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ANDOVER-HARVARD THEOLOGICAL
LIBRARY
MDCCCCX
CAMBRIDGE, MASSACHUSETTS
LA FRANCE
PROTESTANTE
TOME VIIl
Taiis.— Irrrnn-.i' pr E. Tui'XOT et C"'. v.t Ut lie, iù.
Al 0
LA FRANCE
PROTESTANTE
ou
VIES DES PROTESTANTS FRANÇAIS
QUI SE SONT FAIT UN NOM DANS L'HISTOIRE
f
DEPUIS LES PREMIERS TEMPS DE LA REFORMATION
JL'SgU*A LA RECONNAISSANCE DU PRINCIPE DE LA LIBERTE DES CULTES
PAR l'aSSEBIBLëE NATIONALE
onVRÀGB PRBCÉDK
D'UNE NOTICE HISTORIQUE SUR LE PROTESTANTISME EN FRANCE
BniVI DB PIÈCES JUSTIFICATIVES
ET BÉDIOS BCR DES 00CD1U9ITS KS OBARDE FABTIE INÉDITS
PAB
MM. EDG. ET ÉM. HAAG
TOME VIII
HAGEL — KOSEKtfTIEI.
PARIS
JOËL CHERBULIEZ, LIBRAIRE-ÉDITEUR
10; RUE DE LA MONNAIE; 10
GENÈVE, MÊME MAISON
1858
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LA FRANCE
PROTESTANTE
NAGEL (Burcàrd)^ abbé de la ri-
che abbaye de Mùoster, converti aa
protestantisme. En 1536^ à la suite
d^an arrangement concla avec ses
moines^ Nagel donna sa démission et
se retira à Malhonse^ où il ne larda
pas à abjurer publiquement et à pren-
dre femme. Son abjuration irrita les
moines, qui refusèrent de lui payer la
pension qu'ils lui avaient promise.
Mulhouse, qui lui avait accordé les
droits de bourgeoisie, ayant pris sa
cause en main, il en résulta un procès
qui se termina, après la mort de Nagel,
par une sentence arbitrale du magis-
trat de Colmar, portant que le couvent
de Munster payerait les dettes de son
ancien abbé et donnerait à ses héritiers
une somme de 200 florins comme dé-
dommagement.
En 1543, l'exemple de Nagel fut
suivi par le curé de la cathédrale de
Munster, Thomas Wiel, qui embrassa
publiquement la Réforme et Tinlro-
T. Vlll.
duisit dans cette ville sans rencontrer
de résistance de la part des magis-
trats, mais non pas sans opposition du
côté des moines [Voy. LEGKDEIG).
NARBONNE-GAYLUS (Glaudb
db), baron de Fàugères, Lunas, etc.,
vaillant chef huguenot et un des fa-
meux Vicomtes du Quercy, était fils de
Jean de Narborne et de Béatrix de
Fàugères. Dès 1 562, le baron de Fàu-
gères mit son épée au service de la
cause protestante {Voy. IV, p. 130);
malheureusement il ternit ses exploits
par les excès qu'il laissa commettre à
ses soldats. En 1568, les Catholiques,
proûtant de son absence, surprirent
son château. Son neveu, Scânt-Pierre,
les en chassa bientôt après ; mais il pré-
tendit garder ^a conquête, en sorte que
Fàugères indigné appela à son aide le
baron de Rieux, dont il acheta le se-
cours en changeant de parti. Dès Tan-
née suivante cependant, il se refit
protestant, et soutenu par les habi-
1
NAR
— 2 —
NAR
tants de Castres^ il réussit à expulser
de son château la garnison que de
Rieux y avait mise. Une tentative du
gouverneur de Béziers pour le re-
prendre n'eut aucun succès (Voy. VI,
p. 2i8). En 1573, Faugères, ayant
fait reconnaître Lodcve par Gressac et
ScUmon, tous deux originaires de cette
ville, trouva le moyen de s'en rendre
maître en s'introduisant dans ses murs
par un aqueduc. Les habitants se dé-
fendirent avec courage et livrèrent aux
assaillants un rude combat dans lequel
Etienne de Beyne, sieur de Gos, reçut
un coup d'arquebuse qui le mutila
d'un bras; mais leur bravoure ne ser-
vit qu'à irriter les soldats hugue-
nots, qui souillèrent leur victoire par
de terribles vengeances. Le 24 août
1574, le baron de Faugères assista à
l'assemblée de Montauban. En 1575,
il exerça le commandement en chef
dans les diocèses de Béziers, de Lo-
dève et de Narbonne. En 1577, il
marcha avec ChûiiUon au secours de
llontpellier. L'année suivante, les
Catholiques l'assassinèrent dans son
château, a Sa tète, lit-on dans les
Pièces fugitives d'Aubaïs, fut apportée
à Lodève, oîi l'on s'en joua par les
mes. »
Claude de Narbonne-Caylus avait
épousé à Béziers, en 1 544, Marquise
de Gep, dame de Rocozels, dont il eut
trois enrants : 1<> Jean, qui suit; —
2» Màrik, femme, en 1571, de Jean
de Roquefeuil, puis de Jean de Fer-
fier, dit le capitaine La Peyre, dont
elle était veuve en 1 610 ; — 3« Mar-
quise, épouse, en 1581, de Guillaume
de Ferroul, sieur de Foussilion, d'Ajac
et de Laurens.
Jean de Narbonne-Caylus, baron de
Faugères, Lunas et Rocozels, s'allia,
en 1589, avec Antoinette Du Caylar,
fille de Guillaume , coselgneur de
S|;>ondillan et de Puyserguier, et d' Isa-
beau de Lort, Il mourut avan. 1G40,
laissant cinq enfants : !<> GijILlaume,
né en 1597, qui eut pour parrain An-
toine Je Grate^, sieur de Saint-Martin,
et pour marraine» Marguerite de Gep ;
il précéda son père dans la tombe ;
— 2° Henrt, qui suit ; — 3° Jacques,
baron de Lunas, présenté au baptême
dans l'église de Bédaricux, en 1607,
par Jacques de Vignolles, président
en la Chambre de Tcdit de Castres, et
par Anne de Boyer (Arch. gén. Tt.
257). Il épousa, en i6ôô, Marguerile
MoreAon, et vivait encore en 1669;
— 40 Isabelle, née en 1599 et ma-
riée, en 1614, avec Jean de Perrin,
sieur de La Bessière; — 5*» MARQursE,
née en 1 600, et présentée au baptême
par Jean de Ferroul et Marie de Nar-
bonne ; elle épousa, en 1623, Abel
Des Landes, sieur de Saint-Palais.
Henri de Narbonne-Caylus, né en
1 604 et présenté au baptême, le 1 8
octobre, dans l'église de Bédarieux
par Marc de Ferroul, sieur d'Ajac, et
Jacquettc de Ferroul (Arch. Tt. 257),
mourut le 27 septembre 1659, ayant
été marié deux fois : la première,
avec Isabeau de Vignolles, fille du
président de la Chambre de l'édit; la
seconde, en 1641, avec Isabeau de
Bargeton, fille de Louis, sieur de
Cabnères. Du premier lit vinrent :
1» Jean-Jacques, mort en 1648 ; —
2« Antoinette, mariée, en 1 649, à
Louis de Ribes, sieur de Lésignan, et
morte en 1684. Du deuxième sorti-
rent : 50 Pierre, baron de Faugères,
qui émigra à la révocation et fut
nommé conseiller d'ambassade par
Télecleur de Brandebourg ; il mourut
en 1694. Sa femme, Louise de Moro-
gués, qui avait été retenue en France,
feignit d'abjurer en 1686; mais elle
profita de la première occasion favo-
rable pour aller rejoindre son mari à
Berlin (Voy, Vil, p. 543) ; — 4* Jean-
Gabriel ; — 50 Henri, sieur de Sour-
lan,capitainedecavalerle,quifutmisen
possession de la baronnie de Faugères
après son abjuration, et épousa, en
1705, une nouvelle catholique Marie-
Anne de Pascal, fille de Jacques, sieur
de Saint-Félix, et de Joachime de Moro-
gués, qu'il laissa veuve sans enfants,
en 1706 ;— 5'» Anne, morte à Berlin,
où elle s'était réfugiée; — 6» Isabeau,
NAR
3 -
NAR
mariée à Jacques de Rozel-Beaumonty
conseiller d'ambassade en Prasse^ et
morte sans enrants en 1 725.
NARDIN ( jEATf-FRÉDÉRtc )^ pas-
tenr^ né à Monlbéliard^ le 29 août
1687^ et mort à Blèmont^le 7 décem-
bre 1728. Sa vie a été écrite par le
pasteur J.-J, Duvemoy; elle nous ser-
vira de guide pour cette notice. Nardin
était le douzième enfant du pasteur
Daniel Nardin, vice-surintendant des
églises de la principauté de Montbé-
liard (mort en novembre 1707) et de
Marie, fllle de Charles Duvemoy. Ses
parents le destinaient à la magistra-
ture; dès l'âge de seize ans, ils l'en-
voyèrent à l'université de Tubingue.
Mais les Inclinations du jeune homme
n'avaient pas été consultées ; un cer-
tain penchant au mysticisme l'entraî-
nait irrésistiblement vers l'étude de la
théologie. Dans cette disposition d'es-
prit^ tout lui était pronostic et aver-
tissement, comme si le Ciel ne se
fût occupé que de sa personne. Noos
sommes tous portés plus ou moins à
nous faire le centre de Tunivers. Du-
vernoy nous fournit un exemple cu-
rieux de cette sorte d'hallucination
qui travaillait le jeune Nardin. En
route pour Tubingue, il lui arriva
d'égarer son épée (car à celte époque
jQsqn'aax écoliers portaient l'habit de
coar), et au lieu de s'en prendre à sa
négligence, il s'en prit au destin et
écrivit à ses parents : « Que la Provi-
dence ayant permis qu'il perdit son
épée, il ne pouvait regarder cette perte
que comme un avertissement, par
lequel Dieu voulait lui faire entendre
qu'il n'était pas appelé à porter des
armes terrestres, mais l'épée de l'Es-
prit, qui est la Parole de Dieu; et
qu'en conséquence ils ne trouvassent
pas mauvais qu'il se vouât au service
de l'Eglise. ^ C'est ainsi que nous ra-
petissons Dieu en le faisant à notre
taille. L'orgueil touche de près à l'hu-
milité. Différentes autres petites cir-
constances, toutes naturelles et insl-
gniOantes, lui parurent autant d'aver-
tlMemento singuliers qui l'entretinrent
de plus en plus dans son Idée, et ses
parents finirent par céder. Heureuse-
ment que, dans ce cas, les présages
n'avaienlpas menti. Aprèsavoir achevé
son cours de théologie, Nardin accepta
la charge dMnstituteur dans une fa-
mille particulière. U remplit cette
place de confiance avec le plus grand
dévouement, jusqu'à ce qu'en 1 7 1 4 le
prince de Blontbéliard le rappela dans
sa patrie pour le pourvoir du diaconat
de l'église d'Héricourt. Il entra en
fonctions le 1 2 juin. Son zèle, parfois
inconsidéré, ne tarda pas à lui attirer
des ennemis. « On publia, écrit Duver-
noy, que Nardin n'était pas de la reli-
gion protestante; on exposa un certain
nombre d'articles de sa doctrine qu'on
prétendait y être contraires; on qua-
lifia de conventicules suspects et pro-
hibés les entretiens qu'il avait avec
ses amis, et les instructions qu'il don-
nait en particulier à ses auditeurs; on
le traduisit par-devant les Juges civils
et ecclésiastiques; Il fut obligé de
rendre compte de ses paroles et de ses
démarches, et comme la pluralité des
voix se réunit rarement en faveur des
enfants de Dieu quand ils ont à plaider
devant des tribunaux humains, on le
jugea dûment atteint de singularisme
et suspect d'hétérodoxie. En consé-
quence, il fut suspendu de sa charge
et privé de son bénéfice. » En lisant
cette appréciation, on ne doit pas ou-
blier que l'auteur était lui-même imbu
des doctrines des Plétistes (1). Laper-
(1) t Depuis le commeDcement du siècle, lit-
on dans le Précis de la Réformation dans le comlè
de Monlbéliard, les opinions religieuses des chré-
tiens designés en Allemagne sous le nom de
Piélistea et de Frèra de Punité, s'étaient répaa*
dues dans le pays de Monlbéliard. /.-/. PeUelier,
ministre à Yandoncourt, puis à Allanjoie, fot
parmi nous un de leurs premiers partisan)!, et il
les avait propagées avec ardeur. Son fils, Georgei'
Léopold^ longtemps son Ticaire arant de passer à
l'église de Montbéliard, ne déploya pas moins dt
zèle à répandre ces doctrines qu'il avait pniséei
à l'école du célèbre SpencVt predirateur à Stras-
bourg, homme d'une piété exemplaire et d'une foi
profonde, qui avait visité Mootbéliard en 1659.
[Serait-ce Inl ou un do ses descendants qui eut U
gloire, dès 1708, de préparer les voies an fameux
OberUn, au Ban de La Roche? Le nom de Pelle-
NAR
_ 4 _
NAR
socution ne s'arrêta pas là. Cité à
comparaître par-devant l'intendant de
la Franche-Comté (car alors la sei-
gneurie d'Héricoart relevait da roi de
France), Nardin se rendit à Besançon
(février 1717); mais l'intendant se
montra plus accommodant que mes-
sieurs du consistoire, 11 le renvoya
gracieusement en lui disant : <c Votre
doctrine me parait d'autant meilleure,
que c'est cela même qu'enseignent les
plus zélés de nos docteurs catholiques.
Je prévois que vous avez des ennemis
que votre doctrine effraie, et auxquels
votre exemple donne de la confusion;
ainsi, soyez sur vos gardes, et comptez
sur ma protection aussi longtemps
que vous n'entreprendrez rien contre
la religion, ni contre les intérêts de
mon maître. » Ce jugement bienveil-
lant de l'intendant catholique contribua
peut-être à faire revenir les compa-
triotes de Nardin à des sentiments
plus charitables, a Après que ses juges,
écrit Duvemoy, l'eurent examiné de
plus près, et qu'ils eurent confronté
son apologie avec les frivoles accusa-
tions intentées contre lui, ils ne tar-
dèrent pas à rendre justice à la pureté
de sa doctrine et de ses mœurs. Par
on jugement absolutoire, il fut reconnu
et déclaré orthodoxe, innocent de toutes
les mauvaises pratiques dont on l'a-
vait soupçonné; en conséquence, il
fut réhabilité dans toutes les fonctions
du ministère et établi diacre de l'église
de Blàmont, le 22 juin 1718. » L'in-
tendant de la Franche-Comté qui avait
lier êft resté Ténéré dans la commananté, où l'on
ebante encore nn canliqoede sa composition]. £n
même temps que les pasienrs nommés plus hant,
le diacre/.-F. Nardin et le ministre J.-N. YaUti-
àet'Barre» osaient de leur influence pour en mul-
tiplier les seclateurs à Héricourt, à Laire,à Tavel
el dans tout le Toisinage. £n plusieurs endroits,
OD forma des réunions particulières ou conven-
fiMrfea, dont les membres se livraient à des pra-
tiques d'une austère dévotion ; les assemblées de
Ifootbéliard avaient à leur tête le ministre alle-
BMod [c'est-à-dire de l'église allemande] J.^.Du-
Mmoy. Lee pasteurs Frie» [destitué en 1758, il
M relira en Allemagne chez les frères Moraves],
eGoiithenansya«9«tn, de Yandoncoort, et un peu
phis tard, Paur, d'£tobon, puis de Clairegontle,
ii*bétilèrenl point à s'y rattacher. •
aussi la haute main dans cette sei-
gneurie, ne cessa de lui témoigner son
estime dans toutes les occasions; il
allait jusqu'à prendre son avis sur le
choix des fonctionnaires qui étaient à
sa nomination. Nardin remplit avec le
plus grand zèle ses fonctions pasto-
rales ; il y avait en lui les qualités
d'un vrai pasteur, l'amour, la foi, la
charité, mais l'exaltation offusquait
parfois son jugement : aussi son ensei-
gnement fut-il moins fructueux qu'il
n'aurait pu l'être. La population à la-
quelle il s'adressait était trop franche-
ment sociable pour se repaître de
doctrines antisociales. Il est sans doute
beau de prêcher le renoncement au
monde, mais il ne faut te prêcher que
dans de certaines limites dont la raison
est Juge. Ne méconnaissons pas les
conditions de notre nature. Le plus
saint des anachorètes n'est qu'un
monstre d'égoïsme. Dieu n'a pas créé
l'homme pour une vie de contempla-
lion. Ne vivre que dans la prière est
une mort anticipée, c'est un suicide.
L'excès du bien n'est plus un bien.
Voilà ce que Nardin n'a pas compris,
a II était né, dit Duvernoy, avec des ta-
lents naturels assez heureux, et ce
qu'il avait acquis par l'éducation et le
travail, la grâce divine l'avait sanctiflé
et augmenté de ses dons. La piété,
dont il a sincèrement et constamment
fait profession, n'avait point cet air
sombre et dédaigneux qu'affectent les
faux dévots. L'inclination qu'il avait
à vivre dans la retraite ne le rendait
point farouche, et sa grande applica-
tion à l'étude n'empêchait pas que son
humeur ne fût ouverte et même en-
jouée. Sa gravité était accompagnée
d'humilité et de douceur. Il était pré-
venant, affable, populaire, obligeant
et libéral, même au delà de ce que lui
permettaient ses facultés Son appli-
cation à la prière était infatigable ; il
y vaquait presque continuellement
A ces qualités du cœur, H. Nardin
joignait les talents de l'esprit, et des
connaissances analogues à son état. Il
est vrai qu'il ne faisait pas, non plus
NAS
— 5 —
NAT
que Saint-Paal^ grand cas de la scienca^
ni de l'éloquence humaine; mais sans
être savant^ il était assez versé dans la
science ecclésiastique. Il possédait
l'allemand^ le latin et le grec, et en-
tendait passablement l'hébreu et l'an-
glais Dans ses sermons^ M. Nardin
tirait moins parti de son savoir que des
sentiments de son cœur ; il étudiait
plus dans la prière que dans les li-
vres... A la réserve des Sermons que
sa Camille lui avait demandés, et qu'elle
a fait ensuite imprimer, il n'en écri-
vait aucun en entier ; il se contentait
de faire une courte disposition des
principaux points sur lesquels il devait
parler. » Ces sermons ont Joui et Jouis-
sent encore d'une certaine réputation
parmi les Protestants. Nardin vécut
dans le célibat. Son exaltation reli-
gieuse contribua sans doute à user de
bonne heure en lui les ressorts de la
vie, il mourut à l'âge de quarante et un
ans. Nardin fut le dernier diacre de
l'église de Blâment. Cette église fut
supprimée après sa mort, en Janvier
1729. On a publié de lui:
I. Le Prédicateur évangéUque, ou
Sermons pour les dimanches et les
principaUs fêtes , Bâle, i 735 ; Montbé-
liard, 1750, in-4<>; nouv. édit., revue
et retouchée, précédée de la Vie de
l'auteur, par J.-J. Duvernoy, Montb.,
1754, in-4*; 4* édit., Paris, 1821,
4 vol. in-8<». — La Vie de Nardin, par
Duvernoy, fut réimpr., avec des aug-
mentations, par Choffin, Halle, 1759,
in-8*, et avec quelques retranchements,
Strasb., Levrault, 1847, in-12.
II. Psaumes et cantiques spirituels,
publ. par Choffln, Halle, I7i0; nouv.
édit., 1755, in-12. — Ces cantiques
sont en partie trad. de l'allemand ; nous
les avons attribués à tort à Choffin
(Voy. ce nom), sur la foi de Meusel.
NASSER (Barthélémy), ministre
protestant, né à Strasbourg en i 560,
fit ses études dans sa ville natale, et
alla visiter ensuite les principales uni-
versités de l'Allemagne. Diacre de la
Cathédrale en 1 590, pasteur de Saint-
TlMMdiaaen 1593, H obtint plus tard la
chaire de théologie à l'université de
Strasbourg, où il remplit aussi les
fonctions de recteur. Il mourut, le
21 avril 1614, président du chapitre
de Saint-Thomas. On a de lui, selon
Rotermund et Lipenius :
I. Geistlicher Posaunenschall ,
Strab., 1612, 1617 et 1623, in-4*.
— Recueil de 62 sermons.
II. ErkUirung der VU Buss-Psal-
men in XXV Predigten, Strab. ,1612,
in-4«. '"
III. Predigten [XXXIX] iiberPass.
Ext. cum PostiUâevangeUcd, Strab.,
1621, in-fol.
lY. EpisteUPostiUey Leipz., 1621,
in-fol.
y. EvangeUcorPostUla , Frankf.,
162l,in-fol.; Arg., 1621, 1654, fol.
VI. Leichenpredigten Uber das
Alte und Neue Testament, Strab.,
1623, ln-40. — Autre recueil de 85
sermons.
NATALIS, nom d'une famille d'o-
rigine italienne, établie à Montauban,
où Jean de Natalis, docteur en droit
et avocat, remplit avec honneur, en
1628, les fonctions de premier con-
sul. Un de ses descendants, nommé
aussi Jean, suivit la carrière des ar-
mes, s'éleva au grade de colonel, et
obtint^ lors de sa retraite, la place de
trésorier général. A la révocation de
l'édit de Nantes, il resta en France,
retenu nous ne savons par quel mo-
tif (1); mais il fit passer en Suisse, et
de là en Prusse, son fils, qui portait
également le nom de Jean, et sa fille,
Marthe, qui épousa Etienne de Cor-
dier. Plus tard, il réussit à sortir, à
son tour, du royaume, et se réfugia à
Berlin. Frédéric I«r lui donna le titre
de conseiller d'ambassade. Il mourut
dans un voyage qu'il fit à Aigle pour
y chercher sa femme Marthe de Co-
lom.
Né à Montauban, en 1670, le Jeune
Jean de Natalis entra dans le corps
des cadets , et servit avec distinction
daus toutes les campagnes de Frédé-
(1) En 1686, on NaUlis, qualifié d'aTOCtt, fut
relégué à n<Hnrront [Arth. gin. M. 671).
NAl
— 6
NAU
rie l«^ Il arriva par sa valeur au grade
de lieutenant-colonel dans le régiment
4e Varennes^ et fut nommée en 1 71 9,
commandant de Pillau. Ëlevé, en i 721 ,
au grade de colonel, il obtint^ en
1727^ le régiment vacant par la mort
du général de Sers. En 1 742, le roi de
Prusse le nomma gouverneur de Neu-
cbàtel. Natalis mourut dans cette ville,
le 29 mars 1754. il avait épousé, en
1720, Susanne-Charlotte de Lafar-
guty fllle d'un conseiller à la«hambre
de commerce de Kdnigsberg. Après sa
mort, sa veuve retourna à Berlin, où
elle finit ses jours en 1779. Trois de
ses fils ont servi avec bonneur sous
les drapeaux prussiens. L'alné, nommé
Paul, né à Pillau en 1721, s'éleva au
grade de générai-major, et mérita par
ses services la décoration de l'ordre
du Mérite. Il mourut à Crossen, le
4 avril 1789. Le second, mort en
1784, avait le grade de major; et le
troisième portait déjà les épaulettcs
de capitaine, lorsqu'il mourut de ses
blessuies. Ils avaient une sœur, Annb-
CHARLOTTB, qui S'établit à Crossen.
NAUDÉ (Philippe), matbémati-
cien, né à Metz, le 28 décembre 1 654,
et mort à Berlin, le 7 mars 1729.
A l'âge de douze, le jeune Naudé
entra comme page à la cour de Saxe-
Eisenach. Participant aux études et
aux jeux du jeune prince , qui lui té-
moignait de l'aOection, il voyait s'ou-
vrir devant lui une belle carrière,
lorsque, au bout de quatre ans, son
père, on ne nous apprend pas par
quel extravagant caprice, le rappela
auprès de lui. Ses parents n'avaient
ni les moyens ni la volonté de le pous-
ser aux études; ils ne lui firent don-
ner aucune instruction; tout ce qu*il
savait, et il savait beaucoup en litté-
rature latine, en mathématiques, en
théologie, il l'avait appris sans maître.
Zélé pour sa religion, il ne voulut
point rester en France, après que le
culte protestant y eut été interdit. Il
partit de Metz le jour même où le
temple fut fermé, emmenant avec lui
sa femme et son fils. Il réussit à ga-
gner Saarbruck, puis il se rendit à
Hanau, où il séjourna environ deux
ans. De Hanau, il alla s'établir à Ber-
lin, où il obtint, en 1687, la place de
professeur de mathématiques au col-
lège illustre de Joachim, place à la-
quelle il joignit, en 1690, celle de
secrétaire interprète. En 1696, il fut
nommé informateur des pages et ma-
thématicien de la cour, et, la même
année, il succéda à Langerfeld dans la
chaire de professeur de mathémati-
ques à l'Académie de peinture. En
1701, la Société des sciences se l'as-
socia, et lorsque le roi de Prusse
fonda, en 1 704, l'Académie des prin-
ces, il fut chargé d'y donner les leçons
de mathématiques, il mourut à 74 ans,
père d'une nombreuse famille. Voici
la liste de ses ouvrages :
I. Méditations saintes sur la paix
de l'âme, Berl., 1690, ln-12.
II. Histoire abrégée de la naissance
et des progrès du kouakérisme, Golog.,
1692, in-12. — Cet ouvrage lui est at-
tribué par Barbier, sur la foi de Mylins.
m. Morale évangélique opposée à
quelques morales philosophiques pu-
bliées dam ce siècle, Berlin, 1699,
2 voi. in-8<».
IV. Geometria zum Gebrauch der
FUrstenakademie,Ber\., 1704, in-4*.
— Peut-être le Grilnde derMesskunst,
publié à Berlin, 1706, in-4o, n'en
est-il qu'une réimpression.
V. La souveraine perfection de Dieu
dans ses divins attributs , et la par-
faite intégrité de V Ecriture prise au
sens des anciens Réformés y défendue
par la droite raison contre toutes les
(éjections du manichéisme répandues
dans les livres de Bayle, Amst., 1 708,
3 tomes en 2 vol. In-l 2. — Dans ce
traité, Naudé s'attache à réluier Bay le.
Le Clerc et Jaquelot l'avaient fait
avant lui; mais, dans son opinion^
avec très-peu de succès : ils venaient,
dit-il, d'être écrasés par le dernier
ouvrage du philosophe de Rotterdam.
Le premier volume est consacré à Tex-
plicatlon de l'origine du mal dans le
monde. L'auteur se prononce énergi-
NAi:
— 7 —
NAU
qnement poar le système des supra-
lapsaires^ et son inflexible logique
n'hésite pas à tirer de certains pas-
sages de l'Ecriture pris à la lettre celte
conclusion révoltante que Dieu est
l'autgir du péché; il est vrai qu'il
ajoute, comme correct tr, qu'il l'est
saintement. Dans le second volume,
notre calviniste rigide expose le sys-
tème des supralapsaires qu'il prétend
fonder sur la Parole de Dieu, et répond
aux objections de Du Moulin, de
DaiUéy de Claude et d'Autres adver*
saires du supralapsarisme.
VI. Recueil des objections qui ont
été faites contre le traité de la Souve-
raine perfection de Dieu, avec les ré*
ponses, Amst., 1709, in-l2.
Vil. Grundliche Untersuchung der
mystischen Théologie, Zerbst.^ 1713,
in-8».
VHI. Examen des deux traités nou-
vellement mis au jour par M- de La
Placette, Amst., 1713, 2 vol. in-12.
— Naudé, qui, selon l'expression de
Chauffepié, a s'éloit constitué le dé-
fenseur des systèmes théologiques les
plus durs et les plus outrés, » et qui,
dans sa polémique violente, ne ména-
geait pas ses adversaires, accuse La
Placette « d'avoir produit contre Dieu
les plus horribles blasphèmes dont
on se puisse former l'idée, » parce
que le célèbre moraliste attribuait,
dans les deux traités en question, une
faible part à l'homme dans l'œuvre de
son salut.
IX. Theologische Gedanken uber
den Entwurf der Lehre, von der Be-
sehaffenheit und Ordnung der gôtili-
chen RathschlUsse, 1714, in-4».
X. Anmerkungen Uber einige Stel-
len des Osterwaîdischen Tractais von
den QueUtn des Verderbens und sei-
nes Katechismi, Berl., 1716, in-S*». —
Selon Chauffepié, ce traité, où Naudé
attaque durement Ostcrwald au point
de vue des décrets absolus, avait déjà
paru en français à la suite du N^ VHI.
XI. Entretiens solitaires, Berlin,
1717, in-8«. — Traduits en partie du
hollandais de Teclinck.
XII. Réfutation du Commentaire
philosophique, Berlin, 1718, In-S».—
Quoique victime lui-même de la per-
sécution, Naudé se prononce haute-
ment contre la tolérance.
XIII. Traité de la justification,
Leyde, 1 756, in-8«. — Ouv. posthume.
Naudé a publié, en outre, dans le
T. V. du Diarium gallicum de La Haye,
Epistola quà mendacium nunquam
licitum esse demonstratur, et dans le
T. III des Misccllanea Berolinensia,
un mémoire sous ce titre : Collectio
quarundam notarum geometriœ prac-
ticœ facilitatem afferentium. Il avait
composé aussi une Apologie de VE*
vangile, des Réflexions sur la Théo-
dicéede Leibnitz, et d'antres ouvrages
qui n'ont point vu le jour, mais dont
les copies manuscrites ont été dépo-
sées, après sa mort, dans la biblio*
thèque du collège de Joachim.
Des nombreux enfants que laissa
Philippe Naudé, deux seulement, l'un
appelé Philippe, comme lui, et Tau-
tre, Roger-David, ont laissé un nom
dans Thistoire; car rien ne pronve
positivement que Naudé, réfugié à
Londres, à qui Ton doit, selon Bar-
hier, une traduction française de
VHistoire du Japon, par Kàmpfer (La
Haye, 1729, 2 vol. In-fol.), descen-
dait de lui.
I. Né à Metz, le 18 octobre 1684,
Philippe Naudé était encore an ber-
ceau, lorsque ses parents sortirent de
France, en l'emportant dans leurs
bras. Son père, qui le destinait au mi-
nistère évangélique, le flt élever sous
ses yeux an collège de Joachim. Après
avoir terminé sa philosophie sous La
Croze, il entra en théologie ; mais un
fonds de timidité naturelle et une pré-
dilection très-grande pour les mathé-
matiques l'éloignèrent de la carrière
pastorale. Dès qu'il fut libre de se li-
vrer à ses goûts, il s'appliqua avec
ardeur à l'algèbre et à la géométrie,
où il flt de rapides progrès. En 1707,
il fut chargé de remplacer son père à
l'Académie de peinture. L'année sui-
vante, il lui succéda ao collège de
NAU
— 8 -
NAU
Joachim. En 1714^ il devint membre
de l'Académie des sciences de Berlin, et
en 1 738y la Société royale des sciences
de Londres l'admit dans son sein. Il
mourut le 1 7 janvier 1 745. Sa femme^
Anne Jacob, qn'il avait épousée en
1714^ lui avait donné plusieurs en-
fantSy dont sept lui survécurent. An
témoignage de Nicéron^ c'était un
bomme d'un caractère très-estimable
et d'une probité reconnue. Son hu-
meur^ en effety était douce et affable^
sa piété sincère^ ses mœurs irrépro-
chables. Il a laissé en manuscrit un
Commentaire sur les principes de
Newton et diverses pièces sur toutes
les parties des mathématiques^ en trois
vol. in-4«; mais il n'a rien publié^
hormis cinq ou six mémoires, insérés
dans les Miscellan. Berolin., sur des
problèmes d'algèbre ou de géométrie.
En voici les titres : T. I et 11, Régula
qud inveniuntur omnes cujuslibet-
cunque producti algebraici divisores,
dummodà in nullo divisore terminus
sit incommensurabilis ; — T. III, De-
monstratio trium theorematum; —
T. y, Conspectus trigonoscopiœ cujus^
dam novœ ; — T. VI, Problema geth
metr. de maximù in figuris planis;
— T. VII, Conspectus trigonoscopici
continuatio, cum adjeciis quibusdam
probkmatis algebraicis.
Des sept enfants de Philippe Naudé,
les noms de deux seulement sont ar-
rivés jusqu'à nous, si toutefois on doit
regarder, comme étant du nombre,
Jean Naudé, de Berlin, professeur de
langue française à l'université de
Halle, qui a traduit en français et pu-
blié à Halle, en 1794 et 1795, deux
vol. ln-8» de Petites comédies pour les
enfants. L'autre se nommait Jacquis;
il naquit à Berlin^ le 25 février 1739.
Son beau-frère, le savant mathémati-
cien Kies, se chargea de lui donner la
première teinture des lettres. On l'en-
voya ensuite au collège de Joachim,
puis à l'université de Halle, où il sui-
vit les cours de théologie. Ses études
terminées, il entra comme précepteur
dans la famille du célèbre médecin
Stabl, dont la recommandation con-
tribua sans doute à le faire admettre
au nombre des Domcandidalen. C'est
en cette qualité qu'il fit, aux frais du
roi, un voyage en Allemagne et en
Hollande. De retour à Berlin, en
1770, il reçut l'ordination, et, l'année
suivante, il fut nommé à la chaire de
théologie dans le collège de Joachim,
place qu'il remplit avec un zèle infa-
tigable Jusqu'à sa mort. 11 décéda le
30 décembre 1 799, laissant la répu-
tation d'un chrétien pieux et d'un ex-
cellent patriote.
II. Né à Berlin, le 29 juin 1694,
Roger-David Naudé étudia la théologie
et fut placé, en 1721, à Emmerick,
d'où il fut appelé, en 1724, à Berlin,
comme pasteur de la Fredericstadt.
Au rapport d'Erman, c'était un théo-
logien savant et un littérateur habile;
nous ne croyons pas cependant qu'il
ait rien publié. En 1745, il fut nommé
professeur d'éloquence et principal du
collège français, en remplacement de
Jean Rossai. Il remplit ces fonctions
Jusqu'à sa mort, arrivée le 30 Jan-
vier 1766.
NAUDIN (Pierre), apothicaire à
Paris et valet de chambre du roi,
laissa cinq enfants de son mariage
avec Louise Gilbert , savoir : 1» Anne ,
née le 24 mai 1612 et présentée au
baptême par Jean Froment , apothi-
caire, et par Marie Lambert; elle
épousa, en 1644, Jean de GenneSj
sieur de Boisguy, négociant à Rennes,
et lui donna trois enfants, dont un
seul, Jean, né en 1653, arriva à
l'âge viril ; — 2<> Marguerite, femme,
en 1642, de Gilles Du Val, sieur
de Vieuxpont, fils de Thomas Du Val,
sieur du Noyer, et de Marthe Bizeuil;
— 3» Théodore, docteur en médecine,
né le 26 février 1616, qui épousa, en
1648, Louise Grostéte, fille de Marin
Grosléte, sieur du Cbesnoy, docteur en
médecine, établi à Orléans, et de Pri-
scilleRegoumier. 11 était mort en 1675,
lorsque sa fille Louise, née en 1651,
se maria avec Philippe Guide, docteur
en médecine, flis de Jean Guide, mar-
NAD
— 9 —
NAV
chand à Châlons-sar-SaAne ^ et de
Jeanne Riboudeault, mariage dont na-
quirent deux fils^ Philippe, baptisé le
4 décembre 1678, ei Jacques-Louis,
né le 7 Janvier 1680. Outre cette flUe^
Théodore Naudin eut un fils, Théo-
dore, né le 1 1 avril 1650, et une se-
conde fille, Philothée-Esthsr, qui
devint la femme de l'avocat Louis de
Rochebouet, sieur de Launay, fils de
Jacques de Rochebouet et é'Esther
Stuart, à qui elle donna Jacques»
Louis, né le 1 S Janvier 1 680, autre
Jacques-Louis, baptisé le 19 mars
1681, Marguerite'Philothée, baptisée
le 28 Juin 1682, Esther, baptisée le
28 novembre 1 683, et autre Jacjues-
LouiSy baptisé le U Janvier 1685;
— 4« Marie, présentée au baptême,
le l*' février 1626, par le chirurgien
Jean Naudin et par Marie Gilbert,
femme du peintre Du Gamier; —
5« Paul, né le 2 Juin 1628.
Le chirurgien Jean Naudin, que nous
venons de mentionner, était vraisem-
blablement le frère de l'apothicaire
Pierre; il mourut à Paris en 1665, à
l'âge de soixante-dix ans, ayant eu de
son mariage avec Marguerite de Saint-
Germain, trois fils : Jean, né le 15
mars 1615, et présenté au baptême
par /ean de Valigny, écuyer du duc
de Bouillon , et par Jeanne MaUard ;
Pierre, né le 4 février 1616, et
Charles, baptisé le 24 mai 1618
(Reg, de Charenton).
La famille Naudin tirait apparem-
ment son origine de Loudun ou de
Saumur. Elle professait depuis long-
temps la religion réformée. En 1 572,
Michel Naudin épousa dans l'église
protestante de Loudun Anne Bon-
temps, et en 1578, Toussaint et
Pierre Naudin, de Saumur, se ma-
rièrent dans la même église, le pre-
mier avec Lucrèce Andion, le second
avec Vincente Dubois. La révocation
de redit de Nantes la dispersa. Une
partie s'établit en Hollande, une autre
en Amérique. En 1700, la veuve iVau-
din fut enfermée avec sa fille à l'Union
chrétienne de Paris {Arch, £. 5386).
NAVIÈRES (Charles de), poëte
médiocre, né à Sedan, le 3 mai 1544,
d'une famille noble, mais peu aisée,
et mort à Paris, le 15 novembre
1616. Après avoir terminé son édu-
cation littéraire à l'université de Paris,
Navières suivit la carrière des armes
et devint gentilhomme servant du
prince et de la princesse d'Orange.
11 remplit pendant quelque temps
cette place; puis il passa au service
de Robert de La Marck, prince sou-
verain de Sedan, qui le nomma son
écuyer. A la mort de ce prince, en
1574, il continua à vivre à Sedan,
avec le titre de capitaine de la Jeu-
nesse de cette ville. Nous ne savons
à quoi l'astreignait cette charge; mais
elle ne le détourna pas de son pen-
chant pour les lettres. Il cultivait de
préférence un genre de poésie qui a
toujours été en honneur auprès des
poëtes, nous voulons dire la poé-
sie laudative : culture ingrate et pleine
de dégoûts , mais quelquefois de bon
rapport. En 1606, il fut admis en
présence de Henri IV pour lui lire des
fragments d'un poème héroïque qu'il
composait à sa louange. Le monarque,
qui aimait l'encens, l'encouragea à
mener son épopée à bonne fin. Heu-
reux de cette approbation, Navières
retourna à Sedan; mais il n'y fit pas
un long séjour; il pensa qu'il serait
mieux inspiré par la présence de son
héros, en même temps qu'il serait
plus digne de ses faveurs si, à son
exemple, il renonçait à sa religion.
U alla donc à Paris, et abjura ; mais
soit que la mort de Henri IV eût dé-
joué ses calculs, soit pour toute autre
cause que nous ignorons, il vécut
assez misérablement, retiré dans le
collège de Reims, où son compatriote
et ami, Jean Morel, qui en était le
principal, lui donna un logement et
l'admit à sa table. « Un même goût
pour l'étude et pour les mêmes genres
d'études, une conformité plus grande
de caractère, dit M. l'abbé Boulliot,
produisirent bientôt entre Jean Morel
et Navières une liaison étroite. Con-
NAV
— 10 —
NAV
tent de son sort y notre poète vécut y
presque isolé, au collège de Reims^
dans une mélancolie douce et tran-
quille. Les moments qu'il dérobait
aux Muses étaient consacrés à la mu-
sique et à des exercices de religion. »
Il mourut dans les bras de son ami.
C'est à tort que La Croix du Maine en
a fait une des victimes de la Saint-
Barthélémy. Nous terminerons en rap-
portant le jugement que Guill. Colletet
porte sur Navières dans ses Vies des
poètes français (1); nous l'emprun-
tons au livre de M. Boulliot. « Quel-
que estime que je fasse de la beauté
de l'esprit héroïque de Charles de
Navières, dit-il, je ne puis me ré-
soudre à donner de grands éloges à
sa poésie. Il n'y a point de louange
qui ne se trouve au-dessus du mérite
des vers de ce rustique habitant du
Parnasse, dont les défauts ne se peu-
vent mieux connoltre que par la lec-
ture de ses productions extravagantes.
Ce n'est pas qu'il n'eût un grand génie
de notre art, et que son esprit ne fût
en quelque sorte capable de produc-
tions héroïques; mais sa versification
éloit si rustique et si barbare, qu'il
paroissoit bien qu'elle se sentoit du
voisinage de cette obscure forêt des
Ardennes où il avoit pris naissance.
Il étoit tellement superstitieux dans
le mystère de la ryme, que, pour la
rendre toujours riche, il appauvrit
souvent le sens de ses vers, qui sont
pour cela ordinairement durs, con-
traints, barbares et sans grâce. Néan-
moins, parmi la rudesse de ses ex-
pressions, on peut voir dans les
fragmens de sa Henriade des senti-
mens assez héroïques et des inven-
tions assez ingénieuses. Il entreprit
de traduire Lucain en vers; mais il
n'y a personne qui ne croie qu'il n'est
pas fort mal-aisé de mieux faire. »
Navières n'en a pas moins été célébré
de son temps par les Ronsard, les
Dorât, les Jean Morel, comme le plus
beau génie. Sic transit gloria mundi.
(1) Ce mannicritse conserre ï la bibliothèque
On doit à Navières :
I. Cantique de la Paix y Paris,
1570, pp. 12, in-12, avec musique;
dédié au comte de Maulevrier, par-
rain de l'auteur.
II. La Renommée de Charles de
Navières y G, Sedanois, sur les ré-
ceptions à Sedan, mariaqeà Mézières,
couronnement à Saint-Denis, et entrée
à Paris du Roy [Charles IX] et de la
Royne [Elisabeth d'Autriche] , poëme
historial divisé en V chants et dédié
à leur majesté (sic), Paris, Malurin
Prévost, 1571, in-8«.
III. Les Cantiqttes saintSy mis en
vers françois, partie sur chants nou-
veauXy et partie sur ceiux d'aucuns
pseaumeSy Anvers, Planlin, 1579, in-
8* de pp. 104, précédé d'une Êpitre
en vers adressée au prince et à la
princesse d'Orange, sous la date d'An-
vers, 1" janvier 1579. — Telle est
l'indication que nous puisons dans
l'estimable Biographie ardennaise de
Tabbé Boulliot. C'est sans doute le
même livre que le P. Lelong et Ade-
lung citent sous ce titre : Les psalmes
mis en vers françoiSy Anvers, 1 580,
in-12. Sous cette même date, le bi-
bliographe allemand indique, en ou-
tre, de Navières : Premier livre des
hymnes anciens y mis en vers françois,
mais c'est probablement un double
emploi.
IV. Poésies pour le tombeau de très-
illustre et pieuse Madame Charlotte de
la Marcky duchesse de Bouillony etc.,
par Ch, de Navières, capitaine de la
jeunesse de Sedan y Sedan, Rivery,
1594, in-4« de 24 pp.— On trouve
dans ce recueil quelques pièces qui ne
sont pas de Navières.
V. Les Douze heures du jour arti-
ficiel, avec annotations y Sedan, Abel
Rivery, 1595, in-4o, pp. 194; Lan-
gres, Georges Lombard, 1597, in-4«»,
même édit. avec un nouv. titre. —
Dans une Êptire prélim., le poète
nous apprend qu'il se proposait de
publier un Art poétique y une Hen-
riade et un Lucain françois; mais
il ne fit paraître que des fragments
NAV
— 11 —
iNAV
de ces deux derniers poëmes. Les six
premières heures renferment 558 qua-
trains, pour la plupart tirés des livres
saints ; dans les six autres heures^ on
trouve quelques hymnes et divers pe-
tits poëmes sur la Nativité , sur la
Passion^ sur la Résurrection , sur le
Jugement dernier et sur la Vie éter-
nelle. Dans un avertissement^ l'im-
primeur annonçait que l'auteur était
sor le point de mettre au jour les
Douze heures de la nuity ainsi que sa
Henriade et son Lucain françois. « Les
annotations du poète , ajoute Tabbé
Bouliiot, prouvent sa grande lecture.
Son but est d'ailleurs très-louable,
c'était de former le cœur des Jeunes
gens en exerçant leur mémoire. »
Parmi ses quatrains, Tabbé n'en a
remarqué que deux qui lui semblent
mériter quelque indulgence. Nous nous
contenterons de rapporter celui-ci :
Solon en taluint denx curés, clercs les nomme.
Non pu clercs, mais curés, ce disent-ils, bon-
[bomme !
Soloo les saloa far d'antres termes clairs :
Adiea, curés, dit-il, qui n'êtes donc pas clercs.
VI. Vers et musique de Navières,
G. S. P. R., au baptême de Mons,
le Dauphin et Mesdames, fils et filles
de Henri IV et de Marie, royne de
France, avec l'eschantiUon de sa Hen-
riade et de son Lucain, Paris, George
Lombard, 1606, in-i2, pp. 32. -*
Dans son Épltre dédie, à Henri IV,
Navières faisait espérer qu'aussitôt
qu'il aurait publié sa traduction en
vers du poëme de Lucain , il mettrait
an jour sa Henriade, en XXV livres.
Le début de ce dernier poëme, que
nous allons rapporter, consolera le lec-
teur de la perte du reste :
Je tone de Henri les armes martiales,
£t sMie du lis-d'or les armes partiales,
A la charge menant oriQammes pareils.
Peuples, princes, parens et pareils appareils.
ProTidence de Diea, princesse sapernelle,
Du destin enchataèe de la main éternelle,
L'£mpérière du haut et du bas univers,
Echanffe-moy l'esprit et anime le ters.
Tonner de la sorte, ce n'est plus
tonner, c'est détonner, qu'on nous per-
mette ce mauvais jeu de mot. An lien
de demander à la céleste Empérlère de
lui échauffer l'esprit, il eût été plus à
propos, ce nous semble, que le poëte
la priât de lui rafraîchir le sang et de
calmer sa verve. Navières a mis ce
précieux début en musique. Le court
fragment de son Lucain ne promettait
pas davantage.
VII. Vers pour le rappel des étu-
diants en f Université de Paris, oux
villes de France, Paris, 1606, in-8».
— (( On voit à la suite , dit Boulliot,
un extrait du X« livre de sa Henriade,
oîi parmi les louanges qu'il donne à
l'Université de Paris, il lui rend grâces
d'avoir été élevé dans son sein , sous
Jean Dorât, Pierre Galland, L'Escot,
Marcel, Jean Passerai et Pierre Ra-
mus, »
VIII. Mémorial de feu Henri de
Bourbon, duc de Montpensier, prince
de Dombes, décédé à Paris le dem. de
fév. 1603, etc., Paris, 1608, pp. 14,
in-12.
IX. Mémorial du feu père Ange,
duc de Joyeuse, Paris, 1 608 , 4n-8».
X. Poëme funèbre sur la mort du
grand duc de Florence, avec quelques
quatrains sur l'effigie du roy Henry IV,
représenté à cheval au-dessus de la
porte de la Maison-de^ville de Paris,
Paris, 1609, in-8«.
XI. L'heureuse entrée au Ciel du
feu roy Henry-le-Grand; noble ha-
rangue de ses louanges, et sacrée
prière des François pour le sacre du
roy nouveau, Paris, 1610, in-12,
pp. 50. — A la fin de ce petit poème,
se trouvent 95 vers de la Héroïque
Henriade.
XII. Suite des quatrains de iVo-
vières, G. S., vouez à l'effigie royale
levée sur le pont Henris, le 25 du
mois Auguste 1614, et dédiées au re-
tour des Majestez proclwxnes (sic), H.
L. i/., Paris, 1614, in-12, pp. 16.
— La grandeur du cheval a surtout
frappé notre poêle, il n'en peut re-
venir. « Aussi a-t-il (Henri IV) obtenu
ceste rémunération de ses vertuz in-
comparables, d'avoir la plus beUe
statué et plus grand cheval qu'autres :
NÉA
— 12 —
iNEA
mérilant bien (qui cusl voulu esgaller
le don au donataire) un cheval d'or de
la grandeur du Virgilian, instar mon"
tis equum, une figure pareille de
grandeur à celle de la vision de Na-
bucbodonosor, et un laurier ou oli-
vier semblable à celui du château de
Priam^ admirable de grandeur et lar-
geur, d'artifice et matière^ d'or, d'ar-
gent^ perles et pierres précieuses. »
Le cheval surtout rentbousiasme^ il
ne tarit pas, la plupart de ses qua-
trains célèbrent sa haute taille :
Le plof beao des Gheiaoïi II uttreDostre France.
Le plot noble des Roys est esleiè dessos :
Ce plus beau des préseos esl do doc de Florence,
nieo qui donna Tesprlt Ta retiré là sus.
Phœbns, estimant sien ce beau cbeial, s'escrie,
IKoQ Tient ici, dit-il, ce noble Plambican?
Non, Soleil, ee coursier n'est de ton escorie :
Lt grand doc ao grand Roy donne ce Florican.
Nous ne pouvons nous empêcher de
citer encore le quatrain suivant :
Af ise ce cbetal et Toy qu'il n'a point d'aifles
Poor soulefer ce Roy dans le ciel estoillè.
Noitre Henry le Grand n'a pu aflaire d'elles,
Ayant poor y Toler le eœor assex aislé.
N'est-ce pas une épigramme? Les
cœurs allés se servent de leurs ailes.
M. Boulliot ne nous apprend pas si
le msc. de la Henriade s'est conservé ;
oe poëme, au dire de l'auteur, ne con-
tenait pas moins de trente mille vers.
On attribue, en outre, à Navières,
d'après La Croix du Maine, une tra-
gédie en vers alexandrins, Philandre,
qui n'a pas été imprimée.
NÉAU (Elib), natif de Moëse, sor-
tit de France eu 1679 et alla s'éublir
à Boston, où plusieurs Protestants
français avaient déjà formé des éta-
blissements florissants. Ses aflaires
l'ayant, en 1692, appelé à New-York,
il s'embarqua sur un navire qui lui
appartenait ; mais il fut pris dans la
traversée par un corsaire de Saint-
Halo, qui le ramena en France. Comme
11 n'avait point obtenu de brevet de
permis de séjour à l'étranger, forma-
lité exigée, dès 1670, de tous les
Français établis hors du royaume
(Arch. gén, E. 3556), il serait tombé
8008 le coup de la déclaration du mois
d'août 1669, qui défendait de sortir
de France sous peine de confiscation
de corps et de biens, s'il avait été
sujet de Louis XIV ; mais comme il
avait renoncé à sa qualité de français
en se faisant naturaliser anglais, ce
fut une souveraine injustice que de
lui appliquer la loi en question. Après
avoir ramé quelques mois sur la
Vieille Madame et la Magnanime , se
soumettant à son sort avec une con-
stance admirable et exhortant ses com-
pagnons d'infortune à la persévérance,
il fut détaché de la chaîne, en 1694,
à la demande de l'aumônier catho-
lique, qui refusa de dire plus long-
temps la messe sur une galère où se
trouvait un pareil « pestiféré, » et fut
plongé dans un cachot du fort Saint-
Nicolas à Marseille. 11 y resta enfermé,
privé d'air, de soleil, de vêtements et
souvent de nourriture. Jusqu'en 1697
que milord Portland obtint enfin son
élargissement. Il est vraisemblable que
Néau retourna en Amérique; cepen-
dant nous n'oserions affirmer qu'il
fût le même qu'Elie Néau, nommé, le
4 août 1 704, catéchiste des nègres et
des Indiens à New-York. En i 706, ce
dernier fut accusé, ainsi que les prin-
cipaux membres de l'église française,
Etienne de Lancey, Elie Nezereau ,
Abraham Jouneau, Thomas Bayeux,
Paul DroUleiy Auguste Jay, Jean
Cazaky Benjamin Faneuil, Daniel
CrommeUn, Jean Auboyneau , Fran-
çois Vincent y Alexandre AUairey d'en-
tretenir des relations criminelles avec
la France. Us n'eurent pas de peine
à prouver l'absurdité de cette accusa-
tion (1).
Sous ce titre : Account of the suf-
ferings ofthe French Protestant Sla-
ves on board the French king's gallies,
Lond., 1699, in-4% on a publié une
relation des aventures d'Elie Néau,
trad. en français, sous ce titre iHis-
(1) A cette époque, réglise était desserriepar
Pierre Peiret, qui eut pour successeur, la même
année, Jacque$ Lahorù, et noornt laissant une
TOOTe et cinq enfants. Vers le même temps, le
consistoire se composait d*Elie Boudinolf Ga-
briel Le BinUttXf Barberie ei DniUet,
NËN
— 13 —
NÉR
toire abrégée des souffrances du sieur
Elie Néau sur les galères et dans les
cachots de Marseille , RoU., 1701.
Jusqu'ici, nous n'avons pa nous la
procurer.
NEEL (Guillacxe) , de Normandie^
moine augustin converti au protestan-
tisme et martyr en 1553. Crespin a
inséré dans son martyrologe la Con^
fession de foi de ce vaillant champion
de la cause de rËvangiie^ qui fut dé-
gradé et brûlé vif à Evreux, par sen-
tence de l'officialité, confirmée par le
parlement de Rouen. — Ce martyr
descendait-il de la famille noble du
même nom dont plusieurs branches
paraissent avoir professé la religion
réformée^ comme celles de Sainte-
Marie, de La Caillerie et de La Bouil-
lonnière? Cette dernière branche avait
pour chef, à Tépoque de la révoca-
tion, Michel NeeU gendre du célèbre
pasteur Du Bos€,j et père du pasteur
Philippe Necly mort à Amheim en
1744, avec qui il sortit de France, en
J685 (Arch. gén. M. 678), comme en
sortirent aussi /ocçtié'^ et Robert Neel,
bourgeois de Dieppe (Ibid. Tt. 261),
dont la postérité subsiste encore dans
l'Ile de Jersey. La Bouillonnière eut la
douleur de laisser en France sa fille
VAmis, qui abjura en 1699, après
avoir été longtemps enfermée aux
Nouvelles Catholiques de Paris (Ibid.
£. 3585). D'autres Neel restèrent dans
leur patrie, sans abjurer toutefois.
Eq 1778, Jacques Neel, âgé de onze
ans, fut enlevé à ses parents et en-
fermé aux Nouveaux Catholiques de
Caen, ob il était encore détenu en
1781 (/6iVf. Tt. 302).
NENTER (GBORGES-PmLiPPB), sa-
vant professeur de médecine à l'uni-
versité de Strasbourg, essaya de per-
fectionner l'art de guérir d'après les
principes du célèbre Stabl, et publia^
dans cette intention, une physiologie
et une pathologie médicales, où il
établit un corps de doctrine qu'il
développa plus tard, sur les instances
de ses élèves, dans ses Fondements
de la médecine théorico-pratique. Cet
ouvrage l'exposa aux mordantes cri-
tiques des partisans toujours nom-
breux de la routine ; on lui reprocha
surtout de ne pas avoir bien compris
les principes de Stahi. Voici la liste
de ses publications.
I. De generatione viventium uni-et
œquivocâ, Arg., 1 706,in-4«.
II. De usu physicœ in medicindy
Arg., 1707, in-4».
III. De vesicatoriorum usu, Arg.,
1707, in-4\
IV. Specimina eommentarii in Do'
nielis Ludovici Pharmaciam modemo
scBCulo appUcandaniy Arg., 1708, 4«.
V. Theoria hominis sani seu phy*
siologia medicoy krg,, 1714, in-12;
1723, in-8<».
VI. Theoria hominis œgroti sive
pathologiamedica, Arg., 1716, in-8*.
Vil. Fufêdamenta medicinœ theo-
rico-praciicœ secundum StahUi po-
tissimùm aliorumqiie medicorum
placita conscripta, in formé tabula-
rum exhibita,T, I, Arg., 1718, in-4* ;
T. II, Ibid., 1721, in-4*; nouv. édit.,
Venet., 1753, in-fol. — Dans la Pré-
face, Nenter fait une critique très-
Judicieuse et très-Juste de la méde-
cine de son temps.
NÉR AG , dit Mazàmst, du lieu de
sa naissance, capitaine huguenot qui
a Joué un certain rôle dans le Langue-
doc après la Saint-Barthélémy. En
1572, Mazamet s'empara d'Auxillon
par stratagème, et après avoir mis
la place à l'abri d'un coup demain, il
marcha sur Mazamet, dont il se rendit
maître en quelques heures, avec le
secours de Roulac, qui fut tué, peu
de temps après, dans une entreprise
sur Les Ouïes ; puis il força les Ca-
tholiques à s'éloigner de Viiiemagne,
qu'ils attaquaient. Au mois de décem-
bre de la même année, il servit sous
Pouiifi au siège du château de Lombez,
et seconda les frères Bouffard dans
leur première entreprise sur Castres.
Dans le courant de l'année suivante,
Mazamet non-seulement se signala
dans le Haut-Languedoc, sous les
ordres de Rocks et de Castelrens, à
NET
— 14 —
NET
la prise d'Alelh^ à la défaite da se-
cours envoyé par Joyeuse^ et sons
ceux ùe Paulin, h\à conquête de Saint-
Albi, dont il fut nommé gouverneur;
mais il accompagna le célèbre vicomte
dans le Bas-Languedoc, et s'empara,
le 25 octobre , assisté par le capi-
taine TremeSy d'Uchau, qui fut pillé
et saccagé, malgré la trêve conclue
avec Dam ville. De retour dans le
Castrais, secondé par les deoi frères
Tourenne, neveux ù' Etienne de Mo-
linieTy sieur de Tourenne, qui fut
depuis conseiller de la Chambre de
justice établie à Castres, il se saisit
de Bize près de Narbonne. La discorde
s'étant mise entre cu\ pour le com-
mandement, les deux Tourenne furent
assassinés par les soldats de Mazamet,
qui, poursuivant le cours de ses suc-
cès, s'empara, le 8 mai suivant, du
château de Saint-AfTrique.
En 1575, le capitaine Mazamet fit
une nouvelle campagne dans le Bas-
Languedoc. Le 13 mai 1576, il prit
Léslgnan par escalade; ce fut son
dernier exploit. Traîtreusement arrêté
près de La Bniguière, avec le capitaine
Bousquet y qui réussit à s'échapper,
il fut égorgé de sang-froid par les
Catholiques, en 1577.
NETTANCOURT, nom d'une il-
lustre famille champenoise, dont une
branche, celle de BETTAncouRT, em-
brassa la religion protestante dès
1561, année où Antoine de Nettan-
court, sieur de Bettancourt, écrivit à
Genève pour demander « homme ex-
pert qui sçache et veuille dopter du
pain spirituel de la saincte Parole de
Dieu et administrer purement les
saincts sacrements [MSS. de Genève
197^, Cart. 1). Cet Antoine était le
ûls cadet de Mcolas de Nettancourt,
sieur de Vaubecourt, et d'Anne d'Es-
pence. Il épousa en premières noces
Françoise de BotUillaCy et en secondes,
Lucrèce de Miremont. Du premier lit
vinrent: i« Georges, sieur de Bet-
tancourt, lieutenant de la compagnie
d'ordonnances du duc de BouiHon,
qui ne parait pas avoir persisté dans
la profession delà religion réformée;
— 2» Louis, qui suit; — 3° Claude,
sieur de Villers, mort sans postérité;
— 40 Nathanael, décédé sans al-
liance ; — 5« Jérôme ; — G» Madb-
lainb, femme de J'jsias de Savigny,
Du second lit naquit Marie, qui
épousa Pierre de Condé, sieur de
Vandières (l).
Louis de Neltancourt, capitaine de
50 arquebusiers à cheval, fut laissé
par Henri IV pour commander dans le
château de Sedan, après la soumis-
sion du duc de Bouillon (Voy. VI,
p. 595); nous ne savons rien de plus
sur sa vie. Il mourut en 1 6 1 8. Il avait
épousé, en 1 58 1 , Françoise de Beau-
veau , fille d'AIoph de Beau veau, dont
il avait eu : 1« Louis, qui suit; —
2» Claude, sieur de viiiers-le-Sec ,
mestre-de-camp d'un régiment d'in-
fanterie; — 3» Madelaike; — 4» Eli-
sabeth, femme, en secondes noces, de
Jacques d'Angennes,
Louis II de Netlancourt entra, en
1615, avec le brevet de capitaine,
dans le régiment de Vaubecourt. Il
servit contre ses coreligionnaires au
siège de La Rochelle, fin 1629, il leva
un régiment de son nom, à la tète
duquel il prit une part brillante aux
campagnes de 1631 à 1636. Rappelé
de Lorraine, il fut employé en Flan-
dres en 1637. Après la prise de La
Capelle, Richelieu écrivit à La Va-
lette que personne sans doute ne mé-
ritait mieux que Nettancourt le gou-
vernement de Landrecies, mais que sa
religion s'opposait à ce qu'on le lui
donnât. Ce fut peut-être comme com-
pensation qu'on lui accorda, en 163S,
le grade de maréchal de camp. Net-
tancourt continua à servir avec dis-
tinction aux sièges de Lunéville, de
Brisacb, de Saint-Omer, de Uesdin,
d'Arras, etc. En 1643, il fut envoyé
à l'armée de Champagne, et se si-
gnala au combat de Fribourg, aux
sièges de Philipsbourg, de Worms, de
(1) £o 1686, an jeane gentilhomme de ce nom
fut arrëlé sortant da royaame et enfermé dans on
coavent {Arvà. gén. E, S573).
NET
15 —
NEV
Mayenee^ de Landau^ de Manhelm^ etc.
Dans la campagne de 1645^ il prit
part an combat de Blariendal, à la ba-
taille de Nordlingen.y aux sièges de
Heilbronn et de Trêves. En récom-
pense de ses services, il fut créé, le
7 mai 1650, lieutenant général; mais
il ne fut plus employé. Il mourut en
16" 3, ayant été marié deux fois. Sa
première femme, Françoise d'Aver^
houlty Mlle de Claude, sieur de Brienne^
et de Jeanne de Susanne, lui avait
donné un fils, qui fut tué très-jeune
au service. La seconde, Anne de La
Marche-deS'Contes y fille de Henri,
baron de L'Escbelle, et ù* Antoinette
de BeauDeau , qu'il avait épousée
en 1660 , lui survécut. En 1681,
on lui chercha chicane pour la pri-
ver du droit d'exercice à Nettan-
court (Arch. gén. Tt. 267). Elle
avait donné le jour à cinq enfants :
1* Lonis^ qui passa dans le Brande-
bourg à la révocation, et servit dans
les troupes de rélecteur; mais il ne
tarda pas à rentrer en France, et ob-
tint, en 1693, de Louis XIV, pour
prix de son apostasie, une pension et
une lieutenance dans le régiment de
Vaubecourt ; — 2» Hknri, qui se réfu-
gia également en Prusse^ s'éleva par
ses services au grade de capitaine des
gardes du corps de Télecteur, et finit
par revenir dans sa patrie, oii il ab-
jura aussi en 1697 ; — S*» Frédéric,
mort jeune ; — 4« Françoise, femme
deLmUsAubery, sieur du Maurier; —
5« Elisabeth.
NETZ (Philippe de), auditeur en
la chambre des comptes et ancien de
l'église de Charenton, laissa deux en-
fants de son mariage avec Catherine
Ledmite : 1» Marie, qui fut présentée
au baptême., le 5 juin 1611, par Dti
Mauriety secrétaire du roi, et Marie
MarbauU, et qui épousa, en 1632,
Paul Gallandy receveur général du
union, en Touraine; — 2'» François,
sieur de Frêne, qui prit pour femme,
en 1639, Françoise idillet, fille d't/We
MiUet, conseiller secrétaire du roi. H
mourut en 1670, à l'âge de 70 ans.
et fut enterré, le 15 octobre, au ci-
metière des SS. Pères. Ses enfants
furent : i» Charlotte, née en dé-
cembre 1640, présentée au baptême
par Charles de Netz, son grand-père
(qui mourut en 1641 à l'âge de 69
ans], et mariée, en 1660, avec Jean
Goret , sieur de Genouillé , fils de
Charles, sieur de Grosbois, et de Ma-
rie Davesnes ; — 2« François, né en
1642, mort enfant; — 3o Philippe,
baptiséle 29 mars 1 643;— 4<' Jacques,
baptisé le li avril 1644;-— 50URIE,
né le 5 octobre 1647; — 6» Marie,
née le 6 décembre 1 648 ; — 7» Mar-
guerite, baptisée le 6 février 1650,
mariée avec Jacques de Latger, con-
seiller secrétaire du roi ; — S* Amé-
lie, baptisée le !<' mal 1631 ; —- 9<»
ISAAC, né le 22 juin 1 633 ; — 10» Ca-
therine, baptisée le 26 mars 1 655 ; —
lloCHARLES, baptisé le 24 août 1657.
Cette famille resta attachée à la re-
ligion protestante, même après la ré-
vocation. En 1686, de Netz, intendant
du comte de Roye, dont la femme réus-
sit à passer dans les pays étrangers,
fut enfermé à la Bastille. (Arch, E.
3372).
NED (Jacques de}, natif de La
Beuvrière, fut condamné par le Con-
seil d'Artois, le 10 novembre 1617, à
un bannissement de vingt ans et aux
frais du procès, comme «véhémen-
tement suspect d'avoir attiré et em-
mené au pays de Gulsncs, Gilles et
Jean de Semelay, ses beaux-frères, et
de les avoir pervertis, en sorte qu'ils
se serolcnt rendus de religion re-
prouvée, et d'en avoir infecté aussi
Marie de Semelay y sa femme, avec
un autre sien beau -frère, et tenu
plusieurs propos hérétiques au village
de Monlbemenchon et autres lieux
de .l'obéissance de Leurs Altesses,
tellement que plusieurs en auroienl
été scandalisez et aucuns esbranlez
en la foy » [Fonds de Brienney N* 21 1).
NEVELET (Pierre), sieur de
Dosches, en Champagne, et avocat
au parlement de Paris, selon Bayle,
fut forcé de sortir de France pour
NEV
— 16 —
NEY
cause de religion. Il se retira à BÀle
avec sa famille, et s'y lia d'une étroite
amitié avec le célèbre Hotnyjn, dont
il a publié la vie sous ce titre : £/o-
gium Fr. Holomanniy jurisconsuUi ,
summà mri iUiiÂS sœculorum memorià
dignissimif vitœ capita continenSy
Francof.y 1595, in-8s réimp. en tête
des Opéra de Hotman (édit. de Gen.,
1599-1601), puis avec sa ConsolaUo
è sacris litteris (Hanov., 1613). On
sait qu'après Tavénement au trône de
Henri lY, Nevelet revint dans sa pa-
trie, et l'on doit sans doute considé-
rer son opuscule ' Basileœ Helvetio-
rum ecphrasis y frajïcot., 1597^ in-4»,
comme ses adieux à la ville hospita-
lière qui lui avait offert un sûr asile.
Ancien de l'église de Vitry, il fut dé-
puté par la Champagne au XVI« Sy-
node national. En 1 603, il fit paraître
à Paris une réimpression de VAnti-
Tribonian, de Hotman, et mit au Jour
un petit poëme latin sous ce titre:
Lacrymœ Neveleti Doschii in funere
avuncuU PithœifVSLTls.y 1603, in-4o.
On a encore de lui, au rapport de la
Biogr. Univ., quelques pièces de vers
latins fort élégants. La date précise de
sa mort est inconnue, mais on croit
qu'il ne vécut pas beaucoup au delà
de 1610.
Pierre Nevelet avait épousé Jeanne
Guillemin, qui lui donna plusieurs
enfants. Les Registres de l'église
française de Bàle font mention de trois
de ses fils : 1« Isaac, qui suit; —
2« Loms, baptisé le 26 mars 1592;
— 30 Philippe, présenté au baptême,
en 1S93, par Du Fresne-Canaye,
Perreite Pithou, veuve du sieur de
Vassan, et Bonaventure Nevelet.
Né en 1590, et présenté au bap-
tême, le 15 novembre, par Martin
Pithou, sieur de Chamgobert, et Bo-
naventure Pithou, dame de Dosches,
sa grand'mère, Isaac Nevelet ne nous
est connu que par un recueil d'anciens
fabulistes, qu'il publia, avec des notes,
sous ce titre : Mythologia jEsopica
seu JEsopi fabulœ grœco-latinœ ; ac-
cedunt Aphthonii et Gabriœ f(d)ulœ
grœcè et latine, nec-non Phœdri,
Avieni et Laur, Abstemii fabulœ, cum
notis, Heidelb., 1610,in-4«»; Francof.,
1610, in-8«. Le jeune auteur dédia à
son père ce premier fruit de ses veilles.
NEYRON (Pierrb-Joseph), doc-
teur en droit, né à Alt-Brandenburg,
en 1740, et mort à Brunswick, le
13 février 1806. Resté orphelin de
bonne heure, Neyron alla retrouver
sa famille qui habitait Berlin. C'est
dans cette ville qu'il commença ses
éludes. Il s'appliqua d'abord à la
théologie ; mais il y renonça pour
la jurisprudence. Son peu de for-
tune l'ayant forcé d'entrer en qualité
de précepteur dans la maison du con-
seiller privé Uechtiz, il accompagna
ses fils à l'université de Gôttingue, et
sut profiter de sa position pour perfec-
tionner ses connaissances. En 1775,
il obtint la permission d'ouvrir un
cours de droit, et trois ans après, il
prit le grade de docteur. La réputation
qu'il acquit, tant par ses leçons que
par ses ouvrages, s'étant répandue au
loin, il fut choisi, en 1781, pour ac-
compagner à Londres le prince héré-
ditaire de Brunswick. Au retour de
ce voyage, il obtint au Carolinum de
Brunswick la chaire de droit public,
qu'il occupa jusqu'à sa mort. On a de
lui:
I. Sur la contrefaçon des livres,
Gott., 1 774, in-8«».— Trad. de l'allem.
de Piitter.
II. Plan du droit de la nature et
des gens.
III. Essai historique et politique
sur les garanties, et en général sur
les diverses méthodes des anciens et
des nations modernes de l'Europe
d'assurer les traités publics, GOtt.,
1777, in-80.
IV. Dissert, inauguralis de vi fœ-
derum inter génies, Gôlt., 1778, 4«.
V. Principes du droit des gens eu-
ropéen conventionnel et coutumier,
Brounsvic, 1 783, in-S».
Neyron a été, en outre, un actif
collaborateur des journaux politiques
publiés à Brunswick.
NIC
— 17 —
NIC
NICOLAS^ natif de Pas, en Artois,
<c homme de bon esprit et bien in-
straict aux sainctes lettres, t> exerçait
à Arras la profession de maître d'é-
criture, d'où Ini était venu le surnom
de VEscrivent. N'ayant point témoi-
gné assez de respect pour la chan-
delle miraculeuse d'Arras qui brûlait
sans se consumer, au dire des bonnes
gens, il fut arrêté comme luthérien,
avec Jean de Pois, d'Arras, et Etienne
Bourlet, couturier de Beuvry, qui
avaient tous deux reçu de lui grande
instruction, condamné à mort et exé-
cuté avec ses disciples, en 1534. —
Quinze ans plus tard, un bûcher s'é-
leva dans la ville de Mons pour un
autre martyr du même nom. M. Nico-
las, 0 homme de sçavoir, » qui s'était
retiré à Genève pour cause de reli-
gion, ayant voulu passer en Angle-
terre, fut arrêté près de Toumay,
reconduit à Mons. où il eut à subir de
cruels traitements, et brûlé vif.
NICOLAS (abel), d'une famille
ancienne de la Bretagne, sortit de
France à la révocation et alla s'établir
à East-Looe, dans le comté de Cor-
nouailles, où il mourut en 1712. Trois
enfants naquirent de son mariage avec
Anne de Pouldouran, On ne sait rien
de la vie de son second fils, nommé
Jacques, ni de celle de sa flUe, appe-
lée Rei^éb. Son fils aîné, Paul, fut
deux fois maire d'East-Looe. 11 épousa
MartJie Marris, qui lui donna, sans
parler de plusieurs enfants morts
jeunes, trois fils : P Paul, décédé en
1 788, sans enfants d'Anne Blake ; —
2« Nicolas, major dans un régiment
de dragons, mort en 1816, sans en-
fants de Phillis Blake ;^ 3° Jean,
capitaine dans la marine royale et
maire d'East-Looe , qui prit pour
femme Marguerite Blake, et en eut
cinq fils : !<> JEAii, capitaine de fré-
gate, chevalier de Tordre du Bain,
commandeur de Tordre de Saint-Fer-
dinand et du Hérite des Deux-Siciles,
né en 1788; — 2« Paul, lieutenant
dans la marine militaire, né en 1790
et marié avec Anne Mar combes, qui
T. Vlll.
Ta rendu deux fois père; — 3« Gua-
LAUHE, lieutenant de vaisseau^ né en
1792; — 4» Nicolas, lieutenant de
vaisseau, né en 1796; — S* Charles-
Henri, né en 1800. Nous n'avons rien
à ajouter à cette généalogie que nous
empruntons à Saint-Allais. Leu, dans
son Lexikon, parle d'une autre fa-
mille du même nom et également
réfugiée, mais originaire de La Ro-
chelle. Il nous apprend f\\i' Abraham
Nicolas, sieur du Gué-le-Roy, fils
û* Abraham Nicolas, greffier au prési-
dial de La Rochelle, et de Jeanne Bé-
raud, qui fut successivement secré-
taire de Sully, puis secrétaire de la
chambre du roi, en 1610, commis-
saire de l'artillerie, en 1613, com-
missaire de la marine, en 1617, et
enfin conseiller de la Chambre des
comptes de Montpellier, en 1623, se
retira, sur la fin de ses Jours, à Lau-
sanne, et obtint, en 1653, les droits
de bourgeoisie à Berne. 11 avait épousé
à Paris, en 1625, Marie de Burges,
fille de Barthélémy de Burges, sieur
de Vaizières, et d'Anne Le Proust
(Reg. de Charent.), dont il avait eu
une fille, Marie, née en 1637, et un
fils. Ce fils, nommé Jacob, naquit en
Janvier 1641 et fut reçu bourgeois de
Lausanne en 1666; il mourut pasteur
à Oron, en 1 72 1 . 11 avait fait, en 1 697,
l'acquisition de la seigneurie de Trey-
torrens, que ses descendants possé-
daient encore du temps de Leu.
NICOLAS (Antoine), pasteur de
Téglise française de Winterthur, ne
nous est connu que par un sermon qui
a été publié sous ce titre : L'agitation
de Vàme de Notre Sauveur ou Sermon
sur Jean Xll, 27, sans nom de lieu,
1703, in-8».
NIGOLLE, pasteur à Courcelles-
Chaussy, en 1569. Charles IX, par
son édit du 6 avril, ayant défendu
tout exercice de la religion protestante
à Metz, les Réformés de cette ville se
donnèrent de grands mouvements pour
faire révoquer ou au moins modérer
cette défense; mais tout ce qu'ils ob-
tinrent fut la permission de célébrer
NIE
— 18 —
NIG
leurs mariages et leurs baptêmes à
Courcelles^'Gbaussy^ où S. M. permit
à Nicolle de demeurer^ à condition
qu'il n'y exercerait aucune autre fonc-
tion de son ministère, et que même
pour les baptêmes et les mariages, il
ne se trouverait jamais plus de dix
personnes ensemble, sous peine de
mort. Après la conclusion de la paix,
le roi montra moins de rigueur. Par
un décret en date du 25 avril 1571,
il accorda aux Protestants de Metz le
libre exercice de leur religion à Cour-
cclles-Gbaussy; il est vrai que le
cardinal de Guise fit révoquer le décret
dès le 10 mai; mais, au mois d'oc-
tobre, le vent de la Gour tourna de
nouveau à la tolérance, et on leur
permit de tenir leurs assemblées à
Montoy, à deux lieues de Metz. Encou-
ragés par ce premier succès , ils de-
mandèrent l'autorisation de célébrer
leur culte dans la ville même, et récla-
mèrent en même temps contre l'exclu-
sion des charges publiques qui pesait
sur les Protestants. La seconde de
leur demande leur fut accordée ; mais
quant à la première, ils obtinrent
seulement d'avoir à Montoy autant de
pasteurs qu'ils le jugeraient à propos
et de pouvoir traverser la ville en se
rendant au prêche. Ils ne jouirent pas
longtemps de celte liberté. Après la
Saint-Barthélémy, ordre leur fut doimé
de cesser leurs assemblées et de ren-
voyer leurs ministres, puis on les
força d'assister au catéchisme fait par
un jésuite ; on en vint même à arra-
cher les enfants à leurs mères pour
les rebaptiser. L'histoire ne nous ap-
prend pas ce que devint Nicolle pen-
dant cette persécution. On ne le
retrouve qu'en 1568, exerçant son
ministère à Burtoncourt, église qu'il
desservait encore en 1579, selon une
note que nous a communiquée M. Othon
Cuvier.
NIELLE (Charles de) , pasteur à
Utrecht, selon le P. Lelong, qui le
qualifie de « gallus arminianus, » a
traduit en français le Ganlique des
cantiques^ traduct. publiée à Genève
par P. de Sainl-Àndré, 1594, in-S».
Ge Gharles de Nielle n'étant mort que
le 27 déc. 1G52, il ne peut être le
même que Charles de Nielles, qui
desservait, en 1 594^ l'église de Wesel,
étant alors dans sa 55» année, et
pasteur depuis trente-trois ans; mais
peut-être était-il son fils (l). Le der-
nier, vraisemblablement d'origine fla-
mande (2), nous est connu par une
trad. française de la Recognoissance
d'Ohbe Philippe par laquelle il con»
fesse que luy et ceux qui ont enr
seigné et enseignent entre les Anabap-
tistes n'ont nulle vocation légitime,
trad. à laquelle il a joint un Dis-
cours des faicts exécrables du nouveau
roy des Anabaptistes Jan Wilhems et
de ses complices, exécutez à Clèves,
Wesel et autres lieux Van 1580,
Leyde, Ant. Maire, 1595, in-8*.
NIGRIN (Georges-Adam), ministre
à Saint-Maurice dans le comté de Mont-
béllard, et surintendant ecclésiastique,
n'est guère connu que par les persé-
cutions qu'il eut à éprouver de la part
de l'intendant de la Franche-Gomté.
Le 25 avril 1700, le village où il
exerçait ses fonctions, fut envahi par
la force armée. Le lieutenant au bail-
liage de Beaumc, ac<;ompagné de sept
curés, se rendit à Téglise et y fit cé-
lébrer la messe; puis II contraignit, à
force de menaces, les villageois de
s'engager par écrit à céder le chœur
aux Gatholiques et à prendre le curé
sous leur sauve-garde. Un mois après,
les habitants de Saint-Maurice, reve-
nus de leur terreur et ne se croyant
pas obligés de tenir une promesse
arrachée par la violence, refusèrent
l'entrée de leur église au curé. Dès le
19 juin, le village fut envahi de nou-
veau par trois compagnies d'infante-
(1) Dans ce cas, il serait frère de Jean do
Nielles, né ï "Wesel en 1571, et mort en 1597,
jurisconsulte assez distinguo, à qui l'on doit dM
traTaui estimés sur le droit féodal et les Insti-
tules, ainsi qu'une Grammaire française, impri-
mée à Leyde en 1589.
(2) Nous n'osons l'affirmer, car nous trouTons,
en 1548, un Etprit KieUe, de Manosqoe, reça
bourgeois à GenèTe.
NIS
- 19 —
NIV
rie, qui furent logées à discrétion chez
les paysans, et qui ne se retirèrent,
an bout de dix- huit jours, qu'après
avoir arraché à leurs hôtes rengage-
ment de renoncer au cuite réformé.
Le pasteur, dont la présence devenait
inutile, fut conduit dans les prisons
de Besançon, d'où il ne sortit, au bout
de plusieurs semaines, qu'au prix de
tonte sa fortune Rendu à la liberté,
Nigrin reprit ses fonctions. En 1757,
il fut nommé inspecteur ecclésiastique,
place dans laquelle il eut pour succes-
seur, en 1744, Jules- Frédéric M acier,
son grand âge l'ayant mis dans la
nécessité de donner sa démission.
NISSOLES (Jean), pasteur à Gi-
gnac, qui assista, en 1 611 , à l'assem-
blée de Sommières (Arch. gén, Tt.
284), est surtout connu par deux
thèses qu'il soutint à l'académie de
Genève et qui ont été publiées dans
les Tbeses genev., l'une sous le titre
De fide in Spiritum Sanctum, l'autre
sous celui-ci : In teriium legis prcB'
cêptum,
l^ famille Nissolcs n'occupait point
ma rang élevé dans le Languedoc,
mais elle était zélée pour sa religion.
Aossi a-t-elie fourni son contingent
an Refuge. Sorti de France à l'époque
de la révocation, Moise Nissoles, an-
cien de l'église de Sumène, alla se
fixer £n Prusse et établit, en 1 689, à
HAhleodamm une tannerie qui pros-
péra singulièrement. La rapide fortune
qu'il acquit provoqua la concurrence,
Jêttn Hiany Claude WaU, de Metz,
Barraud, de Contras, Abraham Remy,
LtMgarde, Jean Marsaly de Metz, Lo"
vignêy de Blois, élevèrent des fabriques
de cuir à Berlin même, tandis que
Pierre Crégut , de Saint-Ambroix ,
haac Séchekaye, Salingre, Benjamin
Hennequin, Huguenel en établirent
d'antres à Blagdebourg, à Prenzlow, à
Francfort-sur-l'Oder et à Potsdam, en
îorte qu'en très-peu d'années, les
tanneries des Réfugiés suffirent à la
consommation intérieure delaPrusse^
al que les importations de l'étranger
cessèrent entièrement.
NIVET (Sainctin), de Meau&,
martyr. Compromis dans les pour-
suites qui aboutirent à la terrible
exécution du mois d'octobre 1546
(Voy. Pièces jusliflc, N<»VI),Nivet
réussit à s'y soustraire et se retira
à Montbéliard avec sa femme. C'était
un homme « fort débile de ses mem-
bres, » et hors d'état par conséquent
de gagner sa vie. Honteux de rester k
la charge de l'église, il résolut « de
retourner au combat , » et quelques
remontrances qu'on lui pût faire, il
partit pour Meaux , oîi il ne tarda pas à
être reconnu. Traduit devant la Cham-
bre ardente, il fut condamné an feu et
brûlé. Son martyre est le seul , avec
celui d'Octavien Blondel, de Tours,
qui se trouve inscrit dans le Marty-
rologe sous la date de 1548; mais —
et c'est une preuve nouvelle à ajouter
à tant d'autres que, loin d'exagérer
le nombre des martyrs, Crespin est
resté au-dessous de la vérité— les re-
gistres du parlement de Paris (dont
M. Taillandier possède un extrait
d'autant plus précieux que le registre
même, où se trouvent consignées ces
condamnations , ne se retrouve plus)
font menliun des arrêts rendus, la
même année, contre plusieurs autres
religionnaires, qui furent tous, comme
Ni ver, envoyés au bûcher. Pierre Bri-
quet, de Moulins, fut seul excepté.
Eu égard sans doute à sa rétracta-
tion , il fut seulement condamné à
l'amende honorable, aux verges et
au bannissement. Pierre Guyon,
d'Auxerre, eut la langue coupée et
fut brûlé vif, après avoir préala-*
blement subi la question, le 26 mai.
Pierre Rémond, fut condamné au feu,
le 2 juin, et exécuté dans la rue Sainte
Antoine. Pierre Ganthaume périt éga-
lement dans les flammes^ par sentence
du 26 juillet. Robert Le Lièvre, dit
Séraphin, Antoine Descliamps, Jean
LhuUlier, dit le Camus, joueur d'in-
strument, Michel Maréchal et Jean
Camus, éperonnier, furent pendus et
leurs corps réduits en cendres, le
!•' août. « De semblables canduana^
NOB
— 20 —
NOE
tions^ ajoute M. Taillandier, avaient
lien non-seulement à Paris, mais en-
core dans un très-grand nombre de
villes du ressort du parlement. »
NOBLET (Jacques), de Rouen,
tailleur de pierres de son métier, ser-
vait depuis plusieurs années sous les
drapeaux , lorsqu'il eut le malheur de
tomber entre les mains des Algériens.
Le consistoire de Rouen, touché de
son infortune, chargea Thomas Le
Gendre, un de ses membres, de tra-
vailler à sa délivrance, et Noblet re-
couvra la liberté par l'intermédiaire
des moines qui s'employaient au ra-
chat des captifs. En apprenant que
ses libérateurs n'avaient point voulu
accepter le remboursement du prix de
sa' rançon et qu'ils l'avaient promené
de ville en ville avec d'autres captifs,
rachetés comme lui, le consistoire dut
croire qu'il avait fait abjuration ; mais
Noblet ayant affirmé par serment qu'il
n'en était rien, on consentit à le rece-
voir dans l'Église. Le clergé catholique
l'accusa, en conséquence, du crime de
relaps. On fit comparaître un mathurin
qui déposa tenir du père Le Vacher,
missionnaire à Alger, que dans une
maladie, l'ex-captif avait reçu les sa-
crements de l'Ëglise romaine, et que
pendant la traversée, il avait assisté
à la messe. En présence des dénéga-
tions de Noblet, qui en appelait au
témoignage de tous ses compagnons
de captivité, la déposition du mathu-
rin fondée sur un simple ouï-dire,
était de peu de poids ; cependant on
Jeta Noblet en prison, les fers aux
pieds, et on l'y retint plusieurs mois
dans l'espoir de l'amener à abjurer.
Tous les moyens mis en œuvre pour
l'y décider, échouèrent contre son in-
domptable fermeté. Menacé des ga-
lères par les juges : a Tant mieux,
g'écria-t-il , elles me porteront peut-
être sur les côtes d'Afrique, parmi les
barbares et les ennemis de J.-Ch., où
J'ai trouvé plus d'humanité que parmi
vous. T» Le parlement de Rouen le
condamna enfin , ainsi que Pierre
Vastel, Portrait et Judith Le Prévost,
ces trois derniers par contumace,
faire amende honorable devant le por-
tail de la cathédrale, nu-pieds, la tor-
che au poing, à être banni à perpétuité
et à la confiscation de ses biens. En
entendant celte sentence, Noblet de-
manda une seule chose à ses juges,
c'est qu'on avançât le jour de l'exé-
cution, a H y aura plaisir, disait-il ,
à faire amende honorable avec une si
grosse chandelle ; qu'on me prépare
une belle chemise blanche. » Sa
femme et ses sœurs déclarèrent, de
leur côté, leur intention de l'accom-
pagner en habits de fête. Le parle-
ment, pour éviter un scandale, recula
tant qu'il put l'exécution et finit par
en référer au Conseil, qui ordonna
d'enfermer Noblet entre quatre mu-
railles et de ne lui laisser voir per-
sonne que des missionnaires. Un prê-
tre, ému de compassion, finit par
avertir sa femme du lieu où on
l'avait mis, et le geôlier s'étant
laisser gagner, Noblet réussit, en
1684, à se sauver en Hollande avec
sa femme et sa fille âgée de deux ans.
— D'autres Noblet trouvèrent égale-
ment un asile dans les pays étrangers
(Arch. gén, Tt. 261), entre autres,
Marie Noblet, née en mars 1645, fille
du graveur Matthieu Noblet et de Ma-
rie Leclerc (l), qui fut d'abord en-
fermée aux Nouvelles Catholiques ;
puis, sa constance ne se démentant
pas, expulsée du royaume, en 1694
{Jbid. E. 3380).
NOËL (Jean), dominicain de Rouen,
condamné comme hérétique par la
Sorbonne, le is décembre 1553. Au
nombre des propositions frappées
d'anathème par la docte Faculté,
comme fausses, scandaleuses, témé-
raires, pernicieuses, dérogeant à l'au-
torité de l'Ëglise, injurieuses pour le
Christ et les prélats romains, nous
(i) Les Registres de Charenton nous font con-
nattre un de ses frères Samuel, bapt. le 13 août
1646. On doit sans doute Toir un de ses oncles
dans la personne de Michel Noblet , grayeur à
Paris, fils de PtVrre, horloger k Génère, et de
Marie Zaeharie, qui cpottsa, en jnill. 1660, £f-
Iher jRoyer.
NOG
— î41 —
NOG
nous contenterons de signaler celles-
el : Jamais l'Ëvangile n'a été si bien
prèchée qu'elle est pour le présent
qu'il est licite à an chacun et con-
▼enable icelle lire pour entendre son
salut. — Notre SeigneurJ.-Cii.^lorsde
sa mort et passion a donné liberté de
manger toutes viandes et en tous jours,
pourvu qu'il n'y eut aucun scandale.
— Les prélats ne sont que monstres, et
ont tout gâté par leurs pompes, ava-
rice et simonie. — L'Ëgiise doit être
pauvre. — Puisque les prélats ne
prêchent rËvanglie, ne parole de
Dieu ; à cette cause, il faut que les
gens mécaniques prêchent l'Ëvangile
et la parole de Dieu. — II est néces-
saire à un chacun chrétien pour en-
tendre son salut, avoir, lire et enten-
dre l^Ëcriture sainte et TËvangile.
Nous ignorons ce que cette condam-
nation attira au pauvre frère prêcheur,
dont Quétif et Echard se sont bien
gardés de parler dans leur volumi-
neuse Bibliothèque. Nos recherches
ne nous ont rien appris à ce sujet ,
car nous ne supposons pas qu'il soit
identique avec Jean No'él , de Troyes
en Champagne, qui se réfugia à Ge-
nève et eut deux fils, Jean et Daniel,
souches d'une famille éteinte dans le
siècle passé. — Peut-être Etienne No'él,
pasteur à Saint-Julien dans le comté
de Vontbéliard dès 1540, appartenait-
il à la même famille. — Un peintre du
nom de Bernard Noély vivant à Paris
aa commencement du xvii« siècle,
professait aussi la religion réformée.
NOGARET (Henri de), duc de
Candals, fils aîné du fameux duc
d'Ëpemon, gouverneur de l'Angou-
mois, de la Saintonge et du Limousin,
en survivance de son père, ayant quitté
la maison paternelle, en 1612, pour
échapper aux railleries que lui atti-
rait un mariage mal assorti, alla offrir
ses services à l'Empereur, puis au
grand-duc de Toscane, qui armait
contre les Turcs. 11 fit des prodiges
de valeur à Tattaque d'Agliman ou
plutôt d'Aghaliman , port de Selefkeh,
en Caramanie, et contribua plus que
personne à la prise de cette impor-
tante forteresse. De retour en France,
en 1614, il fut nommé premier gen-
tilhomme de la chambre du roi ; mais
une intrigue de cour et le méconten-
tement que lui causa le refus de l'hé-
ritage de sa mère, le jeta, bientôt
après, dans le parti des princes, qui
voulait empêcher les mariages es-
pagnols. S'il faut en croire quelques
écrivains, il était irrité surtout de la
préférence que d'Ëpernon témoignait
à son second frère, et ce fut par dépit
qu'il embrassa publiquement la reli-
gion réformée. Selon d'autres, il se
fit protestant par amour pour la du-
chesse de Rohan, Ménage rapporte
dans son Dictionn. étymologique, ces
vers que d'Aubigné doit avoir fait' à
ce sujet :
Hé quoi donc, petit Sibllot,
Poar l'amour de dame Liiette,
Vous Touf êtes fait huguenot,
A ce que nous dit la Gazette.
Sans ouTr anciens on pasteurs,
Vous TOUS êtes donc fait des nôtres ;
Vraiment nous en Terrons bien d'autrea.
Puisque les yeux sont nos docteurs.
Quel que ait été le motif de sa con-
duite, de Caudale abjura publiquement
le 10 janvier 1616, et le 15, il prêta
le serment d'union dans l'Assemblée
deNismes (Fonds de Brienne, N» 223).
Selon l'usage, il publia les motifs de
sa conversion , sous ce titre : Décla-
ration et confession de foy, faicle par
Monseigneur de Candale dans le sy-
node des églises réformées des Cevennes
et Gevauldan, assemblé en Alez, le di-
manche i 0 janv, 1616. Après laqueUe
il fut publiquement reçu dans l'Église,
à la fin de la prédication, Nismes, J.
Vaguenar, 1616, in-12, pp. 5. Le
néophyte y proteste que a esclairé et
conduit par l'Esprit de Dieu, qui est
le Père de lumière, duquel vient toute
bonne donation, il a recogneu depuis
quelques années que l'ËgUse romaine
est toute pleine de superstition, d'ido-
lâtries et de fausses doctrines, con-
traires à la Parole de Dieu, lesquelles
il déteste et abjure de tout son cœur. »
Il proteste, en outre, qu'il sort de
NOG
— Î2 —
NOG
l'Église romaine > « la Babylone dont
Dieu commande de sortir^ » qu'il vent
vivre et mourir en TËglise réformée,
et que sa résolution ne lui est dictée
ni « par des mouvemens de la cliair
et du sang 9 ni par des considérations
mondaines (l). d Êtait-il sincère? Il
est impossible de se le persuader.
Bans notre opinion, il voulait, par
cet acte hypocrite, atteindre un but
politique qu'il atteignit en effet. Sa
prétendue conversion lui donna tant
d'Influence sur l'Assemblée de Nismes
que, ce malgré la crolance de Chdtillon,
que la vertu de ses prédécesseurs lui
avoit acquise très- grande, il renversa,
dit Roban, tout son crédit, se fit re-
connoitre général des Sevenes, et for-
tifia tellement l'Asserobiée, que les
oppositions duditChàtillondans icelle
et dans le Languedoc, n'empêchèrent
qu'elle ne fit la Jonction avec le
prince. » Après la conclusion de la
paix , de Caudale abandonna à la fois
le parti huguenot et la religion ré-
formée pour se réconcilier avec son
père et l'Église romaine.
NOGENTEL (Isaac de), seigneur de
Nogentei (2), avait fait ses études en
théologie a l'académie de Genève, où il
étaitentréen 1619. Ildesservait'comme
pasteur réglise de Nogentei lorsqu'il
mourut à la fleur de Tàge, en 1645.
Sa mort fut Toccaslon d'une de ces
nombreuses entreprises que le clergé
catholique et les tribunaux se permet-
taient depuis longtemps (z) contre les
privilèges de la noblesse protestante,
privilèges quelquefois bien vains, mais
auxquels les gentilshommes huguenots
devaient attacher d'autant plus de prix
qu'on les leur disputait avec mauvaise
foi. On sait que les seigneurs de pa-
roisse avaient le droit, lorsqu'un
(1) Le parlement de Toulouse, par arrêt do
4 février, condamna cet écrit comme diffamatoire,
teandaleui, contraire à l'èdit de Nantes et autres
édita de pacification. Par représaillrts, l'Assem-
lHéb de La Rochelle fit brûler publiquement cet
arrêt (Fond* dt Brienne^ N» 223).
(S) 11 était sans doute fils de Jacques ds No-
fenlêt, seigneur de No|entel, à qui les habitants
de Gbâieau-Thierry, appayéa par le chapitre de
Saint-^lfartin de Tours, contestèrent le droit
membre de leur famille venait à mou-
rir, de faire peindre autour de l'église
un litre ou ceinture funèbre avec leurs
armes d'espace en espace. Les parents
d'Isaac de Nogentei voulurent user de
leur droit; mais l'évéque de Soissons
s'y opposa, et la Chambre de l'édit de
Paris lui donna gain de cause. Il parait
que notre pasteur ne laissa qu'un fils,
nommé Jostas, qui mourut à Paris, en
1665, à l'âge de 27 ans, et qu'il avait
une sœur, Susanne, mariée à Phi-
lippe Le Cartier (Reg. de Charenton).
NOGUICR. Trois pasteurs de ce
nom desservaient en 1678 des églises
dans le Bas-Languedoc; ils étaient
frères. Le mieux connu des trois est
l'alné, nommé David, qui remplissait
alors ses fonctions à Bernis, et qui
s'était déjà acquis une certaine répu-
tation par sa Réponse au livre de
M, Vévéque de Condom, intitulé Expo-
sition, etc. Orange, 1673, in-i8;
2« édit., Quévilly, 1673, in-12. Le
synode provincial de Nismes, auquel
il assista, en 1678, avec ses deux frè-
res, pasteurs, l'un à Saint-Chaptes, le
plus Jeune à Boucairan, le chargea
d'examiner, avec Du Bourdieu et Be*
sombeSy V Apologie pour les Iconoclas-
tes, que l'auteur^ Des Gaillards, lui
avait fait présenter par son beau-
frère, le ministre Paradez(Arch. gén,
Tt. 282). A la révocation de l'édit de
Nantes, David Noguier prit toutes ses
dispositions pour suivre ses coUègues
sur la terre étrangère, mais, raconte
M»* Du Noyer, sa nièce, « comme on
avoit grande envie de le gagner, on
lui chercha une querelle d'allemand, »
et, au moment où il allait partir, on
l'arrêta. Après avoir été retenu quelque
temps prisonnier dans la citadelle de
Montpellier^ il fut remis en liberté et
d'eiercice dans sa terre, en 160S. La Chambre
de l'édit de Paris les débouta de leur demande
par arrêt du 10 juin 1605 {Fondi dt Briennt,
N^SiO).
(S) hn 1609 déjk, la Chambre de Tédit de
Paris prira la tcuvo du sieur de YieUle.Neige de
ses droits seigiieuriauxi parce que, comme pro-
testante, elle n'assistait pu à l'église catholique.
G'eit la première atteinte portée aux droits hono-
riflques desi gentilshommes protestants.
NOG
— 23 —
NOR
put sortir da royaume avec sa femme,
mais on rednt son fils et sa fille qui
avaient passé Tâge porté par les dé*
clarations. Il se retira à Genève, d'où
il passa, bientôt après, en Hollande. Il
mourut, en 1705, pasteur de Téglise
française de Groningue, qu'il desser-
vait,'depuis 1686, avec Daniel Cottin,
de Houdan, et d'autres ministres ré-
fugiés.
Le frère putné de David Noguier se
nommait JacqiÀes, Il desservait l'église
de Saint-Âmbroix en 1672, c'est-à-
dire à l'époque du jugement définitif
da procès soulevé par l'enlèvement de
la jeune Bonioîy procès qui fit beau-
coup de bruit. Cette enfant, que sa
mère élevait dans la religion protes-
tante, ne comptait que neuf ans lorsque
l'évêque d'Uzcs la ravit à ses parents,
en 1667, pour la mettre dans un cou-
vent du Pont-Saint-Esprit. Pendant
deux ans, elle résista avec une éton-
nante fermeté aux séductions comme
aux menaces des religieuses, en sorte
que, de guerre lasse, on finit par la
rendre à son père, qui professait la
religion romaine. Â l'âge de douze ans,
elle déclara qu'elle voulait vivre, dans
l'église réformée, et, en conséquence,
Noguier l'admit à la sainte table. L'é-
vèque la fit alors enlever de nouveau;
mais l'intendant la rendit à ses pa-
rents, en défendant en mémo temps
aux minisires de recevoir aucun ca-
tholique à changer de religion avant
qu'il eût fait sa déclaration devant
quelque juge. A la révocation de l'édit
de Nantes, Jacques Noguier, qui était
alors pasteur à Saint-Chaptes, se re-
tira dans le Pays de Vaud. On a de lui
un recueil de Sermons divers, Laus.
et Neufchâtel, 1689, in-S». Peut-être
Henri Noguier, du Languedoc, qui vi-
vait à Lausanne, en 1740, avec ses
sœurs Espérance et C/iar/otfe, descen-
dait-il de lui.
Au reste, nous avons rencontré
assez fréquemment ce nom de Noguier
dans le cours de nos recherches. Le
capitaine, à qui Condé, en se sauvant
à La Rochelle, confia la garde de son
château de Noyers, le portait. Attaqué
par les Catholiques, il ne se rendit
qu'après la brèche faite, à condition
de sortir vie et bagues sauves. La ca-
pitulation fut violée. La garnison ftit
dévalisée, quelques soldats tués et le
château livré au pillage. Quant à la
ville, qui s'était soumise sans résis-
tance, elle fut, malgré la fol promise,
pillée avec meurtres et violemens in-
croyables, lit-on dans les Mémoires de
Charles IX.
NORMAND, vaillant capitaine hu-
guenot, originaire de Rouen (i), parait
pour la première fois dans les rangs
de l'armée protestante, en 1 568, comme
lieutenant de Mausonnière, L'intrépi-
dité qu'il déploya au siège de Chartres
{Voy. II, p. 458) plut tellement kAn-
deloty que l'illustre gentilhomme le
décora de la chaîne d'or qu'il portait
suspendue à son cou. En 1569, Nor-
mand, qui commandait alors une com-
pagnie d'arquebusiers à cheval, prit
part à la défense de Châtellerault, sous
La Loue (Voy. III, p. 390), à la prise
de Moncontour, et depuis 1570, à
toutes les entreprises de La A^otie dans
les provinces de l'Ouest [Voy. VI,
p. 283). La même année, il servit
au siège de Brouage, oii, secondé par
La Garde, Chaudet et Vopergue, il
repoussa bravement une sortie des as-
siégés ; puis à celui de Saintes, sous
les ordres de Pontivy.
A la Saint-Barthélémy, il se trou-
vait à La Rochelle, et fut chargé de la
défense de Marans. La faiblesse de sa
garnison, qui ne comptait que trois
compagnies d'infanterie et 50 chevaux,
ne lui permettait pas de soutenir un
siège ; aussi, à l'approche de Blron,
abandonna-t-il la place pour se replier
sur La Rochelle. Il fit halte à La Gre-
menaudière, où 11 se défendit vaillam-
ment tout un jour, et il profita de
l'obscurité de la nuit pour gagner
La Rochelle avec son lieutenant La Re-
nolière, sans autre perte notable que
(1) 11 est très-probable que son nom de f«miUt
était Bretin^ et que Normtnd n'était qu'un sur-
nom (Foy. Y, p. 495).
NOR
— 24 —
NOR
celle du capitaine Virolety qui s'ob-
stina à ne pas abandonner les chevaux
et fut pris par les Catholiques. Pendant
toute la durée du siège de La Ro-
chelle, il rendit les plus importants
services commelieutenant de La Noue,
et après la retraite de ce chef illustre^
comme membre du conseil de guerre.
Après la conclusion de la paix, il ob-
tint le commandement d'un navire
rochellois. En 1574, assisté par Sau-
jon, il détruisit une bande de pirates
qui infestaient les parages de La Ro-
chelle^ sous la protection du roi de
France. C'est la dernière fois que
l'histoire fasse mention de lui.
NORMANDIE (Laurent de), doc-
teur en droit, maître des requêtes et
lieutenant du roi à Noyon, sa ville na-
tale, s'étant retiré à Genève, en 1549,
pour cause de religion, y fut reçu
bourgeois, le 8 sept. 1551, moyen-
nant 60 écus, dont 40 lui furent lais-
sés en don pour les services qu'il avait
déjà rendus à TÉtat. Vers le même
temps, le parlement de Paris se mita
instruire son procès, et par arrêt du
7 sept. 1552, il le condamna, ainsi
que Christophe Le Fèvre, Lancelot de
Jdontigny, Jacques Bernardy, Cor-
neille de Valette, Nicolas Neret, Pierre
Labbé, dit le Balafré, Nicolas Picot,
Claude Dupré, à être traîné sur la
claie et brûlé sur la place du marché
de Noyon, comme coupable d'être
sorti du royaume (i4rc^.^ën. X. 8946).
Laurent de Normandie pouvait, heu-
reusement pour lui, se rire des arrêts
des parlements de France. Le 25 avril
1555, il se fit confirmer les droits de
bourgeoisie, et le l«r Juin 1556, il fut
reçu avocat à Genève. Trois ans après,
il entra dans le conseil des CC, où il
continua à bien mériter de sa patrie
d'adoption. On ignore l'année de sa
mort. 11 avait été marié deux fois. Sa
première femme, Anne de La Vaque-
rie, qui mourut avant son émigration,
le rendit père de deux fils : Jean, qui
suit, et Salomon, sieur de Beauiieu,
qui épousa Susanne Combet, Il eut de
la seconde, Anne CoUadon, trois en-
fants : Marie, femme de J.-F. Pitard,
puis de Pierre de La Mare, David et
Théodore, dont la destinée est in-
connue.
Jean de Normandie, né à Noyon, en
1545, docteur en droit, membre du
conseil des CC, puis des LX, fut dé-
puté, en 1589, à Henri IV pour le fé-
liciter sur son avènement au trône. 11
prit pour femme, en 1573, Marie
Trie, fille de Guillaume Trie (1) et de
Marguerite Budé, qui lui donna six
enfants: P Joseph, né en 1574, qui
suit ; — 20 Jean, qui fonda une branche
cadette;— o"" Marie, femme de Jean-
Gaspard de Livron, sieur de Bruel ; —
4° Marguerite, mariée au syndic P.
Lullin;—5<> Judith, épouse du procu-
reur général Michel Roset ; — 6» Ca-
therine, femme du conseiller Jacob
de La Maisonneuve.
I. Conseiller du roi en l'élection de
Bresse, en 1G08, conseiller d'Etat à
Genève, en 1609, syndic, eu 1618,
Joseph de Normandie mourut en 1 625,
ne laissant de son union avec Doro-
thée Vilain, fille du baron d'Aubonne,
qu'un fils Michel, né en 1618, lequel
mourut en 1697, après avoir rempli
les fonctions de conseiller, en 1658,
et de syndic, en 1667. Du mariage de
ce Michel, à qui Ton doit un Réper-
toire ou Indice raisonné extrait des
registres publics (1535-1659), avec
Anne Grenus, célébré en 1646, na-
quirent huit enfants : 1 ^ Jacob, qui
suit; — 2» André, qui suivra; —
3« Esaïe, membre du CC, à qui sa
femme, Catherine Duhamel ne donna
que des filles; — 4° Jacques;— 5° Jean-
Antoine, auditeur du CC, qui lais3a
un fils, nommé Robert, et une fille,
appelée Françoise, sur le sort des-
quels Galiffe se tait; — 6° Louis, qui
s'établit à Lyon, en J 676 ; — 70 Ca-
mille, femme de Jean Roch, lieute-
nant du château de Gex ; — 8» Ma-
rie, femme de Gédéon de Carro.
Jacob de Normandie, docteur en
(1) Guillaume Trie, sieur de Varennes, de
Lyon, fut reçu bourgeois de GeuéTe, le 13 atril
155.5.
NOR
— 25 —
NOR
droit, conseiller de la république de
Genève, en 1703, fut appelé à Berlin
par ie roi de Prusse, qui le nomma
conseiller privé, en 1 704, et le char-
gea de régler les aflTaires de la succes-
sion du roi Guillaume, il mourut à
Berlin, en 1 7 1 3, ayant eu de sa femme
Sara Bonnet, fille de Jacob Bonnet
et (ï Olympe Eyraud, deux filles et un
fils. Ce dernier se nommait Jacques.
Uembre du CC et capitaine au service
de la république, il mourut en 1771
sans enfants. En lui s'éteignit à Ge-
nève la famille de Normandie, une des
plus distinguées du Refuge.
André de Normandie, second fils de
Michel, quitta sa ville natale pour al-
ler se fixera Amsterdam avec sa femme
Charbtte Le Clerc et ses nombreux
enfants, qui s'établirent, les uns en
Hollande, les autres en Amérique.
C'est apparemment de Jeàn-Antodœ,
l'un de ces derniers, juge de paix du
comté de Bush en Pensylvauie, que
descendait le docteur Jean de Nor-
mandiey de Bristol, dont nous con-
naissons une dissert. : On the Chaly-
béate Watersof Bristol inPensylcaniay
publiée dans le T. I des Transact. of
Society of Philadelpbia.
II. Né en 1583, Jean de Norman-
die, entra, en 1626, dans le conseil
et devint syndic en 1634. Il mourut
en 1646, ayant été marié deux fois, la
première, en 1617, avec Jeanne Lui-
lin, la seconde avec Camille Calan'
drini. Du 1" lit vint Marib de Nor-
mandie, femme du conseiller Jacob de
La Rive, et du second : Jean, qui suit ;
Marguerite, qui épousa le ministre
Charles Dufour, et Charlotte, femme
de Michel Trembley.
Jean de Normandie naquiteni646.
Conseiller en 1679, syndioen 1083,
puis premier syndic, il fut chargé
d'une mission auprès de la cour de
France en 1696. Il mourut en 1711,
laissant de sa femme Sara de Sève,
qu'il avait épousée en 1671, un fils,
nommé Jean- Louis, qui fut major
d'artillerie en Hesse, puis membre du
CC, et qui mourut sans postérité.
Cne branche de la famille de Nor-
mandie resta en France, bien qu'elle
professât aussi la religion réformée.
Les Registres de Charenton font men-
tion de quelques-uns de ses membres,
tels queSusanne de Normandie, femme
de Moïse Carré, médecin du roi, à qui
elle donna plusieurs enfants, entre
autres, Simon-Pierre, baptisé enl 614,
Susanne, née le 11 déc. 1 61 6 et pré-
sentée au baptême par Jacques Fer-
davaine et Susanne de Hautemlle,
Henriette, femme, en 1637, de Corio-
lan de Frère-de-Salluste-du-Bartas;
— Augustin de Normandie y fils d'un
chirurgien du même nom et d'Anne
d'Allemagne, enterré, à l'âge de 1 9 ans,
dans le cimetière des SS. Pères, le
23 avril 1670; — GeorgeS'Robert de
Normandie, docteur en médecine,
mort à Paris, à l'âge de 22 ans, et
inhumé le 4 nov. 1770, au cimetière
du Port-aux-Plâtres. Ce dernier ne se-
rait-il pas de la branche genevoise,
et le fils de l'auditeur Jean-Antoine?
NORT (Odet de), né à Agen, en
1 540, et mort à La Rochelle, en 1593,
est célèbre dans Thistoire de nos
guerres civiles par le rôle important
qu'il joua à La Rochelle comme pas-
teur de l'église de cette puissante cité.
De Nort faisait ses éludes à Paris,
lorsqu'il apprit que son père, catho-
lique très-bigot, avait résolu de le
mettre dans les ordres. Il est probable
qu'il avait conçu, dès cette époque,
des opinions favorables à la Réforme;
ce qui est certain, c'est qu'à cette nou-
velle, il s'enfuit à Genève, où il fut
reçu ministre. Peu de temps après,
en 1501, il fut envoyé à Castelmoron,
où il organisa l'église protestante;
puis on le donna pour pasteur aux
Réformés de Villeneuve-d'Agénois, et
au bout de quelques mois, il fut chargé
avec Cor mère (Voy. IV, p. 62) de des-
servir l'église déjà très-nombreuse de
Toulouse, sans y être toutefois défini-
tivement attaché {MSS. de Genève
197", Cari. 1). Après l'expulsion des
Protestants, de Nort fut assez heureux
pour échapper aux sanglantes ven-
NOR
— 26 -
NOT
geances du parlement et pour rejoin-
dre l'armée de Duras, Fait prisonnier
à la déroute de Ver, il fut mené à La
Rochelle^ qui ne s'était pas encore dé-
clarée pour le parti protestant; mais il
ne tarda pas à être remis en liberté
an prix d'une modique rançon. Il se
retira à Nieuil, dont l'église le de-
manda pour pasteur au Synode na-
tional de Lyon. De Nort lui fut accordé
provisoirement et jusqu'à la tenue du
synode provincial de la Guienne, qui
pouvait seul^ d'après la Discipline^ le
décharger de ses obligations envers
l'église de Villeneuve-d'Agénois. Ce
synode consentit sans aucun doute à
lui rendre la liberté^ puisque nous le
trouvons, en 1 563^ exerçant son mi-
nistère à La Rochelle^ oiî les Protes-
tants étaient déjà si nombreux qu'ils
réussirent à faire nommer pour suc-
cesseur du maire Pineau un bourgeois
de leur religion, Michel Gui,
a De Nort, lit-on dans Arcère, avait
reçu de la nature une grande facilité
de s'énoncer noblement, et l'heureux
talent de persuader. Il avait l'esprit
souple et délié, les manières douces
et liantes, p La Popelinière, de son
côté, atteste qu'il était « le premier de
la ville tant en sçavoir qu'en éloquence,
animositéet autres parties requises au
ministère, »et Barbot le qualifle de
« grand serviteur de Dieu et grand
prescheur autant que nul autre de son
temps. D On ne peut s'étonner qu'un
homme de ce mérite ait promptement
acquis sur l'esprit des Rochellois une
autorité si grande que les Catholiques
lui donnèrent le nom de Pape de La
Rochelle; ce qu'il y a de plus remar-
quable, c'est qu'il conserva son crédit
Jusqu'à sa mort.
De Nort n'usa d'ailleurs de Tim-
mense ascendant dont ii jouissait que
dans l'intérêt de la Cause. Il contribua
puissamment, ainsi que son collègue
La Vallée, à livrer La Rochelle aux
Protestants^ en 1568. Après la Saint-
Barthélémy, personne n'agit avec plus
d'énergie et de succès pour déterminer
les Rochellois à soutenir le fameux
siège de 1 573. Zélé partisan de Condé,
qu'il considérait avec raison comme
le moins égoïste des princes qui sou-
tenaient alors la Cause, il travailla à
dissiper les préventions des Rochellois
contre lui et réussit à lui ouvrir les
portes de la ville, en 1576. Il avait
été moins habile, ou moins prévoyant,
l'année précédente, lorsque, malgré
l'opposition de son collègue JUagnan,
il s'était prononcé pour l'alliance des
Huguenots avec le duc d'Anjou.
• L'autorité que notre pasteur exer-
çait dans une ville aussi importante
que La Rochelle devait nécessairement
répandre sa renommée dans les églises
et lui assurer une place éminente parmi
leurs guides spirituels; aussi fut-il
appelé en 1 581 , à présider le onzième
synode national dont nous avons pu-
blié les actes généraux (Voy. Pièces
justif., N» XLVI). Déjà en 1570, il
avait assisté au Synode national de
La Rochelle et en avait signé les pro-
cès-verbaux comme député de la Sain-
tonge. En 1582, il fut encore député
à l'Assemblée politique de Saint-Jean-
d'Angély. Une fluxion de poitrine l'en-
leva au mois de mars 1593, à l'âge
de 53 ans. « 11 a laissé un tel nom,
écrivait une demi-siècle plus tard Phi-
lippe Vincent, un de ses successeurs,
qu'encore qu'il y ait cinquante ans que
Dieu l'a recueilli en sa paix, il n'y a
ni petit ni grand à qui il ne soit connu
et à qui sa mémoire ne soit hono-
rable. »'
NOTTER (Jean-Georges), né à
Strasbourg au mois de mai 1601, fit
ses études dans sa ville natale, où il
fut reçu maltre-ès-arts, en 1621. Il
alla visiter ensuite les universités d'Al-
lemagne, pour accroître la somme de
ses connaissances, et à son retour, il fut
nommé professeur en théologie. Ap-
pelé, en 1 635, comme pasteur à Spire,
il accepta cette vocation et mourut
dans cette ville, le 21 mars 1639. On
a de lui : Exegesis dicli Davidici,
Ps. XXXllï, 6, Arg., 1633, in-40.
— Nous ignorons quels liens de pa-
renté unissaient notre pasteur à Jean-
OBE
— 27 —
0B£
Georges Nolter et à Jean^Frédério
NotUty médecins strasboorgçois coû-
nos dans la littérature médicale « le
premier par des ttièses De dépurer
tioM sanguinis par renés, Arg., 1714,
in-4% le second par une dissertation
De actione mercurii, Arg., 1 749, in-4«.
NUDIN6 (Georges), né à Wissem-
boorg en 1558. Fils d'an artisan, Nu-
ding fréqnenta l'école de sa ville na-
tale jusqu'à l'Âge de 1 4 ans. En 1573,
il fut mis au gymnase d'Augsbourg,
où il passa sept années, puis il alla
terminer ses études en théologie à
l'université d'Iéna. Ayant pris, en
1 583, le grade de mattre-ès-arts, il se
mit à donner des leçons de grec et de
latin ; mais bientôt on lui offrit à l'uni-
versité de Tùbingue une chaire qu'il
occupa pendant cinq mois seulement,
ayant été rappelé à Wissembourg en
qualité de directeur de l'école, ou il
avait commencé ses études. La même
amiée, il fut nommé diacre. En 1593,
il obtint la place de pasteur de l'église
de Wissembourg, qu'il desservit jus-
qu'à sa mort, arrivée le 8 août 1624.
Selon Rotermund, il a fait imprimer
quatre Oraisons funèbres. Son fils,
Théophile, né à Wissembourg en
1593, passa de l'école de cette ville à
l'université d'Iéna oîi il étudia aussi
la théologie. Ses études terminées, il
fit un voyage en Autriche, où il sé-
journa jusqu'en 1621, qu'il fut appelé
en Franconie comme diacre de l'église
évangéiique de Schwaningen. Exilé
avec ses collègues en 1 627, il retourna
à Wissembourg, où il fut nommé dia-
cre en i 629. Arrêté par les Impériau
en 1632, il fut mené à Ingolstadtet
retenu prisonnier près de deux ans.
Lorsqu'il eut recouvré la liberté, il
reprit sa place de diacre qu'il remplit
jusqu'à sa mort, c'est-à-dire jusqu'au
16 janv. 1647. On a de lui Davidica
et Christiana aéris et cœli mutatto^
oder Leichenpredigt aus Ps. LXXlllf
23 folgg.y Niirnb., sans date, in-4«.
Il laissa un Ûis^ nommé Geoeges-Hi-
CHEL, que les désastres de la guerre
de Trente ans empêchèrent de suivre
les cours d'une académie. Après avoir
achevé ses humanités au gymnase de
Ratisbonne, il entra comme précep-
teur dans la famille de Limbourg. Plus
tard, il devint recteur de l'école de Wis-
sembourg, où ii mourut, le 20 mars
1 703. 11 est auteur de poésies latines,
entre autres, d'une description des
bains chauds de Wissembourg; mais
on ne nous apprend pas si ces poésies
ont été imprimées.
NUI (Jean), bourgeois d'Amai-Ie-
Duc. Sa fille était entrée dans le cou-
vent des Ursulines de cette ville ; elle
était d'un âge qui ne permettait pas à
son père de la réclamer ; mais au moins
ii prétendait ne pas être forcé de lui
payer une pension. Le parlement do
Dijon l'y condamna, par arrêt du 3 août
1644. C'est le premier exemple d'une
iniquité qui se renouvela fréquemment
dans la suite, et à ce titre, il méritait
d'être signalé.
OBERKAMPF (Chhistophb-Phi-
lippe), créateur de la manufacture de
toiles peintes de Jouy et de la filature
de coton d'Essonne, naquit le 1 1 juin
1 738 , à Wiesenbach^ dans le margra-
viat d'Anspach, d'une famille honora-
ble, mais pauvre, qui, depuis plusieurs
générations, exerçait de père en fils Ut
profession de teinturier. En 1749, son
père étant allé s'établir en Suisse, ii
Ty suivit. Ce fut à Bàle qu'il commença
son apprentissage. Doué d'une ardeur
sans égale, il passa successivement
par tous les degrés de la profession, et
acquit tant d'habileté dans les différen-
tes branches de l'art du teinturier qu'à
OBE
— 28 —
OBE
TAge de 19 ans^ il fat en état de rem-
plir la place de contre-maître dans un
petit établissement de teintare et d'im-
pression que son père avait formé à Aa-
rau. C'est à cette époque que le désir ir-
résistible de perfectionner les connais-
sances qu'il possédait déjà, le poussa à
abandonner la maison paternelle et le
conduisit àMuIhouse, où il entracomme
graveur dans la fabrique de Samuel
Kœchlin. Aubout de six mois pourtant^
il consentit à retourner à Aaran, mais
il n'y resta que fort peu de temps. Dès
le mois d'octobre 1758, ilvint à Paris
et trouva à s'employer, comme gra-
veur, dans une fabrique de toiles pein-
tes, qui existait alors, par privilège,
dans l'enceinte de l'Arsenal. Il y tra-
vailla Jusqu'en 1759, qu'un édit auto-
risa la fabrication des toiles peintes.
Jusque-là sévèrement défendue, excepté
dans un petit nombre de lieux privilé-
giés. Gomme il se trouvait à la tète
d'un pécule, qu'il devait à la plus
stricte économie et à une chance heu-
reuse qu'il avait eue à la loterie, il
voulut tirer, pour son propre compte,
parti de ses talents. Il s'associa avec
le suisse du contr61eur général des fl-
nances et établit dans une chaumière
du vallon de Jouy (l) une petite fabri-
que de toiles peintes. Son industrie
prospéra, malgré les obstacles que lui
opposèrent la routine de l'administra-
tion, le bigotisme du clergé et la Ja-
lousie d'industries rivales. Secondé
par son frère £ tienne-Frédéric et par
deux de ses anciens compagnons d'ate-
lier, il imprima, la première année,
3,600 pièces d'indienne , auxquelles
la solidité et l'éclat des couleurs, Joints
à la perfection du dessin, procurè-
rent un rapide écoulement. Ses pro-
duits obtinrent en peu de temps une
grande réputation ; les demandes se
multiplièrent, Oberkampf se vit forcé
d'agrandir sa fabrique. Le duc de
Beuvron, seigneur de Jouy, frappé des
(1) Mue par on plenx respect poar la mémoire
de ion père, M"« JuUt Mallet, cette chrétienne
exemplaire, enletée récemment à l'Eglise protes-
tante, a conterti celte maison en une salle d'agile.
avantages de l'industrie nouvelle, lui
vendit successivement le terrain né-
cessaire, et au bout de trois ans, on vit
s'élever dans un lieu à peu près désert
la magnifique manufacture de Jouy,
autour de laquelle vint se grouper ime
population de 1 ,500 âmes. Grâce à l'é-
nergique impulsion du Jeune fabricant,
à sa volonté ferme, à son activité pro-
digieuse, à rascendant qu'il exerçait
sur ses ouvriers, le pays se transforma.
Les marais se desséchèrent et firent
place à des champs cultivés soigneu-
sement, le vallon et les coteaux voisins
se couvrirent de maisons proprement
bâties, et le misérable hameau de Jouy
prit un air d'aisance et de bien-être.
Quelques années après, lorsque la tem-
pête révolutionnaire, qui lui causa des
pertes énormes et faillit même lui coû-
ter la vie, se fut apaisée, Oberkampf,
qui désirait que son industrie se suffit
à elle-même dans ses propres ateliers,
fonda à Essonne une vaste filature
de coton, à la tête de laquelle il mit
son gendre Louis Feray. Ges impor-
tants services rendus à l'industrie na-
tionale ne restèrent pas sans récom-
pense. Louis XVI anoblit Oberkampf et
accorda à sa fabrique le titre de manu-
facture royale. En 1790, le conseil
général du département lui vota une
statue, éclatant témoignage de grati-
tude que sa modestie ne lui permit pas
d'accepter. Napoléon le décora de la
croix de la Légion d'honneur, dans
une visite qu'il fit à Jouy. Le célèbre
manufacturier accepta la décoration
que le grand homme détacha de sa
propre boutonnière; mais il refusa
d'entrer dans le sénat conservateur.
La prospérité de la manufacture de
Jouy atteignit à son apogée sous l'Em-
pire ; l'invasion lui porta le coup le plus
funeste. Brisé par le spectacle des mi-
sères qu'il avait sous les yeux, Ober-
kampf succomba, le 4 oct. J 8 1 5, re-
gretté de toute la population de la vallée,
qu'il s'était attachée par sa bienfaisance
aussi ingénieuse qu'éclairée. L'opu-
lence n'avait en rien altéré l'excellence
de son cœur, elle ne lui avait point fait
OBE
— 29 -
OBE
oublier non pins robscurité de son ori-
gine. Loin de rongir de sa famille, il
se plut à prodiguer k son père et à sa
mère les marques de son respect, de sa
tendresse, et à combler de bienfaits
ses parents pauvres. Il flt venir en
France les six enfants de sa sœur So-
phie- Dorothée, lorsqu'ils restèrent or-
phelins, et les plaça tous dans ses éta-
blissements. L'un d'eux Samuel Wid-
mer (Voy. ce nom) paya noblement la
dette de reconnaissance contractée par
ses frères et par lui, en contribuant
par ses belles découverles à la prospé-
rité de la manuracture de son oncle
maternel.
Oberkampf avait épousé, en 1 774,
devant le chapelain de l'ambassade de
Suède, Marie-Louise Petineau, fllle de
P,-F, Petineau et de Marie-Anne Le-
guay, de Sancerre, qui le laissa veuf,
en 1782, après lui avoir donné quatre
enfants : Nanwe, Christophe, Au-
gustin, morts jeunes, et Marib-Julub,
née en 1777 et femme, en 1797> de
Louis Feray. En 1785, il se remaria,
à l'ambassade de Hollande, avec Eli-
sabeth Massieuy qui mourut à Paris,
le 9 déc. 1816. De ce second mariage
naquirent encore quatre enfants, dont
deux fils et deux filles. L'ainédes fils,
Alphonse, ne vécut que jusqu'à l'âge
de 1 6 ans. Le cadet, Emile, né en 1 787,
n'hérita ni de la fermeté de caractère ni
de la simplicité patriarcale de son père.
Sa santé débile ne lui permettant pas
de rester à la tète d'un établissement
aussi considérable que celui de Jouy, il
le vendit àM . Barbet, de Rouen, donna
sa démission de maire de Jouy, de
chef de bataillon de la garde nationale,
de membre du conseil général, et se
retira en Picardie. En 1827, le collège
électoral de Versailles le choisit pour
député. Quoiqu'il siégeât sur les bancs
de la gauche, Charles X le décora de
la croix de la Légion d'honneur, en
1828, et le créa baron, l'année sui-
vante, à l'occasion de l'exposition des
produits de l'industrie. Il mourut d'une
fièvre cérébrale, le 9 avr. 1837. Sa
femme, JuUe My-de-BammeviUe, qu'il
avait épousée en 1 81 3, lui avait donné
plusieurs enfants, entre autres une fille
mariée, en 1 836, au fils du baron
Portai. Quant aux deux filles, l'ainée,
Ehilie, née le 29 mai 1 794 et mariée,
en 1 81 2, à Louis-Jules Mallet, mourut
à Cauterets, le il sept. 1856, après
une vie consacrée tout entière aux
œuvres de bienfaisance. Sa sœur,
Laure, née le 30 janv. 179 7, a épousé,
en 1818, Adolphe-Jacques Mallet,
OBERLIN (Jéréhie-Jacques), éga-
lement distingué comme antiquaire et
philologue, naquit à Strasbourg, le 7
^oût 1735. Il fit ses premières études
au gymnase de sa ville natale, où son
père Jean-Georges Oberlin était pro-
fesseur (i). Sorti des classes, il fut
envoyé à Montbéliard pour y appren-
dre la langue française. De retour à
Strasbourg au bout de huit mois, il
entra à l'université. Frappé de son
assiduité à ses cours et de ses heu-
reuses dispositions, Sohcepflin conçut
pour lui de l'amitié et mit à sa dis-
position sa riche bibliothèque. Cette
faveur permit au jeune Oberlin d'ao-
quérir une foule de connaissances qui
ne faisaient point partie du programme
de l'enseignement universitaire. Après
avoir pris le grade de docteur en phi-
losophie, en 1758, Oberlin se fit in-
scrire au nombre des étudiants en
théologie; mais entraîné déjà par son
goût pour l'archéologie, il sacrifia un
peu la dogmatique à l'exégèse du texte
sacré.
Dès rage de 20 ans, Oberlin avait
été adjoint à son père. Quelque temps
après, Schœpflin, toujours rempli de
bienveillance à son égard, l'avait choisi
pour diriger les études des nombreux
élèves que sa réputation attirait à
Strasbourg de toutes les contrées de
(1) Jean-Georges Oberlin aTtit nenf enfants,
dont sept fils. Deax sealement se sont reodos
célèbres à dirers titres ; les aotres sont restés
inconnus. Il est probable qne l'an d'eu était
Samuel Oberlin, maréchal des logis de la caTa-
lerie légère, qui assisU, le 19 mai 1681. à Vea-
terrement de l'apothicaire du roi Henri de Luuan,
son bean-frèreiatec Henri de HouÊt9WMinê, docl.
en médecine , n«?e« dn défont [Hag, <• Char.),
OBË
30 —
OBE
l'Europe. En 1764, il obtint la place
de conservateur adjoint de la biblio-
thèque de Tuoiversité, et la même
année, il lui fut permis d'ouvrir un
cours public sur le style latin. Enfin,
en 1770, il (ut appelé à remplacer
son père au gymnase, et nommé pro-
fesseur adjoint d'éloquence latine à
l'université. 11 accepta ces places et
les remplit avec zèle, sans renoncer
à donner en même temps ses leçons
particulières d'archéologie, de géo-
graphie, de diplomatique, qui étaient
toujours fort suivies. En 1776, il fit,
aux frais du magistrat de Strasbourg
on voyage archéologique dans le midi de
la France. Ce voyage ne dura que quel-
ques mois; mais le temps fut bien em-
ployé. Oberlin en a publié une rela-
tion dans le Neuer Briefwcchsel de
8chlôzer(Part. IV et V), sous ce titre :
Antiquarische Reise in dos siidliche
Prankreich, Quelque temps après son
retour, en 1778, il fut nommé pro-
fesseur extraordinaire de philosophie
à l'université, et quatre ans plus tard,
il obtint la chaire de logique et de
métaphysique. En 1787, il Joignit à
eette place celle de gymnaslarque ou
directeur du gymnase, et fut pourvu
d'un canonicat à Saint-Thomas.
Outre les nombreuses occupations
que lui donnaient la direction du gym-
nase, l'entretien de la bibliothèque,
ses cours publics et ses leçons parti-
eulièrcs, le laborieux Oberlin se livrait
à des recherches multipliées et diffi-
ciles pour la composition de ses sa-
vantes thèses et de ses autres ou-
vrages. La Révolution l'arracha à tant
de travaux, en le Jetant dans la poli-
tique. L'estime générale dont il jouis-
sait ne le garantit pas des atteintes de
la calomnie. Arrêté, en 1 795, avec la
plupart des administrateurs du dépar-
tement du Bas-Rhin, ses collègues,
sous l'accusation de haute trahison, il
fot transféré dans les prisons de Metz.
On le traita d'abord avec beaucoup
de dureté; mais au bout de trois mois,
on lui donna la ville pour prison.
Il profila de cette espèce de liberté
pour se livrer à des recherches sur
l'histoire et le patois du Pays Messin.
Après le 9 thermidor, il retourna à
Strasbourg, oii il recommença ses
cours d'archéologie et de diplomatique.
Lors de l'établissement des écoles cen-
trales, il fut nommé bibliothécaire de
celle du Bas-Rhin, formée des livres
des couvents supprimés, et aussitét,
il ouvrit un cours de bibliographie
qui fut très-suivi. Une attaque d'apo-
plexie l'enleva le 10 oct. 1806. As-
socié, depuis 1772, à l'Académie des
inscriptions, correspondant de l'In-
stitut depuis sa fondation, membre
de plusieurs Académies nationales et
étrangères, entre autres de celle des
Sciences, lettres et arts de Strasbourg,
dans laquelle il lut un grand nombre
de mémoires intéressants , Oberlin
entretenait une vaste correspondance
avec les savants les plus distingués
d'Allemagne, de France et d'Italie. A
l'amour du travail, à un zèle ardent
pour les lettres, à une érudition pro-
fonde et variée, il unissait un esprit
vif et pénétrant, une élocution nette et
facile, et ses talents étaient rehaussés
par une humeur douce, gaie, servia-
ble, une simplicité patriarcale, une
piété vraie, sans ostentation, une vie
irrépréhensible. Les lettres lui doivent
beaucoup. 11 a rendu à la philologie,
à la diplomatique, à l'archéologie, à
l'histoire littéraire des services nom-
breux non-seulement par la publica-
tion d'excellentes éditions de plusieurs
auteurs anciens et de savants mé-
moires, insérés en partie dans le Ma-
gasin encyclopédique, dont il fut un
dee principaux rédacteurs (i), mais
aussi par la composition de fort bons
manuels ou d'autres ouvrages scien-
tiflques dont nous donnerons plus bas
la liste.
Oberlin avait été marié deux fois.
Sa première femme, N, Witter, ne
lui donna qu'un flls, mort à la fleur de
l'âge. De son second mariage naqui-
rent deux enfants, dont l'un mourut
(1) Oberlin coopéra Muti à U rédaction à$ U
Oasettê nnivenéUê de Deni-FonU .
OBE
— 31 —
OBE
jeune^ eldoniraolre, nommé Georges-
JÉRÉMiE, après avoir servi quelque
temps daus les armées de la Républi-
que, fut nommé vérificateur de Tar-
pentage du département du Bas-Rhin,
et plus tard professeur à Tacadémie de
pharmacie de Strasbourg.
Notice bibliographique.
I. Diss. phiklogica de KvraçiaaiiV*
seu de veierum ritu condiendi mor-
tuos, Arg., 1 737, in-4«. — Thèse sou-
tenue sous la présidence de Scherer,
professeur d'hébreu et de grec.
II. Jungendorum marium fluvio-
rumque omnis œvi molimina, Arg.,
1770-75, 4 parties, in-S». — Quatre
thèses formant une histoire complète
des travaux entrepris dans tous les
temps pour faciliter la navigation in-
térieure.
m. Musœum SchœpfUniy Arg.^
1770-75; 1775, in-4<». —Il n'en a
para que ce premier volume, faute
d'encouragement de la part du public.
IV. Miscellanea htterariay maxi'
mcmi partem Argentoraiensia^ Arg.^
1710, in-4».
y. Orbis antiqui monumentis suis
iUuétrati prodromus, Arg., 1772, in-
4«. — Introduction, en forme de thèse
académique, à son manuel de géogra-
phie ancienne.
VI. Diss. de linguœ latinœ medii
œvi mira barbarie^ Arg., 1 773, in-4«.
VII. Rituum Romanorum tabulœ in
usum auditorum, Arg., 1774; nouv.
édit. augm., 1784, in-8». — Pro-
gramme pour son cours d'archéologie,
enrichi d'une table très-étendue d'ou-
vragés à consulter.
VIII. Essai sur le patois lorrain des
environs du comté du Ban-de-La Ro-
che, Strasb., 1775, in-8«. — 11 avait
étudié ce patois pendant une visite
qu'il fit à son frère.
IX. Orbis antiqui monumentis suis
iUustrati primas linecSy Arg.^ 1776;
1790, in-80. — Manuel de géographie
ancienne à l'usage de ses élèves, avec
une liste d'ouvrages anciens et mo-
dernes publiés sur la matière.
X. Ovidii Nasonis Tristium Ubri V;
ex Ponto lib. IV et Ibis, Arg., 1778,
in-80. — Les Tristes avaient été déjà
publiés séparément en 1776, in-8*.
XI. Vibius Sequester De flumini-
6m5, etc., Arg., 1778, in-8o. — Très-
bonne édition annotée de ce géographe
latin.
XII. Recherches sur Vancien peuple
finois, Strasb., 1778, in-80. — Ouvrage
d'Idman publié par Obcrlin, qui y ajouta
des notes et une préface.
Xill. Lettre à M. le comte de Skaw'
ronsky, Strasb., 1779, in-8». — Au
sujet d'un bijou qu'Oberlin croyait être
un nimbus.
XIV. Almanac de Strasbourg,
Strasb., 1 780-8 i,in-8o; remplacé par
ï'Almanac d'Alsace, Strasb., 1 782-89,
in-80, auquel succéda, en 1792, VAl'
manac du dép. du Bas-Rhin, dont
Oberlln ne rédigea que le premier vo-
lume.
XV. Scherzii Glossarium germani-
cum medii œvi, Arg., 1781-84, 2 vol.
In-fol. — Scherz n'avait pas eu le temps
de mettre la dernière main à ce savant
ouvrage. Oberlin le publia en le com-
plétant et en y ajoutant des éclaircis-
sements.
XVI.' Alsatia litterata sub Celtis,
Romanis, Francis, Arg.. 1782, in-4«.
XVII. Diatribe de Conrado herbipo-
litd,krg., 1782, in-40.
XVIII. Bonerii Gemma, Arg., 1 782,
in-4«. — Recueil de fables.
XiX. Tentamen pedagogicum, Arg.,
1782, in-40.
XX. Bihtebuoch dabey die Bezeich*
nunge der heil. Messe, Strasb., 1784,
in-80.— Livre de confession écrit dans
le XIV « siècle.
XXI. De J, Tauleri dictione ver-
naculâ et mysticâ, Arg,, 1786, in-4«.
XXII. Alsatia literata sub Germa^
nis sœo. IX et X, Arg., 1786, in-4«.
XXI II. De /. Geileri cœsaremontani
«cripiw ^«rmamcw, Arg., 1 786, in-4».
XXIV. Diss, logica de vitio subrep-
tionis in omni humand vitd obvio,
Arg., 1786, in-4».
XXV. D. L. Apuleius Sgyptiis ter .
ê
OBE
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OBE
mysteriisinitiatus, Arg., 1 786^ Jn-4o.
XXVI. De po'éiis Alsatiœ eroticis
medii œci, Arg., 1786, in-4o.
XXVII. Horatii Carmina , Arg.,
1788, in-4«. — Clief-d'œuvre de typo-
graphie.
XX VIII. Artis diplomalicœ primœ
UneŒyAvg., 1788, in-8«.
XXIX. Litterarum omnis œvifata ta-
huHs synopticis expositOy Arg.,1789,
in-80 et in-40.
XXX. Diss, Jac, Tivingerum re-
gioviUanumsisiens,A\'g., 1 789, in-4*>.
XXXI. Mémoire sur la motion de
M. Matthieu concernant les Protes-
tons d'Alsace, pour servir de suite
au discours de M, Koch sur ladite
motion, Strasb., 1790, in-8*.
XXXII. Observations concernant le
patois et les mœurs des gens de la
campagne, Strasb., 1794, in-S».
XXXIII. Liberté, EgaUté, Strasb.,
1796.
XXXIV. Exposé d'une découverte
de M, le chevalier de Fredenheim,
Strasb., 1796, in-S«; imp. d'abord
dans le T. VI du Magasin encyclop.
XXXV. Essais d'annales de la vie
de Guttemberg, SiTàsb., 1801; 1840,
in-80. — Oberlin défend les droits de
Strasbourg à Thonneur de la décou-
verte de rimprimerie.
XXXVI. C. Taciti Opéra, Lips.,
1801, 2 vol. in-8».
XXXVII. Discours prononcé à l'ou-
verture de l'académie des Protestans
de la Conf, d'Augsbourg, /e 1 5 6ni-
maire an XII, Strasb., 1804, in-80.
— Histoire succincte du gymnase de
Strasbourg.
XXXVIII. C. J. Cœsaris Commen-
tarit, Lips., 1805, ln-8».
Frère puîné de Jérémie-Jacques ,
Jean-Frédéric Oberlin, le célèbre pas-
teur du Ban-de-La Roche, naquit à
Strasbourg, le 51 août 1740. Porté
par ses goûts et par une piété exaltée
vers la carrière ecclésiastique, il étu-
dia la théologie et se ût remarquer
parmi ses condisciples non-seulement
par son intelligence, son application
et la pureté de ses mœurs, mais aussi
par un enthousiasme religieux qui se
rencontre rarement chez un jeune
homme de son âge. Ses études termi-
nées, il entra, en qualité de précep-
teur, dans la maison du chirurgien
Ziegenhagen, où il passa trois années.
Ce fut seulement en 1767 qu'on lui
offrit la place peu recherchée et peu
digne d'envie de pasteur au 6an-de-
La Roche , canton alors à demi-sau-
vage, sans communications, sans cul-
ture, habité par une centaine de
familles plongées dans l'ignorance et
la misère.
Dès le xvii« siècle, quelques pas-
teurs , pénétrés de l'importance de
leur mission, comme Nicolas Marmet,
Pelletier, de Monlbéliard, et surtout
Jean Stuber, avaient essayé de tirer
cette misérable population de son état
de barbarie; mais leurs efforts avaient
presque complètement échoués contre
des préjugés enracinés. Stuber avait
réussi pourtant à établir une école con-
venable , et grâce à ses soins , grâce
aussi à son Alphabet méthodique pour
faciliter l'art d'épeler et de lire en
français, la plupart de ses paroissiens
lisaient à peu près couramment, lors-
qu'il quitta son église pour aller des-
servir celle de Saint-Thomas à Stras-
bourg. Il restait donc beaucoup à
faire pour civiliser la contrée; Oberlin
ne recula pas devant cette rude tâche.
Il s'attacha d'abord à gagner le
cœur des habitants par sa douceur et
sa charité ; puis, lorsqu'il y fut par-
venu, il commença par leur faire sentir
la nécessité de rendre praticables les
horribles chemins qui reliaient entre
eux les cinq villages de la paroisse, et
de les rattacher à la grande route. Il
rencontra une résistance qu'il vain-
quit, en prenant lui-même la pioche
et en mettant la main à l'œuvre. Il
songea ensuite à pourvoir les cultiva-
teurs d'instruments aratoires et de
semences appropriées à la nature du
sol. Avec le temps, et sous son intel-
ligente direction, le cours des ruis-
seaux fut réglé, les marais desséchés,
des prairies artificielles créées, des
OBE
— 33 —
OBE
pépîDières et des vergers plantés dans
des terrains auparavant stériles. La
culture de la pomme de terre et c^lle
dn lin firent en même temps de si
grands progrès, que les cultivateurs
trouvèrent bientôt des ressources con-
sidérables dans Texportation d'une
partie des produits de leurs champs.
Une société d'agriculture , fondée par
Oberlin^ encouragea Téducation des
bestiaux par la distribution de prix
annuels. Une caisse d'emprunts vint
en aide aux agriculteurs en leur prê-
tant sans intérêts de petites sommes,
à la seule condition d'une scrupuleuse
exactitude dans le remboursement.
Une caisse d'amortissement, créée par
des souscriptions volontaires, contri-
bua à Textinction des dettes qui gre-
vaient leurs propriétés. Et comme
aucun métier^ même les plus utiles,
n'était exercé dans la paroisse, Ober-
lin plaça en apprentissage à Strasbourg
un certain nombre de Jeunes gens, pour
leur faire apprendre ceux de maçon,
charpentier, forgeron, menuisier, vi-
trier. £nfln il fit venir des sages-
femmes et un médecin^ et ouvrit une
pharmacie.
Avec l'aisance la population s'ac-
crut. Afin de fournir du travail à tous
les bras , l'infatigable pasteur établit
une filature de colon, à laquelle il rat-
tacha des salles d'asile sous la direc-
tion de sa femme et de quelques per-
sonnes charitables. Et comme l'homme
ne se nourrit pas de pain seulement,
il fit marcher de front avec les établis-
sements destinés à pourvoir au bien-
être matériel de ses paroissiens, les
Institutions propres à développer
parmi eux Tinstruction religieuse et
l'éducation intellectuelle. Une biblio-
thèque, fondée par Stubcr, fut consi-
dérablement augmentée à ses frais,
des Bibles répandues en grand nombre
avant même la fondation de la Société
biblique de Paris, et des écoles éta-
blies dans les cinq villages de la pa-
roisse. Les pieux travaux, les nobles
efforts du ministre de l'Evangile fiè-
rent bénis. Pas une commune en
T. VIII.
France ne peut rivaliser avec le Ban-
de-La Roche ni en moralité ni en in-
struction.
Les merveilles opérées par Oberlin
répandirent sa réputation en France
et à l'étranger. Plusieurs sociétés phi-
lanthropiques crurent s'honorer en
l'admettant dans leur sein. En 1S18,
la Société centrale d'agriculture lui
décerna une médaille d'or. En 1819,
Louis XVIII le nomma chevalier de la
Légion d'honneur. Cependant sa plus
douce récompense fut l'amour de ses
paroissiens, qui le vénéraient à l'égal
d'un père. Il mourut à la suite d'une
courte maladie, le i*' Juin 18 26, après
un ministère de 59 ans. Son corps fut
porté à Fouday au milieu d'un im-
mense concours de gens de toute con-
dition. Prolestants et Catholiques dé-
plorant à l'envi la perte de cet homme
vénérable.
Oberlin était un admirateur enthou-
siaste de Lavater et de Gali. Il avait
aussi sur le monde supérieur des idées
singulières assez semblables à celles
des théosophes modernes, dont il se
rapprochait d'ailleurs sur d'autres
points; mais les théories plus ou
moins étranges dont il aimait à s'oc-
cuper n'eurent d'autre infiuence sur
lui que de fournir un aliment puissant
aux excellentes qualités de son cœur.
Ami de la liberté et de la justice, il
salua avec joie la Révolution fran-
çaise, tout en détestant les excès qui
furent commis en son nom. Patriote
sincère et partisan du gouvernement
républicain, il ne craignit pas de bra-
ver les terroristes, en sauvant le plus
de proscrits qu'il put, sans distinction
d'opinions ou de culte, mais il ne crut
pas devoir se mettre en révolte contre
la loi, en violant ouvertement le dé-
cret do la Convention qui ordonna de
suspendre l'exercice du culte ; seule-
ment, sous le nom d'orateur de la
Société populaire, il continua à prê-
cher l'Evangile avec autant de liberté
qu'auparavant. On loue encore son
désintéressement, sa tolérance, sa
philanthropie qui embrassait tout le
3
OBR
- 34 -
OBR
genre humain : on raconte qu'il vendit
son argenterie pour contribuer à l'œu-
vre des missions ^ et qu'ému de com-
passion par le sort des nègres escla-
Tes^ il renonça à l'usage du sucre et
du caré^ qui lui semblaient arrosés
du sang de ces malheureux.
Oberlin n'a rien publié à notre
connaissance; mais il a laissé en
mss. des Sermons, écrits d'un style
très-simple et très-familier, les Anna-
les du Ban-de-La Roche depuis 1770,
une Autobiographie portant la date de
1784, et une Réfutation du traité de
Cicéron De Senectute, terminée en
1815.
Sa femme, Madelaine-Saîomé Wit-
ter, fille d'un professeur à l'univer-
sité de Strasbourg, qu'il avait épou-
sée le 6 Juillet 1768, et qu'il perdit
après seize années de la plus heureuse
union, l'avait rendu père de neuf en-
fants. Deux avaient précédé leur mère
dans la tombe. L'alné, nommé Fré-
déric, périt sur les bords du Rhin en
1793, servant comme volontaire dans
Tarmée de la République. Le second,
Henri, fut victime du noble dévoue-
ment avec lequel, quoique malade, il
travailla à, arrêter les progrès d'un
Incendie. Un troisième Henri-Gott-
FRiED, docteur en médecine, est auteur
d'un livre intitulé Propositions géolo-
giques pour servir d'introduction à
un ouvrage sur les élémens de cho-
rographie, avec l'exposé de leur plan
et de leur application à la description
géognostiquBy économique et médicale
du Ban-de-La Roche, Strasbourg et
paris, 1806, in-8«.
OBREGHT, famille originaire de
Schélcstadl, mais établie à Strasbourg
dès la première moitié du xvi* siècle.
C'est dans cette dernière ville que na-
quit, le 25 mars 1 547, du syndic Tho-
mas Obrecht et ^'Elisabeth Roth , le
savant jurisconsulte Georges Obrecht,
ainsi que ses trois frères : Didyme,
Henri ei Daniel y dont le second sui-
vit aussi la carrière du droit , et les
deux autres, celle de la médecine.
Georges Obrecht fit d'excellentes
études à Strasbourg et à Tubingue.
Avant de prendre ses degrés, poussé
par le désir d'augmenter ses connais-
sauces, il voulut visiter laFrance,donl
les écoles de droit jetaient alors un
vif éclat, et il suivit pendant quelque
temps les cours de nos grands juris-
consultes huguenots, entre autres, du
célèbre Du Moulin, Le 24 avril 1 572,
il se trouvait à Orléans. Il échappa,
non sans peine, aux égorgeurs de la
Sainl-Barthélemy ; mais il perdit une
belle bibliothèque qu'il avait formée
à force de soins et de dépenses. Quel-
que sensible que lui fût cette perte,
il s'en consola dans l'espoir de s'en
dédommager à Strasbourg, où ii avait
réuni une autre collection d'ouvrages
rares et précieux. Mais quelle ne
fut pas sa douleur, lorsqu'à son ar-
rivée , il trouva que le tout avait
disparu. Il en conçut tant de cha-
grin qu'il fut sur le point d'aban-
donner la jurisprudence pour se faire
soldat dans les troupes de Beutrich ;
cependant il renonça bientôt à ce
projet insensé, et partit pour Bâle,
oii il prit le bonnet de docteur, en
1574. L'année suivante, il fut choisi
pour remplir la chaire de droit à l'u-
niversité de Strasbourg. Il l'occupa
avec honneur pendant quarante ans,
sans se laisser tenter par les ofires
avantageuses qui lui furent faites de
divers côtés. Ses concitoyens s'ef-
forcèrent de le récompenser de son
attachement pour sa patrie. Obrecht
fut nommé successivement chanoine,
puis doyen du chapitre de Saint-
Thomas, en 1589, recteur de l'uni-
versité, en 1595, avocat de la ville
et conseiller, en 1598. Six ans plus
tard, l'empereur Rodolphe l'anoblit,
ainsi que son fils Jean-Thomas, et,
en 1607, il le créa comte palatin.
Obrecht mourut, comblé d'honneurs,
le 7 juin 1612, àTÂge de 66 ans,
avec la réputation d'un homme droit,
sincère, religieux et foncièrement cha-
ritable. Les fonctions de l'enseigne-
ment, qu'il remplissait avec un grand
zèle, ne lui laissèrent pas le temps de
OBR
— 35 --
OBR
beaucoup publier. Cependant on lui
doit d'excellents ouvrages, dont voici
la liste.
I. CEconomia lit, Cod, et ff. de
transactionibus, Arg., 1579, in-i».
II. CEconomia tH. Cod. et ff, de
procur. etdefens.^ Arg., 1580, in-4».
III. Exerdtium juris antiqui ro-
manif Francof., 1582, in-12; Arg.,
1585, in-40; lense, 1692, jn-l2;
Hamb., 1726. Quelques édit. portent
pour titre : Adumbralio processus ro-
mani,
IV. Propositiones e L, 2 C, de ju-
dic,, cum appendice e L. properan-
dum 13 Cod, de judic, Arg., 1583,
iii-4«».
V. Deprincipiis belli, Arg., 1590,
in-4».
VI. De jurisdictione et imperio,
Molh.^ 1602, in-40.
VU. Disp, e variis juris civilis ma-
ierOs, Ursel., 1603, in-4». — On en
cite une édit. de Strasb., 1579, in-4o.
VIII. Disp, de regaUbus, Argent.,
1604, ill-4«.
IX. Disp. de concipiendis et for-
mandû libeUis^ Arg., 1604, in-40.
X. Ditp. de juramento calumniœ,
Arg., 1604j in-40.
XI. Disp, de Htis contestaiione,
Arg., 1604, in-i«.
XII. PoUtische Bedenken, Strasb.,
1606, ia-80.
XIII. Cynosura juris feudcUis ,
Francof., 1606, in-8».
XIV. Tract, de jurisdictione , Arg.,
1607, tn-4«.
XV. Politica ordinatio, i 608, 8«.
XVI. ErklUrung iiber dos poîiti-
sehê Bedenken von den LUbeckschen
Stadl-EinkUnften, 1610, ln-8».
XVII. Jus feudale enucleatum,
Arg., 1617, in-4».
XVIII. Sécréta politica, Arg. > 1 6 1 7,
iil-4*; 1644, ln-4«.
XDL Tract, de necessarià defen-
fiane, Arg., 1617, ln-4».
XX. De jurisdictione imperio et
fofo compétente, Arg., 1617, in 40.
XXI. CEconomia seu dispasitio ïn*
stit, Justinian,, Holm. Suec, 1617,
ln-12.
XXII. Deprincipiis juris tractât.,
Arg., 1619, in-12.
XXIII. In IV libros Digestorum,
Arg., 1622, in-4«.
XXIV. Exerdtium juris antiqui
ad L, de pedaneis judicibus, Giesscn,
1723, in-8». — Annoté par Weber.
Les bibliographes JOcher et Roter-
mond, d'après qui nous avons dressé
cette liste, y ajoutent, sans autre in-
dication : Topica legalia, Antithemata
juris notis iUustrata, Comment, de
probationibus, Disput, de furto, de
patrimonio mulierum , de militari
disciplina, de reivindicatione; Tract,
von Anstellunq guten Policey nnd
von biUiger Erhôhung der jUhrlichen
Gefàlle; Strasburgische Gedenkrede
au f die Re formation, le mémo ouvrage
peut-être que le Patriotische Gedenk-
rede, imp. à Strasbourg, 1659, fn-
fol. et appartenant sans doute à son
flls Georges, ainsi que le GlUcktvUn-
schungsrede an E. E. Rath der Stadi
Strasburg, publié aussi à Strasb.,
1665, ln-4«; Kurzes Bedenken, loet-
chermassen an Stand des Reiches so
mit grossen Ausgaben beladcn, sich
derselben erledigen, auch seine Gefàlle
und Einkommen verbessern mage,
msc. que le duc de Poméranie, Phi-
lippe II, acheta de Jean-Thomas
Obrecht au prix de 200 ducats; Epist,
de studio juris, msc. qui se trouvait
dans la bibliothèque de Griebner à
Leipzig.
Georges Obrecht fut marié deux fois,
en premières noces avec Barbara,
fille de Jean Marbach, et, en secon-
des, avec Ursule, fille û'Ulric Chesius,
médecin de la ville de Strasbourg, et
veuve de Théobald Winter. Nous ne
connaissons que deux de ses fils,
Jban-Thom AS et Georges. Ce dernier
s'est acquis une Tàcheuse célébrité.
Docteur en droit , avocat , procu-
reur général du Petit-Conseil, Georges
Obrecht occupait dans la république
une position ém Inente ; mais 11 s'en
montrait Indigne par la dépravation
OBR
— 36 —
OBR
de ses mœurs. Ennemi do Duminique
Dielrich, qui \alait mieux que lui à
tous égards, il s'attacha à le perdre^
et pour y réussir, il eut recours aux
plus odieux moyens. Pendant long-
temps, les calomnies qu'il répandait
sourdement, les pamphlets anonymes
où il peignait cet homme honorable
comme un traître vendu à la France,
les sociétés secrètes qu'il avait orga-
nisées parmi les étudiants allemands,
entretinrent dans la ville une violente
agitation. Toutes ces menées tendaient
à provoquer des troubles qui fournis-
sent un motif légitime d'intervention
aux princes d'Allemagne. L'Empereur,
qui craignait de voir tomber Strasbourg
sous la domination française, était
entré dans ses projets et lui avait pro-
mis la première magistrature en ré-
compense de ses honteux services.
Déjà les Impériaux s'approchaient de
la ville pour l'occuper, lorsqu'un ha-
sard heureux fit découvrir la conspi-
ration. Georges Obrecbt racheta jus-
qu'à un certain point son crime par
un repentir sincère et les aveux les
plus complets. Il fut néanmoins con-
damné au dernier supplice et exécuté^
le 7 février 1672. Ce fut peut-être le
désir de venger sa mort, autant que
l'éloquence de Pélisson et les brillan-
tes promesses de Louvois, qui portè-
rent son fils Ulrig à se vendre à la
France et à introduire traîtreusement
dans sa ville natale les troupes de
Louis XIV, le 30 septembre 1681.
Ulric Obrecht naquit à Strasbourg,
le 23 juillet 1646. Il commença ses
études au gymnase de Montbéliard^ et
alla les continuer à l'université d'Al-
torf, oh il se fit remarquer par ses
rapides progrès dans les langues,
l'histoire et la jurisprudence. Après
avoir pris sa licence, il se chargea de
l'éducation du fils de l'ambassadeur
russe Kelerman, qu'il accompagna à
Vienne et à Venise. Tout porte à
croire qu'il trempa dans les projets
subversifs de son père, ou au moins
qu'il en eut connaissance. A son retour
à Strasbourg, il épousa la ÛUe de
l'illustre J^-Henri Bœcler, à qui il
succéda dans la chaire d'éloquence et
d'histoire, en 1676. Cinq ans plus
tard, lors du voyage que Louis XIV fit
à Strasbourg, pour visiter sa nouvelle
conquête, Pélisson, qui connaissait
Obrecht de réputation, entreprit de le
convertir. Le prudent professeur n'eut
garde de se livrer de prime abord. Il
feignit des scrupules; mais une pen-
sion qu'il faillit perdre, parce que sa
femme refusait de suivre son exem-
ple (1), et la chaire de professeur de
droit, à laquelle il fut nommé en 1682,
mirent fin à tous ses doutes, en sorte
qu'il put abjurer, en toute sûreté de
conscience^ dans un voyage qu'il fit à
Paris en 1684. Bossnet, entre les
mains de qui il renia sa foi, fut si
charmé de cette conquête, qu'il pro-
clama Obrecht un Epitome omnium
scienliarum. Les éloges de l'illustre
prélat flattèrent sans doute la vanité de
l'apostat, cependant il est permis de
croire que la place de préteur royal,
qui lui fut donnée l'année suivante^
lui fut encore plus agréable. Quelques
années plus tard, Louis XIV le nomma
son commissaire à Francfort pour les
affaires de la succession de Madame.
Il ne rentra à Strasbourg que pour y
mourir, le 6 août 1701.
On a dit qu'Obrecht parlait de tons
les personnages de l'histoire comme
(1) Louis XIV menaça également, el poir le
même motif, JeanrChrittophê Gûnlzer, hoof-
geois de Strasboarg, de lui retrancher la pen-
sion qu'il lui faisait, Tobstination de sa femme
donnant des doutes sur la sinoéritè de sa propre
contersion. Il paraît que cette menace fit pe«
d'effet sur cette sélée luthérienne, qui réussit
même à faire sortir ses enfants du royaume.
Ordre fut donné à Gilntxer de les représenter, ce
que n'ayant pu faire, il fut jeté dans une prisou,
où il paissa trois mois. Sa mort, qui arriia peu
de temps après, occasionna un procès enta« le
tuteur de ses enfants et Giintzer, conseiller à la
Chambre des XV, qai s'était emparé des bleu
du défunt, comme étant son plus proche héritier
catholi(^ae. Consulté k ce sujet, le ministre Le
Blanc répondit : « Comme ils [les enfants] se soHk
retirés du royaume pour exercer la religion lu-
thérienne, ils sont sans difficulté dans le cas des
défenses générales portées par les édits et décla-
rations contre les enfans fugitifs des pères mm-
Teaux oontertis. » £u conséqueoce, le tiiew
perdit la cause (1737).
OBR
— 37 —
ODE
s'il avait été leur contemporain ; de
tons les pays^ comme s'il y avait véco^
et des différentes lois^ comme s'il les
avait établies. Il y a sans doute de
l'exagération dans cette appréciation
de son mérite; mais on ne peut lui
eontester les titres de grand juriscon-
aolte et de grand philologue. Ses
ouvrages prouvent qu'il en était di-
gne. Nous n'avons à mentionner que
ceux qu'il publia avant son abjura-
tion.
I. Schediasma in Cieeronis Som-
ntum ScipUmis, Arg., 1665^ in-12.
IL De fidei commissorum restitua
tùme et imptitaiione prœlegatorum
in IV TrebelUanam, Arg. , 1667, 4».
III. Canis sub fustem mù^sus, i 669,
in-4*. — Critique des Judicia de no-
vlssimis prudent iae ci vilis scriptor i bus .
rv. De vexillo imperiaU, Arg.,
1673, in-40.
V. Sacra termim, Arg., 1 674, in-4*».
VI. De legibus agrariis popuU ro-
mani y Arg., 1674, in-4«.
VII. Animadversiones in Disserl.
de ratione status in Imperio, Arg.,
1674, in-4».
VIII. De nummo Domitiani Isiaco
EpistÏAay Arg., 1675, in-4».
IX. De reservato ecclesiastioo, Arg.,
1675, in-4«>.
X. De ratione belli, Arg., 1675, 4».
XI . De sponsors paciSfkTg. , i 6 7 5, 4».
XII. De censuAugusti, Arg., 1675,
in-40.
XIII. Dissertationum selectarum
quandam in academiâ argent, proposi-
tarum liber, Arg., 1676, in-40. —
Outre les N»" IV et V, ce recueil con-
tient une dizaine de dissertations
curieuses sur des sujets qui intéres-
sent surtout l'histoire d'Allemagne.
XIV. Hisioriœ Augustœ scriptores
YI, cum notiSy Arg., 1677, in-8».
XV. De extraordinariis populi ro-
fflam imperiiSy 1677, in-4».
XVI. De hoste dedititio, 1677, in-4».
XVII. J,'H, Bœcleri Notitia Sacri
Romani Imperii y additameniis ne-
tissariis per U. Obrechtum aucta,
Arg., 1681, in-8».
XVIII. Alsaticarum rerum prodro-
mus, Arg., 1681, in-4». — Entraîné
par les événements dans la carrière
diplomatique, Obrecht n'exécuta pas
le grand ouvrage qu'il méditait.
XIX. Panegyricus Ludovico XIV
dictus, Arg., 1682, in-fol.; Lips.,
1682, in-4».
XX. Severinus de Monzambano
De statu Imperii germanici atÂCtior et
exercitationum specimine iUustratus,
1684, in-8».
En 1671, Obrecht avait aussi donné
une nouv. édit. des Institutions de
Locamer (Strasb., 1671, in-8»).
Ulric Obrecht avait un frère, nommé
ÉLiB, professeur d'éloquence et se-
crétaire du roi de Suède, qui avait
entrepris d'écrire la vie de Constan-
tin; mais la mort l'enleva à Stock-
holm, le 16 janv. 1638, à l'âge de
44 ans, avant qu'il eût terminé son
ouvrage.
ODET (Isaac-François), sieur du
Fouflloux, gentilhomme de la Sain-
tonge, laissa cinq enfants de son
mariage avec Anne de Villemandy,
savoir : 1» Susànnb, femme de Sa-
muel-François de Benezaud, sieur de
Cressier, qu'elle rendit père d'un flls
nommé Jean-François; — 2» Isàac-
Feakçois ; — 5» Catherine, mariée
à Jean Jourdan, sieur de La Prèze ;
— 4* Marie, qui fut, a la révocation,
enfermée à l'Union chrétienne d'An-
gouléme, où elle vivait encore en 1 7 1 5;
— 5» CUARLES, sieui^du Fouilloux et
des Houlières, commissaire pour
l'exécution des édits dans la Sain-
tonge, en 1681, qui mourut en 1687,
ne laissant de son mariage îi\QcAnne
Pasquet, célébré en 1679, qu'une fllle,
nommée Harie-Sara, laquelle réussit
à passer dans les pays étrangers
(Arch. gén. Tt. 343).
Nous ignorons si Jacques Du Fouil-
loux, l'auteur bien connu de La Véne-
rie, et le médecin Antoine Du Fouil-
loux, dont le Discours sur l'origine
des fontaines, a eu aussi plusieurs
éditions, appartenaient à la même fa-
mille. Rien n'indique d'ailleurs qu'ils
ODI
- 38 -
ODI
aient fait profession de la religion ré-
formée.
ODIER (Philippe), flis ù' Antoine
Odier, de Pont-de-Royans, qui s'était
réfugié à Genève, épousa, le 4 avr.
1698, Susanne Macaire (1), dont il
eut : loÀKTOiNE, qui suit; -< 2oChàr-
LES, dont la 011e Jeànnb-Màrib ,
épousa le ministre Armand de La
Porte; — 3<» Màdelàine, femme de
Jacques de Cour, — 40 Joseph, mort
sans enfants, en 1760.
Antoine Odier, qui fut reçu bour-
geois en 1714, et testa en 1774, prit
pour femme, en 1 756, Louise de Villas,
fiiie de Jacques de Villas, de Nismes,
dont il eut, entre autres enfants :
1* JÀCQU£8-ANT0lf(E, qui suit; — 2^
Jacques, qui suivra;— 30 Louis, dont
nous parlerons après ses frères; —
4« Jean-Louis, marié, en 1775, à
Elisabeth Lombard, et père de Ga-
briel, mort à Paris sans enfants; de
jACQi'ES-ANTODiB, auditeur, marié
à Olympe Baulacre^Morin , et de
Louise.
I. Jacques-Antoine Odier, né le 12
Janv. 1 738, entra dans le GG en 1770,
devint auditeur en 1 783, et laissa six
enfants de ses deux femmes, Jeanne-
Anne Lombard, et Marie Cazenove,
savoir, du 1*^ Ht : i» Gabriellb-
AufiB, mariée, en 1781, à Jacques
Bidermann; — 20 Louise, femme
de Roman (2); et du 2« : 3* Dayid-
Charles, qui suit; — 40 Antoine,
souche d'une branche établie à Paris;
-« 50 Charles, mort sans postérité ;
— 60 Jacques, qui fonda un nouveau
rameau.
David-Gharles, né en 1765, con-
seiller en 1814, syndic et premier
8yndicjusqu*en 1 835, tpousa^ en 1 787,
AUxandrine- Jeanne 'Antoinette Du-
nant-Martin, et en secondes noces, Ca-
roUne-Eynard Màrikoffer, dont il n'eut
(1) André Macaire ^ de Font-de-Boyans, aTait
été reça bourgeois en 1668.
(f ) £n 1706, David Roman, ministre, de l'Ai*
MCf. avait été reçu bourgeois avec sou flIs Ga-
briel. David et Jean Bomau, tous deux de Bé-
liers, le furent le premier en 1700, et le second
fD 17Si.
point d'enfants. Sa première femme U
rendit père de Jacques-Marc, né en
1 7 9 1 ; d' Antoinette-Louise, femme de
Jacques-Louis Odier ; de Gabriel, né à
Vevey, le 23 mars 1796, qui s'établit
à Paris, où il fonda, avec sou cousin
Jacques- Antoine, une maison de ban-
que ; il mourut à Meudon, le 22 juill.
1851, ayant eu de sa femme Clémen-
tine de La Rue, trois enfants nommés
Caroline, femme du médecin Auguste
Brun, Adrien et Adèle, mariée à
G. Brôlemann; de Jacques-Edouard,
à qui sa femme, Caroline de Théhis-
son-Biberstein, ne donna que des Qiles.
Antoine Odier, né à Genève, en
1766, était encore fort Jeuue, lors-
qu'il vint habiter la France. Il entra,
comme associé, dans la maison d'un
de ses parents, qui avait joint à la
fabrication des toiles peintes le com-
merce des étoffes de colon de l'Inde.
Ses affaires l'appelant à résider tantôt
dans un port, tantôt dans un autre,
soit en France, soit à l'étranger, il se
trouvait à Lorient, où étaient alors
concentrées les opérations de la Com-
pagnie des Indes, lorsque la révolu-
tion éclata. 11 s'empressa de proOter
du bénéfice de la loi de 1790, qui
rendit leur qualité de Français aux
descendants des Réfugiés , et bientôt
après, il fut nommé membre du con-
seil municipal de Lorient. Gravement
compromis dans le mouvement contre-
révolutionnaire^ que les Girondins
provoquèrent en Normandie et en Bre-
tagne, après leur proscription par le
parti des Montagnards, il fut arrêté et
retenu en prison jusqu'à la chute de
Robespierre. Dès qu'il eut recouvré la
liberté, il partit pour Oslende, où les
intérêts de sa maison réclamaient sa
présence ; de là il se rendit à Ham-
bourg, où il épousa Susanne Boué^
descendant comme lui de Réfugiés. A
son retour en France, trouvant le
commerce maritime complètement
ruiné par la guerre avec l'Angleterre
et par le fameux blocus continental, il
dut, dans rimpossibilité de continuer
son commerce de toiles étrangères.
ODI
-30 —
ODI
diriger toate son activité vers le dé-
veloppement de l'industrie nationale.
C'est de cette époque que date la
grande prospérité de la fabrique de
toiles peintes de Wesserling, qui oc-
cupe aujourd'hui une population de 5
à 6^000 ouvriers^ et répand l'activité
et le bien-être dans la riante vallée de
Saint- Amarin.
La direction d'une des fabriques les
plus considérables de France^ n'ab-
sorba pas Antoine Odier au point de
le tenir éloigné des fonctions publi-
ques. Successivement juge au tribunal
de commerce^ membre de la Cliambre
de commerce de Paris^ qu'il présida
pendant onze ans, et censeur de la
Banque de France, il fut appelé au
conseil supérieur du commerce en
1819^ et au conseil général du dépar-
tement de la Seine, en 1831. Député
du même département depuis 1827^
il siégea constamment sur les bancs
de l'opposition, excepté pendant le
court ministère Martignac, et vola la
iàmeose adresse des 221 , comme une
réponse au défi jeté par Charles X à
Topinion publique. Il était loin de
prévoir que la lutte aboutirait à la ré-
volution de 1830, qui l'attrista pro-
fondément. Royaliste par principe, il
se rallia bien vile à la dynastie d'Or-
léans, et ne cessa de soutenir le gou-
vernement de Louis-Philippe, tant à
la chambre des députés, aux travaux
de laquelle 11 continua à prendre part,
qu'à la chambre des pairs, où il entra
en 1837. La révolution de février fut
pour lui, ainsi que pour beaucoup
d'autres, un coup de foudre. Tout ce
qui lui restait d'énergie fut mis au
service de la Banque, et avec le con-
cours de quelques collègues dévoués
comme lui aux intérêts du commerce,
il s'appliqua à prendre les mesures
qu'il Jugea les plus propres à prévenir
les perturbations que la révolution ne
pouvait manquer de jeter dans les
transactions commerciales et les fi-
nances de l'Etat, ou à en amoindrir
au moins les désastreux effets. C'est
dans ces utiles travaux qu'il passa
les dernières années de sa vie. Un
instant seulement, après le 2 déc.
1851, il reparut sur la scène politique
comme membre de la commission
consultative chargée de préparer l'é-
tablissement de l'Empire. 11 mourut
au mois d'août 1853. Le seul avantage
qu'il relira Jamais d'une position que
beaucoup d'autres auraient voulu
exploiter, fut la croix de la Légion
d'honneur, qu'il obtint en I8i6.
De son mariage avec Susanne Boue
sont nés huit enfants : 1» Henriette,
née en 1796, femme de Benjamin
Brière-de-Lesmont , conseiller d'Etat
honoraire, et morte en I8i7; —
2« JACQUES-ÀNTomE , né en 1798,
chevalier de la Légion d'honneur de-
puis 1850, successivement Juge an
tribunal de commerce, régent de la
Banque de France, et, depuis 1853,
membre du conseil central des églises
réformées, qui, de son mariage avec
Wiltielmine StUem, de Hambourg, a
trois enfants : Gustave, né en 1825;
Adolphe, né en 1827, et Clairs-
Louise, née à Paris, le 19 Janv. 1833,
qui épousa, le 24 déc. 1851, Louis-
Eugène Cavaignac, général de divi-
sion, célèbre par le réle qu'il a Joué
sous la seconde République; —
3» Edouard-Alexandre, né en 1800,
chevalier de la Légion d'honneur, qui
a quitté le commerce pour s'adonner
avec succès à la peinture, et dont plu-
sieurs tableaux figurent aux Musées
du Luxembourg et de Versailles; —
4« Alfred-Auguste, né en 1802, an-
cien référendaire à la Cour des comp-
tes, que sa femme^ Nadeschda Sillem,
a rendu père de deux enfants, nom-
més Alfred-Antoine et Marie-Su*
8ANNE (i); — 5» Charles-Philippe,
né en 1804, chevalier de la Légion
d'honneur, qui a suivi la carrière
commerciale ;~6<> Cécile, morte fille,
ainsi que 7» Jennt; — 8» Edmond-
Louis, associé de la maison de Wes-
(1) M. Auguste Odier a bien touIo nous four-
nir sar sa famille, et en parllcnlier snr son père,
des renseignements très-complets dont novt
«Tons eilrail notre notice.
ODI
— 40 —
ODI
serling^ né en isis^et marié à Marie
Pacardy dont il a deax ÛUes^ Lucile
et Marthe.
Pour épuiser nos renseignements
sar cette branche, il nous reste à par-
ler de Jacques ou James Odier, 6« en-
fant de Jacques-Antoine. Il épousa
Désirée de Lorthe, de Bordeaux, et
resté veuf sans enfants, il se remaria
avec Louise Vieusseux-Clavière, dont
il eut deux fils. L'aîné, Pierre, juris-
consulte éminent et professeur de droit
à l'académie de Genève, a publié une
Dissert, sur V application des lois
étrangères qui règlent la capacité de
contracter, Gen., 1827, in-S»; un
Traité du contrat de mariage, Paris,
1847, 3 vol. in-8<>; et un autre traité
Des systèmes hypothécaires, Gen.,
1840, in-12. Il est, en outre, un des
auteurs de la Loi sur la procédure ci-
vile du canton de Genève, Gen., 1827,
in-8«. Il a épousé Adèle Céard-Boin,
Le cadet Charles, eut deux enfants :
Clémentine et James, de son mariage
avec Susanne Céard-Boin.
II. Jacques Odier, du CC en 1782,
épousa, en 1773, Anne- Marie Che-
vrier, qui le rendit père de trois fils :
1* Jacob, marié à une demoiselle
Sautter-Voullaire, dont il eut Eugène
et Cécile; — 2« Antoine-Louis, à
qni sa femme, N, de Roches-Chevrier,
ne donna qu'une fllle ; — 3» Jean-Jac-
ques, né à Bruxelles, le 26 fév. 1784,
et marié à Catherine-Antoinette Car
zenove-Hogan, dont il eut deux filles.
m. Louis Odier, docteur en méde-
cine, membre de la Société de méde-
cine d'Edimbourg et correspondant
de rinstilut de France , naquit à Ge-
nève, le 1 7 mars 1 748. 11 fit avec suc-
cès ses premières études dans sa ville
natale, et y commença un oours de
médecine qu'il alla poursuivre à Edim-
bourg, où il prit le grade de docteur,
enl770,etoiiilseliad'amitiéavecplu-
sieurs hommes de grand mérite. Deux
ans plus tard, il se rendit à Londres
pour suivre la clinique de Thôpitai
St-Thomas. Il retourna, en passant par
Lcyde et Paris, dans sa patrie où il dé-
buta dans la carrière médicale en 1 7 73 .
En 1788, il entra dans le CC. Agrégé
à l'Académie de Genève, en 1799, et
nommé professeur honoraire de méde-
cine, il ouvrit un cours gratuit qui
ftit très-suivi, principalement par les
officiers de santé du département du
Léman. Sans avoir contribué directe-
ment aux progrès des sciences médi-
cales , il a cependant rendu des ser-
vices en travaillant de tout son pou-
voir à propager la vaccine. 11 succomba
à une angine de poitrine, le 1 3 avr.
1817. Indépendamment de nombreux
articles publiés dans la Bibliothèque
britannique, dont il fut un des princi-
paux rédacteurs pour la partie médi-
cale, et de quelques mémoires insérés
dans divers recueils périodiques, entre
autres dans le Journal de médecine, dans
les Mémoires de là Société des arts de
Genève, dans ceux de la Société de
médecine et dans les Mémoires des sa-
vants étrangers de l'Institut , on a de
lui :
I. Epistolaphysiologica inauguralis
de etementariismusicœsensationibus,
Edimb., 1770, in-S».
IL PharmacopœaGenevensis,Geïi.,
1770, in-8».
III. Observations sur les morts ap-
parentes, trad. de l'anglais, 1 800.
IV. Réflexions sur V inoculation de
la vaccine, Gen., 1800, in-8o.
, V. Mémoire sur l'inoculation de la
vaccine à Genève, Gen., an IX, in-8«.
VI. Instruction sur les moyens de
purifier l'air et d'arrêter les progrès
de la contagion, Gen., 1801, in-8o.
Vil. Observations sur la fièvre des
prisons, trad. de l'anglais, Gen.,
1801, in-8o.
\lll. Principes d'hygiène, extr. du
Code de santé de Sinclair, Gen.,
1810, in-S»; 2» édil. revue, corr. et
augm., Gen. et Paris, 1823, ïn-S";
2«édit., Gen., 1830, in-8o.
IX. Manuel de médecine pratique,
Paris et Gen., 1811, in-8o; 3« édit.,
1821, in-80. — Sommaire de ses le-
çons.
OGU
— M —
OGU
X . Grammaire anglaise, Gen. ,iSîl,
in-12.
Il a laissé en msc. un Diarium cli-
nkum^ Journal très-clair et très-concis
de sa pratique médicale.
Louis Odier avait épousé^ en 1773,
Susanne Baux {{), qui le laissa veuf
sans enfants. Il se remaria, en 1 780,
avec Andrienne LeCointe^ dont il eut,
outre deux fllles, un fils, nommé Jàc-
QUBS-Louis, membre du conseil re-
présentatif de Genève, qui a publié :
Du système monétaire actuel du can-
ton de Genève, Gen. et Paris, 1825,
in-8», et Proposition faite au Conseil
représentatif sur la signature des ar-
ticles de journaux, Gen., 1830, in-8».
Du mariage de ce Jacques -Louis avec
Louise Odier-Dunant, sont nées Amé-
lie et Anne-Louise, femme de Nico-
las Soret (2).
OGCIER (Robert), de Lille en
Flandre, martyr en 1556, avec sa
femme et ses deux fils Baudechon et
Martin. C'est dans le logis d'Oguier
que se réunissait secrètement l'église
de Lille, « une de celles, lit-on dans
le Martyrologe, ausquelles le Seigneur
a distribué le plus de ses bénédictions
et de ses grâces spirituelles. » Le
6 mars 1556, dans l'espoir de sur-
prendre une de ces pieuses assemblées,
le prévôt, escorté de ses sergents,
envahit la maison; mais il ne trouva
qu'Oguier et sa famille, qu'il traîna
en prison, à l'exception de deux Jeu-
nes fllles. Interrogé, peu de jours après,
par les magistrats, le vieillard avoua,
sans hésiter, le crime dont on l'accu-
sait. « Je Savoy bien, dit-il, que l'em-
pereur l'avoit défendu [de tenir des
assemblées] : mais quoy ? Je savoy de
l'autre costé que Jésus-Christ l'avoit
commandé : ainsi je ne pouvoy obéir
à l'un sans désobéir à l'autre. J'ay
mieux aimé obéir en cela à mon Dieu
(1) En 1743, les droits de bourgeoisie aralent
été accordés gratuitement à Jean-Loui» Baux,
npiUine au serrice de France, flls de Moite
Baux, de Nismes.
(9) En 1668, Barthélémy Soret, de Blols,
arait été reçu bourgeois avec ses flls Jacqurê et
Frédéric.
qu'à un homme. » Sur la demande :
Que faisiez-vous dans ces assemblées?
Baudechon, le fils atné, s'empressa de
répondre : a Quand nous sommes là
assemblez au nom de Nostre Seigneur
pour ouyrsasaincte parole, nous nous
prosternons là tous ensemble à deux
genoux en terre : et en humilité de
cœur nous confessons nos péchez de-
vant la majesté de Dieu. Après, nous
tous faisons prière, afin que la parole
de Dieu soit droitement annoncée et
purement preschée. Nous faisons aussi
les prières pour nostre sire l'empe-
reur et pour tout son Conseil, afin que
la chose publique soit gouvernée en
paix à la gloire de Dieu : et aussi vous
n'y êtes pas oubliés. Messieurs, comme
nos supérieurs, prians nostre bon Dieu
pour vous et pour toute la ville, afin
qu'il vous maintiene en tous biens.
Voilà en partie ce que nous y faisions.
Vous semble-t-il que nous ayons com-
mis un si grand crime en nous as-
semblant ainsi? » Non, certes, ils
n'avaient pas commis de crime, les
juges eux-mêmes le savaient bien;
aussi dit-on que plusieurs d'entre eux
fondirent en larmes, en entendant ce
Jeune homme répéter à genoux, avec
une ardeur pleine d'enthousiasme, les
prières qu'il avait apprises dans ces
assemblées. Leur émotion toutefois ne
les empêcha pas de condamner au feu
le vieux Oguier et son flls atné. Ils
marchèrent au supplice avec la calme
intrépidité de nos martyrs, méprisant
les insultes et les malédictions des
moines qui les accompagnaient, et
«joyeux de l'honneur que le Seigneur
leur faisoit d'estre enrôliez au nom-
bre des martyrs, d Quant au fils cadet
et à sa mère, qui avaient reculé d'a-
bord devant la mort aflfreuse qui les
menaçait, ils ne tardèrent pas à se
repentir de leur faiblesse, en sorte que
huit jours plus tard, après avoir résisté
à tous les eflforts des convertisseurs,
ils périrent à leur tour dans les flam-
mes. Crespin a publié dans son Mar-
tyrologe trois lettres des flls de Ro-
bert Oguier, où respire un parfum de
OIS
— 42 -
OIS
piété digne des premiers temps du
christianisme.
OISEAU (François), ou Oyseau,
sieur de Trevecar, minisire de l'église
réformée de Nantes depuis 1S63 ou
64, avait fait ses études en théologie
à Genève. On sait peu de chose sur sa
vie. En 1577^ il assista au synode
provincial de Vitré, et Tannée sui-
vante, au Synode national de Sainte-
Foy; dans Tun et dans l'autre, il remplit
les fonctions de secrétaire. Chassé de
son église par l'édit de Juillet 1 585, il
se réfugia à La Rochelle et fut donné
pour pasteur à l'église de Thouars. Il
parait qu'il ne retourna à Nantes qu'a-
près 1596, année où il assista au Sy-
node national de Saumur comme mi-
nistre de La Trémoilie. En 1603, la
Bretagne le députa de nouveau au Sy-
node national de Gap. Quelque temps
après son retour, il abandonna sans
congé son église, qui s'en plaignit au
Synode national de La Rochelle, en
1607, en demandant qu'on le lui ren-
voyât; mais le synode, sur les obser-
vations de son gendre André Rivet, se
contenta de blâmer sa conduite, et lui
permit d'exercer son ministère dans
le Poitou, où il s'était retiré, à con-
dition qu'il se ferait remplacer à Nantes
pendant un an. En 1609, le Synode de
Saint-Haixent le donna à l'église de
Gien. L'année suivante, il fut appelé
à présider le synode provincial , qui
s'assembla à Sancerre, le 8 juillet (i),
synode remarquable par le vœu qu'il
exprima, qu'on diminuât la rigueur
des épreuves exigées des candidats au
ministère ( Fonds S. Gcrm. franc.
(1) T assistèrent : Gien, Franc. Oyieau et
ÎMoe Maupin; Gbilillon-sar-Loire, Michel Le
Xoir ti Etienne Det Rochft; Orléans, Jofuhim
Du Moulin et Jtaac Mariette: Gbâlillon-sur-
Loing, Siméon Jurieu et René Dortel; Sancerre,
Adam Dorival aree deox anriens, Abel Dargent
et Jean Androi; Corbigny, Etienne de Moman-
glandf éla secrétaire, et Gédéon Moêilier; Ger-
geao, Daniel Bourguignon et Jacq. Morisset;
ArgentOD, Benott Du Rieux^ min.; Issoadan,
Etienne Favon et Hercule MicauU; AubussoD,
Pierre Fal^l et P. Foreiton; Mer, Daniel
Bondéf anc; Romorantin, Jacob Brun et Jean
Ledet ; La Gb&tre, Louiê Seoffter et Léonard Jw
pille; Ghllleiirs, Benj, de Launay et de Réau-
914.16). EnOn, enl623, le Synode
national de Gharenton déchargea Oi-
seau etlui permit d'aller finir ses jours
dans sa province (i).
Il faut se garder de confondre Fran-
çois Oiseau avec Olimer Loyseau ,
sieur de La Teillaye, qui remplissait
dans le même temps les fonctions du
ministère sacré en Bretagne. Pasteur
de l'église de Chateaubriand, ce der-
nier fut élu, en 1563, président du
synode provincial qui se tint à La
Roche-Bernard. Du Gravier y ministre
de Rennes, et La Perade, ancien de
l'église de Nantes, y remplirent les
fonctions de secrétaires. Ce synode
s'occupa principalement du soin de
pourvoir les églises de pasteurs^ et
travailla à apaiser les diiférends sur-
venus entre le ministre Louveau et
son troupeau. En 1577, Olivier Loy-
seau, qui avait assisté au Synode na-
tional de La Rochelle, en 1 57 i , comme
député de la Bretagne, desservait l'é-
glise de Vieille-Vigne. 11 mourut vers
1583.
Les Registres de Gharenton nous
font connaître deux autres Loiseau^
qui appartenaient peut-être à la même
famille. L'un, Etienne Loiseau, sieur
du Parc, fit baptiser, en 1600^ à
Gharenton, un fils que lui avait donné
sa femme Marie Portail, et qui reçut
le nom de Josias, de son parrain Jo-
sias Mercier, sieur des Bordes. L'au-
tre, Samuel Loiseau, orfèvre, fils de
Pierre Loiseau et h'Esther Grion,
épousa, en 1669, Catherine Le Juge,
fille du peintre Georges Le Juge et de
Marie Gobille, Il en eut un fils, Sa-
vilU; Saint- Amand, Dan. Jamet et Matth. Ca-
dot; Blois, A'tc. Yignier ei Salomon Che9non;
CbÂteaudun, Alexandre Simpion et Duboi» ;
Moulins, Jean Decrou et do La Tour; Beau-
genc)', F. Guérin et Michel Bothereau ; £s*
penilles, Benott do La Roche^ anc; Dangean,
J, Allix et Matth. Chevillard ; Lorges, S. d#
Chambaran^ élu Tice-présidenl, et J. Chevalier;
Bazocbes, Jérôme Belon^ ministre.
(1) François Oiseau aiait écrit contre Bour-
guignon un livre qui ne nous est connu que par
la réplique d'un ami do cet apostat, sous ce titre:
Response au libelle diffamatoire de François Oy-
seau, apostat contre toutes les religions (Paris,
1617, in-8o).
OIS
— 43 -
OIS
«CBL-THOMàS^ Dé le 29 OCt. 1671^ et
mourut a\ant la révocation. Sa veuve
passa dans les pays étrangers^ aban*
donnant une fortune considérable
(Arch. gén. E. 3373).
OISÉL (Jacques) y manufacturier
établi en Hollande^ qui descendait,
dit-on^ de l'illustre famille des Loi^
sel (1), était sorti de France à l'épo*
que de la Saint-Barthélémy^ et s'était
réfugjé en Flandre^ oii ii avait acquis
une grande fortune dans le commerce.
Les atroces cruautés exercées par le
duc d'Albe sur les Protestants des
Pays-Bas, l'obligèrent à s'enfuir à
Leyde, où il fonda une manufacture
de drap. Ce fut sans doute après sa
mort que son flls Philippe, à qui il
avait donné une excellente éducation,
alla s'établir à Dantzig, où il épousa
Marie Le Noir. De ce mariage naqui-
rent deux enfants, Jacques et Michel.
I. Né à Dantzig, le 4 mai 1631,
Jacques Oisel, dont on trouve le nom
écrit quelquefois Loisel et plus sou-
vent Ousel ou Ouzel, fut envoyé par
ses parents en Hollande pour y appren-
dre le commerce. Ses goûts ne le por-
tant nullement vers cette carrière, il fi-
nit par obtenir, en 1 650, la permission
de suivre les cours de l'université de
Leyde. 11 fit de si rapides progrès dans
les langues anciennes, Tbistoire et l'ar-
chéologie, qu'à l'âge de 21 ans, il mit
an jour une fort bonne édition de Mi-
nutins Félix. 11 partit ensuite pour
Utrecht, où il commença des éludes en
droit qu'il acheva à Leyde. Après
avoir pris, en 1654, le grade de doc-
teur, 11 voyagea, pendant deux ans en-
viron^ en Angleterre et en France. De
retour en Hollande en 1657, il vécut
à Leyde, à La Haye ou à Utrecht, s'oc-
cupant de travaux littéraires, — entre
autres, d'une édition des Institutions
de Catus, pour laquelle il pilla sans
scrupule Jérôme Aleander, — jusqu'en
(1) Une branche de celte famille, habitant la
France, professa aussi le protestantisme. £d 1643,
Michel Loiielf Qls de Marin Loitel, siear Je
La-Groii, époasa à Charenton Ann* de Cam-
pion, fille de J«an^ sieur de La Ferronnière, et de
Marguerite Mancel.
1667, qu'il tai appelé à remplir la
chaire du droit public et des gens à
l'université de Groningue. 11 mourut
d'hydropisie, le 20 Juin 1686, sans
avoir été marié, laissant la réputation
d'un homme instruit, mais d'un insi-
gne plagiaire. On a de lui ;
I. M. Minuta Felids Ootavius,
cum integris omnium notis et com'»
mentariiSf novâque recensione J. Ou*
zelif cujus et aceedunt animadver'
siones, Accedit prœterea liber JuUi
Firmici Matemi De errore profana*
rum religionum, Lugd. Bat., 1652,
ln-4<>; 1672, in-S*.
II. Disp, inauguralis de obligation
ne, Lugd. Bat., J 654, in-40.
m. Caii , antiquissimi juriscor^
sultiy Imttiiutionum fragmenta, cum
notis perpetuis, Accedit insuper Ania-
ni Epiiome, Lugd. Bat., 1658, 8«.
lY. /. A .-Gellii Nootes atticœ, cum
Ant, Thysii, Ouzelietfariorumcom-
mentariis, Lugd. Bat., 1666, in-8«.
y. Thésaurus selectorum numisma^
tum antiquorum à Julio Ccesare ad
Constantinum Magnum, Amst. ,1677,
2 vol. in-4«. — Ouvrage recherché,
quoiqu'il ne soit, au fond, qu'un ex-
trait de celui de Joachim Oudaan, dont
les planches ont servi.
VI. Oratio funebris in decessum
Jac, Altingii, Gron., 1680, in-4».
II. Michel Oisel épousa Esther de
Huysteen et en eut un flls , nommé
Philippk, qu'il laissa de bonne heure
orphelin. Né le 7 oct. 1671, le Jeune
Oisel fit ses humanités à Dantzig, sa
ville natale, et sa philosophleà Brème ;
puis, en 1691, il fut envoyé en Hol-
lande, où il suivit avec succès les
cours des universités de Groningue,
de Franeker et de Leyde. Ses progrès
furent rapides, surtout dans la théo-
logie et la critique sacrée. En 1697«
il fit un voyage en Angleterre dans la
but d'y visiter les bibliothèques, et
après y avoir passé quelques mois, H
retourna à Dantzig. Ne trouvant point
à s'employer, il se décida, en 1706,
à étudier la médecine, sans abandon-
ner toutefois la théologie, et, dans
OLH
— 44 —
OLI
cette intention^ il alla de nouveaa en
Hollande^ où il prit^ en 1709^ le
bonnet de docteur dans l'aniverslté
de FranelLer. Ce ne fut pourtant qu'en
1711 qu'il parvint à obtenir une
place; il fut nommé pasteur de l'é-
glise allemande deLeyde. En I7l7y0n
lui offrit le double emploi de profes-
seur de théologie et de pasteur à Franc-
fort-sur-l'Oder; il l'accepta^ après
avoir pris le titre de docteur en ftéo-
logie à Leyde; mais la prédication usa
promptement ses forces. Il mourut le
1 2 avril 1 724. On ne nous apprend pas
s'il laissa des enfants de sa femme
Anne-Christine Ring, On lui doit quel-
ques dissertations qui sont autant de
preuves de ses profondes connaissan-
ces dans la littérature orientale.
I. Disp. inauguralis de leprd cutis
Ebrœorum, Franeq., 1709. in-i»;
réimp. dans le Comentat. de leprâ^ de
Schilling (Lugd. Bat., 1778, in-S"*).
II. Jntroductio in accentuationem
Hebrceorum metricam, Lugd. Bat.,
171 4, in-4<».
m. Introd, in accentuationem He-
brœorum prosaïcam , Ibid., 1715,
in-4*. — Oisel défend Tantiquité des
points-voyelles et des accents.
IV. De nominibus Decalogi, Ibid.,
1717, in-40.
V. De auctùre Decalogi dissert. II,
Francof. ad Viadr., 1717-18, in-4«.
YI. De Decalogo soli Israéli dato
dissert. III, Ibid., 1719, in-4».
VU. De denario regni cœlorum,
seu Parabola Matth, XX, 1-16 dis-
sert. II, Ibid., 1720-23, in-40.
VIII. De nâturâ Decalogi disser-
tât. II, Ibid., 1723, in-40.
IX. Encomium tacitumitatis, vi-
tuperium hquacitatis, msc. conservé
au British Muséum, selon Watt.
OLHAGARAY (Pierre), fils ù'Ol-
hagaray, pasteur à Belloc, exerçait
lui-même les fonctions pastorales à
Mazères, lorsque Henri IV lui accorda
le titre de son historiographe, en 1 605.
C'est en cette qualité qu'Olhagaray
publia son Histoire des comtés de Foix,
Béarn et Navarre, diligemment rc-
cueillie tant des précédens historiens
que des archives desdites maisons,
Paris, 1609, in-40, ou il se plut à
étaler une érudition fort grande, mais
du plus mauvais goût, dans le style
le plus pédantesque. Qu'on en juge
par le début de sa Dédicace au roi :
« Voicy un tableau de vos ayeuls, qui,
comme pères de vos sacrez fleurons,
de leur basylique des Pyrenes, vous
viennent saluer en corps. Ce miroir
qui, par sa reflexion, esclaire tout l'u-
nivers enrichy de toute sorte de pier-
reries, pendant sur la poictrine d'Eu-
terpe, flUe naturelle de vostre Hélicon,
est l'essieu du chariot appelle l'hys-
toire, laquelle ces fllles de hauts lieux
vont traîner Jusqu'à vous pour l'immo-
ler à vos pieds. » Le seul bien que
l'on puisse dire.de son ouvrage, c'est
qu'on y trouve de précieux renseigne-
ments. Il avait le projet d'écrire une
histoire détaillée de la Navarre, mais
il ne l'a pas exécuté. On ne sait d'ail-
leurs rien de sa vie; on ignore même
la date de sa mort. 11 est possible que
Bertrand d'Olhagaray, professeur de
philosophie à Die en 1 664, soit son fils.
OLIVÉTAN (Pierre-Rorert), un
des premiers traducteurs de la Bible
en langue française, naquit à Noyon,
d'une famille alliée à celle de Calvin,
et non pas dans les Vallées du Piémont,
comme Ancillon le dit dans ses Mé-
langes (1). Sa vie est peu connue. On
sait qu'en 1533, il remplissait à Ge-
nève l'emploi de précepteur dans la
maison de Jean Chantemps, et qu'i
cherchait à y répandre les doctrines
évangéliques avec un zèle parfois in-
considéré. Un jour, entre autres, qu'il
assistait au prône, il osa interrompre le
prédicateur dans ses violentes déclama-
tions contre les Luthériens, et son au-
dace faillit lui coûter la vie. Ses amis
parvinrent à le soustraire aux fureurs
de la populace, en le faisant évader;
mais le Conseil le bannit du terri-
toire de Genève. Il se retira dans
(1) Selon La Monnoye, son TériUble noin]de
faiiiille était Olivéteau^ qa'il traduisit par Oliveta-
nviy d'où l'on a fait Oiivétan.
ou
— 45 —
OLI
pays de Neacbâtel, oh il s'occupa
d'une traduction de la Bible^ proba-
blement à la sollicitation de Farel,
qvâ, dès Tépoque de son voyage dans
les Vallées dn Piémont, avait témoi-
gné le vif désir , en contemplant avec
vénération les manuscrits du V. et du
N. T. en langue vulgaire que les Vau-
dois possédaient, a qu'on en fit une
traduction générale en français, revue
à mesure sur les textes originaux et
imprimée en abondance. 9 Olivétan,
qui savait moins bien l'bébreu que
Bèze ne l'affirme, qui n'était que mé-
diocrement versé dans le grec, et n'é-
tait même pas très-fort en latin, n'au-
rait pas été à la hauteur de la tâche,
s'il n'avait eu heureusement pour guide
la traduction de Lefèvre d'Etaples,
qui venait d'être imprimée à Anvers.
Qu'il Tait prise pour base de son tra-
vail, c'est évident; mais qu'il Tait
suivie servilement, en se bornant
à remplacer de temps en temps un
mot par un mot synonyme qui lui
semblait plus exact, ceux qui l'en
accusent, tombent dans l'exagération;
car il est facile de voir qu'il a comparé
la Bible d'Anvers avec le texte hébreu
et les Septante , d'après lesquels il in-
terprète certains passages d'une ma-
nière très-différente. On doit recon-
naître aussi qu'il donne dans sa préface
de fort bonnes règles d'herméneutique,
et Richard Simon, qui se montre in-
juste envers lui, ne peut se dispenser
de rendre justice à sa bonne foi. On ne
doit pas oublier d'ailleurs que, pressé
par les circonstances, Olivétanne mit
qu'un an à ce grand travail, qui ne
doit donc être considéré que comme
une ébauche.
La Bible d'Olivétan, qui fut im-
primée aux frais des Vaudois, sur la
copie, dit-on, que Bonaventure Des
Périers avait écrite de sa main, leur
coûta 1,500 écus d'or; et pourtant ce
n'est pas un chef-d'œuvre de typogra-
phie. En voici le titre : La Bible qui
est toute la saincte escripture en la-
quelle sont contenus le vieil Testament
et le nouveau translatez en françoys.
Le vieil de Lebrieu : et le nouveau du
grec, Neufchâtel, Pierre de Wiugle, dict
Pirot Picard, 1535, in-fol. Ce vol.,
non paginé, contient environ 2000
pages, sans les pièces liminaires, com-
prenant uneEpître latine de Calvin aux
empereurs, rois, princes et peuples
soumis à l'empire de Christ, la Dédi-
cace d'Olivétan , l'humble et petit trans-
lateur, à TËglise de J.-Ch., unOi^po^o-
gie du translateur, et une EpHre au
peuple de l'alliance de Sinaï; et sans
compter non plus une Table : interpré-
tation des noms hébreux, chaldéens,
grecs et latins, ni un Indice des prin-
cipales matières contenues en la sainte
Bible.
Après avoir terminé 'son travail,
Olivétan se rendit en Italie en passant
par les Vallées du Piémont. On affirme
qu'il visita Rome et qu'il y fut em-
poisonné. Ce qui est certain, c'est qu'il
ne vécut pas longtemps après son ar-
rivée dans la péninsule. Il mourut à
Fenrare, en 1538.
OLIVIER (Jban), quatrième fils de
Jacques Olivier, sieur de Leuville,
premier président au parlement de
Paris, prit, jeune encore, l'habit reli-
gieux, dans un couvent de Bénédic-
tins, en Poitou, qu'il quitta pour pas-
ser dans l'abbaye de Saint-Denis , oii
il remplit pendant quelque temps les
fonctions d'aumônier et de vicaire-g^
néral. Ëlu abbé, il renonça à cette di-
gnité en faveur du cardinal de Bour-
bon, et François I«', pour le récom-
penser de sa déférence à sa volonté,
lui donna l'abbaye de Saint-Médard de
Soissons, qu'il permuta avec l'évéché
d'Angers, en 1532. «Olivier, lit-on
dans la Biographie universelle, devini
l'exemple du haut clergé par sa rési-
dence rigoureuse, par son application
à l'étude de l'Écriture, par l'assiduité
de ses visites pastorales et par l'au-
torité de ses prédications. » Son con-
temporain, le poëte Nicolas Bourbon,
a fait de lui cet éloge :
£it aliqaid in te praRtantios omnibas aniiiD,
Nempe animas rerA religione pius.
Boctrinain taceo, qum sanmaoi et pnesale dignun,
laUt pwUieei taaporia hvju liibit.
OLI
- 46 —
OLI
Olivier cultivait lui-même les muses
latines; Sainte-Marthe le qualifie de
magni nominis poëta, CMitre une Odé
adressée à Salmon Macrin et une Epi-
taphe de Louis XII, on a de lui un
poéme^ fort goûté dans le temps^ qui
a été Imprimé sous ce litre : Pandora
Jani Oliterii, Paris, 1542, In- 12,-
Reims, i6l8,ln-8%ettrad. en franc,
en 1542. Il mourut, le I2avr. 1540,
vivement regretté de ses diocésains,
dont il avait gagné les cœurs par sa
piété, sa douceur et sa sagesse. Il fut
inhumé dans la cathédrale d'Angers.
Voici répilaphe, composée par lui-
même, qui se lisait sur son tombeau :
Jnvs OIlTerins jaeeo hîc marmore dura,
btins Kdis eram prssol et immeritai.
FsccaTl, fateorl qaisenim offendisse negaTît ?
Al teDfa in Ghiisto spes mihi firma fait,
Qai nostnim gratis aspersll morte reatnm.
Et iio# non nostria justificat mentis.
Cette épitaphe suffit pour prouver
que Jean Olivier était sectateur des
opinions nouvelles, et les règlements
qu'il fit pour la correction des mœurs
de son clergé, règlements qui ont été
Insérés dans le recueil des statuts du
diocèse d'Angers, ne peuvent laisser
aucun doute sur ses sentiments rela-
tivement à la nécessité de la Réforme.
Aussi Grespin, qui l'appelle homme de
bon savoir et de gentil esprit, nous ap-
prend-il qu'il favorisa la prédfcation
de l'Évangile dans sa ville épiscopale,
oh se fonda une des plus anciennes
églises protestantes de France.
Deux neveux de notre pieux prélat
8ê montrèrent comme lui favorables
msx doctrines évangéllques. L'un d'eux,
Antoine Olivier y évèque de Lombez et
abbé de La Valasse, en Normandie,
embrassa même ouvertement la reli-
gion réformée. Il accompagna Renée
de France à Ferrare, et la suivit plus
tard à Montargis, où il fit son testa-
ment, le 28 mai J571. L'autre, le
célèbre chancelier François OUvier,
ne se prononça pas aussi franchement,
mais le témoignage de l'historien de
Thou nous autorise à le compter au
moins parmi les partisans secrets de la
Réformation, et à lui donner, en cette
qualité, une courte notice dans notre
ouvrage. Nous nous bornerons d'ail-
leurs à rapporter les principales cir-
constances de sa vie.
Né à Paris, en 1497, de Jacques
Olivier, sieur de Leuville, frère atné
del'évéque d'Angers, François Olivier
s'éleva par son mérite à la plus haute
dignité de la magislrature. Sans au-
cun doute, il puisa son penchant pour
la Réforme à la cour de Marguerite ,
reine de Navarre, dont il fut chance-
lier pour son duché d'Alençon. C'est
par la protection de cette aimable
princesse qu'il fut pourvu, en i543 ,
de la charge de président au parlement
de Paris, charge qu'il méritait d'ail-
leurs par ses services dans diverses
ambassades considérables, non moins
que par ses vertus. Dans cette place
importante, Olivier se montra magis-
trat habile, docte, intègre. Judicieux,
éloquent. En 1545, François I«r lui
confia les sceaux de l'État ; mais il ne
les conserva pas longtemps. Sa résis-
tance inflexible aux prodigalités de la
Cour irrita la trop fameuse Diane de
Poitiers, et ses ennemis, prenant oc-
casion d'une fluxion qui lui était tom-
bée sur les yeux, le forcèrent en quel-
que sorte à donner sa démission, en
1550. Il se retira dans sa terre de
Leuville, près de Hontlhéry, où il vé-
cut, loin du soin des affaires, jusqu'en
1559, que, rappelé à la Cour par
François II , il consentit à reprendre
les sceaux, dans l'espoir, dit-on, de
modérer les persécutions religieuses.
Si tel était son but, il se lassa bien-
tôt de le poursuivre. Dominé par le
cardinal de Lorraine, il se fit le ser-
vile instrument des actes les plus il-
légaux et les plus tyranniques des
Guise. Après les atroces exécutions
qui suivirent la découverte de la con-
spiration d'Amboise , sa conscience
se réveilla (Voy, I, p. 272) et ses re-
mords le plongèrent dans une sombre
mélancolie, qui le condui^^lt au tom-
beau, le 30 mars 1 560. De son mariage
avec Antoinette de Cerisay naquirent
OLI
— 47 —
OLI
cinq enfants^ dont deux filles, Jbaniix
et Madblaine^ qui épousèrent des hu-
guenots.
OLIVIER (Jorbàin), ministre de
Pau, <K honnête homme, bon chrétien
et fidèle pasteur » , au témoignage de
Benoit, gémissait depuis longtemps en
prison, ainsi que son collègue Daneau,
lorsque les protestants de Pau, ou plu-
tôt quelques-uns d'entre eux , qui
étaient disposés à se convertir, firent
de sa mise en liberté la condition de
leur abjuration (1). Le traité fut ac-
cepté par i'évèque, en sorte que les
deux ministres sortirent de leurs ca-
chots, mais ils furent condamnés à un
bannissement de cinq ans {Arch, gén.,
Tt. 257). On ne nous apprend pas
de quel crime ils s'étaient rendus cou-
pables ; cependant on ne risque guère
de se tromper en affirmant qu'il s'a-
gissait encore de relaps admis dans
le temple de Pau. Quoi qu'il en soit,
Olivier se hâta de quitter le royaume
et se retira en Hollande, où il fut placé
comme prédicateur dans l'église wal-
lonne de Breda, puis dans celle de La
Haye, où il mourut en 1709. Il a pu-
blié Leçons chrétiennes d'un père à
ses enfaniSy où Von établit les princi-
pales vérités de la religion chrétienne,
et où Von explique les principaux
devoirs, La Haye, 1706, 2 part. in-s».
Dans la première partie, l'auteur éta-
blit non par des preuves philosophi-
ques, mais par des arguments à la
port^ des jeunes intelligences aux-
quelles il s'adresse, qu'il y a une re-
ligion naturelle et une religion révé-
(1) L'«cte de leur abjuration, qui a été publié
dans le Mercure galant d'août 1685, en une
pièce carieoie. lit y déclarent que l'obéissance
aux ordres de S. M. et la reconnaissance qu'ils
ont de ses soins paternels ont très-utilement servi
à leur détermination, à laquelle n'ont pas pea
coatribfié aussi les sages sollicitations de l'in-
tendant Foucault. Celle pièce est signée par Ft-
«teri, député, Faget, arocat et doyen, Laine ,
GruyeTf DagoueiXf Lanière, Blair, Périer,
Jfîsfo», Coêêù, tons avocats, Remy Vignot, Ca-
tauhon, médecin; Mayoran^ De Pertes, Coie-
nate, Boitiwr, Dufaur, praticien, Dargent, La^
«Krr, Du Bote, Dufau, Dandoint, Forgutt^
Touya, chirurgien, Ferrai», Bonnefont, Craiey,
Dabbadie, Bat$aU, Cauagne, Lottau, Souviran.
lée, et que celle-ci n'est pas la religion
catholique romaine. Dans la 2* partie^
il expose les principaux devoirs de la
Jeunesse, qu'il fait consister dans la
lecture de TÊcriture Sainte, l'amour de
Dieu, la prière, l'amour du prochain,
la haine de soi-même, le bon usage
des afiliclions, la fuite des louanges
et des mauvais exemples, la force, un
zèle réglé , une bonne conscience , la
repentance, la méditation de la mort.
Plusieurs autres pasteurs du nom
d'Olivier nous sont connus , mais
comme aucun d'eux n'a joué un rôle
un peu considérable dans les affaires
des églises ou ne mérite une mention
particulière par quelque publication,
nous nous contenterons de les citer lors-
que l'occasion s'en présentera. Nous
ajouterons seulement ici que , selon
l'Histoire de Libourne, lenom d'Olivier
était le nom de guerre que le pasteur
du désert Jean-Baptiste Loire por-
tait en 1745. On sait par l'Histoire
des églises du désert, que Loire avait
fait ses études à Lausanne, et qu'après
y avoir reçu l'imposition des mains j
il avait exercé successivement le mi-
nistère sous la croix dans le Poitou et
la Guienne; mais ce que Ch. Coquerel
ne dit pas, c'est que c'est Loire qui
tint, le 21 fév. 1745, dans la plaine
de Fougua, près de Sainte-Foy, la
fameuse assemblée au sqjet de laquelle
l'historien adresse à l'intendant de
Tourny des éloges qui ne sont mérités
qu'en partie. Il est bien vrai que l'in-
tendant n'appliqua pas à la rigueur
les ordonnances; qu'il se contenta
d'admonester sévèrement DuMarchet,
Dupuy-Lagarde, BricJieau de Credy,
Rivoire-Yot, La Terrasse, Lajunies-
Jamac, Meymat, Maumont et la de-
moiselle Lacan, c'est-à-dire les plus
apparents parmi ceux qui avaient
assisté à l'assemblée; mais, en agis-
sant ainsi, il ne fit que se conformer
aux ordres du secrétaire d'État, qui
craignait de compromettre l'autorité
royale, et sa prétendue modération ne
l'empêcha pas de pimir par des loge-
ments militaires les Protestants de Ber-
OLI
— 48 -
OLL
gerac^ Issigcac^ Aymet^ Daras^Gensac
et Castillon. Seloù une note que nous
devons à l'obligeance de M. Arrhèn^
Loire desservit plus tard diverses égli-
ses de la Belgique et mourut en 1794.
OLIVIER-DESMONT (Jacques),
né à Durfort, le 3i janv. 1 744, étudia
la théologie à Lausanne, et exerça suc-
cessivement les fonctions du ministère
sacré à Yalleraugues, à Anduze et à
Bordeaux. En 1802, il fut appelé à
Nismes comme successeur de David
Roux, et il desservait encore cette im-
portante église lors des massacres de
1815.
Comme dans presque toutela France,
la chute de Napoléon fut accueillieà Nis-
mes &ans regret,sinon avec satisfaction,
et la promulgation delà Charte consti-
totionnelle dissipa, du moins en partie,
les craintes que les Nismois auraient
pu concevoir du retour des descendants
de Louis XIY et de Louis XY. Sur la
demande du commissaire du roi, le
consistoire , bien qu'il eût la loi pour
lui, n'apporta aucune entrave au réta-
blissement du culte extérieur du catho-
licisme; 11 se contenta de demander
qu'on n'obligeât pas les Protestants
à des actes qui blessaient leur con-
science. Le clergé catholique donna
on exemple tout contraire : il ne laissa
^happer aucune occasion de raviver
des haines mal éteintes. Le retour de
Napoléon offrit un nouvel aliment à
rirritation croissante des esprits, et la
seconde restauration devint le signal
d'une réaction sanglante. Exposés aux
injures, aux menaces, aux voies de
fait des Catholiques fanatisés parleurs
prètres,lesProtestants furent pris d'une
grande crainte ; beaucoup s'enfuirent,
les temples se fermèrent, le consistoire
se dispersa. Leducd'Angoulème, qui,
lors d'une première visite à Nismes,
'avait décoré Oiivier-Desmont de la
croix de la Légion d'honneur, retourna
dans cette ville, le 5 nov., et chargea
le général Lagarde de maintenir la tran-
quillité publique et d'assurer aux Ré-
formés le libre exercice de leur culte.
De concert avec le général, le consis-
toire prit la résolution de rouvrir le
Petit temple, le dimanche 12 nov., et
d'y célébrer le service divin, en évitant
soigneusement tout ce qui pourrait
éveiller l'attention, comme sonnerie
des cloches, jeu des orgues, chant des
psaumes. Il poussa même les précau-
tions jusqu'à avancer le service d'une
heure. Néanmoins le temple fut en-
vahi, les fidèles maltraités, et le géné-
ral, qui s'efforçait de réprimer le dés-
ordre, tué d'un coup de pistolet en
pleine poitrine. Toute la journée, l'é-
meute régna en souveraine dans les
rues. Le soir, la populace catholique
retourna au temple, le. dévasta entiè-
rement, força le tronc des aumônes,
déchira les livres des psaumes. Infor-
mé de ces excès, le duc d'Angouléme
retourna à Nismes, manda auprès de
lui Olivier-Desmontet Rolland-Lacoste
et les engagea à se concerter avec les
autorités administratives sur les me-
sures à prendre pour faire respecter
la liberté des cuites garantie par la
Charte. La tranquillité finit par se ré-
tablir. Le 19 déc, sur l'invitation du
maire et du préfet, le consistoire rou-
vrit le Petit temple, et depuis cette
époque, la célébration du culte pro-
testant n'a plus été interrompue à
Nismes.
En 1824, Olivier-Desmont, qui, de-
puis 1817, s'était déjà déchargé d'une
partie de ses fonctions sur un suffra-
gant, J,'J. Gardes, fut obligé, parles
infirmités de la vieillesse, de donner
sa démission de président du consis-
toire. Il avait été pendant 23 ans mem-
bre du conseil municipal de Nismes et
du conseil général du Gard. Il mourut
à Nismes, le 19 juill. 1825, emportant
les regrets de tous ses concitoyens. Il
avait épousé une demoiselle Pelet, On
a de lui :
I. Discours moraux, 1766, ln-12.
II. Réflexions impartiales d'un phi-
lanthrope sur la tolérance, 1 786, in-8».
III. Discours sur les devoirs des
pauvres, relatif aux circonstances ac-
tuelles, Bordeaux, 1790, in-S».
OLLIER (Pierre), pasteur d'An-
OLU
— 49 —
OLU
nonay. Ayant quitté son église sans
congé pour aller en desservir une au-
tre dans les Cévennes^ le Synode na-
tional de Gap lui ordonna de retourner
dans le Vivarais ; mais Ollier n'en tint
compte, et quoique l'ordre lui en eût
été réitéré par le Synode de La Ro-
chelle, il restaà Alais, où nous le trou-
vons encore en 1620. L'église deMon-
tauban le demanda pour pasteur au
Synode national d'Alais, sans pouvoir
l'obtenir. Elle renouvela plus tard sa
demande etavec plus de succès, comme
nous l'apprend un opuscule, dont il est
probablement l'auteur, et qui aété imp.
sous ce titre : Conférence de Saint- An-
tonin entre P. Ollier y pasteur de Moiv-
taïUnn^ et Pascaly gardien des Capu-
cins, Montauban, 1624, in-S^. Ollier
vivait encore en 1625. Il vit avec beau-
coup de mécontentement l'entreprise
de Soubise, parce qu'elle a pouvoit
destoumer les desseins du roy en Ita-
lie, dont tous les bons François dé-
voient souhaiter la continuation; »
aussi s'opposa-t-il de tout son pouvoir
aux partisans de Roban. La populace,
irritée de son opposition, faillit l'as-
sassiner. Nous ignorons la date exacte
de la mort d'Ollier, que le marquis de
La Case, dans son Verbal sur les af-
faires de Montauban (Fonds S. Germ.
franc. 914.11) appelle «un des plus
hommes de bien qu'il ait connus. )> Il
ne figure plus sur la liste des pasteurs
présentés an Synode de Castres en
1626.
OUI Y (JEA?(), ou Olert, fils de
Scmiuel Olry, conseiller du roi, et
û'Anne Le Duchat, veuve en premières
noces de Pierre Bourdon, était, en
1685, avocat au parlement de Metz
et notaire royal. L'édit révocaloire
étant arrivé à Metz le lundi 22 oct.,
le parlement s'empressa de l'enre-
gistrer et ordonna la démolition du
temple, qui avait été déjà fermé le
samedi précédent. Olry ne s'étant pas
empressé de renier sa religion, le pré-
sident Golbert le fit venir chez lui,
le l«'nov., et lui signifia, de la part du
roi^ défenaede continuer les fonctions
T. Vin.
de sa charge. Olry obéit et resta ferme
dans sa foi, ainsi que la grande majo-
rité des Protestants de Metz. Les con-
vertisseurs désappointés eurent alors
recours à des moyens dont l'efficacité
leur avait été démontrée par l'expé-
rience ; on fit venir des dragons, et le
Jour même de leur arrivée, l'intendant
convoqua tous les habitants réformés
à l'hôtel-de-ville pour leur déclarer
que rintention du roi était qu'ils se fis-
sent catholiques à l'exemple de leurs
frères de France. Un petit nombre seu-
lement osèrent refuser de signer l'acte
d'abjuration qu'on leur présenta, tant
la terreur inspirée par les mission-
naires bottés était profonde. De ces
zélés fut Olry, qui, pour se soustraire
aux mauvais traitements de huit dra-
gons enragés qu'on logea chez lui,
s'enfuit avec sa famille, laissant sa
maison au pouvoir des garni saires, qui
la pillèrent et la dévastèrent entière-
ment. Il fallut bien pourtant qu'il cé-
dât. Sans pain, sans asile, ne pouvant
sortir de la ville dont les portes
étaient gardées avec soin, il sentit
qu'il était inutile de prolonger une
lutte dans laquelle il finirait nécessai-
rement par succomber. 11 se rendit
donc chez l'évéque et signa ; puis il
se mit en quête de sa famille. Après
quatre jours de recherches, il trouva sa
femme et sa fille cachées dans les ma-
sures de la citadelle, et les ramena
dans son logis, où les dragons n'a-
vaient laissé que les quatre murs. Quel-
ques jours après , menacées d'être en-
fermées dans des couvents , elles furent
l'une et l'autre également forcées d'ab-
jurer.
Olry pouvait donc espérer de vivre
tranquille ; mais comme il remplissait
assez mal ses nouveaux devoirs de ca-
tholique, on jugea l'exemple qu'il don-
nait très-dangereux, et on résolut de
l'éloigner. Il fut arrêté au milieu de
la nuit, le 20 déc. 1687, et conduit
à la citadelle, ainsi que MM.de Main-
viUierSy de Poiedaret et de Roche fort,
capitaines d'infanterie. Deux jours
après, on les transféra dans la cita*
OLR
- 50 —
ONF
délie de Verdnn> où ils trouvèrent Ta-
vocat Charles Gofjm et sa femroe^ de
La Cloche, de Failly, Marc, Simon et
Guerse , tous de Metz , avec qui , à
la fin de janvier , on les fil monter^
les fers aux pieds, dans des voitures
qui les transportèrent à La Rochelle,
où se trouvait alors Tévèque de Poi-
tiers, ce prélat s'étant chargé de les
convertir. A La Rochelle, comme sur
toute leur route, les confesseurs de la
foi protestante recueillirent les mar-
ques les moins équivoques de sym-
pathie. Elles les suivirent jusqu'à la
Martinique, où ils furent finalement
envoyés, le i«r mars 1688, après une
détention de trois semaines dans la
citadelle de rile de Rhé, où ils avaient
été mis, l'éloquence de Tévèque n'ayant
point ébranlé leur foi. Le gouverneur
de la Martinique, touché de compas-
sion, les laissa libres. Rochefort et
Poiedaret en profitèrent pour se sauver
à la Barbade, d'où ils passèrent en
Hollande (i). Quelque temps après, le
30 mai 1688, Olry, de Mainviliiers,
de Failly, de La Cloche et Guerse
trouvèrent les moyens de s'échapper
à leur tour, et gagnèrent Tlle de Saint-
Christophe^ en sorte que des 1 i trans-
portés, il ne resta à la Martinique que
Goffin et sa femme, qui refusèrent de
suivre leurs compagnons d'infortune,
avec Marc et Simon, qui s'étaient pla-
cés dans des maisons de commerce.
Olry et de Mainviliiers ne tardèrent
pas à quitter Saint-Christophe, où ils
avaient été accueillis comme des frères
par un riche négociant du nom de
Papin, ils passèrent dans l'Ile de Saint-
Eustache, où ils retrouvèrent quelques
compatriotes, entre autres, le pasteur
Marsal, de Metz, et Vignon, secrétaire
du gouverneur, qui facilitèrent leur dé-
part pour la Hollande. A Utrecht et
à La Haye, Oiry rencontra encore
plusieurs de ses concitoyens, tels que
le pasteur Jennet , le marchand £r-
(1) n paraît que Poiedaret se retira plus Urd
à Berlin. £o 1690, on Poyedarh fut éla membre
dn coDsislofre de cette Tille atcc de BeaumonL
nehinyXe colonel du génie Le Goutton,
le ministre Du Vivier; néanmoins il
ne voulut point se fixer en Hollande,
préférant aller s'établir à Cassel au-
près d'une de ses filles, mariée, depuis
le 1 8 nov. 1 682, avec Klaute, conseil-
ler de guerre du landgrave, et de son
cousin Samuel Bourdon, qui y jouis-
sait d'une haute considération et d'un
grand crédit. En 1698, il succéda à
Pierre Fenquières-d* Aubigny , qui, de
puis 1688, remplissait à Cassel les
fonctions de commissaire ou bailli de
la colonie fra^içaise, charge qui répon-
dait à peu près à celle de commissaire
de police et déjuge de paix. On ignore
la date de la mort de notre confesseur.
Peu de temps après son arrivée à
Cassel, en 1 690, Olry y avait été rejoint
par la plus jeune de ses filles, qu'il
avait confiée à une famille allemande,
mais il n'^entendit plus jamais parler
de sa femme ni de sa troisième fille,
qui avaient aussi été enlevées en 1 687
et envoyées dans des couvents de la
Franche- Comté.
Les détails qui précèdent sont tirés
d'un petit livre très- rare publié par
Olry après son retour en Europe, sous
ce litre : La pencécution de l'église de
Metz descrite par le sieur L Olry, etc.,
où l'on voit en même tems plttsieurs
curiositez que l'auteur a remarquées
pendant son exil dans l'Amérique,
tant à l* égard des mœurs et coutumes
de ces peuples qu'à l'égard des fruits
et autres raretés, Hanau, 1690, in-12,
pp. 182. Cet écrit n'est précieux que
par les faits qu'il renferme sur la per-
sécution de l'église de Metz et sur le
sort des Protestants transportés aux
Antilles.
Nous ne savons si deux juriscon-
sultes strasbourgeois du nom d'Olry
étaient de la même famille que notre
avocat messin. L'un, nommé Déodat,
a publié : Analysis l, 4 C de his qui
veniam œtatis impetr. et C i9 X de
jurepatronatûs, Arg., 1723; l'autre,
appelé Joseph, est auteur d'une diss.
De mutuo palliato, Arg., 1734.
ONFROY (Richàbd), de Fresne,
ORF
51 -
OUF
eollcctear de la taille en Normandie,
confesseur. Le 7 avr. 169J, ce vieil-
lard septuagénaire avait réani dans
sa demeure au village de La Queue, ses
deux filles^ nommées Giletteet Louise y
nec Gilles Chrétien ^ Jérémie Yver,
Pierre Gallier, Thomas Sorel, Adrien
Guitton, pour célébrer ensemble le
culte domestique. Malgré toutes ses
précautions^ il avait été dénoncé à
l'intendant Foucault, qui le condamna,
par sentence du 18 déc., à Tamende
honorable et au gibet ; ses deux fllles
àètre enfermées dans l'hôpital deCaen,
et qui ordonna un plus ample informé
contre les autres accusés, ainsi que
contre Marie Le Lièvre^ femme d'On-
froy. Malgré Topposition de l'intendant,
qui représentait au secrétaire d'Etat
le pauvre Onfroy comme un religion-
naire opiniâtre et dangereux, et Tac*
casait d'avoir maltraité l'huissier
chargé de constater le crime, le juge-
ment fut réformé et la peine de mort
commuée en celle des galères perpé-
tuelles, et comme Onfroy, indépen-
damment de son grand âge, était af-
fligé d^une flPciatique et d'une hernie
qui Tempéchaient de marcher, on le
Jugea hors d'état de servir S. M. sur
ses galères, et on prit le parti de le
laisser mourir en prison (Arch. gén.
M. 672).
ORAISON (André d'), seigneur
de Cadenet, Soleillas et Boulbon, et
évéque de Riez depuis 1576, aban-
donna son siège épiscopal, sur lequel
fl eut pour successeur le fameux ii-
gaear Elzias de Rastelis, pour em-
brasser la religion protestante et se
Buu1er,en 1585.
ORFEUILLE (André d'), ou Or-
feuil, sieur de Foncaud, capitaine de
eent hommes d'armes, épousa, en 1 5 7 1 ,
sft cousine Isabeau d*Orfeuilley qui
était veuve en 1576. Ses enfants fu-
rent : PaRRB, qui suit, et Marc, gou-
verneur de Courtrai, en 1646, mort
sans postérité. Pierre, sieur de Fou-
caiid> baron de Chizé, capitaine d'une
compagnie de gens de pied, comman-
dant à Chàtellerault en l'absence du
sieur de Boussac (l), fut, selon le Dict.
de la Noblesse, élevé, en 1 630, au grade
demestre-de-camp. 11 épousa, en 1595,
Elisabeth d'Alhoue, ûlle de Pierre,
sieur de Châteaurouet, et d'Anne de
Fontlebon. La famille d'Alhoue pro-
fessait aussi, et même depuis long-
temps, la religion réformée; voici nos
preuves. En J573, d'Alhoue, sieur de
La Thibaudière, refusa noblement d'é-
couter les astucieuses propositions de
Biron (Voy, V, p. 499); c'est à tort
que les Mémoires de Charles IX Tac-
cusent de trahison. Un de ses descen-
dants nous est connu par un Regis-
tre de baptêmes et mariages célébrés
dans l'église de Chizé (Arch, gén.
Tt. 313); c'est Charles d'Alhoue,
sieur de La Thibaudière, qui eut
plusieurs enfants de sa femme Elisa-
beth de Xorigéy savoir : Susanne, bapt.
en 1608, parr. Lsaac de La Porte,
sieur de FIcurac, marr. Christine de
La Paye ; Jacques, bapt. en 1 6 1 o, pré-
senté par Jacques de Saint-GeUus et
Anne Gentil; Abraham, bSL[i\. en \ G\ i ^
qui eut pour parrain Abraham Du Ver-
gier; Espérance, bapt. en 16i5. Le
sieur de LaThibaudière avait une sœur
Anne, qui épousa, en 1615, Pierre
Barbariny sieur de Chaubon, et lui
donna une fllle, qui fut présentée an
baptême par Cfuirles d'Alhoue, sieur
des Ajots^ et par Anne d* Or feuille.
Cette Anne d'Orfeuille était 011e du ba-
ron de Chizé et d'Elisabeth d'Alhoue;
elle devint la femme de Jacques Gigou,
sieur de Vèsançay, Elle avait deux
sœurs : Louise, mariée à Jacques de
Greaume, sieur de Périgné,etSusANNB,
épouse de Charles Robert, sieur de Li-
zardière, et un frère, François, sieur
de Foncaud, qui se maria, en 1 634, avec
Jacquette Chapot, fllle de Henri Cha-
pot, sieur de La Brossardière, et de
(1) D'one fAmille égmlement protesUute. En
1686, M»" de Boustac fut eofermée à la Bastille
(Arch. gen. £. 3373). Son mari, le marquis de
Boutêae^ colonel de dragons, était mort à Metz,
en 1688. PeodaDt sa maladie, on avait placé de«i
aentioelles à sa porte avec ordre de ne laisiier
entrer ancoo ministre. l\ n'en mouiut pas inoiu»
prolMtaat.
OUI
— 52
ORV
Marie Amault. De ce mariage naqui-
rent trois enfants^ François^ Pierre et
Anne. Nous n'avons aucune preuve
qu'ils aient persisté dans la profession
de la religion réformée.
ORIGNY (Pierre d')^ sieur de
Sainte-Marie-sous-Bonrg , poêle que
l'abbé Goujet qualifle de sage et ver-
tueux^ naquit à Reims et fut attaché
vraisemblablement au service de Fran-
çois TI^ à qui il a dédié le Temple de
Mars iout-piUssaniy poëme allégori-
que contenant de très-bons conseils sur
la manière dont un Jeune gentilhomme
doit se conduire au milieu des dou-
ceurs de la paix et des horreurs de la
guerre. Le fragment suivant^ qui ex-
prime une fort belle pensée^ pourra
donner une idée de son génie.
Gomme on n'apperçoit point, mais on sent bien
Zéphire,
Lorsqn'ès grandes chaleurs doacement il respire,
Ainsi le Dien caché en un coeur magnanime,
Ne se Toit, mais se sent à l'ardeur qu'il anime...
Aussi ne demandez en quel temple il habile,
Car son temple, pour yray, est le cœur qu'il incite
A Tenger l'innocent, l'orphelin, l'oppressé.
Quand en oppression Ters lui s'est adressé.
Ge cueur, ce temple Tif, est l'autel acceptable
Et le Trai sanctuaire ou ce Dieu redoutable
Reçoit l'humble oraison de l'affligé qui crie, etc.
On voit, comme le fait remarquer
Goujet, que l'auteur ne se met nullement
en peine d'observer l'alternative des
rimes masculines et féminines; cette
pierre d'achoppement ne s'est rencon-
trée sous le pied de nos poètes que plus
tard. Peu de temps après la publication
de son poëme , qui parut à Reims en
1559, in-8o,d'0rigny, ayant embrassé
la religion protestante, se retira avec
son père à Sedan, où il mourut en
1587, à l'Age d'environ 60 ans. Outre
son Temple, il a fait imp. un ouvrage
en prose, dédié à Henri III, sous ce
titre : Le hérault de la ru)blesse de
France, 1578, in-8<»; nouv. édition^
1579, in-80.
Il parait qu'il faut distinguer notre
pocte d'un autre Pierre d'Origny,
sieur de Gormont, gentilhomme pro-
testant de la Champagne, qui épousa,
en 1 560, Marguerite Le Goùr, et en
eut trois fils : J« Claude, qui suit;—
2« Pierre, 3ieur de Saint-Rémy, qui
ne laissa qu'une fille nommée Ak5e ;
— 3° Samson, sieur deMeicorcol, qui
prit pour femme Camille Du Moulin
et en eut aussi une fille.
Claude, sieur de Cormont, homme
d'armes des ordonnances , épousa, en
1599, Marguerite Colignon , fille de
Nicolas, sieur de Chalelte, et de Jeanne
Preudhomme. De ce mariage naqui-
rent deux filles, Esther et Marie, et
un fils Christophe, qui fut élevé page
de rélecteur de Brandebourg, et qui
servit plus tard, avec le grade de ca-
pitaine, dans le régiment de Gassion,
Il se maria en Allemagne^ en 1622,
avec Anne- Dorothée de Krugen, qui
lui donna 4 enfants, dont 3, nommés
Ferdinand, Marguerite et Marib-
SiDONiE , restèrent dans la pairie de
leur mère. L'alné, Claude, revint en
France et épousa, en 1 6i9, Elisabeth
d'Anneau, qu'il laissa veuve avec on
fils unique, nommé Samuel. Dans une
liste de Réfugiés, dressée en 1687
(Supplém. franc, 791.2), nous lisons
les noms de d'Origny et sa femme ; se-
rait-il le même que Samuel d'Origny?
0RV1LLE(Jean d'), né, le 16 mai
1 588, à Aix en Provence, et mort, le
29 sept. 1660, à Hambourg, où il était
allé s'établir, eut dix enfants de son
mariage avec Barbe Hertsbecky qui ,
restée veuve, se retira à Amsterdam,
où elle termina ses jours, le 1 5 nov.
1679. De ses dix enfants, un seul est
connu ; c'est Jean, né à Hambourg, le
23 août 1659, qui acquit une grande
fortune dans le commerce, et mourut
fort âgé, le 2 mars 1751 (1). Il avait
épousé Catherine Neys, qui l'avait
rendu père de dix enfants, entre autres
de Jacques-Philippe et de Pierre. Ge
dernier, qui avait pris le grade de
docteur en droit, quoiqu'il se destinât
(1) Guillaume d'OrvUle^ auteur d'un Ostaiag
van een vytmundent kabinet^ Amst., 16Si;
17S6, in>8o, ne saurait être un frère de ce né-
gociant, niAis peut-être était-il son oncle. Il pa-
rait qu'un autre fils de Jean d'Orville s'établit à
Francfort-sur-lo-Mein, d'où était natif /fan-Do-
niel i'OrviUe^ immatriculé à l'académie de G^
nèTe, en 1671.
ORV
53 —
ORV
à la carrière commerciale, courtisa
avec succès les Muses latines. Il mou-
rut en 1758. Son frère devait aussi
eutrer dans le commerce, mais les
pressantes instances de quelques amis
décidèrent à la fin son père à lui per-
mettre de suivre ses goûts. Le jeune
d'Orville s'inscrivit donc, en 1715,
parmi les étudiants de l'université de
Leyde, où il eut pour professeurs des
savants du premier ordre, Gronovius,
Barman, Heymann, Schaaf. Sous la
direction de Schulting et de Noodt, il
s'appliqua à Tétude de la jurispru-
dence, sans négliger toutefois les lan-
gues savantes, et, le 3 fév. 1721, il
prit le grade de docteur en droit. Il
se rendit ensuite à La Haye dans l'in-
tention de suivre le barreau ; mais il
ne tarda pas à se dégoûter des chi-
canes do palais. Depuis longtemps
d'ailleurs il nourrissait le projet d'un
grand voyage littéraire dans les pays
les plus civilisés de l'Europe, et il
était impatient de le mettre à exécu-
tion. Il partit donc pour la France,
en 1 723^ et y passa plus d'un an, soit
à Paris, à La Rochelle, à Nantes, à
Bordeaux ou dans d'autres villes du
royaume, fouillant les bibliothèques,
visitant les cabinets d'antiquités et de
médailles, collationnant les manuscrits
et relevant les différentes leçons, des-
sinant les monuments de l'art antique,
nouant des liaisons avec les hommes
les plus distingués dans les sciences
et dans les lettres, en un mot, ras-
semblant partout de précieux maté-
riaux surla littérature et l'histoiredes
peuples anciens. De retour à Amster-
dam au mois d'août 1 724, il en repartit
bientôt pour Londres, où son frère
JBA5-LÉ0NARD avait établi une maison
de commerce. En Angleterre comme
en France, il passa presque tout son
temps au milieu des livres, et se lia
avec des hommes célèbres dans la
république des lettres. Il revint en
Hollande vers la fin de 1725, et quel-
ques mois après, il se mit en route
pour l'Italie, où il n'eut non plus qu'à
se louer de la courtoisie des savants,
qui, dans toutes les villesoù il s'arrêta,
excepté Turin, se firent un plaisir de
lui faciliter l'accès des bibliothèques
et des musées. 11 retourna en Hollande
par l'Allemagne. Son intention était de
se retirer à la campagne pour mettre
en œuvre les fruits précieux de ses
coûteuses recherches; mais les ma-
gistrats d'Amsterdam lui ayant offert
la chaire de professeur d'histoire,
d'éloquence et de langue grecque dans
leur École illustre , il ne crut pas de-
voir la refuser. Il en prit possession,
le 22 mai 1730, par une harangue
De felici Mercurii cum Musis contu-
bemio. Après l'avoir occupée avec éclat
pendant douze années, il s'en démit
volontairement, ne se réservant que
le titre et les honneurs du professo-
rat, puis il se retira dans sa terre de
Gronendal, afin de se livrer entiè-
rement à l'étude et travailler avec
plus de loisir au classement et à la
mise en œuvre des matériaux qu'il
avait rapportés de ses voyages. Quoi-
qu'il jouit d'une grande fortune, la ri-
chesse n'avait point étouffé chez lui
l'amour de la science, et il aurait sans
aucun doute mis à exécution les pro-
jets qu'il avait conçus, si sa santé,
fort chancelante dans les dernières
années de sa vie, et la mort, qui l'en-
leva inopinément dans la nuit du 13
au 14 sept. 1751, le lui eussent per-
mis. Il a laissé la réputation d'un sa-
vant profondément versé dans la cri-
tique et la connaissance de l'antiquité,
d'un homme doux, aimable, plein de
courtoisie et d'obligeance. Les ouvra-
ges qu'il a publiés ne sont pas très-
nombreux ; mais il serait difiicile do
citer une édition d'un auteur grec ou
latin, donnée de son temps, à laquelle
il n'ait pris une part considérable en
fournissant libéralement de savantes
notes et d'excellentes variantes aux
éditeurs. Il avait épousé, en 1732,
Elisabeth- Marie van Ryn, qui le laissa
veuf en 1737, après lui avoir donné
deux fils : Jean, né le 7 sept. 1734,
etN.,mort âgé de quelques mois. Voici
la liste de ses ouvrages :
ORV
— 5i -
OTT
I. Disp, ad L, 65 c/e acquit endo
rerum dominio, Lugd. Bat., 1721,
In -40. — Thèse pour le doctorat.
II. Oratio in centesimum natalem
illustris Amstelod, Ath^nœi, Amst.,
1732, in-fol.; réimp. avec des notes
de Lennep, Amst., 1832, in 4®.
III. MisceUaneœ Observationes in
auctores veteres ei recentiores, à Bri'
tannis [Jortin] cœptœ, in Batavis
continuâtes, cum nolis et auctario va»
rioTum virorum doctorumy Lond. et
Amst., 1732-39, 10 vol. ln-8«». — Cet
ouvrage, d'anc profonde érudition et
d'une critique exacte, avait été com-
mencé en Angleterre; d'Orville et Bur-
man le continuèrent et ils ne restèrent
pas au-dessous des savants anglais.
IV. Crilica vannus in inanes J.-C.
Pavonis palcas, Amst., 1737, in- S».
* — Satire mordante contre de Pauw.
V. Miscêllaneœ Observationes et
criticœ novœ in auctores veteres ■ et
recentiores, in Beljio colkctœ et pro-
ditœ, Amst., 1740-1751, 12 vol. in-
8*. — Suite du N<» IIÏ.
Vï. Pétri d'Orville y jurisconsulti,
poemata, XmsL, 1740, in-S». — Ce
vol., illustré avec beaucoup de soin,
n'a pas été mis dans le commerce. On
y trouve quelques vers de la façon de
Jacques-Philippe d'Orville, qui en a
soigné l'impression.
VII. XapCttovoc Àçpo3iar^o>ç twv tapi
Xatpésv xat KaX\{^j)d7)v ÉpcdTtxcbv 811^-
fii;iaTcI)v X&foi. J.-P. d'Orville pubU-
cavit y animadversionesque adjecity
Amst., 1750, in-4%- réimp. par Beck,
Lcipz., 1 783, in-80. — La version latine
est de Reiske.
VIII. SiculOy quibus Siciliœveteris
rudera illustrantur, Amstel., 1762-
1764, 2 vol. in-fol. avec flg. — Ou-
vrage posthume dont Burman acheva
l'impression.
On trouve, en outre, quelques Let-
tres de d'Orville dans le Sylloge nova
eplstolarum varii argumenli. Ses pré-
cieux manuscrits, ouvrages ébauchés,
notes recueillies dans ses voyages,
livres imprimés, annotés de sa main,
se trouvent aujoard'bui à la Biblio-
thèque Bodlélenne. On en a publié le
catalogue sous ce titre : Codices mss.
et impressi cum notis mss.« olim
Dorvilliani, qui in bibliothecà Bod-
leianà apud Oxonienses adservantnr,
1806, in-4®.
OSTERRIED (Jbàn-Daniel), né,
en 1703, à Strasbourg, fit ses études
dans cette ville. Il s'appliqua d'abord
à la théologie, qu'il quitta ensuite
pour la Jurisprudence. Après avoir sé-
journé quelque temps à Leipzig, à Wit-
tenbcrg, à Halle , où il suivit les le-
çons des professeurs les plus habiles,
il revint dans sa ville natale et entra
comme précepteur dans la famille de
Wurmser. En 1731, il fut nommé à la
chaire de poésie, qu'il échangea bien-
tôt contre celle de philosophie morale.
En 1734, il prit le grade de docteur
en droit. Une mort précoce l'enleva
le 17 déc. 1742. Jôcherlui attribue,
sans autre indication, Dissert, de his
qui impediuntur contrahere nuptias,
et De concursu juulicii petitorii et
possessorii.
OTTO (Louis-Guillauhe), habile
diplomate qui, par bes services sous là
République et l'Empire, s'est ac^iuis
droit de cité parmi nous, était né à
Kork ( 1 ), dans le grand-duché de Bade,
en 1 754, d'une famille originaire de la
Hesse(2), et mourut à Paris le 9 nov.
1817.
L'école diplomatique fondée à Stras-
bourg pw Schœpfliny et continuée avec
grande réputation par ses disciples
Koch et Oberlin, attirait à l'univer-
sité protestante de cette ville une foule
déjeunes gens de l'Allemagne. Le jeune
Otto y fut envoyé. Son application et
ses succès lui valurent l'estime de ses
maîtres, et lorsqu'en 1776, le cheva-
lier de La Luzerne, se rendant à Ma-
li) La Biographie nouTelle dei Gontemporaiiu
le fait aatlre à Strasbourg. Nous luivoos de pré-
férence la Bio^. UDiY., dont l'article nouf pa-
raît rédigé d'après des documents de famille.
(9) Il est très-Traisemblable qu'il éUit le petit-
fils de Jean-Sébattien Otto dont il sera parlé plot
bas ; son grand-père atait, ainsi que ce dernier,
rempli les fonctions de cbaocelier do prince de
Héeee-Bannstadt.
OTT
— 5d —
OÏT
Dich, en qualilé de ministre plénipo-
tentiaire^ désiras'entourerdes lumières
qui lui manquaient sur le droit public
del'Aliemagneyle savant jurisconsulte
Pfeffel lui recommanda le jeune Otto
qui fut agréé et devint le secrétaire
particulier du ministre. Ce premier
pas dans la carrière diplomatique dé-
cida de son avenir. En 1 779, Otto sui-
vit son patron dans son ambassade aux
Etats-Unis. A cette époque, il n'avait
pas encore de position officielle, mais
lorsque Barbé-Marbois fut appelé à
l'intendance de Saint-Domingue, il lui
succéda comme secrétaire de légation
(i 785). Nommé deux fois chargé d'af-
faires par intérim^ en l'absence de
l'ambassadeur, il ne revinl en France
qu'en 1792. Au mois de fév. 1793, il
fut nommé cbef de la première division
politique des relations extérieures , en
remplacement du citoyen Maret chargé
d'une mission à Londres ; mais il ne
tarda pas à être entraîné dans la chute
des Girondins. Enfermé au Luxem-
bourg, il ne recouvra la liberté qu'après
le 9 thermidor. Otto se retira à Les-
ches, près de Lagny, où il vécut dans
la retraite. Jusqu'en 1798 (an Yl) qu'il
SQlvit l'abbé Sieyès à Berlin en qualité
de secrétaire de légation. Après le dé-
part de cet ambassadeur (1799), il
resta à ce poste comme chargé d'afifai-
res, et il en remplit les fonctions jus-
qu'à répoque (i 800) où il fut envoyé à
Londres avec le titre de commissaire
de la République. Autorisé à entamer
des négociations de paix, Otto mit toute
sa gloire à s'acquitter dignement de
cette honorable et difficile mission.
Plus d'une fois les brusqueries du pre-
mier consul furent sur le point de tout
rompre : les coup« de tonnerre entraient
pour beaucoup dans sa politique. Mais
peu à peu les deux parties rabattirent
de leurs exigences, et l'on finit par
s'entendre. La lassitude, après dix an-
nées de luttes, n'était pas moins grande
an delà qu'en deçà du détroit. On con-
vint de consigner dans des préliminai-
res de paix les principales clauses du
traité et de renvoyer les difficultés de
détails à une négociation ultérieure.
« Les deux négociateurs, M. Otto et
lord Hawkesbury, étaient d'honnêtes
gens, remarque M.Thiers, et voulaient
la paix. Ils la voulaient pour elle-
même, et aussi par l'ambition bien na-
turelle et bien légitime de placer leur
nom au bas de l'un des plus grands
traités de Thistoire du monde. Aussi
toutes facilités compatibles avec leurs
instructions, furent par eux apportées
dans la rédaction des préliminaires. »
Cet acte fut signé le !•' oct. 1801. Il
n'excita pas moins d'enthousiasme à
Londres qu'à Paris. Lorsqu'on eut
appris la ratification du premier con-
sul, la joie alla jusqu'au délire, a On
court chez M. Otto, on le trouve qui
montait en voiture avec le colonel Lau-
rlston, pour se rendre chez lord Haw-
kesbury et faire l'échange des ratifi-
cations. Le peuple dételle les chevaux
et traîne ces deux Français chez lord
Hawkesbury. De chez lord Hawkes-
bury, les deux négociateurs devaient
se rendre chez le premier ministre,
M. Addington, et ensuite à l'Amirauté,
chez lord Saint-Vincent. Le peuple
s'obstine; on veut traîner la voiture
d'un ministre chez un autre. Enfin, à
l'hôtel de l'Amirauté, la foule était
devenue telle, la confusion si étrange,
que lord Saint-Vincent, craignant
quelque accident, se mit lui-même à
la tête du cortège, de peur que la voi-
ture ne fût renversée, et qu'unaccident
fâcheux ne fût la suite involontaire de
cette joie convulsive. Plusieurs jours
s'écoulèrent en transports de ce genre,
en témoignages d'un contentement
extraordinaire. » Ce fut un météore
dans une nuit sombre. Plus le rêve
était beau, plus le réveil devait être
pénible. La paix définitive fut en efifet
signéeà Amiens,le 25mars 1 802 ; mais
combien de temps devait-elle durer?
Qaidquld délirant reges, plectnntar ÂcbiTi.
Le titre de ministre plénipotentiaire
fut la récompense des services rendus
par le commissaire de la République.
11 est vraisemblable que sans son es-
OTT
OTT
prit conciliant, sans la considération
personnelle dont il joaissait, cette ten-
tative d'accommodement eût échoué.
Néanmoins la reconnaissance du pre-
mier consul ne tint pas contre les in-
sinuations malveillantes de certains
croupiers de son entourage. A la fin
de 1802, Otto fut remplacé dans son
poste d'ambassadeur par le général
Andréossy. a On attribua, dans le
temps, lit-on dans la Biogr. univ., la
cause de cette espèce de défaveur à
un personnage considérable qu'il avait
mécontenté en ne se prêtant pas à des
projets de spéculation sur les fonds pu-
blics. » Comme compensation, on lui
offrit le posle de ministre plénipo-
tentiaire aux Etats-Unis; mais il dut
refuser , la santé délicate de sa femme
ne lui permettant pas d'accepter. Un
fait à noter, parce qu'il n'est pas com-
mun, c'est qu'à son retour de Londres,
après avoir heureusement signé l'acte
qui devait donner la paix au monde,
Otto dut se défaire de son équipage,
et vendre les bijoux de sa femme pour
subvenir à ses dépenses pendant le
temps qu'il resta sans emploi. En pré-
sence d'un tel fait, pourrait-on se
croire au lendemain du Directoire?
Cependant le jour de la réparation n'é-
tait pas loin ; de nouveaux services, et
des services plus signalés encore par
leurs résultats, vengèrent Otto de la
malveillance de ses ennemis. Envoyé
comme ambassadeur à la cour électo-
rale de Bavière (1803), il sut relever
par son habileté ce poste tout à fait
inférieur. A l'instigation de l'Angle-
terre, menacée dans ses foyers parles
immenses préparatifs du camp de Bou-
logne, une nouvelle coalition s'était
forméesurle continent (8 sept. 1805).
L'Autriche cherchait à y entraîner la
Bavière. Otto ayant surpris le secret
des cabinets, fit sur-le-champ partir
son secrétaire de légation pourcn don-
ner avis à l'empereur. Napoléon com-
prit le danger; les colonnes autri-
chiennes s'ébranlaient déjà; il leva
aussitét le camp de Boulogne et porta
son armée sur le Rhin. Otto, de son
c6té, était parvenu à retenir la Bavière
dans notre alliance. La célérité des
mouvements de Napoléon déconcerta
les projets de la coalition. Le 2 décem-
bre, lavictoirc d'Ansterlitz terminait la
campagne la plus brillante dont il soit
parlé dans les fastes de l'histoire. Na-
poléon ne fut pas ingrat; il créa Otto
comte de Mosloy, il le nomma conseil-
ler d'Etat et grand officier de la Légion
d'honneur. Otto continua à résider à
Munich, jusqu'à ce qu'après la cam-
pagne de 1809, il fut envoyé à Vienne
en qualité d'ambassadeur. 11 eut , au
dire de la Biogr. univ., une grande
part au mariage de Napoléon avec l'ar-
chiduchesse Marie-Louise; ce fut au
moins lui qui en échangea les con-
ditions. Mais nous devons dire que
M. Thiers, d'ailleurs si conscien-
cieux, ne fait aucune mention des ser-
vices qu'a pu rendre en cette occasion
notre ambassadeur. Rappelé le 2 1 mars
1813, pour céder la place au comte de
Narbonne, qu'on jugea plus propre à
retenir l'Autriche dans l'alliance de la
France, Otto revint à Paris et fut fait
ministre d'Etat. La catastrophe appro-
chait; c'était le retour naturel des cho-
ses de ce monde, perpétuel va-et-vient
de haut en bas et de bas en haut; les
moins clairvoyants le pressentaient,
les fanatiques seuls se complaisaient
encore dans leur aveuglement. Icare,
dans son vol, s'était trop élevé. Otto
fut chargé d'aller réchauffer Tesprit
public dans la 11« division militaire,
dont le chef-lieu était Mayence. Mais
les routes étaient déjà interceptées, il
ne put parvenir à sa destination. A la
Restauration, l'amour du pays enfanta
en France des prodiges de dévoue-
ment : tout le monde se fit un devoir
de rester en place. Les plus fidèles ser-
viteurs de l'Empire, les plus comblés
de faveurs, firent taire leurs sympa-
thies. A voir la facilité avec laquelle
nous passions d'un régime à un autre,
on aurait pu croire qu'il n'y avait rien
de changé. Otto, envoyé comme com-
missaireextraordinaire dans la 21* di-
vision militaire, publia à Limoges, le
OTT
— 57 —
OTT
6 juin 18U^ une proclamation cba-
leurcose en faveur du nouveau gou-
vernement. Néanmoins ses services
furent mal reconnus. Si l'on en croit la
Biogr. univ. qui f>aratt bien informée,
le même personnage qui l'avait des«
servi auprès de Bonaparte^ continuait
à lui garder rancune, et comme il avait
voué ses services au gouvernement
nouveau, ce fut grâce à lui qu'Otto ne .
fut pas compris dans la partie active
du conseil d'Etat. 11 fut très-sensible à
cet oubli, dit le biographe; aussi lors
du retour de Bonaparte, crut- il pou-
voir accepter une des places de sous-
secrétaire d'Etat au ministère des af-
faires étrangères. Nous aimerions à
nous persuader que ce fut plutôt par
ses principes qu'il dirigea sa conduite,
car 11 est dangereux de mettre sa ré-
putation à la merci d'une rancune.
Après le dénouement du grand drame,
Otto fut chargé auprès du gouverne-
ment anglais d'une mission de con-
fiance, relative à la sûreté de l'empe-
reur, mais il ne put la remplir, des
passe-ports lui ayant été refusés. De-
puis cette époque, Otto vécut dans la
retraite. <x A beaucoup d'instruction,
dit le biographe déjà cité, Olto joi-
gnait des mœurs et des formes extrê-
mement douces, et une sorte d'élé-
gance dans les manières et de dignité
dans le langage, que peu de diploma-
tes ont possédées à un aussi hautdegré.
Homme aimable dans le monde, poli-
tique profond dans le cabinet, il était
érudit avec les savants, et joignait à
tous ces avantages une grande modes-
tie et un rare désintéressement. » Otto
fut marié deux fois. N. Lemngston,
qui appartenait à une des familles les
plus considérées des Etats- Unis, ne lui
donna point d'enfants. De sa seconde
femme, fllle de M. de Saint-John Grève-
cœur, consul de France à New-York,
qu'il épousa en 1782, il eut une fille
qui fut unie en mariage avec M. Pelet
de la Lozère.
OTTO (Marc), docteur en droit,
né à Strasbourg, le 20 octobre 1600,
était fils d'un bourgeois de cette ville.
qui exerçait la profession de menui-
sier. Ses éludes terminées, il ût, en
I62i, un voyage en Allemagne dans
le but de perfectionner ses connais-
sances, et à son retour à Strasbourg,
il prit, en 1629, le grade de docteur.
Après un séjour de quelques mois à
Spire, où il suivit les audiences de la
Chambre impériale, il revint dans sa
ville natale et fut agrégé au barreau.
Nommé, en 16!»2, secrétaire des XIU
et adjoint du syndic, il obtint, en 1633,
la charge de référendaire au Grand
Conseil, et en 1 640, celle d'avocat pri-
vé du Conseil. En 1645, il fut envoyé
à Munster pour assister, comme député
de Strasbourg , à la négociation de la
paix, et en 1652, il fut chargé d'une
nouvelle mission à Ratisbonne. Ce fut
en vain que l'empereur, qui appréciait
son mérite, lui olïritun poste aussi ho-
norable qu'avantageux à saCour ouàla
Chambre impériale,Otto ne voulut point
s'éloigner de sa ville natale, où il mou-
rut,le 5 novembre 1 674. Il s'était formé
une belle bibliothèque, qu'il légua à
l'université de Strasbourg. Indépen-
damment d'un grand nombre de Con-
sultations, on a de lui une dissertation
De repressaliiSy imp. à Strasbourg,
1629, in-40.
A la même famille appartenait vrai-
semblablement Jean-Sébastien Otto,
qui naquit aussi à Strasbourg d'un
bourgeois de celte ville. Il fit ses étu-
des à Strasbourg même et à Giessen,
où 11 prit, en 1 708, le grade de licen-
cié en droit, après avoir soutenu une
thèse De favore defensionis in pro-
cessu criminali, Otto se fixa dans la
Uesse, où ii remplit successivement di-
vers emplois importants. La première
charge à laquelle il fut appelé fut celle
de bailli d'Umstadt; ii la quitta pour
devenir conseiller à la régence de
Darmstadt, puis, en 1730, conseiller
privé et directeur de la chancellerie à
Hanau. Il parait qu'il mourut conseiller
de la régence de Bouxwiller, on ne
nous apprend pas à quelle date. Outre
la thèse citée plus haut, il a publié un
gros in-fol. imp., en 1736, sous ce
OUD
— 58 —
OLD
litre : Documentirte facU speeies, pour
défendre certains droits de la maison
de Hesse-Darmstadt.
OUDIN (Rehi), savant critique et
historien^ né à Méziëres^ le 1 4 février
xezSy et mort à Leyde, au mois de
septembre 1717.
Malgré le vif penchant qu'Oudin
montra, dès son enfance, pour l'étude,
son père voulait lui faire apprendre
son métier de tisserand ; mais la pas-
sion de Tenfant fut plus forte que la
volonté paternelle, et ses parents Uni-
rent par le laisser suivre ses goûts. Il
entra donc dans le collège des Jésuites
de Charlevilte, en qualité de précep-
teur du fils aîné de M»* Du Han de Jan-
dun. Ses classes finies, il fut admis dans
l'ordre de Prémontré, où il prit Tbabit
en 1655, en même temps que le nom
deCisnmi. Deux ans après, il pronon-
ça ses vœux. Il fit ensuite sa philoso-
phie à Sery et sa théologie à Bucilly.
En 1669, il fut nommé professeur de
théologie à l'abbaye de Mureau. L'an-
née suivante^ il devint grand prieur de
ce monastère, et en 1 675, il fut pourvu
de la cure d'Epinay-sous-Gamaches,
mais il résigna ce bénéfice, en 1677,
pour rentrer dans le cloître et se livrer
tout entier à l'étude. Après un court
séjour à Etival, il demanda et obtint,
en 1678, une obédience pour Tabbaye
de Bucilly.
Depuis plus de vingt ans^ Oudin
végétait au milieu de ses livres, sans
avoir trouvé une occasion favorable
pour se faire connaître, lorsque le ha-
sard ou un caprice conduisit Louis XIV
dans cette abbaye, en 1680. Appelé
par son rang, en l'absence de l'abbé et
du prieur, à complimenter le prince,
Oudin s'en acquitta avec toute l'habi-
leté du plus fin courtisan. Ses flatte-
ries charmèrent le grand roi, qui dai-
gna témoigner son étonnement de ce
qu'un homme de ce mérite restait con-
finé dans un désert ; malheureusement
pour sa fortune, Oudin laissa percer
dans la suite de la conversation son
dégoût de la vie monastique, et cette
maladresse le perdit dans l'esprit du
bigot Louis XIV, qui lui ordonna de se
retirer. Il se consola d'autant plus faci-
lement de sa disgrÀce, que l'abbé de
Prémontré, Michel Colbert, le mit, peu
de temps après, à même de satisfaire sa
passion dominante, en le chargeant de
visiter les archives de Tordre et d'en
extraire les pièces qui pourraient ser-
vir à une histoire littéraire dont il s'oc-
cupait. A son retour, en 1682, Oudin
fut fait sous-prieur de l'abbaye de Cuis-
sy. L'année suivante, il obtint la per-
mission d'habiter Paris,et il s'empressa
d'entrer en relation avec les savants
Bénédictins de Saint-Maur, qui mirent
à sa disposition tous les documents
recaeillis parieurs soins dans presque
toute l'Europe. « Oudin^ ditrabbcBoul-
liot, avait jusqu'alors joui d'une répu-
tation intacte...., on le citait comme
un modèle de piété et de régularité,
. . .mais ayant formé une étroite liaison
avec le fameux ministre Jurieu, il dé-
chut insensiblement dans l'estime pu-
blique. » Ses supérieurs alarmés le
reléguèrent à Tabbaye de Ressons.Cette
mesure, qui l'enlevait à ses amis et à
SCS livres, l'indigna ; la sévérité avec
laquelle on le traita, acheva de l'exas-
pérer ; il réussit à s'échapper du cou-
vent où on le détenait, et passa en Hol-
lande en 1690. Il abjura publiquement
à Leyde et fut nommé sous-bibliotbé-
Caire de l'université, place qu'il rem-
plit jusqu'à sa mort.
Quelques écrivains catholiques nous
peignent Oudin comme un homme amé-
chant,dur, féroce, sans politesse et sans
éducation, comme un parricide cruel
et un ingrat transfuge; vmais l'abbé
Boulliot fait remarquer judicieusement
qu'on ne doit voir dans ces invectives
que l'expression de leurs regrets. Voici
la liste de ses ouvrages.
I. Supplementum de scriptoribus
vel de scriptis ecclesiasticis à Bellar-
mino omissis ad ann, \AQOvel cui ar-
tem typographi am inveniam, Paris.,
1686, in-8«.— Le savant Cave affirme
que ce livre, plein de fautes quelquefois
grossières, est tiré en grande partie
des ouvrages de Le Mire, Labbe^ Vos-
OUD
-59-
OUD
siQs, etc., que l'auteur piile sans les
citer.
11. Le prémontré défroqué^ Leyde^
1 692 y in- 12. — Oudin y rend compte
des motifs de sa conversion.
ni. VelerumaliquotGalliœet Belg»
seriptorum opuscula sacra nunquam
editOy jàm vero è mss. biblioihecarum
GalUœ in lucem prodeuntia, cum effi^
giebus vitœque eorum compendio,
Lugd. Bat., 1692, in-80.
lY. Episiola de ratione studiorum
quorum, Lagd. Bat., 1692, in-4o.
V. Historia abbaliœ Calvi Montis,
pubi. dans le T. III des Acta Saneto-
rum(l701). •
VI. Diss, singularis de Colleclaneo,
s€u collectione Ansclmi Bandurii, imp.
dans l'Histoire de la République des
lettres par Masson (T. VU et YIII).
VII. Tri<is dissertationum critica-
rum : /. De codice Alexandrino Bod-
leianœ bibUothecœ; IL De quœaiioni*
bus odAntiochumprincipem; IIL De
cotlectione antiquitatum Constanti»
nopol. Bandurii, Lugd. Bat., 1717^
in-8*. — Dans la l^* de ces dis-
sert., Oudin prétend que le codex
Âlexandrinus n'est que du x« siècle,
et dans la 2«, que les questions à
Anliochus, imp. dans les OEuvres d'A-
thanase, ne sont pas du célèbre adver-
saire d'Arius, mais d'un autre Atba-
nase qui vivait dans le xv« siècle. La
3* n'est que la reproduction du N* VI.
Oodin y soutient que le m se. dont s'est
servi Banduri, est un ouvrage de Mi-
chel Psellus.
VIII. Commentarius de scriptorthus
Ecclesiœ antiquis,ilbrumque8crtptiSy
tàm impressis quàm manuscriptis ad'
hue extantibus in celebrioribus Eu-
ropœ bibliothecis, à Bellarmino, Pos-
sevino, Ph, Labbe, GuiL Caveo, Lud,
Ellià Du Pin omissis, ad ann. 1460,
veladartem typographicam inventam :
cum muUis dissertai., in quibusinsi-
gniorum Ecclesiœ autorum opuscula
atque alia argumenta notabiltora accu-
raté et prolixe examinantur, Lips.,
1 722. 3 vol. in-fol. -* L'ouvrage tient
les promesses du titre; on y trouve
tout ce qu'on peut désirer dans un tra-
vail de ce genre, sur la vie des auteurs
comme sur leurs ouvrages. Beaucoup
d'erreurs ont sans doute été commises
par Oudin, mais ceux qui se sont
occupés de recherches analogues se
montreront indulgents pour des fau-
tes inévitables, et le loueront grande-
ment de la diligence singulière avec
laquelle il a recueilli une immense quan-
tité de matériaux. Il est possible d'ail-
leurs qu'une partie des inexactitudes
qu'on lui reproche soit du fait de l'édi-
teur, car la mort ne lui laissa pas
le temps de surveiller lui-môme l'im-
pression de son ouvrage..
IX. Acta Beati Luccb^ abbatis Cuiê*
siacencis, pubi. dans le T. II des Anti-
quitalismonnmentaduP. Hugo (Etival,
1725-31, 2 vol. in-fol.).
X. De jurisdictione quasi episcopoH
abbatis Stivagiensis exercitiumy msc.
C'est aussi de la Champagne et peut-
être d'une branche de la même famille
qu'étai t sort i César Oudin, ûis du grand
prév6t de Bassigny, qui fut élevé à la
cour du prince de Navarre et qui rendit
à Henri IV des services en récompense
desquels le roi le nomma, en 1 597,
son secrétaire et son interprète pour les
langues étrangères. Grammairien et
lexicographe. César Oudin a laissé,
ainsi que son flls Antoinb, qui lui
succéda dans sa charge, quelques ou-
vrages en partie traduits de l'espagnol
et en partie originaux; mais nous n'a-
vons point à nous eu occuper, tout nous
portant à croire que, quand ils les pu-
blièrent, ils avaient abjuré la religion
réformée. Il est très-vraisembiable que
Pierre Oudin, qui prenait aussi le titre
d'interprète pour le roi des langues
étrangères, était un frère de César.
Celui-ci resta fidèlement attaché à l'E-
glise protestante. Il mourut en 1 643,
à l'âge de 79 ans, et fut enterré au ci-
metière des SS. Pères. Son fils, nommé
aussi Pierre, épousa, en 1626, Mar-
guérite Bruneau, fille du mercier i4ii-
dréBruneau et de Marie Buisson, de
laquelle il eut : p César, né les mari
1628 et présenté au baptôme parlt
M
ouv
— 60 -
OUV
ministre Charles Drelincourt et par
Roberte de Vézignier; — 2« Jacques,
né le 30 mars 1 630 et marié en i 660,
avec Marie Mignon ; — 3® ësther,
née le 23 juill. 1631 ; — - 4« Marie,
née le 28 déc. 1632; — 5» Anne, née
le 2 avr. 163i (Reg, de Charenton),
OUGIER (Benjamin), conseiller,
secrétaire da bureau des domaines et
archiviste de la principauté d'Orange,
est auteur d'un Chant funèbre sur la
mort de Louise-Dorothée-Sophie, fille
unique de Frédéric /•', mariée au
prince de Hesse-Cassel, imp. enl 705.
Ougier avait abandonné sa patrie lors
de roccupation d'Orange par les Fran-
çais, et s'était réfugié en Prusse, ainsi
que Jean Ougier, qui était peut-être
son fils. Ce dernier, qui fut pourvu
de bonne heure du double emploi de
conseiller au consistoire supérieur
français et de conseiller à la justice
supérieure, mourut en 1 746, laissant
de son mariage avec la fille du conseil-
ler Blisson, d'Orange, un fils, qui fut
conseiller de cour et de révision, et
deux filles qui épousèrent, l'une le
capitaine Daniel Bastide, l'autre le
conseiller privé Pajon-de-Moncets.
OUVRIER (Pierre), moine fran-
ciscain d'Alsace, qui, après avoir cm •
brassé la religion protestante, se relira
à Wittenberg, où il étudia la théo-
logie. Admis au ministère, il fut placé
comme pasteur dans un village aux
environs de Francfort-sur-l'Oder, et
plus tard, appelé à Elster dans la Saxe
électorale, où il mourut en 1671. Il
avait épousé la fille d'un boulanger de
Wittenberg, dont il eut deux fils : l'un
s'établit comme épinglier à Prenzlow
et l'autre fut père de Jean-Gottlieb
et de Christophe-Benjamin Ouvrier.
1. Pasteur à Rackschiitzen Silésie,
Jean-Gottlieb Ouvrier mourut le 21
déc. 1757, laissant, entre autres en-
fants, Charles SiGiSMOND, alors âgé
d'environ 6 ans, qui suivit la carrière
de l'enseignement à Dessau d'abord,
puis à Leipzig, et qui fut chargé, après
le départ d'Adelung, de la rédaction
de la Gazette politique qui s'impri-
mait dans cette dernière ville. Char-
les-Sigismond Ouvrier est auteur d'une
trad. de l'anglais de Locke, imp. avec
des additions et des remarques, sous
ce titre : Handbuch fiir Eltern und
Erzieher, Leipzig, 1786, in-8«, ainsi
que d'une dissertation philosophique
publiée aussi à Leipzig, 1789, in-4o,
sous celui-ci ildealismisic dicti irons-
cendentaUs examen accuraiius, unà
cum nova demonstraiionis génère,
quo Deum esse docetur. Nous ne con-
naissons aucune autre circonstance de
sa vie.
II. Nous ne savons non plus que
très-peu de chose sur Christophe-Ben-
jamin Ouvrier ; il s'établit auprès de
son oncle, à Prenzlow, et y exerça la
profession de ferblantier. Son fils,
Louis-Benjamin, né dans celte ville,
le 7 mai 1735, s'est fait un nom dans
la littérature théologique. Après avoir
terminé ses études en théologie à Halle,
et avoir vainement attendu pendant
deux ans une place de pasteur, il dut en-
trer comme instituteur dans une fa-
mille mecklembourgeoise. Soit que la
place ne lui convint pas ou pour tout
autre motif, il ne tarda pas à retour-
ner à Prenzlow et se mit à donner des
leçons particulières. Un travail excessif
et la misère ayant altéré sa santé, il se
rendit, en 1757, à Rackschûtz, au-
près de son oncle qu'il aida dans ses
fonctions pastorales avec l'espoir d'ê-
tre appelé à lui succéder; mais cet
espoir ne se réalisa pas, en sorte que,
pressé par le besoin, il était sur le
point d'accepter une place dans une
école de Berlin, lorsque de puissantes
protections le firent choisir, en 1760,
pour le précepteur des enfants du
prince héréditaire de Darmstadt. Dès
lors la fortune cessa de lui être con-
traire. Ses qualités et ses talents lui
méritèrent la faveur du prince, et il fit
rapidement son chemin. En 1765, il
fut nommé prédicateur du cabinet; en
1767, prédicateur de la Cour; en
17 70, assesseur consistorial; en 1772^
troisième surintendant, prédicateur de
la garnison et professeur de théologie
ouv
— 61 —
OUV
à Giessen. Le grade de docteur lui
étant nécessaire pour remplir cette
dernière place, il le prit en 1 777, et en
1 786,ilmonta au rang de second surin-
tendant. Il termina sa laborieuse car-
rière le !•' oct. 1792. On lui doit un
assez grand nombre d'ouvrages, sans
parler de quelques articles de théolo-
gie dans TEncyclopédie de Francfort.
I. Die Freude in dem Herrn bey der
Geburt der Prinzen Christian-Lud-
tcigs von Hesseny eine Dankpredigt
îiber Ps. CXLVIII, 12-14, Pirma-
sens, 1763, in-80.
II. Tàglisches Morgen-und Abend-
genchafte, Frankf. und Lcipz., 1764,
in-8«. — Anonyme.
m. Sammlung einiger [XII] Pre-
digteny Frankf. amM., 1767, in-8<>.
lY. Dos Glaubensbekenntniss, wel-
ches FredericchA melia, Landgrâfin zu
Hessen und postulirte Decanissin des
StifUs zu QuedlinbuTgy am lien Sept.
1767 abgeleget , nebst einer Rede,
Darmst. und Frankf., 1767, in-8''.
V. Einsegnungsrede bey der Ver»
màhlung der Princessin Frederike
von Hessen mit dem Prinzen von
Preusseny Darmst., 1769, in-8o.
VI. GÙiubensbekenntniss des Erb-
jprinzen von Hesser^Darmstadt nebst
der gehaltenen Rede von Ouvrier,
Berlin, 1771, in-8o.
YII. Dos Darmstàdtische Gesang»
buchy Darmst., 1772, in-8o.— Publié
sous sa direction.
VIII. Untersuchungen Uber die
Lehrsàtze des Chris tenthums, Berlin,
1773, in-8*. — Meusel, qui nous
donne le titre de cet ouvrage, l'attri-
bue ailleurs à Jean-Frédéric Ouvrier,
sans doute par erreur.
IX. De Théologie populari, Gissae,
1775, in-4».
X. Progr. annotationes quasdam
ad II Pétri II, 2, Jud, VI eœhibenSy
Glssae, 1776, in-4*.
X] . Diss, inaugurali^ de necessitate
satisfactionis à Paulo Rom, VIII ^ 5,
asserta, Gissee, 1777, in-4o.
XII. Anleitung zum Predigen und
Katechisiren, Geissen, 1777, in-8«.
XIII. Progr, de theologià morali
an dici possit caput, summa, cen^
trum totius religionis christianœ,
Gissa;, 1779, in-4».
XIV. Progr. an Actor. IV, 24 Spt-
ritus Sanctus dicatur universi créa-
tor? Gissae, 1780, in-4».
XV. Progr. de iisdem in resurreC"
tione restituendis corporibus, Giss®,
1781, in-40.
XVI. Einsegnungsrede bey der
Amtsjubelfeyer des Hm. H. Schwarz,
Giessen, 1781, in-80.
XVII. Geschichte der Religionen^
nebst ihren Griinden und Gegengriin-
den, Leipz., 1781-83, 2 part. in-8*.
XVIII. Meditatio de auctore ano-
nymo der freymUthigen Betrachtun^
gen iiber dos Christenthum verœ no-
turœ divinœ J.-Ch, et S.S. Triados
adversario, Gissae, 1785, in-4».
XIX. Selbstpriifung und fromme
Entschliessungen, Giessen, 1789, 8*.
XX. Hinsichten auf die Ewigkeit,
Giessen, 1791, 2 part, in-8»; nouv.
édit., augm. de la Vie de l'auteur par
Senkenberg, Giessen, 1793, in-8»;
Salzb., 1794.
XXI. ReligionsunterrichtfùrdieJU'
gend, Giessen, 1792, in-8».
Jean-Frédéric Ouvrier, dont nous
avons fait mention plus haut, appar-
tenait évidemment à la même famille;
mais était-il le frère de Louis-Benja-
min, ou bien son cousin, c'est ce
qu'il nous est impossible de décider.
Nous savons seulement qu'il naquit,
en 1 74 6, à Prenzlow, et qu'après avoir
rempli, de 1 770 à 1779, les fonctions
d'auménier dans le régiment du prince
Henri de Prusse, il fut appelé comme
pasteur à Bôtzow. On a de lui :
I . Ueber die wirksamsten Mittel zur
Befôrderung des Fleisses, der Be-
triebsamkeit , der Siiten und einer
thatigen Religion des Volks, Berlin,
1778, in-8».
II . Communionsbuch eines christli"
chen Soldaten im Felde, Leipz, 1779,
in-8».
III. Leichenpredigt iiber Ps. XCl,
16, Berlin, 1788, in-8».
PAC — 62 —
IV. DerKomet, oder Erinnerungen
iiher den Religionsprocess des Predi-
gers Schulze, Berlin, i 793, in-S».
Jean-Fréderic Ouvrier a été, en
outre, un des rédacteurs des Miscel-
lanées historiques et morales (1778),
et a eu part aussi à Touvrage de Mo-
ritr. Intitulé Erfahrungsseelcnkunde.
OZ ANNE (Claude d') , commissaire
ordinaire des guerres, dans les pre-
mières années du xyii* siècle^ eut de
sa femme, Sara de Cename, deux
filles nommées Màkib et Marguerite.
L'aînée naquit en 1 609 et fut présentée
au baptême^ le 15 fév., par Charles de
Lalouettey avocat an parlement, et par
Marie Ozanne, femme de Nicolas Gau-
thier, proposant à Sedan. Elle mourut
en 1612. La cadette vint au monde le
17 fév. 1614. Resté veuf quelques
années après, d'Ozannese remaria avec
Sara Le Ck^nevix. Il nous est impos-
sible de dire quel lien de parenté l'u-
nissait à Benjamin d'Ozanne, avocat
à Metz en 1635, qui fut reçu. Tannée
suivante, premier substitut du procu-
reur générai, et fut nommé, en 1638,
avocat de la ville, en récompense des
services qu'il avait rendus à la cité.
Il mourut en 1676, selon M. Michel,
qui pense que Daniel d'Ozanne, sieur
de La Hammardière, lieutenant géné-
ral au bailliage et siège présidial de
Sedan depuis 1644, pouvait être son
fils. Nous serions plutôt porté à croire,
en égard aux dates, que ce Daniel était
on fils de Claude; mais nos renseigne-
ments sur cette famille sont si incom-
plets que nous n'oserions pas l'afilr-
mer. Ce qui augmente nos Incertitudes^
c'est que^ vers le même temps , nous
PAC
trouvons deux autres Daniel d'Ozanne,
l'un, sieur de La Haulonnerie (et non
pas de La Hammardière) et lieutenant
général criminel à Sedan, l'autre con-
seiller au parlement de Metz depuis
1671. Celui-ci mourut en 1684, lais-
sant veuve avec deux enfants, nommés
Daniel et Marie, sa femme Marie
Morel, qui se convertit à la révocation,
à ce que nous lisons dans le Mercure
galant de janv. 1G86. L'antre mourut
à Paris, le 4 juin 1 676, kç^é de 70 ans,
comme nous l'apprennent les Reg. de
Charenton. Il fut conduit à sa dernière
demeure par son cousin Daniel de
Guillony circonstance qui constate son
identité avec Daniel d'Ozanne, con-
seiller du roi, président au siège pré-
sidial de Sedan, et époux, depuis 1 638,
de Susanne Le Bachellé, morte elle-
même àLa Hautonnerie en 1 679. Il est
évident, d'après ces dates fort authen-
tiques, que les auteurs de l'Histoire
des Réfugiés en Prusse ont commis
une erreur en affirmant que Jean-Gé-
déon d'Ozanne, mort lieutenant-colonel
à Potsdam, en 1 741 , Daniel d'Ozanne,
marié, en 1708, k Gabrielle de Bau-
dan, tante du lieutenant-colonel La
Baunie-de-Saini- Julien (l),et une de-
moiselle Ozanne, femme, en 1688, de
David Auret-de-La Grave, de Puy-
Laurens, ministre de l'église française
de Swedt, puis de l'hôpital de Berlin,
étaient les enfants de Daniel d'Ozanne
et de Susanne Le Bachellé.
(1) Ce gentilhomme nismois était lieutenant-
colonel et premier ingénieur du roi de Prusse. £n
i7S0, il Tint en France arec un passe-poii de œ
prince, maii Roquelaure le fit arrêter et conduire
hors du LAnguedoc par an de ses gardes {Arch,
9én. M. 67'i).
PAGARD (Georges), pasteur de
l'église de La Rochefoucauld, origi-
naire du Lyonnais. Après avoir étu-
dié la théologie, vraisemblablement à
Genève, il fut donné pour ministre à
l'église deLaRocbefoucauld. A la Saint-
Barthélémy, il se sauvaàGenève, d'oii
il revint en France pour desservir l'é-
PAC
— 63 —
PAG
glls« de ChàtellerauU; noQs Ty trou-
Tons installé en 1 574. Pins tard^ il re-
tourna dans son église de La Roche-
foacauld^ qu'il quitta^ vers 1 602^ pour
celle de Saint-Claude. Il mourut en
1610^ selon Quick.
Pacard parait avoir joui parmi ses
collègues d'un haute considération et
d'une grande influence. Il fut député^
en ) 578^ au Synode national de Sainte-
Foy. En 1594^ celui de Montauban l'é-
lut membre de la commission chargée
de défendre la doctrine protestante con-
tre les docteurs catholiques (Voy, Piè-
ces justif.^ N° LX). Deuxans^ plus tard,
le Synode de Saumur le nomma vice-
président, et en 1601, celui de ber-
geau, auquel il assista encore, l'appela
au fauteuil de la présidence. Nous
avons publié ailleurs [Voy. Pièces Jus-
tif., N« LXVI) les Actes généraux de
cette dernière assemblée. Au nombre
des matières particulières qui y furent
traitées, nous signalerons seulement la
défense de se parer de chapeaux de
fleurs aux épousailles, et celle de faire
porter en terre les Jeunes fllles décédées
par d'autres jeunes flllesornées de guir-
landes. Ce qui recommande davantage
ce synode à notre attention, c'est le
soin qu'il prit des écoles. Il ordonna
d'employer autant que possible les
39,500 écus octroyés par le roi à la
fondation et à l'entretien d'établisse-
ments d'instruction publique, et afin
que les académies ne manquassent
jamais de bons professeurs, il décida
qu'on prélèverait leurs traitements sur
les deniers royaux avant de les ré-
partir entre les églises, répartition qui
devait se faire àl'avenir non par église^
mais en proportion du nombre des pas-
teurs dans chaque province. En 1605,
Pacard fut encore une fois chargé de
représenter la Salntonge à l'Assemblée
politique de Gh&tellerault, où il rem-
plit les fonctions de vice-président.
Pacard a laissé quelques traités de
polémique, qui sont devenus fort rares.
En voici les titres.
I. Théologie natureUeouRecurileon»
tenant pltmeurs argumens contre les
Epicuriens et Athéistes de notre temps^
La Roch., P. Haultin, J579, in-16;
nouv. édit. augmentée, Niort, 1606,
in-8«. Cette seconde édit. ne comprend
pas le Traité de l' Ànte- Christ ^ qui
avaitdéjàété rélmp. séparément, Niort,
1604, in-go. — L'auteur a divisé son
ouvrageenquatrelivres.Dansle i*', il
combat les Epicuriens et les Athées;
dans le 2*^ il traite de lacréatiou; dans
le 3«, de l'immortalité de l'àme, et
dans le 4% de l'autorité de l'Ecriture
Sainte.
il. Réponse à la confession de foy
de Claude de Saintes, Niort^ Thomas
Portau, 1594, in-8».
III. Traité contre la transstjéstan»
tiation, Niort, Th. Portau, 1 595, ln-8*.
IV. Dispute touchant l'Ecriture,
Niort, 1597, in-80.
V. ylnft-Pant^arote, Niort, 159 7,8».
Georges Pacard laissa plusieurs en-
fants, mais on ne connaît que son ÛIs
atné, Jean, qui, en 1603, était pas-
teur à Marsillac, et qui succéda à l'é-
cossais Thomas Hog dans l'église de La
Rochefoucauld.
Selon La Monnoye, Abraham Pa-
card, libraire à Paris, où il mourat
avant 1 630^ était de la même famille.
Draudius, qui lui attribue lesSotnc^
prières, méditcUions et actions de grd'
ces recueilUes de St. -Augustin et au-
tres docteurs de l'Eglise, Paris, Abr.
Pacard, 1615^ in-16, le classe parmi
les écrivains protestants. Nous nous
croyons donc autorisés à lui donner
place dans notre ouvrage, en faisant
remarquer cependant que nous n'a-
vons pas trouvé son nom dans les
Registres de Charenton.
PAGES, nom d'une des plus an-
ciennes familles du Languedoc. Deux
frères de ce nom, Christophe et Hérail
de Pages, fils d'Antoine de Pages, mort
en 1553, et de Jeanne Pelegrin{i),
embrassèrent les doctrines évangéli-
ques. Le premier^ sieur de Porquaires
(1) louit de Pelegrin est cité dani une liste
degentilshommeslangaedoeienfayantdroitd'exer-
cice en 1685 (Arch. Tt. 33A).
PAG
— 64 —
PAG
OQ Porcairès (i), porta les armes dès
la première guerre civile (2). Après la
prise de Beaucaire^ ses coreligiomiai-
rcs lui en confièreut la défense; mais
les Catholiques mirent sa vigilance en
défaut. 11 perdit son enseigne Lédiynan,
et fut heureux que Tennemi lui laissa
le temps de s'enfermer dans le château.
£n 1569, il commandait dans Mey-
rueispour le parti huguenot^ et mourut
sans alliance en 1585. Le second, qui
avait vaillamment contribué à la dé-
fense de Sommières, en 1575 (Voy,
IV, p. 444), fut nommée en 1579, gou-
verneur de Lunel, et assista, en cette
qualité^ Tannée suivante, à rassem-
blée de Sommières, où il vola pour la
reprise des hostilités. Le roi de Na-
varre lui avait donné, par brevet du
1 5 janv. 1 580> le titre de gentilhomme
de sa chambre. Nous avons parlé ail-
leurs (Voy, VU, p. 344) de l'expédition
qu'il fit, quelque temps après, dans le
Gévaudan. £n 1 581 , le Bas -Languedoc
le députa de nouveau à l'Assemblée
politique de Montaubau. Eu 1584, nous
le trouvons remplissant les fonctions
de commandant de l'artillerie dans le
Languedoc. L'année suivante^ il fut
nommé capitaine de 50 hommes d'ar-
mes, en récompense de ses services.
Les généalogistes ne nous font pas
connaître l'année de sa mort. Il avait
épousé, en l hSi ,Su.sanne de La Tour,
qui lui donna un fllset trois filles. Ce dis,
nommé Jean, assista, en 1 6 1 5, à l'as-
semblée de Lunel (Àrch.gén, Tt.252)^
et fut nommé, le 10 fév. 1617, gou-
verneur de Meyrueis. 11 testa en 1647.
De son mariage hyec Jeanne Blancard,
(1) On troQte ce nom écrit encore Porcarès,
Pourcayrèsj Porguerez^ etc.
(3) Il Bât difficile de le distinguer de son frère,
qui paraît aroir combattu aussi dans les rangs
des Huguenots dès 1563. Il est probable que c'est
lui qui commandait aToc Paraloup à Montignac
peu de temps atant le combat de Pézenas, et qui
rendit la Tille à Joyeuse par capitulation, capitu-
lation que le chef catholique Tiola, en faisant
mettre à mort quatre hommes de la garnison,
entre autres Bomaïf; mais tout nous porte à croire
que c'est son frère qui est cité parmi les capi-
taines serrant à Montpellier sons Befutdiné ( Vov.
IV, p. 133).
sœur du baron de Moissac^ et flUe de
Pierre Blancard, docteur en droit, juge
au siège présidial de Montpellier, et
de Violande Boucaud, qu'il avait épou-
sée en 1605, naquirent: l» Pierre,
qui suit ; — 2° Hérail, sieur de Férus-
sac, mort en 1650; — 3« Jacques,
sieur de Yillaret, capitaine de cbevau-
légers, mort en 1 653 ; — 4» N., femme
de N. de Bossugues, sieur d'£spinas-
sous ; — 50 Marguerite ; — 6° Jeanne ;
— 70 Anne; — 8° Susanne.
Pierre de Pages, sieur de Porquaires,
capitaine au régiment de Tournel, par
commission du 3 sept. 1635, gouver-
neur et viguier de Meyrueis, par pro-
vision du 7 oct. 16 47, et gentilhomme
ordinaire de la chambre du roi, ob-
tint, au mois de déc. 1647, l'érection
de sa terre de Porquaires en baronnie,
comme récompense des services qu'il
avait rendus dans les guerres d'Italie
et en Roussillon. En 1652, il fut nom-
mé mestre-de-camp d'un régimentd'in-
fanteric. Il vivait encore en 1671. Sa
. femme Sttsanne de Berger, fille d'£-
tienne de Berger, maître de la Cham-
bre des comptes en Languedoc, qu'il
avait épousée en 1634, lui avait donné
onze enfants, savoir : i» Etienne, mort
jeune; — 2® Jacques, baron de Por-
quaires, marié, en 1671, à Susanne
de Bonniol, fille d*Etienne, sieur de
La Bastide, et de Diane de Gabriac,
dont il eut Jean, François et Claude-
Louis; — 3» Jean ; — 4« Pierre, con-
seiller du roi et juge à Terrebasse
dans l'Albigeois. Il est probablement
identique avec Pierre Pages, sieur de
Margueron, âgé de 53 ans, qui fut
condamné, par l'intendant de Guienne,
à être pendu, ainsi que Jean Pauvert;
sa femme Isabeau Brugère, âgée de
63 ans, à être rasée et enfermée pour
le reste de ses jours; sa maison de
Margueron à être rasée, et en outre,
à 1 ,500 livres d'amende, parce qu'il
avait tenu chez lui des assemblées re-
ligieuses (Arch. gén, M. 672). Il est
vrai que le Dict. de la Noblesse ap-
pelle sa femme Jeanne de Giscard; mais
Il se peut qu'il ait été marié deux fois.
PAI
— 66 —
PAJ
Quoi qa'il en soit^son flls Pmu ab-
jura; — 5» François; — €• Jban-
PiBRRB ; — 7« Etienne^ sieur de Beau-
fort, né en 1 657, et marié, en 1 680,
à Françoise de Perrin, fllie de François
de Perrin, sienr de Mézières, et de
Marie SolomiaCy dont il eut Alexis,
François et Jeanne ;— 8«— 1 1 » Anne,
Kadelaine, Marie et Susanne.
Il nous a été impossible de décon-
Trir s'il existait un lien de parenté
entre cette famille et Jean Pages, de
Monségur, qui, après avoir fait ses
études à Sanmur, où il soutint, sous
la présidence û'AmyraMt, une thèse De
perseverantid fidei, ins. dans les The^
ses salm., fut donné pour ministre à
l'église de Château-Thierry.
PAIN (N.), ministre de Fontenay,
était, selon le témoignage de Benoit,
fort estimé dans sa province à cause
de son zèle, de sa piété et de sa mo-
destie. En 1680, une visite pastorale
qa'U fit an relaps Du Chail lui attira
on châtiment sévère. Après l'avoir re-
tenu quatre mois en prison, on lui rendit
U liberté, mais avec défense de sortir
de la maison de son beau-frère, le mi-
nistre GouM^t, de Poitiers. L'année sui-
vante, il fut encore soumis à de plus
rodes épreuves. Arrêté avec son col-
lègue Du Soûl et les deux anciens de
Vienne et Giraudeau, sous Taccusa-
tion de favoriser l'émigration des Pro-
testants, il fut emprisonné à Angou-
léme. Au bout d'un an et plus de déten-
tion, et après qu'on l'eut dépouillé de
tout ce qu'il avait emporté en quittant
son logis, il fut conduit par la maré-
chaussée sur les frontières du Poitou
avec ordre de retourner chez lui. Quel-
que temps après, la révocation le
eliassa de France. En 1698, Daniel
Pain, son fils, libraire à Amsterdam,
publia, en l vol. in-8«. Les trois der-
niers sermons du sieur Pain, ministre
réfugié à Amsterdam, d'où Ton peut
conclure qu'il mourut vers ce temps.
Painétaitfiisde Dam'el Pam, du Poi-
tou, ministre de Châtellerault, qui était
allé faire sesétudesàGenèveen i 620,et
qui avait épousé Madelaine de La Du-
T. vm.
guie; il était donc aussi le frère û'Elie
Pain, qui donna des preuves incon-
testables de son attachement à la rcli -
glon réformée à l'époque de la révoca-
tion (Arch, gén. E. 3373). Cet Elic
était négociant et avait épousé à Paris,
en 1668, étant âgé de 27 ans, Marie
Fouquier, fille de Richard Fouquier et
de Susanne Uédouin. Il réussit à pas-
ser en Angleterre et s'établit à Lon-
dres.
Parmi les pasteurs de l'église fran-
çaise de Bristol, M. Burn cite, sous la
date de 1726, un Pain, à qui se rat-
tachaient sans doute par d'étroits liens
de parenté Louis Pain , auteur de
Short view offSpanish A merica, Lond.,
1732, in- 80, et Guillaume Pain, ar-
chitecte, qui a publié The practical
builder, Lond., 1 774-76, 2 vol. in-40;
British Palladio, Lond., 1 797,in-fol. ;
The carpenter's pocket directory, en
24 feuilles, et The practical house car*
penter,eii 148 feuilles in-4«. Faute de
renseignements, nous ne saurions dire
si cette branche anglaise descendait de
la famille P^in du Poitou, ou d'une
autre famille du même nom qui habitait
Arvertet qui nous est connue par Pierre
Pain, capitaine de vaisseau au service
delà Compagnie du Sénégal, marié, en
1661, avec Susanne Jouberteau {Arch .
Tt. 258).
PAJON, nom d'une famille duBlai-
sois, qui embrassa de bonne heure les
doctrines de la Réforme, comme sem-
blent le prouver l'alliance de Denis Pa-
jon, sieur des Barres et de Villaine,
avec Claudine Bazin, sœur du procu-
reur du roi Jean Bazin (Voy. ce nom),
et celle de son fils Claude, sieur de
Villaine, avocat au parlement, avec
Louise Brachet. Du mariage de ce
Claude,célé6ré en 1563,naquireDt trois
fils, nommés Je AN, MicnsLet Claude.
L Jean Pajon, avocat au parlement,
prit pour femme, en 1593, Esther Eu-
guet, H en eut deux enfants. Sa fllle
Esther, née à Blois en 1594, épousa
Pierre Le Clerc, sieur de La Chesnaye,
qu'elle renditpère de deux fils : yacgik>«,
sieur des Fourneaux, et Isaac, sieur
5
PAJ
66 —
PAJ
des Places, et de deux filles. Elisabeth et
i/ar^Mé»n7p. Son fils Daniel, ncàBlois,
le 9 déc. !o94, fui grellicr en chef en
Téleclion de sa ville nalalc. Il eut de
sa femme Marguerite Belon, fille do
Gaspard Bdon, secrélairedurol, deux
fils nommes Gaspard et Daniel. L'al-
né, Gaspard, né le 12 juin 1642, fut
marié deux fois, en premières noces
avec Sara Chesmm, en secondes, avec
Catherine Bellay, ci il fut père de deux
enfants, nommés Jacques et Anne, qui
paraissent avoir été élevés dans la re-
ligion romaine (1). Le cadet, Daniel,
docteur en médecine, n'ayant point
abjuré à la révocation et se montrant,
au contraire, disposé h accepter les
offres de l'électeur do Brandebourg,
qui, ayant entendu parler de son mé-
rite, rappelait à sa Cour, le gouver-
nement français, pour l'empêcher d'é-
migrer, le fit jeter dans les prisons de
Blois {Arch. gén. E. 3372). Une cure
difficile qu'il opéra sur la femme de
riDtendant de Châlons, lui valut sa li-
berté; mais en 1699, il fut incarcéré
de nouveau comme coupable d'irrévé*
rence envers le Saint-Sacrement (Ibid.
E. 3385). Il est probable qu'il resta
huguenot tout aussi zélé jusqu'à la fin
de sa vie. De son mariage avec Margue-
rite Horguelin naquirent deux fils, qui
reçurent les noms de Gaspard et d'A-
BRADAU. Gaspard passa en Angleterre,
et s'éleva dans les troupes anglaises
au grade de capitaine. Il épousa Louise
PavereaUy dont il eut Jean-Louis. Ce
dernier prit pour femme une écossaise
qui lai donna trois fils et une fille. L'un
des fils, nommé Jean-Claude, rentra
en France : il était, en 1825, curé à
Felletin. Quant à Abraham, second
dis de Daniel, et docteur en médecine
comme son père , il épousa Marie-
Anne Huetteau, et en eut deux fils,
Louis -Esaïe et Pierre- Abraham.
(1) Ces renseignements généalogiques nous ont
été communiqués par M. Ernest Vinel, dernier re-
présentant do celte brancbe, dont il descend par
ta nère Eugénie Pajon, née à Blois, en 1780, de
Charles Pajon do La Cbambeaudière, conseiller à
la cour de cassation, et de Marthe Petit de La
Halardlère.
Tant qu'il eut à redouter des persé-
cutions, n cacha soigneusement sa re-
ligion ; mais lorsque les rigueurs du
gouvcrncmenls-adoucirenl, il ne crai-
gnit pas de laisser partir pour Berlin
son fils niné, tout en gardant auprès de
lui le cadet, qui parait avoir professé le
catholicisme, tandis que son frère de-
vint un des conducteurs spirituels de
l'Eglise réformée.
Né à Paris, le 21 mai 1725, Loais-
Esaïe Pajon, sieur de Moncels, fit ses
études au collège français de Berlin,
et s'appliqua à la théologie. Après
avoir été admis au ministère, Il fat
donné pour pasteur à Téglise française
de Bernau, d'où il fut appelé, en J 753»
à Leipzig. C'est dans cette ville qu'il
se lia d'amitié avec Gellert. Au retour
d'un voyage qu'il fit à Paris pour voir
ses parents, il rentra dans son église
de Bernau, qu'il quitta pour la place
de pasteur de l'hôpital Ào Berlin, en
1 765. Trois ans plus tard, il fut appelé
à succéder, comme ministre de la pa*
rols8edeBerlin,à/{o^erJ>ai;td Naudé.
Plus tard encore, en 1783, il fut nom-
mé conseiller du consistoire et inspec-
teur du collège français. Il mourut le
24 Juin. 1796, laissant un fils de sa
femme, N. Pormey, On a de lui :
I. Leçons de morale ou Lectures aca-
démiques faites dans l'université de
Leipzig par feu M, Gellert, trad, de
l'aUemand, Utrecht et Leipz., 1772,
2 vol. in-8»; Utrecht, 1775, 2 vol.
in-8o;Gen., 1786, 2 part, en 1 vol. 8».
I I . Léonard et Gertrudeou les mœurs
villageoises, trad. de l'allem., Berlin,
1 783, in-8<>, avec flgg. ; Laus. et Paris,
1784, 2 vol. ln-12.
ni. Sermon d'actions de grâce en
mémoire de la fondation des colonies
françoises, Berlin, 1785, in-S^.
IV. Oraison funèbre de Frédéric H,
roi de Prusse, Berlin, 1786, in-8o.
Pajon a trad., en outre, mais on
ignore si son travail a été livré à l'im-
pression, les trois premiers vol. du Li-
vre élémentaire de Basedow, et les pre-
miers vol. de la Géographie de Bù-
scbing. Nous savons déjà (Voy. Il,
PAJ
— 67 -
PAJ
p. 137)9 qo'ii aaassi édile V Histoire
de la Réformation par Beaxksobre.
II. Michel Pajon^ sieur des Places^
eoDseiller du roi, contrôleur au gre-
nier à sel et élu à rélcclion de Romo-
rantin, prit pour femme Marguerite
Monceau, dont il eut: 1* Michel, sieur
de Villaine, marié à Madelaine Tru-
meau, dont la famille resta fldèle à la
foi protestante au moins jusqu'à l'é-
poque de la révocation, à ce qpe nous
apprennentles Registres deCharenton,
où nous trouvons inscrits, sous la date
de 1 68 1 , le mariage de Louis Trumeau,
sieur de Ligny et avocat, fils i\' Etienne
Trumeau, docteur en médecine, de
La Cbàtre, et de Madelaine Bourdin,
avec Madelaine de Mardeaux, veuve
de Jean Pemajon, sieur de Coulanges,
de La Rochelle; — 2<* Margueritb,
femme, en 1636, de Claude Deiyne,
djeur de Martignan; — 3« Louise, mar
fiée à Isaac Guinet, Nos renseigne-
ments sur cette branche ne s'étendent
pas plus loin.
IIL Claude Pajon, sieur de Léjumeao,
conseiller du roi en l'élection de Ro-
morantin, épousa Madelaine Lefèvre,
Ûlle de Henri Lefèvre, apothicaire et
valet de chambre de la reine-mère, et
de Marie Trumeau, mariage qui con-
féra à ses deseendants le privilège d'ad-
mission an collège de Boissy, fondé
par le célèbre Alain Ghartier, un des
ancêtres de sa femme. Ses enfants fu-
rent : i« Claude, qui suit ;— 2» Henri,
sieur de Léjumeau, marié, en 1 656, à
E$ther Uger, flUe d'André Liger et de
Jacqueite David, laquelle resta veuve
avec deux enfants : Uemri et Esther,
femme, en iQlS,d* Isaac Boesnier-du-
Portail^ et se remaria, en 167 1, avec
Jacques LeCUrc, sieur des Fourneaux;
— 3* MADELAraB, femme, eu 1645,
d' Isaac Papin; — 4° Marie, épouse
d' Isaac Le Clerc, sieur des Places.
Claude Pajon, sieur de La Dure,
théologien protestant, naquit à Romo-
rantin, en 1626, et mourut à Carré
près d'Orléans, le 27 sept. 1685.
Pajen fit ses études à l'académie de
8&nmiir,oiiilaoatintdeiixthè8esquiont
été ins. dans les Thèses salmur., l'une
De necessitate baptisîni, sous la pré-
sidence d'Amyraut; l'autre Dcminis-
terii Verbi diiini necessitate, sons celle
de L. Cappel. A 24 ans, c'est-à-dire
en 1 650, il fut donné pour pasteur à
l'église de Marchenoire, comme suc-
cesseur de Jean i4r(ii//on,etilnetarda
pas à se faire remarquer par la péné-
tration, la justesse et la netteté de son
esprit. Appelé, en 1665, à prêcher
devant le s>node de l'Anjou, il laissa
percer quelquesopinions qui lui étaient
particulières sur la prédcslination et
la grâce. Plusieurs de ses collègues,
calvinisteszélés, s'en montrèrent scan-
dalisés; leur influence toutefois n'alla
pas jusqu'à empocher la nomination
de Pajon à une chaire de théologie dans
l'académie de Saumur, en 1GG6; mais
Jurieu, qui débutait dans son rùlc de
défenseur oflicieux de rorthodoxic, se
donna tant de mouvement et lit tant
de bruit, que, dès l'année suivante, le
synode de l'Anjou se crut obligé de
soumettre à un examen rigoureux une
doctrine qui, au dire de ses adversaires,
mettait en péril la véritable religion.
Après de longs débals, les principes
de Pajon furent reconnus moins dan-
gereux qu'on ne le prétendait, et il fut
maintenu dans son poste; mais fati-
gué de ces querelles et sachant fort
bien qu'il n'y avait pour lui ni paix ai
trêve à attendre des orthodoxes, li sai-
sit la première occasion qui s'otîrit
de quitter sa chaire. La mort de Per-
reaux , ministre d'Orléans, dont il
épousa plus tard la iille, lui permit de
mettre à exécution son projet, en 1 668 ;
il acceptala vocation qui lui fut adres-
sée par celte église.
Pajon espérait jouir de plus do Iran-
quillilé, parce qu'il serait moins en
évidence; il se trompait. Malgré Tex-
tréme reserve qu'il mettait dans la ma-
nirestation de ses sentiments, malgré
le service qu'il rendit à l'Eglise pro-
testante en réfutant avec une grande
supériorité de talent un écrit du célè-
bre Nicole, il ne put se soustraire aux
attaques de plus en plus vives des dé-
k
PAJ
68 —
PAJ
tenseurs de la prédestination absolue^
exaspérés par les progrès du pajonisme,
dont les partisans se multipliaient ra-
pidement. En Ifi77, Jurieu vint à Pa-
ris pour se concerlcr avec Claude,
Daillé et quelques autres Ihéologlens
en renom sur les moyens de faire con-
damner sa doctrine (l). Sous leur in-
llucnce, plusieurs synodes et Tac^dé-
mie de Sedan rejetèrent comme enta-
chées de pélagianisme et d'arminianis-
me les opinions du disciple d'Amyraul
sur le concours de la volonté humaine
dans l'œuvre de la régénération, sans
nommer, il est vrai, Pajon, mais aussi
sans rcnlendre. Et ce qu'il y a encore
de plus étrange, c'est que, lorsque Pa-
jon voulut expliquer et justifier ses
sentiments, on prétendit le lui défen-
dre, sous prétexte qu'il cherchait à pro-
pager son hérésieT « Tel est, dit judi-
cieusement Chauflepié à ce sujet, tel
est le malheureux eflet que produisent
ces sortes de disputes, qu'elles enga-
gent les gens les plus sages en des dé-
marches contraires à l'équité et à la
prudence. »
En se laissant entraîner par l'auto-
rité de Claude, de Jurieu, de Du Bosc,
à condamner la doctrine de Pajon^ les
synodes qui la réprouvèrent, outrepas-
sèrent d'ailleurs leurs pouvoirs. Ce
n'était pas à eux que la Discipline re-
connaissait le droit de prendre des dé-
cisions dogmatiques, mais aux Synodes
nationaux; et encore moins étaient-ils
autorisés à faire exécuter leurs sen-
tences avec la rigueur qu'on y apporta.
Si quelque chose nous étonne, c'est
que Pajon ne se soit pas révolté ouver-
tement contre celte tyrannie, et qu'il
ne se soit pas dit qu'autorilé pour au-
torité, il préférait encore celle du Con-
cile de Trente à celle du Synode de La
Rochelle. Mais il était si sincèrement
dévoué à la cause de TEvangile, que
loin de songer à se séparer de l'Eglise
réformée, il se fit un devoir de prendre
(1) Les cnrieuK tronvoronl dans le T. XIV
de la Collection Conrart, sous le titre de Procé'
dure contre Pajon en 1667, le récit de tout ce
qni (ul macbinéen cette occasion.
de nouveau sa défense en 1682, en
composant sur l'Avertissement du cler-
gé des remarques aussi fines que so-
lides. Toutefois, si les taquineries aux-
quelles il fut en butte, ne purent le
jeter dans les bras du clergé romain,
qui raurait accueilli avec une joie in-
finie, oserait-on affirmer qu'elles restè-
rent sans influence sur la conversion
de ses enfants, lesquels embrassèrent
tous le catholicisme après la révocation
de redit de Nantes , et dont un se fit
même prêtre de l'Oratoire?
Claude Pajon avait épousé, en pre-
mières noces, Catherine Tcstard, fille
de Paul Tcstard, ministre de Blois.
Resté veuf sans enfants, il se remaria,
en 1670, avec Esther Perreaux, fille
de Perreaux , ministre d'Orléans , et
û'Esthf^r Dumas, Il avait laissé un as-
sez grand nombre d'ouvrages qui se
distinguent surtout par une argumen-
tation puissante. « Il avoit, dit Baylc,
une grande netteté d'esprit et une
adresse merveilleuse à se servir de
toutes les armes de la logique , soit
pour démêler le foible d'un faux rai-
sonnement, soit pour bien fortifier une
preuve. » Mais des cinquante écrits
et plus qu'il avait composés, trois seu-
lement ont vu le jour.
l. Sermon sur II Cor. 111, 17, Sau-
mur, 1 666, in-80. — C'est dans ce ser-
mon, comme nous l'avons dit, qu'il
laissa percer ses sentiments. Le sys-
tème dogmatique de Pajon ou le pajo-
nisme ne niait point la nécessité delà
grâce de Dieu ni son efljcacité dans
l'œuvre de la conversion, il essayait
seulement d'adoucir ce qu'il y a de dé-
solant dans le dogme calviniste de la
prédestination absolue; de donner une
explitcaion rationnelle des eScts de la
gr&ce, et de relever Tàme humaine de
la passiveté où la plonge la théorie
mystique sanctionnée à Dordrechl,
théorie trcs-favorable aux révélations
immédiates dont se vantent les fana-
tiques. Selon Pajon, la grâce n'agit
qu'objectivement, c'est-à-dire que l'Es-
prit saint présente à l'homme dans la
Parole de Dieu des vérités et des mo-
PAL
- 60
PAL
tifs de conversion propres à porter sa
volonté vers le bien; c'est h rcsprit
humain à se laisser convaincre par ces
vérités et loucher par ces motirs. L'ac-
tion de la grâce est donc purement
spirituelle ; elle n'agit pas immédiatc-
mcnl sur le cœur ni d'une manière ir-
résistible. Avec ce système, que Isaac
Papin formula d'une manière plus clai-
re et plus précise, Pajon n'avait pas
besoin de rejeter la grâce particulière,
d'en révoquer en doute la nécessité,
et il pouvait, en toute vérité, afllrroer
qu'il n'était ni arminien ni socinien.
