 
sang-froid  par  les  amis  du  capitaine 
Chairi.  Il  avait  dans  l'armée  protes- 
tante le  grade  de  maréchal  de  camp. 
Le  célèbre  Sore  lui  succéda  dans  sa 
charge  d'amiral. 

II.  Branche  de  Touchimbbrt. 

Le  prctnier  de  cette  famille  qui  enn 
brassa  lés  opinions  nouvelles  fiit  PtffT» 
Brévost,  sieur  de  Touchimbert,  archer 
dahs  la  compagnie  de  La  RochefoU' 
cùuld.  11  testa  éii  1 57  4,  n'ayant  qu'on 
fils  de  son  mariage  (en  1 565)avecibrarîa 
Brossard,  veuve  de  Jean  Goumard, 
sieur  de  Pougné.  Ce  fils,  nommé  Isaac, 
sieur  de  La  Piogerie  et  de  Touchimbert^ 
épousa,  en  1 584,  Isabeau  Guy,  fille  de 
Godefroy,  sieur  du  Breull,  et  de  Frort- 
çuise  de  La  Rochefoucauld.  Il  en  eut 
François,  qui  servit  dans  l'armée  roya- 
le au  siège  de  Saint-Jeah-d'Angély,  en 
i621,etqulépousa,eni626  selonFil- 
leau,  en  i  628,  selon Courcelles^/catina 
de  La  Rochpfoucauld-du-  Parc-d'Af' 
ehmche  ce  mariage  naqui  ren  t  :  l  «Fr  AU- 
çois,  sieur  de  Touchimbert  et  de  Si* 
veilles,  qui  suit;  —  2°  Casimir,  sieur 
de  LiioouLlllau,qui  suivra;— 30CHAR- 
LES,  sieur  de  Brnssac,  qui  épousa  Ca^ 
therine  de  La  Roihefoucauld  et  en  eut 
CHARLOTtB,  femme  de  Gabriel  de  Vas- 
selot,  sieur  de  Régnier  ;  —  4«  ËLiU- 
BETH  ;  -—  50  MadeLaine  ;  -^  6«  Stltib; 
—  70  Marie. 

1.  François  Prévost  épousa,  en  1 658^ 
Marthe  j'oly.  En  1 682,  on  lui  contesta 
le  droit  d'exercice  qu'il  possédait  à  Sa- 
vellles(i4rc/i.,çén.TT.242),eten  1686, 
on  l'enferma  à  la  Bastille.  Nous  ne  con- 
naissons aucune  autre  particularité  de 
sa  vie.  11  est  probable  qu'il  abjura  (l), 
et  que  son  exemple  fut  suivi  par  ses 

(1)  a  moins  toutefois  qu'il  ne  soit  le  même  que 
le  priaoïmier  du  diàteau  de  Guise  (Voy.  Pièces 
ja8Ur.,N«XGYn). 


PRÉ 


-.3«S- 


deax  dis  qtii  serrlrent  dans  la  marine^ 
comme  lieutenants  de  vaisseati. 

II.  Casimir  Prévost  ne  montra  même 
pas  autant  de  constance  qae  son  Trère. 
11  épousa,  en  1 657,  J/anVrfp  Robillard, 
fllle  de  Josias,  sieur  de  Champagne,  et 
de  Marîpde  MazièreSfqnï  le  rendil  pè^e 
d'un  dis  et  de  sit  Hiics.  Il  faisait  en- 
core profcssiort  de  la  relif;loti  réformée 
au  mois  de  juin  1685,  oit  il  assista  à 
l'enterrement  de  Diane  de  Poligtiy, 
femme  de  Jacques  Du  Bois,  sieur  de 
Salnl-Mandé  (Rég.  deCharent,)'^  mais 
aassilôt  après  la  révocation  de  Tédit  de 
liantes,  il  s'empressa  de  se  convertir 
avec  son  ami  La  Motte-Michel,  et  leur 
apostasie  leur  valut  à  Tun  et  à  l'autre 
un  prompt  avancement  [Arch,^.  3372) . 
Cependant,  six  ans  plus  tard,  nous  le 
trouvons  porté  sur  une  liste  de  suspects 
{Ihid.  E.  3378),  et  s'il  faut  en  croire 
Filleau,  plusieurs  de  ses  enfants,  de- 
meurant fidèles  à  la  religion  dans  la- 
quelle ils  étaient  nés,  se  réfugièrent 
6D  Angleterre.  Du  nombre  de  ces  der- 
niers fut,  selon  le  généalogiste  des  fa- 
milles nobles  du  Poitou,  son  fils  uni- 
que FRANÇOtâ,  qui  gagna  d'abord  Ge- 
nève et  passa  ensuite  en  Angleterre, 
où  il  mourut  capitaine.  Le  fait  peut  être 
yrâi  ;  mais  Filleau  commet  bien  certai- 
nementune  très-grande  erreur  lorsqu'il 
il&rme  que  ce  François  PrévdMenl  pour 
flls  le  général -major  Augustin  Prévost, 
qiii  a  Joué  un  rôle  dans  la  guerre  de 
rindcpendance  américaine.  Augustin 
Prévost  était  genevois,  ainsi  que  son 
frët*e  aîné  Jacques,  lieutenant  général 
dans  l'armée  anglaise.  Il  est  vrai  qu'ils 
dëècehdaiènt  de  réfugiée;  mais  leur 
famille  était  originaire  de  Bossy;  or 
comme  ce  village,  à  l'époque  où  elle  le 
quitta,  ne  faisait  point  éticore  partie  du 
royaume  de  France,  et  a  été  réuni,  en 
iSl5,  au  canton  de  Genève,  ia  France 
protestante  ne  nou.*^  semble  avoir  sur 
eux  que  des  droits  très>contestablcs. 
Nous  ne  croyons  donc  point  devoir  leur 
donner  place  dans  notre  ouvrage,  non 
plus  qu'au  savant  professeur  Pierre  Pré- 
vost; qui  florissaità  laQndu  dernier  siè- 
cle, et  qui  était  issu  de  ia  mème/ftmiUej 


PtlE 

m.  Branche  db  La  Rocbk. 


René  Prévost,  sieur  de  La  Roche, 
flls  de  Constantin  Prévost  cl  de  Char- 
lotte Bureau,  prit  part,  selon  la  sénéa- 
iogie  dressée  par  Courcellcs,  à  la  dé- 
fense de  La  Rochelle,  de  Saintes,  do 
Saint-Jean  d'Angély,  et  combattit  à 
Monconlour  et  à  Coutras  dans  les  rangs 
huguenots.  Il  mourut  avant  1 509,  lais- 
sant deux  fils  de  son  mariage,  conclu 
en  1 5G5,  avec  Françoise.  IV^iVr, savoir: 
Théophile,  sieur  de  La  Roche,  dont 
les  descendahts.  Connus  sous  le  nom  de 
marquis  de  L'Etorière,  paraissent  être 
rentrés  d'assez  bonne  heure  dans  le  gi- 
ron de  l'Eglise  romaine,  et  Charles, 
sieur  de  Gagemon  ou  Gagemont,  qui 
se  distingua,  lui  et  ses  descendants,  par 
leuratlachement  au  protestantisme.  En 
1642,  Gagemon  fut  condamné  à  l'amen- 
de, pour  n'avoir  pas  salué  le  Saint  Sa- 
crement? Pareille  condamnation  frap- 
pa, en  1 646,  Voirgarcy  qui  tenait  gar- 
nison à  Metz  ;  en  1 654,  Courtaud,  con- 
trôleur des  taiiles  à  Castres;  en  1 664, 
Saulnier,  de  Poitiers,  et  combien  d'au- 
tres dont  les  noms  ne  sont  pas  arrivés 
Jusqu'à  nous.  Il  parait  pourtant  que  les 
tribunaux  punissaient  dès  lors  moins  sé- 
vèrement l'irrévérence  envers  le  Sacre- 
ment, c'esl-à-direenversJ.-Ch.,  dans  le 
sens  de  la  doctrine  catholique,  que  le 
manque  de  respect  envers  la  Vierge, 
puisque  Judith  Sancière,  de  Metz  fut 
condamnée,  en  1643,  pour  ce  dernier 
crime,  à  la  prison  et  à  l'amende  hono- 
rable, et  qui;  le  parlement  de  Grenoble, 
encore  moins  indulgent,  fil  fouetter  Jus- 
qu'au sang,  en  1 663,  la  femme  Fréchet. 

Charles  Prévpst  épousa,  en  1605, 
Jeanne  de  Liste  y  fllle  de  René  de  L'hle^ 
eleneutrPLouis, qui  suit; — 2°  Anne, 
femme,  en  1648,  de  Pierre  Arnaud ^ 
sieur  de  La  Canlinlère;  —  3°  Louise, 
mariée  à  Benjamin  Pasturault,  sieur 
du  Pinode. 

Né  en  1607,  Louis  Prévost,  sieur  de 
Gagemon,  épousa,  en  1639,  Louise  Du 
Verger,  fllle  d'Abraham  Du  Verger, 
sieur  de  La  Roche  Honroy,  et  de  Mar- 
the dé  L'Ish,  sa  cousine  germaine.  U 


PRE 


—  324 


PRE 


en  eut  deux  fils,  dont  le  cadet  Charles, 
mourut  jeune.  Louis,  Talné,  prit  pour 
femme,  en  1 664,  Mark  L*HuUlier,quï 
montra  beaucoup  de  constance  pendant 
les  persécutions  (Koy.  VU,  p.  87),  ainsi 
queson  mari  (  Voy.  VII,  p.  90).  Ses  trois 
fils  furent  enlevés  et  mischoz  los  Orato- 
rlens  de  Niort;  ses  (lllcs  dans  un  cou- 
vent de  Provins  (Arch,  yén.E.  3573). 
Elles  se  nommaient  Louise,  Marie  et 
Charlotte,  et  leurs  frères,  Louis, 
Crarles-Co>'st4mtin  et  Alexandre. 

IV.  Branche  Du  Plessis. 

André  Prévost  sieur  du  Plessis,  é- 
pousa  en  \rrt\,Rpnée  Auberty  qui  lui 
donnadcux  fils,  et  quelquesanncesplus 
tard,  en  1 578,  Philippp  Prévost,  sieur 
du  Plessis,  conseiller  et  maître  d'hôtel 
ordinaire  du  roi  de  Navarre,  se  maria 
dans  réalise  réformée  de  Loudun  avec 
Jeanne  Lp  Non,  dame  de  La  Marsau- 
dlère  (Arch.  gèn,  Tt.  232).  Le  second 
des  fils  d'André  Prévosi,  nommé  An- 
dré, mourut  sans  postérité,  selon  la 
gén<^alogie  de  cette  famille  publiée  par 
Saint-Allais.  L'alné,  Samuel,  sieur  de 
La  Vau,  du  Plessis  et  de  La  Javellicre, 
était  capitaine  de  cavalerie,  lorsqu'il 
épousa,  en  1597,  EUnabeth  Turpin, 
fille  û' Antoine  Turpin  et  de  Gabrielle 
Des  Nouhes,  qui  lui  apporta  en  dot  la 
terre  de  LaBoutetière(aliàs  Boutelière). 
Decemariagenaquirent,oulre  une  fille, 
SusANNB,  qui  devint  la  femme  de  Ben- 
jamin de  Crossant,  sieur  de  Marti- 
mont,  deux  fils,  qui  reçurent  les  noms 
de  François  et  de  Pierre.  Ce  dernier 
était  seigneur  de  La  Javellière.  Tout 
nous  porte  à  croire  que  Pierre  Prévosl- 
de-La  Javellière,  et  Charles  Prcvost- 
de-La  Simonie,  qui  furent  députés  au 
Svnode  national  de  Loudun,  étaient  ses 
fils.  Leurs  descendants  abjurèrent  à  la 
révocation, mais  des  lèvros  seulement. 
En  16*46,  le  secrétaire  d  Etat  signalait 
encore  à  l'intendant  du  Poitou,  comme 
suspects  de  protestantisme,  La  Javel- 
lière et  son  beau- frère  La  TilUère 
(Arch.  E.  3>82),  et  en  17  25,  La  Si- 
monie y  qui  était  parvenu  à  sortir  du 
royaume^  fut  condamné  comme  relaps 


[Ibid.  E.  3562).  Quant  à  François,  qui 
portait  le  titre  de  seigneur  de  La  Boq- 
letière,  il  épousa,  en  1624,  Bénigne  de 
Jancouri  (ou  Marlhf-,  selon  Sainl-Al- 
lais),  petite-fille  de  DuPlessis-Momay, 
De  ses  nombreux  enfants  un  seul  sur- 
vécut, à  savoir,  F  RA^çolS  (aliàs  Chris- 
tophe), capitaine  de  cavalerie,  qui  prit 
pour  femme,  en  1 669,Elisabf^th  Morin- 
de-Loudon,  fille  de  Henri  Morin-de- 
Loudon  et  de  Susanne  Le  Comle-de- 
Xonant,  qu^il  laissa  veuve  avec  deux 
enfants,  nommés  Christophe  et  Eu- 
SADETH.  A  la  révocation,  elle  abjura, 
et  comme  elle  était,  ou  passait  pour  être 
bien  convertie,  elle  obtint,  avec  ses 
deux  sœurs  Su.fotmp,  marquise  de  Cler- 
monl-Gallerande,  et  Française^  veuve 
^*Arlhus  Lohier-de-CouoainSy  aussi 
bonnes  catholiques  qu'elle,  le  don  delà 
moitié  de  la  terre  de  Sancourt,  qui  a- 
vait  été  mise  sous  le  séquestre  par  suite 
de  rémigration  d'Elisabeth  Le  Comte" 
de-\oriant,  marquise  d'Heucoort  (i4r- 
ch,  Tt.  226). 

On  doit  sans  doute  rattacher  à  cette 
famille  poitevine6'a6n'e/Préi;o5t,  sieur 
de  Charronnières,  u  esprit  et  cœar 
ferré,  homme  digne  des  guerres  civi- 
les, )>  comme  rappelle  d'Aubigné. 

Charbonnières  fil  ses  premières  ar- 
mes au  siège  de  Montaigu,  en  1580. 
En  1 585,  il  s'était  déjà  élevé  au  grade 
de  mestre-de-camp  d'un  régiment  d'in- 
fanterie. Il  contribua,  celte  année  mê- 
me, à  la  prise  de  Tulle  ;  puis,  ayant  re- 
joint le  prince  de  Condé,  il  l'accompa- 
gna dans  son  expédition  contre  Mer- 
cœur.En  1586,  il  défendit  vaillamment, 
mais  sans  succès,  Lusignan  contre  Bi- 
ron,  et  bailli  les  Ligueurs  à  Ternay, 
près  de  Loudun.  En  1587,  il  assista  à 
la  prise  de  Fonlcnay-le-Comte.  Laissé 
par  le  roi  deNa\arrcàLaMotte-Sainl- 
Eloy  avec  son  régiment  et  celui  de  Des 
Borics  (appelé  par  d'Aubigné  Des  Bau- 
rières),  il  y  fulaltaqué  et  complètement 
battu  par  Joyeuse,  qui  dul  sa  victoire 
à  la  trahison  du  capitaine  du  château  : 
après  s'être  engagé  par  serment  à  ne 
commettre  aucun  acte  d'hostilité,  le 
parjure  prêta  ses  canons  au  général  ca- 


FRE 


—  32S  - 


PRE 


Iholiqoepour  rompre  le^  barrières,  qni 
défendaient  l'entrée  du  bourg.  Joyeuse 
traita  les  prisonniers  avec  une  barba- 
rie qui  rrçut  son  châtiment  à  la  bataille 
de  Goutras,  où  Charbonnières  se  dis- 
tingua parmi  les  plus  braves.  Quelques 
semaines  après,  pendant  que  le  roi  de 
l*lavane  s'endormait  dans  les  bras  de 
la  volupté.  Charbonnières  suivit  Tu- 
renne  au  siège  de  Sarlat.  En  1588,  il 
se  signala  à  la  reprise  de  Marans^  et 
remporta  un  avantage  considérable  sur 
un  corps  de  troupes  catholiques  logé 
dans  les  faubourgs  de  Poitiers.  La  mê- 
me année,  il  suivit  le  roi  de  Navarre 
au  siège  de  Beauvoir.  En  1589,  il  prit 
part  à  la  défense  de  Tours  contre 
Mayenne,  et  quelques  jours  plus  tard, 
assisté  ô*Harambure,  il  dégagea  CM- 
tillon,  qui  allait  succomber  sous  le 
nombre  dans  son  combat  contre  Savcu- 
se.  Ce  vaillant  guerrier  trouva  la  mort, 
peu  de  temps  après,  sous  les  murs  de 
Ponloise  En  récompense  de  ses  servi- 
ces, il  avait  été  nommé  gouverneur  de 
Loudun,  en  1 589  ;  mais  il  avait  donné 
sa  démission  dès  l'année  suivante.  11 
ne  laissa,  à  ce  qu'il  semble,  de  sa 
femme,  Elisabeth  de  Pcts-Ffuquières, 
qu'un  fils  qui  fut  conseiller  d'Etat,  ma- 
réchal de  camp  et  ambassadeur  en  An- 
^eterre. 

Il  nous  reste  à  parler  d'un  rameau 
de  la  famille  de  Prévoi-St-Cyr,  qui, 
bien  qu'originaire  de  Blois,  à  ce  qu  af- 
firme Saint-Allais,  avait  probablement 
une  origine  commune  avec  les  Prévost 
da  Poitou. 

Le  quatrième  fils  de  Jean  Prévost, 
sieur  de  Saint-Cyr,  etde  ilfan>J5rac/w»(, 
nommé  Guillaume,  sirur  de  Moulins- 
sur-Charente,  épousa  Françoise  Aube- 
lin,  fille  de  Guillaume  Aubelin,  sieur 
de  La  Rivière,  et  de  Françoise  Brochet, 
Il  en  eut  :  1»  Jean,  sieur  de  Moulins, 
marié  à  Anne  Gmdrault,  et  père  de 
René,  sieur  de  Moulins;  —  2°  Marie, 
femme  de  Pierre  de  Guillon,  sieur  de 
Laage,  bailli  de  Sedan  ;— s^  Susannb, 
seconde  femme  de  René  de  Cumont, 
sieur  de  Fiefbrun. 

Nous  ne  voyons  pas  la  possibilité  de 


faire  entrer  dans  cette  généalogie  Pr^- 
vosi'de-La  Fraignée,  vieux  gentil- 
homme poitevin  signalé  comme  pro- 
testant, en  16G4,  par  Tinlendant  Col- 
bert. 

PREZ  (PiERBB  de),  né  à  Thonon, 
d'une  famille  noble  de  la  Savoie,  doc- 
leur  en  droit  et  avocat  au  siège  de 
Gex,  où  il  s'était  établi  avec  sa  femme 
Simonne  Mestrezat,  fut  député,  en 
1600,  par  la  noblesse  du  bailliage  de 
Gex  au  roi  Henri  |V,  qui  lui  accorda 
plus  tard,  en  \  608,  des  lettres  de  na- 
turallté,  et  le  pourvut  de  la  charge  de 
lieutenant  particulier  au  bailliage  de 
Gex.  Il  fut  père  de  deux  fils,  nommés 
Ferdinand  et  Charles,  et  de  plusieurs 
filles,  dont  Tune,  Péronne,  fut  mariée 
au  ministre  Jacques  Clerc.  Son  second 
fils  étant  retourné  en  Savoie,  nous 
n'avons  plus  à  nous  occuper  de  lui. 
L'alné,  né  à  Thonon,  suivit  la  car- 
rière erclésia'^tique  et  fut  donné  pour 
pasteur  à  l'église  de  Fontainebleau,  en 
1625.  Après  l'avoir  desservie  pendant 
plus  de  trente  ans,  il  la  quitta,  sans 
congé,  pour  accepter  la  vocation  qui 
lui  était  adressée  par  celle  de  Calais, 
faute  pour  laquelle  le  synode  provin- 
cial, tenu  à  Charenton  en  1655,  le 
frappa,  comme  déserteur,  d'une  sus- 
pension de  trois  mois  [Arch.  gén,  TT. 
321).  Il  mourut  en  1658,  laissant  de 
sa  femme  i4  n  ne  Faurmer,  fi  lie  du  sculp- 
teur Gabriel  Fournier  et  de  Margue* 
rite  Barthélémy,  qu'il  avait  épousée 
en  1 624,  trois  enfants  nommés  Louis, 
Jacques  et  Marie.  Cette  dernière  fut 
mariée,  en  1 6  i6,  à  Jean  Chaduc,  sieur 
de  Chancourt.  Les  deux  fils  se  vouè- 
rent au  ministère.  Louis,  né  à  Fontai- 
nebleau, fit  ses  études  à  l'académie  de 
Genève  où  il  fut  immatriculé  en  1646. 
il  fut  ministre  à  Chaltray,  et  eut  trois 
enfants  de  son  mariage  avec  Madelaine 
de  Marelles ,  fille  de  feu  Jacques  de 
MaroUes,  sieur  de  La  Grangctle,  et  de 
Marguerite  Le  Fèvre ,  qu'il  avait  é- 
pousée  en  1656.  L'alné,  Ferdinand- 
Jacques,  était,  en  janv.  1685,  pro- 
fesseur de  4«  à  l'académie  de  Suumur. 
Nous  ne  savons  ce  qu'il  devint  après 


PRI 


-m^ 


Mit 


la  révocation ,  non  plus  qne  ces  frères 
Louis  et  Pierre  Philippe.  Quant  à 
Jacques,  né  aussi  à  Fontainebleau,  il 
étudia  à  Sedan,  où  il  soulint,en  1650^ 
sous  la  présidence  de  Le  Blanc,  une 
thèse  DpDeishnpiinic^U,  et  pn  1651, 
sous  celle  de  Du  Moulin,  la  ir«  partie 
d'une  autre  thèse  l)('  saihfaclionihusy 
jns.  dans  les  Thèses  Sedan.  Uà  pre- 
mière église  qu'il  eut  à  desservir  fut 
celle  de  Guignes.  Il  fui  ensi|ite  appelé 
à  Houcy,  pul$  à  Caj^js  el  enfir^  àSau- 
mur.  On  ignore  la  date  de  s^  piort. 

l^n  |6G0,  régli^p  de  Couches  en 
Bourgogne  avait  {)u^r  pasteur  Philippe 
de  Prez,  qui  fut  appelé,  en  1665, 
comme  ministre  h  Chesne,  el,  Tannée 
suivante,  à  Genève,  où  11  mourut  en 
1678.  Tout  porte  à  croire  qu'il  des- 
cendait delà  même  famille,  mais  sans 
doute  de  la  branche  fondée  dans  le  pays 
de  Gcx  par  Daniel  de  Prcz,  sieur  de 
Crassy  et  de  Séligny,  que  sa  Temme 
Sara  de  La  FUl  hère,  du  Pays  de  Vaud, 
rendit  père  de  trois  fils,  Jâcqi:es,  Gas- 
pard ,  Daniel  ,  et  de  plusieurs  Illles. 

PRIEUR  (BARTHÊLEaiY),un  des  maî- 
tres les  plus  estimables  de  notre  école 
de  sculpture,  premier  sculpteur  du 
roi  (l),  norissait  à  Paris  dans  la  se- 
conde moitié  du  xvr  siècle  et  fut  en- 
terré au  cimetière  des  SS.  Pères  ^  le 
24  ocl.  1011. 

On  pe  sait  absolun^ent  rien  sur  sa 
vie.  On  suppose  qu'il  fut  élève  de  Ger- 
main Pilon  et  qu'il  alla  compléter  ses 
études  à  Rome.  Mais  ce  ne  sont  là 
que  des  supposition^  d'amateurs.  Sau- 
vai commet  une  erreur  lorsqu'il  pré- 
tend que  le  connétable  de  Montmo- 
rency sauva  Prieur  du  massacre  de  la 

(i)  Sans  doole  de  Henri  IV.  Ce  lilre  lui  est 
donné  sur  le  RegiMre  où  est  consiaïc  son  décès. 
Plusieurs  autres  prote>tants,  du  nom  de  Prieur, 
sont  mentionnés  dans  les  Rcgisircs  do  Charenion, 
tels  sont  :  iMuit  Pri  ur,  Uls  de  Théodore  i*rieur 
et  de  Marie  GouU  ux,  hapt.  le  II  fcv.  1619: 
parrain,  Paul  Prieur  y  lapidaire;  —  Madelaine 
Prieur  y  épouse  du  sculpteur  du  roi  Dupré^  et 
mère  de  Paul,  bapt.  en  mai  1612;  —  Rachel 
Prieur  y  femme  de  Pierre  Vi^t,  marchand  à  Blois, 
et  mère  de  Pierre  Vi>f,qui  épousa,  le  6  féT.  1670, 
Etthtr  Béraud,  fllle  d'Abel  Béraud,  graveur  à 
Blolf. 


St-Barthélemy.  C'eût  été  pue  aetiw 
d^aulant  plus  méritoire  dans  la  vie  du 
connétable,  qu'elle  eût  contrasté  da- 
vantage avec  tout  son  passé.  Mais  celte 
belle  action  ne  saurait  lui  apps^rtenir, 
il  était  mort  depuis  plusieurs  années. 
Peut-être  en  ()uif-on  reporter  Tbon^iear 
à  son  fils,  le  n^arécbal,  qui  n'avait  pas 
bérité  (|e  la  sauvage  brulalité  de  sqii 
père.  A  cette  époque.  Prieur  travaillait 
encore  au  monument  funéraire  du  con- 
nétable (1).  M.  Epierip  David  regarde 
ce  monum.en^  comme  l^  ipei||ei}r  d^s 
ouvrages  de  notre  artiste,  de  cçox  m 
moins,  en  très-petit  nomi)re,  qui  spi^t 
conpiis.  Le  cppnétat)le,  en  costume  i» 
guerre,  et  sa  femme,  îfadelaine  de  Sa- 
voie, dansui)  babiliemeni  très-s^uslêrè, 
sont  représentés  couchés  y  les  mains 
jointes,  dans  rattilude  de  la  prière. 
«  Ces  statues ,  dit  Alexandre  Lenoir, 
exécutées  en  marbre  blapc^  sppt  d'one 
correction  papfaite  et  d'une  ^elle  exé- 
cution. On  voyait,  avant  la  Révolution, 
les  figures  en  bronze  du  cbfinétable  ^t 
de  sa  femme  représentées  à  genooi 
devant  un  prie-dieu,  que  l'on  avait 
placées  au-dessus  de  Tentablement; 
elles  ont  été  enlevées  en  1794  pour 
être  fondues.  »  On  doit  également  à 
Prieur  les  trois  sti^tues  en  bronze,  la 
Justice,  la  Paix  el  l'Abondance,  asaet 
bien  drapées,  mais  dans  un  {goût  ma- 
niéré, qui  servaient  à  la  décoration^ 
monument,  et  qu'Alexandre  Lenoir  é- 
tait  aussi  parvenu  à  sauver  de  la  furenr 
de  nos  Vandales  modernes.  Ces  dijÔTé- 
renles  statues  se  voient  actuellemei^ 
au  Louvre,  Mu>ée  de  la  renaissance, 
ainsi,  que  la  magnifique  Colonne  toru 
du  même  artiste  (9  pieds  de  haut  sur 
15  pouces  de  diamètre),  qui  était  des- 
tinée à  supporter  l'urne  contenant  le 
cœur  du  connétable  (3).  Cette  colonne 

(1)  Si  l'on  devait  en  croire  M.  de  Glarac,  Prieir 
aurait  été  employé,  des  1515,  à  la  décoration  4a 
cbâle^iu  d  Erouen  avec,  Jean  Goujon  et  Jean  Bal- 
lant. Mais  il  est  diflBcile  d'ndmettre  ee  fait  Bwk 
seule  autorité  de  Sauvai.  En  15i{^,  Pricor  mtiih 
tait  c'ire  qu'un  adolescent. 

(2)  Saurai  lui  donne  cette  destination.  Yoifl 
ses  propres  paroles  :  i  La  colonne  torse  qui  poHs 
sur  son  chapiteau  le  cœur  du  connétable  ÂniB 
4e  Montnoranci,  est  de  Tordonnance  de  Jeeii  Bnl- 


PRI 


—  317  - 


PRI 


en  marbre  composé ,  blanc  et  rouge, 
oméede  lauriersel  de  feuilles  de  vigne, 
«  semble  un  peu  courte ,  dit  Sauvai, 
ai^x  yeux  de  quelques  critiques,  mais 
dans  son  ordonnance ,  aux  yeux  des 
jconnoisseurs, [elle est]! rès'juste et  très- 
accomplie.  C'est  un  morceau  des  plus 
beaux  de  Paris  en  son  espèce.  Cette 
inanièrc  de  mausolée  est  sj  bien  pen- 
sée qu'il  ne  se  peut  mieux.  Les  orne- 
mens  en  sont  bien  travaillés,  fort  doux 
e(  se  détachent  bien.  »  Ce  monument 
avait  été  érigé  dans  TégliscdesCéles- 
lins  de  Paris,  ou  se  trouvait,  en  outre, 
au  rapport  du  même  Sauvai  (i),  «  une 
Colonne  Salomonique y  c'est-à-dire  ^ 
l'imitation  de  celle  du  temple  de  Salo- 
mon,  »  due  également  ap  ciseau  de 
notre  artiste  et  consacrée  à  la  mémoire 
duconnélat)le.Ën  1582,Jacq.-Aug.  de 
Tbou  confia  à  Prieur  l'exécution  du 
monument  qu'il  fit  élever  à  son  père, 
le  premier  président,  dans  l'église  de 
Sl-André-dcs-Arcs.  Cet  ouvrage  «  où, 
selon  de  Tbou ,  la  beauté  du  travail 
renouvelle  le  souvenir  d'un  bon  ci- 
toyen et  d'un  excellent  ouvrier,»  l'oc- 
cupa deux  ans  entiers.  A  ce  monu- 
inent  appartenaient  sans  doute  les  deux 
i)elles  statues  en  bronze  qui  sont  dé- 
signées, dans  le  Musée  de  la  Renais- 
sance, comme  ayant  fait  partie  d'un 
tombeau,  de  Prieur,  dans  l'église  de 
St-André-des-Arcs.  Si  nous  osions, 
3oas  toute  réserve,  émettre  notre  pro- 
pre sentiment,  nous  dirions  que  ces 
.deux  morceaux  sont  ce  que  l'on  pos- 
sède de  mieux  de  notre  artiste.  Sauvai 
et  Piganiol  de  la  Force  attribuent  aussi 
à  Prieur  te  monument  que  le  célèbre 
bistorien  consacra  plus  tard,  dans  la 
même  chapelle  de  famillo,àsa  première 
femme,  Marte  de  Barbançon-de-Cany, 
morte  le  6  nov.  l6oi,  àl  Âgedeôians. 
Jlais  il  nous  semble  que  Landon  (An- 

lUnt  et  de  la  façon  de  Barlliclemi.  •  Mais  nous  fe- 
rons remarquer  qu'une  insiTÎplion  en  irerg,  gra- 
dée sur  le  soi'ie,  en  marbre  noir,  commence  par 
Mt  mois  :  Cy-dessduz  gisl  un  cœur  plein  de  tail- 
lance,  clc;  ce  qui  semble  le  conlredire. 

(t)  Cet  èi!ri>ain  est  i'i  obscur  dans  sa  phrase, 
qae  «oas  n'oserions  affirmer  que  ces  deux  colonnes 
n'en  tenà  pas,  en  réalité,  une  seale  et  même,  di- 
wentmtU  décrite. 


nale8dnM08ée,T.  XVl)  commet  une  er- 
reur lorsqu'il  prétend  que  cette  statue 
de  Prieur  faisait  partie  du  tombeau  de 
rhIstoriendeThou,  mort  en  161 7.  No- 
tre artiste  l'avait  précédé,  depuis  plu- 
sieurs années,  dans  la  tombe.  Dans  ce 
cas,  il  faudrait  la  restituer  à  FrançoisAn- 
guier.  l'aute^ir  de  ce  monument.  Cette 
statue,  dont  Lapdon  donne  le  trait ,  avait 
été  recueillie  dans  le  Musée  des  monu- 
ments français;  elle  se  trouve  aujour- 
d'hui au  Musée  de  Versailles.  On  ne 
nous  apprend  pas  ou  se  conserva  ac- 
tuellement 0  la  colonne  torse,  en  mar- 
bre campan-isabelle,  d'ordre  compo- 
site, qrncQ  de  feuilles  de  lierre,  de  pal- 
mes et  de  chilTres  enlacés,  représentant 
4ans  leur  milieu  une  //,  haute  de  8 
pieds,  exécutée  par  Barthélémy  Prieur 
dans  un  seul  bloc,  et  érigée  à  Hen- 
ri 111  par  Charles  Benolsc,  son  secré- 
taire particulier,  qui  l'avait  fait  éiever 
dans  l'église  paroissiale  de  St-Cloud, 
oii  l'on  avait  déposé  le  cœur  de  ce 
prince.  Le  vase  qui  contenait  ce  cœur, 
ajoute  Lenoir,  a  été  détruit  entière- 
ment; je  l'ai  remplacé  par  un  génie, 
en  marbre  blanc,  qui  brûle  un  poi- 
gnard avec  son  hambeau  qu'il  tient 
renversé.  Cette  figure,  ajustée  pour  ce 
monument ,  est  aussi  de  la  main  de 
Prieur.  »  Ce  monument  «  d'un  travail 
soignt'*,  et  dont  Texécution  présente  de 
grandes  diilîcultés  vaincues,  »  aurait- 
il  été  replacé  dansTéglise  deSt-Cloud? 
On  cite  encore  de  notre  artiste  la  sta- 
tue, en  marbre,  de  Claude-Catherine 
de  Clermont-Tonnerre  (l),  et  celle  de 
son  époux  le  maréchal  de  Retz,  Albert 
de  Gondy,  tous  deux  représentes  à  ge- 
noux, dans  l'attitude  de  la  prière  (Mu- 
sée histor.  de  Versailles,  reproduites 
l'une  et  l'autre  dans  le  magnifique 
recueil  de  M.  Gavard).  Enfin,  Nagler 
mentionne  comme  se  trouvant  au  Mu- 
sée du  Louvre  deux  beaux  bustes  de 
Prieur,  Henri  111  et  Henri  IV.  Mais  ce 
dernierseul,  en  albâtre  calcaire,  se  voit 
actuellement  au  Musée  de  la  Renals- 

(i)  LeDoir  arait  orné  ce  monumenlde  pluslears 
génies  de  notre  artiste.  Nous  ignoions  ce  qu'Ut 
noDl  defenof . 


PRI 


—  328  — 


PRI 


sance.  Ceini  qai  représente  Henri  III 
est  attribué  à  Germain  Pilon.  Au  juge- 
ment du  biographe  allemand,  le  pre- 
mier de  ces  bustes  est  a  d'une  grande 
vérité  el  d'un  travail  achevé  »  ;  quant 
au  second,  il  a  moins  de  >alour,  «l'ex- 
pression, selon  lui,  n'en  est  pas  agréa- 
ble, mais  il  est  plein  de  vie,  et  Texé- 
cution  en  est  très-soignée.  »  Sur  ce 
point,  nous  dilTérerions  de  sentiment. 
Nous  n'avons  pas  vu  de  portrait  de 
Henri  IV  ^  dont  l'expression  rende 
mieux  la  maligne  bonhomie  du  vert  ga- 
lant. Prieur,  quoique  protestant,  était, 
dit-on,  Sun  sculpteur  de  prédilection. 
Il  est  très-probable  qu'il  Tut  employé, 
sous  ce  prince  et  sous  son  prédéces- 
seur, à  la  décoration  du  Louvre.  Ou- 
tre une  statue  de  Vénus  «  qui  mérite, 
l'admiration  de  tout  le  monde  p  et 
qui  se  voyait  dans  «  la  salle  des  Anti- 
ques au  Louvre,  peinte  par  ^anf/»(l). 
Sauvai  lui  attribue  les  Renommées  pla- 
cées aux  deux  côtés  de  l'arcade  de  la 
fameuse  fenêtre  à  balcon  d'où  l'on  sup- 
pose que  Charles  IX  tira  sur  les  Hugue- 
nots à  la  Sl-Barthéicmy  (2).  M.  de  Cla- 
rac  serait  disposé  à  lui  en  attribuer  da- 
vantage. H  lui  restituerait  volontiers 
aies  groupes  de  petits  génies  marins 
qui  se  jouent  avec  des  animaux  fantas- 
tiques »,  sur  la  façade  qui  regarde  la 
Seine,  parce  que,  selon  lui,  Prieur 
«  réussissait  dans  ce  genre  de  sculp- 
ture, qu'il  emplo>a  à  Ecouen.  ^  Cette 

(1)  Cet  artiste  fut  enterré  au  cimclière  protes- 
tant des  SS.  Pères,  1^^  15  oct.  1614 

(3)  Cette  atrocité,  rapportée  par  Brantôme,  « 
soulevé  récemment  une  vive  polémique.  Les  par- 
tisans des  rigueurt  salutaires,  plats  valets  da 
bourreau  de  la  St-Bartbelemy,  ont  prétendu  que 
ce  pa>illon  du  Louvre  n'existait  p.<s  encore  en 
1572  ;  maisc  est  probablement  une  erreur,  comme 
M.  Aup.  Bernard  nous  semble  l'avoir  démontré 
(Bulletin  de  la  Soc.  de  Tbist.  du  protestantisme, 
T.  V,  p.  336  etsuiv).  Du  res>te,  ce  pavillon  n'au- 
rait pas  existé,  que  le  fait  n'en  demeurerait  pas 
moins  acquis  à  l'histoire;  cela  prouverait  seule- 
ment que  Mirabeau  s'est  trompe,  ou  plu>ôt  a  bien 
voulu  se  tromper,  en  prenant  la  fenêtre  du  pavil- 
lon </»«  l'on  apercevait  pour  la  fe<iètre  de  la  cham- 
bre à  coucher  de  Charles  IX,  711^  l'on  n'aperce" 
vail  pa»,  masquée  qu'elle  est  actuellement  par  les 
bâtiments  de  Perrault.  Observons  d'ailleurs  que  de 
U  part  du  grand  orateur  ce  n'était  qu'une  figure 
de  rhétorique,  car  de  la  tribune  d'où  il  parlait,  il 
ne  devait  apercovoirque  les  fenêtres  des  Tuileries. 


raison,  on  en  conviendra,  est  bienfai* 
ble.  Quant  aux  bas-reliefs  du  jardin 
de  l'Infante,  le  savant  critique  n'hésite 
pas  à  lui  en  faire  honneur,  en  recon- 
naissant toutefois  qu'il  doit  les  avoir 
exécutés  alors  quel'àge  avait  déjà  appe- 
santi sa  main.  Mais  ce  n'est  là  qu'une 
supposition,  et  l'on  a  beau  être  un  ha- 
bileconnaisseur,quand  on  marche  dans 
les  ténèbres,  on  court  le  risque  de  s'éga- 
rer. Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  conjec* 
ture,  voici  le  jugement  que  M.  de  Cla- 
rac  porte  sur  ces  sculptures  :  a  On  peat 
trouver,  dit-il,  qu'en  général  les  Re- 
nommées de  Prieur,  dans  les  deux  fa- 
çades, sont  un  peu  lourdes,  el  qu'il  n'a 
pas  toujours  su  se  tirer  avec  adresse 
de  la  difficulté  que  lui  opposaient  ta  pe- 
tilesse  et  la  forme  de  l'espace  qu'il 
avait  à  remplir  dans  le  cintre  des  ar- 
cades. La  disposition  des  jambes  man- 
que de  grâce,  et  les  têtes,  trop  ron- 
des, sont  aussi  trop  fortes.  —  Les  gé- 
nies de  i  Astronomie  y  de  l*  Agriculture, 
de  la  Musique  et  de  l'Architecture 
[dans  le  cintre  de  trois  des  arca- 
des], sont  beaucoup  mieux  :  les  grou- 
pes d'enfants,  [sur  la  façade  du  sud], 
bien  dessinés,  et  qui,  sans  dureté  et 
sans  exagération^  annoncent  de  la  vi- 
gueur et  de  la  vie,soijl  composés  avec 
intelligence  el  avec  variété;  on  peut 
même  les  citer  comme  des  modèles  en 
ce  genre»  (l).  Barthélémy  Prieur  est 
le  principal  représentant  de  notre  Ecole 
de  sculpture  à  la  fln  du  xvi*  siècle. 
«  Quant  à  son  st^lc,  dit  M.  Emeric  Da- 
vid (Essai  hist.  hur  ta  sculpture  fran- 
çaise), il  s'en  faut  bien  que  ce  maître 
ait  conservé  la   ermelé  el  l'esprit  de 
Germain  Pilon.  L'Ecole  gouvernée  par 
Primatice  dégénéra  sous  son  ciseau. 
—  Avec  lui  s'éteint  la  lignée  qui  prit 
pour  règle  le  goût  particulier  de  ce  di- 
recteur général  des  bâtiments  du  Roi.» 
PRIMEROSE  (Gilbert),  Ecossais 
d'origine,  sortit  de  sa  patrie, on  ignore 
pour  quel  motif,  el  vint  s'établir  en 
France,  où  nous  le  trouvons  dès  1601, 

(1)  Sauvai  aUribne  ces  groupes  d'enfants,  oo- 
Tragede  haut-relief, àPierre  el  à  François  L'fle«- 
reux. 


PRI 


—  329  — 


PRI 


dessenrantrégHsedeMIrambeao.  Cette 
même  année,  celle  de  Bordeaux  le  de- 
manda pour  pasteur;  mais  le  Synode 
national  de  Gergeau ,  ne  trouvant  pas 
sa  requête  raisonnable,  ne  voulut  point 
l^accueillir.  Le  Synode  deGap,en  1 603, 
en  jugea  autrement.  Primerose  rem- 
plissait donc  depuis  environ  quatre 
années  les  fonctions  de  son  ministère 
à  Bordeaux ,  lorsque  Tégiise  d'Edim- 
bourg le  rappela;  mais  le  Synode  na- 
tional de  La  Rochelle  l'invita,  de  la 
manière  la  plus  pressante,  k  ne  pas  a- 
bandonner  son  église ,  «  dans  laquelle 
son  ministère  et  sa  vie  édifiante  ap- 
portoient  beaucoup  de  fruit,  »  et  il 
consentit  à  rester  en  France.  En  i  6 1 5, 
la  province  de  la  Basse-Gulenne  le  dé- 
puta à  r Assemblée  politique  de  Gre- 
noble. En  1621,  le  gouvernement  de 
Louis  XIII  le  bannit  de  Bordeaux,  et,  en 
1623,  malgré  les  instances  du  Synode 
national  de  Gbarenton,  il  l'expulsa  du 
royaume. 

Primerose  se  retira  à  Londres  et  fut 
choisi,  peu  de  temps  après  son  arri- 
vée, pour  remplacer  /.-if.  de  Langle 
dans  la  chaire  de  l'église  française.  11  de- 
vint chapelain  du  rol,chanoine  de  Wind- 
sor et  évèqne  d'Ely.  Il  portait  aussi  le 
litre  de  docteur  en  théologie.  11  avait  été 
marié  trois  fois.  On  ne  sait  pas  le  nom 
de  sa  première  femme.  En  1 636,  il  é- 
poosa  en  secondes  noces  la  veuve  d'Au- 
rélius,  et  en  \  640,  il  se  remaria  avec 
Louise  de  Lobel.  A  sa  mort,  arrivée  en 
1642,  il  était  père  de  quatre  fils,  nom- 
més DÀVID,jACQUES,ETIBimEetJEÀN. 

Ces  deux  derniers  ne  se  sont  fait  con- 
naître que  par  leurs  vices.  On  raconte 
qu'Etienne,  nommément,  prenait  à 
tAche  de  contrarier  son  père,  sous 
prétexte  que  le  Christ  est  venu  pour 
Jeter  la  discorde  dans  les  familles.  Jean 
ne  valait  guère  mieux  que  son  frère; 
il  vivait  encore  en  1671  et  habitaitPa- 
ris.Les  deux  aînés,  au  contraire,  ont  été 
des  hommes  remarquables,  Tun  comme 
théologien,  l'autre  comme  médecin; 
mais  avant  de  raconter  ce  que  l'on 
sait  de  leur  vie,  nous  devons  donner 
la  liste  des  ouvrages  de  leur  père.  La 

T.  VIII. 


TOici;  nous  n'aflSrmerons  pas  qu'elle 
soit  complète. 

I.  Levœude  Jacob  opposé  aux  txBux 
des  motne^,  Bergerac,  1610, 4  vol.  in- 
8*;  trad.  enangl.,  Londres,  1617. 

II.  Réponse  aux  questions  de  /. 
Gonteri ,  jésuite,  Berg.,  1614,  in-8*. 

m.  Défense  de  la  religion  réformée 
contre  F.  Bhuin,  Berg.,  1618,  in-12. 

IV.  La  trompette  de  Sion  ou  la  Ré- 
préhension  des  péchés  avec  exhorter 
tion  à  repentance,  prières  et  bonnes 
CBuvreSy  Berg.,  Gilbert  Vemoy,  1620^ 
in-8o;  trad.  en  latin,  Dantis.,  1631^ 
in-8« — Recueil  de  dix-huit  sermons. 

V.  Panégyrique  du  prince  Charles 
de  Galles,  Paris,  1624,  in-S». 

VI  Nine  sermons  on  Ps,  -XXÏTF, 
19^  Lond.,  1625,  in-40. 

VII.  Two  sermons  on  Malt.  K,  4  and 
on  Luke  VI,  21,  Lond.,  1625,  in-8*. 

I.  Né  à  Saint-Jean-d'Angély,  pro- 
bablement en  160!  ou  1602,  David 
Primerose  alla  faire  ses  études  en  théo- 
logie à  Genève,  où  il  fut  immatriculé 
en  1620.  Il  parait  qu'il  visita  aussi 
les  universités  de  Bàle  et  d'Oxford.  A 
son  retour  en  France ,  il  fut  nommé 
pasteur  de  Téglise  de  Rouen,  qu'il  ne 
quitta  qu'en  1642,  pour  aller  rempla* 
cer  son  père  dans  l'église  française  de 
Londres.  Nous  n'avons  pu  découvrir 
la  date  précise  de  sa  mort ,  mais  00 
peut  inférer  du  millésime  de  ses  der- 
niers ouvrages  qu'il  vivait  encore  en 
1674.  Il  avait  épousé,  en  1666,  dans 
réglise  française  de  Londres,  Sara 
HaUiart,  veuve  de  son  collègue  Zoo- 
ques  Felles.  11  avait  eu,  sans  douta 
d'un  premier  mariage,  un  fils  nommé 
Jacques,  qui  mourut  à  Paris,  en  1 671, 
et  fut  enterré,  le  6  mai,  dans  le  cime- 
tière des  SS.  Pères  (Etat  civil  de  Pa-' 
ris.  SS.  Pères,  N»  91).  On  a  de  David 
Primerose  ; 

I.  Thèses  LXde  peccato  in  génère 
etspecie,  Gen.,  1620. 

II.  Thèses  XLll  de  necesaitate  jo- 
tisfactionisChristipro  peccato,  1620. 

III.  Thèses  CC  de  proedestinationep 
libero  arbitrio,€fficcicidgraUœ,  Basil-i 
1621. 

91 


PRI 


—  380  — 


PRI 


IV.  De  amplitudine  morUs,  Basil., 

1621. 

V.  Traité  du  sabbat  et  du  jour  du 
Seigneur,  trad.  en  angl.  par  son  père, 
Lond»,  1636,  in-40,  et  en  latin,  Lugd. 
Bat.,  1659. 

VI.  Sermon  prononcé  à  Venterrc'» 
ment  de  feu  M.  Michely^  Lond.,  1674, 
in-8«. 

VII.  Sermons,  Gcn.,  1675,  in-8». 
II.  Né  à  Saint-Jean-d'Angély,  selon 

Êloy,  à  Bordeaux,  selon  Guy  Patin  que 
nous  croyons  mieux  informé,  Jacques 
Primerose  fit  ses  premières  études  à 
Bordeaux,  où  il  prit  le  grade  de  mat- 
tre-ès-arts.  11  vint  ensuite  à  Paris  où 
il  vécut  d'une  pension  que  lui  faisait 
le  roi  Jacques ,  et  il  y  commença  un 
cours  de  médecine  qu'il  alla  achever  à 
Montpellier.  C'est  dans  celle  dernière 
ville  qu'il  prit  le  bonnet  de  docteur  en 
161 7,  dit-on;  nous  lirions  plutôt  1627. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ses  études  termi* 
nées,  il  revint  à  Paris,  où  il  exerça  la 
médecine  avec  succès  pendant  quelque 
temps,  puis  il  passa  en  Angleterre,  et 
«e  fit  agréger  à  l'université  d'Oxford. 
Il  alla  ensuite  s'établir  à  Bull,  où  il 
continua  à  pratiquer  son  art  avec  beao- 
eonp  de  réputation.  En  1 640,  il  épousa 
ijouise  de  Haumont  dans  l'église  fran- 
çaise de  Londres,  et  mourut  en  1 660. 
«Ses  écrits,  presque  tous  polémiques 
et  dirigés  contre  Harvey  etPlemp,  at- 
testent plutôt  son  opiniâtreté  que  son 
discernement,  ou  même  que  sa  bonne 
féi.  Il  se  refusa  opiniâtrement  à  ad- 
mettre la  doctrine  de  la  circulation^ 
opposant  les  raisonnements  les  plus 
captieux  aux  observations  et  niant 
jusqu'à  la  réalité  des  faits.  D'ailleurs 
il  tomba  fréquemment  en  contradiction 
avec  lui-même.  »  Ce  jugement  de  la 
Biographie  médicale  est  sévère.  Est-il 
juste  de  ne  tenir  aucun  compte  des  ou- 
vrages qui  ont  précisément  fondé  sa 
réputation?  Primerose  fut  certaine- 
ment un  médecin  instruit  et  un  bon 
observateur  ;  nous  en  avons  pourgarant 
Guy  Patin  qui  s'exprime  ainsi  en  par- 
lant de  son  traité  De  vulyi  erroribus  : 
«  11  y  a  là  dedans  de  fort  bonnes  choses 


et  bien  curieuses  et  fort  peu  de  man» 
valses,  sinon  qu'il  est  trop  hardi  dans 
l'usage  ou  plutôt  dans  l'abus  des  n> 
mèdes  chymiqucs.  »  Son  traité  des 
maladies  des  femmes  n'est-il  pas  aussi 
un  ouvrage  fort  remarquable,  qui  a  été 
longtemps  estimé?  Quant  au  tort  qu'il 
eut  do  nier  la  circulation  du  sang  tout 
récemment  découverte,  ce  tort  est  in- 
contestable, mais  on  peut  faire  valoir 
en  sa  faveur  qu'il  proposa  contre  cette 
doctrioe  des  objections  qui,  au  juge- 
ment de  Sprengel,  a  méritaient  d'éire 
prises  en  considération.  »  Voici  la  liste 
de  ses  ouvrages,  qui  ont  eu  presque 
tous  plusieurs  éditions. 

I.  Academia  Monspeliensis  et  km" 
rus  Monspeliaca,  Lond.,  1 630,  in-4*; 
Oxon.,  1651,  in-40,  sous  ce  titre  :i4« 
cademia  Monspeliensis  descripta, 

II.  Exercitationes  et  animadversiO" 
nés  in  G.  Harvœi  librum  de  motu  cm* 
dis  et  circulatione  sanguinis,  Lond., 
1630,  in-4»,-Lugd. Bat.,  1639,  inl». 

m.  Lib,  IV  de  vulgi  erroribiu  in 
medidnd,  Amst.,  1 630,  in-1 2;  Lond., 
1 638,  in-8<>;  Amst., 1 639,  in-1 2;  nouv. 
édit.  augm..  Roter.,  1 658,  in-1 2;  trad. 
enangl.,  Lond.,  1651,  ln-8«;en  franc., 
Lyon,  1689,  in-80. 

IV.  Animadversiones  in  Joannii 
Walcei  Disputationem  quam  pro  «f- 
culatione  sanguinis  proposuit.Addiia 
est  de  usu  lienis  sententia ,  Amst., 
1639;  1641,  in-4o;Lugd.  Bat.,  1656, 
in-4«'. 

V.  Animadversiones  in  thèses  quas 
pro  circulatione  sanguinis  in  Acad. 
UUrajectensi  Henricus  Le  Hoy  propo- 
suit,  Lugd.  Bat.,  1640;  1647;  1656, 
in-4». 

VI.  The  antimonial  cup  twice  east, 
transL  by  R.  Wittie,  Lond.,  1640, 
in-1 2. — Les  bibliographes  n'indiquent 
pas  l'ouvrage  original. 

VII.  De  ayyrt^s,  Brunsv.,  1 643, 4». 

VIII.  Antidotum  adv,  Henrici  RegU 
venetam  spongiam,  Le\ûîB,  1644,4*. 

IX.  Enchiridion  medico-praeticum 
compleciens  omnium  morborum  eau» 
sas,  signa  etcurationem,  Amst.,  1 650, 
In-lS;  Lugd.,  1654,  in- 12. 


PKI 


—  331  — 


PRI 


X.  Pharmaceutica  methodus  bre- 
vissima,  Amst.,  1651^  iD-16;  1652, 
in  16. 

XI.  De  mulierum  morbis  et  symp- 
tamatis  libri  K,  Roler.,  1655,  In-i». 

XII.  Deslructio  fundamentorumme- 
dkinœ  VopisciFortunati  Plempii,  Ro- 
ter., 1657,  in-i»,  avec  flgg. 

XIII.  De  ftbribm  lib,  IV,  Roter., 
1658,  in-40. 

XIV.  Detnorbis  ptterorumpartesll. 
Roter.,  1659,  in-t2. 

PRIOLEAU  (N.),  paslear  à  Ton- 
nay-Boulonne  en  1603,  ayant  écrit 
«n  Commentaire  sur  le  canon  de  la 
messe,  le  soumit,  conformément  à  la 
Discipline,  à  la  censure  da  synode  de 
la  Sainlonge,  qui  en  ordonna  la  sup- 
pression. Sur  son  appel ,  le  Synode 
national  de  Privas,  attendu  que  son 
livre  contenait  sur  l'invocation  des 
Saints,  la  juslificalion,  la  prédestina- 
tion et  autres  points  fondamentaux, 
des  façons  de  parler  non-seulement 
obscures,  mais  pleines  de  soupçons 
d'erreur,  confirma  la  sentence^  et  in- 
Tita  les  pasteurs  de  la  Saintonge  à 
veiller  de  près  sur  les  prédications  de 
lenr  collègue.  Prioleau  poursuivit  de- 
vant le  Synode  de  Tonneins  la  cassa- 
tion de  cet  arrêt;  mais,  sur  le  rap- 
port de  Basnage  et  de  Bouchereau,  le 
synode  maintint  la  suppression  du  li- 
vre, en  reconnaissant  toutefois  l'or- 
tbodoxie  de  Tauteur. 

Êlizée  Prioleau,  sieur  de  La  Vibn- 
HiaiB,  qui  desservit  pendant  de  lon- 
gues années  Téglise  de  Jonzac,  était, 
•elon  toute  apparence,  le  fils  du  pas- 
leur  de  Tonnay-Boulonne.  Nous  ne 
connaissons  d'ailleurs  aucune  particu- 
larité de  sa  vie.  Son  fils  Samuel  se 
eonsacra  aussi  au  service  de  TEglise. 
En  1650,  il  succéda  à  Jean  Constans, 
eomme  ministre  de  Pons.  Six  ans  plus 
lard,  il  fut  donné  à  Téglise  de  La  Ro- 
clielle,  et  le  Synode  national  de  Lou- 
dnn  confirma  sa  translation.  Prioleau 
cependant  retourna  à  Pons  ;  c^est  dans 
cette  ville  qu'il  remplissait  ses  fonc- 
tions, lorsqu'il  fut  appelé  à  présider 
le  colloque  de  la  Saintouge,  qui  s'as- 


sembla à  Baigne,  le  5  mars  1671.  Y 
assistèrent  :  Saintes,  Pierre  Binaud, 
min.;  Pons,  Samtul  Prioleau  et  Pierre 
Paure  ;  Arcbiac,  Jacques  Fontaine  et 
Pierre  Dupuy ;Ldi  Koche, Pierre Franr 
çùis^  avocat  au  parlement,  et  i46raham 
Barthammé,  procureur;  Bois,  Moïse 
de  La  Porte ,  min.  ;  Jonzac ,  Pierre 
Bonniot  et  Isaac  Maignac  ;  Garrean, 
Pierre  deGeac,  min.;  Montendre,r/i^o- 
dore  Barin,  min.;  Sâint-Fort,  Isaac 
Chevalier,  min.;  Barbezieux,  Isaac 
Maignac  avec  ïsaac  Loquet  et  Jean 
Goy,ainc.;Cha\à{s,MichelBellot,min,; 
Ozillac,  Jean  Du  Prey-de-Favancourt, 
min.  ;  Monguyon,  Samuel  Lagarie  et 
Jean  Piet,  greflaer;  Mirambeau,i4n(/r^ 
de  Belleville,  sieur  de  Saint-Palais; 
Montlieu,  Jacques  Fauchereau,  sieur 
de  Vouttlac,  min.;  Gemozac,  Jean  Ja- 
^au/f,  sieur  de  Longcbamp,  min.;Mon- 
tausler  et  Baigne,  haac  Thibaud  avec 
Charles  Sponenc  et  David  Germain, 
anc.  (Àrch,  gén.  Tt.  528).  En  1674, 
Prioleau  assista  au  synode  provincial 
qui  se  tint  à  Marennes,  et  fut  élu  avec 
Èlie  Merlat,  ministre  de  Saintes,  A- 
loin  Du  Breuil,  sieur  de  Fonreaux, 
ancien  de  Bois ,  et  Elie  Bouhereau , 
docteur  en  médecine,  ancien  de  La  Ro- 
chelle, pour  assister  an  futur  synode 
national.  Cette  élection  prouve  qu'il 
Jonissait  d'une  certaine  considération 
dans  le  parti,  et  son  église  était  d'ail- 
leurs trop  considérable,  pour  que  les 
adversaires  de  la  religion  réformée, 
au  nombre  desquels  se  faisait  remar- 
quer la  fameuse  comtesse  de  Marsan, 
Marie  d'Albret,  dame  suzeraine  du 
lieu,  ne  cherchassent  pas  à  lui  nuire. 
En  1678,  il  fut  décrété  de  prise  de 
corps,  sur  la  dénonciation  du  gardien 
des  Récollets,  qui  l'accusa  d'avoir  dit 
dans  un  de  ses  sermons  que  l'Eglise 
romaine  adore  le  pape  d'un  culte  de 
latrie,  qui  n'appartient  qu'à  Dieu  (/- 
hid,  Tt.  285).  Ce  fut  en  vainque  le  dé- 
puté-général Buvigny  essaya  d'arrêter 
les  poursuites.  L'église  de  Pons,  qui 
aimait  son  pasteur,  résolut  de  ne  rien 
négliger  pour  le  tirer  de  ce  mauvais 
pas.  André  de  La  Cour,  sienr  de  Per- 


PRl 


—  332  — 


PRl 


nan^  MaitMeu  CoUineaUy  avocat  et 
Juge  ordinal re^  François  Arbouiny  pro - 
cureur  fiscal,  Jean  Garnier,  sieur  de 
Montignac,  David  Boursiquot,  docteur 
en  médecine,  Elie  Bertin  marchand, 
Jean  Sarrasin^  sieur  de  Trignac,  et 
Jacob  Ollanier,  notaire,  tous  diacres, 
furent  chargés  de  suivre  l'affaire.  Leurs 
démarches  furent  aussi  infructueuses 
que  celles  de  Ruv Igny .  Après  plus  d'une 
année  de  détention  préventi\e,  Prioleau 
fut  condamné  à  une  interdiction  d'un 
an  et  à  une  amende  de  600  livres,  ap- 
plicable à  la  construction  du  couvent 
des  Récollets.  Ce  bon  lopin  qui  leur  était 
si  généreusement  octroyé  par  la  justi- 
ce du  roi,  allécha  les  moines  :  ils  trou- 
vèrent commode  de  bâtir  leur  maison 
avec  l'argent  des  Huguenots.  Les  ac- 
cusationsse  multiplièrent.  Très-peu  de 
temps  après,  ils  accusèrent  François 
et  Nicolas  Garnier,  Louis  Bardon  et 
Louis  Fourny  d'avoir  essayé  de  rame- 
ner dans  l'Eglise  réformée  un  apostat^ 
nommé  Samuel  Piguenit,  et  ils  obtin- 
rent encore  200  livres.  Peut-être  fut- 
ce  aussi  à  leur  requête  qu'on  poursui- 
vit trois  maîtresses  d'école,  nommées 
Gombaudy  Brun  et  Giraudy  qui  n'a- 
valent pas  obéi  assez  promplement  à 
une  ordonnance  de  l'intendant  de  la 
Gulenne  défendant  aux  Protestants  de 
Pons  d'avoir  plus  d'un  régent.  €e  fut 
au  milieu  de  ces  tracasseries  que  Sa- 
muel Prioleau,  qui  avait  encore  assisté 
au  synode  provincial  au  mois  d'oct.^ 
mourut  le  t7  fév.  1683.  Un  des  der- 
niers actes  de  son  ministère  fut  de  re- 
cevoir dans  le  consistoire,  en  qualité 
d'anciens,  les  sieui  s  de  Fontreau,  de 
Jaulain  et  de  Boiveauj  pour  les  lieux 
de  Bois,  Saint-Genis  et  Plassac,  oii  le 
culte  avait  été  supprimé.  On  le  re- 
garde comme  l'auteur  de  la  Réponse 
d'un  gentilhomme  à  deux  lettres  de 
M.  Gastineau  sur  le  sujet  de  la  sépa^ 
ration  des  Protestans.  La  première 
écrite  de  Paris  le  1 1  d'oct.  1672  ;  (a 
deuxième  du  \9  janv.  1673.  Impri* 
mées  à  Paris  avec  d'autres  lettres  de 
controverse,  ^an  1676.  Dressée  sur 
les  mémoires  fournis  au  gentilhomme 


par  M.  Prioleau  f  Gen.j  Samuel  de 
Tournes,  1678,  in-8*. 

Samuel  Prioleau  laissa  un  fils,  nom- 
mé Elis,  qui  fut  immatriculé  à  la  Fa- 
culté de  théologie  de  Genève  en  1674, 
et  qui,  à  la  fin  de  la  même  année,  UA 
admis  au  ministère  par  le  synode  pro- 
vincial tenu  àHarennes^  en  même  temps 
que  Jean  Des  Aguliers,  Marc  Boi^e- 
leau,  Paul  Boiveau,  Matthieu  Foi^ 
caud,  Elie  Brevet,  Charles  Thevenin 
et  Nicolas  Aubin.  Appelé  à  succédera 
son  père  dans  l'église  de  Pons^  11  entra 
en  fonctions  le  1 0  mai  1 683.  Les  cir- 
constances étaient  critiques  ;  on  n'en- 
tendait parler  que  de  ministres  inter- 
dits ou  incarcérés,  de  temples  fermés 
on  démolis;  déjà  même  les  dragons 
avaient  exécuté  une  glorieuse  campa- 
gne non-seulement  en  Poitou  ^  mais 
dans  la  Saintonge  (Voy.  VU,  p.  417). 
Le  consistoire  sentit  la  nécessité  de  re- 
doubler de  prudence.  Il  fit  partir  pour 
Paris  un  nommé  La66^  avec  les  titres 
qui  prouvaient  que  les  Réformés  de 
Pons  jouissaient  du  droit  d'exercice.  U 
fit  lire  au  temple,  pendant  plusieurs 
dimanches  de  suite,  l'arrêt  du  Consefl  . 
du  17  juin  1682,  et  afin  d'éviter  toute 
surprise,  ce  qui  était  d'autant  plus  dif- 
ficile que  l'église  de  Pons  s'accroissatt 
sans  cesse  par  suite  de  l'interdictloii 
deségiisesvoisines,  il  cbargeaune  com- 
mission spéciale  de  la  distribution  des 
méreaux  ou  jetons  d'admission  à  la 
Cène.  Mais  que  pouvaient  ces  sages 
précautions  contre  la  haine  servie  par 
l'astuce  et  la  mauvaise  foi  !  Le  fameux 
Du  Vigier  n'en  trouva  pas  moins  le 
moyen  de  dresser  contre  Prioleau,  a¥6e 
l'aide  de  deux  moines  récollets,  un  for- 
midable procès- ver  bal  contenant  sein 
chefs  d'accusation.  11  est  vrai  qu'à  l'an- 
dience  toutes  ces  accusations  furent  re- 
connues fausses,  et  que  le  pasteur  fui 
rendu  à  son  troupeau.  11  continuadone 
à  desservir  son  église  Jusqu'à  la  révo- 
cation de  l'édlt  de  Nantes.  Selon  1. 
Crottet,  dans  son  Hist.  des  églises  ré- 
formées de  Pons,  etc.,  le  temple  de 
Pons  ne  fut  démoli  que  le  1 5  avr.  i  eseï, 
d'où  Ton  doit  conclure  que  l'arrêt  di 


PRI 


—  333  — 


PRI 


Conseil  da  15  sept.  1681^  qai  Tavait 
condamDÔ  (Voy,  Pièces  jastiûcat.,  N* 
LXXXVIU),  avaitélé  révoqaé.  Prioleaa 
qui  Jusqu'à  ce  moment,  était  resté  cou- 
rageusement  à  son  poste,  et  n'avait  pas- 
eessé  de  réunir  secrètement  les  Protes- 
tants demeurés  fidèles  à  leur  religion, 
sentit  alors  qu'il  était  temps  de  songer 
è  sa  sûreté.  Il  s'embarqua  pour  l'Améri- 
que et  mourut  pasteur  de  l'église  fran- 
çaise de  Charleston,  où  il  a  laissé  la 
réputation  d'un  pasteur  pieux,  instruit 
et  éloquent.  On  conserve  dans  sa  fa- 
mille quelques  cahiers  sortis  de  sa  plu- 
me qui  attestent,  dit  M.  Ch.  Weiss, 
une  grande  pureté  de  doctrine,  de  l'é- 
lépmce  dans  le  style  et  de  la  vigueur 
d'esprit. 

La  famille  Priolean  paraît  être  ori- 
ginaire de  Saussignac  ;  elle  était  nom- 
breuse, à  en  Juger  par  un  ancien  re- 
gistre des  baptêmes  célébrés  dans  l'é- 
glise réformée  de  cette  ville,  que  nous 
avons  eu  entre  les  mains  (Arch,  gén, 
Tt.  239).  Rien,  dans  ce  registre,  ne 
tend  à  faire  supposer  qu'elle  occupait 
.  un  rang  élevé  dans  la  bourgeoisie,  et 
encore  moins  qu'elle  Jouissait,  à  cette 
époque,  des  privilèges  de  la  noblesse. 
Il  n'y  a  donc  aucune  apparence  qu'il 
y  ait  eu  parenté  entre  nos  Priolcau  et 
Benjamin  PriolOy  qui  se  prétendait  ar- 
rlère-petit-fiis  d'un  doge  de  Venise.  Il 
affirmait,  et  les  biographes  répètent 
d'après  lui,  que  son  bisaïeul  Antoine 
était  venu  fort  Jeune  en  France  et  ya- 
vait  épousé  une  demoiselle  noble  de  la 
Saintonge;  que  son  père  Julien,  qui  a- 
vait  embrassé  la  Réforme,  avait  été 
ruiné  par  les  guerres  de  religion  ;  que 
lui-même,  né,  le  1  "  janv.  1 60  2^  à  Saint- 
Jean-d'Angély,  était  resté  orphelin  à 
l'âge  de  1 5  ans,  qu'il  avait  commencé 
ses  éludes  à  Orthez  et  qu'il  était  allé 
les  continuer  à  Montauban  et  à  Leydè. 
De  Hollande,  il  se  rendit  en  Italie  pour 
suivre  les  cours  de  l'université  de  Pa- 
doue,  et  enfin  il  passa  à  Venise  ou  se 
trouvait  Rohan,  dont  il  gagna  la  con- 
fiance. Il  suivit  le  grand  capitaine  dans 
la  Valteline  où  il  se  signala  par  sa  va- 
leur, et  après  la  mort  de  son  illustre 


patron,  il  se  retira  dans  une  terre  qu'il 
venait  d'acquérir  à  Sacconex  en  1638. 
Il  y  demeura  sept  ans,  occupé  de  l'édu- 
cation de  ses  enfants  et  de  l'étude.  En 
1645,  «  M.  Prioleau,  lit-on  dans  les 
Rég.  duConseild'EtatdeGenève,ayant 
obtenu  congé  de  la  Seigneurie,  fait  ses 
remerctmens  sur  le  favorable  accueil 
et  la  bienveillance  que  Messeigneurs 
lui  ont  témoignés  pendant  son  séjour 
ici,  et  il  a  offert  de  s'employer  encour^ 
de  cœur  et  d'afliection,  pour  notre  ser- 
vice. »  Le  duc  de  Longuevllle  le  prit 
pour  son  secrétaire,  et  l'emmena  au 
congrès  de  Munster.  En  1649,  il  re- 
tourna à  Genève  mit  ordre  à  ses  aflki- 
res,  puis  revint  en  France  et  abjura  à 
Lyon  avec  toute  sa  famille.  H  a  laissé 
divers  ouvrages  dont  nous  n'avons 
point  à  nous  occnper,entre  autresune 
histoire  de  la  Fronde,  en  latin,  surla- 
quelle  on  a  porté  les  Jugements  les  plus 
contradictoires. 

PRIVÉ  (Gbarlks),  moine  jacobin, 
fils  de  Jacques  Privé,  receveur  des  de- 
niers de  la  ville  de  Provins.  Appelé  à 
prêcher  sur  Tévangile  du  Jour,  le  jour 
de  la  fête  de  Salnte-Madelaine,  Privé  osa 
proclamer  du  haut  de  la  chaire  une  des 
doctrines  fondamentales  du  protestan- 
tisme, la  justification  par  la  fol  sans 
les  œuvres.  «  Et  parlant  de  la  foy  de 
ladilte  Magdelaine,  lit-on  dans  la  chro- 
nique de  Haton,  il  prescha  qu'elle  fnst 
justifiée  par  sa  seulle  foy,  sans  le  mé- 
rite de  ses  bonnes  œuvres,  et  que  tout 
.chrestien  estoit  Justifié  et  agréable  de- 
vant Dieu,  sans  l'oppération  des  bon- 
nes œuvres,  p  Son  sermon  scandalisa 
beaucoup  de  monde,  surtout  ses  con- 
frères les  Dominicains,  qui  le  pressè- 
rent instamment  de  se  rétracter  dans 
l'intérêt  de  Tordre.  Privé  remonta  donc 
en  chaire,  quinze  Jours  après,  et  prê- 
cha, mais  a  non  calholiquement;  »  à 
son  hérésie  touchant  Tefflcaclté  des 
bonnes  œuvres,  il  en  ajouta  même  de 
nouvelles.  Les  Gordeliers,  qui  vivaient 
en  mauvaise  intelligence  avec  les  Ja- 
cobins, déférèrent  son  sermon  à  l'of- 
flcial,  qui  lui  interdit  la  chaire.  Cette 
mesure  de  rigueur  eut  peu  de  succès  : 


PRI 


—  334  — 


PRO 


peu  de  temps  après,  André  de  Gram» 
montf  prieur  de  Saint-Ayoul,  Botume, 
prienr  de  Vabiéi-Dieu,  eiGuillaumede 
La  ChesnaySy  adhérèrent  ouvertemeat 
à  la  Rérorme.  Ce  dernier,  à  ce  qae 
rapporte  M.  Bourqnelot  dans  son  His- 
toire de  Provins,  épousa  plus  tard  une 
demoiselle  de  Saint-Pié,  dans  le  bail- 
liage de  Chartres,  et  finit  par  avoir  la 
tète  tranchée  sur  la  place  de  Grève, 
sur  l'accusation  de  contrefaçon  des  let- 
tres du  grand  sceau,  fraude  qu'il  em- 
ployait pour  livrer  les  villes  aux  Hu- 
guenots. 

Après  son  interdiction,  Privé  se  re- 
tira à  Blandy,  chez  la  marquise  de  Rch 
theliriy  qui  était  déjà  gagnée  aux  doc- 
trines évangéliques,  et  qui  le  prit  pour 
chapelain.  Sa  retraite  ne  nuisit  point 
aux  progrès  de  la  Réforme  à  Provins. 
U  s'y  forma  une  église,  peu  nombreuse 
à  la  vérité ,  mais  qui  comptait  parmi 
ses  membres  l'élite  des  habitants,  tels 
que  le  bailli  Jean  AlléaumCy  les  trois 
frères  Barangeon  :  Nicolas,  médecin 
habile,  qui  faillit  être  massacré  après 
la  bataille  de  Dreux ,  et  se  réfugia  à 
Montbéliard  avec  un  de  ses  frères  ; 
Claude,  élude  la  ville,  et  Antoine,  en- 
quêteur au  présidial,  que  leur  inépui- 
sable charité  avait  rendus  chers  au 
peuple  (1)  ;  le  lieutenant  général  Fran- 
çois  Verjus  ;  le  procureur  du  roi  Jean 
de  Ville,  et  son  fils,  Nicole  de  Ville, 
avocat  ;  le  receveur  des  tailles  Pierre 
François;  le  procureur  Léon  Godard; 
le  notaire  Marc  Royer;  le  conseiller 
Eustache  Danoray  ou  Daulnay;  l'a- 
vocat Richard;  le  médecin  Jean  Saul- 
soy;  le  chirurgien  Nicolas  Douvy;  les 
apothicaires  Nicolas  Mestra,  Denis 
Saulsoy  et  Jean  Couvent,  sans  par- 
ler de  plusieurs  membres  de  la  fa- 
mille Privé.  Un  de  ces  derniers,  nom- 
mé François,  se  réfugia  à  Genève,  où 
il  fut  reçu  bourgeois  gratuitement  en 
1576.  Ministre  de  l'hôpital  et  régent 
depuis  1571,11  fut  placé,  en  1577, 

(1)  La  famille  Barangeon  penista  dans  la  pro> 
teiBion  delà  religion  réformée.  Le  8  août  1658, 
Nieolai  Barangeon,  doctenr  en  droit,  fut  enterré 
an  cimetière  protestant  des  SS.  Pères  à  Paris.  D 
élaUsèflD  lase  (A^.  «U  Ckarfnton), 


comme  pasteur  à  Céligny,  et  moorvt 
en  1 584.  Quant  à  l'ex-Jacobin  Charles 
Privé,  nous  n'avons  plus  rencontré  son 
nom  à  partir  de  1555. 

PROHANA  (RENfi  de),  appelé  par 
d'autres  Provanes,  mais  plus  conni 
sous  le  nom  du  capitaine  Valfretcièu, 
était,  en  1562^  lieutenant  du  gouver- 
neur de  Dieppe.  La  nouvelle  du  mas* 
sacre  de  Vassy  ayant  été  apportée  dam 
cette  ville,  le  22  mars,  par  le  minis- 
tre de  Paris  Virel,  accompagné  d'un 
gentilhomme  de  Condé,  les  habitants, 
dont  la  grande  majorité  professait  la 
religion  réformée,  levèrent  une  com- 
pagnie de  gens  de  pied,  sons  les  ordres 
de  Valfrenière,  et  prirent  d'autres  me- 
sures de  sûreté.  Rien  de  mieux  jusque 
là;  mais  le  20  avril,  malgré  les  re- 
montrances des  pasteurs ,  une  bande 
de  mutins  se  mit  à  parcourir  la  ville 
et  les  villages  voisins  pour  abattre  les 
Images.  Par  représailles,  les  Catholi- 
ques d'Arqués  maltraitèrent  les  Hugue- 
nots et  pillèrent  leurs  maisons.  Les 
Dieppois  entreprirent  de  venger  leurs 
coreligionnaires;  ils  marchèrent  sur 
Arques,  et  furent  battus.  Quelques  jour» 
après,  Valfrenière  prit  sa  revanche,  ea 
battant,  à  son  tour,  une  nombreuse 
troupe  de  paysans  qui  se  portaient  ao 
secours  d'Arqués.  Entourés  d'ennemis 
et  encore  effrayés  de  leur  défaite,  les 
Dieppois  songèrent  à  protéger  leurville 
par  une  citadelle  ;  ils  se  mirent  à  l'œu- 
vre avec  tant  d'ardeur  qu'elle  fut  con- 
struite en  peu  de  jours.  Sur  la  fin  de 
juin,  d'Aumale,  forcé  de  se  retirer  de 
devant  Rouen,  vint  essayer  une  pointe 
sur  Dieppe,  oii  Languetot,  accouru  de 
Rouen,  se  Jeta  avec  une  compagnie  de 
gens  de  cheval;  mais  l'entreprise  de 
Morvilliers  sur  le  Pont- de-l' Arche  con- 
traignit le  chef  catholique  à  renoncer 
à  ses  projets.  Quelques  Jours  après, 
Valfrenière  et  Rouvray  se  mirent  en 
roule  pour  conduire  du  secours  aux 
habitants  de  Rouen.  Ayant  appris  en 
route  la  levée  du  siège,  ils  rentrè- 
rent à  Dieppe,  le  21  juillet.  Le  23,  ils 
reçurent  ordre  d'aller  chercher  au  Tré- 
port  des  poudres  qu'on  attendait  d'An- 


PRO 


-  338  - 


PRU 


déterre.  Ils  forcèrent  les  habitants 
d'Ea^à  qui  cenx  duTréport  les  avaient 
livrées^  à  les  rendre;  châtièrent ,  en 
passant,  les  catholiques  de  Cany,  qui 
maltraitaient  leurs  concitoyens  de  la 
Religion  ;  mirent  en  fuite  deux  ou  trois 
mille  paysans  qui  osèrent  leur  disputer 
le  passage,  et  rentrèrent  triomphants 
à  Dieppe.  S'éiant  opposés  énergique- 
ment  à  Tadmission  des  troupes  anglai- 
ses dans  la  ville,  ils  furent  arrêtés 
comme  suspects  ;  mais  l'intervention 
des  capitaines  Gordes  et  Monein,  d'au- 
tres disent  If  ou/aïK/n'n,  les  fit  prompte- 
ment  remettre  en  liberté.  Peu  de  temps 
après,  Valfrenière  fut  envoyé  au  se- 
cours de  Rouen  (Voy.  VII,  p.  47:^).  A 
la  prise  de  la  ville,  il  tomba  entre  les 
mains  des  Catholiques,  et  n'échappa  à 
la  vengeance  du  sanguinaire  parlement 
de  Normandie  que  par  la  protection  du 
capitaine  des  gardes  du  roi.  Après  la 
conclusion  de  la  paix,  il  suivit  Tarmée 
royale  sous  les  murs  du  Havre  et  se 
signala  par  son  courage. 

Lorsque  la  seconde  guerre  civile 
éclata,  Yairrenière  se  sauva  en  Angle- 
terre avec  Sore  et  Rouvray.  11  faut 
donc  le  distinguer  du  capitaine  Valfre* 
nière,  qui  combattit  à  Sai ut-Denis.  Ce 
dernier,  que  de  Thou  appelle  Domtm- 
que,  était  peut-être  son  flls.  Selon  les 
Mémoires  de  Charles  IX,  il  était  lieute- 
nant A'Andelot.  Il  nous  est  impossible, 
en  présence  des  contradictions  des  his- 
toriens, de  décider  si  c'est  René  ou 
Dominique,  qui  fut  tué,  en  1 569,  ser- 
vant sous  Piles,  à  l'attaque  de  Bourg 
en  Limousin.  Selon  de  Thou,  c'est  Do- 
minique ;  mais,  selon  d'autres,  René 
était  revenu  d'Angleterre,  et  nous  trou- 
vons efteclivement  cité  au  nombre  des 
officiers  de  Piles  le  capitaine  Rouvray, 
son  fidèle  compagnon  d'armes  durant 
toute  la  première  guerre,  qui,  comme 
nous  venons  de  le  dire,  avait  passé  avec 
lui  le  détroit  en  1567. 

PROISY  (François),  baron  de  La 
Bonë,  bailli  du  Vermandois  et  cheva- 
lier de  l'ordre  du  roi,  épousa,  en  1559, 
Anne  de  BossrU'Lonyuevalyquï  le  ren- 
dit père  de  trois  enfants,  savoir  :  i»  Mà- 


UB,  femme  de  Claude  Du  Choitelet, 
sieur  deMoyencourt  ;— S»  MiDELÀiini, 
épouse  de  Claude  Hurault,  sieur  de 
Gherigné,  puis  de  Gaepardde  Verdelet, 
sieur  de  Villiers-Saint-Georges;  —  S* 
Louis,  baron  de  La  Boue,  marié  à  MO" 
rie  Danois^  et  père  d'une  flUe  unique 
qui  porta  la  baronnie  de  La  Boue  dans 
la  maison  d'Aubourg.  Resté  veuf,  Fran- 
çois de  Proisy  épousa  en  secondes  noces 
Marguerite  de  Beaumont,  dame  de 
Vorfontalne.  C'est  de  ce  second  ma- 
riage que  descendaient  Jban,  sieur  de 
Neurville,  qui  était,  en  1685,  commis- 
saire de  redit  en  Picardie  (i4rc^.  gin. 
Tt.  246);  David,  sieurd'Aippe, qui  as- 
sista à  plusieurs  synodes  provinciaux 
Jusqu'en  1681  ;  Jban,  sieur  de  Maure- 
gny,  commissaire  de  l'édlt  dans  le  Sois- 
sonnais,  en  1663  (i4rc^.  Tt.  523)  qui, 
abjura;  autre  Jban^  sieur  de  Morfon- 
taine.  Cette  famille  a  fourni  son  con- 
tingent au  Refuge  {Ibid.  E.  3375). 

PRUDHOMME  (Jban),  ou  Preud- 
homme  y  dessinateur  et  peintre,  élève 
d'Antoine  Pesne,  naquit  à  Berlin  en 
1 686.  Il  alla  compléter  son  éducation 
artistique  en  Italie,  oit  il  s'appliqua  à 
copier  et  à  dessiner  les  tableaux  des 
grands  maîtres.  Après  quelque  séjour 
dans  le  pays,  il  retourna  dans  sa  pa- 
trie et,  en  1 7 12^  il  se  rendit  en  Angle- 
terre. Ses  dessins  furent  recherchés 
desamateurs  ;  beaucoup  ont  été  gravés. 
On  avait  entrepris  la  gravure  des  meil- 
leurs tableaux  des  collections  de  l'An- 
gleterre, et  Prudhomme  avait  été  in- 
téressé ,  comme  dessinateur,  dans  ce 
projet.  Il  se  trouvait  à  Wilton,  proba- 
blement dans  l'intention  de  reproduire 
par  le  crayon  quelque  tableau  de  la 
galerie  des  comtes  de  Pembroke,  à 
Wilton-House,  lorsque,  h  la  suite  d'une 
vie  peu  régulière^  au  témoignage  de 
H.  Walpoie,  la  mort  le  surprit,  en  1 7  26, 
à  l'âge  de  40  ans.  —  On  cite,  en  Alle- 
magne ,  plusieurs  autres  artistes  du 
nom  de  Prudfiomme,  qui ,  selon  toute 
vraisemblance,  descendaient  aussi  de 
réfugiés;  mais  fautede  renseignements 
sur  leur  origine ,  nous  nous  abstien- 
drons d'en  parler.  Nous  ne  mentionne- 


PRU 


336  — 


PRU 


rons  qne  Jean  Prudhomme,  de  Nea- 
cbàtel ,  élève  de  J.-B.  Le  Prince  et  de 
Greuze ,  qui  s'est  acquis  une  grande 
réputation^  à  la  fin  du  siècle  dernier, 
comme  peintre  de  portraits.  On  a  aussi 
de  lui  des  tableaux  de  genre  et  des 
paysages.  Ses  dessins  à  la  plume  et  au 
bistresont  estimés.  Il  mourut^  en  1795, 
à  Neuenstadt,  sur  le  lac  de  Bienne. — 
Un  Louis  Preudhomme,  né  à  Genève, 
en  1 131 ,  est  auteur  d'un  Mémoire  sur 
les  engrenages  y  avec  la  description 
d'un  instrument  dont  l'utilité  sera 
très^grande  pour  déterminer  les  en-- 
grenages ,  qui  parut  d'abord  dans  les 
Mémoires  de  la  Soc.  des  arts  de  Genève 
(T.  I),  et  qui  fat  reproduit  dans  le 
T.  LXVIII  desTransact.  philos.^  sous 
le  nom  supposé  de  Le  Cerf, 

PRCNELÉ  (François  de),  sieur  de 
Guillerval  et  de  Tignonmlle  en  partie, 
chevalier  de  Tordre  du  roi  et  lieute* 
nant  dans  la  compagnie  do  Jean  d'Es- 
tréeSy  embrassa  la  religion  réformée 
comme  son  capitaine,  et  soutint  les 
armes  à  la  main  la  cause  protestante 
Jusqu'en  1 587^  qu'il  fut  tué  par  les  Li- 
gueurs.— Une  faut  pas  le  confondre,  ce 
qui  serait  facile,  avec  Mignonville, 
aide-de-camp  du  prince  de  Condé,  eu 
1585,  puis  lieutenant  du  comte  de  La- 
fxdy  dont  il  commanda,  en  1586,  la 
compagnie  de  gendarmes,  sous  les  or- 
dres de  d*Aubigné.  Cette  même  année, 
M ignonville  servit  au  siège  de  Talmont. 
En  1587,  il  combattit  à  Contras  sous 
Turenne.  En  1 588,  étant  maréchal  de 
camp,  il  fut  chargé  par  le  roi  de  Na- 
varre de  conduire  à  Taltaque  de  Ma- 
rans  une  division  de  son  armée  com- 
posée des  régiments  de  Charbonnières 
et  de  Soubran.  Ce  «  gentil  maréchal  de 
camp  »,  comme  l'appelle  d'Aubigné, 
fut  tué  traîtreusement,  en  1590,  au 
siège  de  Nonancourt,  «  mort  indigne 
d'un  si  brave  guerrier»,  dit  de  Thou. 
Du  mariage  de  François  de  Prunelé 
àsec  Marguerite  Du  Monceau,  damede 
Tignonville  en  partie  et  baronne  de 
Caniel,  fille  de  Ixincelot  Du  Monceau, 
premier  maître  d'hôtel  de  la  reine  de 
Navarre,  et  de  Marguerite  d'Alençon, 


mariage  contracté  en  1 567,  naquirent  : 

1«  JOSIAS,  qui  suit;  —  2»  THtODORB, 

dont  le  fils  François  a  laissé  des  Afâ- 
moires  généalogiques  sur  sa  famille; 
—  30  Etienne,  souche  de  la  branche 
d'Ocqueville  ;  —  4»  Anne,  née  le  34 
]anv.  j568,  et  mariée,  en  1596,  avec 
Abel  de  Pouilloue,  sieur  de  Saclas; — 
5«  Jeanne,  née  en  1 570,  femme  d'iln- 
ioineDes  Fourneaux,  sieur  de  Lume- 
ry;  —  6«  Madelàine,  née  en  1595, 
qui  épousa  Esprit  de  PouiUoue,  sieor 
d'Alainville;  —  7»  Scsanns,  alliée  à 
René  de  ViUezan,  sieur  de  Guillerval 
en  partie. 

I.  Branche  de  Tignontillb.  Jo- 
sias  de  Prunelé,  sieur  de  Tignonville 
et  de  Guillerval,  baron  de  Caniel,  fat 
élevé  à  la  cour  du  roi  de  Navarre,  et 
commanda,  pendant  les  guerres  de  la 
Ligue,  une  compagnie  d'arquebusiers 
à  cheval.  Il  ne  vivait  plus  en  1628; 
mais  on  ne  connaît  pas  la  date  précise 
de  sa  mort.  11  avait  épousé,  en  1595, 
Jeanne  de  Saint-Pol,  et  en  avait  eu  : 
i«  Jacques,  mort  Jeune,  ne  laissant  de 
son  union  avec  Anne-Julie  de  La  TaiUe, 
qui  se  remaria  avec  Pierre  de  Lan^ 
fernat,  qu'une  fille,  nommée  Judith, 
femme,  en  1645,  de  Jacques  de  La 
Taille,  qui  la  laissa  veuve  en  1 682. 
Elle  mourut  au  château  des  Essarts,  le 
25  sept.  1695,  et  comme  elle  n'avait 
point  abjuré,  elle  fut  enterrée  dans  le 
parc  de  ce  château. 

II.  Branche  d'Ocqueville.  Etiemii 
Prunelé,  sieur  d'Ocqueville,  apprit  le 
métier  des  armes  sous  le  prince  Mau- 
rice. 11  rentra  plus  tard  en  France,  fit 
les  campagnes  de  Lorraine,  et  mourut 
le  21  fév.  1663.  11  avait  épousé,  en 
1625,  Marie  de  Cormont,  fille  d'An- 
toine de  Cormont  et  de  Madelaine  Hot~ 
man,  dont  il  eut  Antoine,  capitaine 
de  chevau-légers,  mort  sans  alliance, 
en  1659,  et  Charles,  capitaine  de 
chevau-légers,  tué  en  Catalogne,  en 
1676,  étant  major  du  régiment  de  La 
Rablière.  Ce  dernier  eut  de  son  ma- 
riage  avec  Judith  de  Jaucourt-d'ES' 
peuilles,  célébré  en  1 658,  six  enfanta, 
savoir  :  !<>  François-Antoine,  né  le 


PUJ 


—  337  — 


PUJ 


9  mars  1659,  qui  Tut  élevé  à  la  cour 
du  prince  de  Sultzbach,  mais  qui  ren- 
tra en  France  et  abjura  avec  sa  femme 
Susanne  de  Cormont,  fille  d'Abraham 
Le  Fèvre-de-Cormont  ;  —  2»  ChàRLES- 
Loms,  né  leso  juill.  1661,  et  mort  en 
1681,  capitaine  de  cavalerie;  —  3« 
PisiEB,  né  le  U  déc.  1662,  mort 
Jeune;  —  4<»  Jâcques-Philippb^  né  le 
se  déc.  1665,  lieutenant  dans  le  régi- 
ment de  La  Fère,  qui  abjura  à  Stras- 
bourg, en  1 684  ;  —  5«  Chàrlottb- 
JUPITH,  née  le  21  Juin  1660^  qui  se 
eonvertitaprèsla  révocation;  — 6«Ha- 
us-Màoricktte,  née  le  27  mars  1 667, 
qui  se  réfugia  en  Hollande,  puis  en 
Angleterre,  où  elle  épousa  le  général 
Fierre  Carie. 

PRCNET  (Pibreb),  étudiant  en 
théologie,  est  auteur  des  Dernières 
paroles  de  M.  Gigordy  pasteur  de  Vé- 
glise  réformée  de  Montpellier,  impr. 
dans  le  Recueil  des  dernières  heures 
de  MM.  Du  PlessiSy  Gigord,  Rivet, 
Du  Moulin,  Drelincourt  et  Fabri  [Le 
Fèvre  d'Etaples],  nouv.  édit.,  Lau- 
sanne, 1740,  in-S"*.  Si  nos  renseigne- 
ments ne  nous  trompent  pas^  Prunet, 
alors  qu'il  prenait  la  qualité  d'étudiant 
en  théologie,  était  marié  depuis  28 
ans  avec  une  demoiselle  Clausel,  dont 
il  avait  plusieurs  enfants.  Il  mourut 
en  1645. 

PCECH  (Jean-Jàcques)  ,  né  à  Ge- 
nève en  1726,  et  descendant  vraisem- 
blablement de  Laurent  Puech,  de 
Montpellier,  qui  avait  été  reçu  bour- 
geois de  cette  ville  en  1697,  a  publié 
Introduction  à  l'art  équestre  concer- 
nant Vanatomiey  la  physiologie  du  che- 
wU ,  la  pathologie  et  les  causes  des 
principales  maladies.  Le  traité  des  haï- 
ras et  celui  du  manège,  Genève,  1 775, 
in-80. 

PCJOL  (ANTomE),  notaire  à  Cas- 
tres, sa  ville  natale,  et  ancien  de  Té- 
glise  depuis  1665,  fut  invité  par  le 
consistoire  à  recueillir  les  règlements 
des  synodes  du  Haut-Languedoc.  U 
présenta,  dès  l'année  suivante,  au  sy- 
node de  La  Caune,  son  travail  que  Bo- 
nafous,  ministre  de  Castres,  fut  chargé 


d'examiner,  et  qui  fut  imprimé  plus 
tard  sons  ce  titre  :  Recueil  des  règle* 
mens  faits  par  les  synodes  provins 
eiaux  du  Haut -Languedoc  et  de  la 
Fattte-Gtiyenne,  Castres,  1679,  in-8% 
avec  l'approbation  des  ministres  Jaus- 
saud,  La  Devèze,  Lacaux  et  de  Juge. 
Ce  recueil  est  divisé  en  treize  chapi- 
tres, traitant  des  ministres,  des  pro- 
posants, des  consistoires  et  anciens, 
des  colloques  et  synodes,  des  exercices 
sacrés  des  fidèles,  du  baptême,  de  la 
cène,  du  mariage,  des  assemblées  de 
TEglise,  du  diaconat,  du  catéchisme, 
des  écoles,  et  règlements  particuliers. 
Dans  le  chap.  des  écoles,  P^jol  donne 
le  tarif  de  ^académie,  c'est-à-dire  le 
tableau  de  la  répartition  des  1 600  livres 
que  les  églises  de  la  province  devaient 
verser  entre  les  mains  des  ministres 
Isam  et  de  Juge,  et  des  anciens  CoU" 
hm  et  CavaiUé  pour  l'entretien  de 
l'académie  durant  l'année  1674  (l). 
On  y  trouve  aussi  le  règlement  pour 
l'académie,  dressé  par  tes  ministres 
Jaussaud,  Causse  et  Satur  et  approu- 
vé, en  1678,  par  le  synode  de  Sa- 
verdun,  règlement  fort  sage,  mais  des- 
cendantàdes  détails  un  peu  minutieux. 
Pujol  assista  encore  au  synode  pro- 
vincial de  1682.  Comme  son  nom  ne 
se  trouve  ni  dans  une  liste  de  Réfugiés 
de  Castres,  ni  dans  une  autre  des  con- 
versions opérées  dans  cette  ville  par  les 
dragons,  sur  laquelle  figurent  ceux  de 
l'avocat  Jacques  Pujol  et  du  notaire 
Abraham  Pujol  (Arch.  gén.  Tt.  290), 
on  peut  supposer  qu'il  étaitmortuvant 
la  révocation.  Peut-être  était-il  frère 
de  Samuel  Pujol,  trésorier  du  roi  au 
comté  de  Castres,  en  1651.  —  Une 
famille  du  même  nom  etégalementpro- 
testante  habitait  le  Bas-Languedoc.  En 
1680,  le  proposant  Pierre  Pujol,  du 
diocèse  de  Béxiers,  recevait  du  clergé 
une  pension  de  200  livres.  Le  roi,  plus 
généreux,  en  accorda  une  de  1,000  li- 
vres à  un  sieur  de  Pujols  en  récom- 
pense de  son  apostasie  (Arch.  M.  673). 

(1)  A  eetle  date,  las  profèsiean  étalent  Pénz 
et  Bon,  donnaot  les  ieçoni  de  théologie  el  4t 
phUoMplile,  et  Tronièretf  eatéchiite.|      ^_ 


QUA 


-  338  - 


QUA 


QCATREFAGES,  famUle  protes- 
tante des  CevenneSy  qui  a  persisté  jus- 
qu'à nosjoars  dans  la  profession  de  la 
religion  réformée. 

M.  de  Qnatrefages,  membre  de  rin- 
stituty  à  mis  à  notre  disposition^  avec 
une  courtoisie  pleine  d'aménité,  tous 
les  documents  qu'il  possède  sur  ses 
ancêtres;  malheureusement  ils  ne  re- 
montent pas  au  delà  du  xyiii*  siècle. 
Dans  le  xyn«  siècle,  nous  trouvons  un 
Pierre  Quatrefages,  docteur  en  droit, 
qui,  comme  député  de  Bréau,  participa 
aux  négociations  de  la  paix  d'Alais,  en 
1 629,  avec  Etienne  de  Rousset,  doc- 
teur en  droit,  conseiller  du  roi  et  juge 
en  la  viguerie  du  Vigan;  Etienne  de  La 
Fabrèguey  docteur  en  droit  et  premier 
consul  du  Vigan;  Etienne  de  Montfau- 
oon,  docteur  en  droit,  substitut  du  syn- 
dic; Jean  Liron,  assesseur  en  la  vigue- 
rie du  Vigan;  Jean  Lautal,  du  Vigan  ; 
Jean  Caladon-d'Espinassey  du  Vigan; 
Jean  Caladon-de-Cauvel ,  de  Sl-Sau- 
veur  ;  Paul  Du  Cros-du-Solier,  consul 
de  Sumène^  et  Gabriel  Duval,  docteur 
en  droit,  de  Bréan.  Vingt-cinq  ans  plus 
tard,le  !«' juill.  1654,  un  ancien  de  Té- 
gliee  de  Bréau,  du  nom  de  Quatrefages, 
assista,  comme  député,  au  synode  du 
Gévaudan  tenu  à  Meyrueis  {Arch.  gèn, 
Tt.  247).  Vers  le  même  temps  vivait 
N.  de  Quatrefages,  officier  dans  le  ré- 
giment de  Saligny,qui  obtint,  enl  649, 
en  considération  de  ses  services,  la 
grâce  de  ses  frères  compromis  dans  les 
troubles  de  la  Fronde.  Depuis  cette  épo- 
que, les  documents  manquent  pendant 
près  d'un  siècle;  nous  savons  seulement 
que  la  famille  de  Quatrefages  resta  en 
France,  et  que  les  flls  continuèrent  à 
suivre  la  carrière  des  armes.  Le  22 
Juin.  1737,  Jeàn-François  de  Quatre- 
fages, flls  de  Charles,  sieur  de  Bréau, 
et  de  Marie  Liron,  entra  avec  le  grade 


de  sous-lieutenant  dans  le  régiment  de 
Bassigny.  Enseigne,  la  même  année, 
puis  lieutenant.  Tannée  suivante,  il  fit 
la  campagne  de  Corse,  oii  il  fut  blessé. 
Nommé  capitaine,  le  l«'août  1747,  U 
quitta  le  service  pour  cause  de  bles- 
sures, et  se  retira  à  Valleraugue,  oîi 
il  s'occupa  avec  sollicitude  de  la  cul- 
ture du  mûrier.  Grâce  à  ses  conseils, 
à  ses  soins  et  surtout  à  ses  sacrifices, 
cette  commune,  où  Ton  ne  trouvait  plus 
que  quelques  mûriers  datant  du  temps 
de  Sully  et  de  Laffemas^  est  devenue 
le  centre  de  ce  genre  de  culture  dans 
tout  le  pays.  Le  capitaine  de  Quatre* 
fages  mourut  en  1756,  laissant  trois 
fils  et  plusieurs  filles  de  son  mariage 
avec  Louise  Carie,  fille  de  Françoi» 
Carie,  ancien  capitaine  an  régiment 
d'Auvergne,  et  de  Françoise  Caulet. 
Trois  de  ses  filles  sont  connues,  savoir  : 
Susann'E-Marie,  femme  de  Jean-Louis 
Fouchir;  Fr  ançoise-Jeanne-Rosb,  ma- 
riée à  Jean-Abel  Sers-de^La  Bastide,  et 
Sophie-Constance,  qui  épousa  Pierre 
Peyre.  L'alné  des  flls,  nommé  Feàn- 
çois-Charles,  sieur  de  Bréau,  prit 
pour  femme  Catherine-Marianne  de St* 
Gla-de-Lescure,  qui  ne  lui  donna  que 
deux  filles  :  Pauline,  mariée  à  un 
suisse  du  nom  deVeret,et  Athénàîs, 
épouse  d'un  Béranger-de-Caladon.  Le 
second,  Louis-Jean-Armato),  prit  le 
nom  de  sa  mère,  que  le  général  Carie 
(Voy.  ce  nom)  avait  illustré.  Cadet  au 
régiment  de  Bourgogne,  en  1779,  il 
fut  promu,  le  20  août  1780,  au  grade 
de  lieutenant,  et  le  f  mars  1791,  à 
celui  d'adjudant-major  dans  son  régi- 
ment, devenu  le  59«  d'infanterie.  En 
1 792,  ses  blessures  le  forcèrent  à  pren- 
dre sa  retraite,  et  il  mourut  sans  lais- 
ser d'enfants  de  sa  femme  N,  Brous- 
son.  Le  troisième  enfin,  Jban-Frah- 
çois,  qui  était  né  le  22  sept.  1 767,  en- 


QUE 


—  339  — 


OUE 


M  an  lenriee  de  la  Hollande^  où  on  de 
ses  parentSy  Rey,  dit  Carie,  occupait  un 
grade  supérieur  dans  l'année.  Ilfntad- 
mis,  comme  cadet,  dans  le  régiment 
de  Saxe-Gotha,  le  23  août  1784,  et  y 
obtint,  en  1*787,  l'épaulette  de  lieute- 
nant; mais  lorsque  la  guerre  éclata  en- 
tre la  République  française  et  la  Hol- 
lande, il  ne  put  se  résoudre  à  porter 
les  armes  contre  sa  patrie,  donna  sa 
démission  et  rentra  en  France  par  Hu- 
ningue.  Pris  pour  un  espion.  Il  courut 
danger  do  la  vie;  cependant  11  par- 
vint à  dissiper  les  soupçons  et  fut  nom- 
mé lieutenant  dans  le  9«  bataillon  de 
risère.  Capitaine  depuis  le  19  germi- 
nal an  II,  il  reçut,  le  20  germinal  an  lY, 
un  congé  illimité,  et  se  retira  à  Valie- 
rauguc,  où  il  remplit  diverses  fonc- 
tions municipales.  En  1 834,  il  alla  s'é- 
tablir à  Toulouse,  et  y  publia,  sur  la 
culture  du  mûrier,  des  mémoires  qui  le 
firent  agréger,  en  \  838,  à  la  Société 
d^agriculture  de  la  Haute-Garonne.  Il 
en  resta  membre  correspondant,  lors- 
qu'il vint  se  flxer  à  Paris,  ob  il  mou- 
rut le  !•'  mars  1858.  li  avait  été  ma- 
rié deux  fois.  Sa  première  femme,  iV. 
Chabaly  de  Valleraugue,  lui  donna  plu- 
sieurs enfants  dont  aucun  ne  lui  sur- 
vécut. Delà  seconde,  Louise-Margueri- 
te-Henriette-Camille  de  Cabanes,  sont 
nés  une  ûlle,  Zénaïdb,  mariée  à  Jules 
Peyre,ei,\e  1 0 fév.  181 0,un fils,  Jeàn- 
Louis-ARMAND,  membre  de  l'Institut 
et  professeur  au  Muséum. 

QUELLENEG  (Charles  de),  vi- 
comte du  Fou,  baron  Du  Poirr  (l)  et 
deHoslrenen,  fils  aîné  de  Jean  de  Quel- 
Icnec  et  de  Jeanne  de  Maure,  s'est  rendu 
célèbre  dans  le  parti  protestant  sous  le 
nom  de  Soubise,  qu'il  prit  à  la  mort 
de  Jean  L  Archevêque ,  à  cause  de  son 
mariage  avec  Catherine  de  Parthenay, 
Dans  ia  seconde  guerre  civile,  il  se 
joignit  à  la  noblesse  protestante  du 
Poitou,  pour  marcher  au  secours  de 
Condé.  Dans  la  troisième,  à  la  nouvelle 

(1)  £n  1564,  il  y  atait  dans  cette  baronnie 
use  église  deiser? ie  pê,T Claude  Charretier ^co  qui 
DOQi  porte  à  croire  qve  le  pèreei  U  mère  do  jeune 
iMroQ  profeaMient  aani  la  religion  proleateate. 


delà  fuite  du  prince,  il  se  hâta  d'aller 
à  sa  rencontre  avec  un  petit  corps  de 
troupes,  et  l'escorta  jusqu'à  La  R(^- 
chelle.  Il  combattit  vaillamment  à  Jar- 
nac  et  tomba  entre  les  mains  des  Ca- 
tholiques; mais  il  recouvra  bientôt  la 
liberté  par  adresse.  Il  donna  de  noa- 
velles  preuves  de  sa  valeur  à  LaRocbe- 
Abeille,  au  Port-de-Piles,  où  il  perdit 
un  de  ses  meilleurs  officiers.  Du  Ver- 
ger l'alné,  du  Poitou.  Lorsque  Coligny 
passa  dans  le  Midi ,  Soubise  fut  placé 
sous  les  ordres  de  La  Noue,  dont  il 
seconda  avec  zèle  toutes  les  opérations 
militaires,  jusqu'au  siège  de  Fontenay- 
le-Comte.  Obligé,  par  la  gravité  de  ia 
blessure  qu'il  y  reçut,  de  se  faire  trans- 
porter à  La  Rochelle,  La  Noue  lui  laissa 
le  soin  de  continuer  l'attaque.  Après 
avoir  livré  plusieurs  assauts  Inutiles, 
Soubise  allait  abandonner  l'entreprise, 
lorsque  ia  place  capitula,  le  24  juin 
1570.  11  en  confia  le  gouvernement  à 
Languillier,  et  reconduisit  ses  trou- 
pes harassées  à  La  Rochelle.  Il  suivit 
ensuite  La  Noue  à  la  prise  de  Marans. 
et  Pontivy  à  l'attaque  de  Saintes,  où 
Il  déploya  une  rare  intrépidité  et  reçut 
deux  blessures.  La  paix  se  conclut  sur 
ces  entrefaites.  A  la  Saint-Rarlhélemy, 
Soubise,  qui  était  venu  à  Paris  pour 
assister  aux  noces  du  roi  de  Navarre, 
voulut,  pendant  le  tumulte  de  la  nult^ 
courir  au  secours  de  l'amiral  ;  mais  II 
fut  incontinent  arrêté,  mené  à  la  porte 
du  Louvre  et  massacré.  Nous  avons 
parlé  ailleurs  du  procès  que  sa  belle- 
mère  lui  avait  intenté  (Ko?/. VI,  p.  345); 
nous  n'avons  plus  à  revenir  sur  ces 
turpitudes. 

QDESNOT  (Jean-Jacques),  flis 
d'un  juge  de  Clarensac,  se  retira  dans 
le  Rrandebourg,  après  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes,  et  établit  à  Berlin, 
avec  le  secours  de  l'électeur,  une  fa- 
brique de  galons,  qui  parait  ne  pas 
avoir  prospéré.  Il  transporta  donc  son 
industrie  dans  le  Danemark,  où  il  n'a- 
vait pas  à  redouter  une  aussi  forte  con- 
currence. Son  beau-pèreétant  mort  sur 
ces  entrefaites.  Il  revint  en  France,  en 
1688,  pour  recueillir  sa  succession; 


RAB 


—  340  — 


RAB 


mais  un  collatéral  qui  s'en  était  déjà 
emparé,  le  dénonça.  Il  fat  donc  arrêté 
BOUS  Taccasation  de  n'être  venu  dans 
le  Daaphiné  que  pour  embaucher  des 
ouvriers  nouveaux  convertis  et  les  faire 
passer  en  Danemark.  On  le  retint  pen- 
dant plusieurs  mois  dans  les  prisons 
de  l'évèché  de  Grenoble;  cependant  on 
finit  par  le  remettre  en  liberté,  sur 
les  pressantes  réclamations  de  l'am- 
bassadeur de  Danemark.  Quesnot  se 
bâta  de  retourner  dans  sa  patrie  d'a- 
doption. Sa  femme  se  nommait  Marie 
Roux,  et  était  flUe  û  Antoine Rcmx,  de 
Misoen.  Sa  mésaventure  a  donné  lieu 
à  la  publication  de  l'Innocence  accct^ 
bUe  ou  le  Prisonnier  trahi,  Cologne, 
1689,  in- 18,  recueil  de  vingt-quatre 
lettres,  adressées  par  lui  à  Coin^  mi- 
nistre de  l'église  française  de  Ham- 
bourg, à  Malortie  y  écuyer  de  la  du- 
cheise  de  Zell,  à  Guillaume  L'Huillier, 
à  Hambourg,  au  pasteur  Janvier  et  à 
d'autres  personnes  qui  s'intéressaient 
à  son  sort. 

QUENTIN  (Jban),  docteur  en  droit 
canon,  né  à  Autun,  le  20  janv.  1500, 
avait  passé  une  partie  de  sa  jeunesse  à 
voyager  en  Orient  et  babité  même  pen- 
dant quelque  temps  i'iie  de  Malte,  avant 
de  se  décider  à  choisir  une  carrière.  De 
retour  en  France,  il  se  rendit  à  Poi- 
tiers pour  reprendre  le  cours  de  ses 
études  ;  mais  il  ne  sut  pas  déguiser  son 
penchant  pour  laRéforme,  et  fut  obligé 
de  fuir,  à  ce  que  racontent  La  Place  et 
deThou.  Les  écrivains  protestants  l'ac- 
euseot  d'avoir  abandonné  ses  convic- 
tions pour  un  gros  bénéfice  dans  Tor- 
dre de  Malte.  Il  serait  très-possible  que 
la  peur  n'eût  pas  été  sans  influence  sur 
sa  détermination;  car  c'était  un  hom- 
me sans  aucune  énergie  morale.  Quoi 


qu'il  en  soit,  il  rentra  dans  l'Eglise  ro- 
maine et  devint  professeur  de  droitci- 
non  à  Paris.  C'est  lui  qui  fut  chargé  de 
prononcer  aux  Etats-généraux  d'Or- 
léans la  fameuse  harangue  an  sujet  de 
laquelle  Co/t^ny  exigea  une  réparati(»i 
publique  (Voy.  111,  p.  381).  Il  est  pro- 
bable que,  dans  cette  circonstance  en- 
core, Quintin  avait  cédé  à  la  peur.  11 
était  suspect,  puisque  Mézeray  aflBrme 
que,pendantqn'ildébitaitsondi8Conr8, 
qui  ne  respire  que  haineet  persécution, 
les  principaux  chefs  du  clergésui  valent 
des  yeux  ce  qu'il  lisait;  et  le  sachant, 
il  aura  craint  d'attirer  le  danger  sur  sa 
tète,  s'il  refusait  l'honneur  qui  lui  était 
décerné.  Cette  faiblesse  fut  fatale  au 
pauvre  vieillard.  Les  mordantes  sati- 
res dont  les  Prolestants  l'accablèrent, 
lui  causèrent  tant  de  chagrin,  qu'il  en 
mourut,  le  9  avril  1561.  On  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages  qui  prouvent  qu'il 
possédait  des  connaissances  étendues 
et  variées.  —  Nous  ignorons  s'il  était 
parent  de  Claude  Quintin,  qui  profes- 
sait la  philosophieà  Lausanne,en  i  548. 
—  Parmi  les  Protestants  franç^s  ré- 
fugiés à  Berlin,  Eiman  et  Réclam  ci- 
tent Jean  Quintin,  tailleur,  de  Mont- 
pellier, qui  sortit  du  royaume  avant 
même  la  révocation.  En  i  700,  les  maî- 
tres tailleurs,  d'origine  française,  éta- 
blis à  Berlin,  étaient  Jean  Gutienne  et 
Jean  Roger,  de  Metz;  Paul  VieUmve, 
Antoine  Blanc,  Jean  Dubuy,  de  Picar- 
die; Jacq,  Montauban,  du  comté  de 
Foix;  Jacq.  Sevin,  de  Gergeau;  Jean 
Cuzet  et  IsaacHoUier,  de  Montauban; 
Daniel  Vandeville  et  Jean  VaUée,  de 
Milhau;  Germain  Lavitie,  de  Mont- 
pellier; Pierre  Bamouin,  du  Daa- 
phiné. 


R 


R  ABASTEINS  (Bertrand  db),  vi-      Bernard-Roger  de  Cotnminges,  des  Ci- 
comte  de  Paului,  le  plus  illustre,  avec     meux  Vicomtes  du  Quercy ,  apprit  le 


râb 


—  341  — 


HâB 


métier  des  armes  dans  la  compagnie 
de  gendarmes  du  vicomte  de  Lomage- 
Terride,  sons  qui  il  servait  en  1552. 
n  nons  est  impossible  de  dire  à  quelle 
époque  il  embrassa  les  opinions  nou- 
velles. Ce  qui  est  certain,  c'est  que 
son  nom  ne  figure  pas  parmi  ceux  des 
capitaines  huguenots  qui  se  signalèrent 
dans  la  première  guerre  civile  ;  mais  dès 
l'explosion  des  seconds  troubles,  nous 
le  voyons  se  Joindre  aux  autres  vicom- 
tes^avec  son  frère  Philippe,  et  conduire, 
après  la  prise  de  Fronton,  à  laquelle 
il  contribua ,  un  corps  de  troupes  an 
secours  du  princede  Coiufé.  Nousavons 
raconté  ailleurs  (Voy.  IV,  p.  1 8)  la  mar- 
che triomphante  de  la  petite  armée  des 
Vicomtes  jusque  sous  les  murs  de  Char- 
tres. La  paix  conclue,  Paulin  retourna 
dans  le  Quercy;  mais  il  ne  tarda  pas  à 
reprendre  les  armes.  On  sait  que  les 
Vicomtes  rerusèrent  d'abord  d'obéir  à 
Tordre  de  Condé,  que  leur  transmit 
Piles  (Voy.  III,  p.  492),  de  lui  amener 
leurs  troupes  ;  cependant  ils  ne  restè- 
rent pas  inactifs  :  une  tentative  qu'ils 
firent  sur  Castel-Sarrasin  échoua  ;  mais 
ils  forcèrent,  le  27  nov.,  Lantrecà  se 
rendre.  La  capitulation  fut  indigne- 
ment violée,  malgré  les  eiforts  des 
chefs,  qui  ne  purent  contenir  leurs  ban- 
des indisciplinées.  Laissant  pour  gou- 
verneur dans  cette  malheureuse  ville 
Bénac-de-La  Moite,  avec  la  compagnie 
de  Louis  de  Perrin ,  sieur  de  La  Ro- 
que, ils  marchèrent  sur  ViUemur,  qu'ils 
prirent,  le  5  déc.,  et  où  ils  établirent 
Bessière  pour  commandant;  puis  ils 
mirent  le  siège  devant  Semalens  (d'au- 
tres disent  devant  Saix),  dont  ils  ne 
purent  se  rendre  maîtres  à  cause  de 
la  rigueur  de  la  saison.  Ils  ne  furent 
pas  plus  heureux  dans  une  entreprise 
sur  Montech  (Voy.  I,  p.  131).  Quoique 
temps  après,  Paulin,  qui  avait  pris 
une  part  très-active  dans  toutes  ces 
expéditions,  tomba  entre  les  mains  des 
Catholiques.  Dès  qu'il  eut  recouvré  la 
liberté,  il  alla  rejoindre  Coligny^  qui 
le  chargea,  avec  La  MoUePujols,  du 
commandement  de  son  arrière-garde, 
lorsqu'il  prit  la  route  du  Vi  varais .  Après 


la  conclusion  de  la  paix,  il  retourna 
dans  le  Quercy,  où  il  se  trouvait  lors 
des  massacres  de  la  SaintrBarthélemy. 
Sauvé  par  Villars,  il  balança  un  in- 
stant, soit  découragement,  soit  recon- 
naissance ,  s'il  se  soumettrait  ou  s'il 
vengerait  ses  frères  égorgés  {Voy.  VII, 
p.  468).  Ses  hésitations  toutefois  ne 
furei^  pas  longues.  Le  I  «^  nuv.  1 572,  il 
se  rendit  à  l'assemblée  de  Pierreséga- 
de,  à  laquelle  assistèrent  GutKauma  de 
Guilloty  sieur  de  Ferrières,  BcUthasar 
ei  Pierre  de  Soubirany  sieurs  de  Bras- 
sac,  F/orent  de  Beyne,  sieur  d'Escroux, 
François  de  Villettes,  sieur  de  Montlé- 
dier,  Bernard  d' Hue  y  sieur  de  Montsé- 
gur,  François  ei  Sébastien  de  Chàteatt-- 
Verdun,  sieurs  de  Puycalvel  et  de  La 
Raserie,  PaiU  de  Comeillany  sieur  de 
La  Brunie,  Etienne  de  Beyney  sieur  de 
Gos,  de  CussaCy  les  capitaines  Anthoi' 
ne,  Francy  iHivergnet,  Bousquet,  Co- 
rel, La  Penasse,  Gâches,  Gautran  ou 
Contran,  Méric,  Pasquet,  Agreiy,  Gi- 
roussens ,  Foumier,  Record ,  Puech , 
etc.,  tous  du  Haut-Languedoc.  Après 
l'invocation  du  nom  de  Dieu,  l'assem- 
blée élut  à  l'unanimité  Paulin  pour  gé- 
néral des  Protestants  dans  les  diocèses 
de  Castres ,  d'Albi  et  de  Saint-Pons  ; 
mais  elle  se  garda  bien  de  lui  confier 
un  pouvoir  absolu.  Elle  plaça  auprès 
de  lui,  pour  contrôler  ses  actes,  un  con- 
seil qui  devait  siéger  à  Réalmont  et  qui 
se  composait  de  La  Garrigue,  de  Ro- 
quecourbe,  ûeDonnarely  de  Réalmont, 
de  Vincent  Bonnafous,  de  Brassac,  de 
Rouquette  et  de  GalUer,  de  Lacaune. 
Pierre  Le  Nautonnier,  sieur  de  Cas- 
telfranc,  fut  nommé  trésorier  de  la 
Cause. 

Revêtu  par  l'Assemblée  d'une  auto- 
rité que  tous  les  Huguenots  du  Castrais 
et  de  l'Albigeois  étaient  tenus  de  re- 
connaître, Paulin  fit  partir  sur-le- 
champ,  munis  de  commissions  en  bon- 
ne forme,  Montségur  pour  Réalmont, 
MotUlédier  pour  Roquecourbe,  d'£«- 
eroux  pour  Lacaune,  un  ami  de  Séné- 
gas  pour  Brassac,  que  le  capitaine  Gau' 
tran  venait  de  conquérir  (i),La  Bru- 

(1)  Le  commaiMtomwt  de  cette  TUle  ayial  été 


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—  342  — 


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mi  pour  Lamiatte ,  Franc  pour  Fiac , 
avec  ordre  d'y  lever  des  troupes.  Il  ne 
tarda  pas  à  se  mettre  lui-même  en  cam- 
pagne ,  et  le  succès  couronna  presque 
toutes  ses  entreprises.  Vaillamment  se- 
condé par  Panât,  il  se  saisit  de  quel- 
ques places  ;  mais  sa  conquête  la  plus 
importante  fut  celle  de  Lombers  qu'il 
prit  par  capitulation,  au  mois  de  dé- 
cembre, après  avoir  défait  le  secours 
que  La  Crouzette  chercha  par  deux  fois 
ày  introduire.  Cesavantages  relevèrent 
le  courage  des  Protestants,  Tinsurrec- 
tion  s'étendit  dans  tout  le  Haut-Langue- 
doc, en  sorte  que  Paulin  sentant  la  né- 
cessité de  réunir  en  un  faisceau  toutes 
les  résistances  en  resserrant  les  liens 
de  la  confédération,  convoqua,  pour  le 
mois  de  mai  suivant,  à  Réalmont,  une 
assemblée  qui  lui  confia  le  gouverne- 
ment du  Lauraguais  (1).  Il  s'empressa, 
après  la  clôture  de  l'assemblée,  de  le- 
ver une  compagnie  de  soixante  maîtres, 
dans  laquelle  furent  admis  Pierre  de 
SoubiraUy  comme  lieutenant,  les  deux 
Fuycalvely  Guillaume  de  Rozely  sieur 
de  Causse,  Georges  de  GinebrousCy  ca- 
det de  Saint-Amans,  ainsi  que  les  ca- 
pitaines Dupuy  y  Pasquet,  Caissade, 
les  deux  frères  Teramone,  Aimar  Car 
husac,  Barthélémy  ei  Remy  Fontvielle, 
CoupiaCy  de  Langer  [Lacger?] ,  etc., 
et  à  la  tête  de  cette  troupe  d'élite,  il 
poussa  les  hostilités  avec  une  nouvelle 
vigueur.  Ce  fut  sur  ces  entrefaites  que 
l'on  eut  connaissance  dans  le  Langue- 
doc du  traité  signé  sous  les  murs  de 
La  Rochelle.  Les  Protestants  du  Midi 
se  plaignirent  hautement  de  ce  qu'il 
avait  été  conclu  sansleur  participation, 
et  plus  hautement  encore  de  ce  qu'il 
les  privait  de  l'exercice  public  de  leur 
culte  et  laissait  Impuni  le  massacre  de 
la  Saint-Barthélémy  (Voy.  Pièces  Jus- 
lif.,  N«  XXXVI).  Afin  d'aviser  aux  me- 
sures de  salut  que  commandaient  les 
circonstances,  ils  convoquèrent  im- 
médiatement à  Montauban  une  nouvelle 

donné,  en  1574,  \  Sénéga»^  Gantren,  par  dépit, 
pam  dans  les  rangs  catholiques. 

(1)  La  Popelinière  menlionne  parmi  ceux  qui 
T  assistèrent  :  Terride^  Paulin,  durions  Panât, 
AfgnO»,  Mimlint,  Yokt,  etc. 


assemblée,  qui  fat  plus  tard  transfères 
à  Milhau.  Il  est  probable  que  Paulin  y 
présida ,  puisque  son  nom  se  trouve 
inscrit  le  premier  (1)  au  bas  de  la  cé- 
lèbre requête  que  les  Protestants  du 
Languedoc  adressèrent  au  roi  {Voy. 
Pièces  juslif.,N«  XXXVII). 

Dans  la  nouvelle  organisation  du 
parti,  Paulin  obtint  le  gouvernement 
du  Haut-Languedoc.  Il  établit  le  centre 
de  ses  opérations  à  Montauban.  C'est 
de  là  qu'il  partit  pour  mettre  le  siège 
devant  Saint-Alby,  qui  dut  se  rendre 
après  la  défaite  d'un  secours  consi- 
dérable mené  par  le  gouverneur  de 
Castres  en  personne.  Quelque  temps 
après,  Paulin  conduisit  sa  compagnie 
dans  le  Bas-Quercy  afin  de  seconder 
les  opérations  militaires  de  Terride. 
Surpris  dans  l'abbaye  do  Grandselve  oo 
il  s'était  logé,  il  soutint  avec  Une  va- 
leur héroïque  les  efforts  d'un  ennemi 
infiniment  supérieur  en  nombre,  etpar- 
vint  à  rentrer  dans  le  Mas-de- Verdun 
sans  avoir  éprouvé  d'autre  perte  que 
celle  du  sieur  de  Calonges. 

Plusieurs  mois  se  passèrent  sans  que 
Paulin  exécutât  aucune  entreprise  con- 
sidérable. On  avait  entamé  avec  la  Cour 
des  négociations,  qu'à  son  retour  en 
France,  Henri  III  s'empressa  de  rom- 
pre. La  guerre  recommença  donc  avec 
une  nouvelle  ardeur,  en  1 575.  A  l'ap- 
pel du  maréchal  Damville,  qui  venait 
de  s'allier  aux  Protestants,  Paulin  se 
mit  immédiatement  en  route  pour  le 
Bas-Languedoc  avec  sa  compagnie  de 
gendarmes  et  les  trois  compagnies  d'in- 
fanterie de  Dupuy,  FourniertiMasO' 
met  y  sous  les  ordres  du  colonel  Saint- 
Amans.  Il  assista  à  rexpédition  d'Ai- 
gues-Mortes,  conçue  par  Gremiany  et 
contribua  à  la  prise  de  plusieurs  villa- 
ges fortifiés  dans  les  environs  de  Mont- 
pellier et  de  Nismes;  mais  à  la  non- 

(1)  Les  antres  sont  ceux  de  G<ntrdônf  Clomû* 
trif  Verlhae  f  Fetriiret,  MonUtégur^  Brouart, 
Sainl-Lyonf  Douzac^  fiarbonne^  Slopinian,  Ar- 
heraZf  de  La  Source  ^  (iallatlre  ^  Latner^  Cho^ 
mor/.  Proeel,  Payen^  Rigot^  de  Roberts,  de  Le»- 
Irivierê^  de  Roger  y  Paulmicr^  Cabanne,  et  Neuf» 
vie,  de  ValUhan,Sochardf  CLavaUf^i  trais  antres 
que  nons  n  Voai  pa  dèclùflirer  iFondt  di  Brùnn§, 
N«807). 


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—  343  — 


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velle  qne  Joyeuse  menaçait  Réalmont, 
il  retourna  précipitamment  dans  le 
Haat-Langnedoc  à  la  fin  du  mois  de  fé- 
vrier. Le  cher  catholiqne  s'étant  éloi- 
gné sans  poursuivre  ses  projets,  Pan- 
lin  convoqua  à  Castres  une  assemblée 
politique  qui  confirma  encore  une  fois 
ses  pouvoirs,  en  lui  donnant  un  conseil 
composé  de  La  Garrigue,  Landes, 
Franc,  Donnarel  et  Gar toute,  et  qui 
ordonna  l'érection  d'une  chambre  de 
justice  sous  la  présidence  de  UHôpi* 
tal,  A  peine  cette  assemblée  eut-elle  clos 
ses  séances^qne  Paulin  se  remit  en  cam- 
pagne. Le  30  mars  1575,  il  assiégea 
le  château  de  Boissezon-d'Augmontel, 
qui  fut  pris,  après  une  vaillante  défen- 
se, et  brûlé,  leSavril.LamorldeGm^ 
loi'de-Ferrières  rayant  rappelé  à  Cas- 
tres, il  établit  son  quartier-général  dans 
cette  ville  ets'occupa  avec  activité  d'en 
augmenter  les  fortifications,  tout  en  ré- 
primant sévèrement  les  conspirations 
des  habitants  catholiques,  et  en  har- 
celant sans  relâche  les  garnisons  du 
voisinage.  Instruit  que  le  capitaine 
Mercier  y  qui  défendait  courageuse- 
ment, avec  Dominique  Bouay,  la  ville 
deCaraman  contre  Joyeuse,  était  réduit 
aux  dernières  extrémités  et  allait  être 
forcé  de  serendre,  il  vola  à  son  secours 
accompagné  de  Deyme  et  de  Sénégas. 
Joyeuse  n'osa  pas  accepter  la  bataille 
que  Paulin  lui  ofi'rait,  et  leva  le  siège, 
laissant  maîtres  de  la  campagne  les 
Protestants  qui  s*emparèrent  de  plu- 
sieurs châteaux  forts,  entre  autres  de 
Montfranc,  où  s'était  cantonnée  une 
tande  de  brigands,  qui  furent  tous  mis 
à  mort,  et  de  La  Polinenque,  dont  la 
garnison  incommodait  Réalmont. 

En  1577,  sur  l'invitation  de  (7/kidi- 
ion,  Paulin  retourna  dans  le  Bas-Lan- 
guedoc, à  la  tète  des  quatre  compa* 
gniesde  Franc,  Foumier,  Durand  et 
Bousquet  ;  mais  la  conclusion  de  la  paix 
arrêta  les  deux  armées  prèles  à  en  ve- 
nir aux  mains  sons  les  murs  de  Mont- 
pellier (Toi/,  m,  p.  406).  C'est  la  der- 
nière fois  que  nous  ayons  rencontré  son 
nom.  Son  fils  unique,  nommé  Màrg- 
ANTOirtE,  ne  se  montra  pas  moins  dé- 


voné  que  son  père  à  la  Cause;  mais  la 
mort  Tenleva  au  début  de  sa  carrière 
militaire.  Lieutenant  do  Montgomme- 
ry,  qui  lui  avait  confié,  pendant  une 
absence,  le  gouvernement  de  Castres, 
il  se  laissa  séduire,  an  mois  d'octobre 
1587,  par  l'espoir  de  détruire  un  corps 
de  Ligueurs  qui  se  retirait  en  désordre 
de  devant  Roquecoorbe.  11  l'attaqua 
près  de  Scieutat-lès-Castres  ,*  mais  lâ- 
chement abandonné  par  son  infanterie, 
il  fut  complètement  battu  et  resta  sur 
le  champ  de  bataille  avec  Bousquet, 
Maisonneuve,  le  jeune  Clusel,  Vigne* 
vieille,  Mandoul,  Montbrun  et  deux 
cents  habitants  de  Castres.  Comme  il 
ne  laissa  pas  d'enfants  de  sa  femme 
Anne  de  Roque feuil,  le  baron  de  Pau- 
lin, son  cousin,  devint  le  chef  de  la 
famille. 

Philippe  de  Rabasteins,  baron  de 
Paulin,  n'occupe  pas  dans  l'histoire 
de  nos  guerres  civiles  une  place  aussi 
considérable  qne  son  frère.  Son  prin- 
cipal exploit  est  la  prise  de  Gailiac^ 
dont  il  se  rendit  maître  par  escalade, 
le  8  sept.  1568,  avec  l'aide  des  capi- 
taines A' Ar ligues,  Franc  et  Pasquel, 
qui  y  fut  mis  pour  gouverneur.  Les  ha- 
bitants expièrent  cruellement  lenr  san- 
glante orgie  de  1562  (Koy.IV,  p.  459). 
Le  fameux  Cabrol,  qui  avait  rendu  de 
si  belles  sentences,  subit  la  peine  du 
talion  avec  plusieurs  de  ses  complices. 
Cette  légitime  vengeance  exécutée,  le 
baron  de  Paulin  alla  rejoindre  les  Vi- 
comtes, laissant  à  son  lieutenant  d'Ar- 
tigues  le  soin  d'enlever  Saissac,  où  tous 
les  prêtres  furent  égorgés  et  l'église 
brûlée.  Les  historiens  ne  nous  font  pas 
oonnaltre  l'année  de  sa  mort.  Son  fils 
Samuel  fut  tué  en  1589,  n'ayant  de  sa 
femme,  Marie  de  Lautrec^  qu'un  fils, 
Mauquis  de  Rabasteins,  vicomte  de 
Paulin,  à  qui  l'Assemblée  de  Nismes 
ordonna,  en!  6 1 5,  de  conduire  à  Rohan 
les  troupes  qu'il  avait  levées  dans  TAl- 
bigeois  pour  le  service  de  la  Cause.  Le 
1 6  juillet  de  Tannée  suivante,  surpris 
en  flagrant  délit  d'adultère,  il  fut  tué 
par  le  baron  de  Regniés  (Voy.  VI,  p. 
382^).  Sa  lui  s'éteigoit  l'aactenneetil- 


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—  341  — 


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lustre  race  des  vicomtes  de  Paulin,  de 
la  maison  de  Rabasteins. 

R  ABACLT  (Jban)^  sienr  de  Mathe- 
felon^  eut  de  son  maridge  avec  Marie 
Merciefy  nn  fils,  nommé  aussi  Jban^ 
sieur  de  La  Coudrière-Bouchetière, 
quiy  à  Tàge  de  31  ans,  épousa  dans  le 
temple  de  Gharenton,  le  i  9  mai  1 680, 
Renée-Marguerite  Jandouin,  fllie  û'U- 
ricy  sieur  de  Boinion,  et  de  Renée  de 
La  Barre,  ayant  pour  témoins  de  son 
mariage,  son  oncle  René  Rabault,  son 
frère  Gédéon  et  son  beau-frère  Pran- 
cens  Jandouin,  A  la  révocation  de  Té- 
dit  de  Nantes,  il  sortit  du  royaume, 
ainsi  que  son  oncle,  mais  il  ne  put  em- 
mener ses  deux  enfants.  César  et  Char- 
lotte (  1  ),  qui  furent  mis  en  possession 
des  biens  de  leur  père  en  1689  (Arch. 
gén.  E.  3375).  Jean  Rabault  suivit  le 
prince  d'Orange  en  Angleterre,  avec 
le  grade  de  capitaine.  A  la  paix,  il  se 
fixa  à  Londres,  où  lui  naquit  un  flis, 
Guillaume,  qui  eut  pour  parrain  le  roi 
Guiliaumeet  pour  marraine  la  duchesse 
de  Schombergy  et  qui  fut  baptisé^  le  1 9 
déc.  1693,  dans  Téglise  française  de 
Swallow-Street.  —  En  17  u,  deux  de- 
moiselles Rabault  furent  enfermées 
dans  le  couvent  de  Sainte-Claire  de 
Tbouars  (Ibid.  E.  3400).  Ces  demoi- 
selles étaient  peut-être  les  petites-filles 
de  notre  réfugié. 

RAB AUT  (Paul)  ,  le  plus  célèbre 
des  pasteurs  du  désert,  de  ces  hommes 
de  foi,  de  piété  et  d'énergie  qui,  au 
milieu  des  dangers ,  des  privations , 
des  souffrances,  au  prix  de  leur  vie 
quelquefois,  et  toujours  de  leur  re- 
pos et  de  leur  bonheur  temporel,  se 
dévouèrent  à  continuer  Tœuvre  d'An- 
toine Court ,  en  soutenant  les  églises 
qu'il  avait  restaurées,  naquit  à  Béda- 
rleux,  le  9  Janv.  1718.  Son  père  se 
plut  à  lui  inspirer  les  sentiments  d'a- 
mour ardent  dont  il  était  animé  lui- 
même  pour  la  religion  proscrite  ;  aussi, 
dès  son  enfance  9  le  Jeune  Rabaut  se 

(1)  Ne  Mnit-dl6  pu  U  même  qae  Mari»  Ra- 
hamlt,  dont  dou  atoos  déjà  parlé  (Yoy.  Yll, 
p.  S8S).  La  coïncidence  des  dates  semble  le  proi- 
^v.  lue  s'appelait  peat-ètra  Marle-CliarloKe. 


montrait-Il  heureux  et  fier  de  servir  de 
guide  aux  ministres  de  l'Evangile,  à 
qui  la  maison  paternelle  avait  offert 
pour  une  nuit  une  retraite  incertaine, 
et  quand  il  fut  plus  avancé  en  Age,  Il 
lui  arriva  souvent  de  remplir  les  fonc- 
tions de  lecteur  dans  les  assemblées  du 
désert.  Frappé  de  sa  piété  et  de  son 
courage,  un  prédicant  qu'il  suivait 
dans  une  de  ses  dangereuses  tournées, 
l'engagea  à  se  vouer  au  ministère  é- 
vangélique,  et  Rabaut  se  laissa  persua- 
der d'autant  plus  aisément  qu'il  se 
sentait  une  vocation  prononcée  pour 
une  profession,  où  il  n'y  avait  pourtant 
àattendre  que  misères  et  persécutions. 
Dans  son  Annuaire,  Rabaut-Dupuis 
affirme  que  ce  prédicant  éMi  Antoine 
Court  lui-même,  qui,  dit-il,  le  deman- 
da à  son  père  et  l'emmena,  en  1736^ 
avec  le  jeune  Jean  Pradel ,  de  Béda- 
rieux  (1),  en  qui  il  avait  aussi  trouvé 
d'heureuses  dispositions.  MaisCh.  Co- 
querel,  dans  son  Hist.  des  églises  da 
désert,  a  publié  une  lettre  de  Courte 
qui  prouve  qu'au  mois  de  mars  1 740^ 
le  directeur  du  séminaire  de  Lausanne 
ne  connaissait  pas  encore  Paul  RatNUiU 
«  J'ai  demandé  votre  admission  dans 
le  séminaire,  lui  écrivait-il,  et  Je  l'ai 
obtenue;  ainsi  vous  pouvez  faire  vos 
préparatifs  de  départ.  Je  me  félicite  par 
avance  de  l'heureux  moment  qui  me 
procurera  le  plaisir  de  vous  connaî- 
tre, etc.  » 

A  la  réception  de  cette  lettre^  Ra> 
haut,  en  qui  le  zèle  pour  la  maison  de 
Dieu  s'enflammait  en  raison  des  dan* 
gers  qu'il  courait  chaque  jour,  en  ae« 
compagnant,  en  qualité  de  proposant, 
les  pasteurs  du  désert  dans  leurs  voya- 
ges apostoliques,  n'hésita  pas  à  quit- 
ter la  jeune  femme  qu'il  venait  d'é- 
pouser, et  partit  pour  le  séminaire  de 
Lausanne,  où  il  passa  trois  années. 
Consacré  au  saint  ministère,  il  revint 
en  France,  en  1743,  et  immédiate- 
ment après,  il  fut  nonmié  pasteur  de 

(1)  Jean  Pradel,  dit  Vemezobre^  fut  le  dfpe 
compagnon  d'œntre  de  son  ami  Paol  Rabaai.  n 
laissa  denx  fils.  L'aîné  fut  pasteur  à  Tonlonse  il 
à  Maavesin^  et  monmt,  en  183S,  doyeo  do  U  Fa- 
cdlé  de  theotogie  de  Montaobaa. 


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—  345  — 


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TégLise  de  Nismes,  où  il  exerça  ses 
fonctions  pendant  un  demi-sièciey  se- 
condé dans  ses  pénibles  travaux  par 
Encontre,  Puget  y  Paul  Vincent,  Go- 
chon  et  son  propre  fils  Rabaut-Saint» 
Etienne,  qui  lui  furent  successivement 
donnés  pour  collègues. 

Paul  Rabaut  n'était  point  versé  dans 
les  sciences  théologiques  ;  il  ne  possé- 
dait même  qu'une  instruction  très-or- 
dinaire; mais  il  avait,  au  rapport  de 
Boissy-d' Anglas ,  qui  le  connaissait 
particulièrement,  un  grand  sens  natu- 
rel, une  grande  facilité  d'élocution , 
«  et  une  sorte  d'éloquence  simple  et 
naturelle,  plus  onctueuse  que  forte, 
plus  pathétique  que  régulièrement  or- 
donnée. »  Il  avait  d'ailleurs  reçu  de 
la  nature  les  qualités  les  plus  propres 
à  la  carrière  où  il  venait  d'entrer,  c'est- 
à-dire  un  courage  intrépide  et  une  fer- 
meté indomptable  unis  à  beaucoup  de 
prudence  et  aune  piété  ardente.  «  Une 
douceur  affectueuse,  dit  M.  Peyrat, 
parait  avoir  été  le  noyau  de  celte  na- 
ture souple  et  forte,  prudente  et  auda- 
cieuse, tenace,  intrépide^  infatigable, 
perpétuellement  militante,  et  d'une 
aptitude  souveraine  à  la  domination  de 
la  république  des  églises  sous  la  croix. 
Cet  homme,  d'un  si  grand  courage  a- 
poslolique,  était  d'une  très-petite  taille 
et  d'une  corpulence  exiguë.  11  avait  la 
face  longue  et  maigre,  le  teint  basané, 
les  yeux  et  les  cheveux  noirs ,  le  nez 
mince,  aigu  et  légèrement  aquilin.  » 

A  l'époque  où  il  commença  son  mi- 
nistère, les  Protestants  Jouissaient 
d'une  espèce  de  tranquiUité,  dont  ils 
étaient  redevables  à  la  guerre  de  la 
succession  d'Autriche,  qui  avait  forcé 
le  gouvernement  à  dégarnir  de  trou- 
pes les  provinces.  Les  intendants  fer- 
maient les  yeux  sur  les  assemblées 
du  désert,  faute  de  soldats  pour  les  dis- 
perser à  coups  de  fusil.  Les  pasteurs 
profitèrent  de  la  circonstance  pour  res» 
susciter  les  synodes  nationaux,  morts 
depuis  près  d'un  siècle.  Ils  en  convo- 
quèrent un,  où  Rabaut  remplit  les 
fonctions  de  vice-président,  quoiqu'il 
ne  comptât  encore  que  26  ans  et  à 

T.  VIII. 


peine  une  année  de  ministère  (Voy, 
Pièces  justif.,  N»  XCVl).  Malheureuse- 
ment cette  demi-tolérance  cessa  bien- 
tôt. Une  infernale  machination  des  en- 
nemis des  Réformés  réveilla  le  zèle  des 
agents  du  gouvernement.  On  fit  courir 
dans  le  Languedoc,  en  1744,  un  oan- 
tique  où  l'auteur  demandait  à  Dieu  le 
triomphe  des  armes  britanniques,  et 
on  accusa  les  Protestants  de  le  chan- 
ter dans  leurs  assemblées.  Rabaut ,  à 
qui  il  fut  attribué,  s'empressa  d'écrire 
au  duc  de  Richelieu  pour  demander 
une  enquête;  mais  le  gouverneur  da 
Languedoc,  qui  savait  peut-être  à  quoi 
s'en  tenir  sur  l'origine  de  cette  pièce, 
n'eut  garde  de  l'ordonner  :  il  se  con- 
tenta de  prescrire  des  mesures  plus 
sévères  contre  les  Protestants.  Plu- 
sieurs assemblées  furent  surprises, 
beaucoup  de  Réformés  enfermés  dans 
des  prisons  ou  des  couvents.  Rabaut, 
qui  avait  poussé  la  témérité  Jusqu'à 
se  montrer  ouvertement  dans  les  rues 
de  Nismes,  dut  se  cacher,  et  les  réu- 
nions religieuses,  qui  s'étaient  tenues 
presque  aux  portes  de  cette  ville,  fu- 
rent refoulées  dans  les  bois  de  Vallon- 
gues  et  de  Vaqueirolles.  Ces  rigueurs 
devaient  nécessairement  irriter  les 
Protestants ,  le  gouvernement  le  sen-^ 
tait;  aussi  ses  alarmes  furent-elles 
grandes,  lorsque  les  Autrichiens  en- 
vahirent la  Provence  en  1746.  Pour 
prévenir  un  soulèvement  qu'on  re- 
doutait, Saint-Florentin  n'imagina  pas 
de  meilleur  moyen  que  d'ordonner  à 
l'intendant  Le  Nain  de  faire  réimpri- 
mer secrètement  et  de  répandre  à  pro- 
fusion dans  le  Languedoc  l'instruction 
pastorale  de  Bornage  (Arch.  gén.  Ë. 
3507).  Le  Nain  obéit,  sans  compter 
beaucoup  sur  l'efficacité  du  remède. 
11  fallut,  pour  calmer  ses  Inquiétudes, 
que  Rabaut,  dont  il  était  personnelle- 
ment connu,  lui  protestât  solennelle- 
ment que  ses  craintes  n'avaient  aucun 
fondement  sérieux. 

Il  semble  qu'instruit  par  l'expérien- 
ce, le  gouvernement  de  Louis  XV  aurait 
dû  renoncer  à  employer  des  mesures 
de  rigueur  contre  les  Protestants»  de 

22 


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manière  à  ne  plus  avoir  aies  redouter, 
gi  ies  mêmes  circonsUmces  se  repré** 
sentaient.  Il  n'en  fat  rien.  Louis  XY  ne 
voulait  point  entendre  parier  de  tolé* 
rance  dans  ses  Etats,  et  certains  prélats 
de  TEglise  romaine  réclamaient  inces- 
samment Tapplication  impitoyable  de 
redit  de  1724.  Saint-Florentin  n'était 
pointaufondunliomme  cruel;  sesdépé- 
cbesofficiellesproQventqu'àroccasion, 
il  savait  donner  des  leçons  de  modéri^ 
tion  et  d'humanité  même  au  hauts  di» 
gnltaires  du  clergé  catholique  ;  mais  il 
éUit  trop  bon  eourtisan  pour  se  mettre 
en  opposition  avee  le  roi  et  avec  les 
prêtres.  Aussi,  dès  que  la  paix  d'Aix-' 
lar€hapelle  [18  oct.  1748]  permit  de 
renvoyer  les  troupes  dans  leurs  can- 
tonnements, on  vit  des  détachements 
militaires  se  remettre  à  courir  la  cam- 
pagne pour  surprendre  les  assemblées 
el  pour  forcer  les  parents  protestants 
à  foire  bapUser  leurs  mifants  à  l'église 
catholique;  mais  tous  les  mouvements 
que  l'on  se  donna  n'empêchèrent  pas 
Rabaut  el  ses  collègues  de  tenir  des  m» 
semblées  et  même  de  se  réunir  régu- 
lièrement en  synode  (l).  Le  secrétaire 
d'Etat,  qui  était  instruit  par  ses  espions 
de  toutes  leurs  démarches,  n'aurait  pas 
Banque  de  recourir  aux  moyens  de  ré* 
pression  les  plus  violents,  si^  en  i  753, 
quelques  montagnards  des  Cevennes^ 
refusant,  dansleur  désespoir^d'écouter 
les  exhortations  de  leurs  ministres, 
n'avalent  pris  les  amei!  et  repoussé  la 
féree  par  laforce.  Epouvanté  de  ce  com-» 
meneement  d'insurrection,  l'intendant 
Satnt-Prlest  eut,  comme  Le  Nain,  re^ 
cours  à  Rabaut.  Cet  intrépide  pasteur 
venait  d'échapper  au  plus  grand  danger 
qu'il  eût  couru  dans  sa  périlleuse  car- 
rière. Au  reto«r  d'une  assemblée  où  il 
avait  prêché^  11  avait  été  arrêté  avec 
Bénezet  (Voy«  ce  nom);  mais  le  chef 

U)  Nott  itoM  éMDpalM  toele  «le  Mrie  d'aelei 
de  ces  spodes  da  dé»ert.  Le  plus  reiDarqiuble  est 
celui  de  1757,  tenu  sous  la  présidence  de  Paui 
llMMuf,  qui  «Tail  Jtùtn  PrtÈiel  pour  adjoint, 
P.  CiMo^rt  el  P.  AfdofUNl)  de  Luael,  ponr  tm- 
criuires.  Il  ordonna  rétablisseoieiit  à  Nitmea  d'u 
iteiinaire  sons  la  direction  du  pasteur  PvçH, 
4f Anitos*  CSe  fw^ti  DO  reçvl  pts  d'exictiUon. 


du  détachement,  le  lieutenant  Desmar* 
ceaux,  ne  se  doutant  pas  de  rimpor- 
tance  de  la  capture  qu'il  avait  faite,  et 
craignant  de  ne  pouvoir,  avec  cin^ 
hommes  seulement,  emmener  en  sû- 
reté deux  prisonniers  en  présence  d'un 
attroupement  nombreux  dont  les  dispo- 
sitions lui  semblaient  hostiles,  l'avait 
remis  en  liberté  (1).  Sur  l'invitation  de 
l'intendant,  Rabaut,  Odèleà  la  doctrine 
de  l'obéissance  passive,  employa  toute 
son  influence  sur  les  Cévenols  pour  cal- 
mer leur  irritation,  et  de  son  côté  Saint- 
Priest  tempéra  la  rigueur  des  mesures 
prescrites  par  le  gouvernement. 

Les  Protestants  s'imaginaient  que  si 
Louis  XY  venait  à  connaître  leur  triste 
sort,  il  s'empressersLit  de  l'adoueir.  Le 
pasteur  de  Nlsmes  partageait  cette  folié 
illusion.  Instruit  que  le  marquis  d'Ar* 
genson,  ministre  de  la  guerre,  devait 
traverser  le  Languedoc  dans  une  teui^ 
née  d'inspection,  U  alla  eoufag0use« 
ment  l'attendre  sur  le  chemin  de  HOflt- 
pellier  près  d'Uchau^  lui  déclara  son 
nom,  sa  qualitémème,  et  lui  remltune 
supplique  en  le  priant  de  la  présenter 
an  roi.  Cette  supplique  eut  probable- 
ment le  sort  de  beaucoup  d'autres  re- 
quêtes que  Rabaut  et  ses  eollègoes  a* 
dressèrent  à  Louis  XV  {Arch,  Tr. 
355)  (?).  Nous  le  répétons,  ce  prince 
avait  en  aversion  la  religion  réfonnée. 
S'^ilne  fat  pas  un  persécuteur  aussi  vio- 
lent que  son  aïeul,  c'est  que  les  moyens 
lui  firent  défaut.  Ce  qui  le  prouve,  se- 
lon nous,  c'est  que  jusque  dans  les  der- 
nières années  de  son  règne,  c'est -à-dIre 
Jusqu'à  ce  que  son  égolsme  l'eût  rendu 
bidiflërent  à  tout  ce  qui  ne  le  touehalt 
pas  personDellement,  la  persécution, 
et  une  persécution  Cruelle  qui  s'exer- 
çait par  les  supplices  les  plus  terribleér, 
se  ralentit  ou  se  ralluma  selon  les  al- 
ternatives de  guerre  on  de  paix. 

(1)  Gottme  récompense  pour  l'arrestation  de 
Bèoeoet,  Dssmaroeanx  demanda  la  croii  de  Siifll* 
Levis  jArch.  Tt.  SSS). 

(2)  Nous  en  aTons  trouYé  plasiears  dans  lei 
cartons  des  Archires,  Notamment  celle  qai  M 
àtmsè^  par  le  synode  proTineial  de  1759,  synedA 
fw  Rabaat  présida,  ayant  Jtan  Rradel  petr  ad- 
ieint,  P.  Encontre  et  P,  Redon  pour  secrétaiiii 
{Areh,  TT.  MU). 


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En  1754^168  bostUitésn^avaienlpoint 
encore  éclaté;  mais  tout  faisait  pré- 
Yolr  une  noiivelle  guerre  avec  l'Angle- 
terre. Avant  d'éloigner  lea  troupes  du 
Languedoc^  le  gouvernement  crut  né- 
cessaire d'adopter  quelques  mesures 
ée  précaution.  Il  s'arrêta  à  Tinexéeu-» 
table  projet  de  forcer  les  pasteurs  à 
sortir  du  royaume^  surtout  Rabaut  doni 
il  redoutait rinfloênce.  Peut-être  n'au- 
ratt-il  pas  été  impossible  de  se  saisir 
de  sa  personne  ;  mais  sa  capture  devait 
entraîner  une  eondamnatiou  à  mort^  et 
ronpouvaitcralndreTeffet  que  ne  man- 
querait pasdeproduire  l'exécution  d'un 
ministre  aussi  populaire.  On  se  con- 
tenta donc  de  cbefcber  à  l'effrayer  dans 
l'espoir  qu'Use  déciderait  de  lui-même 
à  s'éloigner.  Des  visites  domiciliaires 
répétées  fréquemment  et  accompagnées 
de  menaces  terribles  intimidèrent  en 
effet  sa  femme  au  point  qu'elle  prit  le 
parti  de  quitter  son  logis  avec  sa  mère 
et  ses  enfants;  mais  ses  persécuteurs 
ne  gagnèrent  rien  de  plus.  Loin  d'en- 
gager son  mari  à  passer  à  l'étranger, 
alfisi  qu'on  s'en  était  flatté^  cette  femme 
héroïque  l'exhorta  à  persévérer  dans 
l'accomplissement  de  ses  devoirs,  et 
pendant  f  espace  de  deux  ans,  elle  con- 
sentit à  errer  d'asile  eu  asile,  suppor- 
tant, sans  se  plaindre,  les  privations  et 
les  souffrances, plutôt  que  déconseiller 
àèon  époux  d'abandonner  le  service  de 
son  Dieu. 

Ce  fut  dans  ées  circonstances,  au 
mois  de  juill.  1755,  que  Paul  Rabaut 
fit  à  Paris  un  voyage  dont  le  but  est 
encore  aujourd'hui  enveloppé  d'un  pro- 
fond mystère.  Il  avait  été  mis  en  rela- 
tion avec  le  prince  de  Gonti  par  Le 
Cointey  agent  officieux  des  églises,  et 
par  de  Beaumont^  gentilhomme  noN 
mand,  très-zélé  pour  sa  religion,  qui 
venait  de  publier  une  édit.  refondue  dil 
Patriote  françois  et  impartial  sous  le 
titre  de  L'accord  parfait  de  la  nature, 
de  la  raison,  de  la  révélation  et  de  la 
fffditique,  Colog.  [Gen.],  1753,  2  vol. 
in-12.  Rabaut  eut  avec  le  prince,  & 
l'Ile-Adam,  une  entrevue  secrète  dont 
rien  n'a  transpiré*  On  sait  seoleBMhl 


que  ses  espérances  ne  furent  point  réa- 
lisées. 

De  retour  dans  sa  province  natale, 
le  pasteur  de  Nismes  assista  au  synode 
national  de  1756,  qui  l'élut  vlce-pré- 
8ident(Koy.Plèces]U8lif.  N»XCVlIl6ts). 
Quelques  mois  après,  on  reçut  dans  le 
Languedoc  la  nouvelle  de  Tatteutat  do 
Dàmiens  (5  Janv.  1757).  Rabaut,  qui 
était  alors  recherché  avec  plus  d'acti- 
vité que  jamais  et  dont  la  tête  venait 
même  d'être  mise  à  prix,  saisit  cette 
occasion  pour  adresser  à  son  troupeau 
une  Lettre  pastorale  (réimp.  à  Paris, 
1826,  ln-8»),  où,  après  avoir  peint 
l'horreur  et  la  consternation  dont  les 
Protestants  avalent  été  saisis  enappfe- 
nant  le  crime,  et  avoir  rappelé  aux  fi- 
dèles de  son  église  les  principes  dV 
mour,  de  respect  et  d'obéissance  qui 
leur  avaient  été  inculqués  dèsTenfan- 
ee  pour  les  rois,  ces  vivantes  Images 
de  la  Divinité,  il  annonce  que,  de  con- 
cert avec  le  consistoire,  il  avait  choisi 
le  lundi,  1 7  janvier, pour  rendre  à  Dieu 
de  solennelles  actions  de  grâces.  Le  ànc 
de  MIrepoix  s'empressa  d'envoyer  cet 
écrit  à  Saint-Florentin,  qui  lui  répon- 
dit, le  4  février  :  «  J'ai  vu  avec  plaisir 
la  prétendue  lettre  pastorale  de  Paul 
Rabaut.  Ce  qu'elle  a  d'irrégulier  est 
couvert  par  des  sentimeiiS  de  zèle  el 
de  fidélité  qui  donnent  lieu  de  Juger 
qu'il  est  aussi  bien  intentionné  qu'on 
VOUS  l'a  fait  entendre»  (.4 fc^.  E.  S518). 

Autant  Saint-Florentin  se  montra  sa- 
tisfait de  cette  première  lettre  pasto- 
rale, autant  il  fit  paraître  d'indignation 
après  la  lecture  d'une  seconde  que  Ra- 
baut publia,  quelques  mois  après,  le 
il  déc.  175è,  avec  son  collègue  Er^ 
contre,  sous  ce  titre  :  Lettre  pastorah 
sur  l'aumône  aux  fidèles  de  l  église  ré' 
/brm^cdô  A^wmr5,s.l.,ln-i2. Le  lOféVé 
1759,  Il  écrivit  au  maréchal  de  Tho- 
mond  :  «  S.  M.  ne  voit  pas  sans  indigna- 
tion qu'il  [Rabaut]  ose  répandre  de  pa- 
reils écrits,  et  qu'il  se  montre  aussi 
publiquement  que  révoque  de  Nismes» 
(Àrch,  E.  3520).  En  conséquence,  il 
ordonna  de  l'arrêter  avec  son  collègue; 
maisil  reeommandade  ne  pas  leur  faire 


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leur  procès  sur-le-cbampfl).  Heureu- 
sement beaucoup  de  personnes^  même 
parmi  les  agents  du  gouvernement^ 
commençaient  à  comprendre  que  la  for- 
ce est  sans  pouvoir  sur  la  conscience 
et  qu'une  religion  ne  s'impose  pas  par 
la  violence.  Le  maréchal  parait  avoir 
été  du  nombre.  Il  représenta  au  secré- 
taire d'Etat  que  Rabaut  était  regardé 
«  comme  le  cbef  et  l'apôtre  des  Protes- 
tans  du  Languedoc,  v  qu'il  était  un 
hooune  a  doux  et  modéré,  »  et  qu'il  y 
aurait  de  l'imprudence  à  l'arrêter  dans 
un  moment  où  il  n'y  avait  que  peu  de 
troupes  dans  la  province.  Saint-Floren- 
tin sentit  la  force  de  ses  raisons  et  con- 
sentit à  s'en  rapporter  à  sa  prudence 
(/6td.TT.  434).  Ou  laissa  donc  en  paix 
Rabaut,  qui  continua  à  mériter  de  plus 
en  plus  l'honneur  que  le  gouvernement 
lui  faisait  de  le  considérer,  au  grand 
dépit  de  certains  de  ses  confrères,  com- 
me le  chef  des  Protestants  duHidi.Tou-' 
Jours  sur  la  brèche  pour  les  défendre. 
Il  adressa,  en  1761,  à  la  fille  aînée  de 
Louis  XV  une  pétition  touchante  en  fa- 
veur de  François  Rochetle  et  de  ses 
coaccusés,  et  la  même  année,  il  publia, 
sous  le  titre  de  La  calomnie  confondue 
ou  Mémoire  dans  lequel  on  réfute  une 
nouvelle  accusation  intentée  aux  Pro* 
testants  du  Languedoc,  à  l'occasion  de 
l'affaire  du  sieur  Calas,  détenu  dans 
les  prisons  de  TotUouse,  une  brochure, 
réimp.  dans  les  Toulousaines,  où  il  re- 
poussa, aveclachaleureuse  indignation 
d'un  cœur  honnête,  Taccusation  plus 
absurde  encore  qu'odieuse,  lancée  con- 
tre les  Protestants,  d'ordonner  aux  pè- 
res de  mettre  à  mort  leurs  enfants  apos« 
tats.  Saint-Florentin,  qui  eut  Immédia- 
tement connaissance  de  cette  brochure, 
ordonna  à  Bonreposi  le  2  mars  1762, 
delà  faire  proscrire,  sans  requérir  con- 
tre l'auteur,  en  ajoutant  que,  si  pour- 
tant le  parlement  Impliquait  Rabaut 
dans  le  procès  et  le  décrétait  de  prise 
de  corps,  il  pourrait  le  faire  arrêter  en 
prenant  toutes  les  précautions  pour  pré- 
venir une  recousse  (Ibid.  £.  3523). 

(1)  On  éUit  «Ion  «n  plu  fort  de  la  guerre  de 
Sept  «Bf  I  ii  dÔMsiceiue  foor  1a  France. 


Quelque  sanguinaire  qu'il  fût,  le  parle- 
ment trompa  l'attente  de  Saint-Floren* 
Un  ;  il  ne  lança  pas  de  décret  contre 
Rabaut,  et  se  contenta  de  faire  brûler, 
le  7  mars,  son  écrit  par  la  nuUn  du 
bourreau.  Bonrepos  n'en  prit  pas  moins 
toutes  ses  mesures  pour  l'arrêter.  Sas 
amis  alarmés  le  supplièrent  de  sortir 
du  royaume,  lui  offrant  une  retraite  ho- 
norable en  Suisse,  en  Hollande  ou  en 
Danemark,  à  son  choix;  mais  l'intré- 
pide pasteur  refusa  d'abandonner  son 
troupeau,  au  milieu  duquel  sa  présence 
était  d'autant  plus  nécessaire  que  son 
église  était  soumise  à  de  nouvelles 
épreuves. 

Dès  1761,  une  ordonnance  du  ma- 
réchal de  Tbomond  avait  enjoint  à 
tous  les  protestants  de  Nlsmes  de  faire 
réhabiliter  leurs  mariages  célébrés  au 
désert  et  rebaptiser  leurs  enfants  par 
un  prêtre  catholique  (1).  La  conster- 
nation était  générale.  Rabaut  et  son 
collègue  Paul  Vincent  comprirent  en- 
fin qu'il  n'y  avait  rien  à  espérer  de  la 
patience  et  de  la  soumission ,  et  dans 
une  brochure  qu'ils  publièrent  en  com- 
mun sous  ce  titre  :  Exhortation  à  la 
repentance  et  à  la  profession  délavé' 
rite  ou  Lettre  pastoraie  aux  Réformés 
de  l'église  de  Nismes,  Gen.,  1 761,  In- 
4«,  ils  n'hésitèrent  plus  à  exhorter  for- 
tement leurs  coreligionnaires  à  sortir 
du  royaume  plutôt  que  de  se  soumettre 
aux  ordres  tyranniqnes  du  gouverne- 
ment. C'était  précisément  le  moment 
où  le  ministère  aux  abois  cherchait  à 
augmenter  les  revenus  de  l'Etat  «d  ra- 
nimant l'industrie.  Oncraignit  que  leur 
conseil  ne  fût  suivi,  et  on  suspendit 
l'exécution  de  l'ordonnance  (2). 

En  1763,  Rabaut  présida  le  dernier 
Synode  national  (Voy,  Pièces  justifie. 
XCIX),quialt  été  tenu  Jusqu'ici  en 
France  par  les  églises  réformées.  Cette 
assemblée  inaugura,  pour  ainsi  dire, 
une  ère  nouvelle.  Le  prince  de  Beau- 
veau,  qui  remplaça  Tbomond  dans  son 


(1)  On  vn\%  entamé  des  négoeietionf  atec  r^_ 
gleterre,  et  Ghoiienl  tenait  de  ligner  aTec  VBê- 
pagne  le  fameux  pacte  de  famille. 

Ts)  Ut  nègociationi  arec  l'Angleterre  nTaienI 
d'aïUeui  été  rompaei . 


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gonvernement^  adouci^  autant  qu'il 
dépendit  delui^  le  sort  des  Protestants 
du  Languedoc.  Sa  bienveillance  à  leur 
égard  alla  Jusqu'à  souCTrlr  qu'ils  éta- 
blissent une  forme  de  temple  tout  près 
de  Nismes  et  qu'ils  s'y  rendissent  en 
plein  jour  pour  célébrer  leur  culte.En 
plusieurs  circonstances  aussi,  il  donna 
des  marques  d'estime  à  Paul  Rabant. 
Il  est  vrai  que  ce  n'était  là  qu'une  to- 
lérance précaire^  reposant  uniquement 
sur  les  sentiments  d'humanité  et  de 
Justice  qui  animaient  le  nouveau  goo- 
vemeur;  car  Saint-Florentin,  dans  son 
admiration  fanatique  pour  le  grand  roi, 
s'obstinait  à  suivre  les  vieux  erre- 
ments, et  voyait  avec  chagrin  s'accrot- 
tre  le  nombre  des  «  tolérants,  n  Le  mi- 
nistre Pradely  qui  ne  pouvait  connaître 
les  dispositions  du  ministre  à  l'égard 
des  Protestants,  et  qui  croyait  sans 
doute  à  un  changement  dans  la  politi- 
que du  gouvernement,  osa  tenir  à 
Saint-Ambroii  des  assemblées  presque 
publiques;  mais  il  faillit  payer  cher 
son  erreur.  Saint-Florentin  ordonna  à 
Honcan,  en  1765,  de  le  faire  enlever 
et  juger  selon  la  rigueur  des  ordon- 
nances (Arch,  £.  3526).  A  tout  pren- 
dre cependant,  le  sort  des  Protestants 
était  devenu  beaucoup  plus  toiérable. 
Rabaut  nommément  ne  fut  plus  in- 
quiété. Il  continua  à  remplir  ses  fonc- 
tions jusqu'en  1785,  que,  sentant  ses 
forces  baisser,  il  pria  le  consistoire 
de  l'en  décharger.  Dans  sa  séance  du  6 
octobre,  le  consistoire  lui  accorda  sa 
demande,  en  lui  conservant,  par  une 
exception  honorable,  le  titre,  lesdroits 
et  les  honoraires  de  pasteur.  Deux  ans 
après,  le  vénérable  ministre  eut  la  joie 
d'assister  à  la  publication  de  l'édit  de 
1787,  et  sept  ans  plus  tard,  celle,  en- 
core plus  vivement  sentie,  de  faire,  le 
dimanche  20  mai  1 792,  la  dédicace 
du  premier  temple  que  les  Protestants 
eurent  à  Nismes  depuis  la  révocation. 
Le  but  qu'il  avait  poursuivi  pendant 
un  demi-siècle,  à  travers  des  dangers 
sans  cesse  renaissants,  était  enfin  at- 
teint !  L'Assemblée  Constituante  venait 
de  rendre  à  ses  coreligionnaires  laplace 


qui  leur  appart^ait  dans  la  grande 
famille  française,  et  dont  un  fanatisme 
stupide  les  avait  dépossédés  !  Son  bon- 
heur fut  grand.  Pouvait-il  se  douter 
que,  quelques  Jours  plus  tard,  il  au- 
rait à  pleurer  sur  la  mort  tragique 
d'un  de  ses  flls  et  sur  la  proscription 
des  deux  autres;  que  lui-même,  après 
avoir  hasardé  mille  fois  sa  vie  pour 
la  liberté,  il  serait  traîné  en  prison, 
comme  ennemi  de  la  liberté,  au  mi- 
lieu des  insultes  et  des  mauvais  trai- 
tements d'un  peuple  en  délire?  Le  9 
thermidor  ouvrit  les  portes  de  sa  pri- 
son; mais  ies  chagrins  qu'il  avait  é- 
prouvés,  les  douleurs  qu'il  avait  souf- 
fertes pendant  une  captivité  de  plu- 
sieurs mois,  le  conduisirent  rapide- 
ment au  tombeau.  11  monrutle25sept. 

1794. 

Outre  les  opuscules  cités  plus  haut, 
Paul  Rabaut  n'a  publié  qu'un  Pr^ct> 
du  catéchisme  d'Ostervtûd,  qui  a  eu 
un  très-grand  nombre  d'éditions  (i). 
Il  a  laissé  des  sermons  mss.  qui  se 
trouvent  aujourd'hui  entre  les  mains 
de  M.  A.  Coquerel  fils,  avec  les  autres 
papiers  de  sa  succession.  «  Beaucoup 
de  simplicité  et  d'onction,  plus  de  dou- 
ceur que  de  véhémence,  peu  de  dis- 
cussions dogmatiques,  plus  de  charité 
que  de  profondeur,  une  exposition  dog- 
matique sans  cesse  soutenue  de  con- 
seils moraux,  tels  sont,  au  jugement 
de  Ch.  Coquerel^  les  mérites  distinc- 
tifs  de  ses  discours.  »  Un  seul  de  ses 
sermons  a  été  imprimé  à  notre  con- 
naissance et  longtemps  après  sa  morf^ 
nous  voulons  parler  de  celui  qui  a^ur 
titre  La  livrée  de  l'église  chrétienne, 
Paris,  1829,  in-12.  Il  serait  difficile 
sur  ce  seul  document  de  juger  de  ses 
opinions  dogmatiques.  Nous  devons 
donc  nous  en  rapporter  à  l'historien 
des  Églises  du  désert  qui  affirme  qu'el- 
les n'étaient  pas  d'une  orthodoxie  ri- 
goureuse :  selon  lui,  Paul  Rabaut  au- 
rait été  partisan  du  système  épisco- 

(1)  G'Mt  saoi  doute  de  ce  catéchisme  qu'il  ett 
question  d«as  une  lettre  de  Saint-Florentin,  oà 
nous  i^prenons  qae  l'imprimeur  Delrien,  de  Tou- 
louse, fut  décrète  de  prise  de  corps  en  1745,  d 
oUige  de  se  sauter  {Àreh,  E.  SSW). 


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—  380  — 


RAB 


pal  et  aurait  orn  aa  règne  de  mille  ans. 

Du  mariage  de  Paul  Rabaut  avec 
MÊadêlaine  Gmdan^  de  Nismes^  étaient 
nés  trois  ûls  ;  cbacon  d'eux  a  Joué  un 
assez  beau  rôle  pour  mériter  une  no- 
uée détaillée. 

¥  1.  Jbàn-Paui  Rabaut^  dit  SainUE" 
tienne,  plisteur  du  désert^  membre 
de  l'Assemblée  Constituante  et  de  la 
Convention^  naquit  à  Nismes^  en  avril 
1743.  Boissy-d'AnglaSy  son  ami  et 
son  compagnon  d'œuvre  dans  nos  as- 
semblées politiques^  lui  a  consacré 
une  notice  pleine  d'intérêt,  oh  nous 
puiseront  nos  principaux  renseigne* 
ments. 

Pès  ses  premiers  pas  dans  la  vie^ 
Babaut  fit  le  dur  apprentissage  de  Tad- 
versité  :  la  tête  de  son  père  avait  été 
mise  à  prix  ;  sa  mère  était  menacée 
tle  la  tour  de  Constance^  cette  Bastille 
de  nos  saintes  femmes  ;  la  famille  pros- 
erite  menait  une  vie  errante  :  le  Jour 
ils  ne  savaient  où  il  leur  serait  per- 
mis de  reposer  la  nuit.  Que  de  souf- 
frances !  que  d'angoisses  !  La  foi  ar- 
dente des  premiers  martyrs  du  cbris- 
tlanisme  pouvait  seule  les  fortifier  et 
les  soutenir.  Ce  fut  au  milieu  de  ces 
tribulations  incessantes  que  le  Jeune 
Rabaut  reçut  de  son  père  sa  première 
Instruction.  Son  éducation  en  eûtsonf- 
fertj  s'il  n'avait  été  envoyé  de  bonne 
beure  à  Genève^  où  il  continua  ses  é- 
tudes  sous  le  pasteur  Théodore  Chi- 
ron  (1).  De  là,  il  se  rendit  à  Lausanne 
pour  y  suivre  un  cours  de  théologie. 
fi  y  eut  pour  professeur  le  célèbre 
Court  de  GébcUn,  qui  prit  son  élève  en 
affection,  et  leur  amitié  ne  cessa  qu'a- 
vec la  vie.  Rabaut  avait  hâte  de  s'as- 
socier aux  travaux  apostoliques  de  son 
père.  Né  et  élevé  dans  la  proscription, 
il  s'était  de  bonne  heure  familiarisé 
avec  les  dangers  et  les  fiatigues  de  l'a- 
postolat. Le  corps  du  malheureux  pas- 
/eur  François  Rochette  ^penûàii  encore 

(i)  Nous  emprunloag  ce  fait  à  la  biographie 
de  Paul  Rabaut  et  de  les  trois  flli  par  M.  i4.  Bot- 
ni.  Mais  duos  feroni  remarqper  qu'à  cette  épo- 
^^t,  raocien  paateor  de  Mootéliinart  devait  avoir 
atteint  un  Age  ^ien  atroce  pour  s'occaper  enoore 
d'instruction.  S'agirait-il  d'un  de  ses  fils? 


au  bols,  lorsque  Rabaut  rentra  en 
France  et  se  consacra  au  ministère  é- 
jvangélique.  Il  fut  nommé  pasteur  de 
Nismes,  en  1765,  et  le  31  oct.  iT68,fl 
épousa  une  demoiselle  Boissière,  de 
Durfort.  «  La  douceur  de  ses  mœurs, 
la  bonté  de  son  caractère ,  les  agré- 
mens  de  son  esprit,  lui  attirèrent 
bientôt  un  grand  nombre  de  partisans 
et  une  honorable  célébrité.  Son  élo- 
quence était  onctueuse  et  nourrie  des 
principes  et  de  l'esprit  des  livres  sa- 
crés, dont  les  orateurs  protestans  font 
toujours  un  fort  grand  emploi;  il  prê- 
chait constamment,  et  à  l'exemple  de 
Bon  père,  la  soumission  et  la  fidélité 
au  roi,  et  la  morale  la  plus  touchante 
et  la  plus  pure,  »  Telle  est  l'apprécia- 
tion de  Boissy-d'Anglas.  «Rabaut-Saint- 
Etienne,  ajoute-t-il,  a  publié  plusieurs 
Sermons  prononcés  dans  des  circon- 
etances  politiques  :  celui  sur  le  mariage 
du  roi  Louis  XYI  (en  1 770),  celui  sur 
son  sacre,  et  sur  la  mort  de  Louis  XY 
(en  1774),  sont  pleins  de  douceur  et 
de  piété,  et  quelquefois  de  cette  élo- 
quence qui  touche  et  persuade  par  les 
sentimens  qu'elle  exprime,  an  lieo 
d'étonner  par  la  grandeur  des  Ima- 
ges et  la  rapidité  des  mouvemens, 
ou  de  convaincre  par  la  force  <le  la 
logique...  Il  y  avait  dans  sa  manière 
de  penser  et  d'écrirequelque  chose  dp 
précieux  talent  de  Massillon,  qu'il  ad- 
mirait beaucoup  et  qu'il  étudiait  sans 
cesse.  » 

Les  persécutions  avaient  à  peu  près 
cessé  partout.  La  tolérance  semblait 
même  s'introduire  dans  l'Eglise.  Ce 
n'était  certainement  pas  un  signe  de 
tiédeur  et  d'indilTérence ,  comme  on 
l'a  dit.  Les  mœurs  font  les  hommes; 
l'Eglise  elle-même  ne  peut  être  Impu- 
nément barbare  que  dans  des  temps 
barbares.  Un  temps  viendra  où  les  lu- 
mières seront  tellement  répandues,  les 
mœurs  tellement  adoucies,  l'amour  du 
prochain  tellement  conforme  aux  inté- 
rêts et  aux  besoins  des  hommes,  que  la 
charité'Cette  vertu  sublime  qui  con- 
tient en  sot  toute  la  loi  et  les  prophètes 
—  sera  prêchée  et  pratiquée  par  tonte 


MB 


—  881  — 


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la  terre.  Notre  procbain  n'est  passea* 
leoent  celui  qui  croit  comme  nons.La 
charité  n'a  ni  autel^  ni  bannière;  elto 
embrasse  tonte  i'hnmanité  dans  son 
aflèction,  c'est  la  plus  hante  manjoe  de 
laperfection  à  laquelle  il  nous  est  don* 
né  d'atteindre^  c'est  l'esprit  de  Dlea 
•aria  terre. 

Ces  vérités^  Rabaut  les  sentait  pro- 
fondément et  il  s'efforçait  de  les  mettre 
•n  pratique.  Ce  fut  dans  cet  esprit  do 
plus  pur  christianisme  qu'il  écrivit  ré« 
loge  du  vénérable  évéque  de  Nismes^ 
M.  de  Becdellèvre^  dont  la  mort  fut,  au 
sentiment  de  Boissy-d'Anglas  «  une 
calamité  générale^  ressentie  également 
par  les  protestans  et  par  les  catholi* 
ques.nBien  différent  d'une  foule  depré- 
lats^  ses  confrères—  sans  en  excepter 
aon  prédécesseur^  le  célèbre  Fléchier^ 
—  il  n'emporta  dans  la  tombe  que  des 
bénédictions  et  pas  un  remords.  N'est» 
oe  pas  là  ce  qu'on  doit  appeler  faire  une 
fin  heureuse  et  chrétienne?  Quelques 
simagrées  de  dévotion  qui  viennent  à 
point  pour  clore  une  mauvaise  vie^  suf- 
firaient-elles pour  nous  laver  de  tous  nos 
péchés?  «  Si  le  caractère  de  l'homme  de 
paix^  dont  Je  célèbre  la  mémoire,  écri- 
vait Rabaut^  a  puissamment  contribué  à 
faire  naître  dans  son  diocèse  la  concor- 
de ;  si  cette  concorde  y  est  si  bien  établie^ 
qu'elle  nous  ferait  presque  regarder 
comme  des  fables  les  dissensions  dont 
les  historiens  nous  ont  conservé  le  sou- 
venir^ n'est-ce  pas  le  louer  de  la  vertu 
qui  honore  le  plus  un  prélat?  » 

Ce  qui  avait  le  plus  contribué  k  fa- 
voriser les  persécutions^  c'était  Tasser- 
vissemcnt  de  la  presse.  La  voix  seule 
du  despotisme  se  faisait  entendre,  toute 
autre  voix  était  étouffée.  On  ne  savait 
que  ce  que  le  Pouvoir  ne  voulait  pas 
cacher.  Les  ordonnances  les  plus  bar- 
bares rendues  contre  les  Protestants 
n'étaient  guère  connues  que  des  bour- 
reaux et  des  victimes.  Rabaut  imagina 
de  mettre  en  relief  cette  triste  page  de 
notre  histoire  nationale,  en  l'envelop- 
pant des  séductions  du  roman.  Notre 
légèreté  leforçaitàcepis-aUer.L«tH6ttX 
Cévenol  est  un  tableau  fidèle  de  la  !é- 


fislation,  souvent  atroce,  qui  étreignait 
las  Protestants  dans  ses  bras  de  fer  et 
ne  leur  laissait  que  comme  une  gràoo 
l'air  et  !•  ciel.  Ce  livre  parut  en  Hol- 
lande en  1779,  et  contribua,  sans  ao^ 
eun  doute,  à  provoquer  en  Franoe  una 
salutaire  réaetlon  de  la  pari  de  l'opi- 
nion publique. 

Rabaut  dérobait  volontiers  quelque 
heures  à  ses  oceupations  pastorales 
pourles  consacrer  aux  lettres.  sHavait, 
au  rapport  de  Boissy-d'Anglas,  des  coni- 
naissances  littéraires  et  scientifiques 
très-étendues;  il  avait  même  un  talent 
poétique  assez  réel,  et  qui  aurait  pu, 
en  se  perfectionnant  par  l'étude  et  par 
le  travail,  assurer  quelque  honneur  à 
son  nom.  11  %.  fait  qutiques  odes,  et 
entrepris  un  poëme  épique,  dont  le  su- 
jet était  Charles  Martel.. .  Il  avait  aussi 
travaillé  aune  sorte  de  poëme  en  prose, 
dont  le  Tôlémaque  avait  été  le  modèle, 
et  qui  mettait  en  action  les  anciennes 
institutions  de  l'Egypte.  U  se  proposait 
de  le  publier,  lorsque  d'autres  travaux 
plus  importans,  et  la  Révolution  l'en 
détournèrent.  % 

Le  nouveau  règne  s'annonçait  comme 
tm  règne  réparateur.  LbphUasophiBfnB 
«-eomme  on  se  plaît  aujourd'hui  à  ap- 
peler les  tendances  libérales  du  dernier 
siècle— avaitau  moins  eu  ce  bon  résul» 
tat  de  répandre  sur  une  foule  de  ques* 
tiens  sociales  des  idées  plus  justes  et 
plus  raisonnables,  tout  comme  eût  fait 
lapins  saine  philosophie.  Le  gouverne- 
ment se  pénétraitdeplus  en  plus  deoette 
vérité,  proclamée  par  Fénelon  après  de 
douloureuses  expériences  :  «  La  force 
ne  peut  jamais  persuader  les  hommes  : 
elle  ne  fait  que  des  hypocrites.  Quand 
lesrois  se  mêlent  dereligion,aulieu de 
la  protéger,  ils  la  mettent  en  servitude. 
(Directions  pour  la  conscience  d'un 
roi.)  »  On  comprenait  de  mieux  en 
mieux  que  la  conscience  n'est  pas  du 
domaine  de  l'administration;  qu'elle 
igchappe  à  la  taille  et  à  la  gabelle  ; 
que  son  royaume  n'est  pas  de  ce  monde . 
Valesherbes  venait  de  publier  ses  deux 
importants  mémoires  sur  le  mariage 
des  Protestants  ;  il  faisait  tous  ses  ef- 


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—  352  — 


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forts,  de  son  propre  avea>  pour  réparer 
envers  les  Protestants  «  toat  le  mal  que 
leur  avait  fait,  en  Languedoc,  M.  de 
Basvilie,  son  oncle.  »  A  la  demande  da 
ministre  des  affaires  étrangères,  M.  de 
Bretenil,  Rulbière  travaillait  à  ses  £- 
claircissements  historiques  sur  les  cau- 
ses de  la  Révocation  de  l'édit  de  Nantes. 
Encouragé  par  de  hautes  protections, 
parmilesquellesnous  aimons  àsignaier 
Lafayette,  Rabaat  se  rendit  à  Paris,  en 
1785,  pour  plaider  auprès  du  gouver- 
nement la  cause  de  ses  coreligionnai- 
res. Les  consistoires  de  Montpellier,  de 
Marseille,  de  Bordeaux  et  de  Nismes 
fournirent  aux  frais  du  voyage.  «  Les 
ministres  et  les  hommes  du  plus  haut 
rang  dans  l'Etat  et  dans  la  société  Tac- 
cueillirent  avec  distinction.  »  L'édit  de 
1787  fut  un  premier  pas  fait  dans  la 
voie  d'une  Juste  réparation,  et  Rabaut 
y  eut  la  plus  grande  part. 

«  Rabaut  profita  de  son  séjour  à  Pa^ 
ris  pour  connaître  et  cultiver  ies  hom- 
mes de  lettres  et  les  savants  les  plus 
célèbres,  et  il  se  plaça  au  milieu  d'eux 
en  publiant  ses  Lettres  à  Bailly  sur 
l'histoire  primitive  de  la  Grèce.  Cet  ou- 
vrage, aussi  ingénieux  que  savant  et 
bien  écrit,  puisé  tout  à  la  fois,  quant 
aux  principes,  dans  les  écrits  de  Court 
de  Gébelin  et  de  Bailly,  Jette  une  grande 
inmièresur  les  premiers  temps  de  l'his- 
toire grecque,  et  eut  beaucoup  de  suc- 
cès. Vers  le  même  temps,  Rabaul-Saintr 
Etienne  composa  aussi  sur  Hésiode  un 
autre  livre  qu'il  ne  publia  point,  et  dont 
malheureusement  le  manuscrit  a  été 
perdu  avec  la  plupart  des  autres  pa- 
piers de  l'auteur.  » 

L'Etat  était  arrivé  sur  une  pente  ou 
il  ne  lui  était  plus  possible  de  s'arrêter. 
Les  Etats-Généraux  venalentd'ètrecon- 
voqués.  Le  mouvement  des  esprits  était 
d'autant  plus  actif  qu'il  avait  été  plus 
longtemps  comprimé.  Il  était  à  crain- 
dre que  les  enthousiastes  ne  se  laissas- 
sent entraîner  dans  un  monde  de  chi- 
mères. Nos  espérances  comptent  bien 
rarement  avec  la  réalité  et  avec  nous- 
mêmes  ;  tout  semble  possible  au  mal- 
heureux qui  espère.  Le  tlers-éut  de  la 


sénéchaussée  de  Nismes  avait  à  élire 
huitdéputés  (l),  le  nom  de  Rabaut  sortit 
le  premier  de  l'urne.  Les  services  qu'il 
avait  rendus,  la  considération  person* 
nelle  dont  il  Jouissait,  l'avaient  désigné 
au  choix  de  ses  compatriotes  de  l'une 
et  de  l'autre  communion.  Ses  Considé- 
rations sur  les  droits  et  sur  les  devoirs 
du  tiers-état  prouvaient  qu'il  n'était 
pas  étranger  aux  questions  politiques 
et  sociales  qui  s'agitaient.  Il  arriva  à 
son  poste  le  cœur  plein  des  plus  douces 
illusions  (2).  La  France  entière  les  par- 
tageait, elleétait  ivre  d'espérance.  Mais 
tous  ne  voulaient  pas  le  bien  avec  un 
égal  désintéressement.  Rabaut  se  ran- 
gea du  parti  de  ceux  qui  pensaient  qu'il 
ne  suffisait  pas  de  recrépir  le  vieil  édi- 
fice qui  croulait;  mais  M.  de  Barante 
se  trompe  lorsqu'il  prétend  qu'il  siégea 
a  à  rassemblée  constituante  parmi  ceux 
à  qui  la  révolution  de  1 789  ne  suffisait 
pas.  »  Ses  vœux  n'allèrent  jamais  an 
delà.  Il  n'était  pas  de  ces  utopistes  à 
toute  outrance,  qui  rêvent  la  perfection 
avec  des  matériaux  imparfaits.  Le  mal 
doit  avoir  sa  place,  comme  le  bien,  dans 
toutes  les  choses  de  ce  monde;  c'est  la 
loi  de  la  nature.  Il  comprenait  que  la 
société  n'est  pas  une  matière  inerte  qui 
se  Jette  dans  un  moule  pour  en  sortir 
toute  formée  ;  c'est  un  être  organisé  qui 
vit  de  sa  vie  propre.  Il  y  a  aussi  peu  de 
saut  possible  dans  le  développement  des 
sociétés  que  dans  le  développement  des 
individus.  L'avenir  naît  du  présent, 
comme  le  présent  est  né  du  passé.  La 
maturité  ne  vient  qu'en  son  temps. 
Tout  renouveler  dans  l'Etat  n'était  pas 
moins  impraticable  que  tout  conserver. 
Sous  l'influence  de  ces  vérités,  Rabaut 
se  montra  modéré.  Il  a  pu  et  il  a  dû  se 
tromper  plus  d'une  fois,  mais  ses  votes 
ne  furent  Jamais  dictés  par  la  passion; 

(1)  •  On  comptait,  au  rapport  de  Boissy«4'AB- 
glu,  trois  protestants  parmi  les  hait  dépotés  di 
tiers-état,  et  c'était  à  pen  près  la  proportion  ^i 
uislait  dans  la  population  générale.  • 

(2)  Au  rapport  de  M.  Beanlieu  (Biogr.  oniT.) 
•  il  arriTa  précédé  d'une  réputation  Traimoit  co- 
lossale. Ses  amis  voulurent  même  l'eleTer  ao- 
desstts  du  fameux  Mirabeau  ;  »  de  là  le  jeu  de 
mots  ({ue  le  député  de  Proience  n'était  qn'ua  mi- 
RatMMt. 


RAB 


-  3fi3  - 


RAB 


il  ne  prenait  conseil  que  de  sa  con- 
science. Des  difficultés  s'étaient  tout 
d^abord  présentées  pour  la  vérification 
des  pouvoirs.  Le  Clergé  et  la  Noblesse 
avaient  fait  scission  dans  l'intérêt  de 
leurs  privilèges.  Tout  le  bien  que  l'on 
avait  attendu  des  Etats  eemblait  com- 
promis par  des  prétentions  surannées. 
Rabaut  proposa  des  mesures  de  con- 
ciliation^ dont  le  principe  fut  adopté, 
il  fut  choisi  pour  un  des  conmiissaires 
chargés  de  conférer  avec  les  commis- 
saires des  deux  autres  ordres.  Cette 
mesure  de  sagesseéchoua^  les  commis- 
saires se  séparèrent  sans  rien  conclure. 
Mais  les  Communes  mirent  au  moins  la 
modération  et  le  bon  droit  de  leur  côté. 
Une  fois  la  lutte  engagée^  les  événe- 
ments marchèrent  avec  rapidité.  Le  1 7 
juin  1789^  les  députés  du  Tiers  se 
constituent  en  Assemblée  nationale; 
serment  du  Jeu  de  paume;  la  Royauté 
abdique  et  la  Nation  ressaisit  3es 
droits. 

Rabaut  prit  une  part  très-active  à 
toutes  les  grandes  discussions.  Le  14 
juillet^  il  soumit  à  l'assemblée  un  pro- 
jet de  déclaration  des  droits  où  il  éta- 
blissait «  que  les  droits  que  les  hom- 
mes apportent  dans  la  société^  se  rap- 
portent à  ces  trois  :  liberté^  égalité, 
propriété,  d'où  il  suit  que  le  but  des 
lois  conservatrices  doit  être  de  leur  en 
garantir  la  sûreté.  »  Dans  la  discussion 
qui  s'éleva  au  sujet  de  la  motion  du 
comte  de  Casteilane»  que  Nul  ne  pût 
être  inquiété  pour  ses  opinions  reli- 
gieuses, ni  troublé  dans  l'exercice  de 
son  culte,  Rabaut  prit  naturellement 
la  parole.  Nous  rapporterons  le  pas- 
sage suivant  d'un  des  discours  qu'il 
prononça  à  cette  occasion,  a  Les  non- 
catboliques(quelques-unsde  vous.  Mes- 
sieurs, rignorent  peut-être]  n'ont  reçu 
de  redit  de  novembre  1787  que  ce 
qu'on  n'apu  leur  refuser.  Oui,  ce  qu'on 
n'a  pu  leur  refuser,  je  ne  le  répète  pas 
sans  quelque  honte;  mais  ce  n'est  point 
une  inculpation  gratuite  :  ce  sont  les 
propres  termes  de  l'édit.  Cette  loi,  plus 
célèbre  que  juste,  fixe  les  formes  d'en- 
registrer leurs  naissances,leurs  maria- 


ges et  leurs  morts;  elle  leur  permet  en 
conséquence  de  jouir  des  effets  civils, 
et  d'exercer  leurs  professions...,  et 
c'est  tout.  C'est  ainsi.  Messieurs,  qu'en 
France,  au  xvin*  siècle,  on  a  gardé  la 
maxime  deé  temps  barbares,  de  divi- 
ser une  nation  en  une  caste  favorisée 
et  une  caste  disgraciée;  qu'on  a  regardé 
commeun  desprogrèsdela  législation, 
qu'il  fût  permis  à  des  Français,  pros- 
crits depuis  cent  ans,  d'exercer  leurs 
professions,  c'est-à-dire  de  vivre,  et 
que  leurs  enfants  ne  fussent  plus  illé- 
gitimes. Encore  les  formes  auxquelles 
la  loi  les  a  soumis  sont^lles  accompa- 
gnées de  gênes  et  d'entraves,  et  l'exé- 
cution de  cette  loi  de  gr&ce  a  porté  la 
douleur  et  le  désordre  dans  les  provin- 
ces où  il  existe  des  protestants.  C'est 
un  objet  sur  lequel  je  me  propose  de 
réclamer,  lorsque  vous  serez  parvenus 
à  l'article  des  lois.  —  Mais  il  existe 
enfin  une  nation  française,  et  c'est  à 
elle  que  j'en  appelle  en  faveur  de  deux 
millions  de  citoyens  utiles  qui  récla- 
ment aujourd'hui  leur  droit  de  Français . 
Je  ne  lui  fais  pas  Tii^ustice  de  penser 
qu'elle  puisse  prononcer  le  mot  d'in- 
tolérance ;  il  est  banni  de  notre  langue, 
ou  11  n'y  subsistera  que  comme  un  de 
ces  mots  barbares  et  surannés  dont  on 
ne  se  sert  plus,  parce  que  l'idée  qu'il 
représente  est  anéantie.  Mais,  Mes- 
sieurs, ce  n'est  pas  la  tolérance  que 
Je  réclame;  c'est  la  liberté.  La  tolé- 
rance !  le  support  t  le  pardon  !  la  clé- 
mence !  idées  souverainement  injustes 
envers  les  dissidents,  tant  qu'il  sera 
vrai  que  la  différence  de  religion,  que 
la  différence  d'opinion  n'est  pas  un 
crime.  La  tolérance!  Je  demande  qu'il 
soit  proscrit  à  son  tour,  et  il  le  sera, 
ce  mot  injuste  qui  ne  nous  présente 
que  comme  des  citoyens  dignes  de  pi- 
tié, comme  des  coupables  auxquels  on 
pardonne.  L'erreur,  Messieurs,  n'est 
point  un  crime  :  celui  qui  la  professe 
la  prend  pour  la  vérité  :  elle  est  la 
vérité  pour  lui;  il  est  obligé  de  la 
professer,  et  nul  homme,  nulle  société 
n'a  le  droit  de  le  lui  défendre.  Eh  ! 
Messieurs,  dans  ce  partage  d'erreurs 


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—  3B4-. 


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et  de  vérités  qne  les  hommes  se  distri* 
baent^  ou  se  transmettent^  on  se  dis- 
putent, qnel  est  celai  qai  oserait  as- 
surer qu'il  ne  s'est  jamais  trompé,  que 
la  vérité  est  constamment. chez  lui,  et 
l'erreur  constamment  chez  les  antres? 
Je  demande  donc^  Messieurs^  pour  les 
Protestants  français^  pour  tous  les 
non-catholiques  du  royaume,  ce  que 
vous  demandez  pour  vous  :  la  liberté, 
l'égalité  de  droits.  »  La  victoire  n'é- 
tait pas  douteuse.  Les  cahiers  de  la 
plupart  des  députés  réclamaient  l'abro- 
gation des  lois  d'exception  qui  frap- 
paient les  dissidents.  Le  23  août, la  ré- 
volution fut  consommée,  l'œuvre  de 
Louis  XIV  fut  brisée,  il  n'y  eut  plus  en 
France  que  des  citoyens. 

Après  avoir  voté  la  déclaration  des 
droits  y  l'Assemblée  s'occupa  de  la 
constitution.  Lors  de  la  discussion  sur 
lasanction  royale  (29  août)^  Rabautse 
prononça  sans  réserve  pour  une  mo- 
narchie tempérée,  a  II  est  impossible 
de  penser  que  personne  dans  l'Assem- 
blée ait  conçu  le  ridicule  projet  de  con- 
vertir le  royaume  en  république.  Per- 
sonne n'ignore  que  le  gouvernement 
républicain  est  à  peine  convenable  à 
un  petit  Etat^  et  l'expérience  nous  a 
appris  que  toute  république  finit  par 
être  soumise  à  l'aristocratie  ou  au  des- 
potisme. D'ailleurs^  les  Français  sont 
attachés  de  tout  temps  à  la  sainte^  à 
la  vénérable  antiquité  de  la  monarchie; 
ils  sont  attachés  au  sang  auguste  de 
leurs  rois  ^  pour  lequel  ils  ont  prodi- 
gué le  leur  ;  ils  révèrent  le  prince  bien- 
foisant  qu'ils  ont  proclamé  le  restau- 
rateur de  la  liberté  française.  »  Ces 
sentiments  étaient  partagés  par  la 
grande  majorité  de  l'Assemblée.  Les 
républicains  étaient  rares  alors  en 
France.  On  ne  se  doutait  guère  que  la 
démagogie  en  ferait  bientôt  surgir 
partout;  mais  ils  disparurent  de  nou- 
veau avec  elle,  et  l'on  vit  les  mêmes 
liommes  qui  avaient  voué  un  culte  à 
la  Raison,  se  prosterner  aux  pieds  du 
premier  maître  qui  se  présenta.  c(  La 
liberté,  disait  Rabaut,  est  placée  entre  * 
deux  précipices  :  à  droite  et  à  gauche 


est  le  despotisme.  »  La  France  serait- 
elle  condamnée  à  rouler  perpétuelie- 
ment  de  l'un  dans  l'autre? 

Le  7  sept .,  dans  un  fort  bon  d  iscoart, 
Rabaut  se  prononça  pour  le  veto  sus* 
pensif^  pour  une  seule  chambre  légis> 
iative  et  pour  sa  permanence,  a  On  com- 
prend, disait-il,  comment  un  peupla 
qui  renferme  divers  ordres  de  citoyens 
armés  de  divers  privilèges,  a  cher* 
ehé  à  les  contre-balancer,  afin  qu'une 
partie  d'entre  eux  n'engloutit  pas  les 
autres.  Cet  équilibre,  établi  d'ordinai* 
re  moins  par  la  sagesse  du  iégislatear 
que  par  le  désir  de  chacun  de  n'ôtre 
pas  opprimé,  n'est  que  le  fruit  d'une 
lutte  inégale,  et  non  pas  de  la  politi- 
que. Tel  était  l'équilibre  prétendu  qui 
existait  en  France.  Tel  est  peut-être 
celui  qui  se  forma  jadis  en  Angleterre, 
où  pour  ne  pas  rompre  les  ressorts, 
on  se  contenta  de  les  forcer.  La  Cbam« 
bre  haute  est  visiblement  un  reste  sub- 
sistant de  la  féodalité ,  tandis  que  la 
Chambre  des  communes,  siège  de  la 
liberté  et  du  droit  naturel,  nous  ofn*e, 
par  son  établissement,  le  résultat  de 
la  force  nationale,  qui  respecte  encore 
les  restes  impuissants  de  celle  qui  ja- 
dis l'avait  accablée.  —  L'idée  de  deux 
chambres  n'est  donc  pas,  dans  son  o- 
rigine,  un  calcul  de  forces  poli  tiques; 
elle  n'a  point  été  imaginée  pour  ^us- 
pendrela  marche  précipitée  des  repré- 
sentants du  peuple.  Ce  ne  serait  pas 
par  principe  que  nous  l'adopterions , 
ce  serait  par  conséquence.  C'est  nne 
découverte,  et  non  pas  une  invention. 
Le  législateur  ne  l'a  pas  calculée,  c'est 
le  hasard  qui  Ta  fournie.  —  Mainte- 
nant, si  je  considère  le  pouvoir  (et  je 
n'ai  plus  besoin  de  dire  qne  ce  n'est 
pas  l'autorité,  ni  les  autorités).  J'y  dis- 
tingue ce  que  la  Nation,  ce  que  le  Sou- 
verain distribue,  et  ce  qu'il  garde.  Ce 
qu'il  distribue,  c'est  l'exécution;  ce 
qu'il  garde,  c'est  lalégislation.  Il  garde 
ce  qu'il  peut  faire,  il  distribue  ce  qu'il 
ne  peut  pas  faire.  Il  délègue  les  auto- 
rités, il  garde  le  pouvoir,  et  ce  pou- 
voir qu'il  se  réserve  est  le  pouvoir  lé- 
gislatif, qu'il  ne  donne  point  parce 


RAB 


—  388  — 


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ilQ'il  est  en  état  de  Texereer.  Mais  le 
souverain  est  ane  chose  nne  et  simple^ 
paisqae  c'est  la  collection  de  tous,  sans 
en  eicepter  un  seul  ;  donc  le  pouvoir 
législatif  est  un  et  simple  :  et  si  le  son- 
Terain  ne  peut  pas  être  diviséj  le  pou- 
voir législatif  ne  peut  pas  être  divisé; 
car  il  n'y  a  pas  plus  deux  ou  trois, 
ou  quatre  pouvoirs  législatif,  qu'il 
n'y  a  deux,  ou  trois,  ou  quatre  souve- 
rains. »  Le  côté  faible  de  ce  raisonne- 
ment n'échappera  à  personne.  Si  trente 
millions  d'individus  forment  un  seul 
80uverain,pourquoi  deux  on  trois  cbam* 
bres  ne  pourraient-elles  pas  être  con- 
stituées de  telle  sorte  quelles  formas- 
sent un  seul  pouvoir  législatif? 

Le  1 5  mars  1 790,  Rabaut  fut  appelé 
au  fauteuil  de  la  présidence  (i).  Ses 
collègues  ne  cessèrent  de  lui  témoigner 
leur  estime  ;  il  la  méritait  encore  plus 
par  son  caractère  loyal  et  indépendant 
que  par  ses  talents.  On  l'écoutatt  tou- 
jours avec  faveur,  quoique  sa  phrase 
fût  souvent  lâche  et  son  raisonnement 
diiTns.  Nommé  membre  du  comité  de 
constitution,  il  flt  (le  21  nov.  1790) 
en  son  nom  et  an  nom  du  comité  mili- 
taire le  rapport  sur  rorganisation  de 
la  force  publique,  et  il  soutint  la  dis- 
cussion. Quand  l'assemblée  fut  arrivée 
au  terme  de  ses  travaux,  Rabaut  res- 
ta à  Paris  où,  à  partir  du  1  •'  août  i  792, 
11  se  chargea  de  la  rédaction  en  chef 
du  Bulletin  de  l'assemblée  nationale, 
dans  leMoniteur,  et  publia  son  Précis 
de  Vhist.  de  la  Révolution,  qui  eut  un 
grand  succès,  n  avait  aussi  fondé,  avec 
Cérutti,  la  Feuille  villageoise  (30  sept. 
1 790).  La  liberté  de  la  presse  eut  tou- 
jours en  lui  un  zélé  défenseur  ;  mais 
il  en  déplorait  les  excès.  On  regarde 
généralement  le  renouvellement  inté- 
gral de  la  représentation  nationale 
comme  une  calamité  publique  dont  les 
conséquences  furent  terribles  pour  la 
France  ;  Rabaut  s'opposa  de  tout  son 
pouvoir  à  cette  mesure;  mais  il  nous 

(1)  n  succéda  à  l'abbé  de  Montesqniou.  GMe 
piomoUon,  s'écriait  le  Joirotl  det  £tals-GéM- 
r»ia,  «  aanclionne  pour  l'éternité  le  décret  f«r  les 
opinions  religieuses,  m 


MBible  que  le  mal  n'était  pas  là;  l'é- 
meuteavait  faitplnsieursfoisl'éprenve 
de  ses  forces  ;  le  pouvoir  tendait  de 
Jour  en  Jour  à  se  déplacer,  il  passait 
peu  à  peu  du  corps  législatif  dans  les 
saetions,  et  des  sections  dans  la  rue. 
Le  despotisme  de  l'Intimidation  est  le 
plus  terrible  des  despotismes,  parée 
q[ue  les  honnêtes  gens  paraissent  s'y 
associer. 

«Dès  le  moment  de  oette  dissolution, 
éerit  Boissy-d'Anglas,  Rabaut-Saint- 
Etienne  n'espéra  plus  rien  de  la  stabi- 
lité de  nos  institutions  politiques  : 
toutefois  il  resta  fidèle  au  gouvernement 
royal;  tant  que  le  trône  fut  debout,  il 
n'écrivit  pas  une  seule  ligne  contraire 
à  sa  stabilité  et  ce  ne  fut  qu'après  le 

10  août  qu'il  se  résigna  à  la  Républi- 
que. »  Le  département  de  TAube  l'en- 
voya comme  un  de  ses  représentants  à 
la  Convention  nationale.  <c  Ce  choix, 
—  qu'il  n'avait  pas  sollicité  —  prou- 
va qu'il  y  avait  encore  des  départe- 
mens,  dans  la  France,  où  la  sagesse  et 
la  probité  pouvaient  avoir  quelque  cré- 
dit. 1»  Mais  que  pouvaient  les  intentions 
les  plus  pures  au  milieu  du  déchaîne- 
ment des  passions  les  plus  brutales? 
Avec  le  caractère  le  plus  doux  et  le 
plus  facile^  «  il  se  montra  dans  la  Con- 
vention, au  rapport  de  son  ami  et  col- 
lègue, plein  d'aigreur  et  de  méconten- 
tement, et  i'amilié  même  ne  le  recon- 
naissait pas  toujours  :  il  semblait  n'ê- 
tre dominé  que  par  un  seul  sentiment, 
la  haine  contre  ceux  qui  protégeaient 
ou  favorisaient  les  excès  nés  de  l'a- 
narchie et  du  despotisme  populaire  : 

11  avait  trop  aimé  la  vraie  liberté  pour 
ne  pas  abhorrer  les  crimes  qu'on  osait 
commettre  en  son  nom.  »  Cependant 
toutes  ses  illusions  ne  l'avaient  pas  a- 
bandonné.  Il  révaitencore,  comme  bien 
d'autres,  de  Sparte  et  d'Athènes.  Dans 
un  discours  qu'il  prononça,  le  21  déc. 
1792,  il  établissait  ainsi  la  distinction 
quel'on  doit  faireentre l'instruction  pu- 
blique et  l'éducation  nationale.  «L'in- 
struction publique,  disait-il,  éclaire 
et  exerce  1  esprit,  l'éducationnationale 
doit  former  le  cœur;  la  première  doit 


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—  3ÎSe  — 


RAB 


donner  des  lumières  et  la  seconde  des 
vertus;  la  première  fera  le  centre  de 
la  sociéié,  la  seconde  en  fera  la  con- 
sistance et  la  force.  L'instroction  pu- 
blique demande  des  lycées,  des  coll6- 
geSy  des  académies,  des  livres,  des 
Instruments,  des  calculs,  desmélhodes, 
elle  s'enferme  dans  des  murs;  l'édu- 
cation nationale  demande  des  cirques, 
des  gymnases,  des  armes,  des  Jeux  pu- 
blics, des  fêtes  nationales,  le  concours 
fraternel  de  tous  les  âges  et  de  tous  les 
sexes,  et  le  spectacle  imposant  et  doux 
de  la  société  humaine  rassemblée.  » 
Et  l'orateur  terminait  par  un  projet  de 
décret  qui  ressuscitait  parmi  nous  les 
institutions  de  Lycurgue.  Le  corps  lé- 
gislatif devait  même  déterminer  «  quel 
mode  de  vêtement  devait  être  donné 
aux  enfants  des  diflérents  âges,  depuis 
la  naissance  jusqu'à  l'adolescence.  » 
Les  loups  même  devaient  porter  la  hou- 
lette. Chaque  dimanche  un  officier  mu- 
nicipal était  chargé  de  faire  une  leçon 
de  morale  aux  citoyens  assemblés.  Ce 
projet  souleva,  à  plusieurs  reprises, 
les  applaudissements  des  représen- 
tants, on  en  ordonna  l'impression  et 
l'envoi  à  toutes  les  communes,  et  l'au- 
teur fut  adjoint  au  comité  d'instruction 
publique.  L'idylle,  à  cette  époque  d'a- 
narchie, s'alliait  volontiers  au  drame. 
Dans  le  procès  du  roi,  Rabant  se 
prononça  avec  force  contre  la  compé- 
tence de  l'Assemblée.  Sa  conduite  dans 
cette  circonstance  fut  pleine  d'énergie 
et  de  courage.  «  Huit  Jours  encore,  di- 
sait-il à  ses  collègues,  huit  jours  seu- 
lement et  le  Jugement  des  siècles  va 
commencer  pour  vous,  sans  que  ni  les 
réflexions  tardives,  ni  les  vains  regrets, 
ni  les  retours  inutiles  sur  le  passé, 
puissent  vous  garantir  de  ce  poids  de 
l'opinion  publique,  dont  la  nature  est 
de  grossir,  de  croître  et  d'accabler  en- 
fln  ceux  qui  l'ont  accumulé  sur  leurs 
têtes.  »  Puis  il  s'écriait  dans  un  saint 
mouvement  d'indignation  :  «  Quant  à 
moi.  Je  vous  l'avoue,  je  suis  las  de  ma 
portion  de  despotisme  :  Je  suis  fatigué, 
harcelé,  bourrelé  de  la  tyrannie  que 
j'exerce  pour  ma  part,  et  je  soupire  a- 


près  le  moment  où  vous  aures  créé  ui 
tribunal  national  qui  mefasseperdrelet 
formes  et  la  contenance  d'un  tyran.  » 
Tous  ses  efforts  furent  inutiles,  «  le 
sénat  des  Français  devint  en  un  cUo 
d'œil  juré  d'accusation  et  Juré  de  Juge- 
ment, législateur,  dénonciateur,  accu* 
sateur,  Juge,  partie,  c'est-à-dire  le  tri- 
bunal le  plus  despotique  et  le  pbu 
eflirayant  qui  Jamais  ait  existé  sur  la 
terre.  »  Une  fois  lacompétenceadmise, 
Rabaut  reconnut  avec  l'immense  ma- 
jorité (695  contre  26  abstentions)  que 
le  roi  était  coupable,  mais  que  de  cir« 
constances  atténuantes  !  Il  disputapied 
à  pied  à  ses  adversaires  chaque  plus 
légère  chance  de  salut;  il  vota  pour 
l'appel  au  peuple,  puis  après  le  rejet 
de  cette  exception,  il  se  rallia  à  ceux 
qui  demandèrent  la  détention  et  le  ba- 
nissement  à  la  paix  (au  nombre  de  286). 
La  migorité  de  la  Convention  rendit 
hommage  à  sa  conduite  en  l'appelant, 
le  23  janvier  1793,  au  fauteuil  de  la 
présidence,  pour  succédera  Vergniaud. 
Après  l'exécution  du  roi,  tous  les  meur- 
tres parurent  faciles.  Les  têtes  tombè- 
rent l'une  après  l'autre  avec  une  ef- 
frayante rapidité.  L'idole  du  jour  était 
désignée  pourlesacrifice  du  lendemain. 
Le  bourreau  ne  pouvait  y  suffire,  la  po- 
pulaceétait  ivre  de  sang.  Jamais  pareille 
orgie  ne  s'était  vue.  Bientôt  ce  fut  le 
tour  des  Girondins,  et  Rabaut  devait 
partager  leur  sort.  Il  avait  été  nommé 
membre  (21  mai)  de  la  commission  des 
Douze,  chargée  de  rechercher  et  de  pré- 
venir les  attentats  contre  la  représen- 
tation nationale.  On  sait  que  l'arresta- 
tion d'Hébert,  l'auteur  de  l'ignoble 
Journal  le  Père  Duchesne,  substitut  du 
procureur  de  la  commune,  Qt  éclater  la 
tempête  qui  couvait  depuis  longtemps. 
La  commission  fut  sommée  de  justifier 
cette  mesure.  Dans  la  séance  du  28, 
Rabaut  demanda  la  parole  au  nom  de 
ses  collègues,  mais  il  lui  fut  impossible 
de  se  faire  entendre,  au  milieu  du  tu- 
multe. La  commission  fut  supprimée. 
Le  2  juin,  Rabaut  fut  mis  en  arresta- 
tion chez  lui.  Etant  parvenu  à  tromper 
la  vigilance  de  son  gardien,  il  se  ré- 


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—  367  — 


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fogia  dans  les  environs  de  Versailles. 
Da  fond  de  sa  retraite^  il  écrivait^ 
sous  la  date  du  20  jain,  aax  citoyens 
au  département  da  Gard  pour  Justi- 
fier sa  condaite  et  provoquer  un  mou- 
yemenl  contre  le  despotisme  de  la 
capitale.  «  Si  les  départements,  leur 
disait-il,  ne  se  prononcent  pas  avec 
énergie,  c'en  est  fait  de  la  liberté.  Les 
bons  citoyens  de  Paris  les  attendent, 
et  béniront  leurs  libérateurs.  C'est  la 
France  qui  doitsauver  la  France.  Mar- 
seille et  Lyon  se  sont  suffi  à  elles-mé- 
nes  pour  écraser  l'anarchie;  Paris  ne 
peut  pas  sesufflre  :  sa  population  im- 
mense, étrangère  à  elle-même,  est  fa- 
ellement  trompée,  égarée,  agitée,  por- 
tée à  tous  les  mouvements  qu'on  lui 
inspire,  sans  savoir  même  où  on  la 
conduit.  On  l'échauSe  par  de  fausses 
'  terreurs,  on  la  soulève  pour  du  pain, 
on  l'abuse  en  la  flattant,  on  la  trompe 
en  Tenivrant  de  sa  prétendue  souve- 
raineté, on  régare  par  l'orgueil  du 
nom  de  Paris;  et  telle  est  la  faiblesse 
morale  de  cette  masse  confuse,  que  des 
troupes  de  femmes  y  font  la  loi,  et  font 
fléchir  la  force  armée,  les  magistrats 
et  les  autorités.  » 

Mis  hors  la  loi,  le  28  juillet,  Ra- 
bant  revint  à  Paris  ou  il  trouva  un  a- 
sUe,  ainsi  que  son  frère,  chez  des  com- 
patriotes catholtques,M.  etMB'Payzac, 
à  qui  leur  père  avait  eu  occasion  de 
rendre  service.  Une  indiscrétion  flt  dé- 
couvrir sa  retraite.  Fabre  d'Eglantine 
ayant  eu  vent  qu'une  cachette  avait  été 
pratiquée  dans  ia  maison  que  ces  bra- 
ves gens  habitaient  faubourg  Poisson- 
nière, y  fit  faire  une  descente,  qui  a- 
menararrestationdesquatrecriminels. 
Rabaut-Saint-Etienne  étant  mis  hors 
la  loi,  n'avait  pas  à  attendre  les  for- 
malités dilatoires  d'un  jugement,  on 
se  contenta  de  constater  son  identité, 
'et  dès  le  lendemain  (5  décembre),  on 
l'envoya  à  l'échafaud.  Les  époux  Pay- 
zac  subirent  le  même  supplice  le  jour 
suivant.  Quant  au  frère  deRabaut,  il  fut 
déposéà  laConciergerieoti  onl'oublia. 
M*«  Rabaut,  en  apprenantpar  lecrieur 
public  le  sort  de  son  mari,  se  donna  la 


mort.  «  Les  proscrits,  remarque  M.  de 
Barante,  s'inspiraient  de  Caton  et  de 
Porcie  ;  les  maîtres  du  pouvoir  de  Sylla 
et  des  triumvirs.  » 

Boissy-d'Anglas  fait  ce  bel  éloge  de 
son  ami  :  «  J'ai  habité  à  Nismes,  pen- 
dant dix  ans,  la  même  maison  que  lui  ; 
Je  l'ai  vu  et  entretenu  tous  les  Jours 
pendant  cette  portion  de  ma  vie;  il  ne 
s'en  est  pas  écoulé  un  seul  qui  n'ait 
«douté  quelque  chose  à  mon  estime  et 
à  mon  amitié  pour  lui.  » 

Ses  papiers  furent  saisis  et  disper- 
sés. Il  s'y  trouvait,  au  rapport  de  M. 
Nicolas  (Hist.  litt.  deNtmes),  une  Dis- 
sertaHim  sur  Hésiode,  un  Traité  éfé- 
ducation  nationale,  une  Continuation 
du  Précis  de  l'kist,  de  la  Révolution,  . 
sons  forme  de  lettres,  un  Mémoire  sur 
les  conspirations  qui  menaçaient  la 
Convention,  le  Rapport  de  la  Commis- 
sion des  douze  sur  le  complot  du  mois 
de  mai.  Le  4  oct.  1 795,  la  Convention, 
sur  la  motion  de  Rabaut-Pommier,  dé- 
créta que  les  écrits  de  Rabaut-St- 
Etienne,  relatifs  à  la  Révolution,  qui 
pourraient  être  retrouvés,  seraient  im- 
primés aux  frais  de  la  nation.  On  doit 
à  Rabaut  les  publications  suivantes  : 

L  Triomphe  de  V intolérance,  ou  A- 
necdotes  de  la  vie  d'Ambroise  BoreUy, 
mort  à  Londres,  âgé  de  iO^  ans,  re- 
cueillies par  W.  Jestermann;  ouvr, 
trad,  de  l'anglais  et  trouvé  dans  les 
papiers  de  M.  de  Voltaire  (comp.  par 
Rabaut),  £utt;t  de  la  Tolérance  au  pied 
du  trône,  ou  Réflexions  d'un  citoyen 
catholique  sur  les  lois  de  France  relO" 
Hves  aux  Protestants  (par  Condorcet), 
Lond.,  1779,  in-go;  réimpr.  !<>  sous 
ce  titre  :  Justice  et  nécessité  d'assurer 
en  France  un  état  légal  aux  Protes- 
tants, Augsb.,  l'an  du  rappel,  in-8«; 
et  2«  sous  celui-ci  qui  lui  est  resté  dans 
les  édit.  successives  qui  en  ont  paru: 
Le  vieux  Cévenol^  ou  Anecdotes  de  la 
vie  d'Ambroise  Borelly,  etc.  ;  Paris, 
1820;i826,in-i8. 

H.  Lettre  sur  la  vie  et  les  écrits  de 
M.  Cotif(de6éteto,adresséeauMnséa 
de  Paris,  Par.,  1784,  pp.  28  in-4«. 

IIL  Hommage  à  la  mémoire  de  M,  de 


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BècdeUèûre,  évéque  de  Nismei,  1 784^ 
lâ^l  S  ;  réfmpr.  en  lôte  da  Vieux  Gév«K 

IV.  LettresàM, Baillymt  Vhistùitê 
primitive  de  la  Grèce,  VBtié,  1 787,  In- 
8*;  les  métnesy  précéd.  de  la  Leitra 
fiuf  Court  de  Gébelin  et  d'un  fac-simlie 
de  la  lettre  (tne  l'anteur  écrivit  à  son 
frère,  le  14  déô.  I780,enl(li  envoyant 
cet  onvt.j  êdft.  l'ey.,  oorr.  et  angm.^ 
t>aH»>  1880^  ln-t8;  les  métnes  avec 
la  Notice  de  Boissynl'Anglas ,  Palais, 
1837,  in-^l8i 

\,  A  ta  fUÈtUm  fràncaiàe,  sur  lei 
vices  dé  sofigouvetnemènty  sur  h  né-- 
cêssité  d^établir  Uhe  constitution  et 
sunatompositiondesEtats-Généraux, 
juin! 788,  ln-8». 

VI.  Considéfations  Sur  lés  intérêts 
du  tiers-étùt,  adressées  au  peuple  des 
proiHnces  pcttun  propriétaire  foncier; 
S«  éd.,  1788,  in-è».— Ni  Qoérard,  ni 
Barbierne  nous  font  connaître  la  date 
delà  !'•  édition. 

Vil .  Question  de  droit  publie  :  Doit- 
on  recueillir  les  voix  dans  les  Etats- 
Généraux  par  otdres  ou  par  têtes  de 
(/^/t&^rant5l^  par  l'auteur  des  Considé- 
rations sur  le  tiers-état,  etc.,  en  lAn^ 
gueddc  (Paris),  1789,  in-8^. 

VIII.  Prenez-y  garde,  ou  Avis  à 
toutes  lés  assemblées  d'élections,  1 789, 
in«8^ 

IX.  Héfleœions  sur  la  division  nou- 
velle du  royaume,  1789,  in-s». — 
Nouvelles  réfleodons,  même  anné^. 

X.  Adresse  aux  Anglais  par  un  re- 
présefitant  de  la  nation  française, 
Pari^,  1791,  ln-8*  de  pp.  !6. 

XI.  Almanachkist,  de  la  Révolution 
française,  Paris,  1791,  ln-8«  de  pp. 
40;  augm.  de  lActe  constitutionnel, 
et  du  Discours  (Tacceptation  du  Roi, 
1^92,  ln-12;  liotlv.  édlt.  augm.  de 
RéfléXiotis  politiques  sur  les  circon- 
stances présentes,  1792,  in-l8  et  iii- 
24;  trad.,  cette  même  année,  en  an- 
glais, Lond.,  in-8o;  en  iaillem. ,  Strasb., 
in-12;  en  bollandàis,  Leyde,  in-8o; 
tifrlmpr.  plusieurs  fols  sous  ce  titre  qui 
lot  est  resté  :  Précis  hist,  de  la  Ré- 
volution française,  As$enMé$  consti- 


tuante, oHvr.  suivi  de  réflexions  pih 
HHquessurlestHrcùnstanceÈet  pirécéâà 
^unê  iabk  chronoL  dès  prindp&ms 
décrets  et  des  événements  les  plui  rv- 
marij^Mbles,  1793,  in^SS;  6«  édlt., 
Paris,  Treuttel  et  Wtirtt,  1815^  peut 
li^l2>  pp.  litxxvj  — -  454 ,  avec  figg. 
«  Nous  doutons^  dit  M.  Nicolas  dans 
sou  appréelatiOB  de  oe  livre,  que  les 
nombreux  écrivains  qui,  depuis,  oui 
raconté  cette  intéressante  époque  delà 
Révolution  française^  en  donnent  imé 
idée  plus  vraie^plus  nette  et  plus  ooh« 
plète  i  et  cette  supériorité,  selon  noos 
incontestable,  de  cet  écrit  de  RabauV» 
Si-Etienne  est  due,  moins  encoré  à  la 
circonstance  importante  qu'il  avait  été 
iui-méme  un  des  acteurs  principain 
des  événements  de  cette  époque ,  qu'à 
Télévation  de  ses  vues,  à  ses  principes 
philosophiques  et  politiques,  et  à  l'e^ 
prit  de  sage  modération  et  d'inébraiH 
lable  fermeté  dont  il  était  animé.  • 
M.  Dupin  aîné  en  fait  aussi  l'éloge. 
Lacreteile  Jeune  le  continua. 

XII.  Discours  et  opinions  de  H»- 
baut^St^E tienne ,  suivis  de  ses  deuûi 
derniers  écrits  et  précédés  c^une  No* 
tice  sur  sa  vie,  par  Boissy*d*Anglas, 
Paris,  1827,3  vol.  in-i  8,  av.  portrait. 

XIII.  Œuvres,  publ.  par  Boissy* 
d'Anglas  et  précéd.  de  la  notice  d^à 
citée,  Paris,  1 820-36>  6  vol.  in-f  8  ;  kts 
mêmes  précéd.  d'une  Notice  par  CoUii 
de  Plancy,  Par.,  1828,  3  vol.  Iinê*. 

II.  JACQUcs-Aln'OiNB  Rabaut,  dit 
Pommier  (1),  n'a  pas  Joui  de  la  répn^ 
tatlon  de  son  frère,  et  c'est  plutdtcMH 
me  pasteur  que  comme  homme  polItH 
que  qu'il  mérite  notre  estime,  n  naquit 
à  Nismes,  le  24  oct.  1744.  Envoyées 
Suisse,  avec  son  frère  aîné,  pour  yeoifr* 
pléter  ces  études,  il  suivit,  atl  êéml« 
Hàire  de  Lausanne,  un  cours  de  tbé(H 
logie,  et  revint  en  France  s'associer 
àUx  travaux  de  son  père.  11  fat  nommé 
pasteur  à  Montpellier.  Lorsque  la  Ré^ 

^1)  On  ne  dobs  apprend  pas  l'ori£iBe  de  ce  sur- 
nom, non  pins  que  de  celui  de  son  frère  atné.  Se* 
rftll-eetm  ioatenir  delevr  mlnhtèmioMlaortft^ 
alori  qne  les  p asteirt,  ponvaiTis  cmum  4eacrt^ 
mioels,  éiaient  oondanikés  à  le  cacher  MOf  èê 
fani  oomi  T 


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—  359  - 


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voltation  éclata^  il  crat,  à  l'exemple  de 
son  frère,  qu'il  se  rendrait  plus  atile 
en  acceptant  on  mandat  de  représen- 
tant qn'en  continnant  de  diriger  son 
iroupean.  Combien  ont  fait  fausse  roote 
par  suite  de  cette  erreur  de  Jugement  1 
Àlba,  dii  Lasouroe,e%Jean'Bon  Saint- 
André  sont  du  nombre.  Les  petits 
rouages  n'ont  pas  moins  d'importance, 
dans  l'Etat,  que  les  plus  grands,  et 
souvent  c'est  d'eux  que  part  le  mou- 
vement. Envoyé  à  la  Contention  par 
le  dépariem.  du  Gard^  il  y  passa  pour 
ainïl  dire  inaperçu.  Dans  le  Jugement 
du  roi,  il  vota  pour  l'appel  au  peuple; 
puis,  quand  l'assemblée  eut  déclaré 
son  omnipotence,  il  vota  la  mort  aVec 
sursis.  «  Je  crois,  dit-11,  que  Louis  a 
mérité  la  mort;  mais  si  la  Convention 
en  prononçait  la  peine,  je  crois  que 
son  exécution  doit  être  renvoyée  après 
la  tenue  des  assemblées  primaires, 
auxquelles  on  aura  présenté  à  l'accep- 
tation les  décrets  constitutionnels  : 
mon  opinion  est  indivisible,  p  C'était 
là  évidemment  un  moyen  dilatoire 
imaginé  pour  sauver  le  roi  sans  heur- 
ter de  front  les  passions  de  la  Monta- 
gne. Telle  est  aussi  la  signiflcation 
que  Habaut  attribua  plus  tard  à  son 
vote.  Après  la  chute  de  ses  amis  poli- 
tiques, il  protesta  (6  Juin)  contrôla 
tyrannie  de  la  Convention  et  son  nom 
fut  placé  sur  la  liste  des  73  députés 
modérés  décrétés  d'arrestation;  mais 
Il  réussit  à  s'échapper,  et  trouva  un 
asile,  avec  son  frère,  dans  la  géné- 
reuse famille  Payzac.  Arrêté  le  4  dé- 
cembre. Il  fut  déposé  à  la  Concierge- 
rie (i)  pour  y  attendre  son  procès.  Le 
9  thermidor  le  rendit  à  la  liberté;  il 
feprit  son  siège  à  la  Convention.  Lors- 
^e  cette  assemblée  fut  arritée  au 
terme  de  son  orageuse  existence,  Ba- 
baut,  dont  les  commettants  n'appré-* 
ciaient  pas  les  services  par  ses  succès 
de  tribune,  fut  envoyé  au  Conseil  des 
Anciens,  bù  il  exerça  les  fonctions  de 

(1)  M.  BeftQlieo,  tnlevr  de  l'anieleqtii  le  covh 
e«rne  dau  la Biogr.  oniT. ,  l'y  rit  t  cenfondii  Sféi 
to«  tebitaés  des  cachots  et  uns  rèiat  le  pltii  dè<> 
plorable.  » 


Mcrétaire  pendant  la  présidence  de 
Portails.  Il  partageait,  dit-on,  les  opi* 
nions  politiques  de  ce  célèbre  Juris* 
consulte;  mais  on  ne  le  jugea  pas  as- 
set  dangereux  pour  le  comprendre  dans 
la  proscription  du  18  fructidor.  Les 
excès  des  démagogues  avaient  uni  par 
le  convaincre  de  la  nécessité  d'un  gou- 
vernement franchement  conservateur, 
si  l'on  voulait  retenir  quelque  chose 
des  conquêtes  qui  nous  avaient  coûté 
tant  d'efforts,  il  crut  que  le  temps  était 
venu  d'enrayer  la  Révolution,  et  il  se 
rallia  aux  partisans  du  1 8  brumaireé 
A  la  suite  de  ce  coup  d'Etat,  il  fnteni- 
ployé  dans  les  bureaux  de  la  Trésors^ 
rie,  puis  nommé  sous-préfet  de  l'ar- 
rondissement du  Vigan  (  Gard  ).  En 
1 803,  il  renonça  aux  fonctions  admi'- 
nistratives,  et  accepta  la  place  de  pas^ 
teur  de  l'église  réformée  de  Paris.  A 
la  Restauration,  on  lui  appliqua  le  dé- 
cret de  bannissement  contre  les  régi- 
cides. Ce  fût  en  vain  qu'il  réclama,  en 
faisant  observer  que  ses  réponses  aux 
quatre  appels  de  la  Convention^  nV 
valent  eu  pour  but  que  de  sauver  le 
roi  ;  Desèze  lui-même  reconnut  la  vé- 
rité de  cette  allégation,  mais  il  n'en 
fut  pas  moins  exilé.  Cependant,  ati 
bout  de  deux  ans,  on  lui  permit  de 
rentrer  en  France.  U  mourut  à  Pari8> 
le  1 6  mars  i  820,  laissant  «  une  mé^ 
moire  Justement  honorée.  »  On  s'ao^ 
corde  assez  généralement  aujourd'hui 
à  lui  attribuer  la  précieuse  découverte 
de  la  vaccine,  ou  au  moins  à  lui  en 
illire  partager  l'honneur  avec  le  célè- 
bre docteur  Jenner  (i).  On  n'a  de  Ra- 
haut  que  les  deux  opuscules  suivants  : 
L  Napoléon  libérateur f  discours  ré" 

(1)  RahantaTslt  kpea  phi  constaté,  dès  17êl| 
le  fait  de  rinoodation  aecidenleUe  de  la  pioote 
des  Tacbes  et  de  sa  Terto  préserratîTe.  Uo  jour 
qu'il  en  parlait  en  présence  de  deux  anglais  qut 
sertroataienf  il  Mon^>eUier  (ea  17S4),l'un  d'rak, 
qoi  était  médecit^  lii  pronlt  qu'à  sot  retoir  m 
Angleterre,  il  ferait  part  de  ses  obser?aiions  aa 

Îocteur  Jenner,  son  ami,  qui  s'intéressait  iiTemeiit 
ces  questions.  L'a>t-il  fait?  C'est  ce  qu'on  igné- 
tè.  Bellement,  vie  lettre  (daiaféT.lSll)  dn  né- 
gociant anglais  qni  assista*  l'entretien, est  Teona 
conGrmer  rexactilude  dn  récit  de  Rabant.Toir  le 
IHei.  des  Kkmm  nédicalei,  m  Ml  Tfetcli*. 


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~  360  — 


RAB 


ligieux  prononcé  dans  le  temple  de 
^ni'LouiSy  rue  SamUThomas  du 
Louvrey  le  1 5  août  1810,  jour  de  l'an- 
niversaire de  la  naissance  de  S,  M, 
l'empereur  et  roi,  Paris,  1810,  in-8». 

II.  Sermon  d'action  de  grâces  sur 
le  retour  de  Louis  XVIII  dans  la  ca- 
pitale de  ses  Etats,  prononcé  à  Paris 
dans  le  temple  de  l'Oratoire,  le  22  mot 
1814,  Paris,  1814,  in-80. 

III.  N.  Ràbaut,  dit  Dupuis,  frère 
cadet  des  deux  précédents,  a  aossi  sa 
place  dans  les  Annales  de  notre  Révo- 
lution. Proscrit  en  1793,  il  parvint  à 
se  sauver  et  fut  porté  sur  la  liste  des 
émigrés.  La  chute  de  Robespierre  lui 
permit  de  retourner  auprès  de  son 
vieux  père  à  Nismes.  11  suivait  la  car- 
rière du  commerce;  mais  la  politique 
vint  aussi  l'arracher  à  ses  affaires.  En 
1797,  le  département  du  Gard  l'en- 
voya siéger  an  Conseil  des  Anciens,  oii 
il  se  fit  remarquer  par  la  modération 
de  ses  principes.  Il  prit  la  défense  des 
émigrés  du  Bas-Rhin  et  du  Comtat  Vé- 
naissin.  Après  la  proclamation  de  la 
constitution  de  l'an  Vlil  (déc.  1799), 
il  entra  au  Corps  législatif.  C'est  lui 
qui  présidait  l'assemblée  lors  de  la 
délégation  du  consulat  à  vie  (2  août 
1802).  Envoyé  dans  les  départements 
du  Midi,  en  qualité  de  commissaire, 
pour  régler  l'établissement  du  nouvel 
ordre  de  choses,  sa  conduite  lui  mérita 
des  éloges.  On  cite  de  lui  plusieurs 
beaux  traits  d'humanité.  Lors  de  la 
création  delà  Légion  d'honneur,  il  fut 
compris,  ainsi  que  son  frère,  dans  Ui 
première  promotion.  Sorti  du  Corps 
législatif,  en  1804,  il  se  retira  dans 
sa  ville  natale,  où  il  fut  nommé  con- 
seiller de  préfecture.  Un  mouvement 
d'humanité  lui  coûta  la  vie,  en  1808. 
Voulant  sauver  un  jeune  enfant  qui 
allait  être  écrasé  sous  les  pieds  d'un 
cheval  fougueux,  il  se  précipita  au-de- 
vant de  l'animal  et  fut  renversé  avec 
une  telle  violence  qu'il  en  éprouva  une 
congestion  cérébrale  qui  l'enleva  en 
peu  de  jours  (l).  On  doit  à  Rabaut 
jeune: 

(1)  yenfinl  Msvè,  iMt  tppmd  M.  Niookit 


1.  Détails  historiques  et  Beeueil  de 
pièces  sur  les  divers  projets  qui  ont 
été  conçus,  depuis  la  Ré  formation  ju»- 
qu'à  ce  jour,  pour  la  réunion  de  tou- 
tes les  communions  chrétiennes,  Pa- 
ris, 1806,  in-8». 

IL  Annuaire  ou  Répertoire  ecclé- 
siastique à  l'usage  des  églises  réfor^ 
mées  et  protestantes,  Paris,  1 807,  in- 
8*  de  506  pp.  avec  deux  tableaux. 

III.  Notice  historique  sur  la  situa- 
tion des  églises  chrétiennes  réformées 
en  France,  depuis  leur  rétablissement 
jusqu'à  ce  jour,  1806.—  Msc.  in-fbl. 
qui  se  trouve  aujourd'hui  entre  les 
mains  de  M.  Ath.  Coquerel  fils. 

RABEG  (Jean),  natif  de  Gerisy- 
Montpinson,  dans  le  diocèse  de  Coutan- 
ces,  était  entré  dans  l'ordre  des  Frères 
mineurs  ;  mais  ayant  acquis  quelque 
connaissance  des  doctrines  évangéli- 
ques,  iljefale  frocet  se  relira  àLausan- 
ne,  ou  il  se  mit  à  étudier  la  théologie, 
vivantd'unepensionquelui  faisaitlesé- 
nat  de  Berne.  Ses  études  terminées,  il 
revint  en  France  pour  y  prêcher  la  Ré- 
forme. Il  ne  tarda  pas  à  être  découvert 
et  arrêté  à  Ch&teau-Gontier,  le  !•' août 
1555.  Comme  moine,  il  étaitjustfciable 
de  l'évèque  d'Angers  entre  les  mains 
de  qui  il  fut  remis.  Après  l'avoir  retenu 
très-longtemps  en  prison  sans  s'occu- 
per de  l'instruction  de  son  procès,  on 
ûl  subir  à  Rabec  plusieurs  interrogir 
toires  sur  l'intercession  des  Saints,  sor 
la  vierge  Marie, le  purgatoire,  l'Eglise, 
le  pape,  la  confession,  la  messe^  la  pré- 
sence réelle,  le  baptême, les  traditions, 
les  vœux  monastiques.  Grespin  en  a 
publié  dans  le  Martyrologe  un  résumé 
écrit  par  le  prisonnier  lui-même  et  se 
terminant  ainsi  :  «  Voilà,  très-cbers 
frères,  en  somme  mes  responses  aux 
erreurs  et  impietez  qui  m'ont  esté  pro- 
posées, sous  ombre  de  m'enquérir  de 
ma  foy...  Je  les  vous  ay  bien  voulu 
envoyer,  ne  faisant  distinction  des 
lieux,  temps,  ne  personnes  pour  éviter 
confusion  et  plusieurs  répétitions  su- 
ai M.  6«ciM,  atyoard'lioi  chef  de  divisioo  à  U 
prâlèctnrt  du  Gard,  qui  racooUle  déTOwaMst  de 
lUltMit  dam  âne  lettre  iiuérâe  dant  le  Gemner 
dnGard,  50  déc.  1852. 


RAB 


—  361  — 


RAC 


perflues  :  sans  y  rien  changer^  an 
moins  quant  à  la  substance,  sinon  en 
un  article  qui  esl  touct)ant  la  Vierge  : 
auquel  au  lieu  d'avoir  simplement  res- 
pondu  que  si  elle  avoit  esté  conceuë 
sanspt'ctié  originel,  de  là  s'ensu>vroit 
que  J.-Ch.  scroit  venu  envaiti,  d'au- 
tant qu'elle  auroit  esté  idoine  pour 
faire  chose  ngr(^able  à  Dieu^et  pour  lui 
8atisraire:j'iiymis,Qnesielleavoile»>té 
conceuë  s^ms  péché  originel,  de  là 
8'ensu>vroil  que  J.-Ch.  seroit  venu  en- 
vain  (au  moins  en  son  endroit)  dau- 
tant  qu'elle  auroit  été  idoine  pour  (aire 
chose  plaisante  à  Dieu,  et  n'auroit 
en  besoin  d'Hutre  satisfaction  pour 
elle  :  dont  s'ensuyvroit  derechef,  que 
J.-Ch.  ne  seroit  point  un  universelle- 
ment rédempteur,  au  regard  mesme 
des  esleus.  Or  je  vous  envoyé  mes  ar- 
ticles nu  plus  près  qu'il  m'a  esté  pos- 
sible des  responses  que  j'ay  faites, afin 
d'avoir  sur  ce  voslre  censure,  etcslre 
averti  de  ceen  quoy  je  puis  avoir  failli, 
pour  amender  les  fautes  selon  que 
pourra  y.  Au  reste,  je  cognoy  que  ces 
liens  me  sont  le  plus  grand  moyen  pour 
pratiquer  sensiblement  la  science  de 
mon  Dieu,  que  jamais  m'avint  :  et  que 
par  iceux  il  m'a  dcsja  fait  plus  sentir 
sa  bénignité  que  par  tous  les  biensque 
Jamais  il  me  fll  :  tant  par  les  admira- 
bles délivrances  dont  il  a  desja  usé  en- 
vers moy  contre  tout  espoir,  que  par 
les  inestimables  consolations  qu'il  m'a 
envoyé  journellement,  etc.  »  Ce  fut 
seulement  le  24  oct.  1556  que  i'évé- 
qne  rendit  sa  sentence.  Déclaré  excom- 
munié, hérétique,  schismalique, apos- 
tat, Rabec  fut  condanmé  à  être  dégradé 
et  livré  au  bras  séculier.  Il  en  ap|)ela 
comme  d'abus  au  parlement  de  Paris. 
Cet  apprl  suspendant  Texécution,  il 
resia  en  prison,  exposé  «  à  de  mer- 
veilleux assauts  de  la  moineric  ctsup- 
posts  de  rAnlcchrist,  »  jusqu'au  mois 
d'avril  tri57,  qu'un  ordre  du  roi,  en 
date  du  l  o,  \  inl  prescrire  de  procéder 
'k  l'exécution  de  la  sentence,  nonob- 
stant l'appel.  C'était  la  réponse  de  Hen- 
ri Uàlinlervention  du  sénat  de  Berne, 
qui  réclamait  Rabec  comme  écolier  de 

T.  VIII. 


Lausanne.  La  cérémonie  de  la  dégra- 
dation eut  lieu,  le  24,  devant  le  temple 
Saint-Maurice.  Rabec  refusant  de  se 
prêter  aux  momeries  que  Ton  exigeait 
de  lui,  on  employa  la  force  Livré  en- 
suite au  bras  séculier,  il  fut,  le  jour 
même,  condamné  par  le  lieutenant  cri- 
minel à  être  brûlé  vif,  et  s'il  ne  voulait 
pas  se  confesser,  à  avoir  la  langue  cou- 
pée. En  entendant  ct'tlesenlence,»  Dieu 
soit  loué,  s'écria  Rabec,  et  me  face  la 
grâce  de  persévérer  jusques  à  la  fin. 
0  Dieu,  que  lu  me  fais  de  giâces  de 
m'apprller  pour  soustenir  ta  parole  é- 
vangélique!  Car  tu  as  dit  que  quicon- 
que te  confessera  devant  les  hommes, 
tu  le  confesseras  aussi  devant  ton  Pè- 
re :  lu  as  aussi  dit,  que  quiconque  per- 
sévérera jusqu'à  la  fln  sera  sauvé.  » 
Quelques  heures  après,  le  martyr, 
après  qu'on  lut  eut  coupé  la  langue, 
fut  traîné  sur  une  claie  au  lieu  du  sup- 
plice, (1  jettanl  force  sang  |)ar  la  bou- 
che et  fort  desfiguré  à  cause  de  ce  sang. 
£st:int  devesiu  fut  environné  de  paille 
devant  et  derrière  :  et  force  souffre  jet- 
té  sur  sa  chair.  Eslevéen  l'air,  il  com- 
mença le  ps..  Les  g<ns  entrez  sont  en 
ton  héritage  :  voire  intelligiblement, 
combien  qu'il  eust  la  langue  coupée, 
pour  n'avoir  voulu  prononcer  Jésus 
Maria,  p  On  le  laissa  ainsi  suspendu 
en  l'air,  exposé  aux  railleries  du  peu- 
ple, plus  d'un  demi-quart  d'heureavant 
d'allumer  le  bm  her.  «  Et  fut  abaissé, 
puis  esicvé  |)ar  plusieurs  fols,  au  gré 
et  souhait  des  moines,  disans  au  bour- 
reau, Hausse  et  baisse  jusqu'à  ce  qu'il 
ait  prié  la  vierge  Marie,  de  sorte  que 
les  entrailles  estansjà  à  demi  sorties, 
encore  parloil-il  :  n'ayant  quasi  plus 
figure  d'homme,  lorsqu'il  fut  du  tout 
dévalé  sur  le  bois,  et  ainsi  rendit  ra- 
me à  son  Créateur.  » 

KACOMS,  petit  fief  de  l'ancienne 
province  de  TIsle-de-France,  qui  ap- 
partenait, à  la  fln  du  xvie  siècle,  à  la 
famille  il^Abra-de-Raconis.  Tous  les 
biographes  s'accordent  à  dire  que  cette 
familleembrassalesopinions  nouvelles 
et  les  professa  pendant  un  temps.  Nous 
avons,  en  effet,  tiouvé  dans  les  regis- 

i5 


RÂC 


—  362  — 


HiEM 


très  de  l'église  française  de  BÀle  l'acte 
de  bàptôme  de  Madclaine  d'Abra-dê- 
Rai'Ofiis,  fllledeiV.  d'Ahra-de-Raconis 
et  de  RachelBùthart,  qui  eut  pourpar- 
rainAo6méau,sleurdeCroissy,otp(>or 
marraine  sa  grand'inëre  J-tathine  d'A- 
bra.  Mais  nous  avons  inuMltMnenl  cher- 
ché à  découvrir  qui  était  cet  Abra-de- 
Raconis  réfugié  à  Bâie.  Pcut-éire  est-il 
Identique avecun  N .  Airra-df^RaconiSy 
à  qui  le  Dict.  de  Moréri  attribue  deux 
ouvrages  restés  inédits^  ei  intitulés, 
l'un  :  L'arquit  du  trésor  d'Abra-de- 
Raconis  ou  état  au  long  de  l'ancien 
ordre  de  l'état  de  France  les  causes  de 
la  corruption d'icelui  et  des  moyens  d'y 
remédier .  par  forme  de  discours ,  adres^ 
si  au  très'chrestien  roi  et  aux  Fran- 
çois, et  compris  en  dix  livres.  Ce  titre 
et  surtout  la  dédicace  du  second  :  Traité 
de  l'artillerie,  à  Ségur-Pardaillan^ 
semblent  indiquer  un  huguenot.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Richel  Bochart  était  veuve 
en  1 598,  et  elle  professait  toujours  la 
religion  réformée. 

  la  même  famille  appartenaient 
Charles-François  A  bra  -  de  Raconis , 
professeur  de  théologie  au  collège  de 
Navarre,  puis  évéque  de  Lavaur,  et  le 
capucin  Ange  de  Raconis,  (\n'\  nous  sont 
déjà  connus  l'un  et  l'autre  par  leurs  dis- 
putes avec  les  pasteurs  de  Paris  Du 
Moulin,  Durant,  Montigny  et  Mestre" 
zat.  Tous  deux  étaient  nés  dans  le  sein 
de  l'Eglise  protestante,  mais  ilsélaicnt 
encore  Jeunes  lorsque  leurs  parents  se 
convertirent.  Le  capucin  avait  quatre 
sœurs  dont  l'une  a  écrit  une  relation 
de  sa  conversion,  publiée  par  Habert 
de  Cerisi  dans  sa  Vie  du  cardinal  de 
Bérulle  (Paris,  1646,  in-4''). 

U ACQUÊT  (Cu ARLES),  appelé  aus- 
si Raquet  et  par  erreur  Rasquot,  sieur 
de  MoUien  (aujourd'hui  Molipns),  était 
(Ils  de  Jacques  Racquet,  sieurde  Cuisy 
(allas  Cruzy)  et  d'Anne  Le  Batleur, 
Gomme  ancien  de  i'èglise  de  La  Ferté- 
au-Col,  il  assista  à  plusieurs  s>node$ 
provinciaux,  entre  autres,  à  celui  de 
Charenton,  en  1655,  avec  François 
Racquet,  ancien  de  Lisy,  qui  était  ap- 
paremment 80D  frère.  Eu  i^Zi,  iï 


épousa  dans  l'église  de  Gharenton  iic- 
rie  de  Fleury,  flile  de  feu  Louis  dt 
Fleury,  sieur  de  Varennes,  el  de  Mû- 
rie de  Piedefer,  dont  il  eut  plusieirs 
enfants.  Les  Registres  de  GhareMn 
nous  en  font  connaître  trois  :  i»  Isaac, 
né  le  15  mai  I63i,  qui  fut  présenté  ta 
baptême  par  François  de  Racquet  et 
Marie  df  Pitd'fer  ; — 2o  Charlbs,  tttp- 
liséle  l'^'Julil.  1635; — 3«Anke,  pré- 
sentée au  baptême  en  1640,  par  i4- 
lexandre  de  Ricquet^  sieur  de  Moras, 
cl  Anne  d'Esp'nay.  —  £ii  1 699,  aoe 
lettre  de  cach.'t  envoya  W^^  de  Hel- 
lien  dims  le  couvant  d^^s  Nouvelles-€t- 
lholiq«esdeP.»ri-(i4rc/i.^^».  E.55W). 
—  Un  capitaine  de  MoUien,  réfugié  en 
Hollande,  suivit  le  prince  d'Orange  en 
Angleterre. 

KiEMOND  (Florimond  de),  né  à 
Agen,  et  mort  en  1602,  conseiller  an 
parlement  de  Bordeaux.  Notre  inten- 
tion ne  saurait  être  de  ra(X>nter  la  vie 
de  ce  fougueux  adversaire  des  Protes- 
tants, dont  on  disait,  de  son  vivant  : 
Ra^mundus  judicat  sine  conscientiâ,  li- 
bres scribil  sine  scientfâ  et  aBdiâcat 
sine  pecunià.  Nous  voulons  seulement 
rappeler  qu'élève  de  Ramus,  il  adopta 
d'abord  avec  ardeur  les  opinions  nan- 
velles;  mais  en  1566,  prenant  pré- 
texte de  la  gu<Tison  d'une  prétendae 
possédée,  dont  il  avoit  été  témoia  à 
Laon  (i),  il  rentra  dans  le  giron  de 
l'Eglise  romaine,  et  furieux  d'avoir 
été  mis  à  mille écus  de  rançon  parées 
soldats  huguenots  qui  l'avaient  faitpri- 
sonnier,  il  écrivit  contre  ses  anciens 
coreligionnaires  des  livres  de  contro- 
verse plus  reinaniuables  par  la  violence 
et  le  mauvais  goût  que  par  l'iroparlia- 
lité  et  la  saine  critique.  Le  seul  qoefon 
consulte  encore  aujourd'hui,  à  cause 
des  précieux  renseignemenis  qu'il  con- 
tient sur  l'origine  du  protestantisme 

(1)  Celle  prétendae  pos<$édée  se  nommait  Ninsie 
Aubry.  Sa  goerison  fat  miraculiuitmimt  opéive 
par  une  lellre  du  maréchal  de  MouUiioreat'j,  qjii 
inYiia  lévêque  de  Laon  ')  meUre  fin  h  ane  «tu- 
gédic  qui  ne  tendait  qu'à  sédition,*  aYOc  ■Mot» 
d'employer  rautoriié  du  roi,  t  il  n'etooflaitta  fin 

tôt  celle  ailaire.  Celte  lettre  aéiê  publiée  par  IL  Jto- 
▼isiM  dans  son  Hist.  de  la  villo  de  ~ 


m- 


UG 


ea  France^  c'est  spn  Histoire  de  la 
lAissance  et  des  progrès  de  l'bérésie. 

RAFÉU$  OQ  RArHÊLis,  famille 
proveoçale,  dont  uni*  branche  alla  s'é- 
tablir à  Orange  et  embrassa  la  religion 
réformée,  en  1562.  Le  cbef  de  celte 
l>rancbe,  Jean,  second  flls  de  Pierre 
de  Rafélis  eldeMadelainede  Grignan^ 
servit  en  Flandres  sous  le  prince  d'O- 
range, et  fut  élu  premier  consul  d'O- 
range, en  1597.  Ses  enfants  furent: 
!•  Olivier,  qui  suit;  — 2'»  Paul;  — 
3«  Jean;  — 4°  Marie-Anne,  femme  de 
Marc  SauN{>r,conf.eillerau  parlement 
d'Orange; — S"  Anne,  qui  fut  mariée 
dans  la  famille  de  Chambrun. 

Olivier  de  Bafélis,  le  même  appa- 
remment qu'Olivier  de  Rafélis,  qui 
desi^rvdit,  en  1626,  Teglise  de  Vente- 
roi,  fut,  selon  le  Dict.  de  la  Noblesse, 
conseiller  du  comte  palatin  Frédéric, 
et  se  maria  à  La  Haye,  où  il  exerçait 
les  fonctionsduminislèredepuis  1642, 
avec  une  demoiselle  de  Ba^naër,  dont 
il  eut  un  Ois  et  une  flll(>.  Celte-ci,  nom- 
mée JuDiiH,  épousa  N.  de  Zilio  La 
destinée  du  flls  est  inc(mnue.  Nous 
serions  porté  à  croire  qu'il  passa  dans 
les  colonies  hollandalsesderAmorique 
du  Nord,  et  qu'un  George  Rapaeligo, 
qai,  d'après  le  traducteur  de  l'ouvrage 
de  M.  Ch.  JVeisSy  s'établit  à  la  Nou- 
velle Amsterdam,  n'était  autre  que  le 
fils  ou  le  petil-flls  d'Olivier  de  Rafélis. 

HAGUIER  (Jean),  sieur  d'ËSTER- 
HAT  et  de  Id  Motie-Tilly,  flls  de  Louis 
Raguier  et  de  Charlotte  de  Dinlovilie, 
écii>er  tranchant  du  roi,  nous  est  peint 
|Mur  Haton  comme  un  homme  «  cruel, 
vindicatif,  peu  piloiable,  fort  orgueil- 
leux et  sumptueux  en  habitz,  chevaux 
et  serviteurs.  )>  Mais  il  ne  faut  pas  ou- 
blier que  Haton  était  un  catholique  fa- 
natique, et  que  d'Esternay  embras>a  la 
religion  réfo.  mée  pour  laquelle  il  mon- 
tra toute  sa  vie  beaucoup  de  zèle.  Le 
même  (  hroniqueuraflirnie  qu'il  se  con- 
vertit des  lô54,  u  mais  i^ecrètement 
en  sa  maison  et  en  sacon^cience)>,et 
qae  son  exempte  fut  suivi,  bientôt 
après,  par  son  frère  François  Rayuier, 
vidame  de  Chàlons^qui,  diNI,  «  estoit 


plDS  estimé  que  ledit  d'Esternay,  car 
il  estoit  fort  pitoyable,  grand  aulmos- 
nier,  fort  charitable  et  gracieux,  point 
orgueilleux,  et  secoarablft  à  tous», 
ainsi  que  par  sa  ^œur  Marguerite^ 
abbesse  d'un  couvent  de  Cordelières, 
et  par  sa  mère,  Charlotte  de  Dinte» 
ville,  qui  mourut  en  1566. 

O'Eslernavnesedéclaraouvertement 
prolestant  qu'en  1560.  Il  parait  qu'il 
assista  au  colloque  de  Poissy  { i  )  comme 
représentant  des  églises  de  la  Brie  et 
de  la  Champagne,  et  qu'après  la  pro- 
mulgation de  l'édit  de  Janvier,  il  pré- 
senta requête  au  Conseil  à  l'elTet  d'obte- 
nir l'exercice  du  culte  protestant  à  Pro- 
vins. Lui-même  établit  un  prêche  dans 
son  chàieau,  et  prit  pour  chapelain 
un  cordelier. converti,  nommé  Lam- 
herty.  Lorsque  la  guerre  civile  écla- 
ta, il  fut  un  des  premiersà  rejoindre  à 
Orléans  le  pi  i  iice  de  Condé ,  qu  'i I  accom- 
pagna dans  son  entrevue  a\ec  la  reine- 
mère  sous  les  murs  de  Paris.  Son  frère, 
le  vidame  de  Chàlons,  resta  à  Orléans 
où  il  mourut  de  la  peste.  Après  la  con* 
clusion  de  la  paix,  d'Eslernay  retouina 
dans  ses  terres  et  s'appliqua  à  la  fois 
à  propagerlesdoctrinesévangtMiques  et 
à  défendre  ses  coreligionnaires  contre 
les  attaques  de  leurs  ennemis.  Son 
zèle  le  rendit  odieux  aux  Catholiques 
qui  dcvastcrent  impitoyablement  ses 
domaines,  lorsqu'en  I5b7,  il  alla  re- 
joindre tonde  à  Rozay.  Il  combattit 
aux  côtés  du  prince  à  la  bataille  de 
Saint-Denis.  Dans  ia  troisième  guerre, 
il  se  joignit  aux  gentilshommes  pro- 
testants de  la  Picardie  qui,  sous  les 
ordres  de  Genlis  (Voy.  V,  p.  425),  se 
réunirent  aux  troupes  du  prince  d'O- 
range, et  plus  tard,  à  l'armée  du  duc 
de  Deux-Ponts.  Comme  Genlis,  il  fut 
enlevé,  en  1 569,  par  une  lièvre. 

Jean  d'Eslernay  avait  épousé  Ma- 
rie de  Béthune,  flile  de  Jean  deBéthune 
et  d'Anne  de  Melun.  Après  le  départ 
de  son  mari,  en  1568,  cette  dame  fut 
obligée  d'abandonner  son  château,  qui 

(i)  Le  Tidame  de  ChAlons,  son  frère,  aTait as- 
8l»té  aux  Etats-Genéraax  tenus  à  Orleans^comme 
déimlè  da  bailliage  de  Sev. 


RAI 


—  364  — 


Mi 


fut  pillé  par  les  Catholiques.  Retirée  à 
Paris,  elle  n'échappa  qu'avec  pe'ue 
aux  égorgours  de  la  Saint  Barthélémy. 
Son  fils,  Salohon,  sieur  d'Eslernay, 
I  âgé  d'une  dizaine  d'annr^es,  fui  arrêté 
dans  son  cbâltau  de  La  Motte  et  rete- 
nu prisonnier  pendant  longtemps.  En 
J581^  il  suivit  le  duc  d'Alençon  en 
Flandres.  En  1592,  il  fut  tué,  sans 
avoir  été  marié.  Outre  ce  flis,  d'Es- 
ternay  laissa  trois  filles  L'atnée,  An- 
ne, épousa,  en  1572,  Michel  do  Lur, 
sieur  de  Longa-Barrlère,  et  fut  l'aïeule 
de  Henri  Chabot,  duc  dn  Rohan,  par 
son  mariage  avec  Marguerite  de  Ro^ 
han,  La  seconde,  Marie,  devint,  en 
1579,  U  femme  de  Louis  Goillard, 
sieur  d'Epichellière.  La  troisicnie,  Ju- 
dith, qui  fut  marit^e  à  Claude  d'An- 
cienville,  bailli  deSezanne,  profesait 
encore  le  protoslaiitisme  en  1621^ 
aniK^e  où  elle  fui  marraine  d'un  enfant 
de  Daoid  Domanchin  ^Reg.  de  Charen- 
ton). 

fin  volume  de  la  collect.  Du  Chesne, 
coté  25,  nous  fait  connattre  une  autre 
branche  de  la  famille  Raguier,  dont 
deux  membres  paraissent  avoir  pro- 
fess(*  aussi,  pendant  quoique  temps,  la 
religion  réformée.  Nous  voulons  parler 
de  Charles  Raguier,  baron  de  Poussé, 
quiépoui>a,  en  I5ii7,  Parive  Dauvet, 
et  de  sa  sœur  Aimée  Raguier,  qui  de- 
vint la  femme  de  Guillaume  Dauvet, 
sieur  d'Esraines  (Voy.  ce  nom,\ 

It.'lILLARD  (JÉRÉsiii!),  d'une  fa- 
mille originaire  de  Passavant  en  Fran- 
che-Comié,  qui,  pourcausede  religion, 
s'était  réfugiée  à  Sainte-Marie  aux-Mi- 
nes,  el  plus  lard  à  Bàle,  ne  nous  est 
connu  que  par  une  dissertation  Z)f'pti- 
biicoTum  patrocihiorum  sive  prolec- 
tîimis  jure,  imp.  à  Bâic,  1712,  in-4». 
Il  avait  le  titre  de  docteur  en  droit,  et 
laissa  de  son  mariage  avec  Marguerite 
liyhiner  un  fils,  nommé  aussi  Jéré- 
MiK.  Néle  IGavr.  1717,  ce  dernier  fit 
avec  succès  ses  éludes  dans  sa  ville  na- 
tale. Bachelier  en  philosophie  en  I  755, 
niallre-ès-artsen  1 7rj:i,licenciéendroit 
en  1758  il  fui  appelé,  en  1741^  à  lu 
chaire  de  rhétorique,  qu'il  occupa  Jus- 


qu'à sa  mort.  En  1 744,  Il  prit  le  grade 
de  ilocteur  uiriusque  juHs,  En  17  47,  il 
épousa  Ursule  Vischfr,  qui  lai  donna 
plu<%ieurs  enfants,  entre  autres  on  flii 
appelé  JÊRÉMiE.  L'année  suivante,  fl 
entra,  comme  ancien,  dans  le  consis- 
toire de  l'église  française,  et  en  1754, 
il  fut  nommé  bibliothécaire  de  la  viQe. 
11  mourut  de  pbthisie,  le  25nov.  177S. 
On  a  de  lui  : 

I.  Diss.  inauguralis  de  jure  fructm 
pf  rcipiendi  in  re  aliéna ,  bond  sive  maU 
file  jwsfiessâ,  Basil.,  1758,  in-4«. 

II.  Tkeses plUlosophiœ  misceUœ^ Bi- 
sll.,  I74n,  m-40. 

III.  Thèses  rhetoricœ,hàS\\,,  1741, 
in-40. 

IV.  Diss.  de  Romanorum  equiUm 
transvectione  et  recognitiune,  BaslL, 
1745,  in-4*. 

V.  Observationes  de  privilegUs  uxih 
rum  quoad  bona  in  mariti  domum  û' 
lata,  Basil.,  1746,  in-4». 

VI  Thèses  et  obst-rcationesjuridicmf 
Basil.,  1757,  in-lol. 

On  ne  nous  apprend  pas  h  quel  de- 
gré Jérémie  Raillard  était  parent  ds 
Luc  Raillar>ly  auteur  de  :  OhservatHh 
nés  q'iœdam  ph  lologicœ  in  Herodiaai 
Hist,  libros,  Basil.,  1 7i6,  in-4«. 

IIAINEVAL  iFRA>çois  de), gentil- 
homme  protestant  de  la  Picardie, laissa 
de  sa  femme,  Anne  de  Pastoureau, 
deux  fils  nommés  Gabriel  et  Daniel. 
Le  cadet  fut  lieutenant  colonel  du  régi- 
ment deSounhes.  L'alné,  marquis  de 
Raineval,  premier  maréchal  des  loffs 
du  duc  d'Orléans,  épousa,  en  1645, 
Esiher  Le Fevrr-deParfondru,  et  M 
tue  au  siège  de  Lille.  A  la  révocaliott, 
sa  veuve  sortit  de  France  avec  ses  troit 
enfants,  Jean,  Fra>çois  et  MARTBB,el 
se  retira  à  Herford,  où  su  fille  se  nift- 
ria  avec  le  pasieur  de  la  cour.  Le  Aie 
aine  renlia  plus  tard  en  France,  et  M 
remis  en  possession  des  biens  de  sa 
famille;  mais,  sur  la  fin  de  ses  Jours, 
il  émigra  de  nouveau  en  Hollande,  et 
mourut  à  Voorburg  sans  alliance.  SoQ 
frère  François,  qui  était  resté  à  Tétraii- 
ger  el  avait  pris  du  service  dans  l'ar- 
mée des  Etats -Généraux,  s'éleva  «1 


RÂl 


—  365  — 


RAL 


grade  de  commandant  des  ironpes  de 
la Guiane  hollandaise.  Ajoutons, en  pas- 
sant^ que  deux  autres  familles  réfu- 
gléeSjCelleîî  de  L**  Nfpveuei  de  Coudrie^ 
donnèrent  des  gouverneurs  à  celle  co- 
lonie,  où  s'élaienl  établis  un  certain 
nombre  de  Prolestanls  français, comme 
les  Vernezotyre,  les  La  Sablonuière,  etc. 
En  1702,  François  de  Ra^neval  prit 
pour  femme  Anne-ElUabeih  de  Glm- 
mer,  d'Amsterdam  I!  en  eut  deux  fils  : 
FRANÇOis-CoRNEiLLEel  Jean-Gabriel, 
et  nne  flile  Jeanne-Jacqueline,  morte 
à  Surinam.  Le  flis  unique  de  François- 
Corneille,  qui  avait  épousô,  en  1 736, 
fVilhplmine  Marguerite  Ilertzberg,  se 
nommait  Fba>çois;  ii  mourut  égale- 
ment à  Surinam  sans  postérité.  Jean- 
Gabriel,  comte  de  Rainevai  et  de  Fau- 
quemhe<g,  se  maria,  en  1758,  avec 
Anne-Gerlrude  de  l'iettrfion,  fille  de 
Jean  de  Pieterson  et  ^* Elisabeth  Des 
Loges,  qui  le  rendit  père  de  sept  en- 
fints  :  |o  Bertrand- l'HiLiPPE-SiGis- 
MOND-ALBKRT  FRÉDÉRIC, Diorlenfant; 
— 2»Anne-Elisabeth  Gabriklle- Vic- 
toire, née  le  24  no  V.  1758;  —  S^Ma- 
EIE-Jeanne  Eléonore,  née  le  22  avr. 
1760;  —  4<>  Françoise- Jeanne-Es- 
TBER-L0(3iSE,  née  le  15  sept.  1765; 

— 5»PÉR0NNE-jEANNE-FRANÇ0ISB,née 

le  4  juin  1 766  ;  —  6»  Sîne-Margleiii- 

TB-GILBERT1NE-R0D()LPHINE-ADRI£NNB 

et  7°  MC()i.e-Elisabeth-Jeanne-Ga- 
BRiELLE,néesjiimelles,lel9sept.  1*775. 
Il  est  évident  qu'on  doit  raliaciier  à 
cette  fainil  c  picaide— mats  par  quel 
lien?—  Chartes  de  Raînecal,  auteur  de 
deux  livres  fort  rares,  dont  voici  les 
litres  :  La  destruction  de  Batn/lone  ou 
Pasi^ayes  fortnels  et  conséquences  né- 
cessai f  es  tirées  de  la  Parole  de  Dieu 
pour  condamner  la  doctrine  dt  l'Enlisé 
Romaine  et  justifier  celle  de  l'Eglise 
Réformée,  2«  cdil.,  revue  et  augin., 
1618,  in- 8»,  —  et  L^  tableau  du  men- 
songe et  de  la  vérité  par  lequel  il  est 
représenté  que  la  doctrine  de  l'Eglise 
Romaine  n*ebt  fondée  que  sur  des  faus- 
ses cohséquencfs  mal  déduites  et  infé- 
rées de  la  Parole  de  Dieu,  et  quau  con- 
traire, la  doctrine  de  V Eglise  Réfor- 


mée se  prouve  par  des  passages  exprès 
de  lasaincteEscriture,  Saumur,  1  «1 9, 
ln-8».  Nous  ne  savons  d'ailleurs  rien 
de  la  vie  de  ce  controversiste.  si  ce  n'est 
qn'à  celle  époque,  il  habitait  Paris,  et 
que  sa  ïemme,  Anne d'Ailly  lui  donna 
au  moins  deux  en'^anls  :  Maurice,  né 
le  2i  avr.  1 61 4,  et  Anne,  présentée  au 
baptême,  le2t  mars  I6i7,  par  Louis 
Arnauid  et  Anne  de  Rohan  (Reg.  de 
Charenlon). 

RAISO!^  (Jkan-Ferdïnand),  pas- 
teur fugitif  de  France,  fut  professeur 
de  français  au  gymnase  de  Cobourg, 
et  mourut  en  1765,  laissant  un  fils, 
né  dans  cette  ville,  en  1726.  Ce  fils, 
dont  le  nom  nous  est  inconnu,  fil  des 
études  en  droit  à  l'université  d'I^na, 
et  après  les  avoir  terminées,  il  se 
chargea  de  Téducationd'un  jeune  gen- 
tilhomme Ihonien,  qu'il  accompagna 
dans  ses  voyages.  ]1  retourna  ensuite 
à  léna,  oîi  il  se  mil  à  donner  des  le- 
çons, en  attendant  qu'il  se  préscnlàt 
quelque  autre  place.  On  lui  en  otfrit 
une  de  gouverneur  dans  une  famille 
conrlandaise;  il  l'accepta  et  partit  pour 
la  Cour  lande,  où  la  fortune  l'attendait. 
]E)n  I7b5,  le  duc  Ernesl-Jean,  qui  ve- 
nait de  rerx)uvrer  la  liberté,  le  choisit 
pour  son  secrétaire.  Raison  servit  ce 
prince  et  son  successeur  avec  une  fi- 
délité et  un  zèle  dirtés  par  rafTection 
autant  queparld  reconnaissance.  Dans 
un  voyage  qu'il  fit  à  Berlin  avec  le  duc, 
en  1 786,  le  roi  de  Prusse  fullellement 
charmé  de  son  mérite  qu'il  Tanoblilet 
lui  conféra  le  tilrede  conseiller  privé. 
De  son  côté,  le  duc  de  Courtaude  ré- 
compensa ses  lovaux  services  par  le 
don  d'un  domaine  considérable.  Il  mou- 
rut le  20  nov.  1 79 1 .  C'était  un  homme 
fort  instruit,  qui  cultivait  surtout  avec 
ardeur  les  mathématiques  et  Tastro- 
nomie. 

UALET  (N.),  jeune  avocat  de  Bar- 
sur- Sel  ne,  victime  de  la  réaction  ca- 
tholique en  ir>6*i. 

Lorsque  la  première  guerre  civile 
éclata,  les  Protestants  de  Bar-sur-Seine 
se  rendirent  facilement  maîtres  de  la 
ville,  qui  devint  ainsi  un  lieu  de  re- 


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fage  poor  leurs  coreligionnaires  dès 
environs.  Loin  de  se  montrer  rccon- 
naissanis,cf  s  fugiliTsabusèient  étran- 
goroent  de  l'hospiialilé  qui  leur  était 
ac€ord<^e.  Soutenus  par  quelques  gens 
de  guerre,  sous  les  ordres  de  Saint- 
Pouange  et  du  capitaine  Tréniz,  appelé 
par  Bèze  Fen  y  a  ils  se  licencièrent  et 
desbordèrent  de  telle  sorte,  raconte 
Nicolas  PilhoQ,  qu'il  sembloit  qu'ils 
feussenl  en  une  ville  de  conqueste  et 
forcée  d'assault.  d  Ainsi  molestés,  les 
habitants  de  la  Religion  se  retirèrent 
dans  le  château,  et  «  se  monstrèrent 
de  là  en  advant  si  j&loux  d^  cette  pla- 
ce, qu'ils  ne  vuuloienl  souffrir  qu'au- 
cuns autres  que  ceux  du  lieu  y  entras- 
sent, de  sorte  que  cela  fut  comme  un 
commencement  de  semence  de  divi- 
sion entre  ceux  d'une  mesroe  religion 
qui  se  dévoient  tenir  unis.  » 

t'union  aurait  été  d'autant  plus  né- 
cessaire que  la  place  était  dépourvue 
de  moyens  de  défense,  et  que  les  Ca- 
tholiques de  Troyes  faisaient  déjà  leurs 
préparait Ts  pour  l'attaqUer  avec  lecon- 
Cotirs  des  Catholiques  des  villes  vol- 
éitieâ.Le  désordre,  la  confusion  étaient 
^Is  dans  Bar-snr-Seine  qu'on  laissa 
f  ennemi  s'avancer  Jusqu'au  pied  de  la 
tburaille  et  mettre  ses  canons  en  bat- 
terie, sans  songer  à  lui  résister.  Pré- 
voyant un  désastre,  le  capitaine  Tré- 
niz  se  hâta  de  sortir  de  la  ville  à  la 
télé  de  quelques  chevaux  et,  quoique 
vivement  poursuivi  par  un  fort  déta- 
chement de  la  compagnie  de  gendar- 
mes du  duc  de  Nevers,  que  sa  flère 
contenance  tint  à  distance,  il  atteignit 
Jaucourt,  sans  autre  perte  que  celle  de 
pierre  Clément  (Voy.  ce  nom),  et  de 
deux  autres  qui^  s 'étant  écartés,  furent 
prl^  et  tués. 

Pendant  qiïe  Tréniz  opérait  sa  bril- 
lante retraite,  les  assiégeants  entrè- 
rent dans  la  ville  sans  rencontrer  la 
moindre  résistance,  le  24  août  1562. 
a  El  sans  commigération d'aucun  exé- 
cutèreut  leur  victoire  avec  tant  de 
cruauté  que  rien  plus^  mettans  à  mort 
o&ùx  qa'iië  reocoblrolentj  fensl  en  la 
roe  ou  par  les  malsonâ  sans  espargner 


ancuii;  et  avoir  esgard  ny  à  jeune,  ij 
à  vieil,  à  femme,  fille  ou  enfant.  Tout 
leur  fut  un.  »  Pithou  cite  des  traite 
d'une  barbarie  atroce,  accompagn^^qft 
circonstances  d'une  révoltante  immo- 
ralité. Plusieurs  femmes  furent  mtftr 
sacrées  après  avoir  subi  les  derniers 
outrages;  à  d'autres  ou  fendit  le  vrà- 
tre  ;  des  cannibales  poussèrent  le  d£^ 
lire  jusqu'à  arracher  le  cœur  à  une  de 
leurs  victimes  et  à  y  mordre  à  belles 
dents.  Le  sieur  de  Renneponl  reneon- 
trant  dans  la  rue  un  enfant  d'une  di- 
zaine d'années  lui  ordonna  de  prier 
Dieu.  L'enfant  se  jeta  à  genoux  et  ré- 
cita en  français  l'Oraison  dominicale 
et  le  Symbole  des  Ap6lres.  Le  féroee 
capitaine  en  conclut  qu'il  était  filsd'oa 
huguenot,  elle  fit  égorger  sous  ses  yeux 
en  disant  qu  il  valait  mieux  le  dépê- 
cher de  bonne  heure  que  d'attendre 
qu'il  fût  devenu  grand.  Un  autre  en* 
faut  du  même  âge,  nommé  GuUtavmt 
Venel  y  reconnaissant  dans  un  soldat 
catholique  un  tisserand  deTro>esqa'a 
avait  déjà  vu  chez  ses  parents,  «  afr- 
courut  droictàluy,  elluy  dici  en  riant 
simplement  et  en  enfant,  qu'il  avôh 
dans  sa  bourse  quelque  argent  qitf 
seroil  pour  manger,  à  leur  retour  an 
pays,  du  laiclchez  sa  mère  nourrice.! 
Le  bandit  lui  rendit  ses  caresses,  «t 
u  l'entretenant  tousjours  de  parolles 
mignardes  et  doutées,  »  il  l'emmei^ 
dans  une  ruelle  et  lui  coupa  la  gorgé. 
Au  nombre  des  victimes,  Pithou  cite 
Pierre  André ^  sa  femme  et  son  jeoiie 
enfant,  Jean  Cousin,  Jean  BaiUet,  V^- 
polhicaire  Claude  Merey^  RémyPoii- 
son,  Claude  Hanart,  Guyot  Founui^ 
Pierre  de  La  Huperoye^  apothicaire, 
Nicolas  Dumy,  J'-an  Benoist,  RémM 
Cor  d  ter  y  Germain  ViartyJean  Simoif 
Jean  Lambert ,  Bernicart,  Martin  ji- 
damy  tous  réfugiés  de  Troyes.  Quelque 
temps  après,  le  26  janv.  1 563,  ces 
meurtres  furent  cruellement  punis  par 
la  garnison  d'Antrain,  qui  se  saisit  de 
la  ville  de  Bar-sur- Seine  par  surprise. 
Tous  les  catholiques  qui  s'étaient  Ikit 
remarquer  par  leur  cruauté,  forent 
tués  sans  miséricorde,  entre  autres  le 


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—  367  - 


KMi 


procorenr  Ralet^  qu'on  accusait  d'a- 
voir livré  8on  propre  fils  aux  massa- 
creurs en  haine  de  sa  religion.  Il  fut 
pendu  à  la  porte  de  m  maison  et  ex- 
pédié à  edups  de  pistolet. 

RAI.LY  (N.),  pasteur  à  Aubussar- 
gues,  fut  appelé  h  présider  le  synode 
provincial  qui  s'assembla  à  Nismes,  le 
8  mai  1058^  en  présence  du  commis- 
saire royal  Peifremates  (Arcli.  gén. 
Tt.  282).  Les  Actes  de  ce  synode  n'of- 
frent d'autre  intérêt  que  de  donner  les 
noms  des  pasieurs  en  fonctions  dans 
le  Bas-Languedoc  à  cette  date,  et  ceux 
des  églises  où  l'exercice  se  soutenait. 
Les  voici  :  Nismes,  Rosselet,  Claude, 
Bruguier  et  Roure,  min.,  Guibal  et 
Fauqw'er,  anc;  Almargues,  Valet,  élu 
secrétaire,  et  Perronet;  Saint  Gilles, 
Serres  rt  Pascaty;  Sommièrcs,  Viala 
aîné  cl  Bonnel;  Mai-sillargnes,  Arnaud, 
élu  vice-président,  et  Broutroy;  Ber- 
nis,  Grizot  et  RfclMrd;  Mlthau,  Ga- 
zaiqne  et  Dumont  ;  Vergèze,  Dan  ieu 
Ci  Garnier;  Gallargues,  Durand  ei  Fi- 
garet;  Le  Caylard,  Lautier,^nc,;  Ai- 
gnes-Vives,  Noguier  aîné  et  Arriaud; 
Boucoiran,  Brun  fils  et  Palière;  Nages, 
Pascal  et  Gordon;  Soudorgues,  Gazai- 
gne  Gis,  min.;  Caveirac,  Bousanquet, 
anc  ;  Saint-Cosme,  Fournier  et  Ro- 
land; Villevieille,  Lickère phrc,  min.; 
Sainl-Dionysi,  Lfchère  fils  et  Causjrfp; 
Junas,  Saurin  et  Capirrun  ;  Générac, 
Justamon  et  Mourgues;  Bouillargncs, 
Jsnard,  min.;  Candiac,  de  Méjanesei 
Bruguière;  Vauvert,  Brun  et  Bru- 
^ier;  Calvisson,  Berthe  et  Afazel; 
Algues-Mortes,  Abraham,  min.; Saint- 
Laurent,  Marchand  et  Boatori  :  Uzôs, 
Manuel  et  de  Fofs^ac,  élu  secrétaire; 
Sainl-Ambroix,  Noguier  puîné  et  de 
Faivargues  ;  Les  Vans,  Paulet  et  Ri- 
vière; Vlllefort,  Laiirens  et  Leyris; 
Bagnols,  Bonier  etdelfon^jcrivjSau- 
zet,  Ravanel  et  Guizot;  Cornillon,  Pu- 
jolasei  Paly;  Sainl-Dézéry,  Brevet  ei 
Reynaud;  Aubussargues,  Rally  et  Meu- 
nier; Boucairan,  Chabaud  et  de  Mon^ 
teils;  Saint-Jeah-Rochegude,  Tlioma.^, 
min.;  Barjac,  C/ietronetB/mon;Blad- 
zac,  Soussellier  et  Boucarut  ;  Savi- 


gnargues,  Courran  et  Bardon;  Saiot- 
Qnintin,  Faucher ti Clerc;  Navacellcs, 
Boniset  eiGueydan;  LaCalmette,  Car 
pieu  et  Caumerc  ;  Valerargues,  Faw- 
cher  et  La  Foréi-Blacons  ;  Folssac, 
(7a9(af2t>relCot4S<ori;Chambnurigaud, 
Roure  et  Druvery;  Montpellier,  Ber- 
trand et  Gautier;  Lunel,  Enjalras,  un 
des  secrétaires,  et  Ferrier;  Béziers, 
Barbeyrac,  min.;  Bédarieux,  RouXj 
min.  ;  Clcrnionl-St-André,  Modenx , 
min.;  Honlagnac,  Chambon  et  Bat; 
Graissessac  ,  Gibert  et  MaureUan  ; 
Saint-Pargoire,  Polge,  min.;  Pous- 
san ,  Viala  jrunc,  min.;  Cournon, 
La  Brune,  min.;  Pignan,  Rous>Hlon, 
min.;  Florensac,  Bezombes  et  Verne- 
ro6rp;Lunas,  Serain,  min.  C'est  dans 
ce  synode  que  Daniel  Rally  fut  reçu 
ministre^  en  même  temps  que  Gibert, 
Lombard,  Malacare  et  Olivier,  A  la 
révocation  de  l'édlt  de  Nanles,  ce  Da- 
niel Rally  était  pasteur  à  Saint-Am- 
broix.  Il  sortit  de  France  et  fut  donné 
pour  ministre  à  la  colonie  française 
de  Magdcboorg,  qu'il  édifia  Jusqu'à  sa 
mort  arrivée  en  1714. 

RAMBAUD  (Jacques),  seigneur 
de  La  Villettb-Furmeyer  (i),  gentil- 
homme protestant  de  Gap,  commença 
à  porter  les  armes  pour  la  Cause  dès 
J5b2,et  servit  sous  les  ordres  de  Des 
Adrets,  jusqu'à  la  défection  de  ce  chef 
illustre.  Ce  fut  par  le  commandement 
du  baron  qu'il  se  Jeta  avec  300  hom- 
mes dans  Sisteron,  assiégé  par  Som- 
merive  [Voy.  II,  p.  90).  Après  l'éva- 
cuation de  cette  place,  à  la  défense  de 
laquelle  il  avait  vaillamment  contribué, 
il  rentra  dans  le  Dauphiné,  rassembla 
les  Proteslants  de  Gep,  qui  avaient  été 
expulsés  de  leur  ville,  les  conduisit  à 
Die,  puis  à  Montélimart,  et  enfin  à  Ro- 
mans, où  se  trouvait  Mtmtbrun,  qu'il 
accompagna  à  Beaurepalre  (Voy,  iv, 
p.  460).  Forcé  d'éxacuer  ce  bourg.  Il 
regagna  Romans.  C'est  de  là  qu'il  par- 
tit, lorsque,  au  mois  de  novembre,  cé- 
dant aux  prières  des  habitants  de  Ya- 

(1)  Yedel  l'appelle  Antoine  Rambaud,  dit  le 
capitaine  Farmever,  et  Brizard,  Gaspard  dé  La 
ttUett^. 


RAM 


—  368  — 


RAM 


lence  ot  de  Romans,  il  entreprit  de  (aire 
lever  le  siège  de  Grenoble.  A  la  tète 
d'un  petit  corps  de  troupes  composé 
de  ses  Gapençois  au  nombre  de  quel- 
ques centaines,  de  la  compagnie  pro- 
vençale du  capitaine  Terrt'ndel  ou  Ta- 
rendol,  et  d'une  dizaine  de  gentils- 
hommes qui,  comme  Changy,  Baron, 
Bérenger-Pipet, \ou\nreni  partager  ses 
dangers,  il  se  mit  en  marche,  Terme- 
ment  résolu  de  vaincre  ou  de  mourir, 
força  le  difficile  passage  de  Nogaret, 
sans  autre  perte  que  celle  du  sergent 
Colonibis,  et  arriva  à  Sdssenage,  sur 
les  bords  du  Drac,  où  les  Catholiques 
lui  avaient  dressé  une  embuscade.  Fur- 
me)er  la  découvrit  à  temps,  tailla  en 
pièces  le  corps  ennemi  qui  avait  fran- 
chi le  torrent  dans  l'espoir  de  le  pren- 
dre entre  deux  feux,  lorsqu'il  entre- 
prendrait de  traverser  le  Drac,  se  jeta 
dans  Teau  avec  impétuosité  et  mit  en 
fuite  ceux  qui  défendaient  l'autre  rive. 
Tandis  que  les  Catholiques  éperdus  se 
retiraient  en  désordre  dans  les  Etals 
du  duc  de  Savoie,  Furme>er,  poursui- 
vant sa  course  victorieuse,  arriva  sous 
les  murs  de  Grenoble  ;  mais  les  assié- 
geants n'avaient  pas  jugé  à  propos  de 
l'attendre.  Ce  brillant  fait  d'armes  le 
couvrit  de  gloire.  Voulant  profiler  de 
l'ardeur  dont  le  succès  avait  rempli  ses 
soldats,  il  conçut  le  hardi  projet  de 
s'emparer  de  Gap.  Par  ses  ordres,  son 
frère  Bw'ssière  ou  La  Bussiere,  avec 
deux  soldais  connus  par  leur  courage 
int  répide,  Gfiytt  ou  Guy,  de  Ve>  ncs,  et 
David,  de  La  Roche,  se  présenta  de- 
vant Remette,  comme  porteur  d'un 
ordre  du  gouverneur  de  Gap,  se  saisit 
d'un  corps  de  garde  et  ouvrit  la  porte 
à  Furmeyerqui  le  suivait  de  près.  Re- 
venue de  sa  première  surprise,  la  gar- 
nison se  retira  dans  le  clocher,  où  elle 
se  montrait  disposée  à  se  défendre.  Le 
tocsin  avertit  les  habitants  de  Gap  du 
voisinage  des  Huguenots;  ils  s'armè- 
rent en  toute  hà*e  et  coururent  en 
foule  au  secours  de  Romette.  Menacé 
d'être  écrasé  par  le  nombre,  Furmeyer 
ne  vit  de  chance  de  salut  que  dans  un 
coup  d'audace.  Il  choisit  parmi  ses 


vaillants  compagnons  quinze  des  plus 
brn\e&,Lesdiguieres,Mart'n'd*-Cham- 
poléon  et  deux  de  ses  frères,  Sa'tit- 
Germain,  les  deux  Capan,  Guyot,  de 
Veynes,  David,  de  La  Roche,  /^aw  Bon- 
toux  ^  de  Corps,  deux  intrépides  sol- 
dats surnommés  les  Parisiens  de  Gap, 
et  trois  autres  ;  puis,  à  la  tète  de  cette 
poignée  d'hommes,  il  se  jeta  résolu- 
ment au  milieu  des  Gapençois,  qui, 
saisis  d'une  terreur  subite,  s'enfuirent 
à  toutes  jambes  jusque  dans  leur  ville. 
Romette  se  rendit  le  jour  même,  et 
Furmeyer  y  resta  cantonné  jusqu'à  Té- 
dit  de  paciflcalion,  qui  lui  rouvrit  les 
portes  de  sa  ville  n  taie.  Quelque  temps 
après,  en  1565,  il  périt  assassiné. 

Il  parait,  d'après  les  généalogies  fort 
inexactes  et  fort  embrouillées  de  Gbo- 
rier,que  Furmeyer  laissa  un  fils,  nom- 
mé aussi  Jacques,  qui  fut  gouverneur 
de  Gap  en  1 576,  et  qui  servait  encore 
en  1588  sous  les  ordres  de  Le^i- 
guièrps.  Ce  fils  épousa  Louise  de  Mous- 
lier,  dont  il  n'eut  pas  d'enranis;  mais 
il  laissa  un  fils  naturel,  appelé  Jeax, 
qu'il  fit  son  héritier.  Du  mariage  de  ce 
Jean  avec  Judith  d' Armand  naquit 
Gaspard  de  Rambaud,  sieur  de  Beau- 
repaire. 

RAMBAUD  (Louis),  premier  con- 
sul de  Die,  avant  été  accusé  d'irrévé- 
rence envers  le  Saini-Sacrement,  fut 
condamné  par  contumace,  comme  Im- 
pie et  blasphémateur,  à  faire  amende 
honorable,  à  avoir  la  langue  coupée, 
à  être  pendu,  puis  brûlé  et  ses  cendres 
jetées  au  vent  ;  en  outre,  à  une  amende 
de  1,600  livres  applicable  à  l'achat  et 
à  l'entretien  d'une  iampe  d'argent,  qui 
devait  brûler  à  perpétuité  devant  le 
maltre-aulel.  La  sévérité  de  la  seu- 
tenre  était  motivée  par  une  récidive. 
Neuf  ou  dix  ans  auparavant,  accusé 
du  même  crime,  Il  s'était  tiré  d'af- 
faire en  promettant  à  l'évèque  de  vivre 
en  bon  catholique;  mais  l'hypocrisie 
lui  pesant,  il  venait  de  rentrer  dans 
TËglise  réformée,  et  toute  sa  famille 
avait  suivi  son  exemple.  11  fut  assez 
heureux  pour  gagner  Genève,  où  il 
mourut. 


RÂM 


—  360  — 


HAM 


RAMBOUILLET  (Nicolas  de), 
sieur  du  Plessis,  conseiller  du  roi  et 
secrétaire  de  la  chambre  des  finances^ 
était  flts  d'Antoine  de  Rambouillet, 
conseiller  secrétaire  du  roi,  mort  à  Pa- 
ris, en  1 626,  et  enterré,  le  5  janv.,  au 
cimetière  proteslant  des  Saints- Pères 
(Reg.  de  Charenlon)  Il  épousa  Cathe- 
rine Bigot,  fille  de  Jacques  Bigot  et  de 
Catherine  Bongars,  morte,  en  1644, 
à  rage  de  45  ans,  et  en  secondes  noces, 
au  mois  de  déc.  1 645,  Anne  Gaignot, 
fille  de  Pierre  Gaignot,  sieur  de  Loza- 
ne,  et  de  Susanne  Martm^  qui  vécut 
jusqu'en  1684  et  fut  enterrée,  le  1«' 
sept.,  à  Ctiarenton,  conduite  à  sa  der- 
nière demeure  par  Gédéon  TcUlemant- 
deS'Réaux  et  par  Nicolas  de  Rambouil- 
let sieur  de  La  Sablière.  Ce  second 
mariage  resta  stérile;  mais  Nicolas  de 
Rambouillet,  qui  mourut  en  J664,  à 
l'âge  de  88  ans,  et  fut  enterré  à  Cha- 
rcnton,  le  22sept.,  n'avait  paseu  moins 
de  onze  enfanls  de  sa  première  femme, 
sa>oir  :  i*  Nicolas,  sieur  Du  Plessis, 
conseiller  et  maître  d'hôtel  ordinaire 
du  roi,  qui  épousa,  en  ifil2,  Anne  Le 
Moutonnier,  veuve  de  Gilles  de  Bri- 
quevHle,  marquis  de  Colombières,  et 
en  eut  Nicolas,  né  le  6  déc.  1675.  Si 
l'on  peut  se  fier  à  ce  que  rapporte 
M.  Peyrat  dans  son  Uist.  des  pasteurs 
du  désert  (t),  il  se  retira  en  Danemark 
à  la  révocation  de  ledit  de  Nantes,  et 
allaplustards'établiren  Angleterre,  où 
sa  postérité  masculine  ?'est  éteinte  ré- 
cemment.En  1 68»>,M">«Du  Plessis-Ram- 
bouiilet  fut  enfermée  dans  le  couvent 
de  Beilechasse  (Arch,  gén.  E.  3572), 
et  comme  elle  se  monirà opiniâtre,  on. 
la  chassa  du  royaume  en  1688  (ïbid. 
E.  5574).  La  destinée  de  son  fils  nous 
est  inconnue.  —  2«>  Antoine, qui  suit; 
— 5°  Paul,  sieur  du  Plessis,  secrétaire 
du  roi  et  de  ses  finances,  né  le  7  juin 
1 6*25,  et  présenté  au  baptême  par  Paul 
Ycon,  sieur  de  Laleu.  Il  épousa Fran- 

(1)  En  tout  ras,  M.  Peyrat  commet  une  erreor 
en  qnnlifiant  de  marquis  noire  Nicolas  de  Ran- 
bouillet.  Les  deucendanls  du  Gnancier  Rambouil- 
let n'avaient  rien  decomman  avec  la  famille  d'An- 
fxnnes-RamboQillet. 


çoise  Le  Coq,  en  1 657,  et  mourut,  dix 
ans  après,  à  Tâge  de  42  ans.  Ses  deux 
fils,  Nicolas  et  Théodorb  l'ayant  pré- 
cédé dans  la  tombe,  il  ne  laissa  qu'une 
fille,  Marib,  née  en  1662,  et  mariée, 
en  1685,  à  un  gentilhomme  anglais 
nommé  Temple;  —  40  Henri,  né  le  6 
août  1627,  et  tué  en  Catalogne;  — 
5oAlexa>dre;  né  le5l  janv.i629,et 
présenté  au  baptême  par  Jean  d'Aran^ 
bure,  capitaine  d'infanterie  au  service 
des  Ëlats-Généranx,  et  par  Anne  Mal- 
lardy  femme  de  Véron,  porte-manteau 
du  roi;  il  fut  tué  en  FIdndres;  — 
6»  Pierre,  sieur  de  Lancé  ou  Lancey, 
bap  isé  à  la  Chapelle  de  l'ambassade 
hollandaise,  le  26  août  1655,  qui  prit 
pour  femme,  en  1675,^ri«e  Bourdin, 
filledecTkiWo  ^oure/tn.sieurde  Pierre- 
Blanche,  conseiller  secrétaire  du  roi, 
et  de  Madeiatne  d'Azemar,  Il  en  eut 
deux  fils,  Charles,  né  le  22déc.  1 673, 
et  Pierre,  né  le  4  août  1677,  et  une 
fillp,  Madklaine,  baptisée  le  1 5  janv. 
1675.  L'un  de  ses  fils  mourut  jeune, 
en  1678.  Sa  femme  se  con\eitit  à  la 
révocation  et  obtint,  le  8  janv.  1686, 
comme  nouvelle  catholique,  une  pen- 
sion de  2,000  livres,  à  ce  qu'on  Ut 
dans  les  Mémoires  de  Dangeau.  Pour 
lui,  rien  ne  nous  apprend  s'il  suivit 
son  exemple,  en  sorte  que  Ton  pourrait^ 
sans  trop  d'invraisemblance,  le  regar- 
der comme  l'auteur  des  ûe  Lancey,  qui 
ont  donné  un  lieutenant  gouverneur  et 
un  éxéque  aux  Etats- Unisd'Am^rique. 
Mais  nous  croxons  qu'il  est  plus  sage 
de  s'abstenir  d'hypothèses  hasardées, 
et  deiec^nnaltre  que  l'on  ne  sait  rien 
des  dernières  annéesde  la  viede  Pierre 
de  Rambouillet.  Quant  à  celui  de  ses 
fils  qui  survécut,  ne  serait-il  pas  le 
même  que  le  jeune  gentilhomme  du 
nom  de  Rambouillet,  qui  fut  tué  au 
combat  d'Auhaïs,  le  1 7  déc.  1 705,  par 
un  camisard,  Grasset  de  Vauvert,  mal- 
gré ses  protestations  quil  était  de  la 
foi?—  7» Louis,  né  le  20  sept.  1651 
et  mort  en  1055;— 8°  Catherine,  née 
au  moisdefév  J  621, mariée,  en  lb57, 
avec  Jacques  Monceau,  sieur  de  L'Es- 
tang,  et  morte  en  1664;  ~9«  Anne, 


RAM 


4     •      • 

—  370  — 


raM 


née  en  1626;—  lo»  Angélique^  née 
le  18  mai  1630  et  morte  jeune;  — 
110  Elisabeth,  née  le  6  mât  1635, et 
femme, en  1 646  de  Gedéon  Tallemant- 
des-BéaiAX. 

Antoine  de  Rambonitlet,  sieurdeLA 
Sablière^  naquit  k  Paris,  le  1 7  Juin 
1624  (Reg.  de  Charenton),  Il  rerut 
une  excellente  éducation  et  remplit^ 
comme  son  père,  à  qui  il  succéda  peut- 
être^  la  charge  de  conseiller  du  roi  et 
des  finances.  «  Il  sut  allier,  dit  Walc- 
kenaêr,  dans  la  Blogr.  univ.^  Tapiilude 
aux  affaires  et  les  soins  qu'exigeait 
l'augmentation  de  sa  fortune,  avec  son 
goût  pour  les  lettres  et  son  penchant 
pour  le  plaisir  et  surtout  pour  les  fem- 
mes. »  Ed  I65i,  il  se  maria  avec  .Var- 
gtAerile  He'^sein,  fille  de  Gilbert  d'Hes- 
^metde  Marguerite  Mérisot.  L'esprit, 
la  beauté,  le  savoir,  les  grâces  de  sa 
jeune  épouse  ne  purent  fixer  entière- 
ment son  inconstance.  Biche,  spiri- 
tuel, aimable  et  beau,  il  dut  rencontrer 
peu  de  cruelles  dans  le  siècle  des  La 
Vaincre  et  des  Monlespan.  Si  uncaprice 
le  conduisait  par  hasard  aux  pieds 
d'une  inhumaine,  il  n'était  pas  homme 
à  s'y  consumer  d'amour. 

J'aime  bien  qoand  je  suis  aimé, 
Mais  je  ne  puin  èlre  enflammé 
Des  belles  qui  sont  Inhumaines: 
Je  ne  subit  jamais  ta  loi, 
£t  ne  MufTrc  jamais  de  peines 
Qu'autanl  qu'on  en  souffre  poar  moi. 

Aussi  toute  sorte  d'objets 

Ne  peuvent  être  des  sujets 

Pour  forcer  mon  cœur  i  se  rendre  ; 

Et,  si  l'on  Toot  me  posséder, 

Il  faut  des  charmes  pour  me  prendre, 

£t  des  faveurs  pour  me  gaider. 

Sur  la  fin  de  ses  jours  pourtant,  La 
Sablière  conçut  un  attachement  aussi 
fort  que  durable  pour  une  jeune  hol- 
landaise, qu'il  a  célébrée  dans  ses  ma- 
drigaux sous  le  nom  d'Iris.  Elle  mou- 
rat  à  la  fleur  de  1  âge. 

La  jeune  Iris  n'est  plus,  le  ciel  me  l'a  raTïe  ; 

Ce  cher  objet  de  mes  amours, 

Ce  que  je  voyois  tous  les  jours. 

Je  ne  le  ^terrai  de  ma  vie  : 

JEUe  oiTupnil  tou»  mes  désirs  ; 

Je  n'atois  point  d'autres  plaisirs  ; 
Tousmes  soins  sebdhiolenl  à  letTlroeUe  b«U«; 
Qoeferai-je,  grands  Dieai?  Que  doit- je  détenir? 


Hélas  !  n*aarai-jeplos  de  commerce  ttee  elle 
Que  par  un  triste  loutenir  ? 

Le  chagrin  que  lui  causa  cette  perte 
le  conduisit,  quelques  mois  après,  au 
tombeau.  Il  mourut  à  Paris,  le  3  mai 
1679, et  fut  enterré  le  lendemain  dans 
le  cimetière  protestant  des  SS.  Pères 
(Etat  civil  de  Paris.  SS.  Pères,  N«  92). 

Justement  blessée  de  la  conduite  de 
son  mari,  b\^*  de  La  Sablière  ne  se 
crut  pas  obligée  de  lui  garder  une  fi- 
délité inviolable.  Cependant  les  deux 
époux  paraissent  avoir  vécu  en  bonne 
harmonie.  Ils  se  plaisaient  à  réunir 
dans  leur  salon  la  société  la  plus  bril- 
lante et  la  mieux  choisie,  et  ils  aimaient 
surtout  à  se  montrer  les  prolecteurs 
éclairés  des  gens  de  lettres  et  des  sa- 
vants. On  sait  que  M»«  de  La  Sablière 
recueillit  chez  elle  et  garda  pendant 
vingt  ans  le  célèbre  La  Fontaine,  après 
qu'il  eut  dissipé  son  patrimoine.  Par 
reconnaissance,  le  poète  l'a  immorta- 
lisée dans  une  de  ses  fables,  la  15«  du 
Xll«livre,oùil  célèbre 

son  image, 

Avec  ses  traits,  sou  souris,  ses  appas, 
Son  art  de  plaire  et  de  n'y  penser  pa». 
Ses  agréments  ^  qui  tout  rend  hommage. 

[Et  son]  esprit  qui  ne  du  firmament 

A  beauté  d'homme  avec  grâce  de  femme. 

Ce  dernier  trait  surtout  n'était  point 
une  flatterie.  Aux  qualités  aimables  et 
brillantes  d'une  Temme  du  monde, 
M"'^  de  La  Sablière  joignait  des  con- 
naissances solides  et  variées.  EUecal- 
tivait  les  mathématiques  la  physique, 
Taslronomie  ;  elle  avait  même Tait  asser 
de  progrès  dans  c<>lte  dernière  science 
pour  remarquer  la  bévue  commise  par 
Boileau  dans  ces  vers  de  sa  cinquième 
Epi  Ire  : 

Que  l'astrolabe  en  main  un  autre  aille  rhercher 
Si  le  soleil  est  Qie  ou  tourne  sur  son  aie, 
Si  SMtume  à  nos  yeux  peut  faire  un  parallaxe. 

Les  ennemis  de  Despréaux  ne  man- 
quèrent pas  de  faire  valoir  cette  criti- 
que, dont  le  poêle  se  vengea  dans  sa 
Satire  contre  les  femmes  : 

Bon,  c^esi  cette  Mtanie 
Qa'estime  Roberral,  et  que  Saufeur  fréquente. 


RAM 


—  371  — 


ftÂM 


D*(m  vient  qQ*eIlea  l'on  troable,6t1e  teint  si  terni  ? 
C'est  qne  car  le  calml,  dil-on.  dèG»»8ini, 
Un  astrolabe  en  main,  elle  a,  dans  sagoattière, 
A.  luivre  Jopiler  passe  la  nuit  entière. 

M"«  deLa  Sab1i^^e  abjara  la  religion 
protestante  «nielqaes  mois  avant  la  ré- 
vocal  ion  de  l'éd  il  de  Nantes.  Onlit  dans 
les  Mémoires  de  Sourches  :  «  Le  roi 
donna  une  pension  de  2,000  livres  à 
M»«  de  La  Sablière,  femme  qui  n'était 
pas  de  grande  naissance,  mais  qui  était 
connue  par  son  bel  esprit  et  qui  s'était 
convertie.  »  Après  sa  conversion,  Ma- 
delaine  repentante,  elle  se  retira  aux 
Incurables  où  elle  passa  les  dernières 
années  de  sa  vie  à  soigner  les  malades. 
Elle  mourut  le  8  janvier  1693.  A  l'ex- 
ception de  quelques  Pensées  chrétienr 
Tifs,  \tLp,  plusieurs  Tois  à  la  suite  des 
Pensées  de  La  Rochefoucauld,  M«>«  de 
La  Sablière  n'a  rien  écril  ;  mais  on  a 
de  son  mari  un  recueil  de  Madrigaux, 
bien  tournés,  très-spiriiuels,  dont  Vol- 
taire a  dit  que  la  finesse  n'y  exclut 
pas  le  naturel,  et  auxquels  on  ne  peut 
reprocher  qu'une  fatigante  monotonie. 
Ce  recueil,  publié  après  sa  mort  par 
son  fils,  a  eu  plasieurs  éditions.  La 
ire  parut  à  Paris,  1680,  in- 12;  elle 
fut  contrefaite  la  même  année  en  Hol- 
lande En  1758, l'abbé  Sépher  en  don- 
na à  Paris  in-16,  une  nouvelle  édit. 
avec  une  notice  sur  l'auteur,  où  les 
fautes  de  toute  espèce  abondent.  La 
dernière  édIt.,  croyons-nous,  est  celle 
de  Paris,  DIdot,  1825,  in-12. 

Du  mariage  d'Antoine  de  La  Sablière 
avec  Marguerite  Hessein,  naquirent 
trois  enfants  :  l<»  Nicolas,  sieur  du 
Piessis  et  de  Lancey ,  né  le  1 0  fév.  1 656, 
homme  très-instruit,  qui  éiait  en  cor- 
respondance littéraire  avec  6a> le.  A  la 
révocation,  il  fut  enfermé  à  la  Bastille 
(Ari  h.  E.  537-2V  Sorti  de  celle  prison 
d'étal,  il  s'enftiit  à  Londres  avec  sa 
femme  LotUae-Mudelaine  Henri,  qu'il 
avait  épousée  en  itt79.  H  vivait  en- 
core en  1718,  et  était,  à  cette  épo- 
que, un  des  directeurs  de  l'hôpital  fran- 
çais. En  i  686,  sa  terre  de  La  Sablière 
fut  donnée  à  deux  de  ses  filles  qui  à- 
vaient  été  retenues  en  France  {Arch, 


E.  3372)  (1).  L'aînée,  Renéb-Màdi- 
LÀiKE,  baptisée  le  8  déc.  1 680,  était, 
fm  1687,  détenue  avec  sa  soeur  dans 
J(B  couvent  des  Filles  de  la  Croix  [Sup- 
plém.  franc,  791.  A);  elle  devint  plus 
tard  la  femme  de  Trudaine,  pré\6t  des 
marchands  à  Paris.  La  cadette,  An- 
ne-Marguerite, avait  été  baptisée  le 
25  avril  1685;  sa  destinée  nous  est 
inconnue,  ainsi  que  le  sort  d'une  troi- 
sième, nommée  Henriette,  qui  avait 
^té  présentée  au  baptême  dans  le  tem- 
ple de  Charenlon,  le  8  dcc.  I68i.  — 
20  Anne,  baptisée  le  u  mars  1655, 
et  mariée,  en  1672  à  Jacques  Muit- 
son  (Voy.  cenom);  — 3°  Marguerite, 
née  le  19  janv.   1658,  et  femme,  en 
1678,  de  Guillaume  Stot,  sieur  de 
La  Mésangère,  conseiller  au  parlement 
de  Rouen;  puis,  en  1690,  de  Charles 
de  Nocey  ou  Noce,  un  des  roués  du 
Régent.  Non  moins  aimable  et  non 
moins  instruite  que  sa  mère,  bien  que 
moins  célèbre ,  c'est  elle  que  Fonte- 
nelle  a  fait  figurer  comme  interlocu- 
trice dans  ses  Entretiens  sur  la  plura- 
lité des  mondes,  sous  le  nom  de  la 
marquise  de  G**,  et  c'est  à  elle  que 
La  Fontaine  avait  dédié  une  imitation 
de  Théocrite,  imprimée  avec  ses  Fa- 
bles sous  le  tilre  de  Daphnis  et  Alci- 
madure,  et  débutant  ainsi  : 

Aimable  fllled'nnemère 
A  qui  seule  aujoard'liai  mille  ccears  font  la  cour, 

Je  louerai  seulement  nn  cœur  plein  de  tendresse, 
Ce»  nobles  senti  menls,  ces  grâces,  ret  esprit  ; 
Vous  n'auriez  en  cela  ni  mettre,  ni  maîtresse, 
San!»  celle  dont  sur  tous  Teloge  rejaillit. 

RAMBOUR  (Abraham),  ou  Ram- 
boum,  né  à  Sedan,  vers  1 590,  fll  avec 
succès  ses  études  à  Tac^démie  de  sa 
ville  natale,  et  les  couronna  par  une 
thèse  sur  la  puissance  de  l'Eglise,  qu'il 
soutint  sous  la  présidence  de  Tilénus. 
Placé,  en  1610,  comme  pastetir  à 
Francheval,  il  y  remplissait  encore  ses 
fondions,  avec  Erondelle,  en  1615, 
mais  peu  de  temps  après,  il  reçut  vo- 
cation de  régiise  de  Sedan.  «  Une  é- 

(i)  D  parait  que,  malgré  leur  jeune  âge,  on 
tnit  essayé  de  les  taire  sortir  de  France  {Sitftpl. 
franr,  791.  5). 


KAM 


—  372  — 


UAM 


loqoence  \ive  et  animée^  élincelante 
de  beautés  neuves,  à  laquelle  son  ac- 
tion extérieure  prêtait  de  nouveaux 
charmes,  flt  présager, dit  l'abbé  Bouil- 
liot,  qu'il  aurait  les  suc<'ès  les  pins 
brillants  dans  la  carrière  de  la  prédi- 
cation ;  il  les  obtint  en  efTet.»  Nommé, 
en  1620,  professeur  de  théologie  et 
d'hébreo,  il  pri t  possession  de  sacbaire 
le  2  mai.  Sa  réputation  comme  pro- 
fesseur égala  bientôt,  si  elle  ne  sur- 
passa celle  qu'il  s'était  acquise  comme 
prédicateur.  Au  jugement  du  même 
abbé  Bouilliot,  ses  thèses  sont  un  mo- 
no me  ni  de  sa  vaste  et  solide  érudition, 
en  même  temps  que  de  l'habileté  de  sa 
critique  et  de  la  Justesse  de  son  esprit. 
Elles  ont  été  insérées  dans  les  Thèses 
Sedanenses  avec  celles  de  ses  collè- 
gues Jacq,  Cappel ,  Du  Moulin ,  Le 
Blanc,  Des  Marets,  Le  Vasseur  (i). 

fi)  Le.«  Tbàses  de  Sedan  n'éUnl  guère  moins 
nres  que  celles  de  Sanmu  -,  nous  jugeons  utile, 
«pioique  nous  ayons  dijà  polilié  les  noms  des  ré- 
pondants d'origine  française  (Voy.  IV,  p.  278), 
de  donner  ici  les  litres  de  relies  de  ces  thèses 
dont  nous  n'aurons  pas  l'occasion  de  faire  men- 
tion ailleurs  :  Michil  Carve^  de  Gaën ,  et  Henri 
SoHtgoniuSf  de  Sèes  :  D' tummo  coutrov^nia- 
rvm  judice ;  —  Nicolai  Vaumesl^  d'A'genl-in  : 
Jk  perfectione  Scripturœ  adv.  tradiliontt  Ec- 
fi-tias  romatKB,  et  De  ganctorum  inlerc^stione, 
Par$  l;  —  Arnaud  Cmamajor^  du  Bi>arn  :  De 
amniteienlid  Dei; — Uupraty  du  Bt^arn  :  De  ima- 
gine Dei  in  homine  et  D'  dise  eeione  eccl  «ta- 
rum  rfformatarum  ab  fccl  êiâ  rtmaiid  ;-~Phi' 
lippe  Scalbrge  :  De  pecealu  originali  ;  Jean 
Ckanet^  d'Aunay,  et  Jean  Bonnel^  de  Meun  : 
D§  imaginibus  et  idulis  eorumque  cuUu; — Paul 
Le  Sepveu^  de  Trevières  :  D<;  limbo  patrum  eeu 
de  italu  sanctarum  animarum  »ub  vel  ri  T  t- 
tamenlo  et  De  imaginibuH  et  Ht  litf  l'are  III, — 
Pierre  Bilot  el  Jean  Bilott  de  Chnmpngne  :  De 
Mnr/M  et  forum  cultUy  Part.  III  et  IV;  —  Oa- 
vtd  Bilot^  de  Gham|ia^ne:  De  mendacio;  Phi- 
lippe Cattier^  de  Paris  :  Der  liquiie  sanctorum  ; 
1)§  prœdvslinalionef  et  D'  bmis  operibu»;  — 
Etienne  Vacher ^  de  La  Rochelle:  De  calibaiu  et 
mattimonio;  —  Pierre  Coignard^  do  S<iumur  : 
De  prœdtslinalione  ;  -Jean  Hovier^  de  Caën  :  De 
duplici  l<  stamento  teu  de  fcedere  l  gnli  et  evan- 
geiieo  :  Demissd  et  transsubstanlialwne  el  Disp. 
tkeol  g.  fœdisiimam  luent  calumniam  qud  novœ 
et  inauditœ  impietali*  arccesiurCalvviut^fjiu- 
ienqus  potluiatur  mi«/n',  uhi  agunt  de  mari- 
mii^  quibuit  t'.hrislu»  crucialus  est,  doloribu»; 
—  David  Blai.ehard-Servantcre,  de  Coude  :  De 
iuplici  tittammto  Pars  II  :  —  Laurent  de  Bu- 
res^  de  Dieppe  :  Z)*?  duplici  testamento^  Parslll, 
Si  De  descensu  Chrisii  ad  inferos  ; — Abraham 
Warlandf  de  Yitry  :  De  tatisfaetionibus , — Da- 


Propre  aux  affaires  aussi  bien  qu'aux 
lettres,  Rambour  fut.  à  plusieurs  re- 
prises, chargé  par  les  princes  de  Sedan 
de  négociât  ions  dans  lesquelles  il  réus- 
sit. En  1 628,  il  accompagna  Elisabeth 
de  Nassau  aux  eaux  de  Spa,  où  il  se 
lia  avec  Audré  Rivet,  11  mourut  en 
1651,  après  avoir  rempli  quatre  Tois 
les  fonctions  de  recteur  de  l'académie. 
Outre  les  thèses,  assez  nombreuses, 
qui  furent  soutenues  sous  sa  prési- 
dence et  qu'on  lui  attribue  selon  l'u- 
sage, on  a  de  lui  : 

vid  Hébert ^  dePieppe  :  De  meritis  operum  ;  — 
Jacques Rouveau^  de  Paris  :  De  prrfeclione Scrip- 
turœ; De  meritis  opTum,  Pars  II,  et  De  reno- 
vald  antiquorum  hœreticvrum arte^qud  seseven- 
ditant  hodiemi  agyriœ  et  circulalores  proto- 
eant  s  ad  certamen  orlkodoxarum  ecel.'siarum 
pastores; — A.  Bontat-d.-LaTour,  de  Marseille: 
De  certiludine  perseverantiœ^  el  De  auctoriiate 
Vulgatce  ;  Pierre  Pinet^  d'Orlenns  :  De  summo 
bono  et  beatitudine  ;  —  Henri  Clignet  :  De  bap- 
tiêmo;  —  Jean  Baudoin,  de  Normandie  :  De  ec- 
clesir  viéibilis  dignilale;  De  sanctipcationis  con- 
stantid  sive  de  satictorum  perseveranliâ,  et  O*? 
Scripturœ  fine  el  usu  ;  —  Jean  Hamet^  de  Se- 
dan :  De  notis  vrœ  Eccl'siœ;  De  naturd  Dei 
sive  de  divinis  nominibus  et  attributis  in  génère, 
ti  De  fœdere  D  i  cum  homine  inito  ;  -  Gédéon 
Chéron^  de  Houdan  :  De  nnlis  verm  Erchsiœ^ei 
De  attributis  D/i  ihcommunicabUibus  ;  —  hran- 
fois  Botet,  de  Gasieijalnux  :  Deeapit  visibUi  uni  • 
versalis  Etcl  siœ  et  successione  in  hocmunus^ti 
D^fensio  discii,linœ  erel-isiarum  reformatarum, 
—  Presque  louies  ceslhèçesoni  été  soutenues  sons 
la  présidence  de  Dm  Moulin.  Les  suivantes  le  fu- 
rent, pour  la  plupart,  sous  celle  de  Capp.  l:  Hubert 
Cottin^  de  Picardie  :  De  prœdestinationeel  Deju- 
dice  conlroversinrum  etauctoritale  inlerpretan- 
di  sanctam  Scripluram  ;  ~  Claude  Sonnet,  de  Se- 
dan :  De  prœd^stinalione  cl  D:  Conciliis  ;  —  Sa- 
muel Duvicquit,  de  Spdan  :  De  CA}ncili>s  :  —  Cy- 
prû-n  Heuriquel,  de  Sedan  :  De  Cot.eiliis,  Pars 
IL  A  Rambftur  apparlienneni,  outre  cinq  thèses 
anonymes  :  De  perf  clinne  S.  Scriplurœ^  Depec- 
eato  deemonis  ethominis.  De  officto  Chrisli  me 
diatore.  De  officio  Chrisli  regio  et  De  supersti- 
lioso  sanctorumculiu,  i|ui  snil  sansdoulf  sorties 
desa  plume.  Icfl  suivante*',  dont  les  répondants  son 
etinnus  :  PaulMadrat,  de  Sedan:  De  sanctd  thec- 
logid:  —  Siméun  Gaschr,  d'Auvergne  :  Disp. 
theologica  miscellanea;  -Jacques  Cirom,àtVê 
ris,  el  Etienne  Chamaillart,  de  GhAtillon  :  De  at- 
tributis Dei  communicabilibus  ;  — >  Luc  Pouquet 
de  Gaëii  :  De  commenlitiis  peccnti  pœnii.  Pars 
III ^  et  De  viribus  in  hominf  posi  lapsum  reaiiuis. 
Citons  encore  la  thèse  de  Pierre  T  t  /,  de  Troyi's  : 
De  sabbaiho  et  die  dominicd  soutenue  en  1660, 
sous  la  présidence  de  Josué  Le  Vasseur.  et  la  thè- 
se inaugurale  (26  janv.  1660)  de  Jacques  Atœ^- 
de-Saint- Maurice,  professeur  de  tbeoloijie  :  /><• 
missa  acrt/icio,  qui  termine  le  recueil. 


RAM 


—  373  — 


RAM 


I.  De  potestate  Ecclesiœ  in  consti' 
tuendd  poliiidexlernâ,  Sedan. ^  1 608^ 
in-8». 

II.  Thèses  thcologicœ  de  Christo  re- 
d^mploreyScûHn.yi,  Jannon,  J620, 
in-40;  r(^lmp.danslesThèspsdcSodan. 

III.  Traité  de  l'adoration  dfs  ima- 
geSy  arec  quelques  observations  sur 
l'écrit  du  sieur  Jean  Roberti,  jésuite, 
Sedan,  J6S5,  in-8«. 

IV.  Récit  véritable  de  ce  qui  s* est 
passé  dans  la  conférence  entre  le  sieur 
Yvfis ,  capucin ,  et  A.  Rambour,  mi- 
nistre duSaint  Evangile^SedanyiGiOy 
in-80.  —  Celle  conférence  rtfula  sur  le 
sacriflce  delà  messe. 

On  irouve  de  notre  pastear,  dans  la 
Collecl.  Conrarl  (T.  V.),  une  iMtre  à 
la  ducJtPsse  de  La  Trémoillef  en  date 
du  1 5  aoûl  1 628,  au  sujet  du  change- 
ment de  religion  de  son  fils,  et  (T.  VU), 
une  Harangue  adressée  à  l'archevêque 
de  Rheims  à  son  entrée  à  Sedan  en 
1644. 

Les  Registres  deCharenton  nous  ont 
faitconnallreplusieursautres  membres 
de  la  même  famille,  qui  a  aussi  fourni 
son  contingent  au  Refuge  {Arch.  gén, 
Ë.  5:>75)  ;  nous  citerons  seulement  /a- 
cob  Rambour,  praticien ,  qui  mourut 
en  1661 ,  axant  eu  de  sa  femme  La- 
beau  Philppe:  l»  Jacques,  baptisé  le 
2  juill.  1632;  — 20  Pierre,  peintre, 
enterré  le  19  mars  I6n3,  à  T&ge  de 
26  ans;  — ^»  Jacob  peintre,  qui  fui 
présenté  au  bapléme  dans  la  Chapelle 
de  l'ambassade  hollandaise,  le  1 4  déc. 
1653,  par  Moïse  Carré  y  médecin  du 
roi .  Il  épousa,  en  mai  1 660,  Marguerite 
Phelippeaux^  fille  de  Joaihim,  menui- 
sier, el  de  Judith  Cugnet,  et  en  eut 
Matthieu,  mort  jeune  et  Isaac,  bapt. 
le  13  avril  1H64.  —  Un  autre  Jacob 
Rambour,  qualifié  de  peintre  du  roi, 
est  encore  désigné  dans  les  registres  de 
rétat  ri  Nil  de  Paris;  il  est  dit  fils  de 
Jacob  Rambour j  marchand.  Le  27  janv. 
1081,  il  assista,  avcc/aco6  Rambour, 
peintre  [sic] ,  à  Tenierremcnt  dcsa  niôre 
Mur  oGrognet. — Vers  celte  môme  épo- 
que de  1681,  d'après  M.  Dus:<leux,  un 
peintre  d'architecture  du  nom  de  Ram- 


bour, s'était  réfugié  en  Angleterre,  où 
il  vivait  encore  en  1721. 

Dans  une  liste  des  lieux  delà  géné- 
ralité de  Sois^ons,  où  lexercice  du 
culte  prolestant  se  faisait  en  1681 
(Arch.  Tt.  284)^  nous  voyons  men- 
tionné GcTcy ,  dont  te  seigoeur,  bien 
qu'il  n'eût  pas  la  h»ute  justice,  avait, 
en  effet,  obtenu  par  brevet  du  28  avril 
1612,  accordé  par  grâce  spéciale  et 
sans  tirer  à  conséquence,  la  permis- 
sion d'y  recevoir  les  Réformés  du  voi- 
sinagequi,  oblig^sde  se  rendre  fort  loin 
pour  assister  au  service  diviu  crai- 
gnaient de  tomber  entre  les  mains  des 
garnisons  espagnoles.  En  1681,  cette 
terre  appartenait,  en  partie,  à  un  gen- 
tilhomme qui  est  appelé,  dans  la  liéte 
en  question,  Abraham  de  Rambours, 
Nous  croirions  volontiers  qu'il  faut  lire 
Rambures,  Quoi  qu'il  en  soit,  le  fils  de 
ce  gentilhomme,  nomnn^  de  La  Cha- 
pelle,  qui  était  capitaine  du  château 
et  qui  venait  d'abjurer,  y  avait  défenda 
Tcxercice.  sans  tenir  compte  de  la  vo- 
lon  é  de  son  père,  qui  vivait. encore, 
mais  qui  était  incapable  d'agir,  ni  des 
droits  des  coseigneurs,  le  sieur  de 
Bros  y,  lieulenanl  de  cavalerie,  et 
Chrétienne  de  Bernois,  qui  possédaient 
les  quatre  cinquièmes  de  la  seigneurie, 
le  premier  du  chef  de  sa  femme  £<- 
ther  de  Genart, 

RAMBURES,  famille  noble  de  U 
Picardie,di  visée  en  plusieurs  branches 
dont  deux,  pour  le  moins,  professèrent 
la  religion  réformée. 

I.  Branche  nu  Poire auyille. /eo» 
de  Rambures,  fils  de  Simon  de  Ram- 
bures et  de  Jacqueline  Roussel,  testa 
en  1585  et  eut  de  son  mariage  avec 
Mk'helle  Carpentin,  trois  fils  :  Fran- 
çois, qui  continua  la  branche  de  Poi- 
reauville,GÉD£o.v,donl  la  destinée  est 
inconnue,  et  Philippe,  auteur  de  la 
branche  de  Huleux. 

FrançoisdeRambure3,mortenl627, 
laissa  de  son  mariage,  célébré  en  1 605, 
avec  Elisabeth  L"  Comte-de  Nonant, 
fille  de  Charli'Sy  sieur  de  Saucourt,  et 
de  Mar'e  de  Saint-Delys,  trois  fils, 
Jephtê,  Benjamin,  Joël,  et  trois  filles. 


^M 


-  ??*  - 


HH 


MARIBy   MADELÀIinS^   ELISABETH.   En 

ilj(45,  Jephté  de  Rambdres  épousa  Ma- 
delaine  Hallard,  fllie  de  Maurice  Hal- 
lard,  liealeiianl-colonel  au  service  des 
Étals-Généraux,  el  û'Antoineite  Four- 
nier  ou  Le  Fournier.  On  ne  connaît 
pas  la  date  précise  de  sa  mort,  mais 
noussa\onsqu'ilvivaitencoreenl665^ 
année  où  il  fut  chicané  sur  le  droit 
d'exercice  par  l'évèque  d'Amiens(^rt7i. 
gén.  Tt.  25b],  el  qu'il  élail  murt  en 
16'72,  c'esl-à-dire  à  l'époque  du  ma- 
riage de  son  flts  Daniel  avec  Anne  de 
Dure,  mariage  dont  naquirent  six  en- 
fants, savoir  :  Claude, en  1 67 r>;  Char- 
les André,  eu  16 16;  Marie  SlISANNE, 
en  1 678  ;  Catherine,  en  1 679  ;  Fran- 
çois, en  1680,  et  Anne  Françoise,  en 
168t.  Cette  branche  se  conxeitit  à  la 
révocation. 

II.  Branche  DE  Huleux.  Philippe  de 
Rahibures  prit  pour  remine,  en  tuH^ 
Madilaiiie  Lallemant,  fille  de  Philbert 
jLaUemaut  marchand  à  Saint- Valéry, 
elde  Madf  laine  de  Mont  pelle.  Il  en  eut 
Datid,  mort  en  1655,  qui  épousa,  en 
l«36,Sara  Bugnet,  flllc  de  Jean-Bap- 
tiste Buynet,  ministre  de  Calais.  De 
ce  mariage  naquirent  trois  (Ils,  nom- 
més Philippe  ,  Jean  et  Charles.  Ce 
dernier  mourut  sans  posleriié.  Le  se- 
cond vivait  encore  en  1 699  et  était  père 
de  quatre  en  ranls,  Daniel^  Marthe,  Ju- 
Dii H  et  Marie,  nés  de  son  union (1 665] 
avec  B>an  he  de  RambureSy  fille  de 
François  de  Rambures,  el  de  Blanche 
Routier.  L'alné^  né  en  1641,  épousa, 
en  1 60 3,  Zachelle  Le  Sueur,  (llle  de 
Daniel  Le  Sueur  el  de  Marie  de  Ram- 
bures,  dont  il  eut  Daniel-Alexandre, 
lieutenant  de  \aisstiau,  en  I6U9;  Cé- 
sar, garde  du  roi;  François,  Louis^ 
Blanche,  M adklaine,  Zachelle  et  Ma- 
rie. 11  se  convertit  à  la  révocation  et 
fut  gratifié,  en  1 687,  d'une  pension  de 

00  livres  (Arch.  Tt.  252). 