II. Examen du livre qui porte pour
titre Préjugez légitimes, etc., Bionne,
1673, 2 vol. in-12; CliarenL, 1673,
2 vol. in-12; La Haye, 1G83, 2 part.
in-i2. — Ce livre acquit à Pajon une
réputation très-grande et très-bien mé-
ritée.
III. Remarques sur l'Avertissement
pastoraly avec une relation de ce qui
se passa au consistoire d'Orléans, as-
semblé à Bionne , quand il fut signi-
fié; une Lettre de l'auteur à MM. du
clergé de France et une Réponae à
quelques difficultés que l'oii fait ordi-
nairement aux Protestansy Amslerd.,
1685, in-12.
PALAIRET (EUE), ministre pro-
testant et savant philologue^ naquit à
Rotterdam, en 1713, d'une famille de
Réfugiés, il reçut àH première éduca-
tion dans sa ville natale et alla ensuite
étudier la théologie à l'uni vcrsi te de
l^yde. Après avoir desservi différen-
tes églises, celle d'Aardcnburg, en
1741, celle de Dornick, en 1749, en
qualité de second pasteur, et celle de
Tournay, il passa en Angleterre et fut
nommé ministre de Téglise française
dcGrecnwich. En 1755, il reçut voca-
tion de l'église de Saint-Jean à Lon-
dres, à la recommandation de Jean Des
Champs, qui l'y installa. Plus tard, Té-
véque de I^ngor, qui appréciait ses
talents, le choisit pour son vicaire. La
date précise de sa mort nous est in-
connue; il pardlt qu'il termina ses
jours en 1765. On a de lui :
I. Observationespkilologico-criticœ
in sacros A'. T. Ubros, quorum plu-
rima loca ex auctoriirts polLsimùm
grœcis exponanlur^ Leyilo, 1 '/Si?, 8°.
11. Propve van ccn uorihdkundiij
WoordiTïhock over de hciUyi B)'h:.i
des niufven Verhonds, Leydc, 1 7r»-i, îi^.
m. Th'\saurus ellipsium la f inarum,
site KX)cum qnœ inscrmonclatino suj)-
pressœ vindicantury Lond., ITOO, s».
IV. Spécimen exercitationuin in N.
r., Lond., 1760, in-8«.
V. Sppcimen exercitationum philo-
logicO'Criticarum in sac ros xV. Fœde-
ris libros, Lond., 1 760, in- 8°. — Cet
ouvrage, cité par Walt, n'est peut-être
qu'une réimp. du N» l.
On attribue aussi à l'alairctune édi-
tion du Testament de Wclstein.
PALAIRET (Jean), maître de lan-
gue française de leurs A. H. le prince
Guillaume et les princesses Marie et
Louise d' An^rlclcrre, et agent des Etals-
Généraux à Londres, naquit h MontaU'
ban en 16U7. Il ne nous est d'ailleurs
connu que par ses ouvrages, dont voici
les titres :
I. Nouvelle méthode pour appren-
dre à bien lire et à bien orthographier,
Lond., 1727, in-12; 12«édit., 1758,
in-12; nouv. édit. donnée par For m ey,
Berlin, 1775, in-8».
II. A short treatise upon the arts
and sciences, in Frcnch and English,
1 736, in-8«>.
III. New royal French grammar,
Lond., 1758, in-8<»; 8* édit. revue par
l'auteur, Lond., 1769, in-l2.
IV. Nouvelle introduction à la géo-
graphie moderne, Lond., 1754-1755,
3 vol. In- 12.
V. Allas méthodique, Lond., 1754,
in-fol.— Contenant 53 cartes.
VI. -1 concise description ofthe En-
glish and French possessions in Nurtb
America, Lond., 1755, in-8o; publie
en franc., t7n6.
PALISSY (Bernard), un des plus
beaux génies et un des plus nobles ca-
ractères des temps modernes, naquit
dans le diocèse d'Agen (l), au com-
(1) Â la Cbapelle-BiroD, dans le F^rigordi aii
lèmoigpage des plis rmenU biographes de P«-
PAL
70 -
PAL
mencement da xyi« siècle (vers 1510^
d'après d'Aubigné), el mourut, au rap-
port de L'Estoile, en 1590, à la Bas-
tille (1589, d'après d'Aubigné).
On ne connaît sur la vie de Palissy
que le peu de détails qu'il nous a don-
nés lui-même incidemment dans ses
éfils; c'est à peine si son nom se
trouve mentionné par ses contempo-
rains. Telle fut la destinée de nos plus
éminents artistes. A cette époque,
Tartiste était encore confondu avec
l'artisan; on honorait les œuvres,
et on méprisait l'ouvrier. Palissy n'é-
tait dans Torigine qu'un homme de
métier, il élait verrier de son état;
mais la nature l'avait doué d'un grand
esprit d'observation, et cet esprit lui
tint lieu d'instruction. Il eut ainsi l'a-
vantage inappréciable, dans un siècle
de préjugés et de superstition, de se-
mer dans un terrain vierge. 11 aborda
le champ des connaisfancessans idées
préconçues, sans système, comme un
monde nouveau sortant des mains du
Créateur. Ses premiers pas furent d'a-
bord incertains, mais il ne tarda pas
à s'orienter, et il poursuivit courageu-
sement sa route sans se laisser détour-
ner par les difficultés et les obstacles.
Le Ciel et la Terre furent son seul
livre, et dans «ce beau livre» il lut
ce que nul autre n'avait encore lu avant
lui. Aussi peut-on le considérer comme
le fondateur en France de la philoso-
phie expérimentale; il fut le précur-
seur et Kéraule du grand Bacon. Per-
sonne n'était plus ennemi que lui de
lissy.— M. Henry Morloy (Tbe life of B. P., his
labours and discoTcries iii art and scicure, etc.,
Lond., 1852, 2 vol. in-S») el M. Ca/cnove de
Pradiiies (Rapport sur le concours ouvert par la
Société d'agriculture , scienccii et arts d'Agen,
pour une étude sur Palissy, en 1855) élèvent de»
doutes sur ce lieu de naissance. Si, en eflet, les
biographes se sont déterminés par celte seule
considération qu'il existe en cet endroit une tuile-
rie qui a été la propriété d'une famille du noiL
de Palissy, ils ont pris one bien faible présomp-
tion pour une preuve. Un des descendants de notre
potier ou tout autre membre do sa famille u'a-t-il
pas pu se ûxer dans ce village, de même que lu!
était allé se fixer à Saintes*^ Il paruît à peu près
certain que son père n'exerçait pas la profession
de potier, el par conséquent, cette tuilerie ne de-
vait pas être on héritage de famille. — Parmi les
Tautorité aveugle. Il fut pour les
sciences naturelles, ce que fut Ramus
pour les sciences philosophiqfics. a h
sçay, disait-il, que toute folie accoas-
tumée est prinse comme par une loy et
vertu : mais à ce je ne m'arreste, et ne
veux aucunement estre imitateur de
mes prédécesseurs es choses spiri-
tuelles et temporelles (i), sinon en ce
qu'ils auront bien fait selon l'ordon-
nance de Dieu. Je voy de si grands
abus et ignorances en tous les arts,
qu'il semble que tout ordre soit la
plus grande part perverti. y> Montaigne
n'aurait ni mieux pensé, ni mieux dit.
Après avoir acquis la théorie de
son art de peintre-verrier, Palissy fit
son tour de France. Il passa plusieurs
années en voyage, travaillant do son
état pour vivre et cherchant à s'éclai-
rer et à s'instruire par ses observa-
tions. Rienne frappait son esprit, qu'il
ne voulût s'en rendre compte. Les
phénomènes naturels excitaient sur-
tout sa curiosité. Un problème le
préoccupait-il? il ne goûtait de repos
qu'il n'en eût trouvé la solution, ou du
moins une CAplication plus ou moins
plausible, y consacrant, s'il le fallait,
des années de méditation. Les natures
molles, qui se rebutent facilement,
n'arrivent à rien de grand. Palissy
avait toute la persévérance de l'homme
de génie. Après avoir parcouru la plus
grande partie de la France, du midi
au nord et de l'est à l'ouest (-2), il alla,
en 1559, s'établira Saintes, oîi il se
maria. Sa femme lui doima de nom-
nombreux travaux sur Palissy, celui de M. Mor-
Icy est sans contredit un des plus consciencieux,
nous n'y avons remarqué aucune erreur de fait
ni de date; mais on regrette que l'auteur ail cm
devoir appeler la Action à son aide pour répandre
plus d'intérêt sur son sujet. L'histoire qui se
pare des couleurs du roman, compromet son ca-
ractère et perd toute autorité. Gomment le lec-
teur, à moins de posséder lui-même à food la
matière, discemera-t-il le vrai du faux ?
(1) Ces mots r$ chosft spirxluelUs et timpo-
rfUes sont omis dans l'édit. des Œuvres de Pa-
lissy, par .M. Cap. Nous avons suivi rédilion ori-
ginale que possède la Bibl. Maiarine.
(2) 11 parait qu'il ne fit quelque séjour qoa
dans le Bigorre, à Tarbes, et peut-être dans le
pays des Ardennes.
PAL
— 71 —
PAL
breai enfants. Dcnx de ees fils piésu-
mes sont connus de nom^ ce Bont Ni-
colas et Hàthurin (1),' qu'il initia
dans son art et qui le secondcrcnl
dans les travaux qu'il exécuta ftlus
tard (157U) dans les jardins du palais
liez le Louvre à Raris. »
La réputation de bon dessinateur que
Palissy s'était acquise dans sa pro-
vince, lui valait d'être fréquemment
charité de dresser le plan figuratif de
propriétés en litige. « L'on pensoit en
nostre pays, dit-il avec modestie, que
je fusse plus sçavant en l'art de pein-
ture que je n'estois^ qui cause it que
j'estols souvent appelle pour faire des
figures po«r les prooèe. n Ces travaux,
qol lui étaient bien payés, l'aidaient
beaucoup à vivre, et Ils lui furent
d'un grand secours lorsque, négligeant
ses occupations de peintre-verrier, il
s'appliqua à trouver le secret de la
Itfence. Il parait qu'il se livra à cette
recberebe bientôt a4)rès son établisse-
ment à Saintes. 11 nous raconte lul-
méine, dans son traité de VArt de
terre, les déceptions sans nombre, les
dégoûts, les misères qu'il eut àsouffrir
avant de parvenir au terme de ses
désirs. « Povreté empêche les bons
espritz de parvenir, « lelle est k devise
qu'il prit; mais, loin de l'accabler, la
pauvreté fut pour lui comme un aiguil-
lon. Où les Àflies vulgaires succom-
bent, les âmes d'élite triomphent, et la
victoire est d'aulani plus éclatante
qu'elle a été ^«s vivenent disputée.
C'est un beau combat que celui dugénie
Mix prises avec l'adversité. Palissy
nous offre un des plus rares exemples
de persévérance dont l'histoire «it
conservé le souvenir. Écoulons-ie; son
fédt, simple et naïf, est un morceau
plein d'eloqoenee. « Sçaches^ taii-ii-à
tmi intertocuteur(en i 580, ou au moins
après 1576), qu'il y a vingt et cinq ans
passez qu'il me fut monstre une coupe
i\) l\9 continuèrent «ms doite rtRdastrte de
fcnr père, mais Ht restèrent à oM gmndê ^h-
Ikiee. C'est II eut qne 1*on aMiIbne le plut eu
Henri IV eiA reçrétenA Htëe A MrttflUe, d'e|»i«s
U gnTare de Léonard Gauibier.
de terre, tournée et esmailléo d'une
telle beauté que des lors j'enlray en
dispute avec ma propre pensée, en me
rcmémorianl plusieurs propos [évi-
demment des railleries huguenollcs] ,
qu'aucuns m'avoient tenus en se moo-
quant do moy, lorsque je pcindois les
images. Or, voyant que Ion commcn-
çoit à les délaisser au pays do mon
habitation, aussi que la vitrerie n'a-
voit pas grande requcste, je pensoy que
si j'avois trouvé l'invention de faire
des esmaux, je pourrois faire des vais-
seaux de terre et autre chose de belle
ordonnance, parce que Dieu m'avoit
donné d'entendre quelque chose de la
pourlraiture, et dès lors, sans avoir
esgard que je n'avois nulle connois-
sance des terres argileuses, je me mis
à chercher les esmaux, comme un
homme qui taste en ténèbres. » Ses
expériences se succèdent; à chaque
nouvel échec, il recommence sur nou-
veaux frais. Privé de tout, il est obligé
de suffire à tout. Il fait à la fois le
travail du maître et le métier du ma-
nœuvre. Après avoir «bastelé plusieurs
années ainsi imprudemment, avec tris-
tesse et soupirs, à cause qu'il ne pou-
voit parvenir à rien de son intention,»
il s'adressa à un potier qui lui permit
de faire cuire ses épreuves dans son
four. Nouvelles déceptions, aucune
de ses épreuves ne réussit. Le décou-
ragement le prit alors ; il retourna
tristement « à son art de peinture et
4e vitrerie, et se mit comme en non-
chaloir de plus chercher les secrets des
esmaux. » 11 était dans celte disposi-
tion d'esprit, lorsque « survindrent
certains commissaires, députez par le
Roy, pour ériger la gabelle au pays
de Xaintonge, lesquels l'appel lèrent
pour figurer les isles et pays circon-
v^isins de tous les marez salans dudit
pays (1). » En possession d'un peu
(1) On rapporte cette opération à l'année 4545,
i'ia fsQile d'un édit royal du 29 mai. U»n U y «
èvidemoient une errear. Nets tenons de voir
qn*aa témoignage de Palissy lui-mcme, il y ftvait
tS ans, Ters 1580, que l'idée lui était tenue de
taire ses recberobea. Or cooraie 41 y •«raii plo-
•leun annéea qu'il s'en occupait, dani le teaps
PAL
— 72 —
PAL
d'argent^ à la suite de ce travail , le
cœnr loi revint^ et il se remit avec
une nouvelle ardeur à la poursuite de
son rêve, il s'adressa alors à un ver-
rier dont les fourneaux lui semblaient
préférables à ceux des potiers déterre.
Parmi des milliers d'épreuves mal ve-
nues^ il s'en trouva à la fin une «blan-
che et polie. » C'était surtout rémail
blanc qu'il cherchait^ car il avait oui
dire que le blanc était le fondement de
tous les autres émaux. Le malheureux
se crut sauvé; il en éprouva une telle
joie qu'il pensait « estre devenu nou-
velle créature.» Mais hélas! il n'était
pas encore à bout de peines. « Geste
esprcuve, dit-il^ estoit fort heureuse
d'une part^ mais bien mal-heureuse de
l'autre^ heureuse en ce qu'elle me
donna entrée à ce que Je suis parvenu^
et mal-heureuse en ce qu'elle n'es-
toit mise endoze ou mesure requise;
je fus si grand beste en ces jours-là ,
que soudain que j'eus fait ledit blanc
qui estoit singulièrement beau^ je me
mis à faire des vaisseaux de terre^
combien que jamais je n'eusse conneu
terre, et ayant employé l'espace de
sept ou huit mois à faire lesdits vais-
seaux^ je me prins à ériger un four-
neau semblable à ceux des verriers^
lequel je baslis avec un labeur indi-
cible : car il falloitqueje maçonnasse
tout seul^ que je destrempasse mon
mortier, que je tirasse l'eau pour la
destrempe d'iceluy, aussi me falloit
moy-mesme aller quérir la brique sur
mon dos, à cause que je n'avois nul
moyen d'entretenir un seul homme
pour m'aydcr en cest affaire. » La cer-
titude où il était de loucher au but, le
soutint dans ce travail. Mais que de
souffrances, tant morales que physi-
ques, n'avait-il pas encore à endurer !
Que de génie ne devait-il pas encore
dépenser; par combien d'ingénieuses
où il fut chargé de la carte fignratiTe des maraft
salants d * la Sainionge, cette date de 1513 dous
reporterait à une époque antérieure à son éta-
blUscment à Saintes. D'un autre côté, Palissj
nous apprend quMl tâtonna pendant 15 ou 16 ans
aTant d'arriier à un résultat satisfaisant. Or fi
l'on admet, comme il eal prolMble, «pi'il y élall
Inventions ne devait-il pas marquer le
chemin qu'il se frayait si péniblement
sous les douloureuses étreintes de Ut
misère! Chaque fournée mal venue
consommait sa ruine. Les poignants
reproches de sa femme^ les lâches rail-
leries de ses voisins, mettaient le
comble à son infortune. Un jour le
bois vient à lui manquer : il n'hésite
pas, tous les objets en bois qu'il trouve
dans sa maison, les tables, le plancher
même, il jette tout dans son fourneau.
« J'estois en une telle angoisse, écrit-
il, que je ne sçaorois dire : car j'estois
tout tari et déséché à cause du labeur
et de la chaleur du fourneau ; il y avoit
plas d'un mois que ma chemise n'avoit
seiche sur moy; encores pour me con-
soler on se mocquoit de moy, et mesme
ceux qui me devoyent secourir alloyent
crier par la ville que je faisois brusler
le plancher, et par tel moyen l'on me
faisoit perdre mon crédit, et m'esti-
moit-on estre fol. Les autres disoyent
que je cherchois à faire la fausse mon-
noye, qui estoit un mal qui me faisoit
seicher sur les pieds; et m'en aliois
par les rues tout baissé, comme on
homme honteux : j'estois endetté en
plusieurs lieux, etavois ordinairement
deux enfans aux nourrices, ne pouvant
payer leurs salaires ; personne ne me
secouroit. Mais au contraire ils se
mocquoyent de moy, en disant : il luy
appartient bien de mourir de faim ,
parce qu'il délaisse son mestier. »
Cependant au milieu de tant de
« pauvretés et d'ennuis,» il ne se
laisse pas aller au découragement.
« Quand, continue-t-il , je me fus re-
posé un peu-de temps avec regrets de ce
que nul n'avoit pitié de moy, je dis à
mon ame : qu'est-ce qui te triste^
puisque tu as trouvé ce que tu cber-
chois ? Travaille à présent et tu rendras
honteux tes détracteurs. Mais mon
parrenn à l'époqne où il fat honoré da titre d'in-
Tenteor des rustiques (igulines da roi, c'esl-à-
dire en 1562 ou 1563, la date de ses premiers
essais remonterait à l'an 1547. Mais, en résume,
il y a beaucoup d'incertitude dans ces dates, aux-
quelles notre artiste n'attachait sans doute pus
plus d'importance qu'elles ne méritant.
PAL
- 73 —
PAL
esprit dlsoit d'antre part : ta n'as rien
de qnoy ponrsayvre ton affaire : com*
ment pourras-tn nourrir ta famille et
acheter les choses requises pour passer
le temps de quatre ou cinq mois qu'il
faut auparavant que tu puisses jouir de
ton labeur? » Oh ! heureux du siècle^
que de bien vous pourriez faire qui
vous coûterait si peu ! Notre artiste
se roidit contre l'adversité ; Dieu n'a-
bandonne pas les siens. Aûn de gagner
du temps, il prend à son service un
potier de terre. Ne pouvant le nourrir
à sa table, parce que lui-même ne
vivait depuis longtemps que de priva-
tions, il l'entretient à crédit dans une
taverne. Après six longs mois de tra-
vail, ses vaisseaux étaient préparés
selon son ordonnance. Il congéidia alors
son aide «auquel, par faute d'argent,
il fut contraint donner de ses veste-
mens pour son salaire ; » puis il se
mit à démolir son ancien (ourneaa
dont il fit servir les débris à la con-
struction d'un nouveau. Lui seul suffit
atout, il est àla fois architecte, maçon,
gâcheur. La première cuisson réussit.
11 prépare alors ses émaux, il pile, il
calcine ses matières, il les broie, il est
infatigable, a le désir qu'il a de par-
venir à son entreprise lui fait faire
des choses qu'il eût estimé impossi-
bles.» Enfin il applique ses couleurs et
met le tout dans son fourneau. Il es-
pérait retirer de sa fournée de trois à
quatre cents livres. Mais, 6 cruelle
déception ! un accident qu'il n'avait
pu prévoir, le rejeta plus profondément
dans l'abîme , au moment même où il
s'en croyait sorti. De petits cailloux
qui se trouvaient dans le mortier dont
il avait maçonné son four, avalent
éclaté sous l'action dn feu, et les éclats
rejaillissant sur ses émaux, s'y étaient .
incrustés. Du reste « la fournée se •
porioit bien, d mais elle n'en était pas
moins perdue pour lui, et elle lui avait
coûté plus de six vingts écus. a J'avois
emprunté le bols et les estoffes, nous
raconte-t-il, et si avois emprunté par-
tie de ma nourriture en faisant la
dite besongne. J'avois tenu en espé-
rance mes créditeurs qu'ils seroyent
payez de l'argent qui proviendroit des
pièces de ladite fournée, qui fut cause
que plusieurs accoururent dès le matin
quand je coromençois de déscnfour-
ner.» Ses créditeurs (gens très-hu-
mains!) le pressaient de vendre les
pièces le moins endommagées, a aucuns
en vouloyent acheter à vil pris,» mais
11 eut assez de force de caractère pour
mettre en pièces le tout, ne voulant
envendreà aucun prix, dans la crainte
très-légitime que ce ne fût « un des-
criement et rabaissement de son hon-
neur. » Après ce sacriûce fait à sa
dignité d'artiste, il n'y eut plus qu'un
cri dans tout son voisinage : Palissy
était bien décidément fou. Toutes ces
contrariétés, toutes ces luttes, toutes
ces souffrances finirent par l'abattre,
11 dut s'aliter; mais a quand il eut
demeuré quelque temps au lit, et qu'il
eut considéré en soi-même qu'un
bomme qui seroit tombé en un fossé,
son devoir seroit de tascher à se relever,
en cas pareil il se mit à faire quelques
peintures, et par plusieurs moyens il
prit peine de recouvrer un peu d'ar-
gent. » Nouvelles tentatives, nouveaux
revers. Cette fois ce sont les cendres
que la violence du feu a chassées sur
ses vases et qui s'y sont attachées (l).
Le malheureux devait se croire pré-
destiné à toulesleslnfortunes. Apeine
avait-il appris à se donner de garde
d'un danger, qu'il en survenait un
autre auquel il n'avait pas songé. Mais
11 s'éclaire, il s'instruit par ses souf-
frances mêmes. Chaque échec qu'il
éprouve, lui suggère l'idée d'une in-
vention nouvelle. Sa vie fut un combat
perpétuel de l'homme de génie aux
prises avec la nature pour se l'assu-
jettir. « Bref, il baslela ainsi l'espace
de quinze ou seize ans. » Le peu d'ar-
gent qu'il gagnait, était employé aà pas-
ser plus outre, comme tu sais, dit-il,
que je fais encore à présent. » Aux yeux
de l'artiste, son art est toujours impar-
(1) Les eazettêi qu'U imagina peur obiier à
OM soitei d'accidents, sont encore en tsage an-
josrd'hti.
PAL
— 74 ~
PAL
fait, S(.â Iiorisons ne sont pas bornés.
Lorsque Palissy eut trouvé le tnoyen de
faire des « pièces rtisliques, » il fat en-
core en plus grande peine qu'aupara-
vant, a Car ayant fait un certain nom-
bre de bassins rustiques^ et les ayant
fait cuire, ses csmaux se Irouvoyenl les
uns beaux et bien fotiduz, autres mal
fonduz, autres estoyent braslez,à causé
qu'ils cstoyetit composez de diverses
biûtières qui estoyent 1\]sible8 à divers
degrez ; le vérd des lézards éstolt bruslé
premier que lacouledt* des serpcns fust
fondue, aussi la cotiteût* d^s serpéns^
escrevices, torluôs et cancres, cstoit
fondue auparavant que le blanc eust re-
ceu aucune beauté. Toutes ces fautes
m'ont causé un tel labeur et tristesse
d'esprit , qu'auparavant que j'aye eu
rendu mes esmaux rtisibles à un mesme
degré de feu, j'ay cuidé entrer Jusques
à la porte du sépulchre : aussi en taie
ti*avalllant à tels affaires je me sois
trouvé l'espace de plus de dix ans si fort
escoulé en ma personne, qu'il n'y avoit
aucune forme ny apparence de bosse
aux bras ny aux jambes : ains estoyent
mesdites jambes toutes d'Une venue :
de sorte que les liens de quoy j'atta-
cbois mes bas de chausses estoyent^
soudain que je chemlnols,sur les talons
avec le résida de mes chausses. » L'i-
gnorance où il était de la manière dont
les diverses terres se comportent au
feu, lui causa aussi beaucoup d'ennuis
et de perles. Son expérience lui coûtait
cher, mais elle lui profitait. Cbaquepas
qu'il raisaitenavant était une précieuse
conquête. A mesure que « sa puissance
s'augmentoit, » il jetait à bas pour re-
lever et construire sur de meillears
plans, « qui fai soit qu'aucuns artisans,
comme chaussetiers, cordonniers, ser- ,
gens et notaires^ un tas de vieilles, tous *
ceux-cy sîlns avoir esgard que son art
ne se pouvoit exercer sans ^and logis,
disoyent qu'il ne faisoit que faire et
desfaire, et le blasmoyent de ce qui les
devoil inciter à pitié, attendu qu'il es-
toit contraint d'employer les choses né-
cessaires à sa nourriture^ pour ériger
les commoditez requises à son art. Et
qui pis est« le motif desdites mocque-
ries et persécutions sortolt de ceux de
sa maison, lesquels estoyent si esloln-
gnez de raison^ qu'ils vouloyent qu'il
flct la bcsongne sans outis, chose plas
que déraisonnable. Ord'autant plus que
la chose estolt déraisonnable, de tant
plusrafDictionluiestoitextresme.ttOna
beau être ph ilosophe, l'injustice révolte
toujours l'honnête homme, do même
que la stupidité révolte le bon sens. On
n'en est pas moins en paix avec soi-
tnême, sans doutc^ mais on aime bien
aussi être en paix avec les autres. «J'ay
este plusieurs années, continue Palissy,
que n'ayant rien de quoy faire couvrir
tnes fourneaux, j'estois toutes les nuits
à la mercy des pluyes et vents , sans
avoir aucun secours, aide ny consola-
tion, sinon des chatshuants qui chan-
toyent d'un costé elles chiens qui hur-
loyent de l'autre; parfois il se levoit
des vents et tempesles qui souffloyent
de telle sorte le dessus et le dessous de
mes fourneaux , que j'estois contraint
quitter là tout, avec perte de mon la-
beur^ et me suis trouvé plusieurs fois
qu'ayant tout quitté, n'ayant rien de
sec sur moy, à cause des pluyes qui es-
toyent tombées, je m'en allois coucher
à la minuit ou au point du jour, ac-
coustréde telle sorte comme un homme
que l'on auroit trainé par tous les bour-
biers de la ville, et en m'en allant ainsi
retirer, j'allois bricoliant sans chan-
delle, et tombant d'un costé et d'autre,
comme un homme qui seroit yvre de
vin, rempli de grandes tristesses : d'au-
tant qu'après avoir longuement tra-
vaillé je voyois mon labeur perdu. Or
en me retirant ainsi souillé et trempé^
Je trou vois en ma chambre une seconde
persécution pire que la première, qai
me fait à présent esmerveilier que Je
ne suis consumé de tristesse, v Après
un récit aussi émouvant, peut-on s^é-
tonner avec M. Chevreul (Journal des
savants, 1849) ou avec M. Brongniart
(Traité des arts céramiques) quQ Pa-
lissy, dans son traité de l'Art de terre^
n'ait pas révélé les secrète de ses è-
maux? Indépendamment des fort bon-
PAL
— 76 —
PAL
068 raisons qu'il en donne^ noas pen-
sons qu'il n'eût pas été sage à lui de
renoncer à son gagne-pain^ à une pro-
priété si légitimement et si laborieuse-
ment acquise. N'é(ail-ce pas d'ailleurs
le seul héritage qu'il avait à laisser à
ses enfants? La gloire seule ne nourrit
pas ; nos savants le savent bien. Nous
comprendrions le reproche s'il se fût
agi d'une découverte d'une utilité pu-
blique, a 11 n'est pas de mon art^ di-
sait-il, ny des secrets d'iceluy comme
de plusieurs autres. Jesçay bien qu'un
bon remède contre une peste, ou autre
maladie pernicieuse, ne doit estrecélé.
Les secrets de l'agriculture ne doivent
estre celez. Les hazards et dangers des
navigations ne doivent estre celez. La
parole de Dieu ne doit estre celée. Les
sciences qui servent communément à
toute la république ne doy vent estre ce-
\éé&. Mais de mon art de terre et de plu-
sieurs autres arts il n'en est pas ainsi . »
Aujourd'hui, nos brevets d'invention
garantissent aux inventeurs leur pro-
priété, et mieux que cela, l'Etat, s'il y
va de l'intérêt général, acquiert Tin-
vention et la vulgarise. Mais rien de
semblable n'existait du temps de Pa-
Ilssy. Notre artiste craignait avec quel-
que raison que son invention, s'il la di-
vulguait , ne tombât dans le mépris.
Mieux vaut, pensait-il, a qu'un homme
ou un petit nombre facent leur profit de
quelque art en vivant honnestement,
que non pas un si grand nombre d'hom-
mes, lesquels s'endommageront si fort
les uns les antres, qu'ils n'auront pas
moyen de vivre, sinon en profanant les
arts, laissant les choses à demy faites,
comme Ton voit communément de tous
les arts, desquels le nombre est trop
grand. p
La religion soutint Palissy dans ses
rades épreuves. Il était au plus fort de
ses tribulations lorsqu'il embrassa le
parti de l'Evangile. 11 fut un des fon-
dateurs de Téglise de Saintes (i). Dans
(1) « Pour beaucoup, dit H. Camille Duples-
•is, d&DS ton Etude sur Palissy, couronnée , en
1865, par la Société d'«gricuilnre, sciencet et
aiU d'Âgen, pour beaucoup, la réforme ne s'an-
■ODçait q«e eomme une proleetatloo énergtqoe
un de ses livres, il raconte l'origine de
cette église. Nous avons déjà eu l'occa-
sion d'en parler à nos articles HAME-
LLN et LA BOISSIÈRE; nous n'ajoute-
rons que quelques détails. Ce fut en
i 546 que les premiers germes de la Ré-
forme furent répandus dans le pays.
Quelques moines dont les yeux s'étaient
dessillés, avaient eu le courage de s'é-
lever contre les abus. Or « soudain que
les preslres et bénéflciers entendirent
qu'ils délractoyent de leurs coquilles,
ils incitèrent les juges de leur courir
sus : ce qu'ils fafsoyent de bien bonne
volonté, à cause qu'aucuns d'eux pos-
sédoyenl quelque morceau de bénéfice,
qui aidoit à faire bouillir le pot. tu Les
moines prirent la fuite. Quelques-uns
se retirèrent dans les lies a d'Olleron,
de Marepnes et d'Alleverl, v où ils ré-
pandirent leurs doctrines, d'abord cou-
verlement, puis, quand ils se furent
assurés d'un certain nombre de prosé-
lytes, ils levèrent ie masque, et « trou-
vèrent moyen d'obtenir la chaire, parce
qu'en ces jours-là, il y avoit un grand
vicaire qui les favorisoit tacitement. »
Leurprédicationportad'heureux fruits,
bien que par ignorance ils ne dccouv ris-
sent encore les abus « qu'assez maigre-
ment. » Les choses en étaient là, lors-
qu'un nommé Collardcau, procureur
fiscal, ohomme pervers et de mauvaise
vie,» parvint à se faire donner une com-
É
co&lre dMirrccusables abus, cl pas le moins du
m(^He comme un schisme. Paiiysy fut pris m
piège, ei il ne paraît pas aTOir soupçonné que der*
rière l'épurai ion du clergé se cachait le renier-
sèment de rorthodoxic. Un des premiers II se Gt
prolestant, et bien qu'il ne l'ail pas dit expres-
sément, tout porte à croire qu'il fut lui-même
ministre de ce nouveau culte [d'Aubigiié lui
donne cette qualité dons l'Index qu'il a joint à
son Histoire]. » M. Duplespis s'abuse lorsqu'il
prétend que, dans le principe, la Réforme ne
t'attaqua qu'aux iriccs du cierge. Tel était peut-
être le scnliroent de la foule (quoique la foule, en
France du moins, soit restée de préférence dans
lé camp opposé) ; mais il nous permettra de ne
pas y confondre Palissy ; U savait fort bien où
il allait, lui, et s'il est tombé dans le piéget c'est
qu'il a bien voulu y tomber. Le schisme était
flagrant, lorsqu'il préféra le martyre h. la liberté
et aux honneurs. Palissy est uti trop fntmd coa-
pable, pour que M. Duplessis puisse espérer d'ai-
tirer sur lai le béuèflce de circooitanoes aUé-
Duaottt.
PAL
— 76 —
PAL
mission pour poursulvre.Troîsdes pré-
dicants farent arrêtés^ celai de l'Ile d'O-
léron, nommé frèro Robin, celui de
«l'isle d'Allevert, » nommé Nicole,ei
celui de Gimosac,dont le nom n'est pas
coonn. Comme ils persistèrent coura*
geusemenl dans leurs convictions, « ils
furent condamnez à estre desgraducz^
et vestus d'accoustremens vcrds^ à fm
que le peuple les estimast fols ou in-
sensez : et qui plus est, parce qu'ils
souslenoyent virilement la querelle de
Dieu, ils furent bridez comme chevaux
par ledit Gollardeau, auparavant que
d'estre menez su r l'eschafaul, èsquei les
brides y avoil en chacune une pomme
de fer^ qui leur emplissoit tout le de-
dans de leurs bouches, chose fort hi-
deuse à voir : et estans ainsi desgraduez,
ils les retournèrent en prison, pour
lesmener à Bourdeaux, à Un do les con-
damner à mourir.» Mais le frère Robin
ayant limé les fers qu'il avait aux jam-
bes, parvint à échapper à ses bour-
reaux. Ses deux compagnons d'infor-
tune qui avaient refusé de suivre son
exemple, furent brûlés, Tun à Saintes
et l'autre à Libourne, au mois d'août
1546. Dix ans après ces événements,
en 1557, Philibert frame/m(Voy.) su-
bit le même sort, le 18 avril. Ce fut en
vainquePalissy, qui le connaissait par-
ticulièrement depuis plus de dix ans, a-
vait imploré courageusement pour lui
l'humanité des juges en leur déclarant
« qu'ils avoyent emprisonné un Pro-
phète, ou Ange de Dieu, envoyé pour
annoncer sa Parole, et jugement de con-
damnation aux hommes sur le dernier
temps. » C'est à la sollicitation de ce
« saint homme » que quelques artisans
de Saintes, au nombre desquels était
Palissy. avaient commencé à se réunir
pour prier en commun. Ils n'étaient en-
core qu'un petit nombre de prosélytes,
lorsque le ministre Mazières, dit La
Place, consentit à rester au milieu
d'eux. Ce pasteur leur administra la pa-
role de Dieu jusqu'à l'arrivée du mi-
nistre La Boissière, qui, le premier,
osa prêcher publiquement à Saintes. 11
édifiait encore son petit troupeau en
1 563, lorsque Palissy publia son livre.
Depuis , l'église profita si bien , écrit
notre Palissy, que les fruits d'icellede-
meurcront à jamais. Nous avons rap-
porté ailleurs (Voy, YI. p. 423) la sé-
duisante peinture qu'il fait du change-
ment des mœurs. Un phénomène assez
curieux se présenta ; on vit des curés,
auxquels leurs ouailles refusaient de
payer la dime^ recourir aux ministres
pour les prier de faire rentrer leurs
troupeaux dans le devoir. « Plusieurs
gens des villages en ces jours là de-
mandoyent des ministres à leurs curez
on fermiers, ou autrement ils disoyent
qu'ils n'auroyenl point de dismes :ccla
faschoit plus les prestrcs que nulle au-
tre chose... Ence tempslà furent faits
des actes assez dignes de faire rire et
pleurer tout à un coup : car aucuns fer-
miers ennemis de la Religion, voyans
telles nouvelles, s'en alloyent aux mi-
nistres, pour les prier de venir exhorter
le peuple, d'oii ils estoyent fermiers :
et ce à fîn d'estre payez des dismes. d
L'exemple des fldèles de la petite église
avait eu cette heureuse influence de
contraindre les méchants même à de-
venir gens de bien. Mais à la suite des
malheurs du temps, encouragés par
l'impunité, ils jetèrent le masque et re-
prirent leur nature perverse. « Pour
obvier à leurs tyrannies horribles et
exécrables, dit Palissy, je me retiray
secrettement en ma maison , pour ne
voir les meurtres , reniemens et des-
troussemens qui se faisoyent es lieux
champestres:etestantretiréenma mai-
son l'espace de deux mois [sans doute
pendant la première guerre civile, en
i 562], ilm'cstoit avis, que l'enfer avoit
esté desfonsé, et que tous les esprits
diaboliques estoyent entrez en la ville
deXaIntes :car au lieu que j'entendois
un peu auparavant pseaumes, canti-
ques, et toutes paroles honnestes d'édi-
ûcation et bon exemple, je n'entendois
que blasphesmes, baleries, menaces,
tumultes, toutes paroles misérables,
dissolution, chansons lubriques et dé-
testables, en telle sorte, qu'il me sem-
bloit que toute la vertu et sainteté de
PAL
— 77 —
PAL
la terre estoit esloufféo et esteinte. —
Je fDS grandement cspouvanté Tcspace
de deux mois, voyant que les porle-raU
et belistreaux esloyent devenus sei-
gneurs aux dcspens de ceux de l'Eglise
reformée: je n'avois tous les jours autre
chose que rapports des cas espouvanta-
bles qui de jour en jour s'y commet-
toyent, et de tout ce que je fus le plus
desplaisant en moy-mesme^ ce fut de
certains pelis enfans de la ville, qui se
venoyent journellement assembler en
une place près du lieu oii j'estois caché
(m'exerçant toutes fois à faire quelque
œuvre de mon art), qui se divisans en
deux bandes, et jettans des pierres les
uns contre les autres, juroyent et blas-
pbémoyent le plus exécrablement, que
jamais homme ouyt parler... Il me pre-
noit souvent envie de bazarder ma vie^
pour en faire la punition; mais je di-
sois en mon cœur le pseaume LXXIX,
qui se commence : Les gens entrez sont
en ton héritage. » Palissy termine sou
intéressant récit par celte réflexion,
ft Je sçay que plusieurs historiens des-
criront les choses plus au long, toutes
foisj'ay bien vouludire ceci en passant,
parce que durant ces jours mauvais, il
Y avoitbien peu de gens de l'Eglise ré-
formée en ceste ville. »
Mal lui prit de ne pas suivre l'exem-
ple de ceux de ses coreligionnaires
qui cherchèrent leur sûreté dans la
faite. Arrêté comme hérétique, il fut
livré aux tribunaux. Heureusement
pour lui qu'il avait été chargé de di-
vers travaux par le connétable de
Montmorency. Ce fut ce qui le sauva.
Palissy raconte lui-même dans une
lettre au ducles dangers qu'il courut.
Le seul motif, dit-il, de son empri-
sonnement, c'est qu'il avait eu ie
courage ^ en plusieurs occasions , de
remontrer à ses haineux qu'il est écrit
que celui-là est maudit qui boit le lait
et vêtit la laine de la brebis sans lui
donner pâture. « Jo me fusse très bien
donné garde de tomber entre leurs
mains sanguinaires , continuc-t-il ,
n'eust esté que j'avois espérance qu'ils
auroyent esgard à vostre œuvre, et à
rincitation de monseigneur le duc de
Hontpensier, lequel me donna une
sauve-garde, leur interdisant de non
cognoistre ny entreprendre sur moy,
ny sur ma maison, sachant bien que
nul homme ne pourroit achever vostre
œuvre que moy. Aussi estant entre
leurs mains prisonnier, le seigneur de
Burie et le seigneur de Jarnac et le
seigneur de Ponts prindrent bonne
peine pour me faire délivrer, tendant
à fin que vostre œuvre fust parachevée.
Quoy voyant, mes haineux m'envoyè-
rent de nuit à Bourdeaux, par voyes
obliques, sans avoir esgard ny à vostre
grandeur, ny à vostre œuvre. Ce que
Je trouvay fort estrange, veu que mon-
sieur le comte de La Boche-Foucaut,
combien que pour lors il tcnoit le
parti de vos adversaires, ce néant-
moins, il porta tel honneur à vostre
grandeur qu'il ne voulut jamais qu'au-
cune ouverture fust faite à mon has-
telier, en cause de vostre œuvre ; mais
les susdits de ceste ville ne firent pas
ainsi, ains au contraire, soudain que
je fus prisonnier, ils firent ouverture
et lieu public de partie de mon haste-
lier, et avoyent conclu en leur maison
de ville de jetter mon hastelier à bas,
lequel a esté partie érigé à vos despens,
et eust esté exécutée une telle délibé-
ration, n'eust été le seigneur et dame
de Ponts [Anne de Parthenay ] qui
prièrent les susdits de n'exécuter leur
intention. — Je vous ay escrit toutes
ces choses, ajoute Palissy, à fin que
n'eussiez opinion que j'eusse esté pri-
sonnier comme un larron ou meur-
trier. » Nous aimerions à nous persua-
der que ce fut seulement son amour
de l'humanité et de la justice qui porta
le connétable à intercéder pour Palissy.
A sa sollicitation, Catherine de Médicis
le fit remettre en liberté, et en même
temps le titre dont on le gratiûa,
d'inventeur des rustiques Ûgulines (i)
(1) Figulus, potier de terre ; figulihus^ fait de
terre. — Nous ne savons où M. Lesson (Lettres
sar la Sainlonge, 1842) a ^u que Palissy prenait
quelquefois letitre A'hydraulicien du roi Henri II?
Il tarait dû tassi nous indiqaer ses auloritéf
lonqa'il iT»DCequePiUity c qaiiU Saintei potr
PAL
— 78 —
PAL
du roi et de monseigneur le dnc de
Montmorency ^ lai ouvrit le ctiemin
des honneurs et de la gloire. Le repos
forcé qu'il avait dû subir en prison,
lui suggéra sans doute l'idée de sa
première publication. Les horreurs de
la guerre civile l'avaient profondément
impressionné. [*ar reconnaissance , il
dédia son livre au fiis du connétable.
En voici le titre : Recepte véritable ,
par laquelle tous les hommes de la
France pourront apprendre à multi-
plier et augmenter leurs thrésors»
Item, ceux qui n'ont jamais eu cog»
naissance des lettres, pourront ap-
prendre une philosophie nécessaire à
tous les habitans de la terre» Item y
en ce livre est contenu le dessein d'un
jardin autant délectable et d'utile
invention, qu'il en fut oncques veu.
Item, le dessein et ordonnance d'une
ville de forteresse, la plus imprenable
qu'homme ouyt jamais par 1er, composé
par maistre Bernard Palissy, ouvrier
de terre, et inventeur des rustiques
figulines du Roy et de monseigneur le
duc de Montmorancy, pair et connes-
table de France, demeurant en la ville
de Xaintes, La Rochelle, Barthélémy
Berton, 1563 et 1564 in-4% seule et
même édition (i ). — L'auteur réclame
riDdulgence, attendu, dit-il, qu'il n'est
ni grec, ni hébreu, ni poëte, ni rhé-
toricien, a ains un simple artisan bien
se fiicr à La Kochello. » An rapport da même
èeriTain, beaucoup de productions do Palissy
eiisleraient encore dans la Saintonge. « Le plus
gracieui objcl d*arl que j'aie tu de Palissy, dit- il,
1 été découvert en 1840, pendant la démolition
da pont de Saint-Jean-d'Angely. C'est une Ggu-
rine représentant Catherine de Medicis, fort res-
lemblanle, à en juger par les portraits qui nous
sont restes d'elle, et dont l'email coloré et ar-
nnté, est d'une excessive pureté. Cette Ûgurine
était nn vase de senteur, car la coiffure de 11
reine se trouvait prise dans le bouchon {sic). •
(i) Dans quelle étrange confusion tombe M. de
Lamartine lorsqu'il dit que Palissy a écrit ce livre
à la Bastille de Paris, • où le maréchal de Mont-
morency et ses autres protecteurs du parti opposé
le tenaient enfermé pour sa sûreté, autant que
pour le contraindre à sa conversion. > Le grand
poêle paraît même ignorer que Palissy ait rien
publié lui-même. ■ HelasI s'orric-t-il, c'était
4aiM les murs et dans les fossés d'une prison,
léparé de sa femme par le tombeau et de ses en-
fwta par la capUfitè ; det horizons de la Seine
pauvrement instruit aux lettres, »
néanmoins , ajoute-t-il, « la chose de
8oy n'a pas moins de vertu que si elle
estoit tirée d'un homme plus éloquent ;
J'aime mieux dire la vérité en mon
langage rustique, que mensonge en
un langage rhétorique (l). n Personne
ne lui en fera un reproche , il n'eût
pu que perdre à écrire autrement. Son
bon sens le sert si bien que l'on ne se
doute pas que l'on s'entretient avec
un écrivain rustique. Que d'écrivains
versés dans le grec et dans le latin lui
envieraient sa plume ! On peut sans
hésiter le mettre au rang des meilleurs
prosateurs de son siècle. « Le style de
ses écrits, dit M. Chevreul, est remar-
quable par la naïveté et la finesse. Si
quelquefois les aperçus manquent de
Justesse, l'expression en est toujours
ingénieuse et souvent piquante. » Le
savant Béaumur, qui possédait à un
si haut degré les qualités propres an
génie do Palissy, loue également son
esprit d'observation et la netteté de
son style qu'il « aime, dit-il, extrême-
ment. » — « Nous ne connaissons
point, dit M. de Lamartine, de [style]
plus biblique et plus moderne à la fois.
On y sent les premiers bouillonnements
d'une source qui va Jaillir : c'est une
langue qui se moule sur Tàme, et non
sur l'antiquité.» — « 11 est impossible,
dit-il plus loin, après les [ses écrits]
par la proscription, des outils et du trayail de
son art par la Tieillesse, de ses frères en religion
par le martyre, qne Palissy écriTait ces choset,
et se consolait dans sa pensée de sa ruine, du ca-
chot, et de sa mort prochaine. Ceg feuiUe^éparte$,
tonglempê oubliéeiy enfin recwiUieSf forment
denx volumes, véritables trésors de sagesse ha-
maine, de piété divine, de génie émioenl, de
naïveté, de force et de couleur do style. » L'ima-
gination n'est pas la muse de l'histoire. Dn
reste, la fidélité historique n'est pas toujours le
bnt que se propose M. de Lamartine, il a de plus
hautes visées, et notre remarque est hors de propos,
(i) M. Delcclure (Revue française, 1838] ta
trop loin lorsqu'il donne à entendre que Palissy
tirait Tauitéde son ignorance du grec etdn latin.
Lui-même explique parfaitement quel était IjS
sentiment de Palissy, c Sentant toute la supério-
rité et la force de son intelligence, il dut nata-
rellement, dit-il, supporter avec peine le reproche
qu'on lui adressa plus d'une fois, d'ignorer le
grec et le latin. • Ce n'était donc pat présomption
niex toi, malB mauTaise humeur.
PAL
— 79 —
PAL
atoir ins^ de ne pas proclamer ee
paavre MYrier d'argile un des plus
grands écrivains de la langue française.
Montaigne ne le dépasse pas en liberté^
J.-J. Rousseau en sève, La Fontaine
en grâce, Bossuet en énergie lyrique.
Il rêve, il médite, il pleure, il décrit
et il chante comme eux. » Peut-être
trouvera-t-on qu'on pourrait , sans
diminuer la gloire de Palissy, ra-
battre quelque chose do cet éloge
par trop dithyrambique. Un grain de
malice se mêle volontiers chez Pa-
llssy à la bonhomie gauloise. C'est un
trait de son caractère que Ton ne doit
pas omettre. Nous en citerons un
exemple. Un débat s'élève entre les
divers instruments qui servent à la
géométrie et à Tarchitecture pour sa-
voir auquel appartient la préémi-
nence. Chacun d'eux la réclame en
faisant valoir ses titres. Ne pouvant
s'entendre, ils élisent Palissy pour
jQge. Son arrêt qu'il rend en faveur
de l'homme, ne satisfait personne. Il
n'y a qu'une voix parmi les parties dé-
boutées : Comment reconnaître Thom-
me pour son maître, lui si plein demé<
chanceté et de folie? Cette unanimité
donne àpenser au juge, il n'avait pas la
prétention d'être infaillible. Dans l'in-
tention de s'éclairer, il soumet donc la
tête de l'homme à l'analyse, et qu'ar-
rive-t-il? Il tombe quasi à la ren-
verse comme pâmé, à cause du grand
nombre de folles qu'il y aperçoit. De
ces folies, les unes sont plaisantes
et gaies , les autres sont tristes et
affligeantes , la plupart sont de tous
les temps. Plus d'une élégante pourrait
se reconnaître dans la femme de l'of-
ficier royal de robe-longue à laquelle
Palissy, pensant faire devoir de chré-
tien, dit en bonne amitié : « Mamie,
pourquoy est-ce que vous contrefaites
ainsi vos habiilemens? Ne sçavez-vous
pas bien qne les robes ne sont faites
en esté, qne pour couvrir la dissolution
de la chair? et, en hyver, pour cela
mesme, et pour les froidures? Et vous
gçavez que tant plus les habiilemens
iont proches de la chair, d'autant pins
ils tiennent la chaleur, aussi de tant
mieux ils couvrent les parties hontea-
ses : Mais au contraire, vousavez prins
une verdugalc [vertuffadin] pour dila-
ter vos robcs^ en telle sorte que peu s'en
faut, que vous ne monstriez vos hon-
teuses parties.» Au lieu de le remercier
de ce bon conseil, que fit la sénéchalef
Elle l'appela u huguenot, n comme poof
lui dire la plus grosse injure. Ce qu'en-
tendant, Palissy l'abandonna à sa folie
incurable, et prit la tête de son mari
pour l'examiner. Que de folios, et que
de larcins il y découvrit! u Pourquoy
est-ce que tu es ainsi fol, lui dit-il,
de chicaner et piller les uns et les au-
tres? » Mais l'ofllcier do robe-longue
lui répondit bravement a que c'cstoll
pour entretenir ses estais, et qu'il ne
pourroit avoir patience avec sa femme,
s'il ne lui donnoit souvent des accous-
tremens nouveaux; et qu'il falloitdes-
rober pour entretenir ses estats et
honneurs. — 0 fol , s'écrie Palissy,
lors ta femme te fera elle mordre en
la pomme , comme (Il celle de nostre
premier père?» Heureusement que
de nos jours on y a mis ordre, les sé-
néchaux sont moins communs que les
sénéchales.
Les idées de Palissy sont générale-
ment claires, précises; il ne pèchoqne
par leur enchaînement, défaut si com-
mun de son temps ! Encore ce défaut
d'ordre ne se remarque guère que dans
ses premiers écrits. Le séjour de la
capitale, le commerce d'hommes lettrés
et surtout l'habitude de parler en publie
sur des matières scientifiques et con-
troversées devant un auditoire d'élite,
lui apprirent à suivre sans embarras
le fil de son discours, la génération de
ses idées. Palissy nous fait connaître
lui-même, dans sa dédicace, le but de
son livre. « Puisqu'il a pieu à monsei-
gneur le conneslable voslre père, y
lisons-nous, me faire l'honneur de
m'employer à son service, à l'édifica-
lion d'une admirable grotte rustique
de nouvelle invention, je n'ay craint
à vous adresser partie des taleus que
i'ay receus de Celui qui en a en abon-
PAL
— 80 —
PAL
dance. Monseigneur^ les talens qae Je
TOUS envoyé , sont en premier lien
plusieurs beaux secrets de nature et
de ragricuKure^ lesquels J'ay mis en
on livre ^ tendant à inciter tous les
hommes de la terre à les rendre ama-
teurs de vertu et juste labeur^ et sin-
gulièrement en Tari d'agriculture^ sans
lequel nous ne saurions vivre. Et parce
que Je voy que ta terre est cultivée le
plus souvent par gens ignorans^ qui
ne la font qu'avorterj'ay mis plusieurs
ensetgncmens en celivre^ qui pourront
estre le moyen qu'il se pourra cueillir
plus de quatre millions de boisseaux
de grain^ par chacun an^ en laFrance^
plus que de coustume, pourveu qu'on
veuille suivre mon conseil.» On trouve
dans ce livre d'excellents préceptes
sur l'agriculture et particulièrement
sur les engrais. Malheureusement^ la
routine est puissante en France. La
plupart de nos villages ne sont encore^
comme au xyi* siècle^ que des cloaques
oh les fumiers déversent leurs oaux
noires et fangeuses^ et avec elles toute
leur vertu restaurante. Récemment
on de nos plus éminents chimistes a
appliqué^ dans sa propriété, les idées
de Palissvy et l'on a pu célébrer cette
innovation comme une heureuse ten-
tative de la science moderne. Mais
telle est la lorpeur de nos campagnes^
que nous n'oserions nous flatter que
aon exemple trouvât beaucoup d'imi-
tateurs. Nous ne marchons que par
contrainte ; nous n'obéissons qu'au
Joug. De même que Sully, et bien
avant lui^ Palissy voyait dans l'agri-
culture la principale mamelle du pays.
Aussi déplore-t-il qu'on abandonne
la culture des champs comme un travail
servile. « Je m'esmerveille , dit-il,
d'un tas de fols laboureurs, que sou-
dain qu'ils ont un peu de bien, qu'ils
auront gagné avec grand labeur en
leur jeunesse, ils auront après honte
de faire leurs enfans de leur estât de
labourage, ains les feront du premier
Jour plus grands qu'eux-mesmes^ les
faisans communément de la pratique,
et ce que le pauvre homme aura gagné
à grande peine et labeur, 11 en despen-
dra une grand'partie à faire son flls
Monsieur, lequel Monsieur aura en fin
honte de se trouver en la compagnie
de son père, et sera desplaisant qu'on
dira qu'il est fils d'un laboureur. Et si
de cas fortuit , le bonhomme a certains
autres enfans , ce sera ce Monsieur là
qui mangera les autres , et aura la
meilleure part, sans avoir esgard qu'il
a beaucoup cousté aux escholes pen-
dant que ses autres frères cuUîvoyent
. Ut terre avec leur père. Et en cependant,
Yoilà qui cause que la terre est le plus
souvent avortée, et mal cultivée, parce
que le malheur est tel, qu'un chacun
ne demande que vivre de son revenu,
et faire cultiver la terre par les plus
ignorans, chose malheureuse. A la
mienne volonté, disois-]e lors, que les
hommes eussent aussi grand zèle,et
fussent aussi affectionnez au labeur
de la terre, comme ils sont affectionnez
pour acheter les ofilces, bénéfices et
grandeurs, et lors la terre seroit bénite,
et le labeur de celuy qui la cultiveroit,
et lors elle produiroit ses fruits en sa
saison. » Ces sages conseils ne furent
pas entendus. On pourrait adresser
les mêmes reproches à notre généra-
tion ; maisseulementdansunecertaine
mesure, car de nos Jours ceux qui
délaissent le travail des champs n'y
sont pas tous poussés par l'ambition
ou par l'amour des richesses. La né-
cessité de pourvoir à son existence
suffît pour dépeupler les campagnes.
Le morcellement des propriétéis, suite
fatale de l'augmentation de la popula-
tion, doit nécessairement amener ce
déplorable résultat. 11 est fâcheux que
l'intérêt des uns ne soit pas^ aussi
l'intérêt des autres, que ce qui nourrit
l'un, ne nourrisse pas aussi l'autre.
La perspective de quelques journées
de travail, dans le temps des semail-
les ou des récoltes, ne saurait attacher
le prolétaire à la glèbe. Tant que cet
antagonisme subsistera, le mal ne fera
qu'empirer. Pour y remédier, il fau-
drait une autre organisation de la
commune. Du temps de Palissy, le
PAL
— 89 —
PAL
trop plein se faisait sans doute moins
sentir^ mais ce qai contribuait sartont
à l'émigration^ c'était ie pende sûreté
des campagnes.
On trouve déjà dans ce livre de Pa-
Ussy les premiers germes de ses prin-
cipales découvertes en physique, en
minéralogie, en chimie. II ne fit que
les mûrir et les développer. La philo-
sophie du bon sens le guide dans toutes
ses recherches. Anjugementde M. Che-
▼real, « Bernard Palissy est tout à fait
au-dessus de son siècle par ses obser-
vations sur l'agriculture et la physique
da globe. Leur variété, dit-il, prouve
la fécondité de son esprit, en même
temps que la manière dont il envisage
eertains sujets, montre en lui la faculté
d'approfondir la connaissance des cho-
ses; enfln^ la nouveauté de la plupart
de ses observations témoigne de Tori-
gfnalité de sa pensée. » Quant à Tor-
donnance de son jardin « autant beau
qu'il en fut jamais au monde, hormis
eelay du Paradis terrestre, » nous ne
pouvons nous empêcher d'y voir un
carieux spécimen de la naïveté de nos
pères. C'est le fruit doré d'une ima-
gination déjeune homme. Salomon de
Cauœ devait réaliser un jour, par une
foule de gentilles inventions, une par-
tie du fève de Palissy. ((Je veux ériger
mon jardin, dit notre pieux artiste,
sar le pseaume CiV, là oh le Prophète
descrit les œuvres excellentes, et mer-
veilleuses de Dieu, et en les contem-
plant, il s'humilie devant luy, et com-
mande à son amede louer le Seigneur
en toutes ses merveilles. Je veux aussi
édifier ce jardin admirable, à fln de
donner occasion aux hommes de se
rendre amateurs du cullivcmenl de la
terre^ et de laisser toutes occupations,
on délices vicieux, et mauvais tratics,
pour s'amuser au cuUivement de la
terre. » Notre bon Palissy tenait par-
ticulièrement à ce jardin délectable.
Non-seulement il propose au maréchal
de Montmorency de lui en construire
un sur ce modèle ; mais dans une lettre
à Catherine de Médicis (où il s'excuse
de ce que son indigence ne lui a pas
T. VUi.
permis de se transporter auprès d'elle
pour la remercier de l'avoir arraché
aux mains de ses ennemis), il lui mar-
que qu'il y a dans son livre des cho-
ses qui pourront beaucoup servir à
« l'édiûcation » de son jardin de Che-
nonceaux, « et quand il vous plaira,
ajoule-l-il, me commander vous y fai-
re service, je ne fauldray m'y em-
ployer (l). »
La Forteresse imprenable qu'imagina
Palissy ne nous semble, non plus, que
le jeu d'un poêle. Témoin des horreurs
de la guerre civile, son imagination
s'était exaltée, il se demanda s'il ne
serait pas possible (( de désigner et
pourtralre l'ordonnapce d'une ville,
en laquelle on peust cstre asseuré en
temps de guerre, » de construire (( un
palais ou amphithéâtre de refuge, pour
recevoir les Chrestiens exilez en temps
de persécution. » Après avoir pris con-
seil du souverain architecte, il se per-
suada que la chose était faisable. Dieu
ayant eu soin, dans sa merveilleuse
providence, de pourvoir les plus faibles
de ses créatures de la plus grande in-
dustrie, ce fut à elles qu'il s'adressa
pour s'Instruire. Un coquillage en spi-
rale lui fournit le modèle de sa forte-
resse imprenable. Palissy ne se laisse
pas déconcerter par les critiques de
ceux qui lui objectent qu'il n'entend
rien à l'art militaire. Si Dieu, répond-
il, ne m'a pas rerusé ses dons en l'art
de terre, où j'ai fait, sans que personne
ne me l'ait appris, ce qu'aucun autre
n'avait fait avant moi, qui niera « qu'il
ne soit aussi puissant de me donner
d'entendre quelque chose en l'art mi-
litaire, lequel est plus apprins par na-
ture, ou sens naturel, que non pas par
pratique? La fortilication d'une ville
consiste principalement en traits et li-
gnes de géométrie, et on sait bien que,
grâces à Dieu, je ne suis point du tout
despourvcu de ces choses. »
(l) On prelcnd qao Ips jardins (!u «hali an de
(ihaulncs, en Picniii?, .'i\ aïeul «'!o oio.ulcs d'a-
près le plan du Janliii ddoctablc. M Lfuplessis
Ta même jusqu'à avancer, nous ne savons d'a-
prèft quelle autorité, qu'il • en fut tout ensemble
le dessinateur et l'entrepreneur. •
6
PAL
«- «0 —
PAL
«L Si je cognois ce mien second livre
68tre approuvé par gens à ce cognois-
aans^ ajoute Palissy eà terminant, je
mettray en lumière le trolsiesme livre
que je feray cy après, le quel traiUera
du Palais et plate-forme de refuge [il
ne parait pas que cette suite ait été pu-
bliée], de diverses espèces de terres,
tant des argileuses , que des autres :
aussi sera parlé de la merle [marne], qui
sert à fumer les autres terres. Item,
sera parlé de la mesure des vaisseaux
antiques [ce traité a-t-il été publiét]
aussi des esmails, des feux, des acci-
dens qui surviennent par le feu, de la
manière de calciner et sublimer par di-
vers moyens, dont les fourneaux seront
figurez audit livre [ce traité n'existe
pas non plus]. Après que j'auray érigé
mes fourneaux alchimistals, je pren-
dray la cervelle de plusieurs qualitez
de personnes, pour examiner et sça-
voir la cause d'un si grand nombre de
folles qu'ils ont en la teste, à fin de
faire un troisiesme livre, auquel seront
contenus les remèdes et receptes potir
guérir leurs pernicieuses folies. » Cette
analyse akhimùtale, nous avons vu
qu'ili'avait déjà entreprise dans le cours
de ce livre, et il l'a si bien assaisonnée
de sel attique que Lucien n'aurait pas
fait mieux. On ne comprend pas qu'il
ait eu le courage de mettre ce livre sous
le patronage des Montmorency. Une
petite pièce de vers, (18 quatrains), à
la louange de l'auteur, par un nommé
Pierre Sanxay, termine le volume (l).
Le connétable ne tarda pas à attirer
Palissy à Paris. Notre artiste travailla,
pendant plusieurs années, à la déco-
ration de son château d'Ecouen. Hais
de tous les travaux qu'il y exécnta, il
ne reste plus en place aujourd'hui qu'un
pavé en faïence (2). Dans le siècle der-
(1) G'esl à ton que M. Cap croit poutoir at-
trlboer à François Béroalde reloge eo bait Tert,
ligné FB., qui se lit en tête da litre. En 1563,
Béroalde ataii à peine sept ans et n'était pas le
tingiitier et parfait ami de Palissy.
(S) Le savant Peircsc, qai tisila le cb&leaa
d*Ecoaeo, en 1606, et qui en donne une descrip-
tion (MSC. cité dans les (CuTres de Palissy, par
faqjat de Saint-Fond et Gobet) n'attribue à Fa^
nier, on n'apercevait déjà plus aucune
l|My qœ le pttè ea faïence des (taleriea. • Lu
literies et le château reofermeDl, dit-il, ploaieuf
marbres prècieui et de ces b^les poteries invea-
lées par Maître Bernard des Thnilleries. — Ali
▼errieres, les Fables qai y soel le mleox repré-
sentées, c'est celle de Proserpioe, à l'ene, et celle
do banqoet des Dieai ; celle de Psycbè, à l'antre;
le paré d'icelles est aossi de l'IoTenlIon dn sni-
dit Mattre Bernard. • Cet auiii, dans la peniée
de Peiresc, ne se rapporte éTideBment pas mi
Terrières, mais avx belles poteries menlioDoées
pins haut, t Les âmis de< arts, dit M. Scboil-
eber (ReYoe de Paris, 18S4) reyretienl là gmi-
dement nœ salle tonte pafée de carreani noi
armes da connétable, qoe l'Empire» avec sa bm*
taillé ordinaire, a fait briser et boafêterser ponr
planter an beau milien nn de ees énormes N dent
U marqaait impitoyablement tons les neonmesli
de la France, comme an bourgeois marqoe ses
eoayerts. » — On a attribaé en outre à noire ar-
lisfe : l*» Une marqueterie en faïence, appliquée
•tr les parois de la chapelle, et repréeentaDt la
Passion, en seize tableani réunis en un leal
cadre, d'après Albert Durer ; — S« Deu Ubleaaz
eo (alence représentant des batailles, dessiaét et
eiéeutét en 1549, « cet deoi moroenax ualqses
et préeleu » au jugement d'Alex. Leneir, eer-
▼aient de paToment dans la chapelle; •r-S*' Om*
rante-clnq sujeU t<rés de la fable de Cupidon m
de Psyehé, d'après les d^ins dé Hapbaël, tt-
iranx exécutés de lUl à 41 ; la suite en a été
J;raTée au trait pour le Blasée des monuments
rançais. H. de Lasteyrie a reproduit la Toilette
de nyehé dans son splendide crutrftge Amsacrè à
l'histoire de la peinture sur terre } — 4« Le Goo-
oétable au milieu de ses enfants à genoux, de
grandeur natorelle, tiirail peini en 1544 ; M.\^'U-
lemin, dans ses Monumeiits français, reproduit le
portrait des filles du Connétable* -^ La date de
ees différents titraux ne permet pas, selon nous,
de les attribuer i Palissy ; en 1544^ et à plus
forte raison en 1549, Il n'éuft encore qu'ù» pautre
terrier de protince sans aucune ré^ataCion. Cette
hypothèse, qae ces tiiraux sont dns à notre ar-
tiste, hypothèse tonte gratuite, nous dit M. Ba-
plessis,* « serait démontrée par des doeuments
Irréeasables, qu'elle n'en apparaîtrait pas moins
dans l'histoire des travaux esthétiques de Palissy
comme une exception isolée, sans antécédents
comme sans suiie. •> M. Alex, tenoir lui-même
ne se prononce pas sans restrietion. « Geftendatil,
dit-Il, nous n'osons pu affirmer que les Tilraax
dont nous parlons soient sortis de son pinceau;
mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il dit lui-
même, dans ses oarrages, qu'il a peint des titres,
sur les dessins de Rapiiaël, pour le château d'E-
couen. » Nous n'atons rien lu de semblable daw
les écrits de Palissy, et nous ne pensons pas
qu'une aussi précieuse indication nous eîlt échappé.
— M. Lenoir atlribue encore à Palissy qMtie
petits médaillons en terre cuite, protenani da
cbAieaa de Saint-Germain On trente reproduits
dans le bel outrage de M.Willemin le portrait de
Palissy par lui-même (cibioet de M. Flrâtol^ à
Brelles), et ni nagniittàe plat repiéierttDIaae
an Tipee (eoUeet. de M. BaaffatMt), Me., elf .
PAL
— 91 —
PAL
Iraee de la grotte nistlqne qa'll avait
eonstniUe avec grand artiûce dans une
dM allées des Jardins.
Lorsque Catherine de Médicis eut
entrepris, vers i 566, la construction da
paiaisdesTuileries^ elle chargea Palissy
de l'embellissement des Jardins. On
sait que ce palais s'éleva dans le voi-
sinage d'une tuilerie. Pour se livrer à
ses travani> Palissy y établit son lo-
i«me&t> ce qui lui fit donner le sur*
nom de Bernard des Tuileries. On
ignore combien de temps il passa à ce
Invail (I). L'on suppose qu'il y était
nieore occupé lorsqu'éciata la Saint-
Bartbélemy. Dans sa sanglante orgie,
Médieis ne perdit pas de vue le soin de
•es Jardins et bâtiments; elle épargna
Palissy, de même qu'elle épargna Paré^
non par bienveillance, mais par inté-
rêt. Si le secret de ses émaux avait été
connu, il est certain qu'il n'eut pas
éprouvé un meilleur sort que Jean Gou»
/on. Ses rustiques flgulines devinrent
l'ornement obligé des Jardinset deschà-
leanz royanx; elles servaient à Tem-
bellissement de la demeure royale de
la favorite, le château d'Anet. A Timl-
tation du souverain, les principam
seignears de la cour en ornèrent leurs
habitations. Ces rustiques flgulines
élaienl alMsi appelées, dit M. Gap dans
la notice dont il a fait précéder son
édition des Œuvres de Palissy^ parce
qa'eiies représentaient « des objets rus-
tlqoos, dM rochers, des grottes, des
arbres, des animaux et quelquefois
des personnages, le tout en relief ou
en roode-bosse et recouvert d'un émail
coloré. Il reste à peineaujourd'hoi quel-
ques traces des pièces de cette classe.
Bieft ornaient dans le temps les châ-
teau de Gbaulnes et de Nesle en Pi-
eardle> de Reux en Normandie, de Ma*
drid (S)âttbois de Boulogne et surtout
ti) jî. GlMBB^IOBrFiKeae * publié, en 1849,
Mi \$ CflliiMt dt l'âiSAtevr^ quelques arliojet
l'u eonplê reUtif à r»c^vf0ient d'one iroite
4| |tiMti«»il|êd fve «^enurd, Nicolas el Ma-
WsXMMi»iipmira M liens >.i^Taieni « et-
i|BÎMMi»«Mr..ia.nfS» «a itti yellais lèi le
lechâteand'Ecouen.» <x Ses ouvrages de
moyenne et de petite dimension^ ajoute
le biographe, ornaient lesappartements
et figuraient sur les dressoirs , les
buffets^ les tables et les consoles. Ce
sont des vases, des aiguières avec leurs
bassins, des statuettes, des groupes
pleins de grâce et de mouvement, des
coupes, des vidercomcs, des salières,
des écritoires, des flambeaux, des cor-
beilles, de grands et de petits plats
sculptés, enUn des ba^im rustiques
chargés de fruits, de coquillages, de
poissons et de reptiles, représentés
avec une vérité de formes et de coloris
qui font Tadmi ration des hommes de
l'art. D'autres plats présentent des bas-
reliefs d'un fini remarquable, des su-
Jets tirés de la mythologie ou de l'his-
toire sainte. Los ouvrages de cette série
sont moins rares que les précédents.
Le Musée de Paris, [le musée de Cluny],
le Musée céramique de Sèvres et leè
collections particulières de quelques
amateurs éclairés (1 ), en renferment de
très-belles épreuves. Toutesccs pièces
sont remarquables par l'harmonie des
sujets, l'élégance des formes, le flnl
de l'exécution, et sont enrichies d'or-
nements pleins d'imagination et de
goût. Leur rareté n'ajoute donc rien à
leur mérite réel, qui justifle seul l'em*
pressement avec lequel elles sont rer
cherchées. » Mais comme elles ne sont
pas signées (2), on doit se déflcr do la
fraude. Dans des questions d'art, lee
plus habiles se laissent tromper; leur
conflance même les dupe.
« Les faïences de Bernard Palissy,
dit M. Brongniarl (Trailé des arts cé*>
ramiques), sont caractérisées par un
style particulier et plusieurs qualités
qui leur sont tout à (ait propres. Les
s'éUieni-«llefl ^m l'auTt^ (h IMUiHen Glrolat&b
délia Robbia?
(1) Oq ciie surtout les belles collection! de
Mm. tlous<!el, Saùvagéot, Hallier, Koibschild,
SeilièreR, et du prince russe Sollikof.
(2) On ne cite de signée que la fifinrlne, a^^ie^
lée à tort la nourrice de Framçois I^j^Yoycx M
Description toélhodique du Éluièe céramique JA
SèTreir, pàx MM. BironKliiait et Rioeretix, 18^,
IihM.
i- afi
■^■^:.
PAL
— 92 —
PAL
formes du nn sont en général assez
pures. Il n'y a point ou presque point
de peinture proprement dite, c'est-à-
dire de peinture à plat^ à couleurs
nuancées. Quecesoient des ornements,
des représentations d'objets naturels,
ou même des sujets historiques, my-
thologiques et allégoriques, ce sont
toujours des reliefs coloriés. L'émail
est dur et a beaucoup d'éclat; mais on
y remarque souvent une multitude de
petites tressaillures... Les couleurs
sont généralement vives, mais peu va-
rlfées; elles se bornent au blanc jau-
nàtre« il n'est jamais arrivé à la blan-
cheur éclatante de l'émail de Luca délia
Robbia. C'est ce blanc qui a été l'objet
de ses plus persévérantes recherches.
Les pièces à fond blanc qu'il a faites,
sont rares. — Les objets naturels qui
sont placés sur les pièces sont très-
vrais de forme et de couleur; car,
à Texception de certaines feuilles, ils
ont été moulés sur nature. On voit,
par le choix qu'il en fait que ce Potier
était naturaliste. » Les mêmes sujets
ont été fréquemment répétés; aussi
« les amateurs ne comptent-ils guère
qu'une trentaine de pièces qu'on puisse
caractériser par leurs formes, leurs
8i]0ets ou leurs ornements. » Il n'y a
qu'une voix parmi les connaisseurs
pour admirer le mérite des œuvres de
Palissy . Nous rapporterons encore l'ap-
préciation de M. Alfred Dumesnil, dans
la notice qu'il a consacrée à notre ex-
cellent artiste, a Palissy, dit-il, a repro-
duit mieux que des plantes et des ani-
maux... Un siècle avant Rembrandt,
en France, il prend les pauvres, les
misérables, les mendiants des campa-
gnes, Joueurs de vielle et de cornemuse,
aux vêtements bariolés, au visage
rougi parles intempéries, et leur donne
on air de moralité si touchant, que
dans ces flgures Je vois le reflet de
l'ftme de l'artiste... Quelques-unes de
ses statuettes sont des chefs-d'œuvre ;
telle est la nourrice qu'on voit au Mu-
sée du Louvre [de Sèvres], jeune pay-
sanne qui allaite son enfant, une des
plus naïves figurines de la statuaire
française... Je citerai aussi ce jeane
garçon qui enlève des petits chiens nou-
veau-nés à leur mère, et que la chienne
retient par le pan de sa veste (1). Rien
de plus varié que son œuvre. A cha-
que épreuve il changeait la couleur des
émaux, en sorte que la même compo-
sition n'est plus reconnaissable dans
chacun de ses exemplaires, et qu'elle
peut suivre, par la variété de colorar
tion, la saison, le Jour ou le caprice
du maître. »
Pour se distraire de ses travaux
d'artiste, Palissy se livrait à des études
sur le monde physique. Il était arrivé
par ses propres observations à des no-
tions plus saines que celles qui avalent
cours, sur une foule de phénomènes
naturels. Il voulut, suivant le comman-
dement de Dieu, exhiber à un chacun
les dons qu'il avait reçus. A cet effet,
il ouvrit un cours public dans le carême
de 1575 et il le continua l'année sui-
vante (2). Ses leçons furent suivies par
nombre de personnes notables; il en
donne une liste où Ton remarque parmi
les premiers médecins du temps, le cé-
lèbre Ambroise Paré, qui, comme lui,
n'était ni grec ni latin, mais le fils de
ses œuvres. Cependant, malgré ce suc-
cès flatteur, il lui restait un scrupule.
Les auteurs par lesquels les savants
juraient, lui étaient inconnus, et il se
pouvait qu'ils eussent mieux observé
que lui. Je n'ai voulu me hasarder,
écrit-il, de mettre en lumière mes dé-
couvertes, a que premièrement Je
n'eusse senti si les Latins en avoyent
plus deconnoissance que moy. Et j'es-
(1) Ce jeane garçon derienl sons la plnme de
M. de Lamartine, dans 8a notice snr Palisiy, une
jeune fille qui emporte dans on pan de son tiJ>lier
nne nichée de petits chiens; t leors petites têiai
étonnées débordent des fentes de la toile, el la
mère, tendre inquiète, mordille, en laivaot Mi
petits, les plis de la robe de la jeune flUe. Gella-
ei la regarde et la rassure par un sourire. » Sê-
raient-ce deai sujets jumeaui? D*apH» IL Ps-
plessis, ce dernier, signalé par M. de Ijimartiae,
se voit au Musée du Louvre.
(S) Jusqu'en 1584, d'après M. Gap, détemiaè
sans doute par la date de la publication de U Bf-
bliothèque de La Croix du Maine, oà on ttl qw
Palissy fait à Paris des laçons da sa seléMt m
ViofasBion.
PAL
— 9^ —
PAL
lois en graïuf peine^ parce que je n'a-
YOis Jamais vea l'opinion des pbiloso-
phes, pour sçavoir s'ils avoyent escrit
des choses sasdictes. J'eusse eslé fort
aise d'entendre le iatin^ et lire les 11-
Yres desdits philosophes^ ponr appren-
dre des ans et contredire anx autres.
fit estant en ce débat d'esprit, je m'a-
Yisay de Caire mettre des aflQches par
lia carrefours de Paris, afin d'assem-
bler les plus doctes médecins et autres^
ansquels je promettois monstrer en
trois leçons tout ce que j'avois conça
des fontaines, pierres, métaux et au-
tres natures. » Son appel fut entendu;
des médecins, des chirurgiens, des
apothicaires, des jurisconsultes, des
ecclésiastiques, la plupart élevés en di-
gnité, y répondirent avec empresse-
ment. L'épreuve tourna à l'avantage
de notre modeste savant, a grâces à
mon Dieu, dit-il, jamais homme ne me
contredit d'un seul mot. » Pour servir
à ses démonstrations, Palissy avait for-
mé on cabinet de curiosités, où il avait
mis « plusieurs choses admirables et
monatroeuses tirées de la matrice de la
terre. » Il les avait classées a par ordre
et parestages, avec certains eôcrileaux
an dessouz, afin que chacun se peust
instruire soy-mesme. » C'est vraisem-
blablement là le premier cabinet d'his-
toire naturelle qui ait été formé en
France.
Fort du consentement de tant
dliommes éminents, Palissy résolut
de faire profiter le public de ses dé-
couvertes. L'âge lui conseillait de ne
plus tarder. Il resta fidèle à la forme
du dialogue qu'il avait employée dans
ses premiers écrits; le jour se fait par
la contradiction. Il met aux prises la
Fratique avec la Théorique, l'œuvre
de Diea avec l'œuvre des hommes. Les
sciences naturelles étaient encore dans
fenlance. 11 semblait qu'elles fussent
sorties tout armées du cerveau des poè-
tes ou des mystagognes. Aux préjugés
anciens s'étaient ajoutés des préjugés
Qoaveanx. Palissy porta dans ce chaos
le flamhean de l'observation. Il substi-
tna le principe fécond de l'expérience
au principe stérile de l'autorité. Dans
toutes les matières dont il s'occupa, il fit
faire des progrès notables à la science.
Ses erreurs mêmes étaient déjà des
progrès. Cependant nous devons dire
que le savant M. Brongniart, juge très-
compétent dans la matière, prétend
que tout ce que Palissy « a écrit sur
les argiles, les pierres, les marnes, les
sels, les eaux, a peu de fond, » tout en
indiquant cependant un esprit obser-
vateur; il lui reproche d'avoir <t dé-
layé le peu d'observations qu'il a faites
dans des théories qui ont tous les dé-
fauts de celles dont il parle avec on si
juste dédain. » Ce jugement est sans
doute sévère. Mais c'est la contre-par-
tie des éloges exagérés qui ont été
prodigués, dans ces derniers temps, à
notre modeste savant. Les enthou-
siastes ne sauraient rendre un plus
mauvais service aux grands houmies
qu'en les divinisant. Un excès de
louange appelle toujours un excès de
blâme, il serait plus juste, selon nous,
de dire avec Fontenelle que Palissy fut
a un aussi grand physicien que la na-
ture seule en pouvait former un » Le
savant M. Dumas en juge de même dans
ses Leçons sur la philosophie chimi-
que.
Le nouveau livre de Palissy parut
sous ce titre : Discours admirables de
la nature des eaux et fontaines, tant
naturelles qu'artificielles, des métaux,
des sels et salines, des pierres, des
terres, du feu et des émaux; avec
plusieurs autres excellents secrets des
choses naturelles. Plus, un traité de la
marne, fort utile et nécessaire à ceux
qui se mellenide l'agriculture. Le tout
dressé par dialogues, èsquels sont in-
troduits la théorique et la practique.
Par M, Bernard Palissy, inventeur
des rustiques figulines du Roy et de la
Royne sa mère, Paris, Martin le jeune,
1 580, in-8«. Palissy dédia son ouvrage
au seigneur Antoine dti Pons. Nous
avons vu plus haut qu'il lui avait de
grandes obligations, n Le nombre de
mes ans, lui dit-il dans son épitre dè-
dicatoire, m'a incité de prendre la har-
PAL
94 —
PAL
diesse de vods dire qu'un de ces Jonrs
Je considérois la conleur de ma barbe^
qui me causa penser an peu de Jours
qui me restent pour flnir ma course :
et cela m'a fait admirer les lis et bleds
des campagnes, et plusieurs espèces de
plantes^ lesquels changent leurs cou-
leurs verdes en blanches, lorsqu'elles
sont prestes de rendre leurs fruits.
Aussi plusieurs arbres se hâtent de
fleurir quand ils sentent cesser leur
vertu végétative et naturelle. Une telle
oonsidération m'a fait souvenir qu'il
est escrit : que l'on se donne garde d'a-
buser des dons de Dieu, et de cacher
le talent en terre : aussi est escrit que
le fol celant sa folie vaut mieux que le
sage celant son sçavoir. C'est donques
chose Juste et raisonnable quechascun
s'efforce de multiplier le talent qu'il a
receu de Dieu, suyvant son comman-
dement. P^rqnoy Je me suis efforcé
de mettre en lumière les choses qu'il
a pieu à Dieu me faire entendre, selon
la mesure qu'il luy a pieu me départir,
afin de profiter à la postérité. »
On trouve dans cet ouvrage les trai-
tés suivants : \* Des eaux et fontaines,
Palissy y réfute les idées erronées que
Tantlquilé nous avait transmises sur
la formation des fontaines et des ri-
▼ières, et expose avec une grande net-
teté la théorie adoptée par la science
moderne; il indique un moyen simple
et facile de faire sourdre des sources
d'eau vive dans les terrains les plus
arides, « en ensuyvant le formulaire
du souverain fontalnier; » il pressent
même nos puits artésiens, et l'on pour-
rait presque lui en attribuer la dé-
couverte.
2» Du mascaret qui s*engendre au
fleuve de Dourdongne, en la Guienne,
L'explication que Palissy donne de ce
phénomène n'est sans doute pas heu-
reuse, mais, dans Tétat des connais-
sances, elle semblait la plus plausible.
Z^Des métaux et alchimie. Ce traité
est dirigé contre ceux qui cherchent
» la multiplication, génération et aug-
mentation f des métaux. » Palissy ne
donna Jamais dans les billevesées des
alehimistes. 11 en avait trop appris,
non dans les livres^ ni à la hâte, mats
avec un grand labeur, en anatomisant
la matrice de la terre, pour se laisser
prendre à des chimères. Selon loi, dès
lors que Dieu créa la terre, « Il mist en
icelle toutes les substances qui y sont
et qui y seront. Les matières miné-
rales ne sont pas tellement mortes,
dit-il, qu'ellesn'enfantentet prodolsenl
de degré en degré choses plus excel-
lentes, c'est-à-dire que les matières
minérales sont entremeslées et Incon-
nues parmy les eaux, en la matrice de
la terre, ainsi que toute humaine créa-
ture et brutale est engendrée sous es-
pèce d'eau en sa formation : et estant
entremeslées parmy les eaux, il y a
quelque matière supresme qui attire
les autres qui sont de sa nature pour
se former. » Le principe de l'attraction
universelle, que Newton formula un
siècle plus tard, ne pouvait être plus
clairement énoncé. Palissy a, en outre,
presque devancé le grand physicien
dans sa théorie des couleurs, il n'avait
plus qu'un pas à faire. « J'ay plusieurs
fois admiré, dit-il, les couleurs qui sont
esdites coquilles, et n'ay peu compren-
dre la cause d'icelles : toutefois enfin
J'ay considéré que la cause de l'arc cé-
leste n'estoit sinon d'autant que le so-
leil passe directement au travers des
piuyes qui sont opposites de l'aspect
du soleil, etc. » Pour expliquer la for-
mation des corps en général, tant or-
ganiques qu'inorganiques, il imagina
un cinquième élément qu'il appelle
eau de sel, eau essencive, congela tive
et générative. Le rôle de cet élément
dans la nature lui assignerait, selon
iui,la première place. « Quand tu auras
bien examiné toutes choses par les ef-
fets du feu [c'est-à-dire du destructeur
par excellence, comme il l'appelle] ta
trouveras mon dire véritable, et me
confesseras que le commencement et
origine de toutes choses naturelles est
eau : l'eau générative de la semence
humaine et brutale n'est pas eau com-
mune; l'eau qui cause la germination
de tons arbres et plantes, n'est pas
PAL
— m
PAL
eau commone, et combien que nal ar-
bre, ny plante^ ny nature humaine, ny
brutale, ne sçauroit vivre sans i'ayde
de Teau commune, si est-ce que parmy
ioeUe, il y en a une autre germ {native,
qpngélative, sans laquelle nulle chose
ne pourroit dire Je suis. » La science
n'a pas confirmé cette ingénieuse sup-
position; mais en rompant avec la
▼teille erreur des quatre éléments, Pa-
Ifssy n'ouvrait-il pas le chemin à la
▼érité? Le principe de l'attraction mo-
léculaire ne se dégage-t-il pas naturel-
lement de ce cinquième élément dont
les fonctions semblent identiques ? Pa-
Ussy émet, en outre, dans ce traité,
des Idées très-saines sur la formation
des cristaux, sur les pétrifications, et
enfin sur le^ tremblements de terre
qu'il attribue à la force expansive de
la vapeur, etc., etc.
A^Del'or potable. Dans ce petit traité,
fauteur réfiite l'opinion des alchimis-
tes qui prétendent que l'or est « le plus
parfait de tous les alimens. » 11 avait
déjà abordé cette question dans son pre-
mier ouvrée, en 1563.
5» Du mitridat, ou thériaque. Pa-
llssy prouve par les meilleures raisons
rincertitude d'un remède composé de
300 simples, et l'impossibilité radicale
d'en connaître les effets. La médecine
n'a été que trop longtemps infatuée de
ees erreurs.
ۥ Des glaces. Contre l'opinion de
ceux qui prétendent que les glaces que
charrient les rivières , se formept au
fond de leur lit; question encore dé-
battue de nos Jours.
T Des sels divers. Palissy prend la
dénomination de sel dans le sens le plus
étendu. Il le définit « un corps fi^e^ pal-
pable etconnen en son particulier, con-
servateur et générateur de toutes cho-
ses, et en autruy, comme es bois et en
toutesespèces déplantes etminéraux ; »
Il y a autafit de diverses espèces de sels
qifU y en a de saveurs et d'odeurs; il
décrit le rôle des sels d^ns la nature
et dans les arts ; il établit que les cen-
dres, les ftumiers, les marne?, les cal-
caires ne sont engtals que par les sels
qu'ils contiennent. L'expérience acon-
flrmé la plupart de ses assertions.
%*Dusel commun. Exposition claire
et méthodique des procédés usités aux
Iles delà Saintongepour obtenir le sel.
<)• Des pierres. Dans ce traité, Pa-
lissy prouve que « ceux qui disent que
les pierres sont formées dès la création
du monde errent, et que ceux qui disent
qu'elles croissent errent, » car,ajoute-
t-il plus loin, « les pierres n'ont point
d'ame végétative, mais insensible ; par
quoy elles ne peuvent croistre par ac-
tion végétative, mais par une augmen-
tation congélative [Juxtaposition].» Il
émet des idées neuves sur la cristalli-
sation, sur les pétrifications, et au sen-
timent du grand Cuvier, il pose le pre-
mier fondement de la géologie moderne
par son explication Judicieuse des fos-
siles, devançant ainsi la science de plus
de deux siècles!
1 0» Des terres d'argile. Y a-t-il un
moyen de reconnaître leurs diverses
qualités? Au témoignage de notre ar-
tiste, a l'homme qui besongne de l'art
de terre, est toujours apprentif. d
1 1» De l'art de terre, de son utilité,
des esmaucp et du feu. On espérerait
trouver dans ce traité des renseigne-
ments précieux sur l'art que notre ar-
tiste a, pour ainsi dire, porté à la per-
fection; mais il n'en est rien : il se con-
tente de nous raconter les nombreuses
déceptions qui l'ont assailli dans le
cours de ses recherches. La nécessité
de pourvoir à son existence et à celle
de sa famille lui faisait un devoir de ne
pas divulguer de^ secrets qu'il avait
poursuivis à travers tant de ipisère. De
nos jours, on est parvenu à imiter sa
vaissellerusliqueavec un rare bonheur.
12» Pour trouver et connoistre la
terre nommée marne, de laquelle l'on
fume les champs infertiles, es pays et
régions pu elle est connue : chose de
grand poids et nécessaire à tous ceuas
qui possèdent héritages. Dans ce traité,
Palissy émet d'eAcellen^es idées sur le
sondage des terres. On y trouve, entre
autres, cet énoncé qui implique la théo-
rie des puits artésiens. Par tel moyen.
PAl.
— 96 —
PAL
dit-il à son interlocuieur^ eu forant la
coQCbe deroc^ (conpourroit trouver des
terres de marne^ voire des eaux pour
faire puils, lesquelles bien souvent
pourroient monter plus haut que le
lieu où la pointe de la tarière les aura
trouvées : et cela se pourra faire moyen-
nant qu'elles viennent de plus haut que
le fond du trou que lu auras fait. »
Suivent ces trois pièces: !<> Coppie
des escrits qui sont mis au dessouz
des choses merveilleuses que Tautcur
de ce livre a préparées, et mises par
ordre en son cabinet, pour prouver
toutes les choses contenues en ce livre :
parce qu'aucuns ne voudroyent croire,
afin d'asscurer ceux qui voudront pren-
dre la peine de les venir voir en son
cabinet, et les ayant veu, s'en iront
certains de toutes choses escritcs en ce
livre. — 2^* Extrait des sentences prin-
cipales contenues au présent livre, —
5» Explication des mots plus difficiles.
Les OEuvres de Palissy ont eu plu-
sieurs éditions. Celle de Robert Fouet,
1636, 2 vol. in-80, sous ce litre ; Le
moyen de devenir riche, etc. , ne mérite
pas qu'on s'y arrête. L'édition la plus
estimée et la plus eslimable est celle
que donnèrent Faujas de Saint-Fond et
Gobet, Paris, 1777, in-4, enrichie de
notes et de documents. M. P.-A. Cap,
dans sa nouvelle édit. des CEuvres com-
plètes de Bernard Palissy, accomp. de
notes et précéd. d'une notice histori-
que, Paris, Dubochet, 1844, in-8«(l),
reproche à ces éditeursd'avoirattribué
à tort à Palissy un opuscule publié à
Lyon, en i557,parPierre Brailller(2),
marchand apoth icaire, sous le titre : Dé-
claration des abus et ignorances des
médecins. Nous sommes tout à fait de
son sentiment. Un autre reproche qu'il
leur adresse, c'est d'avoir interverti
(1) M. Charles Read, dans ano intéressnnte é-
tade sur Palissy, considéré romme éTangéliste et
comne ècrîTain (Bullelin dcTIiist. du prolesUn-
tiiiM, T. I et II), reproche à celte édition de n'ê-
tre pas toujours correcte.
(3) Barbier croit reconnaître sons re pseudo-
nyme un Pierre Palissy, écrivain qui nous est
d'Ailleurs inconna. Ne serait-ce pas une erreur de
Dom qui Mira échiqipê au saTanl bibliographe?
l'ordre des divers traités dont se com-
posent les œuvres authentiques de Pa-
lissy.
Les dernières années de Palissy fu-
rent contristées par nos malheurs pu-
blics. Sincèrement religieux^ il n'était
pas homme à chercher, comme tant
d'autres, sa sûreté à l'abri d'une capi-
tulation de conscience. Quand la Ligue
se fut emparée de Paris, il fut arrêté
et Jeté à la Bastille (l 588). Sa vertu of-
fusquait un ancien ministre apostat,
Matthieu de Launoy, devenu un des
plus fougueux prédicateurs delà Ligue.
D'Aubigné, dans son Histoire, en rend
compte en ces termes. « Il y avoit lors
quelques prisonniers pour le fait de la
religion, desquels on voulut que [le duc
de Mayenne] solicitast la mort, comme
avolt fait lors des baricades le duc de
Guise son frère, en la personne des deux
sœurs filles de Sureau (Voy. Rade-
GONDB FOUCAULT), mais il refusa cet
ofOce, tant selon son naturel, que pour
avoir veu la réputation de son frère en
avoir esté tachée en un siècle désacous-
tumé aux bruslemens; pour marque de
quoi llestoitavenuàla mort de ces deux
que le peuple les trouvaut belles^ et on
vieillard tout blancaiant monté sur une
boutique pour s'escrier. Elles vont de-
vant Dieu, le peuple, au lieu de sauter
au colet de cet homme, respondit quel-
ques gémissemens. Launai, autrefois
ministre, et maintenant des Seize^so-
licltoit qu'on menast au spectacle pu-
blic le vieux Bernard, premier inven-
teur des potries excellentes ; mais le
duc fit prolonger son procès, et l'aage
de 90 ans qu'il avoit en fit l'office à la
bastille : encor ne puis-Je laisser aller
ce personnage sans vous dire comment
le Roi dernier mort lui aiant dit. Mon
bon homme, si vous ne vous accom-
modez pour le fait de la religion, je
suis contraint de vous laisser entre les
mains de mes ennemis; la response fut.
Sire, J'estois bien tout prest de donner
ma vie pour la gloire de Dieu; si c'eust
esté avec quelque regret, certes il se-
roit esteint en aiant oui prononcer à
mon grand Roi, Je suis contraint ; c'est
PAL
— \n -
1>AL
ce qoe vous et cenx qui vous contrai-
gnent ne pourrez jamais snrmoi, pour-
ce que je sai mourir (l). » Qui mort
scitf cogi nescit.
La mort arriva fort à propos pour
épargner un crime de plus à VEglise
triomphante. La noble vie de Palissy
s'éteignit^ dit-on, naturellement dans
les cachots de la Bastille. a£n ce mesme
an (1590), lit-on dans le Journal de
L'Estoile (qu'aucun des nombreux bio-
graphes de Palissy n'a eu soin de con-
sulter), mourust aux cachots de la bas-
tille de Bussi [Bussi-Leclerc, un des
Seize], maistre Bernard Palissi, pri-
sonnier pour la religion, aagé de qua-
tre-vingts ans; et mourust de misère,
nécessité et mauvais traitement, et avec
lui trois autres pauvres femmes dé-
tenues prisonnières pour la mesme
cause de religion, que la faim et la ver-
mine estranglèrent. Ce bon homme en
mourant me laissa une pierre qu'il
apeloit sa pierre philosophale, qu'il
assuroit estrc une teste de mort que
la longueur du temps a voit conver-
tie en pierre, avec une autre qui lui
servoit à travailler en ses ouvrages :
lesquelles deux pierres sont en mon ca-
binet, que J'aime et garde soigneuse-
ment eu mémoire de ce bon vieillard,
que j'ai aimé et soulagé en sa néces-
sité, non comme j'eusse bien voulu,
mais comme j'ai peu. La tante dece bon
homme, qui m'apportalesdites pierres,
s'estant retournée le lendemain voir
comme 11 seportoit, trouva qu'il estoit
mort; et lui dilBus^i que si elle le vou-
•
Jl) n^Aablgnè reproduit le fait, arec de légèrei
iantee, duu sa Gonression de Sancy. « Bfala
«Mcooler les hardiesses de ceax qui en fontpro»
fesriOB, qae direx-tous da paorre potier, M«Ber-
■ard, à qal le vesme Roy [Henri III, dans une
visite à la Bastille, le Si janT. 1588], parla m
joer en ceUe sorte : Mon bon homme, il y a 45
os qie vo«s estes an serrice de la reine ma
■èreel de moy (1545?) ; nous atons enduré que
WDsajei tasca en tostre religion parmy les feux
4t les maqsaeres : maintenant je suis tellement
fNtti par oeoi de Guise et mon peuple, qu'il
■^a fiUn nalgrè moy meUre en prison ces deux
fntret femmes et tous; elles seront demain
bnslèes («nés furent exécutées le S8 juin] et tous
i«ri, il ton 06 'vonseontertlssei. — Sire, ret-
pini Bmivd, lo codIô de Maoletrier tint hier
loit voir, qu'elle le trouverolt avec ses
chiens sur le rempart, où il Tavollfait
traisncr comme un chien qu'il estoit. »
Telle fut la fln de Palissy — dans la
capitale du monde civilisé, alors que
Rome y régnait en souveraine !
Palissy n'a pas joui de sa gloire; son
nom fut à peine connu de ses contem-
porains. Les erreurs qu'il avait com-
battues, lui survécurent et restèrent,
pendant près de deux siècles encore,
maltresses du terrain. Ce fut seulement
lorsque le Jour se fit dans le chaos des
sciences physiques, que son nom repa-
rut avec éclat dans le monde. A la voix
des Fonlenelle, des Buffon, des Réau-
mur, des Gueltard, et en général des
hommes les plus éminents du dernier
siècle (Voltaire excepté, qui a jugé Pa-
lissy sans le connaître), le savant, cou-
ronné de gloire, sortit de sa tombe.
L'âge moderne a fait revivre le grand
artiste. Mais Thomme dans Palissy est
encore plus estimable que l'artiste et
le savant. Au sentiment de M. Bron-
gniart, si Palissy fut remarquable en
science pour son temps, il le fut en cou-
rage pour tous les temps. « Je crois^
dit rillustre historien des arts cérami-
ques, que Palissy, par son travail per-
sévérant, par son courage moral qui
l'attache à sa religion et lui fait sup-
porter la persécution et mépriser la
mort, qui l'attache à ses recherches,
quoiqu'elles exigent de lui jusqu'au sa-
criflce de ses derniers meubles et de ses
vêtements, mérite d'être regardé com-
me le héros de notre art. » il fut plus
encore, il fut le martyr de sa foi.
de tostre part pour promettre la tie à ces deux
SQBors, si elles touloient tous donner chacune une
nuict. Elles ont respondn qu'encoreelles seroient
martyres de leur honneur commedeceini de Dieu.
Tous m'atex dit plusieurs fois que tous aties
pitié de moy, mais moy j'ay pitié de tous, qal
atex prononcé ces mots : j'y suis contraint : ee
n'est pas parler en roy. Ces filles et moy qui
avons part au royaume des Gienx, nous tous ap-
prendrons celangage royal, que lesGuisarls, tout
tosire peuple ny tous ne sauriex contraindre un
ce ters de Sénéque:On ne peut contraindre celui
qui sait mourir : Qui wtoriêoit, cogi nêtrU.
PAN
— 98 —
1»AN
PALMENTIER, de la Tille-Dieu-
d'Aunay en Poitou, victime des dra-
gonnades. Jarieu raconte dans ses
Lettres pastorales^ et il était générale-
ment bien informé, que ce généreux
confesseur résistait encore aux tour-
ments que les convertisseurs bottés lui
faisaient sonfifrlr, lorsque Tarchevéque
de Bordeaux, retournant de l'assemblée
générale du clergé et passant par là, y iut
redoubler leur fureur en leur repro-
chât de manquer de zèle. «N'y a-t-il
donc pas de feu dans la maison pour
chauffer ce vieux gofitteux? » s'écria- 1-
il. Ainsi stimulés, (es <}ragons arrachè-
rent de son lit le vieillard infirme et lui
appliquèrent une pelle rougie au feu
sous les pieds et sur les mains. Jurien
affirme, peut-on le croire? que l'arche-
vêque confortablement état)li dans la
maison du patient, riait de ses cris la-
mentables. La femme de Palmentier
voulut essayer de l'arracher d'entre les
mains des bourreaux, mais elle fut frap-
pée à coups de crosse de pistolet avec
tant de violence , qu'elle tomba éva-
nouie. Le pauvre vieillard promit à la
fln de se faire instruire; mais il ne
tarda pas à se rétracter, et la mort l'en-
leva, peu de Jours après, à des tor-
tures d'un autre genre.
PANDIN, nom d'une ancienne fa-
mille du Poitou, dont plusieurs bran-
ches professèrent la religion réformée.
L Branche de Beauregard. Jean
Pandin, sieur de Beauregard et des
Paillandières, mort vers 1609, laissa
trois flis de son mariage avec Marie Du
Jau, savoir : Jean, qui suit ; Josias,
mort avant 1 636, et Gaspard, souche
de la branche des Jarriges.
JeanPandin, sieur des Paillandières,
pais de Beauregard, épousa, en 1591,
Marie Barhade, Il vivait encore en
1633 et était père de quatre flls, nom-
més Jean, Josu<, Gaspard et Josias.
Ce dernier mourut Jeune. On ne con-
naît pas la destinée du troisième, qui
était sieur des Loges. Josué fut l'au-
teur de la branche de Lussaudière.
Quant à Jean, U prit pour feoune, en
1628, Hilène U Coq, fille de Pateai
Le Coq et de Françoise de Saint-Ver-
tunien, et mourut avant 1670. Ses en-
fants furent : Pascal, qui suit; Jean,
sieurde Romefort, qui fonda la branche
de Narcillac ; Gaspard, sieur des Vaux ;
THÉODORE, sieur des Tessonnières,
tué h Sénef en 1674; François, sieur
des Martres, lieutenant au régiment
de la reine, et père de Jean, conseil-
ler au présidial de La Rochelle, qui
obtint, en 1 685, la permission dépas-
ser quelque temps à Paris, quoique
huguenot; Marie, femme de Dav^iVi de
Béckety sieur des Forgettes, dont elle
était veuve en 1674.
Pascal Pandin, sieur des Paillan-
dières, puis de Beauregard, fut élu, en
1674, par le synode de Marennes pour
député de la Saintonge au prochain sy-
node national, synode qui ne s'assem-
bla Jamais (iîrc^.^én.TT. 247). Ilépou-
sa, en i 663, Louise Le Masson, fille de
Jean Le Masson, sieur de Bessé, et de
Catherine Le Coq, qui était âgée d'une
cinquantaine d'années et veuve, lors-
qu'elle fut enfermée, en 1698, dans
le château d'Angoulème, non-seule-
ment pour avoir refusé obstinément
d'abjurer, mais parce qu'elle entre-
tenait une correspondance avec Jacob
Roussier, ancien ministre de Ville-
fagnan, qui desservait à cette époque
l'église française de Bommel {Itkd.U.
673). Pascal Pandin avait trouvé les
moyens de passer dans les pays étran-
gers (Ibid. Tt. 258); mais il avait dû
laisser en France sa femme et ses trois
flls, Jean, Alphéb et Gaspard, qui
moururent tous trois sans postérité.
IL Branche de Narcillac. Jean
Pandin, sieur de Boisgrand et de Ro-
mefort, épousa à Saint-Jean-d'Angély,
en 1670, QuéziaDu Sauvage, fille de
àamson, sieur de Romefort, et û'EU^
sabeth Gourlatier, Ses deux flis, Gas-
pard et Charles, ne quittèrent pas la
France à la révocation, mais ils res-
tèrent protestants, et protestants télés ;
en voici les preuves. En 1 745, un des
flls de Charles, nommé Jeau-Gas-
PARD (i)> fut exilé, aiRSt quê le sieur
(t) Ji8u-6upÉ)rd Pudta triU fhaÉkmn fierai.
PAN
— 99 —
PAN
Du Deffèndfk isiienesdesademenre^
parce qn'il avait assisté à des assem-
blées au désert {Arch, E. 5580)^ et
sonflls^ CHÂi^LBs-PiBRRBPandln, sieur
de Romefort, lieutenant colonel da ré-
giment d'Agéuois, fit célébrer dans la
chapelle de Hollande^ en 1786, soii
fluu'iage avec Marie-Adélaïde Pku-
fiau, d'une famille protestante du Poi-
tim (l)y qui avait donné des gages de
son attachement an protestantisme
{EtaicivH dePariSfChèp. de Hollande^
N» 97).
m. BRARCHB BB LUSSAUDlftBB. Joiué
Pandfn^ sieur de Lussaudière^ épousa^
en 1 640^ Gabrielle d'Auzy^ puis , en
I fiJ^^yAnneDesFrancSy fllledM&ra^m
Des Francs, sieur de Repeyroux^ et de
Crispe Chabot. Il mourut en 1672^
laissant du premier llt^ Gaspard, qui
soit, et PiBRRB, sieur de Peux. Ce
dernier eut de son mariage avec Marie
Le Coq, deux fils, Pierrb et Frarçois,
qui abjurèrent, et une fille, Marib-
JEAim b, qui fut élevée dans un couvent
parordredu roi, etqui devint, en 1 753,
la femme de Louis-César de Cler-
vanx, sieur de Saint-Christophe (2).
ihi second lit sortit Josoé, qui épousa,
en 1680, Anne- Aimée Tagot.
Gaspard Pandin, sieur Du Chail et
de Lnssaudière, épousa, en 1674, à
La Rochelle, Anne Brunet^ fille de Ni-
e(das Brunet, sieur de Lussaudière,
fhn foniBBM porté ï cfoire que c'est l'on d'eux
Si ifçnt, en 17S5, tar U dèDoncialion de Vhè-
e 40 MUen. l'ordre de renvoyer l'iostftntrlee
iii tnlànu (qiuliflée de prëdicanle), Hée\e$
dire élever daif lecaihoHciime [A rch.'B. 356S) .
(1) En 1701, U TeoYO FUunau et Catherine
fkmirië* firent enfeméet dans dei eoereili de
Pftrtlienay et de Peitien {Arek. B. U87).
(S) La famille de Cl^'rvaux profeiM auti la
rerifion protettante. Elle possédait les terres de
L'Hoonelière et dn Breoil-Garthays; or nou
tfmnMis, en 1701, une denoiselle de L'Bomu-
kk* el une dame Du Brtuil-C^rlhayt enlénnéei
Mir lettres de eaebet: la première aux N. G. de
IMtiert, la seconde à rU. G. de Loçon [Areh,
B.SBSl) ; et in demi-siècle encore pins tard, en
1759, Auguttinf Ckarlts et Jctué de CUr^euÊ^-
ii'VBoumelifre étaieni releons an collèfe de
Saint-Maixent pour y être élevés dans le cmioII-
eiSflM. Lenrt 4enx sœurs avaient passé huit an-
«Np tant à ru. G. de Poitiers qu'à TEnfanl^
séi 4a 8ai])t-M|isent. et avaient fini par le eo»-
v«Wj[JMf . tTsSM).
en partie, et ù'Anne Btoussard. En
1681, il ftit arrêté avec si^ femme,
Benjaminde Chauffepié,s\em de L'Isle,
ministre à La Motte- Saint-Héraye,
EUe Priokauj^ son collègue, PtVrre Ba-
din, ancien de la même église, comme
coupable du cfime de séduction et
d'induction exercé sur sa servante
Lottise Méhée, Le t|6utenant-général
de Saint-Malxent condamna les deux
époux solidairement à 1 50 livres d'a-
mende, interdit Chauflèpiéet ordonna
la démolition du temple. Les accusés
interjetèrent appel de ce Jugement,
ainsi que l'Eglise représentée par I^ooc
Ferrugau, et de son côté, le procureur
général en appela à minimâ. Le par-
lement, réformant la sentence, con-
damna Louise Méhée, pour contraven-
tion à l'édit du 25 Juin 1 680 , à l'a-
mende honorable et au bannissement
perpétuel, réduisit l'amende dont Du
Chail avait été frappé, à 50 liv.; ren-
voya Prioleau de la plainte, et sursit
au Jugement de Chauffepié Jusqu'à sa
comparution aux pieds de la cour. La
démolition du temple fut naturellement
maintenue. Il parait qu'à la révocation
de l'édit de Nantes, Du Chail faibUt
comme tant d'autres, mais que le re-
mords se fit sentir plus tard, et qu'il
se disposait à fuir dans les pays étran-
gers, lorsqu'il fut arrêté avec toute sa
famille au commencement de 1700(1).
(1) Celte date suffit pour le distinguer d'un ti-
tre Du Chailf de Fontenay, dont Benoft raeonte
ahisl la fkote et la réparation. Dn Gbati aval!
ehangé de religion pour obtenir la main d'ineri*
ebe héritière, nommée |fart« Cardia. Lemariaoe
eonsommé, comme il n*avait abjuré que des lè-
vres, il s'appliqua ï, convertir sa femme et il y
réussit ; mais la crainte des peines portées oontre
les relaps l'empècba longtemps de rentrer ouver-
tement dans l'Eglise protestante. Etant tombé ma-
lade en 1678, il n'hésita plus. H manda le pai-
teur Painy de Fontenay, abjura entre ses mains el
fit sa déclaration au ju^dn lien. Cette démàrehe
l'exposa à de grandes tracasseries, el lorsqu'il
mourut, en 16S0, peu s*en laliutqu'on ne lut ap-
pliquit les dispositions delà déclaration du ISmais
1679. Sa femme, qui l'avait soigné avec un admi-
rable dévouement pendant sa maladie, abjura Uea-
tôt après sa morl. Oq lui enleva ses enfants, q«i
furent mis entre les mains des Jésuites, el sa aèra^
lélée eaUiolique, ladésbériu. On finit méoie Mr
la jeter en prison; mais elleréusii à en foMDr
Meoldl après. Une impradenee la conpiMiil II
PAJN
— 100
PAN
Ifut enfermé dans lechftteau de Nantes,
son fils Jean fut envoyé an collège de
Poitiers, et ses deux filles, A.nnb-Marib
et ANGÉLIQUE, mises à TUnlon chré- '
tienne de Poitiers {Arch, E. 3586).
L'une d'elles était convertie en 1704
{Ibid.E. 3555). Sa sœur suivit peut-
être son exemple ; mais leur frère réus-
sit à passer en Hollande et entra au
service des Etats-Généraux. En 1722,
il épousa à Haëstricht Marie de La
Vierre, fille d'Abraham de La VierrCy
du pays de Gex, capitaine au service
du roi de Prusse, et de Judith Bas-
senge ; mais quelque temps après, il
rentra en France, et fut mis en posses-
sion de ses biens, après avoir abjuré.
Il mourut à Lussaudièreenl7'Sl,père
de sept enfants, qui furent probable-
ment élevés dans la religion romaine.
lY. Branche des Jarriges. Gaspard
Pandin, sieur des Marlots, laissa un
fils, nommé Josias, qui épousa, en
1625, Esther Picquet. De ce mariage
naquit Joseph Pandin, sieur des Jar-
riges, qui appr(l le métier des armes
sous Turenne et qui s'était élevé au
grade de capitaine, lorsque l'édit de
Nantes fut révoqué. Il alla olTrlr son
épée à rélecteur de Brandebourg qui
l'admit dans ses troupes en lui conser-
vant son grade. Les services qu'il ren-
dit lui méritèrent le brevet de colonel en
1704. Ilfutmariédeuxfois,lapremière
avec Françoise Boileau, la seconde
avec Marie de Motel, de Metz. C'est
de son second mariage que naquit à
Berlin, le 13 nov. 1706, Philippe-
Joseph Pandin, grand chancelier du
roi de Prusse et ministre d'état.
Le Jeune Pandin fit ses humanités
QOnTeaa. Un de ses parents, gagné par les Catho-
liques, ayant feint de Tooloir se contertir, elle
Itti fit donner par Lorite des lettres de recom-
mandation poar la Hollande et lui obtint d'une
demoiselle Geherl l'argent nécessaire pour son
Toyage ; mais le misérable les dénonça tous trois,
etil"** Du Gbail, décrétée de prise de corps, n'eut
qM le temps de fuir en Angleterre, en 1681. Elle
fil assez heureuse pour pouvoir emmener avec
elle cinq de ses enfants. L'atné resta en France.
n aat peut-être le même que Uiohel-Elie'Genay
D» Chail, de Fonteiiay,qui fut enfermé à la Bas-
tille «a 1711.
au collège de Joachim, qa il quitta, en
1722, pour aller suivre les cours de
droit à l'université de Halle. Ses études
terminées^ il aspira aux emplois pu-
blics, et il obtint, en 1727, la place
d'assesseur au tribunal criminel. Le 9
mai de l'année suivante, il épousa la
fllle d'un ministre réfugié, Marie- Anne
de VignoUsy qui ne lui apporta en dot
que sa beauté et son esprit; néanmoins
ce mariage Ût sa fortune, car sa jeune
femme lui gagna la protection du se-
crétaire intime Eichel, le favori du roi
de Prusse. Son avancement fut rapide.
Conseiller au tribunal français de ré-
vision, en 1729; conseiller du consis-
toire supérieur français, en 1735;
directeur de la justice supérieure fran-
çaise, en 1740; conseiller privé de
cour, en 1748, Des Jarriges fut enfin
élevé, en 1 755, à la dignité de grand
chancelier et nommé, en même temps,
ministre d'état et de la guerre. Il se
montra digne de cette haute fortune,
en poursuivant avec succès l'œuvre
difficile de la réforme de la justice en-
treprise par son prédécesseur Coccéji.
Il mourut le 9 nov. 1770, avec la ré-
putation d'un homme profondément
versé dans la science du droit, singu-
lièrement habile dans le maniement
desalTaires, et d'une intégrité parfaite.
En 1 73 1 , bien qu'il n'eût à cet honneur
aucun titre sérieux, la Société royale
de Berlin se l'élait associé et l'avait
nommé son secrétaire. Médiocre phi-
losophe et plus médiocre littérateur, il
n'a publié qu'un Examen du spino-
sisme et des objections de Bayle contre
ce système, ins. dans les Mémoires de
l'Acad. de Berlin (1745).
On sait que Des Jarriges laissa
des enfants; il est donc permis de
regarder comme un de ses descendants
Charles Pandin, rédacteur de divers
journaux lillérairesct auteur ûeBruch-
stUch einer Reise durch das sudliche
Frankreich, Spanien und Portugal,
Leipz., 1810 [1809], in-80.
PANIER (Paris), docte juriscon-
sulte et avocat au parlement de Dole^
natif de Cornière près de Salins, mar-
PAN
— 101 —
PAP
tyr en 1554. La publication des pla*
cards de Gliarles-Quint ayant amené
an redoublement de la persécution en
Francbe-Comf é, beaucoup de gens sus-
pects de luthéranisme s'enruirent; un
plus grand nombre fureni emprisonnés.
Parmi ces derniers se faisait remarquer
l'avocat Panier qui^ à peine âgé de 23
ans , « estoit parvenu non seulement
d'estre au rang des premiers hommes
de lettres de son pays, mais aussi entre
les jurisconsultes renommez à cause de
sa science et éloquence. » Ses juges au-
raient voulu le sauver^ mais Tintrépide
jeune homme refusa « de fleschir en la
vérité »> et le parlement le condamna
à mort. 11 eut la tête tranchée^ après
avoir vu brûler ses livres sous ses yeux^
le 7 avr. 1554. — Deux ans plus tard,
on Antoine Panier, d'Uzès, réfugié à
Genève, y obtint les droits de bour-
geoisie.
PANISSAULT (Jean de), gentil-
homme des environs de Bergerac, pa-
rait pour la première fois sur la scène
de Tbistoire en 1584; il servait alors
sous Langoiran, En 1 593, nous le re-
trouvons, sous les ordres de Matignon,
an siège de Blaye, commandant un ré-
giment. Comme c'était un homme actif,
courageux et entreprenant, La Force
Jeta les yeux sur lui, lorsque le gouver-
nement français eut besoin d'un agent
auprès des Maures d'Espagne. Panis-
sauit se rendit à Valence, en 1 603, dé-
guisé en marchand, et assista à l'as-
semblée de Toga, où se réunirent les
principaux chefs des Morisques, qui
s'engagèrent à mettre sur pied quatre-
vingt mille hommes, à livrer à La Force
trois villes, dont un port, et à lui payer
120,000 ducats. Muni de cette pro-
messe et des plans de tous les passages
par oh Tarmée devait passer et qu'il
avait eu soin de lever, Panissault re-
vint en France, mais Henri IV renonça
à ses projets.
Depuis cette époque jusqu'à l'année
t62l ,nous ne nous souvenons pas d'a-
voir rencontré le nom de Pan 1 ssault dans
le cours de nos recherches. A cette der-
nière date, il était maréchal de camp
dans les troupes du duc de La Force,
qui, pensant l'attacher par la reconnais-
sance à la Cause, lui donna la lieute-
nance générale de la Basse-Guienne.
Panissault ne se servit du pouvoir qui
lui fut confié, que pour trahir son parti.
Il fit tout ce qui dépendait de lui pour
décourager les habitants de Bergerac
et les détourner de se défendre. Il y
réussit, et lorsque ses menées curent
contraint La Force à sortir de la ville,
il poussa la perfidie jusqu'à avertir le
roi du chemin qu'il avait pris. Le vieux
guerrier n'échappa qu'avec peine à la
poursuite des royalistes.
PANTIN(N.), orfèvre de Rouen, s'é-
tant présenté pour faire chef-d'œuvre,
en 1665, le parlement défendit de le
recevoir, lui ou tout autre de la R. P. R.
Même défense fut faite, dans le même
temps, au corps des merciers au sujet
d'un nommé Maillard. C'était violer
ouvertement un arrêt du Conseil, rendu
le 28 juin de la même année, à la sol-
licitation de Colbert, qui voyait avec
chagrin l'industrie française déchoir
rapidement par suite de l'émigration
des meilleurs ouvriers. Mais les par-
lements se souciaient médiocrement de
la prospérité des manufactures, pourvu
qu'ils fissent leur cour au roi en l'ai-
dant à extirper l'hérésie. Cette fois
pourtant Colbert l'emporta. Pantin s'é-
tant pourvu au Conseil, y obtint un ar-
rêt qui cassa celui du parlement, en
lui ordonnant de juger conformément
aux ordonnances.
PAPE (Gaspard), sieur de Saint-
AuBAN, appelé par quelques historiens
Albert , s'était déjà distingué par sa
bravoure dans les guerres d'Italie, oh
il avait servi sous Montluc, et il venait
d'être nommé par le comte de Tende
gouverneur de Barcelonne, lorsqu'il
embrassa la religion réformée pour la-
quelle il montra un grand zèle. 11 sou-
tint de tout son pouvoir François de
Saifit'Paul, l'apélre de la Réforme à
Montélimar. En 1562, il contribua
plus que personne à la prise de Barjols,
qui se rendit, le 7 mars, aux comtes
de CruisoleX de Tende. Bientôt après.
I
PAP
— loa —
PAP
à rapp«l de Gondé, il se mit en route
pour Orléans avec les forces du Lan-
guedoc et de la Provence. Arrêté un
instant devant YiHefrancbe, il emporta
la ville avec le secours des capitaines
Moreau , Baron et Vertis , que Des
Adrets lui envoya à la tête de quelques
troupes. Arrivé dans le Bourbonnais^
après une inutile tentative pour se
saisir de Moulins, il fut rejoint par le
sieur de Follet ei l'avocat Claude Bris-
sotif qui payèrent de leur vie leur
courte campagne. Au mois de décem-
bre> Condé^ à qui on ne cessait de
représenter combien les cruautés dé
Des Adrets faisaient de tort an partf^
choisit Saint-Auban^ pour le remplacer
dans le commandement en chef du
Dauphiné. Nous avons raconté ailleurs
{Voy, II, p. 117) comment Gaspard
Pape fut fait prisonnier prèstie Tarare;
et comment ses provisions de gouyef-
l^eur-général envoyées à Des Adrets
déterminèrent la défection dece fameux
capitaine.
Sainl-Aubannetardapasàétremlsen
liberté, mais il dutlaisser sonfllsen oti^
ge.llestprobablequ^onlui imposa com-
mecondilion de ne plus porter les armes
contrôle roi ; c'est ainsi que nous nous
expliquons le silence gardé par les his-
toriens sur son compte jusqu'à la iOp
de la guerre. Après la conclusion de
la paix, Grussol le mit pour gouver^
neur à Orangé, avec ordre de contrain-
dre par la force des armes les Catho-
liques duComtat Venaissii^ à respecter
l'édit de pacification. Saint-Aubanleur
enleva coup sur coup Gigondas, Saint-
André-des-Ramères , Malaucène, Le
Barroux, Bédouin, où il mit pour gour
vemeur Jean Stoard^e4jheminadeSf
Mormoiron, Kontaux , Entraigues,
Villedleu et soixante-dix ou quatre-
vingts villes ou villages clos de mo-
railles, en sorte que les protestants se
virent un instant les maîtres de tout le
Comtat, Avignon, Carpentras, L'Ile
et Yaison exceptés. Sainl-Aubaii re*
tourna ensuite à Orange pour complé-
ter le parlement en rempiaçapt lé p^é-
sMeat PsÊtfMk, ^i avait été déoa-
Site, les conseillers Gabfid Ssnard et
ean Pelet et l'avocat-général Sspr%t
Baussenc, qui s'étalent faits minis-
tres (ce dernier moo^nt, en 1 597, pas^
teur a Courtezon). Après avoir pour-
vu à leur reiQplacement, il fit enregis-
trer l'édit de pacification donnée. a
Bruxelles, le 26 août 1563, par Guil^
iâume d'OrangCi et passa dans le Dao-
phiné, mais il en revint, peu de temps
après, pour relever lés fortifloatloôs
d'Orange.
En 1 565 , il était de nouveau daop
le Dauphiné; nous supposons au moins
que c'est lulqui bani^it, àçette époque^
lamesse de.Nions. Etapt allé, en 1567,
au secours des habitants de Mpntpellief,
il fut tué à l'attaque du fort Saint-
Pierre. De son o^arlage avec Blanche
de Poitiers^ célébré en 1545, étaiei|t
nés qufitre fils nommés Hector , Ja^
QUES, Pierre et Georges, et au moinn
une fille, mariée ap sieur de Brous-
salkes , dont les généaiogistes ne pai»>
lent pas. Ils ne nous apprennent neâ
plus aucune circonstance de la yiedef
deux fils cadets; selonAubaïs, l'un d'eu
Ijnt tué, le 2 fév. 1 574, près d^ Sérir
gnan. Qnf^nt à l'alné, ils se contentf^l
de rapporter qu'il fut capitaine de oai^
cbevau-légfirs, et mourut sans enfanif.
Ne serait-il pas i46|Btique avec le ^i^
gneur de Saini-Aubany gouverneurs^
Viviers, qui, à la conclusion de. If
paix de 1568, ayant refusé de ren4ce
la place — en se fondant sur ce quel|
garnison d'Aniane venait d'égoiifér
le ministre du lieu avec sa femme ef
ses enfants, et celle du PontrSaiaIr
Esprit de chasser les Prote^tanis 4»
la ville, au mépris de l'édit de paçi(|t
cation, — fut assiégé, pris le i 7 maitOt
livré au parlement de Toulouse, qui lui
fltirancberlatéte?
Jacques, appelé Jean dans le Diot^df
la Noblesse, est mieux connu. L^
meilleurs historiens l'ont confondii
avec son père, erreur que nous avons
évitée; mais il. n'esi pas aussi faejile
de le distii^guer de ses frères. Il fut
élevé page dans la nuison de, î'ainlril
de (iMi§ni^g sous qiil il apprit le
PAP
— 103 —
PAP
kier des armes, il était près do béros^
lorsqu'il fat blessé par Haarevel. Un
des premiers^ il se précipita pour ar-
rêter l'assassin^ qui eut le temps de
s'échapper, pendant qu'on enfonçait la
porte. Averti que Maurevel fnyait du
eôté de la porte Saint- Antoine^ il se
mit à sa poursuite avec le sieur de
Seré; mais il dut s'arrêter à Corbeil^
ie meurtrier ayant trouvé un asile dans
un château fort du voisinage. Il revint
donc à Paris auprès de l'amiral. Dans
la nuit de la Sainl-Barthélemy , il fut,
arrêté^ mené à la Conciergerie^ inter-
rogé sur le prétendu complot de Coli-
gny, et il ne racheta sa vie que par une
al^uration feinte.
lis en liberté^ il se hâta de retour-
ner dans le Dauphiné, où nous le re-
tronvons, dès 1 573, guerroyant sous
les ordres de Montbrun. En 1574, il
s'empara du château de La Roche-sur-
lê-Bols^ que son frère^ qui y fut bles-
séj avait manqué l'année précédente^
par la lenteur du capitaine Marin Vi-
tal. Par commission du 12 sept. 1577^
le roi de Navarre le nomma gouver-
neur du Comtat Venaissin. C'est en
celte qualité qu'il déposa le capitaine
ferrier, gouverneur de Menerbes, dont
Il déjoua ainsi les projets de trahison
(Voy. V, p. 93), et qu'il fit arrêter son
secrétaire Fustéri, de Grignan, qui
aijora bient6t après. Les Catholiques
déeonœrtés par ces mesures énergi-
qnes et désespérant d'emporter la ville
de vive force, convertirent le siège en
Mocus. Menerbes pourtant ne se ren-
dit que le 9 déc. 1578, après une hé-
roïque défense de quinze mois et demi.
Saint-AntMin et la garnison se retirè-
rent avec tous les honneurs de la guerre.
L'année suivante, il fut, du côté des
Huguenots, un des négociateurs du
tnité de paix conclu avec les sujets
du pape. Tranquille de ce côté, il alla
combattre dans le Dauphiné, où il pa-
ndt être resté Jusqu'en 1586, époque
oh ChdtiUon, nommé gouverneur du
Bouergue^ l'emmena dans celte pro-
viDce et lui donna le commandement
de llilliaa. Henacédans cette ville par
Joyeuse, Sainl-Auban ^ui fit dire qu'41
ne s'embarrassât pas d'artillerie, qu^il
lui ferait la brèche aussi large qu'il
pourrait la désirer. Le chef ligueur
passa outre. Peu de temps après, les
habitants, mécontents de Cbâtiilôn
SVoy. m, p. 407), résolurent de se
ébarrasser de son lieutenant. S'il faut
en croire Saint-Auban, ils avaient com-
ploté de l'égorger pendant qu'il assis-
terait au prêche, mais le jour même où
le complot devait éclater, une entre-
prise militaire l'appela hors de îa ville.
A son retour, il en trouva les por^s
fermées. Il alla donc rejoindre Chàtiî-
lon, qu'il accompagna dans son voyage
en Lorraine et dans sa brillante re-
traite après la capitulation de l'armée
étrangère. Il se retira ensuite en Dau-
phiné. Depuis celte époque, les histo-
riens ne donnent plus sur lui aucun
détail, mais les généalogistes not^s ap-
prennent qu'il fit son testament, le 15
janv. 1594. Il avait épousé, en 1573,
Lucrèce de Perèa ou Perets^ fille aînée
de la princesse de Saleme (i), et en
avait eu un fils. Ce fils, nommé Gut,
sieur de Saint-Auban et baron de Sa-
hune, n'a Joué, à notre connaissance,
aucun rôle important dans les affaires
des églises (2). £n 1613, il était gei^
tllhomme ordinaire de la chambre 4u
roi, qui lui donna une pension de
2,000 liv. U testa en 1650. De son ma-
riage, contracté en 1604, avec Mobile
ou Marie Des Massues-d'Urre, fille de
François Des Massues-d'Urre, sieur
(i) Françoite iê PUmen, née tn lft41, «l?ft^
Tant encore en 15S6, était Teave de Philippe de
Perett, dont elle aTaitdeax fliles, Lucrèce et N.,
mariée, en 1586, à Françoit d'Airihaudautt,
lonqa'elleépoosa en secondes nocei Ferdinand de
San-Severino, prince de Salerne.
(3) Noos n'atons rencontré son nom que deai
fois. En 1619, il appnja la deinâride prèienléeato
Synode de PriTat ^Archinard aonom das Prtf-
iMtantfl da Comtat, tendant à leur permettre 4b
former une assemblée provinciale distincte, le Sy-
node les renvoya k nne assemblée politique, (|(of
avait setile le poavoir de prononcer dans ce eti .
En 1615, il porta, ayee le ministre de Nit ns Per-
riUf devant rAssemi)léepolitiqae de Greooble, les
plaintes des Protestants d'Orange an sujet « des
Oppressions* qn'ils snbfssaientdepàisquelaprin»
elpanié avait été remise entre les mains dnpriote
d'Orange (Fofula de Brientu, N<> 9SS).
PAP
— 104 —
PAP
de Vercoiran^ et de Justine Du Ptiy-
Monibrun, naquirent François, mort
jeune ; Jbàn-Louis^ sieur de A'ercoi-
ran, mestre-de-camp d'an régiment
d'infanterie, qui ne fut point marié;
GuTy sieur de Sahnne, capitaine, en
1628, mestrede-camp, en 1632, qui
fil les guerres d'Italie en 1635, et
mourut célibataire; Gaspard, sieur de
Saint-Auban et de Sainte-Eupbémie,
qui commanda les régiments de Snliy
et de Lesdiguières, et testa en 1 658,
ayant eu de son union (1644) avec
Blanche de Périssol, fille de Samson de
Périssol, président au parlement du
Daupbiné, quatre fils, nommés Got,
Samson, Jacques et Laurent. Guy et
Laurent moururent sans avoir été ma-
riés. Samson, sieur de Saint-Auban,
épousa, en 1 67 1, dans l'église de Cha-
renton, Elisabeth de Massanes, qui le
rendit père de Gut-Antoine, souche
de la branche française et catholique
éteinte en 1752. Jacques sortit de
France à la révocation et entra avec
le grade de lieutenant-colonel au ser-
vice d'Angleterre. Il épousa en Hol-
hinde Marie Anne de Âfassanes, dont
il eut Gut, marié à La Haye avec Char-
lotte de Wassenaer, et mort à la fleur
de l'âge, le 9 juill. 1727, ayant une
fille unique, Marianne-Sophib-Théo-
DORB, née le 9 juill. 1724, et femme
de Philippe-Maurice Didier-de-Bon-
eourt, capitaine de cavalerie au ser-
vice de Hollande, qui mourut, à l'âge
d'environ 37 ans, le 22 déc. 1749, la
laissant veuve avec deux filles.
Afin de ne point couper cette généa-
logie, nous avons difTéré de parler des
Mémoires que Jacques Pape a laissés.
0 ne parait pas qu'ils soient arrivés
complets jusqu'à nous. Dans ses Preu-
ves de l'histoire de l'illustre maison
de Coligny (Paris, 1662, in-fol.). Du
Bouchet en a publié deux fragments
qui contiennent des particularités in-
téressantes sur les dangers que Saint-
Auban courut à la Saint-Barthélémy,
et des détails très-circonstanciés et
très-curieux sur les entreprises mi-
litaires et la retraite hardie de ChA-
tlUon pendant les années 1586 et 87.
Ces deux fragments ont été réimpr.
dans la collection Petitot (T. 43, 1"
série), et dans le Panthéon littéraire.
On en trouve un troisième morceau
dans le T. II desMémoiresdela Ligue,
sous ce titre : Mémoires de ce qui s'est
passé en Dauphiné depuis le mois d^a-
vril jusqu'au vingtièrme de décembre
1587. C'est là, croyons-nous, tout ce
qui en a été publié.
PAPILLON (Antoine), ou Papi-
&on, homme instruit et ami d'Erasme,
fut, avec Michel d'Arande, aumônier
de Marguerite de Valois, et deux né-
gociants de Lyon, Antoine Du Blet et
Vaugris, un des premiers et des plus
actifs propagateurs de la Réforme non-
seulement dans le Lyonnais, mais dans
le Dauphiné, où il se rendit sur les in-
stances de Maigret. La reine Margue-
rite, à la demande de qui il traduisit
l'ouvrage de Luther Sur les vœux mo-
nastiques, le protégea efficacement con-
tre les attaques de la Sorbonne et lai
fit obtenir la charge de maître des re-
quêtes du dauphin. Nous ne connais-
sons aucune autre particularité de sa
vie. Serait-il le même qiï Antoine Pa-
pillon, du Bourbonnais, reçu bourgeois
de Genève, le I3janv. 1556? En tout
cas, on ne saurait le confondre avec An-
toine Papillon, sieur de Sources, se-
cond fils de Nicolas Papillon, sieur de
Vauberant en Touraine, et de Marie
Prévost, qui épousa, selon une généa-
logie msc. faisant partie du vol. 39 du
Fonds St-Magloire, Jeanne de Forquiè-
res, et en secondes noces, Anne de
L'Escale, fille de Sylvius- César de
L'Escale, et bien moins encore avec ce
valet de chambre de Henri lY dont L'Es-
telle parle comme d'un homme a de
discours et d'entendement, mais très-
avare, » qui mourut, le 21 nov. 1608,
du chagrin que lui causa le refus du
roi de lui racheter dcuxcofTresde cris-
tal dont il avait fait emplette à Venise
avec l'espoir de les lui revendre, non
sans un beau bénéfice. Ce dernier, né
vers 1552, s'appelait Thomas et était
avocat au parlement de Paris. Il M
PAP
— 105 -
PAP
enlerré aa cimetière des SS. Pères
(Reg. de Charenton),
Selon la généalogie en question^ An-
toine Papillon, sieur de Sources, n'eut
ga'un fils, nommé Samuel, de son pre-
mier mariage ; mais sa seconde femme
lui donna quatre enfants, dont deux
fliles : SusANNB, mariée à Pierre de La
Taste, et Jeannb, femme d'Antoine de
CarbovcU, en Gascogne, et deux fils :
Jean et Joseph, sur qui elle ne nous
fournit aucun renseignement (l).
Samuel Papillon, sieur de Sources,
pais de Vaui>erant, par son mariage
avec Polyxène Papillon, sa cousine,
qu'il prit pour femme en J 608> épousa
en secondes noces Marie de Coutance^
fllle de Jeande Coulance^ sieur de Mail-
lârdiëre, et de Marie Du Plcssis, Du
premier lit vinrent Nicolas et Susan-
ne; do second, Marie, née en 1630;
ScsANNB, née en 1 631 ; Renée, née en
1632; Françoise et ANi>(E,nées jumel-
les eni 653; Catherine, née en 1 634 ;
Samuel^ né en 1635.
Peut-être pourrait-on rattacher à
eelte famille Tavocat Papillon, ancien
de réglise de Paris, «homme pétulant
et en réputation d'ètrechaud et brouil-
ton, p selon le rapport d'un agent de
la police (Suppl. franc. 791. l). Tel
notre avocat se montra, en effet, lors
delà déplorable querelle entre Alexan-
dre Morus et le consistoire deCharen-
ton. En 1679, le synode provincial de
nie-de-France l'avait choisi pour re-
ceveur de la province en remplacement
de Le Noble décédé. Le 1 0 nov. 1 685,
il fut exilé comme tous ses collègues et
envoyé à Avranches. Il mourut peu de
temps après, âgé d'environ 70 ans. Sa
veuve réussit à passer dans les pays
étrangers avec ses enfants (SuppL
franc. 791. 2). En 1689, Anne-Marie
Papillon, sa fille sans doute, épousa
W. Turner dans l'église française de
Londres. Depuis longtemps la Grande-
Bretagne avait déjà offert un asile à une
(1) NoDs eonoaissoDS bien an Jean PapiltoUf
«iear des Roches, qai fut ministre à Dieppe ^ers
1860 ; mtis éridemmeat il n'es! pas le fils d'An-
BifUloo.
T. VIIL
autre famille du même nom, dont des-
cendait David Papillon, auteur de The
vanity of the lives and passions of
men, Lond., 1651, in-8«>.
PAPIN (Anne), demoiselle de Pons,
enfermée dans le couvent de celle ville,
avec Marianne Dangirard, et deux
autres jeunes filles, nommées Bollon
et Rabotteau, pour y être élevées dans
les doctrines de TEglise romaine. Après
avoir épuisé les promesses, les me-
naces, les récompenses et tous les
genres de séduction, les religieuses
eurent recours aux plus odieux iraile-
ments, se flattant de vaincre à la fin
ce qu'elles appelaient l'opiniâtreté de
ces obstinées hérétiques. Résolues de
persévérer à tout prix dans leur re-
ligion, les quatre victimes d'un impi-
toyable fanatisme, voulurent essayer
de se soustraire par la fuite à ces
persécutrices acharnées. L'entreprise
était difficile; voici comment elles s'y
prirent pour la mettre à exécution.
Le 18 nov. 1716, Marianne Dangirard
feignit , en se promenant le soir dans
la cour du couvent, d'éprouver un vio-
lent mai de dents. Elle alla dans la
cuisine demander du sel à une sœur
converse, et s'empara adroitement du
trousseau de clefs qui pendait à un
chenet. Elle le remit à Anne Papin
qui, plus courageuse, s'était chargée
de diriger Tévasion. La nuit était des
plus sombres. A peine hors du cou-
vent, les quatre fugitives s'égarèrent.
Ay£^t erré pendant près de trois heu-
res dans les champs, elles arrivèrent
à un village dont toutes les portes se
fermèrent devant elles. Cependant, à
force de prières, elles obtinrent d'un
paysan un asile pour le reste de la
nuit. Le lendemain elles se séparè-
rent. Tandis que ses trois amies se fi-
rent conduire chez le sieur Faure, qui
demeurait à Thézac, Anne Papin se
rendit chez sa mère à Saint-Sorbier-
de-Conac. Peu de temps après, elle se
maria, ainsi que Marianne Dangirard^
l'une au lieutenant Elie Merlal, l'au-
tre à Louis Basset, riche marchand
de Ghadenac. Mais les religieuses de
PAP
— 406 —
PAP
Pons n'entendaient pas abandonner
leur proie. Elles accusèrent de séduc-
tion et d'enlèvement les deux époux.
Le 8 mars 1717^ les deux malheu-
reuses femmes furent réintégrées dans
le couvent, quoiqu'elles fussent en-
ceintes, et l'intendant de La Rochelle
fut chargé d'Informer. L'affaire pafnt
assez grave pour être portée devant le
roi ; mais le régent la renvoya au par-
lement de Bordeaux. Le chagrin d'être
séparée de son mari et les mauvais
traitements qu'eiie eut à essuyer^ dé-
terminèrent une fausse couche chez
Anne Papin, ce qui n'empêcha pas
les gens du roi de la faire transférer k
Bordeaux avec sa compagne. Cette
dernière, alors enceinte de huit moisi,
obtint cependant la permission de de-
meurer dans une maison particulièfe.
Enes furent acquittées Tune et l'autre
et rendues à leurs époux. Quelques
années plus tard, elles n'auraient pas
trouvé la même indulgence.
PAiPtN (Denis), savant physicien,
à qui Ton doit la première application
utile qui ait été faite de la force mo-
trice de la vapetir, naquit à Blois^ le
22 août 1647, et mourut, vraisembla-
blement en Allemagne, vers 1714.
Sa famille était protestante. S6n
père, Denis Papin , receveur général,
et ancien de Tégllse, est auteur d'im
Ecrit publié, en 1660, chez Fr. de La
Saugère. Le jeune Papin fut destiné à
suivre la cûrricre que son oncle Ni-
colas Papm avait parcourue avccfiuel-
que réputation. A cette époiiue, l'art
de guérir ne formait pas .<cul le do-
maine de la médecine; les sciences
physiques en faisaieût partie, et ce fut
de ce côté que Papin dirigea de pré-
férence ses éludes. Il prit le gi ade de
docteur. Dès ses premiers pas, la for-
tune parut lui sourire. Le célèbre
Huyghenji, que Colbcrf avait attiré à
Paris, se livrait à des expériences de
physique dans les bdtiments de la Bi-
bliothèque du roi, où il avait été logé.
Papin lui fut présenté pour l'aider
dans ses travaux^ et le savant boltan-
itais Vlàgf^. « J'avais ai<n^ fhotmeikr^
écrit Papin (ActaEruditorum, 1688),
de vivre dans la Bibliothèque du roi et
d'aider M. Huyghens dans un grand
nombre de ses otpérlences. J'avalB
beaucoup à faire avec la machine des-
tinée à lever des poids considérables
au moyen de la poudre à canon. J'en
fis l'essai, quand on la présenta à
H. Colbert. » Un pareil début semblait
promettre quelque avenir, mais les
misères de l'exil, auxquelles Papin ^
condamna par attachement à sa reli-
gion, firent évanouir ces belles espé-
rances. En 1674, prarui le premier de
ses écrits. L'auteur apportait quelques
perfectionnements à la machine pneo-
matlque d'Otto de Guericke. Ce livre
fut, dit-on, bien accueilli dans te
monde savant. L'anftée suivante, Pâ-
pln passa en Angleterre. L'illustre
Bobert Boyié, chez qui il se présenta^
rend compte, dans un de ses ouvrages,
des relatlônè qu'il eui aVec lui. Paptn
lui ayant téhioigné \t désrr de se livrer
à quelques expériences , Boyle s'em-
pressa de mettre son laboratoire à sa
disposition. Sa conflance ne fut pas
troinpée. Il reconnaît que plusieurs de
ses expériéhees lui appartiennent en
(>ropre. « Plusieurs des machines dont
nous faisions usagé, telles que la ma-
chine pneumatique à dèh^ corps de
pompe et le fusil à vent^ étalent, dit-il,
de son Invention et en partie fabri-
quées pat* lui. » Ce fut sur la proposi-
tion de rilluslrc savant que Papin fut
reçu membre de la Société royale de
Londres, le 16 déc. 1680. Il reconntil
cet honneur en dédiant à ses nouveaux
collègues, h la date du 20 Janvier
1681, son livre intlt. Nouveau Di-
'jesleur. Celle machine de son inven-
tion est plus connue sous ic nom de
mrtrm/fce/c/*«pm.Elleconsislaitenun
vaisseau dé cuivre ou de fer, hermé-
tiquement fermé par un couvercle de
métal fixé par des via de pression et
munid'unesoupTtpe. Comme 11 n'y avait
aucune perte de calorique, les viandes
étaient cuites prouiptcmenl et à peu
de frais. De nos jours, en a ciierelié
à faire revivre cette machiitë, sdus le
PAP
— 107 —
PAP
nom d'autoclave, en y apportant quel-
ques perrectionnements. On voit dans
te marmite de Papin ia première ap-
plication qni ait été faite d'une sou-
pape de sûreté. L'auteur, il est vrai ^
n'en comprenait pas encore toute l'im-
portance; il ne l'avait imaginée que
pour se rendre compte de la manière
dont son pot-au-feu se comportait^
e'est-A-dire du degré approximatif de
ctttsson; mais ce n'en était pas moins
une idée ingénieuse^ destinée à Jouer
mi rôle très-important dans d'autres
oonditions.
Appelé à Venise par le chevalier
Sarotti, fondateur de l'Acad. des scien-
ces naturelles de cette ville, Papin
accepta ses offres et quitta l'Angleterre
ters la fin d'avril 1681. Il revit, en
passant par Paris , son premier pro-
tecteur Huyghens, qne les persécu-
tions religieuses devaient bientôt éloi-
gner de France. A celte époque, notre
savant compatriote n'avait pas encore
perdu son droit de cité dans sa patrie,
et l'Académie des sciences put lui faire
cette gracieuseté de rendre compte,
(lendant son séjour, d'expériences fai-
tes avec le Digesteur. Quelques années
plus tard , elle n'osa même plus pro-
noncer le nom de i'illustre coupable.
«On peut regarder comme une singu-
tarlté, remarque H. Arago, que l'Acad.
dès sciences de Paris n'ait point nom-
mé Papin l'un de ses associés. » Mais
bien loin d'être une singularité, c'é-
tait plutôt la règle quand il s'agissaitde
Réfugiés , et je ne sache pas une seule
exception, tant que vécut Louis MV.
Cependant nous devons dire que, le
4 mars 1699, l'abbé Gallois le choisit
pour son correspondant (l).
A l'époque de son départ pour l'Ita-
lie remonterait — si nos renseigne-
(1) S'U faolen croire l'abbé Rozier. — Le litre
4e eomsspondunt de rAcadémie des sciences n'a
élè établi que p^iT une ordonnance de 1753. A.
répoque dont nous parlons, chaque membre choi-
ibsaitHOn correspondant, et le choix était con-
tniè par l' Académie. Cet»! par erreur que Tau-
km de l'article du ilaga>in pittoresque fait mourir
fabbé Gallois ea avril 1699^ il ne mourut que
Ib 19 aTTÎl 170f , et l'on à lieu de s'éton.cr que,
' ^ te loiif Mp«ce de léMi^, le nMi de ^a«
ments sont exacts — un traité msc.
de Papin , Des opérations sans douleur,
1681, récemment découvert en Alle-
magne. Ce traité prouverait que notre
savant physicien n'avait pas complè-
tement renoncé aux sciences médica-
les proprement dites. Après trois an-
nées environ passées à Venise, Papin
se décida à retourner à Londres , en
1684. Son départ lui avait fait perdre
le titre de membre titulaire de la So-
ciété royale; mais, par une décision
du 8 mars 1681, il en était resté
membre honoraire. Ses anciens collè-
gues lui Ûrent bon accueil et ratta-
chèrent à leur corps en qualité de
praticien. Ils le chargèrent en même
temps de tenir au net leur correspon-
dance, en lui allouant pour ce travail
une modique rétribution de 750 fr. (l ).
Ce n'était guère généreux; mais l'a-
mour de la science est en soi une ri-
chesse qui peutcompenser bien des pri-
vations. Papin poursuivit avec ardeur
le cours de ses travaux. Notre notice
bibliographique fera connaître celles de
ses expériences dont il a consigné les
résultats dans les journaux savants de
l'époque. En 1687, il présenta à la
Société royale le modèle d'une ma-
chine destinée à transporter au loin
la force des rivières au moyen d'un
appareil à deux corps de pompe, dont
les pistons, mis en mouvement par
une chute d'eau, faisaient le vide dans
un long tube métallique, a C'était, dit
M. Cap, à qui nous empruntons ces
détails (L'illustration, 1852), la pre-
mière application industrielle de la
machine pneumatique à double effet
dont il était l'inventeur. Celte idée
portait en germe le prmcipe de nos
chemins atmosphériques actuels. »
Cependant le résultat ne répondit pas
à son attente ; les calculs de la théorie
pin ne soit pt^s même mentionné, a Depuis l'an-
née 1686, dit .M. Reber (Le<; hommes illustres de
rOrleanais) , l'Académie des sciences, qui jus-
que-là avait suivi atec intérêt les traTanx de
Papin, avait ceiisé de s'en occuper, et l'on ne
trouve plus qu'une fois le nom de Papin daus le
Journal de Savants. >
(1) Seaen poumdi Un ghiUingtj pftr irimes^e.
Séance du 23 juin 1684. >'
PAP
108 —
PAP
sont le plus souvent déjoués dans l'ap-
plication ; nos plus précieuses décou-
vertes ne sont dues qu'à d'beureux
hasards.
Quoique entouré de la considération
des premiers savants de l'Angleterre^
Papin n'était pas heureux^ il avait
souvent à lutter avec Tindigence. Etre
embrasé du feu sacré et se sentir at-
taché au sol par les dures nécessités
de la vie, n'est-ce pas le supplice de
Tantale? Le landgrave Charles de
Hesse^ prince éciairé, lui fit offrir la
chaire de mathématiques et de physi-
que expérimentale à l'université de
Marbourg. 11 l'accepta. Le 23 nov.
1687^ il informa la Société royale de
sa résolution. Comme témoignage de
gratitude^ la Société décida, à la date
du 14 déc. qu'on lui ferait hom-
mage de quatre exemplaires de l'His-
toire des Poissons.
Papin arriva à Marbourg au com-
mencement de l'année 1688 (i). Les
exigences de son cours — qu'il faisait
quatre fois par semaine^ « ce qui est
beaucoup^ dit-il dans une lettre à ses
anciens collègues de la Société royale
(29 août), pour quelqu'un qui n'est pas
habitué à de semblables occupations, »
— ne lui permirent pas de se livrer,
comme il l'aurait voulu^ à ses expé-
riences. Cependantii ne resta pas inac-
tif; les Actes de Leipzig en font foi.
Non-seulement l'électeur encourageait
ses travaux, mais il y prenait une part
active. On appliqua avec succès à Cas-
sel la machine hydraulique de son in-
vention, connue sous le nom de Pompe
de Hesse,et dont il a donné la descrip-
tion dans les Actes de Leipzig de 1 689,
(1) Cette date, adoptée par tons les biographes
de Papin, ne t'accorde pas avec ce que dit M. le
conseiller de Rommel, dans sa brochure Zar 6es-
ehiehte der (ranzôsischen Colonien inHessen-Cas-
lel (Gassei, 1857, io-8o). Lenis Papin se serait
rendu à Hesse-Gassel avec sa famille dès 1685.
et c'est dès l'année suivante qu'il aurait été
Bommé professeur à runîversité de Marbourg.
Son beau-frère Paul Papin ^tl sa lanie, la reuve
de NieoUu Papin j aura ent vécu avec lui. Les
IrtTaux de Papin, dont il est parlé dans les
Transactionf philosophiques, ne permettent pas
fedopter cet dates.
sons le titre : Rotatilis suctor et pres-
sor hassiacus. Cette machine était de^
tinée à alimenter un canal entre Cassel
et Carlshaven sur le Weser. On parle
aussi d'une expérience qu'il fit sur la
Fulda avec un bateau plongeant. La
paternité ne l'aveuglait pas. 11 sentait
mieux que personne l'imperfection des
résultats auxquels il était arrivé. Il était
sans cesse à la recherche de nouveaux
moyens pour opérer le vide. Tout à
coup la lumière se fit dans son esprit,
il venait de comprendre toute la puis-
sance d'expansion de la vapeur : cette
simple idée allait changer le monde.
Nous rapporterons ses propres paroles.
Après avoir parlé de ses essais, jus-
qu'alors impuissants, pour produire le
vide dans un corps de pompe au moyen
delà poudre à canon, « aliâ igitur via,
continue-t-il, Ûnem eumdem assequi
conatus sum : quumque ea sit aquœ
proprietaSy ut exigua ipsius quantilas
vi coloris in vapores conversa vim Aa-
beat elasticam instar ae^ris, superve-
niente autem frigore^in aquam iterum
ita resolvatur, ut nuUum dictœ vis
elasticœ vestigium remaneat : facile
credidi construi posse machinas, in
(]uibus, aquà mediante, calore non
valde intense, levibusque sumptibas,
perfectum illud vacuum efficeret, quod
pulveris pyrii ope nequaquam poterat
obtineri. » Après un énoncé aussi clair
et explicite, nos voisins d'outre-Man-
chc auraient bien mauvaise grâce de
réclamer la priorité de l'invention pour
leurs nationaux.
La découverte de Papin est consi-
gnée dans les Actes de Leipzig de 1 690,
sous le titre: iVot;a methodus ad vires
motrices levipretio comparaudas. Voi-
ci quelle était la machine qu'il propo-
sait. Un cylindre fermé par le bas et
ouvert par le haut est muni d'un pis-
ton qui peut se mouvoir dans toute sa
hauteur. On n'introduit ce piston dans
le cylindre qu'après y avoir versé une
petite quantité d'eau. Une ouverture
pratiquée sur un de ses côtés permet
à l'air intérieur de s'échapper. Lorsque
le piston touche l'eau par sa face in-
PAP
— 109 —
PAP
férienre, on ferme cette ouvertare au
moyen d'une tige et Ton met le Feu sons
le cylindre. L'eau arrive bientôt à une
température telle que la tension maxi-
mum delà vapeur surmonte la pression
atmosphérique ; et alors le piston, plus
fortement pressé sur sa face inférieure
que sur sa face supérieure, monte jus-
qu'au haut du cylindre. Si Ton retient
le piston dans cette position au moyen
d'un cliquet que l'on introduit dans une
échancrure de la tige dont il est parlé
plus haut, et qu'en même temps on
éloigne le feu, la vapeur se condensera
par le refroidissement, et lorsqu'on re-
tirera le cliquet, le piston redescendra
sous Taction de la pression atmosphé-
rique. Une corde flxée au piston et glis-
sant sur des poulies, transmettra le
mouvement obtenu, et pourra soule-
ver des poids considérables. La même
quantité d'eau permettrait de renouve-
ler l'opération autant de fois que l'on
voudrait. Cette machine fut essayée en
petit par Papin (i); elle était sans doute
bien imparfaite; mais l'idée n'en a pas
moins été l'idée mère de toutes les mer-
veilles enfantées depuis. Papin lui-
même en comprit toute l'importance;
c il avait parfaitement bien vu, comme
le constate M. Arago, que le mouve-
ment de va-et-vient du piston dans le
corps de pompe pouvait recevoir d'au-
tres applications et devenir un moteur
universel. » Dansl'article citéplus haut,
Papin expose sommairement queiques-
mis des services qu'on pourrait obtenir
de la force nouvelle. « Il serait trop
(1) La machine atmosphériqoe de Neweomen
(1705) n'éUit qae la realigalion de l'idée de
npin. Loi-même l'appliqaa à Cassel sur ane
inade échelle. C'est ce que l'on Toit par une
leMie au S' Fr. Slare, du collège des médecins,
fii est reprodttiie dans les Transactions philo-
MfhJques de 1705. c Je tous dirai, lui marqae-
l-Ûy que noosavonsfait ici atanirhiter [par con-
léqMot en 1704] de très- belles expériences sar
cette matière [la force d'expansion de la Tapeur].
Une aTonsèleTé l'eau k une hauteur de 70 pieds,
far nn moyen très-facile, et qui cependant peut
•More être beaucoup perfectionné. Gomme Son
SxeeUence désirait assister à de noutelles expé-
riiDees, on laissa trop longtemps séjourner la ma-
cUm dans la riTière, de sorte qu'elle fut brisée
ptf toi sUees. •
long, dit-il, d'énumérer ici comment on
pourrait employer cette force pour ti-
rer des minières l'eau et le minerai,
pour lancer des globes de fer à une
très-grande distance, pour diriger les
vaisseaux contre le vent, et faire une
foule d'autres applications. — Je ferai
observer cependant, en passant, à com-
bien de titres une force motrice de cette
nature serait préférable à l'emploi des
rameurs ordinaires pour mouvoir les
vaisseaux en mer... Mais comme des
rames ordinaires seraient mues avee
moins de facilité par de semblables tu-
bes, il faudrait employer des rames
tournantes... 11 serait nécessaire seu-
lement que l'on adaptât trois ou qua-
tre tubes au même axe pour que son
mouvement fût continu. — Du reste,
un seul fourneau et un feu médiocre
suffiraient pour élever successivement
tous les pistons. » On ne pouvait être
plus explicite. Cette solution du plus
important des problèmes parut dans
un recueil connu de tous les savants,
et cependant la routine n'en continua
pas moins à trôner encore pendant plui
de trois quarts de siècle, c'est-à-dire
Jusqu'à l'immortel James Watt. Faire
entrer dans le monde des Idées nou-
velles^ c'est vouloir, disait Fontenelle,
enfoncer un coin par le gros bout.
« L'homme de génie, remarque M. Ara-
go, est toujours méconnu quand il de-
vance trop son siècle, dans quelque
genre que ce soit. » Quand la préven-
tion nous aveugle, le jour ne saurait
se faire à nos yeux, ou si nous voyons,
nous voyons trouble. Voici quelle est,
d'après riUustre académicien, la part
qui revient à Papin dans la découverte
de la machine à vapeur : c'est lui, dit-
il, qui a imaginé la première machine
à piston; c'est lui qui le premier a vu
que la vapeur d'eau fournit un moyen
simple de faire rapidement le vide
dans la capacité du corps de pompe,
et finalement c'est lui qui songea le
premier à combiner, dans une même
machine à feu, l'action de la force
élastique de la vapeur avec la pro-
priété dont cette vapeur Jouit et qu'il
PAP
— 110 —
PAP
a signalée, de se condenser par refroi-
dissement (Œuvres, Notices scientif.
T. II, ln-8o). Ajoulons que l'idée de
la i^oupape de sûreté lai appartient
également en propre, et que c'est lui
le premier qui (avant 1695), plus de
oèntans avant Fulton, appliqua la force
motrice de la vapeur à la navigation.
En un mot^ Papin fit jaillir la source
de ce fleuve majestueux^ qui, en des-
cendant le cours des âges, ira fertili-
ser le monde entier, voilà quels sont
ses titres, voilà sa gloire !
Notre savant eut un moment la pen-
sée d'abandonner le port oîi il venait
detrouver unasile.En 1 692, il retourna
à Londres où la Société royale lui avait
offert, dit- on, une position plus avan-
tageuse; mais le landgrave ne tarda pas
à le rappeler en lui augmentant son
traitement ; c'est ce que prouve une let-
tre de Papin conservée à la Bibl. de
i'univ. de Marbourg. Entouré de l'es-
time de ses collègues et honoré des en-
couragements du prince, l'illustre phy-
sicien aurait pu vivre heureux, quoique
sur la terre d'exil, car les savants ont
une patrie supérieure d'où ils défient
la tyrannie; mais il éprouva des per-
sécutions d'autant plus pénibles qu'el-
les lui vinrent de ceux-là mêmes de qui
il aurait dû attendre des consolations.
Les ministres de la religion seront-ils
toujours les derniers à comprendre la
charité, cette première vertu du chris-
tianisme? M. de Rommel nous apprend
qu'en 1 694 Papin fut frappé d'excom-
munication par le pr(*sbytenujn avec
toute sa famille. Quel était son crime?
On ne nous le dit pas (l ). Quoi qu'il on
soit, il fut très-sensible à cet anathè-
me fulminé contre lui, et il en appela
au Souverain. Déjà, dit-on, il avait pris
le parti de s'éloigner; il avait écrll
dans ce sens au Sénat académique en
le remerciant des bienfaits qu'il en a-
vait reçus et en sollicitant la restitu-
tion des sommes qu'il avait déposées à
(1) T>an< une lellre adressée par une commU-
sion extraordinaire du prenb^fterium aux membres
«eelési&itiqoef Marti» el Fonlaiiw, Papin était
•ccosè d'être un homme départi. Le Dresbylerium
était préside par le professeur vanoofs Gaatler.
la caisse des veuves (l). Le marfrtiF»
s'intéressa à cetteaffaire et recommanda
la concorde. De son côté, le Sénat aear
démlque, sous le rectorat de l'orienta-
liste Otto,nomma une commission char^
gée de réconcilier les deux parties. A la
fln, la réconciliation eut lieu et Papin
put participer à la communion , sans
être tenu de se rétracter.
Cette bourrasque heureusement pas-
sée, Papin reprit le cours de ses travaui
et de ses publications. En 1696, leland-
grave lui témoigna sa satisfaction en le
nommant conseiller ordinaire. «Denis
Papin, lit-on dans unenote intéressante
communiquée au Bulletin de l'hist. da
protost. franç.(i '«année), était souvent
appelé à Cassel par ses fonctions de con-
seiller, et le prince assistait habituel-
lement à ses expériences de physique
et do mécanique. Cela explique com-
ment, malgré l'élolgnement de son do-
micile ofBciel , il se trouvait l'un des
membres actifs de son église. » Voioi
en eCTet ce qu'on lit dans le prooès-Yerr
bal de la Compagnie des Anciens, rén-
nie sous la présidence du pasteur /ojy^
le 1 1 janv. 17 Oi, procès- verbal écrit et
signé de la main de Papin : a Le sleor
D. Papin a représenté que son beau-frè-
re, le sieur Paul Papin, qui était secré-
taire de la Compagnie, ayant eu des
raisons très-fortes pour se retirer dans
les pay^ étrangers, il avait laissé ladite
charge vacante, et qu'ainsi il était né-
cessaire d'élire on autre secrétaire. •«-«•
La Compagnie a procédé à rélectlon,
et la pluralité des voix est tombée ssr
ledit sieur DenisPapin, qui cxerçaitdé-
jh la charge par intérim. » — A partir
de ce jour, ajoute l'auteur de la note^
(1) Tiré des Ai'chiT. de l'univ. de MarbMrg,
où existent plusieurs lettres autographes d« Pa-
pin, en latin. I>ans sa lettre de démission. Papin
fait obserter \ ses rollègucs, nous apprend M. de
Rommel, qu'il emmène arec lui une famille |Nii-
vre que 1* Académie avait déjk eu Tintentioi de
tecoarir avant son mariage [ce qqi semble fn41-
quer quMI avait épousé, depuis son arrivée à Mar-
bourg, une Teuve chargée de famille], et qn^m
outre, son départ le pnvera de la pension ateor-
dée à la fi!le de feu M. de Ifa/tv^mf, dont il
avait été nommé curateur. Par t^ motifs, il prtftit
l'Académie de loi venfr en aide poor les IMa
de son voyage.
PAP
— i\\ —
PAP
Jusqu'en oct. 1 706, les procè^rverbau^
sont aUernativement rédigés par Denis
Papin et par le D^ Ferry,
Papin continua à remplir sa chaire
ï Uarbourg jusqu'en 1 707. La date de
1708, généralement adoptée, csl en
coulradiclion avec les faits que nous al-
lons rapporter. Une expérience mal-
heureuse qui coûta la vie à plusieurs
personnes, le força, dit-on, de donner
sa démission. Au fond, il était bien in-
Docent du malheur qui était arrivé. Le
margrave avait manifesté le désir d'as-
sister à répreuve qu'il devait faire d'un
canon à vapeur de son invention. Mal-
heureusement il ne se présenta pas à
l'heure fiiée pour l'expérience, et la
machine trop fortement cbauiïée fit ex-
plosion. Qui était le coupable ? N'était-
ce pas le margrave? Non, on s'en prit
à Papin et il fut sacrifié. Ecoutons l'é-
chevin de Francfort, UlTenbach, rendre
compte de cet événement dans une re-
lation de Voyage, en 1709. Il est vrai
qu'il ne fait que rapporter les paroles
de son cicérone, et que ce cicérone était
un des régents du collège Carolin, où
se faisaient les expériences de Papin.
« J'appris avec étonnement, écrit Uf-
fenbacb,que Papin était parti d'ici en
mauvaise renommée. Qn me le repré-
senta comme un hâbleur, un aventu-
rier, entreprenant sans expérience et
par pure spéculation cent choses di-
verses, au péril de sa propre existence
aussi bien que des jours du souverain.
Ses deux dernières entreprises, qui
l'ont fait partir de Cassel, étaient les
suivantes : d'abord il a prétendu navi-
guer avec un vaisseau sans rames, ni
voiles, et pourvu uniquement de roues,
non-seûlement sur la Fulda, mais en-
core sur la haute mer, car il voulait
se rendre ainsi en Angleterre; l'autre
etiapire, est qu'en voulant chargerûes
canons avec de l'eau au lieu de poudre,
U a failli causer un grand malheur : les
machines préparées à cet effet ayant fait
explosion, une grande partie del'ateller
aéié détruit, plusieurs hommes ont été
mortellement blessés, et S. A. elle-mê-
me, qui, seigneur très-curieux, vou-
lait toujourstout voir dans leplus ^ran4
détail, aurait immanquablement péri,
8| par hasard elle n'avait été retenue
pour affaires. » L'ignorante outrecui-
dance de M. le régent nous remet en
mémoire cet adage :
Si des rangs sortent qMiqaes bomnM,
Tous nous crions : A bas les fous i
On les persécute, on les lue,
Sauf, après un lent examen,
A leur dresser une statue.
Pour la gloire du genre hnmain.
Tel fut le sort de Papin, et il est proba-
ble qu'aujourd'hui Cassel tient à grand
honneur d'avoir vu les premiers essais
de ce fou illustre. Quant à la statue,
c'est sa ville natale qui s'est chargée
de la lui ériger (1851 ), et nous ne dou-
tons pas que l'évoque lui-méuie n'ait
présidé à la cérémonie. Les lumières
finissent toujours par percer les ténè-
bres, et la tolérance religieuse est aussi
une lumière ! Cette statue est due au
ciseau de M. Calmcls; ellea été exécu-
tée d'après un très-bon portrait à l'huile
qui appartient à l'université de Mar-
bourg, et qui a été grave par les soins
de 11. de La Saussaye.
Il nous reste à donner quelques dé-
tails sur la seconde des folies de notre
maître' fou, celle de faire marcher des
vaisseaux sans le secours de voiles et
de rames. Celte folie eut un plein suc-
cès. Quelques lettres de Papin (i), ré-
cemment découvertes en Allemagne
par M. le professeurKuhlmann, ne per-
mettent aucun doute à ce sujet. Sous
la date de Cassel, 7 juill. 1707, notre
savant écrivait à Leibnitz:« Monsieur,
vous savez qu'il y a longtemps que je
me plains d'avoir ici beaucoup d'enne-
mis trop puissants. Je prenais pour-
tant patience ; mais depuis peu j'ai
éprouvé leur animosité de telle manière
qu'il y aurait eu trop de témérité à moi
à oser vouloir demeurer plus longtemps
exposé à de tels dangers. Je suis per-
suadé pourtant que j'aurais obtenu jus-
tice si j'avais voulu faire un procès ;
mais je n'ai déjà fait perdre que trop
(1) Ces lettres ont été communiquées à TAcad.
des sciences par M. Arago, dans la séance da «•
mars iS53.
PAP
— H2 —
PAP
de temps à S. A. pour mes petites af-
faires, et il vaut bien mieux céder et
quitter la place que d'être trop souvent
obligé d'importuner un si grand prince.
Je lui ai doncprésenté une requête pour
le supplier très-humblement de m'ac-
corder la permission de me retirer en
Angleterre, et S. A. y a consenti avec
des circonstances qui font croire qu'elle
a encore, comme elle a toujours eu,
beaucoup plus de bonté pour moi que
je ne mérite. Une des raisons que j'ai
alléguées dans ma requête, c'est qu'il
est important que ma nouvelle con-
struction de bateaux soit mise à l'épreu-
ve dans un port de mer, comme Lon-
dres, où on pourra lui donner assez de
profondeurpour y appliquerla nouvelle
invention, qui, par le moyen du feu,
rendra un ou deux hommes capables
de faire plus d'etTet que plusieurs cen-
taines de rameurs. En effet, mon des-
sein est de faire le voyage dans ce même
bateau, dont j'ai déjà eu Thonneur de
vous parler autrefois, et l'on verra d'a-
bord que sur ce modèle il sera facile
d'en Taire d'autres, où la machine à feu
s'appliquera fort commodément. Mais
il se trouve une difficulté, c'est que ce
ne sont point les bateaux deCdssel qui
vont à Brème, et quand les marchan-
dises de Casscl sont arrivées à Mûn-
den, il faut les décharger dans des ba-
teaux qui descendent à Brème. J'en ai
été assuré par un batelier de Mùnden,
qui m'a dit qu'il Taut une permission
expresse pour faire parvenir un bateau
de la Fulda dans le Weser. Cela m*a
fait résoudre, monsieur, de prendre la
liberté d'avoir recours à vous pour cela.
Comme ceci est une affaire particulière
et sans conséquence pour le négoce, Je
suis persuadé que vous aurez la bonté
de me procurer ce qu'il faut pour faire
passer mon bateau à Mùnden, vu sur-
tout que vous m'avez déjà fait connaître
combien vous espérez de la machine à
feu pour les voilures par eau, etc. » —
Leibnitz, qui depuis des années était
en relation d'amitié avec Papin, s'em-
pressa de faire les démarches néces-
saires; mais par suite des lenteurs de
l'administration, l'autorisation se fit
attendre. Le i^^ août, Papin adressait
une nouvelle lettre au savant allemand
pour se plaindre de ces retards. En at-
tendant, il fit sur la Fulda l'essai de son
bateau. A la date du 1 5 sept ., il écrivait
à Leibnitz : « L'expérience de mon ba-
teau a été faite, et elle a réussi de la
manière que je l'espérais; la force da
courant de la rivière était si peu de
chose en comparaison de la force de
mes rames, qu'on avait de la peine à
reconnaître qu'il allât plus vite en des-
cendant qu'en montai^. Monseigneur
eut la bonté de me témoigner de la sa-
tisfaction d'avoir vu un si bon effet, et
je suis persuadé que si Dieu me fait la
grâce d'arriver heureusement à Lon-
dres, et d'y faire des vaisseaux de cette
construction qui aient assez de profon-
deur pour appliquer la machine à feu
à donner le mouvement aux rames. Je
suis persuadé, dis-je, que nous pour-
rons produire des effets qui paraîtront
incroyables à ceux qui ne les ont pas
vus (i ). » Il ajoutait par post-scriptum :
«JeviensderecevoirunelettredeMûQ-
den, d'une personne qui a parlé au ba\\\\
pour la permission de passer mon ba-
teau dans le Weser. Elle a eu pour ré-
ponse que c'est une chose impossible;
que les bateliers ne le veulent plus, par-
ce qu'ils ont payé une amende de cent
écus, et que la permission de Son Al-
tesse Electorale est nécessaire pour ce-
la.— Enfln je me vois en grand danger
qu après tant de peines et de dépenses
qui m'ont été causées par ce bateau,
il faudra que je l'abandonne et que le
public soit privé des avantages que
(1) M. Figuier (Hist. des princ. <îéc. scient.
mod., 1851) avance, nous ne savons sur quel
fondement, que Papin exécuta la machine de mm
bateau à vapeur d'après les idées (jju'il atail
èmiseî' dans son dernier écrit intitule Manière
pour lever Veau par la force du feu. Mais, se-
lon nous, rien ne le prouve, et dans rincertitode
il nous semble plus rationnel d'admetro qu'il ré-
solut le problème qu'il s'était proposé dii-sepl
ans auparavant, c'est-à-di.e qu'il demanda au jea
successif de pistons dans des cylindres le oioa-
vement de rotation dont il nvait besoin: neeesêê
foret ul Ira vel qualuor tuhi eidem axi a|»plt-
"arenlurf quo poêtet iptiui fnotus «l'ne tnter-
ruptione contitiuari.
PAP
— 113 —
PAP
J'aurais pa^ Dieu aidant^ iai procurer
par ce moyen. Je m'en consolerai pour-
tant^ voyant qu'il n'y a point demafau-
tC;, car je ne pourrais jamais imaginer
qu'un dessein comme celui-là dût
échouer, faute de permission. y> Ce fut
cependant ce qui arriva. Ne recevant
pas de réponse à sa requête, Papin se
décida à passer outre. Le 25 sept. 1 707^
il s'embarqua à Cassel et arriva à Miin-
dcn le même jour. Le Weser, formé de
la réunion de la Werra et de la Fulda^
devait le conduire à Brème où il se se-
rait embarqué avec son petit bâtiment.
Mais il avait trop bien auguré des hom-
mes grossiers auxquels il allait avoir
affaire. Les monopoles sont partout
sans c<£ur et sans entrailles ; que leur
importe l'intérêt général ? avant tout^
Ils \ealenl vivre, et l'amour du pro-
chain les tuerait. Un certain pressen-
timent de l'avenir entra sans doute pour
quelque chose dans la brutalité des ma-
riniers. Ils se demandèrent ce qu'allait
devenir leur industrie si les bateaux
marchaient tout seuls. Les mauvaises
passions ne sont jamais à court d'ar-
guments. Le bailli deMiinden, Zeuner,
écrivit à Leibnitz, sous la date du 27
sept. 1707, pour lui annoncer que « ce
pau\re homme de médecin » Papin
a avait eu le malheur de perdre sa pe-
tite machine d'un vaisseau à roues, les
bateliers ayant eu l'insolence de l'ar-
rêter et de le priver du fruit de ses pei-
nes, par lesquelles il pensait s'intro-
duire auprcsde la reine d'Angleterre. »
« Comme l'on ne m'avertit de cette vio-
lence, ajoute le bailli, qu'après que le
bonhomme fut parti, et qu'il ne s'était
point adressé à nous, mais au magis-
trat de la ville pour s'en plaindre, quoi-
que cette affaire fût de ma juridiction,
Yous voyez, Monsieur, qu'il n'était pas
en mon pouvoir d'y remédier. C'est
pourquoi je prends la liberté de vous
informer de ce fait, en cas que si cet
homme en voulût faire des plaintes à
Hanovre et à Cassel, vous soyez per-
suadé de la vérité, et de la brutalité de
ces gens-ci. » Peut-être jugera-t-on
avec nous que dans cette affaire l'élec-
teur de Hanovre fut encore plus cou-
pable que les bateliers de Miinden, car,
il n'avait pas, lui, de monopole à dé-
fendre, et ses devoirs de souverain, il
ne les a pas remplis. Rien ne prouve
que le malheureux exilé ait obtenu la
moindre réparation du dommage qui
lui avait été causé. Les petits ont rare-
ment raison, et à cette époque moins
que jamais. Papin se retira d'abord en
Hollande. C'est ce qui semble résulter
d'une lettre de Leibnitz : « Il y avait
dans votre cour, y lit-on, un savant ma-
thématicien et machiniste français,
nommé Papin, avec lequel j'échangeais
des lettres de temps en temps. Mais il
alla en Hollande et peut-être plus loin,
l'année passée. J'ai souhaité d'appren-
dre s'il est revenu ou s'il a quitté le
service, et s'est transporté en Angle-
terre comme il en avait le dessein. »Il
s'y rendit en effet, et retrouva proba- *
blement auprès de la Société royale son
ancienne position. La Société se mon-
tra-t-elle plus généreuse? Il ne parait
pas. Dans une lettre au secrétaire de la
Société, Sloane, qui lui avait demandé
le détail de ce qu'il avait fait depuis qu'il
avait été attaché à ce corps savant com-
me expérimenteuT y il répondait: «J'ai
résolu de négliger tous les autres
moyens de pourvoir à ma subsistance,
étant persuadé qu'il ne peut y avoir de
meilleure occupation que de travailler
pour la Société royale, puisque c'est la
même chose que de travailler pour le
bien public. Je vous en prie. Monsieur,
permettez-moi d'ajouter ici que, dans
l'Académie royale de Paris, il y a trois
pensionnaires pour la mécanique qui
ont chacun un très-bon salaire annuel;
et en outre qu'il y a d'habiles ouvriers
de toutes sortes, payés par le roi, qui
sont prêts, en tous temps, à exécuter
tout ceque ces pensionnaires comman-
dent. Prenez, s'il vous plaît, les Mé-
moires de l'Acad. roy. des sciences, et
voyez ce que ces trois pensionnaires
font chaque année, et comparez-le avec
ce que j'ai fait depuis sept mois. J'es-
père que vous trouverez que j'ai raison
de dire que j'ai fait autant qu'on peut
PAP
- H4
PAP
attendre da plus boimète bomme, avec
meë petites capacités et ma pénurie
d'argent (1 }. » Dans une autre lettre au
fnême, sous la date du 23iai>v. 17i2«
il lui disait ; a Certainement, Monsieur^
je suis dans une triste position, puis*
que, même f)n Taisant bien^ je soulève
des ennemis contre moi ; cependant,
malgré tout cela, je ne crains rien, parce
que jemeconQeau Dieu tout-puissant.»
tl'o^scuriié la plus complète couvre les
dernières années de i^otre illustre sa-
vant. Son indigence ne lui permit sans
doute pas de renouveler son expérience
de n^vigatiopàl^v^p^ur. ;il.Bannis(er
(Denis Papin, sa vie et ses écrits, Blois,
1 847, in-8o) suppose qu'il mourut vers
1714, en se foqdaût sur une lettre de
Leibnitz sans date, mais postérieure à
l'avènement de Georges l«r (\^' août
1714), dans laquelle le savant allemand
s'informe de lui (2). Mais il n'y a rien
de certain, tout ce qu'on peut ^mrmer,
o'est que ceui^ de ses biographes qui
adoptent la date de 1 7 1 0, sont dans l'er-
reur. Papin n'a malheureusement pas
joui de sa gloire; quelques savants, tels
queBoyle, Leihniiz, opt seuls su l'ap-
précier de son vivant. Son nom sem-
blait devoir être enseveli, comme tant
d'autres, dans l'oubli, lorsque M. Arago
eut la gloire de le faire revivre , non
pas, je suppose, par un esprit de per-
sonnalité nationale — la science voit de
plus haut^ — mais par un esprit de jus-
(i) Lettres inédites de Papin, Dublièes par
M. Bansen, prof, de physique k Vvmir. de Bur-
bODfg.
(3) « Y a-t-U donc longtemps que U. Papin est
de retour chez tous? J'avais pensé qu'il eut tout
à fait quitté, car je lo trouvais un peu rhaucelant;
et, encore K présent, sa lettre me parati être de ce
caractère, quoique eatrëroemeat générale. Il a un
mérite qui certainement n'est pas ordinaire; tous
le trouTerez, Monsieur, en le pratiquant, et ce ne
serait peut-être pas mal de le faire, pour toir m
peu à quoi il s'occupe, car il ne m'en dit mot. »
Si cette lettre date de 1714, U ne peut y avoir
de doute que Leibnilz ne parie du retour de Papin
en Allemagne. Ce serait donc dans la Hesse, et
non pas en Angleterre, comme oo l'adntet géié-
ralero<}nt, que Papin aurait flni ses jours. La
question nous semble facile àéclaircir au moyen
des registres de l'église de Gassel. Espérons que
le monanent qu'une réunion de saTants se prè-
piratl à tlff«r à ruioilre pbyiicifn, ne len pat
tjce. La France dans sa reconnaissance
as^ciera leurs noms. Pour juger sai-
nement Papin, il ne faut pas le séparer
des circonstances au milieu desquelles
il a vécu. C'est ce que remarque avec
raison M* Figuier. Apres avoir iouécoD-
venablement l'homme de génie, «11 est
juste néanmoins, ajoute- t-il, de recon-
naître que> dans ses travaux, Papin a
souvent manqué de suite. Son esprit
procédait par sauts et comme par bou-
tades. U découvrait des faits épars d'une
haute importance et ne savait pas trou-
ver le lien propre à les rattacher en fais-
ceau ; il établissait de grands principes
et se montrait inhabile à en déduire les
conséquences, même les plus rappro-
chées. . . Cependant les circonstances de
la viede Papin expliquent suffisamment
ce défaut. Si son existence se fût écou-
lée calme et honorée dans sa patrie, s'il
eût vécu entouré d'aides intelligents, de
constructeurs et d'ouvriers, s'il eût
goûté quelque temps les loisirs et la li-
berté d'esprit qui sont nécessaires à
l'exécution des longs travaux scienti-
fiques, il est probable que l'on n'au-
rait pits à défendre sa mémoire contre
de tels reproches; la postérité qui ne
connaît qu*un coin de son génie,aurait
alors possédé Papin tout entier. »
On doit à Papin :
1. Expériences du vuide, avec la
description des mcichines servant à les
faire, Paris, 1674, in-4o. — Expé-
riences faites eous la direction de
indéfiniment ajourné. On lit dans le Magasla pit-
toresque : « Vers la fin de 1847, on ayalt va-
Doncé une publication qui, sous le titre : La vie
et les écrits de Denis Papin, devait rendre à ta
mémoire l'hommage le pins complet et le phit
digne. Bile dcTait se composer de deux partiM,
repférmaat, la première, une nouvelle édition de
tontes ses œuvres imprimées, devenues aujour-
d'hui si rares ; la seconde, ses écrits encore iné-
dits et sa biographie. Les documents tout à fait
peuveaux, destinés à cette seconde partie, aTaienl
été recueillis en Angleterre, en Bollande, en Al-
lemagne en France et en Italie^ par les soins de
MM. Bannister,ei-procureur géneralde la NoaT«l-
le-Cralles du sud ; Bunsen, qui occupe à Marbosrg
la chaire illustrée par Papin ; £nke, et de ^
Saussaye, membre de TAcad. des Inscriptions.
La première partie était déjà sous presse, lorsque
survinrent UÂ èvéDements de 1848 : on eesM de
tr»Taill«r à cette ttUle pubUeeMoa. »
PAP
— H5 —
PAP
flnygtaens. Il en ett rendu compte dans
les Transactions pbilos. de 1675^ et
dans le Journal des savants de 1 676.
II. The new Digestor, or Engine
for the softeràng of bones, with a
Description of its make and use ,
Lond., 1681, in-40; et en franc, sons
ce titre : La manière d'amollir les os^
et de faire cuire toutes sortes de
viandes en peu de temps et à peu de
frais, avec une description de la ma-
ekine dont il faut se serinrà cet effet,
Paris, Estienne Michallet, 1 682, in-l 2,
pp. 175; angm.,Anist., 1688, in-i2;
réirapr. dans le N» VI. — a L'on trou-
vera dans ce petit livre, lit-on dans le
Journal des savants, une infinité de
remarques curieuses et singulières :
on fit à l'Aead. des sciences de Paris,
en 1681, l'épreuve de la machine de
M. Papin, et en moins de deux heures
les os furent amollis et le suc qui en
était sorti se convertit en gelée. » Dans
Pédlt. d'Amsterdam, Papin donne dee
détails sur son séjour à Venise.
m. A continuation ofthe new Di"
gestor of bones, etc., Lond., 1687,
iD-i<>. — Description de perfectionne-
ments apportés au Digesteur.
IV. Argumenta quceéam et expéri-
menta nova circa antliam pneumati-
eam facta partim in AngUâ, partira
m Italiâ, Lond., 1687, in-40.
V. Dissertatio matkem, de mathe-
Sêos objeeto, divisione, modo versmndi
circa oèjectum ae fine, Marburg. , 1 680,
ln-4».
VI. Recueil de diverses pièces tou-
chant quelques nouvelles machines,
Cassel, J. Estienne, 1695, in-12, pp.
160, flgg.; trad. en latin sous ce titre:
Fasciculus dissert ationum de ruwis
quihusdam machinis àtque aliis ar-
gumentisphilosophids, Marburgii Got-
tomm, 1695, pet. in-8*, flg. — On
trouve, entre autres, dans ce recueil la
description de la Pompe de Hesse,
destinée à alimenter d'eau le canal qui
devait unir Cassel à Garlshaven, et la
description d'un bateau à vapeur brisé
par la maladresse des ouvriers on vou-
bnl le lancer sur la Fulda.
VII. Manière powr lever t$au p&r
la force du feu, Cassel, 1 707, pet. in»
80, fig.; et en latin sous ce titre : Ars
nova ad aquam ignis adminicuh effi-
eacissimè etevandam, Francof., 1 707,
in- 80. — « La nouvelle machine à va*
peur que Papin décrit dans ce mé-
moire , n 'est autre chose, au témoi gnage
de M. Figuier, bien qu'il essaie de s'en
défendre, qu'une imitation de la ma^
chine de Savery, inférieure sous tous
les rapports à ceile de son rival. » Ce-
pendant on trouve dans la machine
que Papin propose la première appli-
cation de la soupape de sûreté dont il
est l'inventeur ; et en outre, comme le
remarque M. Delaunay (Cours élémen-
taire de mécanique) « Papin ne s'est
pas contenté d'ajouter un piston flot-
tant à la machine de Savery, il a voulu
que sa machine, au lieu de servir
uniquement à élever de l'eau, pût de-
venir un moteur capable de faire mou-
voir tels mécanismes qu'on voudrait.»
A cet effet, il fait retomber l'eau,
élevée dans un réservoir, sur les au-
gets d'une roue hydraulique. 11 y avait
donc un sensible progrès. Bien plus,
ce qui semble prouver jusqu'à l'évi-
dence que Papin n'a été ni le contre-
Cacteur, ni l'imitateur de la machine
de Savery, c'est qu'avant que cette
machine fût connue, c'est-à-dire en
1 704 (les mémoires de la Société royale
deLondres en font foi), il était parvenu,
an moyen d'une machine à feu, à éle-
ver une colonne d'eau à une hauteur
de 70 pieds, et cette machine était
susceptible, selon lui, de beaucoup de
perfectionnements. Remarquons, en
outre, que, de l'aveu de M. Figuier, la
seconde machine à feu proposée par
Papin était de tout point inférieure à
la première; or qui peut le plus, peut
le moins, et il n'avait pour cela besoin
de piller personne.
VIII. Traité des opérations sans
douleur, msc. découvert récemm. en
Allemagne et acquis pour la biblio-
thèque du grand-duc de Hesse. Il porte,
dit-on, la date de 1681. L'auteur exa-
miie les différents moyens qu'on pour-
PAP
— 116
PAP
rait employer pour endormir la sensi-
bilité des malades.
On trouve en outre de Papin :
1 . Lettre contenant une expérience
nouvelle fort curieuse faite à Venise
avec la machine duvuide (Journal des
savans de 1684).
2. The description of a siphon per^
forming thesame things with the sipho
Wurtembergicus, invente d by Dr. Pch
pin, fellnw of the Roy. Society (Tran-
sacl. philos. 1685). — A new way of
raising water (Ibid.) — Observations
on a French paper concerning a per^
petual motion [{h\A. et Journal des sa-
vans de 1 686, oiiTon trouve la réponse
aux objections).
5 . Expérience singulière concernant
l'agriculture; moyen de hàler la ger-
mination des plantes (Journal des sa-
vans, 1 685). — Baromètre insensible
aux variations de la température y
obtenu en épurant d'air le vif -argent;
l'ambre ne perd pas dans le vide sa
vertu attractive (Ibid),
4. An account of an experiment
shewn before the Roy, Society, of
shooting by the raréfaction of ihe air
(Trans. pbilos. 1686, et Acta enidit.,
même année) . — Some fur ther remarks
on the instrument proposed by an ano-
nymous French author, for effecting
a perpétuai motion (Ibid). — A Dé-
monstration ofthevelocity wherewith
the air rushes intoan exlMusted recei-
ver, lately produccd before the Roy,
Soc. (Ibid., et Acta erudit. 1688).
5. Anstver to several objections
made by M. Nuis against his engine
for raising water by the raréfaction
of the atr (Trans. philos. 1687).
6. Descriptio torcularis cujusdam
(Acta erudit. 1689). — De gravitatis
causé et proprietatibus observationes
(Ibid.). — Examen machinœ D. Per*
rault (Ibid.). — Rotatilis suctor et
pressor hassiacus (Ibid.). — Observa-
tiones in J. B. appendicem tertiam ad
perpetuum mobile (Ibid. ) . — De instru-
mentis ad flammam sub aquâ conser-
vandam (Ibid.).
7. Nova methodus ad vires moirt-
ces levipretio comparandas (Acta eru-
dit. 1G90).
8. Mechanicorum de viribus motri-
cibus sententia, asserta adversùs CL
G. G. Leibnitii ohjecliones (Acta. emdit.
1691) — Observationes qucedam cir-
ca materias ad hydraulicam spectan-
tes (Ibid.).
9. Part ofa letter concerning anim-
provement of the Hessian bellows,elc,
(Trans. philos. 1705).
C'est à tort que le bibliographe Watt
attribue à notre Papin : Some obser-
vations on the mechanic arts and physic
of the Indians, qui parurent dans les
Trans. philos, de 1715: ces Observa-
tions sont dues à un Père jésuite, son
homonyme.
PAPIN (ISAAC), célèbre ministre
apostat, né à Blols, le 27 mars 1657,
û'Isaac Papin, receveur général des
domaines de Blois, et de MadeUUne
Pajon, sœur du fameux' G/aude Pajon,
D'une constitution faible et maladive,
Papin resta, jusqu'à l'âge de puberté^
si chétif et délicat, que ses parents ne
voulurent pas permettre qu'il commen-
çât ses études avant l'âge de 1 7 ans.
Destiné à la carrière ecclésiastiqne, 11
alla suivre les cours de l'académie de
Genève au moment même où la que-
relle des universalistes et des particn-
laristes, provoquée pûrAmyraut, était
dans toute sa force. Les débats pleins
d'aigreur de ces deux sectes l'étonnè-
rent; l'intolérance des orthodoxes le
révolta. Amené naturellement à se de-
mander si une religion, fondée sur le
libre examen , avait le droit de pro-
scrire les dissidences d'opinions, il con-
clut pour la négative, et son oncle Pa-
jon^ auprès de qui il alla continuer ses
études, non-seulement le confirma dans
ces sentiments^ mais il lui inculqua, en
outre, ses propres opinions sur la co-
opération de la volonté humaine dans
l'œuvre delà régénération, sur la grâce
efficace et sur le libre arbitre. Papin
était donc fortement imbu des idées
pajonisles et ardent partisan de la to-
lérance, lorsqu'il se rendit, en 1 683,
à Saïunur pour y terminer ses études^
PAP
— H7 —
PAP
el en particulier, pour se perfection-
ner dans la langue hébraïque; aussi^
quand on voulut exiger de lui qu'il
souscrivit à la condamnation du pajo-
Disme, il s'y refusa y en sorte qu'il ne
put obtenir les témoignages ordinaires.
S'étant ainsi fermé la carrière pasto-
rsUe, il songea à entrer dans le com-
merce et partit pour Bordeaux^ où il
travailla quelques mois dans le comp-
toir d'un négociant anglais ; mais il ne
tarda pas à sentir qu'il s'élait mépris
sur sa vocation^ et il passa en Angle-
terre, en 1 686. Moins exclusif que les
pasteurs calvinistes^ Tévéque d'Èly
loi conféra, sans hésiter^ les ordres du
diaconat et de la prêtrise.
Dans une lettre écrite après son re-
tour en France, et quelques jours seu-
lement avant son abjuration, Papin
affirme que, sans la considération qu'il
avait pour ses proches, il se serait fait
un devoir de rentrer dans l'Eglise ro-
maine, au lieu de quitter sa patrie.
Pour son honneur^ nous voulons croire
qu'il mentait. On a imprimé un écrit
qu'il composa à Bordeaux et qu'on s'est
bien gardé de reproduire dans le Re-
cueil de ses œuvres. Or dans cet écrit,
rejetant en matière de foi toute autre
autorité que celle de la Bible, il se
contente d'établir que la tolérance doit
s'étendre à toutes les sectes qui posent
l'Ecriture sainte pour base de leur foi,
sans en excepter l'Eglise romaine, mal-
gré ses erreurs, pourvu qu'elle renonce
à son orgueil intolérable, et qu'elle con-
sente à révoquer ses anathèmes, échan-
ger ses décrets en simples conseils. Il
était donc tolérant, à celle époque, et
rien de plus. S'il se rapprocha plus tard
du catholicisme, ce fut lorsque les
persécutions de Jurieu le mirent dans
la nécessité d'opter entre la soumis-
sion aux décrets d'un synode wallon
et l'acquiescement aux canons du con-
cile de Trente. C'est le rigorisme in-
qulsitorial des Calvinistes orthodoxes
qui le jeta entre les bras du clergé ro-
main. Puisqu'il lui fallait faire vio-
lence à sa conscience, ne valait-il pas
mieux subir le joug de l'Eglise caibo-
lique, qui lui offrait au moins en échan-
ge de la liberté d'examen des avanta-
ges matériels? Telle fut la question
qu'il se posa, nous verrons comment
il y répondit.
Après son ordination, Pjapin passa
en Hollande, en 16S7. Peu de temps
après son arrivée parurent, sous le
voile de l'anonyme, les Essais de théo-
logie sur la providence et la grâce, où
le pajonisme était formulé d'une ma-
nière plus claire et plus précise que
dans les écrits de Pajon lui-même. Les
facultés naturelles de l'homme, disait
l'auteur, sont plus que suffisantes pour
le conduire à la connaissance de la vé-
rité divine. Il suffit, pour produire cet
amendement de cœur qu'on appelle ré-
génération, de guérir le corps des mau-
vaises habitudes par le moyen de la
médecine, de présenter à l'entende-
ment la vérité et le mensonge, et à la
volonté la vertu et le vice sous leurs
véritables couleurs, de manière qu'on
en connaisse clairement et distincte-
ment la nature et les qualités. Jurieu,
qui était traité dans ce livre sans mé-
nagement, en connut bientôt l'auteur.
Il s'indigna a qu'un étudiant se crût
en état de réfuter un homme à qui on
avoit bien voulu donner le titre de maî-
tre depuis tant d'années, » et sans dai-
gner lui répondre, abandonnant ce soin
à Arbussiy il dénonça Papin comme
pajonisle et socinien au synode de
Bois-le-Duc, qui s'assembla au mois
de septembre de la même année. Le
synode condamna le livre, et Papin,
convaincu qu'il ne pourrait trouver à
se placer en Hollande, partit pour
Hambourg au mois de décembre, après
avoir inutilement cherché à calmer le
ressentiment de l'irascible pasteur par
d'humbles excuses «de n'avoir pas ob-
servé à son égard les mesures qu'un
jeune homme doit observer en écrivant
contre une personne de son âge, de son
savoir et de son rang. » 11 prêchait de-
puis six mois dans l'église française
d'Altona, et comme il n'y avait per-
sonne «qui ne témoignât être édifié de
sa doctrine et de sa conduite, » il élait
PAP
— 118 —
PAP
snr le point d'être nommé pasteor or-
dinaire, à la recommandation de la
Conseillère^ lorsqne la haine de Jnrieu
irint encore nne fois se jeter à la tra-
verse. Les réfugiés derégllsed'Altona,
qni ne s'éiaient point donlésjasque-ià
dn danger que lear foi courait, ne voa-
lurent point pour leur pasteur d'nn
homme qui leur était dénoncé comme
hérétique.
Papin quitta donc Hambourg et se
rendit à Dantzig, où il prêcha pendant
quelque temps; mais l'implacable Jn-
rieu alla le poursuivre jusque-là. S'il
est vrai, comme le raconte l'auteur du
Recueil de ses œuvres, qu'il était ré-
solu de rentrer dans le sein de l'Eglise
romaine avant son départ de Ham-
bourg, son hypocrisie ne pourrait être
frappée d'un blâme trop sévère. Hais
le témoignage de cet écrivain ne nous
semble pas devoir être admis sans exa-
men. La sincérité de la conversion de
H»« Papin, sous le nom de qui ce Re-
cneil a été publié, était suspecte \ elle
passait même pour si mauvaise catho-
lique, qu'en 1697, on lui enleva ses
enfants afin de confier leur éducation
à Bernoriy ministre apostat qui habi-
tait Marennes (Arch. gén. E. 3383).
Afin de détruire un soupçon qui pou-
vait non-seulement entraîner la sup-
pression définitive d'une pension de
300 livres qu'on lui avait rendue en
1710 (76{Vf. E. 3396). mais avoir des
conséquences encore plus graves pour
elle, il était donc de l'intérêt de la
veuve de Papin de faire remonter le
plus haut possible rattachement de son
mari et d'elle-même aux dogmes catho-
liques. Peut-être la sympathie que l'on
éprouve pour le faible persécuté nous
dispose-t-elie à envisager sous un jour
trop favorable la conduite de Papin ;
car il est certain que ce fut de Dantzig
qu'il écrivit àBossuet pour l'informer
de son dessein de rentrer en France,
et il n'abandonna la chaire protestante
qu'après avoir reçu la réponse de l'é-
vêquede Meaux, qui l'encouragea dans
cette résolution. Dès lors aussi, on doit
lereoeiiiiittie,PapiB6oavrit8Mi9Mi!jet
d'une dissimulation que rien ne néces-
sitait, que rien ne Justifie, il quitte
Dantzig, en annonçant qu'il retourne
en Angleterre, où disait-il, on était
beaucoup moins intolérant. En passant
par Hambourg, il y épouse, dans Té-
glise réformée, M^^* Viard, de Ghàlons-
8ur-Marne, qui, après avoir échoué
dans trois tentatives pour sortir de
France, avait enfin réussi à gagner
Hdinbourg, où s'était établi un de ses
frères. Arrivé à Londres, en 1689, il
persiste dans son hypocrisie. A Dou-
vres, il trompe le pasteur de l'église
française pour qu'il l'aide à obtenir
on passe-port; il llii laisse entendre
qu'il rentre en France pour prêcher
sous la croix, et la veille même de son
embarquement. Il ne rougit pas de
monter en chaire dans le temple ré-
formé. Qui ne flétrirait une condoite
aussi jésuitique?
En débarquant à Calais, Papin y fut
arrêté comme ministre; mais des let-
tres venues de la Cour le firent bien-
têt remettre en liberté. Quelques Jours
après, il fut rejoint par sa femme, et
ils partirent totis deux pour Paris, où
ils abjurèrent publiquement, le 1 5 janv.
1690, dans l'église des prêtres de l'O-
ratoire; après qooi, il alla s'établir à
Rlois, où il passa les dernières années
de sa vie à combattre la tolérance qo'il
avait défendue avec tant de force avant
son abjuration, il mourut à Paris, le
19 Juin 1709.
Nous ne connaissons que trois ou-
vrages publiés par lui avant sa conver-
sion; ce sont : 1. Lafoy réduite à $es
véritables principes et renfermée dans
ses justes bornes, Rott., 1687, in-12;
c'est l'ouvrage qu'il composa à Bor-
deaux; — II. Essais de théologie sur
la providence et la grâce, où l'on tâ-
che de délivrer M, Jurieu de toutes
Us difficultés accablantes qu'il rtn-
':ontredans son système , Francf. [Rot-
terd.}, 1687, in-8»; réfutés par Ant.
Arbussi; — III. La vanité des sciences
ou réflexions d'un philosophe chrétien
sur ù véritcU)le bonheur, 1 688. Après
«acoBfORiKÉKi^ il mit a« Jotir : jbk Mé-
PAP
— 119 —
PAP
rance des Protestans et Tautorité de
l'Église, Paris, 1692, in-12; réimp.
sons ce titre : Les deax \oyes oppo-
sées en matière de religion, l'examen
particulier et l'autorité, Liège, n 1 3,
in-12. Cet ouvrage, dont les Catholi-
ques se promettaient merveilles, n'est
que le développement de ce syllogis-
me : La liberté d'examen proclamée
par les Protestants conduit nécessai-
rement à la tolérance de toutes les
sectes ; or la tolérance universelle tend
à Tanéantissement du christianisme;
donc c'est à l'anéantissement du chris-
tianisme que mènent nécessairement
les principes de la Réforme. Qui ne
sera frappé du vice de ce raisonne-
ment? L'exemple de la Hollande, de
l'Angleterre, des États-Unis d'Améri-
que prouve jusqu'à l'évidence la faus-
seté de la mineure : La tolérance uni-
verselle tend à l'anéantissement du
christianisme, ce qui reviendrait à dire
que le christianisme doit nécessaire-
ment être persécuteur. L'auteur mon-
tre d'ailleurs fort bien que les Protes-
tants n'agissent que trop souvent con-
trairement à leurs principes ; c'est à ce
point de vue que son livre est intéres-
sant. Après sa mort, sa veuve ou plu-
tôt son cousin Pajon, prêtre de l'Ora-
toire^ publia un Recueil des ouvrages
composés par feu M. Papin en faveur
delà religion (Paris, 1723, 5 vol. in-
12], en tète duquel ligure. la Vie de
l'auteur. On y trouve également une
lettre adressée par Papin à ses sœurs
pour les exhorter à suivre son exem-
ple; mais elles fermèrent roreille à
ses sophismes. L'aînée, Madelaine,
née le 27 fév. 1648, avait épousé
Lmis Scoffiery ministre à Mer, et s'é-
tait réfugiée en Angleterre (Arch. E.
3378). La seconde, appelée Marie, née
le 14 fév. 1649, avait cherché un asile
à Amsterdam, puis à Berlin. Une troi-
sième, nommée Charlotte, avait été
arrêtée dans sa fuite avec Elisabeth
Picquety sa compagne, et enfermée
dans le château de Péronne (Jbid. £.
3373). ftous n'oserions affirmer que
Jwkih Papin, qui épousa à Londres,
en 1 688, Jean de La Salle, ministre
de l'église française de Wandsworth,
était de la même famille. Il existait,
en eCTet, une autre famille du nom de
Papin à La Rochelle. En 1615, un de
ses membres fut député à l'Assemblée
politique de Grenoble, et en 1623,
envoyé en Hollande pour porter aux
Etats-Généraux les plaintes dés Rochel-
lois au sujet de la flotte qu'ils avalent
envoyée au secours de Louis Xltl
[Fonds de Brienne, N» 212). tJn au-
tre, qui était ministre, passa en An-
gleterre avec sa femme à la révocation
(Arch, Tt. 247). Les Thèses de Sedan
et de Saumur nous font, en outre, con-
naître deux étudiants du même nom.
L'un, appelé Jacques, était de la Sain-
tonge, et soutint, sous ta présidence
d'Amyraut, une thèse De spiritu set-
vitutis. L'autre, appelé Samuel et na-
tif du Poitou, soutint à Sedan, ^ous
la présidence de Du Moulin, une dis-
sert. De duplici testamento, seu de
fœdere legaU et evangelico, et à Sail-
roor, sous celle de La Place, une thèse
De Deo immenso.
PAPIN (Nicolas), docteur en iiiê-
decine, de la ville de Blols, oncle de
Denis Papin (1). On ne sait rien sur sa
vie. Il parait qu'après avoir exercé
quelque temps la médecine à Blols, il
alla s'établir à Alençon. A en juger par
ses écrits, il unissait beaucoup de pré-
somption à beaucoup de faux savoir.
Il ne fit sans doute pas une longue car-
rière : c'est ce qu'on peut présumer de
son silence après 1653. Sa veuve se
retira en Allemagne, et mourut à Cas-
sel en 1703, à l'âge de 77 ans.
I . Raisonnemens philosophiques tou-
chant la salure, flux et reflux de la
mer, et l'origine des sources, tant des
fleuves que des fontaines, par Nie. Pa-
pin, médecin de la ville de Blois; aux-
quels est adjousté un traie té de la lu-
mière de la mer, composé par le mesme
autheur, Blois, Franc, de La Saugère,
1647, in-B», pp. 156.— Si l'on en juge
(1) C'est par errear qu'Bloy, la Biogr. médi-
cale, Wallj etc., le uonuntiAt fère de lienît. La
notice dabtbliogr. anglais esi pleine de conrnsiôn.
PAP
— <20 —
PAP
par ce livre, les sciences physiques n'a-
vaient fait que rétrograder depuis un
siècle. Personne n'avait profité des le-
çons de Palissy. La première partie du
livre est dédiée à M. Durour^ conseiller
et médecin ordinaire du duc de Ven-
dôme, que Tauleur appelle son oncle
et qu'il reconnaît pour u père et direc-
teur de ses études, pour pilote et vray
Mécénas des travaux qu'il a entrepris.»
Ce médecin ne serait- il pas le même
que Henri Dufour, docteur en méde-
cine, qui assista au synode de Cliàlil-
lon-sur-Loing,en 1 629, comme ancien
de Blois?La deuxième partie, sous le
litre : La mer lumineuse ou Traie té de
la lumière de la mer, est dédiée, sous
la date de Blois, 20 mai 1647, à M. de
CahaigneSy sieur de Trotevai, conseil-
ler du roi, médecin et prof, en Tuniv.
deCaen, que Papin appelle son cousin.
II. DEPl TUi: KrWEAlAOL, site de
aurium ceruminum usu, navis expe-
rimentis inventa , resolutio medica,
Salm., 1648, in-12.
III. Nie, Papini blesensis de pulvere
sympathico dissertaliOy Par. 1651, in-
8% pp. 40; trad. en franc, par Rault,
et impr. à la suite d'un Discours du
chev. Digby, chancelier de la reine de
la Gr. Bret., louchant la guérison des
playes par la poudre de sympathie ,
Par., 1681, pet. in-12.— allsuffit,dit
le traducteur, que ce petit traitté a esté
si bien receu de tout le monde que les
plus sçavans mcsmes de toute TEurope
l'ont admiré, mais un chacun n'en a
pu profiter, aussi est-ce en partie le
dessein qui m'a porté à en donner la
traduction. » Oii éiait le temps d'Am-
broise Paré? Alors, on ignorait le se-
cret merveilleux de la guérison des
plaies par la poudre de sympathie. La
barbarie est sans cesse à notre porte ;
dès qu'elle entrevoit la possibilité d'en-
trer, elle entre. La dissertation de Pa-
pin était dirigée contre Isaac Cattier
(son nom d'haac semblerait indiquer
une origine huguenoUe), qui, au juge-
ment d'Eloy,« avoit assez mal mené
les partisans de la poudre de sympa-
thie, il avoit même traité leur opinion
d'erronée, de folle et d'extravagante.»
Si Ton devait en croire les bibliogra-
phes, cette dissertation de Papin aurait
été traduite en français, dès l'année de
sa publication.
IV. Considérations sur le traité de
M. DeS'Cartes, dés Passions de l'ame^
Paris, Siraéon Piget, 1652, in-S%pp.
172; dédiées, sous la date d'Alençon,
21 avr. 1652, à MM. Sohard et Lau-
dier,ses collègues. Dans un avant-pro-
pos, Papin fait connaître le but de son
livre, a Pour dire le vray, je n'ay pas
trouvé, dit-il, que M. Des-Cartes m'ait
plus satisfait que les autres, et quoy
qu'il mette en avant plusieurs choses
nouvelles, et qui sont de son invention,
il est certain néantmoins qu'en cho-
quant les sentiments des Anciens, il
n'en a pas avancé d'autres qui méri-
tent beaucoup plus de foy. — Ce me
soit un cliamp ouvert pour découvrir
mes pensées sur le mesme sujet, les-
quelles, si elles n'ont l'avantage de
mieux plaire aux sçavans que celles qui
ont esté avancées depuis tant de siè-
cles, feront voir au moins que celte
matière n'est pas épuisée, et qu'il reste
toujours de la place à chacun d'y faire
une ample moisson selon la portée de
son esprit. En quoy si je suis plus suc-
cint que la matière ne semble le requé-
rir : Je ne manqueray point d'excuse
envers ceux qui sçavent assez que c'est
une des foiblesses de mon esprit, ou
pour parler plus convenablement à no-
tre sujet, une des pai^sions de mon ame,
que de ne pouvoir apporter grande as-
siduité à quelque dessein que ce soit,
et de me lasser aussitôt moy-mesme
des ouvrages que j'ay commencez avec
plus de chaleur : ce qui m'oblige quasi
partout, ou de précipiter la fln de la
besongne, ou de la laisser imparfaite
au fond de mon cabinet. »
V. Paraphrase sur le livre d*Hip-
pocrate de l'Ancienne médecine,
VI. Apparatus physicus et hippocra-
Hcus in magni Hippocratis librum de
Prisai medicinû. — Ces deux derniers
ouvrages parurent chez Siméon Piget
avant 1652.
PAP
— 121 —
PAP
vil. Cordis diastole adoersus Her-
veiariy innovationem defensa, Alenc.^
1 653, ln-4% elle par Eloy . — Ce n'est
pas sans lottes, sans opposition de la
part des savants,des doctears,qne cette
idée, si familière aujourd'hui, de lacir-
CQlation du sang entra dans le domaine
de la science. 11 y eut de part et d'autre
des morts et des blessés, et le combat
dura plus d'un siècle. Le malheureux
Servet avait le premier entrevu la vé-
rité; Harvey recueillit l'honneur de la
découverte. Quant aux détractenrs,
l'histoire a oublié leurs noms.
PAPPUS (JBAïf), docteur en théo-
logie, professeur d'hébreu et pasteur
à Strasbourg, naquit à Lindau, le 16
janv. 1549. 11 fit ses études à Stras-
bourg et à Tubingue. Après les avoir
terminées et avoir rempli, pendant
quelque temps, la place de précepteur
do Jeune comte de Falkenstein, il ob-
tint, en 1 569, la cure de Reichenao^
d'oïl il fut, dès l'année suivante, ap-
pelé à Strasbourg en qualité de pro-
fesseor d'hébreu et de prédicateur.
Comme son prédécesseur Marbach,
Pappos était on luthérien fanatique ;
il travailla avec plus d'emportement
qu'aucun de ses collègues à chasser
le calvinisme de Strasbourg, et il y
réussit. En 1 573, il alla à Tubingue
prendre le grade de docteur en théo-
logie. En 1575, il entra dans le cha-
pitre de SaintrThomas ; en 1578, il
fut pourvu de la chaire de théologie,
et Tannée suivante, nommé pasteur
de la Cathédrale. En 1582, enfin,
il fut appelé à la présidence de l'As-
semblée des pasteurs. 11 mourut, le
1 3 Juill. 1610, avec la réputation d'un
théologien instruit, mais fort intolé-
rant. 11 avait, dit-on, une mémoire
si prodigieuse qu'il lui suffisait de lire
ou d'entendre lire une seule fois une
page entière pour la retenir. On ne
nous apprend pas s'il eut des enfants ;
mais nous avons lieu de croire que
Gaspard Pappus, ministre àDettweiler,
puis pasteur de Saint-Nicolas à Stras-
bourg, et mort en 1612, était son fils.
Jean Pappus a laissé un assez grand
T. vm.
nombre d'ouvrages, qui eurent de la
vogue dans le temps; nous en donnons
la liste, sans affirmer qu'elle soit com-
plète.
I. Homiliœ in passionem et resur^
rectionem Christi, Arg., 1567, in-8».
II. Annales regum et prophetarum
populi juda'tci et israelitici, Arg.,
1572, in-40. — Cité par Lelong, q^jt
ajoute que l'ouvrage est en allemand.
Selon Iselin, la !'« édit. parut à Stras-
bourg en 1586, et fut réimp. à Franc-
fort en 1 592.
III . Defensùmes duœ quibus J, Stur-
mii Antipappis respondetur : de chan-
tate et condemnatione christiand, se-
cunda : de libro Concordiœ et de
Confessione ecclesiœ Argentinensis
tertia, Tûb., 1580, in-4o.
IV. Defensionis quartœ partes très
priores pro ecclesiis August. Confes-
sion, et pro libro Concordiœ ^ Tiib.,
1581, in-4».
V. Wamung der Kirchen zu Stras^
burg die Confession, und die Formu-
lam Concordiœ heireffend, Tùb. , 1581,
in-4».
VI. Epitome histor, eccles. de con-
versionibus gentium^ persecutionibits
Eccleûœ, hœresibus et conciliis œcU"
meniciSy Arg., 1584; 2« édit., 1596,
in-80. — Cette histoire, qui ne s'étend
que Jusqu'au vu» siècle, a été succes-
sivement augmentée et conduite jus-
qu'au milieu du xvii«, depuis l'édit.
de Wiltenberg, 1612, in- 12.
VII. De monarchiiSy sive IV sum-
mis imperiis, Arg., 1586, in-40.
VIII. Historia biblica in libris Chro-
nicorum, Samuelis et Regum conci-
liandis, Arg., 1586, in-4«. — Cité par
Lelong, qui dit qu'il a été publié en
allemand.
IX. Bericht von der Ziveybr'ikki-
schen Erklarung des Catechismi,T\ïh,y
1588, in-4*.
X . Commentar, in Confess . A ttgust»
etejusdemApologiamyFmnc.yi 589,4».
XI. Confessionis Augustanœ et Au-
gustinianœ parallela, Franc. ,1501,4*.
XII. Articuli prcecipui Augustanœ
Confessionis et Formulœ Conc(»rdiœ
8
PAP
^ m^
PAP
m thèses digesti, Arg., 1591^ in-4<».
X|U* DisputQtiones in Augustanoum
Confessionem el Formulam Concor^
diœ, Arg., J591, in-40.
XIV. Descripiiones Germaniœ ve-
teriSy Arg., 1591, in-80.
XV. Leichenpredigt in funere C.
Raw^ovii^ Strasb., 1 591 .
XVI. Predigt von dem Amte, Tu-
genden und WafU eines chrisilichfn
Bisohoffs, SIragb., 1592, in-4».
XVII. Schollœ in Jeremiamy Eze^
chielem, Danielem et proptietas wi-
nores, Francof., 1593, in-fol,
XVIII. Contradictiones doctorum
nunc romanœ EcclesicByindice et teste
fiob, BellarminOy Arg., 1597, in^4o.
XIX. Index expurgatorius à F.
Junio editus, cum ejtts et /. JPuppi
prœfat.j Arg., 1599, in-12.
XX. Quœstiones de Ecclesi4 calho-
liod, Arg., 1600, in-4«.
XXI. LuvoSixdv, seu libellfAS synûdi-
cuSy omnes synodos brevi compendio
continent f gXŒC, et lat,, ex versions
et cum notis /. Pappi; accedit Bav.
ChytrcBiCatalogus conct/iorum, Arg,,
1601, in-40. — Ce recueil comprend
les synodes orthodoxes et les bôréti-
ques jusqu'au temps de Pbotius.
XXII. LeichschriftenaufdenChur-
fUrstenGebhardzu Côln, 1601, in-4*.
XXIII. Disp. de discrimine pecoQti
mortalis et vemoUi^ Arg., 1 602, in-40.
XXIV. Homiliœ in perioopas evm-
gelicas, Arg., Part, l el II, 1^03;
Pars m, 1607, in-80.
XXV. Diss. de sacrœ Scripturw
auctoritate, Arg., 1605, in-4«.
XXVI. Auslegung der VII Busspsal-
men Davîds, Slrasb., 1608, in-S».
XXVU. Widerlegung des univahr-
haftcn Berichts so wider die Stras-
burg, an. 1598 ausgegangene Hir-
chenordnung zu Zweybriicken (^,
1 603 gedruckt xcorden, Slrasb., 1611,
\XVIII. Parva Biblia^ seu Synop-
sis biblictty summam totius S. Scrip-
turœ r. et X, T, continens, Arg.,
1615; 1620, in-12; Rostock, 1627,
in-12; Uafn.| i630, in-U; trad. en
allam.j Wittenb.j 1648^ iu-i?.
XXiX. Hypothesis doctrinœ ekris-
fifffMP, sive institutio ehristianca r^U-
(jfipnû de prœoipws quibusdom ar/i-
çulis praUcta, Arg., 1619, ia-*12.
XXX. Pissertationes cçntra conci'
Hum Trid^ntinum^
Pans sa BibUolbèqne de^anteur^ «4-
parésdeBûoe, DuPiooite, enouirax***-
loais quelle conQauce ajouter au lémoi-
gnage isolé do cet écrivain gtoérale-
menlpeuexaGt?*^Con/clfenceae lacên-
«ur^ sur ksglQses du droit canonique,
imprimée par l'ordre de Pie V çum
celles qui ont été impritnées par or^re
d$ GrégùiH XIII , Slrasb. lî>80j —
Mamélies sur ks ckap. UI et f^UI
4'Isate, Strasb,, 1 607 ; -^tioméU^ sur
l Cor. JTK, Fraïuîf., $615; — J^ua?
questions sur la charité chrétienn0,
fi(rasb.> 1578; — Du libre arbitra,
Sirapb. 1582«
PAPU8, dit Olitner al jLa Rouvière,
Pistear 4u désort» ué à Bergorae oi
exécuté à ManlpaUiqr. A U révocaliou
4e r^dii da NaQtesji p«pas i^énsaii à
pftsser on HoUanda. U y vit Vivent, mi
16(^7, «t son sèia s'apflaiumaiit à la
p«roi9 ardente du prophète» il résolut
de rentrer en Friuice avec lui. Man
Court (Af5«f ^<»39), il possédait surtout
le don de la prière et savait adresser
M peuple les eihortailons les plus tou-
(Âtntes et les plus pathétiques. Depuis
deu^ ans déjii, il e^icrçaii sou dange-
reui^ qiinistèpe, lorsque, le 7 fév. 1 6959
sortant de la maison des demoiselles
Poupes, ou il avait fait 1^ prière en
présence de ciuq ou sif personnes, il
f^i saisi et ooncluit dans la çiiadeUo de
yonipellier. Ses geôliers le traitèrent
d'abord avec humanité, et Ton nnrait
vraisemblablement flni par le remettre
enliberlésans deux lettres qu'on trouva
sur lui. Tune de son pèr^, l'autre du
prédicanl La /eune^^e. Il Tut condamné
à être rompu vif, après avoir subi ta
question ordinaire el extraordinaire,
qu'il endura avec un courage héroïque ;
oafermeléne se démentit pas un instant.
11 marcha au supplice en chantant on
psunine, et repoussa avec indignation
l9« instances des prêtres catboliqoes
FAR
— 193 —
PiH
qoj l'engageaient à racbeter $a vie par
um aUuration. L'exécuteur Tétrangla,
comme il en avait reç« l'ordre^ avant
de lui briser les membres. Le martyr
renditsonàmeàDieu^leSmars J695.
Son cadavre fut enterré dans le fossé
de U eitadelle; mais à la faveur de U
nuit, quelques Protestants renlevèrent
el allèrent l'ensevelir ailleurs.
Kous avons rencontré plusieurs fois
la nom de Papus^ mais aucun de ceux
qpii le portèrent ne se signala par sa
constance. Ainsi Jean de Papus, sieur
de Grossignal en Périgord. abjura, en
oot. 1685^ avec sa femme Jeanne Sor-
hier (Arcb* M. 671); un autre Papus,
enfermé au château de Vincennes, en
1693^ puis transféré^ en 1 697, au cou^
v«lit de riolre-Dame-des-Ycrtus, renia,
la même année^ sa foi et fut gratifié
d'une pension de 300 liv. {Ilnd, £.
J^95) ; enfin unjeune bomme de 26 ans>
baac Papus, arrêté près de Sarlat^
comme il était en route pour sortir du
royaume avec quarante-^eux autres
(totestants^ se convertit également
pour échapper aux douleurs de la tor-
ture à laquelle il avait été condamné
CM, Tt. 242). 11 paraît que ses com^
pagnons, qui presque tous étaient à la
floor de r^ge^ suivirent son exemple.
PARDAILLAN (FRA^çols•.JBAN-
ClUBtES PB) , baron de Pardaillan et
oomte de Pamjas, conseiller privé,
fibambellan^ capitaine de cinquante
JlUNPQmes d'armes, mestre-de-camp du
r^iment de Guienne, gouverneur de
l'Armagnac et chevalier de Tordre du
roi. V^ita-t^il toutes ces distinctions
par d'honorables services? 11 est diffi-
cile de se le persuader^ si Ton s'en
tient à ce que les historiens racontent de
savie.llestvrai que comme Iroisfrères
de la maison de Ségur, portant aussi
le nom de Pardaillan, servirent, à peu
près dans le même temps que lui, sous
le drapeau huguenot, il est presque
impossible de les distinguer. Tout nous
engage à croire cependai\^ que Pardail-
liU-PanJas ne prit les armes pour la
défense de la cause protestante^ ou
XltoMbi des intérêts de Henri de Navarre,
qu'après son mariage avec Jeanne Du
iionceau-de-TignonvUle, fille de Mar-
guerite de Selve ou de Selua^ gouver*
nante de Catherine de Xavarre. La
Jeune Tignon ville était elle-même dame
d'honneur de la princesse. On sait que
Henri de Navarre essaya inutilement de
la séduire; « elle fut imprenable avant
d'être mariée, » lit-on dans la Confes-
sion de Sancy, Le mariage eut lieu en
1581, et c'est seulement en 1587 que
Pardaillan-Panjas (([ue pourtant Mor-
nay citait dès 1 583 parmi les chefs
huguenots) parait à Contras dans les
rangs protestants, désigne assez clai-
rement pour qu'on ne puisse pas le
confondre avec ses homon)ines. £n
1588^ il servit à la reprise de Marans,
où il commanda les arquebusiers à
cheval a>oc Jean liobert La LimaiUe.
£n 161 1, la Bassc-Guicnne le députa à
l'Assemblée de Saumur. C'est la der-
nière fois que nous ayons rencontré
son nom. Ses enfants furent : i <> Hjbnri^
né à Pau, le 28 mars 1582, présenté
au baptême par le roi de Navarre et sa
sœur Catherine , et mort à Paris sans
alliance -, — 20 Louis, né à Nérac, le
6 Juin 1583, qui eut pour parrain le
prince de Çondé et pour marraine
jUme la baronne de TignonvUle, sa
grand'mère, mort à Paris, le 1 4 oct.
1607 et enterré dans le cimetière des
SS. Pères ; — 30 Henri, né à Navar-
reius, le 5 oct. 1587, et mort jeune à
Blancastel; — 4° Henhiettb, née le
27 mars 1590, demoiselle d'honneur
de la princesse Catherine, morte à Pa-
ris, le 27 fév. 1 609, et eulcrrée aux SS.
Pères; — 5° Catherine, née le 12 avr.
1592, et mariôe à Gédéon d'Astarac,
puis, en secondes noces, à Jean de
Baudéan ; — 6* Jeanne, née à La For-
telle en Hrie, en 1599.
PAllDIEU (François de), baron de
BocDEViLLE, fils de Nicolas de Pardieu,
et d'Anne de Cleré, chevalier de l'or-
dre du roi, ayant embrassé la religion
protestante, nous ne pouvons dire à
quelle époque, fut obligé de se réfugier
à Dieppe, en 1588, ainsi queiessieurs
de LongueUf Bavelot, Soyer^d'lntra-
PAR
~ 124 —
PAR
ville et Rufosse, qai fat tné^ l'année 8ai-
vante, en combattant les Ligueurs. Se-
lon le Dictionnaire de la Noblesse, Bou-
deville mourut le il oct. 1590 (i). Il
avait été marié deux fois, la première,
en 1550, avec Marie Le Lieur; la se-
conde, avec Jeanne de Pellevé, fille de
Charles de Pellevé, sieur de Jouy, et
d'Hélène Du Fay. Du premier lit na-
quit, entre autres enfants, Centurion
de Pardieu, baron de Boudeville, qui
prêta le serment d'union à l'Assemblée
politique de Vendôme, et assista, en
1597, comme député de la Normandie,
à celle de Châtellerault. Centurion de
Pardieu était gentilhomme ordinaire de
la chambre du roi. Il fut tué en duel,
àràge de 45 ans, en 1614, ayant eu
de son mariage avec Judith, fille de
Georges de ClermonU-d'Amboise, mar-
quis de Gallerande, trois enfants, sa-
voir: 10 François, tué en duel en 1 633;
— 20LÉ0N0R, baron d'Ecotigny, mort
Jeune; — et 3» Jourdaine, morte fille
en 1622.
PARÉ (avbroisb), le père de la
chirurgie moderne.
M. Malgaigne a récemment élevé à
la mémoire d'Ambroise Paré le plus
magnifique monument que puisse am-
bitionner un savant. Son édition des
OEuvrcs du grand chirurgien laisse
peu de chose à désirer (2). Nous profi-
terons de ses travaux et de ses re^
cherches, auxquels nous n'avons à
ajouter que des détails peu importants.
Paré naquit à Laval, en 1516 ou plu-
tôt en 1517 (3). Cette dernière date se
lit dans un msc. autographe de Paré
que possède M. Begin, de Metz. Son
père était cofi'retier de son état ; il avait
(i) Une de ses sœurs, nommée Claude ^ àjàil
époasé Franroù de Qui^^rcmontf sieur de Heu-
dreTîlle, qui se réfugia de son côté à Sedan ( Voy.
TI, 0.254).
(â) Nom ne serons sans doute pas le seul à
regretter que M. Malgaigne n'ait pas donné suite
au projet quMl avait d'abord « de signaler les
principales découTertes de Paré, de les mettre en
ragard des doctrines régnantes, seul moyen, se-
lon lui, d'en bien apprécier Timpo. tance ; de dire
qoelt obstacles elles eurent à renverser, et com-
bioi il fallut de temps et d'efforts pour les faire
pènêlrer dans la pratique générale. »
(8) Sairant me tradition da pays, t Ambroiit
plusieurs frères, sur lesquels on man-
que de renseignements. Sa vocation
le porta vers Tétude de la chirurgie.
Aprèsavoirétudié en province pendant
plusieurs années, peut-être sous la
direction de son frère Jean , qui était
chirurgien à Vitré , Paré vint à Paris
et eut le bonheur d'être admis à
l'Hôtel-Dieu, probablement en qualité
d'aide-chirurgien. «Faut sçavoir, écrit-
il, que, par l'espace de trois ans, j*ay
résidé en THostel-Dieu de Paris, où
j'ay eu le moyen de veoir et connoistre
(eu esgard à la grande diversité de
malades y gisans ordinairement) tout
ce qui peut estre d'altération et maladie
au corps humain : et ensemble y ap-
prendre sur une infinité de corps morts
tout ce qui se peut dire et considérer
sur Tanatomie, ainsy que souvent j'en
ay fait preuve très suffisante, et cela
publiquement à Paris aux escholes de
médecine. » Ce fut probablement vers
1536 que Paré se fit recevoir maître
barbier chirurgien. Cette même année^
il suivit, à l'armée du Piémont, le
colonel général des gens de pied , de
Montejan, enqualilé de chirurgien, pla-
ce bien haute si Ton considère le bas
aage qu'il avait. La fortune le servit à
souhait. Lui-même nous rend compte
de son coup d'essai, qui allait lui ou-
vrir les portes de la célébrité. Encore
novice dans son art, et se défiant de
lui-même , il attendait que les autres
chirurgiens, ses confrères, eussent mis
la main à l'œuvre pour se régler sur
eux. Il est bien vrai qu'il avait appris
dans Jean de Yigo « que les playes
faites par basions à feu participent de
venenosité, à cause de la poudre : et
pour leur curation [qu'il] commande les
cautériser avec huile de Sambuc toute
bouillante , en laquelle soit meslé un
peu de thériaque. » Mais il était hn-
Paré serait né vers l'année 1509 au petit village
de Bourg-Hersent près Laral, dans une dépen-
dance de la maison seigneuriale du comte de La-
Tal et dans la domesticité de ce seigneur, dont
•on père aurait été Talet de chambre barbier »
(Disoonn du doct. Hubert, secrétaire de la com-
mission poor l'éraction da monomant d'Ambrois*
PuiàUTsl).
PAR
- 4«5 -
PAR
main^ et il lui répagnait d'user d'an
trmitement aassi héroïque. Cependant
Tainca par l'exemple^ « il prit la har-
diesse de faire comme les autres. »
Heureusement que l'huile vint à lui
manquer. Dans l'impossibilité de s'en
procurer^ il y supplée du mieux qn'il
peut, par des cataplasmes émollients.
Sa conscience aurait certainement pu
èlre en repos^ il n'avait rien à se re-
procher. Néanmoins il ne dormit pas
de toute la nuit. De grand matin il se
lève, court à l'ambulance en tremblant;
U était bien certain « de trouver les
blessés où il avoit railli à mettre de
ladite huile^ morts empoisonnés.» Mais
6 prodige ! 6 miracle ! ô ignorance de
la science ! ceux que, dans sa convic-
tion, il allait trouver agonisans, se por-
tent bien,etceux qu'il espérait trouver
en bon état, sont « febricitans, avec
grande douleur et tumeur aux environs
de leurs playes. » Ce fut pour lui un
trait de lumière; « adonc il se déli-
béra de ne jamais plus brusler ainsi
croellement les pauvres blessés des
harquebusades. » Le hasard se charge
flonvent de nous instruire; mais ce
qui, dans ce cas-ci, n'était pas dû au
hasard, comme le remarque fort bien
1. Malgaigne, « c'est cette rapidité et
eette profondeur de jugement, c'est
cette hardiesse de résolution qui le
portèrent immédiatement, lui, jeune
liomme, sans nom et sans autorité,
bien plus, sans lettres et sans études
philosophiques, à reconnaître, à si-
gnaler, à combattre une doctrine uni-
Tersellement admise et soutenue par
te plus haute renommée chirurgicale
de répoque. » Que d'autres se seraient
contentés de traiter dans les règles,
mettant le repos de leur conscience
sous la sauve-garde de la Faculté ! Un
premier pas, le plus difficile sans doute,
éiait fait; restait à établir un traite-
ment rationnel. Mais ici Paré, qui
s'était nn moment élevé au-dessus
de son siècle, y retombe. Il y avait à
Tarin un chirurgien en renom pour
le traitement des plaies faites par ar-
mes à feu. Paré convoitait son baume ;
mais c'était un secret soigneusement
gardé. Pendant deux ans, il fait sa
cour à ce chirurgien pour s'insinuer
dans ses bonnes grâces. A la fin, «par
dons et présens, » il réussit. Ce bau-
me merveilleux s'obtenait en faisant
« bouillir dans de l'huile de lys des
petits chiens nouvellement nés, et des
vers de terre préparés avec de la té-
rébenthine de Venise. » Quand Paré
fut en possession de ce secret, il res-
sentit une bien vive Joie, « et son cœur
fut assouvi d'avoir entendu ce remède
qui se rapportait au sien qu'il avait
trouvé par cas fortuit, n Que fit-il
alors? Garda-t-il le secret pour l'ex-
ploiter à son profit? Non, l'amour de
l'humanité et de la science était son
dieu Plutus à lui! il avait, il est vrai,
promis le secret, mais c'était une ruse
de guerre, comme il en convient, un
mensonge honnête, « parce que, dit-il,
de tels secrets ne doivent être ense-
velis en la terre. » Il est fâcheux sans
doute que cette trahison, de la part
d'un des hommes les plus moraux de
son siècle, n'ait abouti qu'à enrichir
la pharmaceutique d'une huile de pe-
tits chiens, huile dont il ne tarda pas
à reconnaître lui-même l'inefficacité.
Dans cette première campagne. Paré eut
l'occasion de faire une riche moisson
d'observations. c( S'il y avoit quatre
blessés, dit-il, j'en avois toujours les
trois, et s'il estoit question de couper
nn bras et une jambe, ou trépaner, ou
réduire une fraction ou dislocation.
J'en venois bien à bout. Mondit sei-
gneur le mareschal m'envoyoit tantost
d'un costé, tantost de l'autre, pour
penser les soldats signalés qui s'es-
toient battus tant aux autres villes
qu'à Thurin, de sorte que j'estols
tousjours par les champs d'un costé
et d'autre. » Et dans les cas graves,
lorsque, à la suite de consultations,
on avait résolu « de faire quelque œu-
vre sérieuse de la chirurgie, c'estoit
Ambroise Paré qui y mettoit la main, o
Les plus habiles Tadmiraieul «d'eslre
si adextre aux opérations. » Cette gran-
de dextérité de main, jointe au traite-
Pa^
- 446 -
PAR
ment nonveati qu'il avait introduit^
lui avait gagné rafifection des soldatil
et des chefs. Sa réputation allait cha-
que jour s'étendant. Et néanmoins il
n'était pas vain de ses succès ; dans sa
piété il en rapportait tout le mérite à
Bleu. On connaît cet adage qui revient
sous sa plume à chaque nouvelle cure
heureuse dont il raconte l'histoire: Je
le pensayy et bien le guarist. Le ma-
réchal de Montejan étant mort en i 539^
son successeur au commandement^ le
maréchal d'Ânnebaut^ (( Ûi cest hon-
neur à Paré de le prier de demeurer
avec luy^ » en Itil faisant dite a qu'il
le traiteroit autant bien ou mieul quë
monsieur le mareschal de MontéJan. )i
Mais il refusa ses offres et revint à
Paris à la suite dô la VedVe du Inaré-
chal. En ) 541^ il épousa Jeanne Màs-*
sel in (1). La guerre s'étant rallumée «
Il s^afrachaaux bras de sa jeune épouàô
pour s'exposer de nouveau aux hasarda
des camps. 11 s'attacha au vicomte
dé i^ohan. Après chaque campagne, tl
venait se reposer de ses fatigues à
Paris. Le bruit de ses succès ayant
excité la curiosité de Sylvlus^ « doût
les leçons attiraient plus d'auditeûrd
que celles de Kernel mème^ » il Invita,
raconte M. Malgaigne, « le Jeune chl-
' rurgieu à dlncr , écouta avec une
gran(ie attentioii les observations et
les expériences sur lesquelles Pâté
avait établi sa doctrine sur les plaled
d'arqiiëbtises, et 6n fut tellelhent frappé
(i) M. Malfftigiie qui ignorait son notn, Isiit
fille du Talet ebauffe-cire de la chancelleri* éê
l^'raace. Voici les noms des enfants qu'elle donna
à Paré, avec leurs alliances: 1° Jeanne; wariée
à Glabde Vlart, chimrçien juré à Paris, pdls M
lecondes noces, le 11 jant. 1S88, à François FtH
resl, clerc du lieutonaul civil au Obâtelet de Pa-
ris ; — 2° Anne, mariée, le 8 iuill. 1596, à
Henry Simon, consoillct du roi, trésorier pMii-
cif al' de l'eitradrdinairé en Bourbonnaii ; •"*
5*" François, bapl. le 4 juill. 1545 : parrains,
iTraurois de Yillemou^seux , médecin, et Louis
Drotaât, batbièr; marraine Susanne de Pigttiet;
— 4« Isaac) bopt. le 11 août 1559 : parrains, An-
toine Masseliil, clerc suivant les Qoances, et Ni-
cole Lambert, chirurg. ord. du roi; marraine,
Anne Du Tillet, Temme d'Êstienne Lallemanl,
conseiller du roi et mattrto des requêtes ; ihoft M
« tftril 1B60 ; -^ 0* Gttkerlne, bâpt. le M Aoêt
1560 et morte le 31 sept. 1616; de son nutriaft
qu'il le pria, de otande affection, de
la mettre par écrit et de la communi-
quer au public. T> Paré s'empressa de
suivre ce conseil. Son premier traité
parut en 1545. Cette même année. 11
assista au siège de Boulogne ; mais c est
sans doute à tort qu'on lui a fait taon-'
neur de la belle cure qui sauva les Jotirâ
dd duc de Guise. Personne plus que IttJ
n'aurait eu intérêt à en conserver le
convenir, et il n'en eût pas laissé le
^bih à un romancier. M. Malgalgne at-
tache plus d'importance qu'il ne hai
AUX imaginations de Sandras de CoW-
tllz, ce n'est pas un historien. Lés
quelques années de repos qui sui-
virent, Paré les consacra à des dis-
sections, et il consigna dans un petit
livre le résultat de ses observatiotiâ.
(i Je ne veux m'arroger, disait-il dans
sa préface, que J'aye leu Galien par-
lant gtec, ou latin : car n'a ptett à
Dieu tant faire de grâce à ma jeunesse^
qu'elle aye esté en l'une et l'autre in-
stituée; mais aussi ne voudfoys aticù-
nément dissimuler que j'aye aprls léft
dict2 documens de Galien par i'intef-
prétatlon françoise de monsieur mals-
tre Jehan canapé, docteur régent éft
la faculté de médecine faisant sa de-
meurance à Lyon. Vous asseurant qlie
tant s'en fault que le disciple vueille
desrober l'honneur deu à son maistre,
({ue maintenant Je proteste que nous
sommes touts à luy grandement obli-
gés : pource que nous a traduit etk
ateo Fhmçois Rousselet, contrôleur gêoêrtl dé
la maison de la reine de NaTarre, fils de GUMdê
Rousselet, doyen do la Faculté de médecîM éê
Paris en 1577,mariago célébré en 1581, naqui-
rent plusieurs entants : Nicolas, bapt. le 5 oél.
1688 ; Charles, le 4iaat. 1590; Etteitue, l« «S
août 1594; Marguerite, lo 83 janv. 1596; Ca-
therine, le 32 juill. 1598; Benys, né le 14 oct.
1601 ; Henry, bapt. le 14 mars 1605. £nfia, mt
Catherine Paré, que nous M savons à qui Hii-
tacher, épousa, le 29 sept. 1603, Claude H«it-
lyn, conseiller du roi en la chambre de sou tré-
sor. Nous doTohs la communication de ces reik-
seignements, tirés des registres de l'églieo èk
fil- André-des- Arcs, à robligeanoe de M. Gharllt
Read. Ajoutons, pour ceux de nos lecteurs q«
tiennent à ces petits détails, oue Paré îiabitalt Ik
rue de l'Arondelle ou Hirondelle, abotititsant i
la plMS U pont Sl-Hk^el» qui tieil l'éuv m
partie démolie.
PkH
— «7 —
PAR
flrancoys plosietirs libyres exquid et
nécessaires à lacoiisommatiotldeiiotre
art : c'est à dire les nous a rendue fa*
ûiiliers et privez^ qai, non sans grand
dommaige public, pardevant nous es*^
toyent inaccessibles. 9 Quand on sent
Éh force, on ne craint pas d'avouer oii
est sa faiblesse. Le grand succès que
son traité sur les plaies d'arquebuses
avait obtenu^ l'engagea à en donner
nné nouvelle édition que, d'après le
conseil de son protecteur, le vicomte
de ftoban, il dédia au roi. Ce fut un
(lireinier pas vers la faveur royale. Ses
èéniees ne devaient pas tarder à lui
en ouvrir tout à fait l'accès. Tel était
lé btit de toutes les ambitions dans ces
tnalhetireux temps où l'on n'était rien
£e t>ttr la faveur du prince. Un re-
nblement de persécutions contre les
Mrétiques venait dé préparer les es-
prits des bons catholiques à l'alliance
que Henri méditait dvéc les princes
protestatits de l'Allemagne. Il fallait,
èo odtre, s6 faire pardonner de ne pas
avoir ponr soi le chef de rËglise; car
Charies-Quint s'en était empai'é, de
gré ou de force, et ils marchaient
éotlB là même bannière. Henri chercha
tm contre-poids en s'alilant avec le
turc j c'est ainsi que tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondés,
t^OrthodoXie n'y perdit rien, les ftéfor-
ïDés seuls de France en drentles frais.
La campagne s'ouvrit dès lejprintemps
de 1552 par de prompts et faciles suc-
ées. Paré suivait l'armée. On raconte
de lui un beau trait d'humanité. Un
soldat de la compagnie de tt. de Rohan,
Surprts à la maraude, avait été très-
dangereusement blessé; outre sept
coups d'épéeàla téie, dont le moindre
pénétrait la seconde table du crâne, il
en avait quatre autres sur les bras et
un stir l'épaule droite, qui coupait plus
de la moitié de l'omoplate. Son état
étant désespéré, et la compagnie étant
an moment de partir, on fit «caver
ttne fosse » et l'on se disposait à l'y
Jeter, lorsque Paré a meu de pitié »
dèfflaîida comme une faveur qu'on lui
pétmi de lé pahsef. Sa demande lui
ayant été acoordée , il le fit mettre en
une charrette, sur un lit bien couvert
et bien accommodé, et lui-même il lui
fit offico de médecin, d'apothicaire, de
chirurgien et de cuisinier. « Je le pen-
say, continue-t-il, Jusques à ia fin de
la cure, et Dieu le guari9t. )> Par re-
connaissance, <x les hommes d'armes
de la compagnie de monsieur de Ro-
han, la première montre qui se fit, loi
donnèrent chacun un escu , et les ar-
chers demy escu. » Cette campagne de
1552 marque particulièrement dans
la vie de Paré. Ce fut au siège de Dan-
villiers que pour la première fois, dans
les cas d'amputation, il renonça à la
cautérisation, alors en usage, pour y
substituer la ligature des artères. «La
découverte de la ligature des artères^
comme moyen d'arrêter Thémorragio,
suffirait seule, au jugement du baron
Richerand (Galerie française, 1) pour
immortaliser le nom de son auteur, et
le placer au premier rang des bienfai-
teurs de l'humanité. Jusqu'au temps
d'Amhroise Paré, continuc-t-il , les
chirurgiens ne connaissaient d'autre
moyen de se rendre maître du cours
du sang, qu'en brûlant la partie bles-
sée , opération aussi peu sûre qu'elle
était cruelle et fatale au plus grand
nombre de ceux pour lesquels on y
avait recours. Depuis Gaiien, plu-
sieurs médecins avaient, il est vrai,
conseillé de lier les vaisseaux pour
remédier aux hémorragies ; mais il y
a bien loin d'une indication vague et
générale, aune pratique réelle Justifiée
par de nombreux succès. »
Après la campagne du Luxembourg,
Paré revint à Paris. Il y était à peine
de retour, qu'Antoine de Bourbon le
pria de le suivre en Picardie. Paré
essaya d'abord de s'excuser sur ce que
« sa femme étoit au lit malade.» Mais
le prince ne voulut par recevoir cette
excuse, il lui répondit « qu'il y avoit
des médecins à Paris pour la traiter »
et que, quant à lui, il laissait bien la
' sienne, qui était d'aussi bonne maison
que M»' Paré. « Voyant cesle grande
afitotlon qu'il avoit de le mener avec
PAR
— 128 —
PAR
luy^ » Paré ne l'osa refoser davantage.
Sa condescendance lai porta bonheur.
Le duc de Vendôme qui avait vu Tha-
bile chirurgien à l'œuvre^ rapporta au
roi comment Paré « avait grandement
fait son devoir. » Le roi séduit voulut
l'avoir à son service; il lui fit donc
écrire de venir le trouver à Reims^ ce
qu'il fit^ et il lui commanda de de-
meurer auprès de lui en qualité de
chirurgien ordinaire, l'assurant « qu'il
lui feroit du bien. » L'occasion se pré-
senta bientôt de Justifier cette faveur.
Charles-Quint avait mis le siège devant
Metz (20 oct. 1552). Le duc de Guise
était chargé de la défense de la place.
L'acharnement élait égal de part et
d'autre. Les attaques se succédaient
sans interruption, et les blessés étaient
nombreux. Cependant les soins ne leur
manquaient pas, mais soit incapacité
de la part des chirurgiens, soit pour
tout autre cause, a nos gens blessés
mouroient quasi tous, et pensoit-on que
les drogues fussent empoisonnées. »
Dans cet état de choses, monsieur de
Guise et messieurs les princes qui é-
taient avec lui, demandèrent au roi
qu'il voulût bien leur envoyer Paré
avec de nouveaux médicaments. Le
roi y consentit. Mais il s'agissait de
trouver un moyen pour Tintroduire
dans la place. Le roi en fil écrire an
maréchal de Saint-André, son lieute-
nant à Verdun. Moyennant une somme
de quinze cents écus, on parvint à ga-
gner un capitaine italien. Ils se mirent
en roule, ce capitaine, notre chirur-
gien et un domestique. L'entreprise
était hardie, u Lors qu'estions à huit
ou dix lieues près de Metz, raconte Pa-
ré, n'allions que de nuit : où estant
près du camp je vis à plus d'une lieué
et demie des feux allumés autour de la
ville, ressemblant quasi que toute la
terre ardoit, et m'estoit advis que nous
ne poumons jamais passer au travers
de ces feux sans eslre descouverts, et
par conséquent estre pendus et estran-
glés, ou mis en pièces, ou payer grosse
rançon. Pour vray dire, j'eusse bien et
volontiers voulu esire encore à Paris,
pour le danger éminent que je pré-
voyois. » Cependant Dieu les conduisit
à bon port; à minuit ils entrèrent dans
la ville. On y reçut Paré comme un
sauveur. Les princes, les seigneurs,
les capitaines, tous « le receurent avec
une grande joye, lui faisans cest hon-
neur de l'embrasser, et lui dire qu'il
estoit le bien venu : adjoustans qu'ils
n'avoient plus de peur de mourir s'il
advenoit qu'ils fussent blessés. » Paré,
dans son Apologie, donne quelques dé-
tails intéressants sur ce siège mémo-
rable; il en raconte les péripéties avec
une verve et une bonne humeur toute
gauloise. Lorsque le camp fut entière-
ment rompu. Paré prit congé de mon-
sieur de Guise et vint retrouver le roi
à Paris. Ce prince le reçut avec bon
visage et lui fit donner une gratification
de deux cents écus, en sus des cent
qu'il avait eus au partir.
L'année suivante (1 555], le roi l'en-
voya à Hesdin. La place ne tarda pas
à être assiégée par les Impériaux com-
mandés par le duc de Savoie. Rien
n'avait été préparé pour soutenir un
siège. Paré ne pouvait suflQre à sa tâ-
che. « Je ne dormois ne nuict ne jour^
pour la grande quantité des blessés,
qui pouvoient estre en nombre de deux
cens. Les morts rende ient une grande
putréfaction, estans entassés les uns
sur les autres comme fagots, n'es-
tans point couverts de terre, à cause
que nous n'en avions pas. Et si J 'en-
tre i s en un logis, il y a voit des sol-
dats qui m'attendoient à la porte lors-
que j'en sortirois, pour en penser
d'autres : c'estoit à qui m'auroit, et
me portoient comme un corps sainct,
ne touchant du pied en terre, malgré
les uns des autres, et ne pouvois sa-
tisfaire à ce grand nombre de blessés :
joint que je n'avois ce qui m'estoit né-
cessaire pour les médicamenter. » La
place n'était pas tenable. On convoqua
un conseil de guerre; Paré y fut appelé,
et il opina, comme les autres, pour
une prompte reddition, il avait hâte
« d'estre hors de cest enfer et grand
tourment. » Mais comme il savait sa
PAR
— <29 —
PAR
valeur et ne \oulaU pas que sa rançon
y fut proportionnée^ il songea à se dé-
guiser. Il raconte naïvement son tra-
vestissement. «Depeurd'estreconneu^
dit-il^ je donnay une saye de velours,
un pourpoint de salin, un manteau d'un
fln drap, paré de velours, h un soldat
qui me donna un meschant pourpoint
tout deschiré et descliiqueté d'usure,
et un collet de cuir bien examiné, et
un mesctiant ctiappeau, et un petit man-
teau : }e barboiiillay le collet de ma
chemise avec de l'eau où J'avois des-
trempé un peu de suye. Pareillement
j'usay mes chausses avec une pierre à
l'endroit des genoùils et au dessus des
talions, comme si elles eussent long-
temps esté portées : j'en fis autant à
mes souliers, de façon qu'on m'eust
ptustost prins pour un ramonneur de
cheminée que pour un chirurgien de
roy. » Dans ce bizarre accoutrement.
Paré se rendit auprès de M. de Marti-
goes qui avait été mortellement blessé,
et sollicita la faveur de demeurer au-
près de lui pour le panser. Mais cette
faveur que le blessé s'empressa de lui
accorder, faillit le jeter dans les plus
grands embarras. Martigues était un
prisonnier de marque que le duc de
Savoie tenait à conserver. Le masque
que Paré avait pris n'était pas à son
avantage, on s'imagina quelque char-
latan de bas étage. Survinrent, ac-
compagnés de plusieurs gentilshom-
mes, un médecin et un chirurgien de
Tempereur. Un moment Paré balança
s'il ne ferait pas « le niais, » mais à
la fin l'amour-propre l'emporta, et il
étala avec une certaine complaisance
tout son savoir devant ces messieurs.
Ils en demeurèrent ébaubis. Aussi ren-
dirent-ils au duc de Savoie le compte
le plus favorable de la manière dont
M. de Martigues avait été traité. No-
tre capitaine étant mort deux jours
après, les médecins et les chirurgiens
de l'empereur, accompagnés d'une
nombreuse suite de gentilshommes et
de capitaines, vinrent pour embaumer
le corps. « Le chirurgien de l'empe-
reur, raconte Paré, s'approcha de moy
et me pria bien affectueusement d'en
faire l'ouverture. » Paré s'en excusa
humblement ; le chirurgien insista, en
le priant de le faire « pour l'amour de
lui. » Paré crut devoir persister dans
son refus ; le chirurgien menaça. A la
fln, vaincu par tant d'insistance, Paré
prit « le rasoir, » se proposant de leur
montrer qu'il était anatomiste. Le
vaillant Achille venait d'être reconnu.
Après l'opération, « le chirurgien de
l'empereur le tira à part, et lui dit que
s'il vouloit demeurer avec luy, il le
traiteroit bien, et qu'il l'habilleroit tout
à neuf : aussi qu'il le feroit aller à
cheval.» L'offre était tentante ; cepen-
dant Paré le remercia en lui disant
« qu'il n'avoit aucune envie de faire
service aux estrangers de sa patrie. »
Brave response î remarque-t-il en
note. Le chirurgien lui objecta que
c'était une folie à lui, « et que s'il étoit
prisonnier comme lui, il serviroit un
diable pour être mis en liberté. » Mais
Paré persista dans son refus. Il ne se
montra pas plus accommodant avec le
duc de Savoie, qui, sur le bien que lui
en avait dit son médecin, voulut le re-
tenir à son service, en lui promettant
de le bien traiter. C'était jouer gros
jeu. Le prince se coléra et dit qu'il le
fallait envoyer aux galères. Heureuse-
ment que le colonel de Vaudeville qui
était présent, souffrait d'un vieil ul-
cère à une jambe ; il demanda qu'on
lui accorda le prisonnier, et le duc y
consentit. Un traité s'ensuivit entre
le chirurgien et le patient. Le colonel
lui donna la promesse de le remettre
en liberté sans rançon sitôt que son
ulcère serait en bonne voie de guéri-
son. Au bout de quinze jours, le mal
avait presque disparu. Le colonel tint
parole ; il fit reconduire Paré par un
trompette jusqu'à Abbeville. Là notre
chirurgien prit la poste et alla trouver
le roi à Auflmon. Ce prince le reçut
« avec allégresse, » et lui fit donner
deux cents écus pour se retirer en sa
maison. N'oublions pas de dire qu'a-
près la prise d'Hesdin, le bruit de la
mort de Paré s'étant répandu, Henri
PAR
~ 130
PAR
fit écrire à madame Paré pour la ras-
surer, et lui faire savoir qu'il payerait
la rançon de son mari. De pareils traits
sont trop rares dans la vie des souve-
rains pour qu'il soit permis de les pas-
ser sous silence.
Le collège deSaint-Gôme, sans cesse
en rivalité avec laFaculté de médecine,
avait intérêt à s'attacher ub homme de
l'Importance de Paré. Aussi au mépris
des ordonnances et des statuts qui
exigeaient que le candidat fôt en état
de subir son examen en latin, on lui
décerna les honneurs d'une réception
gratuite. Le 25 août 1554, il fut reçu
bachelier; le 8 octobre, licencié, et le
18 décembre, il prit le bonnet de maî-
tre. Quelques années de repos lui per-
mirent de continuer ses éludes anato-
miques. Ayant obtenu du lieutenant
criminel, eu 1 555,lecorps d'un suppli-
eiéf « lien disséqua toute la partie déx-
tre> laissant la senestre intacte, à M,
dit-il, que lorsque je veux faire quelques
Incisions à quelque malade, voyant les
parties de récente mémoire. Je sois
plusasseuréenmes œuvres. «Premlè|e
tentative bien remarquable d'anatomie
chirurgicale, » observe M. Malgaigne.
Après vingt-sept ans, ce cadavre était
encore dans un parfait état de conserva-
tion*
Henri II étant mort (l 559), Paré con-
«enr|L sa place de chirurgien ordi-
naire auprès du nouveau roi. Hien de
notable ne signala cette période de sa
carrière. Ce serait faire injure à sa
mémoire, comme le remarque fort bien
M. Malgaigne, que de chercher à re-
pousser des bruits d'empoisonnement
qui circulèrent à lamort de François il,
et qui n'outragent pas moins la nature
que la science. Le jeune prince mort,
Paré garda sa position de chirurgien
auprès de son successeur. A quelque
temps de là, un accident faillit lui
coûter la vie. Il allait, en compagnie
de deux médecins en renom, visiter
quelque malade au village des Bons-
Hommes, près Paris (4 mai 1561),
lorsque a voulant passer l'eau et tas-
cher à faire entrer son cheval en m\
bateau, il lui donna d^nne boussine
sur la croupe, dont la beste stimulée
lui rua un tel coup de pied, qu'elle lut
brisa entièrement les deux os de la
Jambe senestre, à quatre doigts au-
dessus de la jointure du pied. Ayant
reçu le coup, et craignant que le cheval
ne lui ruast de rechef, il démarcha un
fias : mais soudain tombant en terre,
es os jà fracturés sortirent hors, et
rompirent la chair, la chausse et la
botte, dont il sentit telle douleur, qu'il
est possible à Thomme d'etidurer. «>
Lui-même dirigea sacureet après trois
mois de traitement, il put reprendre
ses travaux.
Pendant la première guerre de reli-
gion. Paré continua son service auprès
de Charles IX. Ce prince l.'envoya ati
siège de Houen (1562). La mortalité y
était grande, c( de façon qu'aucuns es-
timolent que [les assiégés] avoient em-
poisonné leurs balles; ceux du dedans
dtsoient le semblable de Aoûs. » Ce
siège de Houen forme, au Jugement de
M. Malgaigne, Une troisième époque
très-remarquable dans la vie chirur-
gicale de Paré, a Jusque-là, dit-il, il
avait bien détruit la doctrine qui at-
tribuait au poison et à la brûlure les
accidents des plaies par armes à feu;
mais toute sa thérapeutique était limi-
tée aux topiques onctueux et principa-
lement à son huile de petits chiens. »
Le peu d'effet qu'il obtint devant Rouen
avec cette huile, l'engagea à modifier
son traitement. Un fait 4ui Jusqu'ici
avait échappé à tous les biographes, et
que M. Malgaigne a pu signaler dans
une note rectificative en tète du III<
vol. des OEuvres de Paré, c'est qu'à
cette époque notre grand chirurgien
faillit être victime du fanatisme catho-
lique à cause de sa religion. Yoici
comme il raconte le fait dans son livre
des Rapports (Edit. de ses OEuvres de
1575), histoire retranchée dans les édi-
tions postérieures, a Après la prise de
Rouen me trouvoy à disner en quelque
compaignie, où en avoit quelques uns
qfUme hayoyefil à mort pouf la Beli-
gion : on md présenta des chdilit où
PAtt
- «31 -
PAR
il y avoit du snblimô ou arsenic : de
la première bouchée n'en apperceu
rien : la seconde^ je senti une grande
chaleur et cuiseur, et grande astrlction
en labouche^et principalement au go-
sier^ et saveur puante de la bonne
drogue : et l'ayant appcrceuc^ subit
je pris un verre d'eau et de vin, et la-
vay ma bouche, aussi en avallay bonne
quantité, et promptement allay chez le
proche apoticaire : subit que je fus
parti, le plat aux choux fut jeté en
terre, p M. Malgaigne a raison de con-
venir que cette histoire a semble tran-
cher d'une manière décisive la question
de savoir si, du moins à une époquede
sa vie [de 1 562 à 1 57 5 pour le moins],
Paré avait été huguenot. » Pour nous^
nous n'avions pas besoinde cette preuve
pour asseoir notre conviction ; il nous
avait suffi de parcourir les écrits dtt
Paré ; à tout moment on sent dans cette
âme honnête, pieuse, charitable, pleine
de confiance en Dieu, palpiter le hu-
guenot. Les grands ménagements dont
il use envers ceux du camp opposé»
ne les traitant jamais ni d'hérétiques»
ni de rebelles — bien mauvais moyen
sans doute de faire sa cour au Souve-
rain ! — les nombreuses citations bi-
bliques (d'après la trad. huguenotte]
dont il remplit ses livres, aune époque
où la Bible était en très-mauvais pré-
dicament ; le nom même d'Jsaac qu'il
donne à son fils, — autre signe de ré-
probation ! — toutes ces raisons, et
beaucoup d'autres qu'il serait trop long
de déduire ici, sont faites pour forcer
la conviction des plus incrédules.
H. Malgaigne suppose que c'est vers
cette époque, et probablement en ré-
compense de ses services au siège de
Rouen, que Paré fut nommé premier
chirurgien du roi. Ce fut en cette qua-
lité qu'il suivit la cour au voyage de
Bayonne (1564) « ou nous avons esté»
dit-il, deux ans et plus à circuir pres-
que tout ce royaume. » Dans ses voya-
ges, il ne manquait jamais de s'enqué-
rirauprès des chirurgiens aveclesquels
il étaitmis en rapport, « s'ils avoient re-
marqué quelque chose rare en leurs pra-
tiques, à fin d'apprendre quelque chose
de nouveau. » La peste ravageait alors
une grandepartiedela France. Lui-mê-
me fut atteint du fléau, car il ne s'épar-
gnait pas auprès des malades. Il n'était
pas de ces médecins prudents qui, dans
les épidémies, fuient le danger. Ecou-
tons le huguenot, le maître chirurgien»
en face du fléau : il prêche, on dirait le
sermon , et l'éloquent sermon , d'un
prédicant. « Concluons donc que la
peste et autres maladies dangereuses»
sont tesmoignage de la fureur divine
sur les péchés, idolâtries et supersti-
tions qui régnent en la terre, comme
mesmes un autheur profane (Uippo-
crate) est contraint de. confesser qu'il
y a quelque chose de divin aux mala-
dies. Et pour tant, lorsqu'il plaist aa
Seigneur des Seigneurs, et Créateur
de toutes choses , user de ses justes
jugemens, nulle de ses créatures ne
peut éviter sa fureur espouvantable :
voire mesme ciel et terre en tremblent»
ainsi que David nous enseigne (Ps. 68»
trad. de Th. de Bèze}.
Les Gieax foDdireol ca inear :
La terre trembla de la peur
De ta face terrible.
Que sera-ce donc de nous» pauvres
humains, qui nous escoulons comme la
neige 1 Comment pourrons-nous sub-
sister devant le feu de l'ire de Dieu»
veu que nous sommes foin et paille, et
que nos jours s'évanouissent comme
vapeur de fumée? Apprenons de nous
convertir de nos voyes mauvaises à la
pureté du service de Dieu, et ne sui-
vons point l'exemple des fols malades»
qui se plaignent de la chaleur et alté-
ration de la flèvre, et cependant rejet-
tent la médecine qui leur est représen-
tée pour les guarir de la cause de la
maladie. » — a Voilà, continue-t-il»
la première et principale considération
que tous chrestiens doivent connoistre»
en recherchant les causes divines de
la peste, et lé préparatif qu'il faut
prendre pour la guarlson de telle ma-
ladie. Et outre coi je conseille au chi-
rurgien ne vouloir aussi négliger les
remèdes approuvés par les médecins
PAR
— 132 —
PAR
ancieDs et modernes : car combien que
par la volonté de Dieu, telle maladie
soit envoyée aux hommes, si est-ce que
par sa saincte volonté les moyens et
secours nous sont donnés pareillement
de luy, pour en user comme d'instru-
mens à sa gloire, clierclians remèdes
en nos maux, mesmes en ses créatures,
auxquelles il a donné certaines pro-
priétés et vertus pour le soulagement
des pauvres malades : et veut que nous
usions des causes secondes et natu-
relles, comme dMnstrumens de sa bé-
nédiction : autrement nous serions bien
ingrats, et mesprlserions sa bénéfi-
cence. » Dansson opinion, les fonctions
médicales étaient un saint apostolat.
Considérez, disait-il auxjeunes chirur-
giens, que vous estes appelles de Dieu
en cette vocation et partant allez d'un
franc courage sans aucune crainte,
ayant ferme foi que Dieu nous conserve
et oste la vie ainsi et quand il lui plaist.
Toutefois, ajoutait-il, « ne faut négliger
et mespriser les remèdes préservatifs,
ou autrement nous serions accusés
d'ingratitude, veu que Dieu nous les
a donnés, ayant tout fait pour le bien
de l'homme, p Ce fut à la demande de
Catherine de Médicis qu'à son retour à
Paris, Paré publia ce traité sur la
Peste, M. Malgaigne prévenant l'ob-
jection qui pourrait être faite au sujet
de rincompétence du chirurgien dans
des questions purement médicales, y
répond en renvoyant aux circonstances
de sa vie. « Paré, dit-il, écrivait ce
qu'il avait vu, ce qu'il avait mieux vu
que la plupart des médecins de l'épo-
que, et ce qui fatigue dans la lecture
de son ouvrage, c'est uniquement l'ex-
position des théories nauséabondes
qu'il avait puisées aux cours de la Fa-
culté de Paris. » Du reste, il est tou-
jours plein de déférence pour la haute
Faculté. Un passage de son livre rela-
tif à l'antimoine, drogue condamnée
par censure de TEcole, avait déplu; ii
le supprima dans une seconde édition,
se contentant de dire que quelques-uns
préconisent ce remède, mais qu'il s'abs-
tient d'en parler en cet endroit, parce
qu'il est réprouvé par messieurs de la
Faculté. Par amour de la paix, il était
toujours prêt à faire de ces petites
concessions. Il portait la modération
jusque dans ses réponses à des invec-
tives : exception presque unique dans
ce siècle !
La guerre civile recommença. Après
la bataille de Moncontour, le roi en-
voya Paré au comte de Mansfeld, qui a-
vait été dangereusement blessé,et il eut
le bonheur de le sauver. Cette cure lui
flt une réputation dans les Flandres. Le
marquis d'Avret, frèredu ducd'Ascot,
souffrait depuis plusieurs mois d'un
coup de feu au genou, il flt solliciter le
roi deluiprétersonpremier chirurgien.
Le roi y ayant consenti. Paré se rendit
donc au château d'Avret, à une lieue
et demie de Mons. Le cas était à peu
près désespéré. Mais « Dieu et nature
font quelquefois des choses qui sem-
blent aux médecins et chirurgiens estre
impossibles. » Après deux mois de
traitement. Paré avait remis son ma-
lade sur pied. Le marquis était aimé
dans le pays. On fit à Paré les ovations
les plus chaleureuses, à Mons, à Bruxel-
les, à Matines, à Anvers. « Jamais dans
l'âge moderne, dit M. Malgaigne, ja-
mais même dans les plus beaux temps
de l'antiquité, aucun médecin ou chi-
rurgien n'avait été l'objet d'un pareil
triomphe ; mais aussi par quelle vie
de labeur et de probité et de génie
l'ancien maître barbier avait-il mérité
de recevoir un jour unaccueil jusqu'a-
lors réservé aux grands capitaines et
aux souverains ! »
Nous arrivons àla Saint-Barthélémy.
Rapportons d'abord les autorités de
l'Histoire. Brantôme raconte dans son
Discours sur Charles IX que, lors des
massacres, ce prince « incessamment
crioit : tuezytuez, et n'en voulut jamais
sauver aucun, sinon maistre Ambroise
Paré, son premier chirurgien et le pre-
mier de la chrétienté : et l'envoya
quérir et venir le soir dans sa chambre
et garde-robe, lui commandant de n'en
bouger, et disoit qu'il n'étoit raison-
nable qu'un qui pouvoit servir à tout
PAR
— 133 —
PAR
an petit monde fat ainsi massacré, et
si ne le pressa point de clianger de re-
ligion, non plus que sa nourrice. »
Aillenrs, dans son Discours sur l'ami-
ral de Coligny, il rapporte que « Tad-
mirai estant blessé fut fort bien se-
couru des médecins et chirurgiens du
roy, et mesme de ce grand personnage
maistre Ambroise Paré, son premier
chirurgien, qui estoit fort huguenot, »
D'un autre c6té, on lit dans les Eco-
nomies royales de Sully : a De tous
ceux qui approche ient ce prince, il n'y
avoit personne qui eût tant de part à
sa conflance qu' Ambroise Paré. Cet
honmie, quin'étoit que son chirurgien,
avoit pris avec lui une si grande fami-
liarité, quoiqu'il fût huguenot, que ce
prince lui ayant dit le Jour du massacre
que c'étoitàcette heure qu'il falloitque
tout le monde se fil catholique. Paré lui
répondit sans s'étonner : Par lalumière
de Dieu,sire, Je cro is qu'il vous souv ient
m'avoir promis de ne me commander
jamais quatre choses, savoir : de ren-
trer dans le ventre de ma mère, de me
trouver à un Jour de bataille, de quit-
ter votre service, et d'aller à la messe.
Le roi le prit à part, et s'ouvrit à lui
sur le trouble dont il se sentoit agité :
Ambroise, lui dit-il. Je ne sais ce qui
m'est survenu depuis deux ou trois
Jours, mais Je me trouve l'esprit et le
corps tout aussi émus que si J'avois la
fièvre. Il me semble à tout moment,
aassi bien veillant que dormant, que
ces corps massacrés se présentent à
moi les faces hideuses et couvertes de
sang. Je voudrois bien qu'on n'y eût
pas compris les imbéciles et les inno-
cents. L'ordre qui fut publié les Jours
suivants de faire cesser la tuerie fut
le fruit de cette conversation. »
Voilà deux témoignages bien précis ;
H. Malgaigneatorld'y associer, on ne
sait pourquoi , le témoignage de San-
dras de Courtilz , auteur de romans
historiques, qui écrivait au moins cent
ans plus tard. Brantôme et Sully étaient-
ils en position de connaître la vérité ,
et dans ce cas, auraient-ils été sous
l'influence de quelque passion qui les
eût portés à dissimuler? L'un était ca-
tholique,uncalholiquetiède,ilestvrai,
quoique abbé commendataire ; l'autre
était protestant, un protestant sincère
sans doute,mais sans zèle; l'un était gen-
tilhomme de la chambre de Charles IX
et frayait avec tout ce qui tenait à la
Cour; l'autre , il est vrai, n'était en-
core qu'un adolescent à la St-Barthé-
lemy, mais il était attaché en qualité
de page à la maison de Henri de Na-
varre ; il accompagna ce prince lors de
son évasion, et tel que le fidèle Acbate,
il ne le quitta plus. Nul n'était donc en
meilleure position qu'eux pour savoir
la vérité. Elever des doutes, ce serait
nier l'histoire. La plupart des faits de
nos Annales sont admis sur des témoi-
gnages moins imposants. Aussi M. Hal-
gaigne avait raison de dire qu'il ten-
tait presque l'impossible. 11 nous serait
facile de répondre à ses objections, qui
ont peu de poids; mais comme il a fini
par reconnaître, au moins en partie,
son erreur (1) — erreur dans laquelle
il a été entraîné, nous nous plaisons à
le constater, par un pur amour de la
vérité, ses tendances philosophiques
nous en sont garantes, — nous ne nous
y arrêterons pas plus longtemps. Seu-
lement nous aurons à examiner plus
loin la valeur de ses dernières objec-
tions, qui. Je pense, ne résisteront pas
davantage.
Paré perdit sa femme, Jeanne Mas*
selin ou Mazelin, le 4 nov. 1 573. Nous
avons vu qu'elle lui donna plusieurs
enfants, dont trois filles Jeànne,Annb
et Catherine qui firent, ces deux der-
nières au moins, de grands partis. Nous
ne savons pas si le fils, François,
vécut assez pour continuer la lignée (2).
(i) li est fAcbeux que cette rectification se troate
comme perdue dans une préface ajoutée au 3« to-
lume -, les plus intrépides iront difficilement la cher-
cher jusque-là. Aussi Toyons-nons que M. Pariset,
une des lumières de la science, dans son discours
prononcé au nom de l'Acad. royale de médecine,
lors de l'inauguration de la statue de Paré à Laral,
s'en est tenu à la première appréciation de M. Mal-
gaigne. Beaucoup d'antres en feront de même et
cette erreur fera son chemin.
(9) « Je ne pourrais taire sans injustice, dit
M. Hubert (disconn cité), qu'une famille Paré,
PAR
i34 —
PAH
Selon M. Malgaigne^ Paré ae serait re-
marlé^ cette même année de 1 575, avec
Jacqueline Rousselet, fllle d'nn cheva-
lier ordinaire de l'écurie dn roi. Mais
il n'est pas possible de l'admettre. Il
devait an moins laisser s'écouler Tan-
née de deuil. Ce mariage ne se trou-
vant pas consigné, d'après nos rensei-
gnements particuliers, sur les registres
de l'église de S. André des Arcs^ nous
ne pouvons en préciser la date. Si Ton
devait en croire une communication
de M. E. Begin, faite h M. Halgaigne,
deux fllles, dont on ne nous dit pas les
noms, seraient nées de ce mariage
avant 1575. Autre impossibilité; en
outre, nous ferons remarquer qu'il se-
rait étrange que ces deux naissances
ne fussent pas portées sur les registres
de la paroisse. N'oublions pas, non
plus, qu'à cette époque Paré devait
avoir près de soixante ans. Jl y a sans
doute quelque confusion dans ces ren-
seignements, et cela pourrait faire
naître des doutes sur l'authenticité du
mémoire que possède M. Begin.
Le grand chirurgien ne s'endormait
pas sur ses lauriers. L'intérêt de la
science, c'est-à-dire de l'humanité, le
préoccupait encore plus que sa propre
gloire. Notre notice bibliographique
fera connaître ses différentes publica*
qu'on retrouTO à Laval depuis 1740, et dont le»
descendants portent pour prénom habituel le nom
d'Àmbroise, sans pouvoir établir aujourd'hui une
filittUon plus dlreol», étikit sous les aociets Hoîs
exempte de capitation et de r impôt de gabelle,
comme issue do notre s:rand chirurgien. * Et plus
loin dans une note : • La commission avait espéré
«B moment pouvoir publiar des reoseignements
inédits sur la famille d'Ambroise Paré, et sur les
Îreroières années de sa vie ; elle avait découvert
Amsterdam un sieur Paré, ferblantier, qui se
lUl descendant direct d'Ambroiso Pari et posses»
saur de tous les papiers de famille } mais comme
il a refusé d'y laisser fouiller sans recevoir par
aiance «ne somme d'argent, nous n'avons pas cru
Îonvoir engager les fonds de la souscription, etc. ■
lOe pareille conduite dément une aussi illustre
origine ; la famille d'Ambroi^e Paré ne pouvait
dégénérer à ce point. £n 1804, Napoléon donna
mission au professeur Lassus de rechercher à
l^val les descendants d'Ambroiso Paré, qu'il vou-
lait honorer de ses bienfaits; mais il paraît que
ces recherches restèrent sans résultat.— Un Char-
Ug Paré était régent à Sedan, en 1650, et une
(«mille protestwte de ce nome&if taitàL» àocbelle
«A iB7tt ià^rck. Tl. 516).
tiens. £n i 575, parut la i^' édition de
ses Œuvres, Il prend au titre la qua-
lité de conseiller et premier chirurgien
du roi. Après la mort de Charles IX,
Henri III l'avait, en effet, pris à son
service, en ajoutant à son titre de pre-
mier chirurgien (i) celui de valet de
chambre ordinaire et conseiller, a L'on
vrage de Paré avait ce grand mérite,
au Jugement de M. Malgai^, de pa-
raître à temps, de satisfaireàunbesoin
de l'époque; et par la manière dont iJ
était conçu et par la vaste renommée
de son auteor, il devait être et il fut
dès son apparition le code de la chirur-
gie.—Jamais^ depuis le livre de Guy
de ChauUac, un aussi beau et aussi
vaste monument n'avait été élevé à la
chirurgie. Anciens et modernes, autant
qu'il avait pu en découvrir et en lire.
Paré les avait tous fait comparaître,
triant avec soin les doctrines, les mé-
thodes, les procédés, et sur une foule
de questions, ajoutant les résultats de
sa longue expérience. » Cet ouvrage oU
le chirurgien se place si haut, porta
ombrage à la Faculté. On accusa l'au-
teur d'avoir eu la témérité d'aborder
des questions qui n'étaient pas de sa
compétence. L'affaire alla même Jus-
qu'au Parlement. Mais soit que la Fa-
culté ait compris après couple ridicule
de ses prétentions, soit, ce qui est plus
probable, qu'un ordre supérieur soit
intervenu, on abandonna la poursuite
et le livre put paraître. Un des princi-
paux griefs de la Faculté, c'est que
l'ouvrage était écriten langue vulgaire.
Quel crime affreux de vouloir être com-
(1) Sur un état de la maison dn roi, en 1987,
Faré est porté comme premier chirurgien au trai-
tement de 666 liv. 12 sols. Sur cette même liste
se trouvenideuiantrescbirurgiens/»a<K Bruns (?)
et Jsma'él Lambert [sans doute fils de Nicole Lam-
bert, ehir.ord. du roi en 1550], que M. Malgaigne,
peu familiarisé avec les petites faiblesses de nos
encètres les Huguenots, prend pour des juifs et
qu'il s'étonne de voir en si bonne compagnie.
M. Malgaigne a graml tort de croire qu'un pro-
testant n'eût pu être admis au service de Heori UI.
Jious ne lui en citerons qu'un exemple, Pal%$$y
a-t-il jamais dissimulé sa religion? Les médecins
surtout, et les financiers, ont toujours joui de cer>
talne prlTiléges de tolèmBCO auprès de oei soi-
Tr#raiwt»m«neief pi^e ieMtiquee.
PAU
-^ 135 —
PAK
pris de ceux à qui Ton s'adresse ! La
Médecine devait en être tenue à mes-
pris, a Ce qui me semble le con-
traire > répond Paré^ car ce que j'en
ay fait est pluslost pour la magni-
Oer et honorer. — • An reste , estant
François et sçacliant bien que pen de
livres de la chirurgie composés par les
Grecs, Latins et Arabes, sont à pré-
sent traduits en nostre langue^ qui fait
ipe d'une infinité de chirurgiens, la
plaspart n'apprend ceste science qu'en
son vulgaire, l'oyant par les docteurs
médecins traiter et interpréter en fran-
çols, dont nous voyons pour un chi-
rurgien latin, qu'il s'en trouve mille
(rançois et plus, bien exerçans la chi-
rnrgie : Je n'ay voulu aussi Tescrire
«a autre langage que le vulgaire de
QOStre nation, ne voulant estre de ces
curieux, et par trop superstitieux, qui
feulent cabaliser les arts, et les serrer
MUS les loix de quelque langue parti-
culière.» En outre, aux yeux de mes-
aieors do la Faculté, Paré avait le tort
liràatssible d'avoir relevé l'art de la
ÂIrnrgie de son avilissement, de l'a-
voir replacé aux c6lés de sa sœur at-
née, bien plus d'avoir osé proclamer,
M ex'barbier, h la face de graves doc-
teurs cfûs^ el mitres qne la chirur-
gie pour sa certitude outrepasse lamé-
decine interne, ^'était-ce pas lecomble
de l'insolence? Cependant ne craignez
pas quelepuissantalhlètefasse amende
honorable et s'humilie ; il a le senti-
inent de son bon droit et de sa force.
Êcoutons^le et admirons cette àme gé-
néreuse : « L'homme n'estant point
|iay pour soy seulement, ny pour son
seul profit, Nature luy a donné un in-
stinct et inclination naturelle à aimer
ion semblable, et en l'aimant, tascher
de le secourir en ses alTaires : telle-
ment que de cette mutuelle affection
est venue ceste loy non escrlte, mais
gravée en nos cœurs. Sois tel envers
wutruy, qtie iu voudrais qu^on fust m
Um endroit, — C'est pourquoy je suis
niré et recogneu par dessus ceux de
ma vacation, et respecté par ceux mes-
mei (jui ne me cognoissent (car il m'est
loisible de parler ainsi, estant à Taage
ou Je suis) veu que tousjonrs j'ay eu
ceste charité gravée en mon ame,quc
la commodité de mon frère et mon pro-
chain m'a esté agréable, et qu'en toutes
mes actions je me suis efforcé de servir
au public, et tesmoigner à chacun quel
je suis, ce que je sçay, comme je l'en-
tends, d'oh je l'ay puisé, et en quelle
sorte je le practlque. » Enfin dans sa
dédicace, dédicace intéressée et par
conséquent trop louangeuse, il disait
& Henri III : <(Car (Dieu m'est témoin,
Sire, et les hommes ne l'ignorent point)
il y a plus de quarante ans que je tra-
vaiUe et me peine à l'esclairclssemcnt
et perfection de la chirurgie.... — En
tout cccy ay-je esté sf prodigue de moy-
mesme, de mon labeur, et de mes fa-
cultés, que n'y cspargnant le temps
pour le travail par moy fait nuict et
Jour, ny les frais, y ayant employé une
grande somme de deniers pour satis-
faire et au devoir requis par un œuvre
si pénible et important, et au désir des
pauvres escholiers, lesquels estans in-
struicts en la tliéorique, se fassent re-
fk*oidis, ne voyans ni les moyens, ni
la voye pour effectuer et pracllquer la
science : les préceptes de laqu^le ils
auroient appris en l'eschole. C'a esté
la cause, que postposant tout gain, et
ayant csgard au seul profit de la posté-
rité, et à l'ornement de l'Empire Fran-
çois, sujet à vostre Majesté, j'ai par
tous moyens possibles mis la Chirurgie
plus au net que jadis, soit pour la ru-
desse des siècles passés, ou envie de
ceux qui en Taisolent profession. » Plu-
sieurs mêmes des confrères de Paré
passèrent dans le camp ennemi. Mais
l'envie et l'intérêt expliquent bien des
aberrations de jugement.
Après cette œuvre capitale, qui con-
tient le résumé de tous ses travaux.
Paré ne publia plus rien d'important;
il se contenta de revoir son ouvrage et
de l'améliorer dans les quatre éditions
qui en parurent de son vivant. Sa
grande Apologie en réponse aux atta-
ques passionnées de Gourmelen, fut
son dernier écrit; il l'inséra dans la
PAR
— 136 —
PAR
4«édit. de sesOEavres^le I3a\r. i 585.
Lorsque la Ligue triomphante eut
chassé Henri III de sa capitale. Paré
ne suivit pas ce prince; son grand âge
ne lui permettait plus de prendre part
à la mêlée. Mais on aurait tort d'en
conclure la moindre affection de sa part
pour le parti des Guises, non plus que
pour la religion que ce parti repré-
sentail.Dans les temps de bouleverse-
ments politiques, les plus honnêtes gens
doivent subir le Pouvoir, quel qu'il
soit, qui s'impose. Le philosophe qui
porte tout avec lui pourrait seul s'y
soustraire ; mais, dans l'état de société,
ces philosophes sans patrie et sans fa-
mille sont heureusement peu communs.
On lit, dans le Journal de L'Estoile,
un trait de courage et d'humanité qui
couronne bien la noble vie de Paré.
Après avoir poussé à la guerre civile,
à l'instigation de ses prêtres et de ses
moines, le peuple de Paris portait la
peine de son aveuglement. La famine
hurlait dans les rues. Le fanatisme ne
nourrit que tant que brûle le bûcher.
« Le jeudi 20 de déc. 1590, veuille de
la Saint-Thomas, mourut à Paris en
sa maison maistre Ambroise Paré, chi-
rurgien du roy, âgé de 80 ans, homme
docte et des premiers de son art; qui,
nonobstant les temps, avoit tousjours
parlé et parloit librement pour la paix
et pour le bien du peuple, ce qui le
faisoit autant aimer des bons, comme
mal vouloir et haïr des meschans, le
nombre desquels surpassoit de beau-
coup l'autre, principalement à Paris,
où les mutins avoient toute l'aucto-
rité : nonobstant lesquels ce bon-hom-
me, se fiant possible à ses vieux ans
comme Solon, ne laissoit à leur dire la
vérité. Et mesouviens qu'environ huict
à dix jours au plus avant la levée du
siège [29 août 1590], M. de Lyon pas-
sant au bout du ponts. Michel, comme
il se trouva assiégé d'une fouie de menu
peuple mourant de faim, qui lui crioil
et lui demandoit du pain ou la mort,
et ne s'en sachant comment dépeslrer,
maistre Ambroise Paré, qui se rencon-
tra là, va itti dire tout haut : a Monsei-
gneur, ce pauvre peuple que vous voyés
icy autour de vous meurt de maie rage
de faim, et vous demande miséricorde.
Pour Dieu, Monsieur, faites-la lui, si
vous voulez que Dieu vous la face; et
songez un peu en la dignité en laquelle
Dieu vous a constitué, et que les cris
de ces pauvres gens, qui montent Jus-
qu'au ciel, sont autant d'ajournemens
que Dieu vous envoyé pour penser au
deu de vostre charge, de laquelle vous
lui estes responsable. Et pourtant, se-
lon icelle et la puissance que nous sça-
vons tous que vous y avés, procurés-
nous la paix, et donnés-nous de quoy
vivre, car le pauvre monde n'en penll
plus. Voiés-vous pas que Paris périt au
gré des meschans qui veulent empes-
cher l'œuvre de Dieu, qui est la paix?
Opposés-vous y fermement. Monsieur,
prenant en main la cause de ce pauvre
peuple affligé, et Dieu vous bénira et
vous le rendra. » M. de Lyon ne res-
pondit rien ou quasi rien, sinon que,
contre sa coustume, s'estant donné la
patience de l'ouïr tout du long sans
l'interrompre, il dit après que ce bon-
homme l'avoit tout estonné, et qu'en-
cores que ce fust un langage de politi-
que que le sien, toutesfois qu'il l'avoit
resveillé et fait penser à beaucoup de
choses. » L'histoire de la Grèce et de
Rome, remarque M. Richerand, qui le
premier a fait connaître ce passage de
L'Estoile dans une lecture à l'Acad. de
médecine, ne nous offre rien de plus
beau, rien de plus véritablement an-
tique! Le 22 déc. Paré fut enterré
dans l'église de S. André des Arcs, sa
paroisse , « au bas de la nef près la
cloche (1). » M. le docteur Bégin ap-
(1) M. Malgaigne s'en prévaut pour maintenir
^ue Paré, dans les dernières années de sa Tie,
était retourné an catholicisme. Mais nous ne lai
ferons que celte objection : Si Paré était mort en
1575 , alors qu'il était bien incontestablement
protestant, où aurait-il été enterré? La réponse
est facile, si les faits font autorité. Pour ne citer
qu'un fait entre mille, où Marol a-t-il été enterré?
Pourquoi ces nombreux arrêts des parlements or-
donnant l'exhumation d'hérétiques? A cette épo-
que, où il n'existait à Paris ni église ni cimet^re
protestant, les Huguenots ne pouvaient être en-
terrés que dans les cimetières catholiques et par
des prêtres catholiques. Si le bon Paliêsy était
PAR
— 137 —
PAR
préeie ainsi, dans laBiogr. médicale,
les services rendus à la science par
Paré, c Plas praticien qa'érndit, dit-
Il^ Tarmée devint sa principale école^
6l le premier tiièàtre de ses saccès. 11
y appliqua aux opérations lesconnais-
sances qu'il avait acqalses dans les am-
phithéâtres, ety recueillit le plus grand
nombre des observations qui ornent
ses écrits et les rendent encore si in-
stractifs. Cette marche expérimentale,
61 l'attention d'appuyer toujours les
préceptes sur les faits, forme le cachet
de ses œuvres et en constitue le prin-
elpal mérite. Lorsque Paré a voulu trai-
ter des sujets étrangers à son art, tels
qioe Teicellence des animaux, la géné-
ration, ou l'histoire des monstres, il
l'est montré d'une crédulité simple et
facile, qui atteste sa bonhomie, mais
tpA avait sa source dans l'enfance de
lliistoire naturelle et de la physiologie
à répoque ou U écrivait. On n'apres-
qioe rien ajouté à ses préceptes sur le
traitement des plaies en général. Il a
introduit la réforme la plus salutaire
dans le pansement des plaies d'armes
à feu. Il a le premier décrit le trépan
eifoiiatif. On lui doit, sinon la décou-
verte, du moins la démonstration des
avantages de la ligature des artères et
k préceptes les plus judicieux concer-
nant l'emploi de ce moyen. Il est peu
de sujets de chirurgie, en un mot, que
l'on ne trouve indiqués ou même ap-
profondisdansles ouvrages dece grand
homme. » M. Malgaigne remarque avec
raison que le trait le plus saillant du
caractère de Paré était une profonde
piété, c il n'est pas un seul de ses ou-
vrages, dit-il, où il ne cherche l'occa-
lion de rendre gloire à son Créateur.
Avant comme après la St.-Barthélemy,
ion langage demeura le même ; il n'ef-
■ort éaas m» domicile, croyez-Toas qu'on l'efll
jtté aux chiens? Pu plus qoe Paré, il eàl gans
«ara doate été enterre avec hMinenr comme lai,
Hpent-être comme lai, an prix de quelque saeri-
iee d'argeni propre à apaiser de légitimes sera-
files. Le ramena d'or est puissant partout. La
I d'konnear qui (ut donnée à Paré dans l'é-
diiô bÂm semblerait indiquer que le droit avait
Se acnis à beaai deniers comptanU. C'était le
flM tar sejen d'ériler dee leaadnles.
T. VUl.
faça Jamais une ligne de ce que lui avai t
dicté ce sentiment religieux; et com-
me je l'ai fait remarquer^ on n'y trouve
pas un mot qui mette en péril son or-
thodoxie, x) Nous en demeurons d'ac-
cord avec M. Malgaigne; aussi ses livres
n'étaient-ils pas des livres de contro-
verse; il ne pouvait avoir la prétention
de convertir Henri III à qui il les dé-
diait ; néanmoins, nous n'affirmerions
pas qu'un auteur qui citait les livres
saints (de la trad. huguenotte) avec tant
de complaisance; qui, dans un passage
ajouté à ses OEuvres en 1585 (De la
Génération, ch. XI), s'appuyaitde l'au-
torité de Philippe de Mornay, dans son
traité De la religion chrestlenne, livre
condamné au feu et par conséquent en
abomination à tous les gens de bien,
nous n'affirmerions pas que cet auteur
eût paru à la Sorbonne pur de toute
macule et souillure (l). Si nous con-
sultons l'histoire, nous verrons que les
purs, les immaculés évitaient jusqu'au
soupçon et se rejetaient plutôt dans les
déclamations du fanatisme. Paré eût
été une bien honorable exception. En
outre, nous voyons, par un autre pas-
sage du traité déjà cité, qu'il abondait,
avec Calvin, dans les idées de S. Au-
gustin sur la prédestination, c Or, dit-
il. Dieu a distribué, après la création et
infusion d'icelle [l'àme], certains dons
particuliers à un chacun, à mesure et
proportion (1. Cor. 12 — 2 Cor. 2) : ù
l'un de prophétie, à l'autrerexposition
des Escritures saintes, aux autres d'es-
tre constitués Roys, Princes, et grands
Seigneurs : aux uns de suivre la mé-
decine, aux autres d'embrasser lesloix:
à quelques-uns de naviguer sur la mer,
aux autres de labourer la terre, les au-
tres servans d'aidesaux maçons, autres
à autres choses : de sorte que les uns
sont subtils, les autres grossiers, et
s'adonnent à choses diverses : ainsi ont
les autres animaux leurs diverses pro-
priétés et nature, selon que sa saplence
infinie ordonne et qu'il iuy plaist : et
ne faut que nul conteste contre son
(1) Ces livres troaTéi ebes lui auraient suffi
foar le faire bràler.
9
PAR
— 138 —
PAR
Créateur. » Il nous répusnerait'donc
d'admettre que Paré eût pu renier sur
la fin de ses jours des doctrines qu'il
avait adoptées librement et proressées
pendant de longues années; la peur
seule aurdit pu l'y déterminer^ et ses
amis 9 même catholiques , ne doivent
pas jeter cette tache sur une aussi belle
vie. La religion de Paré était une de
ces religions que l'on n'abjure pas une
fois que Ton s'en est pénétré. Ecoutons
M. Pariset : a AmbroiseParé était sou-
verainement religieux; mais il l'élait
à sa manière^ à la manière de Fénelon^
à la manière des plus rares esprits qui
aient honoré notre espèce. Il pensait
comme euj, ou plutôt ii sentait qu'une
religion n'est toute divine qu'autant
qu'elle est toute humaine, et que nous
n'adorons Dieu qu'en servant nos sem-
blables. » Cette religion est sans doute
la bonne. Paré laissait à d'autres les
religions d'apparat et de formules. Il
était « d'ailleurs, continue M. Malgai-
gne, plein de tolérance pour les autres,
donnant ses soins également aux Hu»
guenots et aux Catholiques, et comme
le Samaritain de l'Evangile, versant du
baume sur toutes les plaies. — Ennemi
des luttes et des querelles, vousne trou-
verez pas qu'il ait jamais attaqué per-
sonne ; et vous avez vu qu'il laissait
volontiers à ses adversaires le dernier
mot. Il est monté plus haut que jamais
aucun homme de sa profession ; il n'ou-
blie point pour cela le point d'où il est
parti ; il fraie volontiers avec les bar-
biers, ses anciens confrères, et il ne
rougit point de rappeler qu'il doit tout
ce qu'il sait à messieurs les médecins.
-*-Âvec quelle franchise trop peu imi-
tée il vante les jeunes chirurgiens qu'il
a formés, sans jamais en prendre om-
brage! — Après Dieu, il a un autre
amour, un autre dévouement au cœur :
c'est celui de la science. Il commence à
écrire à 28 ans; jusqu'à 75, il ne quit-
tera pas la plume. Il ne sait pas assez
bien écrire peut-être : il aura des cor-
recteurs; il ne peut lire les livres la-
tia^ : il prendra des traducteurs; lui,
premier chirurgien du roi de France,
et recevant comme tel des appointe-
ments de 600 livres, il en dépensera
3,000 pour faire graver les planches
de ses instruments ; il mettra à l'en-
chère et achètera de ses propres deniers
les secrets des charlatans qu'il s'em-
pressera de divulguer. » En un mot.
Paré est aussi grand par son caractère
que par son génie, et par son caractère
il appartient tout entier à la religion
évangélique. En 1 840, une statue en
bronze (i) lui fut érigée sur une des
places de Laval.
Notice bibliographtqub.
I. La méthode de traie ter lesplayes
faictes par hacquebutes et atUtres baS"
tons à feu : et de celles qui sont faic-
tes par flèches, dardzy et semUables :
aussi des combustions spécialement
faictes par la pouldre à canon. Corn-
jDOsée par Ambroyse Paré, maistre
oarbier, chirurgien à Paris, Paris,
Vivant Gaulterot, 1545, pet. in-8%
de ff. 61, sans la table des matières,
41 figg.; dédié à René de Rohan. —
Dans un avant-propos, adressé « aux
jeunes chirurgiens de bon vouloir, »
Paré réclame l'indulgence. S'il a écrit
ce petit traité, ce n'est pas qu'ilaitpré-
sumé (lui qui bien plutôt aurait besoin
d'instruction) avoir capacité pour en-
seigner, mais parce qu'on l'en a prié,
et aussi pour stimuler quelque plus
haut esprit d'écrire sur cette matière.
11 termine par cette invocation qui dé-
cèle déjà le huguenot. «A tant Je sup-
plie le Créateur, frères et amys, heu-
reusement conduyre nos œuvres soubz
sa grâce, augmentant tousjours noz
bonnes affections, de sorte qu'il en
puisse sortir quelque fruict et utilité,
au support de l'infirmité de la vie
humaine , et à l'honneur de celuy en
qui sont cachés tous les thrésors de
science, qui est le Dieu étemel. » Sans
doute que, de nos jours, cette Invoca-
tion serait aussi bien placée dans la
bouche d'un catholique, que dans celle
i) La modèle en Ml dû «i laliBi et à U gè-
■èroiilè de M. David d'Angen : noUe et pe-
triotiqme ambition d'aisoeier ion nom d'arUale a
celui dei grands hommee dont legknrlSt le peife!
PAR
— i39 —
PAR
d'an protestant; mais ne confondons
IKis les temps.
II. Briefve oolleetion de VadvfU'*
miration anatomique : Avec la ma-
fdère de conjoindre lesos : Et ^extraire
k$ enfans tant morts que vivans du
ventre de la mère, lorsque nature
de $oy ne peult venir à son effet,
Paris, Gnill. Gavellat, 1550^ pet. in-S»
de ff. 96, sans compter les pièces pré-
liminaires ; privilège daté da 6 Juill.
S 549; dédié au vicomte de Roban.*-
Paré s'excnse de n'avoir pu surveiller
l'Impression, ayant dû se rendre « an
eamp de Bonlongne pour le service de
son seigneur et maistre. » Dans un
avis aux lecteurs il prévlentle reproche
qu'on aurait pu lui adresser de se pa-
nr des plumes du paon comme « la
eomille. » Il ne nie pas qu'il no
doive beaucoup à Galien, mais non-
itetant « n'y a rien en ce libvret ,
ajoute-l-il, que u'ay gaigné par mon
libenr, et lequel ne soyt faict myen.
Tellement que ces grands personnages
de biens, desquels me suys enricby,
ne pouroyent à lencontre de moy éle-
ver procès^ qui ne leurs ay non plus
ftdel de tort qu'une chandelle faict à
n sœur d^elle prenant sa lumière. »
ni. La manière de traicter les
filages faictes tant par hacquebutes
que par pèches : et les accidentz d'i-
eeUêSj comme fractures et caries des
os, gangrène et mortification : avec les
pcurtraictz des instrumentz nécessai'
res pour leur curation. Et la méthode de
curer les combustions principalement
faictes par la pouldre à canon, Paris,
▲moul l'Angelié, 15S2, in-S» de 80
feaiilets, sans les pièces prélim.; dé-
dié à Henri II. — Nouvelle édition de
8on premier traité « reveu et grande-
ment enrichy, tellement qu'il peult
eslre dict nouvel œuvre. »
IV. Xa méthode curative des playes,
et fractures de la teste humaine, avec
ies pourtraits des instruments néces-
saires pour la curation d'icelles, par
M.AmbroiseParé, chirurgien ordinai-
re du roy et juré à Paris, Par., Jehan
Le Rayer, 1561, in-8«de 2S6 feuillets.
sans les pièces prélim. et la table; le
privilège accordé à Paré, chirurgien
ordln. du roy et Juré à Paris, sous
la date de Biois, 8 oct. 1559, pour
toutes ses œuvres pendant neuf ans;
portrait sur bois. Paré représenté à
l'âge de 45 ans, avec la devise : la-
bor improbus omnia vincit, — Cet ou-
vrage est dédié au premier médecin du
roi, Chapelain. «Je n'estime point, dit
fauteur dans sa dédicace, qu'on doive
trouver mauvais si J'ay suivi un ordre
de practiquer autre que celuy d'Hyp-
pocras, lequel (ainsi que luy mesme a
confessé) n'a voulu tenir tel moyen
d'escrire, pource qu'il addressoit et
deslinoit ses œuvres à ceux qui es-
toient ]a avancez, et par exercice pro-
meuz en cest art et discipline. Car qui
voudra prendre garde à ses sentences,
il trouvera qu'elles sont quasi comme
certains arrestz et résolutions plustost
que discours familiers et communs :
aussi qu'il a tousjours usé de brfcfve
et aphorismattque manière de parler,
de sorte qu'en polsant les mots, nous
trouvons qu'ils sont comme oracles ,
requérants d'estre expliquez et enlen-
duz avec plus ample et plus longue dé-
duction de parolles. Ce que J'ay fait ,
discourant le plus clerement qu'il m'a
esté possible selon ma mode simple,
commune et familière : à fin de m'ac-
commoder, et communiquer mon in-
telligence aux Jeunes cscoiliers et ap-
prentifz en ceste pratique, p
V. Anatomie universelle du corps
humain, composée par A. Paré, chirur-
gien ordinaire du roy et juré à Paris :
reveuë et augmentée par ledit au-
teur, avec /. Bostaing du Bignosc pro-
vençal, aussi chirurgien juré à Paris,
Par., Jehan le Royer, 1561, in-s» de
277 feuillets, sans les pièces prélimi-
naires et la table, très-bon portrait sur
cuivre, même âge et même devise que
dans le portrait déjà cité. L'ouvrage
est dédié au roi de Navarre, Antoine
de Bourbon. — • Dans un avis au lec-
teur, Paré explique quelle est la part
qui revient à Binosque dans son ou-
vrage. « Ne me voulant du tout ap-
PAR
— 140 —
PAR
pvyer^ dit-il ^ sur les espreaves et dé-
moDstrationsanatomiques quej'ay faic-
tes, ny pleinement confier à mon seol
esprit^ j'ay, pour bastir cest œavre
sur on fondement non vermoulu, sou-
ventes fois conféré ce que j'en avoy
desja fait avecques Rostan de Binosc^
bomme très expérimenté aux dissec-
tions anatomiques, et par son moyen
avons de plusieurs choses augmenté
ce présent livre. Car pour ce que par
la diversité des corps qu'il pouvoit
avoir veu en un costé, et de ceux qu'en
un autre lieu J'avois anatomisé, il
monstroit quelquesfois ne consentir à
mon opinion, afin de nous arrester en
une résolution bien seure, nous avons
esté forcez plus souvent que touls les
Jours, de rechercher nouvellement en
des corps morts ce qui nous faisoit
ainsi différemment opiner en la ma-
tière anatomiqne. Desquelles reveuë3
( grâce à Dieu ) sommes sortiz avec
une unanime conclusion des points
arrestez en ce mien œuvre. » A la
suite des poésies louangeuses , de ri-
gueur, que l'auteur se fait adresser
pour satisfaire au goût du public, on
trouve quelques vers de Paré , un
peu prosaïques sans doute, mais ri-
mes avec beaucoup de facilité, et tels
que les meilleurs poètes français du
temps eussent pu les lui envier, car
ils n'étaient pas riches. Les voici;
Paré les adresse au chirurgien Caron,
qui avait surveillé l'impression de son
ouvrage ;
Tavois, longUmps y a, ce labeur eonmencè
Et en plusieurs endroits depuis rèajancé,
Augmenté et reteu par l'ayde et moyen
De Binosque, duquel il est autant que mien:
Mais Toulant ce traitté mettre dessus la presse
Binosque qui jamais sa lecture ne laisse
Ne pouToil bonnement vaquer au résidu :
Et moi qui ça et là suis toujours attendu
Pour le doToir de Kart que Dieu m'a départy.
Impossible m'estoil ranger à re party :
Mais pour afoir, Garon, en la dissection
Anatomique teu ton érudition,
Sçacbant qu'au Tray amy la prière n'est Taine,
Je te requis pour moy de prendre tant de peine,
Que d'assister pendant que l'on l'imprimeroit
Pour corriger en mieux ce qui te sembleroit :
A oBoy tu as tacqué de telle diligence
0■^BU6 fait apparoir aussi de la science :
Si doDcqoes le Lecteur y troore quelque chose
Dont 11 soit satisfait, sur luy je me repose
De le donner louange, ainsi qu'ont mérité
Ceux qui ont truTailié pour la postérité.
VI. Dix livres de la chirurgie, avec
le metgasin des instrumens nécesscd'
res à icelle, par A, Paré, premier chi-
rurgien du roy et juré à Paris, Par.,
Jean le Royer, 1564, in-S» de 234 ff.,
sans les pièces prélimin. et la table,
reproduction du portrait publié dans
l'ouvr. précédent, le 5 de l'âge a été
gratté et remplacé par un 8. Ouvrage
dédié au roy très-chrestien. On y voit
une longue pièce de vers, que M. Mal-
gaigne suppose sortie de la plume,
pour ne pas dire de la verve, de notre
grand chirurgien.
Yll. Traicté de la peste, de la petite
vérolle et rougeolle: avec une briefoe
description de la lèpre, Paris, André
Wechel, 1568, in-8« de pp. 235 ; dé-
dié au médecin du roi et de la reine-
mère, Gastellan. — Paré écrivit ce traité
de la peste à la demande de la reine-
mère qui, lors du voyage de Lyon oh
il suivait la cour, en 1564, lui « corn*
manda, pour l'amour et soucy du bien
de ses subjects, mettre par escrit et
faire imprimer ce qu'il avoit peu sça*
voir et cognoistre des remèdes à oe
propres par la longue practique qu'il
en avoit faicte. » Paré lui-même avait
été « touché de ce mal et souffert l'a-
postume et pestilent souz l'aisseUe
dextre, et le charbon au ventre. »
VIII. Cinq livres de chirurgie, I.
Des Bandages, — II, Des Fracteures,—
III. Des Luxations, avec une Apologie
touchant les harquebousades, — Vf, Des
Morsures et picqueures venimeuses.
—V. Des Goustes, Paris, i 571, in-8«.
Tel est le titre que nous fournit le bi-
bliographe Draudius. M. Halgaigne
qui n'avait connaissance de ce livre
que par son faux titre que reproduit
Haller, avec la date de 1 572, supposait
à tort qu'aucun autre bibliographe n'en
avait soupçonné l'existence. Le Paul-
mier avaii vivement attaqué Paré dans
son Traité de la nature et curation des
plaies de pistolle, etc., comme s'il eût
voulu déguiser parla lesemprimlsqitll
PAR
— 441 —
PAR
loi av&it faits et détoarner le soupçon.
< Il copiait Paré etMaggi^ dit M. Mal-
gaigne^ sans nommer l'on ni Taatre ;
et à l'occasion da traitement^ il criti-
quait sans ménagement celai que Paré
avait conseillé^et lui attribuait ia mor-
talité qui avait sévi sur les blessés de
Dreux et de Saint-Denis^ comme sur
ceux du siège de Rouen. » Paré lui
répondit par son Apologie touchant
les harqiiebousades qu'il inséra dans
ses Cinq livres de chirurgie, a Je pro-
teste^ disait-il^ que quand il n'y auroit
autre mal^ et que je ne verrois autre
intérest en cecy que le mespris de moy
et de mon livre^ je laisserois couler
les choses doucement et les passerois
sous silence : sçacbant bien que les
responses et répliques^ dont nous vou-
lons aider à clorre la bouche des mé-
disans^ bien souvent servent plustost
à les faire parler d'avantage qu'autre-
ment^ et qu'il n'y a meilleur moyen
d'assoupir telles noises^ que de ne dire
mot : comme nous voyons que le feu
s'estelnt, cessant sa matière combus-
tible, et lui estant le bois. Hais quand
J'ay bien considéré le danger évident
auquel plusieurs se fourreront s'ils
viennent à suivre les reigles et ensei-
gnemens que donne ledit médecin pour
la cure desdites playes, j'ay pensé que
mon devoir estoit d'aller au devant de
ce mal^ et d'empescher autant que je
pourrois, eu esgard à ma profession^
laquelle, outre l'affection commune que
tous doivent au bien public, m'oblige
particulièrement à cecy, tellement que
Je ne pourrois en bonne conscience
faire le sourd et le muet, où le devoir
général et particulier m'obligent et
contraignentà parler.» Naturellement,
la polémique n'en resta pas là. « Le
Paulmier, 4it M. Malgaigne, ne voulut
pas se compromettre jusqu'à signer sa
réponse ; mais sous le masque d'un
compagnon barbier anonyme, il se
donna une ample satisfaction. » Voici
le titre de son libelle : Discours des
harquebousades en forme d'épistre,
Dour répondre à certaine apologie pu"
wiée par Ambroyse Paré, par J. M.,
compagnon barbier, Lyon, 1572. Paré
eut le bon esprit de laisser tomber une
discussion qui avait tourné à l'invec-
tive.
IX. Deux livres de chirurgie. 1. De
la génération de l'homme, et manière
d'extraire les enfans hors du ventre
de la mère, ensemble ce qu'il faut
faire pour la faire mieux et plitëtost
accoucher, avec la cure de plusieurs
maladies qui luy peuvent survenir, —
II. Des monstres tant terrestres que
marins avec leurs portraits. ^^Plus un
petit traité des plaies faites aux par-
ties nerveuses, Paris, André Wechel,
1573, in-80 de 519 pp. ; dédié au duc
dIJzès, pair de France. C'était à la
demande du duc, qu'à la suite d'une
conversation qu'il avait eue avec lui
sur ce sujet. Paré avait composé son
traité de la Génération. Portrait de
Paré à Tâge de 55 ans, ce qui reporte-
rait l'année de sa naissance en 1518.
Hais il est très-vraisemblable que ce
livre était destiné à paraître dès l'an-
née précédente, car en 1573, le li-
braire Wechel était en fuite, heureux
d'avoir pu échapper, par la protection
é'Hubert Languet, aux massacres de
la Saint-Barlhélemy. Le privilège est
du 4 juin. 1572.
X. Les Œuvres de M. Ambroise
Paré, conseiller et premier c?drurgien
du roy, avec les figures et portraicts
tant de l'anatomie que des instrumens
de chirurgie et de plusieurs monstres.
Le tout dvAsé en vingt-six Vrres,
comme il est contenu en la page sut-
vante, Paris, Gabriel Buon, I575,in-
fol. de pp. 945, non compris la table,
les préfaces et la dédicace. Privilège
daté d'Avignon, dernier jour de nov.
1574 ; Paré y est désigné avec la qua-
lité de premier chirurgien et valet de
chambre ordinaire du roi. Portraitsur
bois sans indication d'âge; — 2« édit.
revue etaugm. par l'auteur (vingt-sept
livres), 1579, in-fol. de pp. 1105,re-
prod. du portrait précédent avec l'âge
de 63 ans; — 4« édit. revue et augm.
par l'auteur (vingt-huit livres), 1585,
in-fol. de pp. 1245 : « Cette édition.
PAR
— 142 —
PAR
dit M. Halgafgne, est estimée et mé-
rite de l'être; c'est la dernière édition
originale^ et la première où se lise la
grande Apologie; »— 5« édil., revue
et augm. par Tautear peu auparavant
son décès (vingt -neuf livres), 1598,
in-fol. de pp. 1228 : « Cette édition,
au témoignage de M. Malgaigne, est
plus complète que la précédente^ et à
ce titre elle est préférable; mais 11
faut se méfier de certaines additions
qui proviennent évidemment des édi-
teurs posthumes, et non point d'A.
Paré; » — 8«édit., augm. « d'un fort
ample Traictédes /iebvres,tant en gé-
néral qu'en particulier, et de la cura-
tiondHcelles, nouvellement trouvé dans
les manuscrits de l'auteur, Paris, 1 628,
m-fol. de 1320 pp. «C'est dit H. Mal-
galgne, la dernière des édit. de Paris,
la plus belle et la plus complète ; mal-
heureusement le texte n'y a pas été
mieux respecté que dans les deux pr^
cédentes, et, sous ce rapport, elle est
au-dessous de la cinquième, mais sur-
tout de la quatrième. » Les OEuvres
de Paré ont encore eu plusieurs édi-
tions, M. Malgalgneenénumère treixe,
sans compter la sienne, qui est au-
dessus de tout éloge; en voici le titre :
OEuvres complètes d'A. P., revues et
collationnées sur toutes les éditions,
avec les variantes ; ornées de 21 7 plan-
ches et du portrait de l'auteur ; accom-
pagnées de notes historiques et criti-
ques, et précédées d'une introduction
sur Torigine et les progrès de la chi-
rurgie en Occident duVI» au XVI« siè-
cle, et sur la vie et les ouvrages d'A.