RAM  EZA  Yuu  Ramesuy,  familleno- 
ble^  \raiâemblablemenl  d  origine  écos- 
saise, clublie  dansTurleanals  et  le  Poi- 
tou. La  branche  poilevinc  ne  nous  est 
connue  que  par  rattachement  que  plu- 
sieurs de  ses  membres  mani  restèrent 


pour  la  religion  réformée  ^fhs  la  ré- 
vocation de  redit  de  Nantes.  Zn  1 699, 
le  sieur  de  Ramesay  fut  enfermé  au 
cbàieau  d'Angers,  d'où  on  le  transféra 
bientôt  dans  celui  de  Nantes.  Menacé 
de  la  Bastille,  il  promit  de  se  convertir 
et  fut  envoyé  au  sém!naire  de  La  Ro- 
chelle, pour  y  être  instruit.  Il  en  sortit 
«bien  converti  »  en  1701  (Arch,  gén, 
E.  5552).  Ce  fut  sans  doute  pour  em- 
pêcher sa  femme  de  le  pervertir, qu'on 
l'arrêta  la  même  année  et  qu'on  ren- 
ferma à  rUnion  chrétienne  de  Luçon 
(Ibid,  E.  ^587).  Il  parait  pourtani  que 
de  si  sages  précaulionséchouèrent  con- 
tre l'opiniâtreté  huguenolte.  En  1745 
encore,  on  enleva  M"«de  Ram<'say,  pe- 
tite hlle  de  7  ans,  que  ses  parents  éle- 
vaient dans  la  religion  prolesbnte,  et 
onconUaaux  Ursulines  de  Tbouars  le 
soin  de  lui  inculquer  les  bons  princi- 
pes (/6tW.  E.  5431] 

Les  Baniezay  de  l'Orléanais  montrè- 
rent d'abord  du  zèle  pour  la  religion 
réformée.  En  I5î>9,  Lazare  de  Rame- 
zay,  sieur  de  Lumeau,  tut  député  par 
sa  province  à  l'Assemblée  polilique  de 
Saumur,  et  en  1608,  à  celle  de  Ger- 
geau.  Nous  le  voyons  assister  aussi  à 
plusieurs  synodes.  Avec  le  temps,  ce 
zèle  se  refroidit.  En  1 682,  François  de 
Ramczay,  sieur  de  Viiieprovost,  fils  de 
Jo.^eph  de  Bamezay,  el  de  Judith  Ber- 
non,  et  capitaine  au  régiment  de  La 
Fère,  abjura  à  Paris,  le  ^  mai.  En 
1677  déjà,  Anne  de  Ramezay,  de  Lu- 
meau, âgée  de  5t  ans,  avait  renié  la 
religion  dans  laQuelle  elle  était  née, 
entre  les  mains  du  F.  Alhanase  de  Saint- 
Charles.  Ce  respectable  Frère,  qui  éuU 
si  fier  de  ses  conquêtes  sur  l'hérésie, 
qu'il  en  enflait  le  chiffre  tant  qu'il  pou- 
vait, présenta  à  Louis  XIV  un  Uegistre 
de  515  hérétiques  couNertis  à  Paris 
Tannée  1 677  presanté  (sic)  à  S.  M.  par 
le  P.  Alhanase  de  Saint-Charles,  reli- 
gieux carme  reformé  delà  province  de 
Tourainne  et  du  couvent  des  Biilettes. 
Ce  volume^  parfaitement  relié  et  doré 
sur  tranches,  se  trouve  aujourd'hui  à 
la  Bibliothèque  nationale^  sous  le  N» 
6995.  4.  Us'ûuvreparuneépltreoùle 


QAM 


—  378  — 


RAM 


digne  moiœ  du  couvent  des  Billettes  dit 
à  S.  M.  :  «  Je  ne  doute  pas  que  vous  ne 
soyei  le  héros  dcsiiné  du  ciel  poura- 
ehever  la  deffaile  de  ce  monstre  nourry 
et  affamé  de  sang  de  cesie  peste  de 
l'estat  et  de  la  religion,  de  ccste  héré- 
sie universelle composéedes  débris  de 
toutes  les  autres,  qui  a  ravagé  la  plus 
grande  partie  de  l'Europe  et  dont  la  fu- 
reur obstinée  a  exercé  la  valeur  de  nos 
princes  depuis  un  siècle.  »  Le  registre 
se  compose  de  certiûcats  imprimés, 
portant  le  nom,  Tâge,  la  naissance,  la 
condition  et  la  province  natale  de  Ta- 
postat,avec  les  signatures  du  converti, 
du  convertisseur  et  des  témoins  Si 
S.  M.  Louis  XIV  avait  pris  la  peine  de 
parcourir  ce  recueil,  tâche,  il  est  vrai, 
fort  ennuyeuse,  nous  en  parlons  par 
expérience,  il  se  serait  aperçu  sans 
beaucoup  de  peine  que,  quoique  le 
P.  Athanase  de  Saint-Chartes  eût  grossi 
son  volume  des  noms  de  cinq  Anglais, 
huitBelges,treize  Suisses  et  treize  Hol- 
landais, il  n'était  arrivé  qu'à  214  ab- 
jurations au  lieu  de  313,  et  qu'il  com- 
mettait aiusi  un  impudent  mensonge. 
Dans  son  ouvrage  sur  les  manuscrits 
français  de  la  Bibliothèque  du  roi, 
M  raulin  Paris  a  déjà  fait  observer 
cette  crreurde  numération,  en  ajoutant 
«  qu'on  se  voit  oblige  d'y  soupçonner 
une  fraude  pieuse.  »  La  fraude  ne  fut 
pas  découverte  et  l'accueil  que  reçut 
son  hommage  fut  assez  gracieux  pour 
décider  le  Père  Athanase  à  le  renouve- 
ler. En  1679,  il  otTrildonc  à  S.  M.  un 
Registre  de  plus  de  1 200  hérétiques 
conveitis  à  Paris,  présenté  à  S.  M.  au 
commencement  de  l'année  1579  par 
son  très-humble,très-obéissanl  et  très- 
obligé  serviteur  et  subjet,  etc.  Au  sujet 
de  ce  volume^  qui  se  conserve  aussi  à 
laBiblioth.nationalesousleNoi>995.5, 
M.  Paulin  Paris  remarque  :  l»  que  la 
plupart  des  noms  des  convertis  en  1 679 
sont  les  mêmes  que  ceux  de  l'année 
1 677 ;  2«  qu'au  lieu  de  plus  de  1 2oo  in- 
diqués dans  letitre,iln'yenaque526  de 
comptés;  3  que  réellement  il  n'y  en  a 
que  213  comme  dans  le  volume  précé- 
dent; 40  que  la  signature  des  témoins 


est  très-rarement  autographe  dans  l'un 
et  dans  l'autre  volume.  Ajoutons  que 
le  révérend  Père,  outre  les  Anglais,  les 
Belges,  les  Suisses  et  les  Hollandais , 
mentionnés  dans  le  premier  registre, 
cite  dans  celui-ci  des  Allemands,  des 
Danois,  des  Piémoniais  et  même  des 
Russes.  Quant  aux  Français,  la  grande 
majorité  sont  des  gens  de  métier.  An- 
ne de  Ramezay  flgure  en  tête  de  la  liste. 
Parmi  le$  auties,  nous  citerons  Mcêt- 
guérite  de  Cuussy,  63  ans,  femme  du 
major  de  Sedan,  haac  Le  Sage^  24  ans, 
chirurgien  de  Rorheforten  Anjou  haac 
de  La  Nuue,  \  9  ans,  ùlsû' Abraham  de 
La  Nouey  chirurgien  à  Amboise,  Mar- 
guerite Perrin^  25ans,  de  Lenonconii, 
Abiahani  Musifay,  30  ans,  officier  de 
Sedan, avec  sa  femme  Judith  G^rmamy 
Jeau^Baptiste  Foureau,  25  ans,  ^^riy- 
po^^ïk/ClaudeGfutiihomme,  48  ans, 
chirurgien  de  Langros,  Marte^AngéU- 
que-Louùe  Maréchal,  17  ans,  flile  de 
Simon  Maréclial,  médecin  à  Chàtel- 
lerault,  Perrine  Du  Garuier,  23  ans, 
fille  du  peintre  Pierre  Du  Garnier  (I), 
Pierre  Godefroy,  1 9 ans,  chirurgien  de 
Llntot,  Nicolas  O'/d'/er,  apothicaire. 

KAMONDON  (Abbaham),  peintre, 
de  la  colonie  française  de  Berlin,  il  ex- 
cellait, dit-on,  dans  le  dessin.  Son  fils, 
qui  mourut  à  Berlin  en  1697,  à  Tàge 
de  30  ans,  s'était  également  voué  à  l'art 
de  la  peinture.  Le  biographe  allemand 
Nagler  ne  mentionne  ni  l'un  ni  1  autre. 
Une  fille  d'Abraham  Ramondon,  nom- 
mée Marie,  épousa  Jeaud'Azemar-de- 
Rège,  major  au  régiment  de  Varennes. 
Ces  deux  enfants  étaient  nés  à  Venise. 

RAMPbBG,  auteurd'une  Explica- 
tion de  Gen.  l  d  après  les  principes  de 
DescarteSy  Utrechl,  1713,  in-12,  est 
qualifié  par  Leiong,  dans  sa  Bihlioth. 
sacra,  de  gallus  calvinista.  Nous  nV 
vous  jamais  rencontré  ce  nom;  mais 
bien  celui  d'une  Marie  de  Remberge, 
veuve  de  David  de  La  Treciniire,  qui 
est  mentionnée  dans  les  notes  de  l'bist. 
ecclésiastique  de  Bretagne,  par  Cre- 
vain,  comme  a>ant  abjuré  le  protes- 

(1)  Noas  donnerons  quelques  déUils  sur  It  /•• 
millB  de  cet  artiite  dans  notre  Sopplémeat. 


RAN 


—  376  — 


RAN 


tantisme  au  mois  de  décembre  1685. 

RAMUS.  Voy.  LA  RAMËË. 

RANG  (Louis),  pasicur  du  désert, 
martyr  à  l'âge  de  26  ans.  Arrê(é,  le  16 
février  1745,  à  Livron,  il  fut  conduit 
immédiatement  dans  1ns  prisons  de  Va- 
lence. Interrogé  par  le  subdôlégué  de 
l'intendant,  il  n'hésita  pasàavouerqu'il 
était  ministre  ;  c'était  signer  son  arrêt 
demorL  On  le  fll  partir  pour  Grenoble, 
où  ta  vie  lui  fut  promise  par  le  premier 
président  du  parlement,  s'il  voulait 
changer  de  religion  ;  mais  il  ne  daigna 
pas  même  répondre  à  une  semblable 
proposition.  La  sentence  fut  donc  pro- 
noncée :  elle  portait  qu'il  serait  pendu 
dans  la  ville  de  Die  et  que  sa  tête  se- 
rait exposée  sur  un  poteau  devant  la 
porte  du  caharet  où  il  avait  été  arrêté. 
Il  repartit  de  Grenoble,  accompagné  de 
deux  autres  protestants  condamnés 
comme  lui,  sous  une  escorte  formida- 
ble. En  allant  au  supplice,  il  entonna 
le  1 18«  psaume:  La  imci  V heureuse 
journée,  ne  s'interrompant  que  pour 
Cbsayer  de  parler  au  peuple;  mais 
aussitôt  dix  tambours  placés  à  ses  cô- 
tés étouflTaient  sa  voix  sous  un  roule- 
ment. Au  pied  du  gibet,  il  se  mit  à  ge- 
noux, fit  sa  prière,  sans  vouloir  écouler 
les  hypocrites  consolations  de  deux  jé- 
suites qui  raccompagnaient,  et  monta 
courageusement  l'échelle.  L'exécution 
faite,  le  hourreau  sépara  la  tête  du 
tronc  ;  puis,  comme  si  les  juges  se  fus- 
sent montrés  trop  indulgents  envers  un 
hérétique,  le  commandant  du  Diols  et 
le  grand-vicaire  de  l'é\êque  ordonnè- 
rent de  traîner  ce  cadavre  mutilé  par 
les  rues  et  le  firent  jeter  dans  un  égout. 
llseurent  môme,aflirme-l-on,  l'infamie 
de  forcer  un  jeune  protestant  qui  té- 
moignait trop  hautement  sa  douleur,  à 
prêter  son  a>sislancc  au  bourreau.  HÀ- 
tons  nousd'ajouter,à  rhonneurdel'hu- 
manité,  qu'une  dame  caiholique,  dont 
nous  regrettons  de  ne  pouvoir  signaler 
le  nom,  a^ant  fait  retirer  le  corps  du 
cloaque,  le  lit  enterrer  à  ses  frais. 

Le  frère  de  Louis  Ranc,  nommé 
Alexandre  y  fut,  l'année  suivante,  exé- 
cuté en  effigie  à  Grenoble.  Il  n'en  con- 


tinua pas  moins  à  desservir  les  églises 
sous  la  croix  dans  le  Dauphiné,  avec 
ses  collègues  Rozan,  dit  Dunoyery 
Destours,  dit  Lacour,  Bèrenger,  dit 
Colombe,  11  laissa  un  fils  qui  fut  appelé 
comme  pasteur  à  Sedan  en  1780,  et 
qui,  au  commencement  de  ce  siècle, 
remplissait  les  fonctions  de  son  minis- 
tère à  La  Rorhelle. 

RANCHIN  Etienne),  professeur  de 
droite  l'université  de  Montpellier,  était 
originaire  d'Uzès,  où  il  naquit  vers 
1510.  On  ne  connaît  aucune  particu- 
larité de  sa  vie,  si  ce  n'est  qu'il  suc- 
céda à  son  frère  Jean  dans  la  charge 
de  conseiller  à  la  cour  des  aides,  en 
1561,  au  rapport  d'Aigre  feuille,  qui 
fait  réloge  de  son  savoir  et  lui  attribue 
les  trois  ouvrages  suivants  : 

I.  Continualio  repetitionis  Bene- 
dicti  in  caput  Raynutius,  Lugd. ,  1582, 
in-fol. 

II.  Addiliones  addecisiones  Gratta- 
nopolUanas  Guid.  Papœ,  publiées  dans 
l'édit. des  Décisions  de  Guy  Pape,imp. 
à  Lyon  en  1577. 

m.  Miscellanea  decisionum  juris 
iam  civilis  quàm  canonici,  Lu^d., 
1580,  in-fol.;  Eadem,  cum  notis  Bar- 
nerii,  Gen.,  1 71 1,  In-fol.  ;  trad.  en 
franc,  et  commentés  par  Philippe Bor- 
nier  (Voy.  ce  nom).  D'Aigrefeuille  pré- 
tend que  le  traducteur  a  supprimé,  dans 
la  Préface,  les  passages  où  Ranch  in 
blâmait  lesdésordrcs  commis, en  1562, 
par  les  Huguenots  à  Montpellier. 

D'après  les  Jugemens  delà  Noblesse, 
Etienne  Banchin,  mort  en  1585,  ne 
laissa  qu'un  fils  nommé  Guillaume  (1), 

(i)  Moréri  en  mentionne  on  second,  François, 
chancelier  en  médecine,  qui  til  graver,  dit-il, 
rinscription  suivante  sur  la  faradc  du  collège  de 
Ste-Anne,  à  la  rondation  dui|uel  son  père  avait 
beaucoup  contribue  :  h  M.  Siepbaiii  Ranchini 
Ucelicc>isis  in  SupremA  Suhsidioruni  (luriâ  sena- 
loris  et  in  ria»  eniincA  arademiâ  proressoris  pri- 
marii;  florenlisfiinte  raniillte  pa'onlis  ;  qui  anno 
Uomini  MbLXXXl.l,  aplatis  LXXIll,  professin- 
uis  XL,  in  hoc  Monlepdio  dicm  ohicns  novissi- 
mnm,  ut  po>teris  suum  rr^a  Iianc  M-holani  te«- 
«tarrlur  amoiem,  in  proxiniA  D.  Annœ  anje  cor- 
pus ciindiri  leslainento  jussil.  Nous  croyons  que 
Àloréri  se  trompe;  m  tout  cas,  ce  méde-'in,  èlaol 
catholique,  ne  pourrait  trou>er  plare  dans  noir» 
oarrage. 


RAN 


—  377  — 


RAN 


qui  lui  succéda  ûam  la  chaire  de  droit, 
et  qui  fut  aussi  conseiller  en  la  Gliam- 
bre  de  i'édit  de  Castn^s,  après  avoir 
exercé  longtemps  les  ronctions  de  con- 
seiller et  d'avoeat-g<^néral  en  la  cour 
des  aides.  En  1595,  il  Tut  élevé  à  la 
dignité  de  premipr  consul.  En  1598, 
il  était  recteur  de  Tuniversité.En  itiOO, 
il  Tut  député  en  Cour  par  les  églises  du 
Languedoc,  avec  de  La  Gardfi,  gen- 
tilhomme du  Lauragais,  et  Béraud, 
ministre  de  Montauban,  pour  se  plain- 
dre au  roi  de  la  conduite  du  parlement 
de  Toulouse,  relativement  à  Tenregis- 
trement  de  l'édil  de  Nantes  (Fonds  de 
Brifnne^  No209).  Il  mourut  en  Hi05, 
àl  Âge  de  4  5  ans.  Les  sruls  ouvrages 
que  nous  connaissions  de  lui  sont  un 
Iraité  De  successionibuA  ah  intestato, 
Lugd.,  1 594,  in-1 2  ;  réimp.  piusieurs 
fois,  surtout  en  Allemagne,  et  Lib,  III 
variarum  tectionum,  V'dr\9.,  1597; 
Marburg.,  1717,  in-4o;  Ulrecht,  1735, 
iQ-fol.,()ù  Ton  trouve  Eilictum  perpe- 
tuum  Salvii  Juiiani  restitutum.  Le 
Recueil  des  publiques  actions  de  Télo- 
quence  françoise  (i  604)  conlient  aussi 
quel<|ues-uns  des  discours  qu'il  eut 
l'occasion  de  prononcer  dans  Texercice 
de  sa  charge  d'avocat-général  ;  mais 
c'est  sans  aucun  rondement  que  plu- 
sieurs bibliographes  ajoutent  à  ses  ou- 
vrages La  révision  du  concile  de  Tren- 
te, contenant  les  nullitez  d'iceluy,  en 
VII  livre?,  Gen.,  1600,  in  8».  Ce  qui 
les  a  induits  en  erreur,  c'est  que  l'au- 
teur s'appelait  aussi  Guillaume  Ran- 
cbin  et  que  son  livre  est  écrit  dans  un 
esprit  très-libéral,  tellement  que  le 
Calai,  de  la  Biblioih.  royale  le  classe 
parmi  les  livres  hétérodoxes;  mais  le 
témoignage  du  savant  Prosper  Mar- 
chand est  formel,  a  La  révision  du  con- 
cile de  Trente,  dit-il,  est  un  de^  meil- 
leurs ouvrages  faits  contre  Rome, 
quoique  par  un  bon  catholique  »  (1). 
Les  Jugemens  de  la  Noblesse  ne 
donnent  à  Guillaume  Ranchin  qu'un 

(1)  Nou»  devons  ajouter  rependanl  qo'en  1603, 

l'Assemblée  de  Sanmor  apprenant  qu'il ciait  mo- 

letté  à  cause  de  son  livre,  tit  offi  ir  à  Ranrbin 

•  son  ashislanro  pour  le  soutien  d'une  <i  bonne 

cause  •  {t'onif  i$  Brienne,  N"  231). 

T.  VIII. 


fils,  nommé  Jacques,  qui  lui  succéda 
dans  roOlce  de  conseiller  à  ta  Chambre 
de  I'édit.  il  en  remplit  les  fonctions 
Jusqu'à  sa  mort,  arrivée  à  Castres  le 
6  juin  1 656.  De  son  mariage  avec  Su- 
sanne  Gre feuille  naquirent  Jacques, 
dont  nous  allons  parler  (i);  Etienne, 
capitaine  de  clievau-légers  ;  Damel, 
sieur  d'Amalric,  qui  épousa  i4nn<>/ian- 
ehin,  et  Charles.  Us  furent  maintenus 
dans  leur  noblesse  en  1669. 

Jacques  Ranchin  naquit  à  Casires,  en 
1620.  11  succéda  à  son  père  comme 
conseiller  à  la  Cham>  re  de  1  edil  ;  mais 
il  ne  se  lai.^sa  pas  détourner  de  son  a- 
mour  des  lettres  par  les  obligations  de 
cette  charge.  Il  fut  un  des  fondateurs 
de  l'Académie  de  Castres,  qu'il  installa 
dans  son  propre  hôtel  ;  elle  y  tint  ses 
séances  jusqu'en  1 669,  époque  où  un 
incrndie  la  força  de  se  transporter  ail- 
leurs. Entre  autres  ouvrages  que  Ran- 
chin y  lut, M.  Nayral  (Biogr.  Castraise) 
cite:  1°  une  trad,  du  Caton  généreux 
de  Manzini,  1 3  avril  1 6 49  ;  —  2*  une 
trad,  en  vers  français  d'une  scène  du 
Pastor  pdo,  6  mai  1649;  —  3*  une 
Oraison  funèbre  deM.de  Spérandieu- 
Saint'Alby,  30  juill.  1652;  —  A^  le 
Pré  de  l'amour  y  poëme,  10  août  1 652. 
«  Sa  réputation  comme  écrivain,  au 
témoignage  de  M.  Narrai,  devint  si 
grande  qu'un  poète,  nommé  Villar,  le 
prit  pour  sujet  de  ses  chants,  et  com- 
posa un  poème  latin  à  sa  louange  qu'il 
ofTrit  à  l'Académie  Castraise.  »  Mais 
hélas  !  cette  grande  renommée  a  passé 
vite,  et  aujourd'hui  le  chantre  et  le  hé- 
ros sont  confondus  dans  un  même  ou- 
bli. Quelques  petites  poésies,  d'un  tour 
gracieux,  ont  seules  survécu.  Tout  le 
monde  contialt  ce  roi  des  triolets, 
comme  l'appelle  Ménage  : 

Le  prenier  jour  du  mois  de  mai 
Fui  le  plus  heureui  de  ma  tie,  ele. 

Il  est  de  notre  Ranchin,  etc'estbiea  à 
torique  certains  biographesenoulvoulQ 

(1)  Les  Jugemens  de  la  Noblesse  ne  mention- 
neul  pas  ce  fils,  à  moins  que  ce  ne  soit  lui  qu'Us 
appellent  Charles.  Nous  nous  en  rappottons  à 
l'auteur  de  la  Biogr.  Castraise  qui  do»  semble 
mieux  informé. 

24 


RAM 


-ZT%- 


RâN 


faire  bonnearà  son  arriëre-grand-père, 
Etienne  Banchin.  On  connall^en  oulre, 
Je  notre  pifëtc  un  charmant  petit  badina- 
ge,  le  Père  r  val  de  son  fils.  Celte  pièce 
a  aussi  excité  la  convoitise;  mais  M. 
Wackenaëret  M.  Nayral,qui  reproduit 
sa  dissertation,  nous  semblent  avoir 
établi  la  paternité  de  Ranchin  par  les 
meilleures  raisons.  Comme  cette  petite 
biuette  constitueaujourd'hui  tout  le  ba- 
gage littéraire  de  notre  poëie,  il  serait 
peu  généreux  de  Ten  dépouiller;  c'est 
pour  lui  une  question  de  vie  ou  de 
mort.  Nous  larapporierons  pour  que  le 
lecteur  en  juge  ;  elle  vaut  bien  qu'on 
se  la  dispute  : 

Philii»,  mes  beaux  jours  sont  p&^ses, 
Et  mon  fils  n'est  qu'à  M>n  aurore  : 
Pour  ^ou8,  il  est  trop  jeune  encore, 
El  je  ne  le  suis  plus  assez. 

Si  de  mon  âge  joint  au  sien 
On  faisoil  un  rgil  partage. 
Et  qu'on  ajnuifll  h  suo  âge 
Ce  que  l'on  ôierait  du  mien  ! 

Hais  pourquoi  former  ce  désira 
Si  notre  Age  approchait  du  vôtre, 
Nous  »eriun8  rivaoi  l'un  de  l'anti-e, 
Et  vous  auriez  peine  ji  choisir. 

Que  mon  fils  donc  seul  y  prétende  ; 
Que  pour  posséder  vos  appas 
L'amour  en  lui  double  le  pas, 
Et  que  tolre  beauté  l'attende. 

Oue  fen-t-clle  en  l'alienda  l? 
Votre  cœur,  avant  qu'il  s'engage, 
Voudra-l  SI  se  mettre  en  otage 
Entre  les  mains  d'un  confident? 

Mais  dieu!  quelle  assurance  prcndro 
Sur  un  jeune  rœuren  dépôt? 
Tel  qui  Taura  t  mourrait  plutôt 
Oue  de  se  ré&oudre  à  le  rendre. 

Votre  cœur,  s'il  veut  prendre  avis 
Sur  un  si  délirât  mj-stpre. 
Fourrait  essayer  sui  te  père 
Gomment  il  aimera  le  Uls. 

Ranch  in  poursuivit  ce  badina  ge, 
mais  il  rûl  moins  bien  inspiré  dans  sa 
Réponseau.\  stances  pn'cédcnles. rouant 
au  volume  de  Poésies  chrétiennes  (Pa- 
ris, 1697)  que  lui  allribue  !H.  Navrai, 
ouM'aRc  qu'il  ne  connaissail  que  par 
son  tilre,  il  n'api)articnt  pas  à  notre 
poëte;  c'est  l'œuvre  d'un  Henri  Ran- 
bhin,  conseiller  en  la  cour  des  comptes 
deMontpellier,quiledédiaà  Louis  XIV. 


Banchin  ne  resta  pas  fidële  à  sa  re- 
ligion. C'est  pr(»bablement  de  lui  que 
parle  le  Mercure  galant  du  mois  de  mai 
li>80^  lorsqu'il  annonce  l'abjuration  de 
[Jacques]  Ranchin,  conseiller  au  par- 
lement de  Toulouse  Nous  connaissoBS 
le  nom  d'un  de  ses  enfants,  Jacques, 
présenté  au  baptême,  en  1649,  par  son 
grand'père  et  par  Elisabelhd'Audifret 
(Reg.  de  Charenton). 

11  est  qu  slion  dans  les  Jugeme&s 
de  la  Noblesse  d'une  autre  branche  de 
la  même  Famille,  qui  semble  avoir  pro- 
fessé aussi  la  religion  prolestante.  C'est 
peul-étie  de  celte  branche  que  descea* 
da  i  t  François  RaiiMn^  docteur  en  droit 
et  avocat  à  Montpellier^  qui  a  donné  une 
édit.  revue  et  augm.  delà  Description 
du  royaume  de  France  par  P.  Davity 
(Paris,  l()4ô,  in-roi.),  et  qui  mourutà 
Paris,  à  l'âge  de  50  ans,  au  mois  d'oct. 
1645  {W*g,  de  Charenton). 

De  longues  et  Tastidieuses  recher- 
ches ne  nous  ont  rien  appris  de  plus 
sur  la  généalogie  de  cette  famille,  o«i 
était  nombreuse,  comme  l'atteste  d'Ai- 
grefeuille.  Nous  ne  savons  comment  y 
rattacher  Pierre  de  Ranchin,  sieur  de 
Saint-Quintin,  qui  assista  à  TasseB- 
blée  de  Luncl  en  1 6 1 5,  Théophile  Ran- 
ch n^  député  par  le  fins-Languedoc  an 
X\V«  Sxnodu  national,  Etienne  Ran- 
chin, conseiller  en  la  cour  des  aides, 
en  J6r>5,  elc. 

KAIVCOIMXET  (Aimar  de),  un  des 
plus  grands  jurisconsultes  du  wi*  siè- 
cle, et  en  même  temps  un  des  savants 
dont  la  vie  a  laissé  le  moins  de  traces 
dans  rhistoire,  naquit  à  PérigueuA  eu 
dans  les  environs  vers  l'année  1498; 
les  preuves  apportées  par  notre  ami 
M.  Dcssai!es  à  l'appui  de  cette  opinion 
(Calendrier  de  la  Dordogne,  an.  1845) 
ne  peuvent  guère  laisser  subsister  de 
doutes  à  ce  sujet.  Selon  les  Mémoires 
de  Condé,  il  était  fils  de  François  de 
Rancoinjei,sieurd'Escoire,elde'jcanBe 
de  tusial.  On  ne  connaît  aucune  parti- 
cularité de  sa  vie  ju^qu  à  l'année  1 526. 
Il  étudiait  alors  au  collège  de  Périgurd 
à  Toulouse.  Avant  blessé  à  mort  un  de 
ses  condisciples  dans  une  querelle ^  il 


RAN 


-  9^9  - 


ttAM 


dut  s*ctîfbîr  et  vint  \  ï^aris,  ob  il  en- 
tra (n>mme  corrccieur  dans  l'imprime- 
rie des  Esllenne.  Ce  rtit  sans  doute  pen- 
dant qu'il  remplissait  ce  modeste  em- 
ploi, qu'il  contracta  l'habitude  de  se 
fever  la  nuit,  après  qu'un  premier  sora- 
teeil  avait  reposé  et  rarratcfii  son  es- 
prit, pour  se  livrer^  pendant  trois  oii 
quatre  heures,  à  l'étude.  Par  cette  mé- 
thode, il  acquit  des  connaissances  très- 
étendues  et  très-profondes,  non-seule- 
ment dans  la  science  du  droit  romain 
et  dans  les  littératures  anciennes,  mais 
dans  la  philosophie  et  les  mathémati- 
ques. A  celte  habitude  11  en  joignait 
une  autre,  celle  d  annoter  les  ou\ rages 
qu'il  lisait.  De  Thou  affirme  que  plus 
d'un  érudit  de  son  temps  s'est  fait  hon- 
neur des  remarques  de  Ranconnet,  en 
8e  les  appro*.  riani  sans  sci  upule. 

Depuis  son  arrivée  à  Paris,  un  voile 
épais  continue  à  cou\rir  la  vicdeRan- 
connet  jusqu'en  1559,qu  il  Tut  nommé 
conseiller  au  Grand-Conseil  par  lelires 
patentes,  où  il  est  qualifie  de  licencié 
es  loix.  Il  prêta  serment  le  18  septem- 
bre, et  pendant  dix  ans,  il  remplit  ses 
fonctions  'd\  ec  autant  de  talent  que  d'in- 
tégrité. A  la  fin  de  I5i9,  le  roi  le  fit 
président  de  la  deuxième  chambre  des 
enquêtes.  Cette  nomination  souleva  une 
Vive  opposition  dans  le  parlement ,  dont 
les  itératives  remontrances  n'eurent 
d'autre  ctTel  que  de  pro\oquer  sur  la 
Vie  de  Uanconnet  une  enquète,fMa  suite 
de  laquelle  Henri  il  ordonna  de  procé- 
der à  la  réce|)lion,  «  déclarant  ledit 
Itanconnel  suffisamment  ju>liflé  des  cas 
dont  mention  etoii  raicle  dans  lesdicles 
remonstranccs.  »  Elle  eut  lieu  le  15 
avril  1550.  Cinq  ans  plus  tard,  Ran- 
connet,  qui  s'était  acquis  une  haute  ré- 
putation par  sa  science  et  sa  capacité, 
passa  à  la  première  chambre. 

Aimé  et  admiré  des  premiers  savants 
de  son  temps,  des  CujaSyûcs  Turnebe, 
des  Duaren,  des  Haiinan,  el  de  beau- 
coup d'autres,  qui  tous  proclament  la 
rare  obligeance  avec  laquelle  11  leur 
prêtait  les  Un  res  imprimes  et  les  ma- 
nuscrits de  sa  précieuse  bibliothèque^ 
Ranconnet  mena,  pendant  quelques  an- 


héès,  une  vie  paisible  et  laborlebsédont 
le  calme, tin  Instant  troublé  par  laclon- 
dtiite  déréglée  de  sa  fille  unique,  fut 
détruit  sans  retour  par  une  timide  pro- 
leBtalion  qu'il  hasarda  en  fa\eur  de  la 
liberté  de  conscience,  lors  de  la  fa- 
meuse Mercuriale  de  1 55»  Il  osa,  en 
pleine  séance  et  en  présence  du  roi, 
lire  dans  les  œuvres  de  Sulpice  Sévère 
le  passage  où  l'historien  rapporte  là 
belle  conduite  de  saint  Martin  de  Tours 
dans  le  procès  du  gnostique  Priscillicn. 
Le  cardinal  de  Lorraine  vit  dans  cet 
acte  d'un  bon  chrétien  et  d'un  bon  ci- 
toyen un  crime  énorme.  Dès  le  2 1  Juin^ 
Ranconnet  fut  arrête  el  jeté  à  la  Bas- 
tille. Il  est  probable  qu'il  se  serait  tiré 
de  ce  mauvais  pas  comme  s'en  tirèrent 
les  antres  collègues  &Anne  Du  B(jurg 
(Voy.  ce  noiii),  si  à  raccusatiun  d  hé- 
résie n'était  venue  s'en  joindre  une  au- 
tre d'une  nature  bien  difTiTente.  Son 
neveu,  nommé  Sirrot,  à  qui  il  avait 
refusé  la  main  de  sa  Olle,  profila  de 
l'occasion  pour  se  venger  lâchement. 
Il  eut  l'infamie  d'accu^er  son  oncle  d'in- 
ceste Personne  ne  crut  à  cette  c<iiom- 
nie  odieuse,  (|ue  Ranconnet  a  d'ailleurs 
victorieusement  repoussée  dans  un 
llémoire  qui  est  arrivé  jusqu'à  nous 
[CoUect,  Djpvy,  N»  488);  a'pendanl 
on  le  retint  dans  les  pr  sons  de  la  Bas- 
tille, où  il  finit,  au  bout  de  quelques 
mois,  par  se  donner  la  mort.  Toute  sa 
famille  périt  misérablement.  Sa  femme, 
Madelaine  Htnsfeliny  lut  tuée  par  la 
foudre.  Sa  tilie  mourut  sur  un  fumier, 
et  son  fils  périt  sur  l'echafaud. 

Cujas  disait  qu'un  trait  de  plume  de 
Ranconnet  lui  était  plus  précieux  que 
de  longs  commentaires  d'autres  sa- 
vants. Ce  mot  seul  suffit  pour  son  élo- 
ge. Malgré  son  profond  saxoir,  il  n'a 
presque  rien  écrit.  Pithou  lui  attribue 
le  Lexicon  historicum,  geographicum 
et  poeticum^  inip.  sous  le  nom  de  Char- 
les Ë.^tieime,  ainsi  que  le  traite  De  for- 
mulis,  dont  ou  fait  généralement  hon- 
neur à  Brisson.  On  sait  aussi  que  le 
Dictionnaire  de  Nicol  fui  publié  d'a- 
bord sous  le  titre  de  Trésor  de  la  km- 
gue  française,  tant  ancienne  que  7n6- 


RAN 


—  380  — 


RAO 


deme,  par  Aimar  de  Ranconnet.  S'il 
composta  d'autres  ouvrages,  ils  ne  sont 
pas  connus  comme  lui  appartenant. 
Une  pallie  de  sa  belle  bibliothèque  Tat 
acquise  par  TE  al  el  déposée  à  la  Bi* 
bliothèqiie  du  roi. 

RANGE (iHiLiPPB  Christian), pro- 
fesseur di'  logique, de  métaphysique  et 
de  poésie  à  Strasbourg,  morl en  1755> 
a  publié,  selon  Rolermund  : 

I.  Lobrede  aufdfn  Zi*'^*'^Gcburtst<ig 
des  Kôniys  ton  Frankreith,  Slrasb.^ 
174",  in-fol. 

II.  Diss.  de  ProMeniiâ  divine  qua^ 
tenus  ex  ralione  cugnosciiur,  Arg., 
1748. 

Jll.  Diss,  de  pluralilate  mundorumy 
Arg.,  1751,  in -40. 

IV.  Obsenal,  miscellœ  circaanimœ 
et  corporis  umonem,Xrg,  ,1751  ,in-4«. 

V.  06s.  mise,  circa  uriyinem  et  per- 
missionem  mali  polissimùm  moralis^ 
Arg.,  1752,  in-40. 

La  morl  le  surprit  travaillant  à  une 
Douv.  édIl.desAiitiqui  rhetores  lalinl, 
recueil  publié  d'abord  par  François 
Pithou. 

BANQUES  (Antoine  de),  gentil- 
homme protestant  de  la  Saintotige,  pa- 
rait, pour  la  première  Tois,  dans  les 
rangs  de  l'armée  huguenolle,  en  1 585. 
Il  suivit  Ciindé  dans  son  exprditiun 
contre  les  Iles  de  la  Sainlonge.  Chargé 
de  poursuivre  la  garnison  de  Soubise, 
qui  s'était  mise  en  campagne,  il  la 
battit  complètement.  En  partant  pour 
la  fatale  e>pédition  d'Angers,  Condé 
le  laissa  comme  gouverneur  dans  l'Ile 
d'Oléron.  Banques  s'y  maintint  quel- 
que temps  avec  le  secours  d'une  esca- 
dre rochelloi.'*equ'ii  commandait;  mais 
rhostillté  permanente  de  la  population 
le  força  enfin  à  abandonner  rile.  En 
1586,  il  s'empara  du  château  de  Sa- 
say,  qui  incommodait  La  Rochelle  et 
Saint-Jeand'Angélv.  Il  en  confia  la  dé- 
fense au  capitaine  Farreau  et  au  sieur 
Du  Vanneau,  qui  durent  le  rendre,  pea 
de  temps  après,  aux  Catholiques.  En 
1588,  il  assista  au  siège  de  Niort. 
Chargé,  avec  Vil  pion- de-Vu  Hères  et 
Geniil,  de  reconnaître  la  place,  il  s'en 


acquitta  avec  snc^s,  et  fat  un  des  pre- 
miers à  escalader  la  muraille,  guidé 
par  un  soldat  nommé  Rf^naudière ,  et 
suivi  de  près  \i&r  Jonquières,  Vaiierei 
ehrautres  capitaines  huguenots.  Noos 
n'avons  plus  renc^intré  son  nom  à  partir 
dec«llcépoque.~La  famille  de  Banques 
continua  à  prores>er  la  religion  refor- 
mée après  la  révocation.  Benoit  cite, 
dans  ses  listes  de  persécutés,  un  Henri 
df  Ranqnes.  En  1 6»8,  Honore  de  A«m« 
qufs,  sieur  de  La  Maison-Blanche,  ttai 
exilé  au  Mans,  et  se  convertit  {Arch, 
gén,  M.  674);  mais  sa  conversion  é- 
lail  si  peu  sincère  qu'en  1 73n,  le  gou- 
vernement fil  enlever  M«>*«dc  R'tnqueSf 
qu'on  enrernia  dans  le  couvent  de  No* 
tre-Dame  de  Saintes ,  avec  deux  de- 
moiselles BertMot  (Ibid.  E.  35K7). 

H  AOUL  (Daniel),  laboureur  de  Va- 
nas,  martv  r .  Ignorant  au  point  de  ne  Sa- 
voir pas  même  écrire,  mais  doué  d'une 
cet  laine  éloquence  naturelle,  Baoal 
s'imagina  qu'il  était  inspiré  de  Dieo, 
s'érigea  en  prédicant  el  devint  le  chef 
du  mouvement  religieux  qui  éclata^ 
en  1 701 ,  dans  le  diocèse  d'Uzès.  Il  ex- 
hortait avec  force  à  la  repenlance  les 
pn  tendus  nouveaux  convertis  qui  ae- 
couraienMe  tous  côtés  4)onr  Tenleii- 
dre,  et  ses  prédications  causaient  parmi 
la  population  une  émotion  si  vive  que 
les  agents  du  gouvernement  ne  négli- 
gèrent rien  pour  se  saisir  délai.  llfU 
arrêté  avec  trois  de  ses  disciples  dans 
le  bois  deToriiacet  transféré  à  Nismes. 
Flottier  ou  Floulicr,  jeune  homme  de 
20  ans,  fut  condamné  au  g.bet.  Borna- 
venture  Rvy  aux  galères  perpétuelles, 
et  Boureli  au  service  militaire.  Quant 
à  Baoul,  on  lui  réserva  le  supplice  a- 
troce  de  la  roue.  Il  mourut  avec  une 
constance  héroïque,  le  9  sept.  1701. 
a  Des  témoins  m'ont  assuré,  raconte 
Ant.  Courte  qu'il  reçut  cent  trois  coups 
de  barre.  Le  sang  lui  sortait  par  la 
bouche;  elle  ne  fut  ouverte  que  pour 
bénir  le  Seigneur;  il  n'en  sortit  aucune 
plainte,  ni  aucune  parole  d'impatience. 
Tant  de  fermeté  édifia  tous  les  specta- 
teurs et  remplit  d'étonnement  les  ju- 
ges, p 


RAP 


—  381  — 


RAP 


RAPIN,  nom  d'une  famille  savoi- 
sienne^  dont  one  branche  s'établit  en 
France  dans  la  première  moitié  da 
xvi«  siècle.  Quatre  frères  de  ce  nom  y 
arrivèrent  soos  le  règne  de  François  I. 
L'un  d'eux  fut  aumônier  de  Catherine 
deMédicis.  Les  trois  autres,  qui  s'ap- 
pelaient Antoine,  Pirrre  et  Philibert^ 
selon  les  Jugemens  de  la  Noblesse^ 
embrassèrent  le  proleslantisme  et  ser- 
virent vaillamment  la  cause  de  la  Ré- 
forme dans  les  rangs  huguenots. 

L'alné,  Antoine,  que  tous  les  bio- 
graphes, à  Texception  de  ChaufTepit^, 
ont  confondu,  sur  la  foi  de  nos  meil- 
leurs historiens,  a\ec  ^on  frère  cadet, 
fut  laissé  par  AfarcTia^ff/àMontaubaQ 
pour  y  commander  en  son  absence, 
lorsqu'il  partit  pour  l'Agénois  (Vtry. 
III,  p.  *ii5).  Ne  cru>ant  pas  la  ville 
susceptible  de  défense,  ou  prut-étre 
voulant  ob^^ir  aux  ordres  de  Conc/^,  qui 
demandait  avec  instance  qu'on  lui  en- 
voyât des  renforis,  il  se  joignit  aux 
capitaines  de  La  Tour  y  La  Vfmade  et 
Richard  pour  ('on>eiller  une  seconde 
fois  aux  habitants  d'abandonner  la 
ville  ;  h(*urrusenjent  les  con*<uls>'oppo- 
sèrent  de  nouveau avecénergie  à  l'exé- 
cution de  ce  projet  insrnsé.  Dans  la 
seconde  guerrecivile,Ra,>in  fut  nommé 
gouverm'ur  d^  Montauban  en  rempla- 
cement de  Motitbartier,  Comme  son 
devoir  Ty  obligeait,  son  premier  soin 
fut  de  réparei  les  fortiUccitiunsrld'aug- 
menter  les  approvisionnements  de  la 
ville^  pour  la  mettre  en  étal  de  soutenir 
on  siège.  Tout  alla  bien  tant  que  les 
caisses  publiques  purent  fournir  à  la 
dépense,  mais  dès  qu'il  voulut  faire 
contribuer  les  habitants,  il  rencontra 
la  plus  vive  résistance.  Il  eut  à  répri- 
mer plusieurs  émeutes,  en  sorte  que 
les  vicomtes  de  Bruniqudci  ùeMont- 
elar,  craignant  que  ces  dissensions  ne 
favorisassent  les  entreprises  de  ré\è- 
que  qui  lôilait  autour  de  la  ville  avec 
une  troupe  armée,  jugèrent  à  propos 
de  le  remplacer  par  Moulvlar  le  père. 
Moniyiimmery  le  rétablit  dans  la  place 
de  gouverneur,  lorsqu'il  partit  pour  le 
Béarn;  mais  Rapin  ne  l'occupa  pas  long- 


temps. Il  mourut  probablement  vers  ce 
temps,  sans  laisser  de  postérité. 

Son  frère  puîné,  Pierre,  prit  une 
part  acti  ve  à  l'entreprise  des  protestants 
de  Toulouse  pour  se  saisir  de  la  ville. 
L'entreprise  manquée,  il  se  retira  à 
Castres  avec  le  capitaine  Soupets,  et 
obtint  le commandementd'unedes com- 
pagnies levées  par  les  habitants  pour 
leur  défense.  La  guerre  paraissant  se 
concentrer  dans  le  Bas- Languedoc,  Il 
alla,  bientôt  après,  rejoindre  à  Mont- 
pellier Jd'-qnes  de  Crassol,  qui  l'en- 
voya à  Msmes  avec  Grille  e\  A Ibenas. 
Il  combattit  vaillamment  à  S  ùnlGilles 
et  contribua  à  la  victoire  complèieque 
ses  coreligionnaires  remportèrent  sur 
les  Provençaux.  Beaudiné,  en  partant 
pour  le  Vivarais,  le  laissa  comme  gou- 
verneur à  Monipellier,  et  Crussol  le 
conflrma  dans  cette  charge.  Jaloux  de 
Justifler  le  choix  de  ce  chef  illustre, 
Rapin  attaqua  et  prit  Aniane,  oîi  était 
logée  une  compagnie  de  soldats  catho- 
liques, qui  fut  taillée  en  pièces.  D'au- 
tres historiens  cependant  attribuent 
ce  fait  d'arme*»  au  baron  d'Arbre,\  (Am- 
bres?) Quelque  temps  après,  Rapin 
suivit  Beaudiné  dans  le  Dauphiné,  et 
fut  remplacé  par  P(yraud,d\i  Vivarais, 
dans  son  commandement.  Lorsque  la 
seconde  guerre  civile  éclata,  il  marcha 
avec  lcsViconiter:du  Quercy  au  secours 
de  Condéf  et  contribua  à  la  brillante 
victoire  de  Gannat  [Voy.  IV,  p.  18). 
Nous  ne  nous  souvenons  pa«  d'avoir 
rencuntr*^  son  nom  parmi  ceux  des 
chefs  huguenots  qui  se  signalèrent 
dans  la  troisième  guerre.  Il  mourut 
aussi  sans  postérité. 

Le  troisième  frère,  Philibert,  gen- 
tilhomme du  prine«  deCondé  et  surin- 
tendant de  sa  maison,  n'es!  connu  que 
par  sa  fin  tragique.  Dépéché  par  le 
prince,  en  1 568,  pour  donner  avis  aux 
Protestants  du  Languedoc  de  la  paix 
qui  venait  de  se  signera  Longjumeau, 
Rapin  se  mit  sur-le-champ  en  roule  et 
descendit  dans  sa  maison  de  campagne 
près  de  Grenade,  sur  la  Garonne.  Le 
parlement  de  Toulouse,  instruit  de  son 
arrivée,  le  fit  enlever,  au  mépris  de 


RAP 


383 


RAP 


redit  de  pariflcation,  et  lui  fit  conper 
la  téle  Irois  jours  aprrs,  le  13  avril. 
Cette  odif'use  viola! ion  du  droit  dos 
gpns  fut  chàti(^e  par  les  Monlalbanais 
d'abord,  qui  reru<èrent  de  poser  les 
armes  et  mirent  tout  à  feu  et  à  sang 
aux  environs  de  Grenade,  puis  parCV 
Itgny,  qui  fil  ravager  la  campagne  de 
Toulouse  et  inscrire  ces  mots  :  Ven- 
geance de  jRa/itn,  sur  les  ruines  des 
maisons  appartenai  t  au\  olliciers  du 
sanguinaire  parlement. 

Philibert  Rapin  luissaun fils^nommé 
Pierre,  sieur  de  Mauvers,  qui  eut 
beaucoup  à  souffrir  aussi  de  la  baine 
des  Ligueurs.  Trois  Tois  de  suite  sa 
maison  lui  brûlée  et  ses  terres  dévas- 
tées. Touchés  de  ses  miilheurs,  les  gen- 
tilshommes catholiques  du  voisinage  fi- 
rent cultiver  et  ensemcnc<T  ses  champs 
à  leurs  Trais.  Cette  preuve  louchante 
d'humanité  n'honore  pas  moins  celui 
qui  la  reçut  que  ceux  qui  la  donnèrent. 
Les  services  que  Rapin  rendit  au  roi 
df  Navarre  et  son  zèle  pour  la  religion 
rérormée  le  firent  nommer  gouverneur 
du  Mas-de-Yerdun,  une  des  places  de 
sûreté.   11  y  commandait  encore  en 
1616,  c'est-à-dire  lorsque  l'Assemblée 
de  Nismes  associa  sa  cause  à  celle  du 
prince  de  ConJé.  Croyant  nécessaire 
de  mettre  la  place  en  élal  de  dérense, 
il  voulut  obliger  les  habitants  à  con- 
tribuer aux  d<*pcnses;  mais  il  rencon- 
tra chez  quelques-uns  d'entre  eux, 
entre  autres  chez  un  nommé  Mercier^ 
une  résistance  qui  l'irrita  au  point  qu'il 
les  chassa  et  confisqua  leurs  provi- 
sions. L'Assemblée  deX^aRochelIc  n'ap- 
prouva pas  ces  procédés  violents,  et  lui 
ordtinna  de  recevoir  les  bannis  dans  la 
ville  (Fonds  de  B henné,  N»  223).  Nous 
ne  connaissons  pasla  datede  sa  raort(  i  ), 
mais  nous  savons,  par  les  Jugemens 
de  lar  Noblesse,  qu'il  fut  marié  deux 
fois,  e  ,  |)ar  Chaufiepié^  qu'il  eut  plu- 
sieurs enfants  de  ses  deux  femmes^ 
nommées  Olympe  Sabagnes  et  Nraide 

{X)  S'il  est  le  même  qoe  Raptn.  à  qui  le  par- 
temenl  de  Toulouse  ordonna  de  snilir  de  MooUu- 
bas  (Voy.  VII,  p.  150),  «ous  peine  d'clre  traité 
comme  perturbateur  du  repos  public,  il  tivait  en- 
(*«rf  fo  16tS. 


de  Lupé.  C'est  de  cette  dernière  (i) 
que  naquirent,  entre  autres  enfants^ 
deux  fils  nommés  Jean  et  Jaçque^. 

1.  Jean  de  Rapin,  baron  de  Mauvers, 
gouverneur  du  Mas-de- Verdun  ouMas- 
Garnier,  eut  au  n^oins  quatre  fils  :  %• 
Paul,  qui  suit;— 2<»  Damel,  capitai- 
ne au  régiment  de  Picardie,  qui  sortit 
de  France,  le  25  oct.  1685.  et  fol  pla- 
cé le  7  mais  1686,  à  la  tète  d'une 
compagnie  de  cadets,  toute  composée 
de  l\ôfugiés.  Créé  colonel  en  l'OO^puis 
cap' laine  d'une  compagnie  des  gardes, 
en  1709,  il  quitta  le  service, è  la  suite 
d'un  inécontenlemenl,  et  mourut  à  U- 
trecht,  sans alliatice, en  1 729; — s»  N., 
tué  sous  le  drapeau  hollandais;  —  4* 
N.,  réfugié  en  Hollande  et  mort  au  ser- 
vice. 

Paul  de  Bapin,  baron  de  Mauvei^^ 
suivit  la  carrière  militaire  et  mourut 
avant  la  révocation.  Sa  veuve,  CéciU 
de  R'ipin,  fut  enfeimée  avec  ses  deux 
filles  aînées  dan?  descouvents  en  1 699 
(Arrh.gén.  M.  67  i).  Elle  réussit  plus 
tard  à  sorlir  du  royaume,  et  alla  s'éta- 
blir à  Utrecht,  oii  elle  mourut  en  1 7;^9. 
Elle  a  laissé  des  Mémoireu  qui  se  cea- 
servent  dans  la  famille.  Ses  enfants  fu- 
rent retenus  en  France.  C'est  san>  dou- 
te de  son  fils,  marié  à  une  demoiselle 
de  Rupêroux,  que  descendait  H.  de 
Rapin  qui  fil.  en  1 849,  don  au  consis- 
toire de  Barry-d'Illemade  d'un  terrain 
pour  la  conslruction  d'un  temple. 

II.  Enfant  gâté  de  sa  mère,  qui  ne 
voulut  jamais  consentir  à  ce  qu'il  sui- 
vit ,  comme  ses  frères,  la  carrière  des 
armes,  Jacques  de  Rapin,  né  le  25  jan- 
vier 1594,  entra  dans  le  barreau  et 
fui  avocat  auprès  de  la  Cbambre  de 
redit  de  Castres.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  le  18  août  1685,  deux  mois 
seulement  avant  la  révocation.  Quoi- 
qu'il ail  cultivé  les  lettres  et  qu'il  ait 
été  un  des  fondateurs  de  l'Académie 
de  Castres,  dans  le  sein  de  laquelle 
il  fit,  à  plusieurs  reprises ^  des  lec- 
tures,  principalement  sur  des  ques- 

(1)  D'après  Gourcelles,  art.  Luppé,  il  TaBnit 

rusée  ren  1600.  Nous  luivoni  de  prèférioei 
Nayral. 


RàP 


-383- 


R4P 


lions  de  jnrigprudence,  il  n'a  rien  pa- 
bliê.  Sa  fcmmp,  Jc^mip  Pélmon,  ?œur 
du  célôbrq  Paul  PéUsson,  qu'il  avait 
épousée  le  2 ijanv.  162^,rav4ilren(m 
père  de  plusieurs  cnfi^nls.  çnjre  au- 
tres, d'ui.e  flile,  cj^i  j  fui  mariée  au  sieur 
Du  Terraily  ri  d'un  fils,  nomtpé  Pau?*. 
À  la  révocation  de  Tédil  de  l^anteSy 
llmeJ^apIn-dc-Thovr^s,  menacée  d'êlre 
enfermée  dans  un  cquvent  parce  qu'elle 
rerusail  d'abjurer,  s'enfull  de  Castres 
et  se  cacha  dî^ns  Içs  environs.  Son  frère 
rélisson,  à  la  demande  de  leurs  pa- 
rents, tîl  semblant  d'intercéder  pour 
elle  ;  mais,  en  même  temps,  dans  une 
lettre  conOdenti^lle,  rapportée  par 
M.  Nayral,  il  avouait  à  Bonrrpos  qu'il 
ne  serait  pas  ràché  qu'on  l'enfermât  (  t  ]. 
Son  gendre  Du  Terrait  cul  la  làrt^eté 
de  révéler  sa  retraite.  Elle  Unit  donc 
par  être  arrêtée  et  conduite  dans  un 
couvent  de  Lavaur,  oii  sa  santé  s'al- 
téra rapidement.  Rien  n'ayant  pu  l'é- 
branler, ni  séductions,  ni  menaces,  on 
la  chassa  de  France,  san^  aucun  égard 
pour  l'état  déplorable  où  elle  se  trou- 
vait. En  arrivant  h  Genève,  celte  dame, 
d'une  piété  angélique,fui  attaquée  d'u- 
ne grave  ipaaladie;  elle  ne  tlt  plus  que 
languir  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  13 
fév.  1706. 

Paul  de  Rapin,  sieur  de  Tboyras,  le 
célèbre  historien,  naquit  à  Castres,  le 
25  mars  1 661 .  Il  flt  ses  éludes  à  Puy- 
Laurens  et  à  Saumur.  Pendant  sa  vie 
académique,  il  montra  une  humeur 
suscepllble  et  querelleuse  qui  semblait 
anmmcer  des  disposiliQns  moins  pro- 
pres à  la  carrière  du  barre^iu,  à  la- 
quelle on  le  destinait,  qu'à  l'état  mili- 
taire. Cependant,  pour  obéir  à  son 
P^re,  il  se  flt  recevoir  avocat  en  1679. 
La  Chambre  de  Tédlt  ayant  été  sup- 
primée bien'ôl  après,  il  suivit  sa  fa- 
ÎDille  à  Toulouse.  Prévoyant  que  la 
profession  d'avocat  ne  larderait  pas  ^ 
être  interdite  aux  Réformés,  il  demanda 
à  son  père  la  permission  de  prendre 

(1)  Jean  Rou,  dans  se^  Mémoires,  affirme  aasf i 
qae  PeliHson  Qt  arrêter  sa  sœur.  On  Toit  donc 
«jn'il  mérilail  peu  les  élo^^es  que  lai  donnait  son 
i^ten  (Voy.vpi,  p.  177). 


le  parti  des  armes  ;  mais  il  n'en  obtint 
que  des  réponses  évastves.  Il  passa 
ainsi  plusieurs  années  dans  Tincertir 
tude  sur  son  avenir,  se  livrant,  pour 
se  distraire,  à  l'éluie  des  lettres,  des 
mathénoaliques  et  de  la  musique.  La 
mort  de  son  père  allait  lui  p<*rmeltre 
de  suivre  ses  goûts,  lorsque  l'édit  de 
Nantes  fut  révoqué.  Fidèle  à  sa  reli- 
gion, il  partit  de  Castres  avec  son  plus 
jeune  frère,  au  mois  de  mars  1 686,  e| 
passa  en  Angleterre.  Il  n'y  fut  pas  long- 
temps sans  s'apercevoir  qu'il  n'y  avai( 
rien  à  espérer  pour  lui  tant  que  Jac- 
ques Il  régnerait,  et  il  s'embarqu$|  pour 
la  Hollande,  où  il  eqtra  d  ms  le  régi- 
ment de  son  cousin-germain,  le  capi- 
taine de  Rapin,  qui  tenait  garnison 
à  Utrecht.  En  1688,  il  suivit  le  sta- 
thouder  en  Angleterre.  La  guerre  ayant 
éclaté  en  1 689,  il  oblinl  le  gradn  d'en- 
seigne dans  le  régiment  de  lord  King- 
ston, et  fui  en\  oyé  en  Irhndc.  Son  zèle 
pour  le  service,  son  application  à  rem- 
plir ses  devoirs  a^irèrent  rattention 
de  son  lieutenant-colonel  Fietding,  quj 
lui  flt  donner  une  lieutenance,  et  le 
lieutenant  général  Douglas  le  prit  pour 
son  aide  de  camp.  Rapin  flt  avec  dis- 
tinction la  campagne  d'Irlande,  jus- 
qu'au siège  de  Limerick,  où  il  reçut 
à  l'épaule  une  blessure  dangereuse^ 
qui  i'empéchi^  de  suivre  son  régiment 
sur  le  continent.  Il  resta  donc  en  Ir- 
lande, avec  le  grade  de  capitaine,  jus- 
qu'en 1693,  que  lord  Porliand,  sur  la 
recommandation  de  Ruvigny^  l'appela 
en  Angleterre  pour  lui  confier  l'édu- 
cation  do  son  fils.  Il  lui  fut  permis  de 
céder  sa  compagnie  à  son  frère  Salo- 
mony  sieur  de  LaFare,  qui  s'éleva  au 
grade  de  lieulenant  colonel  d'un  régi- 
ment de  dragons,  et  qui  mourut  sans 
enfants  en  1719  (l). 

D'un  carac^ère  grave  et  sérieux,  Ra- 
pin-Tt)oyras  ne  s'était  jamais  senti  de 
goût  pour  les  plaisirs  si  souvent  gros- 
siers de  la  vie  de  garnison.  Aux  diver- 

(1)  Uo  troisième  frère,  Charles^  fini  était  l'aî- 
né, sortit  anssi  de  France,  sertit  eo  Angleterre 
•1  en  Hollande,  el  le  fiia  à  Uirechl,  où  il  mon- 
r^tiaivialliilM^. 


RAP 


—  384  — 


KAP 


iissements  broyants  de  ses  camarades^ 
il  préférait  l'étude  et  la  conversation 
des  gons  instruits.  Il  parlait  l'anglais^ 
l'italien  et  l'espagnol;  il  Usa  il  avec  faci- 
lité les  auteurs  grecs  et  les  latins,  il  était 
nn  assez  bon  musicien  et  possédait  ileai 
connaissances  étendues  en  mathéma- 
tiques et  en  histoire.  L'éducation  du 
futur  duc  de  Portiand  ne  pouvait  donc 
être  remise  en  de  meilleures  mains. 
Dans  les  premiers  temps,  Rapin  fut 
obligé  de  suivre  la  famille  de  son  élève 
tantôt  en  Angleterre,  tantôt  en  Hollande 
et  même  en  Franre,  pendant  l'ambas- 
sade de  lord  Portiand.  Plus  tard,  Il  se 
fixa  à  La  Haye,  où  son  élève  faisait  ses 
exercices,  et  s'y  maria  avec  Marianne 
Te&tardy  en  1 699.  Son  mariage  cepen- 
dant ne  Tempécha  pas  d'accompagner 
le  Jeune  lord  dans  ses  voyages  en  Al- 
lemagne et  en  Italie.  A  son  retour,  ses 
engagements  étant  tous  remplis,  il 
resta  à  la  Haye,  où  il  passa  quelques 
années  dans  le  sein  de  sa  famille,  s'ap- 
pliquant  avec  ardeur  à  l'élude  des  foi^ 
tlflcations  et  de  l'histoire.  Sa  femme 
lui  ay^nt  donne  plusieurs  enfants,  et 
son  unique  revenu  consi!>tai)t  en  une 
pension  de  iOO  livres  sterliiigs,  qui 
loi  avait  été  accordée  par  le  roi  Guil- 
laume, il  dut  songer  à  se  transporter 
dans  une  ville  où  la  vie  fût  moins 
chère  qu'à  LaHa^e.  Il  choisit  Wesel, 
où  il  s'établit  en  l'Oi,  résolu  d'ac- 
croître ses  resi^ources  du  produit  de 
sa  plume.  Depuis  longtemps  II  travail- 
lait à  amasser  des  matériaux  pour  une 
histoire  d'AngletiTre.  Il  les  mil  en 
OBuvre  avec  une  activité  infatigable,  en 
SOI  le  que  dès  l'724,  Il  put  faire  paraî- 
tre à  La  Ha}e  les  huit  premiers  volu- 
mes de  son  important  ouvrage.  L'ac- 
cueil qui  leur  fut  fait,  l'encouragea  à 
poursuivre  son  entreprise  avec  un  re- 
doublement d'ardeur;  mais  cet  excès 
de  travail  abrégea  ses  Jours.  Il  mourut 
à  Wesel^  le  lt>  mai  1725^  âgé  de  64 
ans. 

Rapin-Thoyras  a  été  Jugé  bien  di- 
versement comme  bislorien.  En  An- 
gleterre on  lui  a  reproché  de  ne  pas 
avoir  C4)nsulté  une  multitude  de  pro- 


cès-verbaux 00  d'aotres  pièces  manu- 
scrites, dont  il  ignorait  vraisemblable- 
ment l'existence  et  que  pas  un  écrivain 
anglais  ne  s'était  encore  imaginé  de 
mentionner;  on  l'a  blâmé  sévèrement 
de  n'avoir  pas  connu  certains  of^ges 
locaux  ou  nationaux,  d'avoir  commis 
des  erreurs,  d'avoir  mal  jugé  certains 
événements,  comme  s'il  était  étonnant 
qu'un  historien  se  trompât  quelquefois 
et  qu  un  étranger  ne  fût  pas  initié  à 
tous  les  détails  de  radministration  et 
de  la  vie  privée  en  Angleterre.  En 
France,  on  l'a  accusé  de  ne  s'être  laissé 
guider  que  par  le  ressent  Iment  et  la 
haine,  de  s'être  livré  à  des  réflexions 
outrageantes  sur  le  caractère  de  la  na- 
lion,  d'avoir  représenté  les  rois  de 
France  comme  peu  scrupuleux  sur  les 
moyens  d'étendre  leur  autorité  et  too- 
Jours  disposés  à  violer  les  traités  les 
plus  saints,  dès  qu'ils  y  trouvaient  leur 
avantage.  On  s'accorde  d'ailleurs  gé- 
néralement à  reconnaître  que  les  faits 
soiil  bien  classés,  les  événements  ra- 
contés avec  oactitude  ;  queles>l)le  est 
vi*,  net,  quelquefois  brillant,  et  qu'il 
n'avait  pas  encore  paru  sur  l'Angle- 
terre  une  histoire  aussi  complète  que  la 
sienne^  ni,  ajouterons-nous,  aussi  0- 
dcle,  aussi  impartiale.  Tel  est  aussi 
le  sentiment  de  Voltaire  :  a  L'Angle- 
terre, dit-il,  lui  fut  longtemps  redeva- 
ble de  la  seule  bonne  histoire  ciimplète 
qu'on  eût  faite  de  ce  royaume,  et  de 
la  seule  impartiale  qu'on  eût  d'un  pays 
où  l'on  n'écrivailque  par  esprit  dépar- 
ti :  c'était  même  la  seule  histoire  qu'on 
pût  citeren  Europe,  comme  approchant 
de  la  perfection  qu'on  exige  de  ces  oo- 
vrages.  »  Un  écihain,  moins  célébra 
que  Voltaire,  a^  de  nos  Jours,  rendu  plus 
complètement  encore  Justiceè  l'auteur; 
c'est  Marluré dans  son  Hist  >ircdupays 
Castrais,  a  Quoique  victime  de  l'into- 
lérance, dit-il,  on  sent  en  le  lisant 
qu'il  veut  être  jusie,  on  reconnaît  les 
efforts  qu'il  fait  sur  lui-même  pour 
vaincre  ses  ressentiments,  et  pourqœ 
le  souvenir  des  injustices  commises 
envers  le  citoyen,  n'altère  pas  la  sé- 
vère impartialité  de  l'historien.  Sll'a- 


RAP 


—  385  — 


RAP 


mertame  qu'il  veat  renfermer  an  fond 
de  son  cœor^  se  répand  quelquefois 
dans  ses  écrits,  qui  aurait  le  courage 
de  lui  en  faire  un  crime?  Quelle  est 
l'àme  forte,  Tàme  stoïque  qui  puisse 
donner  continuellement  l'exemple  du- 
ne abnégation  sublime?  Quant  à  son 
talent  comme  écrivain,  si  Thoyras  ne 
possède  pas,  à  ce  degré  éminent  auquel 
11  ne  fut  donné  qu'aux  grands  histo- 
riens de  l'antiquité  de  pouvoir  attein- 
dre, l'imagination  forte  qui  colorie  les 
objets,  qui  fait  ressortir  les  discours 
et  les  actions  des  personnages  que  Ton 
met  en  scène,  sa  narration  do  moins 
est  toujours  claire,  rapide,  animée. 
Moins  orateur  qu'homme  d'Etat,  plus 
propre  à  exercer  la  pensée  qu'à  exci* 
ter  les  mouvements  de  l'àme,  s'il  n'ex- 
celle pas  danslapeinluredes  passions, 
s'il  ne  creuse  pas,  comme  Tacite,  au 
fond  de  la  conscience  du  per\ers,  il 
excelle  dans  Tart  de  frapper  l'attenlion 
par  des  observations  justes  et  souvent 
profondes  sur  les  mœurs,  les  lois  et  les 
usages  des  peuples  ;  et  son  livre,  mo- 
nument immortel,  élevé  par  un  grand 
talent,  digne  d'être  inspiré  par  l'a- 
mour des  lois  et  de  la  liberté,  restera 
parmi  les  hommes,  comme  un  des  ou- 
vrages qui  honorent  le  plus  la  nation 
qui  produisit  ce  grand  historien.  » 

Les  huit  volumes  in-i^dunt  Rapin- 
Thoyras  surveilla  lui-oiéme  1  impres- 
sion, et  qu'il  dédia  à  Georgrs  1«%  com- 
prennent I  hi^loired'Angleierre depuis 
i'éliihliss(*ment  des  Romains  dans  la 
Grande  Bretagne  jusqu'à  l'exécution 
de  Charles  l«^  Après  sa  mort,  David 
Durand  (Voy.  IV,  p.  486)  continua 
cette  histoire  jusqu'à  la  mort  do  Guil- 
laume III.  La  meilleure  édition  estcelle 
de  La  Haye  [Paris]  1749  et  soiv.,  16 
vol.  in-40.  Elle  contient,  outre  l'his- 
toire de  Rapin-Tho>rasetla  continua- 
tion par  Durand,  des  Mémoires  sur  le 
règne  de  Georges  II  par  Dupard,  les 
Remarquescriliques  de  Tindal  (  1  )>  et  les 

(1)  Tindal  a  donné  une  trad.  anglaise  de  cette 
h ist.,  avec  des  notes,  Lond.,  1723-31,  13  toi. 
in-8«,  et  Thomas  Lediard  l'a  eonlinoée,  Lond., 
l7SSSe,STol.in.rol. 


Extraits  des  Actes  de  Bymer,  publ. 
d'abord  danslaBibliolh.  choisie  et  dans 
la  Biblioth.  ancienne  et  moderne,  puis 
réunis  et  imp.  en  1728,  in-4<'  et  in-8* 
aux  frais  de  Fagel,  grpfller  des  Etats- 
Généraux,  qui  en  avait  donné  tous  les 
exemplaires  à  sesamis.  Avant  d'élever 
ce  beau  monument ,  Rapin-Thoyras 
avait  publié  une  Dt55er(.  sur  les  Whigs 
et  les  Torys,  La  Haye,  1717,  in-12; 
trad.  en  angl  ,  Lond.,  1717,  in-80, 
qui  donne  une  idée  fort  exacte  des 
partis  politiques  en  Angleterre.  Cette 
dissert,  fut  réimp.  dans  l'édit.  de  son 
Histoire  donnée  à  La  Haye  [Trévoux], 
172h-28, 10  vol.  in-4'»,oii  l'on  trouve 
aussi  TËloge  de  l'auteur;  puis,  è  titre 
de  morci'au  historique  remarquable, 
dans  le  T.  I  du  Citateur  politique  (Pa- 
ris, 1820). 

De  son  mariage  avec  Marianne  Tes- 
tard,  qui  mourut  à  La  Haye  en  1 749, 
naquirent  sept  enfants:  i»  Jeanne- 
Henriette,  née  en  1 700,  femme  de 
Marie- Antoine  Du  four,  et  morte  en 
1 782  ;  ses  descendants  se  sont  fixés  à 
Leipzig  ;  —  20  Marie-Anne  ,  née  en 
1 702,  mariée  à  Jean  Du  Bo^cei  morte 
en  17 75;  — 50  Marguerite-Cécile, 
née  en  I7U3,  épouse  de  Paul-Emile 
de  Mauclerc  et  morte  en  1 747  :  —  4* 
Jacquks  Benjabiin,  qui  suit;— S^Su- 
SANNE  EsTHER,  née  en  17 lu,  femme 
de  Jean  de  Goninck  ;— H»  Marie,  née 
en  1715,  qui  épousa  Tltéophile  Onze- 
nove  et,  en  secondes  noces,  Eiie  Bla- 
quières,  de  Lausanne  ;  —  7»  Marie- 
AiHtE,  née  en  1716,  épouse  du  baron 
de  Friesheim. 

Né  le  8  Juin  1708  et  mort  è  Stettin 
en  1763,  Jacques-B'Mijamin  de  Rapin 
prit  pour  femme  Uranie  de  La  Bleu  he, 
dont  il  eut  quatre  enfants:  r  Jean, 
né  en  1740,  qui  s'établit  en  Lithuanie; 
—  2«  Henriette,  née  en  1 744  ;  —  3« 
Louis,  né  en  1746,  rapiiaine  d'in''an- 
terie,  à  qui  sa  femme,  Jeanne  Linde, 
dorma  deux  fils,  nommés  Charles  et 
Frédéric  ;— 4°  Charles,  né  eu  1 761, 
chef  de  la  Justice  française. 

La  réputation  de  Rapin-Thoyras  a 
fait  oublier  jusqu'aux  noms  doses  pa- 


RAP 


-386- 


«AP 


renU.  ChauSèpié  lai-méme  ne  parle 
d'aucun  d'eux,  et  cependanl  il  y  en  a 
eu,  dans  le  nombre,  qui  ont  donné  des 
preuves  de  leur  ailacheinent  à  leur  re- 
li^iui^.  Dans  ses  listes  de  persécutés, 
BenoH  cite  une  Marguerite  de  Rapin, 
D'autres  meipbics  de  la  raniil|e  sor- 
Ùrçnl  aussi  dç  France.  En  1 807,  l'é- 
glise de  Payerne  était  desservie  par 
un  Bapifiy  qui  ne  descendait  pas  de  lia- 
pin  Tho>  ras. 

RAPP  (Jçam),  aide  de  camp  de  Na- 
ppléun,  un  des  plus  intrépides  soldats 
^ç  l'Empire,  le  Ncy  de  la  cavalerie,  na- 
quit àColmar,  le  26  avr.  1772,  d'une 
famille  obscure.  Dès  1  âge  de  1 6  ans,  il 
s'engagea  dans  un  régiment  (|e  cavale- 
rie (l«^  mai  1788)  et  flt  les  premiciçs 
Cfùnpagnesde  la  Béimblique,  a  donnai^t 
obscurément  queli|uescoupsdesabre.» 
jusqu'à  ce  qu'à  la  fln  «  ii  fut  assez  heu- 
reux pour  être  repiarqué  par  le  géné- 
ral Desaix  (1).  »  11  servit  sous  ce  gé- 
néral à  l'armée  de  Rhin  et  Moselle. 
Après  une  blessure  grave  qu'il  reçt^t 
dans  unç action  d'éclat,  et  qui  menaçait 
de  l'enlever  au  service,  Desaix  rendait 
(sept.  1 795)  de  lui  ce  lémoigmige  «  que 
dans  toutes  les  occasions  il  avait  donné 
des  preuves  d'une  intelligence  rare, 
di'un  sang-rroid  étonnant  et  d'une  bra- 
voure digne  d'admiration.  »  Un  tel  of- 
ficier ne  pouvait  rester  dans  les  rangs 
suballernes.  Ayant  échappé  à  l'ampu- 
tation, ce  flt'^au  des  ambulances,  et  s'é- 
taut  parfaitement  rétabli  contre  toute 
attente  il  reprit  sa  place  dans  l'armée 
et  n^érita  de  plus  en  plus  la  conOance 
de  son  chef.  Devenu  son  aide  de  camp, 
il  continua  sous  lui  les  campagnes  d'Al- 
lemagne et  le  suivit  en  Egypte,  où  ii 
ne  tarda  pas  à  gagner  les  épauU'ties  de 
colonel.  Après  la  mort  de  Desaix  à  Ma- 
rengo,  le  premier  consul  sembla  re- 
{lorter  sur  l'aide  de  camp  son  aCTection 
pour  le  général,  il  attacha  Rap^j  à  sa 

(1)  Nous  empruDlons  cet  ciuiinns  et  relies  qoi 
•nivenl  «m  Memoir  9  du  général  Bayp  écrits  par 
lui  même  el  publiés  par  «a/hmi7/.'(Pari8,2«edii., 
1893,  in-80).  Quoique  ces  Mrmoires  soient,  dit- 
on,  apocryphes  (aUrIbnéfl  à  Buios),  ils  contiennent 
«Dé  foale  d«  doennienis  d'uae  «libeniicité  incon- 


personne.  De  son  c6té,  l'aide  de  camp 
voua  à  son  nouveau  maître  nne  fidéli^ 
sans  bornes.  Bonaparte,  qui  appréciafî 
son  «  bon  sens  naturel ,  »  le  chargea 
plusieurs  fois  de  missions  de  confiance. 
Envoyé  en  Suisse,  en  1802,  il  prit  oiie 
part  honorable  à  la  pacification  des 
troubles  de  ce  pays.  En  1805,  il  taî 
élu,  par  le  collé^i^e  électoral  du  Haot- 
Rhin,  candidat  au  S^^nat  conservatenir. 
Son  mariage  avec  la  flile  du  fournissear 
Vanderberg,  mariage  qu'il  contracta 
vers  cette  époque  pour  être  agrt-able  à 
l'empereur,  ne  fut  pas  heureux  ;  bien- 
lot  a  près^  il  dut  se  séparer  de  sa  femme. 
La  faveur,  comme  la  domesticité,  a  ses 
charges.  Dans  la  mépoorable  campagne 
de  l805,Rapp  accompagna  l'emperêor 
et  eut  roccasion  de  se  signaler  par  nn 
beau  faitd  armes  à  la  sanglante  bataille 
d'Austerlilz.  La  garde  impériale  russe 
venait  de  tenter  un  suprême  effîirt  en 
se  jetant  en  masse  sur  le  centre  de  no- 
tre armée.  Déjà  la  cavalerie  avait  pé- 
nétré au  milieu  do  nos  carrés.  Napo- 
léon, à  qoi  un  pli  du  terrain  dérobait 
la  vue  d'une  partie  de  l'ennemi,  or- 
donna à  son  aide  de  camp  de  prendre 
les  Mameluks,  deux  escadrons  de  chas- 
seurs, un  de  grenadiers  de  la  garde,  et 
de  se  porter  en  avant  pour  reconnaître 
l'état  des  choses.  Le  danger  était  grand. 
A  l'approche  de  ce  petit  détachement, 
l'ennemi  lâche  prise  et  fond  sur  lui.  Le 
choc  ut  terrible.  En  un  instant,  l'ar- 
tillerie russe  est  enlevée,  la  cavalerie 
culbutée  el  mise  en  fuite.  Les  ennemis, 
après  s'être  ralliés,  reviennent  à  la 
charge;   leurs  réserves  les  soutien- 
nent. La  lutte  recommence  avec  achar- 
nement, Tinfauterie  n'ose  hasarder  son 
feu,  tous  les  rangs  sont  confondu.»,  on 
conibat  corps  à  corps;  mais  à  la  fin  la 
victoire  nous  reste.  Les  deux  empe- 
reurs, Alexandre  el  François,  assistè- 
rent du  haut  d'une  éminence  à  la  com- 
plète défaite,  par  une  poignée  des  nô- 
tres, de  cette  brillante  garde  sur  la- 
quelle ilsavaienl  tantcompté  (l).  Rapp, 
tout  couvert  de  sang,  son  sabre  brisé 

(1)M.  Thiers,  da«8  son  Histoire  do  consulat  et 
d«  remplrôi  ttUche  beuconp  moios  d'importaaee 


RAP 


—  387  — 


Uf 


à  la  main,  suivi  da  prince  flepnin.  le 
colonel  des  chevaliers-gardes  d'Alexan- 
dre^  qui  avait  élé  Tait  prisonnier,  vint 
rendre  compte  k  Tempereurde  ce  beau 
fait  d'armes.  Cette  scène  donna  Tidée 
du  magnitiqne  tableau  qui  Tut  exécuté. 
par  le  peintre  Gérard.  Napoléon  créa 
son  aide  de  camp  général  de  division. 
Après  s'être  rétabli,  au  ciiàteau  d*Aus- 
terlitz,  de  la  blessure  qu'il  avait  reçue 
à  la  téte^  il  fut  envoyé  en  tournée  d'in- 
spection auprès  de  divers  corps  d'ar- 
mée, dans  le  midi  de  l'Allemagne  et  en 
Italie,  et  vint  rejoindre  Napoléon  à 
Munich.  Bientôt  après,  il  reçut  mission 
de  se  rendre  dans  le  Hanovre  pour  y 
sonder  l'opinion  publique.  Bonaparte 
n'était  pas  dupe  des  protestations  de  la 
Prusse  ;  il  avait  pénétré,  par  ses  agents, 
ses  menées  secrètes,  il  voyait  fort  bien 
eii  la  fatalité  rentrainatl.  L'orgueil  de 
Rosbach  entretenait  encore  en  Allema- 
gne les  douces  illusions  d'un  autre  Âge. 
Les  temps  et  les  choses  avaient  cepen- 
dant bien  marché  depuis  50  ans,  et  on 
ne  paraissait  pas  s'en  douter.  Quelques 
mois  à  peine  après  la  prise  de  Vienne 
et  la  victoire  d'Austerlilz ,  Frédéric* 
Guillaume,  poussé  par  Topinion  publi- 
que plus  encore  que  par  ses  conseil- 
lers, somma  Bonaparte  d'avoir  à  éva- 
cuer l'Allemagne  et  repasser  le  Bhin. 
On  eûl  dit  le  Grand-Frédéric  parlant  à 
un  général  de  l'OEil-de-bœuf.  Napoléon 
répondit  à  celte  bravade  par  une  ma- 
gniflque  proclamation  à  ses  soldats. 
Cependant,  avant  la  bataille,  il  lit  en- 
core une  lenlative  d'accommodement. 
11  avait  chai  gé  son  aide  de  camp  d'une 
lettre  pour  le  roi  Guillaume;  mais  à 
peine  Rapp  était-il  parti ,  qu'il  s'était 
ravisé  et  avait  fait  courir  après  lui,  en 
disant  que  a  ses  aides  de  camp  étaient 
des  personnages  trop  importants  pour 
les  exposer  à  être  mal  reçus.  »  Rapp 
prit  part  à  la  bataille  d'iéna  (14  oct. 
1 800],el  après  la  victoire,  il  Tut  chargé, 
avec  Murât,  de  la  poursuite  des  débris 
de  Tarmée  prussienne.  La  Prusse,  avec 
toute  sa  jactance,  venait  d'être  écrasée 

à  ce  fall  d'armes,  qoi  n'aanil  été  qii'tn  épiwie 
dt  la  baUiUc. 


du  premier  coqp.  Rapp  suivit  Napoléon 
eu  Pologne  Blessé  dans  l'afaire  de  Go- 
iymin  (i),  il  fut  charge,  en  attendant 
sqp  rétablissement ,  du  gouvernement 
de  thorn  ;  puis,  apr^s  la  reddition  4e 
tlantzig,  il  fut  nommé  gou\erneur  de 
cette  place  avec  le  rqng  de  général  e^ 
en  chef  (2  juin  1807).  Lors  de  ^  cin- 
quième coalition  cotitinentale ,  Napo- 
léon le  rappela  auprès  de  lui.  A  la  ba- 
taille d'EssIing,  il  se  couvrit  de  gloire; 
c'est  en  grande  partie  à  lui  que  l'on 
doit  le  succès  de  cette  sanglante  jour- 
née. Il  ne  put  assister  à  la  bataille  de 
Wagram.  Quelques  jours  auparavant^ 
il  avait  eu ,  à  la  suite  d'un  accident^ 
une  épaule  démise  et  trois  côtes  frs^ç- 
turées.  II  se  trouvait  à  Schœnbrunn 
auprès  de  Bonaparte,  lorsque  le  jeune 
àtaaps  se  présenta  à  lui  en  demandant 
à  parlera  l'empereur.  Repoussé,  il  in- 
sista. A  la  fln,  son  ton  et  son  air  résor 
lus  donnèrent  des  soupçons  au  géné- 
ral qui  le  fit  arrêter.  On  sait  que  l'in- 
tention du  jeune  fanatique  était  de  dé- 
livrer l'Allemagne  de  son  oppresseur. 
|l  en  fll  courageusement  l'aveu.  NapQ- 
l^pn  aurait  voulu  le  sauver^  mais  il 
refusa  toute  grâce. 

Napoléon  était  parvenu  au  faite  de  la 
grandeur.  11  songea  à  perpétuer  sa  race 
sur  le  trône  en  alliant  son  sang  plé* 
béien  au  sang  royal  des  Césars.  Mais 
son  divorce  fut  mal  vu,  il  y  eut  même 
quelque  opposition  respectueuse;  quel- 
ques-uns de  nos  vieux  soldats  de  )a 
République  n'avaient  pas  lout-à-fait 
oublié  d'où  ils  sortaient. Quoique  comte 
d'Empire,  le  général  Rapp  fut  peut- 
être  du  nombre  des  mécontents.  Il  com- 
prenait que  l'orgueil  et  la  vanité  sont 

jl)  h  fol  transporté  à  Yanotie  pour  y  être  soi- 
ne.  •  £b  bien  !  Rapp,  lui  dit  Napoléon  qui  alla 
fé  visiter,  tu  es  encore  blessé,  et  toujours  au  mâo* 
tais  bras?  •  C'était  la  nenticme  blessure  que  J*i- 
Tiis  reçue,  écrit-il,  à  ce  bras  sealemeDl,  qv'il 
appelait  le  bras  malbeqreux.  U  assista  au  paose- 
menl.  Quand  il  vit  que  la  fracture  était  réelle,  il 
dii  \  ses  chirurgiens  :  «  Il  faut  lui  couper  le  bras, 
il  est  dejji  trop  malade  ;  il  pourrait  en  monrir.  » 
M.  Boyer  lui  répondit  en  riant  :  <V.M.  veut  aller 
trop  vite  en  besogne;  le  général  est  jeune,  il  est 
ticoureox,  nous  le  guérirons.  >  —  «  J'espère  bien, 
lui  répliqaai-je,  que  ce  n'est  pas  la  deroière  M« 
4««  Tmps  Bit  ipartyriMni.  f 


RAP 


—  388  — 


RAP 


de  mauvais  conseillers^  et  que  la  gloire 
des  armes,^uand  elle  est  seule,  n'est 
qu'un  Taibie  appui.  Commandé  pour 
aller  faire  les  trois  révérences  devant 
le  couple  impérial  assis  sur  le  trône^ 
Rapp  osa  s'abstenir  pour  caase  d*in* 
disposition.  Bonaparte  s'en  formalisa^ 
et  il  lui  signifia  l'ordre  de  retourner 
à  Danlzig.  Il  obéit  et  arriva  dans  celle 
ville,  le  lu  juin!  8 1 0.  Pendant  son  gou- 
vernement, il  s'appliqua  de  tout  son 
pouvoir  à  allt^ger  les  charges  des  ha- 
bitants, et  adoucir  la  rigueur  des  or- 
dres de  l'empereur  au  sujet  du  com- 
merce. Son  bon  sens  lui  faisait  voir 
que  par  le  système  d'oppression  que 
Ton  suivait,  nous  nous  aliénions  les 
peuples  au  liru  de  nous  les  attacher. 
Il  ne  trompait  pas  l'empereur  lorsque^ 
consulté  «surce  que  ferait  l'Allemagne, 
dans  le  cas  où  une  expédition  au  delà 
du  Niémen  serait  malheureuse,  »  il  lut 
répondait  :  a  Si  V.  M.  éprouvait  des 
revers,  elle  peut  être  assurée  que 
Russes  et  Allemands,  tous  se  lève- 
raient en  masse  pour  secouer  le  joug  : 
ce  serait  une  croisade;  tous  vos  alliés 
vous  abandonneraient.  »  L'événement 
n'a  que  trop  justifié  ses  prévisions. 
Rnpp  suivit  Bonaparte  dans  la  futaie 
canipagne  de  Russie.  Il  prit  part  à  la 
bataille  de  la  Moscov\'a.  Au  plus  fort  de 
l'action,  il  fut  atteint  d'un  biscaïen  à 
la  hanche  gduche,  qui  le  jeta  à  bas  de 
son  cheval  ;  c'était  sa  vingt-deuxième 
blessure.  A  peine  gui'Ti,  la  retraite 
conimença.  Il  était  auprès  de  Napo* 
léon,  lorsque  ce  prince  faillit  être  en- 
levé par  un  gros  de  Cosaques,  auprès 
de  Alalo-larosla%etz.  Ce  fut  lui  qui  eut 
l'honneur  de  soutenir  le  choc  à  la  tête 
de  l'escadron  de  ser\ice,  pendant  que 
l'empereur  s'échappait.  Son  cheval,  at- 
teint d'un  coup  de  lance,  se  reuiersa 
sur  lui.  Cette  poignée  d'hommes  fut 
culbutée,  foulée  aux  pieds.  C'en  était 
fait  d'eux  et  peut-être  du  chef  lui-même 
de  la  grande-armée,  si  ces  Cosaques, 
ne  se  doutant  pas  de  la  belle  capture 
qu'ils  auraient  pu  faire,  ne  s'étaient  je- 
tés sur  un  paie  d'artillerie  qui  se  trou- 
vait à  quelque  distance.  Dans  la  rela- 


tion de  cette  affaire,  Napoléon  combla 
Rapp  d'éloges.  La  retraite  continua. 
On  en  connaît  les  affligeants  détails. 
«Tout  ce  qu'il  y  a  de  fléaux  était  dé- 
chaîné sur  nous.  »  Le  complot  de  Ma- 
let, dont  on  reçut  la  nouvelle  près  de 
Smolensk  vint  bouleverser  la  tête  de 
Tempereur  et  hàler  encore  son  retour. 
Des  prodiges  de  valeur  sauvèrent  les 
derniers  débris  de  l'armée.  Après  le 
départ  de  l'empereur,  notre  général 
eut  ordre  de  retourner  à  Danlzig;  il  y 
arriva  ayant  le  nez,  une  oreille  et  deux 
doigts  gelés.  La  place  ne  tarda  pas  à 
être  investie.  La  défense  fut  héroïque. 
Quoique  exténuée  par  les  fatigues,  les 
maladies  et  les  privations,  la  garnison 
se  montra  digne  de  son  chef.  Ses  sor- 
ties étaient  journalières  et  presque  tou- 
jours heureuses.  «  Cependant,  lit-un 
dans  les  Mémoires  de  Rapp,  l'épidémie 
était  loin  de  se  calmer;  elle  semblait 
au  contraire  prendre  chaque  jour  de 
nouvelles  forces.  Six  mille  hommes a- 
vaient  déjà  péri,  dix-huit  mille  gisaient 

dans  les  hôpitaux Chaque  heure, 

chaque  minute  augmentait  nos  perles, 
nous  emportait  nos  plus  vaillants  sol- 
dats. Une  nourriture  substanlielle  les 
eût  sauvés;  mais  nos  provisions  tou- 
chaient à  leur  terme.  Nous  n'avions 
plus,  pour  ainsi  dire,  ni  viande,  ni 
be>tiaux  ;  ta  paille  même  nous  man- 
qua il  pour  coucher  nos  malades  »  A- 
près  lacessation  de  rarniistire,  accepté 
par  Napoléon,  armistice  qui  avait  peu 
profilé  au  bien-être  de  la  garnison,  il 
n'y  a>ait  pas  moins  de  60,ooo  hom- 
mes devant  la  place,  sous  tes  ordres  du 
prince  Alexandre  de  Wur  temberg,  avec 
(rois  cents  pièces  de  gros  calibre.  Mal- 
gré la  grande  infériorité  de  ses  forces, 
Rapp  ne  put  être  vaincu  que  par  la  di- 
sette. «  Les  chevaux,  les  chiens,  les 
chats,  étaient  mangés,  écrit-il  ;  nous 
avions  épuisé  touies  nos  ressources, 
le  sel  même  nous  manquait.  Quelques 
soldats  imaginèrent  de  faire  bouillir 
des  débris  de  vieilles  planches,  qui  a- 
vaienl  autrefois  servi  dans  un  magasin 
[à  sel];  l'expérience  réussit.  Nous  cx- 
ploUAmes  cette  mine  de  noovelte  es- 


RAP 


—  389  — 


RAP 


pèce,  et  les  hôpitaux  furent  approvi* 
sif^nni^s.  La  population  était  réduite 
aux  abois,  elle  ne  vivait  plus  que  de 
son  pl  de  drrche,  encore  n'en  avait-elle 
pas  de  quoi  se  saltsraire.  »  Dans  cette 
extrémité,  il  ne  restait  d'autre  ctiance 
de  salut  qu'une  lionorable  capitulation. 
La  faible  garnison  avait  fait  plus  que 
de  sauver  Thonurur  du  drapeau.  La 
capitulation,  sous  la  date  du  29  nov. 
1815,  portait  que  la  place  serait  ren- 
due le  !«' janvier,  si  elle  n'était  secou- 
rue; que  la  garnison  serait  prison- 
nière de  guerre  et  conduite  en  France. 
Le  gouverneur  prenait  rengagement 
qu'aucun  de  ses  officiers  ou  soldats  ne 
servirait  avant  leur  parfait  échange. 
Les  officiers,  en  considération  de  leur 
belle  défense,  devaient  conserver  leurs 
épées.  Le  peloton  de  la  garde  Impé- 
riale, un  bataillon  de  600  hommes 
et  25  cavaliers,  devaient  également 
conserver  leurs  armes  et  leurs  chevaux 
et  emmener  avec  eux  deux  pièces  de 
six  avec  leurs  chariots  de  munitions. 
Une  partie  des  conventions  étaient  déjà 
exécutées,  les  prisonniers  russes  a- 
vaienlélérendus,plusieursfortslivrés, 
lorsqu'on  apprit  que  l'empereur  A- 
lexandre  refu^^ait  sa  ratiflcation.  Le  duc 
de  Wurtemberg  offrit  de  remettre  les 
choses  en  leur  état.  Mais  n'était-ce  pas 
une  dérision?  Les  vivres  étaient  com- 
plètement épuisés,  il  fallut  se  soumet- 
tre. La  valeureuse  garulson  fut  con- 
duite prisonnière  à  Kiew. Après  laRes- 
tauration,  Rapp  envo>a  son  adhésion 
au  nouveau  gouvernement  Au  mois  de 
juillet  1 8 14,  il  était  de  retour  à  Paris. 
Louis  XVllI  lui  fit  bon  accueil;  il  le 
nomma  chevalier  de  Sl-Louis  et  grand- 
cordon  de  la  Légion-d'honneur.  Puis, 
lors  du  retour  de  Bonaparte,  se  con- 
fiant en  sa  loyauté,  il  le  mit  à  la  tète 
du  premier  corps  d'armée.  Sans  doute 
qu  en  acceptant  ce  commandement,  no- 
tre général  était  bien  résolu,  comme  il 
en  fil  Tuveu  à  Bonaparte,  à  remplir  fi- 
dèlement ses  engagements;  mais  l'en- 
tratnement  des  populations  et  les  dis- 
positions de  ses  soldats  paralysèrent 
toute  résistance.  Arrivé  k  Paris,  Bo- 


naparte, qui  ne  mettait  pas  en  doute 
le  dév  ouement  à  sa  personne  de  son 
ancien  aide  de  camp,  l'appela  auprès 
de  lui,  et,  après  lui  avoir  tiré  l'oreille, 
iul  confia  le  commandement  de  l'armée 
du  Rhin  (2M  mars  1815)  Le  grand- 
aigle  de  la  Légion-d'honneur  e:  un  siège 
à  la  Chambre  des  Pairs  furent  en  ma- 
rne temps  ta  récompense  de  sa  belle 
conduite  à  Dantzig.  Rapp  se  rendit 
aussitôt  en  Alsace.  Malgré  tous  ses  ef- 
forts, Il  ne  put  jainais  réunir  qu'un 
corps  de  15,000  hommes  d'infanterie 
et  2.000  cheviiux.  C'est  avec  cette  pe- 
tite atmée  qu'il  devait  tenir  tète  aux 
forces  de  la  coalition.  Cependant  il  ne 
dôsespéra  pas  et  il  entra  résolument 
en  campagne.  Quelques  succès  avaient 
déj:î  couronné  ses  armes,  lorsqu'il  ap- 
prit le  désastre  de  Waterloo.  Ce  fat 
pour  lui  un  coup  de  foudre.  Il  jugea 
prudent  de  se  retirer  sous  les  murs  de 
Stra^bourg.  Ce  mouvement  de  retraite 
s'opéra  au  milieu  de  brillants  combats^ 
où  le  général  en  chef  paya  de  sa  per- 
sonne comme  aux  plus  beaux  jours  de 
sa  carrière  militaire.  Les  alliés  atta- 
chaient un  grand  prix  à  la  reddition 
de  la  place  ;  ils  mirent  tout  en  œuvre 
pour  y  arriver,  ils  cherchèrent  à  cir- 
convenir notre  générai  par  les  offres 
les  plus  séduisantes  ;  mais  tout  fut  inu- 
tile. Des  sorties  vigoureuses  et  cou- 
ronnées de  succès  répondirent  aux  ten- 
tatives de  corrupi  ion.  A  la  fin,  une  con- 
vention militaire  fut  conclue  et  les  hos- 
til.tés  cessèrent.  Le  licenciement  de 
l'armée,  qui  fut  ordonné  par  le  nou- 
veau gouvernement,  provoqua  une  ré- 
volte. Les  soldats  réclamèrent  le  paye- 
ment intégral  de  leur  solde.  Leur  de- 
Dfiande  paraissait  juste,  mais  comment 
y  satisfaire?  L'autorité  du  général  fat 
méconnue.  Pendant  plusieurs  jours,  il 
fut  retenu  prisonnier  dans  son  hôtel 
avec  tout  son  état-major.  Maisaumiliea 
du  soulèvement,  les  mesures  les  plos 
sag(>s  furent  prisesparles  révoltés  pour 
mettre  la  place  à  Tabri  des  entreprises 
de  l'ennemi.  A  la  fin,  les  habitants  de 
Strasbourg,  persuadés  par  la  peur  plus 
qu'ils  ne  l'avaient  été  par  les  prières 


RÀS 


-390  — 


tiStà 


da  général,  consentirent  à  faire  tes 
fends  nécessaires,  et  tout  rentra  danâ 
l'ordre  sans  effusion  de  sang.  Son  com- 
mandement étant  expiré,  Rapp  quitta 
TAIsaceet  se  rendit  à  Paris.  Il  n'y  rut 
pas  inquiété;  néanmoins  il  jugea  pru- 
dent de  laisser  passer  le  gros  de  l'o- 
rage, et  II  se  relira  en  Suisse^  où  il  flt 
l'acquisition  du  château  de  Witden- 
stein,  en  Àrgovié.  En  1817,  il  revint 
dans  la  capilate,  et  l'année  suivante,  il 
ïut  appelé  à  la  Chambre  des  l^airs.  Une 
itoort  prématurée  l'enleva  à  Reinweller, 
dans  le  grand-duché  de  Bade,  le  2  nov. 
1S2I .  Le  général  Rapp  possédait  à  un 
haut  degré  une  qualité  qui  s'âilic  vo- 
Idnliers  à  la  véritable  bravoure,  Thu- 
manité.  Très-souvent  il  exposa  son 
crédit  auprès  du  chef  de  TEIat  pour 
sauver  des  malheureux,  ou  servir  des 
jftmis  tombés  en  disgiàce.  Ni  la  diver- 
gence d'opinions,  ni  la  différence  de 
drapeau  ne  couuirimèrent  jamais  les 
bons  élans  de  son  cœur,  il  se  fit  aimer 
et  estimer,  même  en  pays  ennemis. 
Une  statue,  eu  bronze,  lui  a  été  érigée 
depuis  ppu  dans  sa  ville  natale. 

RAPP  (Jean-Jacob}  homme  de  loi, 
procurator  causarurriy  à  Colniar,  au- 
teur de  ÈîtifàUfge  àoch  wahrhafle  Be- 
schreibunff  der  BHagerung  der  St-Âdt 
Colmar  dunh  die  Schwcden,  Ib32^ 
insc.  Episode  de  la  guerre  d<*.  Trente 
ans.  —  Plusieurs  autres  protestants 
trauçais  de  ce  nom  méritent  au  moins 
one  mention;  tels  sont:  Jean-Henri 
Rapp,  philologue,  qui  a  public:  Plu- 
tanhus  de  bberorum  educatione,  gr, 
et  lai,,  vum  indice  analylico,  Argent., 
1663,  in-8%  et  Q-  Curtius  Rufus, 
Ibid.,  1  Qli^j'nvi^'y^Jean-JacquesRapp 
et  Rodolphe  Ruftp,  qui  ont  desservi  suc- 
cessi vemeiitréglise  allemande  de  Sain- 
le-Marieaux-Mines,le  premier  de!  682- 
éi,  le  second  de  li9i-95,  à  ce  que 
nous  lisons  dans  une  très-Intéressante 
Kolice  sur  celte  église  tout  récemment 
publi.^e  (Colmar,  1858,  in-S»)  par 
m.Ch.  Dr  ion. 

BASSE  DES-NEUX  (François), 
(Ils  d'uu  chirurgien  belge  établi  à  Pa- 
ris, et  le  ioaème,  selon  toute  apparence. 


que  le  chirurgien  de  la  reine  de  K&- 
varrc  Desnœuds  (Voy.  t,  p.  57),  était, 
au  rapport  de  Le  L.aboareqr,  un  des 
fioguenols  les  plus  passionnés  de  son 
temps  En  1562,  il  suivit  Condé  à  Or- 
léans. Plus  lard.  Il  devint  chirurgien 
du  roi.  comme  nous  l'apprend  une 
quittance  de  lui,  datée  de  1515,  qui 
se  trouve  en  la  possession  de  M.  Ch. 
Read,  On  a  de  lUi  une  riche  collection 
de  chansons  satiriques  et  d*aatres  piè- 
ces latines  et  Trançalses,  composées 
pendant  les  guerres  de  religion.  Ce 
précieux  recueil,  qui  forme  dix  tomes 
reliés  en  cinq  volumes  In -roi.,  se  con- 
serve aujourd'hui  au  départ,  des  Hss. 
de  la  Biblioth.  nationale.  Fonds  de  Gai- 
ignièr*»s>  N»  485. 

RATO'V,  sergent-major  de  la  gar- 
nison de  Vitré,  s'est  rendu  célèbre,  en 
1590,  par  un  trait  d'audace  héroïque. 
Les  garnisons  ligueuses  de  Châtillon 
et  de  Fougères,  Tavorisécs  par  la  né- 
gligence ou  par  la  connivence  du  sieur 
de  Mcsneur,  lieutenant  de  Du  MaU- 
Montmartin,  avaient  surpris  le  ctià- 
teau  de  Vitré,  en  l'absence  du  gouver- 
neur, que  Henri  IV  avait  appelé  auprès 
de  lui.  Quarante  soldats  s'étaient  déjà 
introduits  dans  la  place  et  le  secours 
approchait,  lorsque  Raton,  averti  de 
la  surprise,  accoui  ut  en  toute  hâte  avec 
tiois  de  ses  gens.  Il  Tait  apporter  un 
pétard,  saisit  une  échelle,  descend 
dans  le  fossé  à  travers  une  grêle  de 
balles,  se  glisse  près  du  pont-levis 
et  le  fait  sauter,  en  ayant  ia  précau- 
tion de  se  coller  conti'e  la  mu^ailIe 
de  peur  d'être  lui-même  victime  de 
son  audace;  puis  il  se  précipitp  dans 
le  chAteau,  suivi  de  ses  trois  hommes, 
tue  le  capitaine  ennemi  et  un  de  ses 
soldats  et  épouvante  tellement  les  aq- 
tres  que  tous  prennent  la  fuite  ou  se 
rendent. 

RAUCH  (Daniel)  ,  pasteur  luthé- 
rien, né  à  Strasbourg,  le  6  mars  1630, 
fit  ses  éludes  dans  sa  \il!e  natale.  Trop 
pauvre  pour  payer  les  frais  du  grade 
de  maltre-ès-arts,  il  eut  l'idée,  au  lieu 
de  soutenir  une  thèse,  de  composer 
un  poème  grec  sur  la  Passion,  qu'il  lût 


RAU 


~  391  - 


IftAt 


pabliqnement  le  22  mars  1648.  Suc- 
cessUement  prédicateur  à  U^ickers- 
beim,  eu  1054,  diacre  à  Saint-Pierre, 
en  1671,  pasteur  à  Saitil-Guillaume, 
en  16' 5,  il  mourut  à  Strasbourg,  le  G 
Janv.  1685.  Outre  son  poème  grec,  il 
avait  écrit,  en  latin,  des  poésies  spi- 
rituelles, qui  ne  paraissent  pas  avoir 
été  imprimées. 

RALCHFUSS  (Conrad),  mathé- 
maticien, plus  connu  sous  le  nom  gré- 
clsé  de  Dasypodius,  naquit  à  Stras- 
bourg, où  son  père  professait  la  lan- 
gue grecque.  Après  avoir  terminé  ses 
études  dans  sa  ville  natale,  il  alla  vi- 
siter les  universités  de  Paris  et  de 
Louvain^  où  il  s'appliqua  particulière- 
ment à  se  perfectionner  dans  les  ma- 
thématiques. De  retour  à  Strasbourg, 
il  fui  pourvu  de  la  chaire  qu'avait  oc- 
cupée le  savant  mathématicien  Chris- 
tian Herlin,  et  chargé,  en  outre,  d'en- 
seigner la  géographie  et  l'astronomie. 
Il  mouiut  en  IGOO,  le  22  avril  selon 
Melrhior  Adam,  le  26  selon  d'autres, 
à  l'âge  de  as  ans.  Voici  la  liste  de  ses 
publications,  aussi  complète  qu'il  nous 
a  été  possible  de  la  diesser  après  do 
longues  recherches. 

\.  Eu  Udiscatoptrica^grœc.  etlat,, 
Arg.^  1557,  in-40. 

II.  EncUdis  propositiones  elemen- 
torum  X\\  Arg.,  1564    in-8o. 

m.  Aiialysei»  geometricœ sex  Ubro- 
rum  EucUdis,  Priini  et  quinti  facUr 
à  (h.  HerUno,  reliquœ  à  C,  Dasypo- 
dio,  [Arg.]  15b6,  in-fol. 

IV.  Vulumina  maLhemalica  lll  pro 
scholâ  argetUinensiy  Arg.,  1570,  8°. 

V.  Sphcpi'icœ  doctrmœ aut horesva- 
rii,  gr.  et  lut-,  Arg.,  1572,  in-8». 

VI.  Lcxikon  conttfiens  dc/initiones 
et  diiisiones  scientiarum  maOïeinati- 
carum,  grœv.  et  lut.,  Arg.,  1573  el 
1579,  in-80. —  C'est  probablement  le 
même  ouvrage  que  Hier  unis  Alexan- 
drini  nomenclatura  vocabiilorum  geo- 
metriiorumy  dont  on  lui  attribue  une 
Iraduction  latine. 

VU.  Doctrifta  de  corne  lis  et  cometa- 
rum  effectibuSf  Arg.,  1578,  in-4«. 
Vin.  haaci  Monachi scholiain  Eu- 


elidis  elementorum  sex  priores  lihros, 
in  sermonem  latinum  translat.,  Arg., 
1579j  ln-80. 

ix.  Hieronmechanicus,  seudeme- 
chanicis  artibus  atque  discipUnis  : 
ejusdem  horotogii  astronon.ici  Argpn- 
toraLi  in  summo  tcmpb  erecti  des- 
eriptio,  Arg.,  1580,  in-4«. 

X.  Institut ionum  mathematicarum 
erotewata,  Arg.,  1*593,  in-8». 

On  lui  attribue  en  outre  :  Optico- 
ruTHy  catoptricorum,  harmonicorum 
et  apparent  i arum  y  elementortim  lit. 
J;  —  Oratio  de  disriplims  viathema- 
lias  ;  —  Astronomira  prœceptn  ;  — 
Hypothèses  orbium  cœlestium  congnt- 
entes  cum  Tabutis  Àlphonsinis  et  Co- 
perniciy  seu  etiam  Tabulis  Prutènicis. 
Comme  nous  n'avons  pu  trouver  ni  le 
lieu  ni  la  date  de  l'impression  de  ces 
ouvrages,  peut-être  faut-il  les  ranger 
parmi  ces  nombreux  vol.  que  Dasypo- 
dius laissa  en  mss.,  selon  le  témoi- 
gnage de  Melchior  Adam. 

R  ALLLl.X  (N.),  chirurgien  de  Vas- 
sy,  ayant  osé  maltraiter  de  paroles  une 
vleiHe  bigote  qui  avait  induit  une  do 
ses  filles  à  s'enfuir  de  la  maison  pater- 
nelle pour  se  retirer  dans  le  couvent 
de  la  Propagation  de  la  foi,  fut  citépar 
l'Intendant Machaut,  le  11  mai  l666,à 
comparaître  devant  la  chambre  du  con- 
seil pour  y  être  blâmé  en  présence  de 
sa  femme  et  de  ses  autres  filles,  il  fut, 
en  outre,  condanmé  à  50  livres  d'a- 
mende el  aux  frais  non-seulement  de 
son  procès,  mais  de  celui  du  tailleur 
Daniel  Morisot,  qui  s'était  permis  de 
parler  mal  des  convertisseurs  catholi- 
ques et  avait  tenté  délirer  un  nouveau 
converti  de  la  maison  de  la  Propaga- 
tion de  la  foi,  crime  pour  lequel  il  dut 
faire  amende  honorable.  On  espérait 
sans  doute,  par  l'humiliation  du  père, 
inspirer  à  ses  autres  filles  le  mépris 
de  son  autorité  el  les  encourager  à  sui- 
vre l'evemple  de  leur  sœur.  Il  parait 
qu'il  n'en  fut  rien.  En  1 686,  nous  trou- 
vons trois  demoiselles  Raullin  enfer- 
mées dans  des  couvents  comme  pro- 
testantes. L'une. d'elles,  nommé  ifo- 
ne,  parvint,  en  1687,  à  s'échapper  de 


KAV 


—  392  — 


IlAV 


celui  des  Ursulines  de  Bar-sur-Aube 
(Arch.  qèn,  Tt.  321). 

RAVANEL.  CHrdeur  de  Malaigue 
pr^s  d'Uz(»s,éiail  âgé  d'environ  30  ans, 
lorsqu'il  commença  à  se  faire  Qu  nom 
dans  les  bandes  camisardes.  Dans  son 
Hist.  des  pasieursdu  désert,  M.  Peyrat 
trace  de  lui  ce  porlrail  peu  séduisant  : 
«  Il  était  maigre,  trapu,  noir,  à  mufle 
de  boule-dogue,  toujours  hérissé  et 
grommelant.  Ancien  soldat  du  régiment 
dcRouergue,  il  avait  le.  cuir  loui  tail- 
ladé de  coups  de  sabre,  ne  vivait  que 
d'eau-de-vie,  de  labac,  de  combats  et 
de  psalmodie.  »  Lieutenant  de  CaocL- 
lierei  compagnon  inséparable  de  Caii" 
nat  (Voy.  Abdias  MAUREL),  Ravanel 
prit  part  à  prerque  toutes  les  entrepri- 
ses de  ces  deux  chers.  11  assista  au 
combat  du  bois  de  Vaquières,  è  celui 
du  val  de  Bane,  dont  Antoine  Court  lui 
attribue  tout  l'honneur,  à  celui  de  Va- 
gnas,  suivi  d'une  périlleuse  retraite 
qu'il  dirigea  avec  autant  de  bravoure 
que  d'habileté;  à  ceux  enfin  de  Mar- 
véjols,  de  la  Croix-de-La  Fougasse,  de 
Pompignan,  du  Mas-des-Horts,  des  De- 
vois-de-Martignargues  et  de  Nages. 
Dans  tous  ces  engagements,  il  combat- 
tit avec  un  courage  intrépide;  cepen- 
dant il  ne  commença  à  agir  comme 
chef  indépendant  qu'après  la  soumis* 
sion  de  Cavalier, 

Convaincu  que  les  réticences  dont 
Cavalier  usaitenverssa  troupe  pendant 
ses  négocialionsavecVillars,  cachaient 
une  trahison,  et  persuadé,  d'un  autre 
côté,  que  les  promesses  qu'on  lui  Tai* 
sait,  pour  lui  et  ses  gens,  étaient  des 
pièges,  il  inspira  à  toute  la  bande  dont 
Cavalier  lui  avait  laissé  le  commande- 
ment en  son  absence,  ses  sentiments 
de  méfiance,  en  sorte  qu'à  son  retour 
àCaKisson,  le  28  mai  1704,  le  jeune 
cher  ne  rencontra  que  des  regards  mor- 
nes ou  courroucés.  L'irritation  fut  au 
comble,  lorsque,  pressé  par  ses  offi- 
ciers. Cavalier  finit  par  leur  avouer 
d'un  ton  d'impatience  a  qu'il  fallait  al- 
ler servir  en  Portugal.  »  Ravanel,  au 
nom  de  tous,  répliqua  brusquement 
qu'ils  voulaient  la  liberté  de  conscien- 


ce, la  liberté  des  prisonniers,  la  réédi- 
ficalion  des  temples,  et  sortant  sur-le- 
champ,  il  fit  battre  le  rappel,  rassem- 
bla la  bande  et  s^éloigna  aux  cris  m*Ue 
fois  répétés  de  Vivel'épée  de  l'Ctemel  ! 
Une  quarantaine  de  Camisards  tout  au 
plus  restèrent  fidèles  à  Cavalier,  o  le 
vil  esclave  du  maréchal,  »  comme  l'ap- 
pelait Ravanel,  qui  nourrit  dès  lorscon- 
tre  lui  une  haine  ardente. 

Fermement  résolu  h  ne  déposer  les 
armes  qu'après  avoir  obtenu  le  réia* 
blissement  de  l'édit  de  Nantes,  Rava- 
nel ne  se  laissa  point  ébranler  par  la 
mort  de  Buland.  11  ordonna  un  jeûne 
général  pour  fléchir  la  colère  divine, 
et  se  rendit,  le  1 3  sept.  1 70  4,  dans  le 
bois  de  Bénézel,  où  la  Cène  devait  se 
célébrer  le  lendemain.  Trahi  par  deoi 
paysans,  il  y  fut  immédiatement  cerné 
par  les  troupes  de  Villars,  et  il  ne  réus- 
sit à  se  sauver  dans  les  bois  de  Leax 
qu'en  laissant  près  de  la  moitié  de  sa 
bande  sur  la  place;  les  survivants, 
sous  la  condu  te  de  Marchand,  un  de 
ses  officiers,  l'abandonnèrent  bientôt 
pour  faire  leur  soumission.  Resté  seul 
avec  Montbonnoux  ou  Bonbonnoux, 
comme  l'appelle  Court,  Ravanel  se  Jeta 
dans  les  bras  de  son  ami,  et  les  deux 
Indomptables  guerriers  se  Jurèrent  fi- 
délité jusqu'à  la  mort.  Abraham eiCla- 
ris,  préférant  comme  eux  une  périlleu- 
se liberté  au  repos  de  l'exil,  se  joigni- 
rent à  eux,  et  les  quatre  camisards  vé- 
curent pendant  plusieurs  semaines  ca* 
chés  dans  les  forêts  et  les  cavernes,  ne 
sortant  que  la  nuit  pour  se  procurer 
des  aliments,  que  leurs  coreligionnai- 
res ne  leur  refusaient  jamais,  malgré 
les  terribles  menaces  de  Villars  qui, 
dès  le  8  oct.,  avait  mis  leurs  têtes  à 
prix.  Plusieurs  fois  Ravanel  manqua  de 
tomber  entre  les  mains  de  ses  ennemis, 
tant  les  recherches  étaient  actives.  Un 
jour,  entre  autres,  qu'il  aval  teu  la  fan- 
taisie de  revoir  sa  bourgade  natale,  il 
fut  poursuivi  si  vivement  qu'il  ne  dut 
son  salut  qu'aux  ombres  de  la  nuit. 
Moins  heureux,  son  compagnon  Chrû" 
tofle  fut  pris  et  exécuté. 

Un  homme  de  ce  caractère  devait  en- 


RAV 


—  393  - 


RAV 


trer  avec  empressement  dans  la  con- 
spiration de  Boaton  [Voy.  ce  nom].  Il 
s'était  rendu  à  Nismes,  oh  il  se  tenait 
caché  avec  Jonque t  et  Villes,  en  atten- 
dant le  signal  de  rinsurrection^  lorsque 
tout-à-coup  la  maison  fut  envahie.  Ra- 
vanel  se  jeta  sur  ses  armes^  mais  on 
ne  lui  donna  pas  le  temps  d'en  faire 
usage;  il  fut  saisi,  blessé  et  conduit^ 
chargé  de  fers,  ainsi  que  ses  compa- 
gnons^ dans  le  fort  de  Nismes,  le  19 
avr.  1705.  Il  souffrit  la  torture  avec 
une  constance  surhumaine;  Brueys  a- 
Youe  lui-même  qu'il  fut  impossible  de 
lui  arracher  un  seul  mot.  Condamné 
au  feu,  il  ne  déploya  pas  sur  le  bûcher 
on  courage  moins  héroïque. 

RAVANFX  (Pierre),  d'Uzès,  mi- 
nistre de  Sauzet,  mort  vers  1 680,  est 
auteur  d'un  ouvrage  très-remarquable 
et  très-utile,  dont  voici  le  titre  :  St- 
bliotheca  sacra  sive  thésaurus  Scrip^ 
turœ  canonicœ  amplissimuSy  in  quâ 
quœ  in  ulroque  fœdere  extant,non 
theologica  modo,  sed  etiam  physica, 
ethicay  politica,  etc.  pertractantur, 
Gen.,  1650, 2  vol.  in-fol.  Après  avoir 
mis  la  dernière  main  à  son  livre,  qui 
ne  lui  avait  pas  pris  moins  de  trente 
années  de  travail,  il  se  rendit  à  Genè- 
ve pour  le  faire  imprimer  ;  mais  il  lui 
fût  impossible  de  trouver  un  libraire 
qui  voulût  s'en  charger.  L'étendue  de 
l'ouvrage  effrayait,  et  d'ailleurs  on  ve- 
nait de  réimprimer  à  Bàle  un  livre  à 
peu  près  analogue,  la  Clavis  tbeologias 
de  Fiaccus  lllyricus.  Les  libraires  aux- 
quels il  s'adressa  se  refusèrent  donc  à 
tout  arrangement,  prétendant  que  ce 
serait  se  ruiner  que  d'entreprendre 
une  pareille  publication.  Cependant  un 
d'entre  eux  s'y  décida,  sous  la  caution 
des  pasteurs  de  Genève,  qui  se  portè- 
rent garants  de  la  vente.  Le  résultat 
prouva  qu'ils  avaient  raison.  Au  bout 
de  dix  ans^  toute  l'édition  fut  épuisée; 
il  fallut  en  faire  une  seconde,  qui  fut 
augmentée,  et  trois  ans  plus  tard,ony 
ajouta  encore  un  vol.  in-fol.  de  supplé- 
ment. 

R  AVENEL  (Jean  de),  sieur  duPer- 
ray,  gentilhomme  picard,  qui  était  ailé 

T.  VIII. 


s'élal)lirà  Vitré  en  1555^  laissa  de  son 
mariage  avec  Marguerite  Guesdon, un 
fils,  nommé  Luc,  sieur  de  La  Brouar- 
dière,  qui  éponsà Andrée  de  Gennesei 
en  eut  deux  fils  :  i  °  Gilles  ,  de  qui  des- 
cendaient apparemment  Jean-Daniel 
de  Ravenel,  dont  la  veuve  Edmée  Le 
Fèvre  passa  dans  les  pays  étrangers 
(Àrch.gén,  Tt.  287),  et /ocçues  de  Ra- 
venel,  qui  se  convertit  au  catholicisme, 
le  2  juin  1662.  La  femme  do  ce  der- 
nier n'ayant  point  voulu  suivre  son 
exemple,  se  retira  à  Jersey  avec  deux 
enfants(^rc/».  ^«r».  M  674); — 2oLuc, 
sieur  de  Boisguy,  marié  en  1 576,  avec 
Marie  de  GenneSy  fille  de  Guy  de  Gen- 
nés  et  de  Guillemette  Nouait.  De  ce 
mariage  naquit  Jean,  sieur  de  Bois- 
teilleul  (aliàs  Bois-Tilleul)  baptisé,  le 
20  avril  1581,  dans  l'église  protestante 
de  Vitré,  et  marié,  en  1604,  avec 
Jeanne  Grillet-^de-La  Tirelière.  En 
1617,  il  représenta  les  églises  breton- 
nes au  Synode  national  de  Vitré.  Ses 
deux  fils,  Jean  et  Luc,  firent  souche. 

I.  Jean,  sieur  de  Boisteilleul,  naquit 
le  14  mai  1616,  et  atteignit  un  ûge 
avancé,puisqu'ilvivaitencoreen  1 685. 
11  épousa,  en  1 650,  Judith  de  Farcy, 
fille  de  Thomasy  sieur  de  La  Courtière, 
et  de  Marie  Barbier  y  dont  il  eut  quatre 
enfants  :  !<>  Benjamin,  qui  suit;  — 
20  Samuel,  qui  passa  en  Angleterre 
avant  la  révocation,  et  y  épousa  la 
nièce  du  général  Marlborough.  Le  fils 
qui  naquit  de  cette  union,  selon  d'Ho- 
zier,  est  peut-être  Edouard  Ravenel, 
directeur  de  l'hôpital  français  à  Lon- 
dres en  1 740;— 5«  Marie;— 4»  Fran- 
çoise. Né  le  l«r  mai  1654,  Benjamin 
de  Ravenel,  sieur  de  Boisteilleul,  épou- 
sa, le  13  oct.  1685,  Catherine-Fran- 
çoise de  Farcy.  Il  sortit  de  France  à  la 
révocation;  mais  quelques  années  a- 
près,  il  revint  dans  sa  patrie  et  fut  re- 
mis en  possession  de  ses  biens,  ainsi 
que  Des  Rocher s-Coudré  (Arch.  M. 
673). 

II.  Luc  de  Ravenel  prit  pour  femme, 
en  i QUI, Renée  de  Gcnnes. î^ous  igno- 
rons s'il  vivait  encore  à  la  révocation; 
mais  nous  savons  que  ses  trois  fils 

25 


RAY 


—  394  — 


RAY 


Jacques,  sieur  deSeran,LucelPAUL, 
sieur  de  Saint-Remy,  lieutenant  de 
vaisseau  (l),  se  convertirent.  Quanta 
sa  femme,  peut-être  est-elle  identique 
avec  une  dame  de  Ravenel,  qui  fut  ex- 
pulsée du  royaume,  en  1688,  comme 
buguenolle  opiniâtre  (Ibid,  E.  3574). 

RAYMOND,  de  Boulène,  capitaine 
huguenot,  qui  défendit  bravement,  en 
i  562,  Camaret  contre  Fabrice,  n'ayant 
sous  ses  ordres  que  60  hommes  de  gar- 
nison. La  brèche  faite,  les  troupes  ca- 
tholiques livrèrent  plusieurs  assauts 
furieux  ;  mais  elles  furent  repoussées, 
et  les  assiégeants  réparèrent  leursmu- 
railles  avec  une  incroyable  diligenc^î, 
y  employant  tout  ce  qui  leur  tombait 
sous  la  main,  jusqu'à  des  animaux 
qu'ils  égorgèrent  dans  ce  but.  Haras- 
sés à  la  fin  par  les  veilles  et  les  fati- 
gues, se  voyant  au  moment  de  manquer 
absolument  de  poudre,  n'ayant  point 
à  attendre  de  secours  de  Crussol,  qui 
était  alors  dans  le  Dauphiné,  ils  réso- 
lurent, plutôt  que  de  se  rendre,  d'a- 
bandonner leurs  demeures.  Pendant 
que  la  garnison  jetait  l'alarme  par  une 
sortie  dans  le  camp  catholique,  hom- 
mes, femmes,  enfants  gagnèrent  la 
campagne  à  la  faveur  de  la  nuit  et  s'é- 
loignèrent sans  être  découverts.  La 
garnison,  de  son  côté,  perça  les  lignes 
ennemies  et  s'échappa  sans  autre  perte 
que  celle  de  Jacques  Arnaud.  Le  len- 
demain, les  Catholiques  entrèrent  dans 
le  village,  qu'ils  briilèrent.  Ils  ne  trou- 
vèrent plus  qu'une  femme  et  deux  jeu- 
nes enfants  qu'ils  égorgèrent  et  jetè- 
rent dans  les  flammes. 

RAYNAUD(Guillai:mede),  ouRe- 
naud,  sieur  d'ALLEiN  ou  ^'Alein,  iils 
apparemment  de  ce  Jacques  de  Ray- 
naud,  dont  les  conseils,  pleins  do  mo- 
dération et  de  sagesse,  suspendirent, 
pendant  quelques  années,  le  massacre 
des  malheureux  Vaudois  (Voy.  VII,  p. 
ol8),  était  un  geniilhomme  d'Arles. 
Il   s'acquit  la  réputation  (c  d'un  des 

(1)  En  1680,  il  assista  ati  gerTÎcc  funèhre  do 
Franroin  Flturji^  sieur  de  Villeueuve,  son  cou- 
sin, qui  fut  enterre  aux  SS.  Tcres  (Elat  civil  de 
P<iri#.  SS.  Pérès,  N«  M). 


meilleurs  hommes  do  pied  et  de  siège 
de  son  temps,  »  par  ses  exploits  dans 
les  Pays-Bas  et  par  la  défense  de  Cas- 
tillon,  qu'il  avait  fortifié  avec  art, 
contre  l'armée  des  Ligueurs  comman- 
dée par  >layenne.  La  ville  fut  prise  par 
composition  et  reprise,  quelquesjours 
après,  par  Turenne  qu'Alicin  assista 
dans  celte  expédition.  Ce  brave  capi- 
taine fut  tué,  en  1 5S7,  dans  les  troupes 
du  roi  de  Navarre, poursuivant  Lavar- 
dinenTouraine.  Guillaume  de  Raynaud 
avait  épousé  Françoise  de  Grasse,  Ses 
descendants  persistèrent  dans  la  reli- 
gion réformée.  En  1718,  Marguerite 
d'Allein  épousa  Isaac  de  Fourré  dans 
l'église  française  de  Hungerford  à 
Londres. 

RAYOT  (Pierre),  né  h  Saint-Jn- 
lien,  village  dans  la  principauté  de 
Montbéliard,  professeur  de  langue  fran- 
çaise à  Hambourg,  à  Brème,  puis  à 
{'université  de  Helrostadt,  a  publié  : 

I.  La  base  ou  le  vray  fondement  de 
la  langue  françoise,  non  moins  néceS' 
saire  àceuxdéjàd'aage  qu'aux  petits 
en  fans,  amateurs  de  la  susdite  langue, 
désirant  s'accoutumer  ou  parvenir  à 
la  naïve pronunciation  d'iceUe  et  selon 
qu'elle  est  pour  le  jour  d'hui  protwm- 
cep,Hamb.,  1636,  in-8«;  trad.  en  latin, 
Witeb.,  1667,  in-80. 

II.  Deux  tables  des  déclinaisons  et 
conjugaisons  françaises, Hamb.,  1 636. 

III.  Dialogues  ou  colloques  français 
et  allemands,  Hamb.,  1636,  in-8». 

IV.  Nomenclature  historiale  et  fa- 
buleuse, traitant  l»  de  l'homme  et  de 
ses  parties;  2*  des  habits  avec  leurs 
appartenances  ;  o°du  manger  et  boire  ; 
4*  de  la  monstrueuse  gourmandise 
d*aucnns  hommes  du  temps  passé; 
•S'^de  l'ycrongnerie,  en  franc,  etenal- 
lem.,  Hamb.,  1G3G,  in-s».  ' 

V.  Le  petit  catéchisme  de  Luther, 
en  franc,  et  en  allem.,namb.  ,1 637, 8». 

M.  L'école  de  bonne  grâce,  oderdie 
Schule  der  Hôflichkeit,  Hamb.,  i  638, 
in-80. 

Vil.  Le  soûlas  des  cretiens,Brtme, 
1640,  in-8s  Helmst.,  1657,  ln-l2. 
VHI.  Jardin  de  plaisance,  en  franc. 


REB 


—  395  — 


REB 


et  en  allem. ,  Brème^  1642,  in-S». 

IX.  Le  souhait  des  AUemans,  oder 
der  Teutschen  IVunsch^insich  haltend 
eine  Franzôs.  1»  Grammalicam,  2» 
Syntaxirif  3»  Complementier-Buch, 
A<*£pistel'Formular,  Brem.,  i  643, 8». 

X.  Grammatica  linguœ  gallicœ, 
Helmst.,  1656.  in- 8^ 

XI.  Miroir  des  vertus,  vices  et  du 
train  des  hommes,Ce\\e^  1658,in-12. 

XII.  Nucleus  linguœ  gaUicœ , 
Helmst.,  1659,  in-8«>. 

Xni.  Gemma  linguœ  gallicœ. 

XIV.  Récréation  de  la  jeunesse  ou 
Recueil  d'histoires  et  apophthegmei 
pour  se  divertir,  WilU,  1660,  in-12. 

REBOUL  (Guillaume), écrivain  sa- 
tirique et  mordant,  naquit  à  Nismes 
d'une  famille  protestante.  Au  retour 
d'un  voyage  qu'il  Ût  à  Avignon  et  à 
Paris,  soupçonné  de  s'être  laissé  ga* 
gner,  à  cause  des  manœuvres  qu'il 
employait  pour  jeter  la  division  dans 
le  consistoire  de  Nismes,  il  fut  frappé 
d'excommunication,  en  1595,  à  la 
poursuite  du  pasteur  Jean  de  FalguB' 
rolles.  Vers  le  même  temps,  le  duc  de 
Bouillon,  auprès  de  qui  il  remplissait 
les  fonctions  de  secrétaire,  l'accusa  de 
lui  avoir  soustrait  une  somme  assez 
considérable.  La  crainte  des  poursuites 
dont  il  était  l'objet,  le  décida  à  passer 
à  Avignon,  où  il  abjura  en  1596.  De 
là  il  se  rendità  Rome  sous  les  auspices 
du  P.  Collon,  et  il  y  trouva  dans  le 
cardinal  d'Ossatun  prolecteur  zélé.  Ce 
fut  en  vain  qu'il  sollicita  cependant  la 
récompense  de  son  apostasie  et  des 
services  qu'il  prétendait  avoir  rendus 
et  rendre  encore  à  la  religion  en  pu- 
bliani  contre  les  ministres  protestants 
des  libelles  remplis  de  fades  plaisante- 
ries et  de  calomnies  atroces.  Après 
avoir  patienté  pendant  une  dizaine 
d'années,  il  finit  par  s'irriter  et  écrivit 
contre  le  pape  une  satire,  qui  le  Ot 
condamner  à  mort.  Il  fut  exécuté  dans 
sa  prison,  le  25  sept.  1611.  Voici  la 
liste  des  ouvrages  qu'on  lui  attribue 
avec  plus  ou  moins  de  fondement. 

1.  Saljnoné,  1596.— Satire  violente 
dirigée  principalement  contre  le  minis* 


tre  /.  de  FalguerolUs  qui  y  répondit. 

II.  Second  Salmoné,  imp.  avec  le 
N»  I,  Lyon,  1 597,  in-l  2  ;  Arras,  1 600, 
In-12.  —  Attaques  encore  plus  gros- 
sières contre  tous  les  pasteurs  du  Lan- 
guedoc. 

III.  La  cabale  des  Réformez  tirée 
nouvellement  du  puits  de  Démocriie, 
Montp.  1597,  in-8o;  1600,  in-8»; 
1601,  in-12. — Douteux. 

IV.  Du  schisme  des  prétendus  Ré» 
formez,  Lyon,  1597,  in-12. 

V.  Les  Actes  du  synode  universel  de 
la  sainte  Réformation,  tenu  à  Mont' 
pellier  le  1 5  may  1 598,  Satire  Ménip* 
pée  contre  les  prétendus  Réformez, 
Montp.,  1599,  in-8o;  1600,  in-l  2. 

VI.  Apologie  sur  la  Cabale  des  Ré^ 
formez  [Lyon],  1597,  in-8«  [Montp.], 
1600,  in-8«;  s.  l,  1601,  in-12. 

VII.  L anti-huguenot ,  s.  1.,  1598, 
in-l 8;  1599,  in-12;  1600,  in-12. 

VIII.  L'Apostat,Lyou,i604,  in-8». 
— Il  rend  compte  des  prétendus  motifs 
de  sa  conversion. 

IX.  Les  plaidoyés  de  G.  Reboulcan-» 
tre  les  ministres,  Lyon,  1604,  in-8^. 

X.  Le  premier  acte  du  synode  noc» 
tume  des  Tribades  Lemanes,  1608, 
ln-18;  Paris,  1852. — Douteux. 

XI.  Apologie  pour  ceux  d'entre  les 
Anglais  catholiques  qui  refusent  de 
prêter  le  serment  d'obligeance  [allé- 
geance] exigé  par  Jacques  I,  composée 
à  Rome  1611,  in-12.  — C'est  sans 
doute  le  pamphlet  contre  le  roi  d'An- 
gleterre dont  Casaubon  le  déclare  l'au- 
teur et  dont  le  savant  Prosper  Mat^ 
chand  ne  put  se  procurer  aucun  exem- 
plaire. Quant  aux  satires  de  Beboul 
contre  le  Pape  et  contre  Villeroy,  il  ne 
parait  pas  qu'elles  aient  été  imprimées, 
non  plus  que  d'autres  diatribes  qu'il 
avait  composées  contre  ses  ennemis  les 
ministres. 

A  l'époque  de  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes,  deux  pasteurs  du  nom  de 
Reboul  exerçaient  leur  ministère  dans 
le  Vivarais.  L'un  desservait  depuis  de 
longues  années  l'église  de  BofiTre  ;  il  se 
convertit.  L'autre,  qui  avait  été  admis 
au  ministère  en  1681  (Àreh.  gén.Tr. 


REB 


—  396  — 


REC 


280]  et  placé  à  ChÀteaunenr/sortit  de 
France,  et  se  relira  dans  le  Brande- 
bourg. Il  fat  successivement  ministre 
àZiethen^  en  1686,  à  Cagar,en  1689^ 
à  Angermunde,  en  1 690, oii  il  eut  pour 
successeurs  Jean  Renier  et  Pierre  Pc- 
lorce,  et  enfin  à  Battin,  en  t697. 

REBOULET,  nom  d'une  famille  da 
Vivarais,  qui  a  donné  plusieurs  pas- 
teurs aux  églises  de  cette  provincedans 
la  seconde  moitié  du  xtip siècle  ;  mais 
le  seul  de  tous  ces  ministres  de  l'Evan- 
gile qui  nous  soit  connu  autrement 
que  de  nom,  est  Paul  Reboulct,  né  à 
Privas,  le  19  fév.  1655,  de  Pierre  Re- 
boulet, docteur  en  théologie  et  pasteur 
de  l'église  de  Tournon- lès -Privas 
[Arch.  gén.  Tt.  259). 

Admis  au  minisière  en  1677  {Ibid. 
Tt.  528),  Paul  Reboulet  fut  attaché 
d'abord  à  l'église  de  Saint-Voy;  mais 
il  ne  tarda  pas  à  être  appelé  à  Tournon- 
lès-Privas  comme  collègue  de  son  père. 
A  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  il 
se  retira  à  Zurich  (MSS,  de  Berne. 
Hist.  helv.  VU.  9)  et  fut  chargé  d'y 
desservir  l'église  française.  En  1697, 
le  pasteur  de  Bâle,  Jean  de  Tournes, 
le  prit  pour  vicaire,  à  ce  que  rapporte 
Petit-Pierre  dans  son  Histoire  de  l'ori- 
gine et  des  progrès  de  l'église  fran- 
çaise de  Bâle,  dont  le  msc.se  conserve 
à  la  Biblioth.  ecclésiastique  de  cette 
ville.  Au  mois  d'oct.  de  la  même  an- 
née, Reboulet  accepta  la  place  de  mi- 
nistre à  Coire;  puis  son  successeur 
Coderc  ayant  été  appelé  à  Gassel  en 
1699,  et  de  Tournes  ayant  donné  sa 
démission,  il  retourna  à  Bâle,  sur  les 
instances  du  consistoire,  et  fit  son  ser* 
mon  de  rentrée  le  2  juillet.  Il  mourut 
de  mort  violente,  dit  Petit-Pierre,  le 
13  avril  1710,  fort  regretté  de  son 
troupeau,  dont  il  avait  gagné  l'estime 
par  ses  talents  et  sa  piété.  J.-Gh.  Ise- 
lin  prononça  son  oraison  funèbre.  Ou- 
tre le  Voyage  en  Suisse,  qu'il  publia 
en  collaboration  avec  son  ami/ean  de 
La  Brune  (Voy.  ce  nom),  on  a  de  lui, 
selon  le  Lexikon  de  Lcu  : 

I.  Réflexions  sur  la  lettre  d'aposta^ 
sie  de  M.  Gilbert. 


II.  Pensées  sur  lerétablissementdes 
Réfugiés  en  France. 

m.  Essai  de  controverses,  Bâle, 
1704,  in-12. 

IV.  Entretiens  sur  les  Saints  ajoutés 
et  sur  la  décadence  des  nouveaux  mi" 
racles^  Colog.,  1705,  in-l2. 

Dans  une  liste  de  Réfugiés  que  nous 
avons  eue  entre  les  mains  (Arch.  gén. 
Tt.  322),  à  côté  du  nom  de  Paul  Re- 
boulet figure  celui  de  Dante/  Reboulet, 
qui  n'était  encore  que  proposant  lors- 
qu'il sortit  de  France.  Les  Registres 
du  consistoire  de  l'église  française  de 
Bâle  nous  apprennent  qu'il  était  natif 
de  Chassagne  en  Vivarais,  et  qu'il  avait 
pris  le  nom  de  La  Sablière.  Admis  au 
ministère  par  les  pasteurs  de  Bâle,  le 
i5]anv.  1688,  Use  rendit  plus  tard 
en  Hollande  et  fnt  placé  à  La  Haye.  De 
son  mariage  avec  Marie-Marguerite 
van  der  Poel  naquit  Adriàns-Marib, 
qui  mourut  à  Bâle  en  1779. 

RECHIGNEVOISIN  (Bbrnabbdb), 
sieur  Des  Loges,  mort  en  Flandres  à 
la  suite  du  duc  d'Alençon,  laissa  trois 
enfants  de  son  mariage  avec  Jeanne 
(fe  La  fiera  wdicre,  savoir  :  1»  Nicolas, 
sieur  de  Monts,  marié  à  Marguerite 
Du  Massif  et  père  d'une  fille  unique, 
nommée  Catherine  ;  —  2»  Charles, 
qui  suit;  —  3»  Gabrielle,  femme,  en 
1613,  de  Louis  Gamier,  sieur  de  La 
Sauvagère,  dont  les  descendants  étaient 
encore  signalés  comme  suspects  de 
protestantisme  en  \^d2  [Arch.  gén.  E. 

3378). 

Charles  de  Rechignevoisin,  sienr 
Des  Loges,  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi,  épousa  if ariefiru- 
fieau  (Voy.  ce  nom).  Neuf  enfants  na- 
quirent de  ce  mariage,  selon  les  bio- 
graphes de  M°i«  Des  Loges  ;  mais  ils 
ne  donnent  les  noms  que  de  trois.  Fil- 
leau  en  connaissait  six  :  !<>  Charles, 
qui  suit;— 2»  Gabriel,  sieur  des  Ma- 
rais, capitaine  au  service  de  Hollande, 
qui  fut  tué  à  la  bataille  de  Prague,  et 
ne  laissa  qu'une  fille;  —  3»BENJAMfN, 
mort  des  blessures  qu'il  reçut  au  sié^e 
de  Breda; — 4^  Maurice,  mort  en  Hol- 
lande; —  5»  Gatobrini,  femme  de 


RFX 


—  397  — 


RÉC 


Charles  de  Lescours,  sieur  de  LaPlau; 
— 6«  Louise,  née  le  1 3  fév.  1 6 1 3,  qui 
eut  pour  marraine  la  princesse  d'O- 
range, et  mourut  sans  avoir  été  mariée. 

Charles,  sieur  Des  Loges,  til  ses  pre- 
mières armes  en  Hollande,  et  s'éleva, 
en  passant  par  tous  les  grades,  jus- 
qu'à celui  de  général-major.  11  épousa 
Madelaine  van  der  Myle  [Meulen?], 
dont  il  eut:  i*  Henri,  sieur  Des  Loges, 
capitaine  de  cavalerie  en  Hollande^ 
mort  en  1 665  ;  —  2«  Améline,  morte 
fille,  en  1663; — 3®  Marie,  femme,  en 
1660,  de  Philippe  de  Golstein  [Gold- 
stein?].  Telle  est  la  généalogie  donnée 
par  Filleau  dans  ses  Familles  du  Poi- 
tou ;  elle  n'est  pas  complète,  mais  les 
renseignements  nous  manquent  pour 
en  combler  les  lacunes. 

RÉCLAM  (Frédéric)  ,  peintre  et 
graveur,  né  à  Magdebourg  en  1734. 
Après  avoir  étudié  à  Berlin  dans  l'a- 
telier d'Antoine  Pesne,  Réclam  se  ren- 
dit à  Paris,  oii  la  protection  et  les  con- 
seils du  joaillier  de  la  Cour,  Lempe- 
reur,  à  qui  il  avait  été  recommandé^ 
lai  furent  d'une  grande  utilité.  Il  con- 
tinua ses  études  sous  le  professeur  à 
l'Académie  de  Paris,  J.-B.-M.  Pierre, 
et  se  rendit  ensuite  en  Italie.  A  Rome, 
il  fut  bien  accueilli  par  Winckelmann, 
quoique,  au  rapport  de  Nagler,  le  sa- 
vant archéologue  ne  fit  pas  grand  cas 
du  jeune  artiste  qu'il  trouvait  trop 
imbu  des  idées  de  l'Ëcole  française.  A 
son  retour  à  Paris,  Réclam  s'occupa 
surtout  de  portraits;  on  ne  possède  de 
lui  qu'un  petit  nombre  de  paysages. 
Plusieurs  graveurs,  Bause,  Berger, 
Cbodowiecki,ontgravé  d'après  lui;  son 
portrait  a  été  gravé  par  ce  dernier. 
Réclam  mourut  à  Berlin  en  1 774.  Par- 
mi ses  propres  gravures,  signées  les 
unes  d'un  monogramme,  les  autres 
des  initiales  de  son  nom,  nous  cite- 
rons, d'après  Nagler  :  i .  Portrait  du 
Grand 'Frédéric,  in-fol.  ;  —  2.  Por* 
trait  de  Fr  édéric-Henri-Charles,  prin* 
ce  de  Prusse,  in-fol.; —  3.  Paysages 
italiens,  avec  montagnes  et  cascades, 
dédiés  au  comte  deCaunitz,  1765,  huit 
feuilles  petit  in-4<»;— 4.  Vues  dis  en- 


virons de  Paris,  avec  figures,  F.  R. 
ou  F.  Réclam  ad  vi.  del.  sculp.  1755, 
4  feuilles  pet.  in-4o  ou  gr.  in-g»;— 

5.  Vues  prises  dans  les  environs  de 
Sceaux,  1755,  2  ff.  petit  in-40;  — 

6.  Suite  de  Six  paysages,  F.  Réclam 
ad  vi.  del.  sculp.,  rouge  et  noir,  pet. 
ln-4»;  —  70  Vue  de  Tivoli  avec  ses 
cascades,  d'après  lui-même,  pet.  in- 
4^;  Huber  indique  quatre  feuilles  re- 
présentant des  ruines  et  des  cascades 
des  environs  de  Tivoli; —  8.  Route  à 
travers  un  village,  Mclam  fec.  Romae, 
ln-80;  —  9.  Carrière  des  environs  de 
Rome,  d'après  lui-même,  2  feuilles  in- 
4»,  Réclam  pinx.  et  se; — 10.  Ruines 
romaines,  Réclam  fec.  Romœ,  in-40; 
—11.  Vue  prise  aux  environs  de  Ber^ 
lin,  pet.  in-4«;  —  12.  Le  if  afin  et  le 
Soir,  d'après  Moucheron  et  Dubois , 
in-i». 

RÉCLAM  (PlERRE-CHRISTIAN*FRfi« 

DÉRic),  pasteur  de  l'église  française  de 
laFriedrichsstadtetprofesseurau  Collè- 
ge français  de  Berlin,  naquit,  le  1 6  mars 
1 7  4 1 ,  à  Magdebou  rg,  où  son  père,  nota- 
ble commerçant,  remplissait  la  charge 
de  bourgmestre  de  la  colonie  palatine. 
Sa  famille  avait  quitté  Genève,  où  elle 
s'était  réfugiée  en  sortant  de  France, 
selon  le  témoignage  positif  de  Cattcau- 
Calleville,  quidevailêlre  bien  informé, 
et  celui  non  moins  concluant  d'i4/cxan- 
dre  Réclam,  parent  de  notre  pasteur, 
que  nous  avons  compté  au  nombre  de 
nos  amis  (1). 

Le  jeune  Réclam  commença  ses  étu- 
des dans  sa  ville  natale;  mais  il  alla 
les  continuer,  en  1758,  au  Collège 
français  de  Berlin,  sous  la  direction  du 
pasteur  Erman,  à  qui  il  était  particu- 
lièrement recommandé  et  qui  le  prit 
en  aiïeclion  singulière.  Les  heureuses 
dispositions  qu'il  avait  reçues  de  la 
nature,  se  développèrent  rapidement. 
En  1765,  il  remplaça  Louis-Frédéric 

(1]  Aleiandre  Rèclam,  qui  est  mort  à  U  flenr 
de  l'âge,  a  composé,  entre  autres  opuscules,  sous 
le  titre  deFab^tn,  un  recueil  de  70  fables,  enjpro- 
se,  ii  l'imitation  de  celles  de  Lessing,  dont  plu- 
sieurs sont  des  modèles  de  oaï? été  et  de  grâce  ;  ce 
recueil  a  été  imprimé  par  son  frère  Chaiies-IIenri^ 
libraire  à  Leipzig,  ÏBAI,  iD-8«. 


RÉC 


—  398  - 


REF 


Ancillon  dans  la  place  de  catécbiste, 
et  il  commença  dès  lors  à  prêcher, 
mais  sans  beaacoap  de  succès.  On 
trouva  son  discours  trop  fleuri ,  ses 
sermons  trop  ingénieux  pour  la  chaire 
chrétienne^  et  sa  déclamation  trop  théâ- 
trale :  défautsdont  l'âge  et  l'expérience 
devaient  promplement  le  corriger.  On 
ne  tarda  pas  à  changer  de  sentiment  sur 
soncompte  et  à  voir  en  lui  un  grand  pré- 
dicateur. 11  excellait  surtout  à  tirer  de 
son  texte  des  enseignementsapplicables 
aux  dispositions  morales  de  son  trou- 
peau. La  fidélité  scrupuleuse  qu'il  ap- 
portait à  l'accomplissement  de  ses  de- 
voirs, le  fil  choisir,  en  1767,  pour 
troisième  pasteur  de  laFriedrichsstadt. 
11  Joignit  à  cette  place  celle  de  prores- 
seur  au  séminaire  théologique ,  qu'il 
remplit  gratuitement,  et,  depuis  1 775, 
n'écoutant  que  son  zèle,  qui  lui  fit  ou- 
blier les  soins  réclamés  par  sa  santé 
délicate.  Il  se  chargea,  en  outre,  moyen- 
nant une  faible  rétribution,  de  donner 
des  leçons  dans  le  Collège  français.  En 
1773,  WépousàMarie'Henriette'Char" 
lotte  Stosch,  femme  célèbre  dans  la 
seconde  moitié  du  siècle  passé,  qui 
ealtiva  avec  succès  la  poésie  allemande 
et  la  poésie  française;  on  ne  nous  ap- 
prend pas  s'il  en  eut  des  enfants.  H 
mourut  le  22]anv.  1789,  à  l'âge  de 
48  ans. 

Outre  les  ouvrages  qu'il  a  publiés 
en  collaboration  avec  Jean-Pierre  Er- 
man  (Voy.  ce  nom),  on  a  de  Réclam  : 

I.  Des  penchants,  Amst.,*1769,  in- 
8».— Trad.  de  l'allemand  de  Cochius. 

II,  SermonSf  Berlin,  1782,  in-S^. 
m.  Sermnnprononcé  dann  le  temple 

de  la  FrieJrichsstadt  pour  l'installor 
tion  de  M,  le  pasteur  Hauchecorne, 
Berlin,  1783,  in-8o. 

IV.  Pensées  philosophiques  sur  la 
religion,  Berlin,  1785,  in-S».— ïrad. 
d'une  partie  des  dissert,  de  Garve  sur 
le  traité  de  Gicéron  De  oillciis. 

V.  Waidemar,  margrave  de  Bran- 
debourg, Berlin,  1787,  in-8o;  trad.en 
allem.parsafenime,Berl.,i788,in-8». 

VI.  Sermons  sur  divers  textes  de 
l'Ecriture  sainte  yherL,  1 790, 2  vol.  8°. 


Hirschinglui  attribue,  en  outre,  une 
part  de  collaboration  dans  le  Monu- 
ment séculaire  consacré  à  la  miémoire 
de  Frédéric-Guillaume,  que  nous  avons 
cité  parmi  les  ouvrages  d'£rman,  et 
d'autres  biographes  prétendent  que 
c'est  lui,  et  non  pas  son  collègue,  qui 
a  publié  rOraison  funèbre  de  Frédé- 
ric II. 

REDOSTIÈRE  (Isàbbau),  jeune 
paysanne  de  Milieyrines,  âgée  d'envi- 
ron 1 8  ans,  prophétesse  dans  les  Ce- 
vennes  à  l'époque  du  voyage  de  ^rotu- 
8on.  Accompagnée  d'une  amie,  nom- 
mée Pintarde,  d'un  ou  deux  ans  plus 
Jeune  qu'elle,  elle  allait  de  bourgade 
en  bourgade,  «  faisant  des  assemblées 
où  elles  exhortaient  Je  peuple  par  la 
Parole  de  Dieu  à  se  convertir,  à  sesanc- 
tiûer,  à  reprendre  son  zèle  et  à  don- 
ner gloire  à  Dieu,  »  et  joignait  d'ar- 
dentes prières  à  ces  pieuses  exhorta- 
tions. Toutes  deux  étaient  si  modestes, 
si  humbles,  si  simples  que  Brousson 
en  fut  ravi  d'admiration.  Après  avoir 
erré  ainsi  pendant  deux  ans,  elles  fu- 
rent arrêtées  et  conduites  devant  Bas- 
ville,  qui  leur  demanda  si  elles  igno- 
raient que  le  roi  défendait  de  prêcher. 
«Nous  le  savons,  répondirent-elles  an 
terrible  intendant,  mais  le  Roi  des  rois, 
le  Dieu  du  ciel  et  de  la  terre,  le  com- 
mande, et  nous  sommes  obligées  d'o- 
béir à  Dieu  plutôt  qu'aux  hommes.  » 
Basville  les  menaça  du  dernier  sup- 
plice. «Vos  menaces,  lui  dirent-elles, 
sont  incapables  de  nous  étonner,  et 
nous  sommes  toutes  disposées  à  souf- 
frir la  mort  pour  la  gloire  de  Dieu,  au 
service  duquel  nous  nous  sommes  con- 
sacrées. »  Redoutant  l'impression  que 
le  supplice  de  deux  filles  si  jeunes  pro- 
duirait sur  les  esprits,  Basville  n'exé- 
cuta pas  sa  menace.  Il  se  contenta  de 
les  faire  conduire  1  une  à  la  Tour  de 
Constance,  et  l'autre  au  château  de 
Sommicres,  où  elles  eurent  beaucoup 
à  souiïrir,  sans  que  leur  constance  fût 
ébranlée  (MSS.  de  Court,  N»  39). 

REFUGE  (Jean  db),  ou  Reffuge, 
comte  de  Couesmes,  seigneur  de  Ga- 
lardon  et  chambellan  do  dac  d'Alen- 


REF 


—  399  — 


RÉG 


çon,  faisait,  en  1574,  la  guerre  sons 
les  ordres  du  prince  d'Orange,  lorsqu'il 
alla  rejoindre  Montgommery,  son  beau- 
père,  avec  qui  il  rentra  en  France (V'oi/. 
VU,  p.  478).  Il  fut  tué  en  duel  à  Paris, 
en  1579,  par  La  Primaudaye  (Voy.VI, 
p.  327).  De  son  mariage  avec  Claude 
de  Montgommery  naquirent  un  flls  et 
trois  filles,  nommées  Elisabeth,  Su- 
8ANNE  et  MABELAirsE.  Lo  flls,  qui  avait 
reçu  au  baptême  le  nom  de  Jean,  prit 
pour  femme  Marie-Madelaine  de  Clu- 
gny,  dont  il  eut  Jean  et  Jean-Locis. 
Ce  dernier  ne  laissa  pas  d'enfants  de  sa 
femme  Catherine  Letani,  L'atné,  baron 
de  Galardon  et  comte  de  Couesmes,  é- 
pousa,  en  1632,  Susannede  Meaussé, 
fille  de  Paul,  sieur  de  La  Rainville,  et 
de  Marie  de  RemigiouXy  qui  lui  donna 
6ÉDÉ0N  et  Madelainb.  Gédéon  se  ma- 
ria avec  Louiae  de  Cliaumont-de-Lec- 
ques,  dont  il  n*eut  que  deux  filles.  Ma- 
RiE-MADBLAnsB  ct  LOUISE.  Celle-cl  é- 
pousa,  en  1 652,  Jacques  de  Saint-De- 
nis^ sieur  de  Vervaine,  et  mourut  en 
1684,  âgée  de  50  ans  (Etat  civil  de 
Paris,  SS.  Pères,  N»  93).  La  même  an- 
née, au  mois  d'octobre,  le  comte  de 
Refuge,  qui  était  détenu  au  Petit-Châ- 
telet,  nous  ne  savons  pour  quel  motif, 
manifestant,  disait-on,  le  désir  de  se 
convertir,  Louis  XIV  lui  envoya  le  jé- 
suite Robinet  dont  l'éloquence  échoua 
complètement,  en  sorte  que  le  roi  in- 
digné envoya  le  comte  avec  sa  femme 
à  la  Bastille,  le  mois  suivant  [Arch. 
gén.  Ë.  Â3G9).  11  en  sortit  bientôt,  sans 
aucun  doute  au  prix  d'une  abjuration, 
et  la  comtesse,  qui  fut  transférée,  en 
1686,  dans  un  couvent  d'Orléans  (Ibid, 
£.  3372),  finit  par  imiter  son  exemple. 
Cependant,  comme  on  suspectait  leur 
bonne  foi  et  qu'on  craignait  une  éva- 
sion, on  les  interna  l'un  et  l'autre  à 
Rouen  en  1688  (Ibid.  E.  3374).  Ce  fut 
sans  doute  pour  donner  des  gages  de 
sa  sincérité  au  gouvernement  que  le 
comte  de  Refuge  publia  La  paix  de  Dieu 
pour  étreannoncée  à  tous  les  chrétiens, 
par  G.  C.  de  Refuge  réuny  à  l'E,  C.y 
Paris,  1690,  in-12. 
Lagénéalogiequi  précèdeetque  nous 


avons  reproduite  d'après  le  Dict.  delà 
Noblesse,  n'est  pas  complète.  Il  n'y  est 
fait  mention  ni  do  Susanne  de  Refuge, 
que  Benoit  cite  dans  ses  listes  de  per- 
sécutés et  qui  sortit  de  France,  ni  de 
Sylvie  de  Refuge,  qui  épousa  Samuel 
de  Frouville^  sieur  de  L'Eperonnière, 
et  suivit  probablement  son  exemple  en 
se  convertissant,  ni  d'une  dame  do  Re- 
fuge, qui  mourut  buguenotte  en  1687 
et  dont  les  biens  furent  donnés  à  ses 
nièces  nouvelles  catholiques,  Marie- 
Madelaine  et  Louise-Angélique  de  Re- 
fuge  (Arch.  Tt.  252). 

REGIN  (Claude),  docteur  en  droit, 
que  Sainte-Marthe  qualifie  de  «  erudi- 
tus  ac  bonus  plané  vir,  »  naquit  à  Riom 
d'une  famille  noble.  Prieur  d'un  cou- 
vent du  Lavédan  et  partisan  timide  des 
opinions  nouvelles,  il  sut  mériter  la  fa- 
veur de  Marguerite  de  Navarre,  qui 
le  fit  un  de  ses  maîtres  des  requêtes  or- 
dinaires, conseiller  à  Téchiquier  et  au 
conseil  d'Alençon.  Après  la  mort  de 
Gérard  Roussel,  en  1560,  Regin  lui 
succéda  sur  le  siège  épiscopal  d'Oleron, 
qu'il  occupa  jusqu'en  1580.  Accusé 
d'hérésie,  il  fut  cité  à  comparaître  à 
Rome  pour  s'y  purger  de  cette  impu- 
tation ;  mais  les  circonstances  étaient 
peu  favorables  aux  prétentions  du  pa- 
pe>  et  rafiaire  n'eut  pas  de  suite. 

RÉGIS  (Pierre),  médecin  célèbre, 
né  à  Montpellier  en  1656,  et  mort  à 
Amsterdam,  d'un  abcès  dans  l'esto- 
mac, le  30  déc.  1726. 

Régis  était  apparemment  le  petit- 
fils  de  Pierre  Régis,  apothicaire  et  an- 
cien de  l'église  de  Montpellier  en  1 635. 
11  commença  ses  études  dans  sa  ville 
natale,  et  alla  les  terminer  à  Puy-Lau- 
rens.  De  retour  à  Montpellier,  il  suivit 
pendant  quelque  temps  les  conférences 
du  célèbre  cartésien  Pierre  -  Sylvain 
Régis,  et  lorsqu'il  crut  s'être  sufllsam- 
ment  fortifié  dans  la  philosophie,  il 
s'appliqua  aux  mathématiques,  qu'il 
apprit  avec  une  remarquable  facilité 
et,  pour  ainsi  dire,  sans  le  secours 
d'aucun  maître.  Il  se  livra  ensuite  avec 
une  égale  ardeur  à  l'étude  de  la  mé- 
decine, où  il  fit  de  si  rapides  progrès 


REG 


—  400  — 


REG 


que,  dès  1678,  il  fut  en  état  de  pren- 
dre ses  degrés.  Cl'ayant  encore  que 
22  ans,  il  fut  assez  sage  pour  sentir 
la  nécessité  de  se  perfectionner  dans 
son  art  avant  de  se  mettre  à  le  prati- 
quer. Il  vint  donc  à  Paris,  où  il  suivit 
les  cours  de  Duverney  et  de  Lémery, 
et  oii  il  se  lia  d'amitié  avec  beau- 
coup de  gens  de  lettres  éminents.  Il 
était  depuis  quelque  temps  de  retour 
dans  sa  ville  natale,  lorsque  la  révo- 
cation de  redit  de  Nantes  vint  lui  fer- 
mer la  carrière  dans  laquelle  il  entrait 
avec  succès.  Il  n'bésita  pas  à  acheter 
la  paix  de  sa  conscience  au  prix  d'une 
fortune  considérable,  et  se  retira  à 
Amsterdam,  où  il  continua  à  exercer 
la  médecine  jusqu'à  sa  mort.  «  Il  étoit 
naturellement  doux  et  complaisant,  lit- 
on  dans  Nicéron,  sans  ambition  et  in- 
capable de  nuire  à  personne.  »  On  a 
de  lui  : 

I.  Lettre  à  M,  Chauvin  sur  la  pro- 
portion selon  laquelle  l'air  se  conden- 
se, imp.  dans  la  Biblioth.  universelle 
de  Le  Clerc  (Vol.  XVIl). 

II.  Obs,  touchant  deux  petits  chiens 
d'une  même  ventrée  y  qui  sont  nez  ayant 
le  contr  situé  hors  de  la  capacité  de  la 
poitrine,  ins.  dans  le  Journal  des  sa- 
Tans  (1681). 

III.  M,  Malpighii  opéra  posthuma, 
edit.  secunda,  Amst.,  1698,  in-4o.  — 
Edit.  infiniment  supérieure  pour  la 
correction  à  la  première;  Régis  y  a 
ajouté  des  suppléments  et  une  préface. 

IV.  Préjugez  légitimes  contre  les 
réflexions  qu'on  vient  d'imprimer  sous 
le  nom  du  consistoire  wallon  d'Am- 
sterdam, sur  le  mémoire  hist,  et  in- 
structif pour  le  changement  d'une  ver- 
sion française  des  Pseaumes,  revue  et 
corrigée,  Amst.,  1718,  in-fol.  —  Dou- 
teux. Critique  spirituelle  de  la  sottise 
de  ceux  qui  s'opposaient  à  l'introduc- 
tion de  la  trad.  des  Psaumes  par  Con- 
rart  dans  les  églises  réformées. 

A  Toccasion  de  la  peste  qui  désola 
Marseille  sous  la  Régence,  Régis  en- 
voya à  son  frère /<'an-/acgue5,  commis 
au  magasin  des  galères,  qui  s'était 
converti  et  avait  obtenu,  en  1688,  le 


don  de  ses  biens  (Àrch,  gén.  E.  5574), 
quelques  observations  sur  les  Moyens 
de  se  préserver  de  la  peste,  que  Lan- 
gueron  trouva  si  judicieuses  qu'il  crut 
devoir  les  publier  dans  l'intérêt  géné- 
ral. 11  fut  aussi  un  des  collaborateurs 
de  Basnage-de-Beauval  dans  la  ré  imp. 
du  Dict.  de  Furetière,  et  revit  tous  les 
articles  de  botanique  et  de  médecine. 
Enfin  il  avait  travaillé  longtemps  à  un 
Dict.  demédecine,  qu'il  supprima  avant 
sa  mort,  ainsi  que  des  Conseilâ  et  ob- 
servations de  médecine. 

RÉGIVS  (DÉSIRÉ),  capucin  de  la 
Lorraine,  lecteur  de  philosophie  et  de 
théologie  dans  son  couvent,  se  retira 
en  Allemagne  et  embrassa  la  religion 
protestante  à  Marbourg  en  1644.  Plus 
tard  y  il  alla  s'établir  à  Hambourg  et 
mourut  dans  l'Allemagne  du  Nord,  on 
ne  nous  apprend  pas  en  qudle  année. 
On  a  de  lui  : 

I.  Apocalypsis  nova  Babylonis  anti- 
ques, carminé  conscripta  et  Marpur- 
gii2Tnov,  i  6  44rect7afa,Cassel.,  1 646, 
in-S^";  2«édlt.,  Hamb.,  1648,  in-8«; 
trad.  en  allem.,  Cassel,  1647,  m-4*. 

II.  Aurea  redux,  Rintein,  1647, 8*. 

III.  Clypeusconjugiiclericalis,v€r- 
sibus  exhibitus,  Hamb.,  1648,  in-8*; 
Lubec.,  1649,  in-8*;  trad.  en  allem., 
Gopenh.,  1649,  in-8o. 

IV.  ApexLubecensis,  Lobec.,  1649, 
in-80. 

V.  Lubecana  fide^  cum  Clypeo  con- 
jugii,  etc.,  Lubec.,1649,  in-s». 

VI.  Fidei  catholicœ  christianœ  wU- 
nera,  Hafn.,  1649,  in-8^ 

VII.  Apologia  rationis  hwnatuB, 
Lugd.  Bat.,  1657. 

REGNAULT  (Nicolas)  a  publié  un 
Discours  véritable  des  guerres  et  trai- 
tés avenus  au  pays  de  Provence,  en- 
voyé à  M,  le  comte  de  Tende,  lieu- 
tenant pour  le  roy  en  Provence.  La 
!'«  édit.  parut  à  Lyon;  on  n'en  connaît 
pas  d'exemplaire.  Elle  fut  réimp.  dans 
la  même  ville  en  1564,  in-40;  puis, 
sans  nom  de  lieu  ni  de  libraire,  eh 
1564,  in-80,  et  en  dernier  lieu  dans  le 
T.  III  des  Mémoires  do  Condé.  Re- 
gnault,  qui  servait  dans  les  troupes 


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huguenottes^  parle  en  témoin  ocolaire 
de  la  plupart  des  faits  qa'il  raconte. 