P., Paris, Baillière, 1840, 3 vol. gr.
ln-8o. Les OEuvres de Paré ont été
traduites en latin, en anglais, en hol-
landais, en allemand, et elles ont en,
dans chacune de ces langues, de 4 à
5 éditions, preuve incontestable de la
grande influence que les doctrines de
Paré ont exercée sur la chirurgie en
Europe. — Voici le sommaire des ma-
tières contenues dans l'ouvrage : Dé-
dicace à Henri III ; Au Lecteur ; Pré-
face, Introduction, on entrée pour par*
venir à la vraye cognoisaanee de la
chirurgie; — I. De l'anatomle de tont
le corps humain.— II. Des parties vi-
tales contenues dans le thorax. — III.
Des parties animales situées en la tes-
te.— IV. Des muscles et os de tout le
corps, avec description de toutes les
autres parties des extrémités. — V.
Des tumeurs contre nature en général.
— VL Des tumeurs contre nature en
particulier.— VII. Des playes récentes
et sanglantes en générai.— VIII. Des
playes récentes et sanglantes en par-
ticulier. — Préface sur le livre des
playes faites par harquebuses; Dis-
cours premier sur le fait des harque-
bosades ; autre Discours sur le même
sujet.— IX. Des playes faites par har-
quebuses et austres basions à feu, flè-
ches, dards et des accidens d'icelles.
— X. Des contusions, combustions et
gangrènes.— XI. Des ulcères, flstuta
ethémorrhoïdes.— XII. Des bandages.
— XIII. Des fractures des os.— XIT.
Des luxations.— XV. De plusieurs in-
dispositions et opérations particulières.
— XVI. De la grosse vérolle, dltemala^
die vénérienne. — XVII. Des moyens
et artifices d'adjouster ce qui défaut
naturellement ou par accident. —La
manière d'extraire les enfans tant mors
que vivans, etc; — XVIII. De la géné-
ration de l'homme.— XIX. Des mons-
tres et prodiges. — XX. Des fièvres en
général et en particulier.— XXI. De la
maladie arthritique, vulgairement ap-
pellée goule. — XXII. De la petite vé-
rolle, rougeolle, et vers des petits en-
fans, et de la lèpre. — XXIII. Des ve-
nins et morsures des chiens enragés,
et autres morsures et piqueures des
bestes vénéneuses.— XXI v. De la pes-
te. Chap. complém. De l'usage de Tan-
timoine. — Discours de la mumie et de
la licorne. — Réplique à la response
faite contre son discours de la licorne.
— XXV. De la faculté et vertu des mé-
dicamens simples , ensemble de la
composition et usage d'iceux. — XXVI.
Des distillations. — Aphorismes d'Hip-
pocrates. — Canons cl reigles chlror-
giques de l'auteur.— XX VII. Des rap»-
ports, et du moyen d'embaumer les
PAR
— 143 —
PAR
corps morts.— Apologie et traité con-
tenant les Toyages faits en diverslienz
par Ambroise Paré. — Le livre des ani*
maux et de rexcelience de Thomme.
— Appendice aa livre des monstres.
XI. Discours d' Ambroise ParéyCor^
seOUr et premier chirurgien du roy,
à sçavoir, de la mumie, des veniru,
delalicome et de lapeste^Vhrïs, 1 582^
in-4« de 75 fenillets^ sans les pièces
préllmin. ; très* bon portrait sur cul-
TTOy où Tartiste donne à Paré l'âge de
7S ans. Ce livre est dédié à Gbristo*
pbie des Ursains qui^ à la suite de con-
versations que Paré avaient eues avec
Ini; l'avait prié de mettre ces matières
par écrit « à fin d'envoyer les abus à
vao Teau. » Y a-t-il réussi? Nous n'o-
serions affirmer que la momie et la
corne de licorne ne sont plus en usage
a^joardlmiy tant les préjugés ont de
profondes racines.
XII. RepUque d' Ambroise Paré, pre»
mier chirurgien du roy, à la response
fmcte contreson discours de la licorne,
Paris^ 1584, in-4* de 7 feuillets.
PARENT (ANTomit), conseiller au
présidlal de Senlls. Arrêté^ le 22 Juin
iSôSypendantune émeute quiavaitdéjà
coûté la vie à la femme de Jacques de
Bwerant, il fut traîné en prison par la
populace^ ainsi que sa femme, Jean
Greffin, lieutenant particulier au bail-
liage, et sa femme, Nicolas de Cor^
nouaiUes, un des plus riches marchands
de la ville, et plusieurs autres (Voy. V,
p. 325). 11 fut assez heureux pour s'é-
ehapper, le 12 juillet, en descendant
par la fenêtre de son cachot au moyen
de ses draps de lit et en sautant du
haut des remparts. Ses compagnons fu-
rent conduits à Paris par ordre du Par-
lement qui évoqua Taffalre. Greffln, un
des Juges les plus intègres de ce temps,
tai condamné, le 1 3 août, à être pendu
anx Halles et brûlé. Sa tèle, envoyée à
Seniis, resta longtemps exposée sur le
Port-au-pain. Après amende honorable
au parvis Notre-Dame, sa femme fut
enfermée aux Filles-Dieu. Le 17, An^
Unne Trapier subit la même sentence
que Greffin. Le 22, le président, le lieu-
tenant civil, le lieutenant criminel, le
prévêt de Seniis, l'avocat du roi, plu-
sieurs avocats et conseillers du siège
présidiai et d'autres personnes de tou-
tes qualités, qui étaient parvenues à
s'enfùlr, furent cités à comparaître à
bref délai. Le 27, la femme d'Antoine
Parent fit amende honorable à Sentis et
futenfermée dans le couvent des Filles
Saint-Remy.Le28, pareil arrêt, quant
à l'amende honorable^ fut rendu contre
Nicolas de Gornouailles. Nous avons
parié déjà du supplice de JeanGoujon,
qui fut exécuté le 5 décembre. Le 25
Janv .1563, Pierre Hanneguine et Con»
stantin Bedeau firent amende honora-
ble et furent envoyés aux galères. Le
23 février, Louisi.Chauvin, découvert
dans une maison du faubourg, fut mas-
sacré, ainsi que Jean Des Jardins, L'é-
dit de pacification du mois de mars
suspendit ces barbaries.
PARENTEAU (Philippe nB), sieur
de Sàintk-Maison, fils de Philippe de
Parenteauei d'Anne Du 7ay, avait en-
core en 1 68 1 ledroit d'exercice à Grand-
Rozoy, qu'il possédait par Indivis avec
Anne et Madelame d'i La Garde, ses
sœurs utérines (sa mère s'étant ma-
riée en secondes noces, en J640, à
Charles de La Garde, capitaine au ré-
giment de Piémont, fils di* Antoine de
La Garde et d'Anne Germain), et avec
les trois filles û'Isaac Du Jay, sieur de
Grand-Ro2oy,etdéC/kïr/otfc-i/^enrïc(tc
de Parenteau, ses nièces (Arch. gén.,
Tt. 284). Sa femme, Madelaine de
Dompierre, lui avait donné deux fils ;
(l'un d'eux avait été tué au siège de
Luxembourg, et l'autre, nommé Jac-
ques, était alors au service), et quatre
filles. Comme II était zélé pour sa re-
ligion, et qu'il ne voulut point la re-
nier àla révocation de Tédit de Nantes,
on le jeta dans les prisons de Laon,
d'où on le transféra, en 1687, dans
l'abbaye de Saint-Vincent de la même
ville (Ibid, £. 3373). Il en sortit quel-
que temps après, sans aucun doute au
prix d'une abjuration, et vint s'établir
à Paris. N'y trouvant pas aussi aisé-
ment qu'il l'avait espéré les moyens de
PAR
— 144 —
PAR
sortir da royaume^ il partit pourToor-
irille^ en 1688^ sous prétexte de mon-
trer la mer à ses filles et à one de ses
nièces ; mais on se doala de son véri-
table dessein. On arrêta toute la fa-
mille et on renferma dans les prisons
de Dieppe (Ibid. Tt. 314). En 1692,
Agnès-Françoise de Parenteau, de Pi-
cardie^ habitait La Haye (Arch, de l'é-
gtise wallonne); nous ne savons rien
de plus sur le sort de cette famille.
PARISOT (Jean), dit le capitaine
LiziER, gouverneur du château deBar-
bazan-Dessus, soutiQt énergiquement
la cause protestante dans leBéarn, sous
les ordres du baron ù'Arros, en 1 573.
A la tôte de sa compagnie d'arquebu-
siers, il se saisit d^ Saint-Sever-de-
Rustan, livra la ville au pillage et brûla
le couvent des Bénédictinst L'année
suivante, il s'empara par stratagème
de Tarbes et s'y cantonna. De là il ran-
çonnait tous les villages des environs.
Dans une de ses expéditions^ il tomba,
le 28 avril, au milieu d'un parti de
Catholiques de beaucoup supérieur en
nombre. Mis hors de combat par une
blessure au genou,' après une vaillante
défense, il voulut essayer de regagner
Tarbes ; mais son cheval s'étant abattu
dans un marécage, il fut atteint et per-
cé de coups. Son lieutenant Brun, qui
accourait à son secours, arriva pour
voir les Catholiques se retirer en triom-
phe, emportant en 'guise de trophée
les oreilles et la perruque du malheu-
reux Lizier.
PARMENTIER (Jacques), peintre
d'histoire et de portraits, élève de son
oncle Sébastien Bourdon (l), naquit en
1 658 et mourut à Londres, le 2 déc.
1730. En 1676, Parmentier passa en
Angleterre et fut d'abord employé par
La Fosse à la décoration de Thôtel Mon-
tagne à Londres (aujourd'hui British
Muséum). Plus tard, le roi Guillaume
le chargea des travaux de peinture à
exécuter dans son nouveau palais de
Loo, en Hollande; mais Parmentier
(1) DenouToaai renseignements noas mettront
à même de compléter dans notre Sapplêment la
notice de cet artiste célèbre.
ne put s'accorder avec le directeur
des bâtiments du prince, Daniel Ma-
rot, et après avoir terminé trois pla-
fonds, il quitta La Haye, et retourna à
Londres. N'y trouvant pas d'occupa-
tions, il se rendit dans le comté de
York, ou il passa plusieurs années, oc-
cupé de portraits et de peintures his-
toriques. Le tableau qui orne le reta-
ble dans l'église de Hull, et celui dans
l'église de Saint-Pierre à Leeds : Moïse
recevant la loi, sont tous deux de sa
composition. « Ce dernier, dit Wal-
pole, est très-estlmé par Thoresby. »
Le meilleur ouvrage de Parmentier, au
jugement du même Walpole, se voit à
Worksop ; ce sont les peintures d'an
escalier. On cite en outre de lui, à la
Salle des Peintres (Painters'Hall) à
Londres, l'histoire de Diane et d'En-
dymion, A la mort de Louis Laguerre,
en 1721, Parmentier se rendit à Lon-
dres, dans l'espoir de lui succéder dans
ses travaux; mais il échoua. L'âge, da
reste, lui conseillait le repos. Il se dis-
posait à partir pour Amsterdam, où il
devait retrouver des parents, lorsqae
la mort le surprit dans sa soixante-
douzième année. Il fut enterré dans le
cimetière de S. Paul's Covent-Garden.
P. van Gunst et B. Audran ont gravé
d'après lui le Portrait de S. Ef)remont,
et J. Gole, celui de l'architecte Daniel
Marot.
PARPAILLE (PERRiNET)(l), doc-
teur endroit de l'université d'Avignon
et chevalier de l'ordre du pape, a per-
sonnage doué, lit-on dans La Pise^
d'une singulière probité et suffisance,»
avait rendu à sa ville natale des ser-
vices importants dans une mission dont
il avait été chargé àRome ; aussi jouis-
sait-il auprès de ses concitoyens d'une
estime que son zèle ardent pour la re-
ligion catholique devait encore forti-
fier. Appelé, en 1560, parle prince
d'Orange à la charge de président da
(1) Grespin et de Thon l'appellent Perrim,
sieur de Farpaille, et M. BaijaTel, dans son DicL
hist. do départ, de Vancluse, Jean-Perrin Par^
pailUf fils de Perrinet Farpaille. Nous saiTOoi
La Pise, qni devait être bien informé de sod — '
PAR
— 148 —
PAR
piiiement, son premier soin tai défai-
re défendre les prêches par les Etats de
laprincipaaté. Les Protestants étalent
déjà assez nombreux pour braver ses
défenses^ en sorte qae le ministre Geor-
ges Gilles n'en continua pas moins ses
fonctions en présence d'un nombre tou-
jours croissant de fidèles. Parpaille
Youlut sévir; mais il rencontra une
vive résistance dans les consuls, l'un
desquels était Jean de Langes, Ils s'a-
dressèrent au prince pour se plaindre
« des actions et violons déportemens
du président^ qui venant tout fraische-
ment de Rome^ estoit créature du Pape,
chevalier de son ordre^ et conséqoem-
ment ennemy Juré des subjects de Son
Excellence, notamment de ceux qui
avoient quitté la papauté^ lesquels il
menaçoit d'exterminer. » Le prince ne
tint compte de ces représentations; il
maintint Parpaille en place et rendit,
le 6 Juin. 1 561, un édit pour Interdire
à Orange l'exercice de la religion ré-
formée et en chasser tous les Hugue-
nots qui y avaient cherché un asile. Se
sentant soutenu, Parpaille redoubla de
lèle ; il dénonça le conseiller Pe/et, avec
qui il avait eu de fréquentes querelles
au sujet de la religion, et le fit arrêter
à Avignon. Ses violences n'eurent d'au-
tre effet que d'irriter les Protestants,
qui se saisirentde Téglise des Jacobins^
où le ministre La Combe, chassé de
Romans, célébra la Cène, après que
toutes les Images eurent été détruites.
Spectacle inattendu ! Un des premiers
qui se présenta pour participer au re-
pas eucharistique, ce fut Parpaille!
Une conversion aussi brusque est à
bon droit suspecte; nous croyons qu'elle
fut dictée par la politique plus que par
la conviction. Quoi qu'il en soit, Par-
paille apporta au service de la cause
protestante toute l'ardeur qu'il avait
d'abord déployée contre les sectateurs
des opinions nouvelles. A la tête d'un
petit corps de troupes, il fit sur Ghà-
teauneuf-du-Pape une entreprise qui
échoua. Quelques Jours après, il tenta
avec plus de succès de s'emparer de
Saint-Laurent- des-Arbres. Le batin
qu'il y fit Joint aux richesses des églises
d'Orange, lui servit à acheter des ar-
mes à Lyon, où il se rendit lui-même.
A son retour, il fut reconnu et arrêté
au Bourg-Saint-Andéol, au mois de Juin
1 562. Livré à Sommerive, il fut, sur
la demande du vice-légat, mené à Avi-
gnon, exposé dans une cage de bois aux
insultes de la populace, et finalement
décapité, le 15 août, selon La Pise, le
9 sept., selon le P. Justin, qui affirme
qu'il abjura à ses derniers moments.
Ce qui est certain, c'est que sa mort
n'est point relatée dans le Martyrologe
protestant, et que sa famille obtint la
permission de lui élever un mausolée
dansl'églisede Saint-Pierre d'Avignon.
Mais qu'importe dans quelle religion il
mourut; son exécution n'en fut pas
moins un assassinat Juridique. « L'exé-
cution de Parpaille, dit avec raison La
Pise, ne se peut colorer ny comme
d'un prisonnier de guerre : car il y
avolt paix entre le pape et le prince ;
ny comme originaire d'Avignon : il
avoit changé de domicile et d'habita-
tion, estant devenu chef de la Justice
souveraine d'un autre prince. Action
donques inhumaine qui viola le droict
des gens sacro-saint entre toutes na-
tions. 9 La maison que Parpaille pos-
sédait à Avignon fut rasée et convertie
en une place à laquelle on donna le
nom de Pie, le pape régnant.
PARROT, famille originaire de
Montbéliard, dont plusieurs membres,
établis en Allemagne et en Russie, se
sont fait un nom dans les sciences.
L Christophe-Frédéric Parrot, doc-
teur en philosophie, professeur extra*
ordinaire de mathématiques et des
sciences économiques à l'université
d'Erlangen, né à Montbéliard, le 27
Juin. 1751, et mort dans le Wurtem-
berg, où il remplissait des fonctions
administratives d'un ordre élevé. On a
de lui :
LDissJIIphysicœde aqtidf Erlang. ,
1781-83, ln-40.
II. Ànwendung der vomehmsten
Theileder MathematikyArithmetikyAl'
geber, Géométrie und Trigonométrie,
PAR
— 146 —
PAR
auf aUerky im mensehlichen L^)en
vorkommendeFàlley fUralleGattungen
von Leser^ Erl.^ 1782^ 2 vol. in 8o.
m. Progr,de vi aUris elasticdy née
non ejus grauitate notabilior^us suf-
fuUaexperimentiSfEsL, 1785^ in-4».
IV. Recueil de diverses pièces choi-
sieSy où l'on traite de la physique^
tnéchanique, géographie, astronomie
et architecture civile, de Vhi$t, nattP-
relie, de la politique, de la paix et de
laguerre^ etc., dont une partie est ti-
rée des meillears auteurs, tant anciens
que modernes^ et l'autre est de la com-
position de l'auteur, Erl., 1783-84,
2 vol. in-8<».
Y. GemeinnUtzige ôkonomisch-kch
tneraUstische Abhandlung ilber die
Frage : ob es Umstànde geben kônne,
da man um des gemeinen Bestenunl-
len diesen oder jenen Zweig des Land-
und Feldbaues einschrànken miisse?
£rl., 1786, iu-80.
VI. Gemeinniitziges Handbuch der
Stadt-und Landwirthschaft, Polizei-
undKameralwissenschaft, mit mehre^
ren wichtigen ganz neuen Entdec^
kungen versehen, Niirnb., 1790, S v.
in-8o, avec pi.; 1798, Ibld., sous le
nouv. titre : AUgem. Grundsàtze der
PoUzei-und Kameralwissenschaft,
Vil. Versuch einer voUstàndigen,
gemeinfasslichen und populàren Ein-
leitung in die mathematisch^hysische
Stern-und Erdkunde, Bayreuth,l 792,
iD-8« avec 12 pi.
VIII. De l'esprit de l'éducation, ou
Catéchisme des pères et des institu-
teurs, Francf. s. M., 1793, in-8o. —
Attribué par Meusel et par Kayser à
G.-F. Parrot.
IX. Versuch einer populàren Ein-
leitung in die Stern-und Erdkunde,
Hof, 1792, in-8« avec 12 pi.; nouv.
édit. sous ce titre : Neue vollstàndige
und gemeinfassliche Einleitung in die
mathematùtch-physische Astronomie
und Géographie, Ibid., 1797, in-8%
avec 12 tabl. et 6 pi.
X. VoUstàndAheoret.-prakt.Rechen-
kunst, mit ganz besond. Anwendung
tmf WiêêêmeKafien, Kiintte, Profes-
iionen und Htmdel, Bayr., 1797, S*;
avec un nouv. titre et l'ann. 181 S,
Leipzig.
XI. AbhandL ôkonom^-kameraUst.
/fiÂô/ts, nebst Anmerkk. iiber vermi-
ichte Ge^ens(arufe,Nûmb.,1800,in-8*
avec planches.
U. Georges-Frédéric Parrot, frère
du précédent, naquit à Montbôliard,
le 5 juillet 1767, et mourut à St-Pé-
tersbonrg, en 1841. Uflt ses études à
Tubingue et se voua de préférence aux
sciences physiques. Après avoir rem-
pli, pendant peu de temps, la place de
pédagogue dans la maison du comte
û'Héricy, en Normandie, place dans
laquelle il eut pour successeur, en
i 788, son ami et compatriote Georges
Cuvier, il se rendit en Allemagne, ou
U donna des leçons de mathématiques,
d'abord à Carlsruhe, puisa Offenbach.
Il passa ensuite en Russie, et fut nom-
mé professeur ordinaire de physique
à l'université de Dorpat. Il fut le pre-
mier recteur de cette université que
Alexandre venait de rétablir (1802).
Le titre de conseiller actuel d'Etat,
qui lui fut conféré en 1840, fut la ré-
eompense de ses longs et honorables
services. Depuis quatorze ans, il était
membre de l'Acad. impériale des scien-
ces de St-Pétersbourg, lorsque, le 14
déc. 1840, il donnasa démission; l'A-
cad. le nomma membre honoraire. Une
partie de ses travaux ont été dissémi-
nés dans les Journaux scientifiques du
temps, tels que le Magasin de Voigt,
les Annales de physique de Gilbert,
les Mémoires de la Soc. économique de
Livonie, le Journal de GôUingue, etc.;
nous nous contenterons de citer, d'a-
près M. Quérard, ceux de ses écrits
qui ont paru dans les Mémoires de
l'Acad. de Sl-Pétersbourg.
Voici, d'après les bibliographes alle-
mands, la liste de ses ouvrages :
I. Theoretische und praktische An^
weisung zur Verwandlung einer je-
den Art von Licht in eines, dos dem
Tageslichtàhnlichist,yfien, il9i, in-
8«; trad. en franc, sous ce titre :
Traité sur la manière de changer no^
PAR
— 147 —
PAR
$rê lumiire artifleieUe, etc.^ Strasb.j
1792, in-8».
II. Der ElUpsograph, ein Instrtk-
ment zur Beschreibuny von Ellipsen
verschied, Ordnungen, zum Gebr, in
d. Baukunst, 1792. — Cité parle bi-
bliographe Kayser.
ill. Ztoeckmàssiger Luftreiniger,
theoretisch und prakiisch beschrieben.
Franc, a. M., 1793, in-8o.
rv. Theoretischrpraktische Abhand-
hing iiber die Besserung der àfilhlrà-
der ; von dem Verfasser der Zweck'
mSssigen Luftreimger,fiurh., 1795,
in-8» av. 3 pi.
V. Robinson rfer JUngste. Ein Lèse'
huch fur Kinder, Riga, 1797, in-S».
VI. Ueber den Einfluss der Physik
und Chemie auf die Arzneikunde,
nebst ein, physikal, Théorie des Fiebers
und der Schioindsucht, horp. y 1 802,4<».
vil. Uebersicht des Systems der
theoret. Physik, Dorpat, 1 806, in-8<>.
VIII. Grundriss der iheoret, PAy-
9ik, T. I et II, Dorpat, 1 809-1 1 , ln-8o,
avec 11 pi. —T. III, soas ce tilre :
Grundriss der Physik der Erde und
Géologie, Riga et Leipz. 1815, in-S»,
avec 2 pi.
IX. Ansicht der Gegenwart und der
nàchsten Zukunft.Zwei akademisch.
Reden, Dorpat, 1814, in-8o.
X. Anfangsgrilnde der Maihema-
tik und Naturlehre fur die Kreisschu-
Un der Ostsee-Provinzen des Rus-
siichenReichs, Mitau» 1815, av. 7 pi.
XI. Coup d'œil sur 'le magnétisme
animal, Brunsw^ Plachart, 1816, 8<».
XII. Ueber die Capillaritàt. Eine
Kritik der Théorie des Grafen de La-
place iiber die Kraft welche in den
Haarrôhren undbeiàhnlichen Erschei-
nungen wirkt, Dorpat, 1817, in-8».
XIII. Entretiens sur la physique,
Dorpat, 1819-24, 6 vol. av. is pi.
XIV. Die Bibelaus dem Standpunk-
te des Weltmannes betrachtet. Eine
Rede, Milau, 1823, ln-8<'.
XV. Mémoire sur les points fixes
du thermomètre, Sl.-Pélersb. 1828,
in-4*av. 2 pi.
XVI. Mémoire concernant de nou-
veaux moyens de prévenir tous les ac-
cidents qui ont lieu dans les macM-
nés à vapeur, etc., St.-Pétersb. 1 829,
in-4» av. 1 pi.
En 1827, Parrot publia à Berlin,
ln-8o, av. flgg. et cariejPhysikal. Beob-
achtungen wàhrend seiner Reisen auf
demEismeere ind, /. 1 821-23, du ba-
ron de Wrangel. —Peut-être doit-on
aussi lui attribuer Anfangsgrilnde der
franzôs. Sprache und Dichtkunst, 4*
édlt.. Halle, 1791, in-8% que Kayser
cite sous le nom de Georges Parrot.
On trouve, en outre, de G.-F. Par-
rot, dans le T. I de la 6» série des Mé-
moires de l'Acad. de St-Pétersbonrg :
1 . Description d'un nouveau pantO"
graphe, av. l pi. — - 2. Mémoire sur
une nouv. cotistruction pour les mdU
de vaisseaux, av. I pi. — 3. Descrip*
tion théorique d'un alkoolmètre adapté
aux eaux^e-vie normales de Russie,
av. 1 pi. — 4. Considérations sur Us
température du globe terrestre, av. 1
pi. — 5. Considérations sur divers o6-
jets de géologie et de géognosie, —
Ajoutons-y : Recherches physiques sur
les pierres d'Imatra,pvLhï. à part, St.-
Pétersb., 1840, in-4*.
Georges-Frédéric Parrot a laissé mi
fils, Frédéric (l), professeur de mé-
decine à l'université de Dorpat, qui est
surtout connu par ses voyages scienti-
fiques. On a de lui :
I. Diss, inaug, de motu sanguinis
in cor pore humano, Dorpat, i 8 1 4, 8<».
II. Ueber Gasometrie, nebst einigen
Versuchen iiber die Verschiebbarkeit
der Gase. Eine gekrônte Preisschrift,
Dorp. (I814),in-8%av. 5 pi.
III. Reise durch dieKrimmundden
Kaukasus, Berlin, 1815, 2 vol. in-8%
av. cart. et flgg. — Publié avec Engel-
bardt.
IV. Ansichten iiber die allgemcine
Krankheitslehre, Mitau, 1820, in-8».
V. Abhandlung iiber die Unterbin-
dung der bedeutenden Schlagadem der
Gliedmassen, etc., Berlin, 1 821 , in-8«,
traduit de Titalien de Scarpa.
(1) Le bIbliogrADhe Kayser l'eppelle Jean-Jat'
fUêê-FrédériC'ùuiUnumg .
PAS
— 148
PAS
VI. Reise in die Pyrenàen, Berl.^
1824, in-80.
VII. Ueber die Emâhrung neuge^
homer Kinder mit Kuhmilch, Hitau,
1826, in-80.
VIII. Reise zumArarat, Berl., 1 834,
ln-80.
m. Jean-Léonard Parrot, membre
da Conseil de régence à Montbéliard,
suivit le prince Frédéric-Eugène dans
sa retraite en Allemagne^ en 1 793, lors-
que Bernard de Saintes alla prendre
possession du pays au nom de la Répu-
blique française. Sa fidélité fut récom-
pensée. 11 fut nommé directeur de la
Chambre à Erlangen^ dès 1802, puis
directeur du domaine privé du roi de
Wurtemberg, dès 1806, commandeur
de Tordre du Mérite civil, et anobli (l)
pour ses services. Il est auteur des ou-
vrages suivants :
I. VeviiUch einer allgem, Entwicke-
lung der staatswirthschaftL Verord-
nungen SUUy*s, Slutt., 1779, in-4o.
II. Theoretisch'praktische Abhand-
lung ilber die Arl^ voie die franzôsische
KriegS'Kontribution umgelegty und
Uber die Mit tel, wie einige Zweige der
Slaatswirthschaft in WUrtemb. zu ei-
ner grôssem Vollkommenheit gebracht
werden /c(]inn^en(Stuttg.), 1797, in-8«.
m. Versuch einer Entivickelung der
Sprache, Abstammung ^ Geschichte,
Mythologie und bilrgerl. Verhaltnisse
der lÀwen, Latten, Esten; mit Hin-
blick auf einigebenachbarte Ostseevôl-
kerjDon d. àltesten Zeiten bis zur Ein-
fiihrung des Christenthums , Stutt.,
1828, 2 vol. In-d», av. cart.; nouv.
édit., Berlin, 1839, in-S».
On lui doit, en outre, Statistik von
Mompelgard, qui parut en 1796, dans
le Neueste Staatsanzeige (T. I).
IV. Enfin un Louis Parrot est auteur
d'une trad. en allemand des Mille et une
nuits, Berl., 1843, 4 vol. in-l2.
PAS, seigneurie de TArtois, qui a
(i) C'est ponrqaoi les bibliographes allemands
raf)pelleni de Parrot; mais en France, les noms
boargeois souffrent difficilement le de, il serait
rtdicnle de dire M. de Serrurier, M. de Lesage,
M. de Rousseau; la particule ne s'ayoute con-
TtBablemenl qu'à un non de terre.
donné son nom à une des familles les
plus anciennes du pays, celle des mar-
quis de Feuquières.
Trois descendants de cette maison
illustre embrassèrent d'assez bonne
heure les opinions nouvelles. L'un
d'eux, nommé Philippe, ne nous est
connu que par son admission au nom-
bre des diacres de l'église de Genève,
au mois de février 1573 {Arch, de la
Comp, des pasteurs y KQg, A). Les deux
autres étaient frères : ils s'appelaient
Louis et Jean, Le dernier surtout a
Joué un rôle considérable dans le parti
protestant pendant les premières guer-
res civiles.
I. Louis de Pas-Feuquières, maître
d'bôtel du roi, épousa, en 1 533, ilnne
de Mazancourt, qui lui donna six en-
fants : 1» François, qui suit;— 2* Da-
niel, tué devant Parie; — 3» Gédéon,
sieur de Bozières, capitaine au régi-
ment de Picardie, tué devant Dourlens,
en 1595; — 4» Susànne, femme de
Gédéon de Boitel, sieur de Maricourt;
— 5« Marie, alliée à Nicolas de Sains,
sieur de Viilars; — 6oElisareth, fille
d'bonneur de Catherine de Bourbon,
mariée à Gabriel Prévost, sieur de
Charbonnières.
François de Pas, seigneur de Feu-
quières, servit à l'attaque de Fonte-
nay-le-Comte, en 1587, ou il se si-
gnala, ainsi que dans d'autres rencon-
tres. Il fut tué à Ivry, aux côtés de
Philippe de Momay^ son oncle, à l'âge
de 33 ans. Pour le récompenser de ses
services, le roi de Navarre l'avait
nommé gouverneur de l'IIe-Bouchard,
et devenu roi de France, il lui avait
donné le titre de son premier cham-
bellan. De son mariage avec Made^
laine de La Fayette étaient nés trois
enfants : l<> Manassé, qui suit; — 2*
Anne, dame de Bozières, qui épousa
Daniel (\) de Hardoncourt et le ren-
dit père de Henri, sieur de Bozières^
maréchal de camp et gouverneur de
Toulon J 637 {Coll. DuChesne, vol. 6),
(1) Et non Henri^ comme nous TaToni dit
d'âpres I)u Ghesne {Yoy. UI, p. 550). Noni rèl»-
blisaoBs aoBsiladale eiaete do mariace desalUto.
PAS
— 149 —
PAS
et àbMadeUUnBy femme^ en 1623, de
Henri de Chartres (Reg. de Gharent.);
— 3* CoàRLOTTB^ époQse de Charles
de ViUiers, sieur de Saint-Forget (ap-
peléde WeUeSy par Sainte-Marlhe^dans
son Histoire généal. de la maison de
France)^ capitaine de cavalerie et gon-
verneur de Chàlean-Porcien, laquelle
moarot en 1640^ et fat enterrée^ le 27
septembre, dans le cimetière de Gba-
renton.
Mauassé de Pas-Feuqoières, con-
seiller du roi en ses conseils d'Etat et
privé, capitaine de cent hommes d'ar-
mes, général de Tarmée d'Allemagne,
goavemeur de Metz, Toul et Verdon,
fut un des meilleurs capitaines et un
des plus habiles négociateurs de son
temps. Il naquit posthume à Saumur, le
J «^ Juin 1 590. Dès l'âge de treize ans,
U prit le mousquet comme volontaire.
Son courage et ses lalents militaires
lui firent rapidement parcourir les gra-
des Inférieurs, et l'élevèrent, jeune en-
core, à celui de mestre-de-camp. En
1626, il fut chargé de ramener en
France les troupes qui occupaient en-
core la Valteiine. En 1627, il com-
manda les pétardiers au siège de La
Rochelle et fut fait prisonnier par les
Rocbellois. En 1629, il servit comme
maréchal-de-camp en Bresse et en Ita-
lie. En 1 651, il fut nommé lieutenant-
général au Pays Messin, gouverneur de
Vie, Moyenvic et Tonl. Après la mort
de Gustave-Adolphe, il fut envoyé en
Allemagne en qualité d'ambassadeur
extraordinaire, et il resserra l'alliance
entre la France et la Suède, en signant
un traité avec Oxenstiem. Il élait sur
le point d'en conclure un autre avec
l'ambitieux Wallenstein, lorsque ce gé-
néral fut assassiné. Toute l'année sui-
vante se passa pour l'actif agent de
Richelieu en négociations avec les
princes de l'Empire (i); il ne revint
en France, en 1 635, que pour prendre
le conunandement en chef de 12,000
(i) VM» FéraQ a publia set Lettres etnégo-
eialioiii eA Allemagne (Amsl. el Parii, f 75S»
S Ttri. in-iS). Od trouTe au t1 daos les Mémoires
4e Kiclielieo une Relation de soo voyage en Al-
1e«e|ei «a iSSS.
Allemands, qu'il avait levés en partie
et qui devaient appuyer les opérations
de Bernard de Saxe-Weimar. En 1 636,
il fut pourvu du gouvernement de Ver-
dun. Gréé lieutenant-général en 1 637,
il assista, sous les ordres du maréchal
de ChdttUon, aux sièges d'Yvoy, de
Damvilliers et d'autres petites places.
En 1 638, il fut employé à l'armée du
duc de Longueville. En 1639, il eut le
commandement en chef de l'armée du
Luxembourg, et reçut ordre d'investir
Thionville. Il n'avait que 7,500 hom-
mes et ses lignes n'étaient point ache-
vées, lorsque Piccolomini Tattaqua
avec des forces supérieures, enleva un
de ses quartiers, entra dans la ville, et
le soir même, dans une sanglante sor*
tie, tailla en pièces toute son infante*
rie, que la cavalerie avait honteuse
ment abandonnée. Blessé de deux
coups de feu, dont l'un lui avait frsr
cassé le bras, Feuquières fut fait pri-
sonnier et emporté à Thionville, où 11
mourut le 13 mars 1640.
Plusieurs écrivains affirment que
Manassé de Pas-Feuquières abjura la
religion réformée au commencement
du règne de Louis XIII. Nous n'affir-
merons pas qu'il soit mort protestant,
parce que nous n'en avons aucune
preuve; mais nous savons par les re-
gistres de Gharenton, que plusieurs
de ses enfants furent baptisés dans
l'église calviniste, et que sa femme,
au moins, persista Jusqu'à la fin de
ses Jours dans la profession de la re-
ligion évangélique. Gette dame se
nommait Anne ; elle était fille d'Isaae
Amauld, sieur de Corbeville, contrô-
leur générai des finances, et de Marie
Perrin. Elle mourut peu de temps
après son mari et fut enterrée, le 8
nov. 1640, au cimetière des Saints-
Pères. De son mariage, célébré vers
1612, étaient nés douze enfants, dont
sept fils et cinq filles. Les fils, qui pro-
fessèrent la religion romaine et sur qui
la France protestante n'a, par consé-
quent, que de très-faibles droits, (ti-
rent :i»GTiiD8,mortjeune;— 2»I8AAC,
né le 10 mai I6J8 et baptisé à Cba-
PAS
— 480 —
PAS
rentOD^ gaerrier aussi brave et négo-
ciateur QOD moins babile qae son père;
— 5» FRÀifÇois, baptisé à Cbarenton,
le 12 mai 1619^ qui entra dans les
ordres; — 4°Ghàrles9 dit le comte de
PaS; né en 1620^ qai s'éleva an grade
de maréchal de camp en 1649 ; — 5«
HsifRiy Sieur d'Harbonnière^ conseiller
d'honneur au parlement de Metz^ à ce
qu'affirme le Dict. de la Noblesse ; —
6* Louis^ chevalier deMalte. Les filles^
an contraire^ furent élevées dans la re-
ligion rérormée. Elles se nommaient :
7» Harie^ née le 24 avr. 1614^ pré-
sentée au baptême par son grand-père
Isaac ArnaïUd et sa grand'mère Mode"
laine de La Fayette, et enterrée au ci-
metière des SS. Pères, le 6 oct. 1618;
— 8« Anne, née le 9 mai 1620; — 9»
Madelàii! B, femme, en 1 64 i , de Jean-
Louis DorUy sieur de Fontaine, Ûls de
Matthias Dorte, sieur de Falaise, et de
Susanne Des Champs;^i 0» Susai^e,
qui épousa Antoine Lebey de Batilly;
— 110 jbànhe, alliée à Louis d'Au-
maie, puis, en 1671, à Jean de Mont^
tnorency.
II. Jean de Pas-Feuquières, dit le
Jenne Fbuquières, pour le distinguer
de son frère Louis, fut élevé page du
duc d'Orléans, et entra, après la mort
de ce prince, comme gentilhomme ser-
vant dans la maison de François I«',
qui le donna au jeune dauphin, depuis
François IL Âpeine sorti de l'enfance,
il obtint une compagnie de chevau-lé-
gers et fut pourvu du gouvernement
de Roye. Il fit les guerres de Picardie
sous Coligny, avec le grade de marô-
âial de camp. « Là, raconte M»» de
Momay, il ouyt souvent ung corde-
Uer, qui, sous son habit, preschoit la
vérité, et dès lors y prinst goust, et
commencea à cognoistre les abus de
fSgllse romaine. » Il se confirma de
plus en plus dans ses nouveaux senti-
ments pendant le voyage d'Italie qu'il
fit avec le duc de Guise ; mais « d'aultre
part, il se voyoit avancé en une court,
et sur le poincl de recevoir des biens
et honneurs, iesquelz il ne pouvoit
avoir ny espérer s'il faisoit profession
de la vérité; mais bien au contraire,
estre banny de France, oit les feus es-
toient allumés. Je luy ai ouy souvent
dire, ajoute H"»» de Mornay, que, sur
ces difficultez et sur le choix qu'il de-
voit faire des deux, il en avoitesté ma-
lade, p La lecture du psaume II mit un
terme à ses combats intérieurs. « Il se
rézolut de quitter la messe et ses abus,
et faire profession de la vérité, et n'a-
bandonna pas toutesfoys la court; et
souvent, luy et quelques aultres zéiés,
faisoient faire le prescbe eu la cham-
bre de la royne, mère du roy, pendant
son disner, estans aydés à ce faire par
ses femmes de chambre qui estoient
de la relligion. »
Le jeune Feuquières entra dans la
cohjurationd'Amboise; mais il se con-
duisit avec tant de prudence qu'il fut
impossible aux Guise de trouver des
charges contre lui. Après l'arrestation
de Coudé à Orléans, il se retira à Pa-
ris, où il resta jusqu'à la mort de Fran-
çois II. La reine-mère, devenue ré-
gente, le chargea d'une mission en
Lorraine et en Savoie. A son retour, Q
apprit que Coudé s'était saisi d'Or-
léâns, et il alla le trouver, de la part
de Catherine, pour rassurer de sa bonne
volonté et le prier de protéger la mère
et l'enfant contre les princes lorrains.
Coudé le nomma maréchal de camp et
renvoya à Tours avec ordre d'en ra-
mener quelques petites pièces d'artil-
lerie qui s'y trouvaient, n suivit l'ar-
mée huguenotle sous les murs de Paris,
dont, en sa qualité d'habile ingénieur
militaire, il fut chargé de reconnaître
l'état des fortifications. Après la ba-
taille de Dreux, Coligny le laissa au-
près de son frère Andehty qu'il devait
seconder dans la défense d'Orléans. La
paix conclue, Feuquières s'attacha an
prince Porcien, qui lui donna la lieu-
tenance de sa compagnie de gens d'ar-
mes, et lui confia le soin de fortifier
Clinchamps en Champagne. En 1564,
il fut envoyé à Genève, où l'on avait
rintentlon de bâtir une citadelle, pro-
jet qui ne reçut point d'exécution. A-
prèa la mort do prince PorcieD^ il
PAS
~ 451 -
PAS
vint à Pari 8^ oh il épooea CharhHê Ar-
baUste. Peu de temps après, la guerre
g'étant rallamée, Feuqaières alla re-
joindre Condé et Coligny, qui lui don*
nèrent une compagnie de gens d'afknes
et le nommèrent maréchal de camp.
Aux troisièmes troubles, il accompli
gna GerUis dans le camp du prince
d'Orange, et lorsque le duc de Deux-
Ponts entra en France, il Tut chargé
des fonctions de maréchal de camp
dans son armée, fonctions qu'il rem-
plit avec talent jusqu'après la prise de
LaCbarité. Une fièvre, suite d'une bles-
sure qu'il reçut à la jambe d'un coup
de pied de cheval, l'enleva à la fleur
de Kâge, le 23 mai 1569. Les Pro-
testants le regrettèrent vivement com-
me « un excellent maréchal de camp, i»
et un officier doué d'une « merveilleuse
dextérité d'esprit, nommément à re-
eomiQigtre les places, b Sa femme, qui
s'était j-etirée à Sedan, où elle était
aeQ0iichée,le29 déc. 1568, d'une fllie,
nommée SusÀinfE, mariée plus tard au
sieur de La Vairiey gentilhomme du
Haine^ ne revint à Paris Qu'après la
oondoslon de la paix. Â la Saint-Bar-
thélémy, elle dut la vie à M. de Pei^
reuse, inaltre des requêtes de rh6tel
du roi, qui la tint cachée chez lui pen-
dant plusieurs jours, ainsi qu'une quar
rantaine d'autres huguenots, comme
M. Des Londres, MUe J)u Plessis-Bour-
deht, MU* de Chanfreau, H. deMatho.
Lorsque le plus grand danger fut pas-
sé, H>** de Feuquières quitta son asile
sons un déguisement, et, n'ayant point
voulu céder aux supplications de sa
Bière,quilaoonjuraitd'allerà lamesse,
comme le faisaient ses frères, elle réuf-
sit, à travers des dangers sans cesse
renaissants, à sortir de Paris et à ga-
gner Sedan, où elle arriva le l*' no-
vembre. Nous avons déjà dit que c'est
dans cette ville qu'elle épousa en se-
eondes noces le célèbre Du Pleêsiê^
Momay (Voy. ce nom).
PASCAL (Aenàud), conseiller du
roi et général en la Cour des aides de
Montpellier, en 1 515, laissa deux fils,
uoniiéa Dasul et Puu. L'atné lui
succéda dans sa charge, dont 11 s'était
démis en 1589, et Ait père de trois
fils, PIERRE, Pierre- Jean et Louis,
sur qui nous ne possédons aucun ren-
seignement. Lecadetqui testa en \ 645,
avait pris pour femme, en i 636, Anne
de Maistre, dont il eut Jacques, Louis,
capitaine au régiment de Picardie , et
Antoixe. Jacques, sieur de Saint-Félix^
né en i 634, épousa à Paris, en 1 674^
Joachine de Morogues, Il alla s'établir
à Grenoble ; nous ignorons s'il y oc-
cupait quelque emploi, mais nous sa-
vons qu'en 1697, il était toujours un
huguenot très-opiniàtre ; aussi l'inten-
dant Bouchu proposa- t-il au ministre^
comme a du meilleur effet pour la re-
ligion, » de l'exiler à Montpellier, ainsi
que sa femme, ses deux fils et sa fille
(Arch, gén. M. 672).
Une famille dauphinoise du même
nom professa aussi la religion réfor-
mée. Elle avait pour chef, en 1629,
Zacharie Pascal^ sieur de Merins et
du Roure,maUreordinaireenlaCham-
bre des comptes, qui mourut vers
1650, laissant trois fils de son mariage
avec ifarguerite de Renarde A vançon,
savoir : Florent, sieur de Merins;
Alexandre^ sieur du Roure, conseiller
à la Chambre de l'édit, qui abjura à
la révocation, mais qui, en 1 686, était^
signalé par Bouchu comme « très-mé-
chant huguenot^ » ainsi que sa femme;
Zacharie, sieur de Fontrenard^ qui se
convertit également.
PASQUET, vaiUant capitaine hu-
guenot dans le Castrais, fut nommé^
en 1568, gouverneur de la ville de
Gaillac, à la prise de laquelle il avait
contribué. En 1572, il assista à l'as-
semblée de Pierres^de et à celle de
Réalmont. Gouverneur de cette der-
nière ville, il aida, en 1574, les frères
Bouffard à s'emparer de Castres. Peu
de temps après, il eut le malheur de
tomber entre les mains des Catholiques.
Le parlement de Toulouse le fit pendre^
malgré les menaces de Pauliny qui, par
représailles, envoya au gibet deux pri-
sonniers catholiques.
PASSAVANTj fàmUla très-Mn-
PAS
— 182 —
PAS
brause, originaire de ia Lorraine^ d'a-
près leLexilLon de Lea, ou de la Bourgo-
gne^ d'après les Reg. de l'égiise fran-
çaise, de Bàle^ où se trouve mentionné,
sous la date de 1 5S9, le mariage de Di-
dier Passavant ayecJacquette Tinet de
Montbéliard. Que ce mariage soit resté
stérile, ou, ce qui est plus probable,
que Didier Passavant soit allé s'établir
ailleurs, il n'est plus question de lui
dans les registres de cette église que
nous avons compulsés avec soin; mais
à peu près vers le même temps vivait
à B&le un autre Passavant , son frère
peut-être, dont la postérité s'est ré-
pandue dans presque toute r£urope et
Jusqu'en Amérique.
Né en Bourgogne en 1559, d'après
des documents malheureusement fort
incomplets qui nous ont été fournis
par la famille, Nicolas Passavant se
retira à Bàle en 1594, pour cause de
religion, et y fut reçu bourgeois en
1596. 11 était ancien de l'église françai-
se , lorsqu'il mourut en 1 633 , lais-
sant de Nicole Marteleur, sa femme,
cinq enfants, dont deux feulement sont
connus. Ils se nommaient Claude et
Rbgnârd, et firent souche.
I. Brakche aînée. Né en Bourgogne
en 1 593 et mort en 1 653, Claude Passa-
vant suivit la carrière commerciale. Il
ftat père, entre autres enfants,de trois
flls:
!• RoDOLPHE-EMHAinjEL, né à Stras-
bourg, en 1 64 1 , fonda à Francfort-sur-
le Mein une maison de commerce, qui
a singulièrement prospéré. Nous sa-
vons qu'il épousa Jeanne de Bassoni'-
pierre; mais les documents nous man-
quent pour établir la généalogie de ce
rameau. De nos Jours, cette famille a
compté et compte encore parmi ses
membres, plusieurs négociants nota-
bles, un médecin renommé, Jean-
Charles Passavant, un artiste d'un
grand mérite, Jean-David Passavant,
etdeux pasteurs, Jean-LouisetC^Wes-
GuUlaume Passavant, sans parler d'un
ministre de i'Ëvangile qui dessert au-
jourd'hui l'église de Pittsburg aux
Ktato-Unls, et dont le zèle s'est ùUt
connaître par la fondation de plusieurs
établissements de charité.
Charles-Guillaume Passavant était
pasteur à Detmold, lorsqu'il publia
Darstellung und Priifung der Pejtta-
lozzischen Méthode, Lemgo, 1804,
ln-80. Jean-Louis, mort en 1827, ne
nous est connu que par un sermon
qu'il a fait impr. sous ce titre : Predigt
iiber Ps. CIII, 13, gehalten in dem
Bethhaus der reformirten Gemeinde
zu Frank furi, Essen, 1791, in-8».
Nous ne possédons non plus que très-
peu de renseignements sur le médecin
Jean-Charles Passavant. Tout ce que
nos recherches nous ont appris, c'est
qu'il a fait pendant des années un
cours sur le magnétisme animal, et
qu'il est auteur de deux ouvrages es-
timés, dont voici les titres: I. Unter-
suchungen iiber den Lehensmagne^
tistnus und das Hellsehen Frankf. a.
Main, 1821, in-8<»; 2« édit. revue,
Frankf., 1837, in-8»; — II. Von^der
Freiheit des Willens und dem Entwio-
kelungsgesetze desMenschen, Fraîbkf.^
1835, in-80. Mais, grâce au laborieux
Nagler, il nous est possible de donner
à nos lecteurs des détails plus satis-
faisants sur la vie de Jean-David Pas-
savant, qui est placé aujourd'hui à la
tète de l'Institut de sa ville natale.
Né en 1787, et frère du médecin
Jean-Charles, Jean-David Passavant fut
destiné par son père au commerce.
11 se soumit à la volonté paternelle,
quoique ses goûts le portassent vers
la peinture. Ce fut seulement lorsqu'il
vint à Paris avec les armées alliées,
en 1814, qu'il renonça définitivement
au négoce pour suivre son penchant.
Après avoir travaillé quelque temps
sous la direction de David et de Gros,
il partit pour l'Italie, où, s'efforçaut
d'oublier les leçons de ses premiers
maîtres, il devint, à la suite de Kocb,
de Cornélius, d'Overbeck,un des adep-
tes les plus enthousiastes de la nou-
velle école allemande. Après une ab-
sence de sept années, il retourna à
Francfort et se mit à peindre des sa-
Jets d'bistoire. L'établissement d'im
PAS
— 153 —
PAS
nouveau cimetière lui ayant suggéré
l'idée de s'essayer dans rarchitecture^
il abandonna dès lors presque enliè-
rement la peinture ; ce ne fut plus
que de loin en loin que Ton vit pa-
raître quelqu'une de ses toiles dans
les expositions ou chez les marchands.
Rarement aussi il consentit à se char-
ger de travaux pour le compte du
gouvernement : on cite pourtant son
portrait de Henri II qui décore la
salle des Empereurs. On peut dire que
depuis 1850, il a manié la plume plus
que le pinceau, et que sa réputation
comme écrivain a presque fait oublier
celle qu'il s'était acquise comme pein-
tre. On a de lui :
I. Ansichtén Ubei' die hildenden
Kilnste und Darstellung des Ganges
derselben in Toscana, Heidelb., 1820^
iii-80.
II. EntivUrfe zu GrabdenkmcUen,
Frankf., 1829^ in-fol.
III. Kunstreise durch England und
Belgien, Frankf.^ J833, in-8», avec
grav.; trad. en angi., 1836^ in-i2. —
Précieux renseignements sur les col-
lections publiqueset particulières, ainsi
que sur l'état des bcaux-arls, en An-
gleterre.
IV. Rafaël von Urbino und sein Fia-
ter Giovanni Santi, Leipz.^ 5839,
in-8«», avec grav. — Passavant, pour
rendre ce travail aussi exact et aussi
complet que possible, fit exprès un
voyage en France, en Italie et en Alle-
magne.
2<»GUL17DB, néen 1 650, à Strasbourg,
membre du Grand-Conseil de Bâle en
J GS7, fut marié deux fois, la première
avec Anne-Marie Faltet, la seconde
dLYec Anne-Catherine Lâcher ; il laissa
une postérité nombreuse. Trois seule-
ment de ses enfants sont connus. Un
de ses fils, Jbân-Ulric, né en 1678,
alla se fixer en Angleterre. Il y acheta
la manufacture de tapisseries à l'instar
des Gobelins, qui y avait été établie
par un moine converti nommé Parisot,
la transporta à Exeter et réussit à la
faire prospérer avec le secours de
quelques ouvriers des Gobelins que
T. Vin.
son prédécesseur avait attirés en An-
gleterre. Il est très-probable que Luc
Passavant , ancien de l'église de la
Nouvelle-Patente, en J 786, descendait
de lui.
Un des frères de Jean-Ulric Passa-
vant, nommé Claude , fit ses éludes
en médecine à Bâle et s'appliqua par-
ticulièrement à la chirurgie. Après
avoir pratiqué son art pendant cinq
ans à Kônigsberg, il retourna dans sa
patrie, y prit, en 1705, le grade de
docteur, fut nommé, en 1724, méde-
cin do la ville, entra, en 1726, dans
le Grand-Conseil, et devint sénateur
en 1755. 11 a publié :
I. Disp. de dysenteriâ, Regiomonl.,
1704,in-4«.
II. Disput, duœ de perforatione
ca/vancp, Basil., 1705, in-40.
III. Thèses medicœ, l721,in-4«.
Deux de ses fils ont obtenu un certain
renom, Tun, François, comme juris-
consulte; l'autre, Claude, comme
médecin. Le premier, qui prit, en
1729, le grade de licencié en droit,
remplit les fonctions d'assesseur à la
chancellerie, en 1 729, puis de secré-
taire de la ville. Kn i'<57, il subit les
épreuves prescrites pour le doctorat, ot
mourut le 29 sept. 1 785. On a de lui :
I. Diss. de castitate, Basil., 1727,
in-4*.
II. Diss. inaug, de medico ejusque
jure et privilegiis, Basil., 1729, 4».
III. Farrago thesium juridicarum,
Basil., 173J, ln-40.
IV. Thèses ex jure naturœ et phi-
losophid morali, 1734, in-4«.
V. Disquisitio dicersas quasdam
juris naturœ quœsiiones inter Puffen-
dorfium et Ilobbesium agitatas exami-
nant, Basil., 1740, in-4«.
VI. Disp, de oratore forensi sive
advocato perfecto ejiÂsqite requisilis,
1741, in-40.
Le second dis de Claude Pass<ivant,
né à Bâle, le 1 7 dcc. 1 709, fit ses élu-
des en médecine à Neuchâtel; mais
c'est à Bâle, qu'il se fit recevoir doc-
teur en médecine, en 1733. Sa réputa-
tion, fondée sur des cures remarqua-
10
PAS
— Itt4
PAS
bles^ «ngagea le margrave de Bade-
Darlach à rattacher à sa personne en
qualité do médecin. Il mourut le Si
août 1778. Voici les titres deeespa^
blications :
I. Disp, deinêentibUi pêrspiratione
ganctoriand et structura Qutis, Baalio
1 733, in-4».
II. Thêêes anatomicœ et hotaniew,
Basil., 1753, in-4«.
IIL Thèses hisioricœ de observantid
teligionis Romanorum atque GrtBCO-
mm, Basil., J737, ln-4«.
IV. Spécimen r1ietoricum,quo,pr(B'
eunte Causino, varia ad singulas or tes
dicendi monita eœponuntur, Basil.,
1741, ln-4».
Sans avoir des titres aussi valables
au souvenir de la postérité, un antre
fils de Claude Passavant mérite pour*
tant une mention particulière, nous
voulons parler de Luc, riche négociant^
qui fut élu, en 1 750, membre du Grand-
Conseil, et mourut le 20 janv. 1797.
Le troisième frère de Jean^Ulric
Passavant, nommé Nicolas, eut pour
flis Daniel, docteur en médecine, que
la Société royale des sciences de Ber^
lin admit dans son sein en 1747, et
qui prit àMarbourg, en 1748, le grade
de licencié, après avoir soutenu une
thèse De vi cordis, imp. à Bàle, 1748,
in-40.
Le dernier descendant de ce rameau
est mort à Bâle, en 181 2.
30 iEAN-ULRic, né à Strasbourg,
en 1G52, fut l'auteur du rameau qui
subsiste aujourd'hui à Bàle. En 1 071 ,
il entra au service des Provinces-t'nies,
et pendant quatre ans. Il combattit
avec distinction sous le drapeau hol-
landais , notamment à la bataille de
Sénef, en 1674. De retour à Bàle, 11
fut élu membre du Grand-Conseil, en
1683, puis maire du Petit-Bàle, en
1700, et l'année suivante, sénateur.
Il mourut en 1709 et laissa une très-
nombreuse postérité. L'ainé de ses fils,
Jeax-Ulkic, élu sénateur en 1733,
devint, en 175:*, membre du conseil
des Mil; il laissa deux fils, Eiva-
KU9L et Jkax-IIknri, qui entrèrent à
leur tour dans le Grand-Conseil > oh
leur oncle, Jian-Rodolphe, siégea
aussi. D'autres descendants de Jean-
Ulric Passavant quittèrent leur ville
natale et se dispersèrent , pour ainsi
dire, dans toutes les parties du monde.
Un d'entre eux alla s'établir à Copoi-
bague où il se maria, et ou 11 eut das
enfants, dont plusieurs passèrent dans
rile de Sainte-Croix, une des Antilles
danoises. Un autre, après avoir coam
le monde pendant trente ans, se fixa
à Pétersbourg ; son dernier descendant
mâle est mort à Vienne. Un troisième
alla terminer ses Jours dans le Maroc;
sa famille nombreuse existe à Bâle.
Un quatrième fut père de Jean-Frak-
çois Passavant, né en 1751 et mort à
Bàle en 1834, père de trois fils, dont
l'un, THÊOFHaE, né en 1787, s'est
voué au ministère évangélique et s'eèt
fait un nom dans la littérature théolo-
gique par plusieurs publications. Voici
celles que nous connaissons :
I. Versuch einer prakiisch, Auslè-
gung des Briefes Pauli an die PhH^
|)er, Basel, 1834, in-8^
II. Versuch einer prakiisch. Àush-
gung des Briefes Pauli an die Ephô^
sicVy Bascl, 1830, 2 vol. in-8».
III. Naeman oder Allés und Neues,
Basel, 1841, in-12; 2« édit., Basel,
1844, in-12.
W.Aus Venedig, Basel, 185^54,
2 vol. ln-8<».
Pour épuiser nos renseignements
sur ce rameau de la famille Passavant,
ajoutons qu'un cousin de Théophile,
Jean-Hodolphb, né en 1777 et mort
en 1848, a été un des plus zélés mis-
sionnaires protestants dans les Indes
hollandaises. Il était membre de la
Société des Frères Moraves.
II. Branche Cadette. Regnard Pas-
savant, marchand à Strasbourg el à
Bàle, mourut en 1676, ayant en de sa
femme Sara Dauphin, onze enfants
dont deux seulement sont connus. Us
se nommaient NicoLAsetJEAPi. Ce der-
nier épousa Marie Seignetiret, dont U
eut: 10 Judith-Marguerite, baptisée
dans l'église française le iSjuilLieei;
Pki
- m
VA9
— S«RtKt, baflldé )é 18 avr. 1669;
-- 3« SuftAK.^È-SAHA^ baiit. le 86 }ânv.
26 J«riV. 1679. on ne «ait flen de plas
sur Jean l^assâvant et êea descendants.
Son frère Nicolas edt beadeont» tnfetix
èonitti. IH>cteiir en droit, profèsscinr à
rtmiterdité de Bàle et aneifttt de Té-
gtiee française^ Ni(M>]as PasMitaiit éiaft
né le 3 aVr. f 62S. Après atoir te^dtt-
lié ses iramahités dilns sa tille hilfile,
Il fot envoyé à Strasbourg pour sairre
les eonrs de philosophie 61 de jarl^m-
deiM. Avant de retoomër dans sa pa-
Irlej 11 vlâlU la France et la Belgique.
Il revint à Bâle en 1 654, cl le 1 5 dé-
eenibre de la raénie année. Il épousa
Judith âhrht, dofM il tCèdt pas d'èn-
tents. L'année snlvantOi 11 M fit reed-
tdir doelenr uiHusquë jittiè. f^mnthê,
en 1 660, syndic dé la vlile, tl ne vonhn
Jamais cdnsehttr à s'éloigner de Bftlè.
malgré les offres avahtagèdses qn'dà
lai flt tfe divers c6tés. Son dmoal' tioor
et patrie fat enAn récompensé. Il ob«
tint, en 1667, ta chaire des InstUnleS^,
dt l'échangea, en 1677, contre èelle
ded PandMes, <|d'il remplit jnscfn'à
Éè, mort. Beyen de la Facalté de droit
ê% dêax fols recteur, en 1674 et en
1682, il fat chargé à phislearS reprl-
i^ ]Mtf ses concitoyens de missions
IMmortbles; ce flit lai qtfon envoya,
en 1 673, k Brisacfa ponr complimenter
LonlsXIT. llmourdtle 31 mai 1695.
Hoas ne croyons pas qu'il ait fait im-
pHtner autre chose que da thèse pow
le doctorat, qui a paru sons ce titre :
Diss, de adqttirefûio pet éxtranewriy
Basil., 1655, in-l«, et une Disp, de
OfUipelargid von hindi. Pflegung ar-
mer Eltem, Basil., 1672, ln-4«.
Les derniers descendants de cette
branche cadette sont morts au com-
mencement du siècle passé.
Nous ne savons si quelque lien de
fiarenté unissait aux Passavant de B&le
lés Passavant de Genève, qui descen-
dilent aussi d'un réfugié français. £n
1637, Nicolas Passavant, de Paris, flis
de Lomé Passavant et de ^art^e; Bruntl,
fUtt reça bourgeois de Genève, arec
son flls lACQUal. Ottlre cd Qls, dont
Galiffb no parle pas, il laissa cinq en-
làfits 3 1» GLimlibNDS^ femme db Jo-
seph Bu Commuri ; — 2« ALGCStiif,
qui soit \ — 5<» LotitSE, mariée à Pierre
Quainier; — 4* LOuisE-IrtAiilE; — 5»
BnioN, né en l648j du CG en 1677,
à oui sa femme> Anne Pictet-Càtati-
ifftnl, donna On flls nommé Pierre.
Atigustin, né en 1640, épousa C/ef-
monde de Quainier-Musêard ^ dont H
éui : loAiGUSTiN, qui soit; — 2«Clsr-
1I0N0B, femme de Jean^Loms Ptévosi ;
— S« ELtSARBTO, fefflhie de Jean Le^
niepê, descendant de Nicolas Uniepê,
menuisier, de Bourgogne^ rcen bour-
geois en 1573;— 4« Jùurrn, épodse
de Jùtoh Morin; — 5* HadèLainb,
unie à Jacob Picot i-^-B^MàinÈ, iûbtto
flUeOli 1748.
Augustin ne laissa qu'hne fine, ma-
riée à Pierre Gourlet , de son mariage
ftvec Jeanne^Marie Èrechtèl, d'snè fa-
mille originaire do Montpellier.
PASTOR (Batiiel]^ de Vaicluson,
fit séd études à l'académie de Genève,
Oh ii fut immatriculé en leio.Blxans
pins tard. Il desservait Kégliâe de Pra-
getas. On a de lui, contre le ministre
apostat Baleet, le Manuel dit vray
ehrestien opposé au Diurnal du sieur
Jean Balcet, enseignant la manière de
la droite intxnsation du pur service de
Dieu, Gen., 1652, ln-8».
P ASTRE (SAiiUEL),auteur desiVotf-
telles lumières chrétiennes yextraittes
du Triomphe de la simplicité sur trois
points fondamentaux de la foi et de
la religion chrétienne, Amst., 1731,
ln-8«. Ces trois points sont la Prédes-
tination et le libre arbitre. Dieu en trois
personnes qui ne sont qu'une seule et
inéme essence divine , la Création de
Thomme à l'image de Dieu. Le but do
l'auteur est d'expliquer ces grandes
vérités d'une manière claire pour touf ,
« d'éclaircir, comme il dit, la vérité
par la simplicité, le tout à la gloire de
Bleu, de poriûer et de réunir les dif-
férents partis dans un même sentl-
mdRe , if et pour arriver à ce magnifl-
querésultat, lesdivergeucesd'opinlons
PAT
— 156 —
PAU
n'ayant 9 selon lai, leur source que
« dans les explications d'un sens mal
entendu, » il propose de prendre à la
lettre les expressions même le plus
évidemment antbropomorphiques des
livres saints. 0 sancta simplicitas !
Mais qui était donc cet auteur à idées
si étranges ; une note manuscrite pla-
cée en tête de rexomplaire, peut-être
unique en France, que possède la
Biblioth. nationale, nous l'apprend.
C'était un poupetier réfugié à Amster-
dam, impotent depuis des années, qui
mourut des suites d'une chute au mois
de juin J736, plus opiniâtrement at-
taché que jamais à son singulier sys-
tème, quoique les synodes wallons
eussent condamné son livre et que les
Étals de Hollande lui eussent imposé
silence, comme à une espèce de fou.
—D'autres Réfugiés du nom de Pastre
s'établirent en Angleterre.
PATR AS (N.), sieur de Mar^lly et
de Gimbrois, ofOcier de la compagnie
du connétable , ne parait dans les rangs
des Huguenots qu'en 1567. A l'appel
de Gondé, il prit les armes avec Be-
sancourt, SamtSimon , Sapincouri,
Lansouef Prinsault, Du Buat, Vim"
bré ou UmbréCy Thibault Trumeau,
Nicolas de Ville, avocat, Nicolas et
Claude Barengeon, EuUaclis d'Aul"
nay, conseiller au présidial, Boyer et
Garnon,procareurs,L^n Goiiarrf,pro-
curcur, et un grand nombre de gens
de métier, habitant Provins ou les
environs. Son ardeur toutefois ne se
soutint pas longtemps. II s'empressa
de profiter du bénéfice de l'ordonnance
de janv. 1568, et se retira dans sa
maison, après avoir pris des lettres
d'abolition et promis de ne plus por-
ter les armes contre le roi. Peu s'en
fallut néanmoins que la populace de
Provins ne le massacrât, lorsqu'il ren-
t4ra dans la ville. A la Saint-Barthé-
lémy, Palras ne devait pas hésiter, il
se convertit; mais sa conversion était
si sincère qu'en 1575, Hatton, dans
sa chronique, que M. Bourquelot vient
de publier, nous le montre servant de
guide aux retires.
Patras n'étant devenu seigneur de
Marcilly et de Gimbrois que par son
mariage avec la veuve de Nicole Jan-
vier, avocat du roi à Provins, il serait
possible qu'il descendit de la famille
poitevine de Patras, qui professa la
religion protestante au moins depuis
le commencement du xvii« siècle,
comme nous l'apprennent les Registres
deGharenton, où se trouve inscrit^
sous la date de 1631,- le mariage de
Jeanne de Palras , fille de Félix de
Patras, sieur de La Roche-Patras, et
ùeGabriellc Du Bouchet, avec Jacques
Du Fresne, avocat au parlement de
Rouen. A la révocation, le sieur de
La Roche-Patras réussit à sortir du
royaume, abandonnant tous ses biens,
qui furent donnés, en 1 701, à sa fille,
Mme Du Poiroux, sincèrement con-
vertie {Arch. gén, E. 3552). Joachim
Patras, sieur de Thé val , fut moins
heureux : U fut arrêté et jeté dans là
Bastille, en 1692 {Ibid, E. 3378). Pour
en sortir, il feignit d'abjurer et joua
si bien son rôlequel'évêquede Meanx
le fit mettre en liberté. Mais on s'a-
perçut, au bout de quelque temps,
qu'il n'était rien moins que bon ca-
tholique, et on l'expulsa de France
avec sa femme, en i 699.
PAUL (Louis), consul de Salon an
1560. Nostradamus raconte que oa(
honorable marchand fut ainsi que son
frère, Janon Paul, a homme de bien
et paisible » jeté en prison comme hu-
guenot, après avoir vu sa maison sac-
cagée et sa boulique pillée par la po-
pulace. On ne tarda pas, il est vrai,
à leur rendre la liberté, mais on ne
leur restitua pas ce qui leur avait été
volé. L'un et l'autre mounircnt protes-
tants.
Une famille de ce nom, habitant la
Languedoc, embrassa aussi les doc-
trines évangéllques. Nous trouvons on
Paul, ancien conseiller au présidial da
Toulouse, dans la Gbambre de justice
instituée à Castres, en 1575 {Voy, VII,
p. 68). Un siècle plus tard, le 27 JnlIL
1 670, Louis de Paul, contrôleur ^
néral des renIcsconsUluécsenLaDgaa»
PAU
— 157 —
PAU
doc, présenta au bapf ème dans l'église
deCharenton^la fiile de Jean-François
de Paul, slc»ir de Sardan, et de Mar^
guérite Du Bourg-de-La Hofissaye.
Yersia même époqae^ Jacques Paul sié-
geait comme conseillerau parlement de
Toulouse. Pour ne pas perdre sa place^
il abjura à la révocation ; sa femme^ an
contraire,donnaun remarquable exem-
ple de constance. Mise, en \ 687, aux
Nouvelles-Catboliques de Paris, elle en
sortit^nous ne savons par quel moyen;
mais elle fut arrêtée de nouveau à Me-
Inn, le 8 mai 1 690, et conduite au châ«
teaa de Loches. Comme elle élait trës-
opiniàtre, son geôlier reçut l'ordre de
l'y garder «trës-étroitement » (Arch.
gén. E. 3376). Malgré les ri^curs de
sa prison, elle tint bon pendant trois
ans, cependant elle finit par succomber
et on lui permit de retourner auprès
de son mari (/6td. E. 3579). Quelle
gloire de pareilles conversions ne ré-
pandent-elles pas sur TEgiise ro-
maine!
PACLET (GuiLLAvaiE) , ministre
apostat, pensionné par le clergé de
France. Guillaume Paulet était né à
Anduze ; il descendait vraisemblable-
ment de ce ministre de Yézenobres que
ses sympatbies trop ardentes pour le
duc de Rohan avaient fait chasser de
son église, en 1625. Lui-même avait
desservi différentes égli9es,entreautre8
celle d'Usés, qu'il quitta, à la suite de
contestations avec le consistoire, pour
accepter la place de pasteur aux Vans,
dans laquelle il fut confirmé, en 1660,
par le Synode national de Loudun. Tou-
tefois, il ne la garda pas longtemps.
Deux ans plus tard, il était ministre à
Lussan, et lorsqu'il abjura, vers 1664,
pour éviter, à ce qu'afiirme Benoit,
la punition d'une conduite peu régu-
lière, il remplissait les fonctions du
ministère à Montpellier. Sa conversion
lui valut une pension de 600 livres,
que le prince de Gonti lui obtint du
dergé, et qu'il employa à l'achat d'une
charge de conseiller au sénéchal.
Les fils de Paulet et sa fille aînée,
nommée Màdblains, le suivirent à la
messe, tandis que sa femme Madelaine
Daniel, d'Uzès, continua à fréquenter
le prêche avec la cadette Isabbau.
Pendant longtemps, le père n'y mit au-
cune opposition; mais le 20avr. i 674,
pressé sans doute par le clergé, il en-
leva la jeune fille à sa mère et la mit
dans le couvent de Teirargues. Selon
Benoit, Isabeau résista à toutes les ob-
sessions des nonnes qui, de guerre las-
se, larenvoyèrent à ses parents au bout
d'un an. Les écrivains catholiques, en-
tre autres d'Aigrefeuille, affirment, au
contraire, qu'elle ne quitta le couvent
qu'après avoir abjuré, le 2 ]anv. 167S
[Arch. gén. M. 67 i) ou selon une au-
tre version, le i 2 mars (Jacobins St.-
Honoré, No 30). En la supposant prou-
vée, cette abjuration était-elle valable?
La question serait tranchée, s'il était
démontrée qu'Isabeau Paulet était ve-
nue au monde au mois de déc. 1662,
ainsi que le prétendait le procureurgé-
néraldu parlement de Toulouse; mais
son père lui-même soutenait qu'elle
n'avait pas encore accompli sa douziè-
me année à l'époque de sa sortie du
couvent; or, la déclaration de 1669
était toujours en vigueur. L'acte de
baptême aurait levé toute difficulté; il
est étrange qu'il n'ait pas été produit.
L'obscurité que le parlement a laissé
planer sur celte alTaire, lorsqu'il lui
était si facile de la dissiper, nous rend
sa conduite fort suspecte.
De retour auprès de sa mère, Isabeau
reprit sous sa direction le chemin du
temple. La Déclaration du mois d'avr.
1663 (Voy. Pièces justif. N» XCI) non-
seulementsubsistailtoujours, mais elle
était fréquemment renouvelée et confir-
mée. Cependant— n'a-t- on pas lieu d'ê-
tre étonné de cette apathie? — ce ne fut
qu'an bout de cinq ans, qu'on arrêta
de nouveau la jeune Paulet pour l'en-
fermer dans le couvent de Saint-Char-
les à Montpellier, d'où elle sortit, un
mois après, aussi dévouée que jamais
à la religion protestante, au rapport dé
Benoit, et bien qu'elle continuât à fcé-
quenter les assemblées religieuses des
Protestants, on la laissa quelque temps
nvi
-m-^
PAU
1)0 redit de Juif) 1680, le cloreô c^tl^q?
liquc flt signifier au paslcur Pu SouT'
dieu son acte d'abjuration, avccdéfen*
se de l'admettre (jans l'église. Lp coi>-
sislpiro s'assembla et fut d'^yis de pa9r:
ser outre {JacMnsSt.'Hontiré, N<^3Q),
On De pept s'pipliquercetl^ résplqtion
du consistoirQ qu'en ^dmeftant qu'il
regardai) l'abjuration pomm^ nulle, oi|
bien qu'il crq( reconnaîtra d^s cetacle
des traces 4e falsiOçaMon. BenqU afi^Rr
me^ en effet, qu'il avait été fabriqué p^r
Charles Marsai\ qui de n^oine r^jet
s'était fait protestant, puis s'^û>^ 1^
fait catbolique,et remplissait alors 1^!|
fonctions de directeur d^is le couveai
de Tcirargues.lsabeauPauletretojum
donc au tf»mple, et le syp^jc du p}erg^
portaplalnte au parleipent de TouIqÙ96j
qui, par ^rrétdu ii nov. i682^dé(éi^
dit l'exercice du cuità prp(f çtani dans
le Grand temple de Mpptpelljer ei en
prdonna la dtoolition.
Le coosisipire se bà(a (l'en appeler
au Conseil. Il députa k Paris Planchui
avec une requête fort humble ; iqais \
peine arrivé, piancbptftit arrêté et en-
fermé à là Bastille. De leur côté, Utk
pasteurs allèrent trouver le duo de
NÔailles^ et lui déclarèrent avco fer^
meté qu'ils continueraient k remplir,
au péril de leur vie, la mission qn'il3
avaient reçue de Dieu, {.e gonverpiaur
leur répondit eu Ip^ fai«<(nt CQp4Qif6 k
la citadelle, et ei^ mettant iipmédiàte-
ipent à l'œuyrp les démoUs^urs aou^
U protection de la forc^ arfpée. i^ On
peut dire, lit-on 4itnsl'bis(olredeGsyair
bplive, qu'on abattit on templp diant le
copyert élait pprté par un arc d'une
longueur exUn^ordinalre, fort dégagé*
que tons les étrangers admiraient et
disaient ^tre le plus bp^tu de l'Europe.
èi ia pierre, qui était au milieu, qu'oa
appelait clef, il y avait les armoiriee
de l'amiral de ChÂtillon çt la ditte
de la cou^truciion , 1585; dn c6lÂ
de H grande porto, une galerie con-
slrifilc «^ux dépens du prince {Hl^r.
tin, avec ses armpirU'î», cl^ du qù^
4ft la cl)ff|rç^ ^ U]m ^:9'^}^j W À
vitres, celles di^ prince de Condé. »
Cependant le propos se poursuivait
contre Jsaheaù Pat|/e<,qui s'clait coor
slifqéeprisonniërp.EUe se défendit en
soutenant qu'elle n'avait j^piais signé
fi'af.te A'^binralion pt qu'pn tp75,elj«
lîe çavj^it mêq^e p^s ^rirp. Son pèjfi
alQrmaït égalemenique là signatnroep*
posée an bas dp l'acte qu'on présenMd
n'était pas de son écriture (Arch. lU
671). On lui opposa le téniQîgnage 4m
religipuses de Teirargucs, mais on iei
garda bien d'appeler des experts. Qn
s'adressa i deux procureurs, qui rocoi^
purent que les signatures olflraient de
la ressemblance en quelques lettrée*
Gpla sutBt an parlpmept pour déplfwef
l'accusée relapse et la condamner àl'ar
piende honorable et au bannissement;
toutefois conune cette jeune fille âyeU
montré jusque-là beaucoup de ferm^
on n'osa pas exécutef la sentence, con^
me nous l'apprend nne lettre du chettr
celier au président du parlement, mmf
lui commander de ia part du roi ^ 1%
laisser sortirdu roy^upo^confonnéqenl
\ l'arrêt repdu {Arck. V. 67i). &'q
faut en croire Benoit, pn H retep^Ùe^
prison, parce qu'on craignait qi) ni^
fois en sAreté dêps les pays étrangenii
e|la ne çonvrlt ses persécuteurs de hv^
te. Npus croirions plutôt que l'on fi»T
perait que l'affreuse perspective pour
npe Jeune fille d'une vingtaine d'eniiéev
de passer sa vie entière entre les mim
d'une prison, la déciderait à abjura,
Telle est au moins la raison que \'^
fit V4k>irauprèi c|e LouisXIV pour reprs
•gager à aggraver la peine pn coniHN^r
tissant le bannissenient en une dêleiiî
tlon perpétuelle. Ce jésuitique cfi^ll
n'auraitpput-ètrepas réusei,si l'epuMI
ne s'était mis de la partie. On pervii|
à un jeune homme catholique dé vish
ter Isabei^u dans sa prison, et dés q^'m
s'aperçut qu'il avait gagné son aiJbQ?
lion, on accabla la prisonnière de t^m
de caresses, de Muitdepromesses,qa'o4
Vamena à adresser une sppplique W
roi pour lui deniandcr grâce, c'est-)h
dire qu'on l'amena à se Fcconnaltrec^u-
PAU
— 189 —
PAU
)Qratien>loi aoeorda dos Ici Ires d'abo*
lition et peu de temps après^ une pen-
sion dd 3000 livres, qui fut, ii est vrai,
rédoite à looo, dès le 10 juill. 1685
[Arch. Tt. 252).
PAULHAN (Pierre) ou Paulian,
ministre apostat. Paulban était natif de
Niâmes et avait fait ses études à Ge-
nève, où il avait été immatriculé en
1660. Quoiqu'il eût peu de talents, à
ee qu'affirme Benoit, il fut choisi, en
1671 , pour pasteur de l'importante é-
gliaedeNismes ; il desservaitalprs celle
d'Aigues-Mortes. Comme son collègue
Cheirony il s'opposa de tout son pou-
voir au projet de Brousson, en repré-
sentant qu'il était du devoir et de la
prndence de se soumettre, puisqu'on
n'avait pas les moyens de résister avec
sneoès, et de tâctier, par une soumis-
sion absolue, de conserver les temples
qui n'avaient point encore été démolis.
Avec de pareils principes, Paulban ne
devait pas bésiter à abjurer en 1 685 ;
n'était-ce pas obéir aux ordres de l'oint
daS6igneur?Moinsd'empressement lui
eût sans doute été plus profitable. Ce
fM 6A vain qu'il fit le voyage de Paris
pour solliciter la récompense de son
apostasie; il tut éconduit. 11 eut alors
la inmineuse idée de s'ériger en con-
vertisseur, et publia à Lyon, en 1 688,
in-12, un Discours sur l'ancienne dis-
cipline de l'église de Nismes, tendant
à convaincre les Protestants du crime
qu'ils avaient commis en se séparant
d'une église où la foi s'était conser-
vée dans toute sa pureté. Ce pauvre li-
vre loi valut ^ûn, en 1689, roffice do
conseiller honoraire au présidial de
Nismes. Barbier lui attribue aussi deux
broehures publ. à Lyon, 1 696, in-i 2,
sons ce titre : Apparitions anglaises, le
siège de Namur et les bombardemens
Buritimes. Il mourut en 1699.
PAUMIER (PiBRRE),Pom26r ouPo-
miè9, de Gascogne, ministre de Par-
thenay. Ayant osé, en 1666, prêcher
sur les ruines de son temple, qui avait
été démoli, ainsi que la plupart des
temples du Poitou, en vertu du fameux
arrêt 4a Conseil du 6 août (Voy, Pièces
justif., N» LXXXVIII), Panmler fût ar*
rété et conduit dans les prisons de Poi-
tiers, tandis que ses collègues Toto /{o-
cheteau et PoiteuindeLa Gmllarderie ,
non moins coupables que lui, étaient
enfermés dans celles de Fontenay. Ce*
pendant on n'usa pas de rigueur h leur
égard; on se contenta de leur promesse
de ne plus exercer leur ministère
dans des lieux interdits, et on les re-
mit en liberté. Poitevin fut assez pru-
dent pour sortir, quelque temps après,
du royaume; en 1671, il fut placé h
Maëstricht. Paumier fut donné pour
ministre à l'église à Sainl-Maixent.
Cette église ayant été interdite à son
tour (Vtnj. Vil, p. 452), il se décida
à passer à l'étranger, et obtint sans
peine un passe-port ; mais, arrivé à
Niort, il changea de résolution et se
convertit, le 1 0 nov. 1685. Le fameux
Foucault rend cet honorable témoigna*
ge aux pasteurs du Poitou, que deux
seulement d'entre eux abjurèrent la
religion qu'ils avaient préchée, savoir
Paumier et Rocas, ministre du Breuil.
Une fois converti, l'ex-mlnlstre se fit
convertisseur, et il déploya un si beau
zèle, qu'il reçut, comme récompense
de ses efforts, une charge de conseiller
au présidial de Poitiers, et une pen-
sion de 400 liv., qui (tit portée, en
1 688, à 1 ,500 écus. Paumier avait ac-
quis de la réputation comme prédica-
teur; mais sa vie n'était pas sans tache.
On raconte qu'ayant fait une promesso
de mariage par écrit à une demoiselle
JùTtiriy de Saumur, et ne voulant pas
la tenir, il commit une efliraction pour
s'emparerde cet écrit, mais que le frère
de la demoiselle le força de le rendre.
PAUR (Jian-Jacqubs), ministre de
l'église d'Etobon, né à Honlbéliard,
le 12 mars 1737, de Frédéric-Nicolcts
PauTy tonnelier, et de Clémence-Anne
Surleau, Paur reçut sa première in-
struction dans le gymnase de sa ville
natale. En 1755, il partit pourTubin-
guc, où il étudia la théologie. Ses élu-
des terminées, il obtint une chaire de
profeaseur àrunlversiléde Halle; mais
la mort de son père le rappela bientôt
PAU
— ♦«) —
PAU
à Montbéliard, et les instances de sa
mère rayant décidé à ne pas retourner
en Allemagne, il accepta la place de vi-
caire de Pierre-Frédéric Dieny, pas-
teur à Etobon. Deux ans après^ Dieny
étant mort, et Pierre-Christophe Mu-
rel lui ayant été donné pour succes-
seur contre le vœu des fidèles d'Eto-
bon, dont il avait gagné l'affection par
sa charité, son zèle et son dévouement,
Paur fut nommé pasteur sufflragant do
l'église Saint-Georges à Montbéliard,
et en même temps, régent d'une des
classes de récole française ( 1 ) .En 1 7 7 9 ,
la cure d'Etobon étant de nouveau va-
cante, il en fut pourvu. Disciple de Ph.-
Jac, Spener (Voy. p. 4), et partisan des
doctrines des Frères Moraves, il s'ap-
pliqua avec ardeur à réveiller le zèle
religieux dans sa paroisse. Ses loua-
bles efforts, dirigés par une piété fer-
vente et vraie, furent couronnés de suc-
cès. Après avoir desservi, pendant en-
viron huit ans, l'église d'Etobon, où
son nom n'est, encore aujourd'hui,
prononcé qu'avec vénération, Paur fut
appelé à Clairegoutte comme succes-
seur de Jacques-Christophe Tuefferd,
Il fut installé dans cette nouvelle cure,
le 19 fév. 1787, par le surintendant
ecclésiastique >an-yac7ue5 i)ui;cr7iot/.
Il y poursuivit paisiblement ses pieux
travaux Jusqu'à la réunion du comté
de Montbéliard à la Franco, au mois
d'oct. 1793. Les alarmes continuelles
au milieu desquelles il vécut pendant
tout le règne de la Terreur, réagirent
fortement sur sa constitntion déjà af-
faiblie parrâge; une émotion très-vive
causée par les menaces brutales d'un
Jacobin forcené, provoqua une attaque
d'apoplexie qui le conduisit aux portes
du tombeau; le chagrin qu'il éprouva
de la dépossession du prince de Mont-
béliard, la douleur qu'il ressentit de
l'interdiction du culte public, la gène
que la saisie des revenus des églises
introduisit dans son ménage, aggra-
(1) Le prince Frédéric-Eagènele chargea aussi
de donner des leçons i ses enfants dont l'une, So-
phie-Dorothée-Auguste Louise, derint iropcra-
triœ do Russie.
vèrent son état; néanmoins U i
dèle à son poste, réunissant t
son troupeau dans son presbyte
lui prêcher la parole de Dieu, b
les enfants, bénir les mariages,
quittant, au péril même de sa vl
seulement des devoirs que lui
sait sa profession, mais de ee
lui prescrivait la charité chrétii
la simple humanité. Plus d'an<
lui arriva, avant roccupatioi
principauté par les Français, d'<
lir dans sa cure des proscrits,
des prêtres, de les y cacher et <
liter leur fuite dans les pays étr.
Lorsque la célébration ducal
tien cessa d'être interdite, Paai
ses fonctions avec une ardeur
fut fatale. Le 1 4 oct. 1 798, il fut
d'une seconde attaque d'apople:
la chaire même de Téglise de
goutte.
Paur n'était pas seulement i
leur pieux, zélé, charitable, p
le désintéressement jusqu'à se
mes limites; il possédait des c
sances assez étendues, surto
l'histoire ecclésiastique. On \
une traduction de VHisloire d
formationde l'Eglise chrétienfi
lemagne, écrite par le baron
kendorfy abrégée par Junius e
Basle [Berlin], 1784, 4 vol. in
tête de laquelle il a mis, en (
préface, nn aperçu sur l'Etat
glise chrétienne avant la Réfor
Un 5» vol., publié en 1 785 et |
servir d'introduction, offre un
de rhistoire des églises esclavi
vaudoises, par /.-/. Duvemc
IV, p. 526). On lui doit, en ou
Irad. française de la Confessio
chrétienne des chrétiens sans <
qui est encore aujourd'hui ei
chez les Anabaptistes établis df
cienneprincipautéde Montbélii
On il doit avoir travaillé au rec
nuel publié à Ncuwied parla !
Frères Moraves, dont il était n
Du mariage de J.-J. Paurav^
nore Scharffensteiny fille da i
de Clairegoutte L^opold-En
PAU
— 161 —
PAV
Seharffenstein, célébré en 1782, na-
quirent six enfants : l« Bénédicte-
Elisabeth, morte enfant; — 2° Jean-
Emmanuel, né à Etobon, le 12 août
1 784, qai a bien voulu nous commu-
niquer une notices biographique sur
son père, rédigée par M. F. Beurlin,
pasteur à Etobon ; — 5» Jacques-
Emmanuel, né à Etobon, le 30 déc.
1785, et mort à Audincourtcn 1854,
dont le fils, pasteur à Montécheroux,
marche dignement sur les traces de son
grand-père; — 4<» Hedwige- Elisa-
beth, morte jeune; — 5» Asne-Eléo-
NORE, née à Clairegoutte en 1789, et
morte en 1832; — 6» Catherine-
Elisabeth, morte en bas-àge.
P AU VANT (Jacques), ou Pavanes,
du Boulenois, disciple de Le Fèvre
d'EiapleSy suivit son maître à Meaux,
lorsqu'il y fut appelé par l'évéque Bri-
çonnet(roî/. VI, p. 506). Emprisonné,
en 1524, en même temps que 3/ar /ta/
Mazurier, qui, dans un acc^s incon-
sidéré de zèle, avait renversé une sta-
tue de saint François, placée sur la
porte du couvent des Cordcliers, il
flnit par céder aux obsessions de Ma-
zurier, qui avait acheté sa liberté, et
sans doute sa vie, au prix de lâches
concessions, et se décida à faire amende
honorable le lendemain de Noël. Mais,
depuis ce moment, lit-on dans le Mar-
tyrologe, K il n'eut que regrets et
soupirs.» Aussi lorsque la persécution
se renouvela au commencement de
l'année suivante, voulut-il rôparcr cet
acte de faiblesse. 11 se présenta avec
fermeté devant ses juges et leur remit
par écrit une profession de foi , qui
suffisait et au delà pour le faire con-
damner à mort comme hérétique. Il
fut brûlé vif sur la place de Grève,
« au grand honneur de la doctrine de
l'Évangile et édillcation de plusieurs
fidèles. » Matthieu Saulnier, empri-
sonné en même temps que lui, avait
composé pour leur défense commune
un livre qui fut condamné par la Sor^
bonne et livré aux flammes, le 9 déc.
1525. On ignore ce qu'il devint lui-
même; mais Orespin nous apprend
que le martyre de Pauvant fut suivi ,
peu de temps après, de celui de
LUermxte de Livry, qui périt dans
les flammes au parvis Notre-Dame, la
grosse cloche de la cathédrale sonnant
à toute volée.
PAVÉE (Frakçois), sieur de Ser-
VAS, un des principanx chefs des Hu-
guenots dans le Bas-Languedoc, était
vraisemblablement originaire de Nis-
mos ou des environs. 11 embrassa avec
ardeur la cause protestante. En 1 561 ,
ses concitoyens l'élurent colonel de la
milice bourgeoise, en lui donnant iran
Michel pour sergent-major. Lorsque
la guerre éclata, ils l'envoyèrent, avec
Saint-Véran, Beauvoisin et BouiUaf'
gués y au secours de Beaucaire. Les
Protestants nismois s'assurèrent de la
ville et du château, brisèrent les ima-
ges, et se retirèrent en laissant dans
la place une compagnie de gens do
pied pour garnison. A peine s'étaient-
ils éloignés que les Catholiques de
Tarascon reprirent Beaucaire qu'ils
mirent à sac cl à sang. Les habitants
qui professaient la religion réformée
réussirent en partie à gagner le châ-
teau et se hâtèrent de rappeler leurs
coreligionnaires. Revenant en toute
hâte sur ses pas, Servas s'introduisit
dans le château, surprit l'ennemi tout
occupé du pillage, en flt un grand
massacre cl assura îiux Protestants la
possession de la ville jusqu'à redit de
pacification (1).
Sorvas se signala encore, dans cette
première guerre civile, en plusieurs
rencontres, notamment au combat de
Pézenas, sons les ordres de Beaudinéy
et surtout à la bataille de Saint-Gilles;
mais dans la seconde, il ternit sa gloire
par la part qu'il prit à Thorrible mas-
sacre de la Michelade. Nesnard affirme
que c'est lui qui en conçut le projet
avec BoHtllargues et Poldo d'Albenas
(Voy. I, p. 26).
En 1569, la guerre ayant éclaté
(1) Dans non InTenUiro, do Serres appelle Aa<.
ma» le capitaine nismois qui chassa les Catho-
liqaes de Beaucaire. Tous les autres liistorieni
le Dommenl Serrai.
PAV
— t6î —
PEC
pour la troisième foig, Servas, à qnl
8'appliquo parfaitement oe qae Serres
dit de DalmaSy «qu'il rouloit toujours
quantité d'entreprises dans sou es-
prit, » voulut tenter de rentrer dans
Nisnics , d'oii il avait dû s'éloigner,
vraisemblablement pour échapper ^ux
poursuites du parlement de Toulouse.
Nous avons déjà raoonté comment la
surprise réqssit [Voy, Ul, p. 107).
Scrvas, aocouru de Gauvisson aveo
500 soldats, com^nandés par les ca-
pitaines Chaissy et Minge'lle, contri-
bua puissamment au succès.
Apres la Saint-Barlbéiemy^ Servas
continua ^ servir la Cause, moins, U
est vrai, do son épée que de ses cour
seils. En 1573, il fut député à l'as-
semblée d'Anduze, et, à son retour,
élu capitaine d'une compagnie de gens
de pied que les IS'ismois levèrent pour
leur défense. En 1S77, il ût partie,
aveo les consuls de Clairan, Deiron,
Jean Bagard et Etienne Paussuc, du
conseil chargé de régler les affaires
secrètes de la cité, en qualité de comr
mandant do la ville. EnOn , en 1 580,
il entra avec François Barrière, sieur
de Nages, dans le comité auquel ou
conda le soin de pourvoir prompte^
ment aux afifaires urgentes. C'est la
dernière fois que nous ayons rencontré
son nom. U avait épousé, en 1556,
Isabeau d*Aird)audouse, dont il eut
un fils, Fràivçois, sieur do Ville-
vieille, marié, en 1585, avec Jeanne
Pellegrin, Ce Ois, qui testa en 1614,
laissa trois enfants mâles : !<> Pierre,
sieur de La Gondamine, dont le sort
nous est inconnu; — 2° Abuus, qui
suit; — 3» GuiTAR, qui épousa, en
t635, Louise Caissade^ et testa en
1661, ayant quatre fils : Raixond,
François , lieutenant au régiment de
Hontpezat, Louis et ÉTiEaiNE.
Abdias Pavée, sieur de Villevieille,
mourut dans la force de l'âge. De son
mariage avec Diane Tréinolet-de-
Afontpezat, célébré en 1631, naqui-
rent : l« Haimond, baron de Mont-
rcdon, capitaine de cavalerie, mariée
en 1 6C0, avec Gabriellc Fons et père
de Jean-François, etdeJogBPH-PiÀii-
çois, qui furent élevés sans doute
dans la religion catholique ;— 2<* Jban->
François, qui entra dans les ordrei ;
— 3» Aknibal; — 40 Abdias, sieur
deMontrcdon, major au gouverncmonl
de Sommières; — 5<> Michel, capi-
taine au régiment de Montpozat. Noag
ignorons à quelle époque cette famitto
abjura.
PËGHEL8 (N.), sieur de La Buis-
sonade, confesseur do TEglise protes-
tante. Pecbels de La Buissonade ap-
partenait à une des meilleures famillefl
de Montauban. A Tépoque des guerres
de religion,un capitaine La ^u?,s5(>ff(uie
servit avec distinction sous Saint-An'»
dré-Monthrun, et vers le même temps,
Pcckela^-La Buissonade , premier
consul de Montauban, se fit expulser
de la ville à cause de sa résistance
énergique aux projets de Rohan et de
son dévouement à l'autorité royale. U
est vraisemblable que notre confessear
ne professait pas pour le trône une
moins grande vénération que son anoà*
tre et que tous les Protestant s en géné-
ral, qui étaient instruits, dès l'enfanoe,
àrespecterlechefderEtat comme l'oinl
du Seigneur ; cependant à ce respect il
y avait des bornes dans Topinion des
Réformés animés de quelque zèle pour
leur religion, et Pecbels étaitdec^ nom-
bre. U ne se crut donc pas obligé de re-
nier son Dieu, parce que tel était le bon
plaisir du despote qui régnait alors sur
la France, et saidésohéissance atl ira sur
lui et sur sa famille les épreuves les
plus cruelles. Trente-huit dragons foi-
rent logés chez lui, le 26 août 1685. 8e
maison fut mise au pillage, ses appar-
tements convertis en écuries, sa fem-
me. Marquise deSabonnières, qui étall
sur le point d'accoucher, obligée de se
sauver avec ses quatre enfants, dont
Tatné avait 7 ans. Pechels avait fui de
son côté; mais l'intendant lui donna
Tordre de retourner chez lui pour re-^
ce voir les gamisaires dont le nombre
s'accrut d'heure en heure. Pendant ce
temps, U">e de La Buissonade errait
dans les rues, personne n'osant lui don-*
PEC
- 168 -
PÉG
nflf t»itoi iMi U UirrmiP était protonda.
}ft\\ù doit ppurlant par trouver aa abri
c\^Q% uno (la 998 aœurs; mais à peine
«ptHilie apcpuché^ que la maison se
femplit de soldats, et qu'elle dut fuir,
avec «on entant dans ses bras , pour
éohfipp^r a)ix mauvais traitements des
terribles oqnvertissears. Ne sachant où
aller, elle s'adressa à l'intendant qui
reconduisit brutalement en lui repro-
client son opiniâtreté. A la fln, une dame
eatbplique obtint la permissionde lare-
coeillir. ^n mari cependant avait été
incarcéré. Après avoir été promené de
prison e\\ prison pendant 18 roois^ il
fat transporté dans l'Ile de Saint-Do-
mlngno, d'où il ft\xi le bonheur de s'é-
cbapper. 41 gagna la Jamaïque et s'em-
barqua pour l'Angleterre, où sa femme
alla le rejoindre plus tard, mais sans
ses enfants; qui avaient été enfermés
daps das coq vents et qui n'en sortirent
san» doute que convertis. 11 est vrai-
semblable pourtant que i'un d'eux au
moins rentra dans le giron de r£glise
protestante et trouva les moyens de
paasier en Angleterre. Nous lisons, en
effet, dans nne liste des directeurs de
|'l|6pital français de Londres, les noms
de Sçimuft Pechel, maître de la chan-
^ll^rie, ^ sir Paul Pechel et de sir
Thomas P^hely sous les datesdo 1752,
1773 et 1801.
D'antres membres de cette famille
dpnnèrent des preuves do leur amour
pour l'évangile. £n 1689, Jeanne <k
P€€àel8, veuve Benech, fut enfermée
dans l'bépitai de Rhodes, et sa maison,
pu s'était tenue une assemblée reli-
gieuse, fot r^ée. Elle avait anprèa
d'eU^nnade se9 SUes, nommée Jeanne,
dont le fWèSïySamuelAcéré^^ieuvûQ La
pplumbière, avait passé dans les pays
étrangère {Ar^h. 9é^ M- 673). Ver^
le luéffiâ teipps, Jérôme ^PechelêfWBk-
eien ministre de Bruniquel rérugiédans
te Prandebourg, fut placé comme au-
Ulénlcr dans le corps des Grands-Mous-
qBetjHn^s (i); pais il ua rcmpiii pas
(1) ErroanelKécUm ont publié la iislosuivs^nle
4ei (lran4»-Moai(qiieUlres:l/a/ift(i'i4rrtVu, 6'At-
longtemps cette place, ayant été appe-
lé, en i 690, à succéder à La Gacherie,
comme pasteur d'Emmerick.
PEDELABAT (Jbàm), de Garlln,
accusé et convaincu d'avoir engagé pu-
bliquement et en particnlier ses core-
ligionnaires à demeurer fermes dans
leur foi, en 1 685, fut condamné parle
parlement de Pau à vingt ans de ban-
nissement hors du royaume et à 600
livres d'amende. Semblables condam-
nations ne sont pas rares à cette épo-
que de notre histoire ; ce qui l'est da-
vantage, c'est la faiblesse de Pedelabat
qui, six jours après sa condamnation,
se convertit avec toute sa famille. Na-
turellement le roi lui flt grâce.
PÉGORIER (CÉSAR), natif de Rou-
Jan dans le Languedoc, flt ses études
en théologie à l'académie de Genève,
où il (tit immatriculé en 1666, et après
les avoir terminées. Il fut placé comme
ministre à Sénitot dans la Normandie.
Obligé de quitter son église, en \ 682,
il obtint du synode de Quévilly l'attes-
tation la* plus honorable (Arch. gén.
Tt. 358) et se retira en Angleterre,
où il desservit les églises de l'Artille-
la^/.-P. CoM^aniin d«6«{/o«f,d'OrUiftc,deilo-
nafoutf do fiony, de firt^ny,8icar deMalbos,inQri
on 1700, La Calbreiie, mort en 1688, BalsaU-
ie-Cattilkon, Puul Caleuau^ de Yitry, de La
Ctaverie^ ^ Maxères, mort en 1609, J.-kalt. do
AMon-|lauer(, G. de Laly^ Duèoti, de McU, éê
Vurantf Jacq. d'Etienne ^ sieur de Garloncas, de
Fonl-Juliane, de llonlèlimarl, Claude Formey,
Jacq, de Fouquet, de SainWllippoiyto, mort à
PrenzloWf en 1740; Henri Fournier, de Cahorf ,
mort on 1714; Barthélémy de Gaultier ^ Jean
de Grimaudelf tfuy, d'Hélix, de Marcoue , Du
Uatz-de^Mmi^aH^ût Montredênf norten 1691,
ganiei OuUt, de Castres, mort en 1707, Pau^my,
harlet de Péricard, de Sedan, de la même fa-
mille «{ne lo pasteur de Magdebonrg Salomon de
Pericard, Planehi^, Bu Càyla, François de A»-
vaiet, noUihommelireton, Du Breuil-Renouard^
Jean noyer , fils d'un avocat do Paris, mort en
1709 (qu'il ne tant pas confondre atec Pierre
Royer, de Grenoble, rapilaine des ingénieurs,
Îni épousa, «n 1700, If art* Mcrcha^4)% Suint-
ulien, Alixandre Trémolet-de-MontaigUt Jea»
de Yalenlin (parent sans aucun doule du savant
paslcur Jacquee Vakntin, qui doéservit, depuis
l^S, l egliflo (caaçi^iio de ^gdeboncic avoc Juht
i' Etienne, sx^^T de ClcHes), Pierre Vidal, mort
en 1730, Théophil'i Du Péricr^ Jean Oervaise,
chirurgien, Pechels, Daniel Mosscn, Cabril et
ij^nri Eelèvc^ Mniiiiifirs.
PÉJ
— 164 —
PEL
rie et da Tabernacle. Noos ne connais-
sons pas la date de sa mort. Il parait
qu'il laissa une fille, nommée Madb-
LAiNB, qui épousa, en l i2S,Jean Sau-
vage dans Téglise française de Riders-
Court, et qu'il ne faut pas confondre
avec une autre Madelaine Pégorier,
veuve du ministre Rouxûe Bédarieax,
qui réussit à passer dans les pays é-
trangers après la révocation (Ibid.Tr,
350). César Pégorier a publié :
I. Exposition de la religion chré-
tienne en forme d'entretiens, Utrecbt,
171 4| in-8o; rélmp. sous le titre de
Théologie chrétienney Amst., 1726, 4».
II. Système de la religion protes-
tante, Lond.f l7l7;2eédit.,anonyme^
Rolt., 1718, ln-4«.
III. Maximes de la religion chré-
tienne, où Von donne le précis des
preuves qui en montrent la vérité, où
l'on répondaux difficultés qu'on lui op-
pose, et où l'on réfute les principales
erreurs quivontàlarenvcrser,Loïkd.,
1722, in-8®. — Les trois premiers
chap. sont consacrés à la réfutation
des Pyrrboniens, des Athées et des
Déistes. Dans le 4% l'auteur prouve
Torigine divine du mosaïsme ; dans le
5«, la vérité de la religion clirétienne.
Le 6« offre la solution de diverses dif-
ficultés. Les deux suivants contiennent
une réfutation du socinianisme et de
Tarianisme. Dans le 9« et dernier, Pé-
gorier irailedc l'indifférence, de l'in-
dépendance et de la tolérance en ma-
tière de religion.
PEIGRE, capitainehuguenot. Char-
gé, en 1562, de conduire vingt-cinq ou
trente hommes deMilhau au secours de
Compeyre, que Yezins assiégeait, Pei-
gre fut fait prisonnier et envoyé à
Toulouse. Sur les instances du cardi-
nal d'Armagnac, le parlement le fit
écarteler tout vif.
PÉJD (Elie), pasteur à Mer depuis
1614, eut avec son église, au sujet de
son traitement, des difficultés qui fu-
rent portées devant le Synode natio-
nal de Castres. Le synode l'exhorta
à ne pas s'écarter de la modération
convenable à son âgeet à sa profession.
et renvoya l'affaire an synode provin-
cial de l'Anjou qui lui donna tort. La
sentence fut confirmée parle Synode na-
tional deCharenton en 1 652 ; mais sur
l'appel de Péju, appuyé par Jacque$
Martineau, au nom de quelques-ons
des membres de son église, celui d'A-
lençon ordonna de biffer la censaro
qui lui avait été infligée par le synode
provincial, et le donna pour pasteur à
l'église d'Argenton. Il parait que le
ministre ne se trouva pas mieux de oe
changement, puisque le Synode natio-
nal de Charenton lui permit, en 1645,
dese pourvoir ailleurs, si l'églised'Ar^
gentonnelui payait pas son traitement.
On a de lui l'Antidote contre les vains
prétextes des apostats , ou bien In-
struction sur les principales controver-
ses de ce temps, Saumur, 1650, in-8*.
PELET, famille illustre du Langue-
doc, dont une branche, celle de La Cah-
RiÈRB, embrassa le protestantisme.
Claude Pelet, sieur d'Arbousse, fils
d'Isaac, sieur de La Carrière, et d'^i nne
C^pe/otn, et capitaine au régimentdes
Cevenncs, devint seigneur de Saïgas
et de Recoules par le mariage qa'il
contracta, en 1645, avec Anne de La
Mare. Il vivait encore en 1671, année
où il fut maintenu dans sa noblesse
avec ses quatre fils, Fra?9Çois, Antoi-
ne, Jacques et Hector. Le second el
le quatrième furent tués, quelque temps
après, dans les guerres de Louis XIV.
Le troisième, sieur de REC0ULBs(aIià8
Rocoulle), sortit do France à la révo-
cation (Arch. gén, Tt. 236), et se re-
tira à Berlin, ou il mourut, en 1 698,
colonel de cavalerie, à l'âge do 46 ans,
sans laisser d'enfants, à ce qu'il sem-
ble, de Marthe Du Val, veuve d'Esaïe
• Du Matz-de-Montbail et dame d'un
grand esprit, d'une vertu sévère, d'une
instruction solide, qui fut gouvernante
du prince royal de Prusse et mounit
en 1741. Quant à l'atné, qui portait
le titre de baron de Salgas, c'était ua
homme pacifique, de mœurs douces,
d'un caractère timide ; aussi renonça-
t-il de bonne heure au service militaire
pour se retirer dans sa province nata-
PEL
— 1(55-
PEL
le, où il épousa, le 2 sept. 1694, Lu-
crèce de Brignac, Cette date saffit poar
noas apprendre qn'il abjura du moins
des lèvres, car au fond du cœur il resta
attaché à la foi protestante. Sa femme
suivit vraisemblablement son exemple
sous le coup de la première terreur;
mais tourmentée par les remords, elle
finit par surmonter toute crainte, et un
Jour que son mari était à la chasse,
die partit furtivement pour Genève,
qu'elle atteignit heureusement.
Dès qu'il fut instruit de son arrivée
dans la cité hospitalière, le baron de
Saïgas, afin d'éloigner de lui tout soup-
çon de.connivence, alla dénoncer son
évasion à Basville, et cette précaution
prise, il retourna dans son château, où
il menait une vie retirée et paisible,
quand la guerre des Camisards éclata.
Connaissant ses sentiments secrets,
les révoltés cévenols lui témoignèrent
des égards, tout en blâmant son hy-
pocrisie. Indigne à leurs yeux d'un
bon chrétien. Un Jour Castanet le fit
inviter à assister à une assemblée qui
devait se tenir, le i l fév. 1 703, à Yé-
bron. Soit de gré, soit de force, le ba-
ron s'y vendit ; mais à son retour, il
s'empressa de prévenir Basville de la
violence qui lui avait été faite. Le ter-
rible intendant, qui avait de rafTection
pour lui, se contenta de l'engager à
être plus prudent à l'avenir, en se pro-
mettant toutefois de le surveiller de
près. Saïgas s'aperçut sans peine qu'il
était suspect. Dans l'espoir de dissi-
per les soupçons, il eut la lâcheté d'al-
ler offrir ses services à Montrevel;
mais le maréchal les refusa, en l'invi-
tant à retourner dans ses terres et à
travailler à ramener les Camisards
dans le devoir. Le pusillanime gentil-
bomme obéit et fut assez heureux pour
décider deux des insurgés à déposer
les armes. Hontrevel parut satisfait et
rappela à Nismes. Effrayé peut-être du
sort de Cabiron, nouveau converti et
ardent persécuteur, que les Camisards
avaient poignardé. Saïgas s'excusa et
réveilla par ce refus les soupçons du
maréchal, qui le fit arrêter et enfer-
mer dans le fort de Saint-Hippolytc, le
1 2 mai 1703, d'où, après une instruc-
tion très-longue, on le transféra au fort
d'Alais(l).
Uue fois en présence de ses persé-
cuteurs, Saïgas se montra un tout au-
tre homme. Ses incertitudes, sa timi-
dité, tirent place à une résolution et
à un courage étonnants. Il convint qu'il
avait assisté à l'assemblée de Vébron
et qu'il était resté deux heures avec
Castanet; mais la torture même ne put
lui arracher d'autres aveux. Basville
rendit, le 27 Juin, sa sentence, qui le
condamna aux galères perpétuelles, dé-
clara ignobles lui cl ses descendants,
confisqua ses biens, ordonna la démo-
lition des tours de Saïgas et le rase-
ment du château des Rousses. Brueys
lui-même avoue que ce jugement ré-
volta l'opinion publique; cependant il
n'en fut pas moins exécuté en ce qui
concernait le baron de Saïgas person-
nellement. Couduit à Marseille, ii fut
enchaîné sur la galère du chevalier de
Roannais, et soumis aux mêmes trai-
tements que les plus vils scélérats : on
loi permit seulement de porter des bas
et de dormir sur un strapontin. Les
évéques de Montpellier et de Lodève
ayant voulu se donner le plaisir de
contempler le vieillard sur le banc des
forçais, le chevalier de Roannais s'em-
pressa de leur procurer ce divertisse-
ment. Dans son affreuse position, le
baron conserva toute la sérénité de son
âme. Vainement on lui offrit à plusieurs
reprises, selon le témoignage de Bion,
la liberté et la restitution de ses biens,
s'il voulait redevenir catholique. Court
affirme que Louis XIV refusa sa liberté
aux sollicitations de la reine Anne, et
que c'est le régent qui, sur les instan-
ces de sa mère, rompit enfin ses fers, le
26 oct. 1716, après quatorze années de
souffrances. L'illustre forçat se retira à
(1) Selon Goart, il entraîna dans sa per(0| non-
seiùement Ayguilùm el P(m/t>r(Voy. ces noms),
mais Saumade de Massataqae et Aurês des Abla-
tas, qui forent condamnés aax galères. U paratt
qoe ce dernier n'y fat pas envoyé, puisqu'il no
figure dans aucune des nombreuses listes de ga-
lériens que nous atons eues entre les mains.
PEL
— 186-
PEL
Genève aaprëd de sa renuné ; il y mou-
lui sepluagénaire^ le 14 août 17I7.
Du mariage du baron de Saïgas avec
Lucrèce de Brignac naquirent six en-
fants, à ce que rapporte M. Peyrat. Le
Dictionnaire de la Noblesse ne parle
que de quatre, et le dernier seul^ nom-
mé Pierre, intéresse la France pro-
testante. Court nous apprend qu'il se
retira dans le pays deYaud, et La Clies-
naye-des-Bols, qu'il y contracta une
union dont sont issus un fils et trois
fllies. Selon H. Peyrat, le dernier des-
cendant mâle du baron de Salgtts est
mort au commencement de ce siècle.
11 était chambellan de S. M. britanni-
que et babitait ordinairement GenèTc.
D'autres Pelet, étrangers, à ce qu'il
semble, à la noble famille dont nous ve-
nons de parler, habitaientOrange, d'oh
sortirent Jean Pelet, reçu bourgeois h
Genève en 1 706, et André Pelet, mort
à Berlin, en 1717, à Tàge de 76 ans,
dont les petites-filles furent gouver-
nantes dans les malsons de Horrien et
de Haack.
Dans la liste des pastetirs présentée,
en 1637, au Synode national d'Alen-
çon (Voy. Pièces justlf. N* LXXXl) fi-
gure, comme ministre de Saint-Julien,
un Pelet^de-La Carrière, qui desservit
successivement plusieurs églises des
Cevennes. C'était sans doute un frère
cadet de Claude ; en tout cas, il était
de la même famille.
PELET (Jeak), dit de la Lozère,
pour le distinguer de ses homonymes,
naquità Salnt-Jean-du-0ard,le23fév.
1 759, et mourut à Paris, le 26 }anv.
1812.
Peletsuivaitaveoquelqaedlstlnctlon
la carrière du barreau— que par indul-
gence, aux approches de la Révolution,
on n'Interdisait plus aux Protestants
dans la Juridiction de certains parle-
ments, — lorsque les suffrages de ses
concitoyens rappclèrentàlaprésidenco
du directoire du départ, de la Lozère,
et Tannée suivante, renvoyèrent siéger
comme un de leurs représentants à la
Convention nationale. Les Protestants
avaient une vieille querelle à vider avec
la royauté, et l'on comptait I
plus sdr leur dévouement aix I
de la nation et sur leur indépel
Pelet ne trahit pas son maiMM
Joua d'abord qu'un rôle très-séol
et l'on doit presque l'en loiier.
la tempête est déchaînée^ M t
seuls marquent leur pâssani»
l'impossible f\B philosophe s'ifr
de son manteau et se résigné:
ment il s'agit de ne pas toir I
sible dans toute entreprisé fiA
Si Cam6on(i) avait courbé la tel
que Robespierre le signala poai
fond, nous n'aurions pas «ni le
mldor : le tyran, lui anssi^ iit I
dynastie.
Lors dtt jugement de Lovàê 1
let étaitabsent. « On a dit^ IUh
la Biogr. univ., qu'il érrltlt ai
dent qu'il ne se regardait pm
Juge ,* mais sa lettre n'a pas été|
Ce qu'il y a de sûr, c'est qtt'^
retour, il montra des clpliiiai
modérées que le temps pmihA
mettre, et qu'il s'opposa k ^
des mesures révolntionnaireâ
renl adoptées, n Ses opinion
ques le rapprochaient du fà.
Gironde. 11 était républicaMi
constance, mais de très-boni!
fut des premiers à applaudir à
de Robespierre. Quelques Jovi
que l'assemblée nationale eoEl t
son indépendance, le 1 9 tbermi
let émit à la tribune son opink
nécessité et les moyens depeife
les formes du gonvernementrèl
uaire.Tout en blâmant les fauto
nait dosages conseils pour Vtt
réclamait surtout une justice ti
ble contre les misérables q«l
trahi laeausede laRévolutioft i
honorant. Les Robespierre, le
les Danton, furent les Valolsdc
té ; ceux-ci ont avili lamonar^i
me ceux-là ontavili la républkj
(1) On nous a objecté qne Gambofl
protestant. Cela se peut; mais dobi
marquer qu'il descendait au metn (I
convertis et c^uc sa famille est rentrétt
do rEglise eTangclique. Ngtre errÂ
bien pardonnable.
PEL
— 167 —
PEL
BDS et les aalres resteront dans l'his-
loLre comme une éternelle menace et
one éternelle honte ! Après avoir re-
commandé Tanion^ « N'aliei pas^ ci-
toyens, s'écrie Toratenr, inférer de là
qae Je prècbe le modérantisme; loin
de moi tonte proposition, toute mesure
qui rendrait Tombre de Tespoir à nos
tonemis cacbés, et ranimerait leur
malveillance coupable; loin de sus-
pendre le coars des Justes punitions
que provoquent leurs crimes^ je serai
toujours un des premiers à appeler sur
la léte des hommes perfides toute la
rlgnemr de la Justice : leur supplice
Importe au bien public, au salut de l'É-
tat, etc. »— Puis 11 nétrissaitces hom-
mes qui, au lieu d'être les organes de
la loi, s'étaient faits les vils instru-
ments de la vengeance et de Tatroci-
té de ceui dont le crédit les effrayait.
«Les proscriptions arbitraires qu'ils
secondent, continue-t-il, sont Iccomble
4e la plus affreuse tyrannie ; c'était
l'arme du monstre dont vous avez purgé
la terre, et vouant à Thorreur son exé-
crable mémoire, vous avez déjà fait
traîner, et vous réservez au même
supplice les hommes pervers, cruels,
abominables qui servaient sa rage, et
ceux qui tenteraient d'imiter un exem-
ple aussi révoltant. » Aussi Pelet s'é-
leva-i-il avec force contre la proposi-
tion de continuer leurs pouvoirs aux
membres survivants de l'ancien comité
de salut public. L'expérience ne devait-
elle servir à rien ? N'avail-on pas assez
longtemps tourné dans le même cercle?
H'étail-on pas encore las de celte ad-
ministration à la turque, de cette jus-
tice de grands inquisiteurs? N'était-il
pas temps de balayer ces ordures? Le
té mars 1 795, Pelet fût appelé au fau-
teuil delà présidence, qu'il occupa jus-
qu'au 5 avril; Boissy d'Anylas lui suc-
céda. La confiance de l'assemblée^ dans
ces circonstances difficiles où une foule
d'ambitieux, prêts à tout et servis par
la trahison et par la famine, se dispu-
taient les dépouilles de Robespierre,
cette confianceanx yeux delà postérité
est on double titre de gloire. Il ne
fallait pas un courage vulgaire pour
tenir tête à Témeute dans les journées
du il et du 12 germinal. Dans cette
dernière journée, le président, brisé
par la douleur autant que par la fati-
gue, avait dû céder le fadteuil à André
Dumont. On sait quelle fut l'héroTque
contenance de Boissy d'Anglas? L'é-
meute avait envahi la salle de la re-
présentation nationale an cri de rallie-
ment : du pain et la constitution de 95 !
Quelques jours après, Pèlet présenta
à la tribune le tableau de la situation
de la République et fit la critique de
cette constitution, en en proposant la
révision. Dans ces malheureux temps,
tout acte d'indépendance était déjà un
acte de courage ; son discours honore
trop son caractère, pour que nous n'en
reproduisions pas quelques passages.
« Mon dessein, disait-il, n'est pas
d'examiner dans tous ses détails la si-
tuation de la République, de remonter
à chacune des causes qui nous ont Jetés
dans l'état de confusion où nous som-
mes, de signaler en particulier et de
nommer pour ainsi dire chacun des
vices qui nous dévorent. Mon intention
n'est pas non plus de porter le décou-
ragement dans les âmes des citoyens,
d'ébranler le crédit public et d'accrot-
tre nos inquiétudes : non, je voudrais
bien plutôt raviver le courage des amis
de la patrie, raffermir la confiance sur
ses véritables bases, et loin de resser-
rer nos espérances, en agrandir le
cercle : dût rinjnsltcc calomnier la pu-
reté de mes motifs et la malveillancie
dénaturer le sens de mon discours ;
dût-on me prodiguer les outrages et
les noms odieux, m'accuser d'être l'a-
mi de l'Angleterre ou de l'Autriche;
dussé-je enfin, victime de ma franchi-
se, porter ma tête sur Téchafaud ou
voir mon sang versé parles poignards
assassins, je ne tairai rien de ce que
Je crois utile à mon pays.
«C'est à vous, représentants do peu-
ple, qu'il appartient de finir dans l'in-
térieur la révolution, d'assurer à la na-
tion entière le fruit de ses triomphes :
pins d'obstacles à surmonter, phas if en-
PEL
— 168
PEL
nemis dangereux à vaincre que nos pas-
sions^ nos préjugés et nos erreurs. Res-
tituer aux Français l'exercice de leurs
droits que leur avaient ravis d'inso-
lents usurpateurs^ réformer les abus
propagés par la tyrannie^ assurer à tous
les citoyens leur liberté personnelle et
leurs propriétés, tel était le but de la
Révolution : près de l'atteindre, crain-
driez-vous de le manquer? Après avoir
su vaincre^ serions -nous inhabiles à
gouverner? Vous êtes arrivés à ce point
de la Révolution où il ne vous est plus
permis de vous écarter du cbemiu de
la sagesse : ce ne serait plus seulement
les hommes que vous auriez à combat-
tre, vous seriez aux prises avec les be-
soins^ vous lutteriez avec la nature.
Que servirait d'avoir détruit la tyran-
nie, si vous ne saviez pas user de la
liberté? Ne vous resterait-il de tant
d'efforts généreux que l'épuisement et
l'horrible crainte de retomber sous le
despotisme? Établissons, il en est
temps, notre République; réalisons ces
vœux, ces espérances de bonheur et de
liberté; depuis cinq ans, des factions
impies ont nourri de vaines promesses
notre facile crédulité ; depuis cinq ans,
on trompe avec des mots le peuple qui
demande à être heureux ; depuis cinq
ans, on l'opprime et il souffre. Âh !
qu'il proûte enfin de tous les avantages
de la révolution du 9 thermidor el du
1 2 germinal I M'ajournons plus nos de-
YOirs et ses droits, car l'ambition et le
crime, l'ignorance et la famine n'ajour-
neraient pas leurs ravages, d L'orateur
terminait son discours, au milieu des
murmures de la Montagne, par un pro-
jet de décret dont l'assemblée ordonna
le renvoi à la commission des lois or-
ganiques. Pelet ne se laissa pas détour-
ner de la ligne de modération qu'il s'é-
tait tracée par les dangers de l'impo-
pularité. Ses collègues lui en témoi-
gnèrent leur estime en le chargeant de
diverses missions de conflance. Envoyé
en Catalogne pour apaiser un mouve-
ment dans l'armée, il entama avec l'Es-
pagne des négociations de paix qui
aboutirent an traité signé à Bàle, le 22
juillet. Lors de la révolte des sections
(13 vendémiaire), ses ennemis le dé-
noncèrent, de môme que Boissy d'An-
glas, comme un des chefs du parti roya-
liste, mais il n'eut pas de peine à se
justifier. Les Jacobins, et en général
les fanatiques^ conspiraient plus que
lui pour le rétablissement de la royau-
té. La Convention était enfin arrivée aa
terme de son laborieux enfantement.
En vertu de la nouvelle constitution, le
tiers des membres de l'assemblée de-
vait être renouvelé. Les suffrages de 71
départements, c'est-à-dire la nation
presque tout entière, envoyèrent Pelel
au conseil des Cinq-Cents. Quelle plus
belle récompense aurait-il pu ambi-
tionner? Quel magnifique encourage-
ment ! Mais tous les efforts humains
étaient impuissants pour fonder on
gouvernement régulier au milieu de la
confusion générale. Les grands mots ne
nous manquaient pas, mais rien ne se
fonde avec des phrases, le vent seul en
sort. La France pouvait déjà pressentir
son maître, a Croyez-vous que ce soit
pour faire la grandeur des avocats du
Directoire, desCarnot, des Barras, que
je triomphe en Italie? disait Bonaparte
au comte M lot de Melito ; croyez-voos
aussi que ce soit pour fonder une ré-
publique? Quelles idées ! une républi-
que de 30 millions d'hommes ! avec nos
mœurs, nos vices ! Où en est la possi-
bilité? C'est une chimère dont les Fran-
çais sont engoués, mais qui passera
comme tant d'autres. Il leur faut de la
gloire, les satisfactions de la vanité ;
mais de la liberté ? ils n'y entendent
rien, p Ce qui revenait à dire qu'en
France les tambours-majors (selon
l'heureuse expression du poète, notre
ami) auront toujours chance d'arriver.
Le Directoire ne tarda pas à se mettre
lui-même à l'œuvre pour préparer les
voies à l'usurpation.
Le 19 juin 1796, le conseil appela
Pelet au fauteuil de la présidence. On
lui fait honneur de deux décrets répa-
rateurs, l'un portant que des secours
seraient accordés à tous les enfants d'é-
migrés et de condamnés, et l'antre que
PEL
— 169
PEL
les pensionnaires de l'Etat, tant civils
qu'ecclésiastiques ou militaires, se-
raient payés sans délai. La liberté do la
presse eut aussi en lui un zélé défen-
senr. Après la session, c'est-à-dire lors
du renouvellement du tiers du corps lé-
gislatif, Pelet se retira dans son dépar-
tement. En 1800, le premier consul le
Dommaà lapréfecture deVaucluse. Son
administration à la fois ferme et con-
ciliante parvint à apaiser les factions
qui déchiraient encore ce département.
Bonaparte sut apprécier ses qualités
d'administrateur. Lors du voyage qu'il
it à Lyon, en 1802^ notre préfetélant
allé lui faire sa cour, il le distingua
parmi la foule de ses courtisans, et l'ap-
pela au conseil d'État; bientôt après,
Il lui confia la 2« division du départe-
ment de la police de l'Empire qui com-
prenait toutlemididelaFrance, a poste
délicat, dit le Moniteur dans un article
nécrologique, dont il sut tempérer ce
qu'il pouvait présenter de didicile et de
pénible par la droiture et la bienveil-
lance de son caractère. » Âu moins eut-
Il l'honnêteté et la fidélité qui man-
quèrent à son collègue, le célèbre Fou-
cbé. Pelet remplit ces importantes
fonctions pendant toute la durée du rè-
gne. Napoléon reconnut son attache-
ment et son zèle par toute sorte de dis-
tinctions; il le nomma commandeur de
la Légion d'honneur et le créa comte
d'empire. Après la chute, Pelet s'éloi-
gna des affaires ; mais au retour de l'Ile
d^lbe, il accourut àParis. Il fut nommé
pair de France et chargé provisoire-
ment de la police générale de l'empire.
La seconde restauration le renvoya dans
ses foyers. Il était convenable de lais-
ser passer aumoins Tannée de deuil, ce
quetantd'autresnefirentpas.Enl8l9,
sons le ministère Decazcs, Louis XVIU
l'appela à la chambre des pairs, et
lui accorda une pension de 4,000 fr.
Nul ne méritait mieux cette distinc-
tion. « Il apporta, lit-on dans le Jour-
nal des Débats, son tribut de lumièrc:<,
d'expérience des alTaircs, de palriolis-
I me, dans les délibérations do cette
chambre, oh il a toujours été entouré
T. Mil.
de l'estime et de la considération gé-
nérales. — Il s'associa à la révolution
de Juillet; il la suivit de tous ses vœux,
de toutes ses espérances; mais déjà
i'affaibl i ssement de ses forces physiques
se faisait sentir, et il dut renoncer peu
à peu à assister aux séances de la
chambre oii il avait retrouvé succes-
sivement tant d'amis, tant de compa-
gnons avec lesquels il avait traversé les
Jours diCBciles de la révolution, de l'em-
pire, de la restauration. Depuis sept
ans, il ne lui était plus possible d'as-
sister aux délibérations delà chambre.
— Enfin, il s'est éteint sans souffrance
avec une complète résignation à la vo-
lonté divine, avec cette foi chrétienne
qui l'a constamment soutenu dans ses
derniers moments, et au milieu des
tendres soins de sa famille, de son
épouse, de son fils héritier de ses ver-
tus et de son amour pour son pays, v
Le baron Meunier prononça son éloge
, funèbre à la chambre des pairs. Le
* comte Pelet a laissé un fils, le baron
Pelet de la Lozère, né en 1785, qui a
Joué un rôle politique sous le gouver-
nement de Louis-Philippe. II débutn
dans la carrière, en 1 806, comme au-
diteur au conseil d'Ëtat, puis il fut
nommé administrateur général des fo-
rêts de la Couronne, place qu'il occupa
Jusqu'à la chute de l'empire. Sous la
Restauration, il fut appelé à la préfec-
ture de Loir-et-Cher; mais lorsque, sur
la fin du règne de Louis XVIII, la réac-
tion contre les idées libérales amena
le ministère Villèle, on le remercia de
ses services. Membre de la chambre
des députés, pnis pair de France, sous
Louis-Philippe, il fut appelé deux fois
au ministère, le 22 fév. 1836 comme
ministre de l'Instruction publique, et
le i^'mars 1840, comme ministre des
finances.
Outre quelques discours prononcés
dans les assemblées politiques dont il
fit partie, et publiés à part, on doit au
comte Pelet : Opinions de Napoléon
sur divers sujets de politique et d'ad-
miniatrûtion, recueillies par un mem-
bre de son conseil d'Etat, rt Récit de
11
PÉL
— 170 —
PÉL
quelques événementt de l* époque, Vtxrii^
1833, in-80.
PÉLISSON (1), famille de robe,
dont plasieurs membres ont occupé
des postes importants dans la magis-
tratare.
Lagénéalogiedecette famillen'ayant
Jamais été dressée > à notre connais-
sancci nous ne pourrons que proposer
nos conjectures. Le Laboureur (Addi-
tions aux Mémoires de Castelnan) sup"
pose que Raimond Pélisson, ambassa-
deur de France en Portugal, président
au conseil souverain de Charobéry^par
lettres de provision du mois de fév.
1537, confirmé en la charge de garde
des sceaux de la chancellerie de Savoie
unie à celle de premier président, le
27 janv. 1 547, fut l'auteur de la bran-
che principale, celle à laquelle se ratta-
che le célèbre Pélisson-Fontanier, Se-
lon lui, 11 n'aurait eu qu'un fils, Pierre
Pélisson (2), conseiller, maître des
requêtes du roi de Navarre, par pro-
visions du 16 fév. 1582; mais comme'
nous le trouvons désigné avec la qua-
lification de Pierre Pélisson l'ainé, on
devrai l en conclure qu'il avait au moins
un f rère. Peut-être c^ frère était-il Isaac
Pélisson (mort avant I64i) auteur de
la branche de LaFerrassière, dont nous
connaissons Jacques, sieur de La Fer-
rassière,néâumariaged'Isaac Pélisson
avec Marie Gâches, de Castres, lequel
épousa, en Juin 1 644, Marguerite Fau-
vel, fille de François Fauvel, sieur de
Bocberave, contrôleur ordinaire des
guerres en Limousin, et d'Ann$ de
Rocquidor. De ce mariage naquit une
fille, Marguerite, qui fut présentée au
baptême, le 19 nov. 1645, par Louis
de Bourbon-Malauze ei Marguerite de
Rohan, Ce Jacques Pélisson n'aurait-ii
pas été le gouverneur de Josselln et de
Blain, dont la veuve fut enterrée aux
SS. PP. le 8 Janv. 1663?
Pierre Pélisson avait épousé Jeanne
(i) D'Olivet BayIe,La Monooye, etc., écrivent
ce nom avec deax U ; maii M. mjTal, dans la
Uiograpbie Castraisc, prouve par do fort bonoes
raifons qu'ili sont dans l'erreur.
(3) Serait-ce le Pierre Pélisson que Borel men-
tionne comme second président à Ghambèry?
Du Bourg, de la famille de Tillastre
martyr Anne Du Bourg (i ). Le Labou-
reur ne lui donne qu'un fils, Jean-
Jacques, né k Castres, le 1 1 Juin 1 589.
Mais peut-être doit-on voir deux autres
de ses fils, dans Claude PéUsnon, qui
mourut, à rêge de 39 ans, le 25 JalU.
1 63S, secrétaire de la chambre du roi,
et dans Paul Pélisson, procureur au
parlement, que les Registres de Gha-
renton disent fils de Pierre Pélisson
i'atné, et de Susanne Fourneau, do
Loudun (3). Si cette supposition eit
fondée, Pierre Pélisson aurait été ma-
rié deux fois. Ce Paul Pélisson époust,
en 1 659, FrançoiieOlivier, deLoudon,
et en eut plusieurs entants, dont non»
connaissons quatre : Louise et PiEtmi,
morts jeunes; Paul, bapt. le 84 mars
1647, et Jacob, que son père, aprèe
avoir changé de religion, voulut faire
entrer dans les ordres; dès qu'il eut
atteint Tàge de 13 ans, il lui fit pren-
dre la simple tonsure. Mats, malgré la
tonsure, le jeune enfant qui, dans la
candeur de son âme, ne comprenait
rien à ces revirements subits dans loa
oroyances paternelles, retourna à la re-
ligion réformée. Le père qui, désirant
avancer sa fortune, tenait à faire preuve
de zèle, dénonça lui-même son fils et le
poursuivit avec acharnement jusqu'à
ce que le parlement l'eût condamné, le
29 août 1672, aux peines portées con-
tre les relaps. C'est ainsi que la cupi-
dité avait fini par se substituer aux plus
nobles sentiments de la nature. On no
se joue pas impunément de sa conscien-
ce, c'estla vie de Tàme ; unefois éteinte,
l'homme moral meurt. Aux yeux du
moraliste, Louis XIV est encore plus
coupable que Charles IX.
(i) Selon Borel, les Pélisson étalent antii al- •
liés à la famille de Tinfortanè Cavagn9, dont
même, dit-il, ils ont hérité.
(S) n se pourrait aussi qu'il y eût eo lue f«-
mille du nom do Pélisson établie a Loudan. Eb
1634, nous trouvons un Matlhieu Péliuon an
nombre des chefs de fnmille do celte tille. —
Nou^ ne sarons, non plus, à qui rattacher Sm-
fnufl Véliston-de'}fonttgny ou MiHitigné, da
Tours, Tieilhrd dgè de 72 ans, qui, en 1695, gé-
missait depuis 4 ans dans les prisons do celte
tille (Areh. M. 67S).
PÉL
- m -
PÉI.
Pierre Pélisson était xélô pour sa
religion. Nous connaissons de lui un
ouvrage de controverse : Propositions
du sieur Du Perron, évêque d'Evreux
sur les marques et auikorités de VE'
^e, etc., avec la réponse du sieur
Isson, conseiller du roy et maître
4» requêtes de l'hôtel de Navarre,
Sedan, Jean Lefebure, 1617. A l'art.
IIAGE, nous avons parié d'une médi-
tilloii de ce poëtc sur le ps. CXXVII,
imitée denotrePélisson. Quelques-uns
\ê disent aussi auteur du Mémoire ou
$ÊCueH de l'origine , alliance et suc-
eesfûm de la royale famille de Bour-
6^, etc.; La Kocb.y 1587, in-so, qao
i'iatres attribuent à P. de Bclloy, avo-
cat général an parlement do Toulouse.
pals ce qui; au dire de Borel, lui avait
ftill surtout une réputation^ c'était sa
grande habileté au Jeu d'échecs.
Jean-Jacques Pélisson (i) marcha
mt les traces de son père. Par provi-
si0D8 du 14 sept. 1614; il fut nommé
eonseiller en la Chambre de Tédit de
Castres. Il testa le 26 mai 1 620 ; et
mourut à Castres dans le mois d'août
de l'année suivante. Au Jugement de
M. Ifayral; Jean-Jacques Pélisson pos-
aMalt de vastes connaissances en droit
imbllC; et était de plus réputé un ex-
exSûxsA littérateur. On a de lui un A-
hrégié du volume d'arrêts de Géraud
Maynard; contenant toute la Jurispru-
ience du Languedoc, a Nous avons dé-
coavert une circonstance peu connue^
4oQte V . Nayral. Ce volume d'arrêts
appartenait presque en entier à Pélis-
son, qui l'avait lui-même rédigé et
publié. Géraud Maynard eut seulement
le mérite de recueillir les matériaux.
Ge livre fut ti*aduit en plusieurs ian-
foes. » De son mariage avec Jeanne
de Ponianier, d'une illustre famille du
Languedoc (morte à Paris dans la re-
ligion protestante; et enterrée le 1 7
avril 1675; à l'âge de 70 ans), lui na-
quirent quatre enfants : deux ûlleS; dont
(1) Uo aalre Jacquet Pélistorif siear de Boa-
flheiaigna, est signale dans une Remoolrance en-
^•yceaa roi Charles IX, en 1565, par la noblesse
fntortaiiIddiilUlDe [Yoy, Pièc jnstif. N»XX1II).
l'une épousa RapinThoyras, le père de
l'iiislorico (I), et deux fils, Georges
et Paul, dont nous allons cequlsier la
vie.
I. Georges Pélisson naquit à Castres
en 1620. Jeanne de Fontanier^ sa mè-
re^ dirigea elle-même sa première é-
ducation. C'était une o femme de beau-
coup d'esprit y mais fort entêtée du
calvinisme^» selon l'iieureuse expres-
sion de l'abbé d'Olivet^ c'est-à-dire,
qu'elle était très-pieuse, et qu'elle per-
sista jusqu'à la fin dans son entêtement^
malgré toutes les séductions qu'on mit
en œuvre pour l'en guérir.
Les Réformés avaient à Castres un
collège très-eatimé. Le Jeune Pélisson
y flt ses humanités (2), puis ilallaétu-
dier le droit à l'université do Cahors,
011, dit-on, il prit ses degrés dès l'âge
de i4ans. aOn prétend, dltM. Nayral,
qu'il avait plus d'esprit que son Trèrc. »
Il fut un des fondateurs de rAcadémie
de Castres. De 1648 à 1656, il lut
devant cette société différentes pièces
de sa composition, tant en prose qu'en
vers. On cite aussi des Remarques sur
l'art d'aimer d'Ovide, et unetrad.des
Êpitres de Sénéque, Mais de tout cela
il ne reste que les titres. « Il se serait
certainement distingué parmi les beaux
esprits, dit l'abbé Faur-Ferriés dans
ses Mémoires, si son extrême bizar-
rerie n'avait gâté toutes ses belles qua-
lités; il était toujours brouillé avec sa
mère et son frère ; il menait à Paris
une vie fort obscure et il ne voyait que
très-peu de personnes. 11 travaillait
beaucoup; mais tous ses ouvrages n'é-
taient que des brouillons en feuilles
volantes, que lui seul pouvait déchif-
(1) El non pas l'historien, eomme le dit M. Nay-
ral. — La seconde ne serait-elle pas Sutanne Pe-
litionf femme de Loride-dei-GaUtnièret, avocat
AU parlement, qui fat enterrée aux SS. Pères, le
Savrilieso?
(2) C'est par erreur que M. Nayral dit qoe
« Jeanne de Fontanier ronfla ses deux fils aux
lolos ù*AUxandre Morutf alors ministre À Cas-
Ires. ■ Morus, étant né snr la On de ISIC, était
presque leur condisciple, et il n'a d'ailleurs ja-
mais rempli les fonctions de pasteur à Castres.
Peut-être le biographe a-t-il voulu parler du père
de Mbrns, qui ctaU principal du collège?
PÉL
— 172 —
PÉL
frçr, et qu'il jetait souvent au feu, lors-
qu'il éts^it de mauvaise humeur; aussi
le public n'a presque rien de sa façon.»
Le 10 mars 1659, il fut pourvu d'une
charge de conseiller au parlement de
Metz. Il mourut le 9 déc. 1676 (1). On
n'a de lui qu'un livre de peu de va-
leur : Mélange de divers problèmes, où
sont contenues de nouvelles raisons sur
plusieurs choses morales ou sur d'au-
très sujets, Paris, 1647, fn-12 de pp.
336 sans la préface.
II. Paul Pélisson-Fontanier (ainsi ap-
pelé du nom de sa mère qu'il ajouta à
son nom patronymique, sans doute
pour se distinguer de son homonyme
Paul Pé1isson,procureur au parlement),
naquit en 1 624. Béziers et Castres se
disputent l'honneur de l'avoir vu naî-
tre. Pendant plus d'un siècle, Béziers
a joui de cette gloire sans conteste;
mais dans ces derniers temps, la ville
de Castres semble avoir réussi à la frus-
trer de cet honneur. M. de Labouïsse-
Rochefort a publié là-dessus, en 1 826^
une savante dissertation, que tout ha-
bitant de Castres doit tenir pour con-
cluante. Nous ne déciderons pas, quant
à nous ; c'est aux registres de l'égilse^
soit de Béziers, soit de Castres, qje
cette décision appartient ; mais nous
ferons observer qu'une prétention telle
que celle de Béziers n'aurait pu se pro-
duire sans quelque espèce do fonde-
ment (2). Quoi qu'il en soit, cette ville
n'aurait guère eu que les premiers va-
gissements de l'enfant ; ce fut à Cas-
tres que le jeune Pélisson passa son
enfance et fit ses premières études. Son
esprit était extrêmement précoce, et
l'on pourrait le citer parmi les enfants-
prodiges. Il avait à peine accompli sa
(1) Signèrent sur le registre do l'église, comme
témoins, Paul de Février (Faur-Ferrics?) sieur
du Terrai, cousin germain du défont, cl An-
toine de Thomasy conseilleren lacour de^ compte!
de Montpellier.
(2) Selon M. Martaré, dans son Hûtoire du pays
Castrais, Félissou serait né à Béziers, en 1694,
• pendant que la Chambre de TEdit était dans
cette Tille ; il n'avait que 5 ans, eontinue-t-il,
lorsque $a famille revint à Castres, en 1629, après
lo relaLli&ioment de la Chambre do l'édit parmi
nous. •
onzième année^ qu'il avait déjà terminé
ses humanités. Après un cours de phi-
losophie à Montauban, Il alla faire son
droit àToulouse. «A peine eut-il donné
quelques mois à l'étude, rapporte son
panégyriste d'Olivet, qu'il entreprit de
paraphraser les Institutesde Justinien.
A la vérité, il n'en publia que le pre-
mier livre; mais ce premier livre suf-
fi roit pour nous faire douter que ce pût
être l'ouvrage d'un jeune homme, si la
date de l'Impression n'en faisoit pas
foi . » Pélisson ne s'était pas borné à l'é-
tude des langues savantes, Il possédait
parfaitement l'italien et l'espagnol. Au
dire de son neveu (1), le célèbre Rapln-
Thoyras, dont nous aurons plus d'une
fois l'occasion de rapporter le témoi-
gnage dans le cours de c^ttenotice^all
excellait surtout dans la connaissance
de la langue grecque, qui lui était très-
familière, quoiqu'il n'affectât de se fai-
re valoir par là. d II recherchait plutM
la vaine gloire du bel esprit ; il tour-
nait très-galamment de petits vers. Ses
études terminées, il eut la curiosité de
voir Paris. Conrart, à qui il avait été
recommandé, fut son introducteur dans
le monde lettré ; il ne pouvait choisir
un meilleur guide. Ce fut sans douto
cette fréquentation des beaux esprits
de la capitale qui lui donna l'idée d'é-
crire son Histoire de l'Académie (2),
Rappelé par ses parenis. Polisson dut
retourner à Castres, ets'attachaau bar-
reau.Déjà de brillants succès lui avaient
ouvert la carrière, lorsqu'une affreuse
malad ie, la petite vérole, qui « non-seu-
lement lui déchiqueta les joues, el lui
déplaça presque les yeux, mais aflbîblU
(1) Voyez l'inlcrcssanle leUre de Ilapin>Tb<^y«
ras à Ae Duchat que SI. Jean de Dompierre'ie'
Jonquièretf chef do division au ministère det
cultes k Copenhagtte,et descendant par les femnef
de la famille de notre historien, dont il poasèd«
les papiers, a communiquée au Bulletin de l'hiat.
du proleslanlismo, T. VI. p. 71.
(2) Ancillon, dans sa Vie de Conrart, aoeate
Pélisson d'ingratitude. Il devait à Conrart la com-
munication de ses Registres d'où il tira • la meil-
leure cl la pins grande partie de son [listoira, ■
et il le mentionne à peine. Au lien de lui con-
sacrer un éloge comme à ses rollcgu»», il se bonii
à citer son nom avec sa qualité do conseiller, le-
erétaire du roi, et il pa^sc outre.
PÉL
— 173 -
PÉL
cl rnfna pour toujours son tempéra-
ment^ » le Torça à y renoncer. Il se
iroua tout entier aux lettres. 11 fut un
des fondateurs de l'Académie de Cas-
tres. Entre autres pièces qu'il lut dans
ses réunions^ on cite des poésies et la
trad. en prose des quatre premiers li-
Tres de l'Odyssée, o Dès son enfance^
remarque Fénelon dans son Éloge, il
apprit d'Homère, en le traduisant près-
^ toutentier, à mettre dans les moin-
dres peintures et de la vie et de la grà-
ee. 0 Quelque temps auparavant, il a-
vait déjà tenté de fonder à Toulouse,
avec le concours de ses amis, une sem-
blable société, mais elle n'eut qu'une
existence éphémère. Depuis sa disgrâ-
ce, le séjour de la province lui était de-
venu odieux; il éprouvait le besoin de
se dlstraire,de rencontrer dans le mon-
de de nouveaux visages qui ne lai rap-
pelassent pas toujours ce qu'il avait
perdu.
En J652, il retourna donc à Paris
et acheta une charge de secrétaire du
roi. Les personnes avec lesquelles il
avait été en relation lors de son pre-
mier voyage, eurent de la peine à le
reconnaître. Suivant l'expression du
président Guilleragues , répétée par
]f»« de Sévigné, il abusait de la per-
mission qu'ont les hommesd'ètre laids,
mais ajoutons, avec d'Olivet, qu'avec
toute sa laideur il n'avait qu'à parler
pour plaire ; a une certaine éloquence
de conversation, un enjouement déli-
cat, des manières douces et liantes »
lai gagnaient bientôt les cœurs. Aussi,
malgré tous les désavantages de sa fl-
gore, fit-il une passion, et une passion
sincère qui causa le désespoir de bien
des rivaux. On dit même que Conrart
n'eut pas à se louer d'avoir introduit
le loup dans la bergerie.
Enfin Aeânthe(l), il se faat rendre,
Votre esprit a charmé le mien ;
Je TOUS fais citoyen de Tendre,
Mais de grâce n'en dites rien.
Renfermer son triomphe? cela n'é-
tait guère possible; le secret fut bien-
Ci) C'est sons ce nom et sous celai d'Uerminins
f«e Pélisson est mis en scène dans les romans de
de Scodéry.
t6t le bruit de la ville et de la cour, il
y eut, à la suite de cette déclaration
inattendue, une explosion de petits vers
que l'on a réunis sous le titre de la
Journée des madrigaux. Heureux temps
des petites choses ! « Parmi les person-
nes qu'il cultiva, et que son mérite lui
avoit données pour amies. M"» de Scu-
dery,ditd'01ivet,tientiepremlerrang:
une parfaite conformité de génie, de
goût et de sentimens, les avoit faits
l'un pour l'autre. Jamais peut-être liai-
son si tendre, ni si constante. Ou ils
se virent , ou ils s'écrivirent tous les
Jours, durant près de cinquante ans,
hors une partie du temps que M. Pel-
lisson fut à la Bastille... Un autre fa-
vori des Muses, le célèbre Sarasin, étoit
de leur société. Le recueil de ses œu-
vres fut dédié à M"« de Scudery, et
accompagné d'une préface où le bon
cœur de M. Pellisson ne se fait pas
moins sentir que la justesse de son es-
prit. » Une petite anecdote que raconte
le panégyriste, et qui lui semble très-
singulière, mais qui nous semble à nous
toute naturelle, c'est que passant à Pé-
zenas ou son ami était mort, il alla ré-
pandre des pleurs sur sa tombe et fit
célébrer un service à son intention.
Qui oserait le condamner? L'ami entrait
dans les sentiments de son ami. L'ami-
tié est une religion devant laquelle tous
les dissentiments s'effacent. M>>« de
Sévigné avait bien raison dé dire de
Pélisson que, si on le dédoublait, on
trouverait au-dessous de sa laideur une
belle âme. Sensibleetaffectueux, il était
capable de forts attachements. Il y a
dans sa vie une foule de traits qui lui
font le plus grand honneur. Mais n'an-
ticipons pas.
Pélisson aborda la carrière littéraire
par un triomphe jusqu'alors inouï, et
où l'on doit faire une large part aux ca-
prices de la fortune. L'Académie, à qui
11 présenta le manuscrit de son Histoire
de cette compagnie, fut si flattée de cet
hommage qu'elle reçut l'auteur par ac-
clamation au nombre de ses membres en
déclarant que a la même grâce ne pour-
rait plus être faiteà personne sous quel-
PÉL
- in -
PEL
que considération que ce fût. » Comme
l'honorable compagnie était au com*
plct^ Pélisson ne fut d'abord admis aux
séances qu'en qualité de surnuméraire;
il remercia l'assemblée de l'honneur
qu'elle lui avait fait, le 50 déc. 1652,
L'année suivante, la mort de M. Ceri-
say ayant laissé un fauteuil vacant, il
en prit possession et prononça son
discours de réception, le J 7 nov. 1 653.
11 était né chanceux. Après être entré
àl'Académied'unemanièresi brillante.
Il devait y avoir pour successeur et pour
panégyriste l'illustre Fénelon(en 1693)*
Une fois dans la place, l'auteur de l'His-
toire de l'Académie sembla s'endormir
sur ses lauriers. Mais il espérait bieu
se pousser par d'autres moyens, car U
avait l'ambition des grandeurs. Il se
joignitàConrartetàBezonspourfonder
un prix de poésie en l'honneur du ouh
narque, et après la mort de ses collé*
gués, il supporta seul les frais de cette
fondation.
« Au reste, il n'avoit pas moins, aq
Jugement de d'OUvet, l'esprit des af-
faires que celui des lettres, et lorsméme
qu'il avoit paru faire son capital de la
poésie et d'autres semblables amuse-
mens, il n'avoit pas laissé de travail-
ler en même temps à se faire un fonds
de connoissances utiles, qui le ren-
doient propre à toulesorte d'emplois.»
Le surintendant des finances, Fouquet,
le distingua, et, en 1657, il le nomma
son premier commis. Le commis ne
tarda pas à devenir le confident du
maître. En 1659, 11 fut pourvu d'une
charge de maître des comptes à Mont»
peliier, puis, en 1 660, nommé conseil-
ler du roi en ses conseils. Sa faveur
était grande, et il en usait libérale-
ment, a Quatre années tranquillement
passées dans cet emploi [de premier
commis], lui firent goûter, dit d'OU-
vet, le plus doux plaisir d'une grande
âme, le plaisir de pouvoir faire du
birn.» La veuve de Scarron, entre au-
tres, lui dut la pension qu'elle obtint
tie la libéralilé du roi, mais, dans la
suite, M*B«de Mainicnon ne voulut pas
s'en souvenir. Nous approchons de la
catastrophe. L'orgueil du surintendant
osa se heurter à un orgueil plus fort
que le sien. La fête splendide qu'il
donna à Louis XIV dans sa terre de
Vaux (1) annonça sa chute. Dans cette
fête, on avait joué les Fâcheux de Mo-
lière, et Pélisson y avait ajouté un pro-
logue àla louange du monarque. «Com-
me il avoit eu part à la faveur de Foo-
quet, écrit Rapin-Tboyras, il eut aussi
part à sa disgrâce, et il fut arrêté avee
lui à Nantes [5 sept, i 66 1], et conduit
à la Bastille, ou il fut détenu quatre
ans, parce qu'il ne voulut jamais aban-
donner les Intérêts de son bienfaiteur.
Cette longue prison ne fut pas le seul
effet de son attachement à M. Fooquet.
Comme il passa toute sa vie dans lee
sentiments de reconnoissance pour sou
patron, il s'attira par là l'inimitié de
MM. Le Tellier, Louvois etColbert,qui
ne lui pardonnèrent jamais cet atta-
chement invincible aux intérêts de
M. Fouquet, non plus qu'une certaine
satire en vers qu'il fit étant à la Bas-
tille, dans laquelle MM. Le TeUieretCol-
bertétoient trop bien désignés, et que
ses amis eurent l'imprudence de Csire
imprimer. Comme il n'avoit ni tourne,
ni papier, ni encre, il 4crivit celte
satire sur la marge des livres qu'il U*
soit avec de petits crayons qu'il faiseU
du plomb qu'il détachoit des vitres de
sa chambre, n On connaît les Mémoires
qu'il composa eu Caveur du suriutei^
dant, et qui sont sans contredit les
meilleurs de ses écrits. L'éloquence du
barreau était surtout propre à sou g4-
nie. On sent qu'il avait fait une étude
sérieuse de l'orateur romain* «Teui y
[dans ces Mémoires] va au but, dit la
Harpe, et rien ue sort du sujet; on f
admire la noblesse du style, des sen-
timents et des idées, l'encbalnement
des preuves, leur exposition tunineu-
se, la force des raisonnements, etl'art
d'y mêler, sjins disparate, une sorte
d'ironie aussi oenvaineanteqoe les rai-
sons. C'est cequc l'éioquenccjudfciairs
(1) Il y Afait 4cpcpsé,d'aprr6 yollali«,4ic-1
milliunc ; on li<:<iit f arUNit sw* lo#
Tiie ambiticuio Quo non atcmiam r
PÉL
— 178 —
PÉL
a prodalt de plus beau dans le dernier
siècle^ et le fruit d'un vrai talent ont*
toire^ animé par le zèle d'une amitié
eoarageusc. » C'était mieux encore
qu'an morceau d'éloquence^ c'était une
bonnète et courageuse action. Cepen-
dant ses efforts furent vains pour sau-
ver le grand dissipa(eur(l); LouisXlV
y mit tout l'acharnement d'un cœur
blessé. Quant à Pélisson, il fut mal
payé de son dévouement^ on redoubla
de rigueur envers lui; on lui retira
Vencre et le papier ; on plaça un espion
dans sa ebambre. Mais cet espion^ 11 le
gagna et il s'en servit pour correspon-
dre avec M^i« de Scudéry. Cette bonne
demoiselle s'employa de tout son pou-
TOir à adoucir la triste position de son
ami. L'amour est ingénieux, il lui sug-
géra mille petites ruses. On sait que
pour rompre I^ monotonie de sa soli-
tude, qu'un demi-sauvage^ basque d'o-
rigine , mis auprès de lui comme do-
mestique, n'était pas fait pour égayer,
Pélisson eut l'idée d'apprivoiser une
araignée. Delllie en a immortalisé le
souvenir dans son poëme de la Pitié.
Bani ces lieux ennemis,
Vn inteete enx longs bns, de ({ni les doigts tgilet
TapiisoleDt eesTiettimarsde leurs toiles frsglles,
f ffaM6 ses yeux : soadain, que ne peut le malliear t
ToUa son compagnon et son consolateur !
n Talme, il soit de l'œil les réseaux qu'il déploie,
Lii-nène, il va chercher, va lui porter sa proie.
U l'appalie, il accourt, et jusque dans sa main,
L'iaiioal familier Tient chercher son festin.
Le procès dura plus do trois aûs.
L'aflhtire se termina par une sentence
te bannissement, peine que le roi dans
sa clémence commua en une prison
perpétuelle. Pélisson était donc bien
Bial avisé, lorsque, redoutant la sévé-
rité d'une commission^ il implorait
(1) On raconte, d'après le Mercure de France,
Il 10 aoèt 178S, qne Pélisson désirant être con-
drwHè aiec Fouquet dans l'intention de lui don-
MT cna?ertement quelque bon conseil, ne crai-
gnit pas de paraître l'abandonner pour se ranger
Il celé de ses ennemis L'entretue eut lieu en
piisenre des commissaires. Il soutint son rôle
aTse habileté ; mais, au milieu de ses dépositions,
il eut l'art de faire entendre à son ami al)usé, que
eertains papiers compromettants avaient été dé-
Iraiis. Fouquet comprit et son ressentiment se
changea en admiration. IV'ost-ce pas là le sublime
Il dêtonement?
pour le surinicndant la justice du roi.
« Mais, Sire, lui disait-il, quelque ré
solution qu'il plaise à Dieu inspirer
à Votre Majesté sur ce sujet, ce que je
ne puis m'empécher d'espérer, c'est
que, si Votre Majesténe renvoie point
M. Fouquetà ses juges naturels ; si elle
n'accorde point ce que la sage et ver-
tueuse mère, ce que la famille désolée
de cet infortuné lui ont déjà demandé
avec tant de larmes, qui est de ne lui
point donner d'autres juges que Votre
Majesté même, suivant les clauses
expresses de ses lettres de surinten-
dant, qui l'affranchissent de toute au-
tre juridiction; s'il faut que le pre-
mier et le plus malheureux des surin-
tendants subisse effectivement le juge-
ment d'ime chambre de justice comme
un simple et misérable homme d'affai-
res, an moins Votre Majesté lui réser-
vera-t-eile en sa personne une justice
supérieure à la chambre de justice,
une justice où Votre Majesté n'appel-
lera point seulement sa sévérité, mais
aussi sabonté, saclémenceetsoncœur
vraiment royal pour y venir donner
leur suffrage.» Aucune charge spéciale
ne pesait sur le premier commis. Aussi
ne fut-il jamais question de lui faire
son procès. Il ne parut dans cette af-
faire que comme témoin, mais on jugea
bon de le laisser en prison, a On l'au-
roit donc laissé peut-être toute sa vie
à la Bastille, écrit Rapin-Thoyras, si le
roi lui-même n'avoit témoigné quelque
bienveillance pour lui. Mais on trouva
le moyen d'opposerà la bonne volonté
du roi la religion du prisonnier. Cela
fut cause que le roi souhaita qu'il se
rendltdignede ses grâces en changeant
de religion. Mon père, qui connaissoit
parfaitement M. Pélisson, son beau-
frère, ne doutait nullement que ce té-
moignage de la bienveillance du roi ne
fûtlaprincipale [cause] du changement
de M. Pélisson. Dès lors, il commença
à étudier fort exactement les contro-
verses, mais certainement avec un désir
secret de trouver cause à se satisfaire
dans la religion romaine. 11 y a beau-
coup d'apparence qu'Use laissa éblouir
PÉL
— «6 —
PÉL
par le dogme de l'aatorité de l'ÉglUe,
si rebattu depuis par B1M. de Meaus^,
Arnaud et Nicole. Quoi qu'il en soit^ il
sortit de la Bastille sans avoir changé
de religion; mais peu de temps aprcs^
il fit abjuration. Comme il sentoit bien
qu'il y avoit quelque chose d'odieux
dans un changement fait par des motifs
humains, il affecta toute sa vie de té-
moigner qu'il étoit véritablement con-
verti. 0 Nous avons parlé plus haut de
ses dispositions àobliger. Dans le temp.<<
de sa prospérité, il mettait volontiers
son crédit au service des hommes de
lettres, et souvent même il les secou-
rut de ses deniers. Nous rapporterons
un fait qui lui fait honneur.
Non content d'avoir fait exempter de
tailles Tannegui Le Fèvre , le père de
M»«Dacter, il lui faisait remettre cha-
que année, par l'entremise de Ménage^
une somme de i 00 écus. Ménage avait
ordre de taire le nom du bienraitcur.
Le savant helléniste ignorait donc d'où
lui venait ce secours; mais après l'em-
prisonnement de Pélisson, cette pen-
sion ayant été forcément supprimée,
Ménage crut devoir lui révéler le secret.
Le Fèvre paya dignement sa dette de
reconnaissance. Il ne craignit pas d'of-
fenser le souverain en dédiant à son
bienfaiteur dans la disgrâce deux de ses
savants ouvrages, son Lucrèce et le trai-
té de la Superstition de Plutarque. C'est
ainsi que le désastre du surintendant
Fouquet suscita plusieurs traits de fi-
délité au malheur qui font honneur
h l'humanité. Disons encore qu'a-
vant de s'enfoncer dans les subtilités
de la controverse, Pélisson avait re-
cherché des consolations plus douces
dans le commerce des Muses. Outre la
Satire dont nous avons parlé, il com-
posa une Elégie sur la disgrâce de son
protecteur, et le pocmc ùEurimédon,
Peu à peu, on se relâcha de la grande
rigueur dont on en usait envers lui ; on
lui permit des livres, la Bible et les
Pères de l'Eglise; « il lut particulière-
ment les grecs, qui lui parurent, dit
d'Olivet, si fort opposés au dogme af-
freux de Calvin sur la prédestination.
que l'évidente fausseté de ce dogme ca-
pital suffit pour troubler sa conscience,
et pour lui rendre suspects les autres
points du calvinisme. Plus il les exa-
mina, plus il en reconnut l'erreur. » H
avait de trop bonnes raisons pour cela;
il n'avait pas l'abnégation du martyr.
« Après quatre ans et quelques mois de
prison, continue le panégyriste, il fut
élargi ( 1 ) . Mais quoique catholique dans
l'âme, il différa encore de quatre autres
années son abjuration, par des motifs
que le monde appelle principes d'hon-
neur, mais que les casuistes nomment
foiblesse et mauvaise honte. Tout son
bien s'étoit dissipé pendant sa prison,
il ne vouloit pas que l'on pût le soup-
çonner de s'être converti par des vues
de politique et d'intérêt. Telle étoit son
inquiétude, quand le roi touché de la
fermeté qu'il avoit mapquce dans ce
qu'il avoit cru son devoir, voulut s'at-
tacher un si fidèle serviteur,lui assura
deux mille écus de pension et lui or-
donna de se tenir à la Cour. Alors sa for-
tune n'étant plus dans son idée un ob-
stacle à son changement de religion, il
se déroba pour en aller faire la céré-
monie dans l'église souterraine de Chai^
très, et il la fit le 8 d'octobre 1670. »
Quelle comédie! Voltaire résume par-
faitement en deux mots toute cette scè-
ne : «Beaucoup plus courtisan que phi-
losophe, dit-il, Pélisson changea de
religion, et fit fortune.» Les honneurs
n'avaient pas attendu cette conversion,
ce qui prouve que, dès Tcpoque de son
élargissement, l'homme était bien sin-
cèrement gagné aux yeux du monarque,
qui n'égarait pas ses faveurs. 11 le nom-
ma son historiographe. Pélisson le sui-
vit en cette qualité dans la campagne
de la Franche-Comté, dont il écrivit la
relation. On dit même qu'il obtint la
faveur de coucher plusieurs fois dans
la chambre du monarque et qu'il en fut
extrêmement honoré . Plus tard , le grand
roi lui associa, dans ses fonctionsd'his-
toriographe, Racine et Boileau. C'était,
à bien voir les choses, un grand hon-
(1) En souvenir de sa sortie de la BAStUle, U
dèliTTiit chaque année un prisonnier.
PÉL
— 177 —
PÉL
nrari mais il ne le prit pas ainsi, il
s'en formalisa^ et de dépit il laissa in-
achevée l'histoire qu'il avait commen-
cée. De nouvelles grâces purent le dé-
dommager. En 1671 Je roi lui fournit
pins de la moitié de l'argent nécessaire
pour acheter une charge de maître des
requêtes; il lui donna un brevet pour
assister au petit coucher et au petit
lever : faveur très-part iculicrc en ce
temps-là^ditRapin-Thoyras;puisayant
pris le petit collet, Pélisson fut gratifié
d'un prieuré et d'une abbaye d'un re-
venu de 10,000 livres (20,000 d'après
d'Olivet), et Hnalement, en 1 676, il fut
chargé de l'administration du tiers des
économats et plus tard des biens des
Réfugiés. En cette dernière qualité, il
avait la haute main sur toutes les con-
Tersions à prix d'argent. C'était l'évé-
qac de Grenoble, Le Camus, depuis
cardinal , qui , dans son mépris de la
créature humaine, avait imaginé ce
moyen de persuasion. Atf moins était-
Il plus doux que les dragonnades et les
gibets. Louis XlVavail consacré à cette
œuvre pie, par laquelle il espérait ra-
cheter bien des péchés, les revenus des
abbayes de Saint-Germain-dcs-Prés et
de Cluni, et le tiers des économats,
c'est-à-dire le tiers du revenu des bé-
néfices qui tombaient en régaie et dont
le roi jouissait pendant la vacance. La
demande étant considérable, ces reve-
nus étaient insuffisants, et il fallait y
apporter la plus stricte économie. Dans
an mémoire adressé aux évoques, Pé-
lisson leur marquait que, dans dos rus
exceptionnels, ils pourraient aller jus-
qu'à cent francs. Mais généralement le
prix d'une conscience n'était pas aussi
élevé, et l'on a calculé que, en moyenne,
il n'allait guère au-dessus d'un écu de
six livres (1). C'est dans ces dégradan-
(i) Voici, d'aprcs les cartons Ralhières [Suppl,
franc. 4096. 1), un tarif des contcrsionsen Aa-
nis et Saintonge: En 1681, convenions 1503;
frais, 11,6S9 Ut.; taux moyen, par dragonnade,
7 fr. 75 c— En 1682 (jant. et fév.), conTersioni
189; frais, 2,347 lit. 10 sons; taux moyen,
IS fr. 50 c. — (Mars — au 15 juin), contersions
957; frais, 2,580li?.; taux moyen, 10 fr.— (I)a9
Bai— 10aoùt),rnnTcrsions,110;frai!i, 1,400 iÎT.;
taux moyen, 19 fr. 70 caot. — (4 août — 19 cet.),
tes occupations que Tantenr des Mé-
moires pour Fouquet passa une partie
de sa vie. 0 divine Clio, pourquoi nous
as-tu abandonné?
Reconnaissons cependant que cette
fièvre de conversion avait ses intermit-
tences. Rapin-Thoyras nous en fournit
la preuve, a II auroit fallu avoir des
yeux bien perçants, dit-il, pour démê-
ler ses sentiments secrets parmi ses
actions extérieures, par lesquelles il
alTectoit sans cesse de témoigner une
persuasion très sincère de son attache-
ment à la religion romaine, et de quel-
ques-unes desquelles vous avez été le
témoin. La seule chose qui auroit pu
causer quelque soupçon, mais qui n'é-
toit pas publique, c'est que depuis son
changementjusqu'autempsdela grande
persécution, il ne fit Jamais aucun ef-
fort pour pervertir ni ma mère, sa
sœur, ni mon père, ni mon frère atné,
ni moi. Mon frère et moi demeurâmes
deux mois avec lui à Paris en allant
étudier à Saumur, sans qu'il nous dit
Jamais un seul mot sur la religion. Je
passai seul avec lui une autre fois en-
viron deux ou trois mois, sans qu'il me
pariât sur ce sujet. Dans le temps mémo
de la persécution, il rendit de si grands
services à notre famille par ses recom-
mandations auprès de M. le duc de
Noailles, de M. de Bàville, deTévéque
de Saint-Papoul, que nous Tûmes peut-
être les seuls dans la province de Lan-
guedoc qui, sans vouloir changer de
religion, niî fûmes point persécutais et
n'eûmes pas mémo de logement. Mais
depuis que je fus arrive à Londres, je
me vis obligé à soutenir de terribles
assauts contre lui. Il me tenta par tou-
tes sortes de voies. .. .Mon obstination,
c'est ainsi qu'il Tappeloit, le dégoûta
enfin de moi, et lui fit perdre l'espé-
rance qu'il avoit conçue de me persua-
der. Deux choses, entre autres, contri-
buèrent à me faire perdre ses bonnes
grâces. La première fut que, comme il
s'eflTorçoit dans ses lettres de me per-
suader par son exemple, je lui répon-
eonfersions, 80; frais, 1,535 liv.; taux moyen,
19 fr. 10 cent.
PÉL
— 178 —
PÉL
dis naïvement que ]e Irouvofs fort
étrange que lui, qui avoit fait prores-
sion ouverte de n'avoir changé de re-
ligion qu'avec connolssance de cause^
voulût me persuader de changer par
d'autres motifs. 11 fut piqué de ce re-
proche, mais encore plus d'une raille-
rie, quoique très-innocente de ma part.
Il avoit fait un livre intitulé: Réflexions
sur les différends de religion (i) dans
lequel il prétendoit avoir battu les Ré-
formés eux-mêmes. 11 me fit donner ce
livre par M. de Bonrepos [leur parent
commun], et m'écrivit en même temps
qu'il me priolt de lire ce livre avec
exactitude et de lui en dire mon sen-
timent comme Je me le dirois à moi-
même, sans consulter qui que ce fût.
J'obéis exactement à son ordre. Je
ne sais si vous avez lu ce livre, mais
quoi qu'il en soit, il ne respire que la
douceur et la charité, et il établit pour
maxime qu'on ne convertit point les
gens en leur disant des injures et par la
violence,etc. Comme il ne m'avoit point
averti qu'il fût l'auteur de ce livre et
que M. de Bonrepos ne me l'avoitpas
dit,je ne le crus point de lui. Ainsi entre
plusieurs choses,JeluidisqueJ'approu-
vois beaucoup les maximes de douceur
que l'auteur élablissoit ; mais qu'il me
sembloit qu'elles venoient assez mal à
propos dans un temps oii manifeste-
menton suivoit en France des maximes
toutes contraires; qu'il me sembloit en-
tendre Sganarelle écrire à sa femme :
Mon cher cœur, je vous rosserai. Doux
objet de mes yeux, je vous assommerai.
Depuis ce temps- là, il cessa peu à peu
ses sollicitations, et je n'eus pas beau-
coup de peine à m'apercevoir qu'il n'a.
(i) GetooTrage contient 4 toI. in-12f qnipa-
nirenl sacrescitement. Le premier soui ce litre,
1686 ; —La 8" : Hépotue aujtr objeetiont d'An-
gleterre et de Hollande ^ ou de l'autorilé dit
grand nombre dan$ la religion ^ 1687 ; — le 3« :
Let ehimèreê de M. Jurieu , Réponte générale à
iet iMlree pailoralei^ 1690 ; — le 4* <i« (a 7*0*
lérance des RêUgiom; LeUret de M. de LeibnilM
et Réponses de M. PcHiMon,1692. Le principal
argument de Pélisson est rinfaillibilité de l'E-
glise. Tenter la counilialioo, celait tenter l'im-
possible. Comment concilier dcai principes qui
s'esclocnt, l'autorilé et la liberté?
voit plus pour moi les sentiments qu'il
avoit eus auparavant. Cependant quel-
ques années après, M. de La Bastide
me procura de sa part un présent de 50
pistoles, pour m'aider à supporter les
frais d'une grande blessure que j'avois
reçue au siège de Limerickcn Irlande,
Yoilà,Monsicur,les contrastes qui don-
nent quelque lieu de douter de ses sen-
timents intérieurs par rapport à la re-
ligion. » Après sa conversion, Pélisson
ne s'occupa plus que de matières théo-
logiques, « il n'eut dès lors que ces deux
objets devant les yeux, dit d'Olivel,
l'avancement de la religion et la gloire
du Roi. » 11 travaillait à uu traité sur
l'Eucharistie — sujet déjà si souvent
épuisé, — lorsqu'il tomba malade à Ver-
sailles, a Quoique indisposé, raconte
M. Nayral,il voulut aller à Téglise, c'é-
tait le jour anniversaire de son abjura-
tion. Cette sortie lui devintfuneste. Le
roi, informé de sonétat, lui envoya Bos-
suet, l'abbé de Fénelon (i) et le P. Lâ-
chai se. Pélisson leur déclara qu'il se
confesserait le lendemain à onze heures.
Après le départ de ces Messieurs, il se
trouva fort abattu. La mort ne tarda
pas à le surprendre. C'était le 7 fév,
1693, sur les sept heures du matin. »
L'abbé Faur-Ferriés, dans ses Mémoi-
res, rapporte ainsi ses derniers mo-
ments : « Quelques heures avant sa
mort, il écrivit de sa main à M«"« de
Scudéry de ne se point alarmer de son
mal, qui n'étoit point si grand qu'on
le croyoit. Il se promena le soir un
peu dans sa chambre; il se mit tout
habillé sur son lit, il s'endormit., et il
fut trouvé mort lorsque M. l'abbé de
Ferries, trouvant son sommeil trop
long, voulut le faire éveiller. Ainsi, a-
joute l'abbé, les bruits que les protes-
tants ont fait courir, qu'il n'avoit pas
voulu recevoir les sacremens et qu'il
(1) • Oui, je l'ai tq les larmes aux yeui, je
l'ai entendu, il m'a dit tout ee qu'un calholiqse
nourri depuis tant d'années des paroles de la foi,
peut dire, pour se préparer à recevoir les sacre-
ments avec ferveur. La mort, il est vrai, le tur-
prit >eDant sous l'apparence du sommeil; mais
elle le trouva dans la préparation des Trais fidè-
les. • (Eloge de Fénelon.)
PÉL
— 179
PÉL
éioit mort calviniste , ne sont qu'une
pure calomnie, qui n'a pas le moindre
fondement. C'est de quoi Tilluslre 6-
vèque de Meaux, BI. Bossdet^ son in-
time ami, et qui connoissoit mieux que
personne ses véritables sentimcns, a
rendu témoignage dans sa lettre àM^^i*
deScudéry, quia été rendue publique.»
Pour Thonneur de l'humanité, nous
souhaitons qu'il ait été sincère dans sa
conversion, et nous sommes tout dis-
posé à Tadmettre, tant Thypocrisie
nous fait horreur. Rapin-Thoyras a
aussi cherché, de son côté, à pénétrer
le mystère, a Lorsque j'accompagnai^
dit-il, mylord Portland dans son am-
bassade de France en 1698, je fis tout
mon possible pour découvrir si le bruit
qui avoit couru que M. Pélisson étoit
mort huguenot avoit quelque fonde-
ment; mais pour dire la vérité, Je ne
découvris rien de positif. Quelques-
ans me dirent qu'absolument il n'avoit
pas voulu communier. D'autres me di-
rent qu'on lui avoit proposé de rece-
voir la communion sar-le-champ,mais
qu'il l'avoit refusé en disant qu'il a-
Yoit accoutumé de ne pas communier
sans préparation; qu'il avoit pris jour
avec M. Tévéque de Mcaux pour com-
munier, mais qu'il fut prévenu par la
mort. Cela paroît assez naturel, mais
aussi il peut avoir été inventé pour
couvrir son refus. Je trouvai à Paris
on de ses valets de chambre qui avoit
quelque emploi à la Cour, mais il me
parut si réservé quand Je voulus lui
toucher cette corde, qu'il me fit soup-
çonner qu'il y avoit quelque chose qu'il
n'étoit pas à propos de me découvrir.
Ce qu'il y a de certain, c'est que lo
curé de Versailles se plaignit au roi,
même avant sa mort, et qu'immédia-i
tement après qu'il eut expiré, le roi
flt mettre le scellé dans sa maison de
Versailles et de Paris, Je ne sais sous
quel prétexte. Quoi qu'il en soit, au-
cun de ses neveux ou nièces n'a pro-
fité d'un sou de sa succession, cl j'I-
gnore encore de quelle manière le roi
dispose de ses effets (l). » En résumé,
(1) H. Ch, Read, direcicnr da Bulletin, ajoute
on en est réduit aux conjectures et la
charité chrétienne veut qu'on prenne
les clioscs pour le mieux. Cependant
cette charité gouverne rarement le
monde. On fit courir toute sorte d'épi-
grammes. Celle du poëte Linière est
restée :
Ne jigeoiis jamaifl d'ane Tie
Que son flambeau ne soit éteint.
Pélisson est mort en impie.
Et La Fontaine comme on saint.
Pélisson , au Jugement de Voltaire,
n'était qu'un poëte médiocre (i); mais
Il a passé et il passe encore de nos
Jours pour un de nos bons écrivains,
ft Dans ses plaidoyers pour le surin-
tendantFouquet, il s'éleva, dit Chénier^
Jusqu'à l'éloquence. » L'auteur du Siè-
cle de Louis XIY faisait cas de son
Histoire de la conquête de la Franche-
Comté; mais Chénier nous semble être
dans le vrai lorsqu'il prétend que dans
cet écrit, « d'ailleurs si correct, » Pé-
lisson est moins historien que pané-
gyriste.
Voici laliste des ouvrages qu'il com-
posa avant sa conversion :
I. Paraphrase des Institutions de
l'empereur Justinien, Paris, 1645^ 8».
H. Relation contenant V Histoire de
V Académie françoise , Paris ^ 1663,
ln-8». — a Aurions-nous cru , écrit
d'Olivet, si ce n'étoit pas un fait attesté
par l*auteur [dans sa préface] que son
Histoire de l'Âcadémie, un ouvrage re-
gardé aujourd'hui comme unchef-d'œu-
«s oete : « To«i les papiers conceniant les scien-
ces et la littérature furent remis, par ordre da
roi» à M. l'abbé de Faur-Ferriés, cousin germain
de Pélisson. Le roi lui atait accordé de rentrer
daM sea biiss, qui avaient été cooliqués. Un
ministre éluda l'exécution de cet ordre. Un an-
tise ordre ût défense aui porteurs decerlains billets
sooscrits par Pélisson dans rinlérêt de Fouquet,
lersqu'M était son premiM' eomniii, de rien de«
■aniier peadaAi sa fie ; nais ces enéancien eu-
rent bj'potbèqne ser les biens qu'il laissa. •
(1) Le méchant auteur de Candide a fait retle
courte énumèration des pitres du hafage littéraire
de l'aulear de TUist. de l'Académie. • Oo a de
Ini beaucoup d'ourragcs, des Prières pendant (9
mest/'t un liecufU dv' pifccg galantetf un Traité
9ur Cetuhariétie, beaucoup do vers amovreux k
OUmpc. Celle (fUmpe était nadeoioiaelle Ik»-
VùuXf qu'on oréteud aroir épousé le céièlm fioe-
snet a?anl qu^il entr&t dans l'EgHie, etc. •
PEL
— 180 —
PEL
vre par tout ce qa'ily a de personnes
qui ont du goût^ ail pu cependant n'ê-
tre pas bien reçue à sa naissance?
Pour moi, Je ne saurois me persuader
que les roécontens en aient voulu à la
forme de cette Histoire, car que voit-
on en ce genre de plus achevé? Peut-
on mieux narrer que M. Pellisson?
Queile naïveté. Jointe à un art infini !
Quels tours ingénieux, sans que la
simplicilé en souffre! Mais surtout, et
c'est par où M. Pellisson se distingue
de ces écrivains qui ne parlent qu'à
l'esprit, et dont l'élégance aride n'a
rien qui nourrisse l'imagination du
lecteur, il a le secret de mettre dans
les moindres peintures et de la vie et
de la grâce, »
m. Discours y en forme de Préface y
sur les Œuvtesde M, Sarasin, Paris,
1655, in-40, et en tête du recueil des
OEuvres du poêle par Ménage.
IV. Discours au Roi par un de ses
fidèles sujets sur le procès de M. Fou-
quet, avec divers autres écrits sur le
même procès, Paris, 1661, in-40.
V. Histoire de la conquête de la
Franche-Comlé, en 1 668, impr. dans
le T. Vil des Mémoires de littéral, et
d'hist.^ Paris, 1729.
Quant à ses poésies, elles ont paru,
pour la plupart, dans le Recueil des
pièces galantes de la galante comtesse
ûcLaSuze (Paris, 1678, in-1 2).
PÉLISSOIV (Jacob-Philippe), con-
seiller du Collège de médecine, membre
de la Société de physique à Berlin,
premier médecin de la colonie fran-
çaise, inspedcur du Collège français,
naquit à Brème, le 18 Juill. 1743.
Outre la thèse De œtiologiœ variola-
Tum per hypothesin tentata explica-
tione, qu'il soutint en 1764, les bi-
bliographes ne mentionnent de lui que
quatre mémoires sur des questions de
physique qu'il publia dans le recueil
des Curieux de la nature de Berlin.
PELLETIER (Gàspàbd), né à Mid-
delbourg, docteur en médecine de la
Faculté de Montpellier, est connu par
son Plantarum tum patriarum, tum
exoticarum , m Walachriâ Zelandiœ
insuld nascentium synonymiaf Mid-
delb., 1610, in-8«. Il mourut en 1 639,
laissant un fils, Adrien, qui lui suc-
céda dans la place de médecin de l'hê-
pital de Middelbourg.
Nous avons quelque raison de sup-
poser que nos deux médecins, dont le
nom indique sufDsamment l'origine
française, descendaient de Guillaume
Pelletier, docteur en médecine, qui
épousa à Loudun, en i}i6B, Renée Ri-
bay (Arch. gén. Tt. 232). Il serait
possible que l'apostat Pelletier, dont
nous avons déjà eu l'occasion de par-
ler au sujet des désagréments que son
livre : La conversion du sieur Pelle^
lier à la foy catholique, en laquelle il
représente au naïf les vrayes et infail^
libles marques de VEglise contre les
opinions des Calvinistes, Paris, 1 609,
in-80, attira à son imprimeur Jannon,
eût appartenu aussi à celte famille
loudunoise, qui était, à ce qu'il parait,
assez nombreuse, et qu'il ne faut pas
confondre avec celle des Le Pelletier
de l'Alençonois. Cette dernière pro-
fessait encore la religion protestante
en 1685, à ce que nous apprend une
liste des Huguenots de l'éleclion d'A-
lençon, où nous trouvons cités LePel-
letier-de-La Garencière avec ses deux
sœurs, et l'avocat Nicolas Le Pelletier
avec ses cinq enfants (Ibid, Tt. 270).
PELLiCAN.Voy. KURSCHNER.
PELLOUTIER (Simon), conseiller
ecclésiastique du roi de Prusse, pas-
teur du Werder, éphore du Collège
français, membre de TAcadéraie des
sciences de Berlin et son bibliothé-
caire, né à Leipzig, le 27 oct. 1694,
et mort à Berlin, le 3 oct. 1 757.
La famille Pelloutier était originaire
des Vallées vaudoises du Piémont; mais
Il l'époque où ces vallées étaient ren-
trées sous la domination du duc de
Savoie, elle était allée habiter Lyon
pour échapper aux persécutions exer-
cées contre les Vaudois. En 1663, le
consistoire de l'église de Lyon comp-
tait un Pelloutier parmi ses membres
(Arch, de Genève, K* 3436). Le père
de notre Simon était négociant 3 il se
PEL
— iH\ —
PEL
nommait Jean, et sa mère Françoise
Claparède. Chassés de France par la
révocation de l'édit de Nantes, ses pa-
rents allèrent s'établir à Leipzig. Ayant
perdu son père à Tâge de trois ans, le
Jeune Pelloutier fut élevé par sa mère,
dont il récompensa les tendres soins
par ses rapides progrès. Eni 701 , lors-
qu'il eut atteint Tâgc d'entrer au col-
lège, elle le conduisit elle-même à
Halle, où il fll ses humanités et sa phi-
losophie sous Thomasius, Grundling,
Rûdiger. En 1710, il se rendit à Ber-
lin pour suivre les leçons de Vignolles,
Lenfant et La Croze, Cultivées par de
tels maîtres et favorisées par une ex-
cellente mémoire et un ardent désir de
s'Instruire, les heureuses dispositions
dePelloutier prirent on développement
qni permit de prévoir qu'il se place-
rait un Jour parmi les savants dignes
de leur réputation. En I7i2f ii partit
pour Genève. A peine y fol-il arrivé,
que le prince deWùrlemberg-Montbé-
llard le choisit, malgré sa Jeunesse,
pour le gouverneur de ses flls, avec qui
il suivit pendant deux années les cours
deracadémie, s'appliquant, en son par-
ticulier, à l'étude de la théologie sous
la direction d'Alphonse Turretin et de
Bénédict Piclcl. En 1714, il retourna
à Berlin pour solliciter une place de
pasteur. En attendant qu'il s'en pré-
sentât une, il assista assidûment au\
leçons que Lenfant donnait à quelques
Jeunes théologiens dans la bienveil-
lante intention de perfectionner leurs
connaissances et de leur Inculquerplos
profondément le sentiment des devoirs
du pastoral. L'année suivante, le dé-
part de Charles-Louis de Beausobre
pour Hambourg ayant laissé vacante
la chaire de l'église française de Buch-
boltz, Pelloutier fut appelé à la rem-
plir. En 1 7 i 9, il reçut vocation de l'é-
glise de Magdebourg, et en 1 725 enfin,
il devint, comme successeur de Fran-
çois de Repey, le collègue de son an-
cien maître Jacques Lenfant.
Tous ses souhaits se trouvant ac-
complis, rcîlonticr ne songea, pendant
quelques années, qu'à remplir con-
sciencieusement ses fonctions, et il y
apporta on soin, une exactitude, une
ardeur, qui lui gagnèrent l'estime, en
même temps que l'aménité de son ca-
ractère lui concilia l'afTection de son
troupeau. Chacun applaudit donc au
choix du roi, lorsque ce prince le nom-
ma, en 1 738, conseiller ecclésiastique
et assesseur du consistoire supérieur,
et on le vit avec non moins de satisfac-
tion placé à la tète du Collège français.
Pelloutier se délassait de ses travaux
de la Journée, en parcourant le soir
quelques pages d'un historien de l'an-
tiquité. Ces lectures, faites d'abord
sans plan arrêté, ne laissèrent pas
déporter leurs fruits. En réfléchissant
à ce qu'il avait lu, en comparant les té-
moignages des écrivains, il se persua-
da qu'il avait existé dans les temps
reculés un peuple puissant dont des-
cendent la plupart des nations euro-
péennes, et que ce peuple était les
Celtes. Dès lors ses lectures cessèrent
d'être pour lui un simple délassement;
elles eurent un but vers lequel se di-
rigèrent toutes ses études, toutes ses
recherches : ce but était d'accumuler
assez de preuves pour faire partager
aux autres sa conviction.
L'entreprise était difficile. Recon-
struire l'histoire d'un peuple, qui,
comme les anciens Celtes, a disparu,
ne laissant d'autres monuments de son
existence que quelques pierres isolées
et nues, d'autres traditions que quel-
ques chants populaires d'une authen-
ticité peut-être douteuse, sans autre
guide que les récits vagues, incom-
plets, incertains, contradictoires, sus-
pects d'historiens étrangers et d'un âge
postérieur, cette tâche demande chez
l'historien qui ose l'entreprendre une
immense lecture^ beaucoup de saga-
cité, une saine critique, un esprit libre
de préjugés, pour discerner le vrai du
vraisemblable et du faux, peser les
témoignages, déterminer les degrés do
probabilité de chaque assertion, et dé-
gager le fait historique d'une multi-
tude d'accessoires fabuleux. Les diffi-
cultés n'arrêtèrent pas Peliouiicr ; scu-
PEL
— 182 -
PEL
lement avant de se mettre à l'œuvre,
il voulut sonder Topinionct pressentir
le jugement des savants. A cet cQcl, il
publia, en guise de prospectus, trois
JLet/re^ qui furent imp. dans la Biblioth.
germ. (T. XXVIII, XXIX et XXXVII),
par Beausobre, à qui elles étaient a-
dressées. Les encouragements ne lui
manquèrent pas. Il prit donc des ar-
rangements avec Isaac Beauregard^
libraire de La Haye; mais ce libraire
apporta tant de négligence et de len-
leur dans l'impression, que Pelloutier,
Justement Irrité, renonça à poursuivre
la publication de son ouvrage.
Les éloges des Juges les plus compé-
tents, le prix décerné, en 1 742, à son
Discours sur les Galates par TAcadé-
mie des inscriptions et belles-lettres
de Paris, sa nomination, en 1745, à
un des fauteuils de TAcadcmie royale
des sciences de Berlin, qui lui conûa,
en \ 745, le soin de sa bibliolbèc^ue,
dédommagèrent Pelloutier des désa-
gréments qu'il avait à essuyer de la
part de son libraire. Il continua donc
à se livrer à ses nombreuses occupa-
tions avec son ardeur ordinaire ; mais
ses amis s'aperçurent bientôt avec in-
quiétude que Texcès du travail minait
sa santé. Il tomba dans un marasme,
qui le conduisit au tombeau après plu-
sieurs années de soufTrances. Il avait
épousé, en 1727, Françoise Jassoy,ei
en avait eu trois ûiles et un fils, qui
suivit la carrière médicale.
L'ouvrage capital de Pelloutier est
son Histoire des Celles. Dans l'édition
qu'il en a donnée, Cbiniac de La Bas-
tide, avocat au parlement de Paris, a
fait entrer ceux de ses autres écrits
qui roulent sur le même sujet. En voici
le titre : Histoire des Celtes, et parti-
culièrement des Gaulois et des Ger^
mains, depuis les tems fabuleux juS'
qu'à la prise de Rome par les Gau-
lois, T. I, La Haye, 1740; T. II, La
Haye, 1750, in-l2. Cette édition est
pleine de fautes. La 2% plus complète,
plus correcte et augm. d'un 4» livre^
parut à Paris, 1771, 2 vol. in-4o, ou
8 vol. in 12. C'est sur celte édit. que
Purmann en a fait une trad. ^llem.,
Fraukf. a. M., 1777-84, 3 vol in-8s
Le i«' vol. de l'édit. in-4o contient la
matière des quatre premiers de l'édit.
in- 12, c'est-à-dire les deux premiers
livres de l'histoire des Celtes et plu-
sieurs dissertations. L'auteur y recher-
che l'origine des Celtes, qui, selon lui,
étaient des Scythes hyperboréens, et
les pays qu'ils ont habités. Il leur as-
signe pour demeures presque toute
l'Europe, à l'exception de la partie
orientale occupée par les Sarmates, et
plusieurs contrées de l'Asie occiden-
tale, les Perses ayant, selon lui, la mê-
me origine. Il décrit, dans le second
livre, les mœurs et les coutumes des
Celtes, qu'il nous peint comme un peu-
ple barbare et nomade, sans industrie,
sans culture, sans cesse en guerre avec
ses voisins. Le reste du vol. comprend
le Discours sur les G<dates, un Dis-
cours sur V expédition de Cyrus contre
les Scythes, imp., en 1754, dans les
Mémoires de l'Acad. de Berlin, une
Dissertationsur l'origine des Romains,
déjà publiée, en 1751, dans le même
recueil, un Extrait des Mémoires de M.
Gibert, dont les objections donnèrent
lieu aux trois Lettres à M. Jordan,
publiées par Pelloutier dans les T. XL
et XLI de la Bibliothèque française de
Sauzet; une Diss, sur l'origine despeu-
pies Celtes, qui n'est, à proprement
parler, qu'une trad. des Vindicis Cel-
ticœ de SchôpfUn, et une Réponse aux
objections de Schôpflin, reproduite d'a-
près la Nouv. Bibl. germanique (T.
XXIV et XXV). Le 2« vol., comprenant
le 3« et le 4» livres de l'histoire des
Celtes, traite de leur religion, qui était
monothéiste^ et de leur morale, qui se
réduisait à ces trois points: adorer les
dieux, ne faire de mal à personne et
être brave. L'éditeur y a Joint deux
Dissertations, l'une Sur les temps sa-
crés des Gaulois et des Germains, l'au-
tre Sur l^aboUtion des druides et des
sacrifices humains, déjà imp. dans les
T. XXIII et XXV de la Nouv. Bibl. ger-
manique. Chiniac n'a point reproduit,
comme étant étrangers au sujet, une
PEL
— 183 -
PEL
Disserlationsurles Annales de Bavière
de Jean Àuentiny imp. dans les T. VI
etVlil de la Nouv. Bibl. germ.; un
Discours lu à rAcadémIe le 1^' juin
1752, Imp. par Formey dans le T. XII
da même recueil péri odique, deux D/£5.
sur un passage de Pomponius Mêla et
Itir un passage des Comment, de César
De hellogallieOy insérées dans les Mém .
d6 l'Acad. de Berlin (1745 et 1749) et
on Abrégé de la vie de Bogi&lasX, pu-
blié dans les mêmes Mémoires (l 753).
L'Ecole de charité de Berlin a, en ou-
tre^ publié à ses frais deux vol. de
Sermons de Pelloutier; nous n'en a-
TOUS trouvé aucune mention dans les
Jliibliographies allemandes.
Tous les écrits de Pelloutier, mais
surtout son histoire des Celles, portent
le cachet d'une vaste érudition. oCet
ouvrage, lit-on dans le Journal des sa-
vans, est infiniment curieux et agréa-
ble à bien des égards, il est plein d'une
érudition extrêmement variée. L'au-
teur ne se contente pas de prouver ce
qu'il avance, il accompagne toi^ours
ses preuves de réflexions judicieuses,
d'où il tire ensuite des conséquences
très-étendues et très-propres à éclai-
rer l'histoire et les antiquités de tous
les diirérens peuples de l'Europe. » Il
n*y a rien d'eiagéré dans cet éloge;
on peut dire que l'auteur a rassemblé
tout ce qui avait jamais été publié sur
une nationalité éteinte depuis des siè-
cles ; cependant, tout en rendant justice
à rétendue de ses connaissances, à
l'exactitude de ses recherches, à sa
méthode de classer les faits, on doit
reconnaître que l'auteur s'est laissé
quelquefois aller à des hypothèses tout
à lait arbitraires. Quelques analogies
dans les coutumes, les mœurs, les idées
religieuses, la constitution civile, une
ressemblance plus ou moins grande
dans quelques noms propres ne suffi-
sent pas, croyons-nous, pour qu'on
puisse en déduire la communauté d'o-
rigine de deux peuples.
Simon Pelloutier avait un frère qui
liabitait Berlin et qui fut père de Bar-
thélémy Pelloutier, marié à Charlotte
Jassoy. De ce mariage naquit Jsan-
Ulric, qui remplissait, à la fin du siè-
cle passé, les fonctions de consul de
Prusse à Nantes. Son caractère officiel
ne le dispensa pas de la néceasité de
faire célébrer son union avec Angéli-
que Taille fer dans l'Eglise catholique;
mais, en 1782, il obtint du roi laper-
mission de le faire bénir de nouveau
par le chapelain de l'ambassade de Hol-
lande. Il était alors père de deux en-
fants: Charlotte-Marguerite, née
en 1765, et Ulric-Augustb, né en
1768 (Etat civil de Paris, Chap. de
Hollande, N» 97).
PELOQUIN, nom d'une bonne fa-
mille de la bourgeoisie de Biols. Deux
frères de ce nom subirent le martyre
pour la cause de l'Evangile; ils se
nommaient Etienne et Dents. Tous
deux s'étaient réfugiés à Genève. L'al-
né étant revenu en France, en 1549,
pour servir de guide à plusieurs fidè-
les de Blois et d'Orléans qui désiraient
se retirer, à leur exemple, dans cette
ville hospitalière, il fut arrêté à Châ-
teau-Renard, conduit à Paris, livré à la
Chambre ardente et condamné à être
brûlé à petit feu, après avoir eu la
langue coupée. Le bûcher fut dressé
an cimetière Saint-Jean. De tous ses
compagnons de route, un seul osa con-
fesser avec lui Jésus-Christ; c'était
une jeune veuve d'Orléans nommée
Anne Audebert. Elle fut brûlée à Or-
léans, le 28 sept. 1549, et subit le
supplice avec une admirable fermeté.
Le frère cadet d'Etienne Peloquin
avait été moine. Il fut arrêté, le 1 9 oct.
1552, près de Belleville sur la Saône,
conduisant à Genève sa sœur et quel-
ques autres personnes; ces dernières
éniitïnt par être remises en liberté à
la suite d'une abjuration. Peloquin de-
meura inébranlable. Crespin a publié
une relation, écrite par le martyr lui-
même, de ses interrogatoires à Ville-
franche et à Lyon, ainsi que plusieurs
lettres adressées par lui à sa femme,
à ses parents, à ses amis, touchants
monuments de sa foi, de sa pieté, de
ses espérances. Après dix mois de dé-
PEN
— 18i —
PÉR
tention, Peloquin ftit enfin dégradé, le
5 sept. 155Ô, et envoyé au bûcher six
jours après. L'exécution se fit à Ville-
franche.
PENAVAIRE, capitaine huguenot
connu, dès 1 586, dansrhistoire de nos
guerres de religion, par sa vaillante
défense du château de Salvagnac, qu'il
ne rendit aux Ligueurs, sous les con-
ditions les plus honorables, qu'après
avoir perdu tout espoir d'èlre secou-
ru. En récompense de ses services,
Henri IV lui accorda une pension de
2,000 livres, mais elle lui était si mal
payée, que l'Assemblée politique de
Saumur dut charger les députés géné-
raux d'en poursuivre le payement, et
en attendant le résultat de leurs dé-
marches, on lui accorda un subside de
300 livres. En l614,Penavaire assista
comme député de Saint- Antonin, à l'as-
semblée de Pamiers {Arch, gén, Tt.
235). Il est vraisemblable qu'il était
déjà gouverneur de cette ville, où il
commandait encore en J621. S'étant
laissé gagner par les royalistes, il s'en-
gagea, dit-on, à leur livrer la place au
prix de 2,000 écus. Un heureux ha-
sard fit découvrir sa trahison ; les con-
suls prirent de si bonnes mesures que
Mayenne dut se retirer sans rien oser
entreprendre. Celte anecdocte nous est
suspecte, car, la même année, nous
voyons Penavaire marcher avec Beau-
fort au secours de Montauban. et il est
difilcile de croire que Rohan eût con-
fié une entreprise de cette importance
à un capitaine qui venait de le trahir.
Quoi qu'il en soit, Penavaire fut pris
et conduit à Toulouse. Dès lors il n'est
plus Tait mention de lu!, mais ses des-
cendants continuèrent à professer la re-
ligion réformée, tant qu'elle fut tolérée
en France, et après la révocation, une
partie au moins d'entre eux passèrent
dans les paysétrangers [Arch, M. G67).
D*e ce nombre fut Pierre PenavairCy
docteur en droit et professeur de lan-
gue grecque au Collège français de
Berlin, qui a publié Diss, criiica in
notas Clerici in Hesiodi Theogoniam,
Berlin, 1703, in-4^
PENOT (Bbrnakd-Geokgbs), sa-
vant médecin et chimiste, né au Port-
Sainte-Marie en Guienne. Ayant fait ses
études à l'université de Bâle, où il se pé-
nétra des doctrines de Paracelse, il se
livra avec tant de passion à l'alchimie,
qu'il se ruina complètement. Lorsque
la misère se fil sentir, il renonça à sa
chimère, et il se mit à déconseiller la
recherche du grand œuvre avec autant
d'ardeur qu'il en avait mis à la pour-
suivre, disant que s'il avait on enne-
mi dont il voulût se venger, il le pous-
serait à s'occuper du travail auquel il
avait passé la moitiédesa vie. Malheu-
reusement la raison lui revint trop
tard ; il mourut pauvre et aveugle à
l'hôpital d'Yvcrdun, âgé de 98 ans. On
a de lui :
I. Tractatus varii de verâ prœpara-
tione et vsu medicamentorum cÀymt-
corum, Francof., 1 594, in-S»., réimp.
dans le Theatrum chemicum (Basil.,
1616, in-8°.), avec deux ou trois au-
tres traités encore inédits du même
auteur.
ll.Apoîogia, Francof., 1600, in-3«.
III. Tractatus de quarumdam her-
barum salibus,eorumprœparatione et
varia administratione, Ursel . 1 60 1 ,8«.
IV. Libellus de sale nitro et ejus
prœparatîone, Basil., 1606, in-8o.
V . Tractatus de denario medico, quo
decem medicaminibus omnibus morbis
internis medendi via docetur, Bern.,
1608, in-8^
PÉR ACHON (Pierre) , ou Perra-
chon, riche orfèvre de Lyon, vivant
sous le règne de Henri IV, laissa, de
son mariage avec Anne Perrot, deux
fils : Marc , qui continua la branche
aînée, et Jean, qui fonda une branche
cadette.
I. Branche aînée. Du mariage de
Marc Pérachon avec Jeanne de Mont fer-
rand naquirent quatre enranls : Marc^
qui suit ; Marie, femme de Jean deMti-
cet ; Louise, mariée à l'avocat Daniel
Livache (i); et Jacques, un des plus
(!) Elle lui donna quatre enfanls : Daniel^ Gat"
pardf Judithf fcmine do Pierre d« lîcauforl^ et
iîari^^ ôpca.c do Fra'tçoi» d' Le MoUc. Ainai
PÉR
-«5-
PÉR
l8 et des plus célèbres avocats du
nent de Grenoble, qui laissa six
te de son mariage avec Dorothée
rd, savoir : !<> Màec^ conseiller
: ei trésorier général de France en
linéy qui épousa àLyon^en 1675^
I de 33 ans, Clermonde Sarrasin,
le César Sarrasin, drapier, et
16 Favin (Mss. de^ Genève 69^). Il
ut avant la révocation. Sa femme
a le moyen d'envoyer ses trois
à Genève^ auprès de leur grand-
et sur son refus de les faire reve-
01 renferma dans un couvent;—
jOiçoiSy avocat^ qui se convertit,
remplissait assez mal les devoirs
tholique;— 30 Marguerite, fem-
3 François Matthieu, avocat, dont
ayons parlé ailleurs;— 40 Louise,
e maria avec Jacques de Durand,
de La Garde ; l'un et Tautre abju*-
it à la révocation, ainsi que trois
ira fils ; le 4]uatrième avait passé
ranger avec sa sœur;— soFran-
ty épouse de Louis Gassaud, sieur
Murepaire; — 6° ânke, femme de
"0 de Ferron, sieur de Félines.
irc Pérachon, bourgeois de Gre-
i, eut trois fils de son mariage avec
hne Boulioud (aliàs Bouvillon),
Tun avocat au parlement de Paris.
ï nommaient Màrc^ Guillaume et
OES. On ne sait rien du second. Le
lème remplit la charge de visi-
Sénéral des gabelles du Maçonnais.
il à Marc, né à Lyon vers 1 636, il
RTOcat au parlement de Grenoble,
[a'il épousa^ en i 675, dans le tem-
e Cbarenton, Judith Girardot, fille
ean Girardot et de Susanne Le
re. De ce mariage naquirent , en
1676, Jean-xMarc, et, en 1678,
'DES, qui fut présenté au baptême
ion oncle Jacques (Rey, de Charen-
, 11 parait donc qu'après son roa-
I Marc Pérachon s'était fixé à Pa-
C'est lui qui a trad. le poëmc de
us sur la naissance de J.-Ch. (Pa-
0. de Varennes, 1669, in-12). 11
inpposilion an sujet du degrc de parcniû qui
lit Gaspard à Daniel Livacbo (Voy. \'il,
l)èUit juste.
T. Vlll.
abjura à la révocation. Le Mercure ga-
lant de Janv. 1686, en annonçant son
retour dans le sein de la vraie Eglise,
fait un magnifique éloge de son zèle
pour la conversion de ses anciens co-
religionnaires. Cette ardeur de prosé-
lytisme fut récompensée, en 1687, par
une pension de 1 ,200 liv., dont, après
sa mort, le roi conserva la moitié à sa
veuve (Arch, gén, E. 3386).
11. lean Péracbon suivit la carrière
commerciale et acquit une grande for-
tune. U portait les titres de conseiller
du roi,.reoeveur général des consigna-
tions de Lyon, et deseigneur de Gorges.
Sa (emme,Françûise Thomée, lui don-
na cinq enfants : I^Marc, qui suit;—
20 PBiuamiT, sieur de Saou, conseiller
du roi en ses conseils, mort célibataire;
—3* Marc-Amtoine, sieur de Senozan,
secrétaire du roi , qui ne parait pas
avoir persisté dans la profession de la
religion réformée, et qui d'ailleurs ne
laissa que des filles; — 4» Pierre, sieur
de Saint^Maarice, secrétaire du roi, qui
prit pour femme Marie d'Urre et en
eut six enfants, lesquels rentrèrent tous
dans le giron de l'Eglise romaine, à ce
que nous appprennent les notes re^
cueillies par notre ami M. Rocbas pour
sa Bibliothèque du Daupbiné, et qu'il a
libéralement mises à notre disposition;
— 5<» Louise, femme d'Etienne Cocbar-
det, échevin de Lyon en 1654.
Marc Pérachon, sieur de Ponthais,
conseiller en la Chambre de l'édit de
Grenoble, en 1639, mourut en 1664,
et légua par son testament une maison
à l'église réformée de Lyon , « à la
charge que les anciens choisiroient dix
filles auxquelles ils donneroient à cha-
cune 300 livres, quand elles se marie-
roient. » Il avait épousé Françoise Vul-
son, fille de Marc Vulson, conseiller à
la Chambre de Tédit. Outre une fille,
appelée Louise, qui se maria avec Jac-
ques d*Yzti, sieur de Salcon, conseiller
au pailemeiil , et qui devint folle do
chagrin et de terreur à la révocation,
Marc Pérachon laissa deux fils, nommés
Jean, sieur du Collet, et Philibert,
sieurde Montecroix(aliùs Saiute-Croix) .
12
PAR
IM
PUA
Gelni^ol (16 même sans dotité que ttië^
Grotx^ 018 d'tin condellldr aa parlement
de Ortnobli^ cjui fut arrêté^ eemmè 11
lortait de France^ et enfermé à PierNl^
Encise^ en 1686) fut gratifléi en 1 699»
dea droits de bonrgeelale à Genète.
particularité qnl anffit ponr prévenir
tonte confusion entre loi ei le libraire
Philibert Péncfum^ de LVon^ fe^n
bourgeois de la nlème ville^ le 7 dée.
1703. Quant an slenr du Collet^ il é-
ponsa en seeondea nocee^ en 1698^ à
Hassel f où 11 remplisèati la obarge de
conseiller et eommiasaire pottr les a^
falres des Français réfugiés , MàtiB
Ferry ^dê^usty, qui ht! donna» entre
autres enfants, lAtackitTS» HAnii^
LOcisi, JBAK et probablement DoM
(Yoy. V» p. t07). Sa première fémmé»
morte en 1690» se nommait Ësiher
8arraHfi^e-La Pierre, fille était fltte
de Philibert Sarraiirè, slenr dé Là
Pierre > et de iuUetif^Madelaine dB
Drtkftghên,
PÉRARD (lACQtJBS l»}»né à Parlé»
en i7fs» d'une tamiile protestante»
alla faire ses études en théologie à
Berlin et se fixa en Prusse. Il était
pasteur à Gramsow» lorsque Forméy
lui offrit une part de collaborafion danë
la rédaction du Journal littéraire d'Al-
lemagne» et» plus tard» dans celle de la
MouT. Bibliotb. germanfqtte. Les arti-
cles qu'il ptiblia dans ces deux recueils
périodiques loi acquirent une répota-
tion surprenante. Il fut agrégé succès^
eUement à presque toutes les Aeadé*-
nles de l'Enrope» et le roi le nomma
prédicateur de la cour à Stettin. Pé^
rardalmaitle luxe et la représentation ;
sa maison était ouverte ft tous les
élrangers de quelque distinction» et
comme 11 dépensait sans compter» sa
fastueuse hospitalité nuisit beaucoup
à son bonheur. Le désordre qui régnait
dans ses affiiires était tel que des douâ-
tes s'élevèrent sursaprobité. En 1755»
un déficit ayant été découyert dans la
caisse d'une loterie au profit de l'église
française de Stettin^ on le soupçonna
de détournements frauduleux et on le
Jeta en prison; mais» après une sévère
^qnête» qui dura quatre liiéls» en re^-
eonhot son ihnècence et ëh itti rendit
la liberté. Il moili*nt donc ehai*gé de
tiires hoboriflqnes et de dettes » le 29
Juin 1766. 8ë belle bibliothèque» êeM
Il avait pttbUé le OUtidôguê atineté
(Stettin ^ 1767» in<*6»)» fui vendue ^dr
•es eréiAOterS.
Pérard évalt été marié iéot fèfé.
sa première femme ne ini ayant pas
donné d'enfants» il éponsa en seconde^
itoees une Anglaise» dont II eut uU dis
éi dettk dues. L'une de ces dërDiëres
devint la femme de Pêpin^ profféssen-
è l'université de oeHmgoe» qu'elle ren-
dit père d'un flls et è'mie fille. L'atf-
tre fut célèbre» dans la seconde mol-
iiê dn ëièeie passé» par tes charmes
dé^pigMonhe et dé sa voti; QUant ah
4Âê, nommé Fttvftnfd^ qui était né à
Stéttitt» le 28 adèt i 742» U moiktrà» dès
son enfance» lee pins grandes dlsposl-
Hons (Hfdr la ttmslqné. On assure qft^à
rftge de 12 âne» ii s'exerçait déjà avec
ëuecès dans la composition de inui^
ëeaux de chant. A 1 4 ans» Il enti^
dans l'armée comme enseigne; mais»
dès 1757^ Il fut blessé et fait prison-
nier à la bataiile de Breslau. il mou-
rut de ses blessures à Schlottaii en
Moravie, le 4 janv. 1758.
PËRDRiAtJ (JACQUES)» de Tcmr^»
fabricant de taffetas, reçu bourgeois à
Genève eh 1572» eut de son mariai
a?ec Jedrmé Bozon plusieurs filles et
deut fils t io PiBRae» qui épousa» eh
1 (194» à l'âge de S2 ans» ÀHne Tkê-
héssàti, TOUyé dé Pcnêl de PonkdWh
fimise, et eh eut lAdi^eig» iniHAÈ dt
^iSAliETfl ; «^ 2» JACQutti» à qnl sa
femme» J\Mih Fontbtmné, de Lyo6»
donna nn dis» nommé Piberb» et deux
filles : JcnitR» mariée k Jacqueê Vm^
nier, de Lyon, puis à ïsaae Bordier,
et Aim2» épouse de Qttbriel Ctuin (11»
qui desservait, en 1 606» l'église oe
Grenoble. Pierre» né en 1613 et mort
en 1641» laissa de son mariage avec
Elisabeth Baulacre-Pellissari, célébré
en 1657» un fils nommé aussi Pi£rrb,
(l) Charlei Cutin, htftioger d'Aatou. fbt SUh
tifîè des droits de bonrgeoisia, en 1587.
PÈR
-^lfe7 -
PER
4itl «niFÂ> en 1 06 5y ékiiê k êtmsëil déè
CGy et TmjfWi éHëeesi\\tiaAliiiïî lés
fondions d'âldtfuetir en i9È:i, de êion-
selller en 1687; et de syndic éU lëès.
II Éiflfùrdt en Hoô/dyànt et &Àh^
drièHHe de Ld FKte-^AifebmtdoUsè,
qf II àtâit «^'dtisée M têl64; (^Is fis
et dètii tfnes^ Éatofr i i^^'lilK-Dlicrfti^
Al ce en les^i ë<»nsèlllef eà 1 702 et
iiiort«fl I7îf9; qnt fttt père tfè tfolè
enfants fnortd sans aTliaUcèj-^2»Aii^
^Qlstlit;— S» PiÊtiKÈ^ dh ce éfh i70^
ttiMé à Sàrâ Htiber^Ubt ;^4« MA ilii,
tmm d'Aitif Lullin, pois dÉ procnrèiir
«énéfàa Jèftn Ùti PaM;^J)*£LiSABET0^
épouse da procureur général Jèdh^
Mcquëè Trèmhley,
Adn PèhIrM éHtrà^ éflf lO$P0y Ifaf!»
le ce, ël maumî ed 1719: Sit remi(xrè^
Promise CdldriâriHi'HéttHèr^lvtl dcm-
na cjtiâKfe flts : t* Jbàn-Lôc»^ 6âpf-
tAne dé là ^rniêori^ i^ofî eh H04;
-^ 2« Piktfinf^ qnf stiit; -^ 3« Alic^
iHBkÉj etipfttAhë ta serttee de 9af^-
4fetgM^ itort en f77âl; -^ 4o JiijtT^,
dcnït noni p^iefons après sàH trhriS.
I. Pierre Pérdriao> capitaine de là
èKMson^époftea^fMè MartiHi et Ml
edt AiÉMrirÉo^RTLK^ qdi servit atec
dlÀtâction en J^rsincè. De retour dans
SB ffatrie, il fat noriimé fhembre du CC
en 1764, àudiicar en nés^ chàtelafn
eài im. ^ femtae, Marié'Michèe
ÈttièsoH'BeTlraHdf le rendit père d'nn
dis, môfrt sans pôstérité> et d'une flile.
Il; Né éh 1712; Jeitn Perdrlàû s6
destina k la carrière paistorale et M
reçQ ministre en 1738. Placé' dPabord
à la camjifagnfé, il fût apprélé en vilie^
en 1 750, édmme pttstcur et professeri^
de bâleè-lettres. Il résigfila cette der-
nière placé, en <775, pour devenir un
d^ pasteurs de la cathédrale, et mou-
rat en 1780, estimé conïme lè modèle
d'un eicellent pasteur. On a de lui :
!. DUS. de génie iogaiây Gen.,1 774,
fa-8*.
n. AHis eriUcœ spécimen, Gen.,
1774, in-4«.
ni. Carmen semi-secuiare obîatum
Jùc. Vemeto, 1780, in-4«.
lY. Eloge W«ioriçue de Décappet,
pdàteitr d'Aigle: VfeVet, 1 •'«S, \Mi:
éénel)ié^ Inf mmi\i, ëtf (riftrë, s^
âtffrë indfcâHJbtt, d\i Bloi^ histUHqiik
dk Prançdis de Kbcfieéj On jtutre d'î
Fffr/^ff AbOuèit et ditéfs SèHhoHs,
H ne ifkràH pkî qd^àti diflte Tàiii^
Mit k cette fitmllle iéén-ttàptisiè^
tlUiUdmè PeririaÛ, rfo La liocffelté;
(|(ùifntadmisauiàlnis(èfe darisrégfiâ
fhmçài^è dé ftftlè, lè 4 ëept. 1 740, â
rééti bpti^géois à Génère, en l'tio, éa
ètffièldérétfcm dé ses Jîtfents, de ses
Ralliés et Ai stfS scffviccs. Il mourut
ta ïiifiy tiivLt eu tfo son mariàM
INrec SùsanHe CHâticèl (f), dedx ûm
«t un nit; màtmê kkiaink; (fi\ k
léfsàa; dé son union avec Sttsénn^ dé
td mk-BûàffrOfl, (Jif une flliê; Sti-
OÀN^it,- ifiiHtë au pastètir Jèàn-Léàte
Êlaoâl'ède
PEROÎH feft (n.) où PerdrieL siédf
ée ftAUBtëNT. était ^flièr, cliafgc du-
éëiàns de là^Oclfé, dit de Tlièn, il bk
voultrt Jamais s^éleVdf, (|(Oolqû'il pos-
sédât une belle fortuné^ et dont fi
éixèf^ 16s fôàctfdns jadqtl'à Sat nfort.
tfè son miàrlagè avec Jeanne Le Coq,
Il éd quatre enfants, savoir : l^ Hâè,
iifSdr dé lllézlèrés; — 2* ÈfiitlAtiaiB,
èiOur dé Bâubi^: — 3« Ren*, sieur
éle Cervot;— et4» «ANNB {Arch,gén,j
Ê. 1272). a Voulant, continue de Thou,
é^âcqtiéHr de la protection pour con-
sétver sa fortune, et ayant plusieurs
éAfànts, (Imit MizfÈRSs, son flis aîné,
daffs h inaison dd maréchal de Sâint-
Andf^é, et p(mr obtenir les bonnes grâ-
ces d'art seigneur qui était en si grande
faveur aiïprèsdiï roi, il loi servit sou-
vent de caution. Mais yoys^i que Sàiiït-
Atidréne mettait pôlùt dé bo'rftes à ses
dépenses et qu'il s'àblmalt dé dettes,
éi craignant d'être stussi rulfré, il lié
voulut plus fc cautionner. Le tnaréchâl
n'ayant plus rien à espérer difTamltté
de ce bourgeois^ se voyariftau coiitrijtré
pressé parBaubigny, qui mettait Saini^
AMré en' cause dans tous lés procès
^ Ses créanciers lut faisaient d'abord,
cdinto caulfon, crui qu'il n'avait pas
lOBn 1795, Henri ÇUncr ^^^epbâUllon en
Dtèp&ihè', ublinl los droîiB ae boorgeoisfo'.
PER
188 —
PER
d'autre moyen de se tirer d'affaires
que de rendre le mal pour le bien à tm
bomme qai loi avait rendu tant de ser-
vices, et de chasser de sa maison,
même avec outrage, Mézières, son flia,
qu'il regardait comme un demandeur
importun. Pour exécuter ce dessein,
Saint-Sernln [appelé Saint-Sornin par
d'Âubigné], allié de Saint-André et de
concert avec lui, suscita à Mézières une
querelle, et lui fit un grand aflVont.
Mézières s'en étant plaint àSaint-André
et lui ayant demandé satisfaction, le
maréchal lui répondit seulement qu'il
en était fÀché; mais qu'il y avait une
3i grande différence de condition entre
Saint-Sernin et lui, qu'il ne lui était
pas permis d'en espérer la satisraction
qu'on exige d'ordinaire entre gentils-
hommes. Mézières, qui n'était pas
bomme à souffrir la plus légère injure,
plus Irrité qu'auparavant, sortit de la
maison de Saint- André, et ayant trouvé
une occasion favorable, il attaqua
Saint-Sernin et le tua. Le maréchal fut
très-mortiflé de cet accident ; mais pour
en profiter, il fit assigner Mézières
devant les juges de cour. On le cita
trois fois, et ne comparaissant pas, il
fut jugé par contumace et condamné à
mort ; ses biens furent confisqués, et
Saint-André obtint du roi la confisca-
tion. Mézières ayant ainsi reçu une
double injure de la part du maréchal,
perdit ses biens, mais il ne perdit rien
de son courage : bien résolu de s'en
venger, dès qu'il en trouverait l'occa-
sion. }> Cette occasion se fit attendre,
mais elle se présenta enfin à la bataille
de Dreux, où Mézières combattit avec
ses ft-ères dans les rangs huguenots,
a Le mareschal S.-André, lit-on dans
d'Aubigné, lequel avoit mené ses troop-
pes en espérance de délivrer le connes-
table, fut pris et tué par Baubigni.
Cettui-ci avoit juré sa mort, pour ce
qu'ayant mis au service du mareschal
son fils appelé Mézières, et de plus
s'estant engagé de grandes sommes,
desquelles Mézières faisoit souvenir
quelques fois son maislre; pour se dé-
mesler du reproche et de la debte, il
forma une querelle entre Mézières et
S.-Sornin, eschauffe l'un et l'autre, et
puis Mézières ayant tué St.-Somin,
il fit faire son procès et eut sa confia
cation. » Les deux écrivains, comme
on le voit, sont parfaitement d'accord,
seulement de Thou affirme, ce qui est
plus vraisemblable, que c'est Mézières
qui cassa la tète à Saint- André d'un
coup de pistolet. Quelques mois plus
tard, de Cervoy, qui avait suivi dy-
ligny en Normandie, reprit par mae
le château de Mézières, dont son frère
avait été dépouillé. Nos renseignements
sur cette famille ne s'étendent pas plus
loin.
PERDRIX (Jean-Gbobgbs), con-
seiller du prince de Montbéliard, au-
teur d'un Journal , ou il raconte les
événements qui se passèrent sous ses
yeux,del659 à 1689. « Ses récits, au
témoignage de M. Gh. Duvemoy, ne
sont pas sans intérêt pour l'histoire des
mœu rs et des usages de son temps ; plu-
sieurs même se rattachent aux grands
événements dont Louis XIV a été le hé-
ros. » Ce msc. qui forme un volume de
plus de 300 pages in-l2, se conserve
dans la bibliothèque de Montbéliard.
Un artiste du nom de Perdrix florla-
sait à Paris sous le règne de Louis XIU.
Michel Perdrix, ou Michée Laperdrix,
sculpteur et peintre, était fils de iVtco*
las Perdrix, bourgeois de Rouen. A
défaut d'autres renseignements, nous
devons nous contenter de rapporter ce
que nous apprennent les Registres de
Charcnton. Michel Perdrix fut marié
deux fois. Sa première femme, Tabitha
de Quingey, qu'il épousa dans l'église
de Charcnton, en fév. 1624, loi donna
doux fils : Jacques, bapt. le 27 sept,
i 625 , pàTràïn, Jacques Dupré, peintre
du roi ; et Jean, bapt. le 5 mars 1627,
parrain, Jean Jannon, impr. à Paris^
(leoieurant à Sedan , marraine, Marie
Aignan, femme de l'impr. Pierre Des
Hayes. Perdrix épousa, en secondes no-
ces, en avr. 1651, Marie Baudouin,
fille de feu Jean Baudouin, menuisier
de la chambre du roi. Paul de Laper^
drix, sculpteur, géographcct ingénieur
PÉR
— 189 —
PÉR
da rof , en 1675^ était peut-être issa
de ce second mariage?
PÉREZ (âhtoinb), on Pérès, en
latin Peresius, natif do Montaaban^ se
fit inscrire^ en 1649^ an nombre des
étudiants de Tacadémle de Genève. En
1661^ le^ synode de la Haate-Gnienne
tenn à Saint-Antonin^ le 24 nov.^ con-
firma sa nomination à la chaire de
professeur des langues orientales, qu'il
avait remplie pendant la suspension
d'j^r&tust.Lorsquel'académiefuttrans-
. férée de Montauban à Poy-Laurens,
Pérez Vy suivit^ et quelques années
après^ en 1674, il ftit désigné pour la
place de professeur de théologie. C'est
à cette occasion qu'il soutint des thèses
De connexione sanctificationis cum
justificatûmey Pediol., 1674, in-4o,Ie
seul écrit de lui qui ait été publié, sauf
une autre diss. De pœnâ quœ debetur
peceato, Pediol., 1680, in- 4». A la
révocation de l'édit de Nantes, il sortit
de France (Àrch, gén., Tt. 325), et se
retira à Londres, où il mourut en 1 686.
Deux frères Pérez, ses fils peut-être,
tous deux proposants, essayèrent de
sortir du royaume par mer; mais ils
eurent le malheur de tomber entre les
mains de corsaires algériens, ainsi que
Brassard, pasteur de Montauban, et le
ministre La Motte,
PÉRIS (PiBRRB), appelé aussi, et,
croyons-nous, plus exactement Pé-
risse, fit ses études en théologie aux
frais de l'église de Verteuii et contracta
ainsi, envers cette église, des obliga-
tions dont il ne tint compte, en accep-
tant la vocation que lui adressa celle
de Pons. Le Synode national de Saint-
Maixent consentit toutefois à ie laisser
à Pons, à condition que le consistoire
de cette ville rembourserait à celui de
Verteuii la somme de 300 livres. Quel-
ques années plus tard, Péris devint
ministre à Aitré. Le synode provincial
de la Saintongc l'ayant destitué « à
cause de sa vie scandaleuse et de sa
mauvaise doctrine , » il en appela au
Synode national de Castres. Après
enquête, ce dernier le déclara atteint
et convaincu d'avoir abandonné le mi-
nistère, d'avoir f^quentédes apostats,
des catholiques et des excommuniés ,
d'êtreun profanateur, un homme d'une
vanité insupportable, un menteur, un
calomniateur; et comme on avait saiàl
sur lui un libelle fort violent, qu'il avait
tait imprimer, sans nom de lien, en
1615, in-8«, sous le titre de La sanr
glarUe chemise de Henri-le-Grand , le
synode ne se contenta pas de confir-
mer le Jugement, il le frappa d'excom-
munication; bien plus , il chargea le
commissaire GaUand de poursuivre
Péris devantle lieutenant général àCas-
tres. Ce dernier, par sentence du 6 oct.
1626, condamna le libelle au feu et dé-
créta de prise de corps le ministre dé-
posé. Péris échappa, à ce qu'il semble,
à une condamnation certaine par une
abjuration, et même il obtint du clergé
une pension de 300 livres (Voy. Vil,
p. 552). Voilà l'homme qu'Arcère, qui
l'appelle Pérez, et qui dit à tort qu'il
était ministre de La Rochelle, nous
présente comme une victime intéres^
rante de son dévouement à la cause
royale, trompé qu'il a été par les
faussetés d'un moine.
Ce Péris ou Périsse était provençal
de naissance (i) et Âgé d'une soixan-
taine d'années, à l'époque de sa con-
damnation. Comme on trouve son nom
écrit quelquefois Paris, il est bon d'a-
vertir qu'il fiant le distinguer d'un
Pierre Paris, prêtre catholique qui se
convertit, vers 1 608, avec JeanDoude-
man, curé du Bourguet, et fut pasteur
àPontorsonen 1620.
PÉRISSOL (Samsonde), président
au parlement de Grenoble, Chambre
de l'édit, était seigneur d'Allières, oh
il possédait le droit d'exercice qu'on
lui contesta en 1664 (Arch, gén. Tt.
270). 11 eut pour successeur dans sa
charge son fils LÀURSirr, qui nous est
dépeint dans les Notes secrètes sur le
personnel des parlements, comme un
homme peu habile et peu considéré,
rude et sévère dans son intérieur, me-
(1) Bans la sentence da lientenant général, po*
kliee par le Uercure français, il est dil natir de
Marseille.
pgn
= m:
ppfl
mi »«<= yif f»wi retirée ei p-'jiHk^i «a
ÇQlflpjprpe «yec |ierppOD9; H ï a 'Pift
^c ce portrait ^ ce|)ft <iuc C))Pi^>P>' "OpS
^acc (lii même per^nnaga: Kul, (ji^
)|, ne pquva|l pt^s (ligueiiieDl rcmptjE
)p Plfice de iiréeitlci)^ au »aT|«ffi4)it. M!
jE oct. IG8S, c'esl-^'difp quplqnw
jours avant 1^ révocation de t'édlt 4*
flanles, Latirfot 4p PËrlEfiil et simIt
inié^ijn^ dl^ eef c(»pl|f^angHl|«$ d^
UflBèrent ei)(ré 1^ in^iRG 4s l'iyé^
(Je GreftoWe lenrgtie fl'^bjqrftfifti» PBlf-
unf CR r^sBipé : Pw^veï» EHDW9
Le Çjiinu, éyèqpe et prlope de fîr*Wr
ble, ont roispiiFti '«4 Alenr* d« péFt3»{f
président an pirlmsnti Àkçpwdrè of
Pqscai, Frifnfoù <l'}>«i MDsqjUerft
Sam^on KûJ,Ja4ie trésorier ileFr^)^^
Chorfcf 4'Yft, slBiy 4fi L'Esl^g,
vel, fravfqii de l't^iflrd, liA}t">4ts ft*
Cap, 2wii4F<'B 1^ Pa^iHttt alftlir 4*
Foptreur)!, /acqu*^ d« Bicmlt [i],
ayocat m pAileqignl, It^nM (*< *l^
àpfi^, iiAt)il«|it df! fiap, potir dÉeljHW
(IH'tJe 4f|r#iuUf»»lMàl'Eel'^<»t)|PllT
ttm f de 1» manière qu'en qic l'ÇsVtf
gatlicarie; a qu'Ut crQï)ileH| Iqps |ei
VliclM de [oi feofléa sur la P«rQ)p de
Qléu, el les râytialions divines ^(o*
4P4 prophbtes etivaogtiiftesi m'i\f
ppndsmnalenl toutes les héréalw MR-
tcvires à la P^le de Diep qw. UAlIfl
J^llse condamne, et goe, quoiflo-ils
eussent exIrApieiHiil 4éairé le Fét*r
tinsBoment de i« rainiBmiiait nw m
dcu espècM et quelques i^fonoM
dans la discipline, eepefidiiat Ronr H;
nolgnec leur sofinissjan<iiir^|, 11^ se
fituâs^ent sans ret«rdeiiienl G^y»-
^m- frmv. 191. G). Rien nç prouve
nieux fpu Gflte ptàcç avec qgellf> r^
^gnaaF^ If» yroteatant^cédidiftnt * 1*
violpftf^ 4141 leUT était faite, pérlssol,
diï^ffVI. flaai tm'IaacttfÇh^Tiètef,
»fi\j& ^Itpst4l, second pTésiifeptaapaiv
Vjfocpt du I)4Hptiln£] allait donc ^ I4
mesBP, et i( y iqcna|l m, fcpqip., nitçf^
huo-lm» ilg titur dt tanj-», rienilà ptf Boa-
luIlBcillon.
son flls,H. do £qt'nl''4n9F, elsit pilg;
fl^f is, de l'aveu (je Dppchu, on ng les
PPTBJtPae inelUeurg catl)Qliquce tjpnr
cela.
■F«tiforiB(n9ire''t!fP*srrp. où iàh|i
aient, i )a Qn du ivi'' ^i^l^t (^<K(m
filrvjol et |e capji^ifte firi^ol ,
fa femme Marthe Ckaix (i ses je|
â
PEURAULT (PiEBUi BE), 4-nM
~)i|JË notable de Kouf-gagne, a'^taqf '-
fptlré il Genève, en ir.33, pour cmuq
fie relieJo[|, y épousa, eo fS^i, CUpti
dm Cribaliii, dont il pilt (rpis Ql; :
l'ABËL, qui suit i—î' pfBftsp, tn((rt
aan? poslfirilÉ dans le pays d(! T^tfj
S* ELËAun, qui tut ministre k (^r^Wf.
Tégeqtde v i Cenive, en 158), pu;
(enr par prât % îs-sùr-Tbil, en ISQ^,
fpInlBfre h Rnssin, ep iqas, et epQ^
pruI^^Bii)' de philpso[|bie a Qeneve^
eu iqq^. 11 monrfit aussi ^fiia posli;
ri:^ Eu I &S4, il avait ifé fflÇlt «flfTT
^ois de pen^ve.
Abel Perrault, pitRlsMï ^Pl^ Mit
(leVaiid, prit poqrrejDBip, en ^i^,
4ttpn de. Gflfilqd. S*^ ep(4!»l3 furen* j
)• 4ii()«i fflpft pn SoIjisFsansepfwMi
— 30 Jbah, qui roslf céllb^tjfirpj -r^
T,i Ft4iGO)i, sjaqr i}ç lotwPf fH"
«inii)))i» I4 deaceqilfnce.
Né i Bnitï pQ 1512, on, ftm
A'Wreu, 4> GoF pD 1^". FrenpBJI
PMWlt M yoit* ■<> fecvjM' de le^qnr
Christ, et desservit sucCËESJV^nÇU
plosieprs églises de I4 bimfgaffif u
diipays de Gex. Eii tèi4, qf|(H' B
trouvpns ^t Ponl-rde-Vaifi ; ep I^Sl).!
Uicon, où i| s'^qifitt^jt jisftx fi|^^
geqit^ient de ses devoirs ; eu ] 62Q, j^
Yersoiï, ft il Était D|ii)i9(re^ TIJAW*
lorsqu'il publji! ^ fameuse Wmfq)^
(t)(/ie ou iToifi dei démotts et iorcifTgf
ds lei^r pumance ft inijinjiudmce f «gr
/ttstoire pqrlieuf*''^'' «' Irés-vérilabif
4f çf qu'ifn i^fiion fl fffi'i e( rfiiij J//i^
fion. »' ï ff «JM|?uf* aii;>^.«, 4m k
PËR
— m -
PEU
ejh ladite pille pour lors, opposée à
plusieurs faussetés qui en ont couru,
Q^n.y 16509 in-12; Irad. en boUanUaia
par Gillis vauBreen^ Amst., 1658. \n^
\2, et en angl,^ par P. Du Moulin ,
0xr.jl6539 iu-$o; féjmp.jffiaU sea-
lement la seconde partie , c'esUVdira
l'Anti-Dcmon, Paris, Dumouliny 1853.
Iss pastenr$ Conmn, de Beauno, et
fegnand^e-Mépillat, do Màcon, que
to synode do i^ourgogne avait chargés
d« t'eiamen de ce livre, firent preuve
de bon sens en refusant leur approl^*
lion; mais l'auteur ne se tipt pas pour
^tUi il envoya le manuscrit à son ami
0 ministre Du Pan do Genèv^^ qui le fit
Imprimer.
François Perrault mourut h Gcx en
I6$7. tl avait épousé^ en i6U,4nfi^
Farcy, dont il eut trois fils : Josifii
IDoien de l'église do Sergy, mort cé-
Ul^aiaire; Daihisl, médecin liabiie^qui
19 maria dans le pays de Vaud avec
pne demoiselle de La Cour, et mourut
oncore ji^une vers i 665; Laxare, sieur
de Prlngin et de Jotemps^ qui formait
evee le pasteur LouwAocÀetles anciens
Benri de ifartèney Jean-François de
BonSfJacques de Choudens et Jâan-Jtf*-
cJkêl koupne le oonsistoire de Sergy^ à
l'époque de la signification de l'Avertis-
aemoat du clergé^ c'est-Mlre eu 1 683 .
Une autre branciic de celte famille
iMmrguignonne, celle de Mo«t^evûst>
professa aussi les doctrines évangé-
Uques. Charles de Perrault, sieur de
^iUy, Ois aîné de Phiimrt Perrault
fiMlisabeth Gravier, sortit de France
la révocation et alla s'établir h Cas-
sel^ oii il fit baptiser^ en ItiSO^son fils
]^M^jnéde son mariage avec /eanne
(U La Corne, Son frère Isaag^ passa
aa AngteterrOi mais après avoir servi
evec le grade de capitaine dans le
régiment de Miremont, Il rentra en
fraoce et abjura à ûijon^ en 1695.
Un troisième frère ^ nommé Lazabs-
ttuiqigaTj fut retenu en France et e^
tonné dans un couvent. £n 1688^
comme on le supposait bien converti,
ep lemitenpossessiondes biens de son
(rèr^ alné| mais^ en leQs^ il s'euNt
è son tour on Hollande. Après avoir
servi pendant deux ans dans le régi^
ment de Miremont^ il se rendit à Rome
où il rentra dans le sein de TEglise
calboiique (Àrch. gén, M. 674). Phi-
libert Perrault avait aussi laissé qua-
tre filles dont deux s'établireiK à
fienève, tandis que leurs sœurs se
marièrent en Bourgogne.
Comme on trouve le nom do cette
famille écrit assez souvent Perreau,
il serait possible que les Perreaux de
Barif ^n fussent une branche. Ceux-ci
descendaient de Florimond Perreaux,
avocat au parlement de Paris ^ que
Théodore de fièze voulut faire nommer
professeur d'hébreu à Genève^ en 1 506.
Ils ne nous.sont d'ailleurs connus que
par l'inscription de Jean Perreaux,
de Paris^ «ur les registres de l'aca-
démie de Genève, en 1618 (i)> et par
le mariage de Daniel Perreauœ, avo-
cat au parlement, avec Madelaine So-
lomeau, fille ûq Pierre Solomeau, pas-
teur à Vendôme, et de Marie Girard,
célébré dans le temple de Gbarenton,
en 1649.
Il est évident que c'est aux Perrault
de Bourgogne qu'on doit rattacher
Abraham Perrault, banquier, qui se
Ji^fugia de MAoon à Genève, oii il fut
c^çu bourgeois^ en 1710; Charles
fwrreault, ministre è Beaune^ à Pa-
.fay-le-Moniai^ puis à La Node, mort à
Berljn^ en 1 728, à l'Age de 92 ans,
dont le petjt-flls, nommé Ghaili8,
fut pasteur de Téglise française à Ber-
lin ^ depuis 1740 Jusqu'à sa mort,
arrivée en 1 764 ; comme aussi d'au-
tres Perrault, ministres ou anciens, qui
ne nous sont connus que de nom. Le
^oute n'est possible à cet égard qu'au
sujet de Perrault, minisire à Paizay en
.ppltou, qui se réfugia en Hollande et
(ut placé à Leuwarden. Ce dernier est
pept-étre le même que Simon Per-
rault, dont les biens furent donnés en
louissance, eu 1699, à Paul Granier,
(1) Un autre Jean PerreauXf d'Orléans, y fot
iBiorit an 1658. — Le 11 jaiiT. 1642, fat enter-
f4, dani la cimaiièra prolasUunt dai SS. Vertu,
Sérari PtrreaUf de Eeins, orfévra el gcaftnc à
la Manittie, Agée da 4S aM.
PER
— m
PER
slenr de Saint-Aubin^ nouveau con-
verti (Arch. gén, E. 3385) el finale-
ment partagés^ en 1714^ entre les
enfants de cet apostat et cinq neveux
de' Jeanne Rigault, femme du ministre
réfugié (/&td. E. 3400).
PERKIN (JEiLN-PAUL),ministrepfo-
testant à Nyons(j) et historien qui' a
joui et jouit encore d'une certaine ré-
putation^ naquit à Lyon. Sur le refus de
Charnier et de Cresson, il entreprit
de mettre en œuvre un très-grand nom-
bre de documents précieux sur Thfs-
toire des Albigeois et des Vaudois^ ràs-, ^
semblés par les pasteurs des Vallées
vaudoises et du Dauphiné^ conformé-
ment aux ordres des synodes de Gre-
noble et d'Embrun^corroborés par ceux
du Synode national de Saint-Maixent^
qui promit au pasteur de Nyons qu'il
serait remboursé de ses dépenses et
récompensé de son travail. Ce fut seu-
lement en i 6 1 2 quePerrin présenta son
Histoire an Synode national do Privas^
qui lui alloua 300 liv. d'indemnité, et
ehargea Roussel, Cumlle, Baux, Pe-
tit et Joly d'examiner son ouvrage. Il
parait que le rapport des censeurs fut
favorable^ puisque l'impression en ftit
permise. En 161 4, le Synode de Ton-
neins ordonna qu'un exemplaire du li-
vre de Perrin serait envoyé à chaque
province ; mais^ faute d'argent^ plu-
sieurs années s'écoulèrent encore avant
que l'ouvrage fût mis sous presse. Pét-
rin s:'adressa denouveau^ en 161 7^ au
Synode national de Vitré^ qui décida
que la province du Dauphiné ferait les
fralsd'lmpresslon^etqu'elle seraitrem-
boursée de ses avances sur les deniers
octroyés par le roi. Un éditeur se pré-
senta enfln^ et^ dès l'année suivante, pa-
rut l'Histoire des chrétiens Albigeois ^
conteruint les longues guerres et per-
sécutions qu'ils ont souffertes à cauée
de la doctrine de l'Evangile, Gen.^ Bet-
(1) U figure en celte qualité sur la liste d^s
pa<<icurâ dressée en 1603. Ne seiaît-il pas le
même que Perriny ministre de Gap, qui remplit
les fonctions de secréUire, avec Pierre Maillard,
diacre de Puymore, dans un synode tenn à Gap,
le Snl mai 1S79, sons la présidence dn minU^
de Fra^lM Perron (Arch. gén. Tt. S8«)?
Jon, 1618, in-S», suivie bientM après
de l'Histoire des Vaudois, Gen. , 1619,
in-8»; irad. l'une et l'autre en angl. par
Samson Lennard, Lond. 1624, in-4*;
nouv. trad. par Th. Bray, imprimée àia
suite du Papal usurpation and persécu-
tion, etc. (Lond., 1711, in-fol.). L'au-
teur remonte à l'origine de ces deux
sectes, expose leurs croyances, raconte
toutes les persécutions qu'elles souffri-
rent pour leur fol, fait ressortir les con-
formités qu'offrent leurs doctrines et
leur discipline, et réfute les accusations
de leurs ennemis. Selon M. Muston,
Perrin n'a pas su profiter des riches
matériaux qui lui avaient été remis; il
n'a, comme écrivain, qu'un talent très-
contestable, et son ouvrage n'est pré-
cieux que par les fragments des anciens
traités vaudois qui terminent le volume.
'Nous croyons que son livre a d'autres
mérites encore, tout en reconnaissant
d'ailleurs que Perrin n'était peut-être
pas l'homme qu'on aurait dû charger
d'un semblable travail. Aussi éprou-
vons-nous peu de regret qu'il ait re-
noncé à son projet d'écrire une Histoire
universelle, comme il en avait annoncé
rintention au Synode national d'Alais.
Deux imprimeurs du nom de Perrin
se réfugièrent à Genève. L'un, nommé
François, y fut reçu bourgeois en 1 562;
l'autre, Pierre, en 1568. Nous ne sa-
vons si c'est de l'un d'eux que descefV-
daitPterrc Perrtn, qui publia, en 1 635,
in-8», une Histoire de Genève, suppri-
mée par arrêt du Conseil avec tant de
soin que nous n'en avons trouvé aaeim
exemplaire, pas même à la bibliothè-
que publique de Genève.
A la même famille que le ministre
Jean-Paul Perrin, appartenait Samuel
Pemn,né dans le Dauphiné, qui, après
avoir terminé ses études en théologie à
l'académie de Genève, où il fut imma-
triculé en 1662, fut placé dans le Cas-
trais. Il sortit de France à la révoca-
tion ; mais sa femme, Marie de Malzae,
ne le suivit pas dans son exil {Areh.
gén, Tt. 290).
PERRINET (François), d'une fa-
mille noble, du Dauphiné, fit^ en 1 560^
PER
— 193 —
PER
son testament par le({ac1 II institua pour
ses héritiers ses deux fils Parceyal et
Laurekt. La destinée du premier est
inconnue^ et tout ce que l'on sait de
Laurent^ qui testa en 1574, c'est qu'il
eut cinq enfants : 4» Jean, trésorier de
Textraordinaire des guerres enProYen-
ce et en Bresse, mort en i 625, laissant
on fils, ANDRÉ, qui fut avocat à Die.
De cet André naquit Jean, également
avocat à Die, qui très-probablement
embrassa la religion romaine; — 2«
André, sieur de Chftteauvieux et lieu-
tenant d'artillerie, mort à Paris vers
1615, laissant deux filles: Olympe,
femme du sieur û^Aspremont, et Ma-
DELAiNE, mariée au sieur de Sainte-
Margueritey de Gap ; — 3® Gaspard,
qui suit; — 4® Madelaine, qui épousa
Jordan Chion y qu'elle rendit père de
plusieurs enfants; — 50 Jeanne, épouse
de Daniel (tAutard-de-Bragard, à qui
elle donna, outre un fils nommé Cyrus
(Voy. II, p. 498), trois filles : Isabeau,
femme de Murât, pasteuv ^ Grenoble;
Hélèney épouse de César Margaillan,
de Yaidrome,et O/ymp^, mariée à Pé-
Ux, ministre à I^ivron.
Gaspard Perrinet, sieur de Barsac
(sAoti d'autres, de Barsa ou de Bal-
zac), fut pourvu, en 1609, de la charge
de président en la Chambre des comp-
tes du Dauphiné. Il mourut en 1654.
De son mariage avec Madeîaine Didier-
i^AUéouà naquirent, outre une fille,
nommée Isabeau, qui épousa Alexan-
dre de Bérangery deux fils, nommés
Alexandre et Charles. Celui-ci, sieur
de Renel, fut conseiller en la Chambre
de rédit,et ne laissa pas de postérité.
L'atné, baron d'Arzilliers, ou plutôt
d'ARZELiERS, suivit la carrière des ar-
mes. Guidon des gendarmes de Lesdi-
galères en 1625, lieutenant dans la
eompagnie de gendarmes du maréchal
de Créquy, puis capitaine de chevau-
légers, il leva, par commission du 24
janv. 1 638, un régiment de dragons de
son nom, qu'il commanda dans les
guerres d'Italie de 1 638 à 1 644. Ce ré-
giment ayant été licencié en 1648, il
passa capitaine-lieutenant de la com-
pagnie des gendarmes do Vendôme.
Créé maréchal de camp un 1 65 i , il tint
le parti delà Cour contre les Frondeurs.
Selon Pinard, il quitta le service en
1655, et suivant une lettre d'Allard,
publiée dans le Mercure galant de nov.
1685, il serait entré comme conseiller
dans la Chambre de l'édit de Grenoble;
mais nous sommes porté à croire qu'Ai-
lard l'a confondu avec son frère. De-
puis 1644, il remplissait les fonctions
de député générai des églises, auxquel-
les Hazarin, contrairement a l'usage,
l'avait appelé sans le consentement do
ceux dont il était chargé de défendre
les intérêts. A peine le Synode national
de Charenton osa-t-il supplier S. M.
do rétablir l'ancienne pratique. Le roi
n'eut aucun égard à son humble re-
quête ; car lorsque d'Arzeliers cessa ses
fonctions, en 1653, il nomma de sa
seule autorité Ruvigny pour le rem-
placer.
D'Arzeliers avait épousé, en 1 628,
Susanne de Launay , fille de Daniel
de Launay et de Marguerite Phely^
peaux, dont il eut : l" Daniel, mort
Jeune;— 2° Charles, mort jeune; —
3« Gaspard, qui suif; — 4» Marie,
femme de Charles Arbalestier, sieur
de Montclar ; — 5» Marguerite, née
le !•' nov. 1629 et mariée, en 1647,
à François deCalvière, baron de Saint-
Cosme.
Gaspard Perrinet, marquis d'Arze-
liers, naquit en 1645. fi servilcomme
capitaine dans le régiment de Sault, et
remplissait, en 1685, les fonctions de
commissaire de l'édit dans le Dauphi-
né. Il parait qu'il se convertit à la ré-
vocation avec sa femme Marie Hardy,
fille de Thomas Hardy, sieur de Yic-
qucs, et de Marie de Massanes, qu'il
avait épousée en 1672 [Reg. de Cha-
renton); car nous le trouvons inscrit
pour une somme de 2,000 liv., qui lui
fut allouée le 18 mars 1686 (ïbid. Tt.
252), sur une liste de nouveaux conver-
tis pensionnés par le gouvernement.
Dès Tannée suivante, il réussit à sor-
tir du royaume [Jbid. Tt. 314), et se
retira avec sa femme à La Haye, où ils
PËR
- m-
PER
SQ réçonctlièrjSQt avep rCiglis^ (Arçh,
4e V église u)alLdfiLq^aye),ï^n \10^,
il foteQYoyéà Genève pour servir 4'in-
tcrmédji^lre entre \ps goifverncmeQU
dp ia(:;^4nd^rB^e^^ept()^$Provi^ce9
Upieset les CéyepQls ingprgéfi. ]\ était
plqsspécialemeDtc^argédpfairp passer
dps sommes^ génér^lçme^^ mipimes^
apx Caiois4r4s4 à qi}i i\ portait beau-
coup 4'mlérèt. M mourM^ i Çpnèyo, iQ
24 mars 1 7 1 0 «etfiit eQterré au Cloilre,
f^ERRlNPTCQuil^t'^i^M^Ji procu-
reur f;énéral 03P4l des dpcsdeNeverSi
fl'Pflp fwWle ftrigin^fre du Pour^on-
pais^ qui 3'é^ab)ft li ^ancorrp lorsque
|a ville de ^^i^t-^mand passa dans 1^
ioaispn de BpqriM)u^ If^jss^ quatre en-
f^ts de son mariage avec Ptqnçoise
CJienilley saYpIr : PJpçM.s, qui éppqs^
Marie de Afonvqiiin et ei^ epl ËTi^Ki«i«,
paarié à une 4Pmoi selle Jouin, et Ani^^.
femme de Pierre PTéws^^ médecin ^
issoudun^ à qui elle donna deux eu-
fantS| nommée Anne et Pierre; — 2»
DAYjp, qui suit ;—;(<' ANNEy femme de
ffuberl 04 Mamlloc'^ — 4» Ucques,
qui époqsa Susanne Dorival et eu eut
ADAM, avocat à Sully et secrétaire or-
dipaire de Marie de Médicis, marié à
Jf, Graver, et JiÇQu^s, à qui sfi femwp
iffirie Foi^ donna trois enfanù dont le
sort est inconnu*
Davif) Perr ipet, sieur de peauregard,
avocat au parlement, lieutenant au
bailliage pt échevin de Sancerre, assis-
ta, en 1613, au synode de la province
comme aupieuderéglise de cette ville.
Mous avons parlé ailleurs du service
qu'il rendit au prince de Gopdé, en
retenant prisonpier V^kville jusqu'a-
près la signature de la capitulation de
Sancerre (Voy, VU, jp. 464). Par re-
equu^ssance. Coude le nomma son
conseiller ordinaire, Déjà eu 1616,
lorsque ce prince avaU pris possession
du gouvprncmcnt du Berry:i Perrluet
lui avait fait bommage d'uu ouvrage
4e sa façon iutitulé Ravissement de
i'ame, Bourges» 162Q. Au jugement de
Ponsard, pet écrit est rempli d'érudi-
tion ; on voit qup l'auteur connaissait
les moraU^te^ grecs et romains, et Ips
Ëpritqrps saintes. DavidP/^rrlD^ mou-
rut à Sancerre en 1 640, ayant été ma-
rié deux fois. Sa première Cemmi9> Af^
ne ArT\auldy dame de Lodève. Ql)e (f(^
Claude Arnauld et de Marie Leredde^
veuve de N.Biyot,\vL\ donna troj^fi)^;
jo D^yiD, qui suit; —• 2° Jeaw, ?ienf
de peauregard eq Bourbonu^i?, qui
épousa MQvic J)u Boû-, fille de Pifirra
DuB(4s% con^illpr un prés^dîal diç
^auperre et PU eut deu^^ enfants : }fj^^
gieur de Seaurpgard, piarié à Susmn^
Qfirnier, et HAUiii, feiiume de Jgcques
iif^tioxJHvrd' Sa veuve sfi remania avec
MicM Gmnellon, médeciu à Sancer^
rp ;-^ 30 PiSER^, sipur de La l^rrée,
qui prit pour femme Elief^netie Garr
njçr^ fille de Jean Garnier et de Su-
Hmne Dargent^ Pt PU eut : ETlfLRKsr-
TE, épousp 4e Jacques Tricot, avocat
i Gicn, p( PiBRUK} sieur de La Serrée,
Ïui se maria avec Si^anne Fau/oi^.
n secondes noces, David Perrluet (-
pousa Marip Dorivah 011e de Dori^
avocat à Gbâti)lon-sur-Loing, doul il
eut encore sept enfants; — 4» £ti«i-
KK, qui suivit la carrière ecc|ji^ia3ii-
que ;— 5» Mari? ,•— 6° ftACUBi,, femm^
de Pierre Clément ; — 7* JAPQUfs ,
sieur 4'Oizy, qui pr|t alliance doua la
famillp Mariette;— S*» Cuarlss; -—
90 Annb ,• — 1 00 JPAKNB.
David, $ieur de Lodève, avocat ap
parlement, fut aussi marié deux (oi«,
la première avec Marguefit^Garmir,
dUedo JeanGaru^pr et dp Susauue Par-
gent, la deuxième aypc Jeanne Pariai.
Du premier lit Yfurept : 1° A,^Tp;:^*v,
sieur de Lodève, qui épousa eu I6$l^
Philippe Rousseau, fille de Pierre, sieur
4P La Motte, et ^*£tienne^te ^arriett^,
et eneut: PisaRs^imort jeune, ^(juitb^
J|E4N, JACQVBS, M4Rt£, GUAI^LOTTK ,
ÈTl^MiETTE, GATPER1N|I, ANTÛ|S|1 fit
tûUiSB :— 20 A^NE, femme de Pierre
J)uBora, sieur de Grenetin; — 3oiEAM,
marié à Judith Odry, qui lui douua
4eux QUes, JvpiTU et Marie : puis à
Marie Guischard, fille de Jacques,
sieur de Gormainvillo, dont il eut trois
Qls ;-^ 4P Daviu, sieur de La Serrée>
qui éppusa^^r^n^ Paris^ ftllp 46 Pierre
|)£R
las
ft"TïPf(l*-lP^< QtttnouiHe, Q^ en eut
4pui q)^ et deux f|tles, aommép; M*-
il» Cl HUTRE. L'un fies nU Claude,
gleuc ifcs francties, Tut, en c|}D!i<)éra'
Uon4t)Prç|l!>^r3yii<lip B. Turretfn, son
b^rp^i^, refu gralDlleipeal bouf-
^is i]p Gep^ve, en n2f , en mËifie
t^ps floesiin f!)$, nui rendit plli^ l4rd
de gnnffi ^pWicet au Conseil ;' — s?
}«CQ|i^, à qnj sa Temme Jacqueliiie
^dutert, (lonna cinq ef^fants.doiitdeiiT
Ollës, Jacqueline et H'ahi^A.'ikb, et
Ifols Qls, le aeçond desquels, nommé
ElKicfE, éppiisa, eu 1732, dans la
Chapelle de Hollande, Ant\e ^edeuil
[BMI civil de Paris. Ctiqp. do IIoU.,
N*97]. Du second lit sortirent encore
Irois enf^t^ :— G° Jeakhe, femme de
Âipi(/our()Ùat, sieurdcV4ufreIan(l);
— 70 ptf RK2, avpc.it, marié à Anne
lÂtxûfé, ai)c dp lean Léveillé, deïa
ËbwitA, et dé 4fan> Berthaull ; —
8« Claude, sieur de Benellcs, négq-
f^(,(lQ'^I)QusaàÇ)iarcnton,cnt681,
A«i^f Grèiié. Plie da Jean Grcnc, sieur
(le p^étDn^^)e, conlrftlear au grenier
)j gel ()e Saucerre, et d'.inne 4finuï.
Ifpns ne savons comment faire en-
ber ^ans peUe gËnéalogic, que nous
espions dans |o vol. 24 de la CoHecl.
A|f 0esiiQ, le pastcifr Jeait-Elienne
Permet, ^ls de Salomonj do Sancerre,
qo) fallut, en f T27j les droitii do bour-
SSOisie à fien^yc, pi Etienne Pèrrinet,
dp $atn(-C^re, qui y' alla faire sps
UDd^BDi théologie en I66f, ni f^er-
f^elof FatmiWiSul a publié un Éxa-
tffàn iet ima! pointes ie làviifeiït-
vénbn i^ les Hémoiffis et o))seT-
yat)iiD4 ifi I9 Société ^noinique dp
Jêriiçiop*}.
B i II rtTecMlw ■ _.
MAMIt'CalinH. llHtélOBDUlt ll*TOillll
IW IMat «• Bi(u|>M qfi nom oatfwii so
MtM«l«iiital, mTKii-.l'raiiHiiêlI'ipMt. Itanift
Sinin, Dnnirl de Treri, h Ebdi'iki Ki.-i.i\fUi
.Ymw Onlllo l-™>M, /«™. Cunfcdf-i et H
tam, TmUA, /hoc TAMjjfl, ^^1 Butchir.
' PE^BODET (SiliLE^), du pays de
Gex, se rit recevoir ministre à Bile le
SSiulo \e,^ù[ATC.kiv. dii(ûnsistoin-),
élfut chargé, en 1699, do desservir
l'Ëglise de piedendorf, fondée par des
n^rilglcs frifnçais. Le 23 aqâ^ f TOQ,
te pa^teor Bey, de Strasbourg, (il la
dédicace du leinple, 4ans leqnel Per-
rodet exerça les fonctions do son mi-
nistère jusqu'en I74S. Il mourut 10
^3 jafivler de cette année, h l'Age de
81 ans, et eut poar successeur Jcai^-
Henri fin^ s, remplacé à son tour, en
i78G, par Phiwpe-i'rançois Efâen.
PE)inQT (CBi^LEs), pis dQ Mlles
perrol, conseiller ùiiparlemeol do pa-
ris, s'étant retJréh Genève pour caQse
de religion, y fut graliQé, en 15B7,
des droits de bourgeoisie, ^ I pourvu,
la m&me année, d'une place de pasteur,
qu'il occupajuéqu'à sa mort- DeuAfolj
recteur do l'académie, en 1S70 pt en
)S8S, lecteur en ibéologlc, pn 1572,
et professeur de ibéologiecnl 598 ()},
pprro) rempiitces diiTércntcsfoncliDQS
avecantanl de talent que deièle; 'mais
ce gui lo rend surtout recqq^oianilabla
'k DOS yeux, c'est qu'eu plein seizième
siècle et dans la ylllc de Calvin, 11 eut
io prcinler le conrage de parjcr de to-
IPrànce rpligipHso, en propos^pt , en
lS7ti, l'abolilign du seriqent qpe Von
faisait prêter aux éti^dianis, de rester
pbles à i'orlbodoxje calviniste. « Ce
t|iéologlen instruit et judicieux, dit
^'nebjpr, ne s'occupait qu'îk fairevolr
que lé christianisme bjeu entendu de-
voit nàcessairemcnlrendrij les hommes
Iplérups; jErcgardoit la tolcratice com-
me une briiQClie de la cbarilé; il la
préclioil avec zèle. i> De si qobles
Jentimenls né|i|lenl pas bitapour être
pompfis Bar dps lliéolqgiens torpÉs 4
r^cplc do Çal^iq ei (le ^èze, et ses
c«llugi(c^ ^^^.ppv^enl approuver oofi
plus ^csidécssiirlaiuïllQcat Ion, parce
SÙcllfS s éloignaient du s^iiliincut de
au'u- Sur ce dernier polnl, Perrot,
qui èlaiL (^'liuQieur ddui'o ut çÔDCijW-
(1) Ndu itnia fuiie oStenar qu« n< l.oo ni
FittL ii« la ciUmconiM grufesssur daUifultSifti
PER
— IM-
PER
le^ consentit avec asse? de facilité à
sacrifier son opinion à celle des antres
ministres^ mais rien ne fut capable de
l'amener à renier le principe de la to-
lérance; Jusqu'à la fin de ses Jours^ il
resta fidèle à sa devise : Bienheureux
sont ceux qui procurent la paix^ car ils
seront appelés enfants de Dieu. Il mou-
rut le 15 oct. 1608^ à rage de 67 ans.
Perrot avait composé divers ouvra-
ges^ entre autres un Traité de la foi
et un antre De extremis in ecclesiâ
vitandis, dont Timpression fut dé-
fendue parce que^ dans le premier^
tout en condamnant les abus de l'E-
glise romaine, il semblait blâmer le
schisme opéré par les réformateurs,
et que, dans le second, il donnait à
entendre qu'il vaut mieux supporter
les hérétiques que de les brûler. 11 pa-
rait qu'à défaut des presses de Genève,
Perrot songea un moment, en i607,
à faire imprimer ce dernier traité à
Paris avec le concours de L'Étoile, qui,
de son côté, a alTectoit fort aussi la
réunion des deux Églises; » mais ce
projet n'eut pas de suite. Dans son
Hist. de l'église de Genève, M. Gabe-
rel dit qu'après sa mort, le Conseil en
fit détruire les manuscrits. Il n'est pas
probable que la proscription se soit
étendue Jusqu'aux Adagia sacra, au
Catéchisme et aux Notes sur la Bible
grecqucy cités par Sénebier. A ces
écrits, nous pouvons ajouter les Obser^
votions de Perrot sur la réponse de
Du Jon à Haren^ qui font partie du
vol. 268 de la CoUect. Dupuy.
Des deux mariages de Charles Per-
rot avecSara Cop, fille du ministre Mi-
chel Cop, qu'il avait épousée en 1566,
et avec Jeanne Gaillard, fille de Simon
Gaillard, de Paris, naquirent deux fils :
10 Denis, du CG en 1610, mort en
1621, que sa femme, Gut7lauma Tho^
meguex, rendit père de Charles,
mort sans enfants, et de Hadelâinb,
femme de Paul Minutoll; — 2» Tmo-
TBÊB, du ce en 1603, auditeur en
1604, conseiller en 1631, mort le 18
Juin. 1648, à rage de 77 ans, ayant
été marié deux fois, en premières no-
ces avec Marie de Ghapeaurouge, et
en secondes avec Françoise Bellot, U
avait eu deux fils de la première. Le
cadet, nommé Cbàrles, du CG en
1651, mourut, en 1678, sans enfants
de sa femme Elisabeth Saladin-Beck.
L'alné, appelé Danhel, dnCC en 1633,
mort en 1647^ épousa Anne RiUiet"
Favre, dont il eut, Etienne, qui suit;
Rosine, femme de Jean-Jacques GuU-
lermet, et Catherine, mariée à Ro-
bert Gar délie,
Etienne eut sept enfants de son ma-
riage avecSara Cussin (t), savoir Da-
niel , Théodore , ETIENNE, Jeanne,
femme de Daniel Gardelle, Octavib,
Jeanne-Renée et Sophie.
Le vénérable ministre Charles Per-
rot avait trois frères. L'alné, Denis,
qui se réfugia aussi à Genève et des-
servit quelque temps l'église de Moins^
fut une des victimes de la Saint-Bar-
thélcmy. Le troisième frère, Cyprien,
conseiller en la Grand'Chambre du
parlement de Paris, resta catholique.
Nous n'avons aucune preuve que le
plus Jeune, Nicolas, également conseil-
ler en la Grand'Chambre, ait abjuré ;
mais sa femme Glaude Goyet, morte
veuve le 2 fév. 1 61 1 (Reg.de Charen-
ton) était protestante, et elle éleva dans
sa religion son fils, Paul, sieur de La
Salle, qu'elle envoya faire ses études
à Oxford, a Ce fut là, dit Patru, qu'il
prit les premières impressions de la
doctrine de Luther et de Calvin; et
cette malheureuse semence Jetta des
racines si profondes dans son esprit,
qu'enfin il abandonna l'Ëglise qui Ta-
voit Jusques-là nourri dans son sein.»
A son retour en France, il se rendit
en Champagne auprès de son frère Cy-
prien, qui avait suivi le parlement à
Chàlons. 11 fit dans cette ville connais-
sance û'Anne Des Forges, demoiselle
« d'une des plus nobles maisons de la
province, » et il l'épousa. De ce ma-
riage naquit, entre autres enfants ,
(i) En 1579, Pierre Cuitin, Uonenr de Mob-
Uab&D, aiail été rocu bonrgeois. Uu de ses des-
cendAoU, Gabriel CuMtn, dQSSorTit l'église diO
CenèTe de 1003 i 1017.
PER
— 497 —
PER
Nicolas Perrot^ dont nous parlerons
pltLS bas. Paul Perrot est auteur de
plusieurs ouvrages^ en vers et en pro-
se^ qui témoignent de sa grande piété.
I. La Gigantomachie, ou combat de
iousles arts et sciences ^avec la louange
âe VasnSy Midelbourg^ 1593^ pet. 8».
II. TaUeaus sacrez qui sont toutes
les histoires duVieil Testament repré-
senties et exposées selon leur sens^ en
poésie françoiscy Francf. 1594, in-8%
de pp. 229, sans ia table, ûgg. en bois.
lÛ. Le Thrésor de Salomon, tiré de
ses Proverbes et de son Ecclésiastique,
réduits en quatrains et sonnets ( en
flrançois et en bollandois ), Rotterd.,
1594^ in-12; (en Trançois), Paris, de
lontr'œil, 1595, in-l2.
IV. L'Exercice spirituel , en vers
et en prose, contenant plusieurs mé-
ditations et tableaux mystiques sur
la considération des mystères de N, S.
/.-C.^ es histoires du VieilTestament,
Sanmor, Portan, 1 606/ in-s».— Selon
Bayle^ Paul Perrot aurait eu part au
fameux Cathollcon d'Espagne.
A la même époque vivait François
Perrot, sieur de Mézières, que nous
ipOQYons qualifié de cousin de Denis,
et qui a déjà été cité dans la France
protestante comme le traducteur du
traité do Momay : De la vérité de la
religion cbréticnne (Fbv* ^^^ P* ^^^)*
Outre cette traduction, on a de Fran-
çois Perrot: i4mo piacevole dato glla
heUa ItaUa, oii il combat la bulle ful-
minée par Sixte-Quint contre le roi de
Navarre, et une trad. italienne, d'après
la version française, des Psaumes de
Ihivid^ sous ce titre : Psalmi in rith-
mos etruscos conversi, Gen., de Tour-
nes, 1603, in-12. François Perrot vé-
cut longtemps à Venise, où il se lia
d'amitié avec Fra Paolo Sarpi (i).
(1) FlofieiiTt «aires Perrot, qui ont professé la
rdifion èTangélique, nous soni connus do nom.
Ce font : Matthieu Perrot, de Senriac en Quercy,
reçu boargeois à Genève en 1555 \-^aeguei Per-
rot, sieur de Piedefer, marié à Loudun, en 1578,
KWC Françoiic Martin (Àrcli.Tr. S3S);.— Denû
Perrot f sienrde I^aTour, enterré h Paris au ci-
«elière de laTrinité, le 2SaTr. 1605;— /«on
Perrot y sienr do Genevraye, qui épousa, en 1643,
dans U» Usoçlo de Gliaruuton, Ùmbe iV/.o^uii,
Nicolas Perrot, sieur d'Âblancourt,
« l'un des bons^t des beaux esprits de
son siècle, » au Jugement de Bayle, na-
quitàCbâlons-8ur-Marne,le5avr. i 606.
Son ami, le célèbre avocat Patru, lui a
consacré, dans ses OEuvres, une notice
très-détaillée, qui nous servira de gui-
de. Dès son enfance, le Jeune Perrot
« donna des marques d'un esprit vif;
et son père qui lui portoit d'autant plus
d'amour qu'il n'avoit que lui de flls,
prit im soin tout particulier de son édu-
cation.» On l'envoya étudier au collège
de Sedan, où « il eut pour maistre
M. Roussel qui, par diverses avantures
presque incroyables, dit Patru, fut am-
bassadeur deplusieursprinces, et mou-
rut en cette qualité àla Porte du Grand
Seigneur. Ilprit tant de plaisirà former
ce jeune esprit qu'à 1 3 ans, M. d'Ablan-
court avoit faithenreusement toutes ses
bumanitez. » Son père le rappela alors
auprès de lui, a et lui donna un habile
homme, non-seulement pour repasser
toutes ses estudes, mais aussi pour lui
donner quelqueleinturede philosophie.
Au bout de trois ans ou environ que du-
rèrent ces exercices, ou l'amena à Pa-
ris, oii pendant cinq ou six mois il cs-
tudia en droit. » A 18 ans, il fut reçu
avocat au parlement. Son père étant
mort, on songea aie marier «avec une
demoiselle de Champagne qui esloit
Jeune, belle, riche et sa parente.» Ce
mariage lui souriait de toutes les fa-
çons; mais 11 y avait un obstacle, l'aïeul
de qui dépendait une partie du bien de
la jeune personne, y mettait opposi-
tion. Tandis que l'on travaillait à lever
les difficultés, Perrot, «empaumé»
par son oncle Cyprien, pour nous ser-
vir de l'expression de Tallemani des
fille de fen NieoUu Peloquinf slear des Landes,
et de Marie Mérite; — Jerémie Perrot, d'Issou-
dnn, immatriculé à la Faealté de théologie de Ge-
nève en 1646, qai abjura en 1683 ; l'intendant
du Berrylui servit do parrain; — Philippe Per-
rot, de Ghinon, immatriculé à GeoèTO en 16.11 ;
— Samuel Perrot, d'Issoudun, ministre à Sa-
tigny, reçu bourgeois gratis à Genève, en même
temps qae Pierre Préoott, en récompense des se r-
Tices qu'ils rendaient h TËglise dans leur minis-
tère;— Jean-Henri Perrot, re^o bourgeois gratis
en 1741, en considération do son beau-pôre, le
premier syndic Marting.
PÈR
— m —
vM
RÇàtix, litijtiràtep/i'otesfiinilsftte^d (ont
fdl ronfim. Dèptiî* lori^empî? le èort-
seiller dé la Gt*aftd'Ëhaidbfe, dài ché-
rissait son nevëd côitifnè titi ftls, k \k
preèsdit fort stîr sa fellgioh: M cette
victoire le combla de ]olè. voyad^ 16
pen d'inclinatiott que son nevcftf âvàtt
podr la Ro1>e, k il VottTdt (è Jetef daM
rÈgHse, %Tt^ l^espérancd d'en fairé^ dh
Jodr nn très-gfand prédicatèn^. »' \\
comptait fui Obtenir avant peu dèf très-
beaux bénéfices. Mais efi renonçant à*à
barreau, ï^efrdf n'entendait pas Vëftôri-
tftt an moqde. Bfeh au èdtitraftà^ il Èk
livra àfèC un cèrtefn emportement^
pendàiit s ou 6 ans, <t aux divertisse-
mens d'une ^ersodhe de sott âgé. »
toutefois il ne dégagea f/as entiète-
ment les lettres. La préface ((n'II mit
éullvré de sonamile P. DdBosc^ fHon-
nêle fetame (faris, lesî, In-40), est,
an sentiment de Patrn, « un des cheffâ-
d'œùvre de notre langue. » Ce fût à
éétte époque, au milieu des dlstrac-
tfons du Aïonde, qu'il se lia d'amîtié
avec le célèbre avocat. A Quoiqu'ils tifé
fussent pas toutàfaitde même humeuf^
Ils avoicnt pourtant tous deux un mémo
amour pour les Lettres et pour la vertu,
lis ont toujours vécu en frères, sànS
que Jamais il y ait eu entré eux la inoini-
dre aigreur, ni le moindre refroidisse-
ment, a TalDt il est vrai que les hon-
tiétes gens peuvent vivre en parfai-
te amitié, tout en ditTérant de scnti-
t6cnt sur certains dogmes de la reli-
^on ; it ^éuf- suffit pour cela: de mettre
en pfati(]fne Tés dlvifis préceptes dé
l'Evangile. A Tâge de Sl5 oÏÏ 26 ans^
t^er^ot éprouva le besoin de reprendre
la religion qu'il avait quittée. « Il n'I-
gnorolt pas, dit Patru, que cette légè-
reté seroitgénéralement èondamnéede
tout le monde : mais U avoit la con-
science st tendre, qu'à cet égard, il
comptoit pour rien tous les jugemens
du monde. Néanmoins pour ne rien
faire qu'avec connoissance , il se mit
à étudier premièrement la philosophie,
et ensuite la théologie, et prit pour
maître H. Sluart,écossois et luthérien,
mais du reste très sçavant homme. 11
ffavàlitditâVtffetant d'afdkrqfi'ir ddil-
noit 12 à 15 heures pat^Jôàr SPétùdë,
sads rleh dire de son de^^éin à (iof t^
cèsoit,èt[fâssaLatAsl iirèsdetrèiâdnê.if
LôHqu'tt rtir tout à fatt ^i^dx tAsà sa
^é^dlutlon, \\ se rendit éh cknfi^âgtie.
et fit son abjuratidit dans le téU^lèdù
^iitefce d^eldie pfès de tftfy. ptfts u
partit pottr la âollândè, i^ftn de faf^séf
tombët les premières rdihédrs. fî ^
Jourha près d'oh âtn k Leyde, ôh i( a^
prit la langue bébrâdque et se iiatàvdé
rè fandeux SaUmàisé. Hè Hotlàiïdè, U
pÉsèà etr Angtetèrre, oii fl tit coùd«ftf^
iddce de milord j>èrrdt . son |;fafèh(.
qui, vidtix et s^h^ bérlller. S^tk n
feteiiir auprès délai. Jtais fl était (rd^
Jaloux de son indépcfn'dàhc^ pour A
cèi)ler ses ofTre'â j il réif(nt ft Paris re-
tr6uve^ ses ùombreù]^ amfs. d &éiblL
dit tallemant des Aêdlx, ut£ .^str^fl
d'honheufetde vertu, et teplu^fttiiibtii
qu'on sauroit trouver. » Il M Veuf r âc^
près de lui les deux Jeiiné^ F^iiÛm
d'Abîandifnrt, flts de sa sa^ ^nétr .èl
donna ses soins à leur éddôàtidtf. «(ra-
mais eiïfans, dit Pàtru, nfeàrent ùoe
éducation plus heuredse. i tepêhéàA
Perrotne iaissâitpas dé Vdi^letùotid^.
(( II vôyôit les dames et tout ce qu'il
^avoit^Parfs d'hommes iiiastrés pottf
les lettres. U ne se passoii ffuères dé
Journées qu'il n'allât cher Vè^sfèarft
Dupuy, à ce célèbre réduit où touà léB
curieux et touslessçàvanSâbofdofenS.**
U lia avec C6nrarf une étroite aWitif.
« Ce fut ce nouvel ami, ^îf il a ioùlè âà
vie chèrement aimé , qui l'dbUgea II&
/aire la traductîondèMinuéiùsl^elIx. »
Ce premier essai lui révéra sa >^éri(âbtA
vocation, celle dô traducteur, enmèîDè
temps qnf elle lufi thérita les ifon'njèùri
du fauteuil académique (23 sept. 1 è37)f.
Sa fortune était modique. Bientôt II 86
vit contraint d'aller se eonOnér dans la
province, a II rompit donc son ménage
et se retira avec sa sœur à sa terre à'A->
blancourt [près de Vitry], oïl Jusqu'à
Sa mort il est toujours demeuré. »DatMl
les premiers temps, il venait assèx
souvent passer l'hiver à Paris ; mais
lorsque ses habitudes furent prises^ il
PER
— 19d —
PEfl
ti^ tint p\\a (faê àe loin en loin four
faire littprfiner ses onvrages; il des-
cendait d'ordinaire che2 son atùi Con-
hul. Sa réputation comme écilvatn
grandissait chaque Jour. £n 1 662, Col-
bert le choisit pour écrire l'histoire de
Locrts XIY^ mais lorsque ce monarque
stit que Ferrot était protestant^ il se
récria en disant qu'il ne voulait point
d'an historien qui était d'une autre re-
ligion que la sienne. Cependanf, en
èonsidération de son mérite^ il vonhit
qu'on lut consenrÀt la pension de mille
écm qui lui avait été assignée (<)•
Pérrot ne Jouit pas longtemps de cette
faveur royale. « Toute sa vie il avoit
ététraraïlié de la gravelle. » L'air de
fit campagne et Texercice le soulagè-
rent d'abord; mais avec fâge, le mal
empira et il mourut dans de cnicUes
Muffirances^ le f t nov. 1664. 11 fut
assisté^ durant sa maladie, par le mi-
nistre de Yitry et par le pasteur Du
Boic, alors relégué à Châlons. Son ami
hil rend ce témoignage tt qu'il étoît
fort bien fnstruiC de sa religion, et plus
testruit , à]oute-t-il naïvement^ qu'il
t'thi été à désirer pour son saîut. SUr
1è déclin de ses Jours, Une lisoit pres-
que plus que TÉcriture sainte, les Èc-
hdlons et fes ffistoires du nouveau
monde*, mais surtout l'Ecriture sainte
qu'on peut appeller ses plus tendres et
ses dernières amours. Il en avoit tous
les bons comméntateurs,âoit généraux,
soit particuliers. Il n'y avoit difficulté
en toute la Bible qu'il n'eût pénétrée
et dont n ne sentit le fort et le foible.»
Perrotajoui d'une grande réputation
comme traducteur; mais aujourd'hui
9^bellesir^èlesne séduisent plus per-
sonne. L'élégance du langage n'a pu
même les sauver de Toubli. L'auteur,
il est vrai, prenait de telles libertés que,
de son propre aveu, ses traductions n'é-
taient plus des traductions; il pensait
qu'elles valaient mieux, u Comme dans
les beaux visages, il y a toujours quel-
que chose, disait-il dans la préface de
sou Lucien, qu'on voudroit qu'il n'y lust
(1) Ces déUUs font tires des lettrCK manuscri-
teide Chapelain.
λas ;-au?sfi, dans lêfs meilleurs auteurs^
( y a des endroits qit^fl faut tohchèr où
écialrcir, particulièrement qùahd lès
choses ne soUt faites que t>our pldiré :
car alors on ife peut soùifffr lé moindre
défaut, et pour peu qu'on inanqùë de
délicatesse, au lieu de divertir on eh-
nuye. Je ne m'attache donc pas toujotirs
aux paroles^ ni aux pensées de cet àd-
teur, et, derrreurant dans son but, j'a-
gence les choses à nostre air et à nos-
tre façon. — Je scay bien pourtant,
continue-f-ll, que cela ne plaira pas à
tout le monde, et principalement à ceux
qui sont IdofÀtres de toutes les paroles
et de toutes les pensées des Anciens,
et qui necroyent pas qu'un ouVrage soit
bon, dont l'auteur est encore en vie. »
On ne doit donc pas demander à Per-
rot plus qu'il n'a voulu nous donner.
Ses traductions ne s'adressaient qu'aux
gens du monde, qu'une légère teinture
satisfait. Sa manière de traduire, au
témoignage de Patrn, n'a pas plu à (ôut
le monde, «quoiqu'elle ait été admirée
de fous le^ illustres de notre siècle,
dit-il. Il est vrai qUe quelquefois n
prend quelque liberté, et c'est ce qui
lui donna le nom de Hardi d'Ablan-
àoutt dans la Requeste des Diction-
naires. Néanmoins 11 ne prend ces li-
bériez qu'aux endroits où il les faut
prendre Ses expressions vives et
hardies sont si éloignées de toute ser-
vitude, qu'en lisant ses traductions, on
pense lire des originaux Dans ied
commencements, il n'avoit point d'au-
tre conseil que M. Patru. Hais depuis
qu'il connut M. Conrart et M. Chape-
lain, il prenoit aussi leurs avis, mais
surtout de H. Conrart, avec fequel il
revoyoit tous ses ouvragés, et Sautant
plus voionf fers, que ne sçacbantni grec
ni laliu,il lui donnoit moins de peine.»
Quand ses amis lui laisaienf des ob-
jections, « il s'en défcndoit avec beau-
coup de chaleur, et comme en colère,»
parce qu'elles lui donnaient à travail-
ler et qu'il avait hâte de s'en retourner
dans sa maison. 11 était plus coulant
pour une seconde édition. « Son génie^
au témoignage de Patru, approchoit
PER
— 200 -
PËR
fort da génie de Montagne^ et s'il eût
Youla travailler de loi-mème^ 11 ne lui
manquoit rien de tout ce qu'il faut pour
cela.Ilavoitrimagination très féconde,
et l'esprit rempli de toutes les belles
connoissances.»RuIblères lui rend celle
Justice qu'il est un de nos écrivains
a qui ont le plus contribué à donner à
notre langue ce caractère de raison et
de pureté qui la distingue. » Outre les
langues anciennes^ il possédait l'espa-
gnol et l'italien.
Voici la liste des traductions qu'on
lui doit ; elles sont toutes accompagnées
de Préfaces et de Remarques.
I. VOctaviusde Minucius FeliXy Pa-
ris, 1637, in-S»; 1646; 1660; 166i,
in-i2; Amst., 1683, in-12; Leipz.,
avec le latin, 1689, in-l2; dédié à
Conrart sous le nom de Philandre.
II. Quatre Oraisons de Cicéron (1
pour Qulnlus ; — 2 pour la loi Manilla;
— 3 pour Ligarius; -— 4 pour Mar-
cellus) dans un Recueil publ. à Paris,
1 638, ln-4».
III. Les Annales de Tacite, Paris,
1640-44, et VHisioire, 1651, 3 vol.
in-80 ; les Œuvres, Paris, 1 658, in-4«;
1672, 3 vol. in-i2 ; dédié aucard. de
Richelieu. Celte trad. a eu plus de dix
éditions.
IV. Les guerres d'Alexandre par
Arrian, Paris, 1646; 1652; 1664,
in-8<». — Vaugelas appréciait, dit^on,
tellement cette traduction qu'il se la
proposa pour modèle dans sa version
de Quinte-Curce.
V. La Retraite des Dix mille, de
Xénophon, Paris, 1048, in-S»; 1665,
in-12.
VI. Les Commentaires de César,
Paris, 1650; 1652; 1 658, in-4o; 1665,
in-12; Amst., 1678, in-12; 1708, in-
12; Lyon, J700, in-12.
Vil. Les Œuvres de Lucien, Paris,
1654-5, 2 vol. in-4»; 1664, 3 VOl.
in-J2; Colog., 1670, 4 vol. in-12;
Amst., 1697, 2 vol. in-8o; dédié à
Conrart. «Il étoit juste, lui disait l'au-
teur, de consacrer la fin de mes tra-
ductions à celui qui en avoit eu les
prémices; et Minucius Félix ayant don-
né naissance à notre amitié, Lucien en
devoit faire comme l'accomplissement.
D'ailleurs il falloit mettre au frontis-
pice de cet ouvrage un nom qui banntt
toute la mauvaise opinion que l'on en
pourroit avoir; et que le libertinage
de cet auteur fût effacé par la vertu de
M. Conrart. Ajoutez à cela que le livre
ne pouvoit bonnètemcnt parollre en
public sous d'autres auspices que de
celui de qui les soins ont tant contri*
bué à sa production, et de qui les bouB
avis font maintenant qu'il se montre an
jour en un état plus parfait. » Dans
l'édit. de Paris, 1 707, 3 vol. pet. in-8%
on trouve deux morceaux de la com-
position ûiiFrémont d'Ablancourt. L'é-
dit. d'Amsl., 1709, 2 vol. pet. in-8^^
est recherchée pour ses gravures.
VIII. Histoire de la guerre du Pékh
ponnèse par Thucydide, continuée par
Xénctphon,Vàr[s, 1662, in-fol.; 1671;
1724, 3 vol. in-12; Amst., 1662; 1713.
3 vol. in-1 2. L'ouvrage que nous troih
vous indiqué dans le Catdl. de la BlbL
de Grenoble sous ce titre : L'hist, greo^
que de Xénophon ou la suite de TÀu-
cydide, Amst., 1713, in-1 2, n'est sans
doute qu'une partie du précédent. —
Au jugement de Cbénier, cette tradoo-
tion est inexacte, incomplète, et écrite
dans un style tout à fait contraire an
génie de l'original.
IX. Les apophtegmes des Anciens,
tirés de Plutarque, de Diogène Lcûfrce,
d'Elien, d'Athénée, de Stobée, deMor
crohe et de quelques autres : et les Stra-
tagèmes de Frontin, Paris, 1 664, in-4*
etln-l2;Amst., J695;l730,in-12. —
On trouve à la suite de la trad. de Fron-
tin, qui parait avoir été publiée sépa-
rément, même année, un Traité de la
bataille des Romains, de la composi-
tion de l'auteur.
X. La Description de V Afrique, af^ec
Vhist, de ce qui s'y est passé de remoT"
quable depuis Tan Gi:^ jusqu'en 1571,
trad, de l'espagnol de Marmol, Paris,
lC67,3vol.in-4o.— Gombervilleet/ti#-
tel avaient sollicité Perrot de faire cette
traduction. 11 mourut avant d'y avoir
mis la dernière main. Par son testa-
PËR
— 201 —
PER
ment» il chargea Rlchelet^ avocat au
parlement^ de la revoir et de la faire
imprimer^ « ce qu'il fit avec M. Gon-
rart et autres. M. Patru a revu exacte-
meot tout l'ouvrage^ et l'on peut dire
que jamais homme ne fut servi de ses
amis après sa mort avec plus de zèle
et plus de soin. »
On trouve^ en outre^ de Perrot un
Discours sur l'immortalité de l'âme,
et six lettres adressées à Patru , à la
fin des OEuvres de ce dernier; et Dia-
logue entre MM. Patru etd'Ablancourt
sttr les plaisirs, Amst.^ 1714,2 part, in-
1 2. C'est à tort que Colomiès lui attribue
latrad. des sermons italiens du P. Nami^
impr. sous le nom du P. Du Bosc. m II est
Trai^ lit-on dans l'Hist. de l'Académie,
qu'à l'âge de 20 ans^ se destinante
prêcher^ il traduisit quelques beaux
endroits de ces sermons^ mais ayant
embrassé le calvinisme^ il donna le peu
qu'il en avoit traduit au P. Du Bosc^
qni par là fut déterminé à faire le res-
te. » Enfin Watt indique une traduc-
tion en anglais de Mémoires sur sa
vie, Lond., 1783, iu-s»; mais nous
soupçonnons quelque méprise : ce bi-
bliographe est coutumier du fait.
PERRUQVET (Nobl), sieur de U
Mnlonnière, fut, en 1 563, à la demande
de GuiUaume Le Foumier, ancien de
réglise, installé dans les fonctions du
ministère sacré à Piriac, en Bretagne,
par Loyseau, accompagne des anciens
Saint-Germain, Pontuel, Bonabé et
û'Agault. Forcé de quitter la France
aux troisièmes troubles, il se retira en
Angleterre, d'où il ne revint qu'après
la conclusion de la paix. A la Saint-
Barthélémy, il se sauva de nouveau
en Angleterre, où il resta deux années.
C'est encore comme pasteur de l'église
de Piriac qu'il assista, en 1577, au
synode de Vitré, mais plus tard, il fut
diiargéde desservir l'église du Groisic,
où il fut remplacé, en 1583, par Mat-
thieu Bihan, pais celle de Vitré, d'où
la persécution le chassa en 1585. il
passa dans l'Ile de Guernesey et ne
revint dans son église qu'en 1590. il
moural le 9 avril 1591, et eut pour
T. Viii.
successeur /. Parent, sieur de Préau,
qui fut assassiné vers 1625.
PERSODE (N. de), major de la
ville de Verdun et commandant de la
ciladelle, destitué pour cause de reli-
gion en 1661. De Persode était un zélé
protestant ; il avait auprès de lui, com-
me chapelain, un ministre nommé La
Fargue, au grand dépit du clergé ca-
tholique, qui sollicita le gouverneur
de Pas'Feuquières, de mettre hors de
la citadelle non-seulement le ministre,
mais Persode, Dupuis et tous les au-
tres officiers hérétiques. Feuquières
s'y refusa. Les prêtres eurent alors
recours au roi, et obtinrent un arrêt
du Gonseil ordonnant aux Prétendus
Réformés de vider et la citadelle et la
ville. Get arrêt cependant ne fut pas
expédié, le maréchal de Grammont
ayant fortement représenté combien il
serait injuste de priver un excellent
officier, comme Persode, qui avait été
estropié sous les drapeaux de Sa Ma-
jesté, de la seule récompense qu'il eût
reçue de ses services. Une semblable
considération ne pouvait arrêter un
clergé fanatique. Ordre fut donné aux
curés d'exhorter du haut de la chaire
le peuple à prier Dieu pour la religion
en danger ; on prescrivit des neu vai-
nes dans toutes les églises, on chanta
leslitanies delà Vierge comme dans une
calamité publique. En même temps,
une nouvelle requête fut adressée au
roi, qui rendit, le 2 juin 1661, une
déclaration portant que tous les offi-
ciers huguenots sortiraient de la ville
et de la citadelle de Verdun, s'ils n'ai-
maient mieux se convertir. Aucun d'eux
n'accepta ce pis-aller. Pour célébrer
son triomphe, le clergé ordonna de
rendre à Dieu des actions de grâces so-
lennelles.
Nous ne savons quel lien de parenté
unissait notre vieux commandant à
Charles de Persode, sieur de Laislre,
avocat au parlement de Paris, conseil-
ler d'État et secrétaire des comman-
dements du roi, fils de Pierre de Per-
sode, sieur de Mézery, interprète du
roi en langue germanique, et de Su-
15
PER
— iC»2 —
PES
saune de Saint-AHlnn. Ce Charles de
Persode épousa, le 18 oct. 1668, Êli-
sabelh Rousseau, sœur du célèbre
peintre de ce nom^ et veuve d'AbrO'
ham Du Maistre , qu'il laissa veuve
pour la seconde fois en 1 678. Les Re-
gistres de Cbarenton qui nous font
connaître les dates de son mariage et
de sa mort, ne nous apprennent pas
s'il eut des enfants^ en sorte que nous
ne pouvons dire si Afidré, Louis e\
Jean-Louis de Persode y qui rempli-
rent des places de judicature en Prusse
(Voxf, VU, p. 44), et Jean de Persode,
qui fut successivement ministre à
Francfort et en Angleterre, descen-
daient de lui ou de quelque autre mem-
bre de la même famille.
PÉRUSSEL (François), religieux
cordelier, bachelier en théologie et
maître des novices, fut gagné à la
cause de la Réforme, dès 1 542, par les
sermons de Landri ; mais il dissimula
ses sentiments avec tant de soin que la
Sorbonne ne prit Talarme qu'en 1545,
Elle lui interdit la chaire, le 4 février.
Pérussel, que d'Argentré appelle /eon
Pemocelle (tout nous prouve que c'est
le même individu), promit de se sou-
mettre; mais lorsqu'il fut question
d'une rétractation publique, il refusa
avec emportement de subir cette humi-
liation. La Sorbonne l'exclut donc delà
Faculté, le 1 2 mai, tanquam membrum
mdum. Le cardinal Du Bellay et le
Dauphin intervinrent en sa faveur.
Lui-même en appela comme d'abus, et
un arrêt du Conseil du 19 janv. 1546
le renvoya devant le parlement. Pérus-
sel ne crut pas prudent d'attendre le
jugement; avant qu'il fût rendu, il
sortit du royaume et se retira à Bâle,
puis en Angleterre, où nous le trou vous,
en 1550, pasteur de l'église française
de Londres, sous le nom de Là Rivière.
Lorsque les sanglantes persécutions
exercées par la reine Marie forcèrent
les Réfugiés français à chercher ailleurs
on asile, Pérussel accompagna son
troupeau à Wesel d'abord, puisàFranc-
fort-sur-le Mein. Les relations qu'il a*
vait nonéesavecCasto/ûm pendant son
séjour à fiàle et qu'il continuait k en-
tretenir avec l'odieux « parti acadé-
mique, » les querelles qu'il eut avec
son collègue Olbrac au sujet de la
Discipline ecclésiastique qu'il ne vou-
lait pas aussi rigoureuse qu'à Genève ;
enfin des soupçons plus ou moins bien
fondés relai iveraent à l'hétérodoxie de
ses opinions sur la prédestination ab-
solue, ne devaient pas le mettre en
bonne renommée auprès de Calvin^ de
Bèze, ni de leurs disciples. Uest donc
probable qu'ils le virent avec déplai-
sir se présenter, sans doute comme
député de l'église de Francfort, au col-
loque do Poissy, où il joua pourtant
un rôle, car c'était un théologien in-
struit ; mais leur mécontentement fui
grand surtout lorsque Corufë le choisit
pour son chapelain. Us n'osèrent tou-
tefois le manifester trop hautement.
Pérussel d'ailleurs, flatté apparemmeal
du choix du prinoe, non-seulement 9i«
gna tout ce que l'on voulut. Confession
de foi et Discipline ; mais il poussa
l'hypocrisie jusqu'à condamner « les
blasphèmes » de son ami Castalioa.
Lorsque la guerre éclata, il sui vitCondé
à l'armée. Nous avons raconté ailleura
ses prouesses à la bataille de Dreux
(Voy. H, p. 452). On peut supposer
qu'après la conclusion de la paix, il
rentra dans la maison de Condé, et que
ce fut en qualité de chapelain du prinoe
qu'il prêcha à Nantes en i 565 (Voy. 11^
p. 454). Depuis cette époque, nous n'a-
vons plus rencontré son nom. La Croii
du Maine affirme qu'il est auteur de
plusieurs Œuvres latins et françois,
mais desquels, à ce qu'il i^oute, il n'a-
vait pas connaissance.
PESCHIER. Trois Français de ce
nom trouvèrent un asile à Genève eon-
tre les persécutions, et y obtinrent )m
droits de bourgeoisie : Antoine, de Niâ-
mes, en i 7 1 6 ; Pierre, pharmacien de
Bagnols, en 1 7 1 8, et François, de Va*
lence, en 1725. Faute de renseigne*
ments, nous ne pouvons dire duquel
des trois descendait le ministre /ocguei
Peschier, pasteur de l'église de Genëye
depuis 1759^ mort en 1795^ et auteur
PES
— 203 —
PET
d'une Diss. de trajeciione maris Ru-
bri, réimpr. dans le Hussum Uaga-
nnm (T. iv), non plus qu'on autre Jac-
ques Pescbier, qui ne noas est connu
que par une dissertation De irritabili'
taie animalium et vegetabilium, imp.
à Edimbourg, 1797, in-S». — De nos
Jours, deux membres de celte famille
86 sont fait un nom dans les lettres et
dans les sciences. L'un, nommé Adol-
p/b«, professeur delittératnre française^
a débuté dans la carrière littéraire par
WikEssai sur cette question : D'où vient
que les sciences et les arts sont cuUp'
vis à Genève avec plus de succès que
laUttérature?Gen, et Paris, 1827,in-
8*. De ses autres publications , nous
eoimaissons un Discours prononcé à
fow)eriureducoursdelittératurefran-
foîia,Francf.-sur-leMein^ l852,in-8o,
«ne Histoire de la littérature alleman-
lif, Paris et Gen., 1856, 2 vol. in-S»,
et un Cours de littérature française,
Sloattgart, 1859, in-s». L'autre por-
tail le nom de Cfuirles-Gaspard. Né à
Genève, le i o mars 1 782, il fit ses bu-
manités et sa philosophie au collège de
la ville natale ; puis il vintà Paris dans
If intention de suivre les cours de mé-
decine et de chirurgie. Il y soutint une
flièse remarquable sur le croup pour
le grade de docteur, et retourna dans
ea patrie , précédé d'une réputation
que ses succès au lit des malades éten-
daient de jour en jour, lorsque des
malheurs domestiques le forcèrent à
s'éloigner. Il s'établit àAubonne dans
le canton de Vaud; mais au bout de
trois ans, prenant congé de la nom-
breuse elientelle qu'il s'y était formée.
Il revint à Genève , où l'homœopathie
comptait déjà un certain nombre de
partisans. 11 voulut connaître les prin-
cipes de la nouvelle école, et l'étude
térieuse qu'il en fit lui inspira un tel
«itliousiasme, que dès lors il fut un
des plus zélés disciples de Hahnemann
et un des plus ardents défenseurs de
ea doctrine , même dans ses plus évi-
dentes exagérations.
A en juger par le ton dur^ acerbe^
de M polémique, qui descendait quel-
quefois jusqu'aux personnalités les plus
blessantes , on se ferait une idée peu
avantageuse du caractère de Peschier;
cependant les personnes qui l'ont con-
nu le mieux affirment qu'il cachait
sous des dehors peu attrayants un cœur
bon jusqu'à la faiblesse, une humeur
gaie^ une piété sincère. U était d'ail-
leurs un médecin habile et très-in-
struit.Travailleur infatigable, il se mit,
à l'âge de 60 ans, à l'étude de l'hébreu,
et il s'y rendit assez habile pour lire
facilement le texte sacré dans la langue
originale. Son but , en commençant
cette étude tardive, était surtout d'ac-
quérir une connaissance approfondie
de TA. T., et il le poursuivit sans re-
lâche jusqu'à la fin de ses jours, comme
le prouvent plusieursdissertations iné-
dites sur le temple de Salomon, le culte
des anciens Hébreux, le nombre VTI,
etc., qui se trouvent aujourd'hui entre
les mains d'un de ses amis.
Peschier mourut d'hYdroplsio, le 21
mai 1855, à l'âge de 71 ans. On a de
lui des Rechercltes sur le titane, Gen.
et Paris, 1825, in-8«>, eides Notices et
documents sur le choléra, 2» éd., Gen.^
1851, in-80. Il a trad. de l'allemand de
Weber une Exposition systématique
des effets pathologiques, et de l'anglais.
L'art de faire le pain. Il fut aussi un
des colraducteurs des Mélanges de chi-
rurgie étrangère, qui se publient à Ge-
nève, et, si nous ne nous trompons, le
directeur et principal rédacteur de la
Bibliothèque homcBOpathique de Ge-
nève, 1855-42, 18 vol. in-8».
PETIT, nom d'une famille noble^
originaire de Paris, dont la branche
aînée se trouva transplantée dans le
Languedoc à la suite des événements
politiques et religieux de xvp siècle.
Chassé de France par la Saint-Bar-
tbélemy, à laquelle il eut le bonheur
d'échapper, FrançoisVeiïi, docteur en
droit, se sauva en Allemagne, d'où il
se rendit plus tard en Suisse. Après sa
mort, son fils unique, nommé aussi
François, qui l'avait accompagné dans
sa fuite, alla habiter Genève, ou il se
fit admettre an ministère. C'est du
PET
— 204 —
PET
mariage de ce fils avec Noemi Olivier
que naquit à Nismes^ le Jour de Noël
1 594^ Samuel Petite le savant orienta-
liste.
François Petite qai exerçait les fonc-
tions pastorales à Saint-Ambroix^ ne
négligea rien pour l'éducation de son
flls^ elles progrès surprenants de Ten-
fant répondirent à ses soins. A Tàge
de 7 ans, le jeune Samuel aurait pu
être compté parmi les enfants célèbres.
Sa philosophie terminée^ comme son
père le destinailà la carrière ecclésias-
tique, il se rendit à Genève pour y étu-
dier la théologiesouslesavantDiodati.
Yersé déjà, comme pas un de ses con-
disciples, dans la connaissance de la
langue latine, il s'appliqua avec une
ardeur extrême à apprendre le grec et
les langues orientales, l'hébreu, le
chaldéen , le syriaque, le samaritain,
l'arabe, le copte même ; l'hébreu sur-
tout lui devint bientôt aussi familier
que le français. Son père, averti qu'il
passait ses nuits à l'étude, craignit
pour sa santé et le rappela auprès de
lui. Peu de temps après, en 1614, le
synode du Bas-Languedoc l'admit au
ministère, quoiqu'il n'eût que dix-sept
ans, et l'attacha à l'église de sa ville
natale. L'année suivante, Samuel Petit
fut nommé professeur de grec au Col-
lège des arts de Nismes. Cette chaire
ayant été supprimée, en 1623, par le
Synode national de Charenton , il fut
choisi pour remplacer Codurc, et eu
J627, on le donna pour successeur
dans le principalat à l'Ecossais Adam
Abrenétbée, qui était suspect au duc
de Rohan.
Petit s'était déjà acquis, dans la ré-
publique des lettres, la réputation d'mi
savant distingué et il jouissait, en
outre, parmi ses concitoyens d'une in-
fluence fort grande, que lui avaient
méritée ses vertus, sa piété et ses ta-
lents, lorsque Richelieu mit en avant
son fameux projet de réunion. Il était
trop en évidence pour que le cardinal ne
tentât pas de le gagner. D'un caractère
doux et tolérant, le pasteur de Nismes
se prêta de bonne grâce aux vues du
tout-puissant ministre de Louis XUl,
et il composa, à son instigation^ un
discours qui fut peu goûté des Catholi-
ques ; aussi Richelieu ne lui témoigna-
t-il aucune reconnaissance d'une dé-
marche qui pouvait compromettre gra-
vement sa position. Lorsque Petit fut
député à Paris, en 1633, pour déjouer
les intrigues des Jésuites qui voulaient
s'emparer du collège de Nismes, il ne
put rien obtenir et ne rapporta que
l'arrêt du Conseil qui attribuait aux
Catholiques les places de principal,
de professeur de physique et de ré-
gents de première, troisième et cin-
quième classe.
Petit était en correspondance suivie
avec la plupart des savants de son
siècle, qui, presque tous, rendaient
justice à sa vaste et profonde êradition .
On assure que le cardinal Bagni, dans
quelques entretiens qu'il eut avec lui,
fut si charmé de son savoir, qu'il lui
proposa de l'emmener à Rome, en lai
promettant, de la part du pape, qu'il
n'y serait nullement inquiété an sujet
de la religion. Petit ne voulut point se
rendre aux instances du cardinal. Il
refusa aussi , en 1 638, la place de
professeur en théologie dans l'onlTer-
sité de Franeker, qui lui était offerte
sur la recommandation de Saumaise,
et il remercia également de ses bonnes
intentions à son égard le Père Petit,
général des Trinitaires et son cousin,
qui cherchait à l'attirer à Paris, en
s'engageant à le faire rentrer par son
crédit dans la possession des biens de
son aïeul François, qui avaient été
conflsqués après sa sortie du royaume.
Petit avait trop peu d'ambition pour se
laisser séduire par les offres les plus
brillantes. Il était, en outre, désinté-
ressé au point de s'attirer les repro-
ches de sa femme, qui ne poussait pas
aussi loin que lui le mépris des riches-
ses. «H faisoit de l'étude, ditlfesnard,
ses plus précieuses délices . La tranquil-
lité dontil jouissoitdans le seindesafa-
mille , à laquelle il étoit extrêmement
attaché, augmentoit son bonheur. 11
aimoitlapaix et avoit le caractère doux
PET
— 205 —
PET
et paisible. Charitable envers les pau-
vreset envers lesmalades qu'il aimoità
visiter^ il consoloit les uns et les antres
par des entretiens pathétiques et les
engageoit à supporter chrétiennement
rétat de l'adversité. »
Quoiqu'il eût reçu de la nature un
tempérament robuste ^ sa trop con-
stante application à l'étude le jeta dans
un épuisement qui dégénéra prompte-
4àent en fièvre étique. 11 mourut, à
l'âge de 49 ans, le 12 déc. 1643, ne
laissant de tous les enfants issus de
son mariage avec Catherine Cheiron,
fille d'Isaac Cheiron, docteur en droit
et principal du collège de Nismes,
qu'une fille, nommée Antoinette, ma-
riée à Pierre Formyy docteur en mé-
decine de la Faculté de Montpellier.
Malgré sa grande réputation, Sa-
muel Petit n'a pas joué un rôle consi-
dérable dans les affaires des églises.
11 ne fut député qu'à un seul Synode
nallODal,àceluid'Alençon, en 1637(1).
Nous l'avons déjà dit, on a générale-
ment rendu justice au mérite de Samuel
Petit. Saunuasey que l'on a accusé à
tort d'une basse jalousie à son égard, le
qualifie de Vir eruditinsimus lingua-
rum Orientalium, in omni antiquitate
ecelesiasUcd versatissimus, ne de theo-
logid et philosophiâ dicam, i^oute-t-il,
cttjftts est periiissimus, Colomiès con-
firme cet éloge. Selon Gassendi, il u-
nissait à une rare vertu une rare éru-
dition. A ces témoignages, joignons
encore celui de Tannegui Le Fèvre,
qui rappelle Vir doclus, sed haud du-
bie minus felix in emendandis Vête-
rum scriptis.
(1) On • prétendDy en s'appoyant sur une lettre
de i'npofUt Sorbier e, «pie Samuel Petit n'annit
DM éle Soigné de se convertir an catholicisme.
Pour réfuter cette calomnie, il suffit de citer ce que
le sème Sorbtère écriTait de L'Escluse, le Si
déc. 164S : « Je tous envoyé dii de ses lettres...
Yens y remarqnerés aussi sa piété et l'attache-
nenl qv'il a à la religion réformée, jnsques à se
mettre eo colère contre moy de ce que je luy pro-
poioifl les raisons desquelles M. Biondel combat
l'histoire de la papesse Jebanne. Vous verres
coone lui plaisent les subtilités de Ssumnr et
tes Gritica sacra de M. Cappel que tous les mi-
Bisties de Paris approuvent. » Nous crovons celte
lettre inédite.
Voici la liste de ses ouvrages :
I. Miscellaneorum lib, IX, Paris.,
1630, in-40.
II. Ecîogœ chronologicœ, in quibus
de variisJudcBorum,Samttritanorumy
Grœcorum, Macedonum, Syro-Mace-
donum, Romanorum typis, cyclisque
veterum Christianorum fMschaUbus
(^ûputo(tir, Paris., 1 632» in-4o;réimp.
en partie dans leThesaurus deGraevius
(T. VIII), dans celui de Gronovius (T.
IX), et par Fabricius dans les Opéra
S. Hippolyti (Hamb., 1718, in-fol.).
La Biographie universelle mentionna
Discours chronologiques, contenant
l'intention, l'ordre et les maximes des
parfaites chronologies pour les discer^
ner des mauvaises, Paris, i 636, in-i».
C'est apparemment la traid. d'une por-
tion des Eclogœ.
III. Variarum lectionum lib. IV, in
quibus Ecclesiœ utriusque Fœderis tv
tus moresque antiqui^ sacri item ejuS"
dem atque ecclesiastici scriptores t(-
lustrantur, explicantur, emendantur,
Paris., 1633, in-40; réimp. dans le T.
IX des Critici sacri (Amst., 1698,
in-fol.).
IV. Leges Atticœ, Paris., 1635, ln«
fol; 1642, in-4».
V. Observationum lib. III, Paris.,
1642, in-4».
VI. Diatribe de jure principum
edictis Ecclesiœ quœsito, nec amUs
vindicato, Amst., 1649, in-S».
VII. Traité touchant la réunion des
Chrétiens, Avec quelques observations
qui ont été faites sur un livre latin
du sieur Gaussen, Paris, 1670, in-i2.
— L'original latin n'a jamais vu le jour.
La traduction a probablement été faite
par d'Huisseau.
Petit n'a pas eu le temps de mettre
la dernière main à des Animadversions
sur Josèphe, dont le msc. se trouve
aujourd'hui dans la Bibl. d'Oxford.
PETIT (Anne -Marguerite de),
plus connue sous le nom de M">« Du
Noyer, naquit à Nismes, le 12 juin
1 663, de Jacques de Petit et de Ca-
therine Cotton, de Montpellier, qui des-
cendait de la même famille que le fa-
■M
PET
— 206 —
PET
meux confesseur de Henri IV. Elle fat
présentée au baptême par le sieur de
Moniagnac, au lieu et place de Pierre
Petit, capitaine de cavalerie, son on-
cle (l), et par Marguerite Cotton, é-
pouse du sieur de Saporta, sa tante
du côté maternel. Sa mère étant morte
peu de temps après lui avoir donné le
jour^ M">* de Saporta, « femme qui
]oignoit à une grande beauté^ à un
esprit et un génie supérieur, un cœur
et des sentimens héroïques, en un
mot, une vertu et une piété exemplai-
res, » la prit chez elle, à Orange, et se
chargea de son éducation. Au bout de
six ans, elles allèrent toutes deux ha-
biter Nismes, oii elles se trouvaient
lorsque Tédit de Nantes fut révoqué.
La protection du maréchal de Lor-
ges épargna à W^ Petit les odieuses
violences des missionnaires bottés;
mais si elle ne subit point les brutales
insolences des dragons, elle eut à sou-
tenir les efforts des convertisseurs, qui
la trouvèrent inébranlable. De guerre
lasse, on lui accorda, sur sa demande,
un passe-port pour Paris, oii demeu-
rait son oncle Gaspard Cotton, qui y
avait fait son chemin par le crédit des
maisons de Cbàllllon et de Duras. Cet
oncle venait d'abjurer et Ton espérait
que son influence, fortiflée par la per-
spective de sa riche succession, déter-
minerait sa nièceà suivre son exemple.
M>^« Petit se mit donc en route avec sa
tante Saporla, le l«' déc. 1685, fer-
mement résolue à sortir du royaume
à la première occasion favorable. Ar-
rivée à Lyon, elle trouva, après beau-
coup de démarches inutiles, un caba-
retier de Seyssel qui se chargea de la
conduire, déguisée en marmiton, à Ge-
nève, où elle parvint saine et sauve,
mais peu contente de son guide, qui
(1) Ce Pierre Petit ne doit pas être confonda,
CTOyons-nouSy avec Pierre Petite maréchal des
logis général do la caTalerio légère, qui épousa
Susanm Le Monnierelen eut : 1^ TSAAC-FnAN-
çois, né le 35 sept. 1674, présenté au baptême
par Jiaac Lt Monnitr^ secrétaire des commande-
ments du duc d'Orléans, et par Judith de Gorrit,
So Plbrrb, baptisé le 21 juin 1676 [Rcg. de
Charenton).
Tavait maltraitée et volée sans pUiô.
Sa tante continua sa route vers Paris.
De Genève, où elle ne s'arrêta que peu
de temps, M"» Petit alla rejoindre à
Lausanne son oncle Noguier, qu'elle
suivit en Hollande, où Pierre Petit s'À-
talt établi avec sa famille, même avant
la révocation. Mais elle ne tarda pas à
sentir le lourd poids de la dépendance ;
son oncle, de son côté, se fatigua bien-
tôt de sa présence. Il l'engagea à en-
trer dans la Société, espèce d'hospice
fondé par la princesse d'Orange et di-
rigé par M^^* Du Moulin. La proposi-
tion était peu attrayante pour unejenne
fille de 23 ans ; aussi M"« Petit préféra-
t-elle revenir en France auprès de sa
tante Saporta et de son onde Cotton,
qui depuis longtemps pressaient son
retour avec les plus vives instances, en
lui promettant qu'elle ne serait point
inquiétée au sujet de la religion. Elle
partit de La Haye, au moisd'oct. 1686.
A son arrivée à Paris, le 22 déc., elle
trouva sa tante convertie ou soi-disant
telle. Cotton, malgré sa promesse, ne
négligea rien pour l'amener elle-même
au même point; mais elle résista à
tous ses arguments, en sorte qu'au
commencement de 1687, une lettre de
cachet l'envoya avec sa tante dans un
couvent (Arch, gén, E. 5373). Au bout
de dix jours cependant, Cotton obtint
leur liberté, en s'engageant à les faire
instruire, engagement auquel elles
'souscrivirent, mais avec la ferme ré-
solution de ne pas le tenir, s'il était
possible. A peine, en effet, furent-elles
hors du couvent, qu'elles cherchèrent
activement les moyens de fuir. Ce ne
fut toutefois qu'après plusieurs mois
d'attente qu'elles réussirent à s'évader,
mais elles furent poursuivies, rattra-
pées à Dieppe, ramenées à Paris et en-
fermées, le 8 fév. 1688, aux Filles de
l'Union chrétienne (Ibid, E. 3374).
Leur constance ne se démentit pas.
Ordre futdonc donné de les expulserda
royaume comme hérétiques opiniâtres.
Soit queM»«= Petit ne put supporter l'I-
dée de retourner vivre en Hollande,
soit que l'amour se mit de la partie.
PET
207
PET
elle finit par succomber, et accepta
poar époux Guillaume Du Noyer, capi-
taine au régiment de Toulouse. Le ma-
riage eut lieu le 18 mai 1G88, sans
qu'on exigeât d'elle ni confession ni
abjuration; on permit même à M»* de
Saporta^ quoiqu'elle fût restée ferme
dans sa foi, d'aller vivre auprès de
sa nièce, chez qui elle demeura jus-
qu'à sa mort, arrivée en 1693 (i) ; et,
comme témoignage de sa satisfaction,
Louis XIY accorda à la Jeune épouse
une pension de 600 liv., qui fut portée,
l'année suivante,à900 [Ibid. E. 3375).
n est inutile d'ajouter qu'elle rentra
dans les biens de sa famille, qui étaient
considérables, ce qui mit son mari en
état d'acheter plus tard la charge de
grand-maître des eaux et forêts du Lan-
guedoc.
Rien ne troubla d'un manière grave
l'harmonie entre les deux époux jus-
qu'en 1699, que des désagréments
éprouvés dans sa charge engagèrent Du
Noyer à la vendre pour venir vivre à
Paris. Au sein des plaisirs coûteux de
la capitale, l'ex-capitaine donna à sa
femme de fréquents sujets de plaintes ;
ramour de M«« Du Noyer pour son
mari se refroidit, et à mesure qu'il di-
minua, la voix de la conscience, qu'il
avait étouffée, recommença à se faire
entendre. La mort héroïque de Brous-
son éveilla le remords dans son cœur,
et il y prit tant d'empire, qu'elle ré-
solut de sortir de France et de rentrer
dans l^lise réformée. Sous prétexte
de faire un voyage àNismes, elle par-
tit de Paris, à la fin d'avril 1701, ac-
compagnée de ses deux filles, qui en-
traient, l'une dans sa l2o et l'autre
dans sa 9« année, et emportant ce qui
lui restait de plus précieux ; mais ar-
rivée à Lyon, elle changea d'itinéraire
et gagna Genève, d'où elle se hâta de
passer dans le Pays de Vaud, de peur
que le résident français ne lui Jou&t
quelque mauvais tour. De là elle se
(1) Elle fit la mort la plas chrétlenoe, dit sa
dIm«. Qvoiqa'elle n'eût fait aacan acte de calho-
Ueisma, elle fut eoterrée dans l'église de 3alot-
Etienne, à Toalouse.
rendit en Hollande, désirant, dit-elle,
réparer le scandale qu'avait donné son
premier départ. Elle y trouva dans
M»" de La Guerche et de Dangeau,
et dans M"« de Béringhen des protec-
trices zélées. M. Her:arl la présenta
au grand-pensionnaire qui lui promit
d'appuyer une requête qu'elle avait
adressée aux États-Généraux dans le
but d'en obtenir une pension. Les cir-
constances ne permirent pas, il est vrai,
de lui accorder sa demande ; mais elle
reçut à diverses reprises des gratifi-
cations assez importantes, qui la mi-
rent en état de vivre dans une sorte
d'aisance à la Société de Scheidam,
oit elle se retira par le conseil de ses
amis, et où elle fut admise sans diffi-
culté par la directrice, M^^* de La Bou'
telière, sur la recommandation de
M^i« de Dangeau, Elle y passa environ
six mois dans une retraite profonde, ne
s'occupant que de ses enfants. Ce fut
sur ces entrefaites que Guillaume d'O-
range monta sur le trône d'Angleterre.
L'espoir que lui donnait son cousin
germain L, Petit-des- Etangs d'obtenir
du nouveau roi une pension fixe, la
décida à passer à Londres, en 1 70Î;
mais à son arrivée, le roi Guillaume
était mort. Après avoir attendu long-
temps, voyant que ses affaires ne pre-
naient pas une tournure favorable, elle
revint à La Haye avec ses deux filles.
L'aînée, nommée Annc-Margueritb.
épousa, quelque temps après, Jacob
Constantiriy capitaine de cavalerie, et
non pas Cavalier, ainsi que nous l'a-
vons dit par erreur (Voy, 111, p. 292).
Comme elle n'avait quitté qu'avec ré-
pugnance sa patrie et la religion ca-
tholique dans laquelle elle était née, elle
finit par céder aux sollicitations de son
père, et abandonnant secrètement son
mari et sa mère, elle revint en France, à
la fin de fév. 1708. Cette fuite causa une
vive douleur à M»« Du Noyer, qui con-
centra dès lors toute son affection sur
sa fille cadette, Charlotte-Olthpc^
née le 1 2 mars 1692. Après avoir reçu
les hommages de Voltaire, pendant son
voyage en Hollande, en 1713, et ceux
PET
— 208 —
PET
de Cavalier, le célèbre chef des Ca-
misards^ cette demoiselle^ que par mi-
gnardise on appelait Pimpette^ épousa
plus tard M. de Winterfeld.
Après Tévasion de sa fille aînée,
l^nie Du Noyer quitta La Haye pour
s'établir dans le village de Voorburg.
Obligée de se créer des moyens d'exis-
tence^ elle eut recours à sa plume et
fonda ou^ selon d'autres^ continua une
espèce de gazette en vers sous le titre
de Quintessence. La vogue de cette p\i-
blication lui procura des moyens de
vivre honnêtement et lui valut même
des marques d'estime de la part de
très-grands personnages ; mais^ d'un
autre côté^ elle se fit des ennemis qui ^
par vengeance^ la tournèrent en ridi-
culedansle Mariage précipité^ comédie
satirique dont elle ne put empêcher la
représentation sur le théâtre d'Utrecht.
Outre sa Gazette, M°»« Du Noyer a pu-
blié un autre ouvrage plus important,
dont le succès s'est soutenu jusqu'à
nos jours. Nous voulons parler de ses
Lettres historiques et galantes, relation
des principaux événements arrivés de-
puis le commencement du siècle, sous
la forme d'une correspondance entre
deux dames de condition^ habitant l'une
Paris, l'autre la province. Ces lettres
sont bien écrites , sans affectation et
avec élégance. On y trouve, outre deux
historiettes d'une moralité irréprocha-
ble, un grand nombre d'anecdotes in-
téressantes et curieuses,dontquelques-
unes, cela se comprend, sont d'une au-
thenticité douteuse, n'étant racontées
que suroui-dire. Elles ont eu au moins
cinq ou six édit. depuis la première
qui parut à Cologne en 1704. Celle de
Londres, J 757, 8 tomes en 9 vol. in-i 2,
passe pour la meilleure. Les six pre-
miers volumes contiennent les Lettres,
le septième les Mémoires de M. Du
Noyer, où sa femme et ses filles sont
indignement vilipendées, et le Mariage
précipité; le huitième et le neuvième
les Mémoires, que M"» Du Noyer pu-
blia, dès 1710^ pour se justifier des
turpitudes qu'on lui imputait. Cette
femme célèbre mourut à Voorburg, le
28 mai 1719, opposant, jusqu'à la fin
de ses jours, à la fortune adverse et à
la calomnie une grande sérénité d'es-
prit et une remarquable force d'âme.
Hesuard a donc eu raison de dire, dans
son Histoire de Nismes, qu'elle a fait
honneur à sa patrie ; mais il s'est
trompé en vantant sa beauté. M»» Da
Noyer n'était pas belle ; elle était, par
contre, très-spirituelle et pleine de vi-
vacité et d'enjouement.
PETIT (Etienne deI, ministre à
Saint-Rome-de-Tarn, né à|Lectoure,en
16G1, du pasteur François de Petit,
qui desservit successivement plusieurs
églises du Haut-Languedoc , et de sa
femme Madelaine Chavanon, de Lédi-
gnan, qu'il avait épousée, en 1659,
sortit de France à la révocation, avec sa
mère, qui mourutà Stargard,en 1 729,
âgée de 91 ans, son frère Louis, sou-
che de la branche hollandaise de cette
famille, et trois sœurs, dont Tune,
nommée Espérance, devint la gouver-
nante des enfants du margrave Albert
et mourut à Berlin, le 29 août 1 747,
veuve d'un officier prussien, Walter
de Hillcnsberg, tué à Malplaquet.
Donné pour pasteur à la colonie
française de Prentzlow, en 1 686,Etien-
ne de Petit desservit cette église jus-
qu'en 1697, qu'il fut appelé à rem-
placer le ministre Jordan à Stargard
en Poméranie^ où il mourut en 1737,
après y avoir rempli pendant 40 ans
les fonctions du ministère, avec autant
d'assiduité que de zèle. De son mariage
avec Susanne Sadier, qu'il avait épou-
sée en ] 686, naquirent deux fils. Le
cadet, nommé Isààc, né en 1690, en-
tra au service de TAutriche, parvint
au grade de colonel et mourut,en 1 764,
commandant de Roveredo dans le Ty-
rol. L'alné, ANTOroB-Louis,né à Prentz-
low en 1688, s'éleva, au service da
roi de Prusse, au grade de lieutenant-
colonel et fut commandant de Spandau.
Il mourut en 1737, ayant eu de son
mariage ayecMarguerite-A mélie Cleyn
(Klein?) quatre enfants, savoir : !<>
Charles-Louis, enseigne dans l'armée
prussienne, mort en 1742, à Brannaa
PET
— 209 —
PET
en Bohême^ sans avoir été marié ; —
2* ISAÀC, mort en 1773, à Brieg en
Silésie^ maior dans le régiment de Za-
remba et père de deux flls, Chaelbs-
Louis et Frédéric, issus de son allian-
ce avec Julienne-Hélène^CaroUne von
Schreibersdorfy lesquels suivirent la
carrière des armes ; — 3» Màrib-Mà-
DBLAniiE^ née en 17 22, qui épousa, en
1749, son cousin Antoine-Frédéric-
Théophile, etmourutàBerg-op*Zoom,
en 1783; — 4» Espéràncb-Amélir,
née en 1 727,Iectrice de la reinedouai-
rlère de Prusse.
La branche cadette ou de Hollande,
fondée par Louis de Petit, nous est beau-
coup mieux connue quelabrancbe atnée
ou de Prusse, grâces aux renseigne-
ments que M. Guillaume de Petit a bien
voolu nous communiquer sur ses an-
cêtres.
Né en 1667 à Saint-Rome-de-Tarn,
Louis de Petit fut, après son arrivée
dans le Brandebourg, incorporé dans
les Grands-Mousquetaires. Lieutenant
dans un régiment de cavalerie, en 1 705,
capitaine en 1716, il mourut à Berlin
en 1 749, n'ayant eu qu'un fils de sa
femme Elisabeth Chavanon, qu'il avait
éponsée en 1708. Ge fils, nommé An-
toine-Frédéric-Théophilb, vint au
monde en 1710. A l'âge de 17 ans, il
entra dans le corps des cadets; mais
trois ans après, il prit du service dans
f armée hollandaise. 11 était arrivé,
en passant par tous les grades subal-
ternes, à celui de lieutenant-colonel,
lorsque le stathouder Guillaume V le
nomma, le !«' nov. 1769, grand-ma-
jor du château, et en i 776, grand-ma-
jor 'du château et de la ville de Na-
mnr, place qu'il remplit durant six ans.
Après la mort du comte de Maillebois,
Petit obtint le commandement de son
régiment, le 20 déc. 1 79 1 , elle 1 8 juill.
1 793, le prince d'Orange^qui avait pour
Ini beaucoup d'estime, l'éleva au grade
de général major de l'infanterie. Fidèle
à son souverain, le général Petit émi-
gra, en 1 797, dans le Hanovre avec ses
deux dis, et mourut à Lingen, le 29
nov. 1 801 . Il avait épousé à Berlin, en
1 749, Marie'Madelaine de Petit y qui
le rendit père de cinq enfants, dont trois
fils : I* Louis-Frédéric, né en 1752,
major dans le régiment de son père,
qu'il suivit dans son émigration ; mais
à la paix d'Amiens, il retourna en Hol-
lande avec son frère sans vouloir tou-
tefois accepter d'emploi dans le nouveau
gouvernement. U mourut, en 1839,
lieutenant-colonel d'infanterie, n'ayant
point été marié; — 2» Antoinb-Guil-
làumb, qui continua la descendance; —
30CHÀRLBS-HBNR1, né le 8 mai 1760,
mort, en 1 785, lieutenant d'infanterie.
Né en 1756, Antoine-Guillaume de
Petit entra dans le génie. Il avait obte-
nu déjà le brevet de capitaine, lorsqu'il
émigra avec son père. Après la restau-
ration de 1814, il reprit du service et
s'éleva au grade de major. 11 mourut le
1 4 mars 1 823, ayant eu sept fils de son
union avec Adèlaide - Catherine- Lucie
Hesselberg^qu'il avait épousée en 1 788:
1» Antoinb -Frédéric- Marie, né en
1789, tué à Eylau, en 1807, servant
dans Tarmée russe avec le grade de lieu-
tenant de chasseurs à cheval ; — 2«
Louis-Jàcqubs, né en 1790, qui fut
placé, en 1804, à l'Ecole des cadets de
Berlin. En 1 808, il entra au service de
Russie dans le régiment où son frère
aîné avait laissé les meilleurs souve-
nirs, et fit la campagne de Finlande sous
les ordres de Wittgenstein. Nommé lieu-
tenant, il fut chargé de travailler à la
carte topographique de la province de
Wilna. Dans la sanglante campagne de
1812, oii il donna en vingt rencontres
des preuves brillantes de sa valeur, et
reçut plusieurs blessures graves, il ob-
tint, comme récompense de ses servi-
ces, le brevet de capitaine d'état-major
et la décoration de l'ordre de Sainte-
Anne. En 1 81 3, il continua à se signa-
ler parmi les plus braves, à Tôplitz, à
Halle, à Dresde, à Culm, etc., jusqu'à
la bataille de Leipzig, où il fut de nou-
veau blessé à la jambe d'un coup de feu.
Cette campagne lui valut la décoration
de Saint-Vladimir. En 1815, quoique
soufflant encore de ses blessures, il en-
tra dans Paris avec le corps de Witt-
PET
— MO —
PET
genstein, auquel il était attaché ; mais
il ne voulut point retourner en Russie. Il
donna sa démission le 1 4 octobre^ et
rentra dans sa patrie, pour prendre do
service dans l'armée néerlandaise. De
J 820 à 1 826 Jl fut un des commissaires
pour la délimitation des frontières. De
i87;o à 1839^ il fut employé comme
lieutenant-colonel et chef d'état-msjor
d'une division d'infanterie dansl'armée
mobile. En 1849^ II fut nommé colonel
et directeur des reconnaissances mili-
taires. En 1 852^ le roi Téleva au grade
de général major d'une brigade d'in-
fanterie et l'appela au commandement
de la province de Gueldre; mais il ne
jouit pas longtemps de son nouveau
grade^ étant mort^ le 26 fév. 1 853. De-
puis 1831^ il était décoré de l'ordre de
Guillaume, et depuis 1847, de l'ordre
du Lion néerlandais. Il avait épousé,
en 1828, une demoiselle van de WaUe
qui lui donna trois flls.-— 3» Gharlbs-
Elis, né en 1 792, tué à la bataille de
Culm, en 1812, servant comme volon-
taire dans les lanciers polonais au ser-
vice de France; — 4» Frédéeic-Au-
GU8TB,mort enfant, en 1795;— 5<>Gfi-
RÀRD-GuiLLÀUiiE-Lucis, né en 1 799,
capitaine d'infanterie et chevalier de
l'ordre du Chêne, mort en 1851, lais-
sant deux fils de sa femme Jokanna-
Marie Hanssen, qu'il avait épousée en
1839; — 6» GuaLACHE, né en 1800,
élève de l'Ecole militaire de Delft, au-
jourd'hui lieutenant-colonel pensionné
de rétat-major général , chevalier de
Tordre de Guillaume et du Lion néer-
landais, à qui sa femme, Henriette-
Christophe-Johanna Uytermark, morXQ
en 1 844, a donné un fils et deux flUes ;
— 7»ALEXANDiffi-(}uiRiN, né en 1807,
lieutenant d'infanterie, h qui sa belle
conduite pendant le siège d'Anvers, en
1832, mérita la décoration de l'ordre
de Guillaume. Il mourut en 1848, sans
avoir été marié.
François de Petit, de c(Ai descendent
par une Oiiaiion non interrompue les
Petit de Prusse et de Hollande, était
très-vraisemblablement le fllsde Daniel
de Petit y sieur de Montbrison, qui
épousa, en 1631, Armoise de Lupé.
Tout nous porte à croire que cette fa-
mille était originaire du Languedoc, et
qu'il n'y avait point de lien de parenté,
an moins immédiat, entre elle et la fk-
mille parisienne du même nom ; mais
peut-être pourrait-on rattacher à cette
dernière Jonathas Petit-de-Bretigm/y
auteur de L'anti-hermaphrodite ou le
secret tant désiré de beaucoup, de l'ch
vis proposé au roy pour réparer les
désordres, impiétés, injustices, abus,
méchancetés et corruptions qui sont en
ce royaume, Paris, J. Berjon, 1606, In-
8*; ainsi que Thomas Petit, sieur de
Claux-Hardi, avocat au parlement de
Paris, qui fut député, en I599,à l'As-
semblée politique de Saumur par l'Ile-
de-France (Fonrfs de Brienne, N» 221).
Ce dernier eut de son mariage avec
MariePicherel,ùen% fils, nommés EsAii
et Jonathas. L'atné, né en 1 594, ftit
présenté au baptême par Paul Le Mais-
tre, médecin du roi, et par Marie de la
Rougerayî, veuve Perrin. Le cadet,
sieur de Claux-Hardi, né en 1599, et
enterré au cimetière des SS. PP., le S8
août 1 652, fut contrôleur général des
bois et forêts; il ne laissa, à ce qu'il
parait, de son mariage avec Jeanne
Muisson, qu'une fliie, Madelainb, qui
épousa, en 1647^ Gaspard MascUni.
Peut-être devrait-on, si la généalogie
de cette famille était Jamais dressée, y
donner aussi place à IHerre Petit, sieur
du Chesnoy, avocat au parlement (iL
flls de Pierre Petit, procureur, et de
SusanncDawrf, lequel épousa, en 1 637,
dans l'égiise deCharenton, Marie àwl-
lemard,f[\]o de Daniel Guillemard, pro-
cureur au parlement, et de Madelaine
Gobelin, et à la sœur de ce Pierre^ nom-
mée Claude, qui devint, en 1 632, la
femme de Jacques deSaumcdse.Ce sont
là, on le comprend, des hypothèses
peut-être sans fondement; car le nom
de Petit est commun en France; il se
{i) C'est lui sans doute qui abjura trois joors
ataul sa mort, comme le raconte le Mercure ga-
lant du mois de mai 1680. Nous ne prendront
pas sur nous d'affirmer qu'il soit identique ATee
l'atocat Petit, auteur d'une traduction de Lettrée
choisies de St. -Jérôme, Paris, Goutcrot, 1675, t*.
PET
— 2H —
PET
rencontre très*fréquemment dans les
Annales de nos églises. Ainsi à Paris
même tivaient, dans la première moi-
tié dn xvn« siècle : Samuel Petit, li-
braire-éditeur de quelques-uns des ou-
trages du savant Daillé, Il mourut an
mois de sept, i 650^ ayant eu de son
mariage avec Marie Augier, cinq flis :
Elie^ né le 14 juin 1620; N. baptisé
le 26 mars 1623; Philippe, né le 12
sept. 1 627 ; Jean, né le 20 Juin 1 631 ;
Sàxuel^ né le 23 juiU. 1633. Y vivait
aussi , dans le même temps , Adrien
Petit y architecte du duc d'Orléans, en-
terré au SS. PP.^ le 28 ]uill. 1658^ à
f&ge de 72 ans ; il avait eu de sa fem-
me^ Marie Du Ry, plusieurs enfants :
ÉLISABKTH^ bapt. le 1 0 oct. 1 632 ; Mà-
tXE, bapt. le 1 5 mai 1 635, qui eut pour
parrain son oncle Sébastien Petit ; An-
ne, bapt. le 13 Juin 1638; ADRIEN, en-
terré le 5 sept. 1 644 ; Jean, mort Jeune,
en 1 644, et finalement Isaac, maître
maçon, marié, en mars 1 662, avec /?a-
chel /lûvotr, fille de Pierre Ravoir y sieur
de Lafleur, lieutenant-général des mi-
neurs de Tartillerie , et d*Elisabeth
Beaufeys. — Enl 625, le maire de La Ro-
chelle se nommait Jacques Petite et ses
enfants professaient encore le protes-
tantisme en i 68 1 . C'est d'eux sans dou-
te quedescendent les Petit d'Angleterre,
dont trois, Jean-Louis, Louis-Hayes et
LomS'Pierre, ont rempli les fonctions de
directeurs de l'hôpital français à Lon-
dres, en 1773, en 1829 et en 1845, et
dont un quatrième, Pierre, s'est fait
connaître par une grammaire hébraï-
que, publiée sous le titre de The he-
brew guide, Lond., 1752, in-4«. —
Dans le Bas- Languedoc,' indépendam-
ment du professeur Samuel Petit et de
M«« Du Noyer, nous trouvons un Au-
bin Petit, sieur de Boisset, et un Jean
Petit, sieur du Gravier, qui assistèrent
tous deux à rassemblée politique de
Lunel (Arch. Tt. 232); un François
Petit, docteur en droit civil et avocat,
qui fut député, comme ancien de l'é-
glise de Nismes, au Synode national de
Castres, où il Joua un rôle assez im-
portant, et deux demoiselles Petit,
ïsabeau et Charlotte, qui sortirent de
France à la révocation (Ibid.Tr, 282).
*- Parmi les réfugiés d'Orange figure
le pasteur Charles Petit, qui avait été
admis au ministère, en 1678, parle
synode provincial tenu à Nismes, et qui,
de 1 704 à 1 7 1 6, date de sa mort, des-
servit l'église française de Berlin. C'est
aussi du Languedoc qu'était originaire
Pierre Petit, ministre à Choulex, en
1596, un des convertis de François de
Sales. Les écrivains catholiques^ qui
célèbrent cette conversion comme un
triomphe, se gardent bien de dire que
le misérable apostat avait été déposé
a pour ses malversations, scandales,
ivrogneries, violences à l'égard de sa
femme, cruautés contre ses propres en-
fants, » et que peu s'en était fallu qu'il
ne fût pendu à Genève « à cause de
ses larcins et faussetés.» On a publié,
selon l'usage, La volontaire conversion
de P. Petitycy-devant ministre de Ge-
nève, à nostre saincle foy et religion
catholique, Paris, 1599, in-S», où,
comme bien l'on pense, l'auteur a passé
prudemment sous silence ses antécé-
dents. Enfin, sans parler d'un prêtre
converti, nommé Petit, qui eut à Genè-
ve, en 1 665, avec un autre prêtre aussi
converti, appelé Clerville, de grands
différends relatés dans onze pièces mss.
qui se conservent à la Bibliothèque de
cette ville, ni d'autres Petit dont nous
ne connaissons guère que le nom, nous
mentionnerons encore Jacob Petit, de
Buxy en Bourgogne, qui se réfugia à
Genève, où son fils, Jean-Philippe, in-
dienneur, fut reçu bourgeois, en 1726,
avec ses enfants' Jean, Daniel-Louis,
Alexandre-Samuel et Jean-Marc. Ses
descendants n'ayant rien fait qui les
recommande à l'attention de la pos-
térité, nous ne reproduirons pas la gé-
néalogie publiée par Galiffe, qui la con-
duit Jusqu'à Jean-Antoine Petit, rédac-
teur du Fantasque.
PETITOT(Jban), excellent peintre
en émail, né à Genève, le 12 juill.
1607, et mort à Vevay, en 1691.
Son père, SaUl Petitot (l ), sculpteur
(1) M. J.-J . Rig&od (Mèmoirei de la Soe. d'hiit.
PET
— 212 —
PET
et architecte, le plaça en apprentissage
dans Tatelier de joaillerie de Pierre
Bordier. Bordier^qni peignaiten émail,
reconnut tant d'intelligence dans son
jeune apprenti qu'il lui conseilla de
s'adonner à la peinture. Petitot ayant
profité de ses conseils, il s'ensuivit, en-
tre le maître et rélëve,une étroite liaison
qui dura autant que leur vie, sans que
jamais la moindre jalousie ni le moindre
refroidissement \inssent en relAcber
les nœuds. Us s'associèrent pour leurs
travaux. Leurs premiers essais furent
bien accueillis. Dans le portrait, ils se
partageaient la tÀche : Petitot peignait
les tètes et les mains où l'on exige
plus de fini, et Bordier se réservait les
cheveux, les draperies et les fonds.
L'élève avait, pour ainsi dire, débuté
par surpasser le maître, et le maître le
reconnaissait sans amertume et sans
envie. Dans Tlntention de se perfec-
tionner dans leur art, les deux amis se
rendirent en Italie. Après un séjour
de quelques années dans ce pays, ils
passèrent en Angleterre. Ils trouvèrent
à Londres leur compatriote Théodore
Turquet-de-Mayeme. Mayeme était
encore meilleur chimiste que bon mé-
decin. 11 les aida de ses conseils, et
avec son secours ils firent, pour lapré-
paration de leurs émaux, de précieu-
ses découvertes ; leurs couleurs sur-
passaient en éclat tout ce que Venise
et Limoges avaient jamais produit de
plus beau. Charles I*', qui favorisait
les arts, sut apprécier le talent de Peti-
tot, il le créa chevalier et lui donna un
logement à White-Hall. Il aimait à le
voir travailler dans son atelier. Les
principaux personnages de la Courtin-
de Genète, T. Y) l'Appelle FavA» PeUtot. On le
trouTe Mssi déii^ ions le Dom de PauL Nom
salToni de préférence Grenat. Petitot fut reçu
bonrgeoii de Genève gratis, le 96 juin 1615, « en
égard an lerrice que l'on attendoit de lai en ton
art pour les bâtiments pablict. • /moc et Jotepk
PeHtotf toai deai tcnlptean (tert 16S1) étaient
MU doate deai antrei de set fils. Noas ignoront
d'oà cette famille tirait ton o igine. Vert le même
temps, noas trooTont an EUe Pititot, de Perii-
gny (Pressigny ?) arqnebotier, dont la fille Mar%9
époosa à Parla, en 1646, Mien LaUem«Ht, Mais
on n'en peat rien conclnre, lea noms de la boar*
geoisie étant le patrimoine de tons.
rent à honneur d'être peints par lui.
On cite comme son chef-d'œuvre le
portrait qu'il flt,en 1642, d'après Yan
Dyck, delà comtesse de Southampton,
Rachel de Ruvigny. Le célèbre Van
Dyck fut un de ses patrons auprès du
monarque. Après la mort de cet infor-
tuné prince(l 649), Petitot se retira en
France. Sa réputation l'y avait précé-
dé. Louis XIV aimait à entourer son
trône de tout ce qu'il y avait d'émi-
nent dans les arts et dans les lettres,
espérant bien que la flatterie y verrait
comme le rayonnement de sa propre
gloire. Il donna à Petitot le titre de
peintre du roi et le logea aux galeries
du Louvre. Pendant la période de 36
ans qu'il vécut en France, notre labo-
rieux artiste exécuta un nombre consi-
dérable de travaux. Le Musée du Lou-
vre possède de lui une collection de 56
portraits. 11 ne s'occupa pas seulement
de portraits; mais il fut chargé par le
roi de copier les tableaux de Mignard
et de Lebrun.
A la suite du mariage que Petitot
contracta, en 1651, avec Marguerite
Cuper, mariage par lequel il devint le
beau-frère de Bordier, les deux artis-
tes rompirent amiablement leur asso-
ciation. La fortune qu'ils eurent à se
partager, s'élevait à plus d'un million.
Cet état prospère de leurs affaires té-
moigne de leur vie laborieuse et réglée,
car leurs prix étaient extrêmement mo-
dérés. Ayant perdu sa première femme,
Petitot se remaria ayecMagdelaine Bor-
dier^ nièce de son ami, et fille de Jac-
ques Bordier, agent (depuis 1664) de
la république de Genève à Paris. Ces
deux femmes lui donnèrent 1 7 enfants.
En 1 684, son beau-père étantmort, Pe-
titot le remplaça dans son poste, sans
renoncer à son titre de peintre du roi.
Après la Révocation, il sollicita la per-
mission de se retirer à Genève, mais on
la lui refusa, S. M. trouvant bien étrange
«qu'il voulût être le seul de son royau-
me qui fût exempté, ce que les longues
années de son séjour en France ne pou-
voient permettre», et comme il insis-
tait, on l'arrêta et on l'emprisonna au
PET
— 213 —
PET
Fort-l'Evèque, où le grand Bossaet loi
fat envoyé pour le persuader. La ri-
gnenr des moyens ne pouvait qu'ajou-
ter à la force des arguments^ et cepen-
dant le prélat échoua. Pour vaincre
son opiniâtreté, on l'enferma dans un
couvent oh il fut tenu au secret {Arch,
£. 3372). Ces nouveaux moyens de
persuasion eurent tout reffèt qu'on en
attendait. Sous la date de Paris^ 31
mai l686,MB«Petitot écrivait à MM. du
Petit-Conseil de Genève^ que son mari
avait été contraint « de signer comme
les autres pour sortir de Tafl^eux lieu
ou il avoit été un mois sans voir per-
sonne de sa famille; » elle espérait
« qu'avec le temps le Roi, voyant l'o-
béissance qu'il avoit eue pour ses or-
dres^ feroit quelque considération de
la demande qu'ils avoient eu la bonté
de lui faire d'un pauvre homme qui
ne se consolera Jamais d'avoir été con-
traint par les accès de fièvre qu'il a
eus dans le couvent (appréhendant d'y
demeurer] d'y faire ce qu'il a fait, en dé-
clarant que ce n'étoit que par force. »
Tant d'émotions avaient conduit le
malheureux vieillard octogénaire aux
portes du tombeau. Désormais il n'y
avait plus lieu à rigueur, l'hérétique
était converti; le monarque usa donc
d'indulgence envers son vieux servi-
teur, il lui permit de sortir du cou-
vent. Dès qu'il eut recouvré sa liberté,
Petitot n'eut plus qu'une pensée, celle
de ftiir un pays ou les caprices d'un
despote faisaient l'unique loi de l'Etat.
Après bien des dangers, il réus^t à
gagner Genève avec une partie de sa
famille (1687). Avec quel bonheur ne
datait pas fouler le sol natal? L'air de
la liberté est salutaire à toutes les âmes
généreuses. Il lui sembla renaître à la
vie. Dans une lettre adressée au Petit-
Conseil, Petitot s'excuse de sa pré*
tendue abjuration sur le refus du roi
de lui permettre de sortir du royaume,
refus qui Tavait « porté, dit-il, à la
résolution de sortir d'entre les mains
des personnes chez lesquelles on l'a-
voit relégué, pour revenir en sa fa-
mille, et avec elle chercher le pardon
d'en haut et les consolations, et le
moyen d'y vivre éloigné de ce qui s'op-
pose à la pureté du Christianisme (i).»
On lit dans les Notes extr. des Regist.
du Consistoire par Cramer, sous la
date du 22 mars i 687 : « A été repré-
senté que M. Petitot de retour depuis
peu de jours en cette ville avec partie
de sa famille, et comme ils ont été
obligés par la force de la persécution
de signer une forme d'abjuration: s'il
ne suffisoit pas qu'ils en fissent la ré-
paration par-devant M. le pasteur du
quartier, sans les obliger de venir céans
comme citoyens? Advisé de se conten-
ter de la voie particulière à son égard,
parce qu'il conste qu'il n'a point été
à la messe. » On dit que les enfants de
Petitot restés à Paris allèrent se jeter
aux pieds du roi pour implorer le par-
don de leur père, et que le roi^ dans
sa magnanimité, le leur accorda en di-
sant qu'il pardonnait à un vieillard qui
avait voulu être enseveli auprès de ses
pères.
Petitot se sentait rajeuni. Il reprit
ses travaux avec l'ardeur d'un jeune
homme. Le portrait qu'il fit alors du
roi et de la reine de Pologne^ est, dit-
on, comparable à tout ce qu'il avait
fait de mieux. Il travaillait à un por-
trait de sa femme^ lorsqu'une attaque
d'apoplexie l'enleva, à Yevay où il s'é-
tait retiré, dans la 84* année de son
âge. Aucun de ses nombreux enfants
ne s'est fait connaître. François, l'un
d'eux, l'accompagna dans sa fuite à
Genève avec ses sœurs. Un autre de
ses fils, qui se livrait à la peinture sur
émail, alla s'établir à Londres; il ne
vivait plus en 1752, sa Dstmille s'était
fixée à Dublin (2).
Dezallier, dans ses Yies des plus
fameux peintres, appelle Petitot le Ra-
phaël de la peinture en émail. Petitot
porta en eflét son art à un haut degré
de perfection, et laissa bien loin der-
(1) Cet deux leUm lont reproduites in extento
par M. RIgMd.
(S) Jtan Pilitoty de Bloii , èUnt torti do royra-
me, MS bieos forent dooiMi, en i68S, à wn fllt
Jean {Areh, £. 5374). S*aglrait-tl de notre «:•
lifte, on d'oïl de les flii?
PEy
— 214 —
PEY
ricre lui tous ceux qui l'avaient pré-
cédé. « Si Petitot» dit M. Rigaud, ne
fut points à proprement parler. Tin-
ventcur de ce genre [de peinture en
émail, dû à Jean Toutin,] il perfec-
tionna tellement remploi des couleurs,
et porta l'exécution de ses ouvrages à
un tel degré de mérite, que la pre-
mière place lui est assignée par les
contemporains, et que la postérité la
lui a maintenue. — Ses émaux sup-
portent l'examen aux plus fortes lou-
pes, sans que rcffet général y perde
rien; aussi sont-ils regardés comme
des ouvrages inimitables.» Cependant
toute chose a son revers. Au jugement
de M. Dussieux (Recb. sur l'iiisl. de la
peint, sur émail, I84t), aPetitot avait
donné au portrait en émail une per-
fection extrême, mais en même temps
il avait porté à la peinture sur émail
un conp funeste. En effet, en se livrant
exclusivement au genre du portrait, il
entraînait avec lui tous les autres é-
mailleurs à ne plus faire que des por-
traits : c'est peut-être là une des cau-
ses réelles de la chute de la grande
peinture sur émail et de la manufac-
ture de Limoges. »
L'Angleterre et la France possèdent
les principales productions de Petitot.
On ne cite de lui au Musée de Genève
que la Tente de Darius, d'après Le-
brun, beau morceau qui n'est, pas en-
tièrement achevé. On voit dans ce
même Musée un portrait de Petitot que
l'on attribue au peintre Mignard.
P£YRARÈDË(Jbamde), assez bon
poëte latin, mort vers 1660, était un
pauvre gentilhomme gascon, natif de
Bergerac. On sait peu de chose de sa
vie; il n'est guère connu que par ses
poésies qui ont été admirées par Gro-
tius, Balzac, Costar, Huet. Outre des
hémistiches qu'il avait composés pour
compléter les vers Imparfaits de l'E-
néide, et qu'il avait dédiés à la reine
Christine, en y joignant quelques vers
de sa façon, il a laissé des Remarques
sur Térencê et des Commentaires sur
Plorus, qui sont cités avec éloge par
La Mothe-Le Vayer. Il avait un fils,
qui prit du service dans l'armée des
Provinces-Unies.
PEYROL (Damibl), ou P£ROt, se
présenta, en i 598, devant le Synode
national de Montpellier pour demander
à être admis au ministère, mais le
Synode ne jugeant pas qu'il fût déjà
capable d'être placé à la tête d'une
église, l'exhorta à lire l'Ecriture sainte
et les bons autours des derniers temps,
et le renvoya au synode provincial
pour y être examiné plus tard. La se-
conde épreuve lui fut plus favorable
que la première; dès 1605, il figure
sur la liste des pasleurs présentée au
Synode de Gap comme ministre de
l'église de Montpellier. En 1 61 1, il eut
à soutenir, avec son collègue Faucher,
contre deux jésuites une dispute dont
les actes ont été publiés sous ce ti*
tre : Conférence touchant la foi entre
les ministres D. Perd et /. Faucher et
les prêtres jésuites L. Patornay et P.
Granger répondans, Montp., 1611,
in-8». En 1626, le Synode national de
Castres le déposa, on ne nous dit pas
pour quelle faute. Peyrol abjura (Fends
St-Magloire, N« 45) ; mais il ne tarda
pas à se repentir de son apostasie.
Dès le 18 avril i 627, il fit dresser par
Philippe de Bornier, conseiller du roi
et lieutenant particulier à Montpellier,
un acte en forme de sa rétractation,
et il fut, bientôt après, rétabli dans son
office pastoral. En 1 650, il fut appelé
à Nismes en qualité de pasteur el de
professeur, doubles fonctions qu'U
remplit jusqu'en 1654.
PEYROL (Jacques), de la mtoie
famille que le précédent, naquit à
Montpellier et alla Caire ses éludes en
théologie à Genève, en 1665. 11 fut
d'abord placé à Sommières; mais en
1678, le viguier û'Âlbenas, les consuls
Martin et Meironnet, l'avocat Guiran
et le marchand Claparède, au nom de
l'église de Nismes, le demandèrent
pour pasteur au synode provincial, qui
consentit à sa translation (Àrch, gét^
Tt. 282). Conmie son collègue I(^»d,
Peyrol entra avec ardeur dans les pro-
jets de Brousson (Voy. ce nom). Rô*
PEY
— 215 —
PEY
oliercbé avec activité dans Nismcsy il dut
la vie à on prêtre catholique, nommé
Eozely qui le cacha chez lui et lai four-
nit un déguisement sous lequel il par-
vint à sortir de la ville. D'Aguesseau
le condamna par contumace à être
pendu (/6tJ. Tt. 244). Peyrol se retira
d'al>ord à Berne, où M»« Du Noyer le
vit au mois de mars i 686 ; mais, plus
tard, il se flxa à Genève. Un jour qu'il
devait prêcher à Saint-Pierre, il reçut,
en montant en chaire, la nouvelle de
la mort de Brousson, il l'annonça à
son auditoire, en célébrant la gloire
da martyr et en s'accusant lui-même
de ne pas avoir eu le courage de Timi-
ler. Son émotion et sa douleur furent
si violentes, qu'en rentrant chez lui,
il se mit au lit pour ne plus se relever.
En 1701, le frère de Peyrol était
secrétaire de renvoyébritanniquelfer-
vari. Nous pourrions supposer avec
quelque vraisemblance que c'était Pey-
nd, ministre à Salnt-Hippolyte, qui
aortit de France à la révocation, sans
emmenersa femme ni ses trois enfants,
si dans la liste de réfugiés ou nous
trouvons son nom (Ibid, Tt. 322),
BOUS ne rencontrions aussi ceux de
Théophile, Jean et JeanScipion Pet-
roi. Ce dernier, originaire de Mont-
pellier, était conseiller de cour du roi
de Prusse en 1707, c'est-à-dire à l'é-
poque où il reçut gratuitement à Neu-
cbtol les droits de bourgeoisie.
Une fiamille du même nom, mais
établie dans le Haut-Languedoc, nous
eti connue par le capitaine Peirol, de
Broniqnel, qui défendit la Cause les
armeeàla main dès la troisième guerre
eiYile. Le 25 mai 1574, il surprit Cor-
des^ mais les Catholiques rassurés
blentêt en voyant le petit nombre des
assaillants, à qui ils avaient affaire,
te rendirent maîtres du château. Pei-
roi fut tué en voulant le reprendre et
•as gens se retirèrent.
PEYROT (Pieire), ou Pxibot,
pasteur du désert dans le Vivarais,
était élève du séminaire de Lausanne.
Nous ne parlerions pas de lui plus spé-
cialement que d'un grand nombre de
ses collègues, sur qui nous no possé-
dons aucun renseignement, s'il n'a-
vait présidé des Synodes nationaux et
surtout s'il n'avait laissé en msc,
outre un Sermon de consécration, pro-
noncé en 1 752, des Lettres pastorales
aux Protestants de la ville dAnno-
fuiy, au sujet du baptême de leurs
enfants dai^ V église romaine, 1761.
« Ces lettres, dit Ch. Coquerel, en la
possession de qui elles avaient passé,
sont un ouvrage considérable, où la
question est traitée sous toutes ses
faces. Elles ont perdu toute applica-
tion aujourd'hui; mais elles sont en-
core instructives à lire à cause de la
logique de l'auteur, et surtout à cause
de la discussion des prétextes que les
gens portés aux accommodements of-
fraient à leurs pasteurs. »
PEYRUSSE (Antoine de), sieur de
BoissEsoN, « homme, au rapport de
Bèze qui l'appelle Boisseron, vraiment
craignant Dieu, ennemi d'avarice etde
tout pillage, » aida les habitants pro-
teetants de Castres à se saisir de la
ville, en 1562, et reçut le commande-
ment d'une des trois compagnies de
cavalerie levées dans le Castrais pour
secourir le prince deComié. Marchas*
tel, sous les ordres de qui il marchait,
le laissa à Montauban, en se retirant
à Yillemur (Voy. lll, p. 213). Aprèsla
retraite de Montluc, Boisseson se mit en
campagne et se rendit maître de Yille*
neuve enRouergue. Les capitaines La
Manne, Soupets, Savignac et Belfort
lui amenèrent des secours qui lui per«
mirent de repousser toutes les tentati-
ves des Catholiques pour l'en déloger.
En 1563, Il mit le siège devant Saix,
mais ne put s'en emparer. Aux troisiè-
mes troubles, Boisseson fut, selon Ga-
ehes, adjoint à Ferrières comme gou-
verneur de Castres, sur la demande
des Huguenots du Castrais. D'après
FaurUi, son élection eut lien le i 0 sept.
1568; mais l'année suivante, il donna
sa démission. Il est très- vraisemblable
qu'il mourut vers ce temps, et que
c'est Pierre (ie Peyru«9e,sieur de Bois-
seson (son fils sans doute), qui partit,
PEZ
— 216 —
PFE
en 1577^ comme volontaire dans le
corps de troupes que Paulin mena au
secours de Montpellier. En 1 583, ce
Pierre de Peyrusse servait dans le Bas-
Languedoc sous Châtillon, En 1 584^ il
se rendit maître d'Olargues, où il laissa
Maitaret et Alison avec leurs compa-
gnies ; puis il suivit^ au mois de no-
vembre, Mouimorency au siège de Gler-
mont. En 1585^ onle retrouve dans le
Rouergue,occupéau siège de Verrières,
que les Ligueurs le forcèrent de lever.
L'année suivante, Montgommery lui
donna la iieutenance de ses gendarmes.
Voulant venger l'échec qu'il avait é-
prouvé devant Verrières, il alla l'assié-
ger de nouveau; mais cette place devait
lui être funeste : il fut tué sous ses
remparts^ le 16 octobre. Quoique jeune
encore, il passait pour un des meilleurs
capitaines huguenots, et il était très-
zélé pour la religion. Comme il ne
laissa pas d'enfants et qu'il semble
n'avoir eu qu'une sœur, mariée àSotnt-
Amans, nous ne savons si Ton doit
rattacher à la même famille le capitaine
Peyrusse, qui se signala à Montauban
pendant le siège de i 62 1 , et plus tard,
sous les ordres deSaint-Michel-^-La
Roche^hakUs.
PEZÉ (PiBRRB),8ieur des Gallinières
ou des Gallesnières, admis au ministère
par le synode de la Touraine en 1679,
fut d'abord placé dans l'église d'Ailliè-
res comme successeur de Souvermn, à
qui son congé fut accordé (Arch. gén,
Tt. 350); mais, quelque temps après, il
reçut vocation de l'église du Mans, dont
il fut le dernier ministre. SelonM.Burn,
il aurait déjà desservi en 1680 l'église
de Hungersford; il y a évidemment
une faute typographique , il faut lire
1 686. Plus tard, en 1697, il était minis-
tre de l'église française du Quarré. Ses
sœur8,Lout6'e eiMadelcUney essayèrent
aussi de sortir du royaume; mais leur
tentative fut malheureuse. Elles furent
arrêtées en chemin et condanmées par
les Juges de Saint-Lô à faire amende
honorable en chemise, pieds nus, à
genoux, la torche au poing, conduites
INir le bourreau ; à demander pardon
à Dieu, au roi et à la justice, disant
que par opiniâtreté elles avaient voahi
professer une prétendue religion, dé-
fendue par les déclarations de S. M.,
après quoi elles devaient être rasées et
enfermées chacune dans une prison sé-
parée. Elles appelèrent de celte ainrmi-
se sentence et furent transférées dans
les prisonsdelaconciergeriede Rouen,
en 1686 (Ibid. M. 674). Après avoir
hésitélongtemps, le parlement confirma
enfin le jugement, en i 688. Pour échap-
per à l'ignominieux traitement que les
servilcs Instruments du despotisme
leur préparaient, les deux sœurs abju-
rèrent (/6ûi. M. 674), et leur exemple
fut suivi par leur sœur Jkfarta, qui,
enfermée, en 1686, aux Nouvelles-
Catholiques d'Alençon {Ibid, M. 673),
avait lutté des années contre les eiTorts
des convertisseurs. Leur père, René
Pezéy chirurgien, était mortà Paris, en
i 686, comme nous l'apprend une r^
quête d'un cocher de Madame qui de-
mandait au roi la confiscation de ses
biens (Ibid. Tt. 252).
PFEFFEL ( Jbàn-Gonrad ), juris-
consulte, né à Moundinger, dans le
pays de Bade, en 1684, etfnortàCol-
mar, le 14 mars 1738.
PfelTel est personnellement peu con-
nu, mais ses fils ont illustré son nom.
Du reste, il n'appartient à la France
que depuis 1722, époque où il fut al-
tachéau départ, des affaires étrangères
avec le titre de jurisconsulte du roi. En
cette qualité, il était appelé à donner
son avis sur toutes les affaires qui con-
cernaient les rapports de la France avec
l'empire d'Allemagne. Quelques-uns de
ses mémoires au ministre ont été pu-
bliés dans les recueils dlploniatique9
du temps. Pfeff^el résidait alternative-
ment à Versailles et à Colmar. Eni727,
il {niTiommé stattmeistre de cette der-
nière ville. La survivance de sa place
de jurisconsulte du roi lui avait étéio-
cordée pour son fils aîné; mais une
mort prématurée renversa ses projeta.
Il laissa deux fils, CHaisTiAN-FRÉDfiAic
et Théophile-Conrad.
1. Christian-Frédéric Pfcffel^ pnbli-
PFE
— 217 —
PFE
ciste, nacpiit à Golmar, le 3 oct. 1 726.
Le savant M.Gaérard lui acoosacré dans
la Biogr. nniv. une notice très-circon-
stanciée dans laquelle nous puiserons
nos principaux renseignements. Après
avoir fait de bonnes études en liistoire et
en droit public sous le célèbre Schôpflin
à Strasbourg, PfelTel s'attacha au comte
de Loss, alors ambassadeur de Saxe en
France. Il arriva à Paris en 1749. Il
comptait profiter de sa position pour
làire valoir auprès du gouvernement
de Louis XY ses titres à la survivance
de la place qu'avait remplie son père.
Mais le moment était mal choisi ; les
fonctions et les émoluments de cette
place se trouvaient pour lors partagés
entre plusieurs titulaires qui n'étaient
nullement disposés à s'en dessaisir.
Ayant donc échoué dans ses démarches,
a consentit à entrer au service de la
cour de Saxe en qualité de secrétaire
d'ambassade. Ce fut pendant qu'il rem-
plissait ces fonctions à Paris qu'il pu-
blia son premier ouvrage sur le droit
public de TAllemagne, dont plusieurs
éditions attestent le succès. En 1754,
il se rendit à Dresde. La protection du
comte de Briihl lui fit obtenir le grade
de conseiller d'ambassade, avec la per-
spective de la place de directeur des
allkiresétrangères que remplissait alors
M. de Saiil. Lors de la guerre de sept
ans (1756), il obtint l'autorisation d'al-
ler attendre en France des temps meil-
leurs. U n'était entré au service de la
Saie qu'avec l'agrément du roi de Fran-
ce, et à la condition d'y renoncer dès
que S. M. l'ordonnerait. En 1758, le
cardinal de Bemis le rappela et l'en-
voya à Ratisbonne en qualité de con-
seiller de légation, puis de chargé d'af-
iliires ad intérim auprès de la Diète.
Hais dès 1761, à la suited'une intrigue,
on le remercia de ses services, en lui
laissant toutefois la liberté de chercher
de l'emploi auprès de toute puissance
amie. Il accepta donc, en 1763, la
place de résident du duc de Deux-Ponts
à la cour de Bavière. PfeflTel jouissait en
Allemagne d'une considérationméritée.
Nommé membre de l'Académie de Mu-
T. VIU.
nich, puis directeur de la classe d'his-
toire, il fut le fondateur, en 1763, du
recueil connu sous le nom de Monu-
menta Boïca, que publia cette société
savante, et dans lequel il inséra un
grand nombre d'articles sur des ques-
tions intéressant l'histoire de Baviè-
re (1). Le temps de la réparation était
venu. En 1768, Pfeffel fut «rappelé à
Versailles, pour y exercer auprès du
ministère des aflfaires étrangères les
fonctions de Jurisconsulte du roi, dont
le duc de Prasiin lui avait accordé l'ex-
pectative en 1763. D Sans parler de
dilTérentes missions dont il fut chargé
pour le règlement de nos frontières du
nord et de l'est, « il y a peu eu, dit
M. Guérard, depuis 1 768ju8qu'en i 792,
d'actes diplomatiques importants à la
rédaction desquels il n'ait concouru,
ou sur lesquels il n'ait été consulté par
les ministres successifs, et souvent sur
l'ordre exprès du roi. » On raconte que
Louis XVI, lorsque son ministre, M. de
Vergennes, lui faisait le rapport de
quelque affaire importante, manquait
rarement de lui demander : Qu'en pense
PfefTel? £n récompense de ses loyaux
services, notre publiciste obtint « une
place de stattmeistre à Golmar et l'ad-
jonction de son fils, dont les brillantes
dispositions promettoient, au témoi-
gnage de H. Guérard, une troisième
génération de jurisconsultes digne des
deux premières.» Sincèrement dévoué
aux idées monarchiques, Pfeffel voulut
se retirer des affaires lorsqu'il vit la
royauté à la merci de la Révolution ;
mais à deux reprises sa démission ne
fut pas acceptée. Il était à Deux-Ponts,
chargé de régler les indemnités à ac-
corder aux princes allemands dépossé-
dés eu Alsace, lorsqu'il reçut la nou-
velle de sa réforme, en avril 1 792. De-
venu libre, il s'attacha au service du
duc Charles de Deux-Ponts avec le titre
de conseiller intime d'État, démarche,
selon M. Guérard, d'autant plus natu-
relle qu'en 1787, le duc lui avait ac-
(1) Onérard attribue, en oatre, à notre publi-
ciste : Origififs Boica iomtUf Norimb., 1769,
a tom. iii-4<>.
14
PFB
— tia —
PFB
cord6 un flef avec des lettres de nata«-
ralité. Mais il nous semble qae dans
les circonstances politiques où Ton se
trouvait^ une telle conduite était plus
qu'imprudente. Aussi Pfeffelfut-il porté
sur la liste des émigrés et ses biens,
situés en Alsace, confisqués et vendus.
Ala mort du duc, en 1 795, il se retira
à Nuremberg.il vivait depuis quelques
années dans cette retraite lorsque, en
1800, il céda aux sollicitations de ses
amis et rentra en France, a Son patri-
moine ne lui fut pas rendu; mais M. de
Talleyrand, alors ministre des relations
extérieures, répandit sur les derniers
Jours de ce vieux serviteur de la mo-
narchie toutes les consolations en son
pouvoir. » Il fut compris dans la pre-
mière promotion de la légion-d'hon-
neur, et nommé membre delà commis-
sion mixte de l'octroi du Rhin, place
qu'il occupa Jusqu'à sa mort, arrivée
le 1 9 mars 1 807 . Pfeffel laissa plusieurs
enfants. Son fils GuBÉTiBif-HUBERT qui
lui avait été adjoint en 1 786, alla le
rejoindre en Allemagne, en J792, et
resta depuis au service do la Bavière.
11 suivit la carrière diplomatique. On
a de lui : Commentairiide limite Galliœ,
Argent., 1785, in-4«, et Umeê Fran-
ciœ. Pars prior^ Limes Franciœ ab
Oceano ad Rhenum, Argent., 1785,
in-40. Sans doute qu'une seconde par-
tie, que les bibliographes ne nous font
pas connaître, traitait des limites do là
France au nord et au midi.
Outre un grand nombre d'articles
sur des questions d'économie politique,
de diplomatique, d'histoire, publiés
dans les Monumenta Boica (1764-08,
10 vol. in-40), dans les recueils de
Schlœtzer, de Wostenrieder, etc., on
doit à Christian-Frédéric PfeflTel les pu-
blications suivantes :
I. Abrégé chronologique de V histoire
et du droit public d'Allemagne y par
M. P. S. D. etc. (Pfeffel, secret, d'am-
bass. de S. M. le roi de Pologne, élec-
teur de Saxe), Paris, 1 754, in-s»; 2^6-
dit. revuepar l'auteur, Manheim,! 758,
in-40, et plus, fois depuis. Les meil-
leures édit« sont celles de Paris, 1 77a>
Svohin-4%eti777,ivol.pet.8«|trad.
en aliem.parJ.-Ph.8chulin,Baniberi,
1761 3 in-40.— a L'Abrégé chronologi-
que, qui acquit dès sa naissance hm
grande réputation, obtint surtout^ dit
M. Guérard, les éloges des Protestants»
Robertson le cite souvent comme auto-
rité dans l'histoire de Charles-Qufnt,
et il a fréquemment servi de guide aiii
auteurs de l'Art de vérifier les dates.»
Au jugement du même critique, « Vêr*-
ticle publié dans la correspondance de
Grimm, à l'occasion de la 3« édit., est
un tissu de faussetés et de calomniai,
dont la meilleure réfutation est l'estbne
générale dont Pfeffel n'acessé de Jonir««
II. Mémoires sur le gouvememmU
de la Pologne f Paris, 1759, in-8«î •*
Ibid., 1770, in-is sous ce titre : EkA
de la Pologne, avec un abrégé de $on
droit pubUOf et Us nouvelles cotistilt»-
îions.
m. Rede vom Nutzen der hdsMTé
KenntnissdermittlernZeiien,Miiû6ké^
1763, in-40.
IV . Rede von dem ehemaligen rêchi*
lichen Gebrauch des Sohioabenspiegeli
in Baiern, Milnch., 1764, in-404
Y. Rede von dem àltesten Lehnwê*
sen in Baiern, Miinch., 1766, ln-4».
YI. Rede von dem Ursprungwidiêr
àchten Bcschaffenheit der bairi$chen
Dienstleute in den mittlern Jahthm^
derien, Munch., 1767, in-4».
Yll. Khronologische Einleitung iH
dieKirchengeschichte, 1 <*• part. ,lliiiielL
1767, in-80. — Le bibliogr. allem.
n'indique pas de suite à cet ouvrage^
YIll. Recherches historiques concet'
nant les droits du pape sur la viUe et
VEtat d'Avignon^ at>cc pièces justifé,
Paris, 1768, in-8«». — Ouvr. composé
à la demande du ministère français.
L'abbé de Gaveirac ayant cherché,
nom de la cour pontificale, à réfuter
mémoire, Pfefl^i lui répondit par
Défense des recherches histor», etc.^
qui fut publiée à la suite d'une réiii-
pression de la réfutation de l'abbé, Pa«
ris, 1 769, in-8».
IX. Mémoire histor. concernant kê
PFE
M9-
PME
éniiè dm roi iUt ks bour§é dé Fù-
4iay ei de Revin, 1769^ in-^fdl.
X» Sendsclvreiben eines tidgiHÔë-
êàxhen katholischenRcUhêgliedêi)on,é»
SA ein évangeliêcheê Rathgglied von* « .
die franxôsiëche Bundeëemêtierung
beireffend.y sans nom de liea^ 1176^
iB^«^ et en français^ même année.
XI. Uistor, reriàmpubHté Helvetiw
mtqué Belgii fMemii^ pr(Ê9unUbus
Jhif^endorfio atque Schcepflino, mM.
iii-409 cité dans la Bibl. Franidana,
T* II,NM0948.
Oq trouve^ en outre^ au rapport de
M. Guérard^ au dépôt des affaires étran-
tjtnà à Parl8> <s une quantité de Mé-
noires et autres manuscrit! de Pfeflbl>
qui attestent Tactivité et les talents de
06 publioiste. »
II. Tbéophile-Gonrad Pfefltol^ poëte
et littérateur allemand^ naquit à Col»
niar^ le ^8 Juin 1 736. Après avoir fait
ses premières éludes au gymnase de sa
tille natale^ il ftit envoyé^ dès Tàge de
!• ans, à l'université de Halle pour y
étudier le droit. Mais la faiblesse de sa
Vue le força bientét d'interrompre ses
oeors. Il se rendit à Dresde auprès de
son frère, et après le départ de ce der-*
uidr, qui dut suivre Télecteur daas ses
Blats de Pologne, il retourna dans sa
pttrie^ Ni les soins^ ni les ménage-
MentB ne purent le garantir de perdre
la vue. A si ans, il était aveugle. Mais
en perdant la vue, il bo perdit pas la
sér&ité de sa belle éme* Dans une
lettre à sou frère, le poëte Georges Ja«
cobi raconte ainsi sa première entre-*
vue avec son ami . « J'avais le cœur
bton gros, dit-il, en faisant mapremière
visite à cet excellent bommc. Mais la
sérénité qui paraissait sur son front au-
deseos de ses yeux éteiuts> le ton en-^
Joué avec lequel il m'accueillit, Tair de
eonlentemeut, ou plutôt de galté, qui
était répandu sur tous ses traits, me
nesurèreut bientôt. Il arriva ce dont
en m'avait prévenu, c'est qu'après un
BWDent d'entretien j'avais oublié qu'il
était aveugle, et lui-même ne paraissait
pas e^en souvenir. » Son imagination
vive et féconde lui ieaait lieu de ce
9i*f 1 àvail perdu ; ei même il lui arriva
ûê dfi^ à son àmi que s'il en avait le
(ttidljt^ il préférerait de beaucoup être
guéri déS douleurs névralgiques qu'il
fessentait de tetups eu temps dans la
tété que de recouvrer la vue. Son a-
ttour des lettres lui était uué douce
Mftpaguie dans son infortuné, elle le
dédommageait de bien des privations.
Les Joies de le famille ne lui manqué-
nmt pas non plus. En 1 7!(9, la femme
qu'il avait célébrée dans ses poésies
smié le nom de Doris, unit son sort an
«Itti et elle l'entoura toute sa vie des
lOlUs les plus afllsctneux. On peut dire
qu'il ne connut pas son malheur. Ge fut
peu de temps après son mariage que pa-
rarent ses premiers écrits. H écrivit d'a-
bord pour le théâtre, mais il y renonça
bientôt > peut-être à la suite du juge-
ment sévère que Lessing porta sur ses
eesalSé il est plus estimé pour ses poé-
sies, ses contes et ses nouvelles. En
1T78, il obtint du gouvernement Tan-
lérisation de fonder à Golmar une in-
stitution pour la Jeunesse protestante,
BOUS le nom d'Ecole militaire, dont il
partagea la direction avec son ami Ler-
sé^ Cet établissement prospéra; plu-
sieurs hommes distingués en sont sor-
tis. Mais la Révolution lui porta un coup
ftmeste; il fut fermé en 1792. Cepen-
dant Pfeflél était loin d'être hostile à la
Révolution ; il avait salué l'aurore de
la liberté dans une Epitre au comte
Maurice de Briihl ; mais il n'identi-
fiait pas la liberté avec l'anarchie.
Dès 1 7B8, sur la proposition du phi-
losophe Jacobi, il avait été nommé
membre honoraire de l'Académie de
Berlin. Après la fermeture de son pen-
sionnat, il se livra exclusivement à ses
travaux littéraires. « C'est en chan-
tant, écrit Jacobi, qu'il accomplit son
pénible pèlerinage. Le chagrin n'avait
pvlnt sillonné son ft*ont, ni voûté son
cerps, ses joues seules portaient Tem-
preinte de ses souffrances. La puis-
sance invisible qui sème des soleils
dans l'espace, avait mis dans son ber-
ceau cette sérénité d'âme, cette bonne
humeur Inaltérable qui ne le quittèrettt
PFE
— MO —
PFE
pas un moment. C'est elle aussi qui lui
avait donné un frère dévoué, une tendre
compagne, d'aimables enfants et des a-
mis dignes de ce nom. N'oublions pas
non plus la Muse qui l'avait comblé de
ses dons, source féconde des plus dou-
ces consolations. A la gravité d'un es-
prit sérieux habitué à traiter les ques-
tions de Tordre le plus élevé, il joi-
gnait cette ironie socratique qui cepen-
dant n'ôtait rien à la bienveillance na-
turelle de son caractère. On peut dire
de lui que si son esprit le faisait re-
marquer, les qualités de son cœur le
faisaient aimer. C'est dans ce cœur
qu'il puisait cette constance au milieu
des revers, cet amour passionné de la
vérité, de la liberté, et le courage avec
lequel il défendait ces deux grands
principes de la société. » Il mourut à
Colmar, le l«'mai 1809. Depuis quel-
ques années, il remplissait les modes-
tes fonctions de secrétaire-interprète
de la préfecture du départ, du Haut-
Rhin. En 1803, il avait été appelé à la
présidence du consistoire évangéiique.
Le conseil municipal de sa ville natale
vient de lui voter une statue.
Voici la liste de ses ouvrages (i).
I. Der Schatz, Ein Schaferspiel ,
Francf., 176l,in-8o.
IL Gedichte, Francf., 1761, in-8o.
III. Versuch in einigen Gedichten,
Francf., 1762, in-8».
IV. Der Einsiedler. Ein Trauer-
spiel, Karlsr., 1763, in-8o.
V. Phileinon und Baucis, Ein
SchaxAspiel, Slrasb., 1763, in-8».
VI. FabUs nouvelles, trad. libre en
prose de l'allem. deLichiwer,Strasb.,
1763, pet. in-80.
VU. Theatralische Belustigungen,
Francf., 1765, 66, 67, 70,74, 5 vol.
in-80. — Plusieurs des pièces que con-
tient ce recueil ont été impr. séparé-
ment. La plupart sont trad. ou plu-
tôt imitées du français. On y trouve,
nous apprend M. Duvau, la Veuve, de
(1) Selon M. DaTaa, dans la Biogr. univ., le
premier recueil de poésies de Pfeffel aarait para
en 175â ; mais les bibliogr. allemands ne Tindi-
q «enl pas.
Collé; la jeune Indienne, de Cham-
fort ; Zelmire, de Belloy ; Eugénie, de
Beaumarchais; les Moissonneurs, de
Favart (publ . à part en 1 7 7 i ) ; le Phi-
losophe sans le savoir (publ. à part
en 1776) et le Roi et le fermier, de
Sedaine.
VIII. Dramatùiche Kinder spiele ,
Strasb., 1769, in-8o.
IX. Historisches Magazin fur den
Ver stand und dos Uerz, nouv. édit.,
1771 ; Strasb., 1774; en franc, et en
allem., Slrasb., 1788; 1792, 2 vol.
in-8»; 8« édit., Ibid., 1823, 3 part.,
in-8».
X. DerTriumphderehelichen Liebe,
coméd. trad. du franc.. Francf., 1774,
in-80.
XI. Der Triumph d^s guten Her-
zens, coméd. trad. du franc., Francf.,
1774, in-80.
XII. Arête, Ein Trauerspiel, Francf.,
1774, in-80.
XIII. lieder fur die Colmarische
Kriegschule, Colog,, 1778, 16 pp.,
in-8*.
XIV. Principes du droit naturel, â
l'usage de l'École militaire de Colmar ,
Colm., 1781, in-80.
XV. Fabeln, der Helvetischen Ge*
seUschaft gewidmety Basel, 1783, S;
XVI. Description de la Crimée par
Thounmann, prof, à Halle, trad. de
l'allem. (par Pfeffel et de Rayneval),
Strasb., 1786, in-8°.
XVIi. Poetische Versuche, Basel,
1789-90, 3 part..in-8o; Francf. et
Leipz., 1 796; 5« édit., consid. augm:,
Tubing., J816, 10 vol. pet. in-8o. —
On trouve dans ce recueil desépigram-
mes, des fables, des contes, des odes,
des épttres. M. Duvau accorde la pré-
férence à ces dernières. Les quatre
épttres suivantes : l'Amitié, à Zoé;
Epttre à Schlosser; à Phœbé, ou VE^
cueil du sentiment ; un Bouquet à
Zoé, suffisent, selon lui, pour lui as-
surer une place honorable dans la
classe si nombreuse des poètes alle-
mands du 2« et du 3« ordre.
XVIII. Prosaische Versuche, Tub.,
1810, 10 vol. in-80.
PFE
— 221 —
PFE
XÎX. Contes, Nouvelles , et autres
pièces posthumes, trad. de Vallem.
par Méhée de Latouche, Paris, 1815,
2 vol. in-12.
\X.GeistesBluth€nPoesien,SirJish,y
1817, m-12.
XXI. Collection de Contes et Nou-
velles, trad. de Vallem., Paris, 1825,
7 vol. in-12. Les trois premiers vo-
lâmes de cette collection, trad. par
A. G. A. Pf., fils de l'auteur, furent
mis en vente chez le libr. Brière, en
1822.
XXII. Lettres à Bettina sur la reli-
gion, trad. de Vallem, par le prof.
Wilm, Slrasb., 1825, in-12.
XXIII. Dix-huit Nouvelles, trad.de
Vallem., Paris, 1826, 4 vol. in-12.
XX lY. Anleitung zum ersten Un-
terricht in der christlichen Religion,
Mûlhausen, 1829, pet. in-S» depp.60.
XXV. Fables et poésies choisies de
ff effet, trad. de Vallem. par Paul Lehr,
Strasb. et Par., 1840,gr.in-8o, Ogg.;
2«édit., Paris, 1850, in-12.
Enfin Pfeffel a eu part (avec Gérard
Ray ne val et Bourgoing) à la trad. de
la Géographie universelle deBiisching,
Strasb., 1768-79, 14 vol. in-80. Les
journaux et les recueils du temps con-
tiennent aussi un grand nombre de
morceaux de sa composition, soit en
prose, soit en vers.
PFEFFII^GER (Daniel), fils de Da-
niel Pfeffinger, tanneur à Strasbourg,
était,lorsqu'il mourut d'apoplexie dans
cette ville, le 2i nov. 1 724, docteur en
théologie, professeur de théologie et des
languesorienlales, et chanoine de Saint-
Tbomas. Il a publié un assez grand nom-
bre de Dissertations et de Programmes,
dont les bibliographes allemands se
contentent de donner les titres, sans y
ajouter d'autres indications. £n voici
la liste d'après Jôcher : Disp. de malo.
De Cretensium vitiis, ad Tit. I, 12,
De viroperfecto,ad Ephes. IV, 1 3-1 4,
De restitutione diabolorum, ad Act.
m, 2i, De cultu angelorum, ad Col.
//, 18, De pomit^ntiâ Dei, adGen. VJ,
6, 7, De visitatione apostolicâ Pauli
opudEphesios institutd, De arctissimo
credendorum et agendorum nexu, ad
Mich. XIII, M, De ecclesOs Christia-
norum. De Michaële angelorum auxi-
liatore, Diss. II de nuptiis mixtis, où
il condamne énergiquement les maria-
ges mixtes, même entre Luthériens et
" Calvinistes; imp. Argent., 1 708, in-4«,
Diss. II de Christo pro nobis exciso,
ad Dan. IX, 26, Diss. II de propheta-
ftww falsorum furtis, ad Jer. XXIII,
30, In Episiol. Pauli ad Ephesios. A
cette liste nous ajouterons, d'après
Lelong, Diss. II inHaggceiprophetiam
et Diss. de Xethinceis, ad Jos. IX, 27
etEsd. VIII, 20, imp., Arg., 1703, 40.
Daniel Pfeffinger avait un frère, dont
la vie est un peu mieux connue. 11 se
nommait Jean- Frédéric et naquit à
Strasbourg, le 5 mai 1 667. Il alla ter-
miner à l'université de Leipzig les é-
tudes qu'il avait commencées au gym-
nase et à l'académie de sa ville natale,
et après avoir pris ses degrés, il se ren-
dit à Wiltemberg, attiré par la réputa-
tion de Schurzfleisch. Peu de temps
après son arrivée dans cette ville, il
consentit à se charger de l'éducation
du fils du conseiller privé Fabricius.
En 1693, il fut appelé, comme profes-
seur de mathématiques, à l'académie
noble de Liinebourg. En 1708, il fut
nommé inspecteur. En 1724, on lui
offrit la place de bibliothécaire à Ha-
novre; mais il la refusa. En 1729,
11 se vil forcé, par une affection grave,
la gravelle, de se démettre de tous
ses emplois. Le roi d'Angleterre lui
accorda une pension, comme récom-
pense de ses services, et lui conféra
le titre de conseiller. Pfeffinger mourut
le 27 août 1730. On a de lui, sans
parler d'un grand nombre d'écrits qui
n'ont point vu le jour :
I. Elementa geometriœ, Lipsiœ,
1688, in-12.
II. Problèmes mathématiques ,
Leipz., 1688, in-80.
III. Geographia curiosa, Lipsiae,
1690, in-80.
IV. Manière de fortifier à la Vau-
banne, Amst., 1690, in-S»* publ. en
allem. la même année.
PHI
-2»-
PHI
V. Pf<mv0ll^ forti^ation ou reoueil
dc diffénntfiSfmtMeres de foffifiefêi^
Europe^ Amsif^ 1 eas^ in-8<> ; l^aQi^ye^
Vif VUriarius iUustr^ttuê^ hoo ^«Ij
Ph. Reinh, Vitriurii IniMutiofifi$ jmr
ris publici ronurQ^^''^*» ^\o,j MlllP
correctior^ Fribnrgij 1691, in-^^j
nouVf édit. coït., C^tha^ 1698x89, i
vol. ijirii nouv. édit. mm*» (^otJiA,
1 7 1 2-5 1 , i vol. in'A^.T'Jean'FrédériQ
Pfeffingery (ioenoiô en droit, flis (|i|
professeur 46 théologie Daniel Pfe^iv-
g^v, e( par conséquent ^eve^ de V^nv
tear, qui Tinstitua son héritier, ^ i^
digé, pour sa thèse, m 4hrégé 4^ oet
ouvrage, qui a été impri|né h Str^Ss
bourg en 1728, in-4<,
VII. MerkwUrdigkeiten des XVI f^-
Jahrhunderts, Hamb., noq, in-4«,
VIII. Principes de la géotiiiétrie pvth
tiqu0i\j\xwe\)., 1708, }n-8«,
IX. Historié des BraunschweigT
LUneburg, Hi^uses, Hamb.i n^l-^lj
3 vol. in-80.— Ouvrage posthume, pu?
blié par Jean-Frédéric pfefflnger, qui,
après la mort de son oncle, s'était r^r
tiré à HainbouFg, où il mourut phlhi-
sique à la fle^r de Tàge, le 2 juill,
1 754, en sorte que cet ouvrée n'a paa
été achevé.
X. fiistoricfi'gen€alogis0herBefic^(i
vom Herm von Thune ^ ii|8. dans le^
Ungedruokt. Urkunde zur Çrlauter.
der niedersiiçhs. Geschichte qnd ^Ir
terthùm. (n&l).
Il est vraisemblable que Jean Pfeffiih
ger, docteur en médecine, professeur k
i'acad. de Strasbourg depuis i?6û, e(
chanoine de Saint-Thomas, mort le 16
janv. 1782, et auteur d'une diss. De
vimusculariy Arg. 1754, in-4», npr
partenait à la même famille.
PmLBERT ou PHi(.»BaT', famille
célèbre dans les fastes du commerce
lyonBftis» dont une branche au moins
professa la religion réformée.
Clette broche était représentée à
Lyon, dans la seconde moitié du i^yif^
siècle (1) par4^«aMZA(/râPhi|hert,dQut
(1) A la SaiDUBarU^m, dm^hnm^^ ^ih
la fille CATiqntnfB épousa le ministre
Graverol, en 1676; par Pierre Phih
bert, épouK de Jeanne Péroehonei pèfa
de Jeanne, mariée, en 167S, à FroiH
(xn'n jlandin, dQ Great^ et par Çl(mfe
Philberty riche banquier et aQPien île
Téglise, qui se convertit à la révoeit-
tioQ. ^on abjuration n'ayaii ea pour
but que de sapver sa forlpne; il n'en
rendait pas moins à la cause protes*
tante tpus les servipes possihlesi : ç'tnH
lui qui i^vfiit c^ché le ministre M^zm
à son passage à Lyon, et il n'avait pua
craiQt d'assister aui réunions religiflo-
ses qpe le jeune pasteur avait présl^
dées. Il avait d'ailleurs fait passer dav
tes pays étrangers jes enfants qq'U ^-
vait eus de son mariage avee Su^anm
Spofi. Nous ne connaissons les nQpjis
que de ses trois fils. L'alné, G(i)i<HI^
avait été présenté au baptême, eni 674»
par Gédéon Philbert, d'Embrnn, et mir
MqrieSpon (MSS. de Genève, N» 68^).
Son pér6 l'enypya à Amsterdam , tm
i687. Sept ans après, traversant I*
France dans Tintention de se rendre à
Livourne, oii sa sœur, mariée à Maihé,
de Marseille, s'était réfugiée, il ta\
arrêté au moment de s'embarquer à
Marseille (Aroh. gén, E. 3580), et eih
fermé à la Btistille, « comme une ea^f
pèce d'otage à l'égard de toute sa fên
mille, pour la contenir tout entièra
dans le devoir. » Il finit par sortir fit
la redoutable prison d'fitat et se FeMn
à (Genève, où il obtint les drpils ^
bourgeoisie, en 1 705. Son frère putné>
GuiLLAum, avait eu pour parrain^ en
1675, Guillaume Pérachon et pQm
marraine Anne Fernwnty veuve d'4r
lexandre Philberl; sa destinée nopi
est inconnue. Le troisième Pivanib
présenté au baptême* en 1676, pa^
Antoine P/i»76eri, avocat au parlefaen^
de Dijon (i), et par Jeanne Philbert^
femme da François Jandin, fut envoyé,
comme son frère iàtné, en Hollande, oti
bert^ (Il lyqi^, praUciûB, ^l^\i trouté ni\ |ii|^ ^
(1) Fils apparemment de Philbert^ grocal m
partemânt dé Dijon, mort à Paris, en 16^1, fi
^\mft Ift ^? •«t-, W PiWIti^r» <K)I fis. "^-"
PHI
— M3 —
PHI
il parait qu'il se fixa, ainsi qoe deux
d6 ses oncles^ qui établirent à Amster-
'éêm d'importantes maisons de com-
fluerce.
Foncai^lt parle^ dans ses Mémoires^
d%n gentilliomme du Poitou portant
oa nom à peu près semblable^ le sieur
de Saini'Philbert, lequel se eonvertit^
ea 1 686, avec une dame de JLa Locarie.
PHILIPOT (Jacques), descendant
da Léonard Philipoi ou Philippot,
af ocat à Bordeaux, qui représenta les
églises de la Basse-Guienne à l'As-
semblée politique de Sainte-Foy, en
1901 , fit ses éludes en théologie à l-a-;
Mdémie de Montauban, où il soutint,
soos la présidence de Garissolles, une
thèse De libris apocryplUs in specie, et
mt autre De novis argutiis çirca ver-
mines y inierpretationes et consequerh
tm Scripiurarum. Depuis plusieurs
aînées, il desservait régi! se de Glairac,
savilie natale, lorsqu'il futappeléàpré;*
lidsr le synode provincial qui s'y tint le
Seept. 1 6ie, en présence de Pierre de
Sticriste, sieur de Malevirade,commi8r
saire du roi. Soixante-quatorze égli-
ses y envoyèrent des députés. Seize en
envoyèrent trois ou quatre, savoir :
Bordeaux, Goi/on, min. , Benech et Lan-
drêâu, anc; Miramont, Afathurir^
jtone, min., Bessé et Marbotin, anc;
La Galivie, Roy ère y min., Grenier et
MowrgueSyàïic; Limeuil, Biva^sonei
Jarlan, min.; iume^, anc; Galonges,
Jaye, min., de Jouy et BrusiiSy anc;
Saint-Justin, Muratel, min.. Campa-
gne et Saint'Orens, anc; Clairac,
Phdlipot et Brocas, min., Salomon et
Ihmiehely anc; Montilanquin, Ver-
gmd, min., lyma et de La-Tour-de-
Percy, anc; Tournon, Valade, min.,
ÛBGmlkem et Saint-Preuil, anc; Ton-
Bêins-Dessous, Ricotier et Reinawiy
min., Massac et Benezet, anc; Ton-
nains-Dessus, Latané^ min., Massac
al Duprat, anc; Monsempron, Eymer,
min., deMonbeau et Rabon, anc; La
Fitte, Tifftmd, min . , Lartigue et Poma-
rède, anc; Gaslelmoron, Fenè$,min.,
de BUlon et Maury, anc; La Parade,
!ter, min*, Dubosc et Debou^t,
ane.; La Garde, La Motte, min.^ La-
ville et Pénètres, anc Trente et un
autres députèrent un ministre et un an-
cien, savoir : Sainte-Foy, Darroyaei
Qùulard; Duras, Betoule et Monde-
nis; Montcaret, Marcou et Audigny;
Gastillon, Labat et le médecin Lafar-
gue; Gensac, Mizaubin et Nogaret ;
Pnjols-de-Rauzan, Denis et A nthoine;
La Sauvetat, Tostée et Bertrand; Le
Salesot (?), Boucherie et Gaumat ; Gi-
rende, Béraud et Ducla; Savignac, Pe-
tit et Blanchardon; Bergerac, Des-
oayrac ei Dechamps; Lanquais, Mets-
sonnié et Sirven; Salagnac, de Penna
et Marchand ; Nérac, Viguier et Du-
tour; Gasteljaioux, Mallide et de ^oc-
calan'f Puch, La fitte et J/ûiift>r; La-
vardac, Sénilhei La RochsTGajan;
Gaumont, Ducasse et de La Vessière;
Bpiens, Brinhol et Nolibé; Fieux, C^or*
dier et Dupuy ; Calignac, Dupa^r^e et
^fun0(; Mdlevirade, iéztfnont et Du-
bourg; Agen, ^oriM et Laporte, tous
deux ministres ; Gontaud, Canolle et
l^atM/ouin; Lacépède, Farges et l?ra-
manc; Puymirol, Testas et Bragerac ;
Gavaudun, G^t^^et Daniau; Pujols,
A'Aubuz et Sallettes; Gastelnau-de-
Grattecambe, Brejou et Bellot ; La Ra-
mière, Chardevenne et de LaRamière ;
Lustrac, Geneste et Saint-Aignan-de-
Larl. Les égUsesdeCoutras,Pellegrue^
Rasac, Fleix, Villeneuve-de-Puycha-
gut, Tbéobon, Monbeton, La Mongie,
Monbazillac , Gastelnau-de-Mirande ,
Doissat, Berbières, Scieurac, Argen-
tal. Mon heur, Meillan, Eause, Feugue-
roUes, Montréal, Yic-Fezensac, Mon-
taut, Born et Roquefère ne furent re-
présentées que par leurs ministres
Royère, Célerier^ Duval, Cartier, Ti-
nel, Rivasson jeune, Bourrée, Gom-
marc, Pichot, Superiori, Dorde, de
Guilhem, de Grand- Bos, Costebadie,
Dupuy, La Coste, Meulh, Dubois, Bra-
gerac, Boulhard, Védrines, Landreau
et Gros. Celles de Mucidan, Badefol,
Sigoulès etDade députèrent les anciens
Latané, avocat, Martin, Raymond et
Uon, Y assistèrent aussi, pour Tan-
ciemia Chambre de l'édit : le ministre
PHI
— 584 —
PHI
Mathurin, et les anclensGrerumillaud,
avocat au parlement^ Sylvestre et La-
forgue y procureurs ; pour la maison de
La Force^ le ministre La Bonneille, et
pour celle de Gabillou^ le ministre At-
cotier. Philipot eut pour adjoint La-
fitte^ et pour secrétaires Tiffaut et De-
mlcbel dans ce synode^ dont ies actes
n'offrent rien de particulièrement re-
marquable (Arch, gén, Tt. 313). A la
révocation^ il se retira en Hollande^
avec sa femme et trois enfants au-des-
sous de six ans (Ibid, Tt. 287); mais
on ne voulut pas lui permettre d'em-
mener les deux aînés qui avaient dé-
passé cet âge [ibid, Tt. 270). On ignore
la date de sa mort. Il a publié :
I. Èclaircissemens sur l'Apaca-
lypse, où l'on fait voir l'an où a corn-
mencé l'empirepapal, et celuy où ildoit
finir y le tems du rétablissement de la
réformation en France, et une expli-
cation sommaire du règne de miUe ans,
Amst.^ i687^in-12.
II. Défense des èclaircissemens sur
l'Apocalypse, au sujet de Veffusiondes
phioles, contre l'Apologie pour l'ac-
complissement des prophéties, Amst.^
Dan. Du Fresne, 1687^ in-i2.
III. Les justes bornes de la tolé-
rance avec la défense des mystères du
christianisme, Amst., 1691^ in-i2.
EUsée Philippot, fabricant de savon
établi à Norwich^ en Angleterre^ dès
1672^ qui a rempli avec honneur la
charge de haut shérif de Norfolk, ap-
partenait très-vraisemblablement à la
même famille que notre pasteur.
PHILIPPi (Jean), né à Montpellier
en 1518^ succéda à son père Eustache
Philippi dans la charge de conseiller à
la cour des aides en 1548, et devint
président de la même cour en 1572.
Protestant zélé, mais sans fanatisme,
et magistrat renommé autant par son
intégrité que par ses connaissances, il
fut, en diverses occasions, chargé par
ses coreligionnaires des missions les
plushonorables. Le connétable deMont-
morcncy lui donna aussi une preuve de
son estime en le nommant intendant de
justice dans le Languedoc. Jean Philip-
pi, qui vivait encore en 1 608, ne laissa
qu'un fils, Louis, qui lui succéda dans
sa charge de président, et qui mounit
sans enfants en 1635, en sorte que la
famille s'éteignit en GuilUmme Phi-
lippi, son frère, docteur en droit et pro-
cureur du roi à la cour des aides, qui
n'eut paspnon plus de postérité.
Philippi a laissé deux ouvrages éga-
lement utiles, dit d'Aigrefeuille, aux
jurisconsultes et aux officiers de la cour
des aides. L'un est un recueil, par or-
dre chronologique, de tous les édits et
ordonnances touchant les cours des ai-
des, publié sous François II et réimp.
sous ce titre : Édits et ordonnances du
roi concernant l'autorité etjuridictûm
touchant le règlement des aydes et
très finances ; avec un rectUeU des
rets de ladite cour, Montp., 1597, in-
fol.; Gen., 1629, in-4*. L'autre, sous
ce titre : Responsajuris, 2«éd., Montis-
pes., 1603, in-fol., offre un recueil de
toutes les décisions qu'il avait données
lui-même sur toute sorte de matières
de droit. A ces deux ouvrages, il faut
en ajouter un troisième plus intéres-
sant à notre point de vue. C'est une
Histoire de la guerre civile en Lan-
guedoc pour le fait de la religion jus-
qu'en l'année 1 598, qui est restée iné-
dite ; seulement d'Aubaïs en a fait im-
primer, d'après ie msc. existant alors
dans la bibliothèque de Golbert, évéqne
de Montpellier, un extrait très-sec, qui
a été reproduit dans leT. XLVI des Mé-
moires pour l'histoire de France. «Cet
ouvrage, dit dom Vaissète, s'étend de-
puis Tan 1560 jusqu'en 1608. 11 y a
peu d'événemens intéressans arrivés
dans le Languedoc durant cet intervalle
qui n'y soient décrits avec autant
d'exactitude que de détail. L'auteur é-
toit à la vérité de la religion , mais sa
partialité se fait peu sentir. »
En 1520, l'église de Saint-Pierre-
le-Vieux à Strasbourg avait pour curé
Pierre Philippi, tout à fait étranger
à cette famille. Soupçonné de luthéra-
nisme, il fut destitué par le chapi-
tre. Peut-être est-il le même que Phi-
lippi, ministre de l'église française
PHI
PHI
AOfort-sur-le-Mein^ en 1563.
EUPPONNËAU (HsiOLi), sieur
ilecour^ fils atné de Jean Phi-
neau, sieor de Montargier, et
U>eth Bazin, naquit à Dncé en
ndie^ le 5 sept. 1646. Lorsqu'il
eintràge de neuf ans^ ses parents
f èrent à Saumur^ où il fit ses
lités sous le savant Tannegui Le
. En 1662, il suivit les cours de
ipbie d* Etienne Gaussen et de
. Ayant pris, en 1664, le grade
tre-ès-arts, il fut, bientôt après^
pour remplacer Chouet dans sa
. Le temps que ses leçons loi
eut; il l'employa à l'étude des
18 orientales et de la théologie^
teotion étant de suivre la car-
lastorale plutôt que celle de i'en-
ment. Nommé ministre à San-
6 22 nov. 1671, il exerça ses
MIS Jusqu'en 1677, qu'on le donna
ollègueà £ttenf)e de Brcns, com-
ofesseur de théologie. Il fut re-
rois fois de la dignité de recteur
radémie; la dernière en 1682.
la révocation de l'édit de Nan-
86 retira en Hollande, où il ar-
) 7 fév. 1686. On lui offrit pres-
ms le même temps une place de
re à Devenler ou à Middelbourg,
antre de professeur de tbéolo-
Pranecker; il préféra cette der-
6t prit le bonnet de docteur au
le Juin, pour se mettre en état
ïcaper. Philipponneau succomba
attaque d'apoplexie, le 30 oct.
Il avait été marié deux fois. Sa
ère femme, Hélène Perroteau,
on avocat au parlement de Paris,
^usa en 1675, et dont il resta
Q 1689, lui avait donné plusieurs
S'y mais une fille seulement sur-
: elle devint, en 1 709, la femme
c Lawigue, ministre de Téglise
ine de Lecuwarden. La seconde,
i'Mauricette L*HuilUer,dasùe de
idos, qu'il avait épouséeen 1 696,
it le 27 mars 1711, après l'avoir
père d'une fille, qui reçut le nom
imUnTESUSANNB.
a de Henri Philipponneau quel-
ques dissertations théologiques qui té-
moignent de son érudition.
I. Diss.demysteriopietatis adloc,
I Tim. Illy 16, Franeq., 1689, in-4».
II. Diss. ad oraculum Gen, III, 1 5,
Franeq., 1689, in-4».
III. Dissertationes de Symbolo apo-
sto/ico,Franeq.,l 691 -92,in-4o; réimp.
sous ce titre : Disquisitio de Symbolo
apost.y Amst., 1702, in-4«.
IV. Diss. de peccato in Spiritum
sanctfÂfn ad if arc ./7/,28-50; Franeq. ,
1697, in-4»; 1702, in-4«.
Y. Diss. ad historiam dcnnoniaci à
Christo sanaii, Marc. VI, 1-20, Fra-
neq., 1704, ln-40.
YI. Diss. de Lege et Evangelio, ad
/ofc. 7,1 7, Franeq., 1706;! 71 0,in-4».
VII. Cantroversiarum de religione
brevissima synopsis, Franeq., 1709,
in-12.
Henri Philipponneau avait trois frè-
res et une sœur, qui se réfugièrent
comme lui à l'étranger. La dernière,
nommée Elisabeth, épousa dans le Ha-
novre Siméon de La Chevallerie . Quant
à ses frères, François, sieur de La
Motte, s'éleva au grade de colonel au
service d'Angleterre; Jban, sieur de
Boispré, combattit aussi sons le dra-
peau anglais, et devint lieutenant-co-
lonel; Gasiubl, sieur de Belet, servit
comme capitaine dans le régiment de
Ruvigny.
PHIUPPSON (iEAif), célèbre his-
torien du xvi« siècle, connu sous le nom
de Sleidan, né à Schleiden, en 1506,
et mort à Strasbourg, le 31 oct. 1556.
Les parents de Philippson n'occu-
paient point un rang élevé dans la so-
ciété ; son père se nommait P/ifitp/)e tout
court, et sa mère Elisabeth Vanhelter;
mais, malgré l'obscurité de son origi-
ne, il reçut une fort bonne éducation.
11 fit ses premières études à l'école de
Schleiden et alla les poursuivre, à l'Age
de 1 3 ans, aux g^jmnases de Liège et
de Cologne. C'est pendant son séjour
dans cette dernière ville que, se con-
formant à un usage reçu, il quitta le
nom de Philippson (ou fils de Philippe),
pour prendre celui de Sleidan, du lieu
PHI
— M6 —
PHI
de sa naissance (en latin Sleida) . Etant
tombé malade , il se laissa persuader
par Jean Siurm, son compatriote^ de
l'accompagner à Louvain, où il gaérit.
Sa santé rétablie, il obtint, à la recom-
mandation de son ami, la place de gon-
vernenr du fils atné du seigneur de
Schleiden. Après avoir terminé l'édu-
cation du jeune comte, il vint à Paris,
où il vécut dans la société de Jean Sturm,
de Jean Guintier et d'autres savant^
jusqu'en 1531 ou 32, qu'il se décida à
partir pour Orléans afin d'y suivre on
cours de droit. Admis h la licence, au
bont de trois ans, il revint à Paris, et
fut placé par Sturm dans la maison du
cardinal Du Bellay, qui conçut pour lui
beaucoup d'estime et d'afTection. Il ac-
compagna son patron à la diète de Ha-
guenau, en i 540, et l'année suivante,
il fut chargé d'une mission auprès de
celle de Ratisbonne. L'habileté, la sa-
gesse, la prudence dont il fit preuve
dans le maniement des affaires qui lut
furent confiées, jointes à la protection
des frères Du Bellay, l'auraient, sans
aucun doute, porté aux plus hauts em-
plois à la cour de France, s'il n'avait
pas été un zéLé sectateur des opinions
nouvelles ; mais les horribles persécu-
tions exercées contre les Luthériens le
forcèrent à fuir, en 1542. Il se retira
à Strasbourg auprès de Jean Stunn,qui
lui fit obtenir une chaire de professeur
de droit. Son savoir et lapoiitesse de ses
mœurs ne tardèrent pas à lui mériter
l'amitié des personnages les plus dis-
tingués de la République, entre autres,
de Jacques Sturm, préteur de la ville,
qui lui fit donner, eu 1 545, une mission
auprès fiu roi d'Angleterre, et dont la
recommandation contribua sans doute
à lui procurer la charge d'historiogra-
phe de la Ligue de Smalcalde. En 1551^
le magistrat de Strasbourg l'attacha ,
en qualité de jurisconsulte, à la dépu-
tation qu'il envoya aq concile de Trente
(Voy, m, p. 212). Quelques mois plus
tard, il fut de nouveau chargé de se
rendre, avec Pierre Sturm et Henri de
Gottesheimy auprès du roi de France
Henri 11^ qoi^ après la prise de pqsse»;
sjon de Metz, Tout et Verdun, s'était
avancé jusqu'à Saarbourg; il devait lui
notifier le refus des habitants de Stras-
bourg de le laisser entrer avec un corps
de troupes dans leurs murs. Trop fai-
ble pour employer la force, Henri dut
se contenter de jeter de loin un regard
de convoitise déçue sur une conquête
qu'il croyait tenir et qui lui échappait.
En 1554, Sleidan assista encore, com-
me député de Strasbourg, aux confé-
rences de Naumburg. A son retour, il
eut la douleur de perdre sa femme, foie,
ille de Jean Braun de Niedbruck, qu'il
avait épousée en 1 546, et qui l'avait
rendu père de trois filles. Son déses*
poir fut tel que, dès cet instant, il ne
fit plus que languir et qu'il la soivit,
peu de mois après, dans la tombe.
Quoique borgnede l'œil gaucbe,Slei-
dan avait un extérieur imposant, beau-
coup de dignité dans sa personne, une
voix sonore et harmonieuse; il était
regardé comme un excellent orateur.
Ses connaissances étaient étendues et
variées. Varillas, et d'après lui pres-
que tous les écrivains catholiques, y
compris naturellement l'abbé Feller, et
ce qui nous surprend davantage, M. le
bibliothécaire VVeis3 de Besançon, Tout
accusé d'avoir violé le premier devoir
de l'historien, c'est-à-dire, d'avoir fal-
sifié Thistoire dans un intérêt de parti.
Il suffit d'opposer à cette accusation va-
gue, à l'appui de laquelle on n'apporte
aucune preuve, le témoignage, non pas
des écrivains protestants, qui rendent
presque tous justice à la bonne foi et à
l'impartialité de Sleidan, mais celui de
l'illustre de Thou, qui loue sa fidélité
et son exactitude. Il n'est pas impos-
sible sans doute de relever quelques
erreurs dans ses ouvrages, mais ces
erreurs sont-elles volontaires? Sleidan,
on le sait , n'a rien négligé pour dé-
couvrir la vérité. Il a non-seulement
puisé dans les sources imprimées, maie
il a compulsé les archives de Strasbourg
et d'autres villes d'Allemagne; il s'est
appuyé sur les actes officiels que plu-
sieurs princes protestants lui fourni-
rent, il a consiûté ses propres souve-
PHI
a» —
PHI
a fait appel à ceux des bommes
yac qui il élai( en relation ; il »
pop llYFe au jugement 4e Sturm
»rnonce Yergerius, avant de le
l'impression, et quand il s'esl
possession de la vérité, il \%
ipl^ent, naïvement, dans un
lir^ aisé, poli, dont ses détr^
l^-B^émes admirent Télégance.
rotêçirdus in brsvem historia-
ttfiqfKtbilium epiiomen contruc-
Tîil., 1537, in-soj réimp. plu-
fois^ |d plus souvent avec les
pi IN. — Dédié h Du Bellay.
H'tflipne^ ducB, una ad Caro-
CiB9aremy altéra ad Germani(9
fi $t prc/inf* Imperiiy Arg.,
I|M^ «^ Ces deui^ dispours a-
iM déjà publiés en allefpand,
l|Si4a, l'autre en 1 544, sous le
i^yme de Baptiste fMsdei\,
fkUippi Cominœi de gestis Lu*
IJ latine, Arg. ,1545, in-4o, et
Fsfois depuis, t- Traduction li-
I six premiers livres de Tédit.
9€!. La trad. des deux autres li-
f^t pli^s tard sous ce titre : Ph.
pomm^ntariorun} de bello nea*
»,0Uï.,Arg.,l 548,in-4»jréimp.
n fois.
CUnidii Sesselii de feifiubliçœ
#1 regum officiis lib» Û, è galz
. kttin, sermonem eonv^si ,
îimma dacirinœ Platonis de r«-
i et kgibusy Arg., 1548, in'8o.
Pe statu religionis et reipubli-
Hpplo V CcBsare, commeniarii,
555, in-fol. , édit. princeps très-
ifi ^ntenanl que 25 livres §(
ôani Thistoiro des troubles reli-
m Allemagne depuis 1517 jus-
UQis 0e fév. 1 5!i5 ^ réimp. deux
)8 la même année; nouY. édit.,
556, in-80, contrefaite aussitôt
e| à Anvers; nouv.édit. angm.
0* livre qui finit h la mort de
r, Arg., 1 r>59, in-fol. Celte bis-
iont la meilleure édit. est cellf^
ilpï., |78:i-86, 3 vol. ip-8% ^
np. très-souvent; ella a été^ an
outra, trad. an allem., Bàle, 1557, in-
fol.,* Strasb., 1570 et 1589, In-fol.;
Strasb., 1 6S5, in-fol.; en anglais, Lon-
dres, 1560, tn-fol.; en Italien, s. 1.,
1557, in-4«; en franc., s. 1., 1557,
inr8<«; Strasb., 1 558, in-8«; Gen., 1 56 1 ,
1565, 1574, in-fol.; puis, en dernier
lieu, par Le Courrayer, La Haye, 1767-
69, 3 vol. in-4<<. Elle abonde en faits
curieux et intéressants. Justin Gobler,
Henri Pantaléon, Michel BeutherfibeT'
tus Gifanitts^ Osée Schadoeus et Lun-
dorp, Tont successivement continuée
jusqu'en 1610* Varilias accuse Sleidan
d'avoir ratrancbé de son histoire, dès
la seconda édition, tous les faits qui
favorisaient les Catholiques. Nicéron,
qui s'est 4onné la peine de vérifier,
déclare nettement qu'il est faux que
rien ait été retranché , ce qui n'a pas
empêché l'abbé Feller et M. Welss de
répéter Taecnsation.
VII. De quatuor summis imperHs,
BabyloniûOy Persico,Grœco et Romano
lib. III, Arg., 1 556, in-8«. — Moins
important que le précédent, cet ouvrage
de Sleidan n'a pas eu moins de succès ;
on en connaît une soixantaine d'édi-
tions. Celle de Hanau, 1586, in-s*,
contient, mi outre, les N»* II, lY et V.
Celle de Francf ., 1711, in-8<^,comprend
les suppléments de Strauch, Schurtz-
fleisch et Junker. Robert Le Prévost
(Gen., 1557,in-8o; Strasb., 1558, in-
8»), Ant. Teissier, (Berlin, 1700, in-
12) et Hornot (Amst. et Paris, 1757,
in-12; 1766, in-8o) en ont donné des
traductions françaises.
VIII. Opuscula, Hanov., 1608, 8».
— Réimpression des N»M1> IV, V et VU.
Teissier ajoute h cette liste De capta
Buda à ScAimanno an. 1542, sans an-
tre indication. Sleidan doit avoir aussi
trad. en latin le catéchisme de Bucer
et des épigrammes grecques.
PHILLOT (Jean), en latin Philotus
ou PolHtus, réfugié français, fit sas
études en itrolt à Paris, à Strasbourg
et à Heidalberg, où il prit la bonnet de
docteur. II sut gagner la confiance de
George-Jpan de Veldenz, qui lui confia
l'éducation de son fils al le nomma
PIB
— 228 —
PIC
conseiller de cour et administrateur
du comté de LaPetite-Pierre. Dès 1 555^
sur le désir manifesté par ce prince^
Phillol écrivit à son ami Conrad Hu-
bert pour lui demander un pasteur é-
vangélique et des instituteurs; mais
son désir ne put être satisfait qu'en
1560. Joseph Ketztr fut établi comme
pasteur à La Petite-Pierre, où une éco-
le latine fut fondée la même année. En
1570, tous les villages du comté, en-
tre autres le Ban-de-La Roche, étaient
pourvus de ministres réformés. Cette
même année, le comte George-Jean é-
tablit un pasteur françaisàPhalsbourg,
où les Huguenots réfugiés étaient en
grand nombre. Cette église française
subsista jusqu'en 1583, que Phals-
bonrg fut vendu à la Lorraine. Les
Réfugiés, forcés de quitter leur asile,
se retirèrent à Bisch\viller, où exis-
tait déjà une église de leur communion.
PIBALLEAU (Marin), sieur de La
Bédouère, capitaine huguenot dans la
Touraine. En ]562,PibaUeause saisit
du couvent des Minimes du Plessis et
en chassa les moines. L'église et le
monastère furent pillés, les autels ren-
versés, les tombeaux violés, les reli-
ques brûlées. Après la reprise de Tours
par les Catholiques, Montpensier char-
gea deux conseillers du parlement d'in-
former sur ces excès. Piballeau et sa
femme, Falaiseau, Séguin , Jacques
Salbert, dit le petit Jacques, furent
ajournés, ainsi que leurs complices,
et bientôt intervint la sentence qui
condamna Piballeau et vingt-sept au-
tres huguenots à être pendus. Tous
ceux que Ton put saisir furent exécu-
tés sur-le-champ. Quelques-uns^ qui
avaient réussi à se soustraire aux pour-
suites exercées contre eux, rentrèrent
à Tours après la paix. De ce nombre
fut Salbert, qui fut pris et exécuté,
« attendu que son fait n'était pas
compris dans l'édit de pacification. »
L'inique arrêt, qui l'envoya à la po-
tence, avait été confirmé par le Con-
seil privé, et pourtant il violait l'art.
YllI de l'édit d'Amboise (Voy. Pièces
justif.. No XXI).
PICART (Etienne), dit le Ro-
main (i), graveur du roi, né à Paris,
enl 631 ,et mort à Amsterdam, en 1721.
Après avoir fait un long séjour en Ita-
lie, il revint en France et participa à
la gravure des estampes de la grande
collection connue sous le nom de Ca-
binet du roi. Tl fut nommé membre de
l'Académie de peinture, le 19 juill.
1664. On a de lui des portraits et des
sujets historiques d'après les grands
maîtres de l'Italie et de la France. On
lui reproche un peu de dureté. Au ju-
gement de Huber (Notices générales
des graveurs), « son travail off're de la
propreté, et il entendoit très-bien la
coupe du cuivre; [mais] les connois-
seurs désircroient quelquefois plus de
correction dans les parties et un accord
plus harmonieux dans l'ensemble. »
Si l'on devait en croireM. Périés, dans
la Biogr. univ., c'eût été « l'espoir
de s'enrichir par des travaux plus lu-
cratifs, qui l'auroit engagé, en 1710,
à se rendre en Hollande avec son fils.»
Mais M. Périés oublie, qu'à cette épo-
que, Picart avait ses 80 ans, et ce n'est
pas à cet âge que, dans l'intention de
s'enrichir, on quitte le certain pour
l'incertain, la proie pour l'ombre. Rési-
gnons-nous donc à admettre, pour être
vrais, ou que Picart éprouva le besoin
de se réconcilier à l'Eglise que, par
contrainte, 11 avait reniée des lèvres,
ou qu'avant de mourir il voulut abju-
rer la religion dans laquelle il avait
vécu (2). On ne connaît d'Etienne Pi-
(1) n prit, dit-OD, ce saraom pour m disiin-
giier d'un autre graTenr, son homonyme (peat>
être Jean Picart), qui TÏTait alors à Paris.
(3) Son nom, non plus que celui de son fils, ne
se trouve pas porté sur les registres de Charenton.
Mais on y Toit figurer de nombreux Picart doDl
qnelques-uns tenaient peut-être à la même famUlo.
Louit Picart^ orfèvre, eut de sa femme Anne Pu-
ri»ot : i<* PlERDE, né le 14iuinl618;— 2<>Na-
THAKAEL, né le 19 juin 1621 ; — S» Louis, né
le 8 déc. 1626, qui eut pour parrain Pierre Fi-
ret^ diamantaire ; — 4» Louise, bapt. le 27 fèr.
16S0; — 50 Constance, bapt. le 18 avr. 16Si :
parrain, François £«r Aa/^ard, baron de Gandolan ;
marr., Louise de Constant. •— Isaac Piearty fûê
de Toussaint et de Barbe Martin^ bapt.le25oct.
i^iS.^JeanPicartf fils AeGuiltaumt et doiVi-
cole Le Maçon j bapt. le 10 avr. 1628. — Pierrt
Picart, flls de Thomas el de Jeawu d'OrUanê^
PIC
— 229 —
PIC
cart qa'un flls^ BEnifARD, cpie lui donna
Angélique Tournant^ et dont la répu-
tation comme graveur et dessinateur^
surpassa de beaucoup celle de son
père.
Bernard Picart naquit à Paris^ le
11 Juin 1673 (i). Son père fut çon
premier maître. «En 1689^ il fut en-
voyé à TAcadémie de peinture pour
apprendre le dessin d'après nature; il
y apprit aussi la perspective et Tar-
chitecture sous le célèbre Sébastien
Le Clerc.» Deux ans après> il remporta
le prix de l'Académie. Ses goûts le
portaient de préférence vers la pein-
ture^ mais pour répoudre aux Inten-
tions de son père, il s'attacha à la gra-
yai*e. La première estampe à laquelle
Omit son nom, est l'fTennap^rotfite d'a-
près Nie. Poussin, qu'il grava en 1 693.
Parti de Paris sur la fin de sept, i 696,
il passa l'hiver à Anvers, ou il obtint
le prix du dessin à l'Académie des
beaiu-arts de cette ville. La mort de
sa mère le rappela en déc. i 698. Bien-
tôt après, il se maria, le 23 avr. 1 702,
avec Claudine Prost. Les enfants qu'il
en eut moururent en bas âge. Sa ré-
patation était déjà faite lorsqu'il ac-
compagna son père en Hollande. Il
partit de Paris, le 7 janv. 1710. Il se
fixa d^abord à La Haye, puis, après
une année de séjour, il alla s'établir
à Amsterdam, en mai 1711. Il s'y re-
maria, le 25 sept. 1712, avec Anne
Vincent (2), fille d'un marchand de
papier ; sa première femme était morte
Dé le 30 août 1647. — Jacob Picart, ÛU de Jacob
el de Racket Lerminier, baptisé le 9 mai 1655.
— YaUnlin Picart f fils de Jean et de Marguerite
thmjonf l»apt. le 5 juin 1656. — André Picart, fils
de Valentin et de Quentine de Larue, bapt. le
15 sept. 1658. — Daniel Picart j fils de Charleêf
bapi. le STjanv. 1664.— Enfin la reuTeda pein-
tre Louis Tettelin, Marie Picarty abjura le 17
dée. 1685, à l'âge de 63 ans.
(i) Noos suiTons la notice sar B. Picart, qui
le troQte à la suite du Discours sur les préjugés
de certains cnrieui touchant la gravure^ et dont
le Hercare de France de 1735 a donne un ex-
trait. La date de 1663 qui se lit dans Huber et
Boit, et que plusieurs reproduisent, est une er-
iwr typographique.
(S) Nagler suppose que c'est VAnna Picart
dent MiroUei indique une graTiire.
deux ans avant son départ de France.
Picart était très-laborieux, et il avait
le travail très-facile. Les commandes
lui arrivèrent en foule ; mais sa ré-
putation en souffrit. Pour se conformer
aux exigences des libraires, il dut se
plier aux caprices de la mode. Aussi
ses premiers ouvrages sont-ils placés
bien au-dessus des travaux qu'il exé-
cuta par la suite, a Ses premières gra-
vures, au sentiment de Uuber^ sont
pleines d'esprit et se ressentent du
goût de Le Clerc, son maître. Mais
dans la suite il altéra Tàme et l'ex-
pression de ses tètes à force de les
couvrir de petits points, et il chargea
ses draperies de tailles roides et unies
qui produisent un fini froid et insi-
pide, n Le talent d'imiter les différents
maîtres, qui distinguait à un si haut
degré Sébastien Bourdon dans la pein-
ture, il le possédait, lui, dans la gra-
vure, et ses estampes, en ce genre,
réunies plus tard sous le titre d'/m-
postures innocentes, ont trompé plus
d'un connaisseur. Les dessins étaient
le plus souvent de sa composition. Il
grava le portrait et l'histoire. Parmi
ses portraits, nous citerons celui de
son père et ceux des ministres Jacq.
Saurin et Isaac Jaquellot (J715).
Parmi les sujets historiques qu'il trai-
ta, le Massacre des innocents, dont le
dessin est de sa composition, est re-
gardé comme son chef-d'œuvre.
n venait de terminer un beau titre
pour le Rei rustlcse scriptores (Leipz.,
1734, 2 vol. in-4»), lorsqu'il tomba
dangereusement malade, le 8 nov.
1732. Il ne fit que languir pendant
tout l'hiver, et mourut à Amsterdam,
le 8 mai 1 733, âgé de près de GO ans.
Bernard Picard, « homme de mœurs
très-réglées, d'un caractère doux et
sociable, uniquement occupé de son
étude et de ses devoirs , » était au
témoignage de son panégyriste, « un
parfaitement honnête homme, plus di-
gne encore de l'estime des honnêtes
gens, que de l'approbation des con-
noisseurs. )> Son fils Nicolas n'a pas
répondu à l'attente que quelques por-
PIC
— i80 —
PIC
traili avaienl fait eoncevoir de lui»
Nous ne savons si l'on doit rattacher
à notre artiste le graveur Pierre ou
Pieier Pioart, qui avait déjà acquit
quelque réputation à Amsterdam^ iore*
qu'au commencement duxvm* siècle^
il alla se fixer en Russie. Entre autres
gravures de lui^ on cite la BataiUe de
Pultawa (1).
Nous nous bornerons à faire con-^
naître les principaux recueils d'es-
tampes de Bernard Picart^ en ren*
voyant pour le détail au Catalogue gé-
néral de son Œuvre > qui ne compte
pas moins de 1300 pièoesé
L Œuvres de Boileau^ édit* enri-
chie de figures^ vignettes et culs-de-
lampe gravés en taille-douce par Ber-
nard Picart> iUnst.^ David Hortier^
1718^ 2 vol. in-fol.$ fl« édit.^ 1729 j
petite édit. égalem» ornée de graVurea
par Pipart, La Haye^ Isaac Vaillant^
1722^ 4 vol. in-12.
II* Cérémonies et coutumes reli*
gieusee de Ums les peuples du monde^
représentées par des figures dessinées
de la main de Bernard Picart, aveu
une eœplioat, hist, et quelques diseer»
tations curieuses [par Bruzen de La
Martinière et autres, et rédigées par
J.'F, Bernard), Amst.^ J.-F. Bernard,
1725 etsuiv.^in-fol. ;enangl.> Lond.i
1 733, 6 vol. in-fol.— Cet ouvrage cu-
rieux a eu plusieurs éditions. Picart
n'a eu part qu'aux premiers volumes
de cette collection, continuée jusqu'en
1743, 11 vol. in-fol.
III. Recueil de 10 pierres antiques^
1724.
IVi Œuvres de Fontenelle, magni-
fique éditi ornée de gravures en taille-
(1) M. (ih. 'Weiu, dans non Histoire des réfo-
giéti mtDliobue un nommé Picard, migor de ce-
Taierie dans les troupes de Ouillanme d'Orange.
-> Un Jean Picart établit en Hollande nne fa-
brique de broearty qui rivalisa btcc celle fondée
par /muic Roger, •— Enfin, penr épuiser nos ren-
seignements, nous mentionnerons encore AbrO'
kam Pitardf dit de L'Escolav, atocat du roi au
sléfte de Freenay, qui reçut ordre de se défaire de
sa eharge et fat mis, en 1693, à Saint-Vincent
du Mans, et sa fille à la Propagation de Tours. La
séquestration fut le meillear argument pour lui
prtmter retcelleoee de li foi cathoUque, U i^y
rëUâ. (Anh. M. e74.)
donoè iMir Bemi Pieart^ La May«, QoaM,
1728, 9 voli in-fol.
Yi Recueil des lion» denrinet é^Hh
près riature par divers maîtres et grit-
vez par Bern. Picart, Amst., 1729,
66 pièces avec pp. e dd teite> iil-40,
obi.
VI. L*Hôtel du président Laml^êH,
59 ff. -^Ën 1732^ lit^oa dans 1 éloge
de notre artiste^ Picaft s'oocupait à
mettre en ordre les 30 pi. de son grand
ouvr» de la Maison du président Lam-
bert. 0 C'était son ouvrage favol*i, et
il se flattait de le publier inoessam-
ment lui-même, n'attendant pour oêla
que la description de cette belle mai'-
son qu'on avait promis de lui ehvoyer
de Paris, et qu'on attend encore. »
Yllé Le Temple des Muses^ orné de
60 tableaux où sont représentés les
événements les plus remarquablei de
l'antiquité fabuleuse, dessinés et gré^
vés par Bem^ Picart le Romain (sie)
et autres habiles maîtres et aceomfih
nés d'explications et de remar^jm
par La Barrede Beaumarchais], ett*^
Amst», 8aoharieChateiain,l 733^1 7Sft^
in-fol.
VIII. Impostures innocentes^ ou Ito-
eueil d' estampes gravées dans le jgoéi
de différents maîtres célèbres des ifxri9
écoles, avec l'Éloge de Bem^ Picart^
et le Catalogue de ses ouvrages^ Amsl^i
1734, 79 fr.| pet. in*fol.
IX. Suite de douze pièces inventéê$
et gravées pour des Èpilhahmee |Mf
Bern^ Picart, in-fol. — Très-estimée.
X. LespeinturesdeCfiarlesLeBrun
et d*E, Le Sueur qui sont dans Vh4i^
du Châtelet, Paris, 1740, gr. in-fbl.
^En partie dessin, etgrav. par Berâ.
Picart.
PICARD (F.) nous est connu coai-
me l'auteur de l'Enchiridion delà do^
trine orthodoxe, Saumur, 1611, in-
12. Peut-être est-ce Fiacre Picard,
ministre à Ch&tellerault, qui ftit sus^
pendu par le synode du Poitou, Juge-
ment confirmé pour un an par le Sy-
node national de Saint-Maixent, ma
1669.
PIGHEH£L(PnE&E)^tbéoUgieado
î
PIC
-aw -
PIC
JLV1« sièclei versé dans le latin^le grec
•t l'liébreu> naquit près de La Ferté-
•OBS-iouarre^ et mourut, en 1 590, dans
Qo petit prieuré dépendant de l'abbaye
d'£ssonnes. Picherel assista, comme
cbampion de TEgUse romaineiau col-
loque de Poissy, et gagna, par sa mo-
dérationet son savoir, Testime de Théo-
dore de Bèze^a.yGC qui il resta en cor-
respondance. Nous avons vu à la Bi-
bâiotbèque publique de Genève (AISS.
de Genève 1 97*% Gart. 1) une lettre de
lui datée de Paris 7 des ides d'août
1567, et portant au dos ces mots de
i^écriture du célèbre ré rormateur : aLet-
tre de Picherel escrite de sa main pour
ne délivrer de la calumnie que quel-
qaes-nns m'imposoient disansquej'a-
Toiedesrobé à Picherel mes annotations
mv le N. T. »
Picherel cultiva avec succès plu-
•iBiirs branches de la théologie. On a
éè lui des traités De cœnâDomini,De
miêsœ eacrificio, De igné purgatorio,
L9 imaginum usu, qui ont été publiés
ou réimprimés, plusieurs années après
m mort, par André Rivet ysous le titre
éîOpusoula theologicay Lugd. Batav.,
1S29, in-12. Il suffit de lire ces opus-
CBiee pour rester convaincu, quoi qu'en
4i8eMoréri, que Tauteur penchait for-
iMMnt vers la Reforme. Aussi la Sor-
bonne, par décret du 1«^ sept. 1629,
U» condamna-t-ello, notamment le
traité de la Gène du Seigneur, « tanquam
oilviDismo et nefarià haereseos leprà
lotus commaculatus, » et en défendit-
elto la lecture, « ne quls incautus im-
pingat et iilidat quasi in procellà na-
vim sua) conscientias, et circumvenia-
liir errore in astutià et nequitià au-
IJioris. p
Si Picherel ne se prononça pas ou-
tertement, d'autres membres de sa fa-
mille furent moins timides. Les Regis*-
ins deGharenton font mention de Ma-
rie Picherel, qui épousa en premières
B0C68 Simon Le liumêurf secrétaire
da prince de Gondé, et lui donna un flls,
Tkiodore, baptisé dans le temple pro-
tMtant, en 1602. Restée veuve^ elle se
naaria avec Thomcut Petit, sieur de
Ciaoï-Hardi, qui professait comme elle
la religion réformée.
PICOT (Jbàm), sieur de La Mein-
taye, mort à Paris, le 8 janv. 1680, et
enterré le lendemain au cimetière pro-
testant des Saints-Pères (Heg. de Cha-
rênt,)f laissa veuve avec plusieurs en-
fants Renée Loyseau, dame de La Mein-
taye, flUe de René Loyseau^ sieur de
Heurier, et de Françoise Amprouanie-
La-Afassayes, qu'il avait épousée en
1 649 . A la révocation de redit de Nan-
tes, cette dame se réfugia à Berlin^ où
elle mourut en 1700.
Le nombre des enfants de Jean Pi-
cot n'est pas exactement connu. Dans
ses Archives de la noblesse de France,
Laine a publié une généalogie qui lui
en donne cinq, savoir : p Adrien,
comte de La Heintaye; — 2o Henri,
sieur de Trémar; — 50 N., sieur de La
Boissière; — 4oN.,sieurdesFaroulais;
— 50 Marie (1 ). Mais Erman etRéclam,
dans leur Histoire des Réfugiés, parlent
pour le moins de deux demoiselles de
La Meintaye, qui accompagnèrent leur
mère en Allemagne, et nous verrons
plus bas que trois autres se converti-
rent. Ge n'est pas le seul point sur le-
quel nos notes sur cette famille con-
tredisent la généalogie en question, à
laquelle nous ne croyons devoir accor>
der que très-peu de conflance. Gepen-
dant, en l'absence de documents plus
authentiques, nous sommes forcé de
nous en tenir à celui-là.
Occupons-nous d'abord desdeux flis
de Jean Picot, dont le généalogiste ne
connaissait pas les noms^et qui, selon
Réclam, s'appelaient Gabriel et A-
DRiBN. Ils ne passèrent pas en Angle-
terre, conune on le lit dans l'ouvrage
de Laine, mais dans le Danemark, d'où
ils se rendirent à Berlin. Le dernier fut
tué au siège de Lille, en 1708. Après
sa mort, sa femme, fille de M'»^ de/2o-
coulle, dame d'honneur des princesses
de Prusse, revint en France, poussée
par l'amour de la patrie ; et son fils,
(1) En 1688, une Marie Picot fat enfermée à
U Gonclergtrio (Ar4h. gin. £. 3974) ; lenit-ee
lanftnst
PIC
— 238 —
PIC
lieutenant-colonel an service dnHano-
vre^ imita ^ quelque temps après^ son
exemple. Gabriel^ qui des cadets de Cor-
nuaud était passé dans le régiment de
Varennes^ flt^ a\ec le grade de lieute-
nant-colonel^ les guerres d'Italie et de
la succession d'Espagne. De son ma-
riageavec Su«ann«^er£ram{^ deSaint-
Fulgent^ morte en 1748, naquit Fré-
déric Picot-de-La-Meintaye^ qui rem-
plit les fonctions pastorales à Stendal
et fut père de deux flls ( l'un tué à
Landshut, l'autre mort prisonnier en
Autriche)9et d'une flUe, mariée kHugo,
pasteur àFrancfort-sur-l'Oder.
Il nous reste à parler du flls atné de
Jean Picot, le second ne nous intéres-
sant pas, puisqu'il se convertit. Qu'il
se soit appelé Adrien ou d'un autre
nom , c'est là une question que nous ne
pouvons décider. Une imprudence le
força à sortir du royaume vingt ans
avant la révocation. Lorsque le temple
de Blain fut démoli en 1665, il se
permit de parler avec irrévérence du
Saint-Sacrement et de Saint-Clair, et
malgré sa Jeunesse, il fut condamné
aux galères ; heureusement il parvint
à se soustraire à cette condamnation
et passa en Danemark, où deux de
ses frères allèrent le rejoindre, dès
1684, en sorte que tous les biens de la
famille échurent en partage à Henri,
qui se convertit avec trois de ses sœurs
{Arch. gén. M. 673). A l'arrivée de
leur mère à Berlin, les trois frères se
rendirent auprès d'elle, et l'atné entra
comme officier dans les cadets de Cor-
nuaud. 11 a laissé, dit-on, des Mémoi-
tes, qui se conservent dans sa famille.
On ne nous apprend pas la date de sa
mort; ne serait-ce pas lui qui fut tué
au siège de Lille?Oubien,aurait-ilflni
par rentrer dans sa patrie? La généa-
logie publiée par Laine affirme qu'il
était lieutenant-colonel de dragons,
lorsqu'il épousa, en 1 695, Marguerite-
Françoise Du Matz-de-Montmartin^
et ce qui est certain, c'est que cette
dame était en France, en 1715. Cette
année même, on lui enleva 8afllle,qui
fat mise au couvent de Sainte-Claire de
Thouars, et son fils, qui fut envoyé an
collège de Poitiers ; puis on l'enferma
elle-même à l'Union chrétienne de cette
dernière ville (Arch. E. 3401). Elle
n'en sortit vraisemblablement qu'ensi-
gnant une abjuration ; maissaconvei^
sion était si peu sincère, qu'en 1 749,
le curé dePouzauges la dénonça com-
me tenant un prêche dans sa demeure
(Ibid. TT.325). Son extrême vieillesse
empêcha de sévir contre elle. On la
laissa donc mourir dans la religion pro-
testante, au mois de février 1 750. Son
fils Benjamin, qui, au sortir du collège
où on l'avait placé, avait trouvé les
moyens de passer dans le Hanovre, où
il servait commeofficier(f6ûJ.E. 3581),
étant inapte à lui succéder, le comte
de LaHassayes, le sieur Des Noubes,
la dame Du Matz, femme de Le Sueur-de-
Petiville, tousdescendantsde nouveaux
convertis, s'empressèrent de demander
le don de ses biens au roi qui le leur
accorda (Ibid. E. 3511). Mais bientôt,
quelle déception amère ! Benjamin Pi-
cot revint dans sa patrie, et il fallnl
renoncera une si bonne aubaine, n
est vrai que, dès l'année suivante, il
passa en Angleterre, où il devint co-
lonel de cavalerie et gentilhomme de
la chambre du roi, et où il mourut, en
1797, presque centenaire sans laisser
de postérité. Ses biens furent donc sai-
sis de nouveau (Ibid. E. 3512); il est
probable toutefois qu'il avait trouvé is
moyen d'en soustraire une partie à la
rapacité de ses collatéraux.
PICOT (Nicolas), de Noyon, réfu-
gié à Genève, où il fut reçu bourgeois
en 1547, était le beau-frère d*AnMn$
Calvin par sa femme Catherine de Fer
ou Lefert. En 1 560, il fut élu membre
du ce. Resté veuf, il se remaria, en
1571, avec Françoise de Châteauneuf'
d'Orsières, etmourut le 1 9 mars 1 575,
ayant eu six enfants do sa première
femme, savoir.: !<> Jean, qui suit; —
2* Anne, femme de Philibert Humbert;
— 30 Marie, qui épousa Arnaud Du"
puis; — 40 Marthe, qui fut mariés
trois fois, avec Jean Jessé, Luc Harl*
man et Antoine Chopin ; — 5* Sàêà,
PIC
— 233 —
PIC
femme de MarceUin de Ville (i); —
6« Pierre^ qui s'anità Madelaine Lau-
rent, et en eut deux flUes^ Tune des-
quelles, nommée Jeanne, épousa Do-
fÊiel Châtel, de Montbéliard, et l'autre,
appelée Susànne, le célèbre Simon
Goulart.
Jean Picot, né en 1 556, entra dans
le ce, en 1589, et mourut en 1616,
ayant été marié deux fois : la l'% en
1580, avec Marie Malain ; la 2% en
1588, avec Anne Quaglia. Du premier
lit Tinrent Marie, femme de Jacques
Clément, puis de Jean Komey, et Jean,
marié à Françoise TalUmani ; du se-
ooDd, Nicolas, Pierre, Phiuberte,
IRAAC, Jeanne, femme de Daniel Chà-
M (2), SUSANNE, épouse de David
Blanc et Abraham. Ce dernier, né en
1 606 » prit pour femme, en 1 6 4 0, Doro-
thée Simonin, dont il eut : J » Jean, qui
suit; — 2» Aimé, né en 1657, qui laissa
six enfants de son union avec Mar-
guérite Piaget, savoir: François, Su-
8ANNE, mariée à G. de Luc; Jeanne-
FiARÇoiSE, femme d'Auguste Dehors;
BSTHSR, alliée à Jacques Dupuis;
Dorothée, épouse de Jacques Yernay ;
PmRS, qui épousa Jeanne BarilUet
et en eut Anne, femme de Jean-Fran-
çois de Choudensy et Jean.
Le fils atné d'Abraham Picot, né en
l642etmort en 1697, épousa, en 1665,
Judith Goudely qui lui donna Jérémie
61 SusANNB, mariée à Jean Gharton.
Keeté veuf, il convola en secondes no-
ces avec Judith Barilliet, dont il eut
encore deux flls, Jacques et Pierre,
morts sans postérité.
Né en 1672, Jérémie Picot eut sept
enfants de son mariage avec Aimée
Pemessin : 1 • Louis-Tobie ; — 2° Je an-
Danisl, qui suit; — S» André, né en
1709 et mort en 1791, laissant de sa
Cemme Jeanne-Catherine Pemessin, un
(1) £a 1577, Marlin de Ville, de Saint-
Étknne, aTait obtena les droits de bourgeoisie.
(S) En 1565, furent reçus bourgeois Pierre
Kme, bonlanger d'Arles, avec ses fils Abraham
H lêoac, Tingt ans plus tard, Antoine Blane,
Iflf rimaur de Lyon, obtint la même faveur. — LM-
talllè du nom des époux des filles de Pierre et de
iMiPleDi Dou fait wwpçonner une erreur dans
kpisiilUfadwiiée pw Galiflé.
T. VUi.
flis nommé Pierre ; — 4« Jacques ; —
5« Anne-Elisabeth, femme de Jean-
Jacques Girod (I); — 6* Lucrèce,
épouse de Robert Covellc;— 7° Judith,
alliée à Antoine de Cerve, de Saint-
Rome-du-Tam, flls d'un avocat au par-
lement de Toulouse, qui avait obtenu,
en 1718, les droits de bourgeoisie à
Genève.
fean-Daniei, né en 1705 et mort en
1799, eutcinq enfants de Jeanne-Per-
nette Patron-VoulkUre^sa, femme. Une
de ses fllles, Louise, épousa Jacques-
Charles Bardin. Son flls cadet, Jean-
GÉDÉON, entra dans le GC en 1 782, et
mourut deux ans plus tard. L'alné,
Pierre, né en 1746, suivit la car-
rière ecclésiastique. Ses études ter-
minées, il voyagea, pendant Tannée
1 7 7 1 , en France, en Hollande et en An>
gleterre, où il fit la connaissance du
célèbre Franklin, qui lui conseilla
d'accompagner Gook dans son second
voyage. Picot ne put s'y résoudre, et
retourna à Genève. Bientét après, il
fut chargé de desservir Téglise de Sat-
tigny. En 1783, il fut appelé comme
pasteur dans la ville. En 1 787, il fut
nommé professeur honoraire de théo-
logie, a en considération de son mérite,
de ses talents et de ses connaissances.»
Une attaque d'apoplexie l'enleva le 28
mars 1822. On a de lui:
I. De multiplici montium utilitate,
Gen., 1790, in-80.
II. Eloge historique de J,-A, Màl-
lety publié dans le Guide astronomi-
que (1791).
III. Mémoire et projet de règlement
pour taré forme du coliége, Gen., 1791,
in-4<>.
IV. Sermon d'actions de grâces pour
la restauration de la république de
Genève, Gen., 1815, in-S».
V. Sermons, Gen., 1823, in-8<». —
Ces sermons, publiés par le pasteur
Chenevière (2), qui y a joint une pré-
(1) En 17S5, Barthélémy f Jaequegf leaaa et
Pierre Girod, de Ghftlon»-sur-Saône, furent re-
çus bourgeois.
(3) En 1631, Laurent Chenevière^ des envi-
rons de Lyon, fui reçu bourgeois avec son fllt
Jérémitm
15
PlU
— aa4 -
PIÉ
face et une nolice biographique sur
l'auteur^ donnent une idée trè«-avmi->
tageuse du talent de Picot comme ora-
teur de la chaire.
Pierre Picot avait épousé Mari^
Elisabeth Trembley-Massé, ^t en avait
eu trois fils. GaliCTe ne noua fait con^
naître que le nom du plus jeune^ Ai.-
BERT-GÉDÉON. LC SCCOnd^ DàM£L, a
put}liérf X(jfm6n des consomniationi çn
gétiéral, et en particulier de celles de
la ville de Genève, Gen.^ 1822^ in-S».
L'alné, JEÀK, né le 6 avril 1777, pro-
fesseur d'histoire et d^ stf^tistique h
Genève, est auteur 40 plusieurs ou-
vrages estimés.
£n voici les titres :
I. Histoire des Gaulois, defiuis leur
origine jusqWà leur mélange avec Iw
Frams, Gen., 1804, 3 vol. in-go.
II . Tablettes chronologiques de l'hii^
toire universelle, sacrée e( profane,
ecclésiastique et civile, depuis la créa"
tion du monde jusqu*à l'année 1 808,
Gen. et Paris, 1808, 3 Yol.in-8<».
III. Histoire de Genève, accompch
gnée de détails sur les antiquités de
la ^nlle et de son territoire, sur les
mœurs, les usages, etc, Gen., 1811,
3 vol. in-8'.
IV. Essai statistique du canton de
Ganèt^e, Zurich, 1817, in-12,ftvecc«r-*
tes et vues.
V. Statistique de la Suisse, ou état
de ce pays et des 22 cantons dont il
se compose, Gen., 1 8 1 9, in- J 3 ; 2« édit.,
Paris, 1830, in-l 2.
Du mariage de Jean Picot avec Con-
stance-Gabrielle-Sara J^iaUet-de-Tour-
nés sont ués trois enfants : doux (ila,
en 1805, Pierre-Eugène^ ministre de
TEvangile, dont nous connaissons on
seul ouvrage, les Recherches sur i'aur
thenticité de la 2« Epitre de Saintr
Pierre, imp. à Genève, 1829, in-12;
en 1807, Jeàn-Apeubm; et unefille^
Susann^-Albbetinr .
PIDOUX (Pierre), sieur de Nesde,
fils de François Pidoux , médecin de
Henri III, embrassa le protestantisme,
on ignore à quelle époque; mais on le
trouve^ dès 1580, dans le corps de
troupes que C houppes conduisit au
cours du roi de Navarre enfermé dani
Cabors. En 1688, étant déjà capitaine
de carabiniers à cheval, il servit soua
les ordres û' Hector de Préauœ. Après
la campagne, il fut nommé mestro <!#
camp. C'est avec ce grade qu'il con-
tinua à servir vaillamment la cause de
Henri IV, qui lui confia, en 1591, la
gouvernement de Chauvigny. En 1 596,
il signa l'union à l'Assemblée politique
de Loudun, et Tannée suivante, H sa
joignit avec son régiment aux troupes
que La Trémoille assembla ponr pro-
téger l'Assemblée séant alors à Ghi-
teUerauU. En 1599, Henri IV lui or-
donna de remettre la place de Chauvi»
gny à l'évéque de Poitiers ; mais l'At-
l^mblée de Saumur lui défendit d'obéir
et l'autorisa à saisir les deniers des
tailles, si le roi refusait de payer sa
ganUson (Fonds de Briennê, N» 221).
Lorsque les Genevois demandèrent à
Henri IV, après l'Escalade, un capi-
taine expérimenté pour conduine la
guerre contre la Savoie, ce prince loor
envoya Nesde, qui fut tué, peu de Jouta
après son arrivée, avec ua de ses ne*
veux, dans une escarmouche près de
Saint-Gemar, le 9 avr. I603. il avait
épousé Françoise Chevalier, fille du
capitaine François Chevalier et de N.
de Grimouard.
Selo^ une note que M. Fillon a au
l'obligeance de nous conmiuniqoep, la
mère de notre grand fabuliste LaFouv
taine étaitunenièoe du capitaine Nesda*
FIÉLAT (Bàrthélbuy), d'Orangai»
alla faire ses études en théologie à G**
nève en 1 659, et lorsqu'il les eut ter-
minées, il fut, à ce qu'il parait, placé
comme ministre à Meaux. Dans le même
temps, c'est-à-dire en 1665, Phiniê^
Piélat, également natif d'Orange, ae
fit inscrire parmi les étudiants entbéO"
logie de la même académie. C'est ce
Phinée apparemùient qui fut chargé de
desservir l'église de La Gorce, où il (at
remplacé, en 1669, par Crégut. Ré-
fugié en Hollande après la révocation^
il fut donné pour pasteur à l'église
wallonne de Rotterdam. Nous m potf-r
m
-m-
PIË
vonsdiretij PUme^è^liUili^rt PitUU^
niinUiro de U garnison do Saint-Gai-
\$ïUf qui remplaça le pasteur Sudr^
4II9IS l'église française de Saint-Jean à
Lopdros.en i7i(>y était le fils de Tun
ba (le Tautre de ces ministres^ don| l0
prsniier a ppbiié :
l. Sermon smr Genèse J, 1 > Saumur^
ifi04^ ia-8«.
|I. S#nnofi con^enan^ cfc solides çon-
êqhUans contre la mort, Lond.^ s. d.,'
|||-|2. — Présenté au roi Charles il.
Jil. La vie et les actions mémoror
Hps de Ruyler^ Amst.^ 1677^ 3 tomes
m 1 vol. in-|2.
BJous avons quelques raisons decroi-
l« qpe Barthélémy Piélat était le QU
d^pn ipédecin du même nom qui vivait
à Paris Yars 1 670^ et à qui on attribue
Ipa oqvTages suivants :
I» Le secrétaire inconnu^ avec 50
tmêmpks méthodiques, trad. en ailem.«
SolUbaob^ 1674.
il. Lettres nouvelles,
11|. fnsulœ Ceyloniœ thesaurtàs me-
4icM9> 9eu laboratorium chemicum,
Àwat.i 1679, m-)2.
PÎEPPPNT (iQm), poëte estima-
lHl>^a<|uit,en i785,àNewbaven^dans
le Conneçticut, ou son père e:(erçait
les fonctions du ministère sacré (i).
Bistiné au barreau» il commença «es
études en droite mais il ne tarda pas ^
fl# dégoûter de la jurisprudence, qu'il
quitta pour le commerce. N'ayant pas
réossi dans cette nouvelle carrièrej il
s'appliqua à la théologie. La répi)ta-
lim qu'il acquit comme prédicateur, la
m çboisir, en 1 a I e , pour pasteur d une
4m nombreuses congrégations de 9os-
lÀq. Absorbé par ses devoirs pasto-
|P|iu, à l'accomplissement desquels il
apporta une activité et un zèle dignes
tf'^ges, il dut renoncer presque en-
tl^mentau culte des Uuses; ce n'élait
fp'aotant qu'une circonstance impor-
(1) An nombre des poëlei amcrirains d'origine
frMçaise, Qtt doil eil«r aussi Pkilipi>e Fretneau^
tNTttaire de Jefferaon. Il nous a été imposiibl*
4f IrpuTer dans les bibliographies que nous avonf
l BOire disposition, les titres de ses poésies, plus
riiiq^ablM, ditHWi par la q«aaUtê que par ta
tan^iPpnMue l'anniversaire ou la iun-
dation de quelque institution charita-
ble^ ou bien encore un grand événe-
ment politique Ty invitait, qu'il sentait
la passion de la poésie se réveiller en
lui; et qu'il s'y abandonnait avec dé-
lices. Outre un poème qu'il publia,
en 1 8 1 6, sous ce titre : Tl^e airs of Pa-
lestine, et qui eut du succès, on a de
lui un recueil de pièces de vers, dont
Tune, Sur la mort de Mapoléon, passe
pour la meilleure. Nous en citerons
quelques strophes.
Hère sleeps he now alone : not one
Of aU thé kings wbose cronns be gare,
Nor sire, nor brotber, wife, nor son,
Uath ever seen or sooght his grare.
{{ère lieepB he now alone : thc «lar
That led hlm on from crown to crown
Hath sunk ; the nations (rom afar
Gozed ai it faded and wcni dowo.
He sleeps alone : the mouotain cloud
That oi^ht bangs round bim, and IbebteatU
or moming scallers, is the sbroud
That wraps hismortalfonn in death.
11 est assas probable, malgré l'alté-
ration du nom, que John Pierpont des-
cendait d'une famille noble de la Nor-
mandie, nommée Pierreponf, dont deux
frères, Antoine et Etienne de Pierre"
pont, cherchèrent un asile en Angle-
terre, à la révocation de l'édit de Nan-
tes. Cette famille professait depuis
longtemps la religion réformée. Dès
)a première guerre civile, nous trou-
vons un capitaine Pierve^tont servant
an Normandie sous CoUyny, et le même
sans doute que Louis de Pierreponi,
sieur de Lambeilles, qui, dans la troi-
sième guerre, en juin 15(>9, quitta La
Hochelle pour rentrer dans ses terres,
après avoir fait sa soumission {CaUeci .
Fontanieu, N» 518-519). Par uu re-
gistre des baptêmes et mariages cc-
|é|)rés dans le temple de Saiule-iUè-
re-&glise, que nous avons eu entre
les mains (.4rc/». yen. Tt. 51 (), nous
voyons qu'une dizaine d'années avant
la révocation, cette famille était divi-
sée au moins en deux branches, ayant
pour chefs, l'une LouiadePierrepont^
sieur de Saint-Uarcouf, l'autre Antoine
de Pierrepont, sieur de Gravllle. Louis
PIE
— 236 -
PIE
avait époasé Marguerite de Varignies,
qui le rendit père, entre antres enfants^
d'ANNE'MABGUERiTE^ née en 1669^ et
de LÉONOR-ArrromB. Ce dernier^ pré-
senté au baptême, en 1674, par Léo-
nor- Antoine de Saint-Simony et Mar-
guerite-Judith de Pierrepont, sa sœur,
fut, en 1687, enfermé dans le collège
des Jésuites de Gaen avec un Richer,
un ù'Héricy, un Cahaignea, un Gla-
tignyy un Ronceray et d'autres en-
fants protestants (Arch. Tt. 317).
Antoine s'était allié à Judith de Vir-
ville, qui lui donna, en 1669, Judith,
présentée au baptême par ClaudeCham-
pion, sieur de Crespigny, et Judith de
Gascoin, veuve de Pierre de Virville,
sagrand'mère; en 1670, Jacques, qui
eut pour parrain /ocçue^ de Bescheval,
sieur de Saint-Hartin-Blagny, et pour
marraine Judith de Méhérenc ; en 1 6 73,
Claude, et en 1675, Jean-Framçois,
présenté au baptême par François -de
MéhérenCy sieur de Rotot, et Jeanne
de Gascoiny femme de Pierre Saint,
sieur de Saint-Pierre.
PIERRE, curé d'une des paroisses
de la ville de Douai, converti au pro-
testantisme. Pendant quelque temps,
notre curé répandit secrètement ses
opinions, mais il finit par être soup-
çonné d'hérésie, et fut en conséquence
mis en Jugement, en 1558. 11 fut con-
damné à être dégradé de la prêtrise et
livré au bras séculier. La dégradation
se fit avec grande pompe. Pendant
qu'elle s'accomplissait, «M. Pierre de
cœur alaigre commença à louer le Sei-
gneur, de ce qu'il lui faisoit cest hon-
neur, avant mourir^ de le devestir
d'une robe si sale, laquelle jusqu'à
présent Tavoit tellement chargé, que,
sans la miséricorde de Dieu, il eust
esté accablé sous un tel habit. )> La
cérémonie achevée, on le revêtit d'un
habit séculier et on lui lut sa sentence
portant qu'il serait brûlé ; puis on le
conduisit sur-le-champ au supplice.
PIERRE-BRUNE (N. de), sieur de
Saint-Orse, commandait à Glairac, en
1 621 , pour le duc de La Force, qui en
était gouverneur. Les royalistes vou-
laient se saisir de cette ville, et ils es-
péraient réussir d'autant plus facile-
ment que Le$c/t^uiéfe5 y entretenait des
intelligences. Le roi s'approcha donc
de la place et en flt commencer le siège,
le 23 juillet, après avoir rejeté les pro-
positions des habitants, qui offraient
de lui ouvrir leurs portes à la seule con-
dition qu'on laisserait subsister leurs
murailles dans l'état où elles se trou-
vaient. Saint-Orse défendit vaillam-
ment les approches de la ville, et flt
éprouver à l'ennemi des pertes consi-
dérables ; néanmoins le feu s'ouvrit,
le 30, sur trois points différents, et
dès le 4 août, la brèche fut praticable.
Bon nombre d'habitants, leur ministre
en tête, allèrent alors trouver Lesdi-
guières et le supplièrent d'intercéder
pour eux auprès du roi ; mais le ma-
réchal exigea -qu'ils se rendissent à
discrétion. Le 5, les troupes catholi-
ques prirent donc possession de la ville.
Le commandant Saint-Orse obtint la
vie sauve, mais Louis Xlll voulut a qae
la peine des plus coupables servit de
terreur aux autres. » En conséquen-
ce , le consul Denys fut pendu , seib
chaperon sur la tête, ainsi que LaFar-
gue, procureur à la Chambre de Nérac^
et son fils, qui était ministre de Clal-
rac. Le médecin Le Poy, qui avait déjà
la corde au cou, fut sauvé par une per-
sonne de qualité. Quanta la garnison,
la moitié au moins fut noyée dans une
bagarre.
PIERRE-BUFFIÈRE, nom d'une
des plus illustres familles du Limou-
sin, dont plusieurs branches embras-
sèrent de bonne heure les doctrines
évangéliques. En 1569, le parlement
de Bordeaux comprit dans son fameux
arrêt un Pierre-Buffière, sieur de Gé-
nissac, lemêmeapparemment que Jean
de Pierre-Buffière, qui, en 1572, flt la
campagne de Flandres avec Genlis,éL
qui, en 1577, après des prodiges de
valeur à l'assaut de Saint-Macaire sur
la Garonne, tomba entre les mains des
Catholiques, gravement blessé d'un
coup de feu. Peu de temps après, à la
suite sans doute d'unmécontentement,
PIE
~ 237 —
PIE
il changea de parti et fut tué dans les
rangs de Tannée commandée parHay en-
ne. De son mariage avec Henriette de
Téligny, sœnr du célèbre Téligny, na-
quit Odet de Pierre-Buffière^ dont la
destinéeest inconnue, car il n'est guère
possible de Tidentifler avec le jeune
Gérmsacy tué en 1 568^ au siège d'An-
%ù\k\kmQ{CoUect,DuChesney vol. 68).
Deux autres branches, celle de Cbâ-
teauneuf et celle de Chambret ou Gham-
berel, ont joué un rôle plus considérable
dans le parti huguenot.
I.BlUNCHB DE CHÀTEàUNEUP. Louis
de Pierre-Buffière, qui testa en 1548,
eut quatre enfants, dont trois fils, nom-
més François y Louis et Gabriely et une
fille, Marguerite y mariée au sieur de
Bourzolles. François, sieur de Cham-
bret, du chef de sa femme Jeanne de
Pierre- Bu ffière, porta les armes dans
la première guerre civile et fut tué au
siège de Lusignan, en 1574. Il laissa
trois enfants : Charles, qui continua
la descendance^ Madelàine et Jeanne^
dont la destinée est inconnue. Charles
testa en 1588, et fut père de Charles,
qui suit, de Jean, de Gabriel, mort
en 1621, et de Jean-Charles.
Charles de Pierre-Buffière, seigneur
de Chàteauneuf, maréchal de camp en
1 598, servit sous Biron dans la Picar-
die. L'année suivante, Jean de Gon-
tout y baron de Salagnac, s'étant démis
de la lieutenance générale du Limousin,
il fut appelé à le remplacer, et il com-
manda dans la province jusqu'à sa
mort. De son mariage avec Philiberte
de Gontauty sœur de la duchesse de
Caumont'La Force y naquit Charles
de Pierre-Buffière, baron de Chàteau-
Beof^qui prit une part très-activedans
les troubles de la Minorité. La Note
secrète (Fonds de Béthunc, N® 9344),
le qualiûe de gentilhomme « fort hardi
et courageux. » En 1619, la Basse-
Guienne le députa à T Assemblée poli-
tique de Loudun, et en 1 620, à celle
de La Rochelle, qui l'élut président,
te 25 janv. 1621, en lui donnant pour
adjoint La Chapellière et pour secrétai-
res La Grande et La Gou^e . Sous sa pré-
sidence d'un mois, l'assemblée, qui se
posait en face du gouvernement com-
me représentant le parti huguenot tout
entier, prit des mesures pour centra-
liser l'autorité entre ses mainsetpour
assurer la garde des places de sûreté.
Seâ ordres ne rencontrèrent pas par-
tout la même obéissance. Un certain
nombre de gentilshommes , comme
Boësse-Pardaillany MiramheaUy Lou-
drièrcy La Foret, gouverneur de Cas-
tillon, Bacalany Pivotz, promirent de
s'y soumettre, mais parmi les grands
seigneurs du parti, il n'y eut que La
TrémoiUey Rohanei La Force qui vou-
lurent prendre l'engagement de faire
exécuter ses résolutions ; Sully, CM-
tilkm et Lesdiguières , à qui elle dé-
puta Saint-Bonnet y ne répondirent que
par de vagues promesses. Néanmoins,
le gouvernement effrayé se hâta, dans
le but de rassurer les Protestants et de
prévenir un soulèvement général du
parti, en satisfaisant les moins exi-
geants, de publier le brevet qui pro-
longeait pour cinq ans la garde des
places de sûreté (brevet qui était signé
depuis le 12 mai 1620, mais dont on
n'avait pu obtenir jusque-là l'expédi-
tion) et en même temps un second bre-
vet portant allocation, pour trois ans,
d'une somme de 45,000 liv. destinée
aux affaires secrètes des églises, c'est-
à-dire au payement des gages des mi-
nistres et à l'entretien des écoles. D'un
autre côté, te parlement de Bordeaux
mit le président de l'assemblée en ju-
gement et le condamna au de. :iier sup-
plice par contumace.
Le 25 avril, Chàteauneuf, qui parait
avoir exercé une grande et fatale in-
fluence sur ses collègues, fut appelé
de nouveau au fauteuil de la présiden-
ce. C'est en cette qualité qu'il signa
avec Basnagey comme adjoint, Rodil
et Riffaulty comme secrétaires, la Dé^
clarationdes églises réforméesde Fran-
ce et de la souveraineté de Béam de
l'injuste persécution qui leur est faicte
par les ennemis de l'Etat et de leur
religion, et de leur légitime et néces-
saire défense y LaRoch.^ 1621^ in-4%
PIE
— «38 —
PfB
libellé qti« l'on peut regarder comme
la réponse de l'Assemblée aux conseils
pacifiques de Lesdiguières et de Du
Pksm-Momay. Encouragés par Tac-
ceptation que Rohan et La Trémoillê
firent de$ commandements à eux assi-
gnés, les députés des églises s'occupè-
rent dès lors avec énergie des moyens
de soutenir une lutte devenue immi^
nentc. Us adoptèrent, dans la séance
du 1 0 mai, un règlement général cotl*
c«rnant le département des provinces^
la nomination des chefs et généraux^
la discipline militaire, Tadministration
des finances ; puis, dans celle du 20,
un autre règlement pour la marine.
Lorsqu'on lit, dans les procès-verbaux
desséances, certains de leurs voles^ on
dirait qu'ils disposaient à leur gré des
ressources du parti liuguenot tout en^
tier, et que ces ressources étaient a-
boudantes; mais en poursuivant la lec-
ture, on reste surpris de les voir, dès
qu'il faut agir^ recourir aux plus misé-
rables expédients, à de pauvres petits
emprunts, à des quêtes dans les pays
étrangers^ pour se procurer de quoi
aciieter quelques boulets et un peu de
poudre, ou soudoyer quelques centai-
nes de soldats. Certes, si quelque grand
principe eût été en jeu, cette détresse
même aurait Jeté un feflet d'héroïsme
antique sur la lutte de l'Assemblée de
La Rochelle contre les envahissements
de la royauté; mais, il faut bien le re-
connaître) les motifs qu'elle fit valoir
pour allumer la guerre civile étaient
peu graves, nous pourrions dire peu
sérieux. Malheureusement elle se iais-
sair diriger par quelques meneurs qui
n'avaient en vue que leur intérêt per-
sonnel. Tel était Ghàteauneuf. Quelque
temps après l'expiration de sa prési-
dence, lors d'une entrevue qu'il eut à
Niort avec Rohan, Soubise et La Tri-
moitié^ refusant d'écouter les raisons
que ces trois seigneurs faisaient valoir
contre là prolongation de la guerre, il
leur répondit fièrement que s'ils ne vou-
laient pas souteniri'assemblée,elle sau-
rait se défendre sans eux. Ses collègues
applaudirent à sa fermeté toute romai-
ne, mais peu de Jours après, Ut dareilt
déclarer déchu de l'union des églisM m
même Ghàteauneuf, qui avait lftcb««
ment vendu à beaux deniers comptant!
la ville de Pons, ob il commandait, m
était passé dans le camp royal (Fùniê
de Briênne^ N» 2Î5).
II. BRANCHE DK CfiAMitBT. LOqU
de Pierre-Buflière, éecond Hls de Lottlt
de Pierre^BufDère, seigneur de Ghà-
teauneuf) est qualifié d'excellent guèr**
rier par de Thou, qui nous appreoi
qu'il fut mis, en 1 566) pour commiil^
dant dans la citadelle de LyoU) circon-
stance qui nous porte à croire qu'à cellt
époque il ne faisait pas encore profès^
sion ouverte du protestantisme. Au Wh
te, qu'il ait ou non embrassé les opt^
nions nouvelles, il est certain que aéi
fils furent huguenots. Nous en eoii^
naissons deux, l'un appelé Abkl, ttéttr
de BeaUmont) l'autre Louts, sleor êk
Ghambret (i). En 1590, Abel de Pl«^
re-Bufflère commandait dans Maasaré;
on ne connaît d'ailleurs aucune parti*-
cularité de sa carrière militaire. Wà
1588, il avait épousé Antte de Ptmt,
fille de Jean de Pons, sieur de Plaa^ie^
et veuve de Philippe de Herre'^B^
fière (2), à qui elle avait donné tme
(1) Selon d'autres rettiteigtiemefiUi. \éà lielh
dé Beautnonl et de Cliambret élateat oll dé i
çoii de Plerre-Buffière» La généalogie de éeUtH-
mille n'ayant jamais été dressée, qom n*aiwi
d'autre guide qu'un dossier qui noiu à élè eoï-
Moiilqué au département dés mss. dé Id BlHHdll.
oationale^ et il rèfne une telle cénfaiiott, dé MUII
contradictions dans les pièces dont il se eoasMm
que nous craignons fort de commettre plusd'uié
erreur.
(9) Selon une généalogie iiisc. de M litoilléll
Pont (Fonds SL-Magloire^N» 161), AniM.d«fill»
épousa en troisièmes noces JV. ie Pierre 'Bp$irt^
sieur de Lottange. Nous ne possédons abcaii tH-
léignement sur cette branche, qui préfèisa iMii
Vi religion réformée pendant au meini an li^gH.
En 1580, un Lottange servit sons Twtnnt faM
le Bttut-Languedoc. Eii 16S5, Ctavit ît P\èîS'
BufflèrCf marquis de Lestangè et sa femme ■ ie
sentant poosses par la vérité de la R. G., eomme
dit le Mercure, abjurèrent sans attendre la rèvo-
cation. » Le frère du marquis, Chérlet de Lm-
tange^ ne suivit pas l'eiemple de ton étnè. Il le
réfugia en Fruste, servit comme tnajet à la li-
taille de Mollxviti, où il fut blessé, et «'éleva m
grade de lieutenant colonel, puis, en 1703, il at
tint uiit-égiment de cuihtssiers. tl motiHit èH IfOt.
navaitépousè MnHt-Chttrhltf de Ihfttk&utOttk
PIE
— MO-
ME
flUe anique, mariée à son eonif n Char-
iêê de Fierre-Boffière, baron de Cbà«
Manêtif. De ce mariage naquit Char<>
Lt», siour de Prunget (Prugné?), qui
prit pour femme, en 1619 5 Jeanne
d'Sarambure^ et en eut : !• Charles ;
— S^ GABRiELLE. Charles, baron de
i^milgety épousa, en 1644, Marie Lé
Breton, flUe û' Enoch Le Breton et de
MaïUtaine Bazin > qui le rendit père
4'Abil^Chàrles , baron de Prunget.
C«lili-ci s'allia^ en 1675, avec Cathe--
rki9 CouratiU'^U'Portaily fille de Ben-
jamin Courault et û'Anne Drouin. Il
«à eut un fils, Charles-Benjamin, ba-
fon de Prunget, qui épousa, en 1695,
Anne-Marthe Renard, fille d'Antoine,
iieur de La Motteraye et de Louise Du
Bols-de*Menetou, noutelle catholique
comme lui, selon toute vraisemblance,
et en eut, en i696,Anne-Catherinede
Fierre-BufBère, placée à Saint-Cyr en
1703 (Arch. gén, K. 1575).
Louis de Pierre*Buffière, sieur de
Cbambret, est mieux connu que son
frère. Dès 1 586, il se fit remarquer par
ioii courage à la belle défense de CaS"
tilion. En 1 590, il combattit bravement
à Ivrvi ainsi que son cousin, le sieur
de ChAteauneuf. En 159 1, il était gou-
^raeur de Sainl-Yrlex-la-Perche. Ce-
(Ult alors, au rapport de rhistorien de
Tbou, un adolescent doué de tous les
avantages du corps et de Tesprit. Selon
Tantear des Remarques sur la Confes-
aion de Sancy, « il étoit très-bel homme,
•I4es mieux faits qu'on pût voir, mais
encore sans comparaison plus spiri-
Uiel, d'une conversation charmante,
ntrèmement brave, et qui, par une pré-
aence d'esprit peu commune, avoit su
se tirer admirablement bien de tous les
mauvais pas où s'étoient engagez plu-
fieurs autres seigneurs de la cour du
ret Henri 111. »11 parait, en effet, que
la bravoure qu'il avait déployée à la
défense de Tours contre Mayenne avait
cliarmé Henri 111, qui l'avait pris en
■
InuBclM desceadait peal-êlre de Gabriel de Pierre-
fitflière. 3* fils de Louis, lequel eut quatre en-
ttbU : JtAM, GÂBRIKL, DANIRL «( GASUtBLLll,
ttviateneoreM tais.
grande affection. En 1590, Chambret
apprenant que son frère était assiégé
par les Ligueurs dans Masseré, vou-
Iht lui porter secours, mais il fut battu
et dut se replier sur Limoges. Quelques
Jours après, 11 prit une éclatante rc-
vatiche. Assiégé à son tour dans Saint-
Yriex-la-Perche, il força les Catholiques
à ee retirer honteusement, a après a-
votr, dit d'Aubigné, enduré 1 600 coups
de eanon en une bicoque qui n'avoit
Jamais esté estimée en devoir sonfTï'lr
un. 1» La même année , il fit lever le
etége de Dorât. En 1592, il prit part à
la brillante défense de Yillemur contre
Joyeuse. En 1 593, il commanda un ré-
giment au siège de Dreux. En 1594,
nommé lieutenant général du Limou-
sin, il combattit avec succès les pay-
sans révoltés. Tels senties états de ser-
vices de Louis de Pierre-Buffière, qui
avait été surnommé le brave Chambret.
H resta, à ce qu'il semble, complète-
ment étranger aux aflSaires des églises,
quoiqu'il Itit gouverneur de Figeac,
nne des places de sûreté. En I6II, Il
épousa Marie de La iVoue,Àgée de 13
ans. 11 en avait lui-même 55. S'il faut
•n croire Tallemant des Réanx, c'était
alors un vieux gentilhomme peu riche,
maladif, de méchante humeur, brutal.
(Jn mariage aussi disproportionné sur-
prit tout le mondé, il en naquit plu-
sieurs enfants, entre autres : i * Elisa-
beth, femme, en 1 652, de Samuel d'A'
pelVoisin, vicomte de Fercé (alias Far-
ce) ; -^ S* Olivier, mort sans alliance ;
'^ 3» Jban, marquis de Chambret, qui
épousa Marie de Caslelnau, en 1642;
— 4« Benjamin, marquis de Chambret,
né en 1617 et mort le 11 mai 1684
(Rég, de Charenton). Sa femme Louise
Aubery, lui avait donné six enfants,
dont deux, nommés Benjabuiic et Loui-
ai-£HiLiB,parvinrentà8ortir de France
à la révocation, à ce qu'on lit dans les
Pièces de La Reynie (Supplém. franc,
791. 2).
PIëRHES ou La Pierre, famille
de l'Anjou, divisée en plusieurs bran-
ches, dont deux au moins embrassè-
rent les doctrines de la Réforme. Nous
PIE
— 240 —
PIÈ
n'avons rien à ajouter k co que nous
avons dit (Voy. IV, p. 498) de Pierre
de La Pierre, chef de la branche Dn
Plessis-Baudouin, laquelle ne paraît
pas avoir persisté dans la profession
du protestantisme. Il n'en est pas de
même de la seconde, celle de La Bo-
NINIÈRB.
Jean Pierres, sieur du Poirier, de La
Boninière, de Beaurepaire et de La Bi-
gottière, écuyer de Renée de France,
eut cinq enfants de son mariage avec
Charlotte Clavurier, savoir: l« Gcy,
qui continua la descendance; — 2» An-
toine, sieur de Fontenailles, marié, en
1 565, à Marguerite de Mons, et père de
René, sieur d'Epigny, et d'ANTOiNS;
— 30MÀEC; — 40 Charles;— 5<»LouiSB,
femme de Guy d'Aurillé, sieur de La
Coursaye.
Guy Pierres, gentilhomme de la
chambre du prince de Condé et maître
d'hôtel du prince de Conti, épousa,
en 1565, Jeanne de Montléony et en
secondes noces, Louise de Saint- Jouin,
Du premier lit vinrent : 1» Josias, qui
suit; — 2° Henri, sieur de Prinçay,
mort sans enfants de son mariage avec
N. Du Puy ; — 3« Marie, fenmie de
Pierre D% Drac, sieur de LaClairbau-
dière.
Josias Pierres prit pour femme, en
1 599, Gabriellede Bustan, Resté veuf
sans enfants, il se remaria, en 1610,
par contrat passé devant Verroneau,
notaire à La Rochelle, avec Nérée Cou-
raulty fille ù' Antoine Courault, baron
de Chàteliaillon. Deux fils naquirent
du premier lit : Hector, qui suit, et
MAXiBiaiEN, à qui sa femme, Marie
Du Pont, donna un Ois, Josus, mort
sans postérité. Du second vinrent encore
trois enfants : Josus, sieur de Péri-
gny, marié à Susanne Carrey-de Bel-
lemare ; Daniel, qui continua la des-
cendance, et Gassandre, fenune de
Messeméf sieur de Talivois.
1. Hector Pierres, sieur de La Boni-
nière, épousa, en 1 650, Clattde de
Villiers, fille du sieur de La Boisson^-
nièrcy dont il eut: Josias-Louis et
HoRAGB,morts sans postérité; Claude,
femme de Henri de Brusse, slear de
La Boninière, à qui elle donna, entre
autres enfants, un fils nommé Daniel-
CharleSy qui épousa, en 1676, dans
l'église de Charenton, Catherine Fa-
laiseauy fille du banquier Samuel Fa-
laiseau et de Madelaine Du Four;
Gabrielle, mariée à Prosper de La
Motte-Montbrard,
II. Daniel Pierres, sieur de Narsay
et des Epaux, major de la ville de
Carcassonne, épousa, en 1 662, Marie
de Refuge, fille de Jean, comte de
Couesmes, et ae Susanne de Meaussé.
En 16*73, il assista encore au synode
de l'Anjou, tenu à Bellesme ; mais il
abjura à la révocation, et son apostasie
lui valut, le l«' avril 1686, une pen-
sion de 200 livres (Arch. gén. Tt.
252). Se9 enfants au nombre de six,
suivirent son exemple.
PIERRES (Jean), Uentenant-géné-
ral en la sénéchaussée de La RocbeUe
depuis 1544, magistrat aussi intègre
qu'éclairé, mais d'un caractère impé-
tueux, et très-zélé pour la Réforme,
fut élu maire en 1565. Le roi ne con-
firma pas l'élection et nonuna Michel
Gui, que le parti modéré portait
Pierres a donné des preuves de son
savoir dans son Commentaire sur té-
dit des arbitres, La Rochelle, 1 564,
in-8», qu'il dédia à Charles IX. La
dédicace est suivie d'une Epître à
L'Hospital, en assez mauvais vers la-
tins. Cet ouvrage est divisé en trelie
sections, dans lesquelles l'auteur cher-
che à prouver le droit qu'ont le soa-
verain et les magistrats de faire les
lois, et le devoir pour le peuple d'y
obéir. Jean Pierres mourut en 1588.
PIÈTRE (Simon), médecin célèbre,
né vers 1525, au viUage de Varède,
près de Meaux, et mort à Paris, le
25 juin 1584. Piètre était fils d'un
riche fermier. Il fit d'excellentes étu-
des et ftit reçu docteur à Paris, en
1 549. Professeur de médecine et doyen
de la Faculté en 1564 et 1565, il au-
rait été enveloppé dans le massacre de
la Saint-Barthélémy avec son ami ito-
mus, si son gendre Riolan ne l'avait
PIE
— 241 —
PIE
eacbé dans le couvent de Saint-Victor.
Sa réputation d'habilelé était si bien
établie, que la reine-mère le fit appe-
ler auprès de son fils Charles W dans
sa dernière maladie. Il est possible
qu'il ait abjuré avant sa mort, ce qui
paraît certain, c'est que de ses nom-
breux enfants, pas un seul ne professa
la religion réformée. On trouve dans
les œuvres de Fernel, six Consul-
tationSy qui appartiennent a Simon
Piètre.
PIEYRE (Alexandre), poëte dra-
matique, né à Nismes, en 1 752, et mort
en Juillet 18:^0.
H. Nicolas a consacré une longue
notice à cet écrivain dans son Histoire
littéraire de Nismes, nous nous conten-
terons d'en donner un court extrait.
Pieyre suivit d'abord la carrière du
commerce, la seule ouverte en France
aux Protestants. Mais Téducatiou libé*
raie qu'il avait reçue, était un écueil
pour l'homme d'affaires. L'amour des
lettres ne tarda pas à l'enlever aux a-
rides travaux du comptoir. En 1 782,
il fit représenter sur les théâtres de
Mismes et de Montpellier une comédie,
en 5 actes et en vers, intitulée l'Ecole
des pères. Elle fut favorablement ac-
cueillie, ce qui l'encouragea à la pro-
duire sur les théâtres de Paris. Reçue
au Théâtre Français, elle fut jouée à
la fin de mai 1787, et le jugement de
la capitale confirma celui de la provin-
ce. Quarante représentations dans le
courant de l'année témoignent d'un
beau succès, on pourrait presque dire
un succès d'entraînement. Et cepen-
dant, à en juger par l'analyse qu'en
donne M. Nicolas, l'auteur est très-
sobre de moyens : il ne fait appel ni
aux passions politiques (on était à la
veille de 89), ni aux émotions de cours
d'assises ; à peine laisse-t-ll entrevoir,
dans on coin de la scène, une appari-
tion du demi-monde, en un mot, il est
très-modeste, et le titre même de sa
pièce nous semble trop ambitieux. Une
comédie purement d'intrigue n'est pas
une école, mais une récréation, un
passe-temps, a Les deux premiers ac-
tes, dit un critique du temps (Mémoires
secrets de Bachaumont, T. XXXV),pro-
mettaient peu ; le troisième annonçait
une horreur effrayante ; mais le qua-
trième, delà plus grande beauté, d'une
énergie rare, a fait voir combien l'au-
teur avait de ressources dans le gé-
nie, pour se tirer d'un mauvais pas et
tourner à sa gloire ce qu'on croyait
devoir être son écueil. Le cinquième
ne pouvait pas être aussi beau, mais
le dénoûment très-moral a complété le
succès. » Ce succès fut si réel, que
Louis XYI, en témoignage de sa satis-
faction, fit remettre à notre poëte une
épée de parade avec ces mots gravés
autour delà poignée : « Don du Roi à
M. Pieyre, auteur de l'Ecole des Pères,
l«r fév. 1788. » De son côté, le duc
d'Orléans le choisit pour précepteur
de son fils atné, le duc de Chartres,
sous la direction de M»« de Genlis,
nommée comme on sait, gouverneur
des enfants du prince. Pieyre occupa
ce poste de confiance jusqu'à l'épo-
que où le jeune duc fut contraint de
chercher sa sûreté dans Texil (1793).
Alors il se retira dans sa province, où
il laissa passer Torage. En 1800, il
revint se fixera Paris. M. Nicolas cite
de lui de beaux traits de désintéresse-
ment. Jaloux de son indépendance, il
ne voulut jamais accepter aucune place
du gouvernement. N'ayant point eu
d'enfants de sa femme, morte en i 8(j6,
il partageait son temps entre Paris et
Orléans, où son frèreétait préfet. Après
la Restauration, « il reprit, dit M. Ni-
colas, ses anciennes relations avec la
famille d'Orléans, qui lui montra lamé-
me bienveillance qu'avant la révolution,
et dont il resta l'ami le plus dévoué et,
il faut ajouter, le plus désintéressé. Le
dpc d'Orléans lui proposant on jour de
le faire nommer membre de la légion-
d'honueur, « Ne me parlez pas de croix,
lui répondit-il, je vous suis assez atta-
ché pour ne pas avoir besoin d'être lié
par un cordon de plus. » Bien plus,
lorsqu'il fut nommé secrétairedes com-
mandements de la princesse Adélaïde,
il refusa tout traitement. Quel heureux
PIL
— «41 —
PIN
Miltrtétidansrhidtolre de notre t«iiipt!
Pieyre mourut quelques Joui s avant la
révolution de Juillet.
Le Théâtre de Pieyre (Orléans et Pa-
ris, 1808 et 1811 5 2Yol.in-8o) contient
i« les Amis à l'épreuve, com. en un acte
et en vers croisés^ publ. séparém., Pa-
ris, 1788 in-8«; — a» le Garçonde cin-
quante anSf com. en 5 act. et en vers,
reçue au ThéàtreFrançais enl 800, puis
rayée du tableau au moment d'ètremise
à l'élude ; elle fut impr. à Paris, an vu,
ln-8o, sous son premier titre la Mai'
son de l'oncle i — 5» T Intrigue anglaise,
com. en r> act« et en vers , jouée, en
1809, à rodéon et impr. sous le titre
laFamille anglaise, Paris^ 1 809, in-S»;
—4'» Orgueil et vanité, com. en 5 act.
e( en vers ; — 5<» le Dépit amoureux, et
Iq Princesse d'Elide, de Molière^ et U
Philosophe amoureux, de Destouches,
qu'il a arrangés. Enfin, le dernier en-
fant de sa muse, la Veuve mèrê^ com>
en un acte et en vers, a été impr. à
Paris, I825j in-8*. Mous ne parlons
pas de quelques poésies de circonstance
qnl n'ajoutent rien à la gloire de l'an^
leur*
PILOTY (Jbàn), capitaine hugue-
not. En 1578, secondé par Jaille,
Nauguiéf Àlison, Matelet et les Pro-
testants chassés de Béziers et de Péze-
nas> Piloty se saisit de Saint>Nazaire;
mais le baron de Pnjol ne tarda pas à
l'en déloger. Nauguié, qui tomba entre
les mains des Catholiques, eut la tête
tranchée. Par représailles, les Hugue-
nots poignardèrent le frère du baron.
Piloty entra ensuite, avec le grade
d'enseigne, dans la compagnie de gens
d'armes de Montmorency, qui le nomma
gouverneur d'Aubenas. La nécessité de
mettre cette ville en état de soutenir
Un siège et l'entretien de la garnison,
de 1596 jusqu'à la fin de 1598, c'e'st-
à-dire pendant près de trois ans, Ten-
tratnèrent dans des dépenses considéra-
bles^ dont il lui fut impossible de se faire
rembourser, malgré Tînlervention de
TAssemblée politique de Grenoble, qui
ordonna aux députés généraux « de
i'assister à la poursuite dudit rembouN
Mmest, 9 et lai aeoorda, #n attendant,
un secours de 600 livres, « attendu
aes grandes pertes et la nécessité où II
étolt réduit après avoir dignement
nervy » (Fonds de Brienne, N» 223).
Le Synode national de Vitré consentit
anssi à lui accorder une indemnité ;
mais celui de Gharenton, auquel il s'a-
dressa pour obtenir un nouveau se-
cours, rerusa de faire droità sa requête^
bien qu'elle fut appuyée par les dépu-
tés des Gevennes, les deniers des égli-
ses ne devant être employés qu'à l'en-
tretien du ministère. Piloty testa en
1627. Depuis 1 Q24, il était devenu co-
seigneurdeLézan. De son mariage avec
Félice de Bossugues, célébré en 1596,
naquit Robert, coseigneur de Lésan,
qui épousa, en 1 634, Françoise d^A^
vessens^de-Saint-Rome, dont il eut
Jbàn-Antoine, coseigneur de Lézan,
marié, en 1 657> à Françoise Guyoi, et
condamné aux galères en 1 686, pour
cause de religion; Louis, sieur de Vil-
leneuve, et PiBRRB, sieur de La Grou-
9ette. A la révocation^ un Charles de
Piloty, peut-être fils de Jean-Antoine,
se réfugia à La Uaye^ où il habitait en
1687.
Pl^AULT (JBATi), fils de Jacquts
Pinaîut, de Poitiers, et ministre de
l'Evangile, desservait depuis deux ans
l'église de Jussy, lorsque le Gonseil
de Genève lui accorda gratuitement les
droits de bourgeoisie, le 10 déc. 1 562.
En 1566, il fut appelé, comme pas-
teur, dans la .ville, et en 1572, il fut
chargé des fonctions de recteur, il
mourut le 8 sept. 1606 (Arch. de im
Comp. des pasteurs, Reg. G.), et fut
enseveli au cloître Saint-Pierre.
Jean Pinault n'est pas le seul pro-
testant français qui ait cherché un
asile à Genève contre les persécutions.
Le Registre des bourgeois mentionne,
sous la date du il mai 1559, Guil-
laume Pinault, de l'Anjou, et sous celle
du 25 août 1 625, Melchisédec Pinault,
de Saint-Maixent , qui fut peut-être
le père du pasteur Melch, Pinaldus,
dont la thèse De sotisfactionis Christi
verikUe, a été imp. à Gen., 1657, in-
PIN
— 248 —
PIN
4*. Ce dernier mourut en i 707, après
avoir desservi Téglise de Goncbee, en
Bourgogne, depuis 1058, et celle de
Genève, depuis 1679. C'est apparem-
ment de lui que descendaient Piem
PinauH^ ministre à Genève, de 1707
à 1731, date de sa mort, et Melchiaé-
dec PinauU, qui était, en i 735, un
des pasteurs de la colonie française de
Scbwabach.
PINEAU (Pierre), dit Desaigues,
ministre à Tours, en 1603, avait pu-
blié contre le dogme de la transsub-
filantiation un ouvrage qui ne nous est
connu que par la réfutation de Tapos-
lai de Launuy (Yoy. ce nom). C'était
on théologien instruit, comme le proa-
ve le choix que deux synodes natio-
naux (Irentde lui,en 1 594 et en 1 597,
le premier pour répondre aux adver-
saires, le second pour réviser la Dis^
cipiine. Nous n*avons aucune preuve
qni nous autorise à rattacher à ce pas-
teur par un lien de parenté quelcon-
que Charles Pineau, auteur de Com-
mentaires 9ur les Actes des Apôtres,
qui se conservent en msc. au British
Moseum (Z^i6/. Harleian., N« 4393),
non plus que le médecin Benjamin Pi-
neau, connu par une dissert. De ar^
Ihritide, Lugd. Bat., 1691, in-i». Ce
dernier ne saurait être confondu avec
Benjamin Pineau, avocat à Vendôme
et historiographe de Monsieur, qui,
compromis par les lettres saisies sur
Brousson, ainsi que Galleran, d'Or-
léans, M°*« Brunier, de Blois, et La
Primaudaye, de Montaigu, fut arrêté
en 1699, et jeté en prison (Arch. gén,
E. 3385).
Plusieurs autres Protestants du nom
de Pineau figurent dans les Annales du
protestantisme en France; nous avons
déjà eu ou nous aurons l'occasion de
parler de quelques-uns d'entre eux ;
qoant aux autres, noue ne connaissons
de leur vie aucune particularité assez
notable pour que nous en fassions spé-
cialement mention ici. Nous ne ferons
une exception que pour deux avocats du
parlement de Parib, dont les noms se
trouvent inscrits plus d'une fois dans
lesRegistresdeGharenton. L'nnd'eaxi
nommé Pau/Pineau, sieur de Champ-
fort, fils de Pierre Pineau, avocat, et
de Judith Béranger, épousa, en 1 64 1 ,
Susanne Elle, fille du oélèbre peintre
Ferdinand Elle, L'autre, Isaac Pineau p
baitlideRouflignacetde Champagnac,
en Saintonge, fils û'Abel Pineau, sé-
néchal de Gourpignac,et de Marie Ros"
signal, prit pour femme, en 1 660, Ma-
rie Carré, fille de Pierre Carré, séné-
chal de Joniac, et de Jeanne Robin, En
1678, il exerçait la charge de Juge
royal à Jonzac, et assista, comme an-
cien de l'église de cette ville, au sy-
node provincial qui s'y tint cette an-
née, et où il remplit les fonctions de
secrétaire.
PINETON (Jacques), sieur de
ChambHun, fils aîné de Jean Pineton,
qui testa en 1529, selon les Jugemens
de la Noblesse, embrassa les doctrines
évangéliques , vraisemblablement en
1 5G0. bans sa ferveur de néophyte,
renonçant aux avantages qui l'atten-
daient dans le monde, Chambran se
voua au ministère sacré, il alla faire
ses études en théologie à Genève, où
il reçut là consécration des mains de
Calvin lui-même, et peu de temps
après, au mois de mars 1562, il fut
donné pour second pasteur k l'église
de Nismes, où les progrès de la Ré-
forme furent si rapides, que Tannée
même, les deux ministres ne pouvant
plus suffire k leur tàch0| il fallut leur
adjoindre A, Banc, dit La Source.
Dès le mois de mai suivant, le consis-
toire se vit dans l'heureuse nécessité
de demander à Genève deux nouveaux
pasteurs (MSS, de Genève, 197««);
mais la disette des ouvriers évangéli-
ques était si grande, que l'on ne put
leur envoyer que Pierre d*Aspéres,
C'est Chambrun qui fit, le 27 jànv.
1566, la dédicace du Grand temple de
Nismes. Après la Michelade, à laquelle
il s'opposade toutes ses torcesi il crut
prudent de fuir avec son collègue
Mauget, et il ne retourna dans son
église qu'à la conclusion de la paix.
En 1572, il assista au Synode natio-
PfN
— 444 —
P!N
nal de Nismes. En 1567^ le synode
provincial^ tena à Sommières^ loi
donna ponr collègues ScUnt-Ferréol et
Claude de Falgiierolles,En\ 588^Gham-
brun se rendit, comme député de l'é-
glise de Nlsmes^ à TÂssemblée politi-
que de Montauban, et la même année,
avec Pierre Maltrait on Maltrei, à
l'assemblée provinciale d'Alais. Quoi-
que son testament porte la date du 5 juin
1594, il vécut jusqu'en 1601. Le seul
ouvrage qu'ii ait publié, à notre con-
naissance, parut à Nismes, 1 584, in-
4«, sous ce titre : L'esprit et con"
science jésuitique. Pour expresse des-
couverte de l'esprit de calomnie et sa
suite, ez blasphèmes imposez aux é-
glises reformées, en la personne de feu
/. Calvin, par J. Hay, moyne jésuite,
au libelle de 6es Demandes, Dédicace
au roi de Navarre. Jacques Pineton de
Chambrun laissa, entre autres enfants,
Pierre, sieur de Lempéri, qui conti-
nua la branche aînée, et Jacques, qui
fonda une branche cadette.
1. Branche aikée. Pierre Pineton,
conseiileret médecin ordinaire du roi,
gouverneur de La Canourgue, mort
vers 1626, eut de son mariage avec
Marcelline de Orangers, fille de Jean
de Grangers, sieur de Larcis en Gé-
vaudan, qu'il avait épousée en 1599,
trois fils nommés Pierre, Charles et
Aldbbbrt. La destinée des deux der-
niers nous est inconnue. Pierre, sieur
de Larcis et de Récolétes, bailli et gou-
verneur de La Canourgue, suivit la
carrière des armes, et testa en 1642,
au moment de partir pour le siège de
Perpignan. Il épousa, en 1 631 , Jeanne
de Seguin, flUe ù* Etienne de Seguin,
sieur de Rochevallier, et d'Anne Fa-
bri. De ce mariage naquirent deux flls :
Charles, sieur de Larcis, né en \ 636,
qui épousa à Charenlon, au mois de
mars 1676, Suzanne Combel, fille de
de Pierre Combel, conseiller secré-
taire du roi, et d'Anne Bellettes, ma-
riage auquel assistèrent comme té-
moins, du côté du mari. César de La
Tour-Seguin et Marc-Antoine de Cro-
sat, sieur de La Bastide, ses cousins
germains, et du côté de réponse, Jean
Combel, son frère, avocat au parle-
ment, et Jean BeUettes, son oncle^ se-
crétaire du feu duc d'Orléans (Reg, de
Charenton). Le sieur de Larcis abjura
à Paris, le 13 déc. 1685. Sa femme
suivit son exemple, en 1686, ainsi que
son frère, Aldebert, sieur de Pom-
miers, capitaine d'infanterie, qui avait
épousé, en 1679, Marie Guiot,
II. Branche cadette. Jacques Pi-
neton, sieur de Chambrun, suivit,
comme son père, la carrière ecclésias-
tique. En 1609, il fut nommé pasteur
de l'église de Nismes, qui l'envoya,
en 1612, au Synode de Privas sollici-
ter la révocation du décret rendu con-
tre Ferrier (Voy. V, p. 95). En 1617,
11 assista, comme député du Bas-Lan-
guedoc, au Synode national de Vitré.
En 1620, les magistrats d'Orange le
demandèrent pour ministre, et le Sy-
node national d'Alais le leur accorda.
En 1 623^ il fut député de nouveau an
Synode national de Charenton, qui le
choisit pour porter au roi l'assurance
de la fidélité inviolable des églises de
France. Il était accompagné de Mes-
trezat fLoriol-de-Gerland et Rabotteau,
Louis XIII leur répondit o que si ses
sujets delà R. R. se comportaient bien
et qu'ils vécussent dans le devoir et
l'obéissance que Dieu et la nature exi-
geaient d'eux, il leur continuerait la
jouissance des privilèges des édita. »
Le chancelier ajouta que S. M. était
très-satisfaite de la conduite du syno-
de ; mais qu'elle ne voulait plus souf-
frir de ministres étrangers et qu'elle
voyait avec déplaisir que le Synode d'A-
lais eût obligé les pasteurs à jurer de se
conformer aux décisions du synode de
Dordrecht. Sur les instances de Cham-
brun et de ses collègues, Louis XIII
consentit à laisser en place les minis-
tres étrangers alors en fonctions, mais
il défendit d'en admettre d'autres à
l'avenir.
Pineton-de-Chambrun fut député en-
core au Synode national de 1631. Ces
fréquentes missions sont autant de
preuves de l'estime dont ii jouissait^
PIN
— 2*5 —
PIN
en sorte que Ton nefloit pas regarder
seulement comme un élan de piété fi-
liale ce témoignage que lui rend son
fils : « Feu mon père, par sa rare ver-
tu, son grand savoir et son génie ex-
traordinaire dans toute sorte d'affaires,
s'étoit acquis un grand nom dans le
monde et particulièrement dans nos
églises.... J'ose dire que sa prudence
exquise avoit beaucoup contribué à
rendre l'église d'Orange florissante. Il
avoit eu la consolation de la voir mul-
tiplier à merveille. Il y avoit peu de
Jours qu'il ne passât des prosélytes par
ses mains, de sorte que, dans moins
de vingt ans, il vit augmenter son é-
glise de la moitié. Je n'ai pas eu le
même bonheur que lui. »
Le sort de ce fils, qui se nommait
aussi Jacques, fut effectivement tout
différent. Sa vie presque entière s'écoula
dans les tribulations, les luttes, les an-
goisses et les tortures.
Jacques Pineton-de-Chambrun, pas-
teur et professeur de théologie à 0-
range, commença ses études à l'aca-
démie de Die sous Crégut, puis il alla
les terminer à Saumur, où il soutint,
sous la présidence à'Amyrauty une
thèse De /t6erfa(e c^nsttandl, lus. dans
lesTheses salmur. Il remplissait,depui8
quelques années, la place de pasteur
dans l'église d'Orange, lorsque eut
lieu, en 1660, l'occupation de la prin-
cipauté par les troupes de Louis XIV,
occupation qui dura cinq ans et pendant
laquelle il se passa peu de jours qu'il
ne fût aux prises pour défendre son
troupeau, soit contre les exactions des
conmiandants militaires, soit contre
les sopbismes des Jésuites ou d'autres
moines. Dans ces circonstances diffici-
les, il fit preuve d'autant de fermeté
que de tact et de prudence. Orange
étant rentrée, en 1 665, sous l'autorité
de son prince légitime, il vécut assez
tranquille jusqu'en 1674, c'est-à-dire
jusqu'à la mort de l'évèque Fabri,avec
qui il était en de très-bons termes, et
rintronisation de son successeur d'O-
beilh, homme d'un tout autre caractère.
Cette année-là même, sous le préteite
de punir un attentat commis contre une
croix, qui avait été plantée sur les
ruines des fortifications de la ville (l),
Louis XIV, qui convoitaitlaprincipauté
et qui était, on le sait, assez peu scru-
puleux sur les moyens de s'agrandir,
fit envahir de nouveau Orange , au
mépris du traité de paix de Nimègue.
LesOrangeois,et Pineton-de-Chambrun
en particulier, eurent à supporter des
outrages de toute espèce; cependant ce
qu'ils souffrirent alors ne peut se com-
parera l'horrible persécution de 1 685.
L'immense affluence des Protestants
français qui, pour échapper aux mis-
sionnaires bottés, cherchaient un asile
dans la principauté, fournit au grand
roi un prétexte d'intervention. Ce fut
en vain que le parlement, effrayé des
menaces des commandants français,
rendit un arrêt pour chasser d'Orange
tous les réfugiés . Cette làcheconcession
n'arrêta pas la marche du comte de
Tessé, « l'homme à tout faire de Lou-
vois, » comme l'appelle Saint-Simon.
Il entra dans Orange le 25 octobre, et
commença par faire arrêter les trois
ministres Gondrandy Chion et Petit,
avec leurs collègues Aunet, de Cour-
tezon, Rainaud, du Dauphiné, et de
Vignolles, du Languedoc, qui furent
tous transférés, peu après, dans les pri-
sons de Valence (Vay. V, p. 302).
Chambrun, qui était perclus de goutte
depuis longtemps et qu'une fracture
de la cuisse très-douloureuse retenait
au lit dansrimpos&ibilité de se mouvoir
sans l'aide de deux domestiques, ne
fut point incarcéré avec les autres
pasteurs; Tessé se contenta d'abord de
le faire garder à vue.
A Orange, la dragonnade eut autant
de succès que partout ailleurs, les mê-
mes causes produisantles mêmes effets.
Frappés de terreur par l'arrestation des
pasteurs et la démolition des temples,
accablés de gamisaires, pillés, ruinés,
succombant sous les mauvais traite-
(1) Les fortiflcations d'OraDg* farent démolies
peodtnl )t première occupation, sauf le chàlean,
rasé à son tour pendant une nouTelie occapation,
qni eut lien en 1S7S, mais ne dnra que qvel-
qoMmoli.
PIN
246
PIN
ments^ les habitants réformés finirent
par se réunir à TÉglise romaine^ non
pas toutefois avant d'avoir obtenu de
Tévéque la promesse qu'ils ne seraient
point obligés d'adorer les saints ni de
fléchir les genoux devant les Images^
et qu'on leur donnerait la communion
sous les deux espèces. Les pasteurs ré-
sistèrent avec un courage intrépide^
ainsi qu'un petit nombre de fldèles,
qui furent surchargés de dragons. Pour
sa part Chambrun eut à en loger qua*
rante-deux^ non compris quatre tam-
bours chargés de battre jour et nuit
la caisse autour de la chambre où il gi-
sait sur son lit de douleur. « Dans peu
d'heures , raconte-t-il^ ma maison ftat
toute bouleversée ; toutes les provisions
ne suffirent pas pour un repas^ ils en-
foneolent les portes de tout ce qui étoit
sous la clef, et faisolent un dégât de
tout ce qui leur tomboit en main...
Mon épouse essuya toutes les violences
qu'on se peut imaginer... La nuit ne
liit pas venue^ que les dragons allumè-
rentdeschandellespartoutemamaison.
Dans mabasse-cour^dans mes chambres
en y voyoit comme en plein midi^ et
Pexercice ordinaire de ces malhonnêtes
gens étoit de manger, de boire et de
fumer toute la nuit. Cela eût été sup<
portable^ s'ils ne fussent venus fumer
dans ma chambre pour m'étourdir ou
m'étoufl^r par la fumée du tabac^ et
si les tambours avoient fait cesser leur
bruit importun^ pour me laisser pren-
dre quelque repos. »
Après une nuit de cruelle insomnie^
Chambrun reçut le lendemain^ de la
part de Tessé^ une sommation d'obéir
au roi. Sur son refus, Tordre fut donné
de loger chei lui tout le régiment et
de le tourmenter avec plus de violence.
«Le désordre, raconte-t-ll, fut furieux
pendant tout ce jour et lanuitsuivante.
Les tambonrsvinrent dans ma chambre,
les dragons venoient fumer à mon nez ;
mon esprit se troubloit par cette fumée
infernale, par la substraction des ali-
mens, par mes douleurs et par mes
insooiples. » Le lendeioaiQ, nouvelle
sommation et nouveau refus. Les boiir«r
reaux continuèrent donc leur œuvra
jusqu^au mardi i s novembre, que le
patient tomba dans une syncope qui
dura quatre heures. Le bruit de sa mort
se répandit. Tessé, craignant d'être
blàméénhautlieu,flt retirer les dragons
et donna l'ordre de transporter Cham-
brun àPierre-Encise.
Le triste cortège se mit en route an
milieu des prières et des sanglots de la
population entière. Pineton a tracé on
tableau navrant decequ'ileutàsouflfrir
jusqu'à Valence, où le prévôt, chargé de
sa garde, décida^ après uneconférenea
avec Tévéque,que Ton s'arrêterait quil<
ques Jours. Dès le lendemain, il reçut la
visite de Cosnac, le plus intrigant ei !•
plusambitieuxVeut-étrede tous les pré-
lats de France. L'évêque essaya de l'ef-
frayer par la peinture des maux qui l'ai»
tendaient à Pierre-Encise,et s'attacha à
le séduire par de magnifiques promes-
ses de pensionsetd'honneurs;mal8 la
vaillant confesseur resta inébranlable.
Pour dompter une résolution aussi f«r-
me, on n'imagina rien de plus effioaee
que d'éloigner de lui non-seulement sa
femme et son neveu Jean de Ccnvtnaniy
mais les deux domestiques qui avaient
Thabitude de le soigner. En apprena»!
cett« résolution inhumaine , « Je vit
bien, dit Pineton, qu'on n'en usoit M
la sorte, que pour me mettre dans lea
dernières extrémités et pour me jeter
dans des douleurs mille fois pires que
celles de la géhenne; car si les valats,
qui étoient accoutumés à mes misères,
ne pou volent me loucher sans me causer
d'extrêmes douleurs, que pouvoit-j^
attendre de la main des dragons et des
archers, gens sans pitié et sans misé-
ricorde? J'eus mon recours à la priera
et aux larmes pour demander à luen
Dieu qu'il eût pitié de moi; mais naea
péchés étoient trop grands pour rece-
voir de son bon secours ce que je lui
demandois. Me voulaui faire babiller
pour essayer si je les pourrois souffrir
lorsqu' il mo faudro i t parti r pour P ierre-
Cise, comme on m'avoit averti de m^s
tenir prêt pour cela, je souffris tani 4t
deaieari f|ue j'allai iàoher cette
PIN
— 247 —
PIN
dite parole : Kh bien 1 je me lAunirai I »
Averti sur-le-champ 9 revèqae se
bâta d'accoarir^accompagnéde témoins
•i tenant en main l'acte d'abjuration
pour le faire signer à Pineton qui s'y
refusa cnergiquement, comme il refusa
plus tard de faire aucun acte de catho-
licité. Nous savons très-bien que Da-
niel de Cognac affirmele contraire dans
S6S Mémoires; mais comme il était in-
trigant au suprême degré, peu scru-
puleux^ extrêmement ambitieux, d'a-
près le portrait que Saint-Simon nous
a tracé de lui, comme il avait, en outre,
on intérêt évident à se faire honneur
«après du bigot Louis XIV de la con-
version de celui qu'il appelle lepatriar-
ehe des Huguenots, et comme, d'un
autre côté, il nous est impossible d'i-
maginer quel motif Chambrun aurait
en de dissimuler une partie de la vé-
rité, puisque, loin de chercher à atté-
iiiier sa faute, il s'applique à l'exagérer,
l'estimant moins pardonnable que le
ralliement de Saint* Pierre ou. ia chute
deS(iint-Cypricn,s'enaccu8ant comme
de la plus honteuse apostasie, se plai-»
saut à nourrir le désespoiroiisoncrime
1^ Jeta, nous n'hésitons pas à donner
ta récit du pasteur persécuté ia préfé-
nmee sur la relation de l'évêque per-
•éoateur.
Au bout de deux mois et demi, qu'il
ptisa à Valence, disputant avec l'évê-
que, qui le visitait assez souvent, sur
dta points de controverse, exhortant
im nouveaux convertis qu'il voyait à se
relever de leur chute, priant avec eux,
chantant à haute voix les psaumes de
IMtvid, se livrant, en un mot, à tous
seeexercicesurdiuairesdeplétéyCbam-
bnin fut interné àRomcyer, espèce de
désert où il demeura cinq mois, sans
que Ton pût jamais le contraindre à la
fieindre démarche contre sa conscien-
ce' Enfin, sous prétexte de se faire
£aire l'opération de la taille, il obtint
la permission d'aller à Lyon, où il
arriva le 5 aoîit 1686, bien décidé à
tout mettre en œuvre pour se procurer
leemoyeus de sortir du royaume . Malgré
la surveilianoe dont il était l'objet^ U
réussit, avec le secours d un ami, à
prendre les mesures nécessaires pour
son évasion. Le 8 septembre, à sept
heures du soir, vêtu d'un habit magni-
flque,perruque blonde et chapeau brodé
sur la tête, il se ût placer ou plutôt
attacher dans une chaise de poste, tra-
versa la ville sans être reconnu, et prit
la route de Savoie,préoédé d'un courrier
qni préparait les relais. Sur toute sa
route, on le prit, au ton impérieux qu'il
affectait, à ses manières hautaines, à sa
libéralité, pour un officier supérieur
en mission, et personne n'osa inter-
rompre son voyage. U arriva donc sans
mésaventure à Genève en deux jours.
Son premier soin fut de se réconcilier
à l'Eglise, après quoi il se fit réta-
blir dans le ministère par une assem-
blée de dix-huit pasteurs réfugiés, le
12 sept. 1086 (1). Sa conscience mise
en repos, Chambrun songea à faire
vffliir sa femme auprès de lui. Elle se
nommait L(mi50 de Chavanon, Sur les
pressantes instances de son mari, elle
consentit, pendant roccupation de son
logis, à se retirer chez son père pour
éobapper aux grossières iAjures des
dragons. Quelques jours après, Tessé
la'flt enlever et ordonna qu'on ia traînât
dans sa maison pour y servir la solda-
tesque effrénée qui tortoiaitson époux.
Un moine eut pitié de sa détresse. Sans
exiger d'elle ni signature ni abjuration,
il alla dire au comte qu'elle avait fait
son devoir, etlui procura ia liberté par
cet oûicieux mensonge. 11 lui fut même
permis de rejoindre son mari qu'elle
ne quitta qu'à Lyon, où elle courut le
danger d'être arrêtée, après sa fuite.
«Je n'oubliai rien, raconte Chambrun,
pour la tirer du danger où elle étoit ;
et croyant d'avoir trouvé un bon parti
pour la conduire à Genève, elle tomba
(1) Voici leur! noms ; Théodore de La Faye,
de Loriol, Rally^ de Grenoble, MejanexyûeCêft'
iïtifif G. Marchant f de Beauvois, Icard, de Nis-
mes, F. Ifuraf, de Marseilleyi4. Via/a.deFDns,
ChavanoHf des ueTennes, La Portê^ dn Gollei-de-
Dèse, La Roguètê^ de Maoobiet, Frawinet, de
Gardei, Sarratiny de Lyon, Janvier, de VeJs, d<
Vtriay,daViTarais, Maurice, d'Eiguyères^^Iaur,
de Mani^ols, Portai, de La StUe, Pa§m, de
PIN
— 248 —
PIO
entre les mains de malhonnêtes gens
qui faillirent la perdre. Ses guides
l'abandonnèrent dans la nuit à deux
heures de Lyon^ avec trois demoiselles
qui étoient dans le même parti. Ces
pauvres créatures demeurèrent neuf
Jours de Lyon à Genève^ exposées à la
rigueur de l'hiver^ errantes dans les
neiges, les glaces et les montagnes,
attendues par trente paysans armés sur
les passages, et poursuivies par un
prévôt qui étoit à leurs trousses. Les
compagnes de mon épouse, se voyant
ainsi exposées, vouloient revenir sur
leors pas k Lyon; elle s'y opposa cou-
rageusement, leur déclarant qu'elleai-
moit mieux périr que de reprendre
cette route, ce qui lui attiramille louan-
ges et mille remerciemens de la part
de ces demoiselles, lorsqu'elles furent
arrivées à Genève, p
La joie de Ghambrun fut grande en
revoyant sa femme qu'il croyait perdue
pour lui. Peu de jours après son ar-
rivée, il partit avec elle pour la Hol-
lande. Le prince d'Orange l'accueillit
avec distinction, ainsi que la princesse
Marie, qui le nomma son chapelain.
Après son avènement au trône d'An-
gletGrre,Guillaume pourvut le généreux
confesseur d'un canonicat à Windsor;
mais Pineton-de-Chambron n'en jouit
pas longtemps; il mourut à Londres
en 1689. On a de lui :
L Deux prières publiques et extra'
ordinaires prononcées en l'église d'O-
range^ Orange, 1666, in-4». — La pre-
mière fut prononcée, le 3 oct. 1664,
au sqjet de la peste ; la seconde, le 25
mars 1665, à l'occasion de la restitu-
tion d'Orange à son légitime souverain.
n. Relation de ce qui s' est passé au
rétablissement de la principauté d'O-
range, Orange, Raban, 1666, in-4«;
trad. en allem. par Hayer, Herbom,
1690.
III . Réponse au Z* chapitre du Traité
de la politique de France, Amst. , 1 6 7 0,
ln-12. — Publiée sous le pseudonyme
de Mélanchthon, masque ou plutôt
traduction du nom do Ghambrun.
IV. PosteriMiJ.-Aug. Thuanipoë*
matium, ^ quo arguticis qw)rumdam
importunorum criticorum in ip^ius
historias propalatas refelUi ; opus e-
ditum notisque perpetuis illustratum
operdJ.Melanchthonis,Am&i,, Elzev.,
1678, in-12.
V. Les larmes de J, Pineton-dê-
Chambrun, qui contiennent les persé-
cutions arrivées aux églises de la prin-
cipauté d'Orange, depuis l'an 1660;
la chute et le relèvement de fauteur
avec le Rétablissement de S. -Pierre en
son apostolat ou sermon sur Jean XXI,
15, La Haye, 1688, in-12; 1739, in-12;
réimp. et annotée par Ad, Schœffer,
Paris, 1854, in-12; trad. en anglais,
Lond., 1687, iu-40. — G'est dans cet
ouvrage que nous avons puisé tout ce
nous avons rapporté de la chute et dn
repentir de Ghambrun.
PIOZET (Pierre), ministre du
Mans, présida le synode provincial qui
se tint, le 6 juill. 1679, à Bellesme,
en présence de Samuel de Tascher,
sieur de Bellesme, commissaire royal,
dont le procès-verbal est arrivé jusqu'à
nous (Arch. gén. Tt. 330). Y assistè-
rent : Tours, François Du Vidal, min.,
élu vice-président, Georges Guille,
anc; Saumur, Jean Audoin, anc. ; Loa-
dun, Jacques Guiraut, min., Charles
Montant, anc; Preuilly, Isaacde Bris-
sac, sieur de Grand-Ghamp, min.; Bel-
lesme, Jean Du Moustier, min., SO"
muel Chédieu, avocat, élu secrétaire,
et Antoine Brou ; Vendôme, Jacquet
Quartier, min., élu secrétaire; Gh4-
teau-du-Loir; Christophe de La Cour,
min.; Angers, Jean Lombart, min,,
Jean Vinève, anc; Le Mans, P. Piozet
ei Jacques Pous^et, anc ; Saint-Aignan,
Pierre Fleury, min., et Pezé-des-Gair
lesnières, marchand; Beaugé, David
Gillis, min.; Aillières, de La Monne^
rie, anc, et le marquis d'Ardenay;
Gb&tillon-sur-Indre, Philippe Le Roy,
min. Y assistèrent aussi Moïse Péril'
lau-de-Laudebonnière , Jacob Mar^
chand et Daniel Botidet, tous trois
ministresde flefs, et François de Farcy,
ancien. Dans la liste que M. Bum donne
des ministres de l'église wallonne à
PIS
— 240 —
PIS
8^ nous trouvons un Charles
et parmi les signataires^ d'une
lUon faite par les pasteurs réfu-
> leurs sentiments^ un A. Pio-
Mans. Etaient-ils fils de Pierre
onplutôt n'y auralt-il pas quel-
■eur dans les prénoms?
CASS ARY ( Sara de ), d'une
notable de La Rochelle^ avait
en 1652^ une somme de cinq
vres pour l'entretien des minis-
des proposants^ et pour t'assis-
les pauvres de la religion réfor-
^ tout temps cet usage avait
dans KEglise protestante^ et
les legs étaient non-seulement
tmbreux, mais quelquefois assez
M)les^ ilsexcitaient singulière-
a convoitise du clergé romain.
lYant de prime saut s'emparer
talité des sommes léguées, parce
lit de Nantes validait ces sortes
oations ( Voy. Pièces justif.^
(Il); les prêtres et les moines
ont, en attendant mieuï, essayer
ne d'en prendre une partie. Les
ires tentatives de ce genre pa-
nl remonter à une vingtaine d'an-
rant la révocation. Les moines^
I la Charité, ouvrirent la campa-
rétendant que puisqu'ils se mè-
d'assister les pauvres et les ma-
one portion des legs destinés au
Bment des malheureux, leur re-
dedroit. Les tribunaux,convain-
r la force de ce raisonnement^
'eMèrentdeviolerl'éditdeNantes
endre des arrêts conformes aux
tlons du clergé. Dans lecas dont
il, le consistoire de La Rochelle
idamné à donner aux moines de
rite le quart du legs de Sara de
sary. On ne peut, du reste,qu'ad-
la modération des juges de La
le, quand on voit, quelque temps
le parlement de Rouen^ casser
ent et simplement une donation
ans un but pieux par Françoise
its, et celui de Toulouse mettre
al de Montpellier en possession
18 les biens légués aux pauvres
tants de cette ville.
T. VIÏl.
PISCATOR. Foy. FISCHER.
PISSELEU (Aims de), duchesse
d'Etampes (l), née vers 1508.
Notre intention n'est pas de raconter
ici l'origine de la faveur de cette mat-
tresse de François !«', les péripéties
de sa domination sur l'esprit du roi,
ses intrigues, ses rivalités avec Diane
de Poitiers, ni de chercher à la justi-
fier des imputations plus ou moins ha-
sardées de certains écrivains; nous te-
nons seulement à constater, d'après
des sources très-dignes de foi, qu'elle
se montra favorable au protestantisme.
Les Protestants et les Catholiques ad-
mettent également le fait. Mais le ju-
dicieux Bayle élève des doutes, en se
fondant sur ce que l'Histoire des égli-
ses de Th. de Bèze, « où l'on trouve
tant de choses de beaucoup moindre
importance, ne contient rien touchant
cette dame, p La raison de ce silence
est sans aucun doute celle qu'il sup-
pose lui-même, c'est que Bèze aura
« cru que l'on feroit quelque deshon-
neur à la Réforme, si l'on avouoit que
cette dame, actueUement plongée dans
un adultère public, favorisoit la nou-
velle religion. » Nous voyons que
Crespin n'eut pas les mêmes scru-
pules; U dit positivement, dans son
Martyrologe, que la duchesse fut favo-
rable à la Réforme, et l'on sait que le
Martyrologe est la principale et la
meilleure source où puisa Bèze pour
son Histoire. Quant à Florimond de
Rcemondy il cite aussi notre duchesse,
avec la dame de Pisseku, sa sœur, et
la dame de Cani, au nombre des da-
mes de la cour que les Luthériens « at-
tirèrent à leur cordèle. » Enfin, Mar-
guerite de Navarre lui témoigna en
toutes occasions de la confiance et de
l'amitié. Le doute n'est donc guère pos-
sible. Après la mort de François !«',
Diane de Poitiers inaugura son règne
par un acte de magnanimité, elle pér-
il) Son père, GniUtmne de Pisselea, siear de
Heilly, fat marié trois fois et n'eut pas moins de
30 enfanta. Antu naquit de son second mariage
ayec Anne Sangnin, fille d'Antoine, seif^eur de
Ueudon.
16
PIT
-350-
PIT
mit à sa rivale de jouir paisiblement
dans la retraite des grands biens qu'elle
avait amassés, a Pour la dame d'Etam-
pes; dit Mézeray^ elle se retira dans
une de ses maisons, méprisée de tout
le monde^ et de son mari même, quj
était Jean de Brosse [il serait difficile
de décider qui des deux était le plus
méprisable]., ou elle vécut encore quel-
ques années dans l'exercice secret do
la religion réformée^ corrompant beau-
coup d'autres personnes par son exem-
ple. » Pour notre part^ nous devons
lui tenir compte de cette corruption
qu'elle répandit autour d'elle^ c'était
un bon signe d'amendement.
En 1 590^ une Charlotte ie Pisse-
leu, veuve du sieur de Lisy, faisait par-
tie de réglise française de Bftle.
PITHOU (Pierre), savantjuriscon-
suite et bon orateur^ né à Erv^', ea
1496^ mais établi à Troyes^ oh il exer-
çait avec succès la profession d'avocat.
Pithou allia aux travaux du barreau la
culture des lettres. C'est à son goût
éclairé pour la littérature ancienne et
à sa passion pour le droit romain que
nous devons la conservation du traité
de Salvien De Provident ià^ et d'une
quarantaine de Constituttona ou de No-
velles , qui^ sans lui^ seraient vraisem-
blablement restés enfouis dans la
poussière des cloîtres et auraient été
perdus pour nous. Gomme la plupart
des savants du xvi* siècle^ Pithou ar-
riva par la Renaissance à la Réforme,
dont pourtant il ne professa pas ouver-
tement les doctrines (l).Tant qu'il vé-
cut, il continua^ par prudence, à aller
à la messe, mais sur son lit de mort,
il refusa de recevoir les sacrements de
l'Eglise romaine et rendit le dernier
soupir enlre les bras ùe Michel Ponce-
let. Dans son Uist. msc. de l'église de
Troyes, son flls raconte ses derniers
(1) Qa'il ait été partisan secret des opinions
uoQTeUes, c'est ce qae prouTe le soin qu'il prit
d'ouTrir les yeax sur les abus de l'Eglise romaioe
à Pierre Morel^ cordelier de Troyes et docteur
de Sorbonne, qui après aToirprccbé quelque temps
la Réronne, se laissa séduire par Tespoir d'èlrt
élu provincial de son ordre, « se réTolta » et dé-
tint le plus ardent adversaire de Caraecioli et
des Réformés.
moments en ces termes ; a Dèç incoo-*
tineutque Michel eustmis le pied en U
chambre^ le malade le recogaeust, qqoy
qu'il feust desguisé, aûu de n'e^trv
descouvert et remarqué 4es papist^.
et luy tendant la main de toot loing il
s'escria : Mon amy ! Et après qae Içi
parents du malade qui estoieul d# la
religion romaine se furent retirer de U
chambre^, Michel s'approcha du lit, Pi
prosteroé à deux genoux, commeQCftk
prier et invoquer Dieu. Gela faic(, U
admonesta le malade comme il )e sç^
voit bien fayre> lequel acquiesça 4n
tout à la saincle doctrlpe qu'il luy «b
nonça. Enfin Michel le voyant fort oIni-
tu 6( comme prest à rendre l'esprlti
luy demanda s'il avoit pas vrays i^
pentance de ses fautes, s il eu 4enmb
doit pardon à Dieu, et surtout s'iUvgU
sa ûanceeu samiséricorde^ s'UcroyoU
pas que parle ^eui sacrifice de U mort
et passion d§ J.-Gh,, il serait sauvé
sans aucun mérite sien? A ea propoi
ce bon personnage joignaut les mftiuf
etesievaut lesyeuit au ciel, tout dél»Ue
et atténué qu il estolt, s'escria fort
promptement : Hélas! qui est le ml-
heureux qui vouldroit croyre le CQft"
traire. Puisque ainsy estdQiicquea, dM
Michel, Je vous annonce par la ParoUo
de Dieu que vos péchez vous août ilh
jourd'buy remis et pardonne; par ico*
luy N, S. JrGh, Là-dessus le oMtodo
esleva de rechef les yeux et lea mÀiM
Joinctes au ciel etàTinstant les treioto
de la mort le saisirent, et rendit paUi«
blement l'ame k Dieu^ le n du moyi
d'avril 1554, non sans grande soupi-»
tion de poison, n
Ainsi mourut Pierre Pithou^ dontson
fils nous a tracé ce portrait: « U estoU
des premiers hommes de la ville ea
vertu et en réputation, et autant re-
nommé par sa sagesse que pour son
éminent et rare sçavoir, » Sa seconde
femme, qui professait la religion ro-
maine, le fit enterrer aux Cordelière
a avec toutes les cérémonies accoua^
tuméesenla papauté.» Cette indulgea-
cèdes Catholiques étonneravocatGroe*
ley, qui y trouve la preuve non éqoiYO*
PÏT
— 251 —
PIT
que de la considération dont le défunt
jouissait. Peut-ôlre, ajoulo-l-il naïve-
ment^ penscrent-iU qu'il tenait à leur
rpllgion par les vertus dont illeur avait
donné l'exemple.
Pierre Pitjiûu, sieur de Chaoïgobert,
de Luyères et de Savoye, avait été ma-
rié deu2^ fois , et laissa do ses deux
fommes dix enfants^ « à tous lesquels
if bon t)ieu se Qt cognoislre et leur fit
Û^ràce de s'adjôindreauxsainctesas-
flemblées de la religion réformée. Que
H bon plaisir de sa sainote Majesté soyt
de les conserver^ et leur donner per-
sévérance, et ne permettre qu'ils se
de^Yoyent du bon cbemin auquel il les
k Wis, » Le pieux soubait de Nicolas
PUbou> Tun d'entre euX| ne fut pas
exaucé} comme nous le verrons plus
Itrd. Du premier lit naquirent : l^Ni^
ÇOI.is,sieurdeCbamgobert,et2*'JBAN,
Bieur de Cbamgobert^ frères jumeaux»
969 en 1 5243qui suivent ; etdu second ;
j(* Pierre^ sieur de Savoye, qui suivra;
-!- 40 François^ sieur de Bieme^ dont
nous parlerons après ses frères; — 5<>
AktoinE} sieur de Luyères^ commis-
Hire ordinaire des guerres^ qui avait
déjà abjuré, à ce qu'il semble, lorsqu'il
épousa Jeanne Du Haulti dame de Pue^
lemontier ;— 6° Bonayenturk, femme
de Jean Nevelet^&lenv de Doscbes^élu
pour le roi h Troyes;— 7* Ambroisk,
prarlée à Claude de Maris\^, sieur de
Ylllentigny ;— 8<» Perrette, épousede
Christophe de Vassan, Le Nobiliairede
Cbaïupagne ne parle pas des deux au-
tres enfants de Pierre Pitbou et de sa
leconde femme Bonaventure de Cban-
tldoé. Peut-être Tun d'eux est-jl Mar^
tin Pithou, sieur de Cbamgobert, dont
nous avons trouvé le nom sur les re-
gistres de l'église française de Bàle^à
la date de 1590.
1. Nicolas et Jean Pitbou étaient ju-
meaux. Ils se ressemblaient si parfai-
tement de taille et de figure qu'il était
impossible de les distinguer, et la res-
semblance n'était pas moins frappante
au moral qu'au physique : il y avait
entre eux conformité absolue de goûtSj
d'esprit^ de caractère^ de volonté. C'é-
taient deux éh'cscomplétument identi-
ques^ semblant n'avoir qu'un cœur el
qu'une àme; aussi leur union fut-cUc
intime. Bien qu'ils suivissent des car-
rières différentes, Nicolas celle du bar-
reau, et Jean celle delà médecine, tout
était en commun entre eux, leurs oc-
cupations, leurs plaisirs, leurs peines ;
pendant 74 ans, ils vécurent toujours
ensemble, la mort seule put les séparer.
Imbus, jusqu'à un certain point, de«
opinions nouvelles par leur père, les
deux frères Pitbou, à mesure qu'ils
avancèrent en âge, s'aCfermirent dans
les sentiments qu'il leur avait inspirés.
Longtemps cependant, « postposant la
crainte de Dieu à celle des hommes et à
la perte de leurs biens, » ils suivirent
j'exempte que tant d'autres leur don-
naient, en se couvrant d'un masque
hypocrite, a Quoi qu'il eut cognoissance
de la pure Parolle de Dieu, raconte
Nicolas en parlant de lui-même, si ne
désistoit-il point toutefoys de se pol-
luer et vautrer par foya, contre sa pro-
pre conscience, parmy les abomina-
tions et ordures de la papauté. Bien est
vrayquec'estoitle moins qu'il luy es-
toit possible et avec un regret mer-
veilleusement angoisseux . » Ses angois-
ses redoublèrent pendant une grave
maiadiedont il fut atteint en i 559. S'i-
maginant que c'était un châtiment de
Pieu, irrité de sa dissimulation, il ré-
solut de sortir de cet état d'hypocrisie
et Qt prier le ministre Çourlieu de ve-
nir le visiter. Les exhortations du pas-
teur rassurèrent sa conscience trou-
blée, «Adonc le malade se mit à invo-
quer Dieu plus vifvement et ardemment
qu'il n'avoit oncques faict, luy vouant
et promettant que si son bon plaisir es-
toit de le retirer de c^ste maladie, il
s'abstiendroit de là en advant du tout
de ces maudites et malheureuses abo-
minations de la papauté et se rengeroit
en lieu où il luy seroit permis de l'in-
voquer, servir et adorer en toute pu-
reté et liberté de conscience.» Aussitôt
que sa santé lui permit d'accomplir son
vœu, il se mit, en eiTet, en route pour
Genève, accompagné de sa femme et
PIT
— 252 —
PIT
de son frère^ « laissant la plaspart de
son bien en la garde de Dieu, d II ne
revint dans sa patrie qu'après ta pu-
blication de redit de Janvier. Sa joie
fut grande de trouver Téglise prodi-
gieusementaccrue en quelques mois( 1 ) ^
et surtout de remarquer un merveilleux
amendement dans les mœurs. « Il se
voyoit en la jeunesse touchée par la
prédication de la Parolle de Dieu^ qui
auparavant estoit sidespravéequerien
plus^ un changement si subit et estrange
que les Catholiques mesme en demou-
roient tout estonnez. Car telz qui au
précédent se laissoient aller du tout à
leurs voluptez et se dédioient et s'es-
toient plongez en gourmandises^ yvro-
gneries et jeux deffendus^ tellement
qu'ils y passoient la plus grande et
meilleure partie du temps^ et faisoient
un fort mauvais mesnage^ depuis qu'ils
estoient entrez en TEglise^ quittoient
du tout leur vie passée et la détestoienl,
se rangeans et sousmetlant allaigre-
ment à la discipline ecclésiastique^ ce
qui estoit si agréable aux parents de
tels personnages que^ quoiqu'ils fus-
sent catholiques, ils en louoient Dieu. '
Et mesme toutes et quantes foy s qu'ils
voyoient quelque défault en leurs en-
fans ou qu'ils estoient en mauvais
mesnageavec leurs femmes, ilsavofent
recours aux surveillans qu'ils coniiois-
soient et les en advertissoient pour y
mettre ordre. Brief, nostre bon Dieu
demeura par ce moyen glorifié, voyre
mesme entre les ennemys de son Evan-
gile. »
Quelques mois après, quel change-
ment ! Le massacre de Vassy a donné
le signal de la guerre civile^ et les Ca-
tholiques, de connivence avec le duc
de A eversy ont repris la prépondérance
dans la ville. Laissons encore parler
Pithou : « Les inhumanitez, pilleries,
meurtres et cruautez qui furent com-
mises et exercées par ces brutaux Ca-
tholiques, durant ces troubles,surceux
de la Religion, sans respect d'aucun
sexe et qui pis est, à Tadveu du mayre
(1) En 1562, dix mille personneg assistèrent
à la cclchration de la CènC'
Pinetteetde la pluspart des eschevins
et conseillers de ville, et pour dire en
un mot, des chefs de la justice, toutes
ces malheurtez, dy-je, furent si gran-
des, horribles et exécrables que les
barbares mesme auroient horreur de
les ouyr réciter. Tout ordre et poUice
estoit confuse. La Force estoit mais-
tresse, la Justice endormie usoit de si-
lence ou plustot de connivence pour at-
Iraire la faveur d'une populace enra-
gée. Et pour comble de tous ces mal-
heurs, les chefs et principaux d'icelle
attisoient sanscesse la fureur qui desja
n'estoitque trop embrasée en ces meur-
triers.» Il est probable que Nicolas Pi-
thou se tint éloigné deTroyes, comme
un grand nombre de ses coreligionnai-
res, tant que la ville fut au pouvoirde
la populace catholique, et que^ plus
prudent que Nicolas Mugart, Yvon
Honnet, sergent royal, eiRegnauldJor
queloty qui payèrent de la vie leur im-
patience de rentrer dans leurs foyers,
après la promulgation de l'édit de pa-
cification, il attendit que l'arrivée da
duc d'Aumale eût rétabli une cspècede
tranquillité. Le frère de François de
Guise ne pouvait être bien disposé en
faveur des Huguenots. Il leur donna one
preuve de son mauvais vouloir en as-
signant pour lieu d'exercice aux Ré-
formés de Troyes la petite ville de
Céant-en-Othe, « eslongnée de la ville
de Troyes de sept ou huict grandes
lieues, le chemin poury aller fort fas-
cheux, montueuxet deboys,avoisinée
de gensdenéantet fort mal affectionnée
à ceux de la religion. El avec ce, le liea
estoit tellement désert et ruiné qu'il
n'y avoit pas pour loger la troysième
partie de ceux de l'église. » Ce fut en
vain que les Protestants réclamèrent.
N'obtenant rien du duc, ils résolurent
de porter leurs plaintes au roi lui-mê-
me, qui devait passer par Troyes, en se
rendant aux fameuses conférences de
Bayonne. Nicolas Pithou, qu'on regar-
dait conmie la colonne de l'église, fut
chargé de lui présenlerlour requête, et
de lui demander en même temps la pa-
nilion des mcurlrcs commis à Troyes
PIT
— 253 —
PIT
et depuis la publication de l'édit;
malgré l'appui que lui prêtèrent
!o*, Esternay, le prince ûeCondé
Dtres seigneurs huguenots^ il fut
ait^ et la Cour partit sans que
eût été fait aux plaintes des hé-
168.
Catholiques manifestèrent une
6 Joie de l'inutilité de leurs dé-
nes.lls espéraient que la longueur^
4)mmodités et les dangers du che-
efroidiraient le zèle des Hugue-
t que réglise se ruinerait d'elle-
. Les Protestants devinèrent sans
où tendaient toutes leurs menées^
se décidèrent à accepter le lieu
cice qui leur avait été assigné^
ddans qu'il pleust à Dieu leur en-
myeux^ » plutôt que de demeurer
61ébration de leur culte « au grand
Ijce de leurs âmes et contente-
de leurs adversaires. » Ils rap-
nt donc Jacques Sorel de Ge-
et lui donnèrent pour collègue
015 Bourgoin, qui prêcha pour la
ère fois à Géant-en-Othe le 50
1564^ en présence d'une nom-
3 assemblée.
rendant il s en fallait de beaucoup
tranquillité fût parfaitement ré-
. De temps en temps il éclatait
meute accompagnée de pillage^
U et d'autres excès ; de temps en
on huguenot tombait victime du
ïine d'une populace déchaînée^
I de jours se passaient sans que
bitants de la Religion fussent en
aux plus grossières insultes.
16 il n'y avait à attendre aucune
) des magistrats, tous vendus au
les Guise^ les principaux chefs
lille huguenots résolurent d'en-
Pithou en Cour « pour advertir
de ce que dessus^ se plaindre de
nivence et dissimulation des ju-
la licence que le peuple prenoit
ttrela main aux armes^ qu'aussy
•revenir par un récit véritable du
emeurtred'un nommé liembaut]
guisementque leurs adversaires
sent pu fayre à S. M. » Pithou se
route au commencement de sept.
1565. (l atteignit la Cour à Oiron en
Poitou ; mais quelque diligence qu'il eût
faite, il avait déjà été prévenu. Dans
une audience que lui accorda la reine-
mère^ il réussit à la désabuser et reçut
ordre de déposer entre les mains de
Morvilliers les informations qu'il avait
apportées. Tel fut Tunique résultat de
son voyage : le meurtre resta impuni.
Malgré les transes continuelles dans
lesquelles les Protestants vivaient, leur
zèle ne se refroidissait pas. L'église
prospérait, et l'on venait d'établir à
Céant-en-Othe une école dont la di-
rection avait été confiée à Julien Pin-
got, lorsque la seconde guerre civile
éclata. Pithou s'empressa de sortir de
Troyes, « laissant sa maison fort bien
munie en bled, vin, foin et boys.» Le
tout devint la proie des bons Catholi-
ques, qui pillèrent ou brûlèrent Jusqu'à
sa bibliothèque, et ne laissèrent guère
subsister que les quatre murs de sa
demeure.
Dix -huit années s'écoulèrent avant
que Nicolas Pithou revit sa ville na-
tale. 11 nous semble bien difficile de
concilier cette assertion de Pithou lui-
même avec ce que ditGrosley, que Ni-
cole (c'est ainsi qu'il l'appelle) et Jean
Pithou se donnèrent tout entiers à leur
profession, et qu'ils y acquirent beau-
coup de réputation. Grosley n'a sans
doute entendu parler que de l'espace
de temps qui s'écoula entre la première
et la seconde guerre civile. En 1572,
Pithou n'avait point encore quitté
Brienne, où il avait trouvé un asile,
lorsque Antoine de Crussol le nomma
bailli de Tonnerre et gouverneur du
comté. 11 venait de prendre possession
de cette charge et était en route pour
retourner à Brienne, lorsqu'il apprit
les massacres de Paris, «ce qui luy fit
doubler le pas et s'advancer pour, si
possible estoit, en tirer sa femme et
mettre tel ordre qu'il pourroit à ses af-
fayres. )> Laissons-le nous raconter lui-
même les dangers qu'il eut à courir
dans sa fuite. «Estant arrivé à la roide
nuict près de sa maison, sa femme luy
manda parson serviteur qui restoitaiié
PIT
— Î64 —
PIT
trouver pour Iny faire savoir son ar«
rivée au lieu où H estoit pour sonder le
gué, qu'il se retirast au plus tost, (pie
le sieur comte de Brienne^ Charles de
Luxembourg^ duquel ledict sieur dé
Chamgobert avoit cest honneur d'eslre
aymé^ estoit tout à l'heure retnotistôetl
sonchasteau, d'où il estoit dévalléavM
des Tallois pour dire quon advertist au
plus tost ledict sieur de Chamgobert
qu'il se retitast incontinent et se don**
nast bien garde de tomber entre les
mains de ses serviteurs^ ce que Je ne
vouldrois, disoil ce bon phnce, eslre
advenu poUx dix mil escus. Car^ par
la verquin (tel estoit son serment)^ il
n'en seroit pas maistre et ne le pour^
roitgarantlr^lantestmisérablDletetnpS
qai court. Pour tout cela, Icdici sieur
deChamgobert ne difléra d'entrer en sa
maison où il séjourna enviroh troyd
jours pour reposer l'un do ses chevaux
de la longue traicte qu'il avoit Taicté.
Sur la minuit, il s'en part avec ses deulc
frères et lire droict à Mohsiler en Der
chezunsienbeau-frèrequiraimoittkni*
quement.ll arriva audict lieu aupoinci
du joui*. A peine estoit il arrivé qu'on
commence à sonner le toxin, tant aU'-
dict lieu que autres circonvolsins pour
courir sus aux capitaine^ Potâtnont,
nommé Pampelune, et Saligmc, les*-
quels avec quelques troupes qu'ils a^-
voient levées, par le commandement du
roy, pour aller en Flandre, la compagnie
d'hommes d'armes du sieur de Guyseet
les communes du pays tenoient investife
et arrestez en un boys proche dudict
MonsliereilDcr, où ayant esté prins le
capitaine Poiemont et mené es prisons
de Chaalons en Champagne^ mourut de
mort violônlc. »
Pendant cette alarme , Pilhou avee
ses frères gagna la roule de Bar-le-Duc,
sous la conduite de quelques guides^
que son beau-frère leur avait donnés.
Les rugitlfs s'égarèrent au milieu des
ténèbres, t ce qui advint par une sin-
gulière providence de Dieu; car s'ils
eussent prihs le chemin de Bar^'ie-Duc^
Comme lis avolent délibéré, Us s'en al-
loieni eubartttitsr en m^ compagnie û»
gens de pied catholiques ifUi estoie&l
loges en un village Au travers duqtliA
il falloit passer, lesquels avolent lottt
fraischement assassiné et volé quel»
ques-uns de la Religion qui tiroient I
Bar-le-DQc.D Aprèsavoirprisqueittttél
instants de repos dans un village noifr*
mé Danointres, la petite troupe se re-
mit en route à minuit, sans sa douiéf
de l'imminent péril qui la knenaçail. t)i
capitaine Péré, qui guettait les tittgue*
nots au passage, avait eu veni du d^
part du sieur de Chamgobert^ et il ê«
tait prêt à se mettre à sa poursuite
lorsque Bèsme, l'assassin de Gollgnyï
le inanda auphès de lui pour une ta*
ireprise de grande iUiporlancé.n Cette
entreprinse, comme oh sceut depuis,
estoit pour aller à Victry-le^Prançoyi
prendre ceux de la religion qui estolêlll
restez audict lieu et piller leurs vivrali
Péré, avec ses troupes, quittant saprè»
mière entreprinse^ s'en va tout de el
pas trouver Besme où il estoil. Aprfel
avoir raccompté àBesme eeste pretniM
entreprinse et le prouflt que Péré Vtu^
seuroiten debvoir tirer et qu'elle eiloil
encore facille à exécuter, Ils s'acbeinl*
nent tous de compagnie et se rendent
en toute diligence audict lien de Dft«
nointres. Mays Ils trouvèrent que le§
oyseaux s'en estolent voles t de sôrM
(Qu'ils n'y trouvèrent plus tftle le liil
fit après avoir entendu de l'hostessedA
logis que ceux qu'Us certboietit ël«
toient desja fort advanceS) fort bidll
montez, et à son jugement proche de
Ligny, ils rebroussèrent chemin. Oe^
pendant la plusparl de ceux de VIcttf
de la religion eurent loisir de iiiettM
quelque ordre à leurs affAyres et sa se^
rer. De sorte que, quand ils arrivère&t
à Vlclry, ils ne trouvèreut pas tout eè
qu'ils pensoient y trouver. Voilà codt^
me par des moyens inespérez ce bon
Dieu gatentltde la patte de ces tygres
et harpies ceux de Vlctry et tous les
personnages susdicts. b
S'il faut en croire Grosley^ les dem
frèresPilhou rentrèrentenFranceaprêl
la publication de l'édlt de i Slî. flotti
croyons itue e'est tiue ttmkt^ if etis iil^
PIT
— «85 —
PIT
V6A9 (rOQvé aucune (race dé eé pré-
imida retour dans l'histoire lUanttscHte
do sieur de Ctiamgobert. Tout nous
JJOt-le donc à supposer qu'ils ne quit-
tèrent plus Genève et Lausanne, oii ils
s'établirent dans la iiuite, si Ce n'est
prat-ètre pour faire de loin en loin un
irtOyage dans leur ville natale^ lorsque
les circonstances ic permettaient. C'est
dtns un de ces voyages que Nicolas Pi-
lliou mourut à Troyes^ au mois dô juin
1 1198) sans laisser d'enfants de sa fem<-
nie Perret te de Vassan, sœui" de Chris-
tophe de Vaasan, négociant à Troyes,
6l| tomme Itii^ convertie aux doctrines
évangéliqueSé Son frère Jean, qui ne
M point marié, lui survécut quatre
•db; il décéda à Lausanne, le 18 févi
1602.
En leur qualité d'aînés de la famille,
Nicolas et Jean Pithou avaient liérité
dM trésors littéraires amassés par leur
père; mais les terribles événements
an milieu desquels leur vie s'écoula
presque tout entière, ne leur permi-
rent pas de mettre en œuvre ces riches
maiériaux. Le seul ouvrage que Nico-
les ait publié est un recueil des plus
lleatijt morceaux de saint Bernard, sous
ce titré : Thesdurus à montimentis D,
Semardi Clarcev, abbatis primi, non
pttfUfictorièy sed summd curâ. dili-
gefitiâ et fide erutus, Lugd., Le Preux,
1669^ ln-80. H le dédia à son frère
letn et à son neveu Pierre Nevelet,
Dntudins lui attribue aussi Vlnstitu-
tion du mariatie chrestien, Lyon, 1565,
fii-80; mais c'est l'œuvre commune des
deux frères. On doit particulièrement à
Jean un Traité de la police et du gou-
vernement des républiques, qui, selon
(}H>8ley, a été imprimé à Lyon.
Nous avons tiré la plupaft des faits
qoi précèdent d'un vol. msc. qui a pas-
sé de la bibliothèque de Joly de Fleury
k la Bibiioth. nationale, et qui fait
partie de la Collection Dupuy, sous le
!!• 698. En voici le titre : Histoire ec-
eiésiastique de l'église réformée de la
ville de Troyes dès la restauration du
pur service de Dieu et de i*ancien mi-
nistère en ladicte église, contenant
*tt. renaissance et son accroissement,
Us troubles, persécutions et autres
choses remarcables advenues en ladicte
église jusques en Van 1594. Cet ou-
vrage de Nicolas Pithou est un des plus
curieux documents qui nous restent con-
cernant les origines des églises protes-
tantes de France; l'auteur entre dans
des détails pleins d'intérêt sur le sort
lamentable des fidèles de Troyes, qui,
pendant une période de plus de trente
ans, se virent exposés aux insultes,
aux avanies, aux pillages, aux massa-
cres, de la part d'une populace fanati-
sée par ses prêtres et encouragée au
meurtre par ses magistrats eux-mêmes.
La Société de l'histoire du protestan-
tisme fl*ançais a l'intention de publier
cette émouvante histoire; nous ne sau-
rions la trop encourager dans ce projet.
II. La vie de Pierre Pithou, le Var-
fon de la France, comme on l'a sur-
nommé à Juste titre, est t)eaucoup
mieux Connue que celle de ses frères
aines ; mais elle ne rentre pas d'une
manière aussi directe dansnotre cadre,
riliustre jurisconsulte ayant abjuré dès
rftge de ^4 ans. Pierre Pithou naquit
à Troyes, le l«'nov. 1539. Une santé
extrêmement délicate fit longtemps
crattldrepour ses Jours. Son père vou-
Itit se charger lui-même de sa première
éducation. L'enfant possédait déjà les
éléments du latin, du grec et même de
l'hébreu, lorsqu'il entra au collège de
Troyes, qu'il quitta pour venir achever
se^ études à Paris, au collège de Bon-
court, sous le célèbre Adrien Tumèbe
et t^ierre Galand. be Paris il passa à
l'université de Bourges, les conseils de
son père et sa propre inclination l'ayant
déterminé pour la carrière du barreau.
Il eut le bonheur d'y profiter des leçons
du grand Jurisconsulte Cujas, dont il
suivit les cours pendant cinq ans, tant
à Bourges qu'à Valence, et à qui il
Inspira une amitié fondée sur l'estime
et l'admiration.
Ses études terminées, Pithou se pré-
senta, en 1560, au barreau de Paris.
Gomme il avait une grande timidité
naturelle} quatre années s'écoulèrent
PIT
— 256 —
PU
avant qn'ii se décidât à plaider. Enfla
ses amis obtinrent qu'il se chargerait
d'une cause; il la gagna; mais il s'en
tint à ce coup d'essai^ et renonçant à
une profession qui demande plus de
présence d'esprit et de hardiesse qu'il
n'en possédait^ il se donna tout entier
au travail du cabinet.
Il ne parait pas que Pithou ait aban-
donné Paris pendant la première guer-
re civile; mais lorsque les seconds
troubles éclatèrent^ il fut forcé de fuir^
pour se dérober à l'orage qui menaçait
les Huguenots. On prétend qu'il cher-
cha un refuge dans sa ville natale;
c'eût été se jeter de Charybde en Scyl-
la. Nous pensons plutôt qu'il se réfu-
gia à Sedan. Ce qui nous porte à le
croire, c'est la date de la publication
de l'Ordonnance du duc de Bouillon
{Voy, VI, p. 235) ; on affirme, en effet,
que c'est Pithou qui, sur l'ordre du
prince, rédigea les coutumes de la prin-
cipauté de Sedan imp. à la suite de
cette ordonnance. 11 se rendit ensuite
à Bâle, où il s'occupa de travaux lit-
téraires jusqu'en 1570, que l'édit de
Saint-Germain le ramena dans sa pa-
trie. Il était à Paris lors des massacres
de la Saint-Barthélémy. Tous les reli-
gionnaires qui habitaient la même
maison que lui furent impitoyablement
égorgés. Seul il eut le bonheur de se
sauver en chemisepar-dessusles toits.
Nicolas Le Fèvre, son ami, le recueillit
et le garda chez lui quelques jours, au
bout desquels Pithou se retira chez
Antoine Loisel, où il se tint caché pen-
dant plusieurs mois. L'année suivante,
il abjura la religion réformée entre les
mains de Simon Vigor, alors curé de
Saint-Paul. On prétend qu'il se fltcatho-
lique de bonne.foi , nous n'avons aucune
preuve du contraire ; mais sa réponse an
bref de Grégoire Xlll touchant le con-
cile de Trente, la part qu'il prit à la fa-
meuse Satire Ménippée (1) et surtout
(1) La première idée de celle salire ingénienBê
appartient à Le Roy, aumônier du jeune cardinal
de Bourbon, qui, dans le Gatholicon d'Espagne
(Tonnant la lr« partie de cette satire et publié
d'abord séparément, en 1593), avait tourné en
ridicule lea pernicieux desseins de U Sainle-Li-
son célèbre Traité des libertés de l'é-
glise gallicane, prouvent avec la de^
nière évidence que s'il fut catholique,
il ne fut du moins jamais romain. Voici
la liste des ouvrages qu'il composa
avant sa conversion:
I. Catonis Distica, Trecis, 1564,
in-i2; 1 576. — Dédié aux enfants de
Loisel, son ami.
II. Adversariorum subsecivorum,
lib. II, Paris., 1565, in-12; 1575,iD•
8o; réimp. dans le Thésaurus critic. de
Gniter (T. Il) et dans le recueil de
Labbe.
îll. Othonis FrinnyensisChronicom
ah orbe condito ad ann, Ckristi 1 1 46,
et de gestis Friderici Barbarossœ, Ba-
sil., 1569, in-fol.; nouv. édit. plus
complète, 1586.
IV. Pauli Diaconi Historia mit-
celkiy Basil., 1569, in-S». — Pithou
y a joint une préface où il montre com-
bien le culte des images est récent,
tant en France qu'en Allemagne.
V. Imp, Theodosti, Valentiniam,
Majoriani et Anthemii nox^ellœ consU"
gue. L'idée était heureuse ; Pithou s'en
Il s'associa deux catholiques éclairés, GUloC et
Rapin , le huguenot Florent Ckreslien el PiMe
rat, politiqneaux tendances libérales (que M. Vimti
Biartin a cru pouvoir compter parmi les éertTaiM
protestants de son siècle), et ils ponrsaiTirem m
commun l'œuvre commencée. Cette seconde par-
tie, qui est la principale, comprend T Abrège 4e
la farce des EsUts de la Ligne, quelques pièeee 4e
Ters et le Discours de l'imprimeur sur l'explie»*
tion du mot de Higuiero d'Inûerno. Elle parut ei
1594, sous la date de 1593. « Tout ce quiprêlait
au ridicule dans la Ligue, dit M. Henri Biartin, lee
superstitions puériles, les exagérations bnitaJeeet
folles, tout est saisi, buriné avec une sagaeilé
impitoyable, rude revanche de l'esprit de R^li*-
lais contre l'esprit de Loyola. • Quant à la peit
qui revient à chacun des cinq collaborateurs, m
attribue i Passerai les vers semés dans ronvrafe,
àGillot la harangue du légat, àChrestien celle 4i
cardinal de Pellevé, à Nicolas Rapin celles 4e
Pierre d'Espinac, archevêque de Lyon, et do rec-
teur Rose, enfin à Pithou le discours de Bai-
bray. Selon Bayle, Paul Perrol aurait eu peit
au Gatholicon d'Espagne. Mais c'est sans 4eiile
une erreur à laquelle a pu donner lieu le Diêcomn
contenant le$ moyens de délivrer la France éê
la tyrannie d'Eipagne, 1594, in-4o, qui loi est
allribué. La sanglante satire, dont plusieurs ee-
pies manuscrites se répandirent promplement, ne
fut imprimée qu'après la reddition de Paris. EUt
obtint un succès immense.
PIT
— 257 —
PIT
iutiones XUI, Paris., i 57i, in-4».—
Dédié à Cujas.
VI. Le premier livre des Mémoires
des comtes héréditaires de Champa-
gne et de Brie, Paris, 1572, in-4», et
dans plasieurs recueils.
VII. Mosaïcarum et Romanarum
legum collatio, Paris., 1573, in-12;
Basil., 1574, in-4«; Heidelb., 1656,
in-8o;Lond, 1660; réimp. dans les
Critiques sacrés d'Angieterre, ainsi
que l'opuscule De latinis Bihl. inter-
pretibus (Amst. , 1 698), dans le recueil
de Labbe, etc.
III. Né à Troyes, le 7 sept. 1543,
François Pitbou profita, comme son
frère Pierre, des leçons de Cujas. Pré-
férant l'exil à Tapostasie, il sortit de
France, vraisemblablement à Tépoque
de la Saint-Barthélémy (1), et se fixa
àHeidelberg, oùil passa quelque temps.
Ji visita ensuite Augsbourg, Venise et
une partie de l'Italie, non pas dans un
but de simple curiosité, mais dans l'in-
térêt de la science, et après avoir re-
cueilli de riches matériaux, tant dans
les bibliothèques publiques que dans
les archives des monastères, il alla
8'établir à Bàle, où il s'occupa à la
fois de diverses publications et de l'é-
tude de la langue hébraïque, dans la-
quelle il fit de remarquables progrès . On
sait qu'il habitait encore Bàle en 1 576,
année où il publia Imperatoris Jus-
tiniani novellœ constitutiones per Jti-
Uanum Antecessorem de grœco trans-
latcBy Basil., 1576, in-fol., et jEthici
Cosmographia, Antonii Augusti Itine-
rarium, Basil., 1576, in-l6. Plus
tard, il rentra en France et suivit
l'exemple de son frère en se conver-
tissant (2).
(1) C'est ce dont on peot à peine donter, s'il
est Tantenr de ronvrage pablié à Paris, 1573,
in-4«, sous ce titre De Uge salicd ; et l'on peut
supposer aussi avec yraisemblance qu'il fut un
des compagnons de Nicolas Pitbou dans sa fuite.
(2) On ne connaît pas la date précise de son
apostasie. Dans sa Vie de Pitbou, Grosley donne
à entendre qu'il était déjà converti, lorsqu'il fut
admis dans le barreau de Paris en iS80. Mais,
s'il avait été catholique, les assemblées politiques
qui négocièrent l'édit de Nantes, auraient-elles
stipolè en sa faveur «qu'Userait pourvu de ToIKm
Détournons nos regards des tristes
défaillances de deux esprits d'élite pour
les porter sur un spectacle digne des
sympathies de tous les cœurs géné-
reux : celui de l'énergie morale aux
prises avec la force brutale et sortant
victorieuse de la lutte.
A l'époque des massacres qui en-
sanglantèrent la ville de Troyes, en
. 1562, Claude de Marisy s'était sauvé
dans les pays étrangers. Sa femme Am-
broise Pithon, étant enceinte et n'ayant
pu le suivre, se retira à la campagne
chez un de ses beaux-frères, qui l'ac-
cueillit avec bonté, bien qu'il professât
la religion romaine Le temps de sa
délivrance approchant, elle désira ren-
trer dans la ville pour y chercher les
secours nécessaires à son état, et se ren-
dit chez sa mère, « qui avoit quelque
sentimentdelareligion. » Pendant plu-
sieurs jours, elle y vécut sans être in-
quiétée; mais ensuite, cédant aux con-
seils alarmants d'un de ses voisins, Bo-
naventure de Chantaloé signifia à sa
fille qu'elle eût à la suivre à la messe
ou à s'éloigner. La jeune femme prit
ce dernier parti. Elle se retira chez une
veuve catholique, qui lui était affec-
tionnée; malheureusement elle y fut
bientôt découverte et dut chercher un
autre asile. Ne sachant à qui s'adres-
ser, elle se décida à rentrer dans la
maison de son mari. S'y étant intro-
duite secrètement, elle s'y établit du
mieux qu'il lui fut possible avec ses
deux petites filles et une jeune servante.
Au bout de huit jours, elle fut prise
par les douleurs de l'enfantement. Sa
mère,prévenue en toute hâte, accourut,
accompagnée d'une sage-femme, qui
s'empressa de révéler le secret à quel-
ques soldats de la foi catholique. Le
nouveau-né fut brutalement enlevé à
sa mère, et porté à un prêtre qui le
baptisa. Bedoutant quelque nouveau
malheur, M»« de Marisy feignitde quit-
ter sa maison; mais, la nuit venue, elle
de substitut du procureur général en la cour du
parlement de Paris?( Voy. Pièces justlf., N«LXnï.)
On doit conclure de là, pour le moins, que les
Huguenots ne le regardaient pas comme un ad-
Tenaire.
PIT
— 268 —
PIT
y rentra ii la dérobée^ avec ses filles
et son fils qu'elle allaitait. Cependant
il ne lui suffisait pas d'avoir un lieu
pour reposer sa tète; il fallait vivre,
et elle était dénuée de toute ressource^
sa mère elle-même lui ayant fait ré-^
pondre qu'elle n'avait aucun secours à
attendre d'elle, tant qu'elle n'irait pas
à la messe. Elle résolut de gagner par
son travail son pain et celui de ses en-
fants. Quoiqu'elle ne sortit Jamais, on
flhit par découvrir son asile, et ie
ihairô lui ordonna de vider la Ville ou
d'embrasser la religion romaihe. Vaiti-
ciie à la fin par les prières de sa mère
et de ses parents catholiques qui lui
faisaient entrevoir le sort le plus af-
freux, elle promit d'assister le lendé-
ment au pr6ne; mais elle se repentit
bientôt de sa faiblesse, en sorte que,
à l'entrée de la nuit, malgré les gardôâ
qui veillaient sur la maison, elle réus-
sit à en sortir, emportant son enfant
dand ses bras, et alla se cacher chel
une pauvre femme catholique, qui avait
favorisé son évasion, et qui, son lait
s'étant tari à la suite de tant d'émo-
tions et de misères, allaita son flls avee
lô sien. Peu de temps après, tine de-
moiselle, qui professait également la
religion romaine, lui procura leâ
moyens de sortir de la ville, sans être
reconnue. A la Saint -Barthélémy,
Mtti« de Marisy se décida à fbir à l'é-
tranger. Elle se rendit à Llgny en Bar-
rois avec ses deux filles, dans l'inten-
tion de passer en Allemagne ; mais l'au-
mônier de la dame suzeraine du iietl
l'en fit expulser. Elle partit dans une
charrette avec la plus Jeune de ses
filles, laissant l'autre à la garde d'un
de ses amis. A peine eut-elle fait un
quart dé ileue, qu'elle fut arrêtée et
entraînée dans un bois par cinq ou sit
soldats, qui lui signifièrent que par la
mort ! 11 fallait qu'elle mourût. « Elle
leur répondit qu'il leur tournerolt à
peu d'honneur de tuer une femme. Et
que feriez-votis, dit-elle, de ma peau?
^ar la mort ! nous la ferons tanner,
respundirent-ils. Vrayement, répliqua
ceste damoiselle, elle est assez tannée
d'ennuys et de fascberies... P&t la
mort! respond Herbelay, si fault-ll
que vous mouriez, car il nous est ainsi
commandé, ou bien que nous autres
mourions tous. Il vault donc myeux,
respond la damoiselle, qu'une femme
meure que deux hommes ; mays Je vous
prie de me dire pourquoy vous me vou-
lez fayre mourir? Et qui sont mes par-
ties? A qui ai-Je oncques mefl^lct pouf
estre traitée d'une telle façon?» Les
soldats lui avouèrent qu'ils agissaient
par ordre de Guillemette de La Marche,
dame de Brienne, qui avait eu «quel-
que sentiment de la religion 9 avant
son mariage, mais qtli était devenue
depuis une catholique très-bigote. Or
M<°« de Marisy avait eu l'Imprudence
de fkire en sa présence « comme une
anathomie de la messe, )) et la grande
dtime voulait la punir de ses blasphè-
mes. c( Ainsy doncques ceste damoi-
selle, ayantouy tenir ce langage à Her-
belay, eslevant les yeui^ et les mainS
Joinctesversle ciel, s'escria d'une voix
fort haulte et dist : Si cela est la cause
de ma mort, Je me sens bien heureuse !
Et loué soyt ce bon Dieu qui me faict
cet honneur, qu'aujourd'huy Je signe
de mon sang sa saincte vérité. Laissez-^
moy donc prier mon Dieu, et puis,
disposez de ma vie comme vous vouU
drez, messieurs. Si vous aviez un en-
nemi qui vous eust faict autant de mal
quelamessem'enafaict(car,àcequeje
puis comprendre par vos propos, c'est
pour avoir dict qu'elle ne valioit rien
et que Je n'y irois de ma vie, que vous
me voulez fayre mourir), Je m'asseure
que vous nel'aymeriezjamays. Croyei
(]tië Je la hais encores davantage et l'ay
en trop plus grande horreur que Je
n'avois- lorsque j ay parlé à ma dame.»
-^ a Et que vous a faict la messe? lui
demandèrent-ils. Du mal, tant et tant,
respond-elle, et trop plus que Je ne
sçaurois raccompter. Elle me prive
de la compagnie de mon mari, de la
présence de ma fille, qne<je suis con-
trainte d'habandonner, et tout ce qui
est mien. Quand elle me rend entre
vos mains peur me tner, encores qu'il
PIT
- S89 -
PIT
n'y enst que cela^ comment me seroit-
II (losslble de Taymer? d
Tant de présence d'esprit et décou-
rage en face de la mort émurent le ca-
pitaine Dfiguet^ QUi s'écria : «Mort!
<|Ueile constance est*ce là ! Cela vient-
il d'une femme? Mort! voy^t si elle
en Jette une seule larme !» — « Non !
non! messieurs, respondit-elle^ cela
voyrement ne vient pas d'une femmé^
mays de la pare grâce de mon t)teu^
4ui me fàict àitisy parler. » ^ « Par
la mort! dist Driguet, si Je debvôlsestre
pendu Je ne souilleray polntmôs mains
du sang de ceste damoisclle.» — «Je
loue donc et remercie ce grand Dieu^
dict alors ccste damoiselle^ qui se sert
âujourd'huy dé Vous pour me garentir
dé la mort prochaine. Messieurs^ il
me déplalst que Je n'ay le moyen de
recongnoistre promptemeut la gr&ce
()tte Je reçoy de vous. Mays voilà^dict-
elle^ monstrant environ 60 écus^ tout
6è que J'ay pour l'heure, oue Je vous
offre de bon cœur. Prenei-lc, s'il voUs
platst, et me laissez seulement pour
rayre mon voyage. Driguet les refusa,
et tirant de sa boUrse 100 écus, les
présenta à la damoiseUè, la pressant
de les prendre, a Cependant le comte
de Brienne, averti de ce que sa mère
et l'aumônier avaient tramé contre
H"»* de Marisy, dépécha en toute hâte
après elle un de ses serviteurs, avec
ordre de la garantir du danger et de
lUi remettre sa fllle atnée. L'émissaire
du comte trouva la pauvre femme qui
remontait dans sa charrette. Driguet
lui donna même deux soldats pour l'es*
corter jusqu'à Saint-Aubin.
PITHOYS (Claude) ,né, versl 58 1,
dans IaprincipaulédeSedan,entra dans
l'ordre des Minimes. H s'était déjà ac-
quis une grande rénommée comme
prédicateur, lorsqu'il quitta le froc et
se retira à Sedan, en 1632. Après a-
volr solennellement abjuré la religion
romaine, il se fit recevoir avocat et ne
réussit pas moins bien au barreau que
dans la chaire. Dès 1633, on lô nom-
ma professeur de philosophie.En i 637,
te dUc de Bouillon lui confia Ui garde
de la bibliothèque publique, place dànâ
laquelle il fut remplacé par Baylè, en
i 615, son grand âge ne lui permettant
plus de la remplir. En 1676, il obtint,
comme récompense de ses services,
une pension de i,ooo livres, mais II
n'en jouit pas longtemps, étant mort
la même année. On a de lui :
î . La déctmverte des faux possédés,
ifès-^tile pour rtconnottreet discerner
les simulations etfeintises et illusions
if avec les i)raiês et réelles possessions
diaboliques ; at)ec une briève instruc-
tion gu t7 ne faut croire aux diables
possédons ; ensemble la conférence te-
nue entte M. l*évéque de Toul et le
P. Piihoys, minime, touchant la pré-
tendue possédée de Nancy, Chaalons,
I6ii, in-8».
II. L'horoscope de bonne a\)enture
dei prédestinés,
III. V amorce des âmes déwtes et
teUgieuses, Paris, 1627. in-t2.
IV. Traité curieux ae V astrologie
judiciaire, Sedan, J. Jannon, l64i,
in-8«,*Montbelliard,J.Foylet,l 646,8».
V. Cosmographie ou doctrine de la
sphère, avec un traité de la géogror
phie, Paris [Sedan], 1641, In-s*».
Vt. L'Apocalypse de Méliton ou ré-
vélations des mystères cénobitiaues,
Saiht'Léger [Sedan], 1662, in-b et
In-I6;'l665, ln-12; 1668, in-i2;
réimp. avec le Moine sécularisé, Ville^
franche, 1668, in-i 2. -^Voltaire s'est
trompé en attribuant cet ouvrage à J.-
P. Camus, évéque de fielley.
VU. Mémoire, supprimé comme In-
jurieux par les modérateurs de l'aca-
démie de Sedan.
L'abbé Bouiiliot, à qui nous emprun-
tons cet article, ne nous apprend pas
si Claude Pithoys laissa des enfants;
tout porte à croire cependant que Jo-
seph Pithoys, de Sedan, qUl soutint,
en 1652 et en 1654, sous la pré-
sidence de Le Blanc ^ deux thèses,
VtmeDeauctoritate Scrtph<rrt,ràUtre
Deimmensitate et omniprœsentiâ Déi,
ins. dans les Thèses sedan.. était son
fils. AprèsavoirprofesséquelqUe temps
la théologie à s«dan^ Jdseph Pithots
PLA
— 260 —
PLA
se retira en Hollande etfut placécomme
ministre à Leeuwarden ; mais il fut dé-
posé et 1 669^ nous ne savons pour
qael motif.
PLAIX (CÉSAR de)^ appelé aussi
Dupleix^ sieur de Lormoy et de Ghilly,
naquit à Orléans dans la seconde moi-
tié du xvie siècle. Après avoir terminé
ses études dans sa ville natale, il vint
se flxer à Paris , où il se fit recevoir
avocat au parlement. On s'accorde as-
sez généralement aujourd'hui à le re-
garder comme l'auteur de UAnti-Cot-
ion ou Réfutation de la Lettre décla-
ratoire du P, Cotton, où il est prouvé
que les Jésuites sont coupelles et aU'
teurs du parricide exécrable commis
en la personne du roi très -chrétien
Henri IV d'heureuse mémoire y sans
nom de lieu ni d'imprimeur^ 1610;
réimp. plusieurs fois^ entre autres à
La Haye^ 1738, in-8«. Ce pamphlet, le
meilleur qui ait paru depuis la Satire
Ménippée, et en même temps^ la satire
la plus amère qui ait été publiée contre
les Jésuites, a été attribué longtemps
par les uns à Pierre Du Moulin ou à
TilenuSy par d'autres à Augustin Ca-
saubon; mais les plus savants biblio-
graphes n'hésitent plus aujourd'hui à
reconnaître dans la signature P. D. C.
les lettres initiales renversées du nom
de César De Plaix. Les Jésuites ne man-
quèrent pas de répondre à ce livre ^
curieux mélange de raisonnements et
de sarcasmes, et leur réplique donna
lieu à une guerre de plume très-vive à
laquelle de Plaix, qui ne mourut pour-
tant qu'en 1641, semble être resté é-
tranger. Le seul ouvrage en effet qu'on
lui attribue^ outre l'Anti Cotton est un
plaidoyer en faveur d'un prêtre (sans
doute converti au protestantisme), qui
avait pris femme.
César de Plaix avait été marié deux
fois, il eut de sa première femme, Mar-
guerite Verdin, cinq enfants, savoir :
10 Catherine, née en 1 609 et présen-
tée au baptême, le 25 février, par P/erre
de La Primaudaye et Yolande Petau,
veuve Verdin; elle épousa, en 1629,
Charles de La TaiUe ; — 2^ Margue-
rite, née en 1610, présentée au bap-
tême, le 1 0 octobre, par Jean Verdin,
secrétaire du roi, et Geneviève Verdin,
et femme, en 1 64 1 , de Jean de La Tail-
le; — 3« Auguste, baptisé, le 1 6 sept.
1 6 1 1 , ayant pour parrain A ugus te Gai-
land, avocat au parlement ; — 4» Henri,
né le 16 fév. 1614, qui eut pour par-
rain l'avocat Stuart et pour marraine
Marie Peiau, veuve du sieur de Mon-
voisin; — 4° Olympe, baptisée le 31
janv. 1619, présentée par isaac Le
Maistrcy conseiller en la Chambre des
comptes, et Olympe de Lorme. Resté
veuf, de Plaix se remaria, en 1627,
avec Marie Falaiseau, veuve de l'avo-
cat/acquêt de Verdavayne, qui lui don-
na encore une fille, Marie, baptisée le
1 4 déc. 1628, et un fils, César, né en
1 630 et mort à l'âge de 1 2 ans [Reg,
de Charenton).
Nous ne savons à quel degré César
de Plaix était parent de Charles de
PlaiXy sieur de Boislandry, contrôleur
ordinaire des guerres, né en 1 603 et
mort en 1658, qui eut de sa seconde
femme Yvonne Chreslien, quatre en-
fants : 1» Charlotte, enterrée au ci-
metière des SS. Pères, le 23 août 1 651;
— 20 Charles, né le 12 oct. 1652;
— 3° EsAïE, né en 1654, et présenté
au baptême,le 2 7 septembre, par Pierre
Boule et Sara de Im Barre ; — 40 Ma-
rie-Anne, baptisée le 13 oct. 1658.
£n premières noces, Charles de Plaix
avait épousé, en 1 ^2H,Mad€laine Mar-
bault; mais les Registres de Charenton
ne nous apprennent pas s'il naquit des
enfants de ce mariage. — En 1 700, une
Susanne Dupleix obtint, comme nou-
velle catholique, une pension de 500
liv. {Arch. gén, E. 3386).
PLANTÀVIT (Jean), sieur de La
Pause, né, en 1576, au château de
Marcassargues dans le Gévaudan, fut
élevé dans la religion prolestante, que
sa famille professait et dont son père
était un des ministres. Destiné à la car-
rière ecclésiastique, il commença au
collège de Nismes ses études, qu'il alla
terminer à Genève. Dans une lettre à
Bongars, Casaubon affirme qu'il ne
PLA
— 261 —
PLE
possédait alors qu'une légère instruc-
tion jointe à une grande opinion de
Ini-méme. A son retour de Genève^ il
s'arrêta à Montpellier pour se faire ad-
mettre au ministère. Quoique son or-
thodoxie fût suspecte^ on lui donna
l'ordination par respect pour la mé-
moire de son père et à cause de la di-
sette de pasteurs. Placé à Béziers, où
son père avait exercé son ministère
avec édification^ le jeune ministre ne
tarda pas à être harcelé par les Jésuites,
qui avaient un collège dans cette ville.
Il se défendit mal^ se laissa battre, et
finit par passer dans le camp de ses
adversaires. A la nouvelle de sa dé-
fection^ Gigord et les autres ministres
deMontpellicr coururent à Bézicrs dans
Tespoir de le ramener au bercail ; mais
les Jésuites ne voulurent point permet-
Ire l'entrevue qu'ils sollicitaient. Après
avoir publié une Déclaration catholi-
que, datée du 1 1 avr. 1 604 et Imp. la
même année à Paris in- 12, La Pause
partit pour Rome, où il s'appliqua avec
ardeur aux langues orientales, dans
lesquelles il devint fort habile. A son
retour en France, il fut nommé aumô-
nier de Marie de Médicis, puis il suivit,
en la mèmequalité, Elisabeth de France
en Espagne, et le crédit de cette prin-
cesse lui fit obtenir, en 1625, l'évèché
de Lodève. Il est auteur de savants ou-
vrages, mais aucun n'a été publié avant
sa conversion.
La famille Plantavit était originaire
des environs de Béziers. Vers le temps
de la conversion de Jean, c'est-à-dire
en 1605, David Plantavit, sieur de La
Pause, fils de Christophe Plantavit et
û'Isabeau d*A$sas, épousa Louise Dot-
toman, dont il eut François. Cette
branche se convertit aussi, mais nous
ne savons à quelle époque. Dans une
liste de Réfugiés du Languedoc (Arch,
gén. Tt. 522), nous lisons le nom de
René Plantavit, preuve que quelques
membres au moins de la famille per-
sistèrent dans la religion réformée.
PLANTIEPt (Jacques), d'AIais, re-
çu bourgeois à Genève en 1 723, est au-
teur de Réflexions sur Vhistoire des
Juifs pour servir de preuves à la reli-
gion chrétienne, Gen., 1721, 2 vol.
in-12; des Véritez capitales de la re-
ligion établies par la raison et par
V Ecriture, Gen,, 1734, in-S»; 1748,
ln-8*; trad. enallem. avec une préface
deTeller, Leipz., 1748, in-8o^et d'un
Discours sur lacalomnie, in- 1 2. On lui
attribue aussi un Catéchisme, imp. à
Genève, 1773, in-8».
PLEURS (Jean de), dit û'Espoir,
fondateùrderéglise réformée d'Angers,
en 1555. Les doctrines évangéliques,
prèchées dans cette ville, sous la pro-
tection de l'évéque Jean Olivier, y
avaientété reçues avec avidité, et il s'y
était bientôt formé des assemblées re-
ligieuses, dont plusieurs furent décou-
vertes. Le supplice de François Far-
deau, Simon Le Royer, Jean de La
Vignole, Denis Saureau, Guillaume
de Reu, en 1547, loin d'effrayer les fi-
dèles, redoubla leur zèle, « et de leur
sang, comme d'une saincte semence,
procédèrent tost après plusieurs cen-
taines de fidèles. » Cependant, ce fut
en 1555 seulement, qu'une église fut
organisée par Jean de Pleurs, deTroyes
en Champagne, alors ministre à Dar-
dagny. Les apôtres de la Réforme ne
séjournaient jamais longtemps dans
une même ville ; ils auraient bientôt été
découverts et mis à mort. En 1556,
de Pleurs était déjà de retour à Ge-
nève, où il fut reçu bourgeois avec son
fils Jean, le 27 août. Il eut pour suc-
cesseur à Angers le neuchâtelois Gas-
pard ou Jean Carmel, dit Fleury, qui
fut bientôt remplacé à son tour par Ni-
colas Goré, dit Daniel.
Au mois de mars 1557, de Pleurs
fut envoyé à Rouen, et lamème année,
au mois d'octobre, il fut donné pour
ministre à l'église de Bossey^ qu'il
quitta, en 1558, pour devenir pasteur
à Genève. 11 mourut en 1570.
Il ne faut pas confondre Jean de
Pleurs avec Pierre Durdès ou ^'Urdez,
ministre d'Amiens réfugié en Angle-
terre à la Saint-Barthélémy, qui avait
pris aussi le surnom d'Espoir. Plus
tard^ Durdès devint pasteur de l'église
PIO
— 262 —
PLO
d9 BolbçCj qu'il quitta pour ceU«i 4^
Pa^liçrs. Les Protestants de Bolbec
s'adressèrent, en 1596, au Synode na-
tional de Saumur pour depiander ou
qu'il reprit ses fonctions ou qu'il rem^^
boursàt les sommes qu'ils lui avaiei)(
avancées pendant qu'il étaitréfugié eu
Angleterre à l'époque des ferres delà
Ligue. Le Synode trouva leurs récla-
mations bien fondées ; cependant celui
de Montpellier, ayant égard h sonàge>à
sanombreusefaipilleet k a sescommo*
dites, 0 lui permit de rester à Pamiersj,
à condition que la prpvincedela Haqte-
Guienne pourvoirait l'église de Bolbec
d'un pasteur. Sur la Qn de ses jour^i
Durdës perdit la vue, Nous ne CQU-
naissons pas la date de sa mort.
PLOUCQUET (GoDBFROi), profes-
seur de logique et de métapbysiqqç |i
l'université de Tubingue^ membre d^
l'Académie des sciences de Bçrlinei (ad-
ministrateur des fondations pieuses de
Tubingue, né à Stuttgard^ le 25 août
1716^ d'une famille sortie de France
pour cause de religion^ et mort le 1 ;|
sept. 1790.
Ploucquet commença ses études au
gymnase de sa ville natale. Elu 17^2,
il se rendit à Tubingue pour y suivre
les cours de tbéologie. La lecture des
écrits de Wolf^ l'illustre philosophe
qui le premier réduisit en uq système
de métaphysique dogmatiqueles gran-
des idées émises par Descartes, Locke
et Lelbnitz^ le séduisit^ tel point quOi
sans renoncer absolument à la théolo-
gie, il s'appliqua avec ardeur à la phi-
losophie et aux mathématiques. Cette
double direction de ses études se révèle
dans la thèse qu'il soutint en 1 740; on
y remarque déjà son désir de concilier
les principes de la philosophie wolflen-
ne, dont il fut toute sa vie l'ardent
disciple, avec les enseignements da la
religion chrétienne.
A mesure qu'il avança en âge et
qu'il s'enfonça dans de plus profondes
spéculations, Ploucquet s'attacha, avec
un redoublement de zèle, à défendre
les Intérêts de la religion et de la mo-
ale^ san^ sacrifier toutefois audogmo
içs légitimes postulats H^ U ntUon,
Champion du spiritualisme . U com*
battit avec autant de sagacité que d'é^
ruditlon les doctrines matéri«^liste«
prônées parles philosophes du xvim«
siècle, n ne crajgpit même pas de 96
mesurer avec Kanl, eu coqteslant U
vérité de ce que le cél^brç philosophe
de Konigsberg avait avancé, que la
preuvecosmologiaueestlaseulcpreuve
possible de rexi^teuce de Dieu. Puis,
remontant le cours des siècles, en
même temps qu'il démontrait les vices
des doctrines philosophiques moder^'
nés, il soumit à une sévère analyse les
systèmes de la philosophie aucieuuQi
qu'il essaya de recoustruire daus des
essais historiques digues eucore au-
jourd'hui d'attention.
Après avoir critiqué les théories do
^es devanciers et de ses coutemporaluf
avec une science et une perspicacité
qui lui ont mérité le rcuom d'un des
plus profonds penseurs de sou sièclei
Ploucquet voulut ei^poser sou propre
système, ou plutôt le système qui M
semblait concilier le mieux la révéU*
tlon et la raison^ la religion et U pbi-
ipsophie; car lui-même n'a pas fondé
d'école. U s'est attaché surtout ^ sim-
plifier la logique, en représeutaut les
divers éléments de la propositiou par
desformules mathématiques. l4QmlHrt^
on le sait, avait aussi tenté d'appliqoer
la géométrie à l'art de raisonner (Foy,
YI, p. ^46). L'une et l'autre méthode,
pansêtre d'une grande utilité pratiquât
présentent néanmoins des avantagea.
Celle de Ploucquet, connue sous le uom
de calcul /o^tqu6,consi8te ii représenter
par des lettres capitales les propositions
universelles, par de petites lettres les
propositions particulières, par le signe
— l'afllrmalion.parlalettreZ la néga-
tion. Ce système n'a pas été générale-
ment approuvé ; il oflre l'inconvénient
de ne pouvoir reproduire des phrases
un peu compliquées; mais il aide sans
aucun doute à juger sainement.
Nous n'avons parlé jusqu'ici que des
travaux de Ploucquet, il est temps de
raconter ce que l'on sait de sa vle^ qui
PLO
-263 -
PLO
pfTre d ailleurs pen d incidents remar-
quables. Après avoir desservi^ comme
vicaire^ différentes cures, selon l'usage
4\1 P(^ys> II entra en qualité de précep-
teur dans la maison du baron de HlUer ;
puis il obtint la place de pasteur à
ROtenbcrg, et en 1746, il fut nommé
diacre àFreudenstadt. Une dissertation
^ur les monades, qu'il envoya au con-
cours sur les Instances de son ami
Kies, et qui lui ouvrit, en 1749, les
portes de r Académie de Berlin, fit assez
de bruit dans le monde savant pour
attirer sur l'humble pasteur de village
l'attention du ministre d'Etat Harten-
berg. Le duc Charles, étonné et charmé
à la fois d'apprendre qu'il existait dans
Bes Etats un philosophe renommé, lui
fit donner, en 1 750, la chaire de logique
et de métaphysique à l'université de
Tubingue. IMoucquct fit honneur au
choix du prince. Esprit clair et métho-
dique, il savait, dans ses cours, mettre
à la portée de l'intelligence de ses é-
lèves les propositions les plus abstru-
ses. Outre la philosophie, il fut chargé
d'enseigner l'économie politique. En
1778, il fut appelé àStuttgard pour y
donner des leçons à l'Ecole militaire.
En 1782, une attaque d'apoplexie af-
faiblit ses facultés intellectuelles au
point qu'il dut renoncer à paraître
dans sa chaire. Quelque temps après,
un incendie, qui réduisit en cendres sa
b|l)liothèque et ses manuscrits, faillit
l6 dévorer lui-même. Quoique impotent
de corps et (('esprit, il continua. Jus-
qu'à son dernier jour, à travailler et
à lire, surtout la Bible. Son extérieur
ne prévenait pas en sa faveur; mais
ses ami s louaient sa bienveiUanoe, sa
loyauté et sa franchise.
Ploucquet a laissé un nombre con-
sidérable d'ouvrages, presque tous é-
erits en latin, et imp. à Tubingue. 8on
style est pur, mais souvent trop concis.
Notice bibliographique.
I. Diss. theologica qud CL Vari-
gnonii demomtratio geometrica pos-
aihiUtatis transsubstantionis énerva^
mr, 1740, ln-4*.
II. Priinaria monadologiçB ÇQpila
accessionibus quibusdam confirmala et
ab objeciionibus fortioribus vindicata,
publ. en franc, et en allem. dans le re-
cueil des Dissertations qui ont remporté
|e prix s^r le système des moqades
(Berlin, 1748, in-4»).
III. Methodus tractandi infinita in
metaphysiciSy 1748, in-4«».
IV. De corporum organisatorum ge-
nerationedisquisitio, Stuttg., i 749, 4».
V. Diss. de materialismo, 1 750, 4»;
réimp. avec la réfulation de l'Homme-
Machine [de La Mélrie], 1751, in-i».
VI. Dis8.deliberoarbitrio,\ 752,4*.
Vil. Diss. metaphysica de naturd
ajfectuum, 1755, ln-40.
VIII. Disp. de perfectè similibus,
1755, in-4*.
IX. Principia de substantiis et phœ-
nomenis, Francof. etLips., 1758, 8*;
réimp. avec le N»XXVI,Ibid.,1764,8«.
X. Diss . de forma corporis, 1 754, 4».
XI. Diss. de cosmogonid Epicuriy
1755, in-4»,
XII. Diss. de miraculifrum indole^
eriterio et fine, 1755, in-4».
XIII. De principio mundi^ 1 «r56, 4».
XIV. Diss. de speculationibus Py^
thagorœ, 1758, in-4».
XV. Diss. anti-Bayliana, qud cum
ided boniiatis absolutœ malum oum
iuis effectibus non pugnare evincitur,
1758, ln-4».
XVI. Diss. de Pyrrhonis epoehd,
1758, in-4*.
XVII. Solulio problematis Lugdu-
nensis, qud ex und kâc nropositione
concessd : Existit cdiqtÀd^ existentia
entis realissimi oum suis attributis
eruitur, 1758, in-4<».
XVI II. Pundamenta philosophiœ
spéculatives^ 1759, in-8*; réimp. plu-
sieurs fois, avec correct, et addit. —
Exposition claire et précise de la mo-
nadologie de Leibnitt.
XIX. Animadversiones in prinoipia
Helvetii, quœ de naturd mentis hu-
manœ eœposuit in libro De l'Esprit,
1759, in-4».
XX. Examen meletematum Lockii
d$ peri(malitate, 1760, ln-4«.
PLO
— 264 —
PLO
XXI. Diss. de lege continuitatis seu
gradationiSy 1761, in-40.
XXIi. Providentiadivina ressingu-
lares curans è naturd Dei et mundi
adstructa, 1761, in-4«.
XXIII. De dogmatibus Thaletis et
Anaxagorœ, 1763, in-40.
XXIV. Observationes ad commentch
tionem D, Cant de uno jiossibiU fundch
mento demonstrationis existentiœDei,
1763, in-4».
XXV. Methodus tam demonstrandi
directe omnes syllogisnwrum species,
quamvitia formas detegendiyOpeunius
regulcBy 1763, in'4«.
XXVI. Methodus calculandi in logi-
cis ; prœmittitur commentatio de arte
characteristicâ universaliy 1763, 8*;
réimp., Francof., i 764, avec le N^IX;
insér. par A. -F. Bok dans le SammluDg
der Scbriften welche den logischen Cal-
cal betreffen, Franc, et Lips., 1766,
in-80.
XXVII. Untersuchung und Aban-
derung der logikalischen Konstruktio-
nendes Hm Prof, Lambert, 1765, 8».
— Réponse aux critiques de Lambert
touchant le Calcul logique.
XXVIII. Sententia Dn. Robineti de
œquilibrio boni et mcdi paradoxa,
1765, in-4».
XXIX. Eocamen theoriœ Dn. Robinet
de physicâ spirituum, 1 765, ln-4<».
XXX. Propositiones Dn. Robinet de
incompreftensibilitate Dei sub examen
tXKatœ, 1765, in-4».
XXXI. Problematade naturd homi-
nis ante etpost mortem, 1766, in-4«.
XXX II. De placitis Democriti Abde-
ritœ, 1767, in-4».
XXXIII. Rede uber die Frage : Obes
môglich sey dass eine Welt von Ewig-
keit her existire? 1767, in-40.
XXXIV. Examen rationum à Sexto
Empirico tam adpropugnandam quàm
impugnandam Dei existentiam collée-
tarum, i 768, in-4*.
XXXV. Der Lumpcfwptec/el, 1 768,8».
XXXVI. Cogitationes Robineti de ori-
gine naturœ expensœ, 1769, in-4«.
XXXVII. De origine sermonis, 1770,
m-4*.
XXXVIII. De naturâ et menmrd
quantitatum, 1771, in-4«.
XXXIX. Institutiones pkHosophiœ
theoreticœ, 1772, in-8»; 1782, in-8».
XL. Creatio mundi è naturd rerum
mundanarum intellecta, 1772, in-i».
XLI. De prœdpuis animœ humanœ
symptomatibus^ 1773, in-4<».
XLII. De rerum or tu, duratione^ crf-
teratione et interitu, 1774, in-4«.
XLIII. Memoria amicorum, qui,
ipsomet prœside, disputationes defenr
derunt, 1774, in-40.
XLIV. Diss. de hylozoismo veterum
et recentiorum, 1775, in-4'».
XLV. De viribusprinUtitiSy 1 776,4«.
XL VI . De naturâ boni et mali, 1777,
in-4».
XLVII. De momentis philosophiœ
contemplativœ in practicis, Stuttg.,
1778, in-4».
XL VIII. Elementa philosophiœ con-
templativœ, sive de scientid ratiod-
nandi, notionibus disdplinarum fun-
damentalibus, Deo, universo et specich
tim de homine, 1778, in-4».
XLIX. Disq. rationum quœ tam ad
stabiliendam quàm ad infrigendam
animi humani immortalitatem afferri
possunt, 1779, in-4».
L. DeprincipiisdynamiciSjSiniig^,
1780, in-4».
LI. De naturâ et mensurâ virium
derivativarum, 1781, ln-4».
LU. Commentationes philosophiœ
selectiores, antea seorsim editœ, nunc
ab ipso auctore recognitœ et passim
emendatœ, Ultra], ad Rhen., 1 781 , 4».
LUI. Vertheidigung dieser Samm-
lung, 1781, in-8».
LIV. Expositiones philosophiœ theo-
reticœ, Stultg., 1782, in-8». — C'est
une réimpression du N* XXXIX.
LV. Variœ quœstiones metaphysicœ
cum subjunctis responsionibus, i 782,
in-4».
Godefroi Ploucquet avait éponsé, é-
tant pasteur à Rôtenberg, Christine-
Madelaine Ebel, fllle du pasteur de
Frauenzimmer. De ce mariage naqui-
rent sept enfants, dont trois survécu-
rent, savoir une fllle et deux flls. Le
PLO
— 265 —
PLO
cadet se nommait Christophe-Mat-
thieu ; sa destinée DODS est inconnae.
L'atné, Guillàume-Godefroi, fut nn
médecin renommé. Né à Rdtenberg, le
20 déc. 1744> il étndia la médecine à
Tnblngue, oh il prit, en 1766, le grade
de doctear, et obtint, en 1782, nne
diaire de médecine. Il monmt le 12
Janv. 181 4. Ses nombreux ouvrages
ont tons été publiés à Tubingue, à deux
ou trois exceptions près.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
I. Dis8. de vi corporum organisa^
t€Tum assimilatricij 1766, in-4^
II. Anweisung wie manihne Frilch-
te, mit geringen Kosten sich dennoch
emàhren kônne, 1771, 4«; 1777, 4».
III. Abhandlung Uber die gewaUsa-
men Todesarten^ nebst einem Anhang
von dem geflissentlichen Missgebàh'
ren, als ein Beytrag zu der medici-
nischen Rechtsgelahrtheit, i infin-
ie; 1788, in-8».
lY. Diss. sistens CBtates humanas
tarumque jura, 1778, iiv-4»; en al-
lem.j 1779, in-8«.
V. Ueber die physischen ErfordeV'
nisse der Erbfàhigkeit bei Kindern,
1779, in-8».
VI. VollstàndigerRossarztyOderUn'
terricht die KrankheitenderPferde zu
erkennen und zu curiren, 1780;
1792; 1803, in-80.
VII. Ueber den Holzmangel und die
Mittelihmabzuhelfcn,ilSO; 1790,8^.
VIII. Wamung an dos Publikum
vor einem in manchem Branntwein
ênthaltenen Gifte, sammt den Mit-
te/n, e$ zu entdeckenundauszuschei'
den* 1780, ln-8o.
IX. Unterricht fût die Barbirer
und Bader der zur Grafschaft Ober-
undNiederhohenberg gehorigen Herr^
schaften und Orte, wie dieselben sich
zu verhalten haben, wenn zu jemand
berufen werden^ welcher von einem
toUenodersogenanntenwUthigen Hun-
de oder einem andem dergleichen
Thiere bescfiadiget worden ist, 1780,
in-fol.
X. Nova pulmonum dodmasiaf
T. VIII.
1782, in-4«.— La nouvelle expérience
de Ploucquet consiste à peser le corps
du fœtus avant de l'ouvrir, puis à pe-
ser les poumons seuls, et à comparer
les deux poids. Selon lui, dans l'en-
fant qui n'a pas respiré, le rapport
est comme l : 70, et dans l'enfant qui
a respiré, comme 2 : 70 ou l : 35.
X l. Skizze der Lehre von der mensch-
lichen Natur, 1782, in-8*.
XII. Diss, de vertigine, 1 783, in-8o.
XIII. Diss . an febris putrida sit con-
tagiosa, 1783, in-4<».
XIV. Noch eine Meinung iiber die
Frage : WeUhes sind die besten aus^
fUhrbaren Mitteln dem Kindermord
Einhalt zu thun, 1 783, 8<» ; 1 785, 8».
XV. Diss. de morbis periodicis,
1783, in-8«.
XVI. Frenz Lana und Philipp Loh-
meiervonder Lusichiffkunst^ 1 784,8».
XVII. Diss, de gonorrhed masculinâ
syphiliticdy 1T85, in-4».
XVIII. Fundamenta therapiœ ca-
tholicœ: subjungitur catalogus corpo-
rum medicamentosorum usitatiorum,
1785, in-40.
XIX. Von der Veredlung der Wolle
und Verbesserung des Schaafstandesy
1785, in-8».
XX. Diss, de signis mortis dia-
gnosticiSy 1785, in-4<».
XXI. Diss, acquisitionem variolœ op-
portunam denuo commendansy 1785,
in-80.
XXII. Diss. de amputatione in-
cruentây i785^ln-4<»; trad. enallem.,
1786, in-80.
XXIII. Diss. deanthrace venenato,
1786, in-4».
XXIV. Diss. de virtutibus violœ
tricoloriSy 1786, in-4*.
XXV. Diss, de unicd verà mortis
causa proximâ, 1 786, in-4o.
XXVI. Kommentar Uber dos Pro-
jekte einer Kirchenvereinigung, 1 786,
in-4».
XXVII. Diss, de bubonibus ingui-
nalibus syphUitids, 1 786, in-8<».
XXVIII. Vertrauliche Erzàhlung
einer Schweizerreise im Jahr 1786,
in Briefen, 1787, in-80.
17
PLO
— 266 —
PLO
XXIX. Commentarius medicus in
processus criminales supra homicidio,
infanticidio et embryoctonidf Strasb.,
1787, in-80.
XXX. Triga observationum medtco-
practicarurriy 1787, in-4».
XXXI. Cephalalgia,methodon(Uurœ
aecommodata^ J787, in-4^
XXXII. Diss. de febribus nervids,
i 788, in-4'.
XXXIII. Diss. de eœtantiori frequen-
tiâ et detmatione morborum inter
vulgus, 1788, in-40.
XXXIV. Diss, cur stimuU morbosi
quandoque sileant^ 1 789, iii-4<>.
XXXV. Sciayraphia phthiseos noso-
loyica^ 1789, in-40.
XXXVI. Diss. deamourosi,! 789, 4*.
XXXVII. Thèses medicœ, 1789, 4».
XXXVIII. Ueber einige Gegensmnde
in der Schweiz, 1 789, in-8».
XXXIX. Porphyrisma in Heîvetià
observatum, 1789, in-4».
XL. Ueber die Hauptmàngel der
Pferde, 1790, ln-8».
XLI. Casus morbi scrofulosi^ cum
epicrisi, 1790, in-40.
XLII. Diss. de ischurid cysticd,
l790,ln-8».
XLIII. Diss. de myositide et nevri'
tide, prœsertim rheumatiody per his-
toriam œgrœ iUustratdy 1790, iQ-4*.
XLIV. Diss, de morbisnevricis, prœ-
sertim ex infàroUbus abdominaUbus,
1790, in-4*'.
XLV. Unfehibares Mittel der BU-
chemachdruck zu verhindem, 1790^
in-4«.
XLVI. Mettel Hàuser und andere
Gebàude unverbrennHch zu machen,
179l,in'4o.
XLVII. Momenta quadam drca
atolechtymdy 179S> in-4«.
XLVllI. Diss. deemesidy 1791, 4«.
XLIX. Delineatio systematis nas<h
logici naturœ accommodaUy 1 79 1-93,
4 vol. ln-40.
L. Diss. expérimenta eircavimbUis
chylificam, 1792, in<^4»*
LI. Diss. de metroloxidj prœsertim
dé causis et signis ilUus, 1 793, 4«.
LU. Diss. quà dy$catabroHi phch
ryngo-ctsophagea thliptiea chœradiea
casu illustratur, 1792, in-4<>.
LUI. Onomatopœœ nasologica fun-
damentQy 1793, in-40.
LIV. Diss. de bemicis succinatœ vi
eximid in sanandis ambttstùmibus,
1793, in-40.
LV. Initia bibliothecœmedicchpraC''
ticœ et chirurgicœ realis, sii^ reper-
torium medicinœ praot. et chirurg.,
T. I-XIÎ, 1793-1800, in-40.
LVI. Observationes in hepatitidis
et metritidis consolidationem fistukh
rum ani secutarum^ 1 794, in*4o.
LVII. Diss. de chUocace^ 1 794, A:
LVIIl. Thèses primas Uneas odon-
HtidiSy sive inflammationis ipsorvm
dentium sistentes, 1794, in-4*.
LIX. Diss. de lœsionibus mechtmi'
eis eimulacrisque lœsionum fœtuiin
utero contento accidentibus, ad iUns^
trandas causas infantieidii, 1 794j in-
40.
LX. Briefwechsel xweyer Schul-
meister Uber ein schôn Gedicht,frBXik,,
1794, in-80.
LXI. Diss. de perfidendâ re medioày
1795, in-4».
LXII. Reflexionen il6er di$ Art 4m
Entrichtung der von Wurtemberg en
die Franzosen %u bezahlenden £on<iv
butioneny 1796, in-8».
LXIII. BelehrungiiberdieHoTimiri^
seuchCy 1796, in-8\
LXIV. Diss. de naturd et usu aeris,
ovis avium inclusi, 1796, in*4o.
LXV. Aufmunterung zu Verêuùhen
wirksamer Mittel gegen die herrsc^^eth
de Homviehseuche^ 1 796, in-8^
LXVI. Diss. de vivitali ejusque mm*
tationibus inapoplexid, 1796, iiHI^
LXVIl. System der Nosologie im
Umrissey 1797, ln-8».
LXVIIl. Ueber die Aushldw^g ,
PfUcht und KlugheitdeêArties, i79t,
in-8«.
LXIX. Momenta quœdam phifiiol^
giea drca visum, 1797, in-4*.
LXX. Memorabile etcemnlum éf9'
pnœœ et dyscatabroêeos hyperùie»,
1797,in-4«».
LXXI. Progr. drea unitmêàliiÊiinmr-
PLO
— t67 —
POI
Ugis quâ corpora vim ad êtimuloi
ipecificos reagunt, 1797, in-4^.
LXXil. Pathologie mit cUlgemeiner
Heilkunde in Verbindung gesetzt,
1797, in-8».
LXXIII. Dos Wasserbett, etn Vor-
sehlay zu einer bequemen und siche^
nn Badeanstali in FlUssen und Bà-
cken, 1798, in-so.
LXXIY. Dis8. de talipedibui varie,
1798, in.4».
LXXV. Memorabile physeoniœ car"
ckuB, necnon osieogeniœ et odontoge-
may anomatœ exemplumy S 798^ 4*.
LXXVI. Progr, de rite formandd in-
Ocatione antisthenicây 1798, iQ-4».
LXXVIl. Progr. de commodis et
noœis quibusdam ex cultu corporisre^
imulantibtASy 1798, in-i».
LXXVIII. Sylhge observât, mixtor
rum, 1799,111-40.
LXXIX. Obs, pathologico-therapeu-
Heœ circaphotorexin, 1799, in-40.
LXXX. Thèses medicŒy 1799, in-4*.
LXXXI. Animadv. quœdam in stor
(um et therapiam submersorum, 1799,
te-40.
LXXXII. Neue Erfàhrungen Uber
aie Homviehseiichey 1800, in-8«.
LKWlll. Thèses medicœ, 1800,4».
LXXXIY. Expoaitio nosologica ty-
phiy 1 800, in-80.
LXXXV. Vorschlag su einer schÂck"
Ueheren und allgemein annehmbaren
Zêitrechnungy 1800, !n-8».
LXXX VI. Anmerkungen Uber die
Sekrift des Hm. Cadet de Vaux : Die
Qallerte aus Knochen, 1 804, in-8«.
LXXX VU. Beschreibung eines si'
ehem , bequemen und eleganten
SchwimmgiirtelSy 1805, ln-8«.
LXXXVni. Literatura medica di-
gestOy 1808, 4 vol. in-8». — Ce n'est
à proprement parler, qu'une réimp.
renrue et corrig. dn N^LV. On y ajonla
VD Supplément, 1814, 1 vol. in-8^
LXXXIX. Mittel dem Mangel eines
tttfGerberey erforderUchen Materials
ûbzuhelfeny 1810, in-8«.
XC. Etwas su einiger Holzerspar*
niêêy 1810, in-8*.
XCL Séries formularum medicarum
tecundùmindieat. therapeut, disposi-
iarum, 1811, ln-8«.
PLUQUET (Nicolas), ministre de
l'Évangile, prêchait depuis sept ans la
Parole de Dieu dans la ctiàtellenie de
Lille, lorsqu'il fut arrêté au Quesnoy , en
1573. On le conduisit à Lille, où il fût
soumis à un interrogatoire, à la suite
duquel on le transféra à Bruxelles; il
y subit le dernier supplice. Sa femme
et ses enfants en bas Âge réussirent à
passer en Angleterre.
POCHELON (Bernabd), directeur
delamanufacturedeglacesdeNeustadt,
mort dans les dernières années du siè^
de passé. Cette manufacture, fondée
par Henri de Moor, un de ces habiles
fabricants hollandais que Colbert avait
attirés en France, mais que la révoca-
tion de redit de Nantes en chassa, prit
un grand développement sous la direc-
tion de leanrHenri de Colom et de Po-
chelon. Ses glaces rivalisaient avec
celles de Venise. Ce ne fut pas la seule
fabrique de ce genre que les Réfugiés
français élablirenten Prusse. Quelques
gentilshommes verriers, Pierre et
Louis de Condéy Louis de Condé'dU'
Jardinet y Jacques de Baunay^de-Beau-
champ et Louis de Houx, en fondèrent
une autre à Pynnow; mais elle ne put
soutenir la concurrence avec celle de
Neustadt. N'oublions pas de dire que
ce furent aussi des Réfugiés, Félix
Brouety ÀrbaUtiery etc., qui portè-
rent en Allemagne le secret de faire la
soude pour les glaces.
POINOT (N.), ministre de l'église
réformée de Monségur. Cette place,
qu'un heureux coup de main, exécuté
par Gac^on, jeune homme à peine sorti
de l'adolescence, et par le capitaine
JUelony avait mise au pouvoir des Pro-
testants, fut assiégée par Mayenne, en
1586, et forcée de se rendre après une
brillante défense. La capitulation fût
violée à l'iDstigation d'un jésuite, qui
se réserva le ministre pour sa part du
butin. 11 empoigna lui-même Poinotet
se mit en devoir de le traîner hors de
la ville « pour le faire mourir à sa
mode. » Béjà ils approchaient de la
POI
— 268 —
POI
porte 9 lorsqu'ils rencontrèrent des
Suisses se livrant au meurtre et au pil-
lage. Par une inspiration soudaine ,
Poinot précipita le jésuite dans une
cave qui s'ouvrait béante sur leur che-
min, et se mit à crier : Au ministre ,
au ministre! En voyant un homme vêtu
de noir disparaître dans une cave^ les
Suisses s'imaginèrent que c'était un
pasteur huguenot qui voulait se cacher.
Ils se jetèrent sur lui et l'égorgèrent^
tandis que Poinot sortait tranquille-
ment de la ville et se retirait en lieu
sûr. Plus tard; il reprit ses fonctions
à Monségur.
POIRET (Pierre); théologien pro-
testant, mystique et philosophe, né à
Metz, le 15 avril 1646, et mort à
îlheinsbourg, le 21 mai 1719.
A l'âge de 6 ans, Poiret perdit son
père, fourbisseur de son état, et fut
mis en apprentissage chez un sculp-
teur, qui lui apprit les éléments du
dessin. Il acquit un certain degré d'ha-
bileté dans cet art; mais ses goûts
l'entraînant dans une autre voie, dès
l'âge de 13 anS; il quitta l'atelier de
son maître pour s'appliquer à Tétude.
Il commença ses humanités dans sa
ville natale. En 1661, de Kirchheim,
gouverneur de la seigneurie de Loch-
tenstein appartenant au comté de Ha-
nau; le fit venir à Bouxwiller pour
donner des leçons de français à ses
enfants. Poiret passa trois ans dans la
famille de ce seigneur, qu'il quitta pour
aller continuer ses études à l'univer-
sité deBàlc, où il fit sa philosophie. Le
cartésianisme le charma^ et son génie
le portant verslesabstractions, il s'at-
tacha de préférence à la métaphysi-
que. C'est aussi pendant son séjour à
Bâle qu'il commença un cours de théo-
logie qu'il alla; en 1667; poursuivre
à HanaU; autant que le lui permit sa
santé languissante. Au mois d'avril de
la même année; il fut appelé à Heidel-
berg comme vicaire du pasteur Cré-
gtU (1). Quoiqu'il eût reçu la consé-
cration dès 1670; et qu'il eût déjà
(1) Noiu lonpçonnoni ici quelque erniar. Ne
(ftQdnit-U pu lire qu'il aU» ooDtioaer tes études
acquis la réputation d'un bon orateur
de la chaire par des prédications fré-
quentes à Otterberg; à Frankenlbal, à
Uannheim et en d'autres lieux ; Il ne
put obtenir laconduite spirltuelled'nne
église qu'en 1672. Il fut placé à An-
weiler, dans le duché de Deux-Ponts.
L'accomplissement de ses devoirs pas-
toraux lui laissant des loisirs ; il les
employa à lire les écrits de Thomas à
Kempis, de Tauler et d'autres mysti-
ques en renom. Séduit par leurs doc-
trines, il se sentit saisi d'un ardent
désir de la perfection, et une grave
maladie dont il fut attaqué en 1 673^
acheva de tourner toutes ses pensées
vers la vie intérieure. A mesure qu'il
s'enfonça dans le mysticisme, il s'é-
loigna de la philosophie de Descartes
et de celle de Locke, qu'il finit par
combattre, en opposant aux idées in-
nées du premier et aux idées acquise:;
de l'autre, sa propre théorie des idées
infuses, inspirées par une lumière di-
vine.
La guerre de 1676 l'arracha à ses
méditations et à ses paisibles travaux.
Il se réfugia en Hollande. Un instant
il eut l'idée de se retirer dans la Friae
auprès des disciples de Labadie; mais
un écrit de Pierre Yvon contre Antoi-
nette Bourignon lui étant tombé entre
les mains ; il éprouva une si vive in-
dignation à cette lecture; qu'il renonça
à son voyage et partit pour Hambourg;
où il eut enfin la joie de s'entretenir
avec cette mystique célèbre, pour qui
il avait conçu, depuis longtemps, des
sentiments d'admiration et d'estime
dont il ne se départit jamais.
Poiret passa environ trois ans à
Hambourg; menant une vie exemplaire
et uniquement occupé de pratiques de
dévotion. Le départ de la Bourignon
pour Franeker; en 1680; le détermina
à retourner en Hollande. Il s'établit
d'abord à Amsterdam ; où il demeura
huit ans, fuyant, selon l'expression de
BaylO; tout commerce avec la terra
pour songer mieux aux choses du ciel.
k Heidelberg et qa'U fut troelé à Haom? (Toy.
IV, p. 116.)
POI
-889 —
POI
En 1688 enOn^ il alla se fixer àRbeins-
bourg, dans les environs de Leyde^
où il vécut encore plus de trente ans^
partageant son temp3 entre les exer-
cices de piété et la composition, la
traduction, la compilation ou la repro-
duction d'ouvrages de tiiéologie mys-
tique.
Poiret n'est point un chef de secte;
il n'établit point de conventicules ,
parce qu'il n'attachait aucune impor-
tance aux questions dogmatiques qui
divisent les diverses communions chré-
tieimes, et bien moins encore aux dif-
férences des rites qu'elles ont adoptés :
pour lui, l'essence de la religion con-
sislait dans la morale; aussi jamais ne
vit-on de théologien plus tolérant. 11
, vivait dans une solitude presque com-
plète , parce qu'il regardait le monde
comme si corrompu qu'il croyait im-
possible de s'y mêler et de conserver
l'intégrité de sa conscience; il évitait
même les assemblées religieuses ; mais
il ne s'opposait nullement à ce que ses
alentours suivissent le culte qu'ils pré-
féraient. Ce serait se tromper que de
croire qu'avec ses principes de tolé-
rance universelle, Poiret était indiffé-
rent; il était plein de zèle, au contraire,
pour la religion chrétienne, qu'il dé-
fendit en plusieurs circonstances, no-
tamment contre Spinosa. Tous ceux
qui le connurent s'ac-cordent aussi à
louer son humilité et sa modestie, la
pureté de ses mœurs, l'excellence de
son cœur, sa bienveillance envers tous
les hommes, sa modération, dont Une
s'écarta que dans sa polémique; et
tous s'accordent également à regretter
qu'un homme de ce mérite ait donné
tète baissée dans les folies du mysti-
cisme le plus exagéré. A moins d'être
injuste envers lui, on doit reconnaître,
en effet, qu'à côté de beaucoup d'ex-
travagances, les ouvrages de Poiret
renferment d'excellentes choses. On est
étonné de sa perspicacité à découvrir
Terreur ou à trouver le côté faible de
ses adversaires; de son habileté à ré-
soudre les questions les plus subtiles
de la métaphysique; de son talent à
édaircir les principes les plus obscurs
de la théosophie. Sous une apparence
de désordre et de confusion, on re-
marque dans ses écrits un esprit de
méthode, dont il était redevable, sans
aucun doute, à la philosophie carté-
sienne, et quiconque aura le courage
de lire avec attention ses ouvrages,
s'apercevra qu'ils exposent un système
très-bien lié et très-bien suivi.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
I. Cogitatîones rationales de Deo,
anima et malOy Amst., 1677, in-4» ;
nouv. cdit.augm., Amst., 1 685, in-4o ;
3« édit. revue et augm., sous ce titre :
Cogitationumnaiuralium deDeo, ani-
ma et malo lib. IV. Accedit diss. ubi
de duplici discendi methodo, deque si»
mulato Pétri Bœlii contra Spinosœ
athcismum certamine agitur, Amst.,
1715, in-4».
II. Toutes les œuvres de W^* Antoi-
nette Bonrignon,kmsX., I679etsuiv.,
19 vol, in-i 2. On trouve dans le second
volume la Vie continuée de J/"* A .
Bourignon reprise depuis sa naissance
et suivie jusqu'à sa mort, dont Poiret
est l'auteur; réimp., Amst., 1683, 2
vol. in-12.
m. Kempis commun, ou les quatre
Uures de V Imitation de J.-Ch,, partie
traduits, partie paraphrasés selon le
sens intérieur et mystique, Amst.,
1683, in-12; nouv. éditions retou-
chées, Amst., 1 70 1 ; 1 7 1 0, in-1 2 ; Ba-
ie, 1733. — Poiret qui, comme nous
l'avons dit, se préoccupait peu des con-
troverses religieuses, regardait cet ou-
vrage comme un des plus propres k
conduire l'homme, par la voie du cœur,
à la pratique des vertus chrétiennes.
IV. Mémoire touchant la vie et les
sentim^ns de il/"* Antoinette Bouri-
gnon, publ. dans les Nouvelles de la
rép. des lettres (1685).
V. Monitum necessarium ad Acta
erudtïorum Lips, anni 1686 mensis
januariispecians, [Amst.] 1 686, in-4",
— Contre Seclicndorf, qui avait attaqué
la Bourignon.
VI. Vo'conomie dimne ou système
POI
— 270 —
POI
universel $1 démontré des ouvres et des
desseins de Dieu envers les hommes ;
où l'on explique avec une certitude
métaphysique les principes et les véri^
tez de la nature et de la grâce, de la
philosophie et de la théologie^ de la rai»
son et de la foy, de la morale et de la
religion chrestienne; où l'on résoudles
difficultez sur la prédestination, sur
la liberté, sur l'universalité de la ré"
demption et sur la Providence, Amst. ,
1687^ 7 vol. iD-8o; trad. en latin^
Francof., 1705,2 vol. in-4o;enallem.,
Berlenburg, 1737-42, 7 vol. in-8».
Vil. La paix des bonnes âmes dans
tous les partis du christianisme,Xmsi,,
1687, in-12. — Bien loin de vouloir
fonder une secte dissidente, Poiret ne
croyait même pas nécessairede changer
de religion, puisqu'on restant dans !'£-
glise où l'on est né, chacun peut en évi-
ter les abus, et ne prendre que ce qu'il
y a de bon. En cas de nécessité, on
peut même s'accommoder aux rites
d'une autre communion et en faire un
bon usage. L'essentiel est d'aller à
Dieu par J.-Ch., de vivre clirélienne-
ment ; le reste n'est qu'accessoire.
VUl. Idœa iheologiœ christianœ
juxta principia J, Bohemi brevis et
methodica, Accedunt Sexti Pythago-
rœi Sententiœ, ob argumenti prœstan-
tiam verè divinœ, Amst., 1 687, in-1 2.
— Poiret convient franchement qu'il
n'est guère possible de comprendre
BOhme, et conseille de s'en tenir à ce
qu'il y a de pratique dans ses ouvrages.
IX. Les principes solides de la reli-
gion et de la vie chrestienne appliquez
à l'éducation des enfans et applicables
à toutes sortes de personnes; opposez
aux idées sèches etpélagiennes que l'on
fait courir sur de semblables sujets,
Amst., Henri Des Bordes, 1 705, in-12.
La première édit. de cet ouvrage, qui a
été trad. en allem., en flamand, en an-
glais et en latin, parut en 1 690 sous la
forme d'une lettre à un gentilhomme,
réimp. avec leNoXUI, en 1697. Nous
avons parlé ailleurs de la trad. alle-
mande, qui fut faite par Horb (Voy.V^
p. 523). La trad. latine parut sous ce
titre : De christiand Uberarum è verit
principiis éducations libellus, Amst.^
1694, in-12. L'éditeur y a Joint le Ju-
gement des ministres de Hamboorg
contre ce livre.
X. La théologie de l'amour ou la vie
et les oeuvres de Sainte Catherine de
Gênes, trad. nouvelle, Cologne, 1691,
iQ-12.
XI. De eruditione triplici solidà, su-
perficiariâ et falsâ lib. III, in quihus
ostensd veritatum solidarum vid et
origine, cognitionum scientiarumque
humanarum et inspecie Cartesianismi
fundamenta, valor, defectus et errores
deteguntur. Prœmittitur tractalus de
verâ methodo inveniendx verum, con"
futationem fundamentorum libri bel-'
gid De mundo fascinato in fine obiter
exhibens, Subnectuntur nonnulla apo-
logetica, Amst., 1692, in-12; nouv.
édit. Accedit DefensioinG.-G, Titium,
Amst., 1707, in-4». — Le contenu de
ce livre peut se résumer en deux mots:
Pas de véritable savant sans une illo-
mination d'en haut. Selon l'auteur, les
mathématiques mêmes ne sont propres
qu'à conduire à l'impiété.
XII. La théologie de la croix de I,"
Ch,, ou les ceutjres et la vie de la B,
Anyéle de Foligny, trad. du latin^ Co-
logne, 1696, in-12.
XIII . La théologie du cceur ou recueU
de quelques traités qui contiennent les
lumières les plus divines des âmessin^
pks et pures, Cologne, 1696^ in-16;
2* édit. augm., Cologne [Uoll.]^.i697>
in-24.
XIV. Recueil de divers traités de
théologie mystique, Cologne [Amst.],
1699, in-12.
XV. La théologie réelle, vulgaire-
ment dite la théologie germanique. Avec
quelques autres traités de même natu-
re, Amst., 1 700, in-12. — Cet ouvrage
célèbre avait déjà été trad. par Costa-
lion (Voy. III, p. 366). Poiret y a Joint
un catalogue des écrivains mystiques
avec des détails sur leurs principes et
leur caractère, sur leur vie et leurs ou-
vrages.
XVI. Le chrétien réel, nouy. édit.,
POI
— «71 -
POI
Cologne^ 1101-1702^ 2 vol. in-iS.—
Eéimp. de la Vie da marquis de Renty
par Saint-Jare, et de celle d'Elisabeth
de l'Enfant Jésus.
XVII. Le saint réfugié ou la vie et
la mort édifiante de Wemerus^ Colo-
gne^ 170), in-12.
XVII!. Theologiœpacîficœ^itemque
mysticœ, ac hujus auctorum idea bre^
vior^ Amsl., 1702, in-12.
XIX. Le catéchisme chrétien pour la
vie intérieure y par J.'J, Olier^curéde
S.Su/pYce,nouv. édit., Cologne, 1 703,
in-12.
XX. Opuscules spirituels de M^
Jeanne-Marie Bouviers de La Mothe-
Goyon, nouv. édit., Cologne, 1704, 4
tomes in-12. — Avec une préface de
PQiret.
XXI. L'école du pur amour de Dieu
ouverte aux sçavans et aux ignorans^
dans la vie merveilleuse d'une pauvre
fUle idiote [Armelle Nicolas], nouv.
édit., Cologne [Holl.], 1704, in-12.—
Réimp. du Triomphe de l'amour divin,
à laquelle Poiret a Joint une préface
poHr en recommander 1|l lecture.
XXII. Virtutumchristianaruminsi-
nuatio facilis et quibusvis accommo^
iota, Amsi., 1705, in-S»; nouv. édit.
|dus correcte, Cologne, I7ll,in-i3.
—Recueil de 26 lettres dont le but est
de réunir tous les Chrétiens. Préface
de l'éditeur.
XXIII. De éruditions solidà specia-
l$ord tribus tractatibus: 1» De educor
Uone liberorum christiand; 2« De irû'
tdcouniversali; z^ Theologiœ mysticœ
e jusque auctorum idea generalis, cum
suis contra varias defensionibus, par-
Om denuoy partim recens excusa^
Amst., 1707, in-4*.
XXIV. Fides et ratio collatœ acsuo
utraqueloco redditœ adv.principiaJ,
Lockii, Amst., 1707, in-12.— Poiret a
réimp., avec une préface, cet écrit du
mysticisme le plus abstrait.
XXY. Bibliotheca mysticorum selec-
ta, Amst., 1708, in-8*.
XXYI. Pratique de la vraye théolo-
gie mystique, Cologne, 1 709, in-l 2.—
Reeueil d'opuscules de Malaval et d'au-
tres écrivains mystiques^
XXVII. La théologie delaprésence de
Dieu, contenant : i^ La vie et les eni-
vre* du F, Laurent de la Résurrection ;
2* Un traité de l'importance de la pré'
sence de Dieu, Cologne, 1710, in- 12.
XXVIII. Sacra orationis theologia^
Cologne, 1711, jn-12. — Recueil de
trois opuscules de La Combe, Geriac et
Blaqueme.
XXIX. Le N, Testament de N. S.
J.'Ch., avec des explications et ré-
flexions qui regardent la vieintérieure,
Cologne, 17 15, 8 vol. In-l 2. — Ouvrage
deMn* Goyon, comme le suivant.
XXX. Les livres de l'A, T. avec des
explications, etc., Cologne, 1715, 12
tomes in-12.
XXXI. Vera et cognita omnium pri-
ma, sive de naiurd idearum ex ori-
gine sud repetita, asserta et adv. C-
A,Pungelerum defensa, Amst., 1715,
in-l 2.
XXXII. Le saint solitaire des Indes
ou la vie de Grégoire Lopez, Cologne,
1717, in-l 2.— Trad. faite par Arnaud,
réimp. avec une préface par Poiret.
XXXIII. L'amante de son Dieu, re-
présentée dans les Emblèmes de E. Eu-
go sur les Pieux désirs, et dans ceux
d'Othon Vosnius sur l'Amour divin.
Avec des figg. nouvelles, Cologne,
1717,in-12.
XXXIV. Lettres chrétiennes et spi-
rituelles [par M"« Goyon], Cologne,
1717-18, 4 vol. in-12.
XXXV. La vie de W^ de La Mothe-
Goyon écrite par elle-même, Cologne,
1720,3 vol. in-12.— Avec une préface.
XXXVI. Posthuma: 1© Socinianis-
mus repressus ; 2^ DefensioMethodi in-
veniendiverum; Z* Vindiciœ veritatis
et innocentiœ, Amst., 1721, in-4«.-
En tête, une vie très-détaiilée de l'au-
teur.
XXXVII. Poésies et cantiques spirt
tuels, par !/"»• Goyon, Cologne, 1 722,
in-12.
Dans sa jeunesse, Poiret avait com-
posé un traité Du souverain bien, qu i
n'a pas été imprimé.
POI
— 272 —
POI
POIRIER (Eue) ne noas est connu
que par sa traduction d'un ouvrage de
G. Hotton^publ. sous ce titre : De Tu-
nion et réconciliation des églises éoan-
géliques de V Europe , ou des moyens
d'établir entre elles une tolérance en
charité, Kmsi.^ 1647, in-8«. Cetécri-
vain était peut-être de la même famille
qn'Ètienne Poirier, prévôt de Beau-
gency, qui fut, comme huguenot, dé-
pouillé de son office au mois de sept.
1570 (Arch. gén. Dd. 5).
POITEVIN (ISAÀC), sieur de Mau-
reillan, d'une famille originaire de
Blois qui avait embrassé de bonne heu-
re la religion évangélique, sortit, dit-
on, de sa ville natale, en 1572, pour
échapper aux massacres de la Saint-
Barthélémy, et se réfugia à Montpel-
lier, où il fut nommé, en 1606, rece-
veur des tailles et conseiller à la cour
des comptes. De son mariage avec
Jeanne de Solignac, naquirent sept
enfants, entre autres, Jacques, sieur
de Maureillan et procureur général à
la cour des aides, qui épousa Gaôn'e/^
Delpuech et en eut Isaàc, sieur de
Maureillan. Cet Isaac prit pour femme
Marguerite Eustache, qui le rendit pè-
re d'ALEXANDRE-EUSTACHB-DURÀND,
conseiller du roi en la cour des comp-
tes de Montpellier (1), marié à Anne
de Falguerolles.