RÉGNIER  (PiERBE),  sieur  de  La 
Planche,  en  Poitou,  lieutenant  géné- 
ral au  siège  présidial  de  Poitiers,  fut, 
au  rapport  de  Florimond  de  Rsmond, 
nn  des  premiers  habitants  de  cette  ville 
qui  se  laissèrent  séduire  par  Calvin 
[Voy.  l,  p.  206).  C'est  dans  son  jardin 
que  s'assemblèrent  les  premiers  dis- 
ciples du  grand  réformateur.  Filleau, 
qui  l'appelle  ÊUe ,  lui  attribue  deux 
ouvrages  de  droit  ;  mais,  selon  Dreux 
du  Radier,  ils  appartiennent  à  son  père 
Élie,  décédé  en  1527.  Pierre  Régnier 
mourut  en  nov.  1570^  après  avoir  été 
marié  deux  fois.  Sa  première  femme, 
Jeanne  de  Terves,  lui  avait  donné  qua- 
tre enfants  :  i»  Louis,  qui  suit  :  — 
2«  Élise;— 30  Pierre,  sieur  du  Treuil, 
Lambrunière,  gentilhomme  ordinaire 
de  la  chambre  du  roi,  dont  la  postérité 
s'étcignitau  milieu  du  xyipsiècle,et — 
40  Françoise.  Laseconde^i4nn6il//eu, 
le  rendit  encore  père  d'un  fils,  qui  re- 
çut le  nom  de  TmoTHÉset  qui  fit  sou- 
che. 

L  Branche  de  La  Planche.  Louis 
Régnier,  sieur  de  La  Planche,  mestre- 
de-camp  d'un  régiment  d'infanterie  et 
capitaine  de  cent  hommes  d'armes^ 
avait  été  destiné  par  ses  parents  à  la 
carrière  de  la  magistrature  ;  il  avait 
même  pris  ses  degrés  dès  l'Âge  de  1 7 
ans,  mais  il  avait  dû  se  sauver  en  Al- 
lemagne à  la  suite  d'un  duel,  et  le  con- 
nétable de  Montmorency,  qui  l'aimait 
fort  a  pour  la  gentillesse  de  son  esprit 
et  grande  connoissance  des  lettres  et 
affaires  de  France,  »  ayant  étouffé  l'af- 
faire, il  était  rentré  en  France  et  s'é- 
tait attaché  au  fils  atné  de  son  protec- 
teur, dont  il  devint  le  confident  et  qu'il 
servit  de  tout  son  pouvoir  contre  les 
Guise.  Quelque  temps  après  la  conju- 
ration d'Amboise,  Catherine  de  Médi- 
cis  le  fît  venir  dans  son  cabinet,  où 
le  cardinal  de  Lorraine  se  tenait  caché 
derrière  une  tapisserie,  et  l'interrogea 
sur  la  cause  des  troubles  du  royaume, 
en  l'invitant  à  lui  parler  franchement. 
Régnier  lui  déclara  sans  détour  que  le 


meilleur  moyen  de  rétablir  la  tranquil- 
lité était  d'éloigner  les  Guise,  dont  l'é- 
lévation irritait  toute  la  noblesse  fran- 
çaise. Catherine  feignit  de  n'en  rien 
croire,  lui  reprocha  de  taire  la  vérité 
et  lui  commanda  de  révéler  la  retraite 
de  Stuart  et  des  autres  prisonniers  qui 
étaient  parvenus  à  s'évader  des  pri- 
sons deToorsetBlois  [Voy A,  p,  272). 
Régnier  répliqua  avec  indignation  qu'il 
n'était  ni  prévôt  de  maréchaussée,  ni 
espion.  La  reine-mère donn» donc  l'or- 
dre de  l'arrétercomme  complice;  mais 
le  maréchal  de  Montmorency  lui  fit 
rendre  la  liberté  quatre  jours  après. 
On  ne  sait  rien  de  plus  sur  sa  vie,  qui 
se  prolongea,  dit-on,  jusqu'en  1598. 
Selon  d'autres,  qui,  croyons-nous,  ap- 
prochent davantage  de  la  vérité,  il 
mouru  t  avant  l'impression  de  son  grand 
ouvrage. 

De  Thou  et  les  historiens  contempo- 
rains peignent  Régnier  comme  un  né- 
gociateur très-habile,  mais  c'est  sur- 
tout comme  historten  qu'il  est  connu. 
«  Cet  auteur,  dit  Tabaraud ,  dont  le 
jugement  ne  peut  être  suspect  de  par- 
tialité, cet  auteur  est  grave,  sérieux, 
souvent  théologien,  et  plus  souvent 
moraliste.  11  parie  toujours  par  sen- 
tences ;  mais  il  ne  prêche  la  modéra- 
tion ni  de  paroles  ni  d'exemple.  Peu 
d'auteurs  ont  écrit  avec  autant  de  pas- 
sion. Il  est  cependant  croyable  sur 
les  faits^  parce  qu'il  était  très-honnète 
homme  et  qu'il  a  été  lui-même  employé 
dans  les  affaires  dont  il  parle.  »  Selon 
Mézeray,  Régnier  était  un  esprit  adroit, 
pétillant,  malin.  Casteinau  dit  qu'il 
était  éloquent  et  persuasif.  Enfin  La 
Popelinicre  lui  reproche  d'avoir  été 
«homme  politique,  plus  mondain  que 
consciencieux,  v  Voici  la  liste  de  ses 
ouvrages. 

1.  Du  grand  et  loyal  devoir,  fidé- 
lité  et  obéissance  de  Messieurs  de  Pa- 
ris envers  le  Roi  et  Courimne  de 
France,  s.  1„  1365,  in-S»;  1567,  in- 
16.  —  Relation,  dans  le  sens  du  ma- 
réchal de  Montmorency,  de  l'affaire  du 
8  janv.  1565,  où  le  prince  Porcien 
(Voy.  IV,  p.  125)  joua  unrôle.  L'édi- 


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teur  annonçait  nne  seconde  partie,  qui 
n'a  pas  été  publiée.  Selon  La  Croix  du 
Maine,  ce  livre  était  aussi  connu  sous 
le  nom  du  Liire  des  marchands,  parce 
que  l'auteur  met  en  scène  plusieurs 
marchands  qui  discourent  sur  les  ser- 
vices des  Montmorency  et  les  entre- 
prises des  Guise.  Il  faut  donc  se  gar- 
der de  le  conrondre  avec  la  satire  pu- 
bliée à  Nenchâtel,  dès  1534,  in- 16,  et 
réimp.  plusieurs  fois,  sous  ce  titre  : 
Le  livre  des  marchands^  pour  se  gar- 
der de  quelle  marchandise  on  doit  se 
garder  d'être  trompé,  satire  que  l'on 
attribue^  peut-être  un  peu  légèrement^ 
à  Chussanion, 

II.  Response  à  l'épistre  de  Charles 
de  Vandemont,  carainal  de  Lorraine, 
jadis  prince  imaginaire  des  royaumes 
de  Jérusalemet  de  Naples,  duc  et  com- 
te, par  fantaisie,  d'Anjou  et  de  Pro- 
vence, et  maintenant  simple  gentil- 
hommede  Hainault,s.  1.,  1565^  in-8«. 
—  Celle  réponse,  dit  Bayle,  «  vient 
d'une  plume  mieux  taillée  que  celle  de 
l'apologiste  du  cardinal,  n  Satire  ex- 
trêmement vive  et  pleine  de  choses 
Intéressantes. 

m.  La  légende  de  Charles,  cardi- 
nal de  Lorraine,  et  de  ses  frères  de  la 
maison  de  Guise,  Reims,  1576,  in-8«; 
réimp.  dans  le  T.  VI  des  Mémoires  de 
Condé. — C'est  une  des  plus  sanglantes 
satires  qui  aient  été  mises  au  jour 
contre  les  Guise.  Régnier,  qui  la  pu- 
blia sous  le  pseudonyme  de  François 
deVhle,  paraît  bien  instruit  et  entre 
dans  les  plus  curieux  détails. 

IV.  Histoire  de  l' Estât  de  France, 
tant  de  la  république  que  de  la  reli- 
gion, sous  François  II,  s.  1.,  1576, 
in-8o;  réimp.  à  Paris,  1836,  2  vol. 
in-8*. — Cette  histoire,  la  meilleure  que 
nous  possédions  sur  ce  règne,  commen- 
ce par  une  peinture  de  l'état  de  la  France 
à  l'avènement  au  trône  de  François  II, 
et  finit  à  la  mort  de  ce  prince.  L'au- 
teur, qui  ne  prend  pas  la  peine  de  dis- 
simuler sa  haine  conlreles  Guise,  nous 
montre  le  jeune  roi  tellement  dominé 
par  les  princes  lorrains,  qu'il  consent 
non-seulement  à  laisser  mettre  Condé 


à  mort^  mais  même  à  assassiner  le  roi 
de  Navarre  de  sa  propre  main;  la  reine- 
mère,  tantôt  pour  les  Prolestants,  tan- 
tôt pour  les  Guise,  s'essayant  à  celte 
politique  de  bascule  qu'elle  devait  ap- 
pliquer bientôt  pour  le  malheur  de  la 
France;  Condé  intrépide  dans  la  pro- 
fession de  sa  foi  ;  Coligny  et  ses  frères 
Jouant  le  rôle  le  plus  noble  et  le  plus 
digne.  Son  livre  renferme  un  grand 
nombre  de  pièces  intéressantes,  d'ac- 
tes authentiques,  d'analyses  des  écrits 
publiés  par  les  deux  partis  ;  le  style 
en  est  clair,  animé,  et  si  correct  que 
pas  une  expression,  pour  ainsi  dire, 
n'en  a  vieilli.  En  général,  Régnier  juge 
sainement  les  événements  et  les  hom- 
mes; dans  quelques  endroits  cepen- 
dant ,  il  ne  se  montre  pas  tout  k  fait 
exempt  de  la  crédulité  de  son  temps. 

Du  mariage  de  Louis  Régnier  avec 
Françoise  Flament,  célébré  en  1574, 
selon  Filleau,  naquirent  trois  fils  : 
!•  Abel,  mort  sans  postérité;  — 
2*  Louis,  qui  continua  la  descendance; 
—30  Pierre,  dont  le  sortes!  inconnu. 
Louis  épousa,  en  1611,  Noémi  Buor, 
et  mourut  en  1656,  père  de  deux  en- 
fants. Sa  fille,  Louise,  devint  la  fem- 
me de  François  Du  Boulet,  sieur  du 
Coudret.  Son  fils,  Louis,  qui  Tavait 
précédé  dans  la  tombe,  s'était  allié,  en 
1639,  avec  Jeanne  Bertinaud,  fille  de 
Jean,  sieur  de  Pampier.  De  ce  mariage 
étaient  nés  :  i°  Louis,  mort  sans  pos- 
térité; —  2»  Henri,  à  qui  sa  femme, 
Marie  de  Villcdon,  ne  donna  pas  d'en- 
fants;—  30  Marie,  femme,  en  1667, 
de  Paul  de  Saint-Matthieu  ;  —  4*  Su- 
8ANNE,  épouse  de  Jean  Badiffe,  sieur 
de  Conchamps;  —  50  He?«rikttb. 

Quelques  écrivains  qualifiant  Ré- 
gnier de  La  Planche  de  gentilhomme 
parisien,  nous  aurions  été  assez  dis- 
posé à  regarder  comme  issue  de  la 
même  souche  une  famille  protestant*^ 
du  nom  de  La  Planche,  qui  habitait 
aux  environs  de  Paris,  et  qui  nous  est 
connue  seulement  par  les  Registres  de 
Charenlon.  La  généalogie  dressée  par 
Filleau  prouve  que  nous  nous  serions 
Irompé.  Cette  famille  parait  avoir  été 


RÉG 


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assez  nombreuse.  Dans  l'espace  d'une 
vingtaine  d'années,  nous  trouvons  in- 
scrits sur  le  registre  des  enterre- 
ments :  1  •  Philippede  La  Planche, slenr 
de  Villiers,  gentilhomme  de  la  cham- 
bre, mort  en  1635,  âgé  de  55  ans; — 
2»  Jacques  de  La  Planche ,  sienr  de 
Mortiers,  mort  à  Chaton  en  1646; — 
3<»  Adam  de  La  Planche,  sieur  de  Mor- 
tiers et  de  Coco,  mort  en  1648,  âgé 
de  66  ans;  il  était  flls  ù^'Adam  de  La 
Planche  et  de  Geneviève  Gobelin,  et 
laissa  Adàh,  sieur  de  Coco,  qui  épou- 
sa, en  1666,  Julie  de  Pestalozzy;  — 
4»  Jacques  de  La  Planche,  sieur  de 
Villiers,  mort  en  1658,  âgé  de  65  ans, 
dont  le  fils,  Màtthibo,  sieur  de  Vil- 
liers, épousa,  en  1664,  Antoinette  de 
Boham,  fille  de  Gabriel,  sieur  de  Soiie, 
et  d'Elisabeth  de  Flavigny  ; — 5*  Jean 
de  La  Planche,  capitaine  au  régiment 
des  gardes  sous  Henri  IV,  mort  en 
1 652.  Nous  avons  dit  ailleurs  que  Phi- 
lippe, sieur  de  Villiers,  épousa  Judith 
de  Laubéran;  ajoutons  Ici  qu'il  en  eut 
cinq  enfants,  savoir:  l»  MARfB,  née 
en  1620,  femme  d'Alexandre  L  Huit- 
lier,  sieur  de  Chatandos;— 2»  JuniTH, 
née  en  1621,  femme,  en  1658,  de 
Jacques  Caille,  sieur  de  Compoix,  a- 
Tocat  an  parlement  de  Paris;  puis,  en 
1665,  d'A  loph  de  Gorris,  sieur  de  Nau- 
court  ;  —  50  Philippe,  né  le  s  sept. 
1623;—  40  ELISABETH^  née  en  1626, 
mariée,  en  1653,  avec  Pierre  Jaupi^ 
ire,  sieur  de  La  Harre,  cornette  géné- 
ral des  carabins; — 5<*  Constance,  née 
en  1632,  femme,  en  1663,  de  Jean- 
Antoine  de  Bretinières,  sieur  de  Ponts, 
flls  de  Jacques,  sieur  de  Plessis ,  et 
d'Esther  de  Gilain, 

II.  Branche  de  Lambrunièrb.  Ti- 
mothée  Régnier  épousa  Renée  de  Ter- 
ves,  dont  il  eut  un  flls,  nommé  Pierre. 
Du  mariage  de  ce  Pierre  avec  Cathe- 
rine Colin,  naquirent  :  i»  Louis,  sieur 
de  La  Planche  ; —  2»  Ruben,  sieur  de 
La  Minière,  qui  épousa,  le  31  mars 
1672,  étant  âgé  de  35  ans,  Madelcdne 
Faf.aiseau,  fille  du  banquier  Samuel 
Falaiseau  et  de  Madelaine  Du  Four, 
(Reg.  de  Charenton).  Après  la  réro- 


eatlon  de  l'édlt  de  liantes,  il  gagna 
le  lieutenant  de  la  maréchaussée  de 
Saint-Maixent  et  sortit  du  royaume,  en 
1688,  avec  sa  femme,  deux  de  ses  fils 
et  sept  filles,  comme  nous  rappren- 
nent les  Mémoires  de  Foucault;  •* 
3*  Pierre,  sieur  du  Puys ,  le  même 
sans  doute  que  Pierre  Régnier,  sieur 
de  Charzais,  qui  abjura  en  1683,  et 
fut  arrêté,  en  1696,  comme  suspect  de 
protestantisme  (Arch.  gén.  E.  3382); 
—  40  Daniel,  sieur  de  Lambrunière^ 
qui  resta  aussi  en  France  et  épousa, 
en  1686,  Marie  de  Vaune;  —  5*  Ma- 
delaine. 

REl  (Fulcran),  proposant,  natif  de 
Nismes,  le  premier  des  pasteurs  du 
désert  qui  scella  de  son  sang ,  le  sept 
Juillet  1686,  la  doctrine  qu'il  prêchait. 
Un  songe  que  sa  mère  avait  eu  étant 
enceinte,  avait  déterminé  ses  parents 
à  le  consacrer  au  service  de  Jésus- 
Christ,  même  avant  sa  naissance.  Il 
avait  donc  étudié  la  théologie,  et  H 
était  sur  le  point  de  se  faire  recevoir 
ministre  par  le  synode  de  sa  province, 
lorsque  l'édit  de  Nantes  fut  révoqué. 
Dieu  et  sa  conscience  lui  tinrent  lien 
d'une  ordination  plus  régulière.  Cen- 
triste de  la  timide  obéissance  des  pas- 
teurs qui ,  sur  l'ordre  du  maître,  se 
hâtaient  de  sortir  du  royaume,  en  a- 
bandonnant  leurs  troupeaux  à  la  dent 
des  loups  dévorants,  il  résolut  de  ne 
point  suivre  un  aussi  triste  exemple, 
mais  de  rester  en  France  «pour  prêcher 
TEvangile  à  ceux  qui  Tavoient  connu, 
et  qui  en  avoient  fait  profession,  afin 
d'affermir  parmi  eux  ceux  qui  étoient 
debout  au  milieu  des  grands  efforts  de 
la  persécution,  et  de  relever  ceux  qui 
étoient  tombés  par  la  violence  de  la 
tentation.  »  Il  n'ignorait  pas  à  quels 
dangers  il  s'exposait.  «Dieu,  écrivait- 
il  à  son  père,  n'a  point  parlé  à  moi 
bouche  à  bouche,  comme  il  parla  au 
patriarche  [Abraham],  mais  ma  con- 
science m'inspire  de  m'aller  sacrifier 
pour  lui  et  pour  Tintérêt  de  son  Egli- 
se. Je  ne  sai  si  Dieu  se  contentera  du 
désir  que  J'ai  de  faire  sa  volonté  sans 
n'exposer  à  la  mort^  mais  quoi  qu'il 


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RE[ 


en  80it,  sa  volonté  soil  faite.  Si  je  suis 
pris,  ne  murmurez  pas  contre  lui,  sou* 
frez  patiemment  tout  ce  qu'il  lui  plaira 
de  m'envoyer  pour  l'intérôt  de  mon 
Dieu  et  pour  l'avancement  de  son  E- 
glise  !  0  !  quel  bonheur  me  seroit-ce, 
si  ]e  pouvols  être  du  nombre  de  ceux 
que  le  Seigneur  a  réservez  pour  anon- 
cer  ses  louanges  et  pour  mourir  pour 
sa  cause.  »  Ce  fut  dans  ces  sentiments 
héroïques,  qu'il  se  mit  à  visiter  ses 
coreligionnaires  de  Montauban,  de  Mil- 
hau,  de  Saint-Âffrique ,  du  Ponl-de- 
Gamarès,  de  Montpellier,  de  Nismes  ; 
mais  partout  il  trouva  les  Protestants 
en  proie  à  une  indicible  terreur,  et 
partout  il  fut  éconduit,  excepté  dans 
les  environs  de  Nismes  où  il  réussite 
tenir  quelques  assemblées,  dont  plu- 
sieurs furent  surprises.  Vendu  par 
Audoyer,  qui  se  disait  son  ami,  Rei 
courut  lui-même  de  grands  dangers  ; 
il  n'y  échappa  qu'en  retournant  dans 
le  Castrais.  Cette  fois,  ses  exhortations, 
ses  instructions  et  ses  prières  ne  res- 
tèrent pas  sans  fruit;  mais  les  actives 
poursuites  de  ses  persécuteurs  le  for- 
cèrent bientôt  à  se  réfugier  dans  les 
Cevennes,  où,  au  bout  de  six  semai- 
nes, la  trahison  û' Aimeras,  son  com- 
pagnon de  route,  mit  un  terme  à  ses 
pieux  travaux.  Arrêté  par  des  dragons 
qui  le  traînèrent,  avec  une  brutalité 
i^voltanle,  dans  les  prisons  d'Anduze, 
il  fut  soumis  à  un  premier  interroga- 
toire, avoua  franchement  qu'il  avait 
prêché  comme  son  devoir  l'y  obligeait, 
et  fut  envoyé  à  Alais,  d'où  on  le  trans- 
féra, chargé  de  fers,  à  Nismes.  Rei  ne 
comptait  encore  que  24  ans.  Redou- 
tant l'effet  que  la  constance  d'un  aussi 
jeune  homme  ne  pouvait  manquer  de 
produire  sur  les  nouveaux  convertis, 
l'intendant  le  Ût,  bientôt  après,  con- 
duire dans  la  ville  toute  catholique  de 
Beaucaire.  Là,  comme  à  Alais  et  comme 
à  Nismes,  on  ne  négligea  rien  pour  le 
séduire  et  le  décider  à  abjurer.  Son 
inébranlable  fermeté  ne  Tubandonna 
pas  un  seul  instant.  11  fut  enfin  con- 
damné à  être  pendu,  après  avoir  souf- 
fert la  question.  A  l'ouïe  de  celte  sen- 


tence :  «  On  me  traite,  dit-il,  plus 
doucement  qu'on  n'a  traitlé  mon  Sau- 
veur, en  me  donnant  une  mort  si  dou- 
ce ;  je  m'étois  préparé  à  être  rompu 
ou  à  être  brûlé.  Jeté  rends  grâce.  Sei- 
gneur du  ciel  et  de  la  terre,  de  tant 
de  biens  que  tu  me  fais,  je  te  rends 
grâce  de  m'avoir  trouvé  digne  de  sou- 
frir  pour  ton  Evangile  et  de  mourir 
pour  toi,  je  te  rends  grâce  de  m'appel- 
1er  à  soufrirpour  toi  une  mort  si  douce 
après  avoir  préparé  mon  cœur  à  sou- 
frlr  la  plus  cruelle  mort  pour  l'amour 
de  toi.  p  La  sentence  fut  exécutée  dans 
toute  sa  rigueur.  Qu'on  nous  montre, 
même  dans  les  premiers  siècles  de  l'E- 
glise chrétienne,  un  plus  admirable 
exemple  des  miracles  opérés  par  la 
foi. 

REICIIELT(JULEs),né  Strasbourg, 
le  5  ou  le  8  juin  1637,  fut  nommé,  en 
1667,  professeur  de  mathématiques 
dans  sa  ville  natale.  11  mourut  le  1 9  fév. 
1719,  doyen  du  chapitre  de  Saint- 
Thomas  et  conseiller  de  l'électeur  pa- 
latin. 11  n'était  pas  seulement  habile 
mathématicien ,  il  était  aussi  très- 
versé  dans  la  numismatique  et  la  géo- 
graphie. On  a  de  lui  : 

1.  Diss.  demusicd.Krg.,  1 672,  in-4». 

IL  De  amuletis,  Arg.,  1 676,  in-4». 

III.  De  umbilicOy  Arg.,  1 676,  in-4*. 

IV.  Spécimen  geograpftiœ  heraldicœ 
exhibitum  in  circuÀo  Bavarico ,  Sue- 
vico  et  Helvetiâ,ArQ.,  1678,  in-4». 

Y.  Elementa  asironomicaet  geogra- 
phica,  Arg.,  1688. 

YI.  Delineatiu  architecturœ  milita 
riSy  Arg.,  1700. 

Yll.  Diss.  de  disciplinis  mathema- 
(tci>,  Arg.,  1707,in-4». 

Ylll.  Sylloge  ihesium  mathemati- 
carum,  Arg.,  1707,  in-4o. 

IX.  Charte  von  Teutschland, 

REINH  ARD  (CHÀRLEs),diplomale, 
très-habile  selon  M.  de  Talleyrand, 
très-inhabile  selon  M.Michaud  jeune, 
naquit  dans  le  duché  de  Wurtemberg, 
en  1 762,  de  parents  allemands,  mais  il 
a  été  naturalisé  français  par  quarante 
années  de  loyaux  services  en  France. 
M.  de  Talleyrand  qui,. en  sa  qualité  de 


REI 


—  408  — 


REI 


ministre  des  affaires  étrangères  sons 
trois  règnes  «  très-différents,  »  avait 
été  à  même  d'apprécier^  «  plusieurs 
des  mérites»  de  Reinhard^  a  vonla 
clore  sa  carrière  politiqne  par  TÉioge 
de  son  ami,  qn'il  prononça  à  TAcadé- 
mie  des  sciences  morales  et  politiques, 
dans  la  séance  du  3  mars  1 838,  quel- 
ques mois  seulement  avant  sa  mort. 
Nous  puiserons  dans  cet  Éloge  la  meil* 
leurc  partie  de  notre  notice.  Après 
avoir  fait  des  études  en  théologie  à 
l'université  de  Tubingue,  Reinbard 
accepta,  en  1787,  «  les  honorables  et 
modestes  fonctions  de  précepteur  » 
dans  une  famille  protestante  de  Bor- 
deaux. <c  Là,  il  se  trouva  naturelle- 
ment en  relation  avec  plusieurs  des 
hommes  dont  le  talent,  les  erreurs  et 
la  mort  jetèrent  tant  d'éclat  sur  notre 
première  assemblée  législative  »  et  il 
se  laissa  facilement  persuader  par  eux 
d'entrer  au  service  de  la  France,  il  se 
rendit  donc  à  Paris,  et  fut  attaché,  en 
1 792,  à  la  légation  d'Angleterre  com- 
me premier  secrétaire.  Ce  fut  sans 
doute  alors  que  M.  Talleyrand,  qui  a* 
vail  été  envoyé  à  Londres  pour  assis- 
ter notre  ambassadeur  G hauvel in,  eut 
l'occasion  de  le  connaître.  «  Le  comte 
Reinhard  (il  fut  plus  tard  gratifié  de 
ce  titre  par  Napoléon),  le  comte  Rein- 
hard, dit-il,  avait  trente  ans  et  j'en 
avais  trente-sept  quand  je  le  vis  pour 
la  première  fois.  Il  entrait  aux  affaires 
avec  un  grand  fonds  de  connaissances 
acquises.  Il  savait  bien  cinq  ou  six 
langues  dont  les  littératures  lui  étaient 
familières,  il  eût  pu  se  rendre  célèbre 
comme  poète,  comme  historien,  com- 
me géographe,  et  c'est  en  cette  qualité 
qu'il  fut  membre  de  Tlnstitut,  dès  que 
l'Institut  fut  créé  (1795).  11  était  déjà 
à  cette  époque  membre  de  l'Académie 
des  sciences  de  Gôltingue.  Né  et  élevé 
en  Allemagne,  il  avait  publié  dans  sa 
jeunesse  quelques  pièces  de  vers  qui 
l'avaient  fait  remarquer  par  Gessner, 
par  Wieland,  par  Schiller.»  Plus  tard, 
Reinhard  fit  la  connaissance  du  cé- 
lèbre Goethe,  et  entretint  un  comr 
merce  de  lettres  avec  lai.  Lear  corres- 


pondance a  été  publiée  en  Allemagne. 
Les  événements  politiques  mar- 
chaient avec  une  grande  rapidité,  et 
les  fonctionnaires  étaient  nécessaire- 
ment entraînés  dans  le  tourbillon.  Dès 
1793,  Reinhard  était  passé  de  Londres 
à  Naples,  avec  le  même  emploi  ;  l'an- 
née suivante,  il  fut  nommé  chef  de 
division  au  ministère  des  relations  ex- 
térieures, puis,  en  1795, ministre  plé- 
nipotentiaire auprès  des  villes  Anséa- 
tiques,  et  en  1797,  auprès  de  la  cour 
de  Toscane.  Sieyès  étant  entré  au  Di- 
rectoire exécutif  en  1 799,  appelaRein- 
hard  au  ministre  des  affaires  étran- 
gères (20  juillet);  mais,  après  le  18 
brumaire,  Talleyrand  reprit  la  direc- 
tion de  ce  ministère  (22  nov.),  et  en- 
voya Reinhard  auprès  de  la  Républi- 
que helvétique  eu  qualité  de  ministre 
plénipotentiaire.  Après  une  courte  ré- 
sidence en  Suisse,  notre  diplomate  fut 
déplacé  de  nouveau  et  nommé  consul  gé- 
néral à  Milan,  puis  ambassadeur  auprès 
da  cercle  de  Basse-Saie.  A  la  reprise  des 
hostilités  en  1805,  il  eut  ordrede se  ren- 
dre à  Jassy  en  qualité  de  consul  général  ; 
pendant  la  guerre  avec  la  Russie,  il  toi 
enlevé  et  transporté  dans  l'Ukraine; 
mais  bientôt,  sur  un  ordre  de  St-Pô- 
tersbourg,  on  le  remit  en  liberté,  et  il 
revint  en  France.  Après  la  création  da 
royaume  de  Westphalie  (8déc.  1807), 
Reinhard  fut  accrédité  auprès  du  roi 
Jérôme  comme  ministre  plénipoten- 
tiaire. Il  remplit  ces  fonctions  jusqu'à 
la  chute  de  l'Empire.  «  Que  de  places, 
que  d'emplois,  que  d'intérêts  confiés 
à  un  seul  homme,  s'écrie  M.  de  Tal- 
leyrand, et  cela  à  ane  époque  où  les 
talents  paraissaient  devoir  être  d'au- 
tant moins  appréciés  que  la  guerre 
semblait  à  elle  seule  se  charger  de  tou- 
tes les  affaires.  »  A  la  restauraction, 
H.  de  Talleyrand,  alors  tout  puissant, 
n'oublia  pas  son  vieil  ami,  il  l'attacha  à 
la  direction  générale  de  la  chancellerie 
du  départ,  des  affaires  étrangères.  Pen- 
dant les  Cent  jours,  Reinhard  eut  la 
sagesse  de  se  tenir  à  l'écart.  Sa  fidé- 
lité au  roi  fut  récompensée  par  le  titre 
de  ministre  plénipotentiaire  auprès  de 


REI 


^  406  — 


HEI 


la  diète  germanique  et  de  la  ville  libre 
de  Francfort,  tilre  auqael  vint  s'ajon- 
ter,  plus  tard,  celui  de  conseiller  d'É- 
tat en  service  evtraordinaire.  Sous  le 
gouvernement  de  Louis-Philippe ,  il 
fut  nommé  à  l'ambassade  de  Dresde. 
Après  une  vie  aussi  bien  remplie,  il 
était  Juste  de  lui  accorder  une  hono- 
rable retraite,  on  l'appela  à  la  Cham- 
bre des  pairs  ;  mais  il  ne  jouit  pas 
longtemps  de  cet  honneur,  il  mourut 
presque  subitement  le  25  déc.  1837. 
Rien  de  plus  rare,  selon  H.  deTalley- 
rand,  qu'un  parfait  diplomate ,  «  et 
cependant,  ajoute-t-il,  M.  Reinhard 
Taurait  peut-être  été,  s'il  eût  eu  une 
qualité  de  plus;  il  voyait  bien;  il  en- 
tendait bien;  la  plume  à  la  main,  il 
rendait  admirablement  compte  de  ce 
qu'il  avait  vu,  de  ce  qui  lui  avait  été 
dit.  Sa  parole  écrite  était  abondante, 
facile,  spirituelle,  piquante;  ausEi  de 
toutes  les  correspondances  diplomati- 
ques de  mon  temps,  il  n'y  en  avait 
aucune  à  laquelle  l'empereur  Napoléon^ 
qui  avait  le  droit  et  le  besoin  d'être 
difficile,  ne  préférât  celle  du  comte 
Reinhard.  Mais  ce  même  homme  qui 
écrivait  à  merveille,  s'exprimait  avec 
difficulté.  Pouraccomplir  ses  actes,  son 
intelligence  demandait  plus  de  temps 
qu'elle  n'en  pouvait  obtenir  dans  la 
conversation.  Pour  que  sa  parole  in- 
terne pût  se  reproduire  facilement,  il 
fallait  qu'il  fût  seul  et  sans  intermé- 
diaire. Malgré  cet  inconvénient  réel, 
M.  Reinhard  réussit  toujours  à  faire  et 
bien  faire  tout  ce  dont  il  était  chargé. 
Où  donc  trouvait-il  ses  moyens  de 
réussir,  où  prenait-il  ses  inspirations? 
Il  les  prenait.  Messieurs,  dans  un  sen- 
timent vrai  et  profond  qui  gouvernait 
toutes  ses  actions,  dans  le  sentiment 
du  devoir.  »  On  sait  que  c'est  à  pro- 
pos de  cet  éloge  de  Reinhard  que  M.  de 
Talleyrand  a  émis  ce  paradoxe,  si  inat- 
tendu, que  les  éludes  théologiques  sont 
une  très-utile  préparation  à  la  carrière 
diplomatique.  Il  est  vrai  qu'il  a  soin 
d'ajouter  que  ceux  qui  regardent  la 
diplomatie  comme  une  science  de  ruse 
etdedapliclté^  s'en  font  une  bien  fausse 


idée.  «  Si  la  bonne  foi  est  nécessaire 
quelque  part,  dit-il,  c'est  surtout  dans 
les  transactions  politiques,  car  c'est 
elle  qui  les  rend  solides  et  durables. 
On  a  voulu  confondre  la  réserve  avec 
la  ruse.  La  bonne  foi  n'autorise  Jamais 
la  ruse;  mais  elle  admet  la  réserve: 
etla  réserve  a  cela  de  particulier,  c'est 
qu'elle  ajoute  à  la  confiance.  »  Admet- 
tons donc  que  Reinhard,  dans  l'exer- 
cice de  ses  fonctions,  n'a  pas  suivi  les 
exemples  qui  lui  venaient  d'en  haut| 
et  qu'il  n'a  jamais  été  que  réservé.  On 
vante  encore  en  lui  d'autres  qualités 
non  moins  précieuses,  il  était  étran- 
ger à  tout  calcul  personnel,  et  sa  a  ré- 
gularité de  vie  appelait  la  confiance  et 
l'estime.  0  II  se  maria  deux  fois  et  lais- 
sa, du  premier  lit,  un  fils  qui,  à  son 
exemple,  suivit  la  carrière  politique. 
REISSEISSEN  (Jean-Danibl),  né 
à  Strasbourg  en  1 735,  prit  le  gradeda 
licencié  en  droit  en  1761,  et  obtint, 
en  1768,  la  permission  d'ouvrir  un 
cours  de  jurisprudence.  Nommé,  en 
1770,  professeur  des  Institutes,  il  ob- 
tint, cinq  ans  plus  tard,  la  chaire  des 
Pandectes  etdu  droit  canon.  En  1776, 
il  se  fit  recevoir  docteur,  et  l'année 
suivante,  il  fut  admis  dans  le  chapitre 
de  Saint-Thomas.  La  date  de  sa  mort 
n'est  pas  connue.  Outre  un  commen- 
taire De  origine  comitis  palatini  sub 
romanis  imperaloribus  ejusque  indoU 
subMerovingicis  et  CaroUngids  Frwih 
ciœ  regibuSf  ouvrage  couronné,  qui  a 
été  publié  dans  THist.  Acad.  elector. 
Théodore- Palatinœ,  on  a  de  lui  : 

I.  Deelectione  imperatoris  extranei 
neque  legibus  neque  observantia  con" 
trariâ,  Arg.,  1761,  in-4». 

II.  De  locosepuUurŒyATg.  1777, 4«. 
I  il  Jurisprudentiœ  diplomaticœ  spe- 

cimina  sex,  Arg.,  1779,  in-4». 

IV.  De  veneficiodolosoykTg.,  1781, 
in-io. 

\.  Programma  de  baccalaureiSyktg,, 
1783,  in-4». 

VI.  Spécimen  juris  Georgici  Alsa" 
tici  de  indole  prœdiorum  rusticorum, 
Arg.,  1783,  in-io. 

VII.  Proipectus  judidorum  Argm^ 


RËM 


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REN 


Unensium,  Argent. ,   1784,    in-4». 

VIII.  De  usu  aquilœ  Imperii  in  si' 
gtllis  Imperatorum  romanorum  et  aUo^ 
runiy  Arg.,  1788,  in-4o. 

REMERVILLE,  famille  d'Apt,  qui. 
embrassa  de  bonne  heure  les  doctrines 
évangéliques.  S'il  faut  en  croire  Boze, 
c'est  dans  la  maison  de  François  de 
Remerville,  sieur  de  Saint-Questin,  que 
se  tenaient,  dès  1553,  les  assemblées 
religieuses  des  Réformés  d'Apt,  qui 
avaient  fait  venir  de  Genève  un  minis- 
tre nommé  Jean  de  Im  Plante.  Quel- 
ques années  après ,  Pierre  de  Remer- 
ville  combattit  dans  les  rangs  hugue- 
nots à  Dreux,  à  Jarnacet  à  Honcontoor; 
mais,  ajoute  Bozc,  «  il  eut  tant  de  re- 
gret de  s'être  laissé  séduire  aux  erreurs 
de  Calvin,  qu'il  se  jeta  d'une  extrémité 
dans l'autreet devint  ligueur  obstiné.» 
L'historien  d'Apt  fait  encore  mention 
de  Pompée  de  Remerville  a  qui,  dit-il, 
fit  des  progrès  remarquables  dans  l'é- 
tude des  lettres  latines ,  grecques  et 
hébraïques,  »  et  qui  renonça  aussi  an 
calvinisme  «dès  qu'il  put  connaître  la 
vérité.  ))  Ce  Pompée  de  Remerville  ne 
serait-il  pas,  par  hasard,  le  mèmeque 
l'ancien  moi  ne  Pomfxfe  de  Remerville, 
qui,  s'étant  fait  ou  refait  protestant^ 
abjura  la  religion  réformée,  après  a- 
YOir  desservi  différentes  églises  de 
l'Agénois,  fut  excommunié  comme  a- 
postat,  en  1631,  par  le  Synode  natio- 
nal de  Charenton,  et  touchait  du  clergé, 
en  I63n,  une  pension  de  400  livres? 

REMI  (Hector),  greffier  de  Bouvi- 
gncs,  près  d'Orchies,  fut  arrête,  en 
1542,  comme  hérétique,  et  sur  son 
refus  de  rétracter  sa  confession  do  foi, 
décapité  à  Douai.  Sa  femme ,  Matthi» 
nette  Du  Buisset  fut,  pour  le  même 
crime,  enterrée  toute  vive. 

RÉMO.^D  (Jean),  historien,  né  à 
Hanau,  le  23  juill.  1769,  et  mort  à 
Marbourg,  le  10  janv.  1793. 

Rémond  était  fils  d'un  passementier, 
dont  toutcl'ambilionse  bornait  à  le  voir 
lui  succéder  dans  son  comptoir;  néan- 
moins fidèle  aux  traditions  huguenot- 
tes, .  il  ne  voulut  point  négliger  son 
instruction  et  l'envoya  au  gymnase  de 


sa  ville  natale,  où  le  jeane  Rémond 
apprit  le  latin  et  ie  grec.  Tout  en  tra- 
duisant saint  Luc  et  Virgile,  l'enfant 
sentit  s'éveiller  en  lui  le  goût  de  la 
théologie,  en  sorte  que«  dès  l'âge  de 
12  ans,  il  était  décidé  à  renoncer  au 
commerce  pour  se  consacrer  au  ser- 
vice de  l'Eglise.  Dirigé  par  Théodore 
Roques  dans  l'étude  des  sciences  théo- 
logiques, et  par  Arnoldi  danscelledes 
langues  orientales,  il  y  fit  des  progrès 
rapides.  En  1 787,  il  fut  en  état  de  eni- 
vre avec  profit  les  cours  de  l'univer- 
sité de  Gottingue.  Son  père  aurait  dé- 
siré qu'il  devint  pasteur  d'une  église 
du  Refuge;  mais  Rémond  avait  plus  de 
dispositions  pour  l'enseignement  que 
pour  la  prédication;  la  faiblesse  de  sa 
santé  semblait  d'ailleurs  lui  interdire 
l'accès  de  la  chaire  sacrée.  11  continua 
donc  à  s'appliquer  aux  langues  orien- 
tales sous  Nichaëlis ,  qui  l'engagea  à 
diriger  ses  études  sur  l'histoire  du 
peuple  juif.  Il  suivit  le  conseil  de  l'il- 
lostre  professeur,  sans  négliger  pour- 
tant les  autres  branches  des  sciences 
théologiques,  qui  étaient  alors  ensei- 
gnées à  Gôltingue  par  des  savants  du 
plus  grand  mérite.  L'excès  du  travail 
lui  causa,  en  1790,  une  hémorragie 
qui  mit  sa  vie  en  danger.  La  même  an- 
née, il  fut  nommé  professeur  extraor- 
dinaire de  philosophie,  et  l'année  sui- 
vante, on  l'appela  à  remplir  la  chaire 
de  philosophie  et  d'histoire  ecclésiasti- 
que à  l'uni  versité de  Marbourg.  il  ne  l'oc- 
cupa pas  longtemps.  Malgré  le  régime 
sévère  qu'il  observait,  il  se  manifesta 
bientôt  des  symptômes  de  consomption, 
et  il  succomba,  à  la  fleur  de  l'âge,  vic- 
time de  sa  passion  pour  l'étude,  il  ne 
travaillait  pas  moins  de  seize  heures 
par  jour.  Le  seul  ouvrage  qu'il  ait  fait 
impr.  est  intitulé  Versuch  einer  Ge- 
schichlc  der  Ausbreitung  des  Juden- 
thums  von  Cyrus  bis  auf  den  gdnzli- 
clien  Unteryang  des  jUdischen  Staats, 
Leipz.,  1789;  in-8».  Sa  dissertation  De 
disciplina  arcani,  que  la  Faculté  de 
théologie  de  Gottingue  couronna  en 
1790,  n'a  point  été  publiée. 
RENARD  (JKAff),8ieQrdeXmGUE- 


REN 


—  408  — 


REN 


TiÈRE,  capitaine  hugaenot,  natif  d'An- 
gers ou  des  environs^  prit  les  armes 
des  la  première  guerre  civile,  et  se 
relira  à  Poitiers  avec  une  partie  des 
habitants  protestants  de  sa  viile  natale 
(Voy.  IV, p. 331),  lorsque  Puygaillard 
s'en  rendit  maître  {Voy,  l,p.  20).  Dans 
la  troisième  guerre,  il  rejoignit  iifw/^ 
lot  sur  les  bords  de  la  Loire,  et  fut  Tait 
prisonnier  au  combat  des  Rosiers  (Fby. 
111,  p.  416);  mais  il  réussit  bientôt  à 
s'échapper.  Il  se  signala  an  siège  de 
Poitiers,  en  1 569,  et  la  même  année^ 
chargé  de  défendre  Marennes  avec 
Chesnet  et  La  Maisonneuve,  il  fut  for- 
cé, par  le  découragement  de  la  garni- . 
son  composée  en  grande  partie  de  sol- 
dats allemands,  d'abandonner  la  place 
après  une  courte  résistance,  et  de  ga- 
gner par  mer  La  Rochelle,  d'où  il  fut 
envoyé,  comme  gouverneur,  dans  Tlle 
de  Ré.  Quelque  temps  après,  au  mois 
de  Juin  1 570,  il  fut  mis  à  la  tète  d'une 
expédition  maritimedirigée  contre  l'Ile 
d'Oléron.  Il  débarqua  sans  obstacle  aa 
Roiste,  se  rendit  maître  de  Saint-Pierre, 
dépouilla  les  églises,  fit  couper  et  ven- 
dre les  bois  du  riche  prieuré  de  Saint- 
Georges,  et  emmena  les  principaux 
habitants  comme  prisonniers  à  La  Ro- 
chelle. En  1571,  lorsque  Goligny  con- 
çut le  projet  d'opérer  une  diversionen 
Amérique  pendant  que  les  Français  at- 
taqueraient les  Pays-Bas,  il  jeta  les  y  eux 
sur  Minguetièrc,  qui  réunissait  aux  ta- 
lents d'un  valeureux  capitaine  les  qua- 
lités d'un  habile  marin,  et  il  lui  donna 
le  commandement  de  l'escadre  desti- 
née à  cette  périlleuse  entreprise,  que 
la  Cour  de  France  elle-même  ût  échouer 
(Voy.  lU,  p.  396).  Hinguetière  et  ses 
compagnons  périrent  tous,  égorgés  par 
les  Espagnols.  On  a  publié,  après  sa 
mort,  une  trad.  qn'il  avait  faite  d'une 
portion  de  l'histoire  des  Francs  de  Pau- 
lus  ^milius,  sous  ce  titre  :  Les  cinq 
premiers  livres  de  Vhistoire  de  Paule 
jEmyle,  Paris,  1575,  in-fol. 

ISous  ignorons  si  le  capitaine  Min- 
gueticre  laissa  des  enfants;  mais  nous 
trouvons  porté  sur  une  liste  de  Réfugiés 
de  la  Saintonge  {Arch,  Tt.  242),  Jean 


Renard,  sieur  de  Romefort,  fils  de 
Louis ,  sieur  du  bourg  de  Clan ,  et 
ù'Esther  Espied,  et  gentilhomme  or- 
dinaire de  Monsieur,  qui  avait  épousé 
à  Paris,  en  1 647,  Marthe  Georgeau, 
fille  de  Jean,  sieur  de  La  Boulardière, 
et  de  Renée  Tortray  ;  puis,  en  1 662, 
Marthe  Du  Til,  fille  de  Gédéony  sieur 
de  Boudou,  et  de  Catherine  de  Souvi- 
gnac  (Reg.  de  Charenton). 

RENARD  (Louis),  agent  du  roi 
d'Angleterre,  ne  nous  est  conna  que 
par  les  deux  recueils  suivants,  cités 
par  le  bibliographe  Rotermund. 

l.  Poissons,  écremsses  et  crabes  de 
diverses  couleurs  et  figures  extraor» 
dinaires  que  l'on  trouve  autour  des 
isles  Molucques  et  sur  les  rôtes  des 
terres  Australes,  AmsU, il iB;i1^A, 
2  vol.  pet.  in-fol.  —  Brunet  complète 
ainsi  le  titre  de  cette  seconde  édition  : 
peints  d'après  nature;  ouvrage  divisé 
en  deux  tomes ,  dont  le  premier  a  été 
copié  sur  les  originaux  de  Baltazar 
Coyett  ;  le  second  a  été  formé  sur  les 
recueils  d'Adrien  van  derStell  ;  donné 
au  public  par  L.  Renard,  et  augm, 
d'une  préface  par  Arnout  Vosmtjer, 
Amst.  1754,  2  part,  en  l  voL  in-fol. 
de  42  et  57  planches  coloriées. — Ou- 
vrage somptueux,  dit  le  bibliographe 
allemand  :  les  figures  exécutées  dans 
les  Indes  sont  assez  grossières,  mais 
les  couleurs  en  sont  merveilleusement 
belles.  C'est  vraisemblablement  à  tort 
que  M.  Brunet  conteste  la  date  de  la 
première  édition  (  date  constatée  ce- 
pendant dans  le  catalogue  Gaignal)  et 
suppose  même  qu'il  n'existe  qu'une 
seule  édit.  de  ce  recueil  dont  le  fron- 
tispice aurait  été  changé,  a  Les  biblio- 
graphes, dit-il,  citent  une  édit.  d'Amsl. 
1718  plus  rare  et  mieux  exécutée  que 
celle  de  1 754.  Cette  prétendue  édit.  de 
1718  est  sans  date  et  porte  au  bas  du 
titre  ces  mots  :  donné  au  public  par 
Louis  Renard,  Ce  qui  a  pu  faire  croire 
qu'elle  était  de  1718,  c'est  que  plu- 
sieurs lettres  en  forme  d'alteslations 
imprimées  au  commencement  de  ce 
volume  ont  une  pareille  date  [n'est-ce 
pas  la  plus  forte  des  présomptions?  j 


REN 


—  409  — 


REN 


Mais  cette  conjecture  parait  d'autant 
pins  mal  Tondée,  qu'on  trouve  en  note, 
dans  la  prérace,  une  citation  du  Mer- 
cure de  France,  sept.  1749.  Il  est  vrai 
que  cette  prérace  d'Arnout  Vosmaer 
n'est  pas  annoncée  sur  le  frontispice 
de  l'édit.  sans  date^  etc.  o  Cela  seul  au- 
rait dû  sufQrepour  convaincre  M.  Bru- 
net  que  ce  n'était  pas  un  exemplaire 
do  la  première  édition  qu'il  avait  en 
main.  Aussi  remarque-t-il  que  le  titre 
n'en  est  pas  tout  à  fait  semblable  à 
celui  que  donne  le  catalogue  delà  bibl. 
Gaignat.  Selon  lui,  les  enluminures  de 
ce  livre  sont  très-médiocres. 

II.  Artis  Apelleœ  Thésaurus,  ou 
Thrésor  des  arts  qui  ont  du  rapport 
au  de^^tn,  Amst.,  i  721  et  suiv.,  5  vol. 
in-fol.  ;  magnifiques  gravures. 

RENAUD  (Antoine),  ou  Regnault, 
originaire  de  Gascogne  fit  ses  études 
en  théologie  à  Genève  et  les  couron- 
na par  une  thèse  De  legis  perfectio- 
ne  et  primo  illius  prœceptOy  qui  a  été 
ins.  dans  les  Thèses  Genev.  (l).  Il  pa- 
rait que  la  première  église  qu'il  fut  ap- 
pelé à  desservir,  fut  celle  de  Nérac.  En 
1598,  le  Synode  de  Montpellier,  sen- 
tant combien  il  était  important  de  re- 
lever celle  de  Bordeaux,  le  donna  pro- 
visoirement pour  ministre  à  cette  égli- 
se, à  laquelle  il  ne  tarda  pas  à  être  at- 
taché définitivement.  En  1 603,  il  fut 
appelé  comme  professeur  à  Saumur. 
La  même  année,  le  Synode  national  de 
Gap,  auquel  il  assistait,  le  députa  à 
Télecleur  palatin  pour  le  prier  de  tra- 
vailler à  l'union  des  églises.  Le  gou- 
vernement de  Henri  IV  prit  ombrage 
de  cette  mission,  absolumentétrangère 
à  la  politique,  et  lui  défendit  de  ren- 
trer en  France  (Voy.  VI,  p.  393).  Il 
est  probableque  cette  défense  fut  levée 
après  la  soumission  du  duc  de  Bouil- 
lon. Ce  qui  est  certain,  c'est  que  Re- 
naud était  de  retour  à  Bordeaux  en 
1607.  Quick  le  fait  mourir  en  1610. 

RENAUD  (Êlie),  ministre  à  Ton- 

(1)  Od  troute  ce  nom  écrit  aossi  Reinaud,  Ht' 
nauû,  etc.  Noos  n'en  ûnlrion!>pa8si  nons  devions 
indiquer  tontes  les  différences  d'orthographe  qu'on 
rencontre  dans  les  noms  propres,  an  xvi*  et  au 
xvu'siède. 

T.  vni. 


neins-Bessous ,  ayant  fait  imprimer, 
sans  l'autorisation  de  la  censure,  seize 
psaumes  de  David  qu'il  avait  trad. 
en  vers  français,  fut  blâmé  par  le  sy- 
node provincial  de  Sainte-Foy,  en 
1681,  et  reçut  défense  de  poursuivre 
l'impression  de  son  travail  (Arch^gén, 
Tt.  340).  A  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  11  se  retira  en  Hollande  avec 
sa  femme  et  deux  enfants,  âgés  de  7  et 
de  5  ans  (Ibid.  Tt.  287).  L'un  de  ces 
enfants,  nommé  Jbàn ,  rentra  en  Fran- 
ce et  abjura  en  1702  (Ibid,  E.  3555). 
Quant  à  l'autre,  ne  serait-il  pas  iden- 
tique avec  le  pasteur  Renaud,  chape- 
lain de  l'ambassade  hollandaise  à  Pa- 
ris, eff  1730?— Parmi  les  Réfugiés  en 
Hollande,  on  cite  Péronne  Regnault, 
dame  de  La  Guèze,  morte  à  Rotterdam, 
le  12  juin.  1692,  à  l'âge  de  86  ans. 
Cette  dame  était  originaire  de  la  Nor- 
mandie, et  nullement  parente  par  con- 
séquent des  Renaud  de  Guienne,.  aux- 
quels étaitaliié  sans  doute  un  Regnault 
qui  fut  interné  à  Clermont  en  1686 
{Arch,  E.  3372). 

RENAUDOT  (Théophbàste),  fon- 
dateur de  la  Gazette  de  France,  naquit 
à  Loudun  en  1584.  11  vint  fort  Jeune 
à  Paris,  où  il  commença  des  études  en 
médecine,  qu'il  alla  terminer  à  Mont- 
pellier en  1606.  Après  avoir  pris  le 
bonnet  de  docteur,  il  retourna  en  Poi- 
tou, où  il  pratiqua  son  art  avec  le  plus 
grand  succès.  Sa  réputation  s'étant  é- 
tendue  au  loin,  la  reine-mère  le  fit  ve- 
nir à  Paris,  en  161 2,  pour  «  travailler 
an  règlement  des  pauvres,  »  comme  il 
nons  l'apprend  lui-même  dans  un  fao- 
tum  de  1641;  il  fut  nommé  en  même 
temps  médecin  du  roi  avec  un  traite- 
ment de  800  livres.  «  Il  s'employaàson 
office  durantsixans,  nous  dit-il  encore, 
de  telle  sorte  qu'il  fut  fait  commissaire 
général  des  pauvres  valides  et  invali- 
des par  arrètdu  conseil  du  3  fév.  1618, 
et  ledit  conseil  agréa  aussi  qu'il  éta- 
blit un  Bureau  d'adresse  de  toutes  les 
nécessites  et  commodités  réciproques, 
dont  l'intendance  générale  lui  fut  ac- 
cordée. »  Il  est  certain  qu'à  cette  épo- 
que, c'est^-dire  en  1618,  Renaudd 

26 


REN 


—  410  — 


REN 


continaail  à  professer  la  religion  pro* 
testante.  Nous  en  trouvons  la  preuve 
dans  les  Actes  de  l'Assemblée  politi- 
que de  Loudun,  à  laquelle  il  dédia  deux 
d  e  s*es  traités,  en  1 61 9  (Fonds  Sl-Mch 
gloire,  N»  58);  mais  il  avait  sans  au- 
cun doute  renié  sa  foi,  lorsque  Riche- 
lieu lui  ût  accorder,  en  1651,  le  pri- 
vilège pour  rétablissement  de  la  Ga- 
zette de  France,  privilège  qui  fut  peut- 
être  le  prix  de  son  apostasie. 

Partisan  des  remèdes  chimiques^ 
Benaudot  se  fit  beaucoup  d'ennemis 
parmi  ses  confrères;  cependant  ce  qui 
lui  nuisit  le  plus  auprès  de  la  docte 
Faculté,  c'est  qu'il  donnait  des  consul- 
tations gratuites  aux  indigents.  Il  eut 
à  soutenir  à  ce  sujet  un  procès  qui  eut 
beaucoup  de  retentissement,  mais  nous 
n'avons  point  à  nous  en  occuper,  non 
plus  que  de  ses  ouvrages,  tous,  à  l'ex- 
ception des  deux  traités  meutionnés 
plus  baut,  dont  nous  ne  connaissons  pas 
même  leslitres,ayantété  publiés  après 
sa  conversion.  Ce  médecin  gazetier 
mourut  le  25oct.  1 655.  il  avait  épousé 
Marthe  Du  Mousiiery  qui  mourut  en 
1 639  et  fut  enterrée  au  cimetière  pro- 
testant des  SS.  Pères  (Reg,de  Cluiren'' 
ton),  Dece  mariage  naquirent  deux  flis, 
nommés  ISAACetEusÈBE,  qui  ont  aussi 
joui,  comme  médecins,  d'une  certaine 
réputation.  Le  célèbre  orientaliste  Ëu- 
sèbe  Renaudot  était  fils  du  cadet,  qui 
se  convertit  avec  son  père  et  mourut 
en  1679.  L'alné,  qui  vécut  jusqu'en 
1680,  suivit-il  leur  exemple  ?  Rien  ne 
semble  plus  probable  (l)  ;  ce  qui  nous 
laisse  pourtant  quelque  doute  à  cet 
égard,  c'est  que  nous  trouvons  un  Re- 
naudot professeur  de  philosophie  à  l'A- 
cadémie de  Saumur,  en  1685,  et  un 
anireRenaudot  ministre  à  Hungerford^ 
vers  1692. 

RENAULT  (Jkaw),  de  Preillcs,  pré- 
dicant  dans  le  Poitou.  Condamné,  le 
4  juill.  1715,  par  contumace,  ainsi 
que  ses  collègues  Jean  Berthelot,  Jac- 

•  (i)  En  1650,  il  fat  parrain,  dans  l'église  ca- 
Uiolique  de  Saint-Eustache,  de  Françoise  Re- 
naudot, Ulle  de  son  frère  Éusèbe  et  de  Marie 
Parcq,  comme  nous  l'apprend  une  note  que  M.  Ra- 
ttnel  a  en  l'obligeance  de  nous  commaniquer. 


ques  Frapfder  et  Pierre  BegnierSy  m 
galères  perpétuelles,  Renault  eut,  poi- 
dant  des  années,  se  soustraire  à  toutes 
les  recherches.  En  1 723,  sur  les  plain- 
tes réitérées  du  fameux  abbé  Gould, 
que  des  prêtres  catholiques,  surtout 
les  aumôniers  des  vaisseaux,  trahis- 
saient la  cause  de  la  religion  en  déli- 
vrant à  des  Protestants  des  certificats 
de  mariage  sans  les  soumettre  aux  é- 
preuves  prescrites,  des  ordres  sévères 
furent  donnés  contre  ces  ecclésiasti- 
ques trop  tolérants,  et  un  d'entre  eux, 
Jean-François  Cartier,  ne  tarda  pas  à 
être  arrêté  à  La  Rochelle.  Mais  quellt 
fut  la  surprise  des  juges  en  reconnais- 
sant dans  ce  prétendu  aumônier  de 
vaisseau  le  prédicant  Jean  Renault  1 
Pour  échapper  au  sort  qui  le  menaçait^ 
Renault  abjura  et  fut  gracié  (Arch. 
gén.  £.  3415).  11  s'établit  à  La  Ro* 
chelle  et  se  mit  dès  lors  à  travailler  à 
la  conversion  de  ceux  qu'il  avait  tant 
de  fois  exhortés  à  persévérer  dans  leur 
foi  (Ibid.  E.  3568). 

RENÉE  DE  FRANCE,  dncbesss 
de  Ferrare  et  de  Chartres,  comtesse  dt 
Gisorsetdame  de  Montargis,  fut,  de  l'a- 
veu de  tous  les  historiens,  une  des  fem- 
mes du  xvi«  siècle  les  plus  remarqua* 
blés  par  les  brillantes  qualités  de  son 
esprit  et  la  noblesse  de  son  caractère. 
La  nature  ne  l'avait  point  favorisée  dn 
c6té  des  avantages  extérieurs;  mais 
elle  l'avait  douée  d'une  àme  grande 
et  énergique,  d'un  jugement  sain  et 
éclairé,  d'un  cœur  généreux  et  ami 
de  la  justice.  Dès  son  enfance,  la  jen- 
ne  Renée  montra  pour  les  lettres  et  les 
sciences  une  inclination  qui  lui  avait 
été  transmise  par  le  roi  Louis  XI I  et  la 
reine  Anne  de  Bretagne,  ses  parents, 
et  qui  se  fortifia  encore,  à  la  cour  de 
François  I*"',  par  Tintimité  de  ses  rela- 
tions avec  Marguerite  de  Navarre,  Elle 
apprit  le  grec,  le  latin,  les  mathémati- 
ques, Tastrologie  même,  pour  se  con- 
former au  goût  du  temps,  et  fit  dans 
toutes  ces  sciences  de  remarquables 
progrès.  C'était,  dit  Brantôme,  a  une 
fort  bonne  et  habile  princesse,  car  elle 
avoit  un  des  bons  esprits  et  subtils,  qni 


) 


REN 


-  AU  - 


RëN 


estpit  possible.  Elle  avoit  estadié>  et 
l'ay  vu  fort  sçavante discourir  fort  han- 
tementet  ^vement  detou(esscienc«S| 
jbsqaes  à  l'astrologie  et  la  connoissançe 
des  astres.  » 

Née  à  Blois  le  25  oct.  1510,  Renée 
n'avait  pas  encore  atteint  l'âge  de  trois 
ans  lorsqu'elle  fut  accordée  en  mariage 
à  Charles  d'Aulrictie^  si  célèbre  depuis 
sous  le  nom  de  Charies-Quint.  Plus  tard  j» 
0IIe  fut  promise  au  roi  d'Angleterrô 
AenriVill^puis  à  Joachim,  marquis  de 
Brandebourg;  mais  ces  projets  d'union, 
dictés  par  la  politique.  Turent  rompus 
par  François  I«%  à  qui  ses  intérêts  dé- 
fendaient de  marier  la  Fœur  de  sa  fem- 
me Claude  à  un  prince  assez  puissant 
pour  faire  valoir,  dans  l'occasion,  les 
droits  delà  seconde fllle  d'Anne  de  Bre- 
tagne sur  l'héritage  de  sa  mère.  Le  con- 
nétable de  Bourbon  osa  aspirer  aussi  à 
la  main  de  la  princesse,  et  peut-être  la 
mariage  se  serait-il  conclu,  si  le  ridi- 
cule amour  de  Louise  de  Savoie  pour 
le  connétable  n'était  venu  se  jeter  à  la 
traverse.  François  l«^  Unit  par  unir  sa 
belle-sœur  [so'juili.  1527}  à  un  petit 
prince  italien,  Hercule  d'Esté,  duc  de 
Ferrare^  fils  de  la  trop  célèbre  Lucrèce 
Borgia.  Un  même  goût  pour  les  lettres 
et  les  arts  rapprochait  les  deux  époux; 
mais  Renéeavait  puisé,  dans  ses  entre- 
tiens avec  Marguerite  de  Navarre,  des 
Idées  de  réforme  religieuse  que  le  duc 
était  loin  d'approuver,  en  sorte  que  la 
différence  de  leurs  opinions  sur  ce  point 
important  fut  entre  eux  une  pomme  de 
discorde  et  devint  pour  l'excellente 
princesse  la  source  de  nombreux  cha- 
grins. 

Tant  que  Renée  se  contenta  d'attirer  à 
sa  cour  par  ses  libéralités  les  savants  et 
les  beaux-esprits  de  i'ilaiie,  elle  ne  ren- 
contra aucune  opposition  de  la  part  du 
duc,  qui  cultivait  lui-même  avec  succès 
la  littérature  italienne  et  était  passion- 
né pour  les  antiquités;  mais  lorsque, 
cédant  à  l'impulsion  de  son  cœur  géné- 
reux, elle  accuei  II  i t  dans  sa  ville  de  Fer- 
rare  les  Français  que  des  guerres  mal- 
heureuses avaient  laissés  sans  ressour- 
ces en  Italie,  la  politique  craintive  e( 


versatile  de  son  époux  commenta  à  aV 
larmer.  Il  lut  flt  faire  par  ses  intendania 
des  représentations  auxquelles  elle  se 
contenta  de  répondre  :  «  Que  vouleah 
vous  que  je  fasse?  Ce  sont  de  pauvres 
Français  de  ma  nation,  lesquels,  si  Dieu 
m'eût  donné  barbe  au  menton  et  que 
Je  fusse  homme,  seraient  maintenant 
mes  sujets  ;  vol  re  même  seraient-ils  tels 
si  cette  méchante  loi  saliquene  me  te- 
nait trop  de  rigueur.  »  Il  pai  ait  que,  dans 
cette  circonstance,  le  duc  renferma  en 
lui-même  son  mécontentement  ;  mais 
ses  frayeurs  redoublèrent  lorsqu'il  vit 
Renée,  moins  encore  par  compassion 
pour  l'infortune  ou  par  amour  pour 
les  lettres  que  par  sympathie  pour 
des  doctrines  religieuses  qu'elle  par-, 
tageait  en  secret,  ofTrir  dans  son  pa- 
lais UD  asile  même  à  des  Français  que 
les  persécutions  avaient  forcés  de  s'exi- 
ler, et  se  confirmer  de  plus  en  plus, 
par  le  commerce  intime  qu'elle  avait 
avec  eux,  dans  ses  sentiments  favora- 
bles à  une  réforme  de  l'Eglise.  Trem- 
blant que  le  pape  ne  saisit  ce  prétexte 
pour  s'emparer  de  ses  Etats,  mais,  d'un 
autre  côlé^  forcé  de  garder  de  grands 
ménagements  envers  une  fllle  de  Fran- 
ce, il  eut  recours  au  roi  Henri  II,  qui 
flt  partir  le  fameux  Oriz  pour  Ferrare> 
en  1554.  L'instruction  dont  l'inquisi- 
teur de  la  foi  était  porteur,  a  été  publiée 
par  Le  Laboureur,  d'après  le  vol.  322 
de  laCollect.  Dupuy.Ii  devait  employer 
d'abord  les  exhortations  et  les  remon- 
trances; si  la  princesse  se  montrait 
«  opiniastre  et  pertinace,  »  si  elle  per- 
sistait «  en  ses  maudites,  damnées  et 
reprouvées  »  erreurs,  le  duc  était  prié 
de  lui  ôter  ses  enfants  et  de  la  faire  en- 
fermer elle-même  dans  un  couvent. 
Quant  a  à  ses  faulteurs,  »  Oriz  devait 
leur  faire  leur  procès  en  toute  rigueur. 
Quoique  isolée  au  milieu  de  sa  oour^ 
d'oii  le  duc  avait  chassé  tous  les  Fran- 
çais, même  ses  femmes,  qui  avaient 
été  remplacées  par  des  Italiennes  char- 
gées de  l'espionner.  Renée  se  montre 
Inébranlable.  On  lui  enleva  donc  ses 
enfants,  dont  elle  avait  jusque-là  sur- 
veillé réducatlon  avec  un  soinei^réme. 


REN 


—  412  — 


REN 


et  sans  pousser  la  dureté  Jusqu'à  la  re- 
léguer dans  un  couvent^  on  la  retint 
longtemps  prisonnière  dans  le  \ieux 
château  d'Est.  Elle  flnit  par  recouvrer 
la  liberté  au  prix  d'un  acte  de  faiblesse, 
dont  elle  ne  larda  pas^  il  est  vrai,  à  se 
repenlir;  mais  on  ne  lui  rendit  passes 
enfants,  et  jusqu'à  la  mort  du  duc,  en 
1559,  elle  vécut  dans  une  profonde  re- 
traite. 

La  résistance  de  la  duchesse  de  Fer- 
rare  aux  ordres  de  son  époux  et  de  son 
neveu,  le  roi  de  France,  procéda-t-elle 
d'un  attachement  ferme  et  sincère  à  la 
religion  évangélique  ou  bien  d'un  légi- 
time sentiment  de  fierté  blessée?  Pour 
décider  la  question,  il  faut  attendre  la 
publication  des  nombreux  matériaux 
qui  ont  été  recueillis  par  M.  Jules  Bon- 
net et  qui ,  nous  assure-t-on ,  éclai- 
reront d'un  jour  nouveau  la  vie  de 
cette  princesse.  Jusque-là,  nous  nous 
abstiendrons  de  prononcer.  Nous  sa- 
vons bien  qu'elle  accepta,  en  1540, 
la  dédicace  que  Bruccioli  lui  fit  de  sa 
version  italienne  de  la  Bible;  nous  sa- 
vons aussi  qu'elle  donna  pour  compa- 
gne d'études  à  sa  011e  Anne  la  célèbre 
Olympia  Morata;  nous  avons  déjà  dit 
ailleurs  qu'elle  accueillit  Marot  à  sa 
cour, et  qu'elle  eut  avec  Calvin  des  en- 
treliens qui  ne  purent  que  fortifier  son 
penchant  pour  la  Réforme;  mais,  d'uu 
autre  c6té,  nous  apprenons,dans  l'Hist. 
de  Chartres  parChevard,  qu'en  15i0, 
elle  envoya  chercher  d'Italie  deux  che- 
misettes de  N.  D.  de  Chartres;  et  vingt 
ans  plus  tard,  nous  voyons  encore  Cal- 
vin lui  reprocher  sa  tiédeur  dans  une 
lettre  datée  du  5  juill.  1560.  «  Si  la 
haoltesse  et  grandeur  du  monde  vous 
empesche  d'approcher  de  Dieu,  lui  dit- 
il,  je  voussero)e  traistre,  vous  faisant 
croire  que  le  noir  est  blanc.  Si  vous  es- 
tiez bien  résolue  de  vous  porter  fran- 
chement, et  en  aullre  magnanimité  que 
n'avez  fait  jusques  icy,jele  prieroyede 
vous  advancer  bienlost  en  plus  grand 
maniement  qu'on  ne  vous  présente.  » 
Doit-on  conclure  de  là  que  Renée  de 
France  ne  s'était  pas  encore  déclarée 
ouvertement;  qu'elle  ne  faisait  point 


encore  profession  de  la  religion  réfor- 
mée ;  qu'elle  en  était  arrivée  seulement 
au  point  ou  en  était  restée  la  sœur  de 
François  l"t  C'est  au  futur  historieii 
de  la  duchesse  de  Ferrare  qu'il  appar- 
tient d'éclaircir  ces  délicates  questions. 
D'après  la  lettre  de  Calvin  citée  pins 
haut,  il  paraîtrait  que  Renée  de  Fran- 
ce,  à  qui  la  mort  de  son  époux  ve- 
nait de  rendre  la  liberté,  se  disposait 
à  rentrer  dans  sa  patrie  et  que  les 
Guise  lui  offraient  une  part  dans  le  ma- 
niement des  affaires  publiques.  «  hb 
gouvernement  auquel  on  prétend  vous 
mesler,  lui  écrit  le  réformateur,  est 
aujourd'huy  si  confus  que  tout  le  mon- 
de en  crie  alarme.  Quand  vous  y  se- 
riez et  qu'on  vous  escoutast,  je  croy 
bien,  madame,  que  les  choses n'iroyent 
point  du  tout  si  mal.  Mais  ce  n'est  point 
ce  qu'on  cherche.  On  se  veut  couvrir 
de  vostre  nom  pour  nourrir  le  mal  qm 
ne  peult^  plus  estre  enduré.  »  Elle  re* 
vint,  en  effet,  en  France  sur  la  fin  de 
cette  même  année.  A  son  arrivée,  elle 
trouva  le  prince  de  Coudé  emprisonné 
et  menacé  de  perdre  la  vie.  Comme 
elle  avait^  dit  Bemier  dans  son  Hist. 
de  Blois,  le  courage  et  la  résolution 
d'un  héros,  elle  blâma  sévèrement  son 
gendre,  le  duc  de  Guise,  en  présence 
de  toute  la  Cour  qui  était  allée  à  sa 
rencontre  à  quelque  distance  d'Orléans, 
en  prédisant  a  que  mal  n'en  pouvoit 
qu'avenir.  »  La  part  qu'on  lui  avait  pro- 
mise dans  le  gouvernement  ne  lui  fut 
pas  donnée  ;  mais  c'est  probablement 
vers  cette  époque  qu'elle  se  résolut  à 
suivre  le  conseil  de  Calvin,  c'est-à-dire 
«  à  servir  Dieu  à  bon  escient  et  tendre 
au  droict  but  ;  »  ce  qui  est  certain,  c'est 
que,  dès  l'année  suivante,  elle  écrivit 
à  Genève  pour  avoir  un  pasteur.  «  On 
accorde,  lit-on  dans  l'ouvrage  de  Gre- 
nus, sous  la  date  du  5  juill.  1561,  on 
ministre  à  la  duchesse  de  Ferrare,  à 
condition  que  ce  ne  soit  ni  H.  Calvin 
ni  M.  de  Bèze.  »  Le  choix  du  consis- 
toire se  fixa  sur  François  Morel^  dit 
de  CoUonges,  dont  le  zèle  amer  révolta 
plus  d'une  fois  les  sentiments  de  Jus- 
tice et  de  charité  de  l'excellente  pria- 


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cesse,  et  mérita  au  pasteur  rigoriste  le 
blâme  même  de  Calvin  (l). 

Lorsque  la  guerre  civite  éclata^  Re- 
née, qui  vivait  retirée  à  Montargis,  ou- 
Tfit  son  cbàteau  à  une  Tou^e  de  mal- 
beureuses  victimes  de  la  réaction  ca- 
tbolique.  Les  triumvirs  essayèrent  d'a- 
bord de  l'amener  par  i'intimidation  à 
les  renvoyer.  «  Madame  de  Guise,  écri- 
Tait  Prosper  de  Sainte-Croix,  le  5  avr. 
1562,  est  allée  à  Montargis  pour  voir 
madame  de  Ferrare  sa  mère,  et  je  tiens 
de  bon  lieu  qu'elle  a  ordre  de  lui  dire 
de  la  part  de  S.  M.  Très-Chrétienne 
qu'elle  renvoie  tous  les  prédicateurs  et 
qu'elle  vive  catholiquement  ;  qu'autre- 
ment il  la  fera  enfermer  pour  toujours 
dans  un  monastère.»  Renée  avait  prou- 
vé qu'elle  savait  résister  à  de  sembla- 
bles menaces.  Les  triumvirs  voulurent 
alors  recourir  à  la  force.  Selon  deThou, 
Guise  lui-même  chargea  Malicome  de 
se  saisir  de  Montargis  à  la  tète  de  400 
chevaux,  sous  le  spécieux  prétexte  de 
protéger  sa  belle-mère.  Malicome  en- 
tra sans  résistance  dans  la  ville,  dont 
les  habitants  catholiques  lui  ouvrirent 
les  portes  ;  mais  il  trouva  fermées  cel- 
les du  château,  où  les  huguenots  avaient 
eu  le  temps  de  se  réfugier.  Après  d'inu- 
tiles pourparlers  pour  se  les  faire  ou- 
vrir, il  menaça  d'employer  le  canon. 
«  Songez  à  ce  que  vous  allez  faire,  lui 
répondit  la  courageuse  princesse;  il 
n'y  a  personne  en  ce  royaume  qui  puis- 
se me  commander  que  le  roi,  et  si  vous 
en  venez-là,  je  me  placerai  sur  la  brè- 
che, et  je  verrai  si  vous  serez  assez  au- 
dacieux pour  tuer  la  Ûlle  d'an  roi.  » 
Cette  noble  fermeté  en  imposa  à  Mali- 
come, qui  n'osa  rien  entreprendre,  et 
la  nouvelle  de  l'assassinat  du  duc  de 
Guise  lui  étant  arrivée  sur  ces  eutre- 
faites,  il  s'éloigna  de  Montargis. 

Renée  éprouva  une  douleur  sincère 
de  la  mort  de  son  gendre.  Elle  se  mon- 
tra scandalisée  de  la  joie  que  les  Pro- 
testants en  témoignèrent,  et  surtout  de 

(1)  La  leUreoù  Renée  te  plaint  de  8on  minif- 
Ire  a  été  publiée  dans  le  T.  Y  des  ArchiTes  ca- 
rieuses  (!'•  térie),  et  la  réponse  de  GaWin  dans 
la  Petite  Chroniqve  protestante  de  M.  Orottet. 


la  haine  qu'ils  continuaient  à  lui  por- 
ter. Elle  se  plaignit  de  ce  manque  de 
charité  à  Calvin,  qui  lui  répondit  :  a  Et 
de  moY,  combien  que  j'aye  tousjours 
prié  Dieu  de  luy  faire  mercy,  si  est-ce 
que  j'ay  souvent  désiré  que  Dieu  mist 
la  main  sus  luy  pour  en  deslivrer  son 
Église,  s'il  ne  le  vouloit  convertir.  Tant 
y  a  que  je  puis  protester  qu'il  n'a  tenu 
qu'à  moy  que,  devant  la  guerre,  gens 
de  faict  et  d'exécution  ne  se  soyent  ef- 
forcez de  l'exterminer  du  monde,  les- 
quels ont  esté  retenus  par  ma  seule 
exhortation.  Cepandant,  de  le  damner 
c'est  aller  trop  avant,  sinon  qn'oh  eust 
certaine  marque  et  infaillible  de  sa  ré- 
probation. En  quoy  il  se  fault  bien  gar- 
der de  présomption  et  témérité  Car  11 
n'y  a  qu'un  juge  devant  le  siège  duquel 
nous  avons  tous  à  rendre  compte.  » 

Après  la  conclusion  de  la  paix,  Re- 
née de  France  vint  à  Paris  ;  mais  le  roi 
n'ayant  point  voulu  consentir  à  ce 
qu'elle  fit  prêcher  au  Louvre  ni  même 
dans  son  propre  logis,  elle  retourna  à 
Montargis,  qu'elle  ne  quitta  plus  que 
rarement,  comme  à  l'époque  du  voyage 
de  Charles  IX  et  de  sa  mère  dans  le 
Midi.  Pendant  tout  ce  voyage,  elle  se 
conduisit  en  protestante  très-zélée,  vi- 
sitant les  principales  églises  du  Dau- 
phiné  et  du  Languedoc,  appelant  au- 
près d'elle  les  pasteurs,  répandant  par- 
tout les  bienfaits,  comme  en  font  foi  les 
registres  de  ses  dépenses  qui  sont  ar- 
rivés jusqu'à  nous.  Aussi  les  manifes- 
tations les  plus  hostiles  l'accueillirent- 
elles  dans  la  ville  toute  catholique  de 
Toulouse.  Passant  en  carrosse  avec  son 
ministre  dans  les  mes,  elle  fut  insultée 
par  la  populace,  qui  lui  Jeta  des  pier- 
res. Catherine  de  Médicis  ne  put  laisser 
impuni  cet  outrage  ;  mais  les  coupables 
en  furent  quittes  pour  lapeine  du  fouet. 

Pendant  quelques  années.  Renée  vé- 
cut tranquille  à  Montargis,  s'occupant 
uniquement  de  faire  le  bien,  éten- 
dant son  inépuisable  charité  sur  tous, 
sans  distinction  de  parti,  s'appliquant 
à  faire  revivre  les  belles-lettres  par 
la  fondation  d'un  collège,  et  la  piété 
par  son  exemple,  travaillant  à  embcl- 


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lir  sa  petite  ville^  qu'elle  aimait  gran- 
dement. «  Elle  procura  son  accrois- 
sement, lit-on  dans  rHisloiredii  Gas- 
tlnois  par  dom  Horin,  et  la  ûst  paver 
en  tontes  ses  mes.  Elle  estolt  encore 
charitable  envers  les  babitans,  les  so- 
licitant et  assistant  de  ses  biens  en 
leurs  maladie^.  9  A  ce  témoignage  d'un 
écrivain  cailipUquef  joignons  celui  de 
Calvin  :  «  J^  sçay  bien,  lui  écrivait-il 
en  I5i>3y  que  princesse  ne  regardant 
quelemonde,  auroit  honte  et  prendroit 
quasi  à  injure  qu'on  appelast  son  chas- 
teau  ung  hostel-Dieu  ;  mais  Je  ne  vous 
sç^urois  faire  plus  grand  honneur  que 
de  parler  ainsy,  pour  louer  et  recon- 
gnoistre  l'humanité  de  laquelle  vous 
avez  usé  envers  les  enfans  de  Dieu  qui 
ont  eu  leur  refuge  à  vous.  J'ay  pensé 
sonvenles  fois,  madame,  que  Dieu  vous 
avoit  réservé  telles  espreuves  sur  voâ- 
tre  vieillesse  pour  se  païer  des  arréra« 
ges  que  vous  lui  debviez  à  cause  dç 
Tostre timidité  du  temps  passé;  Je  parle 
X  la  façon  commune  des  hommes.  » 

AuK  aeconds  troubles,  Renée  ne  fui 
point  inquiétéei  grAce  tans  doute  an 
voisinage  de  l'armée  bugoenolte  et  à 
la  prompte  conclusion  de  la  paix;  mais 
9X11  troisièmes,  le  théâtre  de  la  guerre 
s'étant  éloigné,  elle  se  vit  en  butte  an 
mauvais  vouloir  du  gouvernement.  Le 
duc  d'Alençon  lui  fit  signifier  un  ordre 
du  roi  pour  qu'elle  eût  à  recevoir  gar- 
nison dans  sa  ville  et  à  en  renvoyer 
quai  re  cents  malheureux  protestants  du 
éàtlnals  qui  y  avaient  cherché  un  asile. 
U  fallut  céder  à  la  force.  Elle  obéit  en 
gémissantetcongédiacespauvresgens, 
en  leur  fournissant  tout  ce  qui  pouvait 
être  nécessaire  pour  leur  voyage.  Les 
uns  prirent  la  route  de  Sancerre,  les 
autres  de  la  Charité  :  mais  tous  auraient 
étéégorgésen  route,  sans  l'arrivée  pro- 
videntielle du  capitaine  Bcurry  (Voy. 
IV,  p.  320). 

A  la  Saint-Barthélémy,  la  duchesse 
de  Ferrare  se  trouvait  à  Paris,  oii  elle 
était  venue  pour  assister  aux  noces  du 
roi  de  Navarre.  Elle  fut  témoin  du  mas- 
sacre et  retourna,  le  cœur  brisé,  à 
Montargis,  où  elle  exerça  la  plus  noble 


hospitalité  envers  un  grand  nombre  di 
ministres  fugitifs  et  où  elle  continua, 
malgré  les  menaces  de  la  Cour,  à  faire 
célébrer  publiquement  le  culte  protes- 
tant, jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  1 2  juii 
1575.  Son  testament  contient  une  coa- 
fession  touchante  de  la  foi  qui  l'avait 
soutenue  dans  les  nombreuses  épreuves 
de  sa  vie.  Elle  y  déplore  eloqueinmenl 
les  malheurs  des  guerres  civiles  et  a- 
dresse  à  ses  enfants  de  sages  conseils 
en  leur  recommandant  la  profession  di 
l'Ëvangile  comme  la  base  la  plus  so- 
lide de  la  prospérité  des  familles  et  des 
États.  Elle  avait  demandé  d'être  enter- 
rée sans  cérémonies  «  qui  ne  profitent 
aux  morts  et  ne  sauraient  consoler  les 
vivants  ;  »  mais  la  Cour  ne  se  conforma 
pas  à  ses  dernières  volontés.  On  lit,  en 
efiet,  dans  L'Est oi  le  :  a  En  firent  leroy, 
la  rolne  et  les  seigneurs  de  la  cour,  le 
samedi  1 8  dudil  mois,  quelques  formes 
d'obsèques  et  funérailles  en  la  chapelle 
de  Bourbon ,  encores  que  ladite  (kme 
fust  de  la  religion,  et  sa  ville  de  Uon- 
targis ,  l'azyle  et  retraicle  desdits  de 
la  religion,  où  elle  a  tousjours  fait  faire 
et  continuer  l'exercice  d'icelle  publi- 
quement jusques  à  la  fin  de  sa  vie.  » 
Sa  dépouille  mortelle  fui  déposée  dans 
l'église  du  château  de  Montargis. 

De  son  mariage  avec  Hercule  d'Esté 
étaient  nés  cinq  enfants:  Alphonse,  doc 
de  Ferrare  après  son  père  ;  Louis,  car- 
dinal d'Esté;  Anne,  femme  du  duc  Fran- 
çois de  Guise  ;  N.,  mariée  au  duc  d'Ur- 
bin,  et  Léonor,  que  la  passion  malheu- 
reuse du  Tasse  a  immortalisée,  c  Cas 
trois  filles  furent  très-belles,  dit  Bran- 
iéme,  mais  la  mère  les  fil  embellir  da- 
vantage par  la  belle  nourriture  qu'elle 
leur  donna,  en  leur  faisant  apprendre 
les  sciences  et  les  bonnes  lettres  qu'el- 
lesr^pprirent  et  retinrentparfaitemenl, 
et  eh  faisoient  honte  aux  plussavanls.» 

On  a  imprimé  quelques  lettres  de 
Renée  de  France  dans  divers  ouvrages» 
entre  autres,  dans  les  Mémoires  d'Etat 
deGuiil.  Ribier.  Nous  en  avons  trouvé 
plusieurs  autres,  surtout  dans  le  Ponds 
de  Bétbune  (N«*  8527^  8708,  8730, 

8726^8731,8737,  8739); mais  à  Tex- 


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ception  de  deux  on  trois  qai  conArment 
des  faits  déjà  connus^  aucune  n'offre  un 
intérêt  historique. 

RÉNIER  (Etienne),  moine  corde- 
lier  et  docteur  en  théologie ,  prêcha, 
en  J  528,  la  Réforme  à  Annonay,  où 
elle  avait  été  annoncée,  en  premier 
lieu,  par  Etienne  MacliopoliSy  docteur 
en  théologie,  que  les  poursuites  de  ses 
ennemis  avaient  promptement  forcé  à 
s'éloigner.  Moins  heureux  que  son  pré- 
décesseur. Rénier  tomba  entre  les 
mains  des  adversaires  de  TEvangile. 
Dans  son  Histoire  de  la  sainte  église  de 
Vienne,  Charvet  affirme  qu'il  fut  con- 
damné aux  galères  ;  mais  d'après  Grès- 
pin,  il  aurait  été  brûlé  vif  à  Vienne 
même.  Sa  prédication,  quoique  faite 
dans  une  des  villes  les  plus  supersti- 
tieuses de  France,  ne  resta  pas  stérile. 
(Jn  maître  d'école,  nommé  Jonas, 
a  homme  de  grande  érudition  et  pié- 
té, »  continua  son  œuvre,  à  travers 
de  nombreux  dangers,  la  persécution 
ne  se  ralentissant  guère  à  Annonay. 
Cependant  le  Martyrologe  ne  signale 
plus  d'exécution  jusqu'en  1546,  que 
François  Daugy  y  fut  arrêté  revenant 
de  Genève,  et  brûlé  vif  par  sentence 
du  parlement  de  Toulouse. 

RENNEVILLE  (René-Augcstk- 
CONSTANTin  db),  ué  à  Cacn,  vers 
!650,  d'une  famille  originaire  de  l'An- 
jou, était  le  plus  jeune  de  douze  frères, 
tous  militaires,  dont  sept  périrent  les 
armes  à  la  main  dans  les  guerres  de 
Louis  XIV.  Doué  d'heureuses  disposi- 
tions naturelles  et  d'une  grande  viva- 
cité d'esprit,  il  flt  d'assez  bonnes  étu- 
des, et  après  les  avoir  terminées.  Il 
Bntra  dans  le  corps  des  mousquetaires, 
d'où  il  sortit,  au  bout  de  quelques  an- 
nées, pour  remplir  la  place  de  direc- 
teur des  aides  et  domaines  à  Carentan, 
que  Ghamillart  lui  avait  fait  donner 
comme  récompense  de  ses  services 
dans  diverses  missions  de  confiance. 
Il  se  maria  en  premières  noces,  peu 
de  temps  après,  avec  Marie-Hélène  de 
Chambe,  d'une  bonne  famille  d'Au- 
"/ergne,  et  vécut  dans  une  grande  tran- 
quillité jusqu'en  1699,  que  le  désir  de 


professer  librement  la  religion  réfor- 
mée, qu'il  avait  embrassée,  l'engagea 
à  se  retirer  en  Hollande  avec  tonte  sa 
famille.  N'ayant  pas  trouvé  dans  ce 
pays  les  avantages  qu'il  espérait,  il 
prêta  l'oreille  aux  propositions  de  Gha- 
millart, et,  laissant  sa  femme  et  ses 
enfants  en  Hollande,  il  revint  en  France 
an  mois  dejanv.  no 2.  L'accueil  qu'il 
reçut  dépassa  son  attente  ;  le  ministre 
lui  fit  expédier  sur-le-champ  le  brevet 
d'une  pension  de  1,000  livres  et  lui 
promit  le  premier  emploi  vacant  dans 
ses  bureaux.  Sa  fortune  semblait  donc 
assurée;  mais  ses  envieux  trouvèrent 
le  moyen  de  le  perdre.  Ils  firent  tomber 
entre  les  mains  de  Torcy  des  bouts- 
rlmés^  que  Renneville  avait  composés, 
dit-on,  longtemps  auparavant,  et  où 
la  France  était  peu  ménagée.  Ce  badi- 
nage  imprudent  lui  coûta  cher.  Sous 
prétexte  qu'il  était  un  espion  de  la 
Hollande,  on  l'enleva  dans  la  nuit  du 
16  mai  et  on  l'enferma  à  la  Bastille. 
Il  n'eut  pas  à  se  plaindre  d'abord  de 
la  manière  dont  il  y  fut  traité;  on  le 
logea  dans  la  première  chambre  de  la 
tour  du  Coin  où  Montmorency,  Biron, 
Bassompierre  avaient  été  détenus  avant 
loi,  où  Le  Maistre  de  Sacy  avait  tra-> 
duit  la  plus  grande  partie  de  sa  Bible, 
et  où  Voltaire  devait  composer,  quel- 
ques années  plus  tard,  son  poème  de 
la  Henriade  ;  mais  après  l'évasion  du 
comte  de  Bucquoi,  dont  on  le  soup-* 
çonna  d'être  le  complice,  il  fut  soumis 
aux  plus  durs  traitements.  La  prière 
et  la  lecture  l'aidèrent  à  supporter 
l'ennui  de  la  captivité.  Il  trouva  même 
le  moyen  de  faire  de  l'encre  avec  de 
la  suie  détrempée  dans  du  vin,  et  en 
se  servant  de  petits  os  taillés  en  guise 
de  plume,  il  réussit  a  écrire  dans  sa 
prison  des  ouvrages  en  prose  et  en  vers 
d'une  étendue  considérable,  comme 
un  Traité  des  devoirs  du  fidèle  chré- 
tien, des  Contes  imités  de  ceux  de  La 
Fontaine ,  beaucoup  de  Sonnets  et  de 
Vers,  et  surtout  un  Poème  de  Vamour 
et  de  l'amitié,  qui  comptait  déjà  six 
mille  vers,  lorsque  ses  geôliers  décou- 
vrirent ses  manuscrits  et  les  lui  en- 


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levèrent.  L'intervention  de  la  reine 
Anne,  qui  brisa  les  fers  d'une  foule  de 
malheureux  Protestants,  le  fit  remet- 
tre, lui  aussi,  en  liberté,  le  16  juin 
1713. 11  passa  en  Angleterre  et  obtint 
une  pension  du  roi  George,  à  qui  il 
dédia  son  histoire  de  la  Bastille.  Ce 
livre,  où  il  dévoila  quelques-uns  des 
mystères  de  la  célèbre  prison  d'Etat^ 
eut  un  retentissement  immense.  Il  fut 
traduit  en  anglais,  en  hollandais,  en 
italien,  en  allemand,  et  contrefait  à 
Paris  même,  aussitôt  après  son  appa- 
rition. Quelque  temps  après,  Renne- 
ville  manqua  périr  victime  d'une  ten- 
tative d'assassinat.  Ce  fut  sans  doute 
à  la  suite  de  cette  aventure  qu'il  qnitta 
Londres  et  alla  offrir  ses  services  à 
rélecteur  de  Hesse,  qui  le  nomma  ma- 
jor d'artillerie  et  lieutenant -colonel 
d'infanterie  à  la  suite.  Selon  Strider, 
mourut  dans  la  Hesse,  le  13  mars 
1723.  Sa  veuve,  Judith  Devauœ,  vé- 
cut jusqu'en  1 767  et  atteignit  l'âge  de 
83  ans.Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  : 

I.  Recueil  des  voyages  qui  ont  servi 
à  l'établissement  et  aux  progrès  de  la 
compagnie  des  Indes  orientales,  for- 
mée par  les  Provinces-Unies  des  Pay«- 
iîas,Amst.,  1702-1 705,  5  vol.in-12; 
dem.  édit.  augm.,  Amst.^  1730,  10 
vol.  in-12. 

II.  Les  pseaumes  de  la  pénitence  pa* 
raphrasez  en  sonnets j  La  Haye,  1714^ 
in-8*. 

III.  Les  Cantiques  de  V Écriture 
sainte  paraphrasez  en  sonnets  y  Amst.^ 
1715,  in-8o;  Cassel,  1721,  in-8». 

lY.  ReciAeil  de  poésies  chrétiennes , 
La  Haye,  1715,  in-s»;  Cassel,  1721, 
iu-80.  —  Dédié  à  la  reine  Anne. 

V.  L'Inquisition  française  ou  VHiS' 
toire  de  la  Bastille,  Amst.,  1715,  2 
vol.  in-12;  réimp.  avec  un  Supplé- 
ment, Amst.  et  Leyde,  1 724,  5  vol. 
n-12. 

VI.  Œuvres  spirituelles  contenant 
diverses  poésies  chrétiennes,  Amst., 
1725,  in-8».  —  Ce  n'est  peut-être 
qu'une  réimpression. 

VII.  Poëme  en  vers  libres  pour  le 
jour  de  V heureuse  naissance  de  S.  A. 


S.  M.  Charles,  landgraw  de  Hesse, 
Cassel,  i722,in-8«. 

REN0ULT(Jban-Baptij5tb),  cor- 
delier  converti  au  protestantisme.  A- 
près  avoir  déposé  le  froc,  qu'il  avait 
porté  quatre  ans,  RenouU  se  retira  à 
Londres  en  1695,  et  fut  attaché,  en 
1706,  comme  lecteur  et  prédicateur, 
à  la  chapelle  de  Hungerford.  En  1710, 
il  desservait  l'église  de  la  Pyramide; 
plus  tard,  il  fut  ministre  en  Irlande. 
Telles  sont  les  seules  particularités  que 
l'on  connaisse  de  sa  vie.  On  a  de  lai 
quelques  ouvrages  qui  annoncent  an 
théologien  instruit  et  un  controversiste 
très-modéré. 

I.  Le  vrai  tableau  du  papisme  ou 
Exhortation  faite  à  un  prosélyte  ab- 
jurant les  erreurs  de  Rome  dans  l'é- 
glise française  de  Leicesier/ields,  le 
24  mars  1698,  Lond.,  1698^  in-8»; 
Amst.,  1700,  iu-12. 

II.  Taxe  de  la  chancellerie  romaine, 
Lond.,  1701,  in-8«.— Réimp.  delà 
traduction  de  Du  Pinet  augmentée  de 
plusieurs  pièces. 

m.  Les  avanturesde  la  Madonaet 
de  François  d'Assise,  Amst.,  1701, 
in-12;  dem.  éd.,  Amst.,  1750,in-f  2. 

ly. Le  protestant  scrupuleux  ^AmsK,, 
1701,  in-80.— Réponse  à  une  attaque 
contre  l'ouvrage  précédent. 

V.  La  corruption  de^Egliseromoh 
ne  prédite  par  l'Ecriture,  La  Haye, 
I703,in-8o. 

VI.  L'antiquité  et  la  perpétuité  de 
la  religion  protestante  démontrée  e» 
forme  de  manifeste  à  tous  les  Francis-^ 
cains  ou  Cordeliers,  au  sujet  de  l'ex- 
communication fulminée  contre  hty 
dans  leur  chapitre  ;  ouvrage  dans  (A 
quel  on  fait  voir  :  f  »  que  la  reUgion 
protestante  est  aussi  ancienne  que  U 
monde  et  que  Dieu  en  est  l'auteur; 
2*  que  depuis  Adam  jusqu'à  aujour- 
d'huy  elle  a  toujours  subsisté,  qu'dU 
durera  autant  que  les  siècles,  et  qu'à 
la  fin  du  monde  ellepasserade  la  terre 
au  ciel,  où  elle  n'aura  jamais  de  fin^ 
Amst.,  Jacq.  Desbordes,  1 703,  in-8*; 
2«  édit.,  Gen.,  1737,  in-8«;  réimp., 
Neuchàtel,  1821,  in-8«. 


REN 


—  417  - 


REN 


vil.  Histoire  des  variations  de  l'E- 
glise gallicane  y  en  forme  de  lettres 
écrites  à  M.  de  Meaux,  Amsl.,  1703^ 
iii-12. 

VIII.  L'incrédulité  judaïque  confon^ 
due,  et  labéte  et  le  faux  prophète  jet» 
tez  au  feu,  en  deux  semums,  Lond.^ 
sans  date,  in-i8. 

IX.  Le  vrai  et  le  faux  jubilé,  endeux 
sermons  sur  Lév,  XXV,  12,  GcQ., 
1737,  in-8». 

Nous  trouvons,  en  outre,  Indiquée 
dans  le  catalogue  du  libraire  réfugié 
Du  Chemin,  la  Réponse  de  M.  RenouU 
à  son  père,  pour  se  justifier  d'hérésie, 
in- 12,  dont  nous  n'avons  pu  nous  pro* 
curer  aucun  exemplaire,  et  que  les  bi- 
bliographes ne  citent  môme  pas,  bien 
que  cet  opuscule  ait  eu  plusieurs  édi- 
tions en  Angleterre  et  en  Hollande.  Par 
contre,  la  plupart  des  bibliographies 
attribuent  à  notre  moine  converti  une 
trad.  de  l'Histoire  de  dona  Olympia 
Matdachini,  par  Gregorio  Leti ,  qui  a 
été  publiée  à  Leyde,  1 666,  in-l  2.  Celte 
date  doit  suffire  pour  convaincre  qu'il 
n'en  est  pas  l'auteur.  En  1666,  Re- 
noult  était  à  peine  né. 

RENTY.  Deux  ou  trois  capitaines 
de  ce  nom  figurent  dans  les  rangs  hu- 
guenots pendant  la  seconde  et  la  troi- 
sième guerre  civile.  L'un  d'eux  est 
appelé  le  baron  de  Renty;  un  autre  est 
surnommé  le  ministre.  Nous  ne  savons 
lequel  des  deux  combattit  à  Saint-De- 
nis sous  les  ordres  de  l'amiral,  et  fut 
laissé  par  Condé  pour  commander  à 
Montereau  Jusqu'à  ce  que  l'armée  pro- 
lestante eût  passé  la  Seine.  Dans  la 
troisième  guerre ,  Renty  le  ministre 
surprit  Baugy  ;  mais  il  fut  forcé  de  se 
rendre,  peu  de  temps  après,  à  La  Châ- 
tre qui  le  conduisit  prisonnier  à  Bour- 
ges. Presque  toute  la  garnison,  qui  ne 
consistait  qu'en  50  hommes,  avait  été 
tuée  dans  deux  assauts;  il  ne  lui  res- 
tait plus  que  sept  soldats,  lorsqu'il 
consentit  à  capituler.  11  trouva  dans 
cette  ville ,  captif  comme  lui ,  le  ba- 
ron de  Renty,  qui  avait  pris  les  ar- 
mes, sur  l'ordre  de  Condé,  était  allé 
rejoindre,  avec  les  autres  gentilshom- 


mes picards^  leprince  d'Orange  en  Bra- 
bant.  puis  était  rentré  en  France  à  la 
suitedu  duc  de  Drux-Ponls,  avait  vail- 
lamment contribué,  an  mois  de  juillet 
1569,  à  la  défense  de  La  Charité,  et 
avait  été  fait  p.risonnier  dans  l'entre- 
prise de  Briquemault  sur  Bourges.  Il 
est  donc  évident  que  l'un  et  l'autre 
doivent  être  distingués  de  Renty  tué 
à  Jamac.  Ce  dernier,  sur  qui  nous  ne 
possédons  d'ailleurs  aucun  renseigne- 
ment, est  peut-être  identique  avec /{«ti- 
ty  que  Condé,  à  son  arrivée  à  La  Ro- 
chelle, voulut  envoyer  en  Picardie; 
mais  Odet  de  Chdtillon  qui  l'aimait, 
ne  voulut  point  y  consentir,  et  dépê- 
cha le  capitaine  ^ercti/e  aux  seigneurs 
huguenots  de  cette  province. 

C'est  probablement  le  baron  de  Ren- 
ty qui  fut  laissé  à  La  Rochelle  par  Co- 
liyny  après  la  bataille  de  Moncontour, 
et  qui,  fatigué  bientét  de  son  inac- 
tion, lui  mena  avecB^audtn^  un  corps 
de  cavalerie  dansle  Midi,  au  commen- 
cement defév.  1570.  Peut  être  est-ce 
aussi  lui  qui  fut  tué  à  la  défaite  de 
Genlis  enFlandres,  comme  le  rapporte 
d'Aubigné. 

Le  baron  de  Renty  se  nommait  /oc- 
ques,  selon  un  volume  msc.  de  la  Col- 
lection Du  Chesne,  coté  2i.  Il  épousa, 
en  1571,  Madelaine  de  Longue j(Aie,eX 
devint  ainsi  le  beau-frère  du  marquis 
de  Renel,  Il  en  eut  un  fils,  nommé 
Crarles,  chevalier  de  l'ordre  du  roi 
et  gentilhomme  de  lachambre,  qui  prit 
pour  femme,  en  1603,  Madelaine  Pas- 
toureau. Du  Chesne  ne  nous  apprend 
pas  s'il  y  avait  quelque  lien  de  parenté 
entre  cette  demoiselle  et  Claude  d' Es- 
colliers,  dit  le  capitaine  Pastoureau, 
commandant  du  château  d'Alençon, 
qui  fut  égorgé,  en  1589,  par  les  habi- 
tants k  l'instigation  du  catholique  Re- 
né de  Renty,  baron  de  Landelles,  ja- 
loux de  réunir  le  gouvernement  du 
château  à  celui  de  la  ville,  dont  il  é- 
tait  pourvu  (Voy.  IV,  p.  545). 

RENVOI  (Quentin),  fllsde  Jacques 
Renvoi,  instituteur  à  Metz,  et  lui-mê- 
me pasteur  à  Caivisson,  est  auteur  du 
ConUnU  spirituel  de  la  patience  chres" 


REU 


—  418  — 


REU 


tienne  avec  tous  ses  ennemis  tant  vi- 
sibles qu'invisibles  y  Gcn  ,  1 595,  in-8». 
Sonflls^  nommé  aussi  Qukntix,  Ht  ses 
études  ou  théologie  à  lilonlaubao  et  fut 
appelé  5  le  remplacer  dans  son  église. 

REPASSEAU  (JacqXes),  miuislro 
de  Livron,  fut  déposé,  en  iG25, parle 
Synode  national  de  Charenlon,  comme 
coupable  d'une  tentative  de  séduction 
sur  une  femme  mariée.  11  était  alors 
âgé  d'environ  45  ans.  Trois  ans  plus 
tard,  il  se  présenta  devant  le  Synode 
national  de  Castres,  muni  des  témoi- 
gnages les  plus  honorables  touchant  la 
conduite  qu'il  avait  tenue  depuis  sa 
déposition,  en  sorte  que  le  Synode, 
«  ayant  égard  aux  marques  évidentes 
de  sa  sincère  repentance  et  à  Tinter- 
cession  de  la  province  du  Daupbiné,  » 
le  rétablit  dansle  ministère,  en  l'aver- 
tissant sérieusement  «  de  se  tenir  sur 
ses  gardes,  de  bien  régler  ses  pas,  de 
marcher  avec  crainte  dans  la  voie  du 
Seigneur  et  d'être  plus  circonspect  à 
l'avenir.  »  Repasseau  se  montra  peu 
digne  de  cette  indulgence;  il  abandon- 
na, pendant  la  guerre,  l'église  de  Pail- 
bat,  oii  11  avait  été  placé. 

RELCHLIN  (Antoine),  neveu  du 
célèbre  Reuchlin,  naquit  à  Isny  dans 
le  AViirtemberg,  et  fitsesétudesen  théo- 
logie à  Tubingue.  Après  avoir  exercé 
quelque  temps  son  ministère  à  Mag- 
stadt,  il  fut,  en  i  555,  appelé  comme 
pasteur  et  professeur  d'hébreu  à  Stras- 
bourg, où  il  mourut  et  où  ses  descen- 
dants s'établirent.  On  a  de  lui  : 

I.  Exegesis  dictionum  in  Psalmos 
sex,  Basil.,  1554,  in-fol.  —  Avec  la 
traduction  latine  de  ces  psaumes. 

II.  Concordantiarum  hebraïcarum 
capita  àrabbino  Mardochœoconscripta 
etlalinètranslatayhàs\\,,\t>^Qy\n-ïo\, 

Sans  parler  de  Léonard  Reuchlin, 
qui  ne  nous  est  connu  que  par  une  orai- 
son funèbrc,imp.souscetitre  ;Lm726n- 
predigt  aus  Exod,  AT,  iG  auf  Dan, 
Rixinger,  Strasb.,  1053,  in-40,  deux 
des  descendants  d'Antoine  Reuchlin  se 
sont  fait  un  nom  dans  la  littérature 
tbéologique.  L'un  se  nommait /"Vec/enc- 
Jacob  et  l'autre  Jean-Gaspard, 


I.  Né  à  Gerstheim,le  21  mai  1695^ 
Frédéric-Jacob  Reuchlin  fit  ses  études 
à  Strasbourg. Aprèsavoirpris,en  1 714, 
le  grade  demaltre-ès-arls,  il  fit  un  voya- 
ge en  Suisse,  au  retour  duquel  il  fut 
nommé,  en  n  1 9,  professeur  suppléant 
au  gymnase.  Dans  les  années  suivantes, 
il  visita  successivement  Paris,  Franc- 
fort, Stuttgard,  Tubingue,  et,  en  MU, 
il  fut  chargé  de  suppléer  Sc/iô/)/h'7i  dans 
sa  chaire.  £n  1726,  il  obtint  la  place 
de  professeur  de  5^;  en  1728,  celles 
de  prédicateur  au  Temple-Neuf  et  de 
professeur  de  grec  au  gymnase;  en 
1751,  celle  de  professeur  de  théologie. 
Deux  ans  plus  tard,  il  prit  le  grade  de 
docteur  en  théologie.  Lorsqu'il  mou- 
rut, le  5  Juin  1788,  il  était  doyen  du 
chapitre  de  Saint-Thomas,  président 
de  l'assemblée  des  ministres  et  pasteur 
en  titre  de  Saint-Thomas.  Voici  la  liste 
de  ses  publications,  d'après  Meusel  : 

I.  Diss.  de  ministro  Evangelii  pro 
caussd  Christi  et  Erclesiœ  patiente,  ad 
Col,  1,24,  Arg.^  1733,  in-40. 

II.  démentis  Romani  extantiora 
doctrinœ  monumenta,  Arg.,  1 758, 4». 

m.  De  doclrinâ  Justini  Marlyris 
diss.  IIJ,  Arg.,  17  47,  in-40. 

IV.  De  doctrine  Cypriani  diss,  III, 
Àrg.,  1751-56,  in-40. 

V.  De  precibus  primorum  Christia- 
norum  pro  mord  fini^,  Arg.,  1752, 4*. 

VI.  De  immortalitate  animœ,  Arg,, 
in-40. 

VII.  De  donis  pentecostalibus  diss, 
III,  Arg.,  in-4'>. 

VIII.  DeresurrectioneJesu,ad  Marc. 
XVI,  1  et  seqq.,  Arg.,  1759,  in-40. 

IX.  De  judœo  perfecto ,  qui  rerum 
potilur,  Arg. 

X.  De  tentatione  qud  diabolus  Jesum 
est  aggressus,  ad  Matt.IV,  1  et  seqq,, 
Arg.  J765,  in-*». 

XI.  De  Jesu  solo  illo  viro  maxime 
faciendo,  cujus  ideamgentium  sapien- 
tissimi  dedvrwit,  Arg.,  1771,  in- 4*. 

XII.  Kurzer  Begrilfder  wichtigsten 
Griinde  von  der  IVahrheit  der  christ- 
lichen  Religion, 

II.  Fils  de  Jean  Reuchlin,  chirurgien 
à  Strasbourg,  Jean-Gaspard  naquitdans 


REU 


—  419  — 


REY 


cette  ville^  le  8  oct.  1714. 11  entra,  en 
1721,  an  gymnase,  et,  en  1728,  il 
commença  à  suivre  les  cours  de  l'uni- 
versité.Saphilosopbieterminée,il  s'ap- 
pliqua aux  sciences  théologiques.  Eu 
1734,  il  fut  choisi  par  le  proresseur 
Lorenz  pour  le  précepteur  de  ses  en- 
fants, et  en  1735,  il  Tut  nommé  pro- 
fesseur suppléant  au  gymnase.  L'an- 
née suivante,  il  se  rendit  à  léna,  où  il 
passa  six  mois  pour  se  perfectionner 
dans  les  langues  orientales.  A  son  re- 
tour, le  9  fév.  1 737,  il  soutint  une  thèse 
De  studio  mariyrii  in  Ecclesiâ  prinii-- 
tiijd;  puis  il  se  remit  en  route,  dans 
l'intention  de  visiter  les  principales 
universités  de  l'Allemagne  et  de  la  Hol- 
lande. Consacré  au  mi  ni  stère  en  1738, 
il  fui  placé  à  la  télé  du  collège  de  Saint- 
Guillaume,  et  nommé,  peu  de  temps  a- 
près,  prédicateur  du  soir.  Le  2  oct , 
il  quitta  de  nouveau  sa  ville  natale 
pour  accompagner  le  prince  héréditaire 
de  Schwartzbourg-Rudolstadt  dans  un 
voyage  qui  dura  plus  de  deux  ans. 
L'amour  qu'il  portait  à  sa  mère,  ne 
lui  permit  pas  de  céder  aux  instances 
que  le  Jeune  prince  flt  pour  le  retenir 
à  son  service.  Il  retourna  à  Strasbourg ,- 
mais  au  bout  de  quelques  mois,  l'em- 
ploi de  gouverneur  du  prince  hérédi- 
taire de  Gotha  lui  ayant  été  proposé, 
il  donna  sa  démission  d'une  place  de 
pasteur  qu'il  venait  d'obtenir,  et  s'é- 
loigna encore  une  fois  de  sa  famille. 
L'éducation  du  prince  terminée,  Reucb- 
lin  refusa  la  charge  de  prédicateur  de 
la  Cour,  qui  lui  était  offerte  comme 
récompense  de  ses  services,  et  se  con- 
tentant du  titre  de  conseiller  de  con- 
sistoire, il  retourna  à  Strasbourg,  où 
11  Tut  nommé,  en  1 7  4  4 ,  pasteur  à  Saint- 
Pierre,eten  1 7  46,  professeurde  poésie. 
11  entra  en  possession  de  sa  chaire  aca- 
démique par  un  discours  De  ofjkio  doc- 
toris  christiani  in  tr  ac  tandis  poetarum 
non  christ ianorum  carminibus.  L'an- 
née suivante,  en  vue  d'une  chaire  de 
théologie  qu'il  ambitionnait,  il  prit  le 
grade  de  docteur,  après  avoir  subi  les 
épreuve3  prescrites  et  soutenu  deux 
thèses  intitulées,  l'une  :  ReligioJudceo- 


rum  seeundùm  romanospoetas  descrifh 
ta  ;  l'autre  :  Historia  christiana  roma- 
norum  poetarum  testimoniis  illustrata. 
En  1751,  le  duc  de  Gotha  le  rappela 
dans  ses  Etals  en  lui  conférant  lacharge 
de  surintendant  général  et  d'inspecteur 
du  Fridericum  à  Altenbourg.  Rpuchllu 
entra  dans  ses  nouvelles  fonctions  le 
30  juin.  On  ignore  la  date  de  sa  mort. 
Outre  les  écrits  cités  plus  haut,  on  a 
de  lui  : 

I.  Beschreibunq  der  ganzen  Tauf- 
handlung  eines  Juden  aus  Hamburg, 
Altenb.,  1752,  in-é». 

II.  Denkmal  der  Altenb.  Jubelfreun- 
de  zum  Andenken  des  vor  200  Jahren 
geschlossenen  Religionsfriedens ,  Al- 
tenb., 1755,  in-80. 

REVEAU  (Georges),  en  lutin  Re- 
vellus,  sieur  de  La  Berthelière  et  do 
Treuil- Moreau,  naquit  à  Nantes;  mais 
il  était  encore  jeune,  lorsqu'il  alla  s'é- 
tablir à  La  Rochelle,  probablement  avec 
Edmond  ReveaUy  greffier  en  la  cham- 
bre des  comptes  de  Nantes,  qui  était 
peut-être  son  père  et  dont  les  desceu- 
dantsprofessaientencore  la  religion  ré- 
formée en  1681  (Arch,  gén.ll,  316). 
11  y  remplit  les  Tonctions  de  conseiller  et 
d'avocat  du  roi  au  présidial  et  à  l'élec- 
tion. Ancien  de  l'église  de  La  Rochelle, 
il  fut  député,  en  1637,  auS\node  na- 
tional d'Alençon.  La  date  de  sa  mort 
n'est  pas  connue.  On  a  de  lui  une  his- 
toire des  sièges  de  La  Rochelle  écrite 
dans  un  latin  dur  et  sans  grâces, 
mais  semée  des  anecdotes  les  plus  cu- 
rieuses, et  remarquable  surtout  par  uq 
ton  de  rare  modération  et  une  grande 
sagesse  de  vues.  Elle  a  été  imprimée 
sous  ce  litre  :  De  Rupellâ  ter  obsessd, 
deditdy  demùm  subactây  /i'6.///,  Amst., 
1649,  in-12. 

REY  (Claude),  de  Nismes,  ût  ses 
études  en  théologie  à  l'académie  de 
Genève,  où  il  fut  immatriculé  en  1 672. 
Reçu  ministre  en  1678  (Arch.  yen. 
Tt.  282),  il  fut  donné  pour  pasteur  à 
l'église  de  Vergèze,  et  se  trouva  com- 
promis dans  l'afTaire  deBrotjisson  (Voy. 
lu,  p.  32).  A  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes,  il  renia  sa  foi  ;  mais  bien- 


REY 


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REY 


I6t,  saisi  de  remords^  il  trouva  moyen 
de  passer  en  Suisse.  Il  se  rendit  à  Za- 
rich^  où  il  ût  pénitence  de  sa  fanle,  et 
fut  jétabti  dans  le  ministère  en  i686. 
Il  rnoornl  pasteur  à  Erlangen  (MSS, 
de  Court) — Antoine  fley,  dePui-Lau- 
rens^  qui  avait  été  reçu  ministre  an 
synode  de  Réatmont  en  1679,  et  placé 
à  Saint-Félix-de-Sorgues  {Arch,  Tt. 
258)^  n'imita  pas  cet  exemple  de  fai- 
blesse. Il  sortit  de  France  dans  le 
délai  prescrit  par  l'édit  révocatoire^ 
se  rendit  en  Hollande  et  fut  chargé 
de  desservir  l'église  wallonne  de  Zi- 
riksée.  Admis  à  la  retraite  en  1724, 
il  mourut  quatre  ans  après.  —  Un 
autre  pasteur  du  même  nom.  César 
Rey,  qui  était  ministre  à  Gex,  fut^ 
à  la  requête  du  clergé^  poursuivi 
en  1666,  avec  son  collègue  Gabriel 
Eéliot,  comme  coupable  d'avoir  con- 
solé des  malades,  d'avoir  prêché,  de 
1662  à  1665,  hors  du  lieu  de  sa  ré- 
sidence, et  d'avoir  assisté  à  un  synode 
(Arch,  de  Genève,  N*  34i5).  Mous  ne 
savons  pas  quelle  fut  l'issue  de  ce 
procès;  mais,  en  1 67f .  nous  trouvons 
César  Rey  exerçant  son  ministère  à 
Couches  en  Bourgogne.  —  En  f  687, 
les  deux  filles  ou  petites- filles  de  Jean 
Rey,  conseiller  du  roi,  correcteur  en 
la  cour  des  comptes  de  Montpellier  et 
ancien  de  l'église,  furent  jetées  dans 
les  prisons  de  Sommières  comme  pro- 
testantes. L'une  était  âgée  de  30  et 
l'autre  de  25  ans  [Arch.  Tt.  322). 

REYNlERy  famille  originaire  du 
Dauphinè  (1),  qui  se  réfugia  en  Suisse 
à  la  révocation  et  s'établit  à  Lausanne. 
Jean-François  Reynier,  le  premier  de 
ses  membres  qui  ait  acquis  quelque 
renom,  exerçait  la  médecine,  vers  le 
milieu  du  siècle  dernier.  Il  était  mem- 
bre de  l'Académie  de  Montpellier  et  de 
l'Académie  deGôttingue.  Outre  des  ar- 
ticles sur  des  questions  d'agriculture 
qu'il  a  fournis  à  la  grande  Encyclo- 
pédie, on  a  de  lui  :Le  louvet,  maladie 
du  bétail,  ses  causes  et  ses  remèdes, 

(i)  Dans  une  list«  de  Réfugiés  habiUol  Laa- 
Mime  eo  1740,  noui  lisons  les  noms  de  David 
ftfyii«#r,  da  Dauphiné,  ei  de  iod  nevev  Anâré, 


Laus.,  1762,  in-12.  Deux  de  ses  fils 
se  sont  illustrésau  service  de  la  France, 
sous  la  République  et  sous  l'Empire. 

1.  jEAN-Louis-ANTOiNEReynier, sa- 
vant économiste  et  agronome,  naquit 
à  Lausanne,  le  25  juill.  1762.  Après 
avoir  achevé  ses  humanités,  il  s'ap- 
pliqua plus  spécialement  aux  sciences 
naturelles  et  entreprit,  en  1784,  un 
voyage  d'instruction  dans  la  Hollande 
et  en  France.  A  son  retour  en  Suisse,  il 
se  maria,  et  bientôt  après,  il  se  (rans- 
poptaavecsa  famille  à  Garchy,  dans  le 
dép.  de  la  Nièvre,  ou  il  acquit  un  petit 
domaine  dont  il  dirigea  lui-même  l'ex- 
ploitation. En  1798,  il  fut  envoyé  en 
Egypte  à  la  suite  de  l'expédition  de  Bo- 
naparte, et  pourvu,  par  le  crédit  de  son 
frère,  un  des  généraux  de  l'armée, 
d'une  haute  position  dans  l'adminis- 
tration française.  Nommé  directeur  des 
revenus  en  nature  et  du  mobilier  na- 
tional, «  il  recueillit,  dans  ces  impor- 
tantes fonctions,  dit  H.  Philbert  (Biogr. 
Univ.),  des  renseignements  précieux 
sur  l'économie  politique,  industrielle 
et  agricole  de  l'Egypte  et  des  Arabes. 
La  place  de  membre  du  conseil  privé 
qu'il  remplit  pendant  les  quatre  an- 
nées de  l'occupation  de  l'Egypte,  le  mil 
au  courant  de  toutes  les  grandes  mesu- 
res administratives,  ce  qui  a  donné  k 
ses  ouvrages  spéciaux  une  incontesta- 
ble supériorité  sur  tout  ce  qui  a  été 
écrit  par  les  différents  voyageurs.  » 
Kléber,  après  le  départ  de  Bonaparte, 
et  ensuite  Menou  le  maintinrent  à  son 
poste;  il  devint  même,  dit-on,  direc- 
teur-général des  finances.  Mais  à  son 
retour  en  France, après  la  capitulation, 
il  partagea  la  disgrâce  de  son  frère.  Il 
se  retira  alors  dans  sa  propriété  de  la 
Nièvre,  oii  il  vécut  dans  la  retraite. 
Jusqu'à  ce  qu'en  1807,  le  nouveau  roi 
des  Deux-Sicilcs,  Joseph  Bonaparte,  le 
chargea  d'organiser  l'administration 
dans  les  Calabres,  que  le  général  son 
frère  venait  de  reconquérir,  et  l'appela 
d'ans  son  conseil  d'Etat.  La  sagesse  de 
ses  mesures  contribua  puissamment  à 
pacifier  le  pays.  On  lit  dans  les  Mé- 
moires du  roi  Joseph: «Il  (Joseph)  ré- 


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-481  -. 


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solol  d'établir  dans  ces  provinces  (les 
Gaiabres)  an  commissaire  investi  de 
pouvoirs  eitraordinaireSy  afin  de  snr- 
veiller  l'administration  civile  et  mili- 
taire^ de  réprimer  les  abus  qui  s'étaient 
introduits  dans  celle  de  la  Jastice,  et 
d'alléger  le  plus  possible  les  maux  que 
e  pays  avait  à  souffrir.  Pour  obtenir 
d'beureux  effets  d'une  pareille  mission^ 
il  était  surtout  essentiel  qu'elle  fût  rem-» 
plie  par  un  homme  qui^  agissant  dan» 
un  accord  parfait  avec  l'autorité  mili- 
taire, la  trouvât  disposée  toujours  à  le 
seconder.  Cette  mission  fut  conflée  à 
M.  Louis  Reynier^  frère  du  général 
commandant  les  troupes.  Elle  n'eut  pas 
tout  l'effet  qu'il  était  permis  d'en  at- 
tendre; cependant  elle  ne  fut  pas  sans 
utilité.  0  Sous  le  gouvernement  de  Mu- 
rât (i»  août  1808)^  Keynier  fut  nom- 
mé à  la  direction  générale  des  postes^ 
puis  à  celle  des  furets.  Le  système  fo- 
restier qu'il  introduii*it^  a  survécu^ 
dit-on^  aux  changements  politiques. 
Après  le  détrônemen^de  Hurat^en  1815, 
il  retourna  dans  son  pays  natal,  où  il 
(ùt  choisi  comme  intendant  des  postes 
et  conservateur  des  antiquités  du  can- 
ton :  Juste  hommage  rendu  par  ses  com- 
patriotes à  sa  probité  et  à  son  savoir. 
Il  mourut  le  1 7  déc.  1824.  Il  avait  été 
un  des  fondateurs  de  la  Société  litté- 
raire et  de  la  Société  cantonale  des 
sciences  naturelles.  Le  général  La  Har- 
pe, président  de  cette  dernière  société, 
y  prononça  3on  éloge  (Lausanne,  1 825, 
in-8«).  On  doit  à  Louis  Reynier  : 

I.  Du  feu  et  de  quelques-uns  de  ses 
principaux  effets,  Laus.  et  Paris,  1 787; 

790,  in-S». 

II.  Mémoires  pour  servir  à  Vhist. 
physique  et  naturelle  de  la  Suisse, 
Laus.  et  Par.,  1788,  in-8».  —  En  col- 
laboration avec  le  prof.  H.  Struve;  un 
premier  volume  a  seul  paru. 

III.  Rapport  fait  à  la  Société  des 
sciences  physiques  de  Lausanne  sur  un 
somnambule  naturel,  Laus.,  H.  Vin- 
cent, 1788,  in-S"". 

IV.  Journal  d'agriculture  à  l'usage 
des  campagnes,  Paris,  i  790,  in-8«. 

V.  LeGuidedesVoyageunenSmssê, 


précédé  d'un  Discours  sur  Vétat  poli" 
tique  du  pays.  Par.  et  Gen.,  1791,  in- 
12.  —  Attribué  à  tort  par  Barbier  à 
Reynier  père. 

VI.  Considérations  générales  sur 
Vagriculture  de  l'Egypte  et  sur  les 
améliorations  dont  elle  est  susceptible, 
et  Observations  sur  le  palmier  dattier 
et  sur  sa  culture ,  Par.,  [1803]  in-8«. 
—  Le  premier  de  ces  mémoires  avait 
d'abord  paru  dans  les  Annales  d'Agri- 
culture (T.  X),  et  le  second  dans  la  Dé- 
cade Egyptienne  (T.  III,  1800).  L'un 
et  l'autre  ont  été  reproduits  dans  les 
Mémoires  sur  l'Egypte,  1803  (T.  IV  et 
VI),  avec  la  Méthode  de  caprification 
usitée  sur  le  figuier  sycomore,  du  même 
auteur. 

VII.  Considérations  sur  les  anciens 
habitants  de  l'Egypte  y  Par.,  f  804,  in- 
8«.  —  Elles  parurent  d'abord  dans  la 
Décade  philosophique. 

VIII.  Sur  les  Sphynx  qui  accompch 
gnent  les  pyramides  d'Egypte,  Par., 
1805,  in-8«.  —  Publ.  dans  la  Revue 
philosophique.  C'est  par  erreur  que 
quelques-uns  attribuent  ces  deux  der- 
niers écrits  au  frère  de  l'auteur. 

IX.  De  l'Egypte  sous  la  domination 
des  Romains,  Par.,  1807,  in-8». 

X.  Précis  d'une  collection  de  mé' 
dailles  antiques  [appart.  à  l'auteur]^ 
contenant  ladescriptionde  toutes  celles 
qui  n'ont  pas  encore  été  publiées,  ou 
qui  sont  peu  connues,  Gen.  et  Par.,  8. 
d.  [1818],  in-8»avec  trois  planches. 

XI.  De  l'Economie  publique  et  ru* 
raie  des  Celtes,  des  Germains  et  d'au* 
très  peuples  du  Nord  et  du  centre  de 
l'Europe,  1 818  ;  —  </ef  Perses  et  des 
Phéniciens,  1819;  —  des  Arabes  et 
des  Juifs,  i  820  ;  —  (/é5  Egyptiens  et 
des  Carthaginois,  précéd.  de  Considi» 
rations  sur  les  antiquités  éthiopiennes, 
1823;  —  des  Grecs,  1825.— Ces  dif- 
férents ouvr.  parurent  à  Genève  et  à 
Paris,  format  in-8«. 

On  trouve,  en  outre,  de  Reynier  un 
grand  nombre  de  mémoires  et  de  dis- 
sertations dans  divers  recueils  scien- 
tifiques et  littéraires,  tels  que  le  Dict. 
d'agriculture  de  l'Encydopédie  mé- 


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-4^2- 


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thodiqoe,  les  Mémoires  de  la  Soc.  des 
sciences  phys.  de  Lausanne^  le  Journal 
d'histoire  natur.^  de  1792  ;  la  Décade 
philos.,  de  1802-4;  la  Revue  philos., 
de  1805-6;  la  Feuille  du  canton  de 
Vaud,  de  1816-24,  La  France  littéraire 
enfuit  connaître  les  titres.  Pendant  son 
séjour  en  Egypte,  Rrynier  coopéra  à  la 
Décade  égyptienne  et  au  Courrier  du 
Caire.  Enfin  il  a  Irad.  de  l'anglais  la 
section  Phtjsique  expérimentale  de  l'A- 
brégé des  Trans.  philos,  de  la  Soc. 
roy.  de  Londres,  1790,  2  vol.  in-8». 
il  jEAN-Loiiis-EBENÉZERReynier(l), 
un  des  meilleurs  généraux  de  la  Répu- 
blique cl  de  TEmpire,  et  un  des  moins 
gâtés  par  les  Taveurs  du  Pouvoir,  na- 
quit à  Lausanne,  le  1 4  Janv.  1771  (2). 
11  SA  destinait  au  génie  militaire  et  avait 
lerminétoutcsseséludespréparaloires, 
lorsque  la  Révolution  éclata.  11  s'enga- 
gea iians  l'artillerie,  et  fit  les  premières 
campagnes  de  la  République,  d'abord 
comme  simple  soldat,  puis  comme  at- 
taché à  rétat-major.    Son  Instruction 
lui  valut  un  avancement  rapide.  En 
1795,  lors  de  la  conquête  de  la  Hol- 
lande, 11  fut  promu  au  grade  de  géné- 
ral de  brigade.  11  passa  ensuite  à  l'ar- 
mée du  Rhin  et  servit  sous  Moreau  en 
qualité  de  chef  d'état-major.  Il  se  dis- 
tingua dans  plusieurs  atîaires.Reynier 
avait  plus  que  de  la  bravoure  et  des 
talents  militaires.  Il  repoussa  avec  in- 
dignation plusieurs  tentatives  de  cor- 
ruption: cette  arme  perfide  à  l'usage 
des  causes  perdues.  Désigné  pour  faire 
partie  de  l'expédition  d'Egypte,  il  fut 
nommé  au  commandement  d'une  divi- 
sion. Apres  la  bataille  des  Pyramides, 
à  laquelle  il  prit  pari — sa  division  for- 
mait la  droite  de  notre  armée,  avec 
celle  de  Desaix,  et  reçut  le  premier 
choc  de  la  cavalerie  ennemie,— il  fut 
charge  par  Bonaparte  de  poursuivre  le 
corps  des  Mameluks  sous  les  ordres 
d'Ibrahim-Bcy;  illatteignilà  Salahich 
et  le  rejeta  dans  le  désert.  Il  resta 

(l)  M.  Thicrs  ccril  ce  nom  fléginer  dans  son 
Histoire  do  la  Rcvololion,mftJs  il  se  corriecdan» 
son  I1i$tuirc  da  Consulat  et  de  TEmpire. 

i^)  D'aprè«  M.  Aiirliaud;  le  31  jant.,  daprès 

Biogr.  DOUT.  des  Conlemporains. 


comme  gouverneur  de  la  province  de 
Cbarkieh.  Lor»  de  l'expédition  de  Sy- 
rie^ sa  division  forma  naturellemen  l 
Tavant  garde.  Il  se  porta  contre  le  fort 
El-Arisch.   Un  corps  nombreux    de 
Turcs  accourait  au  secours  de  cette 
place.  Reynier  le  surprit  au  milieu  de 
la  nuit,  le  dispersa,  après  avoir  tué 
son  chef,  et  s'empara  d'un  convoi  de 
vivres,  qui  fit  régner  l'abondance  dans 
son  camp  à  la  veille  du  Jour  où,  par 
rincurie  de  l'administration  des  sub- 
sistances, il  entrevoyait  pour  son  corps 
d'armée  toutes  les  horreurs  de  la  fa- 
mine. Reynier  se  trouva  au  siège  de 
Sainl-Jean-d'Acre,  et  lorsque  Bona- 
parte se  porta  à  la  rencontre  de  l'ar- 
mée turque  du  côté  du  mont  Thabor^ 
il  lui  en  confia  le  commandement.  Cette 
entreprise  ayant  échoué,  aprësun  siège 
de  2  mois  (du  20  mars  au  20  mai),  on 
songea  à  la  retraite.  Reynier,  dont  la 
division  formait  l'arrière-garde,  s'ar- 
rêta de  nouveau  dans  la  province  de 
Charkieh  qu'il  continua  à  administrer 
Jusqu'à  ce  que  Kléter,  après  le  départ 
de  Bonaparte,  le  rappela  au  Caire.  A 
la  célèbre  bataille  d'Héliopolis,  il  com- 
mandait deux  des  4  carrés,  contre  les- 
quels l'armée  ennemie  vint  se  briser. 
Ce  brillant  succès  aurait  pu  assurer 
notre  domination  jusqu'à  l'arrivée  de 
secours  ;  mais  à  la  suite  de  l'assassinat 
de  Kléber,  le  commandement  étant 
tombé  aux  mains  du  général  Menou, 
dont  rincapacité  était  notoire—  on  a 
même  prétendu  un  dérangement  des 
facultés  mentales,  ce  que  ne  démenti- 
rait pas  sa  conversion  à  la  foi  maho- 
métane  (i)  —  les  fautes  succédèrent 
aux  fautes.  Pour  se  disculper,  le  gé- 
néral en  chef  s'en  prit  naturellement 
aux  officiers  sous  ses  ordres.  Après  la 
malheureuse  bataille  du  50  ventôse  an 
IX  (21  mars  1800),  Reynier,  dont  les 
sages  représentations  avaient  été  re- 
poussées avec  hauteur,  fut,  au  rapport 
de  la  Biogr.  des  Contemporains,  arrêté 
par  ordre  de  Menou  et  reconduit  en 

(f  )  Il  csl  Trai  que  Bonaparle  joaa  presque  la 
même  coiucdie.  A  tes  yeux,  la  religion  n'a  jamais 
été  qu'un  moyen  d'action  sur  les  iii*Mef. 


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-  433  - 


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France.  Bonaparte  estimait  Reynier^ 
mais  il  ne  l'aimait  pas;  il  parut  donner 
raison  à  Menou.  Ce  Tut  alors  que  Rey- 
nier  se  décida  à  en  appeler  au  jugement 
du  public  :  une  telle  conduite  n'était 
sans  doute  pas  politique,  mais  nous  ne 
faisions  que  commencer  l'apprentis- 
sage du  régime  militaire  et  l'on  pou- 
vait croire  que,  sous  la  République,  il 
nous  restait  encore  quelque  liberté,  que 
tout  n'était  pas  dans  le  mot  et  dans 
Tapparence.  11  écrivit  donc  son  Mé- 
moire sur  r£gypte.  «  Quoique  l'im- 
partialité, disait-il  dans  son  Introduc- 
tion, soltdifficiieàconserver,  lorsqu'on 
écrit  sur  des  événements  dans  lesquels 
on  a  Joué  un  rôle,  j'ai  tâché  de  ne  pas 
m'en  écarter.  J'ai  toujours  à  retracer 
la  constance  et  la  bravoure  des  soldats 
français;  mais  ce  n'est  plus  une  suite 
de  victoires  brillantes  comme  sous  Bo- 
naparte; ce  n'est  plus  une  campagne 
comme  celle  d'Héliopolis;  je  dois  dé- 
crire des  revers.  11  faut,  pour  Tbonneur 
de  Tarmée  d'Orient,  en  publier  les  cau- 
ses, afin  qu'on  sache  qu'elle  s'est  tou- 
jours montrée  digne  do  son  ancienne 
gloire.  »  Selon  les  uns,  Bonaparte  n'au- 
rait pas  désapprouvé  la  publication  de 
cet  écrit, — aussi  ne  lui  donnait-on  que 
des  éloges.  Mais  ce  qui  parait  certain, 
c'est  que  l'ouvrage  fut  saisi,  et  en 
même  temps  que  le  général  M^nou  fut 
comblé  d'honneurs,  Reynier  fut  relé- 
gué dans  le  départ,  de  la  Nièvre.  La 
mort  do  général  Destaing,  qu'il  cul  le 
malheur  de  tuer  en  duel,  fut  peut-être 
le  prétexte  de  celte  disgrâce.   Mais, 
comme  on  l'a  remarqué,  Reynier  avait 
servi  sous  Morcau,  et  aux  yeux  du  pre- 
mier consul,  ce  n'était  pas  un  titre  de 
recommandation. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici,  au  rapport 
du  général Monlholon^  le  jugement  que 
Bonaparte  portait  de  Reynier  :  a  Le  gé- 
néral Reynier  avait  plus  d'habitude  do 
la  guerre  que  le  général  Menou,  mais 
il  manquait  de  la  première  qualité  d'un 
chef  :  bon  pour  occuper  le  deuxième 
raog,ilparaissaitimpropreaupremier. 
Il  était  d'un  caractère  silencieux,  ai- 
mant la  solitude,  ne  sachant  pas  élec- 


triser,  dominer,  conduire  les  hommes. i^ 
Il  est  difficile  cependantde  se  persuader 
que  dans  la  disgrâce  de  Reynier  il  n'y 
ait  pas  eu  quelque  rcsseptiment  per>- 
sonnel  de  la  part  de  Bonaparte.  Aussi 
vjyons-nous  dans  les  Mémoires   de 
Rapp,  qu'un  jour  que  cet  aide  de  camp 
intercédait  pour  son  ami.  Napoléon  im- 
patienté lui  répondit  sèchement  qu'il 
ne  voulait  plus  entendre  parler  de  lui. 
Et  comme  dans  la  lettre  que  Rapp  é- 
crivit  à  Reynier  pour  lui  rendre  compte 
de  l'inutilité  de  ses  démarches,  il  se 
permit  «  quelques  phrases  dictées  par 
le  dépit,  »  cette  lettre  ouverte  à  la  pos- 
te (malheureux  temps  que  nos  petits- 
fils  s'étonneront  qu'on  ail  pu  regret- 
ter! )  fut  mise  sous  les  yeux  de  Bona- 
parte qui  en  éprouva  une  violente  co- 
lère; il  fit  appeler  sur-le-champ  son 
aide  de  c^mp  :  Pouvcz-vous  écrire  de 
pareilles  horreurs  à  mes  c7incmis?  s'é- 
cria-l-ilcn  s'élançanl  vers  lui  «  comme 
un  furieux.  »   Peu  s'en  fallut  qu'une 
même  disgrâce  n'enveloppât  les  deux 
grands  coupables.  Cependant  Napoléon 
ne  méconnaissait  pas  les  talents  mili- 
taires de  Reynier,  et  il  songea  même 
à  en  tirer  parti,  tout  en  le  tenant  éloi- 
gné de  sa  personne.  En  1805,  il  lui 
donna  Tordre  de  prendre  le  comman- 
dement d  un  corps  de  troupes  envoyé 
en  Italie.  «  Il  eut,  dit-on,  la  prin- 
cipale part  à  la  victoire  de  Castel- 
Franco  [sur  les  Autrichiens],  dontd'au- 
tres  ont  recueilli  les  avantages.  »  Bien- 
tôt après,  il  fut  appelé  au  commande- 
ment d'une  des  trois  divisions  chargées 
d'occuper  le  royaume  desDcux-Siclles. 
Napoléon  écrivait  de  Munich  ,  sous  la 
date  du  12  janv.  180G,  à  son  frère  Jo- 
seph qui  dirigeait  celte  expédition  : 
«Attachez-vous  au  général  Reynier;  il 
est  froid,  mais  c'est  des  trois  [Masséna 
et  Saint-Cyr  étaient  les  deux  autres]  le 
plus  capable  de  faire  un  bon  plan  de 
campagne  et  de  vous  donner  un  bon 
conseil;  »  et  dans  une  autre  lettre,  du 
3  juin,  «  Jourdan  cl  Reynier,  voilà  les 
deux  hommes  que  vous  devez  vous  at- 
tacher» (Mémoires  du  roi  Joseph). Ce- 
pendant il  lui  marquait  aussi  que  a  s'il 


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—  4354  — 


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y  avait  des  attaques  vives,  prolongées 
et  où  il  fallût  pa^er  de  beaucoup  d'au- 
dace y  Masséoa  était  plus  propre  que 
Reynier.»  ^rës  l'installation  à  Naples 
du  lieutenant  de  l'Empereur — ce  n'est 
que  par  décret  du  30  mars  que  Joseph 
fut  nommé  roi,— Reynier  eut  ordre  de 
se  porter  dans  les  Calabres.  A  son  ap- 
proche l'armée  royaliste,  qui  s'y  était 
retirée,  s'embarqua  pourla  Sicile.  Tout 
le  pays  ne  larda  pas  à  être  pacifié,  tel- 
lement que,  lorsque  Joseph  s'y  trans- 
porta, il  eut  lieu  d'être  surpris  du  grand 
enthousiasme  que  sa  présence  excita 
partout.  Napoléon  créa  Reynier  grand 
oflScier  de  la  Légion  d'honneur,  «  pour 
lui  prouver  sa  satisfaction.  »  Notre  gé- 
néral se  cantonna  sur  les  cétes  pour 
observer  l'ennemi  et  préparer  «  sans 
bruit  »  l'expédition  que  l'on  projetait 
en  Sicile.  «  Lorsque  vous  serez  maître 
de  la  Sicile ,  écrivait  Napoléon  à  son 
frère  (5  juin),  instituez  troisantres  flefs, 
dont  un  pour  Reynier;  aussi  bien.  Je 
pense  que  c'est  lui  que  vous  chargez 
de  l'expédition ,  et  ce  ne  sera  pas  un 
faible  encouragement  pour  lui,  s'il  se 
doute  de  ce  que  je  veux  faire  en  sa  fa- 
veur. »  Les  choses  tournèrent  tout  dif- 
féremment ;  bien  loin  de  nous  emparer 
de  la  Sicile,  qui  demeura  toujours  au 
pouvoir  des  Bourbons,  peu  s'en  fallut 
que  nous  ne  fussions  rejetés  des  Cala- 
bres. Le  général  anglais,  Stuart,  à  la 
tète  de  huit  mille  hommes,  ayant  mis 
à  la  voile  le  \  «'  juillet,  vint  débarquer 
dans  le  golfe  de  Sainte-Euphémie.  Mal- 
gré la  grande  infériorité  des  forces 
qu'il  parvint  à  réunir  à  la  hâte,  Reynier 
n'hésita  pas  à  l'attaquer.  On  a  prétendu 
qu'en  cela  il  commit  une  faute,  que  s'il 
«  s'était  borné  à  observer  l'ennemi  et 
à  manœuvrer  de  manière  à  le  contenir 
dans  la  plaine,  en  peu  de  jours  il  eût 
en  partie  succombé  par  l'insalubrité  de 
l'air,  dont  nouspouvions,  denotrec^té, 
nous  préserver  en  occupant  les  hau- 
teurs. »  Mais  cette  destruction  en  quel- 
ques jours  de  tout  un  corps  d'armée 
par  l'insalubrité  de  l'air  est  un  événe- 
ment extraordinaire  qui  pouvait  bien 
ne  pas  arriver,  tandis  que  la  révolte 


qui  se  propageait  sur  nos  derrières,  é- 
tait  un  fait  constant  et  menaçaitde  nous 
prendre  entre  deux  feux,  en  nous  cou- 
pant toute  retraite.  Reynier  crut  devoir 
tenter  un  coup  d'audace  ;  mais  comme 
il  le  dit  dans  son  rapport  de  cette  mal- 
heureuse affaire,  sous  la  date  du  5  juil- 
let, a  il  ne  fut  pas  secondé  par  le  nombre 
et  le  moral  des  troupes.  »  Reynier,  dit 
H.  Thiers,((  cet  officier,  savantetbrave, 
mais  malheureux,  que  Napoléon  avait 
consenti  à  employer  à  Naples,  malgré 
le  souvenir  des  fautes  commises  enE- 
gypte,  ne  fut  pas  plus  favorisé  par  la 
fortune  en  cette  occasion,  qu'il  ne  l'a- 
vait été  autrefois  dans  les  champs  d'A- 
lexandrie. Attaquant  le  général  Stuart, 
au  milieu  d'un  terrain  marécageux,  on 
il  lui  était  impossible  de  faire  agir  ses 
quatre  mille  hommes  avec  un  ensemble 
qui  compensât  leur  infériorité  numé- 
rique, il  fut  repoussé  et  contraint  de 
se  retirer  dans  l'intérieur  des  Calabres. 
Cet  insuccès,  quoiqu'il  ne  dût  pas  être 
considéré  comme  une  bataille  perdue, 
en  eut  cependant  les  conséquences,  et 
provoqua  le  soulèvement  des  Calabres 
sur  les  derrières  des  Français.  Le  gé- 
néral Reynier  eut  des  combats  achar- 
nés à  soutenir  pour  réunir  ses  détache- 
ments épars,  vit  ses  malades,  ses  bles- 
sés lâchement  assassinés  (i),  sans  pou- 
voir les  secourir,  et  fut  obligé,  pour 
se  faire  jour,  de  brûler  des  villages  et 
de  passer  des  populations  insurgées  an 
fil  de  l'épée.  Du  reste,  il  se  conduisit 
avec  énergie  et  célérité,  et  sut  se  main- 
tenir au  milieu  d'un  effroyable  incen- 
die. »  Napoléon  avait  bien  raison  lors- 
qu'il écrivait  à  son  frère  de  ne  pas  trop 
se  fier  aux  démonstrations  publiques 
des  Napolitains.  Pourquoi  voudries- 
vou< qu'on  vous  aime?  lui  disait-il;  an 
moindre  revers,  vous  les  verriez  tous 

(1)  Diions  k  l'honneur  da  général  Stnirt  qw'B 
fit  tout  ce  qni  était  en  son  pouvoir  pour  empê- 
cher ces  harbariM.  •  Cherchant  à  rappléer,  dil 
M.  Thîers,  par  Tamour  de  l'argent  à  l'humaaitè 
qni  manquait  à  ces  ferores  montagnards,  il  pro- 
mit dix  ducats  par  soldat,  qninie  par  officier, 
amené  Titant,  et  il  traita  ceux  qu'il  réassit  à  sa»- 
Ter  avec  les  égards  que  se  doîTenl  entre  elles  les 
nations  civil isées,  lorsqu'elles  sont  condamnées  à 
se  bire  la  guerre.  • 


REY 


—  4S6  — 


RET 


soulevés  contre  vous.  L'empereur  ma- 
nifesta beaucoup  de  mécontentement 
au  sujet  de  cet  échec  de  Sainte-Euphé- 
mie  :  «  Keynier  a  Tait  des  fautes  de  tou- 
tes espèces^  et  auxquelles  je  ne  m'at- 
tendais pas^  écrivait-il;  l'art  d'être 
tantôt  audacieux  et  tantôt  très-prudent 
est  Tart  de  réussir;  »  et  ailleurs:  «  Le 
général  Reynier  a  mal  fait  ses  disposi- 
tions de  balaille,  et  n'a  pas  su  diriger 
six  mille  hommes  contre  l'ennemi.  Mais 
depuis  il  a  été  abandonné  d'une  ma- 
nière affligeante.  »  En  effet,  Joseph 
Jouait  un  rôle  auquel  il  n'éta  i  t  guère  pro- 
pre^  il  n'était  pas  un  homme  de  guerre. 
Reyniery  quoique  abandonné,  parvint 
à  se  maintenir  à  Gosenza  Jusqu'à  ce 
qu'après  la  reddition  de  Gaëte  (l  8  juill. 
1806),  Masséna  loi  fut  envoyé  à  la  tète 
de  quelques  mille  hommes  de  renfort. 
A  la  seule  approche  du  maréchal,  les 
Anglais  reprirent  la  mer,  le  5  sept.  Le 
maréchal,  ne  jugeant  plus  sa  présence 
nécessaire  dans  les  Calabres,  retourna 
à  Napies  vers  la  fin  du  mois ,  puis 
renonçant  au  service  du  roi  Joseph, 
alla  rejoindre  la  grande  armée.  Les 
Calabres  étaient  incessamment  infes- 
tées par  des  bandes  de  malfaiteurs  que 
les  bâtiments  anglais  Jetaient  sur  les 
côtes.  Reynier,  ayant  repris  le  com- 
mandement de  l'armée,  réussit  à  en 
purger  le  pays  et  fit  rentrer  partout  les 
rebelles  dans  le  devoir.  «  Le  général 
Reynier,  écrivait  Joseph  k  son  frère  (9 
fév.  1807),  est  aimé  par  les  gens  du 
pays  à  cause  de  sa  probité  bien  con- 
nue; il  aime  aussi  ce  pays-là;  je  suis 
content  de  lui,  il  a  fait  beaucoup  de 
bien  depuis  quelques  semaines.  »  Son 
frère,  l'économiste,  ne  tarda  pas  à  ve- 
nir associer  ses  efforts  aux  siens.  Il 
était  chargé  parle  gouvernement  d'or- 
ganiser les  différentes  branchesde  Tad- 
ministration.  La  guerre  devait  apporter 
àcemalheureux  pays  des  bienfaits  dont 
la  paix  ne  l'avait  Jamais  fait  Jouir.  Pen- 
dant le  séjour  du  général  Reynier  dans 
les  Calabres,  il  n'y  eut  plus  qu'une  seule 
tentative  sérieuse  de  la  part  des  Roya- 
listes. Ils  opérèrent  un  débarquement 
soos  les  ordres  du  prince  de  Hesse* 

T.  VIII. 


Phllipsfad,  mais  ils  furent  complète- 
ment battus  à  Mileto  (28  mai  1807). 
Des  cinq  à  six  mille  hommes  dont  se 
composait  ce  corps  d'invasion,  c'est  à 
peine  si  une  cinquantaine  parvinrent  à 
s'échapper  avec  leur  chef.  La  prise  de 
Crotone,  de  Reggio  et  de  Scylla  ache- 
va la  soumission  du  pays.  Le  siège  de 
cette  dernière  petite  place, que  Reynier 
dirigea  lui-même,  coûta  plus  d'un  mois 
de  pénibles  efforts  (du  fO  Janv.  au  17 
février  1 808).  Mais  «  un  grave  mécon- 
tentement »  du  roi  vint  troubler  la  Joie 
de  ces  succès.  Dans  la  capitulation  que 
Reynier  avait  accordée  à  la  garnison 
de  Reggio,  il  avait  cru  pouvoir  agir 
de  son  propre  chef  sans  consulter  le 
souverain.  Joseph  s'en  sentit  profoo- 
dénient  blessé  et  «c  lui  témoigna  son 
étonnement  tout  en  rendant  justice  à 
son  mérite  et  à  sa  probité,  n  Le  géné- 
ral, voyant  qu'on  méconnaissait  ses  in- 
tentions, prit  le  prétexte  de  sa  santé 
pour  demander  son  remplacement.  Le 
roi  lui  accorda  sa  demande  et  lui  donna 
pour  successeur  dans  les  Calabres  le 
général  Maurice  Mathieu  (25  février). 
Murât  ayant  succédé  à  Joseph  sur  le 
trône  de  Napies  (!«'  août  1808),  con- 
fia à  Reynier  le  portefeuille  de  la  guerre. 
Mais  à  peine  était-il  installé  dans  son 
ministère,  que  Napoléon  le  rappela  au- 
près de  lui.  cL'a-t-ii  fait  de  son  propre 
mouvement?  se  demande  laRiog.  nouT. 
des  Contemporains,  on  l'ignore.  Le 
soin  qu'il  a  toujours  eu  de  réserver 
Reynier  pour  les  services  obscurs,  per- 
met de  penser  qu'il  a  voulu  l'écarter 
d'un  théâtre  qui  le  mettait  en  éviden- 
ce. »  Reynier  rejoignit  Napoléon  à  Vien- 
ne. A  la  bataille  de  Wagram,  il  com- 
mandait les  Saxons.  Après  la  signature 
de  la  paix,  il  fut  envoyé  en  Espagne; 
puis,  lors  de  la  campagne  de  Russie,  il 
fut  mis  à  la  tète  du  7*  corps,  aux  or- 
dres du  prince  de  Schwarxenberg,  qui 
était  chargé  de  couvrir  la  droite  de  la 
grande  armée  en  Pologne.  Il  n'assista 
donc  pas  à  la  désastreuse  retraite  de 
Moscou.  Il  se  signala  à  la  bataille  de 
Bautzen,  sous  le  commandement  du 
maréchal  Ney,  et  prit  la  ville  de  tiosr- 

2î 


REY 


—  4%  — 


RIB 


Htz.  Après  la  roptare  de  l'armistice,  il 
marcha  sor  Berlin,  (c  Au  combal  de  Den* 
Devilz,  il  empêcha,  dit-on,  par  l'habi- 
leté de  ses  manœuvres,  la  perte  de  l'ar* 
mée.  »  Enfin,  la  sanglante  balai  Ile  de 
Leipzig  marqua  le  terme  de  sa  carrière 
militaire.  On  connaît  la  déplorable  ca- 
tastrophe qui  mit  le  comble  à  nos  mal- 
heurs dans  cette  terrible  journée. 
«Quelques  troupes  de  Blucher,rapporta 
U.  Thiers,  poursuivant  les  débris  du 
corps  de  Reynierà  travers  le  faubourg 
de  Halle  (conduisant  au  pont  sur  l'Els- 
ter)  (1),  se  montrèrent  aux  abords  du 
pont,  pèle-mèle  avec  les  soldats  du  7« 
oorps.  A  cet  aspect,  des  voix  épouvan- 
tées se  mirent  à  crier:  Mettez  le  feu! 
mettez  le  feu  !  »  Le  pont  sauta  et  Rey- 
■ier  fut  fait  prisonnier  avec  les  débris 
ée  sa  division.  Après  son  échange,  il 
rentra  en  France.  11  n'eut  pas  la  dou- 
leurd'assister  ànos  derniers  désastres, 
H  mourut  à  Paris,  le  27  fév.  1814, 
d'un  accès  de  goutte.  Le  pasteur  Mar^ 
ton  prononça  son  oraison  funèbre  dans 
le  temple  deTOraloire.  Au  témoignage 
du  biographe  déjà  cité,  «  Le  général 
Reynier  était  d'un  caractère  naturelle- 
ment froid ,  mais  accompagné  de  la 
plus  grande  douceur.  Partout  où  il  a 
commandé,  il  s'est  fait  chérir  non-seu- 
lement de  SCS  troupes,  mais  aussi  des 
babitans  du  pays.  11  étudiait  leurs  in* 
stitutions,  cherchait  à  améliorer  leur 
position  et  maintenait  une  disciplina 
exacte  qui  diminuait  leurs  froissemcns. 
Sa  générosité  de  principes  se  commu- 
niquait à  tous  ceux  dont  il  était  entou- 
ré. »  Les  habitants  de  la  province  de 
Gharkieh  l'avaient  surnommé  Vhommê 
juste.  Son  souvenir  est  resté  cher  aux 
Calabrois.  a  probe  et  désintéressé  com- 
me il  Ta  été  il  n'a  laissé  qu'une  trcs- 
médiocre  fortune  à  sa  ûlle,  qu'il  a  eue 
de  son  mariage  avec  M'^*  Rolland-de- 
Chdtnàaudoin»  » 
On  a  du  général  Reynier  : 
I.  Idées  sur  le  système  militaire  qui 

'  (1)  L'EIslor  n'est  qa'uQ  ruisscaa  tel  qae  la 
^Tre,  ei  U  faut  an  grand  eiïorl  d'imaginaUcm 
nour  y  retrouver  leflcuTo  majestueux  de  oos  pclo- 
treset  de  nos  poules.  U  est  irai  que,  par  suite  dé 
dÀ^Kfleiiieot,  les  mqi  eonTraient  it  plaint. 


convient  à  la  République  française  y 
Paris,  an  VI  (1798),  in-8». 

n.  De  l'Egypte  après  la  batailU 
d' Héliopolis  et  Considérations  généra- 
les sur  l'organisation  physique  etpoH' 
tique  de  ce  pays,  Paris,  an  X  (t^OS), 
in-s»  de  pp.  282,  avec  carte  de  la  Ras- 
se-Egypte;  trad.,  la  même  année,  aa 
allem.,  Berlin,  et  en  anglais  avec  des 
Observations  et  corrections,  par  un  of- 
ficier anglais,  Lond.,  in-8<*  ;  réimp.  seas 
ce  titre  :  Mémoires  du  comte  i^eyntfr. 
Campagne  d'Egypte,  Paris,  1827, 
jQ.go.  —  Après  des  considérations  gé- 
nérales sur  l'organisation  physique, 
âiilitaire,  politique  et  morale  de  1*8- 
gypte,  qui  forme  son  Introduction,  Tan- 
teur  aborde  la  partie  polémique  de  soi 
sujet,  qu'il  partage  en  trois  périodes  ; 
1*  De  l'Egypte  après  la  bataille  (THé- 
liopolis  ;  2«  Depuis  le  mois  de  braraalpa 
jusqu'au  mois  de  ventôse,  an  IX;  3* 
Campagne  contre  les  Anglais  et  las 
Turks. 

RIBAUT  (Jean)  ou  Ribault,  navi- 
gateur célèbre  par  ses  tentatives  de 
eolonisation  dans  l'Amérique  du  Nord, 
et  par  sa  fin  malheureuse,  naifoit  a 
Dieppe.  Quoique  jeune,  il  avait  déjà 
donné  des  preuves  d'une  grande  capa- 
cité comme  homme  de  mer,  lorsqu'il 
embrassa  les  opinions  nouvelles.  A  es 
double  titre  de  marin  expérimenté  et 
de  protestant,  il  devait  obtenir  la  ooa- 
fiance  de  l'amiral  de  CoUgny,  qui  le 
choisit  pour  commander  une  seeonés 
expédition  dans  le  Nouveau-Monde. 
L'insuccès  de  la  première  (Vby.  Nico^ 
LAS  DURAND)  ne  pouvait  relHiter  im 
homme  doué,  comme  Goligny,  d*nné 
persévérance  à  toute  épreuve  et,  comme 
lui ,  jaloux  d'accroître  la  puissance  4a 
la  France,  tout  en  préparant  un  asile 
sûr  aux  Protestants  persécutés.  Ri- 
baut  partit  de  Dieppe,  le  1 8  fév.  1 562, 
avec  deux  navires  montés  par  des  éqoi^ 
pages  d'élite  et  un  grand  nombre  de 
volontaires.  Après  une  heureuse  tra^ 
versée  de  deux  mois,  il  attérit,  à  50* 
de  latitude,  près  d'un  cap,  qu'il  nom- 
ma le  cap  Français.  Longeant  ensaita 
la  c6ta  vers  le  Nord,  il  arriva  à  l'en* 


RIB 


-m- 


MB 


l)pBchnre  éd  la  rivi^r^  appelée  aojoor- 
d'iiul  SaiQt-Jei^i,  à  laquelle  il  donna  le 
i^ooD  de  rivière  de  Mal,  p^rce  qu'illV 
¥ait  découverte  le  l  "  jonr  de  ca  mois. 
Poursuivant  sa  route,  il  reconnut  en- 
core plusieurs  autres  cours  d'eau  plus 
oi|  moins  considérables,  aps^qu^ls  U 
ipaposa  les  uoms  des  fleuves  de  sa  pa- 
tfie,  noms  qu'aycoii  d'eux  n'aconser- 
v48,  et  arriva  epflp,  parle  32« de lat.» 
à  i'emboucbure  d'un  fleuve  large  eî 
lirofond ,  qui  lui  seuibla  offrir  toutea 
les  conditions  d'un  bavre  sûr  pour  ses 
vaisseaux.  11  l'appela  Port  Royal  et 
cbargea  les  capitaines  Sale  et  Lau- 
d^nière  de  construire,  sur  une  Uo 
formée  par  la  bifurcation  de  la  rivière, 
QB  petit  fort|  auquel  il  donna  le  nom 
d«  fort  Charles  en  l'honneur  du  roi  de 
France. 

Après  une  relâche  de  quelques  jours, 
laissant  le  fort  sous  le  commandement 
du  capitaine  Albert,  avec  une  garni- 
son d'une  vingtaine  d'hommes,  qu'il 
approvisionna  du  mieux  qu'il  put,  et 
auxquels  il  promit  de  revenir  l'année 
suivante  avec  des  vivres  et  des  ren- 
forts, Ribaut  reprit  la  route  de  Franceist 
arriva  à  Oieppe  le  20  Juill.  1562.  On 
était  alors  au  plus  fort  de  la  première 
guerre  civile.  Il  est  plus  que  vraisem- 
blable qu'il  y  prit  une  parttrès-active, 
puisqu'il  n'osa  rester  dans  sa  ville 
natale  après  sa  soumission,  et  qu'il 
passa  en  Angleterre  avec  de  Fors  et 
d'autres  (Voy.  Vlil,  p.  313).  M.  Char* 
Ip^  Weisi  ne  connaissait  pas  cette  par- 
ticularité, autrement  il  n'aurait  pas 
avancé,  dans  son  Hist.  des  Réfugiés, 
que  Ribaut  abjura  k  son  retour  dans 
sa  patrie.  Pendant  son  séjour  à  Lon- 
dres, il  flt  imprimer,  selon  Watt,  Th$ 
whoie  and  true  discovery  of  Terra  FUh 
rid,  Lond.,  1563,  in-12. 

La  gravité  des  circoostances  ne  per- 
mit pas  à  Tamiral  de  s'occuper  immé- 
diatement de  la  colonie.  La  garnison 
ne  voyant  pas  arriver  les  secours  que 
Eibautavait  promis,  et  exaspérée  d'ail- 
leurs par  le  despotisme  du  capitaine 
Albert,  se  révolta,  tua  le  commandant, 
qu'elle  remplaça  ^  Nieùlai  Barrée  el 


finit  pareiigerdn  nouveaogoaverneiir 
qu'il  la  ramenât  en  Europe.  On  con« 
struisit  un  petit  bateau  sur  lequel  tout 
les  colons  s'embarquèrent  avec  le  peu 
de  vivres  qui  leur  restait  ;  mais  la  fa- 
mine ne  tarda  pas  à  les  assaillir.  D^à 
ils  avaient  égorgé  un  de  leurs  compa- 
gnons pour  le  dévorer,  lorsqu'ils  eureol 
le  bonheur  d'être  recueillis  par  un  na- 
vire anglais  qui  les  ramena  en  Europe. 
Cependant  Coligny  faisait  travailler 
avec  activité  à  une  nouvelle  expédition; 
elle  mit  à  la  voile,  le  22  avril  1564^ 
sons  les  ordres  de  Laudonniire  (Voy. 
ce  nom).  L'année  suivante,  prévenu 
par  de  faux  rapports  contre  cet  habilo 
marin,  l'amiral  songea  aie  remplacer. 
U  jeta  les  yeux  sur  Ribaut  qui,  par  ses 
ordres,  équipa  dans  le  port  de  Dieppe 
une  escadre  de  sept  vaisseaux,  com* 
mandée,  sons  lui,parsonâl8  Jacqdis, 
par  Maillard  de  Dieppe,  et  parlesienr 
de  Machonmlle.  Elle  prit  la  mer  an 
mois  de  mai,  emportant  trois  cents  co- 
lons avec  leurs  femmes,  leurs  enfants 
et  des  instruments  de  travail.Après  une 
longue  et  pénible  traversée,  Ribaut  ar- 
riva le  2  août (i), devant  le  fort  Caroli- 
ne, qneLaudonnière  avait  construit  sur 
les  bords  de  la  rivière  de  Mai.  Détrom- 
pé sur  le  compte  de  Laudonnière,  il  sa 
disposait  à  repartir,  après  avoir  ravi- 
taillé et  renforcé  la  garnison,  lorsqu'on 
vit  paraître  tout  à  coup  une  escadre 
espagnole  forte  dehoit  vaisseaux,  qui, 
bien  que  la  France  fût  en  paix  avec 
l'Espagne,  attaqua  quatre  bAliments 
français  mouillés  à  l'embouchure  de 
la  rivière.  Les  Français  se  h&tèrent 
d'appareiller  et  de  gagner  le  large. 
Après  leur  avoir  inulilement  donné  la 
chasse,  l'amiral  espagnol  alla  jeter  l'an- 
cre dans  la  rivière  Dauphin.  Instruit 
qu'il  s'y  fortiflait,  Ribaut,  malgré  Lau- 
donnière, qui  lui  représenta  vainement 
combien  la  mer  était  dangereuse  dans 
cette  saison,  résolutde  déloger  ce  for- 
midable voisin,  en  l'attaquant  avant 

(1)  Celle  (Ute  n'est  pai  bien  certaine  :  telon 
Gbamplaio,  il  allèril  le  SOjaiU.;  seloa  de  Thou, 
le  14  août  :  selos  4'«itrei  Mcere,  le  9S  ;  nais  la 
date  importe  pM. 