Il est vraisemblable que cette fa-
mille, comme tant d'autres, embrassa
extérieurement la religion romaine à
la révocation de l'édit de Nantes, et
qu'elle continua à professer en secret
la religion réformée, se tenant à l'é-
cart, évitant de se compromettre et
attendant des temps plus heureux. Ce
qui est certain, c'est que Jacques Poi-
tevin, sieur de Maureillan, qui naquit
le 6 oct. 1 742, fut élevé dans le pro-
testantisme par sa mère, qui prit un
soin extrême de son éducation. Après
(1) S'il a rempli relte charge, il doit être mort
aTBDt 1682, paiiqu'à cette date, les seuJs offi-
ciers huguenots à la cour des comptes de Mont-
pellier étaient François Ricardf Jean-Anloine
Thomaa f Jean Clautel-^e-Fonfroide , conseil-
lers, et /ran Capon, aadlteur (Àrch. gén. Tr.,
avoir hésité un instant entre la culture
des lettres ou des sciences , le Jeune
Poitevin se décida pour ces dernières
vers lesquelles le portait un goût na*
turel, et il y fit de si grands progrès
qu'à l'âge de 23 ans, il fut reçu mem-
bre de la Société royale des sciences
de Montpellier. La fortune considéra-
ble dont il jouissait lui permit de se
former une belle bibliothèque et de
faire venir d'Angleterre d'excellents
instruments d'astronomie, qui facili-
tèrent beaucoup ses travaux. Le ré-
sultat de ses observations se trouve
consigné dans les Mémoires de l'Aca-
démie des sciences de Paris, dans la
Connaissance des temps, dans les Re-
cueils de la Société royale de Montpel-
lier, ou ion trouve notamment les È-
loges de Marcot, de Montet, de Batte,
dont il est l'auteur. Le seul ouvrage
qu'il ait publié séparément est un£f-
sai sur le climat de Montpellier, con-
tenant des vues générales sur la na-
ture et la formation des météores et
les principaux résultats des observa-
tions faites à Montpellier depuis l'é-
tablissement de la ci-devant Acadé-
mie des sciences de cet te ville, ouvrage
qui peut servir de smte aux Mémoires
publiés par cette compagnie, Montp.^
an XI, in-40. Cet Essai est divisé en
trois parties. La première contient des
recherches sur la nature du sol, des
eaux, et leurs prodoits ; sur la popu-
lation, les mœurs des habitants, leurs
affections morales et physiques. La
deuxième traite des vents, des météo-
res aqueux, lumineux et ignés, de la
température, du poids de l'atmosphè-
re. La troisième est consacrée aui
phénomènes extraordinaires, et l'ou-
vrage se termine par une dissertation
concernant l'influence des astres sur
l'atmosphère terrestre. Poitevin non-
seulement s'y montre physicien et as-
tronome habile, mais il y fait preuve
de connaissances étendues en écono-
mie rurale.
A différentes époques, Poitevin fut
revêtu de charges municipales : il fut
président de l'administration centrale
POI
— 273 —
POI
da département de THéraiilt, et lors
de la création des préfeclares, conseil-
ler de préfecture dans le même dépar-
tagent. Ces fonctions ne le détoarnè-
rent pas de ses études favorites. Il
était membre de pioslenrs sociétés sa-
vantes et en correspondance avec les
savants les pins distingués de son
temps. Il mourut à Montpellier^ en
1807. Sa femme y Susanne de Pradels,
loi avait donné trois enfants : 1* Vic-
tor^ sieur de Saint-Nazaire^ capitaine
du génie^ tué au siège du fort L'Êclu-
se, le S août 1794,4 Tàge de 23 ans;
— 20 Casimir, vicomte de Maureillan,
lieutenant général, grand officier de la
Légion d'honneur, chevalier de Tordre
du Mérite militaire, chevalier de l'or-
dre de la Couronne de fer, comman-
deur de Tordre militaire de Guillaume,
inspecteur général des forti flcations, né
à Montpellier, en 1 772, et mort à Metz,
le 1er Qiai 1829; —30 Màrgubrite-
Jeanne-Gabrielle, née en 1773, et
morte en 1845, veuve du lieutenant
général Jacques^David Martin, baron
de Campredon, pair de France.
Nos renseignements sur celte famille
languedocienne sont trop incomplets,
pour que nous puissions dire s'il fau-
drait y rattacher François- Charles
Poitevin, régent au collège de Lau-
sanne et auteur d'un Nouveau-Dic-
tionnaire suisse françaiS'oHemand et
allemand-français, B&le, 1754,in-4«*;
ainsi que Jean-Jacques Poitevin, doc-
teur en médecine de ia Faculté deMont-
pellier, qui, sans parler d'une brochure
contenant des Observations sur les
bains et douches, imp. en 1 766, a pu-
blié contre Tronchin un écrit violent
sons ce titre : Oratio de colicâ Picto-
num dicté, Paris., 1760, in-i2. Nous
ne sommes même pas persuadé que ce
dernier appartienne à la France pro-
testante. Il ne peut, par contre, exis-
ter le moindre doute relativement à
L.-D. Poitevin, auteur d'un Chant na-
tional pour les défenseurs de la patrie,
Groning., 1830-31, 2 vol. in-S»; à
Marie Poitevin, qui épousa, en 1716,
Pierre Le Court, dans l'église de la
Nouvelle-Patente à Londres; à Samuel
Poitevin^ qui fut incarcéré à Dieppe,
en 1688 (Arch. gén, Tt. 314) ; à Jac-
ques et Isabeau Poitevin^ de Condom,
cités dans une liste de Réfugiés (Ibid.
M. 66 7), et à plusieurs autres person-
nes de ce nom que nous aurons Toc-
caslon de mentionner ailleurs.
POIX (Jean de), seigneur de Sé-
CHELLES, gentilhomme picard de la
suite de la princesse de Condé, se trou-
vait de service auprès de cette dame,
lorsqu'au commencement du carême
de 1560, la Sorbonne lui députa deux
de ses membres pour lui représenter
quel péché elle commettait enne faisant
pas maigre. Avertie de leur présence,
la princesse s'informa auprès de Sé-
chelles, qui se tenait dans son anti-
chambre, dubut de leur visite. aMM. de
Sorbonne, lui répondit-il, onteu crainte
que vous fussiez en peine de recouvrer
de la chair ce caresme, et sur ce, voici
deux gras et gros veaux qu'ils vous
envoient. «Cette grossière plaisanterie
fit battre en retraite les deux docteurs
tout confus. Lorsque la guerre civile
éclata, Séchelles suivit Condé à Or-
léans. Aux seconds troubles, il com-
battit à Saint-Denis. En 1573, nous le
trouvons auprès de Tévèque Montluc
en Allemagne. On ignore la date de sa
mort; mais il vivait encore en 1587.
Il avait été marié deux fois. SA pre-
mière femme, Jacqwline de Proisy,
qu'il avait épousée en 1551, lui avait
donné sept enfants : i« Abdus, mort
Jeune, ainsi que 2» Daniel; — 3« Jo-
nathan, sieur de Montigny, mort sans
alliance; — 4» Marie, que son père
déshérita parce qu'elleépousa,en 1 574,
Jean deBeaumont, qui avait apostasie ;
— 5«Elisabbth, morte jeune; —6oSd-
8ANNE, femme, en 1563, de Christo-
phe de Mazancourt, vicomte de Cour-
vel, et en 1596, de Galois de Borrat,
sieur de Chanseaux; — 7« £sther,
mariée à François Le Borgne, sieur de
Yiilette, puis à Pierre de Vieux-Pont,
sieur de Fatouville. En secondes noces,
Jean de Poix épousa, en 1574, Cathe-
rine de Dàmpierre, allé de François,
POL
— 274 —
POL
Bienr de Liramont^ et de Madelaine dt
Lannoy. Il en eut encore nn fils et deai
filles. Le tlls, nommé Dàtid^ abjura^
à ce qn'il semble, et monrat sans en-
fants en 1612. Ses deux sœurs épon*
sèrenty au contraire, de zélés bugue-
nots : MABBLAnfE, Claude de La Ves-
pière, sieur de Llembmne, en 1602,
et Eve, Pierre Du Perthuis, sieur d'E-
ràgtïf.
POUER, nom d'une famille noble
du Rouergue réfugiée en Suisse. Ce
fut, dit-on, pour écbapper aux persécu-
tions exercées contre les Protestants (l)
que Jean Poiier sortit de France et se
retira à Genève, ob il épousa, en 1 554,
Catherinede LaBoutière, fille de Fran-
çois de La Boutière, de Cluny en Ma-
çonnais, et de Françoise Caveau, Sui-
vant une autre version, Poiier, conseil-
ler secrétaire du roi, aurait été envoyé
enSuisse,en i 553,avecle titre de secré-
taire d'ambassade et d'interprète de
S. M. auprès des Ligues suisses et gri-
sonnes. Cette dernière version nous
semble plus probable^ parce qu'elle
nous explique pourquoi, après son ma-
riage (qui coïncida très-vralsemblable-
ment avec sa conversion), Poiier quitta
Genève pour aller offrir ses services à
l'électeur palatin, qui le nomma, en
1557, conseiller d'Etat. Plus tard, il
retourna en Suisse et rentra dans sa
cbarge de secrétaire de l'ambassade
française, où il trouva l'occasion de
rendre à la république de Genève des
bons offices en récompense desquels le
Conseil lui accorda une somme de 1 ,500
écus à partager entre lui et son col-
lègue Baithasar de Grisach, de Soleure.
Il mourut, en 1602, àLausam\e, où il
avait acquis, le 9 avr. 1575, le droit
de bourgeoisie. De son mariage étaient
nés cinq enfants : i^Paul, conseiller
à Lausanne, qui épousa, en 1 590, Clau-
{i) Tel est le sentiment de M. Dnmont, le con-
serritenr de la bibliothèque de LauMnne, dont
nous avons, eneore une fois, mis à contribution
le savoir très-varié et l'inépuisable obligeance. U
nous a euToyé sur la famille Poiier une notice si
détaillée, que notre travail s'est borné, k peu près,
à réduirt le sien aux proportions exigées par notre
ouvrage.
dine de Combes, dame de Vesaney dans
le pays de Gex, et en eut deux fliles,
jEAimE-SURiE et Jeanne ; -» 2* Marie,
femme, en premières noces, de Jean
Trembletf professeur de philosophie
à Lausanne, et en secondes, de Jean
Hayor, de Romainmotier ; — s* Jac-
ques, qui suit; — 4« Sara, mariée à
Bernard Thormann,deBerne;^5*JBAif-
Baptiste, né à Lausanne, le 17 mal
1 575, mort jeune au service de France.
Jacques Poiier eut de son mariage
avec Françoise Loi/5,contracté en 1 59 1 ,
une fllle, ANNE, femme de Jean Le Mar-
letf d'une famille réfugiée de Bourgo-
gne, puis d'Abraham Grinsoz, sienr de
Cottens, et trois fils : 1» Jban-Pibbrb,
qui fonda la branche de Bottens; —
2« Etienne, dont la destinée est incon-
nue, et — 30 Jean, souche de la bran-
che de Bretigny.
I. Branche de Bottens.
Jean-Pierre Poiier, sieur de Bottens,
lieutenant-colonel des milices du Pays
de Vaud, bourgmestre de Lausanne,
en 1655, mort en 1 672, est auteur de
quelques ouvrages où une piété sincère
se cache sous une certaine teinte de
mysiicismeetd'eiallation. En voici les
titres :
L Le restablîssement du royaume,
Part. I etII,Gen., S. Chouet, 1662-63,
Part. III, Gen., Jacq. de La Pierre,
1665, 3 vol. in-40. — Commentaire
sur l'Apocalypse.
IL La venue du Messie pour rapeler
les Juifs ypour rétablir la terre et met-
tre les siens en possession de l'héritage
et du royaume qui leur a été promis,
Laus , Clément Gentil, 1666, in-8».
ni. La chute de Babylon (sic) et de
son roy, Laus., C. Gentil, 1668, in-8«.
— En tète du vol. se trouve une Ex-
hortation à MM. de V Eglise romaine.
Jean-Pierre Poiier fût marié deux
fois : en premières noces, ^yec Anne Le
Marlet ; en secondes, avec Bénigne Sau-
maise.hu premier lit naquirent : l» An-
ne, femme de François de Trey torrens,
générai dans Tarmée du roi de Suède;
— 2<> Etienne, qui entra au service
de rélecteur palatin Charles-Louis, eC
POL
— f75 —
POL
qni devint^ plus tarjd, premier écnyer
de la princesse palatine Cbarlotle-Elf-
Mbetii^ dont il avait négocié le mariage
airec le duc d'Orléans; il monmt à Pa«
ris, en 1 711 ; — 3» François, tué en
doel en Hollande, en 1644. Dn second
lit sortirent : 4» Louise, femme de Sé-
bastien de Praroman, puis de Paul de
Chandieu ; — 5« SusAifNE-BÊNiGins^qnl
épousa Berne-Théodore Crool,puis2)a-
niel de Chandieu; — 6» Scsannb, ma-
riée, en 1658, avec Sébastien Loys;
— 70 Jacques, mort Jeune, ainsi que
8» Sébastien et 9» Paul-Etienne; —
iO«JEAN-PlERRE,qui suit;— 1 IoGeor-
GB8, sieur de Vemand, né en 1639,
professeur de philosophie à l'académie
et minisire de l'église de Lausanne, en
1 673, puis professeur de théologie, en
1680, qui mourut, le 19 avril 1700,
ayant eu trois enfants de sa femme
Louise de CoucauU, fliie de Jacques de
Coucault (et non Concaut), sieur d'E-
loy, et de Marie de Chandieu (Voy.
m, p. 334), savoir: deux fliles, nom-
mées Susanne-Marie et Pauline, et
un fils. Ceflis, Etienne-Bénigne, sieur
de Vernand, conseiller à Lausanne, é-
pousa, en 1710, Françoise de Tavely
flile de Jean-Rodolphe de Tavel, bailli
de Nyon, et de Louise-Marianne de
Chandieu, qui le rendit père de Jean-
Henri, né le 4 mal 1715 et mort à
Lausanne le 10 juin 1791, lieutenant
balllivalet président de la Société éco-
nomique de cette ville ; et de Georges-
Louis, né ie 1 6 Janv. 1718, colonel des
gardes suisses au service des Etats-
Généraux, en 1 766, générai major^ en
1779, mort à La Haye, en 1793.
Jean-Pierre Polier, sieur de Bottens^
contrôleur général à Lausanne pour
les seigneurs de Berne, mourut en 1677.
Il avait épousé, en 1661, Jeanne Loys
et en avait eu deux fils et deux filles.
L'ahiée de ces dernières, nommée Jean-
ne, se maria avec Louis Rosset, sieur
d'Echandens, et mourut en 1725; la
cadette, appelée Jeanne-Marie, devint
la femme de Joseph de Saussure^ fils
û' Antoine, sieur de Boussens, et de
Catherine de Gingins. Le fils aîné.
1iân*Jacqub8, continua la descendan-
ce; le cadet, Georges, fonda nn nou-
veau rameau.
I. Né au mois de Juin 1670, Jean-
Jacques Polier, sieur de Bottens, fut
éeuyer de la reine de Prusse, premier
banneret de Lausanne et colonel des
vieilles élections du Pays de Yaud. Il
se signala par sa bravoure dans la
guerre que les Cantons évangéliques
soutinrent, en 1712, contre les Can-
tons catholiques. Il avait entrepris d'é-
crire ses Mémoires, mais il ne les a
continués Jiue jusqu'à l'année de son
mariage, c'est-à-dire Jusqu'en 1696.
Ils se conservent en manuscrit à la
bibliothèque de Lausanne [MSS. J.
1210). Il mourut le il mars 1747. Sa
femme Sahmé Quisard^lnï avait don-
né 25 enfants, dont douze seulement
sont connus, savoir : 1» Jacques-Hen-
ri-Etienne, qui suit; — 20 Georges,
qui suivra; — 3» Jean-Daniel, né en
1703, capitaine au service de France
et d'Espagne, qui épousa, en 1 730, Su-
sanne de Saussure, fille de Benjamin
de Saussure et ^'Emilie Gaudard, et
en eut deux fils: l'un Jean-Benjamin,
né en 1731, était, en 1780, major
dans les troupes hanovriennes; l'autre
mourut dans leslndes; — 4* Etienne-
Louis, décédé en Espagne, où il s'é-
tait établi, sanslaisser d'enfants de sa
femme Catherine Allen; ^ 5© Paul-
Philippe, né en 1712, capitaine dans
l'armée sarde, puis major dans les
troupes bernoises, qui entra, plus tard,
au service de la Compagnie anglaise
des Indes, s'éleva, en 1756, au grade
de général major et fut nommé gouver-
neur du fort Saint-Georges, sur la c6te
de Coromandel; il mourut, sans avoir
été marié, au mois d'août 1759, des
suites des blessures qu'il avait reçues
au siège de Madras ; — 6» Benjamin-
GODEFROY, capitaine d'infanterie dans
les troupes hanovriennes, à qui sa fem-
me, N, de Zastrow, ne donna pas d'en-
fants ; — 7* David, capitaine au ser-
vice d'Espagne; —8» Bénigne-Elisa-
beth, femme du lieutenant- colonel
Jean-François Hugonln;— 9« Jeakiib,
POL
— 276 —
POL
morte flUe en 1788; — iO« Càthi-
mUfB-HSRCULINB-FRÀNÇOISB; — 1 !•£-
LISABBTH-MàRIB ;— 1 2« ANT01NB-N0fi>
qui fonda un nouveau rameau.
1» Jacques-Henri-Etienne Polier^ né
en 1700, conseiller et Justicier à Lau-
sanne, épousa, en 1721, Françoise*
MoreaUy dont il eut, sans parler de
deux filles, Jeanne et Louise, mortes
dans le célibat, un fils, Antoinb-Louis-
Henri, né à Lausanne au mois de fév.
1741. Dès l'âge de quinze ans le Jeune
Polier s'embarqua pour les Indes. A
son arrivée, il apprit la mort de son
oncle, sur la protection duquel il fon-
dait sans doute de grandes espérances,
et réduit à faire son chemin tout seul,
il entra comme cadet dans les troupes
de la Compagnie anglaise. Ses con-
naissances assez étendues en mathé-
matiques lui firent obtenir prompte-
ment une place d'ingénieur. En 1 762,
il fut élevé au grade d'ingénieur en
chef, mais au bout de deux ans, cet
emploi lui fut enlevé par un oflScier an-
glais fraîchement arrivé d'Europe. Une
aussi flagrante injustice ne le rebuta
pas; il continua à servir avec zèle et
mérita la confiance de lord Clive, qui,
non content de lui rendre son ancien
grade,' le nomma commandant de Cal-
cutta. Mais les directeurs de la Com-
pagnie des Indes, voyant avec méfiance
un étranger occuper une position aussi
élevée dans les possessions anglaises,
refusèrent à Polier le brevet de lieute-
nant-colonel qu'il attendait, et enjoi-
gnirent même au général en chef de
retarder sonavancement. Ce fut en vain
que le gouverneur Hastingset le conseil
du Bengale firent en faveur de cet ex-
cellent officier les représentations les
plus pressantes. Tout ce que Polier put
obtenir^ en 1 776, fut un congé illimité.
Il en profita pour offrir ses services
au nabab SouJa-oul-Doula, devenu l'al-
lié des Anglais. Les services qu'il ren-
dit à ce prince, ainsi qu'à son succes-
seur Azef-oul-Doula, lui gagnèrent leur
bienveillance ; mais la faveur dont il
jouissait excita les ombrages du conseil
du Bengale, qui le rappela, sans lui rien
offrir en compensation des avantages
qu'il lui faisait perdre. Tant d'ingra-
titude irrita à bon droit Polier qui, ne
pouvant obtenir le grade qu'ilambition-
nait, finit par quitter le service anglais
et retourna dans le royaume d'Aoudh.
Il n'y trouva plus le même accueil ; bien-
tét même, le nabab, circonvenu par les
Anglais, le dépouilla de tous ses emplois
et lui ordonna de sortir de ses Ëtats. Il
se retira auprès de l'empereur mogol
Chah-Aalum,qui lui confia le comman-
dement d'un corps de 7,000 hommes, a-
vec le titre d'omrah et la propriété du
territoire deKaïr. La faveur du prince
excitalajalousie des courtisans.En butte
aux intrigues du sérail, Polier crut pru-
dent de s'éloigner, et le conseil du Ben-
gale ayant été renouvelé en entier sur
ces entrefaites, il rentra au service de la
Compagnie. Hastings, toujours bien-
veillant pour lui, lui fit donner le
brevet de lieutenant-colonel avec une
exemption du service. Vers le même
temps, il fut nommé membre de la So-
ciété asiatique de Calcutta. Il alla s'é-
tablir à Lucknow, où il employa ses
loisirs à composer des mémoires d'une
grande exactitude sur l'histoire et la
mythologie des Hindous. Le désir de
revoir sa patrie le ramena en Europe
en 1 789. Il rapporta une riche et pré-
cieuse collection de manuscrits orien-
taux, entre autres une copie complète
des Védas, en onze volumes in-fol., la
première qu'on ait vue en Europe ; il
en fit hommage au British Muséum àia
seule cond i tion que cesvolumes seraient
reliés en soie ou en velours , comme
les Brahmines en avaient exigé de lui
la promesse. A son passage par Paris,
U céda, par échange, à Langlès le ma-
nuscrit des Inslitules de l'empereur
Akbar, connu sous le nomd'Ayeen Ak-
bery, et à son arrivée à Lausanne, il
fit cadeau à la bibliothèque de la ville
d'un magnifique exemplaire du Coran
(MSS. de Lausanne G. 295). Quelque
temps après le mariage qu'il contracta,
le 20 Janv. 1791, avec Anne-Rose-
Louise Berthoud, fille de Jacob, baron
de Berchem, Polier quitta le Pays de
POL
— 277 —
POL
Vaady poar s'établir dans la terre de
Rosetti près d'Avignon. L'étalage im-
prudent qu'il fit de ses richesses, amena
oneaflfreusecatastropbe.LeS fév.i 795,
il tomba sous les coups d'une bande
d'assassins, dont plusieurs avaient
Joui de son hospitalité fastueuse. Son
fils et sa femme, alors enceinte, échap-
pèrent comme par miracle au danger.
Après la mort du colonel Poller,
une belle collection de peintures in-
diennes qu'il avait rapportée en Eu-
rope, fut vendue à William Beckford,
et quelques années plus tard, la Biblio-
thèque royale de Paris acquit de ses
héritiers quarante-deux manuscrits a-
rabes, persans et sanscrits. Ses fils
n'ont gardé en leur possession que les
notes recueillies par lui, toutes écrites
de sa main et formant plusieurs volu-
mes in-folio (i). Quant à ses Mémoires
sur Thistoireetla mythologie des Hin-
dous, on ne peut regretter trop vive-
ment que l'offre faite par le célèbre
Gibbon, de se charger de la rédaction
de cet important ouvrage, n'ait pas
été acceptée. La chanoinesse Polier
qui l'entreprit, n'avait ni le talent
ni les connaissances nécessaires pour
mener à bien un pareil travail.
Le fils atné du colonel Polier senom-
malt GEORGES-MAUmN-JACQUES-HKlf-
11; il éUit né le 18 juill. 1793, et
mourut à Bumplitz, près de Berne, le
3 août 1842. Il fut marié deux fois.
Sa première femme, Anne'-WHhel'
mine-Eugénie Berthoudrde-Berchem,
qu'il épousa en 1828, ne lui donna
qu'une fille, ADOLPHUIE-BilATHlLDB-
Barbe, née le 27 avr. 1830 et ma-
riée à Genève, le 25 janv. 1853, avec
Alexandre-Louis-Albert de Tavel. La
seconde, Marie de Zeppelin , fille du
comte de Zeppelin, ministre d'état et
grand chambellan du roi de Wurtem-
berg, et de la comtesse de Mauderc,
avec qui il s'unit en 1837, le rendit
père de deux fils : l« Claudk-Fbrdi-
rahd-Pàul-Augusti, né à Genève, le
(i) Li bibliolh. de LutaiiDe possède pooTtent
vu Catalogne de 190 osTragei orientaux, annoté
par le colonel Polier.
1 1 janv. 1 838 , officier de c^irassier^«
an service de l'Autriche, — 2« Char-
LBS-GoiLLÀUMB-M AXiMiLiBN,né à Gcnc-
ve,le 30oct. 1 839, cadet àrscolemili-
tairedeLouisbourg. Quant au fils dont
M»* Polier étaitenceinte,lorsde Tassas
sinat de son mari, il vint au monde le
IBJuin l795etreçutlesnomsdePiER-
RB - AMÉDÊB -CHARLES-GuaLAUHE-A-
DOLPHE. Il embrassa la carrière des
armes et fit les dernières campagnes
de l'Empire comme officier d'état-ma-
Jor. Napoléon le décora de la Légion
d'honneur et Charles X le créa comte
en 1827. Ayant épousé la princesse
Barbe Schakowskoyy veuve du comte
Schuwalof , il alla s'établir en Bussie
et gagna la faveur du czar, qui le nom-
ma successivement chambellan, che-
valier de Tordre de Sainte-Anne et
maître des cérémonies de la cour. C'est
lui qui découvrit le premier des mines
de diamant dans TOural, découverte
qu'il dut à ses connaissances étendues
en minéralogie. Il est mort à Péters-
bourg, en 1830, sans laisser de pos-
térité.
2« Frère cadet de Jacques-Henri-K-
tiernie, Georges Poller fit ses premiè-
res armes sous le drapeau de la France,
mais il passa plus tard au service de
l'électeur de Hanovre, qui le nomma
colonel en second de ses gardes et com-
mandant de Mœllen. il mourut dans
cette place forte, le 9 mai 1 752, laissant
de son union, célébrée en 1737, avec
Jearme-Françoise GignilUU, un fils,
GÉDÉON, mort sans alliance, et trois
filles, JBAififB-LouisB-AirromBTTB,
Marie -Elisabeth, et CiÉHEimiiB.
Cette dernière épousa François-Ber^
nardln de La Chesnaye. Ses deux sœurs
ont Joui d'im certain renom dans la
république des lettres.
Jeanne-Louise-Antolnette, appelée
plus ordinairement £/Àmofe, naquit à
Altona, en I738,et mourut à Paris, le
15 mars 1807. Elle avait épousé, en
1761, Cbarles-Baimond-Alexandre de
CérenviUe, lorrain d'origine, mais na-
turalisé bernois, qui prenait le titre de
gàiéral aide-de-camp du roi de Polo-
POL
— 278 —
POL
gne. Outre on ouvrage historique, La
vie du prince Potemkin, feld-maréchal
€ÊU service de la Russie sous le règne
de Catherine H, rédigé, dès 17 99, sur
les mémoires qui avaient été fournis à
M»* de Gérenvilie par l'ancien ambas-
sadeur, M. de Ségur, mais publié à
Paris, en 1 808, in-S», par Tranchant
de Laverne sous son propre nom, on
doit à cette dame, aussi distinguée par
son instruction que par son amour
pour les arts , cinq traductions de ro-
mans SiWQmsiXkds'.WaUerdeMonbarry,
grand-maitre des Templiers, Paris,
1 799,4 vol. in-125 — Hermannd'Una
ou Aventures arrivées au commence-*
ment' du iv« siècle, au temps du tri*
bunal secret^ Paris, 1801, 2 vol. in-
12; -* Les aveux d'un prisonnier ou
Anecdotes de la cour de Philippe de
Souabe, Paris, 1804, -♦ vol. in-12;—
l/e baron de Flemming ou la Manie des
tUres, Paris, 1803, 3 vol. in-12; —
Flemming fils ou la Manie des systè-
mes, Paris, 1804, 3 vol. in-12. Les
deux derniers sont d'Augiiste La Fon*
taine, les trois autres de M»« Bénédicte
Naubert, et non du baron de Bock,
comme le croyait VL^^ de Gérenvilie.
Marie-Elisabeth, née à Lausanne le
12 mai 1742, cbanoinesse de Tordre
réformé du Saint-Sépulcre en Prusse,
dame d'honneur à la cour de Saxe«
Meiningen, et morte à Rudolstadt ea
181 7,débuta,iongtempsavant8a sœur,
dans la carrière littéraire. Dès 1785»
elle publia à Lausanne, en 1 vol. in-i 2>
Antoine, anecdoteaUemande,parAnt.
Wall, qu'elle fit suivre, quelques an-
nées après, de la trad. d'une comédie
de Kotzebue, sous ce titre : Le clubjth
oobin ou V Amour de la patrie, Paris,
l792,in-8«. Ou lui doit, enoutre,£ti-
génie ou la Résignation, Laus., 1795
ou 97, in-12, trad. de Tallem. de So-
phiede La Roche i-^Lepauvre aveugle,
1801 et 1805, in-12; -^ Thécla de
Thurm ouScènes de la guerre de trente
ans, trad. de ll>« Bénédicte Naubert,
Paris, 1815, 3voLiii-l2.Sonouvragé
principal est pourtant la Mythologie
des Indous, trovmUée sw des mamh
écrits authentiques apportés de Vlndi
par le colonel de Polier, Vhri» et Rudol-
stadt, 1809, 2 vol. in-8«. Comme nous
l'avons déjà dit, en entreprenant ce
travail, la chanoinesse Polier se char-
gea d'une tâche au-dessus de ses forces.
S'imaginant qu'une mythologie pou-
vait être traitée à la façon d'un roman,
elle ne se fit aucun scrupule de retran-
cher, de changer, de modifier à sa
guise, sans choix et sans critique, ne
paraissant pas se douter qu'elle amoin-
drissait par là la valeur de l'ouvrage,
si même elle ne lui enlevait tonte au-
torité. Néanmoins, la Mythologie des
Indous, dont un incendie a détruit
presque toute l'édition, est louée par
Heeren et souvent citée par CreuxereC
sontraducteur Guigniaut. Indépendam-
ment des ouvrages dont nous venons
de parler, Marie-Elisabeth Polier adi-
rigé pendant sept années, de 1793 à
1800, le Journal littéraire de Lau^
sanne; elle a pris une part active à la
rédaction de deux autres journaux qui
n'ont eu qu'une existence éphémère. Le
Nord industrieux, savant, moral et
littéraire et Le Midi industrieux, sa-
vant, moral et littéraire, tieWe a four-
ni des articles aux trois premiers nu-
méros de la Bibliothèque germanique,
au témoignage de M. Dumont (1).
30 Né le 27 déc. 1 7 1 3, Antoine-Ndé
Polier, sieur de Bottons, fit ses études
en théologie à l'université de Leyde,
ou il soutint, sous la présidence de
Schultens, une thèse qui a été Imp.
8OU8 ce titre : Diss. quâ disq^ûriturde
puritate dialecti arabicœ comparaià
cum puritate dialecti hebrœœ, Lugd.
Bat., 1739, in-40. Premier pasteur à
Lausanne, en 1 754, doyen de la chisse,
en 1766, membre de l'Académie des
sciences de Mannheim, en 1770, il
mourut le 9 août 1 783. Il avait acquis,
cinq ans auparavant, pour lui et ses
deux fils, les droits de bourgeoisie à
Genève. G'est lui qui engagea Voltaire,
dont il avait fait la connaissance en
(i) Btns fA France liUértiits Emh Ui aUri-
Iroe la trad. des Awnluret d'fidoiMni Bamtlon^
par de Werthes, Laos, et Paris, 1999, !&-<••
POL
— 279 —
POL
agne^à aller s'établir à Lansanne.
ilin philosophe se flt an plaisir
lire le pastcar trop candide à
I dans rEncyclopédic, et sa joie
inde lorsqu'il Ty ent décidé. « Les
Babandonnent l'arche,» s'écriait-
D transport. En public, Voltaire
suait les éloges à son ami, « le
) savant et philosophe; » mais
sa correspondance intime, il par-
) ses articles avec mépris. «Voici
e, écrivait-il à d'Alcmbert, de la
ne de mon prêtre.... Si mon pré-
as ennuie, brûlez ces guenilles. .. .
commande à mon prêtre moins
raïsme et plus de philosophie;
il est plus dise do copier le Tar-
que de penser. Je lui ai donné
6 à faire; nous verrons comment
ï tirera. » Il parait que Polier s'en
le manière à satisfaire Voltaire,
lans son Dict. philosophique, où
produitrarticlo, s'exprime ainsi :
article est do M. Polier de Bot«
II est premier pasteur de Lau-
I. Sa science égale sa piété. Il
osa cet article pour le grand Die-
lire encyclopédique, dans lequel
nséré. On en supprima seulement
nés endroits dont les examina-
crurent que des catholiques moins
ts et moins pieux que Tauteur
aient abuser. Il fut reçu avec l'ap-
îssement de tous les sages.» Hor-
. thèse citée plus haut, et les quel-
irticles qu'il composa pour l'En-
;)édie, tels que Liturgie, Mages,
oierif Magie y Messie^ etc., An-
>Noé Polier n'a rien publié. Il fut
\ deux fois, la première, en 1744,
Elisabeth 'Antoinet te- Stisanne y
e Paul-Alexandre de Lagier-Plu'
, gentilhomroedeDie,etde/eanne
ier; la seconde, en 1779, avec
lique de La Fléchère, qui ne lui
i pas d'enfants. Du premier lit
rent deux fils et deux filles, sa-
JBAnNE-ISABBLLB-PAULirfB, née
aai 1751; — 20 Chàrlbs-Godb-
-Etibiinb, né à Lausanne, le 1 1
753 ;— 30 HBNRI-ETlBIflfB-GBOR-
^m-RoasE, né le 27 Juin 1 754 ;
— 4» JBAHHi-FRiirçoiSB, née à Lau-
sanne, en 1 761 . Tous quatre ont droit
à une courte notice soit pour leurs tra-
vaux littéraires, soit pour les emplois
qu'ils ont occupés.
Jeanne-lsabelle-Paulinemanifestade
bonne heure un goût très-vif pour la
littérature; elle aurait certainement
pris place parmi les bons écrivains de
l'époque, si une main habile l'avait gui-
dée dans ses études et que le séjour
dans une capitale eût perfectionné son
talent. Emportée par son ardente ima-
gination, elle se mit malheureusement
à écrire sans connaître suflisamment
les règles du style; aussi dut-elle avoir
recours, pour retoucher, corriger, re-
fondre ses ouvrages, à divers littéra-
teurs de ses amis, en sorte qu'à vrai
dire, le fonds seul lui en appartient.
Du reste, ses écrits originaux sont en
petit nombre. Quant à ses traductions
on imitations de l'anglais et de l'alle-
mand, on a remarqué avec raison que
le charme répandu par elle sur tous ses
écrits fait pardonner l'infidélité de ses
versions, d'autant plus aisément qu'il
ne s'agit pas d'ouvrages sérieux . Après
avoir consacré la plus grande partie de
sa vie à des travaux littéraires, notre
célèbre romancière fut atteinte dans sa
vieillessed'infirmitésasscz graves pour
la condamner au repos. Elle mourut,
le 29 déc. 1 832, à Vennes près de Lau-
sanne. D'un premier mariage, con-
tracté en 1769, avec Benjamin-Adolphe
de Grousaz, elle avait eu un fils, nom-
mé Henri, qui ne lui survécut que
quelques heures. En secondes noces ,
elle avait épousé Louis de Montolieu,
deNismes, qui était veuf ùe Françoise
d' Aliénas. C'est sous le nom de ce se-
cond mari qu'elle est surtout connue
dans le monde littéraire. Voici la liste
de ses publications.
L Caroline de Lichtfield, Lans.^
1786, 2 vol. in-8o. — Ce roman, le
meilleur, sans contredit, de Ceux de
Hbo de Montolieu, eut un tel succès qu'il
fut réimp. la même année et souvent
depuls,avecde8oonrectioa8 etdesmo-
dificatloDS.
1
POL
— 280 —
POL
II. Tableau de famille ou Journal
de Ch. Engelmann, 1801, 2 vol. in-
8«; 1802, 2 vol. in-12.— Trad. ù'A.
La Fontaine.
m. Nouveau tableau de famille, ou
Vie d'un pauvre ministre aans un vil-
lage allemand et de ses enfants, 1 802,
5 vol. in-12. — ^^Trad. dn même.
IV. Le village de Lobenstein ou le
Souvel enfant trouvé, 1802, 5 vol. in-
12. — Trad. libre du même.
V. La rencontre au GarigUano ou
les Quatre femmes, 1803, in-12. —
Trad. de l'allemand.
VI . A mour et coquetterie ou l'Enfant
d'adoption, 1 803, 3 vol. ln-1 2 .—Trad.
de La Fontaine.
VII. Recueilde contes, Gen,eiVBT\B,
1804, 3 vol. ln-1 2. — Quatre contes
dont deux sont originaux et deux trad.
de l'allemand.
VIII. Aristomène, 1804; 1811, 2
vol. ln-1 2.— Trad. de La Fontaine.
IX. Marie Menzicoff et Fédor Dol»
gorouki, 1804, 2voL in-12. — Trad.
du même.
X . Corisandrede BeauviUiers, i 806,
2 vol. In-t2. — Trad. de l'anglais.
XI. La princesse de Wolfenbtlttel,
1807, 2vol.in-i2. — Trad. del'allem.
XII. Saint'Clair des iUs, 1808;
1809, 4 vol. in-12. — Trad. libre de
l'anglais.
XIII. fmmmcA, 1810^ 6 vol. ln-1 2.
XIV. Lenécromancien, 1811,2vol.
in-12.— Trad. de Schiller.
XV.il^cU^(ès,1812; 1813; 1817,
4 vol. in-12.— Trad. de l'allemand.
XVI. Douze Nouvelles, Gen. et P«*
ris^ 1812, 4 vol. ln-1 2. — En partie,
imitées de l'allemand, ainsi que les
suivantes.
XVII. Suite des Nouvelles, Paris,
1815, 3 vol. ln-1 2.
XVm. Dim Nouvelles, Gen. et Paris,
1815, 3 vol. ln-1 2.
XIX. Falkenberg, 1812, 2 vol. in-
12. — Imitation de l'allemand.
XX. Le comude Waldheim, 1812,
4 vol. in-12. — Trad. de Tallemand.
XXI. Le Chalet des Hautes-Alpes,
Paris, 1813; 1829, 3 vol. in-12. — On
trouve à la suite plusieurs Nouvelles
trad. de l'allemand.
XXIl. Le Robinson suisse, 1813, 2
vol. in-12. — Trad. de Tallemand.
X\ll\.LaFermeauxabeilles,\SiA,
2 vol. in-1 2. — Imité deLa Fontaine.
XXIV. Charles et Hélène de Mol-
dorf, 1 81 4, in-1 2. — Trad. de l'allem.
XXV. Raison et sensibilité, 1815,
4 vol. in-12. — Trad. libre de l'anglais.
XXVI. Les Châteaux suisses, Vàr\8,
1816, 3 vol. in-12; 3« édit. angm. de
quatre Nouvelles, Paris, 1824-27, 3
vol. in-12. — En partie original, en
partie trad. de l'allemand. Description
attrayante des mœurs des anciens
Suisses.
XXVII.LtKfotncoou le Fils^unhom'
me de génie, 1816, 2 vol. in-12.—
Trad. de l'anglais.
XXVIII. Les Châteaux suisses,
1817, 4 vol. in-8«.— Seconde édition
augm. du N» XXVI.
XXIX. Histoire du comte Roderi-
go de W., Paris, 181 7; 1829, in-12.
— Imitation de l'allemand, suivie de
deux Nouvelles originales.
XXX. Eocaltation et piété, Paris,
1818, in-1 2.— Quatre Nouvelles, dont
deux imitées de l'allem., une trad. de
l'anglais et une originale.
XXXI. Voyage en Allemagne, dans
le Tyrol et en ItaUe, 1818. — Trad.
de l'allemand.
XXXII. Ondine, iSi9. — Trad. éd
La Motte-Fouqaé.
XXXIII. La rose de Jéricho, 1819.
— Imité de l'allemand.
XXXIV. Amabel ou Mémoiresd^nmb
jeune femme, 1820.— Trad. del'angl.
XXXV. Un an et un jour, 1820.
— Imité de l'anglais.
XXXVI. La famille ElUot, 1821 .—
Trad. de l'an^^ais.
XXXVII. Vingt-un ans ou U Pri-
sonnier, 1822. — Trad. de La Motte-
Fouqué.
XXXVIII. Olivier, 1823. — Tnd.
de l'allemand.
XXXIX. Les Chevaliers de la Cuil-
lère, Paris, I823,ln-12. — Suite du
N« XXVI.— On trouve dans ce vol. le
POL
— 281 —
POL
Château 4es clefs, imité de Tallemand.
XL. Dudley et Claudy, 1824. —
Trad. de l'anglais.
XLI. Le Robinson suisse, Paris^
1824, 3 vol. in-12; 1829^ 2 vol. in-
12. — Suite du N» XXII.
XLIi. La Tante et la nièce, 1825.
— Trad. de rallemand.
XLIII. Le Siège de Vienne, 1826.
— • Trad. de rallemand.
LXIV. Constantin ou le Muet sup-
posé, 1827. — Imit. de l'allemand.
LXV. Mina. — Nouvelle publiée
dans les Heures du soir (T. IV).
La sœur de M»» de Montolieu, Jean-
ne-Françoise, plus connue sous le nom
de M"" de Botlens, morte à Lausanne,
le 11 mars 1839, n'a pas joui de la
même réputation; aussi ne s'est-elle
pas distinguée, comme auteur^ par la
même Técondité. Les quelques romans
qu'elle a publiés, sous le voile de l'a-
nonYme, ne sont pas pourtant sans
mérite ; en voici les titres :
1. Lettres d'Horteme de Valsin à
Eugénie de Saint-Firmin, Paris, 1 7 88,
3 vol. in-12.
ILMémoires et voyages d'une famille
émigrée , publiés par J.'N, Belin de
BaUuy Paris, an IX, 3 vol. in-1 2; Ham-
bourg, Fauche, 1809, 3 vol. in-12.
III. Félicie et Florestine, Gen. et
Paris, 1803, 3 voL in-12.
IV. La veuve anglaise ou la retraite
de Lesley Wood, Gen. et Paris, 1812,
2 vol. in-l 2.
V. Anastase et Nephtalie ou les
Amis, Paris, 1815, 4 vol. in-12.
U nous reste à parler des deux fils
d'Antoine-Noé Polier. L'alné,Charleâ-
Godefroy-Etienne, gouverneur des en-
fants de lord Tyrone, s'est fait connaî-
tre, dès l'âge de 18 ans, c'est-à-dire
dès le temps où il suivait les cours de
Toniversitéde Marbourg^ par nnetrad.
du Traité de Palœphate touchant les
histoires incroyables, avec une préface
etdes notes, Laus., 1771, in-1 2, qu'il
dédia aux seigneurs de Berne, et plus
tard, par d'excellents mémoires, ins.
dans les Transact. de la Société de
Manchester^ dont il était le secrétaire;
T. VIII.
nous citerons plus particulièrement son
Essai sur le plaisir que V esprit reçoit
de r exercice de ses facultés. Il mourut
dans une terre de lord Tyrone, près de
Waterford. Le cadet, qui exerça, en
1798, les fonctions de préfet du can-
ton de Vaud, termina sa carrière à
Lausanne, le 1 2 juin 1821, laissant de
son mariage avec Sophie de Loys, trois
enfants, savoir : i» Jeàn-NoéGode-
FROT^ gouverneur du prince Gustave
Wasa, chambellan de l'empereur d'Au-
triche, chevalier de Malte, comte de
l'Empire, mort à Vienne en 1 833, sans
avoir été marié; — 2» Juliette Jean-
ne-Pauline, femme de Jean-Henri de
Blonay ; — 3o Louise-Angélique-An-
TOINETTE, épouse de Louis-Philippe-
Auguste de Constant, fils de David-
Louis, sieur d'Hermenches.
IT. Georges Polier, fils cadet de Jean-
Pierre et de Jeanne Loys, naquit le 1 5
déc. 1675. Destinée la carrière ecclé-
siastique, il se fit recevoir ministre en
1700, et deux ans après, il obtint à
l'académie de Lausanne la cliaire de
grec et de morale, qu'il échangea, en
1 705, contre celle d'hébreu et de caté-
chèse. En 1718, il fut admis au nom-
bre des membres de la Société anglaise
pour la propagation de l'Evangile par-
mi les païens. En 1722, cédant aux
injonctions réitérées du gouvernement
bernois, il signa la Formula consen-
sus ; il le fil avec répugnance et sous
toutes réserves; mais il eût été plus
honorable pour lui de ne pas sacri-
fier ses convictions au désir de con-
server sa place. Ou peut lui pardon-
ner sa faiblesse, en ayant égard aux
services qu'il rendit à sa patrie, no-
tamment, en 1 726, par la fondation
des écoles de charité, d'où sont sortis,
durant près d'un siècle, la plupart des
Instituteurs primaires du Pays de Vaud.
U mourut à Lausanne, le 28 oct. 1 759.
Outre un Examen du Consensus, pu-
blié par Gniner dans un recueil de piè-
ces relatives à la fameuse formule
(1719, 4«), on a de lui, d'après Leu :
\.SermonsparfeuM,TiUotson,trad.
de l'anglais, AmsL, 1 729, 6 vol. in-S».
18
POL
— 282 —
POL
li. Grammahea hebrcBa cum syn^
taxi.
III. Bhetorica iocra.
IV. Systema antiquitattm hebrai-
V. Explicatio catechismi heidelher-
gensis,
VI. Pensées chrétiennes mises en
parallèle ou en opposition avec les
Pensées philosophiques de M. Diderot,
La Haye, 1746, in-8o.
VII. La Liturgie des écoles de cha-
rité de Lausanne, ou le service divin
qui s'y fait chaque jour, Laos., 1 747 ;
1 789, iD-8».
VIII. Le Nouveati'Testament mis
en catéchisme par demandes et ré-
ponses, avec des ea^pUcations et anno*
talions, Laas. et Amst.^ M.-M. Rey,
1756,6vol. ln-8«; AmsL, 1766,2vol.
iQ-8o, selon M. Quérard.
Georges Polier avait époasé, en
nOi,Anne Daliès, fille d'Antoine,
baron de Gaussade, qai le laissa venf
avec an fils. Il se remaria avec Su-
sonne de Monlbrun-de-CasteUane-de-
Caille, qui loi donna une fille, Marie-
ÀNifB, femme de Paul de Loys. Son
fils, nommé Antoihb, seiRnear de
Saint-Germain, naquit le 1 5 Juin 1 705.
Il fut élu bourgmestre de Lausanne,
en 1766, et remplit cette cliarge pen*
dant trente ans. Il mourut en 1 797^
ayant eu de sa femme Henriette-Fran-
çoise de Chandieu, fille de Paul, sieur
de Gorceiles, et d'Anne de PelUssary,
qu'il avait épousée en 1 750, une fille,
Marianne, morte sans alliance, et
deux fils : i • Jonathan, né le 18 déc.
1735, assesseur baillival à Lausanne,
marié en 1767, avec Louise de Saus-*
sure et mort sans postérité; — 2oLijg,
Dé en 1740, qui épousa, en 1770,
Elèonore-ArUûinette Hardi, fille d'i4r«
mand Hardi, colonel au service de
Hollande, et deSophie-Wilhelmine Du
Portail; mort aussi sans postérité.
On attribue à Antoine Polier :
I. La Sainte-Ecriture de l'A.^T.
éelaircie par demandes et par répon-
ses, Laus., 1764-66, 11 vol. in*8».—
Complément de l'ouvrage de son përe
sur le Nouveau-Testament.
II. Du gouvernement des mœurs,
Laus., 1 784, in-8«; trad. en allemand,
Francf. und Leipz., 1785, in-8o.
III. Essai sur le projet de paix per-
pétuelle [de Bernardin de Saint-Pierre],
Laus., 1788, in-8».
IV. Coup d'odl sur ma patrie ou
Lettres d'un habitant du Pays de Vaud
à son ami [le colonel Polier] revenu
depuis peu des Indes àLohdres, [Laus.]
1795, in-12.
II. Branche de Brettgnt.
Le fondateur de cette branche, Jean
Polier, sieur de Vemand-Dessous et
de Gumoëns-le-Ghàtel (aujourd'hui
Bretigny), eut six enfants de sa pre-
mière femme Claudine Qmsard, sa-
voir: 1» Françoise, femme de Jéiréme
de Treylorrens, doyen de la classe
d'Yverdon ; — 2» Jean-Pierrb-Ber-
NARD, mort jeune, amsi que 3» Jac-
ques ;— 40 Urbaine, femme de G«)r(7«
de Saussure ; — 5® Marc, marié, en
1661, avec Louise Seigneux et mort
sans postérité; — 6» Sêbastienne,
alliée à Sébastien de Senarclens, capi-
taine au service de France. Resté veuf,
Polier épousa en secondes noces Do-
rothée Du Gard, qai lui donna encors
trois enfants : — ?• Théodore, sieur
de Bretigny, capitaine au service de
France, qui fut marié deux fois, avec
Sara de MoUn, puis avec Marie-C&-
therine Chemilleret, fille d'^^aic Che-
milleret, de Montbéliard, et de Made-
leine Lavisé, de Dijon. Du second Ut
naquit Jean-Abrahax, sieur de Bre-
tiguy^ qui n'eut qu'une fille, Esthbr,
de son union avec Charlotte Loys ; — •
8« Marthe-Louise, femme de Nicolas
Manlich; — 9» JeaxN-Franço» , qui
prit le parti des armes et entra comme
capitaine dans le régiment de Vatto*
ville au service de France, pais, en
1678, dans celui de Salis, dont il de*
vint colonel, en 1690. Nommé brigi*
dier en 1691, il assista, la même
année, au siège de Mons. En 1692, fl
servit au siège de Namur et combattit
avec une rare intrépidité à la bataille
POL
de SteiDkdrqne, oh il resta parmi les
morts. Sa femme Anna Locher ne lui
avait donné qu'une fille, qai épousa
Jean de Martlgny^ bourgeois de Lau-
sanne.
POLIGNAC famUle noble de U
fiâintonge, divisée en deux branches^
qui toutes deux ont professé pendant
quelque temps la religion réformée.
I. Brài^chb des Fontaines.
Le premier de cette branche qui em-
brassa le protestantisme est EUe de
Polignac, que le parlement de Bor-
deaux comprit dans son arrêt de 1 569^
avec Antoine de Polignac^ sieur de
Donzac^ religieux de l'ordre de Saint-
Benott. Elie de Pollgoac avait épousé,
en 1559, MadeUnne de La Porte, et
en avait eu six enfants (CoUect» Du
Chesne, vol. 24), savoir : 1 • François,
sieur desFontaines,quisuit; — 2"" Pier-
re ; — 5o Françoise, femme de Jean
Stuart-de-Caussadey sieur de Saint-
Mégrin, dont le nom figure^ à cété de
eelui de son beau-père, dans l'arrêt du
parlement de Bordeaux; — 4* Cathe-
rine, femme de Joseph de Ranconnet,
sieur d'Escoire, et en secondes noces^
û'Annet de Bonnevin, sieur du Pont;
«- 5*> Louise, mariée à Nicolas de
Bonnefoi, baron de Bretauville, gou-
verneur de Pons ; — 6» autre Louise,
épouse de Jean de La Porte, sieur de
Yleilleville en Angoumols.
François de Polignac prit pour fem-
me, en 1 580, Louise de Lanes, OUe de
Jeannot de Lanes et ù'Anne Bouchard^
d^Aubeterre, qui le rendit père de six
enfants : 1« Léonor, qui suit; — 2^
Charles, mort sans alliance; — 3*
François, qui épousa Elisabeth Martel
et en eut une ûlle morte en bas âge;
— 4«Anne, femme A'Abednagode La
Boche-Chandry, sieur de Clan, fils de
Jean de La Roche-Chandry, bâtard de
Clan ; ensecondesnoces, de Jean-Louis
de LignièreSy gentilhomme d'Auver-
gne, et en troisièmes, de Jacques de
BlûiSf sieur de Rouss{llon;--5'' Elisa-
beth, alitée, en 1 607, à Elie de Sairir
(«•ffermine, sieur du Fa;— e^EsTHER^
— POL
mariée à Birard de Ségur, aieor do
Grand-Puch;
Léonor de Polignac, sieur des Fon-
taines, épousa, en ien, Léade Bon-
nefoiy fille de Jean de Bonnefoi, gou-
verneur de Pons. De ce mariage naqui-
rent, outre trois filles : lo François,
qui suit; — 2» Charles, marquis de
Polignac, mort Jeune; — 3« Léonor^
vicomte de Polignac, mort au service^
ainsi que 4» CfiSAR, chevalier de Po-
lignac.
François, comte de Polignac, se ma-
ria, en 1640, avec Marie Labbé, flUe
de Jean Labbé, sieur de Sorlut, qui lui
donna deux enfants : 1» François,
comte de Polignac, et 2^ Anne. Nous
ne savons à quelle époque il se con-
vertit, mais il est très-probable qu'il
ne professait plus la religion réformée
en 1 648, lorsqu'il se remaria avec Ma-
rie de La Chetardie, sœur du curé de
Saint-Sulpice, qui lui donna encore cinq
enfants.
II. Branche de Saint-Germain.
François de Polignac, pannetier du
roi, prit pourfemme,le I2janv. 1560,
Marie d'Angliers, dame de Monroy, et
en eut, outre une fille, Rachel, qui
épousa François de Grimaldi, sieur
d'Escros, et lui donna une fille mariée
dans la famille de Satn^-SlVmm, unflls^
nommé Gabriel, qui Joua un rôle très-
considérable dans le parti huguenot.
Gabriel de Polignac, sieur de Saint-
Germain-de-Clan, de Monroy et de Com-
porté, gentilhomme ordinaire de la
chambre du roi, conseiller en ses con-
seils d'Etat et privé, se montra, tant
qu'il vécut, un défenseur ardent de la
cause protestante. Il était entré, très-
Jeune, en qualité d'enseigne dans la
compagnie de gendarmes de Henri de
Condé; mais à la mort de ce prince,
il avait, à ce qu'il semble, renoncé à
la carrière militaire. En 1597, 11 fut
député parla Saintonge à l'Assemblée
de Chàtellerault, qui le chargea d'une
mission en Angleterre. A son retour,
le 6 Janv. j 598, il fut élu président de
l'assemblée; mais, dès le 25^ 11 futen-
voyé dans le Dauphiné avec ordre de
POL
— 284-
POL
prendre, conjointement avec Lesdi"
guières, Gouvernet, Le Poét, Marges^
Montbrufiy Saint- Sauveur et le syndic
des églises û'Almères, les mesures né-
cessaires à la sûreté des villes d'Ai-
gues-Morteset d'Aubenas. Nommé par
l'Assemblée de Sainte-Foy député gé-
néral des églises avec Des Bordes-
Mercier, il usa de toute son influence
pour empêcher le Synode de Gap d'a-
dopter le fameux article de l'Antéchrist;
mais ses efforts furent vains. 11 ne
réussit pas mieux dans ses tentatives
pour détourner Henri IV d'entrepren-
dre l'expédition de Sedan. C'est eucore
en <iualité de député général qu'il as-
sista, en 1605, à l'Assemblée de Ghà-
tellerault, qui le maintint sur la liste
des candidats à la députation ; mais la
Cour lui préféra La Noue, En 1 61 1 , il
assista de nouveau à l'Assemblée de
Saumur, et fut choisi pour un des com-
missaires chargés de faire exécuter re-
dit de pacification (Fonds de Brienne,
No !2iO). En 1616, Saint-Germain fut
employé par la reine-mère à négocier
la paix avec Condé. Comme il n'est
plus parlé de lui, à partir de cette épo-
que, on peut en conclure qu'il mourut
vers ce temps. Il avait été marié deux
fois, la première^ en 1 590, avec Léa
Boutaut, dame de Laubouinière ; la
deuxième, en 1597, avec Anne d'Aï-
hin-de-ValzcrgueSy fille de Louis , sieur
de Seré, lieutenant-général de l'artil-
lerie de France, et de Renée de Chaba-
nais y et veuve de Jean de La Roche fa-
ton y sieur de Saveilles, dont elle avait
une fille, Jeanne de La Rochefaton,
mariée plus tard dans la maison de
CaumonM^-Forcc. Du premier lit na-
quirent Gaspard, sieur de Lauboui-
nière, mort sans enfants en 1615, et
Louise, femme de Henri Poussarty ba-
ron de Fors et du Vigean^ puisde Henri
deClermont'Gallerande. Du second ne
sortit qu'nne fille, Ai<cns^ qui épousa
Gaspard de ChâtUlon,
POLIGNAG (Claude- Armand de),
d'une famille d'Auvergne différente de
la précédente, se fit prolestant par es-
prit de vengeance plutôt que par con-
viction. Quoiqu'il fût l'aîné de la fa-
mille, son père, François-Armand de
Polignac, voulut le contraindre à em-
brasser l'état ecclésiastique, dans la
vue de laisser son vicomte à un autre
fils, qu'il avait eu d'un second mariage,
contracté, en 1554, avec Gilibertede
Clermont-Tallard, Claude-Armand re-
fusa d'obéir et se jeta dans les rangs
huguenots, sous le nom de seigneur
de Chalançon. A la mort de son père,
en 1 562, il s'empara de tout son héri-
tage, mais il n'en jouit pas longtemps;
il mourut sans enfants en 1564.
POLIGNY (Jacques de), vaillant
capitaine huguenot, dans le Danphiné.
Nous ne nous souvenons pas d'avoir
rencontré son nom avant 1572. Les
historiens du Dauphiné racontent qu'a-
près la Saint-Barthélémy, Gordes es-
saya inutilement de le convertir, et
que Poligny ne montra pas moins de
répugnance à embrasser la religion
romaine que Lesdiguières , Champo-
léon et ù*Ancelle. On peut conclure de
là que Poligny occupait, dèscetteépo-
que, une place distinguée sinon parmi
les guerriers, au moins parmi les
gentilshommes protestants de la pro-
vince. Plus tard, il se signala parmi
les plus intrépides lieutenants de Les-
diguières. En 1580, il fut envoyé an
secours de La Mure (Voy, 1, p. 216).
En 1 587, il battit la garnison de Saolt,
secondé par le catholique Rosset ou
Rousset, et par Montrond. En 1 588^
Lesdiguières lui confia la défense de
Puymore. En 1591, il commanda la ca-
valerie française à la bataille de Pont-
charra. Nommé gouverneur de Gap,
il suivit, la même année, Lesdiguières
dans son expédition de Provence, et
fut tué, en 1592, au siège de Beyne.
En 1625, nous trouvons encore un
Poligny parmi les officiers de Lesdi-
guières; était-ce un de ses fils?
Une autre famille noble du nom de
Poligny, et également protestante, ha-
bitait aux environs de Paris. En 1 660,
le parlement condamna le seigneur de
Poligny à faire effacer les litres funè-
bres posés, par ses ordres, dans fé-
POL
— M» —
POL
glise paroissiale du lieu à l'occasion de
la mort d'un de ses parents^ et eu 1 685^
quatre mois seulement avant la révo-
cation , Diane de Poligny , femme de
Jacques Du Bois^ sieur de Saint-
Handé^ fut enterré au cimetière de Gha-
rentouy accompagnée à sa dernière
demeure par Casimir Prévost, sieur de
Lllo^ qui devait^ bientôt après, renier
sa religion (Reg, de Charenton).
POLTROT (Jean), sieur de Méré
ou de Mérey^ gentiltiomme de TAngou-
mois, avait été éievé comme page dans
la maison de François Bouchard^ ba-
ron d'Aubeterre. Une partie de sa jeu-
nesse s'était écoulée en Espagne. Pen-
dant son séjour dans ce pays y il en
avait appris la langue qu'il parlait avec
pureté, en sorte que, sa petite taille et
son teint ba<^né y aidant, il pouvait
facilement passer pour un espagnol.
A son retour en France, il avait été
employé en qualité d'espion dans la Pi-
cardie pendant la guerre contre l'Espa-
gne. Plus tard, il avait embrassé là Ré-
forme, était entré dans la conjuration
d'Amboise et avait été emprisonné
comme complice de La Renaudie, son
parent.
D'après le portrait que La Popeli-
nlère trace de lui, PoUrot était n un
petit bomme , mais d'esprit fort vif,
tenant de Tesventé néantmoins, du
téméraire et indiscret jusques à ne
trouver rien impossible. » D'Aubignô
le qualifie aussi a d'bomme hasardeux
et vantard. » On conçoit qu'une tète
ardente et légère comme la sienne se
soit exaltée à la lecture des éloges
prodigués dans l'Ancien-Testament
aux libérateurs du peuple de Dieu, et
que le jeune fanatique ait pu se croire
appelé à Jouer le rôle des Aod, des
Jabel et des Judith , en délivrant ses
coreligionnaires du duc de Guise, ob-
jet de leur haine implacable depuis le
massacre de Vassy. Dans une des con-
férences qui eurent lieu en Dauphiné
entre Des Adrets et Nemours, la con-
versation étant tombée sur la mort du
roi de Navarre, on l'entendit s'écrier,
en agitant le bras droit : Gela ne met-
tra pas fin à la guerre ; mais il faut
avoir le chien au grand collier. Inter-
togé de qui il entendait parler : G'est
du grand Guisard, répondit-il ; voilà
le bras qui fera le coup. Gette anec-
dote, rapportée par Bèze, prouve que
PoUrot méditait l'assassinat du duc de
Guise avant d'être mis en rapport avec
CoUgny, D'Aubigné raconte également
qu'il c( disoit à qui vouloit l'ouïr son
dessein de tuer le Guisard, montroit
des balles fondues exprès, et par là se
rendoit ridicule. »
A celte date, Pollrot servait dans
les chevau-légers de Soubise, qui com-
mandait à Lyon pour le parti protes-
tant. Sans prêter une grande attention
à ses propos, dont chacun riait comme
de pures fanfaronnades , dans la per-
suasion que s'il avait réellement formé
le projet de tuer Guise, il ne l'aurait
pas publié sur les toits, le gouver-
neur de Lyon envoya le sieur de Méré
à Orléans, porteur d'une dépèche pour
l'amiral. Ayant entendu vanter son
adresse comme espion par Pas-Feu-
quières, Goligny accepta les services
de Poltrot, lui donna de l'argent pour
acheter un bon cheval, et le laissa à
Ândelot, lorsqu'il prit la route de la
Normandie. Vers la fin de janvier, Pol-
trot se rendit au camp catholique et
se fit présenter au ducde Guise^ comme
un transfuge. Accueilli sans défiance,
il commença sur-le-champ son métier
d'espion.
Malgré l'énergie et l'activité admi-
rables qu' Andelot déployait, Orléans
était sur le point de succomber. Guise
allait enfin recevoir la grosse artillerie
qu'il attendait avec impatience , et il
se tenait pour si certain du succès
qu'il avait déjà fait part à la reine-
mère de son intention a de tout tuer
dans la ville et de la raser jusqu'à y
semer du sel. » L'attaque des lies de
la Loire devait avoir lieu dans la nuit
du 1 8 au 1 9 février. Poltrot le savait ;
il crut qu'il était temps d'agir. Dans
la journée du 18 fév., il se prépara à
l'assassinat par la prière, suppliant
Dieu « de changer son vouloir si ce
POL
-M6-
PON
qu'il vonloit faire Ini étoit désaeréa-
ble, OQ si non^ de lai donner force et^
constance, n Le soir venu, persnad6*
qn'll était l'instrument de la volonté
divine^ il alla attendre le duc de Guise
ao carrefour d'Olivet^ lui tira à six pas
un coup de pistolet chargé de trois
balles 9 l'atteignit près de l'aisselle^
au défaut de la cuirasse, et s'enfuit à
toute bride à travers les bois, a Trou-
blé par la grandeur du fait qu'il ve-
noit de commettre ^ d il courut toute
la nuit, et le lendemain matin, il se
retrouva presque au point d'où il était
parti. Son cheval était harassé. Force
lui fut de s'arrêter pour prendre un
peu de repos. Il se retira donc dans
une grange où il s'endormit. Décou-
vert par quelques soldats, son air in-
quiet et effaré leur inspira des soup-
çons ; ils l'arrêtèrent et le conduisi-
rent au camp catholique. Dès le 21,
la reine-mère le fit interroger en sa
présence. Il dit ou on lui fit dire tout
ce qu'on voulut. 11 accusa de compli-
cité non-seulement Goligny et Bèze,
mais La Rochefoucauld^ Soubise et
d'autres chers huguenots. Dès le len-
demain, il fut livré au parlement de
Paris qui, malgré les instances de l'a-
miral, se hAta de lui faire son procès.
Dans ses derniers interrogatoires , il
démentit en partie ce qu'il avait affir-
mé^ et varia au point d'ôter tonte va-
leur à ses premières allégations. Après
avoir subi une question effroyable^ il
fut condamné, par arrêt du 1 8 mars, à
être tenaillé et tiré à quatre chevaux.
La sentence fut exécutée le jour même.
« Il souffrit beaucoup avant que de
mourir, lit-on dans un écrit contem-
porain : car d'autant qu'il avoit varié
en la aéposition, après avoir enduré
les tenailles ardentes et la dure se-
cousse des chevaux, il fut détaché et
relevé pour l'examiner de nouveau. »
Après un nouvel interrogatoire^ le
malheureux fut abandonné au bour-
reau. Et comme les chevaux ne pou-
voienl le démembrer, parce qu'il avoit
les membres gros, nerveux et for-
tement attachés^ on lui donna plu-
sieurs coups de coutelas sur les Jam-
bes et les bras pour les détacher du
tronc; puis on lui coupa la tête, et le
corps mutilé fut réduit en cendres.
Poltrot mourut a avec une merveil-
leuse constance, étant bien assisté de
Dieu, » lit-on dans un écrit huguenot.
Convaincus, par l'autorité de la Bible^
que le tyrannicide inspiré du Ciel est
un acte légitime et glorieux, les Hu-
guenots acceptèrent le fait accompli
comme un Juste Jugement de Dieu;
quelques-uns allèrent Jusqu'à célébrer
la mort de Poltrot à l'égal de celle d'un
martyr. Peut-on les en blâmer bien sé-
vèrement^ lorsqu'on voit, à peu près
vers le même temps, la cour de France
offrir, par la main de la Justice, une
prime à l'assassinat politique, et le
pape Pie V pousser au meurtre de la
reine Elisabeth et s'écrier qu'il ven-
drait les calices des églises et Jusqu'à
ses habits pour faire réussir une en-
treprise si sainte et d'une si haute im-
portance « pour le service de Dieu et
le bien de son Eglise. » Le fanatisme
est également dangereux dans tous les
partis; il affaiblit le sentiment mond,
et bouleverse toutes les notions du droit
et du devoir.
POLYANDER. Voy, KERCKHO-
VEN.
POXAT (A!n)BÉ), conseillerau par-
lement de Grenoble, qu'il ne faut pas
confondre, à ce qu'il parait, avec îlii-
toine Ponat, conseiller au même par-
lement , qui accompagna Crussol en
Provence (Voy, IV, p. 128), était, se-
lon Choricr, le second fils de Pierre
Ponat, sieur de Vif, conseiller au par-
lement du Dauphiné (l). Il embrassa
de bonne heure les doctrines évangéli-
ques, ainsi que son frère cadet Jean,
et devint, en quelque sorte, le chef du
parlihuguenotàGrenobie. LorsqueDef
Adrets reprit cette ville sur les Catholi-
ques (Foy.Il,p.i 11), il l'en nomma gott-
(1) Ghorier ne parle pas d'ÂntoloePontt, niii
bien de Pierre Ponat, frère atnè d'André, qui UX
aussi conseiller an parlemenl de GreDoble, et qil
resta attaché, loot Nnhlele pr9«iir«à la nlifiai
caUMliqae.
PON
-«87 -
PON
verneur en remplacement de Jean Des
Vieux, siear de Brion. D'antres écri-
Yains affirment qne ce fut non pas à An-
dré^ mais à Jean Ponat^ qu'il confia la
défense de cette place Importante ; du
reste , tous s'accordent à reconnaître
que le choix du baron pouvait être plus
Judicieux. Ponat n'était pas capable de
remplir une charge militaire qui exi-
geait autant de fermeté et de courage
que de prudence et de vigilance. Il lais-
sa prendre le château de La Busslère,
cil commandait Cassard, et sans le va-
leureux La Coc/i«^ Grenoble serait cer-
tainement retombé au pouvoir de Mau-
giron. Son incapacité notoire décida
Des Adrets à lui éter le commande-
ment; il mourut peu de temps après^
sans laisser d'enfants de sa femme i4n-
toinelle de Salvatng. Son frère Jean,
qui seconda vaillamment La Coche dans
la défense de Grenoble, ainsi que son
cousin, le trésorier François Ponat, eut
un fils de son union avec Marguerite
de Colonge, Ce fils, nommé Louis, épou-
sa Françoise de Vienne, qui le rendit
père de deux enfants, Abel et Jacques,
sieur d'Argondières , sur qui nous ne
possédons aucun renseignement. L'un
d'eux (sinon tous les deux) n'aurait-il
pas quitté la France, et ne faudrait-il
pas regarder comme un de ses descen-
dants Georges-Guillaume Ponat, né, le
29 sept. 1647, à Hanovre, recteur de
l'école d'Osnabruck, connu par diver-
ses publications, ainsi que son fils
Georges-Léopold, né en 1686 à Oster-
rode et corecteur de la même école? Le
nom de ces deux professeurs semble In-
diquer une origine française.
PONS, nom d'une des plus grandes
maisons de la Saintonge, aussi illustre
par son ancienneté que par l'étendue
de ses possessions.
Antoine de Pons , comte de Maron-
nes, baron d'Oléron, conseiller d'Etat
et privé, chambellan du roi, gouver-
neur de la Saintonge, né en 1510, se
distingua dans les guerres d'Italie sous
François I. Nommé chevalier d'hon-
neur de Renée de France, il accompa-
gna cette princesse à Ferrare, et ce fut
à sa cour qu'il s'unit, en i HS3, par les
liens du mariage avec Anne de Par-
ihenay (Voy. VI, p. 340). De retour en
Saintonge, les deux époux, que Calvin
avait convertis aux doctrines évangé-
Ilques, s'appliquèrent à propager les
opinions nouvelles parmi leurs vas-
saux. Le sire de Pons surtout déploya
on zèle admirable, tant que sa femme
vécut ; mais après sa mort, son ardeur
se refroidit considérablement, et une
nouvelle alliance qu'il contracta, en
1 556, avec Marie de Montchenu, « une
des plus dilTaméesdamoisellesdeFran-
ce, n au rapport de Bèze , changea
complètement ses sentiments : il pro-
scrivit la religion protestante avec au-
tant de rigueur qu'il avait mis d'acti-
vité à la répandre. Lorsque la guerre
civile éclata, Antoine de Pons s'étant
naturellement déclaré pour les trium-
virs , La Rochefoucauld lui enleva sa
ville , le 2 oct. 1 562 ; mais les revers
du parti huguenot l'ayant bientôt re-
mise en son pouvoir, le sort des Pro-
testants de Pons devint plus misérable
que jamais : leur seigneur fit retomber
sur eux tout le poids de sa colère. Le
châtelain Vincent Matthieu n'échappa
à la mort qne par une prompte fuite.
Les ministres Otrand, de Pons, Jean
Sauses, de Saintes , Henri Morel, de
Saujon , réussirent pareillement à se
soustraire à sa fureur ; mais d'autres
furent moins heureux. Tant que leur
terrible seigneur vécut , la condition
des Protestants de Pons fut si triste,
que les Catholiques les appelaient les
« Huguenots soufifrants, » à ce que rap-
porte M. Crottet. De son premier ma-
riage, Antoine de Pons eut cinq en-
fants, mais une seule, An?(e, parait
avoir persisté dans la religion réfor-
mée. Elle épousa, en 1559, François
Martel, sieur de Lindebeuf.
Antoine de Pons était fils de Fran-
çois de Pons et de Marguerite de Coë-
tlvy. Son frère, Jacques, baron de Mi-
rambeau, fut marié trois fois; mais il
n'eut pas d'enfants de sa première fem-
me, qui était de la maison de Beileviile.
La seconde, Jacquette de Lansac, lui
PON
— 288 -
PON
donna trois fils : i » François, qui con-
tinua la branche de Mirambeao; -*
2f* Gabriel 9 chevalier de l'ordre de
Saint-Jean de Jérusalem ;— 3* Pontus»
auteur de la branche des seigneurs de
La Case ou La Gaze. De la troisième,
Jeanne de Gontaut, qu'il avait épousée
en 1 534, naquirent : 4<> Jean, sieur de
Pla8sac,qui fit souche; — 5« Antoine,
sieur de Bemeuil, qui Tut quelque temps
gouverneur de Bourg-sur-Dordogne ,
en 1 562, et de Pons, en 1568, pour le
parti protestant , et qui mourut sans
postérité; — 6» Anne, mariée dans la
famille de Pierre- Bu ffière ; — 7° Antoi-
nette, femme, en 1 553, deFoucaud de
Gaing, baron de Linars.
I. Branche de Mirambbau.
François de Pons, baron de Miram-
beau, seigneur de Mortagne, fut nom-
mé, eu 1562, lieutenant de La Roche-
foucauld en Sainlonge. Dans le but de
seconder les opérations de Duras, il fit
enlever Talmont par son lieutenant For-
teauy de Soubise,et lui-même se ren-
dit maître, par intelligence, de Bourg-
sor-Dordogne, où il laissa pour gou-
verneur son frère Antoine , qui , peu
de temps après, fut battu par les Ca-
tholiques, pris et conduit à Bordeaux.
Ayant échoué dans une tenlative pour
s'emparer de Blaye, Mirambeau reprit
le chemin de sa province natale, défit
près de Sansac une bande de paysans
qui espéraient de lui couper la retrai-
te, et rentra heureusement en Sain-
tonge , sans essayer de pousser plus
loin ses succès. Il ne parait pas qu'il
ait exercé aucun commandement dans
la seconde guerre; mais il Joua un rôle
actif, sinon glorieux, dans la troisième;
aussi le parlement de Bordeaux ne
manqua-t-il pas de le comprendre dans
son fameux arrêt. Après avoir assuré
au parti huguenot la possession de
Saintes, dont les habitants réformés
lui ouvrirent les portes, il alla rejoin-
dre Coligny , qui, au mois de juillet
1569, lui confia la défense de Lusi-
gnan. Mirambeau répondit assez mal
à la confiance de l'amiral. 11 rendit,
sans coup férir, cette place qui était
regardée presque comme imprenable,
alléguant pour sa Justification qu'il
manquait de munitions de guerre et
qu'il ne pouvait attendre de secours
d'aucun côté, après le désastre deMoo-
contour. Lorsque l'armée protestante
passa dans le Languedoc, il resta en
Saintonge, sous les ordres ûe La Noue,
qu'il suivit à la levée du siège de Ro-
chefort.
Nous avons parlé ailleurs (Voy. Yl,
p. 288) de la part que Mirambeau prit
à la levée de boucliers de 1574. Dépu-
té en Cour, l'année suivante, pour tra-
vailler à la paix, il remplit fidèlement
sa mission et ferma l'oreille à toutes
les propositions de la reine-mère, qui
espérait l'induire à signer un traité par-
ticulier. A son retour à La Rochelle,
sans témoigner de ressentiment de l'at-
teinte qui avait été portée, pendant son
absence, à ses droits sur Brouage, il
se joignit franchement à Condé pour
entraîner les Rocbellois dans la confé*
dération. Néanmoins le prince, qui n'i-
gnorait pas que le roi lui avait proposé
déjà plusieurs fois de lui vendre Brou»-
ge, conçut des soupçons, et il força en
quelque sorte Mirambeau à lui remet-
tre entre les mains cette place impor-
tante pour trois mois. Les trois mois
expirés, il lui rendit loyalement sa
ville ; mais lorsque François de Pons
partit de nouveau pour les Etats de
Blois, auxquels il avait été député avec
Bénac et Chaumn, ses craintes le re-
prirent. Il se saisit de Brouage et y mit
Balsac pour gouverneur. Celte espèce
de spoliation indigna Mirambeau, qui,
dans le même temps, donnait à la Cau-
se des gages incontestables de son dé-
vouement, en protestant avec énergie
devant les Etats, au risque de sa liber-
té ou même de sa vie, contre la révo-
cation du traité de paix , dit de Mon-
sieur, et l'abolition du culte réformé.
Il voulut reprendre sa ville par la for-
ce. 11 avait pour lui le bon droit, et
personne, surtout dans ces temps de
désordres et de violences, n'aurait son-
gé à le blâmer, s'il n'avait pas sollicité
le secours des Ligueurs. Comptant sur
PON
— «89 —
PON
on mouvement en sa favearde la part
des habitants qui l'aimaient beaucoup^
11 s'approcba de Brouage à la tète de
quelques troupes; mais if on/^ommery
déjoua ses projets par sa vigilance.Yi-
vement poursuivi par Coiui<^^ il fut ré-
duit à s'enfermer dans le château de
Hirambeau^ où il aurait été pris^ sans
l'arrivée deMayenne, qui força le prin-
ce à battre en retraite. Dès iors, il n'est
plus question dans l'histoire du baron
de Mirdmbeau^qui prolongea pourtant
ses jours au-delà de 1581 . Il avait été
marié quatre fois : en premières no-
ces , avec Françoise Geoffroy , de la
maison de Dampierre près de La Ro-
chelle; en secondes^ avec MadekUne
Du Fou ; en troisièmes, avec Françoise
de Chabanais, et en quatrièmes, avec
Marguerite de Pierre-Buffière^ veuve
du sieur de BourzoUes (l). Du premier
lit naquirent Jacques, qui continua la
descendance, et Louisb, femme de Jean
deRabaine, sieur d'Usson; du second,
GtDÉON, baron du Vigean, tué à l'en-
treprise d'Anvers en 1583, sans avoir
été marié, et Esther, dame du Vigean,
qui épousa CAor^^Pou^^ar^, sieur de
Fors.
Jacques de Pons, baron de Miram-
beau, que le père Gotton essaya vaine-
ment de séduire, en 1609, n'a Joué
aucun réle dans les affaires des égli-
ses. Il était gentilhomme ordinaire de
la chambre du roi, et depuis quatre
ans, conseiller d'Etat et privé, lors-
qa'ilmouruten 1618. 11 fut marié deux
fols, avec Marie de La Porte, de la
maison de Cbampniers en Périgord ,
puis avec Jeanne Bouchard^d' Aube-
terre, veuve de Louis de La Rochefou-
cauld, Il n'eut pas d'enfants de sa se-
conde femme, et la première ne lui
donna que des filles : !<> Màdblàinb,
femme, en 1600, de Gabriel de Saint-
Georges, baron de Couhé, puis eu 1 6 1 6,
û' Armand d'Escodéca, qui devint
marquis de Mirambeau par ce mariage;
(i) £d 1682, la famille des Bourzolleê, mai"
^vÀ» de Carias, professait encore la religioo ré-
foimèe. £Ue atail droit d'eiercice an chiteao de
Berbièra {Areh. $én, Tt. 987).
— 2« Louise, mariée à N. de Chas-
tiUon, sieur de La Porte, en Angou-
mois; — 3» Mahib, baptisée à Pons,
en 1 588 : parr., François de PoUgnac,
sieur des Fontaines, marr., Isabeau
de Sotnte-lfaure, dame deJonzac; et
mariée successivement à Paul d'Espa-
gne, sieur de Yénevelle, puis, en i s 1 8,
à Gédéon de Preissac, sieur de Llon-
cel;— 4« Jbànnk, présentée au bap-
tême, en 1589, par BretauvUle et
M"* de Rioux; — 5« Esthbr , née en
1592, qui eut pour parrain Gabriel de
Polignac, sieur de Saint-Germain, et
pour marraine Esther de Pons, et qui
épousa Raphaël de Foumel, sieur de
Grateioup; — 6« Hbnbibttb, femme,
en 1611, de René Du Lau, sieur de
Sellettes, fils de Josias, sieur de La
C6te, et d' Esther Goumard.
II. Bràiichb de La Gaze.
Pontus de Pons, sénéchal des Lan-
des et de Marsan, fit ses premières ar-
mes, comme porte-enseigne, dans une
compagnie de lansquenets. Il s'atta-
cha à Antoine de Bourbon et mérita
l'estime et la confiance de /eanne<i'il/-
brel, qui le choisit pour gouverneur
de son fils ; mais la Jalousie des cour-
tisans lui causa tant de désagréments,
qu'il donna sa démission, dès 1 566,
et se retira dans son cb&teaude Sain-
tonge (1). M. Masslou prétend qu'il y
finit tranquillement ses Jours au sein
du bonheur domestique; c'est une er-
reur. La Gaze prit une part active à
la troisième guerre de religion (Foy.
ni, p. 393). G'est lui qui fut chargé
de discuter avec Biron, l'envoyé du
roi, les premières bases d'un traité de
paix après la bataille de Moncontour.
Laissé en qualité de gouverneur dans
le Languedoc par CoUgny, il fit son
entrée à Gastres, le 17 juill. 1570.
Après la Saini-Barthélemy , nous le
trouvons à la tète du parti protes-
tant dans le Béam (Voy, I, p. 134),
terrifiant la Gascogne par de sanglan-
tes représailles. En 1574, secondépar
(i) n fat remplacé anptèi da jeue prisée de
Béarn par le siew da Btamoir, qoi fat ans des
prentèrei fieUnii de la Sl^BerOièlear.
PON
— «90 —
PON
SOD frère Plassac , par Monguyon,
d'IlBson, Bretauvilû, Pontlevin (aliàs
Poulevoin) , Saujon, Il se saisit de
PonSy Royan^ Toniiay-Gharente, Ta)-
mont^ Sairit-Jean-d' Angle, Rocbefort,
et de quelques autres \illes de la
SalntoDge, pais il marcba^ avec La
Noue,àa secoarsdeFontenay-le-Gomte,
que Saint-Etienne défendait vaillam-
ment. Peu de temps après, il fat tué,
dit d'Aubigné, « par des canailles qui
parlementoientenunemescbante mai-
son de vilageet lesquels il vouloit sau-
ver, s Le même écrivain, qui l'appelle
le plus excellent de ses capitaines, af-
firme que personne ne le surpassait en
probité, en savoir, en sagesse natu-
relle, en expérience et en valeur. Dans
son Histoire de Rocbefort, Théodore
de Blois lui rend ce témoignage, a qu'il
Joignoit à un grand courage un esprit
cultivé par les belles lettres. » On
trouva sur lui cette épitaphe, qu'il s'é-
tait faite à lui-même :
DeslDA migremem logere, Tiator et bofpei,
Non careo patriâ, me Cârel illa magis.
D'Aubigné l'a traduite ainsi :
Pasfant, ne plenre qae ponr toi,
Si je pasieen meilleare tie;
Je n'ay besoin de ma patrie,
Mais elle anra faute de moi.
Pontus de Pons avait épousé Frari'
çoise de Marsan, qui lui donna cinq
enfants : 1» Jacques, qui suit ; —
2» Jean, sieur de Montgaillard, mort
sans postérilé;— 30ANNB;— 40 Jkan-
NB;— 50 SUSANNB.
Jacques de Pons, marquis de La
Caze, a Joué un grand réle dans les
assemblées politiques des Huguenots.
U fut député, en 1595, à celle de Sau-
mur, et en 1 597, à celle de Chàtelle-
rault, qui le chargea de poursuivre la
vérification de l'édit de Nantes, pen-
santpeut-étre ne pouvoir faire uncboix
plus agréable au roi que celui d'un
seigneur qui, en 1594, lui avait porté,
au nom de l'assemblée de Jamac, le
serment de fidélité de la noblesse pro-
testante de la Saintonge, de l'Aunis et
de l'Angoumois (Voy. III, p. 308). En
1605, La Caze (iit député de nouveau
par la Saintonge à l'Assemblée poUti-
que de Cbâtellerault, qui l'élut prési-
dent, en lui donnant Pacard, ministre
de La Rochefoucauld^ pour adjoint, et
Des Fontaines, pour secrétaire. Le but
apparent de la convocation de cette
assemblée était l'élection des députés
généraux; mais les méfiance s récipro-
ques des Huguenots et de la Cour,
surexcitées par Taflàire du dac de
Bouillon, compliquaient beaucoup la
situation. La question des places de
sûreté surtout était grave et exigeait
une prompte solution. D'un côté, le
Conseil du roi , voulant en diminuer
le nombre, se disposait à en retran-
cher d'un seul coup toutes les places
des particuliers, et par conséquent
Sedan; de l'autre, les Réformés, loin
de se montrer disposés à céder sur ce
point^prétendaient non-seulement con-
server, pendant quelques années en-
core, toutes les places qu'ils tenaient,
mais faire comprendre, parmi les pla-
ces de sûreté, celles où le roi avait
placé des gouverneurs protestants ^
celles qui appartenaient à des néophy-
tes. Concilier des prétentions aussi
opposées, n'était pas facile; ce ftat
Rosny qui se chargea de la négocia-
tion (Voy. II, p. 249).
La première séance, qui eut lieu le
26 Juillet, fut consacrée à la vérifica-
tion des pouvoirs. Furent admis, com-
me représentants du Bas-Languedoe :
Gasques, min. du Yigan, Tristan de
Brueys, sieur de Saint-Chaptes, de
Poux, premier consul de Montpellier,
elferrier, min.deNismes; — du Haut-
Languedoc : Lupé-de-Maravat , gou-
verneur de Mauvesin, de Castelfranc,
ministre, et Rotolp^e-La Devèze, a-
vocat à la Chambre de l'édit;— de U
Basse-Guienne : de Vivans, de Maspa-
raut, min. deNérac, et Maniald^ayo-
cat au parlement de Bordeaux ; — de li
Saintonge : de Jarnac , de La Caze,
de Rioux, Pacard et Du Vigier, tous
deux ministres, et Roy, avocat au pré-
sidial de Saintes. La Rochelle avait
envoyé Mirande, échevin, et BorM,
un de ses pairs. Les députes du FoiM
PON
— 2M —
PON
fttrent : de Vérae, baron de Conhé^
La Tabarière, baron de Sainte-Her-
mine^ de Bessay, gouverneur de Tal-
mont^ û'Aubigné, gouverneur de Mail-
lezais, Suzannet, sieur de La Forèt^
La Muletière, maître des requêtes de
l^ôtel de Navarre, Des Fontaines ou
'ée Fontaines, Rivet, min. à Thouars,
et Chauffepié, ministre V^iort; — ceux
de i'Anjou : Du Pont ou de Ponts, ba-
ron de MoDtfort) Fleury, min. de Bau-
eéf et A*Haumont, conseiller du roi et
son avocat à Saumur ; — ceux de la
Bretagne : Jean de La Rochère, sieur
deLaMorinaye, ei Jacques Le Maistre,
sieur de Gherhal ; — ceux de la Nor-
mandie : Courtomer et Du Hamel,
sieur du Parc, conseiller du roi au siè-
ge présidial d'Alençon;— ceux de l'Or-
léanais : Du Faut, gouverneur de Ger-
geau, et Dorival, ministre àSancerre;
— ceux de Tisle-de-France : Pierre
Du Moulin , min, à Paris, et S^d^,
sieur de La Gormandière, avocat au
parlement; — ceux de la Bourgogne :
le baron de Conforgien, Armel, avo-
cat au parlement, Du Noyer, sieur de
Joncy. Enfin le Vivarais se ût repré-
senter par de Sergat (aliàs Sarjat et
Sergas), et de La Motte, min. de Vil-
leneuve;— le Danphlnô par AeComps
et Du Gros, et la Provence par le ca-
det de Putmtc/i^/, Codur, min. de Riez,
et Ressent ou Récent, min. de Mérin-
dol. Leurs pouvoirs vérifiés, tous les
députés prêtèrent le serment d'union,
puis l'assemblée envoya complimenter
Rosny, qui répondit «qu'il este il venu
de la part de S. M. pour donner auxé-
glises rérormées le contentement qu'el-
les sauroient désirer sur les demandes
qu'elles auroieut à faire, d Sur cette
assurance , on vota , séance tenante ,
une demande de prorogation pourbuit
ans, relative à la garde des places de
sûreté. Le lendemain, Rosny se rendit
à l'assemblée et l'invita , au nom du
rot, à procéder sans délai à l'élection
de six candidats, parmi lesquels S. M.
en clioisirait deux pour députés géné-
raux, en ajoutant que, bien que la ré-
sidence des dépntés en Cour ne fût
portée ni par Tédlt, ni par les articles
secrets, ni par les brevets, le roi ac-
corderait cette résidence, si l'assem-
blée se conformait à ses intentions.
Le 28, après avoir voté des remerct-
ments aux députés-généraux, qui fu-
rent a grandement loués de leur fidé-
lité et diligence, » l'assemblée consi-
dérant le préjudice qu'éprouveraient
les églises^ «si elles n'estolent en plei-
ne liberté soit pour le nombre, soit
pour le choix des personnes, 9 char-
gées de la députation générale, envoya
de Poux, d'Aubigné et de Vivans faire
des représentations à Rosny; cepen-
dant sur la promesse réitérée du mi-
nistre de Henri IV « qu'il avoit chargé
de donner tout contentement, » elle
céda, mais sous la condition que les
pouvoirs des députés généraux ne du-
reraient qu'un an, que les quatre sur
qui le choix du roi ne se porterait pas
n'auraient aucun droit à intervenir
dans les aflîaires des églises, et qu'une
assemblée politique serait convoquée,
au bout d'un an, pour procéder à l'é-
lection directe de deux députés seule-
ment. Rosny ayant souscrit à ces con-
ditions et s'étant engagé à les faire
accepter par le roi, la liste des six
candidats fut votée le 1»^ août. Ceux
qui réunirent le plus de suffrages fu-
rent La Caze, La Noue, Saint-Ger^
main, Des Bordes, Roy et Mirande ;
mais ce dernier s'étant excusé, on lui
substitua Du Gros. Sur la demande
des députés de La Rochelle, l'assem-
blée promit de Joindre ses prières
aux leurs pour qu'atteinte ne fût plus
portée aux privilèges de la ville par
l'établissement de nouveaux impôts;
c'est le seul de ses votes qui soit é-
tranger aux affaires des églises (i).
Enfin, après avoir fortement recom-
(1) n fot 8êQ8 donle proToqnè par La Caxe^ qoi
prit une parlplas oa moios directe an soalèTement
dés Croquants, à ce qu'on pent conclure d'une
lettre de Momay, datée de 1595 : « Ceux de la
Saintonge d'une et d'autre religion lont en armea
contre M. du Massais [lieutenant du roi en An-
loumois]... Four ia direction de ce remuement
•ont nommés, de la part de oeui de la Religion,
les sieuri de Monguion, de laCoit, de La Choite
el de Sotnl-Surm. •
PON
— 293 —
PON
mandé aux provinces de veiller sor les
places de sûreté « qui sont pour ceux
de la religion de telle importance qu'il
leur est humainement presque impos-
sible de subsister en paix sans icel-
les, » et décidé qu'en cas que le roi ne
juge&t pas à propos de convoquer une
assemblée politique dans un an , le
synode national continuerait les dépu-
tés généraux dans leurs fonctions ou
en élirait d'autres, rassemblée se se-
para, le 8 ao&t, emportant dans les
provinces le brevet qui prorogeait la
garde des places de sûreté pour qua-
tre années.
La Gaze assista encore, en 1611, à
TAssemblée politique de Saumur, qui
l'envoya, avec Caurtomer, Ferrier,
Mirande et Armel, porter en Cour le
cahier des plaintes. La reine-mère re-
çut très-gracieusement les députés,
mais elle rerusa de répondre au cahier
avant la dissolution de l'assemblée.
L'année suivante, il remplit les fonc-
tions de commissaire pour l'exécution
de redit dans la Guienne (Arck, Tt.
242). C'est la dernière fois qu'il in-
tervint d'une manière active dans les
affaires des églises. Lorsque l'Assem-
blée de La Rochelle ralluma la guerre
civile, en 1621, 11 s'empressa de lui
écrire pour protester de son zèle et
demandera être employé dans l'occa-
sion ; cependant quand il vit que, mal-
gré ses pressantes instances, il n'en
recevait aucun secours, il ne voulut
point s'exposer à la honte de rendre
sans résistance la ville ou 11 comman-
dait, et il quitta Pons, dont la défense
toi confiée au marquis de Châteauneuf
(Voy. VIII, p. 238). La date de sa mort
ne nous est pas connue. De son mariage
avec Jiêdith de Montberon étaient nés
six enfants: l« Jean-Jacques, qui suit;
^ 2» Louis, baron de Montgaillard,
qui servit en Hollande et en France, et
mourut en 1635 (i); — 3« Julie,
(1) Ne lerftiMl pai IdeoUqne aiee Louit àe
Poni, baron de Flex, qui eot, de son onion iTee
SaraiePottier^ nne fille, SâBA, nuriée, en 1655,
svee Jaeguei dg Umà^, najor d'an régimenl de
cavalerie, fils de Danûl d§ Lotidy fli de Haekêi
Rmumam? (Reg. deCbaienlon).
femme de Pierre de La Tour, baron de
Regniès; — 4« Jeanne, mariée, en
1 605, à haac de La Rochefoucauld,
sieur de Rolssac ; — 5« Sylvie, épousa
de François de Famel, baron de Mon-
talgu; — 6« GABRnsLLE, mariée, en
1 6 i 8, à Gui de Bénac, premier baron
du Périgord.
Jean-Jacques de Pons, marquis de
La Gaze, n'était encore, en 161 9, que
capitaine de chevau-légers ; mais plus
tard, il s'éleva au grade de mestre-de-
camp d'un régiment d'infanterie et de
capitaine de 50 hommes d'armes, et
devint conseiller d'Etat. Quoique at-
taché à sa religion, il ne prit part que
pendant peu de temps aux dernières
guerresciviles.Ila raconté lui-mème(l)
les motifs qu'il eut de s'éloigner de
Rohan, sur l'invitation de qui il s'était
rendu à Hontauban, au mois de mars
1625, avec l'assurance du commande-
ment de la cavalerie légère et du gou-
vernement de la ville. Son zèle com-
mença à se refroidir, lorsqu'il vit, au
bout d'un mois, « que nul homme de
condition ne s'était Joint au parti » et
que, d'un autre côté, la bourgeoisie
était opposée à la guerre. Non-seule-
ment OiUer et ses collègues, CharU$
et Delon, prêchaient contrôla reprise
des hostilités ; mais les magistrats de
Montauban venaient d'envoyer de Rou-
geroux, avocat du roi, à Rohan, pour
l'inviter à suivre autant que possible
la voie des négociations. Le traité que
Rohan conclut avec l'Espagne , aug-
menta encore son mécontentement, qui
fut au comble, lorsqu'il apprit que
Saint'André'Montbrun avait plus de
chances que lui pour obtenir le gouver-
nement de Montauban. Il se hÀta de se
rendre à Castres où Rohan était alors;
mais il ne put tirer du duc aucune
promesse positive. Il retourna donc à
Montauban fort irrité; bientôt même,
craignant d'être arrêté, il en sortit
secrètement. Il rentra pourtant dans la
(1) Dans son Verbal tur Ui affaim dé Mot^
tauban et mouvemene en 16S5, pièce mse. qai (UI
rrtie da toL 914. 11 dn Fonds S. Germain fianç.
U Bibliolh. nationale.
PON
— Î93 —
PON
ville, lorsqu'elle se fat déclarée, ayant
bonté, dit-il, de se retirer à la veille
de la goerre. Lors de Témeate qui
mit Montauban an pouvoir de Saint"
André-Montbrun (Voy. IV, p. 467),
La Caze fut retenu prisonnier ; mais
on lui rendit la liberté au bout de
quelques Jours. Il alla rejoindre Roban,
qu'il suivit dans quelques-unes de ses
expéditions; puis n'obtenant pasdelui
le commandement qu'il désirait, il fi-
nit par prendre le parti de déposer les
armes, et il resta dès lors étranger aux
affaires des églises; au moins n'avons-
nous plus rencontré son nom. Il avait
épousé, en 1608, Anne-Charlotte de
Parthenay^ dame de Genouillé, fille
unique û'Arthus de Parthenatfy mort
en 1625, et de Sttsanne de Saint-
Georges, qui lui donna cinq enfants :
I • ISAAC-Rsif ÀUD, qui suit ; — 2« Pons,
auteur de la brancbe de Roquefort, qui
ne parait pas être restée fidèle à la re-
ligion réformée ; — 3» Susànive, femme
de Philippe de Loubie^ sieur de La
Gastevine; — 4<» Renaud, marquis de
Thors, dont nous parlerons après son
frère ; — 5* Bonne, appelée aussi Ju-
dith, qui, introduite à la Cour par la
ducbesse d'Aiguillon, cbangea de re-
ligion et devint fameuse par ses ga-
lanteries à la Cour du jeune LouisXiV.
Elle mourut fille en 1664.
Isaac-Renaud de Pons, marquis de
La Caze, mourut à Paris et fut enterré
au cimetière des Saints-Pères, le 29
oct. i 652 (Reg. de Charenton). De son
mariage, célébré en 1645, avec if ane
de La Madelaine, veuve de Cyrus-
Antcine de Saint-Simon, marquis de
Courtomer, naquirent, selon le Mer-
eure de France : 1* Isaac-Renaud,
marquis de La Caze, mort le 6 nov.
1721 ; — 2« Emard, comte d'Aunay,
capitaine de vaisseau, mort sans pos-
térité; — S» Jacques-Henbi, marquis
de La Caze, gouverneur de Cognac,
mort en 1 701 . D'après les Reg. de Cha-
renton, qui l'appellent Renaud, tout
court, l'atné était venu au monde le
3 déc. 1646. Ne serait-ce pas lui, plu-
tôt que son oncle Renaud (en admet-
tant que ce Renaud ait existé), qui au-
rait épousé, en 1670, Judith de La
Rochefoucauld, veuve dtCharlesPous-
iart, sieur de Linières, et donné, ainsi
que sa femme {Voy. VI, p. 357), un
bel exemple de constance à la révoca-
tion? Une généalogie msc. {Fonds St.-
Magloire,^^ 161), qui parait dressée
avec soin, ne donne, en effet, que deux
fils à Jean-Jacques de Pons ; elle ne
parle pas du troisième, Renaud, que
nous avons mentionné d'après Cour-
oeUes; or Courcelles a commis de si
étranges confusions dans sa notice sur
la famille de Pons, qu'une erreur de
plus ne nous surprendrait pas. Quoi
qu'il en soit, le marquis de Tbors,
qu'on avait chicané sur le droit d'exer-
cice à Douhet dès 1 682 {Arch, gén.TT.
287) (1), fut enfermé à la Bastille, en
l686,comme huguenot(/&t(i.E.3372).
Le convertisseur Gerbais, désespérant
de le convertir, « ses préjugés Taveu-
^ant à ne pouvoir s'en guérir, » à ce
qu'il écrivaitàLa Reynie (Supp/. franc.
791. 3),onvoulutessayer8i d'autres ne
seraient pas plus habiles, et Ton trans-
féra successivement M. de Thors au
couvent de Saint-Magloire et à Saint-
Lazare {Arch. E. 3373) ; puis, son opi-
niâtreté persistant, on l'expulsa en
1688 (Ibid. E. 3374). NOUS avons déjà
dit que sa femme fut également con-
duite à la frontière. On exila aussi sa
fille, qui fut chassée de France avec
une demoiselle Fradin, le 24 sept.
1688 {Ibid. E. 3374); elle se nommait
Henriette. Quant à ses deux fils, ils
montrèrent apparemment moins û'en-
téiement. L'ainé, Loni8-GuT, devint
colonel du régiment de Flandres. Son
frère s'appelait Auguste-François.
m. Branche DE Plassac.
Jean de Pons, sieur de Plassac et
du Langon, ne commença à porter les
armes pour la Cause qu'en 1574. Il
(i) La mine année, on ehereba chicane à Eli-
taheth de Poim, damedeBoarg-Cbarente, qni atait
éponaè le eonle de Mioaseu, maii était renée
y TOleeUoie. GeUe dame éui(-elle iinie de la même
famille, alnii qne plasieen aalres demoiiellea dn
nom de Pons, qui lont citéei dans noire oniiaie,
mail dont GonrceUes ne parle pas?
PON
~ «04 —
PON
contribua à la prise de différentes viUes
de la Saintonge, entre autres de Pons,
ou il fut établi comme gouverneur. La
même année, il s'empara du château
de Safnt-Maigrin. En 1575, les habi-
tants de Brouage, mécontents de ce que^
en l'absence de leur seigneur, FronU'
nay-Rohan ayaii remplacé Cymandière
par Saint-Gelais, s'adressèrent à lui
pour le prier de les débarrasser de
leur nouveau gouverneur. A la faveur
des intelligences qu'il avait dans la
ville,. Plassac y entra sans résistance
et força Saint-Gelais à se retirer. Roban
fut irrité d'une action qu'il regardait à
la fois, et comme une insulte à sa per-
sonne, et comme une atteinte à son au-
torité. Cependant l'intérêt de la Cause
rengagea à étouffer son ressentiment :
par ses soins, la querelle s'apaisa, et,
du consentement des deux partis, Vé'
TOC prit le commandement de Brouage.
En 1 582, Plassac était membre du con-
seil du roi de Navarre. En 1586, le
85 fév., secondé par Candelay, La Li"
maiHe et Pontdemillê, il prit par esca-
lade Royan, conquête importante en ce
que la place commandait le cours de la
Gironde; elle fut depuis fort utile aux
Protestants. Il suivit ensuite Latxz/ à la
prise de Soubise. L'année suivante, il
combattit à Contras, et en 1588, il ser-
vit au siège de Marans. C'est la dernière
fois que nous ayons rencontré son nom.
U avait été marié deux fois. Sa pre-
mière femme, Jeanne de Gontaut-Bi-
ton, fille de Jean de Contant et d'Anne
de Bonneval, ne lui donna qu'une fllle^
qui épousa Jacques de La Roche-Chcm-
dry, et fut mère é'isaac de La Roche-
Chandry, né en 1586 {Arch. gin. Tt.
285). La seconde, Jeanne de Villiers,
veuve de Jean Chastaignier, sieur de
Saint-Georges, le rendit père d'un flis,
lEAN, baptisé en 1586 ! parr. Jean de
Èabaine, sieur dtîsson, marr. Rachel
de Pdignac (Ibid. Tt. 285), et d'une
fille, Airni, qui épousa successivement
trois cousins du nom de Fierre-Buf-
fière (Voy. VIII, p. 238).
PONS (Gui db), sieur de Saint-Mau-
rice^ d'une des plus anciennes familles
du Périgord, professait probablemusnt
la religion réformée, lorsqu'il épousa,
en 1575, Antoinette d'Abzae, dont 11
eut Bertrand et Jeànni. Cette der-
nière devint, en 1594, la femme de
Henri de Gontaut-de^Saint-Geniès.
Bertrand, sieur de Saint-Maurice, qui
fut gratifié, en 1 62 1 , d'une pension de
2000 livres, épousa, en 1600, Marie
GourjauUf qui était veuve, en 1 645,
avec quatre enfants : l« Pierre, qui
suit; — 2° Gabriel, sieur de La Mo-
tbe, marié, en 1648, à Marie de Lh
vennes, fille de Jean, sieur de Lan-
mont-les-Rlvières, et de Marie de ïa
Paye; — 3* Marie, épouse, en 1645,
deJeandeLidon, sieur de Saint-Léger;
— 4° Madelawb, qui s'a lia, la même
année, avec François Du Puy, sieur de
Baral.
Pierre de Pons, baron de Saint-Man-
rice, épousa, en 1638, Louise de Se-
gur. Me de Bérard de Ségur, vicomte
de Cabanac, et ù'Esther de PoUgnaCy
dont il eut sept enfants : i* GABRiEt,
mortjeune;— 2«FRÀNÇ0i8qui,en 1682,
faisait faire encore Texercice du culte
protestant dans son château de Saint»
Maurice, mais qui abjura à la révocft>
tion; — s« Henri; — 4» Irâac, aieur
de Lidrouie [Ladouxe?] ; --• 6* Esthh;
— 6« Maris; — ?<> autre HÀRiB,dool
la destinée est Inconnue.
PONSARD (François), arobitacte
du roi, doyen des maîtres jurés èi
œuvres de maçonnerie, enterré le 21
janv. 1 670. On ne sait rien sur sa vie.
non plus que sur ses travaux. Qu'A
nous suffise de le signaler aux reeher*
cbes de ceux de nos confrères qui oal
pris à tâche de réparer, envers nos
artistes des trois derniers siècles, Tlii-
gratitude de leurs contemporains. Sa
femme, Geneviève Lejeune, lui doimi
plusieurs enfants : i» Charles, bapi.
le 4 déc. 1636 : parrain, Charles Ih
Ry, architecte; marraine, Marie Loi'
seteur (l), femme de Saloman de Le-
(i) £11e ètaU fllle d7«r«ll Loiiêhur Miemh
ieUdm$ dt Brone^ •( atait potr frèrt Emwiiwf
LoiuUwr^ matlre naçon, qui éponaa, ei oel.
16S4, Uarii Cowlier. EUe 6Qi piasieort aofMrii
de MA miriise itec MoMon 4« £«/m (U/ta,
PON
~«rt —
PON
ftmdy mattre maçon ; — a* Judith^
bapt. le S4 fév. 1638: pair., Jacquet
Androuè'i-Du Cerceau; marr.^ iinfo»-
neite Drelincourt; <— 3» Gensyièyb^
bap|. le 16 fév. 1640; — 4» Dbhis-
Auguste, reça avocat, bapt. le 4 avr.
1641 ; -* 50 PiERRB, bapt. le 4 sept.
1642; — 6<» Jean-François, bapt. le
ift oct. 1643; — 7» Jean, bapt. le 10
mai 1 646 ; -* 8« Eusabeth, mariée,
m mai 1668, avec Robert Lejeune,
avocat, fils de Nicolas Lejeune et d'An"
Unnette Drelincourt.
PONTARD (François), sienr de
Tmeil-Charays, et non de Trucharès,
comme écrit La Popelinière, est célèbre,
dans l'bistoire de nos guerres de reli-
gion, poar avoir mis La Rochelle, dont
Il était maire, an pouvoir des Hagae-
nots. Son phre^ Muguet Pontard, exer-
çait la charge de procureur du roi dans
cette ville. Etant mort de la peste en
1564, il avait été porté en terre par
les diacres de l'église réformée, pre-
mier exemple d'honneurs publics ren-
dus à La Rochelle à la dépouille mor-
telle d'un protestant. Dès lors, le nom-
lAlfonton La^(m<i«), architecte des bâtiments An
roi (mort afant 1646): i« SAL0M05, ég&lemeot
irehltecte des bÂtimeots da roi , né à Parig le
%k oct. 1619 : parrain. Paul de Brouef archit.
4a roi ; marr., Ètlher Du Moulin; leqnel éponsa,
m wuA 1641, Florence Metliviert fliie à* Antoine
M$9lwier et de Madelaine Du ùmrtil^ et ea eut
imt filles : Mârib-Madklainb, mariée, en atr.
1666, avec Pierre Baume, orfèvre, fils de Céiar
Bmtme, mattre maçon et de Franfoiie Marais^
•I wkn de Charki-Céiar présenté au bapt., le
&•*' BOT. 1668, par le peintre Itaae Baume ; —
el Joui, mariée, en net. 1669, atec Jean Juda,
aégodant en tins. = S» M ADBLAiifK, mariée, en
i«IT. 1646, atec Antoine Du Houx, sieir du Bois-
It-Conte, fils de B«n>amtn, sienr dn Jardin, et de
Françoiee de ProuvUle ; =. S** Jacques, mattre
d'hôtel dn roi, bapt. le S3 mars 1637 : parrain,
/• Androluil'Du Cerceau, areh. dn roi; marié,
m lepi. 1666, atec Sueannê Thevenet, Tente de
PkiUppe Giraud, gentilli. ordin. de la chambre
4a roi ; = 4» Louis, bapt. le 1" fét. 16S2 ;=;
!• TnÊOPHiLB, bapt. le 90 not. 16S8 : parr.,
teparii A ndrouit- DuC9reeau;=:&> Jbak , maltr»
maçon, bapt. le S2 mars 1637, qni enl de son
mariage atec Marie Tâcheron : Jban-JacQUBS,
Wpl. le 96 atr. 1655; Amnb-Mabib, bap(. le
fl dèc. 1656; ETUtnNB, bapt. le 94 mars 166tt
DàMUL, bapt. le 4 mai 1659; PUBOB, bapt. le
ftO jnia 1660 ; = et pent-être 7" /aum, qui eat,
èb Mm mariage atec E$ther Bocqutt, vànaty
Wpl*liiimaiie56.
bre des secUtenrs de la Réforme s'é-
tait considérablement augmenté, et ils
avaient fini par acquérir une prépon-
dérance décidée, au point qu'en 1567,
malgré les intrigues du maire en fonc«
Uons , ils réussirent à le remplacer
par François Pontard, zélé huguenot,
mais Jeune homme bouillant, auda-
cieux et de mœurs assez licencieuses.
L'élection fut confirmée par Charles IX,
sur la recommandation deJamae. Pon-
tard entra en fonctions à Pâques, il
maintint d'abord La Rochelle dans une
sévère neutralité, jusqu'à ce que, ayant
été informé que Jamac avait reçu l'or-
dre d'occuper la ville, il n'hésita plus
à y recevoir, le 1 0 fév. 1 568, son cou-
sin Saint-Hermine en qualité de lieu-
tenant gouverneur pour le prince de
Condé. Gomme toutes les révolu-
tions, celle-ci fut accompagnée d'ex-
cès odieux; la populace se rua sur les
églises et les dévasta; ses chefs frap-
pèrent sur les principaux habitants ca-
tholiques de fortes contributions, dont
Pontard est accusé par Barbot de s'être
approprié une partie ; bien plus, une
foule de maisons recommandabies fu-
rent pillées, et, au rapport d'Arcère,
trente prêtres précipités du haut des
murs dans la mer ou dans les fossés de
la ville. A la conclusion de la paix, La
Rochelle rentra sous l'autorité du roi,
et Jamac, qui en prit possession, ban-
nit Pontard, dont, à dater de cette épo-
que, nous n'avons plus rencontré le
nom, quoique sa famille paraisse avoir
persisté dans la profession de la reli-
gion réformée. Nous avons, en eflet,
remarqué unCharles-Henri de Pontard
au nombre des Réfugiés de La Rochelle
(Arch. r;ën.TT. 259).
PONTAYMERI (ALEXANDRE DE),
Migneur de Foucheran, poète français
de la fin du xri* siècle, né à Montéli-
mart ou dans ses environs. On ne Mit
rien sor sa vie, et son nom et ses écrits,
tant en vers qu'en prose, sont depuis
longtemps tombés dans le plus parfait
oubli. Tout ce qu'il nous apprend sur
lui-même, c'est qu'il voua ses servloei
à Henri lY et assista à pinsteurs ei*
PON
-296 —
PON
faires dans le parti buguenot, notam-
mentau combat dePontchaiTa(i 9 sept.
1 59 1 )) soas Lesdiguières. Ses écrits^ an
témoignage de M. Jales OUivIer (Revue
du Danphiné, T. UlJ^le montrent fort
attaché à la religion réformée. Il avait
passé près de deux années en Italie^
et en était revenu tout scandalisé des
mœurs de ses habitants : près de Té-
glise et loin de Dieu. Voici les titres de
ses publications :
1. La Cité du Montélimar, ou les
trois prinses d'icelle, composées et ré-
digées en sept livres par A, de Pon-
taymeri, seigneur de Foucherany 1591,
sans nom de ville et d'imprimeur^ p.
1-23 7. — Le Triomphe des victoires o6-
tenuespar le sieur Desdiguièr es en tou-
tes les provinces du Daulphiné . A Mon-
sieur de CtUignon, conseiller du roy,
et son président en la souveraine court
de Daulphinéy 1591^ p. 258-252^ pet.
in-4*. — Les quatre premiers chants
du premier de ces poëmes sont dédiés
à Lesdiguièresy les deux suivants au
capitaine Le Poet, et le dernier kHeC"
tor de Mirabely seigneur de Blacons.
Le sujet du poëme est la reprise de
Montélimart sur les Catholiques , en
1 58 7, par les capitaines Blacons et Le
Poët. La ville avait d'abord été prise
par Lesdiguières, en i 585, qui y avait
laissé Le Poët commegouvernenr. «Ami
lecteur, dit l'auteur dans sa préface,
si Je te communique ce mien ouvrage,
esbauché parmy les feus des guerres
civiles, le brazier des assauts et la san*
glante poussière des combats, je te prie
de croire que ce n'a point esté pour me
faire voir au théâtre de ce monde, on
ceux qui Jouent les plus hauts person-
nages sont le plus souvent le Jouet des
calomnies populaires; mais que seu-
lement la vérité, princesse unique de
mes affections, m'a dicté ceste histoire,
marque éternelle de la valeur de ceux
an service desquels J'honore Testât de
ma vie, sans rien adjouter aux divers
événemens de la guerre qui est com-
prise en ce cayer, où je suis totalement
historien, contre la nature de tous les
poètes : Je dy en ce qui est des princi-
pales matières. » Tous les critiques
s'accordent à dire que Pontaymeri n'é-
tait qu'un misérable versificateur de
l'école de Ronsard. L'auteur seul a la
plus haute opinion de son mérite, il
est, on ne peut plos, satisfait de soi,
il se trouve « tousjoors semblable à
soy mesme, c'est-à-dire grave, doux,
hardy, copieux, senlenlieux, disert sur-
tout, ayant la plus belle invention et la
vertu Imaginative plus grande qu'autre
qui ait esté Jusqu'à ce jour. » S'il re-
venait au monde, ne serait-il pas bien
étonné du silence qui s'est fait, de-
puis bientôt trois siècles, autour de
son nom?
II . Le Roy triomphant y où sont con-
tenues les merveilles du très illustre et
très invincible Henry IV y par la grâce
de Dieu Roy de France et de Navarre,
dédié à Sa Majestéy Lyon, Thibaut An-
celin, 1594, in-40; Cambrai, 1594,
in-8*. — Alasuitevientunautre poëme,
sous ce titre : Les Pilliers d'estat dé-
diez au Roy, par E. D. B., oii il est
clairement montré que la piété et Jus-
tice sont les vrais fondemens des em-
pires, et que sans elles ils ne peuvent
longuement subsister.
III. Paradoxe apologétique , oùil est
fidellement démonstré que la femme est
beaucoup plus parfaicte çue Vhommey
Paris, L'Angelier, 1 594, in-i 2; Lyon,
Michel Beublin, 1598, in-l2.
IV. Discours d'estat d'A lex. de Pov^
taymeri sur la blessure du Roy [pari.
Chàtel], Paris, 1595, in-S», dédié à
Achille de Barlay, « prince du sénat
et premier Juge du royaume; » réimp.
dans le T. VI des Mémoires de la Liguei
et même Tome des Hémoires de Coudé.
V. Discours d'estat d'Alex, de PaO'
taymeriyou la Nécessité et les moyens
de faire la guerre à l'Espagne, Paris,
Métayer, 1595, in-8«; adressé à M. de
Soissons ; réimp. dans le T. VI des Mé-
moires de la Ligue.
VI. Œuvres en prose, Paris, 1 599;
Jean Richer, 1609, in-12. Outre la
réimp. des N<»* III et IV, ou y trouve
des poésies, et les trois opuscules sni»
vants :L Académie ou l'instiMùmde
PON
— »7 —
POR
la Noblesse^ Le Litre de la parfatcte
vaillance, et Vimage du grand capi-
taine,
PONTIER (Jacques), camisard,
natif des Rousses, arrêté ^\'QcAnUnne
Ayguillon, et sous la même accQsation
{Voy, ly p. 201), Tut condamné à ia
roae, tandis que son compagnon d*iQ«
fortune l'était au gibet. Louvreleui1,nn
des ecclésiastiques cliargés de le rame-
ner dans le giron de l'Ëglise romaine,
raconte en ces termes l'inutilité de ses
efforts : uComme Je m'approchai de lui,
Il me rejeta et me dit : Arrière de moi,
▼ous m'êtes un Satan, retirés-vous. Je
Ini répondis : Mon très-cher Trère, Je
-Tiens au nom de Dieu, par un principe
de charité, vous consoler dans votre
affliction, et vous donner secours con-
tre l'horreur d'une mort violente ; il
me répliqua : Je n'ai nullement besoin
de vous ; ce n'est pas dans les hommes
que Je dois mettre ma conflauce dans
mon malheur, mais en Dieu seul. Eu-
faite, levant les yeux au ciel, il s'é-
cria : C'est à toi, Sauveur in monde,
que J'ai recours; regarde- moi avec pi-
tié en ce Jour de tribulation. Tu ne
m'as point commandé de m'adresser à
aucun minii'tre, mais tu m'as dit et à
les fidèles enrans, Yenés à moi, vous
qui êtes chargés et oprimés,ct je vous
soulagerai. Use donc à cette heure.
Christ débonnaire, fils de David, de ta
plus grande miséricorde envers moi.
Dèi» qu'il eut fini ces premières excla-
Buttions, ajoute le prêtre historien. Je
voulus prendre la parole ; aussitôt il
m'interrompit par ia répétition d'un
pseaume entier, qu'il prononça les yeux
filés en haut, avec une gravité stoï-
cienne. Après l'avoir écouté une heure,
sans avoir pu en être écouté. Je fis sem-
blant de prendre congé, et je lui dis
que, puisque Je lui étois inutile pour
te salut de son âme, je lui effrois mes
soins pour l'assistance de sa Tamille :
Il fut attendri et me répondit : Vous
savés que noire Seigneur a dit, Ce que
vous fcrés au moindre des miens. Je
le tiens pour fait à moi-même; je veux
croire que vous exécuterez votre pro-
T. VIII.
mespe, ain^i écrives, s'il vous plaît, ce
que je vais vous dicter. » Louvnlcull
écrivit en efftt, et le Juge approuva le
testamentdii malheureux Pontier;mais,
ajoute noire historien, « il ne fut pas pos-
sible à ce magistrat d'obliger le patient
à avouer les faits pour lesquels il l'avoit
condamné, ni à moi de lui persuader
qu'il seroit hors du paradis, s'il mou-
roit hors du sein de l'Ëglise catholique :
il persista dans son entêtement jus-
qu'à la mort. »
POPELLIÈRE (Jean), théologien,
dont le nom révèle l'origine française,
a publié, selon Rotermund, Chrislia-
norum militia et acioriay eine Lei-
chenpredigt au8 I Joh. V, 4, Fraukf.,
1668, in-i».
PORRÉE (JONAs), écrivain esti-
mable, qui mériterait d'être mieux con-
nu, est auteur du Traité des anciennes
cérémonies ou Histoire contenant leur
naissance et accroissement, leur entrée
en l'Église, et par quels degrés elles
ont passé jusqu'à la superstition,
Amst. 1646, ln-8o; Qnévilly, 1673,
ln-12; réimp. plusieurs fois, et entre
autres par J.-F, B>*mard sous ce ti-
tre : Histoire des cérémonies et des su-
perstitions quise sont introduites dans
l'Église, Amst., 1717, in-i2, avec
quelques changements et addition d'au-
tres traités devenus rares, mais sans
le nom de l'auteur. Porrée était vrai-
semblablement originaire de Rouen,
où habitait, au milieu du xvii« siècle,
une famille du même nom, qui nous est
connue par le mariage de Jan Porrée,
docteur en médecine, fils de Jean-Bap-
tiste, docteur en médecine, agrégi^ au
collège de Rouen, et de Françoise Tin"
dal, avec Marie Fnrand, célébré, en
1666, dans l'églisedeCharenton. Nous
ne connaissons d'ailleurs aucune cir-
constance de la vie de Jonas Porrée.
On affirme qu'il a eu part aussi à la
trad. de VEtkon BasiLke, donnée par
Cailloué. — Le bibliographe Roter-
mund fait mention d'une Description
du couronnement du roi Frédéric de
Prusse, publiée, en noi, in-foL, par
Jean de Porrée; mais nous ne pouvons
19
POR
— »8 —
POR
dire s'fl s'agit da médecin rouennais
cité plus haut.
PORTA L, famille très- ancienne,
originaire du comté de Toulouse et di-
Viséei dès la première moitié du ivi«
fiècle^ en plusieurs branches, dont les
deux principales résidaient à Revel et
à Bagnols.
I. Beànche pe Revel Frère de J^an
Portai, viguier de Toulouse — que le
parlement (Il (>xécuter, en J562^ quoi-
qu'il n'eût pris aucune part active,
comme Tatiesie de Thou, à la tentative
de ses coreligionnaires pour se rendre
mallres de la ville, — Antoine Portai,
bailli de Revel, laissa un flls, nommé
Jean, qui Tut un des plus vaillants ca-
pitaines huguenots dans le Castrais.
Placé, en J580 à la tète d'une des huit
compagnies d'inranterie le\ées parles
hahitanls de Castres, le capitaine Por-
tai se forma au métier des armes sous
les ordres de Tnretwe; mais il ne trouva
aucune occasion de se signaler jusqu'en
1586, c'est-à-dire, jusqu'au si(^ge du
Mas-Saint-Anlonin, où il monta le pre-
mier sur la brèche. Il se distingua plus
particulièrement encore à celui du Mas-
Saintes-Puclles, place qu'il se chargea
de défendre, avec Pdras et Sabaut,
contre l'armée des Ligueurs, comman-
dée par Juteuse. Les Catholiques, flcrs
de la prise de Montesquieu, se présen-
tèrent devant cette méchante bicoque,
le «Ojuill. «586. Lefeus'ouvritleil,
et le canon eut bientôt renversé la mu-
raille sur une largeur de 1 70 pas. Le
13, un rurieux assaut fut livré. Déjà
les assiégeants avaient gagné le haut
de la brèche, lorsque Portai accourut.
Après un combat acharné, dans lequel
les femmes rivalisèrent d'intrépidité
avec les plus vaillanls soldats, 1 enne-
mi fut précipité dans les fossés, et ren-
tra dans son camp, laissant près de
800 hommes sur la place Abattus par
ce sanglant échec, les Ligueurs n'en-
treprirent rien pendant quelques jours.
Dans la nuit du 21, le capitaine La
Roque, de Caraman, réussit à s'intro-
duire dansiavllleavecl ou soldats. Dès
le lendemain. Portai flt une sortie qui
acheva de Jeter le décoarageinent4ai)f
les rangs catholiques. Le 23, Jo)eai9
leva honteusement le siège. En consi-
dération de sa belle conduite, Poilal
fut nommé gouverneur de la ville qat)
avait si bien défendue. La valeur qa*tt
déploya, l'année suivante, au siég^ ^
Brugairolles (Voy. lY, p. 376), ajouti
un nouveau lustre à sa réputation. Ef
1588 il fut envoyé avec le capital^
Franc, dans le Rouergue, ou coounaâ-
dail Tanus, qui fut tué en 15}<2, danf
la fatale entreprise sur Laulrec. Apr^l
la mort de son clief^ Portai se retira,
avec les débris de l'infanterie protêt*
tante, dans la maison de Du Perria,
que les Catholiques bloquèrent étrôt
tement. Instruits du danger qu'il coi^
rait, les habitants de Castres s'emprei-
sèrcnt d'envoyer à son secours 500ar*
qupbusiers commandés par LaGrangtp
mais cette troupe étant trop faible pouf
rien entreprendre. Portai dut serend^f
la vie sauve. 11 fut envoyé à Touloiui
avec les capitaiiies /V/ras, de Puy-Lau^
rens (1), La Bouv'etie, de Maxamat,
Gra vairol, Puj olas e t La Barre, de Loa-
bers. Quelque tempsaprès, il fut échan-
gé contre le corps de Joyeuse, qui a'4»
tait noyé dans le Tarn. Trois an^ pbn
tard, le 16 juin 1 595, Portai prit Salol-
Papoul sans effusion de sang. C'est U
dernier de ses exploits dont il soit faS
mention parleschroniqueurs^du tempf.
11 laissa trois enfants. L'aînée de 9^
filles, Jeanne, épousa, le 12oct. 160S»
Thomas de Dur fort; la cadette, le Û
oct. 1620, Hugues de Villeneuve, ba-
ron de Crousille. Son fils fut consul de
Re\el. £n J617, il assista à Tassefli-
blée provinciale de la Haute-GuieojM.
On ne sait rien de plus sursavie.fitf
deux fils, Miguel, sieur de Fonc4)ih
netz, et Abel, sieur de Saint-Aui>i%
habitaient Revel en 1 697. 11 est éviaeot
(t) La famille Pelra» a fourni son contingcn
aaHefuge. Selon l'Ulster Journal, £.ottw Gëmn^
PelrM passa en Hollande à la rcTocation, «rta
au service de Guillaume d'Orange, combaUil à M
bataille de la Boyiie el s'établit à Li bnm afte
ses fils Louit et Daniel et sa fille MargmirUt,
Plus tard, ton fils Louis aUa sa flier daoa rîît éi
Uau.
PÔR
— ^ —
POR
poiar nous qu'ils s'étaif'nt convertis.
11. Brai^ch^oe Bagmols. Troi$ frè-
|res de eetlo branche Jfan^ Guillaume
et Simon, eiiibra:)»crcnl i(*8 doctrines
^Yangi'liques.TdUS I rois flreiit souche;
ipais les descendants c|e Siaion ren-
)jrèrent de bonne heure dan» le giron
4f l'Eglise romaine. Guilhiumo épousa,
Op 1 588, Marie de Mirmaniy dont i|
ff t un fils et une fille. Celle dernière^
9pnimoe Mabik, devint la Tenime d'^-
milian Maynier^ qui était fils de Jean
|loy/4t/r, pasteur de l'église de Nis-
fies en 158b, recleur de l'aradémie
an i590, professeur de théologie en
1 60 2, mort à l'âge de 7 ian.s en Ibio.
^n Trère, qui avait reçu le nom d'Ë-
ZUKKE, s'unitypn i632>à Lucrèce de
frrrolel, d'Orange, et Tut père de qua-
tre enfants: 1 » Guillaume, né le 9 dcc.
J659, qui alla s'ciahlir à Bourges, et
ipousa, en 1677, £s:hf*r Marguerite ^
irorléans; — 2« Jean-François, né le
9 pov. 1 642, capitaine au régiment de
la marine, qui se convertit très-vrai-^
semhlablemenl avec ses trois fils; —
S* Laure; — et 4° Pauline. Nous ne
ttvons rien de plus sur ce raopeau.
Quant à Jean, Talné des trois Ttères,
iJ eut pour enfants : Jean, qui suit,
Pierre, conseiller du roi, et Cbar-
IX>TT£, femme, en I6I7, ûe Jacques
Hf/obin, sieur de Beaulieu.
Jean Portai, docteur en droit, éoousa
Lctuise de Situer t, fille d'André de Si-
kfffê, siei^r deMonliëres, procureui gé-
aiiralau parlement d'Orange, et d'O-
ïjjimpe de Lange, ÛWeûeLowsdeLangpy
siear de &lontmiral , et de Louise de
Quilkomon. Il en eut deux fils, Hector
et LoutS. Ce dernier, sieur de la Por-
tflière, prit pour femme /ean/i« de La
pcrte,qui fut massacréeaveclui,parlcs
dragons de Sainl-Ruth, au mois d'oct.
t683. Sa maison fut incendiée et rasée,
et ses enfants obligés de fuir. L'alné
^e ses fils se réfugia dans le Brande-
bourg avec sa sœur Marie, qui fut gou-
vernante des comtesses de Finken-
«tein (l) et épousa plus tard Le Nor-
(i) ttike à l'iottraolion %u ^ ProttsUalB
éiDiiaitol à laort fUlM, beaucoap de ieous réfi-
mant, d'Amsterdam. Deux antres,
Bbnri el Guillaume, trouvèrent un a-
silo en Angleterre, où le premier fonda
une nouvelle branche. Tout porte à
croire que le plusjeune fut égorgé avec
H^s parents. Le cinquièi^e, nommé
PiVRRB, cqntinua la desccndanv<e en
Fri^nce. Il avait voulu accompagner ses
frères et sa sœur dans leur fuite, mail
il n'avait pu résister aux fatigues da
la roule. Arrivé à Blontauban, il étai|
tombé épuisé à la porte d'un honnête
boulanger, qui l'avait recueilli e|
élev comme son ûls. Le 8 juin lt>98.
11 épousa LsabeQud'Astorg,ù\\e de Sh
mon d'Astitrgtiide Raimonde de Mon-
tai (I), qui n'avait pas eu à souff.ir
moins que lui de la persécution. t)ece
mariage naquirent tiois fi'S : 1» N.,
connu soub le nom d'abbé de Portai, qui
fut enlevé à ses parents et élevé d.ins
le catholicisme;— 2« Pall. qui suit;
—3» N., sieur d'Haurioles. Le fils de
ce dernier lut jeté, en 1 7 i9, dans les
prisons de Yillefranche, tandis que sa
femme, Marie Mazel (allas Masar^],
était enfermée dans celles de Rhodex
(Arch. gén. E. ô5 1 u), parce qu'ils s'é-
talent mariés au désert. Au bout d'un
an, on les remit en liberté, en leur dé-
fendant toute cohabitation. Us prirent
le parti d'aller s'établir en Bretagne.
Né à Monlauban,en 1 70J^ Paul Por-
tai entra comme cadet dans le régiment
de Provence, mais il quitta le service
dès l'âge de 20 ans. il mourut le 22
avril 1767, ayant eu de son mariage
avec.4^i7/eîeiVua//tac, célébré en 1724^
cinq fils et une fille. Son fils putné,
Pierre, sieur de Pénardières, né à
Montaui)an,ie29janv. 1732, et baptisé
dans réglise catholique, épousa UjU^
lemette Dflfau, qui lui donna six en-
fants, savoir : i » Jean-Pierre, né le 1 5
janv. 1761 et baptisé le jour même de
gif^ trouTèrenl dans leart UlenU d'honorables
poyen» d'existence. Telles (ureoi tes «ieiiioiset)«i
Borbot-d^'la PorU, >!»•• Poyade-d.-^Ln Ter»
roMf, de Boiê-Tijréf de Cwvry, ei<'-., ele.
(1) Selon les notes que M. le baron Po<Ul a ti
l'obligeance de iioas fournir, Simên dL'Ailorg 'ni
l« dernier mAle de œue famiU6,et BaimQiid« 4$
Montel est la même i|Qe la dane d'Astorg-j
bartier dont Beooti parle ( Voy. I, p. iA6).
POR
— 300 —
POR
sa naissance par Tinrorfun^. pastenrda
d<^?erl François Rocket te. Il suivit la
ca^^i^^e des armes^s'i^levaau grade de
gt^Qéraletmourul en 1 856; — 2o|Merre^
qui fut enlevé et baptisé dans une église
catholique;— TioAnihe; —4» Pierrk-
BARTBÊLRHT,qni suit; — 5» Jean, qui
épousa une catholique et consentit à ce
que ses enfants fussent élevés dans la
religion romaine; — 6® Paul, ancien
ofRcier d'artillerie, membre du conseil
général de la Gironde.
Pierre-Barthélémy Portai, né à Al-
barrdes, le 31 oct. 1765, et baptisé, le
!•' nov., par Jean de Grenier y reçut sa
première éducation dans le collège ca-
tholique de Montauban; à cette époque,
quoique la persécution se fût considé-
rablement ralentie, Il n'était point en-
core permis aux Protestants de tenir
même des écoles primaires (i ). Le mo-
ment venu de choisir une profession,
li se décida pour le commerce. Il alla
donc s'établir à Bordeaux et plaçji quel-
ques capitaux dans les armements ma-
ritimes. Tout semblait lui sourire,
lorsque la Révolution le dépouilla de ce
qu'il avait acquis par son activité et
son travail. Après la chute de Robes-
pierre , Portai recommença sur non-
veaux frais l'édifice de sa fortune. En
1802, il était membre du conseil de
commerce de Bordeaux. Ses collègues,
qui rendaient Justice à son mérite, le
chargèrent de rédiger un Mémoire au
premier consul sur le traité de com-
merce conclu en 1 786 avec l'Angle-
terre. Nommé adjoint du maire, il
chercha à rétablir le crédit de la place
de Bordeaux en prêtant à la ville, sans
intérêts, des sommes considérables.
En 1811, le conseil de commerce le
députa à Paris. Napoléon, qui se con-
naissait en hommes, l'attacha, avec le
titre de maître des requêtes, au comité
(!) £d 1771, par exemple, l'inutilateur Hattel
fut mis dans les prisons de Sl-Affriquc, au pain
da roi, atec défense expresse an geôlier de loi
penneUre de reieTOir anrnn secours de ses core-
ligionnaires. \\ promit de ne pins tenir école, et
•D le remit en liberté qoelqnes mois après [Areh.
ytfn E. S5$i). NoQS ponrrioos citer vingt faits
de l'intérieur. Deux ans après. Portai
fut renvoyé à Bordeaux, comme com-
missaire civil, pour coopérer aux me-
sures de salut public qu'exigeait la
gravité des circonstances.
A la restauration. Portai prêta
sans hésitation serment d^ fidélité à
Louis XYilI, qui le maintint dans aei
emplois. Un serment n'étant pointpov
lui une vaine formule, il refusa, pen-
dant les Cent Jours, de faire partie di
conseil d'Etat, en déclarant que tant
que Louis XVtii n'aurait pas abdiqué;,
il lui resterait fidèle. Cet exemple trop
rare de loyauté aurait dû lui attirer le
respect; il lui valut un ordre d'exlL
C'est dans sa terre de Pénardièrei
près de Montauban, où il s'était retir^
que Portai apprit la seconde reslaurar
t on, et en même temps, sa nominatiot
à la place de conseiller d'Etat en ser*
vice ordinaire, attaché au comité de II
marine. Peu de temps après, il reçut II
croix de la Légion-d'honncur avec le
titre de baron, et fut chargé de tra-
vailler aux négociations de la paii gé>
nérale.
Commissaire du roi dans la sessiei
de 1816^ il soutint à la chambre dei
députés le projet de loi des finances it
proposa la création d'une caisse des
dépôts et consignations. Lamémeaur
née, il signa avec le sénat de Ham-
bourg une convention, par laquelle la
France s'engagea à payer à cette ville
une indemnité de dix millions.
En récompense de ses services^ P<N^
tal fut élevé, en 1817, aux fonctions
de directeur des colonies et an grade
d'ofOcier de la Légion-d'bonneor,
Elu député par le département de
Tarn-et-Garonne, en 1 8 i 8, il fut char-
gé, le I9déc. du portefeuille de lama-
rine, qu'il céda^ trois ans plus tard,
au marquis de Clermont-Tonnerre. Le
temps lui avait manqué pour opérer
dans ce département toutes les réfo^
mes qu'il avait en vue ; cependant il
avait rendu des services importants.
C'est de son ministère que date la réor-
ganisation de la marine. Le mal avait
fait des progrès effrayants : avant dix
POR
— 301 -
POR
ans^la France se serait trouvée sans nn
$eul vaisseau de guerre, si Porial n'y
avait apporté des remèdes énergiques.
n déclara nettement aux chambres
qu'il fallait ou retrancher une d(^pense
Inutile et supprimer la marine mili-
taire^ ou porter le budget de ce dépar-
lement de 44 à 65 millions. Les Tonds
qa'W réclamait lui furent successive-
inent alloués, et pendant longtemps,
le budget de 1 820 fut considéré comme
le budget normal de la marine.
En quittant le ministère, Portai fut
eréé ministre d'E'at et pair de France.
Fendant son administration même, il
avait été élevé au grade de grand of-
ficier de laLégion-d'bonneur. En 1828,
il ftat promu à celui de grand'croix,
en récompense des nouveaux services
qu'il rendit dans la chambre des Pairs,
dans le conseil supérieur de commerce
et dans la commission des travaux pu-
blics, qu'il présida. Les inflrmités de
Il vieillesse Tuyant obligé, en 1857, à
renoncer à la vie publique, il se retira
à Bordeaux, où II mourut, le il Janv.
1845. Son éloge fut prononcé à la
Chambre des pairs par M. de Portails,
le 27 juin 1846. 11 laissa trois enfants
de son mariage, célébré ie 1 6 fév. 1 792,
avec ÊUsabeik de Berg s y savoir : 1° A-
AfeLE-GuiLLEVfcTTE , quI épousa, en
1822, le marquis d'Escayrac-Laulure;
— 2oMarik-Pa(jline, femme, en 1 825,
du marquis d'AudiflTret ; — 4» Pierrb-
Pàul-Frédêric, conseiller d'Etat ho-
Boraire, qui est auteur de deux ouvra-
fes estimés sur les Couleurs symboli-
ques (Paris, 1 87)7) et sur les Symboles
des Égyptiens (Paris, 1840), et qui a
publié des Mémoires (Paris, 1846),
laissés par son père. 11 a épousé, le 1 1
août 1856, Elibe Oberkampf, dont il
a des enfants.
m. Branche d'Angleterre. Plus
heureux que leur Jeune frère, Henri et
Guillaume Portai, accompagnés de leur
sœur Marie, réussirent à atteindre Bor-
deaux, où Ils s'embarquèrent sur un
navire marchand, dont le capitaine les
Ht cacher dans des barriques vides. Ils
arrivèrent heureusement en Hollande.
Les deux garçons passèrent en Angle-
terre, à la ^uit'ede Guillaume d'Orange,
et la fille en Allemagne. Guillaume en-
tra dans les ordres, et devint plus tard
gouverneur du jeune prince qui cei-
gnit la couronne sous le nom de Geor-
ge m. Ses Jours se prolongèrent Jus-
qu'en 1 760, tandis que son frère Henri
mourut le 50 sept. 17 45. Celui-ci s'é-
tait tourné vers l'Industrie, et avait
fondé, avec le concours d'ouvriers ré-
fugiés comme lui, une fabrique de pa-
pier dont les produits se distinguaient
par une supériorité si bien reconnue
que la Banque d'Angleterre lui accorda
le privilège (dont ses descendants Jouis-
sent encore) de la fabrication des
bank-notes. 11 laissa cinq enfants :
!• Joseph, qui suit ; — 2» Priscilla,
femme de William Bridges;— 5» Eli-
sabeth, épouse de William Peacb> ; —
4» Dorothée, mariée à sir John An-
dersen; — 50 Charlotte, femme de
John Slade. Joseph, né en 1719, Juge
de paix dans le Hampshire, puis, en
1775, haut scbérif du comté, épousa,
en 1750, Sara Peachy, et mourut le
14 déc. 1792. Ses enfants furent : i»
Henri, né en 1752 et mort, en 1801,
capitaine de dragons; — 2« William,
né le 1 2 fév. 1 755, qui prit ses degrés,
comme Jurisconsulte, à Tuniversité de
Cambridge, et ne laissa qu'une fllle de
son mariage avec Sophie Slade; — 3*
John, qui suit; — 4» Charlotte,
femme de sir John Filmer; — 5« Eli-
sabeth mariée au révérend Stivard
Jenkins.
Né le 29 avril 1 764, John Portai, Ju-
gedepaixetdéputélieuteiiant du comté
df" Hauts, prit pour femme, en 1794,
Jlfitry Corne, dont il eut: l« John, mort
Jeune, ainsi que — S^ Richard; — 5»
William, qui resta célibataire ; — 4*
Harriet;— b» Mart :— 60 Caroline,
femme du révérend William Knight ; —
70 Charlotte, épouse de VLaunce-Cte-
ly Tre\illlaii ; — 8" Franges, alliée au
révérend Da\ id-Rodiiey Alurray. fin se-
condes noces, John Portai épousa, en
1815, Elisabeth Urummond, qui lui
donnaencoresept enfanta :— 9«BEKftT-
PQR
-308-
POR
JOB!^, mort Jeune; — ! O^Mblyille, né
ié 31 JQill. 1819, «tadué d'Oxford,
tnembre du parlement, qui a i^punsé,
le 9 ocl. isns, lady Chariot te-Maria
ÈUhf, fllledu comte de Ninto, et qui
est devenu par celle alliance te beau-
frère de lord John Bussel; — j |o t\o-
BERT, né en l S20, officier d'infanlerje;
— 12oWT>DHAH-Sp£>CER,néenls22;
—1S« George-Raymond, né en 1827;
— U» Auela née en 1828, femme
d'Edward Knight;— i5« Jake-Eliza,
née en 1829.
Aussi nombreuse qu'elle est an-
cienne, la famille Portai parait s'être
divisée de bonne beure m beaucoup de
rameaux, dont il est impossible au-
jourd'hui de retrouver la filiation. Peul-
étre faut; il regarder comme apiiarle-
nant à la branche anglaise le poêle
Abraham Portai, à gui Wall atlrihue:
Olhido and Sojhroway a tragedy^
tond., 1 758, in-8'; Jnnocencfy a poe^
iical fssay^ Lond., \ 762, in-8' ; TVar,
an ode, Lond., 1764, in-4»; The ir^
discret lovrr, a comedy^ Lond., 1 768,
ln-8% et Vor limer ^ or Ihe true pa-
triote a tragedy^lànû., 1 796,în-8»;
mais nous ne voyons pas les moyens
de rattacher soit è la branche de Re-
Vel, soit à celle de Bagnols, Louis Por-
tai, ministre de Villefranche en Rouer-
gue, qui se nfugia à Genève à la Saint-
Barlbélemy (Wg, des habitavs); —
Moïse Portai, pasteur de La Sulie (l) ;
(1) n préHda, au mois de juin 1672» le synode
d6<« Cevennes, qui sp lint h La S.ille, en pf<*seDre
du roTnmii(>>aire PItiUftpe Bornier^ li«iile<i«nl par-
tirulier au siège prMidial de Mcintpeijier, doiitld
pro(*è»-verbal se lrou\eaa\ Anilines (Tr. S43).
Y ansi^lërent : Anduze, Malplath el La Fanll,.';
Àlais, O'utan et Roehe; 8t-Jean-dê-Oardormen-
qee, Comft «el Latat ;La ;5alle, Forfa/, avec deei
•I fiens:de Ui Hooui et de VignoU «, ce dernier
(iil élo secréiaire; nUlel. Sauvage putnèei Pag'g;
Léd i gnan, 6'a6rir atne et Béchnrd; Aieremonl,
Dautun^ nin.; CenraKnoled, Dumas et Ttiêtier;
Vêitnobrf, Dumas putie, min.; Lezan. Cabril
patn<' et Fînùl; Turnac, Radier ^ min , élu rire-
préridenf, el ('arbusse ; rhoiras, Jourdan et Ré"
gii : B^gard», Fraiêtinel el Cabanet ; St-Chrinli I,
Baitid ,min.;ât-Seba tien, PrJf, min \6i Paul-
Ja*Cni>lt. û'Otimii «, min.; Cjinauies, Boyfr el
ilaiU; SooKleiIe, il'O/im/Hc», min : CaHpl , Motte
en Arnauon; Soiidotgiieg, harvi u ft Cvérin;
Sl-tieiBiain, Ihurot t\K^\ntÂur; Flnrac, Blah«
ei C«»M0Kiw ; âlFjitUfUMe, Cron^Aci avec 4ei|9
qui épousa à Montpellier en 1 675 Mot-
guérite Co^/orn/Aoc, et qui, coropromls
dans l'entreprise de Brousson (Voy,
in,p. 32), se relira en Suisse;— Por-
ial, de Saint-Àlby, sieur de t'oi^tcod-
verte (peut-être Fonconnetz], enfemié
au château de Ferrières, en 1 7 4 4 , paroé
qu'il avait assisté à une assemblée re-
ligieuse, mais remis en liberté, Tannée
suivante^avecSicard, de Castres (Arck»
E. ô.noG),— non plus que Jean Portai,
d'An ton lac, Pierre Portai, de Saint-FÎ*
lix-de-Sorgues, dont un descendant fat
inlernéy en 1 690, à Soui lac {fbid. Tt.
289), et quelques autres^ dont on ni
connaît guère que le nom.
PORTC (Jacques-andbê), fils di
Joaillier Antoine Porte, de Die (1)> na-
quit à Genève en f 7 1 5, et non pis eo
anciens: de La Bagtiie et de Fielaoux: Bam^
Barjon et de La Roque; Tebron, L'Aarawm fl
Bragnute; CaalNgnotn, Aniib ri et ArfmH*n;
S(-Andre-de-Yalborgne, Sauvag* et deL«iy>
koh: Si -Marcel, Roux elliulac; Bfartiéjii|t,4|
La Roqu tt'' et S'vène; Si User, Btaiu el rè-
ehsrg; Le C«llel, Laporte, mlii ; Sl-Prittf, f*
«ter et Choêol; Knigèret, A ftonfi^r el Ermumin
Sauniana, Camèr«, anc. St-2ilartiDHle-€e«rMM^
de La Coste, élu sécrétai e, et de La BurtUf;
Si- Romans de-Touisque. Rownèrs et BmAtk;
Valfraneeikque, Calmel et de La Hougutîtê;^
briac, Clémeul^ aoc ; '^1 Mirtie dr fitnwéaflij
Ma$tanei el £/t^nnc de La Pierre; St-Hilâiif*
de-Larit. de Caioynej anc; Fralsjthiet, llowt,
min : Sie-Groik-de>VairranceiiquA, CêmèeM pew
el Mam.H; Montleaon, de Caettlboue^ raio ; II-
Flour-de-Pnmpidoa , Dap itly cl de Sabl.t; $1-
Jolien-d'Arpjton, Alm ras tl S.*rrière; Satie,
Vincent, élu seciéuire, ei AlLb-rt; St-H«pp^
lyie. Mal t avec deux anciens : Sogui^r tA Ckêsih
b rliii; Quissac, VedA,xac.; liurr«tr(, Dumas lA
Tretfonn; Jtfnnolilol. DurrosHChabal: Si-Felii-
de Pdlière^de.SoKW'ir el Rou^u lie ;€*(», B^
el Povgt; Gange», Fiai el G^rvais; S«mèM^
à'AigUi^in el Ihtcros; St-Rnmans-de-Gf^dîèrM.
Grohgnet KIs ; Yallcrangue, Ffuryel Mvk.l; U-
Laoreiil-le-Minier Pt«f(>ry,min.; L.e VinaQ,jia«^
set el Dissartines ; Aulas, Cmehard avee étn
anciens : de La Nuêjols el de La BKUièrê; Al-
mes>aR, Vincent putiic, min.; (Jolognar, Veriitr
et FéretU: Avèze, Cuibal rtls et TrttU s; IMiè>
re«, de Montdardi r el CacaiUae; Moiildartfierf
Guibttl père el Sauveplane ; lletruei», (Xmà^rc
el Martin. Ta^sihla ausiti, avec voix déliberatifi^
Fournier, chapelain de la famille d«* St-Theoio^
rit. Le Kvnnde n^ul mini^treii David Vimcsmi^
Etienne tro.'gntl, François /> b uetA J<tLmP^
g zy^tK il clittriiea Antoine di Claris^ de Saivi.
de piuir>ui\ie «'eux «{ui refuï-aleul de coutrlbier 1
Teniretien du ministère
(1) En 1713, Jacques Par(#, cbarpeaUer il
GrefioUe, (ni reçu lM>Vf ^ii à Geof ve.
POR
- 303 -
FOR
1 682, comme ie dit Sénebier. Il étudia
fa théologie et fut admis aa ministère
etk i 731 . Aucune place de pasteur n*é'
lant alors vacante, il postula et obtint
due chaire de proresseur au cotli^ge, en
1736. Il eut pour ^lève le célèbre Nec-
lèr, <\\i\ épousa plus tard une nièce de
ââ femme. Au bout de sept ans, il re-
S' it vocation de l'église française de
arbourg. Trois ans après, Il fui ap-
g Blé à Maèslricht; mais le landgrave
uillaume ne voulut point lui accorder
ion congé, et pour le retenir dans ses
ËtatS) il augmenta son traitement et le
fiomma professeur de langue françaiseà
l'université. En 1 753 cependant, Porte
tentant sa santé s'altérer par l'excès de
la fatigue, se décida à accepter la plac€
ie pasteur français à Frederichsdorf,
|o'il occupa deux ans et qu'il quitta
»ur celle de ministre de l'église d'Of-
mbach,à la sollicilatlon du prince d'I-
•enburg. En 1757, cédant aux inslan-
èes de son ami Pellouiier, d'autant plus
i' olontiersqu'ilcroyaits'apercevoirque
i climat d'Ofifenbach ne lui convenait
pas, il échangea sa cure contre celle de
purg près de Magdebourg. Cinq ans
après, son vieux père^qui désirait qu'il
loi fermât les yeux, le pressa de reve-
fiir à Genove. Il se mit donc en roule,
inâis le landgrave Frédéric, que l'in-
vasion fraiiyaise avait chassé de ses
£tais , rt <iui s'rtait retiré dans le Druns-
Wirk, ('in\itii d'une manière si pres-
sante à entrer à son service, qu'il ne
put s'y refuser. 11 futnomiiiéàluchaire
dé littérature française à Umtt'ln, et
alla en prendre possession en 1702. 11
itiôunit dans celte ville, le 8 juin 1787.
On a de lui :
I. Grœcœ tinguœ radices prœcfpuœ
Sirdiiu! alphabe t ico diges tœ, Gen •> 1 7 4 1 ,
lii-80.
II. Racines latines, choisies et ran-
bie^Sflon tfurs terminaisons, selon tes
parties du d scouts et selon les régies
aela grammaire, Gen., l74*i, ln-8».
lit. Introduction simple et aisée à
fil grammaire latine, trad, de l'angl.,
Çcn., 17-4 2, in-8«». — Sénebier cite :
inIroducUon à la iyntoxe latine, trad.
de l'anglais, Gen., i 745, in-8«. Est-ce
une réimpression ou une suite t
IV. Sermon funèbre sur la mort de
Frédéric /, roi de Suède, landgrave de
ife.v5c, Francf.-sur-lo Mein, 1751, 4».
V. Supplément aux lettres de rot'
respundance de feu M. À bbt, 1 7 7 2, 8» ;
enallem , 1772, in-8«.
VI. Nouvelles lettres concemani
ceUes du feu professeur et conseillet
Abbt, 1773,in-8o.
Une famille noble du Castrais por-
tait un nom identique, à Une légère dif-
férence \iTh%. Sébastien Portes, qui tèi-
ta en 1565, fut pèfe de Denis, mort
vers 1621 et pore, à son tour, de deux
flls, nommés Pierre et Jean. Ce der-
nier, qui testa en 163i, eut pour fils^
Jacques, sieur de La tourcnque, dont
nous voyons le nom figurer, à côté de
ceux de Samson de Portes, ^'Antoine
de Portes, sieur de La Plaine, de Jean
de Portes et d'habeau de Portes, dans
une liste de protestants de Castres ra^
menés dans le giron de l'Eglise par leé
dragons, en 1685. Nous n'y remarquoni
pas celui de François de Parler, fils de
Pierre et de Susantie de La Roque, qui
vivait encore en 1 67 1 , anuée où il fut
maintenu dans sa noblesse. Faut-il en
conclure qu'il était mort ou qu'il avait
émgré? Et dans ce dernier ca^, > au*
rail-ll (lU'Iquo Lendc parenté enire lui
et Louis do Purins, comte de Verrier,
seigneur de CniSHleret deGi*nollit'r,né
en li>G6 colonel, en 1703, d'un régi-
ment de Français réfugies; gén'Mal, en
1720, au service de Victor-Amédee, au
nom de qui il pi il possession de la Sar-
daigne, et mort en 173:), dont le fils
Louis, c^mle de Porics-Genollier, s'é-
leva, sous le drapeau hollandais, au
grade de général-major? Nous savons
que cette ramille habitait le Pa\s de
Vaud, mais nous Ignorons si elle était
d'origine française. Ajoutons qu'à la
Saint-Barihclemy, un Nicolas de Por-
tes, imprimeur de Normandie s'était
réfugie à G»»nève [Reg, des habitans),
POUTKFAIX (Pierre), médecin et
apothicaire, de Die, réfugié à Y\erdon
avec 868 flls CHARLES et Pnaai, y ob-
POR
— 304-
POT
Ifnt, le 25 août 1621, la pennissfon
d'exercer son art, et fut reçu bour-
geois, te 2 mars de l'année suivante.
Ce fut sans aucun doule pour témoi-
gner sa reconnaissance au magistrat
de cette ville qu'il lui dédia, en 1623,
un recueil de poésies, plus que médio-
cres, au Jugement de l'abbé Gonjet.
Ce recueil, imp à Genève, en 1623^
in-8«, contient une Méditation sur la
pénitence en vers héroïques, un Hymne
de la patience y des Cantiqups, la Pa-
raphrase des Ps. AU et C A' VI etd'au-
tres poésies religieuses. L'auteur en a
donné à G<>nève, I646,in-I2,p{). 181,
sans la table, une seconde édit. revue
et augm., sous ce titre : Méditations,
paraphrases, cantiques, pnères et ver-
sions chrestiennes. Voii-i le début de
sa Méditation sur le saint sot renient
de l'Eucharistie, Ce fragment donnera
une idée du talent du poète ; on trou-
vera peut être que le Jugement de Gou-
Jet est sévère.
Doncques, ôTonl-poirsant ! 6 grand Diea des mer*
[teilles!
Après Isnl de bienfaits, de fiiTearsnoinparoilles,
Boni jusqnes h ce jour il l'a pieu me combler,
Atfc les cbe s esleus tu daignes nrasscn.bler,
£t me semondre encor par la i:r& -e ineffable
A m'asfetfir avec eux k ta Ka rt*e table,
Pour y communiquer aux mets dellieui,
Offerts en tun banquet divin et précieux.
Ah ! que n'ayi*** <'l>^l^ 1» poretë des Anges,
Qui «élèbrent ton nom d'immortelles louanges !
Ou des l'ropbeles saincis l'excellente rerveor,
Des Aposlres xêles la charitable ardeur,
Des bienheureux Martyrs Tadmirable constaoce,
Du brigand converti J*heureu»e repentaoce,
Du pauvre péager la douce humilité.
On de la pécheresse au pleur illimité.
Aftf ces omemens de prix inestimable.
Je me prèseuterois baitiiment k ta table» ete.
Le RoUe des bourgeois de la ville
d'Yverdon nous fait connaître deux fils
de Charles Portefatx, Alexandre et
Maxihilien^ l'un et l'autre membres
du conseil, et un flls de Pierre, nom-
mé Joseph, membre du conseil et du
consistoire et juge deBelmont.
FORTESAIN (Claude), orfèvre de
Troyes, victime du fanatisme du clergé
et de la populace de cette ville, en
1558. Passant un Jour devant l'église
Notre-Dame sans se découvrir, ^ort^
sain fut aperçu par des prêtres qui
l'injurièrent, en lui ordonnant d*ô(er
sonbonnet. Il leur réponditque l'Eglise
ne consistait pas en un monceau de
pierres, irrités de cette réponse, ils le
poursuivirent jusqu'à son logis, qui
heureusement n'était pas loin, et leurs
vociférations ne lardèrent pas à ameo-
ter une de ces bandes de vagabonds
qui ne vivent que de désordre. La porte
de la maison fut enfoncée, Portesain
saisi et traîné par les pieds Jusque sar
le pont de la Salle, du haut duquel on
se disposait à le précipiter, lorsque
l'armuriiT Mchel C^W^5, son vQisini
accourut à la tète de quelques artisans,
dispersa la populace à coups de bâton
et ramena dans son logis Portesain ï
demi murt. Les prêtres se plaignirent
au lieutenant criminel, qui se trans-
porta à minuit dans la maison du hu-
guenot, le fit enlever et conduire en
prison. « Tout le temps qu'il fut pri-
sonnier, raconte Pithun, il se comporta
fort constamment et sans qu il fût pos-
sible de le pouvoir fayre aller une seule
foys à la messe, ce qui aigrit si fort
les autres prisonniers qu'ils le bâti-
rent et outragèrent si \illainementque
peu de jours après il décéda. » Le geê-
licr Jeta le corps à la voirie. « Les ad-
versaires, continue Pithou, n'oubliaos
rien de ce qui appartient à uuecruaulé
plus que barbare, exercèrent contre le
mort roosme Taigreur de leur furie,
picquanis et déchiquetans les Jambes
de ce pau\re corps mort à coups de
canivels et de cousleaux.» La nuit sui-
vante, Michel Charles, aidé par quel-
ques fidèles, enleva le cadavre et Tal-
la déposer dans une fosse qui n'é-
tait occupée que depuis peu de jours;
mais la crainte d'être surpris ne lui
laissant pas le temps de creuser asses
profondément, des chiens en grattant
la terre découvrirent le cadavre et ré-
vélèrent le pieux stratagème. Le corps
fut promptement enlevé ei Jeté sur on
tas d'immondices.
POTERAT(JEAif),pasteurà Isson-
dun en 1561. Dans son Histoire d«
POU
— 305 —
POU
Berry, M. Raynal raconte que les Pro-
testants de cette ville s'étant réunis se-
crètement le mercredi avant Pàqoes,
pour faire la Cène, le lieaienant par-
ticulier) François de Valenciennfs , et
leprocnreurdu roi, François Arthuys,
qui embrassèrent plus tard ouverte-
Bient les doctrines évangéliques, se
rendirent sur les lieu^, forcèrent les
assistants à se retirer, et arrêtèrent Po-
terat. S'il s'agit, comme nous le soup-
çonnons, de la persécution dont nous
avons parlé ailleurs (Voy. \, p. 136),
les choses ne se passèrent pas aussi
doucement, selon le rapport de Bèze.
Quoiqu'il en soit, on exigea de Poterat
qu*il remit aux officiers du roi son ser-
mon par écrit. Pendant sa prison, a-
Joute M. Raynal, les ministres du voi-
sinage continuèrent ses fonctions. On
t'assemblait dans des jardins, on prê-
chait, on chantait les psaumes. Bien-
tôt même Poterat fut remis en liberté
par ordre de Charles IX qui défendit
de rechercher personne en sa maison.
POUCIIET (Louis-EzficHifcL), ha-
bile manufacturier, né à Gruchet près
de Buibcc, passa sa Jeunesse à voyager
en Espagne, en Italie et en Angleterre.
11 profita de ses fréquents voyages dans
ee dernier pays pour étudier les pro-
cédés de fabrication auxquels les ma-
nufactuies anglaises devaient, à cette
époque, leur incontestable supériorité.
Frappé des nombreux avantages de la
machine d'Arkwright pour le filage du
coton aux laminoirs, il l'importa en
France, mais en y faisant diverses mo-
difications qui la perfectionnèrent au
point de tripler le produit du travail.
Pouchet contribua beaucbup aussi, tant
par ses écrits que par ses inventions,
à populariser le système décimal des
poids et mesures. Ses utiles travaux
ne restèrent pas sans récompenses, in-
dépendamment de plusieurs médailles
que le gouvernement lui décerna, il
fut nommé membre de la Société d'é-
mulation de Rouen, de l'Athénée de
Paris et du bureau consultatif des arts
et métiers près le ministre de l'inté-
rieur. Il mourut à Rouen, le 30 mai
1809, après une longue et douloureuse
maladie. On a de lui :
I. Clef de la langue espagnole, i 787,
S feuilles in-8<».
II. Traité de la fabricationdes étof-
fes, Rouen, 1788, in-8*.
ni. Tabieau de la durée de l'année.
—Méthode ingénieuse pour reconnaî-
tre, au moyen de lignes diversement
combinées, les saisons , îes mois, tes
Jours, la durée même des crépuscules.
IV. Echelles graphiques des fiou-
veaux poids, mesures et monnaies
françaises et des villes et pays les plus
commerciaux de l'Europe, Rouen,
1795, in-8o; 2«édit.augm. d'un Traité
sur les changea et d'un Traité d'arith-
métique linéaire, f^ouen, 1796, in-8%
avec planches; 5« édit. sous le titre de
Métrologie terrestre ou Traité des nou-
veaux poids, etc., Rouen, i797,ln-8»;
4* édit., Rouen, 1798, in-8*. — Les
fréquentes réimp. de celivreen prou-
vent ie succès; cependant il faut recon-
naître que si ie système de Pouchet est
ingénieux, it est en même temps d'une
application peu commode. Le traité
.d'arithmétique linéaire, qui n'est, à
vrai dire, qu'une curieuse récréation
mathématique, a été réimp. séparé-
ment sous ce titre : Arithmétique li-
néaire ou nouvelle méthode abrégée de
calculer, que l'on peut pratiquer sans
savoir rJ lire ni écrire, Paris, an IV, 8».
y. Mémoire sur le nouveau titre des
matières d'or et d'argent, comparé à
l'ancien, Rouen, 1 798, in-8o.
VI. Mémoire sur la mesure des su-
perficies, 1800, in-80. — On trouve, à
la suite de ce mémoire, des considé-
rations sur le sol des différents cantons
du dép. de la Seine-Inférieure.
Vil. Mémoire 6ur la finesse du coton,
la à la Société d'émulation de Rouen,
en 1801.
Vill. Numérotage des cotons filés et
des autres fils, publ. dans les Annales
des arts et manufactures (T. XXX VI).
IX. Projet d*un Journal universe
du commerce,
POUDREL (Jean), sieur de Cor-
■IÈRB8, ministre de l'église deLoar-
POU
- 306 —
POU
marin, la desservit Josqn'en I663j
c'est-à-dire jusqu'à ce que rexrrcice do
cnlte y fût interdit {Voy. Pièces Jostff.,
No LXXXVIIl). Coi bières se mil alors
à parcourir l'Angleterre, la Hollande et
la Suisse, où il recueillit d'abondantes
aumônes pour les églises de Proven-
ce(i). On Tarcusade s'être approprié
ane partie de la collecte qu'il avait Tai-
le ; la fraude Tut prouvée ; cependant^
comme le parleroenl d'Aix se disposait
à évoquer Taffàire, le synode provin-
cial, par égard pour lui , se contrnta de
le congédier, sans lui donner Taltesta-
|ion ordinaire de bonne vie et mœurs.
Corblères pourtant s'y prit si bien qu'il
en obtint une de son ancienne église,
et qu'il réussit à se placeràSaint-For«
tonat dans le Vivarais. Pendant les
troubles excités par Roure, en t670j
loin de s'unir à ses collègues dans le
but d'empècberla révolte de s'étendre,
il envo)a son fils aîné rejoindre les iQ«
surgés. L'intendant voulut le Taire ar-
rêter; mais ses amis parvinrent à le
tirer encore de ce danger, et le synode
do Vivarais l'envoya à Bail. Sa con*
duite n'y fut ni plus sage ni plus régu-
lière. Dénoncé par Henri de La Tour''
Guuvemei et Jean de Vors^ docteur en
mt^decine, il lut cité par le synode de
DessHignes à comparaître devant lui,
en 1675. Il s'en excusa sur la rigueur
de la saison vX le peu de tejnps qui
restait jusqu'à la clôture du s)iiude,
en priant l'assemblée d'envoyer sur les
lieux des couim>ssaii-espf»ur informer.
Le s>node contia celte mission déliea-
le à deux pasteurs, Pierre Jam ier et
Atitoint' Thomas y et à deux anciens,
Jacques Chion et Jacques Mkhelon
(Arch. gén. Tt. 514), avec pouvoir de
Jugerdefinitivement. Les commissaires
députés se rendirent à Baix, et après
enquête, le 25 janv. i«7i», sans s'ar-
rêter à la récusation formée par Cor-
bières, ils le suspendirent de ses fonc-
tions jusqu'au prochain sxnode et or-
donnèrent que, en al tendant, l'rgllse
de Baix serait desservie parles minis-
(1) n ne fkQt pàs le fonfondre avec Antpins
nri, 4* rèieot «a eoUege à% Die ea i6^.
JM
très du voisinage. Leur sentence étaH
motivée par un parjure manifeste dont
l'accusé s'était rendu coupable, la dé-
sertion de scm église de SaintFurlo-
nat qu'il avait quittée sans congé (l),
et son refus de reconnaître les com-
missaires du synode. Pour se venger,
Corbicres se jeta entre les bras dd
clergé romain, qui saisit avec joie l'oc-
casion d'inquiéter les ministres. Le
syndic du clergé accusa les quatre
commissaires d'avoir tenu un colloque,
sans qu'un commissaire du roi y as-
sistât. Chargé d'informer, d'Aguessean
répondit : a Ayant examiné le sujet de
ces deux assemblées (2;,)e ne crois pas
qu'elles doivent être considérées com-
me vicieuses, ny que la présence d'an
commissaire du roy y fust nécessaire,
ainsy que ledit svndic le prétend.»
Mais ce en quoi les commissaires a-
vaient violé les ordonnances, seloii
l'intendant, c'est qu'ils avaient ordon-
né que réglise de Baix serait desser-
vie par les ministres du voisinage, n
(1) Sur ce (^bef, l'aceosatioti fie neoi teoble
iMs jastiflée. Le synode Iran i Bail, le 19 aoêt
1071, soQs la présidence de Gorbières loi-mèniè,
ordonna d'écrire en Provence pour obtenir toù
tongé et ane alle^tation de bonne vie et rnoonj
tl n'est nullement question dans les actes, ^v*3
ait abandonne Fans corgé l'église de Sainl-Far-
lunat. Ce synode, où Jean de Sabouria remplit
les fondions de rnmniissaire du roi, plul Corbiétes
ponr présidoni, Janvier pour vire- président. Le
VaL'tte el Mfital pour serrclaireit. Y M$si«J(Mviil:
Baik, de Corbit-rcs cl Henri de La Tour-Gouvtr'
n</; Lr Pnuzin, l'iois el lîlischou, anriens;
Saint-Vinreni, A'Albiac el Charl'$ de CAtfn-
laui; ChomerMC, Htboul l el Habambi: Pierre-
gfturde, Blanc^ min.; Saiiil-Korliinal, Bruni^r el
Duc; Suiiil-Alban, Dauphin^ min., Jfaurtcaet
Boision^ ane, Saint-Pierreville, Trrratton el
Sél ry; hsamnuirne, La Valette^ min.; Gluirag,
Hotntl el La Rouvi're; Le Obeyiard, Rieharà^
ane ; Ajoui, RcbouUt el Charrier; he Gua,yay,
ane ; MdTCohf Bernunid el fhtbris; Vallon, TIa-
mai, min.; La Gone, Janei r et SabatH r; Sé>
lavas, Béraudf an-.: Villeneuve, Aaoïil, ane,;
Vais, Laborief min.; Annonay, Cregut el Jfa»-
tilhois; SNinl-Voy, Coite et Mac home ; Cbais-
bnn, Fottchi-r et Feydenu; r<h»lançrin, BUne ^
Lapra ; Châleanneur, R b'Ul tel Lapra ; B<*0V«,
Ihtrand el Mi.li}re; Vernouk, Blanc et Crig.-tac;
Sovoiis, Lagt el Daudé; Maysse, Centenœ.^uù.
{Arch. Tt. 3J^.
(i) Les quatre commissaires avaient proliè de
leur pasMige à Saint-Vinoent-des-Barree pour â^
corder rimposilioa dei maina an proposât fijnm.
POU
— »07 —
POU
ijTopoMJt donc d'abandonner le pre«
nier chef d'aocusalion et de les poar-
èoivre sur le second. 11 paialtque d'A-
gnesseau n'avait pas connaissance do
là permission générale que Bezons et
Pçlremaies avaient accordée, le 5 juin
J664, à tous les consistoires, portant
qu'en cas de nior(,de maladie ou d'ab-
sence prolongée, les pasteurs du voi-
sinage pourraient desservir les églises
dépourvues, ou bien qu'il la regardait
comme abolie parla Déclaration du l«r
fév. 1 669. Quoi qu'il en soit, le syndic
porta son accusation devant le Conseil
et obtint un arrêt, en date du 4 mars
1676, qui cassa la sentence des com-
missaires, leur interdit les fonctions de
ministres et d'anciens et les condamna
chacun à dix livres d'aumônes, malgré
tout ce que put faire Homel, ministre
de Soyons, agent des églises du Viva-
rais (Ibid. Tt. 328). Les ministres
Blanc de Pierregourde, Bruniety de
Saint-Forlunal, Dt^jean^ du Pouzin, Re-
boulet f de Champeyracbe, Rfboulet, de
Çbomerac, Lagety de Pradelles, et
tyonsy de Saint-Vincent, furent éga-
lement frappés d'une amende de dix li-
bres pour avoir obéi aux ordres des
commissaires. S. M., du reste, daigna
permet tre aux ôgl iscs de Baix, du Chey-
lard et de Vallon de se pourvoir d'au-
tre^ pastrurs.
POU. 4 DE (Joseph), de Montpel-
lier, professeur de philosophioau col-
lège Maurice de Casscl, oblint l'autori-
sation de célébrer le culte divin selon
le rite de Genève pour une colonie wal-
lonne qui s'était établie, en tel G, à
Cassel, avec la permission de l'électeur,
permission qui ne lui fut accordée qu'à
lacondilion de ne point former d'église
séparée. En 1625, Poujade fut appelé
comme pasteur à Brème, oii il séjourna
sixans, puis il passa en AngIcttTre, où
nous le trouvons, en i63H, desser-
vant l'église wallonne de Cantorbéry.
M. Burn nous apprend qu'il fut sus-
pendu de ses rouctions, en 1 647; mais
il ne nous en Tait pas connaître la rai-
ton. Ces dales, que nous devons croire
exactes» suflisent poar distinguer ce
pasteur d'un autre Joseph PoujatU^
ministre de Saint-Uippolyte dans les
Cevennes, qui appela, en 1657, au
Synode national d'Alençon d'une cen-
sure dont il avait été frappé par le sy>
node provincial d'Âlais. La sentence
fot confirmée, et l'église de Salnt-Hip-
pol>te s'étant adressée au Synode na-
tional de Gbarenlon, en 1645, pour
demander qu'on le nélabllt dans son
ministère, sa requête fut rejetéc.
Joseph Poujade a publié, pendant
son séjour en Allemagne, quelques
ouvrages dont voici les titres :
I. La consolation et conduite du
chrestien, Cassel, 1617^ ln-12.
II. Thfses ethUcBy Cassel, 1 6 1 8, 4».
III. Diftp, ethica /. Disp, II de àya-
6o^a, Cassel., 1618, in-4*.— Di>p.
m de virtute moraU^ Cassel., 1618^
in-4«. — Disput, IV de dceToXovto in
«pec»«, Cassel., 1618, in-4«. — Disput,
Vde vÀrtutum principiis et intitrumen-
tis, Cassel., 16l8Jn-4o.
IV. Disp. politic, I de republicdejus-
que txtriis formis, Cassel., 1619, 4«».
— Dispp. II'IV de magistratu togato
tam summo quàm subalternoy Cassel. ,
1619, in-4».
V. Prières chrestiennes et extraor-
dinaires pour tous tes jours de la se-
maine, Cassel, 1620, in-12.
VI. Deux sermons solennels y Vun
sur la re formation de l Eglise , l'autre
sur la nativité de N. S. J.-Ch,, Cassel,
1620, ln-12.
VU. Q'iatre sermons sur diverses
doctrines nécessaires, Cassel, 1621,
in-1 2.
VIII. Pericles MauritianuSy oratio
8ub ejns autoritutt habita per Fr. Thés-
seniuma Parsaw, Cassel., 1625, 40.
IX. Sermons sur diverses matières
nécessaires au teins présent y Brème j
1627, in^».— Au nombre de ces ser-
mons s'en trouve un ctmire l'arminia-
nismequi aététraiî. etpubliéenaliem.,
Ëuibdi'n, 1627, in-40.
Une famille du môme nom, qui pa-
rait avoir habité le Haut-Languedoc,
nous est connue par I héroïque bra*
voure d'un simple soldat qui défendit
POU
- 308 -
POU
tout MV/iy en 1574.16 château d'Arifat
et ne se rendit qa à condition d'avoir
Ut vie sanve, ce qui n'empéclia pas les
Catholiques de Castres de le poignar-
der.
POULAIN DE LA BARRE (FRAN-
ÇOIS), prosélyte , né à Paris en juillet
1647, et mort à Genève, en mai i 723.
Poulain se destina à rËglise ; mais tout
enpo'irsuivantsesétudosthéologiques,
il se iaissacapti ver parla philoi^ophie de
Descartes et s'y adonna avec passion.
Il était à prévoir que le doute philoso-
phique finirait par l'éloigner du dogme
catholique, auquel la lecture assidue
des Saintes-Ëcritures ne devait pas
contribuer à le ramener. C'était un
premier pas vers le principe du libre
examen en matière de foi proclamé
par les Protestants. Néanmoins il ac-
cepta, en 1 tiSO, la cure de La Flaman-
grie dans le diocèse de Laon. Après
quelques années d'exercice, il renonça
à ses fonctions, et se réfugia à Genève
(1 6K8) oii il abjura. Il se maria en 1 690.
il vécut d'abord en donnant des leçons
particulières, puis, en 1698, il fut at-
taché à rEco?e latine c^mme professeur
de langue française, et en 1 7*'8, com-
me régent de seconde. Poulain s'ac-
quitta de ses fonctions avec zèle et in-
telligence. Pour lui en témoigner sa sa-
tisfaction, le magistrat le reçut bour-
geois gratis, en 1 7 1 6, « en considéra-
tion de ses lumières, de sa boime con-
duite et de ses longs services en qua-
lité de régent de seconde. » Il mourut
à l'âge de 76 ans. On lui doit quelques
publications, dont les bibliographes
nous ont conservé les titres.
I. Les rai'ports de la tangue latine
avec ta française, avec un recueil éty^
mologique de ciuq mille mots françois
tirés du latin, Paris, 1672, in-12.
II. De l'égalité dfs deux sexes, dis-
cours moral et physique où l'on voit
^importance de se défaire des préjugés
(par Fr. Poulain-de-La Barre et Fretin),
Paris, 1673, In-I2.
II i . De l'excellence des hommes con-
tre l'égalité des sexes, Paris, 1675, in-
12. — Dans ce traité^ l'auteur se ré-
tracte, mais d'un excès il tombe dans
un autre. Il nous semble à nous que,
entre les deux sexes, il n'y a ni haut,
ni bas, ni supérieur, ni inférieur, lU
sont l'un et l'autre sui generis, et tous
deux excellents en soi, comme tout ce
qui sort des mains de Dieu.
IV. Dé; l'éducation des dames pour la
conduite de l'esprit dans les scieru>eset
dans les moeurs, Paris, 1679, in-12.
Ces quatre ouvrages parurent ano-
nymes. Sénebier y ajoute, sans autre
indication : le Catalogue des mauvais
termes communs au peuple de Genève,
et Leu,sous la date de Genève, 1720:
la Doctrine dts Protestants sur la U^
berté et le droit de lire l'Ecriture Sain-
te; sur le Service dimn en langue en-
tendue; sur l'Invocation des saints;
sur le Sacrement de l'Eucharistie, jus-
tifié par le missel romain et par des
réfleonons, etc.
François Poulain laissa un fils, Jbaii-
Jacques, qui étudia la théologie et ftit
placé comme pasteur à Bossey, près de
Genève. 11 fut reçu bourgeois en même
temps que son père, mais au prix de
1500 florins. On lit, sous la date du
9 mars 1 731 , dans les Extraits des re-
gistres du conseil d'Etal de Genève :
a Les députés de la Vénérable Compa-
gnie ont rendu justice aux talents dis-
tingués de feu spectable Jean-Jacques
de La Barre, pasteur de Bossey, à sa
piété, à sa grande connoissance dans
les affaires et aux services essentiels
qu'il a rendus. » En 1 7 U, il avait sou-
tenu, sous la présidence du professeur
de philosophie Jean-Antoine Gautier,
une thèse, Cogitationes philosophicœ
(1 7 1 4, Gen. , in-foi.), qu'il traduisit en
français en l'augmentant, et publia
l'année suivante.
l'OULLAlN (Valérand), en latin
Potanus, premier pasteur de l'église
française de Francfort- sur- le Mein,
descendait d'une famille noble de Lille
ou des environs. Chassé de sa patrie
par la persécution, il se retira à Stras-
bourg, en 1543. 11 y habitait encore
en 1547; mais l'année suivante, il
passa en Angleterre. Après avoir ter-
POU
— 809 —
POU
miné l'éducation da jeune comte de
Derby, il obtint, en 1550, la place de
pasteur de la colonie Tondco à Glaston-
bury par des Français et des Wallons
réfugiés, et se flt naturaliser anglais.
Nommé surintendant de tontes les égli-
ses étrangères, il assista, en 1 553, aux
eonférences qui se tinrent à Londres,
et en publia un compte-rendu. A Ta-
irénement au tr6ne de la reine Marie,
il se sauva, avec une partie des mem-
bres de son église, à Francfort-sur-le
Mein, où il obtint, au mois de mars
1554, 1 autorisation de fonder une é-
glis^ française. D'un caractère bautain
et d'une humeur bizarre, il ne vécut
pas longtemps en bonne harmonie avec
les pasieurs luthériens, qui ne savaient
guère, de leur côté, ce que c'est que le
support et la tolérance. Par amour pour
la paix, il donna sa démission au mois
d'oct. 1 556. 11 mourut sans emploi à '
Francfort, à la fin de 1 558 ou au com-
mencement de l'année suivante. On a
de lui :
I. Traité très-utile du saint sacre-
ment de la Cène y avec response aux
principaux argumens des anciens et
modernes contre ce saint sacrement,
Strasb., 1547.
II. Liturgia sacra, seu ritus minis-
terii in ecclesiâ peregrinorum profu-
garum propter Eoangelium Chriàti,
cum apologiâ pro hâc liturgiâ. Ar-
gent., 1551; Francof., 1554. — Dédi-
cace au roi Edouard.
lli. Expositio disputationis Londi-
nensis, Francof., 1554, in-S»; réimp.
dansleScrinium de Gerdesius (T. lUj.
IV. Anlidolus adv.Joachim. West-
phalipestilensconsiliumyS. l.,i 55 7, 8^.
V. Quelques Lettres à Calvin, con-
servées à la Bibliothèque de Gotha.
POULLIOT (ËTIEN^B), martyr en
1546. Poulliot était normand de nais-
sance, mais il avait quitté Auberville,
son lieu natal, pour s'établir à Meaux,
où il ne demeura pas longtemps sans
être exposé à des persécutions. 11 se
relira à La Fère-en-Tardcnois, où il
fut arrêté. Amené dans les priions de
Paris, il y fut a longuement détenu en
grande misère, » et Onalement con«
damné au feu, après avoir eu la lan-
gue coupée. On le conduisit à la place
Maubert, portant sur ses épaules une
charge de livres qui furent jetés avec
lui dans le bûcher.
POUPAKD (Olivier), né à Saint-
Malxent, s'établit comme médecin à
La Rochelle et y obtint les droits de
bourgeoisie. Sa réputation d'habileté
était si bien établie, quels roi de Na-
varre eut recours à ses lumières dans
la dangereuse maladie dont il fut at-
teint sur les confins du Poitou. On a
d^lui :
1. Traité de la saignée contre Us
nouveaux Erasistratiens qui sont en
Guyenne, La Roch., 1576, in-12.
IL Trad. latine des Aphorismei
d'Hippocrate, La Roch., P. Uaultin,
1580.
III. GaUni De methodo medendiUb.
XIV in compendium coacti, La Roch.,
1581, in-12.
IV. Le conseil divin touchant la ma-
ladie divine et peste en la ville de La
Rochelle, fait premièrement latin, puis
français, La Roch., J. Porteau, 1585,
In- 12.
Au jugement d'Arcère, les ouvrages
de Poupard sont remarquables surtout
par un grand étalage d'érudition.
Nous ne savons s'il existait quelque
parenté entre notre médecin et Istutc
Poupard, secrétaire de la duchesse de
Bar, qui, de son union avec Françoise
de Laffeinas, laissa : 1* Isaac, docteur
en médecine, né en 1 602 et marié à
Anne Fénelon; — 2* Françoise, fem-
me, en 1 645, ieJoachim Prondre, Ois
de Jean Prom/re, Joaillier du duc d'Or-
léans, et de Suzanne Béliard Les Re-
gistres de Chareuton nous apprennent
que du mariage d'Isaac Poupard et
d'Anne Fénelon naquit un fils, baptisé
sous le nom d'ISAAC, dans le temple
de Charenton, le il sept. 1639; et les
Registres du secrétariat (Arch. gén.
E. 3585), qu'en 1699, un protestant
du nom de Poupard fut enfermé à Bl-
cêtre, une de ses filles aux Nouvelles-
Catholiques de Paris, et une autre dans
P0U
— SiO —
POU
mie communauté de Claye. S'agit-fl de
It m Ame porsonne?
POUPIN (Abbl), appelé anssf Po-
pin el même Ppptn^ ministre de l'église
de G<*nôve depuis 1 5 i5, était un ancien
cordelier, naiir de Seiches en Agépols.
fin ) 547, il rentra en France et prèctia
avec succès la Réforme à Issoudan.
Obligé de Tuir, il retourna à Genève,
6ii il fut reçu bourgeois gratis, le 8 avr.
1548. Il mourut dans cette ville le 5
mars 1556 (Archiv, de la Comp. de^
pasteurs, Reg. B). Selon La Croix dii
^âme^ il avait écrit quelques ouvrages
de théologie.
P0URTALE9 (JÉRfiHiE), né à La
Salle, le 1 1 janv. 1 70| , ûeJran Pour'-
talés et de Susanne Molle, et baptisé,
le 1 4, dansféglisecaiholique, sortit de
France, vraisemblablement avccLo'/ts
PourtalèSy qui s'établit à Genève, oii il
fut reçu bourgeois en 1716. Pour lui,
11 alla se flxer, en 1720, à NeuchÂtel,
où il épousa Ësthn-Marguerite Dc-
luze. De ce mariage naquit, entre au-
tres enfants (l), le 9 août 1722, JaC"
ques-Low's , qui commença rillustra-
tion de sa famille.
Voué au négoce dès son enfance,
Jacques-Louis Pourtalès déploya dans
cette carrière, |)our laquelle il semblait
être né, tant de droiture, de probité,
d'activité, qu'il se vit bientôt à la tète
d'une vaste maison de commerce, qui
avaitdes comptoirs non-seulementdans
les prlnci |>aU* s places de l'Europe, mais
jusque dans les pays les plus lointains.
Il acquit une fortune immense, et chose
presque inouïe ! le bonheur qui l'ac-
compagna dans toutes ses spéculations
(1) NoQB MTons que Jéréniie Pourlalès eot un
autre fils, et qu'il est rancilre des Pourtatèi-
Boyve et des Pourtalèt-Cuiberlt deux (amilles
nombreusM répandues aujourd'hui dans presque
toute la Suisse. Nous regiellons que M. Felii Bo-
Tet» cooservaleur de la bibliothèque de Neuchâ*
lelf ail oublié la promesse qu'il nous avait faile,
de la manière la plus aimable, de nous corn-
msuiquer une gènéaiugie delaillèe de la famille
Pourtalès. Promelire est bien, tenir vaut en-
core mieux. Si nouii n'avions pas eu autant de
eonûanceen sa parole, nous aurions pu, en nou
adressant à de moins tblig ants^ nous procarer
Ita rensei|neaieata qui nosi foat aojourd'bBi dê>
fiJMt.
ne souleva pas contre lui les dange-
reuses rancunes de M Jalousie ; le no-
ble emploi qu'il fit de ses richesses,
désarma l'envie elle-même. Non-seu-
lement il employa des sommes consi-
dérables au développement de l'iodus-
trie du pays; mais il consacra une
partie de sa fortune à la fondation d'oii
magnifique hôpital, oii les malades spid
admis sans distinction de nalionallUf
ou de religion (I). Ce vrai chrétien, c^
généreux patriote mourut le 20 mari
1814, laissant trois flis de son Qiar
riage avec Rose-AuytÂàt'ne Delu^'.JjÀ
récompense de ses i^er vices, le toi 4é
Prusse, Frédéric II, lu! avait açcord|
des lettres de noblesse, le 1 4 fév. 1 750.
et lorsque la principapté de Neucli|Ue|
rentra SOU;* la domination prussieunej
Fi édéric-Guillaume,jalou\ d'honorer 14
mémoire d'un excellent citoyen, condt-
raàses trois flIs Iç tiire de comte. Ilf
se nommaient Louis, James* Alexan-
dre et JCLES-HENRI-CUARLÊS-FRiDl-
Ric ; tous trois ont fait souche.
1. Louis de Pourtalès, né le 1 4 mai
1773, grand'croix de l'Aigle rouf[e(te
Prusse, président du conseil d'Elat
dans la principauté de Neuchâtel, et
colonel-inspecteur de l'artitlerie de là
Confédération suisse, épousa, en 1 795,
Sophie Guy-d'Audamjer^ qui lui don-
na quatre enfants, savoir : !• Louid-
AUGUSTE, né le 17 mars 1796, sei-
gneur d'Ogrosen et de Cransdorir ea
Lusace, lieutenant-colonel d'artillerie
et conseiller d'Etat dans la principauté
de Neuchùiel, qui épousa, le 6 mai
I S22yElûiabethFrédériquedeSandoz-
RoUin. Il en a huit enfants : Locis-
Fraisçois, né le 4 mars 1823; AL*
FRED, né le 18 mars 1824, marié, en^
1850, avec Anne de Paschwitz; Eli-
sabeth, née le 18 avr. 182G, femme,
en 1843, d'Eugène d'£rlach : EuGl-
RB, né le 5 jauv. 1828, lieutenant
de chasseurs dans la garde du roi de
Prusse; ER^BST, né le 30 sept. 1829,
lieutenant dans le même corps; Ma-
TDiLDE, née le 5 avril 1832, mariée,
(1) La maison des Orphelins a été fondée nv
■a catni tnaoH réfiigiè, nowné ikU^mMéfr
P013
- nu -
POU
en 1851^ à Frédéric de Waflenwyl;
Maurice, né ie 26 mars 1837; So-
phie, née le ijUill. 1841.— 2•CHAR-
lBS FHÉDÉRIC, né le lOJain 1799,
colonel-inspecteur des milice? du can-
ton de Ncuchùtel, qu'on dévouement
ebevaleresque au rui de Prusse donna
pour chef au mouvement royaliste de
185G si promptemenl comprimé; —
%• Sophie, née le 1 1 juill. 1807^ fem-
mt, en 1 826, ù' Alfred de Rougemont ;
— 4^ Alexandre Joseph^ né le 9 oct.
1810, seigneur de Hlubosch et d'autres
lieux en Bohême , major d'artillerie dans
ie canton de Neuchâtel, qui a huit
enfants de son mariage avec Augusia-
Morif'Èliaabeth Saladin, ce h b ré en
1835^ savoir: Sophie-Blanche (née
le 15 sept. 1850)^ Louise Elisabeth
(25 sept. 1831), Auguste-Frédéric
(20 fév. 1840), LOUIS-ARTHUR-LÉO-
POLD (5 d(^e. 1842), MaXIMIN (23
mars 1 8 i7), Hersiann-Alexandre (31
mars 1847), Cécile-Elisabeth (29
déc. 1848), Augusta-Alexandrine
(12 oct. i8:»o).
II. Né à ^euehâtel, le 28 nov. 1776
et mort à Paris, le 24 mars 1855, Ja-
mes-Alexandre de Pourtalès^ seigneur
de Gorgier, fief noble relevant direc-
tement de la couronne, et chambellan
da roi de Prusse, s'est fait connaître
surtout par son goût éclairé pour les
sciences et les arls. il a réuni, dans
âon b6tel à l^aris, une belle collection
de tableaux et d'antiquités que, par
respect pour la mémoire de leur père,
ses enfants se sont bien gardés de dis-
perser. Sa femme, Anne- H ftir telle de
Palaizieua: Falconnet , qu'il avait è-
pousée en 1809, le rendit père d'une
fille et de quatre fils : l <> Elisa-C aliste,
née le 27 mars 1 8 1 0, mariée, en 1 831 ,
avec le marquis deGanay ; - 2« Henri,
seigneur de Gorgier, né le 5 fév. 1815,
qui d épousé, en 1840, Anne Marie
iEacherny^ et en a eu Marie, Emi-
lie, Arthur et Louise ;— -30 Charles,
seigneur de Glumbowitz en Silésie,
conseiller de légation, et. pendant un
certain temps, chargé d'affaires de la
Prusse auprès delà cour de Lisbonne,
qui est né le 3 mai 1 8 1 6 . Marié depuis
!B49, avec Agnès-Lowse-Frédérique
de Wylich et LoUum, il est père de
trois enfants, nommés Max, James et
Malte;— 4» Jacques-Robert, mem-
bre du consistoire de l'église réformée
de Paris, et le seul des descendants de
Jérémie de Pourtalès qui ait réclamé
(en 1 847) les droits de citoyen français
comme issu d'un rérugié. Né à Paris
ie 15 avril 1821, il a épousé, en 1846,
Anne Hagermann, fille du consul de
Suède à Paris, dont il a trois enfants :
Jacques ALBERT , CÊLESTii^-CÈcrui
et Hathilde Jeanne; — - 5» Edmond,
né le 6 avril 1828, et marié, en 1857,
avec Mêlante de Bussierre , fille do
baron Alfred Renouard-de- Bussierre,
oui l'a rendu père d'un fils, Jacoubs-
Alfred-Edmond.
111. Le troisième fils de Jacquejs-
Louis de Pourtalès, Jules-Henri-Char-
les-Frédéric, seigneur de Tlosicau et
de Liscbna en Bohème, naquit le 23
fév. 1779. 11 fit avec distinction les
campagnes de l'Empire comme alde-
de-camp du maréchal Berthier, et tant
que la principauté de NeuchAtel fut
réunie à la France, H resta attaché à
la maison de Timpéralrice Joséphine.
Après la chute de Napoléon, il retour-
na dans son pays natal, fut décoré par
le roi de Prusse des titres de cham-
bellan, de grand maître des cérémo-
nies et de conseiller privé, et nommé
grand'croiv de l'Aigle rouge. H a\ait
épousé, en 1 8 1 1 , Marie-Louise- Elisa-
beth de Castellane-Norante y qui lui
donna deux fils, nommés Albebt-
Alexandre et Guillaume. L'ainé, né
le 10 sept. 1812, a rempli avec habi-
leté plusieurs missions diplomatiques
dans des circonstances difficiles, et a
été chargé, pendant un temps, des fonc-
tions de ministre plénipotentiaire à
Gonstantinople. Il n'a que deux filles,
ELISABETH et HÉLÈNE, dcsou mariage,
conclu en I84U, avec Anne de Beth-
mann-HuUweg, Son frère cadet, né le
7 juin 1815, a quatre enfants, nom-
més Louise, Jeanne, Frédéric et
Margcbbite, de son aaioii(i 848) avec
POU
— 314 —
POU
la comlesse Charlotte de Maltzan.
Une branche delà famille Pourtalès
resta en France,elconlinua à professer
la religion prolcstanle Jusqu'à ces der-
nières années. Au commencement de
ce siècle, elle n'était plus représentée
que par Jean Pour/a/é5, ancien capi lai-
ne au service de Hollande^ et par saOUe
unique, Hbkriettb née en 1 779. Cette
fille épousa, le 4 floréal an X, Annibal
Jknvieuy de Gangcs, qui avait renoncé
à la théologie pour le négoce et qui
sacriOca sans scrupule sa religion, eo
181 5, au désir d'obtenir des lettres de
noblesse, qu'il pensait avoir méritées
en professant les opinions royalistes
les plus exaltées. Sa femme suivit son
exemple, mais son fils aîné, Jules ^
resta protestant.
POLSSART ou PocssARDy nom
d'une famille protestante du Poitou,
dont deux branches professèrent la re-
ligion prolestante.
1. Bràkchkdb Vai^drê. Cette bran-
che était divisée en deux rameaux.
Celui du Haut-Vandré s'éteignit en
Jean Poussai t, qui ne laissa , de son
mariage avec Hélène de Culant, que
deux filles: EsTHER, femme, en 1599,
d'£/i> de Céris, sieur de Ghàleau-Cou-
vert , et Lêa , mariée au sieur de La
Joliverie. L'autre ou le rameau du Bas-
Vandré, reconnaissait pour chef^ en
1566, Jean Poussart, à qui sa femme,
Anne de La Jaille, donna quatre en-
fants : 1» Charles, sieur de Saint-
Mdrc, ttié sous les drapeaux;— 20 JOA-
CBtM, qui suit; — V Marguerite; —
4»Antoi>ette, femme de Pierre d*Au-
//ion. Joachim Poussartassisla au siège
d'Amiens, oii il fut blessé. De son union
avec Suzanne Goulard-de-Samt-Di-
sant, il n'eut que deux filles, nommées
ËLiSARETH et Jacqueline. L'aînée é-
pousa/â^oaci/aWe/.steurdeLindebeuf.
Serait-elle par hasard identique avec
Elisabeth Puchot (Voy. VU, p. 289),
qu'une généalogie msc. donne pour feoâ-
me à Isaac Mai tel ? La cadette devint
la femme û' Alexandre Desmier,
11. fiRANCHEDUVlGEAN.Néen]504,
CW/e^ Poussart, sieur de Fors, maî-
tre d'hôtel du roi, vice-amiral des
côtes de Normandie et gouverneur de
Dieppe, adopta, en 1560, les doctri-
nes de la Réforme, qui avaient été se-
mées dans cette ville par Jean VenabU
et qui s'y étaient répandues rapide-
ment. Son exemple entraîna le bailli
et plusieurs notables bourgeois, qui
participèrent avec lui à la Cène, célé-
brée publiquement le 26 mai. Instruit
de cette violation des ordonnances en
vigueur, le roi commanda au gouver-
neur de faire cesser tout exercice da
culte huguenot ; mais de Fors répondit
que ni lui^ni les bourgeois de Dieppe
n'étant athées, ils ne pouvaient vivre
sans religion. Cette réponse pleine de
fermeté irrita la Cour. Le Conseil da
roi arrêta que Dieppe serait démante-
lée, et chargea le duc de Bouillon de
destituer le gouverneur et d'abattre ta
Grande-Cour, où les Protestants s'as-
semblaient. L'issue du procès qui fat
intenté à. cette occasion à de Fors n'é-
tait pas douteuse; il aurait porté si
tête sur l'échafaud sans la mort de Fran-
çois II. Cet événement, qui fit perdre
aux Guise une partie de leur influence,
permit aux Protestants de recommen-
cer, dès le 22 déc, leurs assemblées
dans le cimetière Sainl-Remy, et ren-
dit à de Fors sa place de gouverneur,
le 26 déc.
Lorsque Condé prit les armes, lei
triumvirs, sentant l'importance du port
de Dieppe, envoyèrent le duc de Botàt'
Ion pour s'en saisir; mais la réception
qui lui fut faite par les habitants ra)aDt
déconcerté, il se retira, dès le lende-
main, à Arques d'où les Catholiques
chassèrent les Protestants, après avoir
brûlé leurs maisons. De Fors qui en-
treprit de venger ses coreligionnaires,
échoua et fut même blessé à l'attaqua
de l'église. Restés maîtres de leur ville,
les Protestants dieppois le confirmè-
rent dans sa place de gouverneur, en
lui adjoignant un conseil de seize no-
tables, puis ils travaillèrent avec acti-
vité à relever leurs fortifications, spus
la direction d'un habile ofiicier, nom-
mé Du Coudray, qui leur avait été en-
POU
— 313 -
POU
)ar Sénarpont. Jeunes gens et
rds, femmes cl enfants, toute Té-
06 population de Dieppe se mit
vre. « Si quelqu'un, lit^n dans
ige msc. d'Asscline, qui secon-
à la Bibliothèque publique de
\y étoit trouvé dans la rue pen-
*s heures de travail, on lui en-
une quenouille. » La citadelle
uronnait la Talaise sur laquelle
ilechàteau,ruttiTminéeen moins
nze Jours, et un mois après, le
I Polet Tut achevé. Ce Tut sur ces
Bitcs qu'arriva la nouvelle du
le Rouen par les Catholiques. De
(convoqua sur-le champ une as-
ée des principaux habitants pour
aux mesures à prendre. 11 fut
qu'on prierai! Elisabdh de prê-
Dieppe une somme d'argent Fur
de marchandises, et d'accueillir,
) de revers, les rugitiTs. La reine
teterre répondit en envoyant un
de 800 hommes et un convoi de
! . Ce secours arri va à propos pour
'cer la g.irnison de Dieppe affal-
es deux compagnies de Roavray
Valfrenièrc qui avaient élé en-
8 à Rouen; il permit même de
partir les deux compagnies non-
aenl formées de Du Coudray et
(mlandrin (appelé par d'autres
ry); mais elles n'arrivèrent point
r destination. Attaquées près de
y, elles furent entièrement dé-
. Des trois ministres qui les ac-
agnaient, un, seul se sauva; Tau-
1 tué, et le troisième, Dtbrard,
ivait rempli successivement les
ions pastorales ti Londres et à A-
ï, fut noyé. La cavalerie, com-
éd par Grosmenily n'essuya que
le perte.
ttedéfaite effraya les Dieppois,qui
}ntrèrent des lors moins disposés
léfendre. Catherine de Médicis les
, invités il suixre l'exemple de
n qui allait capilulor, ils lui dé-
ent le s\iidic Jean L'vas.yeur et
[a«i4oM*an, sieur de Sainl-Picrre,
négocicrieursoumission. Les plus
iromis, comme de Fors, le capi-
T. Vin.
taine Ribaut, le ministre François de
Sainf'Paul et une centaine d'autres,
n'osant pas se Oer aux promesses de
la Cour, se retirèrent en Angleterre.
Vers la mi-décembre, de Fors rentra
k Dieppe sous un déguisement. Il y eut
quelques entrevues secrètes avec le ca-
pitaine Gascouy le sieur de Cattemlle^
Maldéréei d'autres gentilshommes des
environs; puis il se rendit au Havre.
Les intelligences qu'il avait nouées
dans le château, en facilitèrent ta sur-
prise, le 21 déc. 1562. Depuis cette
époque, il disparaît de la scène de l'his-
toire, quoiqu'il ait vécu, selon lesgé*
néalogistes, jusqu'au 10 sept. 1584.
De son mariage avec Marguerite Gi*
rardy dame de Bazauges, célébré eo
1545, étaient nés six enfants : 1 » Char-
les, qui suit ; — 2» Paul, sieur de Mo-
ricq, qui épousa Renée GourdeaUy et
n'en eut pas d'enfants; -— 5» Isaâc,
mort célibataire ; — i^ Daniel, sieur
de Saint- Bris, qui prit pour femme
Charlotte de Beaupoil; — 50 Margu£*
RITE, femme, en 1570, de René Gou»
lard, sieur du Breuil-Milon; — 6^ Su-
SA.NNB, dame de Saini-Trojean, épouse
de Louis Docok, sieur de Couvrelles.
Charles Poussart, sieur de Fors,
Bazauges, Anquilard et Linières, fut
élevé à la coiir de Jeanne d'Albret
comme enfant d'honneur du prince de
Bcarn, qui le nomma plus tard gentil-
homme de sa chambre, il suivit Aleii-
çon en Flandres et fut fait prisonnier
à Anvers, en t5K3. On ne connaît au-
cune autre particularité de sa vie. Il
épousa, en 1 581 , Esiher de Pons, dame
du Vigean, qui mourut en 161 8, après
lui avoirdonné sept enfants: loLouis,
mort jeune à Paris,eul609 ; — 2» Hen-
ri, baron du Vigean, qui assista aux
Etats de 1615 (Fut/. IV, p. 464) et
mourut peu de temps après, sans lais-
ser de postérité de sa femme Louise de
Polignac ; — S» François, conseiller
du roi en ses conseils, gentilhomme
de la chambre depuis 161 8, en faveur
de qui la terre de Fors fut érigée en
marquisat en 1G40. Nous savons qu'il
persista dans la religion protestante
20
poy
— 314 —
POY
jnsqn'à sa mort, arrivée en 1657; et
nous savons aussi que ses quatre en-
fonts furent de très -fervents catholi-
ques; ~4<'Jban, sieur d'Anquitard ,
qui suit ; — 5« CH4RLES, sieur de Li-
nières, qui épousa Marguerite Acarie,
dame du Bourdet, et en eut, outre une
fille, nommée Charlotte, un flis, ap-
pelé François , qui abjura à Paris ep
1655, à r&ge de 13 ou 1 4 ans; —
6» Anne, femme, en 1605, Û^Charles
de La Forêt y sieur de Vaudoré, puis,
en 1610, de JosiLé de Saint Gelais ; —
7» Jeanne, mariée à Gabriel Foucault y
sieur de Saint-Gcrmain-Beaupré.
Jean Poussard , sieur d'Anquitard,
pritpour femme, le 9 avril 1618, Avne
Arnoul (/é»-Sam( -Simon, fi lie d'Andréy
sieur de Millescu, et de Livtp Grirnaldiy
dontTallemant des Réaux nous a lais-
sé ce portrait : «Ça été une personne
tout à fait extraordinaire ; jamais fem-
me n'a plus fait la fée que celle-ci. Elle
étoit belle et avoit beaucoup d'esprit;
elle se piquoit même de bien écrire. »
Jean Poussard fut tué en duel. Il était
père de quatre filles, nommées Livie,
Angélique, Virginie et Anne, cl d'un
fils, Auguste, marquis d'Anquitard,
qui épousa, en m^l, Jeanne de Suint-
Gelais. De ce mariage naquirent Fran-
çoise-Angélique, Elisabeth el Au-
guste. Ce dernier ab ura à Paris, le
20 mars 1 681 , et son exemple, au dire
du Mercure galant , enlraina loule sa
famille. Sa mère seule sembla éprouver
quelques scrupules; mais bicnlôl elle
les ni (aire, et si bien qu'elle se mit à
travailler à son tour aux conversions.
Son zèle obtint sa récompense. Le roi
lui accorda, ainsi qu'à son mari, en
1689, une pension de l,000 livres
{Arch. (jén. E. 3375).
POYI.T (N.), capitaine huguenot.
Braiilôme qualifie Poyet de « lieute-
nant brave el fortadvisé capitaine »
en ajoulatit : (^ Tant qu'il vécut, il a
tousjours fait de très-belles preuves de
sa vertu cl valeur. » Dès la première
guerre civile, eu effet, ce bra\e guer-
rier se distingua dans plusieurs ren-
contres, mais les b istoriens l'on t si bien
confondu avec le capitaine Payel, qu'il
nous est absolument impossible de lef
distinguer. Selon d'Aubigné, les V^
moiresdeCon(}éet de Thou,Povet, lieu-
tenant de l'enseigne colonelle ù'J^%-
delot, se signala au siège do HAvri
parmi |es plus intrépides. Selon là
Popelinière et de Thou, Payet, capitt|r
ne de la compagnie colonelle d'And^
lot, se saisit, avec Alonein, de Nogen)
dans la seconde guerre civile. D'4ii|Kr
gné et La Popelinière s'accordent àfjiri
que Poyet alla rej indrè le prince d'O-
range avec les Huguenots picards, ki
1 568. D'après d'Aubigné, c*esl Poyëti
mais d'après de Tbou, c'est Payet,qn|
servit, en 1570, dans lePoilousousl^
Noue, avec le grade de colonel de i'ifk'
fanlerie, assista à la prise de Maraos^
des Sables d'Olonne, au secours de Bp?
chefort, au combat de Sainte-Gem^^
passa ensuite sous les ordres de Pôi^
tif^y et continua à servir glorieusem^ot
la Cause à la prise de Marennes,àcel^
de Bronage, dont il fut nommé gouverr
neur (1) et au siège de Saintes. Aprif
la conclusion de la paix, Payet, seli^i
La Popelinière, alla combattre dan^Ief
Pays-Bas sous les ordres du prince fJb
dovic, qui le nomma gouverneur de
Mons en son absence; mais d'Aubi^
appelle Poyet le capitaine français q^
défendit bravement celle ville contrf
les Espagnols en 1572, et de Thoueaf
d'accord avec lui sur ce point. EnÙj^
au rapport de La Popelinière, le capir
laine Poyet commandait à Aul>emu^
en 1 573, tandis que Payet se trouvai^
à cette époque, &ur la Hotte de MatU-
gonimfiry ^àprhs le licenciement de ji^
quelle il retourna servir dans lesFay^
Bas. Selon Brantôme, au conirairêy
c'est Poycl qui servit sous Monlgom-
mery. Ce seul écbanlillon des contrfi-
dictions de nos historiens doit suffira
pour donner une idée des diflScuUéf
que le biographe rencontre, et lui faire
pardonner bien des erreurs.
POYET (René), enfant naturel da
chancelier Poyel. Ayant eu connais-
sance des doctrines évangéliqoes, il ae
(1) Bô Thoa r»ppAU6 ici Poyat.
NU
— 8II{-^
fU
ir^ra à Genève^ où il apprit I0 piélier
^e cordonnier pour gagper aa vie. Au
))OQ((k que}(|uetco)ps, f'anopur du paya
palai le rw^na dans rAnlQU, maf^ jl
(p^ l)p^ c( brûlévir^ $Qunmr,'^n 1 55?.
Pfi^PAICÙ (Pi?pi>«), appelé firff-
^c/i d^ns ijç prf^cis l^ist. dç la Bérpfjn^-
lipi)dans le pon)lé()e|fonib6|j||rd, éiait
originaire de la Vétj^ravje. ^ompné, ftn
|6Q5, 8urinlcudanljdes égUs^i»(|u p^^s
^e lionlbéliard, il en exerça les fonc-
tions jusqu'en i^H^ du^e de sapiorf.
pn a de lui Kircf^weihpr^â'gt, l|iim-
pelpart , 1 6O8, ln-4% serpipu prpnopcé,
le J8oct. 1607^^ l'occfisiQpderinau-
guratiop du nouveau teînpie de Sain^-
ilarlin^ construit, apx frai s du 4MC Fré-
déric, parrarcbilecle Henri Scbickard,
sur remplacement de rancienne église.
PR ADIEU (Jaues), une des gloires
de la statuaire moderne, naquit à Ge-
nève le 23 mai 1 792, et mourut à Pa-
ris, le 7 juin J852.
Ses parents le destinaient à la pro-
fession de graveur en médailles. Nais
le maître, dans l'atelier duquel on l'a-
vait placé, reconnut en lui une autre
vocation et il conseilla à sa famille de
ne pas la conlraHer. 11 fut donc misa
l'étude du n^odelé. Ses progrès rapi-
clea faisant bien augurer de son avepir,
ses parents, qui étaient pep aisés, fi-
rent le sacrifice de l'envoyer cji^nfpléler
ses éludes à Paris. 11 étudia le dessin
cbezle peintre Aleyi^ier, etlascplplure
dans l'atelier de Le Uot. Ses heureu-
ses dispositions lui gagnèrent rafTec-
tion de ses mallres. « Apprenant la gè-
ne pécuniaire de son favori, M. Le }\qU
raconte ^ . Gaberel dans une Notice sur
Pradier (Bibl. univ. de Genève, 1 838),
sollicita pour lui une pension du mi-
nistre de l'intérieur; elle fut accordée
•aussitôt, et ce brevet est un des der-
niers que l'Empereur ait signés avant
(^catastrophe de 1814 (i). Fier decette
distinction, Pradier devança bientôt
tous les élèves plus Agés que lui. Un
(1) D'après M. relécluxe (Jourtial des Débals,
juin 1859) Pradier ne serait venu à Paris qn*a*
près atoir oblena, en 1809, nne pension sur la
faitdtt 4e l'empereur.
Jour, pendant que Le Mot ^avitill^it #s
frpntpo di| Louvre, l'^pipjç^eur visita
les ^teljer^* Les Jeunes f^ens ^e rptir^
f(gp^ re>p.eptueuçem,en|. Bopaparlç voq-
iu^ les voir. ^Molfpiipdiqui^Pradipr
01^ 4i?anl : Sjrê, vpjci pp 4^p ppfits
pjçnî?(ppnair^j? dp y. ^J.-rr 4b l rfH «4"
ppléoq, yoypnf.— L'eqfaots#pproclia
trpp^^lant ; l'Emperpur pqsi^ la ipaip
SMP ^^ ^^^9 ci; ftprè? r^yoir iixé : Maj-
^rp [.eMot, soignez-p^oi pela . il y abien
f^s choses dans pe frop(. Qn s#it quel
prix on att^clmit à pes pr^dictipps de
Bpppp^rte ; ap^si pei|è ci.rcpp()lanc6 fpjt
i^padier ep grand bonppur auprès de
ses cap^arades, et, quand vjnl le mo-
poen^ des concours, ses apois lui dop-
nèrept jd'avance Ip grand prix. Cette
attenle fut Irpnipée. Le sujet proposé
était Arislée pleurant la perte de sesa-
beilles. La grandeur de la figure était
limitée, et les estais qui dépasseraient
la ligne prescrite devaient être mis bors
de concours. Pradier pe se souniit pas
^ cette condition , il manqua le prix ;
mais on lui donna une médaille d'or et
on l'exempia de la copscription. L'ap-
née suivante (I8I5), il eut le prix, et
il partit pour l'Italie. » Le sujet du cop-
cpurs él^it Nê(^tolème retenant phi-
loctète prêt à percer Ulysse de ses fy-
ches. Ce bas-relief fuit aujourd'hui par-
tie du Musée de Genève. Après l'expf-
ration 4e sa pension, Pradier revint à
Paris, apportant avec lui deux ouvra-
ges repiai-quablcs qui commencèrent
sa réputation, le Cefitaurt et la Bac-
chante (salpp de 1 8 1 9) , groupe en mar-
bre que possède le Musée de Bouen et
dont il fit une copie ppur M. Ternau^,
è Auteuil, et un des JFils de NiM ar-
rachant le trait dont Apollon l'apercé,
à l'épaule (salon de 1822), actuelle-
mjcnt au Musée du Louvre.
£n 1821, Pradier retourna ^ Rome
et y séjourna environ deux ans. Il rap-
porta à Paris un de ses meilleurs ou-
vrages^ la statue de Psyché (actuellp-
ment au Musée du Louvre) .Celte statue,
a outre son rare mérite, a eocorp cela
de singulier, dit M. Peléciuze, qip'elfe
a été taillée dans ig fût d'^p <2^SS9*
PRA
-^ 316 —
PRA
de marbre antique trouvée dans les dé-
bris de l'ancienne vlliede Veïes.MElle
parai au salon de 1824, avec un buste
de Louis XVUI, qui lui valut les bon-
nes grâces du roi On rapporte que le
monarque charmé s'écria : « Voilà le
seul artiste qui m'a compris! n La croix
de la Légion d'honneur fut sa récom-
pense. Le 23 Juin 1827, il fut nommé
membre de l'Académie desbeaux-aris;
il succéda à son maître Le Mot. Depuis,
il sut se maintenir au rangéminent où
il s'était tout d'abord placé. Les criti-
ques allemands eux- mêmes, 8i peu pro-
digues d'éloges envers nos artistes,
sont forcés de reconnaître son mérite.
Il ne se passait pas d'année qu'il ne
produisit quelque œuvre remarquable.
Outre ceux de ses ouvrages déjà men-
tionnés, nous indiquerons: i» Vénus^
en marbre des Pv rénées (salon de 18 27),
qui se trouvait, du vivant de l'auteur,
au Musée du Luxembourg. — 2° Protée.
— 3* Les trois Grâces (iSôO); ce char-
mant groupe a été placé dans un des
salons du Musée de Versailles ; c'est,
dit-on, le seul morceau élrangerà l'his-
toire qui a mérité cet hcmneur. « La
crainte d'être accusé d'avoir iinité Ca-
Dova, arrêta longtemps notre artiste,
au témoignage de M. Gaberel. Cepen-
dant il se mit à l'œuvre et représenta
les sœurs au moment où, fatiguées de
la danse elles enlacent leurs bras, et
cherchent la pose la plus commode pour
le repos. Pradier a mis tant d'origina-
lité dans ce groupe, que personne n'a
songea l'accuser de réminiscence. » Ce
beau travail lui valut lacioix d'ofTicier
de la Légion d honneur.-— 40 Le monti-
ment funèbre du duc de Berry, groupe
plus grand que naiure, reprc" sentant le
duc mourant dans ii s bra^ delà religion,
dans unechapelle de Saint-Louis, à Ver-
sailles. — b'* Le dui d'An gouleme con-
gédiant les envoyés de Cadix : ce bas-
relief, commandé en 1825, était un de
ceux destinés à éterniser, sur l'arc de
triomphe du Carrousel, les hauts faits
de la guerre d'Espagne^ en remplace-
ment de» bas-reliefs représentant les
liauts faits de l'Empire. Que sont-ils
devenus, à leur tour, après 1 830? on
rignore. Triste retour des choses de ce
monde ! leur éternité a à peine duré na
jour. Malheureux les artistes condam-
nés à la décoration de ces monuments
qn i font peau non vel le à chaque nou veaa
règne. — 7» Cyparisse avec son cerf.
— 8« Chasseresse au repos. — 9» Bac^
chante couchée. — 1 0» Vénus après te
jugement de Paris. — J I© Statue de
J 'J. Rousseau (1830), en bronze, re-
présenté assis, dans l'Ile de Rousseau
à G«»ncve. — t S*» Statue du maréchal
Som/^— I5« Prnméthée(\H2't)ei Phi^
dias (1835), dans le Jardin des Tuile-
ries. — 1 ♦• L^ Faune et la Ba^-chan*
<<?, Galerie Demi dolf. — 15» Bas-re»
liefs de la Chambre des députes (l).
— 16« Quatre Benon^mées , Arc de
triomi>he de l'Etoile, « œuvre, au ju-
gement de M. Delécluze,qui sufliraità
la gloire d'un grand statuaire, a Le
biographe allemand Nagler en porte le
même jugement, « travail admirable,
dit-il, où rafTectatlon, si commune aux
œuvres de l'Ecole française, ne se fait
point sentir » — X":^ Les quatre Apôtres
de la 3e coupole de la Madeleine, ter-
minés en 1 836, et quatre Renommées,
chacune de 1 8 pii'ds de haut. — 18* Le
mariage de la Vierge, dans la même
église.— 19« Une Vierge, pour la ville
d'Avignon. — 20<> Les villes de Stras»
bourg et de Lille , sur la plac<*. de la
Concorde. — 21» La statue de V Indus*
trie, devant le palais de la Bourse.»
22' Mars et Vénus (salon de 1 836).—
(i) M. Gflberel parle, en outre, d'an groupe
lossal que Pradier eiécuuit en lh38, et qui était
destiné à la décoration do péristyle da palab.
« Pendant le concours, dit-il, on lui fit eniendn
que l'on désirerait voir dans sa composition qtel-
ques traits de l'époque actuelle; maix l'artiste le
refusa à toute concession do ce cenre , et déelm
que son dcs!>cin était de fRÎ'e un ouvrage qui pli
rester inlRct, quel que fût le pirti inatire delà
France. 11 choisit la royauté publiant lamnistle.
Aux pieds de la fipurc rouronnce est une remoH
qui implore la démence souveraine ; elle liest
dans ses bras un petit enfant Le roi arrête la mais
de la Justice qui, avec une eipression setère el
iiifletible, ordunne le supplice d'un condamné po-
litique. Ct dernier, à gennui devant le fatal bil-
lot, écoule avec égarement les paroles du ministn
delà religion qui lui annonce la clémence royale, t
CetteouTre est sans doute restée à l'étal de projet.
PKA
— 317 —
PRE
23<> Le comte de BeaujolaiSy exécuté
en 18:^9. Le comte est représenté « à
demi couché sur le gazon, ia télé ap-
puyée sur la main et lisant la dernière
lettre qu'il reçut de sa mcre. La mai-
greur et l'alanguissement de cette no-
ble et touchante figure Tout présager
une fin prochaine. — Quand Louis-Phi-
lippe vit pour la première fois cette
image de son frère, ajoute M. Gaberel,
il Tut saisi d'un attendrissement pro-
fond; il ne pouvait revenir de sa sur-
prise, tant la ressemblance était gran-
de... Aussi une place d'honneur a-t-elle
été réservée pour cette statue dans une
des grandes galeries de Versailles. »
Elle a été reproduite, ainsi que la sui-
vante , dans l'ouvrage de M. Gavard.
— 24»» Le général Damrémont fl8ô9).
Musée de Versailles. — 25» Les Heures,
demi-relicr plein de goût, qui décore
l'horloge du Luxembourg duc6lédu
jardin. — 26» Les dehx Muses, en
marbre, de la fontaine Molière. — 27»
Une Odalhque, khyon, — 28» Phryné,
Collection Delessert. — 29« Vénus qui
gronde l'Amour, acheté par le duc
d'Orléans. — 50* F.ore, « que Pradier
estimait l'un de ses meilleurs ouvra-
ges. » — 31 o La toilette d'Atalante,
au Musée du Louvre. — 32» Sapho. —
33» La Poésie légère, à Nismes. —
34» Le duc de Moutpensier, — 35» La
fontaine de Nismes, — et 36» Le tom-
beau de l'empereur Napoléon ; ces deux
derniers mentionnés par M. Delécluze
sans autres indications. On doit aussi
à Pradier un certain nombre de bustes.
On ci te ceux ûeCharles Bonnet (l 822),
ûeJ.'J. Rousseau, du peintre Gérard^
do roi Charles X, brisé en 1 83o, de
Louis Philippe, n Quand on pense, dit
^.«Delécluze, à la délicatesse d'exé-
cution de la plus grande partie de ces
beaux ouvrages, on a peine à se faire
une idée de l'énergie et de la facilité
dont il a fallu que Pradier fût doué
pour les produire en si peu de temps;
et encore faut-il tenir compte des mar-
bres qui restent aujourd'hui dans son
atelier à l'élat d'ébauche, tels qu'une
Nymphe, une Pandore et on Soldat
mourant qu'il se promettait de termi-
ner pour l'exposilion de 1853. Eli
bien ! malgré toute cette peuplade de
statues, on trouve encore dans cet a-
telier, espèce d'océan de sculpture, les
oindMes en pl&tre d'un Polyph^me^
4'Ulyssp entraînant te corps dA^ ht e>
d'un Homère et d'un groupe de VA-
mouret Psyché que Pradier pétrissait
dans ses duigis comme les enfants
jouent avec les fleurs. » Pradier a formé
un grand nombre d'élèves La mort le
surprit au milieu de ses travaux. De-
puis quelques jours il avait projeté une
partie de campagne, il s'en faisait une
fête. Le jour venu, il se mit en route,
avec sa fille et quelques amis. Sa belle
humeur habituelle neJ'avait pas quitté.
Arrivé près de Bongival, il se trouva
mal, sa parole s'embarrassa, ses idées
se troublèrent : un épanchement au
cerveau venait de se déclarer. Tous les
secours furent inutiles. Pradier n'avait
pas été heureux en ménage. Sa femme,
dont il s'était séparé, ne lai donna
qu'une fille.
PRÉAUX (Hector de] ou Préau,
sieur de Chastillon fils de Charles de
Préaux, gentilhomme d'Antoine de
Bourbon (le même peut-être que Préaux,
tué à Jarnac), et d'Elisabeth de Chas--
tillon, fut élevé à la cour de Jeanne
d'Atbret et s'attacha au roi de Navarre,
qu'il servit avec distinction jusqu'à son
avènement au trône de France. C'est
en 1587 qu'il parait pour la première
fois dans les rangs de l'armée hugue-
notte ; il commandait déjà un régiment.
Il fut envoyé au secours de Marans que
Joyeuse menaçait, combattit vaillam-
ment à Centras, et assista, sous Tu-
renne, au siège de Sarlat. En 1 588,
secondé par les capitaines Ferrand,
Loumeau et Pidoux-de-Ntsde, il con-
tribua beaucoup à la reprise de Marans.
La même année, il remporta un avan-
tageassezconsiJérablesurlesLigueurs
auprès de Poitiers. Envoyé par le roi
de Navarre au secours de Montaigu, il
s'y comporta avec sa bravoure ordi-
naire; mais il ne put empêcher Co*
hmbières de rendre la place à Nevera.
PRE
— 3!è —
PRÈ
n éèrVit ensuite à la pri^e dé Ntort, et
en 1589^ à celle de fchâtèllëraait, dont
fà gardé tàf fut conflué. C'oét comme
Sopverriènf de celte ville, qdl fat com-
Hse pfris tard àd nombre Àêà pldceà
de sûrëtë, qu'Use rehdlt, ërl t:$96, l
l'Aèsemblée de Lodddri ^àhh y pl-èlër*
lë serdjent d'nbidri. Ofi Igiîdrë l'àrilîée
préMsë de H Mort, â'il fâdl fen croi^ë
Ife tHict. de Ja Noblesse, q|dt Idi ddtiUë
lé Me de itcdtenant ^^iiértil; ii fdt éti-
^à)é £n ambài»iildë ëii fetdliândé^ eti
lJJd7.
ttebibr de t'rèànx fUl iiittffë dcdx
fol/^.Sâ prémlëfë fëJîitnë, ÀUni- Hû
BèC'CfésiAH, né liii donna qu'une fllle^
()al raoûrdi Jëdhç. Là i^ebôniië, Mûrie
Ciiichàrd, qnl était veu^ë en 1 61 iy le
fëddii efiboi-e |iër^ d'uri flts et d'uiië
dlle^t nidhe sah^ âiltdiicë. Lé dis; nord-
iiië Hicf dit, fbl mestre-dë-camb d'dd
fé^fttient d'IdfàrileHe et tnd^éehdl de
Abtàllté. Il ët)bd^â; èh Je;$:i, Marié
^cftirH^ sd cousine, é( en eut kit-
itik, i|ui Servit cH Àllënia^rié, ëh Hol-
lande et en Flandres. ISous ti'àvpn$ pd
dï^éddvrlfàqiicllë éiibl}uë teltëmdijlle
§ë cdh^ëKlt dii céthôilëiâmé.
pMÈISS Ac^ nnilllë hdble du Haui:
tiinfeoeddc^ qiii i)2ir^U à'ëlrë rangée de
bbiihé Hëdië sou^ m banntërë de là
ftëfdfnie : le prënilef mIHUtrë de Ne*
:fëîlëilS^e, ob lë brdiësiiliiliédle avait
té ^tiéU j^àt'GmMrHe Rôdeur, teaii
:hàhelté et Antom VàlHlls. fût dd
Èmài^Û de Prèls^c; tidi ^e rëtifa 8
MBUtâbbdn. eh lii62. Lëâ retiscigiie-
fliëhlii ()de hbn$ àiMk (id l*bcdcilllj-rië
ttUtiâ bërhibtteiii i|dï de dit ë si te paâ-
féiir eiàit liafëHt de Frié de t>rels5Âb^
slêdrdeCadeill&h.qdtépdùâà en t5d^>
JlHfièdfIup^,t]llëdëtdf6bh^/UeLtii)ë,
siéùriiëMaraldl,ëi ëh sëhdhdeâilbbefl,
MMb à'ethir.m de Lbdis tic Léf Ir:
slfeor de SàlBchbii. kn Iî5^7, FrU dé
PrëJFàâc àâsisià, comriic dëpiilë de Id
hdiilësse dii ttordelais^ à rassemblée
Bë âàintb-bt [Anh. (j'en, tt. 513).
Il itioUi-ul en iGÔS, et but irolâ cit-
rkdis : l«> Jo:çATnAN, ijul sdît;— 2<»I-
kiftELtÊ, fémmë dAn'toinip^BerMM
siivNË , mariée à Jean de Umozin^ sieur
de Gebra. Jonathan de Preissac épôa-
sa eîi 1603, îsabi»audeSallusteyMé
de GuUlaninpdeSaUusie, sicur du Bar-
tas, et db Catherine Hè Manas, De ce
niâriHgb nâqdlrent : !<> pIÉrre, (jal
sdllî— 2° JpÈL, tjdl suKil ia carriëfé
des ai-tdëâ et ilë iàisea i)âs de posIéH-
të; — :>» CATfefeiiiNE, femme de Bt&-
naM db Gorgues \flo\irg\i^f), slouHti
Casterd;— ioAiNiîfe, épouse de Philip-
pe de t^dgHy siéur dé Lahbilt. Reste
velif, JdHlithan de Pi-elssdc se remaria,
eh 1624. avcci/drfp d'Èscorbîac, qdl
liii ddrifia encore Irbls ferifafils; —
5» CÈ^Àtt, lleutcnadldans le i-égllnedi
de La Vàlilère ;— i)0 SL'èÂNXE, femdië
de Hefre de Guarripuy, sieur de La4-
clotes; — 70 1^àèeAu.
Pierre de t^reissac, sieur de Cadell-
lah, éërVlt avec honneur dans la cadl-
pâgtië du Piémont , et remplit plds
tard; en 1052. les fonctions de cdid-
ihandant diidà le pays de Coinrainges.
11 testd le i«r mars i6fJ2. Sa redidie^
Persidedè Lttpéy Tavàll reiida përedij
së|U eHfatils, sa\olr; i^PiùL, comettî
àh réginicnt de Plmàrcon; — 2' JBÂîii
^l^dr de La Salle, qdl cpoQsa,cnl69Sj
Gàbrihile de Soûlas ; — 3» AltftAHAi;
qdl bdbtihua là deâcëUdanee;.-^4«Mi'
NÉE, liëdlënaht ati réglnicdi de Pfé^
inonl;— îi» m^^ ddnt là dcitliiée est
iricdndde(l);— GoCATttEliiNÈ;— 7*SB-
SitNNE.
Abraham de Prbl^sae, sieu^ de tïï-
dëlllhd et de Lh Tastë, Suivit là ëàr-
rlcrë mljllairc, et épousa, Phînée rfS
Lupéy qui lui doniid qùàlrc enfanta,
nddiirié^ Pacl, Prikëè, Ëkkï^ H Cl-
tbBRiN'É Tout nous porté à croii-eaiië
ses enrants coUtinùëreut â pfpfessëh li
religion réformée, et qde, àlis àbjhrè^
ferit pour échatij^ër mi persécutions,
ëe fut des lèvres seulement. Il est vni
que sur les neuf enfants issus du mâ-
(1) SainUAlUts n'aarail-il pas commis ici mf
erreur, el ce ciuquicmc enfant ne serall-il paf
CharLi de /Vr^ifac, sieur de Payrènaoll, dontlt
femme, Marié de Sautage^ de rtif-Lsiarens, M
Tonliil poini imiier L'exemple eo abjonnt, ei tM
uferiDoe àrbdtel-de-vUle de Bord«au&t(ir(a.
gin, Tt. lit.)
PRE
— 3lè —
PRE
riflge de t^àul de Preissac avec Anne
de Lapé, nous en voyons cinq décorés
de la croix de Saint-Louis, distinction
4ti'on ne pouvait obtenir sans Taire
acte de catholicisme; mais d'un autre
eôt^, nous voyons aussi i'ainé de tous,
JEA.N, comte de Preissac, prendre al-
liance, en 1748, dans îa famille de
Labat-de-Vi vans, ci nous savons, par
des pièces conservées aux Archives
(H. 675), que, encore à cetle époque,
tette ramillepersisiail courageusement
dans la foi de ses pères. M. de Labat
lùourut protestant en 1 733, ainsi que
êon fils aîné et son fils cadet, dont les
trois jeunes tilles Turent enTermées, en
1733, aux Nouvelles-Catholiques de
Clairac, d'ouonlestrahsTéra,en 1735,
an couvent de la Visilation d'Agen.
Quant au troisième fils, resté cheT de
la Tarn i Ile par la mort de son père« il
avait Teint de se convertir pour pou-
voir se marier, mais depuis son ma-
Mage, il ne mettait plus le pied dans
iine église catholique.
C'est aussi dans une liasse des Ar-
({tiives (Tt. 333), que nous avons trou-
vé le peu de i-enseignemeiits que nous
possédons sur les Preissac-de-Lioncel,
du Poilou, dont Saint-Allais ne Tait pas
mention dans sa généalogie.
Michel de Preissac, sieurde LaChai-
se, épousa, en i ^6l , Isabeau GuHUm,
dbini il eut Gédêon, sieùrde Preissac.
Celui-ci prit pour Temme, en I5lil,
Gàhrielle de L'oncel, dame de L'isle,
et fut père de tÊDfiON de Preissac-de-
Lloncel, baî-on de L'isle, qui s'allia,
en 16^(1, avec Marie de Pons, veuve
HePaul d'Espagne, et fut père dé deux
Ais , nommés Hector et Daniel . Ce
éttn\e\r, qui assista, èti 1678, au sy-
node de la Sainlonge, comme ancien
2b régi i se de VilleTagnan, épousa Es^
ther d'Espagne et en eut Henri, itia-
rlé, en 1G57, âvccCa(^<>ie d*î-raëL
Và\nk contracta, en 1 649, avec Claude
de Noritjé ou Nourrigier, nue alliance
dont naquit François-Hector , mar-
quis de L'isic. Le pèreet le Ûls vivaient
encore dans le château de La Chaise,
en 1 693, surveillés de près par les a-
gentsdugouvememenl(i4rc/i.E.S578);
plus tard cependant, François-Hector
réussite sortir du royaume et ses biens
furent séquestrés.
Nos renseignements sur celte bran-
che, issue apparemment de la même
souche que celle des Preissac du Lan-
guedoc, ne s'étendent pas plus loin;
mais Saiat-Allais a continué jusqu'à
DOS jours la généalogie de ces derniers^
dont une partie, si nous sommes bien
renseignés, proTessent encore la reli-
gion prolestante. — Nous ne connais-
sonsaucunTailquinousautoriseà ratta-
cher à l'une ou l'autre de ces Tamilles,
ni même à compter parmi les écrivains
protestants, un sieur de Praissac, qui
s'est Tait connaître, vers 1620, par la
publication de plusieurs écrits sur l'art
militaire.
PRELLECJR (Pierre) , compositeur
de musique, né à Londres d'une Taraille
de réTugiés. On sait irès-peu de chose
sur sa vie. 11 commença par être maître
d'écriture à Spilalfield ; puis, obéissant
à sa vocation, il s'appliqua exclusive-
mentàlamusique,Btildevint,enl728,
organiste dans l'église de Saint-Albao
à Londres. Vers le même temps, il Tut
attaché à l'orchestredu théâtre de Good-
mansfleld, pour lequel il composa des
ballets et des Intermèdes. En J 731, H
pablia The modem music masler, con*_
tcUning an instruction to singing, and
instructions for mosi of ihe instru-
ments in use, Lond., 1731, in-8o, avec
un abrégé de Thisloire de la musique
extrait de l'ouvrage de Bontempi. Cinq
ans plus tard, il obtint la place d'or-
ganiste de l'église de Christ à Mid«
dlesex. On ignore la date de sa mort,
de même que celle de sa naissance.
PliESTR CAU (N.), régent de 4« au
collège de Genève, était natiTde Nismes.
Après une jeu nesse très-orageuse, saisi
d'un accès de repentir, il se fit char-
treux ; mais il ne tarda pas à avoir as-
sez de la vie du cloître. Étant parvenu à
se sauver de son couvent, il se réTugia
à Genève, rentra dans l'Eglise protes-
tante et se voua à l'enseignement. On
a de lai on ouvrage estimé, les Prin-
PRÉ
3140 —
PKË
cipes raisonnes de la langtAe grecque
par demandes et par réponses, Gen.,
1767, in-80.
PiiEUNLIN (ANDRfi), appelé pins
ordinairement PrunuluSy premier pas-
(eurdelVglisedeDorlilzheim.En 1 523,
les habitants de ce village adressèrent
an magistrat de Strasbourg une re-
quête portant : que leur curé ne prê-
chant ni de bonne grâce ni avec talent
la Parole de Dieu ; qu'eux-mêmes ne
pouvant plus souiïrir qu'il vécôl pu-
bliquement avec une concubine, et que
le Conseil ayant tout récemment or-
donné de prêcher le pur Evangile, ils
priaient qu'on les aidât à devenir ci-
toyens des deux. On leur envoya donc
Preunlin pour ministre. Bientôt après,
la guerredes Paysans vint jeter le désor-
dre dans la commune. Fidèle à sa vo-
cation, le pasteur essa>a de s'opposer
à rinsurrection; mais il Tut arrêté par
une bande de révoltés et pendu. Lors-
que la tranquillité Tut rétablie, tout le
village eut de nouveau recours au ma-
gistrat de Strasbourg, qui chargea
If u«cti'fi5 d'aller y prêcher TE^anglIe.
PnÉVEItAUD (Jean) sieur de La
Piterue, juge à Monlagnac, fut doputé,
en 1617, par la Saintonge, au Synode
national de Vitré, et en 1619, à l'As-
temblée politique de Loudun. En 1 620,
11 représenta la même province à l'As-
semblée de La Rochelle, qui lui donna,
à plusieurs reprises , des preuves de
confiance et d'estime. Ses descendants
persistèrent courageusement dans lonr
religion, malgré les mesures de rigueur
dont plusieurs d'entre eux Turent vic-
times, à l'instigation du clergé catholi-
que. En 1 71 8, Louise Préveraud, Hlle
de Jacques, sieur de Beaumont, et 6* A n-
ne Seguin, jeune fille de 25 ans. Tut si-
gnalée au gouvernement comme pro-
testante opiniâtre par le curé de Ville-
Tagnan, nommé Degennes ( i ) . En i 7 29,
(1) L& dénonciation de ce curé, que noosaTons
relrouTéeaai Archive.'^ dans une liasse coU'eTr.
388, comprend, outre Louise Préferaud et trois
demoiselles Girardtn, dont noa« aTons parlé ail-
leurs, vingt-cinq autres jeunes UUes protestantea :
Anne PoiUvin, 10 ans, fille du sieur de Lon-
^anx; Marie PoUeviti^ sa soqr cadette ; Jeanne
Marie Préveraud, de Jamac, fut en-
fermée dans le couvent de Notre-Dame
à Saintes , à la demande du fameux
persécuteur La Corée, qni sollicilalt
aussi l'arrestation de M"« Sabourit;
mais cette demoiselle étant âgée déjà
de 27 ans, « et n'ayant pas de bien, »
le secrétaire d'Etat refusa d'envoyer la
lettre de cachet (Arch. gén. E. 5566).
En 1746 encore, des ordres furent don-
nés pour enlever Jean Prévnaud et
le mettre au collège des Jésuites de La
Rochelle. Avertie à temps, sa mère le
fit disparaître. On l'incarcéra elle-mê-
me, comme rebelle aux ordres du roi,
et on la retint en prison jusqu'à ce
qu'on eût appris que son fils était heu-
reusement arrivé à Hambourg et par
conséquent hors de l'atteinte des con-
vertisseurs. {Ibid. E. 3581).
PHÉVOST, famille d'Issoudon,
qui entra de bonne heure dans l'Eglise
protestante. Claude Prévost, profes-
seur de bel les- lettres à l'académie de
Lausanne en 1 545, en desrendait. Plus
tard^ abandonnant sa chaire pour se
faire ministre, il remplit les fonctions
pastorales dans sa ville natale jusqu'à
la Saint- Barthélémy. Il fut assez heu-
reux pour échapper aux massacres et
se relira à Genève, oii Gmllaume Pré-
vost, de Paris et d'auircb Prévost de
la Picardie avaient déjà trouvé un i-
sile. On a de Claude Prévost: Commets
larius de magistralibus populi romani,
Imp. à Lausanne, en 1579, in-8*.Son
fils, nommé Pierre, né à Issoudun^
étudia la théologie Ministre à Russin^
en 1597, puis à Vitry-le-Français, en
1 598, il fut rappelé à Genhve, en i 601,
et gratifié, la même année, des droits
Bruneauy 12 ans, fille du sieur des HoQUièflt;
Marthe Bruneau^ 11 ans, sa snur ; Marie-Cm'
therine Cottlurier, 12 ans, fille « do plus rklit
de la paroisM; ■> Maria Pow/aud^ 10 ans; Aimm
Boumard^ 17 ans; Marie Vetaud^ 13 ans, 61 ta
sœur; Marie Talonneau^ 12 ans; Marie Mourgt^
17 ans; Anne Mourge^ 15 ans; Susanne Mourg$,
11 ans; Marie LevtauU^ 12 ans; deui demoi-
selles Pa»cauU; Marie (lanle, 19 ans, et m
quatre sœurs, âgées de 11 à 17 ans ; Anne BmU-
louXj 10 ans, fille du sieur de CbesoeTert; Ckw»
htte Poinsont 25 ans; Marguerite Pouyeutd it
ans; Marie-Anne Pùuyaud, 20 ans. Chaque BMl
est accompagné de curleosea obserratiouf.
PRE
— 321 —
PRE
de bourgeoisie, ainsi qae son collègue
et compatriote SamuH Perrot , « eu
égard aux services qu'ils Taisoient à
TEglise. )) Il mourut en 1639, en de-
mandant d'être enlerré,comme Calvin,
dans le cimetière dePlainpalais.— Une
autre branche de cette ramille, qui con-
tinua à habiter Issoudun, nous eslcon-
Due par le singulier procès auquel la
mort à' Anne Prévost, Temme de Sa-^
muel RegnauU, donna lieu. Anne Pré-
Tost s'était convertie à la révocation ;
mais sur son lit de mort, en 1690, elle
rerusa absolument de recevoir les sa-
crements de TEglise romaine, en dé-
clarant au curé de Siiint-Cyr qu'elle se
repentait d'avoir abjuré et qu'elle vou-
lait mourir dansla religion piolestante.
Une procédure criminelle Tut, en con-
séquence, dirigée, pourra-t-on lecroi-
re! contre son mari i comme curateur
au cadavre de sa Temme,» qu'on avait
enlevé de la maison mortuaire pour le
donner en garde au geôlier. Le 1 1 déc,
le lieutenant criminel rendit sa sen-
tence où l'odieux le dispute à l'ab-
surde. Il 0 donna que la mémoire
d'Anne Prévost sera il éteinte et suppri-
mée, ses biens conflsqués,son cadavre
placé sur une claie, la face contre terre,
et traîné ainsi derrière une charrette
par les rues de la ville, puis jeté à la
voirie. Surappel, le parlementde Paris,
pararrèl du 5 janv. 1 69 1 ,ordonnaqu'il
serait plus amplement informé et que,
par provision, le cadavre serait remis à
Samuel Regnault,qui le ferait inhumer.
Plusieurs réfugiés du nom de Pré-
vost cherchèrent aussi un asile en An-
gleterre. C'est apparemment de l'un
d'eux que descendait le révérend F,
Prévost (son nom indique assez une
origine française), qui a publié, en
collaboration avec Blagdon, les trois ou-
vrages suivants : Beautics ofDr. John
Moorej Lond. 1803, in-8«; Mooriana
or Sélections from the moral philoso-
phical Works of sir JJm Moore, Lond.
1803, 2 vol. in-8<» et Flowers of lite-
rature for 1801-1803, Lond, 1804,2
vol. in-12.
PREVOST ou Prévôt, famiUe no-
ble du Poitou, qui a donné à la cause
protestante de vaillants capitaines et
d'illustres confesseurs.
l. Branche ddChastelier-Portault.
Du mariage de } ouis Prévost, sieur
du Chasielier-Portaultavec Paule Cha-
bot, dame de Pressigny, étaient nés
cinq enfants : PN., tué en Piémont par
Charri, en 1 55 1 ; — 2« Antoine, sieur
du Chaslelier-Portault, qui suit; —
3» Honorât, sieur de La Tour, qui sui-
vra;— 40 Jean, mort jeune; — 5o Ca-
therine, femme de Guy Jourdain, sieur
d'Ambleville.
I. Antoine Prévost n'a joué qu'un rôle
insignifiant dans les affaires des égli-
ses. On pourrait douter qu'il eût em-
brassé la religion protestante, si l'on
ne savait par son contrat de mariage,
dont H. Fillon possède l'original, qu'il
épousa, en 1560, Marguerite Fumée,
fille du conseiller Antoine Funwe (Voy.
ce nom), qui, après son acquittement,
avait cru sage de quitter Paris, et s'é-
tait retiré au Parc-Soubize, chez /ean
L Archevêque. De ce mariage, qui se
conclut sous les auspices de la zélée
huguenoltCi^ nlo.netle Bouchard-d* Au-
beterre, naquirent trois enfants : Ho-
NORAT,mort,en 1 592,sans poslérilé( 1 );
SusANNE, femme dePterre Hétics, sieur
de La Roehe-Esnard, et Madelaine,
épouse de Charles Chenu, baron d'Au-
try en Berry.
II. Né vers 1522, Honorât Prévost,
sieur de La Tour , désigné ordinai-
rement par les historiens sous le nom
de Chastelicr-PortautySG montra ani-
mé du plus grand zèle pour la Cause,
et il s'acquit dans le parti huguenot
le renom « d'un gentilhomme signalé
pour sa vaillance, rare savoir et non
commune dextérité en toutes choses, »
comme nous l'atteste La Popelinière.
Attaché depuis son enfance à la mai-
son de Châliilon, La Tour suivit Co-
ligny et Andelot à Orléans, lorsque
(1) llaTailèpou$ié, en 1584, Anne Du Pral,do
la maison de NAntouilleif demoiselle d'honneur de
Catherine de Mcdiris. La Croii du Mai edil que
ceUe dame écrifaii afec beaucoup de politesae,
•0 proie, en ven, en français et en laAin.
PRE
- 32«-
PRE
la première guerre civile éclata. Ûoel-
qne temps après, sous les murs de Pa-
ris, Il fut dangereusement blessé par
des retires qui le prirent pour un en-
nemi ; le capilainc gascon La Porte,
qui raccompdgnalt^ Tut tué dans cette
alerte. Après la conclusion de la paix,
La Tour resta auprès d'Andrlot, et ce
Tut autant pour venger soti patron dès
bravades de Charri (Voy. Ill, p. ils)
que pour tirer satisfaction du meurtre
dé $on Trère atné, qu'il attaqua le co-
lonel des gardes à pied sur le pont Saint-
Michel et le tiia, le 50 déc. 1563. S'il
faut en croire d'Aubigné, la rencontre
fut fortuite. En se troiivaht ëh face de
son ennemi, Chastelier-Porlault, qui
était accompagné de Moucans etdc Bri-
quemaulty ou, d'après Brantôme, d'un
soldat d'Andelol, nommé Constantiny
mit répéeà la main ; ses seconds l'imi-
tèrent, et Charri, qui était aussi accom-
pagné de deux amis, suivit leur exem-
ple La lutte fut courte. Au cliquetis
des épées, le peuple s'émut, le cri : au
huguenot! se fll entendre; mais, sans
se Iai8!^er intimider, les trois officiers
prolestants percèrent la foule, gagnè-
rent la porte de Nesle, ou leurs chevaux
le^ attendaient, et s éloignèrent rapide-
ment de Paris.
Lorsque Condé résolut de prendre de
nouveau les armes, en 1567, Ghaste-
ller-Portaull fui chargé de se rendre se-
crètement en Allemagne avec Fran-
court, pour demander du secours aux
princes protestants. Dans la troisième
guerre, il rendit des services plus im-
portants encore comme vice-amiral de
la fidlie rochellOise. Au mois d'oct.
1568^ il alla croiser avec neuf vais-
seaujt sur les côtes de la Bretagne, où
sa présence jeta l'épouvante : puis, lon-
geant les côtes d'Angleterre, il se saisit
d'un grand nombre de navires Ilamands,
bretons et normands frétés par des ar-
mateurs catholiques. Il conduisit ses
prises à Plymouth, obtint, par l'entre-
mise d Odet de Châtillon, la permission
de les y vendre se hâta de reprendre
la mer pour continuer sa croisière, et
rentra^ chargé de baiin, dans le port
de La Rochelle, au commencement an
mois de mars suivahL Instruit de sod
retour, Condé l'appela à Cognac. Quel-
ques jours après se livra la bataille de
Jarnac, oîi La Tour se comporta vail-
lamment. Son cheval s'étant abattu soos
lui, il fut pris, et, le soir même, tué de
sang-froid par les amis du capitaine
Chairi. Il avait dans l'armée protes-
tante le grade de maréchal de camp.
Le célèbre Sore lui succéda dans sa
charge d'amiral.
II. Branche de Touchimbbrt.
Le prctnier de cette famille qui enn
brassa lés opinions nouvelles fiit PtffT»
Brévost, sieur de Touchimbert, archer
dahs la compagnie de La RochefoU'
cùuld. 11 testa éii 1 57 4, n'ayant qu'on
fils de son mariage (en 1 565)avecibrarîa
Brossard, veuve de Jean Goumard,
sieur de Pougné. Ce fils, nommé Isaac,
sieur de La Piogerie et de Touchimbert^
épousa, en 1 584, Isabeau Guy, fille de
Godefroy, sieur du Breull, et de Frort-
çuise de La Rochefoucauld. Il en eut
François, qui servit dans l'armée roya-
le au siège de Saint-Jeah-d'Angély, en
i621,etqulépousa,eni626 selonFil-
leau, en i 628, selon Courcelles^/catina
de La Rochpfoucauld-du- Parc-d'Af'
ehmche ce mariage naqui ren t : l «Fr AU-
çois, sieur de Touchimbert et de Si*
veilles, qui suit; — 2° Casimir, sieur
de LiioouLlllau,qui suivra;— 30CHAR-
LES, sieur de Brnssac, qui épousa Ca^
therine de La Roihefoucauld et en eut
CHARLOTtB, femme de Gabriel de Vas-
selot, sieur de Régnier ; — 4« ËLiU-
BETH ; -— 50 MadeLaine ; -^ 6« Stltib;
— 70 Marie.
1. François Prévost épousa, en 1 658^
Marthe j'oly. En 1 682, on lui contesta
le droit d'exercice qu'il possédait à Sa-
vellles(i4rc/i.,çén.TT.242),eten 1686,
on l'enferma à la Bastille. Nous ne con-
naissons aucune autre particularité de
sa vie. 11 est probable qu'il abjura (l),
et que son exemple fut suivi par ses
(1) a moins toutefois qu'il ne soit le même que
le priaoïmier du diàteau de Guise (Voy. Pièces
ja8Ur.,N«XGYn).
PRÉ
-.3«S-
deax dis qtii serrlrent dans la marine^
comme lieutenants de vaisseati.
II. Casimir Prévost ne montra même
pas autant de constance qae son Trère.
11 épousa, en 1 657, J/anVrfp Robillard,
fllle de Josias, sieur de Champagne, et
de Marîpde MazièreSfqnï le rendil pè^e
d'un dis et de sit Hiics. Il faisait en-
core profcssiort de la relif;loti réformée
au mois de juin 1685, oit il assista à
l'enterrement de Diane de Poligtiy,
femme de Jacques Du Bois, sieur de
Salnl-Mandé (Rég. deCharent,)'^ mais
aassilôt après la révocation de Tédit de
liantes, il s'empressa de se convertir
avec son ami La Motte-Michel, et leur
apostasie leur valut à Tun et à l'autre
un prompt avancement [Arch,^. 3372) .
Cependant, six ans plus tard, nous le
trouvons porté sur une liste de suspects
{Ihid. E. 3378), et s'il faut en croire
Filleau, plusieurs de ses enfants, de-
meurant fidèles à la religion dans la-
quelle ils étaient nés, se réfugièrent
6D Angleterre. Du nombre de ces der-
niers fut, selon le généalogiste des fa-
milles nobles du Poitou, son fils uni-
que FRANÇOtâ, qui gagna d'abord Ge-
nève et passa ensuite en Angleterre,
où il mourut capitaine. Le fait peut être
yrâi ; mais Filleau commet bien certai-
nementune très-grande erreur lorsqu'il
il&rme que ce François PrévdMenl pour
flls le général -major Augustin Prévost,
qiii a Joué un rôle dans la guerre de
rindcpendance américaine. Augustin
Prévost était genevois, ainsi que son
frët*e aîné Jacques, lieutenant général
dans l'armée anglaise. Il est vrai qu'ils
dëècehdaiènt de réfugiée; mais leur
famille était originaire de Bossy; or
comme ce village, à l'époque où elle le
quitta, ne faisait point éticore partie du
royaume de France, et a été réuni, en
iSl5, au canton de Genève, ia France
protestante ne nou.*^ semble avoir sur
eux que des droits très>contestablcs.
Nous ne croyons donc point devoir leur
donner place dans notre ouvrage, non
plus qu'au savant professeur Pierre Pré-
vost; qui florissaità laQndu dernier siè-
cle, et qui était issu de ia mème/ftmiUej
PtlE
m. Branche db La Rocbk.
René Prévost, sieur de La Roche,
flls de Constantin Prévost cl de Char-
lotte Bureau, prit part, selon la sénéa-
iogie dressée par Courcellcs, à la dé-
fense de La Rochelle, de Saintes, do
Saint-Jean d'Angély, et combattit à
Monconlour et à Coutras dans les rangs
huguenots. Il mourut avant 1 509, lais-
sant deux fils de son mariage, conclu
en 1 5G5, avec Françoise. IV^iVr, savoir:
Théophile, sieur de La Roche, dont
les descendahts. Connus sous le nom de
marquis de L'Etorière, paraissent être
rentrés d'assez bonne heure dans le gi-
ron de l'Eglise romaine, et Charles,
sieur de Gagemon ou Gagemont, qui
se distingua, lui et ses descendants, par
leuratlachement au protestantisme. En
1642, Gagemon fut condamné à l'amen-
de, pour n'avoir pas salué le Saint Sa-
crement? Pareille condamnation frap-
pa, en 1 646, Voirgarcy qui tenait gar-
nison à Metz ; en 1 654, Courtaud, con-
trôleur des taiiles à Castres; en 1 664,
Saulnier, de Poitiers, et combien d'au-
tres dont les noms ne sont pas arrivés
Jusqu'à nous. Il parait pourtant que les
tribunaux punissaient dès lors moins sé-
vèrement l'irrévérence envers le Sacre-
ment, c'esl-à-direenversJ.-Ch., dans le
sens de la doctrine catholique, que le
manque de respect envers la Vierge,
puisque Judith Sancière, de Metz fut
condamnée, en 1643, pour ce dernier
crime, à la prison et à l'amende hono-
rable, et qui; le parlement de Grenoble,
encore moins indulgent, fil fouetter Jus-
qu'au sang, en 1 663, la femme Fréchet.
Charles Prévpst épousa, en 1605,
Jeanne de Liste y fllle de René de L'hle^
eleneutrPLouis, qui suit; — 2° Anne,
femme, en 1648, de Pierre Arnaud ^
sieur de La Canlinlère; — 3° Louise,
mariée à Benjamin Pasturault, sieur
du Pinode.
Né en 1607, Louis Prévost, sieur de
Gagemon, épousa, en 1639, Louise Du
Verger, fllle d'Abraham Du Verger,
sieur de La Roche Honroy, et de Mar-
the dé L'Ish, sa cousine germaine. U
PRE
— 324
PRE
en eut deux fils, dont le cadet Charles,
mourut jeune. Louis, Talné, prit pour
femme, en 1 664, Mark L*HuUlier,quï
montra beaucoup de constance pendant
les persécutions (Koy. VU, p. 87), ainsi
queson mari ( Voy. VII, p. 90). Ses trois
fils furent enlevés et mischoz los Orato-
rlens de Niort; ses (lllcs dans un cou-
vent de Provins (Arch, yén.E. 3573).
Elles se nommaient Louise, Marie et
Charlotte, et leurs frères, Louis,
Crarles-Co>'st4mtin et Alexandre.
IV. Branche Du Plessis.
André Prévost sieur du Plessis, é-
pousa en \rrt\,Rpnée Auberty qui lui
donnadcux fils, et quelquesanncesplus
tard, en 1 578, Philippp Prévost, sieur
du Plessis, conseiller et maître d'hôtel
ordinaire du roi de Navarre, se maria
dans réalise réformée de Loudun avec
Jeanne Lp Non, dame de La Marsau-
dlère (Arch. gèn, Tt. 232). Le second
des fils d'André Prévosi, nommé An-
dré, mourut sans postérité, selon la
gén<^alogie de cette famille publiée par
Saint-Allais. L'alné, Samuel, sieur de
La Vau, du Plessis et de La Javellicre,
était capitaine de cavalerie, lorsqu'il
épousa, en 1597, EUnabeth Turpin,
fille û' Antoine Turpin et de Gabrielle
Des Nouhes, qui lui apporta en dot la
terre de LaBoutetière(aliàs Boutelière).
Decemariagenaquirent,oulre une fille,
SusANNB, qui devint la femme de Ben-
jamin de Crossant, sieur de Marti-
mont, deux fils, qui reçurent les noms
de François et de Pierre. Ce dernier
était seigneur de La Javellière. Tout
nous porte à croire que Pierre Prévosl-
de-La Javellière, et Charles Prcvost-
de-La Simonie, qui furent députés au
Svnode national de Loudun, étaient ses
fils. Leurs descendants abjurèrent à la
révocation, mais des lèvros seulement.
En 16*46, le secrétaire d Etat signalait
encore à l'intendant du Poitou, comme
suspects de protestantisme, La Javel-
lière et son beau- frère La TilUère
(Arch. E. 3>82), et en 17 25, La Si-
monie y qui était parvenu à sortir du
royaume^ fut condamné comme relaps
[Ibid. E. 3562). Quant à François, qui
portait le titre de seigneur de La Boq-
letière, il épousa, en 1624, Bénigne de
Jancouri (ou Marlhf-, selon Sainl-Al-
lais), petite-fille de DuPlessis-Momay,
De ses nombreux enfants un seul sur-
vécut, à savoir, F RA^çolS (aliàs Chris-
tophe), capitaine de cavalerie, qui prit
pour femme, en 1 669,Elisabf^th Morin-
de-Loudon, fille de Henri Morin-de-
Loudon et de Susanne Le Comle-de-
Xonant, qu^il laissa veuve avec deux
enfants, nommés Christophe et Eu-
SADETH. A la révocation, elle abjura,
et comme elle était, ou passait pour être
bien convertie, elle obtint, avec ses
deux sœurs Su.fotmp, marquise de Cler-
monl-Gallerande, et Française^ veuve
^*Arlhus Lohier-de-CouoainSy aussi
bonnes catholiques qu'elle, le don delà
moitié de la terre de Sancourt, qui a-
vait été mise sous le séquestre par suite
de rémigration d'Elisabeth Le Comte"
de-\oriant, marquise d'Heucoort (i4r-
ch, Tt. 226).
On doit sans doute rattacher à cette
famille poitevine6'a6n'e/Préi;o5t, sieur
de Charronnières, u esprit et cœar
ferré, homme digne des guerres civi-
les, )> comme rappelle d'Aubigné.
Charbonnières fil ses premières ar-
mes au siège de Montaigu, en 1580.
En 1 585, il s'était déjà élevé au grade
de mestre-de-camp d'un régiment d'in-
fanterie. Il contribua, celte année mê-
me, à la prise de Tulle ; puis, ayant re-
joint le prince de Condé, il l'accompa-
gna dans son expédition contre Mer-
cœur.En 1586, il défendit vaillamment,
mais sans succès, Lusignan contre Bi-
ron, et bailli les Ligueurs à Ternay,
près de Loudun. En 1587, il assista à
la prise de Fonlcnay-le-Comte. Laissé
par le roi deNa\arrcàLaMotte-Sainl-
Eloy avec son régiment et celui de Des
Borics (appelé par d'Aubigné Des Bau-
rières), il y fulaltaqué et complètement
battu par Joyeuse, qui dul sa victoire
à la trahison du capitaine du château :
après s'être engagé par serment à ne
commettre aucun acte d'hostilité, le
parjure prêta ses canons au général ca-
FRE
— 32S -
PRE
Iholiqoepour rompre le^ barrières, qni
défendaient l'entrée du bourg. Joyeuse
traita les prisonniers avec une barba-
rie qui rrçut son châtiment à la bataille
de Goutras, où Charbonnières se dis-
tingua parmi les plus braves. Quelques
semaines après, pendant que le roi de
l*lavane s'endormait dans les bras de
la volupté. Charbonnières suivit Tu-
renne au siège de Sarlat. En 1588, il
se signala à la reprise de Marans^ et
remporta un avantage considérable sur
un corps de troupes catholiques logé
dans les faubourgs de Poitiers. La mê-
me année, il suivit le roi de Navarre
au siège de Beauvoir. En 1589, il prit
part à la défense de Tours contre
Mayenne, et quelques jours plus tard,
assisté ô*Harambure, il dégagea CM-
tillon, qui allait succomber sous le
nombre dans son combat contre Savcu-
se. Ce vaillant guerrier trouva la mort,
peu de temps après, sous les murs de
Ponloise En récompense de ses servi-
ces, il avait été nommé gouverneur de
Loudun, en 1 589 ; mais il avait donné
sa démission dès l'année suivante. 11
ne laissa, à ce qu'il semble, de sa
femme, Elisabeth de Pcts-Ffuquières,
qu'un fils qui fut conseiller d'Etat, ma-
réchal de camp et ambassadeur en An-
^eterre.
Il nous reste à parler d'un rameau
de la famille de Prévoi-St-Cyr, qui,
bien qu'originaire de Blois, à ce qu af-
firme Saint-Allais, avait probablement
une origine commune avec les Prévost
da Poitou.
Le quatrième fils de Jean Prévost,
sieur de Saint-Cyr, etde ilfan>J5rac/w»(,
nommé Guillaume, sirur de Moulins-
sur-Charente, épousa Françoise Aube-
lin, fille de Guillaume Aubelin, sieur
de La Rivière, et de Françoise Brochet,
Il en eut : 1» Jean, sieur de Moulins,
marié à Anne Gmdrault, et père de
René, sieur de Moulins; — 2° Marie,
femme de Pierre de Guillon, sieur de
Laage, bailli de Sedan ;— s^ Susannb,
seconde femme de René de Cumont,
sieur de Fiefbrun.
Nous ne voyons pas la possibilité de
faire entrer dans cette généalogie Pr^-
vosi'de-La Fraignée, vieux gentil-
homme poitevin signalé comme pro-
testant, en 16G4, par Tinlendant Col-
bert.
PREZ (PiERBB de), né à Thonon,
d'une famille noble de la Savoie, doc-
leur en droit et avocat au siège de
Gex, où il s'était établi avec sa femme
Simonne Mestrezat, fut député, en
1600, par la noblesse du bailliage de
Gex au roi Henri |V, qui lui accorda
plus tard, en \ 608, des lettres de na-
turallté, et le pourvut de la charge de
lieutenant particulier au bailliage de
Gex. Il fut père de deux fils, nommés
Ferdinand et Charles, et de plusieurs
filles, dont Tune, Péronne, fut mariée
au ministre Jacques Clerc. Son second
fils étant retourné en Savoie, nous
n'avons plus à nous occuper de lui.
L'alné, né à Thonon, suivit la car-
rière erclésia'^tique et fut donné pour
pasteur à l'église de Fontainebleau, en
1625. Après l'avoir desservie pendant
plus de trente ans, il la quitta, sans
congé, pour accepter la vocation qui
lui était adressée par celle de Calais,
faute pour laquelle le synode provin-
cial, tenu à Charenton en 1655, le
frappa, comme déserteur, d'une sus-
pension de trois mois [Arch. gén, TT.
321). Il mourut en 1658, laissant de
sa femme i4 n ne Faurmer, fi lie du sculp-
teur Gabriel Fournier et de Margue*
rite Barthélémy, qu'il avait épousée
en 1 624, trois enfants nommés Louis,
Jacques et Marie. Cette dernière fut
mariée, en 1 6 i6, à Jean Chaduc, sieur
de Chancourt. Les deux fils se vouè-
rent au ministère. Louis, né à Fontai-
nebleau, fit ses études à l'académie de
Genève où il fut immatriculé en 1646.
il fut ministre à Chaltray, et eut trois
enfants de son mariage avec Madelaine
de Marelles , fille de feu Jacques de
MaroUes, sieur de La Grangctle, et de
Marguerite Le Fèvre , qu'il avait é-
pousée en 1656. L'alné, Ferdinand-
Jacques, était, en janv. 1685, pro-
fesseur de 4« à l'académie de Suumur.
Nous ne savons ce qu'il devint après
PRI
-m^
Mit
la révocation , non plus qne ces frères
Louis et Pierre Philippe. Quant à
Jacques, né aussi à Fontainebleau, il
étudia à Sedan, où il soulint,en 1650^
sous la présidence de Le Blanc, une
thèse DpDeishnpiinic^U, et pn 1651,
sous celle de Du Moulin, la ir« partie
d'une autre thèse l)(' saihfaclionihusy
jns. dans les Thèses Sedan. Uà pre-
mière église qu'il eut à desservir fut
celle de Guignes. Il fui ensi|ite appelé
à Houcy, pul$ à Caj^js el enfir^ àSau-
mur. On ignore la date de s^ piort.
l^n |6G0, régli^p de Couches en
Bourgogne avait {)u^r pasteur Philippe
de Prez, qui fut appelé, en 1665,
comme ministre h Chesne, el, Tannée
suivante, à Genève, où 11 mourut en
1678. Tout porte à croire qu'il des-
cendait delà même famille, mais sans
doute de la branche fondée dans le pays
de Gcx par Daniel de Prcz, sieur de
Crassy et de Séligny, que sa Temme
Sara de La FUl hère, du Pays de Vaud,
rendit père de trois fils, Jâcqi:es, Gas-
pard , Daniel , et de plusieurs Illles.
PRIEUR (BARTHÊLEaiY),un des maî-
tres les plus estimables de notre école
de sculpture, premier sculpteur du
roi (l), norissait à Paris dans la se-
conde moitié du xvr siècle et fut en-
terré au cimetière des SS. Pères ^ le
24 ocl. 1011.
On pe sait absolun^ent rien sur sa
vie. On suppose qu'il fut élève de Ger-
main Pilon et qu'il alla compléter ses
études à Rome. Mais ce ne sont là
que des supposition^ d'amateurs. Sau-
vai commet une erreur lorsqu'il pré-
tend que le connétable de Montmo-
rency sauva Prieur du massacre de la
(i) Sans doole de Henri IV. Ce lilre lui est
donné sur le RegiMre où est consiaïc son décès.
Plusieurs autres prote>tants, du nom de Prieur,
sont mentionnés dans les Rcgisircs do Charenion,
tels sont : iMuit Pri ur, Uls de Théodore i*rieur
et de Marie GouU ux, hapt. le II fcv. 1619:
parrain, Paul Prieur y lapidaire; — Madelaine
Prieur y épouse du sculpteur du roi Dupré^ et
mère de Paul, bapt. en mai 1612; — Rachel
Prieur y femme de Pierre Vi^t, marchand à Blois,
et mère de Pierre Vi>f,qui épousa, le 6 féT. 1670,
Etthtr Béraud, fllle d'Abel Béraud, graveur à
Blolf.
St-Barthélemy. C'eût été pue aetiw
d^aulant plus méritoire dans la vie du
connétable, qu'elle eût contrasté da-
vantage avec tout son passé. Mais celte
belle action ne saurait lui apps^rtenir,
il était mort depuis plusieurs années.
Peut-être en ()uif-on reporter Tbon^iear
à son fils, le n^arécbal, qui n'avait pas
bérité (|e la sauvage brulalité de sqii
père. A cette époque. Prieur travaillait
encore au monument funéraire du con-
nétable (1). M. Epierip David regarde
ce monum.en^ comme l^ ipei||ei}r d^s
ouvrages de notre artiste, de cçox m
moins, en très-petit nomi)re, qui spi^t
conpiis. Le cppnétat)le, en costume i»
guerre, et sa femme, îfadelaine de Sa-
voie, dansui) babiliemeni très-s^uslêrè,
sont représentés couchés y les mains
jointes, dans rattilude de la prière.
« Ces statues , dit Alexandre Lenoir,
exécutées en marbre blapc^ sppt d'one
correction papfaite et d'une ^elle exé-
cution. On voyait, avant la Révolution,
les figures en bronze du cbfinétable ^t
de sa femme représentées à genooi
devant un prie-dieu, que l'on avait
placées au-dessus de Tentablement;
elles ont été enlevées en 1794 pour
être fondues. » On doit également à
Prieur les trois sti^tues en bronze, la
Justice, la Paix el l'Abondance, asaet
bien drapées, mais dans un {goût ma-
niéré, qui servaient à la décoration^
monument, et qu'Alexandre Lenoir é-
tait aussi parvenu à sauver de la furenr
de nos Vandales modernes. Ces dijÔTé-
renles statues se voient actuellemei^
au Louvre, Mu>ée de la renaissance,
ainsi, que la magnifique Colonne toru
du même artiste (9 pieds de haut sur
15 pouces de diamètre), qui était des-
tinée à supporter l'urne contenant le
cœur du connétable (3). Cette colonne
(1) Si l'on devait en croire M. de Glarac, Prieir
aurait été employé, des 1515, à la décoration 4a
cbâle^iu d Erouen avec, Jean Goujon et Jean Bal-
lant. Mais il est diflBcile d'ndmettre ee fait Bwk
seule autorité de Sauvai. En 15i{^, Pricor mtiih
tait c'ire qu'un adolescent.
(2) Saurai lui donne cette destination. Yoifl
ses propres paroles : i La colonne torse qui poHs
sur son chapiteau le cœur du connétable ÂniB
4e Montnoranci, est de Tordonnance de Jeeii Bnl-
PRI
— 317 -
PRI
en marbre composé , blanc et rouge,
oméede lauriersel de feuilles de vigne,
« semble un peu courte , dit Sauvai,
ai^x yeux de quelques critiques, mais
dans son ordonnance , aux yeux des
jconnoisseurs, [elle est]! rès'juste et très-
accomplie. C'est un morceau des plus
beaux de Paris en son espèce. Cette
inanièrc de mausolée est sj bien pen-
sée qu'il ne se peut mieux. Les orne-
mens en sont bien travaillés, fort doux
e( se détachent bien. » Ce monument
avait été érigé dans TégliscdesCéles-
lins de Paris, ou se trouvait, en outre,
au rapport du même Sauvai (i), « une
Colonne Salomonique y c'est-à-dire ^
l'imitation de celle du temple de Salo-
mon, » due également ap ciseau de
notre artiste et consacrée à la mémoire
duconnélat)le.Ën 1582,Jacq.-Aug. de
Tbou confia à Prieur l'exécution du
monument qu'il fit élever à son père,
le premier président, dans l'église de
Sl-André-dcs-Arcs. Cet ouvrage « où,
selon de Tbou , la beauté du travail
renouvelle le souvenir d'un bon ci-
toyen et d'un excellent ouvrier,» l'oc-
cupa deux ans entiers. A ce monu-
inent appartenaient sans doute les deux
i)elles statues en bronze qui sont dé-
signées, dans le Musée de la Renais-
sance, comme ayant fait partie d'un
tombeau, de Prieur, dans l'église de
St-André-des-Arcs. Si nous osions,
3oas toute réserve, émettre notre pro-
pre sentiment, nous dirions que ces
.deux morceaux sont ce que l'on pos-
sède de mieux de notre artiste. Sauvai
et Piganiol de la Force attribuent aussi
à Prieur te monument que le célèbre
bistorien consacra plus tard, dans la
même chapelle de famillo,àsa première
femme, Marte de Barbançon-de-Cany,
morte le 6 nov. l6oi, àl Âgedeôians.
Jlais il nous semble que Landon (An-
lUnt et de la façon de Barlliclemi. • Mais nous fe-
rons remarquer qu'une insiTÎplion en irerg, gra-
dée sur le soi'ie, en marbre noir, commence par
Mt mois : Cy-dessduz gisl un cœur plein de tail-
lance, clc; ce qui semble le conlredire.
(t) Cet èi!ri>ain est i'i obscur dans sa phrase,
qae «oas n'oserions affirmer que ces deux colonnes
n'en tenà pas, en réalité, une seale et même, di-
wentmtU décrite.
nale8dnM08ée,T. XVl) commet une er-
reur lorsqu'il prétend que cette statue
de Prieur faisait partie du tombeau de
rhIstoriendeThou, mort en 161 7. No-
tre artiste l'avait précédé, depuis plu-
sieurs années, dans la tombe. Dans ce
cas, il faudrait la restituer à FrançoisAn-
guier. l'aute^ir de ce monument. Cette
statue, dont Lapdon donne le trait , avait
été recueillie dans le Musée des monu-
ments français; elle se trouve aujour-
d'hui au Musée de Versailles. On ne
nous apprend pas ou se conserva ac-
tuellement 0 la colonne torse, en mar-
bre campan-isabelle, d'ordre compo-
site, qrncQ de feuilles de lierre, de pal-
mes et de chilTres enlacés, représentant
4ans leur milieu une //, haute de 8
pieds, exécutée par Barthélémy Prieur
dans un seul bloc, et érigée à Hen-
ri 111 par Charles Benolsc, son secré-
taire particulier, qui l'avait fait éiever
dans l'église paroissiale de St-Cloud,
oii l'on avait déposé le cœur de ce
prince. Le vase qui contenait ce cœur,
ajoute Lenoir, a été détruit entière-
ment; je l'ai remplacé par un génie,
en marbre blanc, qui brûle un poi-
gnard avec son hambeau qu'il tient
renversé. Cette figure, ajustée pour ce
monument , est aussi de la main de
Prieur. » Ce monument « d'un travail
soignt'*, et dont Texécution présente de
grandes diilîcultés vaincues, » aurait-
il été replacé dansTéglise deSt-Cloud?
On cite encore de notre artiste la sta-
tue, en marbre, de Claude-Catherine
de Clermont-Tonnerre (l), et celle de
son époux le maréchal de Retz, Albert
de Gondy, tous deux représentes à ge-
noux, dans l'attitude de la prière (Mu-
sée histor. de Versailles, reproduites
l'une et l'autre dans le magnifique
recueil de M. Gavard). Enfin, Nagler
mentionne comme se trouvant au Mu-
sée du Louvre deux beaux bustes de
Prieur, Henri 111 et Henri IV. Mais ce
dernierseul, en albâtre calcaire, se voit
actuellement au Musée de la Renals-
(i) LeDoir arait orné ce monumenlde pluslears
génies de notre artiste. Nous ignoions ce qu'Ut
noDl defenof .
PRI
— 328 —
PRI
sance. Ceini qai représente Henri III
est attribué à Germain Pilon. Au juge-
ment du biographe allemand, le pre-
mier de ces bustes est a d'une grande
vérité el d'un travail achevé » ; quant
au second, il a moins de >alour, «l'ex-
pression, selon lui, n'en est pas agréa-
ble, mais il est plein de vie, et Texé-
cution en est très-soignée. » Sur ce
point, nous dilTérerions de sentiment.
Nous n'avons pas vu de portrait de
Henri IV ^ dont l'expression rende
mieux la maligne bonhomie du vert ga-
lant. Prieur, quoique protestant, était,
dit-on, Sun sculpteur de prédilection.
Il est très-probable qu'il Tut employé,
sous ce prince et sous son prédéces-
seur, à la décoration du Louvre. Ou-
tre une statue de Vénus « qui mérite,
l'admiration de tout le monde p et
qui se voyait dans « la salle des Anti-
ques au Louvre, peinte par ^anf/»(l).
Sauvai lui attribue les Renommées pla-
cées aux deux côtés de l'arcade de la
fameuse fenêtre à balcon d'où l'on sup-
pose que Charles IX tira sur les Hugue-
nots à la Sl-Barthéicmy (2). M. de Cla-
rac serait disposé à lui en attribuer da-
vantage. H lui restituerait volontiers
aies groupes de petits génies marins
qui se jouent avec des animaux fantas-
tiques », sur la façade qui regarde la
Seine, parce que, selon lui, Prieur
« réussissait dans ce genre de sculp-
ture, qu'il emplo>a à Ecouen. ^ Cette
(1) Cet artiste fut enterré au cimclière protes-
tant des SS. Pères, 1^^ 15 oct. 1614
(3) Cette atrocité, rapportée par Brantôme, «
soulevé récemment une vive polémique. Les par-
tisans des rigueurt salutaires, plats valets da
bourreau de la St-Bartbelemy, ont prétendu que
ce pa>illon du Louvre n'existait p.<s encore en
1572 ; maisc est probablement une erreur, comme
M. Aup. Bernard nous semble l'avoir démontré
(Bulletin de la Soc. de Tbist. du protestantisme,
T. V, p. 336 etsuiv). Du res>te, ce pavillon n'au-
rait pas existé, que le fait n'en demeurerait pas
moins acquis à l'histoire; cela prouverait seule-
ment que Mirabeau s'est trompe, ou plu>ôt a bien
voulu se tromper, en prenant la fenêtre du pavil-
lon </»« l'on apercevait pour la fe<iètre de la cham-
bre à coucher de Charles IX, 711^ l'on n'aperce"
vail pa», masquée qu'elle est actuellement par les
bâtiments de Perrault. Observons d'ailleurs que de
U part du grand orateur ce n'était qu'une figure
de rhétorique, car de la tribune d'où il parlait, il
ne devait apercovoirque les fenêtres des Tuileries.
raison, on en conviendra, est bienfai*
ble. Quant aux bas-reliefs du jardin
de l'Infante, le savant critique n'hésite
pas à lui en faire honneur, en recon-
naissant toutefois qu'il doit les avoir
exécutés alors quel'àge avait déjà appe-
santi sa main. Mais ce n'est là qu'une
supposition, et l'on a beau être un ha-
bileconnaisseur,quand on marche dans
les ténèbres, on court le risque de s'éga-
rer. Quoi qu'il en soit de cette conjec*
ture, voici le jugement que M. de Cla-
rac porte sur ces sculptures : a On peat
trouver, dit-il, qu'en général les Re-
nommées de Prieur, dans les deux fa-
çades, sont un peu lourdes, el qu'il n'a
pas toujours su se tirer avec adresse
de la difficulté que lui opposaient ta pe-
tilesse et la forme de l'espace qu'il
avait à remplir dans le cintre des ar-
cades. La disposition des jambes man-
que de grâce, et les têtes, trop ron-
des, sont aussi trop fortes. — Les gé-
nies de i Astronomie y de l* Agriculture,
de la Musique et de l'Architecture
[dans le cintre de trois des arca-
des], sont beaucoup mieux : les grou-
pes d'enfants, [sur la façade du sud],
bien dessinés, et qui, sans dureté et
sans exagération^ annoncent de la vi-
gueur et de la vie,soijl composés avec
intelligence el avec variété; on peut
même les citer comme des modèles en
ce genre» (l). Barthélémy Prieur est
le principal représentant de notre Ecole
de sculpture à la fln du xvi* siècle.
« Quant à son st^lc, dit M. Emeric Da-
vid (Essai hist. hur ta sculpture fran-
çaise), il s'en faut bien que ce maître
ait conservé la ermelé el l'esprit de
Germain Pilon. L'Ecole gouvernée par
Primatice dégénéra sous son ciseau.
— Avec lui s'éteint la lignée qui prit
pour règle le goût particulier de ce di-
recteur général des bâtiments du Roi.»
PRIMEROSE (Gilbert), Ecossais
d'origine, sortit de sa patrie, on ignore
pour quel motif, el vint s'établir en
France, où nous le trouvons dès 1601,
(1) Sauvai aUribne ces groupes d'enfants, oo-
Tragede haut-relief, àPierre el à François L'fle«-
reux.
PRI
— 329 —
PRI
dessenrantrégHsedeMIrambeao. Cette
même année, celle de Bordeaux le de-
manda pour pasteur; mais le Synode
national de Gergeau , ne trouvant pas
sa requête raisonnable, ne voulut point
l^accueillir. Le Synode deGap,en 1 603,
en jugea autrement. Primerose rem-
plissait donc depuis environ quatre
années les fonctions de son ministère
à Bordeaux , lorsque Tégiise d'Edim-
bourg le rappela; mais le Synode na-
tional de La Rochelle l'invita, de la
manière la plus pressante, k ne pas a-
bandonner son église , « dans laquelle
son ministère et sa vie édifiante ap-
portoient beaucoup de fruit, » et il
consentit à rester en France. En i 6 1 5,
la province de la Basse-Gulenne le dé-
puta à r Assemblée politique de Gre-
noble. En 1621, le gouvernement de
Louis XIII le bannit de Bordeaux, et, en
1623, malgré les instances du Synode
national de Gbarenton, il l'expulsa du
royaume.
Primerose se retira à Londres et fut
choisi, peu de temps après son arri-
vée, pour remplacer /.-if. de Langle
dans la chaire de l'église française. 11 de-
vint chapelain du rol,chanoine de Wind-
sor et évèqne d'Ely. Il portait aussi le
litre de docteur en théologie. 11 avait été
marié trois fois. On ne sait pas le nom
de sa première femme. En 1 636, il é-
poosa en secondes noces la veuve d'Au-
rélius, et en \ 640, il se remaria avec
Louise de Lobel. A sa mort, arrivée en
1642, il était père de quatre fils, nom-
més DÀVID,jACQUES,ETIBimEetJEÀN.
Ces deux derniers ne se sont fait con-
naître que par leurs vices. On raconte
qu'Etienne, nommément, prenait à
tAche de contrarier son père, sous
prétexte que le Christ est venu pour
Jeter la discorde dans les familles. Jean
ne valait guère mieux que son frère;
il vivait encore en 1671 et habitaitPa-
ris.Les deux aînés, au contraire, ont été
des hommes remarquables, Tun comme
théologien, l'autre comme médecin;
mais avant de raconter ce que l'on
sait de leur vie, nous devons donner
la liste des ouvrages de leur père. La
T. VIII.
TOici; nous n'aflSrmerons pas qu'elle
soit complète.
I. Levœude Jacob opposé aux txBux
des motne^, Bergerac, 1610, 4 vol. in-
8*; trad. enangl., Londres, 1617.
II. Réponse aux questions de /.
Gonteri , jésuite, Berg., 1614, in-8*.
m. Défense de la religion réformée
contre F. Bhuin, Berg., 1618, in-12.
IV. La trompette de Sion ou la Ré-
préhension des péchés avec exhorter
tion à repentance, prières et bonnes
CBuvreSy Berg., Gilbert Vemoy, 1620^
in-8o; trad. en latin, Dantis., 1631^
in-8« — Recueil de dix-huit sermons.
V. Panégyrique du prince Charles
de Galles, Paris, 1624, in-S».
VI Nine sermons on Ps, -XXÏTF,
19^ Lond., 1625, in-40.
VII. Two sermons on Malt. K, 4 and
on Luke VI, 21, Lond., 1625, in-8*.
I. Né à Saint-Jean-d'Angély, pro-
bablement en 160! ou 1602, David
Primerose alla faire ses études en théo-
logie à Genève, où il fut immatriculé
en 1620. Il parait qu'il visita aussi
les universités de Bàle et d'Oxford. A
son retour en France , il fut nommé
pasteur de Téglise de Rouen, qu'il ne
quitta qu'en 1642, pour aller rempla*
cer son père dans l'église française de
Londres. Nous n'avons pu découvrir
la date précise de sa mort , mais 00
peut inférer du millésime de ses der-
niers ouvrages qu'il vivait encore en
1674. Il avait épousé, en 1666, dans
réglise française de Londres, Sara
HaUiart, veuve de son collègue Zoo-
ques Felles. 11 avait eu, sans douta
d'un premier mariage, un fils nommé
Jacques, qui mourut à Paris, en 1 671,
et fut enterré, le 6 mai, dans le cime-
tière des SS. Pères (Etat civil de Pa-'
ris. SS. Pères, N» 91). On a de David
Primerose ;
I. Thèses LXde peccato in génère
etspecie, Gen., 1620.
II. Thèses XLll de necesaitate jo-
tisfactionisChristipro peccato, 1620.
III. Thèses CC de proedestinationep
libero arbitrio,€fficcicidgraUœ, Basil-i
1621.
91
PRI
— 380 —
PRI
IV. De amplitudine morUs, Basil.,
1621.
V. Traité du sabbat et du jour du
Seigneur, trad. en angl. par son père,
Lond», 1636, in-40, et en latin, Lugd.
Bat., 1659.
VI. Sermon prononcé à Venterrc'»
ment de feu M. Michely^ Lond., 1674,
in-8«.
VII. Sermons, Gcn., 1675, in-8».
II. Né à Saint-Jean-d'Angély, selon
Êloy, à Bordeaux, selon Guy Patin que
nous croyons mieux informé, Jacques
Primerose fit ses premières études à
Bordeaux, où il prit le grade de mat-
tre-ès-arts. 11 vint ensuite à Paris où
il vécut d'une pension que lui faisait
le roi Jacques , et il y commença un
cours de médecine qu'il alla achever à
Montpellier. C'est dans celle dernière
ville qu'il prit le bonnet de docteur en
161 7, dit-on; nous lirions plutôt 1627.
Quoi qu'il en soit, ses études termi*
nées, il revint à Paris, où il exerça la
médecine avec succès pendant quelque
temps, puis il passa en Angleterre, et
«e fit agréger à l'université d'Oxford.
Il alla ensuite s'établir à Bull, où il
continua à pratiquer son art avec beao-
eonp de réputation. En 1 640, il épousa
ijouise de Haumont dans l'église fran-
çaise de Londres, et mourut en 1 660.
«Ses écrits, presque tous polémiques
et dirigés contre Harvey etPlemp, at-
testent plutôt son opiniâtreté que son
discernement, ou même que sa bonne
féi. Il se refusa opiniâtrement à ad-
mettre la doctrine de la circulation^
opposant les raisonnements les plus
captieux aux observations et niant
jusqu'à la réalité des faits. D'ailleurs
il tomba fréquemment en contradiction
avec lui-même. » Ce jugement de la
Biographie médicale est sévère. Est-il
juste de ne tenir aucun compte des ou-
vrages qui ont précisément fondé sa
réputation? Primerose fut certaine-
ment un médecin instruit et un bon
observateur ; nous en avons pourgarant
Guy Patin qui s'exprime ainsi en par-
lant de son traité De vulyi erroribus :
« 11 y a là dedans de fort bonnes choses
et bien curieuses et fort peu de man»
valses, sinon qu'il est trop hardi dans
l'usage ou plutôt dans l'abus des n>
mèdes chymiqucs. » Son traité des
maladies des femmes n'est-il pas aussi
un ouvrage fort remarquable, qui a été
longtemps estimé? Quant au tort qu'il
eut do nier la circulation du sang tout
récemment découverte, ce tort est in-
contestable, mais on peut faire valoir
en sa faveur qu'il proposa contre cette
doctrioe des objections qui, au juge-
ment de Sprengel, a méritaient d'éire
prises en considération. » Voici la liste
de ses ouvrages, qui ont eu presque
tous plusieurs éditions.
I. Academia Monspeliensis et km"
rus Monspeliaca, Lond., 1 630, in-4*;
Oxon., 1651, in-40, sous ce titre :i4«
cademia Monspeliensis descripta,
II. Exercitationes et animadversiO"
nés in G. Harvœi librum de motu cm*
dis et circulatione sanguinis, Lond.,
1630, in-4»,-Lugd. Bat., 1639, inl».
m. Lib, IV de vulgi erroribiu in
medidnd, Amst., 1 630, in-1 2; Lond.,
1 638, in-8<>; Amst., 1 639, in-1 2; nouv.
édit. augm.. Roter., 1 658, in-1 2; trad.
enangl., Lond., 1651, ln-8«;en franc.,
Lyon, 1689, in-80.
IV. Animadversiones in Joannii
Walcei Disputationem quam pro «f-
culatione sanguinis proposuit.Addiia
est de usu lienis sententia , Amst.,
1639; 1641, in-4o;Lugd. Bat., 1656,
in-4«'.
V. Animadversiones in thèses quas
pro circulatione sanguinis in Acad.
UUrajectensi Henricus Le Hoy propo-
suit, Lugd. Bat., 1640; 1647; 1656,
in-4».
VI. The antimonial cup twice east,
transL by R. Wittie, Lond., 1640,
in-1 2. — Les bibliographes n'indiquent
pas l'ouvrage original.
VII. De ayyrt^s, Brunsv., 1 643, 4».
VIII. Antidotum adv, Henrici RegU
venetam spongiam, Le\ûîB, 1644,4*.
IX. Enchiridion medico-praeticum
compleciens omnium morborum eau»
sas, signa etcurationem, Amst., 1 650,
In-lS; Lugd., 1654, in- 12.
PKI
— 331 —
PRI
X. Pharmaceutica methodus bre-
vissima, Amst., 1651^ iD-16; 1652,
in 16.
XI. De mulierum morbis et symp-
tamatis libri K, Roler., 1655, In-i».
XII. Deslructio fundamentorumme-
dkinœ VopisciFortunati Plempii, Ro-
ter., 1657, in-i», avec flgg.
XIII. De ftbribm lib, IV, Roter.,
1658, in-40.
XIV. Detnorbis ptterorumpartesll.
Roter., 1659, in-t2.
PRIOLEAU (N.), paslear à Ton-
nay-Boulonne en 1603, ayant écrit
«n Commentaire sur le canon de la
messe, le soumit, conformément à la
Discipline, à la censure da synode de
la Sainlonge, qui en ordonna la sup-
pression. Sur son appel , le Synode
national de Privas, attendu que son
livre contenait sur l'invocation des
Saints, la juslificalion, la prédestina-
tion et autres points fondamentaux,
des façons de parler non-seulement
obscures, mais pleines de soupçons
d'erreur, confirma la sentence^ et in-
Tita les pasteurs de la Saintonge à
veiller de près sur les prédications de
lenr collègue. Prioleau poursuivit de-
vant le Synode de Tonneins la cassa-
tion de cet arrêt; mais, sur le rap-
port de Basnage et de Bouchereau, le
synode maintint la suppression du li-
vre, en reconnaissant toutefois l'or-
tbodoxie de Tauteur.
Êlizée Prioleau, sieur de La Vibn-
HiaiB, qui desservit pendant de lon-
gues années Téglise de Jonzac, était,
•elon toute apparence, le fils du pas-
leur de Tonnay-Boulonne. Nous ne
connaissons d'ailleurs aucune particu-
larité de sa vie. Son fils Samuel se
eonsacra aussi au service de TEglise.
En 1650, il succéda à Jean Constans,
eomme ministre de Pons. Six ans plus
lard, il fut donné à Téglise de La Ro-
clielle, et le Synode national de Lou-
dnn confirma sa translation. Prioleau
cependant retourna à Pons ; c^est dans
cette ville qu'il remplissait ses fonc-
tions, lorsqu'il fut appelé à présider
le colloque de la Saintouge, qui s'as-
sembla à Baigne, le 5 mars 1671. Y
assistèrent : Saintes, Pierre Binaud,
min.; Pons, Samtul Prioleau et Pierre
Paure ; Arcbiac, Jacques Fontaine et
Pierre Dupuy ;Ldi Koche, Pierre Franr
çùis^ avocat au parlement, et i46raham
Barthammé, procureur; Bois, Moïse
de La Porte , min. ; Jonzac , Pierre
Bonniot et Isaac Maignac ; Garrean,
Pierre deGeac, min.; Montendre,r/i^o-
dore Barin, min.; Sâint-Fort, Isaac
Chevalier, min.; Barbezieux, Isaac
Maignac avec ïsaac Loquet et Jean
Goy,ainc.;Cha\à{s,MichelBellot,min,;
Ozillac, Jean Du Prey-de-Favancourt,
min. ; Monguyon, Samuel Lagarie et
Jean Piet, greflaer; Mirambeau,i4n(/r^
de Belleville, sieur de Saint-Palais;
Montlieu, Jacques Fauchereau, sieur
de Vouttlac, min.; Gemozac, Jean Ja-
^au/f, sieur de Longcbamp, min.;Mon-
tausler et Baigne, haac Thibaud avec
Charles Sponenc et David Germain,
anc. (Àrch, gén. Tt. 528). En 1674,
Prioleau assista au synode provincial
qui se tint à Marennes, et fut élu avec
Èlie Merlat, ministre de Saintes, A-
loin Du Breuil, sieur de Fonreaux,
ancien de Bois , et Elie Bouhereau ,
docteur en médecine, ancien de La Ro-
chelle, pour assister an futur synode
national. Cette élection prouve qu'il
Jonissait d'une certaine considération
dans le parti, et son église était d'ail-
leurs trop considérable, pour que les
adversaires de la religion réformée,
au nombre desquels se faisait remar-
quer la fameuse comtesse de Marsan,
Marie d'Albret, dame suzeraine du
lieu, ne cherchassent pas à lui nuire.
En 1678, il fut décrété de prise de
corps, sur la dénonciation du gardien
des Récollets, qui l'accusa d'avoir dit
dans un de ses sermons que l'Eglise
romaine adore le pape d'un culte de
latrie, qui n'appartient qu'à Dieu (/-
hid, Tt. 285). Ce fut en vainque le dé-
puté-général Buvigny essaya d'arrêter
les poursuites. L'église de Pons, qui
aimait son pasteur, résolut de ne rien
négliger pour le tirer de ce mauvais
pas. André de La Cour, sienr de Per-
PRl
— 332 —
PRl
nan^ MaitMeu CoUineaUy avocat et
Juge ordinal re^ François Arbouiny pro -
cureur fiscal, Jean Garnier, sieur de
Montignac, David Boursiquot, docteur
en médecine, Elie Bertin marchand,
Jean Sarrasin^ sieur de Trignac, et
Jacob Ollanier, notaire, tous diacres,
furent chargés de suivre l'affaire. Leurs
démarches furent aussi infructueuses
que celles de Ruv Igny . Après plus d'une
année de détention préventi\e, Prioleau
fut condamné à une interdiction d'un
an et à une amende de 600 livres, ap-
plicable à la construction du couvent
des Récollets. Ce bon lopin qui leur était
si généreusement octroyé par la justi-
ce du roi, allécha les moines : ils trou-
vèrent commode de bâtir leur maison
avec l'argent des Huguenots. Les ac-
cusationsse multiplièrent. Très-peu de
temps après, ils accusèrent François
et Nicolas Garnier, Louis Bardon et
Louis Fourny d'avoir essayé de rame-
ner dans l'Eglise réformée un apostat^
nommé Samuel Piguenit, et ils obtin-
rent encore 200 livres. Peut-être fut-
ce aussi à leur requête qu'on poursui-
vit trois maîtresses d'école, nommées
Gombaudy Brun et Giraudy qui n'a-
valent pas obéi assez promplement à
une ordonnance de l'intendant de la
Gulenne défendant aux Protestants de
Pons d'avoir plus d'un régent. €e fut
au milieu de ces tracasseries que Sa-
muel Prioleau, qui avait encore assisté
au synode provincial au mois d'oct.^
mourut le t7 fév. 1683. Un des der-
niers actes de son ministère fut de re-
cevoir dans le consistoire, en qualité
d'anciens, les sieui s de Fontreau, de
Jaulain et de Boiveauj pour les lieux
de Bois, Saint-Genis et Plassac, oii le
culte avait été supprimé. On le re-
garde comme l'auteur de la Réponse
d'un gentilhomme à deux lettres de
M. Gastineau sur le sujet de la sépa^
ration des Protestans. La première
écrite de Paris le 1 1 d'oct. 1672 ; (a
deuxième du \9 janv. 1673. Impri*
mées à Paris avec d'autres lettres de
controverse, ^an 1676. Dressée sur
les mémoires fournis au gentilhomme
par M. Prioleau f Gen.j Samuel de
Tournes, 1678, in-8*.
Samuel Prioleau laissa un fils, nom-
mé Elis, qui fut immatriculé à la Fa-
culté de théologie de Genève en 1674,
et qui, à la fin de la même année, UA
admis au ministère par le synode pro-
vincial tenu àHarennes^ en même temps
que Jean Des Aguliers, Marc Boi^e-
leau, Paul Boiveau, Matthieu Foi^
caud, Elie Brevet, Charles Thevenin
et Nicolas Aubin. Appelé à succédera
son père dans l'église de Pons^ 11 entra
en fonctions le 1 0 mai 1 683. Les cir-
constances étaient critiques ; on n'en-
tendait parler que de ministres inter-
dits ou incarcérés, de temples fermés
on démolis; déjà même les dragons
avaient exécuté une glorieuse campa-
gne non-seulement en Poitou ^ mais
dans la Saintonge (Voy. VU, p. 417).
Le consistoire sentit la nécessité de re-
doubler de prudence. Il fit partir pour
Paris un nommé La66^ avec les titres
qui prouvaient que les Réformés de
Pons jouissaient du droit d'exercice. U
fit lire au temple, pendant plusieurs
dimanches de suite, l'arrêt du Consefl .
du 17 juin 1682, et afin d'éviter toute
surprise, ce qui était d'autant plus dif-
ficile que l'église de Pons s'accroissatt
sans cesse par suite de l'interdictloii
deségiisesvoisines, il cbargeaune com-
mission spéciale de la distribution des
méreaux ou jetons d'admission à la
Cène. Mais que pouvaient ces sages
précautions contre la haine servie par
l'astuce et la mauvaise foi ! Le fameux
Du Vigier n'en trouva pas moins le
moyen de dresser contre Prioleau, a¥6e
l'aide de deux moines récollets, un for-
midable procès- ver bal contenant sein
chefs d'accusation. 11 est vrai qu'à l'an-
dience toutes ces accusations furent re-
connues fausses, et que le pasteur fui
rendu à son troupeau. 11 continuadone
à desservir son église Jusqu'à la révo-
cation de l'édlt de Nantes. Selon 1.
Crottet, dans son Hist. des églises ré-
formées de Pons, etc., le temple de
Pons ne fut démoli que le 1 5 avr. i eseï,
d'où Ton doit conclure que l'arrêt di
PRI
— 333 —
PRI
Conseil da 15 sept. 1681^ qai Tavait
condamDÔ (Voy, Pièces jastiûcat., N*
LXXXVIU), avaitélé révoqaé. Prioleaa
qui Jusqu'à ce moment, était resté cou-
rageusement à son poste, et n'avait pas-
eessé de réunir secrètement les Protes-
tants demeurés fidèles à leur religion,
sentit alors qu'il était temps de songer
è sa sûreté. Il s'embarqua pour l'Améri-
que et mourut pasteur de l'église fran-
çaise de Charleston, où il a laissé la
réputation d'un pasteur pieux, instruit
et éloquent. On conserve dans sa fa-
mille quelques cahiers sortis de sa plu-
me qui attestent, dit M. Ch. Weiss,
une grande pureté de doctrine, de l'é-
lépmce dans le style et de la vigueur
d'esprit.
La famille Priolean paraît être ori-
ginaire de Saussignac ; elle était nom-
breuse, à en Juger par un ancien re-
gistre des baptêmes célébrés dans l'é-
glise réformée de cette ville, que nous
avons eu entre les mains (Arch, gén,
Tt. 239). Rien, dans ce registre, ne
tend à faire supposer qu'elle occupait
. un rang élevé dans la bourgeoisie, et
encore moins qu'elle Jouissait, à cette
époque, des privilèges de la noblesse.
Il n'y a donc aucune apparence qu'il
y ait eu parenté entre nos Priolcau et
Benjamin PriolOy qui se prétendait ar-
rlère-petit-fiis d'un doge de Venise. Il
affirmait, et les biographes répètent
d'après lui, que son bisaïeul Antoine
était venu fort Jeune en France et ya-
vait épousé une demoiselle noble de la
Saintonge; que son père Julien, qui a-
vait embrassé la Réforme, avait été
ruiné par les guerres de religion ; que
lui-même, né, le 1 " janv. 1 60 2^ à Saint-
Jean-d'Angély, était resté orphelin à
l'âge de 1 5 ans, qu'il avait commencé
ses éludes à Orthez et qu'il était allé
les continuer à Montauban et à Leydè.
De Hollande, il se rendit en Italie pour
suivre les cours de l'université de Pa-
doue, et enfin il passa à Venise ou se
trouvait Rohan, dont il gagna la con-
fiance. Il suivit le grand capitaine dans
la Valteline où il se signala par sa va-
leur, et après la mort de son illustre
patron, il se retira dans une terre qu'il
venait d'acquérir à Sacconex en 1638.
Il y demeura sept ans, occupé de l'édu-
cation de ses enfants et de l'étude. En
1645, « M. Prioleau, lit-on dans les
Rég. duConseild'EtatdeGenève,ayant
obtenu congé de la Seigneurie, fait ses
remerctmens sur le favorable accueil
et la bienveillance que Messeigneurs
lui ont témoignés pendant son séjour
ici, et il a offert de s'employer encour^
de cœur et d'afliection, pour notre ser-
vice. » Le duc de Longuevllle le prit
pour son secrétaire, et l'emmena au
congrès de Munster. En 1649, il re-
tourna à Genève mit ordre à ses aflki-
res, puis revint en France et abjura à
Lyon avec toute sa famille. H a laissé
divers ouvrages dont nous n'avons
point à nous occnper,entre autresune
histoire de la Fronde, en latin, surla-
quelle on a porté les Jugements les plus
contradictoires.
PRIVÉ (Gbarlks), moine jacobin,
fils de Jacques Privé, receveur des de-
niers de la ville de Provins. Appelé à
prêcher sur Tévangile du Jour, le jour
de la fête de Salnte-Madelaine, Privé osa
proclamer du haut de la chaire une des
doctrines fondamentales du protestan-
tisme, la justification par la fol sans
les œuvres. « Et parlant de la foy de
ladilte Magdelaine, lit-on dans la chro-
nique de Haton, il prescha qu'elle fnst
justifiée par sa seulle foy, sans le mé-
rite de ses bonnes œuvres, et que tout
.chrestien estoit Justifié et agréable de-
vant Dieu, sans l'oppération des bon-
nes œuvres, p Son sermon scandalisa
beaucoup de monde, surtout ses con-
frères les Dominicains, qui le pressè-
rent instamment de se rétracter dans
l'intérêt de Tordre. Privé remonta donc
en chaire, quinze Jours après, et prê-
cha, mais a non calholiquement; » à
son hérésie touchant Tefflcaclté des
bonnes œuvres, il en ajouta même de
nouvelles. Les Gordeliers, qui vivaient
en mauvaise intelligence avec les Ja-
cobins, déférèrent son sermon à l'of-
flcial, qui lui interdit la chaire. Cette
mesure de rigueur eut peu de succès :
PRI
— 334 —
PRO
peu de temps après, André de Gram»
montf prieur de Saint-Ayoul, Botume,
prienr de Vabiéi-Dieu, eiGuillaumede
La ChesnaySy adhérèrent ouvertemeat
à la Rérorme. Ce dernier, à ce qae
rapporte M. Bourqnelot dans son His-
toire de Provins, épousa plus tard une
demoiselle de Saint-Pié, dans le bail-
liage de Chartres, et finit par avoir la
tète tranchée sur la place de Grève,
sur l'accusation de contrefaçon des let-
tres du grand sceau, fraude qu'il em-
ployait pour livrer les villes aux Hu-
guenots.
Après son interdiction, Privé se re-
tira à Blandy, chez la marquise de Rch
theliriy qui était déjà gagnée aux doc-
trines évangéliques, et qui le prit pour
chapelain. Sa retraite ne nuisit point
aux progrès de la Réforme à Provins.
U s'y forma une église, peu nombreuse
à la vérité , mais qui comptait parmi
ses membres l'élite des habitants, tels
que le bailli Jean AlléaumCy les trois
frères Barangeon : Nicolas, médecin
habile, qui faillit être massacré après
la bataille de Dreux , et se réfugia à
Montbéliard avec un de ses frères ;
Claude, élude la ville, et Antoine, en-
quêteur au présidial, que leur inépui-
sable charité avait rendus chers au
peuple (1) ; le lieutenant général Fran-
çois Verjus ; le procureur du roi Jean
de Ville, et son fils, Nicole de Ville,
avocat ; le receveur des tailles Pierre
François; le procureur Léon Godard;
le notaire Marc Royer; le conseiller
Eustache Danoray ou Daulnay; l'a-
vocat Richard; le médecin Jean Saul-
soy; le chirurgien Nicolas Douvy; les
apothicaires Nicolas Mestra, Denis
Saulsoy et Jean Couvent, sans par-
ler de plusieurs membres de la fa-
mille Privé. Un de ces derniers, nom-
mé François, se réfugia à Genève, où
il fut reçu bourgeois gratuitement en
1576. Ministre de l'hôpital et régent
depuis 1571,11 fut placé, en 1577,
(1) La famille Barangeon penista dans la pro>
teiBion delà religion réformée. Le 8 août 1658,
Nieolai Barangeon, doctenr en droit, fut enterré
an cimetière protestant des SS. Pères à Paris. D
élaUsèflD lase (A^. «U Ckarfnton),
comme pasteur à Céligny, et moorvt
en 1 584. Quant à l'ex-Jacobin Charles
Privé, nous n'avons plus rencontré son
nom à partir de 1555.
PROHANA (RENfi de), appelé par
d'autres Provanes, mais plus conni
sous le nom du capitaine Valfretcièu,
était, en 1562^ lieutenant du gouver-
neur de Dieppe. La nouvelle du mas*
sacre de Vassy ayant été apportée dam
cette ville, le 22 mars, par le minis-
tre de Paris Virel, accompagné d'un
gentilhomme de Condé, les habitants,
dont la grande majorité professait la
religion réformée, levèrent une com-
pagnie de gens de pied, sons les ordres
de Valfrenière, et prirent d'autres me-
sures de sûreté. Rien de mieux jusque
là; mais le 20 avril, malgré les re-
montrances des pasteurs , une bande
de mutins se mit à parcourir la ville
et les villages voisins pour abattre les
Images. Par représailles, les Catholi-
ques d'Arqués maltraitèrent les Hugue-
nots et pillèrent leurs maisons. Les
Dieppois entreprirent de venger leurs
coreligionnaires; ils marchèrent sur
Arques, et furent battus. Quelques jour»
après, Valfrenière prit sa revanche, ea
battant, à son tour, une nombreuse
troupe de paysans qui se portaient ao
secours d'Arqués. Entourés d'ennemis
et encore effrayés de leur défaite, les
Dieppois songèrent à protéger leurville
par une citadelle ; ils se mirent à l'œu-
vre avec tant d'ardeur qu'elle fut con-
struite en peu de jours. Sur la fin de
juin, d'Aumale, forcé de se retirer de
devant Rouen, vint essayer une pointe
sur Dieppe, oii Languetot, accouru de
Rouen, se Jeta avec une compagnie de
gens de cheval; mais l'entreprise de
Morvilliers sur le Pont- de-l' Arche con-
traignit le chef catholique à renoncer
à ses projets. Quelques Jours après,
Valfrenière et Rouvray se mirent en
roule pour conduire du secours aux
habitants de Rouen. Ayant appris en
route la levée du siège, ils rentrè-
rent à Dieppe, le 21 juillet. Le 23, ils
reçurent ordre d'aller chercher au Tré-
port des poudres qu'on attendait d'An-
PRO
- 338 -
PRU
déterre. Ils forcèrent les habitants
d'Ea^à qui cenx duTréport les avaient
livrées^ à les rendre; châtièrent , en
passant, les catholiques de Cany, qui
maltraitaient leurs concitoyens de la
Religion ; mirent en fuite deux ou trois
mille paysans qui osèrent leur disputer
le passage, et rentrèrent triomphants
à Dieppe. S'éiant opposés énergique-
ment à Tadmission des troupes anglai-
ses dans la ville, ils furent arrêtés
comme suspects ; mais l'intervention
des capitaines Gordes et Monein, d'au-
tres disent If ou/aïK/n'n, les fit prompte-
ment remettre en liberté. Peu de temps
après, Valfrenière fut envoyé au se-
cours de Rouen (Voy. VII, p. 47:^). A
la prise de la ville, il tomba entre les
mains des Catholiques, et n'échappa à
la vengeance du sanguinaire parlement
de Normandie que par la protection du
capitaine des gardes du roi. Après la
conclusion de la paix, il suivit Tarmée
royale sous les murs du Havre et se
signala par son courage.
Lorsque la seconde guerre civile
éclata, Yairrenière se sauva en Angle-
terre avec Sore et Rouvray. 11 faut
donc le distinguer du capitaine Valfre*
nière, qui combattit à Sai ut-Denis. Ce
dernier, que de Thou appelle Domtm-
que, était peut-être son flls. Selon les
Mémoires de Charles IX, il était lieute-
nant A'Andelot. Il nous est impossible,
en présence des contradictions des his-
toriens, de décider si c'est René ou
Dominique, qui fut tué, en 1 569, ser-
vant sous Piles, à l'attaque de Bourg
en Limousin. Selon de Thou, c'est Do-
minique ; mais, selon d'autres, René
était revenu d'Angleterre, et nous trou-
vons efteclivement cité au nombre des
officiers de Piles le capitaine Rouvray,
son fidèle compagnon d'armes durant
toute la première guerre, qui, comme
nous venons de le dire, avait passé avec
lui le détroit en 1567.
PROISY (François), baron de La
Bonë, bailli du Vermandois et cheva-
lier de l'ordre du roi, épousa, en 1559,
Anne de BossrU'Lonyuevalyquï le ren-
dit père de trois enfants, savoir : i» Mà-
UB, femme de Claude Du Choitelet,
sieur deMoyencourt ;— S» MiDELÀiini,
épouse de Claude Hurault, sieur de
Gherigné, puis de Gaepardde Verdelet,
sieur de Villiers-Saint-Georges; — S*
Louis, baron de La Boue, marié à MO"
rie Danois^ et père d'une flUe unique
qui porta la baronnie de La Boue dans
la maison d'Aubourg. Resté veuf, Fran-
çois de Proisy épousa en secondes noces
Marguerite de Beaumont, dame de
Vorfontalne. C'est de ce second ma-
riage que descendaient Jban, sieur de
Neurville, qui était, en 1685, commis-
saire de redit en Picardie (i4rc^. gin.
Tt. 246); David, sieurd'Aippe, qui as-
sista à plusieurs synodes provinciaux
Jusqu'en 1681 ; Jban, sieur de Maure-
gny, commissaire de l'édlt dans le Sois-
sonnais, en 1663 (i4rc^. Tt. 523) qui,
abjura; autre Jban^ sieur de Morfon-
taine. Cette famille a fourni son con-
tingent au Refuge {Ibid. E. 3375).
PRUDHOMME (Jban), ou Preud-
homme y dessinateur et peintre, élève
d'Antoine Pesne, naquit à Berlin en
1 686. Il alla compléter son éducation
artistique en Italie, oit il s'appliqua à
copier et à dessiner les tableaux des
grands maîtres. Après quelque séjour
dans le pays, il retourna dans sa pa-
trie et, en 1 7 12^ il se rendit en Angle-
terre. Ses dessins furent recherchés
desamateurs ; beaucoup ont été gravés.
On avait entrepris la gravure des meil-
leurs tableaux des collections de l'An-
gleterre, et Prudhomme avait été in-
téressé , comme dessinateur, dans ce
projet. Il se trouvait à Wilton, proba-
blement dans l'intention de reproduire
par le crayon quelque tableau de la
galerie des comtes de Pembroke, à
Wilton-House, lorsque, h la suite d'une
vie peu régulière^ au témoignage de
H. Walpoie, la mort le surprit, en 1 7 26,
à l'âge de 40 ans. — On cite, en Alle-
magne , plusieurs autres artistes du
nom de Prudfiomme, qui , selon toute
vraisemblance, descendaient aussi de
réfugiés; mais fautede renseignements
sur leur origine , nous nous abstien-
drons d'en parler. Nous ne mentionne-
PRU
336 —
PRU
rons qne Jean Prudhomme, de Nea-
cbàtel , élève de J.-B. Le Prince et de
Greuze , qui s'est acquis une grande
réputation^ à la fin du siècle dernier,
comme peintre de portraits. On a aussi
de lui des tableaux de genre et des
paysages. Ses dessins à la plume et au
bistresont estimés. Il mourut^ en 1795,
à Neuenstadt, sur le lac de Bienne. —
Un Louis Preudhomme, né à Genève,
en 1 131 , est auteur d'un Mémoire sur
les engrenages y avec la description
d'un instrument dont l'utilité sera
très^grande pour déterminer les en--
grenages , qui parut d'abord dans les
Mémoires de la Soc. des arts de Genève
(T. I), et qui fat reproduit dans le
T. LXVIII desTransact. philos.^ sous
le nom supposé de Le Cerf,
PRCNELÉ (François de), sieur de
Guillerval et de Tignonmlle en partie,
chevalier de Tordre du roi et lieute*
nant dans la compagnie do Jean d'Es-
tréeSy embrassa la religion réformée
comme son capitaine, et soutint les
armes à la main la cause protestante
Jusqu'en 1 587^ qu'il fut tué par les Li-
gueurs.— Une faut pas le confondre, ce
qui serait facile, avec Mignonville,
aide-de-camp du prince de Condé, eu
1585, puis lieutenant du comte de La-
fxdy dont il commanda, en 1586, la
compagnie de gendarmes, sous les or-
dres de d*Aubigné. Cette même année,
M ignonville servit au siège de Talmont.
En 1587, il combattit à Contras sous
Turenne. En 1 588, étant maréchal de
camp, il fut chargé par le roi de Na-
varre de conduire à Taltaque de Ma-
rans une division de son armée com-
posée des régiments de Charbonnières
et de Soubran. Ce « gentil maréchal de
camp », comme l'appelle d'Aubigné,
fut tué traîtreusement, en 1590, au
siège de Nonancourt, « mort indigne
d'un si brave guerrier», dit de Thou.
Du mariage de François de Prunelé
àsec Marguerite Du Monceau, damede
Tignonville en partie et baronne de
Caniel, fille de Ixincelot Du Monceau,
premier maître d'hôtel de la reine de
Navarre, et de Marguerite d'Alençon,
mariage contracté en 1 567, naquirent :
1« JOSIAS, qui suit; — 2» THtODORB,
dont le fils François a laissé des Afâ-
moires généalogiques sur sa famille;
— 30 Etienne, souche de la branche
d'Ocqueville ; — 4» Anne, née le 34
]anv. j568, et mariée, en 1596, avec
Abel de Pouilloue, sieur de Saclas; —
5« Jeanne, née en 1 570, femme d'iln-
ioineDes Fourneaux, sieur de Lume-
ry; — 6« Madelàine, née en 1595,
qui épousa Esprit de PouiUoue, sieor
d'Alainville; — 7» Scsanns, alliée à
René de ViUezan, sieur de Guillerval
en partie.
I. Branche de Tignontillb. Jo-
sias de Prunelé, sieur de Tignonville
et de Guillerval, baron de Caniel, fat
élevé à la cour du roi de Navarre, et
commanda, pendant les guerres de la
Ligue, une compagnie d'arquebusiers
à cheval. Il ne vivait plus en 1628;
mais on ne connaît pas la date précise
de sa mort. 11 avait épousé, en 1595,
Jeanne de Saint-Pol, et en avait eu :
i« Jacques, mort Jeune, ne laissant de
son union avec Anne-Julie de La TaiUe,
qui se remaria avec Pierre de Lan^
fernat, qu'une fille, nommée Judith,
femme, en 1645, de Jacques de La
Taille, qui la laissa veuve en 1 682.
Elle mourut au château des Essarts, le
25 sept. 1695, et comme elle n'avait
point abjuré, elle fut enterrée dans le
parc de ce château.
II. Branche d'Ocqueville. Etiemii
Prunelé, sieur d'Ocqueville, apprit le
métier des armes sous le prince Mau-
rice. 11 rentra plus tard en France, fit
les campagnes de Lorraine, et mourut
le 21 fév. 1663. 11 avait épousé, en
1625, Marie de Cormont, fille d'An-
toine de Cormont et de Madelaine Hot~
man, dont il eut Antoine, capitaine
de chevau-légers, mort sans alliance,
en 1659, et Charles, capitaine de
chevau-légers, tué en Catalogne, en
1676, étant major du régiment de La
Rablière. Ce dernier eut de son ma-
riage avec Judith de Jaucourt-d'ES'
peuilles, célébré en 1 658, six enfanta,
savoir : !<> François-Antoine, né le
PUJ
— 337 —
PUJ
9 mars 1659, qui Tut élevé à la cour
du prince de Sultzbach, mais qui ren-
tra en France et abjura avec sa femme
Susanne de Cormont, fille d'Abraham
Le Fèvre-de-Cormont ; — 2» ChàRLES-
Loms, né leso juill. 1661, et mort en
1681, capitaine de cavalerie; — 3«
PisiEB, né le U déc. 1662, mort
Jeune; — 4<» Jâcques-Philippb^ né le
se déc. 1665, lieutenant dans le régi-
ment de La Fère, qui abjura à Stras-
bourg, en 1 684 ; — 5« Chàrlottb-
JUPITH, née le 21 Juin 1660^ qui se
eonvertitaprèsla révocation; — 6«Ha-
us-Màoricktte, née le 27 mars 1 667,
qui se réfugia en Hollande, puis en
Angleterre, où elle épousa le général
Fierre Carie.
PRCNET (Pibreb), étudiant en
théologie, est auteur des Dernières
paroles de M. Gigordy pasteur de Vé-
glise réformée de Montpellier, impr.
dans le Recueil des dernières heures
de MM. Du PlessiSy Gigord, Rivet,
Du Moulin, Drelincourt et Fabri [Le
Fèvre d'Etaples], nouv. édit., Lau-
sanne, 1740, in-S"*. Si nos renseigne-
ments ne nous trompent pas^ Prunet,
alors qu'il prenait la qualité d'étudiant
en théologie, était marié depuis 28
ans avec une demoiselle Clausel, dont
il avait plusieurs enfants. Il mourut
en 1645.
PCECH (Jean-Jàcques) , né à Ge-
nève en 1726, et descendant vraisem-
blablement de Laurent Puech, de
Montpellier, qui avait été reçu bour-
geois de cette ville en 1697, a publié
Introduction à l'art équestre concer-
nant Vanatomiey la physiologie du che-
wU , la pathologie et les causes des
principales maladies. Le traité des haï-
ras et celui du manège, Genève, 1 775,
in-80.
PCJOL (ANTomE), notaire à Cas-
tres, sa ville natale, et ancien de Té-
glise depuis 1665, fut invité par le
consistoire à recueillir les règlements
des synodes du Haut-Languedoc. U
présenta, dès l'année suivante, au sy-
node de La Caune, son travail que Bo-
nafous, ministre de Castres, fut chargé
d'examiner, et qui fut imprimé plus
tard sons ce titre : Recueil des règle*
mens faits par les synodes provins
eiaux du Haut -Languedoc et de la
Fattte-Gtiyenne, Castres, 1679, in-8%
avec l'approbation des ministres Jaus-
saud, La Devèze, Lacaux et de Juge.
Ce recueil est divisé en treize chapi-
tres, traitant des ministres, des pro-
posants, des consistoires et anciens,
des colloques et synodes, des exercices
sacrés des fidèles, du baptême, de la
cène, du mariage, des assemblées de
TEglise, du diaconat, du catéchisme,
des écoles, et règlements particuliers.
Dans le chap. des écoles, P^jol donne
le tarif de ^académie, c'est-à-dire le
tableau de la répartition des 1 600 livres
que les églises de la province devaient
verser entre les mains des ministres
Isam et de Juge, et des anciens CoU"
hm et CavaiUé pour l'entretien de
l'académie durant l'année 1674 (l).
On y trouve aussi le règlement pour
l'académie, dressé par tes ministres
Jaussaud, Causse et Satur et approu-
vé, en 1678, par le synode de Sa-
verdun, règlement fort sage, mais des-
cendantàdes détails un peu minutieux.
Pujol assista encore au synode pro-
vincial de 1682. Comme son nom ne
se trouve ni dans une liste de Réfugiés
de Castres, ni dans une autre des con-
versions opérées dans cette ville par les
dragons, sur laquelle figurent ceux de
l'avocat Jacques Pujol et du notaire
Abraham Pujol (Arch. gén. Tt. 290),
on peut supposer qu'il étaitmortuvant
la révocation. Peut-être était-il frère
de Samuel Pujol, trésorier du roi au
comté de Castres, en 1651. — Une
famille du même nom etégalementpro-
testante habitait le Bas-Languedoc. En
1680, le proposant Pierre Pujol, du
diocèse de Béxiers, recevait du clergé
une pension de 200 livres. Le roi, plus
généreux, en accorda une de 1,000 li-
vres à un sieur de Pujols en récom-
pense de son apostasie (Arch. M. 673).
(1) A eetle date, las profèsiean étalent Pénz
et Bon, donnaot les ieçoni de théologie el 4t
phUoMplile, et Tronièretf eatéchiite.| ^_
QUA
- 338 -
QUA
QCATREFAGES, famUle protes-
tante des CevenneSy qui a persisté jus-
qu'à nosjoars dans la profession de la
religion réformée.
M. de Qnatrefages, membre de rin-
stituty à mis à notre disposition^ avec
une courtoisie pleine d'aménité, tous
les documents qu'il possède sur ses
ancêtres; malheureusement ils ne re-
montent pas au delà du xyiii* siècle.
Dans le xyn« siècle, nous trouvons un
Pierre Quatrefages, docteur en droit,
qui, comme député de Bréau, participa
aux négociations de la paix d'Alais, en
1 629, avec Etienne de Rousset, doc-
teur en droit, conseiller du roi et juge
en la viguerie du Vigan; Etienne de La
Fabrèguey docteur en droit et premier
consul du Vigan; Etienne de Montfau-
oon, docteur en droit, substitut du syn-
dic; Jean Liron, assesseur en la vigue-
rie du Vigan; Jean Lautal, du Vigan ;
Jean Caladon-d'Espinassey du Vigan;
Jean Caladon-de-Cauvel , de Sl-Sau-
veur ; Paul Du Cros-du-Solier, consul
de Sumène^ et Gabriel Duval, docteur
en droit, de Bréan. Vingt-cinq ans plus
tard,le !«' juill. 1654, un ancien de Té-
gliee de Bréau, du nom de Quatrefages,
assista, comme député, au synode du
Gévaudan tenu à Meyrueis {Arch. gèn,
Tt. 247). Vers le même temps vivait
N. de Quatrefages, officier dans le ré-
giment de Saligny,qui obtint, enl 649,
en considération de ses services, la
grâce de ses frères compromis dans les
troubles de la Fronde. Depuis cette épo-
que, les documents manquent pendant
près d'un siècle; nous savons seulement
que la famille de Quatrefages resta en
France, et que les flls continuèrent à
suivre la carrière des armes. Le 22
Juin. 1737, Jeàn-François de Quatre-
fages, flls de Charles, sieur de Bréau,
et de Marie Liron, entra avec le grade
de sous-lieutenant dans le régiment de
Bassigny. Enseigne, la même année,
puis lieutenant. Tannée suivante, il fit
la campagne de Corse, oii il fut blessé.
Nommé capitaine, le l«'août 1747, U
quitta le service pour cause de bles-
sures, et se retira à Valleraugue, oîi
il s'occupa avec sollicitude de la cul-
ture du mûrier. Grâce à ses conseils,
à ses soins et surtout à ses sacrifices,
cette commune, où Ton ne trouvait plus
que quelques mûriers datant du temps
de Sully et de Laffemas^ est devenue
le centre de ce genre de culture dans
tout le pays. Le capitaine de Quatre*
fages mourut en 1756, laissant trois
fils et plusieurs filles de son mariage
avec Louise Carie, fille de Françoi»
Carie, ancien capitaine an régiment
d'Auvergne, et de Françoise Caulet.
Trois de ses filles sont connues, savoir :
Susann'E-Marie, femme de Jean-Louis
Fouchir; Fr ançoise-Jeanne-Rosb, ma-
riée à Jean-Abel Sers-de^La Bastide, et
Sophie-Constance, qui épousa Pierre
Peyre. L'alné des flls, nommé Feàn-
çois-Charles, sieur de Bréau, prit
pour femme Catherine-Marianne de St*
Gla-de-Lescure, qui ne lui donna que
deux filles : Pauline, mariée à un
suisse du nom deVeret,et Athénàîs,
épouse d'un Béranger-de-Caladon. Le
second, Louis-Jean-Armato), prit le
nom de sa mère, que le général Carie
(Voy. ce nom) avait illustré. Cadet au
régiment de Bourgogne, en 1779, il
fut promu, le 20 août 1780, au grade
de lieutenant, et le f mars 1791, à
celui d'adjudant-major dans son régi-
ment, devenu le 59« d'infanterie. En
1 792, ses blessures le forcèrent à pren-
dre sa retraite, et il mourut sans lais-
ser d'enfants de sa femme N, Brous-
son. Le troisième enfin, Jban-Frah-
çois, qui était né le 22 sept. 1 767, en-
QUE
— 339 —
OUE
M an lenriee de la Hollande^ où on de
ses parentSy Rey, dit Carie, occupait un
grade supérieur dans l'année. Ilfntad-
mis, comme cadet, dans le régiment
de Saxe-Gotha, le 23 août 1784, et y
obtint, en 1*787, l'épaulette de lieute-
nant; mais lorsque la guerre éclata en-
tre la République française et la Hol-
lande, il ne put se résoudre à porter
les armes contre sa patrie, donna sa
démission et rentra en France par Hu-
ningue. Pris pour un espion. Il courut
danger do la vie; cependant 11 par-
vint à dissiper les soupçons et fut nom-
mé lieutenant dans le 9« bataillon de
risère. Capitaine depuis le 19 germi-
nal an II, il reçut, le 20 germinal an lY,
un congé illimité, et se retira à Valie-
rauguc, où il remplit diverses fonc-
tions municipales. En 1 834, il alla s'é-
tablir à Toulouse, et y publia, sur la
culture du mûrier, des mémoires qui le
firent agréger, en \ 838, à la Société
d^agriculture de la Haute-Garonne. Il
en resta membre correspondant, lors-
qu'il vint se flxer à Paris, ob il mou-
rut le !•' mars 1858. li avait été ma-
rié deux fois. Sa première femme, iV.
Chabaly de Valleraugue, lui donna plu-
sieurs enfants dont aucun ne lui sur-
vécut. Delà seconde, Louise-Margueri-
te-Henriette-Camille de Cabanes, sont
nés une ûlle, Zénaïdb, mariée à Jules
Peyre,ei,\e 1 0 fév. 181 0,un fils, Jeàn-
Louis-ARMAND, membre de l'Institut
et professeur au Muséum.
QUELLENEG (Charles de), vi-
comte du Fou, baron Du Poirr (l) et
deHoslrenen, fils aîné de Jean de Quel-
Icnec et de Jeanne de Maure, s'est rendu
célèbre dans le parti protestant sous le
nom de Soubise, qu'il prit à la mort
de Jean L Archevêque , à cause de son
mariage avec Catherine de Parthenay,
Dans ia seconde guerre civile, il se
joignit à la noblesse protestante du
Poitou, pour marcher au secours de
Condé. Dans la troisième, à la nouvelle
(1) £n 1564, il y atait dans cette baronnie
use église deiser? ie pê,T Claude Charretier ^co qui
DOQi porte à croire qve le pèreei U mère do jeune
iMroQ profeaMient aani la religion proleateate.
delà fuite du prince, il se hâta d'aller
à sa rencontre avec un petit corps de
troupes, et l'escorta jusqu'à La R(^-
chelle. Il combattit vaillamment à Jar-
nac et tomba entre les mains des Ca-
tholiques; mais il recouvra bientôt la
liberté par adresse. Il donna de noa-
velles preuves de sa valeur à LaRocbe-
Abeille, au Port-de-Piles, où il perdit
un de ses meilleurs officiers. Du Ver-
ger l'alné, du Poitou. Lorsque Coligny
passa dans le Midi , Soubise fut placé
sous les ordres de La Noue, dont il
seconda avec zèle toutes les opérations
militaires, jusqu'au siège de Fontenay-
le-Comte. Obligé, par la gravité de ia
blessure qu'il y reçut, de se faire trans-
porter à La Rochelle, La Noue lui laissa
le soin de continuer l'attaque. Après
avoir livré plusieurs assauts Inutiles,
Soubise allait abandonner l'entreprise,
lorsque ia place capitula, le 24 juin
1570. 11 en confia le gouvernement à
Languillier, et reconduisit ses trou-
pes harassées à La Rochelle. Il suivit
ensuite La Noue à la prise de Marans.
et Pontivy à l'attaque de Saintes, où
Il déploya une rare intrépidité et reçut
deux blessures. La paix se conclut sur
ces entrefaites. A la Saint-Rarlhélemy,
Soubise, qui était venu à Paris pour
assister aux noces du roi de Navarre,
voulut, pendant le tumulte de la nult^
courir au secours de l'amiral ; mais II
fut incontinent arrêté, mené à la porte
du Louvre et massacré. Nous avons
parlé ailleurs du procès que sa belle-
mère lui avait intenté (Ko?/. VI, p. 345);
nous n'avons plus à revenir sur ces
turpitudes.
QDESNOT (Jean-Jacques), flis
d'un juge de Clarensac, se retira dans
le Rrandebourg, après la révocation
de l'édit de Nantes, et établit à Berlin,
avec le secours de l'électeur, une fa-
brique de galons, qui parait ne pas
avoir prospéré. Il transporta donc son
industrie dans le Danemark, où il n'a-
vait pas à redouter une aussi forte con-
currence. Son beau-pèreétant mort sur
ces entrefaites. Il revint en France, en
1688, pour recueillir sa succession;
RAB
— 340 —
RAB
mais un collatéral qui s'en était déjà
emparé, le dénonça. Il fat donc arrêté
BOUS Taccasation de n'être venu dans
le Daaphiné que pour embaucher des
ouvriers nouveaux convertis et les faire
passer en Danemark. On le retint pen-
dant plusieurs mois dans les prisons
de l'évèché de Grenoble; cependant on
finit par le remettre en liberté, sur
les pressantes réclamations de l'am-
bassadeur de Danemark. Quesnot se
bâta de retourner dans sa patrie d'a-
doption. Sa femme se nommait Marie
Roux, et était flUe û Antoine Rcmx, de
Misoen. Sa mésaventure a donné lieu
à la publication de l'Innocence accct^
bUe ou le Prisonnier trahi, Cologne,
1689, in- 18, recueil de vingt-quatre
lettres, adressées par lui à Coin^ mi-
nistre de l'église française de Ham-
bourg, à Malortie y écuyer de la du-
cheise de Zell, à Guillaume L'Huillier,
à Hambourg, au pasteur Janvier et à
d'autres personnes qui s'intéressaient
à son sort.
QUENTIN (Jban), docteur en droit
canon, né à Autun, le 20 janv. 1500,
avait passé une partie de sa jeunesse à
voyager en Orient et babité même pen-
dant quelque temps i'iie de Malte, avant
de se décider à choisir une carrière. De
retour en France, il se rendit à Poi-
tiers pour reprendre le cours de ses
études ; mais il ne sut pas déguiser son
penchant pour laRéforme, et fut obligé
de fuir, à ce que racontent La Place et
deThou. Les écrivains protestants l'ac-
euseot d'avoir abandonné ses convic-
tions pour un gros bénéfice dans Tor-
dre de Malte. Il serait très-possible que
la peur n'eût pas été sans influence sur
sa détermination; car c'était un hom-
me sans aucune énergie morale. Quoi
qu'il en soit, il rentra dans l'Eglise ro-
maine et devint professeur de droitci-
non à Paris. C'est lui qui fut chargé de
prononcer aux Etats-généraux d'Or-
léans la fameuse harangue an sujet de
laquelle Co/t^ny exigea une réparati(»i
publique (Voy. 111, p. 381). Il est pro-
bable que, dans cette circonstance en-
core, Quintin avait cédé à la peur. 11
était suspect, puisque Mézeray aflBrme
que,pendantqn'ildébitaitsondi8Conr8,
qui ne respire que haineet persécution,
les principaux chefs du clergésui valent
des yeux ce qu'il lisait; et le sachant,
il aura craint d'attirer le danger sur sa
tète, s'il refusait l'honneur qui lui était
décerné. Cette faiblesse fut fatale au
pauvre vieillard. Les mordantes sati-
res dont les Prolestants l'accablèrent,
lui causèrent tant de chagrin, qu'il en
mourut, le 9 avril 1561. On a de lui
plusieurs ouvrages qui prouvent qu'il
possédait des connaissances étendues
et variées. — Nous ignorons s'il était
parent de Claude Quintin, qui profes-
sait la philosophieà Lausanne,en i 548.
— Parmi les Protestants franç^s ré-
fugiés à Berlin, Eiman et Réclam ci-
tent Jean Quintin, tailleur, de Mont-
pellier, qui sortit du royaume avant
même la révocation. En i 700, les maî-
tres tailleurs, d'origine française, éta-
blis à Berlin, étaient Jean Gutienne et
Jean Roger, de Metz; Paul VieUmve,
Antoine Blanc, Jean Dubuy, de Picar-
die; Jacq, Montauban, du comté de
Foix; Jacq. Sevin, de Gergeau; Jean
Cuzet et IsaacHoUier, de Montauban;
Daniel Vandeville et Jean VaUée, de
Milhau; Germain Lavitie, de Mont-
pellier; Pierre Bamouin, du Daa-
phiné.
R
R ABASTEINS (Bertrand db), vi- Bernard-Roger de Cotnminges, des Ci-
comte de Paului, le plus illustre, avec meux Vicomtes du Quercy , apprit le
râb
— 341 —
HâB
métier des armes dans la compagnie
de gendarmes du vicomte de Lomage-
Terride, sons qui il servait en 1552.
n nons est impossible de dire à quelle
époque il embrassa les opinions nou-
velles. Ce qui est certain, c'est que
son nom ne figure pas parmi ceux des
capitaines huguenots qui se signalèrent
dans la première guerre civile ; mais dès
l'explosion des seconds troubles, nous
le voyons se Joindre aux autres vicom-
tes^avec son frère Philippe, et conduire,
après la prise de Fronton, à laquelle
il contribua , un corps de troupes an
secours du princede Coiufé. Nousavons
raconté ailleurs (Voy. IV, p. 1 8) la mar-
che triomphante de la petite armée des
Vicomtes jusque sous les murs de Char-
tres. La paix conclue, Paulin retourna
dans le Quercy; mais il ne tarda pas à
reprendre les armes. On sait que les
Vicomtes rerusèrent d'abord d'obéir à
Tordre de Condé, que leur transmit
Piles (Voy. III, p. 492), de lui amener
leurs troupes ; cependant ils ne restè-
rent pas inactifs : une tentative qu'ils
firent sur Castel-Sarrasin échoua ; mais
ils forcèrent, le 27 nov., Lantrecà se
rendre. La capitulation fut indigne-
ment violée, malgré les eiforts des
chefs, qui ne purent contenir leurs ban-
des indisciplinées. Laissant pour gou-
verneur dans cette malheureuse ville
Bénac-de-La Moite, avec la compagnie
de Louis de Perrin , sieur de La Ro-
que, ils marchèrent sur ViUemur, qu'ils
prirent, le 5 déc., et où ils établirent
Bessière pour commandant; puis ils
mirent le siège devant Semalens (d'au-
tres disent devant Saix), dont ils ne
purent se rendre maîtres à cause de
la rigueur de la saison. Ils ne furent
pas plus heureux dans une entreprise
sur Montech (Voy. I, p. 131). Quoique
temps après, Paulin, qui avait pris
une part très-active dans toutes ces
expéditions, tomba entre les mains des
Catholiques. Dès qu'il eut recouvré la
liberté, il alla rejoindre Coligny^ qui
le chargea, avec La MoUePujols, du
commandement de son arrière-garde,
lorsqu'il prit la route du Vi varais . Après
la conclusion de la paix, il retourna
dans le Quercy, où il se trouvait lors
des massacres de la SaintrBarthélemy.
Sauvé par Villars, il balança un in-
stant, soit découragement, soit recon-
naissance , s'il se soumettrait ou s'il
vengerait ses frères égorgés {Voy. VII,
p. 468). Ses hésitations toutefois ne
furei^ pas longues. Le I «^ nuv. 1 572, il
se rendit à l'assemblée de Pierreséga-
de, à laquelle assistèrent GutKauma de
Guilloty sieur de Ferrières, BcUthasar
ei Pierre de Soubirany sieurs de Bras-
sac, F/orent de Beyne, sieur d'Escroux,
François de Villettes, sieur de Montlé-
dier, Bernard d' Hue y sieur de Montsé-
gur, François ei Sébastien de Chàteatt--
Verdun, sieurs de Puycalvel et de La
Raserie, PaiU de Comeillany sieur de
La Brunie, Etienne de Beyney sieur de
Gos, de CussaCy les capitaines Anthoi'
ne, Francy iHivergnet, Bousquet, Co-
rel, La Penasse, Gâches, Gautran ou
Contran, Méric, Pasquet, Agreiy, Gi-
roussens , Foumier, Record , Puech ,
etc., tous du Haut-Languedoc. Après
l'invocation du nom de Dieu, l'assem-
blée élut à l'unanimité Paulin pour gé-
néral des Protestants dans les diocèses
de Castres , d'Albi et de Saint-Pons ;
mais elle se garda bien de lui confier
un pouvoir absolu. Elle plaça auprès
de lui, pour contrôler ses actes, un con-
seil qui devait siéger à Réalmont et qui
se composait de La Garrigue, de Ro-
quecourbe, ûeDonnarely de Réalmont,
de Vincent Bonnafous, de Brassac, de
Rouquette et de GalUer, de Lacaune.
Pierre Le Nautonnier, sieur de Cas-
telfranc, fut nommé trésorier de la
Cause.
Revêtu par l'Assemblée d'une auto-
rité que tous les Huguenots du Castrais
et de l'Albigeois étaient tenus de re-
connaître, Paulin fit partir sur-le-
champ, munis de commissions en bon-
ne forme, Montségur pour Réalmont,
MotUlédier pour Roquecourbe, d'£«-
eroux pour Lacaune, un ami de Séné-
gas pour Brassac, que le capitaine Gau'
tran venait de conquérir (i),La Bru-
(1) Le commaiMtomwt de cette TUle ayial été
RAB
— 342 —
RAB
mi pour Lamiatte , Franc pour Fiac ,
avec ordre d'y lever des troupes. Il ne
tarda pas à se mettre lui-même en cam-
pagne , et le succès couronna presque
toutes ses entreprises. Vaillamment se-
condé par Panât, il se saisit de quel-
ques places ; mais sa conquête la plus
importante fut celle de Lombers qu'il
prit par capitulation, au mois de dé-
cembre, après avoir défait le secours
que La Crouzette chercha par deux fois
ày introduire. Cesavantages relevèrent
le courage des Protestants, Tinsurrec-
tion s'étendit dans tout le Haut-Langue-
doc, en sorte que Paulin sentant la né-
cessité de réunir en un faisceau toutes
les résistances en resserrant les liens
de la confédération, convoqua, pour le
mois de mai suivant, à Réalmont, une
assemblée qui lui confia le gouverne-
ment du Lauraguais (1). Il s'empressa,
après la clôture de l'assemblée, de le-
ver une compagnie de soixante maîtres,
dans laquelle furent admis Pierre de
SoubiraUy comme lieutenant, les deux
Fuycalvely Guillaume de Rozely sieur
de Causse, Georges de GinebrousCy ca-
det de Saint-Amans, ainsi que les ca-
pitaines Dupuy y Pasquet, Caissade,
les deux frères Teramone, Aimar Car
husac, Barthélémy ei Remy Fontvielle,
CoupiaCy de Langer [Lacger?] , etc.,
et à la tête de cette troupe d'élite, il
poussa les hostilités avec une nouvelle
vigueur. Ce fut sur ces entrefaites que
l'on eut connaissance dans le Langue-
doc du traité signé sous les murs de
La Rochelle. Les Protestants du Midi
se plaignirent hautement de ce qu'il
avait été conclu sansleur participation,
et plus hautement encore de ce qu'il
les privait de l'exercice public de leur
culte et laissait Impuni le massacre de
la Saint-Barthélémy (Voy. Pièces Jus-
lif., N« XXXVI). Afin d'aviser aux me-
sures de salut que commandaient les
circonstances, ils convoquèrent im-
médiatement à Montauban une nouvelle
donné, en 1574, \ Sénéga»^ Gantren, par dépit,
pam dans les rangs catholiques.
(1) La Popelinière menlionne parmi ceux qui
T assistèrent : Terride^ Paulin, durions Panât,
AfgnO», Mimlint, Yokt, etc.
assemblée, qui fat plus tard transfères
à Milhau. Il est probable que Paulin y
présida , puisque son nom se trouve
inscrit le premier (1) au bas de la cé-
lèbre requête que les Protestants du
Languedoc adressèrent au roi {Voy.
Pièces juslif.,N« XXXVII).
Dans la nouvelle organisation du
parti, Paulin obtint le gouvernement
du Haut-Languedoc. Il établit le centre
de ses opérations à Montauban. C'est
de là qu'il partit pour mettre le siège
devant Saint-Alby, qui dut se rendre
après la défaite d'un secours consi-
dérable mené par le gouverneur de
Castres en personne. Quelque temps
après, Paulin conduisit sa compagnie
dans le Bas-Quercy afin de seconder
les opérations militaires de Terride.
Surpris dans l'abbaye do Grandselve oo
il s'était logé, il soutint avec Une va-
leur héroïque les efforts d'un ennemi
infiniment supérieur en nombre, etpar-
vint à rentrer dans le Mas-de- Verdun
sans avoir éprouvé d'autre perte que
celle du sieur de Calonges.
Plusieurs mois se passèrent sans que
Paulin exécutât aucune entreprise con-
sidérable. On avait entamé avec la Cour
des négociations, qu'à son retour en
France, Henri III s'empressa de rom-
pre. La guerre recommença donc avec
une nouvelle ardeur, en 1 575. A l'ap-
pel du maréchal Damville, qui venait
de s'allier aux Protestants, Paulin se
mit immédiatement en route pour le
Bas-Languedoc avec sa compagnie de
gendarmes et les trois compagnies d'in-
fanterie de Dupuy, FourniertiMasO'
met y sous les ordres du colonel Saint-
Amans. Il assista à rexpédition d'Ai-
gues-Mortes, conçue par Gremiany et
contribua à la prise de plusieurs villa-
ges fortifiés dans les environs de Mont-
pellier et de Nismes; mais à la non-
(1) Les antres sont ceux de G<ntrdônf Clomû*
trif Verlhae f Fetriiret, MonUtégur^ Brouart,
Sainl-Lyonf Douzac^ fiarbonne^ Slopinian, Ar-
heraZf de La Source ^ (iallatlre ^ Latner^ Cho^
mor/. Proeel, Payen^ Rigot^ de Roberts, de Le»-
Irivierê^ de Roger y Paulmicr^ Cabanne, et Neuf»
vie, de ValUhan,Sochardf CLavaUf^i trais antres
que nons n Voai pa dèclùflirer iFondt di Brùnn§,
N«807).
RAB
— 343 —
RAB
velle qne Joyeuse menaçait Réalmont,
il retourna précipitamment dans le
Haat-Langnedoc à la fin du mois de fé-
vrier. Le cher catholiqne s'étant éloi-
gné sans poursuivre ses projets, Pan-
lin convoqua à Castres une assemblée
politique qui confirma encore une fois
ses pouvoirs, en lui donnant un conseil
composé de La Garrigue, Landes,
Franc, Donnarel et Gar toute, et qui
ordonna l'érection d'une chambre de
justice sous la présidence de UHôpi*
tal, A peine cette assemblée eut-elle clos
ses séances^qne Paulin se remit en cam-
pagne. Le 30 mars 1575, il assiégea
le château de Boissezon-d'Augmontel,
qui fut pris, après une vaillante défen-
se, et brûlé, leSavril.LamorldeGm^
loi'de-Ferrières rayant rappelé à Cas-
tres, il établit son quartier-général dans
cette ville ets'occupa avec activité d'en
augmenter les fortifications, tout en ré-
primant sévèrement les conspirations
des habitants catholiques, et en har-
celant sans relâche les garnisons du
voisinage. Instruit que le capitaine
Mercier y qui défendait courageuse-
ment, avec Dominique Bouay, la ville
deCaraman contre Joyeuse, était réduit
aux dernières extrémités et allait être
forcé de serendre, il vola à son secours
accompagné de Deyme et de Sénégas.
Joyeuse n'osa pas accepter la bataille
que Paulin lui ofi'rait, et leva le siège,
laissant maîtres de la campagne les
Protestants qui s*emparèrent de plu-
sieurs châteaux forts, entre autres de
Montfranc, où s'était cantonnée une
tande de brigands, qui furent tous mis
à mort, et de La Polinenque, dont la
garnison incommodait Réalmont.
En 1577, sur l'invitation de (7/kidi-
ion, Paulin retourna dans le Bas-Lan-
guedoc, à la tète des quatre compa*
gniesde Franc, Foumier, Durand et
Bousquet ; mais la conclusion de la paix
arrêta les deux armées prèles à en ve-
nir aux mains sons les murs de Mont-
pellier (Toi/, m, p. 406). C'est la der-
nière fois que nous ayons rencontré son
nom. Son fils unique, nommé Màrg-
ANTOirtE, ne se montra pas moins dé-
voné que son père à la Cause; mais la
mort Tenleva au début de sa carrière
militaire. Lieutenant do Montgomme-
ry, qui lui avait confié, pendant une
absence, le gouvernement de Castres,
il se laissa séduire, an mois d'octobre
1587, par l'espoir de détruire un corps
de Ligueurs qui se retirait en désordre
de devant Roquecoorbe. 11 l'attaqua
près de Scieutat-lès-Castres ,* mais lâ-
chement abandonné par son infanterie,
il fut complètement battu et resta sur
le champ de bataille avec Bousquet,
Maisonneuve, le jeune Clusel, Vigne*
vieille, Mandoul, Montbrun et deux
cents habitants de Castres. Comme il
ne laissa pas d'enfants de sa femme
Anne de Roque feuil, le baron de Pau-
lin, son cousin, devint le chef de la
famille.
Philippe de Rabasteins, baron de
Paulin, n'occupe pas dans l'histoire
de nos guerres civiles une place aussi
considérable qne son frère. Son prin-
cipal exploit est la prise de Gailiac^
dont il se rendit maître par escalade,
le 8 sept. 1568, avec l'aide des capi-
taines A' Ar ligues, Franc et Pasquel,
qui y fut mis pour gouverneur. Les ha-
bitants expièrent cruellement lenr san-
glante orgie de 1562 (Koy.IV, p. 459).
Le fameux Cabrol, qui avait rendu de
si belles sentences, subit la peine du
talion avec plusieurs de ses complices.
Cette légitime vengeance exécutée, le
baron de Paulin alla rejoindre les Vi-
comtes, laissant à son lieutenant d'Ar-
tigues le soin d'enlever Saissac, où tous
les prêtres furent égorgés et l'église
brûlée. Les historiens ne nous font pas
oonnaltre l'année de sa mort. Son fils
Samuel fut tué en 1589, n'ayant de sa
femme, Marie de Lautrec^ qu'un fils,
Mauquis de Rabasteins, vicomte de
Paulin, à qui l'Assemblée de Nismes
ordonna, en! 6 1 5, de conduire à Rohan
les troupes qu'il avait levées dans TAl-
bigeois pour le service de la Cause. Le
1 6 juillet de Tannée suivante, surpris
en flagrant délit d'adultère, il fut tué
par le baron de Regniés (Voy. VI, p.
382^). Sa lui s'éteigoit l'aactenneetil-
RAB
— 341 —
RAB
lustre race des vicomtes de Paulin, de
la maison de Rabasteins.
R ABACLT (Jban)^ sienr de Mathe-
felon^ eut de son maridge avec Marie
Merciefy nn fils, nommé aussi Jban^
sieur de La Coudrière-Bouchetière,
quiy à Tàge de 31 ans, épousa dans le
temple de Gharenton, le i 9 mai 1 680,
Renée-Marguerite Jandouin, fllie û'U-
ricy sieur de Boinion, et de Renée de
La Barre, ayant pour témoins de son
mariage, son oncle René Rabault, son
frère Gédéon et son beau-frère Pran-
cens Jandouin, A la révocation de Té-
dit de Nantes, il sortit du royaume,
ainsi que son oncle, mais il ne put em-
mener ses deux enfants. César et Char-
lotte ( 1 ), qui furent mis en possession
des biens de leur père en 1689 (Arch.
gén. E. 3375). Jean Rabault suivit le
prince d'Orange en Angleterre, avec
le grade de capitaine. A la paix, il se
fixa à Londres, où lui naquit un flis,
Guillaume, qui eut pour parrain le roi
Guiliaumeet pour marraine la duchesse
de Schombergy et qui fut baptisé^ le 1 9
déc. 1693, dans Téglise française de
Swallow-Street. — En 17 u, deux de-
moiselles Rabault furent enfermées
dans le couvent de Sainte-Claire de
Tbouars (Ibid. E. 3400). Ces demoi-
selles étaient peut-être les petites-filles
de notre réfugié.
RAB AUT (Paul) , le plus célèbre
des pasteurs du désert, de ces hommes
de foi, de piété et d'énergie qui, au
milieu des dangers , des privations ,
des souffrances, au prix de leur vie
quelquefois, et toujours de leur re-
pos et de leur bonheur temporel, se
dévouèrent à continuer Tœuvre d'An-
toine Court , en soutenant les églises
qu'il avait restaurées, naquit à Béda-
rleux, le 9 Janv. 1718. Son père se
plut à lui inspirer les sentiments d'a-
mour ardent dont il était animé lui-
même pour la religion proscrite ; aussi,
dès son enfance 9 le Jeune Rabaut se
(1) Ne Mnit-dl6 pu U même qae Mari» Ra-
hamlt, dont dou atoos déjà parlé (Yoy. Yll,
p. S8S). La coïncidence des dates semble le proi-
^v. lue s'appelait peat-ètra Marle-CliarloKe.
montrait-Il heureux et fier de servir de
guide aux ministres de l'Evangile, à
qui la maison paternelle avait offert
pour une nuit une retraite incertaine,
et quand il fut plus avancé en Age, Il
lui arriva souvent de remplir les fonc-
tions de lecteur dans les assemblées du
désert. Frappé de sa piété et de son
courage, un prédicant qu'il suivait
dans une de ses dangereuses tournées,
l'engagea à se vouer au ministère é-
vangélique, et Rabaut se laissa persua-
der d'autant plus aisément qu'il se
sentait une vocation prononcée pour
une profession, où il n'y avait pourtant
àattendre que misères et persécutions.
Dans son Annuaire, Rabaut-Dupuis
affirme que ce prédicant éMi Antoine
Court lui-même, qui, dit-il, le deman-
da à son père et l'emmena, en 1736^
avec le jeune Jean Pradel , de Béda-
rieux (1), en qui il avait aussi trouvé
d'heureuses dispositions. MaisCh. Co-
querel, dans son Hist. des églises da
désert, a publié une lettre de Courte
qui prouve qu'au mois de mars 1 740^
le directeur du séminaire de Lausanne
ne connaissait pas encore Paul RatNUiU
« J'ai demandé votre admission dans
le séminaire, lui écrivait-il, et Je l'ai
obtenue; ainsi vous pouvez faire vos
préparatifs de départ. Je me félicite par
avance de l'heureux moment qui me
procurera le plaisir de vous connaî-
tre, etc. »
A la réception de cette lettre^ Ra>
haut, en qui le zèle pour la maison de
Dieu s'enflammait en raison des dan*
gers qu'il courait chaque jour, en ae«
compagnant, en qualité de proposant,
les pasteurs du désert dans leurs voya-
ges apostoliques, n'hésita pas à quit-
ter la jeune femme qu'il venait d'é-
pouser, et partit pour le séminaire de
Lausanne, où il passa trois années.
Consacré au saint ministère, il revint
en France, en 1743, et immédiate-
ment après, il fut nonmié pasteur de
(1) Jean Pradel, dit Vemezobre^ fut le dfpe
compagnon d'œntre de son ami Paol Rabaai. n
laissa denx fils. L'aîné fut pasteur à Tonlonse il
à Maavesin^ et monmt, en 183S, doyeo do U Fa-
cdlé de theotogie de Montaobaa.
RAB
— 345 —
RAB
TégLise de Nismes, où il exerça ses
fonctions pendant un demi-sièciey se-
condé dans ses pénibles travaux par
Encontre, Puget y Paul Vincent, Go-
chon et son propre fils Rabaut-Saint»
Etienne, qui lui furent successivement
donnés pour collègues.
Paul Rabaut n'était point versé dans
les sciences théologiques ; il ne possé-
dait même qu'une instruction très-or-
dinaire; mais il avait, au rapport de
Boissy-d' Anglas , qui le connaissait
particulièrement, un grand sens natu-
rel, une grande facilité d'élocution ,
« et une sorte d'éloquence simple et
naturelle, plus onctueuse que forte,
plus pathétique que régulièrement or-
donnée. » Il avait d'ailleurs reçu de
la nature les qualités les plus propres
à la carrière où il venait d'entrer, c'est-
à-dire un courage intrépide et une fer-
meté indomptable unis à beaucoup de
prudence et aune piété ardente. « Une
douceur affectueuse, dit M. Peyrat,
parait avoir été le noyau de celte na-
ture souple et forte, prudente et auda-
cieuse, tenace, intrépide^ infatigable,
perpétuellement militante, et d'une
aptitude souveraine à la domination de
la république des églises sous la croix.
Cet homme, d'un si grand courage a-
poslolique, était d'une très-petite taille
et d'une corpulence exiguë. 11 avait la
face longue et maigre, le teint basané,
les yeux et les cheveux noirs , le nez
mince, aigu et légèrement aquilin. »
A l'époque où il commença son mi-
nistère, les Protestants Jouissaient
d'une espèce de tranquiUité, dont ils
étaient redevables à la guerre de la
succession d'Autriche, qui avait forcé
le gouvernement à dégarnir de trou-
pes les provinces. Les intendants fer-
maient les yeux sur les assemblées
du désert, faute de soldats pour les dis-
perser à coups de fusil. Les pasteurs
profitèrent de la circonstance pour res»
susciter les synodes nationaux, morts
depuis près d'un siècle. Ils en convo-
quèrent un, où Rabaut remplit les
fonctions de vice-président, quoiqu'il
ne comptât encore que 26 ans et à
T. VIII.
peine une année de ministère (Voy,
Pièces justif., N» XCVl). Malheureuse-
ment cette demi-tolérance cessa bien-
tôt. Une infernale machination des en-
nemis des Réformés réveilla le zèle des
agents du gouvernement. On fit courir
dans le Languedoc, en 1744, un oan-
tique où l'auteur demandait à Dieu le
triomphe des armes britanniques, et
on accusa les Protestants de le chan-
ter dans leurs assemblées. Rabaut , à
qui il fut attribué, s'empressa d'écrire
au duc de Richelieu pour demander
une enquête; mais le gouverneur da
Languedoc, qui savait peut-être à quoi
s'en tenir sur l'origine de cette pièce,
n'eut garde de l'ordonner : il se con-
tenta de prescrire des mesures plus
sévères contre les Protestants. Plu-
sieurs assemblées furent surprises,
beaucoup de Réformés enfermés dans
des prisons ou des couvents. Rabaut,
qui avait poussé la témérité Jusqu'à
se montrer ouvertement dans les rues
de Nismes, dut se cacher, et les réu-
nions religieuses, qui s'étaient tenues
presque aux portes de cette ville, fu-
rent refoulées dans les bois de Vallon-
gues et de Vaqueirolles. Ces rigueurs
devaient nécessairement irriter les
Protestants , le gouvernement le sen-^
tait; aussi ses alarmes furent-elles
grandes, lorsque les Autrichiens en-
vahirent la Provence en 1746. Pour
prévenir un soulèvement qu'on re-
doutait, Saint-Florentin n'imagina pas
de meilleur moyen que d'ordonner à
l'intendant Le Nain de faire réimpri-
mer secrètement et de répandre à pro-
fusion dans le Languedoc l'instruction
pastorale de Bornage (Arch. gén. Ë.
3507). Le Nain obéit, sans compter
beaucoup sur l'efficacité du remède.
11 fallut, pour calmer ses Inquiétudes,
que Rabaut, dont il était personnelle-
ment connu, lui protestât solennelle-
ment que ses craintes n'avaient aucun
fondement sérieux.
Il semble qu'instruit par l'expérien-
ce, le gouvernement de Louis XV aurait
dû renoncer à employer des mesures
de rigueur contre les Protestants» de
22
RAB
— 346 -
RAB
manière à ne plus avoir aies redouter,
gi ies mêmes circonsUmces se repré**
sentaient. Il n'en fat rien. Louis XY ne
voulait point entendre parier de tolé*
rance dans ses Etats, et certains prélats
de TEglise romaine réclamaient inces-
samment Tapplication impitoyable de
redit de 1724. Saint-Florentin n'était
pointaufondunliomme cruel; sesdépé-
cbesofficiellesproQventqu'àroccasion,
il savait donner des leçons de modéri^
tion et d'humanité même au hauts di»
gnltaires du clergé catholique ; mais il
éUit trop bon eourtisan pour se mettre
en opposition avee le roi et avec les
prêtres. Aussi, dès que la paix d'Aix-'
lar€hapelle [18 oct. 1748] permit de
renvoyer les troupes dans leurs can-
tonnements, on vit des détachements
militaires se remettre à courir la cam-
pagne pour surprendre les assemblées
el pour forcer les parents protestants
à foire bapUser leurs mifants à l'église
catholique; mais tous les mouvements
que l'on se donna n'empêchèrent pas
Rabaut el ses collègues de tenir des m»
semblées et même de se réunir régu-
lièrement en synode (l). Le secrétaire
d'Etat, qui était instruit par ses espions
de toutes leurs démarches, n'aurait pas
Banque de recourir aux moyens de ré*
pression les plus violents, si^ en i 753,
quelques montagnards des Cevennes^
refusant, dansleur désespoir^d'écouter
les exhortations de leurs ministres,
n'avalent pris les amei! et repoussé la
féree par laforce. Epouvanté de ce com-»
meneement d'insurrection, l'intendant
Satnt-Prlest eut, comme Le Nain, re^
cours à Rabaut. Cet intrépide pasteur
venait d'échapper au plus grand danger
qu'il eût couru dans sa périlleuse car-
rière. Au reto«r d'une assemblée où il
avait prêché^ 11 avait été arrêté avec
Bénezet (Voy« ce nom); mais le chef
U) Nott itoM éMDpalM toele «le Mrie d'aelei
de ces spodes da dé»ert. Le plus reiDarqiuble est
celui de 1757, tenu sous la présidence de Paui
llMMuf, qui «Tail Jtùtn PrtÈiel pour adjoint,
P. CiMo^rt el P. AfdofUNl) de Luael, ponr tm-
criuires. Il ordonna rétablisseoieiit à Nitmea d'u
iteiinaire sons la direction du pasteur PvçH,
4f Anitos* CSe fw^ti DO reçvl pts d'exictiUon.
du détachement, le lieutenant Desmar*
ceaux, ne se doutant pas de rimpor-
tance de la capture qu'il avait faite, et
craignant de ne pouvoir, avec cin^
hommes seulement, emmener en sû-
reté deux prisonniers en présence d'un
attroupement nombreux dont les dispo-
sitions lui semblaient hostiles, l'avait
remis en liberté (1). Sur l'invitation de
l'intendant, Rabaut, Odèleà la doctrine
de l'obéissance passive, employa toute
son influence sur les Cévenols pour cal-
mer leur irritation, et de son côté Saint-
Priest tempéra la rigueur des mesures
prescrites par le gouvernement.
Les Protestants s'imaginaient que si
Louis XY venait à connaître leur triste
sort, il s'empressersLit de l'adoueir. Le
pasteur de Nlsmes partageait cette folié
illusion. Instruit que le marquis d'Ar*
genson, ministre de la guerre, devait
traverser le Languedoc dans une teui^
née d'inspection, U alla eoufag0use«
ment l'attendre sur le chemin de HOflt-
pellier près d'Uchau^ lui déclara son
nom, sa qualitémème, et lui remltune
supplique en le priant de la présenter
an roi. Cette supplique eut probable-
ment le sort de beaucoup d'autres re-
quêtes que Rabaut et ses eollègoes a*
dressèrent à Louis XV {Arch, Tr.
355) (?). Nous le répétons, ce prince
avait en aversion la religion réfonnée.
S'^ilne fat pas un persécuteur aussi vio-
lent que son aïeul, c'est que les moyens
lui firent défaut. Ce qui le prouve, se-
lon nous, c'est que jusque dans les der-
nières années de son règne, c'est -à-dIre
Jusqu'à ce que son égolsme l'eût rendu
bidiflërent à tout ce qui ne le touehalt
pas personDellement, la persécution,
et une persécution Cruelle qui s'exer-
çait par les supplices les plus terribleér,
se ralentit ou se ralluma selon les al-
ternatives de guerre on de paix.
(1) Gottme récompense pour l'arrestation de
Bèoeoet, Dssmaroeanx demanda la croii de Siifll*
Levis jArch. Tt. SSS).
(2) Nous en aTons trouYé plasiears dans lei
cartons des Archires, Notamment celle qai M
àtmsè^ par le synode proTineial de 1759, synedA
fw Rabaat présida, ayant Jtan Rradel petr ad-
ieint, P. Encontre et P, Redon pour secrétaiiii
{Areh, TT. MU).
RAB
— 347 —
RAB
En 1754^168 bostUitésn^avaienlpoint
encore éclaté; mais tout faisait pré-
Yolr une noiivelle guerre avec l'Angle-
terre. Avant d'éloigner lea troupes du
Languedoc^ le gouvernement crut né-
cessaire d'adopter quelques mesures
ée précaution. Il s'arrêta à Tinexéeu-»
table projet de forcer les pasteurs à
sortir du royaume^ surtout Rabaut doni
il redoutait rinfloênce. Peut-être n'au-
ratt-il pas été impossible de se saisir
de sa personne ; mais sa capture devait
entraîner une eondamnatiou à mort^ et
ronpouvaitcralndreTeffet que ne man-
querait pasdeproduire l'exécution d'un
ministre aussi populaire. On se con-
tenta donc de cbefcber à l'effrayer dans
l'espoir qu'Use déciderait de lui-même
à s'éloigner. Des visites domiciliaires
répétées fréquemment et accompagnées
de menaces terribles intimidèrent en
effet sa femme au point qu'elle prit le
parti de quitter son logis avec sa mère
et ses enfants; mais ses persécuteurs
ne gagnèrent rien de plus. Loin d'en-
gager son mari à passer à l'étranger,
alfisi qu'on s'en était flatté^ cette femme
héroïque l'exhorta à persévérer dans
l'accomplissement de ses devoirs, et
pendant f espace de deux ans, elle con-
sentit à errer d'asile eu asile, suppor-
tant, sans se plaindre, les privations et
les souffrances, plutôt que déconseiller
àèon époux d'abandonner le service de
son Dieu.
Ce fut dans ées circonstances, au
mois de juill. 1755, que Paul Rabaut
fit à Paris un voyage dont le but est
encore aujourd'hui enveloppé d'un pro-
fond mystère. Il avait été mis en rela-
tion avec le prince de Gonti par Le
Cointey agent officieux des églises, et
par de Beaumont^ gentilhomme noN
mand, très-zélé pour sa religion, qui
venait de publier une édit. refondue dil
Patriote françois et impartial sous le
titre de L'accord parfait de la nature,
de la raison, de la révélation et de la
fffditique, Colog. [Gen.], 1753, 2 vol.
in-12. Rabaut eut avec le prince, &
l'Ile-Adam, une entrevue secrète dont
rien n'a transpiré* On sait seoleBMhl
que ses espérances ne furent point réa-
lisées.
De retour dans sa province natale,
le pasteur de Nismes assista au synode
national de 1756, qui l'élut vlce-pré-
8ident(Koy.Plèces]U8lif. N»XCVlIl6ts).
Quelques mois après, on reçut dans le
Languedoc la nouvelle de Tatteutat do
Dàmiens (5 Janv. 1757). Rabaut, qui
était alors recherché avec plus d'acti-
vité que jamais et dont la tête venait
même d'être mise à prix, saisit cette
occasion pour adresser à son troupeau
une Lettre pastorale (réimp. à Paris,
1826, ln-8»), où, après avoir peint
l'horreur et la consternation dont les
Protestants avalent été saisis enappfe-
nant le crime, et avoir rappelé aux fi-
dèles de son église les principes dV
mour, de respect et d'obéissance qui
leur avaient été inculqués dèsTenfan-
ee pour les rois, ces vivantes Images
de la Divinité, il annonce que, de con-
cert avec le consistoire, il avait choisi
le lundi, 1 7 janvier, pour rendre à Dieu
de solennelles actions de grâces. Le ànc
de MIrepoix s'empressa d'envoyer cet
écrit à Saint-Florentin, qui lui répon-
dit, le 4 février : « J'ai vu avec plaisir
la prétendue lettre pastorale de Paul
Rabaut. Ce qu'elle a d'irrégulier est
couvert par des sentimeiiS de zèle el
de fidélité qui donnent lieu de Juger
qu'il est aussi bien intentionné qu'on
VOUS l'a fait entendre» (.4 fc^. E. S518).
Autant Saint-Florentin se montra sa-
tisfait de cette première lettre pasto-
rale, autant il fit paraître d'indignation
après la lecture d'une seconde que Ra-
baut publia, quelques mois après, le
il déc. 175è, avec son collègue Er^
contre, sous ce titre : Lettre pastorah
sur l'aumône aux fidèles de l église ré'
/brm^cdô A^wmr5,s.l.,ln-i2. Le lOféVé
1759, Il écrivit au maréchal de Tho-
mond : « S. M. ne voit pas sans indigna-
tion qu'il [Rabaut] ose répandre de pa-
reils écrits, et qu'il se montre aussi
publiquement que révoque de Nismes»
(Àrch, E. 3520). En conséquence, il
ordonna de l'arrêter avec son collègue;
maisil reeommandade ne pas leur faire
RAB
— 348 —
RAB
leur procès sur-le-cbampfl). Heureu-
sement beaucoup de personnes^ même
parmi les agents du gouvernement^
commençaient à comprendre que la for-
ce est sans pouvoir sur la conscience
et qu'une religion ne s'impose pas par
la violence. Le maréchal parait avoir
été du nombre. Il représenta au secré-
taire d'Etat que Rabaut était regardé
« comme le cbef et l'apôtre des Protes-
tans du Languedoc, v qu'il était un
hooune a doux et modéré, » et qu'il y
aurait de l'imprudence à l'arrêter dans
un moment où il n'y avait que peu de
troupes dans la province. Saint-Floren-
tin sentit la force de ses raisons et con-
sentit à s'en rapporter à sa prudence
(/6td.TT. 434). Ou laissa donc en paix
Rabaut, qui continua à mériter de plus
en plus l'honneur que le gouvernement
lui faisait de le considérer, au grand
dépit de certains de ses confrères, com-
me le chef des Protestants duHidi.Tou-'
Jours sur la brèche pour les défendre.
Il adressa, en 1761, à la fille aînée de
Louis XV une pétition touchante en fa-
veur de François Rochetle et de ses
coaccusés, et la même année, il publia,
sous le titre de La calomnie confondue
ou Mémoire dans lequel on réfute une
nouvelle accusation intentée aux Pro*
testants du Languedoc, à l'occasion de
l'affaire du sieur Calas, détenu dans
les prisons de TotUouse, une brochure,
réimp. dans les Toulousaines, où il re-
poussa, aveclachaleureuse indignation
d'un cœur honnête, Taccusation plus
absurde encore qu'odieuse, lancée con-
tre les Protestants, d'ordonner aux pè-
res de mettre à mort leurs enfants apos«
tats. Saint-Florentin, qui eut Immédia-
tement connaissance de cette brochure,
ordonna à Bonreposi le 2 mars 1762,
delà faire proscrire, sans requérir con-
tre l'auteur, en ajoutant que, si pour-
tant le parlement Impliquait Rabaut
dans le procès et le décrétait de prise
de corps, il pourrait le faire arrêter en
prenant toutes les précautions pour pré-
venir une recousse (Ibid. £. 3523).
(1) On éUit «Ion «n plu fort de la guerre de
Sept «Bf I ii dÔMsiceiue foor 1a France.
Quelque sanguinaire qu'il fût, le parle-
ment trompa l'attente de Saint-Floren*
Un ; il ne lança pas de décret contre
Rabaut, et se contenta de faire brûler,
le 7 mars, son écrit par la nuUn du
bourreau. Bonrepos n'en prit pas moins
toutes ses mesures pour l'arrêter. Sas
amis alarmés le supplièrent de sortir
du royaume, lui offrant une retraite ho-
norable en Suisse, en Hollande ou en
Danemark, à son choix; mais l'intré-
pide pasteur refusa d'abandonner son
troupeau, au milieu duquel sa présence
était d'autant plus nécessaire que son
église était soumise à de nouvelles
épreuves.
Dès 1761, une ordonnance du ma-
réchal de Tbomond avait enjoint à
tous les protestants de Nlsmes de faire
réhabiliter leurs mariages célébrés au
désert et rebaptiser leurs enfants par
un prêtre catholique (1). La conster-
nation était générale. Rabaut et son
collègue Paul Vincent comprirent en-
fin qu'il n'y avait rien à espérer de la
patience et de la soumission , et dans
une brochure qu'ils publièrent en com-
mun sous ce titre : Exhortation à la
repentance et à la profession délavé'
rite ou Lettre pastoraie aux Réformés
de l'église de Nismes, Gen., 1 761, In-
4«, ils n'hésitèrent plus à exhorter for-
tement leurs coreligionnaires à sortir
du royaume plutôt que de se soumettre
aux ordres tyranniqnes du gouverne-
ment. C'était précisément le moment
où le ministère aux abois cherchait à
augmenter les revenus de l'Etat «d ra-
nimant l'industrie. Oncraignit que leur
conseil ne fût suivi, et on suspendit
l'exécution de l'ordonnance (2).
En 1763, Rabaut présida le dernier
Synode national (Voy, Pièces justifie.
XCIX),quialt été tenu Jusqu'ici en
France par les églises réformées. Cette
assemblée inaugura, pour ainsi dire,
une ère nouvelle. Le prince de Beau-
veau, qui remplaça Tbomond dans son
(1) On vn\% entamé des négoeietionf atec r^_
gleterre, et Ghoiienl tenait de ligner aTec VBê-
pagne le fameux pacte de famille.
Ts) Ut nègociationi arec l'Angleterre nTaienI
d'aïUeui été rompaei .
RAB
— 349 —
RAB
gonvernement^ adouci^ autant qu'il
dépendit delui^ le sort des Protestants
du Languedoc. Sa bienveillance à leur
égard alla Jusqu'à souCTrlr qu'ils éta-
blissent une forme de temple tout près
de Nismes et qu'ils s'y rendissent en
plein jour pour célébrer leur culte.En
plusieurs circonstances aussi, il donna
des marques d'estime à Paul Rabant.
Il est vrai que ce n'était là qu'une to-
lérance précaire^ reposant uniquement
sur les sentiments d'humanité et de
Justice qui animaient le nouveau goo-
vemeur; car Saint-Florentin, dans son
admiration fanatique pour le grand roi,
s'obstinait à suivre les vieux erre-
ments, et voyait avec chagrin s'accrot-
tre le nombre des « tolérants, n Le mi-
nistre Pradely qui ne pouvait connaître
les dispositions du ministre à l'égard
des Protestants, et qui croyait sans
doute à un changement dans la politi-
que du gouvernement, osa tenir à
Saint-Ambroii des assemblées presque
publiques; mais il faillit payer cher
son erreur. Saint-Florentin ordonna à
Honcan, en 1765, de le faire enlever
et juger selon la rigueur des ordon-
nances (Arch, £. 3526). A tout pren-
dre cependant, le sort des Protestants
était devenu beaucoup plus toiérable.
Rabaut nommément ne fut plus in-
quiété. Il continua à remplir ses fonc-
tions jusqu'en 1785, que, sentant ses
forces baisser, il pria le consistoire
de l'en décharger. Dans sa séance du 6
octobre, le consistoire lui accorda sa
demande, en lui conservant, par une
exception honorable, le titre, lesdroits
et les honoraires de pasteur. Deux ans
après, le vénérable ministre eut la joie
d'assister à la publication de l'édit de
1787, et sept ans plus tard, celle, en-
core plus vivement sentie, de faire, le
dimanche 20 mai 1 792, la dédicace
du premier temple que les Protestants
eurent à Nismes depuis la révocation.
Le but qu'il avait poursuivi pendant
un demi-siècle, à travers des dangers
sans cesse renaissants, était enfin at-
teint ! L'Assemblée Constituante venait
de rendre à ses coreligionnaires laplace
qui leur appart^ait dans la grande
famille française, et dont un fanatisme
stupide les avait dépossédés ! Son bon-
heur fut grand. Pouvait-il se douter
que, quelques Jours plus tard, il au-
rait à pleurer sur la mort tragique
d'un de ses flls et sur la proscription
des deux autres; que lui-même, après
avoir hasardé mille fois sa vie pour
la liberté, il serait traîné en prison,
comme ennemi de la liberté, au mi-
lieu des insultes et des mauvais trai-
tements d'un peuple en délire? Le 9
thermidor ouvrit les portes de sa pri-
son; mais ies chagrins qu'il avait é-
prouvés, les douleurs qu'il avait souf-
fertes pendant une captivité de plu-
sieurs mois, le conduisirent rapide-
ment au tombeau. 11 monrutle25sept.
1794.
Outre les opuscules cités plus haut,
Paul Rabaut n'a publié qu'un Pr^ct>
du catéchisme d'Ostervtûd, qui a eu
un très-grand nombre d'éditions (i).
Il a laissé des sermons mss. qui se
trouvent aujourd'hui entre les mains
de M. A. Coquerel fils, avec les autres
papiers de sa succession. « Beaucoup
de simplicité et d'onction, plus de dou-
ceur que de véhémence, peu de dis-
cussions dogmatiques, plus de charité
que de profondeur, une exposition dog-
matique sans cesse soutenue de con-
seils moraux, tels sont, au jugement
de Ch. Coquerel^ les mérites distinc-
tifs de ses discours. » Un seul de ses
sermons a été imprimé à notre con-
naissance et longtemps après sa morf^
nous voulons parler de celui qui a^ur
titre La livrée de l'église chrétienne,
Paris, 1829, in-12. Il serait difficile
sur ce seul document de juger de ses
opinions dogmatiques. Nous devons
donc nous en rapporter à l'historien
des Églises du désert qui affirme qu'el-
les n'étaient pas d'une orthodoxie ri-
goureuse : selon lui, Paul Rabaut au-
rait été partisan du système épisco-
(1) G'Mt saoi doute de ce catéchisme qu'il ett
question d«as une lettre de Saint-Florentin, oà
nous i^prenons qae l'imprimeur Delrien, de Tou-
louse, fut décrète de prise de corps en 1745, d
oUige de se sauter {Àreh, E. SSW).
RAB
— 380 —
RAB
pal et aurait orn aa règne de mille ans.
Du mariage de Paul Rabaut avec
MÊadêlaine Gmdan^ de Nismes^ étaient
nés trois ûls ; cbacon d'eux a Joué un
assez beau rôle pour mériter une no-
uée détaillée.
¥ 1. Jbàn-Paui Rabaut^ dit SainUE"
tienne, plisteur du désert^ membre
de l'Assemblée Constituante et de la
Convention^ naquit à Nismes^ en avril
1743. Boissy-d'AnglaSy son ami et
son compagnon d'œuvre dans nos as-
semblées politiques^ lui a consacré
une notice pleine d'intérêt, oh nous
puiseront nos principaux renseigne*
ments.
Pès ses premiers pas dans la vie^
Babaut fit le dur apprentissage de Tad-
versité : la tête de son père avait été
mise à prix ; sa mère était menacée
tle la tour de Constance^ cette Bastille
de nos saintes femmes ; la famille pros-
erite menait une vie errante : le Jour
ils ne savaient où il leur serait per-
mis de reposer la nuit. Que de souf-
frances ! que d'angoisses ! La foi ar-
dente des premiers martyrs du cbris-
tlanisme pouvait seule les fortifier et
les soutenir. Ce fut au milieu de ces
tribulations incessantes que le Jeune
Rabaut reçut de son père sa première
Instruction. Son éducation en eûtsonf-
fertj s'il n'avait été envoyé de bonne
beure à Genève^ où il continua ses é-
tudes sous le pasteur Théodore Chi-
ron (1). De là, il se rendit à Lausanne
pour y suivre un cours de théologie.
fi y eut pour professeur le célèbre
Court de GébcUn, qui prit son élève en
affection, et leur amitié ne cessa qu'a-
vec la vie. Rabaut avait hâte de s'as-
socier aux travaux apostoliques de son
père. Né et élevé dans la proscription,
il s'était de bonne heure familiarisé
avec les dangers et les fiatigues de l'a-
postolat. Le corps du malheureux pas-
/eur François Rochette ^penûàii encore
(i) Nous emprunloag ce fait à la biographie
de Paul Rabaut et de les trois flli par M. i4. Bot-
ni. Mais duos feroni remarqper qu'à cette épo-
^^t, raocien paateor de Mootéliinart devait avoir
atteint un Age ^ien atroce pour s'occaper enoore
d'instruction. S'agirait-il d'un de ses fils?
au bols, lorsque Rabaut rentra en
France et se consacra au ministère é-
jvangélique. Il fut nommé pasteur de
Nismes, en 1765, et le 31 oct. iT68,fl
épousa une demoiselle Boissière, de
Durfort. « La douceur de ses mœurs,
la bonté de son caractère , les agré-
mens de son esprit, lui attirèrent
bientôt un grand nombre de partisans
et une honorable célébrité. Son élo-
quence était onctueuse et nourrie des
principes et de l'esprit des livres sa-
crés, dont les orateurs protestans font
toujours un fort grand emploi; il prê-
chait constamment, et à l'exemple de
Bon père, la soumission et la fidélité
au roi, et la morale la plus touchante
et la plus pure, » Telle est l'apprécia-
tion de Boissy-d'Anglas. «Rabaut-Saint-
Etienne, ajoute-t-il, a publié plusieurs
Sermons prononcés dans des circon-
etances politiques : celui sur le mariage
du roi Louis XYI (en 1 770), celui sur
son sacre, et sur la mort de Louis XY
(en 1774), sont pleins de douceur et
de piété, et quelquefois de cette élo-
quence qui touche et persuade par les
sentimens qu'elle exprime, an lieo
d'étonner par la grandeur des Ima-
ges et la rapidité des mouvemens,
ou de convaincre par la force <le la
logique... Il y avait dans sa manière
de penser et d'écrirequelque chose dp
précieux talent de Massillon, qu'il ad-
mirait beaucoup et qu'il étudiait sans
cesse. »
Les persécutions avaient à peu près
cessé partout. La tolérance semblait
même s'introduire dans l'Eglise. Ce
n'était certainement pas un signe de
tiédeur et d'indilTérence , comme on
l'a dit. Les mœurs font les hommes;
l'Eglise elle-même ne peut être Impu-
nément barbare que dans des temps
barbares. Un temps viendra où les lu-
mières seront tellement répandues, les
mœurs tellement adoucies, l'amour du
prochain tellement conforme aux inté-
rêts et aux besoins des hommes, que la
charité'Cette vertu sublime qui con-
tient en sot toute la loi et les prophètes
— sera prêchée et pratiquée par tonte
MB
— 881 —
RAB
la terre. Notre procbain n'est passea*
leoent celui qui croit comme nons.La
charité n'a ni autel^ ni bannière; elto
embrasse tonte i'hnmanité dans son
aflèction, c'est la plus hante manjoe de
laperfection à laquelle il nous est don*
né d'atteindre^ c'est l'esprit de Dlea
•aria terre.
Ces vérités^ Rabaut les sentait pro-
fondément et il s'efforçait de les mettre
•n pratique. Ce fut dans cet esprit do
plus pur christianisme qu'il écrivit ré«
loge du vénérable évéque de Nismes^
M. de Becdellèvre^ dont la mort fut, au
sentiment de Boissy-d'Anglas « une
calamité générale^ ressentie également
par les protestans et par les catholi*
ques.nBien différent d'une foule depré-
lats^ ses confrères— sans en excepter
aon prédécesseur^ le célèbre Fléchier^
— il n'emporta dans la tombe que des
bénédictions et pas un remords. N'est»
oe pas là ce qu'on doit appeler faire une
fin heureuse et chrétienne? Quelques
simagrées de dévotion qui viennent à
point pour clore une mauvaise vie^ suf-
firaient-elles pour nous laver de tous nos
péchés? « Si le caractère de l'homme de
paix^ dont Je célèbre la mémoire, écri-
vait Rabaut^ a puissamment contribué à
faire naître dans son diocèse la concor-
de ; si cette concorde y est si bien établie^
qu'elle nous ferait presque regarder
comme des fables les dissensions dont
les historiens nous ont conservé le sou-
venir^ n'est-ce pas le louer de la vertu
qui honore le plus un prélat? »
Ce qui avait le plus contribué k fa-
voriser les persécutions^ c'était Tasser-
vissemcnt de la presse. La voix seule
du despotisme se faisait entendre, toute
autre voix était étouffée. On ne savait
que ce que le Pouvoir ne voulait pas
cacher. Les ordonnances les plus bar-
bares rendues contre les Protestants
n'étaient guère connues que des bour-
reaux et des victimes. Rabaut imagina
de mettre en relief cette triste page de
notre histoire nationale, en l'envelop-
pant des séductions du roman. Notre
légèreté leforçaitàcepis-aUer.L«tH6ttX
Cévenol est un tableau fidèle de la !é-
fislation, souvent atroce, qui étreignait
las Protestants dans ses bras de fer et
ne leur laissait que comme une gràoo
l'air et !• ciel. Ce livre parut en Hol-
lande en 1779, et contribua, sans ao^
eun doute, à provoquer en Franoe una
salutaire réaetlon de la pari de l'opi-
nion publique.
Rabaut dérobait volontiers quelque
heures à ses oceupations pastorales
pourles consacrer aux lettres. sHavait,
au rapport de Boissy-d'Anglas, des coni-
naissances littéraires et scientifiques
très-étendues; il avait même un talent
poétique assez réel, et qui aurait pu,
en se perfectionnant par l'étude et par
le travail, assurer quelque honneur à
son nom. 11 %. fait qutiques odes, et
entrepris un poëme épique, dont le su-
jet était Charles Martel.. . Il avait aussi
travaillé aune sorte de poëme en prose,
dont le Tôlémaque avait été le modèle,
et qui mettait en action les anciennes
institutions de l'Egypte. U se proposait
de le publier, lorsque d'autres travaux
plus importans, et la Révolution l'en
détournèrent. %
Le nouveau règne s'annonçait comme
tm règne réparateur. LbphUasophiBfnB
«-eomme on se plaît aujourd'hui à ap-
peler les tendances libérales du dernier
siècle— avaitau moins eu ce bon résul»
tat de répandre sur une foule de ques*
tiens sociales des idées plus justes et
plus raisonnables, tout comme eût fait
lapins saine philosophie. Le gouverne-
ment se pénétraitdeplus en plus deoette
vérité, proclamée par Fénelon après de
douloureuses expériences : « La force
ne peut jamais persuader les hommes :
elle ne fait que des hypocrites. Quand
lesrois se mêlent dereligion,aulieu de
la protéger, ils la mettent en servitude.
(Directions pour la conscience d'un
roi.) » On comprenait de mieux en
mieux que la conscience n'est pas du
domaine de l'administration; qu'elle
igchappe à la taille et à la gabelle ;
que son royaume n'est pas de ce monde .
Valesherbes venait de publier ses deux
importants mémoires sur le mariage
des Protestants ; il faisait tous ses ef-
RAB
— 352 —
RAB
forts, de son propre avea> pour réparer
envers les Protestants « toat le mal que
leur avait fait, en Languedoc, M. de
Basvilie, son oncle. » A la demande da
ministre des affaires étrangères, M. de
Bretenil, Rulbière travaillait à ses £-
claircissements historiques sur les cau-
ses de la Révocation de l'édit de Nantes.
Encouragé par de hautes protections,
parmilesquellesnous aimons àsignaier
Lafayette, Rabaat se rendit à Paris, en
1785, pour plaider auprès du gouver-
nement la cause de ses coreligionnai-
res. Les consistoires de Montpellier, de
Marseille, de Bordeaux et de Nismes
fournirent aux frais du voyage. « Les
ministres et les hommes du plus haut
rang dans l'Etat et dans la société Tac-
cueillirent avec distinction. » L'édit de
1787 fut un premier pas fait dans la
voie d'une Juste réparation, et Rabaut
y eut la plus grande part.
« Rabaut profita de son séjour à Pa^
ris pour connaître et cultiver ies hom-
mes de lettres et les savants les plus
célèbres, et il se plaça au milieu d'eux
en publiant ses Lettres à Bailly sur
l'histoire primitive de la Grèce. Cet ou-
vrage, aussi ingénieux que savant et
bien écrit, puisé tout à la fois, quant
aux principes, dans les écrits de Court
de Gébelin et de Bailly, Jette une grande
inmièresur les premiers temps de l'his-
toire grecque, et eut beaucoup de suc-
cès. Vers le même temps, Rabaul-Saintr
Etienne composa aussi sur Hésiode un
autre livre qu'il ne publia point, et dont
malheureusement le manuscrit a été
perdu avec la plupart des autres pa-
piers de l'auteur. »
L'Etat était arrivé sur une pente ou
il ne lui était plus possible de s'arrêter.
Les Etats-Généraux venalentd'ètrecon-
voqués. Le mouvement des esprits était
d'autant plus actif qu'il avait été plus
longtemps comprimé. Il était à crain-
dre que les enthousiastes ne se laissas-
sent entraîner dans un monde de chi-
mères. Nos espérances comptent bien
rarement avec la réalité et avec nous-
mêmes ; tout semble possible au mal-
heureux qui espère. Le tlers-éut de la
sénéchaussée de Nismes avait à élire
huitdéputés (l), le nom de Rabaut sortit
le premier de l'urne. Les services qu'il
avait rendus, la considération person*
nelle dont il Jouissait, l'avaient désigné
au choix de ses compatriotes de l'une
et de l'autre communion. Ses Considé-
rations sur les droits et sur les devoirs
du tiers-état prouvaient qu'il n'était
pas étranger aux questions politiques
et sociales qui s'agitaient. Il arriva à
son poste le cœur plein des plus douces
illusions (2). La France entière les par-
tageait, elleétait ivre d'espérance. Mais
tous ne voulaient pas le bien avec un
égal désintéressement. Rabaut se ran-
gea du parti de ceux qui pensaient qu'il
ne suffisait pas de recrépir le vieil édi-
fice qui croulait; mais M. de Barante
se trompe lorsqu'il prétend qu'il siégea
a à rassemblée constituante parmi ceux
à qui la révolution de 1 789 ne suffisait
pas. » Ses vœux n'allèrent jamais an
delà. Il n'était pas de ces utopistes à
toute outrance, qui rêvent la perfection
avec des matériaux imparfaits. Le mal
doit avoir sa place, comme le bien, dans
toutes les choses de ce monde; c'est la
loi de la nature. Il comprenait que la
société n'est pas une matière inerte qui
se Jette dans un moule pour en sortir
toute formée ; c'est un être organisé qui
vit de sa vie propre. Il y a aussi peu de
saut possible dans le développement des
sociétés que dans le développement des
individus. L'avenir naît du présent,
comme le présent est né du passé. La
maturité ne vient qu'en son temps.
Tout renouveler dans l'Etat n'était pas
moins impraticable que tout conserver.
Sous l'influence de ces vérités, Rabaut
se montra modéré. Il a pu et il a dû se
tromper plus d'une fois, mais ses votes
ne furent Jamais dictés par la passion;
(1) • On comptait, au rapport de Boissy«4'AB-
glu, trois protestants parmi les hait dépotés di
tiers-état, et c'était à pen près la proportion ^i
uislait dans la population générale. •
(2) Au rapport de M. Beanlieu (Biogr. oniT.)
• il arriTa précédé d'une réputation Traimoit co-
lossale. Ses amis voulurent même l'eleTer ao-
desstts du fameux Mirabeau ; » de là le jeu de
mots ({ue le député de Proience n'était qn'ua mi-
RatMMt.
RAB
- 3fi3 -
RAB
il ne prenait conseil que de sa con-
science. Des difficultés s'étaient tout
d^abord présentées pour la vérification
des pouvoirs. Le Clergé et la Noblesse
avaient fait scission dans l'intérêt de
leurs privilèges. Tout le bien que l'on
avait attendu des Etats eemblait com-
promis par des prétentions surannées.
Rabaut proposa des mesures de con-
ciliation^ dont le principe fut adopté,
il fut choisi pour un des conmiissaires
chargés de conférer avec les commis-
saires des deux autres ordres. Cette
mesure de sagesseéchoua^ les commis-
saires se séparèrent sans rien conclure.
Mais les Communes mirent au moins la
modération et le bon droit de leur côté.
Une fois la lutte engagée^ les événe-
ments marchèrent avec rapidité. Le 1 7
juin 1789^ les députés du Tiers se
constituent en Assemblée nationale;
serment du Jeu de paume; la Royauté
abdique et la Nation ressaisit 3es
droits.
Rabaut prit une part très-active à
toutes les grandes discussions. Le 14
juillet^ il soumit à l'assemblée un pro-
jet de déclaration des droits où il éta-
blissait « que les droits que les hom-
mes apportent dans la société^ se rap-
portent à ces trois : liberté^ égalité,
propriété, d'où il suit que le but des
lois conservatrices doit être de leur en
garantir la sûreté. » Dans la discussion
qui s'éleva au sujet de la motion du
comte de Casteilane» que Nul ne pût
être inquiété pour ses opinions reli-
gieuses, ni troublé dans l'exercice de
son culte, Rabaut prit naturellement
la parole. Nous rapporterons le pas-
sage suivant d'un des discours qu'il
prononça à cette occasion, a Les non-
catboliques(quelques-unsde vous. Mes-
sieurs, rignorent peut-être] n'ont reçu
de redit de novembre 1787 que ce
qu'on n'apu leur refuser. Oui, ce qu'on
n'a pu leur refuser, je ne le répète pas
sans quelque honte; mais ce n'est point
une inculpation gratuite : ce sont les
propres termes de l'édit. Cette loi, plus
célèbre que juste, fixe les formes d'en-
registrer leurs naissances,leurs maria-
ges et leurs morts; elle leur permet en
conséquence de jouir des effets civils,
et d'exercer leurs professions..., et
c'est tout. C'est ainsi. Messieurs, qu'en
France, au xvin* siècle, on a gardé la
maxime deé temps barbares, de divi-
ser une nation en une caste favorisée
et une caste disgraciée; qu'on a regardé
commeun desprogrèsdela législation,
qu'il fût permis à des Français, pros-
crits depuis cent ans, d'exercer leurs
professions, c'est-à-dire de vivre, et
que leurs enfants ne fussent plus illé-
gitimes. Encore les formes auxquelles
la loi les a soumis sont^lles accompa-
gnées de gênes et d'entraves, et l'exé-
cution de cette loi de gr&ce a porté la
douleur et le désordre dans les provin-
ces où il existe des protestants. C'est
un objet sur lequel je me propose de
réclamer, lorsque vous serez parvenus
à l'article des lois. — Mais il existe
enfin une nation française, et c'est à
elle que j'en appelle en faveur de deux
millions de citoyens utiles qui récla-
ment aujourd'hui leur droit de Français .
Je ne lui fais pas Tii^ustice de penser
qu'elle puisse prononcer le mot d'in-
tolérance ; il est banni de notre langue,
ou 11 n'y subsistera que comme un de
ces mots barbares et surannés dont on
ne se sert plus, parce que l'idée qu'il
représente est anéantie. Mais, Mes-
sieurs, ce n'est pas la tolérance que
Je réclame; c'est la liberté. La tolé-
rance ! le support t le pardon ! la clé-
mence ! idées souverainement injustes
envers les dissidents, tant qu'il sera
vrai que la différence de religion, que
la différence d'opinion n'est pas un
crime. La tolérance! Je demande qu'il
soit proscrit à son tour, et il le sera,
ce mot injuste qui ne nous présente
que comme des citoyens dignes de pi-
tié, comme des coupables auxquels on
pardonne. L'erreur, Messieurs, n'est
point un crime : celui qui la professe
la prend pour la vérité : elle est la
vérité pour lui; il est obligé de la
professer, et nul homme, nulle société
n'a le droit de le lui défendre. Eh !
Messieurs, dans ce partage d'erreurs
RAB
— 3B4-.
RAB
et de vérités qne les hommes se distri*
baent^ ou se transmettent^ on se dis-
putent, qnel est celai qai oserait as-
surer qu'il ne s'est jamais trompé, que
la vérité est constamment. chez lui, et
l'erreur constamment chez les antres?
Je demande donc^ Messieurs^ pour les
Protestants français^ pour tous les
non-catholiques du royaume, ce que
vous demandez pour vous : la liberté,
l'égalité de droits. » La victoire n'é-
tait pas douteuse. Les cahiers de la
plupart des députés réclamaient l'abro-
gation des lois d'exception qui frap-
paient les dissidents. Le 23 août, la ré-
volution fut consommée, l'œuvre de
Louis XIV fut brisée, il n'y eut plus en
France que des citoyens.
Après avoir voté la déclaration des
droits y l'Assemblée s'occupa de la
constitution. Lors de la discussion sur
lasanction royale (29 août)^ Rabautse
prononça sans réserve pour une mo-
narchie tempérée, a II est impossible
de penser que personne dans l'Assem-
blée ait conçu le ridicule projet de con-
vertir le royaume en république. Per-
sonne n'ignore que le gouvernement
républicain est à peine convenable à
un petit Etat^ et l'expérience nous a
appris que toute république finit par
être soumise à l'aristocratie ou au des-
potisme. D'ailleurs^ les Français sont
attachés de tout temps à la sainte^ à
la vénérable antiquité de la monarchie;
ils sont attachés au sang auguste de
leurs rois ^ pour lequel ils ont prodi-
gué le leur ; ils révèrent le prince bien-
foisant qu'ils ont proclamé le restau-
rateur de la liberté française. » Ces
sentiments étaient partagés par la
grande majorité de l'Assemblée. Les
républicains étaient rares alors en
France. On ne se doutait guère que la
démagogie en ferait bientôt surgir
partout; mais ils disparurent de nou-
veau avec elle, et l'on vit les mêmes
liommes qui avaient voué un culte à
la Raison, se prosterner aux pieds du
premier maître qui se présenta. c( La
liberté, disait Rabaut, est placée entre *
deux précipices : à droite et à gauche
est le despotisme. » La France serait-
elle condamnée à rouler perpétuelie-
ment de l'un dans l'autre?
Le 7 sept ., dans un fort bon d iscoart,
Rabaut se prononça pour le veto sus*
pensif^ pour une seule chambre légis>
iative et pour sa permanence, a On com-
prend, disait-il, comment un peupla
qui renferme divers ordres de citoyens
armés de divers privilèges, a cher*
ehé à les contre-balancer, afin qu'une
partie d'entre eux n'engloutit pas les
autres. Cet équilibre, établi d'ordinai*
re moins par la sagesse du iégislatear
que par le désir de chacun de n'ôtre
pas opprimé, n'est que le fruit d'une
lutte inégale, et non pas de la politi-
que. Tel était l'équilibre prétendu qui
existait en France. Tel est peut-être
celui qui se forma jadis en Angleterre,
où pour ne pas rompre les ressorts,
on se contenta de les forcer. La Cbam«
bre haute est visiblement un reste sub-
sistant de la féodalité , tandis que la
Chambre des communes, siège de la
liberté et du droit naturel, nous ofn*e,
par son établissement, le résultat de
la force nationale, qui respecte encore
les restes impuissants de celle qui ja-
dis l'avait accablée. — L'idée de deux
chambres n'est donc pas, dans son o-
rigine, un calcul de forces poli tiques;
elle n'a point été imaginée pour ^us-
pendrela marche précipitée des repré-
sentants du peuple. Ce ne serait pas
par principe que nous l'adopterions ,
ce serait par conséquence. C'est nne
découverte, et non pas une invention.
Le législateur ne l'a pas calculée, c'est
le hasard qui Ta fournie. — Mainte-
nant, si je considère le pouvoir (et je
n'ai plus besoin de dire qne ce n'est
pas l'autorité, ni les autorités). J'y dis-
tingue ce que la Nation, ce que le Sou-
verain distribue, et ce qu'il garde. Ce
qu'il distribue, c'est l'exécution; ce
qu'il garde, c'est lalégislation. Il garde
ce qu'il peut faire, il distribue ce qu'il
ne peut pas faire. Il délègue les auto-
rités, il garde le pouvoir, et ce pou-
voir qu'il se réserve est le pouvoir lé-
gislatif, qu'il ne donne point parce
RAB
— 388 —
RAB
ilQ'il est en état de Texereer. Mais le
souverain est ane chose nne et simple^
paisqae c'est la collection de tous, sans
en eicepter un seul ; donc le pouvoir
législatif est un et simple : et si le son-
Terain ne peut pas être diviséj le pou-
voir législatif ne peut pas être divisé;
car il n'y a pas plus deux ou trois,
ou quatre pouvoirs législatif, qu'il
n'y a deux, ou trois, ou quatre souve-
rains. » Le côté faible de ce raisonne-
ment n'échappera à personne. Si trente
millions d'individus forment un seul
80uverain,pourquoi deux on trois cbam*
bres ne pourraient-elles pas être con-
stituées de telle sorte quelles formas-
sent un seul pouvoir législatif?
Le 1 5 mars 1 790, Rabaut fut appelé
au fauteuil de la présidence (i). Ses
collègues ne cessèrent de lui témoigner
leur estime ; il la méritait encore plus
par son caractère loyal et indépendant
que par ses talents. On l'écoutatt tou-
jours avec faveur, quoique sa phrase
fût souvent lâche et son raisonnement
diiTns. Nommé membre du comité de
constitution, il flt (le 21 nov. 1790)
en son nom et an nom du comité mili-
taire le rapport sur rorganisation de
la force publique, et il soutint la dis-
cussion. Quand l'assemblée fut arrivée
au terme de ses travaux, Rabaut res-
ta à Paris où, à partir du 1 •' août i 792,
11 se chargea de la rédaction en chef
du Bulletin de l'assemblée nationale,
dans leMoniteur, et publia son Précis
de Vhist. de la Révolution, qui eut un
grand succès, n avait aussi fondé, avec
Cérutti, la Feuille villageoise (30 sept.
1 790). La liberté de la presse eut tou-
jours en lui un zélé défenseur ; mais
il en déplorait les excès. On regarde
généralement le renouvellement inté-
gral de la représentation nationale
comme une calamité publique dont les
conséquences furent terribles pour la
France ; Rabaut s'opposa de tout son
pouvoir à cette mesure; mais il nous
(1) n succéda à l'abbé de Montesqniou. GMe
piomoUon, s'écriait le Joirotl det £tals-GéM-
r»ia, « aanclionne pour l'éternité le décret f«r les
opinions religieuses, m
MBible que le mal n'était pas là; l'é-
meuteavait faitplnsieursfoisl'éprenve
de ses forces ; le pouvoir tendait de
Jour en Jour à se déplacer, il passait
peu à peu du corps législatif dans les
saetions, et des sections dans la rue.
Le despotisme de l'Intimidation est le
plus terrible des despotismes, parée
q[ue les honnêtes gens paraissent s'y
associer.
«Dès le moment de oette dissolution,
éerit Boissy-d'Anglas, Rabaut-Saint-
Etienne n'espéra plus rien de la stabi-
lité de nos institutions politiques :
toutefois il resta fidèle au gouvernement
royal; tant que le trône fut debout, il
n'écrivit pas une seule ligne contraire
à sa stabilité et ce ne fut qu'après le
10 août qu'il se résigna à la Républi-
que. » Le département de TAube l'en-
voya comme un de ses représentants à
la Convention nationale. <c Ce choix,
— qu'il n'avait pas sollicité — prou-
va qu'il y avait encore des départe-
mens, dans la France, où la sagesse et
la probité pouvaient avoir quelque cré-
dit. 1» Mais que pouvaient les intentions
les plus pures au milieu du déchaîne-
ment des passions les plus brutales?
Avec le caractère le plus doux et le
plus facile^ « il se montra dans la Con-
vention, au rapport de son ami et col-
lègue, plein d'aigreur et de méconten-
tement, et i'amilié même ne le recon-
naissait pas toujours : il semblait n'ê-
tre dominé que par un seul sentiment,
la haine contre ceux qui protégeaient
ou favorisaient les excès nés de l'a-
narchie et du despotisme populaire :
11 avait trop aimé la vraie liberté pour
ne pas abhorrer les crimes qu'on osait
commettre en son nom. » Cependant
toutes ses illusions ne l'avaient pas a-
bandonné. Il révaitencore, comme bien
d'autres, de Sparte et d'Athènes. Dans
un discours qu'il prononça, le 21 déc.
1792, il établissait ainsi la distinction
quel'on doit faireentre l'instruction pu-
blique et l'éducation nationale. «L'in-
struction publique, disait-il, éclaire
et exerce 1 esprit, l'éducationnationale
doit former le cœur; la première doit
RAB
— 3ÎSe —
RAB
donner des lumières et la seconde des
vertus; la première fera le centre de
la sociéié, la seconde en fera la con-
sistance et la force. L'instroction pu-
blique demande des lycées, des coll6-
geSy des académies, des livres, des
Instruments, des calculs, desmélhodes,
elle s'enferme dans des murs; l'édu-
cation nationale demande des cirques,
des gymnases, des armes, des Jeux pu-
blics, des fêtes nationales, le concours
fraternel de tous les âges et de tous les
sexes, et le spectacle imposant et doux
de la société humaine rassemblée. »
Et l'orateur terminait par un projet de
décret qui ressuscitait parmi nous les
institutions de Lycurgue. Le corps lé-
gislatif devait même déterminer « quel
mode de vêtement devait être donné
aux enfants des diflérents âges, depuis
la naissance jusqu'à l'adolescence. »
Les loups même devaient porter la hou-
lette. Chaque dimanche un officier mu-
nicipal était chargé de faire une leçon
de morale aux citoyens assemblés. Ce
projet souleva, à plusieurs reprises,
les applaudissements des représen-
tants, on en ordonna l'impression et
l'envoi à toutes les communes, et l'au-
teur fut adjoint au comité d'instruction
publique. L'idylle, à cette époque d'a-
narchie, s'alliait volontiers au drame.
Dans le procès du roi, Rabant se
prononça avec force contre la compé-
tence de l'Assemblée. Sa conduite dans
cette circonstance fut pleine d'énergie
et de courage. « Huit Jours encore, di-
sait-il à ses collègues, huit jours seu-
lement et le Jugement des siècles va
commencer pour vous, sans que ni les
réflexions tardives, ni les vains regrets,
ni les retours inutiles sur le passé,
puissent vous garantir de ce poids de
l'opinion publique, dont la nature est
de grossir, de croître et d'accabler en-
fln ceux qui l'ont accumulé sur leurs
têtes. » Puis il s'écriait dans un saint
mouvement d'indignation : « Quant à
moi. Je vous l'avoue, je suis las de ma
portion de despotisme : Je suis fatigué,
harcelé, bourrelé de la tyrannie que
j'exerce pour ma part, et je soupire a-
près le moment où vous aures créé ui
tribunal national qui mefasseperdrelet
formes et la contenance d'un tyran. »
Tous ses efforts furent inutiles, « le
sénat des Français devint en un cUo
d'œil juré d'accusation et Juré de Juge-
ment, législateur, dénonciateur, accu*
sateur, Juge, partie, c'est-à-dire le tri-
bunal le plus despotique et le pbu
eflirayant qui Jamais ait existé sur la
terre. » Une fois lacompétenceadmise,
Rabaut reconnut avec l'immense ma-
jorité (695 contre 26 abstentions) que
le roi était coupable, mais que de cir«
constances atténuantes ! Il disputapied
à pied à ses adversaires chaque plus
légère chance de salut; il vota pour
l'appel au peuple, puis après le rejet
de cette exception, il se rallia à ceux
qui demandèrent la détention et le ba-
nissement à la paix (au nombre de 286).
La migorité de la Convention rendit
hommage à sa conduite en l'appelant,
le 23 janvier 1793, au fauteuil de la
présidence, pour succédera Vergniaud.
Après l'exécution du roi, tous les meur-
tres parurent faciles. Les têtes tombè-
rent l'une après l'autre avec une ef-
frayante rapidité. L'idole du jour était
désignée pourlesacrifice du lendemain.
Le bourreau ne pouvait y suffire, la po-
pulaceétait ivre de sang. Jamais pareille
orgie ne s'était vue. Bientôt ce fut le
tour des Girondins, et Rabaut devait
partager leur sort. Il avait été nommé
membre (21 mai) de la commission des
Douze, chargée de rechercher et de pré-
venir les attentats contre la représen-
tation nationale. On sait que l'arresta-
tion d'Hébert, l'auteur de l'ignoble
Journal le Père Duchesne, substitut du
procureur de la commune, Qt éclater la
tempête qui couvait depuis longtemps.
La commission fut sommée de justifier
cette mesure. Dans la séance du 28,
Rabaut demanda la parole au nom de
ses collègues, mais il lui fut impossible
de se faire entendre, au milieu du tu-
multe. La commission fut supprimée.
Le 2 juin, Rabaut fut mis en arresta-
tion chez lui. Etant parvenu à tromper
la vigilance de son gardien, il se ré-
RAB
— 367 —
RAB
fogia dans les environs de Versailles.
Da fond de sa retraite^ il écrivait^
sous la date du 20 jain, aax citoyens
au département da Gard pour Justi-
fier sa condaite et provoquer un mou-
yemenl contre le despotisme de la
capitale. « Si les départements, leur
disait-il, ne se prononcent pas avec
énergie, c'en est fait de la liberté. Les
bons citoyens de Paris les attendent,
et béniront leurs libérateurs. C'est la
France qui doitsauver la France. Mar-
seille et Lyon se sont suffi à elles-mé-
nes pour écraser l'anarchie; Paris ne
peut pas sesufflre : sa population im-
mense, étrangère à elle-même, est fa-
ellement trompée, égarée, agitée, por-
tée à tous les mouvements qu'on lui
inspire, sans savoir même où on la
conduit. On l'échauSe par de fausses
' terreurs, on la soulève pour du pain,
on l'abuse en la flattant, on la trompe
en Tenivrant de sa prétendue souve-
raineté, on régare par l'orgueil du
nom de Paris; et telle est la faiblesse
morale de cette masse confuse, que des
troupes de femmes y font la loi, et font
fléchir la force armée, les magistrats
et les autorités. »
Mis hors la loi, le 28 juillet, Ra-
bant revint à Paris ou il trouva un a-
sUe, ainsi que son frère, chez des com-
patriotes catholtques,M. etMB'Payzac,
à qui leur père avait eu occasion de
rendre service. Une indiscrétion flt dé-
couvrir sa retraite. Fabre d'Eglantine
ayant eu vent qu'une cachette avait été
pratiquée dans ia maison que ces bra-
ves gens habitaient faubourg Poisson-
nière, y fit faire une descente, qui a-
menararrestationdesquatrecriminels.
Rabaut-Saint-Etienne étant mis hors
la loi, n'avait pas à attendre les for-
malités dilatoires d'un jugement, on
se contenta de constater son identité,
'et dès le lendemain (5 décembre), on
l'envoya à l'échafaud. Les époux Pay-
zac subirent le même supplice le jour
suivant. Quant au frère deRabaut, il fut
déposéà laConciergerieoti onl'oublia.
M*« Rabaut, en apprenantpar lecrieur
public le sort de son mari, se donna la
mort. « Les proscrits, remarque M. de
Barante, s'inspiraient de Caton et de
Porcie ; les maîtres du pouvoir de Sylla
et des triumvirs. »
Boissy-d'Anglas fait ce bel éloge de
son ami : « J'ai habité à Nismes, pen-
dant dix ans, la même maison que lui ;
Je l'ai vu et entretenu tous les Jours
pendant cette portion de ma vie; il ne
s'en est pas écoulé un seul qui n'ait
«douté quelque chose à mon estime et
à mon amitié pour lui. »
Ses papiers furent saisis et disper-
sés. Il s'y trouvait, au rapport de M.
Nicolas (Hist. litt. deNtmes), une Dis-
sertaHim sur Hésiode, un Traité éfé-
ducation nationale, une Continuation
du Précis de l'kist, de la Révolution, .
sons forme de lettres, un Mémoire sur
les conspirations qui menaçaient la
Convention, le Rapport de la Commis-
sion des douze sur le complot du mois
de mai. Le 4 oct. 1 795, la Convention,
sur la motion de Rabaut-Pommier, dé-
créta que les écrits de Rabaut-St-
Etienne, relatifs à la Révolution, qui
pourraient être retrouvés, seraient im-
primés aux frais de la nation. On doit
à Rabaut les publications suivantes :
L Triomphe de V intolérance, ou A-
necdotes de la vie d'Ambroise BoreUy,
mort à Londres, âgé de iO^ ans, re-
cueillies par W. Jestermann; ouvr,
trad, de l'anglais et trouvé dans les
papiers de M. de Voltaire (comp. par
Rabaut), £utt;t de la Tolérance au pied
du trône, ou Réflexions d'un citoyen
catholique sur les lois de France relO"
Hves aux Protestants (par Condorcet),
Lond., 1779, in-go; réimpr. !<> sous
ce titre : Justice et nécessité d'assurer
en France un état légal aux Protes-
tants, Augsb., l'an du rappel, in-8«;
et 2« sous celui-ci qui lui est resté dans
les édit. successives qui en ont paru:
Le vieux Cévenol^ ou Anecdotes de la
vie d'Ambroise Borelly, etc. ; Paris,
1820;i826,in-i8.
H. Lettre sur la vie et les écrits de
M. Cotif(de6éteto,adresséeauMnséa
de Paris, Par., 1784, pp. 28 in-4«.
IIL Hommage à la mémoire de M, de
RAB
-- 38ft-
RAB
BècdeUèûre, évéque de Nismei, 1 784^
lâ^l S ; réfmpr. en lôte da Vieux Gév«K
IV. LettresàM, Baillymt Vhistùitê
primitive de la Grèce, VBtié, 1 787, In-
8*; les métnesy précéd. de la Leitra
fiuf Court de Gébelin et d'un fac-simlie
de la lettre (tne l'anteur écrivit à son
frère, le 14 déô. I780,enl(li envoyant
cet onvt.j êdft. l'ey., oorr. et angm.^
t>aH»> 1880^ ln-t8; les métnes avec
la Notice de Boissynl'Anglas , Palais,
1837, in-^l8i
\, A ta fUÈtUm fràncaiàe, sur lei
vices dé sofigouvetnemènty sur h né--
cêssité d^établir Uhe constitution et
sunatompositiondesEtats-Généraux,
juin! 788, ln-8».
VI. Considéfations Sur lés intérêts
du tiers-étùt, adressées au peuple des
proiHnces pcttun propriétaire foncier;
S« éd., 1788, in-è».— Ni Qoérard, ni
Barbierne nous font connaître la date
delà !'• édition.
Vil . Question de droit publie : Doit-
on recueillir les voix dans les Etats-
Généraux par otdres ou par têtes de
(/^/t&^rant5l^ par l'auteur des Considé-
rations sur le tiers-état, etc., en lAn^
gueddc (Paris), 1789, in-8^.
VIII. Prenez-y garde, ou Avis à
toutes lés assemblées d'élections, 1 789,
in«8^
IX. Héfleœions sur la division nou-
velle du royaume, 1789, in-s». —
Nouvelles réfleodons, même anné^.
X. Adresse aux Anglais par un re-
présefitant de la nation française,
Pari^, 1791, ln-8* de pp. !6.
XI. Almanachkist, de la Révolution
française, Paris, 1791, ln-8« de pp.
40; augm. de lActe constitutionnel,
et du Discours (Tacceptation du Roi,
1^92, ln-12; liotlv. édlt. augm. de
RéfléXiotis politiques sur les circon-
stances présentes, 1792, in-l8 et iii-
24; trad., cette même année, en an-
glais, Lond., in-8o; en iaillem. , Strasb.,
in-12; en bollandàis, Leyde, in-8o;
tifrlmpr. plusieurs fols sous ce titre qui
lot est resté : Précis hist, de la Ré-
volution française, As$enMé$ consti-
tuante, oHvr. suivi de réflexions pih
HHquessurlestHrcùnstanceÈet pirécéâà
^unê iabk chronoL dès prindp&ms
décrets et des événements les plui rv-
marij^Mbles, 1793, in^SS; 6« édlt.,
Paris, Treuttel et Wtirtt, 1815^ peut
li^l2> pp. litxxvj — - 454 , avec figg.
« Nous doutons^ dit M. Nicolas dans
sou appréelatiOB de oe livre, que les
nombreux écrivains qui, depuis, oui
raconté cette intéressante époque delà
Révolution française^ en donnent imé
idée plus vraie^plus nette et plus ooh«
plète i et cette supériorité, selon noos
incontestable, de cet écrit de RabauV»
Si-Etienne est due, moins encoré à la
circonstance importante qu'il avait été
iui-méme un des acteurs principain
des événements de cette époque , qu'à
Télévation de ses vues, à ses principes
philosophiques et politiques, et à l'e^
prit de sage modération et d'inébraiH
lable fermeté dont il était animé. •
M. Dupin aîné en fait aussi l'éloge.
Lacreteile Jeune le continua.
XII. Discours et opinions de H»-
baut^St^E tienne , suivis de ses deuûi
derniers écrits et précédés c^une No*
tice sur sa vie, par Boissy*d*Anglas,
Paris, 1827,3 vol. in-i 8, av. portrait.
XIII. Œuvres, publ. par Boissy*
d'Anglas et précéd. de la notice d^à
citée, Paris, 1 820-36> 6 vol. in-f 8 ; kts
mêmes précéd. d'une Notice par CoUii
de Plancy, Par., 1828, 3 vol. Iinê*.
II. JACQUcs-Aln'OiNB Rabaut, dit
Pommier (1), n'a pas Joui de la répn^
tatlon de son frère, et c'est plutdtcMH
me pasteur que comme homme polItH
que qu'il mérite notre estime, n naquit
à Nismes, le 24 oct. 1744. Envoyées
Suisse, avec son frère aîné, pour yeoifr*
pléter ces études, il suivit, atl êéml«
Hàire de Lausanne, un cours de tbé(H
logie, et revint en France s'associer
àUx travaux de son père. 11 fat nommé
pasteur à Montpellier. Lorsque la Ré^
^1) On ne dobs apprend pas l'ori£iBe de ce sur-
nom, non pins que de celui de son frère atné. Se*
rftll-eetm ioatenir delevr mlnhtèmioMlaortft^
alori qne les p asteirt, ponvaiTis cmum 4eacrt^
mioels, éiaient oondanikés à le cacher MOf èê
fani oomi T
RAB
— 359 -
RAB
voltation éclata^ il crat, à l'exemple de
son frère, qu'il se rendrait plus atile
en acceptant on mandat de représen-
tant qn'en continnant de diriger son
iroupean. Combien ont fait fausse roote
par suite de cette erreur de Jugement 1
Àlba, dii Lasouroe,e%Jean'Bon Saint-
André sont du nombre. Les petits
rouages n'ont pas moins d'importance,
dans l'Etat, que les plus grands, et
souvent c'est d'eux que part le mou-
vement. Envoyé à la Contention par
le dépariem. du Gard^ il y passa pour
ainïl dire inaperçu. Dans le Jugement
du roi, il vota pour l'appel au peuple;
puis, quand l'assemblée eut déclaré
son omnipotence, il vota la mort aVec
sursis. « Je crois, dit-11, que Louis a
mérité la mort; mais si la Convention
en prononçait la peine, je crois que
son exécution doit être renvoyée après
la tenue des assemblées primaires,
auxquelles on aura présenté à l'accep-
tation les décrets constitutionnels :
mon opinion est indivisible, p C'était
là évidemment un moyen dilatoire
imaginé pour sauver le roi sans heur-
ter de front les passions de la Monta-
gne. Telle est aussi la signiflcation
que Habaut attribua plus tard à son
vote. Après la chute de ses amis poli-
tiques, il protesta (6 Juin) contrôla
tyrannie de la Convention et son nom
fut placé sur la liste des 73 députés
modérés décrétés d'arrestation; mais
Il réussit à s'échapper, et trouva un
asile, avec son frère, dans la géné-
reuse famille Payzac. Arrêté le 4 dé-
cembre. Il fut déposé à la Concierge-
rie (i) pour y attendre son procès. Le
9 thermidor le rendit à la liberté; il
feprit son siège à la Convention. Lors-
^e cette assemblée fut arritée au
terme de son orageuse existence, Ba-
baut, dont les commettants n'appré-*
ciaient pas les services par ses succès
de tribune, fut envoyé au Conseil des
Anciens, bù il exerça les fonctions de
(1) M. BeftQlieo, tnlevr de l'anieleqtii le covh
e«rne dau la Biogr. oniT. , l'y rit t cenfondii Sféi
to« tebitaés des cachots et uns rèiat le pltii dè<>
plorable. »
Mcrétaire pendant la présidence de
Portails. Il partageait, dit-on, les opi*
nions politiques de ce célèbre Juris*
consulte; mais on ne le jugea pas as-
set dangereux pour le comprendre dans
la proscription du 18 fructidor. Les
excès des démagogues avaient uni par
le convaincre de la nécessité d'un gou-
vernement franchement conservateur,
si l'on voulait retenir quelque chose
des conquêtes qui nous avaient coûté
tant d'efforts, il crut que le temps était
venu d'enrayer la Révolution, et il se
rallia aux partisans du 1 8 brumaireé
A la suite de ce coup d'Etat, il fnteni-
ployé dans les bureaux de la Trésors^
rie, puis nommé sous-préfet de l'ar-
rondissement du Vigan ( Gard ). En
1 803, il renonça aux fonctions admi'-
nistratives, et accepta la place de pas^
teur de l'église réformée de Paris. A
la Restauration, on lui appliqua le dé-
cret de bannissement contre les régi-
cides. Ce fût en vain qu'il réclama, en
faisant observer que ses réponses aux
quatre appels de la Convention^ nV
valent eu pour but que de sauver le
roi ; Desèze lui-même reconnut la vé-
rité de cette allégation, mais il n'en
fut pas moins exilé. Cependant, ati
bout de deux ans, on lui permit de
rentrer en France. U mourut à Pari8>
le 1 6 mars i 820, laissant « une mé^
moire Justement honorée. » On s'ao^
corde assez généralement aujourd'hui
à lui attribuer la précieuse découverte
de la vaccine, ou au moins à lui en
illire partager l'honneur avec le célè-
bre docteur Jenner (i). On n'a de Ra-
haut que les deux opuscules suivants :
L Napoléon libérateur f discours ré"
(1) RahantaTslt kpea phi constaté, dès 17êl|
le fait de rinoodation aecidenleUe de la pioote
des Tacbes et de sa Terto préserratîTe. Uo jour
qu'il en parlait en présence de deux anglais qut
sertroataienf il Mon^>eUier (ea 17S4),l'un d'rak,
qoi était médecit^ lii pronlt qu'à sot retoir m
Angleterre, il ferait part de ses obser?aiions aa
Îocteur Jenner, son ami, qui s'intéressait iiTemeiit
ces questions. L'a>t-il fait? C'est ce qu'on igné-
tè. Bellement, vie lettre (daiaféT.lSll) dn né-
gociant anglais qni assista* l'entretien, est Teona
conGrmer rexactilude dn récit de Rabant.Toir le
IHei. des Kkmm nédicalei, m Ml Tfetcli*.
RAB
~ 360 —
RAB
ligieux prononcé dans le temple de
^ni'LouiSy rue SamUThomas du
Louvrey le 1 5 août 1810, jour de l'an-
niversaire de la naissance de S, M,
l'empereur et roi, Paris, 1810, in-8».
II. Sermon d'action de grâces sur
le retour de Louis XVIII dans la ca-
pitale de ses Etats, prononcé à Paris
dans le temple de l'Oratoire, le 22 mot
1814, Paris, 1814, in-80.
III. N. Ràbaut, dit Dupuis, frère
cadet des deux précédents, a aossi sa
place dans les Annales de notre Révo-
lution. Proscrit en 1793, il parvint à
se sauver et fut porté sur la liste des
émigrés. La chute de Robespierre lui
permit de retourner auprès de son
vieux père à Nismes. 11 suivait la car-
rière du commerce; mais la politique
vint aussi l'arracher à ses affaires. En
1797, le département du Gard l'en-
voya siéger an Conseil des Anciens, oii
il se fit remarquer par la modération
de ses principes. Il prit la défense des
émigrés du Bas-Rhin et du Comtat Vé-
naissin. Après la proclamation de la
constitution de l'an Vlil (déc. 1799),
il entra au Corps législatif. C'est lui
qui présidait l'assemblée lors de la
délégation du consulat à vie (2 août
1802). Envoyé dans les départements
du Midi, en qualité de commissaire,
pour régler l'établissement du nouvel
ordre de choses, sa conduite lui mérita
des éloges. On cite de lui plusieurs
beaux traits d'humanité. Lors de la
création delà Légion d'honneur, il fut
compris, ainsi que son frère, dans Ui
première promotion. Sorti du Corps
législatif, en 1804, il se retira dans
sa ville natale, où il fut nommé con-
seiller de préfecture. Un mouvement
d'humanité lui coûta la vie, en 1808.
Voulant sauver un jeune enfant qui
allait être écrasé sous les pieds d'un
cheval fougueux, il se précipita au-de-
vant de l'animal et fut renversé avec
une telle violence qu'il en éprouva une
congestion cérébrale qui l'enleva en
peu de jours (l). On doit à Rabaut
jeune:
(1) yenfinl Msvè, iMt tppmd M. Niookit
1. Détails historiques et Beeueil de
pièces sur les divers projets qui ont
été conçus, depuis la Ré formation ju»-
qu'à ce jour, pour la réunion de tou-
tes les communions chrétiennes, Pa-
ris, 1806, in-8».
IL Annuaire ou Répertoire ecclé-
siastique à l'usage des églises réfor^
mées et protestantes, Paris, 1 807, in-
8* de 506 pp. avec deux tableaux.
III. Notice historique sur la situa-
tion des églises chrétiennes réformées
en France, depuis leur rétablissement
jusqu'à ce jour, 1806.— Msc. in-fbl.
qui se trouve aujourd'hui entre les
mains de M. Ath. Coquerel fils.
RABEG (Jean), natif de Gerisy-
Montpinson, dans le diocèse de Coutan-
ces, était entré dans l'ordre des Frères
mineurs ; mais ayant acquis quelque
connaissance des doctrines évangéli-
ques, iljefale frocet se relira àLausan-
ne, ou il se mit à étudier la théologie,
vivantd'unepensionquelui faisaitlesé-
nat de Berne. Ses études terminées, il
revint en France pour y prêcher la Ré-
forme. Il ne tarda pas à être découvert
et arrêté à Ch&teau-Gontier, le !•' août
1555. Comme moine, il étaitjustfciable
de l'évèque d'Angers entre les mains
de qui il fut remis. Après l'avoir retenu
très-longtemps en prison sans s'occu-
per de l'instruction de son procès, on
ûl subir à Rabec plusieurs interrogir
toires sur l'intercession des Saints, sor
la vierge Marie, le purgatoire, l'Eglise,
le pape, la confession, la messe^ la pré-
sence réelle, le baptême, les traditions,
les vœux monastiques. Grespin en a
publié dans le Martyrologe un résumé
écrit par le prisonnier lui-même et se
terminant ainsi : « Voilà, très-cbers
frères, en somme mes responses aux
erreurs et impietez qui m'ont esté pro-
posées, sous ombre de m'enquérir de
ma foy... Je les vous ay bien voulu
envoyer, ne faisant distinction des
lieux, temps, ne personnes pour éviter
confusion et plusieurs répétitions su-
ai M. 6«ciM, atyoard'lioi chef de divisioo à U
prâlèctnrt du Gard, qui racooUle déTOwaMst de
lUltMit dam âne lettre iiuérâe dant le Gemner
dnGard, 50 déc. 1852.
RAB
— 361 —
RAC
perflues : sans y rien changer^ an
moins quant à la substance, sinon en
un article qui esl touct)ant la Vierge :
auquel au lieu d'avoir simplement res-
pondu que si elle avoit esté conceuë
sanspt'ctié originel, de là s'ensu>vroit
que J.-Ch. scroit venu envaiti, d'au-
tant qu'elle auroit esté idoine pour
faire chose ngr(^able à Dieu^et pour lui
8atisraire:j'iiymis,Qnesielleavoile»>té
conceuë s^ms péché originel, de là
8'ensu>vroil que J.-Ch. seroit venu en-
vain (au moins en son endroit) dau-
tant qu'elle auroit été idoine pour (aire
chose plaisante à Dieu, et n'auroit
en besoin d'Hutre satisfaction pour
elle : dont s'ensuyvroit derechef, que
J.-Ch. ne seroit point un universelle-
ment rédempteur, au regard mesme
des esleus. Or je vous envoyé mes ar-
ticles nu plus près qu'il m'a esté pos-
sible des responses que j'ay faites, afin
d'avoir sur ce voslre censure, etcslre
averti de ceen quoy je puis avoir failli,
pour amender les fautes selon que
pourra y. Au reste, je cognoy que ces
liens me sont le plus grand moyen pour
pratiquer sensiblement la science de
mon Dieu, que jamais m'avint : et que
par iceux il m'a dcsja fait plus sentir
sa bénignité que par tous les biensque
Jamais il me fll : tant par les admira-
bles délivrances dont il a desja usé en-
vers moy contre tout espoir, que par
les inestimables consolations qu'il m'a
envoyé journellement, etc. » Ce fut
seulement le 24 oct. 1556 que i'évé-
qne rendit sa sentence. Déclaré excom-
munié, hérétique, schismalique, apos-
tat, Rabec fut condanmé à être dégradé
et livré au bras séculier. Il en ap|)ela
comme d'abus au parlement de Paris.
Cet apprl suspendant Texécution, il
resia en prison, exposé « à de mer-
veilleux assauts de la moineric ctsup-
posts de rAnlcchrist, » jusqu'au mois
d'avril tri57, qu'un ordre du roi, en
date du l o, \ inl prescrire de procéder
'k l'exécution de la sentence, nonob-
stant l'appel. C'était la réponse de Hen-
ri Uàlinlervention du sénat de Berne,
qui réclamait Rabec comme écolier de
T. VIII.
Lausanne. La cérémonie de la dégra-
dation eut lieu, le 24, devant le temple
Saint-Maurice. Rabec refusant de se
prêter aux momeries que Ton exigeait
de lui, on employa la force Livré en-
suite au bras séculier, il fut, le jour
même, condamné par le lieutenant cri-
minel à être brûlé vif, et s'il ne voulait
pas se confesser, à avoir la langue cou-
pée. En entendant ct'tlesenlence,» Dieu
soit loué, s'écria Rabec, et me face la
grâce de persévérer jusques à la fin.
0 Dieu, que lu me fais de giâces de
m'apprller pour soustenir ta parole é-
vangélique! Car tu as dit que quicon-
que te confessera devant les hommes,
tu le confesseras aussi devant ton Pè-
re : lu as aussi dit, que quiconque per-
sévérera jusqu'à la fln sera sauvé. »
Quelques heures après, le martyr,
après qu'on lut eut coupé la langue,
fut traîné sur une claie au lieu du sup-
plice, (1 jettanl force sang |)ar la bou-
che et fort desfiguré à cause de ce sang.
£st:int devesiu fut environné de paille
devant et derrière : et force souffre jet-
té sur sa chair. Eslevéen l'air, il com-
mença le ps.. Les g<ns entrez sont en
ton héritage : voire intelligiblement,
combien qu'il eust la langue coupée,
pour n'avoir voulu prononcer Jésus
Maria, p On le laissa ainsi suspendu
en l'air, exposé aux railleries du peu-
ple, plus d'un demi-quart d'heureavant
d'allumer le bm her. « Et fut abaissé,
puis esicvé |)ar plusieurs fols, au gré
et souhait des moines, disans au bour-
reau, Hausse et baisse jusqu'à ce qu'il
ait prié la vierge Marie, de sorte que
les entrailles estansjà à demi sorties,
encore parloil-il : n'ayant quasi plus
figure d'homme, lorsqu'il fut du tout
dévalé sur le bois, et ainsi rendit ra-
me à son Créateur. »
KACOMS, petit fief de l'ancienne
province de TIsle-de-France, qui ap-
partenait, à la fln du xvie siècle, à la
famille il^Abra-de-Raconis. Tous les
biographes s'accordent à dire que cette
familleembrassalesopinions nouvelles
et les professa pendant un temps. Nous
avons, en effet, tiouvé dans les regis-
i5
RÂC
— 362 —
HiEM
très de l'église française de BÀle l'acte
de bàptôme de Madclaine d'Abra-dê-
Rai'Ofiis, fllledeiV. d'Ahra-de-Raconis
et de RachelBùthart, qui eut pourpar-
rainAo6méau,sleurdeCroissy,otp(>or
marraine sa grand'inëre J-tathine d'A-
bra. Mais nous avons inuMltMnenl cher-
ché à découvrir qui était cet Abra-de-
Raconis réfugié à Bâie. Pcut-éire est-il
Identique avecun N . Airra-df^RaconiSy
à qui le Dict. de Moréri attribue deux
ouvrages restés inédits^ ei intitulés,
l'un : L'arquit du trésor d'Abra-de-
Raconis ou état au long de l'ancien
ordre de l'état de France les causes de
la corruption d'icelui et des moyens d'y
remédier . par forme de discours , adres^
si au très'chrestien roi et aux Fran-
çois, et compris en dix livres. Ce titre
et surtout la dédicace du second : Traité
de l'artillerie, à Ségur-Pardaillan^
semblent indiquer un huguenot. Quoi
qu'il en soit, Richel Bochart était veuve
en 1 598, et elle professait toujours la
religion réformée.
 la même famille appartenaient
Charles-François A bra - de Raconis ,
professeur de théologie au collège de
Navarre, puis évéque de Lavaur, et le
capucin Ange de Raconis, (\n'\ nous sont
déjà connus l'un et l'autre par leurs dis-
putes avec les pasteurs de Paris Du
Moulin, Durant, Montigny et Mestre"
zat. Tous deux étaient nés dans le sein
de l'Eglise protestante, mais ilsélaicnt
encore Jeunes lorsque leurs parents se
convertirent. Le capucin avait quatre
sœurs dont l'une a écrit une relation
de sa conversion, publiée par Habert
de Cerisi dans sa Vie du cardinal de
Bérulle (Paris, 1646, in-4'').
U ACQUÊT (Cu ARLES), appelé aus-
si Raquet et par erreur Rasquot, sieur
de MoUien (aujourd'hui Molipns), était
(Ils de Jacques Racquet, sieurde Cuisy
(allas Cruzy) et d'Anne Le Batleur,
Gomme ancien de i'èglise de La Ferté-
au-Col, il assista à plusieurs s>node$
provinciaux, entre autres, à celui de
Charenton, en 1655, avec François
Racquet, ancien de Lisy, qui était ap-
paremment 80D frère. Eu i^Zi, iï
épousa dans l'église de Gharenton iic-
rie de Fleury, flile de feu Louis dt
Fleury, sieur de Varennes, el de Mû-
rie de Piedefer, dont il eut plusieirs
enfants. Les Registres de GhareMn
nous en font connaître trois : i» Isaac,
né le 15 mai I63i, qui fut présenté ta
baptême par François de Racquet et
Marie df Pitd'fer ; — 2o Charlbs, tttp-
liséle l'^'Julil. 1635; — 3«Anke, pré-
sentée au baptême en 1640, par i4-
lexandre de Ricquet^ sieur de Moras,
cl Anne d'Esp'nay. — £ii 1 699, aoe
lettre de cach.'t envoya W^^ de Hel-
lien dims le couvant d^^s Nouvelles-€t-
lholiq«esdeP.»ri-(i4rc/i.^^». E.55W).
— Un capitaine de MoUien, réfugié en
Hollande, suivit le prince d'Orange en
Angleterre.
KiEMOND (Florimond de), né à
Agen, et mort en 1602, conseiller an
parlement de Bordeaux. Notre inten-
tion ne saurait être de ra(X>nter la vie
de ce fougueux adversaire des Protes-
tants, dont on disait, de son vivant :
Ra^mundus judicat sine conscientiâ, li-
bres scribil sine scientfâ et aBdiâcat
sine pecunià. Nous voulons seulement
rappeler qu'élève de Ramus, il adopta
d'abord avec ardeur les opinions nan-
velles; mais en 1566, prenant pré-
texte de la gu<Tison d'une prétendae
possédée, dont il avoit été témoia à
Laon (i), il rentra dans le giron de
l'Eglise romaine, et furieux d'avoir
été mis à mille écus de rançon parées
soldats huguenots qui l'avaient faitpri-
sonnier, il écrivit contre ses anciens
coreligionnaires des livres de contro-
verse plus reinaniuables par la violence
et le mauvais goût que par l'iroparlia-
lité et la saine critique. Le seul qoefon
consulte encore aujourd'hui, à cause
des précieux renseignemenis qu'il con-
tient sur l'origine du protestantisme
(1) Celle prétendae pos<$édée se nommait Ninsie
Aubry. Sa goerison fat miraculiuitmimt opéive
par une lellre du maréchal de MouUiioreat'j, qjii
inYiia lévêque de Laon ') meUre fin h ane «tu-
gédic qui ne tendait qu'à sédition,* aYOc ■Mot»
d'employer rautoriié du roi, t il n'etooflaitta fin
tôt celle ailaire. Celte lettre aéiê publiée par IL Jto-
▼isiM dans son Hist. de la villo de ~
m-
UG
ea France^ c'est spn Histoire de la
lAissance et des progrès de l'bérésie.
RAFÉU$ OQ RArHÊLis, famille
proveoçale, dont uni* branche alla s'é-
tablir à Orange et embrassa la religion
réformée, en 1562. Le cbef de celte
l>rancbe, Jean, second flls de Pierre
de Rafélis eldeMadelainede Grignan^
servit en Flandres sous le prince d'O-
range, et fut élu premier consul d'O-
range, en 1597. Ses enfants furent:
!• Olivier, qui suit; — 2'» Paul; —
3« Jean; — 4° Marie-Anne, femme de
Marc SauN{>r,conf.eillerau parlement
d'Orange; — S" Anne, qui fut mariée
dans la famille de Chambrun.
Olivier de Bafélis, le même appa-
remment qu'Olivier de Rafélis, qui
desi^rvdit, en 1626, Teglise de Vente-
roi, fut, selon le Dict. de la Noblesse,
conseiller du comte palatin Frédéric,
et se maria à La Haye, où il exerçait
les fonctionsduminislèredepuis 1642,
avec une demoiselle de Ba^naër, dont
il eut un Ois et une flll(>. Celte-ci, nom-
mée JuDiiH, épousa N. de Zilio La
destinée du flls est inc(mnue. Nous
serions porté à croire qu'il passa dans
les colonies hollandalsesderAmorique
du Nord, et qu'un George Rapaeligo,
qai, d'après le traducteur de l'ouvrage
de M. Ch. JVeisSy s'établit à la Nou-
velle Amsterdam, n'était autre que le
fils ou le petil-flls d'Olivier de Rafélis.
HAGUIER (Jean), sieur d'ËSTER-
HAT et de Id Motie-Tilly, flls de Louis
Raguier et de Charlotte de Dinlovilie,
écii>er tranchant du roi, nous est peint
|Mur Haton comme un homme « cruel,
vindicatif, peu piloiable, fort orgueil-
leux et sumptueux en habitz, chevaux
et serviteurs. )> Mais il ne faut pas ou-
blier que Haton était un catholique fa-
natique, et que d'Esternay embras>a la
religion réfo. mée pour laquelle il mon-
tra toute sa vie beaucoup de zèle. Le
même ( hroniqueuraflirnie qu'il se con-
vertit des lô54, u mais i^ecrètement
en sa maison et en sacon^cience)>,et
qae son exempte fut suivi, bientôt
après, par son frère François Rayuier,
vidame de Chàlons^qui, diNI, « estoit
plDS estimé que ledit d'Esternay, car
il estoit fort pitoyable, grand aulmos-
nier, fort charitable et gracieux, point
orgueilleux, et secoarablft à tous»,
ainsi que par sa ^œur Marguerite^
abbesse d'un couvent de Cordelières,
et par sa mère, Charlotte de Dinte»
ville, qui mourut en 1566.
O'Eslernavnesedéclaraouvertement
prolestant qu'en 1560. Il parait qu'il
assista au colloque de Poissy { i ) comme
représentant des églises de la Brie et
de la Champagne, et qu'après la pro-
mulgation de l'édit de Janvier, il pré-
senta requête au Conseil à l'elTet d'obte-
nir l'exercice du culte protestant à Pro-
vins. Lui-même établit un prêche dans
son chàieau, et prit pour chapelain
un cordelier. converti, nommé Lam-
herty. Lorsque la guerre civile écla-
ta, il fut un des premiersà rejoindre à
Orléans le pi i iice de Condé , qu 'i I accom-
pagna dans son entrevue a\ec la reine-
mère sous les murs de Paris. Son frère,
le vidame de Chàlons, resta à Orléans
où il mourut de la peste. Après la con*
clusion de la paix, d'Eslernay retouina
dans ses terres et s'appliqua à la fois
à propagerlesdoctrinesévangtMiques et
à défendre ses coreligionnaires contre
les attaques de leurs ennemis. Son
zèle le rendit odieux aux Catholiques
qui dcvastcrent impitoyablement ses
domaines, lorsqu'en I5b7, il alla re-
joindre tonde à Rozay. Il combattit
aux côtés du prince à la bataille de
Saint-Denis. Dans ia troisième guerre,
il se joignit aux gentilshommes pro-
testants de la Picardie qui, sous les
ordres de Genlis (Voy. V, p. 425), se
réunirent aux troupes du prince d'O-
range, et plus tard, à l'armée du duc
de Deux-Ponts. Comme Genlis, il fut
enlevé, en 1 569, par une lièvre.
Jean d'Eslernay avait épousé Ma-
rie de Béthune, flile de Jean deBéthune
et d'Anne de Melun. Après le départ
de son mari, en 1568, cette dame fut
obligée d'abandonner son château, qui
(i) Le Tidame de ChAlons, son frère, aTait as-
8l»té aux Etats-Genéraax tenus à Orleans^comme
déimlè da bailliage de Sev.
RAI
— 364 —
Mi
fut pillé par les Catholiques. Retirée à
Paris, elle n'échappa qu'avec pe'ue
aux égorgours de la Saint Barthélémy.
Son fils, Salohon, sieur d'Eslernay,
I âgé d'une dizaine d'annr^es, fui arrêté
dans son cbâltau de La Motte et rete-
nu prisonnier pendant longtemps. En
J581^ il suivit le duc d'Alençon en
Flandres. En 1592, il fut tué, sans
avoir été marié. Outre ce flis, d'Es-
ternay laissa trois filles L'atnée, An-
ne, épousa, en 1572, Michel do Lur,
sieur de Longa-Barrlère, et fut l'aïeule
de Henri Chabot, duc dn Rohan, par
son mariage avec Marguerite de Ro^
han, La seconde, Marie, devint, en
1579, U femme de Louis Goillard,
sieur d'Epichellière. La troisicnie, Ju-
dith, qui fut marit^e à Claude d'An-
cienville, bailli deSezanne, profesait
encore le protoslaiitisme en 1621^
aniK^e où elle fui marraine d'un enfant
de Daoid Domanchin ^Reg. de Charen-
ton).
fin volume de la collect. Du Chesne,
coté 25, nous fait connattre une autre
branche de la famille Raguier, dont
deux membres paraissent avoir pro-
fess(* aussi, pendant quoique temps, la
religion réformée. Nous voulons parler
de Charles Raguier, baron de Poussé,
quiépoui>a, en I5ii7, Parive Dauvet,
et de sa sœur Aimée Raguier, qui de-
vint la femme de Guillaume Dauvet,
sieur d'Esraines (Voy. ce nom,\
It.'lILLARD (JÉRÉsiii!), d'une fa-
mille originaire de Passavant en Fran-
che-Comié, qui, pourcausede religion,
s'était réfugiée à Sainte-Marie aux-Mi-
nes, el plus lard à Bàle, ne nous est
connu que par une dissertation Z)f'pti-
biicoTum patrocihiorum sive prolec-
tîimis jure, imp. à Bâic, 1712, in-4».
Il avait le titre de docteur en droit, et
laissa de son mariage avec Marguerite
liyhiner un fils, nommé aussi Jéré-
MiK. Néle IGavr. 1717, ce dernier fit
avec succès ses éludes dans sa ville na-
tale. Bachelier en philosophie en I 755,
niallre-ès-artsen 1 7rj:i,licenciéendroit
en 1758 il fui appelé, en 1741^ à lu
chaire de rhétorique, qu'il occupa Jus-
qu'à sa mort. En 1 744, Il prit le grade
de ilocteur uiriusque juHs, En 17 47, il
épousa Ursule Vischfr, qui lai donna
plu<%ieurs enfants, entre autres on flii
appelé JÊRÉMiE. L'année suivante, fl
entra, comme ancien, dans le consis-
toire de l'église française, et en 1754,
il fut nommé bibliothécaire de la viQe.
11 mourut de pbthisie, le 25nov. 177S.
On a de lui :
I. Diss. inauguralis de jure fructm
pf rcipiendi in re aliéna , bond sive maU
file jwsfiessâ, Basil., 1758, in-4«.
II. Tkeses plUlosophiœ misceUœ^ Bi-
sll., I74n, m-40.
III. Thèses rhetoricœ,hàS\\,, 1741,
in-40.
IV. Diss. de Romanorum equiUm
transvectione et recognitiune, BaslL,
1745, in-4*.
V. Observationes de privilegUs uxih
rum quoad bona in mariti domum û'
lata, Basil., 1746, in-4».
VI Thèses et obst-rcationesjuridicmf
Basil., 1757, in-lol.
On ne nous apprend pas h quel de-
gré Jérémie Raillard était parent ds
Luc Raillar>ly auteur de : OhservatHh
nés q'iœdam ph lologicœ in Herodiaai
Hist, libros, Basil., 1 7i6, in-4«.
IIAINEVAL iFRA>çois de), gentil-
homme protestant de la Picardie, laissa
de sa femme, Anne de Pastoureau,
deux fils nommés Gabriel et Daniel.
Le cadet fut lieutenant colonel du régi-
ment deSounhes. L'alné, marquis de
Raineval, premier maréchal des loffs
du duc d'Orléans, épousa, en 1645,
Esiher Le Fevrr-deParfondru, et M
tue au siège de Lille. A la révocaliott,
sa veuve sortit de France avec ses troit
enfants, Jean, Fra>çois et MARTBB,el
se retira à Herford, où su fille se nift-
ria avec le pasieur de la cour. Le Aie
aine renlia plus tard en France, et M
remis en possession des biens de sa
famille; mais, sur la fin de ses Jours,
il émigra de nouveau en Hollande, et
mourut à Voorburg sans alliance. SoQ
frère François, qui était resté à Tétraii-
ger el avait pris du service dans l'ar-
mée des Etats -Généraux, s'éleva «1
RÂl
— 365 —
RAL
grade de commandant des ironpes de
la Guiane hollandaise. Ajoutons, en pas-
sant^ que deux autres familles réfu-
gléeSjCelleîî de L** Nfpveuei de Coudrie^
donnèrent des gouverneurs à celle co-
lonie, où s'élaienl établis un certain
nombre de Prolestanls français, comme
les Vernezotyre, les La Sablonuière, etc.
En 1702, François de Ra^neval prit
pour femme Anne-ElUabeih de Glm-
mer, d'Amsterdam I! en eut deux fils :
FRANÇOis-CoRNEiLLEel Jean-Gabriel,
et nne flile Jeanne-Jacqueline, morte
à Surinam. Le flis unique de François-
Corneille, qui avait épousô, en 1 736,
fVilhplmine Marguerite Ilertzberg, se
nommait Fba>çois; ii mourut égale-
ment à Surinam sans postérité. Jean-
Gabriel, comte de Rainevai et de Fau-
quemhe<g, se maria, en 1758, avec
Anne-Gerlrude de l'iettrfion, fille de
Jean de Pieterson et ^* Elisabeth Des
Loges, qui le rendit père de sept en-
fints : |o Bertrand- l'HiLiPPE-SiGis-
MOND-ALBKRT FRÉDÉRIC, Diorlenfant;
— 2»Anne-Elisabeth Gabriklle- Vic-
toire, née le 24 no V. 1758; — S^Ma-
EIE-Jeanne Eléonore, née le 22 avr.
1760; — 4<> Françoise- Jeanne-Es-
TBER-L0(3iSE, née le 15 sept. 1765;
— 5»PÉR0NNE-jEANNE-FRANÇ0ISB,née
le 4 juin 1 766 ; — 6» Sîne-Margleiii-
TB-GILBERT1NE-R0D()LPHINE-ADRI£NNB
et 7° MC()i.e-Elisabeth-Jeanne-Ga-
BRiELLE,néesjiimelles,lel9sept. 1*775.
Il est évident qu'on doit raliaciier à
cette fainil c picaide— mats par quel
lien?— Chartes de Raînecal, auteur de
deux livres fort rares, dont voici les
litres : La destruction de Batn/lone ou
Pasi^ayes fortnels et conséquences né-
cessai f es tirées de la Parole de Dieu
pour condamner la doctrine dt l'Enlisé
Romaine et justifier celle de l'Eglise
Réformée, 2« cdil., revue et augin.,
1618, in- 8», — et L^ tableau du men-
songe et de la vérité par lequel il est
représenté que la doctrine de l'Eglise
Romaine n*ebt fondée que sur des faus-
ses cohséquencfs mal déduites et infé-
rées de la Parole de Dieu, et quau con-
traire, la doctrine de V Eglise Réfor-
mée se prouve par des passages exprès
de lasaincteEscriture, Saumur, 1 «1 9,
ln-8». Nous ne savons d'ailleurs rien
de la vie de ce controversiste. si ce n'est
qn'à celle époque, il habitait Paris, et
que sa ïemme, Anne d'Ailly lui donna
au moins deux en'^anls : Maurice, né
le 2i avr. 1 61 4, et Anne, présentée au
baptême, le2t mars I6i7, par Louis
Arnauid et Anne de Rohan (Reg. de
Charenlon).
RAISO!^ (Jkan-Ferdïnand), pas-
teur fugitif de France, fut professeur
de français au gymnase de Cobourg,
et mourut en 1765, laissant un fils,
né dans cette ville, en 1726. Ce fils,
dont le nom nous est inconnu, fil des
études en droit à l'université d'I^na,
et après les avoir terminées, il se
chargea de Téducationd'un jeune gen-
tilhomme Ihonien, qu'il accompagna
dans ses voyages. ]1 retourna ensuite
à léna, oîi il se mil à donner des le-
çons, en attendant qu'il se préscnlàt
quelque autre place. On lui en otfrit
une de gouverneur dans une famille
conrlandaise; il l'accepta et partit pour
la Cour lande, où la fortune l'attendait.
]E)n I7b5, le duc Ernesl-Jean, qui ve-
nait de rerx)uvrer la liberté, le choisit
pour son secrétaire. Raison servit ce
prince et son successeur avec une fi-
délité et un zèle dirtés par rafTection
autant queparld reconnaissance. Dans
un voyage qu'il fit à Berlin avec le duc,
en 1 786, le roi de Prusse fullellement
charmé de son mérite qu'il Tanoblilet
lui conféra le tilrede conseiller privé.
De son côté, le duc de Courtaude ré-
compensa ses lovaux services par le
don d'un domaine considérable. Il mou-
rut le 20 nov. 1 79 1 . C'était un homme
fort instruit, qui cultivait surtout avec
ardeur les mathématiques et Tastro-
nomie.
UALET (N.), jeune avocat de Bar-
sur- Sel ne, victime de la réaction ca-
tholique en ir>6*i.
Lorsque la première guerre civile
éclata, les Protestants de Bar-sur-Seine
se rendirent facilement maîtres de la
ville, qui devint ainsi un lieu de re-
RAL
— 366 —
RAL
fage poor leurs coreligionnaires dès
environs. Loin de se montrer rccon-
naissanis,cf s fugiliTsabusèient étran-
goroent de l'hospiialilé qui leur était
ac€ord<^e. Soutenus par quelques gens
de guerre, sous les ordres de Saint-
Pouange et du capitaine Tréniz, appelé
par Bèze Fen y a ils se licencièrent et
desbordèrent de telle sorte, raconte
Nicolas PilhoQ, qu'il sembloit qu'ils
feussenl en une ville de conqueste et
forcée d'assault. d Ainsi molestés, les
habitants de la Religion se retirèrent
dans le château, et « se monstrèrent
de là en advant si j&loux d^ cette pla-
ce, qu'ils ne vuuloienl souffrir qu'au-
cuns autres que ceux du lieu y entras-
sent, de sorte que cela fut comme un
commencement de semence de divi-
sion entre ceux d'une mesroe religion
qui se dévoient tenir unis. »
t'union aurait été d'autant plus né-
cessaire que la place était dépourvue
de moyens de défense, et que les Ca-
tholiques de Troyes faisaient déjà leurs
préparait Ts pour l'attaqUer avec lecon-
Cotirs des Catholiques des villes vol-
éitieâ.Le désordre, la confusion étaient
^Is dans Bar-snr-Seine qu'on laissa
f ennemi s'avancer Jusqu'au pied de la
tburaille et mettre ses canons en bat-
terie, sans songer à lui résister. Pré-
voyant un désastre, le capitaine Tré-
niz se hâta de sortir de la ville à la
télé de quelques chevaux et, quoique
vivement poursuivi par un fort déta-
chement de la compagnie de gendar-
mes du duc de Nevers, que sa flère
contenance tint à distance, il atteignit
Jaucourt, sans autre perte que celle de
pierre Clément (Voy. ce nom), et de
deux autres qui^ s 'étant écartés, furent
prl^ et tués.
Pendant qiïe Tréniz opérait sa bril-
lante retraite, les assiégeants entrè-
rent dans la ville sans rencontrer la
moindre résistance, le 24 août 1562.
a El sans commigération d'aucun exé-
cutèreut leur victoire avec tant de
cruauté que rien plus^ mettans à mort
o&ùx qa'iië reocoblrolentj fensl en la
roe ou par les malsonâ sans espargner
ancuii; et avoir esgard ny à jeune, ij
à vieil, à femme, fille ou enfant. Tout
leur fut un. » Pithou cite des traite
d'une barbarie atroce, accompagn^^qft
circonstances d'une révoltante immo-
ralité. Plusieurs femmes furent mtftr
sacrées après avoir subi les derniers
outrages; à d'autres ou fendit le vrà-
tre ; des cannibales poussèrent le d£^
lire jusqu'à arracher le cœur à une de
leurs victimes et à y mordre à belles
dents. Le sieur de Renneponl reneon-
trant dans la rue un enfant d'une di-
zaine d'années lui ordonna de prier
Dieu. L'enfant se jeta à genoux et ré-
cita en français l'Oraison dominicale
et le Symbole des Ap6lres. Le féroee
capitaine en conclut qu'il était filsd'oa
huguenot, elle fit égorger sous ses yeux
en disant qu il valait mieux le dépê-
cher de bonne heure que d'attendre
qu'il fût devenu grand. Un autre en*
faut du même âge, nommé GuUtavmt
Venel y reconnaissant dans un soldat
catholique un tisserand deTro>esqa'a
avait déjà vu chez ses parents, « afr-
courut droictàluy, elluy dici en riant
simplement et en enfant, qu'il avôh
dans sa bourse quelque argent qitf
seroil pour manger, à leur retour an
pays, du laiclchez sa mère nourrice.!
Le bandit lui rendit ses caresses, «t
u l'entretenant tousjours de parolles
mignardes et doutées, » il l'emmei^
dans une ruelle et lui coupa la gorgé.
Au nombre des victimes, Pithou cite
Pierre André ^ sa femme et son jeoiie
enfant, Jean Cousin, Jean BaiUet, V^-
polhicaire Claude Merey^ RémyPoii-
son, Claude Hanart, Guyot Founui^
Pierre de La Huperoye^ apothicaire,
Nicolas Dumy, J'-an Benoist, RémM
Cor d ter y Germain ViartyJean Simoif
Jean Lambert , Bernicart, Martin ji-
damy tous réfugiés de Troyes. Quelque
temps après, le 26 janv. 1 563, ces
meurtres furent cruellement punis par
la garnison d'Antrain, qui se saisit de
la ville de Bar-sur- Seine par surprise.
Tous les catholiques qui s'étaient Ikit
remarquer par leur cruauté, forent
tués sans miséricorde, entre autres le
RAL
— 367 -
KMi
procorenr Ralet^ qu'on accusait d'a-
voir livré 8on propre fils aux massa-
creurs en haine de sa religion. Il fut
pendu à la porte de m maison et ex-
pédié à edups de pistolet.
RAI.LY (N.), pasteur à Aubussar-
gues, fut appelé h présider le synode
provincial qui s'assembla à Nismes, le
8 mai 1058^ en présence du commis-
saire royal Peifremates (Arcli. gén.
Tt. 282). Les Actes de ce synode n'of-
frent d'autre intérêt que de donner les
noms des pasieurs en fonctions dans
le Bas-Languedoc à cette date, et ceux
des églises où l'exercice se soutenait.
Les voici : Nismes, Rosselet, Claude,
Bruguier et Roure, min., Guibal et
Fauqw'er, anc; Almargues, Valet, élu
secrétaire, et Perronet; Saint Gilles,
Serres rt Pascaty; Sommièrcs, Viala
aîné cl Bonnel; Mai-sillargnes, Arnaud,
élu vice-président, et Broutroy; Ber-
nis, Grizot et RfclMrd; Mlthau, Ga-
zaiqne et Dumont ; Vergèze, Dan ieu
Ci Garnier; Gallargues, Durand ei Fi-
garet; Le Caylard, Lautier,^nc,; Ai-
gnes-Vives, Noguier aîné et Arriaud;
Boucoiran, Brun fils et Palière; Nages,
Pascal et Gordon; Soudorgues, Gazai-
gne Gis, min.; Caveirac, Bousanquet,
anc ; Saint-Cosme, Fournier et Ro-
land; Villevieille, Lickère phrc, min.;
Sainl-Dionysi, Lfchère fils et Causjrfp;
Junas, Saurin et Capirrun ; Générac,
Justamon et Mourgues; Bouillargncs,
Jsnard, min.; Candiac, de Méjanesei
Bruguière; Vauvert, Brun et Bru-
^ier; Calvisson, Berthe et Afazel;
Algues-Mortes, Abraham, min.; Saint-
Laurent, Marchand et Boatori : Uzôs,
Manuel et de Fofs^ac, élu secrétaire;
Sainl-Ambroix, Noguier puîné et de
Faivargues ; Les Vans, Paulet et Ri-
vière; Vlllefort, Laiirens et Leyris;
Bagnols, Bonier etdelfon^jcrivjSau-
zet, Ravanel et Guizot; Cornillon, Pu-
jolasei Paly; Sainl-Dézéry, Brevet ei
Reynaud; Aubussargues, Rally et Meu-
nier; Boucairan, Chabaud et de Mon^
teils; Saint-Jeah-Rochegude, Tlioma.^,
min.; Barjac, C/ietronetB/mon;Blad-
zac, Soussellier et Boucarut ; Savi-
gnargues, Courran et Bardon; Saiot-
Qnintin, Faucher ti Clerc; Navacellcs,
Boniset eiGueydan; LaCalmette, Car
pieu et Caumerc ; Valerargues, Faw-
cher et La Foréi-Blacons ; Folssac,
(7a9(af2t>relCot4S<ori;Chambnurigaud,
Roure et Druvery; Montpellier, Ber-
trand et Gautier; Lunel, Enjalras, un
des secrétaires, et Ferrier; Béziers,
Barbeyrac, min.; Bédarieux, RouXj
min. ; Clcrnionl-St-André, Modenx ,
min.; Honlagnac, Chambon et Bat;
Graissessac , Gibert et MaureUan ;
Saint-Pargoire, Polge, min.; Pous-
san , Viala jrunc, min.; Cournon,
La Brune, min.; Pignan, Rous>Hlon,
min.; Florensac, Bezombes et Verne-
ro6rp;Lunas, Serain, min. C'est dans
ce synode que Daniel Rally fut reçu
ministre^ en même temps que Gibert,
Lombard, Malacare et Olivier, A la
révocation de l'édlt de Nanles, ce Da-
niel Rally était pasteur à Saint-Am-
broix. Il sortit de France et fut donné
pour ministre à la colonie française
de Magdcboorg, qu'il édifia Jusqu'à sa
mort arrivée en 1714.
RAMBAUD (Jacques), seigneur
de La Villettb-Furmeyer (i), gentil-
homme protestant de Gap, commença
à porter les armes pour la Cause dès
J5b2,et servit sous les ordres de Des
Adrets, jusqu'à la défection de ce chef
illustre. Ce fut par le commandement
du baron qu'il se Jeta avec 300 hom-
mes dans Sisteron, assiégé par Som-
merive [Voy. II, p. 90). Après l'éva-
cuation de cette place, à la défense de
laquelle il avait vaillamment contribué,
il rentra dans le Dauphiné, rassembla
les Proteslants de Gep, qui avaient été
expulsés de leur ville, les conduisit à
Die, puis à Montélimart, et enfin à Ro-
mans, où se trouvait Mtmtbrun, qu'il
accompagna à Beaurepalre (Voy, iv,
p. 460). Forcé d'éxacuer ce bourg. Il
regagna Romans. C'est de là qu'il par-
tit, lorsque, au mois de novembre, cé-
dant aux prières des habitants de Ya-
(1) Yedel l'appelle Antoine Rambaud, dit le
capitaine Farmever, et Brizard, Gaspard dé La
ttUett^.
RAM
— 368 —
RAM
lence ot de Romans, il entreprit de (aire
lever le siège de Grenoble. A la tète
d'un petit corps de troupes composé
de ses Gapençois au nombre de quel-
ques centaines, de la compagnie pro-
vençale du capitaine Terrt'ndel ou Ta-
rendol, et d'une dizaine de gentils-
hommes qui, comme Changy, Baron,
Bérenger-Pipet, \ou\nreni partager ses
dangers, il se mit en marche, Terme-
ment résolu de vaincre ou de mourir,
força le difficile passage de Nogaret,
sans autre perte que celle du sergent
Colonibis, et arriva à Sdssenage, sur
les bords du Drac, où les Catholiques
lui avaient dressé une embuscade. Fur-
me)er la découvrit à temps, tailla en
pièces le corps ennemi qui avait fran-
chi le torrent dans l'espoir de le pren-
dre entre deux feux, lorsqu'il entre-
prendrait de traverser le Drac, se jeta
dans Teau avec impétuosité et mit en
fuite ceux qui défendaient l'autre rive.
Tandis que les Catholiques éperdus se
retiraient en désordre dans les Etals
du duc de Savoie, Furme>er, poursui-
vant sa course victorieuse, arriva sous
les murs de Grenoble ; mais les assié-
geants n'avaient pas jugé à propos de
l'attendre. Ce brillant fait d'armes le
couvrit de gloire. Voulant profiler de
l'ardeur dont le succès avait rempli ses
soldats, il conçut le hardi projet de
s'emparer de Gap. Par ses ordres, son
frère Bw'ssière ou La Bussiere, avec
deux soldais connus par leur courage
int répide, Gfiytt ou Guy, de Ve> ncs, et
David, de La Roche, se présenta de-
vant Remette, comme porteur d'un
ordre du gouverneur de Gap, se saisit
d'un corps de garde et ouvrit la porte
à Furmeyerqui le suivait de près. Re-
venue de sa première surprise, la gar-
nison se retira dans le clocher, où elle
se montrait disposée à se défendre. Le
tocsin avertit les habitants de Gap du
voisinage des Huguenots; ils s'armè-
rent en toute hà*e et coururent en
foule au secours de Romette. Menacé
d'être écrasé par le nombre, Furmeyer
ne vit de chance de salut que dans un
coup d'audace. Il choisit parmi ses
vaillants compagnons quinze des plus
brn\e&,Lesdiguieres,Mart'n'd*-Cham-
poléon et deux de ses frères, Sa'tit-
Germain, les deux Capan, Guyot, de
Veynes, David, de La Roche, /^aw Bon-
toux ^ de Corps, deux intrépides sol-
dats surnommés les Parisiens de Gap,
et trois autres ; puis, à la tète de cette
poignée d'hommes, il se jeta résolu-
ment au milieu des Gapençois, qui,
saisis d'une terreur subite, s'enfuirent
à toutes jambes jusque dans leur ville.
Romette se rendit le jour même, et
Furmeyer y resta cantonné jusqu'à Té-
dit de paciflcalion, qui lui rouvrit les
portes de sa ville n taie. Quelque temps
après, en 1565, il périt assassiné.
Il parait, d'après les généalogies fort
inexactes et fort embrouillées de Gbo-
rier,que Furmeyer laissa un fils, nom-
mé aussi Jacques, qui fut gouverneur
de Gap en 1 576, et qui servait encore
en 1588 sous les ordres de Le^i-
guièrps. Ce fils épousa Louise de Mous-
lier, dont il n'eut pas d'enranis; mais
il laissa un fils naturel, appelé Jeax,
qu'il fit son héritier. Du mariage de ce
Jean avec Judith d' Armand naquit
Gaspard de Rambaud, sieur de Beau-
repaire.
RAMBAUD (Louis), premier con-
sul de Die, avant été accusé d'irrévé-
rence envers le Saini-Sacrement, fut
condamné par contumace, comme Im-
pie et blasphémateur, à faire amende
honorable, à avoir la langue coupée,
à être pendu, puis brûlé et ses cendres
jetées au vent ; en outre, à une amende
de 1,600 livres applicable à l'achat et
à l'entretien d'une iampe d'argent, qui
devait brûler à perpétuité devant le
maltre-aulel. La sévérité de la seu-
tenre était motivée par une récidive.
Neuf ou dix ans auparavant, accusé
du même crime, Il s'était tiré d'af-
faire en promettant à l'évèque de vivre
en bon catholique; mais l'hypocrisie
lui pesant, il venait de rentrer dans
TËglise réformée, et toute sa famille
avait suivi son exemple. 11 fut assez
heureux pour gagner Genève, où il
mourut.
RÂM
— 360 —
HAM
RAMBOUILLET (Nicolas de),
sieur du Plessis, conseiller du roi et
secrétaire de la chambre des finances^
était flts d'Antoine de Rambouillet,
conseiller secrétaire du roi, mort à Pa-
ris, en 1 626, et enterré, le 5 janv., au
cimetière proteslant des Saints- Pères
(Reg. de Charenlon) Il épousa Cathe-
rine Bigot, fille de Jacques Bigot et de
Catherine Bongars, morte, en 1644,
à rage de 45 ans, et en secondes noces,
au mois de déc. 1 645, Anne Gaignot,
fille de Pierre Gaignot, sieur de Loza-
ne, et de Susanne Martm^ qui vécut
jusqu'en 1684 et fut enterrée, le 1«'
sept., à Ctiarenton, conduite à sa der-
nière demeure par Gédéon TcUlemant-
deS'Réaux et par Nicolas de Rambouil-
let sieur de La Sablière. Ce second
mariage resta stérile; mais Nicolas de
Rambouillet, qui mourut en J664, à
l'âge de 88 ans, et fut enterré à Cha-
rcnton, le 22sept., n'avait paseu moins
de onze enfanls de sa première femme,
sa>oir : i* Nicolas, sieur Du Plessis,
conseiller et maître d'hôtel ordinaire
du roi, qui épousa, en ifil2, Anne Le
Moutonnier, veuve de Gilles de Bri-
quevHle, marquis de Colombières, et
en eut Nicolas, né le 6 déc. 1675. Si
l'on peut se fier à ce que rapporte
M. Peyrat dans son Uist. des pasteurs
du désert (t), il se retira en Danemark
à la révocation de ledit de Nantes, et
allaplustards'établiren Angleterre, où
sa postérité masculine ?'est éteinte ré-
cemment.En 1 68»>,M">«Du Plessis-Ram-
bouiilet fut enfermée dans le couvent
de Beilechasse (Arch, gén. E. 3572),
et comme elle se monirà opiniâtre, on.
la chassa du royaume en 1688 (ïbid.
E. 5574). La destinée de son fils nous
est inconnue. — 2«> Antoine, qui suit;
— 5° Paul, sieur du Plessis, secrétaire
du roi et de ses finances, né le 7 juin
1 6*25, et présenté au baptême par Paul
Ycon, sieur de Laleu. Il épousa Fran-
(1) En tout ras, M. Peyrat commet une erreor
en qnnlifiant de marquis noire Nicolas de Ran-
bouillet. Les deucendanls du Gnancier Rambouil-
let n'avaient rien decomman avec la famille d'An-
fxnnes-RamboQillet.
çoise Le Coq, en 1 657, et mourut, dix
ans après, à Tâge de 42 ans. Ses deux
fils, Nicolas et Théodorb l'ayant pré-
cédé dans la tombe, il ne laissa qu'une
fille, Marib, née en 1662, et mariée,
en 1685, à un gentilhomme anglais
nommé Temple; — 40 Henri, né le 6
août 1627, et tué en Catalogne; —
5oAlexa>dre; né le5l janv.i629,et
présenté au baptême par Jean d'Aran^
bure, capitaine d'infanterie au service
des Ëlats-Généranx, et par Anne Mal-
lardy femme de Véron, porte-manteau
du roi; il fut tué en FIdndres; —
6» Pierre, sieur de Lancé ou Lancey,
bap isé à la Chapelle de l'ambassade
hollandaise, le 26 août 1655, qui prit
pour femme, en 1675,^ri«e Bourdin,
filledecTkiWo ^oure/tn.sieurde Pierre-
Blanche, conseiller secrétaire du roi,
et de Madeiatne d'Azemar, Il en eut
deux fils, Charles, né le 22déc. 1 673,
et Pierre, né le 4 août 1677, et une
fillp, Madklaine, baptisée le 1 5 janv.
1675. L'un de ses fils mourut jeune,
en 1678. Sa femme se con\eitit à la
révocation et obtint, le 8 janv. 1686,
comme nouvelle catholique, une pen-
sion de 2,000 livres, à ce qu'on Ut
dans les Mémoires de Dangeau. Pour
lui, rien ne nous apprend s'il suivit
son exemple, en sorte que Ton pourrait^
sans trop d'invraisemblance, le regar-
der comme l'auteur des ûe Lancey, qui
ont donné un lieutenant gouverneur et
un éxéque aux Etats- Unisd'Am^rique.
Mais nous croxons qu'il est plus sage
de s'abstenir d'hypothèses hasardées,
et deiec^nnaltre que l'on ne sait rien
des dernières annéesde la viede Pierre
de Rambouillet. Quant à celui de ses
fils qui survécut, ne serait-il pas le
même que le jeune gentilhomme du
nom de Rambouillet, qui fut tué au
combat d'Auhaïs, le 1 7 déc. 1 705, par
un camisard, Grasset de Vauvert, mal-
gré ses protestations quil était de la
foi?— 7» Louis, né le 20 sept. 1651
et mort en 1055;— 8° Catherine, née
au moisdefév J 621, mariée, en lb57,
avec Jacques Monceau, sieur de L'Es-
tang, et morte en 1664; ~9« Anne,
RAM
4 • •
— 370 —
raM
née en 1626;— lo» Angélique^ née
le 18 mai 1630 et morte jeune; —
110 Elisabeth, née le 6 mât 1635, et
femme, en 1 646 de Gedéon Tallemant-
des-BéaiAX.
Antoine de Rambonitlet, sieurdeLA
Sablière^ naquit k Paris, le 1 7 Juin
1624 (Reg. de Charenton), Il rerut
une excellente éducation et remplit^
comme son père, à qui il succéda peut-
être^ la charge de conseiller du roi et
des finances. « Il sut allier, dit Walc-
kenaêr, dans la Blogr. univ.^ Tapiilude
aux affaires et les soins qu'exigeait
l'augmentation de sa fortune, avec son
goût pour les lettres et son penchant
pour le plaisir et surtout pour les fem-
mes. » Ed I65i, il se maria avec .Var-
gtAerile He'^sein, fille de Gilbert d'Hes-
^metde Marguerite Mérisot. L'esprit,
la beauté, le savoir, les grâces de sa
jeune épouse ne purent fixer entière-
ment son inconstance. Biche, spiri-
tuel, aimable et beau, il dut rencontrer
peu de cruelles dans le siècle des La
Vaincre et des Monlespan. Si uncaprice
le conduisait par hasard aux pieds
d'une inhumaine, il n'était pas homme
à s'y consumer d'amour.
J'aime bien qoand je suis aimé,
Mais je ne puin èlre enflammé
Des belles qui sont Inhumaines:
Je ne subit jamais ta loi,
£t ne MufTrc jamais de peines
Qu'autanl qu'on en souffre poar moi.
Aussi toute sorte d'objets
Ne peuvent être des sujets
Pour forcer mon cœur i se rendre ;
Et, si l'on Toot me posséder,
Il faut des charmes pour me prendre,
£t des faveurs pour me gaider.
Sur la fin de ses jours pourtant, La
Sablière conçut un attachement aussi
fort que durable pour une jeune hol-
landaise, qu'il a célébrée dans ses ma-
drigaux sous le nom d'Iris. Elle mou-
rat à la fleur de 1 âge.
La jeune Iris n'est plus, le ciel me l'a raTïe ;
Ce cher objet de mes amours,
Ce que je voyois tous les jours.
Je ne le ^terrai de ma vie :
JEUe oiTupnil tou» mes désirs ;
Je n'atois point d'autres plaisirs ;
Tousmes soins sebdhiolenl à letTlroeUe b«U«;
Qoeferai-je, grands Dieai? Que doit- je détenir?
Hélas ! n*aarai-jeplos de commerce ttee elle
Que par un triste loutenir ?
Le chagrin que lui causa cette perte
le conduisit, quelques mois après, au
tombeau. Il mourut à Paris, le 3 mai
1679, et fut enterré le lendemain dans
le cimetière protestant des SS. Pères
(Etat civil de Paris. SS. Pères, N« 92).
Justement blessée de la conduite de
son mari, b\^* de La Sablière ne se
crut pas obligée de lui garder une fi-
délité inviolable. Cependant les deux
époux paraissent avoir vécu en bonne
harmonie. Ils se plaisaient à réunir
dans leur salon la société la plus bril-
lante et la mieux choisie, et ils aimaient
surtout à se montrer les prolecteurs
éclairés des gens de lettres et des sa-
vants. On sait que M»« de La Sablière
recueillit chez elle et garda pendant
vingt ans le célèbre La Fontaine, après
qu'il eut dissipé son patrimoine. Par
reconnaissance, le poète l'a immorta-
lisée dans une de ses fables, la 15« du
Xll«livre,oùil célèbre
son image,
Avec ses traits, sou souris, ses appas,
Son art de plaire et de n'y penser pa».
Ses agréments ^ qui tout rend hommage.
[Et son] esprit qui ne du firmament
A beauté d'homme avec grâce de femme.
Ce dernier trait surtout n'était point
une flatterie. Aux qualités aimables et
brillantes d'une Temme du monde,
M"'^ de La Sablière joignait des con-
naissances solides et variées. EUecal-
tivait les mathématiques la physique,
Taslronomie ; elle avait même Tait asser
de progrès dans c<>lte dernière science
pour remarquer la bévue commise par
Boileau dans ces vers de sa cinquième
Epi Ire :
Que l'astrolabe en main un autre aille rhercher
Si le soleil est Qie ou tourne sur son aie,
Si SMtume à nos yeux peut faire un parallaxe.
Les ennemis de Despréaux ne man-
quèrent pas de faire valoir cette criti-
que, dont le poêle se vengea dans sa
Satire contre les femmes :
Bon, c^esi cette Mtanie
Qa'estime Roberral, et que Saufeur fréquente.
RAM
— 371 —
ftÂM
D*(m vient qQ*eIlea l'on troable,6t1e teint si terni ?
C'est qne car le calml, dil-on. dèG»»8ini,
Un astrolabe en main, elle a, dans sagoattière,
A. luivre Jopiler passe la nuit entière.
M"« deLa Sab1i^^e abjara la religion
protestante «nielqaes mois avant la ré-
vocal ion de l'éd il de Nantes. Onlit dans
les Mémoires de Sourches : « Le roi
donna une pension de 2,000 livres à
M»« de La Sablière, femme qui n'était
pas de grande naissance, mais qui était
connue par son bel esprit et qui s'était
convertie. » Après sa conversion, Ma-
delaine repentante, elle se retira aux
Incurables où elle passa les dernières
années de sa vie à soigner les malades.
Elle mourut le 8 janvier 1693. A l'ex-
ception de quelques Pensées chrétienr
Tifs, \tLp, plusieurs Tois à la suite des
Pensées de La Rochefoucauld, M«>« de
La Sablière n'a rien écril ; mais on a
de son mari un recueil de Madrigaux,
bien tournés, très-spiriiuels, dont Vol-
taire a dit que la finesse n'y exclut
pas le naturel, et auxquels on ne peut
reprocher qu'une fatigante monotonie.
Ce recueil, publié après sa mort par
son fils, a eu plasieurs éditions. La
ire parut à Paris, 1680, in- 12; elle
fut contrefaite la même année en Hol-
lande En 1758, l'abbé Sépher en don-
na à Paris in-16, une nouvelle édit.
avec une notice sur l'auteur, où les
fautes de toute espèce abondent. La
dernière édIt., croyons-nous, est celle
de Paris, DIdot, 1825, in-12.
Du mariage d'Antoine de La Sablière
avec Marguerite Hessein, naquirent
trois enfants : l<» Nicolas, sieur du
Piessis et de Lancey , né le 1 0 fév. 1 656,
homme très-instruit, qui éiait en cor-
respondance littéraire avec 6a> le. A la
révocation, il fut enfermé à la Bastille
(Ari h. E. 537-2V Sorti de celle prison
d'étal, il s'enftiit à Londres avec sa
femme LotUae-Mudelaine Henri, qu'il
avait épousée en itt79. H vivait en-
core en 1718, et était, à cette épo-
que, un des directeurs de l'hôpital fran-
çais. En i 686, sa terre de La Sablière
fut donnée à deux de ses filles qui à-
vaient été retenues en France {Arch,
E. 3372) (1). L'aînée, Renéb-Màdi-
LÀiKE, baptisée le 8 déc. 1 680, était,
fm 1687, détenue avec sa soeur dans
J(B couvent des Filles de la Croix [Sup-
plém. franc, 791. A); elle devint plus
tard la femme de Trudaine, pré\6t des
marchands à Paris. La cadette, An-
ne-Marguerite, avait été baptisée le
25 avril 1685; sa destinée nous est
inconnue, ainsi que le sort d'une troi-
sième, nommée Henriette, qui avait
^té présentée au baptême dans le tem-
ple de Charenlon, le 8 dcc. I68i. —
20 Anne, baptisée le u mars 1655,
et mariée, en 1672 à Jacques Muit-
son (Voy. cenom); — 3° Marguerite,
née le 19 janv. 1658, et femme, en
1678, de Guillaume Stot, sieur de
La Mésangère, conseiller au parlement
de Rouen; puis, en 1690, de Charles
de Nocey ou Noce, un des roués du
Régent. Non moins aimable et non
moins instruite que sa mère, bien que
moins célèbre , c'est elle que Fonte-
nelle a fait figurer comme interlocu-
trice dans ses Entretiens sur la plura-
lité des mondes, sous le nom de la
marquise de G**, et c'est à elle que
La Fontaine avait dédié une imitation
de Théocrite, imprimée avec ses Fa-
bles sous le tilre de Daphnis et Alci-
madure, et débutant ainsi :
Aimable fllled'nnemère
A qui seule aujoard'liai mille ccears font la cour,
Je louerai seulement nn cœur plein de tendresse,
Ce» nobles senti menls, ces grâces, ret esprit ;
Vous n'auriez en cela ni mettre, ni maîtresse,
San!» celle dont sur tous Teloge rejaillit.
RAMBOUR (Abraham), ou Ram-
boum, né à Sedan, vers 1 590, fll avec
succès ses études à Tac^démie de sa
ville natale, et les couronna par une
thèse sur la puissance de l'Eglise, qu'il
soutint sous la présidence de Tilénus.
Placé, en 1610, comme pastetir à
Francheval, il y remplissait encore ses
fondions, avec Erondelle, en 1615,
mais peu de temps après, il reçut vo-
cation de régiise de Sedan. « Une é-
(i) D parait que, malgré leur jeune âge, on
tnit essayé de les taire sortir de France {Sitftpl.
franr, 791. 5).
KAM
— 372 —
UAM
loqoence \ive et animée^ élincelante
de beautés neuves, à laquelle son ac-
tion extérieure prêtait de nouveaux
charmes, flt présager, dit l'abbé Bouil-
liot, qu'il aurait les suc<'ès les pins
brillants dans la carrière de la prédi-
cation ; il les obtint en efTet.» Nommé,
en 1620, professeur de théologie et
d'hébreo, il pri t possession de sacbaire
le 2 mai. Sa réputation comme pro-
fesseur égala bientôt, si elle ne sur-
passa celle qu'il s'était acquise comme
prédicateur. Au jugement du même
abbé Bouilliot, ses thèses sont un mo-
no me ni de sa vaste et solide érudition,
en même temps que de l'habileté de sa
critique et de la Justesse de son esprit.
Elles ont été insérées dans les Thèses
Sedanenses avec celles de ses collè-
gues Jacq, Cappel , Du Moulin , Le
Blanc, Des Marets, Le Vasseur (i).
fi) Le.« Tbàses de Sedan n'éUnl guère moins
nres que celles de Sanmu -, nous jugeons utile,
«pioique nous ayons dijà polilié les noms des ré-
pondants d'origine française (Voy. IV, p. 278),
de donner ici les litres de relies de ces thèses
dont nous n'aurons pas l'occasion de faire men-
tion ailleurs : Michil Carve^ de Gaën , et Henri
SoHtgoniuSf de Sèes : D' tummo coutrov^nia-
rvm judice ; — Nicolai Vaumesl^ d'A'genl-in :
Jk perfectione Scripturœ adv. tradiliontt Ec-
fi-tias romatKB, et De ganctorum inlerc^stione,
Par$ l; — Arnaud Cmamajor^ du Bi>arn : De
amniteienlid Dei; — Uupraty du Bt^arn : De ima-
gine Dei in homine et D' dise eeione eccl «ta-
rum rfformatarum ab fccl êiâ rtmaiid ;-~Phi'
lippe Scalbrge : De pecealu originali ; Jean
Ckanet^ d'Aunay, et Jean Bonnel^ de Meun :
D§ imaginibus et idulis eorumque cuUu; — Paul
Le Sepveu^ de Trevières : D<; limbo patrum eeu
de italu sanctarum animarum »ub vel ri T t-
tamenlo et De imaginibuH et Ht litf l'are III, —
Pierre Bilot el Jean Bilott de Chnmpngne : De
Mnr/M et forum cultUy Part. III et IV; — Oa-
vtd Bilot^ de Gham|ia^ne: De mendacio; Phi-
lippe Cattier^ de Paris : Der liquiie sanctorum ;
1)§ prœdvslinalionef et D' bmis operibu»; —
Etienne Vacher ^ de La Rochelle: De calibaiu et
mattimonio; — Pierre Coignard^ do S<iumur :
De prœdtslinalione ; -Jean Hovier^ de Caën : De
duplici l< stamento teu de fcedere l gnli et evan-
geiieo : Demissd et transsubstanlialwne el Disp.
tkeol g. fœdisiimam luent calumniam qud novœ
et inauditœ impietali* arccesiurCalvviut^fjiu-
ienqus potluiatur mi«/n', uhi agunt de mari-
mii^ quibuit t'.hrislu» crucialus est, doloribu»;
— David Blai.ehard-Servantcre, de Coude : De
iuplici tittammto Pars II : — Laurent de Bu-
res^ de Dieppe : Z)*? duplici testamento^ Parslll,
Si De descensu Chrisii ad inferos ; — Abraham
Warlandf de Yitry : De tatisfaetionibus , — Da-
Propre aux affaires aussi bien qu'aux
lettres, Rambour fut. à plusieurs re-
prises, chargé par les princes de Sedan
de négociât ions dans lesquelles il réus-
sit. En 1 628, il accompagna Elisabeth
de Nassau aux eaux de Spa, où il se
lia avec Audré Rivet, 11 mourut en
1651, après avoir rempli quatre Tois
les fonctions de recteur de l'académie.
Outre les thèses, assez nombreuses,
qui furent soutenues sous sa prési-
dence et qu'on lui attribue selon l'u-
sage, on a de lui :
vid Hébert ^ dePieppe : De meritis operum ; —
Jacques Rouveau^ de Paris : De prrfeclione Scrip-
turœ; De meritis opTum, Pars II, et De reno-
vald antiquorum hœreticvrum arte^qud seseven-
ditant hodiemi agyriœ et circulalores proto-
eant s ad certamen orlkodoxarum ecel.'siarum
pastores; — A. Bontat-d.-LaTour, de Marseille:
De certiludine perseverantiœ^ el De auctoriiate
Vulgatce ; Pierre Pinet^ d'Orlenns : De summo
bono et beatitudine ; — Henri Clignet : De bap-
tiêmo; — Jean Baudoin, de Normandie : De ec-
clesir viéibilis dignilale; De sanctipcationis con-
stantid sive de satictorum perseveranliâ, et O*?
Scripturœ fine el usu ; — Jean Hamet^ de Se-
dan : De notis vrœ Eccl'siœ; De naturd Dei
sive de divinis nominibus et attributis in génère,
ti De fœdere D i cum homine inito ; - Gédéon
Chéron^ de Houdan : De nnlis verm Erchsiœ^ei
De attributis D/i ihcommunicabUibus ; — hran-
fois Botet, de Gasieijalnux : Deeapit visibUi uni •
versalis Etcl siœ et successione in hocmunus^ti
D^fensio discii,linœ erel-isiarum reformatarum,
— Presque louies ceslhèçesoni été soutenues sons
la présidence de Dm Moulin. Les suivantes le fu-
rent, pour la plupart, sous celle de Capp. l: Hubert
Cottin^ de Picardie : De prœdestinationeel Deju-
dice conlroversinrum etauctoritale inlerpretan-
di sanctam Scripluram ; ~ Claude Sonnet, de Se-
dan : De prœd^stinalione cl D: Conciliis ; — Sa-
muel Duvicquit, de Spdan : De CA}ncili>s : — Cy-
prû-n Heuriquel, de Sedan : De Cot.eiliis, Pars
IL A Rambftur apparlienneni, outre cinq thèses
anonymes : De perf clinne S. Scriplurœ^ Depec-
eato deemonis ethominis. De officto Chrisli me
diatore. De officio Chrisli regio et De supersti-
lioso sanctorumculiu, i|ui snil sansdoulf sorties
desa plume. Icfl suivante*', dont les répondants son
etinnus : PaulMadrat, de Sedan: De sanctd thec-
logid: — Siméun Gaschr, d'Auvergne : Disp.
theologica miscellanea; -Jacques Cirom,àtVê
ris, el Etienne Chamaillart, de GhAtillon : De at-
tributis Dei communicabilibus ; — > Luc Pouquet
de Gaëii : De commenlitiis peccnti pœnii. Pars
III ^ et De viribus in hominf posi lapsum reaiiuis.
Citons encore la thèse de Pierre T t /, de Troyi's :
De sabbaiho et die dominicd soutenue en 1660,
sous la présidence de Josué Le Vasseur. et la thè-
se inaugurale (26 janv. 1660) de Jacques Atœ^-
de-Saint- Maurice, professeur de tbeoloijie : /><•
missa acrt/icio, qui termine le recueil.
RAM
— 373 —
RAM
I. De potestate Ecclesiœ in consti'
tuendd poliiidexlernâ, Sedan. ^ 1 608^
in-8».
II. Thèses thcologicœ de Christo re-
d^mploreyScûHn.yi, Jannon, J620,
in-40; r(^lmp.danslesThèspsdcSodan.
III. Traité de l'adoration dfs ima-
geSy arec quelques observations sur
l'écrit du sieur Jean Roberti, jésuite,
Sedan, J6S5, in-8«.
IV. Récit véritable de ce qui s* est
passé dans la conférence entre le sieur
Yvfis , capucin , et A. Rambour, mi-
nistre duSaint Evangile^SedanyiGiOy
in-80. — Celle conférence rtfula sur le
sacriflce delà messe.
On irouve de notre pastear, dans la
Collecl. Conrarl (T. V.), une iMtre à
la ducJtPsse de La Trémoillef en date
du 1 5 aoûl 1 628, au sujet du change-
ment de religion de son fils, et (T. VU),
une Harangue adressée à l'archevêque
de Rheims à son entrée à Sedan en
1644.
Les Registres deCharenton nous ont
faitconnallreplusieursautres membres
de la même famille, qui a aussi fourni
son contingent au Refuge {Arch. gén,
Ë. 5:>75) ; nous citerons seulement /a-
cob Rambour, praticien , qui mourut
en 1661 , axant eu de sa femme La-
beau Philppe: l» Jacques, baptisé le
2 juill. 1632; — 20 Pierre, peintre,
enterré le 19 mars I6n3, à T&ge de
26 ans; — ^» Jacob peintre, qui fui
présenté au bapléme dans la Chapelle
de l'ambassade hollandaise, le 1 4 déc.
1653, par Moïse Carré y médecin du
roi . Il épousa, en mai 1 660, Marguerite
Phelippeaux^ fille de Joaihim, menui-
sier, el de Judith Cugnet, et en eut
Matthieu, mort jeune et Isaac, bapt.
le 13 avril 1H64. — Un autre Jacob
Rambour, qualifié de peintre du roi,
est encore désigné dans les registres de
rétat ri Nil de Paris; il est dit fils de
Jacob Rambour j marchand. Le 27 janv.
1081, il assista, avcc/aco6 Rambour,
peintre [sic] , à Tenierremcnt dcsa niôre
Mur oGrognet. — Vers celte môme épo-
que de 1681, d'après M. Dus:<leux, un
peintre d'architecture du nom de Ram-
bour, s'était réfugié en Angleterre, où
il vivait encore en 1721.
Dans une liste des lieux delà géné-
ralité de Sois^ons, où lexercice du
culte prolestant se faisait en 1681
(Arch. Tt. 284)^ nous voyons men-
tionné GcTcy , dont te seigoeur, bien
qu'il n'eût pas la h»ute justice, avait,
en effet, obtenu par brevet du 28 avril
1612, accordé par grâce spéciale et
sans tirer à conséquence, la permis-
sion d'y recevoir les Réformés du voi-
sinagequi, oblig^sde se rendre fort loin
pour assister au service diviu crai-
gnaient de tomber entre les mains des
garnisons espagnoles. En 1681, cette
terre appartenait, en partie, à un gen-
tilhomme qui est appelé, dans la liéte
en question, Abraham de Rambours,
Nous croirions volontiers qu'il faut lire
Rambures, Quoi qu'il en soit, le fils de
ce gentilhomme, nomnn^ de La Cha-
pelle, qui était capitaine du château
et qui venait d'abjurer, y avait défenda
Tcxercice. sans tenir compte de la vo-
lon é de son père, qui vivait. encore,
mais qui était incapable d'agir, ni des
droits des coseigneurs, le sieur de
Bros y, lieulenanl de cavalerie, et
Chrétienne de Bernois, qui possédaient
les quatre cinquièmes de la seigneurie,
le premier du chef de sa femme £<-
ther de Genart,
RAMBURES, famille noble de U
Picardie,di visée en plusieurs branches
dont deux, pour le moins, professèrent
la religion réformée.
I. Branche nu Poire auyille. /eo»
de Rambures, fils de Simon de Ram-
bures et de Jacqueline Roussel, testa
en 1585 et eut de son mariage avec
Mk'helle Carpentin, trois fils : Fran-
çois, qui continua la branche de Poi-
reauville,GÉD£o.v,donl la destinée est
inconnue, et Philippe, auteur de la
branche de Huleux.
FrançoisdeRambure3,mortenl627,
laissa de son mariage, célébré en 1 605,
avec Elisabeth L" Comte-de Nonant,
fille de Charli'Sy sieur de Saucourt, et
de Mar'e de Saint-Delys, trois fils,
Jephtê, Benjamin, Joël, et trois filles.
^M
- ??* -
HH
MARIBy MADELÀIinS^ ELISABETH. En
ilj(45, Jephté de Rambdres épousa Ma-
delaine Hallard, fllie de Maurice Hal-
lard, liealeiianl-colonel au service des
Étals-Généraux, el û'Antoineite Four-
nier ou Le Fournier. On ne connaît
pas la date précise de sa mort, mais
noussa\onsqu'ilvivaitencoreenl665^
année où il fut chicané sur le droit
d'exercice par l'évèque d'Amiens(^rt7i.
gén. Tt. 25b], el qu'il élail murt en
16'72, c'esl-à-dire à l'époque du ma-
riage de son flts Daniel avec Anne de
Dure, mariage dont naquirent six en-
fants, savoir : Claude, en 1 67 r>; Char-
les André, eu 16 16; Marie SlISANNE,
en 1 678 ; Catherine, en 1 679 ; Fran-
çois, en 1680, et Anne Françoise, en
168t. Cette branche se conxeitit à la
révocation.
II. Branche DE Huleux. Philippe de
Rahibures prit pour remine, en tuH^
Madilaiiie Lallemant, fille de Philbert
jLaUemaut marchand à Saint- Valéry,
elde Madf laine de Mont pelle. Il en eut
Datid, mort en 1655, qui épousa, en
l«36,Sara Bugnet, flllc de Jean-Bap-
tiste Buynet, ministre de Calais. De
ce mariage naquirent trois (Ils, nom-
més Philippe , Jean et Charles. Ce
dernier mourut sans posleriié. Le se-
cond vivait encore en 1 699 et était père
de quatre en ranls, Daniel^ Marthe, Ju-
Dii H et Marie, nés de son union (1 665]
avec B>an he de RambureSy fille de
François de Rambures, el de Blanche
Routier. L'alné^ né en 1641, épousa,
en 1 60 3, Zachelle Le Sueur, (llle de
Daniel Le Sueur el de Marie de Ram-
bures, dont il eut Daniel-Alexandre,
lieutenant de \aisstiau, en I6U9; Cé-
sar, garde du roi; François, Louis^
Blanche, M adklaine, Zachelle et Ma-
rie. 11 se convertit à la révocation et
fut gratifié, en 1 687, d'une pension de
00 livres (Arch. Tt. 252).
RAM EZA Yuu Ramesuy, familleno-
ble^ \raiâemblablemenl d origine écos-
saise, clublie dansTurleanals et le Poi-
tou. La branche poilevinc ne nous est
connue que par rattachement que plu-
sieurs de ses membres mani restèrent
pour la religion réformée ^fhs la ré-
vocation de redit de Nantes. Zn 1 699,
le sieur de Ramesay fut enfermé au
cbàieau d'Angers, d'où on le transféra
bientôt dans celui de Nantes. Menacé
de la Bastille, il promit de se convertir
et fut envoyé au sém!naire de La Ro-
chelle, pour y être instruit. Il en sortit
«bien converti » en 1701 (Arch, gén,
E. 5552). Ce fut sans doute pour em-
pêcher sa femme de le pervertir, qu'on
l'arrêta la même année et qu'on ren-
ferma à rUnion chrétienne de Luçon
(Ibid, E. ^587). Il parait pourtani que
de si sages précaulionséchouèrent con-
tre l'opiniâtreté huguenolte. En 1745
encore, on enleva M"«de Ram<'say, pe-
tite hlle de 7 ans, que ses parents éle-
vaient dans la religion prolesbnte, et
onconUaaux Ursulines de Tbouars le
soin de lui inculquer les bons princi-
pes (/6tW. E. 5431]
Les Baniezay de l'Orléanais montrè-
rent d'abord du zèle pour la religion
réformée. En I5î>9, Lazare de Rame-
zay, sieur de Lumeau, tut député par
sa province à l'Assemblée polilique de
Saumur, et en 1608, à celle de Ger-
geau. Nous le voyons assister aussi à
plusieurs synodes. Avec le temps, ce
zèle se refroidit. En 1 682, François de
Ramczay, sieur de Viiieprovost, fils de
Jo.^eph de Bamezay, el de Judith Ber-
non, et capitaine au régiment de La
Fère, abjura à Paris, le ^ mai. En
1677 déjà, Anne de Ramezay, de Lu-
meau, âgée de 5t ans, avait renié la
religion dans laQuelle elle était née,
entre les mains du F. Alhanase de Saint-
Charles. Ce respectable Frère, qui éuU
si fier de ses conquêtes sur l'hérésie,
qu'il en enflait le chiffre tant qu'il pou-
vait, présenta à Louis XIV un Uegistre
de 515 hérétiques couNertis à Paris
Tannée 1 677 presanté (sic) à S. M. par
le P. Alhanase de Saint-Charles, reli-
gieux carme reformé delà province de
Tourainne et du couvent des Biilettes.
Ce volume^ parfaitement relié et doré
sur tranches, se trouve aujourd'hui à
la Bibliothèque nationale^ sous le N»
6995. 4. Us'ûuvreparuneépltreoùle
QAM
— 378 —
RAM
digne moiœ du couvent des Billettes dit
à S. M. : « Je ne doute pas que vous ne
soyei le héros dcsiiné du ciel poura-
ehever la deffaile de ce monstre nourry
et affamé de sang de cesie peste de
l'estat et de la religion, de ccste héré-
sie universelle composéedes débris de
toutes les autres, qui a ravagé la plus
grande partie de l'Europe et dont la fu-
reur obstinée a exercé la valeur de nos
princes depuis un siècle. » Le registre
se compose de certiûcats imprimés,
portant le nom, Tâge, la naissance, la
condition et la province natale de Ta-
postat,avec les signatures du converti,
du convertisseur et des témoins Si
S. M. Louis XIV avait pris la peine de
parcourir ce recueil, tâche, il est vrai,
fort ennuyeuse, nous en parlons par
expérience, il se serait aperçu sans
beaucoup de peine que, quoique le
P. Athanase de Saint-Chartes eût grossi
son volume des noms de cinq Anglais,
huitBelges,treize Suisses et treize Hol-
landais, il n'était arrivé qu'à 214 ab-
jurations au lieu de 313, et qu'il com-
mettait aiusi un impudent mensonge.
Dans son ouvrage sur les manuscrits
français de la Bibliothèque du roi,
M raulin Paris a déjà fait observer
cette crreurde numération, en ajoutant
« qu'on se voit oblige d'y soupçonner
une fraude pieuse. » La fraude ne fut
pas découverte et l'accueil que reçut
son hommage fut assez gracieux pour
décider le Père Athanase à le renouve-
ler. En 1679, il otTrildonc à S. M. un
Registre de plus de 1 200 hérétiques
conveitis à Paris, présenté à S. M. au
commencement de l'année 1579 par
son très-humble,très-obéissanl et très-
obligé serviteur et subjet, etc. Au sujet
de ce volume^ qui se conserve aussi à
laBiblioth.nationalesousleNoi>995.5,
M. Paulin Paris remarque : l» que la
plupart des noms des convertis en 1 679
sont les mêmes que ceux de l'année
1 677 ; 2« qu'au lieu de plus de 1 2oo in-
diqués dans letitre,iln'yenaque526 de
comptés; 3 que réellement il n'y en a
que 213 comme dans le volume précé-
dent; 40 que la signature des témoins
est très-rarement autographe dans l'un
et dans l'autre volume. Ajoutons que
le révérend Père, outre les Anglais, les
Belges, les Suisses et les Hollandais ,
mentionnés dans le premier registre,
cite dans celui-ci des Allemands, des
Danois, des Piémoniais et même des
Russes. Quant aux Français, la grande
majorité sont des gens de métier. An-
ne de Ramezay flgure en tête de la liste.
Parmi le$ auties, nous citerons Mcêt-
guérite de Cuussy, 63 ans, femme du
major de Sedan, haac Le Sage^ 24 ans,
chirurgien de Rorheforten Anjou haac
de La Nuue, \ 9 ans, ùlsû' Abraham de
La Nouey chirurgien à Amboise, Mar-
guerite Perrin^ 25ans, de Lenonconii,
Abiahani Musifay, 30 ans, officier de
Sedan, avec sa femme Judith G^rmamy
Jeau^Baptiste Foureau, 25 ans, ^^riy-
po^^ïk/ClaudeGfutiihomme, 48 ans,
chirurgien de Langros, Marte^AngéU-
que-Louùe Maréchal, 17 ans, flile de
Simon Maréclial, médecin à Chàtel-
lerault, Perrine Du Garuier, 23 ans,
fille du peintre Pierre Du Garnier (I),
Pierre Godefroy, 1 9 ans, chirurgien de
Llntot, Nicolas O'/d'/er, apothicaire.
KAMONDON (Abbaham), peintre,
de la colonie française de Berlin, il ex-
cellait, dit-on, dans le dessin. Son fils,
qui mourut à Berlin en 1697, à Tàge
de 30 ans, s'était également voué à l'art
de la peinture. Le biographe allemand
Nagler ne mentionne ni l'un ni 1 autre.
Une fille d'Abraham Ramondon, nom-
mée Marie, épousa Jeaud'Azemar-de-
Rège, major au régiment de Varennes.
Ces deux enfants étaient nés à Venise.
RAMPbBG, auteurd'une Explica-
tion de Gen. l d après les principes de
DescarteSy Utrechl, 1713, in-12, est
qualifié par Leiong, dans sa Bihlioth.
sacra, de gallus calvinista. Nous nV
vous jamais rencontré ce nom; mais
bien celui d'une Marie de Remberge,
veuve de David de La Treciniire, qui
est mentionnée dans les notes de l'bist.
ecclésiastique de Bretagne, par Cre-
vain, comme a>ant abjuré le protes-
(1) Noas donnerons quelques déUils sur It /••
millB de cet artiite dans notre Sopplémeat.
RAN
— 376 —
RAN
tantisme au mois de décembre 1685.
RAMUS. Voy. LA RAMËË.
RANG (Louis), pasicur du désert,
martyr à l'âge de 26 ans. Arrê(é, le 16
février 1745, à Livron, il fut conduit
immédiatement dans 1ns prisons de Va-
lence. Interrogé par le subdôlégué de
l'intendant, il n'hésita pasàavouerqu'il
était ministre ; c'était signer son arrêt
demorL On le fll partir pour Grenoble,
où ta vie lui fut promise par le premier
président du parlement, s'il voulait
changer de religion ; mais il ne daigna
pas même répondre à une semblable
proposition. La sentence fut donc pro-
noncée : elle portait qu'il serait pendu
dans la ville de Die et que sa tête se-
rait exposée sur un poteau devant la
porte du caharet où il avait été arrêté.
Il repartit de Grenoble, accompagné de
deux autres protestants condamnés
comme lui, sous une escorte formida-
ble. En allant au supplice, il entonna
le 1 18« psaume: La imci V heureuse
journée, ne s'interrompant que pour
Cbsayer de parler au peuple; mais
aussitôt dix tambours placés à ses cô-
tés étouflTaient sa voix sous un roule-
ment. Au pied du gibet, il se mit à ge-
noux, fit sa prière, sans vouloir écouler
les hypocrites consolations de deux jé-
suites qui raccompagnaient, et monta
courageusement l'échelle. L'exécution
faite, le hourreau sépara la tête du
tronc ; puis, comme si les juges se fus-
sent montrés trop indulgents envers un
hérétique, le commandant du Diols et
le grand-vicaire de l'é\êque ordonnè-
rent de traîner ce cadavre mutilé par
les rues et le firent jeter dans un égout.
llseurent môme,aflirme-l-on, l'infamie
de forcer un jeune protestant qui té-
moignait trop hautement sa douleur, à
prêter son a>sislancc au bourreau. HÀ-
tons nousd'ajouter,à rhonneurdel'hu-
manité, qu'une dame caiholique, dont
nous regrettons de ne pouvoir signaler
le nom, a^ant fait retirer le corps du
cloaque, le lit enterrer à ses frais.
Le frère de Louis Ranc, nommé
Alexandre y fut, l'année suivante, exé-
cuté en effigie à Grenoble. Il n'en con-
tinua pas moins à desservir les églises
sous la croix dans le Dauphiné, avec
ses collègues Rozan, dit Dunoyery
Destours, dit Lacour, Bèrenger, dit
Colombe, 11 laissa un fils qui fut appelé
comme pasteur à Sedan en 1780, et
qui, au commencement de ce siècle,
remplissait les fonctions de son minis-
tère à La Rorhelle.
RANCHIN Etienne), professeur de
droite l'université de Montpellier, était
originaire d'Uzès, où il naquit vers
1510. On ne connaît aucune particu-
larité de sa vie, si ce n'est qu'il suc-
céda à son frère Jean dans la charge
de conseiller à la cour des aides, en
1561, au rapport d'Aigre feuille, qui
fait réloge de son savoir et lui attribue
les trois ouvrages suivants :
I. Continualio repetitionis Bene-
dicti in caput Raynutius, Lugd. , 1582,
in-fol.
II. Addiliones addecisiones Gratta-
nopolUanas Guid. Papœ, publiées dans
l'édit. des Décisions de Guy Pape,imp.
à Lyon en 1577.
m. Miscellanea decisionum juris
iam civilis quàm canonici, Lu^d.,
1580, in-fol.; Eadem, cum notis Bar-
nerii, Gen., 1 71 1, In-fol. ; trad. en
franc, et commentés par Philippe Bor-
nier (Voy. ce nom). D'Aigrefeuille pré-
tend que le traducteur a supprimé, dans
la Préface, les passages où Ranch in
blâmait lesdésordrcs commis, en 1562,
par les Huguenots à Montpellier.
D'après les Jugemens delà Noblesse,
Etienne Banchin, mort en 1585, ne
laissa qu'un fils nommé Guillaume (1),
(i) Moréri en mentionne on second, François,
chancelier en médecine, qui til graver, dit-il,
rinscription suivante sur la faradc du collège de
Ste-Anne, à la rondation dui|uel son père avait
beaucoup contribue : h M. Siepbaiii Ranchini
Ucelicc>isis in SupremA Suhsidioruni (luriâ sena-
loris et in ria» eniincA arademiâ proressoris pri-
marii; florenlisfiinte raniillte pa'onlis ; qui anno
Uomini MbLXXXl.l, aplatis LXXIll, professin-
uis XL, in hoc Monlepdio dicm ohicns novissi-
mnm, ut po>teris suum rr^a Iianc M-holani te«-
«tarrlur amoiem, in proxiniA D. Annœ anje cor-
pus ciindiri leslainento jussil. Nous croyons que
Àloréri se trompe; m tout cas, ce méde-'in, èlaol
catholique, ne pourrait trou>er plare dans noir»
oarrage.
RAN
— 377 —
RAN
qui lui succéda ûam la chaire de droit,
et qui fut aussi conseiller en la Gliam-
bre de i'édit de Castn^s, après avoir
exercé longtemps les ronctions de con-
seiller et d'avoeat-g<^néral en la cour
des aides. En 1595, il Tut élevé à la
dignité de premipr consul. En 1598,
il était recteur de Tuniversité.En itiOO,
il Tut député en Cour par les églises du
Languedoc, avec de La Gardfi, gen-
tilhomme du Lauragais, et Béraud,
ministre de Montauban, pour se plain-
dre au roi de la conduite du parlement
de Toulouse, relativement à Tenregis-
trement de l'édil de Nantes (Fonds de
Brifnne^ No209). Il mourut en Hi05,
àl Âge de 4 5 ans. Les sruls ouvrages
que nous connaissions de lui sont un
Iraité De successionibuA ah intestato,
Lugd., 1 594, in-1 2 ; réimp. piusieurs
fois, surtout en Allemagne, et Lib, III
variarum tectionum, V'dr\9., 1597;
Marburg., 1717, in-4o; Ulrecht, 1735,
iQ-fol.,()ù Ton trouve Eilictum perpe-
tuum Salvii Juiiani restitutum. Le
Recueil des publiques actions de Télo-
quence françoise (i 604) conlient aussi
quel<|ues-uns des discours qu'il eut
l'occasion de prononcer dans Texercice
de sa charge d'avocat-général ; mais
c'est sans aucun rondement que plu-
sieurs bibliographes ajoutent à ses ou-
vrages La révision du concile de Tren-
te, contenant les nullitez d'iceluy, en
VII livre?, Gen., 1600, in 8». Ce qui
les a induits en erreur, c'est que l'au-
teur s'appelait aussi Guillaume Ran-
cbin et que son livre est écrit dans un
esprit très-libéral, tellement que le
Calai, de la Biblioih. royale le classe
parmi les livres hétérodoxes; mais le
témoignage du savant Prosper Mar-
chand est formel, a La révision du con-
cile de Trente, dit-il, est un de^ meil-
leurs ouvrages faits contre Rome,
quoique par un bon catholique » (1).
Les Jugemens de la Noblesse ne
donnent à Guillaume Ranchin qu'un
(1) Nou» devons ajouter rependanl qo'en 1603,
l'Assemblée de Sanmor apprenant qu'il ciait mo-
letté à cause de son livre, tit offi ir à Ranrbin
• son ashislanro pour le soutien d'une <i bonne
cause • {t'onif i$ Brienne, N" 231).
T. VIII.
fils, nommé Jacques, qui lui succéda
dans roOlce de conseiller à ta Chambre
de I'édit. il en remplit les fonctions
Jusqu'à sa mort, arrivée à Castres le
6 juin 1 656. De son mariage avec Su-
sanne Gre feuille naquirent Jacques,
dont nous allons parler (i); Etienne,
capitaine de clievau-légers ; Damel,
sieur d'Amalric, qui épousa i4nn<>/ian-
ehin, et Charles. Us furent maintenus
dans leur noblesse en 1669.
Jacques Ranchin naquit à Casires, en
1620. 11 succéda à son père comme
conseiller à la Cham> re de 1 edil ; mais
il ne se lai.^sa pas détourner de son a-
mour des lettres par les obligations de
cette charge. Il fut un des fondateurs
de l'Académie de Castres, qu'il installa
dans son propre hôtel ; elle y tint ses
séances jusqu'en 1 669, époque où un
incrndie la força de se transporter ail-
leurs. Entre autres ouvrages que Ran-
chin y lut, M. Nayral (Biogr. Castraise)
cite: 1° une trad, du Caton généreux
de Manzini, 1 3 avril 1 6 49 ; — 2* une
trad, en vers français d'une scène du
Pastor pdo, 6 mai 1649; — 3* une
Oraison funèbre deM.de Spérandieu-
Saint'Alby, 30 juill. 1652; — A^ le
Pré de l'amour y poëme, 10 août 1 652.
« Sa réputation comme écrivain, au
témoignage de M. Narrai, devint si
grande qu'un poète, nommé Villar, le
prit pour sujet de ses chants, et com-
posa un poème latin à sa louange qu'il
ofTrit à l'Académie Castraise. » Mais
hélas ! cette grande renommée a passé
vite, et aujourd'hui le chantre et le hé-
ros sont confondus dans un même ou-
bli. Quelques petites poésies, d'un tour
gracieux, ont seules survécu. Tout le
monde contialt ce roi des triolets,
comme l'appelle Ménage :
Le prenier jour du mois de mai
Fui le plus heureui de ma tie, ele.
Il est de notre Ranchin, etc'estbiea à
torique certains biographesenoulvoulQ
(1) Les Jugemens de la Noblesse ne mention-
neul pas ce fils, à moins que ce ne soit lui qu'Us
appellent Charles. Nous nous en rappottons à
l'auteur de la Biogr. Castraise qui do» semble
mieux informé.
24
RAM
-ZT%-
RâN
faire bonnearà son arriëre-grand-père,
Etienne Banchin. On connall^en oulre,
Je notre pifëtc un charmant petit badina-
ge, le Père r val de son fils. Celte pièce
a aussi excité la convoitise; mais M.
Wackenaëret M. Nayral,qui reproduit
sa dissertation, nous semblent avoir
établi la paternité de Ranchin par les
meilleures raisons. Comme cette petite
biuette constitueaujourd'hui tout le ba-
gage littéraire de notre poëie, il serait
peu généreux de Ten dépouiller; c'est
pour lui une question de vie ou de
mort. Nous larapporierons pour que le
lecteur en juge ; elle vaut bien qu'on
se la dispute :
Philii», mes beaux jours sont p&^ses,
Et mon fils n'est qu'à M>n aurore :
Pour ^ou8, il est trop jeune encore,
El je ne le suis plus assez.
Si de mon âge joint au sien
On faisoil un rgil partage.
Et qu'on ajnuifll h suo âge
Ce que l'on ôierait du mien !
Hais pourquoi former ce désira
Si notre Age approchait du vôtre,
Nous »eriun8 rivaoi l'un de l'anti-e,
Et vous auriez peine ji choisir.
Que mon fils donc seul y prétende ;
Que pour posséder vos appas
L'amour en lui double le pas,
Et que tolre beauté l'attende.
Oue fen-t-clle en l'alienda l?
Votre cœur, avant qu'il s'engage,
Voudra-l SI se mettre en otage
Entre les mains d'un confident?
Mais dieu! quelle assurance prcndro
Sur un jeune rœuren dépôt?
Tel qui Taura t mourrait plutôt
Oue de se ré&oudre à le rendre.
Votre cœur, s'il veut prendre avis
Sur un si délirât mj-stpre.
Fourrait essayer sui te père
Gomment il aimera le Uls.
Ranch in poursuivit ce badina ge,
mais il rûl moins bien inspiré dans sa
Réponseau.\ stances pn'cédcnles. rouant
au volume de Poésies chrétiennes (Pa-
ris, 1697) que lui allribue !H. Navrai,
ouM'aRc qu'il ne connaissail que par
son tilre, il n'api)articnt pas à notre
poëte; c'est l'œuvre d'un Henri Ran-
bhin, conseiller en la cour des comptes
deMontpellier,quiledédiaà Louis XIV.
Banchin ne resta pas fidële à sa re-
ligion. C'est pr(»bablement de lui que
parle le Mercure galant du mois de mai
li>80^ lorsqu'il annonce l'abjuration de
[Jacques] Ranchin, conseiller au par-
lement de Toulouse Nous connaissoBS
le nom d'un de ses enfants, Jacques,
présenté au baptême, en 1649, par son
grand'père et par Elisabelhd'Audifret
(Reg. de Charenton).
11 est qu slion dans les Jugeme&s
de la Noblesse d'une autre branche de
la même Famille, qui semble avoir pro-
fessé aussi la religion prolestante. C'est
peul-étie de celte branche que descea*
da i t François RaiiMn^ docteur en droit
et avocat à Montpellier^ qui a donné une
édit. revue et augm. delà Description
du royaume de France par P. Davity
(Paris, l()4ô, in-roi.), et qui mourutà
Paris, à l'âge de 50 ans, au mois d'oct.
1645 {W*g, de Charenton).
De longues et Tastidieuses recher-
ches ne nous ont rien appris de plus
sur la généalogie de cette famille, o«i
était nombreuse, comme l'atteste d'Ai-
grefeuille. Nous ne savons comment y
rattacher Pierre de Ranchin, sieur de
Saint-Quintin, qui assista à TasseB-
blée de Luncl en 1 6 1 5, Théophile Ran-
ch n^ député par le fins-Languedoc an
X\V« Sxnodu national, Etienne Ran-
chin, conseiller en la cour des aides,
en J6r>5, elc.
KAIVCOIMXET (Aimar de), un des
plus grands jurisconsultes du wi* siè-
cle, et en même temps un des savants
dont la vie a laissé le moins de traces
dans rhistoire, naquit à PérigueuA eu
dans les environs vers l'année 1498;
les preuves apportées par notre ami
M. Dcssai!es à l'appui de cette opinion
(Calendrier de la Dordogne, an. 1845)
ne peuvent guère laisser subsister de
doutes à ce sujet. Selon les Mémoires
de Condé, il était fils de François de
Rancoinjei,sieurd'Escoire,elde'jcanBe
de tusial. On ne connaît aucune parti-
cularité de sa vie ju^qu à l'année 1 526.
Il étudiait alors au collège de Périgurd
à Toulouse. Avant blessé à mort un de
ses condisciples dans une querelle ^ il
RAN
- 9^9 -
ttAM
dut s*ctîfbîr et vint \ ï^aris, ob il en-
tra (n>mme corrccieur dans l'imprime-
rie des Esllenne. Ce rtit sans doute pen-
dant qu'il remplissait ce modeste em-
ploi, qu'il contracta l'habitude de se
fever la nuit, après qu'un premier sora-
teeil avait reposé et rarratcfii son es-
prit, pour se livrer^ pendant trois oii
quatre heures, à l'étude. Par cette mé-
thode, il acquit des connaissances très-
étendues et très-profondes, non-seule-
ment dans la science du droit romain
et dans les littératures anciennes, mais
dans la philosophie et les mathémati-
ques. A celte habitude 11 en joignait
une autre, celle d annoter les ou\ rages
qu'il lisait. De Thou affirme que plus
d'un érudit de son temps s'est fait hon-
neur des remarques de Ranconnet, en
8e les appro*. riani sans sci upule.
Depuis son arrivée à Paris, un voile
épais continue à cou\rir la vicdeRan-
connet jusqu'en 1559,qu il Tut nommé
conseiller au Grand-Conseil par lelires
patentes, où il est qualifie de licencié
es loix. Il prêta serment le 18 septem-
bre, et pendant dix ans, il remplit ses
fonctions 'd\ ec autant de talent que d'in-
tégrité. A la fin de I5i9, le roi le fit
président de la deuxième chambre des
enquêtes. Cette nomination souleva une
Vive opposition dans le parlement , dont
les itératives remontrances n'eurent
d'autre ctTel que de pro\oquer sur la
Vie de Uanconnet une enquète,fMa suite
de laquelle Henri il ordonna de procé-
der à la réce|)lion, « déclarant ledit
Itanconnel suffisamment ju>liflé des cas
dont mention etoii raicle dans lesdicles
remonstranccs. » Elle eut lieu le 15
avril 1550. Cinq ans plus tard, Ran-
connet, qui s'était acquis une haute ré-
putation par sa science et sa capacité,
passa à la première chambre.
Aimé et admiré des premiers savants
de son temps, des CujaSyûcs Turnebe,
des Duaren, des Haiinan, el de beau-
coup d'autres, qui tous proclament la
rare obligeance avec laquelle 11 leur
prêtait les Un res imprimes et les ma-
nuscrits de sa précieuse bibliothèque^
Ranconnet mena, pendant quelques an-
héès, une vie paisible et laborlebsédont
le calme, tin Instant troublé par laclon-
dtiite déréglée de sa fille unique, fut
détruit sans retour par une timide pro-
leBtalion qu'il hasarda en fa\eur de la
liberté de conscience, lors de la fa-
meuse Mercuriale de 1 55» Il osa, en
pleine séance et en présence du roi,
lire dans les œuvres de Sulpice Sévère
le passage où l'historien rapporte là
belle conduite de saint Martin de Tours
dans le procès du gnostique Priscillicn.
Le cardinal de Lorraine vit dans cet
acte d'un bon chrétien et d'un bon ci-
toyen un crime énorme. Dès le 2 1 Juin^
Ranconnet fut arrête el jeté à la Bas-
tille. Il est probable qu'il se serait tiré
de ce mauvais pas comme s'en tirèrent
les antres collègues &Anne Du B(jurg
(Voy. ce noiii), si à raccusatiun d hé-
résie n'était venue s'en joindre une au-
tre d'une nature bien difTiTente. Son
neveu, nommé Sirrot, à qui il avait
refusé la main de sa Olle, profila de
l'occasion pour se venger lâchement.
Il eut l'infamie d'accu^er son oncle d'in-
ceste Personne ne crut à cette c<iiom-
nie odieuse, (|ue Ranconnet a d'ailleurs
victorieusement repoussée dans un
llémoire qui est arrivé jusqu'à nous
[CoUect, Djpvy, N» 488); a'pendanl
on le retint dans les pr sons de la Bas-
tille, où il finit, au bout de quelques
mois, par se donner la mort. Toute sa
famille périt misérablement. Sa femme,
Madelaine Htnsfeliny lut tuée par la
foudre. Sa tilie mourut sur un fumier,
et son fils périt sur l'echafaud.
Cujas disait qu'un trait de plume de
Ranconnet lui était plus précieux que
de longs commentaires d'autres sa-
vants. Ce mot seul suffit pour son élo-
ge. Malgré son profond saxoir, il n'a
presque rien écrit. Pithou lui attribue
le Lexicon historicum, geographicum
et poeticum^ inip. sous le nom de Char-
les Ë.^tieime, ainsi que le traite De for-
mulis, dont ou fait généralement hon-
neur à Brisson. On sait aussi que le
Dictionnaire de Nicol fui publié d'a-
bord sous le titre de Trésor de la km-
gue française, tant ancienne que 7n6-
RAN
— 380 —
RAO
deme, par Aimar de Ranconnet. S'il
composta d'autres ouvrages, ils ne sont
pas connus comme lui appartenant.
Une pallie de sa belle bibliothèque Tat
acquise par TE al el déposée à la Bi*
bliothèqiie du roi.
RANGE (iHiLiPPB Christian), pro-
fesseur di' logique, de métaphysique et
de poésie à Strasbourg, morl en 1755>
a publié, selon Rolermund :
I. Lobrede aufdfn Zi*'^*'^Gcburtst<ig
des Kôniys ton Frankreith, Slrasb.^
174", in-fol.
II. Diss. de ProMeniiâ divine qua^
tenus ex ralione cugnosciiur, Arg.,
1748.
Jll. Diss, de pluralilate mundorumy
Arg., 1751, in -40.
IV. Obsenal, miscellœ circaanimœ
et corporis umonem,Xrg, ,1751 ,in-4«.
V. 06s. mise, circa uriyinem et per-
missionem mali polissimùm moralis^
Arg., 1752, in-40.
La morl le surprit travaillant à une
Douv. édIl.desAiitiqui rhetores lalinl,
recueil publié d'abord par François
Pithou.
BANQUES (Antoine de), gentil-
homme protestant de la Saintotige, pa-
rait, pour la première Tois, dans les
rangs de l'armée huguenolle, en 1 585.
Il suivit Ciindé dans son exprditiun
contre les Iles de la Sainlonge. Chargé
de poursuivre la garnison de Soubise,
qui s'était mise en campagne, il la
battit complètement. En partant pour
la fatale e>pédition d'Angers, Condé
le laissa comme gouverneur dans l'Ile
d'Oléron. Banques s'y maintint quel-
que temps avec le secours d'une esca-
dre rochelloi.'*equ'ii commandait; mais
rhostillté permanente de la population
le força enfin à abandonner rile. En
1586, il s'empara du château de Sa-
say, qui incommodait La Rochelle et
Saint-Jeand'Angélv. Il en confia la dé-
fense au capitaine Farreau et au sieur
Du Vanneau, qui durent le rendre, pea
de temps après, aux Catholiques. En
1588, il assista au siège de Niort.
Chargé, avec Vil pion- de-Vu Hères et
Geniil, de reconnaître la place, il s'en
acquitta avec snc^s, et fat un des pre-
miers à escalader la muraille, guidé
par un soldat nommé Rf^naudière , et
suivi de près \i&r Jonquières, Vaiierei
ehrautres capitaines huguenots. Noos
n'avons plus renc^intré son nom à partir
dec«llcépoque.~La famille de Banques
continua à prores>er la religion refor-
mée après la révocation. Benoit cite,
dans ses listes de persécutés, un Henri
df Ranqnes. En 1 6»8, Honore de A«m«
qufs, sieur de La Maison-Blanche, ttai
exilé au Mans, et se convertit {Arch,
gén, M. 674); mais sa conversion é-
lail si peu sincère qu'en 1 73n, le gou-
vernement fil enlever M«>*«dc R'tnqueSf
qu'on enrernia dans le couvent de No*
tre-Dame de Saintes , avec deux de-
moiselles BertMot (Ibid. E. 35K7).
H AOUL (Daniel), laboureur de Va-
nas, martv r . Ignorant au point de ne Sa-
voir pas même écrire, mais doué d'une
cet laine éloquence naturelle, Baoal
s'imagina qu'il était inspiré de Dieo,
s'érigea en prédicant el devint le chef
du mouvement religieux qui éclata^
en 1 701 , dans le diocèse d'Uzès. Il ex-
hortait avec force à la repenlance les
pn tendus nouveaux convertis qui ae-
couraienMe tous côtés 4)onr Tenleii-
dre, et ses prédications causaient parmi
la population une émotion si vive que
les agents du gouvernement ne négli-
gèrent rien pour se saisir délai. llfU
arrêté avec trois de ses disciples dans
le bois deToriiacet transféré à Nismes.
Flottier ou Floulicr, jeune homme de
20 ans, fut condamné au g.bet. Borna-
venture Rvy aux galères perpétuelles,
et Boureli au service militaire. Quant
à Baoul, on lui réserva le supplice a-
troce de la roue. Il mourut avec une
constance héroïque, le 9 sept. 1701.
a Des témoins m'ont assuré, raconte
Ant. Courte qu'il reçut cent trois coups
de barre. Le sang lui sortait par la
bouche; elle ne fut ouverte que pour
bénir le Seigneur; il n'en sortit aucune
plainte, ni aucune parole d'impatience.
Tant de fermeté édifia tous les specta-
teurs et remplit d'étonnement les ju-
ges, p
RAP
— 381 —
RAP
RAPIN, nom d'une famille savoi-
sienne^ dont one branche s'établit en
France dans la première moitié da
xvi« siècle. Quatre frères de ce nom y
arrivèrent soos le règne de François I.
L'un d'eux fut aumônier de Catherine
deMédicis. Les trois autres, qui s'ap-
pelaient Antoine, Pirrre et Philibert^
selon les Jugemens de la Noblesse^
embrassèrent le proleslantisme et ser-
virent vaillamment la cause de la Ré-
forme dans les rangs huguenots.
L'alné, Antoine, que tous les bio-
graphes, à Texception de ChaufTepit^,
ont confondu, sur la foi de nos meil-
leurs historiens, a\ec ^on frère cadet,
fut laissé par AfarcTia^ff/àMontaubaQ
pour y commander en son absence,
lorsqu'il partit pour l'Agénois (Vtry.
III, p. *ii5). Ne cru>ant pas la ville
susceptible de défense, ou prut-étre
voulant ob^^ir aux ordres de Conc/^, qui
demandait avec instance qu'on lui en-
voyât des renforis, il se joignit aux
capitaines de La Tour y La Vfmade et
Richard pour ('on>eiller une seconde
fois aux habitants d'abandonner la
ville ; h(*urrusenjent les con*<uls>'oppo-
sèrent de nouveau avecénergie à l'exé-
cution de ce projet insrnsé. Dans la
seconde guerrecivile,Ra,>in fut nommé
gouverm'ur d^ Montauban en rempla-
cement de Motitbartier, Comme son
devoir Ty obligeait, son premier soin
fut de réparei les fortiUccitiunsrld'aug-
menter les approvisionnements de la
ville^ pour la mettre en étal de soutenir
on siège. Tout alla bien tant que les
caisses publiques purent fournir à la
dépense, mais dès qu'il voulut faire
contribuer les habitants, il rencontra
la plus vive résistance. Il eut à répri-
mer plusieurs émeutes, en sorte que
les vicomtes de Bruniqudci ùeMont-
elar, craignant que ces dissensions ne
favorisassent les entreprises de ré\è-
que qui lôilait autour de la ville avec
une troupe armée, jugèrent à propos
de le remplacer par Moulvlar le père.
Moniyiimmery le rétablit dans la place
de gouverneur, lorsqu'il partit pour le
Béarn; mais Rapin ne l'occupa pas long-
temps. Il mourut probablement vers ce
temps, sans laisser de postérité.
Son frère puîné, Pierre, prit une
part acti ve à l'entreprise des protestants
de Toulouse pour se saisir de la ville.
L'entreprise manquée, il se retira à
Castres avec le capitaine Soupets, et
obtint le commandementd'unedes com-
pagnies levées par les habitants pour
leur défense. La guerre paraissant se
concentrer dans le Bas- Languedoc, Il
alla, bientôt après, rejoindre à Mont-
pellier Jd'-qnes de Crassol, qui l'en-
voya à Msmes avec Grille e\ A Ibenas.
Il combattit vaillamment à S ùnlGilles
et contribua à la victoire complèieque
ses coreligionnaires remportèrent sur
les Provençaux. Beaudiné, en partant
pour le Vivarais, le laissa comme gou-
verneur à Monipellier, et Crussol le
conflrma dans cette charge. Jaloux de
Justifler le choix de ce chef illustre,
Rapin attaqua et prit Aniane, oîi était
logée une compagnie de soldats catho-
liques, qui fut taillée en pièces. D'au-
tres historiens cependant attribuent
ce fait d'arme*» au baron d'Arbre,\ (Am-
bres?) Quelque temps après, Rapin
suivit Beaudiné dans le Dauphiné, et
fut remplacé par P(yraud,d\i Vivarais,
dans son commandement. Lorsque la
seconde guerre civile éclata, il marcha
avec lcsViconiter:du Quercy au secours
de Condéf et contribua à la brillante
victoire de Gannat [Voy. IV, p. 18).
Nous ne nous souvenons pa« d'avoir
rencuntr*^ son nom parmi ceux des
chefs huguenots qui se signalèrent
dans la troisième guerre. Il mourut
aussi sans postérité.
Le troisième frère, Philibert, gen-
tilhomme du prine« deCondé et surin-
tendant de sa maison, n'es! connu que
par sa fin tragique. Dépéché par le
prince, en 1 568, pour donner avis aux
Protestants du Languedoc de la paix
qui venait de se signera Longjumeau,
Rapin se mit sur-le-champ en roule et
descendit dans sa maison de campagne
près de Grenade, sur la Garonne. Le
parlement de Toulouse, instruit de son
arrivée, le fit enlever, au mépris de
RAP
383
RAP
redit de pariflcation, et lui fit conper
la téle Irois jours aprrs, le 13 avril.
Cette odif'use viola! ion du droit dos
gpns fut chàti(^e par les Monlalbanais
d'abord, qui reru<èrent de poser les
armes et mirent tout à feu et à sang
aux environs de Grenade, puis parCV
Itgny, qui fil ravager la campagne de
Toulouse et inscrire ces mots : Ven-
geance de jRa/itn, sur les ruines des
maisons appartenai t au\ olliciers du
sanguinaire parlement.
Philibert Rapin luissaun fils^nommé
Pierre, sieur de Mauvers, qui eut
beaucoup à souffrir aussi de la baine
des Ligueurs. Trois Tois de suite sa
maison lui brûlée et ses terres dévas-
tées. Touchés de ses miilheurs, les gen-
tilshommes catholiques du voisinage fi-
rent cultiver et ensemcnc<T ses champs
à leurs Trais. Cette preuve louchante
d'humanité n'honore pas moins celui
qui la reçut que ceux qui la donnèrent.
Les services que Rapin rendit au roi
df Navarre et son zèle pour la religion
rérormée le firent nommer gouverneur
du Mas-de-Yerdun, une des places de
sûreté. 11 y commandait encore en
1616, c'est-à-dire lorsque l'Assemblée
de Nismes associa sa cause à celle du
prince de ConJé. Croyant nécessaire
de mettre la place en élal de dérense,
il voulut obliger les habitants à con-
tribuer aux d<*pcnses; mais il rencon-
tra chez quelques-uns d'entre eux,
entre autres chez un nommé Mercier^
une résistance qui l'irrita au point qu'il
les chassa et confisqua leurs provi-
sions. L'Assemblée deX^aRochelIc n'ap-
prouva pas ces procédés violents, et lui
ordtinna de recevoir les bannis dans la
ville (Fonds de B henné, N» 223). Nous
ne connaissons pasla datede sa raort( i ),
mais nous savons, par les Jugemens
de lar Noblesse, qu'il fut marié deux
fois, e , |)ar Chaufiepié^ qu'il eut plu-
sieurs enfants de ses deux femmes^
nommées Olympe Sabagnes et Nraide
{X) S'il est le même qoe Raptn. à qui le par-
temenl de Toulouse ordonna de snilir de MooUu-
bas (Voy. VII, p. 150), «ous peine d'clre traité
comme perturbateur du repos public, il tivait en-
(*«rf fo 16tS.
de Lupé. C'est de cette dernière (i)
que naquirent, entre autres enfants^
deux fils nommés Jean et Jaçque^.
1. Jean de Rapin, baron de Mauvers,
gouverneur du Mas-de- Verdun ouMas-
Garnier, eut au n^oins quatre fils : %•
Paul, qui suit;— 2<» Damel, capitai-
ne au régiment de Picardie, qui sortit
de France, le 25 oct. 1685. et fol pla-
cé le 7 mais 1686, à la tète d'une
compagnie de cadets, toute composée
de l\ôfugiés. Créé colonel en l'OO^puis
cap' laine d'une compagnie des gardes,
en 1709, il quitta le service, è la suite
d'un inécontenlemenl, et mourut à U-
trecht, sans alliatice, en 1 729; — s» N.,
tué sous le drapeau hollandais; — 4*
N., réfugié en Hollande et mort au ser-
vice.
Paul de Bapin, baron de Mauvei^^
suivit la carrière militaire et mourut
avant la révocation. Sa veuve, CéciU
de R'ipin, fut enfeimée avec ses deux
filles aînées dan? descouvents en 1 699
(Arrh.gén. M. 67 i). Elle réussit plus
tard à sorlir du royaume, et alla s'éta-
blir à Utrecht, oii elle mourut en 1 7;^9.
Elle a laissé des Mémoireu qui se cea-
servent dans la famille. Ses enfants fu-
rent retenus en France. C'est san> dou-
te de son fils, marié à une demoiselle
de Rupêroux, que descendait H. de
Rapin qui fil. en 1 849, don au consis-
toire de Barry-d'Illemade d'un terrain
pour la conslruction d'un temple.
II. Enfant gâté de sa mère, qui ne
voulut jamais consentir à ce qu'il sui-
vit , comme ses frères, la carrière des
armes, Jacques de Rapin, né le 25 jan-
vier 1594, entra dans le barreau et
fui avocat auprès de la Cbambre de
redit de Castres. Il mourut dans cette
ville, le 18 août 1685, deux mois
seulement avant la révocation. Quoi-
qu'il ail cultivé les lettres et qu'il ait
été un des fondateurs de l'Académie
de Castres, dans le sein de laquelle
il fit, à plusieurs reprises ^ des lec-
tures, principalement sur des ques-
(1) D'après Gourcelles, art. Luppé, il TaBnit
rusée ren 1600. Nous luivoni de prèférioei
Nayral.
RàP
-383-
R4P
lions de jnrigprudence, il n'a rien pa-
bliê. Sa fcmmp, Jc^mip Pélmon, ?œur
du célôbrq Paul PéUsson, qu'il avait
épousée le 2 ijanv. 162^,rav4ilren(m
père de plusieurs cnfi^nls. çnjre au-
tres, d'ui.e flile, cj^i j fui mariée au sieur
Du Terraily ri d'un fils, nomtpé Pau?*.
À la révocation de Tédil de l^anteSy
llmeJ^apIn-dc-Thovr^s, menacée d'êlre
enfermée dans un cquvent parce qu'elle
rerusail d'abjurer, s'enfull de Castres
et se cacha dî^ns Içs environs. Son frère
rélisson, à la demande de leurs pa-
rents, tîl semblant d'intercéder pour
elle ; mais, en même temps, dans une
lettre conOdenti^lle, rapportée par
M. Nayral, il avouait à Bonrrpos qu'il
ne serait pas ràché qu'on l'enfermât ( t ].
Son gendre Du Terrait cul la làrt^eté
de révéler sa retraite. Elle Unit donc
par être arrêtée et conduite dans un
couvent de Lavaur, oii sa santé s'al-
téra rapidement. Rien n'ayant pu l'é-
branler, ni séductions, ni menaces, on
la chassa de France, san^ aucun égard
pour l'état déplorable où elle se trou-
vait. En arrivant h Genève, celte dame,
d'une piété angélique,fui attaquée d'u-
ne grave ipaaladie; elle ne tlt plus que
languir jusqu'à sa mort, arrivée le 13
fév. 1706.
Paul de Rapin, sieur de Tboyras, le
célèbre historien, naquit à Castres, le
25 mars 1 661 . Il flt ses éludes à Puy-
Laurens et à Saumur. Pendant sa vie
académique, il montra une humeur
suscepllble et querelleuse qui semblait
anmmcer des disposiliQns moins pro-
pres à la carrière du barre^iu, à la-
quelle on le destinait, qu'à l'état mili-
taire. Cependant, pour obéir à son
P^re, il se flt recevoir avocat en 1679.
La Chambre de Tédlt ayant été sup-
primée bien'ôl après, il suivit sa fa-
ÎDille à Toulouse. Prévoyant que la
profession d'avocat ne larderait pas ^
être interdite aux Réformés, il demanda
à son père la permission de prendre
(1) Jean Rou, dans se^ Mémoires, affirme aasf i
qae PeliHson Qt arrêter sa sœur. On Toit donc
«jn'il mérilail peu les élo^^es que lai donnait son
i^ten (Voy.vpi, p. 177).
le parti des armes ; mais il n'en obtint
que des réponses évastves. Il passa
ainsi plusieurs années dans Tincertir
tude sur son avenir, se livrant, pour
se distraire, à l'éluie des lettres, des
mathénoaliques et de la musique. La
mort de son père allait lui p<*rmeltre
de suivre ses goûts, lorsque l'édit de
Nantes fut révoqué. Fidèle à sa reli-
gion, il partit de Castres avec son plus
jeune frère, au mois de mars 1 686, e|
passa en Angleterre. Il n'y fut pas long-
temps sans s'apercevoir qu'il n'y avai(
rien à espérer pour lui tant que Jac-
ques Il régnerait, et il s'embarqu$| pour
la Hollande, où il eqtra d ms le régi-
ment de son cousin-germain, le capi-
taine de Rapin, qui tenait garnison
à Utrecht. En 1688, il suivit le sta-
thouder en Angleterre. La guerre ayant
éclaté en 1 689, il oblinl le gradn d'en-
seigne dans le régiment de lord King-
ston, et fui en\ oyé en Irhndc. Son zèle
pour le service, son application à rem-
plir ses devoirs a^irèrent rattention
de son lieutenant-colonel Fietding, quj
lui flt donner une lieutenance, et le
lieutenant général Douglas le prit pour
son aide de camp. Rapin flt avec dis-
tinction la campagne d'Irlande, jus-
qu'au siège de Limerick, où il reçut
à l'épaule une blessure dangereuse^
qui i'empéchi^ de suivre son régiment
sur le continent. Il resta donc en Ir-
lande, avec le grade de capitaine, jus-
qu'en 1693, que lord Porliand, sur la
recommandation de Ruvigny^ l'appela
en Angleterre pour lui confier l'édu-
cation do son fils. Il lui fut permis de
céder sa compagnie à son frère Salo-
mony sieur de LaFare, qui s'éleva au
grade de lieulenant colonel d'un régi-
ment de dragons, et qui mourut sans
enfants en 1719 (l).
D'un carac^ère grave et sérieux, Ra-
pin-Tt)oyras ne s'était jamais senti de
goût pour les plaisirs si souvent gros-
siers de la vie de garnison. Aux diver-
(1) Uo troisième frère, Charles^ fini était l'aî-
né, sortit anssi de France, sertit eo Angleterre
•1 en Hollande, el le fiia à Uirechl, où il mon-
r^tiaivialliilM^.
RAP
— 384 —
KAP
iissements broyants de ses camarades^
il préférait l'étude et la conversation
des gons instruits. Il parlait l'anglais^
l'italien et l'espagnol; il Usa il avec faci-
lité les auteurs grecs et les latins, il était
nn assez bon musicien et possédait ileai
connaissances étendues en mathéma-
tiques et en histoire. L'éducation du
futur duc de Portiand ne pouvait donc
être remise en de meilleures mains.
Dans les premiers temps, Rapin fut
obligé de suivre la famille de son élève
tantôt en Angleterre, tantôt en Hollande
et même en Franre, pendant l'ambas-
sade de lord Portiand. Plus tard, Il se
fixa à La Haye, où son élève faisait ses
exercices, et s'y maria avec Marianne
Te&tardy en 1 699. Son mariage cepen-
dant ne Tempécha pas d'accompagner
le Jeune lord dans ses voyages en Al-
lemagne et en Italie. A son retour, ses
engagements étant tous remplis, il
resta à la Haye, où il passa quelques
années dans le sein de sa famille, s'ap-
pliquant avec ardeur à l'élude des foi^
tlflcations et de l'histoire. Sa femme
lui ay^nt donne plusieurs enfants, et
son unique revenu consi!>tai)t en une
pension de iOO livres sterliiigs, qui
loi avait été accordée par le roi Guil-
laume, il dut songer à se transporter
dans une ville où la vie fût moins
chère qu'à LaHa^e. Il choisit Wesel,
où il s'établit en l'Oi, résolu d'ac-
croître ses resi^ources du produit de
sa plume. Depuis longtemps II travail-
lait à amasser des matériaux pour une
histoire d'AngletiTre. Il les mil en
OBuvre avec une activité infatigable, en
SOI le que dès l'724, Il put faire paraî-
tre à La Ha}e les huit premiers volu-
mes de son important ouvrage. L'ac-
cueil qui leur fut fait, l'encouragea à
poursuivre son entreprise avec un re-
doublement d'ardeur; mais cet excès
de travail abrégea ses Jours. Il mourut
à Wesel^ le lt> mai 1725^ âgé de 64
ans.
Rapin-Thoyras a été Jugé bien di-
versement comme bislorien. En An-
gleterre on lui a reproché de ne pas
avoir C4)nsulté une multitude de pro-
cès-verbaux 00 d'aotres pièces manu-
scrites, dont il ignorait vraisemblable-
ment l'existence et que pas un écrivain
anglais ne s'était encore imaginé de
mentionner; on l'a blâmé sévèrement
de n'avoir pas connu certains of^ges
locaux ou nationaux, d'avoir commis
des erreurs, d'avoir mal jugé certains
événements, comme s'il était étonnant
qu'un historien se trompât quelquefois
et qu un étranger ne fût pas initié à
tous les détails de radministration et
de la vie privée en Angleterre. En
France, on l'a accusé de ne s'être laissé
guider que par le ressent Iment et la
haine, de s'être livré à des réflexions
outrageantes sur le caractère de la na-
lion, d'avoir représenté les rois de
France comme peu scrupuleux sur les
moyens d'étendre leur autorité et too-
Jours disposés à violer les traités les
plus saints, dès qu'ils y trouvaient leur
avantage. On s'accorde d'ailleurs gé-
néralement à reconnaître que les faits
soiil bien classés, les événements ra-
contés avec oactitude ; queles>l)le est
vi*, net, quelquefois brillant, et qu'il
n'avait pas encore paru sur l'Angle-
terre une histoire aussi complète que la
sienne^ ni, ajouterons-nous, aussi 0-
dcle, aussi impartiale. Tel est aussi
le sentiment de Voltaire : a L'Angle-
terre, dit-il, lui fut longtemps redeva-
ble de la seule bonne histoire ciimplète
qu'on eût faite de ce royaume, et de
la seule impartiale qu'on eût d'un pays
où l'on n'écrivailque par esprit dépar-
ti : c'était même la seule histoire qu'on
pût citeren Europe, comme approchant
de la perfection qu'on exige de ces oo-
vrages. » Un écihain, moins célébra
que Voltaire, a^ de nos Jours, rendu plus
complètement encore Justiceè l'auteur;
c'est Marluré dans son Hist >ircdupays
Castrais, a Quoique victime de l'into-
lérance, dit-il, on sent en le lisant
qu'il veut être jusie, on reconnaît les
efforts qu'il fait sur lui-même pour
vaincre ses ressentiments, et pourqœ
le souvenir des injustices commises
envers le citoyen, n'altère pas la sé-
vère impartialité de l'historien. Sll'a-
RAP
— 385 —
RAP
mertame qu'il veat renfermer an fond
de son cœor^ se répand quelquefois
dans ses écrits, qui aurait le courage
de lui en faire un crime? Quelle est
l'àme forte, Tàme stoïque qui puisse
donner continuellement l'exemple du-
ne abnégation sublime? Quant à son
talent comme écrivain, si Thoyras ne
possède pas, à ce degré éminent auquel
11 ne fut donné qu'aux grands histo-
riens de l'antiquité de pouvoir attein-
dre, l'imagination forte qui colorie les
objets, qui fait ressortir les discours
et les actions des personnages que Ton
met en scène, sa narration do moins
est toujours claire, rapide, animée.
Moins orateur qu'homme d'Etat, plus
propre à exercer la pensée qu'à exci*
ter les mouvements de l'àme, s'il n'ex-
celle pas danslapeinluredes passions,
s'il ne creuse pas, comme Tacite, au
fond de la conscience du per\ers, il
excelle dans Tart de frapper l'attenlion
par des observations justes et souvent
profondes sur les mœurs, les lois et les
usages des peuples ; et son livre, mo-
nument immortel, élevé par un grand
talent, digne d'être inspiré par l'a-
mour des lois et de la liberté, restera
parmi les hommes, comme un des ou-
vrages qui honorent le plus la nation
qui produisit ce grand historien. »
Les huit volumes in-i^dunt Rapin-
Thoyras surveilla lui-oiéme 1 impres-
sion, et qu'il dédia à Georgrs 1«% com-
prennent I hi^loired'Angleierre depuis
i'éliihliss(*ment des Romains dans la
Grande Bretagne jusqu'à l'exécution
de Charles l«^ Après sa mort, David
Durand (Voy. IV, p. 486) continua
cette histoire jusqu'à la mort do Guil-
laume III. La meilleure édition estcelle
de La Haye [Paris] 1749 et soiv., 16
vol. in-40. Elle contient, outre l'his-
toire de Rapin-Tho>rasetla continua-
tion par Durand, des Mémoires sur le
règne de Georges II par Dupard, les
Remarquescriliques de Tindal ( 1 )> et les
(1) Tindal a donné une trad. anglaise de cette
h ist., avec des notes, Lond., 1723-31, 13 toi.
in-8«, et Thomas Lediard l'a eonlinoée, Lond.,
l7SSSe,STol.in.rol.
Extraits des Actes de Bymer, publ.
d'abord danslaBibliolh. choisie et dans
la Biblioth. ancienne et moderne, puis
réunis et imp. en 1728, in-4<' et in-8*
aux frais de Fagel, grpfller des Etats-
Généraux, qui en avait donné tous les
exemplaires à sesamis. Avant d'élever
ce beau monument , Rapin-Thoyras
avait publié une Dt55er(. sur les Whigs
et les Torys, La Haye, 1717, in-12;
trad. en angl , Lond., 1717, in-80,
qui donne une idée fort exacte des
partis politiques en Angleterre. Cette
dissert, fut réimp. dans l'édit. de son
Histoire donnée à La Haye [Trévoux],
172h-28, 10 vol. in-4'»,oii l'on trouve
aussi TËloge de l'auteur; puis, è titre
de morci'au historique remarquable,
dans le T. I du Citateur politique (Pa-
ris, 1820).
De son mariage avec Marianne Tes-
tard, qui mourut à La Haye en 1 749,
naquirent sept enfants: i» Jeanne-
Henriette, née en 1 700, femme de
Marie- Antoine Du four, et morte en
1 782 ; ses descendants se sont fixés à
Leipzig ; — 20 Marie-Anne , née en
1 702, mariée à Jean Du Bo^cei morte
en 17 75; — 50 Marguerite-Cécile,
née en I7U3, épouse de Paul-Emile
de Mauclerc et morte en 1 747 : — 4*
Jacquks Benjabiin, qui suit;— S^Su-
SANNE EsTHER, née en 17 lu, femme
de Jean de Goninck ;— H» Marie, née
en 1715, qui épousa Tltéophile Onze-
nove et, en secondes noces, Eiie Bla-
quières, de Lausanne ; — 7» Marie-
AiHtE, née en 1716, épouse du baron
de Friesheim.
Né le 8 Juin 1708 et mort è Stettin
en 1763, Jacques-B'Mijamin de Rapin
prit pour femme Uranie de La Bleu he,
dont il eut quatre enfants: r Jean,
né en 1740, qui s'établit en Lithuanie;
— 2« Henriette, née en 1 744 ; — 3«
Louis, né en 1746, rapiiaine d'in''an-
terie, à qui sa femme, Jeanne Linde,
dorma deux fils, nommés Charles et
Frédéric ;— 4° Charles, né eu 1 761,
chef de la Justice française.
La réputation de Rapin-Thoyras a
fait oublier jusqu'aux noms doses pa-
RAP
-386-
«AP
renU. ChauSèpié lai-méme ne parle
d'aucun d'eux, et cependanl il y en a
eu, dans le nombre, qui ont donné des
preuves de leur ailacheinent à leur re-
li^iui^. Dans ses listes de persécutés,
BenoH cite une Marguerite de Rapin,
D'autres meipbics de la raniil|e sor-
Ùrçnl aussi dç France. En 1 807, l'é-
glise de Payerne était desservie par
un Bapifiy qui ne descendait pas de lia-
pin Tho> ras.
RAPP (Jçam), aide de camp de Na-
ppléun, un des plus intrépides soldats
^ç l'Empire, le Ncy de la cavalerie, na-
quit àColmar, le 26 avr. 1772, d'une
famille obscure. Dès 1 âge de 1 6 ans, il
s'engagea dans un régiment (|e cavale-
rie (l«^ mai 1788) et flt les premiciçs
Cfùnpagnesde la Béimblique, a donnai^t
obscurément queli|uescoupsdesabre.»
jusqu'à ce qu'à la fln « ii fut assez heu-
reux pour être repiarqué par le géné-
ral Desaix (1). » 11 servit sous ce gé-
néral à l'armée de Rhin et Moselle.
Après une blessure grave qu'il reçt^t
dans unç action d'éclat, et qui menaçait
de l'enlever au service, Desaix rendait
(sept. 1 795) de lui ce lémoigmige « que
dans toutes les occasions il avait donné
des preuves d'une intelligence rare,
di'un sang-rroid étonnant et d'une bra-
voure digne d'admiration. » Un tel of-
ficier ne pouvait rester dans les rangs
suballernes. Ayant échappé à l'ampu-
tation, ce flt'^au des ambulances, et s'é-
taut parfaitement rétabli contre toute
attente il reprit sa place dans l'armée
et n^érita de plus en plus la conOance
de son chef. Devenu son aide de camp,
il continua sous lui les campagnes d'Al-
lemagne et le suivit en Egypte, où ii
ne tarda pas à gagner les épauU'ties de
colonel. Après la mort de Desaix à Ma-
rengo, le premier consul sembla re-
{lorter sur l'aide de camp son aCTection
pour le général, il attacha Rap^j à sa
(1) Nous empruDlons cet ciuiinns et relies qoi
•nivenl «m Memoir 9 du général Bayp écrits par
lui même el publiés par «a/hmi7/.'(Pari8,2«edii.,
1893, in-80). Quoique ces Mrmoires soient, dit-
on, apocryphes (aUrIbnéfl à Buios), ils contiennent
«Dé foale d« doennienis d'uae «libeniicité incon-
personne. De son c6té, l'aide de camp
voua à son nouveau maître nne fidéli^
sans bornes. Bonaparte, qui appréciafî
son « bon sens naturel , » le chargea
plusieurs fois de missions de confiance.
Envoyé en Suisse, en 1802, il prit oiie
part honorable à la pacification des
troubles de ce pays. En 1805, il taî
élu, par le collé^i^e électoral du Haot-
Rhin, candidat au S^^nat conservatenir.
Son mariage avec la flile du fournissear
Vanderberg, mariage qu'il contracta
vers cette époque pour être agrt-able à
l'empereur, ne fut pas heureux ; bien-
lot a près^ il dut se séparer de sa femme.
La faveur, comme la domesticité, a ses
charges. Dans la mépoorable campagne
de l805,Rapp accompagna l'emperêor
et eut roccasion de se signaler par nn
beau faitd armes à la sanglante bataille
d'Austerlilz. La garde impériale russe
venait de tenter un suprême effîirt en
se jetant en masse sur le centre de no-
tre armée. Déjà la cavalerie avait pé-
nétré au milieu do nos carrés. Napo-
léon, à qoi un pli du terrain dérobait
la vue d'une partie de l'ennemi, or-
donna à son aide de camp de prendre
les Mameluks, deux escadrons de chas-
seurs, un de grenadiers de la garde, et
de se porter en avant pour reconnaître
l'état des choses. Le danger était grand.
A l'approche de ce petit détachement,
l'ennemi lâche prise et fond sur lui. Le
choc ut terrible. En un instant, l'ar-
tillerie russe est enlevée, la cavalerie
culbutée el mise en fuite. Les ennemis,
après s'être ralliés, reviennent à la
charge; leurs réserves les soutien-
nent. La lutte recommence avec achar-
nement, Tinfauterie n'ose hasarder son
feu, tous les rangs sont confondu.», on
conibat corps à corps; mais à la fin la
victoire nous reste. Les deux empe-
reurs, Alexandre el François, assistè-
rent du haut d'une éminence à la com-
plète défaite, par une poignée des nô-
tres, de cette brillante garde sur la-
quelle ilsavaienl tantcompté (l). Rapp,
tout couvert de sang, son sabre brisé
(1)M. Thiers, da«8 son Histoire do consulat et
d« remplrôi ttUche beuconp moios d'importaaee
RAP
— 387 —
Uf
à la main, suivi da prince flepnin. le
colonel des chevaliers-gardes d'Alexan-
dre^ qui avait élé Tait prisonnier, vint
rendre compte k Tempereurde ce beau
fait d'armes. Cette scène donna Tidée
du magnitiqne tableau qui Tut exécuté.
par le peintre Gérard. Napoléon créa
son aide de camp général de division.
Après s'être rétabli, au ciiàteau d*Aus-
terlitz, de la blessure qu'il avait reçue
à la téte^ il fut envoyé en tournée d'in-
spection auprès de divers corps d'ar-
mée, dans le midi de l'Allemagne et en
Italie, et vint rejoindre Napoléon à
Munich. Bientôt après, il reçut mission
de se rendre dans le Hanovre pour y
sonder l'opinion publique. Bonaparte
n'était pas dupe des protestations de la
Prusse ; il avait pénétré, par ses agents,
ses menées secrètes, il voyait fort bien
eii la fatalité rentrainatl. L'orgueil de
Rosbach entretenait encore en Allema-
gne les douces illusions d'un autre Âge.
Les temps et les choses avaient cepen-
dant bien marché depuis 50 ans, et on
ne paraissait pas s'en douter. Quelques
mois à peine après la prise de Vienne
et la victoire d'Austerlilz , Frédéric*
Guillaume, poussé par Topinion publi-
que plus encore que par ses conseil-
lers, somma Bonaparte d'avoir à éva-
cuer l'Allemagne et repasser le Bhin.
On eûl dit le Grand-Frédéric parlant à
un général de l'OEil-de-bœuf. Napoléon
répondit à celte bravade par une ma-
gniflque proclamation à ses soldats.
Cependant, avant la bataille, il lit en-
core une lenlative d'accommodement.
11 avait chai gé son aide de camp d'une
lettre pour le roi Guillaume; mais à
peine Rapp était-il parti , qu'il s'était
ravisé et avait fait courir après lui, en
disant que a ses aides de camp étaient
des personnages trop importants pour
les exposer à être mal reçus. » Rapp
prit part à la bataille d'iéna (14 oct.
1 800],el après la victoire, il Tut chargé,
avec Murât, de la poursuite des débris
de Tarmée prussienne. La Prusse, avec
toute sa jactance, venait d'être écrasée
à ce fall d'armes, qoi n'aanil été qii'tn épiwie
dt la baUiUc.
du premier coqp. Rapp suivit Napoléon
eu Pologne Blessé dans l'afaire de Go-
iymin (i), il fut charge, en attendant
sqp rétablissement , du gouvernement
de thorn ; puis, apr^s la reddition 4e
tlantzig, il fut nommé gou\erneur de
cette place avec le rqng de général e^
en chef (2 juin 1807). Lors de ^ cin-
quième coalition cotitinentale , Napo-
léon le rappela auprès de lui. A la ba-
taille d'EssIing, il se couvrit de gloire;
c'est en grande partie à lui que l'on
doit le succès de cette sanglante jour-
née. Il ne put assister à la bataille de
Wagram. Quelques jours auparavant^
il avait eu , à la suite d'un accident^
une épaule démise et trois côtes frs^ç-
turées. II se trouvait à Schœnbrunn
auprès de Bonaparte, lorsque le jeune
àtaaps se présenta à lui en demandant
à parlera l'empereur. Repoussé, il in-
sista. A la fln, son ton et son air résor
lus donnèrent des soupçons au géné-
ral qui le fit arrêter. On sait que l'in-
tention du jeune fanatique était de dé-
livrer l'Allemagne de son oppresseur.
|l en fll courageusement l'aveu. NapQ-
l^pn aurait voulu le sauver^ mais il
refusa toute grâce.
Napoléon était parvenu au faite de la
grandeur. 11 songea à perpétuer sa race
sur le trône en alliant son sang plé*
béien au sang royal des Césars. Mais
son divorce fut mal vu, il y eut même
quelque opposition respectueuse; quel-
ques-uns de nos vieux soldats de )a
République n'avaient pas lout-à-fait
oublié d'où ils sortaient. Quoique comte
d'Empire, le général Rapp fut peut-
être du nombre des mécontents. Il com-
prenait que l'orgueil et la vanité sont
jl) h fol transporté à Yanotie pour y être soi-
ne. • £b bien ! Rapp, lui dit Napoléon qui alla
fé visiter, tu es encore blessé, et toujours au mâo*
tais bras? • C'était la nenticme blessure que J*i-
Tiis reçue, écrit-il, à ce bras sealemeDl, qv'il
appelait le bras malbeqreux. U assista au paose-
menl. Quand il vit que la fracture était réelle, il
dii \ ses chirurgiens : « Il faut lui couper le bras,
il est dejji trop malade ; il pourrait en monrir. »
M. Boyer lui répondit en riant : <V.M. veut aller
trop vite en besogne; le général est jeune, il est
ticoureox, nous le guérirons. > — « J'espère bien,
lui répliqaai-je, que ce n'est pas la deroière M«
4«« Tmps Bit ipartyriMni. f
RAP
— 388 —
RAP
de mauvais conseillers^ et que la gloire
des armes,^uand elle est seule, n'est
qu'un Taibie appui. Commandé pour
aller faire les trois révérences devant
le couple impérial assis sur le trône^
Rapp osa s'abstenir pour caase d*in*
disposition. Bonaparte s'en formalisa^
et il lui signifia l'ordre de retourner
à Danlzig. Il obéit et arriva dans celle
ville, le lu juin! 8 1 0. Pendant son gou-
vernement, il s'appliqua de tout son
pouvoir à allt^ger les charges des ha-
bitants, et adoucir la rigueur des or-
dres de l'empereur au sujet du com-
merce. Son bon sens lui faisait voir
que par le système d'oppression que
Ton suivait, nous nous aliénions les
peuples au liru de nous les attacher.
Il ne trompait pas l'empereur lorsque^
consulté «surce que ferait l'Allemagne,
dans le cas où une expédition au delà
du Niémen serait malheureuse, » il lut
répondait : a Si V. M. éprouvait des
revers, elle peut être assurée que
Russes et Allemands, tous se lève-
raient en masse pour secouer le joug :
ce serait une croisade; tous vos alliés
vous abandonneraient. » L'événement
n'a que trop justifié ses prévisions.
Rnpp suivit Bonaparte dans la futaie
canipagne de Russie. Il prit part à la
bataille de la Moscov\'a. Au plus fort de
l'action, il fut atteint d'un biscaïen à
la hanche gduche, qui le jeta à bas de
son cheval ; c'était sa vingt-deuxième
blessure. A peine gui'Ti, la retraite
conimença. Il était auprès de Napo*
léon, lorsque ce prince faillit être en-
levé par un gros de Cosaques, auprès
de Alalo-larosla%etz. Ce fut lui qui eut
l'honneur de soutenir le choc à la tête
de l'escadron de ser\ice, pendant que
l'empereur s'échappait. Son cheval, at-
teint d'un coup de lance, se reuiersa
sur lui. Cette poignée d'hommes fut
culbutée, foulée aux pieds. C'en était
fait d'eux et peut-être du chef lui-même
de la grande-armée, si ces Cosaques,
ne se doutant pas de la belle capture
qu'ils auraient pu faire, ne s'étaient je-
tés sur un paie d'artillerie qui se trou-
vait à quelque distance. Dans la rela-
tion de cette affaire, Napoléon combla
Rapp d'éloges. La retraite continua.
On en connaît les affligeants détails.
«Tout ce qu'il y a de fléaux était dé-
chaîné sur nous. » Le complot de Ma-
let, dont on reçut la nouvelle près de
Smolensk vint bouleverser la tête de
Tempereur et hàler encore son retour.
Des prodiges de valeur sauvèrent les
derniers débris de l'armée. Après le
départ de l'empereur, notre général
eut ordre de retourner à Danlzig; il y
arriva ayant le nez, une oreille et deux
doigts gelés. La place ne tarda pas à
être investie. La défense fut héroïque.
Quoique exténuée par les fatigues, les
maladies et les privations, la garnison
se montra digne de son chef. Ses sor-
ties étaient journalières et presque tou-
jours heureuses. « Cependant, lit-un
dans les Mémoires de Rapp, l'épidémie
était loin de se calmer; elle semblait
au contraire prendre chaque jour de
nouvelles forces. Six mille hommes a-
vaient déjà péri, dix-huit mille gisaient
dans les hôpitaux Chaque heure,
chaque minute augmentait nos perles,
nous emportait nos plus vaillants sol-
dats. Une nourriture substanlielle les
eût sauvés; mais nos provisions tou-
chaient à leur terme. Nous n'avions
plus, pour ainsi dire, ni viande, ni
be>tiaux ; ta paille même nous man-
qua il pour coucher nos malades » A-
près lacessation de rarniistire, accepté
par Napoléon, armistice qui avait peu
profilé au bien-être de la garnison, il
n'y a>ait pas moins de 60,ooo hom-
mes devant la place, sous tes ordres du
prince Alexandre de Wur temberg, avec
(rois cents pièces de gros calibre. Mal-
gré la grande infériorité de ses forces,
Rapp ne put être vaincu que par la di-
sette. « Les chevaux, les chiens, les
chats, étaient mangés, écrit-il ; nous
avions épuisé touies nos ressources,
le sel même nous manquait. Quelques
soldats imaginèrent de faire bouillir
des débris de vieilles planches, qui a-
vaienl autrefois servi dans un magasin
[à sel]; l'expérience réussit. Nous cx-
ploUAmes cette mine de noovelte es-
RAP
— 389 —
RAP
pèce, et les hôpitaux furent approvi*
sif^nni^s. La population était réduite
aux abois, elle ne vivait plus que de
son pl de drrche, encore n'en avait-elle
pas de quoi se saltsraire. » Dans cette
extrémité, il ne restait d'autre ctiance
de salut qu'une lionorable capitulation.
La faible garnison avait fait plus que
de sauver Thonurur du drapeau. La
capitulation, sous la date du 29 nov.
1815, portait que la place serait ren-
due le !«' janvier, si elle n'était secou-
rue; que la garnison serait prison-
nière de guerre et conduite en France.
Le gouverneur prenait rengagement
qu'aucun de ses officiers ou soldats ne
servirait avant leur parfait échange.
Les officiers, en considération de leur
belle défense, devaient conserver leurs
épées. Le peloton de la garde Impé-
riale, un bataillon de 600 hommes
et 25 cavaliers, devaient également
conserver leurs armes et leurs chevaux
et emmener avec eux deux pièces de
six avec leurs chariots de munitions.
Une partie des conventions étaient déjà
exécutées, les prisonniers russes a-
vaienlélérendus,plusieursfortslivrés,
lorsqu'on apprit que l'empereur A-
lexandre refu^^ait sa ratiflcation. Le duc
de Wurtemberg offrit de remettre les
choses en leur état. Mais n'était-ce pas
une dérision? Les vivres étaient com-
plètement épuisés, il fallut se soumet-
tre. La valeureuse garulson fut con-
duite prisonnière à Kiew. Après laRes-
tauration, Rapp envo>a son adhésion
au nouveau gouvernement Au mois de
juillet 1 8 14, il était de retour à Paris.
Louis XVllI lui fit bon accueil; il le
nomma chevalier de Sl-Louis et grand-
cordon de la Légion-d'honneur. Puis,
lors du retour de Bonaparte, se con-
fiant en sa loyauté, il le mit à la tète
du premier corps d'armée. Sans doute
qu en acceptant ce commandement, no-
tre général était bien résolu, comme il
en fil Tuveu à Bonaparte, à remplir fi-
dèlement ses engagements; mais l'en-
tratnement des populations et les dis-
positions de ses soldats paralysèrent
toute résistance. Arrivé k Paris, Bo-
naparte, qui ne mettait pas en doute
le dév ouement à sa personne de son
ancien aide de camp, l'appela auprès
de lui, et, après lui avoir tiré l'oreille,
iul confia le commandement de l'armée
du Rhin (2M mars 1815) Le grand-
aigle de la Légion-d'honneur e: un siège
à la Chambre des Pairs furent en ma-
rne temps ta récompense de sa belle
conduite à Dantzig. Rapp se rendit
aussitôt en Alsace. Malgré tous ses ef-
forts, Il ne put jainais réunir qu'un
corps de 15,000 hommes d'infanterie
et 2.000 cheviiux. C'est avec cette pe-
tite atmée qu'il devait tenir tète aux
forces de la coalition. Cependant il ne
dôsespéra pas et il entra résolument
en campagne. Quelques succès avaient
déj:î couronné ses armes, lorsqu'il ap-
prit le désastre de Waterloo. Ce fat
pour lui un coup de foudre. Il jugea
prudent de se retirer sous les murs de
Stra^bourg. Ce mouvement de retraite
s'opéra au milieu de brillants combats^
où le général en chef paya de sa per-
sonne comme aux plus beaux jours de
sa carrière militaire. Les alliés atta-
chaient un grand prix à la reddition
de la place ; ils mirent tout en œuvre
pour y arriver, ils cherchèrent à cir-
convenir notre générai par les offres
les plus séduisantes ; mais tout fut inu-
tile. Des sorties vigoureuses et cou-
ronnées de succès répondirent aux ten-
tatives de corrupi ion. A la fin, une con-
vention militaire fut conclue et les hos-
til.tés cessèrent. Le licenciement de
l'armée, qui fut ordonné par le nou-
veau gouvernement, provoqua une ré-
volte. Les soldats réclamèrent le paye-
ment intégral de leur solde. Leur de-
Dfiande paraissait juste, mais comment
y satisfaire? L'autorité du général fat
méconnue. Pendant plusieurs jours, il
fut retenu prisonnier dans son hôtel
avec tout son état-major. Maisaumiliea
du soulèvement, les mesures les plos
sag(>s furent prisesparles révoltés pour
mettre la place à Tabri des entreprises
de l'ennemi. A la fin, les habitants de
Strasbourg, persuadés par la peur plus
qu'ils ne l'avaient été par les prières
RÀS
-390 —
tiStà
da général, consentirent à faire tes
fends nécessaires, et tout rentra danâ
l'ordre sans effusion de sang. Son com-
mandement étant expiré, Rapp quitta
TAIsaceet se rendit à Paris. Il n'y rut
pas inquiété; néanmoins il jugea pru-
dent de laisser passer le gros de l'o-
rage, et II se relira en Suisse^ où il flt
l'acquisition du château de Witden-
stein, en Àrgovié. En 1817, il revint
dans la capilate, et l'année suivante, il
ïut appelé à la Chambre des l^airs. Une
itoort prématurée l'enleva à Reinweller,
dans le grand-duché de Bade, le 2 nov.
1S2I . Le général Rapp possédait à un
haut degré une qualité qui s'âilic vo-
Idnliers à la véritable bravoure, Thu-
manité. Très-souvent il exposa son
crédit auprès du chef de TEIat pour
sauver des malheureux, ou servir des
jftmis tombés en disgiàce. Ni la diver-
gence d'opinions, ni la différence de
drapeau ne couuirimèrent jamais les
bons élans de son cœur, il se fit aimer
et estimer, même en pays ennemis.
Une statue, eu bronze, lui a été érigée
depuis ppu dans sa ville natale.
RAPP (Jean-Jacob} homme de loi,
procurator causarurriy à Colniar, au-
teur de ÈîtifàUfge àoch wahrhafle Be-
schreibunff der BHagerung der St-Âdt
Colmar dunh die Schwcden, Ib32^
insc. Episode de la guerre d<*. Trente
ans. — Plusieurs autres protestants
trauçais de ce nom méritent au moins
one mention; tels sont: Jean-Henri
Rapp, philologue, qui a public: Plu-
tanhus de bberorum educatione, gr,
et lai,, vum indice analylico, Argent.,
1663, in-8% et Q- Curtius Rufus,
Ibid., 1 Qli^j'nvi^'y^Jean-JacquesRapp
et Rodolphe Ruftp, qui ont desservi suc-
cessi vemeiitréglise allemande de Sain-
le-Marieaux-Mines,le premier de! 682-
éi, le second de li9i-95, à ce que
nous lisons dans une très-Intéressante
Kolice sur celte église tout récemment
publi.^e (Colmar, 1858, in-S») par
m.Ch. Dr ion.
BASSE DES-NEUX (François),
(Ils d'uu chirurgien belge établi à Pa-
ris, et le ioaème, selon toute apparence.
que le chirurgien de la reine de K&-
varrc Desnœuds (Voy. t, p. 57), était,
au rapport de Le L.aboareqr, un des
fioguenols les plus passionnés de son
temps En 1562, il suivit Condé à Or-
léans. Plus lard. Il devint chirurgien
du roi. comme nous l'apprend une
quittance de lui, datée de 1515, qui
se trouve en la possession de M. Ch.
Read, On a de lUi une riche collection
de chansons satiriques et d*aatres piè-
ces latines et Trançalses, composées
pendant les guerres de religion. Ce
précieux recueil, qui forme dix tomes
reliés en cinq volumes In -roi., se con-
serve aujourd'hui au départ, des Hss.
de la Biblioth. nationale. Fonds de Gai-
ignièr*»s> N» 485.
RATO'V, sergent-major de la gar-
nison de Vitré, s'est rendu célèbre, en
1590, par un trait d'audace héroïque.
Les garnisons ligueuses de Châtillon
et de Fougères, Tavorisécs par la né-
gligence ou par la connivence du sieur
de Mcsneur, lieutenant de Du MaU-
Montmartin, avaient surpris le ctià-
teau de Vitré, en l'absence du gouver-
neur, que Henri IV avait appelé auprès
de lui. Quarante soldats s'étaient déjà
introduits dans la place et le secours
approchait, lorsque Raton, averti de
la surprise, accoui ut en toute hâte avec
tiois de ses gens. Il Tait apporter un
pétard, saisit une échelle, descend
dans le fossé à travers une grêle de
balles, se glisse près du pont-levis
et le fait sauter, en ayant ia précau-
tion de se coller conti'e la mu^ailIe
de peur d'être lui-même victime de
son audace; puis il se précipitp dans
le chAteau, suivi de ses trois hommes,
tue le capitaine ennemi et un de ses
soldats et épouvante tellement les aq-
tres que tous prennent la fuite ou se
rendent.
RAUCH (Daniel) , pasteur luthé-
rien, né à Strasbourg, le 6 mars 1630,
fit ses éludes dans sa \il!e natale. Trop
pauvre pour payer les frais du grade
de maltre-ès-arts, il eut l'idée, au lieu
de soutenir une thèse, de composer
un poème grec sur la Passion, qu'il lût
RAU
~ 391 -
IftAt
pabliqnement le 22 mars 1648. Suc-
cessUement prédicateur à U^ickers-
beim, eu 1054, diacre à Saint-Pierre,
en 1671, pasteur à Saitil-Guillaume,
en 16' 5, il mourut à Strasbourg, le G
Janv. 1685. Outre son poème grec, il
avait écrit, en latin, des poésies spi-
rituelles, qui ne paraissent pas avoir
été imprimées.
RALCHFUSS (Conrad), mathé-
maticien, plus connu sous le nom gré-
clsé de Dasypodius, naquit à Stras-
bourg, où son père professait la lan-
gue grecque. Après avoir terminé ses
études dans sa ville natale, il alla vi-
siter les universités de Paris et de
Louvain^ où il s'appliqua particulière-
ment à se perfectionner dans les ma-
thématiques. De retour à Strasbourg,
il fui pourvu de la chaire qu'avait oc-
cupée le savant mathématicien Chris-
tian Herlin, et chargé, en outre, d'en-
seigner la géographie et l'astronomie.
Il mouiut en IGOO, le 22 avril selon
Melrhior Adam, le 26 selon d'autres,
à l'âge de as ans. Voici la liste de ses
publications, aussi complète qu'il nous
a été possible de la diesser après do
longues recherches.
\. Eu Udiscatoptrica^grœc. etlat,,
Arg.^ 1557, in-40.
II. EncUdis propositiones elemen-
torum X\\ Arg., 1564 in-8o.
m. Aiialysei» geometricœ sex Ubro-
rum EucUdis, Priini et quinti facUr
à (h. HerUno, reliquœ à C, Dasypo-
dio, [Arg.] 15b6, in-fol.
IV. Vulumina maLhemalica lll pro
scholâ argetUinensiy Arg., 1570, 8°.
V. Sphcpi'icœ doctrmœ aut horesva-
rii, gr. et lut-, Arg., 1572, in-8».
VI. Lcxikon conttfiens dc/initiones
et diiisiones scientiarum maOïeinati-
carum, grœv. et lut., Arg., 1573 el
1579, in-80. — C'est probablement le
même ouvrage que Hier unis Alexan-
drini nomenclatura vocabiilorum geo-
metriiorumy dont on lui attribue une
Iraduction latine.
VU. Doctrifta de corne lis et cometa-
rum effectibuSf Arg., 1578, in-4«.
Vin. haaci Monachi scholiain Eu-
elidis elementorum sex priores lihros,
in sermonem latinum translat., Arg.,
1579j ln-80.
ix. Hieronmechanicus, seudeme-
chanicis artibus atque discipUnis :
ejusdem horotogii astronon.ici Argpn-
toraLi in summo tcmpb erecti des-
eriptio, Arg., 1580, in-4«.
X. Institut ionum mathematicarum
erotewata, Arg., 1*593, in-8».
On lui attribue en outre : Optico-
ruTHy catoptricorum, harmonicorum
et apparent i arum y elementortim lit.
J; — Oratio de disriplims viathema-
lias ; — Astronomira prœceptn ; —
Hypothèses orbium cœlestium congnt-
entes cum Tabutis Àlphonsinis et Co-
perniciy seu etiam Tabulis Prutènicis.
Comme nous n'avons pu trouver ni le
lieu ni la date de l'impression de ces
ouvrages, peut-être faut-il les ranger
parmi ces nombreux vol. que Dasypo-
dius laissa en mss., selon le témoi-
gnage de Melchior Adam.
R ALLLl.X (N.), chirurgien de Vas-
sy, ayant osé maltraiter de paroles une
vleiHe bigote qui avait induit une do
ses filles à s'enfuir de la maison pater-
nelle pour se retirer dans le couvent
de la Propagation de la foi, fut citépar
l'Intendant Machaut, le 11 mai l666,à
comparaître devant la chambre du con-
seil pour y être blâmé en présence de
sa femme et de ses autres filles, il fut,
en outre, condanmé à 50 livres d'a-
mende el aux frais non-seulement de
son procès, mais de celui du tailleur
Daniel Morisot, qui s'était permis de
parler mal des convertisseurs catholi-
ques et avait tenté délirer un nouveau
converti de la maison de la Propaga-
tion de la foi, crime pour lequel il dut
faire amende honorable. On espérait
sans doute, par l'humiliation du père,
inspirer à ses autres filles le mépris
de son autorité el les encourager à sui-
vre l'evemple de leur sœur. Il parait
qu'il n'en fut rien. En 1 686, nous trou-
vons trois demoiselles Raullin enfer-
mées dans des couvents comme pro-
testantes. L'une. d'elles, nommé ifo-
ne, parvint, en 1687, à s'échapper de
KAV
— 392 —
IlAV
celui des Ursulines de Bar-sur-Aube
(Arch. qèn, Tt. 321).
RAVANEL. CHrdeur de Malaigue
pr^s d'Uz(»s,éiail âgé d'environ 30 ans,
lorsqu'il commença à se faire Qu nom
dans les bandes camisardes. Dans son
Hist. des pasieursdu désert, M. Peyrat
trace de lui ce porlrail peu séduisant :
« Il était maigre, trapu, noir, à mufle
de boule-dogue, toujours hérissé et
grommelant. Ancien soldat du régiment
dcRouergue, il avait le. cuir loui tail-
ladé de coups de sabre, ne vivait que
d'eau-de-vie, de labac, de combats et
de psalmodie. » Lieutenant de CaocL-
lierei compagnon inséparable de Caii"
nat (Voy. Abdias MAUREL), Ravanel
prit part à prerque toutes les entrepri-
ses de ces deux chers. 11 assista au
combat du bois de Vaquières, è celui
du val de Bane, dont Antoine Court lui
attribue tout l'honneur, à celui de Va-
gnas, suivi d'une périlleuse retraite
qu'il dirigea avec autant de bravoure
que d'habileté; à ceux enfin de Mar-
véjols, de la Croix-de-La Fougasse, de
Pompignan, du Mas-des-Horts, des De-
vois-de-Martignargues et de Nages.
Dans tous ces engagements, il combat-
tit avec un courage intrépide; cepen-
dant il ne commença à agir comme
chef indépendant qu'après la soumis*
sion de Cavalier,
Convaincu que les réticences dont
Cavalier usaitenverssa troupe pendant
ses négocialionsavecVillars, cachaient
une trahison, et persuadé, d'un autre
côté, que les promesses qu'on lui Tai*
sait, pour lui et ses gens, étaient des
pièges, il inspira à toute la bande dont
Cavalier lui avait laissé le commande-
ment en son absence, ses sentiments
de méfiance, en sorte qu'à son retour
àCaKisson, le 28 mai 1704, le jeune
cher ne rencontra que des regards mor-
nes ou courroucés. L'irritation fut au
comble, lorsque, pressé par ses offi-
ciers. Cavalier finit par leur avouer
d'un ton d'impatience a qu'il fallait al-
ler servir en Portugal. » Ravanel, au
nom de tous, répliqua brusquement
qu'ils voulaient la liberté de conscien-
ce, la liberté des prisonniers, la réédi-
ficalion des temples, et sortant sur-le-
champ, il fit battre le rappel, rassem-
bla la bande et s^éloigna aux cris m*Ue
fois répétés de Vivel'épée de l'Ctemel !
Une quarantaine de Camisards tout au
plus restèrent fidèles à Cavalier, o le
vil esclave du maréchal, » comme l'ap-
pelait Ravanel, qui nourrit dès lorscon-
tre lui une haine ardente.
Fermement résolu h ne déposer les
armes qu'après avoir obtenu le réia*
blissement de l'édit de Nantes, Rava-
nel ne se laissa point ébranler par la
mort de Buland. 11 ordonna un jeûne
général pour fléchir la colère divine,
et se rendit, le 1 3 sept. 1 70 4, dans le
bois de Bénézel, où la Cène devait se
célébrer le lendemain. Trahi par deoi
paysans, il y fut immédiatement cerné
par les troupes de Villars, et il ne réus-
sit à se sauver dans les bois de Leax
qu'en laissant près de la moitié de sa
bande sur la place; les survivants,
sous la condu te de Marchand, un de
ses officiers, l'abandonnèrent bientôt
pour faire leur soumission. Resté seul
avec Montbonnoux ou Bonbonnoux,
comme l'appelle Court, Ravanel se Jeta
dans les bras de son ami, et les deux
Indomptables guerriers se Jurèrent fi-
délité jusqu'à la mort. Abraham eiCla-
ris, préférant comme eux une périlleu-
se liberté au repos de l'exil, se joigni-
rent à eux, et les quatre camisards vé-
curent pendant plusieurs semaines ca*
chés dans les forêts et les cavernes, ne
sortant que la nuit pour se procurer
des aliments, que leurs coreligionnai-
res ne leur refusaient jamais, malgré
les terribles menaces de Villars qui,
dès le 8 oct., avait mis leurs têtes à
prix. Plusieurs fois Ravanel manqua de
tomber entre les mains de ses ennemis,
tant les recherches étaient actives. Un
jour, entre autres, qu'il aval teu la fan-
taisie de revoir sa bourgade natale, il
fut poursuivi si vivement qu'il ne dut
son salut qu'aux ombres de la nuit.
Moins heureux, son compagnon Chrû"
tofle fut pris et exécuté.
Un homme de ce caractère devait en-
RAV
— 393 -
RAV
trer avec empressement dans la con-
spiration de Boaton [Voy. ce nom]. Il
s'était rendu à Nismes, oh il se tenait
caché avec Jonque t et Villes, en atten-
dant le signal de rinsurrection^ lorsque
tout-à-coup la maison fut envahie. Ra-
vanel se jeta sur ses armes^ mais on
ne lui donna pas le temps d'en faire
usage; il fut saisi, blessé et conduit^
chargé de fers, ainsi que ses compa-
gnons^ dans le fort de Nismes, le 19
avr. 1705. Il souffrit la torture avec
une constance surhumaine; Brueys a-
Youe lui-même qu'il fut impossible de
lui arracher un seul mot. Condamné
au feu, il ne déploya pas sur le bûcher
on courage moins héroïque.
RAVANFX (Pierre), d'Uzès, mi-
nistre de Sauzet, mort vers 1 680, est
auteur d'un ouvrage très-remarquable
et très-utile, dont voici le titre : St-
bliotheca sacra sive thésaurus Scrip^
turœ canonicœ amplissimuSy in quâ
quœ in ulroque fœdere extant,non
theologica modo, sed etiam physica,
ethicay politica, etc. pertractantur,
Gen., 1650, 2 vol. in-fol. Après avoir
mis la dernière main à son livre, qui
ne lui avait pas pris moins de trente
années de travail, il se rendit à Genè-
ve pour le faire imprimer ; mais il lui
fût impossible de trouver un libraire
qui voulût s'en charger. L'étendue de
l'ouvrage effrayait, et d'ailleurs on ve-
nait de réimprimer à Bàle un livre à
peu près analogue, la Clavis tbeologias
de Fiaccus lllyricus. Les libraires aux-
quels il s'adressa se refusèrent donc à
tout arrangement, prétendant que ce
serait se ruiner que d'entreprendre
une pareille publication. Cependant un
d'entre eux s'y décida, sous la caution
des pasteurs de Genève, qui se portè-
rent garants de la vente. Le résultat
prouva qu'ils avaient raison. Au bout
de dix ans^ toute l'édition fut épuisée;
il fallut en faire une seconde, qui fut
augmentée, et trois ans plus tard,ony
ajouta encore un vol. in-fol. de supplé-
ment.
R AVENEL (Jean de), sieur duPer-
ray, gentilhomme picard, qui était ailé
T. VIII.
s'élal)lirà Vitré en 1555^ laissa de son
mariage avec Marguerite Guesdon, un
fils, nommé Luc, sieur de La Brouar-
dière, qui éponsà Andrée de Gennesei
en eut deux fils : i ° Gilles , de qui des-
cendaient apparemment Jean-Daniel
de Ravenel, dont la veuve Edmée Le
Fèvre passa dans les pays étrangers
(Àrch.gén, Tt. 287), et /ocçues de Ra-
venel, qui se convertit au catholicisme,
le 2 juin 1662. La femme do ce der-
nier n'ayant point voulu suivre son
exemple, se retira à Jersey avec deux
enfants(^rc/». ^«r». M 674); — 2oLuc,
sieur de Boisguy, marié en 1 576, avec
Marie de GenneSy fille de Guy de Gen-
nés et de Guillemette Nouait. De ce
mariage naquit Jean, sieur de Bois-
teilleul (aliàs Bois-Tilleul) baptisé, le
20 avril 1581, dans l'église protestante
de Vitré, et marié, en 1604, avec
Jeanne Grillet-^de-La Tirelière. En
1617, il représenta les églises breton-
nes au Synode national de Vitré. Ses
deux fils, Jean et Luc, firent souche.
I. Jean, sieur de Boisteilleul, naquit
le 14 mai 1616, et atteignit un ûge
avancé,puisqu'ilvivaitencoreen 1 685.
11 épousa, en 1 650, Judith de Farcy,
fille de Thomasy sieur de La Courtière,
et de Marie Barbier y dont il eut quatre
enfants : !<> Benjamin, qui suit; —
20 Samuel, qui passa en Angleterre
avant la révocation, et y épousa la
nièce du général Marlborough. Le fils
qui naquit de cette union, selon d'Ho-
zier, est peut-être Edouard Ravenel,
directeur de l'hôpital français à Lon-
dres en 1 740;— 5« Marie;— 4» Fran-
çoise. Né le l«r mai 1654, Benjamin
de Ravenel, sieur de Boisteilleul, épou-
sa, le 13 oct. 1685, Catherine-Fran-
çoise de Farcy. Il sortit de France à la
révocation; mais quelques années a-
près, il revint dans sa patrie et fut re-
mis en possession de ses biens, ainsi
que Des Rocher s-Coudré (Arch. M.
673).
II. Luc de Ravenel prit pour femme,
en i QUI, Renée de Gcnnes. î^ous igno-
rons s'il vivait encore à la révocation;
mais nous savons que ses trois fils
25
RAY
— 394 —
RAY
Jacques, sieur deSeran,LucelPAUL,
sieur de Saint-Remy, lieutenant de
vaisseau (l), se convertirent. Quanta
sa femme, peut-être est-elle identique
avec une dame de Ravenel, qui fut ex-
pulsée du royaume, en 1688, comme
buguenolle opiniâtre (Ibid, E. 3574).
RAYMOND, de Boulène, capitaine
huguenot, qui défendit bravement, en
i 562, Camaret contre Fabrice, n'ayant
sous ses ordres que 60 hommes de gar-
nison. La brèche faite, les troupes ca-
tholiques livrèrent plusieurs assauts
furieux ; mais elles furent repoussées,
et les assiégeants réparèrent leursmu-
railles avec une incroyable diligenc^î,
y employant tout ce qui leur tombait
sous la main, jusqu'à des animaux
qu'ils égorgèrent dans ce but. Haras-
sés à la fin par les veilles et les fati-
gues, se voyant au moment de manquer
absolument de poudre, n'ayant point
à attendre de secours de Crussol, qui
était alors dans le Dauphiné, ils réso-
lurent, plutôt que de se rendre, d'a-
bandonner leurs demeures. Pendant
que la garnison jetait l'alarme par une
sortie dans le camp catholique, hom-
mes, femmes, enfants gagnèrent la
campagne à la faveur de la nuit et s'é-
loignèrent sans être découverts. La
garnison, de son côté, perça les lignes
ennemies et s'échappa sans autre perte
que celle de Jacques Arnaud. Le len-
demain, les Catholiques entrèrent dans
le village, qu'ils briilèrent. Ils ne trou-
vèrent plus qu'une femme et deux jeu-
nes enfants qu'ils égorgèrent et jetè-
rent dans les flammes.
RAYNAUD(Guillai:mede), ouRe-
naud, sieur d'ALLEiN ou ^'Alein, iils
apparemment de ce Jacques de Ray-
naud, dont les conseils, pleins do mo-
dération et de sagesse, suspendirent,
pendant quelques années, le massacre
des malheureux Vaudois (Voy. VII, p.
ol8), était un geniilhomme d'Arles.
Il s'acquit la réputation (c d'un des
(1) En 1680, il assista ati gerTÎcc funèhre do
Franroin Flturji^ sieur de Villeueuve, son cou-
sin, qui fut enterre aux SS. Tcres (Elat civil de
P<iri#. SS. Pérès, N« M).
meilleurs hommes do pied et de siège
de son temps, » par ses exploits dans
les Pays-Bas et par la défense de Cas-
tillon, qu'il avait fortifié avec art,
contre l'armée des Ligueurs comman-
dée par >layenne. La ville fut prise par
composition et reprise, quelquesjours
après, par Turenne qu'Alicin assista
dans celte expédition. Ce brave capi-
taine fut tué, en 1 5S7, dans les troupes
du roi de Navarre, poursuivant Lavar-
dinenTouraine. Guillaume de Raynaud
avait épousé Françoise de Grasse, Ses
descendants persistèrent dans la reli-
gion réformée. En 1718, Marguerite
d'Allein épousa Isaac de Fourré dans
l'église française de Hungerford à
Londres.
RAYOT (Pierre), né h Saint-Jn-
lien, village dans la principauté de
Montbéliard, professeur de langue fran-
çaise à Hambourg, à Brème, puis à
{'université de Helrostadt, a publié :
I. La base ou le vray fondement de
la langue françoise, non moins néceS'
saire àceuxdéjàd'aage qu'aux petits
en fans, amateurs de la susdite langue,
désirant s'accoutumer ou parvenir à
la naïve pronunciation d'iceUe et selon
qu'elle est pour le jour d'hui protwm-
cep,Hamb., 1636, in-8«; trad. en latin,
Witeb., 1667, in-80.
II. Deux tables des déclinaisons et
conjugaisons françaises, Hamb., 1 636.
III. Dialogues ou colloques français
et allemands, Hamb., 1636, in-8».
IV. Nomenclature historiale et fa-
buleuse, traitant l» de l'homme et de
ses parties; 2* des habits avec leurs
appartenances ; o°du manger et boire ;
4* de la monstrueuse gourmandise
d*aucnns hommes du temps passé;
•S'^de l'ycrongnerie, en franc, etenal-
lem., Hamb., 1G3G, in-s». '
V. Le petit catéchisme de Luther,
en franc, et en allem.,namb. ,1 637, 8».
M. L'école de bonne grâce, oderdie
Schule der Hôflichkeit, Hamb., i 638,
in-80.
Vil. Le soûlas des cretiens,Brtme,
1640, in-8s Helmst., 1657, ln-l2.
VHI. Jardin de plaisance, en franc.
REB
— 395 —
REB
et en allem. , Brème^ 1642, in-S».
IX. Le souhait des AUemans, oder
der Teutschen IVunsch^insich haltend
eine Franzôs. 1» Grammalicam, 2»
Syntaxirif 3» Complementier-Buch,
A<*£pistel'Formular, Brem., i 643, 8».
X. Grammatica linguœ gallicœ,
Helmst., 1656. in- 8^
XI. Miroir des vertus, vices et du
train des hommes,Ce\\e^ 1658,in-12.
XII. Nucleus linguœ gaUicœ ,
Helmst., 1659, in-8«>.
Xni. Gemma linguœ gallicœ.
XIV. Récréation de la jeunesse ou
Recueil d'histoires et apophthegmei
pour se divertir, WilU, 1660, in-12.
REBOUL (Guillaume), écrivain sa-
tirique et mordant, naquit à Nismes
d'une famille protestante. Au retour
d'un voyage qu'il Ût à Avignon et à
Paris, soupçonné de s'être laissé ga*
gner, à cause des manœuvres qu'il
employait pour jeter la division dans
le consistoire de Nismes, il fut frappé
d'excommunication, en 1595, à la
poursuite du pasteur Jean de FalguB'
rolles. Vers le même temps, le duc de
Bouillon, auprès de qui il remplissait
les fonctions de secrétaire, l'accusa de
lui avoir soustrait une somme assez
considérable. La crainte des poursuites
dont il était l'objet, le décida à passer
à Avignon, où il abjura en 1596. De
là il se rendità Rome sous les auspices
du P. Collon, et il y trouva dans le
cardinal d'Ossatun prolecteur zélé. Ce
fut en vain qu'il sollicita cependant la
récompense de son apostasie et des
services qu'il prétendait avoir rendus
et rendre encore à la religion en pu-
bliani contre les ministres protestants
des libelles remplis de fades plaisante-
ries et de calomnies atroces. Après
avoir patienté pendant une dizaine
d'années, il finit par s'irriter et écrivit
contre le pape une satire, qui le Ot
condamner à mort. Il fut exécuté dans
sa prison, le 25 sept. 1611. Voici la
liste des ouvrages qu'on lui attribue
avec plus ou moins de fondement.
1. Saljnoné, 1596.— Satire violente
dirigée principalement contre le minis*
tre /. de FalguerolUs qui y répondit.
II. Second Salmoné, imp. avec le
N» I, Lyon, 1 597, in-l 2 ; Arras, 1 600,
In-12. — Attaques encore plus gros-
sières contre tous les pasteurs du Lan-
guedoc.
III. La cabale des Réformez tirée
nouvellement du puits de Démocriie,
Montp. 1597, in-8o; 1600, in-8»;
1601, in-12. — Douteux.
IV. Du schisme des prétendus Ré»
formez, Lyon, 1597, in-12.
V. Les Actes du synode universel de
la sainte Réformation, tenu à Mont'
pellier le 1 5 may 1 598, Satire Ménip*
pée contre les prétendus Réformez,
Montp., 1599, in-8o; 1600, in-l 2.
VI. Apologie sur la Cabale des Ré^
formez [Lyon], 1597, in-8« [Montp.],
1600, in-8«; s. l, 1601, in-12.
VII. L anti-huguenot , s. 1., 1598,
in-l 8; 1599, in-12; 1600, in-12.
VIII. L'Apostat,Lyou,i604, in-8».
— Il rend compte des prétendus motifs
de sa conversion.
IX. Les plaidoyés de G. Reboulcan-»
tre les ministres, Lyon, 1604, in-8^.
X. Le premier acte du synode noc»
tume des Tribades Lemanes, 1608,
ln-18; Paris, 1852. — Douteux.
XI. Apologie pour ceux d'entre les
Anglais catholiques qui refusent de
prêter le serment d'obligeance [allé-
geance] exigé par Jacques I, composée
à Rome 1611, in-12. — C'est sans
doute le pamphlet contre le roi d'An-
gleterre dont Casaubon le déclare l'au-
teur et dont le savant Prosper Mat^
chand ne put se procurer aucun exem-
plaire. Quant aux satires de Beboul
contre le Pape et contre Villeroy, il ne
parait pas qu'elles aient été imprimées,
non plus que d'autres diatribes qu'il
avait composées contre ses ennemis les
ministres.
A l'époque de la révocation de l'édit
de Nantes, deux pasteurs du nom de
Reboul exerçaient leur ministère dans
le Vivarais. L'un desservait depuis de
longues années l'église de BofiTre ; il se
convertit. L'autre, qui avait été admis
au ministère en 1681 (Àreh. gén.Tr.
REB
— 396 —
REC
280] et placé à ChÀteaunenr/sortit de
France, et se relira dans le Brande-
bourg. Il fat successivement ministre
àZiethen^ en 1686, à Cagar,en 1689^
à Angermunde, en 1 690, oii il eut pour
successeurs Jean Renier et Pierre Pc-
lorce, et enfin à Battin, en t697.
REBOULET, nom d'une famille da
Vivarais, qui a donné plusieurs pas-
teurs aux églises de cette provincedans
la seconde moitié du xtip siècle ; mais
le seul de tous ces ministres de l'Evan-
gile qui nous soit connu autrement
que de nom, est Paul Reboulct, né à
Privas, le 19 fév. 1655, de Pierre Re-
boulet, docteur en théologie et pasteur
de l'église de Tournon- lès -Privas
[Arch. gén. Tt. 259).
Admis au minisière en 1677 {Ibid.
Tt. 528), Paul Reboulet fut attaché
d'abord à l'église de Saint-Voy; mais
il ne tarda pas à être appelé à Tournon-
lès-Privas comme collègue de son père.
A la révocation de l'édit de Nantes, il
se retira à Zurich (MSS, de Berne.
Hist. helv. VU. 9) et fut chargé d'y
desservir l'église française. En 1697,
le pasteur de Bâle, Jean de Tournes,
le prit pour vicaire, à ce que rapporte
Petit-Pierre dans son Histoire de l'ori-
gine et des progrès de l'église fran-
çaise de Bâle, dont le msc.se conserve
à la Biblioth. ecclésiastique de cette
ville. Au mois d'oct. de la même an-
née, Reboulet accepta la place de mi-
nistre à Coire; puis son successeur
Coderc ayant été appelé à Gassel en
1699, et de Tournes ayant donné sa
démission, il retourna à Bâle, sur les
instances du consistoire, et fit son ser*
mon de rentrée le 2 juillet. Il mourut
de mort violente, dit Petit-Pierre, le
13 avril 1710, fort regretté de son
troupeau, dont il avait gagné l'estime
par ses talents et sa piété. J.-Gh. Ise-
lin prononça son oraison funèbre. Ou-
tre le Voyage en Suisse, qu'il publia
en collaboration avec son ami/ean de
La Brune (Voy. ce nom), on a de lui,
selon le Lexikon de Lcu :
I. Réflexions sur la lettre d'aposta^
sie de M. Gilbert.
II. Pensées sur lerétablissementdes
Réfugiés en France.
m. Essai de controverses, Bâle,
1704, in-12.
IV. Entretiens sur les Saints ajoutés
et sur la décadence des nouveaux mi"
racles^ Colog., 1705, in-l2.
Dans une liste de Réfugiés que nous
avons eue entre les mains (Arch. gén.
Tt. 322), à côté du nom de Paul Re-
boulet figure celui de Dante/ Reboulet,
qui n'était encore que proposant lors-
qu'il sortit de France. Les Registres
du consistoire de l'église française de
Bâle nous apprennent qu'il était natif
de Chassagne en Vivarais, et qu'il avait
pris le nom de La Sablière. Admis au
ministère par les pasteurs de Bâle, le
i5]anv. 1688, Use rendit plus tard
en Hollande et fnt placé à La Haye. De
son mariage avec Marie-Marguerite
van der Poel naquit Adriàns-Marib,
qui mourut à Bâle en 1779.
RECHIGNEVOISIN (Bbrnabbdb),
sieur Des Loges, mort en Flandres à
la suite du duc d'Alençon, laissa trois
enfants de son mariage avec Jeanne
(fe La fiera wdicre, savoir : 1» Nicolas,
sieur de Monts, marié à Marguerite
Du Massif et père d'une fille unique,
nommée Catherine ; — 2» Charles,
qui suit; — 3» Gabrielle, femme, en
1613, de Louis Gamier, sieur de La
Sauvagère, dont les descendants étaient
encore signalés comme suspects de
protestantisme en \^d2 [Arch. gén. E.
3378).
Charles de Rechignevoisin, sienr
Des Loges, gentilhomme ordinaire de
la chambre du roi, épousa if ariefiru-
fieau (Voy. ce nom). Neuf enfants na-
quirent de ce mariage, selon les bio-
graphes de M°i« Des Loges ; mais ils
ne donnent les noms que de trois. Fil-
leau en connaissait six : !<> Charles,
qui suit;— 2» Gabriel, sieur des Ma-
rais, capitaine au service de Hollande,
qui fut tué à la bataille de Prague, et
ne laissa qu'une fille; — 3»BENJAMfN,
mort des blessures qu'il reçut au sié^e
de Breda; — 4^ Maurice, mort en Hol-
lande; — 5» Gatobrini, femme de
RFX
— 397 —
RÉC
Charles de Lescours, sieur de LaPlau;
— 6« Louise, née le 1 3 fév. 1 6 1 3, qui
eut pour marraine la princesse d'O-
range, et mourut sans avoir été mariée.
Charles, sieur Des Loges, til ses pre-
mières armes en Hollande, et s'éleva,
en passant par tous les grades, jus-
qu'à celui de général-major. 11 épousa
Madelaine van der Myle [Meulen?],
dont il eut: i* Henri, sieur Des Loges,
capitaine de cavalerie en Hollande^
mort en 1 665 ; — 2« Améline, morte
fille, en 1663; — 3® Marie, femme, en
1660, de Philippe de Golstein [Gold-
stein?]. Telle est la généalogie donnée
par Filleau dans ses Familles du Poi-
tou ; elle n'est pas complète, mais les
renseignements nous manquent pour
en combler les lacunes.
RÉCLAM (Frédéric) , peintre et
graveur, né à Magdebourg en 1734.
Après avoir étudié à Berlin dans l'a-
telier d'Antoine Pesne, Réclam se ren-
dit à Paris, oii la protection et les con-
seils du joaillier de la Cour, Lempe-
reur, à qui il avait été recommandé^
lai furent d'une grande utilité. Il con-
tinua ses études sous le professeur à
l'Académie de Paris, J.-B.-M. Pierre,
et se rendit ensuite en Italie. A Rome,
il fut bien accueilli par Winckelmann,
quoique, au rapport de Nagler, le sa-
vant archéologue ne fit pas grand cas
du jeune artiste qu'il trouvait trop
imbu des idées de l'Ëcole française. A
son retour à Paris, Réclam s'occupa
surtout de portraits; on ne possède de
lui qu'un petit nombre de paysages.
Plusieurs graveurs, Bause, Berger,
Cbodowiecki,ontgravé d'après lui; son
portrait a été gravé par ce dernier.
Réclam mourut à Berlin en 1 774. Par-
mi ses propres gravures, signées les
unes d'un monogramme, les autres
des initiales de son nom, nous cite-
rons, d'après Nagler : i . Portrait du
Grand 'Frédéric, in-fol. ; — 2. Por*
trait de Fr édéric-Henri-Charles, prin*
ce de Prusse, in-fol.; — 3. Paysages
italiens, avec montagnes et cascades,
dédiés au comte deCaunitz, 1765, huit
feuilles petit in-4<»;— 4. Vues dis en-
virons de Paris, avec figures, F. R.
ou F. Réclam ad vi. del. sculp. 1755,
4 feuilles pet. in-4o ou gr. in-g»;—
5. Vues prises dans les environs de
Sceaux, 1755, 2 ff. petit in-40; —
6. Suite de Six paysages, F. Réclam
ad vi. del. sculp., rouge et noir, pet.
ln-4»; — 70 Vue de Tivoli avec ses
cascades, d'après lui-même, pet. in-
4^; Huber indique quatre feuilles re-
présentant des ruines et des cascades
des environs de Tivoli; — 8. Route à
travers un village, Mclam fec. Romae,
ln-80; — 9. Carrière des environs de
Rome, d'après lui-même, 2 feuilles in-
4», Réclam pinx. et se; — 10. Ruines
romaines, Réclam fec. Romœ, in-40;
—11. Vue prise aux environs de Ber^
lin, pet. in-4«; — 12. Le if afin et le
Soir, d'après Moucheron et Dubois ,
in-i».
RÉCLAM (PlERRE-CHRISTIAN*FRfi«
DÉRic), pasteur de l'église française de
laFriedrichsstadtetprofesseurau Collè-
ge français de Berlin, naquit, le 1 6 mars
1 7 4 1 , à Magdebou rg, où son père, nota-
ble commerçant, remplissait la charge
de bourgmestre de la colonie palatine.
Sa famille avait quitté Genève, où elle
s'était réfugiée en sortant de France,
selon le témoignage positif de Cattcau-
Calleville, quidevailêlre bien informé,
et celui non moins concluant d'i4/cxan-
dre Réclam, parent de notre pasteur,
que nous avons compté au nombre de
nos amis (1).
Le jeune Réclam commença ses étu-
des dans sa ville natale; mais il alla
les continuer, en 1758, au Collège
français de Berlin, sous la direction du
pasteur Erman, à qui il était particu-
lièrement recommandé et qui le prit
en aiïeclion singulière. Les heureuses
dispositions qu'il avait reçues de la
nature, se développèrent rapidement.
En 1765, il remplaça Louis-Frédéric
(1] Aleiandre Rèclam, qui est mort à U flenr
de l'âge, a composé, entre autres opuscules, sous
le titre deFab^tn, un recueil de 70 fables, enjpro-
se, ii l'imitation de celles de Lessing, dont plu-
sieurs sont des modèles de oaï? été et de grâce ; ce
recueil a été imprimé par son frère Chaiies-IIenri^
libraire à Leipzig, ÏBAI, iD-8«.
RÉC
— 398 -
REF
Ancillon dans la place de catécbiste,
et il commença dès lors à prêcher,
mais sans beaacoap de succès. On
trouva son discours trop fleuri , ses
sermons trop ingénieux pour la chaire
chrétienne^ et sa déclamation trop théâ-
trale : défautsdont l'âge et l'expérience
devaient promplement le corriger. On
ne tarda pas à changer de sentiment sur
soncompte et à voir en lui un grand pré-
dicateur. 11 excellait surtout à tirer de
son texte des enseignementsapplicables
aux dispositions morales de son trou-
peau. La fidélité scrupuleuse qu'il ap-
portait à l'accomplissement de ses de-
voirs, le fil choisir, en 1767, pour
troisième pasteur de laFriedrichsstadt.
11 Joignit à cette place celle de prores-
seur au séminaire théologique , qu'il
remplit gratuitement, et, depuis 1 775,
n'écoutant que son zèle, qui lui fit ou-
blier les soins réclamés par sa santé
délicate. Il se chargea, en outre, moyen-
nant une faible rétribution, de donner
des leçons dans le Collège français. En
1773, WépousàMarie'Henriette'Char"
lotte Stosch, femme célèbre dans la
seconde moitié du siècle passé, qui
ealtiva avec succès la poésie allemande
et la poésie française; on ne nous ap-
prend pas s'il en eut des enfants. H
mourut le 22]anv. 1789, à l'âge de
48 ans.
Outre les ouvrages qu'il a publiés
en collaboration avec Jean-Pierre Er-
man (Voy. ce nom), on a de Réclam :
I. Des penchants, Amst.,*1769, in-
8».— Trad. de l'allemand de Cochius.
II, SermonSf Berlin, 1782, in-S^.
m. Sermnnprononcé dann le temple
de la FrieJrichsstadt pour l'installor
tion de M, le pasteur Hauchecorne,
Berlin, 1783, in-8o.
IV. Pensées philosophiques sur la
religion, Berlin, 1785, in-S».— ïrad.
d'une partie des dissert, de Garve sur
le traité de Gicéron De oillciis.
V. Waidemar, margrave de Bran-
debourg, Berlin, 1787, in-8o; trad.en
allem.parsafenime,Berl.,i788,in-8».
VI. Sermons sur divers textes de
l'Ecriture sainte yherL, 1 790, 2 vol. 8°.
Hirschinglui attribue, en outre, une
part de collaboration dans le Monu-
ment séculaire consacré à la miémoire
de Frédéric-Guillaume, que nous avons
cité parmi les ouvrages d'£rman, et
d'autres biographes prétendent que
c'est lui, et non pas son collègue, qui
a publié rOraison funèbre de Frédé-
ric II.
REDOSTIÈRE (Isàbbau), jeune
paysanne de Milieyrines, âgée d'envi-
ron 1 8 ans, prophétesse dans les Ce-
vennes à l'époque du voyage de ^rotu-
8on. Accompagnée d'une amie, nom-
mée Pintarde, d'un ou deux ans plus
Jeune qu'elle, elle allait de bourgade
en bourgade, « faisant des assemblées
où elles exhortaient Je peuple par la
Parole de Dieu à se convertir, à sesanc-
tiûer, à reprendre son zèle et à don-
ner gloire à Dieu, » et joignait d'ar-
dentes prières à ces pieuses exhorta-
tions. Toutes deux étaient si modestes,
si humbles, si simples que Brousson
en fut ravi d'admiration. Après avoir
erré ainsi pendant deux ans, elles fu-
rent arrêtées et conduites devant Bas-
ville, qui leur demanda si elles igno-
raient que le roi défendait de prêcher.
«Nous le savons, répondirent-elles an
terrible intendant, mais le Roi des rois,
le Dieu du ciel et de la terre, le com-
mande, et nous sommes obligées d'o-
béir à Dieu plutôt qu'aux hommes. »
Basville les menaça du dernier sup-
plice. «Vos menaces, lui dirent-elles,
sont incapables de nous étonner, et
nous sommes toutes disposées à souf-
frir la mort pour la gloire de Dieu, au
service duquel nous nous sommes con-
sacrées. » Redoutant l'impression que
le supplice de deux filles si jeunes pro-
duirait sur les esprits, Basville n'exé-
cuta pas sa menace. Il se contenta de
les faire conduire 1 une à la Tour de
Constance, et l'autre au château de
Sommicres, où elles eurent beaucoup
à souiïrir, sans que leur constance fût
ébranlée (MSS. de Court, N» 39).
REFUGE (Jean db), ou Reffuge,
comte de Couesmes, seigneur de Ga-
lardon et chambellan do dac d'Alen-
REF
— 399 —
RÉG
çon, faisait, en 1574, la guerre sons
les ordres du prince d'Orange, lorsqu'il
alla rejoindre Montgommery, son beau-
père, avec qui il rentra en France (V'oi/.
VU, p. 478). Il fut tué en duel à Paris,
en 1579, par La Primaudaye (Voy.VI,
p. 327). De son mariage avec Claude
de Montgommery naquirent un flls et
trois filles, nommées Elisabeth, Su-
8ANNE et MABELAirsE. Lo flls, qui avait
reçu au baptême le nom de Jean, prit
pour femme Marie-Madelaine de Clu-
gny, dont il eut Jean et Jean-Locis.
Ce dernier ne laissa pas d'enfants de sa
femme Catherine Letani, L'atné, baron
de Galardon et comte de Couesmes, é-
pousa, en 1632, Susannede Meaussé,
fille de Paul, sieur de La Rainville, et
de Marie de RemigiouXy qui lui donna
6ÉDÉ0N et Madelainb. Gédéon se ma-
ria avec Louiae de Cliaumont-de-Lec-
ques, dont il n*eut que deux filles. Ma-
RiE-MADBLAnsB ct LOUISE. Celle-cl é-
pousa, en 1 652, Jacques de Saint-De-
nis^ sieur de Vervaine, et mourut en
1684, âgée de 50 ans (Etat civil de
Paris, SS. Pères, N» 93). La même an-
née, au mois d'octobre, le comte de
Refuge, qui était détenu au Petit-Châ-
telet, nous ne savons pour quel motif,
manifestant, disait-on, le désir de se
convertir, Louis XIV lui envoya le jé-
suite Robinet dont l'éloquence échoua
complètement, en sorte que le roi in-
digné envoya le comte avec sa femme
à la Bastille, le mois suivant [Arch.
gén. Ë. Â3G9). 11 en sortit bientôt, sans
aucun doute au prix d'une abjuration,
et la comtesse, qui fut transférée, en
1686, dans un couvent d'Orléans (Ibid,
£. 3372), finit par imiter son exemple.
Cependant, comme on suspectait leur
bonne foi et qu'on craignait une éva-
sion, on les interna l'un et l'autre à
Rouen en 1688 (Ibid. E. 3374). Ce fut
sans doute pour donner des gages de
sa sincérité au gouvernement que le
comte de Refuge publia La paix de Dieu
pour étreannoncée à tous les chrétiens,
par G. C. de Refuge réuny à l'E, C.y
Paris, 1690, in-12.
Lagénéalogiequi précèdeetque nous
avons reproduite d'après le Dict. delà
Noblesse, n'est pas complète. Il n'y est
fait mention ni do Susanne de Refuge,
que Benoit cite dans ses listes de per-
sécutés et qui sortit de France, ni de
Sylvie de Refuge, qui épousa Samuel
de Frouville^ sieur de L'Eperonnière,
et suivit probablement son exemple en
se convertissant, ni d'une dame do Re-
fuge, qui mourut buguenotte en 1687
et dont les biens furent donnés à ses
nièces nouvelles catholiques, Marie-
Madelaine et Louise-Angélique de Re-
fuge (Arch. Tt. 252).
REGIN (Claude), docteur en droit,
que Sainte-Marthe qualifie de « erudi-
tus ac bonus plané vir, » naquit à Riom
d'une famille noble. Prieur d'un cou-
vent du Lavédan et partisan timide des
opinions nouvelles, il sut mériter la fa-
veur de Marguerite de Navarre, qui
le fit un de ses maîtres des requêtes or-
dinaires, conseiller à Téchiquier et au
conseil d'Alençon. Après la mort de
Gérard Roussel, en 1560, Regin lui
succéda sur le siège épiscopal d'Oleron,
qu'il occupa jusqu'en 1580. Accusé
d'hérésie, il fut cité à comparaître à
Rome pour s'y purger de cette impu-
tation ; mais les circonstances étaient
peu favorables aux prétentions du pa-
pe> et rafiaire n'eut pas de suite.
RÉGIS (Pierre), médecin célèbre,
né à Montpellier en 1656, et mort à
Amsterdam, d'un abcès dans l'esto-
mac, le 30 déc. 1726.
Régis était apparemment le petit-
fils de Pierre Régis, apothicaire et an-
cien de l'église de Montpellier en 1 635.
11 commença ses études dans sa ville
natale, et alla les terminer à Puy-Lau-
rens. De retour à Montpellier, il suivit
pendant quelque temps les conférences
du célèbre cartésien Pierre - Sylvain
Régis, et lorsqu'il crut s'être sufllsam-
ment fortifié dans la philosophie, il
s'appliqua aux mathématiques, qu'il
apprit avec une remarquable facilité
et, pour ainsi dire, sans le secours
d'aucun maître. Il se livra ensuite avec
une égale ardeur à l'étude de la mé-
decine, où il fit de si rapides progrès
REG
— 400 —
REG
que, dès 1678, il fut en état de pren-
dre ses degrés. Cl'ayant encore que
22 ans, il fut assez sage pour sentir
la nécessité de se perfectionner dans
son art avant de se mettre à le prati-
quer. Il vint donc à Paris, où il suivit
les cours de Duverney et de Lémery,
et oii il se lia d'amitié avec beau-
coup de gens de lettres éminents. Il
était depuis quelque temps de retour
dans sa ville natale, lorsque la révo-
cation de redit de Nantes vint lui fer-
mer la carrière dans laquelle il entrait
avec succès. Il n'bésita pas à acheter
la paix de sa conscience au prix d'une
fortune considérable, et se retira à
Amsterdam, où il continua à exercer
la médecine jusqu'à sa mort. « Il étoit
naturellement doux et complaisant, lit-
on dans Nicéron, sans ambition et in-
capable de nuire à personne. » On a
de lui :
I. Lettre à M, Chauvin sur la pro-
portion selon laquelle l'air se conden-
se, imp. dans la Biblioth. universelle
de Le Clerc (Vol. XVIl).
II. Obs, touchant deux petits chiens
d'une même ventrée y qui sont nez ayant
le contr situé hors de la capacité de la
poitrine, ins. dans le Journal des sa-
Tans (1681).
III. M, Malpighii opéra posthuma,
edit. secunda, Amst., 1698, in-4o. —
Edit. infiniment supérieure pour la
correction à la première; Régis y a
ajouté des suppléments et une préface.
IV. Préjugez légitimes contre les
réflexions qu'on vient d'imprimer sous
le nom du consistoire wallon d'Am-
sterdam, sur le mémoire hist, et in-
structif pour le changement d'une ver-
sion française des Pseaumes, revue et
corrigée, Amst., 1718, in-fol. — Dou-
teux. Critique spirituelle de la sottise
de ceux qui s'opposaient à l'introduc-
tion de la trad. des Psaumes par Con-
rart dans les églises réformées.
A Toccasion de la peste qui désola
Marseille sous la Régence, Régis en-
voya à son frère /<'an-/acgue5, commis
au magasin des galères, qui s'était
converti et avait obtenu, en 1688, le
don de ses biens (Àrch, gén. E. 5574),
quelques observations sur les Moyens
de se préserver de la peste, que Lan-
gueron trouva si judicieuses qu'il crut
devoir les publier dans l'intérêt géné-
ral. 11 fut aussi un des collaborateurs
de Basnage-de-Beauval dans la ré imp.
du Dict. de Furetière, et revit tous les
articles de botanique et de médecine.
Enfin il avait travaillé longtemps à un
Dict. demédecine, qu'il supprima avant
sa mort, ainsi que des Conseilâ et ob-
servations de médecine.
RÉGIVS (DÉSIRÉ), capucin de la
Lorraine, lecteur de philosophie et de
théologie dans son couvent, se retira
en Allemagne et embrassa la religion
protestante à Marbourg en 1644. Plus
tard y il alla s'établir à Hambourg et
mourut dans l'Allemagne du Nord, on
ne nous apprend pas en qudle année.
On a de lui :
I. Apocalypsis nova Babylonis anti-
ques, carminé conscripta et Marpur-
gii2Tnov, i 6 44rect7afa,Cassel., 1 646,
in-S^"; 2«édlt., Hamb., 1648, in-8«;
trad. en allem., Cassel, 1647, m-4*.
II. Aurea redux, Rintein, 1647, 8*.
III. Clypeusconjugiiclericalis,v€r-
sibus exhibitus, Hamb., 1648, in-8*;
Lubec., 1649, in-8*; trad. en allem.,
Gopenh., 1649, in-8o.
IV. ApexLubecensis, Lobec., 1649,
in-80.
V. Lubecana fide^ cum Clypeo con-
jugii, etc., Lubec.,1649, in-s».
VI. Fidei catholicœ christianœ wU-
nera, Hafn., 1649, in-8^
VII. Apologia rationis hwnatuB,
Lugd. Bat., 1657.
REGNAULT (Nicolas) a publié un
Discours véritable des guerres et trai-
tés avenus au pays de Provence, en-
voyé à M, le comte de Tende, lieu-
tenant pour le roy en Provence. La
!'« édit. parut à Lyon; on n'en connaît
pas d'exemplaire. Elle fut réimp. dans
la même ville en 1564, in-40; puis,
sans nom de lieu ni de libraire, eh
1564, in-80, et en dernier lieu dans le
T. III des Mémoires do Condé. Re-
gnault, qui servait dans les troupes
RËG
- 401 —
RÉG
huguenottes^ parle en témoin ocolaire
de la plupart des faits qa'il raconte.