RIB 


—  4f8  — 


RIB 


qu'il  eût  terminé  ses  retranchements, 
li  mit  donc  à  la  voile,  mais  on  coup 
de  vent  le  jeta  sur  les  écueils  du  dé- 
troit de  Bahama,  où  ses  vaisseaux  fu- 
rent brisés.  Personne  de  l'équipage 
ne  péril,  à  l'exception  du  sieur  de  La 
Grange,  un  des  gentilshommes  de  Co- 
lignVy  Qui  s'était  joint  à  l'expédition; 
mais  le  sort  des  naufragés  était  déplo- 
rable.  Échoués  à  3U0  milles  du  fort 
Caroline,  le  seul  endroit  de  toute  la 
côte  où  ils  pussent  espérer  d'être  se- 
courus,  il  leur  fallut  traverser  un  pays 
désert,  en  proie  à  des  souffrances  hor- 
ribles, et  lorsqu'ils  se  croyaient  arri- 
vés au  terme  de  leurs  souffrances,  ils 
se  trouvèrent  inopinément  en  présence 
d'une  compagnie  de  soldats  espagnols. 
Vaincus  par  la  fatigue  et  la  faim,  sé- 
duits par  les  douces  paroles  du  capi- 
taine ennemi,  qui  leur  jura  qu'ils  se- 
raient traités  avec  humanité,  ces  pau- 
vres gens  consentirent  à  déposer  les 
armes;  mais  dèsqae  les  Espagnols  les 
tinrent  en  leur  pouvoir,  ils  les  égorgè- 
rent tous  jusqu^au  dernier,  comme  ils 
avaient  déjà  égorgé  la  garnison  du  fort 
(Koy.Yl,p.424)(l).  Cette  abominable 
trahison,  dont  les  écrivains  espagnols 
ont  essayé,  mais  sans  succès,  de  laver 
leur  nation,  fut  punie,  comme  elle 
le  méritait ,  par  le  vaillant  capitaine 
Gourgues  (Voy.  ce  nom). 

Ri  haut  partagea  le  sort  de  ses  sol- 
dats. Quelques-uns  affirment  qu'il  fut 
écorché  vif;  son  corps  fut  mis  en  quar- 
tiers et  cloué  aux  quatre  angles  de  la 
forteresse. 
La  famille  Ribaut  resta  fidèlement 

(1)  Les  cadaTres  furent  pendus  ^  des  arbrei 
ttec  celte  inscription  :  Non  comme  Français,  maif 
comme  Luthériens.  «Presque  toutes  les  victimes, 
au  noiubre  de  8  ou  900,  appartenaient  en  effet,  dit 
ià.  Henri  Alartin,  à  la  religion  réformée...  Bien 
que  Ribaud  et  Laudonicre  n'eussent  agi  que  sur 
commission  du  roi,  Catherine,  à  ce  que  nous  ap- 
prennent les  mss.  de  Granvelle,  avait  eu  la  là- 
rbete  de  desavouer  l'entreprise  de  Floride  aux 
premières  plaintes  portées  par  l'Espagne  contre 
cette  usurpation  de  ses  droits  imaginaires  sur  ee 
pays.  On  ne  douta  pas  que  les  Guises  et  leurs  amis 
n'eussent  instruit  Philippe  II  du  second  voyage 
de  Jean  Kil>aud  et  que  Melendex  (l'amiral  espa- 
mol)  n'eût  combiné  son  attaque  sur  lea  rensei' 
irncment*  venus  de  France.  » 


attachée  à  la  religion  réformée.  En 
1688,  une  demoiselle  de  ce  nom  fat 
expulsée  de  France,  après  avoir  subi 
une  longue  détention  qui  ne  pot  vainere 
son  opiniâtreté  (Arch.  gén.  Tt.  235). 
Quatre  ans  plus  tard,  la  même  mesure 
fut  prise  à  l'égard  de  Françoise  Lé- 
vesque,  veuve  de  Jean  Ribaud,  mort 
consul  de  Hollande  à  La  Rochelle.  On 
la  chassa  du  royaume  avec  sa  seconda 
flile,  qui  venait  de  naître,  mais  on  re- 
tint sa  fille  alliée  qui  fut  enfermée  dans 
le  couvent  de  la  Providence  {IM,  M. 

674). 

RlBAl}DEAU(RoBBnT),oaRiTÀi}- 

DBAU,  Sieur  de  La  Guillotière,  élu  pour 
le  roi  au  siège  de  Fontenay  et  valet  de 
chambre  du  roi  Henri  II,  qui  l'anoblit, 
s'est  fait  connaître  dans  la  république 
des  lettres  par  une  trad.  des  deux  li- 
vres de  la  Noblesse  civile  d'Osorio  de 
Portugal,  Paris,  1 549,  in-8«,  ouvrage 
presque  introuvable  aujourd'hui.  11  a- 
vait  déjà  embrassé  les  doctrines  évan- 
géliques  lorsqu'il  futnommé,enl567, 
maire  de  Fontenay.  Il  mourut  en  1 579. 
De  son  mariage  avec  Marie  Tiraquea»^ 
flUe  du  célèbre  jurisconsulte  André Tl* 
raqueau,  naquirent  sept  enfants:  !• 
André,  qui  suit;  —  2*  MAmiE,  femme 
de  Gilles  Boscher,  sieur  de  LaGuion- 
nière;  —  3»  Henry,  sieur  du  Vignault, 
mort  en  1581,  sans  avoir  été  marié; 
— 4«Madblainb,  morte  flIle  vers  1 579; 
— 5»  Théodorb,  sieur  de  La  Gbaroi- 
lière,  qui,  de  son  mariage  avec  Jfor- 
guerite  Prévost,  ne  laissa  que  deux 
Allés  :  Marie,  femme  de  Gilles  de  Tho- 
rigné,  sieur  de  La  Poitevin ière,  etJOA- 
CHiNE,  épouse  de  Jean  Forestier,  sieor 
de  Cothine  ;  —  6«  Rbnéb,  morte  fille; 
—  7«  Baptiste,  sieur  de  La  Groisi^ 
dière,  que  sa  femme  Renée  Tusseam 
rendit  père  d'un  fils,  Pierre,  sieur  de 
La  Groisardière,  et  d'une  fiUe»  RRNts, 
mariée  en  premières  noces  à  RenéTenn 
plerie,  sieur  de  La  Rollandière,  et  en 
secondes,  à  Philibert  Marinet. 

Né  à  Fontenay  vers  1540,  André  4e 
Ribaudean,  sieur  de  La  Flooelllère,  fli 
ses  études  à  Poitiers,  oii  il  se  lia  d^ip 
mitié  avec  AibertBMmi^  rtaMr  i9 


RfB 


4Î49  - 


RIB 


la  Chnstiade.  Ce  fut  sans  doute  ^  à 
l'exemple  de  son  ami,  qu'il  entreprit 
«  dans  sa  grande  jeunesse^  en  un  style 
8i  rare  à  nos  François,  qu'elle  pour- 
roit  estre  lue  avec  plaisir  et  contente- 
ment de  ceux  qui  aiment  les  saintes 
lettres  et  ne  sont  ennemis  des  muses 
que  Marc  Cicéron  appelle  gratieuses,» 
une  tragédie  en  cinq  actes,  mêlée  de 
chœurs  à  la  mode  antique,  qui  fut  re- 
présentée pour  la  première  fois  à  Poi- 
tiers, le  24  juin.  1561,  et  qui  fut  im- 
primée, quelques  années  après,  sous  ce 
litre  :  Les  œuvres  d'André  Rivaudeau, 
gentilhomme  du  Bas-Poitou,  Aman^ 
tragédie  sainte,  tirée  du  VII  chap, 
d^Esther,  livre  de  la  sainte  Bible,  A 
Jeanne  de  FoiXy  très-illustre  et  très- 
vertueuse  royne  de  Navarre,  Outre 
deux  livres  du  mesme  autheur,  le  pre- 
mier contenant  les  complainteSy  le  se- 
cond les  diverses  poésies  nPoiiiers,  1 566, 
in-4«.  Les  complaintes  sont  dédiées  à 
Antoinette  Bouchard- d'Aube  terre,  les 
poésies  diverses  à  FrançfAse  de  Rohan, 
dame  de  La  Garnache.  Dans  son  Épltre 
dédicatoire  à  Jeanne  d'Albret,  après 
8'ètre  plaint  de  la  «  barbare  chicheté  » 
des  princes  qui^  au  lieu  d'employer 
leurs  finances  à  l'encouragement  des 
lettres,  les  faisaient  servir  «aux  car- 
navaux,  aux  lices  et  tournois^»  le  poêle 
s'écrie  : 

Je  ne  parle  pour  moy,  qoi,  par  la  protidenee 
De  Dieo,  me  tronte  hors  de  toule  reste  danse; 
Je  ne  suis  souffreieax  de  ma  condition. 
Et  n'ay  besoin  de  mieux;  pais  franc  d*ambilioo, 
Je  mesprise  la  gloire,  et  l'Iionnorable  peine 
De  monter  aux  honnears  d*ane  attendante  haleine. 
J*ay  «pprins  les  faTenrs  des  roys  et  de  la  conr, 
Pratiquées  lon^mps»  se  passer  en  un  jour. 
Quand  elles  dureroyent,  qu'il  est  mal-aysé  suitre, 
Tout  ensemble  la  cour,  et  ensemble  bien  tirre. 

Un  an  après  la  publication  de  sa  tra- 
gédie, Ribaudeau  mit  au  Jour  un  second 
ouvrage  :  La  doctrine  d^Epictète,  stoï- 
cien, comme  l'homme  be  p*iut  rendre 
vertueus,  Ubre,  heur  eus  et  sans  pas^ 
sions,  trad,  du  grec  en  françois,  Ob' 
servations  et  interprétations  du  même 
auteur  sur  les  plus  obscurs  passages, 
Poitiers,  1567,  in-i*.  Dédicace  à //b* 
noratPrévost.  À  dater  de  celte  époque, 
resprltdeRibaudeaa^prenantonetoor^ 


nure  plus  sévère,  se  porta  vers  l'étude 
des  questions  religieuses.  Il  entreprit 
un  commentaire  de  l'Epltre  aux  Hé- 
breux et  de  l'Ëvangile  selon  saint  Mat- 
thieu ;  mais  les  malheurs  du  temps  l'en- 
gagèrent  à  renoncer  à  ce  travail  pour 
saisir  i'épée.  Un  voileépais,  que  M.  Fil- 
Ion,  le  savant  auteur  des  Recherches 
historiques  sur  Fontenay  (i),  n'a  pu 
soulever,  couvre  les  dernières  années 
de  la  vie  de  Ribaudeau.  On  sait  seule- 
ment qu'il  mourut  vers  1 580,  laissant 
deux  enfants  :  André,  sieur  de  La  Flo* 
cellière,  et  Dêbora.  Ajoutons  que  pen- 
dant ses  études,  il  avait  composé  des 
pièces  de  théâtre  en  vers  grecs  et  la- 
tins et  un  commentaire  sur  l'Electre 
d'Euripide,  qui  n'ont  point  été  publiés 
etqui  probablementneméritaientguère 
de  l'être. 

RIBEAUVILLERS,  en  allemand 
Rappolslein,  seigneurie  d'Alsace,  dont 
le  seigneur,  Ulric  de  Rappolj'tein,  se 
montra  favorable  à  la  Réforme,  ainsi 
que  sa  fem  me  ^  nna-i4  lexandria  de  FUr- 
stenberg.  Leur  fils,EGENOLPH,  héritier 
de  leurs  sentiments,  fit,  aussitôt  après 
la  paix  de  religion,  venir  dans  son  com- 
té des  pa'iteurs  évangéliques,  pour  y 
prêcher  la  doctrine  luthérienne.  Ses 
tentai!  ves de  réforme  rencontrèrent  une 
très-vive  opposition  dans  la  partie  de 
sesdomainesqui  relevait  de  l'Autriche, 
de  l'évèché  de  Bàle  ou  de  l'abbaye  de 
Murbach.  En  1 560,  malgré  la  protec- 
tion de  son  seigneur,  Jacques  Spahler, 
pasteur  de  Heitersheim,  fut  enlevé  avec 
sa  femme  et  traîné  dans  les  prisons 
d'Ensisheim.  Sentant  la  nécessité  d'a- 
gir avec  prudence,  le  seigneur  de  Ri- 
beauvillers  rétablit  dans  les  églises  les 
autels,  les  fonts  de  baptême  et  les  ta- 
bleaux; mais  son  zèle  ne  se  ralentitpas. 
Il  fit  élever  à  ses  frais  plusieurs  Jeunes 
gens,  entre  autres  Henri  Pantaléon  et 
Palmer,  qui  annonçaient  d'heureuses 
dispositions,  dans  l'intention  de  les 
consacrer  au  service  de  Jésus-Christ. 
En  1 565,  il  osa  enfin  faire  célébrer  dans 

(1)  Tout  ce  qui  précède  est  tiré  presque  tex- 
tueliement  des  épreuves  de  son  second  Tolume* 
qu*iJ  a  bien  touIu  nous  communiquer. 


MB 


—  480  - 


RIB 


ion  ehâteati  la  Cëhe  sons  les  dirai  es- 
))ëces.  La  même  année,  George  Palmet 
fut  établi  comme  toasteur  évangéliqne 
h  RlbeanvillerSy  et  une  école  fut  fondée 
dans  cette  petite  ville.  Quatre  commn- 
lies  seulement  suivirent  Texeitiple  qtté 
leur  donnait  leur  seigneur  ;  ce  furent 
eelles  de  Jebsheim,  de  GUnspach,  de 
Griibach  et  de  Sainle-Marie-aux-Mi'- 
nés,  oii  s'établit  une  colonie  de  Réfu* 
giés  français.  Egenolph  étant  mort  ert 
i  58n,  le  culte  réformé  fut  proscrit,  sui^ 
les  Injoncitlons  de  rAnlriché,  par  lès 
tutetirs  de  son  QlsEBBiiÉÀED,  qui  s'em- 
pressa de  le  restaurer  à  sa  majorité.  Les 
deux  Olsd'Eberbard,iiommés  Georgb- 
FnÉBÉRic  et  JEAN-JiCQUEs,  restèrent 
fidèles  à  la  religion  protestante.  L'atné, 
inort  en  1651,  ne  laissa  qu'une  flile, 
Annb-Élisabeth,  mariée  au  comte  de 
Waldeck.  Le  cadet,  qui  Yécùt  Jusipi'ea 
I67S,  n'eut  également  que  deè  fllles; 
Tune,  AiimB-DoROTËfiE,  ne  fut  point 
Éiarléé,  ètrautre,  C  atbbritie-ag  athk^ 
épousa  iè  comte  palatin  de  Birkenfeld. 
lllBlT(JkAii),en  latin  Ribittus,  pas- 
tètir  et  professeur  à  l'acadéiiite  à  Lan- 
iabne  dii  11  enseigna  successi  vènient  le 
^réb  et  la  morale,  l'hébreu  et  la  théo- 
lb|ie»  de  1541  à  1559.  A  la  suite  des 
tèntéstàtlons  que  Virei  eut  avec  le  se- 
Aat  de  Berne,  il  donna  sa  démission. 
Oh  ne  dàit  rien  de  plus  silP  sa  vie,  et 
l'on  Ignore  l'année  de  sa  mdrt.  nous 
ài\bû$  espéré  trouréi'  Quelques  ren- 
lei^bëtnents  Sur  soi!  eompté  dans  un 
fecùeil  de  Lettres  de  lui,  oii  plutôt  de 
ferouillods  de  lettres^  qui  se  conserve 
éti  Détisirt.  dés  ms^.  latins  de  la  Bi- 
blloth. nationale,  sons  le  N«  8641,  vol. 
lii-4«  portant  ces  mots  stir  la  couver* 
turë  :  Joànnis  Ribitti  db  anno  î  547 
itsqiiê  ad  1555  ;  mais  notre  attente  a 
été  trompée.  Toot  ce  que  nous  y  avons 
appMs,  è'eèt  que  HIbit  avait  un  frère, 
qui  élàlt  resté  catholique  ;  qu'il  était 
ioaarié  et  père,  en  1547,  tiè  deux  en- 
fants nommés  JEAÎf  et  SiiMÉON.  Le  Du- 
cbat,  dans  ses  Rélnarqocs  sur  la  Coh- 
fc^ssiou^de  Sancy,  afDrme  que  le  mé- 
decin Roc  Lé  Bailli f  (Yoy.  ce  nom), 
était  son  Û\è;  mais  rien  ne  justifie 


cette  àsseHIon  du  savant  critiqué. 
RIbit  était  très-versé  dans  les  lan- 
j^es  anciennes.  Lipenius  lui  atlriboe 
deux  opuscules  :  Explanatio  toci  àâ 
BèbriBos  VII,  19  :  Lex  nihil  perfedt, 
fiasil.^  1554,  in-é»,  et  Dfsp.  an  Judas 
proditor  cœnœ  Domini  interftièrit,  Ba- 
sil. ,1555,  ln-â«.  Gesner  a  publié,  sooi 
le  titre  de  Sententiarum  sive  càpitum 
théohgicorum  prœcipuè  ex  sacris  et 
profanislibris,  tomiîll,  perAnUmium 
et  Maximum  monachos  oUm  coUecUt, 
î*ignr.,  1546,  in-foi.;  Antr.,  1560. 
In-i  2,  les  trad.  latines  de  deùi  reedel» 
de  lieux  communs  tirés  d'auteurs  grecs, 
traductions  dont  lune  au  moins  ap- 
partient à  notre  RIbit.  SeloblaBIblioUi. 
de  Gesner.  c'est  à  lui  que  l'on  doft 
aussi  la  traduction  latine  des  Ep^ 
grammes  de  Cyrus  Théodore  Prodro^ 
mus,  imp.  à  Genève  par  Crespin.  La 
Biogr.  univ.  lui  attribue  encore  une 
édit.  grecque  de  Lucien,  imp.  àB&te, 
1545,  2  vol.  ln-8%  et  Gesner  la  trad. 
latine  de  divers  opuscules  dé  Xénopbcm: 
Symposium, ^erepubL  Aihèmènsium, 
t)e  vectigalwus  et  tUpparchicuà,  imp. 
à  tiàle,  en  1 545,  par  IseiigriD  dans  soà 
édit.  des  OEuvres  de  ^énopbon.  Enfli 
on  conserve  à  la  Bibliotb.  de  la  Tltttt 
de  Bâle  un  vol.  msc.  de  Riblt  soos  ùè 
tilre  :  Index  in  Josephuni  grcBeiiiHf 

1545. 

RtBOTtB  CN),  dit  Ribàtte-Cham^ 
connu  dans  l'histoire  des  églises  da  di- 
sert par  les  efforts  qu'il  fit  aoprès  db 
Voltaire  et  de  Rousseau  pour  éveiller 
leurs  sympathies  en  faveur  de  ses  mal* 
heureux  coreligionnaires ,  naquit  au 
Caria,  vers  1730,  d'ilné  fuflllle  pro- 
testante qui,  an  milled  des  persécu- 
tions, avait  conservé  un  attacttemeni 
Invincibleà  la  religion  étangélique  (t). 

(t)  Uoe  pièce  mtnoseriie,  datée  de  I6S6  ec  !•• 
titulée  Rolle  dei  personnes  qnc  J.  Doaabreet  Jil* 
Ugnier  on  (sic)  à  pràfldre  (sic)  girde  4  l'ègHse, 
Ddns  apprend  qu'an  notobre  des  penènnes  eot- 
mises  à  la  surTeillance  tte  ces  desK  ilgoatiU  à 
Manrpjols -lès-Gardon,  se  troarail /«a6fav  HiMH 
atec  son  mari  Antoim  Matthieu  tl  leurs  enfants. 
Lès  antres  ^asperis  étaient  haheau  Béc&ftrd, 
Cathtrine  Bmgier,  Jtan  l^ertuirà  «I  te  { 


Claude  Re^fiiaud,  EtUnne  Vite^  Pierre  Bamkr 
illeart  femmes,  Frànçbii  tiirhari,  Clamie  £•«<», 


RIB 


—  iz\  — 


wc 


n  èipAi  ètéore  Irès-Jeunê  lorsqa'il  en- 
tra dans  nne  maison  de  commerce  de 
Éontaobati,  dont  il  devint  |)lus  tard  nn 
des  chefs.  Sa  probité,  soji  tilelligehce, 
son  esprit  yir  et  avide  d'lnst^ticiion,  ses 
^â(s  d'arilsté;  sa  piOâitiôn  &  la  tSté 
d'une  maison  Importariiè.  le  firent  liiën 
venir  de  l'Intendant  da  Qùerëy,  Ift.  de 
Goargaes,  à  la  protèètioii  dé  qui  il  dnt 
sans  doute  de  ne  paâ  être  Ihctnièté,  lîial- 
gré  les  fréqiients  voyages  qu'il  flt  en 
Angleterre,  en  HoUaiide^  en  £s|)agne9 
à  Paris,  ôii  il  siit  se  mettre  en  rapports 
avec  Buiïon,  thonias^  f^ébkér,  éailly^ 
et  d'autres  gens  de  lettrés  dlMIngués. 
Ribotte  salua  avec  entboasldsihe  l'au- 
rore de  la  Révolution,  et  blëh  que  la 
dépréciation  des  assignats  Teût  pres- 
que iHiné,  on  tiel'ëfatendlt  Jdlnàiâ  écla- 
ter eh  imprécations  cotitre  l'ourâgah 
Jui  avait  emporté  sa  forttihè  avec  lé$ 
erniers  débris  de  l'odieuse  légiâlâltoh 
de  Lotîld  XIV  et  dé  Lotits  XV. 

Hibolte  mourut  dàns  lés  pfemléfés 
années  dé  ce  siècle.  II  avait  publié  quel;- 
qties  opuscules  presdue  introuvables 
àtijourd'hui,  entre  âbfres,  ùho  dfô^ert. 
èUr  les  maladies  épidimiques ,  qui  a 

Îaru,  en  1788,  avec  léâ  réponses  de 
ùflbn  et  d'autres  pièces  relatives  au 
ibéine  sujet  j  un  |)oeme  sur  lès  beàux^ 
drtÈ  et  un  rctùéfl  d'hyirnnes  pûtrioti- 
(fuei,  oh  l'on  rema^(|ue,  dit-6h,  dé  là 
terve,  une  Imagination  vive,  tnais  dé 
nombreuses  fùcorrècttoiis  de  styie. 

RlBOt]DEAtl(PÉiut>PE),tiéàCbâ- 
lons-sur-Saône,  fut  destiné  par  son 
père,  qui  était  ancien  de  l'église,  à  la 
carrlèJ-eecclésiàstlcitie.Aprèsavoirter- 

JfOft  Fontanitu  M  Luerècê  Bûdùil,  M  femme, 
Zmh^  Dombrei^  frpcarear,  et  Jeanne.  Eçurdigue^ 
Bèrnhrdine  SayeL  tes  deux  surtçiilabls  étaient 
ënàfi^s  de  ■  prendre  girde  si  toatet  cétf  fàmiltes 
tast  grandes  que  petites  enteftftoient  ta  messe  festes 
•Idi^aocbes,  s'il  (sic)  prenoirnt  de  l'eaD  bénite, 

Î'il  ^soient  le  signe  de  la  croix  et  s'il  se  mêl- 
aient ï  deux  genonx  en  entrant  à  l'église,  et  8*i| 
hi  comtnettoient  des  irréTéranoes  (sif)  fondant  te 
eertice  diyin.  »  î\s  detaient,  en  outre,  espionner 
jour  el  nuit  les  susdiu,  noter  s'ils  sjaJisentaient 
les  àimànchés  et  fêles,  s'assurer  qu'ils  efiTÔyaien^ 
lévrs  enfants  &  Técole  et  àtn  instfètctfônè ,  et 
ebaqoe  semaine,  rendre  compte  aa  curé  de  ei 

R'ijt  enraient  refnaniiM  [Arch.  as  la  Société  if 
iii.iu  proiêêtÔMlisme). 


miné  ses  études,  il  fut  reçu  ministre  ad 
synode  de  Sergy,  en  1665,  en  même 
temps  que  Jean  Garnier,  de  Lan  grès,  et 
desservit  différentes  églises  de  la  Bour- 
gogne Jusqu'à  ce  que  ia  révocation  vint 
Iç  forcer  à  s'expatrier.  Il  se  Retira  JL 
Genève,  où  un  de  ses  ancêtres,  i^mis 
Biboudeau,  avait  déjà  trouvé  un  asile 
à  l'époque  dé  la  Saint-Bartbélemy.  C'est 
dans  celte  ville  qu'il  (>ûblia,  en  i685j, 
in- 12,  le  seul  ouvrdgé  quë  nous  con- 
naissions de  lui  :  Sacrum  Dei  orqculum^ 
Urim  et  Thummim,  a  variisJoh.  Speth 
ceri  excogiiationihus  îiherum;  rêimpl 
par  de  Tournes,  Îëâ6,  in- 12^  selon  le 
Catal.  de  la  Bibl.  de  Genève.  Il  y  com- 
bat avec  beaucoup  d'esprit  et  d'érudi- 
tion Topinion  dii  savant  auteur  anglaid. 
On  sait  que  Philippe  Riboudeau  vivait 
encore  en  1 701 .  t>eut-ètre  que  Jean  RP 
bôudeau,  aumônier  du  régiment  de  V4- 
rénnes  et  pasteur,  en  1 699,  de  l'église 
française  de  Burg  en  Prusse,  était  sôii 
fils. 

RICARD  (FRÂîîÇofS),  le  premier  de 
cette  famille  qui  embrassa  les  opinions 
nouvelles,  eut  pour  flis  Jean  Ricard, 
marié,  en  1  S'IS,  avec  Grâce  Verchând, 
De  ce  mariage  naquit  JEAN,  qui  fotcon-^ 
sèilleren  la  cour  des  aides  deMontpel-* 
lier,  et  qui  testa  en  1662.  Françoise 
(Salière,  sa  femme,  qu'il  avait  épousée! 
en  1 620,  lui  avait  donné  deux  fils,  nom- 
ihés  François  et  Antoii^e.  On  ne  sait 
rien  sur  la  vie  du  second,  qui  fut  main- 
tenu dans  sa  noblesse  en  1 668.  L'alné, 
sieur  de  Saussan,  fut  conseiller  en  U 
cour  des  comptes,  aides  et  finance^  de 
Aontpellier.  C'était  «  un  fort  honnête 
homÉne^»lfl-on  dans  les  noies  sécrétés 
sur  le  personnel  des  parlements.  En 
1682,  il  était  passé  à  la  vétérance. 
T^'ayant  point  voniu  se  convertir  à  la 
révocation,  il  fut, malgré  son  âge  avan- 
cé, relégué  àNarbonneèh  1686  {Arch. 
flf^n.TT.  322).ilavailépodsé,enl657, 
Louise  d'tièbles  (Voy.  V,  p.  442). 

Nous  ne  pensons  pas  qu'on  doive  rat- 
tacher à  cette  famille  le  capitaine  Jean 
àé  ri5fU/fr,quoîquéBqze  lé  désigne  sous 
lé  nom  de  Jlièard  (aliàé  Richard).  Àù 

fkiè  te  capitaitië  n'a  pàrii  qù'ûti  iii« 


RIG 


—  432  — 


RlC 


stant  sur  la  scène  de  nos  guerres  de 
religion.  En  1562^  à  TapprocbedeBa- 
rie  et  de  Monlluc,  précédés  de  Taf- 
freose  réputation  du  dernier^  ]es  Mon- 
talbanais^  ne  sachant  trop  à  quel  parti 
s'arrêter,  sollicités  qu'ils  étaient  d'un 
côté  par  Mont-Laamnyik  gentilhomme 
plein  de  prudhommie,»  qui  les  invitait^ 
de  la  part  des  Huguenots  de  Toulouse, 
à  céder  à  l'orage  plutôt  que  de  résis- 
ter ;  et  de  l'autre,  par  Louis  de  Portail 
[Portai?],  le  capitaine  Sausseux  et  le 
seigneur  de  Valemanne  en  Agénois, 
émissaires  du  prince  de  Condé,  qui  les 
excitaient  à  la  résistance.  Ils  nommè- 
rent Ricard  gouverneur  de  la  ville.  La 
terreur  qui  régnait  parmi  les  habitants 
aurait  probablement  paralysé  ses  ef- 
forts, en  sorte  qu'il  Tut  heureux  que 
la  surprise  d'Agen  appelât  ailleurs  les 
deux  chefs  catholiques,  et  laissât  aux 
Montalbanais  le  temps  de  se  familiari- 
ser avec  le  danger. 

RICAUD  (Jbàn),  appelé  par  Cres- 
pin  Rigaud,  était  ministre  de  l'église 
de  Lyon,  lors  de  la  Saint-Barthélémy. 
Sauvé  comme  nous  l'avons  dit  ailleurs 
(Voy. yiy  p.  262),  il  se  retira,  à  ce  qu'il 
parait,  à  Mbntauban,  d'où  est  datée  l'E- 
pltre  dédicatoire  de  la  relation  qu'il  pu- 
blia des  massacres  exécutés,  en  quel- 
que sorte,  sous  ses  yeux.  En  voici  le 
titre  :  Discours  du  massacre  de  ceux 
de  la  religion  réformée  fait  à  Lyon  par 
les  catholiques  romains,  le2S*du  mois 
(Faoust  et  jours  ensuyvants  de  l'an 
1572,  ensemble  une  épistre  des  anciens 
fidèles  de  Lyon  et  de  Vienne ycontenant 
le  récit  de  la  persécution  qui  fut  dres- 
sée contre  eux  sous  l'empereur  Anto* 
ninus  Verus  ;  avec  une  AmiaUeremons- 
trance  aux  Lyonnais,  lesquels  par  ti" 
midité  et  contre  leur  propre  conscience 
continuent  à  faire  hommage  aux  ido» 
[e5,s.l.,l57i,in-12;réimp.parM.Go- 
non,  avec  l'Histoire  lamentable  conte- 
nant au  vrai  toutes  les  particularités 
les  plus  notables  des  cruautés,  massa- 
cres, assassinats  et  dévastations  exer- 
cés par  ceux  de  la  religion  Romains 
contre  ceux  de  la  religion  réformée, 
par  un  anonyme,  Lyon,  1848,  in-19. 


—  La  relation  de  Ricand  a  été  repro- 
duite avec  de  légers  changements  dans 
le  Martyrologe  de  Crespin,  ainsi  que 
dans  les  Mémoires  de  Charles  IX,  oii 
l'on  trouve  aussi  son  Amiable  remons- 
(rance,  écrite  dans  le  but  de  relever  le 
courage  des  Lyonnais  en  leur  persua- 
dant que  J.-€h.  n'établit  son  église  qne 
par  les  tribulations  et  les  soaflTrances. 

RICHARD  (ELiB),médecin  habile» 
membre  de  la  Société  royale  de  Lon- 
dres et  ancien  de  l'église  de  La  Ro- 
chelle, né  à  Saint-Martin-en-Ré,  le  11 
déc.  1645,  d'Etienne  Richard,  sieur 
de  La  Poitevinière,  avocat  au  parle- 
ment de  Paris,  et  mort  à  La  Rochelle, 
le  14  mars  1706. 

Richard  reçut  sa  première  instruc- 
tion de  son  père,  qui  l'envoya  ensaita 
à  l'académie  de  Saumnr.  Sa  philoso- 
phie terminée,  il  vint  à  Paris  pour  y 
étudier  la  médecine.  Il  suivit,  pendant 
trois  années,  les  cours  d'anatomie  da 
Duvemey  et  ceux  de  chimie  de  Lémery, 
puis  il  se  rendit  à  Montpellier,  attiré 
par  la  réputation  des  professeurs  de 
son  université, au  milieu  desquels  bril- 
lait Cliarles  Barbeyrac.  C'est  à  Mont- 
pellier qu'il  soutint  sa  thèse  sur  les 
aphorismes  de  Galien  et  qu'il  fut  reçu 
docteur  en  1666.  Désirant  augmenter 
la  somme  de  ses  connaissances  et  se 
former  par  les  voyages,  avant  de  se  li- 
vrer à  la  pratique  de  son  art,  Richard 
visita  ensuite  les  principales  univer- 
sités d'Italie  et  d'Angleterre.  A  Oxford, 
il  eut  l'honneur  de  prononcer  deux  dis- 
cours latins  en  présence  de  l'univer- 
sité. De  retour  à  La  Rochelle,  oii  sa  fa- 
mille habitait,  il  se  mit  à  pratiquer  et 
obtint  les  plus  beaux  succès.  Les  soins 
désintéressés  qu'il  prodiguait  aux  pau- 
vres lui  gagnèrent  raflèction  de  la  po- 
pulation tout  entière.  La  confiance  que 
l'on  avait  en  ses  talents  et  en  sa  pro- 
bité était  si  grande  que,  lorsqu'il  ne  lui 
fut  plus  permis,  comme  prolestant,  de 
visiter  les  malades,  ce  furent  les  ma- 
lades qui  allèrent  le  voir.  Privé  de  l'é- 
tat qui  le  faisait  vivre,  Richard  voulut 
sortir  du  royaume  ;  mais  il  ne  put  met- 
tre à  exécution  son  prc^  U  resta  doae 


RIC 


—  433 


RIC 


à  La  Rochelle^  sans  changer  toutefois 
de  religion.  Arcère  affirme  que  l'on  fi- 
nit même  par  lui  permettre  de  repren- 
dre l'eiercice  de  sa  profession.  De  son 
mariage  avec  Jeanne  Belin  naquirent 
deux  fils^  nommés  Elib  et  Louis^  qui 
furent  très-proimblement  élevés  dans 
la  religion  romaine^  puisqu'ils  naqul* 
rent  après  la  révocation.  On  a  de  lui  : 

I.  Lettres  sur  le  choix  d'un  méde^ 
ein^  1674. 

IL  RéflexionsphysiquessurlatranS' 
substantiatùmy  imp.  avec  la  Défense 
du  sermon  d'Hespérien  par  Lortie, 
Saumur,  1675^  In-i2. 

III.  Description  physique  disma* 
rais  salons  de  Vile  de  Ré,  et  Descrip* 
tion  anatomique  d'une  porcille  nom^ 
mée  dauphin  par  quelques-uns.  Ces 
deux  morceaux^  qui  lui  valurent  l'a- 
grégation à  la  Société  royale  de  Lon* 
dres,  ont  été  ins.  dans  les  numéros  51 
et  76  des  Philos.  Transactions. 

RICHARD  (P.),  archidiacre  à  Mul- 
house, a  publié  Kurzgefasste  Gôt* 
terkhre  fUr  Kinder,  Basel^  1 790,  8*. 

RICHEROLRG  (Claudb-Philippi 
OB)^genlilhommehuguenot^qoinenou8 
est  connu  que  par  ce  que  M.  Weiss  ra« 
conte  de  lui  dans  son  Hist.  des  Réfu- 
giés Doué  d'un  caractère  ferme  et  éner- 
gique ^  d'une  piété  fervente  et  d'une 
humble  résignation  aux  décrets  de  la 
Providence^  Richebonrg  n'hésita  pas  à 
abandonner  sa  patrie  à  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes.  Il  passa  d'abord  en 
Angleterre^  pulsion  1690^  il  s'embar- 
qua pour  l'Amérique  avec  un  certain 
nombre  de  colons  envoyés  en  Virginie 
par  le  roi  Guillaume.  La  colonie  s'éta- 
blit sur  les  bords  du  Saint-James  ;  mais 
la  discorde  ne  tarda  pas  à  se  mettre 
parmi  les  émigrants.  RIchebourg  ne  vit 
d'autre  moyen  pour  rétablir  la  paix  que 
d'emmener  une  partie  des  colons  dans 
la  Caroline  du  Nord.  Les  attaques  des 
Indiens  le  forcèrent  bientôt  à  abandon- 
ner l'établissement  qu'il  avait  formé  sur 
les  bords  du  Trent,  pour  aller  se  fixer 
dans  la  Caroline  du  Sud.  Sou  testament 
seconserveauxArcbivesdeCharleston. 
RICH£R  (Pnnix),  ou  Riciim,  dil 


de  L'Isle,  carme  et  docteur  en  théolo- 
gie,  converti  au  protestantisme.  Après 
sa  conversion^  Richer  se  relira  à  Ge- 
nève. En  1556^  il  fut  choisi  pour  mi- 
nistre de  la  colonie  française  que  VH^ 
legagnon  avait  conduite  au  Rrésil  {Voy, 
Vf,  p.  488);  nous  avons  raconté  aU- 
leurs  ses  aventures  dans  le  Nouveau* 
Monde  et  son  retour  en  Europe,en  1 559. 
Bientôt  après,  en  1560,  il  fut  donné, 
avec  Fayet,  pour  pasteur  à  l'église  de 
La  Rochelle  (iifc^.cIe^Comp.  despast, 
Reg.  B).  Il  mourut  dans  cette  ville,  le 
8  mars  1580.  Outre  une  Lettre  (Ins. 
parmi  celles  de  Calvin),  oii  il  rend 
comptede  l'étatde  lacolonie,le  31  mars 
1557,  on  a  de  loi: 

I.  Libri  II  apologetici  contra  N,  Du* 
randum,  qui  se  cognominat  Witiaga* 
gnonem,  Hierop.,  1561,  in-4«. 

II.  Réfutation  des  folles  resveries  et 
mensonges  de  N.  Durand,  dict  le  cAe- 
vaUer  de  VUlegaignon,  Gen.,  1562,8*. 

III.  Briefs  sommaires  des  traditions 
de  Calvin.  —  Msc  cité  par  Arcère. 

Plusieurs  autres  ministres  du  nom 
de  Richer  ou  Richier  nous  sont  connus, 
comme  Richer,  de  Paris,  tué  en  1 562, 
lors  de  la  reprise  de  Poitiers  par  lea 
Catholiques  ;  —  Richer,  qui  fut  censuré 
par  le  Synode  national  de  Vitré,  parce 
qu'il  avait  quitté  sans  congé  son  église 
de  Vandières  pour  celle  de  Narennes, 
et  condamné  à  rembourser  à  la  province 
de  l'Ile-de-France  les  frais  de  ses  étu- 
des; —  son  fils,  Pierre  Richier,  sieur 
de  Vandellncourt,de  Marennes,qui  sou- 
tint, sous  la  présidence  de  Cappel,  une 
thèse  De  summo  controversiarum  jti- 
dice,  insér.  dans  les  Thèses  Salmur.,  et 
qui  fut  député  plus  tard  au  Synode  na- 
tional de  1 631  ;  —  David  Richer,  mi- 
nistre de  Blein,  qui  assista  à  TAssem- 
blée  politique  de  Gergeau,  et  qui,  dé- 
puté de  nouveau  à  celle  de  Grenoble, 
mourut  avant  de  se  rendre  à  son  poste; 
»  enfin  Richier,  ministre  de  Cérisy, 
dont  Benoit  vante  la  modestie  et  la  dou- 
ceur. Il  était  fils  de  Jean  Richier,  sieur 
de  Cérisy,  qui  avait  représenté  la  Nor- 
mandie au  Synode  national  d'Alençon,  ' 
en  1637.  Sa  mère,  qui  vivait  encore  à 


RIC 


-484- 


RlG 


là  révocation  de  l'édlt  de  Naiited,  fat 
Ihdignement  maltraitée  par  led  dra- 
gons, et,  bien  qu'elle  fût  ptus  qu'oc- 
togénaire, énrermée  dans  le  couvent  dé 
Notre- t)àme  de  Coulances  {Arch.  gén. 
M.  664).  Son  cousin, //'an-Lauw,slëdr 
deColoinbières,  fila  de  Jdcqup.^  Richier, 
mort  eiH  6  7  6,  et  de  Bplgia  de  Bothlaifr, 
Bé  réfugia  en  Hollande  et  siii  vit  le  prin- 
ce d'Orange  en  Angleterre. comme  lieu- 
lëiiantdansdnecompagntedeHériigiés. 
RlCHIEXD(ANToiNËDÈ),sëlgnenr 
dé  NotiVANS  (1  ),  une  ded  premières  vic- 
(jfnes  dii  Tanatismè  catholique  dans  la 
Pt*oVence.  Antoine  de  ttichleUd  avait 
tfèrVl  avec  distinction,  ainsi  que  soti 
frère  Paul  ou  Paulon,  dans  lés  guerre^ 
de  François  I»  et  de  Henri  II .  A  la  paix 
dé  Càteâù-Cambrésis,  les  deux  frères 
étaient  retournés  à  Gdstellane^  où  ils 
faisaient  leur  principale  résidence^  et 
tf<)iDme  Ils  avaient  goûté,  l'un  et  l'au- 
tre^ les  doctrines  des  Réformateurs; 
leur  premier  soin  avait  été  de  deman- 
der un  ministre  à  Genève.  Dès  le  com- 
mencement de  l'année  1559,  il  Se  tint 
d&ns  leur  maison  des  assemblées  rell- 
ffiedses  auxquelles  assistait  un  grand 
ndÉnbre  de  personnes  de  tous  états, 
âtrcourant  au  pieux  rendez-Vous  de 
plusieurs  lieues  à  la  ronde,  malgré  la 
rigueur  de  rhlveret  le  mauvais  état  dei 
cbemins.  La  prudence  exigeait  qu'on 
fié  se  réunit  que  la  nuit;  mais  ies  pré- 
(Sàutions  que  l'on  prenait  pour  né  pas 
ître  découvert^  furent  inutiles.  Fana* 
(Ii^és  par  un  cordelier  qui  prêchait  lé 
éàrème  à  Castellane,  les  habitants  ca- 
fbbliques  assaillirent  les  seigneurs  de 
Âouvans  dans  leur  lOgis.  Paul  porta 
plainte  au  parlement  d'Aix,qui  envoya 
séries  lieux  deux  commissaires,  Henri 
Téteris  et  Esprit  Yitaiis;  tnais  au  lied 
de  châtier  ieS  chefs  de  Téineute,  ces 
toges  prévaricateurs  comtnencèreùl 
contre  les  deux  frères  une  enquête  pour 
fait  d'hérésie  et  les  décrétèrent  de  prise 
de  corps.  Paul  de  Mouvans  partit  im- 
médiatement pour  Paris,  s'adressa  au 
r6lHenrill,quirestlùiaitàcaase  de  sa 

1)  PapoD  et  ies  autres  liistorieps  de  la  Pro- 


TeScè 


braroure,  et  obtftit  sans  peiiie  l^éVoeà- 
tién  dû  procès  ati  parlement  de  Greno- 
ble; mais  celui  d'Aix,  cdmptaAt  stir 
rappdi  du  cat-dihal  dé  Guise^  refusa  de 
s'ëh  dessaisir.  L'abbé  t>ap6h,  UfiMi 
Mi  ce  qu'un  sétnblable  ttëiiMs  de  l'an- 
t^ité  repaie  avait  dé  ëdhdathhablë,  i 
essayé  dé  justifier  la  cotidoite  ûh  par- 
lement. A  défaut  de  bonnes  ràiSoni,il- 
a  inventé  un  odieux  mènsoiigé  :  il  n'a 
pas  rougi  d'a£Drmer,  contra tréDÎehtftti 
témoignage  de  tod^  leS  biitclfieris, 
qu'Antoine  de  Hichiénd  s'était  Édis  dès 
Idré  eh  révolté  odverte  èi  qu'il  pdridlt 
le  fer  et  le  feu  dans  là  haute  Prdrénee; 
tdtidis  qu'il  est  certain  qd'll  dé  qiiitta 
Càsteliane  qdé  pour  se  rendre  ft  Drt- 
gdignan,  où  il  arriva,  te  is  t>ét.  Î5i9, 
âecémpa^é  de  qdelqiiéè-uns  dé  èes  pa- 
rents et  ^fforiofrai  Auldol,  dltleftrà- 
niàirè.  hôteliièr  dé  Câsteilàné  et  prôr 
tèstàht  très-zélé.  Le  but  dé  èori  Toyâgè 
était  de  se  coitiCerter  aveé  ses  coreH- 
giptinairës  sdi*  lès  mesuHbs  à  prèddre 
daiiS  l'intérêt  de  lehr  défense  commu- 
ne. Reconnu,  atissitét  après  ion  àrri- 
tée,  il  fut  âttaqdé  dans  l'hôtéileHe  oii 
Il  était  descendu,  par  une  populace  fu- 
rieuse. Dans  rimpossibllité  de  résister 
à  plus  de  5000  forcenés,  II  së  rendl^an 
Tflnicr,  des  itaâins  duquel  11  fat  arra- 
ché par  le  peûble  qui  l'événtra.  Ses 
entrailles  furent  traînées  par  les  rH^, 
et  son  coeur,  céupé  en  morceanit,  fat 
fixé  au  bout  de  bâtons  et  promené  par 
la  ville;  puis  après  avol^assonti  leur 
ragé  sur  son  cadavre,  les  meurtrlefs 
lé  Jetèrent  dans  les  fossés  de  là  ville, 
à  l'endroit  le  plus  Infect.  Adldol,  ar- 
rêté en  même  temps  que  hii,  fut  livré 
an  parlement,  qui  le  fit  brûler  par  ar- 
tii  du  5  fév.  1560. 

Paul  de  iffouvanS  deniahda  &  M  jus- 
tice vengeance  du  meurtre  de  son  frère; 
mais  il  ne  ^ut  rien  obtenir  déjuges  chez 
qui  lefanatismeleplus  féroce  faisàittai- 
re  la  voix  de  la  nature  même.  Ce  ne  fut 
pas  sans  peiné  qu'il  échappa  lui-même 
aux  poursuites  des  bons  Catholiques; 
n  fut  obligé,  pour  mettre  Ék  tie  en  sû- 
reté, de  S'entourer  d'uiie  itçuiiié  d'aihU 
ïévdtiéft  ;  4(iaht  à  ses  patents,  fis  fé^tè- 


RIG 


-  4a5  - 


RI€ 


Mil  etposés  à  toute  sorte  dlnsnltee. 
Telle  était  la  sitoalion  respective  des 
deux  partis  en  Provence,  lorsque  le  ca- 
pilalne  Chastcauneufy  arriva^  chargé 
de  Taire  exécQlerles  résolut  ion<t  prises  à 
liantes  [Voy.  I,  p.  269).  Les  dépotés  des 
soixante  églisesqtie  Ton  conit)tait  alors 
en  Provence,  s'assemblèrent  à  Mérin- 
dol,  et, d'une  voix  unanime,  ils  élurent 
pour  chef  Paul  de  Mouvans,  qui  ac- 
cepta avec  Joie  l'honneur  dangereux  de 
marcher  à  la  léte  de  ses  coreligionnai- 
res. Outre  l'intérêt  général  des  églises, 
n'avait-il  pas  à  venger  le  meurtre  de 
son  frère,  dont  le- cadavre,  après  avoir 
été  salé  et  transporté  dans  les  prisons 
d'Aix,  pendait  encore  au  gibet?  Dési- 
rant par  dessus  tout  donner  une  sépul- 
ture honorable  à  ces  restes  mutilés,  il 
proposa  au  conseil  qui  lui  avait  été 
adjoint,  de  se  saisir  d'Aix,  où  11  atait 
des  intelligences.  L'entreprise  fut  ap- 
prouvée, mais  elle  échoua,  malgré  l'in- 
croyable diligence  que  Mouvans  dé- 
ploya, par  la  lâcheté  des  habitants 
protestants,  qui  saignèrent  du  net, 
comme  dit  La  Popelinière,  au  momeiit 
de  Texécution.  Saisi  d'épouvante,  eh 
songeant  au  danger  qu'il  venait  de 
courir,  le  parlement  appela  à  son  se- 
cours le  comte  de  Tende,  gouverneur 
de  la  Provence.  H  ou  vans,  n'ayant  souis 
Ses  ordres  que  deux  mille  hommes, 
n'osa  pas  attendre  le  comte,  qui  com- 
mandait des  forces  bien  supérieures 
aux  siennes.  Il  se  replia  sur  l'abbaye 
de  Saint- André  près  de  Trévans,  pil- 
lant et  dévastant  les  églises  et  les  mo- 
nastères, tout  en  respectant  les  bietis 
et  les  personnes  des  particuliers.  «  Il 
régnoit,  dit  Papon,  une  discipline  si 
exacte  parmi  les  soldats  de  Mauvans; 
Ils  avoient  pour  lui  tant  d'amour  et  de 
respect  que,  malgré  leur  avidité,  il  n'y 
en  eut  aucun  qui  osât  forcer  les  mai- 
sons des  hdbltans.  n  Le  comte  de  Tende 
le  poursuivit  ;  mais  frappé  delà  bonne 
contenance  de  Mouvans  et  de  sa  troupe, 
et  redoutant  l'issue  incertaine  d'un  en- 
gagement, il  préféra  recourir  aux  né- 
gociations. Une  capitulation  fut  con- 
.  due  portant  quejnstice  serait  faite  du 


meurtre  d'Antoine  de  Blcblend  ;  qu 
Mouvans  se  retirerait  sûrement  et  li- 
brement avec  tous  ses  compagnons,  et 
qu'il  pourrait,  sans  être  inquiété,  faire 
profession  dans  son  logis  de  la  rellgioà 
êvangélique.  Ce  traité,  bientôt  ratiflé 
par  le  roi,  fut  religieusement  observé 
de  part  et  d'autre.  La  Cour  parut  fort 
satisfaite  du  rétablissement  de  la  traiH 
quillité;  elle  écrivit  au  comte  de  Tende 
des  lettres  pleines  des  éloges  de  Moti^ 
vans;  mais,  en  même  temps,  elle  en- 
voya au  parlement  des  ordres  secrets 
enjoignant  de  le  faire  arrêter  et  de  le 
condamner  au  dernier  supplice.  Mou- 
vans ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il 
était  environné  d'embûches.  Cédant 
aux  conseils  de  ses  amis,  il  résolut  de 
s'expatrier  pour  quelque  temps,  et  flU 
retira  à  Genève.  11  n'y  resta  pas  Inaé- 
tif ,  s'il  faut  en  croire  Gaufridi.  A  la 
tête  de  quelques  réfugiés  du  Dauphiné 
et  de  la  Provence,  il  secourut  les  Van- 
dois  de  Pragelas  contre  le  duc  de  Sa- 
voie. Après  la  publication  de  l'édlt  de 
Janvier,  il  rentra  dans  sa  patrie  :  ofn 
le  voit,  en  effet,  assister,  avec  les  com- 
tes de  Tende  et  de  Crussol,  et  le  sei- 
gneur de  Sénas  à  l'enregistrement  de 
cet  édil  au  parlement  d'Aix. 

Pendant  son  séjour  à  Genève,  iloil- 
vans  avait  été  circonvenu  par  les  émis- 
saires des  Guif^e,  qui  auraient  vive- 
ment désiré  de  s'attacher  un  capitâiiie 
aussi  brave  et  aussi  habile  ;  mais  il 
avait  noblement  repoussé  toutes  len^s 
avances,  en  jurant  que  tant  qu'il  vi- 
vrait, il  les  combattrait  comme  en- 
nemis. 11  ne  trahit  pas  son  serment. 
Lorsque  les  Catholiques  fanatiques  pri- 
rent les  armes  pour  s'opposer  à  l'exé- 
cution de  redit,  Mouvans  fut  chargé 
avec  Sénas  de  les  déloger  de  Barjolii, 
qui  fut  enfin  emporté  d'assaut,  le  6 
mars  1562.  11  servit  ensuite  sous  Des 
Adrets  dans  le  Dauphiné,  d'où  il  ame- 
na 2,000  hommes  au  secours  de  ^fou- 
jeu  (Voy  ce  nom),  avec  qui  il  défendit 
vaillamment  Sisieron  contre  Somme- 
rive.  Découragé  par  l'héroïque  réàis- 
tance  de  cette  petite  ville,  le  chef  ca- 
tholique leva  le  siège  et  se  retira  pré- 


RIC 


—  436  — 


RIC 


cjpitammeDt^  serré  de  près  par  Mou* 
vansy  qui  l'aUeiKnità  L'Escale  et  mit 
son  arrière-garde  dans  une  déroata 
complète;  mais  de  Tende  ne  sut  pas 
profiter  de  la  victoire.  Cette  faate  coûta 
cber  aux  Protestants  provençaux.  Après 
avoir  rallié  ses  soldats,'  Sommerive  se 
présenta  de  nouveau  devant  Sisteron. 
Quoique  souffrant  d'une  blessure  qu'il 
avait  reçue  au  combat  de  L'Escale  et 
dont  il  resta  boiteux,  Monvansprit  une 
part  brillante  à  la  défense  de  la  ville, 
et  lorsque  les  munitions  furent  épui- 
sées, les  provisions  consommées,  tout 
espoir  de  secours  évanoui,  il  se  mit 
avec  Sénas  à  la  tète  de  la  population, 
gagna  heureusement  les  montagnes  et 
conduisit,  à  travers  des  périls  sans 
cesse  renaissants,  au  milieu  de  souf- 
frances inouïes,  les  pauvres  fugitifs 
Jusque  dans  les  murs  de  Lyon  (Voy» 
V,  p.  253).  Quelques  jours  plus  tard, 
il  mena  avec  Sénas  du  renfort  à  Des 
^(fre^,  qufavait  été  battu  par  Nemours 
à  Beaurepaire.  Comme  Monlbrun,  il 
s'opposa  énergiquement  au  traité  par- 
ticulier que  ce  capitaine  célèbre  vou- 
lait conclure,  et  lorsque  Des  Adrets, 
malgré  les  remontrances  de  ses  meil- 
leurs officiers  et  l'opposition  des  Etats 
de  la  province,  passa  outre,  il  sechar- 
gea  de  l'arrêter  à  Romans  (Voy.  II,  p. 
118)  et  déjoua  ainsi  ses  projets  de  tra- 
hison. 

Après  la  conclusion  delà  paix.  Mou* 
vans  vint  à  Paris.  Nous  avons  vu  ail- 
leurs qu'il  servit  de  second  à  Chaste- 
lier-Portaut  dans  son  combat  contre 
Cbarri  (Voy,  YIII,  p.  322).  De  retour 
en  Provence,  il  y  vécut  tranquille  jus- 
qu'en 1 567 .  Brantôme  raconte  qu'à  cet- 
te époque,  craignant  que  le  duc  d'Albe 
ne  s'emparât  de  Genève,  il  se  jeta  dans 
la  ville  avec  7  ou  800  hommes  et  rom- 
pit ainsi  l'entreprise  du  général  de 
Philippe  II.  On  lit,  en  effet,  dans  l'ou- 
vrage de  Grenus,  que  le  Conseil  de  Ge- 
nève avait  fait  demander  à  l'amiral  et 
à  Andelot,  a  quelques  personnes  intel- 
ligentes au  métier  de  la  guerre,  comme 
MM.  de  Mouvans  et  de  Bocard,  »  et 
que,  même  avant  l'arrivée  de  son  é- 


missaire  auprès  de  CoKgny,  Mouvans 
était  venu  «  pour  offrir  an  Conseii,  de 
la  part  des  églises  de  France,  tous  ies 
secours  possibles,  et  Jusqu'à  iOOO 
hommes  à  leurs  propres  dépens.  »  Le 
22  avril,  Mouvans  fut  nommé  comman- 
dant des  compagnies  françaises,  mais 
le  duc  d'Albe  s'étaut  éloigné,  sans  rien 
entreprendre  contre  la  ville,  il  ne  tarda 
pas  à  rentrer  en  France,  où  la  seconde 
guerre  civile  était  sur  le  point  d'écla- 
ter. 

Sur  l'ordre  de  Condé,  apporté  dans 
le  Midi  par  û' Acier,  Mouvans,  de  con- 
cert avec  Péraut  et  Saint-Romain,  fit 
sur  Lyon  une  entreprise  qui  échoua 
par  la  précipitation  des  habitants  de 
Màcon  :  en  se  saisissant  trop  tôt  de  leur 
ville,  ils  donnèrent  l'éveil  aux  Lyon- 
nais qui  se  tinrent  sur  leurs  gardes. 
Mouvans  répara  Jusqu'à  un  certain 
point  cet  échec,  en  s'emparant  devien- 
ne, le  4  oct.  1567;  il  est  vrai  qu'il  ne 
resta  pas  longtemps  en  possession  de 
sa  conquête,  l'approche  de  Nemours 
l'ayant  forcé  à  l'évacuer  an  milieu  do 
mois  suivant.  Il  retourna  dans  sa  pro- 
vince natale,  d'où  il  partit  avec  Ctpté- 
res  et  les  autres  chefs  huguenots  de 
Provence  pour  aller  au  secours  de  d'il- 
cier  (Voy.  IV,  p.  133),  qu'il  seconda 
dans  plusieurs  de  ses  expéditions,  jus- 
qu'au départ  de  l'armée  des  Vicomtes. 
U  assista  à  la  bataille  de  Ganat,  on  il 
contribua  puissamment  à  la  victoire 
{Ibid,  p.  18),  et  rejoignit  Condé  sous 
les  murs  de  Chartres  {Voy,  II,  p.  458). 

Aux  troisièmes  troubles,  ii  reprit 
les  armes  dès  qu'il  eut  avis  de  la  fuite 
de  Condé.  il  leva  un  régiment  de  dix 
enseignes  et  deux  cornettes  de  cava- 
lerie, dont  il  donna  le  commandement 
à  Pasquier  et  à  Valavoire,  C'est  dans 
cette  guerre  qu'il  mit  le  comble  à  sa 
réputation  militaire  «  par  un  vrai  trait 
de  capitaine  romain,  »  comme  dit 
Brantôme.  Arrivé  sur  les  bords  du 
Rhône,  dont  tous  les  passages  étaient 
soigneusement  gardés  par  les  Catholi- 
ques, il  résolut,  de  l'avis  du  capitaine 
Moreau,  de  construire  sur  la  rive  un 
fort  qui  assurât  le  passage  de  ses  Pro- 


RIC 


—  437  — 


RTC 


▼ençanx  et  des  troupes  dauphinoises 
qui  ie  suivaient.  Il  réussit  à  se  procu- 
rer un  petit  bateau  qui  lui  servit  à 
transporter  en  diligence  trois  ou  qua- 
tre cents  liommes  sur  l'autre  bord.  En 
un  jour  et  deux  nuits^  ses  soldats,  com- 
battant d  une  main  et  travaillant  de 
Taulre,  élevèrent  de  plus  de  dix  pieds 
un  fort  triangulaire,  flanqué  de  sept 
bastions  et  capable  de  contenir  plus 
de  mille  hommes.  Tous  les  efforts  des 
Catholiques  pour  empêcher  l'achève- 
ment du  fort  M ouvans,  comme  on  l'ap- 
pela^ furent  inutiles,  et  le  passage  fut 
assuré  aux  bandes  huguenottes.  «  Ce 
fut  une  chose  émerveillable  !  »  s'écrie 
Brantôme,  qui  ajoute  que  ses  soldats 
firent  en  l'honneur  de  Mouvans  une 
chanson  qu'ils  chantaient  en  chemin. 
La  campagne  si  heureusement  com- 
mencée fut  fatale,  et  par  sa  faute,  dit- 
on,  au  célèbre  chef  provençal  ;  nous 
avons  raconté  ailleurs  le  combat  de 
Messlgnac,  où  il  perdit  la  vie,  ainsi 
que  son  collègue  Pierregourde  (Voy.  I, 

p.  244),  le  30  OCt.  1568. 

RICOTIER  ou  RicoTTiBR,  nom 
d'une  famille  protestante  qui  a  donné 
plusieurs  pasteurs  aux  églises  de  la 
Guienne  et  de  la  Gascogne. 

Les  Actes  du  Synode  national  de 
MonUuban  (Voy.  Pièces  justif.  N»  LX) 
font  mention  de  Ricotier  fils  comme 
d'un  des  pasteurs  choisis  pour  entrer, 
le  cas  échéant,  en  conférence  avec  les 
docteurs  de  l'Eglise  romaine.  S'agit-il 
AeBertrand  Ricotier,  ministre  de  Clal- 
rac,  mort  le  27  juill.  1620,  presque 
centenaire,  lequel  fut  suspendu  pour 
deux  mois,  en  1 596,  parce  qu'il  avait 
contrevenu  aux  prescriptions  de  la  Dis- 
cipline (i4fc/i.  gén,  Tt.  330),  ou  bien^ 
ce  qui  nous  semble  plus  probable,  de 
Moïbe  Ricotier,  son  fils,  qui  fit  ses  étu- 
des à  Genève,  où  il  soutint  une  thèse  De 
consubstantiatione  y  insérée  dans  les 
Thèses  Genev.  (i)?  Ce  dernier  desser- 
vit aussi  l'église  de  Clairac  et  fut  dé- 

(i)  Il  n'est  pas  moios  diflBcile  de  dire  leqiel 
des  deu  rèfuU  la  Lettre  de  Caifet  à  Damourt^ 
rèfaUUoo  qni  fat  approarée  par  wi  colloque  tenu 
à  Tonoeins.  le  5  mars  ift96  [Arch,  gén,  Tt,  9II)« 
Â*l*«U«élèiapri«èe? 


putéau  Synode  national  de  1612.  Lei 
listes  de  pasteurs  présentées  aux  Sy- 
nodes nationaux  en  1603, 1620,  1626 
et  1637  mentionnent  d'autres  minis- 
tres de  ce  nom  ;  mais  nous  ne  connais- 
sons aucune  particularité  de  leur  vie. 
Peut-élre  le  pasteur  de  l'église  de  Du- 
ras, cité  dans  la  dernière,  est-il  iden- 
tique avec  Jean  Ricotier,  auteur  du 
Jésuite  désarmé  ou  Response  aux  six 
prétendus  argumens  touchant  le  rnsS" 
tère  de  l'Eucharistie,  Montaub.,  Ph. 
Braconicr,  1648,  in-l2.  Ce  controver- 
slste,  en  tout  cas,  ne  peut  pas,  dans 
notre  opinion,  être  confondu  avec  Jean 
Ricotier,  de  Bordeaux,  élève  de  l'aca- 
démie de  Saumur,  où  il  soutint,  sous 
la  présidence  û'Amyraut,  une  thèse 
De  tHiluntate  Dei,  ins  dans  les  Thèses 
Salm., lequel  fut  donné  pour  pasteur  à 
l'église  de  Bordeaux  et  député,  en 
1659,  au  Synode  national  de  Loudun. 
Vers  le  même  temps,  deux  autres  mi- 
nistres du  nom  de  Ricotier  desservaient 
les  églises  de  Calonges  et  de  Pojols^et 
quelques  années  plus  tard,  en  1677, 
Moïse  Ricotier,  de  Clairac,  se  fit  rece- 
voir au  ministère  dans  un  synode  te- 
nu à  Bergerac.  Chapelain  du  seigneur 
de  Gabiliou,  il  passa  en  Hollande  à  là 
révocation,  ainsi  que  Jean  Ricotier, 
ministre  de  Tonneins-Dessous,  qui  em- 
mena sur  la  terre  d'exil  sa  femme  et 
deux  enfants  âgés  de  5  et  de  3  ans 
{Arch.  Tt.  287).  Jean  Ricotier  fut  at- 
taché à  l'église  wallonne  d'Amsterdam, 
Un  marchand  du  Bordelais,appelé  aussi 
Ricotier,  essaya  également  de  sortir  de 
France;  mais  le  navire  qu'il  montait 
prit  feu  en  mer;  sa  femme  et  ses  en- 
fants périrent  (Ibid.). 

Il  nous  reste  à  parler  de  Pt^rre  Ri- 
cotier, né  vers  1673,  qui  fit  ses  étudee 
en  théologie  à  Franeker.  Il  n'était  en- 
core que  proposant  lorsqu'il  publia 
une  trad.  franc,  de  la  Critique  histo* 
rique,  politique,  morale,  économique 
et  comique  sur  les  loteries  anciennes 
et  modernes,  spirituelles  et  temporelles 
des  Etati  et  des  Eglises  par  à.  Leti, 
avec  des  considércUions  sur  Vouvrage 
et  sur  l'auteur,  Amst.,  1697,  9  yoî. 


RIE 


—  488  — 


RS 


i0ht2.  On  fol  sarpris,  à  ce  qne  nous 
apprend  Bayle,  que  u  son  coup  d'es- 
sai ait  été  une  pièce  si  forte  el  si  bien 
tournée.  »  Leti  répondit  et  Ricotier  ré- 
pliqua par  des  Réflexions  sur  la  der^ 
niére  préface  de  Leti,  elc.  Lorsqu'il 
publia  celle  dernière  brochure,  il  exer- 
çait les  fonctions  pastorales  à  Menin. 
BiQs  lard^  il  passa  à  Londres,  oii  il  des- 
servit les  églises  de  Wheler  Street  et 
de  la  Patente.  L'année  de  sa  mort  nous 
est  Inconnue.  Outre  les  deu&  écrits  déjà 
cités,  on  a  de  lui  : 

X  L  Traités  de  V existence  et  des  ai' 
Ur^uts  de  DieUy  des  devoirs  de  la  re* 
Ugion  naturelle  et  de  la  vérité  de  la 
religion  chrétienne  ^  AmsL,  1717^2 
irol.  in-12;  2«  édit.,  Amst.,  1727,  2 
vol.  in-8*.  —  Précis  de  seize  sermons 
prêches  par  Clarke. 

il.  Le  moyen  de  plaire  à  Dieu  sous 
V.EvangiUy  Amst.,  1 720, 2  vol.  in-8«. 
—  Trad.  de  l'anglais  de  Hoadly,  évè* 
que  de  Bangor. 

111.  Dissert,  sur  le  mensonge  offi- 
cieux,  nos. —  Msc.  qui  se  trouve  au- 
jourd'hui à  la  Bibiiotb.  de  Tunlversité 
de  Leyde. 

RlhU  (Jacques),  de  Privas,  laissa 
deux  Ûls,  nommés  ALEXANDRE  et  Jean, 
qui  se  réfugièrent  l'un  et  l'autre  à  Ge- 
nève après  la  révocation.  L'aîné,  né 
en  1655,  fut  reçu  bourgeois  en  1699, 
et  mourut  sans  enfants  de  sa  femmâ 
Jeanne  Baile,  de  Monlélimart,  qu'il  a- 
\ait  épousée  en  i693.  Le  cadet  fut  pè- 
re d'une  fille,  mariée  à  Mulhouse,  et 
de  deux  fils.  Jean,  l'alné,  sieur  de  La 
Billquinière,  se  fixa  à  Paris,  et  y  fit, 
eu  spéculant  sur  les  billets  de  banque 
de  Law,  une  fortune  colossale  qui  s'é- 
vanouit,à  la  chule  du  fameux  système, 
anssi  rapidement  qu'il  l'avait  acquise. 
11  laissa  un  fils,  qui  suivit  la  carrière 
mililairc,  c(  trois  filles  mariées  dans 
des  familles  catholiques.  Le  cadet, 
ISAN-Louis,  partagea  les  bénéfices  et 
les  perles  de  l'agiotage  de  son  frère^  et 
mourut  à  Suresne.  D'un  premier  ma- 
rjage  contracte  avec  Judith  Gervais,  il 
eut  deux  fils,  ALSXANDRE-Louiset  an- 
xûiMB^  qui  moururent  sans  postérité. 


Sa  seconde  ^  femme,  Benèe-Madelainê 
Calandrini,  sœurdelady  Bollngbroke, 
loi  donna  aussi  deux  enfants,  Henbi  ei 
Julie.  Né  à  Paris,  en  1 721,  Henri  ser- 
vit d'abord  dans  les  troupes  de  la  Com- 
pagnie hollandaise  des  Indes  ;  mais  ploa 
lard,  il  passa  au  service  du  roi  é& 
France  et  devint  commandant  dansTlle 
Saint-Martin.  Sur  la  fin  de  ses  jours,  il 
se  retira  à  Genève,  oii  il  se  lia  d'amie 
lié  avec  Voltaire.  11  s'est  fait  connaîtra 
dans  la  littérature  par  quelques  trir 
dttcttons  de  l'anglais  et  de  rallemand, 
dont  voici  les  litres  : 

I.  Voyages  de  Baretti  en  Espagne 
et  en  Portugal,  trad.  de  Tanglais^  La 
Haye,  1778,  4  voL  in-12. 

II.  Maria,  MIS,  in-8*.  —  Roman 
trad.  de  l'anglais. 

m.  L'^icaparfe,  1779, in-8«.-.-Ro- 
man  trad.  de  l'anglais. 

IV.  Voyage  de  Vienne  à  Belgrade, 
trad.  de  raliemand  de  Kleeman^  Neuf* 
cbàtel  et  Hamb.,  1780,  in-8*. 
.  V.  Lettres  d'un  voyageur  anglais  en 
France,  en  Suisse  et  en  Allemagne, 
1781,  4  vol.  in-8«.— Trad.  de  l'angl. 
de  Moore. 

VI.  Essai  sur  Vétat  présent  de  la 
Suisse,  Laus.,  1781,  2  vol.  in-8«.— 
Trad.  de  l'angl.  de  Guill.  Coxe. 

VII.  Cécilia,  Gen.,  1 783,  5  vol.  in« 
12.  —  Roman  trad.  de  l'anglais. 

H.  RIeu  a  été  aussi  un  des  éditeurs 
de  la  collection  des  Voyages  entrepris 
dans  le  nord  de  l'Europe  (Gen.,  1 785- 
86,  6  vol.  in-go).  Sa  femme,  Marier 
Jeanne  Uuichard,  qu'il  avait  épousée 
à  la  Guadeloupe,  lui  donna  une  fille, 
lOLiE,  morte  à  Rolle^  en  1839,  sans 
avoir  été  mariée,  el  un  fils,  Etienne, 
né  en  1 752,  qui  entra  dans  le  régiment 
suisse  de  Diesbach,  devint  capitaine 
d'une  des  compagnies  genevoises  au 
service  de  France,  dans  les  dernières 
années  du  règne  de  Louis  XVI,  et  fut 
nommé  chevalier  de  Saint-Louis  en  ré- 
compense de  ses  services.  EtienneRieu 
épousa  à  Genève,  en  1788,  Charlotte 
Turretini'Saladin,  dont  il  eut  quatre 
enfants  :  i»  HEffBisTTE;  •—  2»  Jean- 
Louis,  qui,  après  avoir  fait  aveu  dis- 


RIE 


—  439  — 


RIE 


Kinetion  les  campagnes  de  tllmpire^ 
comme  officier  d'artillerie,  se  retira 
dans  sa  ville  natale,  oii  il  occupa  les 
emplois  d'inspecteur  de  la  milice  et  de 
premier  syndic.  Trois  enranls  naqui- 
rent de  sou  mariage  avec  Marie  Las- 
serre  :  Auguste,  avocat,  Elisàbeth- 
STfippANiB,  femme  d'Alexandre  Lom- 
bard, et  Charles,  savant  orientaliste 
et  conservateur  du  Britisb  Muséum^ 
marié  à  Agnès  HUgen;  —  3*  JuLBSr 
Charles,  qui  suit  ;  —  4°  Marie,  fem*- 
me  d'Emmanuel  Sautter. 

Né  à  Genève,  le  11  août  1792,  Ju- 
los-Charles  Rieu  se  voua  au  saint  mi- 
nistère et  se  fit  remarquer  de  bonne 
beure  par  sa  piété  évangélique.  Reçu 
pasteur  en  181  G,  il  fut  appelé,  deux 
ans  après,  à  desservir  l'église  de  Prl- 
dericia,  fondée  dans  le  Jutland  par  des 
Réfugiés  français.  11  y  mourut  victime 
de  son  ardente  cbarité.  Épuisé  par  les 
soins  qu'il  avait  prodigués  à  son  trou- 
peau pendantunemaladiecontagieuse, 
il  succomba  lui-même  à  l'épidémie, 
le  28  Juin  1821,  au  milieu  des  re- 
grets de  toute  la  population.  Son  ad^ 
inirable  conduite  lui  avait  acquis  de 
si  vives  sympathies^  même  parmi 
Jes  habitants  catholiques,  que  le  cu- 
ré, qui  lui  avait  témoigné  pendant  sa 
Jongue  agonie  raffection  la  plus  tendre, 
désira  prononcer  sur  sa  tombe  son  o- 
raison  funèbre,  mais  ses  coreligion- 
naires ne  voulurent  céder  à  personne 
le  soin  de  remplir  ce  douloureux  devoir. 
Le  seul  livre  imprimé  que  nous  con- 
naissions de  ce  jeune  pasteur,  est  une 
Courte  analyse  de  l*£ pitre  de  Saint" 
Paul  aux  Gâtâtes,  Paris,  i829,in-l2. 

M.  Ch.  Eynardy  à  qui  nous  devons 
4a  généalogie  de  cette  famille,  ajoute 
qu'une  de  ses  branches  qui  s'était  éta- 
blie en  Angleterre,  oii  elle  occupait 
une  position  honorable^  s'est  éteinte 
dernièrement. 

lilEUX  (DBnis  de),  ainsi  nommé  de 
son  lieu  natal,  fut  un  des  premiers 
martyrs  de  la  Réforme  à  Bfeaux.  Con- 
damné au  feu,  il  fut  traîné  au  sup- 
plice sur  une  claie,  au  milieu  des  ou- 
trages de  la  populace  et  des  moines. 


«  U  fut  bruslé  vif  au  gré  des  ennemis 
de  la  vérité,  lit-on  dans  le  Martyrologe, 
c'est  assavoir  avec  long  tourment  :  car 
il  fut  levé  trois  fois  en  l'air  sur  un  pe- 
tit feu  :  et  lousjours  pria  et  invoqua  le 
nom  de  Dieu  jusques  au  dernier  sou- 
pir. Ce  fut  le  3«  jour  de  juillet,  l'an 
1528.  » 

RIEDX  (Guillaume  de),  capitaine 
buguenot  dans  le  Lauragais,  était  fils 
d'un  conseiller  de  Castelnaudary.  En 
1575,  Il  se  saisit  du  Mas-Saintes- Puel- 
les,  d'où  11  fit,  pendant  longtemps,  iine 
guerre  acharnée  aux  habitants  de  Cas- 
telnaudary, pour  se  venger  des  maux 
dont  il  avait  eu  à  souffrir  de  leur  part, 
lies  recherches  ne  nous  ont  rien  appris 
de  plus  sur  la  vie  de  ce  capitaine;  mais 
nous  savons  par  les  registres  de  Cha- 
renton,  qu'une  famille  du  même  nom, 
gui  habitait  la  Sainlongc,  professait 
aussi  le  protestantisme.  Une  demoisella 
de  Hieux,  qui  fut  arrêtée  à  Paris,  en 
1686,  en  descendait  peut-être  (Arch. 
gén.  E.  3572). 

Parmi  les  descendants  des  Réfugiés 
français  établis  en  Prusse,  nous  con> 
naissons  un  écrivain  qui  porte  un  nom 
presque  identique.   C'est  Louis- Phi^ 
lippe-Ferdinand  Du  Rieux,  né  à  Stet- 
tin  en  1824,  dont  la  famille  s'était  éU;- 
blie  dans  le  Palalinat  à  sa  sortie  de 
France.  Son  père,  Philippe-Théophile, 
né  en  1 792  et  mort  à  Berlin  en  1 836, 
flt  avec  distinction  la  campagne  de 
Russie,  comme  adjudant  du  maréchal 
Oudinot,  et  fut  décoré  de  ta  croix  de  la 
Légion -d'honneur.  Tombé  entre  les 
mains  de  l'ennemi,  il  fut  retenu  prison- 
nier à  Saralow  jusqu'en  181  i.  A  son 
retour  dans  sa  patrie,  il  quitta  le  ser- 
vice militaire  et  se  fil  négociant.  Son 
fils  préféra  à  la  carrière  du  commerce 
celle  des  lettres.  Un  goût  inné,  que 
développa  la  lecture  des  ouvrages  de 
M.  de  Humboldt,  le  porta  de  préférence 
vers  l'étude  des  sciences  naturelles.  A 
la  suite  d'un  voyage  qu'il  fit, en  1850^ 
dans  l'Amérique  centrale,  il  a  publié 
un  Coup  d'œil  sur  le  pays  montagneux 
de  Guatemala,  opuscule  qui,  avec  un 
volume  de  poésies,  imp.  à  Londres  en 


RIN 


—  440  — 


RIN 


1851,  sons  le  titre  :  Les  Montagnes, 
est,  à  notre  connaissance,  tout  ce  qu'il 
amis  au  jour  jusqu'ici. 

RIGAUD  (  David  ) ,  auteur,  selon 
Aliard,  d'un  Recueil  de  poésies  diver» 
ses  et  d'un  Poiëme  sur  la  cigale,  était 
un  marchand  deCrest.  Ses  descendants 
continuèrent  à  proresser  la  religion  ré- 
formée jusqu'à  la  révocation.  Jean  Ri- 
gaud,ûe  Crest,  abjura  le  i  «^  oct.  i  685. 
Sa  femme,  Isabeau  Gounon,  ayant  re» 
fusé  de  suivre  son  exemple,  fut  mise 
dans  un  couvent.  Au  bout  de  quinze 
Jours,  elle  succomba  et  se  convertit 
avec  sa  fllle  Isabkau.  Le  lendemain, 
son  fils  Michel,  emprisonné  à  son  tour, 
feignit  aussi  d'abjurer.  Quelques  se- 
maines après,  il  s'enfuit  à  Genève,  oii 
il  ne  tarda  pas  à  être  rejoint  par  sa 
mère. 

RIHEL  (JosTAs),  né  à  Haguenau, 
le  16  avril  1525,  fut  le  premier  enfant 
que  Capiton  baptisa  dans  cette  ville 
selon  le  rile  de  l'Eglise  protestante.  Il 
fit  ses  éludes  au  gymnase  de  Stras* 
bourg,  où  son  père,  l'imprimeur  Weri' 
del  Rihel,  avait  été  obligé  de  se  réfu- 
gier, et  à  ses  progrès  rapides,  il  était 
aisé  de  juger  qu'il  aurait  conquis 
un  nom  célèbre  dans  les  lettres,  si 
son  père  ne  l'avait  retiré  des  écoles 
pour  lui  faire  embrasser  la  profession 
d'imprimeur.  Membre  du  Petit-Con- 
seil en  1559,  du  Grand-Conseil  en 
1563,  du  Conseil  des  XX  en  1578,  de 
celui  des  XV  en  1587,  et  de  celui  des 
XIII  en  1588,  Josias  Rihel  mourut  au 
mois  de  mars  1597,  laissant  un  fils, 
Philippe,  docteur  en  médecine,  qui 
est  auteur  des  Consultationes  medic. 
de  melanckolico  curandoy  ins.  dans  le 
T.  I^'  des  Orationes  Argentin.  (Arg., 
1611,  in-8«).— Théodose  Rihel,  le  tra- 
ducteur (en  1574)  de  Tite-Live  en  al- 
lemand, appartenait-il  à  la  même  fa- 
mille ? 

RING  (Frédéric-Dominique),  écri- 
vain très-récond,  de  la  même  famille 
que  le  docteur  en  médecine  Georges 
Ring,  qui  ne  nous  est  connu  que  par 
une  diss.  De  monocerote,  Arg.,  1651, 
ID-4S  naquit  à  Strasbourg,  le  24  mai 


1726.  Il  fit  ses  études  dans  sa  iriDe 
natale,  où  il  prit,  eu  1 745,  le  grade  de 
maltr^s-arls.  En  1751,  après  avoir 
soutenu  une  nouvelle  thèse,  il  se  ren- 
dit en  Allemagne  dans  l'intention  d'en 
visiter  les  principales  universités.  De 
retour  à  Strasbourg,  il  y  obtint  une 
place  qu'il  quitta,  bientôt  après,  pour 
aller  occuper  à  Colmar  une  position 
plus  avantageuse.  En  1759,  le  mar- 
grave de  Bade  lui  confia  l'éducation  de 
son  fils.  A  sa  mort,  arrivée  le  8  fév. 
1809,  Ring  portait  le  titre  de  conseil- 
ler privé.  On  a  de  lui,  d'après  Roter- 
mund  : 

I.  Diss.  de  latitudine  quamtXKoni 
morali,  Arg.,  1745,  in-4». 

II.  Dissert,  de  charOcteribuê  verm 
Christianorum  sapientiœ  ad  Jac,  IIl, 
17,  Arg.,  1751,  in-4». 

in.  Gedanken  eines  Schweizers  U- 
ber  den  gegenwàrtigen  Krieg,  trad. 
du  franc.,  Colmar,  1757,  in-4*. 

IV.  Die  Ringe,  Erlang.,  1757,  8*. 

V.  Trad.  en  allem.  de  l'Eloge  du 
maréchal  de  Saxe,  parThomas,Frankf. 
und.  Leipz.,  1759,  in-8«. 

VI.  Meine  Autorschaft,  Kaiisr., 
1760,  in-8«. 

VII.  Reise  des  Genius  Alaeiel  dwrch 
die  Eylànder  Tacitumien  und  Friwh 
lt«n,trad.  du  franc  ,Karlsr.,l760^8*. 

VIII.  Der  Prediger,  Frankf.  uni 
Leipz.,  1764,  in-8*. 

IX.  Conseils  à  un  jeune  homme  qui 
entre  dans  le  monde,  par  M.  Sack, 
nouv.  édit.,  1764,  in-8*. 

X.  Untersuchungen  iiber  die  ver» 
meinten  giftigen  Thiere,  trad.  en  par- 
tie du  franç.,Frank.und  Leipz.,  1764, 
in-8». 

XI.  AlUrhand  fur  dos  Frauenzim» 
mer,  Ibid.,  1764,  in-8«. 

XII.  Die  Connestagen,  traduit  du 
franc,  Ibid.,  1764,  in-8*. 

XIII.  VitaJ,'D.  Schôpflini,  Carisr., 
1764,  in-8«;nouv.  éd.  augm.,  Carisr., 
1768,  in-8«. 

XIV.  Schutzredi  fur  die  gute  Sache 
der  Gerechten,  Gotha,  1767,  in-8*. 

XV.  Paragraphen,  Frankf.  und 
Leipz.,  1767,  in*8«. 


I 


MN 


—  441  — 


RIS 


Xyi.Nochmehr  Paragraphen, ]biû. , 
1768,  in-80. 

XVII.  Ahfertigung  einer Schaalwit- 
zigen  Recension  der  Noch  mehr  Para^ 
graphen,  Ibid.,  1770,  in-S*. 

XVIli.  Comm^ntatiunculadematris 
Ciceronum  circa  rem  familiarum  pro- 
videntidy  quâ  lagenas  etiam  inanes 
obsignasse  legitur,  Carisr.,  1769,  8«. 

XIX.  J,'D.  SchôpfUni  Opéra  orato- 
ria,  cum  vitd  auctoris  notulisquey 
Aug.  Vind.,  1769,  in-40. 

XX.  Briefe  des  Grafen  von  ***  an 
die  Herzogin  von  ***  tcàhrend  des 
feldzuges  in  Italien  t>on  Jahre  1701, 
trad.  du  franc.,  Karlsr.,  1778,  in-8». 

XXI.  Ueber  Literatur  und  Kritik, 
Irad.  du  franc.,  Frankf.,  1778,  in-8«. 

XXII.  Dragon  und  FoletiCy  Char- 
Ires,  1780,  in-so. 

XXIII.  Kurzgefasste  Geschichte  der 
drei  erslen  Entaecker  von  Amerikay 
Frankf.,  1781,  in-8. 

XX IV .  Ueber  den  Kinder  mord  y  Ibid., 
1782,  in-80. 

XXV.  Reisejournal,  1783,  in-8«. 

XXVI.  Schutzschrift  fiir  den  Gra" 
(en  CagliostrOy  Kehl,  1786,  in-8«. 

XX VU.  Ueber  die  Reise  des  Zuri* 
cher  Hreytopfes  nach  Strasburg  tx)m 
Jahre  1576,  Baireuth,  1787,  in-8o. 

XXVIII.  Fragment  einer  Reise  nach 
S.  Domingo,  Rasladt,  1 788,  in-S». 

XXIX.  Kaiser  Otto  der  Dritte,  ge-- 
nannt  Mirabiliamundi,  Erlang.,  1 789^ 
in-80. 

XXX.  Reise  in  dos  Reich  d^r  Liebe, 
Basel,  1791,  in-80. 

XXXI.  Der  liebe gute  Herrvon  Al* 
lermann.  Eine  Romanze  nach  den 
Franzos.y  1791,  in-8«. 

XXXII.  Noch  mehr  anonymische 
Schriften, 

XXXIII.  Historisch.  Vorberichte  zw 
zweien  Gedichten  :  Conradin  von 
Schwaben  und  die  Gràfin  von  Glei" 
c/ien,  Karlsr.,  1791,  in-4». 

Ring  a  publié,  en  outre,  nn  très^ 
grand  nombre  de  pièces,  en  vers  et  en 
prose,  dans  plusieurs  Journaux  litté- 
raires ou  autres  publications  périodi^ 
ques,  comme  le  Magazin  de  ^ieasel,  le 

T.  VIII. 


Journal  encyclopédique,  la  Gazette  de 
Deux-Ponts,  les  Journaux  de  Berlin, 
Francfort,  Erfurt,  Strasbourg,  Gotha, 
Leipzig,  etc.  On  lui  doit  aussi  des  é- 
ditions  des  Lettres  du  chevalier  de 
Boufflers  pendant  un  voyage  en  Suisse 
(1772),  et  des  Regrets  de  Diderot  sur 
sa  vieille  robe  de  chambre  (1772). 

RISOLIÈRES  (ISÀÀC),  jeune  hom- 
me de  Castres,  avait  été  accusé,  en 
1681,  de  s'être  amusé,  avec  ses  amis 
Pierre  Lucadou,  Pierre  Auret,  Jean 
Auriol  et  Séverac  le  cadet,  à  coiffer 
deux  Juments  «  en  figure  de  femme  » , 
pour  tourner  en  ridicule  la  très-sainte 
Vierge.  Vidal,  chanoine  théologal  et 
promoteur  de  l'évéché,  avait  fait  des 
Informations,  mais  soit  que  les  char- 
ges ne  lui  parussent  pas  suffisantes , 
soit  qu'il  éprouvât  un  sentiment  de 
commisération  pour  ces  jeunes  fous 
menacés  du  supplice  le  plus  terrible, 
il  n'avait  pas  poussé  plus  loin  les  pour- 
suites. Son  successeur  Servier  ne  mon- 
tra pas  la  même  indulgence  pour  «  ces 
exécrables  impiétés.  »  Il  entama  un 
procès  non-seulement  contre  les  cinq 
blasphémateurs,  mais  contre  Martin 
de  La  Combe,  Daniel  Martin,  sieur  de 
Laplasède,  et  Abraham  Gros,  accusés 
d'avoir  abattu  une  croix  à  La  Gaba- 
rède,  lieu  de  leur  résidence.  Saisi  de 
l'affaire,  le  parlement  de  Toulouse 
rendit,  le  23  Janv.  1683,  un  arrêt  qui 
condamna  Séverac  et  Risolières  à  être 
brûlés  vifs.  Leurs  biens  confisqués  de- 
vaient être  employés  à  la  fondation 
d'une  messe  perpétuelle,  et  à  Tentre- 
tien  d'une  lampe  qui  brûlerait  à  per- 
pétuilé  devant  un  tableau  de  la  Vierge, 
commandé  exprès.  Le  4  mai,  intervint 
un  second  arrêt  qui  condamna  à  la  po- 
tence les  trois  habitants  de  La  Caba- 
rède,  et  par  un  troisième,  daté  du  22 
juin,  les  trois  complices  de  Risolières 
furent,  comme  lui,  condamnés  au  feu 
{Arch.  gén.  Tt.  290).  Le  promoteur 
Servier  remporta  donc  une  belle  victoi- 
re ;  mais  sa  joie  fut  troublée.  Les  cinq 
jeunes  accusés  de  Castres  avalent  eu  le 
temps  de  se  soustraire  aux  poursuites 
dirigées  contre  eux  et  de  se  réfugier 

28 


RIV 


—  448  — 


RIV 


dans  les  pays  étraDger8(/M.  Tt.  322). 

RIS8LER  (Jean),  pasteur  à  Mul- 
house,  mort  en  1720,  est  auteur,  selon 
Graf,  de  Sermons  sur  divers  textes  de 
l'A.  et  du  y.  Testament  et  de  Com- 
mentaires sur  les  Epitres  de  Jude  et 
de  Saint-Paul  aux  Colossiens,  sur  Da» 
niel  et  sur  l'Evangile  selon  St.-Jean, 
probablement  restés  inédits. 

RIUPÉROUX  (THÉODORE  de)  ne  à 
Montauban  en  1 G64,  montra  de  bonne 
heure  un  talent  remarquable  pour  la 
poésie.  11  est  auteur  de  quatre  tragé- 
dies :  Annibal,  Ka/éncn, la  Mort  d'Au- 
guste et  Jlypermnestre,  dont  la  der- 
nière resta  assez  longtemps  an  réper- 
toire, et  de  quelques  petites  pièces  de 
vers  répandues  dans  différents  recueils. 
L'intendant  Foucault  entreprit  de  le 
convertir,  et  il  y  réussit  sans  beaucoup 
de  peine.  La  protection  du  Père  La 
Chaise  fit  obtenir  à  Tapostal,  qui  avait 
pris  rhabit  ecclésiastique,  un  canoni- 
cat  à  Forcalquier.  On  raconte  que  le 
marquis  de  Créqui,  auprès  de  qui  Riu- 
péroux  remplissait  les  fonctions  de  se- 
crétaire, ayant  mis  en  dépôt  entre  ses 
mains  mille  louis,  Kiupéroux  alla  les 
jouer  elles  perdit.  Cette  anecdote  peut 
faire  juger  de  sa  moralité. 

Théodore  de  Kiupéroux  ou  Hieupei- 
roux  était  le  second  Ois  de  RieupeirouXy 
conseiller  et  avocat  du  roi  au  pré- 
sidial  de  Montauban ,  qui  assista,  en 
qualité  de  commissaire  royal  à  divers 
synodes  de  la  Haute-Guienne,  entre 
autres,  à  celui  qui  se  tint,  le  24  nov. 
16G1,  à  Saint-Antonin  sous  la  prési- 
dence de  Bardon^  ministre  du  lieu. 
Nous  ne  connaissons  aucune  particu- 
larité de  la  vie  de  son  frère  aîné;  il 
fut  peut-être  le  père  d'une  demoiselle 
de  kieupeîrouu'y  qui,  après  avoir  été 
enfermée  quelque  temps  dans  un  cou- 
vent de  Montauban,  fut  transférée  à 
Paris  en  1713  (Arch,  géu,  E.  5399). 

RIVAL  (Pierre),  pasteur  franrais 
à  Londres,  avait  déjà  desservi  plu- 
sieurs églises  fondées  dans  cette  ville 
ar  des  Réfugiés,  lorsqu'il  fut  appelé, 
en  1 694,  à  remplacer  Coulan,  minis- 
Iro  de  celle  de  rArtillerie.  Quelques 


années  après,  il  devint  chapelain  du 
roi  dans  la  Chapelle  de  Saint-James. 
En  1704,  il  épousa  Jeanne  Casenavcy 
de  Castres.  En  1710,  il  publia  un  Ai^is 
aux  Réfugiez,  qui  mécontenta  le  con- 
sistoire de  la  Savoie,  et  en  particulier 
A  rmand  Du  Bourdieu  ;  de  là  une  guerre 
de  plume  qui  dura  plusieurs  années.  On 
Ignore  la  date  de  la  mort  de  Rival  ;  en 
1728,  il  était,  dit-on,  a  presque  décré- 
pit y>  (1  ).  Voici  la  liste  de  ses  publica- 
tions ;  nous  n'affirmerions  pas  qu'elle 
est  complète. 

I.  Apologie  y  Lon^.  y  1716,  in-4«. 

II.  Vertot' s  Dissert,  on  the  salick 
law  examined,  Lond.,  1722,  in-4»; 
réimp.  en  franc,  dans  les  Dissertations 
de  Rival,  sous  ce  titre  :  Examen  d'une 
partie  de  la  dissertation  de  M.  Vnhbê 
de  Vertot,  gui  a  pour  titre  Sur  l'ori- 
gine des  lois  saliques,etc.;  puis  sépa- 
rément avec  une  Préface,  Amst.,  i  727, 
in-l2. 

III.  The  irish  m issionary  unmaskedy 
or  the  abbé  Goulde  convicted  of  four 
falsehoodsy  transi,  from  the  french, 
Lond.,  1724,  2  part.  in-S».— WaUue 
donne  pas  le  titre  de  l'écrit  original. 

IV.  Dissertations  historiques  et  cri- 
tiques sur  divers  sujets ,  AmsI.,  1 726, 
5  vol.  in-l2. 

V.  Sermon  prononcé  à  Voc4iasion  de 
l'avènement  du  roi  George  II  à  la  cou^ 
ronne,  Lond.,  1727. 

VI.  La  note  défendue ,  ou  dissert, 
dans  laquelle  on  fait  voir  que  le  mot 
adelplws  est  en  usage  datis  la  langue 
grecque  pour  désigner  un  cousin-ger» 
main,  Leide,  1728,  ln-12. 

Vil.  Lettres  à  trois  fins  adressées 
au  consistoire  de  la  Sacoye,  Amst., 
1728. 

VI 11.  Dissection  d'un  libelle  diffa» 
ma  foire  imp.  à  Londres  sous  ce  titre  : 
Copie  de  la  délibération  du  consistoire 
de  l'église  françoise  de  la  Savoye, 
Amst.,  1730. 

Au  nombre  des  sigtnataires  de  laDé- 
claration  publiée,  en   1691,  par  na 

(1)  Il  n'est  doue  pas  probable  qu'il  «oit  le  Dcai 
que  Pierrt  Rivât,  du  Béarn,  iminttrlcalé  ï  Và- 
ofttfénie  de  Getère  tm  tôSS. 


my 


—  443  — 


B)V 


certain  nombre  4e  pasteurs  réfugiés  eo 
Angleterre  pour  repousser  l'accusât  ion 
de  socinianisnie  qu'on  leur  adressait, 
figurent  deux  Rival^  dont  l'un,  dit  de 
Saiiès,  estprobablement  leméme  qu'E- 
lie  Rical,  natif  de  Puy-Laurens,  qui 
avait  fait  ses  études  à  l'académie  de  sa 
ville  natale,  où  i)  avait  soutenu,  en 
1666,  une  thèse  sous  la  présidence  de 
VerdicTy  et  qui  s'était  rendu.  Tannée 
suivante,  à  Genève,  pour  s'y  perfec- 
tionner dans  la  théologie.  A  la  révo- 
cation,  il  était  sorti  du  royaume  (Àrch. 
gén,  Tt.  321),  et  s'était  réfugié  en 
Hollande.  £n  1 688,  il  éUit  attaché  à 
l'église  wallonne  d'Amsterdam.  Benoit 
cite  sa  mère  Priscille  Dumas  dans  ses 
listes  de  persécutés. 

Nous  avons  rencontré  très-fréquem- 
ment le  nom  de  Rival,  écrit  quelquefois 
Rivais,  dans  les  Actes  des  synodes  da 
Haut-Languedoc;  mais  de  tous  les  mh 
nistres  qui  l'ont  porté  jusqu'à  la  Ré- 
vocation, aucun  ne  mérite,  à  un  titre 
quelconque,  une  mention  spéciale,  si 
ce  n'est  peut-être  le  pasteur  de  Sa- 
Verdun,  qui  présida  le  synode  tenu 
dans  cette  ville  le  8  sept.  1678,  en 
présence  de  Salomon  d'Usson,  sieur  de 
Bonrepeaux,  commissaire  du  roi.  Y 
assistèrent  :  Saverdun,  Rival  avec  les 
anciens  Cazeiny  et  Maisonnade;  Ma- 
zères,  Pons  avec  les  anciens  Dounous, 
avocat,   et  de  Prat;  Le  Mas-d'Azil, 
Bourdin  et  La  Rivière,  min.  ;  Le  Caria, 
Bayle,  père  et  fils,min.,deLourc/é(/e 
Campagnou  et  Dumas,  sieur  de  Gouar- 
dère,  anc.  ;  Sabarat,  Hubert,  mïn,; 
Les  Bordes,  y'ieu.  min.,  de  Sarraute 
et  Dumas,  anc;  La  Bastide-de-Léran, 
Imbert  et  Catala,  Calment,  Boniol^ 
min..  Baron  et  Caseneuve,  anc;  Ca- 
marade, Du  Gavé,  mïn.,  Jérémie  Pons, 
anc;  Castres,  Jaussaud,  qui  fut  élu 
vice-président,  et  La  Devèze,  min., 
avec  l'avocat  France,  anc;  Réalmonl, 
Viguier  et  Montai  ;  Lacaune,  Martin  et 
Pounier;  Angles,  Oulès,  min.;  Sablay- 
rollcs,  Voué,  anc;  Castelnau-de-Bras- 
sac,  Bonnufons  et  Bardon;  Brassac, 
Cabibel,  min.;  La  Cabarède,  Bonnet, 
min.;  Esperausses,  Richard,  min,; 


Ferrières,  J^^rtion,  min.;  La Caze,^e- 
nech,  min.;  La  Crouzette,  Ei^cale  et 
Terondet;  Mauvesin,  Cliarles,  min.; 
L'ile-Jourdain ,  Molinier  et  Fargia; 
Puycasquier,  Rouffignac  ou  Roffiniao 
etLupé,sieurdeTilhac;Castelnaudary, 
Isarn,  anc;  Puy-Laurens,  Pérez  e| 
Rival,  min.,  et  Beguy,  anc;  Revel, 
Lavergne  (aliàs  Lavernie)  et  Dairous; 
Carmaing,  Darnatigues,  min..  Baron 
eideBret,  anc;  St. -Amans,  C/a'i^oifd, 
min.;  La  Bastide-Saint-Amans, ^ofine* 
foux,  min.;  Mazamet,  Baron  et  CoT'- 
dère;  Aiguesfondes,  Balaguier, mïn,; 
Cajarc,  La  Vabre,  min.;  Cardaillac, 
Perrin,  min.;  Milhau,  Guillaumencq 
et  Verdier,  anc;  St.-Jean-du-Breuil, 
Duclaux,  min.;Pont-de-Camarès,7{tt- 
jpey,  min.;  St.-Rome- de-Tarn,  Calmet 
ou  Calvei,  min.;  St.-Félix-de-Sorgues, 
Delmas,  min.;  Montauban,  Charles  ei 
Lugandi,  élus  secrétaires;  Caussade, 
Gomès^  min.;  Réalville,  SoUnhac  oa 
Soligniac,  min.;  YiUemade,  Vemhes 
ou  Vergnes,  min.;Saint-Nauphary,La 
Resseguerie,  min.;  Corbarieu,  Molles, 
min.;  Yerlhac,  de  Verlhac,  anc;  Ge- 
nébrières,  Boudet,  min.  Ce  synode 
admit  au  ministère  Antoine  et  Abel 
Ligonnier,  de  Castres, /acç.  Terondet, 
de  La  Crouzette,  et  Jean  Cairon,  de 
Figeac,  et  afin  de  prévenir  les  brigues 
dans  l'élection  des  anciens  de  Milhau, 
il  fit  un  règlement  sur  le  mode  à  suivre. 

Nous  ignorons  s'il  y  avait  un  lien 
de  parenté  entre  tous  ces  ministres  da 
nom  de  Rival  ou  Rivais  et  une  famille 
noble  de  Rivais,  qui  parait  avoir  pro- 
fessé aussi  le  protestantisme  et  dont  la 
généalogie  a  été  publiée  dans  les  Pièces 
fugitives  d'Aubaïs. 

RIVALlEa  (Claude),  ministre  de 
l'Evangile,  fils  de  Pierre  Âwo/ier,  doc- 
teur en  médecine,  de  Nismes,  fut  reça 
bourgeois  à  Genève  en  1708.  Huit  ans 
plus  tard,  nous  le  trouvons  à  Cassel, 
chapelain  du  landgrave  et  prédicateur 
dans  la  Vieille-Ville.  C'est  pendant  son 
séjour  à  Cassel  qu'il  se  maria  avec  Eli-^ 
sabeth  Martin.  Quelque  temps  après, 
en  1 71 8,  il  accepta  la  vocation  qui  lui 
fut  adressée  par  l'église  française  de 


RIV 


—  444  — 


RIV 


Hambourg.  Nous  ne  connaissons  pas 
la  date  de  sa  mort.  Ajoutons  que  la  Ta- 
in ille  Rivalier^  que  Guillaume  X  ano- 
blit sous  le  nom  de  Meysenburg,  est 
divisée  aujourd'hui  en  plus  leurs  bran- 
ches répandues  dans  une  grande  partie 
de  l'Allemagne^  et  que  la  branche  qui 
est  restée  fixée  à  Cassel^  a  pour  chef 
un  des  chambellans  de  l'électeur. — En 
1740,  un  ministre^  nommé  Charles 
J?{t;a/ter,  habitait  Lausanne;  maisnous 
ne  connaissons  aucune  particularité 
de  sa  vie. 

RIVET  (André),  célèbre  théologien 
protestant,  naquit  à  Saint-Maixent,  de 
Jean  Rivet,  notable  marchand  de  cette 
petile  ville,  et  de  Catherine  Cardel,  On 
n'est  pas  d'accord  sur  le  temps  de  sa 
naissance.  Selon  Meursius,  il  vint  au 
monde  le  8  des  calendes  d'août,  c'est- 
à-dire  le  25  juin.  1572;  selon  Dreux 
du  Radier  et  Filleau,  le  2  juill.  1571; 
selon  laBiogr.  univ.,le  2  juill.  1572, 
et  selon  Jôcher,  le  5  août  1573,  date 
qui  s'accorde  le  mieux  avec  Tàge  qu'il 
avait  lorsqu'il  mourut. 

Destiné,  dès  son  enfance,  au  minis* 
tère  sacré  par  ses  parents,  qu'animait 
une  piété  ardente  unie  à  un  grand  zèle 
pour  la  religion  réformée,  André  Ri- 
vet reçut  sa  première  instruction  dans 
un  pensionnat  que  Louis  de  La  Bla- 
chière  avait  établi  à  Niort.  11  entra  en- 
suite au  collège  de  La  Rochelle,  qu'il 
quitta  pour  aller  suivre  les  cours  de 
Tacadémie  d'Orthez.  Reçu  maltre-ès- 
arts  en  1592,  il  s'appliqua  à  la  théo- 
logie sous  Lambert  Daneau.  Après  le 
départ  de  ce  savant  professeur  pour 
Castres,  il  retourna  à  La  Rochelle,  où 
il  profita,  pendant  quelque  temps  en- 
core, des  leçons  de  Rotan,  qui  y  avait 
ouvert  une  école  de  théologie.  Ses  élu- 
des terminées,  il  reçul^  en  1595,  Tim- 
position  des  mains  de  Jonas  Chesneau 
ou  Chaigneau,  ministre  de  St-Maixent, 
et  fut,  immédiatement  après,  placé  à 
Thouars,  comme  chapelain  du  duc  de 
La  TrémolUe.  Après  la  mort  du  dnc^ 
dont  il  reçut  le  dernier  soupir,  il  resta 
auprès  de  sa  veuve  et  continua  à  des- 
servir l'église  de  Thouars  Jasqu'en 


1620,  malgré  les  pressantes  Instances 
de  Du  Plessis-Atomat/y  qui  aurait  vi- 
vement désiré  attacher  un  homme  aussi 
éminent  que  Rivet  à  l'académie  de  San- 
mur. 

Le  zèle  que  Rivet  apportait  dans  l'ac- 
complissement de  ses  devoirs  pasto- 
raux et  surtout  le  talent,  la  vigueur^ 
l'habileté  qu'il  déployait  dans  la  dé- 
fense des  doctrines  du  protestantisme 
contre  leurs  adversaires,  lui  avaient 
mérité  une  très-grande  réputation  par- 
mi ses  coreligionnaires,  même  dans  les 
pays  étrangers,  et  acquis  une  influence 
qui  se  montra  dans  les  nombreuses  dé- 
pulations  dont  il  fut  honoré.  De  1601 
à  1 6 1 7 ,  il  fut  député  à  deux  assemblées 
politiques  et  à  cinq  synodes  nationaux, 
où  il  remplit  trois  fois  les  fonctions  de 
secrétaire.  En  1610,  après  l'assassi- 
nat de  Henri  IV,  les  églises  du  Poitou 
l'envoyèrent  en  Cour  porter  à  la  reine- 
mère  l'assurance  de  leur  fidélité.  En 
1617,  le  Synode  national  de  Vitré  loi 
donna  la  plus  haute  marque  de  son  es- 
time en  l'élisant  président.  Nous  avons 
publié  ailleurs  (  Voy,  Pièces  jasliGc. 
N«  LXXI V)  les  Actes  généraux  de  celle 
assemblée;  et  comme  les  résolutions 
prises  sur  les  Matières  particulières 
n'offrent  plus  aujourd'hui  d'intérêt,  il 
nous  suffira  d'ajouter  que  le  Synode 
s'occupa  beaucoup,  comme  celui  de 
Tonneins,  du  fameux  projet  de  réunion 
des  églises  protestantes.  Afin  de  pré- 
venir les  différences  qu'il  remarqua 
dans  les  pouvoirs  des  députés,  il  dressa 
aussi  «  un  formulaire  général  de  sou- 
mission »  conçu  en  ces  termes  :  Nous 
promettons  devanl  Dieu  de  nous  sou- 
mettre à  tout  ce  qui  sera  conclu  et  ré- 
solu dans  notre  sainte  assemblée;  d'y 
obéir  et  de  l'exécuter  de  tout  notre  pou- 
voir, persuadés  comme  nous  le  sommes 
que  Dieu  y  présidera  et  nous  conduira 
par  son  Esprit  en  toute  vérité  et  équi- 
té, par  la  règle  de  sa  Parole,  pour  le 
bien  et  l'édification  de  son  Eglise  et 
pour  sa  grande  gloire.  »  Une  résolu- 
tion plus  sage  fut  celle  qui  ordonna  que 
des  inspecteurs,  pris  parmi  les  pas- 
teurs en  dehors  du  ressort  de  l'acadé* 


RIV 


—  445  — 


RIV 


mie^  visiteraient  chaque  année  les  éco- 
les pour  s'assurer  des  progrès  et  de  la 
conduite  des  élèves,  du  zèle  et  de  Tac- 
tivité  des  maîtres.  Avant  de  se  séparer, 
l'assemblée  chargea  Rivet  de  recueillir 
les  choses  mémorables  arrivées  dans 
les  églises  et  d'en  composer  une  his- 
toire; mais  la  coupable  négligence  des 
provinces  ne  lui  permit  pas  de  mener 
à  bonne  fln  ce  travail ,  faute  de  maté- 
riaux suffisants. 

En  1620,  sur  la  demande  pressante 
des  curateurs  de  Tuniversité  de  Leyde, 
appuyée  par  le  prince  d'Orange  et  les 
Etats -Généraux,  le  Synode  national 
d'Alais  consentit  à  prêter,  pour  deux 
ans,Rivet  à  cette  académie,  où  la  chaire 
de  théologie  lui  était  destinée.  11  quitta 
donc  Thouars  (  1  ]  et  alla  s'élabl  i  r  en  Hol- 
lande. Sa  femme,  avec  qui  il  avait  vé- 
cu 24  ans  dans  la  plus  parfaite  un  lon^ 
étant  morte  sur  ces  entrefaites,  il  de- 
manda en  mariage  Marie  Du  Mouliriy 
sœur  du  célèbre  Pierre  Du  Moulin, 
qui  s'était  retirée  en  Angleterre  après 
la  mort  de  son  mari,  le  capitaine  An* 
toine  Des  Guyots,  tué  au  siège  d'A- 
miens. Sa  recherche  ayant  été  agréée, 
il  se  rendit  à  Londres,  où  le  mariage 
se  célébra  à  la  (In  du  mois  d'août  1621. 
Pendant  son  séjour  en  Angleterre,  Ri- 
vet fut  agrégea  l'université  d'Oxford. 
L'année  suivante,  il  vint  en  France 
pour  mettre  ordre  à  ses  affaires  et  de- 
mander au  Synode  de  Charenton  l'au- 
torisation, qui  lui  fut  accordée^  malgré 
l'opposition  de  l'église  de  Thouars,  de 
rester  en  Hollande  jusqu'au  prochain 
synode  national.  Ce  synode  s'assembla 
à  Castres  en  1626.  Il  fit  écrire  àRivet 
pour  l'inviter  à  rentrer  dans  sa  patrie  ; 
mais  l'illustre  professeur  ne  put  se  dé- 
cider à  quitter  un  pays  où  il  jouissait 
de  la  plus  haute  considération,  comme 
le  prouve  la  démarche  officielle  que  les 
Etats-Généraux  firent,  par  leur  ambas- 
sadeur, auprès  de  Louis  Xlll,  pour 
qu'on  ne  lui  appliquât  pas  une  Décla- 
ration, rendue  le  i  3  avr.  1627,  qui  or- 
donnait à  tous  les  ministres  protestants 

(1)  Dreux  do  Radier  et  la  Biogr.  udît.  préten- 
dent qu'il  fut  ministre  à  Sedan  ;  c'est  une  errear. 


établis  à  l'étranger  de  revenir  en  Fran- 
ce, sous  peine  de  confiscation  (Fonds 
St'Magloire,  No  42).  De  son  côté,  lo 
stathouder,  Frédéric-Henri,  lui  donna 
la  marque  la  plus  éclatante  de  son  es« 
time,  en  le  choisissant  pour  gouverneur 
de  son  fils  unique  Guillaume,  dont  Ri- 
vet négocia  plus  tard  le  mariage  avec 
la  princesse  Marie  d'Angleterre,  fille 
de  Charles  !«'.  En  1632,  notre  profes- 
seur quitta  Leyde  pour  aller  s'établir 
à  Breda,  comme  curateur  de  l'Ecole  Il- 
lustre et  du  collège  d'Orange.  H  mou- 
rut, pour  ainsi  dire  la  plume  à  la  main, 
après  douze  jours  de  cruelles  souffran- 
ces, le  7  janv.  1 651 ,  à  l'âge  de  78  ans 
6  mois.  Les  circonstances  de  sa  mala- 
die et  de  sa  mort,  qui  fut  des  plus  édi- 
fiantes, ont  été  racontées  dans  un  pe- 
tit livre  composé  sur  les  mémoires  de 
sa  nièce,  Marie  Du  Moulin,  et  publié 
sons  ce  titre  :  Les  dernières  heures  de 
M.  Rivet.  Cet  opuscule  anonyme  a  eu 
plusieurs  éditions. 

Rivet  était  un  théologien  très-in- 
struit; il  avait  une  immense  lecture, 
possédait  une  excellente  mémoire  et 
écrivait  avec  une  rare  facilité;  mais  il 
m'a  paru,  dit  Dreux  du  Radier,  «  qu'il 
ne  raisonnoit  pas  toujours  avec  exac* 
titude;  il  manque  aussi  très-souvent 
de  bonne  foi.  »  Cette  dernière  accusa* 
tion  est  grave  ;  elle  mérilait  d'être  ap- 
puyée de  bonnes  preuves,  et  du  Radier 
n'en  apporte  aucune  à  l'appui  de  son 
imputation. 

Notice  bibliographique. 

I.  Response  aux  demandes  de  J. 
Cristi,  docteur  de  Sorbonne  et  cha- 
noine théologal  de  Nantes,  en  un  livret 
intitulé  :  Le  Resveille-matin  des  mi- 
nistres, 2«édit.  revue  et  augm..  Tours, 
1601,  in-8o.  —  Meursius  en  indique, 
sous  un  titre  latin,  une  édit.  de  1600, 
sans  doute  la  première. 

II.  Eschantillon  des  principaux  pa^ 
radoxes  de  la  papauté  sur  les  points  de 
religion  controversez  en  ce  temps,  La 
Rochelle,  Haullin,  1603,  in-s». 

m.  Défense  de  la  liberté  chrestienne 
en  l'usage  sobre  des  viandes  créées , 


RIV 


—  44é  — 


RIV 


Saamur,  1605,  in-!2.  —  Contre  l'a- 
postat Georges  LApostre, 

IV.  Responsioad  DeclaralionemOli' 
verii  Enguerrandi  apostates,  1607. — 
Tel  est  le  titre  donné  par  Menrsius. 
L'Estoile  parle  aussi,  sous  la  date  de 
1607,  d'une  Réponse  de  Rivet,  minis- 
tre de  Thouars,  à  l'abjuration  d'un  mi- 
nistre, autrefois  cordelier,  nommé  Oli~ 
vier  Enguerrand ,  nouvellement  im- 
primée à  Saumur.  Ce  ne  sont,  dit-il, 
qu'injures  et  redites. 

V.  Sommaire  et  abrégé  des  contro- 
verses de  nostre  temps  touchant  la  re- 
ligion, LaRoch.,  Hier.  Haultin,  1 608, 
in-8»;  Gen.,  1609,  in-8°;  trad.  en  la- 
tin, sous  ce  titre  :  Catholicus  ortho- 
doxus  oppositus  Catholico  papistœ,si' 
ve  Summa  controversiarum .  Nous  ne 
connaissons  pas  la  date  de  la  l<^«édit.  de 
cette  trad.  La  5«  parut  à  Leyde,  1 650, 
2  vol.  ln-40,  et  une  4«  à  Gen.,  1644, 
in.fol.,augm.  des  N<»»XXViIl,XXXlX- 
XLI. 

VI.  Le  triomphe  de  la  vérité,  1610. 
— Contre  le  jésuite  Bailius. 

VII.  Critici  sacri  spécimen,  hoc  est 
censurœ  doctorum  tam  ex  orthodoxis 
quàm  expontificiis  in  scripta  quœ  Pa- 
tribusplerisquepriscorumetpuHorum 
sœculorum  velaffinxit  incogitaniia, 
vel  supposuit  impostura  ;  accedunt 
prolegomena  de  Patrum  autoritate, 
errorum  catisis  et  nothorum  notis, 
sans  nom  delieu,  Vegelin,  1612,  in-8o. 
— Selon  Meursius,  celte  édition  est  la 
première  de  cet  excellent  petit  ouvrage 
que  l'auteur  dédia  à  Du  Plessis-Mor- 
nay.  Il  a  été  réimp.  plusieurs  fois,  en 
dernier  lieu,  croyons-nous,  àLeipzig, 
en  1 690,  in-8«,  sous  ce  litre  :  Critici 
sacri  lib.  IV.  Prœpxus  est  tractatus 
de  Patrum  autoritate,  errorum  causis 
et  nothorum  notis.  Le  lilre  du  livre  en 
fait  suffisamment  connaître  le  but. 

VIII.  Défense  des  deux  épistres  et 
de  la  préface  du  livre  de  Ph.  de  Mot- 
nay  intitulé  :  Le  mystère  d'iniquité, 
contre  les  calomnies  de  Pelletier  et  du 
Bray,  Saumur,  I6i2,  in-S».  -*  Pour 
récompenser  Rivet  des  berviecs  qu'il 
avait  rendus  et  rendait  &  la  Cause  par 


ses  écrits  de  controverse,  le  Synode 
deTonneinslui  fitundonde 600 livres. 

IX .  Remarques  et  considérations  sur 
la  réponse  de  F.  Nicolas  Coëffeteau  au 
livre  de  Du  PlessiS'^fornay  intitulé  : 
Le  mystère  d'iniquité,  1  <■«  et  2«  partie, 
Saumur,  Th.  Portau,  1615  et  1617, 
2  vol.in-4o;nouv.édit.,ibid.,i617et 
1619,  2  vol.  in-4«. 

X.  Isagoge  seu  Jntroductio  gêner a- 
lis  ad  Scripturam  sacram  V.  et  S. 
Testamenti,l}OTd.,  1 6i  6,  in-8«;  Lugd. 
Bat.,  1627,  in-40;  réimp. dans leT.  II 
des  Opéra.  —  Rivet  pose  d'excellentes 
règles  d'herméneutique;  on  ne  peut 
guère  lui  reprocher  que  de  ne  pas  les 
avoir  suffisamment  développées.  lire- 
commande  de  s'attacher  au  sens  litté- 
ral, le  seul  vrai  ;  cependant  il  admet 
un  sens  mystique.  L'interprète  de  la 
Bible  doit  posséder  les  langues  origi- 
nales, la  grammaire,  la  rhétorique,  la 
philosophie,  l'histoire,  la  chronologie; 
il  doit,  pour  trouver  le  sens  véritable 
d'un  passage,  examiner  le  contexte, 
comparer  ce  passage  avec  les  passages 
parallèles ,  distinguer  le  fens  propre 
du  sens  figuré ,  recourir  aux  anciens 
commentateurs  ;  mais  cela  ne  suffit  pas 
encore  :  il  lui  faut  la  pureté  du  cœur 
et  un  travail  assidu,  puritas  mentis  et 
diligens  exercitatio. 

XI.  Oratio  de  bono  pacis  et  con- 
cordiœ  inEcclesiâ,  Lugd.  Bat.,  1620, 
in-4». 

XII.  Méditât  iones  XII  in  selecta  o/i- 
quot  Scripturœ  loca,  1622. 

X m.  Commentarius in  Hoseam pro- 
phetam;  accessit  explicatio  cap.  LUI 
Esaiœ  prophetœ,  Lugd.  Bat.,  1625, 
in-40;  réimp  dans  le  T.  I  des  Opéra, 
avec  un  Comment,  in  Jonam,  dont 
nous  ne  connaissons  pas  d'édit.  anté- 
rieure. 

XIV.  Synopsis  purioris  theologiœ 
disputationibus  LU  comprehensa  oc 
conscripta  pcr  J.  Polyandrum,  A .  fii- 
velum,  Ant.  Yalœum  et  Ant.  Thy^ 
sium ,  Lugd.  Bat.,  1 625,  in-s®. — Onze 
de  ces  thèses  appartiennent  à  Rivet. 

XV.  Statera  quâ  ponderatur  Man- 
tisses Laurentii  Foreri  jesuitœ  QEni- 


fiiv 


—  447  — 


RIV 


pontani,  sectio  /,  quant  emisit  adv. 
libellum  eut  iitulus  est  ;  Mysteriapa- 
irum  jesuitarum,  Logd.  Bal.,  1627, 
in-lG;  réimp.  dans  le  T.  tll  des  Opé- 
ra.— Sous  le  pseudonyme  de  Renaiua 
Verdœus,  Selon  Mcurslus,  l'opuscule 
intitulé  Mysteria patrunijesuilaruiiiy 
est  de  Rivet.  11  a  été  Inséré  dans  le  T. 
111  de  ses  Opéra.  11  est  clair  qu'il  y  en 
a  eu  au  moins  une  édit.  antérieure; 
mais  nous  n'en  connaissons  aucun 
exemplaire. 

XVI.  Lettres  escrites  à  M^^' les  du- 
chesses de  La  Tremouille  sur  le  chan- 
tfemenl  de  religion  de  M,  le  duc  de  La 
Tremouille,  Gen.,  1629,  in-S». 

XVII.  /*.  Picherelli  Opuscula  theo- 
logica,  édita  per  A.  Hivetum,  Lugd. 
Bal.,  Elzevir.,  1629,in-l2. 

XVI II.  Histoire  du  siège  de  Bois-le- 
Duc,  trad.  du  latin  de  Heinsius,Leyde^ 
1631,  iQ-fol. 

XIX.  Disputationes  XIII  de  justd 
et  gratiosd  Dei  dispensatione  circa  sa- 
lutem  generis humant,  habit,  in  Acad, 
Lugd.-fiativicâ,  Lugd.  Bat.,  1 63 1 ,  8*. 

XX .  Oratio  habita  in  auditorio  so- 
lemni,  Lugd.  Bat.,  1 632,  in-40. 

XXI.  Exhortations  à  repentance  et 
recognoissance,  faites  au  sujet  du  siè- 
ge de  Ma'(^stricht,Leyde,  1632,in-32. 

XXII .  Prœlectiones  in  cap .  XX  Exo- 
di,  in  quibus  ita  explicatur  Decalogus 
ut  casus  conscientiœ  quos  vocant  ex 
eo  suborientes,  ac  plerœque  contro- 
versiœ  magni  morne nti  quœ  circa  le- 
gem  moralem  soient  agitari,  fusé  et 
accnratè  discutiantur,  Lugd.  Bal., 
i632;   1637,  in-4«. 

XXIII.  Theologicœ  et  scholasticçB 
exercitationes  CXCin  Genesim,  Lugd . 
Bal.,  1633,  in-4».  —  Résumé  de  ses 
leçons  académiques. 

XXIV.  Diss.  de  origine  sabbathi,in 
quâ  expenduntur  quœ  a  Fr.  Gomaro 
contra  orthodoxarum  theologorum  sen- 
tentiam  ab  A.  Riveto  in  explicatione 
Decalogi  propugnatam  allata  sunt, 
Lugd.  Bal.,  1633,  in-12.— Rivet  sou- 
tient contre  Gomar  que  l'institutiondu 
sabbat  fut  plutôt  morale  que  cérérao- 
niale. 


XXV.  Commentarii  tu  librum  se- 
cundum  Mosis,  qui  Exodus  apud  Grœ- 
cosinscribitur,  Lugd.  Bat.,  1634,  in- 
40;  réimp.  dans  le  T.  1  des  Opéra. 

XXVI .  Instruction  préparatoire  à  la 
sainte  Cène,  avec  des  prédications  con- 
venables à  la  matière,  Leyde,  1634, 
in-32;  Breda,  1631,  in-12;  trad.  en 
latin,  Amst.,  1 636,  in-l  2  ;  Lugd.  Bat., 
1640,  in-80. 

XX VII.  Lettres  de  MM.  Hivet,deLa 
Milletière  et  Du  Moulin,  Sedan,  1635, 
in-80. 

XXVIII.  Jesuita  vapulans,  seu  cas- 
tigatio  notarum  Sylvestri  Petrasanc' 
tœ  romani  Loyolœ  sectarii,  in  Epis- 
tolam  P.MolinœiadBalzacum,  Lugd. 
Bat.,  1635,  in-80. — Attaque  très-vive 
contre  l'Eglise  romaine,  surloutcontrc 
les  mœurs  du  clergé. 

XXIX.  Viavitœ,meditationesin  Ps. 
CXIX,  Lugd.  Bat.,  1635,  in-16.  — 
Selon  Meursius,  la  première  édit.  se- 
rait de  1608. 

XXX.  Th.  Bezœ  de  pestis  contagio 
et  fuyâ  dissertatio  ;  cum  A,  Riveti  de 
eodem  argumentoEpistola,Lnsd.Bài., 
1636,  in-12.  —  La  lettre  de  Rivet  a 
été  réimp.  dans  le  T.  II  de  ses  Opéra, 

XXXI.  Divers  traitez  de  piété  sur 
quelques  occasions  du  temps  présent, 
Leyde,  1637,  in-16. 

XXX II.  Meditationes  in  VlIPsalmos 
pœnitentiales,  Arnh.,  1638,  in-4«>. 

XXXIII.  Méditation  sur  le  Ps.  XCl, 
pour  servir  d'antidote  contre  la  peste 
et  de  précaution  contre  tous  les  dan 
gers;  avec  une  Lettre  sur  la  question 
s'il  est  loisible  en  temps  de  peste  de  s'é" 
loigner  des  lieux  infectés,  Quévilly, 
1638,  in-12. 

XXXIV.  St^spiriapcnnitentis afflicti, 
Arnh.,  1638,  in-12. 

XXXV.  Ilomilia  de  origine  erroris  in 
causa  religionis,  Arnh.,  1638  et  dans 
le  T.  II  des  Opéra. 

XXXVI.  Apologia  pro  sanctissimd 
virgine  Maria  matre  Domini,  adv.  ve- 
ter  es  et  novos  Antidîcomarianitas , 
Colbjridianos  et  Christiano-categoros, 
lib.  Ilabsoluta,  Lugd.  Bal.,  1639, 40. 

XXXVII.  Instruction  chrestienne 


RiV 


448  — 


RIV 


touchant  les  spectacles  publics,  où  est 
décidée  la  question  si  les  comédies  ou 
tragédies  doivent  estre  permises  par 
le  magistrat,  et  si  les  enfans  de  Dieu 
y  peuvent  assister  en  conscience,  avec 
le  jugement  de  Vantiquité  sur  le  mes- 
me  sujet,  La  Haye,  Th .  Le  Maire,  1 639, 
in-12. — Ce  traité,  plein  d'érudition, 
n'est,  àpropremcnt  parler,  que  latrad. 
d'une  partie  du  N«  XXIL  Calviniste 
rigide.  Rivet  se  prononce  naturelle- 
ment contre  les  spectacles,  qu'il  décla- 
re dangereux  pour  les  mœurs. 

XXXVIIL  Les  derniers  voeiÂX  dusa» 
criftraleur  éternel,  Arnheim,!  659, 8o. 

XX  XIX.  Instruction  duprince  chres^ 
tien,  Leyde,  J642,in-8o. — Lipenius 
en  cite,  sans  doute  par  erreur,  une  é- 
dit.  latine  de  1608,  in-s*». 

XL.  Response  à  troislettres  du  sieur 
La  Milletière  sur  les  moyens  de  réu- 
ràon  en  la  religion;  avec  la  défense  de 
Rivet  contre  les  calomnies  du  sieur  La 
Milletière  en  sonprétendu  Catholique 
réformé  ;  plus  une  Lettre  d'un  docte 
personnage  sur  le  mesme  traité,  Qué- 
vllly,  1642,  in-8'>. 

XLL  Animadversiones  in  Hugonis 
Grotii  Annotata  in  G.  Cassandri  con- 
sultationem.  Accessit  Tractatus  de 
christianœ  pacificationis  et  ecclesiœ 
reformandœ  verd  raiione  antè  80  an- 
nos  edituSy  Lugd.  Bat.,  1642,  in-8<>; 
réimp.  dans  le  T.  III  des  Opéra.  — 
Grotius  répondit,  elRivet  répliqua  par 

XLII .  Examen  aninuidversionu  m  H, 
Grotiipro  suisnotis  adconsultationem 
Cassandri,  Accessit  Prodromus  adv. 
ccUumnias  Th.  Bracheti  Milleterii, 
Lugd.  Bat.,  )  642,  in-80.  — La  dispute 
continua  et  produisit  encore 

XLIII.  Apologeticus  pro  suo  de  ve- 
rœ  et  sincerœ  pacis  Ecclesiœ  proposi- 
to,  contra  Grotii  votum,  Lugd.  Bat., 
1643,  in-80. 

XLIV.  Commentariusin  Psalmorum 
propheticorum  de  mysteriis  evangeli* 
ois  dodecadem  seUctam:  in  quo,  prœ- 
ter  scholia  et  perpétuas  observationes 
doctrinarum  in  usum  concionatorum, 
qucBStiones  varias  solvuntur,  et  con- 
troversiœ  hoc  tempore  agitatœ  discu* 


tiuntur,  Roter.,  1645,  in-4*.  — *  On 
sait  qu'on  appelle  prophétiques  les  Ps. 
II,  VIII,  XVI,  XIX,XXII,XX1II,XX1V, 
XL,  XLV,  LXVIII,  ex  et  CXIX. 

XLy .Grotianœ  discussionis  SidXusi;, 
Roter.,  1646,  in-8«. 

XLVI .  Apologia  pro  Hieronymi  sen^ 
tentiâ  de  episcopis  et  presbyteris, 
Amst.,  1646,  in-80. 

XL  VU.  Sermons  sur  Matt.  VI,  53, 
Quévilly,  1647,  in-12. 

XLVI II.  Decretum  Synodi  naliona- 
lis  Carentone  habitœ  anno  1 644  ;  item 
Consensus  et  testimonia  ecclesiarum  et 
doctorumprotestantivmde  imputatio' 
ne  primipeccati  omnibus  Adami  pas* 
teris  :  collecta  ab  A.  Riveto,  Cen., 
J.  Cbouet,  1647,  in-80,-  réimp.  dans 
le  T.  III  des  Opéra. 

XLIX.  Epistolœ  apologeticœ  ad  cri" 
minationes  M.  Amy raidi  de  gratiàu- 
niversali,  Breda^,  1648,  in-8».  —  En 
collaboration  avec  son  frère  Gnillaome. 

L.  Sur  le  chap.  XII de  VEpitre  aux 
Romains,  Breda,  1648,  in-8». 

LI.  Synopsis  doctrinœ  de  naturd  et 
gratiâ,  excerpta  ex  Mosis  Amyraldi 
tractatu  de  prœdestinatione  et  VIcon' 
cionibus  gallicè  editis,  et  PaïUi  Tester- 
ai, pastoris  Bksensis,  eirenico  latine 
evulgato,  Amst.,  1649,  in-8»;  réimp. 
dans  le  T.  III  des  Opéra.  — Rivet  y  a 
joint  plusieurs  pièces  curieuses  rela- 
tives à  cette  dispute,  entre  autres  ses 
propres  lettres  au  Synode  d'Alençon. 
Sur  son  lit  de  mort,  11  eut  comme  on 
regret  de  la  vivacité  qu'il  avait  montrée 
dans  la  lutte,  a  Si  en  mes  paroles  ou 
escrits,dil-il,j'ay  fait  paroistre  quelque 
irritation  contre  quelques-uns  de  mes 
frères,  au  sujet  de  ces  nouveaatez  [l'o- 
niversalisme  hypothétique],  je  pro- 
teste icy  devant  Dieu,  qui  me  jugera, 
que  je  n'ay  esté  poussé  d'aucune  ani- 
mosité  ou  inimitié  personnelle;  aa 
contraire,  toutes  ces  personnes-là  es- 
toyent  mes  amis.  Et  d'autant  plus  que 
je  les  chérissois,  et  leurs  dons,  et  plus 
ai-je  eu  de  fascberie  de  ne  pouvoir  ac- 
corder leurs  maximes  avec  celles  de  la 
Parole  de  Dieu.  » 

LU.  Lupi  Servati  presbyteri,  viri 


RIV 


—  449  — 


RIV 


doclissimiy  qui  antè  annos  800  m  Gal- 
Ud  vixity  De  tribus  quœstionibus ,  s. 
l.,  1650,  in-16. — Edition  publiée  par 
Rivet  sous  le  pseudonyme  de  Renatus 
Devirœus, 

LUI.  Opéra  theologica,^oieT,,i6}i\, 
i652  et  1660,  3vol.ln-fol. 

LIV.  La  bonne  vieillesse  représentée 
en  une  lettre  latine  d'A.  Rivet  à  G, 
Rivet  son  frère,  sieur  de  Champver- 
non,  et  par  luytrad,  en  françois;avec 
les  Dernières  heures  dudit  A,  Rivet, 
Utrecht,  1652,  in-8«. 

À  cette  liste  déjà  considérable,  nous 
ajouterons,  sur  la  foi  de  Lipenius  :  De 
autore  afflictionum  Ecclesiœ,  et  sur 
celle  de  Meursius,  une  Histoire  de  l'E- 
glise depuis  V envoi  des  Apôtres  jusques 
à  l*an  1 620,  Prœfatio  ad  Fr.  Spanhe- 
mii  seu  Vindiciœ  exercitationum  sua- 
rum  de  gratiâ  universali  et  un  Sermon 
d'adieu.  On  conservera  notre  connais- 
sance, quelques  Lettres  mss.  d'André 
Rivet  à  la  Bibliothèque  de  TArsenal 
(Collect,  Conrart,  T.  V),  à  la  Biblio- 
thèque nationale  (i4fic.  fonds  8069, 
2-4),  au  British  Muséum  (Bibl.  Har- 
leian,  376  eil  012, et  Mss.  Lansdown, 
569)  et  à  la  Bibliothèque  de  l'institut 
(Collect,  Godefroy,  270). 

Nous  avons  dit  qu'André  Rivet  Tut 
marié  deux  fois.  Sa  première  femme, 
Susanne  Oiseau,  fllle  du  pasteur  Fran- 
çois Oiseau  (l),  qu'il  avait  épousée  en 
1596,  le  laissa  veuf,  en  1620,  avec 
sept  enfants,  dont  quatre  fils.  Nous 
n'en  connaissons  qu'un,  nommé  Salo- 
MON,  qui  fut  immatriculé  à  l'académie 
de  Genève  en  1613.  Probablement  il 
mourut  jeune;  car  nous  ne  nous  souve- 
nons pas  d'avoir  rencontré  son  nom 
plus  tard .  Peut-être  fut-il  père  d'André, 
qui  a  publié  :  M,  Smirke,  orthe  Diti- 
ne  in  mode  ibeing  certain  Annota  lions 
upon  the  Animadversions  on  the  Naked 
Truth  [by  Crafts],  1676,  in-4».  On 
trouve  à  la  suite  de  cet  ouvrage  une 
histoire  des  conciles  généraux  et  des 
symboles.  Du  secondlit  naquirentaussi 

(1)  Scion  Dreox  da  Radier,  Françoit  Oiseau 
(  Voy.  ce  nom)  moanil  le  35  fév.  1625,  à  l'âge  de 
83anf. 


plusieurs  enfants  ;  mais  un  seul,  nom- 
mé Frédéric,  survécut  à  son  père;  il 
était  gentilhomme  du  princed'Orange. 

André  Rivet  fut  suivi  de  près  dans 
la  tombe  par  son  frère,  qu'il  avait  tou- 
jours tendrement  aimé.  Doué  de  qua- 
lités moins  brillantes  que  solides,  Gut7- 
laume  Rivet,  sieur  de  Champvernon, 
était,  au  rapportd'Aymon,  «  un  homme 
d'une  prudence  singulièreet  fort  adroit 
à  manier  les  affaires  synodales.  »  Né  à 
Saint-Maixent,  le  2  mai  1 580,  il  étudia 
aussi  la  théologie  et  fut  reçu  ministre 
à  l'âge  de  22ans.  Dès  1603,  nous  le 
trouvons  porté,  en  qualité  de  ministre 
à  Taillcbourg,  sur  la  liste  des  pasteurs 
et  des  églises  présentée  au  Synode  de 
Gap.  Il  assista,  comme  député  de  la 
Saintonge,  à  l'Assemblée  politique  de 
Saumur  et  à  trois  Synodes  nationaux. 
En  1635,  un  synode  provincial  tenu  à 
Mauzé,  l'envoya  en  Cour  pour  se  plain- 
dre de  ce  qu'on  empêchait  lesministres 
de  prêcher  dans  les  annexes.  Le  roi  le 
renvoya  à  l'intendant  qui,  plus  équita- 
ble que  la  plupart  de  ses  collègues,  fit 
cesser  cette  vexation.  La  mort  de  son 
frère,  avec  qui  il  avait  toujours  vécu 
dans  la  plus  étroite  liaison,  lui  causa 
une  douleur  extrême.  Il  ne  lui  survécut 
que  quelques  jours.  Sa  femme,  Marie 
ÂfescfUnet,  fille  de  Samuel  Meschinet, 
sieur  de  Kichemont,  contrôleur  ordi- 
naire du  prince  de  Condé,etdeCa(/i«- 
rine  Bigot,  l'avait  rendu  père  de  deux 
filles,  nommées  Marie  et  Jeanine,  et 
d'un  fils,  appelé  Etienne. 

Au  jugement  de  Dreux  du  Radier, 
Guillaume  Rivet  n'avait  pas  des  con- 
naissances aussi  profondes  ni  aussi  é- 
tendues  que  son  frère;  mais  il  avait 
peut-être  plus  de  jugement  et  de  soli- 
dité. On  a  de  lui  : 

I.  Libertatis  ecclesiasticœ  defensio, 
sice  adv.  potestatem  et  authoritatem 
supremam,  quam  romanus  pontifex 
in  Ecclesiam  universam  sibi  arrogat, 
tripartita  dissertatio,  Gen.,  Chouet, 
1625,  in-8°.  —  Dédicace  à  son  frère. 
((Il  y  a,  dit  Dreux  du  Radier, delà  net- 
teté, beaucoup  d'ordre  et  de  sagacité 
dans  ce  livre.  » 


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II.  Delà  défense  des  droits  de  Dieu  y 
Saumur,  i634,  in-8o. 

m.  Vindiciœ  erangelicœ  de  jus ti fi- 
catione,  Amst.,  1648,  in-40. 

IV.  De  inrocatione  et  adoratione 
sanctorum  defunctorum.  —  Cité  par 
Aymon  sans  autre  indication. 

V.  De  l'autorité  des  saintes  Ecri- 
tures, in-40.  —  Tel  est  le  titre  donné 
par  Aymon.  Selon  le  P.  Lelong^  Guil- 
laume Rivet  a  écrit  contre  l'auteur  ano- 
nyme des  Bibles  francoises,  et  sur  la 
certitude  des  Bibles  francoises ,  deux 
traités,  dit-il^  qui  ont  été  imp.  in-12. 
Peut-être  furent-ils  publiés  à  Toccaslon 
d'une  dispute  que  G.  Rivet  eut  avec  le 
récollet  Bernard  Duvergier. 

A  cette  énuméralion  de  ses  écrits, 
qui  paraissent  être  devenus  fort  rares, 
on  doit  ajouter  la  trad.  de  la  lettre 
d'André,  citée  plus  haut  (N©  L)  et  quel- 
ques-unes des  Epistolaî  apologelica? 
mentionnées  parmi  les  ouvrages  de  son 
frère  (No  XL VI). 

RIXINGER  (Daniel),  professeur 
delogique  et  de  métaphysique,  docteur 
en  médecine,  chanoine,  puis  doyen  du 
chapitre  de  Saint-Thomas,  né  à  Stras- 
bourg, vers  1 560,  et  mort  dans  cette 
ville,  le  21  juin.  1653, a  publié,  selon 
JOcher  :  I.  Compendium  logicœ  Aris- 
iotelicœ; — 11.  Diss,  metaphysicœ;  — 
IH.  Disput,  XI  prœceptionum  lo(jica- 
rum  ex  Organo  A  ristotelis  depromp- 
tarum; — IV.  De  stylo  stoïco;  et  selon 
Lipenius  :  W.ExamenExaminis  Van- 
teriani  quadrupUcis,  quo  demonstra- 
tur  relitjionem  pontifmam  esse  idola- 
tricam,  et  impriinis  illam  Dan,  Pauli 
apostasiam,  Arg.,  1621,  in-S®. 

ROBELET  (Guillaume),  auteur 
d'une  Epistre  chrestienne  contre  tous 
Uvres  autres  que  la  saincle  Bible  pour 
conduire,  édifier  et  deffendre  l'Eglise, 
aux  ministres,  anciens  et  diacres  du 
consistoire  de  Rouen,  1626.  Aucune 
bibliographie  à  nous  connue  ne  fait 
mention  de  ce  livre,  non  plus  qued'une 
Nouvelle  version  des  psaumes  en  vers, 
que  l'auteur,  nommé  Robelin,  envoya 
de  La  Haye,  en  1 71 8,  au  consistoire 
0  Genève  pour  la  soumettre  au  juge- 


ment de  la  Compagnie  des  pasteurs 
[^fss.  de  Genève,  197'*,  Cart.  3).  Il  est 
probable  que  ce  dernier  travail  est 
resté  en  manuscrit  ;  mais  TEpistre  do 
Robelet  a  été  imprimée. 

ROBEQUIN  (Marie-Louise),  jeune 
flile  protestante,  épousa,  le  23  avr. 
1764,  Jacques  Roux,  protestant  com- 
me elle;  leur  mariage  fut  béni  par  un 
pasteur  du  désert.  La  naissance  d'un 
enfant,  le  21  avr.  1765,  aurait  dû  res- 
serrer une  union  si  récente;  mais  Rooî 
était  un  débauché  qui,  au  moment  mê- 
me où  sa  femme  le  rendait  père,  violait 
la  foi  conjugale,  en  entretenant  des  re- 
lations criminelles  avec  une  servante, 
qui  se  déclara  enceinte  de  son  fait  au 
mois  de  sept,  de  la  même  année.  Bien 
plus,  irrité  des  plaintes  de  son  épou- 
se, il  se  livra  envers  elle  à  des  sévices 
qui  obligèrent  la  malheureuse  femme 
à  demander  une^  séparation  de  corps 
et  de  biens.  A  cette  demande,  Roux 
répondit  par  un  exploit,  oh  il  dénonça 
à  Marie  Robequin  que  leur  mariageé- 
tait  nul,  n'ayant  pas  été  célébré  à  l'é- 
glise catholique;  puis,  comme  pouré- 
Icver  entre  eux  une  barrière  infran- 
chissable, il  se  convertit  et  épousa  sa 
servante  avec  dispense  de  l'évêque  de 
Die.  Ce  procès  odieux,  porté  devantle 
parlement  du  Dauphiné,  eutnn  reten- 
tissement immense.  Sur  l'éloquent  ré- 
quisitoire de  l'avocat- général  Servan, 
la  cour,  qui  ne  pouvait  réhabiliter  un 
mariage  que  les  édits  déclaraient  nul, 
condamna  au  moins  Jacques  Roux  à 
la  restitution  de  la  dot,  à  850  livres 
de  dommages-intérêts  et  aux  dépens. 

ROBERT  (Jean),  bourgeois  de  La 
Rochelle,  connu  dans  Thlstoirc  sous  le 
nom  du  capitaine  La  Limaille,  était, 
au  témoignage  de  d'Aubigné,  on  bon 
marin  et  un  homme  de  courage.  En 
1 585,  il  se  signala  au  combat  d'Oléron, 
où  il  remplit  les  devoirs  d'un  chef  ha- 
bile et  d'un  vaillant  soldat.  En  1586, 
il  concourut  à  la  prise  de  Royan.  La 
même  année,  il  défendit  avec  d'^wôi- 
gtié  le  château  d'Oléron  contre  Saint- 
Luc,  et  s'opposa  à  un  débarquement 
des  Catholiques  dans  l'Ile  de  Ré.  En 


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1 588^  il  servit  à  la  reprise  de  Marans. 
En  1593^  Matignon,  occupé  au  siège 
de  Blaye,  rappela  à  son  aide  ;  mais 
soit  que  le  vent  contraire  l'empèchàt 
d'entrer  dans  la  Garonne,  comme  il  le 
prétendit,  soit  qu'il  se  sentit  trop  fai- 
ble pour  hasarder  le  combat,  il  ne  put 
empêcher  les  Espagnols  de  ravitailler 
la  forteresse.  Forcé  d'en  lever  le  siège, 
Matignon  accusa  La  Limaille  de  trahi- 
son. Quoique  son  accusation  fût  ap- 
puyée par  quelques  nobles  qui  haïs- 
saient le  capitaine  roturier,  LaLimaille 
n'eut  pas  de  peine  à  se  justifier  aux 
dépens  de  la  réputation  du  maréchal. 
Henri  IV  se  montra  aussi  ingrat  envers 
ce  brave  capitaine  qu'envers  la  plupart 
de  ses  officiers  huguenots.  Son  ingra- 
titude n'empêcha  pas  toutefois  Jean  Ro- 
bert de  continuer  à  le  servir  avec  le 
même  dévouement  jusqu'à  sa  mort.  Il 
fut  tué  au  siège  d'Amiens,  en  1597. 
—  Jean  Robert,  sieur  de  La  Limaille, 
qui  servit  avec  distinction  dans  la  ma- 
rine rochelloise,  pendant  les  guerres 
de  1621  et  1625,  était  apparemment 
son  fils. 

ROBERT  (Jean),  d'Henrichemont 
en  Berry,  sortit  de  France,  à  la  révo- 
cation, avec  sa  femme  et  ses  enfants, 
et  alla  s'établir  à  Cassel,  oii  nous  le 
trouvons,  dès  1686,  exerçant  la  char- 
ge de  notaire  impérial.  En  1689,  il  fut 
nommé  secrétaire  de  la  chancellerie 
française,  et  quelque  temps  après,  di- 
recteur des  manufactures,  il  mourut 
le  1  i  fév.  1720,  laissant  la  réputation 
d'un  juriste  habile  et  d'un  protestant 
zélé.  D'un  premier  mariage  avec  Elisa- 
beth Thompsoriy  morte  avant  son  émi- 
gration, était  née  une  fille,  Anne,  qui 
décéda  à  Cassel,  le  1 3  fév.  1 722.  Sa  se- 
conde femme,  Marguerite  Ravot,  fille 
de  Pierre  Ravot  et  de  Judith  Bonnet, 
et  sœur  de  Gabriel  Ravot ,  secrétaire 
du  consistoire  de  l'église  française  de 
Cassel ,  lui  avait  donné  six  enfants  : 
1  o  Jean-Etienne,  qui  suit  ;  —  2°  Char- 
LOTTE-EMiUE,quifutbaptiséeenl687, 
ayant  pour  parrain  le  landgrave  Char- 
les et  pour  marraine  la  princesse  de 
Tarente;  elle  épousa  le  lieutenant-co- 


lonel Gldckner  et  mourut  à  Cassel  en 
1 748  ;  —  30  Guillaume,  dont  nous  par- 
lerons après  son  frère  ;  —  40  Sophie- 
Frédérique,  née  à  Cassel  en  1694,  et 
morte  en  1 748,  épouse,  en  secondes  no- 
ces, du  commissaire  des  guerres  Mum- 
me;  —  50  Anne,  morte  au  berceau; 
ainsi  que  —  6»  Marie. 

l.NéàHenrichemont,le  19  mai  1 682^ 
Jean-Etienne  Robert  succéda  à  son  père 
dans  la  place  de  secrétaire  de  la  chan- 
cellerie française.  Il  mourut  à  Cassel, 
le  5  août  1 758,  laissant  trois  fils  de  son 
mariage  avec  Madelaine  Ravot,  savoir  : 
1°  Charles-Frédéric,  ministre  d'E- 
tat, conseiller  secrétaire  du  landgrave, 
né  à  Cassel,  le  1 1  fév.  1 725  et  mort  à 
Paris,  le  13  juill.  1783,  sans  posté- 
rité ; —20  George-Henri  ,  né  le  23  juilL 
1 728,  qui  suivit  la  carrière  des  armes  : 
—  30  Ernest-Frédéric  ,  conseiller  à 
la  chancellerie  et  commissaire-général 
des  colonies  françaises,  né  à  Cassel,  le 
7  août  1732,  et  mort,  le  2  fév.  1804, 
père  de  trois  fils,  nommés  Charles- 
Frédéric,  Jean-George-Frédéric  et 
Charles-Emile -Louis.  L'alné,  né  le 
23  sept.  1766,  et  mort  en  1844, suivit 
la  carrière  de  la  magistrature.  Le  se- 
cond, mort  le  20  déc.  1 826,  à  l'âge  de 
56  ans,  entra  dans  l'église,  et  le  troi- 
sième, mort  le  l<^<"  mai  1835 ,  Agé  de 
55  ans,  dans  Tadministration  des  fl- 
nanres. 

11 .  Guillaume  Robert  naquit  à  Cassel^ 
le  6  sept.  1 689,  et  y  mourut,  le  1 6  mars 
1753,  commissaire-général  des  colo- 
nies françaises.  Be  son  mariage  avec 
Marie  Ellenberger,  il  eut  deux  fils, 
nommés  Jean-Frédéric  et  Charles- 
Guillaume.  Né  le  7  mars  1726,  Jean- 
Frédéric  portait  le  titre  de  conseiller 
de  régence,  lorsqu'il  mourut  à  Cassel, 
le  6  déc.  1801,  laissant  deux  fils  :  Er- 

NEST-FRÉDÉRIC-FERDINA^D^  né' le  15 

août  1763 et  mort  lel2  janv.  1843, et 
Charles-George-Guillaume,  né  le  27 
mars  1765  et  mort  le  i'"''  oct.  1824, 
tous  deux  professeurs.  On  a  du  pre- 
mier, qui  était  directeur  de  la  galerie 
de  tableaux  de  rélccleur  :  Versuch  ev- 
nés  Verzeichnisses  der  KurfUrstL  Hess. 


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Gemâlde-Sammlung ,  Cassel,  1 8  i  9, 8«. 
Beaucoupmieux  connu  que  son  frère, 
Charles-Guillaume  naquit  à  Cassei,  le 
21  mars  1740.  Après  avoir  terminé  ses 
humanités  et  sa  philosophie  dans  les 
écoles  de  sa  ville  natale^  il  partit,  en 
1757,  pour  Marbourg  dans  l'intention 
d'y  étudier  la  théologie,  science  pour 
laquelle  il  se  sentait  un  goût  décidé. 
Trois  ans  après,  il  se  rendit  à  Gôttin- 
gue  attiré  par  la  réputation  de  Michaë- 
Ils  et  de  Walsch.  C'est  dans  cette  uni- 
versité qu'il  prit  ses  degrés.De  retour 
à  Cassel,  i)  se  fit  recevoir  ministre,  en 
1762,  puis  il  se  remit  en  route  aOn  de 
visiter  la  Suisse,  la  France  et  la  Hol- 
lande; ce  voyage  ne  dura  qu'un  an. 
Nommé,  en  1765,  second  pasteur  à 
Marbourg;  en  1 7  6 4,  professeur  extraor- 
dinaire, et  en  i  766,  professeur  ordi- 
naire de  théologie,  il  prit  le  grade  de 
docteur,  le  3  mars  1768.  Cinq  ans  plus 
tard,  il  devint  conseiller  de  consistoire 
et  inspecteur  des  églises  françaises.  Ses 
études,  qu'il  poursuivait  avec  ardeur, 
l'ayant  conduit  à  des  doutes  sur  cer- 
tains dogmes  qu'en  sa  double  qualité 
de  pasteur  et  de  professeur,  il  avait 
pris  l'engagement  de  prêcher  et  d'en- 
seigner, des  scrupules  très-honorables 
le  décidèrent,  en  1778,  à  se  démettre 
de  tous  ses  emplois  et  à  renoncer  à  la 
théologie  pour  s'occuper  exclusivement 
de  l'étude  de  la  jurisprudence.  L'élec- 
teur, qui  le  tenait  en  grande  estime, 
le  nomma  à  la  chaire  de  droit  et  de  phi- 
losophie pratique.  En  1779,  il  prit  donc 
le  grade  de  docteur  en  droit.  En  1782, 
il  représenta  l'université  de  Marbourg 
à  la  fête  anniversaire  de  la  fondation 
de  celle  de  Wiirtzbourg.  En  1784,  il 
fut  appelé  à  siéger  comme  conseiller 
dans  le  tribunal  de  révision.  En  1785, 
l'université  le  choisit  pour  son  député 
à  la  diète.  En  1 797,  nommé  juge  au 
tribunal  supérieur  d'appel,  il  quitta 
Marbourg  pour  aller  s'établira  Cassel, 
oii  11  mourut  le  8  avr.  1 805.  On  a  de  lui  : 

I.  Commentatio  de  supcrbid  eique 
oppositd  humilitate  christiand,  Marb., 
J768,  in-40. 

II.  Encyclopediœ  et  methodi  iheolo- 


gicœ  brevis  ordinatiOy  Marb . ,  i  769, 8». 

III.  De  nomine  uiou  BeoO,  Marb., 
1769,  in-4*. 

IV.  Ethicœ  christianœcompendium, 
Marb.,  1770,  in-8*. 

V.  EntwurfdervornehmstenJVahr^ 
heitender  christ  lichenReUgion,¥Tdnkî. 
und  Leipz.,  1771,  in-8». 

VI.  F.  Hermann  Roinershausen's 
Entwurf  zu  einer  Einleiiung  in  das 
Alte  Testament ,  mit  Vorrede  und  ei- 
nigen  Anmerkungen,  Marb. ,  1 77 1 ,  se- 
lon Hirsching,  1772,  8»,  selon  Meuscl. 

VII.  Nachricht  von  den  Stipendia- 
ten,  1772.  —  Rapport  qu'il  fit  en  qua- 
lité d'éphore  de  cette  institution. 

VIII.  Von  den  Unterricht  derin  dem 
fUrstl. Stipendia  ertheilt  wird,ViaTh., 
1772. 

IX.  Ueber  die  Grundsàtze  vom  Kon^ 
trasty  Marb.,  1774. 

X.  Pr,  ad  audiendum  orat,  aditia^ 
Ifim  D,  Car,  Henr,  Geisleri,  Marb., 
1775,  in-foi. 

XI.  Entwurf  einer  genauem  Théo- 
rie  von  dem  Unterschiede  zwischen 
Gemiithsbewegungen,  Leidenschaften 
und  Neigungen,  und  von  ihrem  ge- 
genseitigen  Verhaltnisse, ^arb.,!  776, 
in-40. 

XII.  Causa  belli  ab  Israelitidsadv. 
Cananœos  gesti,  Marb.,  1778,  in-4«. 

XIII.  Uebereinstimmung  der  lies- 
sisch.  Landesverordnungen  mil  eim- 
gen  in  neuern  Zeiten  geschehenen  niitz- 
lichen  Vorschlàgen  zur  bessern  Un- 
terweisung  und  Bildung  des  grossen 
HaufenSy  Marb.,  1778,  in-4». 

XIV.  Pr.  von  dem  Unterschiede 
zwischen  vollkommenen  und  unvoll- 
kommenên  Rechten  und  Verbindlich- 
fcciïcn,  Marb.,  1778,  in-4^ 

XV.  Diss.  inauguralis  de  di verso 
pomarum  génère,  Marb.,  1779,  in-4»; 
réimp.  avec  une  Réfutation,  par  le 
chancelier  Koch,  Giessen,  1 785,  ïn-8«. 

XVI.  Pr.enthaltend  Verbesserungen 
und  Zusàtze  zu  zweyen  Lardneri- 
schen  Werken,  Marb.,  1782,  in-40. 

XVII.  Tr,  de  Bynckershoekii  eique 
contraria  Gebaueri  doctrine  de  patrie 
potestale  Romanorxmi  antique,  modes- 


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—  453  — 


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tum  judicium,  Welziar,  178*2,  in-4»; 
1785,  ïn-40. 

XVIII.  Tr,  de  nonusu  practico  dis* 
tinctionis  inter  mutuam  petitionem  in 
camerd  tmpma/i^Welzlar,!  782,iii-4«; 
1785,  in-40. 

XIX.  Pr.  conlinens  observationes  ad 
duo  opéra  Nath,  Lardneri ,  Marb., 
1782,  in-4<». 

XX.  Gedanken  iiberdie  aUgem,  5c- 
griffe  von  Mein  und  Dein,  Marb., 
1 784,  in-4«». 

XXI.  Pr.  de  distinctione  inter  sa- 
crilegium  simplex  et  gratificatum  y 
Marb.,  1784,  in-40. 

XXII.  Pr,  de  ordinatione  jejunio* 
mm,  Wetzl.,  1785,  in-4'. 

XXI II.  Discours  sur  la  reconnais' 
sance,  1786,  in-80;  2*  édil.,  Marb., 
1795,  in-8». 

XX I V .  Rechtliche  Gedanken  Uberden 
Begriffder  Ehe  und  die  Art  ihrerStif- 
tung  y  im  protestantischen  Teutsch- 
/ancf,  Frank f.  und  Leipz.  [Giessen], 
1787,  in-80. 

XXV.  Beytràge  zu  der  natiir lichen 
und  positiven  Rechtsgelahrheit,  Marb. , 
1789,  in-80. 

XXVI.  Kleine  juristische  Ahhand- 
lungen,  Marb.,  1789,  m-8*. 

XXV II.  Ueber  die  Frage  :  Wie  iveit 
geht  im  Staate  die  Geivalt  des  hefeh- 
lenden  Theiles,  wenn  es  an  den  Ver- 
tràgen  fehlt,  Marb.,  1789,  in-8*. 

XXVI II.  Ueber  die  Erklarung  einer 
Absicht  und  ihrer  Eintheilung,  Marb. , 
1789,  in-80. 

XXIX.  Pr,  docirina  de  provocatio- 
nis  usu  modoque  in  Acad,  Marbur* 
gensiy  Marb.,  1792,  in-40. 

XXX.  Pr,  observalionem  ad  juris 
scientiam  naluralem  sistens,  Marb., 
1794,  in-40. 

XXXI.  VorscMà'ge  zur  Verbesserung 
der  Liturgie,  publ.  dans  le  Journal  von 
und  fiir  Teulschland  (1789). 

Charles-Guillaume  Robert  ne  laissa 
qu'un  flls,  nommé  George-Frédêric- 
Chahles.  Né  le  2  mai  1 765  et  mort  le 
24  déc.  1853,  ce  fils,  qui  remplit  les 
fonctions  de  chancelier  et  de  conseiller- 
secrétaire  du  landgrave,  est  auteur  de 


Zusammenhang  seiner  Vorlesungen  ii^ 
ber  eine  allgem,  Einleit,  in  die  Rechts* 
gelehrsamkeit  der  Deutschen ,  Marb., 
1788,  in-80,  et  Aufrechlhallung  Uber 
die  Verfugungen  des  Jérôme  Bonaparte 
in  Kurhessen,  Frankf.,  1818,  in-S*.  Il 
fut  père  de  quatre  enfants  :  i  «  Charles, 
né  en  1804  ;  —  20  Marie,  épouse  du 
professeur  Heusinger;  —  3*  Guillau* 
me,  né  en  1812,  qui  a  embrassé  la 
profession  des  armes,  et  à  qui  nous 
devons  des  renseignements  généalogi- 
ques sur  sa  famille ,  dont  nous  avons 
fait  usage  pour  cette  notice;  — 4**  Fer* 
dinand,  né  en  1815,  docteur  en  mé- 
decine et  professeur  à  l'université  de 
Marbourg,  dont  Kaiser  indique  les  pu- 
blications suivantes  : 

I.  Cholerabuchy  Giessen,  1832,  80. 

II.  Beschreibung  eines  im  hôchsten 
Grade  querverengten  Beckens,CàT\8T., 
1842,  in -fol.  avec  planch. 

On  lui  doit  aussi  une  trad.  allem.  du 
Manuel  de  l'accoucheur  par  M">o  Bol- 
vin,  et  plusieurs  art.  du  Reperto- 
rium  der  gesammt.  medicin.  Literatur 
Deulschlands  (Marb.,  1828  et  suiv.). 

Nous  avons  rencontré  assez  fréquem- 
ment le  nom  de  Robert  dans  le  cours 
de  nos  recherches.  Parmi  ceux  qui  le 
portèrent,  nous  citerons  seulement  les 
pasteurs  Lazare  Robert,  de  Rouen,  et 
Matthieu  Robert, de  Lorrainc,qui  flrenl 
leurs  études  à  l'académie  de  Genève, 
où  ils  soutinrent  des  thèses  De  peti- 
tionibusorationisdominicœ,  publ.  dans 
les  Thèses  Genev.;  Louis  Robert,  du 
Poitou,  pasteur  à  Doesbourg  en  1 688  ; 
/o6U^Ào(>6r^,  ministre  à  Sainte-Marie- 
au\-Mines,en  1676,  puis  à  Mulhouse, 
de  1 680  à  1 699,  où  41  remplit  en  même 
temps  les  fonctions  de  recteur  du  gym- 
nase. Ce  dernier,  qui  fut  envoyé  à 
Sainle-Marie-aux-Mines  par  le  consis- 
toire de  Râle,  était  peut-être  originaire 
de  la  Suisse  française ,  comme  le  cé- 
lèbre peintre  Louis-Léopold  Robert,  et 
probablement  aussi  le  poète  Louis  Ro- 
bert, mort  à  Berlin  en  1832.  —  Dès 
1555,  Bernardin  Robert,  de  Paris,  se 
réfugia  à  Genève.  A  la  révocation  de 
redit  de  Nantes,  Nicolas  Robert,  de 


ROB 


-  4M- 


ROP 


Bourgogne,  se  retira  en  Allemagne. 
Son  fils,  Frédéric  y  fui  le  premier  en- 
fant baptisé  (27  juin.  1686)  dans  le ^ 
temple  de  la  colonie  de  Fredcrichsdorf. 
B0B1I.LART  (Michel)  ,  d'une  fa- 
mille honorable  d'Arras,  avait  fait  ses 
études  dans  diverses  universités  de 
France.  Pendant  son  séjour  à  Paris,  à 
Orléans,  à  Poitiers,  il  avait  fréquenté 
avec  assiduité  les  assemblées  secrètes 
des  Protestants,  et  y  avait  puisé  un  zèle 
ardent  pour  TËvangile.  En  1 563^  il  fut 
arrêté  à  Tournay  comme  hérétique,  et 
après  une  longue  détention,  triomphant 
de  toutes  les  tentations  et  de  toutes  les 
embûches,  il  couronna  glorieusement 
sa  courte  vie  par  le  martyre.  Au  témoi- 
gnage de  Crespin,  sa  constance  fut  ad- 
mirable. «Onques  elle  ne  fut  esbranlée 
ni  affoiblie,  ne  par  argumens  des  ad- 
versaires, ne  par  menaces  des  juges,  ne 
par  les  lamentations  et  cris  de  sa  mère, 
de  ses  frères,  sœurs,  parens  et  amis, 
venus  exprès  d'Arras  à  Tournay  pour 
le  divertir  et  deslourncr  d'où  le  Sei- 
gneur Tavoit  acheminé.»  Durant  sa  dé- 
tention, il  écrivit  plusieurs  Lettres  aux 
fidèles  de  TEglise,  soit  pour  les  exhor- 
ter à  la  persévérance,  soi  t  pour  leur  ren- 
dre compte  des  assauts  qui  lui  étaient 
livrés.  Crespin  en  a  publié  une  partie 
dans  le  Martyrologe.  La  dernière,  da- 
tée du  1 9  avril  1 564,  veille  de  son  sup- 
plice, se  termine  ainsi  :  a  Mes  frères, 
ceci  est  quasi  escrit  de  larmes  et  de 
sueurs  découlantes,  je  vous  prie  que 
prions  noslre  bon  Père  qu'il  me  face 
la  grâce  de  persévérer  jusqu'à  la  fin.» 
Sa  prière  fut  exaucée.  Il  fut  brûlé  sur 
le  marché  de  Tournay  et  expira  en 
confessant  le  nom.  de  Jésus-Christ.  — 
Un  réfugié,  le  chamoiseur  Robillard,  a 
publié  à  Genève  des  y'ers  sur  l^ incendie 
du  pont  du  Rhône,  Gen.,  1670,  in-i». 
HOBIN  (iN.),  prolestant  de  La  Ro- 
chelle, n'ayant  poinl  voulu  faire  bap- 
liscràréglise  catholique  un  enfant  qui 
venait  de  lui  nallre,  fui  condamné  à  une 
amende  par  le  sénéchal,  en  1 767 .  H  en 
appela  au  parlement  de  Paris,  qui,  sur 
sa  simple  promesse  de  faire  présenter 
son  enfant  à  l'église,  le  renvoya  absous. 