RÉGNIER (PiERBE), sieur de La
Planche, en Poitou, lieutenant géné-
ral au siège présidial de Poitiers, fut,
au rapport de Florimond de Rsmond,
nn des premiers habitants de cette ville
qui se laissèrent séduire par Calvin
[Voy. l, p. 206). C'est dans son jardin
que s'assemblèrent les premiers dis-
ciples du grand réformateur. Filleau,
qui l'appelle ÊUe , lui attribue deux
ouvrages de droit ; mais, selon Dreux
du Radier, ils appartiennent à son père
Élie, décédé en 1527. Pierre Régnier
mourut en nov. 1570^ après avoir été
marié deux fois. Sa première femme,
Jeanne de Terves, lui avait donné qua-
tre enfants : i» Louis, qui suit : —
2« Élise;— 30 Pierre, sieur du Treuil,
Lambrunière, gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi, dont la postérité
s'étcignitau milieu du xyipsiècle,et —
40 Françoise. Laseconde^i4nn6il//eu,
le rendit encore père d'un fils, qui re-
çut le nom de TmoTHÉset qui fit sou-
che.
L Branche de La Planche. Louis
Régnier, sieur de La Planche, mestre-
de-camp d'un régiment d'infanterie et
capitaine de cent hommes d'armes^
avait été destiné par ses parents à la
carrière de la magistrature ; il avait
même pris ses degrés dès l'Âge de 1 7
ans, mais il avait dû se sauver en Al-
lemagne à la suite d'un duel, et le con-
nétable de Montmorency, qui l'aimait
fort a pour la gentillesse de son esprit
et grande connoissance des lettres et
affaires de France, » ayant étouffé l'af-
faire, il était rentré en France et s'é-
tait attaché au fils atné de son protec-
teur, dont il devint le confident et qu'il
servit de tout son pouvoir contre les
Guise. Quelque temps après la conju-
ration d'Amboise, Catherine de Médi-
cis le fît venir dans son cabinet, où
le cardinal de Lorraine se tenait caché
derrière une tapisserie, et l'interrogea
sur la cause des troubles du royaume,
en l'invitant à lui parler franchement.
Régnier lui déclara sans détour que le
meilleur moyen de rétablir la tranquil-
lité était d'éloigner les Guise, dont l'é-
lévation irritait toute la noblesse fran-
çaise. Catherine feignit de n'en rien
croire, lui reprocha de taire la vérité
et lui commanda de révéler la retraite
de Stuart et des autres prisonniers qui
étaient parvenus à s'évader des pri-
sons deToorsetBlois [Voy A, p, 272).
Régnier répliqua avec indignation qu'il
n'était ni prévôt de maréchaussée, ni
espion. La reine-mère donn» donc l'or-
dre de l'arrétercomme complice; mais
le maréchal de Montmorency lui fit
rendre la liberté quatre jours après.
On ne sait rien de plus sur sa vie, qui
se prolongea, dit-on, jusqu'en 1598.
Selon d'autres, qui, croyons-nous, ap-
prochent davantage de la vérité, il
mouru t avant l'impression de son grand
ouvrage.
De Thou et les historiens contempo-
rains peignent Régnier comme un né-
gociateur très-habile, mais c'est sur-
tout comme historten qu'il est connu.
« Cet auteur, dit Tabaraud , dont le
jugement ne peut être suspect de par-
tialité, cet auteur est grave, sérieux,
souvent théologien, et plus souvent
moraliste. 11 parie toujours par sen-
tences ; mais il ne prêche la modéra-
tion ni de paroles ni d'exemple. Peu
d'auteurs ont écrit avec autant de pas-
sion. Il est cependant croyable sur
les faits^ parce qu'il était très-honnète
homme et qu'il a été lui-même employé
dans les affaires dont il parle. » Selon
Mézeray, Régnier était un esprit adroit,
pétillant, malin. Casteinau dit qu'il
était éloquent et persuasif. Enfin La
Popelinicre lui reproche d'avoir été
«homme politique, plus mondain que
consciencieux, v Voici la liste de ses
ouvrages.
1. Du grand et loyal devoir, fidé-
lité et obéissance de Messieurs de Pa-
ris envers le Roi et Courimne de
France, s. 1„ 1365, in-S»; 1567, in-
16. — Relation, dans le sens du ma-
réchal de Montmorency, de l'affaire du
8 janv. 1565, où le prince Porcien
(Voy. IV, p. 125) joua unrôle. L'édi-
RÉG
— 408 —
RÉG
teur annonçait nne seconde partie, qui
n'a pas été publiée. Selon La Croix du
Maine, ce livre était aussi connu sous
le nom du Liire des marchands, parce
que l'auteur met en scène plusieurs
marchands qui discourent sur les ser-
vices des Montmorency et les entre-
prises des Guise. Il faut donc se gar-
der de le conrondre avec la satire pu-
bliée à Nenchâtel, dès 1534, in- 16, et
réimp. plusieurs fois, sous ce titre :
Le livre des marchands^ pour se gar-
der de quelle marchandise on doit se
garder d'être trompé, satire que l'on
attribue^ peut-être un peu légèrement^
à Chussanion,
II. Response à l'épistre de Charles
de Vandemont, carainal de Lorraine,
jadis prince imaginaire des royaumes
de Jérusalemet de Naples, duc et com-
te, par fantaisie, d'Anjou et de Pro-
vence, et maintenant simple gentil-
hommede Hainault,s. 1., 1565^ in-8«.
— Celle réponse, dit Bayle, « vient
d'une plume mieux taillée que celle de
l'apologiste du cardinal, n Satire ex-
trêmement vive et pleine de choses
Intéressantes.
m. La légende de Charles, cardi-
nal de Lorraine, et de ses frères de la
maison de Guise, Reims, 1576, in-8«;
réimp. dans le T. VI des Mémoires de
Condé. — C'est une des plus sanglantes
satires qui aient été mises au jour
contre les Guise. Régnier, qui la pu-
blia sous le pseudonyme de François
deVhle, paraît bien instruit et entre
dans les plus curieux détails.
IV. Histoire de l' Estât de France,
tant de la république que de la reli-
gion, sous François II, s. 1., 1576,
in-8o; réimp. à Paris, 1836, 2 vol.
in-8*. — Cette histoire, la meilleure que
nous possédions sur ce règne, commen-
ce par une peinture de l'état de la France
à l'avènement au trône de François II,
et finit à la mort de ce prince. L'au-
teur, qui ne prend pas la peine de dis-
simuler sa haine conlreles Guise, nous
montre le jeune roi tellement dominé
par les princes lorrains, qu'il consent
non-seulement à laisser mettre Condé
à mort^ mais même à assassiner le roi
de Navarre de sa propre main; la reine-
mère, tantôt pour les Prolestants, tan-
tôt pour les Guise, s'essayant à celte
politique de bascule qu'elle devait ap-
pliquer bientôt pour le malheur de la
France; Condé intrépide dans la pro-
fession de sa foi ; Coligny et ses frères
Jouant le rôle le plus noble et le plus
digne. Son livre renferme un grand
nombre de pièces intéressantes, d'ac-
tes authentiques, d'analyses des écrits
publiés par les deux partis ; le style
en est clair, animé, et si correct que
pas une expression, pour ainsi dire,
n'en a vieilli. En général, Régnier juge
sainement les événements et les hom-
mes; dans quelques endroits cepen-
dant , il ne se montre pas tout k fait
exempt de la crédulité de son temps.
Du mariage de Louis Régnier avec
Françoise Flament, célébré en 1574,
selon Filleau, naquirent trois fils :
!• Abel, mort sans postérité; —
2* Louis, qui continua la descendance;
—30 Pierre, dont le sortes! inconnu.
Louis épousa, en 1611, Noémi Buor,
et mourut en 1656, père de deux en-
fants. Sa fille, Louise, devint la fem-
me de François Du Boulet, sieur du
Coudret. Son fils, Louis, qui Tavait
précédé dans la tombe, s'était allié, en
1639, avec Jeanne Bertinaud, fille de
Jean, sieur de Pampier. De ce mariage
étaient nés : i° Louis, mort sans pos-
térité; — 2» Henri, à qui sa femme,
Marie de Villcdon, ne donna pas d'en-
fants;— 30 Marie, femme, en 1667,
de Paul de Saint-Matthieu ; — 4* Su-
8ANNE, épouse de Jean Badiffe, sieur
de Conchamps; — 50 He?«rikttb.
Quelques écrivains qualifiant Ré-
gnier de La Planche de gentilhomme
parisien, nous aurions été assez dis-
posé à regarder comme issue de la
même souche une famille protestant*^
du nom de La Planche, qui habitait
aux environs de Paris, et qui nous est
connue seulement par les Registres de
Charenlon. La généalogie dressée par
Filleau prouve que nous nous serions
Irompé. Cette famille parait avoir été
RÉG
— 408 —
REl
assez nombreuse. Dans l'espace d'une
vingtaine d'années, nous trouvons in-
scrits sur le registre des enterre-
ments : 1 • Philippede La Planche, slenr
de Villiers, gentilhomme de la cham-
bre, mort en 1635, âgé de 55 ans; —
2» Jacques de La Planche , sienr de
Mortiers, mort à Chaton en 1646; —
3<» Adam de La Planche, sieur de Mor-
tiers et de Coco, mort en 1648, âgé
de 66 ans; il était flls ù^'Adam de La
Planche et de Geneviève Gobelin, et
laissa Adàh, sieur de Coco, qui épou-
sa, en 1666, Julie de Pestalozzy; —
4» Jacques de La Planche, sieur de
Villiers, mort en 1658, âgé de 65 ans,
dont le fils, Màtthibo, sieur de Vil-
liers, épousa, en 1664, Antoinette de
Boham, fille de Gabriel, sieur de Soiie,
et d'Elisabeth de Flavigny ; — 5* Jean
de La Planche, capitaine au régiment
des gardes sous Henri IV, mort en
1 652. Nous avons dit ailleurs que Phi-
lippe, sieur de Villiers, épousa Judith
de Laubéran; ajoutons Ici qu'il en eut
cinq enfants, savoir: l» MARfB, née
en 1620, femme d'Alexandre L Huit-
lier, sieur de Chatandos;— 2» JuniTH,
née en 1621, femme, en 1658, de
Jacques Caille, sieur de Compoix, a-
Tocat an parlement de Paris; puis, en
1665, d'A loph de Gorris, sieur de Nau-
court ; — 50 Philippe, né le s sept.
1623;— 40 ELISABETH^ née en 1626,
mariée, en 1653, avec Pierre Jaupi^
ire, sieur de La Harre, cornette géné-
ral des carabins; — 5<* Constance, née
en 1632, femme, en 1663, de Jean-
Antoine de Bretinières, sieur de Ponts,
flls de Jacques, sieur de Plessis , et
d'Esther de Gilain,
II. Branche de Lambrunièrb. Ti-
mothée Régnier épousa Renée de Ter-
ves, dont il eut un flls, nommé Pierre.
Du mariage de ce Pierre avec Cathe-
rine Colin, naquirent : i» Louis, sieur
de La Planche ; — 2» Ruben, sieur de
La Minière, qui épousa, le 31 mars
1672, étant âgé de 35 ans, Madelcdne
Faf.aiseau, fille du banquier Samuel
Falaiseau et de Madelaine Du Four,
(Reg. de Charenton). Après la réro-
eatlon de l'édlt de liantes, il gagna
le lieutenant de la maréchaussée de
Saint-Maixent et sortit du royaume, en
1688, avec sa femme, deux de ses fils
et sept filles, comme nous rappren-
nent les Mémoires de Foucault; •*
3* Pierre, sieur du Puys , le même
sans doute que Pierre Régnier, sieur
de Charzais, qui abjura en 1683, et
fut arrêté, en 1696, comme suspect de
protestantisme (Arch. gén. E. 3382);
— 40 Daniel, sieur de Lambrunière^
qui resta aussi en France et épousa,
en 1686, Marie de Vaune; — 5* Ma-
delaine.
REl (Fulcran), proposant, natif de
Nismes, le premier des pasteurs du
désert qui scella de son sang , le sept
Juillet 1686, la doctrine qu'il prêchait.
Un songe que sa mère avait eu étant
enceinte, avait déterminé ses parents
à le consacrer au service de Jésus-
Christ, même avant sa naissance. Il
avait donc étudié la théologie, et H
était sur le point de se faire recevoir
ministre par le synode de sa province,
lorsque l'édit de Nantes fut révoqué.
Dieu et sa conscience lui tinrent lien
d'une ordination plus régulière. Cen-
triste de la timide obéissance des pas-
teurs qui , sur l'ordre du maître, se
hâtaient de sortir du royaume, en a-
bandonnant leurs troupeaux à la dent
des loups dévorants, il résolut de ne
point suivre un aussi triste exemple,
mais de rester en France «pour prêcher
TEvangile à ceux qui Tavoient connu,
et qui en avoient fait profession, afin
d'affermir parmi eux ceux qui étoient
debout au milieu des grands efforts de
la persécution, et de relever ceux qui
étoient tombés par la violence de la
tentation. » Il n'ignorait pas à quels
dangers il s'exposait. «Dieu, écrivait-
il à son père, n'a point parlé à moi
bouche à bouche, comme il parla au
patriarche [Abraham], mais ma con-
science m'inspire de m'aller sacrifier
pour lui et pour Tintérêt de son Egli-
se. Je ne sai si Dieu se contentera du
désir que J'ai de faire sa volonté sans
n'exposer à la mort^ mais quoi qu'il
RËI
— 404 -^
RE[
en 80it, sa volonté soil faite. Si je suis
pris, ne murmurez pas contre lui, sou*
frez patiemment tout ce qu'il lui plaira
de m'envoyer pour l'intérôt de mon
Dieu et pour l'avancement de son E-
glise ! 0 ! quel bonheur me seroit-ce,
si ]e pouvols être du nombre de ceux
que le Seigneur a réservez pour anon-
cer ses louanges et pour mourir pour
sa cause. » Ce fut dans ces sentiments
héroïques, qu'il se mit à visiter ses
coreligionnaires de Montauban, de Mil-
hau, de Saint-Âffrique , du Ponl-de-
Gamarès, de Montpellier, de Nismes ;
mais partout il trouva les Protestants
en proie à une indicible terreur, et
partout il fut éconduit, excepté dans
les environs de Nismes où il réussite
tenir quelques assemblées, dont plu-
sieurs furent surprises. Vendu par
Audoyer, qui se disait son ami, Rei
courut lui-même de grands dangers ;
il n'y échappa qu'en retournant dans
le Castrais. Cette fois, ses exhortations,
ses instructions et ses prières ne res-
tèrent pas sans fruit; mais les actives
poursuites de ses persécuteurs le for-
cèrent bientôt à se réfugier dans les
Cevennes, où, au bout de six semai-
nes, la trahison û' Aimeras, son com-
pagnon de route, mit un terme à ses
pieux travaux. Arrêté par des dragons
qui le traînèrent, avec une brutalité
i^voltanle, dans les prisons d'Anduze,
il fut soumis à un premier interroga-
toire, avoua franchement qu'il avait
prêché comme son devoir l'y obligeait,
et fut envoyé à Alais, d'où on le trans-
féra, chargé de fers, à Nismes. Rei ne
comptait encore que 24 ans. Redou-
tant l'effet que la constance d'un aussi
jeune homme ne pouvait manquer de
produire sur les nouveaux convertis,
l'intendant le Ût, bientôt après, con-
duire dans la ville toute catholique de
Beaucaire. Là, comme à Alais et comme
à Nismes, on ne négligea rien pour le
séduire et le décider à abjurer. Son
inébranlable fermeté ne Tubandonna
pas un seul instant. 11 fut enfin con-
damné à être pendu, après avoir souf-
fert la question. A l'ouïe de celte sen-
tence : « On me traite, dit-il, plus
doucement qu'on n'a traitlé mon Sau-
veur, en me donnant une mort si dou-
ce ; je m'étois préparé à être rompu
ou à être brûlé. Jeté rends grâce. Sei-
gneur du ciel et de la terre, de tant
de biens que tu me fais, je te rends
grâce de m'avoir trouvé digne de sou-
frir pour ton Evangile et de mourir
pour toi, je te rends grâce de m'appel-
1er à soufrirpour toi une mort si douce
après avoir préparé mon cœur à sou-
frlr la plus cruelle mort pour l'amour
de toi. p La sentence fut exécutée dans
toute sa rigueur. Qu'on nous montre,
même dans les premiers siècles de l'E-
glise chrétienne, un plus admirable
exemple des miracles opérés par la
foi.
REICIIELT(JULEs),né Strasbourg,
le 5 ou le 8 juin 1637, fut nommé, en
1667, professeur de mathématiques
dans sa ville natale. 11 mourut le 1 9 fév.
1719, doyen du chapitre de Saint-
Thomas et conseiller de l'électeur pa-
latin. 11 n'était pas seulement habile
mathématicien , il était aussi très-
versé dans la numismatique et la géo-
graphie. On a de lui :
1. Diss. demusicd.Krg., 1 672, in-4».
IL De amuletis, Arg., 1 676, in-4».
III. De umbilicOy Arg., 1 676, in-4*.
IV. Spécimen geograpftiœ heraldicœ
exhibitum in circuÀo Bavarico , Sue-
vico et Helvetiâ,ArQ., 1678, in-4».
Y. Elementa asironomicaet geogra-
phica, Arg., 1688.
YI. Delineatiu architecturœ milita
riSy Arg., 1700.
Yll. Diss. de disciplinis mathema-
(tci>, Arg., 1707,in-4».
Ylll. Sylloge ihesium mathemati-
carum, Arg., 1707, in-4o.
IX. Charte von Teutschland,
REINH ARD (CHÀRLEs),diplomale,
très-habile selon M. de Talleyrand,
très-inhabile selon M.Michaud jeune,
naquit dans le duché de Wurtemberg,
en 1 762, de parents allemands, mais il
a été naturalisé français par quarante
années de loyaux services en France.
M. de Talleyrand qui,. en sa qualité de
REI
— 408 —
REI
ministre des affaires étrangères sons
trois règnes « très-différents, » avait
été à même d'apprécier^ « plusieurs
des mérites» de Reinhard^ a vonla
clore sa carrière politiqne par TÉioge
de son ami, qn'il prononça à TAcadé-
mie des sciences morales et politiques,
dans la séance du 3 mars 1 838, quel-
ques mois seulement avant sa mort.
Nous puiserons dans cet Éloge la meil*
leurc partie de notre notice. Après
avoir fait des études en théologie à
l'université de Tubingue, Reinbard
accepta, en 1787, « les honorables et
modestes fonctions de précepteur »
dans une famille protestante de Bor-
deaux. <c Là, il se trouva naturelle-
ment en relation avec plusieurs des
hommes dont le talent, les erreurs et
la mort jetèrent tant d'éclat sur notre
première assemblée législative » et il
se laissa facilement persuader par eux
d'entrer au service de la France, il se
rendit donc à Paris, et fut attaché, en
1 792, à la légation d'Angleterre com-
me premier secrétaire. Ce fut sans
doute alors que M. Talleyrand, qui a*
vail été envoyé à Londres pour assis-
ter notre ambassadeur G hauvel in, eut
l'occasion de le connaître. « Le comte
Reinhard (il fut plus tard gratifié de
ce titre par Napoléon), le comte Rein-
hard, dit-il, avait trente ans et j'en
avais trente-sept quand je le vis pour
la première fois. Il entrait aux affaires
avec un grand fonds de connaissances
acquises. Il savait bien cinq ou six
langues dont les littératures lui étaient
familières, il eût pu se rendre célèbre
comme poète, comme historien, com-
me géographe, et c'est en cette qualité
qu'il fut membre de Tlnstitut, dès que
l'Institut fut créé (1795). 11 était déjà
à cette époque membre de l'Académie
des sciences de Gôltingue. Né et élevé
en Allemagne, il avait publié dans sa
jeunesse quelques pièces de vers qui
l'avaient fait remarquer par Gessner,
par Wieland, par Schiller.» Plus tard,
Reinhard fit la connaissance du cé-
lèbre Goethe, et entretint un comr
merce de lettres avec lai. Lear corres-
pondance a été publiée en Allemagne.
Les événements politiques mar-
chaient avec une grande rapidité, et
les fonctionnaires étaient nécessaire-
ment entraînés dans le tourbillon. Dès
1793, Reinhard était passé de Londres
à Naples, avec le même emploi ; l'an-
née suivante, il fut nommé chef de
division au ministère des relations ex-
térieures, puis, en 1795, ministre plé-
nipotentiaire auprès des villes Anséa-
tiques, et en 1797, auprès de la cour
de Toscane. Sieyès étant entré au Di-
rectoire exécutif en 1 799, appelaRein-
hard au ministre des affaires étran-
gères (20 juillet); mais, après le 18
brumaire, Talleyrand reprit la direc-
tion de ce ministère (22 nov.), et en-
voya Reinhard auprès de la Républi-
que helvétique eu qualité de ministre
plénipotentiaire. Après une courte ré-
sidence en Suisse, notre diplomate fut
déplacé de nouveau et nommé consul gé-
néral à Milan, puis ambassadeur auprès
da cercle de Basse-Saie. A la reprise des
hostilités en 1805, il eut ordrede se ren-
dre à Jassy en qualité de consul général ;
pendant la guerre avec la Russie, il toi
enlevé et transporté dans l'Ukraine;
mais bientôt, sur un ordre de St-Pô-
tersbourg, on le remit en liberté, et il
revint en France. Après la création da
royaume de Westphalie (8déc. 1807),
Reinhard fut accrédité auprès du roi
Jérôme comme ministre plénipoten-
tiaire. Il remplit ces fonctions jusqu'à
la chute de l'Empire. « Que de places,
que d'emplois, que d'intérêts confiés
à un seul homme, s'écrie M. de Tal-
leyrand, et cela à ane époque où les
talents paraissaient devoir être d'au-
tant moins appréciés que la guerre
semblait à elle seule se charger de tou-
tes les affaires. » A la restauraction,
H. de Talleyrand, alors tout puissant,
n'oublia pas son vieil ami, il l'attacha à
la direction générale de la chancellerie
du départ, des affaires étrangères. Pen-
dant les Cent jours, Reinhard eut la
sagesse de se tenir à l'écart. Sa fidé-
lité au roi fut récompensée par le titre
de ministre plénipotentiaire auprès de
REI
^ 406 —
HEI
la diète germanique et de la ville libre
de Francfort, tilre auqael vint s'ajon-
ter, plus tard, celui de conseiller d'É-
tat en service evtraordinaire. Sous le
gouvernement de Louis-Philippe , il
fut nommé à l'ambassade de Dresde.
Après une vie aussi bien remplie, il
était Juste de lui accorder une hono-
rable retraite, on l'appela à la Cham-
bre des pairs ; mais il ne jouit pas
longtemps de cet honneur, il mourut
presque subitement le 25 déc. 1837.
Rien de plus rare, selon H. deTalley-
rand, qu'un parfait diplomate , « et
cependant, ajoute-t-il, M. Reinhard
Taurait peut-être été, s'il eût eu une
qualité de plus; il voyait bien; il en-
tendait bien; la plume à la main, il
rendait admirablement compte de ce
qu'il avait vu, de ce qui lui avait été
dit. Sa parole écrite était abondante,
facile, spirituelle, piquante; ausEi de
toutes les correspondances diplomati-
ques de mon temps, il n'y en avait
aucune à laquelle l'empereur Napoléon^
qui avait le droit et le besoin d'être
difficile, ne préférât celle du comte
Reinhard. Mais ce même homme qui
écrivait à merveille, s'exprimait avec
difficulté. Pouraccomplir ses actes, son
intelligence demandait plus de temps
qu'elle n'en pouvait obtenir dans la
conversation. Pour que sa parole in-
terne pût se reproduire facilement, il
fallait qu'il fût seul et sans intermé-
diaire. Malgré cet inconvénient réel,
M. Reinhard réussit toujours à faire et
bien faire tout ce dont il était chargé.
Où donc trouvait-il ses moyens de
réussir, où prenait-il ses inspirations?
Il les prenait. Messieurs, dans un sen-
timent vrai et profond qui gouvernait
toutes ses actions, dans le sentiment
du devoir. » On sait que c'est à pro-
pos de cet éloge de Reinhard que M. de
Talleyrand a émis ce paradoxe, si inat-
tendu, que les éludes théologiques sont
une très-utile préparation à la carrière
diplomatique. Il est vrai qu'il a soin
d'ajouter que ceux qui regardent la
diplomatie comme une science de ruse
etdedapliclté^ s'en font une bien fausse
idée. « Si la bonne foi est nécessaire
quelque part, dit-il, c'est surtout dans
les transactions politiques, car c'est
elle qui les rend solides et durables.
On a voulu confondre la réserve avec
la ruse. La bonne foi n'autorise Jamais
la ruse; mais elle admet la réserve:
etla réserve a cela de particulier, c'est
qu'elle ajoute à la confiance. » Admet-
tons donc que Reinhard, dans l'exer-
cice de ses fonctions, n'a pas suivi les
exemples qui lui venaient d'en haut|
et qu'il n'a jamais été que réservé. On
vante encore en lui d'autres qualités
non moins précieuses, il était étran-
ger à tout calcul personnel, et sa a ré-
gularité de vie appelait la confiance et
l'estime. 0 II se maria deux fois et lais-
sa, du premier lit, un fils qui, à son
exemple, suivit la carrière politique.
REISSEISSEN (Jean-Danibl), né
à Strasbourg en 1 735, prit le gradeda
licencié en droit en 1761, et obtint,
en 1768, la permission d'ouvrir un
cours de jurisprudence. Nommé, en
1770, professeur des Institutes, il ob-
tint, cinq ans plus tard, la chaire des
Pandectes etdu droit canon. En 1776,
il se fit recevoir docteur, et l'année
suivante, il fut admis dans le chapitre
de Saint-Thomas. La date de sa mort
n'est pas connue. Outre un commen-
taire De origine comitis palatini sub
romanis imperaloribus ejusque indoU
subMerovingicis et CaroUngids Frwih
ciœ regibuSf ouvrage couronné, qui a
été publié dans THist. Acad. elector.
Théodore- Palatinœ, on a de lui :
I. Deelectione imperatoris extranei
neque legibus neque observantia con"
trariâ, Arg., 1761, in-4».
II. De locosepuUurŒyATg. 1777, 4«.
I il Jurisprudentiœ diplomaticœ spe-
cimina sex, Arg., 1779, in-4».
IV. De veneficiodolosoykTg., 1781,
in-io.
\. Programma de baccalaureiSyktg,,
1783, in-4».
VI. Spécimen juris Georgici Alsa"
tici de indole prœdiorum rusticorum,
Arg., 1783, in-io.
VII. Proipectus judidorum Argm^
RËM
— 407 —
REN
Unensium, Argent. , 1784, in-4».
VIII. De usu aquilœ Imperii in si'
gtllis Imperatorum romanorum et aUo^
runiy Arg., 1788, in-4o.
REMERVILLE, famille d'Apt, qui.
embrassa de bonne heure les doctrines
évangéliques. S'il faut en croire Boze,
c'est dans la maison de François de
Remerville, sieur de Saint-Questin, que
se tenaient, dès 1553, les assemblées
religieuses des Réformés d'Apt, qui
avaient fait venir de Genève un minis-
tre nommé Jean de Im Plante. Quel-
ques années après , Pierre de Remer-
ville combattit dans les rangs hugue-
nots à Dreux, à Jarnacet à Honcontoor;
mais, ajoute Bozc, « il eut tant de re-
gret de s'être laissé séduire aux erreurs
de Calvin, qu'il se jeta d'une extrémité
dans l'autreet devint ligueur obstiné.»
L'historien d'Apt fait encore mention
de Pompée de Remerville a qui, dit-il,
fit des progrès remarquables dans l'é-
tude des lettres latines , grecques et
hébraïques, » et qui renonça aussi an
calvinisme «dès qu'il put connaître la
vérité. )) Ce Pompée de Remerville ne
serait-il pas, par hasard, le mèmeque
l'ancien moi ne Pomfxfe de Remerville,
qui, s'étant fait ou refait protestant^
abjura la religion réformée, après a-
YOir desservi différentes églises de
l'Agénois, fut excommunié comme a-
postat, en 1631, par le Synode natio-
nal de Charenton, et touchait du clergé,
en I63n, une pension de 400 livres?
REMI (Hector), greffier de Bouvi-
gncs, près d'Orchies, fut arrête, en
1542, comme hérétique, et sur son
refus de rétracter sa confession do foi,
décapité à Douai. Sa femme , Matthi»
nette Du Buisset fut, pour le même
crime, enterrée toute vive.
RÉMO.^D (Jean), historien, né à
Hanau, le 23 juill. 1769, et mort à
Marbourg, le 10 janv. 1793.
Rémond était fils d'un passementier,
dont toutcl'ambilionse bornait à le voir
lui succéder dans son comptoir; néan-
moins fidèle aux traditions huguenot-
tes, . il ne voulut point négliger son
instruction et l'envoya au gymnase de
sa ville natale, où le jeane Rémond
apprit le latin et ie grec. Tout en tra-
duisant saint Luc et Virgile, l'enfant
sentit s'éveiller en lui le goût de la
théologie, en sorte que« dès l'âge de
12 ans, il était décidé à renoncer au
commerce pour se consacrer au ser-
vice de l'Eglise. Dirigé par Théodore
Roques dans l'étude des sciences théo-
logiques, et par Arnoldi danscelledes
langues orientales, il y fit des progrès
rapides. En 1 787, il fut en état de eni-
vre avec profit les cours de l'univer-
sité de Gottingue. Son père aurait dé-
siré qu'il devint pasteur d'une église
du Refuge; mais Rémond avait plus de
dispositions pour l'enseignement que
pour la prédication; la faiblesse de sa
santé semblait d'ailleurs lui interdire
l'accès de la chaire sacrée. 11 continua
donc à s'appliquer aux langues orien-
tales sous Nichaëlis , qui l'engagea à
diriger ses études sur l'histoire du
peuple juif. Il suivit le conseil de l'il-
lostre professeur, sans négliger pour-
tant les autres branches des sciences
théologiques, qui étaient alors ensei-
gnées à Gôltingue par des savants du
plus grand mérite. L'excès du travail
lui causa, en 1790, une hémorragie
qui mit sa vie en danger. La même an-
née, il fut nommé professeur extraor-
dinaire de philosophie, et l'année sui-
vante, on l'appela à remplir la chaire
de philosophie et d'histoire ecclésiasti-
que à l'uni versité de Marbourg. il ne l'oc-
cupa pas longtemps. Malgré le régime
sévère qu'il observait, il se manifesta
bientôt des symptômes de consomption,
et il succomba, à la fleur de l'âge, vic-
time de sa passion pour l'étude, il ne
travaillait pas moins de seize heures
par jour. Le seul ouvrage qu'il ait fait
impr. est intitulé Versuch einer Ge-
schichlc der Ausbreitung des Juden-
thums von Cyrus bis auf den gdnzli-
clien Unteryang des jUdischen Staats,
Leipz., 1789; in-8». Sa dissertation De
disciplina arcani, que la Faculté de
théologie de Gottingue couronna en
1790, n'a point été publiée.
RENARD (JKAff),8ieQrdeXmGUE-
REN
— 408 —
REN
TiÈRE, capitaine hugaenot, natif d'An-
gers ou des environs^ prit les armes
des la première guerre civile, et se
relira à Poitiers avec une partie des
habitants protestants de sa viile natale
(Voy. IV, p. 331), lorsque Puygaillard
s'en rendit maître {Voy, l,p. 20). Dans
la troisième guerre, il rejoignit iifw/^
lot sur les bords de la Loire, et fut Tait
prisonnier au combat des Rosiers (Fby.
111, p. 416); mais il réussit bientôt à
s'échapper. Il se signala an siège de
Poitiers, en 1 569, et la même année^
chargé de défendre Marennes avec
Chesnet et La Maisonneuve, il fut for-
cé, par le découragement de la garni- .
son composée en grande partie de sol-
dats allemands, d'abandonner la place
après une courte résistance, et de ga-
gner par mer La Rochelle, d'où il fut
envoyé, comme gouverneur, dans Tlle
de Ré. Quelque temps après, au mois
de Juin 1 570, il fut mis à la tète d'une
expédition maritimedirigée contre l'Ile
d'Oléron. Il débarqua sans obstacle aa
Roiste, se rendit maître de Saint-Pierre,
dépouilla les églises, fit couper et ven-
dre les bois du riche prieuré de Saint-
Georges, et emmena les principaux
habitants comme prisonniers à La Ro-
chelle. En 1571, lorsque Goligny con-
çut le projet d'opérer une diversionen
Amérique pendant que les Français at-
taqueraient les Pays-Bas, il jeta les y eux
sur Minguetièrc, qui réunissait aux ta-
lents d'un valeureux capitaine les qua-
lités d'un habile marin, et il lui donna
le commandement de l'escadre desti-
née à cette périlleuse entreprise, que
la Cour de France elle-même ût échouer
(Voy. lU, p. 396). Hinguetière et ses
compagnons périrent tous, égorgés par
les Espagnols. On a publié, après sa
mort, une trad. qn'il avait faite d'une
portion de l'histoire des Francs de Pau-
lus ^milius, sous ce titre : Les cinq
premiers livres de Vhistoire de Paule
jEmyle, Paris, 1575, in-fol.
ISous ignorons si le capitaine Min-
gueticre laissa des enfants; mais nous
trouvons porté sur une liste de Réfugiés
de la Saintonge {Arch, Tt. 242), Jean
Renard, sieur de Romefort, fils de
Louis , sieur du bourg de Clan , et
ù'Esther Espied, et gentilhomme or-
dinaire de Monsieur, qui avait épousé
à Paris, en 1 647, Marthe Georgeau,
fille de Jean, sieur de La Boulardière,
et de Renée Tortray ; puis, en 1 662,
Marthe Du Til, fille de Gédéony sieur
de Boudou, et de Catherine de Souvi-
gnac (Reg. de Charenton).
RENARD (Louis), agent du roi
d'Angleterre, ne nous est conna que
par les deux recueils suivants, cités
par le bibliographe Rotermund.
l. Poissons, écremsses et crabes de
diverses couleurs et figures extraor»
dinaires que l'on trouve autour des
isles Molucques et sur les rôtes des
terres Australes, AmsU, il iB;i1^A,
2 vol. pet. in-fol. — Brunet complète
ainsi le titre de cette seconde édition :
peints d'après nature; ouvrage divisé
en deux tomes , dont le premier a été
copié sur les originaux de Baltazar
Coyett ; le second a été formé sur les
recueils d'Adrien van derStell ; donné
au public par L. Renard, et augm,
d'une préface par Arnout Vosmtjer,
Amst. 1754, 2 part, en l voL in-fol.
de 42 et 57 planches coloriées. — Ou-
vrage somptueux, dit le bibliographe
allemand : les figures exécutées dans
les Indes sont assez grossières, mais
les couleurs en sont merveilleusement
belles. C'est vraisemblablement à tort
que M. Brunet conteste la date de la
première édition ( date constatée ce-
pendant dans le catalogue Gaignal) et
suppose même qu'il n'existe qu'une
seule édit. de ce recueil dont le fron-
tispice aurait été changé, a Les biblio-
graphes, dit-il, citent une édit. d'Amsl.
1718 plus rare et mieux exécutée que
celle de 1 754. Cette prétendue édit. de
1718 est sans date et porte au bas du
titre ces mots : donné au public par
Louis Renard, Ce qui a pu faire croire
qu'elle était de 1718, c'est que plu-
sieurs lettres en forme d'alteslations
imprimées au commencement de ce
volume ont une pareille date [n'est-ce
pas la plus forte des présomptions? j
REN
— 409 —
REN
Mais cette conjecture parait d'autant
pins mal Tondée, qu'on trouve en note,
dans la prérace, une citation du Mer-
cure de France, sept. 1749. Il est vrai
que cette prérace d'Arnout Vosmaer
n'est pas annoncée sur le frontispice
de l'édit. sans date^ etc. o Cela seul au-
rait dû sufQrepour convaincre M. Bru-
net que ce n'était pas un exemplaire
do la première édition qu'il avait en
main. Aussi remarque-t-il que le titre
n'en est pas tout à fait semblable à
celui que donne le catalogue delà bibl.
Gaignat. Selon lui, les enluminures de
ce livre sont très-médiocres.
II. Artis Apelleœ Thésaurus, ou
Thrésor des arts qui ont du rapport
au de^^tn, Amst., i 721 et suiv., 5 vol.
in-fol. ; magnifiques gravures.
RENAUD (Antoine), ou Regnault,
originaire de Gascogne fit ses études
en théologie à Genève et les couron-
na par une thèse De legis perfectio-
ne et primo illius prœceptOy qui a été
ins. dans les Thèses Genev. (l). Il pa-
rait que la première église qu'il fut ap-
pelé à desservir, fut celle de Nérac. En
1598, le Synode de Montpellier, sen-
tant combien il était important de re-
lever celle de Bordeaux, le donna pro-
visoirement pour ministre à cette égli-
se, à laquelle il ne tarda pas à être at-
taché définitivement. En 1 603, il fut
appelé comme professeur à Saumur.
La même année, le Synode national de
Gap, auquel il assistait, le députa à
Télecleur palatin pour le prier de tra-
vailler à l'union des églises. Le gou-
vernement de Henri IV prit ombrage
de cette mission, absolumentétrangère
à la politique, et lui défendit de ren-
trer en France (Voy. VI, p. 393). Il
est probableque cette défense fut levée
après la soumission du duc de Bouil-
lon. Ce qui est certain, c'est que Re-
naud était de retour à Bordeaux en
1607. Quick le fait mourir en 1610.
RENAUD (Êlie), ministre à Ton-
(1) Od troute ce nom écrit aossi Reinaud, Ht'
nauû, etc. Noos n'en ûnlrion!>pa8si nons devions
indiquer tontes les différences d'orthographe qu'on
rencontre dans les noms propres, an xvi* et au
xvu'siède.
T. vni.
neins-Bessous , ayant fait imprimer,
sans l'autorisation de la censure, seize
psaumes de David qu'il avait trad.
en vers français, fut blâmé par le sy-
node provincial de Sainte-Foy, en
1681, et reçut défense de poursuivre
l'impression de son travail (Arch^gén,
Tt. 340). A la révocation de l'édit de
Nantes, 11 se retira en Hollande avec
sa femme et deux enfants, âgés de 7 et
de 5 ans (Ibid. Tt. 287). L'un de ces
enfants, nommé Jbàn , rentra en Fran-
ce et abjura en 1702 (Ibid, E. 3555).
Quant à l'autre, ne serait-il pas iden-
tique avec le pasteur Renaud, chape-
lain de l'ambassade hollandaise à Pa-
ris, eff 1730?— Parmi les Réfugiés en
Hollande, on cite Péronne Regnault,
dame de La Guèze, morte à Rotterdam,
le 12 juin. 1692, à l'âge de 86 ans.
Cette dame était originaire de la Nor-
mandie, et nullement parente par con-
séquent des Renaud de Guienne,. aux-
quels étaitaliié sans doute un Regnault
qui fut interné à Clermont en 1686
{Arch, E. 3372).
RENAUDOT (Théophbàste), fon-
dateur de la Gazette de France, naquit
à Loudun en 1584. 11 vint fort Jeune
à Paris, où il commença des études en
médecine, qu'il alla terminer à Mont-
pellier en 1606. Après avoir pris le
bonnet de docteur, il retourna en Poi-
tou, où il pratiqua son art avec le plus
grand succès. Sa réputation s'étant é-
tendue au loin, la reine-mère le fit ve-
nir à Paris, en 161 2, pour « travailler
an règlement des pauvres, » comme il
nons l'apprend lui-même dans un fao-
tum de 1641; il fut nommé en même
temps médecin du roi avec un traite-
ment de 800 livres. « Il s'employaàson
office durantsixans, nous dit-il encore,
de telle sorte qu'il fut fait commissaire
général des pauvres valides et invali-
des par arrètdu conseil du 3 fév. 1618,
et ledit conseil agréa aussi qu'il éta-
blit un Bureau d'adresse de toutes les
nécessites et commodités réciproques,
dont l'intendance générale lui fut ac-
cordée. » Il est certain qu'à cette épo-
que, c'est^-dire en 1618, Renaudd
26
REN
— 410 —
REN
continaail à professer la religion pro*
testante. Nous en trouvons la preuve
dans les Actes de l'Assemblée politi-
que de Loudun, à laquelle il dédia deux
d e s*es traités, en 1 61 9 (Fonds Sl-Mch
gloire, N» 58); mais il avait sans au-
cun doute renié sa foi, lorsque Riche-
lieu lui ût accorder, en 1651, le pri-
vilège pour rétablissement de la Ga-
zette de France, privilège qui fut peut-
être le prix de son apostasie.
Partisan des remèdes chimiques^
Benaudot se fit beaucoup d'ennemis
parmi ses confrères; cependant ce qui
lui nuisit le plus auprès de la docte
Faculté, c'est qu'il donnait des consul-
tations gratuites aux indigents. Il eut
à soutenir à ce sujet un procès qui eut
beaucoup de retentissement, mais nous
n'avons point à nous en occuper, non
plus que de ses ouvrages, tous, à l'ex-
ception des deux traités meutionnés
plus baut, dont nous ne connaissons pas
même leslitres,ayantété publiés après
sa conversion. Ce médecin gazetier
mourut le 25oct. 1 655. il avait épousé
Marthe Du Mousiiery qui mourut en
1 639 et fut enterrée au cimetière pro-
testant des SS. Pères (Reg,de Cluiren''
ton), Dece mariage naquirent deux flis,
nommés ISAACetEusÈBE, qui ont aussi
joui, comme médecins, d'une certaine
réputation. Le célèbre orientaliste Ëu-
sèbe Renaudot était fils du cadet, qui
se convertit avec son père et mourut
en 1679. L'alné, qui vécut jusqu'en
1680, suivit-il leur exemple ? Rien ne
semble plus probable (l) ; ce qui nous
laisse pourtant quelque doute à cet
égard, c'est que nous trouvons un Re-
naudot professeur de philosophie à l'A-
cadémie de Saumur, en 1685, et un
anireRenaudot ministre à Hungerford^
vers 1692.
RENAULT (Jkaw), de Preillcs, pré-
dicant dans le Poitou. Condamné, le
4 juill. 1715, par contumace, ainsi
que ses collègues Jean Berthelot, Jac-
• (i) En 1650, il fat parrain, dans l'église ca-
Uiolique de Saint-Eustache, de Françoise Re-
naudot, Ulle de son frère Éusèbe et de Marie
Parcq, comme nous l'apprend une note que M. Ra-
ttnel a en l'obligeance de nous commaniquer.
ques Frapfder et Pierre BegnierSy m
galères perpétuelles, Renault eut, poi-
dant des années, se soustraire à toutes
les recherches. En 1 723, sur les plain-
tes réitérées du fameux abbé Gould,
que des prêtres catholiques, surtout
les aumôniers des vaisseaux, trahis-
saient la cause de la religion en déli-
vrant à des Protestants des certificats
de mariage sans les soumettre aux é-
preuves prescrites, des ordres sévères
furent donnés contre ces ecclésiasti-
ques trop tolérants, et un d'entre eux,
Jean-François Cartier, ne tarda pas à
être arrêté à La Rochelle. Mais quellt
fut la surprise des juges en reconnais-
sant dans ce prétendu aumônier de
vaisseau le prédicant Jean Renault 1
Pour échapper au sort qui le menaçait^
Renault abjura et fut gracié (Arch.
gén. £. 3415). 11 s'établit à La Ro*
chelle et se mit dès lors à travailler à
la conversion de ceux qu'il avait tant
de fois exhortés à persévérer dans leur
foi (Ibid. E. 3568).
RENÉE DE FRANCE, dncbesss
de Ferrare et de Chartres, comtesse dt
Gisorsetdame de Montargis, fut, de l'a-
veu de tous les historiens, une des fem-
mes du xvi« siècle les plus remarqua*
blés par les brillantes qualités de son
esprit et la noblesse de son caractère.
La nature ne l'avait point favorisée dn
c6té des avantages extérieurs; mais
elle l'avait douée d'une àme grande
et énergique, d'un jugement sain et
éclairé, d'un cœur généreux et ami
de la justice. Dès son enfance, la jen-
ne Renée montra pour les lettres et les
sciences une inclination qui lui avait
été transmise par le roi Louis XI I et la
reine Anne de Bretagne, ses parents,
et qui se fortifia encore, à la cour de
François I*"', par Tintimité de ses rela-
tions avec Marguerite de Navarre, Elle
apprit le grec, le latin, les mathémati-
ques, Tastrologie même, pour se con-
former au goût du temps, et fit dans
toutes ces sciences de remarquables
progrès. C'était, dit Brantôme, a une
fort bonne et habile princesse, car elle
avoit un des bons esprits et subtils, qni
)
REN
- AU -
RëN
estpit possible. Elle avoit estadié> et
l'ay vu fort sçavante discourir fort han-
tementet ^vement detou(esscienc«S|
jbsqaes à l'astrologie et la connoissançe
des astres. »
Née à Blois le 25 oct. 1510, Renée
n'avait pas encore atteint l'âge de trois
ans lorsqu'elle fut accordée en mariage
à Charles d'Aulrictie^ si célèbre depuis
sous le nom de Charies-Quint. Plus tard j»
0IIe fut promise au roi d'Angleterrô
AenriVill^puis à Joachim, marquis de
Brandebourg; mais ces projets d'union,
dictés par la politique. Turent rompus
par François I«% à qui ses intérêts dé-
fendaient de marier la Fœur de sa fem-
me Claude à un prince assez puissant
pour faire valoir, dans l'occasion, les
droits delà seconde fllle d'Anne de Bre-
tagne sur l'héritage de sa mère. Le con-
nétable de Bourbon osa aspirer aussi à
la main de la princesse, et peut-être la
mariage se serait-il conclu, si le ridi-
cule amour de Louise de Savoie pour
le connétable n'était venu se jeter à la
traverse. François l«^ Unit par unir sa
belle-sœur [so'juili. 1527} à un petit
prince italien, Hercule d'Esté, duc de
Ferrare^ fils de la trop célèbre Lucrèce
Borgia. Un même goût pour les lettres
et les arts rapprochait les deux époux;
mais Renéeavait puisé, dans ses entre-
tiens avec Marguerite de Navarre, des
Idées de réforme religieuse que le duc
était loin d'approuver, en sorte que la
différence de leurs opinions sur ce point
important fut entre eux une pomme de
discorde et devint pour l'excellente
princesse la source de nombreux cha-
grins.
Tant que Renée se contenta d'attirer à
sa cour par ses libéralités les savants et
les beaux-esprits de i'ilaiie, elle ne ren-
contra aucune opposition de la part du
duc, qui cultivait lui-même avec succès
la littérature italienne et était passion-
né pour les antiquités; mais lorsque,
cédant à l'impulsion de son cœur géné-
reux, elle accuei II i t dans sa ville de Fer-
rare les Français que des guerres mal-
heureuses avaient laissés sans ressour-
ces en Italie, la politique craintive e(
versatile de son époux commenta à aV
larmer. Il lut flt faire par ses intendania
des représentations auxquelles elle se
contenta de répondre : « Que vouleah
vous que je fasse? Ce sont de pauvres
Français de ma nation, lesquels, si Dieu
m'eût donné barbe au menton et que
Je fusse homme, seraient maintenant
mes sujets ; vol re même seraient-ils tels
si cette méchante loi saliquene me te-
nait trop de rigueur. » Il pai ait que, dans
cette circonstance, le duc renferma en
lui-même son mécontentement ; mais
ses frayeurs redoublèrent lorsqu'il vit
Renée, moins encore par compassion
pour l'infortune ou par amour pour
les lettres que par sympathie pour
des doctrines religieuses qu'elle par-,
tageait en secret, ofTrir dans son pa-
lais UD asile même à des Français que
les persécutions avaient forcés de s'exi-
ler, et se confirmer de plus en plus,
par le commerce intime qu'elle avait
avec eux, dans ses sentiments favora-
bles à une réforme de l'Eglise. Trem-
blant que le pape ne saisit ce prétexte
pour s'emparer de ses Etats, mais, d'un
autre côlé^ forcé de garder de grands
ménagements envers une fllle de Fran-
ce, il eut recours au roi Henri II, qui
flt partir le fameux Oriz pour Ferrare>
en 1554. L'instruction dont l'inquisi-
teur de la foi était porteur, a été publiée
par Le Laboureur, d'après le vol. 322
de laCollect. Dupuy.Ii devait employer
d'abord les exhortations et les remon-
trances; si la princesse se montrait
« opiniastre et pertinace, » si elle per-
sistait « en ses maudites, damnées et
reprouvées » erreurs, le duc était prié
de lui ôter ses enfants et de la faire en-
fermer elle-même dans un couvent.
Quant a à ses faulteurs, » Oriz devait
leur faire leur procès en toute rigueur.
Quoique isolée au milieu de sa oour^
d'oii le duc avait chassé tous les Fran-
çais, même ses femmes, qui avaient
été remplacées par des Italiennes char-
gées de l'espionner. Renée se montre
Inébranlable. On lui enleva donc ses
enfants, dont elle avait jusque-là sur-
veillé réducatlon avec un soinei^réme.
REN
— 412 —
REN
et sans pousser la dureté Jusqu'à la re-
léguer dans un couvent^ on la retint
longtemps prisonnière dans le \ieux
château d'Est. Elle flnit par recouvrer
la liberté au prix d'un acte de faiblesse,
dont elle ne larda pas^ il est vrai, à se
repenlir; mais on ne lui rendit passes
enfants, et jusqu'à la mort du duc, en
1559, elle vécut dans une profonde re-
traite.
La résistance de la duchesse de Fer-
rare aux ordres de son époux et de son
neveu, le roi de France, procéda-t-elle
d'un attachement ferme et sincère à la
religion évangélique ou bien d'un légi-
time sentiment de fierté blessée? Pour
décider la question, il faut attendre la
publication des nombreux matériaux
qui ont été recueillis par M. Jules Bon-
net et qui , nous assure-t-on , éclai-
reront d'un jour nouveau la vie de
cette princesse. Jusque-là, nous nous
abstiendrons de prononcer. Nous sa-
vons bien qu'elle accepta, en 1540,
la dédicace que Bruccioli lui fit de sa
version italienne de la Bible; nous sa-
vons aussi qu'elle donna pour compa-
gne d'études à sa 011e Anne la célèbre
Olympia Morata; nous avons déjà dit
ailleurs qu'elle accueillit Marot à sa
cour, et qu'elle eut avec Calvin des en-
treliens qui ne purent que fortifier son
penchant pour la Réforme; mais, d'uu
autre c6té, nous apprenons,dans l'Hist.
de Chartres parChevard, qu'en 15i0,
elle envoya chercher d'Italie deux che-
misettes de N. D. de Chartres; et vingt
ans plus tard, nous voyons encore Cal-
vin lui reprocher sa tiédeur dans une
lettre datée du 5 juill. 1560. « Si la
haoltesse et grandeur du monde vous
empesche d'approcher de Dieu, lui dit-
il, je voussero)e traistre, vous faisant
croire que le noir est blanc. Si vous es-
tiez bien résolue de vous porter fran-
chement, et en aullre magnanimité que
n'avez fait jusques icy,jele prieroyede
vous advancer bienlost en plus grand
maniement qu'on ne vous présente. »
Doit-on conclure de là que Renée de
France ne s'était pas encore déclarée
ouvertement; qu'elle ne faisait point
encore profession de la religion réfor-
mée ; qu'elle en était arrivée seulement
au point ou en était restée la sœur de
François l"t C'est au futur historieii
de la duchesse de Ferrare qu'il appar-
tient d'éclaircir ces délicates questions.
D'après la lettre de Calvin citée pins
haut, il paraîtrait que Renée de Fran-
ce, à qui la mort de son époux ve-
nait de rendre la liberté, se disposait
à rentrer dans sa patrie et que les
Guise lui offraient une part dans le ma-
niement des affaires publiques. « hb
gouvernement auquel on prétend vous
mesler, lui écrit le réformateur, est
aujourd'huy si confus que tout le mon-
de en crie alarme. Quand vous y se-
riez et qu'on vous escoutast, je croy
bien, madame, que les choses n'iroyent
point du tout si mal. Mais ce n'est point
ce qu'on cherche. On se veut couvrir
de vostre nom pour nourrir le mal qm
ne peult^ plus estre enduré. » Elle re*
vint, en effet, en France sur la fin de
cette même année. A son arrivée, elle
trouva le prince de Coudé emprisonné
et menacé de perdre la vie. Comme
elle avait^ dit Bemier dans son Hist.
de Blois, le courage et la résolution
d'un héros, elle blâma sévèrement son
gendre, le duc de Guise, en présence
de toute la Cour qui était allée à sa
rencontre à quelque distance d'Orléans,
en prédisant a que mal n'en pouvoit
qu'avenir. » La part qu'on lui avait pro-
mise dans le gouvernement ne lui fut
pas donnée ; mais c'est probablement
vers cette époque qu'elle se résolut à
suivre le conseil de Calvin, c'est-à-dire
« à servir Dieu à bon escient et tendre
au droict but ; » ce qui est certain, c'est
que, dès l'année suivante, elle écrivit
à Genève pour avoir un pasteur. « On
accorde, lit-on dans l'ouvrage de Gre-
nus, sous la date du 5 juill. 1561, on
ministre à la duchesse de Ferrare, à
condition que ce ne soit ni H. Calvin
ni M. de Bèze. » Le choix du consis-
toire se fixa sur François Morel^ dit
de CoUonges, dont le zèle amer révolta
plus d'une fois les sentiments de Jus-
tice et de charité de l'excellente pria-
REN
— 413 —
REN
cesse, et mérita au pasteur rigoriste le
blâme même de Calvin (l).
Lorsque la guerre civite éclata^ Re-
née, qui vivait retirée à Montargis, ou-
Tfit son cbàteau à une Tou^e de mal-
beureuses victimes de la réaction ca-
tbolique. Les triumvirs essayèrent d'a-
bord de l'amener par i'intimidation à
les renvoyer. « Madame de Guise, écri-
Tait Prosper de Sainte-Croix, le 5 avr.
1562, est allée à Montargis pour voir
madame de Ferrare sa mère, et je tiens
de bon lieu qu'elle a ordre de lui dire
de la part de S. M. Très-Chrétienne
qu'elle renvoie tous les prédicateurs et
qu'elle vive catholiquement ; qu'autre-
ment il la fera enfermer pour toujours
dans un monastère.» Renée avait prou-
vé qu'elle savait résister à de sembla-
bles menaces. Les triumvirs voulurent
alors recourir à la force. Selon deThou,
Guise lui-même chargea Malicome de
se saisir de Montargis à la tète de 400
chevaux, sous le spécieux prétexte de
protéger sa belle-mère. Malicome en-
tra sans résistance dans la ville, dont
les habitants catholiques lui ouvrirent
les portes ; mais il trouva fermées cel-
les du château, où les huguenots avaient
eu le temps de se réfugier. Après d'inu-
tiles pourparlers pour se les faire ou-
vrir, il menaça d'employer le canon.
« Songez à ce que vous allez faire, lui
répondit la courageuse princesse; il
n'y a personne en ce royaume qui puis-
se me commander que le roi, et si vous
en venez-là, je me placerai sur la brè-
che, et je verrai si vous serez assez au-
dacieux pour tuer la Ûlle d'an roi. »
Cette noble fermeté en imposa à Mali-
come, qui n'osa rien entreprendre, et
la nouvelle de l'assassinat du duc de
Guise lui étant arrivée sur ces eutre-
faites, il s'éloigna de Montargis.
Renée éprouva une douleur sincère
de la mort de son gendre. Elle se mon-
tra scandalisée de la joie que les Pro-
testants en témoignèrent, et surtout de
(1) La leUreoù Renée te plaint de 8on minif-
Ire a été publiée dans le T. Y des ArchiTes ca-
rieuses (!'• térie), et la réponse de GaWin dans
la Petite Chroniqve protestante de M. Orottet.
la haine qu'ils continuaient à lui por-
ter. Elle se plaignit de ce manque de
charité à Calvin, qui lui répondit : a Et
de moY, combien que j'aye tousjours
prié Dieu de luy faire mercy, si est-ce
que j'ay souvent désiré que Dieu mist
la main sus luy pour en deslivrer son
Église, s'il ne le vouloit convertir. Tant
y a que je puis protester qu'il n'a tenu
qu'à moy que, devant la guerre, gens
de faict et d'exécution ne se soyent ef-
forcez de l'exterminer du monde, les-
quels ont esté retenus par ma seule
exhortation. Cepandant, de le damner
c'est aller trop avant, sinon qn'oh eust
certaine marque et infaillible de sa ré-
probation. En quoy il se fault bien gar-
der de présomption et témérité Car 11
n'y a qu'un juge devant le siège duquel
nous avons tous à rendre compte. »
Après la conclusion de la paix, Re-
née de France vint à Paris ; mais le roi
n'ayant point voulu consentir à ce
qu'elle fit prêcher au Louvre ni même
dans son propre logis, elle retourna à
Montargis, qu'elle ne quitta plus que
rarement, comme à l'époque du voyage
de Charles IX et de sa mère dans le
Midi. Pendant tout ce voyage, elle se
conduisit en protestante très-zélée, vi-
sitant les principales églises du Dau-
phiné et du Languedoc, appelant au-
près d'elle les pasteurs, répandant par-
tout les bienfaits, comme en font foi les
registres de ses dépenses qui sont ar-
rivés jusqu'à nous. Aussi les manifes-
tations les plus hostiles l'accueillirent-
elles dans la ville toute catholique de
Toulouse. Passant en carrosse avec son
ministre dans les mes, elle fut insultée
par la populace, qui lui Jeta des pier-
res. Catherine de Médicis ne put laisser
impuni cet outrage ; mais les coupables
en furent quittes pour lapeine du fouet.
Pendant quelques années. Renée vé-
cut tranquille à Montargis, s'occupant
uniquement de faire le bien, éten-
dant son inépuisable charité sur tous,
sans distinction de parti, s'appliquant
à faire revivre les belles-lettres par
la fondation d'un collège, et la piété
par son exemple, travaillant à embcl-
REN
— 414 —
REN
lir sa petite ville^ qu'elle aimait gran-
dement. « Elle procura son accrois-
sement, lit-on dans rHisloiredii Gas-
tlnois par dom Horin, et la ûst paver
en tontes ses mes. Elle estolt encore
charitable envers les babitans, les so-
licitant et assistant de ses biens en
leurs maladie^. 9 A ce témoignage d'un
écrivain cailipUquef joignons celui de
Calvin : « J^ sçay bien, lui écrivait-il
en I5i>3y que princesse ne regardant
quelemonde, auroit honte et prendroit
quasi à injure qu'on appelast son chas-
teau ung hostel-Dieu ; mais Je ne vous
sç^urois faire plus grand honneur que
de parler ainsy, pour louer et recon-
gnoistre l'humanité de laquelle vous
avez usé envers les enfans de Dieu qui
ont eu leur refuge à vous. J'ay pensé
sonvenles fois, madame, que Dieu vous
avoit réservé telles espreuves sur voâ-
tre vieillesse pour se païer des arréra«
ges que vous lui debviez à cause dç
Tostre timidité du temps passé; Je parle
X la façon commune des hommes. »
AuK aeconds troubles, Renée ne fui
point inquiétéei grAce tans doute an
voisinage de l'armée bugoenolte et à
la prompte conclusion de la paix; mais
9X11 troisièmes, le théâtre de la guerre
s'étant éloigné, elle se vit en butte an
mauvais vouloir du gouvernement. Le
duc d'Alençon lui fit signifier un ordre
du roi pour qu'elle eût à recevoir gar-
nison dans sa ville et à en renvoyer
quai re cents malheureux protestants du
éàtlnals qui y avaient cherché un asile.
U fallut céder à la force. Elle obéit en
gémissantetcongédiacespauvresgens,
en leur fournissant tout ce qui pouvait
être nécessaire pour leur voyage. Les
uns prirent la route de Sancerre, les
autres de la Charité : mais tous auraient
étéégorgésen route, sans l'arrivée pro-
videntielle du capitaine Bcurry (Voy.
IV, p. 320).
A la Saint-Barthélémy, la duchesse
de Ferrare se trouvait à Paris, oii elle
était venue pour assister aux noces du
roi de Navarre. Elle fut témoin du mas-
sacre et retourna, le cœur brisé, à
Montargis, où elle exerça la plus noble
hospitalité envers un grand nombre di
ministres fugitifs et où elle continua,
malgré les menaces de la Cour, à faire
célébrer publiquement le culte protes-
tant, jusqu'à sa mort, arrivée le 1 2 juii
1575. Son testament contient une coa-
fession touchante de la foi qui l'avait
soutenue dans les nombreuses épreuves
de sa vie. Elle y déplore eloqueinmenl
les malheurs des guerres civiles et a-
dresse à ses enfants de sages conseils
en leur recommandant la profession di
l'Ëvangile comme la base la plus so-
lide de la prospérité des familles et des
États. Elle avait demandé d'être enter-
rée sans cérémonies « qui ne profitent
aux morts et ne sauraient consoler les
vivants ; » mais la Cour ne se conforma
pas à ses dernières volontés. On lit, en
efiet, dans L'Est oi le : a En firent leroy,
la rolne et les seigneurs de la cour, le
samedi 1 8 dudil mois, quelques formes
d'obsèques et funérailles en la chapelle
de Bourbon , encores que ladite (kme
fust de la religion, et sa ville de Uon-
targis , l'azyle et retraicle desdits de
la religion, où elle a tousjours fait faire
et continuer l'exercice d'icelle publi-
quement jusques à la fin de sa vie. »
Sa dépouille mortelle fui déposée dans
l'église du château de Montargis.
De son mariage avec Hercule d'Esté
étaient nés cinq enfants: Alphonse, doc
de Ferrare après son père ; Louis, car-
dinal d'Esté; Anne, femme du duc Fran-
çois de Guise ; N., mariée au duc d'Ur-
bin, et Léonor, que la passion malheu-
reuse du Tasse a immortalisée, c Cas
trois filles furent très-belles, dit Bran-
iéme, mais la mère les fil embellir da-
vantage par la belle nourriture qu'elle
leur donna, en leur faisant apprendre
les sciences et les bonnes lettres qu'el-
lesr^pprirent et retinrentparfaitemenl,
et eh faisoient honte aux plussavanls.»
On a imprimé quelques lettres de
Renée de France dans divers ouvrages»
entre autres, dans les Mémoires d'Etat
deGuiil. Ribier. Nous en avons trouvé
plusieurs autres, surtout dans le Ponds
de Bétbune (N«* 8527^ 8708, 8730,
8726^8731,8737, 8739); mais à Tex-
REN
— 418 —
REN
ception de deux on trois qai conArment
des faits déjà connus^ aucune n'offre un
intérêt historique.
RÉNIER (Etienne), moine corde-
lier et docteur en théologie , prêcha,
en J 528, la Réforme à Annonay, où
elle avait été annoncée, en premier
lieu, par Etienne MacliopoliSy docteur
en théologie, que les poursuites de ses
ennemis avaient promptement forcé à
s'éloigner. Moins heureux que son pré-
décesseur. Rénier tomba entre les
mains des adversaires de TEvangile.
Dans son Histoire de la sainte église de
Vienne, Charvet affirme qu'il fut con-
damné aux galères ; mais d'après Grès-
pin, il aurait été brûlé vif à Vienne
même. Sa prédication, quoique faite
dans une des villes les plus supersti-
tieuses de France, ne resta pas stérile.
(Jn maître d'école, nommé Jonas,
a homme de grande érudition et pié-
té, » continua son œuvre, à travers
de nombreux dangers, la persécution
ne se ralentissant guère à Annonay.
Cependant le Martyrologe ne signale
plus d'exécution jusqu'en 1546, que
François Daugy y fut arrêté revenant
de Genève, et brûlé vif par sentence
du parlement de Toulouse.
RENNEVILLE (René-Augcstk-
CONSTANTin db), ué à Cacn, vers
!650, d'une famille originaire de l'An-
jou, était le plus jeune de douze frères,
tous militaires, dont sept périrent les
armes à la main dans les guerres de
Louis XIV. Doué d'heureuses disposi-
tions naturelles et d'une grande viva-
cité d'esprit, il flt d'assez bonnes étu-
des, et après les avoir terminées. Il
Bntra dans le corps des mousquetaires,
d'où il sortit, au bout de quelques an-
nées, pour remplir la place de direc-
teur des aides et domaines à Carentan,
que Ghamillart lui avait fait donner
comme récompense de ses services
dans diverses missions de confiance.
Il se maria en premières noces, peu
de temps après, avec Marie-Hélène de
Chambe, d'une bonne famille d'Au-
"/ergne, et vécut dans une grande tran-
quillité jusqu'en 1699, que le désir de
professer librement la religion réfor-
mée, qu'il avait embrassée, l'engagea
à se retirer en Hollande avec tonte sa
famille. N'ayant pas trouvé dans ce
pays les avantages qu'il espérait, il
prêta l'oreille aux propositions de Gha-
millart, et, laissant sa femme et ses
enfants en Hollande, il revint en France
an mois dejanv. no 2. L'accueil qu'il
reçut dépassa son attente ; le ministre
lui fit expédier sur-le-champ le brevet
d'une pension de 1,000 livres et lui
promit le premier emploi vacant dans
ses bureaux. Sa fortune semblait donc
assurée; mais ses envieux trouvèrent
le moyen de le perdre. Ils firent tomber
entre les mains de Torcy des bouts-
rlmés^ que Renneville avait composés,
dit-on, longtemps auparavant, et où
la France était peu ménagée. Ce badi-
nage imprudent lui coûta cher. Sous
prétexte qu'il était un espion de la
Hollande, on l'enleva dans la nuit du
16 mai et on l'enferma à la Bastille.
Il n'eut pas à se plaindre d'abord de
la manière dont il y fut traité; on le
logea dans la première chambre de la
tour du Coin où Montmorency, Biron,
Bassompierre avaient été détenus avant
loi, où Le Maistre de Sacy avait tra->
duit la plus grande partie de sa Bible,
et où Voltaire devait composer, quel-
ques années plus tard, son poème de
la Henriade ; mais après l'évasion du
comte de Bucquoi, dont on le soup-*
çonna d'être le complice, il fut soumis
aux plus durs traitements. La prière
et la lecture l'aidèrent à supporter
l'ennui de la captivité. Il trouva même
le moyen de faire de l'encre avec de
la suie détrempée dans du vin, et en
se servant de petits os taillés en guise
de plume, il réussit a écrire dans sa
prison des ouvrages en prose et en vers
d'une étendue considérable, comme
un Traité des devoirs du fidèle chré-
tien, des Contes imités de ceux de La
Fontaine , beaucoup de Sonnets et de
Vers, et surtout un Poème de Vamour
et de l'amitié, qui comptait déjà six
mille vers, lorsque ses geôliers décou-
vrirent ses manuscrits et les lui en-
RËN
— 416 —
RËN
levèrent. L'intervention de la reine
Anne, qui brisa les fers d'une foule de
malheureux Protestants, le fit remet-
tre, lui aussi, en liberté, le 16 juin
1713. 11 passa en Angleterre et obtint
une pension du roi George, à qui il
dédia son histoire de la Bastille. Ce
livre, où il dévoila quelques-uns des
mystères de la célèbre prison d'Etat^
eut un retentissement immense. Il fut
traduit en anglais, en hollandais, en
italien, en allemand, et contrefait à
Paris même, aussitôt après son appa-
rition. Quelque temps après, Renne-
ville manqua périr victime d'une ten-
tative d'assassinat. Ce fut sans doute
à la suite de cette aventure qu'il qnitta
Londres et alla offrir ses services à
rélecteur de Hesse, qui le nomma ma-
jor d'artillerie et lieutenant -colonel
d'infanterie à la suite. Selon Strider,
mourut dans la Hesse, le 13 mars
1723. Sa veuve, Judith Devauœ, vé-
cut jusqu'en 1 767 et atteignit l'âge de
83 ans.Voici la liste de ses ouvrages :
I. Recueil des voyages qui ont servi
à l'établissement et aux progrès de la
compagnie des Indes orientales, for-
mée par les Provinces-Unies des Pay«-
iîas,Amst., 1702-1 705, 5 vol.in-12;
dem. édit. augm., Amst.^ 1730, 10
vol. in-12.
II. Les pseaumes de la pénitence pa*
raphrasez en sonnets j La Haye, 1714^
in-8*.
III. Les Cantiques de V Écriture
sainte paraphrasez en sonnets y Amst.^
1715, in-8o; Cassel, 1721, in-8».
lY. ReciAeil de poésies chrétiennes ,
La Haye, 1715, in-s»; Cassel, 1721,
iu-80. — Dédié à la reine Anne.
V. L'Inquisition française ou VHiS'
toire de la Bastille, Amst., 1715, 2
vol. in-12; réimp. avec un Supplé-
ment, Amst. et Leyde, 1 724, 5 vol.
n-12.
VI. Œuvres spirituelles contenant
diverses poésies chrétiennes, Amst.,
1725, in-8». — Ce n'est peut-être
qu'une réimpression.
VII. Poëme en vers libres pour le
jour de V heureuse naissance de S. A.
S. M. Charles, landgraw de Hesse,
Cassel, i722,in-8«.
REN0ULT(Jban-Baptij5tb), cor-
delier converti au protestantisme. A-
près avoir déposé le froc, qu'il avait
porté quatre ans, RenouU se retira à
Londres en 1695, et fut attaché, en
1706, comme lecteur et prédicateur,
à la chapelle de Hungerford. En 1710,
il desservait l'église de la Pyramide;
plus tard, il fut ministre en Irlande.
Telles sont les seules particularités que
l'on connaisse de sa vie. On a de lai
quelques ouvrages qui annoncent an
théologien instruit et un controversiste
très-modéré.
I. Le vrai tableau du papisme ou
Exhortation faite à un prosélyte ab-
jurant les erreurs de Rome dans l'é-
glise française de Leicesier/ields, le
24 mars 1698, Lond., 1698^ in-8»;
Amst., 1700, iu-12.
II. Taxe de la chancellerie romaine,
Lond., 1701, in-8«.— Réimp. delà
traduction de Du Pinet augmentée de
plusieurs pièces.
m. Les avanturesde la Madonaet
de François d'Assise, Amst., 1701,
in-12; dem. éd., Amst., 1750,in-f 2.
ly. Le protestant scrupuleux ^AmsK,,
1701, in-80.— Réponse à une attaque
contre l'ouvrage précédent.
V. La corruption de^Egliseromoh
ne prédite par l'Ecriture, La Haye,
I703,in-8o.
VI. L'antiquité et la perpétuité de
la religion protestante démontrée e»
forme de manifeste à tous les Francis-^
cains ou Cordeliers, au sujet de l'ex-
communication fulminée contre hty
dans leur chapitre ; ouvrage dans (A
quel on fait voir : f » que la reUgion
protestante est aussi ancienne que U
monde et que Dieu en est l'auteur;
2* que depuis Adam jusqu'à aujour-
d'huy elle a toujours subsisté, qu'dU
durera autant que les siècles, et qu'à
la fin du monde ellepasserade la terre
au ciel, où elle n'aura jamais de fin^
Amst., Jacq. Desbordes, 1 703, in-8*;
2« édit., Gen., 1737, in-8«; réimp.,
Neuchàtel, 1821, in-8«.
REN
— 417 -
REN
vil. Histoire des variations de l'E-
glise gallicane y en forme de lettres
écrites à M. de Meaux, Amsl., 1703^
iii-12.
VIII. L'incrédulité judaïque confon^
due, et labéte et le faux prophète jet»
tez au feu, en deux semums, Lond.^
sans date, in-i8.
IX. Le vrai et le faux jubilé, endeux
sermons sur Lév, XXV, 12, GcQ.,
1737, in-8».
Nous trouvons, en outre, Indiquée
dans le catalogue du libraire réfugié
Du Chemin, la Réponse de M. RenouU
à son père, pour se justifier d'hérésie,
in- 12, dont nous n'avons pu nous pro*
curer aucun exemplaire, et que les bi-
bliographes ne citent môme pas, bien
que cet opuscule ait eu plusieurs édi-
tions en Angleterre et en Hollande. Par
contre, la plupart des bibliographies
attribuent à notre moine converti une
trad. de l'Histoire de dona Olympia
Matdachini, par Gregorio Leti , qui a
été publiée à Leyde, 1 666, in-l 2. Celte
date doit suffire pour convaincre qu'il
n'en est pas l'auteur. En 1666, Re-
noult était à peine né.
RENTY. Deux ou trois capitaines
de ce nom figurent dans les rangs hu-
guenots pendant la seconde et la troi-
sième guerre civile. L'un d'eux est
appelé le baron de Renty; un autre est
surnommé le ministre. Nous ne savons
lequel des deux combattit à Saint-De-
nis sous les ordres de l'amiral, et fut
laissé par Condé pour commander à
Montereau Jusqu'à ce que l'armée pro-
lestante eût passé la Seine. Dans la
troisième guerre , Renty le ministre
surprit Baugy ; mais il fut forcé de se
rendre, peu de temps après, à La Châ-
tre qui le conduisit prisonnier à Bour-
ges. Presque toute la garnison, qui ne
consistait qu'en 50 hommes, avait été
tuée dans deux assauts; il ne lui res-
tait plus que sept soldats, lorsqu'il
consentit à capituler. 11 trouva dans
cette ville , captif comme lui , le ba-
ron de Renty, qui avait pris les ar-
mes, sur l'ordre de Condé, était allé
rejoindre, avec les autres gentilshom-
mes picards^ leprince d'Orange en Bra-
bant. puis était rentré en France à la
suitedu duc de Drux-Ponls, avait vail-
lamment contribué, an mois de juillet
1569, à la défense de La Charité, et
avait été fait p.risonnier dans l'entre-
prise de Briquemault sur Bourges. Il
est donc évident que l'un et l'autre
doivent être distingués de Renty tué
à Jamac. Ce dernier, sur qui nous ne
possédons d'ailleurs aucun renseigne-
ment, est peut-être identique avec /{«ti-
ty que Condé, à son arrivée à La Ro-
chelle, voulut envoyer en Picardie;
mais Odet de Chdtillon qui l'aimait,
ne voulut point y consentir, et dépê-
cha le capitaine ^ercti/e aux seigneurs
huguenots de cette province.
C'est probablement le baron de Ren-
ty qui fut laissé à La Rochelle par Co-
liyny après la bataille de Moncontour,
et qui, fatigué bientét de son inac-
tion, lui mena avecB^audtn^ un corps
de cavalerie dansle Midi, au commen-
cement defév. 1570. Peut être est-ce
aussi lui qui fut tué à la défaite de
Genlis enFlandres, comme le rapporte
d'Aubigné.
Le baron de Renty se nommait /oc-
ques, selon un volume msc. de la Col-
lection Du Chesne, coté 2i. Il épousa,
en 1571, Madelaine de Longue j(Aie,eX
devint ainsi le beau-frère du marquis
de Renel, Il en eut un fils, nommé
Crarles, chevalier de l'ordre du roi
et gentilhomme de lachambre, qui prit
pour femme, en 1603, Madelaine Pas-
toureau. Du Chesne ne nous apprend
pas s'il y avait quelque lien de parenté
entre cette demoiselle et Claude d' Es-
colliers, dit le capitaine Pastoureau,
commandant du château d'Alençon,
qui fut égorgé, en 1589, par les habi-
tants k l'instigation du catholique Re-
né de Renty, baron de Landelles, ja-
loux de réunir le gouvernement du
château à celui de la ville, dont il é-
tait pourvu (Voy. IV, p. 545).
RENVOI (Quentin), fllsde Jacques
Renvoi, instituteur à Metz, et lui-mê-
me pasteur à Caivisson, est auteur du
ConUnU spirituel de la patience chres"
REU
— 418 —
REU
tienne avec tous ses ennemis tant vi-
sibles qu'invisibles y Gcn , 1 595, in-8».
Sonflls^ nommé aussi Qukntix, Ht ses
études ou théologie à lilonlaubao et fut
appelé 5 le remplacer dans son église.
REPASSEAU (JacqXes), miuislro
de Livron, fut déposé, en iG25, parle
Synode national de Charenlon, comme
coupable d'une tentative de séduction
sur une femme mariée. 11 était alors
âgé d'environ 45 ans. Trois ans plus
tard, il se présenta devant le Synode
national de Castres, muni des témoi-
gnages les plus honorables touchant la
conduite qu'il avait tenue depuis sa
déposition, en sorte que le Synode,
« ayant égard aux marques évidentes
de sa sincère repentance et à Tinter-
cession de la province du Daupbiné, »
le rétablit dansle ministère, en l'aver-
tissant sérieusement « de se tenir sur
ses gardes, de bien régler ses pas, de
marcher avec crainte dans la voie du
Seigneur et d'être plus circonspect à
l'avenir. » Repasseau se montra peu
digne de cette indulgence; il abandon-
na, pendant la guerre, l'église de Pail-
bat, oii 11 avait été placé.
RELCHLIN (Antoine), neveu du
célèbre Reuchlin, naquit à Isny dans
le AViirtemberg, et fitsesétudesen théo-
logie à Tubingue. Après avoir exercé
quelque temps son ministère à Mag-
stadt, il fut, en i 555, appelé comme
pasteur et professeur d'hébreu à Stras-
bourg, où il mourut et où ses descen-
dants s'établirent. On a de lui :
I. Exegesis dictionum in Psalmos
sex, Basil., 1554, in-fol. — Avec la
traduction latine de ces psaumes.
II. Concordantiarum hebraïcarum
capita àrabbino Mardochœoconscripta
etlalinètranslatayhàs\\,,\t>^Qy\n-ïo\,
Sans parler de Léonard Reuchlin,
qui ne nous est connu que par une orai-
son funèbrc,imp.souscetitre ;Lm726n-
predigt aus Exod, AT, iG auf Dan,
Rixinger, Strasb., 1053, in-40, deux
des descendants d'Antoine Reuchlin se
sont fait un nom dans la littérature
tbéologique. L'un se nommait /"Vec/enc-
Jacob et l'autre Jean-Gaspard,
I. Né à Gerstheim,le 21 mai 1695^
Frédéric-Jacob Reuchlin fit ses études
à Strasbourg. Aprèsavoirpris,en 1 714,
le grade demaltre-ès-arls, il fit un voya-
ge en Suisse, au retour duquel il fut
nommé, en n 1 9, professeur suppléant
au gymnase. Dans les années suivantes,
il visita successivement Paris, Franc-
fort, Stuttgard, Tubingue, et, en MU,
il fut chargé de suppléer Sc/iô/)/h'7i dans
sa chaire. £n 1726, il obtint la place
de professeur de 5^; en 1728, celles
de prédicateur au Temple-Neuf et de
professeur de grec au gymnase; en
1751, celle de professeur de théologie.
Deux ans plus tard, il prit le grade de
docteur en théologie. Lorsqu'il mou-
rut, le 5 Juin 1788, il était doyen du
chapitre de Saint-Thomas, président
de l'assemblée des ministres et pasteur
en titre de Saint-Thomas. Voici la liste
de ses publications, d'après Meusel :
I. Diss. de ministro Evangelii pro
caussd Christi et Erclesiœ patiente, ad
Col, 1,24, Arg.^ 1733, in-40.
II. démentis Romani extantiora
doctrinœ monumenta, Arg., 1 758, 4».
m. De doclrinâ Justini Marlyris
diss. IIJ, Arg., 17 47, in-40.
IV. De doctrine Cypriani diss, III,
Àrg., 1751-56, in-40.
V. De precibus primorum Christia-
norum pro mord fini^, Arg., 1752, 4*.
VI. De immortalitate animœ, Arg,,
in-40.
VII. De donis pentecostalibus diss,
III, Arg., in-4'>.
VIII. DeresurrectioneJesu,ad Marc.
XVI, 1 et seqq., Arg., 1759, in-40.
IX. De judœo perfecto , qui rerum
potilur, Arg.
X. De tentatione qud diabolus Jesum
est aggressus, ad Matt.IV, 1 et seqq,,
Arg. J765, in-*».
XI. De Jesu solo illo viro maxime
faciendo, cujus ideamgentium sapien-
tissimi dedvrwit, Arg., 1771, in- 4*.
XII. Kurzer Begrilfder wichtigsten
Griinde von der IVahrheit der christ-
lichen Religion,
II. Fils de Jean Reuchlin, chirurgien
à Strasbourg, Jean-Gaspard naquitdans
REU
— 419 —
REY
cette ville^ le 8 oct. 1714. 11 entra, en
1721, an gymnase, et, en 1728, il
commença à suivre les cours de l'uni-
versité.Saphilosopbieterminée,il s'ap-
pliqua aux sciences théologiques. Eu
1734, il fut choisi par le proresseur
Lorenz pour le précepteur de ses en-
fants, et en 1735, il Tut nommé pro-
fesseur suppléant au gymnase. L'an-
née suivante, il se rendit à léna, où il
passa six mois pour se perfectionner
dans les langues orientales. A son re-
tour, le 9 fév. 1 737, il soutint une thèse
De studio mariyrii in Ecclesiâ prinii--
tiijd; puis il se remit en route, dans
l'intention de visiter les principales
universités de l'Allemagne et de la Hol-
lande. Consacré au mi ni stère en 1738,
il fui placé à la télé du collège de Saint-
Guillaume, et nommé, peu de temps a-
près, prédicateur du soir. Le 2 oct ,
il quitta de nouveau sa ville natale
pour accompagner le prince héréditaire
de Schwartzbourg-Rudolstadt dans un
voyage qui dura plus de deux ans.
L'amour qu'il portait à sa mère, ne
lui permit pas de céder aux instances
que le Jeune prince flt pour le retenir
à son service. Il retourna à Strasbourg ,-
mais au bout de quelques mois, l'em-
ploi de gouverneur du prince hérédi-
taire de Gotha lui ayant été proposé,
il donna sa démission d'une place de
pasteur qu'il venait d'obtenir, et s'é-
loigna encore une fois de sa famille.
L'éducation du prince terminée, Reucb-
lin refusa la charge de prédicateur de
la Cour, qui lui était offerte comme
récompense de ses services, et se con-
tentant du titre de conseiller de con-
sistoire, il retourna à Strasbourg, où
11 Tut nommé, en 1 7 4 4 , pasteur à Saint-
Pierre,eten 1 7 46, professeurde poésie.
11 entra en possession de sa chaire aca-
démique par un discours De ofjkio doc-
toris christiani in tr ac tandis poetarum
non christ ianorum carminibus. L'an-
née suivante, en vue d'une chaire de
théologie qu'il ambitionnait, il prit le
grade de docteur, après avoir subi les
épreuve3 prescrites et soutenu deux
thèses intitulées, l'une : ReligioJudceo-
rum seeundùm romanospoetas descrifh
ta ; l'autre : Historia christiana roma-
norum poetarum testimoniis illustrata.
En 1751, le duc de Gotha le rappela
dans ses Etals en lui conférant lacharge
de surintendant général et d'inspecteur
du Fridericum à Altenbourg. Rpuchllu
entra dans ses nouvelles fonctions le
30 juin. On ignore la date de sa mort.
Outre les écrits cités plus haut, on a
de lui :
I. Beschreibunq der ganzen Tauf-
handlung eines Juden aus Hamburg,
Altenb., 1752, in-é».
II. Denkmal der Altenb. Jubelfreun-
de zum Andenken des vor 200 Jahren
geschlossenen Religionsfriedens , Al-
tenb., 1755, in-80.
REVEAU (Georges), en lutin Re-
vellus, sieur de La Berthelière et do
Treuil- Moreau, naquit à Nantes; mais
il était encore jeune, lorsqu'il alla s'é-
tablir à La Rochelle, probablement avec
Edmond ReveaUy greffier en la cham-
bre des comptes de Nantes, qui était
peut-être son père et dont les desceu-
dantsprofessaientencore la religion ré-
formée en 1681 (Arch, gén.ll, 316).
11 y remplit les Tonctions de conseiller et
d'avocat du roi au présidial et à l'élec-
tion. Ancien de l'église de La Rochelle,
il fut député, en 1637, auS\node na-
tional d'Alençon. La date de sa mort
n'est pas connue. On a de lui une his-
toire des sièges de La Rochelle écrite
dans un latin dur et sans grâces,
mais semée des anecdotes les plus cu-
rieuses, et remarquable surtout par uq
ton de rare modération et une grande
sagesse de vues. Elle a été imprimée
sous ce litre : De Rupellâ ter obsessd,
deditdy demùm subactây /i'6.///, Amst.,
1649, in-12.
REY (Claude), de Nismes, ût ses
études en théologie à l'académie de
Genève, où il fut immatriculé en 1 672.
Reçu ministre en 1678 (Arch. yen.
Tt. 282), il fut donné pour pasteur à
l'église de Vergèze, et se trouva com-
promis dans l'afTaire deBrotjisson (Voy.
lu, p. 32). A la révocation de l'édit
de Nantes, il renia sa foi ; mais bien-
REY
— 420 —
REY
I6t, saisi de remords^ il trouva moyen
de passer en Suisse. Il se rendit à Za-
rich^ où il ût pénitence de sa fanle, et
fut jétabti dans le ministère en i686.
Il rnoornl pasteur à Erlangen (MSS,
de Court) — Antoine fley, dePui-Lau-
rens^ qui avait été reçu ministre an
synode de Réatmont en 1679, et placé
à Saint-Félix-de-Sorgues {Arch, Tt.
258)^ n'imita pas cet exemple de fai-
blesse. Il sortit de France dans le
délai prescrit par l'édit révocatoire^
se rendit en Hollande et fut chargé
de desservir l'église wallonne de Zi-
riksée. Admis à la retraite en 1724,
il mourut quatre ans après. — Un
autre pasteur du même nom. César
Rey, qui était ministre à Gex, fut^
à la requête du clergé^ poursuivi
en 1666, avec son collègue Gabriel
Eéliot, comme coupable d'avoir con-
solé des malades, d'avoir prêché, de
1662 à 1665, hors du lieu de sa ré-
sidence, et d'avoir assisté à un synode
(Arch, de Genève, N* 34i5). Mous ne
savons pas quelle fut l'issue de ce
procès; mais, en 1 67f . nous trouvons
César Rey exerçant son ministère à
Couches en Bourgogne. — En f 687,
les deux filles ou petites- filles de Jean
Rey, conseiller du roi, correcteur en
la cour des comptes de Montpellier et
ancien de l'église, furent jetées dans
les prisons de Sommières comme pro-
testantes. L'une était âgée de 30 et
l'autre de 25 ans [Arch. Tt. 322).
REYNlERy famille originaire du
Dauphinè (1), qui se réfugia en Suisse
à la révocation et s'établit à Lausanne.
Jean-François Reynier, le premier de
ses membres qui ait acquis quelque
renom, exerçait la médecine, vers le
milieu du siècle dernier. Il était mem-
bre de l'Académie de Montpellier et de
l'Académie deGôttingue. Outre des ar-
ticles sur des questions d'agriculture
qu'il a fournis à la grande Encyclo-
pédie, on a de lui :Le louvet, maladie
du bétail, ses causes et ses remèdes,
(i) Dans une list« de Réfugiés habiUol Laa-
Mime eo 1740, noui lisons les noms de David
ftfyii«#r, da Dauphiné, ei de iod nevev Anâré,
Laus., 1762, in-12. Deux de ses fils
se sont illustrésau service de la France,
sous la République et sous l'Empire.
1. jEAN-Louis-ANTOiNEReynier, sa-
vant économiste et agronome, naquit
à Lausanne, le 25 juill. 1762. Après
avoir achevé ses humanités, il s'ap-
pliqua plus spécialement aux sciences
naturelles et entreprit, en 1784, un
voyage d'instruction dans la Hollande
et en France. A son retour en Suisse, il
se maria, et bientôt après, il se (rans-
poptaavecsa famille à Garchy, dans le
dép. de la Nièvre, ou il acquit un petit
domaine dont il dirigea lui-même l'ex-
ploitation. En 1798, il fut envoyé en
Egypte à la suite de l'expédition de Bo-
naparte, et pourvu, par le crédit de son
frère, un des généraux de l'armée,
d'une haute position dans l'adminis-
tration française. Nommé directeur des
revenus en nature et du mobilier na-
tional, « il recueillit, dans ces impor-
tantes fonctions, dit H. Philbert (Biogr.
Univ.), des renseignements précieux
sur l'économie politique, industrielle
et agricole de l'Egypte et des Arabes.
La place de membre du conseil privé
qu'il remplit pendant les quatre an-
nées de l'occupation de l'Egypte, le mil
au courant de toutes les grandes mesu-
res administratives, ce qui a donné k
ses ouvrages spéciaux une incontesta-
ble supériorité sur tout ce qui a été
écrit par les différents voyageurs. »
Kléber, après le départ de Bonaparte,
et ensuite Menou le maintinrent à son
poste; il devint même, dit-on, direc-
teur-général des finances. Mais à son
retour en France, après la capitulation,
il partagea la disgrâce de son frère. Il
se retira alors dans sa propriété de la
Nièvre, oii il vécut dans la retraite.
Jusqu'à ce qu'en 1807, le nouveau roi
des Deux-Sicilcs, Joseph Bonaparte, le
chargea d'organiser l'administration
dans les Calabres, que le général son
frère venait de reconquérir, et l'appela
d'ans son conseil d'Etat. La sagesse de
ses mesures contribua puissamment à
pacifier le pays. On lit dans les Mé-
moires du roi Joseph: «Il (Joseph) ré-
REY
-481 -.
REY
solol d'établir dans ces provinces (les
Gaiabres) an commissaire investi de
pouvoirs eitraordinaireSy afin de snr-
veiller l'administration civile et mili-
taire^ de réprimer les abus qui s'étaient
introduits dans celle de la Jastice, et
d'alléger le plus possible les maux que
e pays avait à souffrir. Pour obtenir
d'beureux effets d'une pareille mission^
il était surtout essentiel qu'elle fût rem-»
plie par un homme qui^ agissant dan»
un accord parfait avec l'autorité mili-
taire, la trouvât disposée toujours à le
seconder. Cette mission fut conflée à
M. Louis Reynier^ frère du général
commandant les troupes. Elle n'eut pas
tout l'effet qu'il était permis d'en at-
tendre; cependant elle ne fut pas sans
utilité. 0 Sous le gouvernement de Mu-
rât (i» août 1808)^ Keynier fut nom-
mé à la direction générale des postes^
puis à celle des furets. Le système fo-
restier qu'il introduii*it^ a survécu^
dit-on^ aux changements politiques.
Après le détrônemen^de Hurat^en 1815,
il retourna dans son pays natal, où il
(ùt choisi comme intendant des postes
et conservateur des antiquités du can-
ton : Juste hommage rendu par ses com-
patriotes à sa probité et à son savoir.
Il mourut le 1 7 déc. 1824. Il avait été
un des fondateurs de la Société litté-
raire et de la Société cantonale des
sciences naturelles. Le général La Har-
pe, président de cette dernière société,
y prononça 3on éloge (Lausanne, 1 825,
in-8«). On doit à Louis Reynier :
I. Du feu et de quelques-uns de ses
principaux effets, Laus. et Paris, 1 787;
790, in-S».
II. Mémoires pour servir à Vhist.
physique et naturelle de la Suisse,
Laus. et Par., 1788, in-8». — En col-
laboration avec le prof. H. Struve; un
premier volume a seul paru.
III. Rapport fait à la Société des
sciences physiques de Lausanne sur un
somnambule naturel, Laus., H. Vin-
cent, 1788, in-S"".
IV. Journal d'agriculture à l'usage
des campagnes, Paris, i 790, in-8«.
V. LeGuidedesVoyageunenSmssê,
précédé d'un Discours sur Vétat poli"
tique du pays. Par. et Gen., 1791, in-
12. — Attribué à tort par Barbier à
Reynier père.
VI. Considérations générales sur
Vagriculture de l'Egypte et sur les
améliorations dont elle est susceptible,
et Observations sur le palmier dattier
et sur sa culture , Par., [1803] in-8«.
— Le premier de ces mémoires avait
d'abord paru dans les Annales d'Agri-
culture (T. X), et le second dans la Dé-
cade Egyptienne (T. III, 1800). L'un
et l'autre ont été reproduits dans les
Mémoires sur l'Egypte, 1803 (T. IV et
VI), avec la Méthode de caprification
usitée sur le figuier sycomore, du même
auteur.
VII. Considérations sur les anciens
habitants de l'Egypte y Par., f 804, in-
8«. — Elles parurent d'abord dans la
Décade philosophique.
VIII. Sur les Sphynx qui accompch
gnent les pyramides d'Egypte, Par.,
1805, in-8«. — Publ. dans la Revue
philosophique. C'est par erreur que
quelques-uns attribuent ces deux der-
niers écrits au frère de l'auteur.
IX. De l'Egypte sous la domination
des Romains, Par., 1807, in-8».
X. Précis d'une collection de mé'
dailles antiques [appart. à l'auteur]^
contenant ladescriptionde toutes celles
qui n'ont pas encore été publiées, ou
qui sont peu connues, Gen. et Par., 8.
d. [1818], in-8»avec trois planches.
XI. De l'Economie publique et ru*
raie des Celtes, des Germains et d'au*
très peuples du Nord et du centre de
l'Europe, 1 818 ; — </ef Perses et des
Phéniciens, 1819; — des Arabes et
des Juifs, i 820 ; — (/é5 Egyptiens et
des Carthaginois, précéd. de Considi»
rations sur les antiquités éthiopiennes,
1823; — des Grecs, 1825.— Ces dif-
férents ouvr. parurent à Genève et à
Paris, format in-8«.
On trouve, en outre, de Reynier un
grand nombre de mémoires et de dis-
sertations dans divers recueils scien-
tifiques et littéraires, tels que le Dict.
d'agriculture de l'Encydopédie mé-
REY
-4^2-
REY
thodiqoe, les Mémoires de la Soc. des
sciences phys. de Lausanne^ le Journal
d'histoire natur.^ de 1792 ; la Décade
philos., de 1802-4; la Revue philos.,
de 1805-6; la Feuille du canton de
Vaud, de 1816-24, La France littéraire
enfuit connaître les titres. Pendant son
séjour en Egypte, Rrynier coopéra à la
Décade égyptienne et au Courrier du
Caire. Enfin il a Irad. de l'anglais la
section Phtjsique expérimentale de l'A-
brégé des Trans. philos, de la Soc.
roy. de Londres, 1790, 2 vol. in-8».
il jEAN-Loiiis-EBENÉZERReynier(l),
un des meilleurs généraux de la Répu-
blique cl de TEmpire, et un des moins
gâtés par les Taveurs du Pouvoir, na-
quit à Lausanne, le 1 4 Janv. 1771 (2).
11 SA destinait au génie militaire et avait
lerminétoutcsseséludespréparaloires,
lorsque la Révolution éclata. 11 s'enga-
gea iians l'artillerie, et fit les premières
campagnes de la République, d'abord
comme simple soldat, puis comme at-
taché à rétat-major. Son Instruction
lui valut un avancement rapide. En
1795, lors de la conquête de la Hol-
lande, 11 fut promu au grade de géné-
ral de brigade. 11 passa ensuite à l'ar-
mée du Rhin et servit sous Moreau en
qualité de chef d'état-major. Il se dis-
tingua dans plusieurs atîaires.Reynier
avait plus que de la bravoure et des
talents militaires. Il repoussa avec in-
dignation plusieurs tentatives de cor-
ruption: cette arme perfide à l'usage
des causes perdues. Désigné pour faire
partie de l'expédition d'Egypte, il fut
nommé au commandement d'une divi-
sion. Apres la bataille des Pyramides,
à laquelle il prit pari — sa division for-
mait la droite de notre armée, avec
celle de Desaix, et reçut le premier
choc de la cavalerie ennemie,— il fut
charge par Bonaparte de poursuivre le
corps des Mameluks sous les ordres
d'Ibrahim-Bcy; illatteignilà Salahich
et le rejeta dans le désert. Il resta
(l) M. Thicrs ccril ce nom fléginer dans son
Histoire do la Rcvololion,mftJs il se corriecdan»
son I1i$tuirc da Consulat et de TEmpire.
i^) D'aprè« M. Aiirliaud; le 31 jant., daprès
Biogr. DOUT. des Conlemporains.
comme gouverneur de la province de
Cbarkieh. Lor» de l'expédition de Sy-
rie^ sa division forma naturellemen l
Tavant garde. Il se porta contre le fort
El-Arisch. Un corps nombreux de
Turcs accourait au secours de cette
place. Reynier le surprit au milieu de
la nuit, le dispersa, après avoir tué
son chef, et s'empara d'un convoi de
vivres, qui fit régner l'abondance dans
son camp à la veille du Jour où, par
rincurie de l'administration des sub-
sistances, il entrevoyait pour son corps
d'armée toutes les horreurs de la fa-
mine. Reynier se trouva au siège de
Sainl-Jean-d'Acre, et lorsque Bona-
parte se porta à la rencontre de l'ar-
mée turque du côté du mont Thabor^
il lui en confia le commandement. Cette
entreprise ayant échoué, aprësun siège
de 2 mois (du 20 mars au 20 mai), on
songea à la retraite. Reynier, dont la
division formait l'arrière-garde, s'ar-
rêta de nouveau dans la province de
Charkieh qu'il continua à administrer
Jusqu'à ce que Kléter, après le départ
de Bonaparte, le rappela au Caire. A
la célèbre bataille d'Héliopolis, il com-
mandait deux des 4 carrés, contre les-
quels l'armée ennemie vint se briser.
Ce brillant succès aurait pu assurer
notre domination jusqu'à l'arrivée de
secours ; mais à la suite de l'assassinat
de Kléber, le commandement étant
tombé aux mains du général Menou,
dont rincapacité était notoire— on a
même prétendu un dérangement des
facultés mentales, ce que ne démenti-
rait pas sa conversion à la foi maho-
métane (i) — les fautes succédèrent
aux fautes. Pour se disculper, le gé-
néral en chef s'en prit naturellement
aux officiers sous ses ordres. Après la
malheureuse bataille du 50 ventôse an
IX (21 mars 1800), Reynier, dont les
sages représentations avaient été re-
poussées avec hauteur, fut, au rapport
de la Biogr. des Contemporains, arrêté
par ordre de Menou et reconduit en
(f ) Il csl Trai que Bonaparle joaa presque la
même coiucdie. A tes yeux, la religion n'a jamais
été qu'un moyen d'action sur les iii*Mef.
REY
- 433 -
REY
France. Bonaparte estimait Reynier^
mais il ne l'aimait pas; il parut donner
raison à Menou. Ce Tut alors que Rey-
nier se décida à en appeler au jugement
du public : une telle conduite n'était
sans doute pas politique, mais nous ne
faisions que commencer l'apprentis-
sage du régime militaire et l'on pou-
vait croire que, sous la République, il
nous restait encore quelque liberté, que
tout n'était pas dans le mot et dans
Tapparence. 11 écrivit donc son Mé-
moire sur r£gypte. « Quoique l'im-
partialité, disait-il dans son Introduc-
tion, soltdifficiieàconserver, lorsqu'on
écrit sur des événements dans lesquels
on a Joué un rôle, j'ai tâché de ne pas
m'en écarter. J'ai toujours à retracer
la constance et la bravoure des soldats
français; mais ce n'est plus une suite
de victoires brillantes comme sous Bo-
naparte; ce n'est plus une campagne
comme celle d'Héliopolis; je dois dé-
crire des revers. 11 faut, pour Tbonneur
de Tarmée d'Orient, en publier les cau-
ses, afin qu'on sache qu'elle s'est tou-
jours montrée digne do son ancienne
gloire. » Selon les uns, Bonaparte n'au-
rait pas désapprouvé la publication de
cet écrit, — aussi ne lui donnait-on que
des éloges. Mais ce qui parait certain,
c'est que l'ouvrage fut saisi, et en
même temps que le général M^nou fut
comblé d'honneurs, Reynier fut relé-
gué dans le départ, de la Nièvre. La
mort do général Destaing, qu'il cul le
malheur de tuer en duel, fut peut-être
le prétexte de celte disgrâce. Mais,
comme on l'a remarqué, Reynier avait
servi sous Morcau, et aux yeux du pre-
mier consul, ce n'était pas un titre de
recommandation.
Quoi qu'il en soit, voici, au rapport
du général Monlholon^ le jugement que
Bonaparte portait de Reynier : a Le gé-
néral Reynier avait plus d'habitude do
la guerre que le général Menou, mais
il manquait de la première qualité d'un
chef : bon pour occuper le deuxième
raog,ilparaissaitimpropreaupremier.
Il était d'un caractère silencieux, ai-
mant la solitude, ne sachant pas élec-
triser, dominer, conduire les hommes. i^
Il est difficile cependantde se persuader
que dans la disgrâce de Reynier il n'y
ait pas eu quelque rcsseptiment per>-
sonnel de la part de Bonaparte. Aussi
vjyons-nous dans les Mémoires de
Rapp, qu'un jour que cet aide de camp
intercédait pour son ami. Napoléon im-
patienté lui répondit sèchement qu'il
ne voulait plus entendre parler de lui.
Et comme dans la lettre que Rapp é-
crivit à Reynier pour lui rendre compte
de l'inutilité de ses démarches, il se
permit « quelques phrases dictées par
le dépit, » cette lettre ouverte à la pos-
te (malheureux temps que nos petits-
fils s'étonneront qu'on ail pu regret-
ter! ) fut mise sous les yeux de Bona-
parte qui en éprouva une violente co-
lère; il fit appeler sur-le-champ son
aide de c^mp : Pouvcz-vous écrire de
pareilles horreurs à mes c7incmis? s'é-
cria-l-ilcn s'élançanl vers lui « comme
un furieux. » Peu s'en fallut qu'une
même disgrâce n'enveloppât les deux
grands coupables. Cependant Napoléon
ne méconnaissait pas les talents mili-
taires de Reynier, et il songea même
à en tirer parti, tout en le tenant éloi-
gné de sa personne. En 1805, il lui
donna Tordre de prendre le comman-
dement d un corps de troupes envoyé
en Italie. « Il eut, dit-on, la prin-
cipale part à la victoire de Castel-
Franco [sur les Autrichiens], dontd'au-
tres ont recueilli les avantages. » Bien-
tôt après, il fut appelé au commande-
ment d'une des trois divisions chargées
d'occuper le royaume desDcux-Siclles.
Napoléon écrivait de Munich , sous la
date du 12 janv. 180G, à son frère Jo-
seph qui dirigeait celte expédition :
«Attachez-vous au général Reynier; il
est froid, mais c'est des trois [Masséna
et Saint-Cyr étaient les deux autres] le
plus capable de faire un bon plan de
campagne et de vous donner un bon
conseil; » et dans une autre lettre, du
3 juin, « Jourdan cl Reynier, voilà les
deux hommes que vous devez vous at-
tacher» (Mémoires du roi Joseph). Ce-
pendant il lui marquait aussi que a s'il
REY
— 4354 —
REY
y avait des attaques vives, prolongées
et où il fallût pa^er de beaucoup d'au-
dace y Masséoa était plus propre que
Reynier.» ^rës l'installation à Naples
du lieutenant de l'Empereur — ce n'est
que par décret du 30 mars que Joseph
fut nommé roi,— Reynier eut ordre de
se porter dans les Calabres. A son ap-
proche l'armée royaliste, qui s'y était
retirée, s'embarqua pourla Sicile. Tout
le pays ne larda pas à être pacifié, tel-
lement que, lorsque Joseph s'y trans-
porta, il eut lieu d'être surpris du grand
enthousiasme que sa présence excita
partout. Napoléon créa Reynier grand
oflScier de la Légion d'honneur, « pour
lui prouver sa satisfaction. » Notre gé-
néral se cantonna sur les cétes pour
observer l'ennemi et préparer « sans
bruit » l'expédition que l'on projetait
en Sicile. « Lorsque vous serez maître
de la Sicile , écrivait Napoléon à son
frère (5 juin), instituez troisantres flefs,
dont un pour Reynier; aussi bien. Je
pense que c'est lui que vous chargez
de l'expédition , et ce ne sera pas un
faible encouragement pour lui, s'il se
doute de ce que je veux faire en sa fa-
veur. » Les choses tournèrent tout dif-
féremment ; bien loin de nous emparer
de la Sicile, qui demeura toujours au
pouvoir des Bourbons, peu s'en fallut
que nous ne fussions rejetés des Cala-
bres. Le général anglais, Stuart, à la
tète de huit mille hommes, ayant mis
à la voile le \ «' juillet, vint débarquer
dans le golfe de Sainte-Euphémie. Mal-
gré la grande infériorité des forces
qu'il parvint à réunir à la hâte, Reynier
n'hésita pas à l'attaquer. On a prétendu
qu'en cela il commit une faute, que s'il
« s'était borné à observer l'ennemi et
à manœuvrer de manière à le contenir
dans la plaine, en peu de jours il eût
en partie succombé par l'insalubrité de
l'air, dont nouspouvions, denotrec^té,
nous préserver en occupant les hau-
teurs. » Mais cette destruction en quel-
ques jours de tout un corps d'armée
par l'insalubrité de l'air est un événe-
ment extraordinaire qui pouvait bien
ne pas arriver, tandis que la révolte
qui se propageait sur nos derrières, é-
tait un fait constant et menaçaitde nous
prendre entre deux feux, en nous cou-
pant toute retraite. Reynier crut devoir
tenter un coup d'audace ; mais comme
il le dit dans son rapport de cette mal-
heureuse affaire, sous la date du 5 juil-
let, a il ne fut pas secondé par le nombre
et le moral des troupes. » Reynier, dit
H. Thiers,(( cet officier, savantetbrave,
mais malheureux, que Napoléon avait
consenti à employer à Naples, malgré
le souvenir des fautes commises enE-
gypte, ne fut pas plus favorisé par la
fortune en cette occasion, qu'il ne l'a-
vait été autrefois dans les champs d'A-
lexandrie. Attaquant le général Stuart,
au milieu d'un terrain marécageux, on
il lui était impossible de faire agir ses
quatre mille hommes avec un ensemble
qui compensât leur infériorité numé-
rique, il fut repoussé et contraint de
se retirer dans l'intérieur des Calabres.
Cet insuccès, quoiqu'il ne dût pas être
considéré comme une bataille perdue,
en eut cependant les conséquences, et
provoqua le soulèvement des Calabres
sur les derrières des Français. Le gé-
néral Reynier eut des combats achar-
nés à soutenir pour réunir ses détache-
ments épars, vit ses malades, ses bles-
sés lâchement assassinés (i), sans pou-
voir les secourir, et fut obligé, pour
se faire jour, de brûler des villages et
de passer des populations insurgées an
fil de l'épée. Du reste, il se conduisit
avec énergie et célérité, et sut se main-
tenir au milieu d'un effroyable incen-
die. » Napoléon avait bien raison lors-
qu'il écrivait à son frère de ne pas trop
se fier aux démonstrations publiques
des Napolitains. Pourquoi voudries-
vou< qu'on vous aime? lui disait-il; an
moindre revers, vous les verriez tous
(1) Diions k l'honneur da général Stnirt qw'B
fit tout ce qni était en son pouvoir pour empê-
cher ces harbariM. • Cherchant à rappléer, dil
M. Thîers, par Tamour de l'argent à l'humaaitè
qni manquait à ces ferores montagnards, il pro-
mit dix ducats par soldat, qninie par officier,
amené Titant, et il traita ceux qu'il réassit à sa»-
Ter avec les égards que se doîTenl entre elles les
nations civil isées, lorsqu'elles sont condamnées à
se bire la guerre. •
REY
— 4S6 —
RET
soulevés contre vous. L'empereur ma-
nifesta beaucoup de mécontentement
au sujet de cet échec de Sainte-Euphé-
mie : « Keynier a Tait des fautes de tou-
tes espèces^ et auxquelles je ne m'at-
tendais pas^ écrivait-il; l'art d'être
tantôt audacieux et tantôt très-prudent
est Tart de réussir; » et ailleurs: « Le
général Reynier a mal fait ses disposi-
tions de balaille, et n'a pas su diriger
six mille hommes contre l'ennemi. Mais
depuis il a été abandonné d'une ma-
nière affligeante. » En effet, Joseph
Jouait un rôle auquel il n'éta i t guère pro-
pre^ il n'était pas un homme de guerre.
Reyniery quoique abandonné, parvint
à se maintenir à Gosenza Jusqu'à ce
qu'après la reddition de Gaëte (l 8 juill.
1806), Masséna loi fut envoyé à la tète
de quelques mille hommes de renfort.
A la seule approche du maréchal, les
Anglais reprirent la mer, le 5 sept. Le
maréchal, ne jugeant plus sa présence
nécessaire dans les Calabres, retourna
à Napies vers la fin du mois , puis
renonçant au service du roi Joseph,
alla rejoindre la grande armée. Les
Calabres étaient incessamment infes-
tées par des bandes de malfaiteurs que
les bâtiments anglais Jetaient sur les
côtes. Reynier, ayant repris le com-
mandement de l'armée, réussit à en
purger le pays et fit rentrer partout les
rebelles dans le devoir. « Le général
Reynier, écrivait Joseph k son frère (9
fév. 1807), est aimé par les gens du
pays à cause de sa probité bien con-
nue; il aime aussi ce pays-là; je suis
content de lui, il a fait beaucoup de
bien depuis quelques semaines. » Son
frère, l'économiste, ne tarda pas à ve-
nir associer ses efforts aux siens. Il
était chargé parle gouvernement d'or-
ganiser les différentes branchesde Tad-
ministration. La guerre devait apporter
àcemalheureux pays des bienfaits dont
la paix ne l'avait Jamais fait Jouir. Pen-
dant le séjour du général Reynier dans
les Calabres, il n'y eut plus qu'une seule
tentative sérieuse de la part des Roya-
listes. Ils opérèrent un débarquement
soos les ordres du prince de Hesse*
T. VIII.
Phllipsfad, mais ils furent complète-
ment battus à Mileto (28 mai 1807).
Des cinq à six mille hommes dont se
composait ce corps d'invasion, c'est à
peine si une cinquantaine parvinrent à
s'échapper avec leur chef. La prise de
Crotone, de Reggio et de Scylla ache-
va la soumission du pays. Le siège de
cette dernière petite place, que Reynier
dirigea lui-même, coûta plus d'un mois
de pénibles efforts (du fO Janv. au 17
février 1 808). Mais « un grave mécon-
tentement » du roi vint troubler la Joie
de ces succès. Dans la capitulation que
Reynier avait accordée à la garnison
de Reggio, il avait cru pouvoir agir
de son propre chef sans consulter le
souverain. Joseph s'en sentit profoo-
dénient blessé et «c lui témoigna son
étonnement tout en rendant justice à
son mérite et à sa probité, n Le géné-
ral, voyant qu'on méconnaissait ses in-
tentions, prit le prétexte de sa santé
pour demander son remplacement. Le
roi lui accorda sa demande et lui donna
pour successeur dans les Calabres le
général Maurice Mathieu (25 février).
Murât ayant succédé à Joseph sur le
trône de Napies (!«' août 1808), con-
fia à Reynier le portefeuille de la guerre.
Mais à peine était-il installé dans son
ministère, que Napoléon le rappela au-
près de lui. cL'a-t-ii fait de son propre
mouvement? se demande laRiog. nouT.
des Contemporains, on l'ignore. Le
soin qu'il a toujours eu de réserver
Reynier pour les services obscurs, per-
met de penser qu'il a voulu l'écarter
d'un théâtre qui le mettait en éviden-
ce. » Reynier rejoignit Napoléon à Vien-
ne. A la bataille de Wagram, il com-
mandait les Saxons. Après la signature
de la paix, il fut envoyé en Espagne;
puis, lors de la campagne de Russie, il
fut mis à la tète du 7* corps, aux or-
dres du prince de Schwarxenberg, qui
était chargé de couvrir la droite de la
grande armée en Pologne. Il n'assista
donc pas à la désastreuse retraite de
Moscou. Il se signala à la bataille de
Bautzen, sous le commandement du
maréchal Ney, et prit la ville de tiosr-
2î
REY
— 4% —
RIB
Htz. Après la roptare de l'armistice, il
marcha sor Berlin, (c Au combal de Den*
Devilz, il empêcha, dit-on, par l'habi-
leté de ses manœuvres, la perte de l'ar*
mée. » Enfin, la sanglante balai Ile de
Leipzig marqua le terme de sa carrière
militaire. On connaît la déplorable ca-
tastrophe qui mit le comble à nos mal-
heurs dans cette terrible journée.
«Quelques troupes de Blucher,rapporta
U. Thiers, poursuivant les débris du
corps de Reynierà travers le faubourg
de Halle (conduisant au pont sur l'Els-
ter) (1), se montrèrent aux abords du
pont, pèle-mèle avec les soldats du 7«
oorps. A cet aspect, des voix épouvan-
tées se mirent à crier: Mettez le feu!
mettez le feu ! » Le pont sauta et Rey-
■ier fut fait prisonnier avec les débris
ée sa division. Après son échange, il
rentra en France. 11 n'eut pas la dou-
leurd'assister ànos derniers désastres,
H mourut à Paris, le 27 fév. 1814,
d'un accès de goutte. Le pasteur Mar^
ton prononça son oraison funèbre dans
le temple deTOraloire. Au témoignage
du biographe déjà cité, « Le général
Reynier était d'un caractère naturelle-
ment froid , mais accompagné de la
plus grande douceur. Partout où il a
commandé, il s'est fait chérir non-seu-
lement de SCS troupes, mais aussi des
babitans du pays. 11 étudiait leurs in*
stitutions, cherchait à améliorer leur
position et maintenait une disciplina
exacte qui diminuait leurs froissemcns.
Sa générosité de principes se commu-
niquait à tous ceux dont il était entou-
ré. » Les habitants de la province de
Gharkieh l'avaient surnommé Vhommê
juste. Son souvenir est resté cher aux
Calabrois. a probe et désintéressé com-
me il Ta été il n'a laissé qu'une trcs-
médiocre fortune à sa ûlle, qu'il a eue
de son mariage avec M'^* Rolland-de-
Chdtnàaudoin» »
On a du général Reynier :
I. Idées sur le système militaire qui
' (1) L'EIslor n'est qa'uQ ruisscaa tel qae la
^Tre, ei U faut an grand eiïorl d'imaginaUcm
nour y retrouver leflcuTo majestueux de oos pclo-
treset de nos poules. U est irai que, par suite dé
dÀ^Kfleiiieot, les mqi eonTraient it plaint.
convient à la République française y
Paris, an VI (1798), in-8».
n. De l'Egypte après la batailU
d' Héliopolis et Considérations généra-
les sur l'organisation physique etpoH'
tique de ce pays, Paris, an X (t^OS),
in-s» de pp. 282, avec carte de la Ras-
se-Egypte; trad., la même année, aa
allem., Berlin, et en anglais avec des
Observations et corrections, par un of-
ficier anglais, Lond., in-8<* ; réimp. seas
ce titre : Mémoires du comte i^eyntfr.
Campagne d'Egypte, Paris, 1827,
jQ.go. — Après des considérations gé-
nérales sur l'organisation physique,
âiilitaire, politique et morale de 1*8-
gypte, qui forme son Introduction, Tan-
teur aborde la partie polémique de soi
sujet, qu'il partage en trois périodes ;
1* De l'Egypte après la bataille (THé-
liopolis ; 2« Depuis le mois de braraalpa
jusqu'au mois de ventôse, an IX; 3*
Campagne contre les Anglais et las
Turks.
RIBAUT (Jean) ou Ribault, navi-
gateur célèbre par ses tentatives de
eolonisation dans l'Amérique du Nord,
et par sa fin malheureuse, naifoit a
Dieppe. Quoique jeune, il avait déjà
donné des preuves d'une grande capa-
cité comme homme de mer, lorsqu'il
embrassa les opinions nouvelles. A es
double titre de marin expérimenté et
de protestant, il devait obtenir la ooa-
fiance de l'amiral de CoUgny, qui le
choisit pour commander une seeonés
expédition dans le Nouveau-Monde.
L'insuccès de la première (Vby. Nico^
LAS DURAND) ne pouvait relHiter im
homme doué, comme Goligny, d*nné
persévérance à toute épreuve et, comme
lui , jaloux d'accroître la puissance 4a
la France, tout en préparant un asile
sûr aux Protestants persécutés. Ri-
baut partit de Dieppe, le 1 8 fév. 1 562,
avec deux navires montés par des éqoi^
pages d'élite et un grand nombre de
volontaires. Après une heureuse tra^
versée de deux mois, il attérit, à 50*
de latitude, près d'un cap, qu'il nom-
ma le cap Français. Longeant ensaita
la c6ta vers le Nord, il arriva à l'en*
RIB
-m-
MB
l)pBchnre éd la rivi^r^ appelée aojoor-
d'iiul SaiQt-Jei^i, à laquelle il donna le
i^ooD de rivière de Mal, p^rce qu'illV
¥ait découverte le l " jonr de ca mois.
Poursuivant sa route, il reconnut en-
core plusieurs autres cours d'eau plus
oi| moins considérables, aps^qu^ls U
ipaposa les uoms des fleuves de sa pa-
tfie, noms qu'aycoii d'eux n'aconser-
v48, et arriva epflp, parle 32« de lat.»
à i'emboucbure d'un fleuve large eî
lirofond , qui lui seuibla offrir toutea
les conditions d'un bavre sûr pour ses
vaisseaux. 11 l'appela Port Royal et
cbargea les capitaines Sale et Lau-
d^nière de construire, sur une Uo
formée par la bifurcation de la rivière,
QB petit fort| auquel il donna le nom
d« fort Charles en l'honneur du roi de
France.
Après une relâche de quelques jours,
laissant le fort sous le commandement
du capitaine Albert, avec une garni-
son d'une vingtaine d'hommes, qu'il
approvisionna du mieux qu'il put, et
auxquels il promit de revenir l'année
suivante avec des vivres et des ren-
forts, Ribaut reprit la route de Franceist
arriva à Oieppe le 20 Juill. 1562. On
était alors au plus fort de la première
guerre civile. Il est plus que vraisem-
blable qu'il y prit une parttrès-active,
puisqu'il n'osa rester dans sa ville
natale après sa soumission, et qu'il
passa en Angleterre avec de Fors et
d'autres (Voy. Vlil, p. 313). M. Char*
Ip^ Weisi ne connaissait pas cette par-
ticularité, autrement il n'aurait pas
avancé, dans son Hist. des Réfugiés,
que Ribaut abjura k son retour dans
sa patrie. Pendant son séjour à Lon-
dres, il flt imprimer, selon Watt, Th$
whoie and true discovery of Terra FUh
rid, Lond., 1563, in-12.
La gravité des circoostances ne per-
mit pas à Tamiral de s'occuper immé-
diatement de la colonie. La garnison
ne voyant pas arriver les secours que
Eibautavait promis, et exaspérée d'ail-
leurs par le despotisme du capitaine
Albert, se révolta, tua le commandant,
qu'elle remplaça ^ Nieùlai Barrée el
finit pareiigerdn nouveaogoaverneiir
qu'il la ramenât en Europe. On con«
struisit un petit bateau sur lequel tout
les colons s'embarquèrent avec le peu
de vivres qui leur restait ; mais la fa-
mine ne tarda pas à les assaillir. D^à
ils avaient égorgé un de leurs compa-
gnons pour le dévorer, lorsqu'ils eureol
le bonheur d'être recueillis par un na-
vire anglais qui les ramena en Europe.
Cependant Coligny faisait travailler
avec activité à une nouvelle expédition;
elle mit à la voile, le 22 avril 1564^
sons les ordres de Laudonniire (Voy.
ce nom). L'année suivante, prévenu
par de faux rapports contre cet habilo
marin, l'amiral songea aie remplacer.
U jeta les yeux sur Ribaut qui, par ses
ordres, équipa dans le port de Dieppe
une escadre de sept vaisseaux, com*
mandée, sons lui,parsonâl8 Jacqdis,
par Maillard de Dieppe, et parlesienr
de Machonmlle. Elle prit la mer an
mois de mai, emportant trois cents co-
lons avec leurs femmes, leurs enfants
et des instruments de travail.Après une
longue et pénible traversée, Ribaut ar-
riva le 2 août (i), devant le fort Caroli-
ne, qneLaudonnière avait construit sur
les bords de la rivière de Mai. Détrom-
pé sur le compte de Laudonnière, il sa
disposait à repartir, après avoir ravi-
taillé et renforcé la garnison, lorsqu'on
vit paraître tout à coup une escadre
espagnole forte dehoit vaisseaux, qui,
bien que la France fût en paix avec
l'Espagne, attaqua quatre bAliments
français mouillés à l'embouchure de
la rivière. Les Français se h&tèrent
d'appareiller et de gagner le large.
Après leur avoir inulilement donné la
chasse, l'amiral espagnol alla jeter l'an-
cre dans la rivière Dauphin. Instruit
qu'il s'y fortiflait, Ribaut, malgré Lau-
donnière, qui lui représenta vainement
combien la mer était dangereuse dans
cette saison, résolutde déloger ce for-
midable voisin, en l'attaquant avant
(1) Celle (Ute n'est pai bien certaine : telon
Gbamplaio, il allèril le SOjaiU.; seloa de Thou,
le 14 août : selos 4'«itrei Mcere, le 9S ; nais la
date importe pM.
RIB
— 4f8 —
RIB
qu'il eût terminé ses retranchements,
li mit donc à la voile, mais on coup
de vent le jeta sur les écueils du dé-
troit de Bahama, où ses vaisseaux fu-
rent brisés. Personne de l'équipage
ne péril, à l'exception du sieur de La
Grange, un des gentilshommes de Co-
lignVy Qui s'était joint à l'expédition;
mais le sort des naufragés était déplo-
rable. Échoués à 3U0 milles du fort
Caroline, le seul endroit de toute la
côte où ils pussent espérer d'être se-
courus, il leur fallut traverser un pays
désert, en proie à des souffrances hor-
ribles, et lorsqu'ils se croyaient arri-
vés au terme de leurs souffrances, ils
se trouvèrent inopinément en présence
d'une compagnie de soldats espagnols.
Vaincus par la fatigue et la faim, sé-
duits par les douces paroles du capi-
taine ennemi, qui leur jura qu'ils se-
raient traités avec humanité, ces pau-
vres gens consentirent à déposer les
armes; mais dèsqae les Espagnols les
tinrent en leur pouvoir, ils les égorgè-
rent tous jusqu^au dernier, comme ils
avaient déjà égorgé la garnison du fort
(Koy.Yl,p.424)(l). Cette abominable
trahison, dont les écrivains espagnols
ont essayé, mais sans succès, de laver
leur nation, fut punie, comme elle
le méritait , par le vaillant capitaine
Gourgues (Voy. ce nom).
Ri haut partagea le sort de ses sol-
dats. Quelques-uns affirment qu'il fut
écorché vif; son corps fut mis en quar-
tiers et cloué aux quatre angles de la
forteresse.
La famille Ribaut resta fidèlement
(1) Les cadaTres furent pendus ^ des arbrei
ttec celte inscription : Non comme Français, maif
comme Luthériens. «Presque toutes les victimes,
au noiubre de 8 ou 900, appartenaient en effet, dit
ià. Henri Alartin, à la religion réformée... Bien
que Ribaud et Laudonicre n'eussent agi que sur
commission du roi, Catherine, à ce que nous ap-
prennent les mss. de Granvelle, avait eu la là-
rbete de desavouer l'entreprise de Floride aux
premières plaintes portées par l'Espagne contre
cette usurpation de ses droits imaginaires sur ee
pays. On ne douta pas que les Guises et leurs amis
n'eussent instruit Philippe II du second voyage
de Jean Kil>aud et que Melendex (l'amiral espa-
mol) n'eût combiné son attaque sur lea rensei'
irncment* venus de France. »
attachée à la religion réformée. En
1688, une demoiselle de ce nom fat
expulsée de France, après avoir subi
une longue détention qui ne pot vainere
son opiniâtreté (Arch. gén. Tt. 235).
Quatre ans plus tard, la même mesure
fut prise à l'égard de Françoise Lé-
vesque, veuve de Jean Ribaud, mort
consul de Hollande à La Rochelle. On
la chassa du royaume avec sa seconda
flile, qui venait de naître, mais on re-
tint sa fille alliée qui fut enfermée dans
le couvent de la Providence {IM, M.
674).
RlBAl}DEAU(RoBBnT),oaRiTÀi}-
DBAU, Sieur de La Guillotière, élu pour
le roi au siège de Fontenay et valet de
chambre du roi Henri II, qui l'anoblit,
s'est fait connaître dans la république
des lettres par une trad. des deux li-
vres de la Noblesse civile d'Osorio de
Portugal, Paris, 1 549, in-8«, ouvrage
presque introuvable aujourd'hui. 11 a-
vait déjà embrassé les doctrines évan-
géliques lorsqu'il futnommé,enl567,
maire de Fontenay. Il mourut en 1 579.
De son mariage avec Marie Tiraquea»^
flUe du célèbre jurisconsulte André Tl*
raqueau, naquirent sept enfants: !•
André, qui suit; — 2* MAmiE, femme
de Gilles Boscher, sieur de LaGuion-
nière; — 3» Henry, sieur du Vignault,
mort en 1581, sans avoir été marié;
— 4«Madblainb, morte flIle vers 1 579;
— 5» Théodorb, sieur de La Gbaroi-
lière, qui, de son mariage avec Jfor-
guerite Prévost, ne laissa que deux
Allés : Marie, femme de Gilles de Tho-
rigné, sieur de La Poitevin ière, etJOA-
CHiNE, épouse de Jean Forestier, sieor
de Cothine ; — 6« Rbnéb, morte fille;
— 7« Baptiste, sieur de La Groisi^
dière, que sa femme Renée Tusseam
rendit père d'un fils, Pierre, sieur de
La Groisardière, et d'une fiUe» RRNts,
mariée en premières noces à RenéTenn
plerie, sieur de La Rollandière, et en
secondes, à Philibert Marinet.
Né à Fontenay vers 1540, André 4e
Ribaudean, sieur de La Flooelllère, fli
ses études à Poitiers, oii il se lia d^ip
mitié avec AibertBMmi^ rtaMr i9
RfB
4Î49 -
RIB
la Chnstiade. Ce fut sans doute ^ à
l'exemple de son ami, qu'il entreprit
« dans sa grande jeunesse^ en un style
8i rare à nos François, qu'elle pour-
roit estre lue avec plaisir et contente-
ment de ceux qui aiment les saintes
lettres et ne sont ennemis des muses
que Marc Cicéron appelle gratieuses,»
une tragédie en cinq actes, mêlée de
chœurs à la mode antique, qui fut re-
présentée pour la première fois à Poi-
tiers, le 24 juin. 1561, et qui fut im-
primée, quelques années après, sous ce
litre : Les œuvres d'André Rivaudeau,
gentilhomme du Bas-Poitou, Aman^
tragédie sainte, tirée du VII chap,
d^Esther, livre de la sainte Bible, A
Jeanne de FoiXy très-illustre et très-
vertueuse royne de Navarre, Outre
deux livres du mesme autheur, le pre-
mier contenant les complainteSy le se-
cond les diverses poésies nPoiiiers, 1 566,
in-4«. Les complaintes sont dédiées à
Antoinette Bouchard- d'Aube terre, les
poésies diverses à FrançfAse de Rohan,
dame de La Garnache. Dans son Épltre
dédicatoire à Jeanne d'Albret, après
8'ètre plaint de la « barbare chicheté »
des princes qui^ au lieu d'employer
leurs finances à l'encouragement des
lettres, les faisaient servir «aux car-
navaux, aux lices et tournois^» le poêle
s'écrie :
Je ne parle pour moy, qoi, par la protidenee
De Dieo, me tronte hors de toule reste danse;
Je ne suis souffreieax de ma condition.
Et n'ay besoin de mieux; pais franc d*ambilioo,
Je mesprise la gloire, et l'Iionnorable peine
De monter aux honnears d*ane attendante haleine.
J*ay «pprins les faTenrs des roys et de la conr,
Pratiquées lon^mps» se passer en un jour.
Quand elles dureroyent, qu'il est mal-aysé suitre,
Tout ensemble la cour, et ensemble bien tirre.
Un an après la publication de sa tra-
gédie, Ribaudeau mit au Jour un second
ouvrage : La doctrine d^Epictète, stoï-
cien, comme l'homme be p*iut rendre
vertueus, Ubre, heur eus et sans pas^
sions, trad, du grec en françois, Ob'
servations et interprétations du même
auteur sur les plus obscurs passages,
Poitiers, 1567, in-i*. Dédicace à //b*
noratPrévost. À dater de celte époque,
resprltdeRibaudeaa^prenantonetoor^
nure plus sévère, se porta vers l'étude
des questions religieuses. Il entreprit
un commentaire de l'Epltre aux Hé-
breux et de l'Ëvangile selon saint Mat-
thieu ; mais les malheurs du temps l'en-
gagèrent à renoncer à ce travail pour
saisir i'épée. Un voileépais, que M. Fil-
Ion, le savant auteur des Recherches
historiques sur Fontenay (i), n'a pu
soulever, couvre les dernières années
de la vie de Ribaudeau. On sait seule-
ment qu'il mourut vers 1 580, laissant
deux enfants : André, sieur de La Flo*
cellière, et Dêbora. Ajoutons que pen-
dant ses études, il avait composé des
pièces de théâtre en vers grecs et la-
tins et un commentaire sur l'Electre
d'Euripide, qui n'ont point été publiés
etqui probablementneméritaientguère
de l'être.
RIBEAUVILLERS, en allemand
Rappolslein, seigneurie d'Alsace, dont
le seigneur, Ulric de Rappolj'tein, se
montra favorable à la Réforme, ainsi
que sa fem me ^ nna-i4 lexandria de FUr-
stenberg. Leur fils,EGENOLPH, héritier
de leurs sentiments, fit, aussitôt après
la paix de religion, venir dans son com-
té des pa'iteurs évangéliques, pour y
prêcher la doctrine luthérienne. Ses
tentai! ves de réforme rencontrèrent une
très-vive opposition dans la partie de
sesdomainesqui relevait de l'Autriche,
de l'évèché de Bàle ou de l'abbaye de
Murbach. En 1 560, malgré la protec-
tion de son seigneur, Jacques Spahler,
pasteur de Heitersheim, fut enlevé avec
sa femme et traîné dans les prisons
d'Ensisheim. Sentant la nécessité d'a-
gir avec prudence, le seigneur de Ri-
beauvillers rétablit dans les églises les
autels, les fonts de baptême et les ta-
bleaux; mais son zèle ne se ralentitpas.
Il fit élever à ses frais plusieurs Jeunes
gens, entre autres Henri Pantaléon et
Palmer, qui annonçaient d'heureuses
dispositions, dans l'intention de les
consacrer au service de Jésus-Christ.
En 1 565, il osa enfin faire célébrer dans
(1) Tout ce qui précède est tiré presque tex-
tueliement des épreuves de son second Tolume*
qu*iJ a bien touIu nous communiquer.
MB
— 480 -
RIB
ion ehâteati la Cëhe sons les dirai es-
))ëces. La même année, George Palmet
fut établi comme toasteur évangéliqne
h RlbeanvillerSy et une école fut fondée
dans cette petite ville. Quatre commn-
lies seulement suivirent Texeitiple qtté
leur donnait leur seigneur ; ce furent
eelles de Jebsheim, de GUnspach, de
Griibach et de Sainle-Marie-aux-Mi'-
nés, oii s'établit une colonie de Réfu*
giés français. Egenolph étant mort ert
i 58n, le culte réformé fut proscrit, sui^
les Injoncitlons de rAnlriché, par lès
tutetirs de son QlsEBBiiÉÀED, qui s'em-
pressa de le restaurer à sa majorité. Les
deux Olsd'Eberbard,iiommés Georgb-
FnÉBÉRic et JEAN-JiCQUEs, restèrent
fidèles à la religion protestante. L'atné,
inort en 1651, ne laissa qu'une flile,
Annb-Élisabeth, mariée au comte de
Waldeck. Le cadet, qui Yécùt Jusipi'ea
I67S, n'eut également que deè fllles;
Tune, AiimB-DoROTËfiE, ne fut point
Éiarléé, ètrautre, C atbbritie-ag athk^
épousa iè comte palatin de Birkenfeld.
lllBlT(JkAii),en latin Ribittus, pas-
tètir et professeur à l'acadéiiite à Lan-
iabne dii 11 enseigna successi vènient le
^réb et la morale, l'hébreu et la théo-
lb|ie» de 1541 à 1559. A la suite des
tèntéstàtlons que Virei eut avec le se-
Aat de Berne, il donna sa démission.
Oh ne dàit rien de plus silP sa vie, et
l'on Ignore l'année de sa mdrt. nous
ài\bû$ espéré trouréi' Quelques ren-
lei^bëtnents Sur soi! eompté dans un
fecùeil de Lettres de lui, oii plutôt de
ferouillods de lettres^ qui se conserve
éti Détisirt. dés ms^. latins de la Bi-
blloth. nationale, sons le N« 8641, vol.
lii-4« portant ces mots stir la couver*
turë : Joànnis Ribitti db anno î 547
itsqiiê ad 1555 ; mais notre attente a
été trompée. Toot ce que nous y avons
appMs, è'eèt que HIbit avait un frère,
qui élàlt resté catholique ; qu'il était
ioaarié et père, en 1547, tiè deux en-
fants nommés JEAÎf et SiiMÉON. Le Du-
cbat, dans ses Rélnarqocs sur la Coh-
fc^ssiou^de Sancy, afDrme que le mé-
decin Roc Lé Bailli f (Yoy. ce nom),
était son Û\è; mais rien ne justifie
cette àsseHIon du savant critiqué.
RIbit était très-versé dans les lan-
j^es anciennes. Lipenius lui atlriboe
deux opuscules : Explanatio toci àâ
BèbriBos VII, 19 : Lex nihil perfedt,
fiasil.^ 1554, in-é», et Dfsp. an Judas
proditor cœnœ Domini interftièrit, Ba-
sil. ,1555, ln-â«. Gesner a publié, sooi
le titre de Sententiarum sive càpitum
théohgicorum prœcipuè ex sacris et
profanislibris, tomiîll, perAnUmium
et Maximum monachos oUm coUecUt,
î*ignr., 1546, in-foi.; Antr., 1560.
In-i 2, les trad. latines de deùi reedel»
de lieux communs tirés d'auteurs grecs,
traductions dont lune au moins ap-
partient à notre RIbit. SeloblaBIblioUi.
de Gesner. c'est à lui que l'on doft
aussi la traduction latine des Ep^
grammes de Cyrus Théodore Prodro^
mus, imp. à Genève par Crespin. La
Biogr. univ. lui attribue encore une
édit. grecque de Lucien, imp. àB&te,
1545, 2 vol. ln-8% et Gesner la trad.
latine de divers opuscules dé Xénopbcm:
Symposium, ^erepubL Aihèmènsium,
t)e vectigalwus et tUpparchicuà, imp.
à tiàle, en 1 545, par IseiigriD dans soà
édit. des OEuvres de ^énopbon. Enfli
on conserve à la Bibliotb. de la Tltttt
de Bâle un vol. msc. de Riblt soos ùè
tilre : Index in Josephuni grcBeiiiHf
1545.
RtBOTtB CN), dit Ribàtte-Cham^
connu dans l'histoire des églises da di-
sert par les efforts qu'il fit aoprès db
Voltaire et de Rousseau pour éveiller
leurs sympathies en faveur de ses mal*
heureux coreligionnaires , naquit au
Caria, vers 1730, d'ilné fuflllle pro-
testante qui, an milled des persécu-
tions, avait conservé un attacttemeni
Invincibleà la religion étangélique (t).
(t) Uoe pièce mtnoseriie, datée de I6S6 ec !••
titulée Rolle dei personnes qnc J. Doaabreet Jil*
Ugnier on (sic) à pràfldre (sic) girde 4 l'ègHse,
Ddns apprend qu'an notobre des penènnes eot-
mises à la surTeillance tte ces desK ilgoatiU à
Manrpjols -lès-Gardon, se troarail /«a6fav HiMH
atec son mari Antoim Matthieu tl leurs enfants.
Lès antres ^asperis étaient haheau Béc&ftrd,
Cathtrine Bmgier, Jtan l^ertuirà «I te {
Claude Re^fiiaud, EtUnne Vite^ Pierre Bamkr
illeart femmes, Frànçbii tiirhari, Clamie £•«<»,
RIB
— iz\ —
wc
n èipAi ètéore Irès-Jeunê lorsqa'il en-
tra dans nne maison de commerce de
Éontaobati, dont il devint |)lus tard nn
des chefs. Sa probité, soji tilelligehce,
son esprit yir et avide d'lnst^ticiion, ses
^â(s d'arilsté; sa piOâitiôn & la tSté
d'une maison Importariiè. le firent liiën
venir de l'Intendant da Qùerëy, Ift. de
Goargaes, à la protèètioii dé qui il dnt
sans doute de ne paâ être Ihctnièté, lîial-
gré les fréqiients voyages qu'il flt en
Angleterre, en HoUaiide^ en £s|)agne9
à Paris, ôii il siit se mettre en rapports
avec Buiïon, thonias^ f^ébkér, éailly^
et d'autres gens de lettrés dlMIngués.
Ribotte salua avec entboasldsihe l'au-
rore de la Révolution, et blëh que la
dépréciation des assignats Teût pres-
que iHiné, on tiel'ëfatendlt Jdlnàiâ écla-
ter eh imprécations cotitre l'ourâgah
Jui avait emporté sa forttihè avec lé$
erniers débris de l'odieuse légiâlâltoh
de Lotîld XIV et dé Lotits XV.
Hibolte mourut dàns lés pfemléfés
années dé ce siècle. II avait publié quel;-
qties opuscules presdue introuvables
àtijourd'hui, entre âbfres, ùho dfô^ert.
èUr les maladies épidimiques , qui a
Îaru, en 1788, avec léâ réponses de
ùflbn et d'autres pièces relatives au
ibéine sujet j un |)oeme sur lès beàux^
drtÈ et un rctùéfl d'hyirnnes pûtrioti-
(fuei, oh l'on rema^(|ue, dit-6h, dé là
terve, une Imagination vive, tnais dé
nombreuses fùcorrècttoiis de styie.
RlBOt]DEAtl(PÉiut>PE),tiéàCbâ-
lons-sur-Saône, fut destiné par son
père, qui était ancien de l'église, à la
carrlèJ-eecclésiàstlcitie.Aprèsavoirter-
JfOft Fontanitu M Luerècê Bûdùil, M femme,
Zmh^ Dombrei^ frpcarear, et Jeanne. Eçurdigue^
Bèrnhrdine SayeL tes deux surtçiilabls étaient
ënàfi^s de ■ prendre girde si toatet cétf fàmiltes
tast grandes que petites enteftftoient ta messe festes
•Idi^aocbes, s'il (sic) prenoirnt de l'eaD bénite,
Î'il ^soient le signe de la croix et s'il se mêl-
aient ï deux genonx en entrant à l'église, et 8*i|
hi comtnettoient des irréTéranoes (sif) fondant te
eertice diyin. » î\s detaient, en outre, espionner
jour el nuit les susdiu, noter s'ils sjaJisentaient
les àimànchés et fêles, s'assurer qu'ils efiTÔyaien^
lévrs enfants & Técole et àtn instfètctfônè , et
ebaqoe semaine, rendre compte aa curé de ei
R'ijt enraient refnaniiM [Arch. as la Société if
iii.iu proiêêtÔMlisme).
miné ses études, il fut reçu ministre ad
synode de Sergy, en 1665, en même
temps que Jean Garnier, de Lan grès, et
desservit différentes églises de la Bour-
gogne Jusqu'à ce que ia révocation vint
Iç forcer à s'expatrier. Il se Retira JL
Genève, où un de ses ancêtres, i^mis
Biboudeau, avait déjà trouvé un asile
à l'époque dé la Saint-Bartbélemy. C'est
dans celte ville qu'il (>ûblia, en i685j,
in- 12, le seul ouvrdgé quë nous con-
naissions de lui : Sacrum Dei orqculum^
Urim et Thummim, a variisJoh. Speth
ceri excogiiationihus îiherum; rêimpl
par de Tournes, Îëâ6, in- 12^ selon le
Catal. de la Bibl. de Genève. Il y com-
bat avec beaucoup d'esprit et d'érudi-
tion Topinion dii savant auteur anglaid.
On sait que Philippe Riboudeau vivait
encore en 1 701 . t>eut-ètre que Jean RP
bôudeau, aumônier du régiment de V4-
rénnes et pasteur, en 1 699, de l'église
française de Burg en Prusse, était sôii
fils.
RICARD (FRÂîîÇofS), le premier de
cette famille qui embrassa les opinions
nouvelles, eut pour flis Jean Ricard,
marié, en 1 S'IS, avec Grâce Verchând,
De ce mariage naquit JEAN, qui fotcon-^
sèilleren la cour des aides deMontpel-*
lier, et qui testa en 1662. Françoise
(Salière, sa femme, qu'il avait épousée!
en 1 620, lui avait donné deux fils, nom-
ihés François et Antoii^e. On ne sait
rien sur la vie du second, qui fut main-
tenu dans sa noblesse en 1 668. L'alné,
sieur de Saussan, fut conseiller en U
cour des comptes, aides et finance^ de
Aontpellier. C'était « un fort honnête
homÉne^»lfl-on dans les noies sécrétés
sur le personnel des parlements. En
1682, il était passé à la vétérance.
T^'ayant point voniu se convertir à la
révocation, il fut, malgré son âge avan-
cé, relégué àNarbonneèh 1686 {Arch.
flf^n.TT. 322).ilavailépodsé,enl657,
Louise d'tièbles (Voy. V, p. 442).
Nous ne pensons pas qu'on doive rat-
tacher à cette famille le capitaine Jean
àé ri5fU/fr,quoîquéBqze lé désigne sous
lé nom de Jlièard (aliàé Richard). Àù
fkiè te capitaitië n'a pàrii qù'ûti iii«
RIG
— 432 —
RlC
stant sur la scène de nos guerres de
religion. En 1562^ à TapprocbedeBa-
rie et de Monlluc, précédés de Taf-
freose réputation du dernier^ ]es Mon-
talbanais^ ne sachant trop à quel parti
s'arrêter, sollicités qu'ils étaient d'un
côté par Mont-Laamnyik gentilhomme
plein de prudhommie,» qui les invitait^
de la part des Huguenots de Toulouse,
à céder à l'orage plutôt que de résis-
ter ; et de l'autre, par Louis de Portail
[Portai?], le capitaine Sausseux et le
seigneur de Valemanne en Agénois,
émissaires du prince de Condé, qui les
excitaient à la résistance. Ils nommè-
rent Ricard gouverneur de la ville. La
terreur qui régnait parmi les habitants
aurait probablement paralysé ses ef-
forts, en sorte qu'il Tut heureux que
la surprise d'Agen appelât ailleurs les
deux chefs catholiques, et laissât aux
Montalbanais le temps de se familiari-
ser avec le danger.
RICAUD (Jbàn), appelé par Cres-
pin Rigaud, était ministre de l'église
de Lyon, lors de la Saint-Barthélémy.
Sauvé comme nous l'avons dit ailleurs
(Voy. yiy p. 262), il se retira, à ce qu'il
parait, à Mbntauban, d'où est datée l'E-
pltre dédicatoire de la relation qu'il pu-
blia des massacres exécutés, en quel-
que sorte, sous ses yeux. En voici le
titre : Discours du massacre de ceux
de la religion réformée fait à Lyon par
les catholiques romains, le2S*du mois
(Faoust et jours ensuyvants de l'an
1572, ensemble une épistre des anciens
fidèles de Lyon et de Vienne ycontenant
le récit de la persécution qui fut dres-
sée contre eux sous l'empereur Anto*
ninus Verus ; avec une AmiaUeremons-
trance aux Lyonnais, lesquels par ti"
midité et contre leur propre conscience
continuent à faire hommage aux ido»
[e5,s.l.,l57i,in-12;réimp.parM.Go-
non, avec l'Histoire lamentable conte-
nant au vrai toutes les particularités
les plus notables des cruautés, massa-
cres, assassinats et dévastations exer-
cés par ceux de la religion Romains
contre ceux de la religion réformée,
par un anonyme, Lyon, 1848, in-19.
— La relation de Ricand a été repro-
duite avec de légers changements dans
le Martyrologe de Crespin, ainsi que
dans les Mémoires de Charles IX, oii
l'on trouve aussi son Amiable remons-
(rance, écrite dans le but de relever le
courage des Lyonnais en leur persua-
dant que J.-€h. n'établit son église qne
par les tribulations et les soaflTrances.
RICHARD (ELiB),médecin habile»
membre de la Société royale de Lon-
dres et ancien de l'église de La Ro-
chelle, né à Saint-Martin-en-Ré, le 11
déc. 1645, d'Etienne Richard, sieur
de La Poitevinière, avocat au parle-
ment de Paris, et mort à La Rochelle,
le 14 mars 1706.
Richard reçut sa première instruc-
tion de son père, qui l'envoya ensaita
à l'académie de Saumnr. Sa philoso-
phie terminée, il vint à Paris pour y
étudier la médecine. Il suivit, pendant
trois années, les cours d'anatomie da
Duvemey et ceux de chimie de Lémery,
puis il se rendit à Montpellier, attiré
par la réputation des professeurs de
son université, au milieu desquels bril-
lait Cliarles Barbeyrac. C'est à Mont-
pellier qu'il soutint sa thèse sur les
aphorismes de Galien et qu'il fut reçu
docteur en 1666. Désirant augmenter
la somme de ses connaissances et se
former par les voyages, avant de se li-
vrer à la pratique de son art, Richard
visita ensuite les principales univer-
sités d'Italie et d'Angleterre. A Oxford,
il eut l'honneur de prononcer deux dis-
cours latins en présence de l'univer-
sité. De retour à La Rochelle, oii sa fa-
mille habitait, il se mit à pratiquer et
obtint les plus beaux succès. Les soins
désintéressés qu'il prodiguait aux pau-
vres lui gagnèrent raflèction de la po-
pulation tout entière. La confiance que
l'on avait en ses talents et en sa pro-
bité était si grande que, lorsqu'il ne lui
fut plus permis, comme prolestant, de
visiter les malades, ce furent les ma-
lades qui allèrent le voir. Privé de l'é-
tat qui le faisait vivre, Richard voulut
sortir du royaume ; mais il ne put met-
tre à exécution son prc^ U resta doae
RIC
— 433
RIC
à La Rochelle^ sans changer toutefois
de religion. Arcère affirme que l'on fi-
nit même par lui permettre de repren-
dre l'eiercice de sa profession. De son
mariage avec Jeanne Belin naquirent
deux fils^ nommés Elib et Louis^ qui
furent très-proimblement élevés dans
la religion romaine^ puisqu'ils naqul*
rent après la révocation. On a de lui :
I. Lettres sur le choix d'un méde^
ein^ 1674.
IL RéflexionsphysiquessurlatranS'
substantiatùmy imp. avec la Défense
du sermon d'Hespérien par Lortie,
Saumur, 1675^ In-i2.
III. Description physique disma*
rais salons de Vile de Ré, et Descrip*
tion anatomique d'une porcille nom^
mée dauphin par quelques-uns. Ces
deux morceaux^ qui lui valurent l'a-
grégation à la Société royale de Lon*
dres, ont été ins. dans les numéros 51
et 76 des Philos. Transactions.
RICHARD (P.), archidiacre à Mul-
house, a publié Kurzgefasste Gôt*
terkhre fUr Kinder, Basel^ 1 790, 8*.
RICHEROLRG (Claudb-Philippi
OB)^genlilhommehuguenot^qoinenou8
est connu que par ce que M. Weiss ra«
conte de lui dans son Hist. des Réfu-
giés Doué d'un caractère ferme et éner-
gique ^ d'une piété fervente et d'une
humble résignation aux décrets de la
Providence^ Richebonrg n'hésita pas à
abandonner sa patrie à la révocation
de l'édit de Nantes. Il passa d'abord en
Angleterre^ pulsion 1690^ il s'embar-
qua pour l'Amérique avec un certain
nombre de colons envoyés en Virginie
par le roi Guillaume. La colonie s'éta-
blit sur les bords du Saint-James ; mais
la discorde ne tarda pas à se mettre
parmi les émigrants. RIchebourg ne vit
d'autre moyen pour rétablir la paix que
d'emmener une partie des colons dans
la Caroline du Nord. Les attaques des
Indiens le forcèrent bientôt à abandon-
ner l'établissement qu'il avait formé sur
les bords du Trent, pour aller se fixer
dans la Caroline du Sud. Sou testament
seconserveauxArcbivesdeCharleston.
RICH£R (Pnnix), ou Riciim, dil
de L'Isle, carme et docteur en théolo-
gie, converti au protestantisme. Après
sa conversion^ Richer se relira à Ge-
nève. En 1556^ il fut choisi pour mi-
nistre de la colonie française que VH^
legagnon avait conduite au Rrésil {Voy,
Vf, p. 488); nous avons raconté aU-
leurs ses aventures dans le Nouveau*
Monde et son retour en Europe,en 1 559.
Bientôt après, en 1560, il fut donné,
avec Fayet, pour pasteur à l'église de
La Rochelle (iifc^.cIe^Comp. despast,
Reg. B). Il mourut dans cette ville, le
8 mars 1580. Outre une Lettre (Ins.
parmi celles de Calvin), oii il rend
comptede l'étatde lacolonie,le 31 mars
1557, on a de loi:
I. Libri II apologetici contra N, Du*
randum, qui se cognominat Witiaga*
gnonem, Hierop., 1561, in-4«.
II. Réfutation des folles resveries et
mensonges de N. Durand, dict le cAe-
vaUer de VUlegaignon, Gen., 1562,8*.
III. Briefs sommaires des traditions
de Calvin. — Msc cité par Arcère.
Plusieurs autres ministres du nom
de Richer ou Richier nous sont connus,
comme Richer, de Paris, tué en 1 562,
lors de la reprise de Poitiers par lea
Catholiques ; — Richer, qui fut censuré
par le Synode national de Vitré, parce
qu'il avait quitté sans congé son église
de Vandières pour celle de Narennes,
et condamné à rembourser à la province
de l'Ile-de-France les frais de ses étu-
des; — son fils, Pierre Richier, sieur
de Vandellncourt,de Marennes,qui sou-
tint, sous la présidence de Cappel, une
thèse De summo controversiarum jti-
dice, insér. dans les Thèses Salmur., et
qui fut député plus tard au Synode na-
tional de 1 631 ; — David Richer, mi-
nistre de Blein, qui assista à TAssem-
blée politique de Gergeau, et qui, dé-
puté de nouveau à celle de Grenoble,
mourut avant de se rendre à son poste;
» enfin Richier, ministre de Cérisy,
dont Benoit vante la modestie et la dou-
ceur. Il était fils de Jean Richier, sieur
de Cérisy, qui avait représenté la Nor-
mandie au Synode national d'Alençon, '
en 1637. Sa mère, qui vivait encore à
RIC
-484-
RlG
là révocation de l'édlt de Naiited, fat
Ihdignement maltraitée par led dra-
gons, et, bien qu'elle fût ptus qu'oc-
togénaire, énrermée dans le couvent dé
Notre- t)àme de Coulances {Arch. gén.
M. 664). Son cousin, //'an-Lauw,slëdr
deColoinbières, fila de Jdcqup.^ Richier,
mort eiH 6 7 6, et de Bplgia de Bothlaifr,
Bé réfugia en Hollande et siii vit le prin-
ce d'Orange en Angleterre. comme lieu-
lëiiantdansdnecompagntedeHériigiés.
RlCHIEXD(ANToiNËDÈ),sëlgnenr
dé NotiVANS (1 ), une ded premières vic-
(jfnes dii Tanatismè catholique dans la
Pt*oVence. Antoine de ttichleUd avait
tfèrVl avec distinction, ainsi que soti
frère Paul ou Paulon, dans lés guerre^
de François I» et de Henri II . A la paix
dé Càteâù-Cambrésis, les deux frères
étaient retournés à Gdstellane^ où ils
faisaient leur principale résidence^ et
tf<)iDme Ils avaient goûté, l'un et l'au-
tre^ les doctrines des Réformateurs;
leur premier soin avait été de deman-
der un ministre à Genève. Dès le com-
mencement de l'année 1559, il Se tint
d&ns leur maison des assemblées rell-
ffiedses auxquelles assistait un grand
ndÉnbre de personnes de tous états,
âtrcourant au pieux rendez-Vous de
plusieurs lieues à la ronde, malgré la
rigueur de rhlveret le mauvais état dei
cbemins. La prudence exigeait qu'on
fié se réunit que la nuit; mais ies pré-
(Sàutions que l'on prenait pour né pas
ître découvert^ furent inutiles. Fana*
(Ii^és par un cordelier qui prêchait lé
éàrème à Castellane, les habitants ca-
fbbliques assaillirent les seigneurs de
Âouvans dans leur lOgis. Paul porta
plainte au parlement d'Aix,qui envoya
séries lieux deux commissaires, Henri
Téteris et Esprit Yitaiis; tnais au lied
de châtier ieS chefs de Téineute, ces
toges prévaricateurs comtnencèreùl
contre les deux frères une enquête pour
fait d'hérésie et les décrétèrent de prise
de corps. Paul de Mouvans partit im-
médiatement pour Paris, s'adressa au
r6lHenrill,quirestlùiaitàcaase de sa
1) PapoD et ies autres liistorieps de la Pro-
TeScè
braroure, et obtftit sans peiiie l^éVoeà-
tién dû procès ati parlement de Greno-
ble; mais celui d'Aix, cdmptaAt stir
rappdi du cat-dihal dé Guise^ refusa de
s'ëh dessaisir. L'abbé t>ap6h, UfiMi
Mi ce qu'un sétnblable ttëiiMs de l'an-
t^ité repaie avait dé ëdhdathhablë, i
essayé dé justifier la cotidoite ûh par-
lement. A défaut de bonnes ràiSoni,il-
a inventé un odieux mènsoiigé : il n'a
pas rougi d'a£Drmer, contra tréDÎehtftti
témoignage de tod^ leS biitclfieris,
qu'Antoine de Hichiénd s'était Édis dès
Idré eh révolté odverte èi qu'il pdridlt
le fer et le feu dans là haute Prdrénee;
tdtidis qu'il est certain qd'll dé qiiitta
Càsteliane qdé pour se rendre ft Drt-
gdignan, où il arriva, te is t>ét. Î5i9,
âecémpa^é de qdelqiiéè-uns dé èes pa-
rents et ^fforiofrai Auldol, dltleftrà-
niàirè. hôteliièr dé Câsteilàné et prôr
tèstàht très-zélé. Le but dé èori Toyâgè
était de se coitiCerter aveé ses coreH-
giptinairës sdi* lès mesuHbs à prèddre
daiiS l'intérêt de lehr défense commu-
ne. Reconnu, atissitét après ion àrri-
tée, il fut âttaqdé dans l'hôtéileHe oii
Il était descendu, par une populace fu-
rieuse. Dans rimpossibllité de résister
à plus de 5000 forcenés, II së rendl^an
Tflnicr, des itaâins duquel 11 fat arra-
ché par le peûble qui l'événtra. Ses
entrailles furent traînées par les rH^,
et son coeur, céupé en morceanit, fat
fixé au bout de bâtons et promené par
la ville; puis après avol^assonti leur
ragé sur son cadavre, les meurtrlefs
lé Jetèrent dans les fossés de là ville,
à l'endroit le plus Infect. Adldol, ar-
rêté en même temps que hii, fut livré
an parlement, qui le fit brûler par ar-
tii du 5 fév. 1560.
Paul de iffouvanS deniahda & M jus-
tice vengeance du meurtre de son frère;
mais il ne ^ut rien obtenir déjuges chez
qui lefanatismeleplus féroce faisàittai-
re la voix de la nature même. Ce ne fut
pas sans peiné qu'il échappa lui-même
aux poursuites des bons Catholiques;
n fut obligé, pour mettre Ék tie en sû-
reté, de S'entourer d'uiie itçuiiié d'aihU
ïévdtiéft ; 4(iaht à ses patents, fis fé^tè-
RIG
- 4a5 -
RI€
Mil etposés à toute sorte dlnsnltee.
Telle était la sitoalion respective des
deux partis en Provence, lorsque le ca-
pilalne Chastcauneufy arriva^ chargé
de Taire exécQlerles résolut ion<t prises à
liantes [Voy. I, p. 269). Les dépotés des
soixante églisesqtie Ton conit)tait alors
en Provence, s'assemblèrent à Mérin-
dol, et, d'une voix unanime, ils élurent
pour chef Paul de Mouvans, qui ac-
cepta avec Joie l'honneur dangereux de
marcher à la léte de ses coreligionnai-
res. Outre l'intérêt général des églises,
n'avait-il pas à venger le meurtre de
son frère, dont le- cadavre, après avoir
été salé et transporté dans les prisons
d'Aix, pendait encore au gibet? Dési-
rant par dessus tout donner une sépul-
ture honorable à ces restes mutilés, il
proposa au conseil qui lui avait été
adjoint, de se saisir d'Aix, où 11 atait
des intelligences. L'entreprise fut ap-
prouvée, mais elle échoua, malgré l'in-
croyable diligence que Mouvans dé-
ploya, par la lâcheté des habitants
protestants, qui saignèrent du net,
comme dit La Popelinière, au momeiit
de Texécution. Saisi d'épouvante, eh
songeant au danger qu'il venait de
courir, le parlement appela à son se-
cours le comte de Tende, gouverneur
de la Provence. H ou vans, n'ayant souis
Ses ordres que deux mille hommes,
n'osa pas attendre le comte, qui com-
mandait des forces bien supérieures
aux siennes. Il se replia sur l'abbaye
de Saint- André près de Trévans, pil-
lant et dévastant les églises et les mo-
nastères, tout en respectant les bietis
et les personnes des particuliers. « Il
régnoit, dit Papon, une discipline si
exacte parmi les soldats de Mauvans;
Ils avoient pour lui tant d'amour et de
respect que, malgré leur avidité, il n'y
en eut aucun qui osât forcer les mai-
sons des hdbltans. n Le comte de Tende
le poursuivit ; mais frappé delà bonne
contenance de Mouvans et de sa troupe,
et redoutant l'issue incertaine d'un en-
gagement, il préféra recourir aux né-
gociations. Une capitulation fut con-
. due portant quejnstice serait faite du
meurtre d'Antoine de Blcblend ; qu
Mouvans se retirerait sûrement et li-
brement avec tous ses compagnons, et
qu'il pourrait, sans être inquiété, faire
profession dans son logis de la rellgioà
êvangélique. Ce traité, bientôt ratiflé
par le roi, fut religieusement observé
de part et d'autre. La Cour parut fort
satisfaite du rétablissement de la traiH
quillité; elle écrivit au comte de Tende
des lettres pleines des éloges de Moti^
vans; mais, en même temps, elle en-
voya au parlement des ordres secrets
enjoignant de le faire arrêter et de le
condamner au dernier supplice. Mou-
vans ne tarda pas à s'apercevoir qu'il
était environné d'embûches. Cédant
aux conseils de ses amis, il résolut de
s'expatrier pour quelque temps, et flU
retira à Genève. 11 n'y resta pas Inaé-
tif , s'il faut en croire Gaufridi. A la
tête de quelques réfugiés du Dauphiné
et de la Provence, il secourut les Van-
dois de Pragelas contre le duc de Sa-
voie. Après la publication de l'édlt de
Janvier, il rentra dans sa patrie : ofn
le voit, en effet, assister, avec les com-
tes de Tende et de Crussol, et le sei-
gneur de Sénas à l'enregistrement de
cet édil au parlement d'Aix.
Pendant son séjour à Genève, iloil-
vans avait été circonvenu par les émis-
saires des Guif^e, qui auraient vive-
ment désiré de s'attacher un capitâiiie
aussi brave et aussi habile ; mais il
avait noblement repoussé toutes len^s
avances, en jurant que tant qu'il vi-
vrait, il les combattrait comme en-
nemis. 11 ne trahit pas son serment.
Lorsque les Catholiques fanatiques pri-
rent les armes pour s'opposer à l'exé-
cution de redit, Mouvans fut chargé
avec Sénas de les déloger de Barjolii,
qui fut enfin emporté d'assaut, le 6
mars 1562. 11 servit ensuite sous Des
Adrets dans le Dauphiné, d'où il ame-
na 2,000 hommes au secours de ^fou-
jeu (Voy ce nom), avec qui il défendit
vaillamment Sisieron contre Somme-
rive. Découragé par l'héroïque réàis-
tance de cette petite ville, le chef ca-
tholique leva le siège et se retira pré-
RIC
— 436 —
RIC
cjpitammeDt^ serré de près par Mou*
vansy qui l'aUeiKnità L'Escale et mit
son arrière-garde dans une déroata
complète; mais de Tende ne sut pas
profiter de la victoire. Cette faate coûta
cber aux Protestants provençaux. Après
avoir rallié ses soldats,' Sommerive se
présenta de nouveau devant Sisteron.
Quoique souffrant d'une blessure qu'il
avait reçue au combat de L'Escale et
dont il resta boiteux, Monvansprit une
part brillante à la défense de la ville,
et lorsque les munitions furent épui-
sées, les provisions consommées, tout
espoir de secours évanoui, il se mit
avec Sénas à la tète de la population,
gagna heureusement les montagnes et
conduisit, à travers des périls sans
cesse renaissants, au milieu de souf-
frances inouïes, les pauvres fugitifs
Jusque dans les murs de Lyon (Voy»
V, p. 253). Quelques jours plus tard,
il mena avec Sénas du renfort à Des
^(fre^, qufavait été battu par Nemours
à Beaurepaire. Comme Monlbrun, il
s'opposa énergiquement au traité par-
ticulier que ce capitaine célèbre vou-
lait conclure, et lorsque Des Adrets,
malgré les remontrances de ses meil-
leurs officiers et l'opposition des Etats
de la province, passa outre, il sechar-
gea de l'arrêter à Romans (Voy. II, p.
118) et déjoua ainsi ses projets de tra-
hison.
Après la conclusion delà paix. Mou*
vans vint à Paris. Nous avons vu ail-
leurs qu'il servit de second à Chaste-
lier-Portaut dans son combat contre
Cbarri (Voy, YIII, p. 322). De retour
en Provence, il y vécut tranquille jus-
qu'en 1 567 . Brantôme raconte qu'à cet-
te époque, craignant que le duc d'Albe
ne s'emparât de Genève, il se jeta dans
la ville avec 7 ou 800 hommes et rom-
pit ainsi l'entreprise du général de
Philippe II. On lit, en effet, dans l'ou-
vrage de Grenus, que le Conseil de Ge-
nève avait fait demander à l'amiral et
à Andelot, a quelques personnes intel-
ligentes au métier de la guerre, comme
MM. de Mouvans et de Bocard, » et
que, même avant l'arrivée de son é-
missaire auprès de CoKgny, Mouvans
était venu « pour offrir an Conseii, de
la part des églises de France, tous ies
secours possibles, et Jusqu'à iOOO
hommes à leurs propres dépens. » Le
22 avril, Mouvans fut nommé comman-
dant des compagnies françaises, mais
le duc d'Albe s'étaut éloigné, sans rien
entreprendre contre la ville, il ne tarda
pas à rentrer en France, où la seconde
guerre civile était sur le point d'écla-
ter.
Sur l'ordre de Condé, apporté dans
le Midi par û' Acier, Mouvans, de con-
cert avec Péraut et Saint-Romain, fit
sur Lyon une entreprise qui échoua
par la précipitation des habitants de
Màcon : en se saisissant trop tôt de leur
ville, ils donnèrent l'éveil aux Lyon-
nais qui se tinrent sur leurs gardes.
Mouvans répara Jusqu'à un certain
point cet échec, en s'emparant devien-
ne, le 4 oct. 1567; il est vrai qu'il ne
resta pas longtemps en possession de
sa conquête, l'approche de Nemours
l'ayant forcé à l'évacuer an milieu do
mois suivant. Il retourna dans sa pro-
vince natale, d'où il partit avec Ctpté-
res et les autres chefs huguenots de
Provence pour aller au secours de d'il-
cier (Voy. IV, p. 133), qu'il seconda
dans plusieurs de ses expéditions, jus-
qu'au départ de l'armée des Vicomtes.
U assista à la bataille de Ganat, on il
contribua puissamment à la victoire
{Ibid, p. 18), et rejoignit Condé sous
les murs de Chartres {Voy, II, p. 458).
Aux troisièmes troubles, ii reprit
les armes dès qu'il eut avis de la fuite
de Condé. il leva un régiment de dix
enseignes et deux cornettes de cava-
lerie, dont il donna le commandement
à Pasquier et à Valavoire, C'est dans
cette guerre qu'il mit le comble à sa
réputation militaire « par un vrai trait
de capitaine romain, » comme dit
Brantôme. Arrivé sur les bords du
Rhône, dont tous les passages étaient
soigneusement gardés par les Catholi-
ques, il résolut, de l'avis du capitaine
Moreau, de construire sur la rive un
fort qui assurât le passage de ses Pro-
RIC
— 437 —
RTC
▼ençanx et des troupes dauphinoises
qui ie suivaient. Il réussit à se procu-
rer un petit bateau qui lui servit à
transporter en diligence trois ou qua-
tre cents liommes sur l'autre bord. En
un jour et deux nuits^ ses soldats, com-
battant d une main et travaillant de
Taulre, élevèrent de plus de dix pieds
un fort triangulaire, flanqué de sept
bastions et capable de contenir plus
de mille hommes. Tous les efforts des
Catholiques pour empêcher l'achève-
ment du fort M ouvans, comme on l'ap-
pela^ furent inutiles, et le passage fut
assuré aux bandes huguenottes. « Ce
fut une chose émerveillable ! » s'écrie
Brantôme, qui ajoute que ses soldats
firent en l'honneur de Mouvans une
chanson qu'ils chantaient en chemin.
La campagne si heureusement com-
mencée fut fatale, et par sa faute, dit-
on, au célèbre chef provençal ; nous
avons raconté ailleurs le combat de
Messlgnac, où il perdit la vie, ainsi
que son collègue Pierregourde (Voy. I,
p. 244), le 30 OCt. 1568.
RICOTIER ou RicoTTiBR, nom
d'une famille protestante qui a donné
plusieurs pasteurs aux églises de la
Guienne et de la Gascogne.
Les Actes du Synode national de
MonUuban (Voy. Pièces justif. N» LX)
font mention de Ricotier fils comme
d'un des pasteurs choisis pour entrer,
le cas échéant, en conférence avec les
docteurs de l'Eglise romaine. S'agit-il
AeBertrand Ricotier, ministre de Clal-
rac, mort le 27 juill. 1620, presque
centenaire, lequel fut suspendu pour
deux mois, en 1 596, parce qu'il avait
contrevenu aux prescriptions de la Dis-
cipline (i4fc/i. gén, Tt. 330), ou bien^
ce qui nous semble plus probable, de
Moïbe Ricotier, son fils, qui fit ses étu-
des à Genève, où il soutint une thèse De
consubstantiatione y insérée dans les
Thèses Genev. (i)? Ce dernier desser-
vit aussi l'église de Clairac et fut dé-
(i) Il n'est pas moios diflBcile de dire leqiel
des deu rèfuU la Lettre de Caifet à Damourt^
rèfaUUoo qni fat approarée par wi colloque tenu
à Tonoeins. le 5 mars ift96 [Arch, gén, Tt, 9II)«
Â*l*«U«élèiapri«èe?
putéau Synode national de 1612. Lei
listes de pasteurs présentées aux Sy-
nodes nationaux en 1603, 1620, 1626
et 1637 mentionnent d'autres minis-
tres de ce nom ; mais nous ne connais-
sons aucune particularité de leur vie.
Peut-élre le pasteur de l'église de Du-
ras, cité dans la dernière, est-il iden-
tique avec Jean Ricotier, auteur du
Jésuite désarmé ou Response aux six
prétendus argumens touchant le rnsS"
tère de l'Eucharistie, Montaub., Ph.
Braconicr, 1648, in-l2. Ce controver-
slste, en tout cas, ne peut pas, dans
notre opinion, être confondu avec Jean
Ricotier, de Bordeaux, élève de l'aca-
démie de Saumur, où il soutint, sous
la présidence û'Amyraut, une thèse
De tHiluntate Dei, ins dans les Thèses
Salm., lequel fut donné pour pasteur à
l'église de Bordeaux et député, en
1659, au Synode national de Loudun.
Vers le même temps, deux autres mi-
nistres du nom de Ricotier desservaient
les églises de Calonges et de Pojols^et
quelques années plus tard, en 1677,
Moïse Ricotier, de Clairac, se fit rece-
voir au ministère dans un synode te-
nu à Bergerac. Chapelain du seigneur
de Gabiliou, il passa en Hollande à là
révocation, ainsi que Jean Ricotier,
ministre de Tonneins-Dessous, qui em-
mena sur la terre d'exil sa femme et
deux enfants âgés de 5 et de 3 ans
{Arch. Tt. 287). Jean Ricotier fut at-
taché à l'église wallonne d'Amsterdam,
Un marchand du Bordelais,appelé aussi
Ricotier, essaya également de sortir de
France; mais le navire qu'il montait
prit feu en mer; sa femme et ses en-
fants périrent (Ibid.).
Il nous reste à parler de Pt^rre Ri-
cotier, né vers 1673, qui fit ses étudee
en théologie à Franeker. Il n'était en-
core que proposant lorsqu'il publia
une trad. franc, de la Critique histo*
rique, politique, morale, économique
et comique sur les loteries anciennes
et modernes, spirituelles et temporelles
des Etati et des Eglises par à. Leti,
avec des considércUions sur Vouvrage
et sur l'auteur, Amst., 1697, 9 yoî.
RIE
— 488 —
RS
i0ht2. On fol sarpris, à ce qne nous
apprend Bayle, que u son coup d'es-
sai ait été une pièce si forte el si bien
tournée. » Leti répondit et Ricotier ré-
pliqua par des Réflexions sur la der^
niére préface de Leti, elc. Lorsqu'il
publia celle dernière brochure, il exer-
çait les fonctions pastorales à Menin.
BiQs lard^ il passa à Londres, oii il des-
servit les églises de Wheler Street et
de la Patente. L'année de sa mort nous
est Inconnue. Outre les deu& écrits déjà
cités, on a de lui :
X L Traités de V existence et des ai'
Ur^uts de DieUy des devoirs de la re*
Ugion naturelle et de la vérité de la
religion chrétienne ^ AmsL, 1717^2
irol. in-12; 2« édit., Amst., 1727, 2
vol. in-8*. — Précis de seize sermons
prêches par Clarke.
il. Le moyen de plaire à Dieu sous
V.EvangiUy Amst., 1 720, 2 vol. in-8«.
— Trad. de l'anglais de Hoadly, évè*
que de Bangor.
111. Dissert, sur le mensonge offi-
cieux, nos. — Msc. qui se trouve au-
jourd'hui à la Bibiiotb. de Tunlversité
de Leyde.
RlhU (Jacques), de Privas, laissa
deux Ûls, nommés ALEXANDRE et Jean,
qui se réfugièrent l'un et l'autre à Ge-
nève après la révocation. L'aîné, né
en 1655, fut reçu bourgeois en 1699,
et mourut sans enfants de sa femmâ
Jeanne Baile, de Monlélimart, qu'il a-
\ait épousée en i693. Le cadet fut pè-
re d'une fille, mariée à Mulhouse, et
de deux fils. Jean, l'alné, sieur de La
Billquinière, se fixa à Paris, et y fit,
eu spéculant sur les billets de banque
de Law, une fortune colossale qui s'é-
vanouit,à la chule du fameux système,
anssi rapidement qu'il l'avait acquise.
11 laissa un fils, qui suivit la carrière
mililairc, c( trois filles mariées dans
des familles catholiques. Le cadet,
ISAN-Louis, partagea les bénéfices et
les perles de l'agiotage de son frère^ et
mourut à Suresne. D'un premier ma-
rjage contracte avec Judith Gervais, il
eut deux fils, ALSXANDRE-Louiset an-
xûiMB^ qui moururent sans postérité.
Sa seconde ^ femme, Benèe-Madelainê
Calandrini, sœurdelady Bollngbroke,
loi donna aussi deux enfants, Henbi ei
Julie. Né à Paris, en 1 721, Henri ser-
vit d'abord dans les troupes de la Com-
pagnie hollandaise des Indes ; mais ploa
lard, il passa au service du roi é&
France et devint commandant dansTlle
Saint-Martin. Sur la fin de ses jours, il
se retira à Genève, oii il se lia d'amie
lié avec Voltaire. 11 s'est fait connaîtra
dans la littérature par quelques trir
dttcttons de l'anglais et de rallemand,
dont voici les litres :
I. Voyages de Baretti en Espagne
et en Portugal, trad. de Tanglais^ La
Haye, 1778, 4 voL in-12.
II. Maria, MIS, in-8*. — Roman
trad. de l'anglais.
m. L'^icaparfe, 1779, in-8«.-.-Ro-
man trad. de l'anglais.
IV. Voyage de Vienne à Belgrade,
trad. de raliemand de Kleeman^ Neuf*
cbàtel et Hamb., 1780, in-8*.
. V. Lettres d'un voyageur anglais en
France, en Suisse et en Allemagne,
1781, 4 vol. in-8«.— Trad. de l'angl.
de Moore.
VI. Essai sur Vétat présent de la
Suisse, Laus., 1781, 2 vol. in-8«.—
Trad. de l'angl. de Guill. Coxe.
VII. Cécilia, Gen., 1 783, 5 vol. in«
12. — Roman trad. de l'anglais.
H. RIeu a été aussi un des éditeurs
de la collection des Voyages entrepris
dans le nord de l'Europe (Gen., 1 785-
86, 6 vol. in-go). Sa femme, Marier
Jeanne Uuichard, qu'il avait épousée
à la Guadeloupe, lui donna une fille,
lOLiE, morte à Rolle^ en 1839, sans
avoir été mariée, el un fils, Etienne,
né en 1 752, qui entra dans le régiment
suisse de Diesbach, devint capitaine
d'une des compagnies genevoises au
service de France, dans les dernières
années du règne de Louis XVI, et fut
nommé chevalier de Saint-Louis en ré-
compense de ses services. EtienneRieu
épousa à Genève, en 1788, Charlotte
Turretini'Saladin, dont il eut quatre
enfants : i» HEffBisTTE; •— 2» Jean-
Louis, qui, après avoir fait aveu dis-
RIE
— 439 —
RIE
Kinetion les campagnes de tllmpire^
comme officier d'artillerie, se retira
dans sa ville natale, oii il occupa les
emplois d'inspecteur de la milice et de
premier syndic. Trois enranls naqui-
rent de sou mariage avec Marie Las-
serre : Auguste, avocat, Elisàbeth-
STfippANiB, femme d'Alexandre Lom-
bard, et Charles, savant orientaliste
et conservateur du Britisb Muséum^
marié à Agnès HUgen; — 3* JuLBSr
Charles, qui suit ; — 4° Marie, fem*-
me d'Emmanuel Sautter.
Né à Genève, le 11 août 1792, Ju-
los-Charles Rieu se voua au saint mi-
nistère et se fit remarquer de bonne
beure par sa piété évangélique. Reçu
pasteur en 181 G, il fut appelé, deux
ans après, à desservir l'église de Prl-
dericia, fondée dans le Jutland par des
Réfugiés français. 11 y mourut victime
de son ardente cbarité. Épuisé par les
soins qu'il avait prodigués à son trou-
peau pendantunemaladiecontagieuse,
il succomba lui-même à l'épidémie,
le 28 Juin 1821, au milieu des re-
grets de toute la population. Son ad^
inirable conduite lui avait acquis de
si vives sympathies^ même parmi
Jes habitants catholiques, que le cu-
ré, qui lui avait témoigné pendant sa
Jongue agonie raffection la plus tendre,
désira prononcer sur sa tombe son o-
raison funèbre, mais ses coreligion-
naires ne voulurent céder à personne
le soin de remplir ce douloureux devoir.
Le seul livre imprimé que nous con-
naissions de ce jeune pasteur, est une
Courte analyse de l*£ pitre de Saint"
Paul aux Gâtâtes, Paris, i829,in-l2.
M. Ch. Eynardy à qui nous devons
4a généalogie de cette famille, ajoute
qu'une de ses branches qui s'était éta-
blie en Angleterre, oii elle occupait
une position honorable^ s'est éteinte
dernièrement.
lilEUX (DBnis de), ainsi nommé de
son lieu natal, fut un des premiers
martyrs de la Réforme à Bfeaux. Con-
damné au feu, il fut traîné au sup-
plice sur une claie, au milieu des ou-
trages de la populace et des moines.
« U fut bruslé vif au gré des ennemis
de la vérité, lit-on dans le Martyrologe,
c'est assavoir avec long tourment : car
il fut levé trois fois en l'air sur un pe-
tit feu : et lousjours pria et invoqua le
nom de Dieu jusques au dernier sou-
pir. Ce fut le 3« jour de juillet, l'an
1528. »
RIEDX (Guillaume de), capitaine
buguenot dans le Lauragais, était fils
d'un conseiller de Castelnaudary. En
1575, Il se saisit du Mas-Saintes- Puel-
les, d'où 11 fit, pendant longtemps, iine
guerre acharnée aux habitants de Cas-
telnaudary, pour se venger des maux
dont il avait eu à souffrir de leur part,
lies recherches ne nous ont rien appris
de plus sur la vie de ce capitaine; mais
nous savons par les registres de Cha-
renton, qu'une famille du même nom,
gui habitait la Sainlongc, professait
aussi le protestantisme. Une demoisella
de Hieux, qui fut arrêtée à Paris, en
1686, en descendait peut-être (Arch.
gén. E. 3572).
Parmi les descendants des Réfugiés
français établis en Prusse, nous con>
naissons un écrivain qui porte un nom
presque identique. C'est Louis- Phi^
lippe-Ferdinand Du Rieux, né à Stet-
tin en 1824, dont la famille s'était éU;-
blie dans le Palalinat à sa sortie de
France. Son père, Philippe-Théophile,
né en 1 792 et mort à Berlin en 1 836,
flt avec distinction la campagne de
Russie, comme adjudant du maréchal
Oudinot, et fut décoré de ta croix de la
Légion -d'honneur. Tombé entre les
mains de l'ennemi, il fut retenu prison-
nier à Saralow jusqu'en 181 i. A son
retour dans sa patrie, il quitta le ser-
vice militaire et se fil négociant. Son
fils préféra à la carrière du commerce
celle des lettres. Un goût inné, que
développa la lecture des ouvrages de
M. de Humboldt, le porta de préférence
vers l'étude des sciences naturelles. A
la suite d'un voyage qu'il fit, en 1850^
dans l'Amérique centrale, il a publié
un Coup d'œil sur le pays montagneux
de Guatemala, opuscule qui, avec un
volume de poésies, imp. à Londres en
RIN
— 440 —
RIN
1851, sons le titre : Les Montagnes,
est, à notre connaissance, tout ce qu'il
amis au jour jusqu'ici.
RIGAUD ( David ) , auteur, selon
Aliard, d'un Recueil de poésies diver»
ses et d'un Poiëme sur la cigale, était
un marchand deCrest. Ses descendants
continuèrent à proresser la religion ré-
formée jusqu'à la révocation. Jean Ri-
gaud,ûe Crest, abjura le i «^ oct. i 685.
Sa femme, Isabeau Gounon, ayant re»
fusé de suivre son exemple, fut mise
dans un couvent. Au bout de quinze
Jours, elle succomba et se convertit
avec sa fllle Isabkau. Le lendemain,
son fils Michel, emprisonné à son tour,
feignit aussi d'abjurer. Quelques se-
maines après, il s'enfuit à Genève, oii
il ne tarda pas à être rejoint par sa
mère.
RIHEL (JosTAs), né à Haguenau,
le 16 avril 1525, fut le premier enfant
que Capiton baptisa dans cette ville
selon le rile de l'Eglise protestante. Il
fit ses éludes au gymnase de Stras*
bourg, où son père, l'imprimeur Weri'
del Rihel, avait été obligé de se réfu-
gier, et à ses progrès rapides, il était
aisé de juger qu'il aurait conquis
un nom célèbre dans les lettres, si
son père ne l'avait retiré des écoles
pour lui faire embrasser la profession
d'imprimeur. Membre du Petit-Con-
seil en 1559, du Grand-Conseil en
1563, du Conseil des XX en 1578, de
celui des XV en 1587, et de celui des
XIII en 1588, Josias Rihel mourut au
mois de mars 1597, laissant un fils,
Philippe, docteur en médecine, qui
est auteur des Consultationes medic.
de melanckolico curandoy ins. dans le
T. I^' des Orationes Argentin. (Arg.,
1611, in-8«).— Théodose Rihel, le tra-
ducteur (en 1574) de Tite-Live en al-
lemand, appartenait-il à la même fa-
mille ?
RING (Frédéric-Dominique), écri-
vain très-récond, de la même famille
que le docteur en médecine Georges
Ring, qui ne nous est connu que par
une diss. De monocerote, Arg., 1651,
ID-4S naquit à Strasbourg, le 24 mai
1726. Il fit ses études dans sa iriDe
natale, où il prit, eu 1 745, le grade de
maltr^s-arls. En 1751, après avoir
soutenu une nouvelle thèse, il se ren-
dit en Allemagne dans l'intention d'en
visiter les principales universités. De
retour à Strasbourg, il y obtint une
place qu'il quitta, bientôt après, pour
aller occuper à Colmar une position
plus avantageuse. En 1759, le mar-
grave de Bade lui confia l'éducation de
son fils. A sa mort, arrivée le 8 fév.
1809, Ring portait le titre de conseil-
ler privé. On a de lui, d'après Roter-
mund :
I. Diss. de latitudine quamtXKoni
morali, Arg., 1745, in-4».
II. Dissert, de charOcteribuê verm
Christianorum sapientiœ ad Jac, IIl,
17, Arg., 1751, in-4».
in. Gedanken eines Schweizers U-
ber den gegenwàrtigen Krieg, trad.
du franc., Colmar, 1757, in-4*.
IV. Die Ringe, Erlang., 1757, 8*.
V. Trad. en allem. de l'Eloge du
maréchal de Saxe, parThomas,Frankf.
und. Leipz., 1759, in-8«.
VI. Meine Autorschaft, Kaiisr.,
1760, in-8«.
VII. Reise des Genius Alaeiel dwrch
die Eylànder Tacitumien und Friwh
lt«n,trad. du franc ,Karlsr.,l760^8*.
VIII. Der Prediger, Frankf. uni
Leipz., 1764, in-8*.
IX. Conseils à un jeune homme qui
entre dans le monde, par M. Sack,
nouv. édit., 1764, in-8*.
X. Untersuchungen iiber die ver»
meinten giftigen Thiere, trad. en par-
tie du franç.,Frank.und Leipz., 1764,
in-8».
XI. AlUrhand fur dos Frauenzim»
mer, Ibid., 1764, in-8«.
XII. Die Connestagen, traduit du
franc, Ibid., 1764, in-8*.
XIII. VitaJ,'D. Schôpflini, Carisr.,
1764, in-8«;nouv. éd. augm., Carisr.,
1768, in-8«.
XIV. Schutzredi fur die gute Sache
der Gerechten, Gotha, 1767, in-8*.
XV. Paragraphen, Frankf. und
Leipz., 1767, in*8«.
I
MN
— 441 —
RIS
Xyi.Nochmehr Paragraphen, ]biû. ,
1768, in-80.
XVII. Ahfertigung einer Schaalwit-
zigen Recension der Noch mehr Para^
graphen, Ibid., 1770, in-S*.
XVIli. Comm^ntatiunculadematris
Ciceronum circa rem familiarum pro-
videntidy quâ lagenas etiam inanes
obsignasse legitur, Carisr., 1769, 8«.
XIX. J,'D. SchôpfUni Opéra orato-
ria, cum vitd auctoris notulisquey
Aug. Vind., 1769, in-40.
XX. Briefe des Grafen von *** an
die Herzogin von *** tcàhrend des
feldzuges in Italien t>on Jahre 1701,
trad. du franc., Karlsr., 1778, in-8».
XXI. Ueber Literatur und Kritik,
Irad. du franc., Frankf., 1778, in-8«.
XXII. Dragon und FoletiCy Char-
Ires, 1780, in-so.
XXIII. Kurzgefasste Geschichte der
drei erslen Entaecker von Amerikay
Frankf., 1781, in-8.
XX IV . Ueber den Kinder mord y Ibid.,
1782, in-80.
XXV. Reisejournal, 1783, in-8«.
XXVI. Schutzschrift fiir den Gra"
(en CagliostrOy Kehl, 1786, in-8«.
XX VU. Ueber die Reise des Zuri*
cher Hreytopfes nach Strasburg tx)m
Jahre 1576, Baireuth, 1787, in-8o.
XXVIII. Fragment einer Reise nach
S. Domingo, Rasladt, 1 788, in-S».
XXIX. Kaiser Otto der Dritte, ge--
nannt Mirabiliamundi, Erlang., 1 789^
in-80.
XXX. Reise in dos Reich d^r Liebe,
Basel, 1791, in-80.
XXXI. Der liebe gute Herrvon Al*
lermann. Eine Romanze nach den
Franzos.y 1791, in-8«.
XXXII. Noch mehr anonymische
Schriften,
XXXIII. Historisch. Vorberichte zw
zweien Gedichten : Conradin von
Schwaben und die Gràfin von Glei"
c/ien, Karlsr., 1791, in-4».
Ring a publié, en outre, nn très^
grand nombre de pièces, en vers et en
prose, dans plusieurs Journaux litté-
raires ou autres publications périodi^
ques, comme le Magazin de ^ieasel, le
T. VIII.
Journal encyclopédique, la Gazette de
Deux-Ponts, les Journaux de Berlin,
Francfort, Erfurt, Strasbourg, Gotha,
Leipzig, etc. On lui doit aussi des é-
ditions des Lettres du chevalier de
Boufflers pendant un voyage en Suisse
(1772), et des Regrets de Diderot sur
sa vieille robe de chambre (1772).
RISOLIÈRES (ISÀÀC), jeune hom-
me de Castres, avait été accusé, en
1681, de s'être amusé, avec ses amis
Pierre Lucadou, Pierre Auret, Jean
Auriol et Séverac le cadet, à coiffer
deux Juments « en figure de femme » ,
pour tourner en ridicule la très-sainte
Vierge. Vidal, chanoine théologal et
promoteur de l'évéché, avait fait des
Informations, mais soit que les char-
ges ne lui parussent pas suffisantes ,
soit qu'il éprouvât un sentiment de
commisération pour ces jeunes fous
menacés du supplice le plus terrible,
il n'avait pas poussé plus loin les pour-
suites. Son successeur Servier ne mon-
tra pas la même indulgence pour « ces
exécrables impiétés. » Il entama un
procès non-seulement contre les cinq
blasphémateurs, mais contre Martin
de La Combe, Daniel Martin, sieur de
Laplasède, et Abraham Gros, accusés
d'avoir abattu une croix à La Gaba-
rède, lieu de leur résidence. Saisi de
l'affaire, le parlement de Toulouse
rendit, le 23 Janv. 1683, un arrêt qui
condamna Séverac et Risolières à être
brûlés vifs. Leurs biens confisqués de-
vaient être employés à la fondation
d'une messe perpétuelle, et à Tentre-
tien d'une lampe qui brûlerait à per-
pétuilé devant un tableau de la Vierge,
commandé exprès. Le 4 mai, intervint
un second arrêt qui condamna à la po-
tence les trois habitants de La Caba-
rède, et par un troisième, daté du 22
juin, les trois complices de Risolières
furent, comme lui, condamnés au feu
{Arch. gén. Tt. 290). Le promoteur
Servier remporta donc une belle victoi-
re ; mais sa joie fut troublée. Les cinq
jeunes accusés de Castres avalent eu le
temps de se soustraire aux poursuites
dirigées contre eux et de se réfugier
28
RIV
— 448 —
RIV
dans les pays étraDger8(/M. Tt. 322).
RIS8LER (Jean), pasteur à Mul-
house, mort en 1720, est auteur, selon
Graf, de Sermons sur divers textes de
l'A. et du y. Testament et de Com-
mentaires sur les Epitres de Jude et
de Saint-Paul aux Colossiens, sur Da»
niel et sur l'Evangile selon St.-Jean,
probablement restés inédits.
RIUPÉROUX (THÉODORE de) ne à
Montauban en 1 G64, montra de bonne
heure un talent remarquable pour la
poésie. 11 est auteur de quatre tragé-
dies : Annibal, Ka/éncn, la Mort d'Au-
guste et Jlypermnestre, dont la der-
nière resta assez longtemps an réper-
toire, et de quelques petites pièces de
vers répandues dans différents recueils.
L'intendant Foucault entreprit de le
convertir, et il y réussit sans beaucoup
de peine. La protection du Père La
Chaise fit obtenir à Tapostal, qui avait
pris rhabit ecclésiastique, un canoni-
cat à Forcalquier. On raconte que le
marquis de Créqui, auprès de qui Riu-
péroux remplissait les fonctions de se-
crétaire, ayant mis en dépôt entre ses
mains mille louis, Kiupéroux alla les
jouer elles perdit. Cette anecdote peut
faire juger de sa moralité.
Théodore de Kiupéroux ou Hieupei-
roux était le second Ois de RieupeirouXy
conseiller et avocat du roi au pré-
sidial de Montauban , qui assista, en
qualité de commissaire royal à divers
synodes de la Haute-Guienne, entre
autres, à celui qui se tint, le 24 nov.
16G1, à Saint-Antonin sous la prési-
dence de Bardon^ ministre du lieu.
Nous ne connaissons aucune particu-
larité de la vie de son frère aîné; il
fut peut-être le père d'une demoiselle
de kieupeîrouu'y qui, après avoir été
enfermée quelque temps dans un cou-
vent de Montauban, fut transférée à
Paris en 1713 (Arch, géu, E. 5399).
RIVAL (Pierre), pasteur franrais
à Londres, avait déjà desservi plu-
sieurs églises fondées dans cette ville
ar des Réfugiés, lorsqu'il fut appelé,
en 1 694, à remplacer Coulan, minis-
Iro de celle de rArtillerie. Quelques
années après, il devint chapelain du
roi dans la Chapelle de Saint-James.
En 1704, il épousa Jeanne Casenavcy
de Castres. En 1710, il publia un Ai^is
aux Réfugiez, qui mécontenta le con-
sistoire de la Savoie, et en particulier
A rmand Du Bourdieu ; de là une guerre
de plume qui dura plusieurs années. On
Ignore la date de la mort de Rival ; en
1728, il était, dit-on, a presque décré-
pit y> (1 ). Voici la liste de ses publica-
tions ; nous n'affirmerions pas qu'elle
est complète.
I. Apologie y Lon^. y 1716, in-4«.
II. Vertot' s Dissert, on the salick
law examined, Lond., 1722, in-4»;
réimp. en franc, dans les Dissertations
de Rival, sous ce titre : Examen d'une
partie de la dissertation de M. Vnhbê
de Vertot, gui a pour titre Sur l'ori-
gine des lois saliques,etc.; puis sépa-
rément avec une Préface, Amst., i 727,
in-l2.
III. The irish m issionary unmaskedy
or the abbé Goulde convicted of four
falsehoodsy transi, from the french,
Lond., 1724, 2 part. in-S».— WaUue
donne pas le titre de l'écrit original.
IV. Dissertations historiques et cri-
tiques sur divers sujets , AmsI., 1 726,
5 vol. in-l2.
V. Sermon prononcé à Voc4iasion de
l'avènement du roi George II à la cou^
ronne, Lond., 1727.
VI. La note défendue , ou dissert,
dans laquelle on fait voir que le mot
adelplws est en usage datis la langue
grecque pour désigner un cousin-ger»
main, Leide, 1728, ln-12.
Vil. Lettres à trois fins adressées
au consistoire de la Sacoye, Amst.,
1728.
VI 11. Dissection d'un libelle diffa»
ma foire imp. à Londres sous ce titre :
Copie de la délibération du consistoire
de l'église françoise de la Savoye,
Amst., 1730.
Au nombre des sigtnataires de laDé-
claration publiée, en 1691, par na
(1) Il n'est doue pas probable qu'il «oit le Dcai
que Pierrt Rivât, du Béarn, iminttrlcalé ï Và-
ofttfénie de Getère tm tôSS.
my
— 443 —
B)V
certain nombre 4e pasteurs réfugiés eo
Angleterre pour repousser l'accusât ion
de socinianisnie qu'on leur adressait,
figurent deux Rival^ dont l'un, dit de
Saiiès, estprobablement leméme qu'E-
lie Rical, natif de Puy-Laurens, qui
avait fait ses études à l'académie de sa
ville natale, où i) avait soutenu, en
1666, une thèse sous la présidence de
VerdicTy et qui s'était rendu. Tannée
suivante, à Genève, pour s'y perfec-
tionner dans la théologie. A la révo-
cation, il était sorti du royaume (Àrch.
gén, Tt. 321), et s'était réfugié en
Hollande. £n 1 688, il éUit attaché à
l'église wallonne d'Amsterdam. Benoit
cite sa mère Priscille Dumas dans ses
listes de persécutés.
Nous avons rencontré très-fréquem-
ment le nom de Rival, écrit quelquefois
Rivais, dans les Actes des synodes da
Haut-Languedoc; mais de tous les mh
nistres qui l'ont porté jusqu'à la Ré-
vocation, aucun ne mérite, à un titre
quelconque, une mention spéciale, si
ce n'est peut-être le pasteur de Sa-
Verdun, qui présida le synode tenu
dans cette ville le 8 sept. 1678, en
présence de Salomon d'Usson, sieur de
Bonrepeaux, commissaire du roi. Y
assistèrent : Saverdun, Rival avec les
anciens Cazeiny et Maisonnade; Ma-
zères, Pons avec les anciens Dounous,
avocat, et de Prat; Le Mas-d'Azil,
Bourdin et La Rivière, min. ; Le Caria,
Bayle, père et fils,min.,deLourc/é(/e
Campagnou et Dumas, sieur de Gouar-
dère, anc. ; Sabarat, Hubert, mïn,;
Les Bordes, y'ieu. min., de Sarraute
et Dumas, anc; La Bastide-de-Léran,
Imbert et Catala, Calment, Boniol^
min.. Baron et Caseneuve, anc; Ca-
marade, Du Gavé, mïn., Jérémie Pons,
anc; Castres, Jaussaud, qui fut élu
vice-président, et La Devèze, min.,
avec l'avocat France, anc; Réalmonl,
Viguier et Montai ; Lacaune, Martin et
Pounier; Angles, Oulès, min.; Sablay-
rollcs, Voué, anc; Castelnau-de-Bras-
sac, Bonnufons et Bardon; Brassac,
Cabibel, min.; La Cabarède, Bonnet,
min.; Esperausses, Richard, min,;
Ferrières, J^^rtion, min.; La Caze,^e-
nech, min.; La Crouzette, Ei^cale et
Terondet; Mauvesin, Cliarles, min.;
L'ile-Jourdain , Molinier et Fargia;
Puycasquier, Rouffignac ou Roffiniao
etLupé,sieurdeTilhac;Castelnaudary,
Isarn, anc; Puy-Laurens, Pérez e|
Rival, min., et Beguy, anc; Revel,
Lavergne (aliàs Lavernie) et Dairous;
Carmaing, Darnatigues, min.. Baron
eideBret, anc; St. -Amans, C/a'i^oifd,
min.; La Bastide-Saint-Amans, ^ofine*
foux, min.; Mazamet, Baron et CoT'-
dère; Aiguesfondes, Balaguier, mïn,;
Cajarc, La Vabre, min.; Cardaillac,
Perrin, min.; Milhau, Guillaumencq
et Verdier, anc; St.-Jean-du-Breuil,
Duclaux, min.;Pont-de-Camarès,7{tt-
jpey, min.; St.-Rome- de-Tarn, Calmet
ou Calvei, min.; St.-Félix-de-Sorgues,
Delmas, min.; Montauban, Charles ei
Lugandi, élus secrétaires; Caussade,
Gomès^ min.; Réalville, SoUnhac oa
Soligniac, min.; YiUemade, Vemhes
ou Vergnes, min.;Saint-Nauphary,La
Resseguerie, min.; Corbarieu, Molles,
min.; Yerlhac, de Verlhac, anc; Ge-
nébrières, Boudet, min. Ce synode
admit au ministère Antoine et Abel
Ligonnier, de Castres, /acç. Terondet,
de La Crouzette, et Jean Cairon, de
Figeac, et afin de prévenir les brigues
dans l'élection des anciens de Milhau,
il fit un règlement sur le mode à suivre.
Nous ignorons s'il y avait un lien
de parenté entre tous ces ministres da
nom de Rival ou Rivais et une famille
noble de Rivais, qui parait avoir pro-
fessé aussi le protestantisme et dont la
généalogie a été publiée dans les Pièces
fugitives d'Aubaïs.
RIVALlEa (Claude), ministre de
l'Evangile, fils de Pierre Âwo/ier, doc-
teur en médecine, de Nismes, fut reça
bourgeois à Genève en 1708. Huit ans
plus tard, nous le trouvons à Cassel,
chapelain du landgrave et prédicateur
dans la Vieille-Ville. C'est pendant son
séjour à Cassel qu'il se maria avec Eli-^
sabeth Martin. Quelque temps après,
en 1 71 8, il accepta la vocation qui lui
fut adressée par l'église française de
RIV
— 444 —
RIV
Hambourg. Nous ne connaissons pas
la date de sa mort. Ajoutons que la Ta-
in ille Rivalier^ que Guillaume X ano-
blit sous le nom de Meysenburg, est
divisée aujourd'hui en plus leurs bran-
ches répandues dans une grande partie
de l'Allemagne^ et que la branche qui
est restée fixée à Cassel^ a pour chef
un des chambellans de l'électeur. — En
1740, un ministre^ nommé Charles
J?{t;a/ter, habitait Lausanne; maisnous
ne connaissons aucune particularité
de sa vie.
RIVET (André), célèbre théologien
protestant, naquit à Saint-Maixent, de
Jean Rivet, notable marchand de cette
petile ville, et de Catherine Cardel, On
n'est pas d'accord sur le temps de sa
naissance. Selon Meursius, il vint au
monde le 8 des calendes d'août, c'est-
à-dire le 25 juin. 1572; selon Dreux
du Radier et Filleau, le 2 juill. 1571;
selon laBiogr. univ.,le 2 juill. 1572,
et selon Jôcher, le 5 août 1573, date
qui s'accorde le mieux avec Tàge qu'il
avait lorsqu'il mourut.
Destiné, dès son enfance, au minis*
tère sacré par ses parents, qu'animait
une piété ardente unie à un grand zèle
pour la religion réformée, André Ri-
vet reçut sa première instruction dans
un pensionnat que Louis de La Bla-
chière avait établi à Niort. 11 entra en-
suite au collège de La Rochelle, qu'il
quitta pour aller suivre les cours de
Tacadémie d'Orthez. Reçu maltre-ès-
arts en 1592, il s'appliqua à la théo-
logie sous Lambert Daneau. Après le
départ de ce savant professeur pour
Castres, il retourna à La Rochelle, où
il profita, pendant quelque temps en-
core, des leçons de Rotan, qui y avait
ouvert une école de théologie. Ses élu-
des terminées, il reçul^ en 1595, Tim-
position des mains de Jonas Chesneau
ou Chaigneau, ministre de St-Maixent,
et fut, immédiatement après, placé à
Thouars, comme chapelain du duc de
La TrémolUe. Après la mort du dnc^
dont il reçut le dernier soupir, il resta
auprès de sa veuve et continua à des-
servir l'église de Thouars Jasqu'en
1620, malgré les pressantes Instances
de Du Plessis-Atomat/y qui aurait vi-
vement désiré attacher un homme aussi
éminent que Rivet à l'académie de San-
mur.
Le zèle que Rivet apportait dans l'ac-
complissement de ses devoirs pasto-
raux et surtout le talent, la vigueur^
l'habileté qu'il déployait dans la dé-
fense des doctrines du protestantisme
contre leurs adversaires, lui avaient
mérité une très-grande réputation par-
mi ses coreligionnaires, même dans les
pays étrangers, et acquis une influence
qui se montra dans les nombreuses dé-
pulations dont il fut honoré. De 1601
à 1 6 1 7 , il fut député à deux assemblées
politiques et à cinq synodes nationaux,
où il remplit trois fois les fonctions de
secrétaire. En 1610, après l'assassi-
nat de Henri IV, les églises du Poitou
l'envoyèrent en Cour porter à la reine-
mère l'assurance de leur fidélité. En
1617, le Synode national de Vitré loi
donna la plus haute marque de son es-
time en l'élisant président. Nous avons
publié ailleurs ( Voy, Pièces jasliGc.
N« LXXI V) les Actes généraux de celle
assemblée; et comme les résolutions
prises sur les Matières particulières
n'offrent plus aujourd'hui d'intérêt, il
nous suffira d'ajouter que le Synode
s'occupa beaucoup, comme celui de
Tonneins, du fameux projet de réunion
des églises protestantes. Afin de pré-
venir les différences qu'il remarqua
dans les pouvoirs des députés, il dressa
aussi « un formulaire général de sou-
mission » conçu en ces termes : Nous
promettons devanl Dieu de nous sou-
mettre à tout ce qui sera conclu et ré-
solu dans notre sainte assemblée; d'y
obéir et de l'exécuter de tout notre pou-
voir, persuadés comme nous le sommes
que Dieu y présidera et nous conduira
par son Esprit en toute vérité et équi-
té, par la règle de sa Parole, pour le
bien et l'édification de son Eglise et
pour sa grande gloire. » Une résolu-
tion plus sage fut celle qui ordonna que
des inspecteurs, pris parmi les pas-
teurs en dehors du ressort de l'acadé*
RIV
— 445 —
RIV
mie^ visiteraient chaque année les éco-
les pour s'assurer des progrès et de la
conduite des élèves, du zèle et de Tac-
tivité des maîtres. Avant de se séparer,
l'assemblée chargea Rivet de recueillir
les choses mémorables arrivées dans
les églises et d'en composer une his-
toire; mais la coupable négligence des
provinces ne lui permit pas de mener
à bonne fln ce travail , faute de maté-
riaux suffisants.
En 1620, sur la demande pressante
des curateurs de Tuniversité de Leyde,
appuyée par le prince d'Orange et les
Etats -Généraux, le Synode national
d'Alais consentit à prêter, pour deux
ans,Rivet à cette académie, où la chaire
de théologie lui était destinée. 11 quitta
donc Thouars ( 1 ] et alla s'élabl i r en Hol-
lande. Sa femme, avec qui il avait vé-
cu 24 ans dans la plus parfaite un lon^
étant morte sur ces entrefaites, il de-
manda en mariage Marie Du Mouliriy
sœur du célèbre Pierre Du Moulin,
qui s'était retirée en Angleterre après
la mort de son mari, le capitaine An*
toine Des Guyots, tué au siège d'A-
miens. Sa recherche ayant été agréée,
il se rendit à Londres, où le mariage
se célébra à la (In du mois d'août 1621.
Pendant son séjour en Angleterre, Ri-
vet fut agrégea l'université d'Oxford.
L'année suivante, il vint en France
pour mettre ordre à ses affaires et de-
mander au Synode de Charenton l'au-
torisation, qui lui fut accordée^ malgré
l'opposition de l'église de Thouars, de
rester en Hollande jusqu'au prochain
synode national. Ce synode s'assembla
à Castres en 1626. Il fit écrire àRivet
pour l'inviter à rentrer dans sa patrie ;
mais l'illustre professeur ne put se dé-
cider à quitter un pays où il jouissait
de la plus haute considération, comme
le prouve la démarche officielle que les
Etats-Généraux firent, par leur ambas-
sadeur, auprès de Louis Xlll, pour
qu'on ne lui appliquât pas une Décla-
ration, rendue le i 3 avr. 1627, qui or-
donnait à tous les ministres protestants
(1) Dreux do Radier et la Biogr. udît. préten-
dent qu'il fut ministre à Sedan ; c'est une errear.
établis à l'étranger de revenir en Fran-
ce, sous peine de confiscation (Fonds
St'Magloire, No 42). De son côté, lo
stathouder, Frédéric-Henri, lui donna
la marque la plus éclatante de son es«
time, en le choisissant pour gouverneur
de son fils unique Guillaume, dont Ri-
vet négocia plus tard le mariage avec
la princesse Marie d'Angleterre, fille
de Charles !«'. En 1632, notre profes-
seur quitta Leyde pour aller s'établir
à Breda, comme curateur de l'Ecole Il-
lustre et du collège d'Orange. H mou-
rut, pour ainsi dire la plume à la main,
après douze jours de cruelles souffran-
ces, le 7 janv. 1 651 , à l'âge de 78 ans
6 mois. Les circonstances de sa mala-
die et de sa mort, qui fut des plus édi-
fiantes, ont été racontées dans un pe-
tit livre composé sur les mémoires de
sa nièce, Marie Du Moulin, et publié
sons ce titre : Les dernières heures de
M. Rivet. Cet opuscule anonyme a eu
plusieurs éditions.
Rivet était un théologien très-in-
struit; il avait une immense lecture,
possédait une excellente mémoire et
écrivait avec une rare facilité; mais il
m'a paru, dit Dreux du Radier, « qu'il
ne raisonnoit pas toujours avec exac*
titude; il manque aussi très-souvent
de bonne foi. » Cette dernière accusa*
tion est grave ; elle mérilait d'être ap-
puyée de bonnes preuves, et du Radier
n'en apporte aucune à l'appui de son
imputation.
Notice bibliographique.
I. Response aux demandes de J.
Cristi, docteur de Sorbonne et cha-
noine théologal de Nantes, en un livret
intitulé : Le Resveille-matin des mi-
nistres, 2«édit. revue et augm.. Tours,
1601, in-8o. — Meursius en indique,
sous un titre latin, une édit. de 1600,
sans doute la première.
II. Eschantillon des principaux pa^
radoxes de la papauté sur les points de
religion controversez en ce temps, La
Rochelle, Haullin, 1603, in-s».
m. Défense de la liberté chrestienne
en l'usage sobre des viandes créées ,
RIV
— 44é —
RIV
Saamur, 1605, in-!2. — Contre l'a-
postat Georges LApostre,
IV. Responsioad DeclaralionemOli'
verii Enguerrandi apostates, 1607. —
Tel est le titre donné par Menrsius.
L'Estoile parle aussi, sous la date de
1607, d'une Réponse de Rivet, minis-
tre de Thouars, à l'abjuration d'un mi-
nistre, autrefois cordelier, nommé Oli~
vier Enguerrand , nouvellement im-
primée à Saumur. Ce ne sont, dit-il,
qu'injures et redites.
V. Sommaire et abrégé des contro-
verses de nostre temps touchant la re-
ligion, LaRoch., Hier. Haultin, 1 608,
in-8»; Gen., 1609, in-8°; trad. en la-
tin, sous ce titre : Catholicus ortho-
doxus oppositus Catholico papistœ,si'
ve Summa controversiarum . Nous ne
connaissons pas la date de la l<^«édit. de
cette trad. La 5« parut à Leyde, 1 650,
2 vol. ln-40, et une 4« à Gen., 1644,
in.fol.,augm. des N<»»XXViIl,XXXlX-
XLI.
VI. Le triomphe de la vérité, 1610.
— Contre le jésuite Bailius.
VII. Critici sacri spécimen, hoc est
censurœ doctorum tam ex orthodoxis
quàm expontificiis in scripta quœ Pa-
tribusplerisquepriscorumetpuHorum
sœculorum velaffinxit incogitaniia,
vel supposuit impostura ; accedunt
prolegomena de Patrum autoritate,
errorum catisis et nothorum notis,
sans nom delieu, Vegelin, 1612, in-8o.
— Selon Meursius, celte édition est la
première de cet excellent petit ouvrage
que l'auteur dédia à Du Plessis-Mor-
nay. Il a été réimp. plusieurs fois, en
dernier lieu, croyons-nous, àLeipzig,
en 1 690, in-8«, sous ce litre : Critici
sacri lib. IV. Prœpxus est tractatus
de Patrum autoritate, errorum causis
et nothorum notis. Le lilre du livre en
fait suffisamment connaître le but.
VIII. Défense des deux épistres et
de la préface du livre de Ph. de Mot-
nay intitulé : Le mystère d'iniquité,
contre les calomnies de Pelletier et du
Bray, Saumur, I6i2, in-S». -* Pour
récompenser Rivet des berviecs qu'il
avait rendus et rendait & la Cause par
ses écrits de controverse, le Synode
deTonneinslui fitundonde 600 livres.
IX . Remarques et considérations sur
la réponse de F. Nicolas Coëffeteau au
livre de Du PlessiS'^fornay intitulé :
Le mystère d'iniquité, 1 <■« et 2« partie,
Saumur, Th. Portau, 1615 et 1617,
2 vol.in-4o;nouv.édit.,ibid.,i617et
1619, 2 vol. in-4«.
X. Isagoge seu Jntroductio gêner a-
lis ad Scripturam sacram V. et S.
Testamenti,l}OTd., 1 6i 6, in-8«; Lugd.
Bat., 1627, in-40; réimp. dans leT. II
des Opéra. — Rivet pose d'excellentes
règles d'herméneutique; on ne peut
guère lui reprocher que de ne pas les
avoir suffisamment développées. lire-
commande de s'attacher au sens litté-
ral, le seul vrai ; cependant il admet
un sens mystique. L'interprète de la
Bible doit posséder les langues origi-
nales, la grammaire, la rhétorique, la
philosophie, l'histoire, la chronologie;
il doit, pour trouver le sens véritable
d'un passage, examiner le contexte,
comparer ce passage avec les passages
parallèles , distinguer le fens propre
du sens figuré , recourir aux anciens
commentateurs ; mais cela ne suffit pas
encore : il lui faut la pureté du cœur
et un travail assidu, puritas mentis et
diligens exercitatio.
XI. Oratio de bono pacis et con-
cordiœ inEcclesiâ, Lugd. Bat., 1620,
in-4».
XII. Méditât iones XII in selecta o/i-
quot Scripturœ loca, 1622.
X m. Commentarius in Hoseam pro-
phetam; accessit explicatio cap. LUI
Esaiœ prophetœ, Lugd. Bat., 1625,
in-40; réimp dans le T. I des Opéra,
avec un Comment, in Jonam, dont
nous ne connaissons pas d'édit. anté-
rieure.
XIV. Synopsis purioris theologiœ
disputationibus LU comprehensa oc
conscripta pcr J. Polyandrum, A . fii-
velum, Ant. Yalœum et Ant. Thy^
sium , Lugd. Bat., 1 625, in-s®. — Onze
de ces thèses appartiennent à Rivet.
XV. Statera quâ ponderatur Man-
tisses Laurentii Foreri jesuitœ QEni-
fiiv
— 447 —
RIV
pontani, sectio /, quant emisit adv.
libellum eut iitulus est ; Mysteriapa-
irum jesuitarum, Logd. Bal., 1627,
in-lG; réimp. dans le T. tll des Opé-
ra.— Sous le pseudonyme de Renaiua
Verdœus, Selon Mcurslus, l'opuscule
intitulé Mysteria patrunijesuilaruiiiy
est de Rivet. 11 a été Inséré dans le T.
111 de ses Opéra. 11 est clair qu'il y en
a eu au moins une édit. antérieure;
mais nous n'en connaissons aucun
exemplaire.
XVI. Lettres escrites à M^^' les du-
chesses de La Tremouille sur le chan-
tfemenl de religion de M, le duc de La
Tremouille, Gen., 1629, in-S».
XVII. /*. Picherelli Opuscula theo-
logica, édita per A. Hivetum, Lugd.
Bal., Elzevir., 1629,in-l2.
XVI II. Histoire du siège de Bois-le-
Duc, trad. du latin de Heinsius,Leyde^
1631, iQ-fol.
XIX. Disputationes XIII de justd
et gratiosd Dei dispensatione circa sa-
lutem generis humant, habit, in Acad,
Lugd.-fiativicâ, Lugd. Bat., 1 63 1 , 8*.
XX . Oratio habita in auditorio so-
lemni, Lugd. Bat., 1 632, in-40.
XXI. Exhortations à repentance et
recognoissance, faites au sujet du siè-
ge de Ma'(^stricht,Leyde, 1632,in-32.
XXII . Prœlectiones in cap . XX Exo-
di, in quibus ita explicatur Decalogus
ut casus conscientiœ quos vocant ex
eo suborientes, ac plerœque contro-
versiœ magni morne nti quœ circa le-
gem moralem soient agitari, fusé et
accnratè discutiantur, Lugd. Bal.,
i632; 1637, in-4«.
XXIII. Theologicœ et scholasticçB
exercitationes CXCin Genesim, Lugd .
Bal., 1633, in-4». — Résumé de ses
leçons académiques.
XXIV. Diss. de origine sabbathi,in
quâ expenduntur quœ a Fr. Gomaro
contra orthodoxarum theologorum sen-
tentiam ab A. Riveto in explicatione
Decalogi propugnatam allata sunt,
Lugd. Bal., 1633, in-12.— Rivet sou-
tient contre Gomar que l'institutiondu
sabbat fut plutôt morale que cérérao-
niale.
XXV. Commentarii tu librum se-
cundum Mosis, qui Exodus apud Grœ-
cosinscribitur, Lugd. Bat., 1634, in-
40; réimp. dans le T. 1 des Opéra.
XXVI . Instruction préparatoire à la
sainte Cène, avec des prédications con-
venables à la matière, Leyde, 1634,
in-32; Breda, 1631, in-12; trad. en
latin, Amst., 1 636, in-l 2 ; Lugd. Bat.,
1640, in-80.
XX VII. Lettres de MM. Hivet,deLa
Milletière et Du Moulin, Sedan, 1635,
in-80.
XXVIII. Jesuita vapulans, seu cas-
tigatio notarum Sylvestri Petrasanc'
tœ romani Loyolœ sectarii, in Epis-
tolam P.MolinœiadBalzacum, Lugd.
Bat., 1635, in-80. — Attaque très-vive
contre l'Eglise romaine, surloutcontrc
les mœurs du clergé.
XXIX. Viavitœ,meditationesin Ps.
CXIX, Lugd. Bat., 1635, in-16. —
Selon Meursius, la première édit. se-
rait de 1608.
XXX. Th. Bezœ de pestis contagio
et fuyâ dissertatio ; cum A, Riveti de
eodem argumentoEpistola,Lnsd.Bài.,
1636, in-12. — La lettre de Rivet a
été réimp. dans le T. II de ses Opéra,
XXXI. Divers traitez de piété sur
quelques occasions du temps présent,
Leyde, 1637, in-16.
XXX II. Meditationes in VlIPsalmos
pœnitentiales, Arnh., 1638, in-4«>.
XXXIII. Méditation sur le Ps. XCl,
pour servir d'antidote contre la peste
et de précaution contre tous les dan
gers; avec une Lettre sur la question
s'il est loisible en temps de peste de s'é"
loigner des lieux infectés, Quévilly,
1638, in-12.
XXXIV. St^spiriapcnnitentis afflicti,
Arnh., 1638, in-12.
XXXV. Ilomilia de origine erroris in
causa religionis, Arnh., 1638 et dans
le T. II des Opéra.
XXXVI. Apologia pro sanctissimd
virgine Maria matre Domini, adv. ve-
ter es et novos Antidîcomarianitas ,
Colbjridianos et Christiano-categoros,
lib. Ilabsoluta, Lugd. Bal., 1639, 40.
XXXVII. Instruction chrestienne
RiV
448 —
RIV
touchant les spectacles publics, où est
décidée la question si les comédies ou
tragédies doivent estre permises par
le magistrat, et si les enfans de Dieu
y peuvent assister en conscience, avec
le jugement de Vantiquité sur le mes-
me sujet, La Haye, Th . Le Maire, 1 639,
in-12. — Ce traité, plein d'érudition,
n'est, àpropremcnt parler, que latrad.
d'une partie du N« XXIL Calviniste
rigide. Rivet se prononce naturelle-
ment contre les spectacles, qu'il décla-
re dangereux pour les mœurs.
XXXVIIL Les derniers voeiÂX dusa»
criftraleur éternel, Arnheim,! 659, 8o.
XX XIX. Instruction duprince chres^
tien, Leyde, J642,in-8o. — Lipenius
en cite, sans doute par erreur, une é-
dit. latine de 1608, in-s*».
XL. Response à troislettres du sieur
La Milletière sur les moyens de réu-
ràon en la religion; avec la défense de
Rivet contre les calomnies du sieur La
Milletière en sonprétendu Catholique
réformé ; plus une Lettre d'un docte
personnage sur le mesme traité, Qué-
vllly, 1642, in-8'>.
XLL Animadversiones in Hugonis
Grotii Annotata in G. Cassandri con-
sultationem. Accessit Tractatus de
christianœ pacificationis et ecclesiœ
reformandœ verd raiione antè 80 an-
nos edituSy Lugd. Bat., 1642, in-8<>;
réimp. dans le T. III des Opéra. —
Grotius répondit, elRivet répliqua par
XLII . Examen aninuidversionu m H,
Grotiipro suisnotis adconsultationem
Cassandri, Accessit Prodromus adv.
ccUumnias Th. Bracheti Milleterii,
Lugd. Bat., ) 642, in-80. — La dispute
continua et produisit encore
XLIII. Apologeticus pro suo de ve-
rœ et sincerœ pacis Ecclesiœ proposi-
to, contra Grotii votum, Lugd. Bat.,
1643, in-80.
XLIV. Commentariusin Psalmorum
propheticorum de mysteriis evangeli*
ois dodecadem seUctam: in quo, prœ-
ter scholia et perpétuas observationes
doctrinarum in usum concionatorum,
qucBStiones varias solvuntur, et con-
troversiœ hoc tempore agitatœ discu*
tiuntur, Roter., 1645, in-4*. — * On
sait qu'on appelle prophétiques les Ps.
II, VIII, XVI, XIX,XXII,XX1II,XX1V,
XL, XLV, LXVIII, ex et CXIX.
XLy .Grotianœ discussionis SidXusi;,
Roter., 1646, in-8«.
XLVI . Apologia pro Hieronymi sen^
tentiâ de episcopis et presbyteris,
Amst., 1646, in-80.
XL VU. Sermons sur Matt. VI, 53,
Quévilly, 1647, in-12.
XLVI II. Decretum Synodi naliona-
lis Carentone habitœ anno 1 644 ; item
Consensus et testimonia ecclesiarum et
doctorumprotestantivmde imputatio'
ne primipeccati omnibus Adami pas*
teris : collecta ab A. Riveto, Cen.,
J. Cbouet, 1647, in-80,- réimp. dans
le T. III des Opéra.
XLIX. Epistolœ apologeticœ ad cri"
minationes M. Amy raidi de gratiàu-
niversali, Breda^, 1648, in-8». — En
collaboration avec son frère Gnillaome.
L. Sur le chap. XII de VEpitre aux
Romains, Breda, 1648, in-8».
LI. Synopsis doctrinœ de naturd et
gratiâ, excerpta ex Mosis Amyraldi
tractatu de prœdestinatione et VIcon'
cionibus gallicè editis, et PaïUi Tester-
ai, pastoris Bksensis, eirenico latine
evulgato, Amst., 1649, in-8»; réimp.
dans le T. III des Opéra. — Rivet y a
joint plusieurs pièces curieuses rela-
tives à cette dispute, entre autres ses
propres lettres au Synode d'Alençon.
Sur son lit de mort, 11 eut comme on
regret de la vivacité qu'il avait montrée
dans la lutte, a Si en mes paroles ou
escrits,dil-il,j'ay fait paroistre quelque
irritation contre quelques-uns de mes
frères, au sujet de ces nouveaatez [l'o-
niversalisme hypothétique], je pro-
teste icy devant Dieu, qui me jugera,
que je n'ay esté poussé d'aucune ani-
mosité ou inimitié personnelle; aa
contraire, toutes ces personnes-là es-
toyent mes amis. Et d'autant plus que
je les chérissois, et leurs dons, et plus
ai-je eu de fascberie de ne pouvoir ac-
corder leurs maximes avec celles de la
Parole de Dieu. »
LU. Lupi Servati presbyteri, viri
RIV
— 449 —
RIV
doclissimiy qui antè annos 800 m Gal-
Ud vixity De tribus quœstionibus , s.
l., 1650, in-16. — Edition publiée par
Rivet sous le pseudonyme de Renatus
Devirœus,
LUI. Opéra theologica,^oieT,,i6}i\,
i652 et 1660, 3vol.ln-fol.
LIV. La bonne vieillesse représentée
en une lettre latine d'A. Rivet à G,
Rivet son frère, sieur de Champver-
non, et par luytrad, en françois;avec
les Dernières heures dudit A, Rivet,
Utrecht, 1652, in-8«.
À cette liste déjà considérable, nous
ajouterons, sur la foi de Lipenius : De
autore afflictionum Ecclesiœ, et sur
celle de Meursius, une Histoire de l'E-
glise depuis V envoi des Apôtres jusques
à l*an 1 620, Prœfatio ad Fr. Spanhe-
mii seu Vindiciœ exercitationum sua-
rum de gratiâ universali et un Sermon
d'adieu. On conservera notre connais-
sance, quelques Lettres mss. d'André
Rivet à la Bibliothèque de TArsenal
(Collect, Conrart, T. V), à la Biblio-
thèque nationale (i4fic. fonds 8069,
2-4), au British Muséum (Bibl. Har-
leian, 376 eil 012, et Mss. Lansdown,
569) et à la Bibliothèque de l'institut
(Collect, Godefroy, 270).
Nous avons dit qu'André Rivet Tut
marié deux fois. Sa première femme,
Susanne Oiseau, fllle du pasteur Fran-
çois Oiseau (l), qu'il avait épousée en
1596, le laissa veuf, en 1620, avec
sept enfants, dont quatre fils. Nous
n'en connaissons qu'un, nommé Salo-
MON, qui fut immatriculé à l'académie
de Genève en 1613. Probablement il
mourut jeune; car nous ne nous souve-
nons pas d'avoir rencontré son nom
plus tard . Peut-être fut-il père d'André,
qui a publié : M, Smirke, orthe Diti-
ne in mode ibeing certain Annota lions
upon the Animadversions on the Naked
Truth [by Crafts], 1676, in-4». On
trouve à la suite de cet ouvrage une
histoire des conciles généraux et des
symboles. Du secondlit naquirentaussi
(1) Scion Dreox da Radier, Françoit Oiseau
( Voy. ce nom) moanil le 35 fév. 1625, à l'âge de
83anf.
plusieurs enfants ; mais un seul, nom-
mé Frédéric, survécut à son père; il
était gentilhomme du princed'Orange.
André Rivet fut suivi de près dans
la tombe par son frère, qu'il avait tou-
jours tendrement aimé. Doué de qua-
lités moins brillantes que solides, Gut7-
laume Rivet, sieur de Champvernon,
était, au rapportd'Aymon, « un homme
d'une prudence singulièreet fort adroit
à manier les affaires synodales. » Né à
Saint-Maixent, le 2 mai 1 580, il étudia
aussi la théologie et fut reçu ministre
à l'âge de 22ans. Dès 1603, nous le
trouvons porté, en qualité de ministre
à Taillcbourg, sur la liste des pasteurs
et des églises présentée au Synode de
Gap. Il assista, comme député de la
Saintonge, à l'Assemblée politique de
Saumur et à trois Synodes nationaux.
En 1635, un synode provincial tenu à
Mauzé, l'envoya en Cour pour se plain-
dre de ce qu'on empêchait lesministres
de prêcher dans les annexes. Le roi le
renvoya à l'intendant qui, plus équita-
ble que la plupart de ses collègues, fit
cesser cette vexation. La mort de son
frère, avec qui il avait toujours vécu
dans la plus étroite liaison, lui causa
une douleur extrême. Il ne lui survécut
que quelques jours. Sa femme, Marie
ÂfescfUnet, fille de Samuel Meschinet,
sieur de Kichemont, contrôleur ordi-
naire du prince de Condé,etdeCa(/i«-
rine Bigot, l'avait rendu père de deux
filles, nommées Marie et Jeanine, et
d'un fils, appelé Etienne.
Au jugement de Dreux du Radier,
Guillaume Rivet n'avait pas des con-
naissances aussi profondes ni aussi é-
tendues que son frère; mais il avait
peut-être plus de jugement et de soli-
dité. On a de lui :
I. Libertatis ecclesiasticœ defensio,
sice adv. potestatem et authoritatem
supremam, quam romanus pontifex
in Ecclesiam universam sibi arrogat,
tripartita dissertatio, Gen., Chouet,
1625, in-8°. — Dédicace à son frère.
((Il y a, dit Dreux du Radier, delà net-
teté, beaucoup d'ordre et de sagacité
dans ce livre. »
ROB
— 480 —
ROB
II. Delà défense des droits de Dieu y
Saumur, i634, in-8o.
m. Vindiciœ erangelicœ de jus ti fi-
catione, Amst., 1648, in-40.
IV. De inrocatione et adoratione
sanctorum defunctorum. — Cité par
Aymon sans autre indication.
V. De l'autorité des saintes Ecri-
tures, in-40. — Tel est le titre donné
par Aymon. Selon le P. Lelong^ Guil-
laume Rivet a écrit contre l'auteur ano-
nyme des Bibles francoises, et sur la
certitude des Bibles francoises , deux
traités, dit-il^ qui ont été imp. in-12.
Peut-être furent-ils publiés à Toccaslon
d'une dispute que G. Rivet eut avec le
récollet Bernard Duvergier.
A cette énuméralion de ses écrits,
qui paraissent être devenus fort rares,
on doit ajouter la trad. de la lettre
d'André, citée plus haut (N© L) et quel-
ques-unes des Epistolaî apologelica?
mentionnées parmi les ouvrages de son
frère (No XL VI).
RIXINGER (Daniel), professeur
delogique et de métaphysique, docteur
en médecine, chanoine, puis doyen du
chapitre de Saint-Thomas, né à Stras-
bourg, vers 1 560, et mort dans cette
ville, le 21 juin. 1653, a publié, selon
JOcher : I. Compendium logicœ Aris-
iotelicœ; — 11. Diss, metaphysicœ; —
IH. Disput, XI prœceptionum lo(jica-
rum ex Organo A ristotelis depromp-
tarum; — IV. De stylo stoïco; et selon
Lipenius : W.ExamenExaminis Van-
teriani quadrupUcis, quo demonstra-
tur relitjionem pontifmam esse idola-
tricam, et impriinis illam Dan, Pauli
apostasiam, Arg., 1621, in-S®.
ROBELET (Guillaume), auteur
d'une Epistre chrestienne contre tous
Uvres autres que la saincle Bible pour
conduire, édifier et deffendre l'Eglise,
aux ministres, anciens et diacres du
consistoire de Rouen, 1626. Aucune
bibliographie à nous connue ne fait
mention de ce livre, non plus qued'une
Nouvelle version des psaumes en vers,
que l'auteur, nommé Robelin, envoya
de La Haye, en 1 71 8, au consistoire
0 Genève pour la soumettre au juge-
ment de la Compagnie des pasteurs
[^fss. de Genève, 197'*, Cart. 3). Il est
probable que ce dernier travail est
resté en manuscrit ; mais TEpistre do
Robelet a été imprimée.
ROBEQUIN (Marie-Louise), jeune
flile protestante, épousa, le 23 avr.
1764, Jacques Roux, protestant com-
me elle; leur mariage fut béni par un
pasteur du désert. La naissance d'un
enfant, le 21 avr. 1765, aurait dû res-
serrer une union si récente; mais Rooî
était un débauché qui, au moment mê-
me où sa femme le rendait père, violait
la foi conjugale, en entretenant des re-
lations criminelles avec une servante,
qui se déclara enceinte de son fait au
mois de sept, de la même année. Bien
plus, irrité des plaintes de son épou-
se, il se livra envers elle à des sévices
qui obligèrent la malheureuse femme
à demander une^ séparation de corps
et de biens. A cette demande, Roux
répondit par un exploit, oh il dénonça
à Marie Robequin que leur mariageé-
tait nul, n'ayant pas été célébré à l'é-
glise catholique; puis, comme pouré-
Icver entre eux une barrière infran-
chissable, il se convertit et épousa sa
servante avec dispense de l'évêque de
Die. Ce procès odieux, porté devantle
parlement du Dauphiné, eutnn reten-
tissement immense. Sur l'éloquent ré-
quisitoire de l'avocat- général Servan,
la cour, qui ne pouvait réhabiliter un
mariage que les édits déclaraient nul,
condamna au moins Jacques Roux à
la restitution de la dot, à 850 livres
de dommages-intérêts et aux dépens.
ROBERT (Jean), bourgeois de La
Rochelle, connu dans Thlstoirc sous le
nom du capitaine La Limaille, était,
au témoignage de d'Aubigné, on bon
marin et un homme de courage. En
1 585, il se signala au combat d'Oléron,
où il remplit les devoirs d'un chef ha-
bile et d'un vaillant soldat. En 1586,
il concourut à la prise de Royan. La
même année, il défendit avec d'^wôi-
gtié le château d'Oléron contre Saint-
Luc, et s'opposa à un débarquement
des Catholiques dans l'Ile de Ré. En
ROB
— 451 —
ROB
1 588^ il servit à la reprise de Marans.
En 1593^ Matignon, occupé au siège
de Blaye, rappela à son aide ; mais
soit que le vent contraire l'empèchàt
d'entrer dans la Garonne, comme il le
prétendit, soit qu'il se sentit trop fai-
ble pour hasarder le combat, il ne put
empêcher les Espagnols de ravitailler
la forteresse. Forcé d'en lever le siège,
Matignon accusa La Limaille de trahi-
son. Quoique son accusation fût ap-
puyée par quelques nobles qui haïs-
saient le capitaine roturier, LaLimaille
n'eut pas de peine à se justifier aux
dépens de la réputation du maréchal.
Henri IV se montra aussi ingrat envers
ce brave capitaine qu'envers la plupart
de ses officiers huguenots. Son ingra-
titude n'empêcha pas toutefois Jean Ro-
bert de continuer à le servir avec le
même dévouement jusqu'à sa mort. Il
fut tué au siège d'Amiens, en 1597.
— Jean Robert, sieur de La Limaille,
qui servit avec distinction dans la ma-
rine rochelloise, pendant les guerres
de 1621 et 1625, était apparemment
son fils.
ROBERT (Jean), d'Henrichemont
en Berry, sortit de France, à la révo-
cation, avec sa femme et ses enfants,
et alla s'établir à Cassel, oii nous le
trouvons, dès 1686, exerçant la char-
ge de notaire impérial. En 1689, il fut
nommé secrétaire de la chancellerie
française, et quelque temps après, di-
recteur des manufactures, il mourut
le 1 i fév. 1720, laissant la réputation
d'un juriste habile et d'un protestant
zélé. D'un premier mariage avec Elisa-
beth Thompsoriy morte avant son émi-
gration, était née une fille, Anne, qui
décéda à Cassel, le 1 3 fév. 1 722. Sa se-
conde femme, Marguerite Ravot, fille
de Pierre Ravot et de Judith Bonnet,
et sœur de Gabriel Ravot , secrétaire
du consistoire de l'église française de
Cassel , lui avait donné six enfants :
1 o Jean-Etienne, qui suit ; — 2° Char-
LOTTE-EMiUE,quifutbaptiséeenl687,
ayant pour parrain le landgrave Char-
les et pour marraine la princesse de
Tarente; elle épousa le lieutenant-co-
lonel Gldckner et mourut à Cassel en
1 748 ; — 30 Guillaume, dont nous par-
lerons après son frère ; — 40 Sophie-
Frédérique, née à Cassel en 1694, et
morte en 1 748, épouse, en secondes no-
ces, du commissaire des guerres Mum-
me; — 50 Anne, morte au berceau;
ainsi que — 6» Marie.
l.NéàHenrichemont,le 19 mai 1 682^
Jean-Etienne Robert succéda à son père
dans la place de secrétaire de la chan-
cellerie française. Il mourut à Cassel,
le 5 août 1 758, laissant trois fils de son
mariage avec Madelaine Ravot, savoir :
1° Charles-Frédéric, ministre d'E-
tat, conseiller secrétaire du landgrave,
né à Cassel, le 1 1 fév. 1 725 et mort à
Paris, le 13 juill. 1783, sans posté-
rité ; —20 George-Henri , né le 23 juilL
1 728, qui suivit la carrière des armes :
— 30 Ernest-Frédéric , conseiller à
la chancellerie et commissaire-général
des colonies françaises, né à Cassel, le
7 août 1732, et mort, le 2 fév. 1804,
père de trois fils, nommés Charles-
Frédéric, Jean-George-Frédéric et
Charles-Emile -Louis. L'alné, né le
23 sept. 1766, et mort en 1844, suivit
la carrière de la magistrature. Le se-
cond, mort le 20 déc. 1 826, à l'âge de
56 ans, entra dans l'église, et le troi-
sième, mort le l<^<" mai 1835 , Agé de
55 ans, dans Tadministration des fl-
nanres.
11 . Guillaume Robert naquit à Cassel^
le 6 sept. 1 689, et y mourut, le 1 6 mars
1753, commissaire-général des colo-
nies françaises. Be son mariage avec
Marie Ellenberger, il eut deux fils,
nommés Jean-Frédéric et Charles-
Guillaume. Né le 7 mars 1726, Jean-
Frédéric portait le titre de conseiller
de régence, lorsqu'il mourut à Cassel,
le 6 déc. 1801, laissant deux fils : Er-
NEST-FRÉDÉRIC-FERDINA^D^ né' le 15
août 1763 et mort lel2 janv. 1843, et
Charles-George-Guillaume, né le 27
mars 1765 et mort le i'"'' oct. 1824,
tous deux professeurs. On a du pre-
mier, qui était directeur de la galerie
de tableaux de rélccleur : Versuch ev-
nés Verzeichnisses der KurfUrstL Hess.
ROB
— 452 —
ROB
Gemâlde-Sammlung , Cassel, 1 8 i 9, 8«.
Beaucoupmieux connu que son frère,
Charles-Guillaume naquit à Cassei, le
21 mars 1740. Après avoir terminé ses
humanités et sa philosophie dans les
écoles de sa ville natale^ il partit, en
1757, pour Marbourg dans l'intention
d'y étudier la théologie, science pour
laquelle il se sentait un goût décidé.
Trois ans après, il se rendit à Gôttin-
gue attiré par la réputation de Michaë-
Ils et de Walsch. C'est dans cette uni-
versité qu'il prit ses degrés.De retour
à Cassel, i) se fit recevoir ministre, en
1762, puis il se remit en route aOn de
visiter la Suisse, la France et la Hol-
lande; ce voyage ne dura qu'un an.
Nommé, en 1765, second pasteur à
Marbourg; en 1 7 6 4, professeur extraor-
dinaire, et en i 766, professeur ordi-
naire de théologie, il prit le grade de
docteur, le 3 mars 1768. Cinq ans plus
tard, il devint conseiller de consistoire
et inspecteur des églises françaises. Ses
études, qu'il poursuivait avec ardeur,
l'ayant conduit à des doutes sur cer-
tains dogmes qu'en sa double qualité
de pasteur et de professeur, il avait
pris l'engagement de prêcher et d'en-
seigner, des scrupules très-honorables
le décidèrent, en 1778, à se démettre
de tous ses emplois et à renoncer à la
théologie pour s'occuper exclusivement
de l'étude de la jurisprudence. L'élec-
teur, qui le tenait en grande estime,
le nomma à la chaire de droit et de phi-
losophie pratique. En 1779, il prit donc
le grade de docteur en droit. En 1782,
il représenta l'université de Marbourg
à la fête anniversaire de la fondation
de celle de Wiirtzbourg. En 1784, il
fut appelé à siéger comme conseiller
dans le tribunal de révision. En 1785,
l'université le choisit pour son député
à la diète. En 1 797, nommé juge au
tribunal supérieur d'appel, il quitta
Marbourg pour aller s'établira Cassel,
oii 11 mourut le 8 avr. 1 805. On a de lui :
I. Commentatio de supcrbid eique
oppositd humilitate christiand, Marb.,
J768, in-40.
II. Encyclopediœ et methodi iheolo-
gicœ brevis ordinatiOy Marb . , i 769, 8».
III. De nomine uiou BeoO, Marb.,
1769, in-4*.
IV. Ethicœ christianœcompendium,
Marb., 1770, in-8*.
V. EntwurfdervornehmstenJVahr^
heitender christ lichenReUgion,¥Tdnkî.
und Leipz., 1771, in-8».
VI. F. Hermann Roinershausen's
Entwurf zu einer Einleiiung in das
Alte Testament , mit Vorrede und ei-
nigen Anmerkungen, Marb. , 1 77 1 , se-
lon Hirsching, 1772, 8», selon Meuscl.
VII. Nachricht von den Stipendia-
ten, 1772. — Rapport qu'il fit en qua-
lité d'éphore de cette institution.
VIII. Von den Unterricht derin dem
fUrstl. Stipendia ertheilt wird,ViaTh.,
1772.
IX. Ueber die Grundsàtze vom Kon^
trasty Marb., 1774.
X. Pr, ad audiendum orat, aditia^
Ifim D, Car, Henr, Geisleri, Marb.,
1775, in-foi.
XI. Entwurf einer genauem Théo-
rie von dem Unterschiede zwischen
Gemiithsbewegungen, Leidenschaften
und Neigungen, und von ihrem ge-
genseitigen Verhaltnisse, ^arb.,! 776,
in-40.
XII. Causa belli ab Israelitidsadv.
Cananœos gesti, Marb., 1778, in-4«.
XIII. Uebereinstimmung der lies-
sisch. Landesverordnungen mil eim-
gen in neuern Zeiten geschehenen niitz-
lichen Vorschlàgen zur bessern Un-
terweisung und Bildung des grossen
HaufenSy Marb., 1778, in-4».
XIV. Pr. von dem Unterschiede
zwischen vollkommenen und unvoll-
kommenên Rechten und Verbindlich-
fcciïcn, Marb., 1778, in-4^
XV. Diss. inauguralis de di verso
pomarum génère, Marb., 1779, in-4»;
réimp. avec une Réfutation, par le
chancelier Koch, Giessen, 1 785, ïn-8«.
XVI. Pr.enthaltend Verbesserungen
und Zusàtze zu zweyen Lardneri-
schen Werken, Marb., 1782, in-40.
XVII. Tr, de Bynckershoekii eique
contraria Gebaueri doctrine de patrie
potestale Romanorxmi antique, modes-
ROB
— 453 —
ROB
tum judicium, Welziar, 178*2, in-4»;
1785, ïn-40.
XVIII. Tr, de nonusu practico dis*
tinctionis inter mutuam petitionem in
camerd tmpma/i^Welzlar,! 782,iii-4«;
1785, in-40.
XIX. Pr. conlinens observationes ad
duo opéra Nath, Lardneri , Marb.,
1782, in-4<».
XX. Gedanken iiberdie aUgem, 5c-
griffe von Mein und Dein, Marb.,
1 784, in-4«».
XXI. Pr. de distinctione inter sa-
crilegium simplex et gratificatum y
Marb., 1784, in-40.
XXII. Pr, de ordinatione jejunio*
mm, Wetzl., 1785, in-4'.
XXI II. Discours sur la reconnais'
sance, 1786, in-80; 2* édil., Marb.,
1795, in-8».
XX I V . Rechtliche Gedanken Uberden
Begriffder Ehe und die Art ihrerStif-
tung y im protestantischen Teutsch-
/ancf, Frank f. und Leipz. [Giessen],
1787, in-80.
XXV. Beytràge zu der natiir lichen
und positiven Rechtsgelahrheit, Marb. ,
1789, in-80.
XXVI. Kleine juristische Ahhand-
lungen, Marb., 1789, m-8*.
XXV II. Ueber die Frage : Wie iveit
geht im Staate die Geivalt des hefeh-
lenden Theiles, wenn es an den Ver-
tràgen fehlt, Marb., 1789, in-8*.
XXVI II. Ueber die Erklarung einer
Absicht und ihrer Eintheilung, Marb. ,
1789, in-80.
XXIX. Pr, docirina de provocatio-
nis usu modoque in Acad, Marbur*
gensiy Marb., 1792, in-40.
XXX. Pr, observalionem ad juris
scientiam naluralem sistens, Marb.,
1794, in-40.
XXXI. VorscMà'ge zur Verbesserung
der Liturgie, publ. dans le Journal von
und fiir Teulschland (1789).
Charles-Guillaume Robert ne laissa
qu'un flls, nommé George-Frédêric-
Chahles. Né le 2 mai 1 765 et mort le
24 déc. 1853, ce fils, qui remplit les
fonctions de chancelier et de conseiller-
secrétaire du landgrave, est auteur de
Zusammenhang seiner Vorlesungen ii^
ber eine allgem, Einleit, in die Rechts*
gelehrsamkeit der Deutschen , Marb.,
1788, in-80, et Aufrechlhallung Uber
die Verfugungen des Jérôme Bonaparte
in Kurhessen, Frankf., 1818, in-S*. Il
fut père de quatre enfants : i « Charles,
né en 1804 ; — 20 Marie, épouse du
professeur Heusinger; — 3* Guillau*
me, né en 1812, qui a embrassé la
profession des armes, et à qui nous
devons des renseignements généalogi-
ques sur sa famille , dont nous avons
fait usage pour cette notice; — 4** Fer*
dinand, né en 1815, docteur en mé-
decine et professeur à l'université de
Marbourg, dont Kaiser indique les pu-
blications suivantes :
I. Cholerabuchy Giessen, 1832, 80.
II. Beschreibung eines im hôchsten
Grade querverengten Beckens,CàT\8T.,
1842, in -fol. avec planch.
On lui doit aussi une trad. allem. du
Manuel de l'accoucheur par M">o Bol-
vin, et plusieurs art. du Reperto-
rium der gesammt. medicin. Literatur
Deulschlands (Marb., 1828 et suiv.).
Nous avons rencontré assez fréquem-
ment le nom de Robert dans le cours
de nos recherches. Parmi ceux qui le
portèrent, nous citerons seulement les
pasteurs Lazare Robert, de Rouen, et
Matthieu Robert, de Lorrainc,qui flrenl
leurs études à l'académie de Genève,
où ils soutinrent des thèses De peti-
tionibusorationisdominicœ, publ. dans
les Thèses Genev.; Louis Robert, du
Poitou, pasteur à Doesbourg en 1 688 ;
/o6U^Ào(>6r^, ministre à Sainte-Marie-
au\-Mines,en 1676, puis à Mulhouse,
de 1 680 à 1 699, où 41 remplit en même
temps les fonctions de recteur du gym-
nase. Ce dernier, qui fut envoyé à
Sainle-Marie-aux-Mines par le consis-
toire de Râle, était peut-être originaire
de la Suisse française , comme le cé-
lèbre peintre Louis-Léopold Robert, et
probablement aussi le poète Louis Ro-
bert, mort à Berlin en 1832. — Dès
1555, Bernardin Robert, de Paris, se
réfugia à Genève. A la révocation de
redit de Nantes, Nicolas Robert, de
ROB
- 4M-
ROP
Bourgogne, se retira en Allemagne.
Son fils, Frédéric y fui le premier en-
fant baptisé (27 juin. 1686) dans le ^
temple de la colonie de Fredcrichsdorf.
B0B1I.LART (Michel) , d'une fa-
mille honorable d'Arras, avait fait ses
études dans diverses universités de
France. Pendant son séjour à Paris, à
Orléans, à Poitiers, il avait fréquenté
avec assiduité les assemblées secrètes
des Protestants, et y avait puisé un zèle
ardent pour TËvangile. En 1 563^ il fut
arrêté à Tournay comme hérétique, et
après une longue détention, triomphant
de toutes les tentations et de toutes les
embûches, il couronna glorieusement
sa courte vie par le martyre. Au témoi-
gnage de Crespin, sa constance fut ad-
mirable. «Onques elle ne fut esbranlée
ni affoiblie, ne par argumens des ad-
versaires, ne par menaces des juges, ne
par les lamentations et cris de sa mère,
de ses frères, sœurs, parens et amis,
venus exprès d'Arras à Tournay pour
le divertir et deslourncr d'où le Sei-
gneur Tavoit acheminé.» Durant sa dé-
tention, il écrivit plusieurs Lettres aux
fidèles de TEglise, soit pour les exhor-
ter à la persévérance, soi t pour leur ren-
dre compte des assauts qui lui étaient
livrés. Crespin en a publié une partie
dans le Martyrologe. La dernière, da-
tée du 1 9 avril 1 564, veille de son sup-
plice, se termine ainsi : a Mes frères,
ceci est quasi escrit de larmes et de
sueurs découlantes, je vous prie que
prions noslre bon Père qu'il me face
la grâce de persévérer jusqu'à la fin.»
Sa prière fut exaucée. Il fut brûlé sur
le marché de Tournay et expira en
confessant le nom. de Jésus-Christ. —
Un réfugié, le chamoiseur Robillard, a
publié à Genève des y'ers sur l^ incendie
du pont du Rhône, Gen., 1670, in-i».
HOBIN (iN.), prolestant de La Ro-
chelle, n'ayant poinl voulu faire bap-
liscràréglise catholique un enfant qui
venait de lui nallre, fui condamné à une
amende par le sénéchal, en 1 767 . H en
appela au parlement de Paris, qui, sur
sa simple promesse de faire présenter
son enfant à l'église, le renvoya absous.
Saint-Florentin se flattait que cet arrêt
en imposerait aux religionoaires : il
devait leur prouver qu'il n'y avait de
moyen de se faire décharger des amen-
des prononcées par les premiers juges,
qu'en se soumettant à faire baptiser
leurs enfants par un prêtre, il se trom-
pait. Robin ne se mit nullement en de-
voir de tenir sa promesse; et, remar-
quons que de progrès avait faits li to-
lérance! malgré l'incitation du ministre
d'Etat, le procureur générai n'avait paâ
l'air de se soucier de faire exécuter la
sentence. Las d'attendre, au bout de
trois mois, Saint-Florentin lui écrivit
tt qu'il croyoit très-essentiel qu'il prit
les mesures les plus décidées pour que
ces gens-là ne soient pas plus longtemps
impunis, » vu que l'arrêt du parlement
avait causé une profonde sensation
dans les autres provinces, et que aies
religionnaires s'apuyoien^ sur cet ar-
rêt pour ne plus envoyer t>aptiser leurs
enfants à l'église» (^rc/».^cn.E.5599).
La semonce, à ce qu'il parait, ne pro-
duisit aucun eflct; car, au mois d'avril
1768, l'arrêt n'avait pas encore reça
son exécution (Ibid, E. 3600). — Par-
mi les prédicants du Poitou, on cite
une jeune fille des environs devançais,
nommée Marie Robin, qui déploya,
pendant près de deux années, une ac-
tivité, un courage, un zèle des plus
remarquables , et qui ne se décida à
s'expatrier, pour échapper aux pour-
suites dont elle était l'objet, qu'après
avoir vu arrêter deux ou trois prédi-
cants, qui l'accompagnaient d'ordi-
naire. Elle se retira en Angleterre en
1699. Elle vivait encore en 1721, à
ce que nous apprend un Etat des se-
cours accordés aux Réfugiés pauvres
par le comité français.
BOBINËAU , nom d'une ancienne
famille du Poitou , dont une branche
s'était établie en firctagne.
1. Branche du Poitoi]. Claude Ro-
bincau, sieur de La CUALVimÈRE, é-
pousa, en 1550, Olive Daranci, qui le
rendit père d'un (fis, nommé Josufi,
sieur de La Vergue, La Chauvinière
et La Mcuardière. Ou mariage de Josué
ROB
-^405 —
ROC
Robineao avec Marie deBaud, célébré
en 1598, naquit Jacques^ sieur de La
Vergne, qui prit pour femme, en i 624^
Gabrielle Chasteignier al cneutJosufi,
sieur de La Chauvinière, dont l'inten-
dant Colbert, dans son rapport sur l'é-
tat du Poitou, parle comme d'un jeune
gentilhomme « fort doux, n'ayant de
passion que la chasse. » 11 épousa
Charlotte Gentil, qui le rendit père de
JosuÉ , marquis de La Yergne. Après
la révocation de Tédit de Nantes, La
Chauvinière fut enfermé au château
de Pierre-Ëncise, à la demande de
Tintendant Foucault, « cela pouvant
contribuer à sa conversion.» L'attente
de Foucault ne fut pas trompée; Josué
Robineau se convertit eflectivement
Tannée môme; seulement, dès Tannée
suivante, en 1687. il essaya de passer
avec sa femme en Angleterre ; sa ten-
tât! ve échoua (-Irc/i. M. 67 g). En 1701,
menacé du château de Nantes, comme
mauvais catholique {Ibid, h), r)552), il
promit de se faire instruire et on lui
accorda un sursis. 11 est probable qu'il
finit par céder à la violence qui lui é-
tait faite.
II. Branche de Bretagne. Du ma-
riage de Christophe Robineau, sieur du
Plessis et de La BenoUière, avec Claude
Toucher, naquirent deux Ois : 1° JoA-
cniM, qui suit; — 2° Bertrand, sieur
de La Maisonneuve, mort sans enfants.
Joachim Robineau, sieur dcLARE-
NOLLiÈRE, servit vaillamment la cause
protestante. 11 eut aussi deux fils de
son mariage avec Marguerite Robil-
lard. Le cadet, Paul, cponsà Jacquetie
de ClerambauU (l), qui lerendilpère
de Claude^ sieur de La Canlinière. Ce
dernier s'allia, en 1620, avec Israélite
Prévost, dont il eut Samlel, sieur de
La Cantinière, marié, en 1G58, 'àGil-
lette de Montausier, qui ne lui donna
qu'une fille. L'atné, nommé Daniel,
sieur de La Maisonneuve, servit avec
distinction dans les rangs huguenots.
£n 161 6, il fut député par la Bretagne
(1) Parmiles direeleurs de l'hôpital franratsde
Londres ligareot, en 1733, Antoine ClerambatiUj
•t, eu 1767, Jfan CterambaHli,
à l'assemblée des six provinces tenue
à La Rochelle. Sa seconde femme , £*-
léonore Gourdeau, le rendit père de
deux flls : Daniel-Alexandre et Da-
niel.Nous ne connaissons aucune par-
ticularité de la vie du second, qui était
seigneur du Plcssis-Gatineau. L'aloé
naquit le 22 novembre 1620, et ser-
vit avec le grade de capitaine dans le
régiment du Poitou. Serait-il le même
que La Maisonneuve, du Poitou, qui
fut enfermé à la Bastille et se convertit
en 1691 ? (Arch, E. 3377). Sa femme,
Louise Thevenin, qu'il avait épousée
en 1658, lui donna plusieurs enfants,
entre autres, Philippe, sieur de LaRe-
uoUière, capitaine au régiment de Tou-
raine, qui abjura la religion réformée.
Nous DC voyons pas le moyen de
rai tacher à cette famille, dont nous
empruntons la généalogie au Dict. de
la Noblesse, ni Jacques Robineau, sieur
deCroissy,qui épousa, en 1659, Dlan-
che Marbault, ni son frère Jean, qui
prit pour femme Marie Roussarl et ea
eut Pierre, présenté au baptême, en
1599, par Parenteau, secrétaire du
prince de Condé ; Marie, baptisée, eu
1601, qui eut pour parrain Matthieu
Coignet, sieur de La Thuillerie, et
Marthe, présentée au baptême, en
1605, par Jean de La Planche (Reg.
de Charenton).
ROCHAS (Henri de), docteur en
médecine, conseiller et médecin du roi,
a publié, selon Jocher :l. La physique
démonstrative; — 11. Nouvelles dé-
monstrations pour connoitre la cause
des fièvres intermittentes et continues,
dyssenteries, diarrlûes, lyenteries et
tous autres jlux de ventre; — 111. ^x^-
men ou raisonnement sur l'usage de
la saignée en philosophie hermétique ;
— lY, De aquis metalUcis et secretis
fodinarum metallicarum ; — V . Tract,
de verd cognitione mineralium iUo-
rumque qualilatibus et virtutibus,
deque spiritu universali, imp. dans le
T. VI du Theatrum chymicum. Henri
de Rochas vivait dans la première moi-
tié du xviie siècle. Il avait épousé C^o-
brielle de Fooher, dont 11 eut César,
ROC
— 486 —
ROC
né le 11 août 1626^ et présenté au
baptême, dans le temple de Gharenton^
par Essautier, de Provence, et M"« de
Montfort, sa tante paternelle (Reg. de
Charenion).
ROGHEBLAVE (Henhi de), né le
6 déc. 1665, réfugié en Angleterre,
fut placé d'abord comme pasteur dans
Téglise française de Grecnwich ; mais
il ne tarda pas à être appelé à Londres,
où il desservit à la fois ou successive-
ment plusieurs églises, comme celle de
Swallow Street, fondée en 1692, de
Hungerford, du Quarré, et en dernier
lieu la Chapelle de St-James. Il fut en-
suite employé à Dublin, comme mi-
nistre des deux églises, française et
anglaise, et mourut dans cette ville,
le 11 nov. 1709. Après sa mort, on
publia un recueil de ses Sermons sur
diverses matières importantes y Amst.^
1712, in-8% dédié à Ruvigny,
Une branche de celte famille resta
en France et continua à professer le
protestantisme. Dans un Etat de 92
nouveaux catholiques de Montagnacqui
avaient promis d'aller à la messe, daté
du 26 avr. 1698 [Arch, de la Soc. de
Vhist, du prot.)y nous voyons figurer
le nom de Rocheblave à côté de ceux
de Gayraudy Fraissinet, Lamouroux,
Gelly, Andrieu, Clerguey Dejean^ Au-
brespy, Fize, Couîet, Caladony Cha-
bertf etc., etc., qui tous sont portés
encore aujourd'hui par des membres
de TEglise protestante.
ROCHEGHOUART (Christophe
de), seigneur de Champdeniers (aliàs
Chandenier), né à Arconcey, le 24 mars
1 546, de Claude de Rochechouart et de
Jacqueline de Bauldot, fut élevé à la
cour de Henri II, comme enfant d'hon-
neur du Dauphin et du duc d'Orléans.
Dès qu'il fut hors de page, il embrassa
les doctrines évangéliques et prit une
part active dans les guerres civiles, où
il se Ot remarquer par son humanité.
Il fut lue à la bataille de Jarnac, sans
avoir été marié. Son frère Louis servit
aussi la Cause protestante sous les or-
dres de Condé et du roi de Navarre ;
1 mourut des blessures qu'il reçut dans
une rencontre avec les Ligueurs, en
1590. Aucun autre membre de cette
famille illustre ne parait s'être con-
verti au protestantisme. M. Massiou
parle, il est vrai, d'Aimé de Roche-
chouart, marquis de Bonnivet, qua-
trième ûls de René, baron de Morte-
mar, et de Jeanne de Saulx-Ta vannes,
sous la date de 1 6 1 6 , comme d'un pro-
sélyte nouvellement converti à la reli-
gion réformée ; mais nous croyons qu'il
a commis une erreur, et qii'il s'agit
plutôt d'un autre marquis de Boniyet,
Henri-Marc de Gouffier, qui abjura ef-
fectivement en 1 61 6, comme nous l'ap-
prend une pièce assez rare imprimée à
La Rochelle par H. Haultin, 1616, in-
8*, sous ce litre : Déclaration de H.'
M. de Gouffier, marquis de Bonivet,
faite au consistoire de La Rochelle, en
présence des pasteurs et anciens de lo"
dite ville, et encore des sieurs de La
Violette et Thevenot. pasteurs des é-
glises de Marans et de Benêt, le mer-
credi 5 août 1616. Cette conversion
fut-elle plus sincère que celle du duc
de Candale?
ROGHEFORT (Charles de), ba-
ron de Saint-Angel, capitaine renom-
mé par ses exploits dans les guerres
du Piémont, épousa, en 1551, Mo-
reille de CMteauneuf, dame de Théo-
bon, qui lui donna deux fils. L'alné,
Louis, baron de Saint-Angel, se maria
en Auvergne et se convertit de bonne
heure, à ce qu'il parait. Lecadet, Jean,
appelé aussi Charles, baron de Théo-
bon, servit avec distinction dans le
parli huguenot, notamment à la dé-
fense de Caslillon, en 1586. Plus tard,
en 1 595, il combattit les Ligueurs en
Bourgogne, sous les ordres du maréchal
de Biron, dont il sollicita vainement
la grâce. Après la paix de Vervins, il
alla offrir son épée au prince Maurice,
et reçut, au siège de Rhinberg, une
blessure dont il mourut au mois de
sept. 1606. Il avait épousé, en 1586,
Elisabeth de Roy ère, tille de Jean de
Royère, sieur de Monein (1), el d'An-
(1) Noos ignorons si le capitaine Monein jen"
•eigne-oolonel û'ànielotf qui jou» un oerUio lùle
ROC
— 457 —
ROC
toinetie de Larmandie. Son fils Char*
LES^ marquisde Tbéobon (l), fut élevé
comme page dans la maison de Cou*
mont'La Force, à qui il servit de se-
cond^ en 1615^ dans son duel avec
Grammont. En iGl 9, il leva, par corn*
mission du 26 fév.^ un régiment d'in-
fanterie, qui fut licencié dès le 2 ]uin.
Il se retira en Guienne y et se saisit^
en 1621 9 de Sainle-Foy, pour déjouer
les projets de son beau-père, Boisse-
Pardaillan, qni s'était vendu à la
Cour (Voy. W, p. 544). L'assemblée
de La Rocbelle s'empressa d'avouer
cette prise d'armes, en le louant de
son zèle, et pria les magistrats de La
Rochelle de lui envoyer des armes et
des munitions. La même armée, à la
persuasion de Belrieu, Dangonnety
Larqtuiy et autres exilés de Bergerac^
il tenta sur cette ville une entreprise
que la trahison fit échouer. Cet échec
lui nuisit beaucoup auprès de son parti.
Il devint suspect et les habitants de
Sainte-Foy, soutenus par le marquis de
La Force, le chassèrent de leur ville.
En 1622, il accompagna Lusignan au
siège de Granges; puis il fit la retraite
de Tonneins, dans laquelle il fut blessé.
Nous ne voyons pas qu'il ait porté les
armes dans les dernières guerres de
religion. En 1651, il prit le parti de
M. le prince et défendit vaillamment,
en i 65 2, Villeneuve contre d'Harcourt,
qui ne put s'en rendre maître. Quelque
temps après, 11 rentra dans l'obéissan-
ce, et il contribua à la réduction de
Bordeaux, en 1 653. La même année, 11
fut créé lieutenant-général. Il testa en
1658. De son mariage, célébré le 30
oct. 1 G 1 6, avec Jeanne d'Escodéca, fille
de Pierre d* Escodécank^Boisse et de
Marie de Ségur-PardaiUan, naquit^
ontreunefillequiseconvertit,eni679,
et obtint une pension de 4,000 livres
en récompense de son apostasie (Arch.
dans les premières guerres civiles et fat taé à U
Stinl- Barthélémy, était de la même famille.
(1) Un autre nls, le siear de Jfonrtn, serrit U
Cause protestante sous les ordres de La Force w.
1622. Ses descendants continuèrent à professer
la religion protestante, au moins jusqu'en 1689
{Arrh.gên. Tt. 287).
T. Vin.
E. 3365), un fils nommé Jbàn, mar-
quis de Théobon. Ce dernier, né en
1619, épousa, en 1637, Anne de La
Motte, dame de Roquefère, fille de
Bernard de La Motte et de Henrye de
Panissault. U en eut cinq enfants^
dont les généalogistes ne nous font pas
connaître les noms. L'un d'eux était
sans doute Charles de Rocfiefort, mar-
quis de Théobon. qui prit pour femme,
enl 6l4,MariedeCaumont,M\eû}imBiP'
quis de Castelmoron. En 1684, l'exer-
cice du culte protestant fut interdit
dans son château. En 1686, on lui en-
leva ses enfants et on lui ordonna à lui-
même d'aller conférer avec l'archevê-
que de Paris. A cet ordre était Jointe
l'assurance de la part du roi, « de sa
protection et de ses grâces en cas qu'il
prit le party qui étoit seul convena-
ble pour son repos et celuy de sa con-
science » (Arch, E. 3372). Soit qu'il
n'eût pas obéi, soit que l'éloquence du
prélat eût échoué, il fut, peu de temps
après, enfermé à la Bastille, et sa fem-
me mi se dans un couvent (/6iVi). Cette ri-
gueur salutairedompta-t-elle enfin son
cpiniàtreté? Tout ce que nous savons,
c'est qu'une demoiselle de Théobon se
montra moins récalcitrante. Elle se
convertit en 1 686, fut nommée dame
d'honneur de la reine et obtint, en ou-
tre, en 1688, une pension de 1,000
livres (i4rc/i. E. 5374). Belle prime of-
ferte à l'hypocrisie!
ROCHEFORT (Jean de), auteur
d'ailleurs inconnu, a écrit, selon Du
Verdier, un livre de la Cène, Irop. à
Strasbourg, en 1548.
ROCHELLE (Jean), sieur Du Cou-
DRAT, conseiller au parlement de Pa-
ris et échevin de La Rochelle. Du Cou-
dray fut député par sa ville natale à
plusieurs assemblées politiques : en
1582, à celle de Saint-Jean-d'Angély;
en 1596, à celledeLoudun,où il rem-
plit les fonctions de secrétaire, fonc-
tions dans lesquelles il fut remplacé
par Charnier pendant que l'assemblée
siégeait à Vendûme; mais qu'il reprit
à ChÂtellerault. Les négociations ayant
enfin abouti, l'assemblée le choisit,
29
B0£
^m
m:
avec ^tpaze^, pour aller remercient
roi en son nom, et rester en Goar jo^-
qjfi'k renregislremeot de rédildeNan-
les. En J599, l^enri lY l'envoya à La
|U)cbelle, avec ordre d'y faire recevoir
ce célèbre édit. L'année suivante^ il fojl
reçu membre de la Chambrç de i'édijt
de Paris (Fonds de Brienney N» 2?J).
£n 1612, la régenle, qui le savait toiU
^évoué au gouvernement, le cjiargea
4'une mission ixlus délicate. 1} se ren-
dit de nouveau à La fliocbelle, spus
préte^tedequelqueaQiaire particulière^
mais, en réalité, pour travailler à eo»-
pècber l'assemblée convoquée par Ro-
han au sujet de ses déméilés avec La
Bûchebeaucourt (Voy. V. p. 200); le
l)ruit courut même, à tor.t ou à raison,
4iu'ii avaitordrede se saisir de la justice
et de la police de la ville, conlraire-
jQ(ienl au^ privilèges de la cité, et de
détacher La Rochelle de l'union des
églises. Le peuple prit Talarme; un
attroupement considéraJble se forma de-
vant rh6tel-de-ville où le conseil était
assemblé; mais les exhortations et les
promesses du maire réussirent, ce jour-
là, à calmer la multitude. Le lendemain,
nne visite que Le Vacher y bourgeois qui
8'élait rendu suspect, fil à Du Coudray,
donna un nouvel aliment à la méHance
de la population ; une furieuse émeute
éclata, tout le peuple prit les armes,
et pu Coudray jugea prudent de délo-
ger. Nous ne connaissons pas Tannée
de sa mort; n^ais les Registres de Cha-
renlon nous apprennent que sa femme
se nommait Renée Thevenin, et qu'il
avait au moins deux fils : Gabriel, né
le 10 fév. 1605, présenté au baptême
par Gabriel de Polignac et Marthe
Du Vache, femme de Calignon, et
Bàldat, né en i 605, qui eut pour par-
rain, Pierre Thecenin, sieur de Rosne.
C'est du premier que L'Estolle parle
en ces termes dans son Journal : « Le
dimanche 25, leflls de ]^. du Gouidrai,
conseiller en la cour, qui étoit de lu
tel.igion, fui baptisé à Paris au fau-
bourg Saint-Germain, auquel baptême
assistèrent Jusqucs à cent personnes,
$. M. leur ayant permis de s'assem-
bler poqr cet eflèt josques à 20 oa 25
per^onne^ seulement, snr la plainte et
spr \e rapport qu'on lui avoit fait que
plusieurs enfants qu'on portoit bapti-
ser à Ablon, mouroient sans bap^me,
à cause du long et mauvais chemin. »
Ko*us ne savons si c'est Gabriel Eo-
pl^çllc, ou son frère, qui sç noya, en
; 622, dans le combat livré par GmUm
^ ducd^Pu|se(Foy. Y. p. 410).
ROÇHEliONT (François de),
§ieur 4es Bui^ons, maître d'hôtel di
roi et maréchal de bataille, époQsa £i-
pérance Armet, fille de Jictcques At-
met y avocat au parlement de Dijon, et
d'i4nne Perrault, 11 en en\ : 1° Lazare,
brigadier des gendarmes du roi; —
2« Jules-Matthieu, sieur de La Motte,
qui embrassa la religion romaine ; —
5« RfiNi, qui suit; — 4» Aktoinittts,
feouue du minisire Philippe Des Près,
de Genève.
René de Rocbemont, capitaine d'in-
fanterie, prit pour femme Marie Ber-
nard, qui lui donna trois enfants,
nommés Jacques, Antoinette, née à
Bossey en J 688, et François. Ce der-
nier, né à Couches, en Bourgogne,
suivit la carrière ecclésiastique. Im-
matriculé à l'académie de Genève, en
1705, il obtint, en 1717, les droits
de bourgeoisie, et fut placé, l'année
suivante, comme pasteur à Céligny.
Appelé à Chêne, puis à Genève, «i
1 727, il fut déchargé en 1 757, et mou-
rut en 1780, âgé de plus de 98 ans.
Sa femme, Madelaine Le Clero-Vernet,
l'avait rendu père de trois enfants :
10 Daniel, qui suit; — 2» Ami, du
ce en 1764, auditeur en 1765, con*
seiller en 1770, secrétaire d'Etat en
1782, qui mourut en 1798, ayant eu
de sa femme. Renée Malle t-Blanquet,
un fils, Jean-Françoiç, assassiné en
1 794, et deux filles, Isarelle et Anfi-
(.aïd^-Sara, femme de Charles Pictel;
— 5° N., mariée, en 1 747, à François
Du Bosc, de Leipzig. Nous ne croyons
pas que François de Rocbemont ait
rien publié , mais il avait entrepris,
avec le concours du pasteur 7aco6 Ben-
helle, un Extrait tqiwniné du reg^
m
-^-
m
tre§ du Conseil, par ordre alj)ha|)é(i-
guc, depuis iï>36 ai ^16, en 2 vol. in-
foi . , lediiel fut continué par Claparède,
Galirfe ei ï>|clet;
Né en 1720^ Daniel de Rocheroont fut
reçu ministre en 1746^ èl agrégé à la
cotnpagnle des pasteurs en 1 756 ; il
mourut en 1 769, sans laisser d'enrants
lie sa femme Louise André, Daniel
de Rochemont a joui, comme prédlca-
leur, d'une très-grande réputation. Au
jugement de Sénebier/ dés sermons
sont composés avec soin^ pleins de pen-
sées solides exprimées clairement et
simplement, intéressants par la piété
qui les vivifie et Tonction touchante
qui entraîne quand on les lit. On en a
publié^ après sa mort, un recueil sous
ce titre : Onze sermons sur divers
textes de VE, S., Gen., 1772, in-8».
On a, en outre, de Daniel de Roche-
mont une dissertation De usu reli-
gionis in so&ietate cimli, 1745; in-fol.
Il n'est pas probable que notre théo-
logien soit Tauteur des Réflexions cTun
patriote sur Vopéra français et sur
l'opéra italien, Làiis. y 1754 in-8»,que
Barbier attribue à un de Rochemont.
Galiffe. à qui nous avons emprunté
la généalogie de celte famille, n'a pas
connu Philippe de Rochemont, né en
1695, dans les environs de Genève,
comme nous l'apprend M. Ch. de Rom-
knel. Cadet dans un régiment suisse,
Philippe de Rochemont quitta l'état
militaire pour étudier la théologie.
Nommé pasteur à Cassel en 1 7 1 8, il
ne tarda pas à se faire remarquer par
son talent oratoire. En 1756, il suc-
céda à François Martel dans la charge
d'inspecteur des colonies françaisies de
la Hesse. 11 mourut en J759, laissant
un fils, nommé Guillaume, qui, après
avoir desservi quelque temps Téglise
de Mariendorf, passa en Hollande, en
1751, et devint chapelain de l'ambas-
sade hollandaise à Lisbonne. Outre une
traduction française du Compendium
histor. eccles., par Turrelin, on a de
Philippe de Rochemont une Oraison
funèbre du roi Frédéric I de Suède.
RpCHEHQRE (Jagquei; pe), sieur
^e $ainl-Michel, lieutenant particulier
ail sépêchâi de Nismes, qur testa en
1^66, èmt)rassa la religion prbtes-
/anle dès I5d2, et prit une part Irès-
active aux affaires de l'Eglise. Ménard^
qui loue son savoir^ lui attribue deux
traductions :
I. Les quatre derniers livres des
propos amoureux, contenant les dis-
cours et mariage de Clitophant et Leu-
cippe, Lyon, 1556, in- 16.
IL Le favori de court, contenant
plusieurs advertissemens et bonnes
doctrines pour les favoris des princes
et autres seigneurs et gentilshommes
qui hantent la court, Lyon, 1556^
In-S»; Anvers, 1 557. — Trad. de l'es-
pagnol.
Rochemore était originaire de La-
nel. Il fut marié deux fois : en 1 549^
avec Jeanne de Saint-Félix-de-Saussan^
qui lui donna un flis, nommé Thomas^
et en 1551, avec Marguerite de Cam-
6i5, veuve de Pons d'Aleyrac, baron
d'Aigremont, dame remarquable par
son instruction et son goût pour la lit-
térature, à qui l'on doit aussi deux tra-
ductions de Titalien :
I. Epitre du seigneur J, -G. Tryssin,
de la vie que doit tenir une dame
veuve, Lyon, 1554, in- 16.
II. Epitre consolatoire de l'exil, en-
voyée par J. Bocace au seigneur Pino
de Rossi, Lyon, 1556, in-16.
De ce second mariage ne naquit
qu'une Ûlle, Marguerite, qui épousa,
en 1 560, le sieur de Beaufort.
Thomas de Rochemore, baron d'Ai-
gremont, le même qui fut poursuivi par
le parlement de Toulouse comme com-
plice de la Michclade {Voy. I, p. 26)^
épousa, en 1561, Marguerite d'Aley-
racy baronne d'Aigremont, fille de sa
belle-mère. 11 testa en 1578, et fut
père de cinq enfants : 1° Antoine, qui
suit; — 2° Marguerite, femme^ en
1594, de Bernard Duranc, sieur de
Vibrac; puis, en 1009, de François de
Sandres, sieur de Saint-Just ; — 3» Es-
pérance, mariée, en 1600, à Gwllau-
me Des Rois, sieur de Lédignan; —
4« Françoise, épouse, en 1608, de
ROC
— 460 —
ROC
Pierre de Moynier, sieur de Fourques,
trésorier du roi (î) ; — 5« Isabelle,
alliée, eo 1611, à Jacques d'Àllemany
sieur de Mirabel, ûis de Jacques Aile-
mon et de Marie d*Airebaudouze.
Antoine de Rochemore, baron d'Ai-
gremont, prit pour Temme, en 16U,
Espérance de Grégoire des-Gardies,
qui lui donna cinq enfants : !<> Jean,
qui suit ; — 2° Marguerite, mariée,
en 1642, à Guillaume de Cambous,
sieur de Cazalis; — 5» Isabeau, femme,
en 1643, de Henri de Ginestous; —
4* Espérance, qui épousa, en 1650,
Bernard de Gundiny prévôt général
du Languedoc ; — 5* Françoise, ma-
riée, en iC\Q2,k Constant in de Serres,
sieur du Pradel.
Jean de Rochemore, baron d'Aigre-
mont, fut député en Cour, en 1654,
par les églises du Languedoc, qui
^valent à se plaindre de plusieurs in-
fractions aux édits, et spécialement des
procédures entamées par le parlement
de Toulouse contre le sieur de Uran
(Arch. gén. Tt. 247). Il testa en 1669,
etlaissasix enfants de son union (l 645)
avec Marie Duval, savoir : l» Henri,
baron d'Aigremont qui futmis en juge-
ment pour crime d'assemblée ; il échap-
pa aux galères, parce que « la preuve
ne fut pas complète, » comme Basville
récrivit au secrétaire d'Elat {Arch. M.
664), mais il fut enfermé, le 6 sept.
i 69 1, dans le château de Pierre Encise,
d'où il n'était pas encore sorti en 1 712
{Mss, de Court); — 2« Jean, baron
d'Aigremont, capitaine au régiment de
Navarre, qui épousa, en 1682, Marie
de Richard y fille de Pierre de Richard,
sieur de Vendargucs; il abjura à la ré-
vocation 12) ; — 3° Louis ; — 40 Fran-
çois ; — 5" Denis, qui sui v irent l'exem-
ple de leur frère Jean; — 6° Fran-
çoise, femme, en 1678, de François
Pelet, sieur de Saïgas, qu'elle laissa
veuf sans enfants.
(t) Une demoiselle de fourgues sortit de Fran-
ce à la révocation [Arch. Tt. 283).
(3) Nous ne savons si $a femme l'imita. Dans
Qoe liste des Réfugiés de Nismes, nous trouToos
les noms de Jfan et Marie Birhard^de'Vendar'
gv'^i (Arrh. Tt. 389).
il est trës-vraisemblable que d'au-
tres branches de la famille de Roche-
more, on au moins quelques-uns de
leurs membres, professèrent aussi la
religion réformée. Ce qui nous porte
à le croire, ce sont les alliances que
plusieurs fllles issues des branches de
La Devèze et des Gallargues, prirent
dans les familles huguenottes de San-
dres, de Calvière, de Trémolei, de Vil-
lages, de Boucaud, et de Baschi,
ROCHES, nom d'une famille noble
de la Franche-Comté, quise réfugia à
Genève pour cause de religion. De son
mariage avec Clauda, morte à Genè-
ve en 1 554, Humbert de Roches lais-
sa deux (ils, nommés François et Hu-
gues, qui furent tous deux reçus habi-
tants en 1549 et bourgeois en 1555.
Le cadet entra dans le CG en 1565 et
mourut en 1590. Il avait été marié
deux fois, en premières noces avec Ju-
dith Sage, qui le rendit père de trois
enfants : Claude, marié, en 1 563, avec
Pernette Trembley; Sara, femme de
Jean Thellusson; Esdras, mort de la
peste en 1571 . Du second lit ne naquit
qu'une fllle, Jeanne, qui épousa An-
toine Thomas.
Le (ils aîné, François, entra dans le
ce en 1559, et mourut en 1566, ayant
eu de Marguerite de Sappé, sa femme,
neuf enfants, savoir: l» Antoine, qui
suit; — 2» HuGUETTE, femme de Nico-
las Le Fert; — 3» Claudine, épouse
de Michel Roset, premier syndic; —
4« Marthe, mariée à Ami Pictet, pre-
mier syndic: — 5° Guillaume, femme
de Pierre Chenelat, premier syndic;
— 6« Jeanne, alliée au syndic Claude
Gallatin; — 70 Marie, qui épousa le
ministre Jean Jaquemot; — 8« Elisa-
BuTH ; — 9* David, qui suivra.
I. Antoine de Roches, du CC en 1567,
épousa Louise Rosset, dont il eut : !•
Etienne, capitaine de la garnison, qui
fut élu membre du conseil des CC en
1625, et mourut la même année; — 2*
Jeanne, femme d* Augustin Eustache;
— 50 Sara, qui épousa successive-
ment Jacques Levet et Pierre Mauris;
— 40 Jean, marié à Pemette Bouehet,
ROC
— 461 -
ROC
el père de deux fils, Augustin et Jban^
qui n'eurent point d'enfanls mâles.
II. David de Roches^ du GG en \ 580^
auditeur en 1596^ mourut en 1659>
âgé de 84 ans. Sa femme, Sara Cam"
biague, lui avait donné six enfants :
1 «Daniel, pasteur à Bossey^néenl 600
et mort en 1649, père d'une fille uni-
que; — 2^ Màbc, qui continua la des-
cendance ; — 30MARGUERITB ; — - 4' Sâ-
RA ; — 50 MicHÉB ; — 6» Marthe.
Né en 1 603, Marc de Roches ne lais-
sa de son mariage avec Anne Valtemy,
qu'un fils, Louis, qui épousa, en 1 663,
Jeanne Roux, de Grenoble, et en eut
trois enfants, Henri, Isaag etSusANNE.
La destinée des deux derniers est in-
connue. Henri prit pour femme Su5an-
ne-Constance Molaret, qui le rendit
père d'une flUe, Jeanne, et de deux fils,
François et Pierre François. Gelui-
ci, mort en 1782, laissa de son union
avec Marguerite Thomeguex, un fils,
nommé Marc, qui épousa Marie Per-
ron et en eut François-Marc, conseil-
ler secrétaire d'Etat. L'alné, François,
fut un des plus célèbres orateurs de
la chaire genevoise. Né à Genève, en
1 70 1 , il fit ses éludes dans sa ville nata-
le. Pendant longtemps, rien ne fit pres-
sentir qu'il acquerrait un Jour une
grande réputation ; l'exercice seul dé-
veloppa son remarquable talent ora-
toire. Son éloquence mâle et nerveuse,
ses idées grandes et fortes, son ar-
gumentation vigoureuse, serrée, son
style net, clair, concis, peut-être un
peu déclamatoire, lui ont mérité le
surnom du Démosthènes de la chaire
à Genève. Ministre à la campagne de-
puis 1727, il fut appelé dans la ville
en 1 733, et nommé professeur de théo-
logie en 1749. Gomme il possédait
assez bien la langue hébraïque, il
prit une part fort active à la traduction
de la Bible de Genève. Il concourut
aussi à la révision de la Liturgie et à
la rédaction du Formulaire pour la ré-
ception des catéchumènes. 11 mourut
en 1769, après avoir cruellement souf-
fert d'une paralysie pendant les 1 4 der-
nières années de sa vie. On a de lai :
I. Sermons (II) publiés à l'occasion
des divisions politiques de Genève,
Gen., 1737, in-8*.
II. Défense du christianisme ou Pré-
servatif contre un livre intitulé Lettres
sur la religion essentielle à l'homme,
[par W^»Huber], Gen., 1740, 2 vol. 8«.
III.Denotw£cc/e5ï(P,Gen.,1750,4«.
IV. De Promdentidy Gen., 1752,
in-fol.
V. Catéchisme de M, Ostervald, re-
touché et augm. de notes, 1 752, in-8^
VI. Réponse à Molines, dit FléchieTy
sur son changement de religion, 1753,
in-80.
VU. De^epochd qud videntur mira-
ctUa desiisse in Ecclesid christianâ,
Gen., 1754, in-4«.
VIII. Collatio argumentorum pro
Mosis Chris tique divinâ missùme, Gen. ,
1755, in-4».
François de Roches épousa en pre-
mières noces Anne Berjon, qui ne lui
donna que deux filles, J acqueline-Re-
née et Charlotte- Antoinette. Resté
veuf, il se remaria avec Elisabeth CUh
parède, de Montpellier, dont il eut, ou-
tre une fille, nommée Anne-Elisabeth,
un fils, Jean-Louis, qui fut appelé, en
1773, à la chaire des langues orien-
tales à Genève. Du mariage de Jean-
Louis de Roches avec Marie-Elisabeth
CAét^ner naquirent Jean-Jacques, doc-
teur en médecine, qui n'a eu qu'une fille
de son union avec Ninette Lombard, et
Marie, femme û' Antoine-Louis Odier.
Une famille du même nom et égale-
ment protestante habitait le Bas-Lan-
guedoc. Le premier de cette famille
qui embrassa les opinions nouvelles pa-
rait être Thomas Roches, qui fut père
de trois fils, nommés Nicolas, Antoine
et CÉSAR. Nicolas, qui assista, en 1613,
à l'assemblée politique de Lnnel, épou-
sa, en 1 58 1 , Judith Jeanis, qui lui don-
na quatre enfants : Daniel, Nicolas^
Etienne et Jean. Les Jugemens de la
Noblesse gardent le silence sur les trois
derniers. Daniel, qui remplissait la
charge de ]uge-mage au sénéchal d'U-
zès, prit pour femme, en 1637, Eve
Fabre, et en eut Daniel eiViCBBL, qui
ROC
— 4ej —
ROC
forent maintenus nobles avec leur père,
en 1669.
Thomas Roches possédait la seigneu-
rie de Biausac, en commun avec Ro-
bert Aymés, qui se convertit aussi au
proleslanlisme et déploya^ notaiçment
lors de i'odieux massacre de la Miche-
lade, un zèle fougueux fort opposé aux
enseignements du Christ et de ses apô-
tres.
ROGHETTE (François), le dernier
des pasteurs du désert qui ait scellé sa
foi de son sang, naquit à Yialas, dans
le Gévaudan^ d'une famille pauvre,
mais zélée pour sa religion, il alla faire
ses éludes à Lausanne, et fut consacré,
à son retour, le 28 Janvier 1760^ par
)es pasteurs FiguièreSy du comté de
Foix, /. Gardés, et Sicard, du Haut-
Languedoc, et Gabriac, du Gévaudan.
Après vingt mois seulement de &on pé-
nible apostolat, pendant lesquels il fut
appelé plusieurs fois à remplir les fonc-
tions de secrétaire dans les synodes, le
délabrement de sa santé loi rendant né-
cessaire l'usage des eaux de Saint-An-
tonin, ilpartildeMontauban,le i3sept.
1761, et prit la route de cette petite
ville, accompagné de Viala, chantre
originaire d'Anduze. Arrivé près de
Gaussade au milieu de la nuit, il char-
gea son compagnon d'aller chercher
on guidé qui pût l,e conduire à un
bameao voisin, où il devait baptiser
un enfant. Au point do joor, Viala,
revenant avQc le ]eone Michel Balès,
fut rencontré. par une patrouille, in-
terrogé sur le but de son voyage, il ré-
pondit qu'il se rendait à Montaubai^,
et on le laissait s'éloigner lorsque mai-
beureusementRocbette survint. Inter-
rogé à son tour, il répondit avec vé-
rité, qu'ils allaient à St-Antonin. Celle
contiadiction ayant éveillé les soup-
çon^, ils furent conduits au corps de
garde, où, dès le lendemain, le pro-
cureur du roi leur Ût subir un interro-
gatoire. Rochetle avoua franchement
qu'il était ministre de l'Ëvangile.
. Le bruit de celle arreslation s'élant
répandu^ deux cents paysans environ
entreprirent de délivrer leor ministre.
Ils entrèrent dans la ville la nuit siîi-
vante; mais la garde tint bon, el après
une courte lutte, ils battirent en n^
traite. Les magistrats de Gaussade ef-
frayés appelèrent la, population aux ar-
mes. Parmi les premiers qui répondi-
rent à l'appel, on reniarqua les npta-
bles bourgeois protestants,dont les ser-
vices furent acceptés avec étonnement.
Deux fois encore, s'il faut en croire
Calhala-Couture, les Réformes des en-
virons de Gaussade renouvelèrent leur
tentative sans plus de succès. Dans la
dernière, ils étaient commandés par
trois gentilshommes verriers deGabre,
les trois frères Grenier dont nous avons
raconté ailleurs (Vay, V, p. 363) l'ar-
restationetla mort héroïque. Pour pré-
venir un enlèvement, les prisonniers
furent transférés, sous one forte es-
corte, à Nonlauban et de là àToolouse.
Traduits devant le parlement, qui évo-
qua raffaire, le 20 oct., Rochettese
contenta de répondre, qu'en prêchant
l'Evangile, iL n'avait fait que son de-
voir. Les églises qui prenaient le plus
vif intérêt au sort de cet infortuné^
s'adressèrent, par l'intermédiare de
Paul Babauty ao gouverneor do Lap-
guedoc et à la Hlle aînée de Louis X Y,
mais inutilement. Le parlement rendit
sa sentence, le 18 fév. 1762. Après
avoir écouté la lecture de l'arrêt, qui le
condamnait ao gibet, Hpcbette adressa
ao Souverain Juge one fervente prière,
à laquelle s'associèrent les autres con-
damnés. Bientôt après se présentèrent
des curés qui, malgré^ instances do
Jeune ministre, persistèrent à l'ao-
compagner jusqu'au lieu du supplice.
Arrivé devant la cathédrale et invité i
descendre de la charrette sur laquelle
on le traînait à la mort, pour faire a-
mende honorable, conformément à l'ar-
rêt, Rochelle obéit et se Jetant à ge-
noox : « Je demande pardon à Dieo de
tous mes péchés, dil-il ; je n'ai point
de pardon à demander ao roi, j'ai too-
jours été bon et fidèle sujet. J'ai too-
joors prêché ^obéissance et la soomis-
sion. Qoant à la jostice, je prie Dieo de
pardonner à mes juges. » Il fut impos-
«dé -i
sible de rien lui àrracber ilc plus. Le
Irisie coHigé se re^il dooc en ronla
et arriva sur U piacc <lù pellt Silln^
qui élaii remplie d^^^tf.itupea, taiil on
crilgnail un efilÈyeàj^nf, Kqçlibllç^
dont la pnysiononiie ne lrahi°éàil pas
h pla^ logera émoiiori, 4^1 ^ul n'mjt
pas cessé 3e r(|iiipilr ses TonciloDg
pasIoriLles en exhor({tntlca,rrère^Cr(t-
nler i la mort, niontà l'échelle fatale
en chantant lê ps. CWlII : La rmci
l'heureuse journée, et mourut avec
une admirable fermeté. Il était Agé de
26 ans.
ROCHËtt^ [Jean), .avocat de
Troyes, converti, ^ij, ctlhollclsme par
le P. Ange de Raçonis, qui publia à
cette occasion : Véritable narré de ce
qui s'est passé en la conversion de
J. Rochelle, après l'âbanilan que loi
a tait son ministre, et l'entlcre résolu-
tion de ses doples, avec pleiue Instruc-
lion btuiaounée, Troyes, mSôjin-lâ.
BbC^EtTÈ (Louisl^ inoiné Jaco-
bin, Inquisilenr ae la lol à ,toulouse
depuis 1537, gagné au proteslanlisme.
l'année suivante. Rocheite avait d^£
eu l'occasion de signaler son zble cpur
tre l'hérésie, lorsqu'il Tat converti par
ceux qu'il était chargé. de convertir.
Livré au bras séculier, après avoir éU
publiquement dégradé, il liit condamné
au (eu par le parlement. L'c\éculio;i
eDtliensprlapl4cedu&ilb,telosEpt.
iS38. S'IiràuieiicroireBèie.Rochellè
tnl mis i morl comme coupable de so-
domiCj mais Latàillc, dans ses Annales
de Toulouse, soulieul qu'il fut exécnté
pnlquemenl pouf crlniç d'hé;;éslc. Lé
HarlYToIoéé proteslani né Taii pas men-
lldii de toT.
, ttOCOtÉSUBlN'6APTBTfeDp),hl87
iiirien superiiciél et penexac}, naquit
kfiéziers vers liiSO, dé parehlscalho-
iiqiies. li ïlall encore Jeune lorsqa'll
^Irf^ dans l'ordre de ^àint-Béna|(. Ses
taluils, qu'il sut Taire valoir, l'élevli-
ténl assez rapidement âui dignités. Jl
était prolOQotalre apostolique, conseil-
ler et historiographe, docteur cl prb-
resseuide l'I'nhèrsilé de Paria_, cha-
noine de $ilnl-Benotl,lorsqQe,réD<tn-
»— ROC
(ant à ses emplois, Il sortit tout à coup
de France, en 1872, et se relira à Ge-
nève, où îl embrassa la rclifcion réCor-
Diéc. Celte rcsoluMun subite lui (u(-
cUc dicléc par ùh mccohlenlement ou
par l'inquiétude naturelle de son ès-
pril?on ne sali; mais llestdifDcilo de
se persuader qu'il obéit h une coiivlc-
l|onslncère.AprèsQnséJour d'environ
trois années à Genève, il se rendit fc
Berlin, oii II se maria. La proleclion
de M. de Schiverin, qu'il avait connu
à Paris, lut Dt obtenir de l'éleclear le
litre d'historiographe avec une pen-
sion. Pendant an an, (l s'occupa acti-
vement de remplir les devoirs de sa
place: il conduisit l'histoire qu'il était
chargé d'écrire Jusqu'au rtgnedcJoa-
chlm II; mais bientôt son ardeur se
ralentit, cl qultlanl le Brandebourg,
comme il avait quitté la France, il so
rendit en Hollande, où 11 ne tarda pas à
lomtier dans la misère. Dénué do toute
rei^source, il prit le parti de revenir à
Paris, en 1 678, et rentra dans le giron
de l'Eglise romaine. Quelque temps a-
près, n'ayant probablement pas trouvé
en France tes avantages qu'il espérait,
li retourna en Hollande et se reôi pro-
testant. Entln, sa femme étant morte,
H rentra une seconde fois en France,
reprit l'exercice delà religion romaine
et tut rétabli] en 1 885, dans son caoo-
nicat de Saint-Bénoll. Il mourut à Paris
en iË9G.
Oatreson Histoire de Brandebourg,
dont le msc. a élé déposé aux Archives
de l'Etat k Berlin, on a de lui :
L Description générale des Etats et
Empires du monde, par P. Dàvity,
édll. aug., Paris, iijfiO, 6 vol, in-foL
II. Les principes de la sphère, de
géographie et d'astronomie, avec l'In-
troduction généràtc pour l'histoire,
Lyon, leei, in-le. — L'introductiou
gËnéralè à l'blaloirepâsseavec raison
bour son meilleur ouvrage; elle a été
réimp. à Paris, I<ili3,2 vol. ln-13, e
plusieurs fols depuis.
III. Les entretiens du Luxembourg ,
Paris, iuBG, ln-12.
IV. Mrottùeiion gènérak à l'his-
ROD
— 464 —
ROD
toire sainte, Paris, 1672, 2 vol. iD-12.
V. Abrégé méthodique de l'hist, de
la république de Venise y Gen., 1673,
in-12.
VI. Abrégé de l'histoire de V Empire
d'Allemagne, trad. de Gaspard Sagit-
taire, Cologne [La Haye], 1679, in-12;
La Haye, J681.
VIL Histoire générale du calvinis-
me, Amst., 1685, in-12. — Opposée
à l'ouvrage du P. Maimbonrg sur le
même sujet.
WW.Les imposteurs insignes, KmsU,
1683, in-12; Brux., 1729, 2 vol. in-
1 2 ; trad. en allem.. Halle, 1 760, in-8<>.
IX. Lesamoursd'Antiochus, Amst.^
1683, in-12.
\, La vie du sultan Gemes, frère de
Bajazet, Leyde, 1683, in-12.
\l, La for tune mar astre de plu sieurs
princes et grands seigneurs, depuis
deux siècles, Leyûe, 1684, in-12.
XII. Vienne deux fois assiégée par
les Turcs, Leyde, 1684, in-12.
XIII. Ziska le redoutable aveugle,
capitaine général des Bohémiens évan-
géliques dans le pénultième siècle,
Leyde, 1685, in-12.
R0D1ER(N.), ministre deTomac^
fut appelé à présider le synode des Ge-
vennes et du Gévaudan, qui se tint à
Andnze, le 19 juin 1675, en présence
du commissaire royal Charles de Ca-
pon, sieur du Bosc, auditeur en la cour
des comptes de Montpellier, dont le
procès-verbal est arrivé jusqu'à nous
{Arch, gén. Tt. 256). Ce synode fut
très-nombreux; soixante-cinq églises"
y envoyèrent leurs députés, savoir :
Anduze, Malplach et Vincent, min.,
Rodier et André, anc; Alais, Bouton
flls et de Bagards ; La Salle, Portai et
Donnadieu; Mellet (Mialet), Sauvage
et Dumas; Aigremont, Massanes, min.;
Vézenobre, Guyon et Estienne; Cas-
sagnolles, Dumas et Phélines; Lézan^
Cabrit putné et Conilières; Tomac^
Rodier et Régis; Générargues, Pelet
et de La Salle; Lédignan, Cabrit aîné
et Verdier ; Sainl-Sébastien, Aimeras
et de La Porte; Monoblet, Ducros et
Treffons; Saint-Félix- de-Palière^ de
Soustelle et Matthieu; Tboiras^ Jour-
dan et Régis; Brenoux, Dumas père,
min.; Bagards, Dubruc et Teissier;
Saint-Christol, Bastide et de Mont-
moyrac ; Saint-Paul-La Geste û'Olym-
pies, min.; Saint-Hilaire-de-Brethmas,
Pradel, anc; Ganaules, Boyer et Cla-
ris; Gardet, Fraissinet ei Julien; Soa-
dorgues, Dar^HeueiViala; Saint-Ger-
main, Du Cros et de MoUes; Florac,
Blanc et Lafon; Saint-Jean-de-Gar-
donnenque. Combes et Cabrit; Saint-
£tienne-de-Valfrancesque, de La Coste
et Masbemard; Bàrrt,Barjon et Cham^
bonfiet; Vébron, Chavanon, min.;
Cassagnolles, Audibert et de Règne-
rie; Saint-André- de-Valborgne, Sau-
vage et de Montgros; Saint-Marcel,
/{ouoretdeLa Garde; Marvéjols. Blanc
et Jourdan; Saint-Lager, de ViUardei
Muret ; Le Collet, de La Porte et Ly-
verne; Frugères, Reboutier et Brès;
Saumane, Pascal et Cabanis; Saint-
Martin-de-Gorconac, de Bussac, anc;
Saint-Romans-de-Tousque , Grongnel
puîné et de Dondou; Sainte-Groix-de-
Valfrancesqne, Combes pulné^ min.;
Saint-Martin-de-Lansuscle, SabatUer
BiSerrière; Salnt-Martin-de-Bonbaux,
Dumas et Vàucroze ; Saint-Hilaire-de-
Lavit, de La Roquette et Espaignac;
Fraissinet, Roure, min.; Valfrances-
que, Calmel et Pascal; Molézon, Pa-
gezy, min.; Saint-Flonr-de-Pompidou,
Dapilly ou Dapeilly et de Soleyrol;
Saint-Julien-d'Arpaon, Dautun, min.;
Sauve, Vincent aîné et de Claris; St-
Hippolyte, de Méjanes et Fesquet;
Durfort, Dumas aîné et Durant ; Quis-
sac, Molles et Jalaguier; Gros^ Bedès et
Meynier ; Ganges, Viol et Boudon ; Su-
mène, Gérard, anc; St-Romans-de-
Codières, Motte ou Mothes, min.; Val-
leraugue, Flory, min.; St-Laurent^
Piston/, min.; Le Vlgan, RosseleiAr-'
boux; Aumessas, Ferrière, anc; Go-
lognac, Verdier et Durant; Avèze, de
Montfaucon et Sarran; Molières^
Fournier et Teissier ; Montdardier, de
Montdardier ei Michel; Meyrueis, Co-
derc et Camat. Boyer remplit les
fonctions de vice-président^ Dumas,
Kœ
— 465 —
ROË
de Dnrfort^ et Blanc^ de Fiorac^ celles ^
de secrétaires. Ce synode prit, au sujet
de la célébration du dimanche^ une dé-
cision qui ne témoigne pas en faveur
des lumières du clergé protestant des
Cevennes à cette époque. Il défendit
non*seulement de vendre et d'acbeter^
mais « de se faire raser » le jour du
Seigneur, et invita les ministres^ les
consistoires et les magistrats eux-mê-
mes à tenir la main à Texécution de ce
décret. Ce rigorisme pbarisaïque^ si
contraire à l'esprit de l'Evangile^ était
très-propre à aplanir les voies au ca-
tholicisme^ en habituant lesProtestants
à substituer des pratiques extérieures
à la véritable contrition. Il est beau-
coup plus facile de passer sa vie dans
le repos que de pratiquer la vertu. Heu-
reusement le peuple montra plus de bon
sens que ses guides spirituels. Le dé-
cret ne fut pas observé, quoique re-
nouvelé à plusieurs reprises.
RŒiDERER (Jeàn-Georges)^ mé-
decin et chirurgien céièbre, professeur
de médecine à Gdttingue^ membre de
l'Académie de St-Pétersbourg, de l'A-
cadémie de chirurgie de Paris, des So-
ciétés royales d'Upsal et de Gôttingue^
naquit à Strasbourg, le 15 mai 1726.
Après avoir terminé ses études dans
sa ville natale (oii il prit le grade de
docteur en \ 750), et avoir suivi, pen-
dant plusieurs années, les leçons des
plus célèbres écoles de TEuropé^ il fut^
à la recommandation de Haller, appelé
à Gôltingue, en 1751^ comme profes-
seur extraordinaire de médecine et
d'accouchement. Nommé professeur or-
dinaire en 1755, il obtint, en 1759, le
titre de médecin du roi d'Angleterre.
Sa réputation était si grande qu'on le
consultait des pays les plus éloignés. U
termina sa carrière à Strasbourg, le 4
avr. 1 763, pendant un voyage qu'il fai-
sait à Paris. Il n'a pas publié d'ouvra-
ges d'une étendue bien considérable;
mais ses opuscules sont nombreux et
tous intéressants, quelques-uns pas-
sent pour des chefs-d'œuvre. En voici
la liste :
I. Diss. inaug. exhiiens decadem
duplam thesium medicarum, Arg. ,
1750, In-i».
II. Diss, de fœtu perfecto, Arg.,*
1750, in-40.
III. Progr. de axi pelvis, G(>tting.,
1751, in-i».
IV. Oratio de prœstantiâ artis o6-
stetriciœ, quœ omnino erudilum de-
cet, Gdtl., 1751, in-4«.
V. Elementa artis obstetridœ, Gôtt. ,
1752, ln-8o; 2« édit. augm., 1759,
in-8« ; 3« édit. annotée par Wrisberg,
1766, in-8»; trad. en franc., Paris,
1765, in-S».
VI. Pr, observationum medicarum
de suffocatis saturdy GOtt., 1754, 4*.
VII. Diss. de uteri scirrho, Gôtt.,
1754, in-4*, avec planches.
VIII. Diss. de nonnuHiif motûsmus^
cularis momentis, Gdlt., 1755, in-4».
IX. De vi imaginationis in fœtum
neyatâ, Petropoli, 1756, in-4o; trad.
en allem., Leipz., 1758, in-4o.
X. Observationum medicarum de
par tu laborioso décades duœ, Gôtt.,
1756, in-40.
XI. Dm. utrùm naturalibus prœ-
stent variolœ artificiales, Gôtt., 1 757^
in-4».
XII. Diss, de temporum in gravidi^
tate etpctrtu œstimatione, GÔtt., 1 757,
ln-4».
XIII. Pr, de genitalibus xHrorum^
GOtt., 1758, in-4».
XIV. Observationes ex cadaveribus
infantum morbosis^ GOtt., 1 758, in-
4».
XV. Pr, de fœtu observationes, Gôtt.,
1 758, in-4'>.
XVI. Pr.deanimaliumcalorefGii{X.f
1758, in-4».
XVII. Diss. de non damnando usu
perforatorii in paragomphosi ob capi-
tismolem, Gôtt., 1758, in-4<>.
XVIII. Paralipomena de vomitoriO'
rum usuy GOlt., 1758, in-4».
XIX. Diss. de catarrhe phthisin
mentiente, GOtt., 1758, in-4«.
XX. Diss, de oscitatione in eniocu,
Gôtt., 1758, in-4«.
XXI. Pr. de ulceribus utero moles^
tis, GOtt., 1 758, in-4*.
Rtk -m- RtÉ
ij. Diss. de valvMlicotifXri.Kl ihsi
pqLSLI?({EusÉE).nialhèmattçien,
asironoiiie et médecin, né probable-
mçiil à Hayucnau, ou il exerçall soa
arl, lors(iiic{;eûrBes-Ican(le Velflenz,
coinle yalalin, le nomma son conseil-
ler, el moi'l k Ùoaj>Àlller, OQ ignore
en (tuelle année. Anlmf d'une, piélf
siDcbre el éclairé<c, RtislinèUii du pcitt
nombre de ces lionimes sages et mo-
dérés, qni voyaient avec tin vif cha-
grin les deux Eglisci* protcslariies se
persécuter rcciiiroijnemenl; Il con-
damnait le v'ck ranuli(|uc des Ibëolo-
giefls de son lemjis (jui s'aaaihémall-
saieiil au lieu lin s'unir contre l'cnne-
niun, cl il eut le courage de
(crleuienl ce qu'il pensait de
leur inconceyuble folie, il liésita d'au-
tant moin;, que le conilc palatin lui
avait ri^pélË Âpuvent : " Si l'un voulait
suivre les piisteurà de nos jours, lU
nous rani Uniraient au point ob nous
en plions lorsiiiio nous avions ^ sup-
poilcr ic joug, de s prêtres de Rome, p
Avec de pareils senlinients. Il àepoa-
vall JCMiiler la Formule de concorde;
aussi tut-il accusé de cr^plo-cslvlols-
me et oblij^é, aprts là ttiorl dé Geor-
g^a-Jeas, de, se Boamètlrè & dné èi^
4jfëie sur S9, roi, e^prés^iif« âujenne
Qonile, de sa temme et de la daclies»
doùàirtbré de Wurtemberg. Il a rendu
compte de celte imjul^iUon, digne dn
salnl-ollice, dans un éci-il, daté de
Iiuu\n)Ucr, U juin. 1613, qui n'a
point été imprimé el dont voici le ii-
Ire ; Bfschrcibunii des Gespr/i'cfis m
der Pfah^ravr , etc., :u Xiirlïngen
in (ilanhenssachen <vidermich gefilh-
Tel. il y déclare qu'il appartient &
l'Eglise calhnligué universelle, telle
qu'elle existe depuis la création du
monde et telle qu'elle c\islora Jusqu'à
la Dn des siècles, copimc Lutber t'a
reconnu à la diète de M'omis; qu'il
est attaclié de toiil rsur h celle vieille
foi lulhérienno i mais que le iMe in-
Lulhériens cause
XXU. Otiservationéi H cerUro,
Gdtl-, 1159, \D-i'.
XXIII. Icônes uleri kumani otjser-
valionibus tUus'rato, G0ll.,i7S9,in-
rol.; 1764, In-fol.
XXIV. Diss. de raueilale, CiiU.,
1159, iti-*". , (, , .
giam informante, sive du m<»h'ofà ho-
minis naïuTâ, GW,, i7S9. in-t°.
XXVI. dbi. de ossium niiïs, GUtl.,
li6Q, in-4".
XXVII. Pr. de arcubtts tendinfis
muscubtrum origimbui, Gitli., 1760,
la-i".
XXVn!.Pr.deI^BnM,bistl.,i-i6Q,*».
XXIX. Pr. de morsucanis rabai sa-
nato, GÛtt., iTfiO. in-*".
XXX. Pr. de jebreex inlermtUente
cmtinud, GOI,t.. 176O, ia-i«.
XXXI. Diss. de pûlrhonum scirrho,
G8lt., 1762, In;!".
XXXll.i)ùs.(JemorDomucoso,i)tiU.,
I'i62, in-4'; 1783, ih-8», ,,
XXMII. Diss. de porrigine, Gotl-,
1762, in-*».
XXJdV. fr. de fiAt^t» infantum
ttervoad, Gttlt., 1762, in-*'.
XXXV. Diss. de Tachitidt, G'ùU.,
îlèi, in-4».
XXXVI. Opuscula medica, iparsim
priùs édita, nunc demum collecta.
Coll., 1765, î vol. jn-i».