Saint-Florentin  se  flattait  que  cet  arrêt 
en  imposerait  aux  religionoaires  :  il 
devait  leur  prouver  qu'il  n'y  avait  de 
moyen  de  se  faire  décharger  des  amen- 
des prononcées  par  les  premiers  juges, 
qu'en  se  soumettant  à  faire  baptiser 
leurs  enfants  par  un  prêtre,  il  se  trom- 
pait. Robin  ne  se  mit  nullement  en  de- 
voir de  tenir  sa  promesse;  et,  remar- 
quons que  de  progrès  avait  faits  li  to- 
lérance! malgré  l'incitation  du  ministre 
d'Etat,  le  procureur  générai  n'avait  paâ 
l'air  de  se  soucier  de  faire  exécuter  la 
sentence.  Las  d'attendre,  au  bout  de 
trois  mois,  Saint-Florentin  lui  écrivit 
tt  qu'il  croyoit  très-essentiel  qu'il  prit 
les  mesures  les  plus  décidées  pour  que 
ces  gens-là  ne  soient  pas  plus  longtemps 
impunis,  »  vu  que  l'arrêt  du  parlement 
avait  causé  une  profonde  sensation 
dans  les  autres  provinces,  et  que  aies 
religionnaires  s'apuyoien^  sur  cet  ar- 
rêt pour  ne  plus  envoyer  t>aptiser  leurs 
enfants  à  l'église»  (^rc/».^cn.E.5599). 
La  semonce,  à  ce  qu'il  parait,  ne  pro- 
duisit aucun  eflct;  car,  au  mois  d'avril 
1768,  l'arrêt  n'avait  pas  encore  reça 
son  exécution  (Ibid,  E.  3600). — Par- 
mi les  prédicants  du  Poitou,  on  cite 
une  jeune  fille  des  environs  devançais, 
nommée  Marie  Robin,  qui  déploya, 
pendant  près  de  deux  années,  une  ac- 
tivité, un  courage,  un  zèle  des  plus 
remarquables ,  et  qui  ne  se  décida  à 
s'expatrier,  pour  échapper  aux  pour- 
suites dont  elle  était  l'objet,  qu'après 
avoir  vu  arrêter  deux  ou  trois  prédi- 
cants, qui  l'accompagnaient  d'ordi- 
naire. Elle  se  retira  en  Angleterre  en 
1699.  Elle  vivait  encore  en  1721,  à 
ce  que  nous  apprend  un  Etat  des  se- 
cours accordés  aux  Réfugiés  pauvres 
par  le  comité  français. 

BOBINËAU ,  nom  d'une  ancienne 
famille  du  Poitou ,  dont  une  branche 
s'était  établie  en  firctagne. 

1.  Branche  du  Poitoi].  Claude  Ro- 
bincau,  sieur  de  La  CUALVimÈRE,  é- 
pousa,  en  1550,  Olive  Daranci,  qui  le 
rendit  père  d'un  (fis,  nommé  Josufi, 
sieur  de  La  Vergue,  La  Chauvinière 
et  La  Mcuardière.  Ou  mariage  de  Josué 


ROB 


-^405  — 


ROC 


Robineao  avec  Marie  deBaud,  célébré 
en  1598,  naquit  Jacques^  sieur  de  La 
Vergne,  qui  prit  pour  femme,  en  i  624^ 
Gabrielle  Chasteignier  al  cneutJosufi, 
sieur  de  La  Chauvinière,  dont  l'inten- 
dant Colbert,  dans  son  rapport  sur  l'é- 
tat du  Poitou,  parle  comme  d'un  jeune 
gentilhomme  «  fort  doux,  n'ayant  de 
passion  que  la  chasse.  »  11  épousa 
Charlotte  Gentil,  qui  le  rendit  père  de 
JosuÉ ,  marquis  de  La  Yergne.  Après 
la  révocation  de  Tédit  de  Nantes,  La 
Chauvinière  fut  enfermé  au  château 
de  Pierre-Ëncise,  à  la  demande  de 
Tintendant  Foucault,  «  cela  pouvant 
contribuer  à  sa  conversion.»  L'attente 
de  Foucault  ne  fut  pas  trompée;  Josué 
Robineau  se  convertit  eflectivement 
Tannée  môme;  seulement,  dès  Tannée 
suivante,  en  1687.  il  essaya  de  passer 
avec  sa  femme  en  Angleterre  ;  sa  ten- 
tât! ve  échoua  (-Irc/i.  M. 67  g).  En  1701, 
menacé  du  château  de  Nantes,  comme 
mauvais  catholique  {Ibid,  h),  r)552),  il 
promit  de  se  faire  instruire  et  on  lui 
accorda  un  sursis.  11  est  probable  qu'il 
finit  par  céder  à  la  violence  qui  lui  é- 
tait  faite. 

II.  Branche  de  Bretagne.  Du  ma- 
riage de  Christophe  Robineau,  sieur  du 
Plessis  et  de  La  BenoUière,  avec  Claude 
Toucher,  naquirent  deux  Ois  :  1°  JoA- 
cniM,  qui  suit; — 2°  Bertrand,  sieur 
de  La  Maisonneuve,  mort  sans  enfants. 

Joachim  Robineau,  sieur  dcLARE- 
NOLLiÈRE,  servit  vaillamment  la  cause 
protestante.  11  eut  aussi  deux  fils  de 
son  mariage  avec  Marguerite  Robil- 
lard.  Le  cadet,  Paul,  cponsà  Jacquetie 
de  ClerambauU  (l),  qui  lerendilpère 
de  Claude^  sieur  de  La  Canlinière.  Ce 
dernier  s'allia,  en  1620,  avec  Israélite 
Prévost,  dont  il  eut  Samlel,  sieur  de 
La  Cantinière,  marié,  en  1G58,  'àGil- 
lette  de  Montausier,  qui  ne  lui  donna 
qu'une  fille.  L'atné,  nommé  Daniel, 
sieur  de  La  Maisonneuve,  servit  avec 
distinction  dans  les  rangs  huguenots. 
£n  161 6,  il  fut  député  par  la  Bretagne 

(1)  Parmiles  direeleurs  de  l'hôpital  franratsde 
Londres  ligareot,  en  1733,  Antoine  ClerambatiUj 
•t,  eu  1767,  Jfan  CterambaHli, 


à  l'assemblée  des  six  provinces  tenue 
à  La  Rochelle.  Sa  seconde  femme ,  £*- 
léonore  Gourdeau,  le  rendit  père  de 
deux  flls  :  Daniel-Alexandre  et  Da- 
niel.Nous  ne  connaissons  aucune  par- 
ticularité de  la  vie  du  second,  qui  était 
seigneur  du  Plcssis-Gatineau.  L'aloé 
naquit  le  22  novembre  1620,  et  ser- 
vit avec  le  grade  de  capitaine  dans  le 
régiment  du  Poitou.  Serait-il  le  même 
que  La  Maisonneuve,  du  Poitou,  qui 
fut  enfermé  à  la  Bastille  et  se  convertit 
en  1691  ?  (Arch,  E.  3377).  Sa  femme, 
Louise  Thevenin,  qu'il  avait  épousée 
en  1658,  lui  donna  plusieurs  enfants, 
entre  autres,  Philippe,  sieur  de  LaRe- 
uoUière,  capitaine  au  régiment  de  Tou- 
raine,  qui  abjura  la  religion  réformée. 

Nous  DC  voyons  pas  le  moyen  de 
rai  tacher  à  cette  famille,  dont  nous 
empruntons  la  généalogie  au  Dict.  de 
la  Noblesse,  ni  Jacques  Robineau,  sieur 
deCroissy,qui  épousa,  en  1659,  Dlan- 
che  Marbault,  ni  son  frère  Jean,  qui 
prit  pour  femme  Marie  Roussarl  et  ea 
eut  Pierre,  présenté  au  baptême,  en 
1599,  par  Parenteau,  secrétaire  du 
prince  de  Condé  ;  Marie,  baptisée,  eu 
1601,  qui  eut  pour  parrain  Matthieu 
Coignet,  sieur  de  La  Thuillerie,  et 
Marthe,  présentée  au  baptême,  en 
1605,  par  Jean  de  La  Planche  (Reg. 
de  Charenton). 

ROCHAS  (Henri  de),  docteur  en 
médecine,  conseiller  et  médecin  du  roi, 
a  publié,  selon  Jocher  :l.  La  physique 
démonstrative;  —  11.  Nouvelles  dé- 
monstrations pour  connoitre  la  cause 
des  fièvres  intermittentes  et  continues, 
dyssenteries,  diarrlûes,  lyenteries  et 
tous  autres  jlux  de  ventre; — 111. ^x^- 
men  ou  raisonnement  sur  l'usage  de 
la  saignée  en  philosophie  hermétique  ; 
—  lY,  De  aquis  metalUcis  et  secretis 
fodinarum  metallicarum  ; — V .  Tract, 
de  verd  cognitione  mineralium  iUo- 
rumque  qualilatibus  et  virtutibus, 
deque  spiritu  universali,  imp.  dans  le 
T.  VI  du  Theatrum  chymicum.  Henri 
de  Rochas  vivait  dans  la  première  moi- 
tié du  xviie  siècle.  Il  avait  épousé  C^o- 
brielle  de  Fooher,  dont  11  eut  César, 


ROC 


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ROC 


né  le  11  août  1626^  et  présenté  au 
baptême,  dans  le  temple  de  Gharenton^ 
par  Essautier,  de  Provence,  et  M"«  de 
Montfort,  sa  tante  paternelle  (Reg.  de 
Charenion). 

ROGHEBLAVE  (Henhi  de),  né  le 
6  déc.  1665,  réfugié  en  Angleterre, 
fut  placé  d'abord  comme  pasteur  dans 
Téglise  française  de  Grecnwich  ;  mais 
il  ne  tarda  pas  à  être  appelé  à  Londres, 
où  il  desservit  à  la  fois  ou  successive- 
ment plusieurs  églises,  comme  celle  de 
Swallow  Street,  fondée  en  1692,  de 
Hungerford,  du  Quarré,  et  en  dernier 
lieu  la  Chapelle  de  St-James.  Il  fut  en- 
suite employé  à  Dublin,  comme  mi- 
nistre des  deux  églises,  française  et 
anglaise,  et  mourut  dans  cette  ville, 
le  11  nov.  1709.  Après  sa  mort,  on 
publia  un  recueil  de  ses  Sermons  sur 
diverses  matières  importantes  y  Amst.^ 
1712,  in-8%  dédié  à  Ruvigny, 

Une  branche  de  celte  famille  resta 
en  France  et  continua  à  professer  le 
protestantisme.  Dans  un  Etat  de  92 
nouveaux  catholiques  de  Montagnacqui 
avaient  promis  d'aller  à  la  messe,  daté 
du  26  avr.  1698  [Arch,  de  la  Soc.  de 
Vhist,  du  prot.)y  nous  voyons  figurer 
le  nom  de  Rocheblave  à  côté  de  ceux 
de  Gayraudy  Fraissinet,  Lamouroux, 
Gelly,  Andrieu,  Clerguey  Dejean^  Au- 
brespy,  Fize,  Couîet,  Caladony  Cha- 
bertf  etc.,  etc.,  qui  tous  sont  portés 
encore  aujourd'hui  par  des  membres 
de  TEglise  protestante. 

ROCHEGHOUART  (Christophe 
de),  seigneur  de  Champdeniers  (aliàs 
Chandenier),  né  à  Arconcey,  le  24  mars 
1 546,  de  Claude  de  Rochechouart  et  de 
Jacqueline  de  Bauldot,  fut  élevé  à  la 
cour  de  Henri  II,  comme  enfant  d'hon- 
neur du  Dauphin  et  du  duc  d'Orléans. 
Dès  qu'il  fut  hors  de  page,  il  embrassa 
les  doctrines  évangéliques  et  prit  une 
part  active  dans  les  guerres  civiles,  où 
il  se  Ot  remarquer  par  son  humanité. 
Il  fut  lue  à  la  bataille  de  Jarnac,  sans 
avoir  été  marié.  Son  frère  Louis  servit 
aussi  la  Cause  protestante  sous  les  or- 
dres de  Condé  et  du  roi  de  Navarre  ; 
1  mourut  des  blessures  qu'il  reçut  dans 


une  rencontre  avec  les  Ligueurs,  en 
1590.  Aucun  autre  membre  de  cette 
famille  illustre  ne  parait  s'être  con- 
verti au  protestantisme.  M.  Massiou 
parle,  il  est  vrai,  d'Aimé  de  Roche- 
chouart, marquis  de  Bonnivet,  qua- 
trième ûls  de  René,  baron  de  Morte- 
mar,  et  de  Jeanne  de  Saulx-Ta vannes, 
sous  la  date  de  1 6 1 6 ,  comme  d'un  pro- 
sélyte nouvellement  converti  à  la  reli- 
gion réformée  ;  mais  nous  croyons  qu'il 
a  commis  une  erreur,  et  qii'il  s'agit 
plutôt  d'un  autre  marquis  de  Boniyet, 
Henri-Marc  de  Gouffier,  qui  abjura  ef- 
fectivement en  1 61 6,  comme  nous  l'ap- 
prend une  pièce  assez  rare  imprimée  à 
La  Rochelle  par  H.  Haultin,  1616,  in- 
8*,  sous  ce  litre  :  Déclaration  de  H.' 
M.  de  Gouffier,  marquis  de  Bonivet, 
faite  au  consistoire  de  La  Rochelle,  en 
présence  des  pasteurs  et  anciens  de  lo" 
dite  ville,  et  encore  des  sieurs  de  La 
Violette  et  Thevenot.  pasteurs  des  é- 
glises  de  Marans  et  de  Benêt,  le  mer- 
credi  5  août  1616.  Cette  conversion 
fut-elle  plus  sincère  que  celle  du  duc 
de  Candale? 

ROGHEFORT  (Charles  de),  ba- 
ron de  Saint-Angel,  capitaine  renom- 
mé par  ses  exploits  dans  les  guerres 
du  Piémont,  épousa,  en  1551,  Mo- 
reille  de  CMteauneuf,  dame  de  Théo- 
bon,  qui  lui  donna  deux  fils.  L'alné, 
Louis,  baron  de  Saint-Angel,  se  maria 
en  Auvergne  et  se  convertit  de  bonne 
heure,  à  ce  qu'il  parait.  Lecadet,  Jean, 
appelé  aussi  Charles,  baron  de  Théo- 
bon,  servit  avec  distinction  dans  le 
parli  huguenot,  notamment  à  la  dé- 
fense de  Caslillon,  en  1586.  Plus  tard, 
en  1 595,  il  combattit  les  Ligueurs  en 
Bourgogne,  sous  les  ordres  du  maréchal 
de  Biron,  dont  il  sollicita  vainement 
la  grâce.  Après  la  paix  de  Vervins,  il 
alla  offrir  son  épée  au  prince  Maurice, 
et  reçut,  au  siège  de  Rhinberg,  une 
blessure  dont  il  mourut  au  mois  de 
sept.  1606.  Il  avait  épousé,  en  1586, 
Elisabeth  de  Roy  ère,  tille  de  Jean  de 
Royère,  sieur  de  Monein  (1),  el  d'An- 

(1)  Noos  ignorons  si  le  capitaine  Monein jen" 
•eigne-oolonel  û'ànielotf  qui  jou»  un  oerUio  lùle 


ROC 


—  457  — 


ROC 


toinetie  de  Larmandie.  Son  fils  Char* 
LES^  marquisde  Tbéobon  (l),  fut  élevé 
comme  page  dans  la  maison  de  Cou* 
mont'La  Force,  à  qui  il  servit  de  se- 
cond^ en  1615^  dans  son  duel  avec 
Grammont.  En  iGl  9,  il  leva,  par  corn* 
mission  du  26  fév.^  un  régiment  d'in- 
fanterie, qui  fut  licencié  dès  le  2  ]uin. 
Il  se  retira  en  Guienne  y  et  se  saisit^ 
en  1621 9  de  Sainle-Foy,  pour  déjouer 
les  projets  de  son  beau-père,  Boisse- 
Pardaillan,  qni  s'était  vendu  à  la 
Cour  (Voy.  W,  p.  544).  L'assemblée 
de  La  Rocbelle  s'empressa  d'avouer 
cette  prise  d'armes,  en  le  louant  de 
son  zèle,  et  pria  les  magistrats  de  La 
Rochelle  de  lui  envoyer  des  armes  et 
des  munitions.  La  même  armée,  à  la 
persuasion  de  Belrieu,  Dangonnety 
Larqtuiy  et  autres  exilés  de  Bergerac^ 
il  tenta  sur  cette  ville  une  entreprise 
que  la  trahison  fit  échouer.  Cet  échec 
lui  nuisit  beaucoup  auprès  de  son  parti. 
Il  devint  suspect  et  les  habitants  de 
Sainte-Foy,  soutenus  par  le  marquis  de 
La  Force,  le  chassèrent  de  leur  ville. 
En  1622,  il  accompagna  Lusignan  au 
siège  de  Granges;  puis  il  fit  la  retraite 
de  Tonneins,  dans  laquelle  il  fut  blessé. 
Nous  ne  voyons  pas  qu'il  ait  porté  les 
armes  dans  les  dernières  guerres  de 
religion.  En  1651,  il  prit  le  parti  de 
M.  le  prince  et  défendit  vaillamment, 
en  i  65 2, Villeneuve  contre  d'Harcourt, 
qui  ne  put  s'en  rendre  maître.  Quelque 
temps  après,  11  rentra  dans  l'obéissan- 
ce, et  il  contribua  à  la  réduction  de 
Bordeaux,  en  1 653.  La  même  année,  11 
fut  créé  lieutenant-général.  Il  testa  en 
1658.  De  son  mariage,  célébré  le  30 
oct.  1 G 1 6,  avec  Jeanne  d'Escodéca,  fille 
de  Pierre  d*  Escodécank^Boisse  et  de 
Marie  de  Ségur-PardaiUan,  naquit^ 
ontreunefillequiseconvertit,eni679, 
et  obtint  une  pension  de  4,000  livres 
en  récompense  de  son  apostasie  (Arch. 

dans  les  premières  guerres  civiles  et  fat  taé  à  U 
Stinl- Barthélémy,  était  de  la  même  famille. 

(1)  Un  autre  nls,  le  siear  de  Jfonrtn,  serrit  U 
Cause  protestante  sous  les  ordres  de  La  Force  w. 
1622.  Ses  descendants  continuèrent  à  professer 
la  religion  protestante,  au  moins  jusqu'en  1689 
{Arrh.gên.  Tt.  287). 

T.  Vin. 


E.  3365),  un  fils  nommé  Jbàn,  mar- 
quis de  Théobon.  Ce  dernier,  né  en 
1619,  épousa,  en  1637,  Anne  de  La 
Motte,  dame  de  Roquefère,  fille  de 
Bernard  de  La  Motte  et  de  Henrye  de 
Panissault.  U  en  eut  cinq  enfants^ 
dont  les  généalogistes  ne  nous  font  pas 
connaître  les  noms.  L'un  d'eux  était 
sans  doute  Charles  de  Rocfiefort,  mar- 
quis de  Théobon.  qui  prit  pour  femme, 
enl  6l4,MariedeCaumont,M\eû}imBiP' 
quis  de  Castelmoron.  En  1684,  l'exer- 
cice du  culte  protestant  fut  interdit 
dans  son  château.  En  1686,  on  lui  en- 
leva ses  enfants  et  on  lui  ordonna  à  lui- 
même  d'aller  conférer  avec  l'archevê- 
que de  Paris.  A  cet  ordre  était  Jointe 
l'assurance  de  la  part  du  roi,  «  de  sa 
protection  et  de  ses  grâces  en  cas  qu'il 
prit  le  party  qui  étoit  seul  convena- 
ble pour  son  repos  et  celuy  de  sa  con- 
science »  (Arch,  E.  3372).  Soit  qu'il 
n'eût  pas  obéi,  soit  que  l'éloquence  du 
prélat  eût  échoué,  il  fut,  peu  de  temps 
après,  enfermé  à  la  Bastille,  et  sa  fem- 
me mi  se  dans  un  couvent  (/6iVi). Cette  ri- 
gueur salutairedompta-t-elle  enfin  son 
cpiniàtreté?  Tout  ce  que  nous  savons, 
c'est  qu'une  demoiselle  de  Théobon  se 
montra  moins  récalcitrante.  Elle  se 
convertit  en  1 686,  fut  nommée  dame 
d'honneur  de  la  reine  et  obtint,  en  ou- 
tre, en  1688,  une  pension  de  1,000 
livres (i4rc/i.  E.  5374).  Belle  prime  of- 
ferte à  l'hypocrisie! 

ROCHEFORT  (Jean  de),  auteur 
d'ailleurs  inconnu,  a  écrit,  selon  Du 
Verdier,  un  livre  de  la  Cène,  Irop.  à 
Strasbourg,  en  1548. 

ROCHELLE  (Jean),  sieur  Du  Cou- 
DRAT,  conseiller  au  parlement  de  Pa- 
ris et  échevin  de  La  Rochelle.  Du  Cou- 
dray  fut  député  par  sa  ville  natale  à 
plusieurs  assemblées  politiques  :  en 
1582,  à  celle  de  Saint-Jean-d'Angély; 
en  1596,  à  celledeLoudun,où  il  rem- 
plit les  fonctions  de  secrétaire,  fonc- 
tions dans  lesquelles  il  fut  remplacé 
par  Charnier  pendant  que  l'assemblée 
siégeait  à  Vendûme;  mais  qu'il  reprit 
à  ChÂtellerault.  Les  négociations  ayant 
enfin  abouti,  l'assemblée  le  choisit, 

29 


B0£ 


^m 


m: 


avec  ^tpaze^,  pour  aller  remercient 
roi  en  son  nom,  et  rester  en  Goar  jo^- 
qjfi'k  renregislremeot  de  rédildeNan- 
les.  En  J599,  l^enri  lY  l'envoya  à  La 
|U)cbelle,  avec  ordre  d'y  faire  recevoir 
ce  célèbre  édit.  L'année  suivante^  il  fojl 
reçu  membre  de  la  Chambrç  de  i'édijt 
de  Paris  (Fonds  de  Brienney  N»  2?J). 
£n  1612,  la  régenle,  qui  le  savait  toiU 
^évoué  au  gouvernement,  le  cjiargea 
4'une  mission  ixlus  délicate.  1}  se  ren- 
dit de  nouveau  à  La  fliocbelle,  spus 
préte^tedequelqueaQiaire  particulière^ 
mais,  en  réalité,  pour  travailler  à  eo»- 
pècber  l'assemblée  convoquée  par  Ro- 
han  au  sujet  de  ses  déméilés  avec  La 
Bûchebeaucourt  (Voy.  V.  p.  200);  le 
l)ruit  courut  même,  à  tor.t  ou  à  raison, 
4iu'ii  avaitordrede  se  saisir  de  la  justice 
et  de  la  police  de  la  ville,  conlraire- 
jQ(ienl  au^  privilèges  de  la  cité,  et  de 
détacher  La  Rochelle  de  l'union  des 
églises.  Le  peuple  prit  Talarme;  un 
attroupement  considéraJble  se  forma  de- 
vant rh6tel-de-ville  où  le  conseil  était 
assemblé;  mais  les  exhortations  et  les 
promesses  du  maire  réussirent,  ce  jour- 
là,  à  calmer  la  multitude.  Le  lendemain, 
nne  visite  que  Le  Vacher  y  bourgeois  qui 
8'élait  rendu  suspect,  fil  à  Du  Coudray, 
donna  un  nouvel  aliment  à  la  méHance 
de  la  population  ;  une  furieuse  émeute 
éclata,  tout  le  peuple  prit  les  armes, 
et  pu  Coudray  jugea  prudent  de  délo- 
ger. Nous  ne  connaissons  pas  Tannée 
de  sa  mort;  n^ais  les  Registres  de  Cha- 
renlon  nous  apprennent  que  sa  femme 
se  nommait  Renée  Thevenin,  et  qu'il 
avait  au  moins  deux  fils  :  Gabriel,  né 
le  10  fév.  1605,  présenté  au  baptême 
par  Gabriel  de  Polignac  et  Marthe 
Du  Vache,  femme  de  Calignon,  et 
Bàldat,  né  en  i  605,  qui  eut  pour  par- 
rain, Pierre  Thecenin, sieur  de  Rosne. 
C'est  du  premier  que  L'Estolle  parle 
en  ces  termes  dans  son  Journal  :  «  Le 
dimanche  25,  leflls de  ]^.  du  Gouidrai, 
conseiller  en  la  cour,  qui  étoit  de  lu 
tel.igion,  fui  baptisé  à  Paris  au  fau- 
bourg Saint-Germain,  auquel  baptême 
assistèrent  Jusqucs  à  cent  personnes, 
$.  M.  leur  ayant  permis  de  s'assem- 


bler poqr  cet  eflèt  josques  à  20  oa  25 
per^onne^  seulement,  snr  la  plainte  et 
spr  \e  rapport  qu'on  lui  avoit  fait  que 
plusieurs  enfants  qu'on  portoit  bapti- 
ser à  Ablon,  mouroient  sans  bap^me, 
à  cause  du  long  et  mauvais  chemin.  » 
Ko*us  ne  savons  si  c'est  Gabriel  Eo- 
pl^çllc,  ou  son  frère,  qui  sç  noya,  en 
;  622,  dans  le  combat  livré  par  GmUm 
^  ducd^Pu|se(Foy.  Y.  p.  410). 

ROÇHEliONT  (François  de), 
§ieur  4es  Bui^ons,  maître  d'hôtel  di 
roi  et  maréchal  de  bataille,  époQsa  £i- 
pérance  Armet,  fille  de  Jictcques  At- 
met  y  avocat  au  parlement  de  Dijon,  et 
d'i4nne  Perrault,  11  en  en\  :  1°  Lazare, 
brigadier  des  gendarmes  du  roi;  — 
2«  Jules-Matthieu,  sieur  de  La  Motte, 
qui  embrassa  la  religion  romaine  ;  — 
5«  RfiNi,  qui  suit;  —  4»  Aktoinittts, 
feouue  du  minisire  Philippe  Des  Près, 
de  Genève. 

René  de  Rocbemont,  capitaine  d'in- 
fanterie, prit  pour  femme  Marie  Ber- 
nard, qui  lui  donna  trois  enfants, 
nommés  Jacques,  Antoinette,  née  à 
Bossey  en  J  688,  et  François.  Ce  der- 
nier, né  à  Couches,  en  Bourgogne, 
suivit  la  carrière  ecclésiastique.  Im- 
matriculé à  l'académie  de  Genève,  en 
1705,  il  obtint,  en  1717,  les  droits 
de  bourgeoisie,  et  fut  placé,  l'année 
suivante,  comme  pasteur  à  Céligny. 
Appelé  à  Chêne,  puis  à  Genève,  «i 
1 727,  il  fut  déchargé  en  1 757,  et  mou- 
rut en  1780,  âgé  de  plus  de  98  ans. 
Sa  femme,  Madelaine  Le  Clero-Vernet, 
l'avait  rendu  père  de  trois  enfants  : 
10  Daniel,  qui  suit;  —  2»  Ami,  du 
ce  en  1764,  auditeur  en  1765,  con* 
seiller  en  1770,  secrétaire  d'Etat  en 
1782,  qui  mourut  en  1798,  ayant  eu 
de  sa  femme.  Renée  Malle t-Blanquet, 
un  fils,  Jean-Françoiç,  assassiné  en 
1 794,  et  deux  filles,  Isarelle  et  Anfi- 
(.aïd^-Sara,  femme  de  Charles  Pictel; 
— 5°  N.,  mariée,  en  1 747,  à  François 
Du  Bosc,  de  Leipzig.  Nous  ne  croyons 
pas  que  François  de  Rocbemont  ait 
rien  publié ,  mais  il  avait  entrepris, 
avec  le  concours  du  pasteur  7aco6  Ben- 
helle,  un  Extrait  tqiwniné  du  reg^ 


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-^- 


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tre§  du  Conseil,  par  ordre  alj)ha|)é(i- 
guc, depuis  iï>36 ai ^16, en  2  vol.  in- 
foi . ,  lediiel  fut  continué  par  Claparède, 
Galirfe  ei  ï>|clet; 

Né  en  1720^  Daniel  de  Rocheroont  fut 
reçu  ministre  en  1746^  èl  agrégé  à  la 
cotnpagnle  des  pasteurs  en  1 756  ;  il 
mourut  en  1 769,  sans  laisser  d'enrants 
lie  sa  femme  Louise  André,  Daniel 
de  Rochemont  a  joui,  comme  prédlca- 
leur,  d'une  très-grande  réputation.  Au 
jugement  de  Sénebier/ dés  sermons 
sont  composés  avec  soin^  pleins  de  pen- 
sées solides  exprimées  clairement  et 
simplement,  intéressants  par  la  piété 
qui  les  vivifie  et  Tonction  touchante 
qui  entraîne  quand  on  les  lit.  On  en  a 
publié^  après  sa  mort,  un  recueil  sous 
ce  titre  :  Onze  sermons  sur  divers 
textes  de  VE,  S.,  Gen.,  1772,  in-8». 
On  a,  en  outre,  de  Daniel  de  Roche- 
mont  une  dissertation  De  usu  reli- 
gionis  in  so&ietate  cimli,  1745;  in-fol. 
Il  n'est  pas  probable  que  notre  théo- 
logien soit  Tauteur  des  Réflexions  cTun 
patriote  sur  Vopéra  français  et  sur 
l'opéra  italien,  Làiis. y  1754  in-8»,que 
Barbier  attribue  à  un  de  Rochemont. 

Galiffe.  à  qui  nous  avons  emprunté 
la  généalogie  de  celte  famille,  n'a  pas 
connu  Philippe  de  Rochemont,  né  en 
1695,  dans  les  environs  de  Genève, 
comme  nous  l'apprend  M.  Ch.  de  Rom- 
knel.  Cadet  dans  un  régiment  suisse, 
Philippe  de  Rochemont  quitta  l'état 
militaire  pour  étudier  la  théologie. 
Nommé  pasteur  à  Cassel  en  1 7 1 8,  il 
ne  tarda  pas  à  se  faire  remarquer  par 
son  talent  oratoire.  En  1756,  il  suc- 
céda à  François  Martel  dans  la  charge 
d'inspecteur  des  colonies  françaisies  de 
la  Hesse.  11  mourut  en  J759,  laissant 
un  fils,  nommé  Guillaume,  qui,  après 
avoir  desservi  quelque  temps  Téglise 
de  Mariendorf,  passa  en  Hollande,  en 
1751,  et  devint  chapelain  de  l'ambas- 
sade hollandaise  à  Lisbonne.  Outre  une 
traduction  française  du  Compendium 
histor.  eccles.,  par  Turrelin,  on  a  de 
Philippe  de  Rochemont  une  Oraison 
funèbre  du  roi  Frédéric  I  de  Suède. 

RpCHEHQRE  (Jagquei;  pe),  sieur 


^e  $ainl-Michel,  lieutenant  particulier 
ail  sépêchâi  de  Nismes,  qur  testa  en 
1^66,  èmt)rassa  la  religion  prbtes- 
/anle  dès  I5d2,  et  prit  une  part  Irès- 
active  aux  affaires  de  l'Eglise.  Ménard^ 
qui  loue  son  savoir^  lui  attribue  deux 
traductions  : 

I.  Les  quatre  derniers  livres  des 
propos  amoureux,  contenant  les  dis- 
cours et  mariage  de  Clitophant  et  Leu- 
cippe,  Lyon,  1556,  in- 16. 

IL  Le  favori  de  court,  contenant 
plusieurs  advertissemens  et  bonnes 
doctrines  pour  les  favoris  des  princes 
et  autres  seigneurs  et  gentilshommes 
qui  hantent  la  court,  Lyon,  1556^ 
In-S»;  Anvers,  1 557.  —  Trad.  de  l'es- 
pagnol. 

Rochemore  était  originaire  de  La- 
nel.  Il  fut  marié  deux  fois  :  en  1 549^ 
avec  Jeanne  de  Saint-Félix-de-Saussan^ 
qui  lui  donna  un  flis,  nommé  Thomas^ 
et  en  1551,  avec  Marguerite  de  Cam- 
6i5,  veuve  de  Pons  d'Aleyrac,  baron 
d'Aigremont,  dame  remarquable  par 
son  instruction  et  son  goût  pour  la  lit- 
térature, à  qui  l'on  doit  aussi  deux  tra- 
ductions de  Titalien  : 

I.  Epitre  du  seigneur  J, -G.  Tryssin, 
de  la  vie  que  doit  tenir  une  dame 
veuve,  Lyon,  1554,  in- 16. 

II.  Epitre  consolatoire  de  l'exil,  en- 
voyée  par  J.  Bocace  au  seigneur  Pino 
de  Rossi,  Lyon,  1556,  in-16. 

De  ce  second  mariage  ne  naquit 
qu'une  Ûlle,  Marguerite,  qui  épousa, 
en  1 560,  le  sieur  de  Beaufort. 

Thomas  de  Rochemore,  baron  d'Ai- 
gremont,  le  même  qui  fut  poursuivi  par 
le  parlement  de  Toulouse  comme  com- 
plice de  la  Michclade  {Voy.  I,  p.  26)^ 
épousa,  en  1561,  Marguerite  d'Aley- 
racy  baronne  d'Aigremont,  fille  de  sa 
belle-mère.  11  testa  en  1578,  et  fut 
père  de  cinq  enfants  :  1°  Antoine,  qui 
suit;  —  2°  Marguerite,  femme^  en 
1594,  de  Bernard  Duranc,  sieur  de 
Vibrac;  puis,  en  1009,  de  François  de 
Sandres,  sieur  de  Saint-Just  ; — 3»  Es- 
pérance, mariée,  en  1600,  à  Gwllau- 
me  Des  Rois,  sieur  de  Lédignan;  — 
4«  Françoise,  épouse,  en  1608,  de 


ROC 


—  460  — 


ROC 


Pierre  de  Moynier,  sieur  de  Fourques, 
trésorier  du  roi  (î)  ;  —  5«  Isabelle, 
alliée,  eo  1611,  à  Jacques  d'Àllemany 
sieur  de  Mirabel,  ûis  de  Jacques  Aile- 
mon  et  de  Marie  d*Airebaudouze. 

Antoine  de  Rochemore,  baron  d'Ai- 
gremont,  prit  pour  Temme,  en  16U, 
Espérance  de  Grégoire  des-Gardies, 
qui  lui  donna  cinq  enfants  :  !<>  Jean, 
qui  suit  ;  —  2°  Marguerite,  mariée, 
en  1642,  à  Guillaume  de  Cambous, 
sieur  de Cazalis; — 5»  Isabeau,  femme, 
en  1643,  de  Henri  de  Ginestous;  — 
4*  Espérance,  qui  épousa,  en  1650, 
Bernard  de  Gundiny  prévôt  général 
du  Languedoc  ;  —  5*  Françoise,  ma- 
riée, en  iC\Q2,k  Constant  in  de  Serres, 
sieur  du  Pradel. 

Jean  de  Rochemore,  baron  d'Aigre- 
mont,  fut  député  en  Cour,  en  1654, 
par  les  églises  du  Languedoc,  qui 
^valent  à  se  plaindre  de  plusieurs  in- 
fractions aux  édits,  et  spécialement  des 
procédures  entamées  par  le  parlement 
de  Toulouse  contre  le  sieur  de  Uran 
(Arch.  gén.  Tt.  247).  Il  testa  en  1669, 
etlaissasix  enfants  de  son  union  (l  645) 
avec  Marie  Duval,  savoir  :  l»  Henri, 
baron  d'Aigremont  qui  futmis  en  juge- 
ment pour  crime  d'assemblée  ;  il  échap- 
pa aux  galères,  parce  que  «  la  preuve 
ne  fut  pas  complète,  »  comme  Basville 
récrivit  au  secrétaire  d'Elat  {Arch.  M. 
664),  mais  il  fut  enfermé,  le  6  sept. 
i  69 1, dans  le  château  de  Pierre  Encise, 
d'où  il  n'était  pas  encore  sorti  en  1 712 
{Mss,  de  Court); —  2«  Jean,  baron 
d'Aigremont,  capitaine  au  régiment  de 
Navarre,  qui  épousa,  en  1682,  Marie 
de  Richard  y  fille  de  Pierre  de  Richard, 
sieur  de  Vendargucs;  il  abjura  à  la  ré- 
vocation 12)  ;  —  3°  Louis  ;  —  40  Fran- 
çois ;  —  5"  Denis,  qui  sui  v  irent  l'exem- 
ple de  leur  frère  Jean;  —  6°  Fran- 
çoise, femme,  en  1678,  de  François 
Pelet,  sieur  de  Saïgas,  qu'elle  laissa 
veuf  sans  enfants. 

(t)  Une  demoiselle  de  fourgues  sortit  de  Fran- 
ce à  la  révocation  [Arch.  Tt.  283). 

(3)  Nous  ne  savons  si  $a  femme  l'imita.  Dans 
Qoe  liste  des  Réfugiés  de  Nismes,  nous  trouToos 
les  noms  de  Jfan  et  Marie  Birhard^de'Vendar' 
gv'^i  (Arrh.  Tt.  389). 


il  est  trës-vraisemblable  que  d'au- 
tres branches  de  la  famille  de  Roche- 
more, on  au  moins  quelques-uns  de 
leurs  membres,  professèrent  aussi  la 
religion  réformée.  Ce  qui  nous  porte 
à  le  croire,  ce  sont  les  alliances  que 
plusieurs  fllles  issues  des  branches  de 
La  Devèze  et  des  Gallargues,  prirent 
dans  les  familles  huguenottes  de  San- 
dres, de  Calvière,  de  Trémolei,  de  Vil- 
lages, de  Boucaud,  et  de  Baschi, 

ROCHES,  nom  d'une  famille  noble 
de  la  Franche-Comté,  quise  réfugia  à 
Genève  pour  cause  de  religion.  De  son 
mariage  avec  Clauda,  morte  à  Genè- 
ve en  1 554,  Humbert  de  Roches  lais- 
sa deux  (ils,  nommés  François  et  Hu- 
gues, qui  furent  tous  deux  reçus  habi- 
tants en  1549  et  bourgeois  en  1555. 
Le  cadet  entra  dans  le  CG  en  1565  et 
mourut  en  1590.  Il  avait  été  marié 
deux  fois,  en  premières  noces  avec  Ju- 
dith Sage,  qui  le  rendit  père  de  trois 
enfants  :  Claude,  marié,  en  1 563,  avec 
Pernette  Trembley;  Sara,  femme  de 
Jean  Thellusson;  Esdras,  mort  de  la 
peste  en  1571 .  Du  second  lit  ne  naquit 
qu'une  fllle,  Jeanne,  qui  épousa  An- 
toine Thomas. 

Le  (ils  aîné,  François,  entra  dans  le 
ce  en  1559,  et  mourut  en  1566,  ayant 
eu  de  Marguerite  de  Sappé,  sa  femme, 
neuf  enfants,  savoir:  l»  Antoine,  qui 
suit;  —  2»  HuGUETTE,  femme  de  Nico- 
las Le  Fert;  —  3»  Claudine,  épouse 
de  Michel  Roset,  premier  syndic;  — 
4«  Marthe,  mariée  à  Ami  Pictet,  pre- 
mier syndic:  — 5°  Guillaume,  femme 
de  Pierre  Chenelat,  premier  syndic; 

—  6«  Jeanne,  alliée  au  syndic  Claude 
Gallatin;  — 70  Marie,  qui  épousa  le 
ministre  Jean  Jaquemot;  —  8«  Elisa- 
BuTH  ;  —  9*  David,  qui  suivra. 

I.  Antoine  de  Roches,  du  CC  en  1567, 
épousa  Louise  Rosset,  dont  il  eut  :  !• 
Etienne,  capitaine  de  la  garnison,  qui 
fut  élu  membre  du  conseil  des  CC  en 
1625,  et  mourut  la  même  année; — 2* 
Jeanne,  femme  d* Augustin  Eustache; 

—  50  Sara,  qui  épousa  successive- 
ment Jacques  Levet  et  Pierre  Mauris; 

—  40  Jean,  marié  à  Pemette  Bouehet, 


ROC 


—  461  - 


ROC 


el  père  de  deux  fils,  Augustin  et  Jban^ 
qui  n'eurent  point  d'enfanls  mâles. 

II.  David  de  Roches^  du  GG  en  \  580^ 
auditeur  en  1596^  mourut  en  1659> 
âgé  de  84  ans.  Sa  femme,  Sara  Cam" 
biague,  lui  avait  donné  six  enfants  : 
1  «Daniel,  pasteur  à  Bossey^néenl  600 
et  mort  en  1649,  père  d'une  fille  uni- 
que; —  2^  Màbc,  qui  continua  la  des- 
cendance ;  —  30MARGUERITB  ;  — -  4'  Sâ- 

RA  ;  —  50  MicHÉB  ;  —  6»  Marthe. 

Né  en  1 603,  Marc  de  Roches  ne  lais- 
sa de  son  mariage  avec  Anne  Valtemy, 
qu'un  fils,  Louis,  qui  épousa,  en  1 663, 
Jeanne  Roux,  de  Grenoble,  et  en  eut 
trois  enfants,  Henri,  Isaag  etSusANNE. 
La  destinée  des  deux  derniers  est  in- 
connue. Henri  prit  pour  femme  Su5an- 
ne-Constance  Molaret,  qui  le  rendit 
père  d'une  flUe,  Jeanne,  et  de  deux  fils, 
François  et  Pierre  François.  Gelui- 
ci,  mort  en  1782,  laissa  de  son  union 
avec  Marguerite  Thomeguex,  un  fils, 
nommé  Marc,  qui  épousa  Marie  Per- 
ron et  en  eut  François-Marc,  conseil- 
ler secrétaire  d'Etat.  L'alné,  François, 
fut  un  des  plus  célèbres  orateurs  de 
la  chaire  genevoise.  Né  à  Genève,  en 
1 70 1 ,  il  fit  ses  éludes  dans  sa  ville  nata- 
le. Pendant  longtemps,  rien  ne  fit  pres- 
sentir qu'il  acquerrait  un  Jour  une 
grande  réputation  ;  l'exercice  seul  dé- 
veloppa son  remarquable  talent  ora- 
toire. Son  éloquence  mâle  et  nerveuse, 
ses  idées  grandes  et  fortes,  son  ar- 
gumentation vigoureuse,  serrée,  son 
style  net,  clair,  concis,  peut-être  un 
peu  déclamatoire,  lui  ont  mérité  le 
surnom  du  Démosthènes  de  la  chaire 
à  Genève.  Ministre  à  la  campagne  de- 
puis 1727,  il  fut  appelé  dans  la  ville 
en  1 733,  et  nommé  professeur  de  théo- 
logie en  1749.  Gomme  il  possédait 
assez  bien  la  langue  hébraïque,  il 
prit  une  part  fort  active  à  la  traduction 
de  la  Bible  de  Genève.  Il  concourut 
aussi  à  la  révision  de  la  Liturgie  et  à 
la  rédaction  du  Formulaire  pour  la  ré- 
ception des  catéchumènes.  11  mourut 
en  1769,  après  avoir  cruellement  souf- 
fert d'une  paralysie  pendant  les  1 4  der- 
nières  années  de  sa  vie.  On  a  de  lai  : 


I.  Sermons  (II)  publiés  à  l'occasion 
des  divisions  politiques  de  Genève, 
Gen.,  1737,  in-8*. 

II.  Défense  du  christianisme  ou  Pré- 
servatif contre  un  livre  intitulé  Lettres 
sur  la  religion  essentielle  à  l'homme, 
[par  W^»Huber],  Gen.,  1740, 2  vol.  8«. 

III.Denotw£cc/e5ï(P,Gen.,1750,4«. 

IV.  De  Promdentidy  Gen.,  1752, 
in-fol. 

V.  Catéchisme  de  M,  Ostervald,  re- 
touché et  augm.  de  notes,  1 752,  in-8^ 

VI.  Réponse  à  Molines,  dit  FléchieTy 
sur  son  changement  de  religion,  1753, 
in-80. 

VU.  De^epochd  qud  videntur  mira- 
ctUa  desiisse  in  Ecclesid  christianâ, 
Gen.,  1754,  in-4«. 

VIII.  Collatio  argumentorum  pro 
Mosis  Chris  tique  divinâ  missùme,  Gen. , 
1755,  in-4». 

François  de  Roches  épousa  en  pre- 
mières noces  Anne  Berjon,  qui  ne  lui 
donna  que  deux  filles,  J  acqueline-Re- 
née  et  Charlotte- Antoinette.  Resté 
veuf,  il  se  remaria  avec  Elisabeth  CUh 
parède,  de  Montpellier,  dont  il  eut,  ou- 
tre une  fille,  nommée  Anne-Elisabeth, 
un  fils,  Jean-Louis,  qui  fut  appelé,  en 
1773,  à  la  chaire  des  langues  orien- 
tales à  Genève.  Du  mariage  de  Jean- 
Louis  de  Roches  avec  Marie-Elisabeth 
CAét^ner  naquirent  Jean-Jacques,  doc- 
teur en  médecine,  qui  n'a  eu  qu'une  fille 
de  son  union  avec  Ninette  Lombard,  et 
Marie,  femme  û' Antoine-Louis  Odier. 

Une  famille  du  même  nom  et  égale- 
ment protestante  habitait  le  Bas-Lan- 
guedoc. Le  premier  de  cette  famille 
qui  embrassa  les  opinions  nouvelles  pa- 
rait être  Thomas  Roches,  qui  fut  père 
de  trois  fils,  nommés  Nicolas,  Antoine 
et  CÉSAR.  Nicolas,  qui  assista,  en  1613, 
à  l'assemblée  politique  de  Lnnel,  épou- 
sa, en  1 58 1 ,  Judith  Jeanis,  qui  lui  don- 
na quatre  enfants  :  Daniel,  Nicolas^ 
Etienne  et  Jean.  Les  Jugemens  de  la 
Noblesse  gardent  le  silence  sur  les  trois 
derniers.  Daniel,  qui  remplissait  la 
charge  de  ]uge-mage  au  sénéchal  d'U- 
zès,  prit  pour  femme,  en  1637,  Eve 
Fabre,  et  en  eut  Daniel eiViCBBL,  qui 


ROC 


—  4ej  — 


ROC 


forent  maintenus  nobles  avec  leur  père, 
en  1669. 

Thomas  Roches  possédait  la  seigneu- 
rie de  Biausac,  en  commun  avec  Ro- 
bert Aymés,  qui  se  convertit  aussi  au 
proleslanlisme  et  déploya^  notaiçment 
lors  de  i'odieux  massacre  de  la  Miche- 
lade,  un  zèle  fougueux  fort  opposé  aux 
enseignements  du  Christ  et  de  ses  apô- 
tres. 

ROGHETTE  (François),  le  dernier 
des  pasteurs  du  désert  qui  ait  scellé  sa 
foi  de  son  sang,  naquit  à  Yialas,  dans 
le  Gévaudan^  d'une  famille  pauvre, 
mais  zélée  pour  sa  religion,  il  alla  faire 
ses  éludes  à  Lausanne,  et  fut  consacré, 
à  son  retour,  le  28  Janvier  1760^  par 
)es  pasteurs  FiguièreSy  du  comté  de 
Foix,  /.  Gardés,  et  Sicard,  du  Haut- 
Languedoc,  et  Gabriac,  du  Gévaudan. 
Après  vingt  mois  seulement  de  &on  pé- 
nible apostolat,  pendant  lesquels  il  fut 
appelé  plusieurs  fois  à  remplir  les  fonc- 
tions de  secrétaire  dans  les  synodes,  le 
délabrement  de  sa  santé  loi  rendant  né- 
cessaire  l'usage  des  eaux  de  Saint-An- 
tonin,  ilpartildeMontauban,le  i3sept. 
1761,  et  prit  la  route  de  cette  petite 
ville,  accompagné  de  Viala,  chantre 
originaire  d'Anduze.  Arrivé  près  de 
Gaussade  au  milieu  de  la  nuit,  il  char- 
gea son  compagnon  d'aller  chercher 
on  guidé  qui  pût  l,e  conduire  à  un 
bameao  voisin,  où  il  devait  baptiser 
un  enfant.  Au  point  do  joor,  Viala, 
revenant  avQc  le  ]eone  Michel  Balès, 
fut  rencontré. par  une  patrouille,  in- 
terrogé sur  le  but  de  son  voyage,  il  ré- 
pondit qu'il  se  rendait  à  Montaubai^, 
et  on  le  laissait  s'éloigner  lorsque  mai- 
beureusementRocbette  survint.  Inter- 
rogé à  son  tour,  il  répondit  avec  vé- 
rité, qu'ils  allaient  à  St-Antonin.  Celle 
contiadiction  ayant  éveillé  les  soup- 
çon^,  ils  furent  conduits  au  corps  de 
garde,  où,  dès  le  lendemain,  le  pro- 
cureur du  roi  leur  Ût  subir  un  interro- 
gatoire. Rochetle  avoua  franchement 
qu'il  était  ministre  de  l'Ëvangile. 

.  Le  bruit  de  celle  arreslation  s'élant 
répandu^  deux  cents  paysans  environ 
entreprirent  de  délivrer  leor  ministre. 


Ils  entrèrent  dans  la  ville  la  nuit  siîi- 
vante;  mais  la  garde  tint  bon,  el  après 
une  courte  lutte,  ils  battirent  en  n^ 
traite.  Les  magistrats  de  Gaussade  ef- 
frayés appelèrent  la,  population  aux  ar- 
mes. Parmi  les  premiers  qui  répondi- 
rent à  l'appel,  on  reniarqua  les  npta- 
bles  bourgeois  protestants,dont  les  ser- 
vices furent  acceptés  avec  étonnement. 
Deux  fois  encore,  s'il  faut  en  croire 
Calhala-Couture,  les  Réformes  des  en- 
virons de  Gaussade  renouvelèrent  leur 
tentative  sans  plus  de  succès.  Dans  la 
dernière,  ils  étaient  commandés  par 
trois  gentilshommes  verriers  deGabre, 
les  trois  frères  Grenier  dont  nous  avons 
raconté  ailleurs  (Vay,  V,  p.  363)  l'ar- 
restationetla  mort  héroïque.  Pour  pré- 
venir un  enlèvement,  les  prisonniers 
furent  transférés,  sous  one  forte  es- 
corte, à  Nonlauban  et  de  là  àToolouse. 
Traduits  devant  le  parlement,  qui  évo- 
qua raffaire,  le  20  oct.,  Rochettese 
contenta  de  répondre,  qu'en  prêchant 
l'Evangile,  iL  n'avait  fait  que  son  de- 
voir. Les  églises  qui  prenaient  le  plus 
vif  intérêt  au  sort  de  cet  infortuné^ 
s'adressèrent,  par  l'intermédiare  de 
Paul  Babauty  ao  gouverneor  do  Lap- 
guedoc  et  à  la  Hlle  aînée  de  Louis  X Y, 
mais  inutilement.  Le  parlement  rendit 
sa  sentence,  le  18  fév.  1762.  Après 
avoir  écouté  la  lecture  de  l'arrêt,  qui  le 
condamnait  ao  gibet, Hpcbette  adressa 
ao  Souverain  Juge  one  fervente  prière, 
à  laquelle  s'associèrent  les  autres  con- 
damnés. Bientôt  après  se  présentèrent 
des  curés  qui,  malgré^  instances  do 
Jeune  ministre,  persistèrent  à  l'ao- 
compagner  jusqu'au  lieu  du  supplice. 
Arrivé  devant  la  cathédrale  et  invité  i 
descendre  de  la  charrette  sur  laquelle 
on  le  traînait  à  la  mort,  pour  faire  a- 
mende  honorable,  conformément  à  l'ar- 
rêt, Rochelle  obéit  et  se  Jetant  à  ge- 
noox  :  «  Je  demande  pardon  à  Dieo  de 
tous  mes  péchés,  dil-il  ;  je  n'ai  point 
de  pardon  à  demander  ao  roi,  j'ai  too- 
jours  été  bon  et  fidèle  sujet.  J'ai  too- 
joors  prêché  ^obéissance  et  la  soomis- 
sion.  Qoant  à  la  jostice,  je  prie  Dieo  de 
pardonner  à  mes  juges.  »  Il  fut  impos- 


«dé         -i 

sible  de  rien  lui  àrracber  ilc  plus.  Le 
Irisie  coHigé  se  re^il  dooc  en  ronla 
et  arriva  sur  U  piacc  <lù  pellt  Silln^ 
qui  élaii  remplie  d^^^tf.itupea,  taiil  on 
crilgnail  un  efilÈyeàj^nf,  Kqçlibllç^ 
dont  la  pnysiononiie  ne  lrahi°éàil  pas 
h  pla^  logera  émoiiori,  4^1  ^ul  n'mjt 
pas  cessé  3e  r(|iiipilr  ses  TonciloDg 
pasIoriLles  en  exhor({tntlca,rrère^Cr(t- 
nler  i  la  mort,  niontà  l'échelle  fatale 
en  chantant  lê  ps.  CWlII  :  La  rmci 
l'heureuse  journée,  et  mourut  avec 
une  admirable  fermeté.  Il  était  Agé  de 
26  ans. 

ROCHËtt^  [Jean),  .avocat  de 
Troyes,  converti,  ^ij,  ctlhollclsme  par 
le  P.  Ange  de  Raçonis,  qui  publia  à 
cette  occasion  :  Véritable  narré  de  ce 
qui  s'est  passé  en  la  conversion  de 
J.  Rochelle,  après  l'âbanilan  que  loi 
a  tait  son  ministre,  et  l'entlcre  résolu- 
tion de  ses  doples,  avec  pleiue  Instruc- 
lion  btuiaounée, Troyes,  mSôjin-lâ. 

BbC^EtTÈ  (Louisl^  inoiné  Jaco- 
bin, Inquisilenr  ae  la  lol  à  ,toulouse 
depuis  1537,  gagné  au  proteslanlisme. 
l'année  suivante.  Rocheite  avait  d^£ 
eu  l'occasion  de  signaler  son  zble  cpur 
tre  l'hérésie,  lorsqu'il  Tat  converti  par 
ceux  qu'il  était  chargé. de  convertir. 
Livré  au  bras  séculier,  après  avoir  éU 
publiquement  dégradé,  il  liit  condamné 
au  (eu  par  le  parlement.  L'c\éculio;i 
eDtliensprlapl4cedu&ilb,telosEpt. 
iS38.  S'IiràuieiicroireBèie.Rochellè 
tnl  mis  i  morl  comme  coupable  de  so- 
domiCj  mais  Latàillc,  dans  ses  Annales 
de  Toulouse,  soulieul  qu'il  fut  exécnté 
pnlquemenl  pouf  crlniç  d'hé;;éslc.  Lé 
HarlYToIoéé  proteslani  né  Taii  pas  men- 
lldii  de  toT. 

,   ttOCOtÉSUBlN'6APTBTfeDp),hl87 

iiirien  superiiciél  et  penexac},  naquit 
kfiéziers  vers  liiSO,  dé  parehlscalho- 
iiqiies.  li  ïlall  encore  Jeune  lorsqa'll 
^Irf^  dans  l'ordre  de  ^àint-Béna|(.  Ses 
taluils,  qu'il  sut  Taire  valoir,  l'élevli- 
ténl  assez  rapidement  âui  dignités.  Jl 
était  prolOQotalre  apostolique,  conseil- 
ler et  historiographe,  docteur  cl  prb- 
resseuide  l'I'nhèrsilé  de  Paria_,  cha- 
noine de  $ilnl-Benotl,lorsqQe,réD<tn- 


»—  ROC 

(ant  à  ses  emplois,  Il  sortit  tout  à  coup 
de  France,  en  1872,  et  se  relira  à  Ge- 
nève, où  îl  embrassa  la  rclifcion  réCor- 
Diéc.  Celte  rcsoluMun  subite  lui  (u(- 
cUc  dicléc  par  ùh  mccohlenlement  ou 
par  l'inquiétude  naturelle  de  son  ès- 
pril?on  ne  sali;  mais  llestdifDcilo  de 
se  persuader  qu'il  obéit  h  une  coiivlc- 
l|onslncère.AprèsQnséJour  d'environ 
trois  années  à  Genève,  il  se  rendit  fc 
Berlin,  oii  II  se  maria.  La  proleclion 
de  M.  de  Schiverin,  qu'il  avait  connu 
à  Paris,  lut  Dt  obtenir  de  l'éleclear  le 
litre  d'historiographe  avec  une  pen- 
sion. Pendant  an  an,  (l  s'occupa  acti- 
vement de  remplir  les  devoirs  de  sa 
place:  il  conduisit  l'histoire  qu'il  était 
chargé  d'écrire  Jusqu'au  rtgnedcJoa- 
chlm  II;  mais  bientôt  son  ardeur  se 
ralentit,  cl  qultlanl  le  Brandebourg, 
comme  il  avait  quitté  la  France,  il  so 
rendit  en  Hollande,  où  11  ne  tarda  pas  à 
lomtier  dans  la  misère.  Dénué  do  toute 
rei^source,  il  prit  le  parti  de  revenir  à 
Paris,  en  1 678,  et  rentra  dans  le  giron 
de  l'Eglise  romaine.  Quelque  temps a- 
près,  n'ayant  probablement  pas  trouvé 
en  France  tes  avantages  qu'il  espérait, 
li  retourna  en  Hollande  et  se  reôi  pro- 
testant. Entln,  sa  femme  étant  morte, 
H  rentra  une  seconde  fois  en  France, 
reprit  l'exercice  delà  religion  romaine 
et  tut  rétabli]  en  1 885,  dans  son  caoo- 
nicat  de  Saint-Bénoll.  Il  mourut  à  Paris 
en  iË9G. 

Oatreson  Histoire  de  Brandebourg, 
dont  le  msc.  a  élé  déposé  aux  Archives 
de  l'Etat  k  Berlin,  on  a  de  lui  : 

L  Description  générale  des  Etats  et 
Empires  du  monde,  par  P.  Dàvity, 
édll.  aug.,  Paris,  iijfiO,  6  vol,  in-foL 

II.  Les  principes  de  la  sphère,  de 
géographie  et  d'astronomie,  avec  l'In- 
troduction généràtc  pour  l'histoire, 
Lyon,  leei,  in-le.  —  L'introductiou 
gËnéralè  à  l'blaloirepâsseavec raison 
bour  son  meilleur  ouvrage;  elle  a  été 
réimp.  à  Paris,  I<ili3,2  vol.  ln-13,  e 
plusieurs  fols  depuis. 

III.  Les  entretiens  du  Luxembourg , 
Paris,  iuBG,  ln-12. 

IV.  Mrottùeiion  gènérak  à  l'his- 


ROD 


—  464  — 


ROD 


toire  sainte,  Paris,  1672, 2  vol.  iD-12. 

V.  Abrégé  méthodique  de  l'hist,  de 
la  république  de  Venise  y  Gen.,  1673, 
in-12. 

VI.  Abrégé  de  l'histoire  de  V Empire 
d'Allemagne,  trad.  de  Gaspard  Sagit- 
taire, Cologne  [La  Haye],  1679,  in-12; 
La  Haye,  J681. 

VIL  Histoire  générale  du  calvinis- 
me, Amst.,  1685,  in-12.  —  Opposée 
à  l'ouvrage  du  P.  Maimbonrg  sur  le 
même  sujet. 

WW.Les  imposteurs  insignes, KmsU, 
1683,  in-12;  Brux.,  1729,  2  vol.  in- 
1 2  ;  trad.  en  allem..  Halle,  1 760,  in-8<>. 

IX.  Lesamoursd'Antiochus,  Amst.^ 
1683,  in-12. 

\,  La  vie  du  sultan  Gemes,  frère  de 
Bajazet,  Leyde,  1683,  in-12. 

\l,  La  for  tune  mar astre  de  plu  sieurs 
princes  et  grands  seigneurs,  depuis 
deux  siècles,  Leyûe,  1684,  in-12. 

XII.  Vienne  deux  fois  assiégée  par 
les  Turcs,  Leyde,  1684,  in-12. 

XIII.  Ziska  le  redoutable  aveugle, 
capitaine  général  des  Bohémiens  évan- 
géliques  dans  le  pénultième  siècle, 
Leyde,  1685,  in-12. 

R0D1ER(N.),  ministre  deTomac^ 
fut  appelé  à  présider  le  synode  des  Ge- 
vennes  et  du  Gévaudan,  qui  se  tint  à 
Andnze,  le  19  juin  1675,  en  présence 
du  commissaire  royal  Charles  de  Ca- 
pon,  sieur  du  Bosc,  auditeur  en  la  cour 
des  comptes  de  Montpellier,  dont  le 
procès-verbal  est  arrivé  jusqu'à  nous 
{Arch,  gén.  Tt.  256).  Ce  synode  fut 
très-nombreux;  soixante-cinq  églises" 
y  envoyèrent  leurs  députés,  savoir  : 
Anduze,  Malplach  et  Vincent,  min., 
Rodier  et  André,  anc;  Alais,  Bouton 
flls  et  de  Bagards  ;  La  Salle,  Portai  et 
Donnadieu;  Mellet  (Mialet),  Sauvage 
et  Dumas;  Aigremont,  Massanes,  min.; 
Vézenobre,  Guyon  et  Estienne;  Cas- 
sagnolles,  Dumas  et  Phélines;  Lézan^ 
Cabrit  putné  et  Conilières;  Tomac^ 
Rodier  et  Régis;  Générargues,  Pelet 
et  de  La  Salle;  Lédignan,  Cabrit  aîné 
et  Verdier  ;  Sainl-Sébastien,  Aimeras 
et  de  La  Porte;  Monoblet,  Ducros  et 
Treffons;  Saint-Félix- de-Palière^  de 


Soustelle  et  Matthieu;  Tboiras^  Jour- 
dan  et  Régis;  Brenoux,  Dumas  père, 
min.;  Bagards,  Dubruc  et  Teissier; 
Saint-Christol,  Bastide  et  de  Mont- 
moyrac  ;  Saint-Paul-La  Geste  û'Olym- 
pies,  min.;  Saint-Hilaire-de-Brethmas, 
Pradel,  anc;  Ganaules,  Boyer  et  Cla- 
ris; Gardet,  Fraissinet  ei  Julien;  Soa- 
dorgues,  Dar^HeueiViala;  Saint-Ger- 
main, Du  Cros  et  de  MoUes;  Florac, 
Blanc  et  Lafon;  Saint-Jean-de-Gar- 
donnenque.  Combes  et  Cabrit;  Saint- 
£tienne-de-Valfrancesque,  de  La  Coste 
et  Masbemard;  Bàrrt,Barjon  et  Cham^ 
bonfiet;  Vébron,  Chavanon,  min.; 
Cassagnolles,  Audibert  et  de  Règne- 
rie;  Saint-André- de-Valborgne,  Sau- 
vage et  de  Montgros;  Saint-Marcel, 
/{ouoretdeLa  Garde;  Marvéjols.  Blanc 
et  Jourdan;  Saint-Lager,  de  ViUardei 
Muret  ;  Le  Collet,  de  La  Porte  et  Ly- 
verne;  Frugères,  Reboutier  et  Brès; 
Saumane,  Pascal  et  Cabanis;  Saint- 
Martin-de-Gorconac,  de  Bussac,  anc; 
Saint-Romans-de-Tousque ,  Grongnel 
puîné  et  de  Dondou;  Sainte-Groix-de- 
Valfrancesqne,  Combes  pulné^  min.; 
Saint-Martin-de-Lansuscle,  SabatUer 
BiSerrière;  Salnt-Martin-de-Bonbaux, 
Dumas  et  Vàucroze  ;  Saint-Hilaire-de- 
Lavit,  de  La  Roquette  et  Espaignac; 
Fraissinet,  Roure,  min.;  Valfrances- 
que,  Calmel  et  Pascal;  Molézon,  Pa- 
gezy,  min.;  Saint-Flonr-de-Pompidou, 
Dapilly  ou  Dapeilly  et  de  Soleyrol; 
Saint-Julien-d'Arpaon,  Dautun,  min.; 
Sauve,  Vincent  aîné  et  de  Claris;  St- 
Hippolyte,  de  Méjanes  et  Fesquet; 
Durfort,  Dumas  aîné  et  Durant  ;  Quis- 
sac,  Molles  et  Jalaguier;  Gros^  Bedès  et 
Meynier  ;  Ganges,  Viol  et  Boudon  ;  Su- 
mène,  Gérard,  anc;  St-Romans-de- 
Codières,  Motte  ou  Mothes,  min.;  Val- 
leraugue,  Flory,  min.;  St-Laurent^ 
Piston/, min.;  Le  Vlgan,  RosseleiAr-' 
boux;  Aumessas,  Ferrière,  anc;  Go- 
lognac,  Verdier  et  Durant;  Avèze,  de 
Montfaucon  et  Sarran;  Molières^ 
Fournier  et  Teissier  ;  Montdardier,  de 
Montdardier  ei  Michel;  Meyrueis,  Co- 
derc  et  Camat.  Boyer  remplit  les 
fonctions  de  vice-président^  Dumas, 


Kœ 


—  465  — 


ROË 


de  Dnrfort^  et  Blanc^  de  Fiorac^  celles  ^ 
de  secrétaires.  Ce  synode  prit,  au  sujet 
de  la  célébration  du  dimanche^  une  dé- 
cision qui  ne  témoigne  pas  en  faveur 
des  lumières  du  clergé  protestant  des 
Cevennes  à  cette  époque.  Il  défendit 
non*seulement  de  vendre  et  d'acbeter^ 
mais  «  de  se  faire  raser  »  le  jour  du 
Seigneur,  et  invita  les  ministres^  les 
consistoires  et  les  magistrats  eux-mê- 
mes à  tenir  la  main  à  Texécution  de  ce 
décret.  Ce  rigorisme  pbarisaïque^  si 
contraire  à  l'esprit  de  l'Evangile^  était 
très-propre  à  aplanir  les  voies  au  ca- 
tholicisme^ en  habituant  lesProtestants 
à  substituer  des  pratiques  extérieures 
à  la  véritable  contrition.  Il  est  beau- 
coup plus  facile  de  passer  sa  vie  dans 
le  repos  que  de  pratiquer  la  vertu.  Heu- 
reusement le  peuple  montra  plus  de  bon 
sens  que  ses  guides  spirituels.  Le  dé- 
cret ne  fut  pas  observé,  quoique  re- 
nouvelé à  plusieurs  reprises. 

RŒiDERER  (Jeàn-Georges)^  mé- 
decin et  chirurgien  céièbre,  professeur 
de  médecine  à  Gdttingue^  membre  de 
l'Académie  de  St-Pétersbourg,  de  l'A- 
cadémie de  chirurgie  de  Paris,  des  So- 
ciétés royales  d'Upsal  et  de  Gôttingue^ 
naquit  à  Strasbourg,  le  15  mai  1726. 
Après  avoir  terminé  ses  études  dans 
sa  ville  natale  (oii  il  prit  le  grade  de 
docteur  en  \  750),  et  avoir  suivi,  pen- 
dant plusieurs  années,  les  leçons  des 
plus  célèbres  écoles  de  TEuropé^  il  fut^ 
à  la  recommandation  de  Haller,  appelé 
à  Gôltingue,  en  1751^  comme  profes- 
seur extraordinaire  de  médecine  et 
d'accouchement.  Nommé  professeur  or- 
dinaire en  1755,  il  obtint,  en  1759,  le 
titre  de  médecin  du  roi  d'Angleterre. 
Sa  réputation  était  si  grande  qu'on  le 
consultait  des  pays  les  plus  éloignés.  U 
termina  sa  carrière  à  Strasbourg,  le  4 
avr.  1 763,  pendant  un  voyage  qu'il  fai- 
sait à  Paris.  Il  n'a  pas  publié  d'ouvra- 
ges d'une  étendue  bien  considérable; 
mais  ses  opuscules  sont  nombreux  et 
tous  intéressants,  quelques-uns  pas- 
sent pour  des  chefs-d'œuvre.  En  voici 
la  liste  : 

I.  Diss.  inaug.  exhiiens  decadem 


duplam  thesium  medicarum,  Arg. , 
1750,  In-i». 

II.  Diss,  de  fœtu  perfecto,  Arg.,* 

1750,  in-40. 

III.  Progr.  de  axi  pelvis,  G(>tting., 

1751,  in-i». 

IV.  Oratio  de  prœstantiâ  artis  o6- 
stetriciœ,  quœ  omnino  erudilum  de- 
cet,  Gdtl.,  1751,  in-4«. 

V.  Elementa  artis  obstetridœ,  Gôtt. , 

1752,  ln-8o;  2«  édit.  augm.,  1759, 
in-8«  ;  3«  édit.  annotée  par  Wrisberg, 
1766,  in-8»;  trad.  en  franc.,  Paris, 
1765,  in-S». 

VI.  Pr,  observationum  medicarum 
de  suffocatis  saturdy  GOtt.,  1754,  4*. 

VII.  Diss.  de  uteri  scirrho,  Gôtt., 
1754,  in-4*,  avec  planches. 

VIII.  Diss.  de  nonnuHiif  motûsmus^ 
cularis  momentis,  Gdlt.,  1755,  in-4». 

IX.  De  vi  imaginationis  in  fœtum 
neyatâ,  Petropoli,  1756,  in-4o;  trad. 
en  allem.,  Leipz.,  1758,  in-4o. 

X.  Observationum  medicarum  de 
par  tu  laborioso  décades  duœ,  Gôtt., 
1756,  in-40. 

XI.  Dm.  utrùm  naturalibus  prœ- 
stent  variolœ  artificiales,  Gôtt.,  1 757^ 
in-4». 

XII.  Diss,  de  temporum  in  gravidi^ 
tate  etpctrtu  œstimatione,  GÔtt.,  1 757, 
ln-4». 

XIII.  Pr,  de  genitalibus  xHrorum^ 
GOtt.,  1758,  in-4». 

XIV.  Observationes  ex  cadaveribus 
infantum  morbosis^  GOtt.,  1 758,  in- 
4». 

XV.  Pr,  de  fœtu  observationes,  Gôtt., 
1 758,  in-4'>. 

XVI.  Pr.deanimaliumcalorefGii{X.f 
1758,  in-4». 

XVII.  Diss.  de  non  damnando  usu 
perforatorii  in  paragomphosi  ob  capi- 
tismolem,  Gôtt.,  1758,  in-4<>. 

XVIII.  Paralipomena  de  vomitoriO' 
rum  usuy  GOlt.,  1758,  in-4». 

XIX.  Diss.  de  catarrhe  phthisin 
mentiente,  GOtt.,  1758,  in-4«. 

XX.  Diss,  de  oscitatione  in  eniocu, 
Gôtt.,  1758,  in-4«. 

XXI.  Pr.  de  ulceribus  utero  moles^ 
tis,  GOtt.,  1 758,  in-4*. 


Rtk        -m-       RtÉ 

ij.  Diss.  de  valvMlicotifXri.Kl  ihsi 

pqLSLI?({EusÉE).nialhèmattçien, 
asironoiiie  et  médecin,  né  probable- 
mçiil  à  Hayucnau,  ou  il  exerçall  soa 
arl,  lors(iiic{;eûrBes-Ican(le  Velflenz, 
coinle  yalalin,  le  nomma  son  conseil- 
ler, el  moi'l  k  Ùoaj>Àlller,  OQ  ignore 
en  (tuelle  année.  Anlmf  d'une,  piélf 
siDcbre el éclairé<c,  RtislinèUii  du pcitt 
nombre  de  ces  lionimes  sages  et  mo- 
dérés, qni  voyaient  avec  tin  vif  cha- 
grin les  deux  Eglisci*  protcslariies  se 
persécuter  rcciiiroijnemenl;  Il  con- 
damnait le  v'ck  ranuli(|uc  des  Ibëolo- 
giefls  de  son  lemjis  (jui  s'aaaihémall- 
saieiil  au  lieu  lin  s'unir  contre  l'cnne- 
niun,  cl  il  eut  le  courage  de 
(crleuienl  ce  qu'il  pensait  de 
leur  inconceyuble  folie,  il  liésita  d'au- 
tant moin;,  que  le  conilc  palatin  lui 
avait  ri^pélË  Âpuvent  :  "  Si  l'un  voulait 
suivre  les  piisteurà  de  nos  jours,  lU 
nous  rani Uniraient  au  point  ob  nous 
en  plions  lorsiiiio  nous  avions  ^  sup- 
poilcr  ic  joug, de  s  prêtres  de  Rome,  p 
Avec  de  pareils  senlinients.  Il  àepoa- 
vall  JCMiiler  la  Formule  de  concorde; 
aussi  tut-il  accusé  de  cr^plo-cslvlols- 
me  et  oblij^é,  aprts  là  ttiorl  dé  Geor- 
g^a-Jeas,  de,  se  Boamètlrè  &  dné  èi^ 
4jfëie  sur  S9,  roi,  e^prés^iif«  âujenne 
Qonile,  de  sa  temme  et  de  la  daclies» 
doùàirtbré  de  Wurtemberg.  Il  a  rendu 
compte  de  celte  imjul^iUon,  digne  dn 
salnl-ollice,  dans  un  éci-il,  daté  de 
Iiuu\n)Ucr,  U  juin.  1613,  qui  n'a 
point  été  imprimé  el  dont  voici  le  ii- 
Ire  ;  Bfschrcibunii  des  Gespr/i'cfis  m 
der  Pfah^ravr  ,  etc.,  :u  Xiirlïngen 
in  (ilanhenssachen  <vidermich  gefilh- 
Tel.  il  y  déclare  qu'il  appartient  & 
l'Eglise  calhnligué  universelle,  telle 
qu'elle  existe  depuis  la  création  du 
monde  et  telle  qu'elle  c\islora  Jusqu'à 
la  Dn  des  siècles,  copimc  Lutber  t'a 
reconnu  à  la  diète  de  M'omis;  qu'il 
est  attaclié  de  toiil  rsur  h  celle  vieille 
foi  lulhérienno  i  mais  que  le  iMe  in- 
Lulhériens  cause 


XXU.  Otiservationéi  H  cerUro, 
Gdtl-,  1159,  \D-i'. 

XXIII.  Icônes  uleri  kumani  otjser- 
valionibus  tUus'rato,  G0ll.,i7S9,in- 
rol.;  1764,  In-fol. 

XXIV.  Diss.  de  raueilale,  CiiU., 
1159,  iti-*".  ,  (,    ,     . 

giam  informante,  sive  du  m<»h'ofà  ho- 
minis  naïuTâ,  GW,,  i7S9.  in-t°. 

XXVI.  dbi.  de  ossium  niiïs,  GUtl., 
li6Q,  in-4". 

XXVII.  Pr.  de  arcubtts  tendinfis 
muscubtrum  origimbui,  Gitli.,  1760, 
la-i". 

XXVn!.Pr.deI^BnM,bistl.,i-i6Q,*». 

XXIX.  Pr.  de  morsucanis  rabai  sa- 
nato,  GÛtt.,  iTfiO.  in-*". 

XXX.  Pr.  de  jebreex  inlermtUente 
cmtinud,  GOI,t..  176O,  ia-i«. 

XXXI.  Diss.  de  pûlrhonum  scirrho, 
G8lt.,  1762,  In;!". 

XXXll.i)ùs.(JemorDomucoso,i)tiU., 
I'i62,  in-4';  1783,  ih-8»,  ,, 

XXMII.  Diss.  de  porrigine,  Gotl-, 
1762,  in-*». 

XXJdV.  fr.  de  fiAt^t»  infantum 
ttervoad,  Gttlt.,  1762,  in-*'. 

XXXV.  Diss.  de  Tachitidt,  G'ùU., 
îlèi,  in-4». 

XXXVI.  Opuscula  medica,  iparsim 
priùs  édita,  nunc  demum  collecta. 
Coll.,  1765,  î  vol.  jn-i». 

.  Btiderer  a  été  un  des  collaborateurs 
dé  là  Bibliotlt.  britaniijiiue,  du  JUajsa' 
zin  de  Hanovre,  des  Gblting.  gelelirle 
Anieigen(de  17S3à,ni)3),  Ou  trouve 
aussi  des  articles  de  loi  dissémiaés  dans 
les  Comment.  Soc.  regix  scient.  COU., 
câmmeT.  II;  De  molâ;  —  l.  III  :  De 
çommunicatione  uterigravfdi  et  p£]- 
centtBl — T.  IV  ;  De  pônkerUms  el  Jon- 
gittidine  infantum  recens  natomm; 
Fiflûs  parasilicidescripiià';  —  t.  V; 
t^e^ricfe  monstrosis  descrtptio. , 
.  A  UmËméfamilleappartenali/eiin' 
Michel  Rdderer,  né  à  Slrasbourg,  en 
1740,  médecin  accoucheur,  el,  pen- 
danl  on  an,  protesseui;  d'auatonlie  el 
de  chirurgie,  dont  oii  a  : 

1.  EiperimenliqciTcànaluTambilis, 
Arg.,  1767,  in-4». 


beaucoup  de  mal  et  <}a'lli)ourrali  bien 
ieièr^  àvaitl  'pài,  ixibl>lre  dans  ia  ^lus 


ROE 


-iW- 


ROË 


étnmge  confnsf  on.  La  guerre  de  Trente 
ans  ne  donna  que  trop  tôt  raison  au 
prophète.  M.  ROhrich,  à  qui  nous  em* 
pruntons  cet  article^  ne  nou3  iait  con* 
naître  que  trois  des  ouvrages  imprimés 
de  R6slin  :  Mittemàchtische  Schiiff' 
farth;  Prodomus  chronoîogicùs ,  ei 
Des  Elsàss  undyegen  Lotringen  grent^ 
zenden  Wassgawischen  Gebirgs  Gelt" 
genheity  publié  à  Strasbourg,  chez  Ber- 
nard Jobin,  1 593,  in-8*.  Nous  y  ajou- 
terons, d'après  Jôcher  :  Von  dem  war- 
men  Bade  zu  Niederbrun,  Strasb.^ 
1595,  in-8»;  —  Hypothèses  de  opère 
Dei  crealionis  sive  mundo; — Theoria 
nova  calestium  meteororum  ; —  Ver' 
muthungen  von  Verânderung  des  Ré- 
giments bis  i  604  ;  —  De  prœmaturd 
solis  apparitione  in  Nova  Zcmblâ;^ 
Discours  in  welcJiem  Jahre  seines 
Alters  Christus  geUtten  habe, 

ROËSSE>  ou  RoissB,  capitaine  hor 
guenot,  qui  s'est  rendu  célèbre  par  sa 
belle  défense  de  Livron,  en  1574. 

Situé  sur  une  colline  escarpée  qui  do- 
mine la  route  de  Valence  à  Marseitfe, 
Livron  était  assez  fort  d'assiette,  maif 
ses  remparts,  qui  avaient  été  rasés  par 
Cordes  après  la  Saint-Barlhélemy^  n'a- 
vaient été  que  très-imparfaitement  re* 
levés  par  Mirabel,  sur  l'ordre  de  Dû 
Puy-iiontbrun,  Montpensier  parut  de* 
vant  la  place  le  1 5  Juin.  Le  30 ,  If^ 
brèche  étant  praticable,  il  donna,  on 
assaut  qui  fut  vaillamment  repoussé^ 
en  sorte  que  le  prince,  harcelé  sana 
relâche  par  Montbrun  qui  tqnail  la 
campagne,  jugea  prudent  de  lever  i^ 
siège.  Henri  ill  voulut  laver  l'affront 
reçu  par  ses  armes,  et  chargea  Belle- 
garde  de  renouveler  l'attaque.  Bien 
qu'il  eût  été  renforcé  par  une  partie 
de  la  garnison  dePontaix,  Roôsse  n'a- 
vait sous  ses  ordres  qu'environ  400 
hommes  et  son  artillerie  ne  consistait 
qu'en  un  seul  fauconneau;  mais  il  était 
animé  d'un  courage  Indomptable,  et  il 
sut  inspirera  ses  soldats  sa  résolution 
de  vaincre  ou  de  mourir.  Les  habitants 
d'ailleurs,  jusqu'aux  femmes  e^aux 
enfants,  le  secondèrent  avec  une  intré- 
pidité extraordinaire. 


Lé  24  déc,  dix-huit  pièces  de  ca- 
non (22,  selon  de  Serres)  commencè- 
rent à  foudroyer  \i\  placé.  Le  lende- 
main, les  assiégeants  réussirent  à  se 
loger  dans  une  tour  ;  mais  ils  en  f^rent 
chassés  pendant  la  nuit.  Le  26,  Belle;> 
garde  0t  livrer  un  assaut  général  pa( 
une  brèche  de  mille  pas.  Roësse  fui 
tué  d'une  balle  dans  la  tète  dès  le  com- 
mencement de  l'attaque.  Un  de  seà 
lieutenants  couvrit  le  corps  d'un  man- 
teau, afin  de  cacher  cette  perte  aux 
soldats,  et  on  le^  flt  enterrer  de  nuit 
dans  la  brèche  même.  SaiUet,  qui  dé- 
fendait la  porte  Fontaine,  périt  égale- 
ment; mais  Tennemifut  repoussé  sur 
tous  les  points.  La  ^ai/6,  jeune  homme 
de  23  ans,  très-aimé  des  soldats,  fut 
choisi  pour  remplacer  son  cousin  ger- 
main Roësse;  il  se  montra  digne  de  lui 
succéder  par  son  activité  et  par  son 
courage.  Quoique  souJETrant  d'une  bles- 
sure grave,  il  suflit  atout.  Les  bréchet 
furent  promptement  réparées,  sous  le 
feu  de  l'artillerie  catholique ,  par  let 
soins  de  l'mgénieur  Julier,  Etonné 
d'une  résistance  aussi  vigoureuse  ^ 
Bellegarde  fit  redoubler  les  décharges 
de  ses  batteries  contre  les  portes  Bar- 
rière, Ampech  et  la  Fontaine,  et  eâ 
même  temps,  il  fit  jouer  une  minesooà 
ia  tour  de  la  Fontaine,  mais  sans  gran<l| 
succès  :  l'explosion  fit  plus  de  mal  à  ses 
soldats  qu'aux  assijégés^  Le  8  janvier^ 
un  nouvel  assaut  fut  livré  sops  les  yeiix 
du  roi  lui-même,  qui  s'était  rendu  ai( 
camp.  Depuis  onze  tieures  du  nla^a 

tusqu'à  cinq  heures  du  soir,  on  conir 
iattit  des  deux  côtés  avec  une  fureôr 
extrême.  On  vit  une  femme,  ^teinte. îQ 
trois  blessures,  rester  intrépidemeud 
sur  la  brèche,  et  un  jeune  garçon^  | 
qui  un  boulet  venait  d'emporter  uj^ 
bras,  lai\cer  de  l'autre  des  pierres  sur 
les  assaillants.  L'armée  royale  batju 
en  retraite,  poursuivie  par  lesraillénéa 
et  le^  Insultes,  a  Ah  !  massacreurs^  lui 
criaient  les  habitants,  vous  ne  noo^ 
poignarderez  pas  en  nos  lits,  comme 
vous  avez  fait  l'admirai  et  les  autres. 
Amenez  nous  ces  mignons  godronnes 
et  parfumez;  qu'ils  viennent  Voir  nos 


ROE 


—  468  — 


ROG 


femmes  :  elles  leur  apprendront  si  c'est 
proye  aisée  à  emporter.  » 

Le  1 1  janv.^  Montbrun  parvint  à  Je- 
ter un  faible  secours  dansLivron  sous 
les  ordres  de  Blacons  et  de  Villars. 
D'autres  capitaines,  comme  Lesdiguiè' 
res  et  Villedieuy  réussirent  aussi  à  s'y 
introduire  avec  quelques  hommes  et 
quelques  munitions.  Désespérant  d'em- 
porter la  place,  les  Catholiques,  affaiblis 
par  les  pertes  qu'ils  avaient  éprouvées, 
par  les  attaques  incessantes  de  Mont- 
brun  et  par  les  maladies,  se  décidèrent 
enfin  à  lever  le  siège,  le  1 9  Janv.  1 575. 
«  La  retraite  de  l'armée,  dit  M.  Long 
(La  Réforme  et  les  guerres  de  religion 
en  Dauphiné),  fut  accompagnée  de  mo- 
queries, d'injures  et  d'atrocités  com- 
mises par  les  femmes  sur  les  cadavres .  » 

Une  famille  du  nom  de  Roësseetpro- 
testante  habitait  la  Normandie.  Du  ma- 
riage de  Jean  do  Roësse,  sieur  de  Co- 
lombières,  avec  Marie  Foucault,,naquit 
Louis,  sieur  de  Feugueray,  qui  épousa 
Anne  de  Grosmenil  et  en  eut  quatre 
fils  :  Adrien,  Pierbe,  Louis  et  Akce- 
LOT.  Adrien  épousa  Marie  de  Com" 
bUmy  qui  ie  rendit  père  de  Jean,  ma- 
rié à  Marie  de  Croiœmare;  nous  ne 
savons  si  cette  branche  persista  dans 
la  profession  de  la  religion  réformée 
{Fonds  St.'Germ.  franc,,  N»  676); 
mais  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  quant 
aux  descendants  de  Pierre ,  sieur  de 
Feugueray,  qui  prit  pour  femme  Barbe 
deMartinville.  Nicolas,  son  fils,  mou- 
rut jeune.  Il  avait  épousé,  Jeanne  de 
MiffauU  ou  Minfault,  qui  se  remaria, 
en  1595,  avec  Pierre  de  La  Haye.  Son 
flls,  nommé  aussi  Nicolas,  eut  de  sa 
femme,  Anne  Pitreson,  Jean,  sieur  de 
Feugueray,  et  Isa  ac,  sieur  de  Greaume, 
selon  le  msc.  cité  plus  haut.  Une  pièce 
conservée  aux  Archives  (Tt.  !>30)  lui 
donne  pour  fils  Nicolas,  père  de  Jean, 
sieur  de  Beuzevilette,  qui  après  la  dé- 
molition du  temple  de  Lintot ,  en  J  681, 
demanda  la  permission  de  faire  l'exer- 
cice du  culte  réformé  dans  sa  terre.  Le 
sieur  de  Beuzevilette  est  surtout  connu 
dans  Thistoire  des  églises  par  le  ridi- 
cole  procès  qu'il  soutint  pendant  long- 


temps contre  Gui^iaumeScot,  sieur  de 
La  Mésangère,  au  sujet  d'un  banc  dans 
l'église  de  Quévilly  [Arch.  gén.  Tt. 
258). 

ROGER,  marchandde  Rouen,  avait 
épousé  Anne  Des  Essarta  et  en  avait 
dé]à  eu  six  enfants,  lorsque  les  désor- 
dres de  cette  femme  le  forcèrent  à  se 
séparer  d'elle.  Moyennant  une  pension 
viagère,  elle  renonça,  par  acte  homo- 
logué au  bailliage  de  Rouen,  à  toute 
espèce  de  droits  sur  ses  enfants,  même 
aies  voir.  Roger  étant  mort,  les  Jeunes 
orphelins  passèrent  donc  sous  la  tu- 
telle de  leur  grand-père  et  furent  mis 
en  apprentissage  les  uns  à  Paris,  les 
autres  à  Londres.  Peu  de  temps  après, 
Anne  Des  Essarts  se  fit  catholique,  en- 
tra aux  Nouvelles-Catholiques  de  Rouen 
et  redemanda  ses  enfants.  Le  tuteur  ne 
voulut  point  les  lui  rendre,  s'appuyant 
sur  les  scandales  de  la  vie  de  leur  mère, 
sur  le  testament  du  père,  sur  l'acte  de 
tutelle  et  sur  la  volonté  de  la  famille 
de  les  faire  élever  dans  la  religion  ré- 
formée. La  loi  était  pour  lui  ;  mais  les 
tribunaux  se  souciaient  bien  de  la  loi, 
quand  il  s'agissait  de  religionnaires  ! 
Le  bailliage  de  Rouen  condamna  le  tu- 
teur par  sentence  du  26  fév.  1677. Les 
commissaires  de  l'édit,  devant  qui 
Taïeui  des  enfants  se  pourvut,  défen- 
dirent provisoirement  de  mettre lasen- 
tence  à  exécution.  Anne  Des  Essarts  en 
appela  au  parlement  qui,  par  un  arrêt 
tin  'peu  étrange^  dit  M.  Ploquet,  évi- 
demment par  euphémisme,  ordonna  à 
Roger  de  faire  revenir  les  enfants  qui 
étaient  à  Londres  et  à  Paris,  et  Ty  con- 
damna par  corps,  le  8  mars  1678.  Le 
tuteur  en  appela  au  Conseil  qui  fit  jus- 
tice de  cet  arrêt  inique,  le  20  juin  1678. 
«  A  Rouen, ajoute  M.  Floquet, on  ren- 
dit bien  des  arrêts  semblables,  en  tel 
nombre  qu'on  ne  le  saurait  dire,  et 
souvent  exécutés,  toutes  les  familles 
n'ayant  ni  le  temps  ni  les  moyens  de 
se  pourvoir  au  Conseil,  et  d'autres  y 
échouant  parce  que  les  affaires  y  avaient 
paru  moins  favorables.  » 

ROGER  (Jacques),  né  à  Boissières, 
dans  le  Languedoc,  vers  1665^  se  coo- 


ROG 


—  469  — 


ROG 


sacra  de  bonne  beure  à  l'édification  de 
ses  frères^  et  prêcha  dans  le  Daupbiné 
depuis  1 708  jusqn'en  i  7  i  1 ,  où  il  sortit 
do  royaume.  Il  revint  en  France  en 
i  7  J  5,  après  avoir  reçu  la  consécration 
dans  leWiirtemberg^  et  pendant  trente 
ans  encore^  il  remplit  les  fonctions  du 
ministère  au  milieu  des  périls  et  des 
privations.  Un  synode  provincial^  te- 
nu le  7  mai  1744,  ayant  arrêté  qu'à 
l'exemple  du  Languedoc,  les  assemblées 
religieuses  auraient  lieu  à  l'avenir  en 
plein  jour  et  publiquement,  l'ordre  fut 
exécuté  le  24,  jour  de  la  Pentecôte. 
C'était,  il  faut  l'avouer,  plus  que  da 
courage ,  c'était  de  la  témérité  ;  car 
cette  année  même,  le  25  mars^  le  par- 
lement de  Grenoble  avait  décerné  prise 
de  corps  contre  Jacques  Vieux  et  de 
Raugier,  et,  le  23  avril,  il  avait  fait  ar- 
rêter la  dame  Bouvat  et  sa  fille,  soup- 
çonnées d'avoir  assisté  aux  assem- 
blées du  désert.  Les  Protestants  da 
Daupbiné  ne  s'aveuglaient  certaine- 
ment pas  sur  les  dangers  qu'ils  cou- 
raient; mais  ils  voulaient  prouver 
qu'ils  n'étaient  pas,  comme  on  en  ré- 
pandait le  bruit,  «  une  misérable  poi-* 
gnée  de  fanatiques.  »  Le  but  qu'ils  se 
proposaient  fut  atteint  en  partie  ;  sea- 
lement  leur  audace  exaspéra  le  clergé 
romain.  Roger,  qui  avait  présidé  une 
assemblée  le  7  juin,  fut  dénoncé  an 
roi  comme  ayant  lu  en  chaire  un  pré- 
tendu édit  de  tolérance.  Louis  XV,  qui 
se  trouvait  alors  dans  son  camp  devant 
Ypres,  fit  écrire  au  premier  président 
du  parlement  que  son  intention  n'ayant 
jamais  été  de  déroger  aux  lois  établies, 
Il  lui  ordonnait  de  démasquer  l'impos- 
ture du  prédicant.  Cette  lettre  fut  le 
signal  d'un  redoublement  de  perséca- 
tions,  et  l'infortuné  Roger  ne  tarda  pas 
à  être  la  victime  de  la  servilité  des 
tribunaux.  Le  29  avril  1745,  il  fut 
arrêté  dans  un  lieu  appelé  les  Pe- 
tites-Vachères et  conduit  à  Grenoble. 
Le  22  mai ,  le  parlement  le  condam- 
na au  dernier  supplice.  Ramené  à 
la  prison,  il  demanda  en  grâce  qu'on 
lui  laissât  quelques  instants  poar  se 
préparer  à  la  mort.  Celte  faveur  loi 


fut  accordée.  Il  en  profita  pour  exhor- 
ter à  la  persévérance  plusieurs  pro- 
testants qui  attendaient  leur  jugement, 
et  pour  leur  témoigner  sa  joie  d'avoir 
été  trouvé  digne  desceller  de  son  sang 
la  v^ité.  A  quatre  heures  du  soir,  le 
bourreau  l'avertit  que  le  moment  é- 
tait  venu  de  marcher  au  gibet.  Deux 
jésuites  se  présentèrent  en  même 
temps  pour  l'accompagner  ;  mais  il  les 
pria  de  ne  point  troubler  son  recueil- 
lement par  d'inutiles  discours.  11  sortit 
ensuite  de  la  prison,  en  récitant  à 
haute  voix  le  psaume  Lf,  escorté  par 
cinquante  soldats  et  deux  tambours 
qui  ne  cessaient  de  battre  la  caisse. 
Arrivé  sur  la  place  du  Breuil,  il  se  mit 
à  genoux,  fit  sa  prière  et  monta  l'é- 
chelle fatale  avec  la  même  intrépidité 
qu'il  avait  montrée  jusque-là.  Son  corps 
resta  pendant  vingt-quatre  heures  at- 
taché à  la  potence,  puis  il  fut  jeté 
dans  l'Isère. 

ROGIER  (Jean),  sieur  d'Irais,  se- 
crétaire du  duc  de  La  Trémoille,  fut 
employé,  dit  FiUeau,  à  diverses  négo- 
ciations avec  les  Protestants,  et  assista 
aux  sièges  de  La  Rochelle  et  de  Saint- 
Jean-d'Angély,  où  il  se  comporta  vail- 
lamment. De  son  mariage  avec  Jeanne 
David,  qui  était  veuve  en  1648,  na- 
quirent cinq  enfants  :  t»  Louis,  qui 
suit  ;  —  2»  Henri  Charles,  sieur  de 
Rolhemond,  marié  à  Elisabeth  Tessier 
et  père  de  Charles,  Jean-Henri  et 
Marie-Émilie;  —  30  Jean,  sieur  de 
Belleville,  dont  les  descendants  ne  per- 
sistèrent pas  dans  la  profession  de  la 
religion  réformée; —  4*  Charlotte; 

—  5«  Varie,  femme,  en  1649,  de  Ga- 
briel de  Marconnay,  sieur  de  Villiers. 

Louis  Rogier,  sieur  d'Irais  et  de 
Thiors,  épousa,  en  1655,  Gasparde 
Lambert,  dont  il  eut  :  1»  Charles,  qui 
suit;  —  2«  Elisabeth,  née  en  1668; 

—  30  Marie,  femme^  en  i  683,  de  Ni- 
colas  d'Espinay,  avec  qui  elle  se  con- 
vertit. 

Charles,  sieur  d'Irais  et  de  Thiors, 
baptisé  en  1664,  n'avait  point  encore 
abjuré  en  1700.  Il  vint  à  Paris  sous 
prétexte  de  se  faire  instruire;  mais  il 


RQH 


-470^ 


RpH 


i^ep^rti^  sans  s'ètfe  converti.  Le  minis- 
fre  d'Etat  trouvant  cette  conduite  pins 
que  suspecte,  le  Ût  enfermer  au  cbjllleau 
de  Nantes  (Arcb.  gén,  E.  5386).  Selon 
Filleau,  c«  ne  serait  pas  Charles  Ro- 
gier^  mais  bien  le  ûl§  qu'il  avaif  eu  de 
son  mariage  avec  àfarie  de  Lo^e,  et 
qui  se  nommait  René-Charles,  qui 
aurait  été  mis  dans  )a  prison  d'Etat 
cprome  linguenot  opiniâtre.  Mais  s'il 
est  vraj^  ainsi  qu'il  l'affirme^  qqe  le 
mariage  de  Charles  Rogier  se  soi^  cé- 
lébré seulement  en  1688,  le  seu|  rap- 
prochement des  (fates  suffit  pour  mpn* 
|rer  qu'il  s'est  trompé. 

Rpif  AN,  nom  d'une  des  plus  an- 
ciennes et  des  plus  illustres  familles 
(ie  France^  descendant  des  anciens 
Qonverains  de  la  Bretagne  çt  alliée  aux 
maisons  royales  de  Navarre  et  d'Ecosse . 
0n  connaît  sa  Ûère  devise  : 

Roi,  je  ne  paii, 
Duc,  je  ne  daigne, 
Rohan  je  sais. 

René  I  de  Rohan^  tom|)é  en  i  552  sur 
le  champ  de  bataille^  avait  épousé  Isa- 
belle (i'i/6fe(,  tante  de  la  reine /eanne 
d'Albret,  qni^  après  la  mort  de  son  ma- 
ri ,  embrassa  ouvertement  la  religion 
réformée,  avec  ses  cinq  enfants  :  l« 
Benri^  vicomte  de  Rohan,  prince  (}e 
|uéon^  comte  de  Porhoët,  seigneur  de 
Beauvoir  et  de  La  Garnache.  Perclus 
de  gouttes,  Henri-le-Goutleux^  comme 
on  l'avait  surnommé,  ne  porta  pas  les 
firmes  pour  la  Causc^  mais  il  se  mon- 
tra le  zélé  protecteur  de  ses  coreli- 
gionnaires. Us  trouvèrent  toujours  dans 
son  château  de  Blain  un  sûr  asile  contre 
la  persécution,  et  le  libre  exercice  de 
leur  culte,  qui  y  était  célébré  par  Thié- 
batid  Léger,  ancien  aumônier  du  vi- 
comte, Isabelle  d'Albret,  ayant  obtenu, 
en  1560,  par  le  privilège  de  sa  nais- 
sance, la  permission  d'avoir  un  minis- 
tre pour  elle  et  sa  maison.  L'église  de 
Blain  était  donc  très-nombreuse.  De 
l'aveu  de  dom  Taillandier,  toute  la  no- 
blesse du  canton  et  tous  les  gens  ri- 
ches avaient  embrassé  la  religion  pro- 
testante. Les  officiers  du  vicomte  en 
faisaient  tous  profession;  quelques- 


pi^  même  étaient  ançi^  de  Tégli- 
^  (1).  Henri  de  Roban  jDoîourat  le  26 
juin  f  575,  ne  laissant  de  son  mariage 
(en  }566)  avec  Françoise  de  Tourne- 
mine  y  qu'une  011e  Judith,  qui  le  suivit 
de  très-près  dans  la  toml^e.  Sa  veuve 
abjura  en  1585.  —  2^  Jean,  sieur  de 
FaoNTENAY,  qui  porta  les  armes  pour 
la  Cause  dès  la  première  guerre  civile^ 
où  il  commanda  un  régiment  de  gens 
4e  pied.  ))  suivit  Condé  à  prléans, as- 
sista apx  conférences  du  prince  avec 
la  rèinè-mère,  brûla  Arcueil,  lorsque 
rarinée  huguenotte  quitta  ses  positions 
sous  les  murs  de  Paris,  et  combattit 
^  Dreux,  pès  lors  |es  historiens  de  nos 
troubles  r^îi^ieùxnefont  plus  mention 
fie  lui,  jusqu^à  la  ^aint-^arthélemy. 
f!lomme  il  s'était  logé  au  faubourg 
Saint-Germain,  il  échappa  aux  égor- 
lueurs  avec  quelques  a;^(res  gentilshom- 
mes aussi  prévoyants  quelij}  ;  Secousse 
se  trompe  quand  il  dif  qu'il  fut  une 
des  victimes  du  ipassacre.  On  ne  con- 
naît pas  la  date  précise  (fe  sa  mort; 
on  sait  seulement  qu'il  précéda  son 
frère  aîné  dans  la  tombe.  Son  mariage 
avec  Diane  de  Barbançon-Cany,  nièce 
de  la  duchesse  d'Etampes,  resta  stéri- 
le; —  Z""  René,  sieur  de  PoRTiVY,qui 
suit;  —  40  Louis,  sieur  de  Gié,  mort 
sans  alliance  ;  —  5<»  Françoise,  dame 
de  La  Garnache,  qui  épousa  le  cfuc  de 
Nemours  par  parole  de  présent.  ILors- 
que  le  vieux  duc  vit  Anne  d'Esté, 
veuve  du  duc  de  Guise,  disposée  à  l'é- 
pouser, il  chercha  querelle  à  sa  femme 
sous  prétexta  dé  religion,  et,  fejgnànt 
des  scrupules  de  conscience,*  il  dpman- 

(i)  Crerain  nous  a  conserré  les  noms  de  quel- 
ques-uns 4ë  ces  olfîeiers.  Les  ▼oiei  :  Pierrt  de 
Le8pinayf9ïeuTùuCh%!UvdlfGuiUammidt  TekU- 
kiCj  sieur  de  La  Roche,  capitaine  de  Blain,  le 
sieur  de  Dr&nneuc,  Etiennf  Bidé,  sieor  de  La 
Babinais,  lieutenanl  de  Blain,  Simon  Bidé,  pro- 
cureur Ûscal,  Margai-in  Boni  f  ace  ^  marèdul  de 
salle,  Paul  d'Atpremontf  rontrdleur,  Amadour 
d*Artiganouef  capitaine  de  La  Garnache,  ancien 
de  réglisede  Blain,  Jean  Le  Bai,  grefller,  aussi 
ancien,  ./ar9ttf«  Le  i?or9n^,sieur  deLaCoslière, 
et  Ckritlopke  de  Chaurai»,  matlres  d'hôtel,  Jean 
Gauthiety  argentier,  Jean  iN'oft^t,  tailleur,  Gnit- 
laume  CroiiemaiUey  sieur  de  L'hle,Talet  de  cham- 
bre, Françoit  GourH,  chflteiftin,  Nùolat  Yin- 
emi,  concierge. 


BO0 


-^i^ 


«Ht 


d^  le  divorce.  Le  parlemept  40  Pari^ 
étail  animé  de  septiments  IropbosUle^ 
envers  les  Huguenots  poar  ne  pa$  I0 
satisfaire  ;  il  déclara  nul  le  mariage, 
en  1 566,  quoiqu'il  en  fut  né  un  fils,  qui 
continua  h  se  Caire  appeler  Henri  de 
Savoie ,  prince  de  Genevois.  C'était, 
dit  de  Tbou,  juvenis  secors  et  tanio 
nomine  indignus.  Sa  mère  l'avait  en- 
voyé à  La  Rochelle, pensant i^ans  doute 
qu'il  y  serait  plus  en  sûreté  que  par- 
tout ailleurs;  mais  ne  trouvant  point 
à  se  livrer  à  la  dissipation ,  comme  il 
le  désirait,  dans  l'austère  cité  protes- 
tante, le  jeune  prince  se  retira  à  La 
Jarne,en  1577.  Mal  lui  en  prit.  Le  gou- 
verneur de  Eocbefort  le  fit  enlever  et 
conduire  dans  le  château  d'Angouléme, 
où  il  fut  étroitement  gardé  pendant 
longtemps.  Mayenne  lui  ayant  rendu 
la  liberté,  il  fit,  sous  les  ordres  de 
Condé,  la  campagne  de  i585  ;  mais 
il  ne  joua  aucun  rôle  important  dans 
le  parti;  peut-être  même  abjura-t^il 
avec  sa  mère,  en  1588.  Il  ipourut  en 
1596,  sans  avoir  été  iparié,  laissant 
un  bâtard,  Samuel  de  Nemours,  sjeur 
de  Villeman. 

Né  en  1 550,  René  U  de  Rohan,  sieur 
de  Pontivy^  fut  un  des  premiers  capi- 
taines de  son  temps.  A  un  courage  in- 
trépide, il  joignait,  au  témoignage 
d'Arcère,  une  vertu  à  répreuve,  une 
conduite  franche  et  ouverte,  éloge  con- 
firmé par  de  Thou  qui  qualifie  René 
de  Roban  de  tir  probus  et  candidis 
moribus. 

Plusieurs  écrivains  affirment  que  le 
jeune  flohan  suivit  le  parti  de  Condé 
dès  la  première  guerre  civile;  mais  ils 
l'ont  évidemment  confondu  avec  son 
frère  Jean.  Il  est  possible,  comme  ils 
le  prétendent,  qu'il  ait  combattu  à 
Monconlonr;  seulement  ils  se  trom- 
pent encore ,  croyons-nous,  lorsqu'ils 
ajoutent  qu'après  la  perte  de  la  bataille, 
Collgny  lui  confia  la  défense  d'Angou- 
lème  :  ils  n'ont  pas  réfléchi  qu'à  cette 
date,  Pontivy  n'avait  pas  atteint  sa 
vingtième  année.  Pour  nous,  nous 
croyons  que  son  premier  exploit  fut  la 
défense,  en  1569,  de  Beauvoir,  qu'il 


rendu,  faute  d'eau,  après  dooze  jours 
de  siège,  aux  conditions  les  plus  bo- 
9K)rable8.  Il  se  relira  à  La  Rochelle 
auprès  de  Jeanne  d'Albret,  qui  le 
nomma  son  lieutenant  général  et  pro- 
posa aux  Huguenots  de  l'Angoumois  et 
de  la  Saintonge  de  le  reconnaître  pour 
général  en  chef  jusqu'à  la  guérison  de 
La  Noue,  L'habile  princesse  voulait 
mettre  fin  à  de  dangereuses  divisions 
qui  s'étaient  déclarées  entre  les  prin- 
cipaux capitaines  pour  le  commande- 
ment ;  elle  espérait  que  sa  parenté  avec 
Pontivy  ferait  passer  sur  sa  jeunesse. 
L'attente  de  la  reine  de  Navarre  ne  fat 
pas  trompée,  et  Rohan,  qui  était  né 
soldat,  se  montra  digne  de  marcher  à 
la  tête  de  tant  de  vaillants  guerriers. 
A  peine  revêtu  du  commandement,  U 
expédia  des  ordres  de  tous  côtés  pour 
le  rassemblement  des  troupes.  Pont- 
l'Abbé,  où  il  fixa  le  rendez-vous  géné- 
ral, vjt  arriver  successivement  dans 
9CS  wprs,  La  Rochebeaucourt,  gou- 
verneur d'Angouléme,  Thors,  gouver- 
neur de  Cognac,  Saint- Auban,  Sainte- 
Terre,  Cognée,  Chaumont,  Ferrières 
avec  leurs  cornettes  de  gendarmerie  ; 
Poyçt  (i\ayet ,  selon  La  Popelinièr^, 
flacons  et  Glandaye  à  la  tête  de  leurs 
régiipents  d'infanterie;  Bretauville à- 
vecdeux  compagnies  du  régiment  d'i«- 
nières  ;  La  Rochefoucauld  avec  les  Hu- 
guenots du  Poitou.  Toutes  ces  forces 
réunies  marchèrent  contre  les  lies  de 
la  Saintonge.  Marennes  fut  pris,  Broua- 
ge ,  assiégé  par  terre  et  par  mer,  lïe 
tint  que  huit  jours,  l'Ile  d'Ûléron  fut 
soumise  presque  sans  résistance,  et 
Maraps,  une  des  plus  fortes  places  de 
la  Saintonge,  capitula  après  quelques 
jours  de  siège.  Pendant  que  Pontivy 
était  occupé  à  soumettre  plusieurs  pe- 
tites places  ou  châteaux  tenus  encore 
par  les  Catholiques,  Puy-Gaillard  ren- 
tra dans  Marans,  mais  il  ne  tarda  pas  à 
en  être  chassé.  Maître  de  tout  le  litto- 
ral, le  jeune  général  entreprit  le  siège 
de  Saintes,  au  mois  de  Juill.  15T0. 
Un  feu  terrible  ouvrit  en  peu  de  temps 
une  brèche  praticable  ;  mais  comme  la 
[ilace  était  défendue  p^r  une  gami|j^ 


ROH 


—  472  — 


ROH 


nombreuse  et  toute  la  noblesse  catho- 
lique da  voisinage,  l'assaut  fat  brave- 
ment repoussé.  Pontivy  ne  se  décou- 
ragea point.  Secondé  par  Scipion  Ver- 
gano,  excellent  ingénieur  italien,  il 
serra  la  ville  de  plus  près,  et  la  força 
enfin  à  se  rendre.  La  capitulation  fut 
indignement  violée  par  les  soldats  hu- 
guenots. Us  dévalisèrent  les  vaincus 
et  en  égorgèrent  même  plusieurs,  mal- 
gré les  efforts  de  Pontivy,  qui  tua  de 
sa  propre  main  deux  ou  trois  mutins 
afin  d'intimider  les  autres.  L'armée 
victorieuse  se  préparait  à  mettre  le 
siège  devant  Saint-Jean-d'Angély,  lors- 
qu'on apprit  la  conclusion  de  la  paix. 
En  1 574,  Pontivy,  qui  avait  pris  le 
nom  de  Frontbnat  depuis  la  mort  de 
son  frère  Jean,  se  jeta  dans  Lusignan 
avec  quelques  gentilshommes  (l)  et 
600  soldats  d'élite,  résolu  de  défendre 
la  place  jusqu'à  la  dernière  extrémité 
et  de  ruiner  l'armée  de  Montpensier 
par  la  longueur  du  siège.  Il  avait  sous 
ses  ordres,  entre  autres  vaillants  hom- 
mes de  guerre,  Saint-Gelais^  Vaizet' 
gueS'Seréf  Chouppes,  Luchai,  Terre- 
fort,  Bruneau  y  Bonnet,  Bourgonnière, 
La  Garenne,  Des  Teilles,  Du  Bien, 
Chaillou,  qui  rivalisèrent  avec  lui  de 
courage,  de  constance  et  d'énergie.  Il 
commença  par  raser  la  ville  basse,  où 
l'ennemi  auraitpu  se  loger,  et  sur  rem- 
placement d'un  village  voisin  qu'il  brû- 
la, il  éleva  un  fort,  le  fort  du  Lion, 
dont  la  défense  fut  confiée  au  capitaine 
Terrefort.  Tous  les  travaux  destinés  à 
augmenter  ou  à  réparer  les  fortifica- 
tions, furent  poussés  avec  une  extrême 
diligence;  pourdonnerrexemple,Fron- 
tenay  se  mit  lui-même  à  la  tête  des  tra- 
vailleurs. Il  prit  d'ailleurs  les  mesures 
les  plus  promptes  et  les  plus  sages  re- 
.  lativement  à  Tapprovisionnemenl  de  la 
ville,  ainsi  qu'à  la  distribution  des  vi- 
vres et  des  munitions.  Les  différents 
postes  furent  confiés  à  des  officiers  bra- 
ves et  expérimentés  ;  dans  chaque  quar- 
tier furent  établis  un  ministre  pour 
faire  soir  et  matin  la  prière,  et  un  chi- 

(1)  Selon  de  Thoa,  40;  seloa  LaPopelinièrt, 
60,  etieloD  d'Aubigné,  iM. 


mrgien  pour  soigner  les  blessés.  Mont- 
pensier ouvrit  le  feu,  le  13  oct.  1574. 
Une  batterie  de  vingt  pièces  de  canon 
renversa,en  quelques  heures,  la  murail- 
le sur  une  longueur  de  40  pas  ;  l'assaut 
fut  livré  le  23,  et  très-vaillamment  re- 
poussé. Le  28,  les  assiégés,  conduits 
par  Terrefort,  Du  Bien,  Cbouppes, 
Saint-Gelais  et  Seré,  firent  une  sortie 
et  donnèrent  avec  tant  de  furie  dans 
les  tranchées  de  l'ennemi,  que  tout 
s'enfuit  devant  eux.  Us  enclonèrent 
cinq  canons  et  mirent  le  feu  aux  pou- 
dres, en  sorte  que  Montpensier  dut 
ralentir  les  travaux  du  siège,  qui  ne 
furent  repris  avec  vivacité  qu'à  la  fin 
de  décembre,  après  qu'il  eut  reçu  des 
renforts  et  des  munitions. 

Les  assiégés,  étroitement  bloqués, 
étaient  déjà  réduits  aux  dernières  ex- 
trémités. Tout  leur  manquait,  Jus- 
qu'aux chaussures  et  aux  vêtements 
au  cœur  d'un  rude  hiver.  A  l'exception 
du  blé  —  encore  ne  pouvaient-ils  en 
moudre  en  quantité  suffisante,  faute  de 
moulins, — leurs  vivres  étaient  épuisés. 
«  Les  chats  et  les  rats  étoient  venaison 
et  la  pâtisserie  de  chevaux  étoit  pour 
délices.  »  Frontenay  néanmoins  rejeta 
fièrement  toutes  les  propositions  de 
la  Cour,  résista  aux  instances  de  sa 
sœur,  la  dame  de  La  Garnache,  et  re- 
fusa constamment  d'accepter  un  traité 
particulier.  Après  avoir  ruiné  tontes 
les  défenses  de  la  place  et  percé  les 
murs  de  larges  brèches,  les  Catholiques 
revinrent  donc  à  l'assaut,  la  veille  de 
Noël,  et  pénétrèrent  jusqu'à  la  pre- 
mière porte  du  château,  où,  pendant 
cinq  heures,  on  se  battit  avec  achar- 
nement. Bien  qu'exténués  par  la  faim 
et  les  fatigues,  les  Huguenots  sortirent 
encore  une  fois  vainqueurs  de  la  lutte. 
Cependant  craignant  que  les  souffran- 
ces ne  Jetassent  le  découragement  par- 
mi ses  soldats,  Frontenay  annonça  une 
revue,  à  laquelle  ne  se  présentèrent 
plus  que  80  cuirasses  et  environ  450 
arquebusiers;  puis,  quand  il  vit  réu- 
nis autour  de  lui  ses  vaillants  compa- 
gnons d'armes,  il  leur  déclara  que  s'il 
y  en  avait  parmi  eux  qui  ne  voulussent 


ROU 


—  473  — 


ROH 


plas  sapporter  les  fatigues^  les  priva- 
tions et  les  dangers  d'un  si  long  siège, 
ils  étaient  libres  de  s'en  aller;  tous, 
gentilshommes  et  soldats,  protestèrent 
qu'ils  vivraient  on  mourraient  avec  lui 
pour  la  défense  de  la  religion.  Et 
comme  pour  sceller  leur  serment  de 
leur  sang,  ils  coururent  sur  la  brèche 
repousser  les  assauts  furieux  de  l'en- 
nemi. 

Le  siège  se  prolongea  ainsi  jusqu'au 
25  janvier,  que  Roban  consentit  enfin 
à  accepter  une  capitulation  des  plus 
honorables,  qui  fut  fidèlement  obser- 
vée, grâce,  dit-on,  à  la  loyauté  de  Puy- 
Gaillard,cbargéd'escorterjusqu'enlieu 
de  sûretéla garnison  protestante  et  ceux 
des  habitants  qui  ne  voulurent  point 
rester  dans  la  ville.  «  C'est,  dit  dom 
Taillandier,  en  parlant  de  ce  siège  mé- 
morable (1),  le  plus  fameux  de  tous 
ceux  qui  ont  été  soutenus  pendant  les 
guerres  civiles  après  les  deux  sièges 
de  Sancerre  et  de  La  Rochelle.  Jamais 
on  ne  vit  plus  de  valeur,  d'expérience 
et  de  ressources  dans  un  chef  qu'on 
en  apperçut  alors  dans  le  baron  de 
Frontenai.  11  retarda  autant  qu'il  put 
l'approche  de  l'ennemi,  disputa  le  ter- 
rein  pié  à  pié,  mit  en  œuvre  toutes  les 
ruses  de  la  guerre,  soutint  quatre  as- 
sauts meurtriers  pendant  lesquels  il  fut 
toujours  exposé  au  plus  grand  feu; 
mais  ce  qu'il  y  a  encore  de  plus  admi- 
rable, c'est  qu'il  eut  le  talent  d'inspi- 
rer à  ses  troupes  tous  les  sentimens 
dont  il  était  animé  ;  la  disette  de  vivres^ 
la  nudité,  les  rigueurs  d'un  hiver  très- 
rude,  les  fatigues  continuelles,  la  mort 
de  leurs  camarades,  leurs  propres  bles- 
sures, rien  ne  fut  capable  d'abbattre  le 
courage  de  ces  braves  gens  qui  se  fi- 
rent un  devoir  d'imiter  ce  qu'ils  admi- 
roient  dans  leur  chef.  » 

Frontenay  arriva,  couvert  de  gloire^ 

(1)  Scion  de  Serres,  il  coûta  aux  Catholiques 
plus  de  1,200  hommes.  Les  assiégés,  qui  enda- 
rèrent  10,000coaps  de  caoon  et  plusieurs  assauts, 
perdirent  25  gentilshommes  et  environ  250  sol- 
dats. Parmi  les  morts,  du  côté  dos  assiégés,  on 
cite  \e'ieane  Sainl-Gelaitj  Chirai,  Saint- Jav^eâ 
ChaiUoUy  Itoii-Aubitif  HoUtec  y  Chdteauueuf^ 
Terreforty  et  parmi  les  blessés,  La  Cour-de^Chiré^ 
YiUemuteaUf  Du  Boii-de-Bonncvauac, 

T.  Vlll. 


à  La  Rochelle.  En  partant  pour  le  Pé- 
rigord,  La  ^Youe  le  laissa  comme  com- 
mandant dans  l'Aunis.  Croyant  avoir 
sujet  de  se  méfier  du  gouverneur  de 
Brouage,Frontenay  (queJa  mort  de  son 
frère  alnè  venait  de  faire  vicomte  de 
Rohan)  le  déposa  et  le  remplaça  par 
Saint-Gelais;no\JLS  avons  parlé  ailleurs 
(Foy.  Vin,  p.  294)  des  suites  fâcheu- 
ses que  cette  entreprise  faillit  avoir. 
A  la  conclusion  de  la  paix,  le  vicomte 
de  Rohan  se  rendit  en  Bretagne  ;  mais 
il  n'y  fit  pas  un  long  séjour.  La  guerre 
s'étant  rallumée,  il  assembla  un  corps 
de  troupes,  franchit  la  Loire  au  Pèle- 
rin, et  se  joignit  aux  Huguenots  du 
Poitou.  C'est  vraisemblablement  vers 
ce  temps  qu'il  entra  dans  le  conseil  du 
roi  de  Navarre,  ce  qui  ne  l'empêcha 
pas  de  s'attacher,  plus  tard,  au  prince 
de  Condé,  qu'il  accompagna  dans  sa 
courte  campagne  contre  Mercœur  et 
dans  la  funeste  expédition  d'xVngers, 
en  1585.  C'est  sur  ses  pressantes  in- 
stances que  le  prince  se  décida  à  battre 
en  retraite.  Après  le  passage  du  Loir, 
voyant  la  petite  troupe  protestante  s'af- 
faiblir de  plus  en  plus  par  les  déser- 
tions, il  refusa  d'aller  plus  loin  et  re- 
tourna en  Bretagne,  d'où  il  parvint 
à  gagner  heureusement  La  Rochelle. 
Bientôt  après,  apprenant  que  la  dis- 
corde régnait  à  Marans,  il  s'y  trans- 
porta en  toute  hâte  et  assura  la  posses- 
sion de  cette  place  importante  aux  Pro- 
testants, en  y  établissant  pour  gouver- 
neur La  Sau55aye-Beaure^ar(i,  dernier 
service  qu'il  rendit  à  la  Cause.  Le  cha- 
grin qu'il  ressentit  de  la  mort  des  trois 
fils  d'Andeloty  auxquels  il  était  tendre- 
ment attaché,abrégea,dit-on,ses  jours. 
11  mourut  à  La  Rochelle,  en  1 586^  à 
rage  de  56  ans. 

René  de  Rohan  avait  épousé  la  cé- 
lèbre Catherine  de  Parthenay-Lar^ 
chevéque  (Voy.  VI,  p.  345),  qui  lui 
donna  plusieurs  enfants  :  i»  Henri,  le 
héros  des  dernières  guerres  de  religion 
sous  le  règne  de  Louis  XI II,  et  un  des 
plus  grands  capitaines  de  son  siècle, 
qui  suit; — 2«René,  né  en  1581,  mort 
au  berceau.:  -—50 Benjamin,  dont  nous 

30 


ftoa 


—  474  — 


ROH 


parlerons  après  sod  frère  ;  •— 4*  Hbn- 
miBTTB,  née  le  1 2  avril  1 S77  et  morte 
flile  ;  — -  5*  Catheritîk^  née  le  so  juin 
1578,  qui  refusa  de  descendre  au  rang 
de  maîtresse  de  Henri  1 V  (  i  ),  et  épousa, 
en  i604,Jeande  Bavière,ducde  Deux- 
Ponts;  elle  mourut  le  10  mai  1607; 
—  6<»  Anne,  née  en  i5Si  et  morte  à 
Paris,  le  20  sept.  1646,  sans  avoir  été 
mariée.  Aussi  illustre  par  son  zèle  pour 
sa  religion  que  par  sa  naissance,  par 
sa  piété  sincère  que  par  son  espril, 
Anne  de  Rohan  possédait  parfaitement 
les  langues  savantes,  et  Thébreu  lui  é- 
tait  si  familier  qu'elle  lisait  l'Ancien- 
Testament  dans  le  texte  original.  Ré- 
fugiée avec  sa  mère  à  La  Rochelle  pen- 
4lant  le  siège  fameux  que  soutint  oette 
ville  héroïque,  elle  supporta  avec  cou- 
rage les  horreurs  de  la  famine  (Koy. 
\I,  p.  545).  Richelieu  ayant  refusé  de 
la  comprendre,  non  plus  que  sa  mère, 
ëans  la  capitulation,  ces  deux  dames  fu- 
rent traitées  en  prisonnières  de  guerre 
et  enfermées  au  château  de.  Niort,  le 
2  nov.  1628.  Anne  de  Rohan  persista 
jusqu'à  la  fin  dans  sa  religion.  Elle  fKt 
enterrée  dans  le  cimetière  de  Charen- 
ton,  le  21  sept.  1646  (Rej,  de  Charen- 
ton),  laissant  une  réputation  de  vertu, 
que  la  médisance  même  a  dû  respec- 
ter. On  a  d'elle  des  LettreSy  dont  l'use 
a  été  impr.  dans  les  opuscules  de 
Mil*  Schurman,  et  trois  pièces  de  poé- 
sie française,  où  l'on  remarque  de 
l'harmonie,  de  la  grâce  et  une  seusi- 
bilité  vraie.  Ces  trois  petits  poèmes 
sont  intitulés  :  Poème  sur  la  mort  de 
Henri  IV,  Elégie  en  mémoire  de  la  du- 
chesse de  Ne  vers  et  Plaintes  sur  le 
trespas  de  A/"**  de  Rohan,  Outre  ces 
trois  pièces,  qui  paraissent  avoir  été 
impr.,  nous  avons  trouvé,  à  la  suite 
du  rase,  original  du  Voyage  de  son 
frère,  quelques  strophes  improviséee 
par  elle  au  sujet  de  ce  voyage  ;  c'est 
un  louchant  témoignage  de  son  amour 
fraternel.  Qu'on  nous  permette  de  citer 
les  deux  suivantes  : 

(i)  Ce  prino«  lui  deinaDdanA  un  joar  par  où  on 
allait  à  sa  chambre  :  Par  règlise,  loi  répondit- 
elle  SèrenfQt. 


GatOB  B'eat  m  wn  Mapt  nslla  Mie  ei|lt, 
Parc«  qoe  la  ferla  efi  sujette  à  Teof  le. 
AinsY,  mon  ToTageor,  peat-on  dire  de  foes, 
Qa*oa  faait  notre  poovoir  nostreTerto  romauodt; 
Cest  d*oà  f  ieat  queefaaou  en  Toot  ▼« 
Pourqnoy  n'eitoelay-ià  né  pow 


8y  Uaitre  qay  guida  ton  heuMie  Baittanee, 
En»  fait  k  ta  yertn  ègalle  ta  paii 


Tu  yerrois  mille  roys  à  tes  pied»  ahattns. 
Le  Ciel  t'a  honoré  de  Tallenr  non  eottmc 
Mais  de  ses  Mens  te  monetre  a^are  la 
Autant  que  le  Ciel  est  libéral  de  Terlot. 

l.  Né  au  château  de  Blain,  le  25  août 
1579,  Henri  de  Rohan,  prince  de  Léon, 
comte  de  Porhoét,  duc  et  pair  de  Fran- 
ce^ venait  à  peine  d'atteindre  sa  sixiè- 
me année  lorsqu'il  perdit  son  père,  n 
fut  élevé  sous  la  tutelle  de  sa  mère  qui 
ne  négligea  rien  pour  lui  faire  donner, 
ainsi  qu'à  ses  autres  enfants,  une  édu- 
cation digne  de  sa  naissance.  A  l'ex- 
ception de  l'histoire,  de  la  géographie 
e(  des  mathématiques,  ces  sciences  des 
princes,  comme  il  les  appelait,  l'en- 
fant ne  montra  que  des  dispositioM 
très-médiocres  pour  les  lettres  et  les 
sciences;  mais  de  bonne  benre^  il  se  fR 
remarquer  parmi  les  Jeunes  gens  de 
son  âge  par  sa  force ,  son  agilité  et 
son  adresse  dans  les  exercices  du  corps. 
Sa  lecture  favorite  était  Plntarqne.  A- 
nimé  d'une  noble  ambition,  il  appe- 
lait de  tous  ses  vœux  le  moment  ob  il 
pourrait  marcber  sur  les  traces  des  hé- 
ros de  la  Grèce  et  de  Rome,  et  eo  at- 
tendant qu'il  imitât  leurs  exploits,  fl 
voulut  au  moins  imiter  leurs  vertus. 
«  A  leur  exemple,  dit  Pérau,  son  bio- 
graphe, il  fut  simple  dans  son  exté- 
rieur, frugal  dans  ses  repas,  réserfé 
dans  ses  paroles  et  dans  son  maintien, 
ennemi  de  tout  excès,  et  surtout  très- 
attentif  à  contenir  ses  passions  dans 
les  bornes  étroites  que  la  sagesse  tour 
prescrit.  j>  Et  cette  austérité  demœors^ 
il  sut  la  conserver  intacte  même  au  mi- 
lieu d'une  cour  aussi  corrompue  que 
celle  de  Henri  IV.  Laissant  les  courti- 
sans se  livrer  au  Jeu  ou  à  la  galante- 
rie, il  consacrait  la  meilleure  partie  de 
son  temps  à  l'étude.  Il  se  sentait  né 
pour  de  grandes  choses. 

Henri  de  Rohan  ût  ses  premières  ar- 
mes au  siège  d'Amiens^  où  il  stsigaala 


I^OH 


—  475  — 


^m 


par  sa  bravoure.  Après  Texpulsioa  des 
Espagnols  el  la  signatqre  du  traité  de 
Vervins^  a$  voyant  inutile  dans  sa  pa- 
trie, il  résolut  d'employer  ses  loisirs 
à  visiter  les  principaux  Etals  de  l'Eu- 
rope. Il  partit  de  Paris  le  8  mai  1598(1  ), 
traversa  rapidement  la  Bavière  et  leTy- 
rol  et  desceadil  en  Italie,  où  il  fit  un 
assez  long  séjour.  Revenant  par  TAl- 
lemagne>  il  visita  la  Hollande  et  la 
Flandre,  et  passa  de  là  en  Angleterre 
et  en  Ecosse.  Sa  haute  naissance^  ses 
avantages  extérieurs,  Taménitéde  son 
caractère,  la  politesse  de  ses  mœurs, 
lui  assurèrent  partout  un  accueil  flatteur 
et  des  attentions  particulières.  Nulle 
part  pourtant  il  ne  fut  mieux  reçu  qu'à 
la  cour  d'Elisabeth,  si  ce  n'est  à  celle 
du  roi  Jacques.  Pendant  ce  voyage, 
qui  dura  près  de  deux  ans,  Rohan  tint 
un  Journal  exact  de  tout  ce  qui  lui 
sembla  digne  d'attention.  A  son  retour 
à  Paris,  au  mois  de  Tév.  1600,  il  s'oc- 
cupa de  mettre  au  net  ce  journal,  dont 
le  msc.  original  se  conserve  à  la  Bi« 
bliolhèque  de  Tlnstilut  {CoUect.  Go- 
defroy,  N*»  170).  Cette  relation,  qu'il 
dédia  à  sa  mère  et  qui  a  été  Imprimée 
plusieurs  fois,  notamment  à  Amst., 
1646,  in-12,  est  extrêmement  remar- 
quable. En  la  lisant,  on  est  surpris  de 
voir  un  jeune  homme  d'une  vingtaine 
d'années  porter  ses  réflexions  sur  des 
objets  aussi  sérieux  que  les  causes  de 
la  prospérité  et  de  la  décadence  des 
Etats,  s'appliquer  à  étudier  le  génie  des 
peuples,  leurs  forces  et  leurs  ressour- 
ces, chercher  à  pénétrer  les  secrets  de 
la  politique  des  princes, et  l'on  conçoit 
naturellement  une  haute  idée  de  son 
caractère  comme  de  son  esprit. 

Henri  IV,  qui  aimait  Rohan  autant 
qu'il  pouvait  aimer,  le  créa  duc  el  pair 
par  lettres  données  à  Fontainebleau  au 
mois  d'avr.  1 605  et  regislrées  au  par- 
lement le  7  août.  Deux  ans  plus  tard, 
le  7  fév.  1605,  il  lui  flt  épouser  Mar- 
guerite de  Béthuney  qui  sortait  à  peine 
de  l'enfance,  et,  comme  cadeau  de  no- 

(1)  Nous  adoptons  la  date  que  porte  le  titre  du 
msc.  origioal  de  son  toyage  ;  il  est  Trai  qa'il  est 
d'ue  aotre  maio,  maia  la  tMia  etitnciesoe. 


ces,  il  lui  accorda  la  cb^rga  de  colonel 
général  des  Suisses,  vacante  par  la  dé- 
mission de  Sancy.  Désirant  se  signaler 
par  quelque  exploit  qui  justifiât  cette 
faveur,  Rohan  partit  secrètement  de  la 
Cour,  en  1606,  pour  aller  combattre 
sous  le  prince  Maurice.  Sur  la  plainte 
de  l'ambassadeur  d'Espagne,  Henri  lY 
feignit  une  grande  colère  et  l'exila; 
mais  il  ne  tarda  pas  à  lui  rendre  ses 
bonnes  grâces.  Lors  de  l'assassinat  de 
ce  prince,  dont  la  mort  lui  causa  un 
extrême  chagrin,  Rohan  se  trouvait  à 
latôtede6,000Suisses,dansrarméedii 
duc  de  Nevers  prèle  à  envahir  l'Allema- 
gne. SiUly,  qui  craignait  pour  sa  sûreté 
personnelle,  s'empressa  de  lui  annon* 
cer  la  triste  nouvelle,  en  l'Invitant  à  se 
rapprocher  de  Paris.  11  se  mit  sur-le- 
champ  en  route  avec  le  régiment  des 
gardes  suisses  ^  mais  son  beau-père  ne 
tarda  pas  à  le  contremander.  Peu  de 
Jours  après,  il  reçut  l'ordre  d'entrer^ 
avec  le  maréchal  de  La  Châtre,  dans 
le  duché  de  Juliers.  Le  maréchal  ayant 
été  forcé  de  s'absenter,  il  resta  chargé^ 
comme  maréchal  de  camp  général,  du 
commandement  en  chef  des  troupes 
françaises  qui  devaient  seconder  le 
prince  Maurice  dans  les  opérations  du 
siège  de  Juliers. 

La  place  ayant  capitulé,  le  l  sept. 
1610,  Rohan  revint  en  France.  Quel- 
ques mois  après,  les  Protestauis  de  la 
Bretagne  l'envoyèrent,  comme  leur  dé- 
puté, à  l'Assemblée  politique  de  San- 
mur,  où,  pour  la  première  fois^  Toc- 
casion  s'offrit  à  lui  de  développer  son 
noble  caractère  et  ses  rares  talents. 
Loin  de  se  prêter  aux  vues  intéres- 
sées du  duc  de  Bouillon,  qui  osa  lui 
proposer  d'abandonner  son  beau-père 
aux  ressentiments  de  la  Cour,  il  reje- 
ta avec  indignation  une  proposition 
aussi  injurieuse,  et  employa  toute  son 
influence  pour  décider  l'Assemblée  à 
prendre  la  défense  de  Sully.  11  ne  dé- 
ploya pas  moins  de  fermeté  dans  les 
débats  soulevés  par  la  question  de  la 
nomination  des  députés  généraux.  Il 
fut,  ainsi  que  son  frère  Soubise,  un 
de  ceux  qui  insistèrent  le  plus  éner- 


ROH 


—  476  — 


ROH 


giquement  pour  qae  l'assemblée  ne  se 
dessaisit  pas  du  droit  d'éleetion  di- 
recte. Aussi  Bouillon^  furieux  d'a- 
voir été  traversé  dans  ses  desseins  par 
les  deux  frères,  travailla-l-il,  à  son  re- 
tour à  la  Cour,  à  les  perdre  dans  l'es- 
prit de  la  régente,  qui,  pour  leur  té- 
moigner son  mécontentement,  les  pri- 
va l'un  et  l'autre  de  leurs  pensions. 

Nous  avons  dit  ailleurs  (Voy.  VII, 
p.  534)  que  l'Assemblée  de  Saumur, 
très-peu  satisfaite  des  réponses  du  gou- 
vernement au  cahier  des  plaintes,  en 
avait  renvoyé  l'examen  aux  assemblées 
provinciales,qu'elle  venait  d'organiser 
par  un  règlement,  à  l'élaboration  du- 
quel Rohan  avait  contribué.  Rohan 
qui,  après  la  clôture  de  l'assemblée, 
se  rendit  en  Bretagne  pour  assister  aux 
Etals,  fut  appelé  àprésider  l'assemblée 
de  la  Sainlonge,  tenue,  le  2  novemb. 
1 6  H ,  à  Saint-Jean-d'Angély  {Fonds  de 
Brienne,  N»  210).  Après  que  Champ- 
vernon  eût  donné  lecture  des  réponses 
du  roi,  l'assemblée  les  renvoya  à  un 
comité  composé  de  Genouillé,  Bonvou- 
loir  et  Du  Chasleau,  pour  le  colloque 
de  Saint-Jean;  La  Berlandière,  Ta- 
gaud  et  David,  pour  le  colloque  d'Au- 
nl8;Mons,  Petit  et  Senouche,  pour 
celui  de  Sainlonge;  Saujon,  Bonnet 
et  Biret,  pour  celui  des  Isles;  Mon- 
tatÀsier,  Belot  et  Esaïe  Chevalier,  qui 
remplit  les  fonctions  de  vice-président, 
pour  celui  de  Jonzac;  enfin,  de  Cou- 
vrelles,  Martin,  qui  fut  élu  secrétaire, 
eiGlatignon,  pour  celui  d'Angoumois. 
Sur  le  rapport  de  ces  commissaires, 
elle  «  jugea  unanimement  qu'il  n'y 
avoit  sujet  de  contentement,  sinon  en 
peu  d'articles  desdites  réponses (Font/^ 
de  Brienne,  N*»  2 1 0) .  »  En  conséquence, 
elle  arrêta  qu'à  l'inslar  de  la  Basse- 
Guienne,  elle  adresserait  des  remon- 
trances à  Leurs  Majestés,  et  qu'elle  se 
mettrait  immédiatement  en  rapport 
avec  rassemblée  du  Poitou,  qui  devait 
se  tenir  sous  peu  de  jours  à  Tbouars. 
On  s'occupa  ensuite  de  la  formation 
d'un  conseil  provincial,  conformément 
au  Règlement  général  de  Saumur.  En 
furent  élus  membres  :  de  Rioux,  de 


Montausier,  Du  Parc-â^Archiae  et  de 
Ciré  (suppl^nts  :  de  Genotdllé,  de  Cou- 
vr elles, àe  Saujon  et  de  La  Garde)  pour 
la  noblesse  ;  La  Chapellière  et  Bonnet 
(suppléants  :  Tagaud,  Champvemon 
et  Bonvouloir)  pour  les  consistoires  ; 
Fontenelles,  conseiller  à  Barbezieux, 
Martin,  avocat,  et  Boisseul  (sup- 
pléants :  Senotiche,  Bourdeaux  et  Gta- 
tignon)  pour  le  tiers.  DuParc-d'Archiac 
et  Bourdeaux  furent  choisis  pour  por- 
ter les  remontrances  à  la  reine-mère; 
on  leur  donna  pour  suppléants  Mon- 
tausier et  Fontenelles.  La  réponse  de 
la  Cour  (Voy,  VI,  p.  396)  est  connue; 
elle  n'était  guère  propre  à  diminuer  le 
mécontentement  des  Protestants. 

Cependant  Bouillon,  qui  n'avait  pas 
oublié  que  Rohan  avait,  plus  que  per- 
sonne, travaillé  à  déjouer  ses  intrigues 
dans  l'Assemblée  de  Saumur,  et  qui 
avait  reporté  sur  le  gendre  une  partie 
de  la  haine  vouée  par  lui  au  beau-père 
depuis  l'expédition  de  Henri  IV  contre 
Sedan,  ne  se  contenta  pas  de  le  des- 
servir auprès  de  la  reine-mère,  il  en- 
treprit de  lui  enlever  le  gouvernement 
de  Saint-Jean-d'Angély,  que  le  feu  roi 
lui  avait  donné.  Averti  à  temps  de  ce  qui 
se  machinait,  Rohan  se  hâta  de  partir 
pour  Saint-Jean.  Son  arrivée  imprévue 
déconcerta  ses  ennemis,  qui  cherchè- 
rent à  l'éloigner  sans  retard.  Par  leur 
conseil,  Marie  de  Médicis  le  manda  à 
la  Cour,  et  lui  fit  de  vifs  reproches  an 
sujet  de  sa  conduite  à  Saumur.  Rohan 
se  défendit  avec  dignité;  mais  on  prince 
prévenu  étant  diflScile  à  persuader,  dit- 
il,  sa  justification  fut  écoutée  trè^froi- 
dement.  Il  ne  tardapasàdeviner  quel'ii- 
nique  but  que  l'on  avait  eu  en  l'appe- 
lant à  Paris,  était  de  le  tenir  éloigné 
de  Saint-Jean-d'Angély ,  afln  de  lais- 
ser le  jeu  libre  aux  intrigues  qui  s'y 
tramaient  au  sujet  des  élections  munici- 
pales. Comme  il  était  de  la  plus  haute 
importance  pour  le  maintien  de  son 
autorité  dans  cette  ville,  que  le  maire 
ne  lui  fut  pas  hostile,  il  n'hésita  pas 
longtemps  sur  le  parti  qu'il  avaità  pren- 
dre. Feignant  d'avoir  reçu  une  lettre 
qui  lui  annonçait  que  son  frère  était 


ROU 


—  477  — 


ROH 


gravement  malade^  il  demanda  son  con- 
gé et  se  rendit  en  poste  à  Saint-Jean^ 
d'où  il  expulsa  tous  les  partisans  de 
La  Rochebeaucourt  (Voy.  V,  p.  200); 
pniSy  au  mépris  des  ordres  de  la  ré- 
gente, qui,  contrairement  aux  statuts 
de  la  commune,  voulait  maintenir  Tan- 
cien  maire  dans  sa  charge,  il  fit  pro- 
céder à  l'élection  de  son  successeur, 
«  à  la  manière  accoutumée.  »  La  reine- 
mère  se  montra  extrêmement  irritée 
de  ce  coup  d'audace.  £lle  fit  mettre  à 
la  Bastille  les  deux  agents  du  duc,  Te- 
nis  et  Onglepied,  et  défendre  à  sa  mère, 
à  sa  femme,  et  à  ses  sœurs  de  sortir 
de  Paris.  Roban,  de  son  côté,  a  n'igno- 
rant pas  le  crédit  que  ses  ennemis 
avoient  en  Cour,  et  jugeant  bien  qu'ils 
làcheroientdele  pousser  jusqu'au  bout, 
eut  soin,  nous  dit -il  dans  ses  Mémoires, 
de  faire  comprendre  à  tous  les  Réfor- 
més de  France,  que  la  haine  que  l'on 
avoil  conçue  contre  lui  provenoit  de 
ce  qu'il  s'étoit  porté  vigoureusement 
pour  le  bien  de  leurs  affaires;  que  sa 
perte  et  de  Saint-Jean  entralneroittout 
le  reste  ;  que  si  leurs  ennemis  y  trou- 
voient  de  la  facilité,  ils  ne  s'arréte- 
roient  en  si  beau  chemin,  et  se  pré- 
para le  mieux  qu'il  lui  fut  possible  pour 
faire  une  bonne  résistance.  »  A  cet  ef- 
fet, il  flt  convoquer,  conformément  au 
Règlement  de  Saumur,  l'assemblée  du 
cercle,  qui  se  montra  d'abord  très-dis- 
posée à  le  soutenir  (Collect.  Dupuy^ 
1^9  323);  mais  les  sages  conseils  de 
Du  PlessiS'Momay  réussirent  à  cal- 
mer les  esprits,  et  cette  querelle,  dont 
pouvait  jaillir  la  guerre  civile,  se  ter- 
mina par  un  accommodement  qui  «  lais- 
sa les  apparences  à  l'autorité  royale, 
mais  donna  la  réalité  au  duc  de  Roban.  » 
Chacun  sentait  combien  ces  divi- 
sions affaiblissaient  le  parti  protestant  ; 
aussi  le  Synode  national  de  Privas  crut- 
il  de  son  devoir  de  travailler  à  rétablir 
la  bonne  harmonie  entre  les  grands 
seigneurs  huguenots  (Voy,  Pièces Jus- 
tif.  N«>  LXXII).  Tous  eurent  l'air  de  se 
prêter  d'assez  bonne  grâce  à  ses  vœux, 
et  signèrent  de  nouveau  l'union,  en  pro- 
mettant d'oublier  leurs  inimitiés  parti- 


culières Jusqu'à  quel  point  étaient-ils 
sincères?  C'est  une  question  qu'il  n'ap- 
partient qu'à  Celui  qui  sonde  les  cœurs 
de  décider.  Tout  ce  que  nous  pouvons 
dire,  c'est  qu'on  vit,  dès  l'année  sui- 
vante. Bouillon  et  Rohan  marcher  sous 
deux  bannières  ennemies. 

Lorsque  Coudé  prit  les  armes  con- 
tre la  Cour,  en  )6U,  il  voulut  attirer 
Rohan  dans  son  parti  ;  mais  le  duc  re- 
poussa ses  avances  et  se  rendit  à  Poi- 
tiers pour  offrir  ses  services  au  roi.  Il 
suivit  la  Cour  en  Bretagne,  ou  il  as- 
sista aux  États,  comme  président  de 
l'ordre  de  la  noblesse.  «  Il  y  servit  di- 
gnement Leurs  Majestés,  dit  Pontchar- 
train,  témoignant  affectionner  tout  ce 
qui  étoit  au  bien  et  avantage  de  leurs  af- 
faires.» Il  donna  notamment  à  la  reine- 
mère  une  preuve  très-grande  de  son 
dévouement,  en  consentant,  sur  sa  de- 
mande, à  se  démettre  de  sa  charge  de 
colonel  général  des  Suisses,  qui  fut  don- 
née à  Bassompierre;  et  de  sa  sincérité, 
en  lui  adressant,  enl  6 1 5,  un  Mémoire, 
que  l'on  regarde  comme  un  modèle  de 
sagesse,  de  pénétration  et  de  prévoyan- 
ce. Il  y  conseillait  de  ne  point  conclure 
les  mariages  espagnols  avant  d'avoir 
donné  satisfaction  à  l'opinion  publique 
parla  réforme  des  abus  les  plus  criants, 
unique  moyen,disait-41  Judicieusement, 
d'étouffer  dans  son  germe  la  révolte  de 
Condé,  et  il  terminait  son  mémoire  en 
protestant  qu'il  servirait  fidèlement  la 
reine-mère  et  qu'il  y  porterait  ceux  de 
la  Religion.  «  Quant  à  ma  résolution, 
disait-il,  elle  est  de  ser/ir  fldèlement 
la  reine  contre  M.  le  Prince,  de  procu- 
rer de  tout  mon  pouvoir  le  bien  et  la 
grandeur  de  ce  roïaume,  d'y  porter  eu 
ce  que  je  pourrai  tous  ceux  de  la  Reli- 
gion. Mais  si  par  passion  qu'on  ait  con- 
tre ceux  de  ladite  Religion,  et  par  mau- 
vais conseil,  on  les  traite  comme  à  Sau- 
mur, je  déclare  que  je  ne  me  désunirai 
jamais  des  résolutions  publiques  que 
notre  Assemblée  publique  prendra  Ici  .i> 
La  plus  simple  prudence  commandait  à 
Marie  de  Médicis  de  ne  pas  blesser  un 
seigneur  qui,  en  s'unissant  à  Bouillon, 
pouvait  apporter  à  Condé  tontes  les 


ROH 


—  478  — 


ROH 


forces  des  Huguenots.  Mais  la  reine- 
mère  et  ses  conseillers  paraissent  s'être 
fait  une  idée  très-fausse  du  caractère 
deRohan  et  de  sa  position  dans  le  parti 
protestant,  trompés  qu'ils  furent  peut- 
être  par  l'auteur  de  la  fameuse  note  se- 
crète [Fonds  de  Béihune^  N»  9344)  qui 
caractérisait  ainsi  le  Jeune  duc  breton  : 
«  Ambitieux^  bon  esprit,  courageux  et 
opiniâtre  en  sa  religion,  mais  peu  obli- 
geant, nécessiteux,  et  pour  cela  in- 
constant. Il  perdit  tout  son  crédit  dès 
Nantes.  Le  roi  n'aura  pas  de  peine  aie 
conserver.  »  Serait-ce  sur  cette  assu- 
rance fort  hasardée  que  la  régente,  s'i- 
maginant  ne  pas  avoir  besoin  de  garder 
de  grands  ménagements  avec  un  hom- 
me si  facile  «  à  conserver,»  lui  refusa 
la  survivance  du  gouvernement  du  Poi- 
tou, quoiqu'elle  le  lui  eût  déjà  promisf 
Tenant  ce  manque  de  parole  pour  une 
injure, le  fler  duc  s'en  montra  extrême- 
ment blessé.  Son  mécontentement  s'ac- 
crut parles  plaintes  des  députés  de  l'As- 
semblée  de  Grenoble,  qui  ne  pouvaient 
obtenir  de  la  Cour  aucune  réponse  sa- 
tisfaisante. Il  prêta  dès  lors  une  oreille 
plus  attentive  aux  raisons  alléguées  par 
son  frère  pour  l'attirer  dans  un  parti 
qu'il  avait  déjà  embrassé  lui-même;  ce- 
pendant il  n'avait  point  encore  pris  de 
résolution,  quoiqu'il  eût  quitté  la  Cour 
pour  se  retirer  à  Saint-Jean-d'Angély, 
lorsqu'il  reçut  deux  députations,  l'une 
du  comte  de  Saint-Pol,  qui  le  pressait 
de  s'unir  à  lui  pour  empêcher  les  ma- 
riages espagnols  ;  l'autre  de  la  noblesse 
protestante  de  laGuienne,  qui,  par  l'or- 
gane de  Saint'Angely  de  Savignac  et 
d'Oroiour,  l'invitait  à  se  mettre  à  sa 
tête.  «  Toutes  ces  choses  ensemble,  dit- 
il,  à  sçavoir  l'espérance  de  se  tirer  du 
mépris  qu'on  venoit  de  lui  témoigner, 
la  sollicitation  de  son  frère,  et  le  désir 
de  servir  les  Réformés,  le  firent  résou- 
dre à  passer  en  Guienne,  »  où  se  tenait 
alors  rassemblée  de  Sainte-Foy. 

Une  de  ces  cruelles  déceptions,  aux- 
quelles sont  exposés  les  chefs  de  parti, 
l'attendait  à  son  arrivée.  On  lui  avait 
promis  d'assembler  un  corps  de  6000 
hommes,  il  n'en  trouva  que  600,  et  le 


comte  de  Saint-Pol,  qui  devait  le  se« 
conder,  faussant  sa  foi,  venait  de  faire 
sa  paix  avec  la  Cour.  Forcé,  par  cette 
honteuse  défection,  demodifler  ses  pro- 
jets, il  se  retira  à  Tonneins,  ou  il  re- 
çut, de  la  part  de  la  reine-mère,  les 
offres  les  plus  séduisantes  ;  mais  il  ren- 
voya ses  émissaires  avec  cette  réponse 
hautaine,  qu'il  ne  savait  pas  manquer 
à  sa  parole  une  fois  qu'il  l'avait  donnée. 
Rohan  entra  en  campagne  au  mois 
d'octobre.  Il  prit  Lectoure  et  Damazan, 
et  réussit,  non  sans  résistance,  à  faire 
déclarer  Montauban  en  sa  faveur.  En 
même  temps,  il  travaillait  de  tout  son 
pouvoir  pour  décider  l'Assemblée  de 
Nismes  à  s'unir  aux  Mécontents.  En- 
traînée par  ses  partisans  et  ceux  de 
Bouillon  dans  cette  alliance  fort  impo- 
litique, qui  prépara  la  ruine  du  parti 
huguenot  en  mettant  au  grand  jour  ses 
divisions  et  sa  faiblesse,  l'assemblée 
envoya  au  prince  de  Conûé  Des  Bordes- 
Mercier ,  Du  Cruzel  et  La  NouailU 
a  pour  lui  faire  signer  les  articles  dont 
ils  conviendroient  avec  lui,  qui  conte* 
noient  en  substance  :  De  s'opposer  à  la 
réception  du  concile  de  Trente;  aux  ma- 
riages d'Espagne  ;  de  procurer  la  réfor- 
mation du  Conseil,  l'entretien  des  édite 
des  Réformés,  et  qu'ils  ne  s'abandon- 
neroient  point  les  uns  les  autres,  ni  ne 
poseroient  les  armes, ni  n'eut endroieot 
à  aucun  traité  de  paix,  sinon  d'un  com- 
mun consentement.  »  C'est  à  Montau- 
ban que  Rohan  reçut  la  nouvelle  de  la 
conclusion  du  traité  d'alliance,  et  en 
même  temps,  des  lettres  du  prince,  qui 
lui  annonçaient  sa  prochaine  arrivée, 
en  l'Invitant  à  se  saisir  de  quelque  place 
sur  la  Dordogne,  oit  il  pût  eflectuer  son 
passage.  II  partit  immédiatement  à  la 
tête  de  ses  troupes,  s'empara  de  Souil- 
lac  et  enleva  le  régiment  de  Lauzun 
qui  essaya  de  lui  disputer  le  terrain  ; 
mais  Condé,  changeant  d'avis,  entra 
dans  le  Poitou  pour  se  réunir  à  Sonbi- 
se.  Rohan  retourna  donc  à  Tonneins 
oîi  il  apprit  que  l'Assemblée  de  Nismes 
Tavait  nommé  commandant  du  Haut- 
Languedoc  et  delaHaute-Guienne.  Peu 
de  temps  après,  des  conférences  s'ou- 


ROH 


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vrirent  à  LoQdun  pour  la  paix.  Rohan 
s'y  rendit,  afln  de  veiller  aux  intérêts 
des  églises.  De  son  côté^  l'Assemblée 
de  Nismes  se  transpoi'ta,  dtl  consente- 
ment du  roi,  à  La  Rochelle,  pour  sui- 
vre de  plus  près  les  négociations. 

Le  duc  de  Rohan  se  méfiait  de  Cou- 
dé, qu'il  voyait  ètroitemeht  uni  au  duc 
de  Bouillon  et  au  duc  dfe  Mayenne.  Sa 
méfiance  ne  fut  ((tie  trop  tôt  justifiée. 
Dès  que  le  prince  eui  obtenu  ce  qu'il 
voulait,  il  abandonna  sans  scrupule  ses 
confédérés.  La  paix  faite,  Rohan  se 
rendit  à  La  Rochelle,  «  pour  faire  nom- 
mer de  bons  députés  i^énéraux  ;  »  mais 
le  résultat  du  voté  né  répondit  pas  à 
son  attente,  a  La  cabale  de  la  Cour, 
dit-il,  s'étanl  Jointe  à  c«lle  du  prince, 
et  les  espérances  qu'il  donna  des  fa- 
veurs, gratifications  et  pensionsàceux 
qui  se  porteroietit  à  sa  vdtonté,  l'em- 
portèrent. B  Mal  satisfait  du  triomphe 
de  ses  adversaires  politiques  sur  uli 
terrain  où  il  se  croyait  à  peti  près  te 
maître,  il  se  tourna  alors  du  c6té  de  la 
reine.  Dans  une  entrevue  qu'il  eut  a- 
yef^  elle,  il  lui  protesta  «  que  si  elle 
pouvoit  oublier  ce  qu'il  avoitfait  con- 
tre elle  et  le  recevoir  eu  ses  bonnes 
grâces,  il  la  serviroit  fidèlement  envers 
tous  et  contre  tous,  hors  le  parti  des 
Réformés.  »  Marie  de  Médicis  accepta 
ses  services  et  comme  gage  de  récon- 
ciliation, elle  lui  accorda,  par  provi- 
sions du  2t  Juih  i  616,  le  gouverne- 
ment du  Poitou,  dont  Sutly  se  démit 
en  sa  faveur,  t^ldèle  à  sa  parole,  Ro- 
han resta  complètement  étranger  aux 
mouvements  des  princes.  Koh-sedle- 
ment  il  ethployd  toute  son  autorité  et 
toute  son  influence,  en  1 61 7,  pourem- 
p^her  les  t'rotëstants  du  Llmousih  de 
èédêr  aux  instigations  de  ta  duchesse 
dé  bouillon  qui  voulait  lés  éhtralner 
dabs  le  parti  des  Mécontents,  inais  il 
prit  les  armes  pour  la  Cour  et  contri- 
bua à  la  reddition  dé  Soissons.  Après 
l'assassinat  du  maréchal  d'Aucre  et 
ràrrestation  de  la  reine,  que  presque, 
sQul  il  n'abandonna  pas  daiis  l'adver- 
sité, «  lié  prenant  plaisir  de  voir  ceux 
contre  lesquels  il  vehoit  dé  fàlfë  là 


guerre,  être  les  seuls  bienvenus,  n  11 
demanda  et  obtint  la  permission  d'al* 
1er  servir  en  Piémont  sous  Lesdiguiè- 
res,  A  son  retour  à  Paris,  en  1618, 
trouvant  Luynes  bien  établi,  il  crut  dé- 
voira le  rechercher  comme  les  autres.» 
Le  nouveau  favori,  qui  était  devenu 
son  allié  par  son  mariage  avec  une  Ro- 
ban-Montbazon,  lui  témoigna  beaucoup 
d'atoitlé  jusqu'à  l'évasion  de  la  reine- 
Inère,  dont  il  le  soupçonna  d'être  le 
complice.  Rohan  reçut  ordre  de  se  ren- 
dre dans  son  gouvernement  pour  y 
maintenir  la  tranquillité.  Ce  futenvain 
d'abord  que  Marie  de  Médicis  tenta  de 
l'attirer  dans  son  parti.  11  lui  répondit 
«  qu'il  étoit  bien  fâché  qu'il  n'avoit 
été  emploïé  dès  le  conitoencement  au- 
dit dessein,  qu'il  lui  eût  servi  fort  fi- 
dèlement, mais  que  s'étant  trouvé  à  la 
Cour  lors  de  sa  sortie,  il  avoit  eu  com- 
mandement du  roi  de  venir  dans  son 
gouvernement  de  Poitou  pour  le  con- 
tenir en  paix;  qu'il  ne  lui  ferdit  nul 
mal,  et  qu'il  lui  conseilloit  de  faire  son 
accommodement.  »  Ce  conseil  fut  sui- 
vi. Cependant  le  mauvais  vouloir  de 
Luynes,  qui  éclata  contre  lui  à  l'occa- 
sion de  l'achat  qu'il  fit  du  gouverne- 
ment de  Mailiezais  et  du  fort  du  Doi- 
gnon(l),  et  surtout  la  haine  de  Coudé, 
que  le  favori  avait  tiré  de  la  Bastille 
pour  s'en  faire  un  appdl  contre  la  rei- 
ne-mère, inspirant  de  légitimes  crain- 
tes à  Ronan  pour  sa  sûreté  personnel- 
le, «  il  se  Joignit  tout  à  fait  au  service 
de  lareinë-mère,  et  lui  en  alla  donner 
les  assurances  dans  Angers.  »  Une 
campagne  de  quelques  jours  suffit  à 
Louis  ^111  pour  mettre  flnàfcetle  nou- 
velle êchauffouréé. 

Sur  ces  entrefaites,  les  Protestants 
obtinrent  du  roi  la  permission  de  tenir 
à  Loudun  une  assemblée  politique,  à 
laquelle  Roban  se  fit  représenter  par 
Laudebaudière,  qiil  assista  atiss!,  com- 
me son  député,  à  eellede  La  Rochelle. 
On  sait  [Voy,  YIIl,  p.  238)  que,  ne  ju- 

(1)  Il  lei  «Tait  achetés  à' Agrippa  d'Aubigné  au 
prit  de  100,000  IWrea .  Luynes  le  força  4  se  dè- 
jMlUre  du  eoiiTeniemeot  de  Mailiezais  et  à  raser 
leDoignoD,  moyenoeiit  une  iodemiiitède  130,006 
livres. 


ROH 


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géant  pas  les  griefs  de  ses  coreligion- 
naires assez  graves  pour  qu'ils  se  mis- 
sent en  révolte  ouverte  contre  le  roi^ 
il  fit^  ainsi  que  les  autres  grands  sei- 
gneurs du  partie  des  efforts  inutiles  a- 
finde  décider  rAssemblée  deLaRocbel- 
le  à  se  séparer.  On  peut  regretter  qu'il 
n'ait  pas  persisté  dans  ces  sentiments^ 
et  lorsqu'on  le  voit,  frémissant  aux  re- 
proches de  CM^eauneti/*^  faire  taire  sa 
raison  par  point  d'bonneur  et  déclarer 
que,  quoiqu'il  arrive,  il  ne  se  séparera 
jamais  de  l'union  des  églises,  on  peut 
encore  l'accuser  de  précipitation  et 
d'inconséquence;  mais  on  admire,  mal- 
gré soi,  la  générosité  imprudente  qui 
le  porta  à  venir  en  aide  à  cette  assem- 
blée, quand  elle  courait  évidemment  à 
sa  perte,  dans  la  crainte  que  sa  ruine 
n'entraînât  celle  des  Réformés. 

Nommé  commandant  du  cercle  du 
Haut-Languedoc  et  de  la  Haute-Guien- 
ne,  tandis  que  son  frère  Soubise  était 
revêtu  du  commandement  du  cercle  de 
la  Bretagne  et  du  Poitou(i),  Rohanse 
rendit  dans  son  gouvernement,  où  sa 
présence  contribua  beaucoup  à  rassurer 
les  esprits  et  à  raffermir  les  villes  dans 
l'union.  A  son  arrivée  àMontauban,fl 
trouva  toute  la  population  en  proie  à 
de  vives  alarmes.  Pour  relever  les  cou- 
rages et  ramener  la  confiance,  il  as- 
sembla les  magistrats  et  le  peuple,  qui^ 
électrisés  par  sa  mâle  et  pathétique 
éloquence,  jurèrent  tous  de  mourir 
plutôt  que  d'abandonner  la  cause  de  la 
religion.  Après  avoir  pourvu  à  la  dé- 
fense de  cette  place  importante,  en  fai- 
sant élever  de  nouvelles  fortifications 
dont  il  traça  lui-même  le  plan,  il  partit, 
le  1 4  juin.  1621,  pour  le  Bas-Languedoc 
dans  l'intention  d'y  recruter  des  trou- 
pes. Malgré  ChâtiUony  qui  se  donna 
tout  le  mouvement  possible  pour  tra- 
verser ses  desseins,  il  réussit,  avec 
Tappui  de  rassemblée  du  cercle,  à  ras- 

(1)  On  a  beaucoup  reproché  à  l'Assemblée  de 
L«  Rochelle  celle  ditision  de  la  France  en  cer- 
cles ;  on  a  tooIu  y  Toir  nne  preuve  de  ses  tendan- 
ces répnblicaines  ;  mais  elle  n'a  fait,  à  lonl  pren- 
dre, «pie  modifier  légèremenl  l'organisation  poli- 
tique de  la  France  protestante  décrétée  à  Sainle- 
Poy,  en  1594  (Koy.  IV,  p.  593). 


sembler  quatremille  hommes,  auxquels 
il  en  Joignit  mille  antres  levés  à  ses 
frais,  et  il  alla  prendre  position  à  Cas- 
tres, afin  de  surveiller  le  siège  de  Mon- 
tauban  et  d'y  jeter  des  secours  au  be- 
soin. 

LaprisedeSaint-Jean-d'Angély,  sui- 
vie bientét  après  de  celle  de  Pons,  la 
défection  de  PardaiHan,  la  perte  de 
Sainte-Foix ,  Bergerac ,  Nérac ,  Lec- 
toure,  Layrac,  Le  Mas-de-Verdun,  Maa- 
vesin,  L'isle- Jourdain,  Tonneins,  Cas- 
teljdloux,  en  un  mot,  de  toutes  les  pla- 
ces de  la  Guienne,  à  l'exception  de 
Clairac ,  par  la  trahison  ou  la  lâcheté 
des  gouverneurs ,  lui  avait  fait  prévoir 
que  l'orage  ne  tarderait  pas  à  fondre 
surMontauban.  Nous  avons  raconté  ail- 
leurs le  siège  fameux  de  cette  ville  (  Voy, 
m,  p.  258).  Déconcerté  par  une  résis- 
tance à  laquelle  il  était  loin  de  s'atten- 
dre, Luynes  proposa  à  Rohan  une  en- 
trevue, quieutlieuàRegniès,  le  i  2oct. 
1621.  Ce  fut  en  vain  que  le  nouveaa 
connétable  employa  tour-à-tour  les  sé- 
ductions et  les  menaces  pour  amener  le 
duc  à  abandonner  le  parti  des  rebelles; 
il  ne  put  éveiller  dans  son  cœur  ni 
l'ambition  ni  la  crainte;  la  réputation 
d'honneur  et  de  loyauté  de  Rohan  sor- 
tit pure  de  cette  épreuve.  Luynes,  le 
trouvant  inébranlable ,  alla,  dit-on, 
jusqu'à  lui  offrir  «carte  blanche  pour 
son  particulier  ;  »  mais  Rohan,  dont  le 
caractère  était  d'une  trempe  vraiment 
antique,  lui  répondit  simplement  a  que 
sa  conscience  lui  ordonnoit  de  n'en- 
tendre qu'à  une  paix  générale.  »  Ré- 
ponse d'autant  plus  admirable  que  les 
dangers  et  les  obstacles  allaient  se 
multipliant  sous  ses  pas. 

Furieux  de  l'échec  que  ses  armes  re- 
çurent sous  les  murs  de  Monlanban, 
Louis  XIII,  parlettres-patentesdonnées 
à  Bordeaux  le  27  déc.  I62i,  déclara 
Rohan  criminel  de  lèse-majesté;  mais 
Sillery  et  Jeannin,  tous  deux  partisans 
de  la  paix,  réussirent  àen  faire  différer 
la  publication  et  l'enregistrement.  On 
chargea  même  Lesdiguières  d'entamer 
avec  le  redoutable  chef  huguenot  des 
négociations  pour  la  paix. 


ROH 


—  481  — 


ROH 


Rohan  y  qui  avait  été  choisi  pour 
remplacer  Châtillon(Voy.  Ill,p.  410), 
par  l'assemblée  du  Bas-Languedoc  et 
parcelle  des  Gevennes^ choix  cooflrmé 
par  l'Assemblée  générale  de  LaRochelle 
{Fonds  deBaluze,  No9253.4),  se  trou- 
vait alors  dans  le  Bas-Languedoc  fort 
occupé  à  déjouer  les  intrigues  de  cer- 
tains membres  de  l'assemblée  du  cer* 
cle ,  q\x\,  irrités  des  allures  indépen- 
dantes du  nouveau  général  et  excités 
sous  main  par  Ghàtiilon,  cherchaient 
à  ruiner  son  autorité  et  à  le  décrier  à 
La  Rochelle^  où  leur  envoyé,  le  minis- 
tre genevois  Babat,  s'efforçait  de  le 
représenter  comme  un  ambitieux  qui 
voulait  perpétuer  la  guerre  pour  per- 
pétuer son  autorité.  La  sagesse  et  la 
prudence  de  Rohan  prévinrent  un  schis- 
me qui  aurait  entraîné  d'irréparables 
désastres,  et  l'Assemblée  de  LaRo- 
chelle, à  la  décision  de  laquelle  les  deux 
partis  convinrent  de  s'en  rapporter^ 
laissa  prudemment  s'assoupir  la  que- 
relle. 

Le  chagrin  que  Rohan  éprouva  de 
voir  dénaturer  ses  meilleures  inten- 
tions, les  inquiétudes  que  lui  causaient 
ces  divisions  dangereuses,  à  la  veille 
d'avoir  sur  les  bras  l'armée  royale,  les 
mouvements  extraordinaires  qu'il  dût 
se  donner  pour  de  mettre  en  état  de 
résistera  tant  d'ennemis,  lui  occasion- 
nèrent une  fièvre  qui  le  retint  au  lit 
plus  de  quinze  jours.  Ce  fut  pendant 
sa  maladie  qu'arrivèrent  les  députés 
de  Lesdiguières  et  que  le  président  I>u 
Cros  fut  indignement  assassiné  (Voy. 
IV,  p.  368).  Il  s'empressa  d'envoyer 
Les  Isles  ou  Des  Isles  au  maréchal  pour 
lui  exposer  comment  le  meurtre  avait 
été  commis ,  et  continuer  la  négocia- 
tion ,  qui  semblait  prendre  une  tour- 
nure favorable. 

Les  hostilités  n'ayant  point  été  sus- 
pendues, il  entra  en  campagne  dès 
qu'il  fut  guéri.  11  manqua  deux  entre- 
prises, l'une  sur  Algues-Mortes,  l'au- 
tre sur  Beaucaire;  mais  il  fut  plus 
heureux  à  l'attaque  de  Montlaur,  dont 
il  entreprit  le  siège  pour  forcer,  par 

une  diversion  Montmorency  à  aban* 


donner  celui  de  Bédarieux.  Gonflant 
ensuite  le  commandement  à  Bertichè- 
res,  il  partit  pour  Laval,  où  devait  avoir 
lieu  son  entrevue  avec  Lesdiguières. 
Ses  demandes  se  réduisirent  à  quatre: 
10  restitution  de  toutes  les  places  de 
sâreté  ;  2»  liberté  de  tenir  des  assem- 
blées ;  30  continuation  du  payement  des 
sommes  allouées  pour  l'entretien  des 
ministres  et  des  garnisons  ;  40  indem- 
nité aux  seigneurs  qui  avaient  perdu 
leurs  biens  ou  leurs  emplois  à  cause 
de  la  religion.  Comme  Lesdiguières 
n'avait  pas  de  pouvoirs  pour  conclure, 
il  l'engagea  à  envoyer  des  députés  en 
Cour,  en  lui  faisant  espérer  qu'ils  y 
seraient  bien  accueillis.  Rohan,  qui 
désirait  sincèrement  la  paix,  et  qui 
avait  été  autorisé  par  l'Assemblée  de 
LaRochelle  à  traiter,  sauf  ratiflcation, 
y  consentit.  Tous  deux  travaillèrent  en 
conséquence  à  un  mémoire,  qui  devait 
être  présentéàLouisXIII.  Rohan  y  de- 
mandait l'exécution  sincère  de  l'édit  de 
Nantes  et  le  rétablissement  du  culte 
réformé  dans  les  lieux  d'où  il  avait  été 
banni  depuis  la  guerre,  s'engageant, 
au  nom  de  ses  coreligionnaires,  àfaire 
démolir  les  nouvelles  fortitlcations,  à 
rétablir  le  culte  catholique  dans  les 
villes  où  il  avait  été  interdit,  et  à  ne 
tenir,  à  l'avenir,  aucune  assemblée 
politique  sans  le  consentement  du  sou- 
verain. Ce  mémoire  arrêté  entre  eux, 
Rohan  se  rendit  le  soir  même  à  Barjac, 
d'où  il  écrivit  au  roi  une  lettre  fort 
soumise(Fon<i5rfciîa/uze,N«9253.  4), 
pour  lui  rendre  compte  de  ce  qui 
s'était  passé  dans  la  conférence  et  le 
prier  d'accueillir  favorablement  ses  dé- 
putés Calonges,  Les  Isles,  Duput,  de 
Montauban,  Du  Cro5,  de  Montpellier,  et 
LaBorie,  du  Vivarais;  puis  il  retour- 
na promptement  à  Montpellier,  afin  de 
secourir,  s'il  en  était  encore  temps, 
Cornon-Scc  que  Montmorency  assié- 
geait. Il  arriva  trop  tard;  mais  il  ré- 
para cette  perte,  en  forçant  Saussanet 
Saint-Georges  à  se  rendre  à  la  vue  de 
l'armée  catholique,  qui  n'osa  pas  en 
venir  aux  mains.  Il  dirigea  ensuite 
contre  La  Vérune  une  attaque  inutile^ 


ROH 


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ROH 


qui  lai  coûta  le  mestre*de-camp  La 
Blaqmère  et  son  sergent-major  Ran" 
don;  puis  il  prit  Gignac  par  capitula* 
tion^  s'empara  de  quelques  chàteaui 
et  villages  rorliûés ,  sans  que  les  Ca- 
tholiques essayassent  de  s'opposer  à 
ses  progrès,  qu'il  aurait  poussés  plus 
loin^  si  les  violences  et  les  intrigues 
de  J^mon  ne  l'avaient  rappelé  àNismes 
{Voy.  Il,  p.  145). 

Pendant  que  Rohan  déployait  ainsi 
dans  le  Languedoc  sa  vigilance,  sa  fer- 
meté et  son  activité  merveilleuse,  ses 
députés  étaient  arrivéis  à  Paris  ;  mais 
les  partisans  de  la  guerre  avaient,  en 
quelque  sorte,  enlevé  le  roi  «  à  la  dé- 
robée, par  la  porte  de  derrière  du  Lou- 
vre, le  Jour  de  Pâques  Qeuries,  »  et  ra- 
yaient conduit  en  Poitou  pour  Topposer 
àSoubise.Les  cii^q  députés  huguenots 
Ty  suivirent  et  l'atteignirent  à  Niort 
dans  les  circonstances  les  moins  favo- 
rables au  succès  de  leur  mission.  La 
victoire  que  les  Catholiques  venaient 
de  remporter  à  Rié  et  la  prise  de  Royan 
faisant  croire  à  la  ruine  prochaine  des 
Huguenots,  le  Conseil,  dominé  par  le 
parti  de  la  guerre,  apporta  de  telles 
modiflcations  au  traité  qu'on  peut  dire 
qu'il  refusa  toute  condition.  «  J'ai  reçu 
nouvelles  de  nos  députés,  écrivait  Ro* 
han  à  Madiane,  le  23  mars  1 622  ;  ils 
m'écrivent  de  Paris  que  toutes  choses 
sont  disposées  à  la  guerre,  et  que  sans 
avoir  été  ouïs,  on  leur  a  commandé  de 
se  retirer.  » 

La  guerre  continua  donc  avec  plus 
d'acharnement  que  Jamais. Aprèsavoir, 
par  lettres-patentes  vérifiées  au  parle- 
ment de  Paris  le  4  Juill.  1622,  déclaré 
Rohan  et  son  frère  criminels  de  lèse- 
mijesté,  et  comme  tels,  privés  de  leurs 
honneurs,  dignités,  pensions  et  char- 
ges, Louis  XIII  traversa  rapidement  la 
Gnienne,  presque  sans  rencontrer  de 
résistance,  et  arriva  dans  le  Haut^Lan- 
goedoc,  où  il  trouva  Rohan  prêt  à  lui 
disputer  le  terrain  pied  à  pied.  Se  flat- 
tant de  l'espoir  de  soumettre  Montpel- 
lier sans  coup  férir,  grâce  aux  intelli- 
gences que  Montmorency  et  Ghàtillon 
y  entretei^je^t^  il  ne  s'arrêta  pas  dans 


cette  province,  mais  desc^dit  dans  le 
Bas-Languedoc.  Quelle  que  fût  sa  dili- 
gence, Rohau,  devinant  ses  intentions, 
gagna  les  devants;  il  rentra  dans  Mont- 
pellier au  moment  même  eu  l^armée 
royale  arrivait  à  Béziers,  et  assex  à 
temps  pour  déjouer  la  trahison  de  Ber- 
tichères  (Voy.  III,  p.  424)  et  ponirU 
défection  de  J^imara  avec  une  rigueur, 
qui  n'était  pas  suffisamment  jastifiéé 
(Voy,  II,  p.  292).  Il  confia  la  défense 
de  celte  ville,  qu'il  avait  fortifiée  avee 
tout  le  soin  possible,  au  vaillant  capi- 
taine Calonges,  à  qui  il  laissa  1,500 
hommes  de  garnison.  Pour  lui,  ne  vou- 
lant point  s'enfermer  dans  une  place 
forte,  il  partit  pour  les  Cevennes,  la 
pépinière  de  ses  meilleurs  et  de  ses 
plus  fidèles  soldats^  Pendant  qu'il  y 
recrutait  des  troupes,  Lesdigoières^ 
qui,  malgré  sa  récente  abjuration,  n'a- 
bandonnait pas  entièrement  les  inté- 
rêts de  ses  anciens  coreligionnaires, 
lui  fit  demander  une  nouvelle  entrevue. 
À  l'exception  de  Gondé,  qui,  en  vue 
d'une  succession  éventuelle  (Louis  XIII 
n'ayant  point  d'enfants),  poussait  à 
une  guerre  implacable  contre  les  Hu- 
guenots afin  de  gagner  la  bienveillanoe 
du  pape  et  de  se  faire  pardonner  par 
ies^  Catholiques  bigots  sa  naissance  hu- 
guenotte,  tout  le  monde  désirait  la  paix. 
Les  deux  négociateurs  tombèrent  donc 
aisément  d'accord  ;  une  seule  condition 
exigée  par  le  connétable  rompit  tout. 
Cette  condition  était  que  le  roi  entrerait 
avee  ses  troupes  dans  Mon!  pallier;  or  les 
habitants  savaientque  Gondé  avaitbm- 
talement  déclaré,  que,  traité  signé  oa 
non,  s'il  entrait  dans  la  ville,  il  la 
mettrait  à  feu  et  à  sang,  et  ils  ne  vou- 
laient pas  s'exposer  au  sort  aflfreox  de 
tant  d'autres  places  protestantes,  où, 
au  mépris  des  capitulations,  les  hom- 
mes avaient  été  massacrés,  les  femmes 
violées,  les  maisons  pillées  et  réduites 
en  cendres.  Ils  refusèrent  donc  abso- 
lument de  recevoir  dans  leurs  murs 
ni  le  roi  ni  Gondé.  Louis  XIII  indi- 
gné fit  marcher  ses  troupes  et  com- 
DieDça  le  siège.  On  en  connaît  l'issue 
(Voy.  VI,  p.  175);  Théroïque  défense 


\ 


ROH 


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ROH 


de  la  place  facilita  singulièrement  la 
conclusion  de  la  paii  (Foy.  Pièces  Jus- 
tif.  No  LXXVI).  Par  breveU  parlicu- 
lierSy  le  roi  ordonna  que  La  Rochelle 
et  Montauban  conserveraient  leurs  for- 
tifications Intactes  ;  que  Nismes^  Cas- 
tres, Uzès  et  Milhau  ne  raseraient  que 
la  moitié  des  leurs,  et  qu'il  ne  serait 
ni  mis  de  garnison  ni  bâti  de  citadelle 
à  Montpellier  (1).  En  compensation  de 
la  perte  de  ses  gouvernements  du  Poi- 
tou et  de  Saint-Jean-d'Angély,  qui  ne 
lui  furent  pas  rendus,  Roban  obtint  les 
gouvernements  de  Nismes  et  d'Uzès,  et 
une  somme  de  600,000  livres  hypo- 
théquée sur  le  duché  de  Valois.  Il  re- 
çut^ en  outre,  une  autre  somme  de 
200,000  livres  comptant,  et  ses  pen- 
sions furent  rétablies,  aussi  bien  que 
celles  de  son  frère.  Sa  femme,  qui  était 
retenue  prisonnière  à  Angers^  fut  re- 
mise en  liberté. 

La  paix  signée,  Roban  alla  trouver 
le  roi,  se  jeta  à  ses  pieds  et  lui  deman- 
da pardon  de  sa  révolte.  Louis  XIII, 
qui  n'avait  nullement  l'intention  d'exé- 
cuter le  traité  dans  ses  dispositions 
favorables  aux  Protestants,  feignit  de 
lui  témoigner  une  vive  affection  et 
beaucoup  de  confiance,  dans  l'espoir, 
sans  aucun  doute,  de  se  l'attacher  par 
la  reconnaissance  ;  mais  il  connaissait 
mal  le  noble  caractère  du  héros  hu- 
guenot. Dès  qu'il  apprit  que  la  garni- 
son laissée  à  Montpellier  après  le  dé- 
part du  roi,  n'en  était  pas  retirée;  que 
le  fort  Louis,  cette  menace  permanente 
contre  La  Rochelle,  n'était  pas  démo- 
li ;  qu'au  contraire,  on  le  munissait 
comme  à  la  veille  d'un  siège;  que  la 
chambre  mi-partie  n'était  pas  rétablie 
à  Castres  ;  qu'enfin  les  plaintes  des 
Protestants  au  sujet  de  ces  violations 
flagrantes  du  traité,  n'étaient  pas  é- 
coutées,  il  se  plaignit  vivement,  et 
peut-être,  dit-il,  avec  trop  de  hardies- 
se. Louis  XIII  répondit  à  ses  remon- 
trances réitérées  par  les  plus  belles 
promesses,  et  lui  donna  une  lettre 

(1)  Far  cy  après,  il  n'y  aura  ny  goaremeur  ny 
gamizoD  dantladitte  tilIé,  ny  aoeira«eiladMlf  hâ- 
lie  {Fond*  de  Baluze,  N»  9S5S.  4). 


pour  Valençay,  gouverneur  de  Mont 
pellier,  à  qui  il  enjoignit  de  se  confor- 
mer aux  articles  du  traité  de  paix. 
Valençay  promit  d'obéir;  mais, au  Heu 
de  faire  sortir  sa  garnison,  il  l'aug- 
menta et  chercha  à  s'assurer  des  Ce- 
vennes,  en  faisant  occuper  les  points 
stratégiques  du  pays.  Roban  se  trou- 
vait alors  dans  le  Haut-Languedoc, 
surveillant  la  démolition  des  fortifica- 
tions. 11  se  bâta  de  se  transporter  à 
Montpellier,  où  Valençay  le  retint  pri- 
sonnier. Cette  arrestation  causa  peu 
de  sensation  parmi  les  Protestants  du 
Bas-Languedoc,  toujours  irriléscontre 
Roban  qu'ils  accusaient  d'avoir,  dans 
le  traité  de  paix^  sacrifié  à  ses  intérêts 
ceux  de  la  Cause  (l)>  mais  elle  indigna 
toute  la  Cour,  à  l'exception  de  quel- 
ques vieux  politiques  qui  avaient  ou- 
blié depuis  longtemps'  la  valeur  de 
ces  mots  honneur,  loyauté,  justice.  Le 
roi  dut  reculer  devant  l'explosion  de 
ce  mécontentement  :  il  fil  remettre  Ro- 
ban en  liberté,  parce  qu'il  savait  sans 
doute  que  Valençay  avait  eu  le  temp9 
de  changer  violemment  le  consulat  et 
de  jeter  les  fondements  d'une  citadelle 
au  mépris  de  la  parole  donnée,  mais 
de  l'aveu  de  quelques-uns  des  habi- 
tants (Voy.  VII,  p.  206).  La  force  aura 
toujours  ses  complaisans  et  ses  adula- 
teurs. 

Rohan,  qui  avait  reçu  l'ordre  de 
s'éloigner  du  Bas-Languedoc,  refusa 
de  le  faire  avant  que  toutes  les  troupes 
eussent  été  retirées  de  Msmes  et  des 
Cevennes.  Il  se  rendit  alors  à  Castres, 
d'où  11  continua  à  réclamer  l'exécution 
du  traité  de  paix  (2),  jusqu'à  ce  que 

(1)  L'Assemblée  de  La  Rochelle  s'était  mm- 
trée  meins  injaste.  Elle  aTait  folé  des  reneitl^ 
menis  à  Rohan,  en  lai  promettant  que  les  égUaêf 
«  conserreroient  à  toujours  la  mémoire  de  cette 
obligation  •  [Fond*  de  Brienne^  N»  S2S). 

(S)  Le  8  de  juin  163S,  Il  écririt  encore  an  roi  : 
«  Je  commencerai  cette  lettre  par  on  pardon  ^é 
je  y  ont  demande,  si  ne  me  serrant  du  style  d'ui 
serrile  flatteur,  je  prends  celui  q«e  la  franehisé 
d'un  fidèle  serriteor  m'enseigne,  m'assnrant  qn'à 
l'imitation  de  celui  que  tous  représentes,  Tons 
n'aurez  désagréable  d'être  prié,  sollicité,  pressé^ 
même  sommé  pour  robserration  de  la  paix  qu'il 
TOUS  a  pin  nous  donner,  qui  consiste  principale- 
ment  au  rétablissement  de  la  Chambre  dans  Cas- 


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le  roi  lai  signifia,  le  15  jaill.  1623, 
de  cesser  des  sollicitations  importunes. 
Il  garda  donc  le  silence,  mais  ses  co- 
religionnaires lui  en  firent  un  crime, 
l'accusant  de  connivence  avec  la  Cour. 
C'est  pour  repousser  cette  calomnie 
qu'il  publia  son  Discours  sur  la  paix 
de  Montpelliery  où  il  se  plaint  avec 
raison  de  ce  qu'après  avoir  tout  sa- 
crifié pour  la  religion,  il  était  attaqué 
par  des  gens  qui  n'avaient  rien  osé 
risquer  pour  la  cause  commune.  <c  Mes 
actions,  dit-il,  depuis  la  paix  jusqu'à 
présent,  font  assés  connoltre  à  qui  les 
veut  considérer,  ma  sincérité....  Les 
persécutions  ni  les  calomnies  des  nô- 
tres ne  me  divertiront  jamais  de  la 
ferme  résolution  que  Dieu  m'a  donnée, 
de  m'emploïer  tout  entier  an  bien  de 
son  service.  »  Il  termine  son  éloquente 
justification,  en  sommant  ses  censeurs 
«  à  lui  montrer  le  chemin  de  bien 
faire.  Je  promets,  dit-il,  de  les  mieux 
seconder  qu'ils  ne  m'ont  assisté;  et 
que  sans  me  souvenir  des  choses  pas- 
sées, j'embrasserai  toujours  d'un  franc 
cœur  la  cause  de  Dieu,  et  réputerai  à 
gloire  de  souffrir  pour  son  nom.  d 

Rohan  passa  à  Castres  un  peu  plus 
de  deux  années,  qui  doivent  compter 
parmi  les  plus  heureuses  de  sa  vie. 
«  Le  duc  de  Rohan,  raconte  Bouffard- 
Madiane  dans  ses  Mémoires  encore 
inédits,  commença  de  mener  à  Cas- 
tres une  douce  et  tranquille  vie,  éloi- 
gné de  toute  intrigue  et  embarras.  Sa 
maison,  quoique  immense,  à  cause  de 
beaucoup  de  gens  qui  s'y  étoient  four- 
rés durant  la  guerre,  et  des  mauvais 
traitements  qu'on  leur  faisoit  depuis 
la  paix  par  ies  lnrrac|ions,semontroit 
exempte  de  désordres  pour  le  jeu,  la 
débauche  du  boire,  et  de  tous  les  au- 
tres vices  qu'on  voit  fourmiller  chez 
les  grands.  Sa  table  étoit  fort  frugale, 

très,  à  la  démolition  da  fort  près  de  La  Rochelle 
et  à  la  sortie  des  gens  de  guerre  qai  sont  dans 
Montpellier.  •  Le  roi  loi  répondit  le  15  juill.  :  c  Je 
désire  qne  tous  sachiez  que  je  suis  si  religieui  à 
entretenir  les  choses  qne  j'ai  promises,  et  si  facile 
à  entendre  les  plaintes  de  mes  sujets,  que  j'ai 
pins  agréable  que  les  remontrances  m'en  soient 
faites  par  leur  reqnêteon  parleur  rite  voix  qne  par 
autre  entremise  ■  (Fondêdt  iratortf,No  9S53. 4). 


ses  autres  dépenses  très-modérées  en 
tout  genre  de  luxe,  étant  un  exemple 
de  sobriété  pour  son  manger,  ne  bu- 
vant que  de  l'eau,  et  paroissant  in- 
sensible pour  la  passion  des  femmes, 
bien  que  la  sienne  lui  fût  très-chère, 
et  que,  sans  affectation,  ni  fourberie, 
il  parût  entre  eux  une  vive  amitié  con- 
jugale, cimentée  d'un  mutuel  respect, 
s'il  en  fut  jamais.  Affable,  familier  et 
accessible,  jouant  très-peu  et  rarement, 
faisant  exercice,  aux  beaux  Jours,  an 
jeu  du  mail,  à  courir  la  bague,  à  mon- 
ter à  cheval,  ayant  toujours  quelque 
jeune  poulain  qu'il  dressoit  lui-même 
avec  succès;  s'appliquant,  sans  affec- 
tation, à  la  lecture  de  Plutarque  et  des 
Commentaires  de  César,  assidu  aux 
exercices  de  piété,  sans  hypocrisie, 
fort  retenu  en  ses  passions,  modéré  en 
ses  ressentiments,  exempt  de  blasphè- 
mes et  de  tous  jurements ,  discret  et 
civil  en  toutes  ses  manières;  d'une 
moyenne  taille,  fort  droit,  bien  pro- 
portionné en  tous  ses  membres,  plus 
brun  que  blanc,  des  yeux  vifs  et  per- 
çants, nez  aqnilin,  chauve ,  fort  dis- 
pos, agile  et  adroit  aux  exercices  jus- 
qu'à la  danse,  bien  que  négligée  par 
ceux  de  la  religion.  » 

Rohan  vivait  donc  heureux,  aussi 
heureux  qu'un  homme  dévoué,  comme 
lui,  à  sa  religion  pouvait  l'être,  en 
voyant  la  Cour  violer  sans  scrupule  et 
sans  honte  le  dernier  traité  de  paix. 
Pions  avons  déjà  dit  qu'au  lien  de  re- 
tirer la  garnison  de  Montpellier,  on  a- 
vait  élevé  dans  cette  ville  une  citadelle, 
dont  l'esplanade  devait  être ,  avant  la 
fin  du  siècle,  arrosée  du  sang  des  mar- 
tyrs, et  les  cachots  se  remplir  des  con- 
fesseurs de  la  foi  protestante.  Malgré 
les  promesses  les  plus  formelles,  le  fort 
Louis  restait  debout  etde  nouveaux  tra- 
vaux le  rendaient  de  plus  en  plus  for- 
midable. Le  traité  de  paix  portait  que 
les  Réformés  étaient  admissibles  à  tons 
les  emplois,  mais  ils  ne  pouvaient  ob- 
tenir même  la  place  de  sergent,  sans 
faire  acte  de  catholicisme.  Le  culte  pro- 
testant devait  être  rétabli  partout  où  il 
avait  été  aboli^  mais  on  éludait  l'exé^ 


ROH 


—  485  — 


ROH 


cation  de  cet  article  à  Toars  et  ailleurs 
(Voy,  IV^p.  404).  Le  parlement  de  Tou- 
louse, sans  s'inquiéterde  l'abolition  gé- 
nérale accordée  à  tous  ceux  qui  avaient 
porté  les  armes,  décernait  des  prises 
de  corps  et  condamnait  à  des  amen- 
des énormes  pour  faits  de  guerre.  La 
plupart  des  tribunaux,  dans  les  procès 
où  intervenaient  des  Réformés,  ju- 
geaient, comme  on  dit,  sur  l'étiquette 
du  sac.  Enfin  on  faisait  assez  ouverte- 
ment en  Bretagne  des  préparatifs  pour 
bloquer  La  Rochelle  par  mer,  comme 
elle  Tétait  déjà  par  terre  au  moyen  du 
fort  Louis. 

Malgré  toutes  ces  infractions  à  un 
traité  dont  il  pouvait  se  considérer  com- 
me le  garant  vis-à-vis  de  ses  coreli- 
gionnaires, Rohan  ne  songeait  point  à 
reprendre  les  armes,  lorsqu'il  reçut  la 
visite  de  son  frère  Soubise,  que  la  note 
secrète  nous  peint  comme  un  seigneur 
<t  séditieux,  brouillon  et  étourdi,  colère 
et  partant  incapable  de  grandes  affai- 
res. »  Les  Rochellois,  effrayés  a  de  l'ap- 
pareil de  leur  blocus  par  mer,  qui  étoit 
comme  en  sa  perfection,  »  et  résolus^ 
comme  dilBassompierre,  «de  faire  quel- 
que noble  représaille,  afin  que  rendant 
ce  qu'ils  auroient  pris,  on  leur  remit 
le  fort  qui  les  incommodoit,  »  s'a- 
dressèrent à  Soubise,  qui,  partageant 
leurs  inquiétudes,  leur  promit  son  se- 
cours et  celui  de  son  frère.  Roban  hé- 
sita à  se  jeter  dans  une  nouvelle  entre- 
prise «  à  cause  des  désunions  et  autres 
manquemens  qu'il  avoil  éprouvés  aux 
brouilleries  précédentes  et  qu'il  appré- 
bendoit  d'offenser  l'Angloi s  et  les  Hol- 
landois,  à  cause  de  la  ligue  qu'ils  ve- 
noient  de  faire  avec  le  roi.  )>  aMes  af- 
faires domestiques,  dit-il  ailleurs,  ne 
m'obligeoient  qu'à  la  continuation  de 
la  paix .  »  Cependant  son  frère  ayant  per- 
sisté dans  sa  résolution ,  il  ne  voulut 
point  l'abandonner.  Dès  qu'il  eut  avis 
de  la  surprise  du  port  de  Blavet,  il  tra- 
vailla, activement  secondé  par  la  du- 
chesse ,  sa  femme,  à  soulever  le  Lan- 
guedoc ;  mais  il  trouva  presque  par- 
tout les  Protestants  indifférents,  sinon 
hostiles.  Cette  tiédeur  le  disposa  à  6^ 


coûter  les  propositions  d'accommode- 
ment qu'on  lui  fit.  S'il  n'avait  été  con- 
duit^ comme  on  l'en  a  accusé,  que  par 
une  ambition  vulgaire,  s'il  n'avait  pas 
été,  de  l'aveu  de  tous  les  écrivains  im- 
partiaux, le  plus  désintéressé  des  chefs 
protestants,  il  se  serait  assurément  con- 
tenté de  ce  qu'on  lui  ofirait  :  pour  lui, 
le  commandement  en  chef  de  l'armée 
des  Vénitiens,  et  pour  son  frère,  celui 
de  la  flotte  des  alliés  (l);  mais  il  ne 
voulut  point  séparer  ses  intérêts  de 
ceux  des  églises,  et  il  persista  à  récla- 
mer l'exécution  pleine  et  entière  du  trai- 
té de  Montpellier,  surtout  la  prompte 
démolition  du  fort  Louis.  Richelieu  re- 
fusa, et  il  eut  l'art  de  persuader  aux 
gouvernements  d'Angleterre  et  de  Hol- 
lande, que  si  la  paix  n'était  pas  con- 
clue, la  faute  en  était  à  l'obstination  de 
Rohan  et  de  Soubise.  Le  roi  d'Angle- 
terre, très-mécontent  de  ce  que  les  deux 
frères  se  jetaient  à  la  traverse  de  ses 
projets,  les  abandonna,  et  le  prince  Mau- 
rice, allant  plus  loin,  obtint  des  Etats- 
Généraux  l'envoi  d'une  floite  au  secours 
du  roi  de  France,  sous  les  ordres  de 
l'amiral  Haultin. 

Cependant  Rohan  rencontrait  à  cha- 
que pas  des  difficultés  presque  insur- 
montables. Désavoué  par  les  députés 
généraux,  par  les  personnes  influentes 
du  partie  par  la  plupart  des  ministres, 
par  beaucoup  de  municipalités;  con- 
trecarré par  la  chambre  mi-partie,  qui 
résidait  encore  à  Béziers^  par  le  prési- 
dial  de  Nismes,  par  presque  tous  les 
Protestants  qui  occupaientquelque  em- 
ploi dans  l'Etat;  traversé  enfin  dans  ses 
projets  par  cette  foule  de  gens,  lâches 
on  égoïstes,  si  bien  peints  par  La  Noue, 
«  qui  empacquetcnt  et  cachent  leur  hon- 
neur et  leur  conscience  au  fond  d'un 
coffre,  »  il  sentit  qu'il  ne  pouvait  s'ap- 
puyer que  sur  le  peuple,  qui  raisonne 
peu,  qui  calcule  encore  moins,  et  qui, 
par  cela  même ,  est  plus  prompt  à  se 
passionner  pour  une  cause,  mais  plus 
prompt  aussi  à  se  laisser  décourager. 

(1)  Le  gonremement  français,  de  concert  atee 
VeoiM  61  la  StTOie,  méditait  une  entreprise  sur 
Gènet. 


tioii 


-m- 


ROH 


A  cette  époqae,  la  religion  était  encore 
le  levier  le  plus  puissant  pour  agir  sUr 
les  masses.  On  le  vit  donc  —  ceci  est 
une  page  que  nous  voudrions  pouvoir 
effacer  de  sa  vie —  a  on  le  vil,  raconte  Le 
Vassor,  par  les  places  publiques  et  dans 
les  temples  faisant  porter  le  livre  des 
Saintes  Ecritures  devant  lui  et  pronon- 
cer de  longues  prières  composées  ex- 
près^ d'un  air  toucliant  et  pathétique. 
Accompagné  de  plusieurs  ministres,  il 
alloit  de  ville  en  ville;  quand  on  i^rri- 
voit  quelque  part,  le  ducmarchoit  droit 
au  temple  et  y  prioit  Dieu  assejs  long- 
temps à  genoux  et  avec  beaucoup  de 
ferveur  en  apparence,  avant  que  de  par- 
ler aux  magistrats  et  au  peuple,  p  Cet 
appel  au  fanatisme  n'eut  pas  tout  le  suc- 
cès qu'il  s'en  promettait.  Ce  ne  fut  pas 
sans  peine  qu'il  parvint  à  réunir  en- 
viron 2,000  liommes  de  pied  et  iOO  che- 
vaux, à  la  tète  desquels  il  entra  en  cam- 
pagne. Après  avoir  occupé  Puy-Lau- 
rens,  Revel,  Sorrèze,  Salnt-Paul-La- 
mialte,  Bridtcxte,  il  essaya,  le  l«rmai 
1625,  de  surprendre  L^vaur.  Son  en- 
treprise échoua,  mais  il  se  rendit  maî- 
tre de  Réalmont  par  intelligence.  Une 
assemblée.de  la  province  du  Haut-Lan- 
guedoc qu'il  convoqua  à  Castres,l'ayant 
élu  général,  il  établit  un  conseil,  qui 
devait  pourvoir  aux  affaires  en  son  ab- 
sence, et  partit  pour  le  Bas-Languedoc, 
laissant  sa  femme  malade  à  Castres. 
Quelques  jours  après  son  départ,  Thé- 
mines  parut  subitement  sous  les  murs 
de  cette  ville,  et  se  mit  en  devoir  de 
livrer  l'assaut.  La  duchesse  de  Rohan, 
qui  unissait  un  courage  viril  aux  qua- 
lités aimables  de  son  sexe,  ne  fut  pas 
plutôt  informée  du  danger,  qu'elle  se 
fit  porter  sur  les  murailles.  Son  intré- 
pidité enflamma  d'ardeur  la  population 
entière;  hommes,  femmes,  enfaQts,tous 
s'empressèrent  d'exécuter  les  ordj*es 
qu'elle  donna  avec  un  calme,  une  pré- 
sence d'esprit  propres  à  étonner  les  plus 
vieux  soldats  ;  les  assaillants  furent  for- 
cés de  battre  en  retraite.  L'arrivée  de 
Luaignan  (Voy.  ce  nom)  sauva  la  ville; 
mais  tous  les  efforts  des  lieutenants  de 
Rohan  ne  purent  empêcher  d'Epernon 


et  Thémines  d'exécuter  les  ordres  im- 
pitoyables qu'ils  avaient  reçus  du  roi, 
et  qu'ils  remplirent  avec  une  froide 
cruauté.  Le  dégât  commis  par  eux  au- 
tour de  Castres  et  de  Montauban  fut  hor- 
rible :  leurs  soldats  ne  se  contentèrent 
pas  de  ravager  les  champs,  de  couper 
les  arbres,  d'arracher  les  vignes,  de 
brûler  les  maisons,  ils  égorgèrent  une 
foule  d'habitants  de  tout  sexe  et  de  tout 
âge. 

De  son  cûté,  Rohan,  qui  rencoatrait 
assez  peu  de  sympathie  dans  le  Bas- 
Languedoc,  employait  la  force  poqr 
grossir  son  parti.  Une  nombreuse  as- 
semblée, qui  se  tint,  le  25  juin,  à  An- 
duze,  sous  la  présidence  de  Saint- 
Blancard  (ayant  Roussel,  ministre  de 
Sauve,  poqr  adjoint,  Condut,  consul  de 
St-Hippolyte,  et  Combel,  d'Anduxe, 
pour  secrétaires),  décida  l'union  avec 
La  Rochelle.  Proclamé  général,  Rohan, 
dans  l'espoir  de  faire  déclarer  Nismes 
en  sa  faveur,  marcha  avec  FreUm^ 
Saint-Blancard  et  Saurin,  ses  (rois 
mestres-de-camp,  contre  Sommières, 
dont  il  se  rendit  maître  au  moyen  du 
pétard,  dans  la  nuit  du  samedi  au  di- 
manche 6  juillet.  La  garnison  se  retira 
dans  le  château,  et  l'arrivée  d'un  se- 
cours de  1,200  hommes,  envoyé  par 
Valençay  aux  assiégés,  le  força  à  aban- 
donner sa  conquête.  Ce  revers  renver- 
sant ses  projets,  il  laissa  CKaoagnac 
dans  les  Cevennes,  et  vola  au  secours 
du  Haut-Languedoc,  à  la  tète  d'envi- 
ron 2,000  Cévenols.  Attaqué  i  Yianne 
par  Thémines,  il  confia  ses  troupes  à 
Saint-Blancard,  et  sortit  de  la  ville, 
lui  cinquième,  à  la  faveur  de  la  nuit, 
pour  aller  prendre  le  commandement 
d'un  puissant  secours  qui  lui  arrivait 
de  Castres.  11  espérait  de  mettre  l'en- 
nemi entre  deux  feux  ;  mais  Thémines 
ne  l'attendit  pas.  Sa  présence  releva 
les  affaires  des  ProtestanU^  dans  le  Haut- 
Languedoc.  Il  fit  enlever  par  Lusignan 
le  régiment  de  Lescure  dans  le  faubourg 
de  Teillet,  et  s'empara  en  personne  de 
Scleurac,  ainsi  que  de  plusieurs  petits 
forts,  qu'il  brûla.  Ces  succès,  joints  à 
l'échec  éprouvé  par  Thémines  davant 


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487 


ROH 


Le  Ma8-d'Azil  et  à  un  avantage  rem- 
porté par  Soubise  sur  la  flotte  franco- 
bollandaise^  le  16  juill.  1625^  dispo- 
sèrent la  Cour  à  se  prêter  plus  facile- 
ment aux  voies  de  conciliation  (  i  ) .  Mal- 
gré les  pressantes  exhortations  de  Ro- 
ban  et  de  Soubise^  les  Rochellois  ne 
voulurent  absolument  pas  entendre 
parler  d'accommodement  avant  la  dé- 
molition du  fort  Louis.  Cette  obstina- 
tion irrita  singulièrement  les  Réformés 
du  Languedoc,  qui  supportaient  toutes 
les  calamités  de  la  guerre  ;  ils  voulaient 
traiter  séparément,  et  ils  auraient  vrai- 
semblablement fini  par  le  faire,  malgré 
les  eflbrls  du  duc,  si  la  prise  de  Tile 
de  Ré  par  Tboiras ,  la  défaite  de  leur 
flotte  et  le  départ  de  Soubise  pour  l'An- 
gleterre n'avaient  bientôt  rendu  les  Ro- 
chellois moins  exigeants.  Une  assem- 
blée, composée  des. députés  des  Ge- 
vennes,  du  Haut  et  du  Bas-Languedoc 
se  tint  donc  à  Hilbau ,  sous  la  prési- 
dence de  Rohan,  et  arrêta,  le  i*^  nov. 
1625,  l'envoi  en  Cour  de  neuf  députés 
«  pour  déclarer  à  S.  M.  qu'ils  accep- 
toieut  les  articles  et  conditions  de  paix 
qu'il  lui  avoit  plu  leur  accorder  »  (Voy. 
I,  p.  276).  Ces  députés  furent  présen- 
tés à  Louis  XIll  par  les  députés  géiié- 
raux  Maniald  et  Montmartin.  Rien  de 
plus  bassement  servi  le  que  la  harangue 
adressée  au  roi  en  cette  occasion.  Les 
descendants  des  compagnons  de  Condé 
et  de  Coligny  furent  assez  lâches  pour 
condamner  la  mémoire  de  leurs  pères 
et  tout  ce  qu'ils  avalent  fait  dans  le  but 
de  leur  conquérir  la  liberté  de  con- 
science !  «  Nous  n'avons  que  des  pa- 
roles d'exécration,  s'écrièrent-ils,  con- 
tre les  sujets  qui  osent  lever  les  armes 
au  préjudice  de  leur  prince,  sous  quel- 
que prétexte  que  ce  soit  !  »  De  pareils 

(1)  On  a  publié  la  Harangue  des  àéputét  de 
MM.  de  Rohan  et  de  &m6M«,  el  dei  villes  de  La 
Rochelle,  MorUauhan,  Castrée^  Milhau  et  autrest 
prononcée  au  roi  à  Fontainebleau ^  le  li  juiU, 
1625,par  le  sieur  de  ComvrelleSt  avec  la  réponse 
de  S.  M. y  1625,  ÏD-ia.  Couvrellea  avait  été  dé- 
puté par  La  Eocbelle.  MonUaban  avait  eovoyé 
Du  Puy^  Le  CUrc  cl  Noaillan  ;  Castres,  Dorsonél 
Madiane; Milhau,  Guérin  ;  lesGeTeones,  (MLsu, 
Du  Gros t  Pu^edùn  (allas  Pierreâ4m)  tt  Pagt/ff/; 
et  Rohaa,  Fort»  ei  Lt  MiUstière. 


hommes  ne  tendaient-ils  pas  volontai- 
rement les  mains  aux  fers  du  despo- 
tisme? Louis  accueillit  avec  bonté  des 
sujets  si  doumis;  mais,  encouragé peui^ 
être  par  lear  bassesse,  il  refusa  de  eom- 
prendre  La  Rochelle  dans  le  traité.  U 
finit  pourtant  par  se  laisser  fléchir, 
après  avoir  vu  La  Goutte  et  les  autres 
députés  rochellois  implorer  à  genoux 
sa  clémence  ;  toutefois  il  ne  voulut 
pardonner  aux  Rochellois  qu'à  condi- 
tion qu'ils  raseraient  leurs  fortiflcâ- 
tions,  qu'ils  recevraient  un  intendant 
dans  leur  ville  et  qu'ils  ne  feraient  sor- 
tir aucun  vaisseau  du  port  sans  la  per- 
mission de  l'amiral.  Des  conditions 
aussi  dures  devaient  être  rejetées  par 
la  flère  cité  républicaine.  Un  grand 
nombre  de  Protestants  du  Haut-Lan- 
guedoc, fatigués  à  l'excès  d'une  guerre 
dans  laquelle  les  intérêts  de  leurs  égli- 
ses n'étaient  pas  directement  en  jeq, 
auraient  voulu  qu'onabandonnât  La  Ro- 
chelle, mais  Rohan  prit  des  mesures  ri- 
goureuses contre  ces  lâches  déserteurs 
de  l'union  des  églises  (Fondu de  Baluze, 
N»  9253. 4).  Dansle  Bas-Languedoc,  au 
contraire,  on  comprit  mieux  les  devoirs 
de  la  solidarité.  Nismes,  Uzès,  Alais, 
qui  avaient  montré  jusque-là  beau- 
coup de  tiédeur,  se  prononcèrent  en- 
fin, en  sorte  que  Rohan,  renforcé  par 
Taccession  de  ces  trois  villes  et  par  celle 
du  Vivarais,  et  comptant  d'ailleurs  sur 
le  secours  de  l'Angleterre,  que  son  frère 
lui  promettait,  se  prépara  à  continuer 
la  guerre.  11  se  rendit  dans  les  Ceven- 
nes,  y  leva  promptement  six  régiments, 
à  la  tête  desquels  il  mit  Rouveyretiej 
CltavagnaCj  AuhaU,  Saint  -  Cosme , 
LecqueSy  Fourniguet,  et  se  disposait 
à  rentrer  en  campagne,  lorsque  la  Cour, 
sentant  qu'elle  était  allée  trop  loin,  mi- 
tigea  les  conditions  auxquelles  elle  con- 
sentait à  accorder  la  paix.  Elle  fit  agir 
auprès  des  Protestants  les  ambassa- 
deurs du  roi  d'Angleterre,  qui  désirait 
vivement  que  le  calme  se  rétablit  en 
France,  afin  que  cette  puissance,  tran- 
quille au  dedans,  pût  joindre  ses  forces 
à  celles  de  la  ligue  contre  la  maison 
d'Antriche,  et  le  traité  d9  paix  fut  en- 


ROH 


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ROH 


fin  signée  le  5  fév.  1626,  soas  la  ga- 
rantie de  Charles  l«^  Ce  traité,  ratifié 
par  les  Rochellois  et  par  l'assemblée 
de  Nismes,  fut  saivi^  le  6  avril,  d'un 
édit  de  pacification,  qui  fut  reçu  par- 
tout avec  une  allégresse  extrême. 

On  assure  qu'aux  remontrances  qui 
lui  furent  adressées  par  le  nonce  au 
sujet  de  ce  traité,  Richelieu  répondit  : 
Mon  dessein  est  d'exterminer  l'hérésie 
en  France,  mais  il  faut  que  je  scan- 
dalise encore  le  monde  auparavant. 
Mieux  encore  que  ces  paroles,  la  con- 
clusion d'un  traité  de  paix  avec  l'Es- 
pagne, qui  fut  rendu  public  bientôt 
après,  mit  au  grand  jour  le  machia- 
vélisme du  gouvernement  français.  Le 
roi  d'Angleterre,  les  États- Généraux 
de  Hollande,  le  sénat  de  Venise,  le  duc 
de  Savoie,  toute  la  ligue,  en  un  mot, 
cria  à  la  perfidie,  et  Rohan,  qui  espé- 
rait a  avoir  éteint  sa  généralité  pour 
toujours,  »  ne  fut  pas  le  dernier  à  pré- 
voir que  la  paix  serait  de  courte  durée. 

Cette  conviction  s'affermit  chez  lui 
lorsqu'il  s'aperçut  que  Richelieu  tra- 
vaillait «  à  le  ruiner  dans  la  province, 
même  par  toute  la  France.  )»  Les  intri- 
gues de  l'astucieux  ministre  ne  tardè- 
rent pas  à  porter  leurs  fruits.  Le  Sy- 
node national  de  Castres,  vivement 
sollicité  i^slt  Auguste  Galland,  l'adroit 
agent  du  gouvernement,  par  Masuyer, 
l'assassin  de  Campredon  (Voy .  ce  nom) 
et  par  cette  poignée  de  traîtres  que 
Rohan  avait  dû  expulser  de  Castres 
pour  prévenir  la  conclusion  d'un  traité 
particulier  qui  aurait  entraîné  la  perte 
de  La  Rochelle,  refusa,  il  est  vrai,  de 
s'associer  à  ses  rancunes,  en  improu- 
vant la  dernière  prise  d'armes  du  duc 
et  en  condamnant  ses  intelligences  avec 
le  roi  d'Angleterre  et  d'autres  princes 
étrangers  ;  mais  la  municipalité  de  Cas- 
tres poussa  la  complaisance  jusqu'àé- 
couler  des  accusations  absurdes  dic- 
tées par  la  violence  des  inimitiés  per- 
sonnelles, et  à  refuser  d'entendre  Mer- 
mety  le  ministre  du  duc,  qui  étaitchar- 
gé  de  le  justifier.  De  quoi  donc  Rohan 
était-il  coupable  pour  qu'on  en  agit  avec 
cette  brutalité  envers  lui  ?  de  s'être 


montré  plus  jaloux  que  ses  coreligion- 
naires des  droits  ou  des  privilèges  qui 
leur  étaient  garantis  par  les  édils ,  et 
d'avoir  compté  trop  légèrement  sur 
leur  coopération  pour  contraindre  on 
gouvernement  déloyal  à  les  respecter. 
Dans  la  prévision  d'une  nouvelle 
guerre,  Rohan  employa  toute  son  in- 
fluence pour  faire  élire  à  Nismes  et 
dans  d'autres  villes  des  consuls  qui 
lui  fussent  dévoués.  De  son  côté  Sonbi- 
se^  appuyé  par  l'ambassadeur  de  Sa- 
voie ,  Scaglia ,  agissait  avec  vivacité 
auprès  du  roi  d'Angleterre  ;  il  cherchait 
à  le  convaincre  que  l'on  avait  abusé 
de  sa  médiation  pour  amener  les  Pro- 
testants à  accepter  une  paix  peu  avan- 
tageuse, qui  n'élait  même  pas  obser- 
vée (i).  Charles,  à  moitié  convaincu, 
envoya  à  Rohan  un  de  ses  gentilshom- 
mes «pour  lui  remontrer  le  juste  res- 
sentiment qu'il  avoit  de  ce  que  par  son 
intervention  les  Réformés  de  France 
avoient  été  trompés;  qu'il  voïoit  clai- 
rement qu'au  lieu  de  remettre  La  Ro- 
chelleen  liberté,  on  se  préparoit  à  l'op- 
primer, et  qu'il  désiroit  savoir  lesper- 
sécutions  qu'ils  recevoient  en  Langue- 
doc, etmêmequ'ilseroità  propos  qu'ils 
lui  fissent  leurs  plaintes,  afin  quecom- 
me  caution  de  la  paix  précédente ,  il 
eût  un  légitime  sujet  de  requérir  la 
réparation  des  infractions  d'icelle.  »  Ro- 
han se  chargea  de  dresser  lui-même  le 
cahier  des  griefs  de  ses  coreligionnai- 
res :  enagissantainsi,  il  s'arrogea  sans 
aucun  doute  une  autorité  qui  ne  lui 
appartenait  pas;  ce  qui  l'excuse  pour- 
tant, c'est  qu'il  lui  eût  été  impossible 
de  convoquer  une  assemblée  générale, 
sans  lever  en  même  temps  une  armée 
pour  la  protéger.  Sop  travail  achevé, 
il  l'envoya  en  Angleterre  par  Saint- 
Blancard,  Richelieu,  qui  avait  des  es- 
pions partout,  ne  tarda  pas  à  avoir  vent 
de  l'intrigue.  Menacées  de  la  Bastille, 
la  mère  de  Rohan  et  sa  sœur  se  hàtè- 

(1)  Les  ambassadeurs  anglais  s'éUient  portés 
garaols  nommément  de  la  démolilion  dafortLoais, 
et  ce  fort  sabsislait  tonjours.  Ils  avaient  donne  à  ce 
tajetane  Déclaration,  datée deParis  11  Tôt.  16S6, 
qui  a  été  publiée  dans  le  Journal  da  dernier  siège 
de  La  RocbeUe  par  Mervattli. 


f 


ROH 


—  489  — 


ROH 


renl  de  quitter  Paris  et  se  réfagièrent 
à  La  Rochelle,  où  elles  arrivèrent  pres- 
que eu  même  temps  que  la  flotte  an- 
glaise. 

A  la  nouvelle  de  l'arrivée  de  ce  puis- 
sant secours,  Rohan  publia  un  ma- 
nifeste (Collect,  Dupuy,  N»  100),  oîi 
il  exposa^  dit  Le  Yasser,  des  senti- 
ments dignes  d'un  béros  cbrétien. 
Etaient-ils  purs,  se  demande  Tbisto- 
rien,  sincères,  dégagés  de  tout  mou- 
vement d'amour-propre  et  d'ambition  ? 
Comme  lui,  nous  en  laisserons  le  Ju- 
gement à  Dieu.  Après  cette  démarche 
décisive,  il  se  hàla  de  convoquer  à 
Uzès  une  assemblée  du  Bas-Languedoc 
et  des  Gevennes,  laquelle  ouvrit  ses 
séances  le  iO  sept.  1627.  Electrisés 
par  un  discours  éloquent  qu'il  leur  a- 
dressa  pour  les  convaincre  que  des 
deux  seuls  partis  qui  leur  restaient  à 
prendre^  la  soumission  passive  ou  la 
résistance  à  main  armée,  le  plus  hono- 
rable et  le  plus  sûr  était  celui  qu'a- 
vaient choisi  leurs  illustres  ancêtres, 
les  députés  des  églises  le  supplièrent 
de  reprendre  le  commandement  en  chef 
[Voy,  1,  p.  277),  sous  la  suprême  di- 
rection d'une  assemblée  générale,  et 
rcnouvelcfent  le  serment  d'union,  en 
y  ajoutant  une  promesse  solennelle  de 
n'accepter  aucune  paix,  de  ne  consens 
tir  aucun  traité  que  du  consentement 
de  toutes  les  églises  et  de  leurs  alliés. 

Rohan  se  flattait  de  l'espoir  que 
l'exemple  du  Bas-Languedoc  et  des  Ge- 
vennes entraînerait  d'autres  provin- 
ces; il  se  trompait:  Milhau,  Montau- 
ban.  Castres  et  beaucoup  d'autres  vil- 
les rerusèrent  positivement  de  se  join- 
dre à  lui,  entraînées  par  les  insinua- 
tions d*A .  Galland,  que  Richelieu  avait 
renvoyé  dans  le  Languedoc  (Voy.  V, 
p.  202).  La  défection  de  tant  de  places 
ne  découragea  pas  Rohan,  qui  savait 
qu'il  pouvait  compter  sur  le  peuple  au 
défaut  de  la  bourgeoisie.  Il  flt  faire  des 
levées  à  ses  frais,  entra  en  campagne 
et  poussa  la  guerre  avec  vigueur,  mal- 
gré les  déclarations  fulminantes  du  roi 
et  l'arrêt  féroce  du  parlement  de  Tou- 
louse, qui  voulut  signaler  son  zèle  à 

T.  VIII. 


sa  manière  (l).  Laissant  à  d*Aubai$  le 
commandement  du  Bas-Languedoc,  et 
à  un  conseil  le  maniement  des  affaires 
dans  les  Gevennes,  il  se  rendit  en  per- 
sonne dans  le  Rouergue,  y  soumit  quel- 
ques petites  places  et  se  présenta  de- 
vant Milhau,  dont  le  peuple  lui  ouvrit 

(i)  Nous  rapporterons,  en  l'abrégeant,  cetar^ 
rèt,  qni  (ut  eiécalé  en  effigie.  «  Poar  réparation 
et  ponilion  desquels  eicès,  ladite  cour  l'a  déclaré 
déehn  des  titres  de  dac  et  pair  de  France,  en- 
semble d!i  bénéfice  des  abolitions  à  lui  ar,cordéaf 
par  S.  M.,  l'a  condamné  et  condamne  d'être  ïhté 
es  mains  de  l'exéculear  de  la  baule  justice,  le- 
quel le  traînant  sur  une  claye,  ensemble  ses  ar- 
moiries, lui  fera  faire  le  tour  accoutumé  par  lei 
mes  et  carrefours  de  la  présente  ville  deTholoze, 
et  au-deTant  de  la  principale  porte  de  l'église  St- 
Etienne,  eu  chemise,  tête  et  pieds  nus,  la  bart 
an  col,  tenant  une  torche  de  cire  ardente  en  sef 
mains,  lui  fera  demajider  pardon  à  Dieu,  au  roi 
et  à  la  justice....  le  traînera  jusqu'à  la  place  da 
Salin,  où  étant  sur  un  écbnOaud  sera  tire  à  quatre 
cheTaui  jusqu'à  ce  que  son  corps  en  soit  démem- 
bré, et  après  sera  sondlt  corps  et  membres  et  se»> 
dites  iirmoiries  brûlés;  déclare  ladite  cour  lee 
enfans,  descendans  et  la  postérité  dudit  de  Rohan 
déchus  de  la  qualité  et  droit  de  noblesse,....  tontei 
les  terres,  fiefs  et  biens  par  lui  tenus  et  possédés, 
acquis  et  confisqués  au  roi,....  seront  toutes  ses 
maisons  fortes  rasées,  et  ses  bois  de  haute  fu- 
taie dégradés  et  abattus  jusqu'à  la  hauteur  de 
trois  pieds  ;  de  tous  lesquels  biens  et  des  plus 
clairs  deniers  d'iceui  sera  distraite  la  somme  de 
150,000  livres  que  lu  cour  a  adjugé  et  adjuge  an 
profit  des  communautés  ou  des  particuliers,  etd« 
leurs  héritiers  et  successeurs  qui  se  seront  saisis 
de  sa  personne,  mort  ou  Tif,  soient  lesdits  par- 
ticuliers régnicoles,  étrangers  ou  domestiques  ds- 
dit  duc  de  Rohan  ;  afin  que  le  payement  actuel 
soit  assuré  de  ladite  récompense,  ordonne  ladite 
cour,  sons  le  bon  plaisir  du  roi,  que  pareille 
somme  sera  prise  par  avance  sur  les  plus  clairs 

et  liquides  deniers  du  Domaine et  outre  si  les- 

dites  communautés  ont  participé  à  ladite  rébellion 
et  antres  crimes  susdits,  et  que  lesdits  particn- 
liers  ayent  commis  autres  crimes  quels  qu'Us 
soient,  ils  en  demeureront  quittés,  déchargés, 
absous  :  et  en  outre  Icsdites  communautés  fran- 
ches, quittes  et  exemptes  de  toutes  tailles,  char- 
ges ,  subsides  et  autres  impositions  à  perpétnitâ 
sous  le  bon  plaisir  du  roi.  Donné  en  parlement, 
chambresassemblées,  le39  janv.  1628.  ■  Séduits 
par  l'espoir  d'aussi  magnifiques  récompenses,  plu- 
sieurs assassins  se  mirent  en  devoir  de  les  gagner. 
Sous  la  dale  du  30  avril  1638,  Rohan  ecriifait  à 
sa  mère:  «Par  mes  dernières  de  Venise  J'apprends 
que  ma  femme  et  ma  fille  se  portent  bien,  Dien 
mercy,  et  moy  aufsi,  malgré  les  assassins,  dont 
il  y  en  a  eu  dc^à  un  de  roué,  et  deui  de  pendus, 
j'avois  nourry  l'un  d'iceux  page.  J'ay  tous  les 
jours  nouveaux  avis  là-dessus,  mais  ils  ne  m'é- 
pouvantent guères  :  car  qui  en  la  garde  du  haut 
iHeu  pour  Jauuiis  êe  retire,  en  ombre  bonne  et 
en  fort  lieuretire  ie peut  dire.  • 

Si 


ROH 


—  490- 


ROH 


les  portes^  malgré  l'opposition  des  con- 
sais.  Cet  exemple  entraîna  la  plupart 
des  villes  de  la  province.  Rohan  passa 
ensuite  dans  rAlbigcois,  se  saisit  de 
Roquecourbe^  de  Revet^  de  Réalmonf, 
et  prit  la  roule  du  Pays  de  Foix.  Ce  ftit 
en  vain  que  Montmorency  essaya  de  lui 
disputer  le  passage.  Il  entra  sans  ré- 
sistance à  Mazères^  à  Saverdnn^  tandis 
que  son  lieuleuant  Faucon  se  saisis- 
sait de  Hontmaur^  et  il  trouva  dans  cea 
villes  les  secours  dont  ses  soldats  a- 
valent  te  plus  pressant  besoin.  La  prise 
de  Pamiers^  le  22  nov.,  fut  suivie  de 
U  reddition  de  plusieurs  petits  forts 
bien  pourvus  de  vivres  et  de  munitions. 
Le Mas-d'Azil,  Le  Caria  se  rendirent; 
en  quelques  jours,  il  fut  maître  do  tout 
le  pays^  dont  il  donna  le  commande- 
ment à  Beaufort,  lorsque  l'entrée  de 
Condé  dans  le  Languedoc  le  rappela  à 
Nismes.  Le  prince  s'étant  éloigné  sans 
rien  entreprendre,  Roban  crut  le  mo- 
ment favorable  pour  mettre  à  exécution 
un  projet  conçu  i>ar  Bretigny,  de  con- 
cert avec  le  baron  de  Mcslay.  Il  ne  s'a- 
gissait de  rien  moins  que  de  surpren- 
dre la  citadelle  de  Montpellier.  Le  jour 
de  l'exécution  fut  lixé  au  19janv.  1628. 
Bretigny,  qui  formait  l'avant-garde 
avec  cent  hommes  bien  armés,  trouva 
te  pont-levis  baissé  et  le  franchit  avec 
une  trentaine  de  ses  gens,  sans  se  dou- 
ter que  Meslay,  son  parentel  son  intime 
ami,  le  trahissait.  A  peine  était-il  pas- 
sé, que  le  pont  fut  levé  et  qu'un  tré- 
bucliet,  prépai'é  d'avance,  précipita 
les  soldats  huguenots  dans  le  fossé, 
où  on  les  fusilla.  Dans  ses  Mémoi- 
res, Richelieu  prétend  que  Rohan  per- 
dit (c  %9  hommes  do  commandement, 
50  autres  et  15  gentilshommes  pri- 
sonniers. »  Sa  haine  se  plaît  à  qua- 
drupler le  chiffre.  Une  Liste  manus- 
crite, et  vraisemblablement  officiel- 
le, des  tués  cl  des  blessés  dans  cette 
entreprise  [Fonds  de  Brienne^  No2J  :i) 
mentionne,  comme  tués  :  le  baron  de 
Bretiyny,  maréchal  de  camp,  et  son 
frère  CourcUlony  le  baron  de  Ferrières^ 
le  baron  de  La  CroiseUe,  cornette;  de 
La  Bouvière,  le  baron  û'Entrevauœ, 


de  Bttutrois,  de  Montauban;  de  Gtnes" 
tous,  de  La  Rivoire,  de  Sommlëres;  de 
'  Mautiéy  deLunel  ;  le  capitaine  Privas, 
de  Montpellier  j  et  de  Laiané,  de  Gan- 
ges,  en  tont  12,  et  comme  ayant  été 
blessés  et  faits  prisonniers  :  le  baron 
de  Persy,  le  capitaine  Verclausey  de 
Montpellier;  de  Loùbinièrey  les  capi- 
taines Vincent,  de  Bordeaux^  et  Ber- 
cherie-de-La  Porest,  de  Normandie; 
Bansillon,  d' Andnze  ;  Goôe/,  d'Orange  ; 
Fournier,  d'Aubenas;  le  capitaine  La 
For  est,  du  Vigan;  La  Tour-Geneste, 
beau-frère  de  Saint-Blancard,  et  son 
frère  de  Bouisset  ;  de  Samartsac,  de 
Sommières;  le  capitaine  Aleocarûire, 
de  Florac;  de  MiaUt,  de  Saint- Jean; 
Causse,  de  Sumèue  ;  Truc,  tils  du  pré- 
vôt de  Nismes,  et  Chalas,  de  Nismes, 
en  tout  17.  Atontredon,  qal  comman- 
dait sous  Brctigny  et  qui  se  disposait 
à  le  suivre,  fit  retirer  en  tonte  hâte  ses 
troupes  sur  le  corps  principal  que  Ro- 
han commandait  en  personne,  et  les 
Protestants  battirent  promptement  en 
retraite.  La  rigueur  de  l'hiver  suspen- 
dit les  hostilités. 

Le  début  de  la  campagne  suivante 
ne  fut  pas  heureux  pour  les  armes  de 
Rohan.  Sa  cavalerie,  commandée  par 
Aubaïs,  Lecques  et  La  Cassagne,  fût 
battue  le  12  fév.,  et  le  régiment  de 
Mourmoirac  mis  en  complète  déroyte. 
Mourmoirac  lui-même  fut  tué.  Mais  les 
succès  de  Rohan  dans  le  Yivarals  firent 
bientôt  oublier  ces  échecs. 

Appelé  au  secours  de  celle  provin- 
ce, il  partit  de  Nismes  le  1 4  mars  i  628, 
et  se  rendit  à  Alals  pour  se  mettre  à 
la  tête  de  sa  petite  armée,  qui  avait 
pris  les  devants  sous  les  ordres  de  Lec- 
ques, ô^ Aubaïs  et  de  La  Boissière,  Il 
se  tenait  alors  dans  cette  petite  ville 
une  assemblée  des  colloqncs  cfAndnze, 
de  Sauve  et  de  Saint-Germain,  sous  la 
présidence  de  Gasques,  ayant  Dumas 
pour  adjoint  et  Montmesard  pour  se- 
crétaire. Dès  qu'elle  fbt  instruite  de 
son  arrivée,  elle  Ot  inviter  Roban  à  se 
rendre  dans  son  sein,  et  ce  fut  en  sa 
présence  qu'elle  prit  les  résolutions  les 
plusénergiquesponrla  continnationdt 


ROH 


—  m  — 


AQB 


la  gmrre.  Elle  ordonna  que  le  serment 
d'union  serait  signé  sous  quinzainopar 
ceux  qui  ne  l'avaient  pas  oncoro  fait; 
qu'un  régiment  Uo  3,ooo  hommes  se- 
rait levé  sous  le  nom  do  Koban  ;  que  les 
biens  ecclésiastiques  seraient  mis  en 
adjudication  dans  toute  la  province; 
qu'enfin  on  n'accepterait  aucun  traité 
de  paix  que  de  concert  avec  le  roi  d'Ai^- 
gleterre,  le  duc  de  Rolian^  La  ftoclielle^ 
et  en  général  toutes  les  églises  et  tous 
les  gentilsbommes  conjoints  et  unis  (1  ). 
Rohan  n'attendit  pas^  pour  ouvrir  la 
campagne^  la  levée  qui  venait  d'être 
ordonnée.  A  Mais  môme,  il  reçut  la 
soumission  des  cbàteaux  de  Roussons, 
Potelières  et  Bessas.  Celui  de  Teyrar- 
gués,  qui  appartenait  au  marquis  de 
Portes,  un  des  plus  acharnés  perséca* 
leurs  des  Protestants  dans  ces  quar- 

(1)  AssisUiicnt  à  cette  assemblée  :  Gou.oqCb 
o'Â?(DrzK,  pour  la  noblesse  :  de  La  Mitgne^  Jf#- 
janeMf  La  FenadoUy  Rebouliery  Va//f /Itf, R/mof, 
Cassagiwltes,  Gacùu'/,  Yaleteure ; ^omt  le  clergé: 
Courait  y   Ilorlé^  Bony^   ReboutieTf  de  Bruget 

i allas  de  Brueque),  Guérinf  Imbertf  Aymar, 
UieniUy  Chavanoti^  Dawal,  Barne  fit  Bomtar; 
pour  le  tiers  :  de  Coniolhlj  Romaride,  La  FareUe, 
Soubeyran^  RinvalfCoutellfy  Sonis^  Roque,  Rnn- 
quftiSy  Ctfiude  Dama»,  La  Taule ^  Pagez^  Jean 
Bernard.  CoLLOVi'fi  DE  Sauve,  pour  la  dih 
blesse  :  de  MazaribatydP'  Rignac^  Ihtffori^d^La 
Rivière,  deSalvaê,  Detpralz,  Sainl^uhl  (appa- 
remment fils  d'un  siear  de  Saint-Juhl,  qni  arait 
été  massacré  a^ee  son  frère  par  les  Ligaean  en 
1585),  Pradine,  le  régent  de  Satnt-Uippolyte, 
Saint-Bonnet,  Torique,  Rousaet,  Mercier,  d* Ai- 
sat;  pour  le  clergé  :  de  FalgueroUes,de  La  Co»te, 
Vruieard,  SurviUe,  Soleil,  Robert,  La  Combe, 
tierlié,  Tubère,  Abraham  du  Saint-Loi^f,  Gui^ 
laumencq,  ViUaret,Lezay,  Yignolles,JeanGiUy; 
pour  le  tiers  :  de  Montine$ard,  Du  Verdier,  Ai- 
goift,  Betsttis,  Féronnihe,  Brouzet,  Alnot,  Ber* 
nard,  FalgueroUet,  SurviUe,  Sable,Saurin,iloij- 
LOQUB  DK  St-Germain,  pour  la  noblesse  :  de 
Gnsquen ,  le  baron  de  Barejean  (Burjac?)  de 
TuiJttar,  Berque»,  de  Bourtonne,  de  Borbue^  de 
PervtHort,  Deê  Bourg,  Banièrety  Dehutfêit,  Pti- 
miril,  Du  Cro»,  Pauh,  de  HireL,  do  Gardie^  4e 
Sainte-Croix,  de  Hontnnct,  de  Fflf«#r»,  de  Jron- 
tanilte  ;  pour  le  clergé  :  de  La  Fage,  Blane^  Gtti- 
sard,  Barjon,  Deirol  (allas  UeyroUea),  Haran, 
Pontier,  Dama»,  Rontel,  De»  Ë*»ars,  Bourget, 
Paul  Turc,  Guion ;  pour  le  tiers  ;  Héral,  de 
Vnlduze,  Villard,  Manbernard,  Maurd,  Dumont, 
GroM,  Mourgue,  Louis,  de  La  Carrière, Derayg», 
Penière,  'fifinionnière,  lAbiwère ,  Therond, 
Garnier,  Lédier,  Tiuel,SerrireyJ.-A.Couderç, 
FruHMxnet,  Bragaze,  GuaUiard,  Pelet,  Martin, 
Alcai9,DueMault,Laba9tide,  Ferrier  et  La  Comhf 
(FoQdi  S«Mtglolre, N«  5S). 


tiers^  se  rendit  à  la  première  somoM- 
lion  et  fut  brûlé  par  les  vassaux  À 
marquis  exaspérés  de  ses  cruautés.  Lf 
19,  la  petite  ville  do  Saint-Jean-dor 
Marvcjols  capitula.  Le  20,  le  fort  ^ 
Salavas,  qui  passait  pAur  imprenabU^ 
fut  investi,  et  l'attaque,  conduite  par 
Toyouse,  Gondin  et  La  Baume  ^  fol 
poussée  avec  tant  de  vigueur,  qu'il  se 
rendit  le  26.  La  Tour-du-Moulin,  bàUe 
au  milieu  de  l'Ardèche,  ouvrit  ses  por- 
tes à  Saint- Florent,  et  Vallon  à  iiti- 
baïs,  sans  même  essayer  de  se  défen- 
dre. Roban  se  rendit  maître  en  per- 
sonne du  Pouzin,  adn  de  faciliter  le 
passage  du  Rbùne  aux  troupes  que  le 
duc  de  Savoie  lui  promettait,  et  il  tn^ 
vailla  sur-le-champ  à  en  relever  les  for- 
tiflcations,  «  fort  mal  assisté,  dit-il,  de 
ceux  du  pais  pour  cela,  et  contraint  de 
boursiller  parmi  les  siens  pour  païer 
les  soldats  auxquels  il  faisoit  faire  les- 
dites  fortifications.  »  Dans  le  môma 
temps,  ses  lieutenants  soumettaient 
Saint-Alban,  Rays  et  Le  Gheylard,  et 
Lecques  franchissait  le  Rhône  pour  al- 
ler mettre  à  contribution  le  Dauphiné. 
Forcé  d'interrompre  ses  conquétee 
par  les  nouvelles  qu'il  reçut  du  fiae- 
Languedoc,  Rohan  partit  de  Privas  le 
25  avril.  Aubaïs  formait  Tavanl-gard^ 
avec  sa  cornette  de  cavalerie  et  çeilaSi 
de  Saint-Estèue  et  du  baron  d'Alais» 
L'infanterie,  composée  des  régiments 
de  SandreSy  Fourniyuet,  Biinard  et 
Des  Aires,  marchait  ensuite  en  quatre 
bataillons  disposés  en  losange.  L'ar- 
rière-garde était  formée  par  les  régi- 
ments de  Gandin,  La  Bauim,  fea 
JUourmoirac  et  i^ rertouo;,  soutenus  par 
les  escadrons  de  cavalerie  de  La  Cas^' 
6agne  et  Meyriéres,  30us  les  ordres  d0 
Lecques,  L'armée  buguenotte,  s'avan- 
çantdanscet  ordre,  rencontra  Tennemi 
à  Saint-Germain,  où  il  s'était  fortement 
retranché.  Une  manoeuvre  habile,  com- 
mandée par  Rohan  et  exécutée  avec 
précision  par  ses  lieutenants,  la  tira  de 
danger.  Les  Catholiques  se  jetèrentsor 
Tarrière-garde  ;  mais  leur  attaque  fut 
vaillamn^nt  sou  tenue  par  Lecques,  qui 
ne  se  laissa  pas  entamer.  Ce  combat. 


ROH 


—  492  — 


ROH 


qu'il  qualifie  d'escarmoache^edlle  seal 
que  Rohan  eut  à  livrer  dans  sa  retrai- 
te. Arrivé  à  La  Gorce^  ii  reprit  le  canon 
qn'il  y  avait  laissé,  et  se  rendit  à  An- 
dnze,  oii  il  accorda  quelques  jours  de 
repos  à  ses  soldats  barassés. 

Roban  était  encore  à  Andnze,  lors- 
qu'il reçut  la  nouvelle  de  là  perte  de 
Kéalmont  par  la  trahison  du  gouver- 
neur, nommé  Maugis,  trahison  qui 
tourna,  en  quelque  ^orte,  à  son  avan- 
tage, puisqu'elle  facilita  à  Saint-Ger- 
mier  (Voy.  VI,  p.  436)  la  prise  de  la 
ville  de  Castres.  Vivement  pressé  de 
se  rendre  dans  le  Rouergue,  où  il  sen- 
tait lui-même  que  sa  présence  était 
nécessaire,  a  il  se  trouvoit,  nous  dit- 
il^  bien  empêché  de  faire  résoudre  ses 
troupes  d'y  passer;  car  elles  venoient 
de  beaucoup  pâlir  en  Vivaretz  et  crai- 
gnoient  un  pareil  traitement  en  ce  voïa- 
ge.  »  Dans  son  embarras,  ii  s'avisa  de 
tenter  une  entreprise  sar  Meyrueis, 
place  importante  sur  les  frontières  du 
Rouergue,  «  se  promettant  que  leur 
aïant  fait  faire  la  moitié  du  chemin,  il 
auroit  plus  de  facilité  à  leur  faire  fran- 
chir le  reste.  »  Par  ses  ordres,  Le  Fesq 
investit  la  ville  qui  fut  emportée  à  coups 
de  pétards  ;  mais  la  garnison  se  retira 
dans  le  château  et  ne  se  rendit  qu'a- 
près une  courageuse  défense  de  trois 
semaines.  Les  fatigues  de  ce  siège 
achevèrent  de  décourager  ses  soldats; 
la  désertion  réduisit  sa  troupe  à  huit 
cents  hommes,  en  sorte  qu'il  se  vit  for- 
cé de  rentrer  dans  le  Bas- Languedoc. 
Il  s'y  saisit  de  quelques  places,  entre 
autres  de  Vézenobre,  et  pour  tirer  ven- 
geance des  affreux  ravages  exercés  par 
Montmorency  dans  les  environs  de 
Nlsmes,  Il  porta,  par  représailles,  le 
fer  et  le  feu  jusqu'aux  portes  de  Beau- 
caire. 

Ne  trouvant  plus  à  nourrir  ses  trou* 
pes  dans  un  pays  ruiné  tour  à  tour  par 
les  deux  partis,  Rohan  se  décida  à  les 
mener  dans  le  Rouergue,  et  mit  le  siè- 
ge devant  Creissei;  mais  l'approche 
de  Condc,  qui  avait  opéré  sa  jonction 
avec  Montmorency,  le  força  à  l'aban- 
donner. Voulant  profiter  de  l'absence 


des  généraux  catholiques,  qui  laissait 
le  Bas-Languedoc  dégarni  der  troupes, 
il  y  rentra  à  marches  forcées,  investit 
Aimargues  et  obligea  la  place  à  capitu- 
ler dès  le  lendemain.  A  cette  nouvelle. 
Montmorency  se  hâta  de  revenir  sur 
ses  pas  et  attaqua  le  Grand-Gallargues, 
où  Valescure  et  ïja  Roque  comman- 
daient. Rohan  fit  tout  ce  qui  était  en 
son  pouvoir  pour  les  secourir;  mais 
il  fut  mal  secondé  par  les  assiégés 
eux-mêmes,  qui  se  rendirent  à  discré- 
tion, a  à  moins  que  Rohan  ne  livrât 
Aimargues,  auquel  cas  ils  sorti roient 
avec  tout  leur  bagage.  »  Rohan  refusa 
de  ratifier  cette  honteuse  capitulation, 
et  fit  approuver  sa  résolution  par  une 
assemblée  qui  se  tint  à  Anduze;  puis 
il  alla  assiéger  Monts,  dont  il  reçut  la 
garnison  à  composition,  en  lui  impo- 
sant pour  condition  qu'elle  subirait  le 
même  traitement  que  les  prisonniers 
du  Grand-Galiargues.  Quelques  jours 
après.  Montmorency  reçut  l'ordre  de 
faire  pendre  les  officiers  et  d'envoyer 
les  soldats  aux  galères.  Gondé  voulut 
qu'on  exécutât  sans  miséricorde  cet 
ordre  barbare  :  soixante-quatre  offi- 
ciers furent  attachés  au  gibet^  et,  pour 
comble  d'horreur,  on  força  le  fils  de 
La  Roque,  enfant  de  1 4  à  15  ans,  à 
assister  au  supplice  de  son  père,  à  ce 
que  raconte  d'Aigrefeuille.  Rohan  in- 
digné usa  sur-le-champ  de  représailles 
et  fit  pendre  à  son  tour  soixante-qua- 
tre de  ses  principaux  prisonniers,  con- 
formément à  la  résolution  prise  dans 
rassemblée  d'Anduze,  sans  se  soucier 
des  menaces  du  prince  de  Coudé.  Ce 
prince,  chez  qui  la  cruauté  le  dispu- 
tait à  la  perfidie,  l'avarice  à  l'incapa- 
cité, l'ambition  à  l'hypocrisie,  luiécri- 
vitàce  sujet  une  lettre  d'une  souveraine 
Impertinence,  où  il  osait  l'accuser,  en- 
tre autres  crimes,  d'avoir  appelé  l'é- 
trangerdans  le  royaume,  et  d'avoir  fait 
battre  monnaie  au  coin  du  roi.  Rohan 
lui  répondit  avec  une  sanglante  ironie  : 
«  J'avoue  d'avoir  une  seule  fois  prins 
les  armes  mal  à  propos,  pour  ce  que 
ce  n'étoit  point  pour  les  sdTaires  de  no- 
tre religion;  mais  pour  celles  de  votre 


ROU 


—  493  — 


ROH 


personne^  qai  nous  promettoit  de  faire 
réparer  les  infractions  de  nos  édits^ 
et  n'en  fites  rien. ...  Si  les  Anglois  sont 
venas  à  notre  assistance,  ils  y  étoient 
pins  obligés  que  les  Allemans  que  vous 
nies  entrer  en  France,  parce  que,  par 
le  consentement  du  roi,  ils  étoient  en- 
tremetteurs de  la  paix  et  s'en  rendoient 
garants.  Si  on  a  battu  monnoye  parmi 
nous,  c'a  été  au  coin  du  roi,  comme 
il  s'est  pratiqué  en  toutes  nos  guerres 
civiles.  Je  me  connois  assez  pour  ne 
prétendre  à  être  souverain  :  aussi  n'ai- 
je  jamais  fait  tirer  mon  horoscope  pour 
voir  si  je  le  deviendrois  (i)...  Pour 
vos  menaces,  elles  ne  m'étonnent  point  : 
je  suis  résolu  à  tous  événemens.  Je 
cherche  mou  repos  au  ciel,  et  Dieu  me 
fera  la  grâce  de  trouver  toujours  celui 
de  ma  conscience  en  la  terre-...  Je  ne 
crois  pas  que  ce  soit  tout  de  bon  que 
vous  fassiez  ces  imprécations  contre 
moi,  mais  seulement  pour  acquérir  une 
créance  sublime  parmi  les  papistes. 
Car  en  celte  guerre  vous  n'y  avez  pas 
mal  fait  vos  affaires,  à  ce  qu'on  dit. 
Ce  qui  me  donne  quelque  assurance 
que  vous  laisserez  en  repos  nos  pauvres 
Cevennes,  vu  qu'il  y  a  plus  de  coups 
à  recevoir  que  de  pistoles.  Il  ne  me 
reste  pour  la  fin  qu'à  prier  Dieu  qu'il 
ne  vous  traite  selon  vos  œuvres  ;  mais 
que  >ous  faisant  encore  retourner  à  la 
vraie  religion,  il  vous  donne  la  con- 
stance d'y  persévérer  jusqu'au  bout^ 
afin  qu'à  l'exemple  de  M.  votre  père  et 
ayeul,  vous  deveniez  le  défenseur  de 
notre  Eglise.  » 

Cependant  La  Rochelle,  abandonnée 
par  Buckingham,  qui  sacrifia  son  hon- 
neur et  celui  de  son  pays  à  sa  folle  pas- 
sion pour  la  reine  de  France,  finit  par 
succomber.  Rohan  resta  donc  seul,  me- 
nacé par  toutes  les  forces  du  royaume. 
De  quelles  ressources  disposait-il  pour 
soutenir  cette  lutte  gigantesque?  Dé- 
nué d'argent,  de  troupes,  de  munitions; 
aflaibli  par  les  divisions  de  ses  plus  fi- 
dèles lieutenants  ;  entouré  d'assassins 

(1)  Il  était  de  notoriété  publiqne  qae  Gondé 
«Tail  consulté  des  astrologneif  povr  MToir  l'il  de- 
Tiendrail  roi  de  France. 


qu'alléchait  la  magnifique  récompense 
promise  par  le  parlement  de  Toulou- 
se; exposé  à  être  trahi  à  chaque  instant 
paries  siens  ou  à  tomber  entre  les 
mains  d'ennemis  implacables  dans  ses 
marches  rapides  pour  se  porter  tantêt 
sur  un  point,  tantôt  sur  un  autre  ;  détes- 
té des  modérés,  qui  voulaient  la  paix  à 
tout  prix  ;  soupçonné  de  trahison  par 
les  exaltés,  qui,  dans  leur  fanatisme, 
croyaient  tout  possible  ;  attaqué  à  la  fois 
par  six  armées  dont  chacune  était  de 
beaucoup  supérieure  à  la  sienne,  il  ne 
pouvait  compter  que  sur  son  génie  et 
sur  la  protection  divine.  Son  courage 
cependant  ne  faiblit  pas  un  instant. 
Encouragé  par  sa  mère  qui^  de  sa  pri- 
son, l'exhortait  «  à  continuer  comme 
il  avoit  commencé,»  ilsepromit, pour 
se  montrer  le  digne  fils  de  cette  femme 
héroïque,  de  ne  poser  les  armes  que 
par  un  traité  honorable,  dans  lequel 
seraient  comprises  toutes  les  églises. 
Celte  résolution  était  magnanime  à 
force  d'audace;  cac  Rohan  n'ignorait 
pas  qu'il  aurait  non- seulement  à  tenir 
tète  à  ses  ennemis  secrets  ou  déclarés, 
mais  qu'il  aurait  encore  à  lutter  con- 
tre le  découragement  ^e  ses  parti- 
sans. «  Les  peuples  las  et  ruinés  de  la 
guerre,  et  qui  de  leur  naturel  s'abat- 
tent fort  facilement  dans  l'adversité, 
les  marchands/'ennuïanl  de  ne  gagner 
plus,  les  bourgeois  voïant  leurs  pos- 
sessions brûlées  et  incultes,  tous  in- 
cl inoient  à  avoir  une  paix  en  quelque 
façon  que  ce  fût,  »  nous  dit-il  dans  ses 
Mémoires.  Soit  qu'il  ne  voulût  pas  as- 
sumer la  responsabilité  de  la  conti- 
nuation de  la  guerre,  soit  qu'il  sentit 
Instinctivement  la  puissance  du  gou- 
vernement démocratique,  il  se  décida 
enfin  à  convoquer  l'assemblée  généra- 
le, qui  se  tinta  Nismes^  le  i«r  janvier 
1 629.  Nous  n'avons  pas  trouvé  les  pro- 
cès-verbaux de  cette  assemblée,  mais 
le  Mercure  nous  apprend  qu'elle  ré- 
solut de  continuer  la  guerre,  et  qu'elle 
renouvela  le  serment  d'union.  Ces  ré- 
solutions vigoureuses  furent  toutefois 
accompagnées  des  protestations  les  plus 
pacifiques.  «  Nous  promettons  devant 


ROH 


—  *94  — 


ROH 


pieti,  disaient  les  députés  des  églises, 

Îme  quand  les  voies,  pour  acheminer 
es  affaires  à  une  paix  générale,  nous 
seront  ouvertes,  et  les  moyens  fermes 
et  assurés  pour  y  parvenir  se  présen- 
teront, nous  les  embrasserons  de  tout 
notre  cœur,  et  employerons  tout  ce 
que  Dieu  nous  a  donné  d'esprit,  d'in- 
dustrie et  de  zële  pour  les  fai^e  réus- 
sir. D  L'assemblée  invita,  en  même 
temps,  Rotian  à  implorer  de  nouveau 
le  secours  du  roi  d'Angleterre.  Le  duc 
écrivit,  en  conséquence,  à  Charles  !•«•, 
une  lettre  pleine  de  force,  de  dignité, 
de  noblesse.  Après  lui  avoir  tracé  le 
tableau  le  plus  touchant  et  le  plus  vrai 
de  rélat  où  en  étaient  réduits  les  Pro- 
testants en  France,  il  lui  rappelait  sa 
promesse  «  d'employer  toute  la  puis- 
sance de  ses  Etats  pour  garantir  les  é- 
glises  de  la  ruine  qui  les  menaçoit,  » 
en  ajoutant  que  ses  coreligionnairesf 
regarderaient  «  comme  un  des  plus 
srands  crimes  qu'ils  pourroient  com- 
mettre, d'en  révoquer  en  doute  l'exé- 
cution. »  Gharlesl»^  avait  engagé  avec 
son  parlement  la  lutte  qui  devait  lui 
coûter  la  couronne  et  la  vie.  11  répon- 
dit aux  supplications  des  Protestants 
français  par  les  plus  belles  promesses  ; 
mais  soit  impuissance,  soit  légèreté, 
il  ne  Ot  rien  pour  eux,  et  quelques 
jours  après,  on  apprit  qu'il  avait  signé 
la  paix  avec  Louis  XIH,  sans  y  com- 
prendre les  Huguenots,  qui^  fldèles 
Jusqu'à  la  fln  à  leurs  engagements,  ve- 
naient de  renouveler  encore  dans  l'as- 
semblée de  Nismes  le  serment  de  ne 
conclure  aucun  traité  que  de  l'avis  et 
du  consentement  de  leurs  alliés. 

Rohan,  qui  ne  faisait  plus  grand 
hrtid  sur  les  secours  de  l'Angleterre, 
était  entré  depuis  quelque  temps  eu 
faêgociaiions  avec  l'Espagne,  par  l'ih'^ 
!èfttiédiairedeC/at«5e/(Voy.llI,p.482). 
Le  traité  fut  signé  le  5  mai  1 629;  on  en 
connaît  déjà  les  dispositions  essentiel- 
les. Par  un  article  particulier,  le  duc 
promit  de  maintenir  les  Catholiques 
datas  une  entière  liberté  de  conscience, 
ttïnéme  le  cas  advenant  que  ledit  sieur 
de  Roban  et  ceux  de  son  pairti  le  pùs^ 


sent  rendre  si  fort  qu'ils  pussent  can- 
tonner et  faire  un  Etat  à  part  »  {Ponds 
de  Brienne,  N*  2U).  On  ne  peut  lire 
cet  article,  s'écrie  l'abbé  Péran,  sans 
que  l'esprit  s'en  trouve  révolté.  Que 
veut  dire  cette  espérance  de  pouvoir 
un  Jour  se  soustraire  de  l'obéissance 
de  son  souverain  et  former  on  Etat  à 
part  au  milieu  de  son  royaume?  Cela 
veut  dire  que  Rohan  se  faisait  des  idées 
plus  Justes  que  l'abbé  sur  la  nature  du 
contrat  social,  voilà  tout. 

Pendant  ces  négociations  et  en  at- 
tendant les  secours  que  lui  promet- 
taient l'Espagne  et  la  Savoie,  mais  qui 
né  lui  arrivèrent  Jamais,  Rohan  dé- 
ployait une  activité  inconcevable;  il  se 
multipliait  pour  faire  face  au  danger. 
SI  nous  pouvions  le  suivre  dans  toutes 
ses  marcilcs  et  contremarches,  sans  dé- 
pfasser  les  bornes  que  nous  devons 
nous  prescrire,  nous  le  montrerions 
Ici  rassurant  les  esprits  par  sa  pré- 
sence, déjouant  les  complots  des  par- 
tisans de  la  paix  atout  prix,  prévenant 
les  défections  de  ses  lieutenants  par 
des  mesures  énergiques  ;  là,  renforçant 
tes  garnisons  des  villes,  pourvoyant 
aux  approvisionnementades  places  for- 
tes, travaillant  Jour  et  nuit  à  mettre 
les  points  stratégiques  Importants  en 
état  de  défense  ;  partout,  déployant  tant 
d'habileté  à  réparer  ses  fautes  ou  à 
{Profiter  de  celles  des  autres,  et  tant 
d'audace  à  portei*  à  l'ennemi  des  coups 
Imprévus,  qu'il  se  ifaisait  craindre, 
i^èoie  en  cédant  le  terrain.  Hais  ces 
eflbrls  surhumains  ne  devaient  servir 
i^n'à  prolonger  pendant  quelques  Jours 
une  lutte  trop  inégale.  Le  parti  hugue- 
not, comme  parti  politique,  était  mori 
et  bien  mort  depuis  longtemps.  C'é- 
tait en  vain  que  l'Assemblée  de  La  Ro- 
chelle avait  tenté  de  le  ressusciter  en 
1620;  Rohan,  avec  ses  qualités  bril- 
lantes et  ses  talents  supérieurs,  ne 
réussit  qu'à  galvaniser  pour  un  instant 
quelques  parties  de  ce  corps  Jadis  si 
vigoureux  et  si  énergique.  Entendez- 
le  s'écrier  amèrement  :  a  Aux  ancien- 
nes guerres  civiles,  il  y  avoit  du  zèie, 
de  la  fidélité,  du  secret,  et  une  gob- 


ROH 


--«5- 


HOU 


fiance  ea  icars  cbefe  auxquels  iU  défé^ 
roient  iant  qoe^  s«r  leurs  billets,  ils 
commeoçoient  mie  guerre  par  Texécu- 
lion  sur  les  meilletres  plttoes  du  roïau* 
me;  ei  aujourd'hui  on  a  plus  de  peiné 
à  cooibailre  la  làctieté,  Tirréligion  et 
l'infidélité  des  Réformés  que  la  mau- 
vaise volonté  de  leurs  eAnemis.  »  €0 
n'estpas  Ricbelieu  qui  a  abattu  le  parti 
huguenot,  c'est  redit  de  Nantes. 

A  la  fin,  les  difficultés  qui  surgis- 
saient chaque  jour,  devinrent  insui^ 
montables.  Le  Yivarais  était  perdu. 
Une  partie  des  coaumuiautés  des  Ce- 
venues^  terrifiées  par  la  prise  d'AIais, 
menaçaient  de  faire  leur  paix  particu- 
lière. Du  Haut-Languedoc,  du  Pays  de 
FoiXydtt  Houergoe arrivaient  dépèches 
sur  dépèches  pour  demander  des  hom- 
mes et  de  l'argent  ou  la  paix.  Rohan 
sentit  la  néceesité  d'ouvrir  des  négo- 
ciatious)  «  jugeant  qu'une  paix  géné- 
rale, quelque  désavantageuse  qu'elle 
pût  être,  étoit  meilleure  qu'une  dissi- 
pation des  édits,  qui  s'ensuivroit  in- 
dubitablement ai  chaque  communauté 
faisoit  sa  paix  en  particulier.  »  Il  con- 
voqua donc  une  assemblée  à  Andnie, 
et  envoya  Candiac^  conseiller  à  la 
Chambre ni-partie  (Vay.Ml^  p.  461}, 
soiider  lee  dieposilimid  de  Richelimi. 
Le  ministre  affecta  d'abèrd  une  grande 
réserve  ;  il  ne  voulait  pas  entendre 
parler  de  paix  géoéraie  ;  mais  Rohan 
«'étant  mootré  inébranlable  sur  ce 
point,  il  finit  par  céder,  d'autant  plus 
(acilemenl  qu'il  voyait  un  nouvel  orage 
se  former  eu  Italie,  et  qu'une  intrigue 
mr  laquelle  il  conipitait  pour  se  saisir 
de  Sauve,  fut  déjouée.  Le  traité  de 
paix  se  signa  à  Alais,  le  i7  juin  1629 
^Koy.  Pièces Jusiif.,  N*  LXXiX).  Quel- 
iiues  jours  après  fût  piMIé  l'édit  de 
pacificatioflL  Par  un  arliefte  secret,  une 
•omme  de  100,000  écus  fut  promise  à 
Aoban  comme  dééoaana^emèut  des  dé- 
1^  qui  avaient  été  commis  dans  éés 
lerree.  «  Ce  n'étoit  pas^  dit  RicècUeu 
dans  ses  Mémoires,  la  moitié  des  nri- 
aes  des  bàtlmens  de  ses  maiaosi  et 
du  raaement  de  ses  forêts»  »  Be  ces 
iOOyOOO  écamiohan  en  dietiibua  tè- 


néreusementplusde  80,oooà  ses  gens 
de  guerre,  couune  solde  ou  comme  ré- 
compense, en  sorte  qu'il  ne  lui  en  resta 
qu'environ  20,000  pour  réparer  les 
dégâts  commis  dans  ses  domaines  par 
le  prince  de  Condé.qui  avait  demandé 
et  obtenu  la  confiscation  de  ses  biens. 
Tant  de  désintéressement  aurait  dû  lut 
mériter  les  éloges  de  chacun,  et  cepen- 
dant quelques  Protestants  eurent  l'in- 
famie de  l'accuser  de  s'être  vendu! 
Pour  repoussercette  odieuse  calomnie, 
Rohan  fut  obligé  de  publier  une  Apo^ 
logUy  qui  se  termine  ainsi:  «  le 
souhaite  à  ceux  qui  viendront  après 
moi,  qu'ils  aient  autant  d'afflectlon,  de 
fidélité  et  de  patience  que  j'en  ai  eu  ; 
qu'ils  rencontrent  des  peuples  plus 
constans,  moins  avares  et  plus  fêlés 
que  je  n'ai  fait;  et  que  Dieu  le?  veuille 
accompagner  de  plus  grandes  prospé- 
rités, afin  qu'en  restaurant  les  églises 
de  France,  ils  exécutent  ce  que  J'ai  osé 
entreprendre.  i> 

La  paix  conclue,  Rohan,  du  consen- 
tement du  roi,  se  retira  à  Venise,  où  sa 
femme  et  sa  fille,  qu'il  avait  envoyées 
d'abord  à  Genève  {Arch,  rfw  Gen,, 
M»  2823),  habitaient  depuis  le  6  aoét 
l627.llyarrivale5aoûtl62d,ety  fat 
reçu  avec  des  honneurs  digues  d'un 
prince.  Il  profita  de  la  tranquillité  dont 
il  jouissait  dans  cette  ville,  «  un  des 
cabinets  des  merveilles  du  monde,  » 
comme  il  l'appelle,  pour  écrire  ses  Mé- 
moires, un  des  plus  beaux  monuments 
historiques  et  littéraires  de  cette  épo- 
que, tant  par  la  fidélité  du  récit  que  par 
la  concision  et  l'énergie  du  style.  «  Ces 
Mémoires,  dit  l'abbé  Le  Gendre^  sen- 
tent son  homme  de  qualité  qui  parle 
également  bien  de  la  guerre  et  du  ca- 
binet. Hors  quelques  phrases  suroi- 
fiées  et  quelques  vieux  termes^  la  dic- 
tion en  estasse!  pure,  le  style  est  clair 
et  laconique.  L'historien  narre  agréa- 
blement et  donne  à  tout  ce  qu'il  dit  un 
air  à  le  faire  croire  dans  les  occasions 
mêmes  où  il  doit  être  le  plus  suspect.  » 
Pour  donner  une  idée  de  sa  manière 
d'écrire>  qu'on  nous  permette  de  citer 
^n  IkmgiM&t  de  la  magnifique  Préfafce 


ROH 


—  486  — 


ROH 


qu'il  a  mise  en  tète  de  ces  Mémoires  : 
«  Aux  deux  premières  guerres,  les  di- 
visions ont  paru  en  quelques  endroits 
parmi  nous  :  en  la  dernière  elles  ont 
éclaté  partout,  n'y  aïant  eu  aucun  lieu 
où  la  corruption  ne  se  soit  glissée,  et  où 
Tavarice  n'ait  paru  par  dessus  la  piété, 
jusqu'à  ce  point  que,  sans  attendre  les 
recherches  de  nos  ennemis,  on  alloit  se 
prostituer  pour  vendre  sa  religion  et 
trahir  son  parti.  Nos  pères  eussent  é- 
crasé  leurs  eufans  dès  le  berceau,  s'ils 
les  eussent  crus  être  les  instrumens 
de  la  ruine  des  églises,  qu'ils  avoient 
plantées  à  la  lumière  des  bûchers  et 
accrues  malgré  les  supplices,  et  qui 
par  leur  persévérance  et  leur  travail, 
leur  avoient  laissé  la  Jouissance  d'un 
repos  glorieux.  »  Publiés  pour  la  pre- 
mière fois  parSamue/Sor6iére,Amst., 
1644,  in- 16,  les  Mémoires  du  duc  de 
Rohan  sur  les  choses  qui  se  sont  pas- 
sées en  France  depuis  la  mort  de 
Henri'le-Grand  jusqu'à  la  paix  faite 
avec  les  RéforméSy  au  mois  de  juin 
i  629,  ont  été  réimp.  un  grand  nombre 
de  fois.  La  l'«  édit.  s'arrête  à  1626, 
ainsi  que  la  belle  copie  msc.  qui  fait 
partie  du  vol.  9253.  3  du  Fonds  de 
Baluze.  Le  prince  de  Condé  en  fit  ache- 
ter et  détruire  presque  tous  les  exem- 
plaires. La  seconde,  1646,  2  vol.  in- 
1 2,  est  plus  correct,  et  va  jusqu'à  la 
paix  de  i  629,  ainsi  qu'une  autre  co- 
pie msc.,  également  fort  belle,  qui  se 
conserve  à  la  Biblioth.  nationale  (Co/- 
Uct.  Dupuy,fi^  51 5).  L'édit.  dont  nous 
nous  sommes  servi  est  celle  d'Amst., 
1756,  2  vol.  in-12,  faite  sur  celle  de 
1661  qui  passe  pour  la  meilleure.  Elle 
comprend,  outre  les  Mémoires,  qui  for- 
ment le  l«r  vol.,  et  qui  ont  été  réimp. 
dans  la  Collect.  Petitot,  T.  XVlil  de  la 
2«  série:  Véritable  discours  de  ce  qui 
s'est  passé  en  1^ Assemblée  poUtique  de 
Saumury  Règlement  général  dressé  en 
cette  assemblée  y  Cdier  de  l'Assemblée 
de  Saumur,  Réponse  au  caïer,  Dis- 
cours politiques  :  1*  sur  la  mort  de 
Henrirle-Grand;  —  2«  à  l'Assemblée 
de  Saumur,  —  3»  sur  l'état  de   la 
France  durarU  ses  perséaUUms  de 


Saint-Jean  ;— 4<>  sur  le  voyage  du  roi 
en  juillet  1 61 5  ;  —  5»  sur  le  gouver- 
nement de  la  reine-mère  ;  —  6»  Libre 
discours  sur  le  temps  présent  ; — ?•  sur 
le  sujet  des  divisions  de  Hollande  ;  — > 
8«  Raison  de  la  paix  faiie  devant 
Montpellier  ;  —  9»  Apologie  ;  —  10» 
Lettre  de  M.  le  Prince;  —  11»  Ré- 
ponse de  M, de  Rohan;  —  12*  Mani- 
feste sur  les  dernières  occurrences  ar- 
rivées aux  pats  des  Grisons  et  Valte- 
line  ;  —  1 5»  Lettre  à  M.  le  prince  de 
Condé.  Le  Voyage  de  Rohan  termine 
le  second  volume. 

Une  année  environ  après  son  arri- 
vée à  Venise,  le  sénat  l'enleva  à  sa  vie 
paisible  pour  le  mettre  à  la  tète  de  ses 
troupes,  qui  venaient  d'être  honteuse- 
ment battues  par  les  impériaux.  Des 
négociations  s'étant  bientôt  ouvertes 
pour  la  paix  et  ses  services  devenant 
inutiles,  il  alla  à  Padone  où  il  s'arrêta 
assez  longtemps.  C'est  là  qu'il  c4)mposa 
Le  parfait  capitaine  y  autrement  l'A- 
brégé des  guerres  de  la  Gaule  des  Corn- 
mentairesde  César,  Paris,  1 636,  in-4% 
et  souvent  depuis;  trad.  enangl.,Lond., 
1694,  in-S».  La3«  édit.  est  suivie  d'un 
Traité  de  la  guerre,  Paris,  1 640,  fn-4S 
étavecla4«,Paris[HoH.],1641,in-i2, 
fut  réimp.  le  traité  De  l'intérétdesprin- 
ces  et  Etats  de  la  Chrétienté  y  qui  avait 
été  imp.  pour  la  i  '«  fois  à  Paris,  1 638, 
in-4»,et  trad.  enang).  dès  164i,Lond., 
in-l  2.  C'est  encore  pendant  son  séjonr 
à  Padoue  que  Roban  écrivit  son  traité 
De  la  corruption  de  la  milice  et  des 
moyens  de  la  remettre  dans  son  an- 
cienne splendeur ydoni  nous  ne  connais- 
sons pas  l'édition  princeps. 

Rohan  venait  de  mettre  la  dernière 
main  à  ce  travail,  lorsqu'il  reçut  une 
lettre  de  Louis  XIII,  l'invitant  à  se  r»- 
dre  dans  le  pays  des  Grisons  pour  s'op- 
poser aux  entreprises  de  l'Empereur  et 
du  roi  d'Espagne  sur  ce  pays.  Le  sénat 
de  Venise  consentit  à  son  départ  et  lui 
conserva  le  titre  de  généralissime  des 
troupes  de  la  république.  Rohan  toi 
reçu  à  Coire  avec  enthousiasme.  Les 
Grisons  l'élurent  aussi  leur  général,  et 
le  roi  de  France  lui  donna  le  eomaaii- 


ROH 


—  4OT  — 


ROH 


dément  de  tous  les  gens  de  guerre  à  sa 
solde  dans  ce  pays.  A  ces  titres,  il  joi- 
gnit^ en  1 632 9  celui  d'ambassadeur  ex- 
traordinaire auprès  des  Cantons  sais- 
ses» 

Sa  grande  réputation  militaire,  sa 
haute  naissance,  sa  courtoisie,  jointes 
à  la  conformité  de  religion,  lui  acqui- 
rent promptement  un  crédit  qui  porta 
ombrage  à  Ricbelieu.  En  1633,  il  r^ 
çut  inopinément  Tordre  de  partir  pour 
Venise.  Il  obéit,  mais  au  bout  de  quin- 
ze jours,  ne  recevant  aucune  nouvelle 
de  la  cour  de  France,  il  se  décida  ik 
retourner  en  Suisse,  sous  prétexte  de 
prendre  les  eaux  de  Baden.  C'est  là  qu'il 
composa  son  Traité  du  gouvernement 
des  Xin  Cantons.  La  même  année , 
comme  il  avait  besoin  de  lui,  Ricbelieu 
le  manda  à  la  Cour.  Rohan  avoue  qu'il 
hésita  à  s'y  rendre.  Le  roi  l'ac^^ueillit 
avec  toutes  les  marques  possibles  d'es- 
time et  d'affection  ;  mais  il  garda  le  plus 
profond  silence  sur  le  motif  pour  le- 
quel on  l'avait  fait  venir.  Les  pressan- 
tes instances  des  Suédois,  dont  les  af- 
faires prenaient  une  mauvaise  tournure 
en  Allemagne,  ne  parent  vaincre  les 
irrésolutions  du  ministre.  Six  fois,  nous 
dit  Roban,  on  lui  commanda  d'envahir 
la  Valteline,  et  six  fois  il  y  eut  contre- 
ordre.  Ces  indécisions  ne  cessèrent 
qu'au  commencement  de  1 635. La  Fran- 
ce déclara  la  guerre  à  l'Aatricbe  et  à 
l'Espagne,  et  Rohan  reçut  le  comman- 
dement d'un  corps  d'armée.  Il  entra  en 
Alsace,  investit  Béfort,  força  le  duc  de 
Lorraine  à  repasser  le  Rhin,  emporta 
Allkircb  en  plein  midi,  se  rendit  maî- 
tre de  Rouffac  et  d'Ensisheim,et  se  rap- 
procha de  BÂle  pour  exécuter  l'objet 
principal  de  sa  mission,  qui  était  de  se 
saisir  de  la  Valteline  et  de  couper  la 
communication  entre  l'Italie  et  l'Alle- 
magne par  ce  pays.  Dès  qu'il  apprit  que 
l'ambassadeur  de  France  chez  les  Gri- 
sons avait  occupé  Bormio,  Chiavenne 
et  Riva  sans  rencontrer  de  résistance, 
il  entra  sur  le  territoire  suisse  à  la  tète 
de  sept  régiments,  et  le  traversa  rapi- 
dement demandant  le  passage  à  chaque 
canton  au  monentoii  il  arrivait  sor  sa 


frontière,  et  l'obtenant  toujours  à  cause 
de  la  considération  dont  il  jouissait 
auprès  de  tous  les  Réformés.  Il  arriva 
ainsi  dans  la  Valteline,  où  il  ne  tarda 
pas  à  être  rejoint  par  deux  régiments 
suisses  qu'on  lui  avait  permis  de  lever. 
Selon  Sismondi,  toutes  ses  forces  réu- 
nies, y  compris  1,500  hommes  de  mi- 
lice, ne  montaient  pas  à  plus  de  8,000 
hommes  de  pied  et  iOO  chevaux,  dont 
5,000  étaient  nécessaires  pour  la  garde 
des  places  fortes.  H  ne  lui  restait  donc 
que  3,400  hommes  à  opposer  aux  trou- 
pes allemandes  et  espagnoles,  qui  en- 
vahirent la  Valteline  par  les  deux  ex- 
trémités de  la  vallée.  Par  une  marche 
hardie,  il  surprit  les  Impériaux  dans 
le  val  de  Luvino  et  les  défit,  le  27  juin 
1 635.  Le  général  allemand  voulut  pren- 
dre sa  revanche ,  mais  il  fut  de  nou- 
veau battu  complètement  à  Tirano,  le 
3  juillet,  et  la  reprise  de  Bormio  fut  la 
suite  de  cette  victoire.  Les  Espagnols, 
n'osant  pas  attendre  ses  troupes  victo- 
rieuses, rentrèrent  dans  le  Milanais. 

Cette  courte  et  glorieuse  campagne 
procura  à  Rohan  un  repos  de  trois  mois, 
au  bout  desquels  les  Impériaux  revin- 
rent en  plus  grande  force.  H  manœuvra 
avec  tant  d'habileté  qu'il  réussit  à  les 
enfermer  dans  le  val  de  Fresle,  où  il 
les  aurait  tués  ou  pris  jusqu'au  der- 
nier, sanslalàcbelé  ou  la  trahison  d'un 
officier  qui  leur  livra  un  passage  par 
lequel  ils  regagnèrent  le  Ty  roi.  Ne  pou- 
vant le  vaincre,  on  essaya  de  le  cor- 
rompre; mais  Rohan  fit  arrêter  Clau- 
sel,  qui  était  venu  le  trouver  de  la  part 
du  roi  d'Espagne,  et  le  livra  à  l'inten- 
dant de  justice  de  son  armée  qui  le 
condamna  au  gibet.  Cette  tentative  de 
corruption  ayant  si  mal  réussi,  Ser- 
belloni  reçut  ordre  d'entrer  dans  la 
Valteline.  Après  un  combat  longtemps 
disputé,  il  fut  forcé  dans  ses  retran- 
chements à  Morbegno,  le  1 0  nov.,  et 
battit  promptement  en  retraite.  S.  M. 
Louis  XHl  daigna  écrire  au  général  qui 
seul  soutenait  alors  l'honneur  des  ar- 
mes françaises,  qu'il  était  content  de 
ses  services  ;  ce  fut  l'unique  récom- 
pense que  Rohan  reçut. 


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ROH 


La  Valteline  assurée  contre  les  en- 
treprisés des  Espagnols ,  les  Grisons 
brurent  le  moment  venu  de  réclamer 
l'exécution  de  la  promesse  qu'on  letir 
avait  faite  de  la  leur  rendre;  mais  lu 
gouvernement  français  n'y  était  nulle- 
meiit  disposé^  et  Bohanlai-mème,«  qui 
Sentait  bien^  dit  Slsmondi^  quelejodg 
des  Grisons  protestants  pousserait  de 
nottveaules  Valtelins  à  la  révolte^  d  s'ef- 
força de  gagner  du  temps^  au  risque 
d'encour  i  r  lui-même  le  reproche  de  per- 
fidie que  les  Grisons  adressaient  à  la 
cour  de  France.  Peut-être  la  considé- 
ration dont  il  Jouissait  aurait-elle  éloi- 
gné le  danger  si^  au  retour  d'une  ex- 
g édition  dans  le  Milanais^  entreprise 
ans  le  but  de  favoriser  les  projets  du 
duc  de  Savoie  sur  la  Lombardie^  il  n'a- 
vait été  atteint  d'une  maladie  si  grave 
que  le  bruit  de  sa  mort  se  répandit.  En 
Sortant  de  la  léthargie  ob  il  était  resté 
plongé  plusieurs  Jours,  il  ftit  averti  que 
les  Grisons  avaient  signé  un  traité  avec 
l'Autriche  et  devaient  prendre  les  ar- 
mes, le  1  «'  mai,  contre  les  Français .  Ce 
UA  en  vain  qu'il  envoya  courrier  sur 
courrier  à  hlchelien,  pour  le  supplier 
de  donner  au  moins  en  partie  satisfac- 
tion aux  Grisons,  en  leur  payant  un 
million  qu'on  leur  devait  pour  des  sol- 
des arriérées.  Le  cardinal,  dont  tontes 
tes  pensées  se  dirigeaient  alors  sur 
Corbie  que  les  Espagnols  venaient  de 
prendre,  ne  lui  répondit  même  pas,  et 
après  la  catastrophe,  il  osa  accuser  Ro- 
han  d'avoir  manqué  de  cœur  et  traiter 
sa  retraite  de  honteuse  !  Soutenus  t)ar 
les  Impériaux  et  les  Espagnols,  les  Gri- 
sons, devançant,  à  la  demande  de  l'Au- 
triche, le  temps  fixé  pour  le  soulève- 
Duent,  prirent  les  armes  le  18  mars. 
Sans  argent,  sans  vivres,  sans  muni- 
tions, Rohan  réussit  à  se  Jeter  dans  le 
tbrt  du  Rhin  à  Reichenau;  mais,  as- 
siégé immédiatement,il  aurait  été  bien- 
tôt contraint  de  capituler,  si  la  mé- 
diation des  Cantons  suisses  ne  l'avait 
tiré  de  cette  situation  désespérée.  Une 
convention  fut  signée,  le  26  mars,  por- 
tant que  les  Français  évacueraient  le 
pays  dvant  le  5  |iièl^  ifse  l'évaciialMQ 


commencerait  seulement  le  20  avril, 
délai  que  Rohan  demanda  poar  avoir 
le  temps  de  prévenir  le  roi  ;  qiM  le  fort 
du  Rhin  serait  remis  entne  Im  imfiis 
des  Baisses,  et  que  Rohan  resterait  en 
Otage  Jusqu'à  l'entière  exécotion  da 
traité.  Le  silence  de  la  Cour  conti* 
nuant,  Rohan  donna  ordre  aux  troupes 
de  sortir  de  la  Valteline  et  les  conduisît 
dahs  le  pays  de  Gex  ;  pol^  il  donna  sa 
démission  et  se  retira  àGenèTe,  où  il 
fntreçuavec  toute  sorte  d'honneurs (i  ). 
Il  fit  sagement  de  ne  pas  rentrer  en 
France  ;  car  il  parait,  par  une  lettre 
de  Grotius  à  Oxenstiern,  qu'M  y  aurait 
été  traité  avec  rigueur  (3).  Soa  sèfonr 
k  quelques  lieues  des  frontières  do 
Languedoc  inquiéta  la  Cour,  dont  les 
Mannes  redoublèrent,  lorsqu'elle  ap- 
prit que  le  roi  d'Espagne,  supposant 
le  duo  mécontent,  lui  avait  fait  (aire 
des  offres  brillantes.  Louis  Xlil  lui  or- 
donna donc,  au  mois  de  Janv.  I638, 
dé  retourner  à  Venise.  Craignant  d'at- 
tirer par  sa  présence  des  dangers  sai 
Genève,  Rohan  résolut  de  s'éloigner, 
mais  ce  ne  fut  pas  pour  aller  en  Italie. 
Il  s'embarqua  sur  le  lac,  évita  par  cette 
sage  précaution  une  embûche  qui  lui 
avait  été  dressée  près  de  VarMHx,  de 
barqua  à  Coppet  et  se  fe^ndit  à  Linds 
bourgs  où  il  eut  une  entrevue  avec  son 
ami  Bernard  de  Saxe-Weimar,  q[ul  lui 
offrit  un  asile  dans  son  camp.  La  réo- 
nion  des  deux  grands  capitaines  pro- 
testants Jeta  la  oonr  de  France  dans 
d'étrangesinquiétudes;  mais  sescrain- 
les  chimériques  se  dissipèrent  lors- 
qu'elle apprit  que,  loin  de  cbercberà 
soulever  les  Huguenots,  ils  ne  son- 
geaient qu'à  combattre  les  ennemis  de 
la  France.  Les  denx  armées  en  vinrent 
aux  mains  près  de  Rbinlèld,  le  28  £èv. 

(1)  Zur-Laniben  a  rec'aeilli  et  publia  Tes  JÊé- 
moirft  et  f^lireideJlt^ri  Aé  Koknn  fwrltfvrrre 
i0  ta  VûlUUmey  GtD.  [P»rfol,  i7SS,  S  v«l.te*lt. 

(9)  Il  yaratlqiie  Richaliaii  éUii  Muto«l  irri- 
bé  dé  ce  que  Rohjia  aiait  reFosé  danser  d'une 
lDdlg:ne  trahi^D  enren  les  Giisony.  leepttt^mm 
lieot^ikaat,  lai  «Tait  prepogé  de  m  «taiiirdg  Golre 
fier  lucpiiae  ei  d'aniier  pneemiiBn  lea  cksff  é» 
yigw  Grisfiêi  mais  Eoàan  araù  r^tê  eeue  pnn 
pdiition,  les  Grisoni  ayant  llMeattit  ûbiKiTè  le 
MM  «i  «é  ^  IH  ^MièihML 


ROH 


—  49i  — 


R0& 


1638.  Rohan  fit  des  prodiges  de  va- 
leur ;  mats  blessé  de  deux  coups  de  fen^ 
Tan  au  pied,  l'autre  à  l'épaule,  il  tomba 
entre  les  mains  des  Impériaux.  Ses 
braves  soldats  le  délivrèrent  et  l'em- 
porté rentàLaufTenbourg.  Ses  blessures 
lui  causant  des  douleurs  inexplicables^ 
il  se  Ût  conduire  à  Zurich,  et  de  là  à 
l'abbaye  de  KOnigsfelden  dans  le  canton 
de  Berne.  De  tous  côtés,  il  reçut  des 
marques  du  plus  vif  intérêt.  Christine 
de  France,  régente  de  Savoie,  lui  écri- 
vit pour  le  complimenter  et  lui  offrir 
auprès  d'elle  un  poste  de  confiance. 
Rohan  accepta,  mais  la  Providence  en 
avait  ordonné  autrement,  il  mourut  des 
suites  de sesblessures,le  i  3avrtl  i  638, 
«  avec  la  réputation,  dit  l'abbé  Pérau, 
d'un  des  plus  grands  hommes  de  son 
siècle,  aussi  recommandable  par  ses 
qualités  militaires,  que  par  ses  talents 
pour  les  affaires  et  les  négociations.  » 
Jusqu'à  ce  jour,  aucun  discours  n'a  été 
ni  prononcé  ni  écrit  à  la  louange  de  ce 
capitaine  illustre,  dont  Voltaire  a  dit  : 

Avec  toas  1m  talents  le  Ciel  l'aTait  fait  naître; 

n  agit  en  héros,  en  sage  !I  écritit; 
1 1  fuiméme  grand  honime,en  combattant  son  nahfe, 

£t  plis  graiHl  lorsqa'il  le  senrit. 

Mais  si  la  France  monarchique  semble 
avoir  renié  un  de  ses  plus  glorieux  en- 
fants, deux  républiques,  Venise  et  Ge- 
nève, se  sont  montrées  heureuses  et 
flères  de  posséder  une  relique  du  héros; 
l'une  ses  armes,  qu'il  lui  légua,  l'au- 
tre sa  dépouille  mortelle,  qui  y  fui 
transportée  à  la  demande  de  sa  veuve. 
Le  convoi  partit  de  Konlgsfelden,le  1$ 
mai.  Le  Mercure  français  (T.  XX)  a 
publié  une  relation  de  celte  pompe  fQ"- 
nèbre.  Sur  toute  la  route,  conformé- 
ment aux  ordres  du  sénat  de  Beme^  le 
cercueil  fut  escorté  par  les  officiers  dé!s 
bailliages.  Quarante  notables  bourgeois 
le  reçurent  sur  les  limites  de  la  répu- 
blique de  Genève.  Devant  la  bière, 
portée  par  hdit  capitaines,  marchaient 
La  FaTeUCy  La  Barre-Morel^  Couvrél^ 
les,  Pélisson,  Boisragon,  La  Blaquière, 
tenant  en  main  les  éperons,  les  gante- 
lets, la  cotte  d'armes,  le  guidon>  l'épée 
et  le  heaume  timbré  de  tlobàn;  Ptiofo 


portait4es  insignes  de  sa  pairie;  qua- 
tre ancienssyndicssoutenaientlescoins 
du  poêle.  Les  magistrats  de  Genève^ 
les  ministres  et  une  députation  des 
bourgeois  fermaient  la  marche .  Le  corps 
fut  déposé  dans  une  chapelle  de  l'église 
de  Saint-Pierre,  oii  l'on  éleva  un  ma- 
gnifique mausolée,  avec  une  épltaphe 
rappelant  les  plus  belles  actions  de  la 
vie  du  duc,  dont  Jliéodore  Tronchin 
prononça  l'oraison  funèbre  (i). 

Rohan  avait  épousé^  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  Marguerite  de  Béthu- 
ne,  fille  ainée  de  Sully.  Cette  dame 
réunissait  à  une  beauté  remarquable 
beaucoup  d'esprit  et  un  courage  au- 
dessus  do  son  sexe;  malheureusement 
elle  n'eut  pas  assez  de  vertu  pour  é- 
chapper  à  la  contagion  de  la  société 
corrompue  au  milieu  de  laquelle  elle 
vécut.Lenet,danssesMémoires,nousla 
peint  comme  une  femme  galante,  pleine 
d'esprit  et  de  tons  les  talents  propres  à 
la  Cour.  Son  témoignage  est  confirmé 
par  Tallemant  des  Réaux,  qui  ne  parle, 
il  est  vrai,  que  sur  oui-dire.  «  On  dit, 
comme  elle  s'en  vante,  lit-on  dans  son 
curieux  ouvrage,  qu'elle  ne  s'est  Jamaié 
donnée  qu'à  d'honnêtes  gens;  qu'eÙô 

n'en  ajamals  eu  qu'un  à  la  fol  s,  et  qu'etU 
a  quitté  toutes  ses  amourettes  et  tons 
ses  plaisirs  quand  les  affaires  de  son 
mari  l'ont  requis.  »  Le  Vassor  aussi, 
dont  l'attestation  a  plus  de  poids,  l'ac- 
cuse de  n'avoir  pas  gardé  la  foi  con- 
jugale. Soit  que  Rohan  ne  fût  pas  in- 
struit des  infidélités  de  sa  femme,  soit 
qu'il  fermât  volontairement  les  yeux 
sur  ses  écarts,  nous  avons  vu  qu'il  lui 

(1)  On  Ut  dans  lesNoteé  etlrtitet  des  ratistret 
du  consistoire  ^r  Crâner  :  I)»  6  oc4.  1959  :  A 
été  représenté  par  M.  le  niodérateiur  que  pinsienrt 
personnes  se  scandalisent  de  voir  la  statue  de 
M.  le  duc  de  Rohan  dans  le  temple  comne  elle  y 
est  en  unechapalle  ouest  soe  toaàbeau,  et  laquelle 
on  Toit  k  trarers  les  harreaux,  et  que  partant,  il 
seroit  eipédient  de  fermer  de  bois  pour  empes- 
oher  la  Tue  de  ladite  staioe  qui  pourreil  attirer 
l'idolAlrie  de  quelque  pepUteoa  antre,  dent  U  eel 
dei>jà  arrivé  de  rinconTênient,  ayant  été.  reoee 
des  femmes  'genoux  au-devant  dMcelIé  ci-deVant, 
comme  si  c'étoit  un  saint  Pierre,  sarelf  est  de^ 
Savoyardes.  Advisé  de  députer  IL  le  modérateur 
moderne  et  l'ancipn  pour  reprépeuter  Uwdl  et 
que  dessus  à  Nos  Seigneurs. 


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—  300  — 


ROU 


témoignait  autant  d'affection  que  de 
respect^  et  rien  ne  prouve  que  la  bonne 
harmonie  ait  Jamais  cessé  de  régner 
entre  les  deux  époux.  Neuf  enfants  na- 
quirent de  ce  mariage,  mais  il  ne  sur- 
vécut qu'une  fille  ^  nommée  Margue- 
rite^ qui,  s'il  faut  en  croire  Tallemant, 
eut  des  mœurs  aussi  peu  régulières  que 
sa  mère.  Son  père  voulut  la  marier  à 
Bernard  deSaxe-Weimar;  mais  ce  pro- 
jet fut  rompu  par  la  mort  du  duc.  Louis 
de  Bourbon,  comte  de  Soissons,  la  re- 
chercba  ensuite.  Pour  faire  réussir  ce 
mariage  qui  flattait  son  orgueil,  la  du- 
chesse de  Bohan  fit  don  à  sa  fille  de 
tout  ce  qu'elle  possédait  de  son  chef; 
la  mort  du  comte  fit  encore  avorter  ce 
projet.  Pendant  que  sa  mère  s'occu- 
pait à  lui  chercher  un  autre  parti  digne 
d'elle,  Marguerite  de  Bohan,  qui  avait 
déjà  atteint  sa  vingt-huitième  année , 
se  déclara  en  faveur  de  Henri  Chabot, 
«  riche  en  belles  qualités  du  corps  et 
de  l'esprit,  d'une  naissance  illustre, 
mais  au  surplus  un  des  plus  pauvres 
gentilshommes  de  sa  qualité  qu'il  y  eût 
en  France.  »  La  duchesse  douairière  ne 
voulant  point  consentir  à  une  alliance 
qu'elle  regardait  comme  dispropor- 
tionnée, sa  fille  se  passa  de  son  consen- 
tement, et  le  mariage  fut  célébré  à 
Sully,  le  6  juin  JG45.  Indignée  de  ce 
mépris  de  son  autorité  maternelle, 
M»«  de  Bohan  présenta,  dès  le  29  mai 
1645 ,  une  requête  au  parlement  oii, 
se  plaignant  de  l'espèce  de  mésalliance 
contractée  par  «la  fille  unique  d'une  si 
illustre  maison,  y>  elle  demanda  Tannu- 
lation  de  la  donation  qu'elle  lui  avait 
faite.  La  Chambre  de  Tédit  rejeta  sa 
requête  par  arrêt  du  14  août  1645. 
C'est  alors  seulement  qu'elle  produisit 
le  fameux  Tancrède,  qu'elle  prétendit 
avoir  eu  de  son  mari. 

Dans  un  factum  qu'elle  publia  à  ce 
sujet  (Fonds  St-Magloire,  N«  46), 
elle  raconte  qu'étant  devenue  enceinte 
à  Venise,  en  1630,  son  mari  avait 
voulu  qu'elle  vint  faire  à  Paris  ses  cou- 
ches, qui  étaient  toujours  pénibles. 
Elle  ajoute  qu'en  l'envoyant  en  France, 
Roban  avait  encore  un  autre  but.  Il 


l'avait  chargée  de  vendre  tous  ses  biens, 
pour  acheter,  avec  le  prix  de  ses  do- 
maines, l'Ile  de  Chypre,  que  le  Grand- 
Seigneur  consentait  à  lui  céder  moyen- 
nant 200,000  écus  et  un  tribut  annuel. 
Son  intention,  en  faisant  l'achat  de  cette 
lie,  était  d'y  offrir  un  refuge  aux  Béfor- 
més.  Tallemant  des  Beaux  prétend, 
au  contraire ,  qu'enceinte  du  duc  de 
Candale,  qui  habitait  alors  Venise,  elle 
était  revenue  en  France  pour  cacher 
sa  grossesse  à  son  mari.  Quoi  qu'il  en 
soit,  partie  de  Venise  le  8  oct.  1 650, 
elle  accoucha  secrètement  dans  le  logis 
d'une  de  ses  amies,  le  18  déc.,  d'un 
fils,  qui  fut  baptisé  dans  l'église  Saint- 
Paul  sous  le  nom  de  Taucrède.  Selon 
le  factum  en  question,  la  cause  de  tout 
ce  mystère  était  la  crainte  que  Bohan 
avait  qu'on  n'enlevât  son  enfant  pour 
le  garder  comme  otage  et  peut-être  le 
faire  élever  dans  la  religion  romaine. 
En  1636,  l'ennemi  ayant  franchi  la 
Somme  et  menaçant  Paris,  la  duchesse 
crut  prudent  d'en  sortir,  et  ne  pouvant 
emmener  son  fils  avec  elle,  elle  l'en- 
voya en  Normandie  chez  un  de  ses  ser- 
viteurs, nommé  La  Métairie  yen  atten- 
dant que  l'occasion  s'offrit  de  le  faire 
passer  en  Angleterre  auprès  de  son  on- 
cle Soubise ,  ou  qu'on  lui  accordât  à 
elle-même  la  permission  qu'elle  sollici- 
tait inutilement  d'aller  rejoindre  son 
mari.  Marguerite  de  Bohan,  instruite 
de  la  naissance  de  ce  frère,  qui  venait 
la  dépouiller  d'un  riche  héritage,  le  fit 
enlever,  par  le  conseil  de  Ruvigny,  le 
S  fév.  1638.  Persuadée  que  le  coup 
partait  de  Bichelieu,  la  duchesse  n'osa 
pas  se  plaindre  trop  haut;  mais  elle 
avertit  Bohan  de  cet  enlèvement.  Il  lui 
répondit  de  Kônigsfelden,  le  8  avril 
1 638  :  «  Je  commence  d  apprendre  à 
marcher  et  m'en  irois  au  grand  galop 
à  ma  santé  sans  le  chagrin  qui  me  ronge 
de  la  perte  de  moucher  fils,  lequel  j  ai 
Jour  et  nuit  devant  les  yeux.»  A  l'appui 
de  cette  lettre,  qu'il  rapporte,  dans  son 
Hist.  de  Tancrède  de  Bohan  (Liège , 
1767,  in-i  2),  le  P.  Griffet  cite  un  Mé- 
moire, signé,  dit-il,  de  la  main  de  Ro- 
ban, ou  on  lu  :  «Peu  après,  étant  ar* 


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—  501  - 


ROH 


rivé  an  camp  de  Bbinfeld^  J'apprends 
que  des  gens  armés  et  masqués  avoient^ 
par  violence,  enlevé  mon  fils  unique^ 
nommé  Tancrède^  que  )e  faisois  nour- 
rir secrètement  en  Normandie,  n  Si 
l'authenticité  de  ces  deux  pièces  était 
démontrée^  la  question  de  la  paternité 
du  duc  serait  tranchée  ;  mais  on  se  de- 
mande pourquoi  la  mère  de  Tancrède^ 
si  elles  sont  authentiques,  ne  les  a  pas 
produites  devant  les  juges,  et  comment 
il  se  fait  que  Rohan  n'ait  pas  dit  un 
mot  de  son  fils  dans  son  testament.  La 
duchesse  aurait  sans  doute  répondu  à 
cette  dernière  objection  que  son  mari 
tenait,  comme  elle-même,  son  fils  pour 
mort.  Elle  raconte,  en  effet,  que  ce  Tut 
seulement  après  le  mariage  de  sa  fille, 
mariagecontracté^  comme  nous  l'avons 
dit,  contre  sa  volonté,  qu'elle  apprit 
vaguement  que  Tancrède  avait  été 
transporté  en  Hollande;  qu'elle  se  hâta 
d'envoyer  dans  ce  pays  son  valet  de 
chambre  Rondeau,  qui  réussit  à  le  dé- 
couvrir chez  un  marchand  de  Leyde, 
«Dieu  par  sa  providence  luy  ayant 
donné  une  marque  naturelle,  à  quoy  il 
étoit  impossible  de  le  mécognoistre , 
qui  est  une  trousse  [touffe]  de  cheveux 
blancs  sur  la  tête  du  cèté  gauche.  )>  Dans 
ses  Mémoires  historiques,  Amelot  de 
La  Houssaye  confirme  ce  fait  remar- 
quable (!).((  Plusieurs  personnes  di- 
gnes de  foi,  dit-il,  qui  ont  >ii  Tancrède 
à  Paris  lors  du  procès ,  m'ont  assuré 
que  ce  jeune  homme  avait  le  toupet 
des  Rohan,  c'est-à-dire,  un  petit  bou- 
quet de  cheveux  blancs  sur  le  devant 
de  la  tète.  »  Le  pouvoir  de  l'imagina- 
tion chez  la  mère  aurait-il  suffi  pour 
donner  à  Tenrant  ce  signe  caractéris- 
tique et  héréditaire? 

Dès  que  Tancrède  fut  arrivé  à  Paris^ 
la  duchesse  douairière  présenta  requête 
au  parlement  tendant  à  lui  faire  nom- 
mer un  tuteur  honoraire.  Sa  fille  se 
porta  opposante,  soutenant  que  Tan- 
crède était  un  enfant  supposé.  Le  pro- 
cès fit  un  bruit  immense.  M»«  de  Ro- 

(1)  Tallemant  des  Réaax  dil  aussi  c  qu'elle 
fatsoit  une  grande  parade  d'un  toupet  de  cheTenz 
blancs  que  cet  enfant  afoit  comme  les  Rotiaa.  » 


ban,  voyant  se  former  contre  elle  une 
brigue  puissante^  soutenue  par  des 
princes  du  sang  et  la  Cour  même  «  qui 
ne  vouloit  point,  dit  Tallemant,  qu'il 
y  eût  un  duc  de  Rohan  huguenot  »,  et 
pensant  que  Tancrède  pourrait  à  sa  ma- 
jorité revenir  contre  l'arrêt  qui  inter- 
viendrait, laissa  le  parlement  juger  par 
défaut.  Défense  fut  faite  à  Tancrède  de 
prendre  le  nom  et  les  armes  de  Rohan^ 
et  à  la  duchesse  douairière  de  lui  don- 
ner ce  titre.  C'était,  selon  nous,  un 
flagrant  déni  de  justice  ;  car  il  n'y  avait 
pas  de  poursuites  en  désaveu  de  pa- 
ternité, et,  d'après  l'axiome  du  droit  : 
Is  pater  est  quem  nuptiœ  demonstrant^ 
Tancrède  était  aux  yeux  de  la  loi  le  fils 
du  duc  de  Rohan.  Aussi  cet  arrêt  ne 
put  détruire,  nous  dit  Larrey^  «le  pré- 
jugé d'un  grand  nombre  de  personnes 
de  la  première  qualité  en  faveur  de  la 
filiation,  que  la  mère  soutint  pendant 
le  reste  de  sa  vie  et  à  l'article  de  la 
mort.  »  Tancrède,  d'ailleurs,  resta  à 
Paris,  où  il  faisait  grande  figure.  Il  é- 
tait  spirituel,  aimable,  bien  fait,  quoi- 
que petit  de  taille,  très-brave  et  avait 
une  physionomie  distinguée.  Pendant 
les  troubles  de  la  Fronde,  dans  l'espoir 
sans  doute  de  bien  disposer  le  parle- 
ment en  sa  faveur,  il  embrassa  son 
parti  ;  mais  il  fut  tué,  dès  le  lendemain^ 
29  janv.  1649,  dans  une  escarmouche 
près  de  Yincenncs.  Sa  mère  obtint  des 
magistrats  de  Genève,  en  1054, la  per- 
mission de  le  faire  ensevelir  auprès  de 
son  père  putatif,  et  elle  fit  mettre  au- 
dessus  de  sa  tombe  une  touchante  épi- 
taphe,  où  elle  lui  donnait  le  nom  de 
fils.  Elle  vécut  elle-même  jusqu'au  21 
oct.  1660,  et  sa  dépouille  mortelle^ 
transportée  à  Genève,  fut  déposée  au- 
près de  celle  de  son  époux,  le  5  janv. 
1661 .  Aussitôt  après  sa  mort,  les  Cha- 
bot, implacables  dans  leur  haine,  ob- 
tinrent de  Louis  XIY  une  lettre  aux 
magistrats  de  Genève  pour  les  inviter 
à  faire  effacer  l'épitaphe  du  tombeau 
de  Tancrède.  On  lit  dans  les  Fragmens 
biographiques  et  histor.  de  Grenus^ 
sous  la  date  du  26  déc.  1 660  :  «  Lettre 
du  roi  de  France  du  21  déc,  par  la- 


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quelle  il  nous  déclare  que  c'éioit  uni- 
quement pour  ne  pas  désobliger  une 
dame  de  qualité  telle  que  M°>*  la  du- 
cbesse  douairière  de  Roban  qu'il  nous 
âvoit  demandé  de  mettre  dans  le  tom- 
beau du  feu  duc  le  corps  du  nommé 
Tancrède  (son  fils  supposé^  puisqu'il 
n'en  fait  aucune  mention  dans  son  tes- 
tament); mais  sans  avoir  l'intention 
qu'il  lui  fut  fait  une  épitapbe  et  bien 
moins  qu'il  tirât  de  la  gloire  d'avoir 
été  tué  à  son  service  :  S.  M.  nous  prie 
en  conséquence  de  faire  ôter  cette  épi- 
tapbe, et  auroit  môme  désiré  que  les 
cendres  dudit  Tancrède  fussent  jetées 
au  vent^  s'il  n'étoit  pas  opposé  à  la 
cbarité  d'agir  contre  les  morts.  Arrêté 
d'accéder  k  la  demande  du  roi.  »  Tel 
fut  le  sort  de  cet  enfant  dont  la  nais- 
sance est  restée  jusqu'ici  un  problème 
historique.  Il  ne  nousapas  été  possible 
de  le  résoudre,  quoique  nous  ayons  lu 
avec  attention  tout  ce  qui  a  été  publié 
sur  lui.  Quant  à  sa  sœur,  qui,  après 
la  mort  de  son  mari*  finit  par  se  ré- 
concilier avec  sa  mère,  elle  mourut  en 
1684^  à  l'Âge  de  67ans.Taliemantde8 
Réaux  prétend  qu'elle  abjura  deux  fois, 
l'une  à  Sully,  mais  qu'elle  «  fit  recon- 
naissance àGergeau,  »  l'autre  à  Paris, 
le  pape  n'ayant  voulu  accorder  dis- 
pense de  parenté  qu'à  cette  condition. 
Benoit  allirme ,  au  contraire,  qu'elle 
stipula  par  son  contrat  de  mariageque 
ses  enfants  seraient  prolestants,  mais 
que  son  mari  ne  tint  pas  ses  engage- 
ments. Ce  qui  est  certain  c'est  qu'elle 
mourut  protestante.  «  Le  roi,  raconte 
Dangeau,  sous  la  date  du  ^  avr.  1684, 
envoya  le  duc  de  Cbarost  cbez  1U°>«  de 
Rohan,  qui  se  mourait,  pour  tâcher  de 
lui  faire  écouter  les  gens  qni  lui  par- 
leraient de  changer  de  religion.  »  La 
peine  que  prit  S.  H.  fut  inutile.  La 
duchesse  de  Roban -Chabot  persista 
dans  sa  religion,  «  dans  une  grande 
réputation  de  vertu  et  de  piété,  »  dit 
Benoit,  et  futentorrée,  le  9 avril,  dans 
le  cimetière  de  Cbarenton  (Reg.  de 
Charenton). 

U.  Né  en  1585,  et  présenté  au  bap- 
tême, au  nom  de  la  ville  de  La  Ro- 


chelle^ par  quatre  magistrats  mnnici- 
paux ,  de  CoureiUes ,  Esprinchctrd, 
Guilan  et  Jacq.  Thevenin,  Benjamin 
de  Rohan,  seigneur  de  Sovbiss,  mar- 
cha sur  les  traces  de  son  frère.  Il  n  eut 
.  pas  son  génie  ;  mais  il  n'eut  pas  moins 
de  sèle  que  lui  pour  la  défense  de  la 
religion  réformée.  Soubise  apprit  le 
métier  des  armes  en  Hollande  sous  le 
prince  Maurice.  En  1606,  il  fut  du 
nombre  des  gentilshommes  français, 
qui  se  jetèrent  dans  Bergues  assiégé 
par  les  Espagnols.Nous  ignorons  quand 
il  rentra  en  France;  mais  en  leil, 
nous  le  trouvons  aveo  Rohan  à  l'As- 
semblée de  Saumur.  £n  1616,  il  em- 
brassa le  parti  de  Coudé.  En  1621,  il 
fui  chargé  de  la  défense  de  Saint-Jean- 
d'Angély.  Afin  d'empôcber  l'ennemi 
de  se  loger  dans  les  faubourgs,  il  les 
fit  livrer  aux  flammes,  n'exceptant  de 
la  destruction  que  celui  de  Taillebourg, 
qui,  étant  entouré  de  tous  côtés  par  U 
Boulonne,  semblait  offrir  une  défense 
plus  facile.  Louis  XIU  arriva  devant 
la  place,  le  29  mai,  et  fit  commencer 
l'attaque  par  ce  même  faubourg,  qui 
fut  enlevé.  Dès  le  1*'  juin,  cinq  batte- 
ries formidables  commencèrent  à  fou* 
droyer  la  ville.  Avant  d'ordonner  l'as- 
saut, qui  fut  fixé  au  o  juin,  le  roi  en- 
voya un  héraut  d'armes,  sommer  la 
place  de  se  rendre.  Soubise  répondit 
que,  chargé  de  la  défense  de  Saint- 
Jean  par  l'Assembla  de  La  Rochelle, 
il  ne  pouvait  le  rendre  que  par  ordre 
de  cette  assemblée.  Aussitôt  l'attaque 
commença  sur  tous  les  points  à  la  fois; 
mais  l'héroïque  résistance  de  la  gar- 
nison ,  secondée  par  les  habitants  et 
même  par  leurs  femmes,  qui  rivalisè- 
rent d'intrépidité  avec  les  soldats,  força 
les  royalistes  à  battre  en  retraite.  Du- 
rant quinze  jours,  les  glacis  de  la  ville 
furent  le  théâtre  d'une  foule  d'escar- 
mouches sans  résultat.  Le  i  7,  une  mine 
ayant  renversé  en  partie  un  ravelin  à 
l'angle  nord-est  de  la  ville,  un  nouvel 
assaut  fut  livré.  Il  fut  repoussé  bra- 
vement ;  mais  les  assiégés  firent  une 
perte  irréparable,  celle  de  Hautefon^ 
tcUne^  qui  était  l'àme  de  la  défense 


ROH 


—  M8  — 


ROH 


(Voy.  n,  p.  496).  Après  la  mort  do 
cet  ftabile  capitaine,  la  place  n'opposa 
plus  qo^nne  Talble  résistance  aox  pro- 
grès des  assiégeants.   Pour  comble 
d'embarras,  la  disette  commençait  à 
se  faire  sentir,  et  les  habitants  catbo^ 
liqaes  menaçaient  haatement  d'onvrir 
les  portes  de  la  ville  an  roi,  si  Ton  ne 
se  hâtait  de  capitaler.  Mais  le  roi  ne 
voulut  entendre  parler  d'aucune  capi- 
tulation; il  consentit  seulement  à  don- 
ner une  promesse^  en  forme  de  gràee, 
de  pardonner  à  la  garnison  et  aux  ha* 
bitants,  à  condition  qu'ils  jureraient 
de  ne  plus  porter  les  armes  contre  son 
service  ;  de  leur  laisser  la  liberté  de 
conscience  et  la  jouissance  de  leurs 
biens^  et  de  permettre  aux  soldatsdese 
retirer  où  ils  voudraient  avee  armes  et 
bagages.  St>Jean  reçut  donc  Louis  XllI 
dans  ses  purs,  le  25  juin  1621.  Quel- 
ques Jours  après,  ses  fortiOcations  fu- 
rent rasées  et  ses  privilèges  abolis.  Sa 
regardant  comme  délié  de  son  serment 
par  la  vengeance  brutale  de  Louis  XJIl^ 
Soublse  se  rendit  à  La  Rochelle  et  re^ 
prit  les  armes.  Au  commencement  de 
novembre,  il  fit,  avec  Scnni-Seurin  et 
Favas^  une  descente  dans  Tlie  d'Oié*^ 
ron,  et  s'en  saisit,  aipsi  quede*Royan 
et  d'autres  lieux.  An  commencement 
de  l'année  suivante,  il  en  flt  une  autre 
dans  le  Bas-Poitou,  se  rendit  maître 
des  Sables-d'Olonne  et  du  château  de 
La  Chaume^  au  mois  de  février,  et  en- 
tra, le  20  mars,  dans  Luçon.  Instruit 
de  l'approche  de  l'armée  du  roi ,  il 
n'osa  pas  Tattendre.  11  évacua  Luçon, 
le  7  avril,  se  replia  vers  la  mer  et  se 
retrancha  dans  l'Ile  de  Rié,  à  Tem- 
bouchure  de  la  Vie.  Quoiqu'il  eût  sons 
ses  ordres  8,000  hommes  de  pied  et 
800  chevaux,  c'est^-dire  une  armée 
de  fort  peu  inférieure  à  l'armée  royale, 
et  qu'il  occupât  une  position  avanta- 
geuse ,  presque  imprenable,  mie  ter- 
reur panique  le  saisit,  et  il  s'enfuit 
avec  sa  cavalerie  dans  la  nuit  dn  1 4 
au  1 5,  abandonnant  son  infanterie  qui 
fut  massacrée,  noyée  ou  prise  et  en- 
voyée aux  galères.  Des  8,000  hommes, 
il  n'en  échappa  pas  400.  L'aceueil  qn'il 


reçut  à  La  Rochelle,  oii  il  arriva  le  lt 
avril,  le  décida  à  passer  en  Angleterre, 
Le  roi  lui  ayant  refusé  les  secours  qu'il 
sollicitait,  il  trouva  le  moyen  d'équiper 
quelques  vaisseaux  ;  mais  sa  petite  es- 
cadre périt  dans  une  tempête.  De  son 
cété,  le  roi  de  France  le  déclara  cri- 
minel de  lèse-majesté,  le  1 5  juill.  1 622. 
La  paix  de  Montpellier  lui  permit  de 
rentrer  dans  sa  patrie. 

Soubise  reprit  les  armes  en  162<&; 
nous  avons  vu  plus  haut  les  motifs  qui 
l'y  portèrent.  Au  sujet  de  cette  noif» 
velie  insurrection,  Richelieu  se  récrHj 
contre  l'infâme  rébellion  des  héréti- 
ques, l'infidélité  de  Soubise,  Tingnb 
titqde  des  infidèles.  Dans  son  Hist.  do 
la  Saintonge,  M.  Massiou  oppose  à  oea 
iiûttres  ces  réflexions  pleines  de  jus- 
tesse :  a  Soubise  méritait-il  bien  cea 
qoaliûcalions  injurieuses?  S'il  reprit 
les  armes,  c'est  que  la  Cour  ne  tint 
compte  de  ses  promesses  et  prétendit 
s'aflyancbir  des  clauses  du  traité,  tout 
en  exigeant  des  Protestants  qu'ils  s'y 
soumissent.  Ce  traité  n'était  pas,  apr^ 
tout,  une  paix  bénévolement  octroyée  9 
les  concessions  qui  y  étaient  faites  par 
le  roi  prouvent  assez  que  les  Proteé*- 
tants  le  devaient  à  leur  courage,  et  ils 
pouvaient  en  exiger  l'exécution  sans 
se  rendre  coupables  d'ingratitude  ou 
d*inQdélité.  » 

Au  retour  de  l'entrevue  qu'il  eut  à 
Castres  avec  son  frère,  Soubise,  avee 
le  secours  du  capitaine  normand  Fi&u^ 
ry,  arma  cinq  petits  bâtiments,  sous 
prétexte  d'une  expédition  lointaine.  U 
eut  soin  de  faire  cet  armement  dans 
l'Ile  do  Ré,  pour  laisser  aux  Rochel* 
lois  la  liberté  de  le  désavouer,  en  cas 
qu'il  échouât.  A  la  tète  de  cette  esca- 
drille, montée  par  300  soldats  et  lOO 
matelots,  il  pénétra  dans  le  port  do 
Blavet,  le  17  janv.  1625,  et  enleva, 
l'épée  à  la  main,  la  flotte  royale  qui  y 
était  à  l'ancre,  attendant  le  moment 
d'agir  contre  La  Rochelle.  Les  vents 
contraires  ne  lui  ayant  pas  permis  do 
sortir  du  port,  il  y  fut  bientôt  étroite- 
ment bloqué  par  le  duc  de  Vendôme^ 
qui  se  mit  à  canonner  les  vaisseau. 


ROH 


—  S04  — 


ROH 


Henrensement  poar  lui,  qu'an  bont  de 
trois  semaines^  il  s'éleva  un  vent  du 
N.-O.  assez  violent ^  dont  il  profita 
pour  Torcer^  à  la  faveur  d'une  nuit  ob- 
scure^ l'entrée  du  port^  qui  avait  été 
fermé  par  une  chaîne  et  un  câble  énor- 
mes. Il  gagna  l'Ile  de  Ré,  qu'il  occupa, 
s'empara  de  celle  d'Oléron,  et  resta 
maître  de  la  mer. 

Ses  succès  décidèrent  lesRocbellois, 
qui  l'avaient  d'abord  désavoué,  à  se 
Joindre  à  lui.  La  Cour  fort  inquiète, 
après  avoir  inutilement  tenté  de  ga- 
gner Soubise,  qui,  comme  son  frère, 
fut  toujours  inaccessible  à  la  séduc- 
tion, se  montra  disposée  à  traiter; 
mais  les  Protestants  ne  tardèrent  pas 
à  s'apercevoir  qu'elle  ne  chercbaitqu'à 
gagner  du  temps,  et  les  négociations 
furent  rompues.  Pendant  qu'on  négo- 
ciait, aucune  suspension  d'armes 
n'ayant  étéconclue,  Soubise  entra  dans 
la^Garonne,  le  1 1  juin  1 625,  avec  une 
flotte  de  74  voiles,  et  s'empara  de  Cas- 
tlUon.  Averti  qu'une  flotte  franco-ba- 
tave  avait  paru  sur  les  côtes  du  Bas- 
Poitou,  il  cingla  à  sa  rencontre  dans 
l'intention  de  la  combattre.  An  moment 
d'en  venir  aux  prises,  les  deux  ami- 
raux convinrent  d'une  trêve  et  se  don- 
nèrent réciproquement  des  otages;  mais 
ayant  appris  que  les  négociations  n'a- 
boutissaient pas,  Soubise  rendit  les 
otages  qu'il  avait  reçus,  et  s'avança 
contre  l'ennemi,  le  19  juillet.  Des  brû- 
lots habilement  dirigés  mirent  le  feu 
à  l'amiral  hollandais,  et  quatre  autres 
bâtiments  furent  pris  ou  coules.  Fiers 
de  cet  avantage,  les  Rochellois  ne  vou- 
lurent point  entendre  parler  de  paix, 
si  le  fort  Louis  n'était  au  préalable 
démoli.  La  Cour  s'attachadonc  à, faire 
durer  les  pourparlers  jusqu'à  l'entier 
équipement  de  sept  vaisseaux  anglais 
prêtés  par  le  roi  Charles  à  son  beau- 
frère.  Les  marins  anglais,  plus  scru- 
puleux que  les  hollandais,  ayant  abso- 
lument refusé  de  servir  contre  leurs 
coreligionnaires,  il  fallut  former  l'é- 
quipage de  cette  escadre  avec  des  ma- 
telots et  des  soldats  français.  Elle  ral- 
lia la  flotte  franco- batave,  et  cette  puis- 


sante armée  navale,  qui  comptait  66 
voiles,  alla  bloquer,  le  1 5  septembre, 
la  flotte  rochelloise  dans  la  Fosse  de 
l'Oie.  Averti  que  les  royalistes  prépa- 
raient un  débarquement  dans  l'iie  de 
Ré,  Soubise,  qui  n'avait  pu  obtenir  du 
maire  de  La  Rochelle,  qu'on  y  envoyât 
des  troupes,  laissa  le  commandement 
de  ses  vaisseaux  à  Guiton  (Voy.  V. 
p.  410),  et  se  rendit  à  terre  avec  120 
chevaux,  600  fantassins  et  4  canons, 
pour  s'opposer  à  la  descente.  11  fut 
complètement  défait  malgré  le  courage 
avec  lequel  il  combattit.  «  Ce  jour-là, 
dit  Rohan,  il  se  porta  en  bon  capitaine 
et  vaillant  soldat,  d  et  son  témoignage 
est  conflrmépar  ScipionDupleix.  Après 
la  déroute,  Soubise  gagna  l'Ile  d'Ole- 
ron,  rallia  22  vaisseaux  de  sa  flotte, 
et  fit  voile  pour  l'Angleterre.  A  la  paix 
de  1626,  il  obtint  non-seulement  une 
abolition  complète;  mais  encore  l'é- 
rection de  sa  baronnie  de  Frontenay  en 
duché-pairie.  11  est  vrai  que  les  let^ 
très-patentes  ne  furent  pas  enregis- 
trées. 

Lorsque  la  guerre  se  ralluma,  Sou- 
bise se  rendit  en  Angleterre.  Il  con- 
tribua puissamment  par  ses  sollicita- 
tions à  hâter  l'équipement  de  la  flotte 
dont  Buckingham  prit  le  conmiande- 
ment,etsur  laquelle  il  s'embarqualui- 
méme.  Cet  armement  formidable  parut 
en  vue  de  La  Rochelle,  le20juill.  1627, 
mais  le  maire,  JeanGodefroy,  lui  refu- 
sal'entrée  du  port.  Soubise,  étonné  de 
ce  procédé,  se  fit  mettre  à  terre  et  se 
présenta  à  la  porte  St-Nicolas,  qu'on 
hésitait  à  lui  ouvrir.  11  fallut  que  sa 
mère  vint  elle-même  le  prendre  par  la 
main,  et  qu'en  dépit  du  maire,  qui 
n'osa  s'y  opposer  par  la  force,  elle  le 
fit  entrer  dans  la  ville,  en  lui  disant  : 
a  Viens,  mon  fils,  suy-moy  sans  rien 
craindre;  tous  les  gens  de  bien  sont 
joyeux  de  ta  venue,  et  s'en  réjouiront 
davantage,  quand  ils  considéreront 
combien  tu  t'es  montré  afléctionné  à 
la  liberté  de  la  ville  qu'ils  espèrent 
recouvrer  par  les  armes  du  roy  d'An- 
gleterre que  tu  leur  as  fait  avoir.  La 
maison  de  Rohan  voudra  toujours  le 


ROH 


—  805  - 


ROII 


bien  de  La  Rochelle  et  le  procurera  de 
tout  son  possible.  »  Le  soir  même,  le 
Conseil  s'assembla  pour  entendre  les 
propositions  deBuckingbam;  mais  quoi 
que  pussent  dire  Soubise  et  le  minis- 
tre Mermet  pour  décider  lesmagistrats 
rochellois  à  Joindre  ouvertement  leurs 
armes  à  celles  du  roi  d'Angleterre,  ils 
n'obtinrent  d'eux  que  des  réponses 
évasives.  Cette  circonspection  a  pen- 
sa, dit  Rohan,  Taire  du  mal  de  tontes 
parts,  du  c^té  de  l'Anglais,  de  voir 
tant  de  contrainte  et  d'irrésolution  en 
ceux  qui  ne  se  peuvent  sauver  que  dans 
l'audace  ;  envers  les  Réformés  en  ce 
qu'ils  demandent  conseil  et  non  assis- 
tance. »  Blessé  d'une  semblable  con- 
duite, Buckingiiam  alla  descendre  dans 
nie  de  Ré,  dont  «  il  tenoità  se  rendre 
maître,  selon  Sismondi,  comme  d'un 
excellent  poste  pour  des  corsaires  qui 
harcelleroient  a  la  Tois  le  commerce  de 
la  France  et  de  l'Espagne.  »  Soubise 
l'y  rejoignit  avec  le  sieur  de  Loudrit- 
res  et  quelques  volontaires.  On  sait 
que  cette  entreprise  échoua  honteuse- 
ment, et  que,  le  8  novembre,  l'amiral 
anglais  se  rembarqua  pour  l'Angleter- 
re, malgré  les  pressantes  instances  de 
Soubise  et  des  députés  de  La  Rochelle. 
Benjamin  de  Roban  revint  sur  la  flotte 
ducomledeLindsey,dontilavait  pressé 
l'armement  de  tout  son  pouvoir.  On 
connaît  déjà  le  résultat  de  cette  nou- 
velle expédition  [Voy,  GUÏTON).  Mal- 
gré l'abolition  qui  lui  fut  accordée  par 
redit  de  grâce,  Soubise  ne  voulut  point 
revenir  dans  sa  patrie,  il  continua  à 
habiter  Londres,  où  il  mourut,  sans 
avoir  été  marié,  le  9  oct.  1642.  Par 
ordre  du  roi  Charles  I«%  il  fut  enterré 
dans  la  chapelle  de  Westminster. 

ROH  AN  (Jacqueline  de),  marqui- 
se de  Rolbelin,  fille  de  Charles  de  Ro- 
ban, sieur  de  Gié,  et  de  Jeanne  de 
Saint-Severin,  morte  prolestante  dans 
son  château  de  Blandy,  au  mois  de  juil- 
let 1587,  et  inhumée  dans  un  caveau 
du  chœur  de  l'église  paroissiale. 

Dans  son  Hist.  du  château  de  Blan- 
dy  (Paris,  1854,  in-8«),M.  Taillandier 
a  soigneusement  recueilli  tout  ce  que 

T.  VIII. 


l'on  sait  sur  cette  illustre  dame  ;  on 
peut  dire  qu'il  a  épuisé  la  matière,  en 
sorte  qu'il  ne  nous  reste  qu'à  proûter, 
pour  celte  notice,  des  matériaux  qu'il 
a  si  diligemment  rassemblés. 

Selon  une  note  msc.  qui  se  lit  au 
dos  d'un  portrait  de  Jacqueline  de  Ro- 
han,  appartenant  à  M.  de  Laborde, 
membre  de  l'Institut,  elle  naquit  vers 
1 520.  Elle  n'avait  donc  que  1 6  ans  lors- 
qu'elle épousa,  en  1536,  sous  les  aus- 
pices de  Marguerite  de  Navarre ,  Fran- 
çois d'Orléans,  marquis  de  Rothelin, 
dont  elle  resta  veuve,  en  1 548,  avec 
deux  enfants,  Léonor,  né  en  1 540,  qui 
hérita  du  nom  de  Longueville  enl  551 , 
et  Françoise,  née  à  Blandy,  le  5  avr. 
1548,  qui  épousa Loui^ deCondé  (Voy. 
II,  p.  462). 

On  ignore  la  date  précise  où  la  mar- 
quise de  Rothelin  embrassa  la  religion 
réformée.  M.  Taillandier  pense  que  sa 
conversion  eut  lieu  vers  1 557  ;  mais  il 
est  certain  que,  depuis  longtemps,  elle 
avait  du  penchant  pour  les  opinions 
nouvelles  (Voy.  PRIVE).  Dès  1558, elle 
entretenait  une  correspondance  avec 
Calvin,  qu'elle  visita  plusieurs  fois  à 
Genève.  Son  fils  était  alors  prisonnier 
des  Espagnols,  entre  les  mains  desquels 
il  éUit  tombé  à  la  bataille  de  Saint- 
Quentin.  Ayant  recouvré  la  liberté  au 
prix  d'une  rançon  de  40,000  écus, 
dont  la  marquise  emprunta  la  plus  gran- 
de partie  aux  Bernois,  il  adopta,  à  l'ex- 
emple de  sa  mère,  les  doctrines  évangé- 
liques,  ce  qui  fit  manquer  le  mariage 
projeté  entre  lui  et  la  fille  du  duc  de 
Guise.  Une  lettre  de  Bèze  à  Calvin,  da- 
tée du  24  mai  1561,  nous  apprend  que 
le  jour  de  Pâques,  Léonor  d'Orléans- 
Longueville  avait  participé  à  la  Cène 
avec  la  marquise  de  Rolbelin.  Dans  un 
voyage  qu'il  fit  à  Genève,  au  mois  de 
janvier  1 562,  le  jeune  duc  assista  aux 
exercices  du  culte  protestant  et  «  écou- 
ta le  sermon  avec  beaucoup  d'atten- 
tion 'y  »  mais  les  espérances  que  Calvin 
avait  conçues  c(  de  l'advancer  en  bon 
chemin,  »  s'évanouirent  bientôt.  Son 
mariage  avec  Marie  de  Bourbon  (2  juill. 
1565)  le  ramena  dans  le  giron  del'E- 


ROH 


—  806  — 


ROL 


glise  romaine.  Il  mourut  à  Blois^  au 
mois  d'août  1573,  au  retour  du  siège 
de  La  Rochelle.  Le  bruit  courut,  dit  Le 
Laboureur,  que  Catherine  de  Médicis 
l'avait  fait  empoisonner. 