. Btiderer a été un des collaborateurs
dé là Bibliotlt. britaniijiiue, du JUajsa'
zin de Hanovre, des Gblting. gelelirle
Anieigen(de 17S3à,ni)3), Ou trouve
aussi des articles de loi dissémiaés dans
les Comment. Soc. regix scient. COU.,
câmmeT. II; De molâ; — l. III : De
çommunicatione uterigravfdi et p£]-
centtBl — T. IV ; De pônkerUms el Jon-
gittidine infantum recens natomm;
Fiflûs parasilicidescripiià'; — t. V;
t^e^ricfe monstrosis descrtptio. ,
. A UmËméfamilleappartenali/eiin'
Michel Rdderer, né à Slrasbourg, en
1740, médecin accoucheur, el, pen-
danl on an, protesseui; d'auatonlie el
de chirurgie, dont oii a :
1. EiperimenliqciTcànaluTambilis,
Arg., 1767, in-4».
beaucoup de mal et <}a'lli)ourrali bien
ieièr^ àvaitl 'pài, ixibl>lre dans ia ^lus
ROE
-iW-
ROË
étnmge confnsf on. La guerre de Trente
ans ne donna que trop tôt raison au
prophète. M. ROhrich, à qui nous em*
pruntons cet article^ ne nou3 iait con*
naître que trois des ouvrages imprimés
de R6slin : Mittemàchtische Schiiff'
farth; Prodomus chronoîogicùs , ei
Des Elsàss undyegen Lotringen grent^
zenden Wassgawischen Gebirgs Gelt"
genheity publié à Strasbourg, chez Ber-
nard Jobin, 1 593, in-8*. Nous y ajou-
terons, d'après Jôcher : Von dem war-
men Bade zu Niederbrun, Strasb.^
1595, in-8»; — Hypothèses de opère
Dei crealionis sive mundo; — Theoria
nova calestium meteororum ; — Ver'
muthungen von Verânderung des Ré-
giments bis i 604 ; — De prœmaturd
solis apparitione in Nova Zcmblâ;^
Discours in welcJiem Jahre seines
Alters Christus geUtten habe,
ROËSSE> ou RoissB, capitaine hor
guenot, qui s'est rendu célèbre par sa
belle défense de Livron, en 1574.
Situé sur une colline escarpée qui do-
mine la route de Valence à Marseitfe,
Livron était assez fort d'assiette, maif
ses remparts, qui avaient été rasés par
Cordes après la Saint-Barlhélemy^ n'a-
vaient été que très-imparfaitement re*
levés par Mirabel, sur l'ordre de Dû
Puy-iiontbrun, Montpensier parut de*
vant la place le 1 5 Juin. Le 30 , If^
brèche étant praticable, il donna, on
assaut qui fut vaillamment repoussé^
en sorte que le prince, harcelé sana
relâche par Montbrun qui tqnail la
campagne, jugea prudent de lever i^
siège. Henri ill voulut laver l'affront
reçu par ses armes, et chargea Belle-
garde de renouveler l'attaque. Bien
qu'il eût été renforcé par une partie
de la garnison dePontaix, Roôsse n'a-
vait sous ses ordres qu'environ 400
hommes et son artillerie ne consistait
qu'en un seul fauconneau; mais il était
animé d'un courage Indomptable, et il
sut inspirera ses soldats sa résolution
de vaincre ou de mourir. Les habitants
d'ailleurs, jusqu'aux femmes e^aux
enfants, le secondèrent avec une intré-
pidité extraordinaire.
Lé 24 déc, dix-huit pièces de ca-
non (22, selon de Serres) commencè-
rent à foudroyer \i\ placé. Le lende-
main, les assiégeants réussirent à se
loger dans une tour ; mais ils en f^rent
chassés pendant la nuit. Le 26, Belle;>
garde 0t livrer un assaut général pa(
une brèche de mille pas. Roësse fui
tué d'une balle dans la tète dès le com-
mencement de l'attaque. Un de seà
lieutenants couvrit le corps d'un man-
teau, afin de cacher cette perte aux
soldats, et on le^ flt enterrer de nuit
dans la brèche même. SaiUet, qui dé-
fendait la porte Fontaine, périt égale-
ment; mais Tennemifut repoussé sur
tous les points. La ^ai/6, jeune homme
de 23 ans, très-aimé des soldats, fut
choisi pour remplacer son cousin ger-
main Roësse; il se montra digne de lui
succéder par son activité et par son
courage. Quoique souJETrant d'une bles-
sure grave, il suflit atout. Les bréchet
furent promptement réparées, sous le
feu de l'artillerie catholique , par let
soins de l'mgénieur Julier, Etonné
d'une résistance aussi vigoureuse ^
Bellegarde fit redoubler les décharges
de ses batteries contre les portes Bar-
rière, Ampech et la Fontaine, et eâ
même temps, il fit jouer une minesooà
ia tour de la Fontaine, mais sans gran<l|
succès : l'explosion fit plus de mal à ses
soldats qu'aux assijégés^ Le 8 janvier^
un nouvel assaut fut livré sops les yeiix
du roi lui-même, qui s'était rendu ai(
camp. Depuis onze tieures du nla^a
tusqu'à cinq heures du soir, on conir
iattit des deux côtés avec une fureôr
extrême. On vit une femme, ^teinte. îQ
trois blessures, rester intrépidemeud
sur la brèche, et un jeune garçon^ |
qui un boulet venait d'emporter uj^
bras, lai\cer de l'autre des pierres sur
les assaillants. L'armée royale batju
en retraite, poursuivie par lesraillénéa
et le^ Insultes, a Ah ! massacreurs^ lui
criaient les habitants, vous ne noo^
poignarderez pas en nos lits, comme
vous avez fait l'admirai et les autres.
Amenez nous ces mignons godronnes
et parfumez; qu'ils viennent Voir nos
ROE
— 468 —
ROG
femmes : elles leur apprendront si c'est
proye aisée à emporter. »
Le 1 1 janv.^ Montbrun parvint à Je-
ter un faible secours dansLivron sous
les ordres de Blacons et de Villars.
D'autres capitaines, comme Lesdiguiè'
res et Villedieuy réussirent aussi à s'y
introduire avec quelques hommes et
quelques munitions. Désespérant d'em-
porter la place, les Catholiques, affaiblis
par les pertes qu'ils avaient éprouvées,
par les attaques incessantes de Mont-
brun et par les maladies, se décidèrent
enfin à lever le siège, le 1 9 Janv. 1 575.
« La retraite de l'armée, dit M. Long
(La Réforme et les guerres de religion
en Dauphiné), fut accompagnée de mo-
queries, d'injures et d'atrocités com-
mises par les femmes sur les cadavres . »
Une famille du nom de Roësseetpro-
testante habitait la Normandie. Du ma-
riage de Jean do Roësse, sieur de Co-
lombières, avec Marie Foucault,,naquit
Louis, sieur de Feugueray, qui épousa
Anne de Grosmenil et en eut quatre
fils : Adrien, Pierbe, Louis et Akce-
LOT. Adrien épousa Marie de Com"
bUmy qui ie rendit père de Jean, ma-
rié à Marie de Croiœmare; nous ne
savons si cette branche persista dans
la profession de la religion réformée
{Fonds St.'Germ. franc,, N» 676);
mais il ne peut y avoir de doute quant
aux descendants de Pierre , sieur de
Feugueray, qui prit pour femme Barbe
deMartinville. Nicolas, son fils, mou-
rut jeune. Il avait épousé, Jeanne de
MiffauU ou Minfault, qui se remaria,
en 1595, avec Pierre de La Haye. Son
flls, nommé aussi Nicolas, eut de sa
femme, Anne Pitreson, Jean, sieur de
Feugueray, et Isa ac, sieur de Greaume,
selon le msc. cité plus haut. Une pièce
conservée aux Archives (Tt. !>30) lui
donne pour fils Nicolas, père de Jean,
sieur de Beuzevilette, qui après la dé-
molition du temple de Lintot , en J 681,
demanda la permission de faire l'exer-
cice du culte réformé dans sa terre. Le
sieur de Beuzevilette est surtout connu
dans Thistoire des églises par le ridi-
cole procès qu'il soutint pendant long-
temps contre Gui^iaumeScot, sieur de
La Mésangère, au sujet d'un banc dans
l'église de Quévilly [Arch. gén. Tt.
258).
ROGER, marchandde Rouen, avait
épousé Anne Des Essarta et en avait
dé]à eu six enfants, lorsque les désor-
dres de cette femme le forcèrent à se
séparer d'elle. Moyennant une pension
viagère, elle renonça, par acte homo-
logué au bailliage de Rouen, à toute
espèce de droits sur ses enfants, même
aies voir. Roger étant mort, les Jeunes
orphelins passèrent donc sous la tu-
telle de leur grand-père et furent mis
en apprentissage les uns à Paris, les
autres à Londres. Peu de temps après,
Anne Des Essarts se fit catholique, en-
tra aux Nouvelles-Catholiques de Rouen
et redemanda ses enfants. Le tuteur ne
voulut point les lui rendre, s'appuyant
sur les scandales de la vie de leur mère,
sur le testament du père, sur l'acte de
tutelle et sur la volonté de la famille
de les faire élever dans la religion ré-
formée. La loi était pour lui ; mais les
tribunaux se souciaient bien de la loi,
quand il s'agissait de religionnaires !
Le bailliage de Rouen condamna le tu-
teur par sentence du 26 fév. 1677. Les
commissaires de l'édit, devant qui
Taïeui des enfants se pourvut, défen-
dirent provisoirement de mettre lasen-
tence à exécution. Anne Des Essarts en
appela au parlement qui, par un arrêt
tin 'peu étrange^ dit M. Ploquet, évi-
demment par euphémisme, ordonna à
Roger de faire revenir les enfants qui
étaient à Londres et à Paris, et Ty con-
damna par corps, le 8 mars 1678. Le
tuteur en appela au Conseil qui fit jus-
tice de cet arrêt inique, le 20 juin 1678.
« A Rouen, ajoute M. Floquet, on ren-
dit bien des arrêts semblables, en tel
nombre qu'on ne le saurait dire, et
souvent exécutés, toutes les familles
n'ayant ni le temps ni les moyens de
se pourvoir au Conseil, et d'autres y
échouant parce que les affaires y avaient
paru moins favorables. »
ROGER (Jacques), né à Boissières,
dans le Languedoc, vers 1665^ se coo-
ROG
— 469 —
ROG
sacra de bonne beure à l'édification de
ses frères^ et prêcha dans le Daupbiné
depuis 1 708 jusqn'en i 7 i 1 , où il sortit
do royaume. Il revint en France en
i 7 J 5, après avoir reçu la consécration
dans leWiirtemberg^ et pendant trente
ans encore^ il remplit les fonctions du
ministère au milieu des périls et des
privations. Un synode provincial^ te-
nu le 7 mai 1744, ayant arrêté qu'à
l'exemple du Languedoc, les assemblées
religieuses auraient lieu à l'avenir en
plein jour et publiquement, l'ordre fut
exécuté le 24, jour de la Pentecôte.
C'était, il faut l'avouer, plus que da
courage , c'était de la témérité ; car
cette année même, le 25 mars^ le par-
lement de Grenoble avait décerné prise
de corps contre Jacques Vieux et de
Raugier, et, le 23 avril, il avait fait ar-
rêter la dame Bouvat et sa fille, soup-
çonnées d'avoir assisté aux assem-
blées du désert. Les Protestants da
Daupbiné ne s'aveuglaient certaine-
ment pas sur les dangers qu'ils cou-
raient; mais ils voulaient prouver
qu'ils n'étaient pas, comme on en ré-
pandait le bruit, « une misérable poi-*
gnée de fanatiques. » Le but qu'ils se
proposaient fut atteint en partie ; sea-
lement leur audace exaspéra le clergé
romain. Roger, qui avait présidé une
assemblée le 7 juin, fut dénoncé an
roi comme ayant lu en chaire un pré-
tendu édit de tolérance. Louis XV, qui
se trouvait alors dans son camp devant
Ypres, fit écrire au premier président
du parlement que son intention n'ayant
jamais été de déroger aux lois établies,
Il lui ordonnait de démasquer l'impos-
ture du prédicant. Cette lettre fut le
signal d'un redoublement de perséca-
tions, et l'infortuné Roger ne tarda pas
à être la victime de la servilité des
tribunaux. Le 29 avril 1745, il fut
arrêté dans un lieu appelé les Pe-
tites-Vachères et conduit à Grenoble.
Le 22 mai , le parlement le condam-
na au dernier supplice. Ramené à
la prison, il demanda en grâce qu'on
lui laissât quelques instants poar se
préparer à la mort. Celte faveur loi
fut accordée. Il en profita pour exhor-
ter à la persévérance plusieurs pro-
testants qui attendaient leur jugement,
et pour leur témoigner sa joie d'avoir
été trouvé digne desceller de son sang
la v^ité. A quatre heures du soir, le
bourreau l'avertit que le moment é-
tait venu de marcher au gibet. Deux
jésuites se présentèrent en même
temps pour l'accompagner ; mais il les
pria de ne point troubler son recueil-
lement par d'inutiles discours. 11 sortit
ensuite de la prison, en récitant à
haute voix le psaume Lf, escorté par
cinquante soldats et deux tambours
qui ne cessaient de battre la caisse.
Arrivé sur la place du Breuil, il se mit
à genoux, fit sa prière et monta l'é-
chelle fatale avec la même intrépidité
qu'il avait montrée jusque-là. Son corps
resta pendant vingt-quatre heures at-
taché à la potence, puis il fut jeté
dans l'Isère.
ROGIER (Jean), sieur d'Irais, se-
crétaire du duc de La Trémoille, fut
employé, dit FiUeau, à diverses négo-
ciations avec les Protestants, et assista
aux sièges de La Rochelle et de Saint-
Jean-d'Angély, où il se comporta vail-
lamment. De son mariage avec Jeanne
David, qui était veuve en 1648, na-
quirent cinq enfants : t» Louis, qui
suit ; — 2» Henri Charles, sieur de
Rolhemond, marié à Elisabeth Tessier
et père de Charles, Jean-Henri et
Marie-Émilie; — 30 Jean, sieur de
Belleville, dont les descendants ne per-
sistèrent pas dans la profession de la
religion réformée; — 4* Charlotte;
— 5« Varie, femme, en 1649, de Ga-
briel de Marconnay, sieur de Villiers.
Louis Rogier, sieur d'Irais et de
Thiors, épousa, en 1655, Gasparde
Lambert, dont il eut : 1» Charles, qui
suit; — 2« Elisabeth, née en 1668;
— 30 Marie, femme^ en i 683, de Ni-
colas d'Espinay, avec qui elle se con-
vertit.
Charles, sieur d'Irais et de Thiors,
baptisé en 1664, n'avait point encore
abjuré en 1700. Il vint à Paris sous
prétexte de se faire instruire; mais il
RQH
-470^
RpH
i^ep^rti^ sans s'ètfe converti. Le minis-
fre d'Etat trouvant cette conduite pins
que suspecte, le Ût enfermer au cbjllleau
de Nantes (Arcb. gén, E. 5386). Selon
Filleau, c« ne serait pas Charles Ro-
gier^ mais bien le ûl§ qu'il avaif eu de
son mariage avec àfarie de Lo^e, et
qui se nommait René-Charles, qui
aurait été mis dans )a prison d'Etat
cprome linguenot opiniâtre. Mais s'il
est vraj^ ainsi qu'il l'affirme^ qqe le
mariage de Charles Rogier se soi^ cé-
lébré seulement en 1688, le seu| rap-
prochement des (fates suffit pour mpn*
|rer qu'il s'est trompé.
Rpif AN, nom d'une des plus an-
ciennes et des plus illustres familles
(ie France^ descendant des anciens
Qonverains de la Bretagne çt alliée aux
maisons royales de Navarre et d'Ecosse .
0n connaît sa Ûère devise :
Roi, je ne paii,
Duc, je ne daigne,
Rohan je sais.
René I de Rohan^ tom|)é en i 552 sur
le champ de bataille^ avait épousé Isa-
belle (i'i/6fe(, tante de la reine /eanne
d'Albret, qni^ après la mort de son ma-
ri , embrassa ouvertement la religion
réformée, avec ses cinq enfants : l«
Benri^ vicomte de Rohan, prince (}e
|uéon^ comte de Porhoët, seigneur de
Beauvoir et de La Garnache. Perclus
de gouttes, Henri-le-Goutleux^ comme
on l'avait surnommé, ne porta pas les
firmes pour la Causc^ mais il se mon-
tra le zélé protecteur de ses coreli-
gionnaires. Us trouvèrent toujours dans
son château de Blain un sûr asile contre
la persécution, et le libre exercice de
leur culte, qui y était célébré par Thié-
batid Léger, ancien aumônier du vi-
comte, Isabelle d'Albret, ayant obtenu,
en 1560, par le privilège de sa nais-
sance, la permission d'avoir un minis-
tre pour elle et sa maison. L'église de
Blain était donc très-nombreuse. De
l'aveu de dom Taillandier, toute la no-
blesse du canton et tous les gens ri-
ches avaient embrassé la religion pro-
testante. Les officiers du vicomte en
faisaient tous profession; quelques-
pi^ même étaient ançi^ de Tégli-
^ (1). Henri de Roban jDoîourat le 26
juin f 575, ne laissant de son mariage
(en }566) avec Françoise de Tourne-
mine y qu'une 011e Judith, qui le suivit
de très-près dans la toml^e. Sa veuve
abjura en 1585. — 2^ Jean, sieur de
FaoNTENAY, qui porta les armes pour
la Cause dès la première guerre civile^
où il commanda un régiment de gens
4e pied. )) suivit Condé à prléans, as-
sista apx conférences du prince avec
la rèinè-mère, brûla Arcueil, lorsque
rarinée huguenotte quitta ses positions
sous les murs de Paris, et combattit
^ Dreux, pès lors |es historiens de nos
troubles r^îi^ieùxnefont plus mention
fie lui, jusqu^à la ^aint-^arthélemy.
f!lomme il s'était logé au faubourg
Saint-Germain, il échappa aux égor-
lueurs avec quelques a;^(res gentilshom-
mes aussi prévoyants quelij} ; Secousse
se trompe quand il dif qu'il fut une
des victimes du ipassacre. On ne con-
naît pas la date précise (fe sa mort;
on sait seulement qu'il précéda son
frère aîné dans la tombe. Son mariage
avec Diane de Barbançon-Cany, nièce
de la duchesse d'Etampes, resta stéri-
le; — Z"" René, sieur de PoRTiVY,qui
suit; — 40 Louis, sieur de Gié, mort
sans alliance ; — 5<» Françoise, dame
de La Garnache, qui épousa le cfuc de
Nemours par parole de présent. ILors-
que le vieux duc vit Anne d'Esté,
veuve du duc de Guise, disposée à l'é-
pouser, il chercha querelle à sa femme
sous prétexta dé religion, et, fejgnànt
des scrupules de conscience,* il dpman-
(i) Crerain nous a conserré les noms de quel-
ques-uns 4ë ces olfîeiers. Les ▼oiei : Pierrt de
Le8pinayf9ïeuTùuCh%!UvdlfGuiUammidt TekU-
kiCj sieur de La Roche, capitaine de Blain, le
sieur de Dr&nneuc, Etiennf Bidé, sieor de La
Babinais, lieutenanl de Blain, Simon Bidé, pro-
cureur Ûscal, Margai-in Boni f ace ^ marèdul de
salle, Paul d'Atpremontf rontrdleur, Amadour
d*Artiganouef capitaine de La Garnache, ancien
de réglisede Blain, Jean Le Bai, grefller, aussi
ancien, ./ar9ttf« Le i?or9n^,sieur deLaCoslière,
et Ckritlopke de Chaurai», matlres d'hôtel, Jean
Gauthiety argentier, Jean iN'oft^t, tailleur, Gnit-
laume CroiiemaiUey sieur de L'hle,Talet de cham-
bre, Françoit GourH, chflteiftin, Nùolat Yin-
emi, concierge.
BO0
-^i^
«Ht
d^ le divorce. Le parlemept 40 Pari^
étail animé de septiments IropbosUle^
envers les Huguenots poar ne pa$ I0
satisfaire ; il déclara nul le mariage,
en 1 566, quoiqu'il en fut né un fils, qui
continua h se Caire appeler Henri de
Savoie , prince de Genevois. C'était,
dit de Tbou, juvenis secors et tanio
nomine indignus. Sa mère l'avait en-
voyé à La Rochelle, pensant i^ans doute
qu'il y serait plus en sûreté que par-
tout ailleurs; mais ne trouvant point
à se livrer à la dissipation , comme il
le désirait, dans l'austère cité protes-
tante, le jeune prince se retira à La
Jarne,en 1577. Mal lui en prit. Le gou-
verneur de Eocbefort le fit enlever et
conduire dans le château d'Angouléme,
où il fut étroitement gardé pendant
longtemps. Mayenne lui ayant rendu
la liberté, il fit, sous les ordres de
Condé, la campagne de i585 ; mais
il ne joua aucun rôle important dans
le parti; peut-être même abjura-t^il
avec sa mère, en 1588. Il ipourut en
1596, sans avoir été iparié, laissant
un bâtard, Samuel de Nemours, sjeur
de Villeman.
Né en 1 550, René U de Rohan, sieur
de Pontivy^ fut un des premiers capi-
taines de son temps. A un courage in-
trépide, il joignait, au témoignage
d'Arcère, une vertu à répreuve, une
conduite franche et ouverte, éloge con-
firmé par de Thou qui qualifie René
de Roban de tir probus et candidis
moribus.
Plusieurs écrivains affirment que le
jeune flohan suivit le parti de Condé
dès la première guerre civile; mais ils
l'ont évidemment confondu avec son
frère Jean. Il est possible, comme ils
le prétendent, qu'il ait combattu à
Monconlonr; seulement ils se trom-
pent encore , croyons-nous, lorsqu'ils
ajoutent qu'après la perte de la bataille,
Collgny lui confia la défense d'Angou-
lème : ils n'ont pas réfléchi qu'à cette
date, Pontivy n'avait pas atteint sa
vingtième année. Pour nous, nous
croyons que son premier exploit fut la
défense, en 1569, de Beauvoir, qu'il
rendu, faute d'eau, après dooze jours
de siège, aux conditions les plus bo-
9K)rable8. Il se relira à La Rochelle
auprès de Jeanne d'Albret, qui le
nomma son lieutenant général et pro-
posa aux Huguenots de l'Angoumois et
de la Saintonge de le reconnaître pour
général en chef jusqu'à la guérison de
La Noue, L'habile princesse voulait
mettre fin à de dangereuses divisions
qui s'étaient déclarées entre les prin-
cipaux capitaines pour le commande-
ment ; elle espérait que sa parenté avec
Pontivy ferait passer sur sa jeunesse.
L'attente de la reine de Navarre ne fat
pas trompée, et Rohan, qui était né
soldat, se montra digne de marcher à
la tête de tant de vaillants guerriers.
A peine revêtu du commandement, U
expédia des ordres de tous côtés pour
le rassemblement des troupes. Pont-
l'Abbé, où il fixa le rendez-vous géné-
ral, vjt arriver successivement dans
9CS wprs, La Rochebeaucourt, gou-
verneur d'Angouléme, Thors, gouver-
neur de Cognac, Saint- Auban, Sainte-
Terre, Cognée, Chaumont, Ferrières
avec leurs cornettes de gendarmerie ;
Poyçt (i\ayet , selon La Popelinièr^,
flacons et Glandaye à la tête de leurs
régiipents d'infanterie; Bretauville à-
vecdeux compagnies du régiment d'i«-
nières ; La Rochefoucauld avec les Hu-
guenots du Poitou. Toutes ces forces
réunies marchèrent contre les lies de
la Saintonge. Marennes fut pris, Broua-
ge , assiégé par terre et par mer, lïe
tint que huit jours, l'Ile d'Ûléron fut
soumise presque sans résistance, et
Maraps, une des plus fortes places de
la Saintonge, capitula après quelques
jours de siège. Pendant que Pontivy
était occupé à soumettre plusieurs pe-
tites places ou châteaux tenus encore
par les Catholiques, Puy-Gaillard ren-
tra dans Marans, mais il ne tarda pas à
en être chassé. Maître de tout le litto-
ral, le jeune général entreprit le siège
de Saintes, au mois de Juill. 15T0.
Un feu terrible ouvrit en peu de temps
une brèche praticable ; mais comme la
[ilace était défendue p^r une gami|j^
ROH
— 472 —
ROH
nombreuse et toute la noblesse catho-
lique da voisinage, l'assaut fat brave-
ment repoussé. Pontivy ne se décou-
ragea point. Secondé par Scipion Ver-
gano, excellent ingénieur italien, il
serra la ville de plus près, et la força
enfin à se rendre. La capitulation fut
indignement violée par les soldats hu-
guenots. Us dévalisèrent les vaincus
et en égorgèrent même plusieurs, mal-
gré les efforts de Pontivy, qui tua de
sa propre main deux ou trois mutins
afin d'intimider les autres. L'armée
victorieuse se préparait à mettre le
siège devant Saint-Jean-d'Angély, lors-
qu'on apprit la conclusion de la paix.
En 1 574, Pontivy, qui avait pris le
nom de Frontbnat depuis la mort de
son frère Jean, se jeta dans Lusignan
avec quelques gentilshommes (l) et
600 soldats d'élite, résolu de défendre
la place jusqu'à la dernière extrémité
et de ruiner l'armée de Montpensier
par la longueur du siège. Il avait sous
ses ordres, entre autres vaillants hom-
mes de guerre, Saint-Gelais^ Vaizet'
gueS'Seréf Chouppes, Luchai, Terre-
fort, Bruneau y Bonnet, Bourgonnière,
La Garenne, Des Teilles, Du Bien,
Chaillou, qui rivalisèrent avec lui de
courage, de constance et d'énergie. Il
commença par raser la ville basse, où
l'ennemi auraitpu se loger, et sur rem-
placement d'un village voisin qu'il brû-
la, il éleva un fort, le fort du Lion,
dont la défense fut confiée au capitaine
Terrefort. Tous les travaux destinés à
augmenter ou à réparer les fortifica-
tions, furent poussés avec une extrême
diligence; pourdonnerrexemple,Fron-
tenay se mit lui-même à la tête des tra-
vailleurs. Il prit d'ailleurs les mesures
les plus promptes et les plus sages re-
. lativement à Tapprovisionnemenl de la
ville, ainsi qu'à la distribution des vi-
vres et des munitions. Les différents
postes furent confiés à des officiers bra-
ves et expérimentés ; dans chaque quar-
tier furent établis un ministre pour
faire soir et matin la prière, et un chi-
(1) Selon de Thoa, 40; seloa LaPopelinièrt,
60, etieloD d'Aubigné, iM.
mrgien pour soigner les blessés. Mont-
pensier ouvrit le feu, le 13 oct. 1574.
Une batterie de vingt pièces de canon
renversa,en quelques heures, la murail-
le sur une longueur de 40 pas ; l'assaut
fut livré le 23, et très-vaillamment re-
poussé. Le 28, les assiégés, conduits
par Terrefort, Du Bien, Cbouppes,
Saint-Gelais et Seré, firent une sortie
et donnèrent avec tant de furie dans
les tranchées de l'ennemi, que tout
s'enfuit devant eux. Us enclonèrent
cinq canons et mirent le feu aux pou-
dres, en sorte que Montpensier dut
ralentir les travaux du siège, qui ne
furent repris avec vivacité qu'à la fin
de décembre, après qu'il eut reçu des
renforts et des munitions.
Les assiégés, étroitement bloqués,
étaient déjà réduits aux dernières ex-
trémités. Tout leur manquait, Jus-
qu'aux chaussures et aux vêtements
au cœur d'un rude hiver. A l'exception
du blé — encore ne pouvaient-ils en
moudre en quantité suffisante, faute de
moulins, — leurs vivres étaient épuisés.
« Les chats et les rats étoient venaison
et la pâtisserie de chevaux étoit pour
délices. » Frontenay néanmoins rejeta
fièrement toutes les propositions de
la Cour, résista aux instances de sa
sœur, la dame de La Garnache, et re-
fusa constamment d'accepter un traité
particulier. Après avoir ruiné tontes
les défenses de la place et percé les
murs de larges brèches, les Catholiques
revinrent donc à l'assaut, la veille de
Noël, et pénétrèrent jusqu'à la pre-
mière porte du château, où, pendant
cinq heures, on se battit avec achar-
nement. Bien qu'exténués par la faim
et les fatigues, les Huguenots sortirent
encore une fois vainqueurs de la lutte.
Cependant craignant que les souffran-
ces ne Jetassent le découragement par-
mi ses soldats, Frontenay annonça une
revue, à laquelle ne se présentèrent
plus que 80 cuirasses et environ 450
arquebusiers; puis, quand il vit réu-
nis autour de lui ses vaillants compa-
gnons d'armes, il leur déclara que s'il
y en avait parmi eux qui ne voulussent
ROU
— 473 —
ROH
plas sapporter les fatigues^ les priva-
tions et les dangers d'un si long siège,
ils étaient libres de s'en aller; tous,
gentilshommes et soldats, protestèrent
qu'ils vivraient on mourraient avec lui
pour la défense de la religion. Et
comme pour sceller leur serment de
leur sang, ils coururent sur la brèche
repousser les assauts furieux de l'en-
nemi.
Le siège se prolongea ainsi jusqu'au
25 janvier, que Roban consentit enfin
à accepter une capitulation des plus
honorables, qui fut fidèlement obser-
vée, grâce, dit-on, à la loyauté de Puy-
Gaillard,cbargéd'escorterjusqu'enlieu
de sûretéla garnison protestante et ceux
des habitants qui ne voulurent point
rester dans la ville. « C'est, dit dom
Taillandier, en parlant de ce siège mé-
morable (1), le plus fameux de tous
ceux qui ont été soutenus pendant les
guerres civiles après les deux sièges
de Sancerre et de La Rochelle. Jamais
on ne vit plus de valeur, d'expérience
et de ressources dans un chef qu'on
en apperçut alors dans le baron de
Frontenai. 11 retarda autant qu'il put
l'approche de l'ennemi, disputa le ter-
rein pié à pié, mit en œuvre toutes les
ruses de la guerre, soutint quatre as-
sauts meurtriers pendant lesquels il fut
toujours exposé au plus grand feu;
mais ce qu'il y a encore de plus admi-
rable, c'est qu'il eut le talent d'inspi-
rer à ses troupes tous les sentimens
dont il était animé ; la disette de vivres^
la nudité, les rigueurs d'un hiver très-
rude, les fatigues continuelles, la mort
de leurs camarades, leurs propres bles-
sures, rien ne fut capable d'abbattre le
courage de ces braves gens qui se fi-
rent un devoir d'imiter ce qu'ils admi-
roient dans leur chef. »
Frontenay arriva, couvert de gloire^
(1) Scion de Serres, il coûta aux Catholiques
plus de 1,200 hommes. Les assiégés, qui enda-
rèrent 10,000coaps de caoon et plusieurs assauts,
perdirent 25 gentilshommes et environ 250 sol-
dats. Parmi les morts, du côté dos assiégés, on
cite \e'ieane Sainl-Gelaitj Chirai, Saint- Jav^eâ
ChaiUoUy Itoii-Aubitif HoUtec y Chdteauueuf^
Terreforty et parmi les blessés, La Cour-de^Chiré^
YiUemuteaUf Du Boii-de-Bonncvauac,
T. Vlll.
à La Rochelle. En partant pour le Pé-
rigord, La ^Youe le laissa comme com-
mandant dans l'Aunis. Croyant avoir
sujet de se méfier du gouverneur de
Brouage,Frontenay (queJa mort de son
frère alnè venait de faire vicomte de
Rohan) le déposa et le remplaça par
Saint-Gelais;no\JLS avons parlé ailleurs
(Foy. Vin, p. 294) des suites fâcheu-
ses que cette entreprise faillit avoir.
A la conclusion de la paix, le vicomte
de Rohan se rendit en Bretagne ; mais
il n'y fit pas un long séjour. La guerre
s'étant rallumée, il assembla un corps
de troupes, franchit la Loire au Pèle-
rin, et se joignit aux Huguenots du
Poitou. C'est vraisemblablement vers
ce temps qu'il entra dans le conseil du
roi de Navarre, ce qui ne l'empêcha
pas de s'attacher, plus tard, au prince
de Condé, qu'il accompagna dans sa
courte campagne contre Mercœur et
dans la funeste expédition d'xVngers,
en 1585. C'est sur ses pressantes in-
stances que le prince se décida à battre
en retraite. Après le passage du Loir,
voyant la petite troupe protestante s'af-
faiblir de plus en plus par les déser-
tions, il refusa d'aller plus loin et re-
tourna en Bretagne, d'où il parvint
à gagner heureusement La Rochelle.
Bientôt après, apprenant que la dis-
corde régnait à Marans, il s'y trans-
porta en toute hâte et assura la posses-
sion de cette place importante aux Pro-
testants, en y établissant pour gouver-
neur La Sau55aye-Beaure^ar(i, dernier
service qu'il rendit à la Cause. Le cha-
grin qu'il ressentit de la mort des trois
fils d'Andeloty auxquels il était tendre-
ment attaché,abrégea,dit-on,ses jours.
11 mourut à La Rochelle, en 1 586^ à
rage de 56 ans.
René de Rohan avait épousé la cé-
lèbre Catherine de Parthenay-Lar^
chevéque (Voy. VI, p. 345), qui lui
donna plusieurs enfants : i» Henri, le
héros des dernières guerres de religion
sous le règne de Louis XI II, et un des
plus grands capitaines de son siècle,
qui suit; — 2«René, né en 1581, mort
au berceau.: -—50 Benjamin, dont nous
30
ftoa
— 474 —
ROH
parlerons après sod frère ; •— 4* Hbn-
miBTTB, née le 1 2 avril 1 S77 et morte
flile ; — - 5* Catheritîk^ née le so juin
1578, qui refusa de descendre au rang
de maîtresse de Henri 1 V ( i ), et épousa,
en i604,Jeande Bavière,ducde Deux-
Ponts; elle mourut le 10 mai 1607;
— 6<» Anne, née en i5Si et morte à
Paris, le 20 sept. 1646, sans avoir été
mariée. Aussi illustre par son zèle pour
sa religion que par sa naissance, par
sa piété sincère que par son espril,
Anne de Rohan possédait parfaitement
les langues savantes, et Thébreu lui é-
tait si familier qu'elle lisait l'Ancien-
Testament dans le texte original. Ré-
fugiée avec sa mère à La Rochelle pen-
4lant le siège fameux que soutint oette
ville héroïque, elle supporta avec cou-
rage les horreurs de la famine (Koy.
\I, p. 545). Richelieu ayant refusé de
la comprendre, non plus que sa mère,
ëans la capitulation, ces deux dames fu-
rent traitées en prisonnières de guerre
et enfermées au château de. Niort, le
2 nov. 1628. Anne de Rohan persista
jusqu'à la fin dans sa religion. Elle fKt
enterrée dans le cimetière de Charen-
ton, le 21 sept. 1646 (Rej, de Charen-
ton), laissant une réputation de vertu,
que la médisance même a dû respec-
ter. On a d'elle des LettreSy dont l'use
a été impr. dans les opuscules de
Mil* Schurman, et trois pièces de poé-
sie française, où l'on remarque de
l'harmonie, de la grâce et une seusi-
bilité vraie. Ces trois petits poèmes
sont intitulés : Poème sur la mort de
Henri IV, Elégie en mémoire de la du-
chesse de Ne vers et Plaintes sur le
trespas de A/"** de Rohan, Outre ces
trois pièces, qui paraissent avoir été
impr., nous avons trouvé, à la suite
du rase, original du Voyage de son
frère, quelques strophes improviséee
par elle au sujet de ce voyage ; c'est
un louchant témoignage de son amour
fraternel. Qu'on nous permette de citer
les deux suivantes :
(i) Ce prino« lui deinaDdanA un joar par où on
allait à sa chambre : Par règlise, loi répondit-
elle SèrenfQt.
GatOB B'eat m wn Mapt nslla Mie ei|lt,
Parc« qoe la ferla efi sujette à Teof le.
AinsY, mon ToTageor, peat-on dire de foes,
Qa*oa faait notre poovoir nostreTerto romauodt;
Cest d*oà f ieat queefaaou en Toot ▼«
Pourqnoy n'eitoelay-ià né pow
8y Uaitre qay guida ton heuMie Baittanee,
En» fait k ta yertn ègalle ta paii
Tu yerrois mille roys à tes pied» ahattns.
Le Ciel t'a honoré de Tallenr non eottmc
Mais de ses Mens te monetre a^are la
Autant que le Ciel est libéral de Terlot.
l. Né au château de Blain, le 25 août
1579, Henri de Rohan, prince de Léon,
comte de Porhoét, duc et pair de Fran-
ce^ venait à peine d'atteindre sa sixiè-
me année lorsqu'il perdit son père, n
fut élevé sous la tutelle de sa mère qui
ne négligea rien pour lui faire donner,
ainsi qu'à ses autres enfants, une édu-
cation digne de sa naissance. A l'ex-
ception de l'histoire, de la géographie
e( des mathématiques, ces sciences des
princes, comme il les appelait, l'en-
fant ne montra que des dispositioM
très-médiocres pour les lettres et les
sciences; mais de bonne benre^ il se fR
remarquer parmi les Jeunes gens de
son âge par sa force , son agilité et
son adresse dans les exercices du corps.
Sa lecture favorite était Plntarqne. A-
nimé d'une noble ambition, il appe-
lait de tous ses vœux le moment ob il
pourrait marcber sur les traces des hé-
ros de la Grèce et de Rome, et eo at-
tendant qu'il imitât leurs exploits, fl
voulut au moins imiter leurs vertus.
« A leur exemple, dit Pérau, son bio-
graphe, il fut simple dans son exté-
rieur, frugal dans ses repas, réserfé
dans ses paroles et dans son maintien,
ennemi de tout excès, et surtout très-
attentif à contenir ses passions dans
les bornes étroites que la sagesse tour
prescrit. j> Et cette austérité demœors^
il sut la conserver intacte même au mi-
lieu d'une cour aussi corrompue que
celle de Henri IV. Laissant les courti-
sans se livrer au Jeu ou à la galante-
rie, il consacrait la meilleure partie de
son temps à l'étude. Il se sentait né
pour de grandes choses.
Henri de Rohan ût ses premières ar-
mes au siège d'Amiens^ où il stsigaala
I^OH
— 475 —
^m
par sa bravoure. Après Texpulsioa des
Espagnols el la signatqre du traité de
Vervins^ a$ voyant inutile dans sa pa-
trie, il résolut d'employer ses loisirs
à visiter les principaux Etals de l'Eu-
rope. Il partit de Paris le 8 mai 1598(1 ),
traversa rapidement la Bavière et leTy-
rol et desceadil en Italie, où il fit un
assez long séjour. Revenant par TAl-
lemagne> il visita la Hollande et la
Flandre, et passa de là en Angleterre
et en Ecosse. Sa haute naissance^ ses
avantages extérieurs, Taménitéde son
caractère, la politesse de ses mœurs,
lui assurèrent partout un accueil flatteur
et des attentions particulières. Nulle
part pourtant il ne fut mieux reçu qu'à
la cour d'Elisabeth, si ce n'est à celle
du roi Jacques. Pendant ce voyage,
qui dura près de deux ans, Rohan tint
un Journal exact de tout ce qui lui
sembla digne d'attention. A son retour
à Paris, au mois de Tév. 1600, il s'oc-
cupa de mettre au net ce journal, dont
le msc. original se conserve à la Bi«
bliolhèque de Tlnstilut {CoUect. Go-
defroy, N*» 170). Cette relation, qu'il
dédia à sa mère et qui a été Imprimée
plusieurs fois, notamment à Amst.,
1646, in-12, est extrêmement remar-
quable. En la lisant, on est surpris de
voir un jeune homme d'une vingtaine
d'années porter ses réflexions sur des
objets aussi sérieux que les causes de
la prospérité et de la décadence des
Etats, s'appliquer à étudier le génie des
peuples, leurs forces et leurs ressour-
ces, chercher à pénétrer les secrets de
la politique des princes, et l'on conçoit
naturellement une haute idée de son
caractère comme de son esprit.
Henri IV, qui aimait Rohan autant
qu'il pouvait aimer, le créa duc el pair
par lettres données à Fontainebleau au
mois d'avr. 1 605 et regislrées au par-
lement le 7 août. Deux ans plus tard,
le 7 fév. 1605, il lui flt épouser Mar-
guerite de Béthuney qui sortait à peine
de l'enfance, et, comme cadeau de no-
(1) Nous adoptons la date que porte le titre du
msc. origioal de son toyage ; il est Trai qa'il est
d'ue aotre maio, maia la tMia etitnciesoe.
ces, il lui accorda la cb^rga de colonel
général des Suisses, vacante par la dé-
mission de Sancy. Désirant se signaler
par quelque exploit qui justifiât cette
faveur, Rohan partit secrètement de la
Cour, en 1606, pour aller combattre
sous le prince Maurice. Sur la plainte
de l'ambassadeur d'Espagne, Henri lY
feignit une grande colère et l'exila;
mais il ne tarda pas à lui rendre ses
bonnes grâces. Lors de l'assassinat de
ce prince, dont la mort lui causa un
extrême chagrin, Rohan se trouvait à
latôtede6,000Suisses,dansrarméedii
duc de Nevers prèle à envahir l'Allema-
gne. SiUly, qui craignait pour sa sûreté
personnelle, s'empressa de lui annon*
cer la triste nouvelle, en l'Invitant à se
rapprocher de Paris. 11 se mit sur-le-
champ en route avec le régiment des
gardes suisses ^ mais son beau-père ne
tarda pas à le contremander. Peu de
Jours après, il reçut l'ordre d'entrer^
avec le maréchal de La Châtre, dans
le duché de Juliers. Le maréchal ayant
été forcé de s'absenter, il resta chargé^
comme maréchal de camp général, du
commandement en chef des troupes
françaises qui devaient seconder le
prince Maurice dans les opérations du
siège de Juliers.
La place ayant capitulé, le l sept.
1610, Rohan revint en France. Quel-
ques mois après, les Protestauis de la
Bretagne l'envoyèrent, comme leur dé-
puté, à l'Assemblée politique de San-
mur, où, pour la première fois^ Toc-
casion s'offrit à lui de développer son
noble caractère et ses rares talents.
Loin de se prêter aux vues intéres-
sées du duc de Bouillon, qui osa lui
proposer d'abandonner son beau-père
aux ressentiments de la Cour, il reje-
ta avec indignation une proposition
aussi injurieuse, et employa toute son
influence pour décider l'Assemblée à
prendre la défense de Sully. 11 ne dé-
ploya pas moins de fermeté dans les
débats soulevés par la question de la
nomination des députés généraux. Il
fut, ainsi que son frère Soubise, un
de ceux qui insistèrent le plus éner-
ROH
— 476 —
ROH
giquement pour qae l'assemblée ne se
dessaisit pas du droit d'éleetion di-
recte. Aussi Bouillon^ furieux d'a-
voir été traversé dans ses desseins par
les deux frères, travailla-l-il, à son re-
tour à la Cour, à les perdre dans l'es-
prit de la régente, qui, pour leur té-
moigner son mécontentement, les pri-
va l'un et l'autre de leurs pensions.
Nous avons dit ailleurs (Voy. VII,
p. 534) que l'Assemblée de Saumur,
très-peu satisfaite des réponses du gou-
vernement au cahier des plaintes, en
avait renvoyé l'examen aux assemblées
provinciales,qu'elle venait d'organiser
par un règlement, à l'élaboration du-
quel Rohan avait contribué. Rohan
qui, après la clôture de l'assemblée,
se rendit en Bretagne pour assister aux
Etals, fut appelé àprésider l'assemblée
de la Sainlonge, tenue, le 2 novemb.
1 6 H , à Saint-Jean-d'Angély {Fonds de
Brienne, N» 210). Après que Champ-
vernon eût donné lecture des réponses
du roi, l'assemblée les renvoya à un
comité composé de Genouillé, Bonvou-
loir et Du Chasleau, pour le colloque
de Saint-Jean; La Berlandière, Ta-
gaud et David, pour le colloque d'Au-
nl8;Mons, Petit et Senouche, pour
celui de Sainlonge; Saujon, Bonnet
et Biret, pour celui des Isles; Mon-
tatÀsier, Belot et Esaïe Chevalier, qui
remplit les fonctions de vice-président,
pour celui de Jonzac; enfin, de Cou-
vrelles, Martin, qui fut élu secrétaire,
eiGlatignon, pour celui d'Angoumois.
Sur le rapport de ces commissaires,
elle « jugea unanimement qu'il n'y
avoit sujet de contentement, sinon en
peu d'articles desdites réponses (Font/^
de Brienne, N*» 2 1 0) . » En conséquence,
elle arrêta qu'à l'inslar de la Basse-
Guienne, elle adresserait des remon-
trances à Leurs Majestés, et qu'elle se
mettrait immédiatement en rapport
avec rassemblée du Poitou, qui devait
se tenir sous peu de jours à Tbouars.
On s'occupa ensuite de la formation
d'un conseil provincial, conformément
au Règlement général de Saumur. En
furent élus membres : de Rioux, de
Montausier, Du Parc-â^Archiae et de
Ciré (suppl^nts : de Genotdllé, de Cou-
vr elles, àe Saujon et de La Garde) pour
la noblesse ; La Chapellière et Bonnet
(suppléants : Tagaud, Champvemon
et Bonvouloir) pour les consistoires ;
Fontenelles, conseiller à Barbezieux,
Martin, avocat, et Boisseul (sup-
pléants : Senotiche, Bourdeaux et Gta-
tignon) pour le tiers. DuParc-d'Archiac
et Bourdeaux furent choisis pour por-
ter les remontrances à la reine-mère;
on leur donna pour suppléants Mon-
tausier et Fontenelles. La réponse de
la Cour (Voy, VI, p. 396) est connue;
elle n'était guère propre à diminuer le
mécontentement des Protestants.
Cependant Bouillon, qui n'avait pas
oublié que Rohan avait, plus que per-
sonne, travaillé à déjouer ses intrigues
dans l'Assemblée de Saumur, et qui
avait reporté sur le gendre une partie
de la haine vouée par lui au beau-père
depuis l'expédition de Henri IV contre
Sedan, ne se contenta pas de le des-
servir auprès de la reine-mère, il en-
treprit de lui enlever le gouvernement
de Saint-Jean-d'Angély, que le feu roi
lui avait donné. Averti à temps de ce qui
se machinait, Rohan se hâta de partir
pour Saint-Jean. Son arrivée imprévue
déconcerta ses ennemis, qui cherchè-
rent à l'éloigner sans retard. Par leur
conseil, Marie de Médicis le manda à
la Cour, et lui fit de vifs reproches an
sujet de sa conduite à Saumur. Rohan
se défendit avec dignité; mais on prince
prévenu étant diflScile à persuader, dit-
il, sa justification fut écoutée trè^froi-
dement. Il ne tardapasàdeviner quel'ii-
nique but que l'on avait eu en l'appe-
lant à Paris, était de le tenir éloigné
de Saint-Jean-d'Angély , afln de lais-
ser le jeu libre aux intrigues qui s'y
tramaient au sujet des élections munici-
pales. Comme il était de la plus haute
importance pour le maintien de son
autorité dans cette ville, que le maire
ne lui fut pas hostile, il n'hésita pas
longtemps sur le parti qu'il avaità pren-
dre. Feignant d'avoir reçu une lettre
qui lui annonçait que son frère était
ROU
— 477 —
ROH
gravement malade^ il demanda son con-
gé et se rendit en poste à Saint-Jean^
d'où il expulsa tous les partisans de
La Rochebeaucourt (Voy. V, p. 200);
pniSy au mépris des ordres de la ré-
gente, qui, contrairement aux statuts
de la commune, voulait maintenir Tan-
cien maire dans sa charge, il fit pro-
céder à l'élection de son successeur,
« à la manière accoutumée. » La reine-
mère se montra extrêmement irritée
de ce coup d'audace. £lle fit mettre à
la Bastille les deux agents du duc, Te-
nis et Onglepied, et défendre à sa mère,
à sa femme, et à ses sœurs de sortir
de Paris. Roban, de son côté, a n'igno-
rant pas le crédit que ses ennemis
avoient en Cour, et jugeant bien qu'ils
làcheroientdele pousser jusqu'au bout,
eut soin, nous dit -il dans ses Mémoires,
de faire comprendre à tous les Réfor-
més de France, que la haine que l'on
avoil conçue contre lui provenoit de
ce qu'il s'étoit porté vigoureusement
pour le bien de leurs affaires; que sa
perte et de Saint-Jean entralneroittout
le reste ; que si leurs ennemis y trou-
voient de la facilité, ils ne s'arréte-
roient en si beau chemin, et se pré-
para le mieux qu'il lui fut possible pour
faire une bonne résistance. » A cet ef-
fet, il flt convoquer, conformément au
Règlement de Saumur, l'assemblée du
cercle, qui se montra d'abord très-dis-
posée à le soutenir (Collect. Dupuy^
1^9 323); mais les sages conseils de
Du PlessiS'Momay réussirent à cal-
mer les esprits, et cette querelle, dont
pouvait jaillir la guerre civile, se ter-
mina par un accommodement qui « lais-
sa les apparences à l'autorité royale,
mais donna la réalité au duc de Roban. »
Chacun sentait combien ces divi-
sions affaiblissaient le parti protestant ;
aussi le Synode national de Privas crut-
il de son devoir de travailler à rétablir
la bonne harmonie entre les grands
seigneurs huguenots (Voy, Pièces Jus-
tif. N«> LXXII). Tous eurent l'air de se
prêter d'assez bonne grâce à ses vœux,
et signèrent de nouveau l'union, en pro-
mettant d'oublier leurs inimitiés parti-
culières Jusqu'à quel point étaient-ils
sincères? C'est une question qu'il n'ap-
partient qu'à Celui qui sonde les cœurs
de décider. Tout ce que nous pouvons
dire, c'est qu'on vit, dès l'année sui-
vante. Bouillon et Rohan marcher sous
deux bannières ennemies.
Lorsque Coudé prit les armes con-
tre la Cour, en )6U, il voulut attirer
Rohan dans son parti ; mais le duc re-
poussa ses avances et se rendit à Poi-
tiers pour offrir ses services au roi. Il
suivit la Cour en Bretagne, ou il as-
sista aux États, comme président de
l'ordre de la noblesse. « Il y servit di-
gnement Leurs Majestés, dit Pontchar-
train, témoignant affectionner tout ce
qui étoit au bien et avantage de leurs af-
faires.» Il donna notamment à la reine-
mère une preuve très-grande de son
dévouement, en consentant, sur sa de-
mande, à se démettre de sa charge de
colonel général des Suisses, qui fut don-
née à Bassompierre; et de sa sincérité,
en lui adressant, enl 6 1 5, un Mémoire,
que l'on regarde comme un modèle de
sagesse, de pénétration et de prévoyan-
ce. Il y conseillait de ne point conclure
les mariages espagnols avant d'avoir
donné satisfaction à l'opinion publique
parla réforme des abus les plus criants,
unique moyen,disait-41 Judicieusement,
d'étouffer dans son germe la révolte de
Condé, et il terminait son mémoire en
protestant qu'il servirait fidèlement la
reine-mère et qu'il y porterait ceux de
la Religion. « Quant à ma résolution,
disait-il, elle est de ser/ir fldèlement
la reine contre M. le Prince, de procu-
rer de tout mon pouvoir le bien et la
grandeur de ce roïaume, d'y porter eu
ce que je pourrai tous ceux de la Reli-
gion. Mais si par passion qu'on ait con-
tre ceux de ladite Religion, et par mau-
vais conseil, on les traite comme à Sau-
mur, je déclare que je ne me désunirai
jamais des résolutions publiques que
notre Assemblée publique prendra Ici .i>
La plus simple prudence commandait à
Marie de Médicis de ne pas blesser un
seigneur qui, en s'unissant à Bouillon,
pouvait apporter à Condé tontes les
ROH
— 478 —
ROH
forces des Huguenots. Mais la reine-
mère et ses conseillers paraissent s'être
fait une idée très-fausse du caractère
deRohan et de sa position dans le parti
protestant, trompés qu'ils furent peut-
être par l'auteur de la fameuse note se-
crète [Fonds de Béihune^ N» 9344) qui
caractérisait ainsi le Jeune duc breton :
« Ambitieux^ bon esprit, courageux et
opiniâtre en sa religion, mais peu obli-
geant, nécessiteux, et pour cela in-
constant. Il perdit tout son crédit dès
Nantes. Le roi n'aura pas de peine aie
conserver. » Serait-ce sur cette assu-
rance fort hasardée que la régente, s'i-
maginant ne pas avoir besoin de garder
de grands ménagements avec un hom-
me si facile « à conserver,» lui refusa
la survivance du gouvernement du Poi-
tou, quoiqu'elle le lui eût déjà promisf
Tenant ce manque de parole pour une
injure, le fler duc s'en montra extrême-
ment blessé. Son mécontentement s'ac-
crut parles plaintes des députés de l'As-
semblée de Grenoble, qui ne pouvaient
obtenir de la Cour aucune réponse sa-
tisfaisante. Il prêta dès lors une oreille
plus attentive aux raisons alléguées par
son frère pour l'attirer dans un parti
qu'il avait déjà embrassé lui-même; ce-
pendant il n'avait point encore pris de
résolution, quoiqu'il eût quitté la Cour
pour se retirer à Saint-Jean-d'Angély,
lorsqu'il reçut deux députations, l'une
du comte de Saint-Pol, qui le pressait
de s'unir à lui pour empêcher les ma-
riages espagnols ; l'autre de la noblesse
protestante de laGuienne, qui, par l'or-
gane de Saint'Angely de Savignac et
d'Oroiour, l'invitait à se mettre à sa
tête. « Toutes ces choses ensemble, dit-
il, à sçavoir l'espérance de se tirer du
mépris qu'on venoit de lui témoigner,
la sollicitation de son frère, et le désir
de servir les Réformés, le firent résou-
dre à passer en Guienne, » où se tenait
alors rassemblée de Sainte-Foy.
Une de ces cruelles déceptions, aux-
quelles sont exposés les chefs de parti,
l'attendait à son arrivée. On lui avait
promis d'assembler un corps de 6000
hommes, il n'en trouva que 600, et le
comte de Saint-Pol, qui devait le se«
conder, faussant sa foi, venait de faire
sa paix avec la Cour. Forcé, par cette
honteuse défection, demodifler ses pro-
jets, il se retira à Tonneins, ou il re-
çut, de la part de la reine-mère, les
offres les plus séduisantes ; mais il ren-
voya ses émissaires avec cette réponse
hautaine, qu'il ne savait pas manquer
à sa parole une fois qu'il l'avait donnée.
Rohan entra en campagne au mois
d'octobre. Il prit Lectoure et Damazan,
et réussit, non sans résistance, à faire
déclarer Montauban en sa faveur. En
même temps, il travaillait de tout son
pouvoir pour décider l'Assemblée de
Nismes à s'unir aux Mécontents. En-
traînée par ses partisans et ceux de
Bouillon dans cette alliance fort impo-
litique, qui prépara la ruine du parti
huguenot en mettant au grand jour ses
divisions et sa faiblesse, l'assemblée
envoya au prince de Conûé Des Bordes-
Mercier , Du Cruzel et La NouailU
a pour lui faire signer les articles dont
ils conviendroient avec lui, qui conte*
noient en substance : De s'opposer à la
réception du concile de Trente; aux ma-
riages d'Espagne ; de procurer la réfor-
mation du Conseil, l'entretien des édite
des Réformés, et qu'ils ne s'abandon-
neroient point les uns les autres, ni ne
poseroient les armes, ni n'eut endroieot
à aucun traité de paix, sinon d'un com-
mun consentement. » C'est à Montau-
ban que Rohan reçut la nouvelle de la
conclusion du traité d'alliance, et en
même temps, des lettres du prince, qui
lui annonçaient sa prochaine arrivée,
en l'Invitant à se saisir de quelque place
sur la Dordogne, oit il pût eflectuer son
passage. II partit immédiatement à la
tête de ses troupes, s'empara de Souil-
lac et enleva le régiment de Lauzun
qui essaya de lui disputer le terrain ;
mais Condé, changeant d'avis, entra
dans le Poitou pour se réunir à Sonbi-
se. Rohan retourna donc à Tonneins
oîi il apprit que l'Assemblée de Nismes
Tavait nommé commandant du Haut-
Languedoc et delaHaute-Guienne. Peu
de temps après, des conférences s'ou-
ROH
— 479 —
ROH
vrirent à LoQdun pour la paix. Rohan
s'y rendit, afln de veiller aux intérêts
des églises. De son côté^ l'Assemblée
de Nismes se transpoi'ta, dtl consente-
ment du roi, à La Rochelle, pour sui-
vre de plus près les négociations.
Le duc de Rohan se méfiait de Cou-
dé, qu'il voyait ètroitemeht uni au duc
de Bouillon et au duc dfe Mayenne. Sa
méfiance ne fut ((tie trop tôt justifiée.
Dès que le prince eui obtenu ce qu'il
voulait, il abandonna sans scrupule ses
confédérés. La paix faite, Rohan se
rendit à La Rochelle, « pour faire nom-
mer de bons députés i^énéraux ; » mais
le résultat du voté né répondit pas à
son attente, a La cabale de la Cour,
dit-il, s'étanl Jointe à c«lle du prince,
et les espérances qu'il donna des fa-
veurs, gratifications et pensionsàceux
qui se porteroietit à sa vdtonté, l'em-
portèrent. B Mal satisfait du triomphe
de ses adversaires politiques sur uli
terrain où il se croyait à peti près te
maître, il se tourna alors du c6té de la
reine. Dans une entrevue qu'il eut a-
yef^ elle, il lui protesta « que si elle
pouvoit oublier ce qu'il avoitfait con-
tre elle et le recevoir eu ses bonnes
grâces, il la serviroit fidèlement envers
tous et contre tous, hors le parti des
Réformés. » Marie de Médicis accepta
ses services et comme gage de récon-
ciliation, elle lui accorda, par provi-
sions du 2t Juih i 616, le gouverne-
ment du Poitou, dont Sutly se démit
en sa faveur, t^ldèle à sa parole, Ro-
han resta complètement étranger aux
mouvements des princes. Koh-sedle-
ment il ethployd toute son autorité et
toute son influence, en 1 61 7, pourem-
p^her les t'rotëstants du Llmousih de
èédêr aux instigations de ta duchesse
dé bouillon qui voulait lés éhtralner
dabs le parti des Mécontents, inais il
prit les armes pour la Cour et contri-
bua à la reddition dé Soissons. Après
l'assassinat du maréchal d'Aucre et
ràrrestation de la reine, que presque,
sQul il n'abandonna pas daiis l'adver-
sité, « lié prenant plaisir de voir ceux
contre lesquels il vehoit dé fàlfë là
guerre, être les seuls bienvenus, n 11
demanda et obtint la permission d'al*
1er servir en Piémont sous Lesdiguiè-
res, A son retour à Paris, en 1618,
trouvant Luynes bien établi, il crut dé-
voira le rechercher comme les autres.»
Le nouveau favori, qui était devenu
son allié par son mariage avec une Ro-
ban-Montbazon, lui témoigna beaucoup
d'atoitlé jusqu'à l'évasion de la reine-
Inère, dont il le soupçonna d'être le
complice. Rohan reçut ordre de se ren-
dre dans son gouvernement pour y
maintenir la tranquillité. Ce futenvain
d'abord que Marie de Médicis tenta de
l'attirer dans son parti. 11 lui répondit
« qu'il étoit bien fâché qu'il n'avoit
été emploïé dès le conitoencement au-
dit dessein, qu'il lui eût servi fort fi-
dèlement, mais que s'étant trouvé à la
Cour lors de sa sortie, il avoit eu com-
mandement du roi de venir dans son
gouvernement de Poitou pour le con-
tenir en paix; qu'il ne lui ferdit nul
mal, et qu'il lui conseilloit de faire son
accommodement. » Ce conseil fut sui-
vi. Cependant le mauvais vouloir de
Luynes, qui éclata contre lui à l'occa-
sion de l'achat qu'il fit du gouverne-
ment de Mailiezais et du fort du Doi-
gnon(l), et surtout la haine de Coudé,
que le favori avait tiré de la Bastille
pour s'en faire un appdl contre la rei-
ne-mère, inspirant de légitimes crain-
tes à Ronan pour sa sûreté personnel-
le, « il se Joignit tout à fait au service
de lareinë-mère, et lui en alla donner
les assurances dans Angers. » Une
campagne de quelques jours suffit à
Louis ^111 pour mettre flnàfcetle nou-
velle êchauffouréé.
Sur ces entrefaites, les Protestants
obtinrent du roi la permission de tenir
à Loudun une assemblée politique, à
laquelle Roban se fit représenter par
Laudebaudière, qiil assista atiss!, com-
me son député, à eellede La Rochelle.
On sait [Voy, YIIl, p. 238) que, ne ju-
(1) Il lei «Tait achetés à' Agrippa d'Aubigné au
prit de 100,000 IWrea . Luynes le força 4 se dè-
jMlUre du eoiiTeniemeot de Mailiezais et à raser
leDoignoD, moyenoeiit une iodemiiitède 130,006
livres.
ROH
— 480 —
ROH
géant pas les griefs de ses coreligion-
naires assez graves pour qu'ils se mis-
sent en révolte ouverte contre le roi^
il fit^ ainsi que les autres grands sei-
gneurs du partie des efforts inutiles a-
finde décider rAssemblée deLaRocbel-
le à se séparer. On peut regretter qu'il
n'ait pas persisté dans ces sentiments^
et lorsqu'on le voit, frémissant aux re-
proches de CM^eauneti/*^ faire taire sa
raison par point d'bonneur et déclarer
que, quoiqu'il arrive, il ne se séparera
jamais de l'union des églises, on peut
encore l'accuser de précipitation et
d'inconséquence; mais on admire, mal-
gré soi, la générosité imprudente qui
le porta à venir en aide à cette assem-
blée, quand elle courait évidemment à
sa perte, dans la crainte que sa ruine
n'entraînât celle des Réformés.
Nommé commandant du cercle du
Haut-Languedoc et de la Haute-Guien-
ne, tandis que son frère Soubise était
revêtu du commandement du cercle de
la Bretagne et du Poitou(i), Rohanse
rendit dans son gouvernement, où sa
présence contribua beaucoup à rassurer
les esprits et à raffermir les villes dans
l'union. A son arrivée àMontauban,fl
trouva toute la population en proie à
de vives alarmes. Pour relever les cou-
rages et ramener la confiance, il as-
sembla les magistrats et le peuple, qui^
électrisés par sa mâle et pathétique
éloquence, jurèrent tous de mourir
plutôt que d'abandonner la cause de la
religion. Après avoir pourvu à la dé-
fense de cette place importante, en fai-
sant élever de nouvelles fortifications
dont il traça lui-même le plan, il partit,
le 1 4 juin. 1621, pour le Bas-Languedoc
dans l'intention d'y recruter des trou-
pes. Malgré ChâtiUony qui se donna
tout le mouvement possible pour tra-
verser ses desseins, il réussit, avec
Tappui de rassemblée du cercle, à ras-
(1) On a beaucoup reproché à l'Assemblée de
L« Rochelle celle ditision de la France en cer-
cles ; on a tooIu y Toir nne preuve de ses tendan-
ces répnblicaines ; mais elle n'a fait, à lonl pren-
dre, «pie modifier légèremenl l'organisation poli-
tique de la France protestante décrétée à Sainle-
Poy, en 1594 (Koy. IV, p. 593).
sembler quatremille hommes, auxquels
il en Joignit mille antres levés à ses
frais, et il alla prendre position à Cas-
tres, afin de surveiller le siège de Mon-
tauban et d'y jeter des secours au be-
soin.
LaprisedeSaint-Jean-d'Angély, sui-
vie bientét après de celle de Pons, la
défection de PardaiHan, la perte de
Sainte-Foix , Bergerac , Nérac , Lec-
toure, Layrac, Le Mas-de-Verdun, Maa-
vesin, L'isle- Jourdain, Tonneins, Cas-
teljdloux, en un mot, de toutes les pla-
ces de la Guienne, à l'exception de
Clairac , par la trahison ou la lâcheté
des gouverneurs , lui avait fait prévoir
que l'orage ne tarderait pas à fondre
surMontauban. Nous avons raconté ail-
leurs le siège fameux de cette ville ( Voy,
m, p. 258). Déconcerté par une résis-
tance à laquelle il était loin de s'atten-
dre, Luynes proposa à Rohan une en-
trevue, quieutlieuàRegniès, le i 2oct.
1621. Ce fut en vain que le nouveaa
connétable employa tour-à-tour les sé-
ductions et les menaces pour amener le
duc à abandonner le parti des rebelles;
il ne put éveiller dans son cœur ni
l'ambition ni la crainte; la réputation
d'honneur et de loyauté de Rohan sor-
tit pure de cette épreuve. Luynes, le
trouvant inébranlable , alla, dit-on,
jusqu'à lui offrir «carte blanche pour
son particulier ; » mais Rohan, dont le
caractère était d'une trempe vraiment
antique, lui répondit simplement a que
sa conscience lui ordonnoit de n'en-
tendre qu'à une paix générale. » Ré-
ponse d'autant plus admirable que les
dangers et les obstacles allaient se
multipliant sous ses pas.
Furieux de l'échec que ses armes re-
çurent sous les murs de Monlanban,
Louis XIII, parlettres-patentesdonnées
à Bordeaux le 27 déc. I62i, déclara
Rohan criminel de lèse-majesté; mais
Sillery et Jeannin, tous deux partisans
de la paix, réussirent àen faire différer
la publication et l'enregistrement. On
chargea même Lesdiguières d'entamer
avec le redoutable chef huguenot des
négociations pour la paix.
ROH
— 481 —
ROH
Rohan y qui avait été choisi pour
remplacer Châtillon(Voy. Ill,p. 410),
par l'assemblée du Bas-Languedoc et
parcelle des Gevennes^ choix cooflrmé
par l'Assemblée générale de LaRochelle
{Fonds deBaluze, No9253.4), se trou-
vait alors dans le Bas-Languedoc fort
occupé à déjouer les intrigues de cer-
tains membres de l'assemblée du cer*
cle , q\x\, irrités des allures indépen-
dantes du nouveau général et excités
sous main par Ghàtiilon, cherchaient
à ruiner son autorité et à le décrier à
La Rochelle^ où leur envoyé, le minis-
tre genevois Babat, s'efforçait de le
représenter comme un ambitieux qui
voulait perpétuer la guerre pour per-
pétuer son autorité. La sagesse et la
prudence de Rohan prévinrent un schis-
me qui aurait entraîné d'irréparables
désastres, et l'Assemblée de LaRo-
chelle, à la décision de laquelle les deux
partis convinrent de s'en rapporter^
laissa prudemment s'assoupir la que-
relle.
Le chagrin que Rohan éprouva de
voir dénaturer ses meilleures inten-
tions, les inquiétudes que lui causaient
ces divisions dangereuses, à la veille
d'avoir sur les bras l'armée royale, les
mouvements extraordinaires qu'il dût
se donner pour de mettre en état de
résistera tant d'ennemis, lui occasion-
nèrent une fièvre qui le retint au lit
plus de quinze jours. Ce fut pendant
sa maladie qu'arrivèrent les députés
de Lesdiguières et que le président I>u
Cros fut indignement assassiné (Voy.
IV, p. 368). Il s'empressa d'envoyer
Les Isles ou Des Isles au maréchal pour
lui exposer comment le meurtre avait
été commis , et continuer la négocia-
tion , qui semblait prendre une tour-
nure favorable.
Les hostilités n'ayant point été sus-
pendues, il entra en campagne dès
qu'il fut guéri. 11 manqua deux entre-
prises, l'une sur Algues-Mortes, l'au-
tre sur Beaucaire; mais il fut plus
heureux à l'attaque de Montlaur, dont
il entreprit le siège pour forcer, par
une diversion Montmorency à aban*
donner celui de Bédarieux. Gonflant
ensuite le commandement à Bertichè-
res, il partit pour Laval, où devait avoir
lieu son entrevue avec Lesdiguières.
Ses demandes se réduisirent à quatre:
10 restitution de toutes les places de
sâreté ; 2» liberté de tenir des assem-
blées ; 30 continuation du payement des
sommes allouées pour l'entretien des
ministres et des garnisons ; 40 indem-
nité aux seigneurs qui avaient perdu
leurs biens ou leurs emplois à cause
de la religion. Comme Lesdiguières
n'avait pas de pouvoirs pour conclure,
il l'engagea à envoyer des députés en
Cour, en lui faisant espérer qu'ils y
seraient bien accueillis. Rohan, qui
désirait sincèrement la paix, et qui
avait été autorisé par l'Assemblée de
LaRochelle à traiter, sauf ratiflcation,
y consentit. Tous deux travaillèrent en
conséquence à un mémoire, qui devait
être présentéàLouisXIII. Rohan y de-
mandait l'exécution sincère de l'édit de
Nantes et le rétablissement du culte
réformé dans les lieux d'où il avait été
banni depuis la guerre, s'engageant,
au nom de ses coreligionnaires, àfaire
démolir les nouvelles fortitlcations, à
rétablir le culte catholique dans les
villes où il avait été interdit, et à ne
tenir, à l'avenir, aucune assemblée
politique sans le consentement du sou-
verain. Ce mémoire arrêté entre eux,
Rohan se rendit le soir même à Barjac,
d'où il écrivit au roi une lettre fort
soumise(Fon<i5rfciîa/uze,N«9253. 4),
pour lui rendre compte de ce qui
s'était passé dans la conférence et le
prier d'accueillir favorablement ses dé-
putés Calonges, Les Isles, Duput, de
Montauban, Du Cro5, de Montpellier, et
LaBorie, du Vivarais; puis il retour-
na promptement à Montpellier, afin de
secourir, s'il en était encore temps,
Cornon-Scc que Montmorency assié-
geait. Il arriva trop tard; mais il ré-
para cette perte, en forçant Saussanet
Saint-Georges à se rendre à la vue de
l'armée catholique, qui n'osa pas en
venir aux mains. Il dirigea ensuite
contre La Vérune une attaque inutile^
ROH
~ 482 —
ROH
qui lai coûta le mestre*de-camp La
Blaqmère et son sergent-major Ran"
don; puis il prit Gignac par capitula*
tion^ s'empara de quelques chàteaui
et villages rorliûés , sans que les Ca-
tholiques essayassent de s'opposer à
ses progrès, qu'il aurait poussés plus
loin^ si les violences et les intrigues
de J^mon ne l'avaient rappelé àNismes
{Voy. Il, p. 145).
Pendant que Rohan déployait ainsi
dans le Languedoc sa vigilance, sa fer-
meté et son activité merveilleuse, ses
députés étaient arrivéis à Paris ; mais
les partisans de la guerre avaient, en
quelque sorte, enlevé le roi « à la dé-
robée, par la porte de derrière du Lou-
vre, le Jour de Pâques Qeuries, » et ra-
yaient conduit en Poitou pour Topposer
àSoubise.Les cii^q députés huguenots
Ty suivirent et l'atteignirent à Niort
dans les circonstances les moins favo-
rables au succès de leur mission. La
victoire que les Catholiques venaient
de remporter à Rié et la prise de Royan
faisant croire à la ruine prochaine des
Huguenots, le Conseil, dominé par le
parti de la guerre, apporta de telles
modiflcations au traité qu'on peut dire
qu'il refusa toute condition. « J'ai reçu
nouvelles de nos députés, écrivait Ro*
han à Madiane, le 23 mars 1 622 ; ils
m'écrivent de Paris que toutes choses
sont disposées à la guerre, et que sans
avoir été ouïs, on leur a commandé de
se retirer. »
La guerre continua donc avec plus
d'acharnement que Jamais. Aprèsavoir,
par lettres-patentes vérifiées au parle-
ment de Paris le 4 Juill. 1622, déclaré
Rohan et son frère criminels de lèse-
mijesté, et comme tels, privés de leurs
honneurs, dignités, pensions et char-
ges, Louis XIII traversa rapidement la
Gnienne, presque sans rencontrer de
résistance, et arriva dans le Haut^Lan-
goedoc, où il trouva Rohan prêt à lui
disputer le terrain pied à pied. Se flat-
tant de l'espoir de soumettre Montpel-
lier sans coup férir, grâce aux intelli-
gences que Montmorency et Ghàtillon
y entretei^je^t^ il ne s'arrêta pas dans
cette province, mais desc^dit dans le
Bas-Languedoc. Quelle que fût sa dili-
gence, Rohau, devinant ses intentions,
gagna les devants; il rentra dans Mont-
pellier au moment même eu l^armée
royale arrivait à Béziers, et assex à
temps pour déjouer la trahison de Ber-
tichères (Voy. III, p. 424) et ponirU
défection de J^imara avec une rigueur,
qui n'était pas suffisamment jastifiéé
(Voy, II, p. 292). Il confia la défense
de celte ville, qu'il avait fortifiée avee
tout le soin possible, au vaillant capi-
taine Calonges, à qui il laissa 1,500
hommes de garnison. Pour lui, ne vou-
lant point s'enfermer dans une place
forte, il partit pour les Cevennes, la
pépinière de ses meilleurs et de ses
plus fidèles soldats^ Pendant qu'il y
recrutait des troupes, Lesdigoières^
qui, malgré sa récente abjuration, n'a-
bandonnait pas entièrement les inté-
rêts de ses anciens coreligionnaires,
lui fit demander une nouvelle entrevue.
À l'exception de Gondé, qui, en vue
d'une succession éventuelle (Louis XIII
n'ayant point d'enfants), poussait à
une guerre implacable contre les Hu-
guenots afin de gagner la bienveillanoe
du pape et de se faire pardonner par
ies^ Catholiques bigots sa naissance hu-
guenotte, tout le monde désirait la paix.
Les deux négociateurs tombèrent donc
aisément d'accord ; une seule condition
exigée par le connétable rompit tout.
Cette condition était que le roi entrerait
avee ses troupes dans Mon! pallier; or les
habitants savaientque Gondé avaitbm-
talement déclaré, que, traité signé oa
non, s'il entrait dans la ville, il la
mettrait à feu et à sang, et ils ne vou-
laient pas s'exposer au sort aflfreox de
tant d'autres places protestantes, où,
au mépris des capitulations, les hom-
mes avaient été massacrés, les femmes
violées, les maisons pillées et réduites
en cendres. Ils refusèrent donc abso-
lument de recevoir dans leurs murs
ni le roi ni Gondé. Louis XIII indi-
gné fit marcher ses troupes et com-
DieDça le siège. On en connaît l'issue
(Voy. VI, p. 175); Théroïque défense
\
ROH
— 483 —
ROH
de la place facilita singulièrement la
conclusion de la paii (Foy. Pièces Jus-
tif. No LXXVI). Par breveU parlicu-
lierSy le roi ordonna que La Rochelle
et Montauban conserveraient leurs for-
tifications Intactes ; que Nismes^ Cas-
tres, Uzès et Milhau ne raseraient que
la moitié des leurs, et qu'il ne serait
ni mis de garnison ni bâti de citadelle
à Montpellier (1). En compensation de
la perte de ses gouvernements du Poi-
tou et de Saint-Jean-d'Angély, qui ne
lui furent pas rendus, Roban obtint les
gouvernements de Nismes et d'Uzès, et
une somme de 600,000 livres hypo-
théquée sur le duché de Valois. Il re-
çut^ en outre, une autre somme de
200,000 livres comptant, et ses pen-
sions furent rétablies, aussi bien que
celles de son frère. Sa femme, qui était
retenue prisonnière à Angers^ fut re-
mise en liberté.
La paix signée, Roban alla trouver
le roi, se jeta à ses pieds et lui deman-
da pardon de sa révolte. Louis XIII,
qui n'avait nullement l'intention d'exé-
cuter le traité dans ses dispositions
favorables aux Protestants, feignit de
lui témoigner une vive affection et
beaucoup de confiance, dans l'espoir,
sans aucun doute, de se l'attacher par
la reconnaissance ; mais il connaissait
mal le noble caractère du héros hu-
guenot. Dès qu'il apprit que la garni-
son laissée à Montpellier après le dé-
part du roi, n'en était pas retirée; que
le fort Louis, cette menace permanente
contre La Rochelle, n'était pas démo-
li ; qu'au contraire, on le munissait
comme à la veille d'un siège; que la
chambre mi-partie n'était pas rétablie
à Castres ; qu'enfin les plaintes des
Protestants au sujet de ces violations
flagrantes du traité, n'étaient pas é-
coutées, il se plaignit vivement, et
peut-être, dit-il, avec trop de hardies-
se. Louis XIII répondit à ses remon-
trances réitérées par les plus belles
promesses, et lui donna une lettre
(1) Far cy après, il n'y aura ny goaremeur ny
gamizoD dantladitte tilIé, ny aoeira«eiladMlf hâ-
lie {Fond* de Baluze, N» 9S5S. 4).
pour Valençay, gouverneur de Mont
pellier, à qui il enjoignit de se confor-
mer aux articles du traité de paix.
Valençay promit d'obéir; mais, au Heu
de faire sortir sa garnison, il l'aug-
menta et chercha à s'assurer des Ce-
vennes, en faisant occuper les points
stratégiques du pays. Roban se trou-
vait alors dans le Haut-Languedoc,
surveillant la démolition des fortifica-
tions. 11 se bâta de se transporter à
Montpellier, où Valençay le retint pri-
sonnier. Cette arrestation causa peu
de sensation parmi les Protestants du
Bas-Languedoc, toujours irriléscontre
Roban qu'ils accusaient d'avoir, dans
le traité de paix^ sacrifié à ses intérêts
ceux de la Cause (l)> mais elle indigna
toute la Cour, à l'exception de quel-
ques vieux politiques qui avaient ou-
blié depuis longtemps' la valeur de
ces mots honneur, loyauté, justice. Le
roi dut reculer devant l'explosion de
ce mécontentement : il fil remettre Ro-
ban en liberté, parce qu'il savait sans
doute que Valençay avait eu le temp9
de changer violemment le consulat et
de jeter les fondements d'une citadelle
au mépris de la parole donnée, mais
de l'aveu de quelques-uns des habi-
tants (Voy. VII, p. 206). La force aura
toujours ses complaisans et ses adula-
teurs.
Rohan, qui avait reçu l'ordre de
s'éloigner du Bas-Languedoc, refusa
de le faire avant que toutes les troupes
eussent été retirées de Msmes et des
Cevennes. Il se rendit alors à Castres,
d'où 11 continua à réclamer l'exécution
du traité de paix (2), jusqu'à ce que
(1) L'Assemblée de La Rochelle s'était mm-
trée meins injaste. Elle aTait folé des reneitl^
menis à Rohan, en lai promettant que les égUaêf
« conserreroient à toujours la mémoire de cette
obligation • [Fond* de Brienne^ N» S2S).
(S) Le 8 de juin 163S, Il écririt encore an roi :
« Je commencerai cette lettre par on pardon ^é
je y ont demande, si ne me serrant du style d'ui
serrile flatteur, je prends celui q«e la franehisé
d'un fidèle serriteor m'enseigne, m'assnrant qn'à
l'imitation de celui que tous représentes, Tons
n'aurez désagréable d'être prié, sollicité, pressé^
même sommé pour robserration de la paix qu'il
TOUS a pin nous donner, qui consiste principale-
ment au rétablissement de la Chambre dans Cas-
ROU
— 484 —
ROU
le roi lai signifia, le 15 jaill. 1623,
de cesser des sollicitations importunes.
Il garda donc le silence, mais ses co-
religionnaires lui en firent un crime,
l'accusant de connivence avec la Cour.
C'est pour repousser cette calomnie
qu'il publia son Discours sur la paix
de Montpelliery où il se plaint avec
raison de ce qu'après avoir tout sa-
crifié pour la religion, il était attaqué
par des gens qui n'avaient rien osé
risquer pour la cause commune. <c Mes
actions, dit-il, depuis la paix jusqu'à
présent, font assés connoltre à qui les
veut considérer, ma sincérité.... Les
persécutions ni les calomnies des nô-
tres ne me divertiront jamais de la
ferme résolution que Dieu m'a donnée,
de m'emploïer tout entier an bien de
son service. » Il termine son éloquente
justification, en sommant ses censeurs
« à lui montrer le chemin de bien
faire. Je promets, dit-il, de les mieux
seconder qu'ils ne m'ont assisté; et
que sans me souvenir des choses pas-
sées, j'embrasserai toujours d'un franc
cœur la cause de Dieu, et réputerai à
gloire de souffrir pour son nom. d
Rohan passa à Castres un peu plus
de deux années, qui doivent compter
parmi les plus heureuses de sa vie.
« Le duc de Rohan, raconte Bouffard-
Madiane dans ses Mémoires encore
inédits, commença de mener à Cas-
tres une douce et tranquille vie, éloi-
gné de toute intrigue et embarras. Sa
maison, quoique immense, à cause de
beaucoup de gens qui s'y étoient four-
rés durant la guerre, et des mauvais
traitements qu'on leur faisoit depuis
la paix par ies lnrrac|ions,semontroit
exempte de désordres pour le jeu, la
débauche du boire, et de tous les au-
tres vices qu'on voit fourmiller chez
les grands. Sa table étoit fort frugale,
très, à la démolition da fort près de La Rochelle
et à la sortie des gens de guerre qai sont dans
Montpellier. • Le roi loi répondit le 15 juill. : c Je
désire qne tous sachiez que je suis si religieui à
entretenir les choses qne j'ai promises, et si facile
à entendre les plaintes de mes sujets, que j'ai
pins agréable que les remontrances m'en soient
faites par leur reqnêteon parleur rite voix qne par
autre entremise ■ (Fondêdt iratortf,No 9S53. 4).
ses autres dépenses très-modérées en
tout genre de luxe, étant un exemple
de sobriété pour son manger, ne bu-
vant que de l'eau, et paroissant in-
sensible pour la passion des femmes,
bien que la sienne lui fût très-chère,
et que, sans affectation, ni fourberie,
il parût entre eux une vive amitié con-
jugale, cimentée d'un mutuel respect,
s'il en fut jamais. Affable, familier et
accessible, jouant très-peu et rarement,
faisant exercice, aux beaux Jours, an
jeu du mail, à courir la bague, à mon-
ter à cheval, ayant toujours quelque
jeune poulain qu'il dressoit lui-même
avec succès; s'appliquant, sans affec-
tation, à la lecture de Plutarque et des
Commentaires de César, assidu aux
exercices de piété, sans hypocrisie,
fort retenu en ses passions, modéré en
ses ressentiments, exempt de blasphè-
mes et de tous jurements , discret et
civil en toutes ses manières; d'une
moyenne taille, fort droit, bien pro-
portionné en tous ses membres, plus
brun que blanc, des yeux vifs et per-
çants, nez aqnilin, chauve , fort dis-
pos, agile et adroit aux exercices jus-
qu'à la danse, bien que négligée par
ceux de la religion. »
Rohan vivait donc heureux, aussi
heureux qu'un homme dévoué, comme
lui, à sa religion pouvait l'être, en
voyant la Cour violer sans scrupule et
sans honte le dernier traité de paix.
Pions avons déjà dit qu'au lien de re-
tirer la garnison de Montpellier, on a-
vait élevé dans cette ville une citadelle,
dont l'esplanade devait être , avant la
fin du siècle, arrosée du sang des mar-
tyrs, et les cachots se remplir des con-
fesseurs de la foi protestante. Malgré
les promesses les plus formelles, le fort
Louis restait debout etde nouveaux tra-
vaux le rendaient de plus en plus for-
midable. Le traité de paix portait que
les Réformés étaient admissibles à tons
les emplois, mais ils ne pouvaient ob-
tenir même la place de sergent, sans
faire acte de catholicisme. Le culte pro-
testant devait être rétabli partout où il
avait été aboli^ mais on éludait l'exé^
ROH
— 485 —
ROH
cation de cet article à Toars et ailleurs
(Voy, IV^p. 404). Le parlement de Tou-
louse, sans s'inquiéterde l'abolition gé-
nérale accordée à tous ceux qui avaient
porté les armes, décernait des prises
de corps et condamnait à des amen-
des énormes pour faits de guerre. La
plupart des tribunaux, dans les procès
où intervenaient des Réformés, ju-
geaient, comme on dit, sur l'étiquette
du sac. Enfin on faisait assez ouverte-
ment en Bretagne des préparatifs pour
bloquer La Rochelle par mer, comme
elle Tétait déjà par terre au moyen du
fort Louis.
Malgré toutes ces infractions à un
traité dont il pouvait se considérer com-
me le garant vis-à-vis de ses coreli-
gionnaires, Rohan ne songeait point à
reprendre les armes, lorsqu'il reçut la
visite de son frère Soubise, que la note
secrète nous peint comme un seigneur
<t séditieux, brouillon et étourdi, colère
et partant incapable de grandes affai-
res. » Les Rochellois, effrayés a de l'ap-
pareil de leur blocus par mer, qui étoit
comme en sa perfection, » et résolus^
comme dilBassompierre, «de faire quel-
que noble représaille, afin que rendant
ce qu'ils auroient pris, on leur remit
le fort qui les incommodoit, » s'a-
dressèrent à Soubise, qui, partageant
leurs inquiétudes, leur promit son se-
cours et celui de son frère. Roban hé-
sita à se jeter dans une nouvelle entre-
prise « à cause des désunions et autres
manquemens qu'il avoil éprouvés aux
brouilleries précédentes et qu'il appré-
bendoit d'offenser l'Angloi s et les Hol-
landois, à cause de la ligue qu'ils ve-
noient de faire avec le roi. )> aMes af-
faires domestiques, dit-il ailleurs, ne
m'obligeoient qu'à la continuation de
la paix . » Cependant son frère ayant per-
sisté dans sa résolution , il ne voulut
point l'abandonner. Dès qu'il eut avis
de la surprise du port de Blavet, il tra-
vailla, activement secondé par la du-
chesse , sa femme, à soulever le Lan-
guedoc ; mais il trouva presque par-
tout les Protestants indifférents, sinon
hostiles. Cette tiédeur le disposa à 6^
coûter les propositions d'accommode-
ment qu'on lui fit. S'il n'avait été con-
duit^ comme on l'en a accusé, que par
une ambition vulgaire, s'il n'avait pas
été, de l'aveu de tous les écrivains im-
partiaux, le plus désintéressé des chefs
protestants, il se serait assurément con-
tenté de ce qu'on lui ofirait : pour lui,
le commandement en chef de l'armée
des Vénitiens, et pour son frère, celui
de la flotte des alliés (l); mais il ne
voulut point séparer ses intérêts de
ceux des églises, et il persista à récla-
mer l'exécution pleine et entière du trai-
té de Montpellier, surtout la prompte
démolition du fort Louis. Richelieu re-
fusa, et il eut l'art de persuader aux
gouvernements d'Angleterre et de Hol-
lande, que si la paix n'était pas con-
clue, la faute en était à l'obstination de
Rohan et de Soubise. Le roi d'Angle-
terre, très-mécontent de ce que les deux
frères se jetaient à la traverse de ses
projets, les abandonna, et le prince Mau-
rice, allant plus loin, obtint des Etats-
Généraux l'envoi d'une floite au secours
du roi de France, sous les ordres de
l'amiral Haultin.
Cependant Rohan rencontrait à cha-
que pas des difficultés presque insur-
montables. Désavoué par les députés
généraux, par les personnes influentes
du partie par la plupart des ministres,
par beaucoup de municipalités; con-
trecarré par la chambre mi-partie, qui
résidait encore à Béziers^ par le prési-
dial de Nismes, par presque tous les
Protestants qui occupaientquelque em-
ploi dans l'Etat; traversé enfin dans ses
projets par cette foule de gens, lâches
on égoïstes, si bien peints par La Noue,
« qui empacquetcnt et cachent leur hon-
neur et leur conscience au fond d'un
coffre, » il sentit qu'il ne pouvait s'ap-
puyer que sur le peuple, qui raisonne
peu, qui calcule encore moins, et qui,
par cela même , est plus prompt à se
passionner pour une cause, mais plus
prompt aussi à se laisser décourager.
(1) Le gonremement français, de concert atee
VeoiM 61 la StTOie, méditait une entreprise sur
Gènet.
tioii
-m-
ROH
A cette époqae, la religion était encore
le levier le plus puissant pour agir sUr
les masses. On le vit donc — ceci est
une page que nous voudrions pouvoir
effacer de sa vie — a on le vil, raconte Le
Vassor, par les places publiques et dans
les temples faisant porter le livre des
Saintes Ecritures devant lui et pronon-
cer de longues prières composées ex-
près^ d'un air toucliant et pathétique.
Accompagné de plusieurs ministres, il
alloit de ville en ville; quand on i^rri-
voit quelque part, le ducmarchoit droit
au temple et y prioit Dieu assejs long-
temps à genoux et avec beaucoup de
ferveur en apparence, avant que de par-
ler aux magistrats et au peuple, p Cet
appel au fanatisme n'eut pas tout le suc-
cès qu'il s'en promettait. Ce ne fut pas
sans peine qu'il parvint à réunir en-
viron 2,000 liommes de pied et iOO che-
vaux, à la tète desquels il entra en cam-
pagne. Après avoir occupé Puy-Lau-
rens, Revel, Sorrèze, Salnt-Paul-La-
mialte, Bridtcxte, il essaya, le l«rmai
1625, de surprendre L^vaur. Son en-
treprise échoua, mais il se rendit maî-
tre de Réalmont par intelligence. Une
assemblée.de la province du Haut-Lan-
guedoc qu'il convoqua à Castres,l'ayant
élu général, il établit un conseil, qui
devait pourvoir aux affaires en son ab-
sence, et partit pour le Bas-Languedoc,
laissant sa femme malade à Castres.
Quelques jours après son départ, Thé-
mines parut subitement sous les murs
de cette ville, et se mit en devoir de
livrer l'assaut. La duchesse de Rohan,
qui unissait un courage viril aux qua-
lités aimables de son sexe, ne fut pas
plutôt informée du danger, qu'elle se
fit porter sur les murailles. Son intré-
pidité enflamma d'ardeur la population
entière; hommes, femmes, enfaQts,tous
s'empressèrent d'exécuter les ordj*es
qu'elle donna avec un calme, une pré-
sence d'esprit propres à étonner les plus
vieux soldats ; les assaillants furent for-
cés de battre en retraite. L'arrivée de
Luaignan (Voy. ce nom) sauva la ville;
mais tous les efforts des lieutenants de
Rohan ne purent empêcher d'Epernon
et Thémines d'exécuter les ordres im-
pitoyables qu'ils avaient reçus du roi,
et qu'ils remplirent avec une froide
cruauté. Le dégât commis par eux au-
tour de Castres et de Montauban fut hor-
rible : leurs soldats ne se contentèrent
pas de ravager les champs, de couper
les arbres, d'arracher les vignes, de
brûler les maisons, ils égorgèrent une
foule d'habitants de tout sexe et de tout
âge.
De son cûté, Rohan, qui rencoatrait
assez peu de sympathie dans le Bas-
Languedoc, employait la force poqr
grossir son parti. Une nombreuse as-
semblée, qui se tint, le 25 juin, à An-
duze, sous la présidence de Saint-
Blancard (ayant Roussel, ministre de
Sauve, poqr adjoint, Condut, consul de
St-Hippolyte, et Combel, d'Anduxe,
pour secrétaires), décida l'union avec
La Rochelle. Proclamé général, Rohan,
dans l'espoir de faire déclarer Nismes
en sa faveur, marcha avec FreUm^
Saint-Blancard et Saurin, ses (rois
mestres-de-camp, contre Sommières,
dont il se rendit maître au moyen du
pétard, dans la nuit du samedi au di-
manche 6 juillet. La garnison se retira
dans le château, et l'arrivée d'un se-
cours de 1,200 hommes, envoyé par
Valençay aux assiégés, le força à aban-
donner sa conquête. Ce revers renver-
sant ses projets, il laissa CKaoagnac
dans les Cevennes, et vola au secours
du Haut-Languedoc, à la tète d'envi-
ron 2,000 Cévenols. Attaqué i Yianne
par Thémines, il confia ses troupes à
Saint-Blancard, et sortit de la ville,
lui cinquième, à la faveur de la nuit,
pour aller prendre le commandement
d'un puissant secours qui lui arrivait
de Castres. 11 espérait de mettre l'en-
nemi entre deux feux ; mais Thémines
ne l'attendit pas. Sa présence releva
les affaires des ProtestanU^ dans le Haut-
Languedoc. Il fit enlever par Lusignan
le régiment de Lescure dans le faubourg
de Teillet, et s'empara en personne de
Scleurac, ainsi que de plusieurs petits
forts, qu'il brûla. Ces succès, joints à
l'échec éprouvé par Thémines davant
ROH
487
ROH
Le Ma8-d'Azil et à un avantage rem-
porté par Soubise sur la flotte franco-
bollandaise^ le 16 juill. 1625^ dispo-
sèrent la Cour à se prêter plus facile-
ment aux voies de conciliation ( i ) . Mal-
gré les pressantes exhortations de Ro-
ban et de Soubise^ les Rochellois ne
voulurent absolument pas entendre
parler d'accommodement avant la dé-
molition du fort Louis. Cette obstina-
tion irrita singulièrement les Réformés
du Languedoc, qui supportaient toutes
les calamités de la guerre ; ils voulaient
traiter séparément, et ils auraient vrai-
semblablement fini par le faire, malgré
les eflbrls du duc, si la prise de Tile
de Ré par Tboiras , la défaite de leur
flotte et le départ de Soubise pour l'An-
gleterre n'avaient bientôt rendu les Ro-
chellois moins exigeants. Une assem-
blée, composée des. députés des Ge-
vennes, du Haut et du Bas-Languedoc
se tint donc à Hilbau , sous la prési-
dence de Rohan, et arrêta, le i*^ nov.
1625, l'envoi en Cour de neuf députés
« pour déclarer à S. M. qu'ils accep-
toieut les articles et conditions de paix
qu'il lui avoit plu leur accorder » (Voy.
I, p. 276). Ces députés furent présen-
tés à Louis XIll par les députés géiié-
raux Maniald et Montmartin. Rien de
plus bassement servi le que la harangue
adressée au roi en cette occasion. Les
descendants des compagnons de Condé
et de Coligny furent assez lâches pour
condamner la mémoire de leurs pères
et tout ce qu'ils avalent fait dans le but
de leur conquérir la liberté de con-
science ! « Nous n'avons que des pa-
roles d'exécration, s'écrièrent-ils, con-
tre les sujets qui osent lever les armes
au préjudice de leur prince, sous quel-
que prétexte que ce soit ! » De pareils
(1) On a publié la Harangue des àéputét de
MM. de Rohan et de &m6M«, el dei villes de La
Rochelle, MorUauhan, Castrée^ Milhau et autrest
prononcée au roi à Fontainebleau ^ le li juiU,
1625,par le sieur de ComvrelleSt avec la réponse
de S. M. y 1625, ÏD-ia. Couvrellea avait été dé-
puté par La Eocbelle. MonUaban avait eovoyé
Du Puy^ Le CUrc cl Noaillan ; Castres, Dorsonél
Madiane; Milhau, Guérin ; lesGeTeones, (MLsu,
Du Gros t Pu^edùn (allas Pierreâ4m) tt Pagt/ff/;
et Rohaa, Fort» ei Lt MiUstière.
hommes ne tendaient-ils pas volontai-
rement les mains aux fers du despo-
tisme? Louis accueillit avec bonté des
sujets si doumis; mais, encouragé peui^
être par lear bassesse, il refusa de eom-
prendre La Rochelle dans le traité. U
finit pourtant par se laisser fléchir,
après avoir vu La Goutte et les autres
députés rochellois implorer à genoux
sa clémence ; toutefois il ne voulut
pardonner aux Rochellois qu'à condi-
tion qu'ils raseraient leurs fortiflcâ-
tions, qu'ils recevraient un intendant
dans leur ville et qu'ils ne feraient sor-
tir aucun vaisseau du port sans la per-
mission de l'amiral. Des conditions
aussi dures devaient être rejetées par
la flère cité républicaine. Un grand
nombre de Protestants du Haut-Lan-
guedoc, fatigués à l'excès d'une guerre
dans laquelle les intérêts de leurs égli-
ses n'étaient pas directement en jeq,
auraient voulu qu'onabandonnât La Ro-
chelle, mais Rohan prit des mesures ri-
goureuses contre ces lâches déserteurs
de l'union des églises (Fondu de Baluze,
N» 9253. 4). Dansle Bas-Languedoc, au
contraire, on comprit mieux les devoirs
de la solidarité. Nismes, Uzès, Alais,
qui avaient montré jusque-là beau-
coup de tiédeur, se prononcèrent en-
fin, en sorte que Rohan, renforcé par
Taccession de ces trois villes et par celle
du Vivarais, et comptant d'ailleurs sur
le secours de l'Angleterre, que son frère
lui promettait, se prépara à continuer
la guerre. 11 se rendit dans les Ceven-
nes, y leva promptement six régiments,
à la tête desquels il mit Rouveyretiej
CltavagnaCj AuhaU, Saint - Cosme ,
LecqueSy Fourniguet, et se disposait
à rentrer en campagne, lorsque la Cour,
sentant qu'elle était allée trop loin, mi-
tigea les conditions auxquelles elle con-
sentait à accorder la paix. Elle fit agir
auprès des Protestants les ambassa-
deurs du roi d'Angleterre, qui désirait
vivement que le calme se rétablit en
France, afin que cette puissance, tran-
quille au dedans, pût joindre ses forces
à celles de la ligue contre la maison
d'Antriche, et le traité d9 paix fut en-
ROH
— 488 —
ROH
fin signée le 5 fév. 1626, soas la ga-
rantie de Charles l«^ Ce traité, ratifié
par les Rochellois et par l'assemblée
de Nismes, fut saivi^ le 6 avril, d'un
édit de pacification, qui fut reçu par-
tout avec une allégresse extrême.
On assure qu'aux remontrances qui
lui furent adressées par le nonce au
sujet de ce traité, Richelieu répondit :
Mon dessein est d'exterminer l'hérésie
en France, mais il faut que je scan-
dalise encore le monde auparavant.
Mieux encore que ces paroles, la con-
clusion d'un traité de paix avec l'Es-
pagne, qui fut rendu public bientôt
après, mit au grand jour le machia-
vélisme du gouvernement français. Le
roi d'Angleterre, les États- Généraux
de Hollande, le sénat de Venise, le duc
de Savoie, toute la ligue, en un mot,
cria à la perfidie, et Rohan, qui espé-
rait a avoir éteint sa généralité pour
toujours, » ne fut pas le dernier à pré-
voir que la paix serait de courte durée.
Cette conviction s'affermit chez lui
lorsqu'il s'aperçut que Richelieu tra-
vaillait « à le ruiner dans la province,
même par toute la France. )» Les intri-
gues de l'astucieux ministre ne tardè-
rent pas à porter leurs fruits. Le Sy-
node national de Castres, vivement
sollicité i^slt Auguste Galland, l'adroit
agent du gouvernement, par Masuyer,
l'assassin de Campredon (Voy . ce nom)
et par cette poignée de traîtres que
Rohan avait dû expulser de Castres
pour prévenir la conclusion d'un traité
particulier qui aurait entraîné la perte
de La Rochelle, refusa, il est vrai, de
s'associer à ses rancunes, en improu-
vant la dernière prise d'armes du duc
et en condamnant ses intelligences avec
le roi d'Angleterre et d'autres princes
étrangers ; mais la municipalité de Cas-
tres poussa la complaisance jusqu'àé-
couler des accusations absurdes dic-
tées par la violence des inimitiés per-
sonnelles, et à refuser d'entendre Mer-
mety le ministre du duc, qui étaitchar-
gé de le justifier. De quoi donc Rohan
était-il coupable pour qu'on en agit avec
cette brutalité envers lui ? de s'être
montré plus jaloux que ses coreligion-
naires des droits ou des privilèges qui
leur étaient garantis par les édils , et
d'avoir compté trop légèrement sur
leur coopération pour contraindre on
gouvernement déloyal à les respecter.
Dans la prévision d'une nouvelle
guerre, Rohan employa toute son in-
fluence pour faire élire à Nismes et
dans d'autres villes des consuls qui
lui fussent dévoués. De son côté Sonbi-
se^ appuyé par l'ambassadeur de Sa-
voie , Scaglia , agissait avec vivacité
auprès du roi d'Angleterre ; il cherchait
à le convaincre que l'on avait abusé
de sa médiation pour amener les Pro-
testants à accepter une paix peu avan-
tageuse, qui n'élait même pas obser-
vée (i). Charles, à moitié convaincu,
envoya à Rohan un de ses gentilshom-
mes «pour lui remontrer le juste res-
sentiment qu'il avoit de ce que par son
intervention les Réformés de France
avoient été trompés; qu'il voïoit clai-
rement qu'au lieu de remettre La Ro-
chelleen liberté, on se préparoit à l'op-
primer, et qu'il désiroit savoir lesper-
sécutions qu'ils recevoient en Langue-
doc, etmêmequ'ilseroità propos qu'ils
lui fissent leurs plaintes, afin quecom-
me caution de la paix précédente , il
eût un légitime sujet de requérir la
réparation des infractions d'icelle. » Ro-
han se chargea de dresser lui-même le
cahier des griefs de ses coreligionnai-
res : enagissantainsi, il s'arrogea sans
aucun doute une autorité qui ne lui
appartenait pas; ce qui l'excuse pour-
tant, c'est qu'il lui eût été impossible
de convoquer une assemblée générale,
sans lever en même temps une armée
pour la protéger. Sop travail achevé,
il l'envoya en Angleterre par Saint-
Blancard, Richelieu, qui avait des es-
pions partout, ne tarda pas à avoir vent
de l'intrigue. Menacées de la Bastille,
la mère de Rohan et sa sœur se hàtè-
(1) Les ambassadeurs anglais s'éUient portés
garaols nommément de la démolilion dafortLoais,
et ce fort sabsislait tonjours. Ils avaient donne à ce
tajetane Déclaration, datée deParis 11 Tôt. 16S6,
qui a été publiée dans le Journal da dernier siège
de La RocbeUe par Mervattli.
f
ROH
— 489 —
ROH
renl de quitter Paris et se réfagièrent
à La Rochelle, où elles arrivèrent pres-
que eu même temps que la flotte an-
glaise.
A la nouvelle de l'arrivée de ce puis-
sant secours, Rohan publia un ma-
nifeste (Collect, Dupuy, N» 100), oîi
il exposa^ dit Le Yasser, des senti-
ments dignes d'un béros cbrétien.
Etaient-ils purs, se demande Tbisto-
rien, sincères, dégagés de tout mou-
vement d'amour-propre et d'ambition ?
Comme lui, nous en laisserons le Ju-
gement à Dieu. Après cette démarche
décisive, il se hàla de convoquer à
Uzès une assemblée du Bas-Languedoc
et des Gevennes, laquelle ouvrit ses
séances le iO sept. 1627. Electrisés
par un discours éloquent qu'il leur a-
dressa pour les convaincre que des
deux seuls partis qui leur restaient à
prendre^ la soumission passive ou la
résistance à main armée, le plus hono-
rable et le plus sûr était celui qu'a-
vaient choisi leurs illustres ancêtres,
les députés des églises le supplièrent
de reprendre le commandement en chef
[Voy, 1, p. 277), sous la suprême di-
rection d'une assemblée générale, et
rcnouvelcfent le serment d'union, en
y ajoutant une promesse solennelle de
n'accepter aucune paix, de ne consens
tir aucun traité que du consentement
de toutes les églises et de leurs alliés.
Rohan se flattait de l'espoir que
l'exemple du Bas-Languedoc et des Ge-
vennes entraînerait d'autres provin-
ces; il se trompait: Milhau, Montau-
ban. Castres et beaucoup d'autres vil-
les rerusèrent positivement de se join-
dre à lui, entraînées par les insinua-
tions d*A . Galland, que Richelieu avait
renvoyé dans le Languedoc (Voy. V,
p. 202). La défection de tant de places
ne découragea pas Rohan, qui savait
qu'il pouvait compter sur le peuple au
défaut de la bourgeoisie. Il flt faire des
levées à ses frais, entra en campagne
et poussa la guerre avec vigueur, mal-
gré les déclarations fulminantes du roi
et l'arrêt féroce du parlement de Tou-
louse, qui voulut signaler son zèle à
T. VIII.
sa manière (l). Laissant à d*Aubai$ le
commandement du Bas-Languedoc, et
à un conseil le maniement des affaires
dans les Gevennes, il se rendit en per-
sonne dans le Rouergue, y soumit quel-
ques petites places et se présenta de-
vant Milhau, dont le peuple lui ouvrit
(i) Nous rapporterons, en l'abrégeant, cetar^
rèt, qni (ut eiécalé en effigie. « Poar réparation
et ponilion desquels eicès, ladite cour l'a déclaré
déehn des titres de dac et pair de France, en-
semble d!i bénéfice des abolitions à lui ar,cordéaf
par S. M., l'a condamné et condamne d'être ïhté
es mains de l'exéculear de la baule justice, le-
quel le traînant sur une claye, ensemble ses ar-
moiries, lui fera faire le tour accoutumé par lei
mes et carrefours de la présente ville deTholoze,
et au-deTant de la principale porte de l'église St-
Etienne, eu chemise, tête et pieds nus, la bart
an col, tenant une torche de cire ardente en sef
mains, lui fera demajider pardon à Dieu, au roi
et à la justice.... le traînera jusqu'à la place da
Salin, où étant sur un écbnOaud sera tire à quatre
cheTaui jusqu'à ce que son corps en soit démem-
bré, et après sera sondlt corps et membres et se»>
dites iirmoiries brûlés; déclare ladite cour lee
enfans, descendans et la postérité dudit de Rohan
déchus de la qualité et droit de noblesse,.... tontei
les terres, fiefs et biens par lui tenus et possédés,
acquis et confisqués au roi,.... seront toutes ses
maisons fortes rasées, et ses bois de haute fu-
taie dégradés et abattus jusqu'à la hauteur de
trois pieds ; de tous lesquels biens et des plus
clairs deniers d'iceui sera distraite la somme de
150,000 livres que lu cour a adjugé et adjuge an
profit des communautés ou des particuliers, etd«
leurs héritiers et successeurs qui se seront saisis
de sa personne, mort ou Tif, soient lesdits par-
ticuliers régnicoles, étrangers ou domestiques ds-
dit duc de Rohan ; afin que le payement actuel
soit assuré de ladite récompense, ordonne ladite
cour, sons le bon plaisir du roi, que pareille
somme sera prise par avance sur les plus clairs
et liquides deniers du Domaine et outre si les-
dites communautés ont participé à ladite rébellion
et antres crimes susdits, et que lesdits particn-
liers ayent commis autres crimes quels qu'Us
soient, ils en demeureront quittés, déchargés,
absous : et en outre Icsdites communautés fran-
ches, quittes et exemptes de toutes tailles, char-
ges , subsides et autres impositions à perpétnitâ
sous le bon plaisir du roi. Donné en parlement,
chambresassemblées, le39 janv. 1628. ■ Séduits
par l'espoir d'aussi magnifiques récompenses, plu-
sieurs assassins se mirent en devoir de les gagner.
Sous la dale du 30 avril 1638, Rohan ecriifait à
sa mère: «Par mes dernières de Venise J'apprends
que ma femme et ma fille se portent bien, Dien
mercy, et moy aufsi, malgré les assassins, dont
il y en a eu dc^à un de roué, et deui de pendus,
j'avois nourry l'un d'iceux page. J'ay tous les
jours nouveaux avis là-dessus, mais ils ne m'é-
pouvantent guères : car qui en la garde du haut
iHeu pour Jauuiis êe retire, en ombre bonne et
en fort lieuretire ie peut dire. •
Si
ROH
— 490-
ROH
les portes^ malgré l'opposition des con-
sais. Cet exemple entraîna la plupart
des villes de la province. Rohan passa
ensuite dans rAlbigcois, se saisit de
Roquecourbe^ de Revet^ de Réalmonf,
et prit la roule du Pays de Foix. Ce ftit
en vain que Montmorency essaya de lui
disputer le passage. Il entra sans ré-
sistance à Mazères^ à Saverdnn^ tandis
que son lieuleuant Faucon se saisis-
sait de Hontmaur^ et il trouva dans cea
villes les secours dont ses soldats a-
valent te plus pressant besoin. La prise
de Pamiers^ le 22 nov., fut suivie de
U reddition de plusieurs petits forts
bien pourvus de vivres et de munitions.
Le Mas-d'Azil, Le Caria se rendirent;
en quelques jours, il fut maître do tout
le pays^ dont il donna le commande-
ment à Beaufort, lorsque l'entrée de
Condé dans le Languedoc le rappela à
Nismes. Le prince s'étant éloigné sans
rien entreprendre, Roban crut le mo-
ment favorable pour mettre à exécution
un projet conçu i>ar Bretigny, de con-
cert avec le baron de Mcslay. Il ne s'a-
gissait de rien moins que de surpren-
dre la citadelle de Montpellier. Le jour
de l'exécution fut lixé au 19janv. 1628.
Bretigny, qui formait l'avant-garde
avec cent hommes bien armés, trouva
te pont-levis baissé et le franchit avec
une trentaine de ses gens, sans se dou-
ter que Meslay, son parentel son intime
ami, le trahissait. A peine était-il pas-
sé, que le pont fut levé et qu'un tré-
bucliet, prépai'é d'avance, précipita
les soldats huguenots dans le fossé,
où on les fusilla. Dans ses Mémoi-
res, Richelieu prétend que Rohan per-
dit (c %9 hommes do commandement,
50 autres et 15 gentilshommes pri-
sonniers. » Sa haine se plaît à qua-
drupler le chiffre. Une Liste manus-
crite, et vraisemblablement officiel-
le, des tués cl des blessés dans cette
entreprise [Fonds de Brienne^ No2J :i)
mentionne, comme tués : le baron de
Bretiyny, maréchal de camp, et son
frère CourcUlony le baron de Ferrières^
le baron de La CroiseUe, cornette; de
La Bouvière, le baron û'Entrevauœ,
de Bttutrois, de Montauban; de Gtnes"
tous, de La Rivoire, de Sommlëres; de
' Mautiéy deLunel ; le capitaine Privas,
de Montpellier j et de Laiané, de Gan-
ges, en tont 12, et comme ayant été
blessés et faits prisonniers : le baron
de Persy, le capitaine Verclausey de
Montpellier; de Loùbinièrey les capi-
taines Vincent, de Bordeaux^ et Ber-
cherie-de-La Porest, de Normandie;
Bansillon, d' Andnze ; Goôe/, d'Orange ;
Fournier, d'Aubenas; le capitaine La
For est, du Vigan; La Tour-Geneste,
beau-frère de Saint-Blancard, et son
frère de Bouisset ; de Samartsac, de
Sommières; le capitaine Aleocarûire,
de Florac; de MiaUt, de Saint- Jean;
Causse, de Sumèue ; Truc, tils du pré-
vôt de Nismes, et Chalas, de Nismes,
en tout 17. Atontredon, qal comman-
dait sous Brctigny et qui se disposait
à le suivre, fit retirer en tonte hâte ses
troupes sur le corps principal que Ro-
han commandait en personne, et les
Protestants battirent promptement en
retraite. La rigueur de l'hiver suspen-
dit les hostilités.
Le début de la campagne suivante
ne fut pas heureux pour les armes de
Rohan. Sa cavalerie, commandée par
Aubaïs, Lecques et La Cassagne, fût
battue le 12 fév., et le régiment de
Mourmoirac mis en complète déroyte.
Mourmoirac lui-même fut tué. Mais les
succès de Rohan dans le Yivarals firent
bientôt oublier ces échecs.
Appelé au secours de celle provin-
ce, il partit de Nismes le 1 4 mars i 628,
et se rendit à Alals pour se mettre à
la tête de sa petite armée, qui avait
pris les devants sous les ordres de Lec-
ques, ô^ Aubaïs et de La Boissière, Il
se tenait alors dans cette petite ville
une assemblée des colloqncs cfAndnze,
de Sauve et de Saint-Germain, sous la
présidence de Gasques, ayant Dumas
pour adjoint et Montmesard pour se-
crétaire. Dès qu'elle fbt instruite de
son arrivée, elle Ot inviter Roban à se
rendre dans son sein, et ce fut en sa
présence qu'elle prit les résolutions les
plusénergiquesponrla continnationdt
ROH
— m —
AQB
la gmrre. Elle ordonna que le serment
d'union serait signé sous quinzainopar
ceux qui ne l'avaient pas oncoro fait;
qu'un régiment Uo 3,ooo hommes se-
rait levé sous le nom do Koban ; que les
biens ecclésiastiques seraient mis en
adjudication dans toute la province;
qu'enfin on n'accepterait aucun traité
de paix que de concert avec le roi d'Ai^-
gleterre, le duc de Rolian^ La ftoclielle^
et en général toutes les églises et tous
les gentilsbommes conjoints et unis (1 ).
Rohan n'attendit pas^ pour ouvrir la
campagne^ la levée qui venait d'être
ordonnée. A Mais môme, il reçut la
soumission des cbàteaux de Roussons,
Potelières et Bessas. Celui de Teyrar-
gués, qui appartenait au marquis de
Portes, un des plus acharnés perséca*
leurs des Protestants dans ces quar-
(1) AssisUiicnt à cette assemblée : Gou.oqCb
o'Â?(DrzK, pour la noblesse : de La Mitgne^ Jf#-
janeMf La FenadoUy Rebouliery Va//f /Itf, R/mof,
Cassagiwltes, Gacùu'/, Yaleteure ; ^omt le clergé:
Courait y Ilorlé^ Bony^ ReboutieTf de Bruget
i allas de Brueque), Guérinf Imbertf Aymar,
UieniUy Chavanoti^ Dawal, Barne fit Bomtar;
pour le tiers : de Coniolhlj Romaride, La FareUe,
Soubeyran^ RinvalfCoutellfy Sonis^ Roque, Rnn-
quftiSy Ctfiude Dama», La Taule ^ Pagez^ Jean
Bernard. CoLLOVi'fi DE Sauve, pour la dih
blesse : de MazaribatydP' Rignac^ Ihtffori^d^La
Rivière, deSalvaê, Detpralz, Sainl^uhl (appa-
remment fils d'un siear de Saint-Juhl, qni arait
été massacré a^ee son frère par les Ligaean en
1585), Pradine, le régent de Satnt-Uippolyte,
Saint-Bonnet, Torique, Rousaet, Mercier, d* Ai-
sat; pour le clergé : de FalgueroUes,de La Co»te,
Vruieard, SurviUe, Soleil, Robert, La Combe,
tierlié, Tubère, Abraham du Saint-Loi^f, Gui^
laumencq, ViUaret,Lezay, Yignolles,JeanGiUy;
pour le tiers : de Montine$ard, Du Verdier, Ai-
goift, Betsttis, Féronnihe, Brouzet, Alnot, Ber*
nard, FalgueroUet, SurviUe, Sable,Saurin,iloij-
LOQUB DK St-Germain, pour la noblesse : de
Gnsquen , le baron de Barejean (Burjac?) de
TuiJttar, Berque», de Bourtonne, de Borbue^ de
PervtHort, Deê Bourg, Banièrety Dehutfêit, Pti-
miril, Du Cro», Pauh, de HireL, do Gardie^ 4e
Sainte-Croix, de Hontnnct, de Fflf«#r», de Jron-
tanilte ; pour le clergé : de La Fage, Blane^ Gtti-
sard, Barjon, Deirol (allas UeyroUea), Haran,
Pontier, Dama», Rontel, De» Ë*»ars, Bourget,
Paul Turc, Guion ; pour le tiers ; Héral, de
Vnlduze, Villard, Manbernard, Maurd, Dumont,
GroM, Mourgue, Louis, de La Carrière, Derayg»,
Penière, 'fifinionnière, lAbiwère , Therond,
Garnier, Lédier, Tiuel,SerrireyJ.-A.Couderç,
FruHMxnet, Bragaze, GuaUiard, Pelet, Martin,
Alcai9,DueMault,Laba9tide, Ferrier et La Comhf
(FoQdi S«Mtglolre, N« 5S).
tiers^ se rendit à la première somoM-
lion et fut brûlé par les vassaux À
marquis exaspérés de ses cruautés. Lf
19, la petite ville do Saint-Jean-dor
Marvcjols capitula. Le 20, le fort ^
Salavas, qui passait pAur imprenabU^
fut investi, et l'attaque, conduite par
Toyouse, Gondin et La Baume ^ fol
poussée avec tant de vigueur, qu'il se
rendit le 26. La Tour-du-Moulin, bàUe
au milieu de l'Ardèche, ouvrit ses por-
tes à Saint- Florent, et Vallon à iiti-
baïs, sans même essayer de se défen-
dre. Roban se rendit maître en per-
sonne du Pouzin, adn de faciliter le
passage du Rbùne aux troupes que le
duc de Savoie lui promettait, et il tn^
vailla sur-le-champ à en relever les for-
tiflcations, « fort mal assisté, dit-il, de
ceux du pais pour cela, et contraint de
boursiller parmi les siens pour païer
les soldats auxquels il faisoit faire les-
dites fortifications. » Dans le môma
temps, ses lieutenants soumettaient
Saint-Alban, Rays et Le Gheylard, et
Lecques franchissait le Rhône pour al-
ler mettre à contribution le Dauphiné.
Forcé d'interrompre ses conquétee
par les nouvelles qu'il reçut du fiae-
Languedoc, Rohan partit de Privas le
25 avril. Aubaïs formait Tavanl-gard^
avec sa cornette de cavalerie et çeilaSi
de Saint-Estèue et du baron d'Alais»
L'infanterie, composée des régiments
de SandreSy Fourniyuet, Biinard et
Des Aires, marchait ensuite en quatre
bataillons disposés en losange. L'ar-
rière-garde était formée par les régi-
ments de Gandin, La Bauim, fea
JUourmoirac et i^ rertouo;, soutenus par
les escadrons de cavalerie de La Cas^'
6agne et Meyriéres, 30us les ordres d0
Lecques, L'armée buguenotte, s'avan-
çantdanscet ordre, rencontra Tennemi
à Saint-Germain, où il s'était fortement
retranché. Une manoeuvre habile, com-
mandée par Rohan et exécutée avec
précision par ses lieutenants, la tira de
danger. Les Catholiques se jetèrentsor
Tarrière-garde ; mais leur attaque fut
vaillamn^nt sou tenue par Lecques, qui
ne se laissa pas entamer. Ce combat.
ROH
— 492 —
ROH
qu'il qualifie d'escarmoache^edlle seal
que Rohan eut à livrer dans sa retrai-
te. Arrivé à La Gorce^ ii reprit le canon
qn'il y avait laissé, et se rendit à An-
dnze, oii il accorda quelques jours de
repos à ses soldats barassés.
Roban était encore à Andnze, lors-
qu'il reçut la nouvelle de là perte de
Kéalmont par la trahison du gouver-
neur, nommé Maugis, trahison qui
tourna, en quelque ^orte, à son avan-
tage, puisqu'elle facilita à Saint-Ger-
mier (Voy. VI, p. 436) la prise de la
ville de Castres. Vivement pressé de
se rendre dans le Rouergue, où il sen-
tait lui-même que sa présence était
nécessaire, a il se trouvoit, nous dit-
il^ bien empêché de faire résoudre ses
troupes d'y passer; car elles venoient
de beaucoup pâlir en Vivaretz et crai-
gnoient un pareil traitement en ce voïa-
ge. » Dans son embarras, ii s'avisa de
tenter une entreprise sar Meyrueis,
place importante sur les frontières du
Rouergue, « se promettant que leur
aïant fait faire la moitié du chemin, il
auroit plus de facilité à leur faire fran-
chir le reste. » Par ses ordres, Le Fesq
investit la ville qui fut emportée à coups
de pétards ; mais la garnison se retira
dans le château et ne se rendit qu'a-
près une courageuse défense de trois
semaines. Les fatigues de ce siège
achevèrent de décourager ses soldats;
la désertion réduisit sa troupe à huit
cents hommes, en sorte qu'il se vit for-
cé de rentrer dans le Bas- Languedoc.
Il s'y saisit de quelques places, entre
autres de Vézenobre, et pour tirer ven-
geance des affreux ravages exercés par
Montmorency dans les environs de
Nlsmes, Il porta, par représailles, le
fer et le feu jusqu'aux portes de Beau-
caire.
Ne trouvant plus à nourrir ses trou*
pes dans un pays ruiné tour à tour par
les deux partis, Rohan se décida à les
mener dans le Rouergue, et mit le siè-
ge devant Creissei; mais l'approche
de Condc, qui avait opéré sa jonction
avec Montmorency, le força à l'aban-
donner. Voulant profiter de l'absence
des généraux catholiques, qui laissait
le Bas-Languedoc dégarni der troupes,
il y rentra à marches forcées, investit
Aimargues et obligea la place à capitu-
ler dès le lendemain. A cette nouvelle.
Montmorency se hâta de revenir sur
ses pas et attaqua le Grand-Gallargues,
où Valescure et ïja Roque comman-
daient. Rohan fit tout ce qui était en
son pouvoir pour les secourir; mais
il fut mal secondé par les assiégés
eux-mêmes, qui se rendirent à discré-
tion, a à moins que Rohan ne livrât
Aimargues, auquel cas ils sorti roient
avec tout leur bagage. » Rohan refusa
de ratifier cette honteuse capitulation,
et fit approuver sa résolution par une
assemblée qui se tint à Anduze; puis
il alla assiéger Monts, dont il reçut la
garnison à composition, en lui impo-
sant pour condition qu'elle subirait le
même traitement que les prisonniers
du Grand-Galiargues. Quelques jours
après. Montmorency reçut l'ordre de
faire pendre les officiers et d'envoyer
les soldats aux galères. Gondé voulut
qu'on exécutât sans miséricorde cet
ordre barbare : soixante-quatre offi-
ciers furent attachés au gibet^ et, pour
comble d'horreur, on força le fils de
La Roque, enfant de 1 4 à 15 ans, à
assister au supplice de son père, à ce
que raconte d'Aigrefeuille. Rohan in-
digné usa sur-le-champ de représailles
et fit pendre à son tour soixante-qua-
tre de ses principaux prisonniers, con-
formément à la résolution prise dans
rassemblée d'Anduze, sans se soucier
des menaces du prince de Coudé. Ce
prince, chez qui la cruauté le dispu-
tait à la perfidie, l'avarice à l'incapa-
cité, l'ambition à l'hypocrisie, luiécri-
vitàce sujet une lettre d'une souveraine
Impertinence, où il osait l'accuser, en-
tre autres crimes, d'avoir appelé l'é-
trangerdans le royaume, et d'avoir fait
battre monnaie au coin du roi. Rohan
lui répondit avec une sanglante ironie :
« J'avoue d'avoir une seule fois prins
les armes mal à propos, pour ce que
ce n'étoit point pour les sdTaires de no-
tre religion; mais pour celles de votre
ROU
— 493 —
ROH
personne^ qai nous promettoit de faire
réparer les infractions de nos édits^
et n'en fites rien. ... Si les Anglois sont
venas à notre assistance, ils y étoient
pins obligés que les Allemans que vous
nies entrer en France, parce que, par
le consentement du roi, ils étoient en-
tremetteurs de la paix et s'en rendoient
garants. Si on a battu monnoye parmi
nous, c'a été au coin du roi, comme
il s'est pratiqué en toutes nos guerres
civiles. Je me connois assez pour ne
prétendre à être souverain : aussi n'ai-
je jamais fait tirer mon horoscope pour
voir si je le deviendrois (i)... Pour
vos menaces, elles ne m'étonnent point :
je suis résolu à tous événemens. Je
cherche mou repos au ciel, et Dieu me
fera la grâce de trouver toujours celui
de ma conscience en la terre-... Je ne
crois pas que ce soit tout de bon que
vous fassiez ces imprécations contre
moi, mais seulement pour acquérir une
créance sublime parmi les papistes.
Car en celte guerre vous n'y avez pas
mal fait vos affaires, à ce qu'on dit.
Ce qui me donne quelque assurance
que vous laisserez en repos nos pauvres
Cevennes, vu qu'il y a plus de coups
à recevoir que de pistoles. Il ne me
reste pour la fin qu'à prier Dieu qu'il
ne vous traite selon vos œuvres ; mais
que >ous faisant encore retourner à la
vraie religion, il vous donne la con-
stance d'y persévérer jusqu'au bout^
afin qu'à l'exemple de M. votre père et
ayeul, vous deveniez le défenseur de
notre Eglise. »
Cependant La Rochelle, abandonnée
par Buckingham, qui sacrifia son hon-
neur et celui de son pays à sa folle pas-
sion pour la reine de France, finit par
succomber. Rohan resta donc seul, me-
nacé par toutes les forces du royaume.
De quelles ressources disposait-il pour
soutenir cette lutte gigantesque? Dé-
nué d'argent, de troupes, de munitions;
aflaibli par les divisions de ses plus fi-
dèles lieutenants ; entouré d'assassins
(1) Il était de notoriété publiqne qae Gondé
«Tail consulté des astrologneif povr MToir l'il de-
Tiendrail roi de France.
qu'alléchait la magnifique récompense
promise par le parlement de Toulou-
se; exposé à être trahi à chaque instant
paries siens ou à tomber entre les
mains d'ennemis implacables dans ses
marches rapides pour se porter tantêt
sur un point, tantôt sur un autre ; détes-
té des modérés, qui voulaient la paix à
tout prix ; soupçonné de trahison par
les exaltés, qui, dans leur fanatisme,
croyaient tout possible ; attaqué à la fois
par six armées dont chacune était de
beaucoup supérieure à la sienne, il ne
pouvait compter que sur son génie et
sur la protection divine. Son courage
cependant ne faiblit pas un instant.
Encouragé par sa mère qui^ de sa pri-
son, l'exhortait « à continuer comme
il avoit commencé,» ilsepromit, pour
se montrer le digne fils de cette femme
héroïque, de ne poser les armes que
par un traité honorable, dans lequel
seraient comprises toutes les églises.
Celte résolution était magnanime à
force d'audace; cac Rohan n'ignorait
pas qu'il aurait non- seulement à tenir
tète à ses ennemis secrets ou déclarés,
mais qu'il aurait encore à lutter con-
tre le découragement ^e ses parti-
sans. « Les peuples las et ruinés de la
guerre, et qui de leur naturel s'abat-
tent fort facilement dans l'adversité,
les marchands/'ennuïanl de ne gagner
plus, les bourgeois voïant leurs pos-
sessions brûlées et incultes, tous in-
cl inoient à avoir une paix en quelque
façon que ce fût, » nous dit-il dans ses
Mémoires. Soit qu'il ne voulût pas as-
sumer la responsabilité de la conti-
nuation de la guerre, soit qu'il sentit
Instinctivement la puissance du gou-
vernement démocratique, il se décida
enfin à convoquer l'assemblée généra-
le, qui se tinta Nismes^ le i«r janvier
1 629. Nous n'avons pas trouvé les pro-
cès-verbaux de cette assemblée, mais
le Mercure nous apprend qu'elle ré-
solut de continuer la guerre, et qu'elle
renouvela le serment d'union. Ces ré-
solutions vigoureuses furent toutefois
accompagnées des protestations les plus
pacifiques. « Nous promettons devant
ROH
— *94 —
ROH
pieti, disaient les députés des églises,
Îme quand les voies, pour acheminer
es affaires à une paix générale, nous
seront ouvertes, et les moyens fermes
et assurés pour y parvenir se présen-
teront, nous les embrasserons de tout
notre cœur, et employerons tout ce
que Dieu nous a donné d'esprit, d'in-
dustrie et de zële pour les fai^e réus-
sir. D L'assemblée invita, en même
temps, Rotian à implorer de nouveau
le secours du roi d'Angleterre. Le duc
écrivit, en conséquence, à Charles !•«•,
une lettre pleine de force, de dignité,
de noblesse. Après lui avoir tracé le
tableau le plus touchant et le plus vrai
de rélat où en étaient réduits les Pro-
testants en France, il lui rappelait sa
promesse « d'employer toute la puis-
sance de ses Etats pour garantir les é-
glises de la ruine qui les menaçoit, »
en ajoutant que ses coreligionnairesf
regarderaient « comme un des plus
srands crimes qu'ils pourroient com-
mettre, d'en révoquer en doute l'exé-
cution. » Gharlesl»^ avait engagé avec
son parlement la lutte qui devait lui
coûter la couronne et la vie. 11 répon-
dit aux supplications des Protestants
français par les plus belles promesses ;
mais soit impuissance, soit légèreté,
il ne Ot rien pour eux, et quelques
jours après, on apprit qu'il avait signé
la paix avec Louis XIH, sans y com-
prendre les Huguenots, qui^ fldèles
Jusqu'à la fln à leurs engagements, ve-
naient de renouveler encore dans l'as-
semblée de Nismes le serment de ne
conclure aucun traité que de l'avis et
du consentement de leurs alliés.
Rohan, qui ne faisait plus grand
hrtid sur les secours de l'Angleterre,
était entré depuis quelque temps eu
faêgociaiions avec l'Espagne, par l'ih'^
!èfttiédiairedeC/at«5e/(Voy.llI,p.482).
Le traité fut signé le 5 mai 1 629; on en
connaît déjà les dispositions essentiel-
les. Par un article particulier, le duc
promit de maintenir les Catholiques
datas une entière liberté de conscience,
ttïnéme le cas advenant que ledit sieur
de Roban et ceux de son pairti le pùs^
sent rendre si fort qu'ils pussent can-
tonner et faire un Etat à part » {Ponds
de Brienne, N* 2U). On ne peut lire
cet article, s'écrie l'abbé Péran, sans
que l'esprit s'en trouve révolté. Que
veut dire cette espérance de pouvoir
un Jour se soustraire de l'obéissance
de son souverain et former on Etat à
part au milieu de son royaume? Cela
veut dire que Rohan se faisait des idées
plus Justes que l'abbé sur la nature du
contrat social, voilà tout.
Pendant ces négociations et en at-
tendant les secours que lui promet-
taient l'Espagne et la Savoie, mais qui
né lui arrivèrent Jamais, Rohan dé-
ployait une activité inconcevable; il se
multipliait pour faire face au danger.
SI nous pouvions le suivre dans toutes
ses marcilcs et contremarches, sans dé-
pfasser les bornes que nous devons
nous prescrire, nous le montrerions
Ici rassurant les esprits par sa pré-
sence, déjouant les complots des par-
tisans de la paix atout prix, prévenant
les défections de ses lieutenants par
des mesures énergiques ; là, renforçant
tes garnisons des villes, pourvoyant
aux approvisionnementades places for-
tes, travaillant Jour et nuit à mettre
les points stratégiques Importants en
état de défense ; partout, déployant tant
d'habileté à réparer ses fautes ou à
{Profiter de celles des autres, et tant
d'audace à portei* à l'ennemi des coups
Imprévus, qu'il se ifaisait craindre,
i^èoie en cédant le terrain. Hais ces
eflbrls surhumains ne devaient servir
i^n'à prolonger pendant quelques Jours
une lutte trop inégale. Le parti hugue-
not, comme parti politique, était mori
et bien mort depuis longtemps. C'é-
tait en vain que l'Assemblée de La Ro-
chelle avait tenté de le ressusciter en
1620; Rohan, avec ses qualités bril-
lantes et ses talents supérieurs, ne
réussit qu'à galvaniser pour un instant
quelques parties de ce corps Jadis si
vigoureux et si énergique. Entendez-
le s'écrier amèrement : a Aux ancien-
nes guerres civiles, il y avoit du zèie,
de la fidélité, du secret, et une gob-
ROH
--«5-
HOU
fiance ea icars cbefe auxquels iU défé^
roient iant qoe^ s«r leurs billets, ils
commeoçoient mie guerre par Texécu-
lion sur les meilletres plttoes du roïau*
me; ei aujourd'hui on a plus de peiné
à cooibailre la làctieté, Tirréligion et
l'infidélité des Réformés que la mau-
vaise volonté de leurs eAnemis. » €0
n'estpas Ricbelieu qui a abattu le parti
huguenot, c'est redit de Nantes.
A la fin, les difficultés qui surgis-
saient chaque jour, devinrent insui^
montables. Le Yivarais était perdu.
Une partie des coaumuiautés des Ce-
venues^ terrifiées par la prise d'AIais,
menaçaient de faire leur paix particu-
lière. Du Haut-Languedoc, du Pays de
FoiXydtt Houergoe arrivaient dépèches
sur dépèches pour demander des hom-
mes et de l'argent ou la paix. Rohan
sentit la néceesité d'ouvrir des négo-
ciatious) « jugeant qu'une paix géné-
rale, quelque désavantageuse qu'elle
pût être, étoit meilleure qu'une dissi-
pation des édits, qui s'ensuivroit in-
dubitablement ai chaque communauté
faisoit sa paix en particulier. » Il con-
voqua donc une assemblée à Andnie,
et envoya Candiac^ conseiller à la
Chambre ni-partie (Vay.Ml^ p. 461},
soiider lee dieposilimid de Richelimi.
Le ministre affecta d'abèrd une grande
réserve ; il ne voulait pas entendre
parler de paix géoéraie ; mais Rohan
«'étant mootré inébranlable sur ce
point, il finit par céder, d'autant plus
(acilemenl qu'il voyait un nouvel orage
se former eu Italie, et qu'une intrigue
mr laquelle il conipitait pour se saisir
de Sauve, fut déjouée. Le traité de
paix se signa à Alais, le i7 juin 1629
^Koy. Pièces Jusiif., N* LXXiX). Quel-
iiues jours après fût piMIé l'édit de
pacificatioflL Par un arliefte secret, une
•omme de 100,000 écus fut promise à
Aoban comme dééoaana^emèut des dé-
1^ qui avaient été commis dans éés
lerree. « Ce n'étoit pas^ dit RicècUeu
dans ses Mémoires, la moitié des nri-
aes des bàtlmens de ses maiaosi et
du raaement de ses forêts» » Be ces
iOOyOOO écamiohan en dietiibua tè-
néreusementplusde 80,oooà ses gens
de guerre, couune solde ou comme ré-
compense, en sorte qu'il ne lui en resta
qu'environ 20,000 pour réparer les
dégâts commis dans ses domaines par
le prince de Condé.qui avait demandé
et obtenu la confiscation de ses biens.
Tant de désintéressement aurait dû lut
mériter les éloges de chacun, et cepen-
dant quelques Protestants eurent l'in-
famie de l'accuser de s'être vendu!
Pour repoussercette odieuse calomnie,
Rohan fut obligé de publier une Apo^
logUy qui se termine ainsi: « le
souhaite à ceux qui viendront après
moi, qu'ils aient autant d'afflectlon, de
fidélité et de patience que j'en ai eu ;
qu'ils rencontrent des peuples plus
constans, moins avares et plus fêlés
que je n'ai fait; et que Dieu le? veuille
accompagner de plus grandes prospé-
rités, afin qu'en restaurant les églises
de France, ils exécutent ce que J'ai osé
entreprendre. i>
La paix conclue, Rohan, du consen-
tement du roi, se retira à Venise, où sa
femme et sa fille, qu'il avait envoyées
d'abord à Genève {Arch, rfw Gen,,
M» 2823), habitaient depuis le 6 aoét
l627.llyarrivale5aoûtl62d,ety fat
reçu avec des honneurs digues d'un
prince. Il profita de la tranquillité dont
il jouissait dans cette ville, « un des
cabinets des merveilles du monde, »
comme il l'appelle, pour écrire ses Mé-
moires, un des plus beaux monuments
historiques et littéraires de cette épo-
que, tant par la fidélité du récit que par
la concision et l'énergie du style. « Ces
Mémoires, dit l'abbé Le Gendre^ sen-
tent son homme de qualité qui parle
également bien de la guerre et du ca-
binet. Hors quelques phrases suroi-
fiées et quelques vieux termes^ la dic-
tion en estasse! pure, le style est clair
et laconique. L'historien narre agréa-
blement et donne à tout ce qu'il dit un
air à le faire croire dans les occasions
mêmes où il doit être le plus suspect. »
Pour donner une idée de sa manière
d'écrire> qu'on nous permette de citer
^n IkmgiM&t de la magnifique Préfafce
ROH
— 486 —
ROH
qu'il a mise en tète de ces Mémoires :
« Aux deux premières guerres, les di-
visions ont paru en quelques endroits
parmi nous : en la dernière elles ont
éclaté partout, n'y aïant eu aucun lieu
où la corruption ne se soit glissée, et où
Tavarice n'ait paru par dessus la piété,
jusqu'à ce point que, sans attendre les
recherches de nos ennemis, on alloit se
prostituer pour vendre sa religion et
trahir son parti. Nos pères eussent é-
crasé leurs eufans dès le berceau, s'ils
les eussent crus être les instrumens
de la ruine des églises, qu'ils avoient
plantées à la lumière des bûchers et
accrues malgré les supplices, et qui
par leur persévérance et leur travail,
leur avoient laissé la Jouissance d'un
repos glorieux. » Publiés pour la pre-
mière fois parSamue/Sor6iére,Amst.,
1644, in- 16, les Mémoires du duc de
Rohan sur les choses qui se sont pas-
sées en France depuis la mort de
Henri'le-Grand jusqu'à la paix faite
avec les RéforméSy au mois de juin
i 629, ont été réimp. un grand nombre
de fois. La l'« édit. s'arrête à 1626,
ainsi que la belle copie msc. qui fait
partie du vol. 9253. 3 du Fonds de
Baluze. Le prince de Condé en fit ache-
ter et détruire presque tous les exem-
plaires. La seconde, 1646, 2 vol. in-
1 2, est plus correct, et va jusqu'à la
paix de i 629, ainsi qu'une autre co-
pie msc., également fort belle, qui se
conserve à la Biblioth. nationale (Co/-
Uct. Dupuy,fi^ 51 5). L'édit. dont nous
nous sommes servi est celle d'Amst.,
1756, 2 vol. in-12, faite sur celle de
1661 qui passe pour la meilleure. Elle
comprend, outre les Mémoires, qui for-
ment le l«r vol., et qui ont été réimp.
dans la Collect. Petitot, T. XVlil de la
2« série: Véritable discours de ce qui
s'est passé en 1^ Assemblée poUtique de
Saumury Règlement général dressé en
cette assemblée y Cdier de l'Assemblée
de Saumur, Réponse au caïer, Dis-
cours politiques : 1* sur la mort de
Henrirle-Grand; — 2« à l'Assemblée
de Saumur, — 3» sur l'état de la
France durarU ses perséaUUms de
Saint-Jean ;— 4<> sur le voyage du roi
en juillet 1 61 5 ; — 5» sur le gouver-
nement de la reine-mère ; — 6» Libre
discours sur le temps présent ; — ?• sur
le sujet des divisions de Hollande ; — >
8« Raison de la paix faiie devant
Montpellier ; — 9» Apologie ; — 10»
Lettre de M. le Prince; — 11» Ré-
ponse de M, de Rohan; — 12* Mani-
feste sur les dernières occurrences ar-
rivées aux pats des Grisons et Valte-
line ; — 1 5» Lettre à M. le prince de
Condé. Le Voyage de Rohan termine
le second volume.
Une année environ après son arri-
vée à Venise, le sénat l'enleva à sa vie
paisible pour le mettre à la tète de ses
troupes, qui venaient d'être honteuse-
ment battues par les impériaux. Des
négociations s'étant bientôt ouvertes
pour la paix et ses services devenant
inutiles, il alla à Padone où il s'arrêta
assez longtemps. C'est là qu'il c4)mposa
Le parfait capitaine y autrement l'A-
brégé des guerres de la Gaule des Corn-
mentairesde César, Paris, 1 636, in-4%
et souvent depuis; trad. enangl.,Lond.,
1694, in-S». La3« édit. est suivie d'un
Traité de la guerre, Paris, 1 640, fn-4S
étavecla4«,Paris[HoH.],1641,in-i2,
fut réimp. le traité De l'intérétdesprin-
ces et Etats de la Chrétienté y qui avait
été imp. pour la i '« fois à Paris, 1 638,
in-4»,et trad. enang). dès 164i,Lond.,
in-l 2. C'est encore pendant son séjonr
à Padoue que Roban écrivit son traité
De la corruption de la milice et des
moyens de la remettre dans son an-
cienne splendeur ydoni nous ne connais-
sons pas l'édition princeps.
Rohan venait de mettre la dernière
main à ce travail, lorsqu'il reçut une
lettre de Louis XIII, l'invitant à se r»-
dre dans le pays des Grisons pour s'op-
poser aux entreprises de l'Empereur et
du roi d'Espagne sur ce pays. Le sénat
de Venise consentit à son départ et lui
conserva le titre de généralissime des
troupes de la république. Rohan toi
reçu à Coire avec enthousiasme. Les
Grisons l'élurent aussi leur général, et
le roi de France lui donna le eomaaii-
ROH
— 4OT —
ROH
dément de tous les gens de guerre à sa
solde dans ce pays. A ces titres, il joi-
gnit^ en 1 632 9 celui d'ambassadeur ex-
traordinaire auprès des Cantons sais-
ses»
Sa grande réputation militaire, sa
haute naissance, sa courtoisie, jointes
à la conformité de religion, lui acqui-
rent promptement un crédit qui porta
ombrage à Ricbelieu. En 1633, il r^
çut inopinément Tordre de partir pour
Venise. Il obéit, mais au bout de quin-
ze jours, ne recevant aucune nouvelle
de la cour de France, il se décida ik
retourner en Suisse, sous prétexte de
prendre les eaux de Baden. C'est là qu'il
composa son Traité du gouvernement
des Xin Cantons. La même année ,
comme il avait besoin de lui, Ricbelieu
le manda à la Cour. Rohan avoue qu'il
hésita à s'y rendre. Le roi l'ac^^ueillit
avec toutes les marques possibles d'es-
time et d'affection ; mais il garda le plus
profond silence sur le motif pour le-
quel on l'avait fait venir. Les pressan-
tes instances des Suédois, dont les af-
faires prenaient une mauvaise tournure
en Allemagne, ne parent vaincre les
irrésolutions du ministre. Six fois, nous
dit Roban, on lui commanda d'envahir
la Valteline, et six fois il y eut contre-
ordre. Ces indécisions ne cessèrent
qu'au commencement de 1 635. La Fran-
ce déclara la guerre à l'Aatricbe et à
l'Espagne, et Rohan reçut le comman-
dement d'un corps d'armée. Il entra en
Alsace, investit Béfort, força le duc de
Lorraine à repasser le Rhin, emporta
Allkircb en plein midi, se rendit maî-
tre de Rouffac et d'Ensisheim,et se rap-
procha de BÂle pour exécuter l'objet
principal de sa mission, qui était de se
saisir de la Valteline et de couper la
communication entre l'Italie et l'Alle-
magne par ce pays. Dès qu'il apprit que
l'ambassadeur de France chez les Gri-
sons avait occupé Bormio, Chiavenne
et Riva sans rencontrer de résistance,
il entra sur le territoire suisse à la tète
de sept régiments, et le traversa rapi-
dement demandant le passage à chaque
canton au monentoii il arrivait sor sa
frontière, et l'obtenant toujours à cause
de la considération dont il jouissait
auprès de tous les Réformés. Il arriva
ainsi dans la Valteline, où il ne tarda
pas à être rejoint par deux régiments
suisses qu'on lui avait permis de lever.
Selon Sismondi, toutes ses forces réu-
nies, y compris 1,500 hommes de mi-
lice, ne montaient pas à plus de 8,000
hommes de pied et iOO chevaux, dont
5,000 étaient nécessaires pour la garde
des places fortes. H ne lui restait donc
que 3,400 hommes à opposer aux trou-
pes allemandes et espagnoles, qui en-
vahirent la Valteline par les deux ex-
trémités de la vallée. Par une marche
hardie, il surprit les Impériaux dans
le val de Luvino et les défit, le 27 juin
1 635. Le général allemand voulut pren-
dre sa revanche , mais il fut de nou-
veau battu complètement à Tirano, le
3 juillet, et la reprise de Bormio fut la
suite de cette victoire. Les Espagnols,
n'osant pas attendre ses troupes victo-
rieuses, rentrèrent dans le Milanais.
Cette courte et glorieuse campagne
procura à Rohan un repos de trois mois,
au bout desquels les Impériaux revin-
rent en plus grande force. H manœuvra
avec tant d'habileté qu'il réussit à les
enfermer dans le val de Fresle, où il
les aurait tués ou pris jusqu'au der-
nier, sanslalàcbelé ou la trahison d'un
officier qui leur livra un passage par
lequel ils regagnèrent le Ty roi. Ne pou-
vant le vaincre, on essaya de le cor-
rompre; mais Rohan fit arrêter Clau-
sel, qui était venu le trouver de la part
du roi d'Espagne, et le livra à l'inten-
dant de justice de son armée qui le
condamna au gibet. Cette tentative de
corruption ayant si mal réussi, Ser-
belloni reçut ordre d'entrer dans la
Valteline. Après un combat longtemps
disputé, il fut forcé dans ses retran-
chements à Morbegno, le 1 0 nov., et
battit promptement en retraite. S. M.
Louis XHl daigna écrire au général qui
seul soutenait alors l'honneur des ar-
mes françaises, qu'il était content de
ses services ; ce fut l'unique récom-
pense que Rohan reçut.
ROU
— 498 —
ROH
La Valteline assurée contre les en-
treprisés des Espagnols , les Grisons
brurent le moment venu de réclamer
l'exécution de la promesse qu'on letir
avait faite de la leur rendre; mais lu
gouvernement français n'y était nulle-
meiit disposé^ et Bohanlai-mème,« qui
Sentait bien^ dit Slsmondi^ quelejodg
des Grisons protestants pousserait de
nottveaules Valtelins à la révolte^ d s'ef-
força de gagner du temps^ au risque
d'encour i r lui-même le reproche de per-
fidie que les Grisons adressaient à la
cour de France. Peut-être la considé-
ration dont il Jouissait aurait-elle éloi-
gné le danger si^ au retour d'une ex-
g édition dans le Milanais^ entreprise
ans le but de favoriser les projets du
duc de Savoie sur la Lombardie^ il n'a-
vait été atteint d'une maladie si grave
que le bruit de sa mort se répandit. En
Sortant de la léthargie ob il était resté
plongé plusieurs Jours, il ftit averti que
les Grisons avaient signé un traité avec
l'Autriche et devaient prendre les ar-
mes, le 1 «' mai, contre les Français . Ce
UA en vain qu'il envoya courrier sur
courrier à hlchelien, pour le supplier
de donner au moins en partie satisfac-
tion aux Grisons, en leur payant un
million qu'on leur devait pour des sol-
des arriérées. Le cardinal, dont tontes
tes pensées se dirigeaient alors sur
Corbie que les Espagnols venaient de
prendre, ne lui répondit même pas, et
après la catastrophe, il osa accuser Ro-
han d'avoir manqué de cœur et traiter
sa retraite de honteuse ! Soutenus t)ar
les Impériaux et les Espagnols, les Gri-
sons, devançant, à la demande de l'Au-
triche, le temps fixé pour le soulève-
Duent, prirent les armes le 18 mars.
Sans argent, sans vivres, sans muni-
tions, Rohan réussit à se Jeter dans le
tbrt du Rhin à Reichenau; mais, as-
siégé immédiatement,il aurait été bien-
tôt contraint de capituler, si la mé-
diation des Cantons suisses ne l'avait
tiré de cette situation désespérée. Une
convention fut signée, le 26 mars, por-
tant que les Français évacueraient le
pays dvant le 5 |iièl^ ifse l'évaciialMQ
commencerait seulement le 20 avril,
délai que Rohan demanda poar avoir
le temps de prévenir le roi ; qiM le fort
du Rhin serait remis entne Im imfiis
des Baisses, et que Rohan resterait en
Otage Jusqu'à l'entière exécotion da
traité. Le silence de la Cour conti*
nuant, Rohan donna ordre aux troupes
de sortir de la Valteline et les conduisît
dahs le pays de Gex ; pol^ il donna sa
démission et se retira àGenèTe, où il
fntreçuavec toute sorte d'honneurs (i ).
Il fit sagement de ne pas rentrer en
France ; car il parait, par une lettre
de Grotius à Oxenstiern, qu'M y aurait
été traité avec rigueur (3). Soa sèfonr
k quelques lieues des frontières do
Languedoc inquiéta la Cour, dont les
Mannes redoublèrent, lorsqu'elle ap-
prit que le roi d'Espagne, supposant
le duo mécontent, lui avait fait (aire
des offres brillantes. Louis Xlil lui or-
donna donc, au mois de Janv. I638,
dé retourner à Venise. Craignant d'at-
tirer par sa présence des dangers sai
Genève, Rohan résolut de s'éloigner,
mais ce ne fut pas pour aller en Italie.
Il s'embarqua sur le lac, évita par cette
sage précaution une embûche qui lui
avait été dressée près de VarMHx, de
barqua à Coppet et se fe^ndit à Linds
bourgs où il eut une entrevue avec son
ami Bernard de Saxe-Weimar, q[ul lui
offrit un asile dans son camp. La réo-
nion des deux grands capitaines pro-
testants Jeta la oonr de France dans
d'étrangesinquiétudes; mais sescrain-
les chimériques se dissipèrent lors-
qu'elle apprit que, loin de cbercberà
soulever les Huguenots, ils ne son-
geaient qu'à combattre les ennemis de
la France. Les denx armées en vinrent
aux mains près de Rbinlèld, le 28 £èv.
(1) Zur-Laniben a rec'aeilli et publia Tes JÊé-
moirft et f^lireideJlt^ri Aé Koknn fwrltfvrrre
i0 ta VûlUUmey GtD. [P»rfol, i7SS, S v«l.te*lt.
(9) Il yaratlqiie Richaliaii éUii Muto«l irri-
bé dé ce que Rohjia aiait reFosé danser d'une
lDdlg:ne trahi^D enren les Giisony. leepttt^mm
lieot^ikaat, lai «Tait prepogé de m «taiiirdg Golre
fier lucpiiae ei d'aniier pneemiiBn lea cksff é»
yigw Grisfiêi mais Eoàan araù r^tê eeue pnn
pdiition, les Grisoni ayant llMeattit ûbiKiTè le
MM «i «é ^ IH ^MièihML
ROH
— 49i —
R0&
1638. Rohan fit des prodiges de va-
leur ; mats blessé de deux coups de fen^
Tan au pied, l'autre à l'épaule, il tomba
entre les mains des Impériaux. Ses
braves soldats le délivrèrent et l'em-
porté rentàLaufTenbourg. Ses blessures
lui causant des douleurs inexplicables^
il se Ût conduire à Zurich, et de là à
l'abbaye de KOnigsfelden dans le canton
de Berne. De tous côtés, il reçut des
marques du plus vif intérêt. Christine
de France, régente de Savoie, lui écri-
vit pour le complimenter et lui offrir
auprès d'elle un poste de confiance.
Rohan accepta, mais la Providence en
avait ordonné autrement, il mourut des
suites de sesblessures,le i 3avrtl i 638,
« avec la réputation, dit l'abbé Pérau,
d'un des plus grands hommes de son
siècle, aussi recommandable par ses
qualités militaires, que par ses talents
pour les affaires et les négociations. »
Jusqu'à ce jour, aucun discours n'a été
ni prononcé ni écrit à la louange de ce
capitaine illustre, dont Voltaire a dit :
Avec toas 1m talents le Ciel l'aTait fait naître;
n agit en héros, en sage !I écritit;
1 1 fuiméme grand honime,en combattant son nahfe,
£t plis graiHl lorsqa'il le senrit.
Mais si la France monarchique semble
avoir renié un de ses plus glorieux en-
fants, deux républiques, Venise et Ge-
nève, se sont montrées heureuses et
flères de posséder une relique du héros;
l'une ses armes, qu'il lui légua, l'au-
tre sa dépouille mortelle, qui y fui
transportée à la demande de sa veuve.
Le convoi partit de Konlgsfelden,le 1$
mai. Le Mercure français (T. XX) a
publié une relation de celte pompe fQ"-
nèbre. Sur toute la route, conformé-
ment aux ordres du sénat de Beme^ le
cercueil fut escorté par les officiers dé!s
bailliages. Quarante notables bourgeois
le reçurent sur les limites de la répu-
blique de Genève. Devant la bière,
portée par hdit capitaines, marchaient
La FaTeUCy La Barre-Morel^ Couvrél^
les, Pélisson, Boisragon, La Blaquière,
tenant en main les éperons, les gante-
lets, la cotte d'armes, le guidon> l'épée
et le heaume timbré de tlobàn; Ptiofo
portait4es insignes de sa pairie; qua-
tre ancienssyndicssoutenaientlescoins
du poêle. Les magistrats de Genève^
les ministres et une députation des
bourgeois fermaient la marche . Le corps
fut déposé dans une chapelle de l'église
de Saint-Pierre, oii l'on éleva un ma-
gnifique mausolée, avec une épltaphe
rappelant les plus belles actions de la
vie du duc, dont Jliéodore Tronchin
prononça l'oraison funèbre (i).
Rohan avait épousé^ comme nous
l'avons déjà dit, Marguerite de Béthu-
ne, fille ainée de Sully. Cette dame
réunissait à une beauté remarquable
beaucoup d'esprit et un courage au-
dessus do son sexe; malheureusement
elle n'eut pas assez de vertu pour é-
chapper à la contagion de la société
corrompue au milieu de laquelle elle
vécut.Lenet,danssesMémoires,nousla
peint comme une femme galante, pleine
d'esprit et de tons les talents propres à
la Cour. Son témoignage est confirmé
par Tallemant des Réaux, qui ne parle,
il est vrai, que sur oui-dire. « On dit,
comme elle s'en vante, lit-on dans son
curieux ouvrage, qu'elle ne s'est Jamaié
donnée qu'à d'honnêtes gens; qu'eÙô
n'en ajamals eu qu'un à la fol s, et qu'etU
a quitté toutes ses amourettes et tons
ses plaisirs quand les affaires de son
mari l'ont requis. » Le Vassor aussi,
dont l'attestation a plus de poids, l'ac-
cuse de n'avoir pas gardé la foi con-
jugale. Soit que Rohan ne fût pas in-
struit des infidélités de sa femme, soit
qu'il fermât volontairement les yeux
sur ses écarts, nous avons vu qu'il lui
(1) On Ut dans lesNoteé etlrtitet des ratistret
du consistoire ^r Crâner : I)» 6 oc4. 1959 : A
été représenté par M. le niodérateiur que pinsienrt
personnes se scandalisent de voir la statue de
M. le duc de Rohan dans le temple comne elle y
est en unechapalle ouest soe toaàbeau, et laquelle
on Toit k trarers les harreaux, et que partant, il
seroit eipédient de fermer de bois pour empes-
oher la Tue de ladite staioe qui pourreil attirer
l'idolAlrie de quelque pepUteoa antre, dent U eel
dei>jà arrivé de rinconTênient, ayant été. reoee
des femmes 'genoux au-devant dMcelIé ci-deVant,
comme si c'étoit un saint Pierre, sarelf est de^
Savoyardes. Advisé de députer IL le modérateur
moderne et l'ancipn pour reprépeuter Uwdl et
que dessus à Nos Seigneurs.
ROH
— 300 —
ROU
témoignait autant d'affection que de
respect^ et rien ne prouve que la bonne
harmonie ait Jamais cessé de régner
entre les deux époux. Neuf enfants na-
quirent de ce mariage, mais il ne sur-
vécut qu'une fille ^ nommée Margue-
rite^ qui, s'il faut en croire Tallemant,
eut des mœurs aussi peu régulières que
sa mère. Son père voulut la marier à
Bernard deSaxe-Weimar; mais ce pro-
jet fut rompu par la mort du duc. Louis
de Bourbon, comte de Soissons, la re-
chercba ensuite. Pour faire réussir ce
mariage qui flattait son orgueil, la du-
chesse de Bohan fit don à sa fille de
tout ce qu'elle possédait de son chef;
la mort du comte fit encore avorter ce
projet. Pendant que sa mère s'occu-
pait à lui chercher un autre parti digne
d'elle, Marguerite de Bohan, qui avait
déjà atteint sa vingt-huitième année ,
se déclara en faveur de Henri Chabot,
« riche en belles qualités du corps et
de l'esprit, d'une naissance illustre,
mais au surplus un des plus pauvres
gentilshommes de sa qualité qu'il y eût
en France. » La duchesse douairière ne
voulant point consentir à une alliance
qu'elle regardait comme dispropor-
tionnée, sa fille se passa de son consen-
tement, et le mariage fut célébré à
Sully, le 6 juin JG45. Indignée de ce
mépris de son autorité maternelle,
M»« de Bohan présenta, dès le 29 mai
1645 , une requête au parlement oii,
se plaignant de l'espèce de mésalliance
contractée par «la fille unique d'une si
illustre maison, y> elle demanda Tannu-
lation de la donation qu'elle lui avait
faite. La Chambre de Tédit rejeta sa
requête par arrêt du 14 août 1645.
C'est alors seulement qu'elle produisit
le fameux Tancrède, qu'elle prétendit
avoir eu de son mari.
Dans un factum qu'elle publia à ce
sujet (Fonds St-Magloire, N« 46),
elle raconte qu'étant devenue enceinte
à Venise, en 1630, son mari avait
voulu qu'elle vint faire à Paris ses cou-
ches, qui étaient toujours pénibles.
Elle ajoute qu'en l'envoyant en France,
Roban avait encore un autre but. Il
l'avait chargée de vendre tous ses biens,
pour acheter, avec le prix de ses do-
maines, l'Ile de Chypre, que le Grand-
Seigneur consentait à lui céder moyen-
nant 200,000 écus et un tribut annuel.
Son intention, en faisant l'achat de cette
lie, était d'y offrir un refuge aux Béfor-
més. Tallemant des Beaux prétend,
au contraire , qu'enceinte du duc de
Candale, qui habitait alors Venise, elle
était revenue en France pour cacher
sa grossesse à son mari. Quoi qu'il en
soit, partie de Venise le 8 oct. 1 650,
elle accoucha secrètement dans le logis
d'une de ses amies, le 18 déc., d'un
fils, qui fut baptisé dans l'église Saint-
Paul sous le nom de Taucrède. Selon
le factum en question, la cause de tout
ce mystère était la crainte que Bohan
avait qu'on n'enlevât son enfant pour
le garder comme otage et peut-être le
faire élever dans la religion romaine.
En 1636, l'ennemi ayant franchi la
Somme et menaçant Paris, la duchesse
crut prudent d'en sortir, et ne pouvant
emmener son fils avec elle, elle l'en-
voya en Normandie chez un de ses ser-
viteurs, nommé La Métairie yen atten-
dant que l'occasion s'offrit de le faire
passer en Angleterre auprès de son on-
cle Soubise , ou qu'on lui accordât à
elle-même la permission qu'elle sollici-
tait inutilement d'aller rejoindre son
mari. Marguerite de Bohan, instruite
de la naissance de ce frère, qui venait
la dépouiller d'un riche héritage, le fit
enlever, par le conseil de Ruvigny, le
S fév. 1638. Persuadée que le coup
partait de Bichelieu, la duchesse n'osa
pas se plaindre trop haut; mais elle
avertit Bohan de cet enlèvement. Il lui
répondit de Kônigsfelden, le 8 avril
1 638 : « Je commence d apprendre à
marcher et m'en irois au grand galop
à ma santé sans le chagrin qui me ronge
de la perte de moucher fils, lequel j ai
Jour et nuit devant les yeux.» A l'appui
de cette lettre, qu'il rapporte, dans son
Hist. de Tancrède de Bohan (Liège ,
1767, in-i 2), le P. Griffet cite un Mé-
moire, signé, dit-il, de la main de Ro-
ban, ou on lu : «Peu après, étant ar*
ROH
— 501 -
ROH
rivé an camp de Bbinfeld^ J'apprends
que des gens armés et masqués avoient^
par violence, enlevé mon fils unique^
nommé Tancrède^ que )e faisois nour-
rir secrètement en Normandie, n Si
l'authenticité de ces deux pièces était
démontrée^ la question de la paternité
du duc serait tranchée ; mais on se de-
mande pourquoi la mère de Tancrède^
si elles sont authentiques, ne les a pas
produites devant les juges, et comment
il se fait que Rohan n'ait pas dit un
mot de son fils dans son testament. La
duchesse aurait sans doute répondu à
cette dernière objection que son mari
tenait, comme elle-même, son fils pour
mort. Elle raconte, en effet, que ce Tut
seulement après le mariage de sa fille,
mariagecontracté^ comme nous l'avons
dit, contre sa volonté, qu'elle apprit
vaguement que Tancrède avait été
transporté en Hollande; qu'elle se hâta
d'envoyer dans ce pays son valet de
chambre Rondeau, qui réussit à le dé-
couvrir chez un marchand de Leyde,
«Dieu par sa providence luy ayant
donné une marque naturelle, à quoy il
étoit impossible de le mécognoistre ,
qui est une trousse [touffe] de cheveux
blancs sur la tête du cèté gauche. )> Dans
ses Mémoires historiques, Amelot de
La Houssaye confirme ce fait remar-
quable (!).(( Plusieurs personnes di-
gnes de foi, dit-il, qui ont >ii Tancrède
à Paris lors du procès , m'ont assuré
que ce jeune homme avait le toupet
des Rohan, c'est-à-dire, un petit bou-
quet de cheveux blancs sur le devant
de la tète. » Le pouvoir de l'imagina-
tion chez la mère aurait-il suffi pour
donner à Tenrant ce signe caractéris-
tique et héréditaire?
Dès que Tancrède fut arrivé à Paris^
la duchesse douairière présenta requête
au parlement tendant à lui faire nom-
mer un tuteur honoraire. Sa fille se
porta opposante, soutenant que Tan-
crède était un enfant supposé. Le pro-
cès fit un bruit immense. M»« de Ro-
(1) Tallemant des Réaax dil aussi c qu'elle
fatsoit une grande parade d'un toupet de cheTenz
blancs que cet enfant afoit comme les Rotiaa. »
ban, voyant se former contre elle une
brigue puissante^ soutenue par des
princes du sang et la Cour même « qui
ne vouloit point, dit Tallemant, qu'il
y eût un duc de Rohan huguenot », et
pensant que Tancrède pourrait à sa ma-
jorité revenir contre l'arrêt qui inter-
viendrait, laissa le parlement juger par
défaut. Défense fut faite à Tancrède de
prendre le nom et les armes de Rohan^
et à la duchesse douairière de lui don-
ner ce titre. C'était, selon nous, un
flagrant déni de justice ; car il n'y avait
pas de poursuites en désaveu de pa-
ternité, et, d'après l'axiome du droit :
Is pater est quem nuptiœ demonstrant^
Tancrède était aux yeux de la loi le fils
du duc de Rohan. Aussi cet arrêt ne
put détruire, nous dit Larrey^ «le pré-
jugé d'un grand nombre de personnes
de la première qualité en faveur de la
filiation, que la mère soutint pendant
le reste de sa vie et à l'article de la
mort. » Tancrède, d'ailleurs, resta à
Paris, où il faisait grande figure. Il é-
tait spirituel, aimable, bien fait, quoi-
que petit de taille, très-brave et avait
une physionomie distinguée. Pendant
les troubles de la Fronde, dans l'espoir
sans doute de bien disposer le parle-
ment en sa faveur, il embrassa son
parti ; mais il fut tué, dès le lendemain^
29 janv. 1649, dans une escarmouche
près de Yincenncs. Sa mère obtint des
magistrats de Genève, en 1054, la per-
mission de le faire ensevelir auprès de
son père putatif, et elle fit mettre au-
dessus de sa tombe une touchante épi-
taphe, où elle lui donnait le nom de
fils. Elle vécut elle-même jusqu'au 21
oct. 1660, et sa dépouille mortelle^
transportée à Genève, fut déposée au-
près de celle de son époux, le 5 janv.
1661 . Aussitôt après sa mort, les Cha-
bot, implacables dans leur haine, ob-
tinrent de Louis XIY une lettre aux
magistrats de Genève pour les inviter
à faire effacer l'épitaphe du tombeau
de Tancrède. On lit dans les Fragmens
biographiques et histor. de Grenus^
sous la date du 26 déc. 1 660 : « Lettre
du roi de France du 21 déc, par la-
ROH
- «02 -
HOH
quelle il nous déclare que c'éioit uni-
quement pour ne pas désobliger une
dame de qualité telle que M°>* la du-
cbesse douairière de Roban qu'il nous
âvoit demandé de mettre dans le tom-
beau du feu duc le corps du nommé
Tancrède (son fils supposé^ puisqu'il
n'en fait aucune mention dans son tes-
tament); mais sans avoir l'intention
qu'il lui fut fait une épitapbe et bien
moins qu'il tirât de la gloire d'avoir
été tué à son service : S. M. nous prie
en conséquence de faire ôter cette épi-
tapbe, et auroit môme désiré que les
cendres dudit Tancrède fussent jetées
au vent^ s'il n'étoit pas opposé à la
cbarité d'agir contre les morts. Arrêté
d'accéder k la demande du roi. » Tel
fut le sort de cet enfant dont la nais-
sance est restée jusqu'ici un problème
historique. Il ne nousapas été possible
de le résoudre, quoique nous ayons lu
avec attention tout ce qui a été publié
sur lui. Quant à sa sœur, qui, après
la mort de son mari* finit par se ré-
concilier avec sa mère, elle mourut en
1684^ à l'Âge de 67ans.Taliemantde8
Réaux prétend qu'elle abjura deux fois,
l'une à Sully, mais qu'elle « fit recon-
naissance àGergeau, » l'autre à Paris,
le pape n'ayant voulu accorder dis-
pense de parenté qu'à cette condition.
Benoit allirme , au contraire, qu'elle
stipula par son contrat de mariageque
ses enfants seraient prolestants, mais
que son mari ne tint pas ses engage-
ments. Ce qui est certain c'est qu'elle
mourut protestante. « Le roi, raconte
Dangeau, sous la date du ^ avr. 1684,
envoya le duc de Cbarost cbez 1U°>« de
Rohan, qui se mourait, pour tâcher de
lui faire écouter les gens qni lui par-
leraient de changer de religion. » La
peine que prit S. H. fut inutile. La
duchesse de Roban -Chabot persista
dans sa religion, « dans une grande
réputation de vertu et de piété, » dit
Benoit, et futentorrée, le 9 avril, dans
le cimetière de Cbarenton (Reg. de
Charenton).
U. Né en 1585, et présenté au bap-
tême, au nom de la ville de La Ro-
chelle^ par quatre magistrats mnnici-
paux , de CoureiUes , Esprinchctrd,
Guilan et Jacq. Thevenin, Benjamin
de Rohan, seigneur de Sovbiss, mar-
cha sur les traces de son frère. Il n eut
. pas son génie ; mais il n'eut pas moins
de sèle que lui pour la défense de la
religion réformée. Soubise apprit le
métier des armes en Hollande sous le
prince Maurice. En 1606, il fut du
nombre des gentilshommes français,
qui se jetèrent dans Bergues assiégé
par les Espagnols.Nous ignorons quand
il rentra en France; mais en leil,
nous le trouvons aveo Rohan à l'As-
semblée de Saumur. £n 1616, il em-
brassa le parti de Coudé. En 1621, il
fui chargé de la défense de Saint-Jean-
d'Angély. Afin d'empôcber l'ennemi
de se loger dans les faubourgs, il les
fit livrer aux flammes, n'exceptant de
la destruction que celui de Taillebourg,
qui, étant entouré de tous côtés par U
Boulonne, semblait offrir une défense
plus facile. Louis XIU arriva devant
la place, le 29 mai, et fit commencer
l'attaque par ce même faubourg, qui
fut enlevé. Dès le 1*' juin, cinq batte-
ries formidables commencèrent à fou*
droyer la ville. Avant d'ordonner l'as-
saut, qui fut fixé au o juin, le roi en-
voya un héraut d'armes, sommer la
place de se rendre. Soubise répondit
que, chargé de la défense de Saint-
Jean par l'Assembla de La Rochelle,
il ne pouvait le rendre que par ordre
de cette assemblée. Aussitôt l'attaque
commença sur tous les points à la fois;
mais l'héroïque résistance de la gar-
nison , secondée par les habitants et
même par leurs femmes, qui rivalisè-
rent d'intrépidité avec les soldats, força
les royalistes à battre en retraite. Du-
rant quinze jours, les glacis de la ville
furent le théâtre d'une foule d'escar-
mouches sans résultat. Le i 7, une mine
ayant renversé en partie un ravelin à
l'angle nord-est de la ville, un nouvel
assaut fut livré. Il fut repoussé bra-
vement ; mais les assiégés firent une
perte irréparable, celle de Hautefon^
tcUne^ qui était l'àme de la défense
ROH
— M8 —
ROH
(Voy. n, p. 496). Après la mort do
cet ftabile capitaine, la place n'opposa
plus qo^nne Talble résistance aox pro-
grès des assiégeants. Pour comble
d'embarras, la disette commençait à
se faire sentir, et les habitants catbo^
liqaes menaçaient haatement d'onvrir
les portes de la ville an roi, si Ton ne
se hâtait de capitaler. Mais le roi ne
voulut entendre parler d'aucune capi-
tulation; il consentit seulement à don-
ner une promesse^ en forme de gràee,
de pardonner à la garnison et aux ha*
bitants, à condition qu'ils jureraient
de ne plus porter les armes contre son
service ; de leur laisser la liberté de
conscience et la jouissance de leurs
biens^ et de permettre aux soldatsdese
retirer où ils voudraient avee armes et
bagages. St>Jean reçut donc Louis XllI
dans ses purs, le 25 juin 1621. Quel-
ques Jours après, ses fortiOcations fu-
rent rasées et ses privilèges abolis. Sa
regardant comme délié de son serment
par la vengeance brutale de Louis XJIl^
Soublse se rendit à La Rochelle et re^
prit les armes. Au commencement de
novembre, il fit, avec Scnni-Seurin et
Favas^ une descente dans Tlie d'Oié*^
ron, et s'en saisit, aipsi quede*Royan
et d'autres lieux. An commencement
de l'année suivante, il en flt une autre
dans le Bas-Poitou, se rendit maître
des Sables-d'Olonne et du château de
La Chaume^ au mois de février, et en-
tra, le 20 mars, dans Luçon. Instruit
de l'approche de l'armée du roi , il
n'osa pas Tattendre. 11 évacua Luçon,
le 7 avril, se replia vers la mer et se
retrancha dans l'Ile de Rié, à Tem-
bouchure de la Vie. Quoiqu'il eût sons
ses ordres 8,000 hommes de pied et
800 chevaux, c'est^-dire une armée
de fort peu inférieure à l'armée royale,
et qu'il occupât une position avanta-
geuse , presque imprenable, mie ter-
reur panique le saisit, et il s'enfuit
avec sa cavalerie dans la nuit dn 1 4
au 1 5, abandonnant son infanterie qui
fut massacrée, noyée ou prise et en-
voyée aux galères. Des 8,000 hommes,
il n'en échappa pas 400. L'aceueil qn'il
reçut à La Rochelle, oii il arriva le lt
avril, le décida à passer en Angleterre,
Le roi lui ayant refusé les secours qu'il
sollicitait, il trouva le moyen d'équiper
quelques vaisseaux ; mais sa petite es-
cadre périt dans une tempête. De son
cété, le roi de France le déclara cri-
minel de lèse-majesté, le 1 5 juill. 1 622.
La paix de Montpellier lui permit de
rentrer dans sa patrie.
Soubise reprit les armes en 162<&;
nous avons vu plus haut les motifs qui
l'y portèrent. Au sujet de cette noif»
velie insurrection, Richelieu se récrHj
contre l'infâme rébellion des héréti-
ques, l'infidélité de Soubise, Tingnb
titqde des infidèles. Dans son Hist. do
la Saintonge, M. Massiou oppose à oea
iiûttres ces réflexions pleines de jus-
tesse : a Soubise méritait-il bien cea
qoaliûcalions injurieuses? S'il reprit
les armes, c'est que la Cour ne tint
compte de ses promesses et prétendit
s'aflyancbir des clauses du traité, tout
en exigeant des Protestants qu'ils s'y
soumissent. Ce traité n'était pas, apr^
tout, une paix bénévolement octroyée 9
les concessions qui y étaient faites par
le roi prouvent assez que les Proteé*-
tants le devaient à leur courage, et ils
pouvaient en exiger l'exécution sans
se rendre coupables d'ingratitude ou
d*inQdélité. »
Au retour de l'entrevue qu'il eut à
Castres avec son frère, Soubise, avee
le secours du capitaine normand Fi&u^
ry, arma cinq petits bâtiments, sous
prétexte d'une expédition lointaine. U
eut soin de faire cet armement dans
l'Ile do Ré, pour laisser aux Rochel*
lois la liberté de le désavouer, en cas
qu'il échouât. A la tète de cette esca-
drille, montée par 300 soldats et lOO
matelots, il pénétra dans le port do
Blavet, le 17 janv. 1625, et enleva,
l'épée à la main, la flotte royale qui y
était à l'ancre, attendant le moment
d'agir contre La Rochelle. Les vents
contraires ne lui ayant pas permis do
sortir du port, il y fut bientôt étroite-
ment bloqué par le duc de Vendôme^
qui se mit à canonner les vaisseau.
ROH
— S04 —
ROH
Henrensement poar lui, qu'an bont de
trois semaines^ il s'éleva un vent du
N.-O. assez violent ^ dont il profita
pour Torcer^ à la faveur d'une nuit ob-
scure^ l'entrée du port^ qui avait été
fermé par une chaîne et un câble énor-
mes. Il gagna l'Ile de Ré, qu'il occupa,
s'empara de celle d'Oléron, et resta
maître de la mer.
Ses succès décidèrent lesRocbellois,
qui l'avaient d'abord désavoué, à se
Joindre à lui. La Cour fort inquiète,
après avoir inutilement tenté de ga-
gner Soubise, qui, comme son frère,
fut toujours inaccessible à la séduc-
tion, se montra disposée à traiter;
mais les Protestants ne tardèrent pas
à s'apercevoir qu'elle ne chercbaitqu'à
gagner du temps, et les négociations
furent rompues. Pendant qu'on négo-
ciait, aucune suspension d'armes
n'ayant étéconclue, Soubise entra dans
la^Garonne, le 1 1 juin 1 625, avec une
flotte de 74 voiles, et s'empara de Cas-
tlUon. Averti qu'une flotte franco-ba-
tave avait paru sur les côtes du Bas-
Poitou, il cingla à sa rencontre dans
l'intention de la combattre. An moment
d'en venir aux prises, les deux ami-
raux convinrent d'une trêve et se don-
nèrent réciproquement des otages; mais
ayant appris que les négociations n'a-
boutissaient pas, Soubise rendit les
otages qu'il avait reçus, et s'avança
contre l'ennemi, le 19 juillet. Des brû-
lots habilement dirigés mirent le feu
à l'amiral hollandais, et quatre autres
bâtiments furent pris ou coules. Fiers
de cet avantage, les Rochellois ne vou-
lurent point entendre parler de paix,
si le fort Louis n'était au préalable
démoli. La Cour s'attachadonc à, faire
durer les pourparlers jusqu'à l'entier
équipement de sept vaisseaux anglais
prêtés par le roi Charles à son beau-
frère. Les marins anglais, plus scru-
puleux que les hollandais, ayant abso-
lument refusé de servir contre leurs
coreligionnaires, il fallut former l'é-
quipage de cette escadre avec des ma-
telots et des soldats français. Elle ral-
lia la flotte franco- batave, et cette puis-
sante armée navale, qui comptait 66
voiles, alla bloquer, le 1 5 septembre,
la flotte rochelloise dans la Fosse de
l'Oie. Averti que les royalistes prépa-
raient un débarquement dans l'iie de
Ré, Soubise, qui n'avait pu obtenir du
maire de La Rochelle, qu'on y envoyât
des troupes, laissa le commandement
de ses vaisseaux à Guiton (Voy. V.
p. 410), et se rendit à terre avec 120
chevaux, 600 fantassins et 4 canons,
pour s'opposer à la descente. 11 fut
complètement défait malgré le courage
avec lequel il combattit. « Ce jour-là,
dit Rohan, il se porta en bon capitaine
et vaillant soldat, d et son témoignage
est conflrmépar ScipionDupleix. Après
la déroute, Soubise gagna l'Ile d'Ole-
ron, rallia 22 vaisseaux de sa flotte,
et fit voile pour l'Angleterre. A la paix
de 1626, il obtint non-seulement une
abolition complète; mais encore l'é-
rection de sa baronnie de Frontenay en
duché-pairie. 11 est vrai que les let^
très-patentes ne furent pas enregis-
trées.
Lorsque la guerre se ralluma, Sou-
bise se rendit en Angleterre. Il con-
tribua puissamment par ses sollicita-
tions à hâter l'équipement de la flotte
dont Buckingham prit le conmiande-
ment,etsur laquelle il s'embarqualui-
méme. Cet armement formidable parut
en vue de La Rochelle, le20juill. 1627,
mais le maire, JeanGodefroy, lui refu-
sal'entrée du port. Soubise, étonné de
ce procédé, se fit mettre à terre et se
présenta à la porte St-Nicolas, qu'on
hésitait à lui ouvrir. 11 fallut que sa
mère vint elle-même le prendre par la
main, et qu'en dépit du maire, qui
n'osa s'y opposer par la force, elle le
fit entrer dans la ville, en lui disant :
a Viens, mon fils, suy-moy sans rien
craindre; tous les gens de bien sont
joyeux de ta venue, et s'en réjouiront
davantage, quand ils considéreront
combien tu t'es montré afléctionné à
la liberté de la ville qu'ils espèrent
recouvrer par les armes du roy d'An-
gleterre que tu leur as fait avoir. La
maison de Rohan voudra toujours le
ROH
— 805 -
ROII
bien de La Rochelle et le procurera de
tout son possible. » Le soir même, le
Conseil s'assembla pour entendre les
propositions deBuckingbam; mais quoi
que pussent dire Soubise et le minis-
tre Mermet pour décider lesmagistrats
rochellois à Joindre ouvertement leurs
armes à celles du roi d'Angleterre, ils
n'obtinrent d'eux que des réponses
évasives. Cette circonspection a pen-
sa, dit Rohan, Taire du mal de tontes
parts, du c^té de l'Anglais, de voir
tant de contrainte et d'irrésolution en
ceux qui ne se peuvent sauver que dans
l'audace ; envers les Réformés en ce
qu'ils demandent conseil et non assis-
tance. » Blessé d'une semblable con-
duite, Buckingiiam alla descendre dans
nie de Ré, dont « il tenoità se rendre
maître, selon Sismondi, comme d'un
excellent poste pour des corsaires qui
harcelleroient a la Tois le commerce de
la France et de l'Espagne. » Soubise
l'y rejoignit avec le sieur de Loudrit-
res et quelques volontaires. On sait
que cette entreprise échoua honteuse-
ment, et que, le 8 novembre, l'amiral
anglais se rembarqua pour l'Angleter-
re, malgré les pressantes instances de
Soubise et des députés de La Rochelle.
Benjamin de Roban revint sur la flotte
ducomledeLindsey,dontilavait pressé
l'armement de tout son pouvoir. On
connaît déjà le résultat de cette nou-
velle expédition [Voy, GUÏTON). Mal-
gré l'abolition qui lui fut accordée par
redit de grâce, Soubise ne voulut point
revenir dans sa patrie, il continua à
habiter Londres, où il mourut, sans
avoir été marié, le 9 oct. 1642. Par
ordre du roi Charles I«% il fut enterré
dans la chapelle de Westminster.
ROH AN (Jacqueline de), marqui-
se de Rolbelin, fille de Charles de Ro-
ban, sieur de Gié, et de Jeanne de
Saint-Severin, morte prolestante dans
son château de Blandy, au mois de juil-
let 1587, et inhumée dans un caveau
du chœur de l'église paroissiale.
Dans son Hist. du château de Blan-
dy (Paris, 1854, in-8«),M. Taillandier
a soigneusement recueilli tout ce que
T. VIII.
l'on sait sur cette illustre dame ; on
peut dire qu'il a épuisé la matière, en
sorte qu'il ne nous reste qu'à proûter,
pour celte notice, des matériaux qu'il
a si diligemment rassemblés.
Selon une note msc. qui se lit au
dos d'un portrait de Jacqueline de Ro-
han, appartenant à M. de Laborde,
membre de l'Institut, elle naquit vers
1 520. Elle n'avait donc que 1 6 ans lors-
qu'elle épousa, en 1536, sous les aus-
pices de Marguerite de Navarre , Fran-
çois d'Orléans, marquis de Rothelin,
dont elle resta veuve, en 1 548, avec
deux enfants, Léonor, né en 1 540, qui
hérita du nom de Longueville enl 551 ,
et Françoise, née à Blandy, le 5 avr.
1548, qui épousa Loui^ deCondé (Voy.
II, p. 462).
On ignore la date précise où la mar-
quise de Rothelin embrassa la religion
réformée. M. Taillandier pense que sa
conversion eut lieu vers 1 557 ; mais il
est certain que, depuis longtemps, elle
avait du penchant pour les opinions
nouvelles (Voy. PRIVE). Dès 1558, elle
entretenait une correspondance avec
Calvin, qu'elle visita plusieurs fois à
Genève. Son fils était alors prisonnier
des Espagnols, entre les mains desquels
il éUit tombé à la bataille de Saint-
Quentin. Ayant recouvré la liberté au
prix d'une rançon de 40,000 écus,
dont la marquise emprunta la plus gran-
de partie aux Bernois, il adopta, à l'ex-
emple de sa mère, les doctrines évangé-
liques, ce qui fit manquer le mariage
projeté entre lui et la fille du duc de
Guise. Une lettre de Bèze à Calvin, da-
tée du 24 mai 1561, nous apprend que
le jour de Pâques, Léonor d'Orléans-
Longueville avait participé à la Cène
avec la marquise de Rolbelin. Dans un
voyage qu'il fit à Genève, au mois de
janvier 1 562, le jeune duc assista aux
exercices du culte protestant et « écou-
ta le sermon avec beaucoup d'atten-
tion 'y » mais les espérances que Calvin
avait conçues c( de l'advancer en bon
chemin, » s'évanouirent bientôt. Son
mariage avec Marie de Bourbon (2 juill.
1565) le ramena dans le giron del'E-
ROH
— 806 —
ROL
glise romaine. Il mourut à Blois^ au
mois d'août 1573, au retour du siège
de La Rochelle. Le bruit courut, dit Le
Laboureur, que Catherine de Médicis
l'avait fait empoisonner.
L'apostasie de son flls causa, sans
aucun doute, un vif chagrin à la mar-»
quise de Rothelin, qui était une des
plus zélées huguenottes du royaume.
Dans la première guerre civile, mépri-
sant les dangers auxquels son humani-
té l'exposait, elle ouvrit son château à
tous les Huguenots qui allèrent y cher«
cher un asile. « Au milieu des plus
grands troubles, lui écrivait Calvin en
1 563, vous n'avés Jamais eu honte ne
crainte de vous advouer du troupeau
de J.-Ch., mesmes que vostre maison
a esté ung hospital pour recevoir les
povres brebis dissipées. » Aux seconds
troubles, elle fut traîtreusement arré-
lée à Blandy par son neveu, le sieur
d'Entragues, et amenée au Louvre^
avec trois des enfants de Condé, pour
y être retenue comme otage. L'année
suivante, elle accepta de son gendre
la dangereuse commission de présen-
ter au roi un mémoire au sujet de Tin-
exécution de redit. En 1572, après
le mariage de Henri de Condé avec
Marie de Clèves (Voy. Il, p. 463), elle
accompagna sa fille, la princesse douai-
rière de Condé, à Paris et fut logée
avec elle au Louvre. Il est vraisembla-
ble que Charles IX la força d'assister
aux conférences de l'apostat Sureau-
Du Rosier; « mais, dit M. Taillandier^
il est permis de croire, d'après le ca-
ractère que nous lui connaissons, que>
8l elle assista à ces conférences, elle
demeura inébranlable. » Nous ne pren-
drions pas sur nous d'afDrmer pourtant
qu'elle osa continuer dans son château
l'exercice du culte reformé. Tout nous
porte à croire plutôt qu'à son retour
à Blandy, elle congédia son ministre,
Charles Le Maçon, qui avait remplacé
depuis peu de temps Oaudct et de Mire-
fnoril (1), ses chapelains en 1570, et
qui se retira à Genève, au mois de mai
(1) Y aTail-il quelque parenté entre ce minis-
tn et Bemari de Jfirfwcmf, qui fui enroté, «n
1573 {Reg, de$ hahitaruf). Mais, m
admettant même qu'elle eût été obligée
de s'accommoder au temps, on aurait
tort d'en conclure qu'elle suivit l'exem-
ple de sa flUe, la princesse de Condé.
Elle mourut protestante, au mois de
Juin. 1587. Indépendamment du té-
moignage du P. Anselme (qui se trom-
pe sur la date de son décès), nous a-
vons celui de sa fille qui écrivait à sa
belle-sœur, le 11 avril 1587, c'est-à-
dire peu de Jours avant la mort de leur
mère : « Il ne se parle que d'extermi-
ner les Huguenots, de sorte qu'il est
bien besoin que nous songions à ma-
dame nostre mère, parce que l'ordon-
nance que le roy faitest que l'on saisis-
se prisonnier ceux de la religion pour
aviser à vendre leur bien et enfin les
traiter le pis que Ton pourra. »
La marquise de Rothelin^ qui laissa
dans toute la contrée un grand re^om
de vertu, reçut la sépulture, comme
nous l'avons dit, dans l'église parois-
siale. En 1794, sa tombe fut violée,
et ses ossements déposés dans l'ancieo
cimetière de la commune, d'où ils ont
été exhumés, en 1 854, par les soins de
M. Taillandier, qui leur a fait élever,
avec le concours du duc d'Aumale, hé-
ritier des Condé^ un tombeau plus di-
gne du rang que cette noble dame a
occupé durant sa vie.
ROLAND. Voy. LA PORTE.
ROLIN (Hugues), ministre de Vey-
nés, publia, en 1643^ sous le titre:
Marseille sans miracles ou récit de la
conférence tenue en Provence entre
H. Rolin, ministre de Veyne$, et le R.
P. Bizot, jésuite, touchant fe« mira-
cles en général et les prétendus mira-
cles de l'évesque de Afarseille [Gault],
un livre où, après avoir rendu compté
de cette conférence, il réfutait la lé-
gende de rarrivée de Marie-Madelaine
et de son frère Lazare en Provence^ et
où il tournait en ridicule les miracles
attribués aux reliques, aux images, à
l'intercession des Saints. Il parait que
l'apparition de ce livre excita une es-
1589, de Genève à Castres, où 11 moamt le il
)mv. 1591 r
ftOL
— B07-
ROL
pëce d'émeute à Gap. Le proeurear
général en prit occasion pour le défé-
rer an parlement de Grenoble, qui, par
arrêt du 28 juillet 1 644, déclara les
propositions y coni enues scandaleuses^
séditieuses, pleines d'impostures et de
calomnies, ordonna qu'il serait brûlé
par la main du bourreau, décréta de
prise de corps Tautcur et rimprimenr,
et ajourna à comparaître personnelle-
ment Bouteroue et Murai, ministres
de Grenoble, Cher 1er, ministre de Gap,
Le Blanc et û*Yse, professeurs à Die,
parce qu'ils avaient approuvé cet ou-
vrage. De son c6té, le synode provin-
cial, qui s'assembla à Saillans quelques
jours après, donna son approbation
complète au livre de Rolin, en décla-
rant qu'il était conforme à la doctrine
protestante, et qu'il ne contenait rien
contre le service du roi et le repos de
l'Ëtat. C'était rappeler indirectement à
leurs véritables fonctions les conseil-
lers bigots du parlement de Grenoble.
Celte affaire ne parait pas avoir en
d'autres suites, et malgré l'arrêt, l'ou-
vrage fut réimprimé, dans le Dau-
pbiné même, par Ezéchiel Benoist, Die,
1654,in-8*.
ROLLAND (Arnàui)), maire de
Saint-Jean-d'Angély et capitaine de la
ville, en 1562. Lorsque Coru/é envoya
aux gouverneurs des villes qui tenaient
son parti , l'ordre de saisir les biens
des églises et des monastères, Rolland
voulut présider lui-même à l'opération.
On ne peut douter qu'il n'y ait eu des
excès commis, mais l'information faite
par le lieutenant général en la séné-
chaussée de Saintonge, à la requête de
l'abbé Jean Chabot, ne signale au moins
aucune violenceexercée sur les person-
nes des prêtres ou des religieux. Ton-
tes les provisions amassées dans les
monastères furent conduites au châ-
teau, et Rolland fit dresser par le pro-
cureur du roi un inventaire exact du
trésor de l'église, avant de l'envoyer à
Condé.
La ville étant retombée au pouvoir
des Catholiques , Rolland réussit à se
sauver. Il fut condamné par conturoaee
Il faire amende honorable, à avoir la
lêle tranchée, à payer 4,000 livres de
dommages-intérêts et 500 livres d'a-
mende. Après la publication delà paix,
craignant pour sa vie, il eut recours à
Condé qui lui donna des lettres portant
que tout ce que Rolland avait fait , H
l'avait fait par ses ordres. Fort de cette
attestation, l'ex-maire se pourvut an
Conseil qui cassa la sentence et dé-
fendit au parlement de Bordeaux de
recevoir aucun appel. Ces précautions
prises , il retourna à Saint-Jean-d'An-
gély et rentra dans ses biens qui avaient
été confisqués.
La sentence qui le condanmait à mort,
avait été rendue, en 1 563, par le sé-
néchal de Saintonge. Elle prononçait
diverses peines, non moins terribles^
contre ses complices. Louis Cherpen-
tier-de-Mastaz était condamné à être
brûlé vif; Olivier de Cumont, lieute-
nant particulier, Christophe- Abel de
Laurières, Pierre Constant, avocat,
Jean Girauld, procureur, JeanAllenet,
sergent, François Ythier, élu, et Jean
Barbary, à avoir la tête tranchée, et
vingt autres, tous gens de métier, à
être pendus.
ROLLET (Henri), habile fondeur,
né à Givry en Champagne, se réfugia en
Prusse sous le règne de Frédéric !•' (1).
D'autres fondeurs français, comme
Pierre Caillette, de Béziers, et Jean
Rusé, de Metz, s'étaient déjà acqvis à
Berlin une certaine réputation. Parles
perfectionnements que Rollet apporta
aux pompes à incendie et les sages
règlements qu'il publia en qualité de
commissaire général, office dont il
fut pourvu en! 725 , il rendit à Berlin
d'importants services, en récompense
desquels le roi Frédéric-Guillaume le
chargea de la fourniture des plaques
de schakos et des autres parties de l'é-
quipement militaire dont la fabrication
rentrait dans sa profession, en lui as-
sociant deux autres réfugiés, Elie Pal-
ly, de Paris, qui, de Hollande où il s'é*
(1) D*«atr68 Eollet oa Roiet se réfagièrenl à
GeoèTC, où Daniel Rolet, de li Gôte-Sain|-AA-
dré,fQt reçu boiurfceols en 1690.
ROL
— 808 ^
ROM
toit retiré d'abord, était allé s'établir
à Berlin, et Htwt, le pi'emier pour la
broderie des unirormes des officiers^
et le second pour la passementerie et
les gibernes. Rollet ne laissa qu'un
fils, qui mourut à la fleur de l'âge sans
avoir été marié.
ROLLET (Louis), sellier, victime
de la réaction catholique à Blois, en
1562. Dans cette ville comme partout,
les Catholiques, redevenus les maîtres,
exercèrent des cruautés sans nom. Sous
les yeux mêmes du duc de Guise, qui
répondit aux remontrances des bour-
geois catholiques, non moins effrayés
qu'indignés des excès de la populace,
« qu'aussi bien il y avoit trop de peu-
ple au royaume, et qu'il en feroit tant
mourir que tous vivres seroyent à bon
marché, » un grand nombre d'habi-
tants signalés comme hérétiques, fu-
rent égorgés ou noyés. Les désordres
continuèrent après le départ du duc
pour le siège de Bourges. Le Martyro-
loge nous a conservé les noms de quel-
qiies-unes des victimes. 11 cite, outre
Louis Rollet, a homme de singulière
piété, » une honnête femme, nommée
Nicole^ qui, jetée deux fois dans la
Loire, parvint deux fois à gagner une
Ile à la nage et fut à la fin assommée
par les habitants du faubourg de Vien-
ne; le pelletier Lore^ vieillard septua-
génaire, à qui l'on fendit la tète d'un
coup d'épée ; le mercier Pierre Pré-
vost, que Ton noya, après lui avoir
arraché les yeux. « Et, ajoute Grespin,
continuèrent leurs débordemens, sans
aucune résistance , au veu et sceu de
la Justice, jusques longtems après l'é-
dit de pacification publié. »
ROLLIN (CHRISTIÀN-JÉRÉMlR),dOC-
teur en médecine, professeur de méde-
cine et d'anatomie au collège anato-
mico-chirurgical de Brunswick et as-
sesseur du collège des médecins, na-
quit en 1707, à Cassel, où son père,
Louis Rollin , s'était réfugié et rem-
plissait la charge de commissaire
des monnaies. Dès son enfance, Rollin
montra une véritable passion pour les
sciences médicales, et particulièrement
pour l'anatomie. Il commença ses étu-
des en médecine auCarolinnm de Cas-
sel, et alla les continuer à Berlin où il
passa trois ans. Il suivit ensuite, pen-
dant une année, la clinique de l'hôpi-
tal de Glienickeà Potsdam. De retour
dans sa ville natale, il s'y livra, pen-
dant quelque temps, à l'étude de l'his-
toire naturelle et de la mécanique;
mais, fatigué à la fin du séjour d'une
ville qui n'offrait pas d'aliments suffi-
sants à l'activitéde son esprit, il partit
pour Leyde, où il suivit les leçons du cé-
lèbre Boerhaave. Dévoré du désir d'ap-
prendre, il ne négligeait aucune occa-
sion de s'instruire; on dit qu'il fit ex-
près le voyage de Londres pour visiter
la magnifique collection de Sloane. Il
retourna à Cassel, en passant par Paris,
etse rendit^ peu de temps après,àGdt-
tingue où l'illustre Haller, qui le prit
en affection, lui confia le soin de gra-
ver la plus grande partie des planches
de ses Icônes anatomicœ et de son Enu-
meratio methodica stirpium Heiveti».
Le 17 sept. I7i2, Rollin soutint pour
le doctorat une thèse De monstrorwn
duorum anatome et causarum mons-
trorum xtheriori disquisiiione, et, peu
de temps après, il fut appelé à rempla-
cer le conseiller Huber comme prosec-
teur au théâtre anatomique de Gôttin-
gue. La faiblesse de sa santé exigeant
le repos et l'air de la campagne, il
donna sa démission, au bout de trois
ans , et alla s'établir à Môringen, où
il se mit à pratiquer la médecine. En
1 746, on lui offrit la place de profes-
seur extraordinaire d'anatomie à Up-
sal ; mais la rigueur du climat de U
Suède l'empêcha d'accepter. A la fin,
le duc Charles de Brunswick le nom-
ma professeur d'anatomie au collège
qu'il venait de fonder. H prit posses-
sion de sa chaire en 1 751 et l'occupa
jusqu'à sa mort , au rapport de Hir-
sching, qui ne nous apprend pas quand
il mourut.
ROMAINE (William), célèbre pré-
dicateur du siècle dernier, né à Hart-
lepool, le 25 sept. 1714^ et morl à
Londres» le 26 JaiU. naft»
ROM
— 809 —
ROM
Le père de Romaine était an réfa-
gié français, qui s'était établi à Hart-
lepool, on il faisait le commerce des
grains. Sa famillese composait de deux
fils et de trois filles , qu'il fit élever
dans les principes de l'Église anglicane
et qu'il eut le bonheur de voir tous é-
tablis avantageusement avant de mou-
rir, en 1775. Nous ne savons rien de
la vie de son fils aîné. Serait- il le même
que Thomas Romaine , à qui Watt at-
tribue Observations on atmospherÛMl
electricity, ins. dans les Philos. Trans-
act. (1772)? William^ le cadet, montra
de bonne heure une grande ardeur
pour l'étude et les plus heureuses dis-
positions. Il reçut sa première instruc-
tion dans l'école de Houghton, où il pas-
sa sept années, et fut envoyé ensuite à
Oxford, où il s'appliqua plus particu-
lièrement à l'étude de l'Ecriture sainte.
11 prit ses grades dans cette université
célèbre, et se fit conférer l'ordre du dia-
conat par l'évéque du diocèse. L'an-
née suivante, après avoir été ordonné
prêtre par Hoadley, évèque de Win-
chester, il fut placé à Banstead, dont
il desservit l'église pendant plusieurs
années, en même temps que celle de
Horton prèsd'Epsom.
Le peu de succès qu'il obtenait dans
son ministère, peut-être aussi les con-
trariétés que lui attirèrent ses opinions
sévèrement calvinistes, le décidèrent
à quitter l'Angleterre, en 1 748. 11 était
sur le point de mettre ce projet à exé-
cution, lorsqu'on lui offrit l'ofSce de
lecteur dans la paroisse de Saint-Geor-
ge et Saint-Botolph. Il accepta cette
place modeste, à laquelle il joignit,
l'année suivante, celle de lecteur de
Saint-Dunstan in the West. Ce cumul
souleva des plaintes ; il fut forcé de sa
démettre, quelque temps après, de l'un
de ses bénéfices, et ne put même con-
server l'autre, auquel était attaché un
traitement de 80 guinées, que par la
protection du docteur Terrlck, évéque
de Londres.
En 1750, Romaine fut nommé pré-
dicateur adjoint dans l'église de Saint-
George^ Hanover-Square , oh U obtint
beaucoup de succès, surtout parmi les
déshérités dece monde. Deux ansaprèSj
il fut appelé à occuper la chaire d'as-
tronomie au collège de Gresham ; mais
il ne la garda pas longtemps, son en-
thousiasme pour les doctrines de Hnt-
chinson^ qui comptaient alors fort peu
d'adhérents en Angleterre, l'ayant en-
traîné à combattre quelques-uns des
principes du grand Newton. Sa répa-
tatlon,à laquelle eeltè imprudence avait
beaucoup nui, reprit tout son lustre
par l'opposition qu'il fit, en 1753, an
bill des Juifs. Tout ce qu'il écrivit sur
ce sujet fut imprimé aux frais de la ville
de Londres.
En 1 756, Romaine quitta sa place de
prédicateur à Saint-George, et fut
nommé recteur de Saint-Olave. En
1 759, il permutacette cure contre celle
de Saint-Bartholomew the Great, où il
passa deux ans avec le titre de prédi-
cateur du matin. En 1 767, les habitants
des paroisses de Saint-Andrew, Ward*
robe, et de Saint-Anne, Blackfriars,
le choisirent pour ministre. C'est dans
cette cure qu'il mourut, après l'avoir
desservie pendant plus de trente ans.
Romaine a laissé en Angleterre la
réputation d'un des orateurs de la
chaire les plus populaires du x?iii« siè-
cle. Ses prédications attiraient une
foule immense de gens de tout âge et
de tous états. On aflSrme que le jour du
Vendredi saint, qui suivit son installa-
tion, il se présentaplus de 500 person-
nes pour participer à la sainte Cène;
de mémoire d'homme on n'avait vu pa-
reille aflluence. Dans son intérieur, 11
était doux, aimable, très-laborieux;
son plus grand défaut était une ex-
trême irritabilité, qu'à force d'efforts,
il réussit à réprimer. On loue aussi sa
loyauté, son désintéressement, sa cha-
rité. Peu de pasteurs s'employèrent
plus activement et plus efficacement
aux œuvres charitables. Aussi était-il
chéri de ses paroissiens qui, en tonte
circonstance, lui prodiguèrentles mar-
ques de leur affection et de leur res-
pect. Sa femme, miss Price, qu'il a-
vait épousée en 1755, lai donna trois
ROM
— 5t0 —
ROM
enfants^ une ûlle^ décédée jeane , «t
deux fils, dont le cadet mourut, en
1782, à Trincomale, dans nie de Cey*
lan.
William Romaine a laissé un grand
nombre d'écrits, des sermons surtout,
qui ont eu un grand succès et qui sont
encore très-répandus en Angleterre.
En voici la liste.
I. The divine légation of Moses de-
monstratedy from his having mode
express mention, and insisted somuch
an the doctrine of a future state, on
Matt, XII, 24-27, 1759. — Sermon
prêché devant Tuniversité d'Oxford,
contre les sentiments de Wafburton
touchant la mission de Moïse.
II. Future rewards and punish'
mentsproved to be the sanctions oftlie
mosaic dispensations , on Marc XII,
24-27. — Ce sermon, prêché égale-
ment devant l'université, ne parait pas
avoir été imp. séparément. De ces at-
taquée répétées contre Warburton sur-
fit une dispute où les deux adver-
saires employèrent à l'envi les armes
du ridicule et du sarcasme, mais avec
un succès tout différent.
III. No justification by the law of
nature, on Rom. II, 14-15, 1742, 8«.
IV. Jephtha's vaw fulfilled, and his
daughter notsacrificed,on JudgesXI,
JO-31, 1742, in-8«>.
V. Uebrew concordance and lexi^
con, Lond. 1747, 4 vol. in-fol. —
Réimpression de l'ouvrage de Galasius,
Concordantiae sacrorum librorum Ue-
braicorum (Romse 1621, 4 vol. in-foi.).
VI. Sermon, Lond., 1 762, in-4o.
VII. Self-existenoe of J.^Ch., on
Johnl, 14, 1755, in-8°.
Viil. An alarm to a careless world^
fmÀmos IV, 12, i755,in-8».
IX. Practical commentâmes in se-
ViralleoturesonPs, CK//,1755,in-8«.
X. Benefit of a holy spirit to mon,
a gift sermon by miês Bill, on Ezek.
JirjrZK//, 4, 1756, in-8*.
XI > The sure fondation, twosermons
on Isa;%, XXVIII, 1 6, 1756, in-S*».
XU. Duty of ivatchfuLnessenforced^
m Uqu. XXV, 13, n56,ia-8«.
Xlli. Lord our rightiousnet» , ttco
sermons on laat. XLV, 8, 1 757^ in-8«.
—Ces sermons, d'un calvinisme rigide,
le firent exclure de la chaire de l'uni-
versité.
\IV. For preventing frequency of
robberiesand murders, onMtUt. XV,
19-20, 1757, in-12.
XV. Death ofthe rev, James Hervey,
Lond., 1759, in-80.
XVI. Discourse preached at Christ' t
Church, Lond., 1759, in-e».
XVII. Twelve Sermons upon Salo^
mon's Song, 1 759, in-8«.
XVIII. Twelve discourses upon thé
Law and Gospel, 1760, in-8<»;Lond.,
1793, in-80.
XIX. The Works ofthe rev. Thomas
Jones, late chaplain of S. Saviour,
Lond., 1762, in-80. .^ Romaine y a
joint une Vie de l'auteur et une Pré-
face.
XX. r^ life of faith, 1 763 ; Lond.,
1794, in-12.
XXI. The Scripture doctrine of the
sacrament of the Lord' s supper, 1 765,
in-8».
XXIL The walk of faith, 1771, 2
vol. in-80.
XXIII. Anessayonpsalmody, 1775,
in- 80.
XXIV. The triumph of faith, Lond.,
1795, in-12.
XXV. Letters toafriendon the mosl
importantsubjects,Lonû., il^}i,\U'i 2.
— Publié par Th. Welle.
XXVI. Works, 1796, 8 vol. in-a».
— L'éditeur, Bromley Cadogan, y a
joint une Vie de l'auteur, où il expose
longuement ses principes et ses suc*
ces dans le ministère évangélique.
ROMAN (iikn), d'une honnête fa-
mille de Vercheny, en Dauphiné, ha-
bitait La Motte-Ghalançon à fépoqoft
de la révocation de l'édit de Nantes.
Très-Kélé pour sa religion, il sortit dn
royaume et se retira à Lausanne, oti
il séjourna environ deux ans. En ap-
prenant Tétat déplorable de ses core-
ligionnaires restés en France, il se sen-
tit ému de compassion, et U serait parti
immédiatemenl pour leur porter ém
ROM
— 5H —
HOM
consolations^ sans nn sentiment bien
naturel de crainte, qoi lai montrait en
perspective « d 'effroyables travaux et
des dangers sans nombre, la faim, la
soif, la rigueur des bivers, les fuites^
les prisons, les toctnres, les galères^
les bûchers, les gibets, les roues. » Ce-
pendant son zèle s'enflammant de pins
en plus au récit des persécutions exer-
cées contre ses frères, il triompha de
ses craintes et rentra en France. Ne
voulant pas s'exposer aux remontran-
ces de ses parents qui étaient restés
dans le Dauphiné, Il traversa rapide-
ment sa province natale et se rendit
dans les Gevennes. Déguisé en colpor-
teur, il allait de maison en maison, et
là où il ne voyait ni image de saint,
ni crucifix appendu à la muraille, il
8'arrétalt pour exhorter ceux qui y ha-
bitaient à se relever de leur chute et à
donner gloire à Dieu en sortant de l'E-
glise romaine. Il se mit ainsi en relation
avec un grand nombre de prétendus
convertis, qui le prièrent instamment
de tenir une assemblée. Il se rendit à
leurs désirs; aussi le fameux abbé Du
Ghalla [Voy. I, p. 96) ne tarda-t-il pas
à être instruit de sa présence. Trahi
par un faux ft*ère, eh 1688, Roman é-
cbappa comme par miracle. Moins heu-
reux Tannée suivante, il fut livré, le
5 fév. 1689^ par un apostat nommé
Vaumalés, et traîné en présence de
Basville et de Broglie, que sa fermeté,
et son courage exaspérèrent à tel point
que le dernier s'oublia Jusqu'à le frap-
per, en s'écrlant que s'il n'y avait pas
de bourreau pour le pendre, il en fe-
rait lui-même l'office. 11 fut }eté dans
ati cachot du château de Saint-Jean-
de»Gardonnenque, d'où il réussit à
a^eùfùlr atec le secours de la Rlle du
nihlstre OtHchard^ qui^ pour se sous-
Ifaifis à la persécution, était entrée
oemme femme de chambre au service
de M"w de Montvaillant, Furieux de ce
^t sa proie lui édmppatt, Bastille
menaça de faire tomber tout le poids
de sa eo&ère sur M. de MonîvaHkmt;
mais E>« Guldiard^ pour détourner le
emip lie là tète de ce gentflhonniie.
alla noblement se dénoncer elle-même
an terrible intendant. Basville fut pea
touché de celle généreuse conduite ; il
condamna celte demoiselle à être fouet-
tée publiquement par le bourreau et
enfermée dans une prison. Quant à
Montvaillant y il le relégua dans ses ter-
res, et sons prétexte que M"»« de Pfy-
remales, sa tante, n'était pas morte
bonne catholique, 11 confisqua une som-
me de 40,000 fr. qu'elle lui avait lé-
guée.
Au bout de trois jours, l'intrépide
Roman sortit de sa cachette, et pour ren-
dre publiquement grâce à Dieu de se
délivrance, il convoqua une assemblée
dans les environs mêmes de Saint- Jean.
Trahi une troisième fois, le 10 mars
1691 , il fut assez heureux pour échap-
per aux soldats qui le 'poursuivaient
avec acharnement comme une bête féro-
ce, en traversant, au milieu de Thiver^
un torrent à la nage et en se cachant
sur l'autre bord. Blessé, quelque temps
après, d'une balle à la cheville, et hors
d'état de marcher, il vécut, pendant
trois mois, caché dans une caverne.
A peine guéri, il recommença son dan-
gereux apostolat ; mais les poursuites
devinrent à la fin si actives, qu'il crut
prudent de s'éloigner pour quelque
temps, en 1 693. 11 se rendit à Genè-
ve, où, au lieu des éloges auxquels il
avait droit, Il ne reçut que des repro-
ches sur rimprudence qu'il commettait
en tenant des assemblées. Il crut né-
cessaire de se justifier et composa^ à
ce sujet, une apologie pour démontrer
l'Impossibilité d'aller de maison ei
maison encourager les Protestants fidè-
les et relever c^x qui étaient tombés ;
puis il reprit la route de France et en-
tra dans les Gevennes, ayant, selon son
énergique expression, son âme entre
les mains, comme prêt à la rendre.
Trahi de nouveau, le 9 août 1690, par
Arnaud, infâme scélérat en qui il met-
tait toute saeonflance, il fut traîné, coa-
irert de sang et de blessures, dans la
prison de Boueoiraii. Il touchait à sa
dernière beure^fii quelques jeunes gens
ne s'étaient dévoués peer le saever . Ile
ROM
— 512 —
ROM
forcèrent la garde de la prison et en-
levèrent leur pasteur, qui intercéda lui-
même pour ses gardiens et obtint qu'on
ne leur ferait aucun mal, quoiqu'ils
eussentblesséplusieursdesassaillants.
Cet enlèvement irrita au dernier point
Broglie, qui flt arrêter une foule de per-
sonnes, soit comme coupables d'avoir
assisté à l'assemblée du 9 août, soit
comme complices de la délivrance de
Roman. Au nombre des premiersétaient
Louis Brunel, de Domessargues, An-
toine Burin et Fulcrand Dumas, du
même lieu, Jacques Caboux, de Bri-
gnon. les trois fils Martin, la femme
Boucoiran, Marguerite, Dumas-Bru-'
nel, de Domessargues, la femme Rou^
quête, Jean Foucaud et Bénezet, de
Moussac, M^^' de Rolin, de Mozières,
Ravènes, de Sauzet, Bourdic ûls, Bou-
coiran et Antoine Briançon, qui fu-
rent tous condamnés au gibet. Un sup-
plément d'instruction fut ordonné à
regard de Pierre Foucaud, de Sauzet,
Jean Boudon, de Domessargues, Jean
Bourdic, Jacq.Fontanieu, Noé Comte,
Paul Gassaignes, Claude Passe, Anne
Dubois, Marianne Bruguière, Louise
Bernis, Jacq, Bourdic, Jean Caboux,
tous habitants de Brignon, Etienne
Matthieu, ûe Crxxmhres, Jean Dombres,
d'Aigrement, Pierre Maurin, de Bou-
coiran, Marc Foucard, de Maussac,
André Espérandieu, de Saint-Déséry^
ainsi qu'à l'égard de quatre défaillants :
Douce Allier e eiAntonin, de Fons, Roc
fllset Gabriel Malachaume, de Brignon.
Quant à Roman, il devait périr sur la
roue. Une sentence plus terrible encore,
rendue par le sénéchal de Nismes, le
28 nov., frappa ses libérateurs. Pierre
Bernard, dit La Jeunesse, soldat, de
Marvéjols, fut condamné à être rompu
vif, avec Pierre Bonefoux, dit Bour-
lesc, de Gardet ; Pierre Roux, de Mas-
siUargues, à la question ordinaire et
extraordinaire, avant dire droit , ainsi
que Louis Penchenat, de Galvisson,
Adam Mariniargues, de Soulorgues,
Robert Théolet, chirurgien de Lézan,
David Verdier, de Lézan, et Antoine
Armasêan,^t Cardeti Le cadet de Bot/h
zènes, près Tomac, et Brunet, des
Montèzes, furent condamnés, par con-
tumace, à la roue; Bouvière, d'An-
duze, Granier, Caubot, de Boucoiran,
Lauzeei Huguet, deBauzon, Andoyer,
de Puech, Jacq. Foucard et Jalaguier,
de Marvéjols, Bastide, de Cardet, Mi-
chel, de Massanes, Poitevin, de Ners,
Joumiac, Perpignan, Reilhan ûls, de
Lédignan,JosephCourtin, Etienne Da-
mas, de Ners, à être pendus. D'autres
peines furent décernées contre Perron,
de Boucoiran, Fages, de Massillargues,
Franc, Antoine Bouzènes, Jean Bar-
buste, de Cassagnolles, Mourgues, de
Lézan, elDurand, (Arch.gén. M. 666);
mais il parait que la sentence ne fut pas
exécutée dans toute sa rigueur. Selon
Ant. Court [MSS., N« 59), on se con-
tenta de rouer Bernard et Bonefoux,
et d'envoyer les autres aux galères.
Roman comprit que la place n'était
plus tenable. Il se retira donc en Alle-
magne et mourut pasteur de l'église
de Waldenburg.
Nous ignorons si Jacques Roman,
docteur en philosophie et en médecine,
qui vivait à Amsterdam en i 702, et à
qui Ton doit une édit. avec préface de
Touvrage de Schotan : Discussio cen-
surœHuetianœ (Amsl., 1702, in-12),
était de la même famille que notre
pasteur du désert, ou d'une autre, du
même nom, qui habitait Cabrières. En
1745, des lettres de cachet furent en-
voyées à l'intendant de la Provence,
lui ei^oignant de faire conduire à la
Propagation d'Aix une demoiselle Ro-
man et les demoiselles Fèlidan et Ri-
pert. Les parents les ayant (ait dispa-
raitre à temps, on les jeta en prison,
on saisit leurs biens et on mit des gar-
nisaires chez les habitants protestants
de Cabrières qui avaient favorisé l'en-
lèvement de ces jeunes filles, pour les
forcer à les représenter {ArcJi. gén. E.
3506).
ROMIEU (Pierre) ou Roumieu, de
Saint-Fortunat,admisau ministère par
le synode de Balx, en 1671, et don-
né pour pasteur à Saint-Vinoent-des-
Barres. Romieu desservit plus tard les
ROM
— 513 —
ROM
églibes de Saint-Pierreville et de De-
saignes. Exclu de l'amnistie accordée,
en 1683> aux insurgés du Ylvarais
{Voy. 111^ p. 28)^ il se convertit pour
éviter la mort. Sa femme ayant refusé
de suivre son exemple^ le marquis de
La Tourelle la fit enfermer dans une
chambre de son château^ où elle eut à
souffrir les plus mauvais traitements.
Elle voulut essayer de s'y soustraire
parla fuite. Elle coupa les draps et les
rideaux de son lit, et en fit une corde
au moyen de laquelle elle tenta de s'é-
chapper parla fenêtre ; mais trop faible
pour soutenir le poids de son corps^
celte corde rompit et la pauvre femme
tombasur des rochers. Comme elle res-
pirait encore, le marquis la fit repor-
ter dans sa prison. — La famille Ro-
mieu a grossi le Refuge {Arch, gén.
Tt. 244). En 1843, John Romieu Uki
élu directeur de l'hôpital français à
Londres.
ROMILLY (Jean), habile horloger
de Paris, né à Genève, en 1714, d'une
famille réfugiée. Romilly s'est fait ho-
norablement connaître par divers per-
fectionnements qu'il a apportés dans
son art. 11 exécuta, entre autres ou-
vrages remarquables, une montre qui
pouvait marcher un an entier sans être
remontée; mais il laissa à ^erf/ioud
l'honneur de donner à son invention le
degré d'exactitude nécessaire. Romilly
a été un des fondateurs du Journal de
Paris en 1 777, et un des rédacteurs de
la grande Encyclopédie, à laquelle il a
fourni tous les articles sur la partie théo-
rique de l'horlogerie. Il mourut pres-
quesubitement à Paris,le 1 6 fév. 1 796.
Son fils unique, nommé Jeàn-Edme, l'a-
vait précédé dans la tombe. Né à Ge-
nève, en 1739 ou 40, Jean-Edme Ro-
milly étudia la théologie et fut admis
au ministère en 1 763. Trois ans après,
il fut appelé comme pasteur de l'église
wallonne à Londres, mais sa santé dé-
licate ne pouvant s'accommoder au cli-
mat, il retourna à Genève et fut chargé
de desservir l'église de Chancy. En
1770, le Conseil d'Etat lui accorda sa
démission, « en loi conservant son
rang, eu égard à ses talents distin-
gués. » Selon la Biogr. univ., il fat
aussi ministre à Sacconex. Il mourut
le 29 oct. 1779. Palissot, qui l'a conna
particulièrement, nous l'a peint comme
un homme de mœurs douces et régu-
lières, très- instruit et doué de la plus
aimable modestie. Il a laissé la répu-
tation d'un bon prédicateur. Ses ser-
mons se distinguaient plutôt par une
onction douce et persuasive , que par
une éloquence mâle et forte. En 1780,
le pasteur Juventin en a publié à Ge-
nève un recueil en 2 vol. in-s», en met-
tant en tète l'Eloge de l'auteur. Ami de
Rousseau, de d'Alembert, de Diderot
et de Voltaire, Romilly a travaillé, com-
me son père, à l'Encyclopédie. Les ar-
ticles Tolérance et Vertu sont de lui. Il
a aussi fourni aux Mémoires de litté-
rature de Palissot plusieurs articles
sur des Genevois célèbres, entre autres
sur Jean -Jacques Rousseau. De son
mariage avec Françoise- Dorothée Ar-
gand naquit Christine Romilly, qui
épousa, en 1792, Gédéon Mollet.
ROMILLY (siR Samuel), célèbre
Jurisconsulte anglais, un des chefs du
parti whig, né à Londres, le 1»^ mars
1757, et mort le 2 nov. 1818.
La famille Romilly était originaire
de Montpellier. A la révocation de l'é-
dit de Nantes, l'arrière-grand-père de
sir Samuel avait feint d'abjurer; mais
il avait élevé son fils Etienne, né en
1684, dans les sentiments qu'il pro-
fessait en secret, et dès que le jeune
homme eut atteint l'âge de 1 7 ans, il
l'avait envoyé à Genève pour sa pre-
mière communion. A la suite d'une
conversation qu'il y eut avec le célè-
bre Saurin, le jeune Romilly prit la ré-
solution de ne pas retourner en France.
Il passa en Angleterre, et établit dans
les environs de Londres une blanchis-
serie de cire, qui parait avoir prospé-
ré. Quelque temps après, il épousa îii-
dith de MonsalUer, qui lui donna huit
enfants : l« Etienne, qui entra dans le
commerce, ainsi que son frère — 2*
ISAAC ; — 3* Pierre, baptisé, en 1 7 1 1 ,
dans l'églisedeMartin'e-Lane^ qaisoit;
ROM
— 814 —
ROM
— 4» JosBPH, mort jeune ; — 5» Anne,
mariée à N. Gibbons; — €• Cathkrî-
NE, femme de N. Hunier; — 7» Mar-
THB, morte fille, ainsi que — 8* Mar-
GUBRiTB. Etienne RomiUy mourut, en
1 733, avec la réputation d'un homme
pieux et libéral.
Pierre Romilly fut mis en apprentis-
sage chez un joaillier nommé Lafosse . n
s'y Ha d'une étroite amitié avec un autre
apprenti du nom de Gamault, pour
la sœur duquel il s'éprit d'une si vive
affection , que la main de cette jeune
fille lui ayant été réfusée. Il réso-
lut de quitter l'Anglelerre et de ve-
nir à Paris, où il passa plusieurs an-
nées. L'opposition mise à son maria-
ge ayant cessé , il retourna à Londres
et épousa M*^* Gamault^ dont il eut
plusieurs enfants; mais trois seule-
ment arrivèrent à l'âge adulte : Tho-
■AS qui embrassa la profession de son
père, et qui figure, en 1779, sur la
liste des directeurs de Thôpital fran-
cs; Cathbrinc, femme, en i 778, du
ministre Jean Boget, de Genève, et Sa-
aoEL, le sujet de cette notice.
Samuel Romilly ne reçut, Mans son
enfance, qu'une instrudion très-dé-
fectueuse. Lorsqu'il sortit de l'école,
à l'âge de 1 5 ans, il savait lire, écrire,
compter, et parlait tant bien que mal
la langue française; à cela se ré-
duisaient ses connaissances ; tout ce
qu'il acquit dans la suite, il ne le dut
qu'à ses propres efforts. Après avoir
hésité longtemps sur le choix d'un état,
il venait de se résoudre à accepter une
place dans les bureaux d'une riche mai-
son de la Cité, celle des Fluyder, dont
il était un peu parent (1), lorsque une
mort inopinée enleva ses patrons. Son
père — qu'il nous dépeint comme un
homme pieux sans austérité, très-cha-
ritable, doué d'une extrême sensibili-
té, bon et indulgent à l'excès — ne vou-
lant pas contrarier ses goûts, finit par
le garder auprès de lui. Romilly, qui
avait reçu de la nature de très-heu-
reuses dispositions et l'amour de l'é-
(1) ElUaheth as MomaUint sœur de lodltbi
aTtllè|Kniiéiiii Plnyder.
tude, et que son humeur sérieuse, un
peu mélancolique, éloignait des ré-
créations bruyantes de la jeunesse,
profita de ses loisirs pour apprendre
sans maître la langue latine ; à force
de travail il y réussit. Trois ou quatre
années lui suffirent pour lire avec fruit
tons les classiques latins. Il voulut en-
stiite s'appliquer au grec ; mais les dif-
ficultés qu'il y rencontra le rebutèrent
bientôt. Pour se distraire et reposer
son esprit, il lisait, une carte sous les
yeux, les récits des voyageurs moder-
nes, et il acquit ainsi des notions assez
étendues de géographie et d'histoire
naturelle. En même temps, il suivait
avec assiduité des cours publics de
peinture, d'architecture et d*anatomie .
A mesure que son esprit s'éclaira au
flambeau de la science, Romilly sentit
grandir en lui l'amour de la gloire, et
diminuer en proportion son goàt très-
douteux pour la profession de joaillier.
Son père, toujours indulgent, consen-
tit à le placer chez un des clercs Jurés
de la chancellerie. Il ne tarda pas à
s'apercevoir que ce n'était point encore
lit l'état qui lui convenait. Espérant
arriver plus promptemeut à la cété-
brité parle barreau. Il se mit, en 1 778,
à étudier la jurisprudence avec l'ar-
deur qu'il apportait en toutes choses,
ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre
ses lectures. Il écrivait, en outre, dans
divers journaux politiques, suivait a-
vec assiduité les débats du parlement,
et s'exerçait à faire à part lui des ré-
ponses aux discours qu'il avait en-
tendus. Cet excès de travail altéra sa
santé. Pour la rétablir. Il fit, en 1 78 ! ^
un voyage de quelques semaines en
Suisse. A son retour, passant par Pa-
ris, il se lia avec son homonyme Jean
RomiUy, qui lui fil faire la connais-
sance de Diderot et de d'Alembert. Il
entra dans le barreau en 1 783. Ses dé-
buts n'eurent rien de brillant; mais
avec le temps, sa profonde connais-
sance des lois et son éloquence lui pro-
curèrent une clientèle considérable et
le placèrent à la tête du barreau de
Londres, «t Sa science immense^ sa
ROM
— 515 —
ROM
modération qui n'ôtait rien à son 6*
nergie^ sa profonde sagacité, sou équité
incorruptible, donnaient aux opinions
qu'il présentait aux juges la force et la
gravité d'une autorité Judiciaire. » En
1 784^ il perdit son père, qui mourut
le 29 août^ et en 1786, il fut élu di-
recteur de rhôpital français à Londres.
En 1 788, il fit avec son ami Etienne
Dumont, un nouveau voyage à Paris,
pendant lequel il noua des relations a-
vec Maiesherbes, La Fayette, Condor-
cet, Jefferson, alors ambassadeur des
États-Unis, et plusieurs hommes qui
ont marqué dans la révolution. Depuis
quelques années déjà, il s'était lié très-
étroitement avec Mirabeau; c'est à sa
prière qu'il rédigea un abrégé du r^
glement de la chambre des communes,
que Mirabeau fit imprimer. Attaché par
ses principes libéraux au parti whig,
il fut choisi par Fox, en 1806, pour
remplir la place de solliciteur général
(emploi correspondant à celui de pro-
cureur général en France) ; il l'accepta
sansrenoncer au barreau. Pende temps
après, il fut créé chevalier. Ses nou-
velles fonctions exigeant qu'il occupât
un siège à la Chambre des communes,
il se fit élire à Queenborough. Dès la
première session, il proposa un blll
pour la réforme des lois concernant les
banqueroutes, et le fit passer avec de
légers amendements. Il fut moins heu-
reux dans une autre circonstance. De-
puis longtemps, convaincu qu'il faut
adapter les lois à l'esprit du siècle, en
procédant toutefois avec une prudente
lenteur, il désirait ardemment d'adou-
cir la législation pénale de l'Angleter-
re, législation barbare, atroce, qui pu-
nissait de mort une foule d'actes qua-
lifiés de simples délits chez les antres
nations civilisées. 11 est vrai que dans
la pratique, le pouvoir presque dis-
crétionnaire des Juges et du jury cor-
rigeait presque toujours cette législa-
tion rigoureuse; mais un pareil sys-
tème n'était au fond qu'un arbitraire
organisé et faisait dépendre la vie de
l'inculpé de la dispœition momenta-
née des Juges. Samuel RomiUy dévooa
sa vie à cette utile réforme. 11 lutta^
sans se décourager, contre l'ignorance^
les préjugés, l'esprit de parti ; à cha-
que session, depuis 1808, il renou-
vela sa proposition, et s'il n'eut pas la
satisfaction de lavoir adopter, il con«>
Iribua au moins, par les discussions
qu'il souleva, à éclairer l'opinion pu*
blique et à préparer le succès de sir
Robert Peel.
La mort de Fox, en 1 807, lui fit per-
dre sa place de solliciteur général;
mais il continua à siéger dans la cham-
bre des communes, sur les bancs de
l'opposition. Aux élections de 1812^
sa candidature ayant échoué à Bris-
tol, il fut élu à Arundel. En 1815, il
s'opposa à la reprise des hostilités con-
tre la France, et eut une lutte très-vi-
ve à soutenir contre le ministère Cast-
lereagh au sujet du massacre des Pro-
testants dans le Midi. « Pour la pre-
mière fois, dit Benjamin Constant, dans
son Eloge de sir Samuel Romilly (Paris,
1819, in-8o), l'éloquence du chevalier
Romilly, habituellement calme et mo-
dérée, s'enflamma tout à coup d'une
indignation sainte, et la chambre des
communes, accoutumée à voir en lui
le philosophe ingénieux et pénétrant,
le dialecticien ferme, le politique pro-
fond et impartial, s'étonna d'entendre
retentir dans son enceinte les accents
d'un orateur passionné. » La majorité
ministérielle ne fut point ébranlée;
elle rejeta la motion d'une adresse au
Prince Régent pour le supplier de met-
tre sous les yeux de la Chambre des
copies des communications entre son
gouvernement et le ministère français
relativement aux Protestants du Midi.
Défenseur éclairé des libertés pu-
bliques, qui toutes se tiennent si in-
timement qu'on ne peut toucher àl'unt
sans mettre en danger les autres, Ro-
milly prit une grande part aux ardents
débats soulevés par la réforme parla*
mentaire, l'émancipation des Catholi-
ques, la traite des noirs, l'application
de l'alien-bill, la suspensioi^ de l'ha-
beas-corpus, en 1817, et dans toutaa
ces questions, est-il nécessaire de le
ROM
— 516 —
ROM
dire ? il vota avec les amis de rhuma-
nité^ de la justice et de la tolérance.
Gbacande ses voles lui fut dicté par sa
conscience ; Jamais il ne rechercha la
popularité aux dépens de ses convic-
tions. Lors des élections de 1 81 8, il en
donna la preuve en déclarant franche-
ment aux électeurs deWestminster^dont
il sollicitait les suffrages^ qu'il ne vote-
rait Jamais ni pour les renouvellements
trop multipliés du parlement, ni pour
le suffrage universel. Sa loyauté fut ré-
compensée : il fut élu; mais 11 ne repa-
rut plus à la Chambre. La mort de sa
femme (29 oct. 1818) lui causa tant
de chagrin que sa raison en fut ébran-
lée et que, dans un accès de démence ( 1 ),
il se donna mort, le 2 nov. iSiS.
Outre un certain nombre de pam-
phlets politiques, dont nous ne con-
naissons pas les titres, à l'exception
d'un seul, A fragment on the consii-
tutional patver and duties of juries,
dont la lecture frappa si vivement lord
Lansdown qu'il se déclara dès lors le
patron et l'ami de Romilly, on a de lui,
au rapport de Watt :
I. Observations on the criminal
laws of England, as it relates to capi-
tal punishment^, and on the mode on
which it isadministeredy Lond., 1810,
in-8»; 2«édit., 1811, in-8».
II. Objections to theproject ofcrea-
ting a vice-chancellor of England,
1812, in-8».
III. Speech in the house of Gommons
on the article in the treaty of peace
wich relates to the slave trade, 1814,
in-8».
IV. The speechs of sir Samuel Ro-
milly in the house of Gommons, toith
(1) Le 9 oct. 1818, il êcriTail : c Je sais du»
le Bonenl présent parfaitement tain d'eiprit et en
fleine possession de toutes mes facnltés; mais je
Moffre sons l'affliction la plus sétère, et je ne puis
Ct m'empècher de réfléchir qne la folie est parmi
I maux que les afflictions morales produisent
^Iquefois, et que ce sort malheoreut peut être
la Bien... SI la terrible calamité dont j'ai parié
UNnbait sur moi, la plus grande consolation dont
je pourrai jouir serait si mes deux amis le mar-
qiiti de Landsdo^ne et Jean "^^'hishaw araient la
boulé de consentir à être commissaires pour la
ard« d« m fortue el d« ma penonne. •
Memoirs of his live, collect. by W, Pe-
ter, Lond., 1820, 2 vol. in-8».
V. The LÀfe of sir Samuel Romilly
written by nimself. With a sélection
from his correspondence. Edited by his
sons, 3* édit., Lond., 1842, 2 vol.
in-l 2. — Jugements remarquables sur
les hommes éminents qu'il a connus ;
beaucoup de lettres de Mirabeau, de
Dumont, etc.
Du mariage de Samuel Romilly avec
miss Garbett, fllle d'un secrétaire du
marquis de Lansdown, <c belle, reli-
gieuse, amie de la liberté, sensible,
dévouée, » dit B. Constant, naquirent,
entre autres enfants : i» John, avocat
d'un grand mérite, qui fut nommé sol-
liciteur général, en 1 848, et attomey
général en 1850. Après avoir repré-
senté longtemps Bridport et Devon-
port dans le parlement, où il se mon-
tra, comme son père, un zélé parti-
san de la réforme de la législation, il
fut appeléi en mars 1851, à rem-
placer lord Langdaledans les fonctions
de maître des rôles; — 2* Charles,
qui a rempli pendant plusieurs années
la place de secrétaire particulier du
président de la Chambre des commu-
nes et du lord-chanoelier, et qui a été
nommé, en 1 851 , avocat de la couron-
ne à la cour de la chancellerie ; -~ 3*
H£NRi, chef d'une des plus importan-
tes maisons de commerce de Liver-
pool ; — 4* Frédéric, ancien colonel,
secrétaire du vice-roi d'Irlande, lord
Normanby, puis député de Cantorbéry
à la Chambre des communes.
ROMYEN (BenoIt), mercier col-
porteur de Villars-d'Arenne en Dau-
phiné, ayant embrassé la Réforme, se
retira à Genève avec sa femme et ses
enfants. Les affaires de son conunerce
l'amenaient quelquefois en France.
Dans un voyage qu'il fit à Marseille,
en 1558, il fut dénoncé comme luthé-
rien par un marchand de son état, et
arrêté à Draguignan. Après un pre-
mier interrogatoire, où il flt une sin-
cère profession de sa foi, il fut Jeté en
prison les fers aux pieds. Le lieute-
nant du sénéchal éprouvait quelques
RON
— 517 ~
RON
scrupules à condamnera mort un hom-
me à qui ou ne pouvait reprocher d'a-
voir dogmatisé ni colporté des livres
défendus, et qui ne s'était avoué pro-
testant que pour ne pas mentir à la
Justice; mais le peuple, excité par un
moine qui avait prêché le carême, s'a-
meuta au cri Au feu ! au feu ! qu'il
soit brûlé ! et le juge effrayé pro-
nonça la fatale sentence. RomycE en
appela au parlement d'Aix, qui con-
firma le jugement. A celte réjouissante
nouvelle, les consuls de Draguignan fi-
rent criera son de trompe par les carre-
fours : Que tons bons chrétiens portas-
sent bois en la place du Marché pour
brûler un luthérien. Le samedi^ 16
mai, après avoir subi une horrible tor-
ture, sans rien révéler, le martyr, les
membres brisés, fut porté sur le bûcher
et attaché au poteau par une chaîne de
fer. a Lors le bourreau mit le feu à la
paille et au menu bois qui estoit à
l'entour, en sorte qu'ils furent incon-
tinent usez. Romyen demeura pendu
en l'air avant que mourir. £t estoit
presque tout bruslé par le bas, qu'on
le voyoit remuant les lèvres sans faire
aucun cri : et ainsi rendit Tesprit à
Dieu. »
RONDELET (Guillaume), célèbre
médecin et naturaliste, naquit à Mont-
pellier, le 27 sept. 1 507 . Son père, hon-
nête droguiste, le destinait, dès sa nais-
sance, à la vie du cloître : un parent
de la famille, supérieur du couvent de
Maguelone, lui faisait espérer pour cet
enfant la survivance de ses bénéfices^
et cette séduisante perspective lui sem-
blait répondre à toutes les exigences de
vocation et d'aptitude. Sans dot! sans
dot ! répétait l'Avare à chaque objec-
tion. Une grosse abbaye ! se disait Jean
Rondelet. L'avenir de son fils lui pa-
rut si bien assuré qu'il n'éprouva aucun
scrupule de déshériter le futur digni-
taire de l'Église au profil de ses autres
enfants, ne lui laissant par son lest^*
ment pour sa quote-part qu'une som-
me de 300 livres — peut-être même sa
légitime — destinée à payer sa bienve-
nue au couvent. Mais ces petits arran-
gements de famille n'étaient pas dans
les décrets de la Providence. Rondelel
le père étant mort, son fils atné, Albert»
lui succéda dans son commerce et prit
la tutelle de ses plus jeunes frères. Guil-
laume fut surtout l'objet de son affection
et de ses soins. Par suite d'un accident
déplorable — l'enfant avait pris le lait
d'une femme gâtée — son enfance ne
fut qu'une longue et douloureuse mala-
die. Ses dispositions morales se ressen-
tirent nécessairement de la débilité de
sacomplexion. Il mit plusieurs années
à apprendre l'alphabet. Mais avec l'&ge
son corps se fortifia, et comme il était
doué de beaucoup d'esprit naturel» ut
ingenio état acutissimo, il se mit, pour
ainsi dire tout seul et sans maître, à l'é-
tude. 11 profita peu d'abord, jusqu'à ce
que, en 1525, on l'envoya continuer son
éducation à Paris. Après quatre années
passées sur les bancs des collèges» il
retourna dans sa ville natale pour s'ap-
pliquer à l'élude de la médecine. 11 ftit
immatriculé le 2 juin 1529. A cette 6-
poque , l'usage voulait qu'avant de se
présenter aux épreuves du doctorat, la
jeune médecin complétât son instruc-
tion par l'exercice de son art ou plutôt
des rudiments de son art : le public était
ainsi tenu de faire les frais de son ap-
prentissage: faute commise vaut mieux
que leçon apprise. Le jeune Rondelet
choisit la petite ville de Perluis, en Pro-
vence, pour y faire ses preuves. Mais
il n'eut pas de chance dans son choix»
ce petit endroit était sain et salubre»
et notre praticien en fut bientôt réduit»
pour vivre, à enseigner de petits en-
fants. Rebuté à la fin de ce genre de Yle
qui n'était pas dans ses goûts, et dé-
sirant s'appliquer à l'étude des lettres
grecques, il se décida à retourner à Pa-
ris, où, faute de ressources^ il accepta
la place d'instituteur auprès d'un jeune
gentilhomme (i). Toutefois il ne négil-
gea pas sa propre inslruction ; ce fut
(1) Selon Astnic, le Ticomte de Tarenne, malf
nous n'oserions traduire ainsi le Turonensit de
Laurent Joobert, bien qu'il y ait quelque appa-
rence que ce soit le sent que le biographe ft vos-
lu attacher à ce mot.
RON
818 —
RON
«lorsqu'il se lia d'amitié avec le célèbre
anatomiste Gonthier d'Andernach^qae
les persécutions religieuses n'avaient
pas encore forcé de fuir de France. An
bout de quelques années, il quitta la ca-
pitale et alla se flxer à Maringues, en Au-
vergne, où il exerça quelque temps,
avant de retourner dans sa ville natale
pour prendre le bonnet de docteur. Il
le prit en 1 637, la même année que le
fameux Rabelais (l). Son frère Albert
fit les frais de ce grade, frais alors
très-considérables. Ce fut le dernier de
ses bienfaits, il mourut la même an-
née. L'année suivante. Rondelet épousa
Jeanne Sandra. Cette jeune personne
était sans fortune, mais sa sœuralnée^
<^therine, qui n'avait pas d'enfants, lui
constitua une dot avec le consentement
de son mari, et s'engagea en outre à en-
tretenir le jeune ménage pendant l'es-
pace de quatre ans. Tout alla bien tant
^ue dura cet arrangement; mais une
fois le terme arrivé où il dut se suffire
à lui-même, Rondelet, qui n'avait pas la
vertu de l'ordre et de Téconomie, trou-
va la charge trop lourde et se décida à
aller rejoindre à Venise, où il exerçait
l'office d'ambassadeur, son protecteur,
Tévêque Guillaume Pélicier. Il était au
moment de partir, ses malles faites,
lorsque sa belle-sœur, ne pouvant sup-
porter l'idée d'une séparation, le retint
en lui faisant don de la moitié de ses
biens (elle avait hérité depuis peu de
la fortune de son mari) et en lui assu-
rant le retour du reste à sa mort. Ron-
delet céda à cette douce contrainte.
(1) Il est probable que dos deux UiureaU se
connurent et se recbercbèrent. II v arait entre
MI une assez grande conformité d'humeurs. Il
est vrai que Reodelet n'était qu'un buTeur d'eau
— quelques atteintes de goutte Taraient forcé de
bonne heure h ce régime, — mais il aimait les
joyeux contites. On ne saurait douter que ce ne
Mit lui que RabeUis amène sur la srène dans
It ni' liTre (ch. XXIX. XXXI et euiv ) de son
Pantagruel sous le nom de Rondibilis. Mais il
nous «emfole que de Thon s'est mépris lorsqu'il a
prétendu que l'intention de l'auteur avait été de
tourner notre médecin en ridicule. Bien au con-
traire, on a lieu de s'étonner qu'il ait pu le faire
discourir aussi sensément, et pendant plusieurs
okapi Ires, sur une question aussi sauf^remie que
celle que lui posait Panurge. ^
Depuis, il vécut avec sa belle-sœur
dans la plus parfaite intimité ; il eut
la douleur de perdre cette excellente
amie en 1 559. Septansauparavant, elle
lui avait fait cession entière de ce qu'el-
le possédait , ne réservant que ses ali-
ments. Désormais Rondelet étaità l'abri
du besoin. Sa position ne tarda pas à
s'améliorer de plus en plus. Sur la re-
commandation du chancelier de l'Uni-
versité, Jean Schyron, le cardinal de
Toumon le choisit pour un de ses mé-
decins, au traitement de 600 livres.
Rondelet accompagna leprélat dans ses
différentes ambassades, tant en France
que dans les Pays-Bas et en Italie, re-
cueillant partout des matériaux pour
son grand ouvrage sur les poissons. En
nov. 1549, il le suivit à Rome oiil'ap-
pelait l'élection du nouveau pape Ju-
les 111. Ils s'embarquèrent à Marseille.
Après 13 mois de séjour dans la ville
sainte, il sollicita et obtint son congé;
il revint en France par terre, et visita
en passant les plus célèbres académies
del'lUlie. Il était de retour à Montpel-
lier, en juin 1550. Depuis quelques
années déjà (en juin 1545), il avaitété
pourvu d'une chaire de médecine en
remplacement de Pierre Laurent. On
ne nous apprend pas comment il par-
venait à concilier ses absences prolon-
gées avec les devoi rs de l'enseignement.
En nov. 1 551 , il fut appelé à Lyon, où
le cardinal de Toumon, revenu du con-
clave, souffrait d'une dyssenterie. Il s'y
rendit à franc étrier, per di9ponto$
equoSy et comme II eut le bonheur de
sauver son malade, le cardinal, par re-
connaissance , lui fit une pension de
200 livres , sa vie durant. Cet atta-
chement au cardinal de Toumon, un
des plus grands ennemis de la Réforme,
pourrait faire supposer que Rondelet
partageait son aversion. Mais il n'en
est rien. Joubcrt nous apprend qu'il
avait toujours eu un goût très -vif pour
les questions de théologie. Pendant
longtemps il cacha chez lui un domi-
nicain, Fr. Caperon, qui s'étaitéchappé
de son couvent. Mais lorsqu'on 1552,
son amil'évéque de Montpellier^ Gail-
RON
— 519 —
RON
laume Pélicier^ eut été arrêté^ la peur
le prit et il jeta au feu tous ses livres
de théologie. Cependant il n'en persista
pas moins dans ses opinions. Nous 11-
sons> en effets dans Aigrefeuille. qu'en
1561, le 32 nov.>il fut au nombre des
notables bourgeois que les Protestants
de Montpellier députèrent aux chanoi-
nes de la cathédrale pour leur deman-
der la cession des églises de Notre-
Dame> de St-Paul et de St-Matthien
qui leur étaient nécessaires « vu la
grande affluence de ceux de leur reli-
gion. » Ces députés étaient avec Ron-
delet, François Maigret, Saint-Ravyy
conseiller en la cour des aides, Bep-
trand Manny, Pierre de Maupeau^
Nicolas TcUard, notaire royal. Les
chanoines cédèrent. Trois ans plustard,
vers la Pàque de 1565, notre médecin
courut de grands dangers pour sa foi.
11 avait été appelé dans les environs de
Perpignan. Il s'y rendit; mais le bruit
de sa religion s'étant répandu parmi le
peuple, il ne dut son salut qu'à une
prompte fuite.
En i 554, Rondelet fit paraître son
Histoire des poissons. Cet excellent ou-
vrage qui lui coûta dix années de tra-
vaux,* opuselaboratissimum,etmaxi-
mo cum labore, nec minori impensâ
absolutum, » lui lit beaucoup d'hon-
neur; c'est le seul de ses écrits qui
soit resté et que l'on consulte encore
aujourd'hui. « Les trois premiers au-
teurs d'ichthyologie, après la renais-
sance des lettres, dit [Frédéric] Guvier
dans la Biogr. univ., étaient contem-
porains, et firent paraître leurs ou-
vrages à peu près en même temps :
Belon en 1553, Salviani et Rondelet
en 1 554 ; mais Rondelet est de beau-
coup supérieur aux deux autres par le
nombre des poissons qu'il a connus et
par l'exactitude des figures qu'il en a
données. — On peut assurer que pour
les poissons de la Méditerranée, c'est
cet ouvrage qui a fourni presque tout
ce qu'en ont dit les naturalistes venus
aprèslui.» Nous aurons l'occasion d'ap-
précier cet ouvrage dans notre notice
bibliognq)hique.
Rondelet aimait l'analomle avec pas-
sion ; il s'y livra avec le plus grantl
succès et surpassa, an rapport de Jou-
bert, tous ses devanciers. Ce fut surtout
à sa sollicitation, « hortatn, suasu^
curâetsollicitudine», que l'Université
obtint du roi Henri H, en 1 556, la créa-
tion d'un amphithéâtre anatomique.
Le chancelier Jean Schyron étant mort
cette même année , Rondelet fut éln^
à la presque unanimité, pour lui «oo-
céder dans sa charge (nov. i 556). Il était
très-soigneux à remplir ses devoirs dé
professeur. Dans les derniers temps de
sa vie^ il ne faisait pas moins de trolê
ou quatre leçons par jour, n'interrom-
pant pas même ses cours les jours fé^
ries. Les chirurgiens et les pharma-*
ciens n'avaient pour ainsi dire paê
d'autre professeur que lui. D'une hn-^
meur plaisante et facétieuse, il avait
coutume de fixer l'attention de ses au-
diteurs en entremêlant ses leçons d'a-
necdotes et d'historiettes : exceUent
moyen mnémotechnique, sans doute^
mais la dignité du professorat n'avait-
eile pas à en souffrir? Quoi qu'il en
soit, ce fut, dit-on, en considération
de ses services et de ceux de Saporta
que le traitement des professeurs M
porté, en 1564, à 400 livres. Ronde-
let s'occupait aussi de botanique. Il
eut pour élèves les deux plus grands
botanistes du xvi« siècle, Matthieu de
Lobel et Charles de L'Escluse, qui,
tous deux, forent ses pensionnaires, en
même temps que le célèbre Laurent
Joubert. li a beaucoup écrit, et sur
toute sorte de sujets : théologie, agri-
culture, philosophie, médecine, bota-
nique, chirurgie, analomie, etc.; ft
embrassait à peu près toutes les bran-
ches de nos connaissances. Mais la
plupart de ses écrits sont restés im-
parfaits. Il écrivait vite et mal. Comm
sa conception était prompte et facile^
que les idées se pressaient enfouie daim
son esprit, sa main ne pouvait les sui-
vre sur le papier; des mots entiers^
des memforesde phraselui échappaient,
de sorte qu'il fallait deviner sa pensée.
Et comme il était plus propre à l'in*
RON
— 620 —
RON
venlion qu'à la disposition^ et que la
nouveauté avait toujours de Tattrait
pour lui^ il n'éprouvait aucun plaisir
à relire ce qu'il avait écrite et ne s'en
donnait pas la peine. Aussi s'aidait-il
souvent de la plume de ses élèves. L'Es-
cluse travailla pendant plusieurs an-
nées à la rédaction de son histoire des
poissons, à laquelle Jean Du Moulin mit
la dernière main. Jacques Bordeu (Bor-
dœus) retoucha son traité De Ponde-
ribus, et enfin Laurent Joubert lui
rendit le même service pour son traité
de thérapeutique, Meihodus curando-
rum morborum.
En juillet 1560, Rondelet perdit sa
femme Jeanne Sandra. Elle lui avait
donné plusieurs enfants : 1» N., l'alné,
vécut peu ; Rondelet en fit lui-même
l'autopsie, ce qui le fit traiter de bar-
bare, «parce que dans ce temps-là, dit
Joubert, le vulgaire avait encore hor-
reur de l'anatomie ; » — 2« Catherine,
née en 1540, qui épousa le médecin
Jacques Salomoné, de Montpellier, vers
1558, et mourut en ocl. 1562, ne lais-
sant qu'une flile à son mari ; — S» Jean^
HE, née en 1542; en déc. 1561, elle
épousa Robert Lescure, qui la laissa
veuve avec une fille au bout d'un an;
elle se remaria bientôt après avec Her-
vet de La Haye. Laurent Joubert raconte
que Rondelet, qui l'avait en grande af-
fection (il avait été son pensionnaire
pendant les trois années de ses études
médicales), désira l'avoir pour gendre.
11 lui offrit d'abord sa fille aînée, et
Joubert parut agréer sa proposition.
Mais ses parents s'opposèrent à cette
union, ce qui contraria vivement Ron-
delet. Cependant notre chancelier ne se
rebuta pas, et lorsque Joubert retourna
à Montpellier pour prendre le grade de
bachelier, il lui offrit sa fille cadette.
Cette union souriait davantage à Jou-
bert, mais comme il s'aperçut que la
Jeune fille ne répondait pas à son a-
ODOur, il refusa. Rondelet eut la fai blesse
de lui en garder rancune. — 4« Fran-
çoiset Jacques, jumeaux nés en 1 545;
le premier vécut peu, le second languit
pendant environ cinq ans.
Quelques mois seulement après la
mort de sa femme. Rondelet convola
en secondes noces ; il épousa Tryphé*
na de Crotx, jeune fille de Nismes,
d'une beauté remarquable. Cette se-
conde femme lui donna encore trois
enfants : 5» Daniel, né le 9 avr. 1 562
et mort le 30 sept. 1 565 ; — 6« Susan-
NE, née le 5 avr. 1564 ; — 7» Jean,
né posthume le 21 sept. 1566. Le 22
mai 1 566, Rondelet s'était rendu pour
affaires à Toulouse. En roule il fut
attaqué d'une dyssenterie, pour avoir,
dit-on, mangé trop de figues. Cepen-
dant il ne laissa pas de se rendre à
Réalmont afin de visiter la femme du
célèbre jurisconsulte Jean CoraSy qui
était malade. Mais le mal empira rapi-
dement et il succomba dans cette ville,
le dernier juill. 1 566, à l'àgede 59 ans
moins deux mois. Laurent Joubert, son
digne élève et son successeur dans sa
chaire, fit graver une inscription à sa
louange sur le frontispice de l'Ecole de
médecine. Le célèbre médecin trace
de son maître le portrait suivant : U
était d'une taille au-dessous de la
moyenne, très-gros, sans être ventru;
il avait la tète ronde, le cou épais, les
yeux pers,la vue faible, mais l'ouïe très-
fine. Longtemps il porta la barbe lon-
gue ; mais sur la fin de ses jours, il
se conforma à la mode et la tailla. Sa
voix était grêle et aiguë. A la partie
droite du front , il avait une cicatrice
provenant d'une cautérisation de l'os
coronal pratiquée à la suite d'une bles-
sure. Cette cicatrice se remarquait peu
avant qu'il fût chauve. Très-maladif
dans son enfance, il se renforça peu à
peu avec l'âge ; il avait coutume de dire
qu'à l'exception de l'éléphantiasis, il a-
vait eu toutes les maladies.ll était grand
mangeur; il aimait surtout les fruits et
les friandises. U se plaisait dans les fes-
tins et traitait volontiers chez lui. Ce-
pendant il avait renoncé, dès sa jeunes-
se, à l'usage du vin. H dormait peu et
passait une partiede la nuit à lire. Dans
les affaires, il se déterminait avec un
peu de précipitation et il lui arriva rare-
mentden'avoirpasàserepentir.Il était
RON
— 521 —
RON
prompt à la colère, mais il s apaisait fa-
cilement. Dans la dispute, il était vif,
spirituel, ingénieux. Au lit des malades,
il avait le coup d'œil sûr et prompt.
Plein de bonne foi, on abusa souvent
de sa confiance. Il était très-libéral et
presque prodigue; il tenait si peu à
l'argent, qu'il n'eut jamais de cassette
particulière ; il remettait à sa femme
tout ce qu'il gagnait, et il gagnait beau-
coup dans les dernières années de sa
vie. Même désintéres^ement pour les
livres, les plantes rares, les objets
d'art qu'il recevait fréquemment en ca-
deau : lorsqu'il ne les donnait pas, il
permettait qu'on les lui prit; aussi ne
laissa-t-il que bien peu de chose à sa
mort. Ce qui contribuait à épuiser ses
ressources, c'était, outre sa prodiga-
lité, sa passion de l'agriculture et des
bâtisses. Comme il était très-inconstant
dans ses goûts, à peine avait-il achevé
une construction — il était lui-même
son propre architecte, — qu'il la jetait
à bas pour la recommencer sur nou-
veaux frais. Il possédait une maison
de campagne dans le voisinage de la
ville, et il ne se passait guère de jour
qu'il n'y allât travailler à la terre, li
avait coutume de dire que Tagricul-
ture est la consolation de la vieillesse
et le complément nécessaire de la phi-
losophie naturelle. Pieux et charitable^
il aimait la paix par-dessus tout et
était ennemi des procès. Il ne porta ja-
mais d'épéc, si ce n'est lorsqu'il était
jeune, et même lorsqu'il sortait de la
ville ou faisait un voyage, il négligeait
de prendre des armes. Enjoué, facé-
tieux, il se plaisait aux bouiïonneries
des histrions et les attirait chez lui. 11
était passionné pour la musique et tou-
chait quelque peu le luth. En somme,
les qualités remportaient de beaucoup
sur les défauts. Comme médecin et ana-
tomiste. Rondelet jouit, de son temps,
d'une grande réputation, et il la mérita
plus par son enseignement et par les
élèves qu'il forma, que par les quel-
ques publications qu'on lui doit et dont
voici la liste :
î. De piscibua marinis libri XVIII,
in quibus verœ piscium effigies ex-
pressœ sunt, Lugd., Matthieu Bon-
homme, 1554, in-fol. Universœ aqua-
tilium hisloriœ pars altéra, cum reris
ipsorum imaginibus, Lugd., ap. eund.^
J555, in-fol.; trad. librem. sous ce ti-
tre :LaV^ et la 2« partie de l'Histoire
entière des poissons, composée pre-
mièrement en latin par maistre Gui-
laume Rondelet, docteur régent en mé-
decine en l'université de Mompelier,
maintenant traduite en français sans
amir rien omis estant nécessaire à l'in-
telligence d'icelle, avec leurs pour traits
au naïf. Lion, Macé Bonhome, 1558,
in-fol. Bon portrait de Rondelet. On
ignore le nom du traducteur. Du Ver-
dier attribue cette trad. h. Laurent Jou-
bert, La nouveauté de l'orthographe
adoptée par le traducteur est peut-être
une présomption en faveur de cette o-
pinion — on sait que Joubert s'était
fait une ortographie particulière; —
mais, d'un autre côté, il n'est pas à
présumer que dans sa Vie de Rondelet^
le célèbre médecm eûtpassé ce fait sons
silence, tandis qu'il nous apprend que
L'Escluse et Du Moulin lui furent d'an
grand secours pour la rédaction de l'ou-
vrage original, et qu'il n'oublie pas de
mentionner les services qu'il lui rendit
lui-même pour d'autres publications.
BI. Amoreux, dans sa Notice sur Lau-
rent Joubert, serait plus disposé à l'at-
tribuer à Du Moulin. « Ceste traduc-
tion, dit l'auteur, ne se doit nommer
Epitome ou Abrégé de l'Histoire des
Poissons; car combien que le tout ne
soit qui est au latin, si est ce que ni
omettant rien nécessaire à la connois-
sance de la matière sujette, je ne l'ai
au reste tant reserrée ne retranchée,
comme il est requis en un Epitome ou
Abrégé. » Rondelet dédia son ouvrage
au cardinal de Tournon (et non à Guill.
Pélicier, comme on le lit dans les Mé-
moires d'Astruc). Dans sa préface, il
reconnaît tout ce qu'il doit à Guillaume
Pélicier, qu'il appelle son suasor,au-
tor atque prœceptor^ à Guill. Caulius,
prœfectus AUobrogum^ et aux méde-
cins dePails Jacques Sylvius (Dubois)
3S
RON
— 522 —
RON
et Jacques Goupyl^ etc. Parmi les piè-
ces préliminaires, on remarque deux
pièces de vers latins. Tune de Charles
de L'Escluse et l'autre de Jean Pélis-
son , de Gondrieu. Le privilège lui
régervait le droit de traduction. Les
quatre premiers livres traitent des gé-
néralités. « Presque tout , au témoi-
gnage de la Biographie médic. , est em-
prunté d'Aristote et de Théophraste. »
Les livres suivants jusqu'au 15» in-
clusivement, traitent des poissons de
mer; le 16% des cétacés, parmi les-
quels Rondelet range les tortues et les
phoques; le 17% des mollusques, et le
18% des crustacés. La 2« partie com-
prend les coquillages en 2 livres et les
insectes et zoophytes en l . Viennent
ensuite, en 4 livres, les poissons des
lacs, des étangs, des rivières et des
marais. « On trouve dans ce volume,
au rapport de Guvier, les figures de
197 poissons de mer et de 147 d'eau
douce, et d'un nombre assez considé-
rable de coquillages, de mollusques et
de vers, ainsi que de quelques reptiles
et de quelques cétacés. L'artiste que
Rondelet employait [les pourtraieurs
é tailleurs] doit avoir été d'une habi-
leté singulière et d'une fidélité très-
rare pour le temps ; car ses dessins,
bien que gravés en bois et assez gros-
sièrement, sont encore tous pai laile-
ment reconnaissables : quelques figu-
res de cétacés seulement sont Taites
d'imagination. — Le texte, ajoute le
critique, n'a pas le même mérite que
les figures, à beaucoup près. Au lieu de
descriptions positives et de détails sur
les habitudes et Tinstinct des poissons,
tracés d'après nature, l'auteur s'occu-
pe de rechercher les noms qui leur ont
élé donnés par les anciens et les quali-
tés qu'ils leur ont attribuées.» Travail
ingrat qui arrache cet aveu à l'auteur :
c( Usecomniasi quiscousideret, non u-
nius hominis opéra perfici potuisse in-
telliget-pAigreleuille nous apprend que
Rondelet » Ut un umas de la plupart des
poissons dont il a\ oit parié dans son Li-
vre, et pour en laisser à la postérité une
image plUB vive, il les dessécha avec
tant d'adresse, qu'on les voyoil encore
soixante ans après dans le Jardin royal
de médecine, au rapport de Strobel-
berger, qui passa docteur en 1G15. »
II. Meihodus de materiâ medicinali
et compositione medicamentorum, Pa-
tav., 1556, in-80.
m. De ponderibus, seu justâ quan-
titate et proportione medicamentorum
liber, Patav., 1 555, in-S» et 1579 in-
4% d'après £loy; 1 561 , d'après Jooberi
et Aigrefeuille ; 1556, d'après la Biogr.
méd.; 1563 in 8% d'après Watt; A ntv,
1561, in-8»; Venetiis, 1562, in-8«;
Lugd., 1584, in-12; 1621, in-S». ^
TheCountrxjman'sApothecary, Lond.,
1649, in-12, que le bibliogr. AVatt at-
tribue à Rondelet, ne serait-il pas la
traduct. en anglais de ce traité?
IV. Methodus curandorum omnium
morborum corporis humant, in treu
lihros distincta, Paris., 1574, in-8«»;
Lugd., 1583; 1586, in-8« ; Francof.,
1592, in-8o; Montisp., 1601, in-8«;
Genev. , 1608; 1623; 1628, in-8«.
— Un des élèves de Rondelet s'étant
avisé de publier les cahiers de ses
cours, notre médecin en éprouva an
vif déplaisir, parce qu'on lui prélait
une foule de sottises. 11 s'adressa au
roi et obtint la suppression du livre.
Mais l'édition, au nombre de 1,600
exemplaires, était déjà épuisée. Le sou-
ci do sa réputation rengagea à remet*
tre ses anciens écrits sur le métier pour
en donner une édition corrigée et con-
sidérablement augmentée. 11 venait à
peine d'achever ce travail, lorsque la
mort Tenleva. 11 chargea Joubert de
cette publication. On trouve dans ce
recueil : De dignoscendis morbis, de
Febribus, de Morbo gallico de ItUer-
nis et externis remediis, de Pharma^
copolarum officinâ, de Fucis. Le trai-
té sur la maladie vénérienne fut trad.
en français par Etienne Maniald (et
non Manuel, comme l'appellent Eloy
et, d'après lui, la Biogr. méd.) Bord.,
1576, in-8«. D'après Eloy, « tiœlicke
attribue à Rondelet la découverte des
vésicules séminales dans l'àomme, et
HaUer celle de la valiNièt 4hi eotOD;
RON
— 5-23 —
ROQ
mats Morgagni revendique la première
pour la donnera Ilippocralc. »
V. Traciatus de urinis, Francof.,
IGIO, in-S».
VI. Opéra omnia medica, Gencva»,
Chouet,lG28,in-8o.— Nouvelle édil. du
Recueil N^ IV avec diverses additions,
telles que Introductio ad Praxim, de
Urinia, Consilia medica, par Jean Cro-
quer^ médecin polonais, qui avait fait
ses éludes à Montpellier ; Watt cite une
édil. de Monlpeliicr. lui 9, in-S».
On trouve, en outre, de Rondelet :
jo un petit traité (/p Succedaneis (tiré
en grande partie de ses leçons), et
Formulœ aliquot remedioruin ^ nun-
quam antehac in lucem editœ, à la fia
de ru istoiredes plantes de Lo6c/(Antv.,
1 576, in-foi.) ; — 2° Un Diarium phar-
maeeuticum et un petit traité inédit
sur l*Hydropisie dans Touvr. intit. Di-
lucid!ii simplicium medicamentorum
explicaliones, etc. du même (Lond.,
1605, in-fol.); — 3» Un traité sur /a
Thénaque, dans le dispensaire de Va-
lerius Cordus (Leyde, 1627; 1652,
in-12) ; — 40 Un traité des Succéda-
nées à la suite du Thésaurus pharma-
ceuticu?, de Scliwenkfeld; — 5* Quel-
ques consultations dans le recueil de
Schulz.
Rondelet laissa, à sa mort, quelques
écrits dont Joubert, donne le catalogue
suivant; les quatre premiers élaient
terminés, les autres n'étaient qu'ébau-
chés : JO /)? impedimentis generalio-
nw; — 2" De affectibus gravidœ, par-
turientis et puerperœ ; — 3° De aff**C'
tibus infantium et puerorum ; — i» De
morbis hœredilariis : — 5° Commenta-
rii in aliquot Ilippocratisaphjrismos;
— 6® Comment arius in Aristotelis /i-
brum de mi.'itione et miscibilibus ; —
70 Comment, in aliquot capita libri
primi Dioiscoridis ; — 8° Cçmment. in
Galeni libres : Artis parvœ; de consti-
tutionc arii.s medicœ; introductorium
7iieili(.inœ; de tempcraincutis; delucis
affectis; quos, quando et quibus pur-
yare oportel ; de paratu fat ilibus.
ROiNDELET (Pierre) pasteur, ori-
ginaire du Poitou. Il fit ses études à
Puy-Laurens, où il soutint, sous I4
présidence de Garissolles, une thèse
De inteyritate et corrnptione S. Scrip-
turarum. Placé comme ministre à Ror-
deaux, il fut décrété de prise de corps,
en 1681, sous prétexte qu'il avait mal
parlé dans un sermon de la Vierge et
des Saints. Il y a lieu de supposer que
le vrai motif de cette rigueur, c'est qu'il
s'employait de tout son pouvoir à fa-
voriser l'émigration des Protestants.
A la révocation, il passa en Angleterre.
On a de lui ; Sermon de la persévéran-
ce du fidèle, contre Costa^XmsU, 1 667,
in-12. Nous ignorons si sa réponse à
l'Avertissement pastoral [Arch, Tt.
257) a été publiée. Pierre Rondelet
avait un fils, Paul, qui fut reçu ministre
au synode de Toniieins,en ! 685,etdon-
né pour pasteur à l'église de St-Justin.
Paul Rondelet se retira aussi en Angle-
terre (/6/(/. Tt. 287). Nous ne savons le-
quel des deux desservait, en 1688,
l'église de Uungerford. — En 1701,
une demoiselle Rondelet fut enfermée à
rUnionchréliennedePoitiers(E.3552).
ROQUEBIXE (Constantin de), ou
plutôt RocBiNE, Sieur de Saint-Ger-
main, né à Provins, en 1 575, épousa
à Râle, en 1625, .Sara Couet, qui lui
donna deux enfants: Anne-Marib,
baptisée le 24 oct. 1 650, et Constan-
tin, bapUsé le 16 déc. 1652 (Rcg.du
consistoire de Bnle). Sa femme étant
morte, il rentra dans sa patrie et se
remaria, au mois de mars 1642, dans
le temple de Cliarenlon,avrc Charlotte
de France, appelée aussi Des Francs,
fille de Jean de France, sieur de Re-
péron, et de Madelaine de Rion (Reg.
de tharenlon). A celte date, il servait
comme lieutenant de La Sa*c à Réforl.
La Suse ayant élé dépouillé de son
gouvernement en 1654 [Yoy, III, p.
326), Rocbine partagea sa disgrâce. Il
quitta donc de nouveau la France etse
retira avec sa femme dans un châteaa
q'i'il acheta aux environs de Râle;
mais quelque temps après, il alla ha-
biter Mulhouse, où il obtint, en i 661,
la permission d'entretenir un pasteur
français à ses frais, et de célét)rer le
ROQ
— 824 —
ROQ
cuUe^ selon la liturgie des églises de
France, dans le chœur de l'église des
Cordeliers. Ce culte, qui était assidû-
ment suivi par les officiers réformés
de la garnison de Brisacti et quelques fa-
milles françaises réfugiées à Mulhouse,
ne fut point interrompu par la mort de
Rocbine, qui légua une rente annuelle
de 1800 florins pour Tentretien du
pasteur^ somme à laquelle la ville a-
jouta 1 000 florins, et que de nouvelles
donations portèrent à 6000 livres.
Rocbine mourut en i665, à Tàge de
90 ans. Sa veuve ne lui survécut qu'un
an. Ils furent ensevelis Tun et l'autre
dans le temple français.
ROQUES (Guillaume), sieur de
Clausonne, seigneurie dont son père^
Jacques Roqueny maître des requêtes
du duc d'Anjou, avait fait l'acquisi-
tion, était conseiller au présidial de
Nismes, lorsqu'il embrassa le parti
protestant, où il joua un rôle considé-
rable. Comme membre du conseil ad-
joint à Crussol (Voy. IV, p. 129) et
député des églises du Bas-Languedoc^
il s'opposa de tout son pouvoir à l'ac-
commodement que Des Adrets voulait
conclure avec Nemours, en réclamant
avec énergie contre les épithètes de
séditieux et rebelles qui étaient appli-
quées aux Huguenots dans le diplôme
du roi. En 1565, il fut chargé avec
Ferrières (Voy. V, p. 596) d'aller por-
ter à Charles IX les plaintes des Pro-
testants du Languedoc contre le gou-
verneur de cette province; nous con-
naissons déjà le résultat de cette mis-
sion. Soit que sa détention ait refroidi
son zcle, soit tout autre motif que les
historiens n'ont pas connu, nous ne
voyons pas que Clausonne soit inter-
venu d'une manière active dans les se^
conds et les troisièmes troubles ; mais
la Saint-Barlhélemy lui rendit toute
son énergie, et personne ne contribua
plus que lui à décider les Nismois à
ne point recevoir dans leurs murs la
garnison que Joyeuse voulait y mettre^
en leur représentant qu'il valait mieux
mourir les armes à la main, que de se
livrer sans défense à la merci û'nBàê*
sins. Afin de prévenir tonte surprise,
«Clausonne, lit-on dans les Mémoires
de Charles IX, se trouvoit aux portes
avec la garde des habitants pour des-
couvrir qui entreroit ou sortiroit. Et
quoique sa vocation fast de manier les
livres ou se reposer, estant aagé, néant-
moins il faisoitoffice de chef de guecre,
poussant les autres à leur devoir, et
ayant l'œil sur les consuls de peor
qu'ils ne fussent envelopez es embus-
ches des Catholiques. 11 donnoit le mot
du guet, posoit la garde, faisoit les
rondes et reveues, se trouvant partout
pour y donner bon ordre. » En 1573,
il fut député, avec le ministre Payan, à
l'assemblée de Montauban. A son re-
tour, il fut nommé, avec le sieur de
Lasset, commissaire pour veiller à
l'observation de la trêve conclue avec
Damville, et l'année suivante. Il fut
chargé , ainsi que le vicomte de 7>r-
n'rfe, de signer, au nom des Protes-
tants, ralliance avec Damville, chef
des Catholiques politiques. En 1575,
il se rendit à Bàle, à la tète de la dé-
putât ion envoyée au prince de Condé
par les églises du Languedoc. Le ré-
sultat des conférences qui se tinrent
dans cette ville, fut une irequète que
Clausonne et Dauvet présentèrent au
roi Henri III {Voy. IV, p. 211). Cette
mission remplie, Clausonne retourna
à Nlsmes. En 1576, de concert avec
H, Colombier et DelamcTy agents des
églises du Dauphinéetdela Provence,
il adressa au roi une Remontrance con-
tre le décret des Etats de Blois qui a-
bolit la Paix de Monsieur {Fonds de
Brienne, N* 207). C'est encore sur lui
que ses coreligionnaires Jetèrent les
yeux, lorsque, en 1577, ayant conçu
des doutes trop bien fondés sur la fi-
délité de Damville, ils voulurent faire
sonder ses intentions. Clausonne partit
accompagné de Du Faur, sieur d'An-
baïs, de Payan, et de Bossulas; mais
sa pénétration fut mise en défaut par
l'artificieux gouverneur du Languedoc,
qui n'avait point encore conclu son
traité avec la Cour. La même année,
député avec le baron û'Aubaï$ à Vn»
ROQ
— 525 —
ROQ
«emblée de Bergerac, il fut arrêté en
route, bien que muni d'un passeport
de Henri iil.
En 1580, Clausonne, qui venait d'è*
tre pourvu de la charge de président
dans la chambre mi-partie établie à
risle en Albigeois, assista à rassem-
blée de Sommières et s'opposa à la
reprise des hostilités. Cette chambre,
qui se composait, outre Clausonne et
l'avocat du roi Bonencontre, des huit
conseillers Darvieu,Dauret (aliàs Au-
roa), de VignolleSy ÉscorbiaCy Vanides
(aliàs Bastide), Molinier, Favier et
Lamir, fut cassée, en 1585, par Hen-
ri III, mais elle fut rétablie par Hen-
ri lY à Castres, en 1595. Nous igno-
rons si Clausonne vivait encore à cette
dernière date. La dernière mention
que nous ayons rencontrée de son
nom se trouve dans les Actes de l'As-
semblée politique de La Rochelle, à la-
quelle il fut député par la Guienne
en 1588; au moins croyons-nous que
c'est de lui qu'il s'agit. De son ma-
riage avec Françoise Girard, naquit
ANTOINE, sieur de Clausonne^ qui sa-
sista, en 1613, à l'assemblée de Lo-
nel et fut député, en 1 620, au Synode
national d'Alais, auquel il demanda un
cerliflcat de protestantisme, parce qu'il
venait d'être pourvu de lalieutenance
du roi dans le gouvernement de la ville
et du château deLectoure^ une des pla-
ces de sûreté. La même année, il é-
pousa Françoise George, qu'il laissa
veuve, en 1653, avec trois fils, nom-
més Guillàumb, Louis et Michel. L'aî-
né, qui demeurait à Beaucaire à l'épo-
que de la recherche de la noblesse, é-
tait père d'un fils, Jean-Louis, qui a-
vait été baptisé en 1641. Les Juge-
mens de la Noblesse ne nous appren-
nent rien de plus sur la généalogie de
celte famille, qui subsiste encore à Nis-
mes et professe toujours la religion ré-
formée.
ROQUES (Pierre), théologien pro-
teslanlaussi inslruitque pieux, naquit,
non pas à Carausse, le 14 mai 1685,
comme le prétend la Biographie cas-
traise, mais à LaCaune, le 22 juillet
1685, selon Leu, Frey et tous ses au-
tres biographes, ou le 26 juill. (v. s.)
1685, d'après les Reg. de l'église
franc, de Bàle. A la révocation de l'édit
de Nantes, son père, Pierre-David Ro^
queSy qui était dans le négoce et à qui
son zèle pour sa religion avait déjà at-
tiré des persécutions pendant les dra-
gonnades, essaya de sortir du royaume;
mais il échoua dans sa tentative, et ce
fut seulement, en 1688, qu'il réussit
enfln à se sauver à Genève, où il fat
rejoint, six mois après, par sa femme^
JUarie Froment, et ses enfants. 11 s'é-
tablit à Nyon, puis à RoUe, oii son flls
Pierre reçut sa première instruction.
Ses humanités terminées, le jeune Ro-
ques alla étudier la philosophie à Ge-
nève. Deux ans après, c'est-à-dire en
1702, son père l'envoya continuer ses
études à Lausanne ; mais, ses parents
étant morts sur ces entrefaites, il re-
tourna, au bout de six ou sept mois^
à Genève, et s'y flt inscrire au nombre
des étudiants en théologie. L'année
suivante, les droits de bourgeoisie loi
ayant été accordés dans le Pays de
Vaud, il dut, pour profiter de cette fa-
veur, aller passer ses examens à Lau-
sanne, où il y reçut l'imposition des
mains du professeur Palier, au mois
de mars 1709. Aussitôt après sa con-
sécration, il retourna de nouveau à Ge-
nève, où son talent oratoire ne tarda
pas à le faire distinguer. Sa réputa-
tion comme prédicateur s'étant éten-
due jusqu'à Bàle, l'église française de
cette ville lui offrit la chaire laissée
vacante par PatU Reboulet, Il fit son
sermon d'entrée sur II Cor. V, 20, le
31 août 1710. «Malgré sa grande jeu-
nesse, lit-on dans la Lettre de Frey à
l'abbé Ravnal sur la vie de feu P. Ro-
ques (Bàle, 1784, in-8o], il sut, par
son éloquence, par la dignité qu'il sa-
vait mettre dans Texercice de toutes
ses fonctions, par ses manières nobles
et engageantes, et parla régularité de
ses mœurs, s'attirer, dès le commen-
cement de son ministère, l'affection,
Testime et la vénération de son trou-
peau. )) Tout en s'acquittant avec un
ROQ
— 526 —
ROQ
zèle et une piété exemplaires de ses
devoirs pastoraux, au premier rang
desquels il plaçait Tinstruction reli-
gieuse de la jeunesse. Roques trouva le
temps décomposer un certain nombre
d'ouvrages d'édification, surtout des
sermons remarquables par l'ordre . la
clarté, une simplicité pleine d'onction,
plutôt que par réclat du style et la gran-
deur des pensées. En voici la liste :
I. Lettre apologétique en faveur de
M. Ostervald contre les Remarques de
M. Naudé, imp. avec la réponse de
Naudé (Berl., 1716, in-S»).
II. Le tableau de la conduite du
chrétien qui s*occupe sérieusement du
soin de son salut, Basle, 1 721 ; 1 744,
in-8«>. — Courtes considérations sur les
vérités les plus importantes, les bien-
faits et les devoirs de la religion.
m . Ed hortations chrétiennes adr es-
sées à tous ceux qui, frappés de la cor-
ruption du siècle, s* imaginent devoir se
séparer des saintes assemblées, 1 723;
Irad. en allem. sous le titre de Wah-
rer Ausgang aus Babel, 1 723,et réimp.
en 1744, avec le N» II. — Anonyme.
IV. Le Pasteur évangélique ou Es-
sais sur Vexcellence et la nature du
saint ministère, avec un discours où
l'on montre historiquement commen t la
Parole de Dieu a été annoncée dans V E-
glise juive et chrétienne, Basle, 1 723,
in-4*; trad. en allem.. Halle, 1768,
in-8o; en hollandais, Leyde, 1725, et
en danois. — L'auteur veut rendre les
Jeunes pasteurs attentifs à l'impor-
tance de leur mission, en leur présen-
tant le portrait d'un ministre parfait.
V. Elémens ou premiers principes
des vérités historiques, dogmatiques
et morales jhdiS\e, 1728, in- 12. — Ca-
téchisme adopté par l'église française
de Bâle. La traduction qu'on en fit en
allemand fut reçue également par l'é-
glise allemande. Le Catal. de la Bi-
blioth. de Genève en indique une édit.
antérieure sous ce titre : Elémens des
vérités des écrits sacrés, Basle, 1 726,
in-80.
VI. Lettres écrites à un protestant
de France au sujet des mariages des
Réformés et du baptême de leurs en-
fants dans l* Eglise romaine, Laos.,
1730, in-80 ; 2« édit. augm., Laos.,
1735, ln-12. — Ces lettres ont été
longtempsattribuées ài4tif. Court, qui
les avait fait imprimer en y ajoutant
des remarques.
VU. Le vray piétisme, ou traité
dans lequel on explique la nature et
les effets de la piété, la juste étendue
du renoncement du monde y Basle,
1731, in-4'>; trad. en allem., Halle,
1748.
VI II. Sermons sur divers textes de
f Ecriture Sainte, liàsle, 1754, in-S»;
trad. en allem. — Anonyme.
IX. Discours historiques, critiques
et moraux sur les événemens les plus
mémorables de l'Ecriture Sainte, La
Haie, 1736, 2 vol. in-fol., ou 4 vol.
in-40, ou 6 vol. in-80. — Cet ouvrage,
commencé par le célèbre /. Saurin,
fut continué par Roques et Beausobre.
Roques termina l'A. -T., et Beausobre
se chargea du Nouveau.
X. Les devoirs des sujets expliqués
en quatre discour s, Bàs\e, 17 37, in-80;
trad. en allem., 1741.
XI. Diss. théologique et critique y
dans laquelle on tâche de prouver ^ par
divers passages de l'E, S., que l'âme
de J.'Ch, étoit dans le ciel une intel-
ligence pure et glorieuse avant quê
d'être unie à un corps humain dans le
sein de la bienheureuse Vierge Marie,
Lond., 1739, in-12. — Anonyme.
Cette opinion, combattue par Armand
de La Chapelle, dans la Biblioth. rai-
sonnée (T. XXIV), et par Roches, dans
sa Défense du christianisme (T. Il),
fut défendue par Roques dans le Jour-
nal littéraire de Genève (17 40). Ha-
gemann, ministre à Hanovre, a trad.
cette Dissertation en allem., en l'ac-
compagnant de remarques critiques.
XII. Traité des tribunaux de judi-
cature, Basle, 1740, in-40; trad. en
allem., avec une Préface de Bôhmer.
XIII. Discours où l'on en treprend de
montrer que le duel , fondé sur les
maocimes du point d'honneur, est une
vengeance bruUUe, injuste et flétris-
ROQ
527 —
KOQ
santé, mis> en guise de préface, aune
réimp. de la Dissent, de Basnage sur
les duels, Basle, i 740, in-i 2. Ce Dis-
cours a été traduit en allemand, léna,
1747, in-8«>.
Roques a surveillé i'édil. du Dict. de
Moréri publié à Bâie en 1731, 6 vol.
in-fol., et y a ajouté, avec le concours
de son fils aine, un Supplément, en 3
vol. in-fol., 1743-45. L'abbé Goujet,
qui s'occupait d'un pareil lravail,ayant,
par jalousie de métier, déprécié l'édit.
bàloise, Roques lui répondit dans la
Biblioth. françoise (T. XXX) et dans
le Mercure suisse (1 739). On lui doit
aussi une nouvelle édition de la Sainte
Bible selon la version de M. Martin,
1736, 2 vol. in-40. Il a pris la liberté
d'y faire quelques changements et d'en
rajeunir un peu le style ; ce n'est pas
nous qui l'en blâmerons. Dans une Pré-
face assez longue, il expose les preuves
de la divinité de l'E. S. , et insiste sur la
nécessité de la lire , afin de puiser à la
source les vérités du salut. Roques a,
en outre, revu et corrigé les cinq der-
niers volumes de la Irad. franc, de la
Géographie de Hiibner (Basle, 1747, 6
vol. in-8°). 11 a publié, enfin, dans le
Journal helvétique plusieurs disserta-
lions, enforme de lettres, contre la phi-
losophie wolflenne : Deux lettres à
M. Rachat sur le système de M. Leib-
nitz (1 738) et Deux lettresàM. Bour-
guet (1739); — dans la Nouvelle Bi-
blioth. germanique, un Eloge de Har-
scher (T. II), un Eloge deJ, Grynœus
(T. III) , un Eloge de Samuel Battier
(T. III), et, avant sa mort, il recom-
manda à ses fils d'envoyer au direc-
teur de ce recueil périodique trois
mss. qu'il avait préparés pour lui :
Examen de Vhomm^-machine , Ré-
flexions sur V amour de la vérité , et
Eloge de Jean Bernouilli. Ne négli-
geons pas d'ajouter que Roques culti-
vait avec succès la poésie, s'il faut eu
juger par ce beau cantique :
Source de lumière cl de Tie,
Mon Dieu, mon Seigneur et mon Roi,
J'implore ta grâce infinie,
Dè< le matifl exaaoe-moi, etc.
Pour se distraire de ces travaux.
Roques donnait des leçon? de philoso-
phie, de droit naturel et de physique à
un certain nombre de jeunes gens de
la Suisse française, dont l'éducation lui
avait été confiée.
Malgré une vie aussi laborieuse. Ro-
ques jouissait d'une excellente santé
qu'entretenaient la gaieté de son carac-
tère et sa grande sobriété; il n'avait à
se plaindre de temps en temps que de
quelques accès de goutte. Vj\q fièvre
maligne l'enleva le 13 avr. 1748, et
non pas le 16 août, comme le dit
M. Nayral. Son oraison funèbre fut pro-
noncée par son collègue Ostervald. 11
avait épousé, en I7ir>, Marie-Louise
de Maumont, fille de Jeaii de MatA-
monty sieur de LaRoche-Firmin,elde
Marie deJuigné-de-La Broissinière,Ae-
moiselle fort entichée de sa noblesse,
mais d'ailleurs femme fort respectable,
qui s'était réfugiée à Bàle pour cause
de religion. Il en eut neuf enfants dont
huit nous sont coimus par les Reg. de
baptême de l'église de Bàle, savoir !
1° Sophie-Renée, baptisée le 29 août
1717, auteur de plusieurs morceaux en
prose et en vers, qui ont paru dans le
Journal helvétique. Les éloges qne
l'on donnait à son talent littéraire char-
mèrent Jean-Guillaume Mazar-de-La
Garrf<», major au service du Danemark,
qui la demanda en mariage sans l'avoir
jamais vue. Leur union fut bénie dans
l'église française de Bàle, le 25 juin
1739; — 20 Jbanne-Catherine-Sd-
SANNE, baptisée le 12 janv. 1719, et
mariée à Rodolphe Olivier, de Lau-
sanne, le 24 mars 1740; — 3oSusANifB-
LouiSE, baptisée le il avr. 1720; —
40 Marguerite-Damaris, baptisée le
1 "janv. 1 722 ;— 5* Jean-Christophe,
baptisé le 7 fév. 1723, qui suit; —
60 Anne-Sophie , baptisée le lOdéc.
1724; — 70 Jacques-Emmanuel, bap-
tisé le 1 0 avr. 1727, dont nous parle-
rons après son frère; — 8° Théodore-
Guillaume, baptisé le G juin 1 728, qui
desservit successivement les églises
françaises d^Aix-la-Chapelle et de Bàle,
où il fit son sermon d'entrée le 1 3 mai
ROQ
— 528 —
ROQ
1764, et plus tard celle de Hanau.
I. Admis au ministère le 50 Jaill.
1743, Jean-Christophe Roqaes reçut,
en 1 745, vocation de Téglise française
de Frederichsdorf. Il prêchait avec une
égale facilité en français et en alle-
mand. Sa réputation, comme orateur,
étant arrivée aux oreilles du landgrave
Frédéric-Louis, ce prince le choisit
pour son chapelain , en même temps
(lu'il lui conféra le titre de conseiller
ecclésiastique. Selon Frey, on a de lui
quelques ouvrages et des traductions
estimées. Nous ne connaissons que
les trois sermons suivants : i» Ser-
mon d'adieu prononcé le2S août 1 746^
dans réglise de Frederichsdorf; — 2»
Vasux pour la paix ou sermon sur
Jean XX, 1 9 ; — 3o Sermon sur Ps.
CXXVI, 1-3 pour le jour de jeûne et
d'actions de grâces pour la paix géné-
rale, Francf. sur-le-Mein, 17ô3,in-8*.
Nous avons dit plus haut qu'il travailla
avec son père à i'édit. bàloise du Dict.
de Moréri^ et tout nous porte à croire
qu'il est aussi l'auteur delà trad. franc,
d'une Défense de la Ré formation yïmp.
à Francfort en 1752. Frey ajoute qu'il
laissa un ûls aîné qui porta dignement
le nom de son aïeul.
II. Jacques-Emmanuel Roques, dit
de Haumont, suivit comme son père et
son frère aîné la carrière ecclésiasti-
que. Reçu ministre le 16 juill. 1748,
il fut appelé en Allemagne oii il des-
servit différentes églises, celles de Fre-
derichsdorf, de Zell , de Hameln, jus-
qu'à sa mort, arrivée le 1 6 mars 1 805.
Il était ministre à Zell à l'époque de
l'occupation du Hanovre par l'armée
française, et fut à même de rendre de
grands services à cette ville à cause de
l'estime que lui témoignait le maréchal
d'Armentières. Sa femme, N. Thellus-
son, originaire de Bàle, lui donna plu-
sieurs enfants, entre autres, trois Ûls
qui servirent dans l'armée hanovrien-
ne. Un de ses descendants a été ministre
de la guerre à Gassel, où la famille Ro-
ques-dc-Maumonl est rcprésenlcc au-
jourd'hui par SCS trois fUs, l'un con-
seiller à ta cour suprême, l'autre pas-
leur,et le troisième officier d'infanterie .
Jacques-Emmanuel Roques a publié
quelques ouvrages, dont voici la liste :
I. Le chrétien au lit de la mort ou
dernière exhortation d'un père mou-
rant à son fils unique, Francf. -sur-le
Mein, 1 753, in-8o.
II. Heilige Reden(XH) Uber verschie-
den. Texte Ueilig. Schriften, Frankf.,
1753, in-8°.
III. Begriff der allgem, Weltge-
schichte, trad. du franc., Frankf.,
1754, ln-8o.
IV. Lettres sur la part qu'il a eue
aux démêlés de MM. Voltaire et La
^eoumW/e, Hanov., 1755, in-8«.
V. U Ecole du chrétien. Celle, 1 756,
in-8o;trad.enallem.,Quedlinb.,i757,
ln-8o; Bremen, 1757, in-8o.
VI. Les comparaisons et les senten-
ces de Démophile et de Démocrate, trad.
du grec, Gôtt., 1 756, ln-8<».— Cité par
H. Quérard.
VII . Recueil de prières précédé d'un
traité de la prière, avec l'explication
et la paraphrase de l'Oraison domini-
cale, Celle, 1760, in-8o; 2« édit., re-
vue et augm., La Haye, 1762, in-8*;
4«édit., Celle, 1767, in-S».
VIII. Idée du prince et de son minis-
tre, trad. del'allem. de Moser, Francf.,
1760, in-12. — Cité par Barbier.
IX . Sermon d'action de grâces à l'oc-
casion de la paix. Celle, 1 763, in-8o.
X. Recueil pour l'esprit et pour le
ccpur. Celle, 1 764-65, 2 vol. en 4 part.,
in-80.
XI. Nouveau Recueil, etc.. Celle,
1767-72, 2 vol. in-80.
XIÏ. Lettres écrites à un ami pen-
dant le séjour que les troupes fran-
çaises ont fait à Celle, en 1 757 et 38,
Maëstr., 1775, in-8o;trad.en allem.,'
Braunsch., 1780, in-8«.
Xill. Mémoire sur les polypiers de
mer,Celle,l 782,in-8«,avecpl.; Leipz.,
1810, in-8o; traduit en allem., Zell,
1783, in-80.
ROQUIGNY (ADRIEN de), poète hu-
guenot, né àCaen,vers 1512, cl mort,
en 1645, en Angleterre où il s'était
réfugié. U est auteur d'un volume de
ROS
— 529 —
ROS
poésies, intitulé La Muse chrétienne,
dont une seconde édition fort augmen-
tée parut en 1634. On ne connaît pas
la date de la première. Au jugement
de révoque Huet, Roquigny avait l'i-
magination vive et féconde; il y a du
feu dans ses poésies, mais « il n'est
pas châtié dans ses inventions, il est
impur dans son langage, et il ne re-
connott point d'autres ornemens que
ceux que la Bible luy fournit*. » Ce der-
nier reproche est au moins singulier
sous la plume d'un évéque.
ROSEMONT (Jacques de), on Ro-
SEMOND, sieur de Boncœur, secrétaire
et intendant du duc de La TrémoUle,
né, en 1 590, de Pierre de Rosemont,
procureur à Marchenoir, et de Marie
BouUiery épousa, en 1638, Elisabeth
Jouardy qui lui donna quatre enfants:
10 Richard, baptisé dans le temple de
Charenton, le 21 août 1639, qui de-
vint conseiller au parlement de Paris^
et se réfugia en Angleterre, à la révo-
cation, avec sa femme, Marie Bernon,
et ses deux enfants; — 2" Pierre, mort
jeune ; — 3« Anne, baptisée le 29 juill.
1 646, et mariée, en 1 661 , à Jean Go^
berty sieur de Millescus, fils de Jean
Gober t^ sieurdeNieui),et ûeJacquette
Clément; — 4° Emilie, baptisée le 3 oct.
1 649, femme, en 1 67 1 , de Paul Acéré,
sieur des Forges, fils de Marc-Antoine
Acéré, conseiller secrétaire du roi, et
d'Anne de Bruges. Jacques de Rose-
mont mourut en 1 653. Nous n'hésitons
pas à regarder comme son fils, issu
sans doute d'un premiermariage, Jac-
ques de Rosemont, dit le jeune, qui
prit pour femme, au mois d'avr. 1646,
Marie Dor, Ûlle de François Dor et de
Marie Gantois, De ce mariage naqui-
rent: 10 Marie, présentée au baptême^
le 3 mai 1648, par Jacques de Rose^
mont, secrétaire de La Trémoille, et
Marie Gantois; — 2° Jacques, baptisé
le 21 nov. 1649, qui suivit la carrière
ecclésiastique, fut placé comme mi-
nistre dans la Champagne et abjura en
1685 (SuppL franc, 791.7.);— 3*» MA-
RIE, baptisée le llfév.i652;— 40JAG-
QUBS-AUGUSTBj qui SOlt;— 5« JSAN-
Baptiste, qui suivra; — 6» Jean-Char-
les, baptisé le 26 janv. 1 659 ; —
7* Henri-Charles, mort en 1664 ; —
8<* Pierre, baptisé le 5 fév. \GQ2(Reg.
de Charenton),
1. Né au mois de nov. 1654, Jac-
ques-Auguste de Rosemont embrassa
l'état ecclésiastique et fut donné pour
ministre à l'église de Gien. Il épousa^
en oct. 1683, Marguerite Jaupitre,
fille de Pierre, sieur de Belleau, et de
Marguerite de Fougières, laquelle se
retira à Genève après la révocation^
pour ne pas suivre son mari à la mes-
se. Rosemont eut, en effet, la faiblesse
de se convertir (Arch £. 3373) ; mais
une grave maladie dont il fut atteint^
quelque temps après, le fit rentrer en
lui-même. Se croyant à l'article de la
mort, il refusa absolument de recevoir
les sacrements de l'Eglise romaine^
que le curé de sa paroisse voulait loi
administrer. Malheureusement il gué-
rit, et les tribunaux, saisis de l'affaire
par la dénonciation du curé, le con-
damnèrent comme relaps aux galères
perpétuelles. 11 échappa au sort terri-
ble qui le menaçait par un nouvel acte
d'hypocrisie, et il obtint même, en
1 690, la permission de retourner à
Gien, l'évèque d'Orléans ayant attesté
ses bonnes dispositions [Arch, gén.
E. 3376). Il mourut peu d'annéesaprès
laissant sans appui deux enfants encore
jeunes Jacques etMARiE-MARGUERiTB
de Rosemont. Le cœur de leur mère ne
put s'habituer à l'idée de laisser dans
l'abandon les deux orphelins; l'amoar
maternel fit taire les scrupules de la
conscience. Elle prit le parti de reve-
nir en France, en se soumettant à une
dure nécessité; elle entra, au mois de
janv. 1 700, dans le couvent de Sainte-
Claire à Gien, pour se faire instruire
des dogmes de la religion catholique
(!bid. E. 3386). Est-il nécessaire d'a-
jouter qu'elle resta protestante au fond
du cœur et qu'elle éleva ses deux en-
fants dans la religion évangélique?
Son (ils profita si bien de ses leçons^
que c'est chez lui que se tenaient, en
1 732» les assemblées secrètes des Pro*
ROS
— 530 —
ROS
lestants de Gien {Arch. gén. E. 5:i60).
II. Jean-BapUste de RoscmonI, qui
avait été liaplisé dans le temple de
Charenton, le 7 oct. 1 657, montra plus
de zèle pour sa religion que les deux
minIsIres, ses frères. 11 passa en An-
gleterre, où la connaissance de la lan-
gue anglaise lui procura d'honorables
moyens d'existence. Voici la liste de
ses publications.
I. Les principes et la doctrine de
Rome sur le svjet de V excommiinica-
tion et de la déposition des roys, Lond. ,
1679, in-8o; Paris [Gen.], IG81, in-
80. — Trad. de l'anglais de Barl. w, 6-
vêque de Lincoln.
II. Défense de lareligion chrétienne
et de l'Ecriture sainte contre les déis-
tes, Paris, 1681, in-12. — Trad. de
Stillingneet.
in. Histoire des trois derniers em-
pereurs desTurcs, Paris, 1682, 4 vol.
in-8o; 1684, 4 vol. in-12.— Trad. de
Tangl. de Paul Ricaut.
IV. Histoire de la réformai ion de
Véfjlisc d' A vfj le terre, Lond., l(;83-8r'»,
2 vol. in-40; Amsl., 1687, 4 vol. in-
12. — Trad. do l'angl. de Burnet.
V. Remarques sur les actes de la
dernière assemblée du clergé, ou Exa-
men de l'Aiertisst^nient pastoral etdes
méthodes du clergé de France, Lond.,
1685, in-12.— Trad. de Burnet.
VI. Histoire des guerres cirilrsd' An-
gleterre sous Edouard Het Richard II,
Amsl., H. Des Bordes, IGno, in-12.
VU. His foire de l'es tut présent de
V Eglise grecque et de V Eglise armé-
nienne, Amsl., 1698, in-12 ; 2'' cdil.
revue, corr. et augm , Amst., 1710,
in-12.
KOSEiXSTlEL (HE>Ri-Cn.\RLEs),
diplonialo,né à .^lieleslicim (Bas-lihin)
vers 1750. Rospnstiel était tils d'un
pasleur. 11 fitscshumanilés et son droit
aux écoles de SI raj- bourg. En 1 7": 6. il
fut allaché comme traducleur au mi-
nistère des alliiiics étrangères II rem-
plit ces modestes lonclions ju>q»j'à ce
qu'en 1 7'v'2 il fut clioisi pour succéder
à Pfeffel (Vo) . ce nom) dans le jiostc
de jurisconsulte du roi,etnommé^ l'an-
née suivante, lors de la réorganisation
du ministère, chef du bureau du con-
tentieux. Envoyé comme consul à EI-
bing,en 1795, il fut rappelé de ce poste
sur la fin de Tannée 1797 et nommé
secrétaire de la légation française au
congres de Rastadl. On connaît la fa-
tale issue de ce congrès : nos commis-
saires, Jean Debry, Roberjot et Bonn ier,
furent lâchement assassinés (28 avril
1799) parles hussards de Szeklers.
Bosenstiel eut le bonheur d'échapper.
Mallel-Du Pan, en rapportant ce tra-
gique événement dans le Mercure bri-
tannique, du 25 avril 1799, donne sur
lui quelques détails intéressants que
nous reproduirons d'après la Biogr.
univ. « Le secrétaire en chefde la léga-
tion, M. Rosenstiel, mérite bien moins
encore que Roberjot, d'être confondu
avec ses supérieurs. Puisque son nom
amalheureusement paru avec les leurs,
je dois à la justice de laver la tache
que pourrait lui imprimer celte asso-
ciation. J'ai fréquenté huit ans consé-
cutifs M. Rosenstiel, alsacien, élève el
ami du célèbrePre[rel,elemplo>édans
le départ, des afTaires étrangères, où
il avait acquis Teslime et la confiance
des derniers ministres de la monarchie.
Sa probité, son altachement au roi el
ses principes, étaient tels qu'il fui ré-
formé par Dumouriez, lorsque ce gé-
néral entra aux afTaires étrangères.
Personne ne délestait plus sincèrement
la révolution. Elle l'en a puni. Cassé,
emprisonné, ensnile oublié, ruiné el
père d'une nombreuse faniilie, il ac-
cepta, en 1 796, pour subsister, le con-
sulat d'Els('neur[Elbing]. Comme ilesl
peut-être le seul individu en France
aujourd'hui versé dans la connaissance
de l'histoire du droit public de l'Em-
pire, le Directoire Ta employé à Ras-
tadt, où son aménité, sa modestie, .^a
prudence contrastaient avec le déver-
gondape des agents suprêmes de la ré-
publique. )) Nous acceptons l'éloge,
filais nous repoussons le blâme qui
semble jeté là comme pour justifier le
plus lâche des assassinats. A son re-
tour à Paris, Rosenstiel écrivit an Pré-
— 531 —
cis des négociations du congrès de Ras- nos divers gouvernemenls saoîî e iicou-
iadt, appuyé de pièces justif., qui fui rir do disgrAce. Il fui admis à la re-
déposé dans les Archives du ministère. traite en 1 824, et mourut l'année âui-
Rétabli dans son ancien poste déjà- vante, le 4 fév. 1825. — Undcsesfrères
risconsulte et de chef du bureau du fut directeur de la manufacture royale
contentieux^ il eut l'art de traverser de porcelaine à Berlin.
OBSERVATION. L^article RossH ne pouvant entrer dans ce volume à cause de son
étendue, nous profiterons de la place qui nous reste, pour corriger quelques erreurs et
réparer diverses omissions.
T. VU, pag. 2, lig. 2 : où professaient. Lisn : où professèrent. — P. 58, 1. It, col.
b : comme par miracle. Ajoutez : Il y avait accompagné Rtiice de France, à qui le colloque
du Beauvoisis avait, en 1571, consenti à le préer pour quelque temps {Foivls d»; Mhnnt,
N» 8737). — P. 48, 1. 3, col. b : il ne reste plus, d'après Walpole. Lisez : il ne reste
plus, d'après Dallaway et Walpole, que den\ bustes de Charles ]♦•% l'un à Oxford, l'autre à
Stourbead, la statue enbronze, etc. — P. 58, I. 21, col. a : né à Orléans ver? 1048. Usez :
né à Orléans en 1646, d'après Pauteurdes Hommes illustres de TOrléanais. - P. 58, 1. 55^
col. a: il passa en Angleterre. Ajoutez:en 1700, selon les Mémoires de Rou. — P. 100,
I. 47, col. b: trois de ses pastels. Usez : quatre de ses pa>tel9 : l** M"'" Lnnrgne, nièce de
Cartiste; — 2° Le marérhal, elc. — P. 101, 1. 4, c<fl. a: le duc de Ricbelieu. Ajoutez : La
Galerie de Vienne a de lui un email sur porcelaine représentant une yieille ff^mmc qvi
s'est endormie en hsan/ In Bibt^, peint en 1760. — P. 128, |. 33, col. a : Loride de* Gales*
nières a publié. Ajoutez : sans parler d'un grand nombre defactums pour des particulier»
et des églises. — P. 128, 1. S5, col. a: au lieu de 1681, lisez: 1661, et ajoutez : Ht^pcnse
nu livrât intitulé Maximes à observer au jugement des partages (par Bernard], sans nom
de lieu [t661J, in- 4". — P. 128, 1. 10, col. b : présidence de Rambours. Ajoutez .et de
Snmnel Des Marets. - P. 17 i, note : Jeanne llretean. Ajtyutez : qui lui donna Jean, né le if
mars 1668. A la fin de la note, ajoutez : Honoré Maittaïer était sans doule fils û'Hcnoré
Mestayer, tailleur d'antiques, marié à Susanne Aiiseau^ dont nous connaii^sons un autre eo-
fant, Claudia, née en 1616. — P. 18i, 1. 2, col. b: jusqu'en 1688. Ajoutez : Il laissa
une fille qui fut élevée sous h curatelle de Papin. — P. 189, 1. 48, col. b; Au lieu de
1710, /*s^2; 1723.— P. 190, I. 30, col. a: par l'empereur. Ajoutez :en 1810.— P. 211,
I. 27, col. b : Sujfprimez ;à son tour. — P. 245, col. b, dernière ligne :La Croix du Maine.
Lisez : Du Verdier. — P. 2i8, I. 36, col. b : Mndns. Lisez : Nicolas Purillr^ lorrain. —
P. 253, note et passim. Au lieu de Cliarleslown, /<.s''zCharleïilon. — P. 259,1. 22, col. a:
trad. en angl... 1571, in-16. Renvoyez an .V» VI.— P. 263,1. 16, col. a : au lieu de 1721,
iistz: 1621. — P. 263, noie : et dont nous ignorons la religion. Lisez: ei qui était vrai-
semblablement catholique, puisqu'il fut admis à l Académie le 2i. mars 1702. — P. 293,
noie : et un ministre... à Gassel. Lisez .et Frnn<;ots Muriel, qui fut appelé à Casïielen 1719.
Nommé prédicateur de la cour, il fut élevé, en 1721, au rang d'inspecteur des colonies
fran( lises de la Ilessc-Eleclorale, et chargé, en cette qualité, de soumettre les églises
ù une discipline uniforme. — P. 337, col. a. Ajoutez aux uuvragcs de Mcriat : Ia (jloire
de lu 'loix uu Sermons sur (juI. Vi, 1 i, Laus., 1681, in-8», et /^ vrai pif'tismr ou Sermon
sur II Cor. /, 2i, Laus., lG9i), in-8". — P. 3il, 1. 40, col. b: Dés que le désir de la
vengeance eut fait place dans leur cipur à l'effroi. Lisfz: Dés que l'effroi eut fait place dans
leur cœur au désir de la vengeance. — P. 341, 1. Il, col. a : firent, listz fil. — P. 396,
1. 43; col. b. Le l*"' déc. Lisfz : En octobre. — P. iOI. Ajoutez à la liste des ouvrages
de Meslrezal: Mnlitatiou sur Ciuairnatiifu de A. 8. iMlh. et sur le lèyitime honntur de la
bienheureuse \ierge, w Sermon sur Lue J^ 59-43, Sedan, 1615, in-18, et Jhi fruit quinms
— bô'i —
revient de la communion à J,~Ch, et de la manière de notre justification, ou trois Sermons sur
Eph. II, 5-10^ SedaO; 1650^ in-18^ sermons qu'aucune bibliographie, à notre connais-
sance, ne mentionne, et qui nous sont signalés par M,Ath. Coquerel père. — P. il2, l. i5^
col. S : le 5 mars 1652. Ajoutez : à Tâge de 51 ans. — P. 424, col. b, note. Ajoutez :
Nous ne connaissons pas ce sermcn, mais nous savons que la Bibliolh. de Grenoble pos-
sède un exemplaire de deux autres sermons du même Jean Bernard, prononcés dans
Téglise de Saint-Romain, où s'assemblaient alors les fidèles de Lyon, et imp.,sans nom
de lieu, 1681, in-S*», sous co titre : L'onctimt sainte représentée en deux servions par Jean
Bernard, ministre. Outre ces deux sermons, que nous n'avons pas vus, nous en avons eu
entre les mains un troisième, dont voici le titre : La vision de la face de Dieu ou premier
sermon sur Vs. XVII, verset dernier, Gen., 1687, in-12, prononcé dans l'cglise française
de Berne. Il paraît que Bernard en fit imprimer deux autres sur le même sujet. — P. ii.5^
1. 1, col. b : à plusieurs synodes nationaux. Ajoutez : Dans son Dict. des livres condamnés
au feu, Peignot lui attribue : Aspergilk chrétien ou Réfutation des erreurs de Th. linvenel,
migustin, en son Traicté de l'antiquité, propriété et miraculeux effects de l'eau bénite,
Saumur, 1624, in-S». — P. 500, note. Ajoutez: 11 mourut à Eschery, en 1560. C'est lui
qui organisa l'église de Sainte-Marie-aux-Mines, pour laquelle il composa une (on/Vssion
de foi, ainsi qu'une Discipline ecclésiastique, qui vient d'être publiée par M. Drion. — P. 502,
1. 8, col. a : par des ministres de Troyes. Lûez.par Franelle,\in des ministres de Troyes.
— P. 502, l. 52, col. a : mais le ministre. Lisez .mais le ministre Franelle. — P. 552,
1. 5, col. a : Rotan, Usez: Rofum, — P. 552, 1. 45, col. a : où il mourut. Ajoutczen 1655.
T. VIII, p. 65, col. b. Ajoutez aux ouvrages de Pacard : Avis aux fidèles snr Cnposlasie
de M. Pierre Caliier et réponse sommaire mix prétendues raisons de sa révolte, 2*" édit., s. 1.
1596, qu'une note msc. sur Texemplaire que possède la Bibl. Alazarine lui attribue. —
P. 77, L 54, col. 2. Anne de Varthenay, Usez : Marie de Mootcbenu. — P. 90, note.
Ajoutez : Aux vitraux peints qu'on lui attribue, Landon (Annales du Musée, T. XVI)
ajoute : La Nativité de J.-CA. d'après le Primatice, la Circoncision et k Connétable de Mont-
morency, autre que celui déjà cité. Ces vitraux se trouvaient au Musée des monum. franc.
— P. 242, 1. 45, col. b : le seul protestant français. Ajoutez: de ce nom. — P. 272, 1. 7^
col. a. Amst. 1647, in-8<'. Ajoutez :ei parle titre d'un autre ouvrage, qui parait original
et sur lequel il prend la qualité de parisien. Nous voulons parler des Soupirs salutaires de
Hélie Poirier, Amst. 1666, in-12. - P. 285, 1. 48, col. b : du 1 8 au 1 9 fév. Ajoutez : 1 565.
— P. 567, l. 27, col. b : en 1714. Ajoutez : N. Rally ne seiait-il pas le même qu'André
BàUy (Rallius), auteur, selon Lipenius, de Hacyloniaecclesiarum cvangelicamm, Gen., 1659,
in-80? — P. 571, I. 40, col. b : né à Sedan. Ajoutez ;de François Rambovr, bourgeois de
cette ville. — P. 572, 1. 9, col. 2 : l'académie. Ajoutez : Il avait épousé à Metz Susaniw
Le Duchat, le 9 août 1620. — P. 457, 1. 52, col. b : ministre de Tonneins-Dessous.
Ajoutez : depuis 1669.
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Nos lecteurs ont remarqué sans aucun doute qu'il n'y a aucune lacune dans le texte.
Parii — Imprimé par £. Thunot et G>*, rue Racine» 26.
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