L'apostasie  de  son  flls  causa,  sans 
aucun  doute,  un  vif  chagrin  à  la  mar-» 
quise  de  Rothelin,  qui  était  une  des 
plus  zélées  huguenottes  du  royaume. 
Dans  la  première  guerre  civile,  mépri- 
sant les  dangers  auxquels  son  humani- 
té l'exposait,  elle  ouvrit  son  château  à 
tous  les  Huguenots  qui  allèrent  y  cher« 
cher  un  asile.  «  Au  milieu  des  plus 
grands  troubles,  lui  écrivait  Calvin  en 
1 563,  vous  n'avés  Jamais  eu  honte  ne 
crainte  de  vous  advouer  du  troupeau 
de  J.-Ch.,  mesmes  que  vostre  maison 
a  esté  ung  hospital  pour  recevoir  les 
povres brebis  dissipées.  »  Aux  seconds 
troubles,  elle  fut  traîtreusement  arré- 
lée  à  Blandy  par  son  neveu,  le  sieur 
d'Entragues,  et  amenée  au  Louvre^ 
avec  trois  des  enfants  de  Condé,  pour 
y  être  retenue  comme  otage.  L'année 
suivante,  elle  accepta  de  son  gendre 
la  dangereuse  commission  de  présen- 
ter au  roi  un  mémoire  au  sujet  de  Tin- 
exécution  de  redit.  En  1572,  après 
le  mariage  de  Henri  de  Condé  avec 
Marie  de  Clèves  (Voy.  Il,  p.  463),  elle 
accompagna  sa  fille,  la  princesse  douai- 
rière de  Condé,  à  Paris  et  fut  logée 
avec  elle  au  Louvre.  Il  est  vraisembla- 
ble que  Charles  IX  la  força  d'assister 
aux  conférences  de  l'apostat  Sureau- 
Du  Rosier;  «  mais,  dit  M.  Taillandier^ 
il  est  permis  de  croire,  d'après  le  ca- 
ractère que  nous  lui  connaissons,  que> 
8l  elle  assista  à  ces  conférences,  elle 
demeura  inébranlable.  »  Nous  ne  pren- 
drions pas  sur  nous  d'afDrmer  pourtant 
qu'elle  osa  continuer  dans  son  château 
l'exercice  du  culte  reformé.  Tout  nous 
porte  à  croire  plutôt  qu'à  son  retour 
à  Blandy,  elle  congédia  son  ministre, 
Charles  Le  Maçon,  qui  avait  remplacé 
depuis  peu  de  temps  Oaudct  et  de  Mire- 
fnoril  (1),  ses  chapelains  en  1570,  et 
qui  se  retira  à  Genève,  au  mois  de  mai 

(1)  Y  aTail-il  quelque  parenté  entre  ce  minis- 
tn  et  Bemari  de  Jfirfwcmf,  qui  fui  enroté,  «n 


1573  {Reg,  de$  hahitaruf).  Mais,  m 
admettant  même  qu'elle  eût  été  obligée 
de  s'accommoder  au  temps,  on  aurait 
tort  d'en  conclure  qu'elle  suivit  l'exem- 
ple de  sa  flUe,  la  princesse  de  Condé. 
Elle  mourut  protestante,  au  mois  de 
Juin.  1587.  Indépendamment  du  té- 
moignage  du  P.  Anselme  (qui  se  trom- 
pe sur  la  date  de  son  décès),  nous  a- 
vons  celui  de  sa  fille  qui  écrivait  à  sa 
belle-sœur,  le  11  avril  1587,  c'est-à- 
dire  peu  de  Jours  avant  la  mort  de  leur 
mère  :  «  Il  ne  se  parle  que  d'extermi- 
ner les  Huguenots,  de  sorte  qu'il  est 
bien  besoin  que  nous  songions  à  ma- 
dame nostre  mère,  parce  que  l'ordon- 
nance que  le  roy  faitest  que  l'on  saisis- 
se prisonnier  ceux  de  la  religion  pour 
aviser  à  vendre  leur  bien  et  enfin  les 
traiter  le  pis  que  Ton  pourra.  » 

La  marquise  de  Rothelin^  qui  laissa 
dans  toute  la  contrée  un  grand  re^om 
de  vertu,  reçut  la  sépulture,  comme 
nous  l'avons  dit,  dans  l'église  parois- 
siale. En  1794,  sa  tombe  fut  violée, 
et  ses  ossements  déposés  dans  l'ancieo 
cimetière  de  la  commune,  d'où  ils  ont 
été  exhumés,  en  1 854,  par  les  soins  de 
M.  Taillandier,  qui  leur  a  fait  élever, 
avec  le  concours  du  duc  d'Aumale,  hé- 
ritier des  Condé^  un  tombeau  plus  di- 
gne du  rang  que  cette  noble  dame  a 
occupé  durant  sa  vie. 

ROLAND.  Voy.  LA  PORTE. 

ROLIN  (Hugues),  ministre  de  Vey- 
nés,  publia,  en  1643^  sous  le  titre: 
Marseille  sans  miracles  ou  récit  de  la 
conférence  tenue  en  Provence  entre 
H.  Rolin,  ministre  de  Veyne$,  et  le  R. 
P.  Bizot,  jésuite,  touchant  fe«  mira- 
cles en  général  et  les  prétendus  mira- 
cles de  l'évesque  de  Afarseille  [Gault], 
un  livre  où,  après  avoir  rendu  compté 
de  cette  conférence,  il  réfutait  la  lé- 
gende de  rarrivée  de  Marie-Madelaine 
et  de  son  frère  Lazare  en  Provence^  et 
où  il  tournait  en  ridicule  les  miracles 
attribués  aux  reliques,  aux  images,  à 
l'intercession  des  Saints.  Il  parait  que 
l'apparition  de  ce  livre  excita  une  es- 

1589,  de  Genève  à  Castres,  où  11  moamt  le  il 
)mv.  1591  r 


ftOL 


—  B07- 


ROL 


pëce  d'émeute  à  Gap.  Le  proeurear 
général  en  prit  occasion  pour  le  défé- 
rer an  parlement  de  Grenoble,  qui,  par 
arrêt  du  28  juillet  1 644,  déclara  les 
propositions  y  coni  enues  scandaleuses^ 
séditieuses,  pleines  d'impostures  et  de 
calomnies,  ordonna  qu'il  serait  brûlé 
par  la  main  du  bourreau,  décréta  de 
prise  de  corps  Tautcur  et  rimprimenr, 
et  ajourna  à  comparaître  personnelle- 
ment Bouteroue  et  Murai,  ministres 
de  Grenoble,  Cher  1er,  ministre  de  Gap, 
Le  Blanc  et  û*Yse,  professeurs  à  Die, 
parce  qu'ils  avaient  approuvé  cet  ou- 
vrage. De  son  c6té,  le  synode  provin- 
cial, qui  s'assembla  à  Saillans  quelques 
jours  après,  donna  son  approbation 
complète  au  livre  de  Rolin,  en  décla- 
rant qu'il  était  conforme  à  la  doctrine 
protestante,  et  qu'il  ne  contenait  rien 
contre  le  service  du  roi  et  le  repos  de 
l'Ëtat.  C'était  rappeler  indirectement  à 
leurs  véritables  fonctions  les  conseil- 
lers bigots  du  parlement  de  Grenoble. 
Celte  affaire  ne  parait  pas  avoir  en 
d'autres  suites,  et  malgré  l'arrêt,  l'ou- 
vrage fut  réimprimé,  dans  le  Dau- 
pbiné  même,  par  Ezéchiel  Benoist,  Die, 
1654,in-8*. 

ROLLAND  (Arnàui)),  maire  de 
Saint-Jean-d'Angély  et  capitaine  de  la 
ville,  en  1562.  Lorsque  Coru/é  envoya 
aux  gouverneurs  des  villes  qui  tenaient 
son  parti ,  l'ordre  de  saisir  les  biens 
des  églises  et  des  monastères,  Rolland 
voulut  présider  lui-même  à  l'opération. 
On  ne  peut  douter  qu'il  n'y  ait  eu  des 
excès  commis,  mais  l'information  faite 
par  le  lieutenant  général  en  la  séné- 
chaussée de  Saintonge,  à  la  requête  de 
l'abbé  Jean  Chabot,  ne  signale  au  moins 
aucune  violenceexercée  sur  les  person- 
nes des  prêtres  ou  des  religieux.  Ton- 
tes les  provisions  amassées  dans  les 
monastères  furent  conduites  au  châ- 
teau, et  Rolland  fit  dresser  par  le  pro- 
cureur du  roi  un  inventaire  exact  du 
trésor  de  l'église,  avant  de  l'envoyer  à 
Condé. 

La  ville  étant  retombée  au  pouvoir 
des  Catholiques ,  Rolland  réussit  à  se 
sauver.  Il  fut  condamné  par  conturoaee 


Il  faire  amende  honorable,  à  avoir  la 
lêle  tranchée,  à  payer  4,000  livres  de 
dommages-intérêts  et  500  livres  d'a- 
mende. Après  la  publication  delà  paix, 
craignant  pour  sa  vie,  il  eut  recours  à 
Condé  qui  lui  donna  des  lettres  portant 
que  tout  ce  que  Rolland  avait  fait ,  H 
l'avait  fait  par  ses  ordres.  Fort  de  cette 
attestation,  l'ex-maire  se  pourvut  an 
Conseil  qui  cassa  la  sentence  et  dé- 
fendit au  parlement  de  Bordeaux  de 
recevoir  aucun  appel.  Ces  précautions 
prises ,  il  retourna  à  Saint-Jean-d'An- 
gély et  rentra  dans  ses  biens  qui  avaient 
été  confisqués. 

La  sentence  qui  le  condanmait  à  mort, 
avait  été  rendue,  en  1 563,  par  le  sé- 
néchal de  Saintonge.  Elle  prononçait 
diverses  peines,  non  moins  terribles^ 
contre  ses  complices.  Louis  Cherpen- 
tier-de-Mastaz  était  condamné  à  être 
brûlé  vif;  Olivier  de  Cumont,  lieute- 
nant particulier,  Christophe- Abel  de 
Laurières,  Pierre  Constant,  avocat, 
Jean  Girauld,  procureur,  JeanAllenet, 
sergent,  François  Ythier,  élu,  et  Jean 
Barbary,  à  avoir  la  tête  tranchée,  et 
vingt  autres,  tous  gens  de  métier,  à 
être  pendus. 

ROLLET  (Henri),  habile  fondeur, 
né  à  Givry  en  Champagne,  se  réfugia  en 
Prusse  sous  le  règne  de  Frédéric  !•'  (1). 
D'autres  fondeurs  français,  comme 
Pierre  Caillette,  de  Béziers,  et  Jean 
Rusé,  de  Metz,  s'étaient  déjà  acqvis  à 
Berlin  une  certaine  réputation.  Parles 
perfectionnements  que  Rollet  apporta 
aux  pompes  à  incendie  et  les  sages 
règlements  qu'il  publia  en  qualité  de 
commissaire  général,  office  dont  il 
fut  pourvu  en!  725 ,  il  rendit  à  Berlin 
d'importants  services, en  récompense 
desquels  le  roi  Frédéric-Guillaume  le 
chargea  de  la  fourniture  des  plaques 
de  schakos  et  des  autres  parties  de  l'é- 
quipement militaire  dont  la  fabrication 
rentrait  dans  sa  profession,  en  lui  as- 
sociant deux  autres  réfugiés,  Elie  Pal- 
ly,  de  Paris,  qui,  de  Hollande  où  il  s'é* 

(1)  D*«atr68  Eollet  oa  Roiet  se  réfagièrenl  à 
GeoèTC,  où  Daniel  Rolet,  de  li  Gôte-Sain|-AA- 
dré,fQt  reçu  boiurfceols  en  1690. 


ROL 


—  808  ^ 


ROM 


toit  retiré  d'abord,  était  allé  s'établir 
à  Berlin,  et  Htwt,  le  pi'emier  pour  la 
broderie  des  unirormes  des  officiers^ 
et  le  second  pour  la  passementerie  et 
les  gibernes.  Rollet  ne  laissa  qu'un 
fils,  qui  mourut  à  la  fleur  de  l'âge  sans 
avoir  été  marié. 

ROLLET  (Louis),  sellier,  victime 
de  la  réaction  catholique  à  Blois,  en 
1562.  Dans  cette  ville  comme  partout, 
les  Catholiques,  redevenus  les  maîtres, 
exercèrent  des  cruautés  sans  nom.  Sous 
les  yeux  mêmes  du  duc  de  Guise,  qui 
répondit  aux  remontrances  des  bour- 
geois catholiques,  non  moins  effrayés 
qu'indignés  des  excès  de  la  populace, 
«  qu'aussi  bien  il  y  avoit  trop  de  peu- 
ple au  royaume,  et  qu'il  en  feroit  tant 
mourir  que  tous  vivres  seroyent  à  bon 
marché,  »  un  grand  nombre  d'habi- 
tants signalés  comme  hérétiques,  fu- 
rent égorgés  ou  noyés.  Les  désordres 
continuèrent  après  le  départ  du  duc 
pour  le  siège  de  Bourges.  Le  Martyro- 
loge nous  a  conservé  les  noms  de  quel- 
qiies-unes  des  victimes.  11  cite,  outre 
Louis  Rollet,  a  homme  de  singulière 
piété,  »  une  honnête  femme,  nommée 
Nicole^  qui,  jetée  deux  fois  dans  la 
Loire,  parvint  deux  fois  à  gagner  une 
Ile  à  la  nage  et  fut  à  la  fin  assommée 
par  les  habitants  du  faubourg  de  Vien- 
ne; le  pelletier  Lore^  vieillard  septua- 
génaire, à  qui  l'on  fendit  la  tète  d'un 
coup  d'épée  ;  le  mercier  Pierre  Pré- 
vost, que  Ton  noya,  après  lui  avoir 
arraché  les  yeux.  «  Et, ajoute  Grespin, 
continuèrent  leurs  débordemens,  sans 
aucune  résistance ,  au  veu  et  sceu  de 
la  Justice,  jusques  longtems  après  l'é- 
dit  de  pacification  publié.  » 

ROLLIN  (CHRISTIÀN-JÉRÉMlR),dOC- 

teur  en  médecine,  professeur  de  méde- 
cine et  d'anatomie  au  collège  anato- 
mico-chirurgical  de  Brunswick  et  as- 
sesseur du  collège  des  médecins,  na- 
quit en  1707,  à  Cassel,  où  son  père, 
Louis  Rollin ,  s'était  réfugié  et  rem- 
plissait la  charge  de  commissaire 
des  monnaies.  Dès  son  enfance,  Rollin 
montra  une  véritable  passion  pour  les 
sciences  médicales,  et  particulièrement 


pour  l'anatomie.  Il  commença  ses  étu- 
des en  médecine  auCarolinnm  de  Cas- 
sel,  et  alla  les  continuer  à  Berlin  où  il 
passa  trois  ans.  Il  suivit  ensuite, pen- 
dant une  année,  la  clinique  de  l'hôpi- 
tal de  Glienickeà  Potsdam.  De  retour 
dans  sa  ville  natale,  il  s'y  livra,  pen- 
dant quelque  temps,  à  l'étude  de  l'his- 
toire naturelle  et  de  la  mécanique; 
mais,  fatigué  à  la  fin  du  séjour  d'une 
ville  qui  n'offrait  pas  d'aliments  suffi- 
sants à  l'activitéde  son  esprit,  il  partit 
pour  Leyde,  où  il  suivit  les  leçons  du  cé- 
lèbre Boerhaave.  Dévoré  du  désir  d'ap- 
prendre, il  ne  négligeait  aucune  occa- 
sion de  s'instruire;  on  dit  qu'il  fit  ex- 
près le  voyage  de  Londres  pour  visiter 
la  magnifique  collection  de  Sloane.  Il 
retourna  à  Cassel,  en  passant  par  Paris, 
etse  rendit^  peu  de  temps  après,àGdt- 
tingue  où  l'illustre  Haller,  qui  le  prit 
en  affection,  lui  confia  le  soin  de  gra- 
ver la  plus  grande  partie  des  planches 
de  ses  Icônes  anatomicœ  et  de  son  Enu- 
meratio  methodica  stirpium  Heiveti». 
Le  17  sept.  I7i2,  Rollin  soutint  pour 
le  doctorat  une  thèse  De  monstrorwn 
duorum  anatome  et  causarum  mons- 
trorum  xtheriori  disquisiiione,  et,  peu 
de  temps  après,  il  fut  appelé  à  rempla- 
cer le  conseiller  Huber  comme  prosec- 
teur au  théâtre  anatomique  de  Gôttin- 
gue.  La  faiblesse  de  sa  santé  exigeant 
le  repos  et  l'air  de  la  campagne,  il 
donna  sa  démission,  au  bout  de  trois 
ans ,  et  alla  s'établir  à  Môringen,  où 
il  se  mit  à  pratiquer  la  médecine.  En 
1 746,  on  lui  offrit  la  place  de  profes- 
seur extraordinaire  d'anatomie  à  Up- 
sal  ;  mais  la  rigueur  du  climat  de  U 
Suède  l'empêcha  d'accepter.  A  la  fin, 
le  duc  Charles  de  Brunswick  le  nom- 
ma professeur  d'anatomie  au  collège 
qu'il  venait  de  fonder.  H  prit  posses- 
sion de  sa  chaire  en  1 751  et  l'occupa 
jusqu'à  sa  mort ,  au  rapport  de  Hir- 
sching,  qui  ne  nous  apprend  pas  quand 
il  mourut. 

ROMAINE  (William),  célèbre  pré- 
dicateur du  siècle  dernier,  né  à  Hart- 
lepool,  le  25  sept.  1714^  et  morl  à 
Londres»  le  26  JaiU.  naft» 


ROM 


—  809  — 


ROM 


Le  père  de  Romaine  était  an  réfa- 
gié  français,  qui  s'était  établi  à  Hart- 
lepool,  on  il  faisait  le  commerce  des 
grains.  Sa  famillese  composait  de  deux 
fils  et  de  trois  filles ,  qu'il  fit  élever 
dans  les  principes  de  l'Église  anglicane 
et  qu'il  eut  le  bonheur  de  voir  tous  é- 
tablis  avantageusement  avant  de  mou- 
rir, en  1775.  Nous  ne  savons  rien  de 
la  vie  de  son  fils  aîné.  Serait- il  le  même 
que  Thomas  Romaine ,  à  qui  Watt  at- 
tribue Observations  on  atmospherÛMl 
electricity,  ins.  dans  les  Philos.  Trans- 
act.  (1772)?  William^  le  cadet,  montra 
de  bonne  heure  une  grande  ardeur 
pour  l'étude  et  les  plus  heureuses  dis- 
positions. Il  reçut  sa  première  instruc- 
tion dans  l'école  de  Houghton,  où  il  pas- 
sa sept  années,  et  fut  envoyé  ensuite  à 
Oxford,  où  il  s'appliqua  plus  particu- 
lièrement à  l'étude  de  l'Ecriture  sainte. 
11  prit  ses  grades  dans  cette  université 
célèbre,  et  se  fit  conférer  l'ordre  du  dia- 
conat par  l'évéque  du  diocèse.  L'an- 
née suivante,  après  avoir  été  ordonné 
prêtre  par  Hoadley,  évèque  de  Win- 
chester, il  fut  placé  à  Banstead,  dont 
il  desservit  l'église  pendant  plusieurs 
années,  en  même  temps  que  celle  de 
Horton  prèsd'Epsom. 

Le  peu  de  succès  qu'il  obtenait  dans 
son  ministère,  peut-être  aussi  les  con- 
trariétés que  lui  attirèrent  ses  opinions 
sévèrement  calvinistes,  le  décidèrent 
à  quitter  l'Angleterre,  en  1 748. 11  était 
sur  le  point  de  mettre  ce  projet  à  exé- 
cution, lorsqu'on  lui  offrit  l'ofSce  de 
lecteur  dans  la  paroisse  de  Saint-Geor- 
ge et  Saint-Botolph.  Il  accepta  cette 
place  modeste,  à  laquelle  il  joignit, 
l'année  suivante,  celle  de  lecteur  de 
Saint-Dunstan  in  the  West.  Ce  cumul 
souleva  des  plaintes  ;  il  fut  forcé  de  sa 
démettre,  quelque  temps  après,  de  l'un 
de  ses  bénéfices,  et  ne  put  même  con- 
server l'autre,  auquel  était  attaché  un 
traitement  de  80  guinées,  que  par  la 
protection  du  docteur  Terrlck,  évéque 
de  Londres. 

En  1750,  Romaine  fut  nommé  pré- 
dicateur adjoint  dans  l'église  de  Saint- 
George^  Hanover-Square ,  oh  U  obtint 


beaucoup  de  succès,  surtout  parmi  les 
déshérités  dece  monde.  Deux  ansaprèSj 
il  fut  appelé  à  occuper  la  chaire  d'as- 
tronomie au  collège  de  Gresham  ;  mais 
il  ne  la  garda  pas  longtemps,  son  en- 
thousiasme pour  les  doctrines  de  Hnt- 
chinson^  qui  comptaient  alors  fort  peu 
d'adhérents  en  Angleterre,  l'ayant  en- 
traîné à  combattre  quelques-uns  des 
principes  du  grand  Newton.  Sa  répa- 
tatlon,à  laquelle  eeltè  imprudence  avait 
beaucoup  nui,  reprit  tout  son  lustre 
par  l'opposition  qu'il  fit,  en  1753,  an 
bill  des  Juifs.  Tout  ce  qu'il  écrivit  sur 
ce  sujet  fut  imprimé  aux  frais  de  la  ville 
de  Londres. 

En  1 756,  Romaine  quitta  sa  place  de 
prédicateur  à  Saint-George,  et  fut 
nommé  recteur  de  Saint-Olave.  En 
1 759,  il  permutacette  cure  contre  celle 
de  Saint-Bartholomew  the  Great,  où  il 
passa  deux  ans  avec  le  titre  de  prédi- 
cateur du  matin.  En  1 767,  les  habitants 
des  paroisses  de  Saint-Andrew,  Ward* 
robe,  et  de  Saint-Anne,  Blackfriars, 
le  choisirent  pour  ministre.  C'est  dans 
cette  cure  qu'il  mourut,  après  l'avoir 
desservie  pendant  plus  de  trente  ans. 

Romaine  a  laissé  en  Angleterre  la 
réputation  d'un  des  orateurs  de  la 
chaire  les  plus  populaires  du  x?iii«  siè- 
cle. Ses  prédications  attiraient  une 
foule  immense  de  gens  de  tout  âge  et 
de  tous  états.  On  aflSrme  que  le  jour  du 
Vendredi  saint,  qui  suivit  son  installa- 
tion, il  se  présentaplus  de  500  person- 
nes pour  participer  à  la  sainte  Cène; 
de  mémoire  d'homme  on  n'avait  vu  pa- 
reille aflluence.  Dans  son  intérieur,  11 
était  doux,  aimable,  très-laborieux; 
son  plus  grand  défaut  était  une  ex- 
trême irritabilité,  qu'à  force  d'efforts, 
il  réussit  à  réprimer.  On  loue  aussi  sa 
loyauté,  son  désintéressement,  sa  cha- 
rité. Peu  de  pasteurs  s'employèrent 
plus  activement  et  plus  efficacement 
aux  œuvres  charitables.  Aussi  était-il 
chéri  de  ses  paroissiens  qui,  en  tonte 
circonstance,  lui  prodiguèrentles  mar- 
ques de  leur  affection  et  de  leur  res- 
pect. Sa  femme,  miss  Price,  qu'il  a- 
vait  épousée  en  1755,  lai  donna  trois 


ROM 


—  5t0  — 


ROM 


enfants^  une  ûlle^  décédée  jeane ,  «t 
deux  fils,  dont  le  cadet  mourut,  en 
1782,  à  Trincomale,  dans  nie  de  Cey* 
lan. 

William  Romaine  a  laissé  un  grand 
nombre  d'écrits,  des  sermons  surtout, 
qui  ont  eu  un  grand  succès  et  qui  sont 
encore  très-répandus  en  Angleterre. 
En  voici  la  liste. 

I.  The  divine  légation  of  Moses  de- 
monstratedy  from  his  having  mode 
express  mention,  and  insisted  somuch 
an  the  doctrine  of  a  future  state,  on 
Matt,  XII,  24-27,  1759.  —  Sermon 
prêché  devant  Tuniversité  d'Oxford, 
contre  les  sentiments  de  Wafburton 
touchant  la  mission  de  Moïse. 

II.  Future  rewards  and  punish' 
mentsproved  to  be  the  sanctions  oftlie 
mosaic  dispensations ,  on  Marc  XII, 
24-27.  —  Ce  sermon,  prêché  égale- 
ment devant  l'université,  ne  parait  pas 
avoir  été  imp.  séparément.  De  ces  at- 
taquée répétées  contre  Warburton  sur- 
fit une  dispute  où  les  deux  adver- 
saires employèrent  à  l'envi  les  armes 
du  ridicule  et  du  sarcasme,  mais  avec 
un  succès  tout  différent. 

III.  No  justification  by  the  law  of 
nature,  on  Rom.  II,  14-15, 1742,  8«. 

IV.  Jephtha's  vaw  fulfilled,  and  his 
daughter  notsacrificed,on  JudgesXI, 
JO-31,  1742,  in-8«>. 

V.  Uebrew  concordance  and  lexi^ 
con,  Lond.  1747,  4  vol.  in-fol.  — 
Réimpression  de  l'ouvrage  de  Galasius, 
Concordantiae  sacrorum  librorum  Ue- 
braicorum  (Romse  1621, 4  vol.  in-foi.). 

VI.  Sermon,  Lond.,  1 762,  in-4o. 

VII.  Self-existenoe  of  J.^Ch.,  on 
Johnl,  14,  1755,  in-8°. 

Viil.  An  alarm  to  a  careless  world^ 
fmÀmos  IV,  12,  i755,in-8». 

IX.  Practical  commentâmes  in  se- 
ViralleoturesonPs,  CK//,1755,in-8«. 

X.  Benefit  of  a  holy  spirit  to  mon, 
a  gift  sermon  by  miês  Bill,  on  Ezek. 
JirjrZK//,  4, 1756,  in-8*. 

XI  >  The  sure  fondation,  twosermons 
on Isa;%,  XXVIII,  1 6, 1756,  in-S*». 
XU.  Duty  of  ivatchfuLnessenforced^ 

m  Uqu.  XXV,  13,  n56,ia-8«. 


Xlli.  Lord  our  rightiousnet» ,  ttco 
sermons  on  laat.  XLV,  8, 1 757^  in-8«. 
—Ces  sermons,  d'un  calvinisme  rigide, 
le  firent  exclure  de  la  chaire  de  l'uni- 
versité. 

\IV.  For  preventing  frequency  of 
robberiesand  murders,  onMtUt.  XV, 

19-20,  1757,  in-12. 

XV.  Death  ofthe  rev,  James  Hervey, 
Lond.,  1759,  in-80. 

XVI.  Discourse  preached  at  Christ' t 
Church,  Lond.,  1759,  in-e». 

XVII.  Twelve  Sermons  upon  Salo^ 
mon's  Song,  1 759,  in-8«. 

XVIII.  Twelve  discourses  upon  thé 
Law  and  Gospel,  1760,  in-8<»;Lond., 

1793,  in-80. 

XIX.  The  Works  ofthe  rev.  Thomas 
Jones,  late  chaplain  of  S.  Saviour, 
Lond.,  1762,  in-80.  .^  Romaine  y  a 
joint  une  Vie  de  l'auteur  et  une  Pré- 
face. 

XX.  r^  life  of  faith,  1 763  ;  Lond., 

1794,  in-12. 

XXI.  The  Scripture  doctrine  of  the 
sacrament  of  the  Lord' s  supper,  1 765, 
in-8». 

XXIL  The  walk  of  faith,  1771,  2 
vol.  in-80. 

XXIII.  Anessayonpsalmody,  1775, 
in- 80. 

XXIV.  The  triumph  of  faith,  Lond., 

1795,  in-12. 

XXV.  Letters  toafriendon  the  mosl 
importantsubjects,Lonû., il^}i,\U'i  2. 

—  Publié  par  Th.  Welle. 

XXVI.  Works,  1796,  8  vol.  in-a». 

—  L'éditeur,  Bromley  Cadogan,  y  a 
joint  une  Vie  de  l'auteur,  où  il  expose 
longuement  ses  principes  et  ses  suc* 
ces  dans  le  ministère  évangélique. 

ROMAN  (iikn),  d'une  honnête  fa- 
mille de  Vercheny,  en  Dauphiné,  ha- 
bitait La  Motte-Ghalançon  à  fépoqoft 
de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 
Très-Kélé  pour  sa  religion,  il  sortit  dn 
royaume  et  se  retira  à  Lausanne,  oti 
il  séjourna  environ  deux  ans.  En  ap- 
prenant Tétat  déplorable  de  ses  core- 
ligionnaires restés  en  France,  il  se  sen- 
tit ému  de  compassion,  et  U  serait  parti 
immédiatemenl  pour  leur  porter  ém 


ROM 


—  5H  — 


HOM 


consolations^  sans  nn  sentiment  bien 
naturel  de  crainte,  qoi  lai  montrait  en 
perspective  «  d 'effroyables  travaux  et 
des  dangers  sans  nombre,  la  faim,  la 
soif,  la  rigueur  des  bivers,  les  fuites^ 
les  prisons,  les  toctnres,  les  galères^ 
les  bûchers,  les  gibets,  les  roues.  »  Ce- 
pendant son  zèle  s'enflammant  de  pins 
en  plus  au  récit  des  persécutions  exer- 
cées contre  ses  frères,  il  triompha  de 
ses  craintes  et  rentra  en  France.  Ne 
voulant  pas  s'exposer  aux  remontran- 
ces de  ses  parents  qui  étaient  restés 
dans  le  Dauphiné,  Il  traversa  rapide- 
ment sa  province  natale  et  se  rendit 
dans  les  Gevennes.  Déguisé  en  colpor- 
teur, il  allait  de  maison  en  maison,  et 
là  où  il  ne  voyait  ni  image  de  saint, 
ni  crucifix  appendu  à  la  muraille,  il 
8'arrétalt  pour  exhorter  ceux  qui  y  ha- 
bitaient à  se  relever  de  leur  chute  et  à 
donner  gloire  à  Dieu  en  sortant  de  l'E- 
glise romaine.  Il  se  mit  ainsi  en  relation 
avec  un  grand  nombre  de  prétendus 
convertis,  qui  le  prièrent  instamment 
de  tenir  une  assemblée.  Il  se  rendit  à 
leurs  désirs;  aussi  le  fameux  abbé  Du 
Ghalla  [Voy.  I,  p.  96) ne  tarda-t-il  pas 
à  être  instruit  de  sa  présence.  Trahi 
par  un  faux  ft*ère,  eh  1688,  Roman  é- 
cbappa  comme  par  miracle.  Moins  heu- 
reux Tannée  suivante,  il  fut  livré,  le 
5  fév.  1689^  par  un  apostat  nommé 
Vaumalés,  et  traîné  en  présence  de 
Basville  et  de  Broglie,  que  sa  fermeté, 
et  son  courage  exaspérèrent  à  tel  point 
que  le  dernier  s'oublia  Jusqu'à  le  frap- 
per, en  s'écrlant  que  s'il  n'y  avait  pas 
de  bourreau  pour  le  pendre,  il  en  fe- 
rait lui-même  l'office.  11  fut  }eté  dans 
ati  cachot  du  château  de  Saint-Jean- 
de»Gardonnenque,  d'où  il  réussit  à 
a^eùfùlr  atec  le  secours  de  la  Rlle  du 
nihlstre  OtHchard^  qui^  pour  se  sous- 
Ifaifis  à  la  persécution,  était  entrée 
oemme  femme  de  chambre  au  service 
de  M"w  de  Montvaillant,  Furieux  de  ce 
^t  sa  proie  lui  édmppatt,  Bastille 
menaça  de  faire  tomber  tout  le  poids 
de  sa  eo&ère  sur  M.  de  MonîvaHkmt; 
mais  E>«  Guldiard^  pour  détourner  le 
emip  lie  là  tète  de  ce  gentflhonniie. 


alla  noblement  se  dénoncer  elle-même 
an  terrible  intendant.  Basville  fut  pea 
touché  de  celle  généreuse  conduite  ;  il 
condamna  celte  demoiselle  à  être  fouet- 
tée publiquement  par  le  bourreau  et 
enfermée  dans  une  prison.  Quant  à 
Montvaillant  y  il  le  relégua  dans  ses  ter- 
res, et  sons  prétexte  que  M"»«  de  Pfy- 
remales,  sa  tante,  n'était  pas  morte 
bonne  catholique,  11  confisqua  une  som- 
me de  40,000  fr.  qu'elle  lui  avait  lé- 
guée. 

Au  bout  de  trois  jours,  l'intrépide 
Roman  sortit  de  sa  cachette,  et  pour  ren- 
dre publiquement  grâce  à  Dieu  de  se 
délivrance,  il  convoqua  une  assemblée 
dans  les  environs  mêmes  de  Saint- Jean. 
Trahi  une  troisième  fois,  le  10  mars 
1691 ,  il  fut  assez  heureux  pour  échap- 
per aux  soldats  qui  le 'poursuivaient 
avec  acharnement  comme  une  bête  féro- 
ce, en  traversant,  au  milieu  de  Thiver^ 
un  torrent  à  la  nage  et  en  se  cachant 
sur  l'autre  bord.  Blessé,  quelque  temps 
après,  d'une  balle  à  la  cheville,  et  hors 
d'état  de  marcher,  il  vécut,  pendant 
trois  mois,  caché  dans  une  caverne. 
A  peine  guéri,  il  recommença  son  dan- 
gereux apostolat  ;  mais  les  poursuites 
devinrent  à  la  fin  si  actives,  qu'il  crut 
prudent  de  s'éloigner  pour  quelque 
temps,  en  1 693.  11  se  rendit  à  Genè- 
ve, où,  au  lieu  des  éloges  auxquels  il 
avait  droit,  Il  ne  reçut  que  des  repro- 
ches sur  rimprudence  qu'il  commettait 
en  tenant  des  assemblées.  Il  crut  né- 
cessaire de  se  justifier  et  composa^  à 
ce  sujet,  une  apologie  pour  démontrer 
l'Impossibilité  d'aller  de  maison  ei 
maison  encourager  les  Protestants  fidè- 
les et  relever  c^x  qui  étaient  tombés  ; 
puis  il  reprit  la  route  de  France  et  en- 
tra dans  les  Gevennes,  ayant,  selon  son 
énergique  expression,  son  âme  entre 
les  mains,  comme  prêt  à  la  rendre. 
Trahi  de  nouveau,  le  9  août  1690,  par 
Arnaud,  infâme  scélérat  en  qui  il  met- 
tait toute  saeonflance,  il  fut  traîné,  coa- 
irert  de  sang  et  de  blessures,  dans  la 
prison  de  Boueoiraii.  Il  touchait  à  sa 
dernière  beure^fii  quelques  jeunes  gens 
ne  s'étaient  dévoués  peer  le  saever .  Ile 


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—  512  — 


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forcèrent  la  garde  de  la  prison  et  en- 
levèrent leur  pasteur,  qui  intercéda  lui- 
même  pour  ses  gardiens  et  obtint  qu'on 
ne  leur  ferait  aucun  mal,  quoiqu'ils 
eussentblesséplusieursdesassaillants. 
Cet  enlèvement  irrita  au  dernier  point 
Broglie,  qui  flt  arrêter  une  foule  de  per- 
sonnes, soit  comme  coupables  d'avoir 
assisté  à  l'assemblée  du  9  août,  soit 
comme  complices  de  la  délivrance  de 
Roman.  Au  nombre  des  premiersétaient 
Louis  Brunel,  de  Domessargues,  An- 
toine Burin  et  Fulcrand  Dumas,  du 
même  lieu,  Jacques  Caboux,  de  Bri- 
gnon.  les  trois  fils  Martin,  la  femme 
Boucoiran,  Marguerite,  Dumas-Bru-' 
nel,  de  Domessargues,  la  femme  Rou^ 
quête,  Jean  Foucaud  et  Bénezet,  de 
Moussac,  M^^'  de  Rolin,  de  Mozières, 
Ravènes,  de  Sauzet,  Bourdic  ûls,  Bou- 
coiran  et  Antoine  Briançon,  qui  fu- 
rent tous  condamnés  au  gibet.  Un  sup- 
plément d'instruction  fut  ordonné  à 
regard  de  Pierre  Foucaud,  de  Sauzet, 
Jean  Boudon,  de  Domessargues,  Jean 
Bourdic,  Jacq.Fontanieu,  Noé  Comte, 
Paul  Gassaignes,  Claude  Passe,  Anne 
Dubois,  Marianne  Bruguière,  Louise 
Bernis,  Jacq,  Bourdic,  Jean  Caboux, 
tous  habitants  de  Brignon,   Etienne 
Matthieu,  ûe  Crxxmhres,  Jean  Dombres, 
d'Aigrement,  Pierre  Maurin,  de  Bou- 
coiran,  Marc  Foucard,  de  Maussac, 
André  Espérandieu,  de  Saint-Déséry^ 
ainsi  qu'à  l'égard  de  quatre  défaillants  : 
Douce  Allier e  eiAntonin,  de  Fons,  Roc 
fllset  Gabriel  Malachaume,  de  Brignon. 
Quant  à  Roman,  il  devait  périr  sur  la 
roue.  Une  sentence  plus  terrible  encore, 
rendue  par  le  sénéchal  de  Nismes,  le 
28  nov.,  frappa  ses  libérateurs.  Pierre 
Bernard,  dit  La  Jeunesse,  soldat,  de 
Marvéjols,  fut  condamné  à  être  rompu 
vif,  avec  Pierre  Bonefoux,  dit  Bour- 
lesc,  de  Gardet  ;  Pierre  Roux,  de  Mas- 
siUargues,  à  la  question  ordinaire  et 
extraordinaire,  avant  dire  droit ,  ainsi 
que  Louis  Penchenat,  de  Galvisson, 
Adam  Mariniargues,  de  Soulorgues, 
Robert  Théolet,  chirurgien  de  Lézan, 
David  Verdier,  de  Lézan,  et  Antoine 
Armasêan,^t  Cardeti  Le  cadet  de  Bot/h 


zènes,  près  Tomac,  et  Brunet,  des 
Montèzes,  furent  condamnés,  par  con- 
tumace, à  la  roue;  Bouvière,  d'An- 
duze,  Granier,  Caubot,  de  Boucoiran, 
Lauzeei  Huguet,  deBauzon,  Andoyer, 
de  Puech,  Jacq.  Foucard  et  Jalaguier, 
de  Marvéjols,  Bastide,  de  Cardet,  Mi- 
chel, de  Massanes,  Poitevin,  de  Ners, 
Joumiac,  Perpignan,  Reilhan  ûls,  de 
Lédignan,JosephCourtin,  Etienne  Da- 
mas, de  Ners,  à  être  pendus.  D'autres 
peines  furent  décernées  contre  Perron, 
de  Boucoiran,  Fages,  de  Massillargues, 
Franc,  Antoine  Bouzènes,  Jean  Bar- 
buste,  de  Cassagnolles,  Mourgues,  de 
Lézan,  elDurand,  (Arch.gén.  M.  666); 
mais  il  parait  que  la  sentence  ne  fut  pas 
exécutée  dans  toute  sa  rigueur.  Selon 
Ant.  Court  [MSS.,  N«  59),  on  se  con- 
tenta de  rouer  Bernard  et  Bonefoux, 
et  d'envoyer  les  autres  aux  galères. 

Roman  comprit  que  la  place  n'était 
plus  tenable.  Il  se  retira  donc  en  Alle- 
magne et  mourut  pasteur  de  l'église 
de  Waldenburg. 

Nous  ignorons  si  Jacques  Roman, 
docteur  en  philosophie  et  en  médecine, 
qui  vivait  à  Amsterdam  en  i  702,  et  à 
qui  Ton  doit  une  édit.  avec  préface  de 
Touvrage  de  Schotan  :  Discussio  cen- 
surœHuetianœ  (Amsl.,  1702,  in-12), 
était  de  la  même  famille  que  notre 
pasteur  du  désert,  ou  d'une  autre,  du 
même  nom,  qui  habitait  Cabrières.  En 
1745,  des  lettres  de  cachet  furent  en- 
voyées à  l'intendant  de  la  Provence, 
lui  ei^oignant  de  faire  conduire  à  la 
Propagation  d'Aix  une  demoiselle  Ro- 
man et  les  demoiselles  Fèlidan  et  Ri- 
pert.  Les  parents  les  ayant  (ait  dispa- 
raitre  à  temps,  on  les  jeta  en  prison, 
on  saisit  leurs  biens  et  on  mit  des  gar- 
nisaires  chez  les  habitants  protestants 
de  Cabrières  qui  avaient  favorisé  l'en- 
lèvement de  ces  jeunes  filles,  pour  les 
forcer  à  les  représenter  {ArcJi.  gén.  E. 

3506). 

ROMIEU  (Pierre)  ou  Roumieu,  de 
Saint-Fortunat,admisau  ministère  par 
le  synode  de  Balx,  en  1671,  et  don- 
né pour  pasteur  à  Saint-Vinoent-des- 
Barres.  Romieu  desservit  plus  tard  les 


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églibes  de  Saint-Pierreville  et  de  De- 
saignes.  Exclu  de  l'amnistie  accordée, 
en  1683>  aux  insurgés  du  Ylvarais 
{Voy.  111^  p.  28)^  il  se  convertit  pour 
éviter  la  mort.  Sa  femme  ayant  refusé 
de  suivre  son  exemple^  le  marquis  de 
La  Tourelle  la  fit  enfermer  dans  une 
chambre  de  son  château^  où  elle  eut  à 
souffrir  les  plus  mauvais  traitements. 
Elle  voulut  essayer  de  s'y  soustraire 
parla  fuite.  Elle  coupa  les  draps  et  les 
rideaux  de  son  lit,  et  en  fit  une  corde 
au  moyen  de  laquelle  elle  tenta  de  s'é- 
chapper parla  fenêtre  ;  mais  trop  faible 
pour  soutenir  le  poids  de  son  corps^ 
celte  corde  rompit  et  la  pauvre  femme 
tombasur  des  rochers.  Comme  elle  res- 
pirait encore,  le  marquis  la  fit  repor- 
ter dans  sa  prison.  —  La  famille  Ro- 
mieu  a  grossi  le  Refuge  {Arch,  gén. 
Tt.  244).  En  1843,  John  Romieu  Uki 
élu  directeur  de  l'hôpital  français  à 
Londres. 

ROMILLY  (Jean),  habile  horloger 
de  Paris,  né  à  Genève,  en  1714,  d'une 
famille  réfugiée.  Romilly  s'est  fait  ho- 
norablement connaître  par  divers  per- 
fectionnements qu'il  a  apportés  dans 
son  art.  11  exécuta,  entre  autres  ou- 
vrages remarquables,  une  montre  qui 
pouvait  marcher  un  an  entier  sans  être 
remontée;  mais  il  laissa  à  ^erf/ioud 
l'honneur  de  donner  à  son  invention  le 
degré  d'exactitude  nécessaire.  Romilly 
a  été  un  des  fondateurs  du  Journal  de 
Paris  en  1 777,  et  un  des  rédacteurs  de 
la  grande  Encyclopédie,  à  laquelle  il  a 
fourni  tous  les  articles  sur  la  partie  théo- 
rique de  l'horlogerie.  Il  mourut  pres- 
quesubitement  à  Paris,le  1 6  fév.  1 796. 
Son  fils  unique,  nommé  Jeàn-Edme,  l'a- 
vait précédé  dans  la  tombe.  Né  à  Ge- 
nève, en  1739  ou  40,  Jean-Edme  Ro- 
milly étudia  la  théologie  et  fut  admis 
au  ministère  en  1 763.  Trois  ans  après, 
il  fut  appelé  comme  pasteur  de  l'église 
wallonne  à  Londres,  mais  sa  santé  dé- 
licate ne  pouvant  s'accommoder  au  cli- 
mat, il  retourna  à  Genève  et  fut  chargé 
de  desservir  l'église  de  Chancy.  En 
1770,  le  Conseil  d'Etat  lui  accorda  sa 
démission,  «  en  loi  conservant  son 


rang,  eu  égard  à  ses  talents  distin- 
gués. »  Selon  la  Biogr.  univ.,  il  fat 
aussi  ministre  à  Sacconex.  Il  mourut 
le  29  oct.  1779.  Palissot,  qui  l'a  conna 
particulièrement,  nous  l'a  peint  comme 
un  homme  de  mœurs  douces  et  régu- 
lières, très- instruit  et  doué  de  la  plus 
aimable  modestie.  Il  a  laissé  la  répu- 
tation d'un  bon  prédicateur.  Ses  ser- 
mons se  distinguaient  plutôt  par  une 
onction  douce  et  persuasive ,  que  par 
une  éloquence  mâle  et  forte.  En  1780, 
le  pasteur  Juventin  en  a  publié  à  Ge- 
nève un  recueil  en  2  vol.  in-s»,  en  met- 
tant en  tète  l'Eloge  de  l'auteur.  Ami  de 
Rousseau,  de  d'Alembert,  de  Diderot 
et  de  Voltaire,  Romilly  a  travaillé,  com- 
me son  père,  à  l'Encyclopédie.  Les  ar- 
ticles Tolérance  et  Vertu  sont  de  lui.  Il 
a  aussi  fourni  aux  Mémoires  de  litté- 
rature de  Palissot  plusieurs  articles 
sur  des  Genevois  célèbres,  entre  autres 
sur  Jean -Jacques  Rousseau.  De  son 
mariage  avec  Françoise- Dorothée  Ar- 
gand  naquit  Christine  Romilly,  qui 
épousa,  en  1792,  Gédéon  Mollet. 

ROMILLY  (siR  Samuel),  célèbre 
Jurisconsulte  anglais,  un  des  chefs  du 
parti  whig,  né  à  Londres,  le  1»^  mars 
1757,  et  mort  le  2  nov.  1818. 

La  famille  Romilly  était  originaire 
de  Montpellier.  A  la  révocation  de  l'é- 
dit  de  Nantes,  l'arrière-grand-père  de 
sir  Samuel  avait  feint  d'abjurer;  mais 
il  avait  élevé  son  fils  Etienne,  né  en 
1684,  dans  les  sentiments  qu'il  pro- 
fessait en  secret,  et  dès  que  le  jeune 
homme  eut  atteint  l'âge  de  1 7  ans,  il 
l'avait  envoyé  à  Genève  pour  sa  pre- 
mière communion.  A  la  suite  d'une 
conversation  qu'il  y  eut  avec  le  célè- 
bre Saurin,  le  jeune  Romilly  prit  la  ré- 
solution de  ne  pas  retourner  en  France. 
Il  passa  en  Angleterre,  et  établit  dans 
les  environs  de  Londres  une  blanchis- 
serie de  cire,  qui  parait  avoir  prospé- 
ré. Quelque  temps  après,  il  épousa  îii- 
dith  de  MonsalUer,  qui  lui  donna  huit 
enfants  :  l«  Etienne,  qui  entra  dans  le 
commerce,  ainsi  que  son  frère  —  2* 
ISAAC  ;  —  3*  Pierre,  baptisé,  en  1 7 1 1 , 
dans  l'églisedeMartin'e-Lane^  qaisoit; 


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—  4»  JosBPH,  mort  jeune  ; — 5»  Anne, 
mariée  à  N.  Gibbons;  —  €•  Cathkrî- 
NE,  femme  de  N.  Hunier;  —  7»  Mar- 
THB,  morte  fille,  ainsi  que  —  8*  Mar- 
GUBRiTB.  Etienne  RomiUy  mourut,  en 
1 733,  avec  la  réputation  d'un  homme 
pieux  et  libéral. 

Pierre  Romilly  fut  mis  en  apprentis- 
sage chez  un  joaillier  nommé  Lafosse .  n 
s'y  Ha  d'une  étroite  amitié  avec  un  autre 
apprenti  du  nom  de  Gamault,  pour 
la  sœur  duquel  il  s'éprit  d'une  si  vive 
affection ,  que  la  main  de  cette  jeune 
fille  lui  ayant  été  réfusée.  Il  réso- 
lut de  quitter  l'Anglelerre  et  de  ve- 
nir à  Paris,  où  il  passa  plusieurs  an- 
nées. L'opposition  mise  à  son  maria- 
ge ayant  cessé ,  il  retourna  à  Londres 
et  épousa  M*^*  Gamault^  dont  il  eut 
plusieurs  enfants;  mais  trois  seule- 
ment arrivèrent  à  l'âge  adulte  :  Tho- 
■AS  qui  embrassa  la  profession  de  son 
père,  et  qui  figure,  en  1779,  sur  la 
liste  des  directeurs  de  Thôpital  fran- 
cs; Cathbrinc,  femme,  en  i  778,  du 
ministre  Jean  Boget,  de  Genève,  et  Sa- 
aoEL,  le  sujet  de  cette  notice. 

Samuel  Romilly  ne  reçut,  Mans  son 
enfance,  qu'une  instrudion  très-dé- 
fectueuse. Lorsqu'il  sortit  de  l'école, 
à  l'âge  de  1 5  ans,  il  savait  lire,  écrire, 
compter,  et  parlait  tant  bien  que  mal 
la  langue  française;  à  cela  se  ré- 
duisaient ses  connaissances  ;  tout  ce 
qu'il  acquit  dans  la  suite,  il  ne  le  dut 
qu'à  ses  propres  efforts.  Après  avoir 
hésité  longtemps  sur  le  choix  d'un  état, 
il  venait  de  se  résoudre  à  accepter  une 
place  dans  les  bureaux  d'une  riche  mai- 
son de  la  Cité,  celle  des  Fluyder,  dont 
il  était  un  peu  parent  (1),  lorsque  une 
mort  inopinée  enleva  ses  patrons.  Son 
père  —  qu'il  nous  dépeint  comme  un 
homme  pieux  sans  austérité,  très-cha- 
ritable, doué  d'une  extrême  sensibili- 
té, bon  et  indulgent  à  l'excès — ne  vou- 
lant pas  contrarier  ses  goûts,  finit  par 
le  garder  auprès  de  lui.  Romilly,  qui 
avait  reçu  de  la  nature  de  très-heu- 
reuses dispositions  et  l'amour  de  l'é- 

(1)  ElUaheth  as  MomaUint  sœur  de  lodltbi 
aTtllè|Kniiéiiii  Plnyder. 


tude,  et  que  son  humeur  sérieuse,  un 
peu  mélancolique,  éloignait  des  ré- 
créations bruyantes  de  la  jeunesse, 
profita  de  ses  loisirs  pour  apprendre 
sans  maître  la  langue  latine  ;  à  force 
de  travail  il  y  réussit.  Trois  ou  quatre 
années  lui  suffirent  pour  lire  avec  fruit 
tons  les  classiques  latins.  Il  voulut  en- 
stiite  s'appliquer  au  grec  ;  mais  les  dif- 
ficultés qu'il  y  rencontra  le  rebutèrent 
bientôt.  Pour  se  distraire  et  reposer 
son  esprit,  il  lisait,  une  carte  sous  les 
yeux,  les  récits  des  voyageurs  moder- 
nes, et  il  acquit  ainsi  des  notions  assez 
étendues  de  géographie  et  d'histoire 
naturelle.  En  même  temps,  il  suivait 
avec  assiduité  des  cours  publics  de 
peinture,  d'architecture  et  d*anatomie . 
A  mesure  que  son  esprit  s'éclaira  au 
flambeau  de  la  science,  Romilly  sentit 
grandir  en  lui  l'amour  de  la  gloire,  et 
diminuer  en  proportion  son  goàt  très- 
douteux  pour  la  profession  de  joaillier. 
Son  père,  toujours  indulgent,  consen- 
tit à  le  placer  chez  un  des  clercs  Jurés 
de  la  chancellerie.  Il  ne  tarda  pas  à 
s'apercevoir  que  ce  n'était  point  encore 
lit  l'état  qui  lui  convenait.  Espérant 
arriver  plus  promptemeut  à  la  cété- 
brité  parle  barreau.  Il  se  mit,  en  1 778, 
à  étudier  la  jurisprudence  avec  l'ar- 
deur qu'il  apportait  en  toutes  choses, 
ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  poursuivre 
ses  lectures.  Il  écrivait,  en  outre,  dans 
divers  journaux  politiques,  suivait  a- 
vec  assiduité  les  débats  du  parlement, 
et  s'exerçait  à  faire  à  part  lui  des  ré- 
ponses aux  discours  qu'il  avait  en- 
tendus. Cet  excès  de  travail  altéra  sa 
santé.  Pour  la  rétablir.  Il  fit,  en  1 78  !  ^ 
un  voyage  de  quelques  semaines  en 
Suisse.  A  son  retour,  passant  par  Pa- 
ris, il  se  lia  avec  son  homonyme  Jean 
RomiUy,  qui  lui  fil  faire  la  connais- 
sance de  Diderot  et  de  d'Alembert.  Il 
entra  dans  le  barreau  en  1 783.  Ses  dé- 
buts n'eurent  rien  de  brillant;  mais 
avec  le  temps,  sa  profonde  connais- 
sance des  lois  et  son  éloquence  lui  pro- 
curèrent une  clientèle  considérable  et 
le  placèrent  à  la  tête  du  barreau  de 
Londres,  «t  Sa  science  immense^  sa 


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ROM 


modération  qui  n'ôtait  rien  à  son  6* 
nergie^  sa  profonde  sagacité,  sou  équité 
incorruptible,  donnaient  aux  opinions 
qu'il  présentait  aux  juges  la  force  et  la 
gravité  d'une  autorité  Judiciaire.  »  En 
1 784^  il  perdit  son  père,  qui  mourut 
le  29  août^  et  en  1786,  il  fut  élu  di- 
recteur de  rhôpital  français  à  Londres. 
En  1 788,  il  fit  avec  son  ami  Etienne 
Dumont,  un  nouveau  voyage  à  Paris, 
pendant  lequel  il  noua  des  relations  a- 
vec  Maiesherbes,  La  Fayette,  Condor- 
cet,  Jefferson,  alors  ambassadeur  des 
États-Unis,  et  plusieurs  hommes  qui 
ont  marqué  dans  la  révolution.  Depuis 
quelques  années  déjà,  il  s'était  lié  très- 
étroitement  avec  Mirabeau;  c'est  à  sa 
prière  qu'il  rédigea  un  abrégé  du  r^ 
glement  de  la  chambre  des  communes, 
que  Mirabeau  fit  imprimer.  Attaché  par 
ses  principes  libéraux  au  parti  whig, 
il  fut  choisi  par  Fox,  en  1806,  pour 
remplir  la  place  de  solliciteur  général 
(emploi  correspondant  à  celui  de  pro- 
cureur général  en  France)  ;  il  l'accepta 
sansrenoncer  au  barreau.  Pende  temps 
après,  il  fut  créé  chevalier.  Ses  nou- 
velles fonctions  exigeant  qu'il  occupât 
un  siège  à  la  Chambre  des  communes, 
il  se  fit  élire  à  Queenborough.  Dès  la 
première  session,  il  proposa  un  blll 
pour  la  réforme  des  lois  concernant  les 
banqueroutes,  et  le  fit  passer  avec  de 
légers  amendements.  Il  fut  moins  heu- 
reux dans  une  autre  circonstance.  De- 
puis longtemps,  convaincu  qu'il  faut 
adapter  les  lois  à  l'esprit  du  siècle,  en 
procédant  toutefois  avec  une  prudente 
lenteur,  il  désirait  ardemment  d'adou- 
cir la  législation  pénale  de  l'Angleter- 
re, législation  barbare,  atroce,  qui  pu- 
nissait de  mort  une  foule  d'actes  qua- 
lifiés de  simples  délits  chez  les  antres 
nations  civilisées.  11  est  vrai  que  dans 
la  pratique,  le  pouvoir  presque  dis- 
crétionnaire des  Juges  et  du  jury  cor- 
rigeait presque  toujours  cette  législa- 
tion rigoureuse;  mais  un  pareil  sys- 
tème n'était  au  fond  qu'un  arbitraire 
organisé  et  faisait  dépendre  la  vie  de 
l'inculpé  de  la  dispœition  momenta- 
née des  Juges.  Samuel  RomiUy  dévooa 


sa  vie  à  cette  utile  réforme.  11  lutta^ 
sans  se  décourager,  contre  l'ignorance^ 
les  préjugés,  l'esprit  de  parti  ;  à  cha- 
que session,  depuis  1808,  il  renou- 
vela sa  proposition,  et  s'il  n'eut  pas  la 
satisfaction  de  lavoir  adopter,  il  con«> 
Iribua  au  moins,  par  les  discussions 
qu'il  souleva,  à  éclairer  l'opinion  pu* 
blique  et  à  préparer  le  succès  de  sir 
Robert  Peel. 

La  mort  de  Fox,  en  1 807,  lui  fit  per- 
dre sa  place  de  solliciteur  général; 
mais  il  continua  à  siéger  dans  la  cham- 
bre des  communes,  sur  les  bancs  de 
l'opposition.  Aux  élections  de  1812^ 
sa  candidature  ayant  échoué  à  Bris- 
tol, il  fut  élu  à  Arundel.  En  1815,  il 
s'opposa  à  la  reprise  des  hostilités  con- 
tre la  France,  et  eut  une  lutte  très-vi- 
ve à  soutenir  contre  le  ministère  Cast- 
lereagh  au  sujet  du  massacre  des  Pro- 
testants dans  le  Midi.  «  Pour  la  pre- 
mière fois,  dit  Benjamin  Constant,  dans 
son  Eloge  de  sir  Samuel  Romilly  (Paris, 
1819,  in-8o),  l'éloquence  du  chevalier 
Romilly,  habituellement  calme  et  mo- 
dérée, s'enflamma  tout  à  coup  d'une 
indignation  sainte,  et  la  chambre  des 
communes,  accoutumée  à  voir  en  lui 
le  philosophe  ingénieux  et  pénétrant, 
le  dialecticien  ferme,  le  politique  pro- 
fond et  impartial,  s'étonna  d'entendre 
retentir  dans  son  enceinte  les  accents 
d'un  orateur  passionné.  »  La  majorité 
ministérielle  ne  fut  point  ébranlée; 
elle  rejeta  la  motion  d'une  adresse  au 
Prince  Régent  pour  le  supplier  de  met- 
tre sous  les  yeux  de  la  Chambre  des 
copies  des  communications  entre  son 
gouvernement  et  le  ministère  français 
relativement  aux  Protestants  du  Midi. 

Défenseur  éclairé  des  libertés  pu- 
bliques, qui  toutes  se  tiennent  si  in- 
timement qu'on  ne  peut  toucher  àl'unt 
sans  mettre  en  danger  les  autres,  Ro- 
milly prit  une  grande  part  aux  ardents 
débats  soulevés  par  la  réforme  parla* 
mentaire,  l'émancipation  des  Catholi- 
ques, la  traite  des  noirs,  l'application 
de  l'alien-bill,  la  suspensioi^  de  l'ha- 
beas-corpus,  en  1817,  et  dans  toutaa 
ces  questions,  est-il  nécessaire  de  le 


ROM 


—  516  — 


ROM 


dire  ?  il  vota  avec  les  amis  de  rhuma- 
nité^  de  la  justice  et  de  la  tolérance. 
Gbacande  ses  voles  lui  fut  dicté  par  sa 
conscience  ;  Jamais  il  ne  rechercha  la 
popularité  aux  dépens  de  ses  convic- 
tions. Lors  des  élections  de  1 81 8,  il  en 
donna  la  preuve  en  déclarant  franche- 
ment aux  électeurs  deWestminster^dont 
il  sollicitait  les  suffrages^  qu'il  ne  vote- 
rait Jamais  ni  pour  les  renouvellements 
trop  multipliés  du  parlement,  ni  pour 
le  suffrage  universel.  Sa  loyauté  fut  ré- 
compensée :  il  fut  élu;  mais  11  ne  repa- 
rut plus  à  la  Chambre.  La  mort  de  sa 
femme  (29  oct.  1818)  lui  causa  tant 
de  chagrin  que  sa  raison  en  fut  ébran- 
lée et  que,  dans  un  accès  de  démence  (  1  ), 
il  se  donna  mort,  le  2  nov.  iSiS. 

Outre  un  certain  nombre  de  pam- 
phlets politiques,  dont  nous  ne  con- 
naissons pas  les  titres,  à  l'exception 
d'un  seul,  A  fragment  on  the  consii- 
tutional  patver  and  duties  of  juries, 
dont  la  lecture  frappa  si  vivement  lord 
Lansdown  qu'il  se  déclara  dès  lors  le 
patron  et  l'ami  de  Romilly,  on  a  de  lui, 
au  rapport  de  Watt  : 

I.  Observations  on  the  criminal 
laws  of  England,  as  it  relates  to  capi- 
tal punishment^,  and  on  the  mode  on 
which  it  isadministeredy  Lond.,  1810, 
in-8»;  2«édit.,  1811,  in-8». 

II.  Objections  to  theproject  ofcrea- 
ting  a  vice-chancellor  of  England, 
1812,  in-8». 

III.  Speech  in  the  house  of  Gommons 
on  the  article  in  the  treaty  of  peace 
wich  relates  to  the  slave  trade,  1814, 
in-8». 

IV.  The  speechs  of  sir  Samuel  Ro- 
milly in  the  house  of  Gommons,  toith 

(1)  Le  9  oct.  1818,  il  êcriTail  :  c  Je  sais  du» 
le  Bonenl  présent  parfaitement  tain  d'eiprit  et  en 
fleine  possession  de  toutes  mes  facnltés;  mais  je 
Moffre  sons  l'affliction  la  plus  sétère,  et  je  ne  puis 

Ct  m'empècher  de  réfléchir  qne  la  folie  est  parmi 
I  maux  que  les  afflictions  morales  produisent 
^Iquefois,  et  que  ce  sort  malheoreut  peut  être 
la  Bien...  SI  la  terrible  calamité  dont  j'ai  parié 
UNnbait  sur  moi,  la  plus  grande  consolation  dont 
je  pourrai  jouir  serait  si  mes  deux  amis  le  mar- 
qiiti  de  Landsdo^ne  et  Jean  "^^'hishaw  araient  la 
boulé  de  consentir  à  être  commissaires  pour  la 
ard«  d«  m  fortue  el  d«  ma  penonne.  • 


Memoirs  of  his  live,  collect.  by  W,  Pe- 
ter, Lond.,  1820,  2  vol.  in-8». 

V.  The  LÀfe  of  sir  Samuel  Romilly 
written  by  nimself.  With  a  sélection 
from  his  correspondence.  Edited  by  his 
sons,  3*  édit.,  Lond.,  1842,  2  vol. 
in-l  2.  —  Jugements  remarquables  sur 
les  hommes  éminents  qu'il  a  connus  ; 
beaucoup  de  lettres  de  Mirabeau,  de 
Dumont,  etc. 

Du  mariage  de  Samuel  Romilly  avec 
miss  Garbett,  fllle  d'un  secrétaire  du 
marquis  de  Lansdown,  <c  belle,  reli- 
gieuse, amie  de  la  liberté,  sensible, 
dévouée,  »  dit  B.  Constant,  naquirent, 
entre  autres  enfants  :  i»  John,  avocat 
d'un  grand  mérite,  qui  fut  nommé  sol- 
liciteur général,  en  1 848,  et  attomey 
général  en  1850.  Après  avoir  repré- 
senté longtemps  Bridport  et  Devon- 
port  dans  le  parlement,  où  il  se  mon- 
tra, comme  son  père,  un  zélé  parti- 
san de  la  réforme  de  la  législation,  il 
fut  appeléi  en  mars  1851,  à  rem- 
placer lord  Langdaledans  les  fonctions 
de  maître  des  rôles;  —  2*  Charles, 
qui  a  rempli  pendant  plusieurs  années 
la  place  de  secrétaire  particulier  du 
président  de  la  Chambre  des  commu- 
nes et  du  lord-chanoelier,  et  qui  a  été 
nommé,  en  1 851 ,  avocat  de  la  couron- 
ne à  la  cour  de  la  chancellerie  ;  -~  3* 
H£NRi,  chef  d'une  des  plus  importan- 
tes maisons  de  commerce  de  Liver- 
pool  ;  —  4*  Frédéric,  ancien  colonel, 
secrétaire  du  vice-roi  d'Irlande,  lord 
Normanby,  puis  député  de  Cantorbéry 
à  la  Chambre  des  communes. 

ROMYEN  (BenoIt),  mercier  col- 
porteur de  Villars-d'Arenne  en  Dau- 
phiné,  ayant  embrassé  la  Réforme,  se 
retira  à  Genève  avec  sa  femme  et  ses 
enfants.  Les  affaires  de  son  conunerce 
l'amenaient  quelquefois  en  France. 
Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Marseille, 
en  1558,  il  fut  dénoncé  comme  luthé- 
rien par  un  marchand  de  son  état,  et 
arrêté  à  Draguignan.  Après  un  pre- 
mier interrogatoire,  où  il  flt  une  sin- 
cère profession  de  sa  foi,  il  fut  Jeté  en 
prison  les  fers  aux  pieds.  Le  lieute- 
nant du  sénéchal  éprouvait  quelques 


RON 


—  517  ~ 


RON 


scrupules  à  condamnera  mort  un  hom- 
me à  qui  ou  ne  pouvait  reprocher  d'a- 
voir dogmatisé  ni  colporté  des  livres 
défendus,  et  qui  ne  s'était  avoué  pro- 
testant que  pour  ne  pas  mentir  à  la 
Justice;  mais  le  peuple,  excité  par  un 
moine  qui  avait  prêché  le  carême,  s'a- 
meuta au  cri  Au  feu  !  au  feu  !  qu'il 
soit  brûlé  !  et  le  juge  effrayé  pro- 
nonça la  fatale  sentence.  RomycE  en 
appela  au  parlement  d'Aix,  qui  con- 
firma le  jugement.  A  celte  réjouissante 
nouvelle,  les  consuls  de  Draguignan  fi- 
rent criera  son  de  trompe  par  les  carre- 
fours :  Que  tons  bons  chrétiens  portas- 
sent bois  en  la  place  du  Marché  pour 
brûler  un  luthérien.  Le  samedi^  16 
mai,  après  avoir  subi  une  horrible  tor- 
ture, sans  rien  révéler,  le  martyr,  les 
membres  brisés,  fut  porté  sur  le  bûcher 
et  attaché  au  poteau  par  une  chaîne  de 
fer.  a  Lors  le  bourreau  mit  le  feu  à  la 
paille  et  au  menu  bois  qui  estoit  à 
l'entour,  en  sorte  qu'ils  furent  incon- 
tinent usez.  Romyen  demeura  pendu 
en  l'air  avant  que  mourir.  £t  estoit 
presque  tout  bruslé  par  le  bas,  qu'on 
le  voyoit  remuant  les  lèvres  sans  faire 
aucun  cri  :  et  ainsi  rendit  Tesprit  à 
Dieu.  » 

RONDELET  (Guillaume),  célèbre 
médecin  et  naturaliste,  naquit  à  Mont- 
pellier, le  27  sept.  1 507 .  Son  père,  hon- 
nête droguiste,  le  destinait,  dès  sa  nais- 
sance, à  la  vie  du  cloître  :  un  parent 
de  la  famille,  supérieur  du  couvent  de 
Maguelone,  lui  faisait  espérer  pour  cet 
enfant  la  survivance  de  ses  bénéfices^ 
et  cette  séduisante  perspective  lui  sem- 
blait répondre  à  toutes  les  exigences  de 
vocation  et  d'aptitude.  Sans  dot!  sans 
dot  !  répétait  l'Avare  à  chaque  objec- 
tion. Une  grosse  abbaye  !  se  disait  Jean 
Rondelet.  L'avenir  de  son  fils  lui  pa- 
rut si  bien  assuré  qu'il  n'éprouva  aucun 
scrupule  de  déshériter  le  futur  digni- 
taire de  l'Église  au  profil  de  ses  autres 
enfants,  ne  lui  laissant  par  son  lest^* 
ment  pour  sa  quote-part  qu'une  som- 
me de  300  livres  —  peut-être  même  sa 
légitime  —  destinée  à  payer  sa  bienve- 
nue au  couvent.  Mais  ces  petits  arran- 


gements de  famille  n'étaient  pas  dans 
les  décrets  de  la  Providence.  Rondelel 
le  père  étant  mort,  son  fils  atné,  Albert» 
lui  succéda  dans  son  commerce  et  prit 
la  tutelle  de  ses  plus  jeunes  frères.  Guil- 
laume fut  surtout  l'objet  de  son  affection 
et  de  ses  soins.  Par  suite  d'un  accident 
déplorable  —  l'enfant  avait  pris  le  lait 
d'une  femme  gâtée  —  son  enfance  ne 
fut  qu'une  longue  et  douloureuse  mala- 
die. Ses  dispositions  morales  se  ressen- 
tirent nécessairement  de  la  débilité  de 
sacomplexion.  Il  mit  plusieurs  années 
à  apprendre  l'alphabet.  Mais  avec  l'&ge 
son  corps  se  fortifia,  et  comme  il  était 
doué  de  beaucoup  d'esprit  naturel»  ut 
ingenio  état  acutissimo,  il  se  mit,  pour 
ainsi  dire  tout  seul  et  sans  maître,  à  l'é- 
tude. 11  profita  peu  d'abord,  jusqu'à  ce 
que,  en  1525,  on  l'envoya  continuer  son 
éducation  à  Paris.  Après  quatre  années 
passées  sur  les  bancs  des  collèges»  il 
retourna  dans  sa  ville  natale  pour  s'ap- 
pliquer à  l'élude  de  la  médecine.  11  ftit 
immatriculé  le  2  juin  1529.  A  cette  6- 
poque ,  l'usage  voulait  qu'avant  de  se 
présenter  aux  épreuves  du  doctorat,  la 
jeune  médecin  complétât  son  instruc- 
tion par  l'exercice  de  son  art  ou  plutôt 
des  rudiments  de  son  art  :  le  public  était 
ainsi  tenu  de  faire  les  frais  de  son  ap- 
prentissage: faute  commise  vaut  mieux 
que  leçon  apprise.  Le  jeune  Rondelet 
choisit  la  petite  ville  de  Perluis,  en  Pro- 
vence, pour  y  faire  ses  preuves.  Mais 
il  n'eut  pas  de  chance  dans  son  choix» 
ce  petit  endroit  était  sain  et  salubre» 
et  notre  praticien  en  fut  bientôt  réduit» 
pour  vivre,  à  enseigner  de  petits  en- 
fants. Rebuté  à  la  fin  de  ce  genre  de  Yle 
qui  n'était  pas  dans  ses  goûts,  et  dé- 
sirant s'appliquer  à  l'étude  des  lettres 
grecques,  il  se  décida  à  retourner  à  Pa- 
ris,  où,  faute  de  ressources^  il  accepta 
la  place  d'instituteur  auprès  d'un  jeune 
gentilhomme  (i).  Toutefois  il  ne  négil- 
gea  pas  sa  propre  inslruction  ;  ce  fut 

(1)  Selon  Astnic,  le  Ticomte  de  Tarenne,  malf 
nous  n'oserions  traduire  ainsi  le  Turonensit  de 
Laurent  Joobert,  bien  qu'il  y  ait  quelque  appa- 
rence que  ce  soit  le  sent  que  le  biographe  ft  vos- 
lu  attacher  à  ce  mot. 


RON 


818  — 


RON 


«lorsqu'il  se  lia  d'amitié  avec  le  célèbre 
anatomiste  Gonthier  d'Andernach^qae 
les  persécutions  religieuses  n'avaient 
pas  encore  forcé  de  fuir  de  France.  An 
bout  de  quelques  années,  il  quitta  la  ca- 
pitale et  alla  se  flxer  à  Maringues,  en  Au- 
vergne, où  il  exerça  quelque  temps, 
avant  de  retourner  dans  sa  ville  natale 
pour  prendre  le  bonnet  de  docteur.  Il 
le  prit  en  1 637,  la  même  année  que  le 
fameux  Rabelais  (l).  Son  frère  Albert 
fit  les  frais  de  ce  grade,  frais  alors 
très-considérables.  Ce  fut  le  dernier  de 
ses  bienfaits,  il  mourut  la  même  an- 
née. L'année  suivante.  Rondelet  épousa 
Jeanne  Sandra.  Cette  jeune  personne 
était  sans  fortune,  mais  sa  sœuralnée^ 
<^therine,  qui  n'avait  pas  d'enfants,  lui 
constitua  une  dot  avec  le  consentement 
de  son  mari,  et  s'engagea  en  outre  à  en- 
tretenir le  jeune  ménage  pendant  l'es- 
pace de  quatre  ans.  Tout  alla  bien  tant 
^ue  dura  cet  arrangement;  mais  une 
fois  le  terme  arrivé  où  il  dut  se  suffire 
à  lui-même,  Rondelet,  qui  n'avait  pas  la 
vertu  de  l'ordre  et  de  Téconomie,  trou- 
va la  charge  trop  lourde  et  se  décida  à 
aller  rejoindre  à  Venise,  où  il  exerçait 
l'office  d'ambassadeur,  son  protecteur, 
Tévêque  Guillaume  Pélicier.  Il  était  au 
moment  de  partir,  ses  malles  faites, 
lorsque  sa  belle-sœur,  ne  pouvant  sup- 
porter l'idée  d'une  séparation,  le  retint 
en  lui  faisant  don  de  la  moitié  de  ses 
biens  (elle  avait  hérité  depuis  peu  de 
la  fortune  de  son  mari)  et  en  lui  assu- 
rant le  retour  du  reste  à  sa  mort.  Ron- 
delet céda  à  cette  douce  contrainte. 

(1)  Il  est  probable  que  dos  deux  UiureaU  se 
connurent  et  se  recbercbèrent.  II  v  arait  entre 
MI  une  assez  grande  conformité  d'humeurs.  Il 
est  vrai  que  Reodelet  n'était  qu'un  buTeur  d'eau 
—  quelques  atteintes  de  goutte  Taraient  forcé  de 
bonne  heure  h  ce  régime,  —  mais  il  aimait  les 
joyeux  contites.  On  ne  saurait  douter  que  ce  ne 
Mit  lui  que  RabeUis  amène  sur  la  srène  dans 
It  ni'  liTre  (ch.  XXIX.  XXXI  et  euiv  )  de  son 
Pantagruel  sous  le  nom  de  Rondibilis.  Mais  il 
nous  «emfole  que  de  Thon  s'est  mépris  lorsqu'il  a 
prétendu  que  l'intention  de  l'auteur  avait  été  de 
tourner  notre  médecin  en  ridicule.  Bien  au  con- 
traire, on  a  lieu  de  s'étonner  qu'il  ait  pu  le  faire 
discourir  aussi  sensément,  et  pendant  plusieurs 
okapi  Ires,  sur  une  question  aussi  sauf^remie  que 
celle  que  lui  posait  Panurge.  ^ 


Depuis,  il  vécut  avec  sa  belle-sœur 
dans  la  plus  parfaite  intimité  ;  il  eut 
la  douleur  de  perdre  cette  excellente 
amie  en  1 559.  Septansauparavant,  elle 
lui  avait  fait  cession  entière  de  ce  qu'el- 
le possédait ,  ne  réservant  que  ses  ali- 
ments. Désormais  Rondelet  étaità  l'abri 
du  besoin.  Sa  position  ne  tarda  pas  à 
s'améliorer  de  plus  en  plus.  Sur  la  re- 
commandation du  chancelier  de  l'Uni- 
versité, Jean  Schyron,  le  cardinal  de 
Toumon  le  choisit  pour  un  de  ses  mé- 
decins, au  traitement  de  600  livres. 
Rondelet  accompagna  leprélat  dans  ses 
différentes  ambassades,  tant  en  France 
que  dans  les  Pays-Bas  et  en  Italie,  re- 
cueillant partout  des  matériaux  pour 
son  grand  ouvrage  sur  les  poissons.  En 
nov.  1549,  il  le  suivit  à  Rome  oiil'ap- 
pelait  l'élection  du  nouveau  pape  Ju- 
les 111.  Ils  s'embarquèrent  à  Marseille. 
Après  13  mois  de  séjour  dans  la  ville 
sainte,  il  sollicita  et  obtint  son  congé; 
il  revint  en  France  par  terre,  et  visita 
en  passant  les  plus  célèbres  académies 
del'lUlie.  Il  était  de  retour  à  Montpel- 
lier, en  juin  1550.  Depuis  quelques 
années  déjà  (en  juin  1545),  il  avaitété 
pourvu  d'une  chaire  de  médecine  en 
remplacement  de  Pierre  Laurent.  On 
ne  nous  apprend  pas  comment  il  par- 
venait à  concilier  ses  absences  prolon- 
gées avec  les  devoi  rs  de  l'enseignement. 
En  nov.  1 551 ,  il  fut  appelé  à  Lyon,  où 
le  cardinal  de  Toumon,  revenu  du  con- 
clave, souffrait  d'une  dyssenterie.  Il  s'y 
rendit  à  franc  étrier,  per  di9ponto$ 
equoSy  et  comme  II  eut  le  bonheur  de 
sauver  son  malade,  le  cardinal,  par  re- 
connaissance ,  lui  fit  une  pension  de 
200  livres ,  sa  vie  durant.  Cet  atta- 
chement au  cardinal  de  Toumon,  un 
des  plus  grands  ennemis  de  la  Réforme, 
pourrait  faire  supposer  que  Rondelet 
partageait  son  aversion.  Mais  il  n'en 
est  rien.  Joubcrt  nous  apprend  qu'il 
avait  toujours  eu  un  goût  très -vif  pour 
les  questions  de  théologie.  Pendant 
longtemps  il  cacha  chez  lui  un  domi- 
nicain, Fr.  Caperon,  qui  s'étaitéchappé 
de  son  couvent.  Mais  lorsqu'on  1552, 
son  amil'évéque  de  Montpellier^  Gail- 


RON 


—  519  — 


RON 


laume  Pélicier^  eut  été  arrêté^  la  peur 
le  prit  et  il  jeta  au  feu  tous  ses  livres 
de  théologie.  Cependant  il  n'en  persista 
pas  moins  dans  ses  opinions.  Nous  11- 
sons>  en  effets  dans  Aigrefeuille.  qu'en 
1561,  le  32  nov.>il  fut  au  nombre  des 
notables  bourgeois  que  les  Protestants 
de  Montpellier  députèrent  aux  chanoi- 
nes de  la  cathédrale  pour  leur  deman- 
der la  cession  des  églises  de  Notre- 
Dame>  de  St-Paul  et  de  St-Matthien 
qui  leur  étaient  nécessaires  «  vu  la 
grande  affluence  de  ceux  de  leur  reli- 
gion. »  Ces  députés  étaient  avec  Ron- 
delet, François  Maigret,  Saint-Ravyy 
conseiller  en  la  cour  des  aides,  Bep- 
trand  Manny,  Pierre  de  Maupeau^ 
Nicolas  TcUard,  notaire  royal.  Les 
chanoines  cédèrent.  Trois  ans  plustard, 
vers  la  Pàque  de  1565,  notre  médecin 
courut  de  grands  dangers  pour  sa  foi. 
11  avait  été  appelé  dans  les  environs  de 
Perpignan.  Il  s'y  rendit;  mais  le  bruit 
de  sa  religion  s'étant  répandu  parmi  le 
peuple,  il  ne  dut  son  salut  qu'à  une 
prompte  fuite. 

En  i  554,  Rondelet  fit  paraître  son 
Histoire  des  poissons.  Cet  excellent  ou- 
vrage qui  lui  coûta  dix  années  de  tra- 
vaux,* opuselaboratissimum,etmaxi- 
mo  cum  labore,  nec  minori  impensâ 
absolutum,  »  lui  lit  beaucoup  d'hon- 
neur; c'est  le  seul  de  ses  écrits  qui 
soit  resté  et  que  l'on  consulte  encore 
aujourd'hui.  «  Les  trois  premiers  au- 
teurs d'ichthyologie,  après  la  renais- 
sance des  lettres,  dit  [Frédéric]  Guvier 
dans  la  Biogr.  univ.,  étaient  contem- 
porains, et  firent  paraître  leurs  ou- 
vrages à  peu  près  en  même  temps  : 
Belon  en  1553,  Salviani  et  Rondelet 
en  1 554  ;  mais  Rondelet  est  de  beau- 
coup supérieur  aux  deux  autres  par  le 
nombre  des  poissons  qu'il  a  connus  et 
par  l'exactitude  des  figures  qu'il  en  a 
données.  —  On  peut  assurer  que  pour 
les  poissons  de  la  Méditerranée,  c'est 
cet  ouvrage  qui  a  fourni  presque  tout 
ce  qu'en  ont  dit  les  naturalistes  venus 
aprèslui.»  Nous  aurons  l'occasion  d'ap- 
précier cet  ouvrage  dans  notre  notice 
bibliognq)hique. 


Rondelet  aimait  l'analomle  avec  pas- 
sion ;  il  s'y  livra  avec  le  plus  grantl 
succès  et  surpassa,  an  rapport  de  Jou- 
bert,  tous  ses  devanciers.  Ce  fut  surtout 
à  sa  sollicitation,  «  hortatn,  suasu^ 
curâetsollicitudine»,  que  l'Université 
obtint  du  roi  Henri  H,  en  1 556,  la  créa- 
tion d'un  amphithéâtre  anatomique. 
Le  chancelier  Jean  Schyron  étant  mort 
cette  même  année ,  Rondelet  fut  éln^ 
à  la  presque  unanimité,  pour  lui  «oo- 
céder  dans  sa  charge  (nov.  i  556).  Il  était 
très-soigneux  à  remplir  ses  devoirs  dé 
professeur.  Dans  les  derniers  temps  de 
sa  vie^  il  ne  faisait  pas  moins  de  trolê 
ou  quatre  leçons  par  jour,  n'interrom- 
pant pas  même  ses  cours  les  jours  fé^ 
ries.  Les  chirurgiens  et  les  pharma-* 
ciens  n'avaient  pour  ainsi  dire  paê 
d'autre  professeur  que  lui.  D'une  hn-^ 
meur  plaisante  et  facétieuse,  il  avait 
coutume  de  fixer  l'attention  de  ses  au- 
diteurs en  entremêlant  ses  leçons  d'a- 
necdotes et  d'historiettes  :  exceUent 
moyen  mnémotechnique,  sans  doute^ 
mais  la  dignité  du  professorat  n'avait- 
eile  pas  à  en  souffrir?  Quoi  qu'il  en 
soit,  ce  fut,  dit-on,  en  considération 
de  ses  services  et  de  ceux  de  Saporta 
que  le  traitement  des  professeurs  M 
porté,  en  1564,  à  400  livres.  Ronde- 
let s'occupait  aussi  de  botanique.  Il 
eut  pour  élèves  les  deux  plus  grands 
botanistes  du  xvi«  siècle,  Matthieu  de 
Lobel  et  Charles  de  L'Escluse,  qui, 
tous  deux,  forent  ses  pensionnaires, en 
même  temps  que  le  célèbre  Laurent 
Joubert.  li  a  beaucoup  écrit,  et  sur 
toute  sorte  de  sujets  :  théologie,  agri- 
culture, philosophie,  médecine,  bota- 
nique, chirurgie,  analomie,  etc.;  ft 
embrassait  à  peu  près  toutes  les  bran- 
ches de  nos  connaissances.  Mais  la 
plupart  de  ses  écrits  sont  restés  im- 
parfaits. Il  écrivait  vite  et  mal.  Comm 
sa  conception  était  prompte  et  facile^ 
que  les  idées  se  pressaient  enfouie  daim 
son  esprit,  sa  main  ne  pouvait  les  sui- 
vre sur  le  papier;  des  mots  entiers^ 
des  memforesde  phraselui  échappaient, 
de  sorte  qu'il  fallait  deviner  sa  pensée. 
Et  comme  il  était  plus  propre  à  l'in* 


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—  620  — 


RON 


venlion  qu'à  la  disposition^  et  que  la 
nouveauté  avait  toujours  de  Tattrait 
pour  lui^  il  n'éprouvait  aucun  plaisir 
à  relire  ce  qu'il  avait  écrite  et  ne  s'en 
donnait  pas  la  peine.  Aussi  s'aidait-il 
souvent  de  la  plume  de  ses  élèves.  L'Es- 
cluse  travailla  pendant  plusieurs  an- 
nées à  la  rédaction  de  son  histoire  des 
poissons,  à  laquelle  Jean  Du  Moulin  mit 
la  dernière  main.  Jacques  Bordeu  (Bor- 
dœus)  retoucha  son  traité  De  Ponde- 
ribus,  et  enfin  Laurent  Joubert  lui 
rendit  le  même  service  pour  son  traité 
de  thérapeutique,  Meihodus  curando- 
rum  morborum. 

En  juillet  1560,  Rondelet  perdit  sa 
femme  Jeanne  Sandra.  Elle  lui  avait 
donné  plusieurs  enfants  :  1»  N.,  l'alné, 
vécut  peu  ;  Rondelet  en  fit  lui-même 
l'autopsie,  ce  qui  le  fit  traiter  de  bar- 
bare, «parce  que  dans  ce  temps-là,  dit 
Joubert,  le  vulgaire  avait  encore  hor- 
reur de  l'anatomie  ;  » — 2«  Catherine, 
née  en  1540,  qui  épousa  le  médecin 
Jacques  Salomoné,  de  Montpellier,  vers 
1558,  et  mourut  en  ocl.  1562,  ne  lais- 
sant qu'une  flile  à  son  mari  ; — S»  Jean^ 
HE,  née  en  1542;  en  déc.  1561,  elle 
épousa  Robert  Lescure,  qui  la  laissa 
veuve  avec  une  fille  au  bout  d'un  an; 
elle  se  remaria  bientôt  après  avec  Her- 
vet  de  La  Haye.  Laurent  Joubert  raconte 
que  Rondelet,  qui  l'avait  en  grande  af- 
fection (il  avait  été  son  pensionnaire 
pendant  les  trois  années  de  ses  études 
médicales),  désira  l'avoir  pour  gendre. 
11  lui  offrit  d'abord  sa  fille  aînée,  et 
Joubert  parut  agréer  sa  proposition. 
Mais  ses  parents  s'opposèrent  à  cette 
union,  ce  qui  contraria  vivement  Ron- 
delet. Cependant  notre  chancelier  ne  se 
rebuta  pas,  et  lorsque  Joubert  retourna 
à  Montpellier  pour  prendre  le  grade  de 
bachelier,  il  lui  offrit  sa  fille  cadette. 
Cette  union  souriait  davantage  à  Jou- 
bert, mais  comme  il  s'aperçut  que  la 
Jeune  fille  ne  répondait  pas  à  son  a- 
ODOur,  il  refusa.  Rondelet  eut  la  fai  blesse 
de  lui  en  garder  rancune.  —  4«  Fran- 
çoiset  Jacques,  jumeaux  nés  en  1 545; 
le  premier  vécut  peu,  le  second  languit 
pendant  environ  cinq  ans. 


Quelques  mois  seulement  après  la 
mort  de  sa  femme.  Rondelet  convola 
en  secondes  noces  ;  il  épousa  Tryphé* 
na  de  Crotx,  jeune  fille  de  Nismes, 
d'une  beauté  remarquable.  Cette  se- 
conde femme  lui  donna  encore  trois 
enfants  :  5»  Daniel,  né  le  9  avr.  1 562 
et  mort  le  30  sept.  1 565  ;  —  6«  Susan- 
NE,  née  le  5  avr.  1564  ;  —  7»  Jean, 
né  posthume  le  21  sept.  1566.  Le  22 
mai  1 566,  Rondelet  s'était  rendu  pour 
affaires  à  Toulouse.  En  roule  il  fut 
attaqué  d'une  dyssenterie,  pour  avoir, 
dit-on,  mangé  trop  de  figues.  Cepen- 
dant il  ne  laissa  pas  de  se  rendre  à 
Réalmont  afin  de  visiter  la  femme  du 
célèbre  jurisconsulte  Jean  CoraSy  qui 
était  malade.  Mais  le  mal  empira  rapi- 
dement et  il  succomba  dans  cette  ville, 
le  dernier  juill.  1 566,  à  l'àgede  59  ans 
moins  deux  mois.  Laurent  Joubert,  son 
digne  élève  et  son  successeur  dans  sa 
chaire,  fit  graver  une  inscription  à  sa 
louange  sur  le  frontispice  de  l'Ecole  de 
médecine.  Le  célèbre  médecin  trace 
de  son  maître  le  portrait  suivant  :  U 
était  d'une  taille  au-dessous  de  la 
moyenne,  très-gros,  sans  être  ventru; 
il  avait  la  tète  ronde,  le  cou  épais,  les 
yeux  pers,la  vue  faible,  mais  l'ouïe  très- 
fine.  Longtemps  il  porta  la  barbe  lon- 
gue ;  mais  sur  la  fin  de  ses  jours,  il 
se  conforma  à  la  mode  et  la  tailla.  Sa 
voix  était  grêle  et  aiguë.  A  la  partie 
droite  du  front ,  il  avait  une  cicatrice 
provenant  d'une  cautérisation  de  l'os 
coronal  pratiquée  à  la  suite  d'une  bles- 
sure. Cette  cicatrice  se  remarquait  peu 
avant  qu'il  fût  chauve.  Très-maladif 
dans  son  enfance,  il  se  renforça  peu  à 
peu  avec  l'âge  ;  il  avait  coutume  de  dire 
qu'à  l'exception  de  l'éléphantiasis,  il  a- 
vait  eu  toutes  les  maladies.ll  était  grand 
mangeur;  il  aimait  surtout  les  fruits  et 
les  friandises.  U  se  plaisait  dans  les  fes- 
tins et  traitait  volontiers  chez  lui.  Ce- 
pendant il  avait  renoncé,  dès  sa  jeunes- 
se, à  l'usage  du  vin.  H  dormait  peu  et 
passait  une partiede  la  nuit  à  lire.  Dans 
les  affaires,  il  se  déterminait  avec  un 
peu  de  précipitation  et  il  lui  arriva  rare- 
mentden'avoirpasàserepentir.Il  était 


RON 


—  521  — 


RON 


prompt  à  la  colère,  mais  il  s  apaisait  fa- 
cilement. Dans  la  dispute,  il  était  vif, 
spirituel, ingénieux.  Au  lit  des  malades, 
il  avait  le  coup  d'œil  sûr  et  prompt. 
Plein  de  bonne  foi,  on  abusa  souvent 
de  sa  confiance.  Il  était  très-libéral  et 
presque  prodigue;  il  tenait  si  peu  à 
l'argent,  qu'il  n'eut  jamais  de  cassette 
particulière  ;  il  remettait  à  sa  femme 
tout  ce  qu'il  gagnait,  et  il  gagnait  beau- 
coup dans  les  dernières  années  de  sa 
vie.  Même  désintéres^ement  pour  les 
livres,  les  plantes  rares,  les  objets 
d'art  qu'il  recevait  fréquemment  en  ca- 
deau :  lorsqu'il  ne  les  donnait  pas,  il 
permettait  qu'on  les  lui  prit;  aussi  ne 
laissa-t-il  que  bien  peu  de  chose  à  sa 
mort.  Ce  qui  contribuait  à  épuiser  ses 
ressources,  c'était,  outre  sa  prodiga- 
lité, sa  passion  de  l'agriculture  et  des 
bâtisses.  Comme  il  était  très-inconstant 
dans  ses  goûts,  à  peine  avait-il  achevé 
une  construction  —  il  était  lui-même 
son  propre  architecte, —  qu'il  la  jetait 
à  bas  pour  la  recommencer  sur  nou- 
veaux frais.  Il  possédait  une  maison 
de  campagne  dans  le  voisinage  de  la 
ville,  et  il  ne  se  passait  guère  de  jour 
qu'il  n'y  allât  travailler  à  la  terre,  li 
avait  coutume  de  dire  que  Tagricul- 
ture  est  la  consolation  de  la  vieillesse 
et  le  complément  nécessaire  de  la  phi- 
losophie naturelle.  Pieux  et  charitable^ 
il  aimait  la  paix  par-dessus  tout  et 
était  ennemi  des  procès.  Il  ne  porta  ja- 
mais d'épéc,  si  ce  n'est  lorsqu'il  était 
jeune,  et  même  lorsqu'il  sortait  de  la 
ville  ou  faisait  un  voyage,  il  négligeait 
de  prendre  des  armes.  Enjoué,  facé- 
tieux, il  se  plaisait  aux  bouiïonneries 
des  histrions  et  les  attirait  chez  lui.  11 
était  passionné  pour  la  musique  et  tou- 
chait quelque  peu  le  luth.  En  somme, 
les  qualités  remportaient  de  beaucoup 
sur  les  défauts.  Comme  médecin  et  ana- 
tomiste.  Rondelet  jouit,  de  son  temps, 
d'une  grande  réputation,  et  il  la  mérita 
plus  par  son  enseignement  et  par  les 
élèves  qu'il  forma,  que  par  les  quel- 
ques publications  qu'on  lui  doit  et  dont 
voici  la  liste  : 

î.  De  piscibua  marinis  libri  XVIII, 


in  quibus  verœ  piscium  effigies  ex- 
pressœ  sunt,  Lugd.,  Matthieu  Bon- 
homme, 1554,  in-fol.  Universœ aqua- 
tilium  hisloriœ  pars  altéra,  cum  reris 
ipsorum  imaginibus,  Lugd.,  ap.  eund.^ 
J555,  in-fol.;  trad.  librem.  sous  ce  ti- 
tre :LaV^  et  la  2«  partie  de  l'Histoire 
entière  des  poissons,  composée  pre- 
mièrement en  latin  par  maistre  Gui- 
laume  Rondelet,  docteur  régent  en  mé- 
decine en  l'université  de  Mompelier, 
maintenant  traduite  en  français  sans 
amir  rien  omis  estant  nécessaire  à  l'in- 
telligence d'icelle, avec  leurs  pour  traits 
au  naïf.  Lion,  Macé  Bonhome,  1558, 
in-fol.  Bon  portrait  de  Rondelet.  On 
ignore  le  nom  du  traducteur.  Du  Ver- 
dier  attribue  cette  trad.  h.  Laurent  Jou- 
bert,  La  nouveauté  de  l'orthographe 
adoptée  par  le  traducteur  est  peut-être 
une  présomption  en  faveur  de  cette  o- 
pinion  —  on  sait  que  Joubert  s'était 
fait  une  ortographie  particulière;  — 
mais,  d'un  autre  côté,  il  n'est  pas  à 
présumer  que  dans  sa  Vie  de  Rondelet^ 
le  célèbre  médecm  eûtpassé  ce  fait  sons 
silence,  tandis  qu'il  nous  apprend  que 
L'Escluse  et  Du  Moulin  lui  furent  d'an 
grand  secours  pour  la  rédaction  de  l'ou- 
vrage original,  et  qu'il  n'oublie  pas  de 
mentionner  les  services  qu'il  lui  rendit 
lui-même  pour  d'autres  publications. 
BI.  Amoreux,  dans  sa  Notice  sur  Lau- 
rent Joubert,  serait  plus  disposé  à  l'at- 
tribuer à  Du  Moulin.  «  Ceste  traduc- 
tion, dit  l'auteur,  ne  se  doit  nommer 
Epitome  ou  Abrégé  de  l'Histoire  des 
Poissons;  car  combien  que  le  tout  ne 
soit  qui  est  au  latin,  si  est  ce  que  ni 
omettant  rien  nécessaire  à  la  connois- 
sance  de  la  matière  sujette,  je  ne  l'ai 
au  reste  tant  reserrée  ne  retranchée, 
comme  il  est  requis  en  un  Epitome  ou 
Abrégé.  »  Rondelet  dédia  son  ouvrage 
au  cardinal  de  Tournon  (et  non  à  Guill. 
Pélicier,  comme  on  le  lit  dans  les  Mé- 
moires d'Astruc).  Dans  sa  préface,  il 
reconnaît  tout  ce  qu'il  doit  à  Guillaume 
Pélicier,  qu'il  appelle  son  suasor,au- 
tor  atque  prœceptor^  à  Guill.  Caulius, 
prœfectus  AUobrogum^  et  aux  méde- 
cins dePails  Jacques  Sylvius  (Dubois) 

3S 


RON 


—  522  — 


RON 


et  Jacques  Goupyl^  etc.  Parmi  les  piè- 
ces préliminaires,  on  remarque  deux 
pièces  de  vers  latins.  Tune  de  Charles 
de  L'Escluse  et  l'autre  de  Jean  Pélis- 
son ,  de  Gondrieu.  Le  privilège  lui 
régervait  le  droit  de  traduction.  Les 
quatre  premiers  livres  traitent  des  gé- 
néralités. «  Presque  tout ,  au  témoi- 
gnage de  la  Biographie  médic. ,  est  em- 
prunté d'Aristote  et  de  Théophraste.  » 
Les  livres  suivants  jusqu'au  15»  in- 
clusivement, traitent  des  poissons  de 
mer;  le  16%  des  cétacés,  parmi  les- 
quels Rondelet  range  les  tortues  et  les 
phoques;  le  17%  des  mollusques,  et  le 
18%  des  crustacés.  La  2«  partie  com- 
prend les  coquillages  en  2  livres  et  les 
insectes  et  zoophytes  en  l .  Viennent 
ensuite,  en  4  livres,  les  poissons  des 
lacs,  des  étangs,  des  rivières  et  des 
marais.  «  On  trouve  dans  ce  volume, 
au  rapport  de  Guvier,  les  figures  de 
197  poissons  de  mer  et  de  147  d'eau 
douce,  et  d'un  nombre  assez  considé- 
rable de  coquillages,  de  mollusques  et 
de  vers,  ainsi  que  de  quelques  reptiles 
et  de  quelques  cétacés.  L'artiste  que 
Rondelet  employait  [les  pourtraieurs 
é  tailleurs]  doit  avoir  été  d'une  habi- 
leté singulière  et  d'une  fidélité  très- 
rare  pour  le  temps  ;  car  ses  dessins, 
bien  que  gravés  en  bois  et  assez  gros- 
sièrement, sont  encore  tous  pai  laile- 
ment  reconnaissables  :  quelques  figu- 
res de  cétacés  seulement  sont  Taites 
d'imagination.  —  Le  texte,  ajoute  le 
critique,  n'a  pas  le  même  mérite  que 
les  figures,  à  beaucoup  près.  Au  lieu  de 
descriptions  positives  et  de  détails  sur 
les  habitudes  et  Tinstinct  des  poissons, 
tracés  d'après  nature,  l'auteur  s'occu- 
pe de  rechercher  les  noms  qui  leur  ont 
élé  donnés  par  les  anciens  et  les  quali- 
tés qu'ils  leur  ont  attribuées.»  Travail 
ingrat  qui  arrache  cet  aveu  à  l'auteur  : 
c(  Usecomniasi  quiscousideret,  non  u- 
nius  hominis  opéra  perfici  potuisse  in- 
telliget-pAigreleuille nous  apprend  que 
Rondelet  »  Ut  un  umas  de  la  plupart  des 
poissons  dont  il  a\  oit  parié  dans  son  Li- 
vre, et  pour  en  laisser  à  la  postérité  une 
image  plUB  vive,  il  les  dessécha  avec 


tant  d'adresse,  qu'on  les  voyoil  encore 
soixante  ans  après  dans  le  Jardin  royal 
de  médecine,  au  rapport  de  Strobel- 
berger,  qui  passa  docteur  en  1G15.  » 

II.  Meihodus  de  materiâ  medicinali 
et  compositione  medicamentorum,  Pa- 
tav.,  1556,  in-80. 

m.  De  ponderibus,  seu  justâ  quan- 
titate  et  proportione  medicamentorum 
liber,  Patav.,  1 555,  in-S»  et  1579  in- 
4%  d'après  £loy;  1 561 ,  d'après  Jooberi 
et  Aigrefeuille  ;  1556,  d'après  la  Biogr. 
méd.;  1563  in  8%  d'après  Watt;  A ntv, 
1561,  in-8»;  Venetiis,  1562,  in-8«; 
Lugd.,  1584,  in-12;  1621,  in-S».  ^ 
TheCountrxjman'sApothecary,  Lond., 
1649,  in-12,  que  le  bibliogr.  AVatt  at- 
tribue à  Rondelet,  ne  serait-il  pas  la 
traduct.  en  anglais  de  ce  traité? 

IV.  Methodus  curandorum  omnium 
morborum  corporis  humant,  in  treu 
lihros  distincta,  Paris.,  1574,  in-8«»; 
Lugd.,  1583;  1586,  in-8«  ;  Francof., 
1592,  in-8o;  Montisp.,  1601,  in-8«; 
Genev. ,  1608;  1623;  1628,  in-8«. 
—  Un  des  élèves  de  Rondelet  s'étant 
avisé  de  publier  les  cahiers  de  ses 
cours,  notre  médecin  en  éprouva  an 
vif  déplaisir,  parce  qu'on  lui  prélait 
une  foule  de  sottises.  11  s'adressa  au 
roi  et  obtint  la  suppression  du  livre. 
Mais  l'édition,  au  nombre  de  1,600 
exemplaires,  était  déjà  épuisée.  Le  sou- 
ci do  sa  réputation  rengagea  à  remet* 
tre  ses  anciens  écrits  sur  le  métier  pour 
en  donner  une  édition  corrigée  et  con- 
sidérablement augmentée.  11  venait  à 
peine  d'achever  ce  travail,  lorsque  la 
mort  Tenleva.  11  chargea  Joubert  de 
cette  publication.  On  trouve  dans  ce 
recueil  :  De  dignoscendis  morbis,  de 
Febribus,  de  Morbo  gallico  de  ItUer- 
nis  et  externis  remediis,  de  Pharma^ 
copolarum  officinâ,  de  Fucis.  Le  trai- 
té sur  la  maladie  vénérienne  fut  trad. 
en  français  par  Etienne  Maniald  (et 
non  Manuel,  comme  l'appellent  Eloy 
et,  d'après  lui,  la  Biogr.  méd.)  Bord., 
1576,  in-8«.  D'après  Eloy,  «  tiœlicke 
attribue  à  Rondelet  la  découverte  des 
vésicules  séminales  dans  l'àomme,  et 
HaUer  celle  de  la  valiNièt  4hi  eotOD; 


RON 


—  5-23  — 


ROQ 


mats  Morgagni  revendique  la  première 
pour  la  donnera  Ilippocralc.  » 

V.  Traciatus  de  urinis,  Francof., 
IGIO,  in-S». 

VI.  Opéra  omnia  medica,  Gencva», 
Chouet,lG28,in-8o.— Nouvelle  édil. du 
Recueil  N^  IV  avec  diverses  additions, 
telles  que  Introductio  ad  Praxim,  de 
Urinia,  Consilia  medica,  par  Jean  Cro- 
quer^ médecin  polonais,  qui  avait  fait 
ses  éludes  à  Montpellier  ;  Watt  cite  une 
édil.  de  Monlpeliicr.  lui 9,  in-S». 

On  trouve,  en  outre,  de  Rondelet  : 
jo  un  petit  traité  (/p  Succedaneis  (tiré 
en  grande  partie  de  ses  leçons),  et 
Formulœ  aliquot  remedioruin  ^  nun- 
quam  antehac  in  lucem  editœ,  à  la  fia 
de  ru  istoiredes  plantes  de  Lo6c/(Antv., 
1 576,  in-foi.)  ;  —  2° Un  Diarium phar- 
maeeuticum  et  un  petit  traité  inédit 
sur  l*Hydropisie  dans  Touvr.  intit.  Di- 
lucid!ii  simplicium  medicamentorum 
explicaliones,  etc.  du  même  (Lond., 
1605,  in-fol.);  — 3»  Un  traité  sur /a 
Thénaque,  dans  le  dispensaire  de  Va- 
lerius  Cordus  (Leyde,  1627;  1652, 
in-12)  ;  — 40  Un  traité  des  Succéda- 
nées à  la  suite  du  Thésaurus  pharma- 
ceuticu?,  de  Scliwenkfeld;  —  5*  Quel- 
ques consultations  dans  le  recueil  de 
Schulz. 

Rondelet  laissa,  à  sa  mort,  quelques 
écrits  dont  Joubert,  donne  le  catalogue 
suivant;  les  quatre  premiers  élaient 
terminés,  les  autres  n'étaient  qu'ébau- 
chés :  JO  /)?  impedimentis  generalio- 
nw;  —  2"  De  affectibus  gravidœ,  par- 
turientis  et  puerperœ  ;  —  3°  De  aff**C' 
tibus  infantium  et  puerorum  ;  — i»  De 
morbis  hœredilariis  :  —  5°  Commenta- 
rii  in  aliquot  Ilippocratisaphjrismos; 
—  6®  Comment arius  in  Aristotelis  /i- 
brum  de  mi.'itione  et  miscibilibus  ;  — 
70  Comment,  in  aliquot  capita  libri 
primi  Dioiscoridis ;  —  8°  Cçmment.  in 
Galeni  libres  :  Artis  parvœ;  de  consti- 
tutionc  arii.s  medicœ;  introductorium 
7iieili(.inœ;  de  tempcraincutis;  delucis 
affectis;  quos,  quando  et  quibus  pur- 
yare  oportel  ;  de  paratu  fat  ilibus. 

ROiNDELET (Pierre)  pasteur,  ori- 
ginaire du  Poitou.  Il  fit  ses  études  à 


Puy-Laurens,   où   il  soutint,  sous  I4 
présidence  de  Garissolles,  une  thèse 
De  inteyritate  et  corrnptione  S.  Scrip- 
turarum.  Placé  comme  ministre  à Ror- 
deaux,  il  fut  décrété  de  prise  de  corps, 
en  1681,  sous  prétexte  qu'il  avait  mal 
parlé  dans  un  sermon  de  la  Vierge  et 
des  Saints.  Il  y  a  lieu  de  supposer  que 
le  vrai  motif  de  cette  rigueur,  c'est  qu'il 
s'employait  de  tout  son  pouvoir  à  fa- 
voriser l'émigration  des  Protestants. 
A  la  révocation,  il  passa  en  Angleterre. 
On  a  de  lui  ;  Sermon  de  la  persévéran- 
ce du  fidèle,  contre  Costa^XmsU,  1 667, 
in-12.  Nous  ignorons  si  sa  réponse  à 
l'Avertissement  pastoral  [Arch,    Tt. 
257)  a  été  publiée.  Pierre  Rondelet 
avait  un  fils,  Paul,  qui  fut  reçu  ministre 
au  synode  de  Toniieins,en  !  685,etdon- 
né  pour  pasteur  à  l'église  de  St-Justin. 
Paul  Rondelet  se  retira  aussi  en  Angle- 
terre (/6/(/.  Tt.  287).  Nous  ne  savons  le- 
quel des  deux  desservait,  en  1688, 
l'église  de  Uungerford.  —  En  1701, 
une  demoiselle  Rondelet  fut  enfermée  à 
rUnionchréliennedePoitiers(E.3552). 
ROQUEBIXE  (Constantin  de), ou 
plutôt  RocBiNE,  Sieur  de  Saint-Ger- 
main, né  à  Provins,  en  1 575,  épousa 
à  Râle,  en  1625,  .Sara  Couet,  qui  lui 
donna  deux  enfants:    Anne-Marib, 
baptisée  le  24  oct.  1 650,  et  Constan- 
tin, bapUsé  le  16  déc.  1652  (Rcg.du 
consistoire  de  Bnle).  Sa  femme  étant 
morte,  il  rentra  dans  sa  patrie  et  se 
remaria,  au  mois  de  mars  1642,  dans 
le  temple  de  Cliarenlon,avrc  Charlotte 
de  France,  appelée  aussi  Des  Francs, 
fille  de  Jean  de  France,  sieur  de  Re- 
péron,  et  de  Madelaine  de  Rion  (Reg. 
de  tharenlon).  A  celte  date,  il  servait 
comme  lieutenant  de  La  Sa*c  à  Réforl. 
La  Suse  ayant  élé  dépouillé  de  son 
gouvernement  en  1654  [Yoy,  III,  p. 
326),  Rocbine  partagea  sa  disgrâce.  Il 
quitta  donc  de  nouveau  la  France  etse 
retira  avec  sa  femme  dans  un  châteaa 
q'i'il  acheta  aux  environs  de  Râle; 
mais  quelque  temps  après,  il  alla  ha- 
biter Mulhouse,  où  il  obtint,  en  i  661, 
la  permission  d'entretenir  un  pasteur 
français  à  ses  frais,  et  de  célét)rer  le 


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cuUe^  selon  la  liturgie  des  églises  de 
France,  dans  le  chœur  de  l'église  des 
Cordeliers.  Ce  culte,  qui  était  assidû- 
ment suivi  par  les  officiers  réformés 
de  la  garnison  de  Brisacti  et  quelques  fa- 
milles françaises  réfugiées  à  Mulhouse, 
ne  fut  point  interrompu  par  la  mort  de 
Rocbine,  qui  légua  une  rente  annuelle 
de  1800  florins  pour  Tentretien  du 
pasteur^  somme  à  laquelle  la  ville  a- 
jouta  1 000  florins,  et  que  de  nouvelles 
donations  portèrent  à  6000  livres. 
Rocbine  mourut  en  i665,  à  Tàge  de 
90  ans.  Sa  veuve  ne  lui  survécut  qu'un 
an.  Ils  furent  ensevelis  Tun  et  l'autre 
dans  le  temple  français. 

ROQUES  (Guillaume),  sieur  de 
Clausonne,  seigneurie  dont  son  père^ 
Jacques  Roqueny  maître  des  requêtes 
du  duc  d'Anjou,  avait  fait  l'acquisi- 
tion, était  conseiller  au  présidial  de 
Nismes,  lorsqu'il  embrassa  le  parti 
protestant,  où  il  joua  un  rôle  considé- 
rable. Comme  membre  du  conseil  ad- 
joint à  Crussol  (Voy.  IV,  p.  129)  et 
député  des  églises  du  Bas-Languedoc^ 
il  s'opposa  de  tout  son  pouvoir  à  l'ac- 
commodement que  Des  Adrets  voulait 
conclure  avec  Nemours,  en  réclamant 
avec  énergie  contre  les  épithètes  de 
séditieux  et  rebelles  qui  étaient  appli- 
quées aux  Huguenots  dans  le  diplôme 
du  roi.  En  1565,  il  fut  chargé  avec 
Ferrières  (Voy.  V,  p.  596)  d'aller  por- 
ter à  Charles  IX  les  plaintes  des  Pro- 
testants du  Languedoc  contre  le  gou- 
verneur de  cette  province;  nous  con- 
naissons déjà  le  résultat  de  cette  mis- 
sion. Soit  que  sa  détention  ait  refroidi 
son  zcle,  soit  tout  autre  motif  que  les 
historiens  n'ont  pas  connu,  nous  ne 
voyons  pas  que  Clausonne  soit  inter- 
venu d'une  manière  active  dans  les  se^ 
conds  et  les  troisièmes  troubles  ;  mais 
la  Saint-Barlhélemy  lui  rendit  toute 
son  énergie,  et  personne  ne  contribua 
plus  que  lui  à  décider  les  Nismois  à 
ne  point  recevoir  dans  leurs  murs  la 
garnison  que  Joyeuse  voulait  y  mettre^ 
en  leur  représentant  qu'il  valait  mieux 
mourir  les  armes  à  la  main,  que  de  se 
livrer  sans  défense  à  la  merci  û'nBàê* 


sins.  Afin  de  prévenir  tonte  surprise, 
«Clausonne,  lit-on  dans  les  Mémoires 
de  Charles  IX,  se  trouvoit  aux  portes 
avec  la  garde  des  habitants  pour  des- 
couvrir qui  entreroit  ou  sortiroit.  Et 
quoique  sa  vocation  fast  de  manier  les 
livres  ou  se  reposer,  estant  aagé,  néant- 
moins  il  faisoitoffice  de  chef  de  guecre, 
poussant  les  autres  à  leur  devoir,  et 
ayant  l'œil  sur  les  consuls  de  peor 
qu'ils  ne  fussent  envelopez  es  embus- 
ches  des  Catholiques.  11  donnoit  le  mot 
du  guet,  posoit  la  garde,  faisoit  les 
rondes  et  reveues,  se  trouvant  partout 
pour  y  donner  bon  ordre.  »  En  1573, 
il  fut  député,  avec  le  ministre  Payan,  à 
l'assemblée  de  Montauban.  A  son  re- 
tour, il  fut  nommé,  avec  le  sieur  de 
Lasset,  commissaire  pour  veiller  à 
l'observation  de  la  trêve  conclue  avec 
Damville,  et  l'année  suivante.  Il  fut 
chargé ,  ainsi  que  le  vicomte  de  7>r- 
n'rfe,  de  signer,  au  nom  des  Protes- 
tants, ralliance  avec  Damville,  chef 
des  Catholiques  politiques.  En  1575, 
il  se  rendit  à  Bàle,  à  la  tète  de  la  dé- 
putât ion  envoyée  au  prince  de  Condé 
par  les  églises  du  Languedoc.  Le  ré- 
sultat des  conférences  qui  se  tinrent 
dans  cette  ville,  fut  une  irequète  que 
Clausonne  et  Dauvet  présentèrent  au 
roi  Henri  III  {Voy.  IV,  p.  211).  Cette 
mission  remplie,  Clausonne  retourna 
à  Nlsmes.  En  1576,  de  concert  avec 
H,  Colombier  et  DelamcTy  agents  des 
églises  du  Dauphinéetdela  Provence, 
il  adressa  au  roi  une  Remontrance  con- 
tre le  décret  des  Etats  de  Blois  qui  a- 
bolit  la  Paix  de  Monsieur  {Fonds  de 
Brienne,  N*  207).  C'est  encore  sur  lui 
que  ses  coreligionnaires  Jetèrent  les 
yeux,  lorsque,  en  1577,  ayant  conçu 
des  doutes  trop  bien  fondés  sur  la  fi- 
délité de  Damville,  ils  voulurent  faire 
sonder  ses  intentions.  Clausonne  partit 
accompagné  de  Du  Faur,  sieur  d'An- 
baïs,  de  Payan,  et  de  Bossulas;  mais 
sa  pénétration  fut  mise  en  défaut  par 
l'artificieux  gouverneur  du  Languedoc, 
qui  n'avait  point  encore  conclu  son 
traité  avec  la  Cour.  La  même  année, 
député  avec  le  baron  û'Aubaï$  à  Vn» 


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«emblée  de  Bergerac,  il  fut  arrêté  en 
route,  bien  que  muni  d'un  passeport 
de  Henri  iil. 

En  1580,  Clausonne,  qui  venait d'è* 
tre  pourvu  de  la  charge  de  président 
dans  la  chambre  mi-partie  établie  à 
risle  en  Albigeois,  assista  à  rassem- 
blée de  Sommières  et  s'opposa  à  la 
reprise  des  hostilités.  Cette  chambre, 
qui  se  composait,  outre  Clausonne  et 
l'avocat  du  roi  Bonencontre,  des  huit 
conseillers  Darvieu,Dauret  (aliàs  Au- 
roa),  de  VignolleSy  ÉscorbiaCy  Vanides 
(aliàs  Bastide),  Molinier,  Favier  et 
Lamir,  fut  cassée,  en  1585,  par  Hen- 
ri III,  mais  elle  fut  rétablie  par  Hen- 
ri lY  à  Castres,  en  1595.  Nous  igno- 
rons si  Clausonne  vivait  encore  à  cette 
dernière  date.  La  dernière  mention 
que  nous  ayons  rencontrée  de  son 
nom  se  trouve  dans  les  Actes  de  l'As- 
semblée politique  de  La  Rochelle,  à  la- 
quelle il  fut  député  par  la  Guienne 
en  1588;  au  moins  croyons-nous  que 
c'est  de  lui  qu'il  s'agit.  De  son  ma- 
riage avec  Françoise  Girard,  naquit 
ANTOINE,  sieur  de  Clausonne^  qui  sa- 
sista,  en  1613,  à  l'assemblée  de  Lo- 
nel  et  fut  député,  en  1 620,  au  Synode 
national  d'Alais,  auquel  il  demanda  un 
cerliflcat  de  protestantisme,  parce  qu'il 
venait  d'être  pourvu  de  lalieutenance 
du  roi  dans  le  gouvernement  de  la  ville 
et  du  château  deLectoure^  une  des  pla- 
ces de  sûreté.  La  même  année,  il  é- 
pousa  Françoise  George,  qu'il  laissa 
veuve,  en  1653,  avec  trois  fils,  nom- 
més Guillàumb,  Louis  et  Michel.  L'aî- 
né, qui  demeurait  à  Beaucaire  à  l'épo- 
que de  la  recherche  de  la  noblesse,  é- 
tait  père  d'un  fils,  Jean-Louis,  qui  a- 
vait  été  baptisé  en  1641.  Les  Juge- 
mens  de  la  Noblesse  ne  nous  appren- 
nent rien  de  plus  sur  la  généalogie  de 
celte  famille,  qui  subsiste  encore  à  Nis- 
mes  et  professe  toujours  la  religion  ré- 
formée. 

ROQUES  (Pierre),  théologien  pro- 
teslanlaussi  inslruitque  pieux,  naquit, 
non  pas  à  Carausse,  le  14  mai  1685, 
comme  le  prétend  la  Biographie  cas- 
traise,  mais  à  LaCaune,  le  22  juillet 


1685,  selon  Leu,  Frey  et  tous  ses  au- 
tres biographes,  ou  le  26  juill.  (v.  s.) 
1685,  d'après  les  Reg.  de  l'église 
franc,  de  Bàle.  A  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes,  son  père,  Pierre-David  Ro^ 
queSy  qui  était  dans  le  négoce  et  à  qui 
son  zèle  pour  sa  religion  avait  déjà  at- 
tiré des  persécutions  pendant  les  dra- 
gonnades, essaya  de  sortir  du  royaume; 
mais  il  échoua  dans  sa  tentative,  et  ce 
fut  seulement,  en  1688,  qu'il  réussit 
enfln  à  se  sauver  à  Genève,  où  il  fat 
rejoint,  six  mois  après,  par  sa  femme^ 
JUarie  Froment,  et  ses  enfants.  11  s'é- 
tablit à  Nyon,  puis  à  RoUe,  oii  son  flls 
Pierre  reçut  sa  première  instruction. 
Ses  humanités  terminées,  le  jeune  Ro- 
ques alla  étudier  la  philosophie  à  Ge- 
nève. Deux  ans  après,  c'est-à-dire  en 
1702,  son  père  l'envoya  continuer  ses 
études  à  Lausanne  ;  mais,  ses  parents 
étant  morts  sur  ces  entrefaites,  il  re- 
tourna, au  bout  de  six  ou  sept  mois^ 
à  Genève,  et  s'y  flt  inscrire  au  nombre 
des  étudiants  en  théologie.  L'année 
suivante,  les  droits  de  bourgeoisie  loi 
ayant  été  accordés  dans  le  Pays  de 
Vaud,  il  dut,  pour  profiter  de  cette  fa- 
veur, aller  passer  ses  examens  à  Lau- 
sanne, où  il  y  reçut  l'imposition  des 
mains  du  professeur  Palier,  au  mois 
de  mars  1709.  Aussitôt  après  sa  con- 
sécration, il  retourna  de  nouveau  à  Ge- 
nève, où  son  talent  oratoire  ne  tarda 
pas  à  le  faire  distinguer.  Sa  réputa- 
tion comme  prédicateur  s'étant  éten- 
due jusqu'à  Bàle,  l'église  française  de 
cette  ville  lui  offrit  la  chaire  laissée 
vacante  par  PatU  Reboulet,  Il  fit  son 
sermon  d'entrée  sur  II  Cor.  V,  20,  le 
31  août  1710.  «Malgré  sa  grande  jeu- 
nesse, lit-on  dans  la  Lettre  de  Frey  à 
l'abbé  Ravnal  sur  la  vie  de  feu  P.  Ro- 
ques (Bàle,  1784,  in-8o],  il  sut,  par 
son  éloquence,  par  la  dignité  qu'il  sa- 
vait mettre  dans  Texercice  de  toutes 
ses  fonctions,  par  ses  manières  nobles 
et  engageantes,  et  parla  régularité  de 
ses  mœurs,  s'attirer,  dès  le  commen- 
cement de  son  ministère,  l'affection, 
Testime  et  la  vénération  de  son  trou- 
peau. ))  Tout  en  s'acquittant  avec  un 


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zèle  et  une  piété  exemplaires  de  ses 
devoirs  pastoraux,  au  premier  rang 
desquels  il  plaçait  Tinstruction  reli- 
gieuse de  la  jeunesse.  Roques  trouva  le 
temps  décomposer  un  certain  nombre 
d'ouvrages  d'édification,  surtout  des 
sermons  remarquables  par  l'ordre .  la 
clarté,  une  simplicité  pleine  d'onction, 
plutôt  que  par  réclat  du  style  et  la  gran- 
deur des  pensées.  En  voici  la  liste  : 

I.  Lettre  apologétique  en  faveur  de 
M.  Ostervald  contre  les  Remarques  de 
M.  Naudé,  imp.  avec  la  réponse  de 
Naudé  (Berl.,  1716,  in-S»). 

II.  Le  tableau  de  la  conduite  du 
chrétien  qui  s*occupe  sérieusement  du 
soin  de  son  salut,  Basle,  1 721  ;  1 744, 
in-8«>. — Courtes  considérations  sur  les 
vérités  les  plus  importantes,  les  bien- 
faits et  les  devoirs  de  la  religion. 

m .  Ed  hortations  chrétiennes  adr  es- 
sées  à  tous  ceux  qui,  frappés  de  la  cor- 
ruption du  siècle,  s* imaginent  devoir  se 
séparer  des  saintes  assemblées,  1 723; 
Irad.  en  allem.  sous  le  titre  de  Wah- 
rer  Ausgang  aus  Babel,  1 723,et  réimp. 
en  1744,  avec  le  N»  II.  —  Anonyme. 

IV.  Le  Pasteur  évangélique  ou  Es- 
sais sur  Vexcellence  et  la  nature  du 
saint  ministère,  avec  un  discours  où 
l'on  montre  historiquement  commen  t  la 
Parole  de  Dieu  a  été  annoncée  dans  V  E- 
glise  juive  et  chrétienne,  Basle,  1 723, 
in-4*;  trad.  en  allem..  Halle,  1768, 
in-8o;  en  hollandais,  Leyde,  1725,  et 
en  danois.  —  L'auteur  veut  rendre  les 
Jeunes  pasteurs  attentifs  à  l'impor- 
tance de  leur  mission,  en  leur  présen- 
tant le  portrait  d'un  ministre  parfait. 

V.  Elémens  ou  premiers  principes 
des  vérités  historiques,  dogmatiques 
et  morales jhdiS\e,  1728,  in- 12. —  Ca- 
téchisme adopté  par  l'église  française 
de  Bâle.  La  traduction  qu'on  en  fit  en 
allemand  fut  reçue  également  par  l'é- 
glise allemande.  Le  Catal.  de  la  Bi- 
blioth.  de  Genève  en  indique  une  édit. 
antérieure  sous  ce  titre  :  Elémens  des 
vérités  des  écrits  sacrés,  Basle,  1 726, 
in-80. 

VI.  Lettres  écrites  à  un  protestant 
de  France  au  sujet  des  mariages  des 


Réformés  et  du  baptême  de  leurs  en- 
fants dans  l* Eglise  romaine,  Laos., 

1730,  in-80  ;  2«  édit.  augm.,  Laos., 
1735,  ln-12.  —  Ces  lettres  ont  été 
longtempsattribuées  ài4tif.  Court,  qui 
les  avait  fait  imprimer  en  y  ajoutant 
des  remarques. 

VU.  Le  vray  piétisme,  ou  traité 
dans  lequel  on  explique  la  nature  et 
les  effets  de  la  piété,  la  juste  étendue 
du  renoncement   du  monde  y  Basle, 

1731,  in-4'>;  trad.  en  allem.,  Halle, 

1748. 

VI II.  Sermons  sur  divers  textes  de 
f  Ecriture  Sainte,  liàsle,  1754,  in-S»; 
trad.  en  allem.  —  Anonyme. 

IX.  Discours  historiques,  critiques 
et  moraux  sur  les  événemens  les  plus 
mémorables  de  l'Ecriture  Sainte,  La 
Haie,  1736,  2  vol.  in-fol.,  ou  4  vol. 
in-40,  ou  6  vol.  in-80.  —  Cet  ouvrage, 
commencé  par  le  célèbre  /.  Saurin, 
fut  continué  par  Roques  et  Beausobre. 
Roques  termina  l'A. -T.,  et  Beausobre 
se  chargea  du  Nouveau. 

X.  Les  devoirs  des  sujets  expliqués 
en  quatre  discour  s,  Bàs\e,  17  37, in-80; 
trad.  en  allem.,  1741. 

XI.  Diss.  théologique  et  critique  y 
dans  laquelle  on  tâche  de  prouver  ^  par 
divers  passages  de  l'E,  S.,  que  l'âme 
de  J.'Ch,  étoit  dans  le  ciel  une  intel- 
ligence pure  et  glorieuse  avant  quê 
d'être  unie  à  un  corps  humain  dans  le 
sein  de  la  bienheureuse  Vierge  Marie, 
Lond.,  1739,  in-12.  —  Anonyme. 
Cette  opinion,  combattue  par  Armand 
de  La  Chapelle,  dans  la  Biblioth.  rai- 
sonnée  (T.  XXIV),  et  par  Roches,  dans 
sa  Défense  du  christianisme  (T.  Il), 
fut  défendue  par  Roques  dans  le  Jour- 
nal littéraire  de  Genève  (17  40).  Ha- 
gemann,  ministre  à  Hanovre,  a  trad. 
cette  Dissertation  en  allem.,  en  l'ac- 
compagnant de  remarques  critiques. 

XII.  Traité  des  tribunaux  de  judi- 
cature,  Basle,  1740,  in-40;  trad.  en 
allem., avec  une  Préface  de  Bôhmer. 

XIII.  Discours  où  l'on  en  treprend  de 
montrer  que  le  duel ,  fondé  sur  les 
maocimes  du  point  d'honneur,  est  une 
vengeance  bruUUe,  injuste  et  flétris- 


ROQ 


527  — 


KOQ 


santé,  mis>  en  guise  de  préface,  aune 
réimp.  de  la  Dissent,  de  Basnage  sur 
les  duels,  Basle,  i  740,  in-i  2.  Ce  Dis- 
cours a  été  traduit  en  allemand,  léna, 
1747,  in-8«>. 

Roques  a  surveillé  i'édil.  du  Dict.  de 
Moréri  publié  à  Bâie  en  1731,  6  vol. 
in-fol.,  et  y  a  ajouté,  avec  le  concours 
de  son  fils  aine,  un  Supplément,  en  3 
vol.  in-fol.,  1743-45.  L'abbé  Goujet, 
qui  s'occupait  d'un  pareil  lravail,ayant, 
par  jalousie  de  métier,  déprécié  l'édit. 
bàloise,  Roques  lui  répondit  dans  la 
Biblioth.  françoise  (T.  XXX)  et  dans 
le  Mercure  suisse  (1 739).  On  lui  doit 
aussi  une  nouvelle  édition  de  la  Sainte 
Bible  selon  la  version  de  M.  Martin, 
1736,  2  vol.  in-40.  Il  a  pris  la  liberté 
d'y  faire  quelques  changements  et  d'en 
rajeunir  un  peu  le  style  ;  ce  n'est  pas 
nous  qui  l'en  blâmerons.  Dans  une  Pré- 
face assez  longue,  il  expose  les  preuves 
de  la  divinité  de  l'E.  S. ,  et  insiste  sur  la 
nécessité  de  la  lire ,  afin  de  puiser  à  la 
source  les  vérités  du  salut.  Roques  a, 
en  outre,  revu  et  corrigé  les  cinq  der- 
niers volumes  de  la  Irad.  franc,  de  la 
Géographie  de  Hiibner  (Basle,  1747,  6 
vol.  in-8°).  11  a  publié,  enfin,  dans  le 
Journal  helvétique  plusieurs  disserta- 
lions,  enforme  de  lettres,  contre  la  phi- 
losophie wolflenne  :  Deux  lettres  à 
M.  Rachat  sur  le  système  de  M.  Leib- 
nitz  (1 738)  et  Deux  lettresàM.  Bour- 
guet  (1739);  —  dans  la  Nouvelle  Bi- 
blioth. germanique,  un  Eloge  de  Har- 
scher  (T.  II),  un  Eloge  deJ,  Grynœus 
(T.  III) ,  un  Eloge  de  Samuel  Battier 
(T.  III),  et,  avant  sa  mort,  il  recom- 
manda à  ses  fils  d'envoyer  au  direc- 
teur de  ce  recueil  périodique  trois 
mss.  qu'il  avait  préparés  pour  lui  : 
Examen  de  Vhomm^-machine  ,  Ré- 
flexions sur  V amour  de  la  vérité ,  et 
Eloge  de  Jean  Bernouilli.  Ne  négli- 
geons pas  d'ajouter  que  Roques  culti- 
vait avec  succès  la  poésie,  s'il  faut  eu 
juger  par  ce  beau  cantique  : 

Source  de  lumière  cl  de  Tie, 
Mon  Dieu,  mon  Seigneur  et  mon  Roi, 
J'implore  ta  grâce  infinie, 
Dè<  le  matifl  exaaoe-moi,  etc. 


Pour  se  distraire  de  ces  travaux. 
Roques  donnait  des  leçon?  de  philoso- 
phie, de  droit  naturel  et  de  physique  à 
un  certain  nombre  de  jeunes  gens  de 
la  Suisse  française,  dont  l'éducation  lui 
avait  été  confiée. 

Malgré  une  vie  aussi  laborieuse.  Ro- 
ques jouissait  d'une  excellente  santé 
qu'entretenaient  la  gaieté  de  son  carac- 
tère et  sa  grande  sobriété;  il  n'avait  à 
se  plaindre  de  temps  en  temps  que  de 
quelques  accès  de  goutte.  Vj\q  fièvre 
maligne  l'enleva  le  13  avr.  1748,  et 
non  pas  le  16  août,  comme  le  dit 
M.  Nayral.  Son  oraison  funèbre  fut  pro- 
noncée par  son  collègue  Ostervald.  11 
avait  épousé,  en  I7ir>,  Marie-Louise 
de  Maumont,  fille  de  Jeaii  de  MatA- 
monty  sieur  de  LaRoche-Firmin,elde 
Marie  deJuigné-de-La  Broissinière,Ae- 
moiselle  fort  entichée  de  sa  noblesse, 
mais  d'ailleurs  femme  fort  respectable, 
qui  s'était  réfugiée  à  Bàle  pour  cause 
de  religion.  Il  en  eut  neuf  enfants  dont 
huit  nous  sont  coimus  par  les  Reg.  de 
baptême  de  l'église  de  Bàle,  savoir  ! 
1°  Sophie-Renée,  baptisée  le  29  août 
1717,  auteur  de  plusieurs  morceaux  en 
prose  et  en  vers,  qui  ont  paru  dans  le 
Journal  helvétique.  Les  éloges  qne 
l'on  donnait  à  son  talent  littéraire  char- 
mèrent Jean-Guillaume  Mazar-de-La 
Garrf<»,  major  au  service  du  Danemark, 
qui  la  demanda  en  mariage  sans  l'avoir 
jamais  vue.  Leur  union  fut  bénie  dans 
l'église  française  de  Bàle,  le  25  juin 
1739;  —  20  Jbanne-Catherine-Sd- 
SANNE,  baptisée  le  12  janv.  1719,  et 
mariée  à  Rodolphe  Olivier,  de  Lau- 
sanne, le  24  mars  1740; — 3oSusANifB- 
LouiSE,  baptisée  le  il  avr.  1720;  — 
40  Marguerite-Damaris,  baptisée  le 
1  "janv.  1 722  ;— 5*  Jean-Christophe, 
baptisé  le  7  fév.  1723,  qui  suit;  — 
60  Anne-Sophie  ,  baptisée  le  lOdéc. 
1724; — 70  Jacques-Emmanuel,  bap- 
tisé le  1 0  avr.  1727,  dont  nous  parle- 
rons après  son  frère; — 8°  Théodore- 
Guillaume,  baptisé  le  G  juin  1 728,  qui 
desservit  successivement  les  églises 
françaises  d^Aix-la-Chapelle et  de  Bàle, 
où  il  fit  son  sermon  d'entrée  le  1 3  mai 


ROQ 


—  528  — 


ROQ 


1764,  et  plus  tard  celle  de  Hanau. 

I.  Admis  au  ministère  le  50  Jaill. 
1743,  Jean-Christophe  Roqaes  reçut, 
en  1 745,  vocation  de  Téglise  française 
de  Frederichsdorf.  Il  prêchait  avec  une 
égale  facilité  en  français  et  en  alle- 
mand. Sa  réputation,  comme  orateur, 
étant  arrivée  aux  oreilles  du  landgrave 
Frédéric-Louis,  ce  prince  le  choisit 
pour  son  chapelain ,  en  même  temps 
(lu'il  lui  conféra  le  titre  de  conseiller 
ecclésiastique.  Selon  Frey,  on  a  de  lui 
quelques  ouvrages  et  des  traductions 
estimées.  Nous  ne  connaissons  que 
les  trois  sermons  suivants  :  i»  Ser- 
mon  d'adieu  prononcé  le2S  août  1 746^ 
dans  réglise  de  Frederichsdorf;  —  2» 
Vasux  pour  la  paix  ou  sermon  sur 
Jean  XX,  1 9  ;  —  3o  Sermon  sur  Ps. 
CXXVI,  1-3  pour  le  jour  de  jeûne  et 
d'actions  de  grâces  pour  la  paix  géné- 
rale, Francf.  sur-le-Mein,  17ô3,in-8*. 
Nous  avons  dit  plus  haut  qu'il  travailla 
avec  son  père  à  i'édit.  bàloise  du  Dict. 
de  Moréri^  et  tout  nous  porte  à  croire 
qu'il  est  aussi  l'auteur  delà  trad.  franc, 
d'une  Défense  de  la  Ré  formation  yïmp. 
à  Francfort  en  1752.  Frey  ajoute  qu'il 
laissa  un  ûls  aîné  qui  porta  dignement 
le  nom  de  son  aïeul. 

II.  Jacques-Emmanuel  Roques,  dit 
de  Haumont,  suivit  comme  son  père  et 
son  frère  aîné  la  carrière  ecclésiasti- 
que. Reçu  ministre  le  16  juill.  1748, 
il  fut  appelé  en  Allemagne  oii  il  des- 
servit différentes  églises,  celles  de  Fre- 
derichsdorf, de  Zell ,  de  Hameln,  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  1 6  mars  1 805. 
Il  était  ministre  à  Zell  à  l'époque  de 
l'occupation  du  Hanovre  par  l'armée 
française,  et  fut  à  même  de  rendre  de 
grands  services  à  cette  ville  à  cause  de 
l'estime  que  lui  témoignait  le  maréchal 
d'Armentières.  Sa  femme,  N.  Thellus- 
son,  originaire  de  Bàle,  lui  donna  plu- 
sieurs enfants,  entre  autres,  trois  Ûls 
qui  servirent  dans  l'armée  hanovrien- 
ne.  Un  de  ses  descendants  a  été  ministre 
de  la  guerre  à  Gassel,  où  la  famille  Ro- 
ques-dc-Maumonl  est  rcprésenlcc  au- 
jourd'hui par  SCS  trois  fUs,  l'un  con- 
seiller à  ta  cour  suprême,  l'autre  pas- 


leur,et  le  troisième  officier  d'infanterie . 

Jacques-Emmanuel  Roques  a  publié 

quelques  ouvrages,  dont  voici  la  liste  : 

I.  Le  chrétien  au  lit  de  la  mort  ou 
dernière  exhortation  d'un  père  mou- 
rant à  son  fils  unique,  Francf. -sur-le 
Mein,  1 753,  in-8o. 

II.  Heilige  Reden(XH)  Uber  verschie- 
den.  Texte  Ueilig.  Schriften,  Frankf., 

1753,  in-8°. 

III.  Begriff  der  allgem,  Weltge- 
schichte,  trad.  du  franc.,  Frankf., 

1754,  ln-8o. 

IV.  Lettres  sur  la  part  qu'il  a  eue 
aux  démêlés  de  MM.  Voltaire  et  La 
^eoumW/e,  Hanov.,  1755,  in-8«. 

V.  U Ecole  du  chrétien.  Celle,  1 756, 
in-8o;trad.enallem.,Quedlinb.,i757, 
ln-8o;  Bremen,  1757,  in-8o. 

VI.  Les  comparaisons  et  les  senten- 
ces de  Démophile  et  de  Démocrate,  trad. 
du  grec,  Gôtt.,  1 756,  ln-8<».—  Cité  par 
H.  Quérard. 

VII .  Recueil  de  prières  précédé  d'un 
traité  de  la  prière,  avec  l'explication 
et  la  paraphrase  de  l'Oraison  domini- 
cale, Celle,  1760,  in-8o;  2«  édit.,  re- 
vue et  augm.,  La  Haye,  1762,  in-8*; 
4«édit.,  Celle,  1767,  in-S». 

VIII.  Idée  du  prince  et  de  son  minis- 
tre,  trad.  del'allem.  de Moser, Francf., 
1760,  in-12.  — Cité  par  Barbier. 

IX .  Sermon  d'action  de  grâces  à  l'oc- 
casion de  la  paix.  Celle,  1 763,  in-8o. 

X.  Recueil  pour  l'esprit  et  pour  le 
ccpur.  Celle,  1 764-65, 2  vol.  en  4  part., 
in-80. 

XI.  Nouveau  Recueil,  etc..  Celle, 

1767-72,  2  vol.  in-80. 

XIÏ.  Lettres  écrites  à  un  ami  pen- 
dant le  séjour  que  les  troupes  fran- 
çaises ont  fait  à  Celle,  en  1 757  et  38, 
Maëstr.,  1775,  in-8o;trad.en  allem.,' 
Braunsch.,  1780,  in-8«. 

Xill.  Mémoire  sur  les  polypiers  de 
mer,Celle,l  782,in-8«,avecpl.;  Leipz., 
1810,  in-8o;  traduit  en  allem.,  Zell, 
1783,  in-80. 

ROQUIGNY  (ADRIEN  de),  poète  hu- 
guenot, né  àCaen,vers  1512,  cl  mort, 
en  1645,  en  Angleterre  où  il  s'était 
réfugié.  U  est  auteur  d'un  volume  de 


ROS 


—  529  — 


ROS 


poésies,  intitulé  La  Muse  chrétienne, 
dont  une  seconde  édition  fort  augmen- 
tée parut  en  1634.  On  ne  connaît  pas 
la  date  de  la  première.  Au  jugement 
de  révoque  Huet,  Roquigny  avait  l'i- 
magination vive  et  féconde;  il  y  a  du 
feu  dans  ses  poésies,  mais  «  il  n'est 
pas  châtié  dans  ses  inventions,  il  est 
impur  dans  son  langage,  et  il  ne  re- 
connott  point  d'autres  ornemens  que 
ceux  que  la  Bible  luy  fournit*.  »  Ce  der- 
nier reproche  est  au  moins  singulier 
sous  la  plume  d'un  évéque. 

ROSEMONT  (Jacques  de),  on  Ro- 
SEMOND,  sieur  de  Boncœur,  secrétaire 
et  intendant  du  duc  de  La  TrémoUle, 
né,  en  1 590,  de  Pierre  de  Rosemont, 
procureur  à  Marchenoir,  et  de  Marie 
BouUiery  épousa,  en  1638,  Elisabeth 
Jouardy  qui  lui  donna  quatre  enfants: 
10  Richard,  baptisé  dans  le  temple  de 
Charenton,  le  21  août  1639,  qui  de- 
vint conseiller  au  parlement  de  Paris^ 
et  se  réfugia  en  Angleterre,  à  la  révo- 
cation, avec  sa  femme,  Marie  Bernon, 
et  ses  deux  enfants; — 2"  Pierre,  mort 
jeune  ; — 3«  Anne,  baptisée  le  29  juill. 
1 646,  et  mariée,  en  1 661 ,  à  Jean  Go^ 
berty  sieur  de  Millescus,  fils  de  Jean 
Gober t^  sieurdeNieui),et  ûeJacquette 
Clément; — 4° Emilie,  baptisée  le  3  oct. 
1 649,  femme,  en  1 67 1 ,  de  Paul  Acéré, 
sieur  des  Forges,  fils  de  Marc-Antoine 
Acéré,  conseiller  secrétaire  du  roi,  et 
d'Anne  de  Bruges.  Jacques  de  Rose- 
mont  mourut  en  1 653.  Nous  n'hésitons 
pas  à  regarder  comme  son  fils,  issu 
sans  doute  d'un  premiermariage,  Jac- 
ques de  Rosemont,  dit  le  jeune,  qui 
prit  pour  femme,  au  mois  d'avr.  1646, 
Marie  Dor,  Ûlle  de  François  Dor  et  de 
Marie  Gantois,  De  ce  mariage  naqui- 
rent: 10  Marie,  présentée  au  baptême^ 
le  3  mai  1648,  par  Jacques  de  Rose^ 
mont,  secrétaire  de  La  Trémoille,  et 
Marie  Gantois; — 2° Jacques,  baptisé 
le  21  nov.  1649,  qui  suivit  la  carrière 
ecclésiastique,  fut  placé  comme  mi- 
nistre dans  la  Champagne  et  abjura  en 
1685  (SuppL  franc,  791.7.);— 3*»  MA- 
RIE, baptisée  le  llfév.i652;— 40JAG- 

QUBS-AUGUSTBj  qui  SOlt;—  5«  JSAN- 


Baptiste,  qui  suivra; — 6» Jean-Char- 
les, baptisé  le  26  janv.  1 659  ;  — 
7*  Henri-Charles,  mort  en  1664  ; — 
8<*  Pierre, baptisé  le  5  fév.  \GQ2(Reg. 
de  Charenton), 

1.  Né  au  mois  de  nov.  1654,  Jac- 
ques-Auguste de  Rosemont  embrassa 
l'état  ecclésiastique  et  fut  donné  pour 
ministre  à  l'église  de  Gien.  Il  épousa^ 
en  oct.  1683,  Marguerite  Jaupitre, 
fille  de  Pierre,  sieur  de  Belleau,  et  de 
Marguerite  de  Fougières,  laquelle  se 
retira  à  Genève  après  la  révocation^ 
pour  ne  pas  suivre  son  mari  à  la  mes- 
se. Rosemont  eut,  en  effet,  la  faiblesse 
de  se  convertir  (Arch  £.  3373)  ;  mais 
une  grave  maladie  dont  il  fut  atteint^ 
quelque  temps  après,  le  fit  rentrer  en 
lui-même.  Se  croyant  à  l'article  de  la 
mort,  il  refusa  absolument  de  recevoir 
les  sacrements  de  l'Eglise  romaine^ 
que  le  curé  de  sa  paroisse  voulait  loi 
administrer.  Malheureusement  il  gué- 
rit, et  les  tribunaux,  saisis  de  l'affaire 
par  la  dénonciation  du  curé,  le  con- 
damnèrent comme  relaps  aux  galères 
perpétuelles.  11  échappa  au  sort  terri- 
ble qui  le  menaçait  par  un  nouvel  acte 
d'hypocrisie,  et  il  obtint  même,  en 
1 690,  la  permission  de  retourner  à 
Gien,  l'évèque  d'Orléans  ayant  attesté 
ses  bonnes  dispositions  [Arch,  gén. 
E.  3376).  Il  mourut  peu  d'annéesaprès 
laissant  sans  appui  deux  enfants  encore 
jeunes  Jacques  etMARiE-MARGUERiTB 
de  Rosemont.  Le  cœur  de  leur  mère  ne 
put  s'habituer  à  l'idée  de  laisser  dans 
l'abandon  les  deux  orphelins;  l'amoar 
maternel  fit  taire  les  scrupules  de  la 
conscience.  Elle  prit  le  parti  de  reve- 
nir en  France,  en  se  soumettant  à  une 
dure  nécessité;  elle  entra,  au  mois  de 
janv.  1 700,  dans  le  couvent  de  Sainte- 
Claire  à  Gien,  pour  se  faire  instruire 
des  dogmes  de  la  religion  catholique 
(!bid.  E.  3386).  Est-il  nécessaire  d'a- 
jouter qu'elle  resta  protestante  au  fond 
du  cœur  et  qu'elle  éleva  ses  deux  en- 
fants dans  la  religion  évangélique? 
Son  (ils  profita  si  bien  de  ses  leçons^ 
que  c'est  chez  lui  que  se  tenaient,  en 
1 732»  les  assemblées  secrètes  des  Pro* 


ROS 


—  530  — 


ROS 


lestants  de  Gien  {Arch.  gén.  E.  5:i60). 
II.  Jean-BapUste  de  RoscmonI,  qui 
avait  été  liaplisé  dans  le  temple  de 
Charenton,  le  7  oct.  1 657,  montra  plus 
de  zèle  pour  sa  religion  que  les  deux 
minIsIres,  ses  frères.  11  passa  en  An- 
gleterre, où  la  connaissance  de  la  lan- 
gue anglaise  lui  procura  d'honorables 
moyens  d'existence.  Voici  la  liste  de 
ses  publications. 

I.  Les  principes  et  la  doctrine  de 
Rome  sur  le  svjet  de  V excommiinica- 
tion  et  de  la  déposition  des  roys,  Lond. , 
1679,  in-8o;  Paris  [Gen.],  IG81,  in- 
80. —  Trad.  de  l'anglais  de  Barl.  w,  6- 
vêque  de  Lincoln. 

II.  Défense  de  lareligion  chrétienne 
et  de  l'Ecriture  sainte  contre  les  déis- 
tes, Paris,  1681,  in-12.  —  Trad.  de 
Stillingneet. 

in.  Histoire  des  trois  derniers  em- 
pereurs desTurcs,  Paris,  1682,  4  vol. 
in-8o;  1684,  4  vol.  in-12.— Trad.  de 
Tangl.  de  Paul  Ricaut. 

IV.  Histoire  de  la  réformai  ion  de 
Véfjlisc  d' A  vfj  le  terre, Lond.,  l(;83-8r'», 
2  vol.  in-40;  Amsl.,  1687,  4  vol.  in- 
12. —  Trad.  do  l'angl.  de  Burnet. 

V.  Remarques  sur  les  actes  de  la 
dernière  assemblée  du  clergé,  ou  Exa- 
men de  l'Aiertisst^nient  pastoral  etdes 
méthodes  du  clergé  de  France,  Lond., 
1685,  in-12.— Trad.  de  Burnet. 

VI.  Histoire  des  guerres  cirilrsd'  An- 
gleterre sous  Edouard  Het  Richard  II, 
Amsl.,  H.  Des  Bordes,  IGno,  in-12. 

VU.  His  foire  de  l'es  tut  présent  de 
V Eglise  grecque  et  de  V Eglise  armé- 
nienne, Amsl.,  1698,  in-12  ;  2''  cdil. 
revue,  corr.  et  augm  ,  Amst.,  1710, 
in-12. 

KOSEiXSTlEL  (HE>Ri-Cn.\RLEs), 
diplonialo,né  à  .^lieleslicim  (Bas-lihin) 
vers  1750.  Rospnstiel  était  tils  d'un 
pasleur.  11  fitscshumanilés  et  son  droit 
aux  écoles  de  SI raj- bourg.  En  1 7": 6.  il 
fut  allaché  comme  traducleur  au  mi- 
nistère des  alliiiics  étrangères  II  rem- 
plit ces  modestes  lonclions  ju>q»j'à  ce 
qu'en  1 7'v'2  il  fut  clioisi  pour  succéder 
à  Pfeffel  (Vo) .  ce  nom)  dans  le  jiostc 
de  jurisconsulte  du  roi,etnommé^  l'an- 


née suivante,  lors  de  la  réorganisation 
du  ministère,  chef  du  bureau  du  con- 
tentieux. Envoyé  comme  consul  à  EI- 
bing,en  1795,  il  fut  rappelé  de  ce  poste 
sur  la  fin  de  Tannée  1797  et  nommé 
secrétaire  de  la  légation  française  au 
congres  de  Rastadl.  On  connaît  la  fa- 
tale issue  de  ce  congrès  :  nos  commis- 
saires, Jean  Debry,  Roberjot  et  Bonn  ier, 
furent  lâchement  assassinés  (28  avril 
1799)  parles  hussards  de  Szeklers. 
Bosenstiel  eut  le  bonheur  d'échapper. 
Mallel-Du  Pan, en  rapportant  ce  tra- 
gique événement  dans  le  Mercure  bri- 
tannique, du  25  avril  1799, donne  sur 
lui  quelques  détails  intéressants  que 
nous  reproduirons  d'après  la  Biogr. 
univ.  «  Le  secrétaire  en  chefde  la  léga- 
tion, M.  Rosenstiel,  mérite  bien  moins 
encore  que  Roberjot,  d'être  confondu 
avec  ses  supérieurs.  Puisque  son  nom 
amalheureusement  paru  avec  les  leurs, 
je  dois  à  la  justice  de  laver  la  tache 
que  pourrait  lui  imprimer  celte  asso- 
ciation. J'ai  fréquenté  huit  ans  consé- 
cutifs M.  Rosenstiel,  alsacien,  élève el 
ami  du  célèbrePre[rel,elemplo>édans 
le  départ,  des  afTaires  étrangères,  où 
il  avait  acquis  Teslime  et  la  confiance 
des  derniers  ministres  de  la  monarchie. 
Sa  probité,  son  altachement  au  roi  el 
ses  principes,  étaient  tels  qu'il  fui  ré- 
formé par  Dumouriez,  lorsque  ce  gé- 
néral entra  aux   afTaires  étrangères. 
Personne  ne  délestait  plus  sincèrement 
la  révolution.  Elle  l'en  a  puni.  Cassé, 
emprisonné,  ensnile  oublié,  ruiné  el 
père  d'une  nombreuse  faniilie,  il  ac- 
cepta, en  1 796,  pour  subsister,  le  con- 
sulat d'Els('neur[Elbing].  Comme  ilesl 
peut-être  le  seul  individu  en  France 
aujourd'hui  versé  dans  la  connaissance 
de  l'histoire  du  droit  public  de  l'Em- 
pire, le  Directoire  Ta  employé  à  Ras- 
tadt,  où  son  aménité,  sa  modestie,  .^a 
prudence  contrastaient  avec  le  déver- 
gondape  des  agents  suprêmes  de  la  ré- 
publique. ))  Nous  acceptons  l'éloge, 
filais  nous  repoussons  le  blâme  qui 
semble  jeté  là  comme  pour  justifier  le 
plus  lâche  des  assassinats.  A  son  re- 
tour à  Paris,  Rosenstiel  écrivit  an  Pré- 


—  531  — 

cis  des  négociations  du  congrès  de  Ras-  nos  divers  gouvernemenls  saoîî  e  iicou- 
iadt,  appuyé  de  pièces  justif.,  qui  fui  rir  do  disgrAce.  Il  fui  admis  à  la  re- 
déposé dans  les  Archives  du  ministère.  traite  en  1 824,  et  mourut  l'année  âui- 
Rétabli  dans  son  ancien  poste  déjà-  vante,  le  4  fév.  1825. — Undcsesfrères 
risconsulte  et  de  chef  du  bureau  du  fut  directeur  de  la  manufacture  royale 
contentieux^  il  eut  l'art  de  traverser  de  porcelaine  à  Berlin. 


OBSERVATION.  L^article  RossH  ne  pouvant  entrer  dans  ce  volume  à  cause  de  son 
étendue,  nous  profiterons  de  la  place  qui  nous  reste,  pour  corriger  quelques  erreurs  et 
réparer  diverses  omissions. 

T.  VU,  pag.  2,  lig.  2  :  où  professaient.  Lisn  :  où  professèrent. —  P.  58,  1.  It,  col. 
b  :  comme  par  miracle.  Ajoutez  :  Il  y  avait  accompagné  Rtiice  de  France,  à  qui  le  colloque 
du  Beauvoisis  avait,  en  1571,  consenti  à  le  préer  pour  quelque  temps  {Foivls  d»;  Mhnnt, 
N»  8737).  —  P.  48,  1.  3,  col.  b  :  il  ne  reste  plus,  d'après  Walpole.  Lisez  :  il  ne  reste 
plus,  d'après  Dallaway  et  Walpole,  que  den\  bustes  de  Charles  ]♦•%  l'un  à  Oxford,  l'autre  à 
Stourbead,  la  statue  enbronze,  etc.  —  P.  58,  I.  21,  col.  a  :  né  à  Orléans  ver?  1048.  Usez  : 
né  à  Orléans  en  1646,  d'après  Pauteurdes  Hommes  illustres  de  TOrléanais.  -  P.  58, 1.  55^ 
col.  a:  il  passa  en  Angleterre.  Ajoutez:en  1700,  selon  les  Mémoires  de  Rou. — P.  100, 
I.  47,  col.  b:  trois  de  ses  pastels.  Usez  :  quatre  de  ses  pa>tel9  :  l**  M"'"  Lnnrgne,  nièce  de 
Cartiste;  —  2°  Le  marérhal,  elc.  —  P.  101, 1.  4,  c<fl.  a:  le  duc  de  Ricbelieu.  Ajoutez  :  La 
Galerie  de  Vienne  a  de  lui  un  email  sur  porcelaine  représentant  une  yieille  ff^mmc  qvi 
s'est  endormie  en  hsan/  In  Bibt^,  peint  en  1760.  —  P.  128,  |.  33,  col.  a  :  Loride  de*  Gales* 
nières  a  publié.  Ajoutez  :  sans  parler  d'un  grand  nombre  defactums  pour  des  particulier» 
et  des  églises.  —  P.  128,  1.  S5,  col.  a:  au  lieu  de  1681,  lisez:  1661,  et  ajoutez  :  Ht^pcnse 
nu  livrât  intitulé  Maximes  à  observer  au  jugement  des  partages  (par  Bernard],  sans  nom 
de  lieu  [t661J,  in- 4".  —  P.  128,  1.  10,  col.  b  :  présidence  de  Rambours.  Ajoutez  .et  de 
Snmnel  Des  Marets.  -  P.  17  i,  note  :  Jeanne  llretean.  Ajtyutez  :  qui  lui  donna  Jean,  né  le  if 
mars  1668.  A  la  fin  de  la  note,  ajoutez  :  Honoré  Maittaïer  était  sans  doule  fils  û'Hcnoré 
Mestayer,  tailleur  d'antiques,  marié  à  Susanne  Aiiseau^  dont  nous  connaii^sons  un  autre  eo- 
fant,  Claudia,  née  en  1616.  —  P.  18i,  1.  2,  col.  b:  jusqu'en  1688.  Ajoutez  :  Il  laissa 
une  fille  qui  fut  élevée  sous  h  curatelle  de  Papin.  —  P.  189,  1.  48,  col.  b;  Au  lieu  de 
1710, /*s^2;  1723.—  P.  190,  I.  30,  col.  a:  par  l'empereur.  Ajoutez  :en  1810.— P.  211, 
I.  27,  col.  b  :  Sujfprimez  ;à  son  tour. — P.  245,  col.  b,  dernière  ligne  :La  Croix  du  Maine. 
Lisez  :  Du  Verdier.  —  P.  2i8,  I.  36,  col.  b  :  Mndns.  Lisez  :  Nicolas  Purillr^  lorrain.  — 
P.  253,  note  et  passim.  Au  lieu  de  Cliarleslown,  /<.s''zCharleïilon. — P.  259,1.  22,  col.  a: 
trad.  en  angl...  1571,  in-16.  Renvoyez  an  .V»  VI.— P.  263,1.  16,  col.  a  :  au  lieu  de  1721, 
iistz:  1621.  —  P.  263,  noie  :  et  dont  nous  ignorons  la  religion.  Lisez: ei  qui  était  vrai- 
semblablement catholique,  puisqu'il  fut  admis  à  l  Académie  le  2i.  mars  1702. — P.  293, 
noie  :  et  un  ministre...  à  Gassel.  Lisez  .et  Frnn<;ots  Muriel,  qui  fut  appelé  à  Casïielen  1719. 
Nommé  prédicateur  de  la  cour,  il  fut  élevé,  en  1721,  au  rang  d'inspecteur  des  colonies 
fran(  lises  de  la  Ilessc-Eleclorale,  et  chargé,  en  cette  qualité,  de  soumettre  les  églises 
ù  une  discipline  uniforme.  —  P.  337,  col.  a.  Ajoutez  aux  uuvragcs  de  Mcriat  :  Ia  (jloire 
de  lu  'loix  uu  Sermons  sur  (juI.  Vi,  1  i,  Laus.,  1681,  in-8»,  et  /^  vrai  pif'tismr  ou  Sermon 
sur  II  Cor.  /,  2i,  Laus.,  lG9i),  in-8".  —  P.  3il,  1.  40,  col.  b:  Dés  que  le  désir  de  la 
vengeance  eut  fait  place  dans  leur  cipur  à  l'effroi.  Lisfz:  Dés  que  l'effroi  eut  fait  place  dans 
leur  cœur  au  désir  de  la  vengeance.  —  P.  341,  1.  Il,  col.  a  :  firent,  listz  fil. —  P.  396, 
1.  43;  col.  b.  Le  l*"'  déc.  Lisfz  :  En  octobre.  —  P.  iOI.  Ajoutez  à  la  liste  des  ouvrages 
de  Meslrezal:  Mnlitatiou  sur  Ciuairnatiifu  de  A.  8.  iMlh.  et  sur  le  lèyitime  honntur  de  la 
bienheureuse  \ierge,  w  Sermon  sur  Lue  J^  59-43,  Sedan,  1615,  in-18,  et  Jhi  fruit  quinms 


—  bô'i  — 

revient  de  la  communion  à  J,~Ch,  et  de  la  manière  de  notre  justification,  ou  trois  Sermons  sur 
Eph.  II,  5-10^  SedaO;  1650^  in-18^  sermons  qu'aucune  bibliographie,  à  notre  connais- 
sance, ne  mentionne,  et  qui  nous  sont  signalés  par  M,Ath.  Coquerel  père. — P.  il2,  l.  i5^ 
col.  S  :  le  5  mars  1652.  Ajoutez  :  à  Tâge  de  51  ans.  —  P.  424,  col.  b,  note.  Ajoutez  : 
Nous  ne  connaissons  pas  ce  sermcn,  mais  nous  savons  que  la  Bibliolh.  de  Grenoble  pos- 
sède un  exemplaire  de  deux  autres  sermons  du  même  Jean  Bernard,  prononcés  dans 
Téglise  de  Saint-Romain,  où  s'assemblaient  alors  les  fidèles  de  Lyon,  et  imp.,sans  nom 
de  lieu,  1681,  in-S*»,  sous  co  titre  :  L'onctimt  sainte  représentée  en  deux  servions  par  Jean 
Bernard,  ministre.  Outre  ces  deux  sermons,  que  nous  n'avons  pas  vus,  nous  en  avons  eu 
entre  les  mains  un  troisième,  dont  voici  le  titre  :  La  vision  de  la  face  de  Dieu  ou  premier 
sermon  sur  Vs.  XVII,  verset  dernier,  Gen.,  1687,  in-12,  prononcé  dans  l'cglise  française 
de  Berne.  Il  paraît  que  Bernard  en  fit  imprimer  deux  autres  sur  le  même  sujet.  — P.  ii.5^ 
1.  1,  col.  b  :  à  plusieurs  synodes  nationaux.  Ajoutez  :  Dans  son  Dict.  des  livres  condamnés 
au  feu,  Peignot  lui  attribue  :  Aspergilk  chrétien  ou  Réfutation  des  erreurs  de  Th.  linvenel, 
migustin,  en  son  Traicté  de  l'antiquité,  propriété  et  miraculeux  effects  de  l'eau  bénite, 
Saumur,  1624,  in-S». —  P.  500,  note.  Ajoutez:  11  mourut  à  Eschery,  en  1560.  C'est  lui 
qui  organisa  l'église  de  Sainte-Marie-aux-Mines,  pour  laquelle  il  composa  une  (on/Vssion 
de  foi,  ainsi  qu'une  Discipline  ecclésiastique,  qui  vient  d'être  publiée  par  M.  Drion. — P.  502, 
1.  8,  col.  a  :  par  des  ministres  de  Troyes.  Lûez.par  Franelle,\in  des  ministres  de  Troyes. 

—  P.  502,  l.  52,  col.  a  :  mais  le  ministre.  Lisez  .mais  le  ministre  Franelle.  —  P.  552, 
1.  5,  col.  a  :  Rotan,  Usez:  Rofum, —  P.  552, 1.  45,  col.  a  :  où  il  mourut.  Ajoutczen  1655. 

T.  VIII,  p.  65,  col.  b.  Ajoutez  aux  ouvrages  de  Pacard  :  Avis  aux  fidèles  snr  Cnposlasie 
de  M.  Pierre  Caliier  et  réponse  sommaire  mix  prétendues  raisons  de  sa  révolte,  2*"  édit.,  s.  1. 
1596,  qu'une  note  msc.  sur  Texemplaire  que  possède  la  Bibl.  Alazarine  lui  attribue.  — 
P.  77,  L  54,  col.  2.  Anne  de  Varthenay,  Usez  :  Marie  de  Mootcbenu.  —  P.  90,  note. 
Ajoutez  :  Aux  vitraux  peints  qu'on  lui  attribue,  Landon  (Annales  du  Musée,  T.  XVI) 
ajoute  :  La  Nativité  de  J.-CA.  d'après  le  Primatice,  la  Circoncision  et  k  Connétable  de  Mont- 
morency, autre  que  celui  déjà  cité.  Ces  vitraux  se  trouvaient  au  Musée  des  monum.  franc. 

—  P.  242, 1.  45,  col.  b  :  le  seul  protestant  français.  Ajoutez:  de  ce  nom.  —  P.  272, 1.  7^ 
col.  a.  Amst.  1647,  in-8<'.  Ajoutez  :ei  parle  titre  d'un  autre  ouvrage,  qui  parait  original 
et  sur  lequel  il  prend  la  qualité  de  parisien.  Nous  voulons  parler  des  Soupirs  salutaires  de 
Hélie  Poirier,  Amst.  1666,  in-12.  -  P.  285, 1.  48,  col.  b  :  du  1 8  au  1 9  fév.  Ajoutez  :  1 565. 
— P.  567,  l.  27,  col.  b  :  en  1714.  Ajoutez  :  N.  Rally  ne  seiait-il  pas  le  même  qu'André 
BàUy  (Rallius),  auteur,  selon  Lipenius,  de  Hacyloniaecclesiarum  cvangelicamm,  Gen.,  1659, 
in-80?  —  P.  571,  I.  40,  col.  b  :  né  à  Sedan.  Ajoutez  ;de  François  Rambovr,  bourgeois  de 
cette  ville.  —  P.  572,  1.  9,  col.  2  :  l'académie.  Ajoutez  :  Il  avait  épousé  à  Metz  Susaniw 
Le  Duchat,  le  9  août  1620.  —  P.  457,  1.  52,  col.  b  :  ministre  de  Tonneins-Dessous. 
Ajoutez  :  depuis  1669. 

Nous  ne  croyons  pas  nécessaire  de  signaler  une  ou  deux  erreurs  dans  la  pagination. 
Nos  lecteurs  ont  remarqué  sans  aucun  doute  qu'il  n'y  a  aucune  lacune  dans  le  texte. 


Parii — Imprimé  par  £.  Thunot  et  G>*,  rue  Racine»  26. 


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